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ANIMAUX FOSSILES
MONT LEBERON
PARIS, = IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2
ANIMAUX FOSSILES
DU
MONT LÉBERON
(VAUGLUSE)
ÉTUDE SUR LES VERTÉBRÉS
PAR
ALBERT GAUDRY
ÉTUDE SUR LES INVERTÉBRÉS
PAR
P. FISCHER ET R. TOURNOUER
PARIS
F. SAVY, ÉDITEUR
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
RUE HAUTEFEUILLE, 24
1873
a A
VERTÉBRÉS FOSSILES
MONT LÉBERON
PRÉLIMINAIRES
Dans le département de Vaucluse, au pied du mont Léberon, on voit un gise-
ment de vertébrés fossiles qui rappelle celui de Pikermi. Il m'a paru intéressant
de retrouver dans notre pays des Machærodus, des Helladotherium, d'énormes
sangliers, des troupeaux de gazelles, de tragocères et d'hipparions, semblables ou
presque semblables à ceux qui ont animé les vallées de la Grèce. J'ai cru qu’en
poursuivant l'étude des espèces de Pikermi dans une région éloignée de cette
localité, je pourrais jeter quelques lumières sur la question des races fossiles.
Ce motif m'a engagé à faire des fouilles dans le mont Léberon et à présenter
aux naturalistes le mémoire qui va suivre.
Le mont Léberon s'élève à peu de distance de la Durance, presque parallèle-
ment au mont Ventoux. Il forme une légère courbe dont l’ensemble est dirigé de
6 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
l'O. 12° S. à l'E. 12 N. Bien que sa hauteur ne soit pas très-grande (1), les
escarpements de ses calcaires le rendent difficile à gravir. Mais le voyageur qui
atteint son sommet est dédommagé de sa peine par la contemplation de paysages
magnifiques. S'il se tourne vers le nord, il voit la vallée d’Apt avec ses terrains
sidérolithiques d’un rouge vif; et s'il regarde au midi, du côté des Bouches-duz
Rhône et du Var, il aperçoit au delà de la Durance des chaînes presque aussi
bien découpées que celles de la Grèce. Au bas de la montagne, une colline de
molasse marine porte le village pittoresque de Cucuron, et de loin en loin les
,
champs sont égayés par des maisonnettes entourées de vergers que rafrat-
chissent des fontaines aux eaux transparentes comme celles de la fontaine de
Vaucluse. Le gîte des ossements est à 4 kilomètres de Cucuron, près du chemin
qui mène à Cabrières.
hristol à découvert ce gîte en 1832 (2); il y a signalé des os de mouton (3),
de bœuf (4), de cerf, de rhinocéros, de sanglier, d'hyène, et un genre nouveau,
voisin du cheval, auquel il à donné le nom d’Æipparion.
Après Christol, plusieurs personnes ont exploré le mont Léberon, H y a plus
de vingt ans déjà que M. Gervais à pu écrire : « Les fouilles que MM. de
Christol, Piaget, Matheron, Requien, Eugène Raspail, Jourdan, Bravard, Pomel
et Caire y ont successivement pratiquées, el celles que j'y ai faites moi-même, ont
répandu dans les collections un assez grand nombre d'ossements. » Le savant auteur
de la Zoologie et Paléontologie françaises (5) a donné des renseignements sur
plusieurs des animaux du Léberon ; il a figuré diverses pièces d’Hipparion, des
dents d’hyène, une mâchoire d’Zcttherium, une dent de sanglier, une corne de
(4) M. Scipion Gras, dans sa Description géologique du département de Vaucluse, cite les mesures sui-
vantes qu'il a relevées sur les feuilles d'altitude du dépôt de la guerre :
Mont Léberon. Signal au S. S. O. de Castellet. ..... 1125 mètres.
Id. Bergerie au N. O. de Vitrolles...... 36
Id, Signal au S. de Ménerbes.......... 222
Dansle Dictionnaire géographique de Guibert, on attribue au mont Léberon une hauteur de 1760 mètres.
(2) De Christol, Desc de tion ju genre Hipparion (Annales des sciences et de l'industrie du midi de la
I 832). — Co
France, in-8, vol. I, p. omparaison de la NA contemporaine des Mammifères «e
deux as du dépar A … PAS (même recueil, vol. II, p. 24, 1832)
(3) la Guzella deperdita.
(4) . l'Helladotherium Due ernoyt.
(5) Gervais, Annales des ces A 3° série, vol. V, p. 261, 4846. — Comptes rendus Li l’Aca-
or des sciences, vol. KV p. 801, 1847. — Zoologie et Paléontologie françaises, 4e édit., 1848-52,
édit., 1859.
PRÉLIMINAIRES.
gazelle. En outre, il a mentionné une antilope à cornes plates, une nouvelle espèce
le cerf, un rhinocéros et un mastodonte (1).
M. Edouard Lartet a remis au laboratoire de paléontologie du Muséum des
planches lithographiées qui portent la signature de Bravard, et représentent des
ossements fossiles du département de Vaucluse, notamment quelques pièces d’'Zcti-
therium, de gazelle et de cerf du mont Léberon. J'ai demandé des renseigne-
ments au sujet de ces planches à M. Pomel, l’ancien collaborateur de Bravard.
M. Pomel m'a appris qu'en 1850, il a entrepris avec Bravard une description
dés vertébrés fossiles du Vaucluse ; l’un a rédigé le texte et l’autre s’est chargé
des dessins. Ce mémoire est resté inédit; je le regrette, car j'aurais certamement
trouvé de précieuses informations dans un travail composé par de si habiles paléon-
tologues. Le British Museum contient une collection du mont Léberon qui a été
cédée par Bravard ; M. Davies a eu la bonté de me la faire visiter et de m'en com-
muniquer le catalogue.
Dans un mémoire sur l'AÆipparion, M. Hensel a parlé des animaux de ce genre
qui sont fossiles près de Cucuron (2).
Le Muséum de Paris a reçu de l'abbé Caire quelques ossements du mont
Léberon. L'École des mines de Paris en possède également : M. Bayle les
a mentionnés dans une note adressée à la Société géologique de France. Il a
su découvrir, d'après un morceau incomplet, l'existence de l'Helladotherium,
et il a signalé les rapports de la faune des environs de Cucuron avec celle
de Pikermi (3).
Outre les collections du mont Léberon qui existent à Paris et à Londres, J'ai vu
des os de ce gisement dans les musées de Montpellier, de Lyon, d'Aix (en Pro-
vence), et surtout dans le musée Requien à Avignon.
Mes premières fouilles remontent à 1862; c’est seulement en 1866 que jai
commencé une exploitation méthodique. Il a fallu s'adresser à quatre propriétaires
pour pouvoir faire des travaux de terrassements dans les endroits où les ossements
sont enfouis. J'ai eu alors l'occasion d'apprécier une fois de plus les avantages de la
confraternité que la Société géologique, de France établit parmi les géologues. Le
comte Gaston de Saporta, M. Emile Arnaud et M. Matheron ont pris la peine
(1) J'ignore sur quelle pièce a “4 basée Oro du mastodonte dans le mont Lébe
(2) Hensel, Ueber Hipparion 1. der Künigl. Akad. der Wissen Ra zu Berlin, éu
(3) Bayle, Bulletin de la Soc. géol. de France, 2° série, vol. XVIII, p. 597, séance du 20 mai 186
8 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
de faire toutes les démarches nécessaires pour que j'obtienne le droit d’entre-
prendre des fouilles. M. Émile Arnaud a poussé la complaisance jusqu'à m'aider
à trouver des ouvriers et à organiser mon campement dans la montagne.
Les ossements sont engagés dans un limon rouge ou gris qui recouvre le versant
méridional du Léberon. Ce limon a beaucoup de ressemblance avec celui de Pikermi,
qui est si riche en débris fossiles; mais il est un peu moins rouge. La puissance
est considérable, et des ravins profonds le mettent à nu sur de vastes surfaces ;
cependant l'espace dans lequel j'ai observé des fossiles ne dépasse guère un carré
de 300 mètres de côté. Dans cet espace, les os sont distribués irrégulièrement.
Comme à Pikermi, et généralement dans les dépôts terrestres qui ont été en
partie formés par les torrents, les couches ont peu de continuité; en suivant une
bande, on la voit tantôt s’atténuer et disparaître, tanlôt s’épaissir ; là où l’on croit
retrouver une ligne de limon sableux, riche en ossements, on est exposé à ren-
contrer des parties argileuses ou des conglomérats stériles.
Les ossements du mont Léberon ne renferment plus qu’une très-faible quan—
tité de matière organique. M. Auguste Terreil a bien voulu se charger de doser
la matière minérale, la matière organique et l’eau de plusieurs morceaux. Ce
savant chimiste a remarqué que les os ne noircissent point par la calcination.
que cependant ils répandent, sous l’action de la chaleur, l'odeur propre
aux matières organiques azotées qui sont brülées. Voici les résultats des dosages
de M. Terreil :
Matières Matières
minérales, organiques. Eau. Totaux.
Bassin de Æhinoceros Schleiermacheri. . 95,10 1,72 3,18 100
pose d Apparion gracile. . SEA 93,37 1,22 5,41 100
la même DEC, : 96,74 traces 3,26 100
Humérus 4 la même espèce. . Het 96,07 1,39 2,54 100
Seconde phalange de La même espèce s 92,70 2,08 5:92 400
Mandibule de Sus 93,92 2,06 h,02 100
en d’ Helladather ium Dubé nf, 95,05 1,40 900 100
ville de corne de Gazella deperdita. 95,29 4,51 3,20 100
Aa d’une T'estudo gigantesque. . . 95,05 1,45 3,50 100
Mes fouilles ont été faites à deux niveaux principaux qui sont indiqués dans la
figure 3 de la planche XV. Le niveau inférieur est placé au-dessous de la maison
de Bressier, dans un terrain qui appartient en partie à M. Court : c’est là, m’a-t-on
dit, que toutes les recherches ont eu lieu antérieurement à mes fouilles; les mor-
PRÉLIMINAIRES. 9
ceaux de carnassiers que j'ai recueillis proviennent de cet endroit, ainsi que les
os de la plus petite espèce de rhinocéridé ; les restes de cerfs, de tragocères et
de sangliers y sont rares. On y remarque un étrange enchevètrement de pièces
d’hipparions et de gazelles; pour en donner une idée, j'ai rapporté au Muséum de
Paris un gros bloc de limon avec les ossements laissés dans l'état où ils ont été
enfouis. Ce bloc est représenté dans la planchel; on y voit: un trapézoïde de
rhinocéros, un crâne de la Gazella deperdita avec les chevilles des cornes, une
mâchoire supérieure et des molaires inférieures de la même espèce, une mandibule
de la taille et de la forme de celles du Palæoreas Lindermayeri. Les os qui do-
minent sont ceux de l’Hipparion gracile; on peut facilement distinguer : un radius,
un scaphoïde antérieur, un semi-lunaire, un grand-os, des métacarpiens médians
et latéraux, un fémur, des tibias, des astragales, un calcanéum, un scaphoïde
postérieur, des cunéiformes, un cuboïde, un métatarsien médian avec un méta-
tarsien latéral, les trois phalanges d’un doigt médian, les trois phalanges d’un doigt
latéral et un sésamoïde de la phalange onguéale.
Le gisement d’en haut est élevé d'environ 10 mètres au-dessus du premier;
il fait partie d’un terrain qui appartient à M. Jourdan. Outre les os d’hipparions
et de gazelles qui y sont très-communs, ainsi que dans le gisement du bas, j'y ai
trouvé des restes de Dinotherium, de cerfs, de tragocères, de sangliers, d’une
grande espèce de rhinocéros et de tortues.
Entre. les deux niveaux, dans un ravin qui longe la maison de Bressier, on a
découvert une énorme tortue. Elle était enfouie dans un limon argileux, au lieu que
les autres animaux ont été rencontrés dans le limon sableux.
Les os que j'ai recueillis sont au nombre d'environ 1200 ; je les ai donnés au
Muséum de Paris. Jose conseiller à ceux de mes amis qui se plaisent dans l'étude
de la nature d’aller continuer les fouilles commencées dans le mont Léberon ou
d'en entreprendre de nouvelles sur quelque autre point de notre pays; les
riches gisements de fossiles ne manquent pas en France. On n’a point toutes
ses aises dans une cabane isolée au pied d’une montagne; en compensation, on
éprouve une vraie jouissance à découvrir soi-même dans les roches les reliques
des êtres qui nous ont précédés sur la terre: à chaque morceau d'animal qui
reparaît à la lumière après tant de siècles écoulés, le paléontologue peut espérer
apercevoir un lien nouveau destiné à rendre plus sensibles les enchaînements
des faunes des âges passés. On a quelque peine pour dégager et assembler les os
à mesure que les ouvriers les tirent de la pierre; mais ce travail est loin d’être
10 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
monotone; chaque journée amène de continuelles alternatives de déceptions et
de découvertes. Le soir, quand le bruit des pioches et des marteaux a cessé,
le souvenir des débris qui ont été rencontrés revient à la pensée, et, dans le
silence de la nature, on a tout loisir pour se représenter les bêtes charmantes
ou majestueuses dont le Créateur orna nos campagnes, alors que nulle voix
humaine n'avait encore fait retentir leurs échos. Ce sont là des plaisirs très-
simples; cependant ceux qui les ont goûtés les comptent parmi les meilleurs
de leur vie.
Ce mémoire sera partagé en trois chapitres :
1° Le premier sera consacré à la description des restes de vertébrés. Les planches
des ossements ont été exécutées par M. Formant ; on reconnaîtra, je pense, que
cet habile artiste n’a pas dessiné les fossiles du Léberon avec moins de fidélité
que ceux de Pikermi.
2° Dans le second chapitre, j’essayerai de présenter quelques considérations
générales sur les mammifères européens de la fin de l'époque miocène.
3° Le troisième chapitre contiendra des renseignements sur la géologie de la
région du Léberon où se trouvent les ossements fossiles. Les conseils et les belles
publications de M. Matheron m'ont été d’un grand secours. M. Émile Arnaud
m'a prêté un concours précieux ; il m'a communiqué ses coupes de terrains, et a
mis à ma disposition de nombreuses coquilles fossiles qu’il a découvertes.
MM. Fischer et Tournoüer ont bien voulu se charger d'étudier les espèces des
invertébrés que M. Emile Arnaud et moi avons recueillies. Ils ont rédigé un travail
que le lecteur trouvera à la suite de mon mémoire.
Je prie ces chers amis et tous les savants qui m’ont aidé de recevoir l'expression
de ma reconnaissance.
CHAPITRE PREMIER
VERTÉBRÉS FOSSILES DU MONT LÉBERON
Les animaux vertébrés dont j'ai trouvé les débris sont les suivants :
Machærodus cultridens.
Hycna eximia.
Ictitherium hipparionum.
Ictitherium Orbignyi?
Dinotherium giganteum.
Rhinoceros Schleiermacheri.
Acerotherium incisioum ?
Hipparion gracile.
Sus major.
Helladotherium Duvernoyr.
Tragocerus amaltheus.
Gazella deperdita.
Palæoreas Lindermaycri ? ;
Cervus Matheronis.
Testudo de dimension gigantesque.
Testudo de taille moyenne.
Je vais décrire ces animaux: on verra que la plupart ressemblent aux
espèces de Pikermi, ou bien en diffèrent si peu; qu’ils paraissent représenter
des races issues de souches communes.
12 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
MACHÆRODUS CULTRIDENS, Kaup. (sp. Cuvier).
Planche II, fig. 4 et 2.
Le Machærodus cultridens (A) a été le plus redoutable des carnivores qui ont
vécu en Europe pendant l’époque tertiaire. Ses débris ont été signalés dans les
gisements de la fin de l’époque miocène ou dans ceux de l’époque pliocène en Italie,
en Auvergne, dans la Hesse-Darmstadt, en Hongrie et en Grèce. J’en ai recueilli des
morceaux au pied du mont Léberon. Sa présence dans les parages où il y avait
des troupeaux indique qu'il a joué le rôle d’un modérateur, il diminuait ce
qu'il y avait d’excessif dans le développement des herbivores. Mais il était trop peu
abondant pour produire de grandes destructions ; partout ses restes sont rares,
je n’en ai découvert dans la Provence qu’une mandibule et un tibia.
Description.
Lorsqu'on regarde une tête de lion ou d’un autre félidé de notre époque, on est
frappé de la disproportion des dents incisives ; leur petitesse et leur forme peu tran-
chante contrastent avec la disposition des autresdents. Les Machærodus cultridens et
latidens ne présentaient pas la même inégalité ; leurs incisives étaient plus pointues,
plus coupantes. On pourra s’en assurer en considérant la mâchoire dessinée
planche IT, figure 1. Si cn outre on se rappelle les canines supérieures du Ma-
chærodus en forme de lames de poignard, et ses molaires plus tranchantes
que celles des chats, on jugera que ce genre a réalisé le type parfait d’une
dentition exclusivement carnivore. Le Machærodus neogœus du Brésil et le
) On Les consulter pour l’étude de cette espèce les Deus qui ont été données dans les ouvrages sui-
vants : Devèz babriol et Bouillet, Essai géologique et minéralogique sur la montagne de Boul ne pl. XXVI,
fig. 3, 4, 5, ar — Bravard, RÉ de la Mae, agne de Perrier, pl. II, 1898. — Cr et Jobert,
Recherches s ossements fossile Puy-de-Dôme, pl. T, fig. 6, 1828. — ei aup, Par
pl. I, fig. 3
des ossements io des eue du se trouvent au Muséum grand-ducal & Di mstadt, pl. I, fig. 3a,
3b, 5, 04, 5h, 5e, et pl. II, ds 4, 4833: — De Blainville, Ostéc ographie, cahier des Felis, % äe :
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LEE ER APS Mis
9
1848). — Roth et Wagner, Die à fossile n Fr n Ueberreste von Pikermi à)
3, 4, 1854). — Wagner, Neue Beilräge zur Kenntniss der fossilen Saügthier-
Uebe
Wagner, Urweltliche Saügth erreste aus here (Abhand. der bayer. Akad., vol. V, LAS
te Griechenland ( veu ne . 78
Akad., vol. VIE, pl. IX, ‘fig. 4, 2,
Ueberreste von Pilermi (Abkand. der v bye. ae NO: an dre . pl. I, fig. 11, 4857). — Suess,
®
die grossen Raubthiere der üst Te tas gen (Sitzun sb, der kaiserl. Akad. der WP ei
vol. Sans séance du 7 mars, + Fe : 1861). — Albert G . Animaux fossiles et géologie de P. Pr
pl. XVI,
CARNIVORES. 43
Machærodus meganthereon d'Auvergne n avaient pas des incisives aussi Coupantes
que celles du Machærodus cultridens; à cet ëg gard, ils se rapprochaient davantage
des autres félidés.
La mandibule du mont Léberon a de très-fines crénelures sur le bord de la
seconde et de la troisième incisive. La canine a des crénelures bien marquées.
Entre elle et les prémolaires, il y à un espace assez large pour le passage de la
grande canine supérieure. La première prémolaire a un fort denticule médian
précédé et suivi d’un denticule plus petit; elle à aussi un faible talon ou bourrelet
postérieur. La deuxième prémolaire et la carnassière ne sont représentées que par
leurs alvéoles. Le menton est beaucoup moins élevé que dans le Machærodus
meganthereon.
Le tibia que j'ai trouvé dans le mont Léberon (pl. I, fig. 2), a 0,275 de
longueur, bien que sa partie supérieure ne soit pas entière ; sa dimension sur-
passe un peu celle d’un tibia de Machærodus que j'ai recueilli dans l’Attique : elle
aunonce un animal plus grand que les plus forts lions actuels.
On a récemment acquis une connaissance très-parfaite de l'ancêtre quaternaire
de nos lions, le Æelis leo, variété spelæa ; ce gigantesque carnassier vient d'être
l'objet d’admirables monographies publiées en Angleterre par MM. Boyd Dawkins
et Ayshford Sanford (1), en France par MM. Filhol (2). Le Machærodus cultridens
devait parfois atteindre presque la même grandeur, mais ses formes étaient un
peu plus grèles (3). MM. Filhol pensent que le lion des cavernes de la France avait
des membres plus trapus que le lion actuel; s'il en é tait ainsi, il faudrait: croire que
l'espèce quaternaire a été plus différente du Machærodus cultridens que l'espèce
vivante. Cela ne saurait étonner, car rien ne porte à supposer que le Wachærodus
ait été un ancêtre des chats d'aujourd'hui ; il indique le suprême épanouissement
du type carnassier : or, M. Rütimeyer et d’autres paléontologues ont déjà remar-
qué que les genres destinés à produire des formes nouvelles sont en généra des
ns
types de caractères mixtes, peu prononcés.
(4) Boyd Dawkins and Ayshford Sanford, {he British pleistocene Mammalia (Palæontographical Society,
vol, XVIII, 1866, et vol. XXI, 1868).
9) E. Füholet Henry Filhol, Description des ossements de Felis spelæa découverts dans la caverne
—
de Lherm (Ariége). Paris, 1871.
3) Il semble en être ainsi d’ après les échantillons qu’on a rencontrés jusqu’à présent; mais, sans doute, les
races des Machærodus, comme celles des lions, ont pu offrir dans les proportions de leurs membres des varia-
ns
tions considé see s.
44 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
Variations du Machærodus cullridens.
J'attribue les pièces du mont Léberon au Machærodus de Pikermi que Roth et
Wagner ont d’abord séparé sous le nom de Zeoninus, mais que Wagner a plus tard
réuni au Machærodus cultridens d'Eppelsheim. Si l’on compare la mandibule
que les savants naturalistes de Munich ont figurée en 1854 (1) et celle qui à été
décrite dans le mémoire de 1857 (2), on est frappé de leur différence : non-seu-
lement la dernière est plus petite, mais elle indique un menton moitié moins
élevé ; 11 y a aussi un espace moindre entre la canine et la première prémolaire.
ce qui fait supposer une canine supérieure moins forte. Comme la hauteur du men-
ton et la grandeur de la canine supérieure sont les principaux caractères du
genre Machærodus, on peut dire que, dans la pièce trouvée en 1857, le type
Machwrodus est moins accentué. Faut-il en conclure que Wagner s’est trompé en
rapportant les deux mâchoires à la même espèce ? Je ne le pense point, car à côté
des différences que je viens de rappeler, on observe une ressemblance parfaite dans
les dimensions des dents inférieures. En outre la mâchoire de ma collection du
Léberon forme un intermédiaire; on en jugera par les mesures ci-dessous.
Mandibule _. le
de Pikermi décrite PRE de Fo décrite
par Wagner par R re al “Wales
en 1857. Pr n 1854.
m, m. Im.
Hauteur du menton. 0,010 0,055 0,091
Hauteur de la mandibule au- FPE AE la
seconde prémolaire.. . 0,026 0,034 0,042
Largeur de l'esp: ice compris etre Fi canine
et la première prémolaire De 0,024 0,031 0,055
Hauteur de la couronne de ré canine 0,026 0,025 0,026
Largeur de la canine à la sortie de l’ iéols 0,015 0,015 0,014
Longueur de la première prémolaire (3). . » 0,019 0,020
Longueur de la seconde prémolaire. . . . 0,027 » 0,027
Si l'on prétendait que le Machærodus du Léberon dont j'ai la mandibule doit
être considéré comme une espèce distincte du culridens à cause de sa moindre
dimension, il faudrait admettre qu’il existait en Provence une seconde espèce au
1) Ouvrage cité, pl. IX, fig.
)
2) Ouvrage cité, pl. III
, fig
3) J'ai recueilli à Pikermi une entibals de Machærodus qui est de très-grande dimension et où cepen-
dant la première prémolaire n'a que 0®,017 de longueur.
CARNIVORES. 15
moins égale à ce dernier, puisque j'ai découvert un tibia qui indique un Macheæ-
rodus de la plus forte taille. Assurément il n’est pas impossible qu'il y ait eu dans
le Léberon et à Pikermi deux espèces de Machærodus notablement plus grandes
que la panthère (1), mais cela est encore à démontrer.
On voit dans l’ouvrage de M. Kaup sur les ossements de Darmstadt le dessin d’une
canine inférieure qui a été inscrite sous le nom d’Agnotherium (2) ; probablement
elle provient du Machærodus cultridens; elle est encore un peu plus forte que
les plus grandes canines inférieures trouvées à Pikermi. Il existe évidemment une
disproportion considérable entre la dent de l’Agnotherium et celles des mâchoires
figurées par Wagner en 1857 (3) ou par moi dans cet ouvrage (pl. IL, fig. 4).
Ainsi, parmi les Machærodus de même espèce compris sous le nom de cultridens,
on observe des variations très-appréciables
Ïl y a un Machwrodus si voisin du cultridens, qu'il semble en être un dérivé :
c’est le Machærodus quaternaire que M. Owen a distingué sous le nom de /atdens
parce que ses canines sont un peu plus courtes et comprimées (4). Il se pourrait
que cette espèce eût présenté les mêmes variations de taille que le Machwrodus
cultridens. En effet, ses incisives (5) qu’on a découvertes dans la grotte de Kent
surpassent de près de la moitié celles de ma collection du Léberon, et pourtant
M. Gervais (6) a récemment signalé dans une grotte des environs de Lons-le-
Saulnier une canine inférieure qu'il rapporte au Machærodus latidens, et dont
la grandeur égale à peine celle de la canine du Léberon.
(1) On n’a pas de raisons pour attribuer la mâchoire du Léberon ou celle de Pikermi trouvée en 1854 à
l'animal dont j'ai décrit les os des membres sous le nom de félidé de la grandeur d’une panthère, car ses
mâchoires indiquent une espèce notablement plus for
D
a
=
=
e
=
®@
=
es
®
L2]
æ)
>
a
2
Z
=
Es
Fa
=
(3) Mémoire déjà cité, pl. IL, fig. 44.
(4) Richard Owen, À History of British fossil Mammals and ne p. 179, fig. 69, in-8, 1846. — De Blain-
:!
ville, Ostéo cahier den at pl. XVIII. — Boyd Dawkins and Ayshford Sanford the British pleistocene
Mammalia, ». AE RO la page 188, <a SR = Pur grain Society, vol. XXV, 14871).
(5) Il paraît qe ces dents ont été égarées ; j'ai vu le mo d’elles que Mac Enery a donné au
Muséum de Par
(6) Gervais, ue el Paléontologie générales, p. 78, pl. XVIII, fig. 3 et 4, 1867-69.
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
16
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE II.
La figure 4 est de grandeur naturelle; la figure 2 est à £ de la grandeur naturelle.
Fi. 4. Mandibule vue sur le côté interne : 4 &. première incisive dont la ann supérieure est brisée ;
2 à. seconde incisive ; 3 4. troisième incisive; c. canine; 1 p. première prémolaire; «a. son
denticule antérieur; m. son denticule ea po. son trs RATER t. son talon;
2 p, alvéole de la Seb prémolaire ; car. alvéole de la carnassière ; s. symphyse.
Fiç. 2. Tibia vu du côté externe : pé. facette en rapport avec le péroné ; ex. face externe ; p. face pos-
térieure.
HYÆNA EXIMIA, Roth et Wagner.
Planche II, fig. 3, 4, 5, 6.
Les hyènes les plus anciennes qu'on ait encore découvertes en Europe sont celles
du miocène supérieur de Pikermi, de Baltavar et du mont Léberon. Leur présence
dans ce dernier gisement est attestée par plusieurs débris; j'en ai vu une canine
dans la collection de Christol à Montpellier, et un humérus dans le musée Requien
à Avignon : cet os u’est conservé que dans sa partie inférieure ; il est dépourvu
de trou olécränien. M. Gervais a décrit plusieurs molaires de l’hyène du Léberon.
J'ai trouvé quelques morceaux de la même espèce.
Description.
Les dents qui ont été signalées par M. Gervais (1) appartiennent à la mâchoire
supérieure. Elles ont été inscrites sous le même nom spécifique qu'une mâchoire
d’Zcütherium dont il sera question plus loin; elles annoncent un animal de plus
grande taille, et leur ressemblance avec les dents de l'Ayæna eximia de Pikermi
me porte à penser qu'elles proviennent de: cette espèce (2). Je reproduis dans la
. Gervais, sc et ARE pan pl. XXIV, fig. 2, 3, 4, 5, 1848-
es pièces d s des gisements autres que celui du mont oi ont été figurées
CARNIVORES. A7
planche I, fig. 5, les excellentes figures qui ont été données par M. Gervais.
Elles représentent une première prémolaire à racine unique, les deux autres
prémolaires et la carnassière. Ces dents n’ont pas exactement la même proportion
que celles du crâne dont on voit le dessin dans mon ouvrage sur l'Attique (pl. XIE,
fig. A), mais d’autres pièces trouvées à Pikermi ont des dimensions égales. Le
talon interne de la carnassière supérieure découverte dans le mont Léberon à été
brisé, de sorte qu’on ne peut savoir s'il était aussi réduit que celui de l'Hyæna
eximia de la Grèce.
J'ai recueilli une carnassière (pl. Il, fig. 6) qui rappelle celle de l’'Aywnra
eximia. Elle est de même dépourvue de denticule interne. Son talon est endom-
magé; il paraît avoir été peu développé.
J'ai rencontré aussi des morceaux de jeunes hyènes. La figure A représente les
deux premières molaires de lait de la mâchoire inférieure. La figure à montre
une mandibule avec la seconde molaire et la carnassière de lait, derrière laquelle
pousse la carnassière de seconde dentition dépourvue de denticule interne comme
celle de la figure 6; depuis que cette dent a été dessinée, j'ai dégagé son talon
encore imparfaitement formé. On ne peut pas dire que ces pièces aient une
ressemblance absolue avec celles de l'AJyæna eximia de Pikermi, mais leurs
différences ne me paraissent que des nuances analogues à celles qu’on observe
fréquemment entre des individus d’une même espèce.
Mesures.
Individus Individus
du Léberon. de Pikermi.
Màchoire nine de jeunes individus. Première molaire m
de la
t. Longueur 0,011 0011
Un molaire de. rer Connu. RÉ HENNENTE 0,014 0,013
Carnassière de lait. Longueur. . : 0,019 0,018
Carnassière inférieure d'individus à lies, Loopide ; 0,026 0,028
Mâchoire supérieure d'individus adultes (1). Première
molaire. Grand Pa RO ee ER ,006 0,007
Seconde molaire. Longueur. . .: , . : . .. . 0,018 0,020
Troisième molaire. ne LOS RTE Des 0,024 É
RRRTAS SELON DODSUEUL A. Ar ua Er AIRE SAR 0,037 0,040
dans les ouvrages suivants: Roth et ji ((Abhandl. der bayer. Akad., vol. a pl. 11, fig. 6, 14854). —
Wagner (Abhandl. der bayer. ea vol. I, 2° partie, pl. IIL, fig. 9, 14857). Suess (Silzungsb. der kaïserl.
Akad. der Wissensch., vol. XLII, p. 221, pl. I, fig. 3a, 3b, 3c, 1864). — Albert Gaudry, Animaux fossiles et
géologie de l'Attique, pl. XII, &, 5, 6, pl. XIIL et XIV, 1863.
(4) Les mesures des no: Sn iEurel du Léberon sont extraites de la Zoologie et Paléontologie françaises
de M. sise
3
18 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
Conclusion.
À en juger par les pièces connues, l’hyène du Léberon appartient à la même
espèce que l'Ayæna eximia de Pikermi. Je la crois bien voisine de l'Hyœna
Perrieri d'Auvergne; ces deux espèces, l'Hyæna brevirostris (A) eV Hyæna fusca.
me semblent porter les marques d’une parenté très-rapprochée.
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE II,
Les figures sont de grandeur naturelle,
e>)
=
A
9
. Fragment de mandibule d’un jeune individu : 2 m'. deuxième molaire de lait; car’. carnassière
e lait; on voit en arrière la carnassière de seconde dentition
Fic. 4. 1 m'. première molaire de lait; 2m”. seconde molaire de lait.
Fi6. 5. Mâchoire supérieure : 4 p. première prémolaire ; 2 p. deuxième prémolaire; 3 p. troisième
émolaire ; car. carnassière. Ce dessin est copié dans la Zoologie et Paléontologie francaises
de M. Gervais, pl. XXIV, fig. 2, 3, 4, 5; seulement les dents ont été placées à côté les unes
des autres.
FiG. 6. Carnassière inférieure de deuxième dentition vue sur la face interne pour montrer l'absence
e denticule sur le bord postérieur; le talon ta. est endomma agé.
ICTITHERIUM HIPPARIONUM, Gaud. (sp. Gervais).
Planche Il, fig. 7, 8,. 9, 40.
Aux Carnassiers des genres Hyæna et Machærodus qui doivent être cités comme
abondants à l’époque du miocène supérieur, on peut ajouter les Zctitherium. Ces
animaux ont laissé leurs débris en Bessarabie, dans l’Attique, en Hongrie, et il est
probable qu'ils ont vécu dans le mont Léberon. La belle collection donnée par feu
(1) Grâce à l’obligeance de M. Félix Robert, j'ai pu étudier dans le musée du Puy l'Hyæna brevirostris ;
l'Hyæna eximia, cette espèce avait une assez grande tuberculeuse supérieure et une carnassière infé-
rieure dépourvue de denticule interne
CARNIVORES. 19
M. Requien au musée d'Avignon contient une partie de mâchoire supérieure qui
rappelle la plus grande espèce d’Zctitherium de Pikermi (1). Malheureusement cette
pièce est cassée derrière la première tuberculeuse, et, comme Pexistence de deux
tuberculeuses est un des principaux caractères du genre Ictitherium, 11 reste
quelque doute sur sa détermination. Elle a été figurée dans une des planches qui
devaient accompagner le mémoire de MM. Bravard et Pomel sur les vertébrés fossiles
de Vaucluse. M. Gervais l’a décrite sous le nom: d’Hyæna haipparionum pour
indiquer qu’elle avait été trouvée dans un gisement riche en débris d'hipparions,
et que l'animal dont elle provenait avait des rapports avec les hyènes. Tout en
constatant ces rapports, il a d’abord soupçonné très-justement ses analogies avec
le viverridé que Nordmanu a appelé Thalassictis, et qu’on réunit maintenant avec
le genre Zctitherium (2). Plus tard, il paraît avoir abandonné l’idée d’un rappro-
chement avec les viverridés, et il a créé pour la mâchoire du Léberon le nom de
Palhyæna (3).
Description.
La figure 7 de la planche Il représente la pièce du musée d’Aviguon : les dents
chevauchent un peu les unes sur les autres ; ceci provient peut-être de ce que leur
=
évolution n’est pas tout à fait achevée. Il devait y avoir trois prémolaires; la
première n’a pas été conservée; la troisième a un rudiment de denticule antérieur
plus marqué que chez les Zcttherium de Pikermi. La carnassière est un peu plus
petite que dans les deux crânes d’Zctherium hipparionum trouvés en Grèce; elle à
un bourrelet saillant à son bord interne. La tuberculeuse est plus large que dans
les hyènes ; sa taille est la même que chez l'Hyænictis, mais, comme l'Hyænictis
est un plus grand animal, la tuberculeuse du carnassier du Léberon est propor-
tionnément plus forte.
La figure 9 est le dessin d’une carnassière supérieure qui a été rencontrée dans
mes fouilles ; cette dent est en partie brisée.
J'ai recueilli un coprolite (fig. 10) plus petit, plus allongé et d’une structure
plus compacte que la plupart de ceux d’hyènes dont on a découvert de si nom-
breux échantillons dans plusieurs gisements quaternaires. Je suppose qu’il provient
a Animaux Poe et géologie de l’Attique, p. 68, pl. XIL, fig. 4, 2, 3, 4862.
(2) Gervais, Annales des sciences ne Zoologie, 3° série, vol. V, p. 248, 1846). — Zoologie et
DAS françaises, 17e édit., p. 121, fig. 1, 1848-52,
Zoologie et hrs françaises, . ré s 219, 1859.
20
de l’Zctitherium. M. Terreil a bien voulu se charger de l’analyser ; voici les ehifres
que cet habile chimiste a trouvés
Phosphate de chaux et de magnésie.
Carbonate de chaux et de magnésie.
Peroxyde de fer, sable micacé et eau.
Mesures.
Mächoire supérieure. Seconde prémolaire. Longueur.
épaisse RS
t.
Longueur de son ‘ mamelon postérieur.
Troisième prémolsir. Longueur.
Son épaisseur .
gueur de son AA postérieur .
Chtandiie. Longueur.
Sa largeur, y compris le talon interne.
Longueur du lobe antéri j
Longueur du lobe me ;
Longueur du lobe postérieur .
dos tuberculeuse. Longueur.
eur
C He Lo gueur.
Largeur :
Conclusion.
Dans l’état actuel de nos connaissances, la ressemblance des pièces du mont
Léberon avec celles de l’Zcéitherium est si complète, que je crois devoir provisoi-
rement les rapporter au même genre. Toutefois je n’oserais pas affirmer qu’on
trouvera sur la mâchoire spéseite la seconde tuberculeuse caractéristique de
l’Ichtherium, car ce genre a révélé déjà des transitions si frappantes entre le type
civette et le type hyène, qu’il pourrait renfermer, soit une espèce, soit une race
où la seconde tuberculeuse disparaîtrait pour réaliser un passage plus marqué
à l’'Hyæenicts.
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
Individus
du Léberon.
ss al
de Piker.
CARNIVORES. 21
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE II.
Les figures sont de grandeur naturelle.
Fic. 7. Morceau de la mâchoire supérieure qui se re à Avignon, dans la collection Requien. Ce
dessin est une ee de la fig. 19, pl. X I de la Zool. et Paléont. franc. de M. Gervais : 2 p.
econde prémolaire; 3 p. troisième prémolaire ; car. carnassière ; éu, tuberculeuse.
Fic. 8. Prof de la deuxième lire 2 p. et de la troisième prémolaire 3 y. de la même mä-
choire supérieure.
. 9. Carnassière supérieure en partie brisée : p. denticule postérieur ; m. denticule médian.
a KL rolite.
eee
a «a
ICTITHERIUM ORBIGNYI, Gaud. (sp. Gaud. et Lartet)?
Planche II, fig. 11.
L'indication de cette espèce est très-douteuse; elle repose seulement sur quatre
os brisés que j'ai trouvés placés à côté les uns des autres et qui ressemblent à des
métatarsiens d’un petit carnassier. Leur grosseur inégale rappelle les paites du
genre /ctitherium, dans lesquelles les métatarsiens du côté interne sont plus forts
que ceux du côté externe. Comme ils ne sont qu'au nombre de quatre, il serait
possible que le premier métatarsien fût resté à l’état rudnnentaire, ainsi que dans
plusieurs carnivores, et notamment chez les Zcttherium. Les dimensions sont les
mêmes que dans l'espèce de Pikermi appelée Z. Orbignyi (1). Ces os sont dessinés
de grandeur naturelle, planche IF, fig. 11 : 2 ». représente le second métatarsien,
3 m. le troisième métatarsien, 4 m. le quatrième, et 5». le cinquième.
lbert Gaudry et Lartet (Comptes rendus de l’Acad. des sc., sé XLIII, séance Le k août 1856
(4) A =
Albert Gaudry (Bul/, de ‘la Soc. géol. de France, ss série, vol. XVIII, p. 533, pl. X, fig. 861); Animaux
fossiles et géologie de l'Attique, p. 74, pl. XI, 1863.
—
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
[oo
[7
DINOTHERIUM GIGANTEUM, Kaup?
Planche III, fig. 4 et 2.
Le Dinothertun ne semble pas avoir vécu très-longtemps ; jusqu’à présent, on
ue l'a trouvé que dans le miocène moyen et le miocène supérieur, c’est-à-dire
dans les dépôts des époques qui ont vu l'apogée du monde animal. Il peut donc
être considéré comme un précieux chronomètre.
J'ai recueilli au pied du mont Léberon quatre os qui annoncent une bête plus
grosse que les éléphants vivants et les mastodontes du Muséum de Paris ; je pense
qu'ils proviennent du Dinotherium. L'un d’eux est représenté planche IF, fig. 2 :
c'est un quatrième métacarpien; sa partie inférieure est brisée, mais ce qui est
conservé ressemble tout à fait pour la taille et là forme à un os de Pikermi que
j'ai attribué au Dinotherium (1) ; sa facette articulaire, destinée à s’unir à l’onci-
forme, est également très-profonde, elle a 0",145 de long. On voit, figure 1, une
pièce du carpe qui est aussi remarquable par sa profondeur ; je lai inscrite sous le
titre de semi-lunaire, avec beaucoup d’hésitation, car elle est différente de tous
les os de proboscidiens vivants ou fossiles que je connais : elle a 0",170 de
longueur sur 0",110 de largeur; sa hauteur est de 0,080. Une autre pièce
à moitié brisée a un peu l'apparence d’un trapézoïde; elle a 0",080 de hauteur.
Enfin, il y à un os qui me paraît aussi provenir du carpe, mais dont je n’ose
marquer la place, tant il s'éloigne des formés ordinaires ; il a 0°,130 de profondeur,
0®,160 de largeur, 0,110 de hauteur.
Ces échantillons du Léberon me portent à penser que les membres du Dino-
therium ne sont pas si semblables à ceux des autres proboscidiens qu’on pourrait au
premier abord le supposer. On doit d’ailleurs se souvenir qu’un tibia et un astragale
trouvés à Pikermi indiquent une forme particulière. Il serait à désirer qu'on
fouillât le mont Redon ou quelque autre endroit où le Dénotherium est commun,
afin d'arriver à résoudre définitivement la question de savoir comment était
construit ce gigantesque et mystérieux animal.
(1) Animaux fossiles et géologie de l'Attique, pl. XXW, fig. 3.
PACHYDERMES. 23
‘EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE IH].
Les figures sont à + de la grandeur. naturelle.
Fic. 4. Os du carpe inscrit dubitativement sous le nom de semi-lunaire : s. sa face supérieure ; &. Sa
face antérieure.
Fig. 2. Quatrième métacarpien vu de côté : a. son bord antérieur ; p. son bord postérieur; [. sa face
latérale; onc. sa face supérieure en rapport avec l’onciforme.
RHINOCEROS SCHLEIERMACHERI, Kaup.
Planche III, fig. 3 et 4, et planche IV.
Le]
Les rhinocéridés existaient déjà en France à l’époque éocène, et, depuis le com-
mencement de l’âge miocène jusqu’à la fin de l’âge du mammouth, ils n’ont cessé
de compter parmi les quadrupèdes les plus abondants de notre pays. On en rencontre
deux espèces au pied du mont Léberon, une grande et une petite. Tout ce que je
vais dire ici se rapportera à la première. Je la désigne provisoirement sous le nom
de Rhinoceros Schleiermacheri qui a été proposé par M. Kaup (1) pour un animal
d’Eppelsheim bien voisin des rhinocéros actuels de Sumatra.
Les pièces que j'ai recueillies sont les suivantes : plusieurs mâchoires supérieures
et inférieures de jeunes animaux, une vertèbre, un humérus brisé dans le bas,
un radius, des cubitus, des scaphoïdes antérieurs, des grands-os, un onciforme, des
métacarpiens, un bassin, un fémur, un tibia avec son péroné, un astragale, un
calcanéum, un cuboïde, un troisième cunéiforme, des métatarsiens et une première
phalange latérale. En outre, j'ai vu un astragale dans la collection du séminaire
d'Aix, un fémur et un métacarpien médian dans le musée d'Avignon, un radius
avec une partie du cubitus à l’École des mines de Paris.
(4) Description des ossements fossiles de Mammifères qui se trouvent au Muséum grand-ducal de Darmstadt,
p. 33, pl. X, fig. 4 et 4e, pl. X p4"87; el 34.
in-4 ; J, pl. XII, fi pl. XIII. Darmstadt. 183
24 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
Description.
Les dents molaires de lait (pl. IE, fig. 3 et 4) ont pour formule # comme chez
les autres rhinocéros connus. Dans leur ensemble, elles ressemblent beaucoup
à celles des /?hinoceros bicornis MAR E pachygnathus de Pikermi, leptorhinus
de Montpellier (1) et Schleiermacheri d'Allemagne. Elles indiquent un animal de
grande taille. Christol, Falconer et Lartet ont noté que les molaires des rhinocéros
anciens se distinguaient par un fût moins haut et couvert de moins de cément
que chez les rhinocéros modernes; ces différences se manifestent en effet dans
les Ælunoceros pachygnathus et Schleiermacheri alultes ; mais, à en juger par
les pièces du Léberon et de Grèce, elles ne sont pas également accentuées sur les
dents de lait. Ceci ne peut étonner, car on a déjà remarqué qu’en général les carac-
tères spécifiques sont plus accusés à la deuxième dentition qu'à la première ; c’est
dans l’âge adulte que les espèces présentent le maximum de leur divergence.
A la mâchoire supérieure (pl, WE, fig. 3, et pl. IV, fig. 1), la première molaire
de lait a un développement relativement considérable. La deuxième molaire de lait
porte vers le milieu de sa muraille externe une très-forte côte ; elle n’a pas de
tubercule interlobaire. Les troisième et quatrième molaires de lait sont également
dépourvues de tubercule interlobaire; la côte c. placée vers le tiers antérieur
de leur muraille externe est très-saillante; leur colline longitudinale Z. n’a pas
de prolongement qui vienne joindre le crochel de la colline transverse 4.p. (2).
Les molaires inférieures de lait (pl. IE, fig. 4) n’ont pas de bourrelet. Autant
que j'ai pu en juger sur des symphyses endommagées, j'ai cru voir des alvéoles
pour deux incisives. Les mandibules sont plus allongées en avant que dans les
rhinocéros africains et même dans le Æhinoceros pachygnathus ; leur bord inférieur
est assez droit. Le trou mentonnier est placé au-dessous de l'intervalle qui sépare
la première et la deuxième molaire.
Aucune têle ni aucune mâchoire d’un animal adulte n’a encore été rencontrée,
de sorte que nous n’avons qu'une idée très-incomplète de l'animal du Léberon,
nous ignorons notamment quelle était la forme des os du nez. Toutefois le morceau
(4) Le Rh, leptorhinus de Montpellier constitue une race qu’on a désignée sous le titre de Rhinoceros me-
garhinus.
2) Les molaires supérieures des jeunes rhinocéros de Pikermi sont tantôt pourvues, tant dépourvues de tu-
bercules interlobaires. En général, les dents qui en manquent n’ont pas de crochet qui se détache de la col-
line longitudinale ; cependant j'ai vu une mâchoire où les collines RARE des se ont un crochet,
ien qu’il n’existe pas de tubercules interlobaires.
PACHYDERMES. 25
de la tête d’un jeune individu représenté planche IV, fig. 1, montre que la cavité
nasale s’arrêtait en arrière au niveau de la première molaire, à peu près comme
dans le Æhinoceros Schleiermacheri d'Eppelsheim. Cette cavité se termine :
Dans le Rhinoceros Schleiermacheri de Pikermi et dans le Rhinoceros pachygnathus, au-dessus
e la seconde molaire ou de la troisième ;
Dans le Rhinoceros sansaniensis (Schleiermacheri, selon Duvernoy\, au-dessus de l'intervalle
qui sépare la seconde et la troisième molaire ;
Dans le Rhinoceros leptorhinus trouvé par Cortesi et dans le Rhinoceros etruscus, au-dessus de
l'intervalle qui sépare la troisième et la quatrième molaire ;
Dans le Rhinoceros leptorhinus de Montpellier, au-dessus de la première arrière-molaire ou
de la troisième prémolaire ;
Dans le Rhinoceros simus, au-dessus de la deuxième molaire ;
Dans le Rhinoceros bicornis, au-dessus de la troisième molaire ;
Dans les Rhinocéros vivants de l'Inde, de Java et de Sumatra, en avant de la première molaire.
Cette énumération montre que, pour la forme de la cavité nasale, l'animal
du Léberon, comme celui d'Eppelsheim, présentait un état intermédiaire entre
ce qu'on voit dans les rhinocéros actuels de l'Asie et dans les Æhinoceros simus,
pachygnathus où le Rhinoceros Schleiermacheri de Grèce. La position du trou
sous-orbitaire est en rapport avec la terminaison de la cavité nasale; il est placé
au-dessus de la deuxième molaire, tandis que, chez les rhinocéros de Java, de
Sumatra, de l'Inde, il est au-dessus de la première, et que, chez les rhinocéros
du type africain, il est reculé au-dessus de la troisième.
Les os du squelette indiquent un quadrupède de forme moins lourde que les
Rhinoceros simus et pachygnathus; ils rappellent les Æhinoceros Schleiermacheri
d'Allemagne et /eptorkinus de Montpellier. On a représenté, planche IV, fig. ?,
un radius uni avec le cubitus, fig. 4 un métacarpien médian, et fig. 5 trois mé-
tacarpiens en connexion. Ces os ont la même longueur, relativement à la largeur,
que ceux du /hinoceros leptorhinus de Montpellier, mais ils sont un peu moins
s. Ils ressemblent à ceux du Æhinoceros bicornis. Ns sont moins élargis que
er
granc
dansles Æhinoceros simus et pachygnathus et même dans le Æhinoceros Schleierma-
cheri de Pikermi. Leurs proportions sont les mêmes que dans le Æénoceros
Schleiermacheri d'Eppelsheim. Je suppose qu’il y avait seulement trois grands méta-
carpiens ; l’onciforme (fig. 3) ne diffère pas de celui des rhinocéros chez lesquels
le quatrième métacarpien reste à l’état rudimentaire. Le premier métacarpien
représenté figure 5 porte une phalange qui est étroite.
On voit, fig. 6 la moitié d’un bassin, fig. 8 un fémur, fig. 7 un tibia avec une
partie du péroné. Le calcanéum (fig. 9, cal.) est plus allongé que dans les
F li
26 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
rhinocéros de Pikermi ; l’astragale (fig. 9, as.) a une poulie tibiale assez excavée ;
le cuboïde (fig. 9, cub.) est un peu plus haut que ceux de Pikermi; le troisième
cunéiforme (fig. 9, 3 cu.) est étroit, haut et profond, ce qui est bien en rapport avec
la forme élancée des membres. Les métatarsiens (fig. 10) sont moins lourds que
ceux du Æhinoceros pachygnathus, plus petits que ceux du Rinoceros leptorhinus
de Montpellier, mais de mêmes proportions relatives.
Mesures.
Im,
Molaires de lait. Longueur des quatre molaires supérieures. . . . 0,153
Longueur de trois molaires inférieures (2°, 3°, 4°), .. . . . . 0,117
Vertèbre lombaire. Largeur de son corps. 2.2 0 5 0850072
Radus: Lénopenrareese st ns TT, sr RS ESC
Cubitus. Longueur. . Re HE te tee On LIN ETIE
Largeur de Voléciénié ns son el A OR ES ame AU U AL.
Premier métacarpien. Longueur. HERO ROME PS AR CROIS
lus grand diamètre vers le ma : CRD A Ne rene AUD
FAT A médian. La ue grande ne 10 CUS LA CET ET IS
a plus grande largeur. ER SA ASS D A D PR EURO
Profondeur de la face cpienne: de td tes Me MEN tee TD
Fémur. Longueur. . . . A A Aer A en ee puces
Tibia. Longueur. LÉ S MREN LENS D GR UE EU
Calcanétn. La plus swide longueur. ST ONE RAR RSS EDEN
Stragales LONAUEUL EE A SP GE EU UN
Largeur la plus grande. Rd ie A eo PURE AU
Troisième métatarsien. Longueur. De A EN
æ plus grand diamètre vers le sil sr Ce de 008
Première phalange d’un doigt latéral. Pa LR TE RS RU DS 0
Largeur de la facette supérieure. . nca 00042
Largeur de la facette en rapport avec la deuxibné phalaige: * CT 00
Variations des Æhinoceros Schieiermacheri.
À en juger par les matériaux jusqu’à présent recueillis, je ne pense pas que le
Rhinocéros du Léberon ait été très-éloigné du ÆRhinoceros leptorhinus de Mont-
pellier (1) ; mais c’est avec le Rhinoceros Schleiermacheri d'Eppelsheim qu’il paraît
avoir eu le plus de rapports. Le Ækinoceros sansaniensis a été considéré par
=
2
a
4) Gervais, Zoologie et Paléontologie françaises, 2° édit., p. 914, pl. 1, fig. 4, 2, pl. IL, pl. XXX, fig. 3,
9.
rep neen
PACHYDERMES. 21
Duvernoy comme une race du Schleiermacheri (À); il diffère plus de l'animal du
Léberon que celui d’Eppelsheim, il est plus petit, sa cavité nasale s'étend plus
en arrière.
Le Rhinoceros Schleiermacheri de Grèce (2) se distingue également des rhino-
céros du Léberon et d’Eppelsheim. Son ouverture nasale se porte plus en arrière,
ses os des membres sont moins grêles et sont difficiles à séparer de ceux du
Rhinoceros pachygnathus. On aurait peut-être autant de raisons pour considérer
le Æhinoceros Schleiermacheri de Grèce comme une race du pachygnathus que pour
en faire une race du Schleiermacheri d'Allemagne. Si j'ai suivi l'exemple de Wagner
qui l’a rangé sous le titre de Schleiermacheri, c’est que ses os du nez, vus en dessus,
rappellent tout à fait ceux de l'espèce d’'Eppelsheim.
Il y a lieu d’être étonné de la peine qu'on éprouve encore aujourd'hui à
déterminer les espèces de rhinocéros fossiles, quand on réfléchit que ces quadru-
pèdes ont été l’objet des études spéciales des plus habiles paléontologues, Cuvier,
de Christol, Kaup, Duvernoy, Richard Owen, Falconer, Gervais, Wagner, Brandt,
Lartet, Boyd Dawkins, etc. Blainville a déclaré que nul genre ne lui avait coûté
plus de soin que celui des rhinocéros, et pourtant il a abouti à faire des rappro-
chements que ses successeurs ont pour la plupart désapprouvés. Je ne prétends pas.
excuser totalement Blainville; cependant, pour qu’un homme si expérimenté ait
cru devoir réunir plusieurs espèces, il a dû avoir un motif. Ce motif, c’est sans
doute que les rhinocéros, malgré certaines différences appelées spécifiques, ont
entre eux des ressemblances très-grandes. On ne peut comparer leurs ossements
sans croire toucher les débris de parents étroitement unis: cela m'a frappé quand
j'ai étudié les fossiles de Pikermi; cela me frappe encore lorsque j'étudie les
fossiles du Léberon.
(4) Edouard Lartet, Notice sur la colline de Sansan, & 29. In-8, Auch, 1851. — Duvernoy, Nouvelles
Études sur les Rhinocéros fossiles (Archives du Muséum, vol. p. 71). — F, Peters, Zur Kenntniss der Wir-
belthiere Sr Miocäün-schichten von Eibiswald in ee 3° cahier, p. 3, pl. 1, pl. Il, fig. à 5,
pl. IL, fig. 4 et 2. In-4, Vienne, 1869.
(2) On pourra SAR au sujet de cet animal les figures suivantes : Wagner, Abhandl. der bayer. Aka,
der Wissensch., vol. 5, 2 partie, pl. II, fig. 4 et 2, sous'le nom de ua os re 1848. — Wagn
18
Abhanul. der bayer. Akad, der Pen ., Vol. VIIL, 17e partie, pl. IV, l, — Albert Gaudry, Re
maux fossiles el géologie de l'Attique, pl. XXXII, 1864.
28 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE III.
Les figures sont de grandeur naturelle.
Fic. 3. Portion de crâne d’un jeune individu vue du côté interne : 4 m. première molaire de lait ; 2 m.
seconde molaire de lait; 3 m, troisième molaire de lait; # m. quatrième molaire de lait;
1, colline er t. a, colline transverse antérieure ; f{.p. colline transverse posté-
+. crochet; b. bourrelet antérieur.
Fic. k. mire iafétietire “et jeune individu vue sur la face externe : 4 m. alvéole d’une première
molaire de lait qui semble avoir été petite; 2 m. seconde molaire de lait; 3 m. troisième
molaire de lait ; 4 #. quatrième molaire de lait,
PLANCHE IV.
La figure 4 est de grandeur naturelle; les autres sont au Le
Fi. 4. Même portion de crâne qui a été représentée planche III, figure 3. Elle est dessinée sur la face
externe : n. bord de l'ouverture nasale; s. 0. trou sous-orhitaire ; 1 m. première molaire de
lait; 2m. Rontasé molaire de lait avec une très-forte côte médiane c.; 3 ®. troisième molaire
de lait; 4 m. quatrième molaire de lait.
Fic. 2. Os de Nr - ra. radius; cu. cubitus ; sig. sa cavité sigmoïde ; o/. son olécrâne.
Fig. 3. Onciforme vu de face : py. facette sur Run le pyramidal doit poser; se. facette en connexion
avec le semi-lunaire ; m. face qui s'appuie sur les métacarpiens.
Fic. 4. Métacarpien médian, vu de face : g. 0. facette sur laquelle pose le grand-os; onc. facette contre
laquelle l’onciforme s’appuie.
Fic. 5. Métacarpiens vus de face : 1 ». premier métacarpien (homologiquement c’est le second);
m. métacarpien médian (homologiquement c’est le troisième) ; 3 m. troisième métacarpien
(homologiquement c’est le quatrième) ; tr. facette en rapport avec le trapézoïde; g. 0. fa-
cettes en rapport avec le grand-0s; onc. facettes en rapport avec l’onciforme ; 4 p'. première
phalange.
FiG. 6. Partie du bassin vue de côté : cot. cavité cotyloïde; #. iliaque ; ts. ischion; pu. pubis.
Fic. 7. Tibia vu en avant : er. sa crête; m.1. malléole interne; pé. péroné.
Fic. 8. Fémur vu par derrière : £. sa tête; #. grand trochanter ; #r./. trochanter latéral.
’ Fig. 9. Tarse vu en dessus : as. astragale; cal. calcanéum; cub. cuboïde; 3 cu. troisième cunéi-
f
orm
ë
Fi. 40. Métatarsiens vus de face : 1 mé. premier métatarsien (homologiquement c’est le second;
2 mé. métatarsien médian (homologiquement c’est le troisième) ; 3 mé. troisième métatarsien
(homologiquement c’est le quatrième).
een
PACHYDERMES. 29
ACEROTHERIUM INCISIVUM, Kaup (sp. Cuvier).
Planche V, fig. 4, 2, 3, 4, 5, 6.
Les os de la seconde espèce de rhinocéridé que j'ai trouvée au pied du mont
Léberon sont les suivants : un humérus, deux cubitus, un scaphoïde antérieur,
un pyramidal, un calcanéum, un astragale, trois métatarsiens qui sont en con-
nexion, mais sont malheureusement très-tronqués. Sauf un cubitus, toutes ces
pièces ont été recueillies dans le gisement du bas, au lieu que le ÆRhinoceros
Schleiermacheri a été exhumé dans le gisement du haut. La collection de Christol,
qui est dans le musée de Montpellier, renferme un humérus et un radius du mont
Léberon, qui pourraient appartenir à la petite espèce dont je m'occupe ici.
Description.
L'humérus de ma collection (pl. V, fig. 1) est plus grêle que ceux des rhinocéros
africains, du Æhinoceros pachygnathus, et même de l’espèce du Léberon, attribuée
au Ahinoceros Schleiermacheri. M n'a pas dans la région épicondylienne le grand
élargissement qui se voit d'ordinaire chez les Æhinoceros simus, bicornis, ticho-
rhinus et pachygnathus. En cela, il rappelle le Akënoceros Schleiermachert
d’Eppelsheim et le Rhënoceros leptorhinus. Je ne pense pas qu'il faille attacher une
importance spécifique à ce caractère ; car, en étudiant les animaux de Pikermi,
j'ai vu qu'il présente de singulières variations dans une même espèce.
Le cubitus (fig. 2) est brisé dans le milieu, de sorte qu'on ne peut connaître sa
longueur ; mais son olécrâne large, peu élevé, avec un fort crochet postérieur,
la forme grêle de sa diaphyse et le peu de largeur de sa face carpienne, permettent
de le distinguer des os que je rapporte au ARkënoceros Schleiermacheri. Un pyra-
midal (fig. 3) s'adapte à ce cubitus ; il est haut et étroit. J'ai une autre pièce du
carpe, un scaphoïde, qui est également grêle, conprimé, et diffère des scaphoïdes
attribués au Æhinoceros Schleiermacheri.
Les figures 4, 5 et 6 représentent des pièces du tarse et du métatarse qui sem-
blent provenir du même individu, et annoncent un animal notablement plus
faible que celui dont les membres sont dessinés dans la planche IV. Les portions
30 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
du calcanéum (fig. 5), placées au-dessous des facettes sur lesquelles s'appuient le
euboïde et le côté interne de l’astragale, ont un épaississement que je ne retrouve
ni sur le calcanéum du Rhinoceros Schleiermacheri du Léberon, ni sur les pièces de
Pikermi que j'ai inscrites sous les noms de Æ#inoceros Schleiermacheri et pachy-
gnathus. L'astragale (fig. 4) à sa facette scaphoïdienne à l'aplomb de la poulie;
ce caractère se montre dans le cheval et l’hipparion ;
Si, en effet, on regarde la figure 6,
ni
pris un développement considérab
troisième métatarsien des rhinocéridés représente homologiquement un quatrième
métatarsien, et l'agrandissement de cet os indique une tendance opposée à
celle des équidés.
Mesures.
Humérus Longueur nr ee See 0,420
Largeur vers le bras de la crête deltoïde. PS ee SO 0e LI
Largeur la plus grande dans la région inférieure. . . . . . 0,145
Cubitus. Largeur de l’olécrâne dans son milieu, . . RE IES 9,083
Distance du né ds l'olécrâne à son sommet. ‘2. 4 50 00847
Pyramidal. Hau MUST ER ER : : 0,048
Largeur ,042
Astragale. Eétigieot: 0,061
Largeur la plus grande. 0,077
Calc. Longues." 51 RSS ESRORENENEREeRS 0,105
Premier métatarsien. Largeur de la face Le ss ado me 0 ES
Profondeur de la face supérieure. SRE MECS OSEO
Deuxième métatarsien. Largeur de la lice supérieure: :: 2.02 01110040
Troisième métatarsien. Largeur de la face supérieure.
Les os que je viens de signaler diffèrent certainement pour la forme et la gran-
deur de ceux du Æhinoceros Schleiermacheri, Je les inscris sous le nom provisoire
d'Aceroiherium incisioum, parce qu'ils ont quelques rapports avec ceux d’Op-
penheim, qui ont été décrits sous ce titre par M. Kaup
TR
1). La ressemblance n’est
(1) Descr Het dossements fossiles ne se trouvent au Muséum grand-ducal de Darmstadt, 3 cahier, p. 57,
pl. XV, fig. n-4, 1834.
il n’en faut pas conclure
que l'animal auquel 11 à appartenu à marqué des tendances vers les équidés.
on verra que le troisième métatarsien a
e, tandis que le premier est diminué. Or, le
PACHYDERMES. 31
pas complète : par exemple, l’astragale figuré par M. Kaup à sa face scaphoï-
dienne moins rapprochée de la poulie que dans l’astragale du Léberon. Les pièces
de ma collection sont insuffisantes pour établir avec quelque certitude une déter-
mination spécifique.
J'ai recueilli à Pikermi une mâchoire d’Acerotherium et deux os des pattes (1),
qui appartiennent peut-être à l'espèce de la Provence.
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE V.
Les figures sont au cinquième de la grandeur naturelle.
Fic. 4. Humérus vu sur la face antérieure : {r. trochiter ; n. trochin; ne ns bicipitale; del. crête
deltoïde; ép. épicondyle; c.e. condyle Dora tro. troch r. dépression coronoï-
ienne,
Fic. 2. Cubitus vu du côté interne : 0. olécrâne; cr. son crochet postérieur; s. son sommet où s’atta-
chaient les extenseurs de l’avant-bras; b. bec de lolécrâne; sig. cavité sigmoïde dont le
ord inférieur est brisé; ra, enfoncement où ie radius adhérait; pis, facette du pisiforme ;
py. face du pyramidal.
FIG. 3. Pramida va u de face; cet os s’articule parfaitement avec le cubitus de la figure 2: «. sa face
ntérieure ; se. côté du semi-lunaire ;: eu. côté du cubitus
FiG. 4. Tree vu en dessus : £. ce ts tibiale ; . face scaphoïdienne; cu. facette cuboïdienne.
FiG. 5. Calcanéum vu en dessus : ta. apophyse a - a. facettes PHARE cu. côté du
uboïde.
Fi. 6. Métatarsiens vus.en dessus et de face : 1 mé, premier métatarsien (homologiquement c’est le
second) ; 2 c. sa facelte en rapport avec le second cunéiforme ; 2 mé. second métatarsien
OPEN « c’est . Vame 3 c. sa facette en rapport avec le troisième cunéi-
forme ; 3 mé. (h M hd c’est le quatrième) ; onc. sa facette en
Spot avec l’ onciforme.
(1) Aximaux fossiles et géologie de l'Attique, pl. XXXIIL, fig. 4 et 5.
32 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
HIPPARION GRACILE, Kaup (sp. de Christol).
Planche V, fig. 7, 8, 9, 10; planche VI, et planche VII, figure 4.
Les herbivores du groupe des équidés (1) n’ont pas été observés dans des terrains
plus anciens que ceux de la fin de l’époque miocène. Mais, à partir de cette
époque, ils se sont multipliés jau point de former de grands troupeaux, dont les
restes se rencontrent dans beaucoup de contrées. Les cellections du Nebraska ont
offert à M. Leidy un si grand nombre d’équidés, qu'il a cru pouvoir appeler l’Amé-
rique du Nord /e pays des chevaux . On à découvert dans l'Inde des animaux qui
avaient la dentition des hipparions. M. Davies m'a montré dans le British Museum
des dents qui ont été rapportées de Chine par M. Hanburg, et ressemblent à celles
des équidés de l'Inde. En Allemagne, en Hongrie, dans les montagnes de la
Souabe, en Grèce, en Espagne, on a recueilli des pièces d’hipparions. Ces quadru-
pèdes ont laissé leurs débris dans plusieurs endroits du midi de la France :
M. Jourdan m'a montré dans le musée de Lyon des dents d’hipparions qui ont
été trouvées à la Croix-Rousse, à Fourvières, à Saint-Clair et dans la partie du
lit de la Saône où l'on a fait des dragages pour l'enlèvement des roches du pont
Nemours. Il m'en à fait voir aussi de Saint-Fonds près de Lyon, de Saint-Jean
de Bourney (Isère), d'Oussiat (Ain), de Crépol et de Mas de Guignon (Drôme).
On à encore signalé des dents d'hipparions à Montpellier (2), au mont Redon
(Aude), à Aurillac (Cantal), à Aix (Bouches-du-Rhône), à Visan (Vaucluse). Les
restes de ces animaux abondent surtout dans le mont Léberon; j'en ai recueilli
plus de sept cents morceaux, et j'en ai laissé sur le terrain de nombreux débris
qui gênaient mon exploitation par leur profusion et leur enchevêtrement.
Les hipparions du mont Léberon ont été décrits pour la première fois en 1832
par Christol (3). Cet habile naturaliste a très-bien montré que l'isolement de
la colonne de leurs molaires supérieures, et leurs pattes de derrière composées
de trois doigts, devaient les faire séparer du genre cheval.
M. Gervais a décrit et figuré plusieurs pièces des hipparions du Léberon ; il a
1) Je ne comprends pas sous ce nom les Anchitherium, pachydermes qui sont en voie de devenir des
hipparions, mais ont encore gardé une grande partie des caractères de leurs ancêtres les Palæotherium.
(2) Cette indication n’est pas certaine.
us
) De Christol, Ann. des sc. et de l'ind. du midi de la France, vol. I, p. 180. In-8, Marseille, 14832.
PACHYDERMES. 33
pensé qu’ils n’appartenaient pas à la même espèce que l'hipparion (Hippotherium
gracile) d'Allemagne, signalé par Hermann de Meyer (1) et par M. Kaup (2 ). Ia
proposé pour eux les noms d'ÆHipparion PRES mesostylum , diplostylum ;
bientôt après, il a reconnu que ces trois espèces n'en formaient qu ‘une seule,
l'Hipparion prostylum (3).
Wagner et Roth (4) se sont aperçus que les hipparions d'Eppelsheim et de
Pikermi ont le même caractère d’après lequel le nom d’Hipparion prostylum (5)
avait été établi, c’est-à-dire qu’ils ont souvent une colonnette d’émail engagée dans
le cément au bord antérieur des molaires inférieures. C’est pourquoi les natura-
listes de Munich ont réuni les hipparions d'Allemagne, de Grèce et de Provence
sous le titre d’Hipparion gracile (6). Malgré l'avis du savant M. Hensel (7), je
serais disposé à croire que ce rapprochement est fondé.
Description.
Les planches V, VI et VII renferment les dessins de plusieurs pièces des hippa-
vions du mont Léberon. En regardant les figures 9, 40, 41 de la planche VE et la
figure 4 de la planche VIE, on verra que les os des membres ressemblent à ceux
des hipparions de Pikermi, sauf qu'ils sont en général plus grêles et plus petits.
Le dessin d’une partie de la tête (pl. VE, fig. 1) prouve que les animaux de la
Provence avaient également des larmiers. On a représenté (pl. V, fig, 7 et 8) des
mâchoires de jeunes individus avec leurs dents de lait; dans ces échantillons, on
n'aperçoit ni à la mâchoire inférieure, ni à la mâchoire supérieure, la petite
molaire rudimentaire qui doit être placée en avant des grandes molaires; mais
(14) Hermann de Meyer “a a Acta Acad. nat. curios., vol. XVI, 2° partie, p. 425, pl. XXX, XXXI et
XXXII, fig. 31, 32, 33, 183
(2) ais Die zwei ar hen pferdeartigen Thiere welche in lertiären Sande bei Eppelsheim Ce
werden, bilden eine eigene Unter-Abtheilung der Gattung Pferd (Nova Acta Acad.
part. I, p. 173, 1833).
—
nat. curios., pl.
(3) Gervais, Comptes rendus de l’Acad. des sc., vol. XXIX, p. 285, 1849. — me et Paléontologie
françaises, 1'e édition, explication de la planche 19, fig. 4 à {f, et 2° édit, p./81
(4) Roth et Wagner, Die fossilen Knochen Ueberreste von Pikermi in Grieche ER ne der Sd
Akad., vol. VI, Munich, 1854).
(5) I1p0 , devant ; orüAss, colonne
‘6) Duvernoy a pensé que les ‘ER du Léberon et de la Grèce étaient de la même espèce ;
avoir supposé que celui d’Eppelsheim était d'espèce différente.
Pikermi près d'Athènes, Comptes rendus de l'Acad. d
il semble
(Deuxième note sur les ossements qu de
es sc., vol. XXX VIII, séance du M: mars, ki.)
) Hensel, Ueber Hipparion Sas (Abhandl, der Künigl. Akad. der Wissensch. zu Berlin aus dem
Jahre 1860, p. 27, 51)
/
3/ ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
j'ai observé cette dent aux deux mächoires sur d’autres échantillons du Léberon.
el
igures 2, 3 de la planche VE, offrent des exemples de la seconde dentition ; j'ai
enlevé le cément sur une partie des dents inférieures (fig. 10, 14, 24) pour
e avait une existence éphémère. Les figures 9, 10 de la planche V, et les
_
[ar
montrer qu'il y avait des colonnettes non-seulement sur les molaires de lait, mais
souvent aussi sur les arrière-molaires; on en rencontre également sur les prémo-
laires. Jai fait dessiner quelques molaires isolées qui m'ont semblé particuliè-
rement instructives. Ainsi, les figures 4 et 7 de la planche VI représentent des
molaires supérieures, sur lesquelles on peut facilement saisir les diverses parties
qui composent la dent de l’hipparion: les deux lobes externes e.4. et e.p; les
deux lobes médians 72.4. et m.p., et les deux lobes internes disposés sous forme
de colonnes c.a. et c.p. La ressemblance de ces colonnes dans la figure 7, est si
grande, qu'il est difficile de ne pas les regarder comme des éléments homologues.
Les figures 7 et 9 de la planche V montrent la colonne antérieure de la première
>
molaire de lait et de la première prémolaire s’unissant au fût, de manière :
simuler une presqu'île comme dans les chevaux; la figure 6 de la planche VI fait
voir que d’autres dents peuvent aussi, lorsqu'elles sont usées, offrir le même
1e VI avec la figure 4 de la même
en
caractère. En comparant la figure 5 de la planc
planche ou la figure 9 de la planche V, on s’assurera qu’il y a de grandes varia-
tions dans les contournements des lobes médians des molaires supérieures, et par
conséquent dans le plissement des lames d’émail qui bordent leur dentine.
La figure 8 de la planche VI a été prise sur une molaire inférieure qu'on à un peu
débarrassée de son cément pour laisser paraître sa colonnette antérieure externe ;
il ressort de cette figure que la colonnette présente des aspects variables suivant
l'usure de la dent: quand la dent n’est pas usée, on ne l’aperçoit pas ; lorsque la
dent est un peu usée, la colonnette est séparée et se présente sous forme d’île ;
quand la dent est plus usée, la colonnette s’unit à la dent et simule une pres-
qu'île.
|
}
|
:
|
PACHYDERMES. 35
Mesures.
=
ee
Individus Individus Individus vidus
les plus faibles les plus forts pe os pen ex ni Le
du Léberon. duLéberon. de Pik: e Piker
Série des trois grandes molaires de lait de la m. m. m. m.
mâchoire supérieure. Longueur. . . . . 0,090 » 0,087 0,093
Série des trois grandes PRES de lait de la
mâchoire inférieure. Longueur. 40:0,082 0,086 0,086 0,093
Série des six molaires de la mâchoire supé rieure, 0,123 0,145 0,130 0,154
Série des six molaires de la mâchoire inférieure. 0,132 0,144 0,127 0,160
Largeur de la mâchoire infé rieure entre le bord
externe des troisièmes incisives. . . . 0,065 ‘ 0,065 0,064 0,066
Humérus. Moindre largeur du corps. . sier0:028 0,030 0,029 0.035
Largeur de la face articulaire inférieure 03051 0,064 0,062 0,079
Radius. Largeur la plus grande de la région
D a : or mibere rs 0SS 0,064 0,063 0,068
indre A du Corps. ER Se sr 0 00 0,033 0,034 0,045
en Haut One Gr 0,022 0,023 0,021 0,029
Semi-lunaire. ns ur. er 0,021 0,022 0,022 0,026
Pyramidal. Longueur la plus thde. DEMES 50,020 0,028 0,030 0,038
Pisiforme. Longueur la plus grande. . . . . 0,031 0,032 0,037 0,046
Poe Penn ne 50, 0,045 » 0,015 0,018
TETE O SR ATOM D ce a dncenc um 0,020 0,032 0,033 0,039
OnclonmeHanenn Cm ME Ne ee 0,049 0,020 0,019 0,025
Fémur. Moindre larger 0,036 0,038 0,037 0,044
Largeur la plus g aie él a partie HAE 0,067 0,074 0,075 0,094
Épaisseur dans la région du es le interne
d'avant en arrière). nt 10009 0,094 0,086 (4 Ki)
Rotule. Largeur la plus g AS one ve 0 046 » 0,040 0,055
Tibia. Longueur sur le bord éxienne. cs masse 0,300 0,287 0,258 0,340
Moindre largeur. es eV UOl 0,041 0,037 0,050
Largeur de la face Hieute, es M ete 1100 000 0,059 0,057 0,07k
Astragale. Longueur . NN DRE D AE 0,046 0,054 0,050 0,064
tssounia plu romanes. .5..1. 2, 4... 0.079 0,054 0,050 0,065
torcaneume MONET LS Er nee EE 0, 091 0,100 0,096 0,120
Hauteur vers son milieu. . . «. . . +. 0,035 0,037 0,037 0,047
Scaphoïde postérieur. Largeur. . . . . . 0,033 0,037 0,035 0,046
Principal cunéiforme. Largeur. . . . . . 0,034 0,035 0,034 0,045
Cuboïde. Longueur. 0,031 0,037 0,032 0,03
Première phalange du doigt principal. PRES 0,055 0,057 0,055 0,870
Largeur la plus grande. 0,031 0,034 0,033 0,044
Seconde ar du doigt principal. EP ur. 0,030 0,037 0,034 0,044
Largeur la plus grande. . 0,029 0,034 0,03 0,C4A
Phalange onguéale. Longueur dé la face supé
rieure dans son milieu. . . NE 0,640 0,047 0,040 0,062
Largeur la’ plus grande." :# 7, 55 00, 0,086 0,042 15,030 0,052
36 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
Sur la race à laquelle appartient lHipparion gracile
du mont Léberon
Dans mon ouvrage sur les animaux de Pikermi, j'ai cherché à montrer qu'il y
avait eu dans ce gisement deux races d'hipparions : l’une lourde, l’autre grêle.
Quoique leurs extrêmes soient assez différents, j'ai pensé qu’on ne pouvait pas les
attribuer à des espèces distinctes, attendu qu’on observe entre elles les transitions
les plus insensibles. La forme grêle se trouve dans le mont Léberon, et elle y est
mieux accusée ; Car, d’une part, je n'ai pas rencontré d'individus aussi forts que
les plus forts de Pikermi, et au contraire j'ai vu des os qui indiquent des propor-
tions plus grêles que dans aucun hipparion de la Grèce. On s’en rendra compte
en examinant le tableau des mesures qui précède. Certainement, les troupeaux de
la Provence durent offrir un aspect un peu différent de ceux de l’Attique, étant
composés de bêtes généralement plus petites et plus grêles. Faut-il en tirer la
conséquence que, dans le Léberon, la race grêle de Pikermi s’est localisée, de telle
sorte que ses individus ont cessé de produire avec la race lourde, et qu’ainsi ils
méritent un nom d'espèce différent? Une telle conclusion ne me semble point
déraisonnable, mais tout au moins elle est douteuse, puisque même dans le Lébe-
ron, On voit une assez grande inégalité dans les proportions des os (1).
J'ai cru remarquer que dans la variété lourde de l'Attique, les métacarpiens
étaient plus courts comparativement aux métatarsiens que dans la variété grêle ;
la race du Léberon, quoiqu’elle appartienne à la variété grêle, me paraît avoir eu,
comme la variété lourde de Grèce, des métacarpiens peu allongés; je ne veux
cependant rien affirmer à cet égard, parce qu'il est difficile de on apprécier la
grandeur relative d'os qui n’ont pas été trouvés en connexion.
Comme la faune d'Eppelsheim est sans doute d’un âge un peu plus ancien que
celle du mont Léberon, il est naturel de penser que ses hipparions sont d’une
1) + l'on n’avait à considérer que la race grêle du mont Léberon et la race lourde de Pikermi, on NP
nme je l'ai fait en 1864, continuer à séparer ces races sous des noms distincts; la première serait appelée
ir ion Fe see. et la seconde serait appelée H. gracile. Mais, puisqu'il me FR impossible de distinguer
a race du Léberon d’avec la race grêle de Pikermi, et que celle-ci à son tour ne peut être nettement séparée
de la race Fu je me trouverais dans le plus grand ce pour nommer les échantillons de Pikermi
beaucoup d’entre eux formant at intermédiaires qui ont a t de droits à être appelés prostylum qu’à être
appelés gracile. En tre, d’après les règles de la non NÉE ce serait la race la moins grêle qui devrait
ètre nommée Sa. gracile ; i en résulterait nécessairement des confusions
PACHYDERMES. Sri
autre espèce; cependant, il ne me semble pas que les différences jusqu'à présent
signalées révèlent une distinction spécifique.
L'Hipparion crassum, dont M. Gervais (1) a décrit quelques os, avait des canons
plus courts qu'aucun autre hipparion. Je suppose provisoirement qu'il représente
une espèce et non une race. L'écart entre les hipparions les plus grêles du Léberon
et l’Hipparion crassum est assez grand pour permettre de douter que ces animaux
aient produit ensemble.
Des transitions entre les hipparions et les chevaux.
Les remarques qui ont été faites par plusieurs naturalistes (2} et par moi m'ont
porté à penser que sans doute le genre cheval est descendu du genre hipparion.
En entreprenant des fouilles dans le mont Léberon, j'avais l'espérance que la com-
paraison des nombreux os de ce gisement et de celui de Pikermi fournirait
quelques nouveaux indices de transition entre ces deux genres. Je dois avouer
que j'ai été déçu dans mon espérance; peut-être la diminution du plissement
de l'émail s’observe un peu plus fréquemment sur les mächoires supérieures du
Léberon que sur celles de Pikermi, et surtout que sur celles d'Eppelsheim ; peut-
ôtre aussi dans le Léberon, la colonne antérieure des molaires supérieures
adhère un peu plus à leur fût; mais ces nuances, qui marqueraient un degré
de plus vers le type cheval, sont tellement vagues, qu'on doit considérer les
hipparions du Léberon et de Pikermi comme ayant représenté le même état
d'évolution.
Si
de formes intermédiaires entre le genre cheval et le genre hipparion, la compa-
__
a comparaison des équidés fossiles d'Europe à jusqu’à présent révélé peu
raison des espèces étrangères à l’Europe indique, au contraire, des transitions.
L'importante étude de M. Leidy sur les fossiles des rives du Niobrara (3) me
semble fournir la preuve de passages pour la dentition. En effet, les molaires
supérieures des hipparions d'Europe diffèrent de celles du cheval, parce que
leurs lames d’émail sont plus plissées ; or, plusieurs des molaires figurées par
18 9.
M. Hensel, le beau mémoire de M. Rü-
timeyer, intitulé Beiträge zur Kenntniss der fossilen Pferde und zur vergleichenden Odontographie der Huf-
ne
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thiere überhaupt (Verhandl. der Naturfors. Gesells. in Basel, p. 558, 1863).
3) Leidy, The extinct mammalian Fauna of Dakota and Nebraska, in-4. Philadelphie, 1869.
ns
38 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
M. Leidy (1) sont moins plissées que celles du mont Léberon. Les molaires supé-
rieures des hipparions d'Europe ont pour caractère d’avoir leur colonne antérieure
isolée dans la plus grande partie de sa hauteur, de sorte que son usure donne la
figure d’une île au lieu de la figure d’une presqu'île; mais dans les dents inscrites
par M. Leidy sous le nom de Protohippus (2), la colonne antérieure adhérait plus
au fût que dans les dents de lhipparion de nos contrées. Les molaires supérieures
des hipparions d'Europe se distinguent, parce qu'en général leur colonne anté-
rieure est arrondie et n’est pas beaucoup plus grande que leur colonne postérieure,
tandis que chez les chevaux la colonne antérieure est comprimée et bien plus
grande que la colonne postérieure; au contraire, les dents figurées par M. Leidy
sous le nom d’ÆHipparion occidentale (3) et surtout sous celui d'affine (4) montrent
une colonne antérieure comprimée et bien plus forte que la colonne postérieure.
Ainsi, diverses dents trouvées en Amérique comblent la lacune qui séparait la denti-
tion de la mâchoire supérieure dans le genre cheval et dans le genre hipparion.
Il serait possible que plusieurs de ces dents, attribuées à des espèces diffé
rentes, provinssent d'animaux de même espèce. En eflet, les molaires inscrites
sous le nom d'Hipparion gratum sont un peu plus petites et moins plissées que
celles désignées sous le titre d'Hipparion speciosum, mais leur petitesse pourrait
résulter de ce que ce sont des arrière-molaires ; quant au -plissement de l'émail, la
comparaison de la figure 5, planche VI, et de la figure 9, planche V de ce mé-
moire, montre combien il est variable dans une même espèce ; il m'a quelquefois
semblé qu'il était moindre dans les dents de petite dimension. M. Leidy à dis-
tingué par la désignation de Protohippus perditus et placidus des molaires supé-
rieures qui différent de celles de l’Æipparion gratum, uniquement parce que leur
colonne antérieure est unie au fût, de telle sorte que leur coupe donne au lieu de
là figure d’une île la figure d’une presqu'île ; or, si l’on regarde les figures 7 et 9,
planche V, et surtout la figure 6 de la planche VI de mon mémoire, on verra que
les molaires usées des hipparions de la France offrent l'état de Pr otohippus (5).
XVIII.
Le NAS. 1 XVII, fig sp et 2, pl. XVIII, fig. 39-48.
(1)
(2)
(3) Le même, pl. XVII, x. 1-5
(4) Le même, pl. XVIII, fig. 20- 24.
(5) Si l’on admettait que ee Proto? i être confondus spécifiquement avec les hipparions, il en fau
drait conclure que chez les patins " Drenç a la colonne antérieure s’unissait plus vite au fût que
chez les hipparions d'Europe, car les dents à l’état de prétéhipéne se trouvent rarement en Europe, tandis
qu'elles sont fréquemment rencontrées en te Nip de la colonne antérieure avec le fût semble s’être
produite chez les équidés du Niobrara lorsque les dents étaient encore peu usées, au lieu que les dents des
“AR d'Europe où cette union s’est manifestée ie toujours des molaires très-usées.
a
PACHYDERMES. 39
Merychippus à aussi des molaires qui ressemblent à celles de Protohippus (1), et sa
face a des larmiers comme dans les hipparions. Les dents qui présentent la plus
grande différence avec le type ordinaire des hipparions d'Europe, sont les molaires
supérieures inscrites sous le nom d’ÆHipparion occidentale, et surtout sous celui
d’'Hipparion affine ; car leur colonne antérieure est beaucoup plus forte que la
colonne postérieure , et elle a une forme plus comprimée. Cependant M. Leidy
admet des intermédiaires entre les dents à colonne ronde et à colonne comprimée.
En parlant de trois molaires d'hipparion qu’il n’ose déterminer, il s'exprime ainsi :
| Leur colonne interne varie pour le diamètre et la forme. Dans l'une, elle est
comme dans la plupart des dents attribuées à l'Hipparion Speciosum ; dans une autre,
elle est large comme dans l'Hipparion occidentale ; dans le troisième échantillon ,
elle est d'une taille intermédiaire... Elles favorisent l'impression que tous les
échantillons ensemble appartiennent à la méme espèce (2). »
Ces mots peignent l’indécision du savant M. Leidy en face des formes mul-
tiples et mobiles qu'il a découvertes. Son embarras ne doit pas étonner les paléon-
tologues d'Europe qui, ayant manié une multitude de mâchoires de l’Hipparion
gracile, ont eu occasion de suivre les variations de leurs caractères. Assurément,
ne pouvant connaître que par des dessins les molaires des hipparions, des Mery-
chippus et des Protohippus cités dans le pliocène du Nicbrara, je n'oserais pré-
tendre que toutes appartiennent à une même espèce ; je pense au moins qu’elles
ont dû provenir d'animaux singulièrement voisins, et, quoique ces animaux
aient été un peu plus rapprochés du cheval que nos hipparions d'Europe, pour-
tant ils ont été si peu éloignés de ces derniers, que plusieurs dents figurées
par M. Leidy (3) ne peuvent se distinguer de celles du Léberon ou de Pikermi.
À côté des caractères offerts par la dentition, le genre hipparion a passé jusqu’à
présent pour avoir dans la disposition de ses pattes un caractère important qui le
sépare des chevaux : ses pieds, au lieu d’être réduits à un seul doigt comme chez
les vrais solipèdes, ont trois doigts qui rappellent l’Anchifherium. On sait que les
pieds des chevaux actuels présentent quelquefois un retour partiel vers la forme
hipparion ; je crois qu’on devra à plus forte raison trouver des pieds d’hipparions
qui marquent un passage à la forme des chevaux. Jusqu'à présent j'en a
(1) A en juger par les figures 3 et 4 de la planche XVII, les molaires DER des Merychippus er
traient avoir certaines affinités avec celles des Anchitherium par la brièveté de leur fût et la disposition de leur
muraille externe ; mais les autres figures de la planche XVII rappellent ne _ des Protohippus.
(2) Ouvrage cité, p
(3) Ceci est surtout vrai pour les dents de l’Hipparion speciosum.
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
h0
vainement cherché parmi les hipparions d'Europe,
des hipparions américains soient destinés sans doute à nous apprendre des faits
curieux, on n’en peut encore rien dire, les os de leurs membres n'ayant pas
été figurés. Il n’en est pas de même pour les ÆHipparion antelopinum de YInde,
leurs métacarpiens et leurs métatarsiens ont été dessinés dans la Fauna antiqua
sivalensis (1). Ces quadrupèdes, à en juger par leurs os et leurs dents, ressemblent
tellement à l'Hipparion gracile d'Europe, qu’au premier abord ‘il paraît naturel
de les regarder comme des hipparions de même espèce qui auraient formé dans
les riches vallées de l'Inde une race svelte ét de haute stature. Cependant, en
examinant l’atlas de la Fauna antiqua sivalensis, ou en visitant, il y a quelques
années, la collection du British Museum, j'avais été surpris de n'apercevoir
aucun indice des petits doigts latéraux qui sont si remarquables chez l’hipparion.
Étant retourné à Londres récemment, j'ai pu, grâce à l'obligeance du savant
M. Davies, examiner de près les métacarpiens et les métatarsiens de l’Hipparion
antelopinum : je n'ai pas vu sur les côtés de leur face postérieure les aplalissements
qu'on observe chez l’Hipparion gracile (pl. VIE fig. 1), dans la région où se
posent les extrémités inférieures des petits métatarsiens et métacarpiens latéraux ;
ces aplatissements qui manquent chez les chevaux m'ont toujours permis jusqu’à
présent de distinguer si une portion inférieure de canon provient d’un cheval ou
d'un hipparion. Cela me porte à penser que l’AHipparion antelopinum était un
équidé qui avait perdu dans ses pattes le caractère de son ancêtre l’hipparion,
bien qu’il l’eût retenu encore dans sa dentition (2).
et, bien que les membres
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE V.
Les figures sont de grandeur naturelle.
7 ire de mâchoire supérieure d’un jeune individu vue du côté interne : 1 ». place où devrait
Fic: 7.
re la petite molaire rudimentaire ; 2 m. seconde molaire de lait; 3 #». troisième molaire
(1) Atlus, part. IX, pl. 84, fig. 9 et 10, pl. 85, fig. 114 et 12. London, in-fol., 1849
(2) Si ma ner à se vérifiai t, quelques personnes seraient sans doute disposées à propos
un animal qui aurait eu des pattes de cheval avec une dentition d’hipparion. Il me sem-
no
ble pourtant pré nu de conserver le nom d’hipparions aux animaux qui sont en voie de prendre la forme
] j i étement le type d
ser un nouveau
En paléontologie, les noms d’es-
i
pèces doivent autant que possible refléter les dégradations des formes interposées entre les espèces à caractères
74
bien accusés qui constituent les types des genre
PACHYDERMES. li
lait; 4 m. Eu molaire de lait; e. a. lobe externe antérieur; e. p. lobe externe
éri l médian antérieur ; ”. p. lobe médian postérieur ; 6. a. colonne anté-
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Fic. 8. Mâchoire inférieure d’un jeune individu vue sur la face externe : 4 m. place où devrait être la
etite molaire rudimentaire ; 2 m. seconde molaire de lait; 3 m. troisième molaire de lait ;
4 m. quatrième molaire de lait ; c. colonnette ; £. m. trou mentonnier.
Fi. 9. Molaires “5 de d’un individu adulte vues du côté interne : 4 p., 2 p. et 3 p. les trois pré-
molaires; 4 a., 2 a., 3 a. les trois arrière-molaires.
10. Molaires inférieures d’un individu adulte, vues du côté externe : À p.,
prémolaires ; 4 a., 2 a., 3 a. les trois arrière-molaires ; cé. cément qui Fi ds dépôts suc-
sur la surface “ ant e. a. lobe externe antérieur; e. p. lobe externe postérieur ;
ne antérieur; &. p. lobe interne postérieur ; c. colonnettes sur les arrière-
Fic. , 3 p. les trois
Le |
molaires.
PLANCHE VI.
10, 41 sont au ae les autres figures
La figure 4 est à moitié de la grandeur naturelle; les figures 9,
sont de grandeur naturelle.
Crâne d’un jeune individu vu de côté : 2 m». seconde molaire de lait (première grande molaire) ;
m. troisième molaire de lait ; &-m. quatrième molaire de lait ; 4 a. première arrière-molaire
d. dépression du bord du maxillaire en avant des
zyg. arcade zygomatique ;
FIG. 4.
qui commence à pousser ; #. maxillaire ;
molaires ; er, crête maxillaire ; #. nasal; lar. larmier ; j. jugal ;
frontal ; or. orbite ; p. 0. apophyse post-orbitaire
Fic,- 2. Partie antérieure d’une mâchoire inférieure vue en dessus : 4 &. première incisive (pince) ;
c. canine (crochet).
—
2i. seconde incisive (mitoyenne); 34. troisième incisive (coin
FIG. 3. Canine inférieure vue du côté interne
FiG. 4. Molaire supérieure vue en dessus du côté interne :
externe postérieur; m. a. lobe ct Ts antérieur (croissant interne antérieur) ; ». p. lobe
médian postérieur (croissant interne postérieur) ; e, a. colonne antérieure qui représente le
lobe interne antérieur ; c. p. colonne pou qui est soudée au lobe médian (elle repré-
€
e. a. lobe externe antérieur; e. p. lob
sente Je lobe interne postérieur) ; cé. cément.
Fic. 5. Molaire supérieure vue en dessus du côté interne ; son lobe médian antérieur et surtout son lobe
©
médian postérieur m, p. sont très-contournés.
Molaires supérieures vues en dessus du côté interne ; ces dents sont très-usées, de sorte que leur
que la partie correspon-
S
FIG.
colonne antérieure €. 4. est unie au lobe médian antérieur m. a., et €
dant à la colonne postérieure c. p. ne peut plus se distinguer du lobe médian postérieur
m. p.
Fi. 7. Seconde molaire supérieure de lait sur laquelle on voit la colonne postérieure aussi bien sé-
parée que la colonne antérieure. Mêmes lettres que dans la figure 4
Molaire inférieure vue sur la face externe; on a un peu enlevé son cément pour mieux laisser
QC
Fc.
raître sa colonnette antérieure : &. indique le degré d’usure où l’on n’aperçoit pas de co-
p
lonnette ; b. indique le degré d’usure où la colonnette forme une île ; c. indique le degré
d'usure où la colonnette forme une presqu'île ; d. indique un degré d’usure où quelquefois
n’aperçoit plus de colonnette,
F1. 9. Membre postérieur vu sur la face externe : fi. tibia; er. sa crête; cal. calcanéum : «as. astra-
gale; sc. scaphoïde ; cub. cuhoïde; g. c. grand cunéiforme ; 2 mé. second métatarsien (homo
logiquement c’est le troisième); sé. un de ses sésamoïdes qu’on aperçoit derrière un des
6
h2 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
doigts latéraux ; 2 p’. première phalange du second doigt (homologiquement le troisième) ;
2 p’. seconde phalange du même, et 2 p” Av sanats 3 mé. troisième métatarsien
(homologiquement c’est le quatrième); man du doigt latéral externe.
Fig. 40. Métacarpien principal vu sur la face miésateis la Re pl. est plan
Fig. 11. Métatarsien principal vu sur la face antérieure ; on voit en f. une ras qui permet de dis-
,
tinguer un morceau inférieur de métatarsien d’avec le métacarpien.
PLANCHE VII.
Grandeur naturelle.
FiG. 1. Partie inférieure d’un métatarsien principal vue par derrière as montrer les dépressions qui
correspondent à la place des métatarsiens latéraux 1 mé. et 3,
SUS MAJOR, Gervais.
Planche VII, fig. 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, et planche VIII.
Le genre sanglier exista dès le commencement de l’époque miocène (1), mais
c'est seulement à la fin de cette époque qu’il acquit tout son développement ; il \
eut alors dans l'Inde le Sus giganteus, en Grèce le Sus erymanthius, en Allemagne
le Sus antiquus, en France le Sus major. Ces quatre espèces surpassaient notable-
ment celles des temps actuels. M. Brehm (2) assure que /es sangliers des marais sont
plus grands que ceux des forêts sèches ; ceci porterait à croire que la taille gigan-
tesque des sangliers du miocène supérieur a pu résulter en partie de l'extension
des lacs ou des marécages, qui ont pendant longtemps occupé une partie du centre
et du midi de l’Europe.
C'est Christol qui a le premier signalé le sanglier du Léberon. M. Gervais en a
décrit une molaire sous le nom de Sus major (3); cette dent fait partie de la
1) Je me suis procuré dans l’île de Wight une dent sp drague à la dernière prémolaire supérieure des
sangliers ; elle m’a été donnée comme ayant été tro avec nat na dans les couches d’Hempstead,
que l’on rapporte, soit au miocène le plus inférieur, se au sommet de l’éocène
(2) Brehm, /a Vie des animaux illustrée, ns vol. IT, p. 741.
(3) Gervais, Zoologie et Paléontologie françaises édit., pl. XI, fig. 2
L3
PACHYDERMES.
collection Requien, à Avignon. Le musée de Montpellier possède un astragale
de la même espèce. Les pièces que j'ai recueillies sont les suivantes : une partie
du crâne avec sa mâchoire inférieure; deux autres mâchoires un peu plus petites,
quoique bien adultes, comme les dents le témoignent; une mâchoire supérieure et
une mâchoire inférieure avec dents de lait; un axis et deux autres vertèbres cervi-
cales, quelques os des membres incomplets.
Les molaires de lait de la mâchoire supérieure (pl. VIL, fig. 3) et de la mâchoire
inférieure (pl. VH, fig. 2) ressemblent, pour la taille et la forme, à celles du
Sus erymanthius de Pikermi; chaque mandibule porte seulement trois molaires ;
ainsi que dans les autres sangliers, la dernière molaire inférieure de lait à trois
collines.
On a représenté: pl. VIH, fig. 4, une portion de crâne d’un individu adulte avec
sa mâchoire inférieure ; pl. VIL fig. 3 et 4, les prémolaires et les arrière-molaires;
pl. VIE, fig. 4, les incisives et les canines. Les dents rappellent d’une manière
frappante le Sus erymanthius ; celles qui sont dessinées dans la planche VIT sont
un peu plus fortes que celles de ma collection de Pikermi, mais deux autres
mâchoires que j’ai trouvées dans le Léberon ont des dents de même dimension.
Comme le crâne de la planche VIE, fig. 1, indique un sujet plus fort que les
autres, il est possible qu’il provienne d’un mâle; cependant ses canines sont
également petites et très-inclinées. Déjà, lorsque j'avais classé les fossiles de
l’Attique, j'avais remarqué avec surprise que sur une quinzaine d'individus, aucun
n'avait de défenses ; les sangliers adultes, dont j'ai recueilli les restes dans le
Léberon, sont au nombre de trois. Faut-il supposer que ces dix-huit animaux ont
été des femelles et qu’on n’a pas encore découvert de mâle? Cela est peu probable ;
il est plus naturel de croire que les sangliers du Léberon et de Pikermi n'avaient
pas leurs canines développées en forme de défenses.
Voici la formule de la seconde dentition :
Incisives 5; canines +; prémolaires #; arrière-molaires à.
Ainsi que le montre cette formule, la première prémolaire, qui existe dans notre
sanglier actuel à la mâchoire supérieure et à la mâchoire inférieure, manque chez
le Sus major adulte ou jeune. Dans le Sus erymanthius, il en est de même pour la
mâchoire inférieure; mais à la mâchoire supérieure, tantôt la première molaire
disparaît, tantôt elle persiste (1). Les pécaris n’ont également que trois molaires
(4) J'ai rappelé ailleurs que j'avais vu un sanglier vivant où la première prémolaire existait d’un côté et
hh ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
de lait et trois prémolaires de chaque côté de leurs mâchoires; en outre, ils se
rapprochent du Sus major par leurs petites canines, mais ils diffèrent à d’autres
égards, notamment par leurs molaires moins compliquées.
Le menton (pl. VIE, fig. 1) est aussi fuyant et aussi allongé que dans le Sus
erymanthius : est assez différent de celui du Sus seropha. Le crâne (même figure)
ressemble à celui du Sus erymanthius ; il a aussi un grand élargissement dans
la portion jugale de l'arcade zygomatique; cependant les maxillaires n’ont
pas au-dessus des canines la grosse protubérance qui est si remarquable chez
l’animal de Pikermi (4); on s’en rendra compte en regardant le museau dessiné
planche VIIE, fig. 2.
L'axis (pl. VIT, fig. 5), deux autres vertèbres cervicales (fig. 6) et la partie de
radius représentée fig. 8, rappellent le Sus erymanthius. Un des humérus (fig. 7)
est un peu plus gros que dans le sanglier de Pikermi:; la fosse coronoïdienne
est trés-excavée, mais elle n’est point percée; dans les humérus des sangliers
de Pikermi, cette fosse est tantôt percée, tantôt ne l’est pas.
Mesures comparatives des Sus major et erymanthius (2).
Sus major Sus erymanthius
du
de
Léberon. Pikermi.
Màchoire : He ure de jeune individu : m. m
Avant-dernière molaire de lait. Longueur. . . . . . . 0,019 0,018
Dernière nes de ait Longueur 0,020 0,020
Mâchoire inférieure de jeune individu
Longueur de l’avant- dert rnière AR de Jait::: ue Loue 0,014
Dernière molaire de lait. . . Se Re PR ERA RS 0,027
Cràne d’individu adulte : ,
Longueur de puis l'orbite jusqu’à l'extrémité du museau. 0,355 0,380
Longueur depuis le bord postérieur de la dernière molaire
isqu'à l'extrémité du museau. . 5 0e 20:200 0,300
Re ur de l'espace occupé par les six “hdäres ER LE 0 0,146
Longueur des trois prémolaires. . . . . : . , 0.054 0,051
M de l’autre. Ces irrégularités de développement ne s’observent pas seulement chez les
a des moutons et des antilopes où les mandibules n’ont de ch: aque côté que deux prémolaire
(1) Voyez, planche XXXVII de l'ouvrage sur l’Attique, les saillies des maxillaires du Sus er ymanthius
(2) Il y a ici dés chiffres différents de ce 1e j'ai inscrits dans mon ouvrage sur l’A ttique ; cela ré
at
de ce qu'on à choisi les plus grands os de os pour donner les mesures ci-jointes
PACHYDERMES. : h3
Sus major Sus major Sus erymanthius
du de
du
Léberon. Léberon. Pikermi.
. m.
Re Re PORBUOUL EEE LE NUE TEUSS » 0,405 0,040
à plus ande la » 0,030 0,027
T2 PULLS
Mae inférie ure d’ individu adulte
Longueur depuis le bord era de la dernière m.
molaire jusqu’au bord antérieur des incisives. 0,260 0,295 0,280
Longueur de la série des six molaires. . TS 0,138 0,157 0,144
Longueur de la série des trois pré otre. . 0,049 0,059 0,052
Dernière molaire. Longueur. . . . . +. . . (0,641 0,04 0,045
Largeur la plus grande. de: m0 025 0,024 0,024
is. Longueur (avec l'apophyse Dont: “hrs » 0,044 0,045
Quatrième vertèbre cervicale. HAE ur de son corps. » 0,030 0,032
sargeur de son corps. A TRUE LAS (EME » 0,043 0,048
Humérus. Largeur la plus faible. » 0,03 0,028
Ï AT la plus grande de sa portion Hféripute. » 0,066
Radius. Largeur de sa face supérieure. . . . . » 0,04 0,049
. CAMES PES ERA » 0,033 0,035
Races ou espèces dérivées.
Les différences par lesquelles le Sus #ajor se sépare des autres sangliers sont
les mêmes que celles par lesquelles on distingue le Sus erymanthius. Pour les
connaître, on pourra donc se reporter à la description de ce dernier (1). Toutefois,
comme la proximité des départements de l'Hérault et de Vaucluse donne un
intérêt spécial à la comparaison du Sus provincialis de Montpellier (2), je dois
noter ici les légères particularités qui le caractérisaient: il était plus petit que le
major ; selon Rütimevyer (3), il avait une molaire de plus en haut et en bas, et,
si la forme tronquée de la dernière molaire supérieure ne doit pas être attribuée
à l'usure, elle rappelait la disposition des Palæochærus. D'ailleurs le sanglier de
Montpellier avait de petites canines comme le Sus major, et le degré de compli-
cation de ses molaires était le même (4).
(4) Roth et Wagner, rt _. bayer. Fra Li Me vol. II, p. 418, pl. V, fig. 1 et Aa, 1854.
— Wagner, même cn us 43 AE p.27 1857. — Albert Éabiré Animaux fossiles
et géologie de l'Attique, p. 235, pl. XXX F0 ct 864.
(2) Zoologie et Door rai se édit., p. 400, 1848-52, et 22 édit., p. 177, 1859, pl. II
fig. 4 à 6, pl. VIL, fig. 9, et pl. XXII, fig
(3) Rütimeyer nie D Dende fossile & Sc : eine (Verhandl. der Naturfors. Gesells. in Basel, vol. I, p. 517,
1857).
h) Depuis que j ‘ ai publié mon travail sur la Grèce, M. Oscar Fraas a fait paraître Die Fauna von Steinheim
(Stuttgart, 4870). Dans ce mémoire, le savant directeur du musée de Stuttgart a décrit (p. 22, pl. V, fig. 4
16 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
On ne peut dire que le Sus major fût plus grand que l'erymanthius, car J'ai vu
un crâne de Pikermi qui annonce une bête plus forte. À en juger par les pièces
jusqu'à présent connues, la seule particularité qui distingue l'animal du Léberon
est l'absence de la grosse protubérance latérale dont les maxillaires du Sus ery-
manthius sont pourvus. L'étude des sangliers actuels montre qu’à cet égard des
individus nés d’une même mère présentent des différences notables ; chez les vieux
males, les maxillaires ont souvent une forte saillie. Je pense donc que le Sus
erymanthius pourrait être un Sus major, chez lequel les protubérances des maxil-
laires se seraient développées. Si quelque naturaliste était disposé à blâmer une
telle supposition, je le prierais de venir au Muséum comparer les pièces du Sus
erymanthius et du Sus major, et je crois qu'il excuserait mon hypothèse. La res-
semblance de ces animaux est surtout frappante quand on considère les ornements
si compliqués de leurs molaires; leurs moindres linéaments paraissent copiés :
deux frères n’ont pas des dents plus exactement semblables.
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE VII.
Les figures 2, 3, 4 sont de grandeur naturelle ; les autres figures sont à moitié de la grandeur naturelle.
: c' canine de lait; 4 #'. pre-
ère molaire de lait (homologiquement c’est la se conde); 2 #. seconde molaire de lait
(homologiquement c’est la troisième); 3 »/. troisième molaire de lait (homologiquement
c’est la quatrième) ; 4 a. première arrière-molaire.
FiG. 2. Mâchoire inférieure d’un jeune individu vue sur la face externe
mic
F6. 3. Mâchoire pre ire d’un jeune individu vue en dessus: &. côté interne du maxillaire: 2m. seconde
molaire de lait (homologiquement c’est la troisième) ; 3 m°. troisième molaire de lait (homo-
de c’est la quatrième) ; 1 4; première arrière-molaire ; {. tubercules inter-
lobaires
FIG. 4
. Partie antérieure d’une mâchoire inférieure d’un individu adulte , Vue en dessus : 4 ©., 2 à., 3 à
les trois incisives; c. canine; 1 p. res DEP (homologiquement c’est la ant
Fi. 5. Axis vu en dessous : od. son apophyse odont
Fi6. 6. Deux vertèbres cervicales vues en dessous; on a représenté le corps de l’une d’elles sur sa face
postérieure p. ; tr. apophyse transverse; #. trou médullaire
FIG. 7. Partie inférieure d’un humérus vu de face : #». sa troch ée ; cor. face coronoïdienne.
FiG. 8. Portion supérieure d’un radius vu sur la face postérieure ;
bitus.
cu. région sur laquelle s'appuie le
ubitus
à 6 et sous le nom de Chœropotamus Steinheimensis,
appelé Sus Sleinheimensis :
un animal qui sans doute doit plutôt ètre
ce sanglier est trop petit pour être identifié avec le Sus major
RUMINANTS. 7
PLANCHE VIII.
Les figures 4 et 2 sont à moitié de la grandeur ; les figures 3 et 4 sont de grandeur naturelle.
Fi. 4. Partie du crâne et mâchoire inférieure, vues de côté : 4 à,, 2 ü., 3 i. les incisives ; les canines
sont un peu déchaussées, de sorte qu’elles semblent sur le dessin moins petites qu’elles
ne le sont réellement: on voit en col. leur collet; 1p., 2 p., 3 p. première, seconde
roisième prémolaires (homologiquement ce sont les Pet A troisième et quatrième
ps aires) ; 4 a., 2 a., 3 a. les trois arrière-molaires ; #, m. inter-maxillaire ; n. os nasal ;
nee jug. jugal ; zyg. arcade La na Fa frontal ; or. orbite; men. menton
ner
Fic. 2. Museau vu en RER dessiné dans le but de montrer l’absence des saillies des maxillaires qui
sont si développées au- dessus des canines dans le Sus erymanthius : à. m. inter-maxillaire ;
os nasal; m. maxillaire.
Fic. 3 Molaires supérieures vues en dessus : in. côté interne ; 4 p., 2 p., 3 p. les prémolaires ;
>
did oh a de les “Fran =
FiG, 4. Molaires À; de vues en dessus : nr. côté interne ; 4 p., 2»., 3 p.les prémolaires ;
; , D. ; 1
4 a., 2 a., 3 a. les arrière-molaires.
HELLADOTHERIUM DUVERNOYI, Gaud. (sp. Gaud. et Lartet).
Planche IX, fig. 4, 2, NO S
Le gigantesque ruminant qui à reçu le nom d’AHelladotherium (1), est un des
animaux les plus caractéristiques de la fin de l’époque miocène. Dans les temps qui
ont précédé sa venue, il y avait eu des proboscidiens et de puissants pachydermes,
mais l’ordre des ruminants n'avait pas été représenté par de très-grandes pee
Comme la girafe actuelle, qui parcourt presque toute l'Afrique, l'Helladotherium
a eu un vaste domaine. Il était commun en Grèce, on l’a trouvé dans l'Inde ; ses
débris se rencontrent aussi en France.
(4) On peut consulter pour l'étude de cette espèce les figures qui ont été ne, dans les
Wagner, Abhandl. der FA Akad. # nn vol. Rs pl. VII, fig.
, Sous le nom d’Antilope
Pullasii, 4857. — Albert Gaudry, Bu > la Soc. géol. de France, 2° se vol. XVIII, pl. XIII, 4861
— Animaux fossiles et 6 As % As pl. XLI, XLII, des XLIV, 1865.
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
18
Dès 1832 (1), Christol avait découvert au pied du Léberon un radius et un
métatarsien de cet animal; j'ai vu ces os dans le musée de Montpellier : ils ont
été attribués à un bœuf, dont les dimensions auraient dépassé celles des aurochs
et des plus grands bœufs fossiles. Par une curieuse coïncidence, Wagner, vingt-
deux ans plus tard, prit aussi des os de l’Helladotherium de Grèce pour des os de
bœuf, Bos Marathonius (2).
En 1861, M. Bayle annonça à la Société géologique de France que la collection
de l’École des Mines possédait une partie de métatarse et de tarse d’un quadru-
pède de Cucuron qui n’a pas dû être une girafe, attendu que ses deux cunéiformes
n'ont pas été réunis; il ajouta que ces pièces semblaient se rapporter à l’Æellado-
therium (3). D'autres musées renferment quelques restes de la même espèce et
du même gisement. M. l'abbé Rastoin m'a montré un métatarsien et un astragale
dans la collection du petit séminaire d’Aix; sous la conduite de M. Fabre, pro-
fesseur de physique au lycée d'Avignon, j'ai vu dans le musée Requien une portion
d’un os du carpe (le grand-os); M. Chantre m'a communiqué un morceau d’un
radius de grande taille qui appartient au musée de Lyon.
J'ai trouvé au pied du mont Léberon plusieurs os d’Helladotherium : des
radius, un métacarpe, des portions inférieures de métatarse, une partie supérieure
de métatarse en connexion avec les deux cunéiformes et le cubo-scaphoïde, un
fragment de tibia d’un jeune animal. En outre, M. le comte Charles de Saporta,
frère du savant paléontologue d'Aix, m’a remis un fragment de métatarsien.
La planche IX représente quelques os de l’Heladotherium : on voit, figure 1,
un radius d’un individu dont l’épiphyse inférieure n’était pas encore soudée, et
figure 2, un métacarpe d’un individu adulte ; sa face supérieure laisse apercevoir
la cavité qui correspond à la séparation des deux pièces dont il est formé. Cet os et
quelques ‘autres morceaux du Léberon semblent un peu plus grêles que dans
l'Helladotherium de Pikermi, mais on n’en peut conclure que tous les individus
de la Provence eurent des pattes moins lourdes que ceux de la Grèce, car une
portion de métatarse que j'ai recueillie dans le Léberon (fig. 7) annonce un animal
égal aux plus forts individus de Pikermi.
Les figures 3, 4, 5 et 6 ont été dessinées d’après des pièces de l'École des Mines,
(1) De Christol, Comparaison la Énraes à contemporaine des Mammifères de deux bassins du dépar-
sir de Fees (Annales des scienc de l’industrie du midi de - France, vol. I
Roth et Wagner, Abhandl. pa Akad. der Wissensch., vol. , p. 454, 185
. sf Bulletin de la Soc, géol. de France, 2° série, vol. XVIII, p. 597, séance du
I, p. 24, 1832).
54.
20 mai 1861.
Uun
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dry
Mes
lado.
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gale
pro-
tion
d'un
YOIr
y et
lans
idus
une
mal
nes,
RUMINANTS. 9
que MM. Bayle et Bayan ont bien voulu me communiquer. Les figures 4 et 5
montrent que le métatarse des ruminants, formé en apparence de deux os, en
comprend réellement quatre ; on voit figure 4 le second métatarsien rudimentaire
2 mt. soudé dans le troisième métatarsien 3m4., et la figure 5 laisse apercevoir
sur le quatrième métatarsien 4 #1. une dépression 5 m1. destinée à loger le cin-
quième métatarsien. Les os des Æelladotherium de Pikermi sont exactement au
même degré d'évolution : leur deuxième métatarsien est uni au troisième, mais
reste apparent ; le cinquième métatarsien tantôt est soudé, tantôt est libre. Rien
n’est plus intéressant pour l'anatomie comparée que la constatation de ces pièces
sur le point de disparaître soit par soudure, soit par atrophie ; elles sont difficiles
à comprendre si on ne les étudie à la lumière de la doctrine de l'évolution.
Le cubo-scaphoïde représenté figure 4 a été endommagé sur son bord interne ;
cependant on peut voir qu'il n'avait pas en arrière le fort prolongement qu’on
observe généralement chez l'Helladotherium de Pikermi ; à cet égard, il est moins
différent du cubo-scaphoïde de la girafe. La diminution de l’apophyse posté-
rieure interne du cubo-scaphoïde est en rapport avec la petitesse du premier
cunéiforme (fig. 4 et 6), et la dimension des cunéiformes n’est pas sans impor-
ance, puisqu'elle doit avoir de l'influence sur le développement des métatar-
siens; on pourrait done au premier abord, en comparant le tarse de l'Æe/lado-
therium du Léberon avec certains échantillons de l’Attique, supposer qu’il mdique
une espèce particulière; mais, si l’on considère les différents tarses de Pikermi,
+
on reconnaît que les proportions relatives de leurs deux cunéiformes présentent
des variations analogues à celles que dénotent les morceaux du Léberon.
Mesures.
Individus ndividu
du Léberon. de Pikermi.
Radius d’un jeune individu dont bu se inférieure est de ïe
enlevée. Longueur. 0,520 0,515
Largeur de la face supérieure. UE FOUT EP UIE Et D 0,123 0,130
Métacarpien. Longueur PS AR AR RNA 0,410 0,400
Largeur de la Le carpie nne. . RAT ANR PRE 0,096 0,106
Métatarse. Largeur de la face tarsienne. . . :. . . . 0,080 0,088
Largeur de: la région digitale. 4: 470 0,092 0,992
Idem us un me ue Fe RENE MAS 0,088 0,088
Second mé 3 dans le nee Sa longueur. 0,068 0,056
Hardeurde si face tarsienne, #5" 95 0 A EPS 0,023 0,025
Cubo-scaphoïde. Largeur de la face supérieure, . . . 0,091 0,100
Grand cunéiforme. Profondeur (d'avant en arrière). . 0,054 0,046
Peutcunellorme. "ETOIONdeUr. 22.0 Tr pd er 0,026 0,029
50 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE IX.
Toutes les figures sont au cinquième de la grandeur naturelle.
Fic. 4. Radius d’un jeune individu, vu sur la face antérieure «. et sur la face supérieure s.; l’épi-
physe manque à la face inférieure 4. ; on voit en àn. le bord interne, en ex. le bord externe,
FIG. 2, Métacarpe dessiné sur la face PTE PE a. et sur la face supérieure s. ; la face inférieure 5.
est un peu endommagée ; eæ. le bord externe; in. le bord interne ; on voit en f. la fossette
qui sépare le troisième métacarpien 3 me. et le quatrième 4 me.
FIG. 3, hais. en connexion avec une partie du tarse, Cette pièce appartient à l’École des Mines.
Elle est vue sur la face antérieure : ce. sc. cubo-scaphoïde ; r. rainure qui sépare le troisième
re
A
métatarsien 3 mt. et le q
sien / mé.
Fi. 4. Même pièce ont du côté interne : c,sc. cuho-scaphoïde ; 4 eu. petit cunéiforme ;
cu. grand cunéiforme en partie brisé (correspondant homologiquement au deuxième e
au troisième cuné Kérel 3 mt. troisième métatarsien ; 2/nt. second métatarsien rudimentaire
enclavé dans le troisi
4
a
êmes lettres que dans la figure 4.
FiG. 7. Partie inférieure d’un métatarse vu sur la face antérieure.
TRAGOCERUS AMALTHEUS, Gaud. (sp. Roth et Wagn.).
Planche IX, fig. 8, 9, 40, 14, et planche X.
Les tragocères n’ont pas été confinés dans l’Attique, ces antilopes à cornes de
chèvres se sont avancées jusque dans notre pays; les restes que j'en ai recueillis
dans le Léberon se rapportent à dix-huit individus pour la plupart adultes. Je les
attribue à l'espèce appelée Tragocerus amaltheus. Ms offrent de curieuses variations
qui me semblent représenter des races, j'en parlerai plus loin; je dois d’abord
entrer dans quelques détails de nomenclature et de description.
Fi. 5. Même pièce vue sur ke. côté externe : c. sc. eubo-scaphoïde ; a. facette astragalienne ; c. facette
en He. avec le calcanéum; 4 mt. quatrième métatarsien sur le bord duquel on voit une
ession 5 mt. qui ol à la place du cinquième métatarsien rudimentaire.
Fi. 6 nées de la même pièce, dessinés en dessus pour montrer qu'ils ne sont pas soudés.
RUMINANTS. 51
Nomenclature.
En 4854, Roth et Wagner ont donné le nom de chèvre amalthée au tragocère
de Pikermi qui a des cornes comprimées (1). Deux ans après, lorsque M. Lartet et
moi avons examiné de nombreuses pièces de cet animal, nous avons pensé qu'il
n’était chèvre que par ses cornes (2) ; j'ai proposé en 1861 de l'appeler Tragocerus
amaltheus (3). En voyant la première édition de la Zoologie et Paléoniologie fran-
caises de M. Gervais, qui a paru en 1848-52, je me suis demandé si le nom
d’amalthée ne doit pas aussi être abandonné en vertu des lois rigoureuses de la
nomenclature. En effet, deux antilopes ont vécu dans le mont Léberon : l’une est
la gazelle, l’autre est le tragocère ; or, M. Gervais a signalé dans ce gisement la
gazelle (Antilope deperdita) et une autre espèce qu’il a caractérisée dans les termes
suivants: « Anlope compressa, Nob., établie d'après une moitié inférieure d'un
axe osseux d'une corne plus comprimée, mais aussi bien plus développée dans son
diamètre antéro-postérieur (k).» A en juger par ces mots et le nom expressif de
compressa, On pourrait croire qu'il s’agit du même animal que la chèvre amalthée
de Wagner et Roth. Mais dans la seconde édition de la Zoologie et Paléontologie
françaises, le nom d’Antilope compressa est cité comme synonyme de celui de Ja
gazelle (5); une désignation nouvelle est proposée pour l’antilope à cornes com-
primées: elle est appelée Antilope arcuata. Puisque le savant auteur du nom de
compressa à lui-même appliqué ce nom à la gazelle, celui d’amaltheus conserve
ses droits de priorité qui me semblaient contestables. En vérité, j'aurais eu quelque
regret à voir disparaître cette désignation poétique qui rappelle un des séjours
favoris des antilopes à cornes comprimées. Je dois pourtant avouer que le 7ra-
gocerus amaltheus de la France n’est pas plus chèvre que celui de la Grèce ; comme
les chèvres ne sont pas représentées en Europe (6) dans les époques tertiaires, il
était naturel de penser que le T. amaltheus aurait pu être un des ancêtres de ces
animaux, et j'ai cherché si les races du Léberon n’en auraient pas été plus
) Abhandl. der bayer. Akad, der Wissensch., vol. VII, p. 453, pl. VI, fig. 2, 4854,
(2) Comptes rendus de l'Académie des sciences, vol. XLIN , Séance du . Fes 1856.
(3) Comptes rendus de de ad. des sc., vol. LIL, séance du 18 février 1861.
logie de l’Attiqu Fe 278, pl. XLVII, fe 4, 5, 6, 7 ; pl. XLIX, L et LI, 14865.
(4) Page A 48-52.
Page 343, 1859.
=
— Arimaux fossiles et géo-
En
=
ee
(6) Les belles recherches des savants anglais dans les monts PRE ont fait découvrir le crâne d’un animal
qui semble avoir eu quelques rapports avec les chèvres et les mou
52 ANIMAUX FOSSILES DUMONT LÉBERON.
proches que celles de Pikermi ; sauf des différences encore douteuses que je signalerai
pour les incisives et les cornes, j'ai trouvé ces races au même degré d'évolution.
Description.
Les tragocères ont en général été moins forts en Provence qu'en Grèce; cela se
manifeste dans toutes les parties, le crâne, les dents, les vertèbres, les os des
membres. Mas la différence qui les sépare ne surpasse point celle que nous obser-
vons journellement entre les béliers et les brebis. Les tragocères de Pikermi
devaient se rapprocher de la dimension d’un petit Cervus elaphus; ceux du
Léberon avaient plutôt la taille du renne.
Les premières incisives (pl. IX, fig. 9) sont un peu moins élargies proportion-
nellement que dans les tragocères de l’Attique ; en cela elles s’éloignent moins du
type des chèvres (1). Les molaires (pl. IX, fig. 8, et pl. X, fig. 5, 6, 7) diffèrent
tellement de celles des chèvres, qu’on ne peut un seul instant les confondre avec
elles : elles sont plus épaisses dans le sens transverse, moins hautes, moins chargées
de cément, moins rectangulaires; leur collet est mieux marqué ; les prémolaires
sont plus allongées et les arrière-molaires ont des colonnettes inter-lobaires qu'on
ne voit que par exception chez les chèvres. J'ai recueilli deux arrière-molaires
supérieures (pl. IX, fig. 10, 11), dont le bord interne porte un bourrelet qui
rappelle en petit la disposition des dents de l'Orasius; ce ne sont peut-être que
de simples variations d’un tragocère.
Ainsi que dans les individus de Pikermi, le crâne se prolonge beaucoup derrière
les cornes (pl. IX, fig. 8); sa paroi supérieure ne s'incline pas comme en général
chez les chèvres et les moutons, mais elle reste horizontale, de sorte que la face
occipitale à plus de hauteur. Il n’y à point d’apophyse mastoïde ; l'apophyse para-
occipitale est bien développée. Le basilaire (pl. X, fig. 4) n’est pas aplati ou
concave, ainsi que chez les chèvres et les moutons; sa forme est convexe; il a
des apophyses d'insertion qui indiquent de puissants muscles pour fléchir la tête. Je
pense que les femelles et les mâles avaient également des cornes, car je n’ai pas
rencontré de crâne qui en fût dépourvu. Quelquefois les chevilles des cornes
divergent depuis leur base (pl. X, fig. 2), mais le plus souvent elles sont rappro-
) On voit des chèvres et des moutons chez lesquels les premières incisives s'élargissent; ainsi le caractère
fourni par ces dents n’a pas une grande valeur.
XUMINANTS. 53
chées l’une de l'autre (pl. X, fig. 1); leur moitié inférieure renferme des cellules.
J'ai recueilli un échantillon Me lequel les cornes brisées laissent voir à la place
de leur insertion un grand vide; si je ne me trompe en l’attribuant au tragocère,
il faudrait en conclure que les individus de ce genre ont eu parfois les chevilles
de leurs cornes presque aussi creuses que celles des chèvres.
Lorsque j'ai étudié les tragocères de Pikermi, j'ai remarqué sur deux échan-
tillons un enfoncement dans la partie correspondant au larmier, et j'ai émis
l'opinion qu'il pouvait être le résultat de quelque accident de pression ; maIs
j'observe encore un semblable enfoncement sur un crâne du mont Léberon
(pl. IX, fig. 8, /ar.), et ceci me fait penser que les tragocères avaient réelle-
ment des larmiers. Ces organes devaient être inoins grands que ceux des cerfs ;
on sait que les chèvres n’en ont pas, mais que les moutons, si voisins des
chèvres, en ont des vestiges.
Les os du squelette que j'ai recueillis sont les suivants : un atlas, des axis, une
septième vertèbre cervicale, une vertèbre lombaire, des portions d’humérus et de
radius, un pyramidal, des tibias brisés accompagnés de l'os malléolaire, des
tarses complets, des canons avec leurs sésamoïdes et des phalanges. J'ai trouvé en
connexion une partie des os de trois pattes de derrière. Ces pièces indiquent des
animaux plus grands que le daim et de formes un peu moins grêles; ils ressem-
blent aux os des tragocères de Pikermi, sauf qu'ils sont plus faibles. Les pattes sont
bien moins lourdes que celles des chèvres. Les canons des pieds de derrière ont un
sillon médian qui se continue jusqu'à leur extrémité inférieure ; ceci permet de
les distinguer de ceux des cerfs. Les quatre os dont ils sont formés, c’est-à-dire les
deuxième, troisième, quatrième et cinquième métatarsiens, sont dans le même état
de soudure que chez les antilopes de Pikermi. Un des grands cunéiformes est
partagé en deux parties: cette séparation est le résultat d’une rupture accidentelle ;
mais, comme j'ai déjà eu occasion de la constater sur des os fossiles, je suppose
qu’elle peut être facilitée par la séparation des deux points d'ossification qui
existent originairement chez les ruminants. M. Goubaux (1), qui a réuni à Alfort
de curieux spécimens d'anatomie, m'a montré que chez le bœuf à l’état fœtal
le grand cunéiforme comprend deux parties osseuses, de sorte que les ruminants
(1) Le même savant m'a fait voir que le on du bœuf à l’état ftal est distinct du grand-os. La So
bonne possède le squelette d’un fœtus de bœuf sur lequel le troisième et le quatrième métacarpien, de même
que le troisième et le Ho ges sont aussi bien séparés que sur un Anoplotherium. Il est intéres-
sant de chercher chez les jeu 1 les fœtus des animaux actuels les caractères qui peuvent A6 à retrouver
leurs parents des temps RE
54 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
à leur début ont l'indication de trois cunéiformes comme leurs prédécesseurs,
les pachydermes (1).
Mesures.
Individus Individus
du Léberon. de Pikermi,
Crâne. Longueur ( depuis le bord postérieur de la base des + ns
cornes jusqu’au bord postérieur du condyle occipital. 0,111 0,126
Distance du bord postérieur € des cornes au bord anté-
rieur de la première prémolaire. . 0,175 0,200
Largeur du crâne sur la face qe rieure (région occi-
pitale ). LS SR AT RE 0,086 0,090
Longueur d’une che ile äe COM Ft Rte em 0,175 0,260
Première prémolaire. Longueur. 2: : . : : : 0,016 0,016
Largeur . RE NE NE PS TA 0,011 0,012
Sn Lonteur, DAS Vo Per eee CE I 0,045 0,016
Troisième: prémolure LOnSUEUr: ER ST 0,013 0,013
EYE à SAR NE SE DS EE TA es pa de PRE NS 0,016 0,017
Première arrière-molaire. Longueur. . . . . . . 0,017 0,018
angers Sr UE ee ere ESS 0,019 0,020
Seconde arrière-molaire. Longueur. . 0,019 0,021
Troisième arrière-molaire. Longueur. . . . . . . 0,019 0,020
Largeur. D PAT D SC ER EE PAUL de 0,018 0,020
Mâchoire tee. Dee incisive. Largeur. . . . 0,009 0,012
aninc get RS ATEN PES 0,005 0,007
Première Dréholairé: Longueur. . dns 0 0,013, 0,015
Seconde prémolaire. Longueur. . 2 4 | 0,045 0,015
Troisième prémolaire. Longueur. |: "4 nn 01, 0,016 0,016
Première arrière-molaire. Longueur. . . . . . . 0,016 0,019
argeur. OR RS CN CI Pan ne 0,011 0,013
bad RARES LION LUEUR: PASTEUR 0,018 0,021
Troisième arrière-molaire. Longueur. . . . . . 0,025 0,028
Axis. Largeur. RE A AU FA RE MA RE 0,058 0,070
dv dou 7 la face radiale sr NRA URE 0,040 ,047
Tibia. Largeur au milieu de son corps. . ru 0,026 0,030
Largeur la plus grande dans la région ineteure: D. 0,038 0,041
Os malléolaire. Profondeur {d'avant en arrière) . . . . 0,022 0,021
Astragale: CONDUCTEUR ANR Se A Re 0,044 0,050
AL TRUE NT Lee LI Sant RE D AR ASUES 0,027 0,031
Calcanéuth. Eonguénri st..." 2 ei Re nn Put 0,095 0,099
le grand cunéiforme représente le second et le troisième cunéiforme soudés ensemble, le petit cunéi-
forme doit être le premier cunéiforme, et l’os en forme de sésamoïde placé derrière le métatarse peut être con-
sidéré comme une si ation d’un premier métatarsien. Ces interprétations homologiques diffèrent de celles
qui viennent d’être adoptées dans un remarquable mémoire de M. Rosenberg, intitulé : Ueber die Entwicklung des
E
atrerutülen-Skeletes bei einigen durch Reduction ihrer Gliedmassen characterisirten Wirbelthieren, in-8,
p. 15. Leipzig, 17
RUMINANTS. 55
Individus Individus
du Léberon. de Pikermi.
m. me
Principal cunéiforme. Profondeur (d'avant en arrière). . 0,023 0,025
RO RON DATROHES es ee ls lee 0,035 0,042
Métatarse. Largeur de sa face supérieure. .. . . . . 0,031 0,037
Largeur au milieu de son corps. . , .::. ... 6,020 0,023
Dardour de'sa ace IMiérIONre, 4 2.7, ie 0,035 0,039
Première phalange. Longueur. 27" .". . 4". 0,051 0,056
Races du Tragocerus amaltheus.
J'ai parlé dans mon ouvrage sur l’Attique des variations considérables que l’on
rencontre dans une même espèce de tragocère. En ajoutant aux remarques faites
à Pikermi celles que m'a fournies l'étude des fossiles du Léberon, je crois qu'on
peut essayer de partager le Tragocerus amaltheus en trois races :
1° Race à cornes divergentes (pl. X, fig. 2). — Elle est caractérisée par ses
cornes longues, relativement peu larges, rapprochées à leur base et divergentes.
Cette race est la plus commune à Pikermi; à en juger par mes fouilles, elle est
rare dans le Léberon, et les individus qui la représentent diffèrent de ceux de
Pikermi par une dimension un peu moindre.
2 Race à cornes rapprochées (pl. X, fig. 1). — La seconde race est caractérisée
par ses cornes moins longues, plus larges, en général moins épaisses, rapprochées
l’une de l’autre et placées très-obliquement sur les frontaux, de telle sorte que,
si leurs plans étaient prolongés, ils se rencontreraient sous un angle moins aigu.
tte race, qui à été rare à Pikermi, a dominé dans le mont Léberon. Elle
pourrait être seindée en deux, car les individus de la Provence étaient moins forts
que ceux de l’Attique; leurs cornes étaient relativement un peu plus longues et
étroites, leurs premières incisives avaient sans doute moins de largeur : si l’on juge
utile de conserver le nom d’arcuatus proposé par M. Gervais, c’est à eux qu'il
devra être appliqué.
8 Jiace à cornes écartées (pl. X, fig. 3). — La troisième race est caractérisée
par ses cornes relativement petites, étroites, peu divergentes, très-séparées à leur
base. Ces caractères se montrent chez des animaux du Léberon et de Pikermi :
quoique j'incline à croire qu'ils représentent une race particulière, je n’ose l’af-
firmer, attendu qu'il n’est pas facile de décider si des erânes fossiles, dont les cornes
sont étroites et écartées, proviennent d'individus peu âgés, ou s'ils appartiennent
à une race chez laquelle les cornes ont été frappées d’un arrêt de développement ;
56 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
en tout cas, ils sont trop rares pour qu'on attribue leur forme particulière à une
différence de sexe.
On pourra me demander pourquoi je considère simplement comme les races les
tragocères à cornes divergentes, à cornes rapprochées, à cornes éloignées, tandis
que j'ai rangé sous le nom spécifique de Tragocerus Valenciennesi les individus
de Pikermi, dont les cornes donnent une coupe ovale. Je répondrai que je crois
ces derniers également issus du Tragocerus amaltheus, mais que je les ai séparés
sous un nom particulier, parce que le changemeut de la forme de leur corne
marque une tendance vers un autre type, le Palæoryr.
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE IX.
La figure 8 est aux deux tiers de la grandeur naturelle ; les autres figures sont de grandeur naturelle.
Fi, 8. Crâne vu de profil : la première prémolaire est brisée ; 2 p. et 3 p. seconde et troisième pré-
MAR HA 1 a, 2 a, 3 a. les trois PRES m. Ann lur. larmier ; j. jugal ;
=
or. orbite; fr. fr us ; par. pariétal.
FiG. 9. Dents “ ui vues sur la face antérieure : 1 brqu incisive (pince); 2 à. seconde incisive
(mitoyenne) ; 3 &. troisième incisive (coin) ; c. canine.
Fi6. 10. Arrière-molaire supérieure dessinée du côté interne pour montrer son tubercule inter-lobaire £.i.
et son fort bourrelet b.
FiG. 11. Autre molaire vue dans la même position,
PLANCHE X.
| Les figures 1, 2, 3, 4 sont à moitié de la grandeur naturelle; les figures 5, 6, 7 sont de grandeur naturelle.
FiG. 1. Fragment de crâne d’un individu à cornes rapprochées. On a dessiné au trait la coupe de la
cheville osseuse d’une corne
F1G. 2. Fragment de crâne d’un individu à grandes cornes divergentes, On a représenté au trait deux
coupes de la cheville osseuse d’une corne.
F1G. 3. Fragment de crâne d’un individu à cornes petites et éloignées. On a dessiné au trait la coupe
de la cheville osseuse d’une c
FiG. 4. Crâne vu en dessous: c. oc. condyle écipita ÿ. 06. para-occipital; »m. mastoïde ; bus. hasilaire;
sph. PUS tem. temporal; zyg. partie de l’arcade zygomatique ; par. pariétal ; fr. fron
tal; or. partie du frontal qui forme le toit de l'orbite et la base de la corne.
FIG. 5, MERE Re ARDATeUrA vue du côté interne : 4 p., 2p., 3p. les trois prémolaires ; 4 €
ET ARTE RTE
les trois arrière-molaires ; f. à. tubercules inter-lobaires.
Fic. 6. Me inférieure vue du côté externe : 2p. la seconde prémolaire ; 3 p. la troisième pré-
molaire ; 4 «., 24., 3 a. les trois arrière die c.i. colonnettes inter-lobaires
Première prémolaire inférieure vue du côté externe.
FIG.
—
ot
XI
RUMINANTS.
GAZELLA (1) DEPERDITA, Gervais.
Planches XI et XII.
J'ai trouvé au pied du Léberon les débris de quatre-vingt-dix gazelles; sans
doute, ces animaux ont contribué beaucoup à embellir les paysages de la Pro-
vence.
Christol (2) découvrit leurs restes en 1832 ; il les attribua au mouton. Plus tard
M. Gervais mbntra que l'animal ne comine un moulon devait avoir été
voisin des gazelles; il l’inscrivit sous le titre d’Antilope deperdita, et figura la
cheville osseuse d’une de ses cornes (3). Un an après le travail de M. Gervais,
Wagner fit connaître la gazelle de l’Attique sous le nom d’Antilope capricornis (h),
et en 1854, dans un nouveau mémoire publié avec Roth, il changea le nom
de capricornis en celui de brevicornis (5). Il me paraît probable que la gazelle de
l’Attique n’a été qu’une race de celle de la Provence; s’il en est ainsi, son nom
spécifique, étant postérieur à celui de deperdita, devra être abandonné.
Description de l’encéphale.
Deux des crânes de ma collection du Léberon ont été brisés, de manière à
mettre à découvert le moulage de leur intérieur ; un d'eux est représenté
planche XI, figure 2. Le cervelet n’est pas conservé, mais le cerveau est remar-
quablement intact; on peut distinguer (6) : la grande scissure médiane qui sépare
les hémisphères cérébraux, la scissure de Sylvius, en avant de laquelle sont les
circonvolutions antérieures et derrière laquelle sont les circonvolutions posté-
rieures, les lobes olfactifs très-grands, renflés et divergents, le sillon antéro-
(1) quique M Gervais n'ait pas employé ce nom, je le lui attribue, puisqu'il à indiqué que l’antilope du
azelles
Léberon était voisine des
(2) Note Fa citée (Ann. des et de l'ind. du midi de la France, vol. I, p. 25, Marseille, 1832).
Gervais, Comptes Es … Kra des ol. AXXIV, pr 0, ne — Zoologie et Paléontologie
pra ançaises, qre édition, pl. XII, 3, 1848
(4) Wagner, Abtande, der re Akad. en w issensch., vol. AE 2° partie, p. 367, pl. IV, fig. 6, 1848.
(5) Roth et Wagner, Abhand!. der bayer. Akad. der Wir sch., vol. VII, p. 452, 1854.
(6) J'ai dénommé les parties du cerveau suivant la nomenc “as ne dans l'ouvrage de Fr. Leuret et
P. Gratiolet intitulé : Anatomie comparée du système nerveux considéré
1839-185
dans ses rapports avec l'intelligence.
Texte in-8, atlas in-f°. Paris,
58 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
postérieur qui partage chaque hémisphère en deux moitiés et se trouve entre la
seconde et la troisième circonvolution. La troisième circonvolution est séparée en
deux postérieurement par un sillon; il en est de même pour la quatrième circon-
volution.
M. Gervais à bien voulu me communiquer la belle série des moulages d’encé-
phales que possède son laboratoire (4), notamment un cerveau de la Gazella dorcus
qui à été moulé sous la direction de Gratiolet: ce cerveau est un peu moindre que
celui de la gazelle du Léberon (2); l'aspect des circonvolutions est sensiblement le
même, sauf que le sillon médian de la circonvolution HT a un peu plus d’ondulation ;
mais les lobes olfactifs sont petits, au lieu que ceux de la Gazella deperdita sont
très-développés. Par ce caractère, notre gazelle du miocène supérieur s'éloigne
du type habituel des ruminants actuels et se rapproche de plusieurs ruminants du
miocène moyen. M. Edouard Lartet (3) à observé que le cerveau des cerfs et des
antilopes de Sansan a des circonvolutions compliquées et des lobes olfactifs volu-
mineux. M, Gervais m'a montré des encéphales inscrits sous les noms de Muntjac,
d’'Antilope spinigera et de chevrotains de Java (tragules), dans lesquels les lobes
olfactifs sont assez grands. M. Alphonse Milne Edwards (4) a représenté des cer-
veaux de tragules et d'Æyæmoschus aquaticus, qui ont ces lobes très-développés.
Cependant, chez la plupart des ruminants actuels, les lobes olfactifs sont fort
réduits ; à cet égard, ceux du mouton forment un curieux contraste avec ceux des
gazelles fossiles.
On à pu dire que le développement des lobes olfactifs indique une infériorité,
parce qu'il se manifeste de préférence chez les marsupiaux ou même chez les
vertébrés inférieurs, et qu’en général il sert de compensation au moindre déve-
loppement des hémisphères cérébraux. Mais, lorsque les gazelles miocènes ont eu
simultanément des hémisphères cérébraux grands, compliqués et des lobes olfac-
tifs volumineux, il est permis de supposer qu’elles se sont trouvées très-favorisées
et que leurs facultés égalaient celles des gazelles vivantes. J’emploie ici à dessein
le mot supposer, car je ne voudrais rien affirmer dans un pareil sujet. Les
a description de ces encéphales est en cours de publication dans les Nouvelles Archives du Muséum
(1) La
ee naturelle.
2) Cela tient sans doute à ce qu’il a appartenu à un individu d’une moindre dimension
=
Le)
(3) Er Lartet, De quelques cas de progression orgunique vérifiables dans la succession des temps géo-
logiques sur des Mammifères de même FRUEE et de méme genre (Comptes rendus de l'Acad. des sc., 47 juin
68).
Alphonse Milne Edwards, Recherches anatomiques, zoologiques et paléontologiques sur la famille des
ph
Chevrotains (Annales des sciences naturelles, 52 série, vol. Il).
RUMINANTS. 59
mémoires-de M. Dareste sur les cerveaux ont montré qu'il faut prendre garde
d’attacher une trop grande importance à la complication des circonvolutions (1).
Dans la planche X de l'ouvrage de Leuret et Gratiolet, on voit le cerveau du
daim avec des circonvolutions beaucoup plus compliquées que celles du chevreuil,
et en même temps avec des lobes olfactifs bien plus forts; si donc nous trouvions
l’état fossile les moulages des encéphales du daim et du chevreuil, nous
serions exposés à croire que le premier l’emportait en intelligence sur le second ;
a serait une erreur: les chasseurs savent que le chevreuil a une intelligence
nn
ce
égale ou même supérieure à celle du daim (2).
Le crâne qui est représenté pl. XL, fig. 1, est très-peu développé en arrière
des cornes. A en juger par cette seule pièce, je pourrais penser que la gazelle
du Léberon avait son crâne assez réduit comparativement à la face, d'où 1l
faudrait conclure que le cerveau était relativement de plus petite dimension que
dans les gazelles actuelles; mais, d’autres crânes ont au contraire un élargisse-
ment considérable et expliquent comment l’encéphale dessiné pl. XE, fig. 2,
surpasse en grandeur celui de gazelle vivante que j'ai dit avoir vu dans le labo-
ratoire de M. Gervais. Ceci montre une fois de plus combien on est exposé à se
tromper quand on base des déterminations sur des individus isolés.
Bbescription des os.
J'ai trouvé plusieurs crânes dont la partie postérieure est conservée ; leur décou-
verte comble une lacune, car les crânes de gazeiles rapportés de Pikermi étaient
détruits en arrière. La portion supérieure comprise derrière les cornes (pl. XE,
fig. 1) dessine une ligne courbe, au lieu qu’elle dessme une ligne droite chez le
Dséren et le tragocère. La plupart des chevilles des cornes (pl. XIE fig. 2) sont
aplaties latéralement, et leur direction (pL XI, fig. 5) indique que les étuis
cornés avaient une forme en lyre très-prononcée, c’est-à-dire qu'ils se rappro-
chaient dans le premier tiers vers la ligne médiane des frontaux pour diverger
nsuite, tandis qu'ils divergeaient à partir de leur base chez les individus de
Pikermi. Tous les crânes que j'ai recueillis ont des cornes; 1l faut donc penser
1) Voyez notamment Camille Dareste, Lhéppisios Mémoire sur les circonvolutions du cerveau chez les Mam-
mes (Annales des sciences naturelles, Zoologie, 4 série, vol. IT, p. 65, 55).
Gratiolet a dit: « Le chevreuil, tie teur en force au daim et au cerf, les surpasse tous deux par son ha-
bileté, » (Ouvr. cité, + If, p. 5 ps
60 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
que les femelles étaient munies de ces appendices aussi bien que les mâles; on
ait que plusieurs antilopes vivantes, notamment le Dséren, sont dépourvues de
cornes dans le sexe femelle. Les caisses (pl. XIT, fig. 1) sont vésiculeuses et ont
un enfoncement vers leur milieu, mais ne sont pas trouées comme dans le crâne
de Pikermi que J'ai eru devoir attribuer à un Dremotherium de préférence à une
wazelle (pl. LVE, fig. 5 de mon ouvrage sur l’Attique). L'ouverture du nez était
assez petite, tandis qu’elle est allongée chez la Gazella dorcas ; les os nasaux dans
cette espèce ne s'étendent pas au delà du niveau de la première molaire; chez
les Saïgas, la cavité nasale est encore plus à découvert. Les orbites sont grands.
Les larmiers sont petits comme dans le Dséren; chez les cerfs, ils sont plus forts ;
au contraire chez le Saïga, il n’y en à pas.
Les dents sont représentées pl. XI, fig. 1, 3, et pl. XIE fig. 3, 4. Les pinces
sont bien plus élargies que les coins et “ canines; il en est de même dans les
gazelles fossiles de Pikermi, dans les gazelles d'Afrique et le Dséren de Chine.
Les molaires sont assez fortes proportionnément à l'ensemble du squelette.
J'ai recueilli un atlas, un axis, une vertèbre dorsale et presque tous les os des
membres ; malheureusement, ces pièces sont le plus souvent brisées. On à dessiné
dans la planche XIE, fig. 5, des parties d’humérus et de radius en connexion;
fig. 6, un fémur; fig. 7, an tarse uni avec la portion inférieure du tibia et la portion
supérieure du métatarse; fig. 8 et 9, des métatarses; fig. 10, 11 et 12, les trois
phalanges. Ces différents os ressemblent à ceux de la gazelle de Pikermi. La
plupart indiquent des animaux âgés, ou du moins adultes.
Mesures.
Race Race
du Léheron. de Pikermi.
Crâne. Longueur de puis le bord antérieur de la première “ te
prémolaire jusqu’à la crête occipitale. 0,125 »
pe du bord antérieur de la première + prémokir
au bord postérieur de l'orbite. . à > HE 0,094 0,105
dan en arrière des cornes eu 0,068 »
Largeur entre les bords supérieurs es mr LME 0,066 0,080
Largeur de la face parte ure. ee ES De 0,053 »
Longueur des chevilles des cornes . À 0,13 0,150
Écartement des cornes à leur base. , . . . . . 0,017 0,017
Écartement des cornes vers le tiers inférieur. ; 0,016 0,035
Écartement des cornes à leur extrémité supérieure, en-
iron
RUMINANTS. 61
Race Race
du Léberon. de Pikermi.
m. 10.
Première prémolaire. Longueur. . . . . . . . 0,008 0,008
Deuxième prémolaire. Longueur. . . . . . . . 0,008 0,008
Troisième prémolaire. Longueur. . . . . . . . 0,007 0,007
Première arrière-molaire. La JngUu RC le 0,010 0,010
Deu uxième arrière-prémolaire. Re UP ET Der 0,012 0,011
Troisième arrière-prémolaire. Longueur es 0,011 0,010
Michoire inférieure. Longueur des trois prémolaires SR 0,020 0,021
ongueur des trois arrière-molair DR 6: ae 0,037 0,038
Première incisive. Largeur au som “ U la couronne. 0,008 0,008
Canine. ravie au sommet de la couronne. . . . 0,002 0,002
Axis. Longueur. à LoEteese 0,050 »
Humérus. Largeur . la fc e dou tree. Mir 0,022 0,023
tadius. Largeur de la face supérieure. 0,023 0,023
Largeur du radius et du cubitus das la paie fée
rieure ue se 6,021 0,020
à tacarpe. re de É fes apérieure. DE Her. 0,017 0,018
Fémur. Longueur. RL ere 0,149 »
Largeur vers le A u de SONMÉDRDB TITRE EURE 0,015 0,015
Largeur de la: région. tibiale. 4: , 4... 0,031 0,031
Tibia. Largeur: dé la face inférieure. . . . . . . . 0,020 0,021
ASASUIO MLOTOUEURS 21 ete lementes eee sn 0.6 0,024 0,027
Largeur. À 0,013 0,014
Métatarse. Énbrée % de ace PERTE Hume: : 0,017 0,017
Labenradenlanface In féTIenTesc anne Le hr. 0,020 0,018
Première phalange. a D D LE VA ER ES RE 0,030 0,031
Seconde phalange: Longueur: + +4 . 4, .:. +. 0,017 0,019
Sur les races et les espèces des gazelles fossiles.
La plupart des gazelles de Pikermi ont eu des cornes longues, divergentes ,
arrondies; celles du Léberon ont eu généralement des cornes plus courtes, en
forme de lyre et aplaties sur les côtés (pl. XI, fig. 5); en outre, elles ont
peut-être eu des dents un peu plus fortes proportionnément aux autres parties du
Corps.
Bien que je n’aie pas vu entre les gazelles de Pikermi et du Léberon des
passages aussi marqués qu'entre les tragocères de ces deux gisements, il s’en faut
que leurs différences soient toujours également accentuées ; il v a des gazelles
de Pikermi dont les cornes sont peu divergentes et des gazelles du Léberon dont
les cornes devaient être faiblement lyrées : ainsi, l’échantillon représenté pl. XE,
fig. 4, ressemble plus à ceux de l’Attique qu’à ceux de la Provence. Lorsque je
62 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
considère les variations qu'offrent les cornes de la Gazella dorcas d'Afrique ,
j'hésite à établir des espèces pour de légers changements dans la forme ou la
direction des cornes. Quant à la différence dans la grandeur relative des molaires,
peut-être l’étude de nombreux individus de la nature actuelle montrerait un
semblable écart. C'est pourquoi je suis disposé à considérer les gazelles de
l’Attique comme représentant non pas une espèce distincte, mais seulement une
race de la Gazella deperdita du Léberon (1).
Les gazelles vivantes, qu'on nomme Gazella dorcas et Antidorcas euchore, sont
tellement voisines de la Gazella deperdita, qu’elles pourraient bien en être les
descendantes. Elles ont conservé la même habitude de vivre en nombreux trou-
peaux ; comme l’espèce fossile, elles ont des formes élancées, de grands orbites, le
basilaire et le sphénoïde aplatis; leurs caisses vésiculeuses annoncent également
une ouie fine; leurs trous sourciliers sont placés de même ; elles ont aussi des
larmiers. L'Æuchore rappelle la race du Léberon à cornes très-lyrées (pl. XE, fig. 5)
et la Gazella dorcas rappelle la race de Pikermi à cornes moins lyrées ou diver-
gentes (pl. XI, fig. 4). Cependant, à côté de ces ressemblances, il s’est produit
des différences assez marquées pour établir une séparation spécifique entre les
animaux du miocène supérieur et ceux des temps actuels. La Gazella dorcas a des
molaires supérieures moins épaisses, plus rectangulaires ; ses molaires inférieures
n'ont que rarement des colonnettes inter-lobaires; ses os du nez se distinguent
parce qu'ils sont brièvement tronqués; peut-être aussi les formes de ses membres
sont un peu plus grèles. L'Euchore a ses os du nez moins courts que la Gaze/la
dorcas, mais un peu moins allongés que la deperdita ; c’est un plus grand animal,
ses cornes portent en arrière un sillon plus profond, et elles sont rondes au lieu
d’être aplaties sur les côtés.
La gazelle de Tartarie, appelée Saïga, est plus différente de nos fossiles que
les espèces d'Afrique, car ses os du nez, encore plus réduits que ceux de la Gazella
dorcas, donnent à son museau un aspect très-particulier.
L’Antidorcas Roth de Pikermi est moins voisine de la Gazella deperdita que
l'Antidorcas euchore. Cette dernière ressemble tant aux autres gazelles, qu'on ferait
mieux sans doute de l'inscrire sous le même nom générique que ces animaux.
Au contraire, l’Antidorcas Rothii est facile à reconnaitre par ses cornes très-
On à vu que si l’on conservait à la fois les noms d’Hépparion gracile et d’'H. prostylum, on serait obligé
d'appeler gracile l'hipparion qui est le moins grêle. Dans le cas où l’on voudrait maintenir en même temps les
noms de Gazella deperdita et de Gazella brevicornis, on aurait également des désignations peu compréhen-
sibles, car la gazelle de Pikermi qu’on a intitulée brevicornis est celle dont les cornes sont les plus longues.
5 5 | 5
16
la
RUMINANTS. 63
courbées et marquées de profonds sillons ; toutefois je ne veux pas prétendre
qu’elle ait été une parente éloignée de la gazelle du Léberon à cornes lyrées.
FIG.
Fi.
Fig.
Fc.
Fig.
Fre.
Fc.
Fc.
Fic.
Fig.
FIG.
Fic.
FiG.
1 à
3.
>
4,
8.
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE XI.
Les figures sont de grandeur naturelle.
Crâne vu de profil: 1 p., 2p., 3p. les trois prémolaires; 1 a., 2a., 3 a. les trois arrière-
molaires ; à. m. inter-maxillaire ; m. maxillaire; s.0. trou sous-orbitaire; nas. os nasal;
lar. larmier ; or. orbite ; jug. jugal: par. pariétal ; em. Se oc. occipital; ç. oc. condyle
ccipital qui est brisé. On a dessiné au trait la coupe d’une c e des cornes.
Moulage naturel d’un intérieur de crâne: g. sc. grande scissure Ms qui sépare les hémi-
sphères cérébraux de gauche k.g. et de droite A. d. ; olf. lobes olfactifs; syl. scissure de
Sylvius ; si. le sillon antéro-postérieur qui se continue dans toute la longueur du cerveau;
L, IT, IE, IV, les ant circonvolutions + pire ; s.d. sous-divisions
sil. sillon qui sépare les circonvolutions IT
Dents de devant vues sur la face antérieure (l'artiste les à dessinées un peu plus grandes
qu’elles ne le sont dans la nature): 45. les premières incisives (pinces); 24. les secondes
PA qui sont moins larges; 34. les troisièmes incisives, qui sont encore plus étroiles ;
. canines.
ne de crâne vue de face; les cornes ont une disposition qui rappelle la race habituelle de
ikermi: éf.c. cercle où s’attachait l’étui corné; fr. frontal; par. pariétal. On a dessiné au
trait une coupe de la cheville d’une des cornes.
Partie de crâne vue de face ; les cornes ont la disposition en lyre qui est la plus habituelle chez
les gazelles du Léberon.
PLANCHE XII.
Les figures sont de grandeur naturelle.
Crâne vu en dessous : f.oc. trou occipital; c.oc. condyle RER p.0c. para-occipital ;
uditif,
bas. nie m, mastoïde; sph. a ide; c. caisse ; {. au. trou
(C} 11l ç
ine corne très-plate ; on a dessiné au trait une coupe transverse.
Mâchoire supérieure vue du côté one. la première Lie Wa est brisée; 2 p. seconde pré-
molaire ; 3 p. troisième prémolaire; 1a., 2 a., 3 a. les arrière-molair
Mâchoire inférieure vue sur la faee externe : 3 p. troisième ie: Aa, 2a., 3a. les
trois arrière-molaires ; {. tubercules inter se aires.
rue d’humérus L. et de radiu nexion, vues sur leur face antérieure.
Fémur vu sur la face ER AS CN ri tr. trochanter; {. poulie en rapport avec le tibia;
. condyle externe.
Tres en connexion avec une partie du tibia et du métatarse vu sur la face interne : us. astra-
gale ; c.calcanéum qui est es c.sc. cubo-scaphoïde ; À cu. premier cunéiforme ; 2cu. se-
Partie supérieure d’un LM vu sur ts face antérieure.
6h ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
FiG. 9. Portion inférieure d’un métatarse vu sur la face antérieure; r. sa rainure qui marque la jonc-
tion du troisième et du quatrième métatarsien
de côté.
=
=
). Première phalange vue
Fic. 11. Seconde phalange vue de côté.
Fic. 12. Phalange onguéale vue de côté.
ANTILOPE
DE LA TAILLE DU PALÆOREAS LINDERMAYERI.
Planche XI,
19 LS:
Le bloc représenté dans la planche T renferme une mandibule qui contraste par
sa dimension avec une mâchoire et des dents de Gazella deperdita placées à côté.
Cette pièce a été dessinée de grandeur naturelle planche XIL, fig. 13 : on y
remarque la seconde prémolaire 2p., la troisième prémolaire 3p:, la première
arrière-molaire 1 4 avec un bourrelet antérieur 4. et un rudiment de tubercule
inter-lobaire, la seconde arrière-molaire 2 4. munie également d’un bourrelet
antérieur. La hauteur de la mandibule est de 0",018 au-dessous de la seconde
prémolaire et de 0",023 au-dessous de la seconde arrière-molaire; la seconde et
la troisième prémolaire ont chacune 0°,012 de longueur; la première et la seconde
arrière-molaire ont 0,013.
Par ses dimensions et la forme des dents, cette mâchoire rappelle le Pa/eoreas
Lindermayeri de Pikermi (1). Je suppose que le genre Palæoreas à vécu dans
notre pays, Car J'ai vu au Puy, dans la collection de M. Aymard, une corne d’an-
tilope (2) assez semblable à celle qui a été représentée pl. LH, fig. 5 de mon
ouvrage sur l’Attique et que j'ai attribuée à une variété de Palæworeas Linder -
mayert, chez laquelle les chevilles osseuses des cornes auraient été dépourvues
(£) Pour “ide de cette espèce, on pourra consulter les mémoires de Roth et Wagner dans les Abhandl, der
bayer. Akad., 184 1854, 1857, et les Animaux fossiles de l’Attique, 1865.
) Cette corne a | été fosie par M. Dorlhac dans sa Notice géologique sur le cratère du Coupet et son RS
de « A te S d’ossements fossiles (Ann. de la Soc. d'a gr., Sciences, arts et commerce du Puy, vol. XIX 509
fig. 8, 1854
one.
RUMINANTS. 65
de carène. La pièce de la collection de M. Aymard a reçu de ce savant naturaliste
le nom d’Antilope torticornis; elle a été trouvée à l’ancien volcan du Coupet,
près de Saint-Elbe. J'ai examiné plusieurs pièces qui ont été recueillies dans le
même lieu : une molaire d’un mastodonte du type mamelonné qui peut être le Mas-
todon arvernensis, le M. longirostris où le M. Pentelici; des molaires d’un Hystrir
qui rappelle le porc-épie de Pikermi ; des fragments de bois de petit cerf qui
ressemblent dans leur partie inférieure à ceux du Cervus Matheronis ; des dents
et des os d’un équidé : je n’ose dire si cet animal est un cheval ou un hipparion,
car je ne connais pas la forme de ses molaires supérieures et de ses canons.
M. Bertrand de Lom, propriétaire du Coupet, a bien voulu me faire visiter ce gîte,
mais les ossements que j'ai trouvés ne m'ont rien appris de plus que ce que
M. Aymard m'avait montré dans sa collection.
CERVUS (AXIS) MATHERONIS, Gervais.
Planche XIII.
La distribution géographique des ruminants actuels présente de grands con-
trastes : l'Afrique nourrit de nombreuses espèces d’antilopes, et les cerfs qu'on y
rencontre sont regardés comme venus de nos pays; en Europe, au contraire,
nous n’avons pas d’antilopes, sauf le chamoiïs, mais les cerfs sont les hôtes habi-
tuels des forêts. 11 est probable qu’il y eut à l’époque tertiaire des contrastes
semblables : car, à Pikermi, où tant de restes d’antilopes ont été exhumés, aucun
cerf n’a encore été signalé, tandis que les cerfs abondent à Perrier, où les antilopes
sont très-rares, et à Eppelsheim, où l’on n’a trouvé aucune antilope.
Cependant, de même qu'aujourd'hui dans l'Inde on voit en même temps des
cerfs et des antilopes, quelques gisements tertiaires ont présenté la réunion de ces
animaux : ainsi, Sansan renferme à la fois de nombreux débris de cerfs et d’anti-
lopes; à Montpellier et dans le Léberon, on observe ces deux groupes de ruminants.
mais les cerfs sont bien plus rares que les antilopes.
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
66
Christol a cité, sans le décrire, le cerf du Léberon. MM. Bravard et Pomel
ont fait figurer ses bois dans leur mémoire sur les vertébrés fossiles de Vaucluse
resté inédit. M. Gervais a montré que cette espèce avait des rapports avec les Axis
ou les Rusa, et il l’a inscrite sous le nom de Cervus Matheronis (A). C'était faire
acte de justice que de dédier une des espèces fossiles de la Provence à M. Mathe-
ron, qui à fait sur ce pays de si remarquables travaux géologiques.
Les pièces que j'ai recueillies sont les suivantes : deux fragments des merrains
d’un tout jeune individu, des parties de crânes de trois autres sujets avec leurs bois,
des portions isolées de bois, une mâchoire supérieure, une mâchoire inférieure,
une vertèbre, un fragment de radius et une phalange. M. le C* Charles de
Saporta m'a donné un bois. J'ai vu dans le British Museum la pièce qui a été
figurée par MM. Pomel et Bravard; elle est accompagnée de deux arrière-molaires
inférieures semblables à celles de ma collection.
Description.
a planche XIIT représentent les molaires de la mâchoire
nt
Les figures 5, 6, 7 de
supérieure et de la mâchoire inférieure. Ces dents sont plus grandes que celles
de la Gazella deperditla et du chevreuil, plus petites que celles du tragocère et du
daim. Elles rappellent le type crdinaire des cerfs. Les molaires supérieures sont
un peu moins hautes que chez les antilopes du Léberon; elles sont plus larges
et plus arrondies, leur muraille externe a des côtes plus saillantes. Le lobe
transverse antérieur de la dernière prémolaire et des arrière-molaires supé-
rieures (fig. 6)se termine par une bifurcation qu’on remarque fréquemment sur
les dents non usées de divers ruminants et des hipparions. La pointe médiane de
celte bifurcation peut sembler l’homologue de l'élément antérieur-médian des
Hyopotamus, des Anthracotherium, des Pachynolophus ; il faudrait conclure de là
que l'avance interne correspond à l'élément antérieur-interne : cependant, on
voit en même temps des rudiments du tubercule inter-lobaire, qui a été quel-
quefois considéré comme l'élément antérieur-interne chez les cerfs, les bœufs,
es Anoplotherium, les Paloplotherium et les hipparions.
L'échantillon dessiné pl. XIE, fig. 1 et 2, a des bois aussi forts que ceux du
daim, mais il indique un crâne plus faible, moins large. Le pédicule des bois est
de dimension moyenne ; le cercle de pierrures est tantôt peu marqué, tantôt très-
1) Gervais, Zoologie et Paléontologie françaises, 2° édit., p. 448, 1859.
XUMINANTS. 67
saillant. Le merrain est arrondi, assez fortement sillonné. Les andouillers forment
avec le merrain un angle aigu ; le premier naît très-loin de la meule. Les bois
de ma collection (fig. 3 et 4) ont seulement trois pointes comme dans le sous-
genre Axis. Je ne voudrais pas cependant affirmer que les cerfs du Léberon
n'avaient jamais que trois pointes, c’est-à-dire deux andouillers ; car, l'échantillon
cédé par Bravard au British Museum semble avoir un rudiment d’une quatrième
pointe, et dans la pièce de ma collection représentée fig. 1 et 2, le merrain, brisé
après le second andouiller, a encore tant de force, qu’il était en état de donner
naissance à d’autres andouillers. Je suppose que dans son entier le bois d’un
sujet adulte pouvait avoir un demi-mètre de long à partir du frontal ; un bois
d’un jeune individu de ma collection n’a guère plus de 3 décimètres.
Mesures.
m,
Crâne. Largeur à la base des bois. . ee 0,075
Màchoire supérieure. Longueur de la série de S SIX ont we 0,068
Première préemolaire, Longueur: #4 Pen Ce 0,006
Frnsiemepréemolairéez Loneueur ts Lis es ue 0,010
Largeur. RUE eo : È 0,012
Seconde drehoe odetbur. NT eee de ma 0,013
Largeur. _. TR EARE RP à EN des cette 0,016
Dernière laine ane ES 0,012
Màchoire inférieure. Longueur de la dernière e prémolaire. RE 0,011
Première. arrière-molaire. Longueur. . 4 . . , . . 0,013
Dernière arrière-molaire. TER LG RSS PURE A 0,018
Bois. Hauteur du pédicule. . SR ON He à e joe neue Lt 0,030
Principal diamètre du pé dieu 0,
Distance de la meule au bord supérieur du premier andoviller. 0,120
Distance du bord supérieur du premier andouiller au bord su-
périeur du second andouiller. 0,099
Principal diamètre du merrain à AE de fi: din pete :
meule et le premier andouiller. . 0,028
à ,02
Principal diamètre entre le premier et ä ie PRESS 06027
Rapports et différences.
Par la forme de ses bois, le cerf du Léberon se distingue facilement des cerfs
à bois aplatis, tels que les daims, les rennes, les Megaceros, les élans. Il se rap-
proche des Axis (ou Æusa) par ses bois à deux pointes (au moins dans plusieurs
individus) ; cependant la grande distance qui s'étend entre la meule et le premier
andouiller ne permet pas de le canfondre avec les espèces actuelles.
68 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
Chez les chevreuils et le Cervus cusanus du pliocène d’Ardé (1), le premier
andouiller naît très-loin de la meule comme chez le Cervus Matheronis, mais la
forme générale du bois est différente.
Le Muséum de Paris possède un crâne de Cervus campestris rapporté de Pata-
gonie par Alcide d'Orbigny (2); ce crâne rappelle le cerf du Léberon par sa taille
et la disposition des bois, sauf cette légère différence que les bois du Cervus cam-
pestris sont plus courts proportionnément et ont leur premier andouiller un peu
plus long et plus rapproché de la meule.
M. Pomel à signalé dans les alluvions anciennes de Peyrolles, près d’Issoire,
une espèce quil à appelée Cervus ambiguus, chez laquelle l'andouiller inférieur
est encore plus loin de la meule que dans le Cervus pardinensis, à tel point, dit-il,
quon pourrait presque la placer dans une autre section que celle des Rusa. Je ne
connais pas le Cervus ambiquus, mais je pense qu'il doit différer du Cervus
Matheronis ; car, à l’époque où il a été cité par M. Pomel (3), ce savant naturaliste
avait déjà étudié les fossiles du Vaucluse, et, si l'espèce du Léberon avait été
identique avec celle de l'Auvergne, il n’aurait pas manqué d’en faire la remarque.
J'ai observé dans le British Museum un bois de cerf inscrit sous le titre de
Cervus gracilis, Brav. du pliocène d’Ardé. Il se rapproche des bois du Cerous
Matheronis ; seulement il est plus aplati, et son premier andouiller est plus près
de la nreule que du second andouiller.
Conclusion.
Les espèces de la famille des cerfs présentent des variations considérables pour
les bois, car il y a des Dremotherium qui n’ont pas de bois, des Daguets qui ont
des bois à une seule pointe, des Guémuls et des dicrocères qui ont des bois à deux
pointes, des Azs qui ont des bois à trois pointes, et enfin des élaphes chez les-
quels la complication des bois devient quelquefois très-grande.
Il est curieux de voir une même espèce présenter ces différentes conformations
à mesure qu’elle avance en âge, comme si les caractères au moyen desquels nous
Il y a un beau spécimen de ce cerf ane le British Museum. Les boïs ressemblent à ceux d’un chevreuil
qui seraient aplatis dans leur seconde m
(2} Une bonne figure de cette espèce + donnée dans l’ouvrage de Brehm sur les Mammifères, vol. II,
p. 512.
(3) Pomel, Catalogue méthodique et descriptif des Vertébrés fossiles découverts dans Le bassin M
supérieur . la Loire et surtout dans la vallée de son affluent principal, l'Allier, in- 8, 07, 1854
RUMINANTS. 69
érigeons des espèces étaient en grande partie de simples résultats d’arrêts de
développement : ainsi il y a un âge où le cerf élaphe n’a pas plus de bois qu'un
Dremotherium, un autre âge où il a un bois non ramifié comme les Dagueis
d'Amérique, un autre âge où il a un bois à deux pointes, ainsi que Îles dicrocères,
un autre âge où il a un bois à trois pointes comme les Axss; c'est seulement
à une époque avancée de sa vie que son bois prend tout son développement.
On n’a pas encore trouvé la forme Daguet dans les terrains tertiaires de nos
pays. Mais, sauf cette absence, on peut dire que le développement paléontologique
des cerfs semble avoir suivi la même marche que suit de nos jours le développe-
ment de nos cerfs élaphes depuis le temps de leur naissance jusqu’à celui de la
vieillesse. En effet, les premiers cerfs qui ont paru en Europe sont les Dremothe-
rium du miocène inférieur dont la tête est dépourvue de cornes; le miocène
moyen est caractérisé par les Dicrocerus elegans, furcatus, aurelianensis, dont les
bois ont deux pointes; dans le miocène supérieur du Léberon et dans le pliocène
de Perrier, on rencontre surtout des bois de cerfs à trois pointes; c’est dans le
pleistocène de Cromer, de Saint-Prest, de Saint-Martial, et surtout dans le qua-
ternaire, qu’on voit les bois de cerfs acquérir leur plus grand développement.
Il serait possible que le mode d'évolution des cerfs eût été influencé par la
diminution successive de la température, car M. Pucheran, dans sa Monographie
du genre Cerf (1), a rappelé que les espèces dont les bois sont simples se trouvent
de préférence dans les contrées chaudes, et que celles dont les bois sont compli-
qués habitent particulièrement les régions froides. Les géologues savent que,
dans nos pays, la température a été plus basse à l’époque pliocène qu'à l’époque
miocène, plus basse à l’époque pleistocène qu'à l'époque pliocène, et plus basse
à l’époque quaternaire qu’à l’époque pleistocène.
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE XIII,
Les figures 4, 2, 3, 4 sont aux deux cinquièmes de la grandeur ; les figures 5, 6, 7 sont de grandeur naturelle.
Fic. 4, Bois attenant au frontal, vu de côté ; il est brisé dans sa partie supérieure : fr. frontal; p. pédi-
cule; ». meule; mer. merrain; 4 an. premier andouiller; 2 an. second andouiller. On à
marqué au trait quelques coupes transverses pour indiquer la forme du b
F . Même échantillon représenté de face, Les lettres sont les mêmes.
=
a
(1) Pucheran, Monographie des espèces du genre Cerf (Archives du Muséum d'histotre naturelle, vol. VI,
p. 265, 1852).
70 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
Fig. 3. Bois d’un individu plus petit, vu de côté ; il est brisé en deux morceaux. Mêmes lettres. Le pre-
mier andouiller n'est pas visib
e,
Fic. 4. Bois d’un individu encore plus petit, vu de côté; il est brisé en trois parties. Mêmes lettres.
Fic. 5. Mâchoire Lise vue du côté externe : 4 p. première prémolaire ; 3 p. troisième prémo-
a., 2 a., 3 a. les trois arrière-molaires,
Fic. 6.
Fic. 7. Mâchoire inférieure dessinée du côté externe : 3 p. troisième prémolaire ; 4 a, première arrière-
molaire; 3 a. troisième arrière-molaire ; c. colonnettes inter- “és ; on voit en r.c. un
rudiment de denticule entre le second et le troisième lobe de la dernière molaire.
air
Même fete ire vue à côté interne. Même lettres ; d. Pr A de denticules inter-lobaires.
Mâ
TORTUE TERRESTRE
DE DIMENSION GIGANTESQUE.
Jest à l’époque miocène que les tortues terrestres semblent avoir eu leur
plus grand développement ; non-seulement alors elles ont été nombreuses, mais
encore elles ont atteint des dimensions considérables : ainsi la Testudo lata da
Nebraska, la 7. gigas de Bournoncle Saint-Pierre, la T. Larteti de Sansan,
la T. vitodurana de Veltheim et la Colossochelys atlas des monts Sewalik furent de
gigantesques espèces. J'ai rapporté du Léberon les débris d’une tortue plus grande
que toutes celles d'Europe ; elle n’est surpassée que par la Colossochelys.
On m'a raconté à Cucuron que le savant paléontologue de Lyon, feu M. Jourdan,
l'avait vue avant moi et avait essayé de la détacher de la roche, mais qu'il y avait
renoncé à cause des difficultés de l'extraction. J'ai marqué sur la coupe de la
figure 3, pl. XV, l'endroit où elle se trouvait; elle était placée vers le haut d’un
escarpement qui borde un ruisseau à l’ouest de la maison de Bressier. Lorsque
je la vis, il n'y en avait plus que le tiers, et le suintement des eaux commençait
à la désagréger. Je crus utile de la sauver d’une complète destruction. Comme
le limon dans lequel elle se trouvait engagée était très-argileux et mouillé, il
fallut vider tout l'intérieur de la carapace et y introduire du ciment romain. Je dus
ensuite faire dresser un échafaudage pour la remonter hors de l’escarpement.
Elle était tellement lourde et les os étaient si tendres, que, malgré un long travail
et de grandes précautions de mes ouvriers, je la vis se briser au moment où on
l'enleva.
Le pre.
tres
Prémo.
es
Mrière.
Um
leur
Mais
la da
San,
nt de
raude
rdan,
avait
de la
d'un
rsque
nçail
mme
lé, 1
e dus
nent.
ravail
Ù on
TORTUES. 71
Les pièces que j'ai rapportées sont trop endommagées pour permeltre une
détermination spécifique. J'avais mesuré sur place une largeur de 4",10; la
largeur de l'échantillon tel qu'il est actuellement est d'environ 1 mètre. Les
parties minces de la carapace ont 0",15 d'épaisseur, mais les bords du plastron
atteignent jusqu’à un décimètre d'épaisseur.
Je pense que l'espèce du Léberon n’était pas d’une dimension très-inférieure
à celle de la Colossochelys atlas (A), mais je ne peux dire jusqu’à point elle s’en
rapprochait. De même que ces deux tortues, la Testudo vitodurana de Veltheim
en Suisse (2) avait certaines parties de son plastron extrêmement épaissies.
J'ai retrouvé des débris de la grande espèce du Léberon dans le gisement le
plus élevé, associés avec ceux de l’Helladotherium, du Sus major, du trago-
cère. etc.
TESTUDO
DE GRANDEUR MOYENNE.
Planche XIV, fig. 2 et 3.
Mes fouilles ont amené la découverte de deux échantillons d’une seconde
espèce de tortue beaucoup plus petite que la précédente. Elle est longue de 3 déci-
mètres, et sa largeur est d'environ 2 décimètres. Les sutures des os sont presque
entièrement effacées, mais les écailles ont laissé des empreintes assez distinctes :
les écailles costales avaient à peu près 0",054 de large vers leur milieu; les
écailles marginales près de l’échancrure fémorale étaient hautes de 0,038;
l’écaille pygale était haute de 0,034 ; la cinquième écaille dorsale avait 6" ,049 de
long sur 0",066 dans sa grande largeur.
Comme le plastron m'est inconnu, je ne peux essayer aucun rapprochement
spécifique.
(4) Hugh Falconer, On the Colossochelys atlas, a gigantic Tortoise from the Sewalik Hills (Palæontological
Memoirs and Notes, vol. I, p. 359, pl. XXX et XXXI, in-8, 1868,
(2) Biedermann, Chéloniens tertiaires des environs de Winterthur, traduction française par Bourrit, p. 13,
pl, I, Ia, II. In-4, Winterthur.
.
72 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE XIV.
Les figures sont à moitié de la grandeur naturelle.
Fic, 2. Tv vue en dessus : 4 V., 2 V., 3 V., 4 V., 5 V. empreintes des cinq écailles vertébrales ;
É ,3C., 4C. empreintes des écailles bn M. empreintes des écailles margi-
ee | PYG. empreinte de l’écaille pygale ; s. v. sutures des pièces vertébrales ; s. c. sutures
des pièces costales ; s.m. sutures des pièces Re ni s. p. sutures de la pièce pygale.
FiG. 3. Carapace va un autre individu, vue en dessus,
TESTUDO
DE PETITE TAILLE.
Planche XIV, fig. 1.
On à dessiné dans la planche XIV, figure 1, une portion d’une tortue moins
grande que celles dont on voit les dessins fig. 2 et 3; l’échantillon est représenté
sur la face ventrale, à la moitié de la grandeur naturelle : on voit bien distincte
ment les épisternum é., l’entosternum exto., les hyosternum 4yo., l'empreinte
des écailles gulaires G., des écailles pectorales P..' des écailles humérales H., des
écailles abdominales A. La carapace paraît avoir été très-bombée, mais il faut
tenir compte des modifications que la pression a pu produire. La largeur est
de 0",128. L'entosternum forme un hexagone à peu prés régulier ; il est long
de 0",024 et large de 0",025. Du bord postérieur de l’hyosternum au bord anté-
rieur de la partie médiane du plastron, on mesure 0",060.
La Testudo marmorum de Pikermi (1) a la même taille: elle paraît avoir été
moins bombée, son entosternum diffère légèrement.
Une des tortues les mieux conservées des terrains miocènes est celle que
M. Nouel a découverte dans les sables de l'Orléanais, à Neuville; ses dimensions
surpassent celles de la petite espèce du mont Léberon, et son entosternum a son
angle antérieur plus aigu.
(1) Animaux fossiles et géologie de l'Attique, p. 316, pl. LX, lg 422)
brales.
m
argi
Sutures
Ygale.
moins
‘senté
ncte-
reinte
long
anté-
r été
que
SIONS
a s0D
TORTUES. 73
La T'estudo græca du quaternaire de Lunel-Viel, dont M. Gervais a figuré le
plastron (1), ainsi que la Testudo Escheri signalée à Veltheim (2) et à Elgg (3),
ont la même dimension que la petite espèce du Léberon et leur entosternum est
semblable.
Pour déterminer spécifiquement les tortues du Léberon, il faudrait avoir des
matériaux plus complets que les miens, et même, quand on aurait de très-bonnes
pièces, on pourrait encore être embarrassé. Personne, sans doute, n’a été dans
de meilleures conditions que M. Leidy pour connaître les tortues fossiles, car il
paraît que dans certaines parties du Nebraska le sol est jonché de leurs carapaces,
à tel point que des désignations géographiques sont tirées de l’abondance de ces
animaux. Or, M. Leidy en 1553 à cru distinguer dans les Mauvaises Terres du
Nebraska cinq espèces de tortues qu'il a figurées et décrites avec soin (4). Plus
tard, il a ajouté une espèce venant des bords du Niobrara, la Testudo niobrarensis.
Mais, en 1869 (5), à force de voir des tortues, et par conséquent à force d’ob-
server des variations et des intermédiaires, il ne sait plus où marquer les limites
entre des tortues de formes très-diverses, dont le sternum varie en longueur de
7 à 21 pouces; il nous apprend que tous les échantillons du Nebraska lui sém-
blent maintenant appartenir à la même espèce, et quant à la Testudo niobra-
rensis, il s'exprime ainsi: « Elle est certainement très-voisine de la Tesludo des
Mauvaises Terres, et probablement elle a été son successeur non modifié ; c’est pour-
quoi ce n’est pas une espèce distincte. » Quelques naturalistes pensent qué les
personnes disposées à réunir les espèces les confondent parce qu’elles ne les
étudient pas suffisamment; je suis porté à croire que le contraire arrive souvent :
car, plus les échantillons que l’on compare sont nombreux, plus on hésite à tracer
leur limites spécifiques.
(1) Zoologie et Paléontologie françaises, pl. LI, fig
(2) Pictet et Humbert, Monogre Fais des Chéloniens ee la mollasse suisse, p. 17, pl. I, 11, HIT (Matériaux
pour la Paléontologie suisse, publiés p: ve tet, in-4, 1'e série, Genève, 1856).
L Biedermann, ouvrage cité, p. 19, _IV et V.
Joseph Leidy, The ancient Fauna : Nebraska, or a Description vj remains of extincl Mammalia and
XXIV, 1853
ns. from the he vaises Terres of Nebraska, in-4, p. 101, pl. XIX à ]
(5) Joseph Leidy, The extinct mammalian Faurna of Dakota and Nebraska, se Philadelphie, 1869.
CHAPITRE IT
CONSIDÉRATIONS SUR LES MAMMIFÈRES QUI ONT VÉCU EN EUROPE
A LA FIN DE L'ÉPOQUE MIOCÈNE
A mesure que j'ai cherché à comprendre l’histoire des êtres fossiles, il m'a
paru de plus en plus probable que l’Auteur du monde n'a pas créé isolément les
espèces successives des âges géologiques, mais qu'il les à tirées les unes des
autres. Mes études sur Pikermi ont confirmé cette manière de voir en me montrant
de nombreux traits d’union entre des formes qui avaient d’abord semblé distinctes :
par exemple un singe intermédiaire entre le semnopithèque et le macaque, un
carnassier intermédiaire entre l’hyène et la civette, un pachyderme intermédiaire
entre l'Anchitherium et le cheval, un ruminant intermédiaire entre la chèvre et
les antilopes, ete. Les comparaisons que j'ai faites avec les fossiles d’autres gise-
ments m'ont fourni des résultats analogues.
Quelques naturalistes m'ont répondu: «Il est vrai que les découvertes paléonto-
logiques révèlent certains enchaînements entre les êtres des temps passés, mais
ceci peut résulter de ce que Dieu a créé tour à tour les espèces, de manière à
représenter un plan général de filiations restées à l’état virtuel dans sa pensée.
Pour établir que des mammifères fossiles ont eu une commune origine, il ne suffit
pas d’apercevoir des liens de familles et de genres, où même de découvrir des
espèces qui ont été très-rapprochées. Il faut encore donner des preuves que les
espèces fossiles ont été assez mobiles, assez plastiques pour passer les unes aux
autres. »
Il y avait beaucoup de sagesse dans ces observations. J'ai résolu d'en faire mon
profit et de travailler à apprendre si les espèces fossiles ont été fixes ou variables.
Pour atteindre ce résultat, j'ai pensé qu’il fallait explorer un gisement riche
en débris d'animaux à peu près semblables à ceux de Pikermi; car, en possédant
76 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
un grand nombre d’os des mêmes espèces, je pourrais connaître si ces espèces
ont été des entités immuables, ou bien si elles ont témoigné assez de plasticité
pour faire supposer qu'elles sont descendues les unes des autres. C’est pourquoi,
ainsi que je l'ai dit dans les préliminaires de ce mémoire, j'ai entrepris des fouilles
dans le Léberon.
Pendant que j'ai étudié la variabilité des animaux de l’époque miocène, J'ai eu
l'occasion de faire quelques autres remarques sur les êtres de cette époque ; il m'a
semblé qu’il ne serait pas inutile de les soumettre à mes savants lecteurs. J'ai été
ainsi amené à composer ce. chapitre dans lequel on trouvera réunis les sujets qui
portent les titres suivants :
$ 1. — La fin de l’époque miocène a été caractérisée par le grand développement des
herbivores.
+
— Les mammifères miocènes confirment la croyance que les types des êtres su-
périeurs ont été plus mobiles que ceux des êtres inférieurs.
S 3. — À en juger par les mammifères, le miocène supérieur d'Europe peut être divisé
en sue sous-étages
$ 4. — L'étude des mammifères miocènes appuie l’hypothèse que les séparations des
élages ou des sous-étages ont été surtout les résultats de déplacements des faunes
$ 5. — Sur les formes analogues des mammifères qui ont précédé et suivi ceux du mio-
cène supérieur.
$ 6. — Sur la distinction des races et des espèces de mammifères à la fin des temps
miocènes.
$ 1.
La fin de Rte miocène a été caractérisée par le grand
éveloppement des herbivores.
Je suis loin d’avoir rencontré toutes les espèces de quadrupèdes enfouies dans
le mont Léberon; celles, notamment. qui appartiennent à ce qu’on peut appeler
la petite faune, sont encore inconnues. Néanmoins les pièces déjà recueillies per-
mettent de se faire quelque idée des anciens mammifères de la Provence. Le
Dinotherium, le plus gigantesque de tous les animaux terrestres, était escorté par
un énorme sanglier, deux espèces de rhinocéridés ct l'Helladotherium, le plus
majestueux des ruminants qui ont habité l'Europe. Les campagnes étaient cou
pèces
Ucité
Quoi,
illes
S Su-
mio-
CInps
lans
eler
peT-
CONSIDERATIONS GENERALES. 71
vertes de troupeaux d’hipparions, voisins de nos équidés modernes, et de gazelles
à cornes en forme de lyre. À côté d'elles se tenaient les tragocères, auxquels leurs
cornes pouvaieut donner de loin un aspect de chèvres, mais qui, vus de près,
offraient les traits caractéristiques des antilopes. Ces charmantes bêtes avaient un
compagnon que ne connaissaient pas leurs parents de l’Attique, le Cervus Mathe-
ronis. Une immense tortue et d’autres plus petites se trainaient à côté de ces
rapides coureurs. Peu de carnassiers devaient troubler les paisibles herbivores;
on n’a trouvé que de rares débris de Machærodus, d'Hyæna et d’Ictithertum.
Assurément, notre Provence est belle aujourd’hui, mais elle était belle aussi
quand tous les animaux fossilisés dans le Léberon étaient en vie, alors que les
versants des montagnes étaient animés par de nombreux troupeaux, et que, pour
nourrir tant de quadrupèdes, les vallées enfantaient une ample végétation.
Le tableau que je viens d’esquisser nous transporte vers la fin des temps mio-
cènes, c’est-à-dire au moment où le règne animal à eu son apogée. La liste qui
suit montre que les quadrupèdes du Léberon doivent avoir été contemporains
de ceux de Pikermi en Grèce, de Baltavar en Hongrie (1) et de Concud (2) en
Espagne (3):
MONT LÉBERON. PIKERMI. BALTAVAR. CONCUD,
Machærodus cultridens. Machærodus cultridens. Machærodus cultridens. »
Hy< eximia. Hyæna eximia. Hyæna eximià Hyæna eximia.
ae LE on hipparionum. » »
Ictitherium Orbignyi° ctither rbignyi. » »
Dinotherium giganteum. RME giganteur Dinotherium. »
Acerotherium incisivun Acerotherium incisivum ? » »
Rhinoceros La e Variélé assez éloignée du » »
Rh. Schleiermacherti.
PAPE gracile. Hipparion gracile. Hipparion gracile. Hipparion gracile,
Sus major (c’est peut-être Sus erymanthius. Sus erymanthius o4 major. »
une race du Sus eryman-
thus
Helladotherium Duvernoyi. Helladotherium nue Helladotherium Duvernoyi. »
Tragocerus amalthet ragocerus amalthe Tragocerus amaltheus, Tragocerus amaltheus.
Gazella deperdita. Gazella deperdit Gazella deperdita. Gazella deperdita.
Cervus pp » » Cervus Matheronis ?
(1) C’est M. Suess qui a fait connaître les fossiles de ce gisement : Ueber die grossen Raubthiere der üsterrei-
der Kaiser. 7
chischen Tertiärablagerungen (Sitz ME d., 7 mars 1861).
(2) On pourra consulter, au sujet des fossiles : Concud, la note de M. Gervais, intitulée : Description des
ossements fossiles rapportés d : ns par MM. de Verneuil, Collomb et de Lorière (Bull. de la Soc éol, de
France, 2° série, vol. X, p. 147, 1852), et le mémoire de M. Juan Vilanova y Des Ensayo de Fes
es a de la provincia sa Ter uel, pl. Aa, 2a, in-4. Madrid,
Il est probable que les marnes du mont Redon, près de FER (Aude), sont du même âge que celles
18 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
L’inspection de la liste précédente suffit pour faire ressortir le grand développe-
ment des herbivores; ce développement mérite de fixer notre attention, car il est
le trait le plus caractéristique de la fin des temps miocènes.
I n’y a pas fort longtemps (géologiquement parlant) que les herbivores se sont
multipliés dans nos pays. Pendant que le calcaire grossier et le gypse de Paris se
1ydermes dominaient encore : les Lophiodon, les Chæropotamus,
—
déposaient, les pac
les ÆHyracotherium devaient être omnivores comme les cochons et les tapirs
actuels; les Palæotherium, et les Anchilophus avaient sans doute le régime des
damans qui vivent de feuillages, ou des rhinocéros qui dévorent les buissons
coriaces. Les Anoplotherium pouvaient avoir une nourriture intermédiaire entre
celle des Palæotherium et celle des Cæropotamus. Les animaux les plus herbivores
étaient les X7phodon, les Dichodon, les Amphimeryz ; is élaient si voisins des
pachydermes, que plusieurs naturalistes les rangent dans le même ordre. M. de Sa-
=
porta a montré que l'étude des végétaux confirme les données fournies par
l'examen des animaux; lors de la formation du gypse d’Aix, les plantes herbacées
étaient rares (1).
A l'époque du miocène inférieur (2), les Gelocus avaient beaucoup de res-
semblance avec les Xphodon, mais leurs molaires supérieures sans mamelon
interne, et leurs métatarsiens principaux soudés vers l’âge adulle, annonçaient la
prochaine arrivée des ruminants ordinaires. En effet, bientôt après sont venus
les Dremotherium de Saint-Gérand le Puy, dont les canons principaux sont entiè-
rement soudés comme chez les ruminants actuels ; leurs métatarsiens latéraux
sont encore imparfaitement unis.
À l’époque du miocène moyen, la plupart des ruminants eurent leurs méta-
du mont Léberon ; elles sont également superposées aux mollasses à Ostrea crassissima. M. Peyras a commu-
niqué au laboratoire de paléontologie du Muséum les premières pièces de Dinotherium et d’Hipparion qu’il
a découvertes. Des fouilles faites par M. Gervais ont procuré, outre de beaux échantillons des mêmes ani-
=
&
=
A
e
©
a
@
(°3
=
ma
©
M
=
=
=
S Tournal m'a fait voir dans le musée de Narbonne une molaire supérieure de
grand Sus qui provient du m ee gisement.
Peut-être faut-il ég Na rapporter à la fin des temps miocènes les couches de Kischinew en D
ou M. de Nordmann a signalé la Thalassictis, qui parait identiqué Rene rium robustum de Piker
(4) Études sur la végétation du sud-est de la France à l’époque tertiaire. SUppiés ne sa Révision de - fiore
des gypses d'Aix (Annales des sciences naturelles, 5° série, Botanique, vol, MD: t 76, 187
(2 ) Dans le Nebraska, les ruminants du miocène inférieur gs pin PAPE et ses variés qu’en dHAS Eu 3
mais, si l’on réfléchit que, pee les temps secondaires et éocènes, la mer couvrait une grande partie de
l'Europe, tandis qu’il y avait en Amérique d'immenses espaces exondés depuis un temps très-ancien, on sera
orté à penser à A les flores et les faunes terrestres de nos pays ont été moins avancées dans leur ere n que
celles de l'Amérique ; géologiquement parlant, le Nouveau Continent devrait sans doute être appelé l'Ancien
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Continent.
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CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 79
tarsiens latéraux fortement soudés; ils se montrèrent plus grands et plus nombreux
que ceux de l’âge précédent; toutefois ils étaient peu variés et n’atteignaient pas
les dimensions qu'ils ont eues plus tard. Les antilopes avaient des cornes uni-
formes ; les bois des cerfs étaient simplement fourchus comme ceux de nos cerfs
élaphes qui n'ont pas dépassé le temps de la seconde mue. Il n’y avait point
d’équidés, mais seulement des Anchitherium dont les molaires très-basses sem-
blent avoir été destinées à écraser des feuillages et des bourgeons; leurs dents
auraient été bientôt usées si elles eussent habituellement moulu des herbes aussi
chargées de silice que les graminées.
C'est seulement à l’époque du miocène supérieur que les herbivores eurent un
grand développement. La girafe et l’Helladotherium atteignirent unetaille inconnue
chez les ruminants des âges précédents; les antilopes prirent des formes variées,
et les bois des cerfs se compliquèrent. Les hipparions succédèrent aux Anchi-
therium ; leurs molaires très-hautes, formées de lames d’émail contournées, fai-
sant saillie entre le cément et la dentine, constituèrent une râpe de la plus admi-
able structure. Je ne voudrais pas cependant prétendre qu’à l'époque du
miocène supérieur, il y eut en Espagne, en Provence, en Grèce, des prairies sem-
blables à celles du nord de l’Europe actuelle; car, à côté des hipparions, il y
avait des antilopes, des Æelladotherium et des cerfs dont les molaires étaient plus
basses que celles de nos bœufs, de nos moutons, de nos chèvres, et par conséquent
se seraient plus promptement usées par le frottement des végétaux silicifères ; ceci
fait penser que parmi les plantes dont nos campagnes étaient couvertes, les gra-
minées ne jouaient pas encore un rôle important.
Après l’époque du Léberon, c’est-à-dire pendant les époques pliocènes, quater-
naires et actuelles, les ruminants, ainsi que les équidés, ont continué à être très-
nombreux: le fût de leurs dents, ainsi que celui de plusieurs animaux d’autres
classes, s’est allongé et s’est enduit de cément : on peut, sans doute, conclure de
là que dans nos pays les prairies se sont étendues de plus en plus.
IL n’est pas sans intérêt pour la doctrine de l'évolution de constater le tardif
développement des herbivores ; car, évidemment, au point de vue embryogénique,
comme au point de vue anatomique, les solipèdes et les ruminants représentent
des types très-perfectionnés. Ce développement à eu dans l’histoire des mammifères
a plupart
—
une importance considérable, parce que les herbivores vivant pour
en société, la date de leur extension à aussi été la date de l'apparition des trou-
peaux. Les grands troupeaux ne semblent avoir été constitués que dans le milieu
80 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
et surtout vers la fin des temps miocènes. Sans doute dans les gisements plus
anciens, on voit sur certains points de nombreux mammifères; néanmoins, il ya
lieu de croire que les espèces étaient représentées toujours par un nombre d'in-
dividus assez limité, attendu qu’on ne trouve pas des accumulations d’os d’une
même espèce comme à Sansan, à Pikermi ou dans le mont Léberon. Je peux
rappeler ici que mes seules fouilles ont amené à Pikermi la découverte de 89 hip-
parions, de 50 tragocères, de 50 gazelles, et dans le mont Léberon de 30 hippa-
rions, de 18 tragocères, de 90 gazelles; cependant il est bien certain que je n'ai
retiré qu'une minime partie des os enfouis dans ces localités. Les herbivores
devaient donner aux campagnes une physionomie nouvelle ; ils composaient des
sociétés bruyantes et remuantes qui contrastaient avec les silencieuses familles
des premiers âges géologiques.
On doit aussi noter que ces animaux comptent parmi les plus séduisants de la
création, de sorte que non-séulement ils ont donné plus d'animation au monde
animal, mais aussi ils ont contribué à l'embellir. Il est permis d'appliquer à la
plupart d’entre eux ces mots que Brehm a dit des gazelles: Z4es ‘ont une utilité
esthétique. Qui peut en effet voir, sans les admirer et même sans les aimer, ces
bêtes dont le regard est si doux, la tête si fine, les allures si vives, toutes les formes
si bien proportionnées ! Quand, par la pensée, on se transporte au pied du
Léberon pendant la fin des temps miocènes, et qu’on se représente les bandes
d'hipparions, de tragocères et de gazelles, on admet volontiers que. depuis le
commencement du tertiaire, le monde animal a progressé en beauté.
Comme il fallait s'y attendre, l’évolution des carnivores a suivi celle des trou-
peaux d'herbivores. À l’époque éocène, les bêtes de proie étaient peu nombreuses
et de petite taille ; l’Ayænodon et le Pterodon ne dépassaient guère la taille d’un
loup (1). Bientôt après parurent de grands Amphicyon, qui peut-être n’étaient
pas de redoutables destructeurs ; leurs caractères, intermédiaires entre ceux de
l'ours et du chien, permettent de croire qu'ils étaient un peu omnivores et man-
geaient plus de chair morte que de proies vivantes. C’est à la fin de l’époque miocène
que les carnassiers arrivèrent à leur apogée et se partagèrent en deux types
extrêmes : le Machærodus culiridens, qui a été le mieux adapté de tous les
animaux pour se nourrir de proie vivante, el l’hyène, qui a été le mieux organisé
pour dévorer les os et les chäairs des cadavres.
(1) L’énorme Hyænodon du Nebraska décrit par M. Leidy parait être de la même époque que Ronzon, c'est-
à-dire d’une époque un peu plus récente que celle du gypse de Montmartre.
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0, c'est-
CONSIDÉRATIONS GENÉRALES. 81
Les mammifères de la fin des temps miocènes confirment la croyance
que les types des êtres supérieurs ont été plus mobiles que ceux des
êtres inférieurs.
Les paléontologues ont pu supposer qu’il y avait eu une extrême différence
entre la mobilité des types des êtres supérieurs et celle des types des êtres infé-
rieurs. En effet, on avait pensé que beaucoup de mollusques du miocène et
même un certain nombre de ceux de l’éocène étaient identiques avec les espèces
actuelles; au contraire, plusieurs mammifères semblaient avoir été cantonnés
dans certains étages: on n'avait d’abord trouvé les Lophiodon que dans l’éocène
moyen, les Palæotherüun proprement dits que dans l’éocène supérieur, les
rhinocéros n'apparaissaient pas au-dessous du miocène; de telle sorte qu’on
A
était vraiment autorisé à dire : âge du ZLophiodon, âge du Palæotherium, âge
du rhinocéros.
Mais, d’une part, en étudiant minutieusement les anciennes espèces de mol-
lusques tertiaires, on à observé des nuances qui les distinguent en général des
espèces actuelles : MM. Deshayes, Fischer, Tournouër et d’autres conchyliologues,
qui ont beaucoup étudié les rapports des espèces tertiaires entre elles et entre les
espèces vivantes, pensent que les-identités absolues ne sont pas très-communes
parmi les mollusques d'âge différent. D'autre part, les recherches de MM. Tour-
nouër, Thomas, Combes, etc., ont montré que des Palæotherium ont été con-
temporains des Lophiodon et des rhinocéros. Ainsi, les mollusques ont eu une
moindre longévité qu'on ne pouvait le croire d’abord, tandis que les mammifères
ont eu une longévité plus grande qu’on ne l'avait supposé.
Néanmoins on est encore fondé à prétendre que la mobilité des types de mol-
lusques à été loin d’égaler celle des mammifères. MM. Darwin et Lyell en ont fait
a remarque depuis longtemps. J'ai eu occasion de confirmer cette remarque
dans mes recherches en Grèce ; j'ai vu les mammifères de Pikermi, qui sont très-
nt
différents des mammifères actuels, enfouis dans des couches superposées à des
assises où se rencontrent des coquilles de mollusques dont les identiques existent
de nos jours. L'examen du mont Léberon permet de compléter les observations
faites à Pikermi, car les coquilles que j’ai recueillies dans l’Attique étaient d’eau
11
52 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
douce, et celles dont je vais parler sont marines. Elles ont été trouvées à
Cabrières. MM. Fischer et Tournouër ont reconnu parmi ellesles espèces suivantes,
qui sont identiques avec les formes actuelles ou en diffèrent par des nuances si
égères qu'elles ne peuvent être séparées spécifiquement :
CE
Nussa semistriuta, qui existe encore dans la Méditerranée, sur les côtes du Portugal
et dans le golfe de Gascogne.
Natita Josephinits dans la Méditerranée.
Trochus millegranus. . …. dans les mers d'Europe
Calyptræa chinensis. . .. dans les mers d'Europe
Crepidula gibbosa. . . . . . . .. sur les côtes du Sénégal
Anomya costata . . . .. : dans la Méditerranée.
APCOLUMOONA NAS, En ATEN dans la mer des Antilles.
Pectunculus glycymeris . . . . . . dans les mers d'Europe
Chama gryphoides. . . . . . . . dans la Méditerranée,
Cardium papillosum. . . .. . .. dans les mers d'Europe.
enus plicata . . . . . . . . . . sur la côte occidentale d’Afrique.
RG NDIQNAA ET NES RES dans la Méditerranée
AT Er Ne sur les côtes du Portngal.
SURVIE dans les mers d'Europe.
se dans les mers d'Europe.
Comme on le verra dans mon chapitre sur la géologie, le dépôt à ossements du
Léberon est bien supérieur aux couches marines de Cabrières, et cependant tous
les mammifères dont on y rencontre les débris présentent «
quelques différences avec
les espèces actuelles ; |
plusieurs même appartiennent à des genres inconnus
aujourd'hui : Machærodus, Icütherium, Dinotherium, Acerotherium, Hipparion,
Helladotherium, Tragocerus.
Pour expliquer cette différence entre la longévité des mammifères et celle des
mollusques, on doit considérer que les mammifères ont un squelette composé
d’un grand nombre d’os, tandis que les mollusques ont pour la plupart une
coquille très-simple ; l'organisme si compliqué des premiers doit être plus exposé
que celui des seconds à subir quelque changement dans une de ses parties. Sous
ce rapport, je suppose qu’il en est un peu des mammifères comme d’une machine
fabriquée par les hommes : plus les pièces sont nombreuses, plus en général il y
a de chances pour que l’une d'elles se dérange. Mais il y a entre l’œuvre des
hommes et le mammifère cette différence, que la machine s'arrête quand ses
pièces sont modifiées par l'usure ou toute autre cause, au lieu que, dans la nature,
les changements sont mis à profit pour amener une intarissable variété sans sus-
pendre la marcl
ie de la vie: les vertébrés ont poursuivi à travers les âges leur
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CONSIDÉRATIONS GÉNERALES. 83
évolution harmonieuse, sans cesse modifiés, et, à chacun de leurs changements,
tendant à réaliser une perfection nouvelle dans l’ensemble du monde.
Cette mobilité des types vertébrés rend difficile l'étude de leur évolution ;
comme un personnage de théâtre qui, à chaque scène, changerait de costume,
ils ne peuvent être reconnus que si l’on à présents à l’esprit les traits principaux
de leur physionomie. Les mammifères ont subi de telles métamorphoses pendant
l'époque tertiaire, qu’on à de la peine à établir des comparaisons entre les espèces
ou même les genres du commencement du miocène et les formes actuelles, à
moins de s’aider des types des époques intermédiaires. Aussi les naturalistes qui
livrent à des recherches de géographie paléontologique, trouvent-ils souvent
dans l’étude des animaux inférieurs et des végétaux plus de ressources que dans
celle des mammifères. J'en ai eu il y a quelque temps une preuve frappante :
M. Marion, ayant étudié les plantes miocènes du Puy en Velay, était arrivé à des
considérations intéressantes en comparant l’habitat de ces plantes et celui des
végétaux vivants qui s’en rapprochent; il me demanda si je pouvais établir égale-
ment les relations géographiques des mammifères du Puy avec ceux de notre
époque. Je ne pus lui indiquer des analogies entre aucune faune du monde actuel
et les mammifères miocènes du Puy, attendu que la plupart de ceux-ci appartien-
nent à des types maintenant éteints. On sait, au contraire, que dans le milieu
des temps secondaires, il y avait déjà une multitude d’invertébrés et de plantes
dont les genres existent encore aujourd’hui.
A en juger par les mammifères, le miocène eee peut être
isé en deux sous-éta
Le gisement d'Eppelsheim, illustré par les travaux de M. Kaup (1), renferme,
à côté d'espèces semblables à celles du Léberon et de Pikermi, plusieurs formes
très-différentes ; on en pourra juger ‘par le tableau ci-après :
) M. Virlet d'Aoust a découvert à Orignac, dans les Pyrénées, un gisement qui a été attribué à la même
époque que do eim. Suivant M. Lartet, on y aurait trouvé: ren Fer os RHPEnmagiers et
Fe sù, Tapirus priscus, Castor Jægeri, Dorcatherium Naui. (Bull. de la Soc. géol. de France, 2 sér
ol. XXII, p. 320, 1865).
ANIMAUX FOSSILES DU
FOSSILES CARACTÉRISTIQUES
D’EPPELSHEIM.
Dryopithecus ?
SINGES. . . . à P ”
/Simocy on Rae us
persis
CARNASSIERS .
»
Machærodus cultridens.
Macrotherium (sp. nova).
»
Dinotherium giganteum . .
ÉDENTÉS, , . .
\
|
|
à prémolaires
LEBERON.
MONT
FOSSILES CARACTÉRISTIQUES.
DU LÉBERON OU DE PIKERMI,
»
Mesopithecus.
dunes diaphorus à RARES
n partie caduques
Hy:
Ictit ren
Matra cultridens.
»
Ancylotheriu
Dinotherium TR
»
\ Mastodon lomgiros . ris.
D] e
PROBOSCIDIENS. Hp Le PES
| Mastodon turicensis.
4 Rhivoceros seimacher. R rt ceros pre
| pe pachygnat te
Acerotherium incisivum, , . . . . otherium incisiv
se se don
CHA heOIbeNUN nee Chalicotheriun.
PACHYDERMES. € Tapirus.
Sus palæochæru »
us aida »
Ë Sus nee et major.
eo . dns PRET PS Hipparion gracile.
» Helladotherium
» Camelopardali
» Palæotragu
» Palæoryx
» Palæoreas
one: v » Tragocerus
» Antidorcas
» Gazella.
» Dremotherium.
Han ee
us anocerus, dicranocerus. »
Cervus Matheronis.
Un contraste aussi maïqué dans la distribution des espèces fossile porte
\
à
admettre que le gisement d'Eppelsheim n’est pas exactement du même âge que
ceux du Léberon et de Pikermi. Mais quel est le plus ancien? La solution de cette
question n’est pas sans difficulté (1).
Au premier abord, on trouve quelques arguments favorables à l'idée que le
dépôt d'Eppelsheim est plus récent que
(4) Si1
également; d’après l’ex fait de cette derniè
amen qu
en
es relations see du mont Léberon sont très-visibles, celles d’Eppelsheim ne le
ceux du Léberon et de Pikermi: par
sont pas
ère localité, je ne pense ESA que la stratigraphie puisse
ce moment suffire pour Mars Sp est le plus ancien des deux gisements.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 85
exemple, les sangliers d'Eppelsheim sont moins différents des espèces actuelles ;
le Mastodon Pentelici de l'Attique, d'après le peu qu'on en a recueilli, semble
avoir été intermédiaire entre le Mastodon angustidens de Sansan et le Masto-
don longirostris d'Eppelsheim; le Leptodon de Pikermi, qui rappelle le type Palæo-
therium, ne se montre pas à Eppelsheim; le tapir d'Eppelsheim, qui n’a été
rencontré ni dans le Léberon, ni dans les trois autres localités du même âge,
a une grande analogie avec les espèces pliocènes de France. L'énorme tortue
du Léberon paraît indiquer que ce gisement appartient encore à une époque
très-chaude ; elle n’a pas été observée à Eppelsheim.
Cependant les preuves qui me font supposer le dépôt d'Eppelsheim plus ancien,
surpassent le nombre de celles qui le feraient croire plus nouveau. Ainsi, on à
découvert les traces d’un grand singe à Eppelsheim comme à Sansan ; le singe de
Pikermi ne ressemble pas à ceux de Sansan, mais à ceux des marnes pliocènes
de Montpellier et aux singes actuels. Les hyènes se trouvent dans le Léberon, à
Concud, à Baltavar, à Pikermi; elles n’ont pas encore été signalées à Eppelsheim ;
or, le type hyène est jusqu’à présent un type récent, inconnu dans le miocène
moyen. Le Simocyon d'Eppelsheim a conservé ses molaires, tandis que chez celui
de Pikermi elles sont devenues caduques. L'absence de girafes et d’antilopes, la
présence du Dorcatherium, qui est voisin des Amplatraqulus du miocène infé-
rieur, donnent à Eppelsheim un aspect d'ancienneté. Les Dicrocerus anocerus du
même gisement ont des bois à fourche simple commié ceux des jeunes cerfs
élaphes ; ils annoncent donc une évolution moins avancée que le Cervus Mathe-
ronis du Léberon, dont les bois ont trois pointes ; en outre, ils se rapprochent
beaucoup du Dicrocerus aurelianensis Au miocène moyen.
D'après ce qui vient d’être dit, il me semble qu’il faut partager l’époque dn
miocène supérieur d'Europe en deux phases : une plus récente, représentée
par Pikermi,
e Léberon, Baltavar, Concud ; une plus ancienne, représentée
par Eppelsherm.
Le miocène supérieur n’est pas le seul étage où l’on rencontre des faunes qui
offrent des différences appréciables. Plus la géologie fait de progrès, mieux on
reconnaît que le monde organisé a éprouvé de nombreuses vicissitudes. Pour en
juger, on pourra jeter les yeux sur le tableau ci-après, qui montre la succes-
sion des faunes terrestres des mammifères tertiaires dans nos pays (1):
(1) Ce tableau doit être lu de bas en haut.
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
86
Faune de Cromer, de Saint-Prest, de Saint-Martial. — Elle se distingue de la faune précédente
parce que les mastodontes ont disparu ; les E/ephas meridionalis ont des molaires à lames
PRe da à émail PR fin; les cerfs prennent des bois volumineux ou Rs um
Faune de Perrier et du crag de No rwich. — Elle se DE ce D à précédente pa par l'aboridétiéé eo
des cerfs, la rareté ou l’absence des ia la disf £ existence de l’Elephas
PLIOCÈNE
meridionalis avec les mastodon
Faune de Montpellier. — Elle se distingue de la faune précédente par la dparidos de l'Hel-
ladotherium, du Dinotherium, de l'Ictitherium, de V'Ancylotherium, la présence du tapir et de
EUR clos. Les cerfs coexistent avec les antilopes.
pus du mor mont Léber ron et de Pikermi. Elle se distingue de la précédente faune par la profusion
tilopes, la présence de l’Helladotherium, de l'Ictitherium et de l’hyène, l'absence du
TRES Fi et du tapir
MIOCÈNE be
SUPÉRIEUR. | Faune @’Eppelsheim. — Elle se LATE ;ue par u substitution de l’hipparion à |’ Anchithériüm, au
Le longirostris au Mastodo: Li et aussi par la présence des grands sangliers,
?
1 Dorcatherium, du Simocyon, du Ge
Fu de Simorre. — Elle diffère légèrement de de la précédente par la présence du Dinotherium
giganteum, du Listriodon, ‘des Rhinoceros brachypus et simorrensis,. V'absence du Chalico-
therium et des antilopes.
e Sansan. — Malgré d’intimes rapports, elle se sépare de la faune précédente par la
ation à der D nthracthemion, du Cainotherium, du Dremotherium et par l'abondance
MIOCËI
MOYEN. des antilope
ae . sables de l’Orléanais. — On peut la distinguer de la faune précédente par la rs
e l’Hyænodon, et parce qu’on voit plusieurs espèces de Sansan et même de Simorre
associées avec l’Antar RUE CORRE les ce né ne se 1 les Dremo-
Dicro Règne du Dinotheriur , des Mastodon angustidens
er tum, le
et furicensis.
(étage du calcaire de Beane — Elle se distingue de la faune
Dremotherium
précédente parce que le Palæotherium a disparu, l
se substitue au Gelocu
MIOCÈNE
réreur, Faune de Ronzon et de Villebramar (étage des sables de Fontainebleau). — Elle diffère très-
légèrement de la faune précédente par la rareté des Palæotherium, Yabsence des Anoplothe-
rium, l'abondance des Bothryodon, des ruminants appelés Gelocus. Continuation du règne des
Entelodon.
Faune des anse de Caylux (étage du calcaire de Brie). — Elle se distingue de la fa
précédente parce que les Entelodon, les grands Anthracotherium, les Cainotherium se ty
ÉOCÈNE plient à côté ei s Anoplotherium et Fa Palæotheriur
SUPÉRIEUR.
Faune en pre de Paris, de Bembridge et des “fre de la Debruge. — Elle se distingue
cédente faune par l’absence ou la rareté des Lophiodon. Règne des Palæ Fu tum, des
Has des Chæropotamus, des bn se Xiphodon, des Hyænodon et Pterodon
FE d’une partie de l'Allier
cl
ù
Faune d’Hordwell et du Mauremont (étage des sables de Beauchamp). — Dichodon, Microchærus,
ÉOCÈNE Ë Rhagatherium; les Palæotherium se développent à côté des Lophiodon.
Faune d’Egerkingen, d’Argenton, d'Issel et du calcaire grossier de Paris. — Règne des Lophiodon
MOYEN.
des Pachynolophus.
Faune du London Clay. — Hyracotherium, Pliolophus.
ÉOCÈNE
INFÉRIEUR,
Faune de l'argile plastique du Soissonnais. — Coryphodon, Palæonictis.
| Faune des grès de la Fère. — Arctocyon.
À
dent,
l \Mes
‘CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 87
S h.
L'étude des mammifères miocènes appuie l'hypothèse que les sépara-
tions des étages ou des sous-étages ont été surtout les résultats de
déplacements de faunes.
On à vu dans le paragraphe précédent que la faune d’Eppelsheim dut avoir
une physionomie différente de celles du Léberon et de Pikermi, puisqu'elle ne
renfermait ni hyène, ni Helladotherium, ni girafe, ni ces grands troupeaux d’an-
tilopes qui donnent aux animaux du Léberon et de Pikermi un aspect africain.
Mais, à côté de ces contrastes, on rencontre des espèces identiques dans les gise-
ments de l'Allemagne, de la Grèce et de la Provence ; toutes les faunes du miocène
supérieur d'Europe représentent des degrés d'évolution si rapprochés, qu'au pre-
mier abord on hésite à dire quelle a été la plus ancienne.
Cela me porte à penser que les deux sous-étages du miocène supérieur sont
d’un âge peu éloigné, et que leur différence doit être attribuée en partie à des
changements de configuration du sol qui auront occasionné des déplacements
de faunes. Voici la manière dont je suppose que les choses se sont passées :
Les animaux d’Eppelsheim ont pu vivre vers la fin de l’époque pendant laquelle
la mer de la mollasse ou du moins un reliquat de cette mer établissait encore
une barrière entre le centre et le sud de l’Europe; placés au nord de la mer, ils
ont eu peu de communications avec les régions du sud ; c’est peut-être pour
cette raison qu’ils ont été différents des animaux africains.
Au contraire, les quadrupèdes du Léberon ont existé après que la mer de la
mollasse avait cessé de battre le pied de cette montagne; ceci sera établi dans
mon chapitre géologique. Il est probable qu'à l’époque où ils vécurent, le sud de
l’Europe était plus exhaussé que dans l’époque actuelle, car la ressemblance des
espèces du Léberon et de Concud tend à faire croire que les quadrupèdes terrestres
trouvèrent des communications faciles entre l'Espagne et la Provence. Si l'on
allait jusqu'à admettre un exhaussement assez fort pour que l’Europe se soit sur
quelque point unie avec l'Afrique, on comprendrait pourquoi la faune de cette
contrée a un peu conservé la physionomie des faunes miocènes de la Provence, de
l'Espagne et de la Grèce.
Lorsque je dis que la différence des deux sous-étages du miocène superieur
88 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
résulte surtout de changements survenus dans l’habitat des animaux, je ne pense
pas indiquer un fait isolé dans l’histoire du développement des êtres. Il y a lieu
de supposer que l’ensemble du monde organique a marché d’une manicre con-
tinue, et que, si les géologues rencontrent de brusques apparitions de fossiles en
passant d’un étage à un autre, c’est parce qu'ils ont en général placé les limites
d'étages sur les points où il y a eu des déplacements de faunes. Le paléontologue
qui ne croit pas aux migrations et aux extinctions locales cherchera vainement les
enchaînements des êtres anciens ; il rencontrera des apparitions, des disparitions
et des retours qu'il ne saurait expliquer; l’étude même du miocène en fournit
bien des preuves ; je vais en citer quelques-unes :
Pourquoi voit-on dans le miocène supérieur de Pikermi un singe très-différent
du Dryopithecus et du Plopithecus du miocène moyen, et ces singes du miocène
moyen d’où sont-ils venus?
Pourquoi les civettes ont-elles laissé leurs débris en France dans le miocène
inférieur, y manquent-elles dans le miocène supérieur et dans le pliocène, y
reparaissent-elles plus tard sous la forme genette ?
Le genre chien a vécu dans nos contrées durant la première moitié de
l'époque miocène et à l’époque pliocène; que devint-il pendant l’époque inter-
médiaire ?
Peut-être l'Ancylotherium est un parent du Macrotherium; mais où est l’an-
cêtre du Macrotherium ?
D'où sont arrivés les premiers proboscidiens ? Comment expliquer que le
Mastodon turicensis se montre à Sansan et à Simorre, disparaisse à Eppelsheim,
revienne à Pikermi, et ne fréquente plus nos contrées après l'époque pliocène,
tandis qu’il semble s'être perpétué longtemps encore dans l'Amérique du Nord
sous la forme du Mastodon americanus ? Pourquoi les mastodontes à dents ma=
melonnées, communs dans nos pays pendant les époques du miocène moyen,
du miocène supérieur, du pliocène inférieur. ont-ils quitté la France avant la
fin de l’âge pliocène, et se sont-ils continués dans Amérique du Nord pendant
l’époque quaternaire?
On a signalé le tapir dans le miocène moyen de l’Allier; ses vestiges n’ont
été observés ni à Sansan, ni à Simorre; on les retrouve à Eppelsheim ; on les
perd encore dans le Léberon ; ils apparaissent de nouveau dans le pliocène de
Moutpellier et d'Auvergne; aujourd’hui, pour apercevoir un tapir à l’état sau-
vage, il faut aller dans l’Inde ou en Amérique.
CONSIDÉRATIONS GENERALES. 89
Pourquoi le Chalicotherium (1) se rencontre-t-il à Sansan, manque-t-1l à
Simorre, revient-il à Eppelsheim ?
Où étaient pendant les époques pliocène et quaternaire le Æhënoceros pachy-
gnathus de Pikermi, si voisin du Ahinoceros simus de l'Afrique actuelle, et le
Rhinoceros Schleiermacheri d'Eppelsheim, très-proche du rhinocéros de Sumatra ?
Lorsqu’à l'exemple de M. Kowalevsky, je compare l’Anchitherium avec l'hip-
parion, je ne peux résister à la pensée que ces deux genres ont des liens de parenté ;
pourtant il doit y avoir eu entre eux des intermédiaires qu'on n’a pas découverts
dans notre pays.
Si je compare l’ÆHipparion avec le genre Equus, je suppose que l’un est des-
cendu de l’autre, et même il me semble que l'Æipparion occidentale, le Proto-
hppus de l'Amérique du Nord et l’Hipparion antelopinum de l'Inde ont diminué
—
la distance qui séparait ces genres; mais, en Europe, on ne connaît pas d’inter-
médiaire entre eux.
Comment comprendre pourquoi la famille des antilopes se montre à Sansan,
ne se trouve plus ni à Simorre, ni à Eppelshéim, reparaît très-nombreuse dans
le Léberon et à Montpellier, et n’est représentée aujourd’hui en Europe que par
ie chamois, pendant que ses espèces abondent en Afrique et dans l'Inde?
Pourquoi le Dorcatherium du miocène supérieur d'Eppelsheim, qui ressemble
aux ruminants du miocène inférieur, manque-t-il duns le miocène moyen ?
D'où est arrivé l’Helladotherium de Pikermi et du Léberon ? Qu'est devenu pen-
dant l’époque pliocène la girafe du miocène supérieur d'Europe, dont l’analogue se
voit maintenant en Afrique?
Le genre Hyæmoschus vivait en France à l’époque du miocène moyen; il existe
encore en Afrique; où était-il pendant le long espace de temps qui sépare l’âge
du miocène moyen et l’âge actuel?
Sans doute, plusieurs des interruptions locales que je viens de citer ne sont
qu'apparentes, et elles disparaîtront au fur et à mesure que notre ignorance en
paléontologie deviendra moins grande; cependant il n’est point probable que
toutes soient seulement apparentes. Or, pour expliquer ces interruptions dans
la “série des êtres, il faut, ou rejeter la doctrine de l’évolution, ou supposer
qu'il y à eu des déplacements de mammifères et des extinctions locales. La
géologie démontre que de tels phénomènes ont pu avoir lieu : par exemple, quand,
(1) A en juger par les moulages envoyés au Musée de Paris, le Titanotherium du miocène du Nebraska res-
semble bien au Chalicotherium.
12
LÉBERON.
90 ANIMAUX FOSSILES DU MONT
après la formation continentale à laquelle a été dà le
tongrienne à envahi une partie de la France, de l'Allemagne et de la Belgique, les
animaux terrestres ont nécessairement péri dans certains endroits ou se sont dé-
exhaussé de nouveau, a vu se former le calcaire
calcaire de Brie, la mer
placés ; lorsque notre pays,
lacustre de la Beauce, les mammifères ont pu revenir ; plus tard, quand le sol
encore réabaissé, à été envahi par la mer de la mollasse, les quadrupèdes terrestres
ont dû s'éloigner ou mourir ; et, après que le lit de la mer de la mollasse s’est
desséché, plusieurs de ceux qui vivaient encore ont repris possession de leu
ancien domaine. Il n’est pas douteux que, par suite de modifications dans la con-
figuration du sol ou par toutes autres causes (1), les mammifères des continents
se soient fréquemment déplacés. Les travaux de MM. Barrande, Pictet, Ramsay
Etheridge, Leymerie, Tournouër, etc., ont déjà montré que les mollusques ont
voyagé dans les mers des temps passés. Plus la paléontologie progressera, plus on
econnaitra l'utilité d'étudier les changements géographiques des êtres anciens.
0,
Sur les formes analogues des mammifères ser ont précédé et suivi
ceux du miccène supéricu
D'apres les raisons qui viennent d'être données dans le paragraphe précédent
il serait chimérique de chercher dans un même pays un enchaînemeut non inter-
rompu des êtres fossiles; pour saisir un tel enchaînement, il faudrait voir à nu
toutes les couches de la terre. Mais, si l’on est fondé à dire qu’en passant d’un étage
(4) Parmi les causes qui ont influé sur les danse des animaux, il faut citer les changements
climat. Ainsi, à la suite des soulèvements qui ont marqué dans le nord de la France la limite
tertiaire, il se peut qu'il y ait eu une ne sensible dans la température, et que ceci ait bé
tinction ou au déplacement d’une partie de la faune secondaire ; e le sol s’est un peu abaissé pour laisser
ondaire et du
à l’ex-
: u
se former la mer parisienne, la chaleur et l'humidité ont peut-être augmenté, Les RE de MM. her
yell, Heer, de Saporla, etc., ont montré que la température, fort élevée pendant une par
etr miocènes, s’est abaissée dis le commencement de l’époque pliocène jusqu’à l’époque Se
éloignées ou rapprochées des San selon que le froid s’accroissait ou
migrations des animaux quaternaires ;
eM Edwards
Alphonse Milne
robable que plusieurs espèces se son
ne MM. Lartet et Dawkins ont publié des notes intéressantes s
on ne peut attribuer ces migrations uniquement à l'action de 1’ RE car, ainsi que M
sont pas certainement les sociétés humaines qui ont amené dans notre pays
l'a Sa remarquer avec raison, ce ne
la grande chouette blanche et le tétras blanc des saules, et puis les ont renvoyés dans les contrées du Nord
=
©
&
CONSIDERATIONS GENERALES. 91
à un autre, on aperçoit des lacunes, il faut ajouter qu'on rencontre aussi des
formes analogues. Jen peux citer des exemples qui me sont fournis par l'étude
des mammifères du miocène supérieur. Ainsi, quand je compare ces animaux avec
les espèces du miocène moyen d'Europe, je trouve : Simocyon analogue d'Amnphi-
cyon, Ictitherium. Orbignyi analogue de Viverra, Macherodus cultridens analogue
de Machærodus? palmidens, Ancylotherium analogue de Macrotherium, Masto-
don longirostris et Pentelici analogues de Mastodon angustidens, Rhinoceros Schleier-
macheri analogue de Ahinoceros sansaniensis, Sus palwochærus analogue de Sus
chœroides, Chalicotherium analogue d’Anisodon, Dicrocerus anocerus analogue de
Dicrocerus aurelianensis, Gazella deperdita et brevicornis analogues de Gazella
Martiniana.
Plusieurs espèces du pliocène d'Europe paraissent à leur tour devoir être citées
comme les analogues des animaux du miocène supérieur. Ce sont: Semnopithecus
monspessulanus analogue de Mesopithecus, Hyæna Perrieri et brevirostris analogues
d'Ayæna eximia, Sus provincialis analogue de Sus antiquus, Mastodon arver-
nensis analogue de Mastodon longirostris et Pentelici, Tapirus arvernensis et
major analogues de Tapirus priscus, Antilope Cordieri analogue de Tragocerus
amaltheus, Dicrocerus australis analogue de Dicrocerus anocerus, Cervus gracihs
analogue de Cervus Matheronis.
Ces analogues révèlent une certaine ressemblance entre la faune du miocène
supérieur et les faunes qui l’ont précédée ou suivie. Quoique cette ressemblance
se manifeste souvent dans les traits généraux plutôt que dans les détails, elle doit
être prise en grande considération par les homes qui cherchent à comprendre
le plan de la création. En effet, ou bien elle force à admetre ce qu’on a appelé
la loi d'imitation, c’est-à-dire à supposer qu’en créant les êtres d’une époque géo-
logique, Dieu a pris en partie pour modèles les êtres des époques précédentes,
Ju bien il faut croire que les analogies représentent des liens d’une parenté soit
proche, soit éloignée.
Je préfère la seconde de ces hypothèses, parce que la plupart des espèces
analogues ont une si forte somme de ressemblances comparativement à celle des
différences, qu'il paraît avoir été plus simple de les tirer les unes des autres
que de les détruire pour en refaire de presque pareilles. Chez les mollusques
fossiles, ni la somme des ressemblances, ni celle des différences ne sont bien
considérables, attendu qu’une coquille n’a pas des caractères très-variés. Mais
le squelette des mammifères est composé d’un grand nombre d'os, qui eux-
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
92
mêmes sont fréquemment compliqués : J'ai compté que le rhinocéros a 254 os
et que le lion en a 262 (1). Je prie mes lecteurs de se transporter en esprit
auprès d’un paléontologue qui veut déterminer l'espèce d’un mammifère fos-
sile, pour lequel il possède la plupart des pièces constitutives du squelette. H
les trouve presque toutes semblables à celles des animaux qui ont vécu soit
avant, soit après ce mammifère ; il observe seulement çà et là quelques faibles
différences. Ne comprend-on pas qu'il doive être obsédé par une telle accu-
mulation de ressemblances ? En vérité, on ne peut s'étonner s’il penche vers
la supposition qu'il a sous les yeux, non pas des espèces d’origine distincte, mais
un même type qui a subi de légères modifications.
g: 0
Sur la distinction des races et des espèces de mamimnifères à la fin
des temps miocènes.
Il y a encore une vingtaine d’années, l’histoire de la période actuelle paraissait
indiquer l'absence de races naturelles. Les momies d’ Égypte n’avaient pas offert
de différences avec les animaux qui vivent maintenant, et l’on en avait conclu que
les espèces étaient invariables. Mais, aujourd’hui (2), il est reconnu que l’époque
actuelle remonte bien plus loin que les momies d'Égypte: ainsi que l’a fait remar-
quer illustre Pictet de si regrettable mémoire, la faune actuelle n’est qu'un
membre de la faune quaternaire, car celle-ci comprend presque toutes les espèces
modernes de mammifères, et l’on ne peut la distinguer que parce qu'un certain
nombre de grands quadrupèdes se sont éteints ou déplacés avant les temps histo-
riques. Or, il devient très-probable que plusieurs des animaux cités comme carac-
téristiques de l’époque quaternaire sont de même espèce que ceux d'aujourd'hui,
(1) Je comprends dans ces chiffres les den ts, mais non le sternum et les ds os Sésamoides
(2) M. de Quatrefages, dans ses publications si approfondies sur la question des e es et des races, a bien
montré la nécessité d'étudier les races na urelles; je ne peux mieux faire que de Bern mes lecteurs à ses
ouvrages. D’autres naturalistes, et surtout M. Charles Darwin, ont donné de précieux renseignements sur les
races naturelles vivantes. En lisant les comptes rendus des voyages de M. Grandidier à Madagascar, on verra,
par ce qu’il dit des lémuriens, que l'examen de nombreux individus des mêmes espèces révèle la grande plasticité
des types spécifiques de notre époque.
CONSIDERATIONS GENERALES. 93
et représentent seulement des races particulières : par exemple, l'hyène tachetée,
le lion, le bison d'Europe, le taureau, le cerf élaphe, semblent n'être que des races
amoindries de l'Ayæna spelæa, du Felis spelwa, du Bison priscus, du Bos primi-
genius, du Cervus canadensis (quaternaire) (1).
Si véritablement les espèces actuelles ont formé des races naturelles, il ny a pas
(er
de raison pour que les espèces des temps passés n’en aient également formé. J'ai
donc cru devoir examiner les variations des animaux du miocène supérieur pour
apprendre si les espèces tertiaires n'auraient pas donné naissance à des races
naturelles. Ouvrier inexpérimenté dans un champ si nouveau, je ne saurais me
flatter d’avoir beaucoup découvert; mais peut-être j'aurai attiré l’attention des
naturalistes qui me suivront, et surpasseront facilement cet insuffisant essai.
Voici le résumé des remarques que j'ai faites :
Les hyènes du pliocène différent peu de celles du miocène supérieur. Ainsi, on
a recueilli à Sainzelle, près du Puy, un crâne que l’on a désigné sous le nom
d'Hycœna brevirostris ; ses mandibules sont plus hautes que chez l'Hyæna exrimia
de Pikermi et du Léberon, et sa taille est bien plus forte; mais ces modifications
suffisent-elles pour empêcher de croire que l'Ayæna brevirostris est une race de
l’'Hycæna eximia? On à trouvé à Perrier, près d’Issoire, une hyène qui ressemble
également à l’Hyæna eximia; Croizet l'a appelée Hycæna Perrieri; à en juger par
ce qu’on en connaît, je n’assure point qu'elle n’en est pas une race.
Les différences que présentent les Machærodus cultridens de Pikermi et du
Léberon sont peut-être des différences de sexe plus marquées que dans les lions
actuels ; mais si on ne les attribue point au sexe, elles doivent indiquer des variétés
ou des races. On à vu que le Machærodus latidens n'offre pas des variations
moindres que le Machærodus cultridens.
J'ai fait observer dans mon ouvrage sur la Grèce que, si les naturalistes ne
s'accordent point pour distinguer les espèces et les races de Æelis vivants, ils doi-
vent être encore plus embarrassés pour affirmer que les différences de plusieurs
des Fels de Pikermi, d’Eppelsheim, de Perrier, etc., sont des différences d'espèces
et non de races.
Comme l’a remarqué M. Kaup, qui a créé le genre Dinotherium et en a manié
beaucoup d'échantillons, les Déinothertum bavaricum et Cuvieri ne sont peut-être
que €
er
es races plus petites du Dinotherium giganteum.
(4) Cela ressort surtout des importants travaux de MM. Rütimeyer, Sanford et Dawkins sur les animaux
quaternaires ou actuels.
94 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
Le rhinocéros de Pikermi appelé Æhinoceros pachygnathus et le Rhinoceros
sinus d'Afrique ne sont-ils pas des races d’une même espèce? J'ai rappelé que
Duvernoy avait regardé le Æhinoceros sansaniensis comme une race du Ækinoceros
Schleiermacheri d'Eppelsheim; ce dernier, ainsi que M. Kaup l'a signalé, a des
affinités avec le rhinocéros actuel de Sumatra.
On n’a pas jusqu’à présent indiqué des différences assez tranchées pour nier que
le Tapirus arvernensis de Perrier soit une race du Tapirus minor de Montpellier,
et que celui-ci soit lui-même une race du Tapirus priscus d'Eppelsheim.
Les hipparions du miocène supérieur d'Europe présentent tant de différences
dans les proportions de leurs membres, qu’au premier abord on voudrait les attri-
buer à des espèces distinctes ; mais, comme on constate d’insensibles transitions
entre eux, il y à lieu de penser qu’ils se rapportent à une seule espèce partagée en
deux races : l’une lourde, abondante à Pikermi ; l’autre grêle, commune aussi à
Pikermi. Dans le Léberon, la race grêle s’est accentuée; on voit dans ce gisement
des os plus faibles qu'aucun de ceux des hipparions de la Grèce.
Le Sus major de la Provence se distingue du Sus erymanthius de Pikermi par
l'absence de la grosse saillie qu’on remarque au-dessus de la canine dans les
maxillaires du sanglier de la Grèce. Je ne prétends pas que l’un fût simplement
une race de l’autre; mais, tout au moins, je crois que l’un a dû descendre de
l'autre; car, à part la différence de la saillie des maxillaires, j'ai observé entre eux
les ressemblances les plus minutieuses (1). Le Sus simorrensis de Simorre, le
Sus chæroides de l'Anjou, les Sus antiquus, palwocherus et antediluwianus d'Ep-
pelsheim, les Sus giganteus et hysudricus de l'Inde, le Sus provincialis de Mont-
mr]
pellier, le Sus arvernensis de Perrier, n'offrent point de telles différences, qu'il
soit interdit de penser que les noms de quelques-uns de ces animaux représentent
simplement des races. M. Gervais a dit que le Sus Doati n’est peut-être qu'une
race plus grande du Sus simorrensis (2).
Le Tragocerus amaltheus a laissé de nombreux débris dans le mont Léberon
comme à Pikermi. En comparant les divers échantillons des deux gisements, il m'a
semblé que cette espèce se partageait en trois races: une race à cornes grandes et
divergentes, commune à Pikermi, rare dans le Léberon ; une race à cornes grandes
et rapprochées, qui était au contraire rare à Pikermi, commune dans le Léberon ;
(1) Voyez page 46 de ce mémoire,
(2) Zoologie et Paléontologie françaises, 2e édition, p. 181, 1859.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 95
une race qui avait des cornes petites, écartées à leur base, peu divergentes, et
était également peu abondante dans l’une et l’autre localité (1).
J'ai trouvé à Pikermi un axe de corne de Pa/æoreas sans arête: je n’ai pas
osé l’inscrire sous un autre nom que les autres os des Parworeus de ce gisement,
mais une antilope ayant de telles cornes à pu devenir la soucne d’ure race parti-
culière. On à vu qu’un spécimen semblable à celui de l’Attique a été rencontré en
France.
Les gazelles fossiles n’ont pas été moins nombreuses que les tragocères. J'ai
dit (2) que celles de Pikermi et du Léberon ont appartenu à une même espèce
partagée en deux races : celle de Pikermi à cornes grandes, rondes, divergentes,
celle du Léberon à cornes plus petites, plus aplaties, se rapprochant sur la ligne
médiane pour prendre une disposition lyrée très-accentuée.
Le Dicrocerus aurelianensis de Montabuzard et des sables de l’Orléanais, un petit
Dicrocerus que M. Farge vient de découvrir dans le falun de l’Anjou, les Dicro-
cerus anocerus et dicranocerus d'Eppelsheim, le Dicrocerus uustralis de Montpellier,
paraissent, à en juger par leurs bois, former un groupe où il est encore difii-
cile de distinguer ce qui est race et ce qui est espèce. Les Dicrocerus furcatus
de Steinbeim et e/egans de Sansan appartiennent à la même section ; l’un pourrait
n'être qu'une race de l’autre.
Assurément, certains animaux fossiles, dans l’état très-imparfait de nos con-
naissances, nous semblent être de même race, et cependant nous apprendrons
qu'ils sont d'espèces différentes quand nous les étudierons mieux ; en compensation,
on peut dire que plusieurs fossiles, classés en ce moment comme espèces distinctes,
paraîtront représenter seulement des races d’une même espèce, lorsque la décou-
verte de nombreux individus aura révélé leurs variations et leurs formes de
transition.
D'où sont venues ces diversités de races dont je crois apercevoir quelques indices
jusque dans les temps miocènes? Pourquoi la plupart des hipparions, des gazelles
et des tragocères du Léberon eurent-ils des membres plus grêles que les mêmes
espèces de l'Attique? Ce n’est peut-être pas uniquement parce que la végélation
de la Grèce était plus luxuriante que celle de nos pays, car Livingstone a dit en
parlant de l’Atrique tropicale : « L’abondance de nourriture que fournit ceiie région
comparativement à celle du sud ferait supposer que les animaux doivent y être plus
(1) Voyez page 55 de ce mémoire.
(2) Voyez page 61 de ce mémoire.
96 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
grands que dans le midi; mais... les mesures que J'ai prises m'ont prouvé qu'au
nord du vingtième degré de Se les animaux sont plus pelits que ceux de la
même race que lon rencontre au midi de ce parallèle (4). » Et pourquoi les
tragocères, les gazelles, eurent-ils le plus souvent dans le Léberon leurs cornes
rapprochées, tandis qu'à Pikermi ils avaient généralement leurs cornes diver-
gentes ? Je l’ignore et n’en saurais donner de meilleures raisons que pour
les changements de genres et d’espèces. Autant vaudrait demander pourquoi les
gazelles du Léberon et de Pikermi avaient de longs os nasaux tandis que les
narines des gazelles actuelles d'Afrique et surtout des saïgas sont si peu protégées,
pourquoi les Dinofherium, les plus invincibles des mammiféres, s ’éteignirent après
l’époque miocène, pourquoi un peu plus tard les puissants mastodontes furent
remplacés par les éléphants? Les hommes qui étudient le monde vivant ont pu
croire à la fixité des espèces, mais ceux qui scrutent les temps géologiques sont
plutôt portés à penser que le changement est l'essence des créatures : l'Activité
Divine semble s'être manifestée par des modifications incessantes qui, en donnant
de la variété à la nature, ont contribué à sa beauté.
Il faut avouer que l’ancien système de créer un nom spécial pour la moindre
variation est très-commode, tandis que pour distinguer les races des espèces, les
paléontologues sont exposés à bien des erreurs. Dans le monde vivant, lorsque les
descendants d’un même être présentent des différences, et que cependant ils n’ont
pas assez divergé pour cesser de donner par leur union des produits féconds, ils
sont considérés comme constituant deux races d’une même espèce; lorsqu'ils ont
divergé au point de cesser de donner des produits féconds, on les dit d'espèce diffé-
rente. En paléontologie, non-seulement nous ne pouvons avoir un tel critérium,
mais encore il est très-difficile de se guider par les analogies qu’offrent les animaux
actuels, car il y à parmi eux une extrême inégalité dans les caractères extérieurs
qui séparent la race de l'espèce: par exemple, les races de chiens sont plus diffé-
rentes les unes des autres que l'espèce âne ne l’est de l'espèce cheval.
Ceci montre que nous n’arriverons qu’à des à peu près pour discerner chez les
êtres fossiles le degré qu'on nomme race dans la nature actuelle et le degré qu’on
nomme espèce. Mais, pour atteindre la vérité le plus près possible, on pourrait
adopter la méthode que voici: lorsque les différences qui séparent des animaux
fossiles ont peu d'importance au point de vue de l’évolution, il est permis de croire
=
4) Exvloration dans l'intérieur de l'Afrique australe (ouvrage traduit de l'anglais, in-8, p. 618, 1859).
CONSIDÉRATIONS GÉNERALES. 97
que ces animaux n’ont été que des races d’une même espèce, c'est-à-dire, selon
la définition précédente, qu’ils ont donné ensemble des produits féconds: ainsi,
les divers hipparions de Pikermi et du Léberon, qui ne se distinguent guère les
uns des autres que par leurs formes plus lourdes ou plus grêles, ont pu être des
races d’une même espèce. Au contraire, lorsque les caractères qui séparent
les animaux semblent indiquer une différence dans leur degré d'évolution, on doit
supposer que ces animaux sont devenus des espèces distinctes, c’est-à-dire qu'ils ont
cessé de donner ensemble des produits féconds ; car, s’il en eût été autrement, la
nature aurait tourné dans le même cercle, au lieu de présenter ces divergences
qui ont imprimé à chaque époque géologique une physionomie particulière. Par
exemple, quand on trouve dans l'Amérique du Nord les hipparions appelés ÆHip-
parion occidentale et Protohippus, on a lieu de penser que ces équidés, après
être descendus de l'Hipparion gracile ou de quadrupèdes très-voisins, n’ont
pas continué à s'unir avec eux, puisqu'ils ont une tendance plus marquée
vers la forme cheval. Lorsque l’'Hipparion antelopinum a perdu ses doigts la-
téraux, on peut croire aussi qu'il a cessé de donner des produits féconds
avec l'Hipparion gracile. Si r'en eût pas été ainsi, les équidés seraient restés
dans l’état intermédiaire appelé hipparion, au lieu d'atteindre l'état appelé
cheval qui offre dans sa plus grande perfection le type de l’animal coureur.
Suivant le même raisonnement, quoique les Dremotherium nommés Amphitra-
gulus ressemblent beaucoup aux autres Dremotherium, je pense qu’ils constituent
une espèce et non une race, Car leurs grandes canines supérieures et leurs mo-
laires inférieures au nombre de quatorze indiquent un degré d'évolution de
moins que dans les autres Dremotherium ; si ces derniers, après en être descen-
dus, avaient persisté à produire avec eux, la forme ruminant qui est un des plus
admirables types de la nature actuelle, ne se serait pas aussi nettement séparée
de la forme pachyderme. Par la même raison, bien que les Zctitherium robustum
et Aépparionum se ressemblent extrêmement, je suppose que ce sont des espèces
distinctes, parce que si les seconds n'avaient pas cessé de donner des produits
féconds avec les premiers, ils auraient continué à présenter une forme intermé-
diaire entre les civettes et les hyènes, au lieu de produire le type hyène si bien
adapté pour dévorer toutes les parties des cadavres. Quoique le Simocyon d'Ep-
pelsheim et celui de Pikermi aient de si grands rapports, que le second me sem-
ble être descendu du premier, M. Hensel a peut-être bien fait de me reprocher
de les avoir réunis dans la même espèce, car lorsque les prémolaires sont devenues
13
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
98
en partie caduques chez la bête de Pikermi, elles ont préparé un état plus
éloigné de l’ancien type amphicyon et plus rapproché du type ours. Je pourrais
multiplier ces exemples ; ceux-là suffisent sans doute pour expliquer dans quels
cas des animaux issus des mêmes parents me semblent mériter des noms d’espèce
ou représenter seulement des races.
Quelle que soit la difficulté de marquer la séparation des espèces et des races
fossiles, je crois que cette séparation est digne d’attirer. l'attention des natura-
listes. L'histoire des êtres passés révèle une succession de nuances indéfinies :
la Divine Sagesse a su coordonner ces nuances; mais vouloir distinguer chacune
d'elles par un nom spécial, c’est préparer des catalogues sans limites où l’hu-
maine faiblesse se perdra.
CHAPITRE II
GÉOLOGIE DU LÉBERON
Pour compléter l’histoire des quadrupèdes dont j'ai recherché les débris, Je
dois donner quelques renseignemenis sur le pays qu'ils ont habité. Les remar-
ques qui vont suivre n’ont point pour objet l’ensemble du mont Léberon, mais
seulement les environs du gisement des os fossiles.
Ma tâche est facilitée par les travaux de mes prédécesseurs. M. Philippe
Matheron, dans ses importantes études sur la géologie de la Provence, n’a pas
négligé le mont Léberon; outre les indications stratigraphiques qu’il a données,
il a fait connaître plusieurs coquilles de la mollasse marine de Cucuron et des
marnes palustres inférieures aux limons qui renferment les ossements (1).
La carte géologique de MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont a bien montré la
séparation du crétacé inférieur et du tertiaire moyen.
Dans la première édition de la Zoologie el Paléontologie françaises, M. Gervais
a inséré une note sur les couches tertiaires qui sont au sud du mont Léberon (2).
En 1862, M. Scipion Gras à publié sur la géologie du département de Vau-
(1) Philippe Matheron, Observations sur les terrains tertiaires du . “ee des Bouches-du-Rhône, et
Description des coquilles inédites ou peu communes qu'ils renferment (Ann t de l’industrie Lu midi
de la France, vol. IT, p. 39, 1832). — Catalogue des corps organisés ar d us lement des
du-Rhône et livux circonvoisins. Marseille, in-8, 14842. —— Notice sur les terrains tertiaires lacustres st sud
est de la Fr g eer 6: Re e climat e
végétation du pays tertiaire, in-4, Winterthur). — ie comparatives sur “ dé {s "Ras
ertiaires des environs de Montpellier, È l'Aude et de la Provenc e, in-8, Marsei
(2) Paul Gervais, Zoologie et Paléontologie françaises, A*e édition, p. 177, 184 a
100
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
cluse un excellent ouvrage accompagné d'une carte géologique ; il y a signalé la
disposition générale des terrains du mont Léberon et en a dessiné la coupe {4)
C'est un habitant d'Apt, M. Moirenc, qui a été le premier à faire des fouilles
dans le gisement de Cabrières, riche en coquilles miocènes. M. Dumortier a
lonné la liste de ces coquilles et a remarqué leur ressemblance avec celles des
faluns de Manthelan, dans la Touraine (2)
Je vais d'abord indiquer les superpositions des terrains ; j’essayerai ensuite de
tracer l’histoire de leur formation.
8 1.
Sur les terrains du Lébceron dans la région où se trouvent
les ossements fossiles.
En regardant la figure 1 de la planche XV, on pourra se faire une idée des
terrains du Léberon dans la région comprise entre Cucuron et Cabrières-d’Aigue
c'est-à-dire auprès du gite des ossements fossiles. Cette figure est un peu théo-
rique ; je l'ai disposée de manière à faire ressortir les superpositions que j'ai cru
observer. Voici les assises que j'ai vues :
Gonglomérat en à couches horizontales.
/Li imon rouge de formation terrestre avec ossements. ai hipparion, ete.
Marne palustre et Iimon gris à mere Christoli.
TERRAIN Marne à Ostrea crassissima.
MIOCÈNE. | Marne de Cabrières avec Cardita ice
Mollasse ; jaune à Janira planosulcata.
Mollasse grise.
NU RN RE EU.
(4) Scipion Gras, Description géologique du département de Vauc luse, in-8, 18
(2) Dumortier, Liste des fossiles miocènes de Cabrières- d re aus
62.
recueillis par M. C. Moirenc
(Bull, de la Soc, géol. de France, 2° série, vol. XXI, p. 282,
GEOLOGIE. 101
NÉOCOMIEN INFÉRIEUR.
On peut à première vue distinguer dans le mont Léberon deux sortes de couches :
les couches de l’époque secondaire, uniformes, très-dures et fortement soulevées,
qui forment la masse principale de la montagne, et les couches de l'époque ter-
tiaire plus variées, moins endurcies, qui recouvrent le squelette secondaire sans
s'élever jusqu’à son sommet. Il est facile de s'assurer de l'immense épaisseur du
terrain secondaire quand on suit la route d’Apt à Lourmarin, car on traverse
ainsi la montagne dans toute sa largeur. Du côté de Cucuron, ce terrain est
représenté par des calcaires gris très-compactes qu'on rapporte au néocomien
inférieur. Ni M. Scipion Gras, ni moi n’avons su y découvrir des fossiles ; cepen-
dant M. Emile Arnaud m'a dit qu’il possédait un Armoniles Astierianus recueilli
au sommet de la chaine entre Apt et Cucuron, une arche à laquelle il croi
pouvoir appliquer le nom d’Arca cor, Math., et le Toxaster complanatus, qui à
été trouvé vers l’est de la chaîne. Le même géologue m'a appris qu'en se rap-
prochant de la Durance, dans la direction de Mirabeau, on rencontre le néoco-
—
mien fossilifère avec Toxaster complanatus, Terebratula prælonga, Ostrea Couloni,
Lima galloprovincialis, Trigonia harpa, Ammonites Astierianus, Nautilus, ete.
MOLLASSE GRISE.
M. Scipion Gras a signalé dans le Léberon l'urgonien, le grès vert, l’éocène
et le miocène inférieur; mais ces terrains ne se montrent pas dans la petite
région comprise entre Cucuron et Cabrières. Les plus anciennes couches qui
reposent sur le néocomien sont celles de la mollasse grise (pl. XV, fig. 1); elles
se voient bien entre Cucuron et Vaugines ; leur teinte gris bleuâtre tranche
avec la couleur de la mollasse jaune qui les surmonte; elles ont aussi en général
une disposition plus tabulaire, un grain plus fin; leurs éléments calcaires sont
plus mélangés d'argile et de silice; elles affectent souvent un aspect de ma-
cigno. Je n'y ai point trouvé de fossiles, mais M. Matheron y cite des Pecten et
des Anomia.
102 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
MOLLASSE JAUNE,
Ses couches (pl. XV, fig. 1 et 3) concordent avec celles de la mollasse grise
ets’y lient insensiblement; elles sont tantôt presque horizontales, tantôt incli-
nées de 30 à 40 degrés. Elles sont parfois très-endurcies et fournissent de bonnes
pierres de taille. Leurs caractères sont les mêmes que dans le département des
Bouches-du-Rhône où M. Matheron, il y a plus de trente ans, les a étudiées en
détail (4).
Auprès de Cucuron et à quelques centaines de mètres de l'endroit où j'ai fait
mes fouilles, la mollasse jaune renferme de nombreux fossiles, parmi lesquels
dominent ies moules de lamellibranches sinupalléales, les huîtres et les grandes
janires. J'ai recueilli les fossiles suivants qui ont été déterminés par MM, Fischer
t Tournouër :
Ostrea Boblayei, Desh.
Tapes vetulus, Bast.
Ostrea frondosa, M. Serres.
Tellina lacunosa, Chemn.
Panopæa Menardii, Desh.
— Rudolphiü, Eichw.
Balanus tintinnabulum, Lin
Pecten scabriusculus, M
— scabrellus, Lamk.
Janira planosulcata, Math.
Cytherea Bernensis, Mayer.
nd
nat
. Matheron cite, en outre comme se trouvant dans la mollasse de Cucuron :
Janira benedicta, Lamk (Math. in Catal. et in Heer).
Cardium hians, Brocchi (Math. in Heeï
Lucina..…. (L. ambigua, Defr.? in Math.).
>
Ces diverses espèces, selon MM. Fischer et Tournouër, portent à croire que
la mollasse jaune de Cucuron représente le falunien proprement dit (horizon de
la mollasse de Saint-Paul-Trois-Châteaux, du calcaire moellon du Languedoc
des faluns de Léognan et de l’Armagnac, des falans de la Touraine et de la
mollasse de l’Anjou).
(1) Matheron, Essai
sur la constitution géognostique du département des Bouches-du-Rhône (extrait du
Répertoire des travaux de lu Société de statistique de Marseille, in-8, À
On :
. GÉOLOGIE. 103
MARNES GRISES SABLEUSES DE CABRIÈRES.
M. Émile Arnaud a bien voulu me conduire au gisement qui à fourni à
M. Moirene les coquilles fossiles dont M. Dumortier a donné la liste; ce gise-
ment (pl. XV, fig. 2) est situé à peu de distance de Cabrières-d’Aigues, an-
dessus d’un ravin et contre une maison qu’on appelle la campagne de Camille-
Jean. J'ai représenté planche XV, figure 2, une coupe des terrains entre cette
localité et l'endroit où se trouvent les ossements; voici les assises que J'ai ob-
servées :
COUCHE
Limon rouge à ossements. 30 mètres.
TERRESTRES.
Limon gris et calcaire limoneux. 15 mètres.
COUCHES É É
Marne tabulaire grise avec des parties noirâtres. 5 mètres.
PALUSTRES, |
( Couche ligniteuse et ferrugineuse avec empreintes de végétaux. 0,3.
—————_—— —_—_—_—_————
? M bl gris foncé. 5 mètres. Je n’y ai pas.vu de fossiles.
| Marnes argileuses, blanc grisâtre, avec Ostrea si lispersées çà et là en petits groupes.
COUCHES $
MARINES à
DU ÉTAGE Conglomérat PAPE de s'cnpmbse brisées. AE
DE CABRIÈRES
grise, avec nombreuses coquilles. 5 mètres.
M h1
J'ai cru voir à la partie supérieure des marnes marines des conglomérats qui
semblent indiquer un ancien rivage; MM. Matheron et Arnaud en ont re-
marqué aussi à la partie inférieure; il y a dans le milieu même des marnes
marines des bandes de cailloux. M. Arnaud et moi avons recueilli dans ces
marnes un grand nombre de coquilles fossiles. MM. Fischer et Tournouër en ont
dressé la liste qui suit :
Murex Gaudryi, n. sp. Purpura Dumortieri, n. sp.
— sic Grat., var. Fasciolaria ne Grat., var.
— Arnaudi, n. sp. Fusus mb n, s
— PP Mich., var. provincialis, n.
— pentodon, n. sp. Ficula no e Lam
— PIANOS Horn., var. Cancellaria W . Grat.
perplexus, n. sp. Nassa eburnoïdes, Math
lapilloides, n. de — conglobata, Brocc., var.
ee FA
Pollia exsculpta, Duj., ‘ — Dujardini, Desh., var.
104
Nassa acrostyla, n. sp.
cytharella, n, s
— sallomacensis, May., var.
— semistriata, Brocc., var.
Terebra modesta, Defr., var.
— acuminata, Borson
— cacellensis, da Costa ?
Algarbiorum, da Costa ?
Ancillaria glandiformis, Lamk.
Conus Aldrovandii, Brocc.
ercalii, 3r'oCC.
Grat.
— canaliculatus,
Pleurotoma ramosa, Bas
nneti, Hi, Moul,
Énes
— due
sb
— Grat.,
— asperulata, re à var.
— cabrierensis, n.
ds AE
— tenuilirata, n. sp.
— RE us, n. Sp.
porlai, n. sp.
Donc Fr n. Sp.
Mitra fusiformis, Brocc.
zonii, n. sp.
Columbella turonica, May., var.
Erato lævis,
Cypra, sp. ?...
Natica Matheroni, n. sp
+ HENESt cn, sp.
— leberonensis, n. sp.
volhynica, d'Orb.
Josephinia, Risso.
Cerithium Duboisi, Hôrn.
— papaveraceum, Bast,
e
©
eu
©
=
Le]
5
n
(«2
=
=
=
4
pic
Turritella bicari inata, Eichw.
pusio, n. sp.
Do Mt po
Mesalia cabrierensis, n. Sp.
Rissoa curta, Duj.
Vermetus intortus, Lamk.
Turbo muricatus, Duj. (var.).
ANIMAUX FOSSILES
DU
MONT LÉBERON.
Trochus Martinianus, Math.
— millegranus, Phil., var.
Rotella a cu Fischer,
subsut , d'Orb.
Gares dunes Lin
— def. PRÉ
Crepidula Are "Def.
Fissurella italica, Defr.
Bulla at Bast.
Dentalium fossile,
Ostrea digitalina, ba, var
4
=
«4
=.
[=
=
S
77
Péché glycimeris, Lin.
Chama gryphoides, Lin.
Cardium Darwini. May.
papillosum, Poli.
(ist provincialis, n. sp
Cardita crassa, Lam
Jouanneti, Bast.
intermedia, Brocc. ?
Fragilia abbreviata, Duj.
Arcopagia ventricosa, M. de Ser.
Chemn.
Parapholas
» Defr.
unbellale, Defr.
Cellaria, sp.?.…..
Ru rs digitalis, Blainv.
Collongeoni, Thiol.
GEOLOGIE. 105
Ainsi que cette liste le montre, plusieurs des formes de Cabrières présentent
des nuances particulières qui ne sont exactement identiques ni avec celles des
faluns proprement dits, ni avec celles des couches de Tortone. Cette constatation
de nuances est certainement un des résultats les plus importants des études pa-
léontologiques et donne un fort appui à la doctrine de l’évolution. C’est à l'horizon
de l’helvétien le plus supérieur (de M. Charles Mayer) que MM. Fischer et Tour-
nouër rapportent le gisement de Cabrières-d’Aigues; celui de Salles a de grands
rapports avec lui; celui de Tortone en est aussi bien rapproché, toutefois il
semble un peu plus récent.
MARNE A OSTREA CRASSISSIMA.
En se reportant à la coupe 2 de la planche XV, on verra qu'au-dessus des
marnes sableusesà Cardita Jouanneti de Cabrières, il y à une couche épaisse d’en-
viron 3 mètres, qui se distingue par sa couleur claire, sa texture bien plus fine,
sa nature plus marneuse. Elle renferme des Ostrea crassissima disséminées en
petits groupes de quatre à six individus.
COUCHES PALUSTRES.
Comme le montre la coupe 2 de la planche XV, les couches à Osrrea cras-
sissima sont recouvertes par des marnes grises avec traces de lignites; ces
marnes alternent avec des limons gris. Dans le voisinage de la campagne de
Camille Jean, je n'y ai pas observé d’autres fossiles que des empreintes de végé-
taux mal conservés, mais on trouve d’assez nombreuses coquilles à un kilomètre
au nord de Cucuron (pl. XV, fig. 1). Les couches de cette localité ont été
visitées par M. Matheron et plus tard par M. Scipion Gras. M. Matheron Y
a découvert des espèces nouvelles de mollusques terrestres et de mollusques
d'eau douce; dans un travail publié en 1839, il raconte qu'un propriétaire
trompé par la couleur noirâtre de quelques petites bandes, avait creusé un puits
pour rechercher du lignite. J'ai adopté le nom de palustre de préférence à celui
de lacustre, parce que l'inspection des lieux et la nature des couches me font
supposer des dépôts formés dans des marais ou des étangs plutôt qu’au fond de
14
106 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
véritables lacs. Voici les espèces qui ont été recueillies par MM. Matheron, Émile
Arnaud, Gaston de Saporta et moi.
Succinea primæva (Matheron in Heer). Planorbis Matheroni, n. sp.
Helix Christoli, Matheron (catalogue des Bouches- Limnæa, sp. ?
du-Rhône). FAR Bonellii, Sismonda.
— Dufrenoyi, id. Bythinia Leberon sp.
eudo-conspurcata, id. Neritina, sp. ? rare in Heer).
pse
Planorbis præcorneus, n. sp.
Au premier abord, il serait naturel de rapporter la formation palustre qui
renferme ces fossiles aux marnes à Congeria que M. Charles Mayer vient de
signaler à Saint-Ferréol, près Bollène, à la limite des départements de Vaucluse
et de la Drôme (1). Cependant MM. Fischer et Tournouër, auxquels je dois la
détermination des coquilles ci-dessus, me font remarquer que la seule espèce
qui ne soit pas spéciale à Cucuron est la Melanopsis Bonelli. Or, suivant eux,
celte coquille est différente de l'espèce trouvée à Saint-Ferréol et elle est iden-
tique avec la M. Bonelli de Tortone. Si donc on pouvait juger d’après une
seule espèce, on devrait croire que les marnes palustres de Cucuron COrrespon-
dent plutôt aux dépôts de Tortone qu'aux marnes à Congeria.
LIMONS ROUGEATRES A OSSEMENTS.
Au-dessus des limons gris et des marnes palustres, on voit le vaste système
des limons rouges dans lesquels se trouvent les ossements fossiles dont l'étude
à été l’objet principal de mes recherches (pl. XV, fig. 2 et 3). Ils se lient telle-
ment aux Couches palustres qu’il est difficile de les attribuer à une autre époque
géologique; je pense donc qu'on doit les rapporter encore à l’âge de Tortone.
_ Ils semblent pouvoir atteindre une centaine de mètres d'épaisseur ; pourtant,
comme ils recouvrent un terrain très-incliné, je dois prévenir que j'ai été
exposé à exagérer leur puissance. Ils représentent une formation terrestre ;
ils paraissent résulter de l'usure des roches des montagnes et du transport
de leurs éléments détritiques. Ils sont gris et plus souvent rougeâtres avec des :
marbrures blanches. L'aspect des couches d’ origine terrestre mérite d'appeler
l'attention des paléontologues, car elles révèlent les places où il y a quelque
(1) Charles Mayer, Découverte des couches à Congéries dans le bassin du Rhône, in-8, 1872.
GÉOLOGIE. 107
probabilité de rencontrer des amas d'os de mammifères. Leur apparence esl à
peu près la même dans le miocène supérieur du Léberon, de Grèce et du mont
Redon (Aude), dans le miocène moyen de Pamiers au nord des Pyrénées, dans
le pliocène de Montpellier au-dessus des sables marins. Ce sont des limons tantôt
sableux, tantôt marneux, renfermant quelquefois des cailloux ; ils sont mêlés de
gris et d’un peu de blanc, mais leur teinte la plus fréquente est la teinte rou-
getre: les lithologistes ont déjà eu l’occasion de remarquer que, dans les terres
laissées au contact de l'air, le protoxyde de fer passe facilement à l’état de peroxyde,
et qu'il en résulte une rubéfaction d’un aspect très-caractéristique. Je crois
qu'avec un peu d'habitude il est souvent possible de distinguer une formation
terrestre d'avec une formation palustre. Mais on doit nécessairement trouver tous
les intermédiaires entre ces deux modes de formation. En effet, les limons
dont l’origine a été due à l'influence des agents atmosphériques sont ras-
semblés par les torrents et les rivières: ainsi le lehm que nos rivières ont
charrié est formé d'éléments terrestres qui ont été d’abord entraînés par les
eaux de pluie; quand on emploie le mot alluvion terrestre, il emporte avec
lui le sens d’alluvions pluviales, torrentielles ou fluviatiles. Or, il est difficile
d'établir la limite entre ces alluvions et un dépôt palustre, car les lacs, les
étangs, les marais, les reçoivent journellement, de sorte que des couches for-
mées lentement par précipité chimique alternent avec des limons provenant
du sol superficiel. En outre, soit par suite des mouvements du sol, soit par suite
de la différence dans l'apport des eaux, un même emplacement peut être tour
à tour un sol desséché, un fond de lac et de marais.
L'étude des terrains du Léberon nous montre de tels passages entre le dépôt
palustre et le dépôt terrestre : sans doute le groupe des limons rougeâtres à osse-
ments d'hipparions représente surtout une formation terrestre, tandis que le
groupe des marnes et des limons gris indique plutôt une formation palustre ;
mais les couches palustres renferment des bandes terrestres, et les couches ter-
restres renferment des bandes palustres (pl. XV, fig. 2).
Du côté de Vaugines, j'ai vu les couches de limon rouge fortement soulevées
et s’enfonçant vers le Léberon; cette dislocation à été signalée par M. Gras et
figurée dans la coupe n° 7 de la planche I de son livre sur la Géologie de Vau-
cluse; en général, les limons rouges sont presque horizontaux et ont été moins
relevés que les couches marines placées plus bas.
108 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
ALLUVIONS SUPÉRIEURES.
Les limons rouges à hipparions sont recouverts par des sables limoneux et des
brèches qu'au premier abord on pourrait confondre avec eux, parce qu'ayant
emprunté leurs éléments, ils ont souvent le même aspect. Mais ils se sont dé-
posés dans leurs dépressions et ont dû être amenés par les mêmes eaux torren-
tielles qui ont raviné les couches à ossements :; en général ils sont moins rouges
et renferment une plus grande quantité de fragments de roches. Lorsque
M. Arnaud et moi avons fait l'ascension du Léberon, dans la partie située au
nord de la bastide Nance, nous avons vu en bas des grands escarpements néo-
comiens, de puissantes assises de sables et de brèches qui nous ont paru plus
récentes que les limons à hipparions; elles sont horizontales ou inclinées de
quelques degrés. 11 serait curieux de fouiller ces couches de formation terrestre
pour savoir si elles ne renferment pas des espèces intermédiaires entre les qua-
drupèdes miocènes et les quadrupèdes actuels. À en juger par leur épaisseur, on
peut croire que leur dépôt a commencé dès l’époque pliocène.
Telles sont les assises que j'ai observées sur le versant méridional du Léberon.
Je dois noter que j'ai eu un peu d'hésitation pour marquer les rapports des
marnes grises de Cabrières avec l’étage de la mollasse jaune; c’est seulement
l'allure générale des terrains qui m'a fait penser qu'elles lui ‘ont supérieures:
je n'ai pas vu leur ligne de contact; j'ai rencontré à l’est du gîte des osse-
ments des couches grises à petits Pecten qui sont placées au-dessous de l'étage
palustre, mais je n’ai pas su déterminer leur âge.
J'ai alors écrit aux géologues qui connaissent le mieux les terrains tertiaires
de la Provence, MM. Matheron, de Saporta, Émile Arnaud et Marion; ils ont
bien voulu m'envoyer les notes qu'ils avaient recueillies. M. Arnaud, dont j'avais
déjà éprouvé tout le dévouement scientifique, a deux fois traversé le Léberon
pour élucider la question qui m’embarrassait. Après avoir étudié les terrains de
Villelaure, village situé au sud de Cucuron, il s’est rendu à la Tour-de-Ferrier,
contre le torrent de Mardarie, sur la route d’Ansouis, et là, en remontant un
vallon orienté I5.-0., il a pris la coupe suivanie :
GEOLOGIE.
SOUS-ÉTAGE
DU CALCAIR Calcaire blanchâtre à Bithinia.
PALUSTRE .
Couche argilo-sableuse jaunâtre à Turritella.
SOUS-ÉTAGE 4
DE CABRIÈRES. | Marne noirâtre avec nombreuses Turritella et Murex.
LUE y MAN SaN TES mesh y in of nen see
# Sables jaunâtres.
vite nl Hundred er notes?
1 11 illiè rec Ostrea, Pecten scabriusculus, dents de squales, etc.
SOUS-ÉTAGE
Pal | 4 4
ls
DE LA
MOLLASSE JAUNE.
\
SOUS-ÉTAGE rt grisâtres (safre).
MOLLASSE GRISE. | Couches argileuses et sableuses.
\
M. Arnaud ne doute pas que les couches intercalées dans cette coupe entre les
sous-étages de la mollasse jaune et les couches palustres ne correspondent aux
assises de Cabrières. Il m’assure qu’à la Tour-de-Ferrier les superpositions sont
très-claires et que le sous-étage de la mollasse jaune est caractérisé par de
nombreux fossiles. Il ajoute qu’il a observé à Cadenet une coupe semblable.
Pendant que M. Arnaud faisait ces vérifications, M. Matheron consultait les
notes qu'il a prises, il y a plusieurs années, et il m'envoyait la coupe suivante :
Couches lacustres de Cucuron.
Couche à Ostrea.
Couche à Cardita Jouanneti, Vénus et autres fossiles.
Couche avec fragments de fossiles.
Mollasse marine avec Pecten scabriusculus, Pecten planosulcatus, Ostrea Boblayei, etc.
Grand étage de grès et de marnes grises à Anomia, Pecten, etc., etc.
Ainsi, d’après les recherches de M. Matheron et de M. Émile Arnaud, le riche
gisement de Cabrières représenterait un horizon supérieur à l'étage de la
mollasse.
Remarques sur lhistoire géologique du pays où se trouvent
les ossements fossiles.
Les indications qui précèdent nous fournissent quelques notions sur l’histoire
géologique de la Jocalité où les ossements de vertébrés sont enfouis.
110 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
Longtemps avant l’époque durant laquelle ont vécu les hipparions et les autres
quadrupèdes dont les débris gisent au pied du Léberon, cette montagne avait déjà
pris son principal relief. On ne voit à son sommet que des terrains secondaires
dont les couches indiquent un soulèvement bien plus énergique que celui des
terrains miocènes. Depuis le temps où s’est formée la couche de grès vert que
M. Gras à signalée, jusqu’à celui où la mollasse marine a été déposée, le pays
situé au sud du Léberon semble être resté exondé, puisqu'on n'a pas jusqu’à
présent rencontré de terrains marins intermédiaires entre ces étages. Sans doute
il n'est pas impossible qu'on en découvre quelque lambeau; cependant, si l’on
réfléchit que, d’après les recherches de M. Matheron, des formations continentales
se sont continuées en Provence pendant l’époque de la craie, l'époque éocène
et le commencement de l’époque miocène, il y a lieu de croire que le pied du
mont Léberon a été longtemps exhaussé au-dessus du niveau de la mer.
L'étage de la mollasse, qui est le plus ancien des dépôts tertiaires marins
dans la petite région dont j'ai encrepris l'étude, semble remonter à l’époque fa-
lunienne (helvétienne); la Provence a participé au grand mouvement d’abaisse-
ment qui sest.produit à cette époque dans une partie de l'Europe. En ce temps-
là, les eaux de la mer durent former une étrange bigarrure ; à cet égard, notre
pays parut un peu revenu aux temps secondaires, avec cette différence que les
portions exondées furent plus considérables que les portions immergées; le mont
Léberon notamment resta en grande partie à l'abri des envahissements des eaux.
il faut tenir compte des phénomènes d’abaissements et de soulèvements quand
on étudie les faunes terrestres; évidemment les mammifères de l'époque ton-
grienne (1) et de l’époque falunienne, pendant lesquelles la mer occupait une
grande étendue de la France, se sont trouvés dans des conditions tout autres que
ceux des époques aquitanienne et tortonienne, durant lesquelles notre pays était
presque entièrement exondé: ces différences peuvent expliquer des contrastes
semblables à ceux dont j'ai parlé dans mes Considérations générales sur les ani-
maux de la fin des temps miocènes (2).
L’exhaussement du sol qui à fait écouler les eaux de la mer et a donné lieu
aux formations continentales de l’époque tortonienne, paraît avoir eu lieu lente-
ment. La rareté des fossiles, l'aspect homogène des couches gris bleuâtres de la
(1) J'entends par ce me l'époque qui a vu se former les sables de Tongres en Belgique, de Fontainebleau
en France, de Weinheim en Allemagne. |
(2) Page 84 de ce mémoire.
bleau
GÉOLOGIE. au
base de la mollasse, portent à supposer qu’elles ont été déposées dans une mer
plus profonde que les couches jaunes à Ostrea Boblayei et à Janira planosul-
cata. La différence entre la mollasse grise et la mollasse jaune de Cucuron rap-
pelle celle qu’on observe au bord de la Méditerranée entre les marnes grises du
mattaione et les assises un peu plus récentes de la panchina ou calcaire poros ;
lorsque ces couches se succèdent dans une même localité, il semble quelquefois
que le remplacement du mattaione par la panchina est résulté de ce que la
mer est devenue moins profonde (1). Je pense de même que la superposition
de la mollasse jaune sur la mollasse grise indique que la profondeur de la mer
a diminué. Les marnes gris foncé de Cabrières, supérieures à la mollasse jaune,
me paraissent marquer un degré de plus dans l’exhaussement, car on y ren-
contre une multitude de coquilles et des bandes de galets qui annoncent un
rivage. Les calcaires palustres doivent avoir été formés lorsque le sol soulevé
n’était plus couvert par la mer, mais était encore assez bas pour être un fond
d’étangs ou de marécages. Enfin, le limon où l’on trouve tant d’ossements d’ani-
maux terrestres représente l'époque où les eaux des étangs s'étaient retirées
à leur tour pour laisser à découvert une terre sèche sur laquelle les troupeaux
de gazelles, de tragocères et d’hipparions pouvaient courir.
L'examen de l’inclinaison des couches me paraît confirmer l’idée d’un exhaus-
sement lent; en effet, je n’ai pas observé d’apparences de brusque discordance
entre les couches marines, les couches palustres et les couches terrestres, ainsi
qu’on en voit entre les assises qui ont été soumises à des soulèvements violents;
il m’a semblé que les couches palustres étaient en général un peu moins soule-
vées que les couches marines, et que les couches terrestres étaient un peu
moins soulevées que les couches palustres, comme si les premières eussent été
plus longtemps que les secondes exposées à l’action soulevante, et comme si les
secondes y eussent été exposées plus longtemps que les troisièmes.
La planche I de ce mémoire a offert un exemple de la manière dont les osse-
ments ont été réunis sur quelques points; ces accumulations de mammifères sont
difficiles à expliquer. J'ai fait remarquer précédemment que le soulèvement
principal du mont Léberon paraît dater de l’époque crétacée. Peut-être la puis-
sance des limons à ossements qui recouvrent la base méridionale de cette mon-
tagne doit être attribuée en partie à l'ancienneté de son émersion ; en effet, il
4) Évidemment cette remarque ne s'applique pas à toutes les localités, car des dépôts d’embouchure peuvent
avoir les mêmes caractères que la formation appelée mattaione.
11 ‘a ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON,
est possible que ces limons aient été rassemblés assez rapidement par les eaux
torrentielles, mais pour que leurs éléments se soient constitués, il faut que des
érosions se soient continuées pendant des temps considérables. Les anciennes
montagnes out pu être des centres où la vie s’est conservée et d’où elle s’est
propagée, parce que les animaux et les plantes terrestres y ont vécu à l'abri des
inondations, et aussi parce que la terre végétale, s’accumulant en bas de leurs
versants, à enfanté une riche végétation ; les faunes de l'Auvergne dans le plateau
central de la France, des collines Sewalik auprès de l'Himalaya, de Pikermi au
pied du Pentélique, de Sansan près des Pyrénées, et du mont Léberon, qui est
rapproché des Alpes, doivent peut-être en partie leur fécondité à ce qu’elles ont
habité des pays exondés depuis longtemps?
Il reste encore à expliquer comment tant d'animaux ont laissé leurs débris
dans le même lieu. Rien n’annonce qu'ils soient morts de maladie ou de vieil-
lesse ; il est vrai que la plupart des gazelles et des antilopes que j'ai rencontrées
étaient adultes, mais j'ai recueilli les restes de jeunes individus d’hipparions, de
rhinocéros, de Sus et d'Helladotherium. On ne peut dire que les quadrupèdes
ont péri en s’enfonçant dans le limon, ainsi que cela est arrivé au bord des
fleuves de l'Amérique du Sud, car on ne découvre pas de squelettes entiers, les
os des membres sont séparés et enchevèêtrés de telle sorte que les débris
de genres très-différents sont réunis; d’autre part, il n’est point probable que les
os aient été amenés de bien loin, puisque, tout en étant fréquemment brisés,
ils ne sont pas roulés. Comme à Pikermi, l'hypothèse qui me paraît la moins
improbable pour expliquer le rassemblement des animaux est celle des inon-
dations. L'endroit où j'étais campé au pied du Léberon était placé entre
deux torrents peu éloignés l'un de l’autre; une fois, à la suite d’un orage, leurs
eaux resserrérent beaucoup cette place. Si des animaux s’y étaient réfugiés alors,
et que les eaux des deux torrents, croissant toujours, se fussent rejointes, ces
animaux auraient élé noyés et de nombreux débris seraient rassemblés dans un
petit espace. Des phénomènes analogues ont dû se passer autrefois. Il est possible
aussi que des inondations aient été produites par des mouvements du sol. L'idée
d’affaissements postérieurs au dépôt des terrains palustres pourrait se baser sur
la présence de couches marines signalées à Bollène par M. Charles Mayer et
attribuées par lui à l'étage messinien.
INVERTÉBRES FOSSILES
DU
MONT LÉBERON
PAR
P. FISCHER ET R. TOURNOUER
M. le professeur À. Gaudry a bien voulu nous charger de l'étude des ani-
maux invertébrés fossiles du mont Léberon. Il nous a ainsi donné libéralement
l’occasion de faire connaître une faune miocène qui, par sa position géogra-
phique et géologique et par la conservation exceptionnelle de ses fossiles, pré-
sente un intérêt particulier pour la connaissance des terrains tertiaires du midi
de la France. Que M. Gaudry nous permette de lui en exprimer ici notre
affectueuse gratitude.
Notre travail a été divisé en deux chapitres.
Le chapitre I”, en trois sections, comprend la description des espèces des
trois étages que nous avions à étudier ; ce travail a été fait en commun.
Le chapitre IT contient des considérations sur la faune de Cabrières; elles
sont le travail particulier de l’un de nous, qui les a signées de ses initiales
(RTE
CHAPITRE PREMIER
DESCRIPTION DES ESPÈCES
L'ordre de succession stratigraphique des dépôts tertiaires du mont Léberon
a été établi par M. Gaudry de la manière suivante, de bas en haut :
Mollasse de Cucuron.
Marnes de Cabrières.
Couches palustres.
Nous avons suivi cet ordre dans notre travail paléontologique.
S 1
Fessiles de la mollasse de Cucuron
La mollasse de Cucuron paraît être pauvre en restes organisés fossiles. A
l'exception de quelques Huîtres et de quelques Peignes caractéristiques, elle ne
nous à offert que des moules de Bivalves se rapportant à un petit nombre
d'espèces déterminables, quelques moules indéterminables de Gastéropodes, pas
un Echinoderme et pas un Polypier.
Les espèces suivantes, que nous avons eues à étudier, proviennent toutes de
la mollasse jaune, aucune de la mollasse grise inférieure.
MOLLASSE. 415
Osrrea Bograyet, Deshayes, Æxpéd. scient. de la Morée, p. 122, pl. 28, fig. 6-7
Hôrnes, Die fossil. Moll. des tert. Beck. von Wien, p. 443, pl. 70, fig. d.
Espèce difficile à distinguer . l'O. lamellosa Brocchi; ae se reconnaît cependant à ses plis
longitudinaux moins réguliers, à son bord extérieur crénelé
æ type provient du Dogs Fe Morée ; mais l’espèce, an nous, comme selon Hôrnes,
date du miocène moye n.
L’Ostrea lamellosa seul continue à vivre encore sur quelques points de la Méditerranée.
OSTREA FRONDOSA, Marcel de Serres, Géogn. des terr. tert., p. 137, pl. 5 Pa 5. —
e
Ostrea caudata, Munster, in Goldfuss, Petrefakt., p. 17, pl. dei, fig.
Nous croyons ROUTE rapporter à cette espè ce plusieurs petites valves de la mollasse
de Cucuron. Le type de Marcel de Serres provient des couches miocènes du Languedoc, de
Pézénas, etc., et se retrouve à Perpignan.
PECTEN SCABRIUSCULUS, Matheron, Catal, méthod. et descr. des St organ. foss. du dép.
des Bouches- du Rhône, p. 187, pl. 30, fig. 8-9. — (PI. XX, fig. 6-8.)
Nous faisons représenter de nouveau cette intéressante espèce dont une valve seulement
a Le figurée déjà par M. Matheron, et qui est caractéristique de la mollasse miocène de la
Provenct
E Île e st commune à Cucuron. Elle n’est pas citée par Hôrnes dans le bassin <e Vienne, et
elle n’existe pas non plus à notre connaissance dans l'O. ni dans le S. 0. de la Frar
Elle existe au contraire en Corse, à Bonifacio, etc., mais à l’état de belle et . variété
oblique et très-squameuse, et elle à été retrouvée dans l’Attique (Munychie) par M. Gaudry.
PECTEN SCABRELLUS, Lamarck, Æist. nat. des anim. sans vert. ,t. VI, p. 183. — Ostrea dubia,
Brocchi, Conch. foss. subap., t. 1, p. 575, pl. ! g. 16 (non Linné
t
(en
e type de Brocchi se trouve dans les couches pliocènes d’Asti, Biot, Perpignan, etc. Dans
le an de Vaucluse même, on le trouve dans les couches tortoniennes de Saint-Ariès
À près de Bollène. Basterot, Grateloup et Dujardin l'ont cité des faluns de Touraine, de Léognan,
de Saucats et de Salles. Ces citations sont fort douteuses; nous ne connaissons “ex le S. O. le
vrai scabrellus (et encore avec 17 côtes, au lieu de 15 comme dans le type) que des couc s dix
e miocène supérieur de Martignas, près de Bordeaux, où il est associé au Pecten Besseri et au
Cardita Jouanneti; il n’est pas cité dans le bassin de Vienne.
JANIRA PLANOSULCATA, Matheron, loc. cit., p.188, pl. 31, fig. 4-5 (Pecten) —
sé (PI. XIX, fig. 21-22.)
Espèce créée par M. Matheron pour une coquille qui n’a pas été citée encore en Provence
ailleurs qu’à Cucuron, mais que nous avons retrouvée récemment parmi les fossiles recueillis
116 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
en Corse, dans le gisement miocène d’Aleria, par M. Locard. M. Matheron en a donné une très-
bonne diagnose et le dessin de la valve inférieure, ou la plus convexe. Nous faisons figurer
de nouveau cette valve, PI. XIX, fig. 21, et la valve plate ou supérieure, tbid., 199:
et quoique ces dessins soient faits d’après des échantillons incomplets, ils peuvent suffire à
donner une meilleure intelligence de l’espèce qui est intermédiaire entre le 2. Burdigalensis
Lamk et le P. Besseri Andrz. (très-bien figuré par Hôrnes, loc. cit., pl. 42 et 43), quoi-
que plus voisine du dernier.f Elle compte sur chaque valve plus de côtes que le premier, et
moins que le second (1). Elle se distingue en outre du Besseri, en ce que les 13 côtes de
sa valve supérieure [sont! moins quadrangulaires que dans ce dernier, et renferment dans
leurs intervalles une ou plusieurs faibles côtes distinctes, au lieu de 2 à 3 fines stries lon-
gitudinales. Les 14 côtes distinctes de la valve inférieure sont également moins rondes et
plus aplaties que dans le Zesseri. Enfin, la taille de l’espèce de Provence est moindre que
celle de l’autre, et la charnière de la valve plate présente 3 lames cardinales rayonnantes bien
distinctes.
JANIRA BENEDICTA, Lamarck, Anim. sans vert., t. VI, p. 170.
exemplaire de Cucuron que nous avons vu se rapporte bien aux types de la mollasse
de l’Anjou et desfcouches plus récentes de Perpignan, visés par Lam
arck.
CYTHEREA, indét.
Moule d’une Cythérée de la taille du €. Zamarcki Agass., mais qui pourrait se rapporter
plutôt à une espèce encore inédite de la mollasse de Berne :
C. Bernensis Mayer mss.
TAPES VETULUS, Basterot, Mém. géol. sur les envir. de Loi va7
(Venus). — Hürnes, Loc. cit., p.143, pl. 11, fig. 4 (Tapes).
‘deaux, p. 89, n° 3, pl. 6, fig. 7
SLA
Nous rapportons à cette espèce un moule de la mollasse de Cucuron, analogue à d’autres
mieux conservés que nous avons vus de la mollasse de Forcalquier (Basses-Alpes).
Le type de Basterot appartient au miocène moyen de Léognan.
l'ELLINA LACUNOSA, Uhemnitz, Conch. Cab., vol. VI,
P. 91, pl. 9, fig. 14. — Tellina sinuata, Mather
p. 92, pl. 9, fig. 78. — Hôrnes, Loc. eit.,
T. tumida, id. in Heer.
On, loc. cit., p. 143 (non Lamarck). —
!
Le type est encore vivant sur les côtes occidentales de l'Afrique, Guinée, etc.
Il paraît dès le miocène inférieur dans le S. 0., à Saint-Avit, etc.
(1) Le P. Burdigalensis compte sur 1
a valve supérieure 41 côtes seulement bien distinctes, et sur la valve
inférieure 42-14. Le planosulcatus compte sur la valve supérieure 13 côtes distinctes et 44 sur la valve infé-
i la valve supérieure 44 dans les échantillons du S de la France, et 16 dans
Hôrnes; et sur la valve inférieure 16-17 en France et 20 en Autriche, Le flabellifor-
mis Brocchi en compte sur la valve supérieure au moins 21, et 23 au moins sur la valve inférieure
rieure. Le Besseri en compte sur
ceux d'Autriche d’après
MOLLASSE, 117
PaxoPpæa Mexarni, Deshayes, ou class. d'hist. nat., vol. XIE, p. loc cit., p. 29,
pl. 2, fig. 1-3. — Panopæa Faujasi, Basterot, loc. cit.
D'après M. Mayer (Cat. mus. Zurich, h° cahier), le P. Menardi est répandu dans toute la
région méditerranéenne, depuis le AE en de Dego et peut-être même depuis le bartonien
des Alpes suisses, jusqu’au tortonien inclusivement. Il paraît s’y éteindre à ce moment-là,
après avoir atte int son maximum de développement dans le miocène supérieur ; et de là il
aurait passé dans le crag de Sutton.
Paxoræa Ruporrun, Eichwald, Natur. hist. Skiz. Lith., p. 204, et Leth. Ross., I, p. 131,
pl. 6, fig. 12. — Mayer, Catal. des foss. tert. mus. Zurich, Panopéides, p. MA.
Cette espèce diffère du Panopæa Menardi par sa forme moins inéquilatérale et son sinus
palléal plus court et plus ouvert. Elle a été d’abord signalée dans le miocène supérieur de
Volhynie ; et elle aurait passé de là dans le crag du Nord et dans l’astien (Mayer). En France,
elle existe à Banyuls-les-Aspres he Aragoi Vale nciennes).
‘
JALANUS TINTINNABULUM, Linné, Syst. nat., éd. XII, p. 1108 (Zepas). — Darwin,
Cirripedia, p. 194, “pl. 1 (Balanus).
Espèce méditerranéenne et qu’on a signalée à l’état fossile en Touraine, à Asti, et dans le
crag d'Angleterre.
Tel est le petit nombre d’espèces de mollusques signalées dans la mollasse
de Cucuron; ces espèces ne sont aucunement caractéristiques par elles-mêmes
d’un horizon déterminé. Mais la mollasse de Cucuron se rattache certainement
à la formation importante de la mollasse à Echinodermes de la même région
(Villelaure, la Valduque, Lambesc) et de Saint-Paul Trois-Châteaux. Comme l’a
dit M. Gaudry, nous pensons qu'elle appartient au grand étage falunien de
d'Orbigny, mais entendu cependant en ce sens qu'il doit être dégagé d’un côté
des couches inférieures mio-oligocènes de Bazas, et de l’autre des couches supé-
rieures mio-pliocènes de Salles et de Tortone, dont d’Orbigny y a réuni tous
les fossiles. M. Mayer (T'abl. synchr., 1868) range nommément la mollasse de
Cucuron dans son helvétien IE, c’est-à-dire au-dessous des faluns de Salles et tout
près des faluns de la Touraine, au niveau des mollasses de l’Anjou. Nous parta-
geons cette manière de voir, sans pouvoir entrer incidemment ici dans la question
très-difficile de la composition et de la classification détaillée du grand terrain
miocène.
118 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
S 2
Fossiles des marnes de Cabrières
M. Dumortier, qui a le premier signalé à la science le gisement de Cabrières-
d’Aigues, a donné en même temps (Bu/]. de la Soc. géol., 1864, t. XXI,
p. 282) une liste de quarante-quatre espèces de mollusques de ce gisement,
sans compter une espèce de Bryozoaire et un Poisson. A l’exception de trois
coquilles : Æanella lœvigata, Ostrea saccellus, Mactra triangula, dont nous
n'avons pas pu constater la présence à Cabrières, nous croyons avoir retrouvé
dans les matériaux qui nous étaient soumis, et l'on retrouvera dans notre travail,
soit sous les mêmes noms, soit sous des noms que la critique nous a fait pré-
férer, la totalité de ces quarante-quatre espèces, qui se réduisent d’ailleurs à
quarante par suite de doubles emplois. À ces quarante espèces, nous en avons
ajouté soixante-quatre autres, sans compter trois coquilles qui n’ont pu être
déterminées que génériquement; ce qui fait, pour les marnes marines de Ca-
brières, un total de cent quatre espèces de mollusques déterminées, auxquelles
il faut joindre deux espèces de Bryozoaires et deux espèces de Polypiers.
Murex Gaupryi, Nobis. — (PI. XVI, fig."1-2.)
Testa ovato-conica ; spira acuta ; anfrac convexi, subgradati, carinati, 7-8 fariam varicosi, transversim
lirati, spiraliter et aspere striati; sé ne Fe dimidium testæ superans, ventrosus, varicibus æqualibus,
alde . icalis, crassis, elevatis, imbricatis, postice acutis, prominentioribus, antice usque ad cau-
prolongatis, Peer à cauda lata, oblique truncata, compressa, plicato-spinosa; apertura ovata. —
Longit .105 ; lat. 70 millin
Cette be , espè ce diffère du Murex Turonensis Dujardin (Mém. sur les couches du sol en Tou-
rüine, pl. 1 ig. 27) par sa spire plus haute, ses tours pie détachés, son canal moins long,
ses varice ue, liacies, ses rides transversales plus accentuées. Elle se distingue d’un autre côté
du Y. Sedroické Horn s (non Michelotti) et du M. Syrticus Mayer, par sa forme moins ra-
massée, par le nombre plus g grand de ses varices, et par l'absence complète de tubercules ou
nodosié dans l’intervalle a a
Par ses divers caractères, Pa x de Cabrières se rapproche davantage du M. brevi-
ie Sismondi, du pliocène, qui a d’ ailleurs les varices moins nombreuses, plus foliacées
FAST et une forme générale plus éla
. Da Costa a figuré dans les fossi les de Lisbonne (Moll. foss. de Portugal, 1866, pl. 18,
ig. . sous le nom de W. Sedgwicki (?), un Murex qui ne paraît pas sans analogie! avec le
nôtre.
a.
as
MARNES DE CABRIERES. 119
Murex Aouiranicus, Grateloup, Conchyl. foss. du bass. de l’Adour, Atlas, pl. 31, fig. 12. —
Hôrnes, Die lfossil. Mol. des tert. Beck. von Wien, pl. 22, fig. 2 et 3 (exc. fi )
Nous possédons de Cabrières deux CE incomplets d’un petit Murex à trois varices
laciniées, avec une ou deux nodosités dans l’intervalle, qui se rapportent exactement à la
variété trifariam varicosa d’un pr très-commun à Pontlevoy en Touraine (M. erinaceus ?
Duj. non Lamk.). Ces petits Murex de Touraine ne se rapportent pas parfaitement eux-mêmes
au M. Sedgwicki Hs (non Michelotti ?) du bassin de Vienne, et nous préférons les rattacher
comme variétés au Murex Aquitanicus de Grateloup, ci-dessus visé, dont le type est pris dans
le miocène supérieur de Saubrigues.
Murex ARrNauDI, Nobis. — (PI. XVI, fig. 3-4.)
Testa ovata; anfractus 5-6, convexi; priores cingulis elevatis 2 et costis DM LME ou Ro i
sp ER OR ares ssati ; anfractus ultimus dimidium testæ superans, radiatim
cireiter 10, iris spiralibus præcipuis 4 et intermediis minor ps rte cauda ee
ae cas & notata ; apertura ovata ; peristoma intus plicato-dentatum. — Longit. 30 ; lat. 21 millim.
Cette «€ rtient au groupe du Yurex imbricatus Brocchi, mais elle en diffère par ses
côtes spir ales Fe je ve plus écartées et laissant, entre elles et les côtes longitudinales,
des interstices profonds.
MUREX STRIÆFORMIS, pi Monogr. ne pari Murez, p. 18, n° 26; Descript. des
foss. mioc. de l’'Ital. PPT DIT, . — Hôrnes, loc. cit., p. 235, pl. 24, fig. 15.
1. XVI, fig. 7-8
Le
Nous rapportons à l’espèce de Michelotti un Murex assez commun à Cabrières. Ces formes
de Murex sont très-difficiles à classer ; quelques variétés du M. sublavatus Basterot et du
M. ni Re id. s’en rapprochent ; ; Mais E nee est toujours un peu plus fusiforme ;
le M. Schonni Hôrnes n’en est pas très-éloign
Chez le M. striæformis, le canal est “hp comme chez les M. erinaceus Linné, Edwardsi
Payraudeau, etc.
Le ÆRanella granifera de Dubois nous paraît plutôt voisin du M. striæformis que du
M. sublavatus auquel Hôrnes le réunit.
Le type de Mich Lu est de Turin. Celui de Hôrnes provient des couches probablement
ue s de Grt
Nos Murex de Cabrière s ne sont pas d’ailleurs absolument identiques à ceux de Vienne.
MuREx PENTODON, Nobis. — (PI. XVIT, fig. 4.)
=
ler liratr, liris
L ?
testæ paulo superans,
esta conico-fusiformis, crassiuscula, spira elongata; anfractus 6 Er transversim
{
elevatis, interstitiis profundis ; longitudinaliter plicato-costati;
120 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
7-costatus ; apertura ovato-elongata ; peristoma crassum, intus 5-dentatum ; cauda crassiuscula, clausa. —
C : ?
Longit. 15; lat. 8 millim
Cette espèce parait voisine du Murex E'dwardsi Payraudeau. Les varices ne sont pas évi-
dentes.
Le Fusus quinquedens Grateloup, de Saint-Paul de Dax (Atlas foss. de l’ Adour, pl. 24, fig. 2h),
ne diffère guère de notre coquille que par son dernier tour plus renflé et son canal ouvert.
MuREx ViNDOBONENSIS, Hôrnes, Loc. cit., p. 252, pl. 95, fig. A7 et 20. — (PI. XVI, fig. 9-10.)
Coquille très-polymorphe, comme on Lau s’en assurer d’après les figures qu’en a données
Hôrnes. Nos exemplaires de Cabrières sont un peu plus gréles que ceux de Viemr ane, la spire
est plus allongée et le canal est moins pe Ils constituent donc une variété que nous
avons fait figurer.
D'un autre côté, ceux de Pontlevoy en Touraine ont la spire plus haute encore e proportion-
nellement et le canal plus cour
Hôürnes a fait figurer deux . ypes de l'espèce, l’un de Grund (/oc. cit., fig. 17), l'autre du
niveau plus élevé de Hide (fig. 20). Cest du premier de ces types que la forme de
Cabrières se SR oche le
Le M. ee . Hibene figuré par M. Da Costa (loc. cit., pl. 20, fig. 3), nous
ss très- ds
En résumé, et à n type du miocène moyen et re commun aux deux mers; il
ee se 6 rattac her au M. Grateloupi d'Orb. (M. tripteroides Grat. non Lamk) du falun de Léo-
gnan et de Saint-Paul de Dax, de la même manière que le M. Penn paraît se rattacher
au M. Lassaignei Bast. du falun inférieur de Bazas. *
MUREx PERPLEXUS, Nobis. — (PI. XVI, fig. 5-6.)
Testa RARE mis, crassa, trifariam varicosa ; anfractus 5-6 convexi, carinati, sptraliter lirati, rada-
tim costati, costis medio acutis ; anfractus ultimus vob dilatatus, ke longitudinis æquans, nodulis radianti-
bus, ADR rnatus ; labrum crassum, latum, ra icosu Prius) subangulosum, intus dentatum ;
columella subrecta ; cauda brevis, canalis clausus. — Longit. 23; lat. 43 millim
Espèce voisine des M. striæformis et Lassaignei, caractérisée par ses côtes plus saillantes,
plus anguleuses, par le rétrécissement de l’avant-dernier tour et l’étroitesse de l'ouverture.
MUREX LAPILLOIDES, Nobis. — (PI. XVI, fig. 11-12.)
esta oblongo-ovata, crassiuscula ; spira brevis, acuta; anfractus 5 subplanulati; anfractus ultimus fere 3
longitudinis attingens, varic ae bte 2 munitus, subcarinatus, liris regularibus spiralibus cingulatus, lon-
gitudinaliter et tenerrime triatus; canalis brevis, obliquus, clausus ; apertura ovato- élongate; colu-
mella recta, callo postice M Peristoma crassum, intus tuberculis validis 5 instructum. — Lo ongit. 21;
. 44 millim
Coquille remarquable par sa forme ramassée, ses varices obsolèt tes, ses stries transverses
régulières. La coloration est conservée sur quelques individus, et les cordons transverses sont
MARNES DE CABRIERES, 121
plus päles que les interstices noirâtres. Cette espèce n’est pas sans analogie de forme avec
le Purpura lapillus de nos côtes; mais son canal fermé en fait un Murez.
POLLIA EXSCULPTA, Dujardin, Mém. sur les couches du sol en Touraine, p. 297, pl. 49, fig. 8-9
(Purpura). — Murex plicatus, Hôrnes, loc. cit., p. 245, pl. 25, fig. 9-10 es Bruel ?). —
Buccinum Orbignyi, ayraudéan, Catal. des Moll. de Corse, p. 459. pl. 8, fig. À
O
Var. (PI XVI, fig. 13-14).
paucis, prominentibus.
— Testa fusiformis, antice attenuata, costis longitudinalibus
Le type de Dujardin provient des faluns de la Touraine. D’après Hôrnes, il se trouverait en
Autriche dans le miocène moyen et supérieur.
Nos exemplaires de Cabrières diffèrent des types figurés par Dujardin ou par Hüôrnes par
leur taille moindre, leur canal plus long et plus étroit, leur spire plus allongée; ils se rappro-
chent plus de la coquille vivante de la Méditérrané e (Pollia Orbignyi Payraud.) que les
exemplaires de Touraine ou d’Autriche d’un côté, et que ceux d’Asti de l’autre (H. plicatus
rocchi).
Purpura Dumortiert, Nobis. — (PI. XVI, fig. 15-16.
=
Testa ovata, crassa, solida ; spira brevis ; anfractus 4-5 convexi, transversim et radiatim costati; ullimus
2/3 longitudinis æquans, liris spiralibus Ga alternatim inæqualibus et costs longitudinalibus decussanti-
; interstitiis profunde sculptis, quadratis, radiatim unduloso- RE tatis ; se is A ev ne a semi-
l lide plic bas callo
ovalis ; columella recta ; peristoma crassum, intus valide plicatum, ad tuberculo
lato, cum columella juncto, munilum. — Longit. 31 ; lat. 20 millim.
Cette coquille RP au groupe des Monoceros, par l'indication très-nette d’une dent à la
base du péristome. Le Monoceros monacanthos du pliocène, figuré par Brocchi, en diffère par ses
côtes longitudinales plus for tes, plus espacées, et par ses cordons spiraux à peine marqués.
FASCIOLARIA TARBELLIANA, Fe Le cit., Atlas, Ve 23, fig. 14. —
Hôrnes, loc. cit. p. 298, pl. 33, fig.
Var. (PI. XVIL, fig. 4-5). — Acutinoda, nodis remotiusculis, acutioribus.
Vous reconnaissons cette espèce à Cabrières d’ su s des échantillons incomplets, mais dont
la columelle offre les caractères certains du gem
Ils nous paraissent constituer une variété analogue à celle qui a été figurée par M. Da
Costa dans les Fossiles miocènes du Portugal, pl. 23, fig. b.
Le type de Grateloup provient des faluns supérieurs de Saubrigues et de Saint-Jean de
Marsac. L’ espèce est d’ailleurs plus ancienne. On la retrouve en effet jusque dans les faluns
de Bazas.
Z
Lu,
Fusus Mayerr, Nobis. — (PI. XVII, fig. 3.)
Testa elongato-fusiformis, subturrila ; spira acuta; anfractus curciter 40, convexi, subcarinati, ad suturas de-
pressi, longitudinaliter et tenerrime Pros transversim lirati, liris inæqualibus ad suturas sure. radia-
422 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
tim costato-tuberculosi ; anfractus mr fere 3/5 longitudinis pren Parum ventricosus, costis postice tan-
tum conspicuis ; sn extus valde lirata, longa, lata, oblique et superne ascendens ; apertura elongato-ovata,
postice compressa simplex, intus prie à callum columellare postice et transversim uniplicatum.
— Longit. 90; lat. Er iii,
Cette coquille nous ps distincte de
canal très-large à la base et obliquement ascendant,
par ses tubercules costaux courts, son
Mais elle a des met * évidents avec plusieurs espèces du miocèrie supérieur, soit avec
certaines variétés du Æ. virgineus Grat., de Salles, soit avec le F. ÆXlipsteini Mich., de Tor-
tone, etc.
Fusus PROVINCIALIS, Nobis. — (PI. XVI, fig. 2.)
a fusiformis ; spira acuta; anfractus 8 convexi, ad s
Tes uturam marginati, spiraliter et tenerrime stria ë,
re radiat vix $
lim nodoso-costati; unfractus ultimus ventricosus dimidium testæ
liris spiralibus antice majoribus ; cauda mediocris, superne recurva; apertura ovata, postice attenuata; peri-
stoma crassum, intus plicato- DER $ qe ar re antice obsolete parer postice uniplicata; canalis
apertus, vix intortus. — Longit. 22 ; hé 11 mil
Cette espèce appartient au groupe du Fusus cœlatus Dujardin (loc. cit. pl. 19, fig. 4, pessima),
de Touraine ; mais elle s’en distingue facilement par sa taille plus petite, son canal presque
droit, ses nodosités saillantes et la force de ses stries transversale
es,
La figure que nous donnons a été faite d’après un échantillon roulé et mutilé : ; mais depuis
nous avons eu celte espèce en très-bon état.
Ficura sp. {F. clathrata Lamk ?).
Type es plus rare à Cabrières qu’on n'aurait pu le présumer par l’ensemble de la
faune. Car nous n’en s vu qu'un seul fragment et assez mal conservé pour qu’il soit dif-
ficile de le donnée APN
PIRULA (Pirella) RusTICULA, Basterot, Loc. cit. P- . p 7, fig. 9. —
drnes, loc. cit., p. 266, pl. 27, fig.
Espèce assez rare à Cabrières.
e type rem arquable provient des faluns moyens de Bordeaux; mais il se trouve au-dessous
et au-dessus de ce niveau, depuis les faluns de Bazas jusque dans le miocène supérieur du
littor al ut comme du centre méditerranéen.
arie beaucoup par le nombre et l'importance des épines et le plus ou moins d’ apla-
tissement de la spire, et ces variations ne sont pas en rapport très-constant avec les différences
de niveau. Cependant on peut dire, en général, que dans les niveaux les plus bas l'espèce
débute par des formes à spire assez haute, très-tuberculeuse ou presque nue, et à bouche
adrangulaire. La spire s’abaisse et s’aplatit dans les niveaux supérieurs. Nos re de
i Î Ï , légèrement voûtée très-peu épine e seule carène
e,
use,
uche triangulaire, et ne les formes de Touraine rs à Gabarret, et
aussi celle d’ Spa (Hôrnes, loc. cit.,
MARNES DE CABRIÈRES. 123
CaNCELLARIA WESTIANA, Grateloup, Loc. cit., pl. 25, fig. 18-24. —
Hôrnes, loc. cit., p. 325, pl. 35, Île. 11-13
Le type de Grateloup provient des faluns de Dax ; mais il se poursuit d’ailleurs dans le mio-
cène moyen et supérieur de l’ouest (Orthez) ou de l'Autriche.
NASSA EBURNOIDES, Matheron, oué ss pe fig. 14-46 (Buccinum). — Eburna See Grate-
loup, Atl., pl. 46, fig. 6 (aon L, -). — Æ. Brugadina ? id., tbid., fig. 41. — Buccinum Caronis,
Hôrnes, te. cit. pl. 12, fig. 1-3 (non os — Da Costa, loc. cit., pl. js, té 14-18.
Nous inscrivons sous ce nom une petite coquille de Cabrières, échantillon unique, de la
taille du N. mutabilis vivant, à spire rot qui se rapporte à l'espèce fossile des faluns,
confondue par en et Grateloup avec l’Æburna spirata vivant, mais que Hôrnes, Da Costa,
Mayer, etc., ont réunie depuis au Zuccinum ce Brongn. des couches oligocènes de San-
Gonini, dans le Vicentin, Nous croyons, avec M. Semper (Pal. de » 1861), que lespèce
oligocène et l'espèce néogène, qui en est probablement issue, doivent êtr istinguées ; le type
e Brongniart se caractérisant, outre sa petite taille, par sa base Liane fortement bicana-
liculée, etc. La question de synonymie est plus difficile, et s’il était prouvé que l’Æ. Brugadina
de Grateloup n’est qu’une variété de s . Spirata, ce ee sans doute ce nom . Brugadina
qui l’emporterait par prior rité sur due de M. Mather ron. Enfin il y a encore sur cette espèce
une er d'attribution pas fort discutée, puisqu’ on l'a ballottée entre + Eburnes,
les Buccins et les Buccinanops (d'Orbigny) ou Pseudoliva (S Semper). Cette incertitude semble
indiquer qu 1 y a eu abéiéon du type ancien Buccinum au type moderne et actuel £burna.
uoi qu’il en soit, l'espèce néogène traverse tout le miocène; elle est fort commune à Turin,
et elle l’est plus encore à Tortone
NasSa CONGLOBATA, Brocchi, Conchiol. foss. subap., t. Il, p. 334, pl. 4, fig. 15
num).
Var. Cabrierensis, Nobis. — (PI. XVIII, fig. 7.)
minor ; spira brevis conica : anfractus Jon gi dinalit obsolete
st ete costati ; callum c Il
peristoma tuberculis js eus 5-6 intus main sulcus transversus basalis profunde iinalentitul
extus sulcata. — Longit. 27 ; lat. 20 mil
2
, Cauda
Cette variété pourrait très-bien être élevée au rang d’espèce. Elle diffère du type de Brocchi
par sa taille pie petite, sa spire courte, ses tours portant des côtes longitudinales peu sail-
Jantes, un peu espacées sur le dernier. Le callosité Asa n’est nas redressée ; le bord
re porte en as cinq ou six tubercules dentiformes assez gros ; le sillon transverse de la
oi la coquille est profond et le canal basal est chargé de pr transverses bien pr
noncées.
us n'avons vu qu’un seul M sèpas de Cabrières. Le Massa conglobata n’est connu dans
le ré ni en Autriche, ni en Portugal, ni dans le S. O0. de la France ; mais M. Mayer le
cite, comme très-rare d’ailleurs, en FR dans son helv _ III. Les nds de cet horizon
ont sans doute été la souche de ceux du terrain subapennin
Le Nassa conglobata, type auquel on doit joindre comme variété le Massa pupa Brocchi (/oc.
124 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
x. 1h), appartient d’ailleurs au genre Desmoulea de Gray, qui renferme actuelle-
ment Miel espèces de la côte O. de l'Afrique.
Nassa Duyarnini, Deshayes in Lamk, Æist. nat. des anim. sans vert,, t. X, au 211 (Buccinum).
— Buccinum callosum, Dujardin, loc. cit., p. 88, pl. 20, fig. 5-7.
ucc. Dujardin,
Hôürnes, loc. cit., Suppl, t. I, p. 668, pl. 13, fig. 1, 2, 4 nu ud. fig. 3
Var. 6 (PI. XVII, fig. 8). — Anfractus priores longitudinaliter costati, peristoma intus plicato-
dentatum.
Var. + (PL. XVII, fig. 9-10). — Anfractus læves, ultimus subelongatus, apertura subeffusa, labro
intus + plicato, callo postice vix producto.
rnes, après avoir primitivement réuni, comme l'avait fait Bronn et comme l’a fait depuis
M. + einkauff, le Buccinum Dujardini au Hucohts mutabile L., vivant dans la Méditerrané
les a finalement séparés. Nous croyons qu'il a eu
re de ces deux formes
,
aison ; mais l'important est de constater
sines, qu'on en fasse deûx espèces, ou une espèce et une
rest le Dyjardini qui a “ abord apparu. Notre variété 6 se rapporte facilement à ce
type de Touraine. La variété + se rapproche au contraire sensiblement du type actuel du
mutabile, qui se confond presque avec l’autre au niveau où nous sommes, à Cabrières et à
Tortone, et qui l’a en définitive supplanté dans le pliocène.
L'une et l’autre forme sont communes à Cabrières.
Nassa ACROSTYLA, Nobis. — (PI. XVIII, fig. 11-12.)
ovato-globosa ; spira brevis, acutissima ; anfrac $ 7, priores subplanulati, penultimus convexus
Fr En lævis, tenerrime et longitudinaliter str es infra callo lato incrassatus; canalis revis, obli.
quus ; aperltura Ne Ho r. concavo-arcuata, ad basin oblique truncata ;
3 Perisloma vix incrassatum, intus
rois . — Longit. 46; lat. 41 millim
Coquille commune à Cabrières, qui diffère du N. Dujardint par sa spire plus courte et plus
aiguë, son ouverture moins longue, son bord droit plus dilaté, mais surtout par le développe-
ment constant et considérable de allosité columellaire qui s . sur presque toute la face
inférieure du dernier tour et qui arrive à la suture du tour précé
Cette forme annonce déjà le type pou et actuel du A. Mons L.
Nassa cyrHaREzLA, Nobis. — (PI. XVIII, fig. 43-44, et PI. XIX, fig. 11-12.)
a ovalo-conica ; spira acuta, dimidium :testæ nunquam attingens ; anfractus 7, priores longitudinaliter
costati #) transversim lirati, ultimus costis longitudinalibus valic lis, parum obliquis, æquidistantibus, prope su-
turam eminentioribus ornatus, ad basin canaliculatus et s spiraliter liratus ; apertura Fam colu & Concavo-
arcuata ; callum parum expansum; peristoma intus minute plicatum. — Longit, 17 ; lat, 14 m
Cette espèce, dont nous avons vu un grand nombre d’ exemplaires,
côtes longitudinales, fortes, régulièrement espacées et obliques sur 1
uses exemplaires, le dernier tour se déforme et e
Nota. —
est caractérisée par ses
dernier tour. Sur
mpiète sur le tour précédent.
es figures de la planche XVIIT sont peu satisfaisantes ; celles de la planche XIX,
fig. 41-12, donner nt une idée beaucoup plus juste du type de notre espèce
MARNES DE CABRIÈRES. 125
Nassa SaLLoMacENsis, Mayer, Journ. de conchyl., vol. VIIT, 1860, p. 215, pl. 5,
fig. 7 (Buccinum).
Var. (PI. XVIIL, fig. 15-16).— Abbreviata, costis distantibus, arcuatis, sutura impressa.
C’est au moins une variété, distincte par sa forme raccourcie, par le petit nombre et la
régularité des côtes et par l'impression suturale, du type, d’ailleurs assez polymorphe, de
Salles dans la Gironde
Nassa SEMISTRIATA, Brocchi, loc. cit., t. IT, p. 654, pl. 15, fig. 15 (Buccinum). —
Hôrnes, loc cit., p. 144, pl, 12, fig. 9-40.
Var. Cabrierensis (PI. XVIIE, fig. 17). — Crassa, anfractus ultimus latior, sulcis transversis
impressis, sutura profunda marginata.
Le type a été pris dans le subapennin.
Les exemplaires de Cabrières sont remarquables par leur forte taille, par leur test plus épais
et plus large que dans le type; les sillons transverses sont plus marqués et plus nn
et couvrent quelquefois entièrement le dernier tour ; la suture est plus enfoncée, elle e
bordée d’un sillon très- ce 1on cé ; la plaque columellaire n’est jamais carrément dilatée
comme dans le type de B
Ce type, es vit encore je la Méditerranée d’une part, et dans l'Océan de l’autre, depuis
le golfe de Gas e jus qu'e au Sénégal, a été décrit sous les noms de A, trifasciata Adams
et N. Gallandiana Fischer. S Sa forme est variable.
=,
TEREBRA MODESTA, Defrance, Déct. des sc, nat., t. LVIIT, p. 288. — 7. faval,
Dujardin, loc. cit., p. 300. — (PI. XX, fig. 1.)
Nous croyons devoir reprendre le nom de Defrance pour le Terebra des faluns de Bossée
et de Manthelan en Touraine, qui diffère du plcaria de Basterot par son aspect fusiforme,
par son dernier tour proportionnellement beaucoup plus s long, par l'effacement presque
absolu des plis longitudinaux et l’absence du sillon qui borde la suture dans la coquille de
Bordeaux.
Les exemplaires de Cabrières, extrêmement abondants (c’est une des coquilles les plus
communes de ce gisement), se rapportent parfaitement à cette forme de Touraine, avec des
GES
dimensions moindres. Nous la reconnaissons er dans lee fig. 45, 16 et 17 de Hôrnes
(loc. cit, pl. 41), qui représentent des individu et de Potzleinsdorf, c’est-
à-dire du même niveau à peu près que ceux "he la Touraine ; et dans les figures 14-16 de
la planche 12 et 1-2 de la planche 13 de Da Costa (Loc. cit.). Elle se trouve aussi, quoique
rarement, associée dans le S. O. au plicaria type, à Léognan, à Salles, Orthez et Sau-
FLE et nous croyons qu'elle se trouve également à Tortone.
Faut-il réunir le modesta de Defrance, le plicaria de Basterot (qui ne paraît pas se trouver
bien typique en Autriche), le fuscata pliocène de Brocchi et le Senegalensis de Lamarck,
(le faval d'Adanson), espèce vivante des côtes occidentales d'Afrique ; faut-il les réunir tous
sous le nom de Terebra fuscata, comme le pensent Hôrnes et d’autres auteurs ? Nous ne le
126 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
=.
croyons pas. Mais, tout en les distinguant sous des noms spécifiques, nous pensons, ic
comme ailleurs » que la chose importante est de constater les affinités et la marche de ces
diverses formes qui tendent toutes évidemment vers la forme encore actuellement vivante au
Sénégal.
TEREBRA ACUMINATA, Borson, un di Oritt. Piemont. ge della Acead. di Torino,
XV, p. 224, pl. 4, fig. 1
D'après un seul échantillon roulé. Espèce mio-pliocène. Débute à Léognan, dans leS. O.,
répandue dans l’Aquitaine, le Portugal et le centre méditerranéen.
TEREBRA CACELLENSIS, Da Costa, Gasterop. dos depos. terciar. do Portogallo, 1866,
1° cad., p. 81, pl. 13
Var. minor. — D'après un seul échantillon, ayant 28 millim. de long.
Coquille étroite, couverte de stries ondulées très-fines et très-serrées, légèrement renflée
à chaque tour près de la suture, sans aucune trace de ri transversal. C’est à cause de
ce dernier caractère surtout que nous rapportons la coquille de Cabrières au . Cacellensts
du Portugal, dont le type est beaucoup plus grand et 4 fort. Cette forme de Terebra se
retrouve dans le tortonien à Sassuolo et à Sogliano, d'après M. Manzoni (Lembi mioce-
nici, etc., p. 14), qui n’y voit d’ailleurs qu’une variété épaisse de l’acuminata.
«
TEREBRA ALGARBIORUM, Da Costa, oc. cit., p. 84, pl. 13, fig. 11-12,
Var. antice nodoso-plicata. — Nous rapportons, avec doute cependant, à cette espèce un
petit Terebra de 20 millim. de longueur, atténué au sommet, ayant le dernier tour propor-
tionnellement . Hi les plis longitudinaux peu apparents présentent sur chaque tour
du côté postérieur rangée de nodosités. Se rapproche de certaines variétés du ?. striata
Bast., de Salles ren Hôrnes, non Sow.).
ANCILLARIA GLANDIFORMIS, Lamarck, Ann. Muséum de Paris, t. XNI, p. 305, 1810. —
Hôrnes, loc. cit., pl. 6, fig. 6-13.
Espèce caractéristique du gisement de Cabrières par son extrême abondance. Pres sque tous
les échantillons appartiennent au faciès trapu, gibbeux, mpât columellairé énorme
des figures 10-12 (échantillons de Kienberg) et 8 (Baden) de a | belle. planche de Hôrnes
ci- dessus visée ; " pue gros n’atteignent pas cependant les dimensions de l’es spèce dans le
ocène oriental, s ils s’en rapprochent plus que ceux de l’ouest de l’ Europe (rene et
pa tugal), dont le faciès ordinaire est celui de la forme ovoïde.
A. glondiformis est une des coquilles caractéristiques du miocène et surtout du miocène
ir ee dans toute l’Europe ; car elle est citée dans l Allemagne du Nord, la Belgique,
côtes ouest de la France et du Portugal, et presque sur tout le pourtour de la Méimane
oène, jéde en Asie Mineure et en Égypte (Fischer, Journ. conch., 1871, p
MARNES DE CABRIÈRES. 197
Conus ALprovanDit, Brocchi, loc. cit., t. II, p. 287, pl. 2, fig. 5. —
Hôrnes, loc. cit., p. 18, pl. 1, fig. 2
Espèce décrite d’abord d’après des spécimens provenant du pliocène d’Asti, et retrouvée
plus tard dans le miocène supérieur de Tortone, de Sogliano, etc., dans le miocène moyen
de Grund (Hôrnes), et enfin dans le falun de Saint-Paul de Dax (Grateloup).
Conus MERCATIH, roue loc. eit., t. IT, p. 287, pr 2, fig. 6. —
Hôrn 8, de. cit, p. 23, pl. 4, fig. 2-3.
Comme pour l'espèce précédente, le type est du pliocène de l’Astesan et de la Morée
(Deshayes) ; mais il date, comme elle, du miocène moyen.
Conus mAcuLOsUs, Grateloup, Loc. cit., Atlas, pl. 4h, fig. 17. — Conus Ber ais Michelotti,
ct Es . des terrains miocènes, etc., p. 342, pl. 13, fig. 9. — Hôrnes, Loc. cit., p. 19,
pl4,
Espèce remarquable par ses taches brunes persistantes et disposées en séries transversales.
Conus maculosus de Gr. ateloup (Atlas, pl. 44, fig. 17) est certainement identique avec le type
de Michelotti ci-dessus visé, mais on doit fair 6 des réserves au sujet des individus figurés
comme variétés par Grateloup (pl. 45, fig. 4, 5, 6
Nous restituons à cette espèce le nom proposé par Grateloup en 1840, qui est antérieur à
celui de Michelotti (1847).
L'espèce paraît spéciale au miocène supérieur; le type de Grateloup provient en effet des
faluns de Saubrigues et d’Orthez, et l’espèce est citée (Berghausi) à Tortone, Sogliano et Lis-
e
—
.
CONUS CANALICULATUS, Brocchi, Loc. cit., t. Il, p. 636, pl. 15, fig. 28. — Conus ee
Deshayes in Lyell. Append., p. 40. — Conus Dujardins: posu”t in Lamarck, éd. 2, t. XI,
p. 159. — Hôrnes, oc. cit., p. 40, pl. 5, fig. 3-8.
Le type de cette intéressante espèce, dont la longueur de la spire et la forme sont assez
mue Pr ovient du pliocène du val d’Andone
>s légères modifications que présentent les exemplaires de Touraine ne nous paraissent
pas Ar
L'espèce date du miocène moyen au moins; mais elle est caractéristique du miocène supé-
rieur par sa diffusion et par son abondance à cette époque.
PLEUROTOMA RAMOSA, Basterot, pe cit. ee 3, fig. 45. — Hôrnes, oc, cit., pl. 36,
fig. 40-12 (PL XVII, fig. 17.
type a été pris par Basterot dans les faluns de Léognan, où il est fort commun ; mais la
e qu’il en a donnée représente un individu exceptionnel par la saillie et mo
128 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
des tours de spire. Les figures de Grateloup et de Hürnes sont beaucoup meilleures. L'espèce
est d’ailleurs fort variable, et chaque auteur en a indiqué plusieurs variétés. Celle de Cabrières
que nous faisons figurer est remarquable par la saillie de ses tubercules noduleux et par sa
surface fortement décussée : elle se re da nn dans le S. O., dans le falun supérieur
de Salles. Elle n’est pas très-commune à Cabrières.
Ce type ramosa est fort ancien d’ailleurs en abie ; il est indiqué déjà par quelques espèces
du suessonien ou du calcaire grossier. Il reparaïît dans l'oligocène, puis se multiplie dans
tout le miocène de toute l'Europe. A l’époque du pliocène, il est en retrait dans la Méditer-
ranée, et aujourd’hui il faut ner _ on es vivants dans le mitræformis Kiener, et
le papalis Reeve, de la côte occident e l’Afrique
ns JOUANNETI, Des Moulins, Æévision de quelques espèces du genre nie so
Soc. Linn. Bordeaux, 1. XII, p. 143). — P. Jouanneti, Grateloup, Atlas, pl. 2, fig.
(PL. XVI, fig. 6-9.)
Cette espèce est extrêmement commune à Cabrières, et par son abondance elle semble
caractériser ce gisement, comme plusieurs autres du miocène supérieur. Les diverses variétés
que nous avons fait he prouvent que son polymorphisme est en rapport avec la mul-
tiplicité des indiv
Le type a été Fe me les faluns du S. 0., probablement dans celui de Salles, où il est
commun, et nos figures 8 et 9 sont ConfUrMes s au type de Grateloup. Les variétés, fig. 6 et
auxquels se rapportent le plus grand nombre des RS plus grandes, à tours moins
à dernier tour renflé, se retrouvent d’ailleurs aussi dans les faluns de Salles,
d GHbe et de Lisbonne (Da Costa), et sous ce rapport le faciès de Pspèré à Cabrières est
plutôt celui de l’ouest que celui du centre méditerranéen ; car, dans le bassin de Vienne et à
Tortone, à Sogliano, etc., les tours pe nt toujours excavés.
Ce type est intermédiaire dans le S. 0. entre dette autres types qui y sont fort communs,
le P. buccinoides Bast, et le P. semi-marginata Lamk.
A l’état vivant, on SR trouver quelque analogie, surtout avec les variétés à dernier
tour grand et reufié , dans le ?.ineata Lamk (obesa Reeve) du Sénégal, espèce d’ailleurs
plus petite, plus mince et plus fragile.
PLEUROTOMA ASPERULATA, Lamarck, Æisé. nat. des anim. sans vert., t. NII p. 497. —
Hôrnes, loc. cit., p. 341, pl. 37, fig. 4-5.— (PI. XVIE, fig, 12-14.)
Les exemplaires de Cabrières que nous rapportons à cette espèce et que nous faisons
figurer, sont remarquables par leurs Ée spiraux très-prononcés sur le canal, et se chan-
geant en côtes tuberculeuses sur la moitié du dernier tour. La longueur proportionnelle du
Canal est variable, Il est à remarquer 4 atliée que beaucoup des gastéropodes canalifères
de Cabrières ont le canal relativement plus long que les mêmes espèces du bassin de Vienne.
On peut supposer que cette élongation du canal était en ia avec les conditions d’existence
du mollusque vivant, puisque c’est dans cette partie de la coquille que passe l'extrémité an-
térieure de la poche bnchiel
leurotoma asperulata, espèce très-polymorphe, est répandu dans presque tous les gise-
ments du miocène moyen et supérieur. Les échantillons de Cabrières ne sont identiques ni
à ceux de Bordeaux, ni à ceux de Touraine, ni à ceux de Vienne. L’ espèce atteint d’ailleurs
MARNES DE CABRIÈRES. 129
dans ce dernier bassin des dimensions qu’elle n’atteint jamais dans l’ouest, Les spécimens de
Cabrières passent insensiblement au type énterrupta
PLEUROTOMA CALCARATA, Je ne Tableau des fossiles de Dax, n° 325; et Conchyl. foss.
rar Atlas, pl. 21, fig. 23. — Hôrnes, Loc. cit., p. 345, pl. 37, fig. 6-9. — (PI. XVII,
Espèce res dans les marnes de Cabrières, et que nous avons fait représenter
pl. XVIL, fig. 10-14. Par plusieurs formes intermédiaires elle se relie à notre asperulata.
Le colo . est ilenés pour nous une espèce douteuse, difficile à délimiter. Nous ne
considérons comme typique que la figure 23 de la planche 21 de l'Atlas de Grateloup, qui se
rapporte à un exemplaire de Saubrigues
La calcarata se trouve aussi à Salles et à Orthez; il est douteux pour nous qu'on puisse
rapporter à cette espèce les Pleurotomes du bassin dé Vienne, du niveau antérieur de Grund
et d’Ebersdorf, que Hôrnes a fait figurer sous ce nom,
PLEUROTOMA CABRIERENSIS, Nobis. — (PI. XVII, fig. 15-16.)
Testa conico-turriculata, elongata, anfractus circiter 19, es ne transversim tenuiter lirati, et
strüs longitudinalibus valde Sages decussati, cingulis transversis 2 t
erculis ro tes undatis, numerosis, antice et postice numero staturaque æqualib
œ
"aq S ; $
ne brevis, 2/5 lonç ins æquans, antice dE He se oe nodulosis ornatus ; columella
subrecta ; as brevis. — Longit. 33 ; lat. 42 mill
Par son mode d’ornementation, cette espèce se rapproche du Pleurotoma interrupta
Brocchi, mais elle en diffère par son dernier tour beaucoup plus court, son canal très-peu
dév Rae ses tubercules : ansverses plus gros, égaux entre eux et moins nombreux
PLEUROTOMA GRANULATO- -CINCTA, Munster, in Goldfuss, PME german., Bd. IT, p. 20
pl. — Hôrnes, loc. cit., p. 34h, pl. 37, fig. 14-17.
Im spécimen unique de Cabrières pet ut être rapporté à cette espèce, qui She tient particu-
D nt au bassin de Vienne et aux couches du miocène supérieur d’Enzesfelc
Vôslau, ete. Cependant on la trouve aussi à Salles,
de Touraine, où, selon nous, elle n’est pas typique.
, Gainfahren,
et Hôrnes la reconnaissait PE les pue
PLEUROTOMA TENUILIRATA, Nobis. — (PI. XVII, fig. 19-20.)
Testa elon stformis ; spira acuta; anfractus 9 ue ren et flexuose striati, spira-
diter et tenerrime ‘tira transversim cingulo unico tub ui, tuberculis antice et prope suturam or-
dinatis, anfractus de dimidium teste Ͼquans, e obliquis vbsoletis et lineis spiralibus
pa Luc regulariter ornatus; canalis elongatus, attenuatus ; columella rectiuscula. — Longit. 22
lat.
Cette coquille appartient au groupe des Pleurotoma dimidiata Brocchi, Coquandi Bellardi,
intermedia Bronn, etc. ; elle en diffère par ses tubercules moins saillants, moins nombreux et
150 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
n'oceupant pas la partie moyenne des tours de spire, et par les stries spirales de son dernier
tour plus espacées.
Nous la connaissons dans le falun de Salles (Gironde).
PLEUROTOMA PSEUDOBELISCUS, Nobis..— (PI. XVII, fo:121,)
Testa elongato-fusiformis, acuta; anfractus 9 transversim et minute striati, longitudinaliter nodoso-plicati
et ad suturam funiculo elevato marginati ; anfr actus ultimus dimidium testæ non attingens, spiraliter liratus,
Præcipue super caudam, costis longitudinalibus 8- 9, prominentibus, vix obliquis et antice evanescentibus or-
natus; canalis brevis ; columella recta. — Longit. 18; lat, 6 millim.
Petite espèce appartenant . groupe si difficile des Pleurotoma Brocchii Bonelli, obelisceus
Des Moulins, ferebra Basterot, Dufouri Des Moulins, pustulata Brocchi, Saxulensis Mayer, LEULER
Elle diffère du P. pustulata, par sa forme moins renflée, ses côtes moins nombreuses, ses
sillons transver lus petits et effacés au milieu du dernier tour, sa columelle plus droite, etc. ;
des P. TE be et Dufouri, par sa spire proportionnelle ment beaucoup plus courte,
ses côtes moins longues, son canal plus court, son cordon sutural Le saillant; du ?. Bro
chii, par ses côtes ss his roites, son canal plus long, ses stries longitädinales moins
sinueuses, ses te moins € dslcbles au voisinage du cordon sutural; du ?. Saxulensis
par ses FR Here nombreuses, sa forme plus effilée, ete.
L'espèce nouvelle est intermédiaire entre le terebra Bast., dont le type est commun dans
les faluns inférieurs de Bazas et dans ceux de Léognan ; et F obeliscts Des M., dont le type est
pris dans les faluns supérieurs de Saubrigues.
=ù
PLEUROTOMA SapoRTAI, Nobis. — (PI. XVIT, fig. 18 et 18 a.) — Pleurotoma rustica, Michelotti,
Descript. des foss, mioc. de l'Italie sept., p. 292, pl. 9, fig. 11 (non P. rustica Brocchi).
a
Testa fusiformis, acuta, anfractus 8-9, antice tuberculis validis, nodos , transversim ordinatis et postice lineis
sptralibus strias longitudinales elegantissime decussantibus ip ; enrots ARE dimidium testæ æquans,
tuberculis transversis prominentibus ti e 10 céngulatus, valide liratus, liris inwqualibus 9 decussatis;
canalis brevis, subsinuatus. — Longit. 13; lat. 6 millim.
Espèce remarquable par son mode particulier d’ornementation et par les stries spirales
élégamment décussées de la moitié antérieure des tours de s spire.
Elle se rapproche beauc ui du PI. Meneghinii, Mayer (Journ. de RRaRe vol. XVI, p. 169,
pl. 3, fig. 3), des couches tortoniennes de Sassuolo ; mais elle en diffère par sa rangée de
tubercules non mé one à mais postérieure, et par l’ absence de lignes ae entre ces tuber-
cules et la suture.
DEFRANCIA CaLaTHiScus, Nobis. — (PI. XVII, fig, 22)
Testa turrita, fusiformis ; anfractus 8 subgradati, convexi, tranversim dense lirati, longitudinaliter et sub-
oblique costati; costis prominentibus, numerosis, pr ope suturam DS et Ke transversis decussatis ; an-
fractus ultimus dimidium testæ « æquans ; canalis mediocris, rectus ; cos ltimi antice evanescentibus ;
beristoma incrassatum, extus varicosum, intus plicatum. — Longit. 14; F 6 mil.
Espèce qui diffère du 2. Phülberti Michaud, par son canal plus long, ses côtes longitudi-
MARNES DE CABRIÈRES. 131
nales plus fortes et carénées près des sutures; du D. reticulata Renieri, par son canal plus
droit et non recourbé, son dernier tour plus long, ses côtes spirales non épineuses ; du
D. Leufroyi Michaud, a son canal plus long, moins recourbé, ses côtes plus aiguës, sa
forme plus élancée ; di D, clathrata Marcel de Serres, par ses côtes plus nombreuses, ses
cordons.transverses plus serrés, etc.
Mirra FUSIFORMIS, Brocchi, loc. cit. t. IT, p. 315 (Voluta
p. 98, pl. 10, fig. 4-7 (Mitra).
. — Hôrnes, loc. cit.,
Z
Espèce mio-pliocène abondante à Cabrières. Le type est commun dans le pliocène d'Itaïie ;
mais il remonte dans presque tout le miocène jusqu’au niveau de Saint-Paul de Dax.
Mirra Manzonu, Nobis. — (PI. XX, fig. 2, 3.)
Testa elongato-fusiformis, crassiuscula, anfractus 9, parum convexi, regulariter crescentes, transversim
dense lirati, longitudinaliter Lit plicis rectis ; anfractus ultimus dimidium testæ æquans, obsolete costatus ;
ad basin valide liratus; cauda brevis ; apertura elongata ; columella oblique tr sie postice callo nuits
Mmunila ; labrum incrassaium, intus mulliplicatum. — Longit. 47 ; lat. 7 millim
Cette coquille a quelques rapports avec les Mitra plicatula Brocchi et pyramidella as
mais sa spire est toujours plus courte, son dernier tour est plus renflé et sa columelle ne
porte que trois plis obliques. Par sa. forme, elle se RRprsnRet de quelques variétés ra Mitra
ebenus Lamarck; mais ses côtes longitudinales constantes, ses stries transverses bien pro-
noncées, son ouverture plus étroite, son bord droit plus épais, l'en distinguent facilement.
COLUMBELLA TuroNICA, Mayer, ie de conchyl., vol. XVII, 4869, p. 285,
pl. 10, fig. 5.
Var. major, transversim valde striata. — (PI. XVIIT, fig. 5-6.)
19:
En se référant à la figure donnée par Dujardin de son C. curta (loc. cit., pl. 19, fig. 47
M. Mayer a cru devoir détacher de cette espèce, sous le nom de 7uronica, la Colombelle la plus
commune dans les faluns de la Touraine, de l'Autriche et du hé. et que MM. Miche-
lotti, Bellardi et Hôrnes inscrivaient sous le nom de curta.
C'est aussi à cette espèce commune des faluns que nous rapportons une coquille très-
abondante à Cabrières, qui se distingue de celles de Touraine et de celles d'Autriche comme
une forte variété de très-grande taille (30 millim. de long. sur 15 de larg.), à tours ronds
et à dernier tour fortement sillonné en travers. Des échantillons figurés par Hôrnes (Loc. cit.,
pl. 41), et qui proviennent des trois niveaux successifs é xs Le Enzesfeld et de Baden,
c’est de ceux d’Enzesfeld (niveau du falun de Salles) (pl. 44, fig. 3) que les nôtres s
u reste, si le C’. Turonica doit être distingué du curta, il appartient assurément au même
type, qui avec quelques modifications, toute la série des terrains néogènes depuis
le falun de Bazas jusqu'aux couches de Sienne.
132 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
COLUMBELLA FILOSA, Dujardin, loc. cit., p. 302, pl. 19, fig. 26 (mala). —
(PI. XIX, fig. 1416.)
«Testa ovato-fusiformis, transversim sulcata, tenuissime longitudinaliter striata ; ne à planis vir
distinctis, supernis obsolete costellatis ; columella nuda. » (Duj.) — Lo ngit. 10 millim,; lat.
est d’après la description de Dujardin, bien plus que d’après la figure ci-dessus citée qui
nous paraît fort insuffisante, que nous rapportons au C. filosa un échantillon unique de
Cabrières, et dont la lèvre droite est malheureusement mutilée. Le €. filosa n’a d’ailleurs été
encore cité de nulle autre localité que dé Tou aine.
COLUMBELLA PORCATA, Fischer et Tournouër, Journ. de mi » Vol. XXI, 1873,
6, fig. 9. — (PI. XIX, fig. 17-18.)
Testa conico-elongata, acuminata, anfractus 8-9, een Pr iores obsolete et longitudinaliter costulati,
9 anfractus ultimus lois testæ v
&
sptraliter et regulariter paucisulcati; sulcis 2 vel
attingens, sulcis 8-9 exaratus ; canalis br evis, extus spir iraliter liratus. — Lon 5- lat; res
La régularité des sillons spiraux de cette espèce la distingue suffisamment de ses con-
génères fossiles les plus voisines.
CyYPRÆA, indét.
Nous possédons un seul exemplaire d'un Cypræa, se se hant par sa forme et par sa
taille du Cyprœa sanguinolenta Hürnes (loc. cit ,pL 8, 9-12), mais dont l'ouverture est
plus étroite et dont les dents sont plus petites et plus Sbrré es
ERATO LÆVIS, Donovan, Natur. hist. of Brit. Shells, t. cx1v (Voluta). — Hôrnes, Loc. cit.,
C0; pl. 8, fig. 16. — Voluta cypræola Brocchi, Loc. cit. LE sat, pl. 4, fig. 10.
Le type, encore vivant dans la Méditerranée, est fort ancien et a été fort répandu en Europe,
où il a traversé une longue série de temps, en ne subissant que de légères modifications,
depuis les faluns inférieurs et même depuis le tongrien de Gaas.
NaTiCA MATHERONI, Nobis. — (PI. XVI, fig. 18-19.)
Testa imperforata, ovato-conica, crassa, solida ; spira elata; anfractus 9, priores rotundati ; ultimus magnus
ER 2/3 longitudinis æquans, prope ue subdepressus ; longitudinaliter tenerrime striatus, lineis
transversis obsoletis cinctus ; apertura semi-lunaris >; columella obliqua, recta ; callum latum, crassum, umbili-
Cum omnino tegens. — Longit. 55; lat. 42 millim
Espèce remarquable as sa grande taille, et dont les caractères se conservent à tout âge.
Par son ouverture elle est très-voisine du Natica redempta Michelotti, qui est aussi épaisse
et dont la callosité columellaire est sembl: ible. Mais la Natice de Catribes est toujours plus
MARNES DE CABRIÈRES. 133
élancée ; sa spire est constamment conique, allongée; ses tours sont globuleux, détachés ;
enfin la longueur proportionnelle du dernier tour est de beaucoup inférieure.
es deux espèces voisines et le N. submamilla d'Orb., forment dberi urs un Droupe qui
débute sur l'horizon de la Touraine et de Turin, et qui caractérise le
Narica HôRNes1, Nobis. — (PI. XVIIL, fig. 20.)
ta mediocris, crassa, lævis ; spüra prominula, anfractus 5 4/2 distincti; columella crassa , antice validicr;
Da mediocris, funiculo spirali angusto munitus, postice angulatus. — Longit. 20 ; lat. 20 millim.
Hôrnes a réuni et figuré sous le nom de N. millepunctata L. diverses Natices, dont aucune
n'est identique à la coquille vivante de la Méditerranée.
Nous croyons pouvoir en détacher, à titre d'espèces distinctes, deux formes de Natices com-
munes à Cabrières, celle-ci et la suivante
Celle-ci se distingu ue du N. millepunctata par sa taille beaucoup plus petite, son test solide
et épais, sa forme plus courte, plus ramassée et moins oblique, ses tours plus détachés, sa
columelle plus forte et plus épaisse du côté extérieur, son ombilic plus petit et son funicule
ombilical beaucoup moins marqué et quelquefois même peu apparen
ar ces divers caractères, elle est intermédiaire entre le te imelale et les variétés courtes
t globuleuses du N. neglécis Maye
Vous trouvons des Natices entique à Lapugy, et c'est peut-être cette forme que Hôrnes
a figurée (loc. cit., pl. 47, fig. us le nom de millepunctata Rens on de Baden); mais il
représente une coquille ue . et l’état de nos échantillons de Cabrières ne nous a pas
permis de nous assurer s'ils offraient ce caractère de color ue qui a souvent une valeur
spécifique dans les Natices.
ND
Z
NarTica LEBERONENSIS, Nobis. — (PI. XIX, fig. 4-2.)
Testa turbinato-globosa, crassa, lævigata ; spira prominula ; anfractus 5 convexicusuli, disjuncti; anfractus
ultimus latus, oblique descendens ; peristoma crassum; umbilicus lalus, profunde excavatus, subquadratus, au
rculo angusto antice instructus, postice callo ineliré abrupte terminatus. — Longit. max. 52 millim
b:29
Espèce commune à Cabrières et qui paraît spéciale à ce gisement. Se distingue très-facile-
ment des autres Natices du même PCA par des caractères constants, c’est-à-dire par la
forme légèrement turbinée de la spire, par la largeur et la profondeur de la cavité pete
qui est terminée carrément du côté ie par la callosité columellaire, et par l’étroitesse
du funicule, qui est placé dans la moitié antérieure de l’ombilic.
NaTica VoLaynica, d'Orbigny (emendatu), Prodr. de paléont. strat., 26° étage, n° 576.
Var. major, longit. 15 millim., latit. 13 millim. — (PI. XIX, fig. 3-4.)
Nous rapportons au N. Volhynica d'Orb. (epiglottina Dubois de Montpéreux, non Lamk),
une Natice commune à Cabrières, du groupe des Natices éocènes epiglottina Lamk, epiglot-
134 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
tc., dont elle continue le type d’une façon remarquable dans les terrains
tinoides Desh.,
miocènes.
NaTiCA JoSEPHiNIA, Risso, Hist. nat. de l'Europe mérid., vol. IV, p. 149, fig. 43
(Neverita).
Espèce assez rare à Cabrières, petite et déprimée. Nous suivons l'usage adopté en con-
fondant sous le même nom la Natice vivante de la Méditerranée et l'espèce fossile que Marcel
de Serres avait décrite et figurée sous le nom de A. ofla ; parce que l’une et l’autre, observées
soit à l’état jeune, soit dans les variations qu'offrent les divers gisements, présentent des
passages suffisants et des formes intermédiaires qui ne dépassent pas, à notre sens, la limite
des variétés contemporaines admises dans beaucoup d’espèces.
Mais nous devons constater que, dans le miocène au moins et à l’état adulte, la coquille en
question diffère le plus souvent et sensiblement, par la hauteur de la spire et par l'expansion
de la callosité columellaire sur l’ombilie, de la coquille vivante de la Méditerranée qui est
tout à fait surbaissée, et dont la callosité tend à se détacher de la cavité ombilicale qu'elle ne
remplit pas entièrement.
Ce type présente certainement d’ailleurs une gradation des mieux suivies depuis le
moment où il apparaît dans nos mers, c’est-à-dire depuis les couches oligocènes de Cassinelle
en Ligurie, jusqu’à l'époque actuelle.
Comme le type du méllepunctata, celui-ci, aujourd’hui exclusi t médit 1éen ,
a prolongé son existence dans les mers du Nord jusque dans la période du crag,
2ERITHIUM DuBOIsI, Hôrnes, loc. cit., p. 399, pl. 42, fig. 4-5.
Var. conica, brevis, evaricosa. — Longit. 45 ; lat. 20 millim.
Espèce très- commune en Touraine et dans le S. 0. de la France ; longtemps confondue
avec le €. lignétarum Hôrn. (C. crassum Duij., bédentatum Grat., plicatum Dubois non Brug.),
auquel elle est toujours associée ; elle constitue avec lui un groupe de Cérites particuliers et
tout à fait caractéristiques de l'époque miocène.
Le type de Hôrnes est pris dans les couches de Grund. Mais il se trouve au-dessus et au-
dessous de ce niveau et parcourt toute la série des terrains miocènes, en subissant des trans-
formations chronologiques et locales très-intéressantes, depuis le gibberosum var. € ë
loup, de Gaas, dont il dérive, jusqu'aux variétés du niveau de Tortone et de Sogliano, qu'il ne
ne dépasse pas.
À Cabrières, où il n’est pas très-commun et pas très-bien conservé, et où nous n’avons pas
, il est court, très-régulier, très-
trouvé son compagnon ordinaire, le €. lignitarum (Pyrazus
conique, et ne présente aucune trace de varices sur les tours de la spire ; ce qui nous fait
douter s'il n'appartient pas au C. Coquandianum Matheron, de la Provence, qui paraît être
une espèce distincte à la fois du Zignitarum et du Duboisi, mais qui n'est pas très-bien
connue.
On trouve d’ailleurs dans la mollasse de notre région, à Tanaron (Basses-Alpes), le C. Zigni-
tarum et le C. Duboisi certains.
MARNES DE CABRIÈRES. 135
RS Basterot, oc. cit., p. 56, 1825. — Grateloup, loc. cit., pl. 17, fig
, Loc. Cit,, p.403; pl, 42, fig. 8. — C. cinctum Bruguière, Bieset. 1e
Il est certain, comme le suppose M. Deshayes (Descr. des anim. sans vertèbres, ete., 1866
&. IT, p.179), que le €’. cinctum de Lamarck, du bassin éocène de Paris s, n’est pas le même qe
celui de Bruguière, dont le type a été pris, comme celui du C’. plicatum, dans les marnes des
re de Montpellier, aujourd’hui reconnues . sparenir à l’étage des faluns de Bazas.
. Deshayes ajoute que tout le porte à croire que le C. cinctum de Bruguière est la même
espèce que le papaveraceum de Basterot ; c’est un né int : critique difficile à élucider.
1e C. papaveraceum est Pe a constamment associé, dans les divers étages du miocène,
aux C”. lignitarum et C. Duboisi, et il en suit l'histoi
Cest un type de Potamide, ancien Fée l’éocène DA et qui ne dépasse pas le plio-
cène. À Cabrières, le pag um est rare. Nous n’en avons vu qu'un seul individu, plus gros
et plus conique que les types ce
2ERITHIUM PRÆDOLIOLUM, Nobis. — (PI. XVIII, fig. 1 ; et PI. XIX, fig. 13.)
Test ovato-acuta, subventricosa ; anfractus contiqui rapide crescentes, ultimus major ; cingulis duplici
serie nodoso-tuberculati, tuberculis posterioribus graniformibus ; canalis brevis, truncatus. — Longit. 25; lat.
10 millim
Coquille courte, plus ou moins gibbeuse, dont les tours se développent der. le
dernier étant proportionnellement très-grand comme dans le C. doliolum Brocc., dont
quelques échantillons se rapprochent beaucoup. Chaque tour présente du côté antérieur un
rang de tubercules espacés et moins saillants que dans le €. vulgatum L., souvent même ob-
tes ; et un cordon de granulations serrées du côté de la suture, comme dans le doliolum.
Espèce assez commune à Cabrières; nous en avons fait représenter deux échantillons, dont
celui figuré sur la planche XVIIT présente exe aide lement à chaque tour deux rangées
un
©
—
_
=)
Ce Cérite appartient à un petit groupe d'espèces fort difficiles à étudier, et confondues sou-
vent sous le ue à de C. minutum M. de Serres, nom qui dévrait être rayé de la nomen-
clature, car il est emprunté à un opuscule ancien (Æssat pour servir à l'histoire des animaux
du midi de la pers 1822, p. 60), où Marcel de Serres a inscrit, dans un essai de catalogue
des coquilles vivantes du Languedoc, les trois noms de Cerithium asperum, pullum et
minutum, Sans aucune espèce de diagnose qui permette de les attribuer à telle ou telle
coquille vivante et surtout fossile.
Notre coquille est d’ailleurs très-loin d’être conforme à celles qui ont été inscrites et
figurées par Hôrnes (oc. cit, pl. 41, fig. 8 et 9) sous ce nom de minutum, et dans lesquelles
ii est difficile de voir autre chose que des variétés de taille du €. vulgatum. Elle ne ressemble
non plus aux Gérites souvent cités sous ce nom de Tortone ou de Stazzano, et qui sont
te aucoup plus courts et plus ventrus. C’est une coquille intermédiaire, par sa taille, sa forme
et ses ornements, entre le Sn et le doliolum.
136 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
CERITHIUM DERTONENSE, Mayer, Journ. de conchyl., vol. XVI, 1868, p. 107, pl. 3,
fig. 5. — (PI. XVII, fig. 2.)
Cette espèce a été séparée du C. granulinum Bonelli, de l’Astesan, pour une coquille pro-
venant des couches de Tortone, à laquelle nos ee de Cabri ières sont conformes,
quoique d’une taille plus petite. La bouche de cette espèce nous est encore inconnue. Mais,
par les autres caractères, elle paraît étre un dérivé du C. sahmo Bast. (1), des dernières
couches du miocène inférieur et du miocène moyen du S. 0., et elle passe épi -même au
C. granulinum, qui la remplace dans les premières couches ous de l’Astesar
CERITHIUM PICTUM, Basterot, oc. cit., D 57,:pl 37156
Var. angusta, elongata, tub lis obsoletis, longitudinaliter striata vel inermis. — (PI. XVIII,
)
Assez rare à Cabrières ; cette variété se retrouve dans le miocène supérieur‘ d'Orthez, et
plus bes dans les faluus de Pontlevoy et de Gabarret.
TURRITELLA BICARINATA, Eichwald, Naturh., Skizze v. Lithauen, etc., p, 220. —
drnes, loc. cit, p. 426, pl. 43, fig.
Les exemplaires de Cabrières présentent les divers passages de forme figurés par Hôrnes,
depuis le type unicaréné de la figure 8, jusqu’au type franchement bicaréné des figures 11
et 12 de la planche 43. Hôrnes a cru pouvoir rapporter au 7. Archimedis Brong. (Zurritella
cochlias Bayan) de l'oligocène quelques formes du miocène de l’Europe orientale, d'assez
grande taille, et présentant des tours plus excavés, soit près de la suture, soit dans l'intervalle
des carènes, et qu’il convient on ne Frere attacher encore, Comme variétés, au type miocène
bicarinata, plutôt qu’au petit Archimedis, si l’on veut y voir deux types différents.
TURRITELLA PUSI0, Nobis. — (PI. XVIII, fig. 23
Ce)
Testa minuta, crassa, elongata, anguste qu. anfractus circiter 10, lente crescentes, convexi, antice et
valide bicarinati, postice multilirati. — Longit. 20 millim.; lat.
Nous croyons pouvoir détacher sous un nom spécial, du type bicarinata, une Turri-
telle extrêmement abondante à Cabrières, qui est d’une taille constamment petite et d’une
forme toujours étroite, et qui, par son ornementation, est inte dr nue entre certaines
variétés du éurris et certaines variétés du bicarinata où de l’'Archimedis Hôrne
Nous avons fait représenter, comme type, la forme la plus ordinaire, Fe présente une
petite carène en arrière de la carène médiane principale ; mais cette troisième petite carène
disparaît souvent, et il ne reste plus que deux carènes dominantes, comme dans le t type
bicarinata ; où d’autres fois les carènes deviennent obsolètes et peu sensibles.
(1) C'est sans doute notre coquille qui a été indiquée sous le nom de sa/mo dans la liste de M. Dumortier.
MARNES DE CABRIÈRES. 137
On trouve en Touraine, à Salles, Orthez, Saubrigues, de petites Turritelles très-voisines de
celle-ci, quoique moins étroites peut-être proportionnellement.
Ce type bicaréné est si polymorphe, qu'il y a autant de variétés locales que de gisements.
PROTO ROTIFERA, Lamarck, ist. nat. des anim. sans vert., t. VIL, p. 59 (Turritellu). — Deshayes,
Description des cog. fossiles des environs de Paris, {. IT, à ee pl: 40, fig. 20-21. — Manzoni,
Della fauna marina di due lembi miocenici, etc., p. 20, 3, fig. 2-3. — (PI. XVII, fig. 21-
22, et PI. XIX, fig. 9, 10.)
us faisons At de nouveau cette remarquable espèce, qui est très-commune à
Cabriè res et dont l’histoire est assez intéressante. Lamarck l’a fait connaître. d’après des
rer Er A des environs de Montpellier et recueillis par Bruguière. Plus tard,
. Deshayes a rapporté à l'espèce de Lamarck une Turritelle fossile des sables inférieurs de
Soissons. Mais depuis cette époque, on n’a pu la retrouver dans ce giseme
Ultérieurement, le Turritella rotifera a été signalé à Mont-Jouy près Barc elone (Deshayes),
dans les faluns du Portugal (Pereira), et à Asolo près Bassano (Manzoni). Tous ces gisements
sont du miocène supét rieur.
Le 7. rotifera varie en raison de sa multiplicité dans le gisement. A Cabrières, le plus bel
=
æ
?
exemplaire que nous faisons figurer (pl. XIX, fig. 9) appartient à l’ancienne collection du
Muséum, où il porte l'étiquette de Cucuron de la main sans doute de Requien. Les échan-
tillons ordinaires de Cucuron (pl. XVIT, fig. 21, 22) sont sensiblement plus petits que ce type,
et portent une carène moins accentuée ; ils s s'é RE d'autant par conséquent de la coquille
de Montjouy, qui constitue par sa forme très-élancée, sa carène postérieure extrêmement
saillante et quelquefois seule persistante, une forte variété. À Cabrières, au contraire, cette
carène tend à s’effacer et devient quelquefois tout à fait mousse (pl. xx fig. 410) et pre nd
la forme d’un simple bourrelet sutural, comme dans la figure 3 de M. Manzoni. La En
se rapproche alors beaucoup du type Turritella proto Bast. ou T. rie Brongn., du
miocène moyen, dont elle n’est peut-être qu'un dérivé ; et les caractères « TU de
visibles sur un individu assez bien conservé, nous engagent à ranger espèc e dans cette
section des Turritellidées, qui est caracté ristique du miocène.
On voit par les gisements cités ci-dessus pour le Proto rotifera, qu'il paraît avoir éié
spécial au littoral méditerranéen miocène, côtes d'Espagne, du Languedoc, de la Provence
et de l'Italie septentrionale. Nous ne le connaissons ni du S. 0. de la France, ni du bassn
central du Danube.
MESaALIA CABRIERENSIS, Nobis. — (PI. XVIII, fig. 24.)
r | a te] )
Testa crassa, turrito-conica ; anfractus 12, priores ad suturam inflati, subangulati; cæteri subrotundi, bi-
carinati, carina anteriore validiore; ultimus ad basin valde sulcatus. — Longit. 30-35 millim.; lat. ultimi
anfractus, 10 millim.
Cette Turritelle, commune à Cabrières et qui semble spéciale à ce gisement, a des rapports
e T. Grateloupi Mayer, du falun de Salles, mais elle s’en distingue facilement par la
solidité et l'épaisseur de la coquille, par sa forme générale plus conique. Dans la coquille
de Cabrières les tours embryonnaires ne sont pas bicarénés, mais seulement renflés et anzu-
eux du côté antérieur; le dernier tour au contraire est profondément sillonné jusque sur la
18
md
avec
138 ARIMAUX FOSSILES DU MONT LERERON.
base. Ce dernier tour présente ainsi 7-8 côtes inégales, savoir : les 2 côtes principales ou
arènes qu'on voyait déjà sur les tours médians, 1 ou 2 côtes obtuses du côté de la suture,
et 4 côtes plus serrées et bien marquées du côté de l’ouverture.
ES
Le type atteint à Cabrières une taille plus forte que celle de l'individu figuré, et il admet
d’ailleurs quelques variétés, entre autres une variété unicarénée assez distincte qui le rap-
de he du 7° cochleata Br. du pliocène.
Par la forme sinueuse du labre, cette espèce fait partie du groupe des Mesalia, très-bien
représenté dans l’éocène du bassin de Paris, et encore actuellement vivant sur les côtes
occidentales de l'Afrique
Rissoa, indét.
Quelques exemplaires jeunes d’un Æissoa que nous n’avons pu déterminer se rapprochent
du Rissoa curta Dujardin.
VERMETUS INTORTUS, Lamarck, Æist. nat. des anim. sans vert., éd. 1, t. V, p. 365 (Serpula). —
Chenu, ZUL. ., pl 9, fig. 6 (Ver He — Vaillant, pr sur li synon. des espèces de
Lamarck, elc., NE Arch. du Muséum, 1. VIT, 1871, p. 192 (Vermetus).
L'identification de notre échantillon avec les types de Lamarck a été faite par M. L. Vaillant.
Lamarck donne pour localités types de son espèce à l’état fossile Plaisance et Dax. Elle est
en effet citée dans pores: de gisements du pliocène, du crag et du miocène supérieur e/
moyen, à Gainfahren, Touraine, à Bordeaux et même au Mainot près de Saint-Paul de
Dax.
TURBO MURICATUS, Dujardin, Mém. sur les couches du sol en Touraine, p. 285. — Turbo rugosus
Dubois de Montpéreux, eu chyl. foss. du Plateau Volhyn., p. 38, pl. 2, fig. 23-95 (non
T. rugosus, Linné). — (PI. X) Ie fit: 14-15.)
le
—
Il existe dans la science un très-grand nombre de Turbo muricatus, tous diffé rents les uns
des autres et décrits par Linné, Brocchi, Sowerby, Beudant, Risso, etc., m s l'espèce de
Dujardin est la seule qui rentre réellement dans le genre Zur a tel qu'il est pren aujour-
d’hui par les conchyliologistes. Les figures citées de Dubois de Montpéreux sont très-bonnes,
mais cet auteur a eu le tort de considérer cette coquille comme identique avec le Turbo
rugosus de Linné, espèce vivante de la Méditerranée, qui d’ailleurs se trouve aussi fossile
dans le miocène supérieur de Vienne (Steinabrunn, etc.), tout comme le Cerithium vulgatum.
2 Turbo ___ est rare à Cabrières. Il est au contraire abondant dans les faluns de la
Touraine et de l'Anjou (les exem plaires jeunes sont plus Re et les épines sont plus
longues) ; il est cité aussi du même niveau en Suisse par M. Mayer.
NOrO =
La figure donnée de cette espèce dans notre planche XXI n’est pas satisfaisante.
L’ornementation, en réalité, n’est pas aussi régulière et aussi perlée que le représente le
in
dessir
MARNES DE CABRIÈRES. 139
TROCHUS MILLEGRANUS, Philippi, Ænumer. Moll. Sicil., t. 1, p. 183, pl. 10, fig. 25. —
(PI. XVIIL, fig. 28.)
Var. Cabrierensis. — Testa latior, granulis in anfractibus prioribus tantum conspicuis, léris
suturalibus parum prominentibus.
Nous avons comparé nos exemplaires de Cabrières avec plusieurs Trochus millegranus du
quaternaire de Sicile, et nous n’avons trouvé que quelques différences peu importantes.
Nos fossiles sont un peu plus larges à la base; les cordons suturaux Ps moins saillants
et les granulations caractéristiques ne sont évidentes que sur les premiers tot
Le Trochus millegranus habite encore les mers d'Europe; il est fossile d ins les couches
quaternaires du bassin méditerranéen.
I nous parait distinct du Trochus miliaris Brocchi, avec lequel Hôürnes l’a confondu. Mais
les deux espèces dateraient également du miocène moyen ou supérieur.
Cette coquille est rare à Cabrières.
TROCHUS MaRTINIANUS, Matheron, C'atal. des corps organ. foss. des Bouches-du-Rhône,
236, pl. 39, fig. 10-11. — (PI. XIX, fig. 7-8.)
Lette petite espèce est bien décrite et figurée par M. Matheron. Elle appartient au groupe
actuel du 7rochus conulus Linné. Elle est remarquable par la convexité de sa base, la
légère me ssion des tours de spire près de la suture, et ses nombreuses côtes spirales non
granulet
Le ie nee de Carry ; mais de quel niveau ?
Un seul exemplaire de Cabrières.
ROTELLA SUBSUTURALIS, À. d’Orbigny, Prodrome de paléont. strat. univ., t. IL, p. 44, n° 708
(Pitonellus). — Rotella ane Miche lotti, Jahrb. für min. geol., etc., 1838, p. 396 (non
PR. suturalis Lamarck). — (PI. XVIIE, fig. 27.)
d'Orbigny a modifié le nom donné à cette espèce par Michelotti, qui la croyait identique
avec un Aotella vivant des mers de l'Inde, décrit par Lamarck.
Le Æotella subsuturalis atteint des dimensions encore plus grandes que celles de l’exem-
pins ne nous avons fait figurer ; un de nos spécimens mesure 23 millimètres de diamètre
à la base. Les sillons spiraux réguliers qui caractérisent cette coquille sont plus serrés et plus
effacés à à sa face inférieure. La forme de la spire est variable et plus ou moins conique. La
callosité ombilicale est plus ou moins saillante, mais toujours largement développée et
arrondie,
Nous ne connaissons cette coquille que dans le gisement de Tortone, où elle est fort
commune. Elle ne l’est pas moins dans celui de Cabrières,
140 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
#]
ROTELLA MANDARINUS, Fischer, ou
fic
p+ J.
rn. de conchyl., 1869, t. XVII, p. 498, pl. 13,
PI. XVIIT, fig. 25-26.)
Cette belle espèce, que nous faisons figurer de nouveau, paraît être jusqu’à présent
spéciale aux marnes de Cabrières, où elle n’est pas rare. Elle est remarquable par le cor-
don qui borde sa suture et qui se prolonge sous forme de carène jusqu'au bord du dernier
tour. La couche superficielle du test est très-mince, elle s’enlève facilement et laisse aperce-
voir la nacre au-dessous.
æ gisement de Cabrières présente done deux espèces de Rotelles, type inconnu dans
l’éocène ou l’oligocène et même au-dessous du miocène su érieur, et aujourd'hui abondant
dans la Polynésie et dans les mers de l'extrême Orient, et surtout dans celles du Japon, où se
trouvent les plus grandes espèces.
UALYPTRÆA CHINENSIS, Linné, Syst, nat., éd. 12, p. 1257 (Patella). — Hôrnes, loc cit., p. 632,
pl. 59, fig. 17-18 (Calyptræo). — Patella muricata rocchi, Conch. foss. subap., t. U,
p:-254/pl-1.4/109;
Cette espèce s’est perpétuée depuis le miocène jusqu’à l’époque actuelle. Elle vit mainte-
nant dans les mers européennes, mais sa taille est sensiblement diminuée.
Dans le S. 0. de la France, elle se trouve depuis Mérignac et Saint-Paul de Dax jusqu’à
Salles ; dans le bassin du Danube, depuis Gauderndorf jusqu'à Steinabrunn et Lapugy.
Elle se poursuit ensuite dans le pliocène méditerranéen et dans les crags du Nord.
md
CALYPTRÆA DEFORMIS, Lamarck, Æisé. nat. des anim. sans vert, vol. VIE, p. 532
Hôrnes, loc. cit., p. 634, pl. 50, fig. 14-15.
ocène moyen. Elle est beau-
France, à Saint-Paul de Dax, Léognan, Saucats
e bassin de Vienne, où elle est citée seulement
Coquille assez commune à Cabrières, et caractéristique du mi
coup plus abondante”dans le $. 0. «
et Uestas, qu’en Touraine, ou que dans 1
à Gauderndorf et à Grund.
M. Matheron l’a citée à Carry, et M. Mayer en Suisse, dans les trois ét:
tien.
iges de son helvé-
CREPIDULA GIBBOSA, Defrance, Dictionn. des sciences natur.,
vol. XL, p. 397. — Dujardin,
Mém. sur les couches du so! en Touraine, p. 275. — Hôrnes, loc. ett., p. 628, pl. 50, fig. 44.
— (PI. XVI, fig. 17-18.)
Nous avons fait représenter de nouveau cette espèce, parce que la figure citée de Hôrnes
ne reproduit pas ses caractères habituels. Dans les faluns de Touraine, le Crepidula gibbosa
est presque toujours épais, contourné irrégulièrement, con ave, à bords sinueux. Cette
déformation devait être en rapport avec les corps sur lesquels le mollusque était fixé de son
vivant, comme l’a fait observer Dujardin.
Cette espèce, commune à Pontlevoy en Touraine,
mais elle se retrouve au même niveau à Grund en
Hongrie, ete. Nous en avons vu des exemplaires viv
(92)
n’est pas encore signalée dans le S.0..
Autriche, puis à Gainfahren, à Lapugy en
ants du Sénégal.
MARNES DE CABRIÈRES. 11
FISSURELLA ITALICA, Defrance, Dictionn. M Es pp AVS D 79
lôrnes, Loc. cit., p. 641, pl. 50, fig.
—
est difficile de voir autre chose dans cette espèce que l’analogue fossile du Fissurella
reticulata Donovan, qui vit aujourd'hui sur les côtes océaniques de l'Euro
L'espèce fossile se trouve, avec qu elques modifications cependant qui se eraient à étudier,
dans ie aucoup de gisements du miocène et du p ins Elle débute à Saint-Paul de Dax, et
est commune au niveau de la Touraine (var. ménor, altior), de Turin et de Grund ; rare dans
les faluns supérieurs, on la retrouve dans le pliocène et dans les dépôts quaternaires de la
Sicile, de Rhodes, etc. Elle n’est pas commune à Cabrières.
BULLA LAJONKAIREANA, Basterot, loc. cit, p. 22, pl. 1, fig. 25 (Bullina). —
Hôrnes, loc. cit., p. 624, pl. 50, Se ( ) (Bulla)
Petite coquille très-distincte dont on a fait le type d'un sous-genre. Plus ancienne et plus
répandue dans les dépôts miocènes de l’ouest que dans ceux du centre de l’Europe, elle a été
trouvée à Mérignac, à Saint-Paul de Dax, à Léognan et Saucats, en Touraine et à Salles.
Dans le bassin de Vienne, au contraire, elle paraît spéciale aux couches à Cérites du miocène
tout à fait supérieur. On la cite d’ Re dans l’Allemagne du Nord et jasque dans le crag de
Sutton en Angleterre.
DENTALIUM FOSSILE, Linné, Gmel. Syst. nat, éd. 13, p. 37-38, n° 14. —
lôrnes, loc. cit., p. 657, pl. 50, fig. 36.
tie espèce, rare à Cabrières, est donnée par Hôrnes comme provenant des couches de
Pôtzleindorf, du groupe supérieur de M. Suëss. Elle est citée aussi par lui de Saint-Jean
de Marsacq dans le $. 0, et du pliocène méditerranéen. M. Mayer l'indique en Suisse dans son
helvétien IE.
OSTREA CRASSISSIMA, Lamarck, Æist. nat., ete., t. VI, p. 217. — Hôrnes, Loc. cit
p. 455, pl. 81-84. — Fischer, Paléont. de l'Asie Mineure, p. 253, Ke 19.
Les échantillons ordinaires de Cabrières rentrent parfaite ment dans le type de l'espèce ;
ils sont FRERE lement extrêmement longs et étroits ; un échantillon complet mesure
270 ) millim. de long sur 65 de large. La charnière est très-étroite, profondément excavée par
le canal, avec deux bourrelets latéraux très-étroits.
Nous inscrivons cette espèce dans la faune des marnes de Cabrières, où elle a été recueillie
par M. Arnaud dans la partie mférieure du gisement avec les autres espèces littorales, soit
sous la forme typique allongée, soit sous une forme plus courte qui la rapproche de l'O. gin-
gensis Schloth. figuré par Hôrnes. Mais il ne faut Le oublier que d’après les observations cer-
taines de M. Gaudry, elle occupe aussi au-dessus de ces marnes une couche et à où
l'on ne trouve pas d’autres fossiles, et qui témoigne sans doute d’un abaissement momentané
et local du fond de la mer sur ce rivage ; en un mot, elle est ici égale ou supérieure au niveau
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
du Cardita Jouunnetr. Plus généralement, elle est subordonnée ou même inférieure à cet
horizon. En France, du moins, ses grands gisements sont dans la mollasse marine de l’Arma-
gnac, du Langue 66 et de la Provence, à un niveau que nous croyons inférieur au groupe du
miocène supé rieur A re il se pourrait qu'il y ait eu à ce moment, et au moins
pour ces régions abaissement assez général et maximum du sol, suivi d’un relèvement
qui a ramené les fi unes littorales é derniers faluns. Mais l’Ostrea crassissima, comme nous
le voyons ici et ailleurs, a survécu à ces oscillations et n’a réellement disparu de nos côtes
que pendant l’époque pliocène.
OSTREA DIGITALINA, Rs de Montpéreux, Conchyl. foss. du Plateau ; un ni
p. 74, pl. 8, fig. 43-14. — Hôrnes, Loc. cit. t. II, p. 447, pl. 7
Var. Leberonensis (pl. XIX, fig. 19-20). — Testa anguste plicata, plicis lateraliter valde
\
divergentibus.
Espèce extrêmement polymorphe et que nous ne largement comme Hôürnes. La
variété que nous faisons figurer se rapproche des figures 7, 8, 9 de l’ouvr: age d'Hôrnes ; elle
en diffère par ses côtes encore plus divergentes latér ale es Quelques éc hantillons de
Cabrières atteignent une grande taille, deviennent trè s-épais et rappellent la forme de l’Ostrea
lamellosa Brocchi. Quelques autres enfin sont remarquables par leurs côtes moins nombreuses,
lus aiguës, non divergentes et ressemblent à l’Ostrea tegulata de Münster (Golfuss, Petref.
german, t. Leu 2 1) y tres 3).
Le type de Dubois pe du miocène supérieur de Volhynie, et on le retrouve au même
niveau et bien caractérisé en Autriche et dans le falun de Salles. Hôrnes y a réuni les
petites Huîtres plissées is L éognan, Saucats, etc., que MM. Raulin et Delbos avaient inscrites
sous les noms de rugata, de frondosa M. de $. et de foveolata Eichw. Ces espèces sont
en effet fort voisines l’une de l’autre et en même te mps de la digitalina, et Hôrnes fait
descendre cette espèce dans le bassin de Vienne ; jusqu'au niveau de Grund et d’Eggenburg
Il va peut-être un peu loin en y réunissant encore l'O. producta Raul. Delb., des faluns de
as
ANOMIA COSTATA, Brocchi, loc. cit, 1 IE, p. 463, pl. 10, fig. 9. — Hôrnes, Loc. cit. :-P-102:
85, fig. 1-5. — Anomia as. Partsch, Jibré. ss min. geogn. ni Petref., us
p. 425. — Anomia sinistrorsa, Marcel de Serres, Géogn. des terr. tert.. p. 138, pl. 4, fig.
Très-abondante à Cabrières, cette Anomie y atteint presque la taille des plus grands indi-
vidus figurés par Hôrnes, sans présenter jamais d’ailleurs des côtes aussi saillantes et aussi
espacées.
PECTEN IMPROVISUS, Nobis, — (PI. XX, fig. 4, 5.)
Testa orbicularis, crassa, subæquilateralis, 5 ee COnvexa, pipe dense et tenue lamelloso-striata,
interstitiis radiatim striatulis ; auriculis latis, atis;; valva dextra parum convexa, costis radiantibus
MARNES DE CABRIÈRES. 143
14 rotundatis nr stitiis Las latioribus munita ; valva sinistra convexo-tumida, costis radiantibus 13, elevatis,
vata ; margine ventrali intus valide dentato. — Diam. antéro-post., 78 ; alt. 77 millim.
Gette coquille, que nous ne pouvons rapporter à aucune espèce décrite à notre connais-
sance, est remarquable par la différence sensible d’ornementation des deux valves. Les
côtes de la valve droite (fig. 5) sont peu saillantes et plus larges que les interstices ; au con-
sur la valve gauche (fig. 4), les côtes sont très-élevées, étroites, et leurs interstices
sont très-profonds.
Ce Peigne, qui n’est pas rare à Cabrières, se rapproche du LP. scabriusculus de la mollasse
de Cucuron auquel il succède. Il en diffère par sa forme plus orbiculaire et plus convexe, par
ses côtes plus étroites, plus pincées, surtout sur la valve gauche, et qui ne sont pas striées
longitudinalement et écailleuses comme dans le scabriusculus. Cette ornementation rayonnante
ne se montre guère ici que dans les interstices des côtes, et ce sont au contraire les stries trans-
verses et concentriques qui ont une tendance à dominer, comme dans le P. Beudanti Bast.
Ostrea). —
=
PECTEN MULTISTRIATUS, Poli, estacea utriusque Siciliæ, pl. 28, ce 14
Pecten ie Phifinpis Enumer. Moll, Sicil., 1.1, p. 86.
À l’état vivant, cette espèce présente deux formes distinctes : dans la Méditerranée, elle
conserve son He ordinaire ; dans l'Océan, elle devient adhérente, irrégulière, et se
change en Ain
À l’état Ta forme Pecten a été trouvée dans la plupart des gisements fossilifères,
depuis la Touraine jusqu’au quaternaire le plus récent.
AVICULA PHALÆNACEA, Lamarck, Æist. nat., ete., t. VI, p. 150. —
lôrnes, loc. cit., p. 376, pl. 52, fig. 1-4.
=
=
seul échantillon, mutilé, se rapporte à la figure citée de Hôrnes. Le type provient
des faluns de Léognan ré et Basterot), où les débris en sont fort communs : il se
trouve d’ailleurs déjà dans l’étage de Bazas. On le trouve ensuite dans tout le miocène. jusque
dans le DORE Ralon, où il disparaît.
Cette nt, comme Dujardin l'avait fait remarquer, au sous-genre Meleagrina,
aujourd’ hui étranger à nos mers et répandu dans les mers chaudes de l'Orient, depuis la mer
iouge jusqu’à la Californie.
MYrTILUS, sp. ?
Nous ne possédons de cette coquille que des fragments insuffisants pour une détermination
spécifique. Mais ces fragments, qui montrent un talon très-fort et un bord droit, rectiligne,
non concave, accusent une coquille qui ne se rapporte ni au M. Michelinianus Mathero on, des
faluns de Bazas et de Carry, ni au grand M. Haïdingeri Hôrnes, des faluns du groupe inférie ur
de Loibersdorf, Egge cbire. Grund, etc., et de Cestas dans le S. 0.; ni au Y. antiquorum
Sow (edulis?) du crag.
Quelle qu’elle soit, cette forme se retrouve exactement dans le falun de Salles et
Gaujacq dans le Sud-Ouest ; mais nous n’en possédons pas non plus de ces localités d’exem
plaire satisfaisant.
a
af ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
ARCA TURONICA, A Mém., etc.,.p. 267, pl..18, fig. — Hôrnes, loc: ct, t IE,
p. 332, pl. 44, fig. 2. — À. firmata, Mayer? ( Ci PU 3° cah., 1868, Arcides,
n° 23.
Espèce très-polymorphe, assez commune à Cabrières, où l’on trouve des formes qui se
rapportent bien au type de Dujardin ou aux variétés passant à l'A. Breislaki, communes
en Touraine.
Quelques échantillons Fe très-grande taille, à forme bombée, épaisse, subtrapézoïdale,
mesurant jusqu'à 80 millim. de longueur sur 55 de hauteur, se rapportent vraisem-
blablement à la forme tor ee que M. Mayer a dé tachée sous le nom de firmata du type
Turonica « dont elle n’est qu'une exagération », et dont elle ne doit peut-être constituer
qu'une dernière et très-gre dé ariété
2 type Zuronica provient des faluns de la Touraine, où il est extrêmement commun ; i
ne l’est pas moins dans les faluns contemporains de Sos et de Ho dans l’Armagnac.
ILest rare au même niveau en Autriche, où il se trouve principalement, « d’après les citations
de Hôrnes, sur l'horizon plus élevé d’ Éo2esl feld, Steinabrunn, etc., tandis qu'à l'inverse il
est rare dans le miocène supérieur du S. 0. Ce pendant on le trouve au niveau de Salles
(à Saucats), sous une forme grande, carrée, assez voisine de celle de Cabrières. Il ne dé ‘passe
pas le tortonien,
+
ARCA UMBONATA, Lamarck ? Hist, nat., ete., vol. VI, pe
Nous inscrivons ici cette espèce d’après un seul exemplaire mutilé je rieurement, et qui
ne se rapporte pas exactement aux figures que Hôrnes en a données (/0c. cit, pl. 42, fig. 1-3)
et qui représentent des échantillons provenant du groupe inférieur des A de G aude n-
dorf, ÉBBCRE EL Grund, dont M. Mayer fait le type d’une ue nouvelle, A. Grundensis.
Dans l'échantillon de Cabrières, le côté extérieur est très-aigu et fuyant obliquement en
arrière, comme dans A. No ; le bord inférieur de la coquille + aussi be: auCOUp plus ondulé,
plus fortement sinueux que dans les coquilles de Vienne. Du reste, la position des sommets,
la largeur de l'aire cardinale et la multiplicité des stries qui la couvrent sont les mêmes
Quelle est l'importance spécifique de ces divers caractères ? et l'A. Rs de Lam arck
doit-il passer certainement en synonymie de l’A. imbricata de Bruguière
PECTUNCULUS GLYCIMERIS, Linné, Syst, nat., éd. 12, p. 1143 (Arca). —
e, Conch. icon., pl. 3,1 E 2-13
D'après une seule grande valve de Cabrières, plus haute que large, ovale, légèrement
oblique, à sommets médiocres et à charnière fs moyenne force, différente par ces caractères
du te Hôrnes (stellatus sec. Mayer) du bassin de Vienne ou de Touraine, et que nous
croyons pouvoir rapporter au glycimeri is, tel que r nr nd M. Mayer (Catal. syst. et descr., etc.,
1868, dise des Arcides). Cette fine nous paraît se retrouver plutôt à Léognan et à
Salles
MARNES DE CABRIÈRES. 145
CHAMA GRYPHOIDES, Linné, Syst. nat., éd. 12, p.
0, pl. 31, fig.
1139. — Hôrnes, loc. ct.,
Type encore vivant dans la Méditerranée ; il date dans nos mers des premiers temps du
miocène, car On le trouve déjà dans le S. 0. à Saint-Avit, et à Molt en Autriche.
CarDIUM DarwiINI, Mayer, Journ. de conchyl., t. XIV, 1866, p. 69. — (PI. XX, fig. 9.)
un
Le
M. si yer a sé paré sous ce nom du Cardium hians Brocchi (C. indicum auct. olim
beau Cardiur n qui n’a pas été encore figuré et que nous faisons représenter d’après un
échantillon du falun de Salles, plus complet que celui, d’ailleurs EF arfaitement conforme, que
Arnaud a recueilli à C hate 5. Notre coquille n’est identique ni avec le ©. ans
Hürnes (€, danubianum Mayer) d’ E nzesfeld, ni avec le €. kians “Re hi du pliocène d’Asti.
D'après M. Mayer, ce serait le C’. Darwini, et non le C’. hians, qui serait encore vivant sur les
côtes de l'Algérie. M. Weinkauff a critiqué cette proposition, et il admet que toutes ces formes
miocène, pliocène et actuelle ne sont que des variations du même type, le Aïans de Brocchi.
siles et vivants que nous avons pu voir, nous croyons que
=
Pour nous, d’après les spécimens fos
M. Weinkauff a raison d'admettre l'identité du €. Aïans du pliocène et de l'espèce vivante
de la Méditerranée ; mais nous avons de la peine à accepter que ce type puisse comprendre
dans ses variétés une forme aussi éloignée de la forme normale que celle que nous faisons
représenter.
En tout cas, si cette forme n’est qu'une variéié du €’. hïans, elle en est du moins la forme
première et la plus ancienne.
CARDIUM PAPILLOSUM, Poli, Test. utriusque Sicil., vol. Fi 16, fig. 2-4. —
Hôrnes, loc..cit., p. 194, pl. 50, fig
ait
Ce type, qui vit encore aujourd’hui sur toutes nos côtes de l'Océan et de la Méditerranée
partie de la faune européenne et sans beaucoup varier, au moins depuis le commencement
de l’époque miocène.
CRASSATELLA PROVINCIALIS, Nobis. — (PI. XX, fig. 12-13.)
iuscula, antice et postice subr otunda, HR ares
Testa subæquilatera, ovato-trigona, crassa, convez
valde declivibus ; extus rugis transversis mr parum irgur ibus, postice HR r
cardine crasso. — Diam. antéro-post. 18; latit, 45 millin
Cette espèce se rapproche du Crassatella concentrica Dujardin, de es à elle en diffère
par ses valves plus bombées, moins transverses, non tronquées en ‘arrière ; par son bord
dorsal postérieur plus déclive, sa charnière plus épaisse, ses côtes se rele svant plus brusque-
ment en arrière, etc.
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
146
CARDITA CRASSA, Lamarck, Anün. sans vert. , t p. 27. — Deshayes, Cog. a de Paris,
t. 1, p. 181, pl. 30, fig. 17-18. — Hôrnes, loc. cit., p. 264, pl. 34, fig.
Cette belle espèce n’est pas rare à Cabrières, où elle est parfaitement typique et où elle
atteint les plus grandes proportions, au moins 100 millim. de largeur transversale.
Le type de l'espèce fossile C’. crassa de Lamarck, qui est voisine, mais cependant ie te
icosta vivant en Australie, provient des faluns de la Touraine, où il est fort
commun (son indication ancienne dans l'éocène de Paris était une erreur qui a été mire
araît occuper dans le miocène un niveau générale-
par M. Deshayes lui-même), et il
ment moins élevé que le Car dita Jouanneti. I est d’ailleurs beaucoup moins répandu que ce
dernier.
Il est cité en Cilicie à Nemroun (Fischer in Tchihatcheff),
oriental jusqu'à présent, et le plus rapproché des mers où il faut chercher ses analogue
tuels.
ce qui serait son gisement le plus
le)
CarDiTA JOUANNETI, Basterot, Mém. géol., etc., p. 80, pl. 5, fig. 3 (Venericardia). —
Hôrnes, loc. cit., pl. 35, fig. 7- 19 (Cardita).
tte espèce est extrêmement commune à Cabrières, et elle est même caractéristique de
ce gisement par son de ro à avec lAncillaria glandiformis, le Pleurotoma Jouanneti,
> Terebra modesta,
“ra type est des environs de Bordeaux ;
le falun supérieur de Salles et dans les gisements synchroniques des environs de Dax,
—
mais l'espèce est extrêmement commune dans
de
la mollasse suisse et du bassin de Vienne.
Elle se trouve aussi à Tortone, etc., et elle est beaucoup plus rare au-dessous de «
niveau du miocène supérieur, qui est son véritable horizon.
CARDITA, indét.
Fragment d’une espèce de Cardite voisine du C'ardita intermedia Brocchi.
VENUS PLICATA, ne Linné, Syst. nat., éd. 13, p. 3276. — Hürnes, Loc. “e D 102,
pl. 15, fig. 4-6. — V. ie d'Orbigny, Prodrome, t. TT, p. 107.
, où elle est de forte taille, très-épaisse et très-triangulaire ;
aciès subapennin. Le type est vivant au Sénégal. Comme Hôrnes, nous croyons devoir y
ee , à l’aide de ses nombreuses variétés, la coquille fossile du pliocène et du miocène,
ans certains gisements, et à Cabrières en particulier, elle est assez
Espèce commune à Cabrières
_
en reconnaissant que €
notablement différente de la coquille vivante.
espèce fossile est répandue dans le miocène européen du nord (Cassel), de l’ouest et du
diet ; elle caractérise surtout le miocène supérieur et le pliocène méditerranéen.
as
MARNES DE CABRIÈRES. 447
VENUS CLATHRATA, Dujardin, Mém. sur les couches du sol en Touraine, p. 262. —
Hôrnes, loc. cit., p. 125, pl. 13, fig. 3.
Un seul exemplaire de Cabrières. Le type est des faluns de la Touraine, où il est fort
commun ; il est aussi fort répandu dans le miocène du bassin de Vienne, et surtout dans le
groupe supérieur ; il ne dépasse pas ce niveau.
VENUS ISLANDICOIDES, Lamarck, Anim. sans vert., t. V, p. 558 (Cyprina). —
Hôrnes, Loc. cit., p. 121, pl. 13, fig. 2 (Venus).
Nous rapportons plusieurs échantillons de Cabrières à cette espèce un peu douteuse, voi-
sine de l’umbonaria, dont elle se distingue cependant par sa taille beaucoup plus petite, sa
forme généralement plus plate, sa charnière beaucoup plus faible et rectiligne, ses sommets
non proéminents. Le type est commun dans le pliocène italien. Dans le S. O., ilne se trouve
bien caractérisé que dans le falun supérieur d’Orthez. D’après Hôrnes, il descend plus bas
dans le bassin de Vienne.
VENUS UMBONARIA, Lamarck, Anim. sans vert., vol. V, p. 559 (Cyprina). —
Hôrnes, loc, cit., pl. 12, fig. 1-6 (Venus).
Assez commune et typique à Cabrières ; un magnifique échantillon mesure 105 millim. de
hauteur sur 110 de largeur.
Ce beau type, aujourd’hui disparu de nos mers et même de toutes les autres, est répandu
dans le pliocène et dans le miocène supérieur de l’ouest et du centre de l'Europe.
Hôrnes le fait descendre dans le bassin du Danube, depuis Vôslau, Pôtzleinsdorf (types
figurés) jusque dans le groupe inférieur d’Eggenburg et de Loibersdorf.
Dans le S. 0. de la France, il est certain et très-beau dans le miocène supérieur de Salles,
astennes et Gaujacq. Dans le falun de Léognan et de Saucats, où Hôrnes l'indique, il est plus
douteux, ou du moins la coquille est moins forte, présente une charnière moins puissante et se
rapproche de l’és/andicoides.
Le niveau de l’umbonaria type est dans le miocène supérieur et le pliocène.
Venus ARNAUDI, Nobis. — (PI. XXI, fig. 16-17.)
Testa ovato-subtrigona, crassa, parum inflata, antice attenuata et subangulata, postice subproducta, concen-
horse. fine. } MT er fr} ndints + nhsnloto 7! Jn1 NET FU mA .
trice striata
L4 ! ‘ 5 £ ; fees,
ad terlium longitudinis positis ; lunula lanceolata, profunde excavuta ; area ligamenti subdepressa. — Diam.
antéro-post. 410 ; altit. 90 ; crass. 58 millim,
Belle espèce qui diffère du Venus umbonaria, dont elle atteint presque la taille, par ses
crochets beaucoup moins antérieurs, moins incurvés en avant ; son bord dorsal postérieur
moins arrondi ; son côté antérieur et son côté postérieur plus allongés et plus anguleux, etc.
Nous ne connaissons point la charnière.
148 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
CYTHEREA PEDEMONTANA, Agassiz, Zcon. des coq. tert., p. 58, pl. 8, fig. 1-8. —
Hôürnes, loc. cit., p. 151, pl. 17, fig. 4-4; pl. 48, fig. 1h.
Espèce assez commune à Cabrières, où elle atteint les plus grandes
prenons pour type la figure 1 de la planche 17 de Hürnes.
Cette belle espèce est typique dans le pliocène italien et dans le miocène supérieur du
centre et de l’ouest. Son histoire est celle du V. wmbonaria, qu’elle accompagne sb Eh
Elle est intermédiaire par ses caracte res comme par sa ee géologique entre le €
cina du miocène moyen et le C. chione vivant dans nos mers
dimensions. Nous
1C NC MICTIT N 2... / TV el \
TAPES ÆNIGMATICUS, Nobis. — (PI. XXI, fig. 18.)
subtrigona, æquilatera, sen concentrice et minute striata, striis antice et postice creberrimis, medio
FA der , Apicibus minutis, e parum inflexis; lunula longa, lanceolata, impressa, AR sub-
acutis ; area ARR obsolete an arinala, margine dorsali antico obliquo, subrectilineo, postico arcuato ; den-
tibus oi, nalibus crassis, divergentibus ; cicatriculis muscularibus profundis. — Di
iam. antéro-post. 70 ; altit,
54 millim.
Cette coquille a une forme exceptionnelle dans le groupe des Tapes. Elle est plus ie
es ventrue, plus équilatérale que la plupart de ses congénères. Extérieurement elle offr
l'apparence d’un Mactra. Mais nous avons pu vérifier la charnière, qui est parfaitement celle
d’un Tapes
TELLINA PLANATA, Linné, Syst. nat., éd. 12 p. 1117. — Hôrnes, loc. cit
p. 84, pl. 8, fig. 7
Espèce très-commune à Cabrières.
Le type est encore vivant dans la Mé Res et dans l'océan Atlantique, et se trouve
fossile dans tout le postpliocène et le pliocène méditerranéen. Nous suivons Hin rnes en
rattachant à ce type, et au type née strigosa Gm., les Tellines de l'époque miocène
communément désignées sous le nom de zonaria Lamk.
TELLINA ELLIPTICA, Brocchi, Conchiol. foss. subap., t. IL, p: 513, pl. 12, fig.
non 7. elliptica, Lamarck).
cette espè é aujourd'hui éteinte, est assez peu répandue. Le ty
ciène " Asti. M. Mayer cite l'espèce dans la mollasse de 1 Berne
rest aussi se ” ment dans le miocène supérieur du S. 0., dans le f
Me # dans celui de S
pe se trouve dans le plio-
> et de Lucerne, helvétien I.
alun de Saint-Jean de
Salles, que nous la connaissons ; bie n que ER If dique comme
commune à Saucats. Hôrnes ne la cite pas dans le on de Vienne
e
MARNES DE CABRIÈRES. 149
FRAGILIA ABBREVIATA, Dujardin, Mém. sur les couches du sol en Touraine, p. 257
(Petri
etricola)
Cette forme un peu anormale ne nous semble être qu'une variété du Fragilia fragilis
Linné. Elle est moins rostrée et ses lames sont plus saillantes et plus espacées. Commune
dans les faluns de la Touraine, elle s’est perpétuée de nos jours sur les côtes occidentales
d'Afrique, où elle est indiquée sous les noms de Zellina quinaica Chémnitz, T. polygona
Lamarck, et Petricola ns icosa Krauss.
Nous ne la trouvons citée jusqu’à présent d'aucune autre localité que la Touraine. Nous la
signalons à Cabrières dans le centre méditerranéen ; mais sa rareté dans ce bassin et sa fré-
quence dans celui de la Loire permettent de la cor ra comme un type atlantique, qui a
reculé vers le sud avec l’abaissement de la irait de nos latitudes.
ARCOPAG IA VENTRICOSA, Marcel de Serres, es des terr. tert.,
‘ellina orbis, Mayer, Journ. de Conch., t. VIE, pl. 11, fig. 4-5
loc. cit., p. 92, pl. 0, fig. 2 (?).
, p.146, pl. 6, fig. 2 (Corbis
— Tellina ventricosa, Hôrnes,
Espèce assez rare à Cabrières ; de forme triangulaire, très
comme les autres bivalves de ce gisement
60 environ de large.
Le
-épaisse et de très-grande taille
: un échantillon mesure 55 millim. de haut sur
> type, aujourd hui éteint, est du midi de la France, probableme nt de Perpignan ?. Il se
retrouve dans tout le pliocène italien et dans le miocène supérieur. Au-dessous, il est très-
are et douteux
EASTONIA RUGOSA, Chemnitz (Wactra), Conch. Cab., NI, p. 236, pl. 24, fig. 236. —
Hôrnes, loc. cit., p. 55, pl. 5, fig. 4 (Lutraria).
Espèce extrêmement commune à Cabrièr
Le type est vivant dans l’océan in province lusitanienne, et dans la Méditerranée.
Fossile dans le Crag (Wood), : à Rhodes et dans le pliocène d’Asti, de Sienne, de Biot (Bell),
. Mayer indique dans la mollasse suisse, helvétien LIL, et, d’après lui (C
4 Zurich, % cahier, 14 867)
À es [oss. du musée
n’y aurait point d'autre gisement miocène connu pour cette
espèce, avant celui de Cabrières que nous signalons ici (1)
is
[LI
NA
GorBULA BaAsTEROTI, Hôrnes, oc. cit, p. 39, pl. 3, fig. 10 ? — (PI. XX, fig. 40-11.)
Nous avons fait représenter une coquille que nous rapportons à l'espèce d’Hôrnes, dont elle
diffère toutefois se re ment pi son bord postérieur plus rostré et aigu, sa carène un peu
moins saillante et ses stries plus fines.
type d’ He: “ fossile ns bus il est cité d’ailleurs dans le miocène supérieur
de ma et de Vienne.
) Nous avons vu récemment quelques fossiles rapportés des îles du cap Vert par M. de Cessac, et parmi
lesquels se trouvent des Eastonia rugosa provenant d’une mollasse à grands C/ypeaster
150 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
SOLECURTUS CANDIDUS, Renieri, fide Philippi, £nuwmer. Moll. Sicil., t. XI, p. 5-6.
Nos exemplaires de Cabrières ne diffèrent pas de l’espèce de Renieri, qui vit dans I
Méditerranée et sur les côtes océaniques de l'Europe. A l’état fossile, elle a été signalée
Rhodes, à Asti dans le pliocène, et dans la mollasse suisse, helvétien III (M. Mayer).
a
à
SOLEN MARGINATUS, Pulteney, Æutchins. Dorset., p. 28. — Solen vagina Hôrnes, loc. cit.,
p. 12, pl. 1, fig. 10-11. — Solen HER Dujardin, loc. cit., p. 255.
_Gette espèce a traversé toute la série des couches du miocène moyen, du miocène supé-
eur, du pliocène et du quaternaire. Elle vit encore et en grande abondance dans les mers
d Europe.
PARAPHOLAS BRANDERI, Basterot, Loc. cit. p- 97, pl. 7, fig. 1 (Pholas).
Espèce commune dans les calcaires compactes et dans les galets de Cabrières. Elle diffère
du P. dimidiata Dui.,
par ses valves plus acuminées en arrière et par sa grande pièce dorsale
subquadrangulaire.
jasterot n’a vu que des individus jeunes et incomplets.
CELLARIA, indét
Espèce voisine des Veneularia . d’ Orbigny, et Æeussi d'Orbigny (Cellaria mar-
ginata Reuss, Naturw. Abhandl., 1848, t. II, 29).
19. Zi
UUPULARIA CUVIERI, Defrance, Dict. des sciences nat., t. XXNIT, p. 361 (Lunulites). — Cupu-
laria urceolata q Orbigny, Paléontologie fi ete Terrains crétacés,
(Cupularia)
e
Bryozoaires, p.
Notre exemplaire, quoique très-imparfait, ne se rapproche que du type de la collection
d'Orbigny provenant des faluns de l’Anjou. D' ailleurs ces mots qui accompagnent la mention
du Cupularia urceolata dans l'ouvrage cité des Bryozoaires de la craie blanche, ne nous
aissent aucun doute : « Cette espèce, en avant de chaque cellule, a une dépression représen-
tant le support d’une vésicule ovarienne. »
faudra retrancher de la proie one e par d'Orbigny le Zunulites Cuvieri de
Michelin (/con. Zoophyt., p. 323, pl. 7
fig. 10), dont les ce llules, d’après la figure, seraient
dépourvues de la dépression Rene DU a ainsi que le Zunulites urceolata
Lamouroux (£xpos. méth. des Polypiers, pl. 73, fig. 9-12), que d’Orbigny avait substitué au
nom de Defrance. Le type de Defrance est bien de Anjou
Le Cupularia canariensis Busk, fossile du crag d'Angleterre, d’Asti, de monte Mario, de
Rhodes, et vivant sur les côtes
identique avec l'espèce de Defranc
M. Mayer cite le C. Cuvierti nu. L mollasse suisse (helvétien IT).
Can: aries, est une forme extrêmement voisine, sinon
MARNES DE CABRIERES. 151
CUPULARIA UMBELLATA, Defrance, Dict. des se. nat., t. XXVII, 1823, p. 361, pl. I
Fe — D'Orbigny, Paléont. française, Terrains crétacés, Bryozoaires, p. FE ar,
5 (Discoporella).
Nous ne possédons qu’un exemplaire en mauvais état de cette espèce qui ac eva la
précédente dans les dépôts fossilifères de l’Anjou et dans la mollasse suisse, d’après M. Mayer.
Le genre Discoporella de d'Orbigny doit rentrer dans la synonymie des C'upularia, a il ne
diffère que par ses cellules pourvues de fossettes régulières, rayonnantes et non entières.
Il existe d’ailleurs un genre Discoporella, décrit par Gray antérieurement et s'appliquant à
des Bryozoaires de la division des Tubulinés.
à DIGITALIS, Blainville, Dict. des se. nat., t. LX, p. 320. — Michelin, con. Zooph.,
p. 52, 7 , fig. 10, et pl. 74, fig. 4. — Edwards et Haïme, Hist. nat. des Coralliaires,
Hp. 1
Nous n’avons de ce Polypier, si abondant dans les faluns de Touraine, qu’un seul spécimen
en mauvais état. Le diamètre des calices est de 6 à 7 millimètres.
DENDROPHYLLIA COLLONGEONI, Thiollière, fide Fise us in Falsan,
Monogr. du mont d'Or lyonnats, fig.
Nous rapportons à celte espèce un rameau de Polypier dont les calices mesurent un peu
plus de 2 millimètres de diamètre.
Le D, Collongeont provient du miocène de l'Isère.
D'après le travail qui précède, il est facile de se rendre compte de la faune
de Cabrières en elle-même et de son âge géologique.
La faune de Cabrières accuse un dépôt littoral (1).
Ce caractère est manifesté par la position du gisement sur le flanc des masses
calcaires du Léberon qui formait vraisemblablement une île dans l'archipel mio-
cène de la vallée du Rhône, par les cailloux empâtés dans la gangue qui contient
les coquilles et par les perforations des galets ; il résulte en outre de la composition
générique de la faune elle-même. L absence complète des Échinodermes, des
Huîtres en bancs et des grands Peignes ; l'abondance et la richesse des Muricidés,
(4) On ne peut plus négliger en paléontologie la considération de la nature du fond et de la profondeur pré-
saumée des eaux, pour apprécier l’âge géologique d’un dépôt. En effet, der ix dépôts méme superposés et sensi-
blement différents par leur faune peuvent appartenir ST à la même époque zoologique, si l’un est littoral
et l’autre de mer profonde ; ce qui peut résulter d’une oscillation très-restreinte et toute locale d’un rivage.
402 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
des Buccinidés, des Conidés, des Natices, des grandes Cardites et des grandes
Vénus, des Tellineset des Lutraires, dénotent une station non pas de la zone tout
à fait littorale, mais probablement de la zone moyenne des Laminaires, en même
temps qu’une nature de fond vaseuse plutôt que siliceuse et sans doute très-herbue.
Ï faut noter aussi la grosseur souvent remarquable des individus et l'épaisseur du
test, comme on le voit ordifairement près des rivages riches en calcaires. Cette
faune dénote d’ailleurs, par sa composition générique et par ses affinités spécifiques,
un caractère de faune des mers chaudes et tropicales sur lequel il est inutile
d’insister.
Quant à l'âge géologique de Cabrières, nous le rapportons au miocène supérieur.
Cela résulte stratigraphiquement de sa position bien constatée au-dessus de la
mollasse de Cucuron et de sa subordination aux bancs supérieurs d’'Ostrea cras-
sissima ; et paléontologiquement, il suffirait, pour lui assigner ce niveau, de
constater dans ce gisement l'abondance extrême et l'association des Cardita
Jouanneti, Ancillaria glandiformis, Pleurotoma Jouanneti, et Conus canaliculatus.
La seule question est de savoir, au cas où le miocène supérieur devrait former deux
étages, comme le veut M. Mayer (helvétien IIT et tortonien), plutôt qu'un seul
élage représenté par des faciès différents, comme le veut M. Suëss, auquel des deux
étages appartiendrait Cabrières.
Nous pensons qu'il appartient plutôt à l'helvétien supérieur qu’au tortonien.
în relevant les espèces de Cabrières qui se retrouvent dans la mollasse d’après
le tableau récemment publié de la faune helvétienne par M. Mayer (1), on
voit que toutes ces espèces sont portées comme communes à l’helvétien H]
et au tortonien, et comme également abondantes dans les deux colonnes, sauf
quelques-unes qui ne dépassent pas l’helvétien (Ceritk. papaveraceum, Cancellaria
Westiana, Columbella Turonica, Cupularia Cuvieri, C. umbellata, etc.). De
même, d'après ces tableaux, Cardita crassa, Cardita Jouanneti, Venus
clathrata, Calyptræa chinensis, Cerithium Duboisi, ete., ont leur maximum avant
le tortonien où même avant l’helvétien HT. D’après ces seules considérations, la
faune de Cabrières pencherait donc plutôt vers l’helvétien IE que vers le tortonien.
Il faut ajouter négativement que Cabrières manque des espèces les plus caracté-
ristiques de Tortone en Dentales, Turritelles, Pleurotomes et Buccins ; et qu'il
possède au contraire une quantité notable, quoique moins forte que ne l'avait
pensé M. Dumortier, d'espèces caractéristiques de la Touraine, soit à l’état typique,
(1) Helvetian der Schweiz, etc. Zurich, 1873.
MARNES DE CABRIÈRES. 199
soit à l’état de variétés très-voisines, comme: Murez Aquitanicus, M. striæformis,
M. Vindobonensis, Pollia exsculpta, Terebra modesta, Pleurotoma asperulata,
Columbella Turonica, C. filosa, Cerüthium Duboisi, C. papareraceum, €. piclum,
Turbo muricatus, Vermetus intortus, Crepidula gibbosa, Cardita crassa, Crassa-
tella provincialis, Fragilia abbreviata, Cupularia Cuvieri et umbellata, Dendrophyllia
digital, etc. La faune des acéphales de Cabrières présente une frappante analogie
avec celle de Salles : Ostrea digitalina, Cardium Darwini, Cardita Jouannet,
Venus umbonaria, V. plicata, Cytherea Pedemontana, Tellina elliptica, Arco-
pagia ventricosa, etc.
D'un autre côté, un certain nombre d'espèces de Cabrières, comme Cerihium
Dertonense, Rotella subsuturalis, Turritella pusio, Mesalia Cabrierensis, Pleuro-
toma Saportai, Nassa conglobata var., N. acrostyla, N. Dujardin var., Fusus
Mayeri, Eastonia rugosa, Solecurtus candidus, Dentalium fossile, etc., accusent
des affinités avec le tortonien, ou des tendances évidentes vers les faunes pliocène
ou actuelle, mais qui ne contrebalancent pas, selon nous, la masse des espèces
helvétiennes ou préhelvétiennes.
Cabrières présente donc paléontologiquement un caractère intermédiaire entre
l'helvétien supérieur et le tortonien, à supposer qu'ils doivent être pris comme
deux étages distincts. Mais de telles nuances ne nous autorisent pas à en faire,
pour un seul gisement, le type d’un nouvel étage, et nous préférons ranger encore
la faune de Cabrières dans le miocène supérieur, à peu près sur l'horizon de
Salles dans le sud--ouest.
C'est l'opinion exprimée incidemment par M. Matheron (Bull. Soc. géol.,
t. XXV, p. 889), qui a le premier, croyons-nous, signalé cet horizon du
>ardita Jouanneti dans le Midi, ici même, à Villelaure et au cap Couronne près
Martigues.
La connaissance de la faune de Cabrières, qui se complétera d’ailleurs sans
doute par de nouvelles recherches, est en tout cas une acquisition intéressante
pour la classification des terrains tertiaires du midi de la France, et cette faune
prend certainement sa place entre celle de la mollasse de cette région et la faune
mio-pliocène des environs de Bollène (Saint-Yrieix et Saint-Ferréol), qui précède
elle-même les faunes plus récentes encore, et caractérisées par le Potamides
Basteroti, du Vizan, de Théziers et des sables supérieurs de Montpellier.
154 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON
S 3
Fossiles des marnes d’eau douce de Cucuron,
La connaissance des coquilles terrestres et d’eau douce des marnes de Cucuron
supérieures à la formation marine est due à M. Matheron, qui les a indiquées dès
1842 (Catalogue des fossiles des Bouches-du-Rhône), et postérieurement (in Heer,
trad. Gaudin, 1861, p. 127); plusieurs de ces espèces n’ont pas été retrouvées par
M. Gaudry ou par M. Arnaud. Nous ne les inscrirons donc ici que pour mémoire ;
pour la détermination des autres, nous nous sommes aidés des rectifications que
M. Matheron lui-même avait proposées à ses premières qualifications.
MELanoPsis BonELLI, Sismonda, Synopsis meth. anim. invert. PIRE {os$., p. —
Manzoni, Lembi miocentcr, etc., 1869, p. 24, pl. 3, fig. 8-9. — (PI. XIX, fig. 5-6, et (PL, XXL
. 10-1
t
Espèce caractéristique des marnes d’eau douce de A par son extrême abondance;
indiquée d’abord sous le nom de M. Dufouri Fér. par M. Matheron (Catal. des Bouches-du-
Rhône), qui a jugé plus tard lui-même (in Heer, Climat br etc.) que ce nom ne lui convient
pas ; elle est citée ni sément par Hôrnes dé Gucuron (loc. cit., t. I, p. 597), sous le nom
de A1. impressa K Kr
Nous croyons PR plutôt la rapporter au M. Bonellii Sismonda (carinata Michelotti, non
Sowerby), des couches tortoniennes de San ta-Agata, dont M. Manzoni a donné une figure
d’après un échantillon recueilli dans les couches synchroniques de Sogliano. Les échantillons
de Gucuron sont d’ailleurs généralement plus petits et plus étroits que celui de Sogliano.
Re en donnons une bonne figure dans la planche XIX ; les figures 10 et 41 de la planche XXI
ne sont pas satisfaisantes, la carène inférieure y est trop rapprochée de la suture, etc.
Le EAU de Cucuron ‘difre de l’émpressa, en ce que la carène suturale y js bien plus
marquée que dans cette dernière espèce ; il diffère au contraire du #. Matheroni Mayer, de
ollène (1), en ce que celui-ci, d’ailleurs généralement plus petit et plus ét toit, a au con-
traire cette carène suturale et là deuxième carène du dernier tour Fm plus accentuées
La coq uille de Bollène est beaucoup plus près du M. Martiniana de Férussac, qui prend
un si riche développement dans les couches à Congéries du a du Danube, que celle de
Cucuron
Ces dir erses formes appartiennent toutes d’ailleurs au groupe du M. Dufouri, espèce vivante
en Espagne, si polymorphe elle-même, et qui débute dans les faluns inférieurs de Saint-Avit et
de Saint-Paul de Dax par la forme très- simple du . aquensis Grat. Depuis ce moment, le type
a été toujours en se A ps et en marchant de l’ouest à l’est.
La forme de Cucuron et de Tortone représente ce type au moment de la mer tortonienne ;
la forme des ds à rs le représente dans son dernier état (fossile) et dans son
(1) Mayer, Découverte des couches à Congéries dans le bassin du Rhône, p. 17.
MARNES D'EAU DOUCE, 155
ors que la mer tortonienne elle-même s'était retirée
Fee
maximum de puissance et de variation, a
et que d'immenses bassins s’exondaient dans le centre de l’Europe.
SUCCINEA PRIMÆVA, Matheron in Heer Fe ae sur le climat tertiaire, 1864,
trad. Gaudin, p.
Nous inscrivons ici pour mémoire cette espèce dont M. Matheron n’a pas encore donné la
diagnose, et dont nous n'avons vu d’ailleurs que des échantillons incomplets ; il nous à paru
que c'était une petite espèce, mesurant 8-10 millim. de long, plus voisine du S. Pfeifferi
iossm., aujourd’hui vivant, que du S. putris de Linné
IELIX CHRISTOLI, enr ron, Cat. des corps org. ui du dép. tn ur du-Rhône,
- 201, pl. 33, fig. 22-23. — (PI. XXI, fig. 12-1
t
Espèce caractéristique du gisement de Cucuron. M. Matheron en a déjà donné une dia-
gnose et deux figures. Nous l'avons fait représenter de nouveau is montrer les fascies
colorées en brun jaunâtre qui se voient sur presque tous les débris. C’est un type européen
ancien dans le miocène, et qui, par les caractères de l'ouverture, rappelle peut-être plus le
groupe du vermiculata que celui du nemoralis, comme plusieurs autres espèces voisines des
faluns de la Touraine ou des calcaires d'ea eau douce du Wurtemberg.
Heuix DurReNoyI, Matheron, ibid, pl. 33, fig. 24-26.
HELIX PSEUDO-CONSPURCATA, Matheron, ébid., pl. 33, fig. 27-29.
Nous consignons ici pour mémoire ces deux espèces de Cucuron que nous n’avons pas
vues
LimNæa, sp. ? — (PI. XIX, fig. 9.)
De même il nous est impossible de déterminer spécifiquement les débris assez nombreux
de Limnées qu’on trouve dans ces marnes; il nous a paru seulement qu’ils appartenaient à
un ou deux types de taille petite ou moyenne et de forme allongée, non ventrus, à spire plus
ou moins étroite et longue, comme le Z. Bouilleti Michaud, d'Hauterive, moins effilés
cependant.
La planche XXI, fig. 9, représente, mais avec des caractères de Res adulte qui n’exis-
{aient pas sur le modèle, un des me illeurs spécimens que nous ayons €
PLANORBIS PRÆCORNEUS, Nobis. — (PI. XXI, fig. 6-8.)
Testa mediocris, supra stricte umbilicata, subtus concava, longitudinaliter striata ; anfractibus 6 teretibus,
PORTAIT, E Se : ultimo majore; aper FU dilatata, subrotundata , sublunata ; te
44; alt. 6 mi
Espèce commune à Cabrières, mais rarement entière. Les deux plus grands échantillons
156 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
que nous ayons vus présentent un test couvert de stries longitudinales très-sensibles et plus
nettes que ne le montre la figure.
Le nom que nous lui avons donné indique la progression du type des grands Planorbes
européens tertiaires vers la forme actuellement vivante, dont on s'approche d'autant plus
qu'on étudie la faune d’un terrain plus récent.
2 Planorbe de Cucuron est intermédiaire entre le P. cornu Brongniart (solidus Thomæ,
subpyrenaicus Noulet, om), de l’oligocène et du miocène inférieur et moyen, et le corneus
vivant. Il est plus petit que l'un et que l’autre: il est moins plat que le premier et plus ombi-
liqué par suite du développement plus rapide des tours ; i
que la forme typique du second, i
put
est moins rond et plus ramassé
s’en rapproche cependant plus que du type ordinaire
du cornu ; mais celui-ci, à mesure qu'il s'éloigne des temps éocènes, s’écarte de plus en plus
de la forme large, plate et polygyrée, à faciès américain tropical, de cette époque pour tendre
vers la forme européenne actuelle. Le P. incrassatus Rambur, du falun de Manthelan en Tou-
raine, montre cette tendance, Le nôtre est plus petit, plus ramassé et plus ombiliqué que
celui de Touraine. D’un autre côté, le P. Thiollieri Michaud. du pliocène inférieur d'Hauterive,
présente, outre sa taille plus forte et plus haute, des tours biseautés et inférieurement carénés
qui ne permettent pas de confondre avec lui le Planorbe de Cucuron.
PLANORBIS MATHERONI, Nobis. — (PI. XXI, fig. 3-5.)
lenuissime oblique
1 1 l , Ullimo obliquato, infra subcarinato, subplano; apertura obli-
qua, deflexa, lunulata ; peristomate simplici, acuto. — Lat. 7-8; alt. 1-2 millim,
trialula : a paulatim
Testa parva, planulata, supra convexiuscula, subtus latissime umbilicata, subconcava ;
nfractibus 6 ceresrents} :
Espèce très-commune dans la marne de Cucuron, qui se rapproche un peu du 2. spirorbis
Drap. vivant en Europe; mais plus grande, à tours moins ronds, plus bombée supérieure-
ment, plus excavée en dessous, à bouche très-oblique et descendante. Intermédiaire entre
le sptrorbis et le declivis Br. (applanatus Th.), du miocène inférieur et moyen, notre Pla-
norbe est plus grand, plus polygyré que ce dernier, moins plat et moins sensiblement caréné
en dessous.
Nous ne voyons rien de semblable dans les couches à Congéries du bassin du Danube.
Michaud cite à Hauterive, sous le nom sans doute fautif de P. Prevostinus Desh., un petit
Planorbe qu’il dit tout à fait voisin du spérorbis ; nous ne le connaissons pas.
BiTHYNIA LEBERONENSIS, Nobis. — (PI. XXI, fig. 1-2.)
Testa parva, imperforata, lævigata, ovalo-conica; anfractibus 6 convexis, sutura distincta Junctis,
ultimo
dimidiam partem testæ æquante ; apertura mediocri, subovata ; peristomate continuo, simplici. — Long. 5-6 ;
lat. 3-4 millim,
Commune dans les marnes de Cucuron, cette espèce, par ses caractères extérieurs, est du
groupe du Bithynia tentaculata L. ou de l'Amnicola similis Drap. vivants en Europe ; plus
grande que celui-ci, le dernier tour proportionnellement moins développé, et l'ouverture plus
petite.
L'espèce fossile la plus analogue à la nôtre est peut-être le ZBithynia helvetica Defr.
B. glabra Schubler, 2. tentaculata auct
=
. plerumque), du miocène supérieur d’eau douce du
MARNES D'EAU DOUCE. 157
Locle, ete., mais la nôtre est sensiblement plus petite, moins ventrue, le dernier tour moins
globuleux
2e B. did indiqué à Hauterive par Michaud, et qui nous paraît être au moins une
variété (minor, ultimo anfractu breviore, rotundato, etc.) du type vivant, est d’ailleurs plus
Mes hé de celui-ci par sa taille et par d’autres caractères, que l'espèce de Cucuron.
> type tentaculata est fort intéressant à suivre dans ses modifie ations successives dans les
temps tertiaires ; c'est un type Lise et se ancien, puisqu'il est signalé déjà à Ce
au ne du du gros sier supérieur de Pa s (B. Douvillei I
3. Leberonensis est la ue Paludinidée . nous ayons eue ‘de Cucuron ; mais M. Mathe-
ron, qui l'avait anciennement signalée sous le no a de P. similis Drap., avait es en
même temps du terrain d’eau douce de Gucuron (Catal. des Bouches-du-Rhône, p.
comme très-commun, le P. anatina Drap., ou #muriatica Lamk. Nous n’avons pas vu cette
>
espèce.
Nous n’avons pas vu non nue une petite Nerifina, nov. sp., que M. Matheron a indiquée
à Cucuron (in Heer, loc. ci
En somme, cette faune des marnes d’eau douce de Cucuron avec ses petites
Hélices et ses Succinées, ses Mélanopsides (1), ses Bithynies, ses petits Pla-
norbes, ses rares Limnées et ses Néritines, accuse des eaux peut-être très-étendues
en surface, mais peu profondes et assez claires ; de grandes prairies marécageuses
ou simplement mouillées, plutôt que de véritables lacs.
Quoique cette faune soit peu importante en elle-même et ne présente aucun
type remarquable et qui s'éloigne beaucoup des types européens actuels, il est
à noter cependant que les espèces qui la composent semblent presque toutes nou-
velles et particulières. Nous ne retrouvons, en effet, aucune de ces espèces, soit
parmi les coquilles terrestres mêlées à la mollasse marine miocère de la région,
à Aix, Rognes, Pertuis, etc., soit parmi les coquilles terrestres et fluviatiles des
faluns de la Touraine ; ce qui pourrait s'expliquer comme une simple différence
locale, mais ce qui peut très-bien aussi avoir une raison d’être plus générale et
tenir au fait que la distribution et l'extension des terres et des mers étaient fort
différentes à l’époque de la mollasse marine, ou après cette époque. La petite
faune des mollusques de Cueuron est, en définitive, liée à la faune des hipparions
et des autres grands mammifères étudiés par M. Gaudry, c’est-à-dire qu’elle
appartient déjà à une faune continentale de grandes terres et de grandes prairies
assez différente sans doute de la faune insulaire immédiatement précédente. D'un
autre côté, nous ne retrouvons non plus aucune de nos espèces dans les marnes
d’Hauterive (Drôme), que nous croyons pliocènes comme les sables supérieurs de
—
_
es Mélanopsides se trouvent surtout dans les couches inférieures du dépôt; c’est exceptionnellement
qu'on les trouve dans la partie supérieure, mêlées aux autres fossiles.
158 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBERON.
Montpellier ; ni même dans les couches à Congéries et à Mélanopsides de Bollène,
dont la découverte intéressante dans la vallée du Rhône est due aux recherches
récentes de M. Mayer. La seule espèce de Cucuron que nous ayons pu rapporter
à une espèce connue ailleurs, et la plus importante pour ce motif, est la Méla-
nopside que nous avons identifiée avec l'espèce italienne des couches d’eau douce
de Santa-Agata, qui sont subordonnées aux couches marines de Tortone. Les
couches de Cucuron qui la renferment également peuvent donc représenter
exactement ces couches marines du Tortonais, plus exactement même que celles
de Bollène, qui appartiendraient, d’après M. Mayer, à un niveau un peu plus
récent.
CHAPITRE II
CONSIDÉRATIONS SUR LA FAUNE MALACOLOGIQUE DE CABRIÈRES
Ainsi que nous l’avons dit à la suite de la description des espèces de coquilles
fossiles de Cabrières, ce gisement dénote une faune d’un caractère évidemment
subtropical, comme toutes les faunes du miocène, ayant vécu dans d'excellentes
conditions physiques, dans une station littorale ou sublittorale de l'archipel pro-
vençal, et appartenant géologiquement à l’horizon le plus supérieur du miocène.
Nous ne reviendrons pas sur ces points. Mais l'étude analytique de la faune de
Cabrières donne encore matière à quelques autres considérations, relatives soit
à sa situation géographique, soit à sa richesse spécifique, soit à la proportion, à
l'origine, au développement et à la marche des éléments divers qui la constituent.
s1
La faune de Cabrières fait partie de la grande faune de l’ancien
centre méditerranéen.
La situation géographique du gisement de Cabrières lui donnait pour nous un
intérêt tout particulier. C’est en effet le premier gisement un peu important de
fossiles miocènes bien conservés qui soit signalé au milieu des puissantes et mono-
tones méllasses de la vallée du Rhône et du Midi, et qui permette de faire
queiques comparaisons avec les faunes des riches et classiques gisements de
l’ouest de la France ou du bassin du Danube.
Quand on se reporte en pensée, comme on doit toujours le faire dans l'étude
160 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
des faunes marines ou continentales de l’époque miocène, à la distribution des
terres et des mers européennes à cette grande époque qui a ramené une si vaste
submersion de notre hémisphère, on voit que les mers se répartissent déjà entre
trois bassins principaux : 1° un bassin septentrional, correspondant à l'Allemagne
du Nord et à la Belgique, dont les communications avec le centre de l'Europe sont
rendues probables par les considérations paléontologiques, mais ne sont pas encore
nettement indiquées ; 2 un bassin occidental ou atlantique, ou plutôt, selon les
esquisses géographiques si intéressantes de M. O. Heer, un golfe profond, sans
doute fermé au nord, plus ou moins large à l’ouest, ouvert indéfiniment au sud
qui baignait déja comme aujourd'hui, mais plus profondément, les rivages de la
Touraine, de la Gascogne et du Portugal ; 3° enfin, un grand bassin central ou
méditerranéen, une grande mer européenne intérieure, traversant l'Europe par
les vallées du Rhône, de la Suisse et du Danube, très-large vers l'Orient, découpée
vers le centre par des îles et des presqu'iles, comme la mer de l'archipel Malais,
séparée dès lors tout autant qu'aujourd'hui du bassin atlantique par la masse
continue des terres de la France et de l'Espagne, et ne communiquant sans doute
avec lui que par la coupure probable de lAndalousie.
—
Les faunes fossiles miocènes de ces trois bassins paraissent avoir été beaucoup
plus uniformes que ne le sont actuellement en définitive les faunes des bassins
correspondants (1). Cependant on peut saisir déjà à cette époque quelques traits
de la localisation future des faunes actuelles. Ainsi, les Turbo rugosus, Cerithium
oulgatum, Murex brandaris, Cassidaria echinophora, Nassa mutabilis, es Cardium
particuliers de la mer Caspienne, ete., tous ces types, aujourd’hui absolument ou
presque absolument méditerranéens, se trouvent déjà dans le miocène de Vienne,
tandis qu'ils manquent tout à fait ou sont tout à fait rares dans les gisements de
l'O. et du S. O. de la France. Par contre, on trouve déjà communément sur
l’ancien littoral atlantique des types qui appartiennent encore aujourd'hui à ce
grand bassin et qu’on ne trouve pas, ou dont on trouve à peine quelques-uns dans
le miocène méditerranéen, comme Volta Lamberti? Turbinella subpugillaris,
Terebra plicaria, Oliva Basterotina, Marginella & Priamus de Lisbonne, Cardium
burdigalinum et autres du groupe du réngens, Crassatella concentrica, Donax
%
s différences plus grandes qu’on serait tenté d’
Le ir entre les faunes bien connues de Vienne et de
Pordedi tiennent à ce fait que le miocène de l’ouest est RATES pins ancien d’un deg
de l'Europe, ou du moins
=
D* É
1
> ©
©
isse
yens (Léognan-Saucats, Pontlevoy); tandis que le bassin du Danube fournit les
plus nombreux et les plus béaux gisements pour le groupe du miocène supérieur et des couches mio-pliocènes.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 161
subelongata, Ungulina, ete. L'importance de ces localisations antiques est grande
au point de vue de l’origine des espèces.
La position de Cabrières en Provence, au pied S. O0. des Alpes qui formaient
alors avec les Apennins d’un côté et les Balkans de l’autre une grande île, l'ile
pennino-carnienne de M. Heer, découpée comme les Célèbes, nous donne une
station intéressante et fort heureusement placée entre celle de Lisbonne et celle
de Vienne, mais qui doit tenir de celle-ci plutôt que de l’autre, puisqu'elle fait
également partie de la Méditerranée. Et, en effet, l’ensemble de la faune de
Cabrières, de sa composition générique et spécifique, son faciès, nous paraissent
rappeler plutôt les faunes du Danube que celles du $. O. On reconnaît ce faciès
méditerranéen dans l'association de certaines espèces qui ne sont pas ordinaire-
ment réunies dans l’ouest, dans les affinités des variétés locales des Murex
Pleurotomes, Ancillaires, etc., ou dans la présence de certains types, comme
Murez striwformis, Nassa conglobata, N. acrostyla, N. Dujardin, var. 7,
Cerülium Derlonense, Rotella subsuturalis, Turritella rotifera, Eastonia ru-
gosa, etc.
S 9
La faune de Cabrières est remarquable par l'extrême variété
des types.
La faune des Mollusques de Cabrières se compose, dans ce moment-ci, de
104 espèces déterminées, qui se divisent entre 74 gastéropodes, dont 47 sipho-
nostomes et 27 holostomes, etc., et 30 acéphalés. Il suffit de manier un peu ces
fossiles pour être frappé de la quantité de formes nouvelles, de variétés, de
nuances qu'ils présentent par rapport aux types auxquels on les compare, et quiren-
dent leur spécification rigoureuse souvent très-délicate. Après une étude détaillée,
nous avons Cru devoir élever au rang d'espèces nouvelles 28 de ces formes, et
nous en avons signalé plus de 20 autres comme des variétés notables dont plu-
sieurs auraient pu prendre aussi le rang d’espèces ; nous avons en outre, daps
les descriptions, indiqué des nuances sensibles pour beaucoup d’espèces inscrites
comme identiques avec des types connus. Sur 104 espèces, il y en a donc 48 ou
50, c'est-à-dire près de la moitié, que nous avons dû signaler comme espèces
ou variétés nouvelles.
21
162 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
S à
Lette variabilité confirme la iloi de progression plus rapide des types
supérieurs, même appliquée à létude intérieure dun embranche-
mené.
Ces 28 espèces nouvelles et ces 20 variétés notables se décomposent en effet
de la manière suivante entre les Gastéropodes et les Acéphalés :
Sur 74 (Gastéropodes — 24 espèces et 18 variétés. Total : 42.
Sur 30 Acéphalés — 4 espèces et 2 variétés. Total: 6.
Les Gastéropodes eux-mêmes se partagent ainsi en formes nouvelles :
Sur A7 AE D LE — 17 pe es et 15 variétés. Total : 32
Sur 27 Holostomes »spèces et 3 variétés. Total : 10
La contre-épreuve de ces résultats est dans la distribution du chiffre total des
espèces réputées encore vivantes entre les trois groupes principaux de Mol-
lusques. Pour Cabrières, cette proportion est pour les Acéphalés de 33 pour 100;
pour les Gastéropodes, holostomes, de 24 pour 100 ; et pour les Siphonostomes, elle
n'est plus que de 45 pour 100 (et en entendant très-largement l’analogie ou
l'identité), c'est-à-dire 20 pour 100 en moyenne pour les Gastéropodes. Cette
analyse de la petite faune de Cabrières donne des résultats qui seraient même
inférieurs à ceux que fournirait la faune beaucoup plus importante de la mollasse
suisse ; d’après le catalogue de M. Mayer, les Acéphalés marins de l'étage hel-
vétien TT donneraient en effet 42 pour 100 d'espèces vivantes, et les Gastéropodes
seulement 25 pour 100. Ces statistiques peuvent toujours être contestées, selon
la manière dont chaque auteur entend l'espèce ou l'identité ; dans une certaine
limite cependant, elles donnent des résultats importants, et le fait essentiel,
c’est-à-dire la disproportion frappante entre les Gastéropodes et les Acéphalés sous
le rapport de la permanence ou de la variabilité des iypes, semble ressortir des
divers calculs d’une manière incontestable.
Ce fait est prouvé encore d’une autre manière, si l’on compare par exemple
la faune de Cabrières à la faune de Salles que nous regardons comme synchro-
niqué : les Acéphalés sont presque tous communs entre les deux gisements, les
Gastéropodes sont presque totalement différents. Ce serait la même chose si
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 163
nous comparions Cabrières et Salles à Tortone ou même à Asti. C'est dans les
Acéphalés qu’on trouve le plus d'espèces communes entre différentes assises
du miocène, et entre le miocène et le pliocène.
Les Gastéropodes ont donc plus varié que les Acéphalés ; et dans les Gastéro-
podes, les Siphonostomes plus que les Holostomes, et dans les Siphonostomes, les
groupes sur lesquels portent le plus grand nombre de nos espèces nouvelles,
sont les groupes des Conidés, des Buccinidés et des Muricidés, c’est-à-dire les
=
groupes qui sont en plein développement dans ia nature actuelle !
L'extrème variabilité de la faune de Cabrières portant presque tout entière
sur les Gastéropodes supérieurs, tient donc à un fait de l’ordre le plus général, à la
marche même de la forme organique dans l'embranchement des mollusques.
Comme causes secondaires, on peut croire qu’elle est due à l’action combinée
des trois faits que nous avons constatés d’abord :
Les conditions biologiques de la station de Cabrières ;
La situation géographique de cette station ;
Et surtout l’âge géologique que nous lui attribuons.
Le miocène supérieur paraît être en effet l’époque du maximum de variabilité
des types miocènes.
S A
Cette variabilité west pas en contradiction avec l'hypothèse de la
filiation des espèces par voie de transformation.
Elle en est au contraire l’expression et la condition nécessaire ; il faut bien que
les types varient pour qu'ils se transforment.
Lorsqu'un naturaliste érige une forme en espèce distincte, ce qu'il ne fait
souvent qu'après beaucoup d’hésitation (nous en avons fait l'expérience dans
cette étude), il ne supprime pas pour cela les rapports de cette forme avec d’au-
tres formes voisines, soit contemporaines, soit antécédentes, soit subséquentes.
L'espèce n'exprime que les différences ; mais les ressemblances n’en subsistent
pas moins, et nous ne donnerions pas une conclusion juste à notre travail, si nous
nous bornions à constater la grande variabilité des types qui est accusée par le
nombre de nos espèces nouvelles, sans parler des affinités que cette étude nous
a fait reconnaître entre ces espèces et celles dont nous les séparions. Le cadre de
ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
164
cette publication ne nous permet pas d'entrer à cet égard dans les détails néces-
saires ; mais nous pourrons du moins indiquer les groupes d'espèces qui nous
out paru les plus intéressants à étudier dans leur évolution stratigraphique, et
quelles que soient d’ailleurs les conclusions qu’on veuille en tirer au point de vue
de la question de l’origine des espèces, soit qu’on veuille voir dans ces séries de
formes rapprochées une série de créations répétées suivant un certain plan, soit
qu’on incline, comme nous, à y voir l'exécution de ce plan par voie de transfor-
mations successives.
La faune du miocène en général se compose de trois éléments constitutifs :
1° Un groupe d'espèces, peu nombreuses d’ailleurs, qui se rapportent à des types
anciens dans les mers européennes et qui paraissent êtré sensiblement la con-
tinuation d'espèces de l’oligocène, ou quelques-unes même de l'éocène (4).
Ces indications auraient besoin de développements et d’éclaircissements qui ne
trouvent pas leur place ici. 2 Un groupe, bien plus nombreux, d'espèces nou-
velles, importantes, qui donnent à la faune miocène un caractère tranché et
profondément distinct de celui des faunes antérieures, et appartenant à des types
exotiques qui se retrouvent aujourd'hui, et souvent avec une analogie frap-
pante, les uns aux Antilles, comme les grandes Pirules mélongènes, les grosses
Turbinelles, des Lucines diverses, etc.; les autres au Sénégal, comme certaines
espèces de Murex, de Ranelle, de Vis, d'Olive, de Pleurotome, de Bucarde,
Vénus, Telline, Unguline, etc. ; les autres enfin dans les mers de l’Inde, de la
Chine, ou même de l'Australie, comme les grands Murex trigones, les grands
Casques, les grandes Rostellaires, les Oniscies, les Ficules, les Pirelles, certains
Pleurotomes, les grandes Méléagrines, les grandes Cardites, les Jouannetia, etc.
Les espèces de mollusques de ce groupe, sans parler des polypiers massifs, appa-
raissent en général si inopinément dans nos faluns, et elles ont une telle analogie
avec des formes encore vivantes dans les mers éloignées, qu'on est porté à
admettre l'hypothèse que ces pes préexistaient déjà dans ces régions chaudes,
et qu'ils se sont introduits de proche en proche dans nos parages à la suite des
révolutions géologiques qui ont ramené les mers sur notre continent à l'époque
miocène. Ces révolutions ont mis sans doute en communication nouvelle, surtout
à lorient, ces divers bassins, en établissant entre eux des relations de courants
{1) Nous citerons seulement : Chenopus pes Pelecan:, Buccinum eburnoides, Ancillaria glandiformis, Pleu-
rotoma ramosa, P. cataphracta, Erato lœvis, Natica Josephinia, N. Volhynica, divers Pyrazus et Potumides
Turritella bicarinata, Ostrea crassissima, Arca umbonata, A. barbata, A. scabrosa, etc.
CONSIDERATIONS GÉNÉRALES. 165
et d’uniformité de température favorables à la diffusion des espèces; diffusion
momentanée d’ailleurs, car Ja plupart de ces types ont disparu de nos mers après
l'époque miocène. 3° Enfin, un groupe d’espèces qui ne rentrent pas facilement
dans la première ni dans la seconde catégorie, et qui semblent le produit plus
direct de l'énergie créatrice de formes nouvelles à cette époque. Les unes, sans
descendances, ont peut-être été des hybrides stériles ; les autres ont fourni un
développement fécond qui ne s’est pas toujours arrêté avec l’époque miocène
et qui a fait en partie le fond de notre faune européenne actuelle.
L'étude de la faune de Cabrières nous met en présence de ces trois groupes,
et au moment critique où la faune miocène, ayant atteint tout son apogée, déve-
loppe toute sa richesse spécifique, épuise ses anciens types et en dégage, en fait
éclore de nouveaux. C’est l'embarras et c’est l'intérêt de cette étude ; il suffit
de passer rapidement en revue les groupes principaux qui en ont été l'objet.
Les Muricidées nous offrent une espèce nouvelle de ces grands Murex qui font
leur apparition dans le miocène moyen, et qui y présentent autant de formes
particulières qu'il y a de niveaux et de gisements. Le M. Gaudryi est intermé-
diaire entre les formes du miocène moyen et celles du pliocène; il est plus
éloigné du #unculus vivant de la Méditerranée que ne l’est même le subasperrimus
de Léognan. Avec ce grand Murer, tout un groupe de petites formes multipliées
dans le miocène supérieur, qui procèdent des sublavatus, Lasseignei, ete. des
faluns inférieurs, et mènent par des passages difficiles à suivre à nos formes
vivantes européennes Zdwardsi, erinaceus, ete.; un Pollia exsculpta, qui est
plus près de POrbignyi de la Méditerranée que les formes pliocènes ; un Parpura
ayant pour la première fois les caractères des Monoceros, aujourd’hui caracté-
ristiques des côtes occidentales de l'Amérique du Sud.
Les grands Ficula, de type tout à fait asiatique, qui ont vécu dans nos mers
jusque dans le crag; le Pirella rusticula, voisin du Spérillus vivant de Java,
annoncé peut-être anciennement par quelques formes de la craie supérieure,
se trouvent à Cabrières comme dans tout le miocène. Une seule espèce de Can-
cellaria y représente ce genre si riche dans tout le miocène et le pliocène de
l'ouest, du centre et du nord de l'Europe, y compris le crag, et aujourd’hui
relégué par nous dans quelques stations méditerranéennes de la côte d'Afrique.
L'espèce de Cabrières a peut-être son meilleur analogue au Japon.
Dans les Buccinidées, le Buccinum eburnoides tient de si près au PB. Caronis
de l'oligocène, qu’il est généralement inscrit sous ce nom spécifique, et de si près
466 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
aussi aux Æburna actuels, qu'on le porte souvent dans ce genre. Les Nassa
proprement dits, inconnus dans l’éocène, et qui débutent dans les faluns de
3azas, présentent dans le miocène moyen et supérieur un développement et une
variabilité extrêmes : au niveau de Cabrières, on voit le N. mutabilis de la
Méditerranée se dégager du N. Dujardini de Touraine, et notre A. acrostyla
annoncer les #b6osula pliocènes et actuels. On voit apparaître en même temps
le type Desmoulea, aujourd'hui particulier à l'Afrique occidentale. Le Terebra
modesta, que nous distinguons du 7. plicaria de Léognan, mais qui mène évi-
demment avec lui au T. fuscata du pliocène, est également un type aujourd’hui
sénégalien, parfaitement inconnu dans l’éocène. Le Columbella curta, d'un genre
également néogène, et répandu jusque dans le crag du Nord, aujourd'hui
méditerranéen, peut se suivre dans toutes ses variations de taille et de forme
depuis le falun de Bazas jusque dans les couches d’Asti, où il revient à son point
de départ après avoir eu à Cabrières son écart maximum. C’est aussi là et dans
tout le miocène supérieur de toute l'Europe qu’on trouve le maximum de taille
et de polymorphisme de lAncilaria glandiformis, qui datait de l’oligocène et
dont les congénères sont aujourd'hui retirés dans la mer Rouge ou dans les
mers australes.
Les Conidées ne nous offrent pas de ces grands Cônes qui donneraient à eux
seuls à la faune miocène un caractère de faune équatoriale ; mais, comme
toujours, une quantité considérable de Pleurotomes : le P. remosa de type aujour-
d’hui sénégalien, mais apparu déjà dans nos mers à l’époque oligocène et même
éocène inférieure (P. Chapuisi Desh.), et le groupe difficile, également composé de
types africains, des P. asperulata, calcarata, interrupla, qui débute dans les faluns
de Bazas et se poursuit jusqu’à la limite du pliocène, après avoir fourni dans le
miocène moyen et supérieur une diversité presque inextricable de formes voisines,
aussi nombreuses que leurs niveaux et que leurs stations, Notre L. pseudo-
beliscus forme un anneau de plus dans la chaîne qui va du #rebra de Bazas au
Brocchii du pliocène, etc.
Les Nalicidées présentent les mêmes difficultés et par conséquent le même
intérêt. Après l'extinction des grands types si remarquables de l’oligocène et de
l'éocène, on voit se poursuivre encore le type epigloitina et le type Zabellata
jusqu'à l’Aelicina vivant. Le type o/« ou Josephinia, d’un groupe aujourd’hui
cosmopolite, déjà européen à l’époque oligocène, se développe rapidement et
atteint son maximum de variation dans le miocène supérieur. Le groupe exotique
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 167
des mamilla s'annonce confusément dans les swémamilla, redempta, Mathe-
roni, etc. ; mais la tendance la plus remarquable de cette famille pendant le mio-
cène est celle qui dégage peu à peu le type européen #illepunctata d'une quan-
tité de formes apparentées dès le miocène moyen ; c’est dans le miocène supérieur
et dans le pliocène que la confusion des espèces de ce groupe est à son comble.
Les Cérithidées, au niveau de Cabrières, présentent un groupe ancien et
aujourd'hui exotique en pleine décroissance, et un groupe nouveau, européen
aujourd’hui, en pleine voie de formation. Le groupe ancien qui se retire est le
groupe si remarquable des Pyrazus (C, lignitarum !, C. Duboisi ?), à peine
représenté dans l’éocène (C. Blainvillei), riche déjà dans l'oligocène du S. 0.
(C. gibberosum, ete), pullulant dans les faluns de Bazas ou de Touraine, et dépé-
rissant et reculant ensuite dans le miocène supérieur et vers l'Orient, où il est
représenté encore par les grands Pyrazus asiatiques (C. palustre, C. sulcatum).
Il faut y joindre le C. papaveraceum du groupe des anciennes Potamides éocènes
et oligocènes, aujourd'hui sénégalien plutôt qu'asiatique. Le groupe nouveau
qui se développe et qui expulsera l’autre, est le groupe européen du C. vul-
gatum et des formes qui gravitent autour de lui: C. dohiolum, mediterraneum, etc. ;
on le voit poindre dans les faluns de Bazas, il se développe dans le miocène
moyen, et dès le miocène supérieur il est tout à fait fixé en Autriche, avec le
Turbo rugosus, au centre antique de la Méditerranée, qu'il ne quittera plus. Les
formes secondaires qui l’accompagnent, C. minutum, doliolum, prædoliolum, ete.,
sont extrèmement difficiles à classer dans le miocène moyen et supérieur.
À côté de ces deux groupes, le petit C. pictun semb
pen]
e prolonger à travers tout le
miocène, et en suivant également une marche de l'O. à l'E., le type si ancien du
plicatum dont il dériveïdans les faluns de Bazas par l'énconstans ; il s'éteint après
avoir pullulé dans le bassin du Danube au moment où la mer miocène se retire.
Les Turritellidées présentent à Cabrières une espèce remarquable : le Proto
rotifera, qui paraît être la fin de ce type des Proto, caractéristique du miocène,
iuconnu dans l’éocène ou l’oligocène européen, mais arrivé peut-être dans nos
mers miocènes par l'Asie où le type préexistait dans le nummulitique des Indes
(T. Deshayesi d'Arch.). À côté, plusieurs formes difficiles à distinguer appar-
tiennent au groupe de l’Archimedis Brongn., type oligocène, qui se perd dans les
premiers faluns dans le groupe polymorphe du T. twrris et s'en dégage de
nouveau dans le miocène moyen et supérieur. Les Mesalia éocènes, anjourd’hui
africains, existent encore au même moment.
163 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LEBEI
ON.
Les Turbinidées sont surtout représentées à Cabrières par deux formes.
dont une remarquable, du type Aotlla, qui est aujourd'hui asiatique et de
l'extrême Orient, et qui fait une apparition momentanée en Europe dans
les couches mio-pliocènes du centre méditerranéen. A côté de ce type exo-
tique se déveleppent les types européens des Turbo rugosus, Trochus mille-
granus, eic.
—
Les Mollusques acéphalés, ainsi que nous l'avons dit, surtout les sinu-palléales,
sont mieux fixés dans leurs limites spécifiques que les Gastéropodes. Ils offrent
tous encore cependant l'intérêt de termes, d’échelons dans des séries successives
dont la progression est sensible.
C'est ainsi que dans les Ostréidées, l'Ostrea crassissima nous présente certaine-
ment un élat, à un moment donné, d’un type fort ancien, qui date de l’éocène
en Europe, qui est parfaitement caractérisé dans l’oligocène tongrien par l'O. /on-
gérostris, qui se modifie ensuite légèrement dans les faluns de Bazas (0. gén-
gensis), devient plus confus dans le miocène moyen, où il touche au crassissma
typique, et se retrouve vivant de nos jours dans les huîtres longirostres de l'Amé-
rique du Nord orientale (0. vérginica, O. canadensis, ete). I est difficile d'imaginer
des modifications mieux suivies et mieux graduées que celles que subit ce type
dans cette longue suite de temps. L'O. digitalina, qui touche souvent à l’'edudis
vivant, se rattache également par une série de modifications embarrassantes à
l'O. producta des faluns de Bazas, qui tient lui-même de très-près au cyathula
du tongrien.
Dans les Arcadées, les Pétoncles de nos côtes sont presque fixés comme espèces
dès le miocène moyen: i
pd
s ne subissent dès lors que des modifications de temps
et de lieux, de races, qui embarrassent le classificateur, mais qui s’acheminent
visiblement vers les formes actuelles. Dans les Arches proprement dites, le type
de l'umbonata, aujourd’hui exotique, mais ancien en Europe, éocène et oligocène
(A. biangula, A. Sandbergeri, etc.), lutte dans le miocène moyen et dans le
miocène supérieur contre le type européen No, qui s’en dégage dès le miocène
moyen et qui l’expulse dans le pliocène. Au contraire, le groupe des Anadara,
à peine indiqué par des formes embryonnaires dans notre éocène, mais déjà
établi à l’époque nummulitique supérieure dans les mers de l'Asie (A. pecthensis
d’Arch., etc.), se développe rapidement dans le miocène. Le type Turonica, entre
autres, Se poursuit sans interruption depuis l’Aguitanica du falun de Bazas jusqu’à
la grande et dernière forme de Cabrières et de Tortone (A. firmata), mais après
CONSIDÉRATIONS GENÉRALES. 169
avoir jeté des embranchements latéraux dout naïîtront les formes plus par-
ticulièrement pliocènes, À. diluvi, A. Breislaki, etc.
Les Cardiadées du miocène sont remarquables; un groupe surtout, occiden-
tal à celte époque, celui du C. éurdigalinum (dont un antécédent singulièrement
ancien et isolé à été signalé dans les sables suessoniens inférieurs du bassin de
Paris), se rattache au ringens du Sénégal. C'est de ce groupe que se détache le
C. Darwini, que nous retrouvons à Cabrières et qui présente des passages presque
insensibles au C. kians vivant de l'Algérie. Un autre groupe oriental au contraire
et très-particulier, celui des Adacna, elc., qui subsiste encore de nos jours dans
la mer Caspienne, date du miocène supérieur dans le bassin du Danube et dans
celui du Rhône.
Les Crassatellidées sont largement représentées à Cabrières par les Cardita
Jouanneti et crassa, types aujourd’hui exotiques, de la section des Mytilicardia,
sans analogues dans l'éocène européen, et caractéristiques du miocène moyen et
supérieur. Leur origine est douteuse. Le C. crassa, espèce très-fixe, n’est précédé
dans les faluns de Bazas ou dans le tongrien que par une forme infiniment
moindre; mais ce type, asialique ou australien, existait déjà dans l’Inde à l’époque
nummulitique (C. Keyserlingi d'Arch.). Le C. Jouanneti, qui a pullulé dans le
miocène supérieur et qui n’a de congénères un peu analogues aujourd’hui que
dans la mer Rouge ou dans les mers de l'Australie, paraît dériver plus facilement
du €. pinnula des faluns de Bazas par l'intermédiaire de formes mixtes des faluns
de l’Armagnac, ou du C. Zelebori d'Autriche, dont les antécédents nous échappent
encore. Les Crassatelles proprement dites ne sont représentées à Cabrières que
par une très-petite forme d’un groupe que l’on trouve déjà dans l’éocène et
l'oligocène, qui pullule dans le miocène occidental (C. concentrica, ete.) et qui est
cantonné encore aujourd'hui dans le bassin de l'Atlantique, sur les côtes de
l'Afrique occidentale.
Parmi les Vénéridées, le Venus plicata est également aujourd’hui un type
ouest-africain, qui dans le miocène supérieur paraît être le dernier terme des
transformations du V. casinoïdes du miocène moyen, et qui a laissé dans nos mers
comme ‘représentant à l’époque pliocène et actuelle le V. casina. C'est d'ailleurs
aussi un type asiatique ancien (V. subgumbereensis d'Arch.). Quant aux V. is/an-
dicoides et V. umbonaria, ce type, perdu aujourd'hui, mio-pliocène par
excellence, est déja complétement fixé dans le miocène supérieur ; il ne l’est pas
aussi bien dans le miocène moyen de Léognan, et si l’on veut le suivre au delà, on
22
170 ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON.
le perd dans des formes ambiguës de Vénus et de Cythérées qui se sont peut-être
introduites à ce moment en Europe. Le type du Cytherea Pedemontana se suit de
même en remontant au C. erycina des faluns moyens, qui semble lui-même une
récurrence de forme du C. suberycinoides de V'éocène ; il mène, au contraire,
trés-facilement en descendant, au C. Chione vivant dans nos mers, par l’mter-
médiaire des formes du pliocène.
Dans les Tellinidées, les T. planata et strigosa, qu’on peut rattacher à certaines
formes éocènes, se développent côte à côte dans le miocène (la forme strigosa
paraît cependant plus ancienne que l’autre) et se séparent ensuite : le srigosa
disparait à la fin du miocène et ne se trouve plus qu'au Sénégal : le planata
persiste, à travers le pliocène, jusque dans nos mers.
Les Mactridées présentent dans le miocène le développement du type
Lutraria, inconnu dans l’éocène, et à peine représenté dans l'oligocène. Les
Eastonia S'en détachent à leur tour, et lÆ. rugosa, si abondant à Cabrières,
inconnu dans l’ouest, mais issu sans doute des £astonia voisins de la Touraine,
pullule dans certains dépôts pliocènes de la Méditerranée pour se retirer, de nos
jours, dans l’océan Atlantique.
La paléontologie n’est pas une science expérimentale, mais une science histo-
rique. L'hypothèse de l’origine des espèces par la voie des transformations et
des filiations ne doit donc pas lui demander plus qu’elle ne peut lui donner,
c'est-à-dire des présomptions et des probabilités scientifiques résultant de l’en-
chaînement des affinités constatées. Mais ces probabilités et ces présomptions, il
nous semble que la paléontologie les fournit abondamment à la doctrine de l’évo-
lution.
Quand on analyse, comme nous venons de le faire pour Cabrières, une faune fos-
sile quelconque, en ayant l'œil ouvert sur les provenances et les origines probables
des espèces, sur leurs affinités et leurs variations, sur leurs descendances et leurs
déplacements probables, il nous semble qu’on sent augmenter l'intérêt du groupe
zoologique d'espèces alliées, du sous-genre ou de la section, et que l'on sent
diminuer d'autant l'intérêt de l'espèce proprement dite, qui n'apparaît plus dans
l’espace ou dans le temps que comme un état plus ou moins passager, plus ou
CONSIDERATIONS GÉNÉRALES. 171
moins local d’un type plus général. C’est le groupe qui représente ce type.
Dans le passé, il répond toujours à une époque ou à une période, et souvent
déjà à une province ou à une région, comme il y répond dans la nature actuelle,
ainsi que cela résulte de tous les travaux modernes sur la distribution des faunes
et des flores à la surface de la terre, qui ont abouti généralement à la consta-
lation d’une coïncidence très-remarquable entre le groupe zoologique ou bota-
nique et la province géographique. Cette coïncidence a sans doute elle-même
sa raison et sa racine dans les distributions antérieures des terres et des mers ; et
pour s'en bien rendre compte, il faut saisir ce fil conducteur de la statigraphie
paléontologique et de la distribution géographique combinées, aux- différentes
époques de l’histoire de la terre. R. T
FIN.
Page 32.
Page 65.
URRECTIONS OÙ ADDITIONS
e M. Hanburg, lisez M. Han
# rat rtrand de Lom vient de nous RATS de nouve _ pièces du Coupet, notamment un axe de
corne de l’Antiloge lorticornis. Cette anti te d
€
u Palæoreas pour qu’on puisse l’in-
à de genre; elle devra féiè une 2. dis ulière., L’équidé du Coupet
appartient certainement au genre E ee LA
scrire sous le même
Ù g cerf différent du Cervus
Matheronis. La présence d’un éléphant, du Machairod t]
la faune du Coupet est plusr
cheval, etc., montrent que
rapproc hée de celle des temps à act ie que dati du mont Lébero
Page 86. Au lieu d’Anoglotherium, lisez Anoplotherium
Page 117. Depuis que notre liste des fossiles de la
Page 152.
Page 157
a
fie È Éd Arnaud a récemment recueilli dans les marnes d’e:
mollasse de Cucuron a été imprimée, M. Émile Arnaud nous
en a envoyé quelques échantillons, notamment des Zurritella bicarinata E ichw.,
bombée, oui de PR benetita Lam.,
montre pu ns l’int les une côt
Aux espèces des marnes de Cbrières à qui ont été citées,
M. Émile Arnaud vient de nous faire l’env
ne grosse valve
et une valve de Jantra Planosulntn Math., qui
{ rayons,
il faut dite les fossiles suivants dont
oi : Nassa, nova sp.? (belle espèce de la taille du N. Bonellii
Bell., mais à spire plus haute ; plus voisine du vrai N, mutabilis Lin. que de tout autre,
distinguant par une bouche beaucoup moins dilatée) ; Bulla lignaria X
Si se trouve ainsi commun à la molla
1oique s’en
., Janira planosulcata Math.
asse de Cucuron et aux marnes de RE Arca diluvi
, Lucina globulosa Desh ?, Sphenia (Saxicava) anatina B
au douce de Cucuron des échantillons
très-nombreux et complets de Me/anopsis Bonelliüt, des Planorbis præcorneus ? de la taille des grands
7e
corneus vivants, et le Planorbis complanatus L., qui fait ici son apparition.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
ÉTUDE SUR LES VERTÉBRÉS
ALBERT GAUDRY
PRÉLIMINAIRES
Pages
Citation. dés savants qui ont parlé des ossements du mont Léberon. — Indication
des personnes qui ont aidé l’auteur. — Analyse chimique des ossements par
Terreil. — Quelques mots sur a gisement ‘des os. — Division de l’ouvrage. . 5
CHAPITRE PREMIER
VERTÉBRÉS FOSSILES DU MONT LÉBERON
iii. 11
Machærodus cultridens. . . FRS DE RE PE nt re em NE LD.
Description. — Variations du Machærodus cultridens. Explication des figures.
au nn pt gage M ip NL Sud
Description. — Mesures. — Conclusion. — Explication des figures.
Ictitherium hipparionum . .. .. .. RO D
Description. — Mesures. — Conclusion. — E xplication des figures.
SN 21
M A de ee Me NN no 0 Ce PONS
Description. — Explication des figures.
Rhinoceros Schleiermacheri. . . . . . : : RCTPE
Description. — Mesures. — Variations du Rhinoceros Schleiermacheri. — Explication des figures.
Acerotherium incisivum. . . .. SO ne a A UES EL 2 M ne PONS
Description, — Mesures. — na des figures,
Hipparion gracile. . . . . ... à Sa AR PA
Description. — Mesures. — De la race à laquelle appartient ne ion La du mont Léberon.
— Des transitions entre les hipparions et les chevaux. — Explication des figures,
0 de Homes h2
Description, — Mesures. — Races ou espèces dérivées. — Explication des figures.
174 TABLE ANALYTIQUE.
Pages.
HÉHBUOIRCRUM Düvernoyi. 4 4 24, Lt VI RSS 17
Description. — Mesures. — Explication des figures,
Tragocerus amaltheus. 1
Nomenclature, : — Description. — Mesures. — Races du Tragocerus amaltheus. — Explication des
figures.
Gazélla dépérdita. . 5 24050 ARR ee RSS
Description de ne — neue des os, — Mesures. — Sur les races et les espèces de
gazelles fossi — Explication des figu
Antilope de la taille du Palæoreas Lindermayeri. . .. ............... PNG
Cervus (Axis) Matheronis. . . . RER EN Te D ED
Description. — Mesures. — Rapports et différences. Conclusion. — Explication des figures.
Tortue terrestre de dimension gigantesque. . . . ......, 4 0"
Lea" grandeur MOyéNRE: |: 10 NL UNE SN
HÉSAdO de peié taillé: : 52 0 ir CN D
CHAPITRE II
CONSIDÉRATIONS SUR LES MAMMIFÈRES QUI ONT VÉCU EN EUROPE
DE L'ÉPOQUE MIOCÈNE
Le but de l’auteur, en faisant des fouilles dans le Léberon, a été d’étudier le degré
de mutabilité des espèces fossile 75
a fin de se miocène a été caractérisée par jé g ss développen ment dés he
bivore ee ; 76
. taire de la fin ee te s miocènes sente F? croyance que 1 ape
es êtres supérieurs ont été plus mobiles que ceux des êtres inférieurs. . . 81
À en juger par les mammifères, le miocène supérieur peut être divisé en deux sous-
ADO. : 83
L'étude des Se miocènes appuie nes se que te sé MAR ds étages
ou des sous-étages ont été surtout les résultats de déplacements de faunes. . . 87
Sur les formes analogues des mammifères Re ont dre et suivi ceux du miocène
supérieur 90
Sur à distinction rire et Fe espèces Fe tre à J “ Fe temps à mi 0-
CHAPITRE III
GÉOLOGIE DU LÉBERON
Indication des personnes qui ont parlé de la géologie du Léberon. . . . RO D
Sur les terrains du Léberon dans la région où se trouvent les ossements fosile S. 400
Néocomien inférieur, — Mollasse grise. — Mollasse jaune. Marnes de Cabrières. — Marnes à Ostrea
Crassissima. — Couches palustres. — Limons rougeâtres à ossements. — Alluvions supérieures. —
Coupes de M, Arnaud et de M. Matheron.
Remarques sur l’histoire géologique du pays où se trouvent les ossements fossiles. . . 409
TABLE ANALYTIQUE. 175
ÉTUDE SUR LES INVERTÉBRES
FISCHER er R. TOURNOUER
Pages.
PORTO". DIVISION dés Chapitres. 2; Lun one RS EUR A TE AUES
CHAPITRE PREMIER
DESCRIPTION DES ESPÈCES
Fossiles de la mollasse de Cucuron. . . : Ne : SEA
Description. — Résumé.
NS neN ane 0e: CARMEN A OP RP tent en ER
Description. — Résumé.
Fossiles des marnes d'eau douce de: Cucuron.. : : . 4... .. ©: : . 454
Description. — Résumé.
CHAPITRE II
CONSIDÉRATIONS SUR LA FAUNE MALACOLOGIQUE DE CABRIÈRES
La faune de Cabrières fait partie de la Fe faune de l’ancien centre méditer-
ranéen. . . TRS ET EN RE SL)
La faune de Febtes est RNIE. par ous variété es en ROSE TO
Gette variabilité confirme la loi de progression plus rapide des types supérieurs, même
appliquée à l'étude intérieur d’un embranchement. . . 162
Cette variabilité n’est pas en contradiction avec l'hypothèse dé la fation he espèces
DEN OIO A UOAUTASIOMNALONE A De ie UN ST rer OU ca On
PONT MON POCHORR Et AE D me pl Te ee ra VE GERS AN RC
FIN
E LA TABLE ANALYTIQUE.
TABLE
ALPHABÉTIQUE
DES ANIMAUX FOSSILES DU MONT LÉBERON
Page |
CLOLHÉPIOMR INCISIVUN,, 22 de le Meme Er 21e 29 | Crassatella RC A RARE ar AN
ATICINA TIR DARULOTIRIS 0. 0 PEAU re 126 | Crépiduüla-giDbosn ee SE ee HS
ATOTRID COBLALRS AE NE em NT M REA 142 | Cupularia dre RD le Lrare te Pr OR EN
ADO POUR) ee ee fe A AR 64 | Güupularia”nmbellatast ee Een
AS PO ETAT RL EN TR Ar RS Re ane RTE 158 | Cypræa (nd PAR EEE a Ro RES
ACCUS D'OLONNE ne Lau | Gÿthered nd) LR NN ER
ATORUMIDO HAL ee de nr td D DRE 144 | Cytherea Pedemontana RE A AE REZ
PCOPASTAERETENIC ONZE 0 LS cote 449: Defrancia Calathiscus. 2.115 Res
AMIGUIQIPHAlBHALENS LE PEN A APN TAN 143 | Dendrophyllia Golengeon RSR res a EE
Daltous tMunnabulumM. ce SN EME TE 4470: Dendrophyllia"digitalis. "RER
Brihynit BéDETONENSIS - 220 enr cir 156 | Dentaliuni fossile. 5e ee Re
Bulle: ETOnRAITeRNRS 0 LARMES 141 | Din Dinotheriumgiganteunt2:" RER ERA
DUR HHANIAS CR Tee D MAS M 158 | Ea D TUPOSR ES, ANT PURE PORN
ÉRIYPLE AT ChINENSIS Te NE Cr EREeC 140 | Era 0 a Br RE Ne OP
Calpirea MElOENNR. 50e RER RS Rent 140" Fasciolania Tarbelliana. 25" PP ARR
Cancellaria Westiann. 3 enr Re Ne 128; Ficula (inde) ru ADR ee Eee
CATÉA LOPASSA ENTER ee RE ner 14 Fissurella “ifalica.. 52 RNA SRRRrRERe
Cardita Ed 5) TR EN RQ DE mr ne 46 | Fragiliatabhreviata, 7 NN
CarditasJOaAneCR 0 A DR es ee Eee 146 | Fus faveriisr ie RARE
CORAN DEP nee LS 145 Füusus:prOincinlis 5 REC Re
Cardium DADHIOS NN EE Ge UE A Ress 445 Gazella depérdita,5 fr 0 ir een er
CONS (NS AE re tle Ra 150 | H hristoli.....
Ceérithium-Dertonense. 5 eu ete 136 Hèlix Dufreltoyis: 2 Rec ut te PAIE
Gérithinm DUhoish nn dE Reine 134 Helix pseudo-conspurcata..................
Cénithium:papaveraceum:.. 1.1.0 70. 135 | Helladotherium Duvernoyie BRON
Cerithium Far PR NOR DR LP NOR CUS 136 | Hippariontgradilenis te ie nn er EEE
Cénthnnr predolinlum 22.0 135 lHyéna exinia ON set Re A EE
Gervus/{(Axis)-Matheronis...:.:.:."2%.. 65 | fe ctitherium tbe ce CLEO NEC PAR
OA DÉYDHOIAOSS 1 PR NS Lee TE 445 | fctitherium On DISONS AN RATES
Colurmbellisfilosns #60 EE EN Ra EEE 32 | Tânira-benedicta:? SE CE PRIE er
COMMPCLDEPOPOA Re M et 132 | anira planoaulcait ei Rene
Solumbella Türonica. #5: Vire etes 131 | Étoiniea (ind) emo DE re
SONUSSAlEOVANAIe Le nr RES 427 Lucinaglohulosas Sr oran t TR INA
Gonus-canaliculatus, nr ri 127 Machærodus cultridens....................
SOU OR OQUIQAUS RAR des el een cu 127 ur Bonellii Ve ee PA RUES
CONS METCNTL SE EN ue ne NE 127 Mesalia ÉTONSIRS se LP OT IT EE RS
Co RAS ÉOROIE TAN PET ne dc 149 | Mitra fusiformis "2 M SR RS ee
116 et 158
115 et 158
12
154 et 158
137
’
TABLE ALPHABETIQUE. 177
Pages. Pages
RTE TZ TLTE nee UN ae nnens 31 | Pleurotoma granulato-cincta........ SR 129
ADO EMA TIGRE Mann LS ne cure 419 | Pleurotoma Jouanneti..................... 128
LRU ET RERO CR RE 119 | Pleurotoma pseudobeliscus..... UN Are 130
MÉDECINES ER Me Laruns ALP PRPIEUTO OMET AMOR ISA ee ro 127
MHRERTIIDILOITES en eu con T Poe 190 R[#Pléhroloma: SApOrta is e I ENRAETRE 130
LAPS NEDIOdONE nee MN ni nn 119 | Pleurotoma Tenir serre, 129
AURAS TENTE UE dan des nr ne io u ADO POIET ERSCUIPIR EEE TRS PER 121
MODES TLIO NISSAN eue eu TOR TOLE TOÉDE Ad TA OR Lee 497
Murex Vindobonensis............ PR RE EE 120 | Purpara/Dumortieni.s Arena 121
RUE RE ER GT ER RE Se SR ER 143 | hinoceros Schleiermacheri. ............... 23
ARBRES) SR RE ere à do Te ere 158 | Rissoa ES 6 A SR RS EE EE NL Ce 138
Nassa acrostyla........ PE TT DEN NUE 124 | ROtCLIA MantiPinUs, PUR Sn MR es 140
NUSSE CONRIODA DA ee. 7 ne 193 | ROC SU DEULUTANS EEE NL EM ae 139
NASA OT thnre ln RER MR en ne 19/7 PS0oIeCHr US COR dIAUS ER Dao 150
NRA TE EEE AR SE 194 | Solen marginatus..,.... Res 1950
NAME UINOT OR PU ne ner LT 193 | SORORIMIAN ANS SES DU UT es A RES 158
Mass SnTomaCensIss eue ce PC à 125 | Succinea DAME VA Net Ve EN MEL ASIE 455
GEST A UT RSR NN ADO PUS RMI RS eme A a fe anne 2
A OR OPTION ee lun ee 133 RARES OI MALICUSS AE ETAT NN Fe 118
NACRE TOR EN AIN ee BE Di mener et à 131 LMP EU ND CE ARTE RME TRE pme 116
NA CAE DENÉTONENSIS 2 ne (te 120 CITE Sep RAR NRA rte 148
DU MM DRrOR Au. out 432°|° Tellina lacunosa.. 0... "ie 116
RO NE LA Lena nee « 10 Léa plan ER ANA Ru ane 148
Os BO RNB ES en re du re 115 l'erebra acuminata 126
DSC RO PASSISMMO EU de fon ee de. 141 DÉRÉDTA AIR EDIOTDNE A dr aie uen es 126
RAC TT TR NE RE EN ET TRE RE 449 LOTODFANCRCETENRIR. Te ie Re arte 125
DÉNONCER RCE 415,//° Terebra modesta. ,:,...:,...4....0. 125
STORE MON AA ST nur Mure er Ce, 447 | lestudo de grandeur moyenne.............. 71
ÉAROP EMA RUEOIpR ne ee cine ne (elestdondemetitertallens 20e se 72
PATRONS MEANS Una Dh 150 | Tortue terrestre de dimension gigantesque..... 70
POCLORELD DONNE A nant nn At 112 | ÉtASOCeRUS a DAlIRENS. MTL NL ve d 50
ECHO EMI DAIRIIUSS 2m nd out M9 els itrochusMarftininnns:..2.52 2eme 139
REG DSC ADR G ne ne er te a 415 | PEDCRUS SE IIIOP FA QUS NE ne NT ER 139
DECLOHÉRUIDTNSEUINER de mi) ADR EUPROE MUTICAEUS ET Re ME Het d
Pectuneulus glycimeris. . ; . 2... 2. Au lurritella bicarinata......... RTE 136 ct 158
RU RTS LA ee De En 129 OLPC HE DUSIO See et EN RU ER 3
Fa COMIPIANAIUSS Eee tement à 158 | MeRUS A TN AUS SR nn 147
PIRRONDIP EMA ONI N BEe 0E CR vn OU EMeTUS CIRENTAS me NES een 447
Planorbis præcorneus............... #55 et 158 | Venus islandicoide A EAU TEA
Pleurotoma asperulata. . ..... Dernier ie 128 | VeRUS: DROLE nr ee Ne de ME 146
Pleurotoma Cabricrensis. .........../.... ; 129 | Vente UMDONAPIAS ST UE RANCE EN TE 447
Bleurotomacalearatan 2. des 129 N'OrMPLUSEINIOTIUS RSS MATE A ee 138
FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE.
Li
Planche I
MR RU ee ne !
08,3, 13.5: 6.2
— fig. 7, 8, 9, 10.
— fig. 11...
Li F2 1 1 89 Fat TRS
— fig. 3, 4.
PLSIV::. de
OR CA TOO US UE PA
— fig. 7, 8,9, 40.
gi UE NE
PA VIE 60 1.
Draft PE PAC IR
PI. VIII. Me
ER HR ton AC NE 4
— fig. 8,9, 10, 11.
PIREXe
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PI: XIT, se 1 412
is. 13.
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PERSAN, fa 12:
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PIEXVE
PEMANE is 4, 9:
ne CLEA EU
1" fS25..6:
Se SE LU RES)
O0: 28 AR D
— fig. 41, 12.
— fig. 13, 44.
vie 45 416:
lier 7 er
PI. XVIE, fig. 4.
- (19)
LISTE DES PLANCHES
Bloc du mont Léberon avec les ossements dans leur
position naturelle. . . je explications ont été données page
Machods cültridens.
æna eximia.
fctither ium hippar rionum .
Ictitherium Orbign
Dinotheies ES m. CIE RTE
Rhinoceros Schleiermae TRUE DR NE Te
Id.
Acerotherium incisivum.
Hipparion gracile.
Id
Id.
Sus major.
Id
Helladotherium Duvernoyi.
Tragocerus amaltheus.
Id.
Gazella partit be
Id.
Puisoress Lindérmayeri. à
Cervus (Axis) Matheronis.
ee de petite taille. . |
Testudo de grandeur moyenne.
Coupes géologiques du mont Léberon dans la : région
où se tre 1vent les ossements fossile CS CA AO OP
Pollia exsculpta. .
Purpura Dumortieri.
Crepidula gibbosa.
Murex pentodon. HS ne
Fusus-provinbalte 7 RE re
1:53
. XVII,
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De
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72
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FE .
16.
LISTE DES PLANCHES.
Fusus Mayeri.
Fasciolaria Tarbelliana.
tire
Pleurotoma pseudobelise
Defrancia Calathis
Cerithi um dote
Cerithium Dertonense.
Trochus millegranus.
Natica Leberonensis.
Natica Volhynica.
LA Bonellit.
lrochus see
Proto rotife
Nassa c sims
Cerithium præ dohicum
fi
Janira planosulcata.
Terebra modesta .
Mitra Manzonii.
Pecten improvisus.
Pecten scabriuseulus.
Cardium Darwini .
Corbula Basteroti.
Crassatella provincie ne.
Les explications ont été données page
7 Œ de
+ 2 D bb
qe ge ge œ
se
LISTE DES PLANCHES.
Bithynia Leberonensis.
Planorbis Matheroni. .
Planorbis præcorneus.
nds
Melanopsis Bonellii.
Helix Christoli. . . .
Turbo murieatus .
Venus Arnaudi. . . .
Tapes ænigmatieus.
FIN DE LA LISTE DES PLANCHES.
Les explications ont été données page
TARIS. — IMPRIMERIE DE E, MARTINET, RUE MIGNON, a
Il
J 0 S9pP JU9 U9SS IU9X9 UN 9) D 9990GS9
9P SOJSIOUIUX 9 IND 920!
CARNIVORES FOSSILES DU M
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Mig. 1 et 2. Machærodus cultriden |
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Fig. 5,4,5,6. Hyæna eximia, Rotk et | Fig. 1
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ACHYDERMES FOSSILES
MONT LÉBERON.
+
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ÉHbparton race d Ciristat. gr.nat.
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L
PACAYDERMES. FOSSILES DU MONT LEBERON.
PL VE
Le \ 1 ] « 3 1 re + + k : : 1 PANE
La figure esta de la grandeur naturelle; les figures 9,10,11 sont au +; les
) ei © ÿ
.
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ures sont de grandeur naturell
Ô
PACHYDERMES FOSSILES DU MONT LÉBERON.
FLN
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Les figures 1,2
£ SR
mp Becqu et, Paris.
A1] 1 gSracile, de
Re H pparion gracile, er
lg. 2,8;4,5,6,7, 8 OUS MAa]Or, Gerv:
C
D.
z À r d € ] L il 1 Fe ere $
ow,+ sont de grandeur naturelle;les autres figures sont à s A6 ia £T-DAr
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A.I9 , (D &.
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RUMINANTS FOSSILES DU MONT LÉBERON.
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p.Becquet, Paris.
Helladotherium Duvernoyi, Gaud.
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a grandeur naturelle ; la
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re 8 est aux +;les figures
3 Ô
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sont de grandeur naturelle,
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ou al, étés de
RUMINANTS FOSSILES DU MONT LÉBERON.
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Formant del. /mp Becquet, Ja
c hate. pes
| , PO a 1 D Gaud.
Les figures 1,2,3,4 sont a 7 de la érandeur naturelle;les figures 5,6, 7 sont de grandeur naturelle.
Lea U Le LU
es
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RUMINANTS FOSSILES DU MONT LEBERON.
formant del. mp Becquet, Paris.
la -d ep erdita, Gerv.
Grandeur nature
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S FOSSILES DU MONT LEBERON
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SSILES DU MONT LÉBERON
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Re a RC NE 4 ET k
sont aux + de la gr.nat.; les figures 5,6
es [e] O
randeur naturelle
Împ. Becquet
TORTUES FOSSILES DU MONT LÉBERON.
P 15 È À
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A np Bec ATIS.
‘ Forant del ip Becquet Paris
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— de la grandeür naturelle
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TERRAINS DU MONT LEBERON
}
—_—_—_—_— EE ,
|
| |
| |
| |
| Fi6. 1.
o [l
| ( oupe théorique du versant meéridional du Mont Léberon. |
k RENE :
Environ 4 Kilometres de longueur.
|
Mont Leberon |
REC À
Calcaire compac
dunéocomien
infèrieur. A
Cueuron Zimonet conglomérat |
plus récents que les H
couches &/Hippariors. |
He
Alluvions À
delaplaine. : à 4
Ÿ Hoasse Limon gris Limonrougeñtre RER L ;
| jaune & Pecten et calcaire lacustre avec. o$ Galets de \ ;
| | raie ete à Heliæ Christol. d'Hipparionsetc es Pr f
! Mollasse | à | Harne T1
| grise. | Aarneà Gtrea! rte !
! ! | CTASSLSSÈMEA. \Jouannet 4 ‘
' #
ù
fe N
F6 2 |
TEE |
% . . . « , . |
Coupe des terrains qui sont mis à découvert dans les ravins
entre Cabrières et le gite des ossements.
Environ 2 Kilometres de longueur.
S.S.0. N.N.E
Campagne de
Galets de ripage avec Camille. Jean .
coguilles brise: Calcaire compacte,
Lé duneocomien LVL T'ieuT
Marne sableuse |
Traces de a Cardita
lignites As renneti
I 1
\ Marne a Ostræn |
H CTASSISSURUL : |
Marne et limonsgras !
Limonsgrès avec banés friables ou endurerr.
calcaires alternant apec :
des limons rougeñtre 1,
Limon rougeñtre
avec os d ‘Hppar tons, ele. !
Alluvions. PAR.
Bastide = ÿ
Wance | = = 3
| D ï
I y ï cs 2
on AL ; ;
ue à -
187 |
| Fi.
|
| Profil du &iseme La des vertébres. |
| « Environ 1 Kilometre de longue ur. : |
| «5 Ppe E D Fe:
|
| | |
| Ceseinent |
superieur , |
des 0SSermiÈnLE. 4
Grsemert + rs
ifériéur PS Torrent.
Gisement de la eréssements. |
, 1 y }
grande Tortue LL Bressier :
PE | ES
AlUuvions ' =
Mollasse jaune à Peeten ! |
plaño suleatus Bastide Nance
M
DRPLSOUES FOSSIERS DU MONT LEBERO
ÂArnoul del /mp.Becquet Paris.
Fig. 2. Murex Gaudryi,nsp 9 40. Murex Vindobonensis, Hornes (var.)
3,4. M.___ Arnaudi,n.sp. 1 ,12. M. lapilloides
5,6. M perplexus ,n.sp. CS TE Polliaexsculpta, Duj. (var.)
7,8. M.___ striæformis , Mich. ( 13 , 16 Purpura Dumortieri, n sp.
MOLLUSQUES FOSSILES DU MONT LÉBERON.
Fig. 11:
F9. 12 /79. 6.
Arnoul del {m1
p Becquet Parts.
Ng. 1. Murex pentodon n. SP 12,13,14. Pleurotoma asperulata, Lam
2. Fusus provincialis, n.sp 1546. 1. . cannes
DRM © | ayeri, n.sp. 17 CP. 0. -- ramosa ét
4,3. Fasciolaria Tarbelliana, Grat. (var.) 18. P.______ Saportai, n.sp
6_9 Pleurotoma Jouanneti, Des Moul 19,20. P:-_ = fenuilirata à sp
4 D _ ____ calcarata:, Grat. Ps NS 4 pseudobeliscus , n. sp.
29. Defrancia- calathiscus, n.sp
MOLLUSQUES FOSSILES DU MONT LÉBERON.
PL.XVIIT.
6
Ko!
ns;
S,
ES
es
3. Ag. ÿ. Fig. 4.
C
©
b,
4
fà
\
+
x É s
Fig. 11. | Fig. 19
/mp Becquet. Paris
Fg.4. Cerithium prœdoliolum n.sp 9,10 var.) 20. Natica Hornesi ,n.4
LU CFE ____ Dertonense, Mayer 1,42 2,22. Proto rotifera, Lam
MALE CRE pictum, Bast. (var.) 13 , 14 23. Turritella pusio, n.sp.
5,6. Columbella Ma ( EE Mayer ( var.) >4. Mesa Cabrie sp
Nassa conglobata ve occhi,(var.) | 23,26. Rotel nandarinus , Fisch
DE 18,19. Nat atheroni sp. (var. ) | 27 AR subsuturalis, d'Orb
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MOLLUSQUES
FOSSILES DU MONT LEÉBERON.
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Fig. 22.
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2. Natica Leberonensis, nsp. 1,42. Nassa cytharella, n.sp.
FREE PAS Volhynica, d'Orb. 18. Cerithium prœdoliolum, n.sp.
6. Melanopsis Bonellu1, Sism 1418.16 Columbella filos ui
8. Trochus Martinianus, Math 17 Ge porcata, n.sp
9 Proto rotifera, Lam. 18 CHR RAEST id grossie.
LE SEEN el id. (var.) 19,20. Ostrea digitalina Dub. (var.)
21,22. Janira planosulcata, Math.
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