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Full text of "Patrologia Orientalis 5 - Agapius"

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K1TAB AL-`UNVAN

HISTOIRE UNIVERSELLE

ÉCRITE

PAR

AGAPIUS (MAHBOUB) DE MENB1DJ

ÉDITÉE ET TRADUITE EN FRANÇAIS

'PAR

ALEXANDRE VASILIEV

Professeur à l'Université de Youryev (Dorpat)

PREMIÈRE PARTIE (I)

permis d'imprimer

Paris, le 24 décembre 1909.

P. FAGES,
vic. gén.

Tous droits reservés.

AVERTISSEMENT

Agapius (Mahboub) le Grec, fils de Constantin, évêque de Menbidj
(xe siècle de notre ère), dont j'offre au public le texte arabe et la traduc-
tion française, est un écrivain arabe chrétien presque inconnu dans la
littérature historique. En effet, on ne le trouve ni dans l'ouvrage de
Wùstenfeld Die Geschichtschreiber der Araber und ihre Werke, ni
dans la Geschichte der arabischen Litteratur de Brockelmann, ni
dans la Littérature arabe de Ch. Huart (Paris, 1902), ni dans le livre
encore plus récent, consacré spécialement à la littérature arabe-chré-
tienne, Die christlich-arabische Literatur de G. Graf (1905). K. Krum-
bacher ne connaît pas non plus Agapius dans son excellente histoire
de la Littérature byzantine, où d'autres chroniqueurs arabes chré-
tiens, comme Yahya d'Antioche et al-Makin, ont trouvé leur place.
Ce n'est qu'en 1907, que nous trouvons quelques lignes sur Agapius
dans le précis de la Littérature chrétienne-arabe de G. Brockelmann 1,
qui a puisé ses renseignements dans mon article du Vizantiysky Vre-
mennik ce Agapius de Manbidj, historien chrétien arabe du Xe siècle»
(en russe).

Agapius, d'après l'époque où il vivait, est le premier historien
arabe-chrétien. Cependant il ne serait pas exact de dire que le nom
d'Agapius (Mahboub) et les manuscrits de son histoire n'étaient pas
connus du monde savant. En 1742 Assémani, dans son Catalogue des
manuscrits orientaux de la Bibliothèque laurentienne de Florence, a

1. Die christlich-arabische Litteratur, dans la série d'AHMELANG, Die Litieraturen
des Ostens in Einzeldarstellungen.

562 AVERTISSEMENT. [6]

décrit d'une manière plus ou moins détaillée (pas trop exacte du reste) le
manuscrit cxxxii, qui contient la seconde partie de l'histoire de Mah-
boub. En 1835 dans le Catalogus codicum manuscriptorum orienta-
lium Bibliothecae Bodlejanae nous trouvons la description du ms. LI
(Hunt 478a. 1320), qui contient la première partie de l'histoire à'Aga-
pius 1.

Le premier qui s'intéressa à cet écrivain, était feu le baron V. Rosen,
éminent savant russe, dont la mort prématurée et inattendue a pénible-
ment frappé tous les orientalistes et les byzantinistes (+ 10/23 janvier
1908). Après avoir parcouru le manuscrit de Florence et en avoir fait
quelques extraits, il a publié en 1884 l'article suivant dans le Journal du
Ministère de l'Instruction publique (en Russie): Notices sur la chro-
nique d'Agapius de Manbidj (en russe). Malheureusement cet article
est resté inconnu non seulement à l'étranger, mais même en Russie.

C'est le baron Rosen, dont j'ai l'honneur d'être élève et à la mémoire
duquel je dédie cette édition, qui a attiré mon attention sur cet his-
torien.

Le Catalogus Porphyrianus2 et celui de Mme Gibson 3 nous ont appris
qu'il existait encore deux manuscrits d'Agapius au couvent du Mont
Sinaï. Alors je me suis mis au travail: en 1902, pendant mon séjour au
Sinaï, j'ai copié deux mss. qui se trouvent dans la Bibliothèque de ce
couvent et qui ne contiennent que la première partie de la chronique, et
en 1903 j'ai fait la copie du ms. de Florence, qui contient la seconde
partie; il me manquait le ms. d'Oxford, que j'avais vu en 1907 et dont
j'avais constaté l'importance. Mgr Graffin m'a procuré avec une extrême
obligeance la photographie de ce manuscrit; de sorte que j'ai maintenant
à ma disposition quatre manuscrits, sur lesquels je base le texte de ma
publication.

1. Sur les détails et les renseignements complémentaires v. mon article «Araniw
MaHÔH^HtCKiH, xpucTiaHCKiH apa6cKiw HCTopHK'b X B-feua» dans le Vizan-
tiysky Vremennik, XI (1904), p. 574-587. Comp. aussi le résumé de la communication de
M. A. Vasiliev sur Agapius, faite au Congrès international des Orientalistes à Alger en
1905. Revue Africaine, 1905, NN. 259-258, p. 337-338.

2. Catalogus librorum manuscriptorum et impressorum Monasterii S. Catherinae
in Monte Sinai ad fidem Codicis Porphyriani, N. iv, B. 18/135. Petropoli, 1891, p. 336
(N 164).

3. M. D, Gibson, Catalogue of the Arabic mss. in the consent of S. Catharine on
Mount Sinai. London, 1894, p. 88 (N. 456) et 123-124 (N. 580) Studia Sinaitica, n° III.

[i] avertissement. 563

Il existe encore des mss. d'Agapius, dont je n'ai pas pu me servir.
Ainsi, dans le journal Al-Machrik  de Beyrouth, se trouve la
description d'un ms. d'Agapius, qui, d'après les extraits publiés dans ce
catalogue, me paraît correspondre au ms. d'Oxford; nous y lisons éga-
lement qu'il existe en Syrie plusieurs mss. d'Agapius 1.

Je commence à publier la première partie de la chronique d'Agapius,
qui raconte l'histoire du monde avant le Christ et la vie du Messie. L'é-
dition du texte de cette partie est basée sur trois manuscrits:

1) le ms. C; c'est le ms. d'Oxford li (Hunt 478. Pusey), très bien écrit,
daté (l'an 1320), que j'ai pris comme base de mon édition; 2) le ms. B;
c'est le ms. de Sinaï 580, 21x16, 208 fol. (Gibson), aussi assez bien
écrit, dont le texte correspond au ms. d'Oxford; 3) le ms. A; c'est le ms.
de Sinaï 456, 27x18,175 fol. (Gibson), plus récent; c'est une copie très
abrégée et dont le texte diffère beaucoup des mss. susnommés; ce
manuscrit contient différents traités, et la première partie d'Agapius y
occupe les feuillets 103-164v, où le texte, s'arrêtant au milieu d'une
phrase, est incomplet à la fin.

La seconde partie de la chronique d'Agapius, qui, j'ose l'espérer,
suivra la première, est surtout intéressante pour les études historiques:
elle donne beaucoup de renseignements sur l'histoire ancienne de l'E-
glise, sur l'époque des Conciles Œcuméniques, sur l'histoire de Byzance
et du Califat, surtout à l'époque de la transmission du pouvoir des
Ommayades aux Abbasides.

Dans mon édition, j'ai tâché de reproduire, autant qu'il était possible,
le texte tel que nous le trouvons dans les mss., sans restituer les formes
classiques, et je suis sûr que les savants qui s'intéressent à la langue
arabe-chrétienne, y trouveront assez de renseignements précieux et
nouveaux.

Je remercie cordialement tous ceux qui ont bien voulu m'aider de
leurs conseils et de leur concours dans mon travail, et en première ligne
M. J. Kratchkovsky, jeune arabisant russe, le plus jeune élève de feu le
baron Rosen, qui par son inépuisable obligeance mérite une place à part
dans ma gratitude, — qui m'aida, dans ce travail pénible, grâce à sa
connaissance érudite de la langue arabe. Qu'il me soit également

1. Al-Machrik, VIII (1905), p. 1051-1052 (n. 90); v. aussi vol. V (1902),
p. 909.

564 AVERTISSEMENT. L8

permis d'adresser mes vifs remerciements à M. N. Marr, professeur à
l'Université de S.-Pétersbourg, qui a bien voulu m'accorder en abondance
ses conseils précieux et sa connaissance si profonde des langues et des
littératures orientales. J'adresse aussi l'expression de ma sincère gra-
titude à M. P. Kokovzoff, membre de l'Académie des sciences à S.-Pé-
tersbourg; à mon confrère M. A. von Boulmerincq, professeur à l'Uni-
versité de Youryev (Dorpat); à M. L. Leroy, professeur aux facultés
d'Angers, et à M. E. Blochet, de la Bibliothèque nationale à Paris.

A. Vasiliev,

Professeur à l'Université de Youryev (Dorpat), Russie.

s.-Pétersbourg, 7/20 juin 1908.

KITAB. AL-'UNVAN

ORNÉ DES QUALITÉS ÉMINENTES DE LA SAGESSE,
COURONNÉ DE DIFFÉRENTES ESPÈCES DE LA PHILOSOPHIE,
ILLUSTRÉ DES VÉRITÉS DE LA SCIENCE.

Ms. C

 Au nom de Dieu unique, éternel.
Nous implorons son secours.

Le Livre al-'Unvan (du Titre), orné
des qualités éminentes de la sagesse,
couronné de différentes sortes de phi-
losophie, illustré des vérités de la
science, que composa avec soin le
cheikh éminent, le docteur savant, le
philosophe excellent, Agapius, fils de
Constantin, grec de Manbidj, et qu'il
envoya à un homme éminent `Isa, fils
d'al-Huseïn.

Mss. BA

 

 Au nom de Dieu clément et misé-

ricordieux.

Le Livre d'histoire, attribué à Mah-
bûb, fils de Constantin, grec de Man-
bidj. Son titre appartient à l'homme,
orné des qualités éminentes de la sa-
gesse, couronné de différentes sortes
de philosophie, illustré des vérités de
la science, le vertueux et bon, Abû-
Mûsa-`Isa, fils d'al-Huseïn, que dure
la grâce de Dieu envers lui, que sa
sagesse soit parfaite, que sa philoso-

Sache, que le grand Dieu t'aide,
que ce livre béni est composé par son
auteur, et rédigé d'après les saints Li-
vres de Dieu, d'après les livres des
philosophes et des savants.

 Il y travailla avec peine, fatigue,
assiduité et effort; il le composa au
grand bénéfice et au profit des gens,
qui le méditeront; celui qui, en effet,
méditera ce livre avec assiduité, le
comprendra, y réfléchira sérieusement
et s'y intéressera, ressemblera à
l'homme qui aurait parcouru tout l'u-
nivers, comme s'il connaissait le
monde depuis ses origines et comme
si le monde racontait son histoire, ses
merveilles, ses choses extraordinaires,
des événements et des miracles  qui
ont eu lieu depuis les origines de

phie s'accroisse du double, que sa di-
gnité soit élevée, que toute la puis-
sance de ses ennemis, qui ont de la
haine contre lui, diminue et lui soit
soumise, que soit sur lui la main qui
le préserve, et que sa vie soit pro-
longée.

Composa ce livre Mahbûb, fils de
Constantin, le Grec, de Manbidj, et le
rédigea d'après les Livres révélés de
Dieu, que Son nom soit grand, et les
livres des philosophes et des savants;
il y travailla avec beaucoup de soin,
forte fatigue et grande peine; il le
composa au grand bénéfice et au pro-
fit des gens qui le méditeront; qui-
conque méditera avec assiduité ce li-
vre, le comprendra, le repassera dans
son esprit et connaîtra ce qui s'y

la création jusqu'à son temps et son
époque. Que celui qui le lit, le fasse
avec grand soin et le comprenne
bien.

 Voilà le commencement du livre.

L'Apôtre dit: «Toute grâce excel-
lente et tout don parfait vient d'en haut
et descend du Père des lumières1.»
Dieu, ô ami, t'a accordé en abondance
le don, bon et beau, qui t'inspire le
désir d'arriver à la science et à éclair-
cir les événements, et de parvenir à
la possession de leur vérité et de la
connaissance des subtilités de leurs
mystères.

1. Épître de S. Jacques, i, 17.

trouve, — ressemblera à l'homme
qui aurait parcouru tout l'univers,
comme s'il connaissait le monde de-
puis ses origines et comme si le monde
racontait son histoire, ses merveilles,
ses choses extraordinaires, des évé-
nements miraculeux qui ont eu lieu et
qui sont dignes d'admiration, et des
histoires merveilleuses.

 Le commencement du livre.

Tout don excellent — que Dieu pro-
longe ta gloire et élève le bonheur de
ton rang — descend du Père des lu-
mières. Dieu t'a accordé un esprit
élevé et des qualités nobles et belles.
Il a mis en toi le désir et l'intention
de trouver l'histoire de la foi et de
parvenir à la possession de la vé-
rité et de la connaissance des mys-
tères.

 Dans la mesure de mon savoir, que Dieu t'aide, j'ai voulu t'exposer un
livre commençant aux origines du monde et je t'en ai jugé capable et digne,
parce que j'ai des preuves solides de la finesse de ton esprit et de ton intel-
ligence.

J'ai composé ce livre qui explique,  démontre et éclaircit. Ce livre  contient,
depuis les origines du monde, la connaissance complète des années du monde,
des siècles et des temps, et des nations, nation par nation, avec explication
et description, des événements qui eurent lieu aux temps anciens dans les
régions de la terre, leur histoire et les merveilles qui existaient chez les na-
tions, les peuples et les royaumes, nation par nation, royaume par royaume,
— et l'histoire des prophètes, prophète par prophète, de leur temps et de
leur époque, des philosophes, des tyrans et des possesseur de talismans
invulnérables aux reptiles ou aux insectes, — la confection des perles, l'art
de travailler l'hyacinthe, le marbre, le verre pharaonique,—l'art, c'est-à-dire
les dix dons, que Dieu a attribués particulièrement aux enfants d'Adam, —
la description des sept merveilles du monde et des lieux où elles se trouvent.

Ces merveilles sont: le Capitole à Rome; c'est un édifice merveilleux, où
Apollonius enseignait la magie. La seconde merveille est le phare d'Alexan-

drie. C'est une tour avec un observatoire, qui se trouve à l'entrée de la mer,
sur quatre colonnes en verre. C'est, d'elle que parle Bédas 1 le savant, qui
mesura la mer, parcourut la terre et ne trouva aucune construction dans l'uni-
vers plus haute que celle-là.  La troisième merveille est le temple de Çyzicus
en Cappadoce, au pays des Grecs. C'est un édifice étonnant de cent cinquante
coudées carrées,  sur quatre pilastres, et ce qui est le plus étonnant, c'est que
la pluie ne tombe pas sur lui. La quatrième merveille sont les trois pierres de
Balbek. La cinquième merveille est la femme (?)2 dans la ville de Césarée
en Palestine. La sixième merveille, le Ifos (i9ppoj) de Bellérophonte; c'est un
cheval en fer, sur lequel se trouve un cavalier en fer, suspendu en l'air sous
une voûte sans aucun appui contre  les murs de la voûte. La septième mer-
veille, sont trois statues que Hercule, le plus ancien roi, fit dans la mer pour
préserver les voyageurs de la submersion. Avec cela dans ce livre est réunie
et expliquée l'histoire de la division de la terre et des sept climats, leur lon-

1. Je crois qu'il s'agit de Bède, «Bedae cui tribuitur septem miraculorum ordo».
H. Schott, De septem orbis spectaculis quaestiones, Onoldi, 1891, p. 5; v. Appendix,
p. ii-iv. —2. Peut-être faut-il voir, dans le texte arabe abîmé, le Mausolée? Voir sur ce
passage des merveilles, H. Schott, op. cit. H.Rohdbn, De mundi miraculis quaestiones
selectae, Bonnae, 1875, p. 10-11.

gueur, leur largeur, leurs mers,  leurs golfes, leurs villes célèbres, l'état des
habitants des climats, leurs mœurs et ce qu'il y a de nuisible et d'utile dans
chaque climat.

 Au nom de Dieu unique et éternel. Nous implorons son secours.

C'est le commencement du livre du maître éminent, du philosophe parfait,
d'Agapius, fils de Constantin. Que Dieu donne à son àme le repos éternel
et le rémunère largement. Amen.

Des gens intelligents et versés dans la connaissance des choses qui, comme
vous les voyez, se passent selon l'ordre de la nature depuis les origines du
monde, savent que le commencement du temps, l'origine des choses créées,
l'ordre des années et des jours comptent depuis le temps d'équinoxe à l'entrée
du soleil dans la tète du Bélier, c'est-à-dire l'équateur. Depuis ce temps, la
terre commence à produire de l'herbe verte et les arbres commencent à pous-
ser des feuilles et à changer de couleur. La terre se couvre  de verdure  et
fait voir sa beauté et un grand nombre de jolies couleurs. En même temps des
animaux, tous les insectes de la terre et tous les oiseaux, comme nous le
voyons, s'accouplent l'un à l'autre et mettent au monde des petits de toute
espèce et de tout genre selon leur nature. A cette époque dont nous parlons,

et à cette période les oiseaux se construisent des nids de tout genre et toute
forme, selon leurs forces.

Le temps dont nous parlons commence, d'après tous les savants et tous
les chronologistes, à l'origine du monde, le 18 du mois d'Adar (mars),
qui est le mois lunaire de Nisan (avril);  quant à Nisan, c'est Redjeb, (le pre-
mier) des douze mois lunaires au début des mois du monde.

Nous avons trouvé que le livre de Dieu, (qu'il soit béni), révélé  par l'inter-
médiaire de Moïse le prophète, s'accorde avec ce que nous avons dit sur le
cours naturel des choses  depuis les premières origines du monde; (ce livre)
lui ressemble, s'accorde avec lui et le suit. Or Dieu, que son nom soit béni et
que sa gloire soit grande, inspira Moïse son prophète et lui dit: «Que ce mois
soit le premier et le commencement des mois lunaires.» Les gens versés dans
les livres révélés de Dieu affirment qu'en ce même mois aura lieu la fin du
monde. Ensuite il n'y a personne parmi tous les savants et les gens de science
qui ait douté que ce mois ne commençât par le dimanche au début du
monde; et nous n'avons pas besoin d'examiner cette question ou d'expliquer
le récit sous ce rapport, parce que c'est clair et évident chez tous les savants
et chez tous les connaisseurs de l'Ecriture Sainte, que le premier commence-
ment de création eut lieu le dimanche; le nom de ce jour démontre ce que
nous racontons.  Avec ce jour, ce mois et cette année commença la chrono-

logie de l'histoire du monde et à partir de ce moment on rapporta et on re-
lata ce qui s'y passait. Ce livre s'appelle'en grec xroniko/n  ce qui dans la tra-
duction arabe signifie la suite dès années et la marche des temps et des
siècles. Ce livre commence depuis le premier jour, où Dieu créa toutes les
créatures, depuis Adam jusqu'à l'Ascension du Christ, (notre) Seigneur; il
décrit, raconte et s'occupe des nations, nation après nation, des rois de la
terre, roi après roi, des choses qui eurent lieu dans le monde, des mer~
veilles dans les différents royaumes et dans les différentes nations  et d'autres
choses.

L'auteur et le rédacteur de ce livre dit; «Il faut que nous commencions
depuis les origines,  que nous recherchions les motifs et les causes de ce qui
est connu sur le commencement du monde et l'ordre des années, que nous en
expliquions les preuves et que nous racontions et exposions cette histoire.»

Il dit: La première année après la sortie des Israélites du pays d'Egypte,
Moïse, le prophète de Dieu, monta sur la montagne de Dieu Tûr-Sina
(Sinaï), jeûna pendant quarante jours et quarante nuits et pria. Alors Dieu
daigna lui parler et lui accorda la puissance, la sagesse, la science et le
don de prophétie, pour qu'il prophétisât, racontât, relatât et écrivît com-

ment Dieu avait créé ce monde en six jours; et Dieu lui fit descendre (ré-
véla) les tables écrites de la Loi, et Moïse écrivit cinq livres: Le premier
livre fait connaître les choses créées, décrit le commencement de leur
création et leurs qualités.  Le second livre écrit et raconte la sortie des
Israélites du pays d'Egypte. Le troisième livre expose les conditions des prê-
tres et des lévites et s'appelle le livre des prêtres (le Lévitique). Le qua-
trième livre est celui du nombre des Israélites, où Moïse le prophète les
compta et énuméra leur nombre. Le cinquième livre est celui du Deutéro-
nome. Ici finit l'ère  du monde depuis le commencement de la création
jusqu'à cette année qui est la 81e année depuis la naissance de Moïse et qui
est l'année où Moïse le prophète monta sur la montagne de Dieu Tûr-Sina
(Sinaï); et il s'écoula trois mille huit cent quarante-sept ans jusqu'à ce temps
et ce jour,  comme nous pouvons le constater selon la version des Septante,
commentateurs juifs  qui traduisirent de l'hébreu en grec sous Ptolémée
Philadelphe, roi d'Egypte, le Pentateuque et tous les livres des prophètes.
Cela eut lieu environ trois cents ans avant l'arrivée du Christ Notre-Sei-



gneur. Au début du premier livre, Moïse le prophète écrit que Dieu créa
au commencement la substance du ciel et de la terre, comprenant sous le
mot la substance l'hypostase du ciel et de la terre et leur essence. Dieu
créa la lumière, qui était la lumière dispersée et étendue, sépara la lumière
des ténèbres au premier jour,  qui fut le commencement de la création, et
qu'il nomma le dimanche. C'est le premier jour du mois de Nisan  qui est
le mois lunaire Redjeb au commencement de la création. La preuve de ce
que ce premier mois lunaire fut Redjeb et que ce fut le dimanche, est le
calcul astronomique, dont la formule est facile à comprendre; ainsi qui-
conque désire et veut le connaître, s'élèvera avec peu d'efforts jusqu'à cette
connaissance, qui satisfera son intelligence. Mais quelquefois ce calcul as-
tronomique est caché à celui qui veut le connaître, si Dieu le veut.

Au second jour Dieu créa la sphère céleste qui tourne d'un mouvement
perpétuel et se meut de l'Orient à l'Occident, en faisant un tour tous les
vingt-quatre heures, jour et nuit, d'une façon permanente, sans s'arrêter;
et Dieu nomma ciel la sphère tournante, attachée et élevée. Au troisième
jour Dieu ordonna que toutes les eaux au-dessus de la terre fussent rassem-
blées en un endroit et un lieu;  et après leur réunion les eaux furent ap-

pelées mers.  Alors la terre produisit des herbes, différentes fleurs, des
arbres fruitiers et des arbres sans fruits. Au quatrième jour Dieu, que son
nom soit exalté, ordonna à la lumière étendue de se rassembler et la
plaça dans tous les luminaires, c'est-à-dire le soleil, la lune et toutes les
étoiles fixes et mouvantes selon leurs catégories et, leurs classes, qui se
meuvent dans la sphère qui les met en mouvement perpétuel et continu, et
ils tournent dans un sens opposé à  celui de la sphère, de l'Occident à
l'Orient. Au cinquième jour Dieu créa de l'eau tous les oiseaux qui volent
dans l'air sur la terre, et toutes les bêtes de la mer; Dieu créa de l'eau leurs
corps et le souffle de leur vie. Au sixième jour  Dieu créa de la terre tous
les animaux et les bêtes féroces, tous les reptiles qui rampent sur sa sur-
face, et d'autres dont le corps et le souffle de la vie provenaient de la
terre. En ce jour Dieu créa l'homme, c'est-à-dire Adam, à l'image de Dieu.
Il le créa et le fit la plus parfaite des créatures et le perfectionna, ayant mis
en lui la supériorité particulière de l'intelligence, de la parole et de l'âme,
douée de raison, intelligente et parlante, où était la ressemblance de Dieu.
Le corps d'Adam et son esprit provinrent de la terre et des quatre élé-

ments, les formes primitives, créées avant tout  comme séparées, indé-
pendantes et libres; l'âme d'Adam, intelligente, exprimant la pensée, par-
lante, pareille à Dieu, immortelle, fut de Dieu; sa flamme et tout ce qu'il y
a de bon en elle, (fut aussi de Lui).

Et l'homme, c'est-à-dire Adam, étant devenu un être spirituel et cor-
porel, de la meilleure structure, Dieu le plaça et le mit, lui et sa femme,
qu'il avait créée d'une de ses côtes, dans le jardin d'Eden. Au septième jour
Dieu acheva toutes ses œuvres, qu'il avait créées, et il appela (ce jour) le
jour de Sabbat, parce que Sabbat signifie repos.  Certains savants croient
que Dieu, qu'il soit béni et exalté, aurait planté le jardin d'Eden et l'au-
rait placé au-dessus de la terre, à la distance de quinze coudées du sol, sans
soutien. Dieu y mit Adam et d'un côté l'établit roi sur les animaux et les
bêtes, qui étaient au-dessous de lui, et de l'autre côté il le soumit à la
sagesse et à la science des Anges immatériels,  jouissant de la faveur spé-
ciale de Dieu, qui étaient au-dessus de lui. Dieu planta au milieu du paradis
l'arbre de la science du bien et du mal, qu'il interdit à Adam, lui prescrivit
rigoureusement de ne pas s'en approcher et il lui donna l'ordre de ne pas
manger  de son fruit, pour éprouver ainsi son obéissance; et si Adam avait
persévéré dans l'obéissance, il aurait été digne d'être placé dans l'ordre des

anges et d'être avec eux; s'il tombait dans la désobéissance et l'erreur, il
serait rejeté du paradis en bas, en serait chassé et se trouverait avec les
bêtes. Lorsque Adam eut désobéi à son Seigneur et son Créateur et eut
violé son ordre, il ne put plus habiter le paradis saint  et spirituel après
l'erreur et la violation du commandement; c'était inadmissible pour le para-
dis saint et spirituel. Dieu le fit sortir du paradis,  le fit habiter en face de
lui dans les montagnes et ne le chassa pas loin grâce à sa clémence pour lui.
C'est pourquoi David, le prophète, dit dans le Livre des Psaumes au sujet
d'Adam: «L'homme, qui n'a pas compris son honneur et la faveur de Dieu
qui lui est accordée, a été livré aux bêtes, chassé vers elles et leur est de-
venu semblable 1.»

Adam et sa femme Eve restèrent pendant cent ans tristes et affligés à
cause de leur désobéissance envers leur Seigneur, et ils éprouvaient du
chagrin toutes les fois qu'ils regardaient le paradis; ils regrettaient les dé-
lices qui leur avaient échappé, et ils étaient affligés de leur cohabitation
avec des bêtes. Cent ans après, Adam connut sa femme Eve, et engendra
d'elle Kaïn; ensuite, après lui, (naquit) Abel. Lorsqu'ils eurent atteint l'âge
de trente ans, ils offrirent à Dieu leurs offrandes; et Dieu accepta l'offrande

1. Psaume xlvïji (xlix), 21,

d'Abel à cause de sa pureté et de la bonté de son âme;  mais Dieu
n'accepta pas l'offrande de Kaïn, qui avait dans son cœur de la rancune et
de la haine secrète contre son frère. Lui, il enviait son frère de ce que Dieu
avait préféré son offrande à celle de Kaïn. Kaïn dit à Abel, son frère: «Viens
avec nous aux champs.» Ils descendirent des montagnes aux champs,
et Kaïn se jeta sur Abel, son frère, et le tua. Dieu fut irrité contre Kaïn
et le fit passer toute sa vie dans la crainte. Adam et Eve, sa femme, furent
extrêmement affligés de la mort violente d'Abel pendant cent ans encore.
Adam comprit que le malheur d'Abel, son fils, était le châtiment de son
erreur et de sa désobéissance envers son Seigneur, parce que les pères de-
vaient être frappés et punis de leurs propres péchés dans leurs enfants; et
Adam craignait Kaïn pour lui-même.  Cent ans après Adam et Eve, sa
femme, se consolèrent de leur affliction. Adam connut Eve, sa femme, et
engendra Seth, qui ressemblait à Adam  par la figure et  les traits. Seth
demeura avec Adam son père, dans les montagnes, et Kaïn habitait en
bas dans la plaine. Le septième descendant de Kaïn fut Lamec l'aveugle,

fils de Méthuschaël, fils de Méhuiaël, fils d'Hirad, fils d'Hénokh, fils de Kaïn,
fils d'Adam. Lamec l'aveugle sortit un jour avec un enfant qui le condui-
sait. Kaïn tremblant se trouvait dans les bois. Lamec l'aveugle l'entendit et
croyant que c'était une bête sauvage de la forêt, il prit une pierre, la jeta
contre Kaïn et le tua.  L'enfant lui dit: «Qu'as-tu fait? Tu as tué Kaïn!
Dans un accès de la douleur, du chagrin, du regret et de l'affliction qui
l'envahit, il frappa ses mains l'une contre l'autre, et elles atteignirent la
tête de l'enfant, la brisèrent et le tuèrent. Ensuite il vint chez ses femmes,
Hada et Scilla, et leur dit: «Entendez ma voix et écoutez en silence ma
parole,  Hada et Scilla, femmes de Lamec! Si Kaïn est puni sept fois, Lamec
le sera soixante-dix-sept fois, parce qu'il a tué un homme d'un coup de pierre
et un enfant en le frappant d'un coup de ses mains.» A cette époque et durant
cette génération vécut Nahama, sœur de Jubal et de Tubalkaïn, de la des-
cendance de Kaïn. Il n'y eut personne dans le monde plus expert que Tu-

1

balkaïn pour jouer du luth, de la cymbale et  de tous les instruments à
cordes et en toutes les sortes de divertissements et d'amusements. Il fut le
premier qui les introduisit dans le monde, de sorte que grâce à l'excellence
de son jeu et à la beauté de sa voix les bêtes sauvages et féroces et les
oiseaux se rassemblaient auprès de lui pour entendre sa voix  sans se faire
du mal les uns aux autres. Nahama, sa sœur, fut une des femmes les plus
belles et les plus jolies. Ce fut elle qui enseigna la première à teindre et à
colorier les étoffes et se servit de vêtements coloriés. Les enfants de Kaïn se
livrèrent aux amusements et s'adonnèrent aux divertissements, à la gaîté,
 à l'excès dans les délices et à la passion, sans relâche ni la nuit, ni le jour.
Les enfants de Seth, étant dans les montagnes au-dessus d'eux, entendaient
leurs voix. A la cinquième génération des enfants d'Adam, — c'était la
135me année  de la naissance de Mahalalaïl, fils de Kaïnan, fils d'Enos, fils
de Seth, fils d'Adam, — mourut Adam, que Dieu ait pitié de lui, âgé de neuf
cent trente ans. Il avait vécu sept cents ans après la naissance de son
fils Seth.

Voici quelle en est la supputation d'après la traduction des Septante.

Il est écrit: Adam vécut deux cent trente ans et engendra Seth; depuis
le jour de la naissance de Seth jusqu'à celle d'Enos, il s'écoula 205 ans,
ce qui fait 435 ans; depuis la naissance d'Enos jusqu'à celle de Kaïnan, fils
d'Enos, il s'écoula 190 ans, ce qui fait 625 ans; depuis le jour où naquit
Kaïnan, jusqu'à la naissance de Mahalalaïl, fils de Kaïnan, il s'écoula
170 ans,  ce qui fait 795 ans. Après la naissance de Mahalalaïl Adam eut
930 ans accomplis, ce qui fut la durée de sa vie.

D'après la Torah, qui est entre les mains des Juifs, et qu'ils mutilèrent
en réduisant les années de la vie des patriarches avant la naissance de leurs
enfants, voici quelle est la supputation des années, qui comptent dans la
chronologie du monde. La Torah syriaque dépend de la Torah (des Juifs),
parce qu'elle fut traduite de l'hébreu après le christianisme et la détérioration
(du texte). 11 y est écrit qu'Adam vécut jusqu'à  la neuvième génération
des enfants de ses enfants, c'est-à-dire jusqu'à la 56me année de la nais-
sance de Lamec, fils (de Mathusaleh, fils) d'Hénokh1,  parce que les Juifs

avaient réduit de cent ans les années d'Adam et des autres patriarches avant
la naissance de leurs enfants et les avaient ajoutés aux années de leur vie
après la naissance de leurs enfants. Hanan (Anne) et Caïphe, grands prêtres
des Juifs, voulurent réfuter l'avènement du Messie et disaient que le temps
de son avènement n'était pas encore arrivé. Les Juifs écrivirent: Adam vécut
130 ans et engendra Seth; du jour de la naissance de Seth à la naissance
d'Enos 105 ans; du jour de la naissance d'Enos à la naissance de Kaïnan
— 90 ans; du jour de la naissance de Kaïnan à la naissance de Mahalalaïl —
70 ans;  du jour de la naissance de Mahalalaïl à la naissance de Jared —
65 ans; du jour de la naissance de Jared à la naissance d'Henokh — 162 ans;
du jour de la naissance d'Henokh à la naissance de Mathusaleh — 65. ans;
du  jour de la naissance de Mathusaleh à la naissance de Lamec —
187 ans. Si nous comptons d'une façon exacte ce que nous avons exposé, le
nombre des années arrivera à 874 ans jusqu'au jour de la naissance de
Lamec. 56 ans après la naissance de Lamec, père de Noé, qui fut la neu-
vième génération depuis Adam, Adam eut 930 ans accomplis, ce qui est la
durée de la vie d'Adam.

Le commencement du déluge.

Ceci est exposé, comme preuve et argument pour ceux qui n'ont pas
lu ni scruté les livres sacrés, sans parler des autres, (et qui prétendent) que
la vie d'Adam ne dura pas jusqu'aux jours de Lamec, père de Noé. Après
une durée de 1656 ans, selon la chronologie, naquit Noé, fils de  La-
mec. Lamec, son père, prophétisa de lui, qu'il soulagerait le monde de
ses péchés. Il est écrit que les enfants de Seth, fils d'Adam, et sa descen-
dance au nombre de trois cents hommes, se réunirent et descendirent de  la
montagne sainte chez les enfants dé Kaïn dans la plaine maudite, qui avait
reçu le sang d'Abel, poussés par le désir d'entendre leurs jeux et leurs
amusements. Les filles de Kaïn s'unirent à eux, et ils commirent l'adul-
tère avec elles.  Quelques jours après, lorsqu'ils voulurent remonter sur la
montagne dans leurs demeures et leurs domiciles, la montagne devint de
feu devant eux, de sorte qu'ils ne purent pas s'en approcher ni y monter à
cause de leurs péchés. Ceux qui étaient sur la montagne, supposant que
le retard de leurs compagnons était une chose grave, et voyant qu'ils n'é-
taient pas remontés chez eux, ne cessèrent pas de descendre, l'un après
l'autre, eux-mêmes, leurs enfants et leurs femmes, jusqu'à ce qu'il n'y eut

que Noé seul qui restât sur la montagne; il avait alors cinq cents ans, et
il n'était pas encore marié. Alors Dieu dit à Noé qu'il enverrait le déluge
sur la terre et submergerait la terre et ceux qui se trouvaient dessus. Et
Noé se leva, emporta le corps d'Adam, père du genre humain, descendit de
la montagne et se maria. Toute la descendance de Seth et de Kaïn s'adonna
à l'adultère,  déprava  toutes les voies de la pureté et descendit en tout au
rang des bêtès. La première cause de ceci, d'après ce que nous avons ra-
conté, furent Tubalkaïn et sa soeur Nahama. Le livre sacré dit à ce sujet que
les fils des Anges fréquentèrent les filles des hommes, en entendant par les
premiers les fils de Seth et sa descendance.

Et la parole de Dieu et son commandement fut. en eux et avec eux durant
leur séjour dans les montagnes saintes. Mais après qu'ils eurent fréquenté les
filles de Kaïn et dépravé les voies de la pureté, Dieu ordonna à Noé, qui
avait cinq cents ans, de faire le navire;  et Dieu lui fixa le terme et lui définit
le temps du déluge au bout de cent vingt ans. Sur ces entrefaites, Noé se ma-

ria, comme nous avons déjà raconté, et engendra  trois fils, Sem, Cham et Ja-
feth. Et Dieu, qu'il soit béni et magnifié, leur fit voir durant ces années l'arc-
en-ciel, dans la partie inférieure duquel il y eut une corde de feu et des flèches
de feu; la corde était tendue; tout était en feu avec un glaive de feu, qui bril-
lait dans l'air d'une façon permanente. Cela est expliqué dans  le Livre des
Psaumes, où David le prophète dit: «Son glaive brille et son arc est tendu;
et les traits de la guerre et de la colère embraseront tout 1.»

Dieu voulut que les hommes se repentissent et renonçassent à leurs pé-
chés et à leurs erreurs; mais ils ne firent pas pénitence et ne se repentirent
point; au contraire, ils tombèrent dans toutes sortes d'impiété et toutes sortes
d'hypocrisie. Ils commencèrent à se tuer les uns les autres; quiconque était
plus fort que son compagnon,  le tuait et le mangeait pour se rassasier à
cause du manque d'animaux et de bêtes. Sur ces entrefaites, Dieu réduisit le
délai de vingt ans, avança la date du déluge et la fixa au bout de cent ans.
Alors Noé eut six cents ans et Sem, son fils, cent ans. Dieu agit ainsi par sa
miséricorde pour eux, pour les empêcher de s'égarer, de pécher, de faire
couler le sang entre eux et de se manger les uns les autres. Maintenant avant

1. Psaume viii, 13-14.

de nous mettre au récit du déluge,  il faut que nous retournions à la narration
du temps de la vie d'Adam et de ses enfants jusqu'au déluge pour expliquer
la chronologie du monde jusqu'à cette année.

Il est écrit dans la vraie Torah que les Septante  savants traducteurs ont
traduite, qu'Adam vécut 230 ans et engendra Seth son fils à son image et à
sa ressemblance. Adam vécut après la naissance de Seth 700 ans et sa vie
ayant été de 930 ans, il mourut dans la 5e génération, 135 ans  après la
naissance de Mahalalaïl. Quant à ce qui concerne la Torah mutilée, que les
Juifs mutilèrent après la résurrection du Seigneur Christ en réduisant le
nombre des années, il y est écrit qu'Adam vécut avant la naissance de Seth
130 ans et après la naissance de Seth 800 ans. Les Juifs réduisirent les années
de sa vie, qui comptent pour cent ans dans la chronologie du monde, et les
ajoutèrent  aux années de sa vie après la naissance de Seth, qui ne comptent
pas dans les années de l'histoire du monde. D'après le calcul,  queles Juifs
mutilèrent, Adam mourut cinquante-six ans après la naissance de Lamec, père
de Noé. Seth vécut 205 ans, d'après la traduction des Septante, engendra
Enos et vécut après la naissance d'Enos 707 ans; sa vie ayant été de 912 ans,

il mourut dans la septième génération, vingt ans après la naissance d'Henokh.
Quant à ce qui se trouve dans la Torah mutilée, qui est entre les mains des
Juifs, qui fut réduite par eux et d'après laquelle fut transcrite la Torah
syriaque,  il est écrit que Seth vécut 105 ans, engendra Enos et vécut après
la naissance d'Enos 807 ans; ils réduisirent des années de sa vie cent ans, qui
comptent dans la chronologie du monde,  et les ajoutèrent aux années de sa
vie après la naissance (d'Enos); et ils ne les comptèrent pas. Ils avaient de
même réduit les années d'Adam; et ils firent la même chose pour les autres.
D'après ce calcul il mourut dans la neuvième génération,  108 ans après la
naissance de Lamec, père de Noé. Afriqoun le savant [1] dit que Seth, fils
d'Adam, inventa le premier les lettres et enseigna l'écriture et la langue
hébraïque. Enos vécut 190 ans avant la naissance de Kaïnan, et il vécut après
la naissance de Kaïnan 715 ans; sa vie ayant été de 905 ans, il mourut dans
la huitième génération, cinquante-trois ans après la naissance de Mathusa-
leh. Quant à ce que nous trouvons dans la Torah des Juifs, qui fut réduite
par eux, et dans la Torah syriaque, qui est copiée d'après celle-ci, il y est écrit
qu'Enos vécut 90 ans  et engendra Kaïnan; ayant vécu après la naissance



[1] This must be Julius Africanus.

de Kaïnan 815 ans, il mourut dans la dixième génération, 84 ans après la nais-
sance de Noé. D'après ce que nous trouvons dans la Torah,  traduite par les
Septante, Kaïnan vécut 170 ans jusqu'à la naissance de Mahalalaïl et 734 ans
après la naissance de Mahalalaïl; sa vie ayant été de 904 ans, il mourut dans
la neuvième génération, 55 ans après la naissance de Lamec, père de Noé.
Kaïnan vécut, d'après ce que nous trouvons dans la Torah mutilée, 70 ans et
engendra Mahalalaïl; il vécut après la naissance de Mahalalaïl 834 ans, et il
mourut dans la 10e génération, 173 ans après la naissance de Noé. Mahalalaïl
vécut, d'après  la vraie Torah, avant la naissance de Jared  165 ans et
après la naissance de Jared 730 ans; sa vie fut de 895 ans, et il mourut dans
la dixième génération, 34 ans  après la naissance de Noé. Mahalalaïl vécut, d'a-
près ce que dit la Torah, qui est entre les mains des Juifs, et la Torah syria-
que, 65 ans avant la naissance de Jared; il vécut depuis la naissance de Jared
830 ans, et il mourut dans la dixième génération, 284 ans après la naissance
de Noé. Jared vécut 162 ans avant la naissance d'Hénokh  et 800 ans après
la naissance d'Hénokh; sa vie fut de 962 ans, et il mourut dans la dixième
génération, 266 ans après  la naissance de Noé. Jared vécut le même nombre

d'années d'après la Torah mutilée. Sous ce rapport la version des Sep-
tante s'accorde avec la Torah mutilée des Juifs. Quant à l'accord des années
de Jared dans la vraie Torah et dans la Torah mutilée des Juifs, c'est un des
arguments qui indiquent la corruption et la défectuosité (de ce dernier texte).
Il y a encore une autre raison pour cela: si les Juifs avaient réduit (les
années) de tous les (patriarches), il se fût trouvé qu'Adam aurait vécu pres-
que jusqu'au déluge et jusqu'à la 174me année  après la naissance de Noé.
Mais les prêtres juifs ne voulaient pas de scandale; cependant ils tombèrent
dans ce qu'ils avaient cherché à éviter, ce qu'on voit d'après les preuves et
les témoignages des livres, que nous établirons et vérifierons plus loin, de
sorte que la vérité de la Torah, traduite par les soixante-dix commentateurs,
sera manifestée, si Dieu le veut.

Quarante ans après la naissance de Jared se termina  le premier millé-
naire de l'histoire du monde, d'après la version des Septante. C'est l'explica-
tion et l'exemple de ce que nous avons dit (de la manière de calculer); cela
suffira à celui qui voudra compter toutes les années de l'histoire du monde.
Nous avons déjà dit que les années qui comptent, sont celles qui s'écoulèrent
avant la naissance de leur enfants; elles comptent dans la chronologie géné-
rale du monde.  Quant aux années qu'ils vécurent après la naissance de leurs

enfants, ce n'est que (pour indiquer) le terme de la vie de chacun d'entre eux.
Lorsque nous nous sommes occupés de supputer la vie d'Adam depuis le jour
de sa création par Dieu jusqu'à la naissance de Seth, ses années furent de 230
ans; c'est le commencement de la chronologie de l'histoire du monde; ensuite
nous y avons ajouté le nombre des années de Seth depuis le jour de sa nais-
sance jusqu'à ce qu'il engendra Enos, ce qui fait 205 ans; le total est de
435 ans; ensuite nous y avons ajouté le nombre des années d'Enos depuis  sa
naissance jusqu'à ce qu'il engendra Kaïnan, ce qui fait 190 ans; le total est de
 625 ans; ensuite nous y avons ajouté le nombre des années de Kaïnan depuis
le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra Mahalalaïl, ce qui fait
170 ans; le total est de 795 ans; ensuite nous y avons ajouté le nombre des
années de Mahalalaïl depuis le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engen-
dra Jared, ce qui fait 165 ans; le total est de 960 ans. Si nous y ajoutons
40 ans depuis la naissance de Jared, le premier millier des années de l'his-
toire du monde sera complet. D'après ce calcul nous obtiendrons les milliers
d'années de l'histoire du monde dans le temps de leur expiration, selon ce
que  nous avons expliqué et décrit, jusqu'à nos jours et notre temps, an-
née après année et mois après mois, si Dieu le veut. Les spécialistes  et les
hommes instruits comprendront d'après cet exemple, comment se comptent

les années de l'histoire du monde depuis le commencement de la création.

Hénokh vécut, d'après la vraie version, 165 ans jusqu'à ce qu'il engendra
Mathusaleh, et il vécut 200 ans depuis la naissance de Mathusaleh, de sorte
que ses années sont de 365 ans. Pendant toute sa vie, il avait prié humble-
ment Dieu qu'il le transportât au Paradis, et Dieu exauça sa prière, accepta
son appel  et le transporta au Paradis, 200 ans après la naissance de Mathu-
saleh et treize ans après la naissance de Lamec. Quant à ce qui se trouve
dans la Torah mutilée, qui est entre les mains des Juifs, et dans la Torah
syriaque, qui en est la copie, il y est écrit qu'Hénokh vécut  65 ans et engendra
Mathusaleh; et il vécut après la naissance de Mathusaleh 300 ans; et Dieu le
transporta au paradis, 300 ans après la naissance de Mathusaleh et 113 ans
après la naissance de Lamec, père de Noé. Hénokh est le même qu'Idris. Cer-
tains savants affirment aussi qu'Hénokh, qui est Idris, fit connaître, expliqua
et enseigna l'écriture, les lettres, les étoiles (l'astronomie) et le calcul. Mané-
thon, savant d'Egypte et astronome, affirme que Dieu éleva Hénokh jusqu'à
la sphère tournante et lui fit connaître les signes du Zodiaque, qui s'y trou-
vent, les étoiles fixes et errantes, les horoscopes, les termes de l'influence

des astres, les décades des degrés, les constellations qui s'y trouvent, et d'au-
tres mystères d'astrologie. C'est pourquoi on dit que son livre des étoiles
s'appelle livre du sens caché.  Tous les Harraniens, qui adorent les idoles et
les étoiles, s'en tiennent à l'avis de Manéthon l'Égyptien. Mathusaleh vécut
187 ans  et engendra Lamec, père de Noé; et il vécut après la naissance
de Lamec 782 ans, sa vie ayant été de 969 ans. C'est ce qui est écrit dans
la Torah, qui est entre les mains des Juifs, et dans la Torah syriaque. Cela
indique aussi, comme nous l'avons dit, leur corruption et le retranchement
des années, que nous avons rapportés.

Mathusaleh mourut dans la dixième génération, 600 ans après la naissance
de Noé, l'année où le déluge eut lieu. Lamec vécut 182 ans et engendra
Noé; et il vécut après la naissance de Noé 590 ans,  sa vie ayant été  de
777 ans. Sur ce point, c'est-à-dire sur les années de Lamec, là Torah mutilée
des Juifs s'accorde avec ce qui se trouve dans la Torah  traduite par les Sep-
tante, avec analogie complète, sans aucune différence. Lamec mourut
595 ans après la naissance de Noé, et la mort de Lamec eut lieu cinq ans
avant la mort de Mathusaleh, son père. Noé vécut cinq cents ans et engendra

Sem, Cham et Jafeth en Fan 600 après la naissance de Noé. Sem, son fils,
étant âgé de cent ans, le déluge se répandit sur toute la terre. Noé entra dans
l'arche  avec ses trois fils, Sem, Cham et Jafeth, les trois femmes de ses fils
et sa femme, le vendredi le 17e jour du second mois lunaire. Dieu fit pleuvoir
du ciel sur toute la terre pendant quarante jours. Les sources de la terre
débordèrent, et la terre fut submergée avec tout ce qu'il y eut dessus,  les
hommes, les animaux, les bêtes, les oiseaux. Leur sortie eut lieu le dimanche
le 27e jour du second mois de l'année suivante après 366 jours; ils restèrent
dans l'arche (366 jours), parce que l'année fut bissextile. Certains savants
disent qu'ils n'y auraient rien mangé, ni eux, ni ceux qui étaient avec eux,
des animaux, des bêtes et des oiseaux,  pendant toute la durée de leur séjour
dans cette arche.

La longueur de l'arche fut de trois cents coudées, sa largeur de cinquante
coudées et sa hauteur de trente coudées; l'arche eut trois étages. Josèphe
le Juif, le savant, qui écrivit sur la destruction de Jérusalem après l'Ascension

du Messie Notre-Seigneur, affirme que les planches de l'arche auraient été
dans la ville d'Afaméa 1.

Abidénos et Alexandre (Polyhistor),  philosophes grecs, affirment que
Kronos fut le premier homme; il montra et découvrit à Ksis que le 15 du
mois de Haziran  aurait lieu une grande inondation et le déluge. Lorsque
Ksis en eut entendu parler, il partit, en se dirigeant par eau vers la contrée
d'Arménie en bateau de bois. Ils prétendent que des planches de ce ba-
teau se trouvent sur la montagne d'Ararat, et qu'elles guérissent jusqu'au-
jourd'hui les habitants de ce pays 2. Quant au lieu où s'arrêta l'arche, ce
récit s'accorde avec celui de la Torah. 344 ans après la naissance de Noé
s'accomplit le second millier d'années de l'histoire du monde. Nous avons
déjà dit que le total d'années jusqu'à là naissance de Jared était de 900  ans;
si nous y ajoutons les années depuis le jour de la naissance  de Jared jusqu'à
la naissance d'Henokh, ce qui fait 162 ans; — si nous y ajoutons aussi les
années d'Henokh, depuis le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra
Mathusaleh, ce qui fait 165 ans; — si nous y ajoutons ensuite les années de

1. Cf. Josephi Flavii Antiq. Jud., I, iii, 5. 

2. Comp. Georg. Syncell., I, 54-55. Ksis
= Xi/souqroj. Mich. le Syr., I, 14,







Mathusaleh, depuis le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra Lamec,
ce qui fait 187 ans; — si nous y ajoutons ensuite les années de Lamec, depuis
le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra Noé, ce qui fait 182 ans,
— les années jusqu'au jour où Noé naquit, arriveront à 1656 ans. 344 ans
 après la naissance de Noé s'accomplit le second millénaire comme nous
l'avons déjà rapporté. Le total d'années de l'histoire du monde depuis Adam
et le commencement de la création jusqu'à l'année du déluge est de 2256 ans,
d'après la version des Septante. Quant à ce qui se trouve dans la Torah mu-
tilée  et réduite des Juifs et dans la Torah syriaque, le total d'années y est
de 1656 ans. Quant à ceux qui voudraient Faire la somme et le compte de
ces chiffres, d'après ce que nous avons expliqué et exposé, nous lui avons
donné la méthode pour en faire le compte et la supputation. Il y a eu
d'Adam à Noé dix générations: Ce sont celles d'Adam, de Seth, d'Enos,
de Kaïnan, de Mahalalaïl, de Jared, d'Hénokh, de Mathusaleh, de Lamec et de
Noé.  Lorsque Noé fut sorti de l'arche, il fit à Dieu des sacrifices, et le Sei-
gneur sentit la bonne odeur des sacrifices de Noé et le purifia.

L'arc-en-ciel.

Dieu lui donna l'arc-en-ciel comme gage contre: le déluge et comme son
signe à lui et à sa descendance dans les siècles des siècles. Dieu combla les
enfants d'Adam de sa clémence et sa miséricorde.  Il leur donna l'arc, la corde
et les flèches; et Dieu les fit de différentes couleurs, rouge, verte et d'autres,
qui indiquent la satisfaction de Dieu, parce que la traduction de «chumreh»
(rouge) et «khaudreh» (vert) d'après l'hébreu  c'est la satisfaction et la mi-
séricorde de Dieu. Dieu le fit comme son signe à lui et à ses enfants et comme
gage contre le déluge dans les siècles des siècles.

Le partage de la terre.

Après le déluge, la terre fut partagée entre les tribus des enfants de Noé.
Les frontières de Sem, le premier-né de Noé, s'étendirent de la Perse et de la
Bactriane jusqu'à l'Inde, c'est-à-dire le pays de l'Inde. Les frontières de



Cham s'étendirent du pays Rinokûrûra à Gadès 1; les frontières de Jafeth s'é-
tendirent de la Médie qui est le pays de Moçoul et la contrée voisine, jusqu'au
pays de Gadès, du côté du nord. Leur frontière, qui séparait leurs terres, fut
le fleuve du Tigre qui sépare la Médie de la Perse. Il y eut quinze tribus des
enfants de Jafeth, vingt-cinq tribus des enfants de Sem et trente-deux tribus
des enfants de Cham,  ce qui donne un total de 72 tribus. Les limites qui
séparaient la terre des fils de Cham, furent le fleuve Djaihoun, qui est le
fleuve du Nil 2.

 Nous expliquerons tout cela à la répartition des sept climats après la
division des langues et nous décrirons leurs habitants, leurs usages, leurs
opinions religieuses, leurs préoccupations, leur science et la culture de
leur esprit; nous parlerons de leurs animaux, de leurs oiseaux, de la durée
de la vie de leur population, de leurs mœurs et des merveilles qui se trou-
vaient chez eux, après la confusion et la division des langues à Babel;
nous ferons mention des mers de chaque climat, de ses golfes, de leur
longueur et de leur largeur en parasanges, du point où ils commencent et
jusqu'où ils s'étendent, quelles îles, habitées et inhabitées, s'y trouvent;
nous décrirons les villes célèbres  de chaque climat, si Dieu le veut .

1. George Sync, I, 83: e#wj Gadei/rwn. — 2. G. Sync., I, 82-83. Mich. le Syr., I, 15.
Bar-Hebr., Ch. Syr., p. 7.



Noé vécut après le déluge 350 ans, et sa vie ayant été de 950 ans, il mou-
rut dans la quatorzième génération, 74 ans après la naissance de Sçaleh.
D'après ce qui se trouve dans la Torah des Juifs et dans la Torah syriaque,
que les Juifs mutilèrent  après l'Ascension du Messie, Noé mourut dans la
21me génération, 53 ans après la naissance d'Abraham, ami du Miséricordieux.
C'est une preuve de l'altération de la Torah par les Juifs et de la réduction
du nombre des années, comme nous l'avons déjà rapporté. Mais Noé ne  par-
vint pas au temps de la naissance d'Abraham et ne vécut pas jusqu'au temps
de la division des langues. Deux ans après le déluge, Sem engendra Arphaxad
et vécut 500 ans après la naissance d'Arphaxad; sa vie fut de 660 ans. Sur ce
point la version des Septante tombe d'accord avec ce qui se trouve dans la
Torah des Juifs. Sem mourut 74 ans après la naissance d'Haber. D'après ce
qui se trouve dans la Torah mutilée et réduite des Juifs, Sem mourut 70 ans
après la naissance de Jacob. Arphaxad, fils de Sem, vécut depuis le jour de sa
naissance jusqu'à ce qu'il engendra Kaïnan, 135 ans,  et après cela 430 ans;
sa vie fut de 565 ans, et il mourut 27 ans après la naissance de Phaleg. D'après ce

qui se trouve dans la Torah des Juifs, Arphaxad vécut, jusqu'à ce qu'il engen-
dra Kaïnan, 35 ans, et ayant vécu après cela 530 ans, il mourut un an après la
naissance de Kahath, fils de Lévi, fils de Jacob. D'après ce calcul, il vécut,
jusqu'à ce qu'il engendra Kaïnan, 35 ans, et ayant vécu après cela 530 ans, il
mourut un an après la naissance  de Kahath,  fils de Lévi, fils de Jacob.
D'après ce calcul il vécut jusqu'à l'entrée de Jacob en Egypte, c'est ce qui
prouve la détérioration (du texte). Kaïnan vécut 130 ans, jusqu'à ce qu'il
engendra Sçaleh, et 330 ans après la naissance de Sçaleh; sa vie fut de
460 ans, et il mourut 66 ans  après la naissance de Phaleg. C'est le second
Kaïnan, fils d'Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé; on ne trouve ni son nom,
ni sa mention, ni ses années dans la Torah qui est entre les mains des Juifs;
il n'est pas non plus question de Kaïnan dans la Torah syriaque;  son nom et
ses années sont retranchés dans la Torah des Juifs. Dans la Torah syriaque
il est écrit que plusieurs docteurs juifs et des gens honnêtes s'emportèrent
contre Anne et Caïphe, grands prêtres à cette époque, les blâmèrent et leur
reprochèrent ce qu'ils avaient fait au Messie, et les firent craindre pour eux-
mêmes à cause de leur arrogance envers lui, quoiqu'ils eussent reconnu sa
grâce et ses bienfaits pour eux.

Les grands prêtres effrayés se cachèrent d'eux; et les trésors des livres
révélés de Dieu étant entre leurs mains, ils omirent ces années dont nous
avons déjà parlé et que nous expliquerons plus tard,  si le grand Dieu le veut.
Lorsqu'ils eurent trouvé le nom de ce second Kaïnan parmi la descendance de
Noé, dont le nom était identique avec celui de Kaïnan, fils d'Enos,  fils de
Seth, fils d'Adam, ils retranchèrent son nom de la Torah; et ils retranchè-
rent ses années, avec d'autres années encore, pour faire croire à leurs parti-
sans qu'ils étaient au milieu de la durée du monde, afin de réfuter la parole du
bienheureux Paul qui dit que le dernier temps est arrivé; ainsi que la parole
des disciples du Messie, qui étaient après eux, que le Messie apparaîtrait à la
fin des temps. Ils discutaient contre eux à ce sujet et disaient à haute voix
que le temps du Messie n'était pas arrivé et qu'il n'arriverait qu'à la fin du
temps. Lorsque la dispute et la controverse eurent commencé entre eux, les
disciples (du Christ) découvrirent la vérité claire et évidente, la constatèrent et
les forcèrent à avouer qu'ils avaient retranché le nom de ce Kaïnan.  Après
cela ils alléguaient pour motif à ceux qui croyaient au Messie, et leur disaient
qu'ils avaient retranché son nom parce qu'il avait inventé, proclamé et intro-
duit le culte des idoles. Alors on leur dit: «Bien! vous avez retranché son
nom. Mais ses années, où les avez-vous placées?» Et ils restèrent  interdits
et sans arguments.

Nous avons trouvé le nom de ce second Kaïnan écrit dans la Torah qui
est entre les mains des Samaritains, et aussi dans l'Évangile de Lucas l'Evan-
géliste, quand il donne la généalogie du Messie1. Sçaleh vécut 130 ans et
engendra Haber, et il vécut après la naissance d'Haber 330 ans. On dit
qu'Haber est le même que Hûd. Sa vie ayant été de 460 ans,  il mourut dans
la dix-septième génération, 66 ans après la naissance d'Ar`û (Rahu). Quant à
ce qui se trouve dans la Torah mutilée des Juifs et celle qui en est extraite, il
y est écrit que Sçaleh vécût 30 ans et engendra Haber; ayant vécu après la
naissance d'Haber 430 ans, il mourut dans la 23me génération, 65 ans après la
naissance de Jacob. Haber vécut 134 ans jusqu'à ce qu'il engendra Phaleg; il
vécut après la naissance de Phaleg 270  ans; sa vie ayant été de 464 ans,
il mourut dans la 18mc génération, 8 ans après la naissance de Sarûg.
D'après la Torah des Juifs et  la syriaque, Haber vécut 430 ans jusqu'à ce
qu'il engendra Phaleg; il vécut après la naissance de Phaleg 370 ans et il
mourut dans la 23me génération, 39 ans après la naissance de Jacob. D'après
le nom d'Haber les Juifs furent appelés hébreux, parce que le premier lan-



1. Év. Luc, iv, 37.

gage fut l'hébreu. D'autres disent qu'ils furent appelés hébreux, parce qu'A-
braham avait traversé l'Euphrate. Phaleg vécut  130 ans, engendra Ar`û et
vécut après cela 280 ans; sa vie ayant été de 338 ans, il mourut dans la
18me génération, 76 ans après la naissance de Sarûg.  D'après la Torah des
Juifs, Phaleg vécut 30 ans jusqu'à ce qu'il engendra Ar`û; ayant vécu après
cela 368 ans, il mourut dans la 22me génération, 37 ans après la naissance
d'Isaac. Il mourut 62 ans avant la mort d'Haber, son fils. A l'époque  de Pha-
leg, fils d'Haber, et de son temps, les langues, les peuples et les tribus se
divisèrent dans les sept climats de la terre, comme nous l'avons rapporté plus
haut. Chacune de leurs tribus et de leurs groupes s'empara d'un pays et d'un
climat, dont elle fut maîtresse.

Récit de la division des langues sur la surface
de la terre dans tous les climats.

Il est écrit que la terre n'eut qu'une seule race et une langue pour tout le
monde; ce fut l'hébreu. Sur ces entrefaites, les hommes se réunirent pour

bâtir un édifice  élevé et un château, c'est-à-dire une tour, dont le sommet,
comme ils le croyaient, atteindrait jusqu'au ciel,  pour s'y réfugier de peur
que le déluge n'arrivât et ne les noyât ou ne les dispersât sur la surface de la
terre.

La division des langues.

Lorsque les hommes se révoltèrent contre leur Seigneur et se mirent  avec
empressement à bâtir la tour, — il y eut soixante-douze chefs sur soixante-
douze tours qui étaient dans cet édifice, sur chaque tour un chef pour faire
travailler ses compagnons,:— Dieu, que son' nom soit béni, durant leur
désobéissance, leur égarement et leur révolte contre leur Seigneur, leur fit
voir soixante-douze langues en feu dans l'air,  tournantes et de différentes
couleurs pour les avertir, afin qu'ils se convertissent (à Dieu). Mais ils
ne se convertirent pas et ne cessèrent pas de se révolter. Alors Dieu se
fâcha contre eux, parce qu'ils n'avaient pas obéi aux signes de son mécon-
tentement et de sa colère. Le Livre sacré dit alors que le Seigneur divisa leur
langage en soixante-douze langues,  de sorte que l'un ne comprenait pas le

langage et la parole de l'autre, d'après le nombre de leurs tribus, provenant
des enfants de Sem, Cham et Jafeth, dont nous avons parlé, et d'après le
nombre de leurs chefs qui surveillaient la construction de la tour. D'après ce
récit, ce pays fut appelé Babel, parce que le Seigneur y avait confondu et divisé
leurs langages.  Quant à Haber, il resta ferme dans l'obéissance à son Sei-
gneur, n'eut point part à leur égarement, n'eut aucun penchant pour leurs
passions et leurs pensées perverses, grâce à sa sainteté, car il savait que Dieu
pourrait faire avec eux ce qu'il voudrait. Un certain savant dit que Dieu lui
aurait révélé, à cause de la connaissance plus parfaite qu'il avait de Dieu à
cause de sa sainteté et de sa pureté, ce qu'il ferait aux hommes, et comme
langage, il lui enseigna la langue hébraïque. Les hommes se dispersèrent sur
toute la terre, et leurs attaques les uns contre les autres se renouvelèrent.

Le commencement de la description des climats.

Nous avons dit au commencement ce que nous avons rapporté plus haut
et écrit sur les limites  des pays des tribus des enfants de Sem, Chain et
Jafeth, fils de Noé; nous avons exposé comment la terre avait été partagée
en général entre eux,  sans indiquer les limites des climats, sans décrire ce

qui s'y trouvait, sans explication et sans commentaire. Nous commencerons
maintenant par raconter et exposer la division des sept climats, cultivés et
habités, et la délimitation de leur longueur et de leur largeur; nous décrirons
l'état des tribus et des peuplades qui les habitent; nous rapporterons leurs
coutumes, leur administration, leurs conditions, leurs caracteres distinctifs,
les principaux événements qui se produisirent chez eux depuis les temps
anciens et depuis leur dispersion; nous parlerons des animaux et de toutes
les bêtes féroces qui s'y trouvent, climat après climat,  d'après ce que racon-
tent Ptolémée le savant et après celui-ci Eratosthènes 1 (?) le savant. Nous
disons que la terre se divise en cinq parties, dont quatre ne sont pas cultivées,
ni habitables. La première partie est celle de l'Orient, toujours en feu,
embrasée et brûlante; la seconde partie est celle du sud, située du côté droit
 du premier climat, excessivement chaude, de sorte qu'il est impossible d'y
habiter; la troisième partie est celle de l'Occident, pleine d'eau; ses limites
sont des mers infranchissables et des îles inhabitées;  la quatrième partie est
celle du Nord, du côté droit du septième climat, excessivement froide, pauvre
et aride, toujours couverte de neige. Il n'y a qu'une seule partie de ces cinq
climats qui soit cultivée dans le monde habitable, c'est la partie du milieu,.

1. Ératosthène vivait avant Ptolémée. Peut-être s'agit-il de Timosthène? V. de
Goeje, VIII, 30.



Elle se divise à elle seule en sept parties et ces sept parties s'appellent en grec
Flimata, c'est-à-dire les climats, et en persan Kouschour. Il faut que nous
sachions d'abord que la terre est ronde comme une boule; son centre  cul-
tivé  et habité représente une élévation; ses côtés touchent les quatre parties
qui sont situées en bas; à cause de son élévation le centre est plus rapproché
du cours du soleil dans la partie orientale de la terre, c'est-à-dire la région
de la terre  brûlée A mesure que l'homme passe et avance par son intelli-
gence et sa pensée jusqu'à la région septentrionale vers les extrêmes limites
de la terre et l'examine attentivement, il trouve que l'augmentation de la
longueur du jour s'y fait constamment à la montée du soleil sur la voie sep-
tentrionale des douze signes du Zodiaque au signe du Cancer,  et l'augmen-
tation de la longueur de la nuit — à le descente du soleil au Zodiaque du
sud; il le percevra par son intelligence et le comprendra. (Cette partie que
nous décrivons) est extrêmement froide. L'explication de ce que nous avons
rapporté de la longueur de la durée de la nuit et du jour en ces lieux, se trouve
dans l'astrolabe, c'est-à-dire dans le «cadran» que Ptolémée a fait, dans
«la beydeh» (œuf), dans le «zat al-Halk» 2 et aussi dans le Livre du Canon, où



1. La terre brûlée ou la voie brûlée s'appelle l'espace situé entre le 19e degré de la
Balance et le 3e degré du Scorpion. V. par exemple Géographie d'Aboulféda, t. II, lre par-
tie. Paris, 1847, p. 6, n. 1. — 2. Pour la description de ces termes v. Van Vloten, Liber
Mafâtih al-Otûm, p. 235, 7-9.

il raconte et décrit la Icmgueur et la largeur de la terre, les mers, les îles, les
villes et la connaissance des heures des sept climats. Ptolémée  rapporte dans
ses livres ce qui suit et il dit: «Le premier climat  commence près de la terre
brûlée, et ce climat s'appelle dia/meroj; c'est la région de l'Inde et la partie la
plus éloignée de la Chine; le plus long jour y est de treize heures. Le second
climat s'appelle en grec dia/statoj qui est le pays de Kûsch; c'est le pays
d'Àbyssinie; le plus long jour y est de treize heures et demie. Le troisième
climat s'appelle le climat d'Alexandrie; le plus long jour y est de quatorze
heures.  Le quatrième climat s'appelle  en grec Rodous (Rhodes), l'île qui est
dans la mer; il comprend les villes de Syrie et de Mésopotamie, qui est située
entre deux fleuves; il comprend Babel et d'autres villes; le plus long jour y est
de quatorze heures et demie. Le cinquième climat s'appelle en grec Hellespon-
tus (Pont), où se trouvent Constantinople, Amouryah (Amorion) et Rome; le
plus long jour y est de quinze heures. Le sixième climat s'appelle en grec la
Mésopotamie, où se trouvent les pays des Bourdjans et d'autres; le plus long
jour y est  de quinze heures et demie. Le septième climat s'appelle en grec

Baristhanis (Boristhènes), dont les habitants sont toujours somnolents;  le
plus long jour est de seize heures.

Maintenant nous nous mettons à décrire la longitude et la latitude de
chacun de ces climats. Nous disons que la latitude de ces sept climats,
cultivés et habités, qui sont au centre de la terre, part de l'Inde et de la
partie la plus éloignée de la Chine et de la région de la terre brûlée et
va jusqu'à l'extrémité du septième climat, c'est-à-dire de la région du sud
jusqu'à celle du nord; la latitude entière est de soixante-trois degrés.
Cette latitude se divise en sept parties qui sont les climats; la latitude de
chaque climat est de neuf degrés , comme l'ont divisé le savant Hermès et
Ptolémée. L'étendue de ces neuf degrés est de vingt-sept jours, parce que
l'étendue de chaque  degré est de cent milles. Il n'y a évidemment aucun
doute que l'étendue de chaque degré ne soit la distance de trois jours. Ce
climat commence de  la région d'Orient et va jusqu'à l'extrémité de la ré-
gion d'Occident; sa longitude est de 180 degrés, une moitié de la sphère
se trouvant au-dessus de lui et l'autre moitié au-dessous. Sa longueur
totale, de la région de la Mer-Océan jusqu'à la mer qui entoure le monde,
jusqu'à son point occidental, est  de 160 jours, au total de 5.600 para-

sanges, d'après le calcul des Perses et des peuples de l'Orient. Nous avons
déjà dit que la latitude de ce premier climat, partant de la région voisine de
la terre brûlée, va jusqu'à la terre de Serendîb (la Taprobane, Ceylan). Les
habitants de ce climat, c'est-à-dire de la Chine la plus éloignée du côté de la
terre d'Orient jusqu'à l'extrémité de la région d'Occident, ont une particu-
larité: ils sont nus comme des bêtes, d'aspect hideux et  laids d'extérieur
et de forme.  La plupart d'entre eux sont issus des tribus des enfants de
Cham. Ils eurent beaucoup de mystères et connurent bien la magie et d'au-
tres choses; leur vie est longue. On trouve dans ce climat des bêtes et de
grands animaux aux corps affreux, d'aspect hideux, de forme extrêmement
laide, de grands oiseaux dont quelques-uns ont des formes de bêtes, par
exemple, l'autruche, la girafe, le griffon et un oiseau qui s'appelle passereau
d'éléphant, qui se jette sur le grand éléphant et l'enlève; on y trouve de grands
éléphants et d'autres animaux qu'on ne voit pas et dont on n'entend pas
parler ailleurs. On y trouve  aussi toute espèce de grands serpents, de
grands dragons, des serpents ordinaires et des reptiles hideux et redoutés.

Dans ce climat les hommes sont experts en magie et connaissent des plantes
aromatiques et des pierres, dont la qualité et la nature en font des remèdes
efficaces pour la guérison des maladies; ils traitent avec cela tous ceux qui
souffrent de la morsure de ces reptiles hideux  et redoutés, et les guérissent.
Sa longueur, comme nous avons déjà raconté, est, de la région de l'Orient
jusqu'à la région de l'Occident, de 5.600 parasanges, et sa largeur, de la région
du Sud jusqu'à la région du Nord, est de 285 parasanges. Le second climat
est celui de l'Abyssinie.  Sa largeur s'étend des limites de la terre de Seren-
dîb jusqu'à la région occidentale du pays d'Abyssinie et jusqu'aux montagnes
d'émeraude, de pierres précieuses et des mines d'or; ses habitants sont ceux
de la partie de la Chine la plus rapprochée, de Sind et de l'Inde.

Dans ce climat on trouve aussi des animaux, des oiseaux et des reptiles
robustes, redoutés et grands, mais moins que dans le premier climat; l'aspect
de ses habitants, leur forme et leur extérieur, n'est pas si hideux que chez les
habitants du premier climat. On y trouve aussi beaucoup de plantes aroma-
tiques et de pierres qui, grâce à leur qualité et leur nature, produisent la gué-
rison, si l'on traite les maladies avec elles.  Parmi ses habitants, il y en a
beaucoup qui connaissent très bien la magie,  les mystères et le traitement

des maladies avec ces plantes et pierres; mais ils sont moins experts que les
habitants du premier climat. C'est la même chose pour ce qui concerne leur
vie (= leur vie est plus courte). Quant à sa longueur et sa largeur, ce sont
les mêmes que nous avons données pour le premier climat.

Le troisième climat est celui d'Alexandrie. Ce climat s'étend des extré-
mités du pays d'Egypte, de la région d'Occident et. d'Orient, des limites
 de la terre de Sindous de bysse; et sa largeur va de la région d'Occident
jusqu'aux limites de la Syrie (Souriya) extérieure et de la première Perse,
près du pays d'Ispahân, de Ray et du pays de Maisân  et jusqu'à la limite
d'Alexandrie et de Barkah et la première Afrique. Les habitants de ce
climat, j'en jure par ma vie, s'intéressent aux choses naturelles et scrutent
les choses physiques; ils sont assidus au travail; ils étudient les belles
lettres, les livres sacrés  et les sciences avec plus de zèle que les habitants
du premier climat et ceux du second, parce que ce climat est plus beau par
sa nature que les deux précédents. Quant à sa longueur et sa largeur, ce
sont les mêmes dimensions que nous avons données à propos de la lon-
gueur et la largeur du premier climat.

Le quatrième climat au centre duquel se trouve une île maritime qui
s'appelle Rhodes, comprend de nombreuses villes qu'il est impossible de
compter. Mais nous en rappellerons quelques-unes pour éclaircir et expliquer
les cartes et les plans où est tracé le système de la division des sept climats.

 De ses villes nous nommerons Damas, Hims, Qinnesrîn 1, Haleb, Men-
bidj, Afainée, Antioche (Anthâkyah), Harran, Edesse (ar-Rôha), Rakkah, Râs-
`Ain, Nisibe, Mosoul, Bagdad et Ray. Ses limites s'étendent depuis son
extrémité orientale sur une ligne qui va jusqu'à la région d'Occident; et
partant du pays d'Espagne elles touchent à la moitié du pays  d'Afrique,
du côté du nord à la Sicile, au pays de Laodicée et de Tripoli 2, au pays
d'Athènes et d'Ephèse, dans le pays grec avec Chypre et l'Asie Mineure.
Ce  climat se trouve au centre de la terre, et, pour cette raison, il est su-
périeur à tous les climats par la modération et l'égalité de la température.
C'est pourquoi ses habitants sont des savants, philosophes, érudits,  astro-
nomes, écrivains, médecins, et font des recherches sur les questions physi-
ques et naturelles et sur l'essence des choses. Les livres indiquent que
chez eux sont réunies toutes les merveilles et les dix sciences, c'est-à-dire
l'Astronomie ou le mouvement des étoiles et l'Astrologie, c'est-à-dire les
adages qui les concernent, et leur connaissance; la Géométrie, c'est-à-dire
la mesure des surfaces, la construction des figures, les opérations de nivel-
lement et les distances indéterminées; l'Arithmétique ou les livres des



1. Au lieu de Qinnesrîn le Ms. A donne Salamiyyah et Hamat. — 2. Au lieu de ces deux
noms qui se trouvent dans le A, les Ms. BC donnent Afrathi.

nombres;  la Musique, c'est-à-dire le recueil et la composition des mélodies;
la Médecine (i0atrikh/), c'est l'art  du traitement; al-Soumie (= ta\ shmei=a),
c'est la science de l'Alchimie; la Mécanique, ce sont des livres sur les ma-
chines, et al-Arkhifie (?) d'où proviennent les livres magiques et d'autres
semblables; la dixième science est celle des Catégories; ce sont les traités
sur la façon de parler, ce qui est l'art de s'approcher de la vérité et de la
discerner de l'erreur.

Les habitants de ce climat sont supérieurs à ceux du troisième climat
et ont plus de savants et de philosophes, car ils se distinguent par la
finesse de l'esprit et de la connaissance à cause de l'équilibre de leur ca-
ractère. Quant à sa longueur  et sa largeur, elles sont ce que nous avons
déjà indiqué. Le cinquième climat correspond à l'Hellespont où se trou-
vent Constantinople, Amorion, Rome, l'Espagne et la province de la Thrace.
Les habitants sont des gens blonds rougeâtres, passionnés, extrêmement
lubriques,  brûlants et irrités. Tel fut leur père Esaû. Ils sont moins sa-
vants et moins philosophes que les habitants du quatrième climat; ils sont
féroces et ne sont pas civilisés, mais ils s'empressent d'adopter la civili-
sation et s'y adaptent vite; cependant les habitants  du quatrième climat

ont l'esprit plus fin et l'intelligence plus claire que ceux de ce climat.
Quant à sa longueur et sa largeur, c'est comme ce que nous avons déjà
donné. Le sixième climat correspond  à la Mésopotamie, une des îles de la
mer. Les habitants de ce climat sont Bourdjans et Slaves; et d'autres
tribus de femmes habitent aussi une région de ce climat, et les hommes
ne vivent pas avec elles. Elles s'appellent en grec Amazones; elles se cou-
pent toujours la mamelle droite et la cautérisent avec du feu pour l'em-
pêcher de se développer afin d'être prêtes à la guerre et au combat.  Elles
s'appellent aussi Al-Kharouniat (?), parce que Samiris les combattit et tua
tous leurs enfants  mâles. Elles sont obligées à cause de cela de ne pas
élever les mâles, mais seulement les femmes. Elles sortent et vont une
fois par an aux limites de leur pays, dans le pays des Bourdjans, où les hommes
des Bourdjans les connaissent, et elles en conçoivent; ensuite elles retour-
nent dans leurs demeures. Elles sont toujours prêtes à la guerre et au com-
bat. Aucun savant ne révoque ce fait en doute et ne nie la vérité de leur
histoire telle que nous la rapportons, et personne ne la conteste 1. Les habitants 
de ce climat  aiment la guerre et l'effusion du sang et n'ont pas de pitié;



1. Mich. le Syr., I, 22-23.

c'est pourquoi ils s'appellent Slaves. On les châtre. C'est un peuple qui n'a
aucune connaissance des livres moraux, ni des sciences, ni d'autres choses.
Quant à sa longueur et sa largeur, c'est comme nous l'avons déjà rapporté.

Le septième climat connu  correspond au Borysthène; il est habité par le
peuple qui  s'appelle en grec Youmid.s (??), c'est-à-dire «somnolents»;
ce sont des gens faibles et débiles à cause de la rigueur excessive du froid,
parce qu'ils sont près de la région du nord et des lieux incultes et inhabités,
 où la constellation de l'Ourse tourne toujours juste au-dessus de leurs
têtes. Les animaux et les bêtes de leur pays sont très petits; les vaches et les
moutons n'ont pas de cornes à cause de la rigueur excessive du froid; on ne
trouve dans leur pays aucuns reptiles; ils ne peuvent pas construire des
maisons; mais ils fabriquent des huttes de planches de bois, les enduisent
avec du goudron, les mettent sur des chariots que traînent les taureaux; ils y
habitent, et ils sont jour et nuit en marche partout où ils trouvent  dans leur
pays des moyens de vivre et des pâturages pour leurs troupeaux. Ils sont
constamment  réduits à la misère à cause des mauvaises conditions de leur
vie déplorable. On dit que, s'ils tombent dans des maladies graves, ils met-

tent leurs malades sur un chariot, leur enlèvent leurs vêtements d'homme et
leur mettent ceux de femme; ils se guérissent ainsi. Quant à la longueur et
la largeur de ce climat, c'est comme ce que nous avons rapporté dans chacun
des sept climats.

Les indications que nous avons données sur les sept climats, reposent sur
des preuves évidentes pour celui qui les trouvera, d'après notre description,
sur le plan ou la carte que nous avons tracée où ces sept climats sont
représentés.  Maintenant regarde et examine bien cette carte et ce plan où
les sept climats sont tracés, combien  d'idées ce plan te montrera, comment
il te fera voir et expliquera la marche  du soleil dans quatre régions du
monde depuis le commencement de sa marche et de sa rotation de l'Orient
à l'Occident, — comment il te fera connaître sa rotation dans les douze
signes du Zodiaque, dans tous les mois de l'année, — comment le soleil
se lève dans les signes du Zodiaque du nord et se couche dans les signes
du Zodiaque du sud; (ce plan) t'expliquera le passage du soleil pen-
dant la nuit dans les régions inférieures et situées en bas; et de com-
bien de climats le soleil est distant, lorsqu'il  se trouve dans le signe du
Cancer, au mois de Haziran (Juin), et laisse derrière lui un climat et demi
dans la région du sud, et lorsque le soleil entre dans le signe du Capri-
corne, au mois du premier Kanoun. En outre, on trouve sur le plan des
éclaircissements et des renseignements sur ce fait que le soleil, eu y en-
trant, laisse (sans lumière) loin de lui tous les sept climats. Voilà la des-

cription des climats des tribus des enfants de Noé après la division des
langues sur la surface de la terre et sur toute la longueur de ces climats,
de l'occident  à l'orient, ou sur la largeur — de la région, du sud jusqu'à
celle du nord. Quant à ce qui reste au delà des soixante-trois  degrés de lati-
tude, ce qui s'appelle le dessus de sept climats, le jour n'y cesse pas, dure
dans la région du nord au delà de la terre habitée vingt et une heures et
vingt et deux minutes et arrive à vingt-quatre heures, de sorte que la
lumière du jour ne cesse pas. Ensuite on parvient au pays des ténèbres:

 la nuit y dure six mois, le jour aussi six mois.

Chapitre dés mers, des golfes et des îles.

On a déterminé aussi la mer de l'Inde et l'on dit qu'elle s'étend dans
sa longueur de l'Occident à l'Orient, c'est-à-dire des extrémités de l'Inde

 jusqu'aux extrémités de l'Abyssinie; sa longueur est de 8.000 milles et sa
largeur est de 2.700 milles, jusqu'à ce qu'elle passe au delà de l'île  où la nuit
est égale au jour 1; sa seconde partie est de 1.900 milles; cette mer renferme



1. C'est Sérendîb (la Taprobane, Ceylan). V. Masûdi, Kitâb at-Tanbîh, p. 26, trad.
Carra de Vaux, p. 43.

un golfe au pays de l'Abyssinie, qui s'étend jusqu'à la région des Berbères
et s'appelle le golfe des Berbères; sa longueur est de 500 milles et la
largeur de son côté est de 100 milles. L'autre golfe est celui du côté d'Aylah;
sa longueur est de 1.400 milles et sa largeur au début est de 700 milles,
et son extrémité, c'est-à-dire le côté le plus proche qui s'appelle la Mer
 Rouge, est de 200 milles. Cette mer renferme encore du côté de la Perse
un golfe qui s'appelle le golfe Persique; sa longueur est de 1.400 milles,
sa largeur au début est de 500 milles et son extrémité est de 150 milles.
Entre ces deux golfes se trouve le pays du Hedjaz et de l'Yémen; l'éten-
due d'entre le golfe d'Aylah et le golfe Persique est de 1.500 milles. Cette
mer renferme encore un golfe, s'étendant jusqu'aux extrémités du pays de
l'Inde,  qui s'appelle le golfe Vert; sa longueur est de 1.500 milles. Parmi
les 1.370 îles, habitées et inhabitées, il se trouve aux extrémités de la mer,
vis-à-vis du pays de l'Inde, du côté  de l'Orient une grande île qui s'appelle
Taprobane, de 3.000 milles de circonférence; il s'y trouve de hautes mon-
tagnes et plusieurs fleuves d'où l'on extrait de l'hyacinthe rouge et bleu;
autour de cette île  il y a 90 îles habitées où l'on trouve beaucoup de
villes. Quant à la Mer Verte, on n'en connaît que sa proximité de la région
de l'ouest et du nord, des extrémités du pays de l'Abyssinie jusqu'à la Bre-

tagne; les navires n'y vont pas. On y trouve six îles, situées vis-à-vis du
pays de l'Abyssinie, qui s'appellent les Iles Éternelles (Khalidâth, les Cana-
ries). Il y a une autre île,  qui s'appelle Ghadyra (Cadix); cette île est si-
tuée vis-à-vis de l'Espagne, au détroit qui sort de l'autre mer. Sa largeur
 est de quatre milles; il est situé entre l'Espagne et Tanger; il s'appelle le
détroit de Ceuta et débouche dans la mer de Roum. Du côté du nord de
cette mer se trouvent douze îles, qui s'appellent les Iles de Bretagne.
Ensuite cette mer s'éloigne des contrées habitées et personne ne connaît
comment elle est. La mer de Roum et de Misr (la Méditerranée) s'étend du
détroit qui sort de la Mer Verte, vers l'Orient, jusqu'à Tyr et Sidon; sa
longueur est de 5.000 milles et sa largeur est à peu près de 800 milles.
Elle forme un golfe qui se dirige vers la région du nord près de Rome,
dont la longueur est de 500 milles et qui s'appelle la Mer Adriatique; elle
forme un autre golfe qui commence vis-à-vis du pays des Berbères,  dont
la longueur est de 200 milles. Dans cette mer il y a 162 îles habitées,  dont
quinze grandes îles: Anhàr (la Corse?) de 200 milles de circonférence, la

Sardaigne de 300 milles de circonférence, la Sicile de 500 milles de circon-
férence, Ja Crète de 300 milles de circonférence et Chypre de 350 milles de
circonférence. La mer du Pont s'étend depuis Lâzikah jusqu'au delà de Cons-
tantinople; sa longueur est de 1.300  milles et sa largeur de 300 milles.
Elle reçoit le fleuve appelé Tanaïs; il coule de la région du nord et
sort du lac appelé Mayotis; c'est une grande mer, mais on l'appelle lac;
sa longueur de l'orient à l'occident  est de 300 milles et sa largeur est de
100 milles. A Constantinople, cette mer forme un détroit qui coule comme
un fleuve et se jette dans la mer de Misr; sa largeur à Constantinople est
de trois milles; Constantinople est bâti sur ses bords.

La division de la terre.

La Mer de Djordjân ou la mer al-Bâb (la Mer Caspienne). La longueur
de cette mer, de l'orient à l'occident, est de 800 milles et sa largeur est de
600 milles; elle renferme deux îles, situées vis-à-vis de Djordjân, qui autrefois
étaient peuplées. Telle est la topographie de la terre habitée et la situation des
mers du globe qui sont connues. La terre se divise aussi,  d'une autre façon,

en trois parties. La première partie est celle qui est comprise entre la mer
Verte du côté du nord et le détroit qui sort de la mer du Pont dans la grande
Mer, et celle qui est comprise entre le lac de Mayotis et la mer du Pont.
Les limites de cette région sont, du côté de l'ouest et du nord, la mer Verte;
du côté du sud, la Mer de Roum (la Méditerranée) et dé Misr (d'Egypte);
du côté de l'est, le détroit, le fleuve Tanaïs et le lac de Mayotis. Cette terre
ressemble  à une île et se nomme l'Europe, La seconde partie s'étend du
côté du sud  depuis la mer jusqu'à la mer d'Abyssinie. Ses limites sont,
du côté de l'ouest, la mer Verte; du côté du nord, la Mer de Roum et de Misr;
du côté-de l'est, al-`Arysch, et du côté du sud, l'extrémité de l'Abyssinie.
Cette partie se nomme la Libye. La troisième partie est ce qui reste du pays
habité de la terre jusqu'aux extrémités de l'orient. Ses limites sont, du côté
de l'occident, le fleuve Tanaïs, al-`Arysch et Aylah; du côté du sud, la Mer
de l'Inde et l'Yémen; du côté de l'orient, elle s'étend jusqu'aux extrémités du
pays habité de la Chine. Cette partie se nomme la Grande Asie.  Ces trois
parties comprennent les sept climats, tous les pays habités et toutes les
villes. Quant à la terre, sa longueur, d'après la description que nous venons

de donner, s'étend de l'est à l'ouest et sa largeur du sud  au nord, à partir
du milieu de la circonférence de la terre, là où la nuit et le jour, l'été et
l'hiver sont égaux, jusqu'à la région du nord. Dans cet endroit les jours et
les nuits sont de douze heures, sans augmenter, ni diminuer.

Notice sur l'ascension et la descente du soleil, sur l'accroissement et
la diminution du jour et de la nuit et sur le cours des étoiles.

 La nuit et le jour sont égaux lorsque le soleil entre dans la tête du
Bélier et la Balance; ensuite, à partir de l'entrée du soleil dans le signe du
Bélier jusqu'à l'entrée du soleil dans le signe du Cancer, le jour ne cesse
pas de s'accroître et la nuit de diminuer, parce que le soleil monte vers la
région du nord de vingt-trois degrés et de cinquante et une minutes; en-
suite le soleil, à partir du moment de son entrée dans la tête du Cancer
jusqu'à la première minute de la Balance, descend de la région du nord  de
vingt-trois degrés et cinquante et une minutes. Alors le jour commence à
s'accroître et la nuit à diminuer  jusqu'à l'entrée du soleil dans la Balance,
jusqu'à ce que la nuit et le jour deviennent égaux. Ensuite le soleil des-

cend dans la région du sud, de la tête de la Balance jusqu'à celle du Ca-
pricorne; ce sont les degrés dont nous avons parlé, — vingt-trois degrés
et cinquante et une minutes. Alors c'est le jour qui commence à diminuer
 et la nuit à s'accroître jusqu'à ce que le soleil arrive dans là première mi-
nute du Capricorne. Ensuite le soleil se meut en montant et monte de la
région du sud vers l'Equateur, de la tête du Capricorne jusqu'à la tête du
Bélier. A ce moment le jour commence à s'accroître et la nuit à dimi-
nuer; le soleil, comme nous avons raconté, s'incline dans son élévation et
sa descente  de vingt-trois degrés et cinquante et une minutes, parce que
le soleil traverse le centre du Zodiaque, à droite et à gauche. Quant à la
déclinaison du soleil, que nous voyons, elle se produit en avant de la
courbure du Zodiaque. Le soleil, la lune, les astres et les cinq planètes
se meuvent d'occident en orient dans un sens contraire à la rotation de
la sphère, parce que la sphère tourne d'orient en occident. Le soleil se meut
autant au-dessous de la terre, qu'au-dessus d'elle; il y a toujours au-des-
sus de la terre la figure du Zodiaque et au-dessous d'elle encore la figure
du Zodiaque; lorsque l'une apparaît, l'autre disparaît.  Quant au reste de
la terre, on ne sait pas s'il est habité ou désert; il comprend les onze
douzièmes du globe; il n'y a qu'une seule partie sur douze qui soit habitée.

Dans cette partie, qui est le pays habité, il se trouve des mers et des dé-
serts. Le chercheur qui veut se rendre compte des choses, nous deman-
dera peut-être s'il y a  dans ces onze parties, de la végétation, des animaux,
des mers, comme chez nous dans notre unique partie; nous répondrons:
la terre, qui a été habitée avant nous, ne dépasse pas les limites dont nous
avons parlé; quant à ce qui se trouve au delà, personne n'y est entré et
personne n'en est venu chez nous. Les opinions  et les idées des savants
tombent d'accord, et aucune personne intelligente ne nie que le soleil, la
lune et les étoiles se meuvent chez nous, et que ce mouvement produit
l'été, l'hiver, le printemps et l'automne, ce que tout le monde sait. Si le
soleil se lève au-dessus de tous les endroits de la surface de la terre, comme
chez nous, de même que la lune et les étoiles, il est nécessaire qu'il y ait des
plantes, des animaux, des mers et des montagnes, comme chez nous. C'est
pourquoi certains raisonnent ainsi: si, dans les sept climats, le soleil, la
lune et les étoiles se meuvent, comme nous l'avons dit, il est également
nécessaire que la terre comme nous l'avons décrite, soit habitée à partir  de
I'équateur,  c'est-à-dire la moitié de la sphère terrestre du côté du nord et
(l'autre) moitié de la sphère terrestre, c'est-à-dire à partir de l'équateur du
côté du sud; il doit y avoir aussi un climat, autour de ces sept climats qui
se trouvent dans la région du nord. Outre la division que nous venons de
donner, les anciens avaient partagé la terre, ses pays et ses villes en douze

parties et en avaient attribué chaque partie à l'un des douze signes du Zo-
diaque, pour que ces pays et villes connussent leur relation avec ces signes
du Zodiaque et avec les planètes, auxquelles les anciens les avaient attribués;
 ils pensaient connaître ainsi l'abondance et la disette dans leurs pays au
moment où on calculait le mouvement des années, des signes du Zodia-
que qui dominent l'année, et des étoiles. D'après cela on se forme une
opinion sur la région et le pays où domine (tel signe), selon les connais-
sances des savants, autant que cela dépend  des qualités extérieures et in-
térieures de la sphère céleste et de ce qu'elle renferme.

Chapitre des pays et des villes de la terre, appelés
d'après les signes du Zodiaque.

Les pays du Bélier sont:  le Fars, Adarbaïdjan, la Bretagne, la Sicile, la
Germanie, la Palestine et une partie d'el-Balka.  Le signe du Taureau:
toutes les villes de Mah, Ispahan, les petites îles de la mer de Roum,
Chypre, l'Asie Mineure. Le signe des Gémeaux: les contrées de Djilân,
Deilem, Djordjan, Thabaristan, la Grande Arménie, Merv, Tripoli (Athra-



blous), Marakiah et Misr. Le signe du Cancer: la Terre des Berbères
(la Barbarie), l'Afrique, la Bithynie, qui se trouve au pays des Grecs, la
Phrygie, Lâdikiyah (?) et la Lydie. Le signe du Lion: le pays des Turcs,
Abraschahr, Antioche (Anthâkiah), Halikiyah (?), l'Etolie (?) 1, Emèse (Homs),
Damas (Dimeschk)  et le pays autour de Koufah. Le signe de la Vierge:
Corinthe, le pays de Babel, de Mosoul et d'al-Djezîreh,  le pays des Grecs
et Carthage2. Le signe de la Balance: Boukhara, le Thaharistan, Kashmir,
le Tibet, Schoul, Awsis (?), la partie du pays d'Abyssinie qui s'appelle
Troglodytica, le Sedjestan, la Carmanie. Le signe du Scorpion: le pays
du Hedjaz, Amoul, Tanger, Hatouliyah, la Nubie bleue, Souriah (la Syrie), la
Cappadoce. Le signe du Sagittaire:  le pays de Ph.lathiki, l'Andalousie
(l'Espagne) et le pays des Slaves. Le signe du Capricorne: le pays de l'Inde,
al-Sous, Mokrân, Hûah (?), la Thrace, la Macédoine et l'Illyrie (?). Le signe
du Verseau: la Sarmathie, le fleuve du Balch, la Sogdiane, Ferghânah, as-



1. Au lieu de ces deux noms le Ms. A donne Haleb et Salamiyah. — 2 Ici les Mss.
ajoutent encore une fois le pays d'al-Djezîreh.

Schâsçh, al-Balkah et l'Azanie au centre de l'Abyssinie. Le signe des Pois-
sons: la Babylonie, la Paphlagonie, Smûnithis (?), Khorramah, Nikûdhûliah
(Nicomédie?) Nous avons dejà expliqué l'état des sept climats de la terre
et leur pays habité;  nous avons exposé les conditions où se trouvent leurs
habitants et leur répartition sur le globe; nous avons décrit enfin  la terre
qui n'est ni cultivée, ni habitée, autant que nous l'ont permis les renseigne-
ments trouvés dans des livres des anciens savants. Maintenant nous allons
reprendre le récit de l'histoire du monde.

 Récit qui fait connaître la vraie cause pour laquelle le culte des
idoles pénétra dans le monde après la division des langues sur la
surface de la terre.

Il est écrit que lorsque les langues des tribus des enfants de Sem,
de Cham et de Jafeth, fils de Noé, furent divisées dans tous les climats, sur
la surface de la terre; quand ils eurent occupé leurs régions et lorsque

 chaque langue, chaque peuple et tribu se furent éloignés dans une contrée
quelconque d'un dimat de la terre, comme nous l'ayons décrit, les peuples se
mirent à se faire a guerre, les uns contre les autres. Chaque tribu et chaque
peuple se choisirent un chef d'armée, qui conduisît leurs troupes et les me-

nàt au combat,  en marchant à leur tête. On raconte qu'au boit de quel-
que temps, lorsque certains des chefs des guerriers et des commandants
des troupes revenaient victorieux et triomphants chez leurs compagnons,
leur peuple et leur tribu, le peuple les prenait pour maîtres à cause de
leur victoire et érigeait à leurs chefs, connus et célèbres par loirs exploits,
leurs guerres et leur succès,  des idoles portant leurs noms et leur res-
semblant, afin que ces idoles rappelassent le souvenir de celui qui avait
fait des conquêtes à leur profit et était rentré victorieux chez eux. Longtemps
après on commença à montrer à leur égard de la vénération et à leur offrir
des sacrifices, d'abord comme témoignage de vénération pour eux et comme
souvenir des victoires qu'ils avaient remportées; ensuite quand des mal-
heurs se produisaient, quand leurs ennemis, voulant se revenger, leur in-
fligeaient toutes sortes de maux et de blessures, ils venaient à ces idoles,
implorant leur secours. C'est pour cette raison que, dans la suite des
temps,  le culte et la vénération  des idoles s'introduisirent du vivant même
des héros; des diables, d'après ce qui est écrit, parlaient aux hommes de
l'intérieur de ces idoles.

Le total des années depuis l'époque du déluge jusqu'à la naissance d'Àr`û,
fils de Phaleg, qui eut lieu au temps de la division des langues, est de

670 ans; depuis Adam et le commencement du monde jusqu'à cette année-
là, il s'écoula 2926 ans. Voici l'explication de ce calcul: Sem engendra
Arphaxad deux ans après le déluge; les années d'Arphaxad depuis le jour
de sa naissance jusqu'à celle de Kaïnan, son fils, furent de 135 ans; depuis
le jour de la naissance de Kaïnan jusqu'à celle de Sçaleh, son fils, elles furent
de 139 ans; depuis le jour de la naissance de Sçaleh  jusqu'à celle d'Haber,
son fils, elles furent de 130 ans; depuis le jour de la naissance d'Haber jus-
qu'à ce qu'Haber engendra Phaleg, son fils,  de 134 ans; depuis le jour
de la naissance de Phaleg jusqu'à ce qu'il engendra Ar'û, de 132 ans. Cela
donne 670 ans. Si l'on y ajoute les années depuis Adam jusqu'à l'année du
déluge, c'est-à-dire 2256 ans, on aura un total de 2926 ans. Ce compte est
fait d'après la version des Septante, qui traduisirent la Torah et tous les
livres des prophètes conformément à la vérité. Quant à ce que nous trou-
vons dans la Torah qui est entre les mains des Juifs, à cause de  la ré-
duction et la mutilation qu'ils lui ont fait subir, et dans la Torah syriaque
qui en est copiée, il y est écrit que Sem engendra Arphaxad deux ans après
le déluge, et depuis le jour de la naissance d'Arphaxad jusqu'à ce qu'il en-
gendra Sçaleh, il s'écoula 35 ans; ils omirent Kaïnan, son fils, et, ayant
supprimé de la Torah son nom et ses années, ils écrivirent  Sçaleh, son

petit-fils; depuis le jour de la naissance de Sçaleh jusqu'à ce qu'il engendra
Haber, il s'écoula 30 ans; depuis le jour de la naissance d'Haber jusqu'à ce
qu'il engendra Phaleg, 34 ans; depuis la naissance de Phaleg jusqu'à ce
qu'il engendra Ar`û, 30 ans. Cela  fait 131 ans. D'après la Torah réduite
et mutilée, il s'écoula depuis Adam jusqu'au déluge 2656 ans et depuis le
déluge jusqu'à la naissance d'Ar`û, fils de Phaleg, à l'époque duquel les
langues se divisèrent, il s'écoula 131 ans.

D'après la Torah réduite, depuis Adam et les origines du monde jusqu'à
cette année-ci, il s'écoula 2787 ans, de sorte que les Juifs en ont réduit jus-
qu'à cette année-là 1139 ans. Par suite de la confusion et la division des
langues Phaleg fut appelé (le diviseur), parce que la traduction de son nom
en hébreu  et syriaque fut «moukassim». Ar`û vécut depuis le jour de sa
naissance jusqu'à ce qu'il engendra Sarûg 132 ans et après la naissance
de Sarûg 267 ans; il vécut 339 ans et il mourut 77 ans après la naissance
de Nachor. Quant à la Torah réduite, il y est écrit qu'Ar`û ayant vécu
32 ans, engendra Sarûg; il vécut après la naissance de Sarûg 367 ans,
et il mourut 38 ans après la naissance de Jacob; sa mort arriva avant celle
d'Haber, son aïeul.  74 ans après la naissauce d'Ar`û, fut accompli le
troisième millénaire de la chronologie du monde, d'après la version des

Septante, parce que nous avons déjà expliqué et indiqué plus haut que les
années depuis Adam et les origines du monde jusqu'à l'année de la naissance
 d'Ar'û, fils de Phaleg, furent de 2926 ans; si nous y ajoutons 74 ans depuis
la naissance d'Ar'û, le troisième millier d'années sera complet.

Histoire de Nemrod, fils de Chanaan, filDe Cham,
fils de Noé, fils de Lamec, le Roi-Géant.

Il est écrit qu'en l'an 84 après la naissance d'Ar`û,  dix ans après le
troisième millier d'années, parut le premier roi qui dominât sur toute la
terre, à Babel, Nemrod, fils de Chanaan, fils de Cham, le roi-géant, qui
régna soixante-neuf ans; sa couronne fut tissée et n'était pas en or. Nemrod
bâtit trois villes, Arakh, Adja et Kila, c'est-à-dire Edesse (ar-Roha), Nisibe
et Séleucie. En l'an cent un d'Ar'û les Egyptiens, après les Babyloniens, se
donnèrent un roi, dont le nom fut Manouphis (Mh/nhj), qui régna sur eux pen-
dant  68 ans; il fut appelé Mesraïm  d'après le nom de Mesraïm, leur père.
Il est certain que c'est du nom Mesraïm que (l'Egypte) fut appelée Misr 1.



1. Cf. Georg. Sync, p. 98 et 170; aussi p. 100. Michel le Syrien, I, 20: Panouphis.

Histoire des enfants de Kahthan, qui est appelé dans la Torah
Abri-than 1,   qui fit connaître les armes et les engins de guerre.

Il est écrit qu'à cette époque parurent les fils de Yokthan, qui est le
même que Kahthan; c'étaient trois chefs qui étaient des géants; l'un s'ap-
pela Saba, l'autre Ophir, le troisième Heval. Les fils de Kahthan commen-
cèrent à faire la guerre contre les peuples et les tribus avec toutes les
sortes d'armes et d'instruments, car ils furent les premiers qui se servirent
des engins de guerre et qui les connurent. La première connaissance qu'ils
en eurent et le premier usage qu'ils en firent leur furent suggérés par
l'exemple des bêtes féroces. Quant à la lance, ils l'imitèrent d'après l'animal
appelé en grec  Monokeraton (Monoke/raton); c'est la bête que les Perses
appellent et connaissent comme Karkadann (rhinocéros), et les Arabes l'ap-
pellent aussi par ce nom, parce qu'elle n'a qu'une seule corne qui se dresse
au milieu de la tête en forme de lance, avec laquelle elle frappe toute bête
et tout animal. Quant au glaive, ils s'en servirent à l'imitation des san-
gliers,  qui, lorsqu'ils frappent un arbre avec leur dent, le coupent et le



1. Fils d'Haber. Genèse, x, 25 (= Yokthan).

fendent en deux. Quant à la flèche, ils l'imitèrent d'après l'animal qui s'ap-
pelle le grand hérisson ou douldoul, qui, quand il dresse l'un de ses poils,
le lance et ne manque pas l'endroit visé. Quant au bouclier, ils l'emprun-
tèrent de la tortue de mer,  dont le dos était d'une grandeur extraordinaire.
De cette façon, ils inventèrent par imitation toutes les sortes d'armes dont
nous avons parlé.

La terre et les pays  que chacun de ces trois chefs obtint pour sa part, fu-
rent les pays orientaux du côté de la Chine et des contrées voisines; on y
trouve de l'or pur, de l'hyacinthe, de l'émeraude, des perles et tous les
grands arbres qui exhalent des parfums, — par exemple: l'arbre d'aloès, de
santal et d'autres, comme le rapporte la Bible.

Le savant Mousous (?) écrit dans son livre sur les nations que les peuples,
fatigués de leur lutte acharnée contre les enfants de Rahthan,  et des troubles
qui résultèrent de la guerre et des combats livrés contre eux avec tant de
sortes d'armes que ces peuples ne connaissaient pas, leur permirent de choi-
sir les climats qu'ils préféreraient, afin qu ils fissent cesser la guerre. Les
enfants de Kahthan choisirent ce pays: tout le monde a besoin de ce pays,
de ce qui s'y trouve et de ce que possèdent ceux qui le gouvernent, tandis
queux-mêmes n'ont besoin de rien de ce qui se trouve dans d'autres pays.

Sarûg vécut jusqu'à ce qu'il engendra Nachor, 130  ans, et, après la
naissance de Nachor, 200 ans; sa vie fut de 330 ans, et il mourut 46 ans
après la naissance d'Abraham.

D'après ce que nous trouvons dans la Torah, qui est  aujourd'hui entre
les mains des Juifs, par suite de la réduction qu'ils en ont faite, et de la
détérioration (du texte), Sarûg ayant vécu 30 ans jusqu'à ce qu'il engendra
Nachor, et 300 ans après la naissance de Nachor, mourut 61 ans après la
naissance de Jacob; il mourut dix-sept ans avant la mort d'Ar`û, son père.
En l'an 21 de la naissance de Sarûg, parut le second roi de Babel; il s'appe-
lait Kambiros et il régna 85 ans. A son époque parut la monnaie, c'est-à-
dire la maison pour frapper des dinars et des dirhems  et l'art de faire des
ornements en or et en argent. A cette  époque se distingua Amorius, de la
famille d'Ophir, l'artisan de fer et de cuivre.  En l'an quarante-six du règne de
Cambiros, roi de Babel, ce monarque bâtit quelques villes, dont la première fut
la grande Suse. A cette époque Kambiros fit la guerre aux Kaldéens et les mit
à mort, comme, nous le trouvons dans les livres et les récits attribués à
Zoroastre (Zaradouscht) le Mage. L'an 106 de Sarûg, régna à Babel le troi-

sième roi, qui s'appelait Samiros; la durée de son règne fut de 72 ans; il fut
le premier qui fit faire les mesures,  la balance et le poids 1.

La naissance d'Abraham.

Nachor ayant vécu 79 ans, engendra Tarikh, père d'Abraham, et vécut,
après la naissance de Tarih, 122 ans; sa vie ayant été de 201 ans, il mou-
rut 47 ans après la naissance d'Abraham. Nachor vécut jusqu'à ce qu'il
engendra Tarih, d'après la Torah  des Juifs, 29 ans, et 172 ans après la
naissance de Tarih, et il mourut 22 ans après la naissance d'Isaac, fils d'A-
braham; et sa mort eut lieu avant celle de son père et de son grand-père.

A cette époque Kisrounis, roi des Parthes, fit la guerre  contre Samiros
et après l'avoir combattu le tua; il lui arracha la peau de la tête et les
cheveux et, les ayant tressés en quatre tresses, en fit une couronne pour
lui-même. A cause de cela il fut appelé Diokratis, c'est-à-dire possédant
deux mèches (Dou-l-Karnéin). Ce n'est pas le même qu'Alexandre Dou-1-

1. Cf. Mich. le Syr., I, 23-24.

Karnéin, parce qu'Alexandre fut appelé Dou-l-Karnéin à cause de son
passage et de son arrivée à l'Orient et à l'Occident.

Le premier qui inventa les sciences et l'astronomie.

A cette époque en Egypte régna un roi, appelé Antoutis (Aphintos),
pendant trente-deux ans;  il fut le premier qui inventa les livres, les
sciences, l'astronomie, l'arithmétique d'après les livres des Kaldéens et des
savants  orientaux, et les introduisit en Egypte; il apprit la science de
sorcellerie et la magie. A cette époque, furent bâties Sodome  et Gomorrhe
et aussi Babylone sur le fleuve du Nil. L'année 70 de Nachor fut bâti
Damas (Dimeschk). Tarikh vécut 75 ans et engendra Abraham; après
la naissance d'Abraham, il vécut 130 ans; sa vie ayant été de 205 ans, il
mourut 55 ans après la naissance d'Isaac. C'est ce qui est écrit dans la
Torah mutilée et tronquée des Juifs. La corruption et la réduction vont
jusqu'aux années de l'époque de la naissance d'Abraham à cause de
l'éloignement de cet espace de temps, dont  la plupart des hommes ne
savent rien, Les grands-prêtres des Juifs réduisirent  ces années à l'époque

du Messie et après son ascension au Ciel. A cette époque deux grands
prêtres des Juifs, Anne et Caïphe, désirèrent déclarer fausse la mission du
Christ et réfuter le temps de son avènement, parce qu'ils avaient été effrayés
de ce qu'un grand nombre de leurs chefs respectés et plus âgés avaient
reconnu la mission du Christ pour eux et l'authenticité des miracles parmi
eux, quand ils avaient vu la résurrection du Christ, comme il est écrit dans
l'Évangile, à laquelle les chrétiens croyaient fermement.  Ils discutèrent
contre eux, et une controverse eut lieu entre eux. Anne et Caïphe, les grands
prêtres, alléguaient des arguments contre eux et affirmaient que le Messie
dont les prophètes avaient prophétisé, ne viendrait qu'au dernier temps;
mais, disaient-ils, nous sommes encore au milieu du temps du monde.
Mais les autres se détournèrent d'eux;  alors eux, ayant en leur pos-
session des bibliothèques, se mirent à retrancher ces années depuis Adam
et le commencement du monde jusqu'à l'époque de Tarih et de la naissance
d'Abraham; et à cause de l'éloignement de l'époque et de l'ignorance  de
la plupart des hommes, comme nous l'avons déjà dit, ils retranchèrent
des années de l'histoire du monde, depuis Adam jusqu'à l'époque d'A-
braham,  1389 ans; lorsqu'ils l'eurent arrangé entre eux, en secret, ils le
firent voir à leurs compagnons et à tous les hommes qui étaient d'accord
avec eux dans leur désir de la mort du Messie. Ils firent plusieurs copies,

p

qu'ils cachèrent chez leurs hommes de confiance, afin qu'ils montrassent
cette version et en détournassent des gens avec cela; ils cachèrent la tra-
duction de la Torah, traduite par les Septante commentateurs, à leurs
compagnons, avec les livres des Prophètes, qu'ils avaient traduits sous le
roi Ptolémée Philadelphe dans la ville d'Alexandrie;  ils changèrent et mu-
tilèrent dans les Livres des Prophètes tout ce qu'ils purent, de ce qui se
rapportait aux prophéties sur le Messie. Les actes du Messie Notre-Sei-
gneur qui se trouvent dans les livres des Septante, sont, au contraire, fi-
dèles et clairs. Ils firent cette falsification après la Résurrection du Christ,
tandis que la traduction des Septante fut achevée environ 300 ans avant
l'Avènement du Christ. Nous raconterons sans doute l'histoire de Ptolémée
Philadelphe et des soins qu'il donna à la traduction des livres sacrés et leur
explication, jusqu'à ce que nous arrivions à la fin, si Dieu le veut.

Le commencement de cette histoire remonte à l'époque de Ptolémée et
d'Alexandre Dou-l-Karnéin, le plus grand roi. Dans cette histoire nous
expliquerons la corruption des Juifs et la réduction des années qu'ils ont
faite, si Dieu le veut.

Le récit du roi Alexandre Dou-l-Karnéin.

Son empire fut partagé entre ses quatre serviteurs qui étaient ses
gardes du corps. Le livre sacré les appelle ses serviteurs L'un d'entre
eux lut Ptolémée Philadelphe, roi d'Alexandrie, au sujet duquel nous avons
déjà dit que les Septante, savants juifs, lui avaient traduit la Torah et tous
les Livres des Prophètes de l'hébreu en grec. Il ne faut pas croire que ce
récit soit anticipé et ait été mis dans un endroit où il ne s'agissait pas
de son temps, mais il était nécessaire de le mentionner plus haut, parce que
la réduction  et la corruption des années atteignent l'époque  de Tarih
et de la naissance d'Abraham. Il nous fallait expliquer et indiquer les mo-
tifs et les raisons qui firent que Ptolémée Philadelphe se préoccupa de
la traduction des livres sacrés et la désira, pour montrer exactement aux
savants les motifs et les raisons pour lesquels les grands prêtres  juifs,
Anne et Caïphe, s'appliquèrent hardiment à la corruption et la réduction,
et pour expliquer aux gens intelligents, aux savants et aux investigateurs,
comment ils furent mis au grand jour et comment ces passages, mutilés
et réduits par eux, furent reconnus, lorsqu'on les étudia et les examina.



1. I Macchab., i, 7-9.

L'un des grands personnages de la Perse, appelé Darius,  eut une querelle 
avec (Alexandre) Dou-l-Karnéin, qui régna en Egypte six ans. Alexandre,
l'ayant vaincu, le tua et s'empara de la meilleure partie de son royaume;
après cela, il rassembla des troupes nombreuses et marcha à leur tête contre
différents pays, pour faire la guerre à leurs rois et pour s'emparer de leurs
royaumes; arrivé à Sind, il s'en empara et s'y apprêta à envahir l'Inde
et la Chine. Avant cela, il partagea son empire entre quatre  de ses gardes
du corps, comme je l'ai déjà dit plus haut, et poursuivit la guerre contre
les rois de différents peuples jusqu'à sa mort. Lorsque sa mort eut été
connue de ses gouverneurs, chacun d'entre eux s'empara  du pays où il avait
été nommé comme lieutenant. L'un de ses gouverneurs, Ptolémée, fils d'Arib
(Lagos), régna sur l'Egypte 40 ans;  Philippe régna sur la Macédoine;
Antigone et Démétrius sur la Syrie et le pays d'Asie. Séleucus, qui régna
sur les pays d'Orient, marcha contre l'Egypte en l'an 13 de Ptolémée, fils
d'Arib; auparavant il avait conquis la Syrie. Démétrius marcha vers l'Asie et
l'ayant vaincu et tué, s'empara de l'Asie, de la Syrie et de Babylone, où il régna
32 ans. Il voulut instituer pour Alexandre un souvenir qui rappelât,  après

sa mort, les bienfaits qu'il en avait reçus. Sur ces entrefaites il établit  le
compte des années d'après son nom et fixa le début de cette ère au pre-
mier jour de la conquête de la Syrie, l'année 13 de son règne. Depuis
Adam jusqu'à cette année-ci, qui est la première année du règne de Dou-l-
Karnéin, les années de l'histoire du monde sont de 5197 ans, que nous
expliquerons plus tard, si Dieu le veut. A cette époque régna Ptolémée
Philadelphe pour qui, comme nous l'avon3 déjà raconté, les Livres sacrés
étaient été traduits; il régna sur l'Egypte 38 ans.  Il affranchit de la cap-
tivité les peuples qui étaient dans son royaume, au nombre de 130.000, dont
30.000 Juifs. Tout d'abord, il y a sur lui une allusion dans les Livres sacrés,
où il est écrit qu'il fut un des grands rois étrangers, appelé Ptolémée Phila-
delphe. On rapporte qu'il ressemblait à Alexandre par sa puissance, et lui
était supérieur en science, en sagesse et en philosophie;  tous ses soins et
tout son plaisir  ne tendaient qu'à la philosophie, à la lecture des livres,
à toutes les sciences et à la connaissance de leurs mystères; il les propa-
geait, en les rassemblant dans tous les pays et toutes les contrées, de sorte
qu'il les cultiva toutes; c'étaient les sciences dont nous avons parlé:
l'astronomie, l'astrologie, la géométrie, l'arithmétique  et d'autres que nous
avons mentionnées. Dans son histoire, il est écrit qu'il réunit les œuvres de

ces sciences, leur érigea la maison de la Sagesse (bibliothèque); il les
cultivait et connaissait leurs lois et leurs mystères. Il est écrit que ce roi
Ptolémée, réunissant les livres, aurait pensé à sa satisfaction de ce que
la postérité en parlerait. Ptolémée, ayant rassemblé les étrangers de tous
les peuples qui furent prisonniers dans son royaume, et les ayant comptés,
trouva leur nombre de 130.000, dont 30.000 Juifs; et il leur proposa de
revenir dans leurs pays. Les Juifs en furent extrêmement contents, s'en
réjouirent,  adressèrent de nombreuses prières pour lui et lui en firent des
remercîments.

Les causes de la traduction des Septante des livres anciens.

Ptolémée leur dit: «Je vous fais cette faveur; mais j'ai à vous demander
une chose que vous ferez pour marquer votre gratitude.» Ils lui dirent: «Roi,
qu'est-ce que c'est?» Il leur dit: «Ma demande est que vous m'apportiez,
avec mes messagers qui partiront avec vous, des livres de sagesse de votre
pays.» Ils le lui accordèrent et lui en firent serment. Ensuite les Juifs lui

dirent: «Chez nous, ô roi, il se trouve des livres hébraïques rares qu'aucun
peuple ne possède; ce sont les livres révélés, qui furent envoyés du Ciel
aux prophètes, tels que règlements, lois, commandements, ordre et prohi-
bition; (on y trouve) ce qui est et ce qui devra arriver.» Leur langage sur
ce sujet l'étonna et leur conduite lui plut. Il les pourvut largement  de pro-
visions de route et de vivres jusqu'à leur pays et ordonna de les laisser
passer jusque chez eux, à l'endroit de leur séjour, de leurs gouverneurs et
leurs chefs;  il envoya avec eux des cadeaux et des vêtements et leur écrivit
au sujet  de sa demande. Se réjouissant (de la nouvelle) qui leur était par-
venue, ils sortirent à la rencontre de leurs compagnons, lorsque le bruit
de leur sortie fut arrivé aux frontières les plus rapprochées de leurs pays.
Lorsqu'ils eurent lu les lettres du roi, ils s'empressèrent d'acquiescer à
sa demande: ils lui recueillirent les livres de la Torah et tous les livres des
Prophètes, et lui envoyèrent avec eux par ses messagers une lettre écrite
en hébreu en lettres  d'or; en même temps ils écrivirent la réponse à sa
lettre. Les livres hébraïques étant arrivés chez lui, il fut dans l'embarras,
parce qu'il n'en put rien comprendre. 11 renvoya ses messagers chez eux
et le leur fit savoir, en demandant de lui envoyer des savants et des juristes,

pour lui traduire ces livres en sa langue; il leur promit de magnifiques
cadeaux. Quand sa lettre fut arrivée et eut été lue, ils s'empressèrent
de choisir (quelqu'un) pour le lui envoyer, afin d'obtenir ce qu'il promettait.
La discorde et la dispute éclatèrent parmi eux à ce sujet; enfin ils con-
vinrent d'envoyer six personnes de chacune de leurs tribus, leur nom-
bre étant  de 72 hommes, qui se dirigèrent vers lui. Lorsqu'ils furent ar-
rivés ,  il les reçut d'une façon très hospitalière et en fit trente-six
groupes. Leurs tribus étant de différents avis, il préposa à chaque groupe
un homme qui les empêchât de se rencontrer, s'occupât de leurs affaires
et, une fois la traduction des livres achevée, les passât d'un groupe à un
autre, jusqu'à ce que la Torah et tous les livres des Prophètes fussent entiè-
rement terminés. Il obtint trente-six copies en grec, les distribua dans
tous les pays de son empire et en envoya un certain nombre à Rome, à
Ephèse et à Byzance. Pendant leur séjour,  grâce à ses relations avec eux,
il apprit l'hébreu et devint plus habile qu'eux dans la lecture  de leurs livres.
Après la clôture de leurs travaux, il les combla de cadeaux et de provisions
de voyage, les fit retourner chez leurs compatriotes et envoya avec eux ses
messagers avec des cadeaux pour leurs gouverneurs et des vêtements pour
leur chef Eléazar, le grand prêtre, et leurs compagnons; dans sa lettre il loua
leur œuvre. Les savants traducteurs lui demandèrent une de ces copies
pour pouvoir s'en glorifier devant leurs compatriotes; et Ptolémée le leur
accorda. Cela fut l'arrêt de la Providence de Dieu qui, dans son éternelle

sagesse (connaissait) le futur acte d'Anne et de Caïphe, leurs grands prêtres
et chefs, et de leurs partisans, qui agirent d'une manière inique contre le
Messie à l'époque de son apparition, de son avènement  et de leur partici-
pation à sa mort, d'après ce qui est écrit dans l'Evangile des chrétiens.
Ensuite arriva la résurrection du Christ. Plusieurs d'entre eux se joigni-
rent à lui comptant sur sa bonté et sa miséricorde envers eux, parce qu'il
ressuscitait les morts, guérissait les lépreux et opérait les miracles, qui frap-
paient l'esprit, troublaient la raison, confondaient l'intelligence, faisaient
vivre l'inexpliquable, à l'appui de ce qui était écrit à ce sujet dans les Livres
des Prophètes.

Les Juifs divulguèrent ce qu'ils avaient changé
dans les Livres sacrés.

Alors ils se révoltèrent contre les grands prêtres  dans la question du
Christ, menacèrent leur vie, se proposèrent les tuer et les attaquerèrent. Sur
ces entrefaites, les grands prêtres changèrent de tactique pour leur échapper
et portèrent leur attention à inventer pour eux des preuves dans la ques-
tion du Messie  pour protéger leur vie par ce moyen.

Les bibliothèques se trouvant dans leurs mains, ils s'occupèrent, comme

nous l'avons déjà dit plus haut, de la Torah avec une intention préconçue et
y observèrent que le terme de leur époque était très éloigné de l'époque
d'Adam1; alors ils retranchèrent des années d'Adam et de sa descendance,
jusqu'à la naissance d'Abraham, 1389 ans, après avoir retranché des années

 en nombre déterminé de la vie de chacun (d'entre les patriarches) les années
antérieures à la naissance de leurs enfants, cent ans à chacun, et les trans-
férèrent aux années dé leur vie postérieures à  la naissance de leurs enfants,

 qui ne comptent pas à l'origine des temps.

Ayant trouvé Kaïnan, fils d'Arfaxad, fils de Sem, fils de Noé, ils re-
tranchèrent son nom du livre de la Torah et ses années. Le retranchement de
ces années de leur place est évident pour celui qui verra de ses propres yeux
ces passages et examinera cette question d'après la Torah; ce passage lui
indiquera ce qu'ils en ont mutilé et retranché. Lorsqu'ils l'eurent fait et
arrangé en secret, ils invitèrent un certain nombre de ceux qui s'étaient
révoltés contre eux, à cause de leur manière d'agir dans la question du Messie,
et leur alléguèrent des preuves prétendant que son temps n'était pas encore
arrivé et que son apparition n'aurait lieu qu'aux derniers jours du monde;

 ils dirent: «Nous sommes encore au milieu de l'espace des années du

1. Ici se trouve l'explication du copiste: (l'auteur) comprend ce qui n'est pas connu
de la plupart des hommes, à cause de l'éloignement de leur époque.

monde.» Ensuite ils ajoutèrent: «Que cette Torah soit entre nous et vous!»
et ils firent apporter le livre de la Torah, qui avait été déjà mutilée par leur
réduction de ces années; avec cela ils les jetèrent dans le doute  et les détour-
nèrent de ce qu'ils étaient. Après cela ils composèrent des copies séparées de
cette Torah, qu'ils remirent en secret aux personnes de confiance dans leurs
pays et dans les provinces avoisinantes, afin qu'ils la récitassent et soutins-
sent leurs arguments en faveur de la corruption et de la réduction. Même
aujourd'hui cette Torah se trouve dans les mains de tous les chrétiens qui
se servent de la langue syriaque. La vraie Torah, traduite par les Septante,
ne leur fut pas montrée jusqu'au règne  de Constantin, fils d'Hélène, le fidèle,
qui régna 305 ans après l'avènement du Christ.  Etant allé à Jérusalem, il
demanda les reliques du Christ et les livres des Prophètes pour en choisir et
en profiter. Les Juifs lui donnèrent tous les livres; et parmi les livres qu'on
lui donna il se trouva le livre de la Torah mutilée. Avant cela, il n'avait
éclaté parmi eux aucune discorde; mais il y eut certains d'entre eux qui avaient
peur que la vérité sur le Messie et sur ce qui lui était arrivé ne fût décou-
verte. Alors ceux-ci intriguèrent auprès du roi Constantin et lui apprirent
la corruption de la Torah que les Juifs lui avaient donnée, et leur perfidie

envers lui sur ce rapport1, ils l'informèrent que la copie, faite avant eux par
les Septante commentateurs,  avait été cachée, qu'il y avait encore (des copies)
semblables à celle-ci à Alexandrie, à Rome et dans les villes qui se trou-
vaient entre elles. L'empereur envoya chez les grands prêtres des Juifs, les
informant de ce qui lui était arrivé. Ils le désapprouvèrent et renièrent ses
renseignements. Alors Constantin, ayant ordonné de les jeter en prison,
envoya ses messagers à Alexandrie, à Rome et à d'autres villes pour qu'on
lui apportât la copie. Cela parvint jusqu'aux grands prêtres emprisonnés,
qui avaient peur pour leur vie. Alors ils remirent en secret cette copie à cer-
tains de leurs chefs impies et leur demandèrent d'informer l'empereur Cons-
tantin de cette affaire, après avoir obtenu de lui le pardon pour eux. Ils le
firent et, quelques jours après, ils lui remirent la copie. L'empereur ordonna
de mettre en liberté  les grands prêtres. Les copies d'Alexandrie, de Rome
et d'autres villes lui étant parvenues, il les compara et les trouva d'une seule
manière et d'un seul langage. Ensuite ayant demandé la Torah mutilée, il y
trouva l'altération claire et évidente, homme après homme, et leurs an-

1. D'après le Ms. A, c'est Hélène qui alla à Jérusalem et demanda les reliques. Au lieu
du passage du Ms. B à partir des mots «Les Juifs lui donnèrent», nous trouvons dans
le Ms. A: «Les Juifs donnèrent à Hélène tous les livres; parmi les livres qui lui furent
donnés, il se trouva le livre de la Torah mutilée. La reine Hélène les emporta au
roi Constantin, son fils. Ensuite un certain nombre de Juifs furent envoyés chez le
roi pour lui apprendre tout ce que les Juifs avaient mutilé dans la Torah et les livres
des Prophètes.»

nées, cent après cent, qui avaient été transférées de leurs premières années
qui comptent dans la chronologie du monde, avant la naissance de leurs
enfants, aux dernières années qui ne comptent pas. Voilà la cause qui fit que
l'empereur Constantin demanda les livres de la Torah et  des Prophètes:
auparavant il leur avait demandé ce que l'on trouvait dans le Livre du
prophète Daniel  au sujet des renseignements et des indications sur l'époque
de l'avènement du Messie et de sa mort au bout des sept semaines et des
soixante-deux semaines, après les 70 ans pendant lesquels les Israélites
étaient restés au pays de Babel, et sur l'allocution  de l'archange Gabriel au
prophète Daniel sur ce rapport, sur sa mission, sur l'ordre qu'il lui donna
de bien comprendre sa parole, pendant qu'il prononcerait son allocution, sur
son exposé de l'avènement du Messie et de sa mort au bout de ces semaines,
dans les limites que l'archange Gabriel avait fixées au prophète Daniel dans
le discours qu'il lui adressa, et sur la sortie des Israélites de Babel et la cons-
truction de Jérusalem.  Lorsque l'empereur Constantin eut appris le men-
songe des Juifs et la ruse de leur langage dans leurs arguments tirés de ce
que leurs anciens rois s'étaient appelés oints, il leur dit: «Qui d'entre eux
s'est appelé le Messie (l'oint) et a paru après la sortie des Israélites de

Babel au bout de ces semaines?» Mais ils ne répondirent pas car ils étaient
tout interdits et embarrassés. Ensuite ils dirent que le Messie annoncé par
les prophètes viendrait aux derniers temps: «Nous l'attendons plus tard,
parce que nous sommes au milieu de ce temps.» Il leur dit: «Combien
comptez-vous de temps en ce jour?»  Ils lui dirent: «Le terme du temps
est de 7000  ans, et nous sommes encore dans l'année 4000 environ.» Alors
l'empereur leur répondit et les accusa de fourberie, lorsqu'il vit leur audace
dans le mensonge. Sur ces entrefaites il envoya des messagers chez les
évêques, pour les informer de cette histoire et de l'intérêt qu'il avait trouvé
dans la prophétie du prophète Daniel sur le Messie, et leur faire part de
ce qu'il avait aperçu de la faiblesse des arguments des Juifs sur ce rap-
port. Il demanda aux évêques qu'ils lui exposassent clairement des argu-
ments sur ce sujet.  Les évêques lui demandèrent un délai pour traiter ce
sujet jusqu'au temps de l'audience particulière. Il s'étonna de ce langage
et dans son désir de le savoir et de le connaître, il leur assigna une audience;
car il prenait plaisir à leur dispute avec les Juifs sur ce sujet et leur ordonna
à tous de parler. Il informa les évêques de la parole des Juifs  qui la con-
firmèrent. Alors les évêques dirent: «La déviation des Juifs de la parole de
la vérité, ô roi, dans la question du Messie dure depuis les temps anciens,

comme héritage de leurs premiers (grands prêtres). Leur refus de croire à
sa mission de crainte  d'altérer leur religion les poussa à des actes dignes
d'hommes trompeurs et impies. L'argument qu'ils allèguent du nombre des
années depuis Adam, n'est juste qu'en apparence. Tu l'as examiné et en as
élucidé le fond que tu as bien compris. Nous t'avons donné deux manuscrits
où nous t'avons expliqué tout; nous avons relaté la traduction des Septante
savants qui avaient traduit la Torah sous le roi Ptolémée Philadelphe, 300 ans
environ avant l'avènement du Messie Notre-Seigneur et l'époque de son
apparition. La copie de la Torah qui se trouve aujourd'hui entre les mains
des Juifs  est faite d'après celle qu'Anne et Caïphe, leurs grands prêtres,
ont mutilée à l'époque du Messie et d'où ils ont retranché les années qu'ils
ont réduites. Outre cela, nous avons des arguments clairs que nous appor-
terons avec preuves et explication et dont l'exposé sera long; mais si l'em-
pereur le permet, nous en ferons le rapport  et expliquerons le terme des
années selon les semaines du prophète Daniel jusqu'à la mort du Messie,
époque par époque, roi par roi.» Alors l'empereur leur dit: «Faites-le.»
Les évêques dirent: «(Daniel), le prophète de Dieu, prophétisa la destruc-
tion de Jérusalem, la démolition de ses murailles, la captivité de son peuple
à Babylone, leur séjour là-bas pendant 70 ans. Lorsque le roi Bokht-Nassar
(Nabuchodonosor) régnait sur Babylone, il attaqua Jérusalem, et emmena en

captivité la plus grande partie de la population,  parmi laquelle se trouva le
prophète Daniel. Ne cessant pas de l'attaquer pendant les 20 ans qui suivirent
sa première invasion, Nabuchodonosor démolit, dans sa dernière invasion,
ses murailles, brûla son temple, s'empara de son peuple tout entier et dé-
vasta le pays. Et voici qu'après 50 ans le prophète Daniel se rappela la pa-
role de Dieu que le prophète Jérémie  avait annoncée durant leur séjour à
Babel. Il fut évident pour lui que ce temps était déjà proche. Sur ces entre-
faites il s'absorba dans la prière à Dieu dans le jeûne, les larmes, avec humi-
lité et componction 1. Il est écrit dans  le Livre de Daniel le prophète: Il
avoua devant son Seigneur les méchantes actions de ses compagnons, énu-
méra leurs péchés et implora son pardon et son indulgence pour eux. Il jeûna
pendant vingt et un jours, sans manger de pain, sans boire de l'eau et sans se
coucher. Dans sa prière il rappela la promesse de Dieu aux Israélites de révé-
ler à ses prophètes l'avènement du Messie pour soutenir leur bonne volonté
et les amener au bien; il pria Dieu de lui (montrer) la réalisation de cette
espérance et de lui indiquer l'époque de leur retour à Jérusalem. Dieu exauça
sa prière à cause de sa bonne foi, de la droiture de son cœur et de la pureté
de ses intentions dans la demande qu'il lui adressait.  Dieu lui révéla ce



1. Comp. Daniel, ix. Jérém., xxv, 11 sq.; xxix, 10.

qu'il demandait,  parce que le vrai suit la sincérité  et la certitude se fait
jour; et à cause de la fidélité de Daniel, il exauça sa demande et souleva le
voile de ce qui avait été caché à ses yeux et qu'il n'avait pas su. Dieu lui en-
voya l'archange Gabriel pour lui expliquer sa demande. L'ange Gabriel lui
dit: «La vision et la parole des prophètes sur le Messie, le Saint des Saints,
vont être accomplies. Apprends et saisis, ô Daniel, la parole qui est proférée,
et que ma parole te soit dévoilée, ô homme de désir: vous retournerez et rebâ-
tirez Jérusalem. Quant au règne du Messie, jusqu'à l'époque de son avène-
ment et de sa mort s'écouleront sept semaines  et soixante-deux semaines.
Ensuite il sera mis à mort et la ville sainte sera détruite.» Ainsi commença
l'ange Gabriel; ensuite il dit à Daniel: «La vision et la parole des prophètes
seront accomplies, c'est-à-dire en ce qui concerne le retour des Israélites
au bout de 70 ans, conformément à la parole du prophète Jérémie 1. Après
leur retour, Jérusalem sera rebâtie et après sa restauration les semaines du
Messie seront comptées jusqu'à sa mort.» Dieu traita les Israélites comme
l'avait dit  Gabriel pour attester la sincérité et la vérité de sa parole. La
transplantation des Israélites à Babel dura pendant 20 ans et se fît à diffé-
rentes reprises; leur retour dura et s'acheva aussi en 20 ans et se fit à diffé-
rentes reprises;  la durée totale de leur séjour à Babel étant de 70 ans,

1. Jérém., lxv, 11 sq.; xxix, 10.

l'égalité fut parfaite, conformément à la parole du prophète. La première
partie, étant arrivée à Babel la seconde année du règne de Nabuchodonosor,
y resta pendant le reste de son règne jusqu'à la fin de sa vie, une durée
de 43 ans, puis cinq ans sous les souverains de sa maison, et, après eux,
22 ans sous la domination de Cyrus le Perse — ce qui fait 70 ans, conformé-
ment à la parole du prophète.  L'autre partie des prisonniers, étant arrivée
à Babel en l'an 22  du règne de Nabuchodonosor, y resta les 23 ans  du
reste de son règne, ensuite sous le règne de ses successeurs 5 ans, après
cela sous Cyrus le Perse 31 ans. sous le roi Cambyse 8 ans, sous le Mage
un an et sous Darius, fils d'Hystaspe, 2 ans, — ce qui fait 70 ans. Le
retour s'acheva au bout de 70 ans, comme le dit le prophète Jérémie. Ils se
mirent à rebâtir Jérusalem, conformément à la parole de l'ange Gabriel au
prophète Daniel. Mais ils ne le terminèrent pas au temps qu'ils avaient
marqué, parce que les actes des hommes, par rapport à leur volonté, sont
tels que tantôt ils la devancent, tantôt sont en retard, à cause des circons-
tances accidentelles qui les empêchent et les arrêtent.

Les actes des hommes ne sont pas semblables à ceux de Dieu, dont les
termes sont fixés  et le temps est déterminé, comme il avait fixé  aux Israélites
le séjour à Babel pendant 70 ans, l'époque de l'avènement du Messie et le
terme de sa mort en nombre déterminé d'années, parce que les actions de

Dieu dans sa providence seraient cachées aux hommes, s'il n'avait pas voulu
les découvrir à ses serviteurs;, autant que cela est utile pour eux, il en
informe ses prophètes pour qu'ils annoncent la bonne nouvelle et exhortent
les hommes à la persévérance dans de bonnes actions; s'il commence à
menacer et à annoncer le châtiment qui doit les frapper en punition de leurs
péchés, les prophètes l'annoncent et en fixent le temps comme avertissement,
pour les amener à lui obéir, pour les pousser au repentir, pour les effrayer
par des signes terribles apparus dans le ciel  et pour leur faire désirer la
miséricorde de leur Seigneur et sa bienveillance envers eux. Et en ajournant
les temps,. Dieu leur laisse la possibilité de se convertir et de se repentir,
comme il l'avait fait  à l'époque du déluge,  de la dispersion des langages,
de Sodome et de Gomorrhe, de Ninive et d'autres événements. Et au
sujet de ce temps, l'ange Gabriel le détermina de nouveau dans l'explication
qu'il en fit au prophète Daniel. Il lui dit: «D'abord aura lieu le retour,
ensuite la construction»; ensuite, après cela, il lui détermina les semaines
du Messie à partir de ce moment. Et le retour d'exil des Israélites à Jéru-
salem se produisit 2 ans après l'avènement au trône du roi Darius, fils

d'Hystaspe. Ils se mirent à cette époque à rebâtir la ville et ne cessèrent
pas d'y travailler jusqu'à l'époque d'Artaxerxès Longuemain.  Il est écrit
dans les Livres d'Esdras 1 que le roi Artaxerxès avait envoyé, en l'an 20 de
son règne, Néhémie son échanson pour veiller sur la construction de Jéru-
salem; et Néhémie trouva qu'ils l'avaient déjà terminée cinq ans auparavant.
Il trouva qu'ils étaient en train de construire  le Temple en l'an 46 après la
captivité, comme les savants juifs disaient au Messie: «Ce temple fut bâti,
achevé et terminé au bout de 46 ans, et Toi, Tu dis que tu le restaureras
en trois jours.» Pourtant il n'y a personne qui s'imagine que les Juifs aient
été obligés sans interruption à la construction du Temple pendant 46 ans;
mais, comme nous l'avons déjà dit, sa construction fut entièrement terminée
en  l'an 46 après la captivité à Babel. Néhémie partit chez le roi et le lui fit
savoir. On compte les semaines du Messie depuis l'époque de la fin de la cons-
truction de la ville, d'après la parole de l'ange Gabriel: d'abord le retour;
ensuite la construction; ensuite il faut compter les semaines depuis la 25e an-
née avant la fin du règne du roi Artaxerxès, et à partir de la fin de la cons-
truction  jusqu'à la mort du Messie; alors Le total est de 483 ans, ce qui en
somme fait sept semaines et soixante-deux semaines de sept (années), comme



1. II Esdras, ii.

nous lavons déjà exposé en détail dans notre livre, roi après roi, avec les
années de leur règne. Il est écrit aussi que la dignité des grands prêtres
des Israélites fut abolie à l'époque du roi Hérode, sous le règne duquel
parut le Messie. La prophétie de Jacob, chef des Patriarches, et de Moïse
se réalisa; ils disaient: «Le sceptre royal ne sera pas ôté de Juda, ni
le législateur d'entre ses mains, c'est-à-dire les prophètes, jusqu'à ce que
vienne celui qui doit être son roi;  et les peuples espéreront en lui 1.» Nous
avons dit que sept semaines et soixante-deux semaines font 483 ans, parce
que nous les multiplions par sept. Voilà l'explication des années des semaines
du Messie — 483 ans, d'après la parole de l'Ange Gabriel au prophète
Daniel,  les noms des rois et le total de leurs années, roi après roi.

Le récit des rois de Perse.

Artaxerxès Longuemain régna 41 ans; Artaxerxès II, 5 ans; après lui
Sogdiane, une année; Darius Nothus, 19 ans; après lui Artaxerxès, son fils,
40 ans; Artaxerxès Ochus, 25 ans; Faris(Arsès), fils d'Ochus, 4,ans; Darius,

1. Genèse, xlix, 10.

fils d'Arsès, 6 ans. Le total des années des rois d'Orient est de 141 ans. Après
cela le compte arrive aux années des Ptolémées, aux années des rois d'Occi-
dent et à l'énumération des Ptolémées heureux.  Ptolémée Alexandre régna
 12 ans; Ptolémée Logos, c'est-à-dire la parole, 40 ans; Ptolémée Phila-
delphe, c'est-à-dire qui aime son frère, 38 ans; c'est lui qui fit traduire les
Livres Sacrés par les Septante commentateurs; Ptolémée Ergatès (Évergète),
c'est-à-dire le (bien)faisant, 24 ans; Ptolémée Philopator, c'est-à-dire qui
aime son père, 17 ans; Ptolémée Epiphane, c'est-à-dire l'Illustre, 24 ans;
Ptolémée Philométor, c'est-à-dire qui aime sa mère, 25 ans; encore Ptolé-
mée Évergète, c'est-à-dire le (bien)faisant, 19 ans; Ptolémée Soter, c'est-à-
dire le Sauveur, 12 ans;  Ptolémée Alexandre Second, 10 ans; Ptolémée
Philippe, c'est-à-dire qui aime les chevaux, 8 ans; Ptolémée Dionysios, c'est-
à-dire le noble, 30 ans;  Cléopâtre, c'est-à-dire la Glorieuse, 15 ans; Hé-
rode, roi des Juifs, 35 ans. Les années du Messie Notre-Seigneur sont de
33 ans. Cela donne pour les rois occidentaux 342 ans. Le total des années
des rois d'Orient et d'Occident sont de 483 ans. A cause des contradictions
contenues dans ces livres, l'empereur Constantin rechercha les livres de la

Torah, les fit examiner ainsi que les livres des Prophètes et les souvenirs
du Messie.  Avant ce temps-là, il n'y avait chez les chrétiens personne, à
l'exception des savants, qui connût les choses restées secrètes et qui fût au
courant des altérations et des mutilations opérées par les Juifs. Quant au
peuple, il ne savait pas que la Torah avait été mutilée. C'est ainsi  qu'au-
jourd'hui les peuples chrétiens, en Orient et en Occident, ne savent pas la
cause du désaccord entre la Torah grecque, traduite par les Septante, et la
Torah syriaque, copiée d'après la Torah hébraïque, qui est mutilée et ré-
duite, de sorte que tous les chrétiens la lisent dans les églises. Au début
nous avons dit que la détérioration et la réduction  ne va que jusqu'à la nais-
sance d'Abraham, fils de Tarih, et le total de la réduction des années du
monde, depuis Adam et le commencement du monde jusqu'à la naissance
d'Abraham, fils de Tarih, est de 2389 ans. Maintenant la Torah mutilée et
tous les livres des Prophètes en copies syriaques qui se trouvent entre les
mains des chrétiens, sont répandus dans tous les pays de la terre d'Orient et
d'Occident, de sorte qu'à cause de cela les chrétiens ne peuvent pas  les
expliquer et se rendre compte de cette question. Tous les savants et les éru-
dits et ceux qui voulaient traduire les livres des Prophètes d'une langue à
une autre, ou faire l'exégèse de ce qu'ils contenaient, n'y changeaient rien et

La fin de l'histoire d'Abraham.

Maintenant que nous avons déjà expliqué et raconté l'histoire de l'inter-
prétation et de la traduction des Septante, les efforts et les recherches du
roi Constantin sur la raison du désaccord qu'il avait trouvé dans les Livres
Sacrés, nous allons revenir au récit de l'époque d'Abraham; c'est le point
où nous sommes parvenus avant de commencer cette histoire.

 A l'époque d'Abraham, Khoudroun, frère de Tarih, fit la guerre à Kisa-
ronos 1, roi de Babel,  et l'ayant combattu et vaincu, il le tua; (il le fit),
parce qu'il voulut emmener en captivité la population et piller tout le pays.
A cette époque l'empire passa de Bebel dont les rois s'appelaient les Babylo-
niens, aux Assyriens, qui régnaient sur les pays de Moçoul, de Ninive et les
provinces environnantes. Le premier de leurs rois, Boulis (Bh=loj), régna
72 ans et bâtit plusieurs villes.

1. Cf Michel le Syrien, I, 25,

Abraham, ayant vécu 100 ans, engendra de Sara Isaac; mais 16 ans
avant Isaac, il engendra d'Agar Ismaël. Nous commençons par Isaac, parce
que les années de l'histoire du monde sont comptées d'après Isaac. Abraham
engendra  de Retura, après la mort de Sara, un grand nombre d'enfants
puissants;  ils furent appelés les fils de Cadir (du Puissant) et leurs enfants
s'appelaient aussi, à cause d'Ismaël, Modar. Abraham vécut, après la nais-
sance d'Isaac, 75 ans et, sa vie ayant été de 175 ans, il mourut 40 ans après
la naissance de Jacob. A cette époque mourut le roi Boulis et après lui régna
Ninos, son fils, qui bâtit la ville de Ninive ainsi appelée d'après son nom.
La cinquième année après la naissance d'Abraham, Jérusalem fut bâtie par
le roi Melchisédec.

 Le premier roi des Sicyonites fut Aglaous    qui régna sur eux 53 ans.

En l'an 71 après la naissance d'Abraham éclatèrent les guerres et les
conflits entre le roi Rodollogomor et les cinq rois du pays de Sodome et
de Gomorrhe; elles durèrent pendant 14 ans jusqu'à  la 10e année après la
sortie d'Abraham du pays d'Oura des Raldéens, qui était le pays de Ca-
naan, fils de Cham, fils de Noé. A cette époque fut bâtie la ville d'Hébron,

i. Ai0gialeu/j. V. G. Sync, I, 183.

qui est al-Ladjoun des Cananéens.  En l'an 75 après la naissance d'Abraham,
 Dieu lui dit au pays d'Oura des Kaldéens: «Lève-toi, sors de la maison
de ton père et du lieu de ta naissance et va dans la terre promise que Dieu
a promis de donner à toi, à ta semence et à ta postérité.» C'est ainsi que
Dieu conclut le pacte et l'alliance avec Abraham, pour lui et pour sa pos-
térité, lui assurant l'héritage de la terre promise. A partir de cette époque,
on compte 430 ans que Dieu assigna aux Israélites pour leur esclavage
au pays d'Egypte. D'autres  savants disent  que ces années comptent depuis
le temps où Abraham fit le sacrifice d'une chèvre, d'un pigeon et d'une tour-
terelle1. Nous avons fait des recherches sur ce sujet, mais nous n'en avons
rien trouvé. Le total des années depuis Adam et le commencement de la
chronologie du monde jusqu'à cette année est de 3417 ans, parce que les
années depuis le déluge jusqu'à cette année sont de 1161 ans. En l'an 77 de
sa vie, Abraham alla en Egypte à cause de la famine et de la sécheresse qui
sévissaient au pays de Syrie. En l'an 85 de sa vie, Agar l'Egyptienne étant
venue chez lui, il engendra d'elle Ismaël. Pour cette raison ses enfants furent

1. Genèse, xv, 9 sq.

nommés fils d'Agar.  Ils furent aussi appelés Arabes à cause du sang mêlé
d'Ismaël avec la tribu de Djourboum, parce qu'il se maria avec des femmes
de cette tribu et parla l'arabe. Ils furent nommés Ismaélites d'après Ismaël,
leur père. Ismaël ayant vécu 137 ans engendra des femmes  arabes douze
princes  qui sont nommés et mentionnés dans le Livre de la Torah. Sa mort
eut lieu 63 ans après la naissance de Jacob.

A cette époque Loth fut fait prisonnier du roi Khodollogomor. A la même
époque Sémiramis régna à Babel 42 ans;  elle s'empara du pays d'Asie
et de plusieurs villes de la Syrie, bâtit Babel pour la seconde fois, et elle
éleva des collines artificielles et un grand nombre de monuments qu'on lui
attribue.

Abraham ayant atteint l'âge de 99 ans, Dieu lui ordonna de se circoncire.
Il avait 100 ans accomplis, quand il engendra de Sara Isaac. A l'âge de
60 ans Isaac engendra Esaii,  qui était velu, et Jacob , le même qu'Israël,
jumeaux de Rébecca, fille de Balhuel, parent d'Abraham, d'une famille de
Haran. Isaac vécut 180 ans jusqu'à la 31° année après la naissance de Lévi,
fils de Jacob.

1. Genèse, xvii, 20.

 A cette époque la reine Sémiramis bâtit un grand temple dans une ville,
au bord de l'Euphrate, à l'idole Q.yous (Bel, Baal) et, après avoir préposé
pour Q.yous (Bel) soixante-dix sacrificateurs, elle nomma cette ville Hiéra-
polis, ce qui signifie la ville des sacrificateurs; c'était l'ancienne ville de
Manbidj.

Quand Isaac eut atteint l'âge de 16 ans, Dieu dit à Abraham: «Lève-
toi. Prends Isaac, ton fils unique, que tu aimes, place-le sur l'autel et offre-le
à Dieu, ton Seigneur, en holocauste sur la montagne des Amoriens (Moriah).»

Plus tard, 1030 ans après la naissance d'Abraham, Salomon, fils de
David, bâtit un temple de Dieu sur  cette montagne, endroit de l'holocauste
d'Abraham et du sacrifice d'Isaac.

Nous possédons les Livres Sacrés, qui racontent  et indiquent que c'est
sur cette montagne, à l'endroit de l'holocauste d'Abraham, que fut enterré et
inhumé Adam; on dit que le corps d'Adam se trouvait avec Noé dans l'arche;
lorsque le déluge fut fini, et que Noé avec ses compagnons fut sorti de
l'arche, il enterra Adam sur cette montagne. Ainsi Dieu fit marcher Abraham
jusqu'à ce qu'il lui indiquât l'endroit du tombeau d'Adam. Abraham offrit
Isaac (à Dieu): il bâtit l'autel au-dessus du tombeau d'Adam et, Isaac

s'étant mis sur l'autel élevé sur le tombeau d'Adam, il était sur le point de
l'immoler a Dieu en holocauste. Mais Dieu le sauva, en lui substituant un
agneau, à cause de sa confiance en Dieu et parce qu'il, connaissait la sincérité
de l'intention d'Abraham et sa confiance  en ce que Dieu pourrait rendre
la vie à son fils après l'immolation. Il est écrit qu'au moment du sacrifice
d'Isaac, lorsque Abraham leva le couteau, les troupes des anges battirent des
mains et que Dieu annonça  dans le ciel l'holocauste d'Abraham; (ensuite)
il dit: «Ote ta main de l'enfant: maintenant je sais que tu aimes Dieu, ton
Seigneur, de tout ton cœur.»

La première construction de Jérusalem.

Après l'époque de la sortie de Noé de l'arche et avant l'installation
d'Abraham dans la terre promise du pays de Syrie, le grand prêtre Melchi-
sédec bâtit sur le tombeau de notre père Adam la ville  de Jérusalem. Dieu
lui lit connaître et lui indiqua l'endroit du tombeau d'Adam, et il y offrit
deux sacrifices de pain et de vin. Voici ce que les Juifs rapportent dans
leur livre qu'ils appellent Mischna: nous avons entendu dire qu'Hakîb et

ses partisans prétendent que Melchisédec serait le même que Sem, fils de
Noé, et que Josué, fils de Noun, l'aurait tué, avec les trente et un rois
qu'il mit à mort. Mais tous les savants juifs ne sont pas d'accord avec eux
au sujet de cette sottise  et de cette erreur. Les chrétiens trouvent dans les
mystères de leurs livres que la croix sur laquelle le Messie fut crucifié,
aurait été plantée au milieu du tombeau d'Adam,  dans son larynx; c'est
sur cette croix que le Messie fut crucifié; à cause de cela cet endroit fut ap-
pelé al-tarfqah et on l'appela le Golgotha, qui signifie le crâne. En l'an 19 de
la naissance d'Isaac, Abraham apprit que son frère Nachor, fils de Tarih, eut
plusieurs enfants, et (des enfants) de Nachor naquit Aram, fils de Kamuel;
il a donné son nom aux Araméens, qui habitèrent Haran dans la Mésopo-
tamie et le pays environnant jusqu'à la région de Moçoul. Nous avons trouvé
les livres qui mentionnent et font connaître un autre Aram, issu de Sem,
qui habita à l'orient de la Souse (Susiane),  vis-à-vis d'Elam, et Assour,
frère d'Elam, dont proviennent les Elamites, les Assyriens  et leurs tribus.
Les frontières d'Aram (s'étendent) depuis le pays natal de Sem jusqu'au
pays de Misan; c'est pour cela que la population de ce pays et d'au delà prit
. le nom d'Aram leur père, issu des fils de Sem, fils de Noé.  En l'an 37 de

la naissance d'Isaac, Sara mourut à l'âge de 127 ans, parce qu'elle était
âgée de 90 ans lorsqu'elle mit au monde Isaac à Abraham. En Tan 44 de
sa naissance, Isaac se maria avec Rébecca, fille de Bathuel, cousin de son
père Abraham.  A cette époque le roi Abimélec fit amitié avec Isaac; son
royaume était situé à Gerar, au pays du Jourdain. A cette époque commença
la domination des Philistins, qui sont les habitants de la Philistine (Pales-
tine); leur race indique l'origine de leur pays. Jacob avait 89 ans quand il  en-
gendra Lévi; la vie de Jacob fut de 147 ans. En l'an 20 de la naissance de
Jacob, Esau, son frère, épousa des filles de Canaan, fils de Cham, fils de
Noé; l'une d'entre elles était Judith, fille de Beéri, l'Héthéen, l'autre, Bas-
math, fille d'Elon l'Héthéen 1. Lorsque Esau eut vu  qu'elles ne plaisaient 
pas à son père Isaac, il épousa Basmath, fille d'Ismaël. Il est écrit que Job
le Juste tira son origine des enfants de Basmath, fille d'Ismaël. Il est écrit
que Moïse, le prophète, écrivit le livre célèbre attribué à Job le Juste; dans
ce livre, c'est-à-dire dans le livre de Job le Juste, il se trouve 1.348 versets.

4. V. Gen., xxvi, 34.

Job fut appelé dans la génération des tribus et des peuples (d'Ésau)  Jobab,
fils de Zérah 1. Job vécut 210 ans, dont 70 ans avant ses malheurs et 140 ans
après.  Nous avons trouvé parmi les enfants de Sem, fils de Noé, un autre
Jobab 2; certaines gens prétendent qu'il est le même que Job, parce qu'ils le
croyaient antérieur à Abraham. C'est ainsi que l'on en vint à affirmer des
choses contradictoires à ce sujet.

A cette époque Hamor, frère de Sichem, bâtit une grande ville qu'il
nomma Sichem, d'après le nom de son frère. Quelque temps après, deux fils
de Jacob, Siméon et Lévi, la dévastèrent et y tuèrent trois mille hommes
pour venger sur sa population leur sœur qui s'appelait Dina. Lorsque Jacob
eut atteint l'âge de 77 ans et Isaac, son père, celui de 137 ans, Isaac, son
père, le bénit et adressa en sa faveur les prières et les bénédictions qui
sont rapportées dans la Torah; ensuite  il l'envoya à Haran  chez Laban,
son oncle, car il craignait qu'Esaû ne le tuât. Jacob partit le bâton à la mairi.
Etant arrivé à Beitaïl, il pria et, ayant mis sa tête sur une pierre, il s'en-
dormit. Dans la nuit il vit des Anges de Dieu qui montaient et descendaient
le long d'une échelle dont le haut touchait le ciel et dont le pied était sur la
terre. Pendant toute cette nuit, jusqu'à ce que l'aurore se fut levée, l'Ange
lutta avec lui. Et voilà que Dieu se manifesta à Jacob et lui dit: «Jacob,



1. V. Gen., xxxvi, 33-34. — 2. V. Gen., x, 29.

je ne te laisserai pas t'en aller jusqu'à ce que tu m'apprennes ton nom.»
Lorsqu'il fit jour, Jacob dit: «Ce lieu est la fenêtre, du ciel et la maison
de Dieu», et il fit vœu de consacrer à Dieu la dîme de ce que Dieu lui
avait accordé pendant son absence, pour lui bâtir en ce lieu une maison de
Dieu.  Après cela Jacob traversa  l'Euphrate avec son bâton et arriva à
Haran'. En l'an 84 de sa vie, Jacob épousa Léa, fille de Laban, son oncle,
 et engendra d'elle Ruben, Siméon, et à l'âge de 89 ans il engendra aussi
Lévi, d'après le nom duquel fut réglée la chronologie du monde. Ensuite
après Lévi il engendra Juda, après lui Issachar, après celui-ci Zabulon. Jacob
épousa Rachel, sœur de Léa, et engendra d'elle Joseph et Benjamin. Il en-
gendra aussi (deux fils) de Bilha, servante de Rachel, qui donna à Jacob Gad
et Aser, et (deux fils) de Zelpha, servante de Léa, qui donna à Jacob  Dan
et Nephthali2. Ils donnèrent naissance aux douze tribus des Israélites. En
l'an 97 après la naissance de Jacob, il se rendit de Haran chez (Isaac), son
père; ses troupeaux, ânesses, bœufs et vaches, esclaves et ustensiles étaient

1. Genèse, xxviii, 10 sq.; xxxii,24 sq. — 2. Ici notre auteur se trompe; cf. Genèse,
xxx, 3 sq.; xlvi.

innombrables.  Après son installation dans la terre promise du pays de Syrie,
Joseph fut vendu par ses frères. A l'âge de dix-sept ans, il fut amené en
Egypte où il passa dix ans comme esclave et trois ans en prison. Joseph
ayant atteint l'âge de trente ans, le Pharaon, roi d'Egypte, vit en songe sept
vaches et sept épis.  On fit sortir Joseph de la prison et on lui coupa les
cheveux; ensuite on le présenta devant le Pharaon. Joseph, ayant trente ans,
lui expliqua son songe. Tout arriva comme Joseph le lui avait expliqué. Le
Pharaon lui donna pouvoir sur le pays d'Egypte. En l'an 39 de la naissance
de Joseph, Jacob, son père, arriva en Egypte avec tous ses enfants et les
enfants de ses enfants la seconde année de la famine et de la sécheresse
qui sévissaient en Syrie.  Les Israélites restèrent en effet  en Egypte, comme
esclaves, pendant 215 ans.  Le nombre des Israélites qui arrivèrent avec Jacob
en Egypte fut de 70 hommes; en outre, Joseph, ses deux fils, Ephraïm et
Manassé, et leurs deux fils, (ce qui fait) 5 hommes. Jacob, étant âgé
de 127 ans, se présenta devant le Pharaon 7 ans après la mort d'Isaac,
son père. Le nombre des Israélites, lorsqu'ils eurent quitté l'Egypte, fut
de 603.500 hommes capables de porter les armes qui furent comptés dans
le recensement, c'est-à-dire dans le recensement (de Moïse). Lorsque Moïse

les eut comptés et séparés, il n'inscrivit pas et ne compta pas ceux qui
avaient moins de 22 ans et ceux  qui dépassaient 50 ans; ceux-ci ne furent
pas comptés non plus que les femmes. Jacob ayant vécu en Egypte 20 ans,
mourut i3  ans après la naissance de Kahath. Lévi, ayant vécu 45 ans,
engendra Kahath, et Kahath, ayant vécu 60 ans, engendra `Amran. A cette
époque le Pharaon, souverain de Joseph, étant mort, ce fut Amousiyus
(A!mwsij) qui régna après lui en Egypte pendant 25 ans. En l'an 38 de la
naissance de Kahath, régna en Egypte Kebroun (Xebrw/n) pendant 13 ans. A
cette époque Zeus, dont le nom se traduit par Jupiter (al-Mouschtari), con-
nut Niobé et engendra d'elle Apis, qui fut nommé plus tard Sérapis 1 et qui
commença à combattre les femmes courageuses (?), qui s'appelaient les Ama-
zones et tuaient les mâles de leurs enfants. Zeus régna sur le pays de la
Crète au bord de la mer. La traduction de Zeus  est a une longue vie», parce
que l'on raconte qu'il aurait vécu mille ans. A cette époque la ville d'Eleu-
sina fut bâtie. En l'an 51 de la naissance de Kahath, fils de Lévi, monta sur



1. V. George Sync, I, 237.

trône d'Egypte Aménophis (A0memfh=j) et fut aussi appelé Pharaon;  il régna
21 ans et commença alors à persécuter les Israélites. `Amran, ayant vécu
70 ans, engendra Moïse le prophète et, ayant vécu après la naissance de
Moïse, 67 ans, il mourut 13 ans avant la sortie des Israélites de l'Egypte.
En l'an 6 de la naissance d'`Amran mourut Joseph, à l'âge de 110 ans. Ses
frères ordonnèrent aux Israélites d'emporter avec eux ses os, lorsque Dieu les
rappellerait et les ferait sortir du pays d'Egypte . Il est écrit qu'à cette
époque, sous (le roi) Agous (W!gugoj), eut lieu le déluge En l'an 12 (après
la naissance d'`Amran) régna en Egypte  Mensis (A0mensh=j) 12 ans. En l'an
24 après la naissance d'`Amran régna aussi Balaïos 2 pendant 18 ans. En
l'an 68 après la naissance d'`Amran, régna en Egypte Amenofis (Asfanis,
Misfrh=j?)3 43 ans; il ordonna d'étrangler les premiers-nés mâles des Israé-
lites et de les noyer dans le fleuve du Nil.



1. V. G. Sync, I, 280 et 132. — 2. V. Michel le Syrien, I, 37. — 3. Comp. Idem,
I, 38.

Là naissance de Moïse et son histoire.

Lorsque Moïse vint au monde, `Amran, son père, eut 70 ans le jour même
de sa naissance. Ses parents, l'ayant mis dans une corbeille, l'exposèrent sur
le fleuve du Nil.  Il n'avait que trois mois et il était joli et beau. En ce
temps-là Marie, fille du Pharaon, sortit vers le fleuve du Nil où elle trouva
Moïse. Lorsqu'elle l'eut vu circoncis, elle connut qu'il était des Israélites.
Marie, l'ayant pris, l'éleva, l'instruisit  et lui apprit toutes les sciences des
Egyptiens, leur éducation et leur sagesse. Ianis et lambris1 furent les insti-
tuteurs de Moïse, qui devint, en Egypte, fort et puissant. En l'an 28 de la
naissance de Moïse le prophète, le Pharaon bâtit la ville d'Hermopolis sur le
fleuve du Nil  qui s'appelait aussi al-F.r.ma. A cette époque les Ethiopiens
combattirent les Egyptiens et dévastèrent plusieurs provinces d'Egypte. Alors
Kenefra, le roi, tous ses compagnons, ses notables et ses proches portèrent
envie à Moïse, mais à cause de Marie, ni lui, ni eux ne purent arriver à son
sujet à ce qu'ils voulaient; alors ils tâchèrent de lui faire perdre sa dignité

1. Comp. Michel le Syrien, I, 39.

et sa situation puissante, lui disant: «Tu as de grandes obligations envers
la reine. Voilà que les Éthiopiens descendent le Nil en bateaux grâce à la crue
et attaquent le pays d'Egypte; ils ont déjà ravagé plusieurs provinces et
ont réduit en captivité leur population. C'est ton devoir de défendre le
royaume, parce que tu es placé à sa tête et que sa défense repose sur toi.
 Le roi, tous ses chefs et sa cour sont d'avis que tu attaques les Éthiopiens.
On raconte que toutes les terres et les déserts qui se trouvent entre l'Ethio-
pie et l'Egypte ne sont pas habités, le pays étant plein d'une grande quantité
de serpents, qui empêchent d'y passer.» Lorsque Moïse eut appris leurs
embûches et ce qu'ils tramaient contre lui, il ordonna de choisir parmi les
Israélites 10.000 cavaliers et le même nombre parmi les Égyptiens; ensuite
il ordonna de lui préparer le plus grand nombre possible de grandes grues
(ibis), qui s'appelaient ka`ka`, et de les mettre dans des cages tressées,  en
sorte que leurs têtes se montrassent hors des cages1. Moïse se mit en marche
avec ses compagnons. Il fit donner à manger à ces grues au point du jour
et, lorsqu'il se fit nuit et qu'il eut dressé le camp, il ordonna  que les cages
où se trouvaient les grues, fussent distribuées dans tout son camp. Pendant



1. Cf. Flav. Josèphe, Antiq. Jud., II, x, 2 (éd. Niese, I, p. 134-136).

la nuit, tourmentées par la faim, toutes les grues poussèrent des cris reten-
tissants.  Les serpents, ayant entendu leurs cris, se sauvèrent dans la terre
de peur que les grues ne les mangeassent. Moïse ne cessa de faire cela jus-
qu'à ce qu'il atteignît la ville éthiopienne de Méroé. Lorsque les habitants
l'eurent vu avec ses troupes, cela les frappa d'admiration et de crainte, et
ils furent étonnés que de si nombreuses troupes fussent arrivées chez eux à
travers ces déserts. Alors Dieu inspira la fille du roi d'Ethiopie et lui fit savoir
avec certitude que Moïse s'emparerait de la ville et de ses habitants et que
Dieu, qu'il soit béni, l'en rendrait maître. C'est pourquoi elle envoya dire à
Moïse qu'elle s'offrait à lui pour qu'il l'épousât; (en retour) elle lui montrerait
un endroit d'où l'on pouvait prendre la ville et s'emparer de ses environs. 
Moïse le lui accorda. Dieu lui ayant donné la victoire sur la ville et ses ha-
bitants, Moïse épousa la fille du roi d'Ethiopie. C'est pourquoi la sainte Ecri-
ture raconte que Mariam, sœur de Moïse, et Aaron, en parlant de Moïse, mé-
disaient de lui, parce  qu'il avait épousé une femme Kouschite, c'est-à-dire
des fils d'al-Khabaschat (une Ethiopienne). Dieu fut irrité contre Mariam,
qui devint galeuse et lépreuse, de sorte que les Israélites l'éloignèrent d'eux.

1. Comp. Nombres, xii, 14.

Mais Moïse, le prophète de Dieu, ayant pitié d'elle, pria Dieu pour elle. Et
Dieu dit à Moïse: «Si son père lui avait craché au visage, ne serait-elle pas
couverte de honte pendant dix jours1?» Moïse séjourna, après la conquête
de la ville, aux pays d'Ethiopie, avec toutes 3es troupes, jusqu'à l'époque
de l'inondation du Nil;  alors il ramena ses troupes en Egypte, au moyen
de barques pendant la crue  du Nil et les hautes eaux, et il arriva chez le
roi chargé d'un riche butin. Sur ces entrefaites le roi, tous ses notables,
ses courtisans, ses ministres et tous les habitants d'Egypte eurent peur
de lui, et le roi conçut même l'idée de tuer Moïse, après la mort  de
Marie qui avait élevé Moïse. En l'an 37 après la naissance de Moïse, naquit
Josué, fils de Noun. En l'an 41 de la naissance de Moïse, monta sur le trône
d'Egypte le Pharaon qui, d'après les Livres Sacrés, fut submergé dans la
mer, 40 ans plus tard, avec ses troupes et ses chariots. D'après ce qui est
écrit, Moïse, étant âgé de 40 ans, tua un Egyptien qui voulait le mettre à
mort, et il s'enfuit dans le pays de Midian auprès de Raguël ou Jethro ou
Sa`ïb et, ayant épousé Sephora, fille de Sa`ib, il engendra Guerson et Eléazar.

1. V. Nombres, xii, 1,

 En l'an 42 de la naissance de Moïse, naquit Caleb, fils de Jephonné.

A cette époque parut et se fit connaître Atlas, fils de Prométhée, qui ensei-
gnait la magie (astrologue)1. On raconte que, sa magie atteignant la sphère
céleste, il connut tout ce qui s'y passait de ses mystères. A cause de cela, on
donna le nom d'Atlas à la montagne qui s'élève au-dessus des nuages.  D'a-
près ses connaissances et ses livres, Erathosthènes, le savant, traça les plans
de la sphère avec toutes les espèces de ses constellations et leurs termes. Ce
livre fut traduit du grec en arabe par Thahir ibn al-Hoseïn, homme ingé-
nieux2, avec ses cartes, tous ses plans et toutes les espèces de ses finesses.
C'est un livre remarquable et, si l'on veut, on peut le retrouver.

A cette époque fut connu le roi Souris, qui régna sur Dimeschk (Damas).
Quant à ce que la Syrie (asch-Scham) s'appelle Souriah, ce nom est dérivé du
nom de Souris.  En l'an 80 de la naissance de Moïse, Josué, fils de Noun,
ayant 39 ans, Dieu se manifesta à Moïse à Tûr-Sina (au Sinaï) et lui fit voir
les miracles qu'il opéra avec son bâton et avec sa main, devenue blanche,
et d'autres choses que Dieu accomplit. Ensuite Dieu lui ordonna d'aller en
Egypte pour opérer des miracles et des signes célestes et pour en faire sortir



1, V. G, Sync, I, 283. — 2. Littéralement «le possesseur de deux mains droites».

les Israélites. En cette année Moïse fit sortir les Israélites d'Egypte; il frappa
la mer avec son bâton et fit passer les Israélites à travers la mer; lorsqu'ils
furent passés, il frappa encore la mer avec son bâton, et Dieu submergea
le Pharaon et toutes ses troupes. Alors fut réalisée la parole  que Dieu avait
dite à Abraham, que sa postérité resterait dans un pays lointain en état d'es-
clavage pendant 430 ans.

 Explication des causes et des raisons qui firent introduire
en Egypte le culte des idoles.

On raconte que tous les Égyptiens qui n'étaient pas sortis avec le
Pharaon et qui étaient restés en Egypte, ayant appris la nouvelle que le
Pharaon et ses troupes s'étaient noyés dans la Mer Rouge,  en furent frap-
pés;  et ils adorèrent la chose et l'objet qu'ils tenaient dans la main, et chacun
d'eux fit une idole à l'instar de cet objet et l'adora, comme si c'était elle
qui les avait sauvés de submersion. A cause de cela le culte des idoles en
Egypte s'accrut et, au bout d'un certain temps, des diables leur parlaient de

l'intérieur de ces idoles. En l'an 81 après  la naissance de Moïse, lorsque
les Israélites furent sortis de l'Egypte, les Amalécites les attaquèrent; mais
Dieu en fit périr un grand nombre par l'intermédiaire de Moïse.  L'hosti-
lité entre les Amalécites et les Israélites continua jusqu'à l'époque d'Haman
l'Amalécite, ministre du roi Artaxerxès. Nous en rapporterons le récit en
sa place, si Dieu le veut. En cette année, au troisième mois, Moïse monta
sur la montagne de Dieu, Tûr-Sina (Sinaï), et reçut de Dieu la connais-
sance des choses. Dieu lui accorda la sagesse, la prophétie et la science,
pour qu'il pût parler de l'origine du monde et expliquer l'univers, pour
qu'il fît connaître et expliquât que l'univers a été créé et a eu un commen-
cement;  on dit que dans l'espace des siècles écoulés, depuis les origines
du monde, il n'y avait pas eu autant de partisans de l'origine temporelle
qu'à l'époque où Moïse, le prophète de Dieu, composa  la Torah, dans la-
quelle il traitait de l'origine du monde, pour amener les hommes à l'opinion
que le monde était temporel. Et la plupart des Israélites adhérèrent ferme-
ment à cette croyance et professèrent cette doctrine; ce fut leur croyance et
leur conviction religieuse. Moïse parla aussi du Tabernacle. A partir de cette
année, Moïse préposa au Tabernacle le plus âgé des Israélites, choisi dans
douze tribus, qui gouvernèrent le Tabernacle.

qqq

Le total des années depuis Adam et le commencement du monde jusqu'à
l'année où Moïse monta sur  la montagne de Dieu Tûr-Sina (Sinaï) et
reçut les tables de la Torah, c'est-à-dire jusqu'à l'année 81 après la nais-
sance de Moïse, — le total des années depuis Adam jusqu'à cette année-là
est  de 3847 ans. Nous avons exposé tout cela au début de notre traité et de
notre livre; nous l'avons corrigé  en abrégeant le calcul et l'avons expliqué
plus haut. Les Juifs célébrèrent la première Pàque en Egypte le dimanche
du neuvième cycle; et ils ne célébrèrent pas la Pàque pendant les 40 ans
qu'ils passèrent au désert. Ensuite Moïse les gouverna, après cette année-ci,
39 ans et mourut à l'âge de 120 ans. Les années depuis Adam et les origi-
nes du monde jusqu'à l'année de la mort  de Moïse sont de 3886 ans. Après
cela les années sont comptées, comme nous l'avons expliqué, dans l'histoire
du monde, d'après les années du gouvernement des Juges sur les Israélites.
L'explication est la suivante: le total des années depuis Adam jusqu'au
déluge est de 2256 ans; depuis le déluge jusqu'à ce qu'Ar'û eût engendré
Phaleg, à l'époque duquel les langages furent divisés,  — 670 ans; depuis

Adam jusqu'à cette année-là 2926 ans; depuis le jour de la naissance d'Ar'û
jusqu'au jour de la naissance d'Abraham 416 ans; depuis le déluge jusqu'à
cette année-là 1076  (1510) ans; depuis Adam jusqu'à cette année-là 3342
(3766) ans; depuis le jour de la naissance de Moïse jusqu'à la sortie des Israé-
lites d'Egypte, c'est-à-dire jusqu'à l'année où Moïse monta sur la montagne
de Dieu Tûr-Sina et reçut les tables de Dieu, — 81 ans; depuis le déluge
jusqu'à cette année-là 1591 ans; depuis Adam jusqu'à cette année-là 3847 ans,
d'après ce que nous avons dit plus haut. Après cela Moïse gouverna, pendant
sa vie jusqu'à ce qu'il mourût,  l'espace de 39 ans, de sorte que les années
depuis Adam et les origines du monde jusqu'à l'année de la mort de Moïse
sont de 3886 ans. Les Juifs célébrèrent la première Pâque 40 ans après, à
l'époque de Josué, fils de Noun, près de Jéricho, au dixième cycle. Après
Moïse, ce fut Josué, fils de Noun, qui les gouverna pendant 27 ans; ensuite
après Josué, fils de Noun, ce furent les gouverneurs et les juges qui gou-
vernèrent les Israélites pendant 556 ans; après la fin de leur gouvernement
la chronologie de l'histoire du monde est évaluée d'après les années de leurs
rois. Cette chronologie commence par l'année où monta sur le trône Saoul,

fils de Kisch, de la tribu de Benjamin, le premier roi qui régna sur les
• Israélites. Les années depuis Adam  et les origines du monde jusqu'au jour
où Saoul monta sur le trône sont de 4391 ans. La vie de Moïse fut de
120 ans, dont il passa 40 ans en Egypte, 40 ans chez Jethro dans le pays
de Midian et 40 ans dans le désert. Moïse écrivit cinq livres, dont nous
avons parlé plus haut; dans ces livres il se trouve 17.041 versets.

Histoire de l'art de l'alchimie, du travail de la jacinthe
et d'autres pierres précieuses:

Il est écrit que Dieu doua Béséléel1 de l'intelligence  et lui indiqua la
manière d'ériger le Tabernacle; 11 lui apprit l'art et la science de travailler
les pierres précieuses et de les nettoyer des substances étrangères et des
impuretés. Béséléel fit le Tabernacle et l'embellit de son talent.  11 fut le
premier qui arriva à faire un ouvrage d'art. En cette année Moïse envoya les

1. V. Exode, xxxi, 2.

espions au pays de Canaan, c'est-à-dire celui de Palestine, du Jourdain et
des contrées limitrophes, afin qu'ils examinassent le pays et le peuple. Josué,
fils de Noun, et Caleb, fils de Jephonné, coupèrent une grappe de raisin et
la portèrent, à eux deux, sur un levier \ En ce temps-là Josué, fils de Noun,
avait 45 ans et Caleb, fils de Jephonné, 42 (43) ans.  Quand cette année fut
passée, Balac, roi des Midianites, envoya des ambassadeurs à Balaam, le ma-
gicien, pour qu'il vînt auprès de lui et maudît les Israélites2. En l'an 84 de
la vie de Moïse, Aaron, son frère, devint grand prêtre. Dieu fit mourir ses
deux fils parce qu'ils avaient offert en sacrifice un feu profane3. Eléazar, fils
 d'Aaron, de la tribu de Lévi, à laquelle appartenaient les Lévites, épousa
une fille d'Aminazab de la tribu de Juda.  C'était le premier cas du mé-
lange et des liens de parenté d'une tribu avec une autre, parce que la loi
(vd|xoç) ne permettait que les mariages entre des personnes de la même tribu.
Eléazar engendra Phinehas  dont il est écrit qu'il avait été zélé pour Dieu,
s'était fâché pour Lui, avait frappé avec sa lance deux adultères et les avait
pendus en l'air3. En l'an 118 de la naissance de Moïse, mourut Aaron,

1. V. Nombres, xm, 24. — 2. V. Nombres, xxn, 1-6. —3. V. Lévitique, x, 1-2;
Nombres, m, 4. — 4. V. Exode, vi, 25 et comp. vi, 23. — 5. V. Nombres, xxv, 1-8.

son frère. Il eut pour successeur Éléazar, son fils. Moïse mourut deux ans
après Aaron; il avait 120 ans. Après la mort de Moïse, ce fut Josué, fils de
Noun, son serviteur, âgé de 83 ans, qui commença à gouverner les Israélites
à la place de Moïse, deux ans après Aaron. Josué, fils de Noun, fit entrer les
Israélites dans la terre promise de Canaan que Dieu avait promis de
donner à la postérité d'Abraham. Après les avoir gouvernés pendant 27 ans,
Josué, fils de Noun,  mourut à l'âge de 110 ans. La première année  du
gouvernement de Josué, fils de Noun, les Amalécites firent la guerre; mais il
les vainquit et en tua un grand nombre, de sorte qu'il n'en resta qu'une
petite troupe; avec ses troupes il ne cessa pas de les poursuivre jusqu'à
9 heures du jour. De peur de ne pas réussir dans ce qu'il projetait à leur
sujet, il adjura le soleil et la lune et dit: «Toi, ô soleil, arrête-toi sur Gabaon,
et toi, lune, dans le champ d'Aïloun (Aialon)!» Et le soleil resta immobile
pendant 6 heures jusqu'à ce qu'il se fût vengé de ses ennemis 1.  Quant à l'arrêt
du soleil au lieu où il était, ce n'est pas, comme le croient les gens qui n'exa-
minent pas et ne connaissent pas les trésors de -livres et leurs mystères, que

1. V. Josué, x, 12-13.

le soleil et la lune seuls se seraient arrêtés, tandis que la sphère continuait
de se mouvoir. Cela s'explique par ce fait que, si, comme certaines gens le
croient, le soleil  s'était arrêté et la lune s'était mue, alors un bouleverse-
ment se serait produit dans les époques et les quatre saisons, parce que, la
sphère céleste ayant traversé en 6 heures  trois signes du Zodiaque, alors
au lieu du printemps aurait eu l'été, au lieu de l'été, l'automne, au lieu de
l'automne, l'hiver et au lieu de l'hiver, le printemps.  Mais les livres des sa-
vants indiquent que la sphère céleste s'arrêta avec toutes ses étoiles et tous
ses astres sans changement dans les saisons.

Depuis Adam jusqu'à Josué, fils de Noun, jusqu'à la mort de Moïse, il y
eut 27 générations. En l'an 10 du gouvernement de Josué, fils de Noun, il
partagea la terre que Dieu leur avait donnée en héritage, entre les tribus des
Israélites, excepté la tribu de Lévi, celle des Lévites; il ne leur donna point
de terre, comme Dieu le lui avait prescrit. Il dit que le Seigneur  était leur
partage et leur héritage. Et Dieu ordonna que toutes les onze tribus don-
nassent à celle de Lévi chaque année le dixième  de leur récolte.

En ce temps-là Erichthonius le Grec fit le premier char, attelé de quatre
chevaux et semblable au trône mouvant à neuf rnikdâr; dix personnes s'y pla-

KVI'H. OU. — T. V. lô

çaient, et le char, mené par ces quatre chevaux, marchait sur les roues. Le
roi y prenait place avec ses notables les plus aimés; et le char marchait
où il voulait. On dit qu'il n'existe plus, parce qu'il ne se trouve personne
qui sache le faire; mais certaines gens disent que les Grecs le font même
maintenant.

Cette année-là les fils de Loth, les Ammonites et les Moabites, firent la
guerre et combattirent les Cananéens, mais ceux-ci en tuèrent 5.000,  et
Josué, fils de Noun, lui-même en tua aussi 7 tribus  et 31 rois. Après Josué,
fils de Noun, ce fut Kuschan, le trompeur, qui fut le chef des Israélites et
les gouverna pendant 8 ans '.

En ce temps-là se signalèrent les Courètes et les Corybantes dans la
ville de Knossos; ils furent les premiers qui inventèrent la musique, la danse,
le chant et différentes sortes de musique avec différentes espèces des armes.

Ensuite Othonieî, fils de Kaniz, gouverna les enfants d'Israël pendant
40 ans2. La première année de son gouvernement, Cécrops régna dans la
ville d'Athènes pendant 49 ans. Il est écrit dans les poèmes d'Homère que

1. V. Juges, m, 8. — 2. V. Juges, m, 9-11.

Cécrops et ses successeurs qui avaient les mêmes croyances religieuses, fu-
rent ceux qui manifestèrent ces mauvaises choses et ces vilaines histoires
reçues chez les Grecs; c'est ce qui est écrit dans les poèmes d'Homère.

En cette année Othoniel  tua Kuschan, le trompeur, roi d'Aram, et en
affranchit les Israélites. A cette époque, il arriva un autre déluge au temps
de Deucalion. Quelque temps après, Platon, qui était le maître d'Aristote,
nous a donné le récit et l'histoire de ce déluge dans ses livres 4. A cette
époque on cite Zeus qui, à ce qu'on rapporte, était roi de Crète, pays mari-
time; sa vie fut de 107 ans; il avait commis toutes sortes d'abominations
et s'était souillé dans les débauches des Grecs. A cette époque, Io, qui fut
appelée Isis à cause de ses déportements, se rendit au pays d'Egypte.

Ensuite les Moabites, de la postérité de Loth, ayant vaincu les Israélites,
les gouvernèrent pendant 14 ans.

A cette époque fut bâtie la ville de Kourithous2, qui est connue sous le
nom de Corinthe. A cette époque les Corinthiens firent le cuivre (?) que ni
quadrupèdes, ni reptiles n'attaquaient.

Vers la fin du règne des Moabites, régna sur Athènes, après Cécrops,
Crônôs, dont le nom traduit signifie Saturne,  pendant 9 ans. A cette époque,
dans la ville d'Athènes, fut établie l'assemblée d'Aréopage, ce qui signifie
l'assemblée des juges et des savants.

1. V. Plato, Timaeus, 22. — 2. Cf. Georg3 Sync, II, 288: 'Ecpupa.

On raconte qu'à cette époque Dionysios, fils de Deucalion, aurait commencé
à planter des vignes et à presser du vin; et les hommes en buvaient. Mais cela
ne s'accorde pas avec ce que certaines gens racontaient dans leur ignorance:
ils disaient que les premiers qui avaient appris à boire du vin et donné des
indications sur ce sujet, auraient été les diables; mais nous avons égale-
ment trouvé dans les Livres Sacrés qu'avant ce temps-là Noé avait planté
des vignes, avait pressé du vin et en avait bu.

Ahoud (Ehud, Aod), fils de Iïara (Géra), gouverna les Israélites pendant
80 ans. C'est, lui qui tua Eglon, roi des Moabites, de la race de Loth; il le
fit  périr ainsi:  il attacha à sa cuisse une épée à deux tranchants; ensuite
il se présenta devant Eglon et lui dit: «J'ai un secret pour toi; je veux te
le confier.» Eglon, ayant ordonné à tous ses compagnons de sortir, resta seul
avec lui. Alors Ahoud, ayant détaché son épée de sa cuisse, la lui enfonça
dans le ventre, de sorte que ses entrailles en sortirent, et le tua; après cela
il sortit. Il gouverna les Israélites et vainquit les Moabites. En l'an 25 du gou-
vernement d'Ahoud, fut accompli le quatrième millier des années de l'histoire
du monde. Cela est clair, car nous avons déjà exposé et indiqué d'une manière
précise que l'espace des années depuis Adam et les origines du monde  jus-
qu'à l'année de la mort de Moïse, prophète de Dieu, fut de 3886 ans. Si nous

y ajoutons, depuis le jour de la mort de Moïse, les années du gouvernement
de Josué, fils de Noun, sur les Israélites, c'est-à-dire 27 ans;  — après lui
celles de Kuschan, le trompeur, 8 ans; ensuite celles d'Othoniel, 40 ans;
après Othoniel, celles des Moabites, enfants de Loth, 14 ans; ensuite si nous
y ajoutons 25 ans des années du gouvernement d'Ahoud, qui, comme nous
l'avons dit, les gouverna pendant 80 ans, nous obtenons le nombre de 114 ans,
et si nous ajoutons ce chiffre aux années écoulées depuis Adam jusqu'au jour
de la mort de Moïse,  c'est-à-dire 3886 ans, alors cela donnera le chiffre de
4000 ans de la chronologie du monde, juste au bout de 25 ans du gouverne-
ment d'Ahoud sur les Israélites, dont nous avons parlé plus haut.

A cette époque fut bâtie Nicomédie par Nicomède, c'est-à-dire Constan-
tinople; mais au bout de quelque temps cette ville s'enfonça dans la terre.
Ensuite après cela, le roi Byzas la rebâtit et l'appela, d'après son nom,
Byzance.  Au bout de quelque temps, Constantin, fils d'Hélène, monta au
trône;  il l'élargit, l'agrandit et l'appela de son nom Constantinople (Cons-
taniyniya).

A cette époque Poséidon épousa Lysianasse et engendra d'elle Douk.ntis
et Busiris; quelque temps après, Busiris s'empara du pays qui est situé sur

le fleuve du Nil; il massacrait les étrangers qui passaient, et les voyageurs, et
il les mangeait.

Ensuite (Samgar) gouverna les Israélites, après Ahoud, pendant 22 ans.

A cette époque s'illustra Phrixus; on raconte que, grâce à son agilité et
à sa vitesse, il volait comme un oiseau, et que ni les plus excellents chevaux,
ni les gazelles ne pouvaient l'atteindre.

Ensuite Barac, de la tribu de Nephthali, gouverna les Israélites pendant
40 ans;  il fît la guerre à Sisara et le fit périr lui-même avec toutes ses
troupes et 500 chariots de fer qu'il avait.

A cette époque Achseus bâtit  une ville et lui donna son nom.

A cette époque vécut Sibylle, la prophétesse, qui expliquait clairement les
pensées des hommes par son don de prophétie.

A cette époque il est question des prières et des supplications de.....

adressées aux dieux..... Zeus; il connut une esclave de la famille.....au bord

du lac de Tritone; elle mit au monde Aphrodite,  ce qui signifie la Beauté
(Vénus)1. A cette époque on signale Melampus le magicien, Tantale et

1. Ce passage est obscur pour moi.

Tityus, qui avec leur magie révélaient les choses cachées, de sorte que les
gens les admiraient. On raconte que Zeus connut aussi Leto et engendra
d'elle Apollon et Hercule1. A cette époque régnèrent les rois2 dont l'his-
toire se trouve dans les livres des poèmes d'Homère.

Après Barac, les Midianites, qui étaient arabes, gouvernèrent les Israé-
lites, pendant 7 ans; ils dévastèrent tout leur pays.

1. V. George Sync, ï, 305. — 2. B.l.msin = BafftXsi;?? Cf. G. Sync, I, p. 294-295.