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RÉSULTATS
DES
CAMPAGNES SCIENTIFIQUES
DU
PRINCE DE MONACO
Ce Fascicule a été publié et le dépôt fait au Gouvernement à Monaco
le ier Juillet i8g6
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RÉSULTATS
DES
CAMPAGNES SCIENTIFIQUES
ACCOMPLIES SUR SON YACHT
PAR
ALBERT I er
PRINCE SOUVERAIN DE MONACO
PUBLIÉS SOUS SA DIRECTION
AVEC LE CONCOURS DE
M. JULES RICHARD
Docteur ès-sciences, chargé des Travaux zoologiques à bord
Fascicule X
Poissons provenant des campagnes du yacht VHlRONDELLE
(i885-i888)
Par ROBERT GOLLETT
AVEC SIX PLANCHES
IMPRIMERIE DE MONACO
1896
c isCbib
POISSONS
PROVENANT
DES CAMPAGNES DU YACHT V HIRONDELLE
(i885-i888)
POISSONS
PROVENANT
DES CAMPAGNES DU YACHT L'HIRONDELLE
(i 885-1 !
PAR
Robert COLLETT
INTRODUCTION
Les Poissons recueillis pendant les campagnes de V Hirondelle (i 885- 1888), et
dont S. A. S. le Prince de Monaco a bien voulu me confier l'étude, forment une
importante collection de quatre-vingt-quinze espèces. Cet ensemble présente un
grand intérêt non seulement pour la connaissance de la faune de l'Atlantique Nord,
mais encore pour celle de la distribution géographique et bathymétrique d'un certain
nombre de formes remarquables obtenues jusqu'à 2000 m de profondeur.
Tous les moyens ont été employés pour former les collections de Y Hirondelle :
le chalut, appareil classique plus ou moins modifié et perfectionné; les nasses, dont
l'usage dans les grandes profondeurs a été inauguré par le Prince de Monaco et qui
ont donné des résultats excellents ; les filets de surface ou de profondeur ; l'examen
du contenu de l'estomac de certains animaux capturés à la surface par des procédés
divers ; la visite du marché au poisson de différentes villes du continent et des
Acores, etc.
C'est le chalut qui a fourni le plus grand nombre d'espèces ; mais les animaux,
généralement délicats, qui sont pris avec cet appareil reviennent trop souvent dans
un état de conservation médiocre, à cause des frottements auxquels ils sont soumis
IV
pendant que le filet traîne sur le fond. D'autre part, un certain nombre de Poissons,
sans doute plus agiles que les autres, évitent cet engin, tandis qu'ils entrent d'eux-
mêmes, et souvent en grand nombre, dans les nasses. C'est en particulier le cas de
Simenchelys parasiticus Goode et Bean, espèce dont beaucoup d'exemplaires ont été
capturés, à diverses reprises, dans des nasses immergées jusqu'à 2ooo m dans la région
des Açores ; le chalut, au contraire, n'a pas ramené un seul spécimen de cette espèce,
bien qu'il ait été traîné sur des points où les nasses avaient montré l'abondance de ce
Poisson. Il ne faut pas oublier cependant que les nombreux spécimens qui ont servi
pour la description de cette forme ont été obtenus au large des Etats-Unis par le
moyen du chalut. Ce fait, peu d'accord en apparence avec ce qui a été observé aux
Açores, tient peut-être simplement à ce que le filet a été traîné dans cette dernière
région avec une vitesse moins considérable que sur les côtes d'Amérique. C'est
peut-être aussi de cette façon qu'il faut expliquer le nombre restreint des Poissons
pris dans chaque coup de filet de V Hirondelle.
L'étude des matériaux ainsi réunis m'a permis d'établir tout d'abord six espèces
nouvelles pour la science; cinq d'entre elles ont été décrites dans des Notes prélimi-
naires données au Bulletin de la Société Zoologique de France l . La sixième (Macrurus
hirundo) est signalée pour la première fois dans le présent Mémoire en même temps
qu'une forme du genre Lycodes, considérée aussi, mais avec quelque doute, comme
espèce nouvelle. L'examen approfondi d'un exemplaire bien conservé m'a conduit,
en outre, à placer dans un genre nouveau fHalosauropsisJ YHalosaurus macrochir de
Gtinther, remarquable par ses organes photodotiques que je décris avec détail.
On peut diviser en quatre régions la partie de l'Atlantique Nord d'où proviennent
les Poissons recueillis pendant les campagnes de Y Hirondelle : i° le Golfe de
Gascogne ; 2° la pleine mer entre le Golfe de Gascogne et les parages des Açores, du
12° au 23° de longitude O.; 3° la région des Açores, du 23° au 38° de longitude O.;
4° la région qui s'étend de celle des Açores à Terre-Neuve, au delà du 38° de
longitude O. Les quatre listes suivantes, disposées suivant l'ordre zoologique, et
correspondant à ces quatre régions, indiquent la profondeur, ou les profondeurs
extrêmes d'où proviennent les différentes espèces; on voit de suite que c'est dans les
eaux des Açores que la quantité en est le plus considérable ; cela tient aux nombreuses
recherches effectuées dans le voisinage de ces îles.
* Consultez, pour plus de détails les n°s 8®, 40, 44, 48, de V Index bibliographique (p. 181), ainsi que
les n°s t ? <% 9 g$ ? 4 ? S e rapportant aux publications du Prince Albert de Monaco.
Dans une de mes Notes préliminaires (89), j'ai décrit sous le nom de Conchagnatus Grimaldii un Murénidé,
qu'une étude plus complète de la bibliographie a montré identique à Simenchelys parasiticus Goode et Bean.
Je désire faire observer que le présent Mémoire était terminé dès la fin de 1892; ce n'est qu'en cas de
nécessité que j'ai cité les travaux postérieurs à cette date, lorsqu'il y avait un intérêt réel à le faire.
Enfin, je dois dire que dans la description des espèces, la longueur totale s'étend de l'extrémité du museau,
la bouche étant fermée, jusqu'à l'extrémité de la caudale (mesure prise en ligne droite). La hauteur du corps est
la plus grande distance qui sépare le bord dorsal du bord ventral (nageoires non comprises). La longueur de la
tête est la distance du bout du museau au bord postérieur de l'opercule.
GOLFE DE GASCOGNE
i Pristiurus melanostomus (Rafinesque),
i55 m .
2 Scyllium canicula (Linné), i55 m .
3 Serranus atricauda Gunther 1 , ?
4 Scorpeena ustulata Lowe, i34 m -248 m .
5 Sebastes dactylopterus (Delaroche), i34 m .
6 — Kuhli (Bowdich), ?
7 Trachurus trachurus (Linné), surface.
8 — picturatus (Bowdich), ?
9 Capros aper (Linné), surface.
io Thunnus alalonga (Gmelin), surface.
ii Lebetus orca (Collett), i66 m .
1 2 Callionymus maculatus Rafinesque, 1 34 m -
i8o m .
i3 Rlennius ocellaris Linné, i55 m .
14 Lepadogasterbimaculatus(Pennant),63 m .
1 5 Acantholabrus Palloni (Risso), 1 20™- 1 34™.
16 Julis julis (Linné), I4 m .
17 Merlucius merlucius (Linné), i36 m -248 m .
18 Onus biscayensis Collett, i55 m -5io m -
363 m ).
19 Lepidorhombus megastoma (Donovan),
I4 m -i55 m .
20 Lepidorhombus Bosci (Risso), 248 m .
21 Arnoglossus lophotes Gtïnther, i34 m -
i8o m .
22 Solea variegata (Donovan), i55 m -i65 m .
23 Scopelus caninianus Cuv. et Val., surface.
24 Paralepis pseudocoregonoides Sarato,
surface.
2 5 Scombresox saurus (Walbaum), surface.
26 Clupea pilchardus (Walbaum), surface.
27 Syngnathus acus Linné, 63 m .
28 Branchiostoma lanceolatum (Pallas), 63 m .
* L'indication de la profondeur est remplacée par un point d'interrogation pour un certain nombre d'espèces
qui ont été achetées soit au marché au poisson de différentes villes, soit à des pêcheurs.
VI
PLEINE MER ENTRE LE GOLFE DE GASCOGNE ET LES AÇORES
i
2
3
4
5
6
7
Polyprion cernium Val., surface.
Trachurus trachurus (Linné), surface.
Schedophilus medusophagus Cocco, sur-
face.
Cubiceps gracilis (Lowe), surface.
Thunnus alalonga (Gmelin), surface.
Scopelus Humboldti (Risso), surface.
— Rissoi Cocco, surface.
— maderensis (Lowe), surface.
9 Scopelus Coccoi Cocco, surface.
io Plagyodus sp., surface.
1 1 Scombresox sauras (Walbaum), surface.
1 2 Sternoptyx diaphanus Hermann, surface.
i3 Maurolicus attenuatus Cocco, surface.
14 Cyclothone microdon (Gùnther), i3oo m -
2200 m .
i5 Nerophis aequoreus (Linné), surface.
16 Mola mola (Linné), surface.
VII
MER DES ACORES
i Serranus atricauda Gûnther, ?
2 Polyprion cernium Valenciennes, surface.
3 Box boops (Linné), ?
4 — salpa (Linné), ?
5 Pagellus centrodontus (Delaroche), i2o m .
6 — acarne (Cuv. et Val.), ?
7 Scorpsena ustulata Lowe, i3o m .
8 Sebastesdactylopterus (Delaroche), Ô2o m .
9 — maderensis (Cuv. et Val., io m .
i o Hoplostethus atlanticum (Collett), 1 557 m .
1 1 Lepidopus caudatus (Euphrasén), ?
12 Trachurus picturatus (Bowdich), ?
i3 Lichia glauca (Linné), ?
14 Capros aper (Linné), surface.
i5 Centrolophus pompilus (Risso), surface.
16 Lirus Bennetti (Lowe), surface.
17 Scomber colias Gmelin, ?
18 Echeneis brachypterus Lowe, surface.
19 Blennius galerita Linné, ?
20 — sanguinolentus Pallas, littoral.
21 Sphyreena sphyrsena (Linné), ?
22 Julis julis (Linné), io m .
23 Phycis phycis (Linné), ?
24 Onus guttatus Collett, ?
25 Macrurus hirundo n. sp., i2Ô6 m .
26 — œqualis Gûnther, 86 i m .
27 — sclerorhynchus Val., 800.
28 — Gûntheri Vaillant, i85o m .
29 — italicus (Giglioli), 8oo m -927 m .
30 Macrurus sp., i384 m .
3 1 Bathygadus melanobranchus Vaillant,
i557 m .
32 Bathygadus longifilis Goode et Bean,
1287™.
33 Arnoglossus lophotes Gûnther, i3o m .
34 « Charybdia Rûppeli » (Cocco), surface.
35 Platophrys podas (Delaroche), ?
36 Symphurus nigrescens Rafinesque, 454™.
37 Saurus saurus (Linné), ?
38 Bathypterois dubius Vaillant, i3oo m -
i384 m .
39 Scopelus Coccoi Cocco, surface.
40 Belone sp., surface.
41 Sternoptyx diaphanus Hermann, i3oo m .
42 Argyropelecus Olfersi Cuvier, surface.
43 Cyclothone microdon (Gûnther), i2i3 m .
44 Photostomias Guernei Collett, n38 m .
45 Xenodermichthys socialis Vaillant, 696 m .
46 Halosaurus johnsonianus Vaillant, 1 287 111 -
i3oo m .
47 Halosauropsismacrochir(Gûnth.), 1 2>^2 m .
48 Anguilla anguilla (Linné), littoral.
49 Synaphobranchus pinnatus, (Gronovius),
844 m -i386 m .
50 Simenchelys parasiticus Goode et Bean,
844 m -2ooo m .
5i Nerophis œquoreus (Linné), surface.
52 Mola mola (Linné), surface.
VIII
PLEINE MER ENTRE LES ACORES ET TERRE-NEUVE
i Raja radiata Donovan, i55 m .
2 Naucrates ductor (Linné), surface.
3 Psenes maculatus Liitken, surface.
4 Antennarius histrio (Linné), surface.
5 Aspidophoroides Olriki Liitken, i55 m .
6 Notacanthus rostratus Collett, 1267™.
7 Lycodes n. sp.?, i55 m .
8 Antimora viola (Goode et Bean), 1267™.
9 Macrurus rupestris (Mûller), i55 m .
10 — holotrachys Gûnther, 1267™.
1 1 Hippoglossoides platessoides (Fabricius),
i55 m .
12 Glyptocephalus cynoglossus (Linné),
i5o m .
i3 Scopelus caninianus Cuv. et Val., sur-
face.
14 Scopelus maderensis Lowe, surface.
i5 — Coccoi Cocco, surface.
16 Scombresox saurus (Walbaum), surface.
17 Exocoetus Holubi Steind., surface.
18 Salmo salar Linné, ?
1 9 « Leptocephalus dentex » Cantor, surface.
20 Monacanthus hispidus (Linné), surface.
21 — pullus Ranzani, surface.
PARTIE DESCRIPTIVE
PALJEICHTHYES
Famille des SCYLLIID^E
Pristiurus melanostomus, (Rafinesque)
1810. Galeus melanostomus , Rafinesque (180 { ), p. i3.
1832-1841. Pristiurus melanostomus, Bonaparte (49 1 ), fasc. 7.
1888. Pristiurus atlanticus, Vaillant (1848), p. 59.
Campagne de 1886 : Stn. 55, profondeur i55 m . Côte nord d'Espagne. — Un
exemplaire pris au palancre.
Cet exemplaire était un mâle complètement développé, muni de longs appareils
copulateurs, et conforme sous tous les rapports aux exemplaires que l'on trouve sur
la côte de Norvège.
Longueur totale o m 6 1 o
Longueur de la tête (jusqu'au bord postérieur de la
dernière fente branchiale) o m 1 1 5
L'estomac contenait les débris d'un Crustacé appartenant probablement au
genre Munida.
Vaillant (313, p. 5 9) a considéré en 1888 comme une nouvelle espèce, sous le
nom de P. atlanticus, une jeune femelle de o m 44o de longueur totale, prise au large
du cap Spartel à 540™ de profondeur. Il signale comme caractère essentiel de cette
nouvelle espèce ce fait que « les dents ont leur pointe médiane plus robuste, moins
allongée, et latéralement on trouve deux denticules au lieu d'un seul ». Ce caractère
est mis en évidence par les figures i d et 2 a de la planche 1, représentant les dents des
1 Les chiffres imprimés en caractères gras entre parenthèses renvoient aux numéros de l'Index biblio-
graphique placé à la fin du Travail.
— 2 —
deux espèces. Chez l'exemplaire recueilli par V Hirondelle sur la côte nord d'Espa-
gne, chaque dent a, en général, d'un côté un denticule, de l'autre deux ; il en est de
même de quelques exemplaires provenant du fjord de Trondhjem (Norvège), et que
j'ai précisément sous les yeux. Un exemplaire provenant de Naples, et qui se trouve
au Musée de l'Université de Christiania, a même deux à trois denticules de chaque
côté de la pointe médiane. Ce caractère ne saurait donc être considéré comme de
valeur spécifique.
Les autres caractères signalés par Vaillant semblent présenter eux aussi des
transitions insensibles. Ainsi, chez le spécimen de Naples, la dernière fente bran-
chiale n'a guère plus de la moitié de la hauteur de la première. On ne saurait donc
considérer P. atlanticus comme étant d'une autre espèce que P. melanostomus.
Habitat. — De même que Spinax spinax (Lin.) et un nombre assez considérable
d'espèces de Téléostéens habitant les eaux profondes, ce Poisson est plus ou moins
fréquent sur les côtes du nord de l'Europe et dans la Méditerranée, tandis qu'il est
rare et même, sur plusieurs points, fait complètement défaut dans toute la zone
intermédiaire.
Sur les côtes de Norvège il est assez localisé, mais il est en somme fréquent
dans tous les fjords d'une certaine profondeur, dans celui de Trondhjem en
particulier ; le point le plus septentrional où il ait été observé jusqu'ici est situé près
de Troms0 (69 3o' lat. nord), où on l'a péché à 470 111 de profondeur (38, p. 1 17).
Dans le Cattégat et dans la Mer du Nord, P. melanostomus est déjà rare et on
ne l'y trouve qu'isolément; il est un peu moins rare sur les côtes de la Grande-
Bretagne. Dans le Golfe de Gascogne encore, il semble être peu fréquent; d'après
Moreau (17©, vol. 1, p. 286), on n'en a trouvé jusqu'ici que quelques exemplaires
isolés dans la baie d'Arcachon et au large du cap Finisterre. Le spécimen de
V Hirondelle a été pris au large du cap Penâs.
On rencontre enfin P. melanostomus le long des côtes du Portugal ainsi que dans
l'Atlantique, autour de Madère ; dans la Méditerranée il est plus ou moins abondant,
au moins jusqu'en Sicile.
Scyllium canicula, (Linné)
Campagne de 1886 : Stn. 55, profondeur i55 m .
Deux exemplaires, un mâle et une femelle, ont été pris en même temps que
Pristiurus melanostomus, le 3 août 1886, sur la côte nord d'Espagne, à une profon-
deur de i55 m ; mais ils n'ont pas été conservés. Par contre, on a gardé deux œufs
extraits de l'ovaire de la femelle.
— 3 —
Famille des RAJID^E
Raja radiata, Donovan
1780. Raja fullonica, Fabricius nec Linné (64), n° 87, p. 125.
1808. Raja radiata, Donovan (S 1 ?), vol. 5, pi. 114.
Campagne de 1887 : Stn. 162, profondeur i55 m . — Deux exemplaires.
L'un des exemplaires était une femelle complètement développée et de dimen-
sions plus grandes que les spécimens d'Europe que j'ai examinés jusqu'ici. Elle est
en tout semblable aux exemplaires provenant du Spitzberg et des côtes norvégiennes.
Longueur totale o m 730
Du bout du museau à la naissance de la queue (longueur
du disque) o m 440
Longueur de la queue o m 280
Largeur du disque o m 56o
Les épines de la ligne médiane étaient au nombre de quatorze, dont deux sur
la partie antérieure, quatre sur la partie postérieure du dos et huit sur la queue.
Les épines latérales de la queue sont fortes et nombreuses ; elles forment deux
à trois rangées irrégulières de chaque côté de la ligne médiane.
Le dessous de la queue était, chez cet exemplaire, pour la plus grande partie
d'un brun noirâtre ; il y avait également quelques taches d'un brun noirâtre au bord
de la partie inférieure des pectorales.
Le second exemplaire était jeune, mesurant o m i82 de longueur totale; la
largeur du disque était de o m 142; les épines de la ligne médiane étaient comme chez
le spécimen plus âgé.
Ni l'un ni l'autre de ces spécimens n'avait d'épine entre les deux dorsales ; il en
existe une chez environ 25 % des individus provenant des côtes arctiques de
Norvège et que j'ai examinés.
Habitat. — Raja radiata habite les mers arctiques et le nord de l'Atlantique
sur les côtes d'Europe et d'Amérique. Il remonte jusqu'au nord du Spitzberg, où on
l'a trouvé à 83ç) m de profondeur, près de Norsk-Ôerne (à 79 59' lat. nord), en même
temps que Raja hyperborea Collett. C'est le point le plus septentrional où l'on ait
rencontré des espèces de cette famille (37, p. 14). Vers l'est, il est encore très
répandu dans la Mer Blanche, mais on ne l'a pas trouvé jusqu'ici dans la Mer de
Kara.
Raja radiata est abondant aussi sur toutes les côtes de Norvège et on le trouve
fréquemment dans la Mer du Nord et le Cattégat ;' d'après Môbius (168, p. 272)5.
il est rare dans la baie de Kiel et fait complètement défaut dans la mer Baltique.
Il est également rare dans la Manche et sur les côtes de France, où il a été pris,
d'après Moreau, près d'Arcachon.
Au sud du Groenland et sur les côtes d'Islande il est commun, et déjà au
siècle dernier plusieurs auteurs de ces pays le mentionnent sous le nom de Raja
fullonica.
Sur la côte est de l'Amérique du Nord il se rencontre, d'après Goode et Bean
(93, p. 28), le long de la Nouvelle-Ecosse et jusqu'à la baie du Massachusetts, à
40 20' de latitude nord.
TELEOSTEI
Famille des PERCID^E
Serranus atricauda, Gûnther
(PL 1, fig. 1)
1874. Serranus atricauda, Gûnther (106), p. 23o.
1889. Serranus atricauda, Hilgendorf (11818), p. 206.
1890. Serranus atricauda, Jordan et Eigenmann (ISO), p. 404, 410.
1891. Serranus atricauda, Steindachner (1809), p. 35 1.
Campagne de 1886 : Golfe de Gascogne. — Un exemplaire.
Campagne de 1887 : Fayal, Açores. — Deux exemplaires.
Le premier des exemplaires est jeune ; les deux autres sont très grands. Chez
tous les trois les viscères ont été enlevés, de sorte qu'il est impossible de déterminer
le sexe, etc.
Serranus atricauda, qui tient à peu près le milieu entre le S. scriba (Lin.) et le
S. cabrilla (Lin.), a été distingué comme espèce en 1874 par le D r Gûnther, d'après
des exemplaires appartenant au British Muséum et provenant de différentes localités
de l'Atlantique occidental. Il ressemble au S. scriba par sa ligne latérale, relative-
ment éloignée du profil supérieur du corps; on compte en effet jusqu'à douze
écailles dans une rangée allant de la ligne latérale à la dorsale. Il se distingue, par
contre, de S. scriba par ses écailles plus petites et plus fortement dentelées.
Il ressemble à S. cabrilla par les longues dents de ses arcs branchiaux et ses
écailles relativement petites et fortement dentelées; mais, d'autre part, chez
S. cabrilla, les écailles situées entre la dorsale et la ligne latérale ne sont qu'au
nombre de cinq ; cette dernière espèce a la ligne latérale plus rapprochée du profil
supérieur du corps. Chez ces deux types, Pinteropercule est également nu, tandis
que chez le S. scriba il est recouvert d'écaillés.
5. atricauda diffère des deux autres espèces susmentionnées par la coloration,
par la hauteur du tronc, qui est un peu moins grande, et par d'autres caractères
moins apparents.
— 5 —
La description la plus récente de cette espèce a été faite par Steindachner
en 1891, d'après plusieurs exemplaires recueillis en 1889-1890 aux Canaries. Stein-
dachner indique le nombre des écailles de la ligne latérale, percées d'un pore,
comme étant de soixante-quinze à quatre-vingt-quatre sur le corps proprement dit,
et de six à sept sur la caudale. Il démontre aussi que la figure donnée par Guichenot
en i85o ÎOI, pi. 1) pour S. cabrilla, représente en réalité S. atricauda ; ce dernier
auteur fait du reste observer dans le texte, que l'exemplaire figuré doit plutôt être
considéré comme appartenant à une espèce différente de S. cabrilla, bien qu'il ne lui
ait cependant pas donné de nom.
PROPORTIONS Exemplaires :
abc
Longueur totale o m 228 o m 370 o m 4io
Longueur de la tête (jusqu'à l'extrémité de la
mandibule) o m oj2 o m 112 o m 123
Hauteur du tronc o m o56 o m o84 o m 09i
Longueur du museau (jusqu'à l'extrémité de la
mâchoire supérieure) o m 02o o m o33 o m o35
Diamètre longitudinal de l'œil o m oi3 o m oi8 o m 020
Longueur du maxillaire supérieur et de l'inter-
maxillaire , o m o3o o m 048 o m o5 1
Longueur du bout du museau à l'anus o m 120 o m 186 o m 2i 1
La longueur totale comprend donc environ trois fois et un tiers (3, 16 à 3, 33) la
longueur de la tête, et de quatre à quatre fois et demie (4, 07 à 4, 5o) la hauteur
du tronc.
L'œil est compris dans la longueur de la tête (jusqu'à l'extrémité de la mandi-
bule), chez le jeune individu de cinq à cinq fois et demie, chez les adultes jusqu'à plus
de six fois ; il est de beaucoup plus court que le museau, et chez les plus grands
individus il est compris une fois trois quarts dans la longueur de celui-ci.
La hauteur du tronc, chez les trois individus, est comprise de quatre fois à près
de quatre fois et demie (4,07 à 4,40) dans la longueur totale.
Le préopercule est fortement crénelé, et les crénelures les plus longues et les
plus larges se trouvent sur la partie inférieure du bord perpendiculaire.
Les dents des arcs branchiaux sont longues et minces; sur la partie supérieure,
horizontale, du premier arc branchial, il y a sept dents, dont les premières sont
courtes et rudimentaires ; sur la partie inclinée il y a, outre deux ou trois dents
rudimentaires tout à fait en bas, dix dents dont les supérieures, qui sont les plus
longues, mesurent près de la moitié du diamètre de l'œil.
Nombre des rayons : D. 10 | i5; A. 3 | 8; P. 16-17.
La caudale n'est arrondie que chez les plus grands individus ; chez les exem-
plaires de moyenne taille faj, elle est coupée presque verticalement, et chez un jeune
exemplaire de Madère 1 , elle est nettement échancrée.
Les écailles sont relativement petites ; entre la ligne latérale et le deuxième
rayon épineux de la dorsale il y a onze, parfois douze écailles. L'interopercule est
nu ; les écailles du préopercule sont fortement dentées, tandis que chez S. scriba,
elles ne sont pourvues que de quelques dents assez faibles; parfois même, elles n'en
ont pas du tout.
La membrane interradiaire des nageoires verticales est écailleuse comme chez
S. scriba et 5. cabrilla.
Il est impossible de déterminer d'une manière certaine le nombre d'écaillés de
la ligne latérale, les rangées sont en quelques endroits tout à fait irrégulières ; en
outre, plusieurs des écailles de la ligne latérale ne sont pas percées d'un pore
muqueux. Le nombre des rangées transversales d'écaillés, à partir du commen-
cement de la ligne latérale, derrière l'opercule, jusqu'à la naissance de la caudale,
est de cent environ. Gùnther en indique cent quinze (ÎOG, p. 23o).
La coloration est caractéristique chez tous les exemplaires que nous avons sous
les yeux. De même que chez 5. cabrilla et S. scriba, il y a sur le tronc des bandes
transversales foncées; mais deux de ces bandes, situées à peu près au milieu du
corps, sont plus larges que les autres et séparées au milieu par une bande plus étroite.
De ces deux larges bandes, la postérieure est placée au-dessus de l'anale et s'étend
depuis le commencement de cette nageoire jusqu'au quatrième environ de ses
rayons mous, tandis que l'antérieure s'étend du septième au neuvième rayon épineux
de la dorsale. En avant et en arrière de ces bandes, il y en a d'autres un peu plus
étroites. Les bandes sont moins nettes au-dessus de la ligne latérale, qui est de
couleur claire; tout le dos est foncé. Les angles de la caudale sont noirs; chez les
plus grands individus, la caudale est entièrement bordée de noir.
Les parties molles des nageoires verticales sont couvertes de petites taches
bleuâtres; entre l'oeil et le bord du préopercule, il y a trois lignes bleuâtres; chez
quelques individus, il n'y en a qu'une qui soit visible, celle du milieu.
Habitat. — Gûnther nous a déjà fait connaître en 1874 cette espèce, qui avait
été signalée à Madère, aux Açores et aux Canaries, ainsi qu'à Mogador (Maroc);
mais il est probable qu'on l'a souvent confondue avec une des espèces susmention-
nées et qui s'en rapprochent beaucoup. Deux des exemplaires de V HIRONDELLE
provenaient également des Açores, le troisième, du Golfe de Gascogne.
Polyprion cernium, Valenciennes
1824. Polyprion cernium, Valenciennes («14), p. 265.
Campagne de 1886 : Stn. 72, surface. Cinquante et un exemplaires.
Campagne de 1888 : Stn. 181, surface. Dix-neuf exemplaires. — Stn. 25 1,
* Conservé au Musée de l'Université de Christiania et mesurant i5omm de longueur totale.
— 7 —
surface. Quatre exemplaires. — Stn. 259, surface. Un exemplaire. — Stn. 261,
surface. Quatre exemplaires.
Trois exemplaires de taille moyenne ont été seuls conservés.
Habitat. — P. cernium, espèce européenne, est très répandu dans une grande
partie de l'Océan Atlantique et de la Méditerranée. Il semble être particulièrement
commun dans l'ouest de la partie centrale de l'Atlantique ; il est fréquent autour de
Madère et des Canaries, et il l'est également plus ou moins dans la Méditerranée, le
long des côtes d'Espagne et d'Italie, de Sicile et de Malte, et dans la Mer Adriatique
où il remonte jusqu'à Trieste et Venise ; on le rencontre jusqu'en Grèce (Heldreich.)
Il a été décrit par Kossmann et Rauber, en 1877, sous le nom de Pseudoserranus
bicolor (1 1©, p. 7), d'après des spécimens trouvés dans la Mer Rouge, où il a
évidemment pénétré après l'ouverture du Canal de Suez. Polyprion cernium existe
aussi au large de la côte nord de l'Afrique, ainsi que le long du Portugal et dans
le Golfe de Gascogne ; dans la Manche et sur la côte sud de l'Angleterre, il n'est pas
fréquent, et il semble ne pas appartenir régulièrement à la Mer du Nord. Cependant,
on en a pris trois exemplaires sur les côtes de Norvège, un à Bergen, en juillet 1843,
et deux à l'entrée du fjord de Christiania, en 1882 et 1889 (6o° 25' lat. nord). Ces deux
derniers, dont la longueur totale était de o m 3go à o m Ô25, se trouvent au Musée
de l'Université de Christiania. Enfin, d'après Jordan et Gilbert (133, p. 532), on en
a rencontré un exemplaire isolé sur la côte est de l'Amérique du Nord.
Il n'est guère encore possible de décider si les exemplaires pris au Cap appartien-
nent à l'espèce qui nous occupe. Dans les eaux américaines, il est remplacé par
P. oxygeneios Bloch-Schneider 1801; dans les mers du Sud, par P. Kneri Steind. 1875
(3G1, p. 1) et Sauvage (190, p. 9). Ces deux espèces se rapprochent extrêmement
l'une de l'autre et il est, en général, difficile de les distinguer du type européen.
S. A. le Prince Albert de Monaco (3) écrit, au sujet des exemplaires de
V Hirondelle 1 :
« Les épaves, suffisamment anciennes pour s'être chargées d'Anatifes, sont
« presque toujours suivies de Poissons assez gros ; six d'entre elles, visitées en juillet
« et septembre derniers, ont fourni 28 Mérous (Polyprion cernium) pesant ensemble
« 3o8 livres. Parfois, durant cette campagne et les campagnes précédentes, on a
« prélevé sur l'une de ces troupes de Poissons la quantité que l'on en voulait (un jour
« même jusqu'à 3oo livres) sans que leur nombre eût sensiblement diminué. »
Cette particularité de se cacher sous des morceaux de bois, des épaves et autres
objets flottants, a aussi été remarquée chez les exemplaires observés sur les côtes de
Norvège. Ainsi, le dernier que l'on a pris avait élu domicile dans un baril vide que
l'on put facilement retirer de la mer sans que le Poisson essayât de s'échapper.
1 Voir également au sujet des Polyprion : S. A. le Prince de Monaco, Deuxième campagne scientifique
de V HIRONDELLE dans l'Atlantique Nord, Bullet. Soc. de Géographie de Paris, 1887.
Famille des SPARID^E
Box "boops, (Linné)
1766. Sparus boops, Linné (145), vol. 1, p. 469.
i83o. Box vulgaris, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 6, p. 348.
1871-1872. Box boops, Canestrini (££), p. 87.
Campagne de 1887 : Fayal, Açores. Un exemplaire provenant du marché.
Habitat. — Ce Poisson est commun dans la Méditerranée jusqu'en Grèce
(Apostolidès), et autour de la presqu'île ibérique jusque dans le Golfe de Gascogne ;
deux exemplaires ont été trouvés dans la Manche, sur la côte sud de l'Angleterre.
Dans l'Océan Atlantique, Box boops se rencontre, en outre, près de Madère et des
Canaries ; un exemplaire, trouvé près de Saint-Vincent (îles du Cap-Vert), est consi-
déré par Gûnther comme appartenant à une variété particulière, var. caraïbica
(I©8,p. 419)1.
Box salpa, (Linné)
1766. Sparus salpa, Linné (145), vol. 1, p. 470.
i83o. Box salpa, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 6, p. 357.
Campagne de 1887 : Fayal, Açores. Un exemplaire acheté en juillet sur le
marché où cette espèce était abondante.
Habitat. — De même que B. boops, Box salpa est plus ou moins commun dans
la Méditerranée, au moins jusqu'en Grèce (9, p. 23); le long des côtes atlantiques
de la presqu'île ibérique, il est moins fréquent que le précédent et, d'après Moreau,
il est déjà rare dans le Golfe de Gascogne. Jusqu'ici on ne l'a pas observé sur les
côtes d'Angleterre.
Il se trouve près de Madère et des Canaries et, vers le sud, le long de la côte
occidentale de l'Afrique (par exemple près de Mossamèdès et d'Anchieta) jusqu'au
Cap de Bonne-Espérance; d'après Gunther (19, p. 188), il y a au British Muséum
un exemplaire provenant de ce dernier endroit.
1 Gunther considère cet exemplaire comme provenant de Saint- Vincent aux Antilles, c'est pourquoi il lui
donna le nom de var. caraïbica an species nova? Jordan et Fesler (135bis, p. 529) pensent que l'exemplaire
désigné par Gunther (103, p. 419) sous le nom de var. caraïbica, provient d'une des îles du Cap-Vert appelée
aussi Saint- Vincent, et que Box boops n'a pas été rencontré jusqu'ici sur la côte d'Amérique. Ces mêmes
auteurs considèrent, du reste, la variété créée par Gunther comme identique au B. boops typique.
— 9 —
Pagellus centrodontus, (Delaroche)
1809. Spams centrodontus, Delaroche (53), p. 345.
ï83o. Pagellus centrodontus, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 6, p. 180.
Campagne de 1888 : Stn. 243, profondeur i20 m , détroit de Pico-Fayal, Açores.
Soixante-douze exemplaires pris dans une nasse; on n'en a conservé qu'un seul. —
Fayal, Açores. Un exemplaire jeune provenant du marché au poisson.
Ce dernier exemplaire a une longueur totale de o m 225 et se trouve précisément
dans la phase de son développement, où la tache noire, située à l'origine de la ligne
latérale, est à peine accusée par deux points noirs sur trois ou quatre des écailles les
plus rapprochées.
Habitat. — Ce Poisson est commun dans la Méditerranée jusqu'en Grèce et le
long des côtes ouest de l'Europe jusqu'en Angleterre. Quelques exemplaires isolés
ont été pris sur les côtes du Danemark et dans le Cattégat ; il stationne, sans toutefois
y être abondant, sur les côtes de Norvège jusqu'au fjord de Trondhjem, à 64 de
latitude nord, et l'on en a même rencontré de vrais bancs à quelques endroits (88,
p. 5i).
Ailleurs, il se trouve près des Canaries et des Açores ; dans cette dernière région
il est probablement très abondant. Il n'a pas été observé sur les côtes de l'Amérique.
Pagellus acarne, Cuvier et Valenciennes
i83o. Pagellus acarne, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 6, p. 196.
Campagne de 1887 : Fayal, Açores. Un exemplaire acheté au marché.
Habitat. — Cette espèce est abondante dans la Méditerranée, au moins jusqu'en
Sicile et à Malte ; il en est de même dans l'Adriatique et le long des côtes d'Italie et du
nord de l'Afrique ; elle est également commune dans l'Océan Atlantique, jusqu'au
Golfe de Gascogne, et on en a trouvé des exemplaires isolés dans la Manche, sur la
côte sud de l'Angleterre (51, vol. 1, p. 3g.)
Pagellus acarne se rencontre en outre près de Madère et des Canaries ; il est
depuis longtemps signalé aux Açores.
— 10 —
Famille des SCORP^ENID^E
> Scorpsena ustulata, Lowe
(PI. iv, fig. i5)
1840. Scorpœna ustulata, Lowe (1518), p. 36.
1860. Scorpœna ustulata, Gùnther (103), vol. 2, p. 110.
1882. Scorpœna ustulata, de Rochebrune (105), p. 86.
1888. Scorpœna ustulata, Bellotti (il), p 21 3, pi. iv a .
1888. Scorpœna ustulata, Kolombatovic (13»), p. 21.
1891. Scorpœna ustulata, Moreau (ÎVI), p. 26.
i8g3. Scorpœna ustulata, Kolombatovic (18»bi £ ), p. 18.
Campagne de 1886 : Stn. 44, profondeur i66 m . Un exemplaire. — Stn. 59,
profondeur 240 111 . — Stn. 58, profondeur i34 m . Deux exemplaires.
Campagne de 1888 : Stn. 226, profondeur i3o m . Détroit de Pico-Fayal. Un
exemplaire.
La connaissance exacte de cette espèce, établie par Lowe en 1840, d'après un
exemplaire provenant de Madère, est due à Gùnther, qui a donné en 1860 (103,
p. 110), une description détaillée des trois exemplaires types de Lowe, d'après le
manuscrit même de ce dernier auteur.
En 1867, Steindachner, qui n'avait alors à sa disposition qu'un seul exemplaire
jeune, est porté à croire que le S. ustulata n'est qu'une forme jeune de S. scropha
Linné; mais en 1888, Bellotti en a fait de nouveau l'objet d'une étude approfondie,
et il maintient d'une manière décisive et à juste titre que 5. ustulata forme une
espèce à part (11, p. 21 3, pi. iv, a).
S. ustulata se rapproche beaucoup de S. scropha; il lui ressemble par les dimen-
sions et le nombre des écailles de la ligne latérale, qui sont à peu près les mêmes,
ainsi que par le nombre des rayons. Cependant il est, en général, facile de l'en distin-
guer en ce qu'il a le museau beaucoup moins oblique et les yeux plus grands ; ceux-ci
sont un peu plus longs que le museau, tandis que l'œil de S. scropha est plus court que
la longueur du museau. Les joues, surtout chez les individus d'un certain âge, sont
granulées, tandis que chez S. scropha, elles sont toujours lisses. Les tentacules de la
tête ont presque disparu chez S. ustulata; il n'y a de constant qu'un court tentacule
sur le bord postérieur de la narine antérieure ; les jeunes individus ont généralement
en outre, deux ou trois tentacules au-dessus des orbites. Quant aux épines de la tête,
on remarque que les épines sous-orbitaires postérieures sont plus développées chez
S. ustulata que chez l'autre espèce. Enfin l'intermaxillaire est plus court et la bouche
beaucoup plus petite et plus horizontale que chez 5. scropha; chez cette dernière
espèce la mandibule est plus longue, chez S. ustulata, au contraire, plus courte que
les ventrales.
— II
Les nageoires sont aussi plus hautes et plus longues ; ainsi, le plus long rayon
épineux de la dorsale (le troisième ou le quatrième) est beaucoup plus long que
l'intermaxillaire, tandis que chez S. scropha ils sont plus courts. Dans l'anale, le
second rayon épineux, chez les jeunes individus, est plus long que le troisième ;
mais l'exemplaire que j'ai sous la main, et qui est complètement développé, les a
tous les deux de même longueur.
Les pectorales, ainsi que les ventrales, sont relativement beaucoup plus longues
que chez 5. scropha; l'extrémité des premières atteint le deuxième ou le troisième
rayon mou de la dorsale, et les ventrales atteignent la base de l'anale.
Mentionnons, enfin, que chez S. ustulata l'anus est plus rapproché du bout du
museau que de l'extrémité de la caudale, tandis que chez 5. scropha, c'est le contraire
qui se présente.
Les jeunes individus, dont nous avons trois exemplaires provenant du Golfe
de Gascogne, ont les nageoires relativement plus courtes que les vieux, et chez eux
la mandibule est à peu près de la même longueur que les ventrales.
La couleur de ce Poisson a été décrite d'une manière détaillée par les auteurs
mentionnés plus haut. Tous les exemplaires de V Hirondelle appartenaient à la
variété claire, fond rose avec de petites taches formées d'un assemblage de points.
Chez 5. ustulata, de même que chez S. scropha, la dorsale porte régulièrement une
tache noire bien distincte, qui s'étend du sixième au neuvième rayon épineux. Cette
tache se trouve aussi chez la plupart des individus que j'ai examinés, mais elle
fait défaut chez tous les exemplaires de Y Hirondelle. Chez un certain nombre de
jeunes individus provenant de Spalato, et que j'ai eu l'occasion d'étudier au British
Muséum, la tache est parfois petite, mais cependant toujours bien marquée.
L'espèce qui nous occupe a également été comparée au Sebastes maderensis
Cuv. et Val.; mais elle s'en distingue facilement par le sillon transversal du front,
derrière les orbites, qui est très prononcé.
Proportions de l'individu adulte :
Longueur totale o ra 195
» de la tête o m 069
Hauteur du tronc o m o58
Longueur de l'œil o m 022
» du museau o m oi8
» de l'intermaxillaire. o m 028
L'exemplaire en question était une femelle entièrement développée, ayant des
œufs arrivés presque à maturité.
L'estomac était bourré de petits Décapodes brachyures, parmi lesquels on
pouvait reconnaître des exemplaires d'un Lambrus, ainsi qu'un Xantho.
Les trois jeunes exemplaires du Golfe de Gascogne, recueillis à une profondeur
12 —
de i34 m à i66 m , avaient une longueur totale de o m o68 à o m 070. Ils étaient, sous les
rapports essentiels, conformes à l'individu adulte et appartenaient, comme nous
l'avons déjà dit, à la variété dépourvue de tache noire sur la dorsale.
Le plus petit exemplaire, d'une longueur totale de o m o68, est une femelle qui
a déjà des œufs développés dans les ovaires. Il est vraiment curieux de trouver
ainsi deux femelles appartenant à la même espèce, de dimensions si différentes, la
longueur totale de l'une atteignant à peine la longueur de la tête de l'autre, et ayant
toutes deux dans les ovaires des œufs au même degré de maturité *.
Habitat. — S. ustulata, décrit il y a déjà cinquante ans d'après des exemplaires
de Madère, où il est du reste rare, à ce qu'il paraît, a été ensuite négligé par les
auteurs jusqu'à ce que de Rochebrune, en 1882, le mentionnât comme se trouvant
sur les côtes de la Sénégambie. En 1888, Bellotti constata qu'il se rencontre en assez
grand nombre à Gênes et à Nice, ainsi qu'à Naples ; d'après ce dernier auteur, le
Musée de Gênes en possède également des exemplaires recueillis à Malte et à
Lagosta en Dalmatie. D'après Kolombatovic (f 39 bis , p. 18), il serait commun dans
cette région de l'Adriatique.
Cette espèce n'avait pas encore été observée aux Açores et dans le Golfe de
Gascogne, où ont été pris les exemplaires de Y Hirondelle.
Sebastes dactylopterus, (Delaroche)
1809. Scorpœna dactyloptera, Delaroche (53), p. 337.
1829. Sebastes imperialis, Cuvier et Valenciennes (48j, vol, 4, p. 336.
i855. Sebastes dactylopterus, Nilsson (lVô), p. 100.
Campagne de 1886 : Stn. 58, profondeur i34 m . Un exemplaire.
Campagne de 1887 : Stn. 1 14, profondeur 620™. Deux exemplaires pris dans une
nasse près de Sâo Jorge (Açores).
Le grand exemplaire, provenant des Açores, mesurait :
Longueur totale o m 490
Hauteur du tronc o m og3
Longueur de la tête o m 134
Diamètre de l'œil o m o39
Longueur du museau o m o29
L'estomac de cet exemplaire contenait des écailles d'un grand Poisson.
Habitat. — Sebastes dactylopterus est très répandu dans toute la Méditerranée,
ainsi que dans l'ouest et le nord-ouest de l'Océan Atlantique. Dans la Méditerranée,
* Outre les exemplaires ci-dessus mentionnés, il a encore été rapporté une tête détachée, recueillie à 240m
de profondeur au large de la cote nord d'Espagne, le 5 août 1886 (Stn. 5 7 ). Cette tête, d'une longueur totale
de i5 m *>, appartenant à un tout jeune individu, a été trouvée libre dans le fond du chalut. La longueur de
l'œil est de 5m m , celle du museau de 4mm 3.
— i3 —
on le trouve sur les côtes de l'Espagne, de l'Italie et du nord de l'Afrique, au moins
jusqu'en Sicile; mais il semble être rare dans l'Adriatique. Il est également commun
dans l'est de la Méditerranée; le British Muséum possède des exemplaires provenant
de Constantinople (35, app., p. 83).
Dans l'Atlantique, cette espèce est plus ou moins abondante au large des côtes du
Portugal, de même qu'à Madère et aux Canaries ; enfin, l'expédition du Travailleur
et du Talisman en a recueilli de nombreux exemplaires près des îles du Cap- Vert
et au large des côtes du Soudan jusqu'au banc d'Arguin (20 lat. nord) en i88o-83, à
une profondeur de 975™ (Vf 3 9 p. 368).
Cette même expédition recueillit également un 5. dactylopterus aux Açores,
d'où proviennent aussi deux des exemplaires de Y HIRONDELLE.
Vers le Nord, on le trouve, bien qu'il semble rare, dans le Golfe de Gascogne.
En 1889 on en a, d'après Gùnther, recueilli divers exemplaires au sud-ouest de
l'Irlande, à 25o brasses (45 y m ) de profondeur ; l'espèce fut alors citée comme nouvelle
pour la faune britannique (f f ©, p. 417). Holt (f Vf ter ) l'a aussi mentionnée dans les
eaux d'Irlande et, dernièrement, on en a trouvé un exemplaire sur la côte du
Yorkshire, en Angleterre (Clarke, 23 bis ).
Par contre, S. dactylopterus stationne le long de la côte de Norvège, depuis
Stavanger jusqu'à TromsO au moins (70 lat. nord). Il a été trouvé surtout au large
de Bergen, jusqu'à la profondeur de 3oo brasses (549 m ) ; on le voit souvent sur le
marché au Poisson de cette ville. En général, on n'en obtient qu'un petit nombre ;
cependant, même au large de TromsO, on en a pris à certaines occasions des quan-
tités considérables (3£, p. 20). Les exemplaires de Norvège, qui semblent être
séparés des autres endroits habités par l'espèce par une zone qui s'étend de la
Manche à Stavanger environ, sont absolument identiques aux exemplaires du sud.
Enfin, S. dactylopterus est commun le long des Etats orientaux de l'Amérique
du Nord où il a été pris ces dernières années en nombre assez considérable, le long
du Gulf-Stream, par la Commission des pêcheries des Etats-Unis.
Selbastes Kuhli, (Bowdich)
1825. Scorpœna Kuhlii, Bowdich (18), p. 123.
1841. Sebastes Kuhlii, Lowe (158), p. 176.
1843-1860. Sebastes Kuhlii, Lowe (154), p. 1 1 5.
1860. Sebastes Kuhlii, Gûnther (1©8), vol. 2, p. 102.
i863. Sebastoplus Kuhlii, Gill (8*), p. 207.
1867. Sebastes Kuhlii, Steindachner (ÎOS), p. 671.
1888. Sebastes Kuhlii, Vaillant (1813), p. 370.
i8g3. Sebastes Kuhlii, Vinciguerra (SS£ bis ), p. 18.
Campagne de 1887 : Golfe de Gascogne. Un exemplaire.
L'exemplaire recueilli était complètement développé ; les viscères étaient
enlevés, de sorte qu'il a été impossible d'en déterminer le sexe.
— 14 —
Longueur totale o m 385
Hauteur du tronc o m 1 07
Longueur de la tête o m 145
Deuxième ou troisième aiguillon (le plus long) de la
première dorsale o m 047
Deuxième aiguillon (le plus long) de l'anale o m 042
Longueur des pectorales o m 084
Diamètre de l'œil dans sa longueur o m o25
Espace interorbitaire o m oi4
Longueur du museau o m 047
Cette espèce, établie déjà en 1825, a été décrite d'une manière détaillée par
Lowe (£54, pi. xvn), qui en figure un exemplaire, ainsi que par Steindachner
en 1867, dans son Rapport sur un voyage en Espagne et en Portugal (£©£, p. 671).
Enfin, Gùnther a donné en 1860 une description détaillée du squelette ; le cerveau
a été décrit par Vaillant en 1888 (9£3, p. 370).
En i863, Gill fit de cette espèce le type d'un nouveau genre, Sebastoplus,
« distinguished by the serrated infraorbital crest, the form of the lower jaw, and the
« unarmed interval at the symphysis of the upper, as well as by the armature of the
« preoperculum and the simplicity of the pectoral rays » (83, p. 208). Plus tard,
d'autres naturalistes américains ont fait entrer dans le même genre S. dactylopterus
Delaroche; cette famille comprend donc les espèces « which hâve the gênerai
« characters of Sebastichthys, with the vertebrae and dorsal spines in smaller number
« as in Scorpœna » (££9, p. 896).
L'exemplaire que nous venons d'étudier a près de 38 centimètres et demi de long;
c'est donc un des plus grands individus que l'on ait examinés jusqu'ici. Aussi les
épines qui arment la tête sont-elles un peu moins accentuées que chez l'exemplaire,
plus jeune, figuré par Lowe. Quant aux autres descriptions que nous avons vues,
notre exemplaire n'en diffère que sur un seul point, à savoir que les rayons antérieurs
de la dorsale et de l'anale sont incontestablement plus courts que ce que l'on consi-
dère généralement comme typique chez cette espèce.
La tête de S. Kuhli est relativement grande; dans le cas présent, elle est
comprise deux fois deux tiers (2,65) dans la longueur totale.
La hauteur du tronc est comprise un peu plus de trois fois et demie (3, 5 9) dans la
longueur totale.
En comparaison du S. dactylopterus , le museau est relativement long et l'œil
petit ; le diamètre longitudinal de l'œil, un peu plus grand que la hauteur, est compris
cinq fois et huit dixièmes (5,8) dans la longueur de la tête, et chez les individus ayant
atteint un certain âge, près de deux fois dans la longueur du museau ; chez les jeunes,
le museau est plus court, mais cependant toujours plus long que l'œil. Chez les
individus âgés, l'espace interorbitaire est aussi plus grand que la moitié du diamètre,
de l'œil.
— i5 —
"Les rayons des pectorales sont tous simples dans toute leur longueur. Notre
exemplaire en a dix-huit de chaque côté ; Steindachner, Lowe et Gùnther indiquent
tous les trois le nombre dix-sept.
Dans la dorsale de cet exemplaire, le deuxième et le troisième rayons épineux
sont de même longueur, et extraordinairement courts, car ils sont compris trois fois
un tiers dans la longueur de la tête. En général, chez les exemplaires d'un certain
âge, ces rayons sont très allongés et ne sont compris que deux fois deux cinquièmes
à deux fois et demie (Steindachner 1 ), ou même deux fois (Gùnther), dans la longueur
de la tête.
Dans l'anale, les deuxième et troisième rayons épineux sont également de même
longueur ; ils sont un peu plus courts que les plus longs rayons épineux de la dorsale.
Sur la caudale, les écailles s'étendent le long des rayons presque jusqu'à leur
extrémité.
Le nombre des rayons était : D. 12 | 9 ; A. 3 | 5 ; V. 1 | 5 ; P. 18.
Habitat. — S. Kuhli est une espèce qui habite l'ouest de l'Atlantique ; elle est
surtout commune à Madère et aux Canaries. On ne l'a pas trouvée dans la Médi-
terranée ; le long du Portugal et de la côte ouest de l'Espagne, elle ne se rencontre
qu'en petite quantité d'après Steindachner et Brito Capello (90, p. 1 1). Jusqu'ici
on ne l'avait pas observée dans le Golfe de Gascogne, d'où provient l'exemplaire de
YHlRONDELLE.
Vers le sud il en a été pris, d'après Vaillant 2 , un nombre considérable (cinquante-
sept exemplaires) à une grande profondeur (140™ à 233o m ) par l'expédition du
Travailleur et du Talisman au large des côtes du Soudan jusqu'au banc d'Arguin,
à 20° de lat. nord.
Sebastes maderensis, (Cuvier et Valenciennes)
i833. Scorpœna madurensis, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 9, p. 463.
1841. Sebastes maderensis, Lowe (158), vol. 2, p. 175.
1843-1860. Sebastes maderensis, Lowe (154), p. 177.
1860. Sebastes maderensis, Gùnther (103), vol. 2, p. 102.
1867. Sebastes maderensis, Steindachner (SOS), p. 673.
1893. Sebastes maderensis, Vinciguerra (3£/8 bis ), p. 18.
1 Voici les proportions de deux jeunes exemplaires de Ténérife que j'ai eu l'occasion d'examiner au
Musée de Vienne, grâce à la bienveillance du professeur Steindachner :
a b
Longueur totale , o m 210 o m 214
» de la tête o m 078 o m 080
Deuxième rayon épineux de la dorsale o m 034 o m o35
Diamètre de l'œil , o m oi9 o m 02i
Longueur du museau o m 024 o m 023
2 En comparant entre elles les indications de la longueur du museau (25 mm ) et celle de l'œil (28 mm ), on
est porté à croire qu'il y a ici une faute d'impression, si toutefois l'exemplaire mesuré appartenait vraiment
à cette espèce (913, p. 372).
— i6 —
Campagne de 1888 : Stn. 237, profondeur io m . Côte ouest de l'île Praya de
Graciosa, Açores. Un exemplaire pris dans une nasse.
Le Sebastes maderensis, décrit pour la première fois par Cuvier et Valenciennes 1
en i833, d'après un exemplaire de Madère, a été depuis, de même que le S. Kuhli,
mentionné d'une manière plus détaillée par Lowe (154, p. 177), et en 1867 P ar
Steindachner (903, p. 673).
Il est facile de distinguer cette espèce du S. dactylopterus, en effet, l'extrémité
antérieure de la langue n'est pas libre et les mâchoires sont plus courtes, leur
extrémité postérieure ne s'étendant que jusqu'au prolongement du diamètre vertical
de l'oeil ; les épines de la tête et de l'opercule sont aussi plus saillantes, et ces parties
sont plus amplement pourvues de lambeaux cutanés. Il diffère en outre de S. Kuhli
par les rayons des pectorales, qui sont en partie branchus. Enfin, il se distingue de
ces deux espèces, non seulement par la couleur, mais encore par la taille qui est de
beaucoup plus petite (environ o m i5o). Il sert de transition au genre Scorpœna, et
il est même douteux que l'on puisse délimiter nettement ces deux genres.
L'exemplaire recueilli semble être presque complètement adulte.
Longueur totale o m 146
Hauteur du tronc o m o3g
Longueur de la tête o m o46
Diamètre de l'œil o m oi 1
Espace interorbitaire o m oo7
Le nombre des rayons était: D. 12 | 10.; A. 3 | 5; P. 16. — Lin. lat. 52 (26).
Le troisième rayon épineux de la dorsale est le plus long (22 mm ), à peu près de
même longueur que le quatrième; il atteint, par conséquent, la moitié environ de la
longueur de la tête. Sur les seize rayons des pectorales, il en a cinq, du deuxième au
sixième, à partir d'en haut, qui sont branchus; les autres sont simples.
La ligne latérale perfore vingt-six écailles, elle saute une écaille sur deux; le
nombre total des écailles de la ligne latérale, à partir du scapulaire jusqu'à la
naissance de la caudale, est donc d'environ cinquante-deux.
Habitat. — Sebastes maderensis se rencontre en grand nombre autour de Madère
et des Canaries, ainsi que dans les parages du groupe intermédiaire des îles Salvages
(£SO, p. 611); il est plus rare le long de la côte ouest de l'Espagne et du Portugal;
dans la Méditerranée, il semble être très rare; cependant, il y est probablement
disséminé sur une grande étendue, car Steindachner en a recueilli et à Malaga
et sur les côtes de Palestine (Beyrouth). Aux Açores, d'où provient l'exemplaire
de 1' Hirondelle, il semble n'avoir pas été observé jusqu'ici, non plus que dans le
Golfe de Gascogne.
1 Le nom de Scorpœna madurensis est évidemment une faute d'impression au lieu de S. maderensis.
- Famille des BERYCIDvE
Hoplostethus atlairticum, (Gollett) 1
(PI. in, fig. 12)
1889. Hoplostethus atlanticus, Collett (41), p. 3o6.
Campagne de 1888 : Stn. 2o3, profondeur i557 m . Florès, Açores. Un exemplaire.
Diagnose : Longueur de la tête, trois fois, hauteur du tronc, deux fois sept
dixièmes dans la longueur totale (y compris la caudale). Œil un peu plus long que le
museau, compris trois fois cinq dixièmes dans la longueur de la tête. Ecailles
excessivement petites, comprises sept fois dans la hauteur (le diamètre vertical) des
écailles de la ligne latérale ; à peu près cycloïdes et munies de quelques rares épines.
Plaques abdominales peu marquées et revêtues d'épines dirigées en arrière.
Rayons épineux de la dorsale et de l'anale, grêles ; ventrales, atteignant à peine
l'anus. Membrane branchiostège, soutenue par neuf rayons. 7
Nombre des rayons : M. B. 9; D. 6 | 17; P. 1 | 17; V. 1 | 6; A. 2 | 11 ; C. 78;
L. lat. 3o. ~5"
On ne connaissait jusqu'ici qu'une seule espèce du genre Hoplostethus, H. medi-
terraneum Cuvier et Valenciennes, dont on n'avait obtenu jusqu'à ces dernières
années que des individus isolés dans la Méditerranée, à Madère, dans la baie de
Ghesapeake (Amérique du Nord) et sur les côtes du Japon. Mais lors de l'expédition
du Travailleur et du Talisman, de 1880 à i883, cette espèce fut recueillie en grand
nombre (jusqu'à deux cent quarante-cinq individus) sur les côtes du Maroc, du
Soudan, aux Canaries et (un seul exemplaire) aux Açores (SIS, p. 378). La profon-
deur variait entre 140 111 et i435 m (en général de 5oo m à iooo m ).
La nouvelle espèce se distingue du H. méditer raneum principalement en ce
qu'elle a les yeux relativement plus petits, les écailles plus petites (sauf celles de la
ligne latérale), les boucliers de la carène abdominale peu marqués, et un plus grand
nombre de rayons.
PROPORTIONS
Longueur totale o m 1 35
ce de la tête o m 044
Hauteur du tronc o m o5o
De l'extrémité de l'intermaxillaire à l'œil o m oio
Diamètre de l'œil o m oi25
Espace postorbitaire de la tête o m 020
1 Le mot Hoplostethus est neutre, étant formé de ôrcXov arme, et ax^Ooç poitrine, substantifs grecs neutres.
Contrairement à l'usage général, on doit donc écrire H. atlanticum et non H. atlanticus.
3
— i8 —
Longueur de l'intermaxillaire o m o3o
Du bout du museau à la dorsale o m o55
Du bout du museau à l'anus o m 069
Longueur de la pectorale o m o3o
» de la ventrale o m 021
Hauteur à la naissance de la caudale o m 0095
Tête : la longueur totale, y compris la caudale, comprend trois fois la longueur
de la tête, et deux fois sept dixièmes (2,7) la plus grande hauteur du tronc.
La tête est comprise une fois six dixièmes (1,6) dans l'espace qui s'étend du bout
du museau à l'anus.
Le museau, à partir de l'extrémité de l'intermaxillaire, est compris quatre fois
quatre dixièmes (4,4) et l'œil trois fois cinq dixièmes (3,5), dans la longueur de la tête.
Le museau et l'œil semblent être donc tous deux relativement plus petits que chez
H. mediterraneum.
Le nombre des rayons de la membrane branchiostège est de neuf de chaque
côté, chez H. mediterraneum on n'en a observé que huit ; cependant Steindachner
(£©? p, 218) en a trouvé neuf d'un côté chez un exemplaire du Japon (var.japonica
Hilgendorf.)
Le nombre des lamelles du premier arc branchial est de seize.
La sculpture de la tête et le système dentaire correspondent dans leurs traits
généraux avec ce que l'on trouve chez H. mediterraneum.
Au dessus de l'épine du préopercule, qui est dirigé en arrière, il y a trois crêtes
transversales (la supérieure est peu marquée), dans la membrane qui réunit les deux
crêtes parallèles du préopercule. La partie inférieure des mandibules est munie
de crêtes semblables, en partie membraneuses.
Devant les orbites s'élève une crête épineuse qui va rejoindre la crête frontale ;
celle-ci se divise, en arrière, en un certain nombre de protubérances irrégulières qui
forment une ligne oblique interrompue, se dirigeant vers le commencement de la ligne
latérale. La dernière de ces protubérances est très saillante et irrégulièrement
découpée.
Les mâchoires et les palatins sont garnis de dents. Le vomer n'est pas denté,
mais il porte des rugosités presque imperceptibles.
Nageoires : la dorsale se compose de vingt-trois rayons, dont les six premiers
présentent le caractère des rayons épineux ; ils sont tous les six fort grêles et pas plus
solides que les rayons mous. Les deux premiers rayons articulés sont simples ; les
quatorze suivants sont branchus dans le tiers de leur longueur. Le dernier rayon est
branchu jusqu'à la base; ils sont tous couverts de fines épines.
La pectorale, qui atteint juste le commencement de l'anale, se compose des
deux côtés de dix-huit rayons, dont un rayon épineux, court et mince, et dix-sept
rayons articulés ; les deux premiers et les deux derniers de ceux-ci sont simples, les
autres branchus.
— 19 ~
Les ventrales n'arrivent pas jusqu'à l'anus ; elles sont formées de sept rayons,,
dont une épine et six rayons articulés.
L'anale a treize rayons dont deux épines courtes et onze rayons articulés. Le
troisième rayon semble être articulé dans sa moitié postérieure et inarticulé dans
sa moitié antérieure; on ne peut donc pas dire que ce soit un vrai rayon épineux.
Chez H. mediterraneum, le nombre des rayons est de trois-neuf à trois-onze.
La caudale est fortement échancrée ; à sa base se trouvent sept à huit épines
inarticulées ^dont la plupart sont libres et espacées à leur extrémité, toutes sont
courtes ; les rayons mous et articulés sont au nombre de neuf dans chaque moitié.
La caudale a donc en tout trente-trois rayons.
La teinte générale semble avoir été rouge sans dessins. Après avoir été conservé
dans l'alcool, le Poisson est blanchâtre, décoloré; la muqueuse qui tapisse la
bouche et les fentes branchiales est noire, ainsi que la paroi externe de l'estomac.
Les écailles sont excessivement petites ; elles mesurent à peine plus d'un milli-
mètre de diamètre ; elles sont à peu près circulaires et presque entièrement libres
ou découvertes ; sur leur partie couverte, elles peuvent avoir jusqu'à douze raies
concentriques (mais souvent moins) ; leur partie découverte porte trois à cinq épines
simples.
De chaque côté de la ligne latérale, les deux ou trois écailles les plus rappro-
chées sont un peu plus grandes que les autres et de forme oblongue.
Les écailles de la ligne latérale, au nombre de trente, sont larges (hautes) mais
étroites, avec une forte échancrure donnant place au pore membraneux. Le diamètre
horizontal de l'écaillé est de 2 mm , et le diamètre vertical (la hauteur) de r j mm . Elles
sont bordées en arrière de courtes spinules.
Sur les joues, au-dessus de l'extrémité postérieure du maxillaire supérieur, on
ne trouve que de vagues soupçons d'écaillés.
Les boucliers de la région abdominale ne sont que très faiblement développés.
Il y a bien une rangée d'une vingtaine environ de ces boucliers, mais ils ne sont
qu'indistinctement séparés et très peu proéminents ; chacun d'eux est couvert d'un
certain nombre de spinules dirigées dans divers sens, toutes à peu près de même
longueur, de sorte que la carène abdominale se présente de profil comme étant une
surface rugueuse, mais sans que l'on puisse distinguer les boucliers.
Les écailles, qui vont de la dorsale à l'occiput, forment une crête étroite, peu
saillante et épineuse, chacune d'elles est munie d'un certain nombre de spinules
plus hautes que celles des autres écailles.
L'estomac contenait des débris de Crustacés, parmi lesquels on reconnaissait un
Mysidé, ainsi qu'un exemplaire entier d'un Calanide, Rhincalanus cornutus (Dana).
Habitat. — H. atlanticum n'a été rencontré qu'aux Açores.
20
Famille des TRICHIURID^E
Lepidopus caudatus, (Euphrasén)
1788. Trichiurns candatus, Euphrasén (61), p. 48.
i85i. Lepidopus caudatus, White (fc£4), p. 32.
Campagne de 1888 : Fayal, Açores. Un exemplaire acheté au marché.
L'exemplaire était adulte (i m 45); les viscères avaient été enlevés.
La longueur de la tête est comprise six fois cinq dixièmes (6,5) dans la longueur
totale et trois fois deux dixièmes (3,2) dans la distance qui s'étend du bout du museau
à l'anus. La hauteur maxima du tronc est comprise treize fois huit dixièmes (i3,8)
dans la longueur totale.
Nombre des rayons : D. 104; A. 23; P. 12; M. B. 7.
Les dents de l'intermaxillaire sont au nombre de vingt, non compris les deux
dents angulaires dont l'antérieure a n mm de longueur, et la postérieure i6 mm .
La mandibule a vingt et une dents, outre la dent angulaire qui est haute de 7 mm .
PROPORTIONS
Longueur totale i m 45o
« de la tête , o m 22 1
Hauteur maxima du tronc (en travers des pectorales) o m io5
Du bout du museau à l'anus o m 7io
De l'anus à l'extrémité de la caudale o m 740
Longueur des pectorales o m 100
Hauteur des orbites o m o38
Du bout du maxillaire supérieur aux orbites o m 082
Longueur de la mandibule o m 126
Habitat. — Méditerranée et les régions chaudes de l'Atlantique jusqu'au Cap de
Bonne-Espérance ; on a également trouvé L. caudatus dans les autres océans, par
exemple, près de la Tasmanie, de la Nouvelle-Zélande et de la Californie.
A l'ouest de l'Europe, il commence à paraître à l'état sporadique dans la Manche
et le long des côtes du sud de l'Angleterre et de l'Irlande ; il est encore assez rare le
long des côtes de France et dans le Golfe de Gascogne ; mais il est plus nombreux sur
les côtes du Portugal et de l'Espagne, où il est même souvent commun, d'après Brito
Capello («O, p. 16). Dans la Méditerranée, il est également plus ou moins commun ;
d'après Giglioli et Vinciguerra, il se rencontre en grand nombre en quelques endroits,
comme par exemple au large de Nice et sur les côtes de Sicile (Messine et Catane).
-*— Ï5£I —
Dans l'Adriatique, il monte jusqu'à Trieste ; on l'a trouvé aussi dans les eaux de
la Grèce (Apostolidès, 9, p. 22).
Dans l'Atlantique, il est même très abondant aux Canaries, selon Steindachner
(£©£, p. 703). Le British Muséum possède, d'après Gûnther, des exemplaires
provenant du Cap de Bonne-Espérance.
Sa présence n' a pas encore été constatée sur les côtes américaines de l'Atlan-
tique; mais nous savons par Alport (S, p. 86), que dans l'Océan Pacifique, il existe
sur les côtes de la Tasmanie ainsi qu'à la Nouvelle-Zélande, où il est commun,
d'après Hutton et Hector, et fort apprécié comme aliment (135, p. i3 et p. 109).
Enfin, il en a été recueilli un exemplaire isolé au large du cap San Lucas, en
Californie (181, vol. 5, p. 358).
Famille des CARANGID^E
Trachurus trachurus, (Linné)
1766. Scomber trachurus, Linné (145), vol. i, p. 494.
i855. Trachurus trachurus, Castelnau ($3), p. 23.
Campagne de 1886 : Stn. 3g, surface. Un individu pris au haveneau avec une
Méduse.
Campagne de 1888 : Stn. 262. Divers jeunes exemplaires trouvés dans l'estomac
de Germons (Orcynus alalonga) pris à la ligne de traîne.
Habitat. — T. trachurus se trouve à partir du fjord de Trondhjem en Norvège
(63° 3o' lat. nord), le long de la côte ouest de l'Europe, souvent en grand nombre;
dans la Méditerranée, on en rencontre également des exemplaires absolument
identiques à ceux du nord de l'Europe, mais la plupart semblent appartenir à une
forme particulière qui a les boucliers de la ligne latérale un peu plus faiblement
développés, et que les différents auteurs considèrent tantôt comme une sous-espèce,
var. méditer ranea Steindachner 1867 (904, p. 383), tantôt comme une espèce
particulière, T. méditer raneus Liitken 1880 (159, p. 534).
La forme typique du nord de l'Europe a été trouvée, en outre, aux Canaries, et
isolément le long des Etats de l'est de l'Amérique du Nord et aux Indes occidentales.
On en connaît également des individus provenant de Valparaiso, de Pensacola et
du cap San Lucas en Californie. Disons encore qu'une ou plusieurs formes de
Trachurus, qui ne diffèrent guère du T. trachurus par des caractères distincts, sont
communes dans l'Atlantique jusqu'au Cap (le Musée de l'Université de Christiania
possède des exemplaires provenant de cette localité), ainsi que dans les Mers des
Indes, en Australie, à la Nouvelle-Zélande, en Chine et au Japon.
— 22 —
Traclmrus picturatus, (Bowdich)
1825. Seriola picturata, Bowdich (18), p. 123.
1841. Caranx Cuvieri, Lowe (153), vol. 2, p. i83.
1868. Caranx Cuvieri, Steindachner (SOI), p. 384.
1880. Caranx Cuvieri, Lùtken (159), p. 534.
1882. Trachurus picturatus, Jordan et Gilbert (181), p. 358.
1890. Trachurus melanosaurus, Cocco (1839) sec. FacciolÀ (VO), p. 234.
Campagne de 1887 : Golfe de Gascogne. Un exemplaire. — Fayal, Açores.
Quatre jeunes exemplaires provenant du marché.
Les avis semblent partagés sur la question de savoir si l'on est fondé à établir
T. picturatus comme étant une espèce distincte de T. trachurus. Cette distinction
a été faite pour la première fois par Bowdich d'après un exemplaire de Madère,
en 1825 *; depuis, plusieurs auteurs, tels que Gùnther (1860) et Day (1880), ont
considéré le T. picturatus comme identique avec la forme ordinaire du nord de
l'Europe, T. trachurus; mais la plupart des auteurs modernes soutiennent qu'il y a
lieu de distinguer entre ces deux espèces [7*. Cuvieri, Lowe 1837 (1841), Steindachner
1868 et 1875, Llïtken 1880]. Des observations détaillées au sujet de la synonymie et
de la diagnose des deux espèces ont été faites non seulement par Liïtken (ISO,
p. 533), mais encore par Jordan et Gilbert (183, p. 190).
Les exemplaires qui nous occupent proviennent, l'un du Golfe de Gascogne,
les quatre autres des Açores; ils sont tous jeunes, d'une longueur totale de i70 mm
environ. Voici le nombre des boucliers de la ligne latérale chez ces exemplaires :
12345
56 + 38 = 94 52 + 40 = 92 53 + 42 = 95 55+40 = 95 57 + 40 = 97
En comptant les cinq à huit boucliers rudimentaires qui se trouvent à la
naissance de la caudale, on obtient pour chaque exemplaire un total de cent bou-
cliers environ.
Si l'on compare ces exemplaires à des spécimens de même taille de T. tra-
churus, on remarque que T. picturatus se distingue non seulement par un plus grand
nombre de boucliers, mais aussi par la taille de ces boucliers qui est beaucoup
plus petite, surtout sur la partie antérieure de la ligne latérale ; cette partie est, en
outre, à peu près de même longueur que la partie postérieure horizontale, tandis
que chez T. trachurus cette dernière est sensiblement plus longue que la partie
antérieure.
La hauteur du tronc qui, chez T. trachurus, n'est contenue que cinq fois
{ En 1810, dans son Ichtkyologie de Nice, p. 174, Risso a décrit, sous le nom de Caranx amia Linné,
mais d'une façon fort brève et peu satisfaisante, une forme méditerranéenne différente du T. trachurus; il.;
s'agissait probablement de T. picturatus.
— 23 —
environ, quelquefois même moins, dans la longueur totale, l'est généralement cinq
fois et demie, quelquefois même jusqu'à six fois, chez T. picturatus.
Par contre, la tache noire sur le bord postérieur de l'opercule existe aussi, en
général, chez T. picturatus, bien qu'elle soit moins prononcée ; de même, la longueur
des mâchoires est à peu près égale chez les deux espèces.
Habitat. — T. picturatus, de même que T. trachurus, est un Poisson cosmopo-
lite, et les deux espèces se rencontrent souvent dans les mêmes régions.
L'endroit le plus septentrional où l'on sache avec certitude avoir trouvé jusqu'ici
T. picturatus, est le Golfe de Gascogne, d'où proviennent les exemplaires de
V Hirondelle. Ailleurs, il se rencontre le long des côtes de Portugal (T. fallax
Brito Capello), et dans la Méditerranée, par exemple en Sicile [Trachurus melano-
saurus (Cocco) Facciolà, T. Rissoi Giglioli], et en Grèce (Hoffmann, l£l bis , p. 257).
Il est encore abondant dans l'Atlantique, aux Canaries et à Madère, ainsi qu'aux
Açores; pour l'ouest de l'Atlantique, Lùtken mentionne T. picturatus comme ayant
été trouvé aux Indes occidentales (159, p. 534).
Il paraît aussi exister en grand nombre dans l'Océan Pacifique, surtout le long
des côtes de l'Amérique, où il est connu depuis Valparaiso jusqu'à San Francisco.
Le Musée de l'Université de Christiania en possède des exemplaires provenant de
San Diego, en Californie, et des îles Chincha.
Naucrates ductor, (Linné)
1766. Gasterosteus ductor, Linné (145), vol. i, p. 489.
i83i. Naucrates ductor, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 8, p. 3i2.
1880. Naucrates ductor, Lùtken (159), p. 504.
Campagne de 1887 : Stn. 144, surface. Un jeune exemplaire pris avec une Tortue
à mi-chemin des Açores et de Terre-Neuve.
L'exemplaire recueilli est un jeune individu, dans la phase Nauclerus, d'une
longueur totale de 34 mm . Des épines de la tête, il reste encore la longue et forte épine,
située à l'angle du préopercule, ainsi qu'une plus courte derrière et deux, également
plus courtes, devant. L'épine scapulaire est visible, mais courte ; et les épines orbi-
taires, qui sont très saillantes chez des individus encore plus jeunes (159, p. 5o5,
pi. ni), sont déjà presque effacées chez l'exemplaire en question.
La coloration répond à celle de la phase qui se trouve figurée dans Cuvier et
Valenciennes (48, pi. 263); la dernière bande de la caudale est indiquée par deux
taches presque imperceptibles.
Lùtken donne une description détaillée de ces différentes formes jeunes et
des changements qu'elles subissent avec l'âge; voir notamment l'ouvrage précité
Spolia atlantica (159, p. 504).
Habitat. — Naucrates ductor est une espèce cosmopolite qui se rencontre dans
toutes les mers chaudes et tempérées. Dans l'Atlantique, sa limite nord est la Manche
— 24 —
où l'on en a rencontré quelques exemplaires. Elle pénètre très avant dans la Médi-
terranée. Dans l'ouest de l'Atlantique, on en a pris accidentellement quelques
individus, au large de la côte orientale des Etats-Unis, à la hauteur de New- York
(Naucrates noveboracensis Guv. et Val.; 4$, vol. 8, p. 325). Dans l'Océan Pacifique,
elle descend vers le sud, au moins jusqu'à la Nouvelle-Zélande.
Tandis que les individus d'un certain âge accompagnent les grands Poissons dans
leur course, les alevins se tiennent sous des objets flottants ou sous des animaux
qui nagent plus lentement, tels que les Méduses et les Physalies ; l'exemplaire de
V Hirondelle a été pris sous un Thalassochelys.
Lichia glauca, (Linné)
1766. Scomber glaucus, Linné fl45), vol. i, p. 494.
1826. Lichia glqycos, Risso (194), vol. 3, p. 429.
Campagne de 1887 : Fayal, Açores. Un exemplaire.
Ce spécimen, dont les viscères avaient été enlevés, était complètement déve-
loppé et avait une longueur totale de o m 36o. La hauteur du tronc (à la naissance du
premier rayon mou de la dorsale) mesurait g5 mm et était donc contenue environ
trois fois trois quarts (3,78) dans la longueur totale.
La longueur de la tête mesurait 65 mm et était ainsi comprise cinq fois et demie
dans la longueur totale.
Nombre de rayons : D. 6 | — ; A. 2 | u-.
Habitat. — Lichia glauca, qui appartient à un genre dont on ne connaît jusqu'ici
que deux ou trois espèces, est excessivement répandu. Dans la Méditerranée, il se
rencontre à partir de Messine et de Trieste, le long des côtes d'Italie et du nord de
l'Afrique, jusqu'en Grèce (Apostolidès, 9, p. 20), mais nulle part en grand nombre ;
au sud-ouest de l'Europe, il est assez rare; il remonte le long du Portugal vers la
la Manche, où on en a pris des exemplaires isolés sur la côte sud de l'Angleterre
(5o° lat. nord).
Dans l'Atlantique, cette espèce se rencontre à Madère ; elle est très commune aux
Canaries et l'expédition du Challenger en a recueilli des exemplaires aux îles du
Cap Vert et de l'Ascension (11 3, p. 3 et 5). Le long de la côte ouest d'Afrique, elle
existe, selon Rochebrune, en Sénégambie (195, p. 101), selon Peters (188, p. 247),
à Victoria et selon Brito Capello (19, p. 1), à Angola et à Benguela, (io° à i5° lat.
nord) ; le British Muséum en possède aussi des exemplaires provenant de Sainte-
Hélène et du Cap de Bonne-Espérance. Le spécimen de Y Hirondelle provenait
des Açores. D'après Gùnther, on a trouvé L. glauca au Brésil, tandis qu'il manque
le long des côtes de l'Amérique du Nord *.
* Pour l'Océan Pacifique, on n'a pas de renseignements certains. D'après Gunther (103, vol. 2, p. 478),
le British Muséum posséderait un L. glauca provenant de l'Inde ; mais l'espèce n'est pas mentionnée par Day
dans son dernier ouvrage : Thefauna of British India (518).
— 25 —
Capros aper, (Linné)
1766. Zeus aper, Linné (145), vol. 1, p. 455.
1802. Capros aper, Lacépède (48), vol. 4, p. 591.
Campagne de 1887 : Au large de la pointe Rosalès, Sâo Jorge, à la surface.
Deux exemplaires. — Stn. 122, surface, au large de Ponta Delgada. Un exemplaire.
Campagne de 1888 : Stn. 23 1, surface, entre Pico et Sâo Jorge. Six exemplaires.
— Entre Pico et Sâo Jorge. Un exemplaire pris le 28 août à la surface. — Stn. 263,
surface. Deux exemplaires trouvés dans l'estomac d'un Germon pris à la ligne de
traîne.
La longueur totale du plus grand de ces individus est de i53 mm , y compris la
caudale; hauteur du tronc, 64 mm ; nombre des rayons branchiostèges, six.
Le tout jeune exemplaire, dont la longueur totale est de 2i mm , a tout le corps
couvert de petits points noirs. Il a été trouvé dans l'estomac d'un Germon.
Habitat. — Capros aper est une espèce du sud-ouest de l'Europe. Sans appartenir
aux Poissons de grand fond ou espèces pélagiques proprement dites, il habite
cependant les profondeurs de la mer à quelque distance de la côte ; ce n'est qu'à
intervalles irréguliers, le plus souvent après de fortes tempêtes, qu'il se montre,
parfois en grand nombre, le long des côtes. En général, on le prend nageant à fleur
d'eau ; mais il paraît que l'expédition du Travailleur et du Talisman en a recueilli
aussi à une profondeur de 3o6 m .
Le long des côtes d'Angleterre, on rencontre cette espèce dans le sud de la
Manche, et selon Day (51, vol. 1, p. i36), elle ne s'y montre que de temps à autre,
par exemple au large de Plymouth, où on l'a vue par milliers. Elle semble ne pas
avoir été observée dans la Mer du Nord.
C. aper se rencontre encore dans le Golfe de Gascogne, sur les côtes de France
et de la presqu'île ibérique, mais on l'y a rarement vu en grand nombre. Il en est de
même dans la Méditerranée, le long des côtes d'Italie et jusqu'en Grèce (Apostolidès,
», p. 21). Dans l'Adriatique, il se rencontre sur le littoral de la Dalmatie ; mais il
n'est pas cité parmi les espèces observées par Graeffe à Trieste. Selon Guichenot,
on en voit beaucoup sur les marchés d'Algérie (f Ol, p. 65).
Enfin, l'expédition du Travailleur et du Talisman en a recueilli de nom-
breux exemplaires au large du Maroc et du Soudan jusqu'au banc d'Arguin
(20 latitude nord) ; on l'a également trouvé à Madère et aux Canaries.
Jusqu'ici, il ne semble pas avoir été mentionné comme existant à l'ouest des
Açores; les exemplaires de V Hirondelle ont été recueillis près de ces îles.
— 20 —
Famille des STROMATEID^E
Centrolophus pompilus, (Risso)
1810. Coryphcena pompilus, Risso 1 (198), p. 180.
1826. Centrolophus pompilius, et C. liparis, Risso (194), vol. 3, p. 336-337.
i833. Centrolophus pompilus, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 9. p. 334.
Campagne de 1887 : Stn. i3i, surface. Un exemplaire pris à l'ouest de Florès,
Açores.
L'exemplaire, qui n'étak pas encore adulte, a été recueilli en même temps qu'un
Mola mola (Lin.) pris au harpon, et en compagnie duquel il semblait se trouver.
PROPORTIONS
Longueur totale o m 2 1 2
Hauteur du tronc o m o44
Longueur de la tête o m 046
Base de la dorsale o m 098
On remarquera que la hauteur du tronc de ce jeune individu est relativement
petite, inférieure à la longueur de la tête, et qu'elle est comprise presque cinq fois
(4,81) dans la longueur totale. Chez les individus adultes, la hauteur du tronc est
de beaucoup plus grande que la longueur de la tête, et n'est comprise que de quatre
à quatre fois et demie dans la longueur totale.
La dorsale commence presque immédiatement au-dessus de l'insertion des pec-
torales ; sa longueur à la base est comprise un peu plus de deux fois dans la longueur
totale du corps.
Nombre des rayons : D. 38; A. 24; P. 21.
L'estomac de l'exemplaire en question était rempli d'un Siphonophore ; on y
voyait aussi des membres d'un Hypéride.
Habitat. — C. pompilus est une espèce pélagique qui fréquente surtout la
partie orientale de l'Océan Atlantique et la Méditerranée. Il semble être assez rare
presque partout où il existe; Nice est, paraît-il, le seul endroit où il soit assez
commun; il se rencontre ailleurs, le long des côtes d'Italie jusqu'en Sicile, et il
1 II est possible que Linné, lui aussi, et d'autres auteurs antérieurs à Risso aient connu cette espèce; mais
leurs courtes descriptions de Coryphcena pompilus Linné et Gmelin, de Coryphcena pompilus et de Centrolo-
phus niger, etc. Lacépède, prouvent que cette espèce n'est, en tout cas, pas la seule qu'ils aient eue en vue. Par
contre, il y a moins lieu de douter que le Coryphcena pompilus, décrit par Risso en 1810 dans son Ichtkyologie
de Nice, soit une variété de couleur de cette espèce ; c'est donc de lui que l'on doit dater la distinction réelle
de l'espèce.
— 2 7 —
remonte l'Adriatique jusqu'à Trieste, où Graeffe en a trouvé, le plus souvent, de
tout jeunes individus, ayant une longueur totale de 3o mm à 4o mm , sous des Rhizosto-
mes, plus rarement des individus adultes (OS, p. 465). Il est rare autour de l'Espagne
et du Portugal; il en est de même dans le Golfe de Gascogne et sur les côtes de
France. Dans le courant des dernières années, on en a cependant recueilli plusieurs
exemplaires sur les côtes de la Grande-Bretagne, surtout dans le sud de la Manche.
L'endroit le plus septentrional jusqu'où l'on sache qu'il ait pénétré, est le fjord
de Trondhjem, en Norvège (63° 3o' lat. nord), où deux individus adultes ont été
pris en septembre 1886 ; l'un de ces exemplaires se trouve au Musée de l'Université
de Christiania, l'autre à Trondhjem.
Enfin l'espèce a été recueillie à Madère et aux Açores, d'où provient l'exemplaire
de Y Hirondelle. Jusqu'ici on ne l'a pas rencontrée dans l'ouest de l'Atlantique.
Lims Bennetti, (Lowe)
i833. Leirus Bennettii, Lowe (148), p. 143.
i833. ? Centrolophus ovalis, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 9, p. 346.
i836. Lirus Bennettii, Lowe fl50), vol. 6, p. 199, pi. v.
1836-1844. Crins Bennettii, Valenciennes (1815), vol. 2, p. 43.
1839. Pompilus Bennettii, Lowe (ISS), p. 82.
1882. Lirus Bennetti, Jordan et Gilbert (138), p. 452.
Campagne de 1887 : Stn. 106; au sud de Pico, Açores. Deux exemplaires
pris à la fouine, à la surface, pendant qu'ils accompagnaient le chalut à sa montée.
Chez ces deux exemplaires, dont l'un était presque entièrement développé, les
viscères avaient été enlevés et les écailles étaient aussi détruites par endroits l .
C'est seulement en 1882 que les caractères distinctifs du genre Lirus, sa
synonymie et ses rapports avec le genre Centrolophus, ont été exactement déter-
minés par Jordan et Gilbert dans leur Synopsis of the Fishes of North America,
ainsi que par Fordice en 1884 (tfl, p. 3i6); de même Gunther, en 1889, a tr aité
ces mêmes questions dans son Rapport sur les Poissons pélagiques du Challenger
(11*, p. 10). Le genre Lirus a été établi en i833 par Lowe, qui a pris comme type
l'espèce dont il est ici question, le genre a été caractérisé plus tard par ce même
auteur en i836; actuellement on en connaît au moins trois espèces, savoir :
L. Bennetti Lowe i833, Méditerranée, Madère et Açores; L. perciformis Mitch. 1818,
côtes des Etats de l'est de l'Amérique du Nord (et Angleterre?); et L. porosus
Richards. 1844, Australie et îles Kermadec. Enfin, Gunther a décrit sous le nom de
L. paucidens, une forme de première jeunesse appartenant à ce genre et prise en
pleine mer entre la Nouvelle-Guinée et le Japon (11 S, p. 11). Toutes ces espèces,
dont on ne connaît en somme que fort peu d'exemplaires, sont plus ou moins péla-
giques.
1 Ces Poissons, conservés dans l'acétate de soude, n'ont été placés dans l'alcool que deux ans environ
après leur capture (Baron J. de Guerne).
— 28 -
PROPORTIONS
a b
Longueur totale o m 3o5 o m 345
Hauteur du tronc o m 090 o m 104
Longueur de la tête o m 074 o m o8i
Longueur du bout du museau à l'anus o m 129 o m i52
» du museau o m oi4 o m oi6
Diamètre de l'œil o m oi9 o m 02i
Hauteur à la naissance de la caudale o m o23 o m 02j
Longueur de la pectorale o m o52 o m o6i
Nombre des rayons : a. D. 7 | 27; A. 3 | 21 ; P. 22.
b. D. 7 | 3i; A. 3 | 22; P. 22.
La longueur totale comprend donc trois fois un tiers (3,3 1 à 3,38) la hauteur du
tronc, et un peu plus de quatre fois (4,12 à 4,25) la longueur de la tête.
L'œil est plus long que le museau et est compris trois fois trois quarts (3,85 à
3,89) dans la longueur de la tête.
Le museau est très court et arrondi ; au-dessus des narines il y a deux pointes
peu saillantes et, au-dessus de ces pointes, chez les individus conservés dans l'alcool,
l'espace interorbitaire est légèrement concave et comme creusé, tandis que chez les
exemplaires frais il est plus rempli et plus arrondi.
Les dents sont excessivement petites et fines ; les mâchoires n'en portent qu'une
seule rangée, qui est un peu irrégulière et double sur le devant de la mâchoire
supérieure. Les palatins et le vomer sont lisses.
Le premier rayon épineux de la dorsale prend naissance tant soit peu en
arrière de la perpendiculaire tangente au bord supérieur de la fente branchiale, et
le premier rayon mou un peu en arrière de la perpendiculaire tangente au haut de
l'insertion des pectorales.
La dorsale atteint sa plus grande hauteur vers le dixième rayon mou, dont la
longueur est égale à la moitié de la hauteur du tronc. Le nombre des rayons mous
variait chez les deux individus de vingt-sept à trente et un.
Les épines de l'anale sont presque complètement cachées dans la peau; les
plus longs des rayons mous de l'anale sont un peu plus courts que les plus longs
des rayons de la dorsale. Ils sont au nombre de vingt et un à vingt-deux.
Les pectorales sont assez longues, leurs extrémités dépassent celles des ventrales
et viennent se terminer à une distance de l'anus égalant à peine un tiers du
diamètre de l'œil.
Les écailles, qui sont assez peu adhérentes, recouvrent la dorsale et l'anale
jusqu'à la moitié de leur hauteur. Le nombre des écailles de la ligne latérale est
d'environ quatre-vingt-dix; entre le premier rayon mou de la dorsale et la ligne
latérale il y a quinze écailles.
— 29 —
Le nombre des rayons du premier arc branchial est de vingt-deux.
Habitat. — Il semble qu'on n'ait obtenu jusqu'ici qu'un petit nombre
d'exemplaires du Lirus Bennetti. Il a été décrit tout d'abord de Madère, et il est
probable que c'est de là que proviennent la plupart des exemplaires conservés dans
les Musées. De même, Valenciennes nous l'a fait connaître des Canaries (8 15, p. 45).
Dans la Méditerranée, il est excessivement rare; on en a trouvé deux ou trois
exemplaires à Nice et à Gênes.
Les exemplaires de Y Hirondelle ont été pris à la surface ; on ne peut dire à
quel moment ils avaient commencé à suivre le chalut qui avait* été traîné à près de
1000 mètres de profondeur.
Une espèce qui se rapproche beaucoup du L. Bennetti ou qui en est même
synonyme, Centrolophus crassus Cuv. et Val. i833, a également été trouvée entre
Madère et les Açores.
Famille des CORYPrLENIDvE
Schedophilus medusophagus , Cocco
i83g. Schedophilus medusophagus, Cocco (S 1 ?), n° 7, p. 236.
1868. Schedophilus medusophagus, Steindachner (£©4), p. 379.
1880. Schedophilus medusophagus, Lûtken (15©), p. 526.
1881. Schedophilus medusophagus, Moreau (ÎS'O), vol. 2, p. 5o2.
1882. Schedophilus medusophagus, Gûnther (113), vol. 11, p. 223, pi. 47.
1887. Schedophilus medusophagus, Gûnther (114), p. 46.
Campagne de 1887 : Stn. 96, surface. Deux exemplaires pris au haveneau, entre
les Açores et le cap Finisterre.
Les deux exemplaires étaient jeunes et ont été recueillis à la surface.
a b
Longueur totale ........ o m o33 o m o4i
Hauteur du tronc o m on5 o m oi4
Longueur de la tête o m oo9 o m on
Diamètre de l'œil o m oo4 o m oo5
Chez ces exemplaires, la longueur totale comprend donc presque exactement
trois fois la hauteur du corps, et un peu plus de trois fois et demie la longueur de
la tête.
Le maxillaire supérieur arrive, en arrière, jusqu'au bord postérieur de l'iris.
Les épines de la tête sont accentuées chez ces deux individus. Les cinq épines
supérieures du préopercule ont la pointe dirigée en haut, et les cinq autres presque
droit, en arrière ; l'interopercule est muni de cinq épines plus courtes.
Nombre des rayons chez l'exemplaire le plus petit : D. 46; A. 28. ; et chez le
plus grand : D. 45 ; A. 29 ; P. 18.
— 3o —
Les ventrales sont relativement plus longues chez le plus grand exemplaire ;
leurs extrémités atteignent à peu près le neuvième rayon de l'anale ; chez le plus petit
exemplaire, elles n'atteignent que le quatrième.
La coloration est le plus distincte chez le plus grand exemplaire et consiste en
une rangée de taches irrégulières, qui s'étend à partir de la dorsale vers la ligne
latérale; sur l'un des côtés, ces taches forment huit bandes verticales, étroites et noires
qui se continuent jusque sur la base de la dorsale ; sur l'autre, ces bandes se rejoignent
en partie deux à deux et forment environ cinq taches rondes, claires au milieu.
Quelques petites taches se trouvent aussi éparses sur les côtés du corps.
On voit que ces jeunes individus diffèrent en bien des points essentiels des indi-
vidus adultes 1 . Chez ceux-ci, la mâchoire atteint environ le bord antérieur du
cristallin ; les nageoires sont beaucoup plus basses ; les rayons de la dorsale et de
l'anale ont à peine la moitié de la longueur de la tête et les ventrales sont très courtes,
à peu près de même longueur que le museau. Les yeux sont aussi beaucoup plus
petits relativement, etc.
Habitat. — Ce Poisson est une forme pélagique dont les alevins sont assez
fréquents en plein Océan Atlantique, tandis que les individus adultes sont très rares.
Du reste, il n'est pas restreint à l'Atlantique, on en a aussi démontré l'existence dans
l'Océan Pacifique.
Schedophilus medusophagus a d'abord été décrit comme existant dans la Méditer-
ranée, où un petit nombre d'exemplaires ont été recueillis près de la Sicile (Palerme,
Messine 2 ). Moreau en mentionne également (ISO, p. 504) un exemplaire d'une
longueur totale de o m 22, pris à Marseille en juillet 1877.
Il est également rare dans l'Océan Atlantique, le long des côtes d'Espagne;
Steindachner (804, p. 377) en mentionne deux ou trois exemplaires recueillis par lui
à Motril et qui avaient une longueur totale de 4 3/4 à 7 1/2 pouces (o m 125 à o m 195).
Enfin, Gunther décrit (113, p. 223) un exemplaire adulte pris en août 1878, au
large de la côte nord de l'Irlande (55° 3o' lat. nord). Cet exemplaire avait une
longueur de 9 1/2 pouces anglais (soit environ o m 240).
Les alevins, au contraire, sont relativement fréquents, ainsi qu'il a été dit plus
haut, dans les zones tempérées de l'Atlantique; on les trouve sous des Algues
flottantes, ou sous des Méduses, ou encore dans les filets de surface.
La plupart des Musées possèdent des exemplaires de ces alevins. Ainsi, Lûtken
en a étudié un grand nombre (15», p. 526), tous recueillis entre 46 et 34 de latitude
nord et 33° et 21 de longitude ouest.
Au Musée de l'Université de Christiania, se trouve un exemplaire pris en pleine
mer, au large de Buenos-Ayres, et Gunther (1©V, p. 149) en a examiné un autre
provenant des Iles Samoa.
K La meilleure figure que l'on possède de l'individu adulte a été donnée par Gunther (113, p. 47).
2 Le Musée de l'Université de Christiania a reçu de cette localité un individu à moitié développé, d'une
longueur totale de om I2 5.
— 3i —
9
Famille des NOMEID^E
Psenes maculatus, Lûtken
(PI. IV, fig. 17)
1880. Psenes maculatus Lûtken (159), p. 5i8, pi. v, fig. 2.
Campagne de 1887 : Stn. 144, surface. Un exemplaire. — Stn. 145, surface.
Un exemplaire pris au chalut de surface.
Deux exemplaires ont été pris à la surface de la mer, à égale distance des Açores
et du Banc de Terre-Neuve, l'un avec le chalut de surface, l'autre sous une Tortue.
Ils étaient jeunes et le plus grand n'atteint guère que la moitié des dimensions
de l'exemplaire type de Lûtken. Ce naturaliste suppose pourtant qu'il s'agit d'une
forme jeune.
Sans vouloir discuter la question de savoir si P. maculatus peut être une forme
de jeunesse d'une espèce plus grande déjà connue, je me bornerai à faire remar-
quer, qu'en tous cas, il n'appartient pas au Cubiceps gracilis (Lowe) [C. capensis
Smith], ce que Lûtken (159, p. 5 19) a cru possible. Il existe une autre espèce à
laquelle il ressemble un peu par sa coloration; ce sont les jeunes individus du
P. cyanophrys Cuv. et Val. i833 ; mais il en diffère à plusieurs égards en ce qu'il
a, par exemple, la hauteur du tronc plus faible et les yeux plus grands; il a aussi
un moins grand nombre de rayons à la deuxième dorsale et à l'anale.
a b
Longueur totale o m o38 o m o63
Hauteur du tronc o m oi2 o m oio,
Longueur de la tête o m on o m oi8
» des pectorales o m oio o m oi5
» des ventrales o m ooo, o m oi3
Diamètre de l'œil o m oo5 o m oo7
Longueur du museau o m oo25 o m oo5
Chez le plus grand de ces individus, la hauteur du tronc est comprise un peu
plus de trois fois (3,3) dans la longueur totale; la tête, qui est à peine plus petite
que la hauteur du tronc, est comprise presque exactement trois fois et demie dans
la longueur totale.
L'œil est extraordinairement grand ; il n'est pas compris plus de deux fois et
demie dans la longueur de la tête. Le museau est beaucoup plus court que le
diamètre de l'œil; il ne mesure que les deux tiers de celui-ci. Le maxillaire supé-
rieur atteint à peine, en arrière, le bord antérieur du cristallin. Les bords des
pièces operculaires n'ont ni dents ni épines. L'opercule est marqué d'environ dix
— 32 —
stries, qui descendent en biais en arrière dans la direction de l'insertion des pecto-
rales.
Le plus petit des individus a les yeux plus grands, ce qui est particulier aux
jeunes individus ; ils ne sont compris que deux fois deux dixièmes (2,2) dans la
longueur de la tête ; la hauteur du tronc n'est contenue que trois fois un dixième (3, 1)
dans la longueur totale, de sorte que cette hauteur décroît un peu avec l'âge, ainsi
que l'a également observé Lùtken chez les exemplaires types qu'il a examinés. Le
museau ne mesure, chez le petit individu en question, que la moitié du diamètre
de l'œil; le maxillaire supérieur atteint presque le bord antérieur du cristallin.
Les écailles, qui sont déjà complètement développées chez le plus petit des
individus susmentionnés, recouvrent la base de la deuxième dorsale, de l'anale et
de la caudale ; il y en a aussi sur l'interopercule. Chez le petit exemplaire, la ligne
latérale est complète jusqu'à la caudale et compte environ cinquante et un pores ;
chez le plus grand, elle est effacée ou rompue en arrière du dernier rayon de l'anale.
Nombre des rayons chez le grand individu : D. 1 1 ; 2 me D. 2 | 22 ; A. 3 | 23 ; P. 21 .
La première dorsale n'est pas très haute ; le plus long des rayons est à peu
près égal à la partie postorbitaire de la tête.
Chez les deux individus, les ventrales atteignent au delà de l'anus et dépassent
même un peu la base de l'anale (chez le grand individu, elles vont environ jusqu'au
quatrième et chez le petit, jusqu'au sixième rayon de l'anale). Elles sont relati-
vement plus longues chez le plus petit des individus, car elles atteignent à peu près,
en arrière, l'extrémité des pectorales, tandis que chez le plus grand, les pectorales
sont plus longues et dépassent, en arrière, l'extrémité des ventrales.
La teinte générale est d'un blanc jaunâtre avec des taches oblongues gris-brun
bien accentuées, qui ont parfois le caractère de bandes. Ces taches forment en tout
de six à sept bandes transversales rompues, qui se prolongent sur la base de la
dorsale et de l'anale. La première dorsale est noire en partie; la seconde dorsale et
l'anale sont marquées, au bord, d'une ligne noire. Les ventrales sont également
noires à la base et au bord, mais plus claires au milieu. Les parties inférieures de la
tête et le ventre sont argentés.
Habitat. — Jusqu'ici, il n'a été mentionné de cette espèce que les exemplaires
types décrits en 1880 par Lutken dans son ouvrage, Spolia atlantica (159, p. 5 16),
exemplaires recueillis en plein Océan Atlantique, en des points situés entre 3g° de
lat. nord et 25° 4' de lat. sud, et entre 34 40' et 27 26' de long, ouest, par conséquent
sur une zone s'étendant à partir des Açores au nord jusqu'au sud de Sainte-Hélène.
Tous les exemplaires types étaient jeunes et avaient une longueur totale de 20 à 94 mm ;
ils se trouvent au Musée de l'Université de Copenhague. Outre ces exemplaires, le
Professeur Lutken avait aussi de petits exemplaires d'une forme qui s'en rapproche
beaucoup, à laquelle il donne, sans en faire une description détaillée, le nom provi-
soire de Psenes affinis et qui diffère du P. maculatus principalement par le nombre
un peu moins grand des rayons.
— 33
Les deux exemplaires de Y Hirondelle ont été recueillis à deux stations voisines
l'une de l'autre, à peu près à égale distance des Açores et du banc de Terre-Neuve,
à environ 42 de lat. nord ; par conséquent, un peu plus au nord que les exemplaires
types décrits par Lùtken.
Cubiceps gracilis, (Lowe)
843
860
872
881
884
Seriola (Cubiceps) gracilis, Lowe (155), p. 82.
Cubiceps gracilis, Gùnther (108), vol. 2, p. 38g.
Cubiceps gracilis, Canestrini (1818), p. 104.
Cubiceps gracilis. Moreau (l 1 ?©), vol. 2, p. 479.
Cubiceps gracilis, FacciolÀ (CS 1 ), p. 233.
Cubiceps gracilis, Gùnther (11 1 ?), p. 11.
Campagne de 1888 : Stn. 174, surface. Deux exemplaires trouvés dans l'estomac
d'un Germon pris au large, à l'ouest du cap Finisterre.
Il est difficile, ainsi que l'a déjà fait remarquer Lùtken (15©, p. 5i3), de distin-
guer l'un de l'autre, avec des caractères certains, les genres Psenes et Cubiceps. Ils
paraissent semblables dans tous leurs traits généraux, et la distinction que l'on fait
entre eux se base principalement sur des caractères relatifs qui ne sauraient avoir
grande valeur. Un caractère, qui peut-être bien est constant, est la position différente
qu'ont les ventrales dans les deux genres. Chez les Psenes, elles s'insèrent droit au-
dessous des pectorales, de sorte que deux ou trois, tout au plus, des rayons supérieurs
des pectorales naissent en avant de l'insertion des ventrales ; chez les Cubiceps, au
contraire, elles sont entièrement en arrière des pectorales, de sorte que la verticale
tirée à partir du dernier rayon inférieur des pectorales touche à peine la base des
ventrales.
Les os de la ceinture scapulaire (scapula et clavicula) des deux exemplaires de
C. gracilis, dont nous nous occupons, étaient à découvert et leur sculpture était
saillante; tandis que chez les exemplaires du Psenes que j'ai eu l'occasion d'examiner
auparavant, ces mêmes os étaient invisibles ; mais cela est dû peut-être à ce que les
exemplaires de V Hirondelle étaient moins bien conservés.
Les deux exemplaires, qui étaient jeunes et de même taille, avaient été trouvés
dans l'estomac d'un Orcynus alalonga (Lin.).
PROPORTIONS
a b
Longueur totale o ra og5 o m og6
Hauteur du tronc o m o2i o m 02i
Longueur de la tête o m 023 o m 023
Diamètre de l'œil o m oo85 o m oo85
Longueur du museau o m oo5 o m oo5
« de la pectorale . . o m 024 o m 023
« de la ventrale... o m ooo. o m oio
— 34 —
Chez ces jeunes exemplaires la hauteur du tronc est comprise exactement quatre
fois et demie, et la longueur de la tête quatre fois un dixième dans la longueur
totale (y compris la caudale). L'œil est très grand ; il est compris deux fois huit
dixièmes (2,8) dans la longueur de la tête. Le museau est très court; il ne mesure
qu'un peu plus de la moitié du diamètre de l'œil. Le maxillaire supérieur dépasse
un peu en arrière le bord antérieur de l'œil.
A l'extrémité supérieure de la fente branchiale, commencent deux rangées de
pores excessivement fins, qui toutes deux se prolongent en avant. La rangée inférieure,
qui forme une courbe concave vers le haut, se termine à peu près juste au-dessus du
cristallin; la rangée supérieure, dont le côté concave est tourné vers le bas, est
plus courte et s'arrête un peu en arrière de la perpendiculaire tangente au bord
postérieur de l'œil. Il y a une rangée semblable de petits pores au-dessus du bord
supérieur des orbites.
Chez aucun des exemplaires en question, il n'y a sous la gorge la moindre trace
des deux barbillons terminés par une espèce de petite soie noirâtre, constatés par
Doumet, en i863, et que Moreau mentionne aussi comme existant chez l'exemplaire
examiné par lui et qui avait été trouvé dans la Méditerranée (1 ff©, p. 480).
Les ventrales sont relativement courtes ; elles mesurent à peine la moitié de la
longueur des pectorales et n'atteignent qu'un peu plus de la moitié de la distance qui
sépare leur insertion de l'anus. Elles s'insèrent en arrière du dernier rayon inférieur
des pectorales.
Nombre des rayons : a. D. 10; 2 me D. 1 | 21 ; A. 3 | 20 ; P. 20.
b. D. 10; 2 me D. 1 | 23; A. 3 j 21.
Les exemplaires ayant été trouvés tous deux dans l'estomac d'un Germon, leur
état de conservation ne se prête pas à une étude exacte des écailles de la ligne laté-
rale, etc. Ainsi, la ligne latérale supérieure qui est la vraie et qui, à partir de l'extrémité
supérieure de la fente branchiale, suit la ligne du dos à peu de distance de celle-ci, est
à peine indiquée ; le sillon médian au contraire, qui se prolonge en ligne droite entre
les muscles jusqu'à la base de la caudale, est bien plus accentué et plus profond aux
endroits où manquent les écailles. Cette ligne est peu distincte là où les écailles sont
conservées.
Habitat. — On ne connaît jusqu'ici qu'un petit nombre d'individus adultes de
Cubiceps gracilis, tandis que de jeunes exemplaires ont souvent été recueillis en
plein Océan Atlantique.
Les premiers spécimens décrits provenaient de Madère ; selon Gùnther, le British
Muséum en possède deux provenant de cet endroit et qui ont une longueur de
7 pouces à 8 pouces et demi (o m i8o, à o m 23o). Le British Muséum en possède
également de jeunes individus pris aux Açores sous des Méduses. Quant à la Médi-
terranée, d'où l'espèce a été décrite en i856, par Filippi et Vérany, sous le nom de
Navarchus sulcatus (?1) et par Doumet, en i863, sous le nom de Trachelocirrus
mediterraneus (58, p. 212, pi. i5), on y a recueilli des exemplaires à Messine, à Nice
— 35 —
et à Cette; ils étaient jeunes pour la plupart; cependant, quelques-uns avaient atteint
un certain développement et mesuraient de 7 à 8 pouces (o m 189 à o m 2 16) de longueur.
Comme il est probable que le Poisson décrit en 1845, par Andrew Smith (3©0,
pi. 24), sous le nom d'Atimostoma capense n'est autre chose qu'un individu adulte de
C gracilis, il s'ensuit que cette espèce, jusqu'ici la seule du genre, est répandue
dans une grande partie des zones tempérées et chaudes de l'Océan Atlantique.
L'exemplaire de Smith, mesurant 43 pouces de longueur (environ i m 07o), avait été
pris au Cap de Bonne-Espérance.
Famille des SCOMBRID^E
Scomber colias, Gmelin
1788. Scomber colias, Gmelin in Linné (146), vol. i, p. 1329.
1809. Scomber pneumatophorus, Delaroche (53), p. 3i5.
Campagne de 1887 : Fayal, Açores, août 1887. Un exemplaire provenant du
marché.
La longueur totale est de o m 365, la longueur de la tête o m o86. La première
dorsale contenait huit rayons (le même nombre que chez un exemplaire provenant
du Massachusetts et qui se trouve au Musée de l'Université de Christiania). Déjà,
Steindachner a constaté (*04, p. 353) que le nombre des rayons de la première
dorsale varie chez cette espèce entre sept et dix, et que le S. pneumatophorus de
Delaroche n'est autre que le jeune du S. colias.
Chez l'exemplaire qui nous occupe, les dents, tant du vomer que des palatins,
étaient presque imperceptibles.
Habitat. — Comme la plupart des Scombridés, Scomber colias est très
répandu, il l'est même beaucoup plus que 5. scomber, car on le rencontre dans
presque toutes les mers. Tout d'abord, il a été décrit comme existant dans la
Méditerranée, où il est presque partout abondant jusqu'en Grèce (Apostolidès), et dans
la Mer Noire (le British Muséum en possède un exemplaire de Constantinople) ;
dans l'Atlantique, il se rencontre le long des côtes du Portugal et dans le Golfe de
Gascogne jusqu'en Angleterre et en Irlande, où il est cependant presque partout
irrégulièrement disséminé et rare. On le trouve également à Madère, aux Canaries,
sur la côte d'Afrique et à Sainte-Hélène jusqu'au Cap ; par les Açores, il s'étend
le long des côtes d'Amérique depuis le Brésil jusqu'aux Etats-Unis, où on le trouve,
assez irrégulièrement il est vrai, jusque sur les côtes du Maine.
Enfin, il est répandu dans l'Océan Pacifique ; même au Japon, il est encore très
commun ; on le rencontre aussi le long des côtes de la Californie jusqu'à San Fran-
cisco. Il semble faire défaut dans les mers australes. Par contre, Steindachner (£05,
p. 989) en a reçu des exemplaires du Chili.
— 36 —
Tlnmnus alalonga, (Gmelin)
1788. Scomber alatunga (i. e. alalonga), Gmelin (146), p. i33o.
1893. Thunnus alalonga, Gill (88 bis ), p. 694.
Campagne de i885 : Stn. 32, un exemplaire. — Stn. 33, un exemplaire. — -
Stn. 36, un exemplaire.
Campagne de 1888 : Stn. 174, un exemplaire. — Du 7 au 18 juillet, quarante
exemplaires. — Stn. 252, un exemplaire. — Stn. 253, deux exemplaires. — Stn. 260,
un exemplaire. — Stn. 262, quatre exemplaires. — Stn. 263, trois exemplaires. —
Stn. 264, un exemplaire. — Stn. 265, deux exemplaires. — Stn. 266, un exemplaire.
Tous les Germons ont été pris à la ligne de traîne.
Le Germon a été recueilli en assez grand nombre par l'expédition, en plein
Océan, entre le Golfe de Gascogne et les Açores. « Pendant les mois de juillet et
« d'août derniers, YHirondelle a fait, jusque vers 600 lieues dans l'ouest et le
« sud-ouest de l'Europe, des recherches sur la présence des Thons : deux lignes,
« avec amorces artificielles, traînant derrière le navire quand l'allure n'excédait
« pas quatre nœuds, ont pris un peu partout cinquante-trois Thons (Thynnus
« alalonga), qui pesaient ensemble 908 livres. » Prince de Monaco (8).
Aucun de ces exemplaires n'a été conservé. Mais on a trouvé dans l'estomac de
ces individus différents restes de Poissons, dont nous avons pu déterminer plusieurs ;
voici une liste de ceux qui ont été conservés :
Trachurus trachur us (Linné) (Stn. 262), Golfe de Gascogne. Plusieurs exemplaires.
Capros aper (Linné) (Stn. 263), Golfe de Gascogne. Un exemplaire.
Cubiceps gracilis Lowe (Stn. 174), au large du cap Finisterre. Deux exemplaires.
Paralepis pseudocoregonoides Sarato (Stn. 264), Golfe de Gascogne. Deux
exemplaires.
Plagyodus sp., en plein Océan, au nord-ouest du cap Finisterre. Un exemplaire
jeune.
Scombresox saurus (Walb.) (Stn. 174 et Stn. 266), entre le Golfe de Gascogne et
les Açores. Nombreux exemplaires.
Sternoptyx diaphanus Herrm. (Stn. 174), entre le Golfe de Gascogne et les Açores.
Deux exemplaires.
Maurolicus sp. (Stn. 262), au nord-est des Açores. Un grand nombre de jeunes
exemplaires.
Syngnathus œquoreus Linné (Stn. 174, Stn., 25 1, Stn. 262), au nord des Açores
et entre l'Irlande et le cap Finisterre. Nombreux exemplaires.
En parcourant cette liste, on s'aperçoit que l'examen des estomacs de Germons
a fourni quatre espèces, qui n'ont pas été recueillies d'autre façon pendant l'expédi-
-3 7 -
tion, savoir : Plagyodus sp., Cubiceps gracilis, Paralepis pseudocoregonoides et
Scombresox saurus.
Famille des ECHENEID^E
Echeneis brachypterus, Lowe
1839. Echeneis brachyptera, Lowe (151), p. 89.
Campagne de 1887 : Stn. i3i, surface. Deux exemplaires pris sur un Mola mola
(Linné).
En 1862, Gill (M 9 p. 23g) décomposa la famille typique « Echeneis » en deux
groupes, savoir : le groupe des Echeneides, comprenant les genres Echeneis (type :
Ë. fiaucrates Lin.) et Phtheirichthys Gill; et le groupe « Remorœ », comprenant les
genres Rémora (type : E. rémora Lin.) et Remile gia Gill. E. brachypterus appartient
au dernier de ces groupes, qui se distingue du premier par un corps plus court et plus
robuste, et par d'autres particularités moins importantes quant à la structure des
ventrales et des pectorales; les naturalistes américains (1159, p. 854) le désignent
encore sous le nom de Rémora brachyptera. On a encore une fois (Gill en 1 863) fait
de cette espèce le type d'un nouveau genre, Remoropsis (83, p. 88), en se basant
sur ce que le maxillaire supérieur est pointu et l'anale plus courte que chez Rémora;
mais ces caractères sont, eux aussi, de peu d'importance comme caractères distinctifs
génériques; néanmoins, les ichthyologues américains maintiennent le genre Remo-
ropsis.
PROPORTIONS
a b
Longueur totale o m 189 o m 252
» de la tête o m 042 o m o56
Largeur de la tête o m o28 o m o4o
Longueur du disque o m 048 o m o63
Base de la deuxième dorsale ... o m o63 o m 08 1
Nombre des rayons : a. 1. D. i5 ; 2 me D. 3o; A. 25.
b. 1. D. 16; 2 mô D. 3o; A. 27.
Le disque céphalique qui a, chez le plus petit des exemplaires quinze, et chez le
plus grand seize paires de lamelles, est donc compris presque quatre fois dans la
longueur totale (3,72-3,g3). Les pectorales prennent naissance au-dessus de la
quatrième paire de plaques (en comptant de l'arrière à l'avant). Lorsque la caudale
est étendue, le bord en est un peu convexe.
La coloration est blanchâtre chez le plus jeune, un peu plus foncée chez le plus
grand exemplaire.
Habitat. — De même que la plupart des espèces du genre Echeneis, E. brachy-
— 38 —
pterus a été observé en plusieurs points très distants les uns des autres, dans les
parties chaudes tant de l'Océan Atlantique que de l'Océan Pacifique ; on le trouve
attaché à divers Poissons.
On a constaté l'existence de cette espèce à Madère, d'où elle a été décrite pour
la première fois par Lowe, en i83g ; on l'a également trouvée, selon Gunther (1©4,
p. 3g9), au large du Brésil; de même, le Musée de Copenhague en possède, d'après
Lùtken (158, p. 3g), des exemplaires trouvés dans la cavité branchiale d'un Tetrapt-
urus, sous l'Equateur (3° lat. sud, 29 long, ouest). Les exemplaires de V Hirondelle
ont été recueillis, comme il a été dit, sur un Mola mola harponné aux Açores ; dans
l'ouest de l'Atlantique, l'espèce a été constatée le long des côtes des Etats-Unis
jusqu'aux Etats de l'est, au large du Massachusetts (E. quatuor decim-lamellatus
Storer 1839), où on en a pris des exemplaires sur un Xiphias.
Déjà, en 1839, Eydoux et Gervais l'ont mentionnée (E. sexdecim-lamellata, ©S.
p. 77) comme fréquentant l'Océan Pacifique, et on l'a trouvée un peu partout dans
cet Océan. Temminck et Schlegel nous apprenaient déjà, en i85o, qu'elle se rencontre
au Japon (E. pallida), ce qui a été confirmé depuis par Steindachner et Doderleîn.
On a également trouvé ce Poisson en Chine, ainsi que dans les mers de l'Inde et aux
îles de la Sonde (E. Nieuhofi Bleeker, 14, p. 279). Enfin, le British Muséum en
possède des exemplaires provenant de l'Océan Pacifique du sud, d'Otahiti, de la
Nouvelle-Zélande (pris sur des Histiophorus), ainsi que de Zanzibar et de la côte est de
l'Afrique.
Famille des ANTENNARIID^E
Antennarius histrio, (Linné)
1766. Lophius histrio, Linné (145), p. 403.
1861. Antennarius marmoratus, Gunther (1©3), vol. 3, p. i85.
1876. Antennarius marmoratus, Gunther (±07), p. 162, pi. 100.
1878. Pterophryne (Pterophrynoïdes) histrio, Gill (8©), p. 216.
1882. Antennarius histrio, Jordan et Gilbert (138), p. 845.
Campagne de 1887 : Stn. i36 et Stn. 146, surface. Dix-neuf exemplaires (dont
quatorze très jeunes) ont été pris dans les Sargasses, entre les Açores et Terre-Neuve.
Le plus grand des exemplaires mesure y6 mm de longueur ; les grands portaient
tous jusqu'à sept exemplaires d'un Pennellidé, dont quelques uns étaient complète-
ment développés, les autres plus jeunes.
La longueur des jeunes Antennarius variait de i4 mm à 28 mm ; ils n'avaient pas de
parasites.
Chez deux de ces individus de moyenne taille (longueur totale 52 mm à 56 mm ),
l'estomac contenait un ou deux exemplaires de leur propre espèce tout jeunes, d'une
longueur de 20 mm à 22 mm .
-3 9 -
Habitat. — A. histrio est très répandu dans les mers des tropiques; on l'a
trouvé dans l'Atlantique, dans le Pacifique et dans l'Océan Indien. Sa coloration
€St excessivement variée, ce qui l'a fait décrire plusieurs fois sous des noms
nouveaux; mais déjà, en 1862, le docteur Gùnther a prouvé que toutes ces préten-
dues espèces appartiennent à une seule et même forme extrêmement variable.
Dans la Mer des Sargasses, au sud des Açores, A. histrio se rencontre en grand
nombre parmi les Algues flottantes (Sargassum bacciferumj, et le Gulf-Stream
l'emporte vers les côtes des Indes Occidentales et des Etats du sud de l'Amérique, où
il est commun.
Sur les côtes d'Europe, il en a été pris un seul individu, recueilli parmi des
Mallotus villosus à Vard0, en Norvège, à 71 de lat. nord, en 1826 {Chironectes
arcticusDùb. et Kor. (1844), 52, p. 72). Cet exemplaire, qui est conservé au Musée de
Bergen, avait évidemment été emporté par le Gulf-Stream vers cette partie de la
Mer Glaciale (de même que les graines à'Entada scandens, Mucuna urens, Guilan-
dina bonducella et différentes graines et autres parties de plantes des tropiques, 144).
A. histrio est également connu sur les côtes d'Afrique (Sénégambie, 105).
Dans l'Océan Indien, on en a pris en divers points fort éloignés les uns des
autres, et le British Muséum en possède des exemplaires provenant de Madagascar,
des Moluques, d'Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Nouvelle-Guinée, de la
Chine et du Japon.
Famille des AGONID^E
Aspidophoroïdes Olriki, Liitken
1876. Aspidophoroïdes Olrikii, Lûtken (158 bis ), p. 386.
1881. Aspidophoroïdes Olrikii, Hubrecht (1183), p. 3.
1887. Aspidophoroïdes Olrikii, Lûtken (161), p. 120, pi. xv.
Campagne de 1887 : Stn. 162, profondeur i55 m . Deux -exemplaires pris sur le
Banc de Terre-Neuve.
Les deux individus que nous avons sous les yeux sont, par tous les caractères
essentiels, exactement conformes aux descriptions détaillées publiées par Lûtken dans
les Mémoires indiqués ci-dessus.
PROPORTIONS
a b
Longueur totale o m o65 o m o66
» de la tête . o m oi35 o m oi4
Du bout du museau à la dorsale o m o32 o m o33
Du bout du museau à l'anus o m oi65 o m oi7
Longueur du- corps jusqu'à la caudale o m o56 o m o57
» de la pectorale o m oi4 o m oi4
Diamètre de l'œil ' o m oo4 o ra oo45
La plus grande largeur du corps, o m oi i o m oi i
Longueur de la ventrale o m 007 o m 007
La longueur de la tête est donc contenue près de cinq fois (4,71 à 4,78), et la
plus grande largeur du corps presque exactement six fois (5,90 à 6,00) dans la
longueur totale (y compris la caudale). La longueur de la tête comprend trois fois
(3,oo à 5,o6) le diamètre de l'œil.
Nombre des rayons : a. D. 7; A. 6 ; C. 10; P. 14.
b. D. 6; A. 6; C. ?; P. 14.
La coloration est d'un gris brun avec trois ou quatre bandes transversales un
peu plus foncées, à peu près de même largeur que le diamètre de l'orbite. La pecto-
rale a de six à sept fines raies transversales foncées. La dorsale et l'anale ont deux
bandes transversales plus foncées et l'extrémité postérieure toute blanche K
Outre les mâchoires, le vomer et les palatins sont garnis de dents en une large
bande ; au coin de la bouche se trouve un tentacule excessivement court.
Les épines nasales sont courtes mais distinctes.
Boucliers : Sur le côté du dos, il y a seize paire de boucliers, depuis la tête
jusqu'à la naissance de la dorsale; le long de la base de la dorsale (jusqu'au dernier
rayon) il y en a encore sept paires. En arrière de la dorsale s'étendent de seize à
dix-sept boucliers, dont les onze derniers chez l'un des exemplaires (a), et chez
l'autre (b) les treize derniers sont simples. Entre le sommet de la tête et la caudale
il y a, en tout, de trente-neuf à quarante boucliers. La ligne latérale en compte
trente-huit chez l'un des exemplaires et trente-neuf chez l'autre.
Sur les côtés du ventre il y a, entre la gorge et les ventrales, cinq boucliers
dont le premier et le dernier sont doubles. Entre les ventrales et l'anus, il y en a
deux chez l'un des exemplaires et un seulement chez l'autre.
Depuis le bord antérieur de l'anus jusqu'à l'anale, on compte douze paires de
boucliers (dont trois bordent l'anus). Le long de la base de l'anale (jusqu'au dernier
rayon), il y en a six paires; en arrière de l'anale s'étendent seize boucliers, dont les
treize derniers chez l'un des exemplaires (a), et chez l'autre (b) les quatorze derniers,
sont simples. La rangée entière, depuis le bord antérieur de l'anus jusqu'à la caudale,
se compose donc de trente-quatre boucliers.
Habitat. — On connaît jusqu'ici deux espèces d' ' Aspidophoroides dans l'extrême
nord de l'Atlantique, savoir le type du genre, A. monopterygius Bloch, du Groenland,
et A. Olriki, qui se trouve dans la Mer Glaciale, sur les côtes des deux continents
jusqu'à Terre-Neuve; deux espèces ont été signalées en outre dans la région arctique
de l'Océan Pacifique (toutes deux sans épines bien distinctes sur le museau). Ce sont :
A. inermis Gûnther, pris à Vancouver, et A. Gûntheri Bean, des côtes de l'Alaska.
1 Cette coloration de l'extrémité de la dorsale (et de l'anale) est, selon Lutken, particulière aux mâles.
— 4i —
A. Olriki a été établi par le professeur Ltitken en 1876 (f 5§ bis , p. 386), d'après
trois individus, d'une longueur totale de j2 mm à y5 mm , trouvés dans l'estomac d'un
Somniosus microcephalus (Bloch, Schneid.) péché au Groenland; un quatrième
individu-type, appartenant au Riks Muséum de Stockholm, paraît être d'origine
semblable.
Depuis, A. Olriki a été retrouvé en 1878-79 par la goélette hollandaise
Willem-Barents, qui en a recueilli quinze exemplaires (d'une longueur totale de
40 mm à 75 mm ) entre le Spitzberg et la Nouvelle-Zemble (Hubrecht, i£3, p. 3). De
même, l'expédition danoise de la Dijmphna en a péché, en 1882, quatre individus
(d'une longueur totale de 63 mm à 69°™) dans la Mer de Kara, à 55 brassses (ioo m ) de
profondeur; ces derniers exemplaires ont été décrits et figurés en détail par Lùtken
dans la publication des résultats de l'expédition (161). Enfin, lors de l'expédition
de IslFylla en 1874, il en a été pris neuf individus sur les bancs qui se trouvent au
large d'Holstensborg, sur la côte ouest du Groenland. La longueur de ces exem-
plaires était de Ô2 mm à 86 mm ; cette dernière longueur est la plus grande que l'on ait
observée jusqu'ici chez A. Olriki.
La découverte de deux exemplaires de ce Poisson, faite par Y Hirondelle sur
les bancs situés au sud de Terre-Neuve, montre que l'espèce s'étend sur une zone
d'une étendue et d'une largeur considérables dans les parties arctiques de l'Atlanti-
que, depuis la Mer de Kara à l'est jusqu'à la baie de Baffin, et vers le sud jusqu'à
46 5o' lat. nord.
Famille des GOBIID^E
Lebetus orca, (Collett)
1874
1875
1875
1879
188 5
1888
Gobius orca, Collett (3©), p. 446.
Gobius orca, Collett (81), p. 172, pi. m, fig. i-3.
Gobius orca, Collett (3$), p. 5y.
Lebetus orca, Collett (36), n° 1, p. 34,
Lebetus orca, Collett (38), p. 61, pi. 1, fig. i-a.
Gobius Jeffreysii, Gûnther (115), p. 210 (partim), pi. ni, fig. B, nec Giïnther 1867.
Campagne de 1886 : Stn. 44, profondeur i66 m . Deux exemplaires pris au large
des Sables d'Olonne.
Cette petite espèce caractéristique, dont la longueur totale semble ne pas dépasser
3o mm à 35 mm ? est probablement un des plus petits Poissons européens.
Elle a été établie d'après un seul exemplaire, recueilli en 1873 sur la côte ouest
de la Norvège simultanément avec une autre espèce qui s'en rapproche, mais dont
la coloration est tout à fait différente, le L. scorpioides (Collett).
Un individu de cette dernière espèce ayant été recueilli plus tard dans le
Cattégat, sur les côtes du Danemark, par Winther, cet auteur créa en 1877 pour
ces deux espèces le genre Lebetus (995, p. 49), en se basant sur une particularité (déjà
6
— 42 —
signalée par l'auteur du présent travail) dans la structure des ventrales, et qui consiste
en ce qu'elles ne sont pas unies entre elles par une membrane antérieure comme chez
le genre Gobius; la membrane en question contribue à former avec les ventrales un
tube plus ou moins allongé. Mais, comme cette membrane transversale peut parfois
être basse ou peu distincte, même chez les Gobies typiques, il est douteux que l'on
doive conserver le genre Lebetus.
Les deux exemplaires que nous avons sous les yeux sont tous deux jeunes; la
longueur totale est de 24 mm , celle de la tête de 6 mm 5, et le diamètre de l'œil de 2 mm .
Par suite de leur peu de développement, il est impossible de faire une étude appro-
fondie du nombre des rayons et des écailles; la courte description de l'espèce, que
nous donnons ci-après, résulte principalement des observations faites sur des exem-
plaires un peu plus grands, pris sur les côtes de Norvège. Des trois figures publiées
jusqu'à présent, celle que j'ai donnée en i885 (88, pi. i, fig. 1-2) est la meilleure.
La coloration présente cette particularité de n'offrir ni taches, ni bandes bien
définies. La teinte générale du corps est d'un brun grisâtre; chez les exemplaires
plus développés, on remarque sur le corps, au-dessous du commencement de la
première dorsale, une ombre plus foncée, et une autre plus accentuée entre la fin
de la deuxième dorsale et l'anale; il y a également, sur le tronc de la caudale, une
réunion de petits points plus foncés. Toutes ces ombres plus foncées sont moins
visibles chez les jeunes individus, comme, par exemple, chez les deux exemplaires
de Y Hirondelle.
La première dorsale est d'un brun noir uni, sans bandes transversales; il n'y a
que l'extrême bord de la membrane qui semble blanchâtre. Par contre, la deuxième
dorsale a quatre bandes transversales alternativement brun noir et blanches, toutes
à peu près de même largeur, outre un commencement de bande brun noir à la base
des premiers rayons. L'anale est d'un brun noirâtre, comme la première dorsale; les
autres nageoires sont plus claires.
Chez les deux exemplaires que nous avons sous les yeux, la coloration des
nageoires est, en général, moins bien définie ; cependant chez l'un d'eux, qui est
probablement un mâle, les bandes transversales de la deuxième dorsale sont très
distinctes.
La tête est comprise un peu plus de quatre fois dans la longueur totale; Tceil est
très grand et mesure près de la moitié de la longueur de la tête. Le museau est très
court ; les lèvres sont épaisses et les mâchoires à peu près aussi avancées l'une que
l'autre.
Quant aux nageoires, la première dorsale a ceci de particulier qu'elle est plus
haute que la tête n'est longue (chez les deux exemplaires en question, elle mesure
6 mm ), ce qui fait un quart de la longueur totale. Le nombre des rayons est de sept 1 ,
1 La première description (31, p. 172) n'indique que six rayons. Depuis, on a constaté chez des exem-
plaires mieux conservés que le nombre est, ou tout au moins, peut être sept.
et le dernier rayon est relativement long, ce qui donne à la nageoire une forme
rectangulaire (et non arrondie ou presque triangulaire comme chez plusieurs des
autres Gobies typiques).
Nombre des rayons : i. D. 7; 2. D. 10-1 1 ; A. 9; V. 6 ; P. 17; C. 3 12 (ou i3) 3 .
Les écailles sont relativement grandes, mais assez peu adhérentes; le nombre
des écailles de la ligne latérale est de vingt-quatre à vingt-cinq. La gorge, le front,
la nuque et les parties du corps situées au-dessus et au-dessous des pectorales, sont
dépourvus d'écaillés 1 .
Habitat. — On a jusqu'ici recueilli un petit nombre d'exemplaires (six) de
L. orca sur les côtes de Norvège, à partir du fjord de Trondhjem jusqu'à la pointe
méridionale de ce pays. Parmi les Gobies, il appartient aux formes des eaux profondes,
et on le prend parfois à une profondeur qui atteint jusqu'à 200 brasses (environ 400™).
En dehors de la Norvège, sa présence n'a été constatée jusqu'à présent que sur
la côte nord de l'Ecosse (Kilbrennan Sound), où on en a recueilli un individu en
mars 1888; cet exemplaire a été décrit et figuré par Gûnther sous le nom de
G. Jeffreysi, mâle 2 . Il y a enfin les exemplaires de V Hirondelle, qui proviennent
du Golfe de Gascogne, de sorte que l'espèce est connue maintenant depuis 63° 40'
jusqu'à 46 27' lat. nord.
Famille des CALLIONYMID^E
Callionymus maculatus, Rafinesque
1810. Callionymus maculatus, Rafinesque (186), p. 25.
Campagne de 1886 : Stn. 42, profondeur i36 m . — Stn. 44, profondeur i66 m . —
Stn. 45, profondeur i6o m . — Stn. 46, profondeur i55 m . — Stn. 5o, profondeur i5o ra .
— Stn. 58, profondeur i54 m .
Campagne de 1887 : Stn. 85, profondeur i8o m .
Ces différentes localités, situées toutes dans le Golfe de Gascogne, ont fourni
onze exemplaires.
La plupart d'entre eux étaient plus ou moins jeunes; cependant, deux ou trois
mâles avaient les nageoire très allongées ; la longueur totale variait de 75 mm à 8ç) mm .
1 Outre les deux exemplaires mentionnés ci-dessus, il en existe un jeune, tout petit, de même provenance
(Stn. 44), qui pourrait bien appartenir à cette espèce, bien que l'on constate chez lui des différences curieuses.
La longueur totale est de nmm; les pectorales et la caudale sont normales; les dorsales et l'anale peu
distinctes, rudimentaires ; les ventrales semblent faire complètement défaut. Je l'aurais passé sous silence
comme indéterminable, si l'on ne savait qu'il existe des différences remarquables dans la structure des nageoi-
res entre le mâle et la femelle de la même espèce chez un autre Gobiidé, Crystallogobius Nilsoni Diiben et
Koren (voir 33, p. 25 et 34, p. 3i8).
2 (114, p. 210). Grâce à la bienveillance du docteur Gunther j'ai eu, en octobre 1890, l'occasion d'exa-
miner cet exemplaire au British Muséum.
— 44 ■—
Habitat. — Ce Poisson habite principalement la Méditerranée, où on le trouve
au moins jusqu'à Malte (Vinciguerra, £19, p. 532), et dans l'Adriatique, qu'il
remonte jusqu'à Trieste et Venise. Il est encore commun le long des côtes d'Italie et
d'Espagne; dans l'Atlantique il est, paraît-il, assez rare le long de la presqu'île
ibérique et, jusqu'à présent, il n'avait pas été signalé sur les côtes françaises de
l'Océan; les exemplaires de V Hirondelle ont cependant tous été pris en différents
points du Golfe de Gascogne, souvent à une distance considérable de terre et à
une profondeur atteignant jusqu'à i8o m . Le fond était presque toujours un fond de
sable ou de gravier; il ne paraît pas se rencontrer sur les fonds vaseux.
Selon Gûnther (115, p. 211), on l'a également signalé sur la côte nord de
l'Ecosse, plusieurs exemplaires avaient été pris dès 1867 aux Hébrides, où l'on en
a encore recueilli un grand nombre en 1887 et en 1888.
Dans le Cattégat, on en avait déjà rencontré un exemplaire près de Landskrona,
en i83o ; ce Poisson semble également y avoir été commun dans ces dernières années,
du moins à certains endroits (184, p. 1 54); enfin, sur les côtes de Norvège, on l'a
signalé çà et là jusqu'au fjord de Trondhjem, par 64 lat. nord. Le Musée de
l'Université de Christiania possède une femelle adulte, d'une longueur totale de io5 mm ,
pêchée en juillet 1889 à cette dernière localité.
Famille des BLENNIIDvE
Blennius galerita, Linné
1766. Blennius galerita, Linné (145), vol. 12, p. 441.
1888. Salarias symplocos, Hilgendorf (1181), p. 79.
1888. Salarias symplocos, Hilgendorf (ISS), p. 209, pi. xiv, fig. A.
Campagne de 1888 : Fayal, Açores, i3 août. Un jeune exemplaire.
L'exemplaire recueilli est un jeune, dont la longueur totale est de 2i mm ; les
tentacules du front sont bien développés ; mais la partie postérieure de la mâchoire
inférieure, qui est déjà jaunâtre chez les jeunes d'une longueur double, et complète-
ment jaune chez les adultes, est ici foncée comme le reste de la mâchoire.
Habitat. — Dans la Méditerranée, cette espèce est répandue, mais, à ce qu'il
paraît, en nombre peu considérable, le long des côtes d'Italie jusqu'à Lésina, dans
l'Adriatique (V 5 et 189, p. 23); elle est cependant commune, selon Guichenot, sur
les côtes d'Algérie (191, fasc. 32, p. 72) et pénétre vers l'est jusqu'à la Mer Noire
(Kessler); on l'a également trouvée sur les côtes de Grèce (9, p. 14; Blennius Mon-
tagui). Dans l'Atlantique, elle est abondante sur les côtes de la presqu'île ibérique et
remonte, selon Day, vers le nord jusqu'au sud de la Manche, où elle est même assez
commune à certains endroits. Elle se rencontre en outre à Madère, et, selon Stein-
dachner, elle est très abondante aux Canaries (395, p. 672).
— 45 —
L'exemplaire de Y Hirondelle a été pris aux Açores, d'où l'espèce a été
mentionnée antérieurement par Simroth et Hilgendorf; elle ne semble pas avoir été
signalée sur les côtes ouest de l'Atlantique.
Blennius ocellaris, Linné
1766. Blennius ocellaris, Linné (145), vol. 1, p. 442.
Campagne de 1886 : Stn. 46, profondeur i55 m . Un exemplaire provenant du
Golfe de Gascogne.
Cet exemplaire encore jeune a une longueur totale de io4 mm ; la teinte générale
est d'un brun gris-clair, sans bandes transversales distinctes.
Habitat. — Ce Poisson n'est répandu que sur les côtes du sud-ouest de l'Europe;
on ne l'a pas encore trouvé près des îles de l'Atlantique. Il est commun autour de
la presqu'île ibérique et pénètre dans la Méditerranée au moins jusqu'en Grèce
(9, p. 14). Il se rencontre également sur les côtes de la Sicile où il est, selon Facciolà
(©S et 69, p. 11 5), moins commun à Messine. Il est rare sur les côtes du Golfe de
Gascogne, et dans la Manche on n'en a pris que des individus isolés; il paraît qu'on
en a rencontré un exemplaire dans la mer d'Irlande (Forbes, 3», p. 2o3).
Blennius sanguinolentus, Pallas
i8ii-i83i. Blennius sanguinolentus, Pallas (181), vol. 3, p. 168.
Campagne de 1887 : Stn. 108, marée basse. Pico, Açores. Trois individus.
Le plus grand de ces exemplaires a une longueur totale de 1 i8 mm . Ils appartien-
nent tous à la variété de couleur sombre, chez laquelle les taches, petites et peu
distinctes, sont presque invisibles sur la teinte générale, qui est d'un brun noirâtre;
c'est cette même variété qui, selon Steindachner, est abondante aux Canaries.
Habitat. — Ce Poisson est un des plus abondants et des plus répandus des
Blennius européens. Il se rencontre dans la Méditerranée jusqu'au Bosphore; le
British Muséum possède des exemplaires provenant de Constantinople ; l'espèce
abonde également dans la Mer Noire jusqu'en Crimée (17©, p. 402). Déjà, Cuvier
et Valenciennes la signalent comme existant sur les côtes d'Egypte et de Morée (48,
vol. 11, p. 217). Ce Blennius est également commun en Algérie; dans l'Atlantique,
il se rencontre le long de la péninsule ibérique et sur les côtes de France jusqu'à
Arcachon environ, ainsi qu'à l'embouchure de la Loire; ce n'est qu'accidentellement
qu'on le trouve dans la Manche; cependant, le British Muséum en possède un
exemplaire de Guernesey.
Enfin, il est commun sur les côtes des îles de l'Atlantique, à Madère, aux
Canaries, où il est même excessivement abondant ; on le rencontre également aux
îles du Cap-Vert (»!*, p. 228), où il a été retrouvé lors de l'expédition du
Challenger (118), par i5° lat. nord. Le British Muséum en possède enfin,
selon Gùnther, des exemplaires provenant de la côte nord-ouest de l'Afrique (expé-
dition du Niger). Le spécimen de YHirondelle vient des Açores, où l'espèce a été
trouvée antérieurement.
Famille des SPHYR^ENID^E
Spliyrsena sphyrsena, (Linné)
1766. Esox sphyrœna, Linné (145), vol. i, p. 5 1 5.
1787. Esox spet, Dubenton et Haùy (49), vol. 3.
i8o3. Sphyrœna spet, Lacépède (1418), vol. 5, p. 326.
1829. Sphyrœna vulgaris, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 3, p. 327.
Campagne de 1887 : Fayal, Açores. Un exemplaire adulte, dont les viscères
avaient été enlevés.
PROPORTIONS
Longueur totale o m 5g8
» de la tête o m 1 65
Hauteur du tronc o m 060
Diamètre de l'œil (la partie extérieure, visible) o m 02o
Espace interorbitaire o m 023
Longueur de la pectorale o m 049
» de la ventrale o m 044
Chez cet exemplaire, la tête est donc comprise un peu plus de trois fois et demie
(3,62) et la hauteur du tronc dix fois (9,99) dans la longueur totale (y compris la
caudale).
Le diamètre visible de l'œil (non compris les paupières) est compris huit fois un
quart (8,25) dans la longueur de la tête.
La ligne latérale comprend cent quarante-quatre écailles, dont six sur la caudale.
Habitat. — S. sphyrœna, déjà connu et décrit par les anciens auteurs comme
existant dans la Méditerranée, est répandu dans toute la partie orientale de cette
mer, mais il n'y est pas commun. Cependant, il a été recueilli dans la plupart des
pêcheries depuis le fond de l'Adriatique (Trieste, selon Graeffe), sur les côtes de Sicile
(Messine), sur tout le littoral italien, ainsi qu'à Nice et à Marseille; en outre, sur la
côte nord de l'Afrique (Tunis, selon Vinciguerra) et le long des côtes d'Espagne et de
Portugal, du moins jusqu'à Cadix et Lisbonne. On ne l'a pas trouvé à la hauteur
du Golfe de Gascogne.
Dans l'Atlantique, il est plus ou moins commun à Madère, aux Canaries (très
abondant à Ténériffe, selon Steindachner), ainsi qu'aux îles du Cap- Vert. On l'a
— 47 ~
trouvé, en outre, sur la côte ouest de l'Afrique, selon Rochebrune (195, p. 94), en
Sénégambie, et selon Brito Capello (19, p. 201) à Anchieta et Mossamedès (1 5° lat. sud).
Vers l'ouest, l'espèce se rencontre aux Açores, où l'exemplaire de Y Hirondelle a
été recueilli; on l'a également signalée aux Bermudes (British Muséum), à Bahia et
à Rio de Janeiro.
Le Musée de l'Université de Christiania a reçu de ce dernier endroit un grand
exemplaire (longueur totale o m 4i2), qui ne diffère en aucun point essentiel de
ceux de même taille pris à Gibraltar.
Le long de la côte est de l'Amérique du Nord, depuis le cap Cod jusqu'à la
Caroline du Nord, on rencontre une forme que les ichthyologues américains de ces
derniers temps prétendent être une espèce distincte (S. borealis De Kay). Cette
forme différerait de l'espèce européenne par ses écailles relativement plus grandes
(pas plus de cent trente dans la ligne latérale), son œil relativement plus grand (six
fois dans la longueur de la tête), et par ses dimensions plus petites, sa longueur
dépassant à peine un pied (o m 3o5) de long (199, p, 67 et 73).
Cependant, l'on a constaté chez de jeunes exemplaires de S. sphyrœna, pris
dans la Méditerranée, le même nombre d'écaillés que chez 5. borealis, soit environ
cent trente-cinq, et la différence de grandeur de l'œil est également difficile à
apprécier.
Famille des GOBIESOCID^E
Lepadogaster bimaculatus, (Pennant)
1776. Cyclopterus bimaculatus, Pennant (183), vol. 3, p. 397.
i858. Lepadogaster bimaculatus, Fleming {918), p. 190.
Campagne de 1886 : Stn. 40, profondeur 63 m . Un exemplaire.
L'exemplaire atteint un peu plus de la moitié de la taille de l'adulte; sa longueur
totale est de 3o mra .
Habitat. — Cette espèce, comme les autres du même genre, est une forme
littorale habitant la Méditerranée et les côtes occidentales de l'Europe; mais elle
semble être plus répandue qu'aucune de ses congénères ; elle se rencontre, en effet,
depuis les Canaries, au sud, jusque vers le cercle polaire, au nord.
Dans la Méditerranée, on trouve L. bimaculatus au moins jusqu'en Grèce, où il
a été signalé par Apostolidès (9, p. 3o), en Sicile et à Malte; le Musée de l'Université
de Christiania en possède des exemplaires de Syracuse et de Catane, appartenant à la
formeZ. Desfontainei (Risso). Dans l'Adriatique, ce Poisson pénètre, selon GraefFe,
jusqu'à Trieste. Ailleurs, il se rencontre, mais pas en grand nombre, le long des côtes
d'Italie et d'Espagne ; on en trouve aussi différentes variétés de couleur sur le littoral
d'Algérie (19 i, p. 109).
Dans l'Atlantique, il a été trouvé par Steindachner aux Canaries ($05, p. 686),
— 48 —
aux Açores (Hilgendorf) et le long des côtes d'Espagne; il semble être peu abondant
dans le Golfe de Gascogne, mais il n'est pas rare sur les côtes d'Angleterre et
d'Ecosse. Enfin, en Norvège, il est assez commun à partir de Stavanger jusqu'au
fjord de Trondhjem (64 lat. nord); on en a parfois trouvé aux environs de Bergen
jusqu'à cinq individus attachés à une coquille de Cyprina islandica. Il est rare dans
le Skagerrak et le Cattégat, où l'on n'en a pris, d'après Lilljeborg (148, p. 747),
qu'un seul individu en 1881 ; il n'existe pas dans la Baltique.
Famille des NOTACANTHID^E
Notacanthus rostratus, Collett
(PL V, fig. 21)
1889. Notacanthus rostratus, Collett (41), p. 307.
Campagne de 1887: Stn. 161, profondeur i2Ô7 m . Un exemplaire pris sur le Grand
Banc de Terre-Neuve.
Diagnose : Corps relativement large ; la plus grande hauteur est comprise dix
fois et trois dixièmes (io,3) dans la longueur totale, et trois fois et sept dixièmes (3,7)
dans la longueur qui s'étend du museau à l'anus.
Tête comprise huit fois sept dixièmes (8,7) dans la longueur totale; museau
long et pointu. La fente de la bouche atteint les narines antérieures.
Œil compris deux fois et trois dixièmes (2,3) dans la longueur du museau; espace
interorbitaire étroit.
Dents : vingt environ dans Tintermaxillaire et dix-huit dans la mandibule,
pointues et formant une seule rangée, de même que sur les palatins.
La dorsale commence devant les pectorales ; son dernier rayon est placé en
avant du milieu de la longueur de la queue ; les ventrales, qui ont un rayon épineux
faux et les autres articulés, atteignent l'anus et sont séparées entre elles.
Les rayons de l'anale, qui sont tous réunis entre eux sont, en tout, au nombre
de deux cent quarante-cinq, dont cinquante-trois sont des rayons épineux véritables.
La coloration est d'un brun gris, avec les lèvres, la partie molle de l'anale et la
membrane branchiostège, noires. Les écailles sont serrées et distinctes.
D. 27; P. 1 | 14; V. 10; A. 53 | 192.
On n'a décrit jusqu'à présent que sept espèces de Notacanthus, toutes connues
seulement par quelques exemplaires pris à de grandes profondeurs dans les parties
les plus différentes de l'Océan Atlantique, depuis l'Islande, le Groenland (N. nasus
Bloch) et la Méditerranée, jusque dans les régions de l'Océan Pacifique (comme la
Nouvelle-Zélande, le sud de l'Australie, le Japon et l'Amérique méridionale). On
avait déjà trouvé un exemplaire du N. phasganophorus Goode, 1881, sur les côtes
de Terre-Neuve, où V Hirondelle a recueilli le type de cette nouvelle espèce.
— 49 —
On ne connaissait auparavant, dans le groupe du genre Notacanthus auquel
appartient le présent individu {Polyacanthonotus Bleek. Gùnth.), qu'une espèce,
N. rissoanus Fil. Ver., 1859, de la Méditerranée (?1, p. 190). La description
donnée par ces auteurs est, en somme, peu complète *.
Un nouvel exemplaire du même groupe, ayant une longueur totale de 26o mm , a
été pris pendant l'expédition du Travailleur et du Talisman en i883, sur les côtes
du Maroc. Cet individu qui, d'après Vaillant («13, p. 335), n'était pas en bon état,
avait le nombre de rayons suivants :D. 37 | 1 ; A. 27 | n.; + 5; 1 | i3;V. 1 |9;M.B. 8.
Enfin on avait péché, pendant l'expédition du Challenger (1 873-1876), au
sud de Yeso au Japon, et à la profondeur de 1875 brasses (341 2 m ), un individu que
le D r Gùnther (114, p. 25o) considère comme identique au N. rissoanus Fil. et Vér.
La longueur totale de l'exemplaire était de 39Ô mm ; le nombre des rayons était :
D. 34; A. 54 | n. (79); C. 6; P. n; V. 1 | 9; M. B. 9.
Cependant, l'identité de ce spécimen avec N. rissoanus a été mise en doute par
Vaillant, qui considère l'exemplaire du Japon comme une espèce distincte et lui donne
le nom de N. Challengeri Vaillant («13, p. 387), surtout à cause de « ses épines
« anales plus robustes, moins longues, incomparablement plus nombreuses, de ses
« écailles distinctes, etc. »
Ce sera surtout à cet exemplaire, N. Challengeri, qu'il faudra comparer N. ros-
tratus; mais il diffère suffisamment de cette espèce, dont Gûnther a donné un si
beau dessin dans le Mémoire mentionné plus haut (114, p. 25o; pi. lxi, fig. B),
d'abord en ce que le nombre des rayons n'est pas le même, et aussi en ce que les
rayons épineux de la dorsale prennent naissance à des endroits différents ; en outre,
le museau est plus long, le nombre des dents n'est pas le même, la hauteur du
corps est plus grande, la tête est plus petite et la partie caudale plus longue.
PROPORTIONS
Longueur totale o m 4o8
» de la tête « o m 046
Hauteur du corps par le travers de l'anus o m o39
» » » des ventrales o m o37
» » » des pectorales o œ 025
Du bout du museau à l'anus o m i35
De l'anus à la fin de la caudale o m 275
Du bout du museau à la base des ventrales o m 1 19
» » » des pectorales o m 062
Hauteur de la tête par le travers des yeux o m oi5
Longueur du museau o m oi65
* « Regione nasali valde elongata, proboscidiforme, pinnulas spinosœ dorsales 3o et ultra ».
— 5o —
Diamètre longitudinal de l'œil o m 007
Du bord postérieur de l'œil à la fente branchiale o m oi6
La plus grande largeur de la tête par le travers des opercules. o m oi35
Du bout du museau au bord postérieur delà mâchoire supérieure o m o 1 3 5
Partie postorbitaire de la tête o m 026
Longueur de la pectorale o m 026
» de la ventrale o m 020
Du bout du museau au premier rayon épineux de la dorsale o m o49
Du dernier rayon épineux de la dorsale au bout de la queue.. o m i5o
Description : Comparé aux autres espèces, le corps est relativement haut, mais
la tête est grêle et le museau très effilé. La plus grande hauteur du corps se trouve
par le travers de l'anus, et est comprise trois fois quarante-six centièmes (3,46) dans
la distance qui sépare l'anus du bout du museau. La hauteur, au niveau de l'insertion
des ventrales, est comprise trois fois soixante-quatre centièmes (3,64), et la hauteur
par le travers de l'insertion des pectorales cinq fois quarante centièmes (5,40) dans
la même distance. La plus grande hauteur du corps est comprise dix fois quarante-
six centièmes (10,46) dans la longueur totale.
La tête est très effilée ; la partie supérieure du profil montre une légère courbe
au-dessus des yeux, la partie inférieure monte en une ligne droite inclinée jusqu'au bout
du museau. La longueur de la tête est comprise huit fois quatre-vingt-six centièmes
(8,86) dans la longueur totale du corps, et deux fois quatre-vingt-treize centièmes
(2,g3) dans la distance du bout du museau à l'anus.
Le museau est long et pointu, et sa longueur (distance qui sépare son extrémité
du bord antérieur de l'œil) est comprise une fois et demie dans la partie postorbitaire
de la tête. L'œil, qui est placé près de la ligne du profil supérieur de la tête, est un
peu allongé (la hauteur est plus petite que la longueur) ; il est compris deux fois et
trois dixièmes (2,3) dans la longueur du museau, six fois et demie dans la longueur
de la tête, et trois fois et sept dixièmes (3,7) dans la partie postorbitaire de la tête.
L'espace interorbitaire est assez étroit, un peu plus que le diamètre vertical
de l'œil.
La longueur de l'intermaxillaire est de j mm ; la fente de la bouche atteint les
narines antérieures. La mâchoire supérieure se termine en arrière en une petite
épine libre, dirigée en arrière et qui, cependant, n'est que peu visible en dehors
de la peau de la mâchoire.
Les fentes branchiales sont larges; les membranes branchiostèges, qui sont
soutenues par de minces rayons, ne sont pas attachées à l'isthme. La distance qui
sépare l'extrémité de la mandibule de l'angle formé par la réunion des membranes
branchiostèges, est de 23 mm , ou un peu inférieure à celle de la partie postérieure de la
tête. Les membranes branchiostèges atteignent, en avant, l'extrémité de la mandi-
bule; la distance qui les sépare de cette extrémité n'est que d'un peu plus de la moitié
— 5i —
du diamètre de l'œil. On aperçoit un pli de la peau peu élevé, mais distinct, le
long du milieu de la gorge.
Les mâchoires et les palatins sont munis de dents ; le nombre des dents de
chaque intermaxillaire est d'environ vingt, celui de la mandibule de dix-huit;
elles sont pointues et placées en une rangée simple ; elles sont à peu près toutes de
même hauteur.
Nageoires : les rayons épineux de la dorsale sont au nombre de vingt-sept ; le
premier se trouve à peu près au milieu de l'espace qui sépare l'insertion des pecto-
rales du bord postérieur de l'opercule, le troisième juste au-dessus de l'insertion des
pectorales. Les rayons épineux antérieurs sont assez peu élevés et sont plus rappro-
chés (la distance entre eux est de 5 mm ) que les rayons épineux postérieurs, qui ont
une longueur de 5 mm et qui sont placés à une distance de 8 mm l'un de l'autre. Il n'y a
pas de rayon articulé après le dernier.
Les ventrales, dont l'insertion se trouve juste entre le dixième et le onzième
rayon épineux de la dorsale, consistent en dix rayons, dont le premier est simple et
articulé à son extrémité (par conséquent un faux rayon épineux); les autres sont
articulés et fendus ; les ventrales ne sont pas réunies entre elles à l'insertion ; leurs
rayons atteignent mais ne dépassent pas l'anus.
Les pectorales, qui commencent environ au-dessous du troisième rayon épineux
de la dorsale, à une distance de la fente branchiale qui est égale à la distance qui
sépare le bout du museau du milieu de l'œil, sont composées d'un rayon épineux et
de quatorze rayons articulés. Les plus longs de ces rayons sont le sixième ou le
septième, par conséquent, un peu au-dessus du milieu. Le premier des rayons arti-
culés, ainsi que les derniers (lesquels sont très petits et minces) sont simples, les
autres sont fendus.
L'anale commence immédiatement en arrière de l'anus et a en tout deux cent
quarante-cinq rayons de trois espèces différentes :
Les cinquante-trois premiers sont de vrais rayons épineux ; aucun de ces rayons
n'est complètement libre, mais tous, même les premiers, sont réunis jusqu'à la
moitié de leur longueur par une membrane, qui se continue derrière chaque rayon
en un court filament, qui dépasse un peu la pointe des rayons.
Les quarante-neuf rayons suivants sont de faux rayons épineux, qui se terminent
en aiguillon, mais qui sont articulés à la base; ces rayons sont beaucoup plus
rapprochés que les véritables rayons.
Les cent quarante-trois derniers rayons, qui atteignent tout à fait la caudale
rudimentaire, sont articulés et mous mais cependant simples ; c'est ici que la nageoire
atteint sa plus grande hauteur (jusqu'à 9 mm ), hauteur qui, à l'arrière, dépasse de
beaucoup celle de la queue elle-même.
La caudale paraît consister en deux minces rayons, qui dépassent d'une manière
remarquable les derniers rayons de l'anale.
Ecailles et pores : Une rangée de pores (de douze à treize) s'étend, depuis l'extré-
— 52 —
mité de la mandibule, le long du bord inférieur de la membrane branchiostège et
contourne, en remontant, les bords du préopercule.
La ligne latérale commence immédiatement au-dessus du bord supérieur de la
fente branchiale et se continue, en arrière, en une ligne presque droite à peu près
jusqu'au bout de la queue, où les pores semblent disparaître. Elle passe, dans sa
première partie, beaucoup plus près du profil supérieur que de l'inférieur, et ne
rencontre la ligne médiane du corps qu'en arrière du dernier rayon épineux de la
dorsale; les pores sont partout très rapprochés.
Tout le corps et la tête sont revêtus de petites écailles serrées et adhérentes, qui
sont lisses et imbriquées et qui recouvrent aussi les raies libres de la membrane
branchiostège; le bord extérieur de l'opercule est nu.
La coloration est d'un brun gris; la partie postérieure de l'anale (les rayons
mous) est noirâtre ; les lèvres sont d'un noir bleuâtre, ainsi que la membrane bran-
chiostège. Le bord nu de l'opercule est d'un gris bleuâtre mat, avec un petit bord
extérieur noirâtre. Les pectorales et les ventrales sont grises avec une teinte d'un
gris rouge.
L'exemplaire étudié était une femelle, et les ovaires contenaient un nombre
considérable d'œufs non mûrs.
L'estomac, muni de trois petits sacs courts, en guise d'appendices pyloriques,
contenait des parties de Crustacés, savoir : d'un Mysidé, d'un Eurycope, d'un
Amphipode (Bulichia ?J, enfin, d'un Hydroïde fLafoëaJ.
Famille des LABRID^E
Acantholabrus Palloni, (Risso)
1810. Lutjanus Palloni, Risso (1»S), p, 263.
1839. Acantholabrus Palloni, Guvier et Valenciennes (48), vol. i3, p. 243.
Campagne de 1886 : Stn. 54, profondeur i2o m . Un exemplaire pris au casier.
— Stn. 58, profondeur i34 m . Un exemplaire.
Tous deux sont jeunes; longueur totale environ ioo mm . Leur coloration est
semblable ; il y a une tache noire distincte sur la partie dorsale de la base de la
caudale, et une autre tache plus grande et de même couleur entre les trois derniers
rayons épineux et les trois rayons mous antérieurs. On remarque une tache noire
peu accentuée à la base de la caudale, du côté du ventre ; le bord de l'anus est
noir.
Habitat. —A. Palloni se rencontre dans les régions est de la Méditerranée
et çà et là sur les côtes occidentales d'Europe, mais d'ordinaire en petit nombre
seulement. Dans la Méditerranée, on en a pris à plusieurs endroits autour
de l'Italie jusqu'en Sicile, et dans l'Adriatique jusqu'à Trieste et Venise (Giglioli) ;
— 53 —
dans l'Atlantique, il se rencontre encore, mais plus rarement, à Madère, aux Cana-
ries (£©5, p. 699) et aux Açores (Hilgendorf). Il semble n'avoir pas été mentionné
auparavant comme existant dans le Golfe de Gascogne ; les deux exemplaires de
Y Hirondelle ont été péchés au large du cap Perlas, à une profondeur d'environ 1 3o m .
De plus, on sait que deux ou trois individus ont été rencontrés dans la Manche;
l'un d'eux, pris en février i83o, avait une longueur de 22 pouces anglais (environ o m 59).
Enfin, on en a péché un seul individu ayant une longueur totale de 270 mm , près du
cap Lindesnœs, en Norvège, en 1869; cet individu a été donné au Riks Muséum, à
Stockholm (0berg, 1*9, p. 3gi, .4. Couchiî).
Julis julis, (Linné)
1766. Labrus julis, Linné (145), p. 476.
1810. Labrus Giofredi, Risso (1918), p. 228.
1862. Coris julis, Gûnther (103), vol. 4, p. 195.
Campagne de 1887 : Ponta Delgada, Sâo Miguel (Açores).
Campagne de 1888 : Stn. 237, profondeur io m . Deux exemplaires pris au casier
à l'île Praya de Graciosa (Açores).
Les deux exemplaires de Graciosa sont des mâles (Julis julis), ayant une
longueur totale de o m i25. Ils appartiennent à la variété de couleur qui a toute la
partie dorsale d'un rouge brun foncé uni, sans bandes ni taches distinctes; d'un
autre côté, la tache noire qui se trouve entre les rayons antérieurs de la dorsale, est
très distincte.
Le troisième exemplaire (de Sâo Miguel) est un peu plus d'à moitié développé,
d'une longueur totale de o m i65, et appartient à la forme J. Giofredoi; on peut
remarquer une légère tache entre les rayons antérieurs de la dorsale, qui ne sont pas
prolongés comme chez les deux premiers exemplaires. Le dessus de la tête est de
couleur foncée jusqu'au bord inférieur de l'œil, mais pas au-dessous.
L'identité du Julis julis et du Julis Giofredoi, dont Cuvier et Valenciennes
avaient déjà parlé en i83g (418, vol. i3, p. 371), a été démontrée en 1868 par Stein-
dachner (£©», p. 701), et plus tard par Vinciguerra (-819, p. 549) et d'autres.
Quoique la plupart des ichthyologues soient d'avis que J. julis représente le mâle
adulte, /. Giofredoi la femelle et les jeunes mâles, il arrive de temps en temps
encore qu'on les considère comme deux espèces différentes, malgré l'impossibilité
où l'on se trouve d'établir une distinction, à cause des changements si nombreux
et imperceptibles qui s'opèrent pendant leur jeunesse.
Habitat. — /. julis, la seule espèce européenne de son genre, se trouve surtout
dans la Méditerranée, où il est commun presque partout, jusque dans les parties les
plus orientales; ainsi, Ton conserve au British Muséum des exemplaires de Constan-
tinople et, d'après Nordman, en en trouve jusque sur les côtes nord de la Mer
— 54 —
Noire (ÎIO, p. 467). Cuvier et Valenciennes avaient aussi différentes formes de la
Morée et de la Mer Egée ; enfin, ils remontent l'Adriatique jusqu'à Trieste.
Ce Poisson est encore commun dans l'Atlantique, aux îles Canaries, et Stein-
dachner en a vu chaque jour, aux mois de mars et d'avril i865, par centaines au
marché de Santa-Cruz. De même, on trouve Julis julis à Madère et aux Açores.
Les exemplaires de Y Hirondelle proviennent du dernier de ces archipels.
Il est encore fréquent le long de la côte d'Espagne jusqu'aux environs de Cadix,
mais devient plus rare le long des côtes du Portugal et dans le Golfe de Gascogne.
Cependant, on a pris quelques individus dans la partie sud de la Manche et sur les
côtes sud de l'Angleterre.
Enfin, le Musée de Copenhague possède deux individus qui ont été péchés,
en 1834, à l'entrée du Petit Belt, dans le Cattégat (53° 3o' lat. nord; KrOyer, 141,
vol. 1, p. 575 ; Winther, S35, p. 27).
Famille des LYCODID^E
Lycodes, an n. sp.?
Campagne de 1887 : Stn. 162, profondeur i55 m . Quatre exemplaires pris au
chalut sur le Banc de Terre-Neuve.
Diagnose : Hauteur du corps comprise huit à onze fois, longueur de la tête cinq
à cinq fois et demie dans la longueur totale.
Mâchoire supérieure atteignant, en arrière, jusque vers le milieu de l'œil.
Rangée de dents des palatins excessivement courte, à peine à moitié aussi
longue que celle de l'intermaxillaire.
Corps entièrement recouvert d'écaillés, sauf la tête qui est nue.
Ligne latérale rapprochée du profil inférieur du corps (ventrale).
Anus sensiblement en avant du milieu du corps.
D. 106-108; A. 89-93; P. 23-24.
Des quatre exemplaires recueillis, aucun n'est en assez bon état pour permettre
une étude exacte et complète; trois d'entre eux sont à moitié décomposés; la
couleur et les écailles ont complètement disparu ; les os de la tête ne tiennent pas
ensemble et sont incomplets, et les viscères sont presque décomposés. Le quatrième
a été conservé dans le liquide de Mùller et il a complètement perdu toute couleur.
De tous les genres de Poissons habitant les profondeurs des mers arctiques, le
genre Lycodes (avec ses sous-genres Lycodalepis Bleek. 1874, Lycodonus Goode et
Bean, i883, et Lycenchelys Gill, 1884), est sans aucun doute le plus riche en espèces.
Mais, parmi ce grand nombre de près de vingt espèces décrites jusqu'ici comme
existant dans le nord de l'Atlantique et du Pacifique, la plupart ne sont connues que
d'après des individus épars ou très jeunes; il n'y en a que bien peu dont on ait pu
— 55 —
étudier plus d'un ou deux âges, et pas une n'est entièrement connue depuis les alevins
à travers les différentes phases de jeunesse, jusqu'à l'état adulte. Il est donc impos-
sible, pour le moment, de dire avec certitude si les toutes jeunes formes dont on ne
possède jusqu'ici que quelques spécimens isolés, tels que : Lycodes perspicillum
Kr0yer 1844 (Groenland et Jan Mayen), L. Rossi Malmgren 1864 (Spitzberg),
L, gracilis M. Sars 1866 (fjord de Christiania), L. Sarsi Gollett 1871 (Hardanger et
Trondhjem), L. Verrilli Goode et Bean 1879 (Nouvelle-Ecosse) et autres, sont de
jeunes exemplaires d'autres espèces déjà décrites ou des espèces distinctes. Deux
ou trois formes seulement sont mieux représentées, et dans ces cas on constate
à certains égards de grandes variations entre les individus; ainsi plusieurs carac-
tères, que l'on considère en général comme constants, varient en réalité dans de
très larges limites. C'est ce qui a lieu pour l'étendue de la surface écailleuse chez
L. frigidus Collett 1878, et L. murœna Collett 1878 (35, p. 45 et 3?, p. 96;
d'après des sujets du Spitzberg et de Norvège), ainsi que L. Lutkeni Collett 1880
(tel, p. 1 15 ; d'après des exemplaires de la Mer de Kara). La longueur de la tête,
par rapport au corps, semble aussi présenter des différences sensibles d'un individu
à l'autre; il est vrai que souvent Ton peut démontrer que c'est là un caractère
sexuel.
Les quatre exemplaires de Terre-Neuve que nous avons sous les yeux, bien
qu'étant sans aucun doute adultes, ou à peu près, ne se prêtent pas à une étude
détaillée. Il est surtout impossible de rien dire de la coloration. Mais ces spécimens
n'offrent entre eux aucune différence notable. Remarquons surtout qu'ils sont
presque exactement conformes sur les points que nous avons cité ci-dessus comme
caractères essentiels, savoir le grand nombre de rayons des pectorales et la dentition
restreinte des palatins. Comme il est impossible de les rapporter à aucune des
espèces décrites jusqu'à présent, nous leur donnons ici provisoirement le nom de
L. Terrœ Novœ. Des recherches ultérieures montreront si cette particularité de la
dentition, par laquelle ces individus se rapprochent du genre Lycodopsis Collett 1879,
est vraiment un caractère constant d'une importance spécifique' 1 .
. Parmi les espèces du nord de l'Atlantique qui ont été décrites jusqu'ici, il n'y
a que le L. Esmarki Collett (Spitzberg, Norvège et Nouvelle-Ecosse) qui ait un aussi,
grand nombre de rayons aux pectorales; mais L. Terrœ Novœ diffère de L. Esmarki
en ce qu'il a la tête plus petite, le corps (tête comprise) beaucoup plus court par
rapport à la région caudale, les palatins faiblement dentés, et probablement aussi en
ce qu'il n'y a pas trace de rameau médio-latéral de la ligne latérale; en outre, la
hauteur du tronc est plus petite.
L. Terrœ Novœ n'a, autant que j'aie pu m'en assurer, qu'une ligne latérale
1 En somme, il est probable que le nombre des espèces de ce genre Lycodes augmentera encore notable-
ment. Les recherches effectuées pendant ces dernières années, ont fourni aux Musées du nord de l'Europe
plusieurs exemplaires de Lycodes arctiques, qu'il a été impossible de rapporter avec certitude à aucune des
espèces connues jusqu'à présent.
— 56 —
« ventrale » simple. Les autres espèces de l'Atlantique qui présentent les mêmes
caractères, savoir L. Vahli Reinhardt i83o-3i (Groenland), L. frigidus Collett
1878 (Spitzberg, Norvège, Fâr-Ôer), et L. lugubris Lutken 1880 (Islande), ont toutes
un moins grand nombre de rayons aux pectorales; en outre, elles ont toutes (de
même que L. Esmarkï) une longue rangée de dents sur les palatins. Il n'y a que
L. lugubris Lutken (1&8, p. 3i5), chez lequel les dents des palatins soient moins
nombreuses (sept à dix) que chez les autres espèces ; mais cette espèce a les mâchoires
très longues; elles atteignent en arrière au-delà du bord postérieur de l'œil.
PROPORTIONS
a b c d
Longueur totale o m 3io o m 370 o m 46o o m 475
Du bout du museau à l'anus (corps) o m no o m i3o o m i6o o m i70
De l'anus à l'extrémité de la caudale
(queue) o m 200 o m 240 o m 3oo o m 3o5
Hauteur du corps o m o28 o ra o38 o m o57 o m o6o
Longueur de la tête o m o57 o m 070 o m o85 o m og5
Longueur des pectorales o m o28 o m o38 o m o5o o m o5o
Voici les caractères que présentent les exemplaires de V Hirondelle :
Le corps est relativement allongé, surtout chez les jeunes. La hauteur est
comprise dans la longueur totale huit fois environ chez les plus grands exemplaires,
et chez le plus petit plus de onze fois (11,1 ; 9,7; 8,0; 7,9).
La tête est relativement petite ; elle est comprise de cinq à près de cinq fois et
demie dans la longueur totale (5,4; 5,2; 5,4; et 5,o).
La région caudale est relativement longue et fait à peu près le double de la
longueur de la tête et du corps réunis.
La mâchoire supérieure atteint en arrière jusque vers le milieu de l'œil.
Les palatins ne sont garnis de dents que sur la partie antérieure ; elles ne forment
donc qu'une rangée très courte, à peine plus longue que la largeur de la rangée de
dents du vomer. Le nombre de dents des palatins est de trois seulement chez un des
exemplaires, de quatre à cinq chez les autres ; les dents du vomer sont au nombre de
cinq à sept.
Trois des exemplaires ont perdu leurs écailles ; chez le quatrième, elles recou-
vrent le corps entier, voire même la base des nageoires verticales ; la tête seule est nue.
La ligne latérale est « ventrale » (rapprochée du profil inférieur) ; il n'y a pas la
moindre trace d'une ligne latérale plus élevée.
Le nombre des rayons a pu être déterminé avec exactitude chez les trois plus
petits exemplaires :
D. — a. 106; b. 108; c. 108; d. ?
A. — a. 89; b. g3 ; c. 93 ; d. ?
P. — a. 23; b. 24; c. 24; d. 22
mm .
- 5 7 -
II est impossible de définir la coloration ; cependant, les exemplaires semblent
avoir été de couleur uniforme.
Les deux plus jeunes individus sont des mâles ; le plus petit a le testicule (simple)
complètement développé, et semble avoir été pris dans le temps du frai. L'autre sujet
a encore les deux testicules courts et formant une masse unique; ils sont à l'état de
repos. Chez les deux plus grands exemplaires, les viscères ont été enlevés; c'étaient
probablement des femelles.
Famille des GADIDJE
Merlucius merlucius, (Linné)
1766. Gadus merluccius, Linné (145), vol. i, p. 439.
1810. Merlucius smiridus, Raf. Schmaltz (186), p. 26.
1828. Merluccius vulgaris, Fleming (*£), p. 195.
1887. Merlucius merlucius, Jordan (1S9), p. 919.
Campagne de 1886 : Stn. 42, profondeur i36 m . — Stn. 46, profondeur i55 m .
Stn. 5g, profondeur 248™. Six exemplaires.
Tous les exemplaires sont jeunes, le plus petit ayant une longueur totale de 66
la longueur de la tête est de 17** ce qui fait un peu plus du quart de la longueur
totale, c'est-à-dire la même proportion que chez les individus adultes. La longueur
de l'œil était de 4 mm 5 et était donc comprise à peine quatre fois dans la longueur de
la tête, tandis que chez les individus adultes elle y est comprise jusqu'à six fois.
Habitat. — Merlucius merlucius (Brochet de mer, écrit d'une manière inexacte
par Linné Merluccius) est abondant dans la Méditerranée et sur les côtes sud-ouest
de l'Europe. On le rencontre aussi bien dans la partie est que dans la partie ouest de
la Méditerranée ; le British Muséum en possède un exemplaire du Bosphore (Cons-
tantinople); l'espèce existe en Grèce (Apostolidès), et se trouve en très grand
nombre tout autour des côtes de l'Italie, jusqu'au fond de l'Adriatique et autour
de la Sicile ; ce Poisson est souvent très abondant dans les parages de l'Espagne et du
Portugal ; partout c'est l'une des espèces de la famille des Gadidés qu'on voit le plus
fréquemment sur les marchés.
On trouve encore M. merlucius en grand nombre dans le Golfe de Gascogne,
le long des côtes de France ainsi qu'autour de la Grande-Bretagne, quoiqu'il y soit
répandu d'une façon moins régulière. Ici, on le rencontre surtout en plus grande
quantité dans la Manche, mais aussi aux Orcades et aux îles Shetland. Il est encore
assez commun dans la Mer du Nord, sur les côtes de Hollande et aussi, quoiqu'en
général en moins grande quantité, sur les côtes de Trondhjem ; on a péché un
exemplaire près des îles Lofoden, par 68° de lat. nord.
Il se rencontre le long des côtes de Suède, quoiqu'en petit nombre seulement,
au large de la province de Bonus, mais il semble qu'antérieurement on l'y ait péché
— 58 —
en quantités plus considérables, car on pouvait de temps en temps avec des lignes
de fond en prendre beaucoup dans le Gattégat. Il ne paraît pas entrer dans la
Baltique.
On le trouve, parmi les îles de l'Atlantique, dans les parages de Madère, et l'expé-
dition du Travailleur et du Talisman l'a péché au large du cap Bojador sur les
côtes du Soudan, à une profondeur de 640 111 , en 1882, par 26 de latitude nord (313,
p. 3oo).
Dans l'Amérique du Nord, on cite ce Poisson du Groenland, mais l'exactitude
de cette indication paraît douteuse ; en revanche, le genre est représenté par deux
espèces : M. bilineatus Mitch. 18 14, sur les côtes orientales de l'Amérique du Nord,
et M. productus Ayres 1 855, sur les côtes de l'Océan Pacifique.
Phycis phycis, (Linné)
1766. Blennius phycis, Linné (145), vol. i, p. 442.
1809. Phycis mediterranea, Delaroche (53), p. 332 (et auctorum).
Campagnes de 1887 et de 1888 : Fayal (Açores). Trois exemplaires.
Le plus grand des individus, très contracté et vidé, et que l'on a tout lieu de
supposer adulte, a une longueur totale d'environ 6io mm . Longueur de la tête i47 mm ;
longueur des ventrales i46 mm . Les deux autres exemplaires sont des jeunes, leur
longueur totale est de 24o mm à 25o mm .
Habitat. — Phycis phycis (P. méditer raneus) paraît être répandu surtout le
long des côtes du Portugal et de l'Espagne, où on le rencontre, selon Steindachner,
en bien plus grand nombre que l'autre espèce européenne, P. blennioïdes (Brùnn.).
Il n'a jamais, semble-t-il, été observé avec certitude au nord de la presqu'île
ibérique i ; il est répandu dans la Méditerranée, où il descend les côtes de l'Italie
jusqu'à la Sicile ; il remonte aussi l'Adriatique jusqu'à Trieste^ où toutefois, d'après
Graeffe, il serait rare et se tiendrait sur le fond. Dans la partie orientale de la
Méditerranée, P. phycis a été signalé en Grèce par Hoffmann et Jordan (1 SI bis , p. 276).
L'espèce est très répandue autour des îles de l'Atlantique, sur les côtes de
Madère et des Canaries, et 1' Hirondelle, dans son expédition de 1888, en a péché
aux Açores. Quelques exemplaires provenant de l'archipel sont conservés au Musée
de Ponta Delgada (Hilgendorf).
1 L'expédition du TRAVAILLEUR et du TALISMAN a recueilli dans le Golfe de Gascogne, un alevin
de Phycis que Vaillant, toutefois sans certitude,, considère comme appartenant à cette espèce. Il avait une
longueur de 54 mm , et avait été pris à une profondeur de 614 mètres (1813, p. 289).
- 5 9 -
Antimora viola, (Goode et Bean)
1878. Haloporphyrus viola, Goode et Bean (918), p. 257.
1887. Antimora viola, Gùnther (114), p. 94.
Campagne de 1887 : Stn. 161, profondeur 1267™. Douze, exemplaires; parages
de Terre-Neuve.
Sept de ces exemplaires sont jeunes, tous de taille égale (i6o mm ) et paraissent
appartenir au même banc; les quatre autres sont un peu plus âgés, sans toutefois
être adultes; le plus grand a 358 mm de longueur.
PROPORTIONS DU PLUS GRAND DES INDIVIDUS
Longueur totale o m 358
» de la tête o m 077
Hauteur du corps o m o58
Longueur du premier rayon prolongé de la dorsale.. o m o68
Du bout du museau à la ventrale o m o65
De la ventrale à l'anus o m 1 1 5
Du bout du museau à l'anus o m 175
Diamètre longitudinal de l'œil o m oi9
Longueur du museau o m 024
» de la base de l'anale o m 124
» du deuxième rayon (prolongé) de la ventrale o m o5o
» de la pectorale o m oÔ7
i re D. 4; 2 me D. 53; A. 42; M. B. 7.
Le genre. Antimora, établi par Gùnther en 1878 comme un démembrement des
Haloporphyrus, est caractérisé surtout par la forme particulière du museau qui, grâce
à une crête sous-orbitaire plate et dure se continuant en une surface terminée en
pointe au bout du museau, et d'après la position de la bouche, placée tout à fait en
dessous de la tête, et qui ressemble à la tête de certains Macruridés (surtout au genre
Trachyrhynchus). Le genre Antimora ne comprend que deux espèces : A. rostrata
Gùnther 1878, connu par deux ou trois individus, péchés par l'expédition du
Challenger à une grande profondeur, 600 à 1375 brasses (772 m à 25oo m ), dans les
parages sud de l'Océan Atlantique, et A. viola, décrit par Goode et Bean en 1878
(quelques mois après l'espèce de Gùnther) d'après des individus pris à une profon-
deur de 400 à 5oo brasses (728™ à 9io m ), au large des côtes des Etats-Unis.
A. viola a la tête relativement plus grande que l'autre espèce; sa longueur est
contenue environ quatre fois et demie dans la longueur totale (y compris la caudale) ;
l'anus est placé plus en arrière, c'est-à-dire à distance égale de l'œil et de la base de la
partie basilaire de la caudale, de même que l'œil est relativement plus grand. Enfin,
le museau est un peu plus pointu.
— 6o —
Habitat. — Jusqu'à présent, on n'a rencontré A. viola que sur les bancs de la côte
est des Etats-Unis. Depuis le mois d'août 1877, époque à laquelle les exemplaires
types furent pris, il s'est montré en assez grand nombre à une profondeur de 200 à
1242 brasses (364 m à 2260™), et on en a péché une assez grande quantité à différentes
époques (surtout pendant l'été de 1880) par 33° 35' et4i° degrés lat. nord, vers le sud,
au large de la Caroline du Sud.
Le banc de Terre-Neuve, d'où nous viennent les exemplaires de Y Hirondelle,
est peut-être l'endroit le plus septentrional où l'on ait trouvé cette espèce (45° 20'
lat. nord).
Omis guttatus, Collett
(PI. 1, fig. 3)
1890. Onus ' guttatus, Collett (418), p. io5.
1892. Onos guttatus, Steindachner (1809), p. 36o.
1892. Onus guttatus, Collett (48), p. 7.
Campagne de 1887 : Fayal (Açores). Deux exemplaires.
Diagnose : trois barbillons (deux tentacules nasaux).
Tête de grandeur moyenne, comprise de quatre fois et sept dixièmes à cinq fois
et deux dixièmes (4,7 à 5,2) dans la longueur totale; de quatre fois et un dixième à
quatre fois et six dixièmes (4,1 à 4,6) dans la longueur sans la caudale.
Œil de grandeur moyenne, mesurant environ le sixième de la longueur de la
tête, égal à l'espace interorbitaire, plus court que le premier rayon de la première
dorsale, et que la longueur du museau.
Mâchoire supérieure dépassant un peu le bord postérieur de l'œil.
Hauteur du corps considérable, comprise environ cinq fois et sept dixièmes,
(d'après Steindachner), dans la longueur totale.
Anus juste à égale distance de la fin de l'anale et du bout du museau.
Tronçon de la queue compris trois fois et demie dans la longueur de la tête, et
un peu plus de deux fois dans la base de la première dorsale.
Base de la première dorsale comprise un peu plus d'une fois et demie dans la
longueur de la tête.
Premier rayon de la dorsale court, sa longueur a environ une fois et demie à
deux fois le diamètre de l'œil.
Pectorale atteignant l'origine de la deuxième dorsale.
Corps noirâtre, marqué de nombreuses taches blanches bien dessinées partout,
sur les nageoires ainsi que sur la tête.
Nombre des rayons : 2 me D. 5o-54 ; A. 43-46 ; P. 16-17 ; V. 7-
Description : les deux exemplaires de Fayal, dont la longueur est de o m i83 à
1 Risso écrivait Onos, du grec Ovoj, d'après Athenaios (et autres), un Poisson de mer du groupe des
Gadidés. Suivant une règle ordinairement appliquée dans la nomenclature, Gunther (114, p. 96), a donné à
ce genre le nom d'Onws, par analogie avec d'autres noms formés du même mot.
— 6i —
o m 2i3, ayant été vidés, il est impossible de dire quoi que ce soit sur les organes
génitaux, etc. Mais la structure du corps, la coloration caractéristique, les écailles,
la structure des dents, etc., paraissent démontrer que les exemplaires sont à peu
près à demi adultes.
PROPORTIONS
a b
Longueur totale o m i83 o m 2i3
Longueur jusqu'à la naissance de la caudale o m 160 o m 182
Longueur de la tête o m o35 o m 043
Hauteur du corps (au-dessus du premier rayon de l'anale) o m 027 o m o32
Longueur du museau (depuis l'œil jusqu'au bout du museau) o m oo8 o m oo9
Diamètre longitudinal de l'œil o m oo62 o m ooy
Espace interorbitaire o m 006 o ra 007
Espace postorbitaire de la tête o m o2i o m 02Ô
Longueur de la mâchoire inférieure o m oi8 o m 022
Base de la première dorsale o m 022 o m 02Ô
Premier rayon de la première dorsale o m oo7 o m oio
Du bout du museau à l'anus o m 075 o m 093
De l'anus à la fin de l'anale o m o8o o m og5
Hauteur du tronçon de la queue o m oio o m oi 1
La tête, de grandeur moyenne, est comprise, chez les deux exemplaires de
V Hirondelle, environ cinq fois dans la longueur totale (a : 5,22; b : 4,95), et environ
quatre fois et demie dans la longueur du corps, sans la caudale 1 {a : 4,57; b : 4,53).
Chez un exemplaire adulte des Canaries, Steindachner (909, p. 36o) a constaté
que la tête est comprise environ quatre fois et sept dixièmes (4,7) dans la longueur
totale, et quatre fois et un dixième (4,1) dans la longueur sans la caudale.
Le corps est relativement haut 2 ; chez le susdit exemplaire des Canaries, Stein-
dachner a trouvé que la plus grande hauteur du corps est comprise environ cinq fois
et sept dixièmes (5,7) dans la longueur totale.
Le tronçon de la queue, de hauteur moyenne, est compris trois fois et demie (ou
un peu plus) dans la longueur de la tête, et un peu plus de deux fois dans la base de
la première dorsale.
L'œil est petit, plus court que la longueur du museau et que le premier rayon de
la première dorsale, mais de même longueur que l'espace interorbitaire ; il est com-
pris environ six fois dans la longueur de la tête (a : 5,85 ; b : 6,14).
La mâchoire supérieure dépasse un peu (d'un diamètre de l'œil) le bord posté-
rieur de l'œil ; elle le dépasse moins encore chez le plus jeune des individus.
Le premier rayon de la dorsale est presque aussi haut que la racine de la caudale,
1 Longueur prise jusqu'à la base des rayons extérieurs de la caudale.
2 Le corps est vidé et très desséché, chez les deux exemplaires, de sorte qu'il est impossible de donner
la hauteur du corps par le travers du ventre.
— 62 —
il est cependant un peu plus court chez le plus jeune spécimen, à peu près de la
longueur du museau et plus grand que le diamètre longitudinal de l'œil.
La base de la première dorsale est égale à la partie postorbitaire de la tête ; elle
est comprise un peu plus d'une fois et demie dans la longueur de la tête.
L'extrémité de la pectorale atteint, mais dépasse à peine la naissance de la
deuxième dorsale.
Les ventrales sont relativement larges ; le premier et le deuxième rayon se
terminent en pointes libres ; le deuxième rayon est le plus long. On trouve sept
rayons dans chacun des exemplaires.
Nombre des rayons : a. 2 me D. 54; A. 46; P. 17; V. 7.
b. 2 me D. 52; A. 45; P. 17; V. 7.
Chez l'exemplaire des Canaries, Steindachner a trouvé : 2 mc D. 5o ; A. 43 ; P. 16.
Les dents de l'intermaxillaire forment une bande assez large ; elles sont toutes
assez fines, sauf celles de la rangée extérieure qui sont de beaucoup plus grosses que
les autres. Dans la mandibule, les dents de la rangée intérieure sont plus grosses que
les autres ; il n'y a pas de « canines » bien marquées.
Toutes les dents du vomer sont très grosses, à peu près de la même taille que
la rangée des grosses dents des mâchoires.
L'anus est placé environ à égale distance du bout du museau et de la fin de
l'anale; il est toutefois un tout petit peu plus rapproché du museau.
Les écailles sont relativement grandes. Si l'on compare des exemplaires à peu près
de même taille d'O. méditer raneus et d'O. vulgaris, on trouve que dans une rangée
inclinée, de 5 mm de longueur, au milieu du ventre, les nombre des écailles est le suivant :
O. gutiatus a huit écailles, O. vulgaris en a onze et O. mediterraneus treize.
La ligne latérale est peu marquée chez ces individus, qui sont un peu desséchés ;
elle a neuf pores jusqu'à l'anus où elle semble s'arrêter ; cinq de ces pores se trouvent
en avant de l'extrémité de la pectorale. La distance d'un pore à l'autre est, au
commencement un peu, et ensuite beaucoup plus grande que le diamètre de l'œil.
La coloration est caractéristique. La teinte générale est d'un brun foncé, semé
partout de taches blanches ou blanchâtres, de la grandeur delà moitié du diamètre
de l'œil, en général bien définies. Ces taches sont répandues partout, sur la tête,
jusque sur les lèvres, sur les pectorales, les ventrales ainsi que les dorsales ; les taches
sont un peu moins distinctes sur la caudale et il n'y en a que très peu sur l'anale.
Sur les côtés du corps, il arrive que quelques-unes de ces taches se rejoignent
pour former de courtes lignes placées en travers du corps, surtout chez le plus
petit des exemplaires ; chez ce dernier on observe la même chose sur le côté supérieur
de la tête. Les taches blanches sont distribuées d'une manière également et relati-
vement serrées, car l'espace qui les sépare entre elles est à peine plus grand que leur
propre grandeur. Les bords de l'anale et de la dorsale sont d'un bleu noir.
L'espèce qui se rapproche le plus d'O. guttatus, est O. mediterraneus Linné, mais
on peut établir une différence suffisante entre ces deux Onus, d'abord au moyen de
la couleur, ensuite parce que la hauteur du corps d'O. guttatus est plus grande; ses
— 63 —
écailles sont aussi plus grandes, ses dents sont plus grosses et le nombre de rayons
des ventrales est différent *.
1 On n'est pas encore fixé sur le point de savoir combien d'espèces distinctes de Motelles à trois
barbillons ont été signalées jusqu'à présent dans la Méditerranée; et pour résoudre cette question il faudrait
faire, au sujet des formes qui se rencontrent dans cette mer, des recherches plus minutieuses que celles qui
ont été effectuées jusqu'ici.
Maintenant les naturalistes sont tous d'accord pour reconnaître au moins deux espèces, savoir une espèce
de coloration foncée, en général sans taches brunâtres, de forme un peu plus grêle que l'autre, avec un moins
grand nombre de rayons, et une seconde espèce plus trapue, ayant en général des taches brunes éparses
sur le corps, et un nombre considérable de rayons, surtout dans les pectorales. La première de ces espèces,
que nous désignerons sous le nom de O. mediterraneus Linné, est surtout répandue dans la Méditerranée
même, tandis qu'elle semble être relativement rare dans l'Atlantique, où elle ne se rencontre guère au nord du
Golfe de Gascogne ; la seconde, elle aussi, est commune dans toute la Méditerranée, mais elle est en outre
très répandue le long du nord-ouest de l'Europe, où elle s'avance jusqu'au 64° de latitude nord, en Norvège.
Nous donnerons à cette espèce le nom provisoire de O. vulgaris Yarrell, sans vouloir cependant affirmer par
là avec certitude que ce nom soit le premier sous lequel elle ait été désignée.
Certains naturalistes, par exemple Moreau (190, vol. 3, p. 272, et l 1 ?!, p. i36), sont portés à reconnaître
encore une troisième espèce, savoir O. fus eus Risso.
Nous allons mentionner en quelques mots la synonymie compliquée de ces deux espèces, en supposant
provisoirement qu'il n'existe dans la Méditerranée que les deux espèces à trois barbillons, qui souvent ont
été confondues par les auteurs anciens.
L'appréciation de cette synonymie présente des difficultés presque insurmontables, en ce qu'elle dépend
dans bien des cas du plus ou moins d'importance que l'on attache à l'une ou à l'autre partie des diagnoses des
anciens naturalistes, soit à la description de la coloration, soit à l'indication du nombre des rayons. Il arrive
en effet que, tandis que la description semble dénoncer clairement l'une de ces deux espèces, le nombre des
rayons accuse tout aussi nettement l'autre.
L'espèce que Linné, en 1766 (145, vol. 1, p. 441), a appelée Gadus méditer raneus, n'a pas été décrite par
lui d'une manière détaillée, mais le nombre de rayons qu'il indique (D. 54; A. 44; P. i5) dénonce clairement
l'espèce qui est essentiellement répandue dans la Méditerranée, c'est-à-dire la première des deux espèces
susmentionnées. Il est vrai que d'après Linné, l'habitat de l'espèce serait « in Oceano europœo » ; mais nous
savons maintenant qu'elle se rencontre au moins jusqu'au Golfe de Gascogne; et il y a tout lieu de croire
qu'il ne lui aurait pas donné le nom de méditer raneus s'il n'avait pas considéré la Méditerranée comme son
principal habitat; en tout cas, ce nom n'aurait guère convenu à une forme du nord-ouest de l'Europe s'il
avait été certain qu'il y en eût une.
En 1768, Brunnich établit ensuite dans son Ichthyologia massiliensis (SI, p. 22), sous le nom de Gadus
tricirratus, une espèce qui rappelle, tant par la description de la coloration que par le petit nombre des rayons,
l'espèce de Linné. Du reste, Brunnich lui-même la considère comme identique avec cette dernière, tout en
faisant observer cependant qu'elle est plus abondante « in Oceano circa Cornubiam Angliœ » que dans la
Méditerranée. Il semble donc qu'il ait connu des exemplaires de l'autre espèce de l'ouest de l'Europe prove-
nant des côtes de la Grande-Bretagne, mais sa description ne présente aucun des caractères de cette espèce.
Le nom de tricirratus doit par conséquent être considéré comme un synonyme d'O. mediterraneus, mais
plus récent, et ne peut s'appliquer à aucune des espèces.
La question de savoir quel nom l'on doit donner à la seconde espèce méditerranéenne, qui a un grand
nombre de rayons et qui est très répandue le long de tout le nord-ouest de l'Europe, est à plusieurs égards plus
compliquée. Dans la grande Ichtlryologie de Bloch (15, p. i65), dont la publication eut lieu de 1785 à 1795,
se trouve figuré, sous le nom de Gadus tricirratus, un type dont la coloration semble dénoncer la grande
espèce du nord-ouest; mais en tout cas on ne peut, à cause des raisons que nous avons énoncées plus haut,
employer le nom de tricirratus.
Sans nous attarder davantage aux anciens auteurs (Gmelin, Walbaum, etc.), qui mentionnent les espèces
à trois barbillons sous les noms employés avant eux, nous allons dire quelques mots des espèces décrites par
Risso sous les noms de Onos mustella Linné (19£, p. 120) et Onos maculata (194, vol. 3, p. 2i5).
La première de ces espèces nous importe moins. La description est celle d'une des espèces à trois barbillons,
mais le nom et la diagnose se rapportent à une autre des espèces de Linné, YOnus à cinq barbillons (O. mustela).
Onos maculatus, au contraire, représente assez exactement, quant à la description et quelques-uns des
synonymes, la grande forme du nord-ouest de l'Europe ; mais le nombre des rayons, tel qu'il est indiqué
(T>. 55; A. 48; P. 17), dénonce non moins nettement O. mediterraneus. En négligeant complètement cette
dernière circonstance, on serait donc fondé à appliquer le nom d'O. maculatus à cette espèce.
Habitat. — Les deux exemplaires de YHlRONDELLE proviennent des Açores.
Grâce à la bienveillance du Professeur Steindachner, j'ai eu l'occasion de voir en
Le premier nom que l'on rencontre ensuite, est Motella vulgaris Yarrell i836 (33©, vol. 2, p. 186), nom
formé, de même que la « Mustelle commune » de Cuvier (4?, vol. 2, p. 334), d'après le Mustella vulgaris des
auteurs antérieurs à Linné. Cette Motelle est, à n'en pas douter, l'espèce du nord-ouest de l'Europe.
L'espèce à laquelle Risso, en 1810, (ISS, p. 121) donne le nom d'Onos fusca, et que le Dr Moreau (l 1 ?©,
vol. 3, p. 272, et l 1 ?!, p. 1 36) tend à considérer comme une troisième espèce méditerranéenne distincte, semble
plutôt, jusqu'à ce qu'on ait des comparaisons plus exactes, devoir être regardée comme synonyme d'O. medi-
terraneus.
Cette question a été examinée dans ces dernières années (1892) par le Professeur Smitt. D'après lui
(335 bis ), Omis fus eus serait une forme de passage entre les deux autres espèces de la Méditerranée, O. medi-
terraneus et O. vulgaris; de sorte que les différences qui existent entre ces deux dernières formes, en ce qui
concerne les proportions relatives des diverses parties du corps, deviennent moins prononcées. (Il faut remar-
quer cependant que l'auteur n'a tenu aucun compte de la coloration et du nombre de rayons des nageoires).
Les premiers essais pour démêler cette synonymie embrouillée ont été faits en 1881 par Lutken (1©0,
p. 228).
Je vais indiquer ci-après la manière dont il me semble que l'on doit grouper les principaux synonymes,
bien que je m'attende à ce que les opinions des différents naturalistes soient partagées sur cette question.
1. Omis mediterraneus, (Linné)
1766. Gadus mediterraneus, Linné (145), vol. 1, p. 441.
1768. Gadus tricirratus, Brûnnich (31), p. 22.
1810. ? Onos fusca, Risso (193), p. 121.
1826. Onos maculata, Risso (194), vol. 3, p. 21 5, partim.
i832. Gadus jubatus, Pallas (181), vol. 3, p. 202.
1881. Motella maculata, Moreau (l 1 ?©), vol. 3, p. 270.
1881. Motella fusca, Moreau (l 1 ?©), vol. 3. p. 272.
1881. Motella mediterranea, Lutken (160), p. 235.
i885. Onos mediterraneus, Collett (88), p. 93.
Nombre des rayons: 2 me D. 55-56; A. 41-49; P. 17 (16); V. 6.
Habitat. — La Méditerranée et la Mer Noire. L'Atlantique jusqu'au Golfe de Gascogne et à la Manche.
O. mediterraneus est abondant dans la Méditerranée; il semble y être plus fréquent que 0. vulgaris
Yarrell. Il est cependant impossible de déterminer exactement les limites de son habitat, car on l'a en
général confondu avec cette espèce.
Les exemplaires de Gadus jubatus, conservés au Musée de Berlin, qui ont été recueillis en Crimée par
Demidoff en 1837, et que j'ai eu l'occasion d'examiner en mai 1891, appartiennent à cette espèce.
Dans l'Atlantique, son habitat n'est pas jusqu'à présent bien déterminé. Le Musée de Copenhague possède
un jeune exemplaire (longueur totale io9 mm ), qui est dit provenir de Dieppe et qui semble appartenir à cette
espèce.
2. Omis vulgaris, Yarrell
1785-1795. Gadus tricirratus, Bloch (15), p. 1 65, nec Brûnnich.
1826. Onos maculata, Risso (194), vol. 3, p. 2i5, partim.
i832. Motella tricirrata, Nilsson (lî'4), p. 48, nec Brûnnich.
i836. Motella vulgaris, Yarrell (33©), vol. 2, p. 186.
1881. Motella tricirrata, Moreau (l 1 ?©), vol. 3, p. 268.
1881. Motella vulgaris, Lutken (1©©), p. 235.
i885. Onos vulgaris, Collett (88), p. 93.
1891. Onos maculatus, Lilljeborg (148), p. 164.
Nombre des rayons : 2™z D. 62-64; A. 5 1-54 ; P. 22-24 (rarement 20-21); V. 8.
Habitat. — La Méditerranée ; l'ouest de l'Europe jusqu'au fjord de Trondhjem, en Norvège (64 lat. nord).
O. vulgaris, ou la grande forme de l'ouest de l'Europe, diffère de l'autre, comme nous l'avons déjà
mentionné, non seulement par un plus grand nombre de rayons, mais aussi et principalement par la structure
du corps plus trapue, la tête relativement plus grande et le tronçon de la queue plus large ; la coloration est
aussi différente en général.
65
1890, au Musée de Vienne, un exemplaire plus grand (longueur totale 26o mm ),
admirablement conservé, et qui a été décrit par ce naturaliste («O», p. 36o). Il avait
été pris aux Canaries, à une petite profondeur, le 2 novembre 1890.
Omis biscayensis, Collett
(PI. 1, fig. 2)
1890. Omis biscayensis, Collett (4£), p. 107.
1891. Onus biscayensis, Collett (4»), p. 9.
1891. Onus biscayensis, Moreau (1*1), p. i35.
Campagne de 1886 : Stn. 46, profondeur i55 m . Deux exemplaires. — Stn. 66,
profondeur 363 m -5io m . Un exemplaire.
Diagnose : trois barbillons (deux tentacules nasaux).
Tête petite, comprise cinq fois et demie dans la longueur totale, quatre fois trois
quarts dans la longueur sans la caudale.
Œil grand, compris environ quatre fois dans la longueur de la tête, plus grand
que le premier rayon de la dorsale et que l'espace interorbitaire.
Mâchoire supérieure ne dépassant que très peu le bord postérieur de l'œil.
Hauteur du corps petite, comprise environ de neuf à neuf fois et demie dans
la longueur totale.
Anus placé à une longueur de museau plus près du bout du museau que de la
fin de l'anale.
Tronçon de la queue étroit, compris quatre fois dans la longueur de la tête, et
un peu plus de deux fois dans la base de la première dorsale.
Base de la première dorsale de longueur moyenne ; un peu plus longue que la
distance qui la sépare de l'œil, et comprise à peine deux fois dans la longueur de la
tête.
Premier rayon de la première dorsale, court.
Pectorale dépassant un peu le commencement de la deuxième dorsale.
Coloration : brun-clair uni, la deuxième dorsale et la caudale avec des bandes
transversales plus foncées.
Dents : une dent « canine » bien distincte sur le devant, dans chacun des inter-
maxillaires.
Longueur totale : o m i33.
Nombre des rayons : 2 me D. 54; A. 44; P. 17; V. 6.
Habitat. — L'expédition de Y Hirondelle a recueilli trois jeunes individus de
cette espèce qui paraît nouvelle, en différents points du Golfe de Gascogne, pendant
l'été de 1886.
Description : les deux plus grands exemplaires sont tout à fait de même longueur
et en tous points semblables ; le troisième est un jeune alevin qui ne diffère pas non
plus des autres d'une manière essentielle.
9
— 66 —
PROPORTIONS
a
b
c
o m i33
o m 074
o m n3
m 0Ô2
O m 024
o m oi4
o m oi5
o m oo85
o m 006
o m oo3
o m 006
o m oo3
o m oo4
O m 0025
O m OI2
o m oo8
o m oi3
o m oo8
o m oi3
o m oo7
o m oo5
O m 0025
o m o52
o m o3i
o m o6o
o m o32
Longueur totale o m 1 33
Longueur jusqu'à la racine de la caudale... o m ii3
Longueur de la tête o m 024
Hauteur du corps par le travers du ventre. o m oi4
Longueur du museau (depuis l'œil jusqu'au
bout du museau) o m 006
Diamètre longitudinal de l'œil o m oo6
Espace interorbitaire o m oo4
Espace postorbitaire de la tête o m oi2
Longueur de la mandibule o m oi3
Base de la première dorsale o m oi3
Premier rayon de la première dorsale o m oo5
Du bout du museau à l'anus o ro o52
De l'anus à la fin de l'anale o m o58
Hauteur du tronçon de la queue o m oo6 o m oo65 o m oo35
La tête, relativement petite, est comprise environ quatre fois trois quarts
(4,57-4,70) dans la longueur du corps sans la caudale, et cinq fois et demie (5,28-
5,54) dans la longueur totale.
Le corps est relativement grêle ; la hauteur du corps, qui n'est que de très peu
plus grande que la base de la première dorsale, ou que la longueur de la mandibule,
est comprise environ neuf fois dans la longueur totale (8,93-9,50).
Le tronçon de la queue est aussi assez étroit; il est compris quatre fois dans la
longueur de la tête, et un peu plus de deux fois dans la base de la première dorsale.
L'œil est grand, de même longueur que le museau, et très peu plus grand que le
premier rayon de la dorsale ; il est compris quatre à quatre fois et demie dans la
longueur de la tête ; l'espace interorbitaire est étroit.
La mâchoire supérieure atteint en arrière le bord postérieur de l'œil, ou le dépasse
un peu.
Le premier rayon de la première dorsale est relativement court, et ne dépasse
que très peu la longueur des autres rayons ; il a environ la même longueur que le
museau et il est à peine aussi long que le diamètre longitudinal de l'œil.
La base de la première dorsale est égale à la longueur de la mandibule, et très
peu plus longue que la distance de la dorsale à l'œil ; elle n'est pas comprise tout à
fait deux fois dans la longueur de la tête.
La pectorale dépasse un peu avec sa pointe le commencement de la deuxième
dorsale.
Le nombre des rayons de la deuxième dorsale, de l'anale et des pectorales est
-6 7 -
exactement le même chez les deux plus grands individus; .la deuxième dorsale
en compte cinquante-quatre, l'anale quarante-quatre, et les pectorales de chaque
côté, dix-sept.
Les ventrales ont de même chacune six rayons. Il est plus difficile de compter
d'une manière certaine le nombre des rayons chez le plus jeune des individus.
Les dents de Pintermaxillaire sont toutes de même grandeur et petites, sauf une
dent canine plus longue, sur le devant de chaque côté de la mâchoire. Les dents de la
mandibule sont en partie petites, en partie plus longues, et ces dernières forment une
rangée. Les dents du vomer sont aussi en partie fines, en partie grosses.
L'anus est placé plus près du bout du museau que de la fin de l'anale ; la diffé-
rence est à peu près égale à la longueur du museau (5 mm ).
La ligne latérale n'est distincte que dans sa première partie.
La couleur du corps (chez les exemplaires conservés dans l'alcool) est d'un gris
rougeâtre uni, tandis que la dorsale est pourvue de bandes foncées, inclinées et assez
marquées, qui la coupent par le travers ; ces bandes transversales foncées sont plus
larges sur la caudale que sur la dorsale. Elles sont produites par des agglomérations
d'écaillés, tandis que les parties qui sont en dehors de ces bandes transversales,
sont presque nues. L'anale n'a pas de ces bandes transversales.
L'estomac contenait chez l'un des grands exemplaires une Galathea d'un pouce
(o m 027) de long, et chez l'autre un Crangonide à peu près de même longueur.
Remarques : il faut probablement considérer comme appartenant aussi à cette
espèce, le plus petit des deux exemplaires qui furent pris pendant l'expédition du
Travailleur et du Talisman, au large des côtes du Maroc, à une profondeur de
112 mètres. Le même dragage a fourni un individu un peu plus grand appartenant
sans doute à O. Carpenteri Gùnther 1887, et dont Vaillant parle, en 1888, comme
rentrant sous la dénomination commune de Motella tricirrata Bloch (913, p. 285).
Il m'a été possible, grâce à la bienveillance du Professeur Vaillant, de faire
l'examen de cet individu au Muséum d'histoire naturelle de Paris, et j'ai trouvé
qu'il répondait à tous les caractères essentiels de Ô. biscayensis. Il avait les proportions
suivantes :
Longueur totale. ... o m oÔ9
. Longueur de la tête o m oi3
Longueur de l'œil o m oo35
Du bout du museau à l'anus.. o m 028
De l'anus à la fin de l'anale... o m o3i
Deux « canines » distinctes dans la mâchoire supérieure ; la pectorale avait
environ dix-sept rayons.
A moins que des recherches ultérieures ne démontrent qu'il est la forme jeune
d'O. mediterraneus, O. biscayensis se rapproche probablement le plus d'O. macroph-
thalmus, décrit par Gùnther (105, p. 290) d'après un seul exemplaire très jeune
— 68 —
(longueur totale 74 mm ), péché par quatre- vingt à quatre-vingt-dix brasses de profon-
deur (i5o m à i70 m ), au large des Hébrides 1 . Il paraît cependant différer de cette
espèce en ce qu'il a la tête beaucoup plus petite. Je dois à la bienveillance de
M. Boulenger, d'avoir pu examiner en détail, au British Muséum, l'exemplaire-type
d'O. macrophthalmus ; et comme il a absolument la même longueur totale que le
plus petit exemplaire des O. biscayensis, nous donnons ci-dessous une comparaison
des mesures les plus importantes chez les deux espèces.
O. macrophthalmus O. biscayensis
Longueur totale o m 074 o ra 074
Longueur de la tête o m oi7 o m oi4
Hauteur du corps o m oio5 o m oo85
Base de la première dorsale o m oo6 o m oo7
De l'œil à la première dorsale o m oo8 o m oo7
Du bout du museau à l'anus...... o m o32 o m o3i
De l'anus à la fin de l'anale o m o32 o m o32
Hauteur du tronçon de la queue... o m oo35 o m oo35
Quoiqu'il puisse paraître superflu d'augmenter encore le nombre des espèces de
Motelles à trois barbillons, il me semble cependant préférable d'établir pour les trois
nouveaux exemplaires une espèce distincte, plutôt que de les rapporter à l'une
des espèces connues jusqu'à présent, tant que l'on aura aussi peu de matériaux à sa
disposition.
. J'ai déjà publié un tableau synoptique provisoire des espèces de ce groupe,
appartenant à l'Europe arctique (&S, p. 109), et en 1891 un aperçu plus complet
accompagné d'une diagnose des dix espèces connues jusqu'ici (43, p. 5). Je reproduis
ici en note le tableau en question 2 .
1 Gains argenteolns est une espèce décrite par Montagu en 1818, d'après plusieurs jeunes exemplaires
d'une longueur de deux pouces (omo5), pris sur les côtes d'Angleterre (Devonshire). Elle est peut-être établie
sur les alevins de l'espèce la plus récente de Gunther, Omis macrophthalmus.
Motella megalocynodon, décrit par Kolombatovic en 1894 (13»^ p . 3 2 ), est aussi fondé sur un spéci-
men très jeune, d'une longueur totale de om 045, pris sur les côtes de Dalmatie. C'est une des espèces pourvues
de « canines » distinctes (ce qui est peut-être un caractère de jeunesse) ; mais son développement peu avancé
fait qu'il est difficile d'établir ses relations avec les autres espèces connues du genre Onus.
2 Tableau provisoire des espèces a trois barbillons du genre Omis, Risso
I. Premier rayon de la première dorsale court (à peu près égal à
la longueur de l'œil).
A. Rayons de la pectorale, au nombre d'environ quatorze 1. O. pacijïcus,(Temminck-Schlegel)
B. Rayons de la pectorale, au nombre d'environ dix-sept. 1842
1. Œil petit, égal (ou inférieur) à l'espace interorbitaire.
a. V. 6. Tête comprise environ cinq fois, hauteur du corps
environ sept fois dans la longueur totale 2. O. mediterraneus, (Linné) 1766
b. V. 7. Tête comprise environ cinq fois, hauteur du corps
environ six fois dans la longueur totale 3. O. guttatus, Collett 1890
i 7 65
1776
i832
i832
1862
1887
— 69 —
Famille des MAGRURID^E
Macrurus rupestris, (Mùller)
(PL m, fig. 11)
Coryphœnoides rupestris, Gunnerus (1©3), p. 5o, pi. ni.
Coryphœna rupestris, Mùller (1*8), p. 43.
Macrourus stroemii, Reinhardt (19©), p. xrx.
Lepidoleprus norvégiens, Nilsson (±9 A), p. 5i.
Coryphœnoides norvegicus, Gûnther (108), vol. 4, p. 3o,6.
Macrurus (Coryphœnoides) rupestris, Gûnther (114), p. 1 38.
Campagne de 1887 : Stn. 162, profondeur i55 m . Deux exemplaires.
Ces exemplaires, jeunes tous les deux, sont incomplets en ce que le bout de la
queue manque 1 .
a b
Longueur totale environ o m 33o, environ o m 38o
» de la tête o m o68, » o m o68
Les écailles font complètement défaut sur le corps proprement dit, mais il y en
a sur la tête et sur la nuque jusqu'à la dorsale.
Le nombre des rayons de la première dorsale (non compris un court rayon
rudimentaire en avant) était chez a de dix, et chez b de onze; de ces rayons, le
deuxième (long) était fendu jusqu'à la racine en deux branches parallèles.
Suite du Tableau provisoire des espèces à trois barbillons du genre Omis, Risso
2. Œil grand, plus long que l'espace interorbitaire.
a. V. 5. Tête grande, comprise quatre fois et demie, hauteur
du corps environ sept fois dans la longueur totale .... 4. O.macrophthalmus, (Gûnther) 1867
b. V. 6. Tête petite, comprise cinq fois et demie, hauteur du
corps environ neuf fois dans la longueur totale 5. O. biscayensis, Collett 1890
C. Rayons de la pectorale, au nombre de dix-neuf à vingt.
a. Œil petit, V. 7 ; hauteur du corps comprise environ six
fois et demie dans la longueur totale 6. O. capensis, (Kaup) i858
D. Rayons de la pectorale, au nombre d'environ vingt-deux (ou plus).
1. Œil petit, égal (ou inférieur) à l'espace interorbitaire.
a. Premier rayon de la première dorsale, égal au diamètre
de l'oeil 7. O. vulgaris, (Yarrell) i836
b. premier rayon de la première dorsale, plus long que le
diamètre de l'œil 8. O. Reinhardti (Kr0yer) i852
2. Œil grand, plus long que l'espace interorbitaire 6. O. Carpenteri Gûnther 1887
II. Premier rayon de la première dorsale long (égal à la longueur de
la tête) 10. O. ensis (Reinhardt) i835-36
K Outre ces deux exemplaires, qui sont relativement bien conservés, il y en a aussi deux ou trois jeunes
en mauvais état provenant du même endroit. Ils sont absolument dépourvus d'écaillés et le corps est en
partie décomposé.
— 7 o —
J'ai eu l'occasion d'étudier de nombreux individus de M. rupestris, pris sur les
côtes de Norvège, où cette espèce est assez répandue. La plupart étaient complètement
développés, ou à peu près. Un grand nombre des individus recueillis étaient tant
soit peu incomplets, en ce que l'extrémité de leur queue longue et mince était en
général rompue. L'espèce atteint une longueur d'un mètre et même plus ; la plupart
des exemplaires des musées de Norvège mesurent environ o m 8oo de long (39, p. i3i •
36, p. 70 ; 38, p. 95 ; 143, p. 25g).
Le nombre des rayons des nageoires verticales, ainsi que celui des vertèbres
diffère d'une façon remarquable d'un individu à l'autre, même lorsque le bout de la
queue est parfaitement intact. Mais bien souvent, lorsque le bout long et mince de
la queue a été enlevé, la blessure s'est ensuite cicatrisée et il s'est formé des rayons
sur la cicatrice, de sorte que le corps de ces individus se termine en une sorte de
pseudo-caudale.
La deuxième dorsale commence, chez les adultes, à une distance considérable
de la première, en général environ au-dessous du quatorzième rayon de l'anale ; les
premiers rayons sont très courts et sans membrane interradiaire ; mais en étudiant
le squelette, on remarque qu'il y a entre les deux dorsales une rangée continue d'os
interépineux qui, bien qu'étant excessivement fins, sont cependant bien développés.
Peut-être ces rayons de soutien, qui sont complètement cachés sous la peau et vien-
nent se terminer dans la ligne dorsale ou près de cette ligne, portent-ils des rayons
chez les individus très jeunes (alevins), de sorte que les deux dorsales chez eux
seraient moins éloignées l'une de l'autre. C'est ce que semblent indiquer deux ou
trois tout jeunes spécimens d'une longueur totale de o m i07 à o m i22, pris au large
d'Arendal en juillet 1879, et conservés au Riks Muséum de Stockholm; en effet, chez
ceux-ci, la deuxième dorsale commence déjà à l'extrémité de la première, qui est ici
relativement haute.
Les deux jeunes exemplaires de l'expédition de V Hirondelle sont, sous ce
rapport, absolument semblables aux adultes.
Le nombre de rayons de la deuxième dorsale varie du reste considérablement.
Le nombre normal est de cent cinquante à cent soixante; mais j'ai vu ce nombre
(chez un exemplaire qui paraissait complet) se réduire à cent huit et cent neuf,
tandis que Gùnther, chez un jeune individu pris dans la passe des îles Shetland, lors
de l'expédition du Porcupine en 1869, en a constaté jusqu'à cent quatre-vingt-dix.
L'anale subit des variations analogues ; il semble qu'elle contienne régulièrement
quelques rayons de plus que la deuxième dorsale, mais que leur nombre varie selon
le nombre de rayons de cette dernière nageoire, de sorte que (chez les individus
ci-dessus mentionnés, dont la deuxième dorsale a cent trois et cent neuf rayons) il
se réduit à cent quatre et cent onze.
La caudale est en général rudimentaire, et c'est à peine s'il est possible de
distinguer les rayons capillaires dont elle se compose; j'en ai compté jusqu'à quatorze.
Mais chez les individus qui ont perdu le bout de la queue, la cicatrice, qui souvent
— 7 1 —
peut mesurer de io mm à 20 mm de large, se garnit parfois, ainsi que nous l'avons déjà
dit, d'une rangée de rayons qui ont l'apparence d'une vraie caudale *.
Le nombre et la forme des vertèbres sont également variables. Le nombre des
vertèbres abdominales est cependant assez constant, savoir treize ou quatorze ; mais,
par contre, celui des vertèbres caudales est aussi variable que le nombre des rayons
de la deuxième dorsale et de l'anale. Quelques individus ont aussi les vertèbres
abdominales plus courtes que les vertèbres caudales, tandis qu'en général elles sont
d'égale longueur ou même plus longues.
L'estomac des deux exemplaires de YHlRONDELLE ne contenait que quelques
restes méconnaissables, sans traces de Crustacés 2 .
Le frai, chez cette espèce, se fait pendant les mois d'automne, et j'ai examiné
une femelle qui portait encore sa rogue au commencement de novembre. Les grains
de rogue, qui sont plus gros que ceux de l'autre grand Macruridé arctique
(M. Fabricii Sundew. 1840), peuvent atteindre le nombre de douze mille.
Habitat. — M. rupestris semble habiter principalement les côtes de Norvège ;
c'est de là qu'il a été décrit pour la première fois, au milieu du siècle dernier,
par deux savants, le pasteur Strôm et l'évêque Gunnerus. Il est plus ou moins
commun dans les fjords profonds, à partir de 62 de latitude nord, vers le sud jusqu'aux
bas-fonds qui se trouvent à l'entrée du fjord de Christiania. On le recueille le plus
souvent jusqu'à une profondeur de 100 brasses (i82 m ), au moyen de lignes de fond.
Il semble vivre en troupe, car on en prend parfois jusqu'à vingt et plus, tous adultes,
sur une seule traînée de lignes. Cependant, en général, il est peu fréquent et ne se
prend qu'isolément.
Il est rare dans le Cattégat et la Mer du Nord, et sa présence n'y est guère
régulière; on n'y a recueilli que des exemplaires isolés, parfois morts, à Bohuslen
et à Skagen. D'autre part, il se rencontre dans la passe située entre les îles Shetland
et les îles Fâr-Ôer; plusieurs jeunes individus y ont été recueillis lors des expéditions
du Porcupine et du Knigth-Errant en 1869 et en 1882, à une profondeur
de 200 à 5oo brasses (3Ô4 m à gio m ; ÎOG, p. 139).
Dans l'ouest de l'Atlantique, on a signalé des individus isolés sur la côte sud
du Groenland ; un exemplaire, du moins, a éfé envoyé au Musée de Copenhague, du
district de Julianehaab.
En i883, M. rupestris fut signalé au large des Etats-Unis, au sud de la Nouvelle-
Ecosse, à 41 ° 32' de latitude nord et 65° 55' de longitude ouest, où un exemplaire
fut recueilli à une profondeur de 574 brasses (1048™; ®4, p. 197). Enfin, les deux
4 Le même phénomène se .rencontre quelquefois chez des exemplaires appartenant à d'autres espèces du
même genre.
2 Chez les exemplaires provenant des côtes de Norvège que j'ai examinés, l'estomac contenait en général
des Crustacés des grandes profondeurs, surtout des Décapodes du genre Pandalus (P. annulicornis (Leach),
P. borealis Kr0yer, et P. propinquus G.-O. Sars,); de même l'on a trouvé chez certains individus des Pasiphaë
tarda Kr0yer et des P. sivado (Risso) en grand nombre.
— 72 —
jeunes individus qui nous occupent ont été pris sur le banc situé au sud de Terre-
Neuve, par 46 5o' de latitude nord.
Il résulte de ce qui précède que M. rupestris est une forme du nord de l'Atlan-
tique, sans être précisément arctique; qu'il se rencontre surtout dans l'est de
l'Atlantique où il est répandu entre 62 et 58° de latitude nord, tandis qu'à l'ouest il
descend au large des Etats-Unis, jusqu'à 41 ° de latitude nord.
Macrurus hirundo, n. sp.
(PI. 11, fig. 8, 8b)
Campagne de 1888 : Stn. 244, profondeur 1266™. Deux exemplaires pris entre
Pico et Sâo Jorge (Açores).
Diagnose : Museau très court, plus court que l'œil, avec une courte crête
sous-orbitaire, et, sur le milieu, trois tubercules obtus; la mandibule est aussi avancée
que l'extrémité du museau.
Tête courte, comprise huit fois et demie dans la longueur totale; œil grand,
compris deux fois trois quarts dans la longueur de la tête, et plus grand que l'espace
interorbitaire.
Corps s'amincissant considérablement en arrière de la première dorsale; la queue
se termine en une longue pointe capillaire.
Anus très avancé, placé au-dessous des pectorales, en avant de la première
dorsale et près du commencement de l'anale.
Anale très avancée ; elle prend naissance immédiatement en avant du commen-
cement de la première dorsale.
Ventrales s'insérant sur la gorge, au-dessous du milieu de l'opercule.
Ecailles garnies de spinules formant jusqu'à sept rangées régulières et courtes,
sans rangée médiane prononcée.
Le deuxième rayon de la dorsale porte de longues épines.
Nombre des rayons : i re D. 12; P. 16; V. 11.
Cette nouvelle espèce est caractérisée par le corps relativement court; par la
longue queue flagellaire; par la position très avancée de l'anus et de l'anale, en
ce que cette dernière prend même naissance en avant de la première dorsale ; et
enfin par son museau qui est très court. Ce dernier caractère se retrouve, du reste,
chez deux espèces recueillies lors de l'expédition de YInvestigator en 1 885- 1889
dans le Golfe de Bengale, savoir M. Investigateurs et M. brevirostris, toutes deux
établies en 1889 par Alcock (5, p. 391 et 393); mais M. hirundo se distingue de la
première de ces espèces en ce qu'il a les yeux plus grands et la queue plus longue,
ainsi que par la coloration ; et de la seconde par une tout autre disposition des
spinules des écailles. Il diffère des deux précédentes et de toutes les autres espèces
qui ont été décrites en détail ou figurées jusqu'ici, par la position de l'anus, des
ventrales et de la naissance de l'anale;
• -73-
Nous en avons deux exemplaires, l'un jeune, l'autre un peu plus développé,
tous deux semblables par tous les caractères essentiels.
DIMENSIONS DU PLUS GRAND EXEMPLAIRE
Longueur totale , o m 208
» de la tête o m 0245
Hauteur du tronc (derrière le dernier rayon de la première
dorsale) o m oio.
Diamètre (le plus grand) de l'œil o m oo9
Espace interorbitaire o m oo68
Longueur du museau o m 007
Partie postorbitaire de la tête o m oog
Distance du bout du museau à la dorsale o m o3 1
» » » à l'anus o m o2g
» » » à l'anale o m o3 1
Hauteur de la première dorsale o m oi9
Distance de l'extrémité de la mandibule à l'anale o ra 027
Description : la tête, qui est courte et obtuse, est comprise près de huit fois et
demie (8,4) dans la longueur totale. Sa longueur est égale à la distance du premier
au vingt-deuxième rayon de l'anale.
La hauteur du tronc, mesurée derrière le dernier rayon de la première dorsale,
est comprise environ onze fois dans la longueur totale.
A partir du treizième rayon de l'anale, la hauteur diminue considérablement et
le corps se termine en une longue pointe effilée.
L'anus, très avancé, est placé en avant de la première dorsale, près de la nais-
sance de l'anale, sous l'extrémité des ventrales abaissées.
La bouche est de taille moyenne, ascendante; l'intermaxillaire se prolonge à
peine jusqu'au bord antérieur du cristallin. Les dents sont fines et assez uniformes.
L'œil est grand ; son diamètre longitudinal forme une ligne oblique ascendante; il
est plus long que le museau et que l'espace interorbitaire, et égal à la partie postorbi-
taire de la tête; il est compris deux fois trois quarts (2,72) dans la longueur de la tête.
La crête sous-orbitaire est courte, mais accentuée; elle se termine sous le bord
postérieur du cristallin.
Le museau est très court, plus court que le diamètre longitudinal de l'œil ; il se
termine comme d'ordinaire par trois tubercules obtus, dont le médian dépasse à
peine la bouche. Lorsque la bouche s'ouvre, l'extrémité de la mandibule est au moins
aussi avancée que le bout du museau. Le barbillon est de longueur moyenne; il
mesure plus de la moitié de la longueur de l'œil.
A partir de l'extrémité du museau, le front et la nuque se prolongent en une
ligne oblique jusqu'à la première dorsale.
10
— 74 —
La première dorsale a, outre une épine rudimentaire en avant, onze rayons ; le
deuxième rayon est garni de longues épines serrées. Les extrémités n'étant pas
complètes, il est impossible de constater l'existence d'un filament.
La deuxième dorsale commence par des rayons imperceptibles, à peu près
au-dessus du dix-huitième rayon de l'anale et derrière l'extrémité de la première
dorsale abaissée. Les rayons sont partout excessivement grêles, et il est impossible de
les compter.
L'anale commence un peu en avant du premier rayon rudimentaire de la
première dorsale. Les rayons de la partie antérieure sont assez longs, mais sur le
bout effilé de la queue ils sont fins et il est impossible de les compter.
Les pectorales s'insèrent immédiatement devant le prolongement de la verticale
de l'anus; elles ont seize rayons.
Les ventrales s'insèrent sur la gorge, un peu en avant du milieu de l'opercule;
elles comptent onze rayons.
Les écailles sont garnies de spinules excessivement fines, toutes de même taille,
et alignées en rangées très régulières. Le nombre des rangées de spinules n'est que
de trois à cinq sur la partie antérieure du corps, et chaque rangée ne compte
qu'une à trois spinules; sur le dos, vers le commencement de la deuxième dorsale et
sur la partie antérieure de la queue, où les écailles sont le plus grandes, les rangées
sont au nombre de cinq à sept, et l'on compte jusqu'à sept spinules dans la rangée du
milieu. Sur la nuque, les spinules des écailles sont plus redressées que sur le reste
du corps.
Sur la tête les rangées sont plus radiaires; les tubercules du museau et la crête
sous-orbitaire sont, comme d'habitude, munies d'épines osseuses.
La ligne latérale n'est pas bien marquée et les écailles qui la composent sont
peu accentuées. Il est^ par conséquent, difficile d'indiquer d'une manière certaine le
nombre d'écaillés qu'il y a entre cette ligne et la dorsale. Depuis la fente branchiale
jusqu'au premier rayon de la dorsale, il y a douze écailles.
Coloration : le dessous de la tête et le ventre sont noirâtres, l'anus est noir; les
nageoires sont de couleur claire.
Le jeune individu, qui a une longueur totale de ioo mm environ (il a perdu
l'extrémité de la queue) et dont la tête mesure i4 mra de long, est absolument sem-
blable, sur tous les points essentiels, à l'individu adulte. Ainsi, par exemple, la
position des nageoires est tout à fait la même; chez le jeune, l'anus est encore plus
avancé ; il est placé au-dessous de l'insertion des pectorales. L'œil est aussi relati-
vement plus grand, et le museau est encore plus court que chez l'adulte; ainsi,
l'extrémité de la mandibule dépasse même le bout du museau, et l'intermaxillaire
n'atteint, en arrière, que jusqu'au bord antérieur de l'œil. Ce jeune exemplaire est
déjà recouvert d'écaillés, mais les spinules des écailles sont un peu moins nombreuses
que chez l'individu adulte.
Habitat. — Açores. Il a été recueilli deux exemplaires de cette espèce pendant
-75-
l'expédition de V Hirondelle entre Pico et Sâo Jorge (Stn. 244), à une profondeur
de i266 m . L'un de ces exemplaires était jeune.
Macrurtis œqualis, Gùnther
(PI. n, fig. 9, 9 b)
1843
1862
1878
1887
1888
? Macrourns serratus, Lowe (155), p. 91.
? Coryphœnoides serratus, Gùnther (103), vol. 4, p. 396.
Coryphœnoides œqualis, Gùnther (11©), p. 25.
Macrurus œqualis, Gùnther (114), p. 134, pi. xxxn, fig. c.
Macntrus smiliophorus, Vaillant (1813), p. 242, pi. xxn, fig.
Campagne de 1888 : Stn. 242, profondeur 86 i m . Un exemplaire pris au nord de
Sâo Jorge (Açores).
D'après le D r Gùnther (f 1 4, p. 1 35), l'exemplaire type du M. serratus (de Madère),
décrit par Lowe en 1843 est perdu, et sa description d'après un exemplaire à moitié
desséché, n'est guère assez détaillée pour permettre de reconnaître l'espèce avec
certitude.
En 1878, Gùnther (ItO, p. 25) a décrit en détail, sous le nom de Coryphœ-
noides œqualis, une espèce de la pleine mer, au sud du Portugal, qu'il dit (114,
p. i35) se rapprocher beaucoup de la description du M. serratus de Lowe ; et il aurait
rapporté son espèce à cette dernière si Lowe n'avait pas dit expressément que le
premier rayon de la ventrale se prolonge en un filament, ce qui n'est pas chez
l'exemplaire de Gùnther (« the outer ventral ray not, or but slightly produced »).
L'exemplaire que j'ai sous les yeux et qui a été pris aux Açores, est relativement
en bon état ; il est en tous points conforme à l'exemplaire type de Gùnther, que j'ai
eu l'occasion d'examiner au British Muséum, et comme le rayon extérieur de la
ventrale chez le nouvel exemplaire se termine en un filament court, mais parfai-
tement distinct, il ne semble pas invraisemblable que M. œqualis soit en réalité le
M. serratus de Lowe.
Cette espèce se rapproche beaucoup du M. sclerorhynchus Val., mais elle est
caractérisée par les spinules des écailles qui ont une forme singulière ; elles sont, en
effet, élargies en lame de lancette 1 . L'on trouve chez Gùnther et chez Vaillant (chez
ce dernier sous le nom de M. smiliophorus n. sp.) des figures correctes tant de l'indi-
vidu que des écailles. Voici une courte description du nouveau spécimen, qui est
une femelle avec de la rogue dans les ovaires :
PROPORTIONS
Longueur totale o m 246
Longueur de la tête o m 045
1 C'est de là que vient la dénomination adoptée par Vaillant, M. smiliophorus. « Spinules inégales,
vitreuses, élargies en lame de lancette » (913, p. 244).
- 7 6-
Hauteur du tronc (sous le premier rayon de la dorsale) .. o m o3o.
Le plus grand diamètre de l'œil o m oi7
Espace interorbitaire o m 009
Longueur du museau o m o 1 3
Partie postorbitaire de la tête o m oi7
Hauteur de la première dorsale o m o4o
Nombre des rayons : i re D. 12 ; 2 me D. 140; A. 1 33 ; P. 17; V. 9.
La tête, qui est égale à la distance du premier au vingt-troisième rayon de
l'anale, est comprise cinq fois et demie (5,46), et la hauteur du tronc environ six fois
un tiers (6, 3o) dans la longueur totale.
Le museau est relativement court, un peu plus court que le diamètre de l'œil ;
le bord antérieur forme trois tubercules distincts dont la surface est très rugueuse,
presque épineuse ; les épines sont le plus grandes à l'extrémité du museau.
A partir du tubercule latéral, la crête sous-orbitaire se dirige nettement en
arrière 1 .
La fente de la bouche atteint en arrière jusqu'au milieu environ du cristallin. Les
dents de la rangée externe sont un peu plus grandes que les autres. Le barbillon du
menton est grêle ; il mesure un peu plus de la moitié de la longueur de l'œil.
Le profil supérieur monte en ligne oblique vers la première dorsale et forme
presque une ligne droite à partir de l'extrémité du museau jusqu'au premier rayon
de la dorsale ; la base de la première dorsale est fortement déclive.
L'anus est placé à peu près au-dessous du deuxième ou du troisième rayon de la
première dorsale (l'individu est blessé au ventre).
L'œil est un peu ovale, avec son axe longitudinal parallèle à la crête sous-
orbitaire ; il est un peu plus long que haut, plus long que le museau, et mesure un
tiers de la longueur de la tête, dont il égale à peu près la partie postorbitaire.
L'espace interorbitaire est relativement étroit et mesure un peu plus de la moitié
du diamètre longitudinal de l'œil.
Le diamètre des écailles est de 4 mm ; leurs épines ne forment pas de rangée
médiane distincte. Les épines sont nombreuses ; elles ont une forme triangulaire
toute particulière en ce qu'elles sont relativement larges et presque en lame de
lancette. Les épines de la rangée extérieure sont les plus grandes ; leur extrémité
dépasse le bord de l'écaillé.
Les épines semblent ne suivre aucun ordre lorsqu'on considère l'écaillé d'arrière
en avant ; mais, en la considérant de côté, on s'aperçoit qu'elles forment des rangées
latérales partant en forme de rayons de la ligne médiane de l'écaillé ; il y a environ
cinq rangées de chaque côté de cette ligne. Les écailles de la tête sont couvertes
d'épines comme celles du corps. Les écailles de la ligne latérale sont à peu près de
* Lowe dit dans sa description originale : « capite et rostro simplicibus, nec cœlatis, nec carinatis »
(155, p. 91).
_ 77 _
même grandeur que celles du corps ou un peu plus petites (3 mm 5), mais elles n'ont
pas d'épines le long de l'axe médian, où viennent s'ouvrir les pores de la ligne
latérale.
Entre la première dorsale et la ligne latérale il y a huit écailles, dont les deux
supérieures sont petites; entre la ligne latérale et l'anus il y en a seize environ.
Nageoires : la première dorsale compte douze rayons. Le deuxième rayon est
assez haut, grêle, à peu près de la longueur de la tête, et se termine en un court
filament. Il est garni d'épines serrées, dirigées de bas en haut, au nombre de trente-
quatre environ.
La deuxième dorsale, qui compte environ cent quarante rayons, prend naissance
à une distance de la première dorsale à peu près égale à celle qui sépare l'extrémité
du museau du bord postérieur de l'œil (26 mm ).
Les ventrales comptent de chaque côté neuf rayons; le premier rayon se
termine en un court filament, qui dépasse le reste de la nageoire d'un peu plus de la
moitié de la longueur de l'œil.
Coloration : la membrane operculaire, ainsi qu'une grande tache sur la partie
antérieure de la première dorsale, et le dessous de la tête, sont noirs.
M. œqualis ressemble beaucoup à une autre espèce, M. Bairdi (9®, p. 475 ;
Ol, p. 471; ®S, p. 7; 94L, p. 195; 48S, p. 812), décrite par Goode et Bean
en 1877, d'après quelques exemplaires recueillis au large des Etats de l'est de l'Amé-
rique du Nord. Grâce à la bienveillance du Professeur Garman, le Musée de
l'Université de Christiania a obtenu trois exemplaires de cette espèce; deux de ces
individus sont plus grands (longueur totale environ o m 3i5 et o m 36o), tandis que le
troisième est plus petit que l'exemplaire de M. œqualis décrit ci-dessus, et a une
longueur totale deo m 2i3; ils avaient été recueillis à une profondeur de 460 brasses
(837 m ), à environ 40 de latitude nord et 70 de longitude ouest.
En comparant de près ces deux espèces, on ne remarque entre elles que peu de
différence. Chez les trois exemplaires susmentionnés de M. Bairdi, les rayons des
ventrales sont toujours au nombre de sept, ce qui est aussi indiqué comme un des
caractères distinctifs de l'espèce ; un autre caractère qui semble être constant, c'est
que l'espace interorbitaire est plus large, de telle sorte qu'il est égal à la distance
qui sépare la base de la première dorsale de la ligne latérale, tandis que chez
M. œqualis il est de beaucoup plus court que cet espace. En outre, l'intermaxillaire
arrive chez M. Bairdi un peu plus en arrière que chez M . œqualis, c'est-à-dire qu'il
dépasse le bord postérieur du cristallin.
Quant aux écailles, on cite comme caractère de M. Bairdi : « scales keeled ».
Bien que j'aie examiné minutieusement les trois exemplaires que nous possédons de
cette espèce, il m'a été impossible de découvrir la moindre trace d'une telle crête. Au
contraire, les écailles sont construites comme chez M. œqualis, et elles portent les
mêmes épines larges et en lame de lancette.
Mais comme l'on constate en somme, malgré la grande ressemblance qui existe
- 7 8-
dans les grands traits entre ces deux espèces, des différences de moindre importance
qui semblent être constantes (ainsi, par exemple, le bord postérieur du préopercule,
qui est onduleux et faiblement concave chez M. Bairdi, est droit chez M. œqualis),
il vaut peut-être mieux les considérer comme deux espèces distinctes bien que
voisines.
Habitat. — Si M. serratus Lowe est synonyme de M. œqualis, l'espèce a été
établie en 1843, d'après un seul exemplaire pris à Madère et qui était en assez
mauvais état. Lors de l'expédition du Challenger on en recueillit ensuite deux
individus en pleine mer, au sud du Portugal, à 600 brasses (1092 111 ) de profondeur.
La longueur de ces individus était de huit à neuf pouces anglais (environ o m 2oo
à o m 23o). Ces exemplaires furent décrits en 1878, par Gùnther, sous le nom de
Coryphœnoides œqualis. En 1 880-1 883, l'expédition du Travailleur et du Talisman
en a recueilli en tout seize individus dans le Golfe de Gascogne, au large des côtes du
Maroc et du Soudan et aux îles du Cap Vert (i5° latitude nord). La profondeur
variait entre 460 111 et i3i9 m . Nous avons enfin l'exemplaire recueilli aux Açores par
l'expédition de YHlRONDELLE ; il a été pris au chalut, en août 1888.
Macrurus sclerorhyn.ch.iis, Valenciennes
i836. Macrouras sclerorhynchus, Valenciennes (S 15), p. 80, pi. xiv, fig. 1. « Lepidoleprus scier orhynchus ».
1879. Macrurus sclerorhynchus, Vinciguerra (SI©), p. 622., pi. 11.
1888. Macrurus sclerorhynchus, Vaillant (£13), p. 237, pi. xxn, fig. 2.
Campagne de 1888 : Stn. 198, profondeur 8oo m . A l'entrée sud du détroit de
Pico-Fayal (Açores). Un exemplaire.
L'exemplaire type de l'espèce de Valenciennes avait une longueur totale de
i8o mm ; il est conservé au Jardin des Plantes de Paris, de sorte que le Professeur
Vaillant a pu faire une comparaison exacte des nombreux spécimens recueillis par
l'expédition du Travailleur et du Talisman avec cet exemplaire type. Du reste,
Vinciguerra nous a déjà fourni en 1879, dans les Annales du Musée de Gênes (2 16,
p. 622), une description détaillée et complète de l'espèce, accompagnée d'une figure
correcte.
L'exemplaire de Y Hirondelle est jeune, d'une longueur totale de i94 mm , et en
assez mauvais état. Les écailles ne sont restées que sur la partie antérieure du corps,
et toutes les nageoires sont brisées. Cet individu ne se prêtant pas à une étude
approfondie, je n'en ferai pas ici une description détaillée.
M. sclerorhynchus est très voisin de M. œqualis; l'aspect général, le nombre
des rayons, les dimensions sont les mêmes; la différence la plus facile à observer a
rapport aux spinules des écailles. En effet, chez la première de ces espèces, ces
spirmles sont partout en rangées très régulières ; la rangée du milieu forme, dans
les écailles de la tête et de la partie antérieure du corps (en avant de la première
dorsale) une crête médiane qui, bien que peu élevée, est cependant généralement
— 79 —
distincte, parce que les spinules en sont tant soit peu plus longues que celles des
rangées latérales. Les spinules elles-mêmes sont très pointues et très minces ; elles
diffèrent donc absolument de celles de M. œqualis, qui sont larges et courtes et ne
. forment pas de rangées régulières. Le nombre des rangées, chez les adultes, est de
douze environ sur les grandes écailles; sur les petites, elles sont un peu moins
nombreuses.
Le museau est relativement plus court que chez M. œqualis, et considérablement
plus court que le diamètre de l'œil, qui est compris environ deux fois et demie dans
la longueur de la tête. La tête est égale à la distance qui sépare le premier du
vingtième rayon de l'anale.
Le Professeur Vaillant a observé entre la présente espèce et M. œqualis
(M. smiliophorus Vaillant) une différence dans la structure du cerveau (£13, p. 238
et 244).
L'exemplaire de V Hirondelle avait les dimensions suivantes :
Longueur totale o m 194
» de la tête. o m o32
Hauteur du tronc o m 024
Diamètre longitudinal de l'œil... o m oi3
Longueur du museau o m oo95
Espace interorbitaire o m oo7
Les rayons des ventrales étaient au nombre de neuf 1 .
Habitat. — Bien qu'il ait déjà été établi en i836 et figuré d'une manière
reconnaissable, d'après un exemplaire isolé pris aux Canaries, M. sclerorhynchus
n'a été, jusqu'à ces dernières années, que fort incomplètement connu et décrit. Ainsi
que nous l'avons déjà dit, Vinciguerra a donné, en 1879, une description et une figure
détaillées d'un individu d'une longueur totale de o m i98, recueilli isolément et à
moitié mort à fleur d'eau, au large de Gênes, en 1876.
On sait maintenant que M. sclerorhynchus est une des plus abondantes
de toutes les espèces des profondeurs de l'Atlantique. Ainsi, l'expédition du
Travailleur et du Talisman en a recueilli en tout, selon Vaillant, trois cent trente
et un individus, à des profondeurs variant de 540 111 à 365 5 m au large des côtes du Maroc
et du Soudan, aux îles du Cap-Vert et aux Açores ; on en prenait jusqu'à quarante-
cinq à la fois, ce qui prouve que l'espèce est très sociable. On a mesuré un exemplaire
d'une longueur totale de o m 270, le plus grand qui ait été mentionné jusqu'à présent.
1 Outre l'individu susmentionné, j'en ai également sous les yeux trois autres jeunes un peu plus petits, qui
sont complètement dépourvus d'écaillés. Ces exemplaires, qui eux aussi ont été recueillis aux Açores, soit en
même temps que le premier (Stn. 198), soit à la Station 227, aune profondeur de 11 35m dans les mêmes
parages, appartiennent vraisemblablement au M. sclerorhynchus ou au M. œqualis, mais il n'est guère possible
de les déterminer d'une manière certaine.
— 8o —
Un grand nombre de ces individus ont été pris à une profondeur de iooo m à
3ooo m . Il semble donc que ce Poisson habite essentiellement les grandes profondeurs
de la mer.
Il est curieux qu'il ne soit pas mentionné dans les rapports de l'expédition du
Challenger.
Macrurus Gùntheri, Vaillant
(PI. m, fig. 10)
1887. Macrurus scier orhynchus, Gùnther (114), p. i33, pi. xxxn, fig. A (nec Valenciennes).
1888. Macrurus holotrachys, Vaillant (S 13), p. 241, pi. xxn, fig. 3 (nec Gùnther).
1888. Macrurus Gùntheri, Vaillant (£13), p. 386.
Campagne de 1888 : Stn. 184, profondeur i85o m . Au nord de Graciosa, Açores.
Un exemplaire.
Cette espèce, dont un exemplaire fut recueilli pendant l'expédition du Chal-
lenger au sud du cap Saint- Vincent, a été rapportée par Gùnther, non sans quelque
hésitation, au M. sclerorhynchusdeValQnciemiQS, espèce dont la première description
se trouve dans l'ouvrage de Webb et Berthelot sur les Canaries, publié en 1840 (315).
La description, courte il est vrai, que Gùnther nous fait de l'espèce et les figures
correctes qu'il donne de sa forme extérieure et de ses écailles, font voir clairement
qu'elle ne saurait appartenir au M. sclerorhynchus Val., qui a été, ces dernières
années aussi, figuré d'une manière reconnaissable et décrit en détail par Vinciguerra
(816, p. 622, pi. 11) ; cette dernière description se rapporte sans aucun doute à l'espèce
de Valenciennes.
Pendant l'expédition du Travailleur et du Talisman, on recueillit de
nouveau quelques individus de la même espèce au large des côtes du Maroc. Dans
son Mémoire sur les Poissons de cette expédition, Vaillant (S 18) rapporte, avec
quelque hésitation lui aussi, ces individus au M. holotrachys Gùnther, dont la
diagnose avait été tracée en 1878 d'après un exemplaire recueilli au large de La Plata
par le Challenger (HO, p. 24). Mais quand eut paru en 1888 le rapport général
de cette expédition (111) contenant une figure de M. holotrachys, Vaillant reconnut
la non identité de ses exemplaires avec cette espèce, et dans un appendice à son
ouvrage susmentionné (£f S, p. 386), il les considère comme appartenant à une
forme jusqu'alors inédite, à laquelle il donne le nom de M. Gùntheri.
Chez cette espèce aussi, plusieurs caractères importants se rattachent aux
spinules des écailles; les écailles de la tête ont, en effet, les spinules longues et
divergentes, tandis que les spinules des écailles du corps sont peu nombreuses,
courtes et rangées en lignes assez régulières. L'anus est très reculé; la crête sous-
orbitaire est distincte, mais assez courte.
Le nouvel exemplaire des Açores est en assez mauvais état ; il a perdu presque
toutes les écailles du corps. Grâce à la bienveillance du D r Boulenger, j'ai pu
comparer directement cet exemplaire à l'individu type du British Muséum, provenant
du cap Saint- Vincent, et je les ai trouvés en tous points identiques.
il —
PROPORTIONS
Longueur totale , o m 365
Longueur de la tête o m 066
Hauteur du tronc o m 044
Diamètre longitudinal de l'œil o m oi8
Longueur du museau. o m 020
Espace interorbitaire o m oi5
Hauteur de la dorsale jusqu'à l'extrémité du filament. o ra o6i
De l'extrémité du museau à la dorsale o m 07Ô
De l'extrémité du museau à l'anus o m 1 10
Nombre des rayons : i re D. 1 1; 2 me D. 97 ; A. 1 1 3 ; P. 17; V. 7.
Description : La longueur totale comprend donc, chez cet exemplaire, cinq fois
et demie (5,53 ; chez l'exemplaire de Vaillant, 5,62) la longueur de la tête.
L'œil est un peu plus court que le museau, mais un peu plus long que l'espace
interorbitaire ; il est compris un peu plus de trois fois et demie (3,66) dans la longueur
de la tête. La crête sous-orbitaire s'étend en arrière jusqu'au bord postérieur de
l'œil.
La bouche est courte, et Fintermaxillaire atteint, en arrière, un peu au-delà du
bord antérieur du cristallin.
Le dessus de la tête et la nuque sont arrondis et sans crête jusqu'à la dorsale.
Le barbillon est excessivement petit et grêle ; il mesure à peu près la moitié de
la longueur du cristallin.
L'anus se trouve placé entièrement en arrière de la dorsale et juste devant le
commencement de l'anale ; la distance qui sépare la base du premier rayon de la
ventrale de l'anus est égale à la partie postorbitaire de la tête, ou un peu plus petite
que la moitié de la longueur de la tête.
La première dorsale compte onze rayons, dont le premier, comme d'ordinaire,
est rudimentaire. Le deuxième rayon porte des épines serrées et se termine en un
filament assez long, ce qui fait que la hauteur totale de la nageoire est presque égale
à la longueur de la tête.
La deuxième dorsale commence à une distance de la première, à peu près égale
à celle qui sépare l'extrémité du museau du bord postérieur de l'œil. Le nombre des
rayons est d'environ quatre-vingt-dix-sept.
L'anale prend naissance immédiatement derrière l'anus et compte environ cent
treize rayons.
Les ventrales, comme les pectorales, sont brisées à leur extrémité ; les
ventrales, qui selon Gûnther, se terminent en un court filament, s'insèrent assez en
arrière des pectorales.
11
— 82 —
Ecailles : les écailles de la tête portent des spinules serrées, relativement longues
assez verticales, et dont les plus longues ont la pointe dirigée un peu en dehors de
chaque côté de la ligne médiane ; elles ne forment pas de rangées bien distinctes ; on
' n'observe pas non plus de crête médiane. Sur les écailles du corps, les spinules sont
relativement courtes et peu nombreuses ; elles forment sur la nuque et sur la gorge l
environ neuf rangées un peu irrégulières. Les écailles de la ligne latérale n'ont que
très peu de spinules ; il n'y en a qu'une ou deux rangées très courtes de chaque côté
de la ligne médiane qui est ouverte. Le nombre des spinules peut même ici, selon
Vaillant, se réduire à une seule de chaque côté. Vaillant indique (313, p. 241) les
rangées de spinules des écailles du corps, comme n'étant que de cinq à sept. Entre la
dorsale et la ligne latérale, on compte environ six écailles, et dix-huit environ entre
la ligne latérale et l'anus.
Habitat. — Comme nous l'avons déjà dit, le premier individu appartenant
incontestablement à cette espèce a été recueilli pendant l'expédition du Challenger,
au large de la côte sud-ouest de l'Espagne (cap Saint- Vincent). Cet exemplaire, pris
à une profondeur de 1090 brasses (ig83 m ), avait une longueur totale d'environ o m 28o.
L'expédition du Travailleur et du Talisman, en a recueilli ensuite quatre
exemplaires, au large des côtes du Maroc, à une profondeur de 2ii5 m à 22oo m ;
l'individu, mesuré par Vaillant, avait une longueur totale de o m 36o.
Enfin, nous avons l'exemplaire de 1' Hirondelle, qui a été recueilli aux
Açores, à une profondeur de i85o m .
L'espèce semble donc être incontestablement une forme des profondeurs de la
mer 2 .
1 Les seuls endroits où l'exemplaire qui nous occupe ait conservé les écailles du corps intactes.
2 Un jeune Macrurus, recueilli le 2 août 1888 à Florès (Açores) à une profondeur de 1384m (Stn. 2i3),
appartient à une autre espèce qui ne se trouve pas parmi celles que nous avons mentionnées ci-dessus, mais il
est si jeune et en si mauvais état qu'il est impossible de le déterminer avec certitude, ni de le décrire.
La forme du corps est allongée; la longueur totale est de g5™™, la longueur de la tête d'environ i5mm- l a
hauteur du corps, un peu en arrière de l'anus, mesure à peine 7mm.
Les écailles, qui n'ont pas de lignes concentriques, ne portent que deux spinules, dont la postérieure est
de beaucoup plus longue et plus épaisse que l'antérieure, et la hauteur en est à peu près égale au diamètre de
l'écaillé. Les deux spinules sont absolument perpendiculaires à l'écaillé, de sorte que le corps semble être
recouvert de villosités redressées.
Il est fort probable que ces spinules sont caractéristiques pour l'espèce et qu'elles ne sont pas dues au
jeune âge de l'individu.
La tête, qui est fort écrasée (de même que toute la partie antérieure du corps) est couverte de spinules
serrées; elle n'est ni très grande ni très ronde par rapport au corps; la fente de la bouche est relativement
grande et assez horizontale; le barbillon est de la longueur du cristallin.
Par son aspect extérieur, cet exemplaire ressemble beaucoup à Macrurus (Trachonurus) villosus, décrit par
Gûnther d'après deux individus recueillis en 1877, l'un en pleine mer au sud du Japon, et l'autre aux Philippines.
Mais Giinther cite formellement comme un des caractères de cette dernière espèce « scales indistinct » (114,
p. 124) tandis que chez le présent exemplaire elles sont distinctes, bien qu'elles semblent n'être encore qu'au
début de leur développement.
— 83 —
Macrurus holotrachys, Gûnther
(PL n, fig. 6, 6b)
1878. Macrurus holotrachys, Gûnther (f 10), p. 24.
1887. Macrurus holotrachys, Gûnther (114), p. i36, pi. xxvm, fig. B.
Campagne de 1887: Stn. 161, profondeur 1267°. Parages de Terre-Neuve. Un
exemplaire.
Nous avons un individu relativement bien conservé de cette espèce caractéris-
tique, dont on ne connaissait jusqu'ici que l'exemplaire type recueilli en 1876, pendant
l'expédition du Challenger au large de La Plata. M. holotrachys se reconnaît
facilement aux crêtes singulières, formées de tubercules épineux, qui s'étendent en
arrière sur le dessus de la tête, ainsi qu'au petit nombre des spinules des écailles,
qui ne forment pour ainsi dire qu'une seule rangée médiane assez élevée, tandis que
le reste de l'écaillé est presque lisse; l'anus est très reculé.
PROPORTIONS
Longueur totale o m 25o
» de la tête o m o53
» du museau o m 01 7
Diamètre horizontal de l'œil o m oig
Espace interorbitaire o m oi 1
De l'extrémité du museau à la première dorsale o m 060
De l'extrémité du museau à l'anus o m o88
Hauteur du corps (par le travers du commencement de la
première dorsale) o m 087
De l'insertion des ventrales à l'anus o m o3i
Nombre des rayons : i re D. 12; 2 me D. n5-i25 ; A. 121 ; P. 20-21 ; V. 9.
Description : La tête est donc comprise quatre fois trois quarts (4,71), et la
hauteur du corps six fois trois quarts (6,75) dans la longueur totale.
L'œil est relativement grand, presque rond, à peu près de même longueur que
le museau, et de beaucoup plus grand que l'espace interorbitaire. Il est compris à
peine trois fois (2,78) dans la longueur de la tête.
L'extrémité du museau, comme chez la plupart des autres espèces, se termine
en triangle ; chacune des pointes forme un tubercule assez saillant, qui est recouvert
de fortes épines; ce bord saillant se continue en arrière en une crête sous-orbitaire
très prononcée, qui ne se termine que vers le bord postérieur de l'opercule, par
conséquent, bien en arrière de l'œil ; cette crête est recouverte de tubercules osseux
et fortement épineux, tout comme l'extrémité du museau.
— 84 —
La fente de la bouche est relativement petite et l'intermaxillaire atteint, en
arrière, jusqu'au milieu de l'œil environ. Les dents sont excessivement fines et
serrées.
Le dessus de la tête est muni d'épines osseuses, dont quelques-unes, plus grandes
que les autres, forment des rangées saillantes plus ou moins longues. Une de ces
rangées (la rangée orbitaire) contourne le bord supérieur de l'orbite ; elle s'arrête un
peu au-dessus du milieu du bord postérieur de l'orbite, après quoi elle se dirige en
arrière en une ligne courte et droite vers le bord supérieur de la fente branchiale.
Une rangée (la rangée du front) part du bord supérieur de l'orbite et se continue
en arrière, à peu près parallèlement à celle du côté opposé, vers la nuque ; les deux
lignes divergent faiblement en arrière. Dans leur partie postérieure, elles ont entre
elles une courte rangée médiane (la rangée du vertex). Enfin il y a de chaque côté une
courte rangée entre la rangée du front et la branche postérieure de la rangée orbi-
taire (la rangée temporale).
Les épines osseuses des opercules forment aussi de courtes rangées verticales.
L'anus est placé assez loin en arrière, environ au-dessous du septième rayon de
la deuxième dorsale ; la distance à laquelle il se trouve de l'insertion des ventrales est
égale à celle qui sépare l'extrémité du museau du bord postérieur de l'œil, à peu
de chose près.
La première dorsale, qui prend naissance à une distance de l'œil, à peu près
égale à celle qui sépare l'extrémité du museau du bord postérieur du cristallin,
compte onze rayons développés, outre le premier qui est rudimentaire, en tout
douze. Le deuxième rayon est presque lisse, avec un bord faiblement crénelé ; chez
l'exemplaire de Gùnther, ces épines étaient peut-être un peu plus longues (« 2 nd dorsal
with small barbs anteriorly »).
La deuxième dorsale prend naissance tout près de la première; la distance qui les
sépare est à peu près égale à la moitié du diamètre de l'œil. Elle compte cent vingt-
cinq rayons (cent quinze chez l'exemplaire de Gûnther).
L'anale, qui prend naissance à peu près au-dessous du dixième rayon de la
deuxième dorsale, compte cent vingt et un rayons.
Les pectorales ont vingt ou vingt et un rayons ; les ventrales, qui se terminent
en un court filament, s'insèrent droit au-dessous des pectorales et comptent neuf
rayons.
Les écailles n'ont que fort peu de rangées de spinules. Sur la ligne médiane de
l'écaillé, trois à cinq spinules pointues, qui sont de plus en plus longues à mesure
qu'elles sont plus rapprochées du bord de l'écaillé, forment une crête médiane très
distincte ; ces crêtes médianes, en se continuant d'une écaille à l'autre, forment des
raies longitudinales le long du corps. De chaque côté de la crête médiane, il y a de
une à deux spinules très fines et courtes, qui souvent même font absolument défaut,
comme par exemple sur le ventre. Les écailles de la ligne latérale n'ont pas de
rangée médiane, mais, par contre, la rangée latérale est un peu plus développée.
— 8,5 -
Ainsi que nous l'avons dit plus haut, le dessus de la tête est en grande partie
couvert d'épines osseuses alignées en rangées sur le front et sur le vertex ; entre ces
rangées il y a des écailles normales. Le dessous de la tête est lisse.
On compte cinq écailles entre la ligne latérale et la première dorsale.
Habitat. — Ainsi que nous l'avons déjà dit, on ne connaissait jusqu'ici qu'un
seul exemplaire de M. holotrachys, d'une longueur totale de neuf pouces anglais
(environ o m 23o), recueilli pendant l'expédition du Challenger à une profondeur
de 600 brasses (i092 m ), à l'est de l'embouchure du Rio de la Plata en février 1876.
Le nouvel exemplaire, qui est un peu plus grand, a été recueilli auprès du Banc
de Terre-Neuve en août 1887 (Stn. 162), par i2Ô7 m de profondeur.
Macrurus italiens, (Giglioli)
(PL II, fig. 7, 7 b, 7 c)
1881. Malacocephahis lœvis, Moreau (l?©), vol. 3, p. 284, (nec Lowe).
1882. Hymenocephalus italicus, Giglioli (*©), p. 198.
1884. Hymenocephalus italicus, Giglioli et Issel (VS), p. 228, cum fig. (Descr. nulla).
1887. Macrurus (Mystaconurus) italicus, Gùnther (lf 4), p. 140.
1888. Hymenocephalus italicus, Vaillant (1813), p. 211, pi. xix, fig. 1.
Campagne de 1887 : Stn. io5, profondeur 927™. Près de l'entrée sud du chenal
de Pico-Fayal (Açores). Deux exemplaires.
Campagne de 1888 : Stn. 198, profondeur 8oo m . Près de la localité précédente.
Cinq exemplaires.
Tous les exemplaires, sauf un, étaient adultes ou à peu près ; ils étaient en
assez mauvais état, en partie écrasés, et avaient perdu toutes leurs écailles.
Le plus grand individu avait une longueur totale de 95 mm ; cinq autres étaient
à peu près de même taille, tandis que le septième étaient jeune, d'une longueur totale
de 6o mm .
Cette espèce, dont le plus grand spécimen connu jusqu'ici a une longueur
totale de o m i83, a, il est vrai, tout l'extérieur d'une forme jeune d'une autre
espèce plus grande 1 ; tout son aspect général, dans les grands traits, indique une
phase de jeunesse. Mais nous savons, par Giglioli, qu'un de ses exemplaires types,
qui avait une longueur totale d'un peu plus de o m ioo, était une femelle avec des
œufs mûrs dans les ovaires. Il ne faut pas non plus oublier que l'expédition du
Travailleur et du Talisman, qui en prit un nombre très considérable à de grandes
profondeurs, au large des côtes du nord de l'Afrique, en 1 880-1 883, ne put obtenir
un seul individu dont la longueur totale dépassât le maximum de o m i83, indiqué
ci-dessus. On ne saurait guère, après cela, douter que M. italicus ne soit une espèce
spéciale, bien qu'on ne puisse le distinguer d'une manière générique du genre
Macrurus.
1 Moreau et Gunther penchent à croire que c'est le jeune du M. (Malacocephalus) lœvis Lowe, 1843.
— 86 —
La dénomination de l'espèce se rattache à une courte communication de Giglioli
insérée en 1882 dans la revue anglaise Nature (79, p. 198); ce même auteur donna
en 1884 (W, p. 228), une figure de M. italiens, mais sans l'accompagner d'aucune
description. Déjà, en 1881, Moreau avait décrit (ÎIO, vol. 3, p. 284) sous le nom de
Malacocephalus lœvis Lowe, deux ou trois individus de Nice dont le plus grand avait
une longueur totale de o m 147, et que les auteurs plus récents considèrent comme
appartenant à la présente espèce, bien que la description et la figure qui l'illustre
diffèrent en plusieurs points des exemplaires de Y Hirondelle que j'ai sous les yeux,
et qui tous appartiennent indubitablement au vrai M. italicus.
En 1888, Gùnther a également donné, dans son rapport général sur les Poissons
de l'expédition du Challenger, une description d'un exemplaire de Nice, qui
présente aussi certaines différences, par exemple quant au nombre de rayons de la
première dorsale, à la longueur de la mâchoire supérieure et à la position de l'anus.
L'exemplaire de Gùnther avait une longueur de o m 140 environ.
Enfin Vaillant, dans son rapport sur les Poissons de l'expédition du Travailleur
et du Talisman, a suppléé aux descriptions susmentionnées par des remarques
accompagnées d'une figure qui, mieux qu'aucune des descriptions et figures précé-
dentes, donne une idée exacte des caractères extérieurs de l'espèce.
Je donne ci-après une courte description des nouveaux exemplaires des Açores,
comparés aux descriptions antérieures de cette espèce.
Longueur totale o m og5
Longueur de la tête o m oi6
Diamètre de l'œil o m oo6
De l'extrémité du museau à la première dorsale. o m oi6
De l'extrémité du museau à l'anus o m 024
Hauteur de la première dorsale o m oi2
Longueur de la pectorale o ra oo95
M. italicus se reconnaît surtout à sa courte tête, dont les grandes cavités
muqueuses sont recouvertes d'une espèce de membrane argentée; la queue est
longue et effilée et se rétrécit considérablement en arrière de l'anus ; enfin il a de
fines rides au-dessous de l'insertion des pectorales.
La tête est comprise environ cinq fois et demie dans la longueur totale; le
museau ne dépasse que très peu la mandibule, et il est plus court que le diamètre de
l'œil.
L'œil est compris un peu plus de deux fois et demie dans la longueur de la tête,
et sa largeur est à peu près égale à l'espace interorbitaire. Chez les exemplaires
adultes, l'œil est relativement moins grand, et compris environ trois fois dans la
longueur de la tête.
La mâchoire supérieure arrive un peu en arrière du bord postérieur de l'œil ;
les dents sont très fines et toutes de même grandeur.
-8 7 -
Le barbillon est grêle, à peu près de la longueur du cristallin.
Les exemplaires de VHirondelle avaient perdu presque entièrement leurs
écailles; et de tous les exemplaires examinés par Vaillant (SIS, p. 212), il y avait a
peine un seul qui les eût toutes conservées. Certaines parties du ventre semblent n'être
jamais couvertes d'écaillés, tandis qu'il y en a l sur les côtés du ventre et sur le reste
du corps, où elles se continuent du moins sur une partie de la queue. Elles sont très
minces ; leur bord extérieur est muni d'un certain nombre de spinules très courtes,
ordinairement rangées en deux demi-cercles, dont le plus long, qui est en dedans,
compte de cinq à sept spinules, tandis que l'autre n'en a que deux ou trois. Quelques-
unes des écailles du ventre sont absolument sans spinules et cycloïdales.
Les côtés du ventre, comme nous l'avons déjà dit, sont argentés; immédiatement
au-dessus des ventrales, la peau du ventre est légèrement rayée, du moins chez les
jeunes individus; ces raies descendent vers la ligne ventrale.
En avant des ventrales, on remarque sur la ligne médiane du corps une petite
protubérance mamillaire ronde. La coloration du ventre est noire, de même que le
bord de l'anus. L'anus est placé assez en arrière de la première dorsale. La distance
de la tête à l'anus est à peu près égale à la moitié de la longueur de la tête.
La queue est très effilée et se termine comme un crin.
La première dorsale, dont le premier rayon est lisse, compte dix rayons, outre
une rugosité absolument rudimentaire et invisible, qui ne se perçoit qu'au toucher,
à la base du premier rayon. Sa hauteur mesure à peu près les trois quarts de la
longueur de la tête.
La deuxième dorsale, dont les premiers rayons sont presque imperceptibles,
prend naissance un peu en arrière de la verticale qui passe par l'anus.
La pectorale est étroite; son rayon supérieur se prolonge en un filament, qui
atteint en arrière jusqu'au delà du commencement de l'anale; elle s'insère à peu près
au-dessous du deuxième rayon de la première dorsale.
Les ventrales, dont les insertions se trouvent placées droit au-dessous de celles
des pectorales, ou tant soit peu en avant de celles-ci, se terminent en un filament
qui, chez les individus bien conservés, atteint en arrière jusqu'au cinquième rayon
de l'anale. Celle-ci commence immédiatement derrière l'anus, par conséquent assez
en arrière de la première dorsale.
Habitat. — M. italicus a d'abord été connu d'après quelques rares exem-
plaires de la Méditerranée (Nice, Messine) ; depuis, on a découvert qu'il habite en
très grand nombre les profondeurs de l'Océan Atlantique. Lors de l'expédition du
Travailleur et du Talisman en i88o-83, il en a été recueilli, d'après Vaillant,
en tout i23i individus à dix-neuf stations différentes au large des côtes du Maroc et
du Soudan, aux îles du Cap-Vert et aux Açores; la profondeur variait entre 4io m
1 Chez un exemplaire extraordinairement bien conservé, recueilli à Messine en mars 1891, et offert au
Musée de l'Université de Christiania par le Professeur Giglioli.
— 88 —
et 2o83 m . Le grand nombre que l'on en a ramené parfois en un seul dragage démontre
que ces Poissons se tiennent en grands bancs. Ainsi aux îles du Cap-Vert, un seul
coup de drague a ramené, d'une profondeur de 48o m , sept cent quatre-vingts individus.
Les sept exemplaires de l'expédition de YHirondelle ont été recueillis, ainsi
que nous l'avons déjà dit, en 1887 et 1888 aux Açores, à une profondeur de 8oo m à
927 111 . M. italiens n'a pas été recueilli par l'expédition du Challenger.
Bathygadus melanobranclms, Vaillant
1888. Batkygadus melanobranchus, Vaillant (S 4 S), p. 206, pi. xvin, fig. 1.
Campagne de 1888 : Stn. 2o3, profondeur i557 m . Quatre exemplaires, pris à l'est
de Florès (Açores).
Le genre Bathygadus a été établi par le D r Gûnther, en 1878, d'après un certain
nombre d'exemplaires recueillis en 1876, pendant l'expédition du Challenger, aux
îles Kermadec ÇB. cottoïdes). Il se distingue du genre Macrurus par la structure de
la deuxième dorsale, qui est ici plus forte que l'anale. Le genre compte neuf espèces,
appartenant toutes aux grandes profondeurs de l'Atlantique et du sud de l'Océan
Pacifique.
Parmi elles, B. cottoïdes Gûnther, 1878, des îles Kermadec, B. favosus Goode et
Bean, 1886, de la pleine mer, au large des Indes Occidentales, et B. furvescens
Alcock, 1894, des îles Maldives, sont sans barbillon, ainsi que B, melanobranchus,
tandis que les autres espèces en ont un.
Toutefois, B. melanobranchus diffère de B. cottoïdes en ce qu'il a les yeux plus
grands et les mâchoires plus longues, ainsi que par le nombre des rayons qui, selon
Gimther, est de : D. 8 ; P. 10 ; V. 8-9. Il diffère aussi de B. favosus, en ce qu'il a la tête
et les yeux plus grands ; chez cette dernière espèce, l'œil est compris cinq fois dans la
longueur de la tête, et celle-ci cinq fois et demie dans la longueur totale (9G, p. 160).
Les quatre exemplaires que j'ai devant moi, de même que presque tous ceux que
l'on a recueillis jusqu'à présent, sont en assez mauvais état. Ils ont perdu toutes
leurs écailles et le bout extrême de la queue est brisé chez tous, excepté un. Les trois
plus grands exemplaires ont une longueur totale de o m 139 à environ o m 143 ; ils ne sont
donc probablement pas encore adultes, car l'exemplaire recueilli pendant l'expédition
du Travailleur et du Talisman, et mesuré par Vaillant, avait une longueur
totale de o m 440 (81 S, p. 209).
B. melanobranchus ayant été décrit en détail par Vaillant (81 3, p. 206), je me
bornerai à ajouter ici quelques remarques sur les individus qui nous occupent.
PROPORTIONS DE L'EXEMPLAIRE COMPLET
Longueur totale o m 1 39
Longueur de la tête „ o m o3o
-8 9 --
Hauteur du corps (au-dessous du premier rayon de la dorsale). o m 022
De l'extrémité du museau à l'anus o m 044
De l'extrémité du museau à la première dorsale o m 029
Longueur de l'œil o m oo85
Longueur du museau o m oo65
Mâchoire supérieure o m 01 7
Espace interorbitaire o m 009
Chez ce jeune exemplaire, la tête est donc comprise un peu plus de quatre fois
et demie (4,63) dans -la longueur totale. Chez le plus grand exemplaire de Vaillant, la
tête est relativement plus petite ; elle est comprise un peu plus de cinq fois dans
la longueur totale.
L'œil est relativement grand ; il est compris trois fois et demie dans la longueur
de la tête ; il est à peu près de même grandeur que l'espace interorbitaire et notable-
ment plus grand que le museau.
La fente de la bouche arrive en arrière environ jusqu'au bord postérieur de
l'œil. Il n'y a pas de barbillon.
L'anus est placé à peu près au-dessous du sixième rayon de la deuxième dorsale
et à une distance de l'insertion des ventrales qui est presque égale à celle qui sépare
l'extrémité de la mâchoire supérieure du bord postérieur de l'œil. Chez les exem-
plaires complètement adultes, l'anus et relativement plus reculé.
Les dents sont des aspérités excessivement fines, qui forment une large bande
sur l'intermaxillaire et une bande plus étroite sur la mandibule; à la symphyse des
intermaxillaires, il y a un espace privé de dents.
La première dorsale, qui prend naissance à la hauteur du bord postérieur de
l'opercule, a de dix à douze rayons dont les deux postérieurs sont très grêles 1 .
La deuxième dorsale commence presque immédiatement derrière la première;
l'intervalle qui sépare ces deux nageoires n'est que juste assez grand pour donner
place à un rayon. Le nombre des rayons de la première dorsale est considérable;
Vaillant en a compté jusqu'à cent deux chez ses exemplaires.
L'anale, qui prend naissance à peu près au-dessous du dixième rayon de la
deuxième dorsale, compte, selon Vaillant, environ quatre-vingt-douze rayons, tous
courts et faibles.
Les pectorales s'insèrent à peu près au-dessous du troisième rayon de la
première dorsale; elles sont grêles et se terminent en un filament qui atteint en arrière
jusqu'à l'anus ou tant soit peu au delà.
Les ventrales s'insèrent au-dessous du bord postérieur de la fente branchiale, par
conséquent juste au-dessous du premier rayon de la dorsale ; elles comptent huit rayons.
•• Vaillant dit que les rayons de la première dorsale sont au nombre de neuf, ce nombre peut donc se
rencontrer; cependant, ceux des exemplaires delà collection du TRAVAILLEUR et du TALISMAN que j'ai
eu l'occasion d'examiner, avaient de dix à douze, le plus souvent onze rayons.
12
— go —
Une caudale composée de sept rayons grêles, garnit, chez un des individus
l'extrémité de la queue.
Ainsi que nous l'avons déjà fait observer, tous les exemplaires ont perdu leurs
écailles ; ce n'est que par les follicules de la peau que l'on peut constater que même
le plus petit exemplaire en a été entièrement recouvert.
Habitat. — B. melanobranchus n'était connu jusqu'à présent que par les matériaux
rassemblés par l'expédition du Travailleur et du Talisman. Ces matériaux se
composaient, selon Vaillant, de cent quatre-vingt-huit individus recueillis en 1880-
i883 au large des côtes du nord de l'Afrique jusqu'aux Canaries et aux côtes du Soudan
vers le sud, à i5° de latitude nord. En général, les exemplaires ont été ramenés d'une
profondeur de plus de iooo m . Toutefois, la profondeur variait entre 83o m et i5go m .
Trois dragages ramenèrent respectivement vingt, vingt-cinq et quarante-six individus.
Les quatre nouveaux spécimens des Açores ont été aussi recueillis à une grande
profondeur ( 1 5 5 7 m ) .
Bathygadus longifllis, Goode et Bean
i885. Bathygadus longifilis, Goode et Bean (05), p. 599.
1887. Bathygadus longifilis, Gûnther (114), p. 157.
1888. Hymenocephalus longifilis, Vaillant (SIS), p. 218, pi. xxiii, fig. 1.
1890. Bathygadus longifilis, Alcock (6), p. 3o2.
1891. Bathygadus longifilis, Alcock (9), p. 12 3.
Campagne de 1887 : Stn. II2 > profondeur 1287 111 . Trois exemplaires, pris entre
Pico et Sâo Jorge.
Tous les exemplaires sont jeunes; le plus grand a une longueur totale de o m o88,
les autres de o m 070 environ. Les filaments des nageoires sont, par conséquent,
relativement plus courts que chez les adultes. Il en est de même du barbillon, qui
est de beaucoup plus court que l'œil et, par conséquent, ne répond pas au caractère
de la diagnose. Mais il y a d'autre part une si grande conformité entre ces jeunes
spécimens et les descriptions qui ont été données par Goode et Bean (i885) et par
Vaillant (1888), que l'on ne saurait guère douter qu'ils n'appartiennent à cette espèce.
B. longifilis se rapproche beaucoup de B. multifilis Gûnther 1887, décrit d'après
un individu recueilli par l'expédition du Challenger au sud des Philippines (114,
p. 1 55, pi. xlii, fig. B). Cette dernière espèce semble différer de B. longifilis en ce
qu'elle a la fente de la bouche un peu plus large, atteignant en arrière au-delà de
l'œil, le barbillon plus long et l'œil un peu plus petit; selon Gûnther, les rayons
du premier arc branchial seraient aussi moins nombreux (vingt-neuf). Enfin, chez
cette espèce, les ventrales s'insèrent immédiatement au-dessous des pectorales, même
chez les adultes.
La longueur totale du plus grand individu est de o m o88, celle de la tête
de o m oi5; cette dernière est donc comprise cinq fois et quatre-vingt-six centièmes
(5,86) dans la longueur totale.
— 91 —
La longueur de l'œil est de 4 mm , à peu près égale à celle du museau et tant soit
peu plus grande que l'espace interorbitaire ; elle est comprise trois fois et trois quarts
(3,75) dans la longueur de la tête.
La fente de la bouche atteint en arrière jusqu'au bord postérieur de l'œil. Le
barbillon est plus court que l'œil.
Les rayons du premier arc branchial sont au nombre de sept + vingt-sept, en
tout trente-quatre.
La queue se termine comme un crin.
La première dorsale a dix rayons ; le deuxième de ces rayons se termine en un
filament dont l'extrémité arrive, déjà chez ce jeune individu, environ jusqu'au
seizième rayon de la deuxième dorsale. La première dorsale prend naissance droit
au-dessus des pectorales et du bord postérieur de la fente branchiale.
L'anale commence à peu près au-dessous du neuvième rayon de la deuxième
dorsale. Le filament de la pectorale atteint en arrière au delà du dixième rayon
de l'anale.
Les ventrales s'insèrent un peu en arrière des pectorales ; leur filament dépasse
les premiers rayons de l'anale. Chez le plus petit individu (longueur totale environ
o m 07o), elles s'insèrent plus en avant, à peu près droit au-dessous des pectorales.
Les écailles, dont on voit déjà trace chez les plus petits exemplaires, ont été
complètement développées chez le plus grand ; maintenant il ne reste plus que quel-
ques écailles sur le ventre. Elles sont presque cycloïdales et ont un certain nombre de
stries concentriques.
Habitat. — B. longifilis a été établi en i885 d'après deux individus d'une
longueur totale de o m 225 eto m 233, ramenés d'une profondeur de 724 brasses ( 1 3 1 7 m )
à l'ouest de la Floride (Golfe du Mexique). Lors de l'expédition du Travailleurs
du Talisman, on n'en recueillit pas moins de cinquante individus, en pleine mer
au large du Maroc et du Soudan, le plus grand avait une longueur totale de o m 292 ; la
profondeur variait entre 1084 111 et i635 m . Il semble que l'expédition du Challenger
ne l'ait pas recueilli, à moins que B. multifilis Gùnther, provenant des Philippines,
ne lui soit identique, ce qui supposerait une extension géographique remarquable-
ment grande.
Ainsi qu'il a été dit plus haut, les exemplaires de Y Hirondelle proviennent des
Açores, où l'espèce n'avait pas été signalée antérieurement. Selon Alcock, on a
recueilli dans ces dernières années (1 890-1 891) deux individus de B. longifilis au large
des îles Laquedives et Andaman dans l'Océan Indien, à une profondeur de 683 à
740 brasses (i243 m à i34Ô m ).
92
Famille des PLEURONECTID^E
Hippoglossoides platessoid.es, (Fabricius)
1780. Pleuronectes platessoides, Fabricius (64), p. 164.
1787. Pleuronectes limandoides, Bloch (15), vol. 3, p. 24.
1839. Platessa dentata, D.-H. Storer («ÎO), p. 480, (nec Linné).
1861. Drepanopsetta platessoides, Gill (99), App. p. 5o.
1864. Hippoglossoides platessoides, Gill (81), p. 217.
Campagne de 1887 : Stn. 162, profondeur i55 m . Banc de Terre-Neuve. Deux
exemplaires.
Les deux exemplaires étaient jeunes ; voici leurs proportions :
a b
Longueur totale o m 162 o m 178
Hauteur du corps .... o m o5i o m o58
Longueur de la tête .. o m o35 o m o38
Nombre des rayons : a D. 92. A. 71.
b D. 92. A. 72.
H. platessoides Fabricius a été décrit pour la première fois d'après des exem-
plaires du Groenland, par Fabricius, en 1780. La question de savoir si cette forme
néarctique est identique à la forme paléarctique Pleuronectes limandoides Bloch, 1787,
a été longuement traitée ailleurs par l'auteur du présent ouvrage (97, p. 144). La
comparaison établie entre un grand nombre d'individus de la zone arctique propre-
ment dite et des régions situées plus au sud, fait voir que les premiers ont constam-
ment un plus grand nombre de rayons que les individus du sud. Ainsi, chez les
exemplaires de la Grande-Bretagne, le nombre moyen des rayons est de quatre-vingts
environ à la dorsale, et de soixante-six à l'anale.
Habitat. — H. platessoides est très répandu dans les régions arctiques et subarc-
tiques de l'Océan Atlantique. Sur les côtes d'Europe, il se rencontre à partir du
Spitzberg, où il a été trouvé en 1878 par l'expédition norvégienne, jusqu'à la Manche.
L'expédition hollandaise du Willem-Barents (ISS, p. 5), en a recueilli des
exemplaires en 1878 et 1879, entre Beeren Island et la Nouvelle-Zemble, mais
jusqu'à présent, elle n'a pas été trouvée à l'est de la Nouvelle-Zemble, ni dans la
Mer Baltique, à l'est de la Suède.
Sur les côtes de Norvège, cette espèce est, en plusieurs endroits, un des Pleuro-
nectidés les plus communs ; on l'y recueille tant sur les bas-fonds qu'à diverses
profondeurs, jusqu'à 25o brasses (45 5 m ).
H. platessoides se rencontre encore en Islande et au Groenland, ainsi que le long
- 9 3-
de la côte ouest de l'Amérique du Nord, jusqu'au large des Etats de la Nouvelle
Angleterre, par 40 de latitude nord. Ici il est très commun dans les eaux profondes,
en plusieurs localités, de même que sur les côtes du nord-ouest de l'Europe ; selon
Goode, il se rapproche des côtes en hiver.
Lepidorh.om'bus megastoma, (Donovan)
1808. Pleuronectes megastoma, Donovan (Sî 1 ), vol. 2, p. Si.
1862. Lepidorhombus megastoma, Gùnther (103), vol. 4, p. 407 et 41 5.
1889. Lepidorhombus whiff-j 'agonis, Jordan et Gosse (134), p. 252.
Campagne de 1886 : Stn. 46, profondeur i55 m . Quatre exemplaires. — Stn. 5i,
profondeur 14 111 . Deux exemplaires.
Tous les individus sont jeunes. Leur longueur totale varie de o m 180 à o m 253.
L'estomac des spécimens de la Station 46 (à 200 kilomètres environ, à l'ouest
de La Rochelle), contenait en partie des Poissons, en partie des Crustacés. Ainsi nous
avons trouvé un jeune Callionymus ; parmi les Crustacés, nous avons pu reconnaître
un Portunus, ainsi qu'un exemplaire du remarquable Schizopode Lophogaster
typicus, décrit pour la première fois par M. Sars, d'après un exemplaire des côtes de
Norvège (198, p. 160) et qui depuis a été signalé aux îles Shetland (1Ï9, p. i5i), et
au Cap, lors de l'expédition du Challenger, en 1873 (19», p. 14).
Habitat. — Lepidorhombus megastoma Donovan, est une espèce du nord-ouest
de l'Atlantique, répandue à partir du fjord de Trondhjem, en Norvège (64 latitude
nord), jusqu'aux côtes du Maroc et des Açores.
Sur les côtes de Norvège, il se rencontre isolément; il est même assez commun
au large de Trondhjem et de Bergen. Il est rare partout dans la Mer du Nord ; ce
n'est que par exception qu'il approche de la côte ouest du Danemark, et il ne pénètre
ni dans la Mer Baltique, ni même dans le Cattégat.
Il est plus fréquent sur quelques points des côtes d'Angleterre et de France ; ainsi
on le dit assez commun à Arcachon, au moins pendant les mois d'été (ltf©, vol 3,
p. 334). Il paraît être commun dans le Golfe de Gascogne; l'expédition du
Travailleur et du Talisman en a également recueilli un assez grand nombre
d'individus en pleine mer, au large de l'Espagne, du Maroc, et enfin aux Açores, à
une profondeur de 6o m à 66o m (33° latitude nord). Il appartient, en somme, aux formes
de Pleuronectidés qui ne sont pas absolument littorales.
L. megastoma semble être rare dans la Méditerranée. Moreau, le dit rare à Cette ;
Vinciguerra et Gûnther en ont obtenu des exemplaires de Gênes (11©, p. 418, en
note).
— 94 —
Lepidorhomtnis Boscii, (Risso)
1810. Pleuronectes Boscii, Risso (19£), p. 3 19, pi. vu, fig. 33.
1826. Hippoglossus Boscii, Risso (194), vol. 3, p. 246.
182g. Rhombus Boscii, Cuvier (47), vol. 2, p. 341.
1862. Amoglossus boscii, Gûnther (1©3), vol. 4, p. 416 et auct.
1889. Rhombus Boscii, Gûnther (116), vol. 4, p. 418.
Campagne de 1886 : Stn. 5ç), profondeur 248™. Deux exemplaires pris sur la
côte nord d'Espagne.
Ces exemplaires étaient tous les deux jeunes et encore petits, d'une longueur
totale de o m o4g. Les écailles ne semblent pas encore développées ; les taches noires
caractéristiques sont indiquées à la fin de la dorsale et de l'anale, et là cavité bran-
chiale est déjà entièrement perforée.
Day a le premier soulevé des doutes au sujet de L. Boscii, et de ses rapports avec
L. megastoma, lorsqu'il dit, en 1882 (51, vol. 2, p. 22) : « Prof. Giglioli first drew
my attention to Amoglossus Boscii, being this species ÇArnoglossus megastomaj ». Cet
auteur cite donc les deux espèces comme étant synonymes, opinion à laquelle se
rangeaient encore, en 1889, Jordan et Gosse (134, p. 252). Cependant, la différence
qu'il y a entre ces deux formes a été clairement démontrée par Vinciguerra,
en i883(»10,p. 570), puis par Kolombatovic, en 1887 (ISS, teste Gûnther), et enfin,
en 1889, par Gûnther (116, p. 418) ; ce dernier auteur donne une description détaillée
de l'espèce de Risso, qu'il établit sous le nom de Rhombus Boscii. Cependant cette
espèce se distingue du genre typique Rhombus (Bothus Raf. 18 10) en ce qu'elle a la
cavité branchiale perforée ; il est donc plus naturel de la rapporter au même genre
ou sous-genre que l'espèce précédente.
Voici donc les principaux caractères de Lepidorhombus : membrane médiane de
la cavité branchiale perforée ; dents sur le vomer ; les derniers rayons de la dorsale et
de l'anale un peu recourbés du côté aveugle ; ventrales séparées de l'anale ; yeux à
gauche (voir S 8, p. 99-100).
Habitat. — L. Boscii (Risso) est une espèce de la Méditerranée, qui est surtout
répandue le long de la côte d'Italie, au moins jusqu'à Palerme (116, p. 418); il a été
signalé dans l'Adriatique, par Kolombatovic (1S9, p. 25), et semble être assez
fréquent à Gênes ; je m'en suis moi-même procuré des exemplaires sur le marché
de cette ville, en décembre 1879. Steindachner l'a encore recueilli sur la côte est de
l'Espagne, près de Barcelone.
Dans l'Atlantique, il se rencontre, mais pas en grand nombre, le long de la
péninsule ibérique ; vers le nord, il pénètre dans le Golfe de Gascogne, d'où provien-
nent, outre les jeunes rencontrés en 1886, par l'expédition de Y Hirondelle, à peu de
distance au large des côtes des Asturies, un certain nombre d'exemplaires recueillis,
selon Gûnther, en juillet 1889, sur la côte sud-ouest de l'Irlande (116, p. 418), le
point le plus septentrional où je sache qu'il ait été signalé jusqu'à présent.
- 9 5 -
Les exemplaires d'Irlande atteignaient jusqu'à quatorze pouces anglais (o m 378)
de longueur totale, et avaient été ramenés d'une profondeur de 1 5o à 3 1 5 brasses
(273™ à 573 m ).
Arnoglossus lophotes, Gùnther
(PL ni, fig. i3, i3b)
1862. Arnoglossus lophotes, Gùnther (103), vol. 4, p. 417.
1864. Arnoglossus lophotes, Couch (45), vol. 3, p. 178.
1882. Arnoglossus grohmanni, Day (50), p. 748, pi. lui, partim.
1890. Arnoglossus lophotes, Gùnther (118), p. 40, pi. m, fig. B.
1890. Arnoglossus laterna, Cunningham (46), p. 540, partim.
Campagne de 1886 : Stn. 42, profondeur i36 m . Un exemplaire. — Stn. 44,
profondeur i66 m . Trois exemplaires. — Stn. 46, profondeur i55 m . Trois exemplaires.
— Stn. 58, profondeur i34 m . Deux exemplaires.
Campagne de 1887 : Stn. 85, profondeur i8o m . Dix exemplaires.
Campagne de 1888 : Stn. 226, profondeur i3o m . Quatre exemplaires pris dans
le détroit de Pico-Fayal, Açores.
En 1862, Gùnther établit l'espèce A. lophotes d'après trois peaux de Pleuronec-
tidés conservés au British Muséum et que l'on supposait provenir de quelque localité
située sur les côtes de la Grande-Bretagne (1®3, vol. 4, p. 417). Malgré l'état peu
satisfaisant des exemplaires, l'espèce est décrite d'une façon assez détaillée et parti-
culièrement dans ses rapports avec l'espèce voisine A. Grohmanni Bonaparte 1837,
que l'on n'avait jusqu'alors signalée que dans la Méditerranée.
Après cela il ne fut plus question d'J.. lophotes, jusqu'à ce que Couch mentionnât
en 1864 (45) qu'un nouvel exemplaire de l'espèce de Gùnther avait été pris près de
Plymouth; Couch avait pu constater par lui-même l'identité de cet exemplaire avec
A. lophotes. En octobre 1882, le journal The Nature (17£, p. 556 : « Lophotes
arnoglossus ») annonça que le Professeur Moseley avait encore recueilli cette même
année un exemplaire, dans un chalut, au large de Lundy Island, près de Cardiff.
Se basant sur ces documents, Day (AO) annonça en décembre 1882 qu'après
avoir comparé minutieusement entre eux les différents exemplaires à' A. lophotes et
d'A. Grohmanni recueillis jusqu'alors, il en était arrivé à ce résultat que ces deux
espèces étaient identiques. Cette déclaration est accompagnée d'une figure de
l'exemplaire de Moseley qui représente évidemment A. lophotes; mais, cet exem-
plaire ayant perdu toutes ses écailles, Day lui a donné dans son dessin les écailles d'un
A. Grohmannni typique (delà Méditerranée), et, en conséquence, il présente sa figure
sous ce dernier nom. Ce n'est qu'en 1890 que cette erreur fut redressée par Gùnther,
qui donna cette même année (118, p. 40, pi. ni, fig. a) une figure correcte du vrai
A. Grohmanni, dont le British Muséum venait de recevoir un exemplaire frais
recueilli sur la côte d'Irlande. Gùnther accompagne sa figure de quelques remarques
dans lesquelles il mentionne en peu de mots les différences principales qui existent
- 96 -
entre ces deux espèces, ainsi qu'entre elles et une troisième espèce voisine, A. laterna
Walbaum 1792.
Aussitôt après, l'existence d'A. lophotes comme espèce distincte fut une seconde
fois mise en doute. En juin 1890, Cunningham annonça (46, p. 540) qu'il avait
recueilli en décembre 1889, et plus tard, dans la mer d'Irlande, de nombreux indi-
vidus à' A. lophotes, en général mêlés avec des exemplaires d'A. laterna; il avait alors
remarqué, à sa grande surprise, que tous les exemplaires de la première de ces
espèces étaient sans exception des mâles, tandis que ceux d'A. laterna étaient
exclusivement des femelles ; et bien qu'il se rendît parfaitement compte des princi-
paux caractères qui les distinguent l'une de l'autre (il donne aussi les proportions
exactes de ces rapports chez les deux espèces), il était néanmoins persuadé qu'elles
ne formaient toutes deux qu'une seule et même espèce « belonging to a single sexually
dimorphic species », ce qui veut dire qu'il considérait A. lophotes comme étant le
mâle de l'espèce bien connue A. laterna Walbaum 1792.
Depuis le travail de Cunningham, A. lophotes et ses rapports avec A. Groh-
manni et A. laterna n'ont pas été mentionnés, que je sache. A. laterna est rare il
est vrai, sur les côtes de Norvège, mais on l'y rencontre néanmoins assez fréquem-
ment pour que j'aie pu en étudier environ vingt individus entièrement adultes et
quelques jeunes ; l'étude de ces matériaux comparés aux exemplaires de tous âges
d'A. lophotes recueillis pendant l'expédition de V Hirondelle, mène aux résultats
suivants :
i° Nous avons, d'A. lophotes, des individus mâles complètement adultes et des
femelles complètement adultes et pleines de rogue; les deux sexes sont presque
mais non absolument semblables l'un à l'autre.
2 Nous avons également des individus des deux sexes complètement adultes
d'A. laterna, mais ici la différence entre les sexes est presque imperceptible.
3° Les deux espèces se distinguent l'une de l'autre au moins par trois caractères
qui sautent aux yeux, savoir : la grandeur relative des yeux, la longueur des mâchoires
et la structure tout à fait différente des rayons antérieurs de la dorsale.
Je vais, dans ce qui suit, faire ressortir ces différences principales entre les deux
espèces, en choisissant à cet effet deux individus exactement de même taille dA.
lophotes (Açores) et d'A. laterna (Norvège) d'une longueur totale de o m 142.
Les yeux d'A . lophotes sont relativement plus grands que ceux à 1 A . laterna. Chez
les deux exemplaires de même taille des deux espèces, les yeux à' A. lophotes mesu-
rent 9 mm , ceux d'A. laterna 7 mm , différence que fait mieux ressortir la comparaison
immédiate.
Les mâchoires, au contraire, sont relativement plus petites chez A. lophotes que
chez l'autre espèce. Chez A. lophotes, l'intermaxillaire mesure 7 mm ; il est donc nota-
blement plus court que l'œil; tandis que chez A. laterna, il mesure io mm , et dépasse
par conséquent beaucoup le diamètre de l'œil. La fente de la bouche dépasse donc
un peu le bord antérieur de l'œil chez A. laterna, mais atteint à peine ce bord chez
l'autre espèce.
— 97 —
Enfin, en ce qui concerne le prolongement des rayons antérieurs de la dorsale,
A . laterna les a tous à peu près de même hauteur que le reste de la nageoire, de
sorte que l'on ne peut guère constater le prolongement de certains rayons 1 .
Chez A. lophotes, les deuxième, troisième, quatrième et cinquième rayons sont
prolongés ; le prolongement est plus prononcé chez le mâle que chez la femelle. Ces
rayons sont tous de teinte blanchâtre et n'ont pas trace de membrane le long de leur
partie extérieure prolongée. Un prolongement semblable des rayons se remarque
aussi dans la ventrale gauche.
On peut constater encore d'autres différences entre les deux espèces; ainsi, la
hauteur du corps est relativement moins élevée, et la tête plus petite chez A. lophotes
que chez l'autre espèce ; les écailles semblent aussi être plus allongées chez A. lophotes
que chez A. laterna.
A. Grohmanni se distingue de A. lophotes par un moins grand nombre de
rayons, savoir : D. 84-88; A. 61-66. Mais la structure des rayons antérieurs de la
dorsale présente une différence qui est plus facile à remarquer. Chez A. Grohmanni,
les quatre rayons antérieurs sont prolongés ; le deuxième est le plus long et atteint
parfois la même longueur que la tête; il est bordé, comme d'une large frange, par
une membrane qui, chez les individus adultes et complètement intacts, est le plus
large dans sa partie inférieure et va en s'amincissant vers l'extrémité 2 , comme les
barbes d'une plume. Chez A. lophotes, tous les rayons prolongés sont nus.
PROPORTIONS D'UN MALE ADULTE ïï'A. lophotes (aÇORES)
Longueur totale o ra 142
Hauteur du corps o m 046
Longueur jusqu'à la racine de la caudale o m 1 16
Longueur de la tête o m 029
Les plus longs des rayons de la tête o m o3o
Les plus longs des rayons de la ventrale o m oi7
Tous les exemplaires du Golfe de Gascogne étaient dans un assez mauvais état;
ils avaient perdu toutes leurs écailles et les jeunes étaient à moitié décomposés.
Aucun des exemplaires que j'ai devant moi n'a une plus grande longueur totale
que celui que j'ai mentionné plus haut. L'espèce atteint néanmoins une bien plus
grande taille ; les exemplaires types de Gûnther avaient une longueur de o m 200 ou
un peu plus, et les plus grands exemplaires de Cunningham mesuraient également
O m 200.
1 Cunningham indique une certaine tendance au prolongement des rayons antérieurs de la dorsale chez
les exemplaires examinés par lui, mais, en tout cas, ce prolongement était insignifiant (46, p. 541).
3 Cunningham a donné une figure représentant la partie antérieure de la tête, afin de montrer la structure
singulière des rayons de la tête chez l'exemplaire examiné par lui et qui avait été recueilli en mars 1890 à
Plymouth Sound (46, p. 545).
i3
- 9 8-
Les femelles sont probablement un peu plus petites; le plus grand individu
femelle de l'expédition, qui a les ovaires remplis de rogue, mesure o m i3o. Plusieurs
autres femelles plus petites étaient également pleines de rogue.
Chez l'exemplaire mesuré, la hauteur du corps et donc comprise deux fois
soixante-treize centièmes (2,73), et la longueur de la tête quatre fois quatre-vingt-neuf
centièmes (4,89) dans la longueur totale.
Chez les jeunes, la hauteur du corps est relativement moins grande, ainsi que le
montrent les chiffres suivants :
Longueur totale o m 046; hauteur du corps o m oi25; rapport 3,6
» » o m o5o; » » o m oi35; » 3,6
» » o m 072; » » o m oi9; » 3,7
» » o m 09o; » », o m 02Ô; » 3,4
Parmi les exemplaires recueillis dans le Golfe de Gascogne (Stn. 85), il y avait
non seulement des adultes, mais aussi de jeunes individus dans différentes phases,
de sorte que j'ai pu suivre le prolongement successif des rayons antérieurs de la
dorsale.
Chez des jeunes d'une longueur totale de o m o5o et au-dessous, les rayons anté-
rieurs n'offraient pas de prolongement perceptible 1 .
Chez un jeune sujet plus grand, d'une longueur totale de o m 072, les deuxième,
troisième, quatrième et cinquième rayons étaient déjà sensiblement plus longs que
les autres et de teinte blanchâtre; c'était probablement un mâle.
Deux mâles adultes d'une longueur totale de o m i35 environ, avaient les
deuxième, troisième, quatrième et cinquième rayons entièrement prolongés; ces
rayons atteignaient la longueur de la tête, soit o m o3o. Le deuxième rayon est le plus
long, parfois le troisième ; les autres sont un peu plus courts ; ils sont tous de teinte
blanchâtre, de même que le premier, qui est assez court.
Chez tous les individus adultes, les rayons antérieurs de la dorsale étaient
prolongés de la même manière, c'est-à-dire que les deuxième, troisième, quatrième
et cinquième rayons participaient au prolongement; un de ces individus, un mâle,
avait déjà atteint son complet développement, bien que sa longueur totale ne fut
encore que de o m 1 18 ; la longueur des rayons (26™*} dépassait même un peu celle de la
tête (24 mm ).
Les femelles ont les rayons de la tête plus courts que les mâles ; ils ne sont
guère plus longs que la moitié de la longueur de la tête. Ils sont néanmoins sensi-
blement plus longs que les suivants, un peu épaissis à la base et blanchâtres. Le
troisième rayon est en général le plus long.
La ventrale, du côté des yeux, a aussi, comme je l'ai déjà dit, une structure et
1 Ces exemplaires étaient du reste mal conservés.
— 99 —
une coloration particulière chez les individus adultes. De même que dans la dorsale,
les deuxième, troisième, quatrième et cinquième rayons sont un peu prolongés (à
peu près de même longueur que la distance qui sépare l'extrémité du museau du
bord postérieur de l'œil supérieur) ; les rayons eux-mêmes sont blancs, mais la
membrane entre le troisième et le sixième rayon est complètement noire dans sa
moitié extérieure. Chez les femelles, les rayons sont plus courts, mais la coloration
semble être la même, du moins au moment de la reproduction.
Nombre des rayons chez les quatre exemplaires des Açores :
Ô
Longueur totale . . ,
o m 142
D.
100.
A.
7 3.
9
» »
. o m i33
D.
95.
A.
7 3.
Ô
» » . .
. o m 1 1 7
D.
96.
A.
75.
jun.
» »
. o m io3
D.
93.
A.
74-
Les trois exemplaires types, desséchés, du British Muséum, avaient les nombres
de rayons suivants : D. 95-102 ; A. 77-81 ; l'exemplaire de Cardiff(i882) avait : D. 99;
A. 79; et un exemplaire de Palerme, examiné en 1890 au British Muséum par
Gùnther : D. 98; A. 75. Enfin, un spécimen provenant d'Irlande, étudié en 1890 par
Gunningham et mesurant o m ig3 de longueur totale, avait : D. 101 ; A. 78.
Chez neuf exemplaires examinés, le nombre des rayons varie donc dans la
dorsale entre quatre-vingt-treize et cent-un; et dans l'anale entre soixante-treize et
quatre-vingt-un.
Habitat. — Ainsi que nous l'avons déjà dit, on connaît des exemplaires &A.
lophotes recueillis dans la Méditerranée et à l'ouest de l'Europe, à partir de la
Manche vers le sud. Il est probable que les exemplaires signalés dans la Méditerranée
ont été compris autrefois dans l'espèce A. Grohmanni ; néanmoins, A. lophotes se
rencontre dans cette mer au moins jusqu'en Sicile; le British Muséum en possède
en effet un exemplaire de Palerme.
Sur la côte ouest de l'Europe, l'expédition de Y Hirondelle en a recueilli un
assez grand nombre dans le Golfe de Gascogne, sur la côte nord d'Espagne et au
large de Nantes ; l'espèce semble aussi être nombreuse sur les côtes d'Irlande, et
Cunningham en a recueilli l'année dernière plusieurs exemplaires au large des côtes
du Devonshire et de la Cornouaille ; il avait été déjà signalé auparavant à Plymouth.
Enfin, il a été trouvé aux Açores par l'expédition de V HIRONDELLE.
Appendice : « Charybdia Ruppelii » (Cocco). Campagne de 1888 : Stn. 212. Un
exemplaire pris dans le chalut de surface au sud de Florès, Açores.
Il s'agit ici d'un alevin de Pleuronectidé, peut-être d'un Amoglossus ou d'un
Lepidorhombus (ce Charybdia Ruppelii », Cocco 1844, Facciolà i885).
La longueur totale est de o m o25; la hauteur du corps de o m ou. La forme du
corps est symétrique ; les deux yeux sont à la même hauteur. Le corps est dépourvu
d'écaillés, sa forme est d'un ovale régulier. Le premier rayon de la dorsale est
100
considérablement prolongé; il n'y a pas de membrane visible le long du rayon; sa
longueur atteint à peu près trois fois celle des autres rayons. Voici approximativement
le nombre des rayons : D. no; A. 85.
Cet exemplaire correspond assez exactement au « Charybdia Rùppelii » (69,
p. 265) de Messine, décrit par Facciolà et établi pour la première fois par Cocco
en 1844 (99) sous le nom de Peloria Rùppelii.
Les exemplaires décrits par Facciolà avaient une longueur de o ra o3o à o m o4o,
et le nombre des rayons était de : D. u3; A. 91 (cfr. 134, p. 329).
Le Musée de l'Université de Christiania possède, de cette même forme ou d'une
forme voisine, deux exemplaires plus grands, recueillis par le Professeur M. Sars à
Messine en i85o. Ces exemplaires ont une longueur de o m 044 et sont semblables
sous tous les rapports essentiels à l'individu des Açores mentionné ci-dessus. Ils
n'ont de prolongé que le premier rayon, qui est bordé du côté postérieur par une
étroite membrane. Graeffe a figuré en 1888 (©S, p. 455), une forme qui se rapproche
beaucoup de celles dont il a été question plus haut et que cet auteur suppose être
une forme alevin d'un Amoglossus (A. Grohmanni ou A. laterna).
Quelques exemplaires encore plus petits d'un Pleuronectidé, mais semblables
eux aussi, dans les grands traits, à ceux que nous venons de nommer, ont été
mentionnés et figurés en 1889 par Gùnther dans son Rapport sur les Poissons péla-
giques recueillis pendant l'expédition du Challenger (11 S, p. 28, pi. 1, fig. B).
Ces exemplaires, qui avaient été recueillis à la surface, au large de la côte de Sierra
Leone (7 33' lat. nord), en avril 1876, ne mesuraient que ô 11 ™ à j mm * Chez ces
alevins, le premier rayon prolongé de la dorsale a une longueur bien plus considé-
rable (à peu près égale à la longueur totale du corps). Il est impossible de décider à
quel genre il faut les rapporter.
Platophrys podas, (Delaroche)
1809. Pleuronectes podas, Delaroche (53), p. 354.
1810. Pleuronectes mancus, Risso (1918), p. 317.
1862. Rhomboidichthys podas (et R. mancus), Gùnther (103), vol. 4, p. 432, et auctorum.
1889. Platophrys podas, Jordan et Goss (131), p. 265.
Campagne de 1887 : Fayal, Açores. Quatre exemplaires.
Les quatre exemplaires étaient adultes ; les deux plus grands étaient des mâles,
les autres des femelles avec des œufs plus ou moins mûrs dans les ovaires.
a b c d
Femelle Femelle Mâle Mâle
Longueur totale o m 157 o m 162 o m 175 o ra 177
Hauteur du corps o m o8o o m o8o o m o8o o m o89
Longueur de la tête o m o35 o m o36 o m o38 o m o40
Espace interorbitaire o m oo9 o m oo8 o m oi5 o m oi9
— IÔÏ —
La longueur, caudale comprise, contient donc environ deux fois la hauteur du
corps (chez a : 1,96; chez b: 2,02, ; chez c : 2,18; chez d : 1,98).
La longueur de la tête est comprise environ quatre fois et demie dans la longueur
totale.
La grandeur de l'espace interorbitaire variait considérablement chez les deux
individus de chaque sexe. Ainsi, chez les femelles elle était comprise dans la longueur
de la tête, chez a : trois fois quatre-vingt-huit centièmes (3,88); chez b : quatre fois
cinquante centièmes (4,5o); chez les mâles, c : deux fois cinquante-deux centièmes
(2,52); et chez d : deux fois dix centièmes (2,10).
De ces quatre individus, c'était donc le plus petit sujet femelle et le plus grand
mâle qui avaient l'espace interorbitaire relativement le plus large.
La coloration est d'un brun-gris foncé uniforme ; les taches ne sont presque pas
distinctes. La tache noire de la ligne latérale est peu visible sur la teinte générale
foncée; un des individus a une tache noire au-dessous de la pectorale.
Nombre des rayons :
a b c d
D. 91; A. 69 D. 94; A. 69 D. 90; A. 70 D. 93; A. 70.
Habitat. — P. podas (Delaroche) appartient à la faune de la Méditerranée, du
moins à partir de la Grèce {Pleuronectes candidissimus et Bothus rhomboïdes chez
Apostolidès, sec. Hoffm. et Jordan, 131 bis , p. 277) et il est très commun dans la zone
littorale autour de la péninsule ibérique, ainsi que sur les côtes d'Italie et de Sicile.
Il a d'ailleurs été signalé sur les côtes de Madère, aux Canaries, et en dernier
lieu par l'expédition du Challenger en 1873 aux îles du Cap- Vert (i5° lat. nord).
Vers l'ouest, il semble ne pas exister au delà des Açores.
Glyptocephalus cynoglossus, (Linné)
1766. Pleuronectes cynoglossus, Linné (145), vol. i, p. 456.
1828. Pleuronectes saxicola, Faber (68), p. 244.
i835. Glyptocephalus saxicola, Gottsche (97), p. 1 56.
1873. Glyptocephalus cynoglossus, Gill (85), p. 36o.
Campagne de 1887 : Stn. i63, profondeur i5o m . Un exemplaire pris sur le Banc
de Terre-Neuve.
L'exemplaire était adulte; longueur totale o m 39o; hauteur du corps o m i39;
longueur de la tête o m o66.
Nombre des rayons : D. io3; A. 92.
Habitat. — G. cynoglossus (Linné) appartient aux formes de Pleuronectidés qui
habitent les profondeurs de la mer, et on a constaté qu'il se rencontre jusqu'à
800 brasses (1400 111 ). Jusqu'en 1872, il n'avait été signalé que sur les côtes du nord-
ouest de l'Europe; il est répandu à partir du Golfe de Gascogne (Arcachon, l^O,
vol. 3, p. 298, 44° lat. nord) et de la Manche jusqu'au cap Nord, mais presque
partout en petit nombre. Cependant, en Norvège, surtout pendant les mois d'au-
102
tomne, on le recueille parfois en plus grand nombre ; il arrive même assez souvent
dans le fjord de Christiania d'en ramener, d'une profondeur de 10 à 20 brasses (i8 m
à 36 m ), jusqu'à une vingtaine d'un seul coup de filet. Pendant les mois de septembre et
d'octobre, on le voit pour ainsi dire journellement sur les marchés des villes des côtes
sud et ouest de la Norvège. Pendant l'expédition norvégienne dans les mers arctiques
on en ramena d'une profondeur de 1 5o brasses (273™) quelques individus aux Lofoden
et dans le Tanafjord en Finmark, non loin par conséquent de la frontière russe
(71 lat. nord), le point le plus septentrional où je sache qu'il ait été trouvé jusqu'à
présent (Bl, p. i5o). Il n'a pas encore été signalé dans la Mer de Kara, ni sur les
côtes des îles des autres parties de l'Europe arctique. Il ne pénètre pas à l'intérieur
de la Mer Baltique. Suivant Gûnther (115, p. 219) il a été pris sur la côte nord-ouest
de l'Ecosse jusqu'à une profondeur de 100 brasses (i82 m ).
Dans l'ouest de l'Atlantique, on a signalé en 1872 un individu isolé sur. la côte
de l'Amérique du Nord. A partir de 1877, il a été recueilli en grand nombre au
large des côtes de la Nouvelle-Angleterre jusqu'à la Caroline du Sud et à la Géorgie
(34 lat. nord). Dans ces localités, on l'a ramené de profondeurs considérables variant
de 6o3 à 732 brasses (i097 m à i332 m ; 04, p. ig5).
Solea variegata, (Donovan)
1808. Pleuronectes variegata, Donovan (5 1 ?), pi. 117.
1862. Solea variegata, Gûnther (103), vol. 4, p, 469.
Campagne de 1886 : Stn. 46, profondeur i55 m . Deux exemplaires. — Stn. 65,
profondeur i65 m . Un exemplaire.
Les exemplaires étaient à peine adultes et mesuraient o m 1 12 à o m 128 de longueur
totale.
L'estomac du plus grand individu, ramené d'une profondeur de i55 m , contenait
une Annélide.
Habitat. — Solea variegata (Donovan) appartient à la faune de la Méditerranée
et du sud-ouest de l'Europe. Cette espèce a été signalée pour la première fois par
Donovan en 1808 et décrite d'après des exemplaires de la côte sud de l'Angleterre,
où elle se rencontre en grand nombre à certains endroits (Plymouth) ; elle remonte
vers le nord-ouest de l'Ecosse, où elle a été prise au large de Mull of Cantyre (115,
p. 220) et de Isle of Bute (51, vol. 2, p. 44), à 56° de latitude nord, tandis qu'elle
semble ne pas entrer dans la Mer du Nord, ni s'avancer vers les côtes de la Scan-
dinavie.
Au sud de la Manche, elle est commune dans le Golfe de Gascogne et presque
partout le long de l'Espagne et du Portugal ; dans la Méditerranée, elle appartient
également aux espèces qui y sont communes; elle remonte l'Adriatique jusqu'à
Trieste, et vers le sud et l'est on la rencontre au moins jusqu'à Palerme et à la pointe
sud delà Sicile (£lf>, p. 571).
— io3 —
Vers le sud, elle a été recueillie au large du cap Bojador (côte du Soudan) par
l'expédition du Travailleur et du Talisman à une profondeur de i3o m par 26 lat.
nord (SIS, p. 190).
La plus grande profondeur où l'existence de cette espèce ait été constatée
jusqu'à présent est de i5o brasses (290™; 1IG, p. 419).
Symplmrus nigrescens, Rafinesque
1810. Symphurns nigrescens, Rafinesque (ÎS 1 ?), p. 52.
1832-41. Plagusia lactea, Bonaparte (ÎV).
1862. Ammopleurops lacteus, Gùnther (lOS), vol. 4, p. 490, et auctorum.
1889. Symphurus nigrescens, Jordan et Goss (134), p. 32i et 323.
Campagne de 1888 : Stn. 234, profondeur 454 m . Deux exemplaires, pris à l'ouest
de Graciosa, Acores.
Les deux exemplaires sont jeunes et ont le corps beaucoup plus allongé que ne
l'ont les individus plus développés.
a b
Longueur totale. .. . o m o62 o m o65
Hauteur du corps.. o m oi3 o ra oi4
Longueur de la tête o m oi3 o m oi3
J'ajoute, pour les comparer avec les proportions précédentes, celles de trois indi-
vidus plus grands que je me suis procurés sur le marché de Gênes en novembre 1879.
c d e
Longueur totale o m o85 o m 094 o m o96
Hauteur du corps o m o22 o m o25 o m o28
Longueur de la tête... o m oi65 o m oi9 o m o2o
Chez les individus de Y Hirondelle la hauteur du corps est donc comprise de
quatre fois soixante-seize centièmes (4,76) à quatre fois soixante-quatre centièmes
(4,64) dans la longueur totale; la longueur de la tête est ici égale à la hauteur du corps.
Chez les individus un peu plus grands, de Gênes, la hauteur du corps est contenue
dans la longueur totale : chez c, trois fois quatre-vingt-six centièmes (3,86) ; chez d,
trois fois soixante-seize centièmes (3,76); chez e, trois fois quarante-deux centièmes
(3,42). La tête est ici beaucoup plus courte que la hauteur du corps.
La mâchoire supérieure de ces jeunes individus est molle et enflée, ce qui fait
qu'elle semble un peu plus longue que la mandibule. La ventrale (gauche) est déjà
entièrement développée. La coloration et les écailles sont conformes à celles des
adultes.
Habitat. — Cette espèce a été signalée d'abord dans la Méditerranée, où elle se
— 104 —
rencontre, sans être généralement bien abondante, sur la plupart des côtes, au moins
jusqu'en Sicile; dans l'Adriatique, elle a été recueillie sur la côte de la Dalmatie
(13», p. 25; 139 ter , p. 38). Sur les côtes d'Espagne, elle a été signalée par Stein-
dachner à Barcelone (£©4, p. 728). Ce n'est que plus tard, pendant l'expédition du
Travailleur et du Talisman (i88o-83), qu'elle a été trouvée en dehors de la Médi-
terranée; Vaillant (S 13) en mentionne quatorze exemplaires recueillis dans le Golfe
de Gascogne, sur la côte d'Espagne et au large des côtes du nord de l'Afrique jusqu'au
banc d'Arguin (20 lat. nord). Ces exemplaires avaient été ramenés de profondeurs
atteignant jusqu'à 420 111 .
Jusqu'à présent, S. nigrescens n'avait pas été signalé aux Açores, où ont été
trouvés les exemplaires de Y Hirondelle; il semble ne pas exister sur les côtes de
l'Amérique.
Famille des SCOPELID^E
Saurus saurus, (Linné)
1766. Salmo saurus, Linné (145), vol. i, p. 5n.
1841. Saurus griseus, Lowe (15.3), p. 188, et auctorum.
1836-1844. Saurus trivirgatus, Valenciennes (1815), p. 92, pi. xv, fig. 1.
1884. Synodus saurus, Meek (165), p. i35.
Campagne de 1887 : Fayal, Açores. Quatre exemplaires.
Les individus étaient adultes, leur longueur totale variait de o m 2go à o m 353. Le
nombre des rayons de la dorsale et de l'anale était différent chez chacun d'eux :
D. 11; A. 10 D. 11; A. 12 D. 12; A. 10 D. 12; A. 12.
L'un des exemplaires avait dans la cavité orale un grand individu femelle d'un
Isopode parasite, ainsi que le mâle, plus petit.
Habitat. — Saurus saurus (Linné) est répandu dans les régions orientales de la
Méditerranée, mais en quantités peu considérables; on le mentionne en différents
points depuis la Grèce et Messine jusqu'à la côte sud de l'Espagne, de même qu'en
Corse et sur les côtes des autres îles méditerranéennes. Dans l'Adriatique, on le
rencontre d'ordinaire jusqu'à Lésina, mais il n'est pas cité par Graeffe parmi les
espèces trouvées aux environs de Trieste. Ce Poisson est, au contraire, commun
dans l'Atlantique, à une profondeur moyenne, sur les côtes de Madère et des Cana-
ries; les exemplaires de V Hirondelle proviennent de Fayal. Il n'est pas possible
de déterminer avec sûreté son extension à l'ouest des Açores; Goode (§0, p. 68)
nous dit qu'on l'a trouvé sur les côtes des îles Bermudes, mais l'identité de cet
exemplaire ne paraît pas avoir été constatée d'une façon indubitable (1©5, p. i35).
— io5 —
Bathypterois dubius. Vaillant
(PI. iv, fig. 19)
Bathypterois dubius, Vaillant («18), p. 124, pi. ix.
Campagne de 1888 : Stn. 211, profondeur i372 m . Un exemplaire pris au sud de
Flores. — Stn. 21 3, profondeur i384 m . Un exemplaire pris à l'ouest de Flores. —
Stn. 233, profondeur i3oo m . Un exemplaire pris entre Pico et Sâo Jorge.
Le genre Bathypterois a été établi en 1878 par Gûnther (If©, p. i83), d'après
huit exemplaires recueillis pendant l'expédition du Challenger à des profondeurs
variant de 5 20 à 265o brasses (gio m à 4823 111 ) dans l'Océan Pacifique et les régions
méridionales de l'Océan Atlantique. Ces exemplaires appartenaient à quatre espèces :
B. longifilis de l'île Kermadec (au nord de la Nouvelle-Zélande); B. longipes, venant
des côtes de l'Amérique du Sud ; B. quadrifilis, des côtes du Brésil ; et B. longicauda,
du milieu de la partie sud de l'Océan Pacifique.
Gûnther a donné une description exacte de ces espèces en 1887 dans son Rapport
général sur les Poissons recueillis par le Challenger (f 14, p. i85).
Pendant l'expédition du Travailleur et du Talisman, on a retrouvé le genre
Bathypterois en pleine mer, entre les Açores et l'Afrique et l'on a pris, à des profon-
deurs de 834 m à 1 635 m , jusqu'à soixante-dix exemplaires d'une même espèce jusqu'alors
inédite, et que Vaillant a décrite en 1888 (913, p. 124) sous le nom de B. dubius.
Enfin, on a recueilli pendant l'expédition de YInvestigator (1 885-1889) P r ^s
des îles Andaman, et à une profondeur de 440 brasses (891™) un exemplaire d'une
sixième espèce, que le D r Alcock a appelée B. Gùntheri (5>, p. 45o; S ter , pi. vu, fig. 6).
Les trois jeunes individus de B. dubius pris par YHirondelle près des Açores,
entre Pico et Sâo Jorge et près de Flores, répondent, pour tous les points essentiels,
à la description de Vaillant, de sorte que cette espèce est jusqu'à présent la seule qui
ait été trouvée dans la partie septentrionale de l'Océan Atlantique.
Je vais ajouter à la description que le Professeur Vaillant a faite de l'espèce en
question une diagnose, ainsi que quelques remarques concernant surtout les trois
nouveaux exemplaires des Açores. Ces spécimens sont relativement bien conservés,
cependant les écailles sont presque toutes enlevées, de même plusieurs des nageoires
sont brisées. Deux des exemplaires sont des femelles adultes ayant des œufs dans
les ovaires.
Diagnose : Hauteur du corps comprise environ neuf fois, la longueur de la tête
cinq fois six dixièmes (5,6) à cinq fois huit dixièmes (5,8) dans la longueur totale, y
compris la caudale.
Dents des mâchoires très fines ; elles sont presque indistinctes sur le vomer.
Le rayon supérieur de la pectorale est le plus fort; il est à peu près de la même
longueur que le corps et bifide à son extrémité. Le rayon extérieur de la ventrale et
14
b
Mâle
c
Femelle
o m 249
o m 237
O m 20I
o m 191
— 106 —
le rayon inférieur de la caudale sont robustes et allongés; ils ont les extrémités
élargies. A la base des rayons allongés de la caudale on trouve une petite échancrure
limitée en avant par un ergot court.
L'origine de la dorsale commence immédiatement en arrière de l'insertion des
ventrales et bien plus près de la pointe de la mâchoire supérieure que de la base de
la caudale.
Nageoire adipeuse présente. Ecailles peu adhérentes.
La longueur totale atteint jusqu'à o m 26o.
M. B. 12; D. i5-i6; P. 1 | 1 | 10-11; V. 8 ; A. 9; C. 19; Lin. lat. 60; Lin.
transv. -§-.
Habitat. — Partie centrale de l'Océan Atlantique, entre les côtes du Maroc et
les Açores ; abondant entre 8oo m et 1700™ de profondeur.
PROPORTIONS a
Femelle
Longueur totale o m 256 *
Longueur jusqu'au commencement de la caudale o m 2o5
Longueur de la tête (à partir de l'extrémité de la mandi-
bule) o m 043 o m 043 o m o42
Longueur de la tête (à partir de l'extrémité de la mâchoire
supérieure) o m o38
De l'extrémité de la mandibule à la dorsale o m 095
De l'extrémité de la mandibule à l'anus o m 109
De l'extrémité de la mandibule aux ventrales o ro 087
De l'extrémité de la mandibule à l'anale o m 1 33
Hauteur du corps par le travers de l'insertion des ventrales o m o32
Hauteur du corps par le travers de l'anus o m 02Ô
Largeur de la tête o m 020
De l'œil à l'extrémité de la mâchoire supérieure (museau) o m oi2
Longueur de la mâchoire supérieure o m 024
De la dorsale à la racine des rayons allongés de la
pectorale o m 057
Du commencement de la dorsale à la caudale o m 1 17
Longueur du rayon allongé de la pectorale . . . . „ ?
Longueur du rayon allongé de la ventrale o m ojj
Longueur du rayon allongé de la caudale ?
Hauteur de la dorsale ?
La plus petite hauteur du tronçon de la queue o m oi6
Longueur de la mandibule o m o29
Hauteur de l'anale ?
Partie postorbitaire de la tête o m 024
' Environ.
o m o4o
o m o39
o m o89
o m o85
o m 106
o m io3
o m o8o
o m 077
o m 1 24
o m 120
O m 02J
O m 027
O m 024
O m 024
o m 1 9
O m 020
O m OI2
o m oi3
o m 024
O m 025
o m o55
o m o52
o m 112
o m 109
?
o m i93
O m 072
o m o65
o m 049
o m o4Ô
o m o32
o m o32
o m oi5
o m oi4
m 027
O m 028
O m 029
O m 028
O ra 024
O m 023
— 107 —
La tête est relativement courte; sa longueur est comprise de cinq fois six
dixièmes (5,6) à cinq fois huit dixièmes (5,8) dans la longueur totale, y compris la
caudale, et de quatre fois cinq dixièmes (4,5) à quatre fois sept dixièmes (4,7) dans la
longueur sans la caudale.
La plus grande hauteur du corps se trouve à peu près par le travers de l'inser-
tion des ventrales et est comprise de huit fois sept dixièmes (8,7) à neuf fois deux
dixièmes (9,2) dans la longueur totale (y compris la caudale). Vaillant a trouvé chez
ses exemplaires que la hauteur n'était comprise que huit fois environ dans la longueur
totale.
L'anus est placé à une certaine distance en avant de l'anale et un peu en arrière
du milieu du corps (sans la caudale).
Dents : On trouve sur l'intermaxillaire et sur la mandibule une bande de dents
presque microscopiques, ou plutôt des rugosités; on trouve aussi une rugosité
pareille presque imperceptible sur un point de chaque côté du vomer.
Les arcs branchiaux sont munis de rayons minces et denticulés ; ils sont au
nombre de trente-neuf sur le premier arc branchial, dont treize sur la branchie
supérieure.
Les branches mandibulaires sont munies d'une rangée de pores qui, chez deux
individus sont au nombre de cinq, et chez un au nombre de sept de chaque côté.
Nageoires : Le premier rayon de la dorsale est placé bien plus près de l'extrémité
de la mâchoire supérieure que de la racine de la caudale; la différence est à peu près
égale à la longueur de la mâchoire supérieure. La dorsale est du reste entièrement
placée en arrière des ventrales ; elle compte chez deux exemplaires seize et chez le
troisième quinze rayons, dont le premier est grêle et simple, les autres doubles et
fendus, mais ils sont tous articulés.
La nageoire adipeuse se trouve presque au milieu de l'espace qui sépare le
dernier rayon de la dorsale et le commencement de la caudale, elle est cependant,
mais de très peu, plus rapprochée de la dorsale.
L'anale compte, chez les trois exemplaires, neuf rayons qui sont tous articulés.
Les pectorales consistent en dix ou onze rayons ordinaires et en un rayon très
allongé à sa partie supérieure ; en dessous du dernier rayon, mais séparé de celui-ci
par une membrane, se trouve un court rayon rudimentaire, de sorte que le nombre
des rayons est, au total, de douze à treize.
Les derniers rayons sont brisés chez les trois exemplaires dont il est question
ici (chez les exemplaires plus complets de l'expédition du Travailleur et
du Talisman, on a pu observer que quelques-uns de ces rayons étaient assez
allongés et dépassaient en arrière le commencement de la dorsale). Aucun de ces
rayons n'a de membrane ; ils sont tous fendus ou se laissent fendre jusqu'à la racine
en deux moitiés placées en travers de l'insertion des pectorales.
Le rayon allongé, lorsqu'il est abaissé, atteint en arrière l'extrémité de la
caudale, sans toutefois la dépasser. Il est composé de deux rayons différents étroi-
— 108 —
tement unis. L'un d'eux n'est pas articulé dans le tiers (ou la moitié) de sa longueur
(à partir de la base) ; seulement sa partie extérieure est, comme le second rayon,
très finement articulée dans toute sa longueur ; ils se séparent à leur extrémité et
forment deux branches, dont l'une est plus courte que l'autre.
La position particulière que prend ce rayon allongé, par rapport au corps dans
le genre Bathypterois, étant donné qu'il peut se redresser de manière à se diriger
droit vers l'avant, a été décrite et expliquée par Gûnther et par Vaillant.
Les ventrales comptent en tout huit rayons, dont deux prolongés et six plus
courts. Les premiers sont réunis à la base, mais séparés dans la moitié de leur
longueur ; ils s'épaississent d'une façon régulière et ils sont tant soit peu élargis et
aplatis à leur extrémité. Chaque moitié se compose, en somme, de deux rayons
collatéraux, réunis généralement dans toute leur longueur, mais qui peuvent ici être
distincts, que ce soit naturel ou dû au hasard. Dans toute leur longueur, excepté à la
racine, ils ont une quantité innombrable de fines articulations. Leurs extrémités qui,
chez nos individus, dépassent l'anale 1 en arrière, sont pourvues de fins organes tactiles.
Les six autres rayons ont à peine la moitié de la longueur des premiers et leur
structure est régulière. Leur extrémité est fendue de deux à quatre fois.
La caudale a dix-neuf rayons, dont les deux inférieurs ainsi que la partie
adjacente du troisième rayon sont épaissis et de même structure que les rayons
prolongés de la ventrale; ils sont en même temps un peu plus longs que les autres
rayons de la caudale. On trouve à la base de la caudale, du côté ventral, un ou deux
rayons rudimentaires, ou plutôt des rayons de soutien; l'espace qui les sépare a la
forme d'un creux tout particulier qu'on dirait avoir été rongé, tandis que le premier
de ces rayons s'avance libre en arrière, comme une courte épine ou éperon. Ce creux
a certainement une importance et contribue sans doute à permettre une plus grande
mobilité aux rayons inférieurs épaissis de la caudale.
Les écailles sont très peu adhérentes ; sur les soixante-dix exemplaires recueillis
pendant l'expédition du Travailleur et du Talisman, Vaillant ne les a trouvées
au complet que chez un seul individu. Chez les trois exemplaires de V Hirondelle,
les écailles ont presque tout à fait disparu ; il en reste encore une dizaine sur la ligne
latérale de deux individus, et l'on peut voir que cette ligne a porté des écailles sur
toute sa longueur, même au delà de la racine de la caudale.
Le nombre d'écaillés de la ligne latérale était d'environ cinquante-huit à soixante.
Dans la ligne transversale, entre la dorsale et les ventrales, il y a six écailles au-dessus
et huit au-dessous de la rangée de la ligne latérale. De même la tête, jusqu'en arrière
des yeux, et les deux opercules branchiaux sont recouverts d'écaillés. Les écailles
de la ligne latérale ont une longueur de 5 mra et une hauteur de 5 mm 5 (mesures prises
chez un individu, un peu en arrière de l'insertion des pectorales).
1 Parmi les individus de l'expédition du TRA VAILLEUR et du TALISMAN examinés par Vaillant, il s'en '
est trouvé quelques-uns dont la ventrale était plus courte et atteignait à peine l'anale.
— 109 —
La coloration, chez les individus intacts, est, d'après Vaillant, « d'un gris d'acier
foncé, passant au bleu ». Chez les exemplaires qui nous occupent, la peau du corps
(une fois les écailles disparues) est plus foncée, tandis que les points d'insertion des
écailles (les pores de la peau) sont blanchâtres, ce qui fait que le fond noir paraît être
recouvert d'un réseau régulier de couleur jaune clair.
La dorsale et l'anale sont blanchâtres à la base, mais noires dans la moitié
extérieure de leur longueur ; la caudale est complètement noire, excepté les rayons
tactiles prolongés inférieurs qui sont blanchâtres. Les rayons tactiles des ventrales
et leurs rayons intérieurs sont blanchâtres ; les rayons du milieu sont noirs.
Ovaires : Comme nous l'avons déjà dit, deux des exemplaires étaient des
femelles ayant leurs ovaires, minces et de même longueur, pleins de rogue encore
peu mûre, cependant un peu plus développée chez l'un des exemplaires que chez
l'autre.
L'estomac contenait, chez les trois individus, des soies d'Annélide, ainsi que
des petits Crustacés, parmi lesquels on pouvait reconnaître deux ou trois exemplaires
d'un Cumacé, appartenant peut-être au genre Paralamprops; de plus, différents
spécimens d'Amphipodes, parmi lesquels un Lysianasside et un Hypéride, enfin
quelques exemplaires d'un Calanide (Euchœta).
Parasites : Sur l'un des individus, on a trouvé un Lernéen assez grand qui s'était
enfoncé dans la racine de l'anale.
Mœurs : B. dubius, comme les autres espèces de ce genre est, avant tout, remar-
quable par la structure des rayons prolongés de ses nageoires, qui jouissent d'une
grande mobilité et sont évidemment des organes tactiles qui, jusqu'à un certain point,
remplacent les yeux presque rudimentaires.
Ainsi le rayon prolongé de la pectorale peut se mouvoir librement dans toutes
les directions et se trouve en général relevé perpendiculairement à l'axe du corps, ou
même dirigé en avant. Chez deux des trois individus, chez qui ce rayon était
rompu, les morceaux qui restent sont penchés vers l'avant, et il est impossible,
sans employer la force, de leur faire prendre une autre position. Ces rayons, ainsi
que les autres de même espèce peuvent, grâce à leurs articulations excessivement
fines, se courber dans tous les sens sans se briser.
Le D r Murray dit du Bathypterois longipes Gûnth. (114, p. i85) : « When taken
« from the trawl they were always dead, and the long pectoral rays were erected like
« an arch over the head, requiring considérable pressure to make them lie along the
« side of the body ; when erected, they resembled Pennatulids like Umbellula ».
Ce Poisson possède des organes tactiles qui sont encore plus développés, savoir
les rayons de la ventrale et de la caudale, dont l'extrémité est pourvue d'organes
tactiles distincts en forme de « bâtonnets en fuseaux très allongés » (Vaillant). Les
rayons de la ventrale peuvent se plier très loin en avant et servent certainement
d'organe tactile, de même que les rayons prolongés de la pectorale chez le genre
Trigla. Dans ce dernier genre, les extrémités de la pectorale s'enfoncent, en effet,
dans la vase pendant les mouvements de reptation.
I 10
La mobilité nécessaire dans les rayons transformés de la caudale est due à ce
creux, dont il a été question plus haut et qui est placé juste au-dessous de leur
base. C'est grâce à cette excavation que la moitié inférieure de la caudale peut se
plier vers le bas, jusqu'à laisser prendre aux rayons tactiles une position presque
perpendiculaire. Dans cette position, la concavité est peu près remplie.
On peut dire en général que les Bathypterois sont spécialement des Poissons de
profondeur, qui même ne réussissent peut-être pas à s'élever d'une manière sensible
au-dessus du fond, comme cela paraît résulter aussi du contenu de leur estomac
celui-ci, en effet, ne renferme, chez les trois individus en question, que des restes
d'Annélides et d'autres animaux qui sont incontestablement des espèces de fond
comme par exemple certains Crustacés (Paralamprops) .
Habitat. — B. dubius, comme on l'a dit plus haut, a tout d'abord été trouvé
pendant l'expédition du Travailleur et du Talisman (i88o-83), qui en prit un
grand nombre d'individus (en tout soixante-dix) à une profondeur qui variait entre
834 m et i635 m , dans l'Atlantique au large des côtes du nord de l'Afrique et près des
Canaries jusqu'au banc d'Arguin (à 20 de latitude nord), ainsi qu'aux Açores.
C'est de cette dernière région que nous viennent aussi les trois individus
recueillis en 1888 par l'expédition de Y Hirondelle. Le genre Bathypterois n'a jamais
été cité comme se rencontrant dans les parages de l'Amérique.
Scopelus HiimbolcLti, (Risso)
1810. Gasteropelecus Humbolti, Risso (1918), p. 358, pi. x, fig. 38.
1820. Scopelus Humboldti, Risso (198), p. 266.
1826. Scopelus Humboldti, Risso (191), vol. 3, p. 467.
1849. Scopelus Humboldti, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 22, p. 431.
1864. Scopelus humboldti, Gùnther (I08), vol. 5, p. 407.
1868. Scopelus Humboldti, Steindachner (1805), p. 732.
1872. Scopelus Humboldti, Canestrini (318), p. 124.
1881. Scopelus Humboldti, Moreau (!*©), vol. 3, p. 5o5.
i885. Scopelus Humboldti, Vinciguerra (18181), p. 461.
1889. Scopelus Humboldtii, Raffaele (185), p. 182, pi. vu, fig. 3.
1892. Scopelus Humboldtii, Lûtken (16l8 bis ), p. 254.
Campagne de 1888 : Stn. 170. Un exemplaire, pris au chalut de surface au large
du cap Finisterre.
5". Humboldti (Risso) appartient aux plus grands Scopélidés ; le Musée de l'Uni-
versité de Christiania possède un individu de Nice, dont la longueur est de o m 120.
Il est facile à reconnaître, grâce au nombre considérable des rayons de l'anale,
nombre qui peut s'élever jusqu'à vingt-deux. La fente de la bouche est de longueur
moyenne et dépasse un peu en arrière le bord postérieur de l'œil (environ d'un
diamètre de cristallin).
L'exemplaire de Y Hirondelle est à peu près à moitié adulte.
1 1 1
Longueur totale o m 088
Hauteur du corps o m o 1 5
Longueur de la tête o m 02i
Diamètre de l'œil • o m oo65
Du bout du museau à la dorsale.... o m o3o
Du bout du museau à l'anus o m 042
La hauteur du corps, chez cet exemplaire, est donc comprise cinq fois quatre-
vingt-six centièmes (5,86) dans la longueur totale (y compris la caudale); les individus
adultes sont plus allongés et la proportion est comme six est à un.
La longueur de la tête est comprise quatre fois vingt-trois centièmes (4,23) dans
la longueur totale, le diamètre de l'œil trois fois vingt-trois centièmes (3,23) dans la
longueur de la tête et un peu plus d'une fois et demie dans la partie postorbitaire
de la tête.
La dorsale prend naissance à peu près au milieu de l'espace qui sépare le bout
du museau du bord supérieur de la nageoire adipeuse.
Le nombre des rayons était : D. i3 ; A. 21 (ou 22); Lin. lat. 42.
Quelques individus ont une tache jaunâtre (organe lumineux) devant le bord
supérieur du tronçon de la queue. Cette tache manque complètement chez d'autres
individus, grands eux aussi : mais on peut l'apercevoir chez le jeune exemplaire de
YHlRONDELLE.
Habitat. — S. Humboldti appartient aux espèces qui ne se rencontrent pas bien
souvent, en général, dans la Méditerranée. On le trouve aux îles d'Hyères (4-8.
p. 435), à Naples, à Gênes, à Nice et à Gibraltar; il a été trouvé dans l'Atlantique près
des îles Canaries (S05, p. 732) par Steindachner. Les exemplaires de V Hirondelle
viennent de la mer qui sépare le Portugal des Açores ; d'autres exemplaires de
l'Atlantique sont conservés dans différents musées.
S. boops Richardson (1B1, p. 39, pi. 27, fig. 6) est considéré par Lùtken (109 bis ,
p. 255) comme identique à S. Humboldti, dont il ne paraît se distinguer que par un
plus petit nombre d'écaillés de la ligne latérale (trente-sept à trente-neuf; chez
S. Humboldti, quarante et un ou quarante-deux). Je n'ai personnellement examiné
aucun spécimen de cette forme, trouvée dans l'Océan Pacifique.
Scopelus caniniaims, Cuvier et Valenciennes
832-41. Myctophum punctatum, Bonaparte nec Raf. (iî 1 ), (p. i52, pi. 38), fig. i.
849. Scopelus caninianus, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 22, p. 44.5.
864. Scopelus caninianus, Gùnther (iOS), vol. 5, p. 409.
872. Scopelus caninianus, Canestrini (*S), p. 124.
889. Scopelus caninianus, Gùnther (11?), p. 3o.
889. Scopelus caninianus, Raffaele (185), p. 182, pi. vu, fig. 4.
891. Scopelus caninianus, Moreau (fît), p. 96.
891. Scopelus caninianus, Lûtken (1«SS), p. 207.
892. Scopelus caninianus, Lùtken (i©S bis ), p. 25 1.
112
Campagne de 1887 : Stn. i52. En tout soixante-quatre exemplaires pris au
chalut de surface, à l'est du banc de Terre-Neuve.
Campagne de 1888 : Stn. 168. Onze individus pris au chalut de surface dans le
Golfe de Gascogne.
5. caninianus appartient, parmi les Scopélidés à mâchoires courtes (la fente de
la bouche est plus courte que la hauteur du corps), au groupe de ceux qui ont le
plus de rayons à l'anale (dix-neuf à vingt).
On peut le distinguer du 5. Humboldti, qui s'en rapproche le plus, d'abord en
ce qu'il est de plus petite taille *, et ensuite en ce qu'il a le préoperculaire relative-
ment étroit, de telle façon que la distance qui sépare le bord supérieur de l'œil du
préoperculaire ne fait que le tiers du diamètre de l'œil ; chez S. Humboldti cette
distance en atteint plus de la moitié.
On peut remarquer de même que chez S. caninianus il y a trois taches lumi-
neuses qui remontent en ligne oblique le long du corps à partir de la tache lumineuse
située près de l'anus (ce supraanales » Ltk., f GW bis ), tandis que S. Humboldti n'en a
que deux. Enfin, on trouve chez cette dernière espèce une tache lumineuse qui
manque chez S. caninianus et qui est située environ au milieu de l'espace qui se
trouve entre la tache lumineuse placée au-dessus des ventrales (ce supraventralis »
Ltk.), et la rangée dont il a été question plus haut (« supraanales » Ltk.).
Du reste Lùtken, dans son ouvrage mentionné ci-dessus (fl©S bis ), a décrit en
détail la disposition caractéristique et le nombre des taches lumineuses chez cette
espèce.
Tous les exemplaires de Y Hirondelle étaient jeunes ; les écailles étaient, comme
d'habitude, presque complètement enlevées.
Habitat. — L'expérience démontrera très probablement que S. caninianus est
un des Scopélidés les plus répandus. Il a tout d'abord été connu comme Poisson de la
Méditerranée, et il n'est pas douteux que c'est cette espèce que Bonaparte a appelée
Myctophum punctatum, quoique le dessin de cet auteur ne donne que des détails
très incomplets au sujet de la place qu'occupent les taches vis-à-vis l'une de l'autre.
Il est permis de croire, du moment que Bonaparte nous renvoie à l'espèce du même
nom de Rafinesque qui se rencontre sur les côtes de Sicile, que son exemplaire vient
du même endroit 2 . Dans ces dernières années, on a recueilli S. caninianus dans la
Méditerranée aux environs de Nice ; cependant, on le dit en général rare de ces
côtés, mais on le rencontre pourtant à certains endroits, et alors en grande quantité ;
ainsi, le Professeur Giglioli, à la fin de septembre 1888, en a recueilli deux cent
cinquante individus près de Messine.
5. caninianus est plus répandu dans les Océans. Dans l'Atlantique l'espèce
1 Le plus grand exemplaire du Musée de l'Université de Christiania (pris dans l'Atlantique) a une longueur
totale de o m 087.
2 Myctophum punctatum Rafin. 18 10, est considéré par Giinther (ÎOS, vol. 5, p. 407), mais avec doute,
comme appartenant au S. Humboldti (Risso).
— n3 —
existe, comme le démontrent les résultats obtenus par les expéditions de V Hiron-
delle, depuis le large de la côte d'Espagne jusque sous le banc de Terre-Neuve
(45° lat. nord, 45° long, ouest). Le Musée de l'Université de Christiania possède un
individu qui a été recueilli à l'ouest des Canaries (29 20' lat. nord, 37 3o' long,
ouest). L'expédition du Challenger prit un individu près des îles du Cap Vert,
le 28 avril 1876.
Ltïtken (t©S, p. 207) nous dit qu'il est connu dans le nord de l'Océan Atlan-
tique d'après deux individus pris en pleine mer au sud-ouest du cap Farewell {5f lat.
nord, 39 3o' long, ouest) et entre les Hébrides et l'Islande (59 37' lat. nord, et
i5° 36' long, ouest). Il est de même probable qu'un spécimen mutilé trouvé dans
l'estomac d'un Gadus morrhua et qui est conservé au Musée de Bergen, appartient
à cette espèce (39, p. 154).
L'expédition du Challenger captura aussi un grand nombre de jeunes exem-
plaires dans l'Océan Pacifique, sur les côtes de la Nouvelle-Guinée et au large des
îles de l'Amirauté (til, p. 3o) en 1874 et 1875.
Scopelus Rissoi, Cocco
829. Scopelus Risso, Cocco (184), p. i5.
829. Scopelus Risso, Cocco (185), p. 144.
832-41. Scopelus Risso, Bonaparte (If), (p. 147, pi. 3y), fig. 5.
849. Scopelus Rissoi, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 22, p. 446.
864. Scopelus rissoi, Gùnther (ÎOS), vol. 5, p. 4o5.
872. Scopelus Rissoi, Canestrini (£18), p. 123.
889. Scopelus Rissoi, Raffaele (185), p. 181, pi. 7, fig. 1.
891. Scopelus Rissoi, Moreau (lî 1 !), p. io3.
892. Scopelus Rissoi, Lûtken (ifSS bis ), p. 248.
Campagne de 1887 : Stn. 96, surface. Deux exemplaires pris au nord-est des
Acores.
i
S. Rissoi est facile à reconnaître parmi les autres espèces de l'expédition par sa
forme courte, par la hauteur relativement grande de son corps, par ses yeux
excessivement grands, et par une fente relativement courte de sa bouche qui ne
dépasse pas le bord orbitaire postérieur.
De même, la situation des taches couleur d'opale (organes lumineux) le long de
l'anale est caractéristique. Ces taches, qui sont au nombre de onze ou douze, forment
une bande régulière absolument ininterrompue, sans qu'aucune d'elles s'élève
au-dessus de la bande. En arrière de cette bande se trouve le court intervalle ordi-
naire, après lequel viennent les deux taches sur le tronçon même de la queue.
PROPORTIONS PRISES SUR LE PLUS GRAND DES INDIVIDUS
Longueur totale o m 070
Hauteur du corps o m oi9
14
— 1 14 —
Longueur de la tête o m 0225
Du bout du museau à la dorsale o m o32
Du bout du museau à l'anus o m o36
Longueur de l'intermaxillaire o m oi25
Diamètre de l'œil o m oio5
Cet individu est très probablement parmi les plus grands connus de cette
espèce; le plus petit individu adulte avait une longueur totale de o m o63. Ainsi, chez
l'individu adulte, la hauteur du corps était comprise trois fois six dixièmes (3,6) et la
longueur delà tête trois fois un dixième (3,i) dans la longueur totale (y compris la
caudale).
L'œil est à peu de chose près de même longueur que la partie postorbitaire de
la tête.
Les taches lumineuses ont été décrites en détail par Ltitken ; une espèce voisine,
du Groenland, 5. arcticus, a été établie par cet auteur dans le même ouvrage (l©£ bis ,
p. 249).
Le nombre des rayons était : D. i3, A. 19; Lin. lat. 32.
D. i3, A. 19; Lin. lat. 3i.
L'anus est placé au-dessous du septième rayon de l'anale.
On peut remarquer, chez l'exemplaire le plus grand et le mieux conservé, que
les écailles continuent à exister jusque sur l'extrémité des rayons de la caudale, où
elles sont oblongues et complètement transparentes.
Toutes les nageoires simples, chez les deux exemplaires, ont des points bruns
le long des rayons, et surtout sur la caudale.
Habitat. — Cette espèce appartient à celles qui sont les plus communes sur
certains points de la Méditerranée ; le Professeur Giglioli en recueillit près de Messine,
les 26 et 27 septembre 1878, plus de trois cents individus (15, p. 100) et déjà, Bona-
parte cite ce type comme étant « comunissimo in Sicilia ».
L'espèce est très probablement plus répandue dans la Méditerranée, quoique des
indications précises nous fassent défaut; le British Muséum possède des exemplaires
provenant de Nice, où S. Rissoi serait excessivement rare, d'après Moreau.
Dans l'Atlantique, on l'a trouvé sur les côtes de Madère (Gùnther). Les exem-
plaires de Y Hirondelle ont été recueillis morts et à la surface de l'eau, en pleine
mer, à peu près à égale distance du cap Finisterre et des Açores.
i83g
1849
1849
1862
1864
Scopelus maderensis, Lowe
Scopelus maderensis, Lowe (151), p. 87.
Scopelus maderensis, Lowe (15©), p. 14.
Scopelus Bonapartii, Cuvier et Valenciennes (18), vol. 22, p. 449, partim (nec Gocco)
Scopelus Bonapartii, Johnson (IS 1 ?), p. 281.
Scopelus maderensis, Gùnther (1©3), vol. 5, p. 412.
— n5 —
Scopelus Bonapartii, Moreau (iVO), vol. 3, p. 507.
Scopelus Doderleini, FacciolÀ (05), p. 193.
Scopelus acanthurus, FacciolÀ (©5), p. 166.
Scopelus maderensis, DÔderlein (5©), p. 262.
889. Scopelus maderensis, Raffaele (185), p. 184, pi. 7, fig. 9.
891. Scopelus maderensis, Lùtken (163), p. 208.
892. Scopelus maderensis, Lûtken (i©£t>i s ), p. 262.
Campagne de 1887 : Stn. i56, surface. Un exemplaire. A l'est du Banc de Terre-
Neuve.
Campagne de 1888 : Stn. 170, surface. Deux exemplaires. Au large du cap
Finisterre.
Le premier des exemplaires est un mâle adulte, paré comme à l'époque de
l'accouplement; les deux autres sont plus petits. On peut facilement distinguer
S. maderensis des autres espèces, grâce à l'épine qui se trouve dirigée vers l'avant,
au-dessus du bord orbitaire supérieur, et aussi grâce à un certain nombre d'épines
dirigées vers l'arrière, et qui sont placées sur le tronçon de la queue, immédiatement
en avant de la caudale.
Longueur totale o m o85
Hauteur du corps o m oi4
Longueur de la tête o m 02i
Du bout du museau à la dorsale o m o34
Du bout du museau à l'anus o m 043
Longueur de la pectorale o m 020
Longueur de l'intermaxillaire o m oi45
Ainsi la hauteur du corps est comprise cinq fois trois dixièmes (5,3), et la
longueur de la tête quatre fois dans la longueur totale (y compris la caudale). La
longueur de l'intermaxillaire est de très peu plus grande que la hauteur du corps.
Chez les deux plus jeunes individus (mesurant 59 mm et 63 mm de longueur totale),
la longueur de la tête et celle de l'intermaxillaire sont relativement de très peu plus
grandes que chez l'individu adulte.
Le nombre des rayons était : D. 14; A. 14 D. 14; A. 14 D. 14; A. i3.
Les épines de la caudale étaient au nombre de trois ou quatre en haut, et de trois
en bas.
L'épine orbitaire est relativement très grande chez les petits exemplaires,
comparée à celle du grand.
L'anus est placé au-dessous du douzième rayon de l'anale ; la pectorale atteint
l'anus.
Habitat. — Dans la Méditerranée, cette espèce est connue à Messine, et
plusieurs des exemplaires qui sont conservés dans les musées nous viennent de
cet endroit, d'où ils ont été rapportés par le Professeur Giglioli. Moreau nous dit
— n6 —
qu'on en a aussi trouvé deux ou trois exemplaires aux environs de Nice et
que le plus ancien, recueilli déjà en 1829, a été donné au Musée du Jardin des
Plantes sous le nom de Scopèle de Bonaparte (ÎV'O, vol. 3, p. 509).
S. maderensis a été trouvé dans l'Atlantique sur les côtes de Madère • les deux
plus petits individus de Y Hirondelle ont été pris au large du cap Finisterre et le
plus grand a été recueilli un peu à l'est du Banc de Terre-Neuve (par 45° de lat. nord
et 45° 3o' de long, ouest), par conséquent dans les parages de l'Amérique, où il était
inconnu jusqu'à présent.
Enfin il a été recueilli, d'après Lutken (te*, p. 208), un seul individu de
S. maderensis près des îles Vestmanna (Islande) en 1 885, ce qui prouverait qu'on le
rencontre aussi, accidentellement toutefois, dans les régions du nord de l'Océan
Atlantique.
Scopelus Coccoi, Cocco
1829. Scopelus Cocco, Cocco (£4).
1829. Scopelus Cocco, Cocco ($5), p. 140.
1839. Alysia loricata, Lowe (151), p. 87.
1832-1841. Scopelus Cocco, Bonaparte (lï 1 ), p. (147 b), pi. (37), fig. 6.
1842. Alysia loricata, Lowe (15©), p. 14.
1845, Myctophum hians, Richardson (191), p. 41, pi. 27, fig. 19.
1845. Myctophum coruscans, Richardson (191), p. 40, pi. 27, fig. i-5.
1864. Scopelus coccoi, Gûnther (1©8), vol. 5, p. 413.
1872. Scopelus Coccoi, Canestrini (SS), p. iz5.
1889. Scopelus coccoi, Gûnther (11 1 ?), p. 3o.
1889. Scopelus Coccoi, Raffaele (185), p. 182, pi. 7, fig. 5.
1891. Scopelus Coccoi, Moreau (l^l), p. 90.
1892. Scopelus (Rhinoscopelus) Coccoi, Lutken (168 bis ), p. 243.
Campagne de 1887 : Stn. 129, surface. — Stn. 134, surface. — Stn. 139, surface.
Ces trois Stations, situées à l'ouest des Açores, ont fourni trente-neuf exemplaires.
Campagne de 1888 : Stn. 212, surface. Un exemplaire pris au sud de Flores. —
Stn. 25o, surface. Trois exemplaires.
S. Coccoi appartient aux espèces les plus petites et dont la longueur ne dépasse
guère 6o mm . Il diffère des autres Scopelus en ce qu'il a l'œil relativement petit, le museau
proéminent, le tronçon de la queue allongé et mince, en ce que les écailles sont assez
adhérentes, aussi sont-elles en général au complet sur les individus recueillis, chez
lesquels elles forment comme un vêtement de couleur bleu d'acier.
Pour cette espèce (et pour deux autres décrites comme nouvelles, S. Andreœ et
S. rarus) le Professeur Lutken a établi le sous-genre Rhinoscopelus, basé sur la forme
du museau relativement long, conique et proéminent, de sorte que la bouche se
trouve placée à la face inférieure de la tête (1&% bis , p. 243).
La longueur totale du plus grand individu est de 46 mm . La ligne latérale compte
de quarante à quarante et une écailles. Il y en a neuf entre la nageoire adipeuse et la
caudale, et ces écailles sont, chez quelques-uns des exemplaires adultes, munies
chacune de leur tache à couleur d'opale, tandis que chez d'autres elles en manquent
— II 7 —
complètement. Ces taches sont très réfringentes et plus grandes que les autres taches
lumineuses du corps.
Habitat. — S. Coccoi est un des ■ Scopeïus les plus répandus et a été rencontré
dans tous les Océans. Gomme les autres espèces, il est sociable, et on l'a souvent pris
en grande quantité, adultes et jeunes ensemble, à la surface de l'eau.
L'espèce a été décrite pour la première fois comme originaire de la Méditerranée
(Messine), où elle paraît cependant être rare.
On rencontre 5. Coccoi en plus grande quantité en pleine mer. On l'a trouvé
déjà dans l'Atlantique en i83g sur les côtes de Madère {Alysia loricata Lowe), et plus
tard, pendant l'expédition de V Hirondelle, sur les côtes des Açores, autant à l'est
de ces îles qu'en différents points entre les Açores et le Banc de Terre-Neuve.
Le British Muséum possède de nombreux exemplaires provenant de la partie sud
de l'Atlantique et qui ont été recueillis au large des côtes d'Afrique jusqu'au tropique;
l'expédition du Challenger a rapporté de nombreux individus recueillis tant dans
ces dernières localités que sur la route des Indes Occidentales, ainsi que dans les
parties du centre et du sud de l'Océan Pacifique, près des îles de l'Amirauté, et sur
la route du Japon (14®, p. 3o). Déjà en 1845, on connaissait l'existence de cette
espèce dans les mers du sud, grâce à l'expédition de YErebus et du Terror : c'est
vraisemblablement la même espèce qui a été décrite par Richardson sous les noms de
Myctophum hians et Myctophum coruscans.
Day n'a pas compris S. Coccoi parmi les espèces qui peuplent les parages de l'Inde ;
cependant il a été trouvé sur la côte occidentale de l'Amérique centrale (3° de lat.
nord, 82 de long, ouest).
Le Musée de Copenhague possède un grand nombre de spécimens de cette
espèce. Le Professeur Lùtken (159, p. 244) n'énumère pas moins de cinquante-cinq
localités différentes, d'où les marins danois ont ramené des exemplaires de 5, Coccoi.
De ces localités vingt-deux appartiennent à l'Atlantique et sont situées au nord de
l'Equateur (entre i3° et42° de lat. nord, io° et 57 de long, ouest), cinq à l'Atlantique
sud (i7°-34° de lat. sud, 3°-2Ô de long, ouest); enfin, vingt-huit à l'Océan Pacifique
(i5°-4o° de lat. sud, 5°-i io° de long. est).
?Paralepis pseudocoregonoid.es, Sarato
832-41. Paralepis coregonoides, Bonaparte (l?), cum figura (excl. diagn.), nec Risso.
887. Paralepis pseudocoregonoid.es, Sarato (1196).
891
891
891
892
Paralepis pseudocoregonoides Moreau (l 1 ?!), p. 121.
Paralepis Risso, Bellotti (18), p. 1 38.
Paralepis Rissoi, Lùtken (i«8'£), p. 226.
Paralepis Risso, Bellotti (iS bis ), p. 34.
Campagne de 1888 : Stn. 264, surface. Deux exemplaires trouvés dans l'estomac
d'un Germon pris à la ligne de traîne.
Les deux exemplaires sont plus ou moins digérés, et ce n'est que chez l'un des
— n8 —
deux qu'il a été possible de distinguer certains caractères qui sont peut-être suffisants
pour déterminer l'espèce. Ils ont tous les deux à peu près la même longueur (environ
o m 160) et sont adultes. Les caractères distinctifs sont les dents de la mandibule, qui
sont fortes et de différente longueur, ainsi que les ventrales qui sont placées très loin
en arrière.
L'exemplaire le mieux conservé avait les proportions suivantes.
Longueur totale o m 1 52
Longueur de la tête o m o32
Hauteur par le travers de la nuque, environ. o m oio
Du bout du museau à l'œil o m 01 55
Diamètre de l'œil o m oo6
Partie postorbitaire de la tête o m oi i
Du bout du museau à la dorsale o m og8
Du bout du museau aux ventrales o m 102
La tête est donc comprise quatre fois trois quarts (4,75) dans la longueur totale
chez cet exemplaire; on ne peut donner qu'approximativement la hauteur du corps,
qui paraît être comprise environ douze fois dans la longueur totale. L'œil est compris
cinq fois et trente-trois centièmes (5,33) dans la longueur de la tête; et le museau est
à peu près de la même longueur que le reste de la tête.
Les dents sont de grandeur différente. Il y a dans la partie postérieure de la
mandibule sept longues dents et plusieurs autres plus courtes et, tout à fait sur le
devant, une seule « dent canine » plus longue. On trouve dans la partie antérieure
des palatins trois ou quatre dents un peu plus longues, qui sont très penchées vers
l'arrière, ainsi qu'un certain nombre de dents plus petites sur la partie postérieure.
Enfin, la langue a sur son bord latéral une rangée de dents très fines. (L'intermaxil-
laire manque chez cet exemplaire).
La dorsale n'est guère complète dans sa partie postérieure et l'on ne peut
apercevoir que six rayons. Les ventrales s'insèrent un peu en arrière du dernier
rayon qui reste (le sixième de la dorsale chez notre individu).
Habitat. — C'est Bellotti qui a le mérite d'avoir, en différentes occasions, en
1877 (*<*, p. 53) et en 1891 (1£, p. i36), essayé de débrouiller la synonymie
compliquée des Paralépides de la Méditerranée. Les noms dont se sert Risso,
P. coregonoides et P. sphyrœnoides, depuis que les deux espèces ont été établies en
1826 (f 04, vol. 3, p. 472 et 473), ont été en somme employés indistinctement, surtout
le premier, pour désigner la plupart des espèces connues de la Méditerranée; les
diagnoses, les descriptions et les synonymies ont varié quand il s'est agi des différentes
formes. C'est pourquoi il est pour ainsi dire impossible de donner pour le moment
avec exactitude les limites d'habitat des différentes espèces. Bellotti nous dit que
l'espèce, à laquelle appartiennent probablement les exemplaires de Y Hirondelle
— 1 19 —
que nous avons sous les yeux, est rare dans la Méditerranée, où on l'a recueillie au
large de Nice, d'après Sarato.
Sauf le sujet de l'expédition de Y Hirondelle, P. pseudocoregonoides ne paraît
pas avoir été signalé dans l'Océan Atlantique.
La forme venant de Madère, décrite par Johnson (1®£, p. 283), appartient
probablement, comme l'indique cet auteur, au véritable P. coregonoides Risso ; de
même, Webb et Berthelot ont mentionné sous le nom de P. sphyrœnoides Risso, une
forme qui se trouve en grande quantité sur les côtes des Canaries («15, p. 18).
Les espèces de Paralepis du nord de X Atlantique n'ont été aussi, jusque dans ces
derniers temps, que très imparfaitement différenciées. Le Professeur Lùtken (16®,
p. 222) a démontré qu'on rencontre dans les mers arctiques deux et peut-être trois
espèces de ce genre, dont on n'a cependant pas pu jusqu'à présent établir avec certi-
tude les rapports avec les espèces méditerranéennes.
Plagyodus, sp.
(PL iv, fig. 16)
i83i. Plagyodus, Pallas (181), vol. 3, p. 383 (ex M.-S. Stelleri).
i833. Alepisaurus, Lowe (118), p. 104. Type : A. ferox.
i863. Alepidosaurus, Gill (8©), p. 127, et auctorum.
Campagne de 1888 : Stn. 174, surface. Un exemplaire trouvé dans l'estomac
d'un Germon, pris à la ligne de traîne en pleine mer, au large du cap Finisterre.
L'exemplaire est presque complètement digéré, et il ne reste d'intact que les os
du crâne ainsi que la partie dorsale du corps sans les nageoires.
Il est impossible de dire avec certitude si cet exemplaire est un jeune de P. ferox
Lowe i883, (148, p. 104, 14®, p. 395 ; Gill, S®, p. 127; Plagyodus ferox
Gùnther, 111, p. 586 ; Lûtken, 16®, p. 221), ou s'il représente une nouvelle espèce.
Il est probable que P. ferox présente des différences importantes pendant sa crois-
sance, car il est reconnu que même adulte, il varie sous différents rapports, dans
des limites très étendues. Ce qui distingue le jeune individu que nous avons devant
nous de l'individu adulte, c'est surtout la forme de la tête qui est plus allongée, une
longueur de tête plus considérable proportionnellement au corps, outre une diffé-
rence dans la disposition des dents, dansla fente de la bouche et dans la construction
de la pectorale.
Comme nos connaissances sur ce genre, dont il n'y a que deux espèces plus ou
moins bien caractérisées, outre plusieurs formes nominales, sont bien défectueuses,
je ne veux pas, d'après un exemplaire aussi incomplet, accroître davantage le nombre
des espèces en me servant d'un nouveau nom, quoiqu'il soit probable qu'il n'appar-
tienne à aucune des formes qui ont été décrites jusqu'à présent.
L'espèce la plus connue est Plagyodus ferox, recueilli tout d'abord au large de
120
Madère, d'où proviennent également la plupart des individus trouvés jusqu'à présent l .
Comme les vraies espèces de profondeur, il est probablement répandu dans une
grande partie de l'Océan, et c'est ainsi qu'on le rencontre dans l'Océan Pacifique
où un exemplaire a été recueilli sur les côtes de la Tasmanie. Il est du reste connu
dans les parages européens d'après quelques individus des côtes du Portugal. D'autres
espèces, qui sont très voisines de celle-ci, ont été trouvées sur les côtes des Indes
Occidentales (P. altivelis Poey i858) et dans la partie nord de l'Océan Pacifique
(P. borealis Gill 1862), d'où le genre a été déjà cité dans le manuscrit de Steller
sous le nom que Pallas a introduit plus tard dans la science.
Le genre Plagyodus est aussi connu dans le nord de l'Océan Atlantique, où deux
individus ont été recueillis près des îles Fâr-Ôer (i885 et 1888) et près des côtes
d'Islande (1844), et enfin près du Groenland (1884), individus qui ont tous été
envoyés au Musée de Copenhague (f ©S, p. 221).
J'ajoute dans ce qui suit les quelques remarques qu'il a été possible de faire sur
l'exemplaire de Y Hirondelle :
Longueur totale o m 253
» de la tête o m 060
» de la mandibule o m 042
De l'œil à l'extrémité de la mandibule o m o3y
Diamètre de l'œil : o m oo65
Hauteur de la tête (par le travers de l'œil) . . o m oi4
» du tronçon de la queue o m oo45
Partie postorbitaire de la tête o m oi6
Longueur de la pectorale o m 007
On remarque que la tête, jusqu'au bord postérieur du sous-opercule, est
comprise un peu plus de quatre fois (4,21) dans la longueur totale, l'œil un peu
plus de cinq fois et demie (5,69) dans la longueur du museau, et un peu plus de neuf
fois (9,23) dans celle de la tête. La hauteur de la tête est comprise presque quatre
fois et un tiers dans sa propre longueur (4,28).
On ne peut donner au juste la hauteur du corps, mais il paraît avoir été étroit
et allongé et probablement guère plus haut que la tête.
La fente de la bouche s'arrête déjà sous le milieu de l'œil, et le point d'articu-
lation de la mandibule se trouve juste au-dessous du bord postérieur de l'œil. Chez
P.ferox la fente de la bouche dépasse notablement l'œil 2 .
1 Un exemplaire endommagé a été rapporté par le Prince de Monaco de Madère, où il a été trouvé au
marché aux poissons de Funchal, en mars 1889 (voyez 43 bis , p. 223).
2 « rictu magno, pone oculos longe diducto » (Lowe, 148, p. 104). — Ajoutons que Valenciennes,
en 184g, se sert des mots suivants, dans la caractéristique de sa deuxième espèce, Alepisaurus a\ureus :
« l'œil est placé au delà de la fente de la bouche » (48, vol. 22, p. 53o).
— 121
Dents : Les dents de l'intermaxillaire sont fines et très rapprochées les unes des
autres; les palatins ont chacun trois ou quatre longues dents séparées par de grands
intervalles; celles de devant sont les plus petites, celles de derrière les plus longues,
mais un peu plus courtes que le diamètre de l'œil. La distance qui sépare de l'œil la
plus interne de ces dents est d'environ un diamètre et demi de l'œil. En dedans de
ces longues dents il n'y en a pas de plus courtes.
Les dents de la mandibule sont toutes assez petites, et il n'y en a pas qui soient
allongées comme sur les palatins. On trouve sur chaque mandibule environ dix-huit
dents (outre certaines autres plus petites qui sont placées çà et là à la base des
grandes) ; à l'extrémité des mâchoires, se trouve séparée des autres par un intervalle,
une seule dent penchée en arrière. Les dents les plus reculées de la mandibule
s'arrêtent à une distance d'un diamètre d'œil de l'œil.
Les longues dents du palatin se dirigent droit en bas ; dans la mandibule, celles
du milieu se dirigent droit en haut et les postérieures vers l'arrière.
Il ne reste plus rien des nageoires, si ce n'est la base de l'une des pectorales et la
caudale. Cette dernière commence de chaque côté par quelques rayons épineux,
courts et plies, après quoi viennent neuf rayons, qui sont fendus jusqu'à la base et
articulés, ce qui fait en tout environ dix-huit rayons, outre les courts rayons rudi-
mentaires de la base.
La pectorale paraît avoir eu douze ou treize rayons et avoir été courte et
arrondie ; elle est comprise de huit à neuf fois dans la longueur de la tête. Chez des
exemplaires adultes de P. ferox, cette nageoire atteint à peu près la longueur de la
tête, et elle est très pointue.
Famille des SCOMBRESOCID^
Scombresox saurus, (Walbaum)
1792. Esox saurus, Walbaum (338), pars m, p. 93.
i8o3. Scomberesox Camperii, Lacépède (143), vol. 5, p. 345.
1828. Scomberesox saurus, Fleming (VIS), p. 184.
1846. Scombresox Rondeletii, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 18, p. 472.
1880. Scomberesox saurus, Lùtken (159), p. 564.
Campagne de 1887 : Stn. 1 3g, surface. Deux exemplaires.
Campagne de 1888 : Stn. 174, surface. — Stn. 175, surface. — Stn. 262 et 266,
surface. Différents exemplaires dans l'estomac des Germons.
Ainsi les nombreux exemplaires de l'expédition de V Hirondelle ont été trouvés
plus ou moins digérés dans l'estomac des Thunnus alalonga, recueillis en pleine mer
dans le Golfe de Gascogne et jusqu'à une certaine distance des Açores; de plus on
a pris quelques alevins dans le chalut de surface en pleine mer jusque sous le Banc
de Terre-Neuve.
i5
122
Une description détaillée du changement successif qui s'opère chez les jeunes
depuis l'état d'alevins jusqu'à ce qu'ils soient complètement adultes, a été donnée
par Lutken en 1880 (15©, p. 564).
On trouve parmi les matériaux de l'expédition de Y Hirondelle des exemples
de la plupart de ces transitions; le plus petit exemplaire n'a, en effet, que i8 mm de
longueur totale. C'est à peine si l'on aperçoit, pendant cette phase de la croissance
les rayons des petites pinnules qui sont en arrière de la dorsale et de l'anale ; et
même chez des individus ayant une longueur totale de 5o mm , ces différentes petites
pinnules sont réunies, quoiqu'on puisse déjà les distinguer.
Comme Lutken l'a fait remarquer, l'on va très probablement s'apercevoir que
toutes les espèces à longues mâchoires décrites jusqu'à présent, appartiennent à
l'espèce S. saurus qui, de cette façon, va obtenir une très grande extension dans
presque tous les Océans *-.
Habitat. — Cette forme étant essentiellement pélagique, on suppose qu'elle
habite principalement loin des côtes ; aussi est-elle connue dans un grand nombre
d'endroits entre les deux continents, et généralement recueillie à l'état d'alevin
à la surface ou trouvée dans l'estomac de grands Poissons.
On l'a rencontrée à l'état sporadique, et cela assez souvent, sur les côtes ouest
de l'Europe jusque loin vers le nord. De temps en temps, elle arrive par bandes
près de terre et on peut alors la prendre en grande quantité, comme cela est souvent
arrivé sur les côtes d'Angleterre. De même, elle se montre en plus ou moins grand
nombre dans la Méditerranée, où l'on peut la recueillir en grande abondance sur
quelques points, comme Naples par exemple. On ne doit considérer que comme
due au hasard sa rencontre au nord de la Mer du Nord ; elle est connue par quelques
individus sur les côtes de Danemark, de Suède et de Norvège jusqu'au cap Nord
(où a été pris, en i883, un exemplaire que possède le Musée de Troms0). De même,
Lutken nous dit qu'elle est connue aux Fâr-Ôer, et de 1877 à 1891 on l'a recueillie
plusieurs fois près de l'Islande (f*®, p. 48).
S. saurus est assez fréquent dans la partie ouest de l'Océan Atlantique, au large
et près des côtes de l'Amérique du Nord et de l'Amérique centrale; au sud de
l'Equateur on le rencontre aussi bien près des côtes de l'Amérique du Sud, que le
long des côtes de l'Afrique, près de Sainte-Hélène et jusqu'au Cap, d'où viennent
quelques exemplaires que possède le British Muséum.
Il y a dans l'Océan Pacifique une forme (S. Forsteri Cuv. Val. 1846) qui ne
diffère pas beaucoup d'une manière spécifique de S. saurus et qui est connue en
Nouvelle-Zélande (1£5, p. 53) et en Australie (163, vol. 4, p. 244). Le Musée de
Copenhague possède aussi, d'après Lutken, des alevins de Scombresox recueillis, en
pleine mer, sur plusieurs points entre l'Afrique du sud et l'Australie (159, p. 566).
{ Quelques auteurs ont aussi voulu identifier S. saira Gunth. 1866, aux mâchoires courtes, venant du
Japon (qui est probablement le même que 5. brevirostris Peters 1866, de Californie), avec l'espèce principale
S. sauras (118, p. 44).
— 123 —
En outre, Gtinther (If 9, p. 34) nous dit qu'un grand nombre d'alevins qu'il veut
classer dans cette espèce (S. ForsteriJ, ont été recueillis pendant l'expédition du
Challenger, en juillet 1877, à différentes stations de l'Océan Pacifique.
Belone, sp.
Campagne de 1887 : Stn. 121, surface. Ponta Delgada, Açores.
Campagne de 1888 : Stn. 23 1, surface. Entre Pico et Sâo Jorge, Açores.
Les cinq exemplaires (alevins) dont le plus grand avait une longueur totale de
o m o8/i, se trouvaient tous dans la phase Hemirhamphus et il est impossible de déter-
miner l'espèce avec certitude. Chez tous la mandibule est relativement très longue;
chez le plus grand individu, la longueur de la tête est de 35 mm et est ainsi comprise
deux fois et quarante centièmes (2,40) dans la longueur totale. Le corps est aussi plus
grêle que chez les jeunes de même taille de l'espèce européenne, B. belone.
Il est probable que les jeunes dont il est question appartiennent à une des
espèces américaines, peut-être à B. longirostris Mitch. 1816 {Tylosurus marinus Jord.
et Gilb. i883).
Belone paraît n'avoir jamais été signalé aux Açores.
La peau qui recouvre la mandibule chez ces alevins possède, comme chez
B. belone, tout à fait à l'extrémité, une petite excroissance foliacée qui est cependant
plus petite et plus fine que chez l'espèce européenne (48 bis , p. 223).
Exocoetus Holubi, Steindachner
(PI. iv, fig. 18)
1882. Exocoetus Holubii, Steindachner (1800), p. 54.
i885. Halocypsehis holubi, Jordan et Meek (185), p. 48.
Campagne de 1887 : Stn. 147, surface. Un exemplaire pris entre les Açores et
Terre-Neuve.
Il n'y a probablement jusqu'à présent que deux espèces d'Exocets qui, tout en
ayant des pectorales très longues, ont des ventrales excessivement courtes, placées
tellement en avant que leur insertion se trouve à égale distance du bout du museau
et du milieu ou du bord postérieur de l'anale (sous-genre Halocypselus Weinl. 1859).
L'une de ces espèces, E. evolans Linné 1766, qui est la plus abondante, ne peut
guère être distinguée par des caractères certains d'E. obtusirostris Gûnther 1866 *,
qui se trouve en presque aussi grand nombre, d'où il résulte que cette espèce a une
extension considérable dans presque tous les Océans. L'autre espèce, E. Holubi
Steindachner, diffère de celle que nous venons de citer principalement en ce qu'elle
a une dorsale plus haute; mais il faut aussi ajouter à cela d'autres caractères qu'on
exposera plus loin, savoir la tête relativement plus petite, la hauteur du corps plus
grande et peut-être une différence dans la coloration des nageoires.
^ Voyez 156, p. 3g5 ; 135, p. 49.
— 124 —
Le nouvel exemplaire de l'expédition de Y HIRONDELLE, qui est un peu plus
qu'à moitié adulte, répond dans tous les points principaux à la description faite par
Steindachner.
PROPORTIONS
Longueur totale o m 125
Hauteur du corps o m 022
Longueur de la tête o m o23
Hauteur du premier rayon de la dorsale .... o m oi3
Longueur de la pectorale o m 073
Diamètre de l'œil o m oo8
Longueur du lobe inférieur de la caudale . . . o m o33
Nombre des rayons : D. i3 ; A. i3 ; P. 16; V. 6.
La tête est relativement petite et est comprise pas tout à fait cinq fois et demie
(5,43) dans la longueur totale ; l'œil est compris près de trois fois dans la longueur de
la tête ; l'espace postorbitaire de la tête répond à la distance qui sépare le premier du
septième rayon de la dorsale.
La hauteur du corps, qui est comprise un peu plus de cinq fois et demie (5,68)
dans la longueur totale est, à peu de chose près, la même que la longueur de la tête.
La dorsale prend naissance environ à la hauteur de l'anale ; son premier rayon
est plus long que la moitié de la longueur de la tête, son deuxième rayon est plus
long que le premier (i4 mm ) et est compris un peu plus d'une fois et demie (1,64) dans
la longueur de la tête.
Le lobe inférieur de la caudale est long, à peu près de même longueur que la
distance qui la sépare de l'anus.
L'extrémité des pectorales dépasse la base de la caudale. Le premier rayon est
simple et à peu près de même longueur que le sixième.
Les rayons de l'anale ont la même hauteur que ceux de la dorsale (i4 mm ), et sont
par conséquent plus longs que la moitié de la longueur de la tête.
La coloration des pectorales est d'un noir bleuâtre, avec les cinq rayons inférieurs
(du seizième au douzième) ainsi que leur membrane d'un blanc jaunâtre, et une
bande transversale de même couleur s'étend jusqu'au sixième rayon environ. La
dorsale a une tache d'un noir bleuâtre sur sa moitié postérieure.
Pour la comparaison on peut donner ici les proportions prises sur un individu
absolument de même grandeur de l'espèce E. evolans Linné, qui provient des Indes
Occidentales.
Longueur totale o m 1 25
Hauteur du corps o m o 1 8
Longueur de la tête o m 027
Hauteur du premier rayon de la dorsale o m oio
— 125 —
La différence de proportions des parties du corps est ainsi très nette. Chez
l'exemplaire ÔlE. evolans, la hauteur du corps est comprise près de sept fois (6,94)
et la tête un peu plus de quatre fois et demie (4,62) dans la longueur totale; la partie
postorbitaire de la tête répond ici à la distance qu'il y a entre le premier et le
dixième rayon de la dorsale.
L'exemplaire original d'is. Holubi, que j'ai eu l'occasion, grâce à la bienveil-
lance du Professeur Steindachner, d'examiner au Musée de Vienne, a une longueur
totale de o m 175 ; la longueur de la tête est de o m o3i, la hauteur du corps de o m 028.
La hauteur du corps est donc comprise six fois vingt-cinq centièmes (6,25), la
longueur de la tête cinq fois soixante-quatre centièmes (5,64) dans la longueur totale.
Le plus long rayon de la dorsale est de 17™™.
Chez l'exemplaire type, la pectorale est d'un noir presque uniforme ; il n'y a que
les six derniers rayons inférieurs qui soient blanchâtres. Il est possible que la présence
ou le manque de la tache blanche sur la pectorale dépende du sexe '.
Habitat. — Il est probable qu'Is. Holubi a souvent échappé à l'attention et
qu'il y en a dans plusieurs musées des spécimens dont on n'a pas tenu compte.
Comme nous l'avons déjà dit, l'exemplaire type de Steindachner venait de la côte
ouest de l'Afrique, près de l'équateur. L'exemplaire de V HIRONDELLE a été recueilli
en pleine mer juste entre les Açores et le Banc de Terre-Neuve. Le Musée de
l'Université de Christiania possède un jeune individu pris près de la côte sud-ouest
de l'Afrique, et un autre, pris en pleine mer au sud-ouest de la Nouvelle-Ecosse.
Famille des STERNOPTYCHIDvE
Sternoptyx diaphamis, Hermann
1781
i8o3
1829
1843
1887
1887
Sternoptyx diaphana, Hermann (ISO), part. 16, p. 8. pi. i; part. 17, p. 2/
Sternoptyx Hermann, Lacépède (14S), vol. 5, p. 6i3.
Sternoptyx diaphana, Cuvier {&'$), vol. 2, p. 3i6.
Sternoptyx diaphana, Lowe (155), p. 85.
Sternoptyx diaphana, Jordan (1S»), p. 833.
Sternoptyx diaphana, Gûnther (114), p. 68, pi. 45, fig. D.
Campagne de 1888 : Stn. 174, surface. Deux exemplaires trouvés dans l'estomac
d'un Germon. — Stn. 233, profondeur i3oo m . Un exemplaire pris entre Pico et Sâo
Jorge.
4 Deux jeunes exemplaires d'£\ Holubi, conservés au Musée de l'Université de Christiania, l'un de la
côte" sud-ouest de l'Afrique, l'autre de la pleine mer au sud-ouest de la Nouvelle-Ecosse (38° de lat. nord; 63°
de long, ouest), correspondent en tous points au grand exemplaire pour ce qui est des dimensions du corps.
Leurs proportions étaient :
a b
Longueur totale o m 067 o m 073
Hauteur du corps... o m on o m oi2
Longueur de la tête. o m on o m oi3
Les deux exemplaires ont une tache claire transversale sur la pectorale.
126
Les trois individus sont jeunes, un peu plus d'à moitié adultes (longueur d'environ
3o mm ), et en partie mal conservés. En 1887, le D r Gùnther (114, p. 169) a attiré
l'attention sur la grande différence qu'il y a dans la grandeur de l'œil chez les
différents individus, et les a séparés en deux formes principales qui, cependant sont
réunies par des transitions. Des deux premiers de nos individus (qui ont été trouvés
dans l'estomac d'un Germon et qui appartenaient peut-être à la même bande), l'un
avait l'œil grand, avec un diamètre de 5 mm 2, l'autre avait l'œil petit, le diamètre de
l'œil n'ayant ici que 4 mm . Chez le troisième exemplaire l'œil n'avait aussi que 4 mm .
Habitat. — S. diaphanus est très répandu dans les parties tropicales, autant de
l'Océan Atlantique que de l'Océan Pacifique. L'exemplaire original vient des côtes
de la Jamaïque. Dans l'Atlantique, c'est surtout vers les parties centrales qu'on a
obtenu le plus d'individus. Cuvier et Valenciennes connaissaient déjà en 1849 des
spécimens des Açores, de la pleine mer au nord de Sainte-Hélène, ainsi que d'un
endroit situé environ à égale distance des îles du Cap-Vert et des Antilles (48, vol. 22,
p. 41 5). De 1880 à i883 l'expédition du Travailleur et du Talisman a aussi obtenu
deux ou trois exemplaires en pleine mer entre le Maroc et les Açores, et les expédi-
tions faites par les Américains dans le but d'étudier les Poissons de fond, ont pris de
nombreux exemplaires de cette espèce au large de la Caroline du Sud et de la
Géorgie (94, p. 220; 4 «9, p. 833).
Ce Poisson a été signalé plus rarement dans le nord de l'Océan Atlantique. Le
Musée de Christiania possède un exemplaire qui a été pris au sud du Banc de Terre-
Neuve (44 de lat. nord, 56° long, ouest); le Musée de Copenhague en possède un qui
vient de la pleine mer au nord-est des Açores (46 de lat. nord, 24 de long, ouest),
mais il ne paraît pas avoir été rencontré près de terre le long des côtes ouest de
l'Europe, et jamais le Gulf-Stream ne l'a apporté, comme Argyropelecus Olfersi,
jusque sur les côtes de la Norvège.
On a aussi dans beaucoup de musées des exemplaires de cette espèce provenant
de différents points situés au sud de l'équateur dans l'Atlantique. C'est ainsi que le
Musée de l'Université de Christiania possède un jeune individu pris en pleine mer au
large de Buenos-Ayres.
Enfin on l'a recueilli, pendant l'expédition du Challenger de 1873 à 1876, en
grand nombre (dix-sept individus) dans des endroits très éloignés les uns des autres.
En outre, dans les parties centrales de l'Océan Atlantique, on a pris des exemplaires
en pleine mer au sud de l'Australie, près des îles Kermadec (au nord de la Nouvelle-
Zélande), en pleine mer au nord de la Nouvelle-Guinée, près des Philippines, ainsi
que sur les côtes du Japon au sud de Yeso.
Les exemplaires recueillis ont souvent été considérés comme ramenés par
le chalut d'une profondeur considérable, comme on l'a fait pour les exemplaires
de V Hirondelle (i3oo m ), sans qu'il ait été possible de constater d'une manière
certaine qu'ils vinssent de ces couches profondes.
— 127 —
Argyropelecus Olfersi, (Cuvier)
(PL iïi, fig. 14)
1829. Sternoptyx Olfersii, Cuvier (4?), vol. 2, p. 3i6.
1846. Sternoptyx Olfersii, Duben et Koren (5S), p. 80, pi. 3, fig. 6.
184g. Argyropelecus Olfersii, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 22, p. 408.
Campagne de 1888 : Stn. 187, surface. Un exemplaire entre Graciosa et Fayal
(Açores).
Cet exemplaire est une femelle qui a de la rogue non encore mûre dans les
ovaires. Il est tout à fait adulte et plus grand qu'aucun des dix ou douze exemplaires
que j'ai examinés et qui viennent des côtes de Norvège.
Longueur totale o m 099
» jusqu'à la dernière vertèbre de la queue... o m o82
Hauteur du corps o m 049
Longueur de la tête o m 039
Nombre des rayons : D. 7 [ 9 ; A. 1 1 ; V. 6; P. 1 1 ; C. 19 (outre les rayons
rudimentaires).
Habitat. — Il est probable que cette espèce vit principalement dans les parties
tropicales de l'ouest de l'Océan Atlantique, mais on ne connaît guère de ces parages
que quelques exemplaires pris çà et là.
Cuvier et Valenciennes (48, p. 410) nous parlent, en 1849, d'un exemplaire pris
dans les parages du Cap, ainsi que d'un autre qui se trouve au Musée de Berlin
(exemplaire type), et qui vient de la pleine mer entre les Canaries et le Brésil. Nilsson
(1*0, p. 488) nous parle aussi, en i855, d'un exemplaire des Indes Occidentales.
Suivant Lowe, il a été signalé aussi à Madère (15*, p. 247). Le Musée de Copenhague
en possède quelques jeunes exemplaires pris au nord des Açores.
D'un autre côté, un nombre assez considérable d'individus a été amené par
le Gulf-Stream sur les côtes européennes. Pendant l'expédition du Travailleur et
du Talisman, en 1882, on a pris deux exemplaires au large des côtes du Portugal
(SI 3, p. 104) et l'expédition du Challenger en a recueilli un au large du cap
Finisterre (fit 4, p. 167).
Sur les côtes ouest de l'Europe, A. Olfersi s'est montré, en plus grand nombre
qu'autre part, sur les côtes de Norvège, mêlé aux autres échantillons de la vie
animale et végétale du Gulf-Stream. Environ seize individus ont été trouvés, en
différentes fois, entre Bergen et le cap Nord, et on en a conservé plusieurs dans les
musées du pays 1 .
* Le Musée de l'Université de Christiania en possède en ce moment cinq exemplaires.
128
La plupart ont été trouvés au large du district de Bergen, quelques-uns sur les
côtes du Nordland et du Finmark. Celui qui a été pris le plus au nord a été jeté à la
côte près du port de Rolfs0, près du cap Nord (71 de lat. nord), le Gulf-Stream
faisant sentir sans doute son influence ici aussi, comme nous l'avons démontré plus
haut (p. 39), car en 1826 on a même trouvé un exemplaire d'Antennarius histrio près
de Vard0.
Le Professeur Lùtken, est plutôt porté à considérer A. Olfersi comme un
Poisson de fond qui d'ordinaire ne monte à la surface que pendant la nuit, de
sorte qu'on pourrait le regarder comme localisé dans plusieurs endroits de l'Océan
Atlantique.
Enfin il a été amené, également par le Gulf-Stream, sur les côtes d'Islande
(OO, p. 45; 1@2, p. 212), où quelques individus ont été trouvés échoués sur les îles
Vestmanna; un de ces exemplaires a été envoyé en i85o au Musée de Copenhague.
Le premier individu connu des côtes de Norvège (et d'Europe) a été trouvé près
de Ranenfjord, dans le Nordland, et a été minutieusement décrit et figuré par Dùben
et Koren en 1844 (leur travail a été publié en 1846) ; le dernier exemplaire a été trouvé
en 1890 près de Bergen. La plupart ont été recueillis morts à la surface ou jetés sur
le rivage; quelques-uns ont été trouvés dans l'estomac des grands Poissons (Gadus
morrhua et G. pirensj.he plus petit des individus observés a une longueur totale de
6i mm ; la plupart étaient adultes ou à peu près.
Il est donc probable que leur véritable patrie se trouve dans les parties centrales
de l'Océan Atlantique, à peu près entre le sud de l'Europe et les Indes Occidentales,
tandis qu'ils ne paraissent pas appartenir à la faune de la Mer des Sargasses propre-
ment dite. Comme beaucoup d'autres Poissons pélagiques tels que les Cératiidés,
par exemple, ils se tiennent la nuit dans les couches supérieures de la mer et peuvent
aussi descendre à une profondeur considérable. C'est ainsi que les exemplaires
du Travailleur ont été ramenés de 950 111 à i6i5 m , celui du Challenger d'une
profondeur de ii25 brasses (2047 111 ). Néanmoins, le Professeur Gùnther doute, et
cela avec raison, que ces individus aient été pris à des profondeurs aussi considéra-
bles. L'exemplaire de Y Hirondelle a été recueilli mort à la surface de l'eau.
Chez l'un des exemplaires jetés sur les côtes de la Norvège, j'ai trouvé les
ovaires complètement remplis de rogue mûre; le nombre des œufs pouvait être
estimé à mille environ.
A. Olfersi semble être très vorace. J'ai trouvé dans l'estomac d'un individu un
exemplaire à moitié digéré de Maurolicus Pennanti Walb. (8®, p. io3) ayant une
longueur totale d'environ 5o mm .
? Maurolicus attenuatus, Cocco
i838. Maurolicus attenuatus, Cocco (36), pi. 4, fig. i3.
1832-41. Maurolicus attenuatus, Bonaparte (l 1 ?), p. (149), pi. (37), fig. 8.
1849. Scopelus ténor ei, Cuvier et Valenciennes (48), vol. 22, p. 440.
— 12 9 —
1864. Maurolicus attenuatus, Gùnther (108), vol. 5, p. 390.
1872. Maurolicus attenuatus, Canestrini («a), p. 120.
ï883. Maurolicus attenuatus, FacciolÀ (66), p. 208.
1891. Maurolicus attenuatus, Moreau (l 1 ?!), p. 106.
Campagne de 1887 : Stn. 96, surface. Un exemplaire.
L'exemplaire est incomplet; il y manque la partie postérieure du corps, située
un peu après l'insertion des ventrales. Il est complètement adulte et d'une longueur
totale d'environ 44 mm . La pectorale a dix rayons *.
On n'a décrit que quatre ou cinq espèces du genre Maurolicus; la plus ancienne
est M. Pennanti Walb. 1792, bien connu dans le nord-ouest de l'Europe (Scopelus
borealis Nilsson, 1¥4, p. 20); et il n'y a pas de doute que M. amethystino-
punctatus Cocco i838, delà Méditerranée, soit identique à celui-ci. Il y a enfin une
espèce de la Nouvelle-Zélande, qui a été décrite en 1874 par Hutton sous le nom de
M. australis (1^4, p. 25o) ; mais le Professeur Gùnther, qui a eu l'occasion de
comparer cet individu avec l'exemplaire de la Méditerranée de M. amethystino-
punctatus (M. Pennanti), les considère tous deux comme identiques (108, p. 399).
Il est probable aussi que M. mucronatus Klunzinger 1871 (13© bi % vol. 21, p. 593) de
la Mer Rouge est identique à M. Pennanti (Liitken, 1©£ bis , p. 267).
On connaît encore dans la Méditerranée deux espèces qui se rapprochent de
celle-ci : M. attenuatus et M. Poweriœ ; Facciolà, en i883 (©©, p. 208), a bien
distingué les caractères de ces deux espèces.
Enfin, le Professeur Esmark a décrit, en 1870, comme une nouvelle espèce
M. tripunctulatus de Madagascar (©©, p. 489). Cette forme, dont nous avons sous
les yeux un nouvel exemplaire qui nous vient des côtes du Groenland (les deux
exemplaires sont conservés au Musée de l'Université de Christiania) diffère tellement,
en beaucoup de points, des espèces typiques de Maurolicus, qu'on devrait plutôt la
considérer comme le type d'un autre genre, à moins qu'elle ne soit, ce qui est plus
probable, l'état alevin d'un Sternoptychidé quelconque de plus grande taille et
peut-être inconnu jusqu'à présent 2 .
Habitat. — M. attenuatus n'était guère connu jusqu'à présent en dehors de la
Méditerranée, et la plupart des exemplaires conservés dans les musées, autant de
cette espèce que de M. Poweriœ Cocco, qui s'en rapproche, viennent de Messine.
Il â aussi été signalé à Nice par Moreau (4£i, p. 108).
1 Outre l'individu dont il est question plus haut, nous avons des parties d'au moins vingt individus
plus jeunes de Maurolicus, qui ont été trouvés dans l'estomac d'un Thunnus alalonga, le i5 septembre 1888
(Stn. 262), par 47° de latitude nord et 12° de longitude ouest, juste au large du Golfe de Gascogne. Ces
exemplaires sont difficiles à déterminer et appartiennent peut-être à M. Pennanti ( Walb.) 1792 (M. amethystino-
punctatus, Cocco, i838).
2 M. tripunctulatus Esm. tient de Maurolicus et à'Argyropelecus ; il ressemble au premier, mais il a une
longue anale qui commence bien avant le milieu du corps; les taches lumineuses, le long de la partie du
corps qui constitue la queue, ne forment qu'une seule rangée comprenant cinq taches noires dans lesquelles
se trouvent deux, trois ou quatre taches argentées très petites. Le ventre est relativement haut; en arrière de
l'anus, la ligne du ventre remonte considérablement. (Voyez Liitken, 16S bis , p. 269, pi. 1, fig. 6).
17
— i3o —
Le nouvel exemplaire de Y Hirondelle a été pris sur l'eau en pleine mer au
nord-est des Açores (43° de lat. nord, 21 ° de long, ouest).
1878
i883
1887
1889
1890
1891
1892
Cyclotlione microdon, (Gùnther)
Gonostoma microdon, Gùnther (11©), p. 187.
Cyclothone fusca, Goode et Bean (94), p. 221.
Gonostoma microdon, Gùnther (114), p. 175*.
Gonostoma microdon, Alcock (5), p. 399.
Gonostoma microdon^ Alcock (6), p. 222.
Gonostoma (Cyclothone) microdon, Lùtken (1618), p. 216.
Gonostoma (Cyclothone) microdon, Lùtken (1618 bis ), p. 280, pi. 3, fig. 4-5.
Campagne de 1888 : Stn. 224, profondeur 121 3 m . Un exemplaire pris au nord-
est de Corvo, Açores. — Stn. 253, profondeur i3oo m . — Stn. 256, profondeur 22oo m .
Six exemplaires pris avec le filet à gouvernail.
Tous les exemplaires étaient jeunes, ayant une longueur totale de 28 mm à 38 mm ,
et se trouvaient tous dans un assez mauvais état ; cependant, chez la plupart, la tête
était suffisamment bien conservée pour permettre de déterminer l'espèce en les
comparant directement à deux ou trois exemplaires types de l'expédition du
Challenger, que le British Muséum a bien voulu céder au Musée de l'Université
de Christiania.
Habitat. — C. microdon a été signalé pour la première fois par l'expédition du
Challenger, pendant laquelle on a recueilli un assez grand nombre d'exemplaires
(82) dans la partie centrale et dans la partie méridionale de l'Océan Atlantique,
ainsi que dans vingt-cinq stations de l'Océan Pacifique, à des profondeurs variant
entre 5oo et 2900 brasses (910™ et 5278™). Ces stations étaient les îles Bermudes,
plusieurs points du centre et du sud de l'Océan Atlantique, différents endroits dans
la partie sud de l'Océan Pacifique, tels que les côtes de l'Australie, les alentours de
la Nouvelle-Guinée, d'Amboine et du Japon. Les plus grands exemplaires avaient
une longueur de trois pouces anglais (environ 77 mm ).
Les exemplaires de YHirondelle appartiennent aussi à la région orientale de
l'Océan Atlantique, entre le Golfe de Gascogne et les Açores.
On peut considérer comme démontré que Cyclothone fusca Goode et Bean,
décrit en i883, d'après un grand nombre d'individus pris sur les côtes de la Caroline
du Sud, jusqu'à une profondeur de i632 brasses (2970 m ), est identique à l'espèce
de Gùnther; et comme, d'après Lùtken (1B9, p. 216), deux exemplaires (longueur
totale o m o5o et o m o3i) ont été déjà pris, en juin 1843, dans le détroit de Davis,
mais identifiés seulement depuis peu, l'espèce se trouve avoir aussi une grande
extension dans toute la partie du centre et de l'ouest de l'Océan Atlantique jusqu'au
Groenland.
Enfin, selon Alcock, on a recueilli des exemplaires de C. microdon dans les
parages de l'Inde, pendant les campagnes de YInvestigator (de i885 à 1889 et de
— i3i —
1889 à 1890), autant dans le Golfe du Bengale que près des îles Andaman, à une
profondeur de 265 à 485 brasses (482™ à 874 111 ).
D'après Gilbert (S 8, p. 449), cette espèce paraît se trouver en nombre consi-
dérable, à une grande profondeur, dans l'Océan Pacifique, depuis les îles Galapagos
jusqu'au détroit de Behring.
Pendant l'expédition du Travailleur et du Talisman on a pris (i88o-i883)
dans plusieurs endroits du Golfe de Gascogne, près des Açores, des Canaries, des
îles du Cap- Vert et sur les côtes nord de l'Afrique, un grand nombre d'une ou deux
espèces de grande profondeur, que le Professeur Vaillant (SIS, p. 96, pi. vin,
fig. 1-2) considère comme appartenant à un nouveau genre, Neostoma (N. bathy-
philum, d'une longueur totale atteignant jusqu'à o m i32, et N. quadrioculatum, d'une
longueur totale de o m o52). Ils ont été recueillis à une grande profondeur, la plupart
de i20o m à 441 5 m . Le Professeur Lùtken (169, p. 219) considère comme probable
que le genre Cyclothone est identique avec ce genre Neostoma et que dans ce cas
C. microdon se rapproche le plus ou est synonyme de N. quadrioculatum, la dernière
des deux espèces qui, du reste, sont insuffisamment distinguées l'une de l'autre.
C. microdon est, par conséquent, une espèce presque cosmopolite dans tous les
grands océans, depuis la latitude de l'Australie jusqu'à l'Océan Glacial.
Famille des STOMIATID^E
Genre Photostomias, Collett
1889. Photostomias, Collett (40), p. 291.
1890. Thaumastomias, Alcock (G), p. 220.
Ce genre se rapproche le plus des genres Photonectes et Malacosteus. Le corps
est un peu comprimé et nu. Pectorales et nageoire adipeuse absentes; les ventrales
ont leur insertion en avant du milieu du corps. L'opercule est rudimentaire. Les
mâchoires, les palatins, la langue et les os supérieurs pharyngiens sont munis de
dents. Deux organes lumineux postorbitaires ; deux séries de taches photodotiques
ventrales et groupes de points lumineux excessivement petits répandus sur tout le
corps. Sur la langue un ligament ou tentacule court, attaché en avant de la symphyse
de la mandibule.
Photostomias Guernei, Collett
(PL i, fig. 5)
1889. Photostomias Guernei, Collett (4©), p. 291.
1890. Thaumastomias fer ox, Alcock (6), p. 220.
1872. Photostomias Guernei, Lùtken (168 bis ), p. 280.
Campagne de 1887 : Stn. m, profondeur 1 i38 m . Un exemplaire pris entre Pico
et Sâo Jorge, Açores.
— l32 —
Diagnose : La plus grande hauteur du corps, en arrière des ventrales, est comprise
environ dix fois dans la longueur totale. Anus placé bien en arrière du milieu du
corps. Tête comprise environ cinq fois et demie dans la longueur totale. L'œil, de
grandeur moyenne, est compris environ quatre fois trois quarts dans la longueur
de la tête.
La fente de la bouche est très large et oblique. L'intermaxillaire a une seule
rangée de huit dents fixes, longues et courbes. Les dents de la mâchoire supérieure
sont excessivement fines et serrées. Les dents mandibulaires ressemblent à celles de
l'intermaxillaire et sont allongées.
La dorsale et l'anale, qui sont très reculées, sont opposées; les ventrales
allongées, filiformes, atteignent l'anus ou le dépassent. La caudale est très fourchue
et le lobe inférieur est le plus long.
L'organe lumineux postorbitaire antérieur est rudimentaire.
La coloration est noire, avec les nageoires et la cavité buccale de la même couleur.
Nombre des rayons : D. (a3)-24; A. (25)-2j; P. o; V. i | 5 ; C. 22.
Habitat. — Açores (Hirondelle), Golfe du Bengale ÇInvestigator) .
Description : Le genre Photostomias a des caractères communs autant avec le
genre Malacosteus Ayres 1849 (@ ter , p. 53), qu'avec le genre Photonectes Gùnther 1887
(1141, p. 212).
Il ressemble au premier de ces genres, qui comprend trois espèces très voisines :
M. niger Ayres 1849 (un exemplaire du Banc de Terre-Neuve), M. indiens Gûnther
1878 (un spécimen des îles Philippines), et M. choristodactylus Vaillant 1888 (trois
individus de la pleine mer, au large du Maroc et des Açores), par la construction
générale du corps, la forme de la mâchoire supérieure, et les opercules rudimen-
taires. Mais il diffère du Malacosteus par l'absence des pectorales ; en outre, la tache
lumineuse orbitaire antérieure est à l'état rudimentaire, les rangées des taches lumi-
neuses de la région stomacale sont distinctes et les ventrales sont filiformes»
Il diffère du Photonectes Gûnther 1887 {Lucifer Dôderlein 1882), qui a une
disposition des taches lumineuses de. la peau analogue à celle du Photostomias, et
chez lequel les pectorales manquent également, en ce que la forme des mâchoires
et la disposition des dents sont tout à fait différentes, en ce qu'il n'y a de dents
ni sur le vomer ni sur les palatins, et en ce que les nageoires sont différentes de
construction et d'aspect. Ce genre ne comprend qu'une seule espèce, P. albipinnis
Dôderlein 1882 (55, p. 26; £®§, p. 291), connu d'après un exemplaire unique
provenant du Japon.
Outre l'exemplaire de {'Hirondelle, M. Lùtken (l©3 bis , p. 280) vient de
mentionner un exemplaire jeune, conservé dans le Musée de Copenhague et consi-
déré par lui comme identique à Photostomias Guernei. L'individu qui a été pris
dans l'Atlantique (sans indication de localité exacte) a été assez desséché ; il est par
suite plus allongé que le spécimen typique (longueur 35 mm , longueur de la tête 6 mm ).
Alcock a, sous le nom de Thaumastomias ferox (©, p. 220), décrit minutieuse-
— i33 —
ment et figuré un exemplaire de Stomiatidé, pris pendant la dernière expédition de
VInvestigator (14 mars 1890), au large de Madras dans le Golfe du Bengale, aune
profondeur de i3io brasses (2384 m ) (18 26' lat. nord, 85° 24' long. est).
On ne peut pas douter que le genre Thaumastomias ne soit le même que le
genre Photostomias, et il est probable que l'espèce du Golfe du Bengale est également
identique à celle de l'Océan Atlantique. Les différences qu'elles présentent sont
surtout les suivantes : d'après la description d'Alcock, la langue, chez T. ferox,
est lisse, tandis que chez P. Guernei elle est dentée; les taches lumineuses sont,
chez la première espèce, un peu plus grandes J que chez P. Guernei, mais l'auteur
fait remarquer qu'elles sont inégalement développées sur les deux côtés 2 . Enfin,
les ventrales sont un tout petit peu plus courtes chez l'espèce du Golfe du Bengale
que chez celle de l'Atlantique.
Chez l'exemplaire type de P. Guernei la mâchoire avait été arrachée ; mais il
n'y a pas de doute qu'elle n'ait eu absolument la même structure que celle du
Thaumastomias ferox.
L'exemplaire de P. Guernei de Y Hirondelle était une femelle, aux ovaires
remplis d'œufs et prise à la profondeur considérable de 1 i38 m , dans le détroit qui se
trouve entre Pico et Sâo Jorge, aux Açores ; le fond était du sable vaseux.
Longueur totale o m 1 1 8
» de la tête o m 02 1
Du bout du museau à la dorsale o m og4
» » aux ventrales o m 049
» » à l'anus . o m o93
Hauteur du tronçon de la queue o m oo25
Longueur de l'œil . . . . o m 0045
Longueur du museau o m oo25
Du bout du museau au bord postérieur de
la fente de la bouche o m 02i
Longueur des ventrales o m 044
Base de la dorsale o m oi6
Base de l'anale , o m oi6
Partie postorbitaire de la tête o m oi4
La plus grande hauteur du corps (en arrière
des ventrales) o m 01 1 5
Hauteur du corps en arrière de la tête o m oio5
* « On each side (of the head) there ïs a small luminous organ, about the size and 'shape of a caraway-
* seed, below and partly in front of the eye, and another large salient slipper-shaped one, in length more
« than one third the length of the head, lying parallel with the upper jaw behind the eye » (6, p. 220).
2 « That (the large postocular organ) on the right side being bright rose-pink, while that on the left side
« was covered, except round its lower edge, which showed as a silvery streak, with deeply pigmented cuticle »
(G, p. 222).
— 134 —
Le corps est un peu allongé ; sa plus grande hauteur, qui se trouve un peu en
arrière de l'insertion des ventrales, est comprise plus de dix fois (10,2) dans la
longueur totale, tandis que la hauteur du corps est plus petite immédiatement en
arrière de la tête (il diffère donc en cela de Malacosteus), et se trouve ici comprise
plus de onze fois dans la longueur totale (1 1,2). Le corps est assez comprimé, surtout
dans la partie où il a sa plus grande hauteur.
La tête, mesurée jusqu'au bord postérieur de la mandibule, est comprise
environ cinq fois et demie (5,6) dans la longueur totale. Chez le jeune individu de
Lùtken la longueur de la tête est comprise presque six fois dans la longueur (sans la
caudale).
Le museau est excessivement court et arrondi, il est compris environ huit fois
et demie (8,4) dans la longueur de la tête.
L'œil est de grandeur moyenne et contenu quatre fois et six dixièmes (4,6) dans
la longueur de la tête.
La fente de la bouche remonte légèrement (à peu près comme chez Malacos-
teus); elle est très large et de même longueur que la tête.
Les branchies sont au nombre de quatre; les arcs branchiaux portent des
tubercules osseux excessivement courts. Les fentes branchiales s'ouvrent en haut à
la hauteur du bord postérieur de l'œil. L'opercule est rudimentaire ; mais les bran-
chies (comme chez Photonectes) sont à peine visibles à l'extérieur. Il a été impossible
de déterminer le nombre des rayons de la membrane branchiostège ; ils sont
rudimentaires.
La langue est presque imperceptiblement épaissie à l'extrémité, et a sans doute
porté un tentacule qui a été arraché chez cet exemplaire, mais qui formait chez celui
d'Alcock (Thaumastomias ferox), comme chez d'autres Stomiatidés, un prolonge-
ment pendant, attaché en avant à la symphyse de la mandibule et qui formait chez
le sujet tout ce qui restait du plancher de la cavité buccale (qui, par conséquent,
manquait à partir de l'os hyoïde jusqu'à la symphyse). Lûtken décrit ce ligament de
la même façon qu'Alcock.
Les dents de l'intermaxillaire sont longues et crochues, elles forment une seule
rangée et sont placées à une certaine distance les unes des autres. Elle sont au
nombre de huit de chaque côté; la première est courte; la deuxième, la quatrième
et la cinquième sont les plus longues, atteignant une longueur égale à la moitié du
diamètre de l'œil. La dernière dent est placée au-dessous du bord antérieur de la
plus grande des taches lumineuses sous-orbitaires. Les dents sont fixes et ne peuvent
pas se pencher en arrière.
La mâchoire supérieure, qui atteint le bord antérieur de l'œil, porte sur toute
sa longueur une rangée de dents excessivement fines et serrées, comprimées et
penchées en arrière; il y en a environ une trentaine, celles de devant sont très
courtes.
La mandibule manque chez cet individu. (Chez celui de Thaumastomias ferox
— i35 -
d'Alcock, la mandibule portait une rangée irrégulière de vingt longues dents, dont
les cinq antérieures étaient les plus longues. Le jeune exemplaire de Lùtken était
complet aussi, avec les dents de la mandibule longues et recourbées comme dans
l'intermaxillaire ; deux d'entre elles étaient allongées, l'une à la symphyse, l'autre un
peu en arrière).
L'os lingual a deux paires de dents courtes et pointues. Les palatins ont chacun
deux groupes de dents; chaque groupe se compose d'environ cinq dents placées
en rang, pointues et penchées en arrière.
Nageoires : La dorsale est, comme l'anale, placée si loin en arrière, que la
distance de son premier rayon à l'extrémité de la caudale (26 mm ) est comprise un peu
plus de quatre fois et demie (4,53) dans la longueur totale. Elle est construite comme
celle de Malacosteus et contient vingt-quatre rayons (vingt-trois d'après Alcock).
L'anale a deux ou trois rayons en avant de la dorsale et compte vingt-sept
rayons (vingt-cinq d'après Alcock).
Les pectorales manquent complètement, ainsi que la nageoire adipeuse.
Les ventrales, dont l'insertion se trouve en avant du milieu du corps, à égale
distance de l'anus et du bord postérieur de l'œil, sont très longues et très étroites,
presque filiformes et leur extrémité dépasse un peu l'anus; leur longueur n'est
comprise qu'un peu plus de deux fois et demie (2,6) dans la longueur du corps.
Elles comptent six rayons; le premier est épais, non articulé et le plus long, les
autres sont plus minces et articulés; le dernier est très court, mais les quatre autres
sont de même longueur que le premier.
La caudale est très échancrée ; sa moitié inférieure est un peu plus longue et a
des rayons plus épais que sa moitié supérieure. Les rayons sont au nombre de
vingt-deux environ, outre quelques rayons rudimentaires excessivement courts à la
base.
La peau est sans écailles ; sa couleur est absolument noire, ainsi que celle des
membranes des nageoires et de la cavité buccale. Le tentacule de la langue semble
avoir été blanchâtre.
Les taches lumineuses sont de trois espèces :
i° Les organes lumineux sous-postorbitaires sont, comme chez Malacosteus,
au nombre de deux. Chez Pholostomias, le premier de ces deux organes, qui est
placé immédiatement sur le bord inférieur du repli de la peau qui entoure l'œil,
est, comparé à l'autre, tout à fait rudimentaire. Le second est plus grand, allongé,
triangulaire, avec la plus longue pointe dirigée vers l'arrière; il est cependant
moins grand que la longueur du cristallin et entouré d'une peau gonflée qui longe
ses côtés.
2 Les deux séries de taches lumineuses du ventre s'étendent, comme chez
la plupart des Stomiatidés, de chaque côté de la ligne ventrale du corps, de sorte
qu'il y a un point supérieur et un point inférieur dans chaque enfoncement entre les
segments du corps. Les taches ont la forme de points, mais elles sont distinctes.
— i36 —
La rangée supérieure commence sur le bord inférieur de l'orifice branchial et
court le long de la ligne ventrale au-dessus des ventrales : elle s'abaisse un peu en
s'approchant de la base de l'anale et ne s'arrête que sur le tronçon de la queue en
arrière du dernier rayon de l'anale. Le nombre des taches de cette rangée supérieure
est de seize jusqu'aux ventrales, de dix-neuf des ventrales à l'anus, et de seize de l'anus
à la fin de la rangée, ce qui donne un total de cinquante et un points de chaque côté.
(Chez le jeune exemplaire de Liitken les taches étaient un peu moins nombreuses
quatorze à quinze jusqu'aux ventrales, environ vingt-neuf des ventrales jusqu'à la fin
de la série, en tout à peu près quarante-quatre).
La rangée inférieure commence déjà sous l'extrémité de la langue, court de
chaque côté de la ligne ventrale entre les ventrales, mais s'arrête dès le huitième
rayon de l'anale. Le nombre des points est de sept sur la gorge; il y en a seize de
l'orifice branchial aux ventrales, et vingt-trois des ventrales à la fin de la rangée, en
tout quarante-six de chaque côté (quarante et un chez l'exemplaire de Liitken).
Des taches semblables forment une rangée sur chaque arc latéral de l'os lingual;
de même, on trouve çà et là quelques taches répandues sur les côtés du dos du corps.
3° La troisième espèce d'appareils lumineux est composée de groupes d'organes
excessivement fins visibles seulement à la loupe. Ces organes s'étendent, en forme
de larges bandes, en travers du tronc et se trouvent partout. Les points entourent
surtout en grand nombre les taches des rangées ventrales ; dans plusieurs endroits,
les points sont un peu plus grands que les autres et forment de courtes rangées (par
exemple le long de la base des rayons de l'anale).
Comme on l'a dit plus haut, les taches lumineuses, chez l'exemplaire type de
Thaumastomias ferox, diffèrent un peu de celles qui viennent d'être décrites ; les
organes lumineux sous-postorbitaires sont en général un peu plus grands et le
premier, « de la grandeur d'un grain de carvi », est placé un peu plus en avant,
sous le bord antérieur de l'œil. Le second est aussi plus grand, mais inégalement
développé des deux côtés, l'un d'eux étant en partie recouvert d'une peau pigmentée.
L'exemplaire de YHirondelle est une femelle, et l'on conçoit que les taches
lumineuses puissent être inégalement développées chez les deux sexes.
Ovaires : L'exemplaire contenait des œufs presque à maturité. Les ovaires
étaient très allongés (6^ mm ) et étroits, et s'étendaient dans toute la longueur de la cavité
abdominale ; les grains de rogue étaient en tout au nombre de huit cents environ, la
moitié dans chacun des ovaires, qui étaient d'égale longueur. L'estomac était vide.
Le Poisson était revenu accroché dans un faubert par les dents de la mâchoire
supérieure. Le maxillaire inférieur avait été arraché; mais à part cet accident, le
Poisson se trouve dans un état de conservation remarquable. Enlevé sans doute au
moment de la montée de l'appareil, il n'a pas été traîné sur le fond, ni froissé, ni
enveloppé de filaments de chanvre comme cela arrive très souvent.
Examiné dans l'obscurité à l'instant de son arrivée à bord, le Photo stomias, qui
ne présentait plus d'ailleurs aucun signe de vie, n'émettait aucune lumière.
Je prie M. le baron Jules de Guerne d'accepter la dédicace de cette espèce.
— 1 37 —
Famille des SALMONIDES
Salnio salar, Linné
1766. Salmo salar, Linné (14®), p. 509.
Campagne de 1887 : Terre-Neuve. Deux exemplaires.
Les deux individus sont jeunes, d'une longueur totale d'environ o m 24o, et l'un
d'eux porte encore de légères traces des bandes transversales qui sont un caractère
des formes de jeunesse.
Habitat. — Dans les parages européens, S. salar est répandu depuis le cap
Nord et le nord de la Russie jusque sur les côtes de France par environ 45° de lat.
nord. Selon Brito Capello (fcO, p. 35), il est encore abondant sur la côte nord du
Portugal; mais il n'avait pas été constaté avec certitude dans la Méditerranée, avant
que Moreau (f Si, p. 124) eût signalé quelques exemplaires trouvés à Cette dans ces
dernières années.
Vers l'est, on le trouve le long de la côte de Murman et dans la Mer Blanche et,
d'après Brandt (cfr. 143, p. 547), on le rencontrerait encore dans la Petchora; mais
il paraît ne plus exister ni en Sibérie, ni sur les côtes du Spitzberg, ni sur celles des
autres îles de l'Océan Glacial.
Il se montre près des côtes nord-est de l'Amérique jusqu'au cap Cod, par 42
de lat. nord ; on rencontre de même ici dans les lacs une forme d'eau douce
(« S. sebago » Girard) qui ne descend pas jusqu'à la mer. Sa présence près du
Groenland, où il a déjà été signalé par Fabricius (©4, p. 170), et sur les côtes
de la baie d'Hudson, est douteuse. Mais, en tout cas, on le rencontre sur les côtes
d'Islande. Il manque sur celles de l'Océan Pacifique.
Enfin, on l'a acclimaté dans la Nouvelle-Zélande, en Australie et en Tasmanie,
en y transportant des œufs fécondés.
Famille des CLUPEID^E
Clupea pilchardus, Walbaum
1792. Clupea pilchardus, Walbaum (SS8), vol. 3, p. 38.
1826. Clupanodon sardina, Risso (194), vol. 3, p. 451.
1881. Alosa sardina, Moreau (IfO), vol. 3, p. 458.
Campagne de 1886 : Stn. 64. La Corogne. Deux exemplaires.
La longueur totale du plus grand individu est de o m 175. Les ventrales ont leur
insertion au-dessous du milieu de la base de la dorsale (var. d. sardina, Gùnther,
— i38 —
103, vol. 7, p. 440), caractère qui appartient surtout aux jeunes individus de
l'espèce.
Le Prince de Monaco a donné un compte rendu détaillé, accompagné d'une
planche instructive de la pêche de la Sardine sur les côtes d'Espagne, dans la Revue
scientifique (1) d'après des matériaux rassemblés pendant le séjour de V Hirondelle
à La Corogne en 1886. De même, des remarques sur les aliments dont se nourrit la
Sardine ont été publiées par M. Pouchet et le baron de Guerne (t§4 bis ) d'après des
observations faites à Goncarneau et à La Corogne.
Habitat. — La Sardine est répandue dans la Méditerranée, au moins jusqu'en
Grèce (Apostolidès, », p. 32) et jusqu'au fond de l'Adriatique, le long des côtes de
l'Italie, de l'Espagne et du Portugal, dans le Golfe de Gascogne et dans la Manche ;
dans la plupart de ces régions elle a amené l'établissement de pêcheries. On la
trouve en moins grand nombre dans la Mer du Nord, et ce n'est guère qu'acciden-
tellement qu'on l'y rencontre; quelques exemplaires ont été pris sur les côtes du
Danemark et du Bohuslen, en Suède, et plus au nord en Norvège, près de Christiania
et de Bergen. Elle n'entre pas dans la Mer Baltique. La longueur totale du plus
grand des exemplaires pris en Norvège est de o m 228 (Musée de l'Université de
Christiania).
D'après Gùnther, on Ta recueillie dans l'Océan Atlantique près de Madère ; de
même, Vinciguerra la mentionne près des îles Canaries (999, p. 20).
Famille des ALEPOCEPHALID^E
Xenodermiclrthys socialis, Vaillant
1888. Xenodermichthys socialis, Vaillant (SIS), p. 162, pi. xm.
Campagne de 1888 : Stn. 190, profondeur 696 111 . Un exemplaire, pris au large de
la pomte ouest de Sâo Jorge, Açores.
Diagnose : La plus grande hauteur du corps est comprise six fois dans la
longueur totale et cinq fois et demie dans la longueur sans la caudale.
Longueur de la tête comprise quatre fois un tiers dans la longueur totale.
L'œil, qui est excessivement grand, est compris deux fois et demie dans la
longueur de la tête.
La fente de la bouche est relativement petite ; la mâchoire atteint en arrière le
bord antérieur du cristallin.
L'intermaxillaire, le maxillaire et la mandibule ont des dents excessivement
fines. Le premier arc branchial a environ vint-quatre appendices lamelliformes.
L'anus est placé un peu plus près de l'insertion des pectorales que de la caudale.
Dorsale et anale de même grandeur ; insertion des ventrales située très peu en
en avant du milieu de la longueur totale.
— i3g —
Pectorales et ventrales excessivement grêles; caudale très échancrée.
Peau lisse, noire et sans vraies écailles; taches photodotiques petites sur le corps
et sur la tête. Ligne latérale indistincte.
Nombre des rayons : I). 27-29; A. 27; P. environ 10; V. 6.
Habitat. — Pleine mer au large du nord de l'Afrique (Tra vailleur et Talisman);
les Açores (Hirondelle).
Le seul exemplaire que nous ayons devant nous est dans un état assez peu
satisfaisant : les intestins manquent et la peau est abimée. Il paraît être adulte, car
il a des œufs dans les ovaires. Quoique l'examen n'ait pas conduit à des résultats
certains sur tous les points, il s'accorde bien avec l'espèce décrite et figurée par
Vaillant sous le nom de Xenodermichthys socialis.
Grâce à la bienveillance du Professeur Vaillant, le Musée de Christiania vient
de recevoir un de ses exemplaires types, de sorte que je suis en état de faire une
comparaison exacte entre celui-ci l et le spécimen de Y Hirondelle.
T-otit en faisant la description de Xenodermichthys socialis, Vaillant pose la
question de savoir si son espèce appartient réellement au genre décrit par Gùnther
sous ce nom. Ce genre a été établi en 1878, avec une diagnose provisoire (11©,
p. 25o), d'après un seul individu, d'une longueur totale d'environ o m 2oo, recueilli
pendant l'expédition du Challenger, près de Yeso, par 245 brasses (445 m ) de
profondeur, et qui fut appelé X. nodulosus.
La diagnose établie par Gùnther est accompagnée, en 1887, d'une description
plus détaillée (114, p. 23o, pi. lviii). Selon l'auteur cette espèce a : « the skin tough
« and leathery, finely wrinkled longitudinally, with minute scale-like productions
« irregularly scattered over the body... Very small raised nodules with whitish
« centre are distributed over the body, and even extend on to the rays of ail the
« fins except the caudal. On the head they form séries ».
Quant aux formations de la peau, caractérisées par Gùnther, Vaillant écrit
(8 fH, p. i65) : « Toutefois, la peau ne présente pas de rugosités sensibles, ni trace
« de production qu'on puisse comparer à des écailles même rudimentaires ».
Mais l'examen de l'exemplaire type, envoyé par Vaillant, prouve que la peau est
pourvue presque partout, comme chez X. nodulosus, de rugosités longitudinales,
visibles surtout à la loupe. On trouve aussi partout dans la peau d'innombrables
formations punctiformes, visibles seulement à un certain grossissement, et qui
répondent à celles que Gùnther appelle : « minute scale-like productions » ; mais chez
notre espèce elles sont beaucoup plus petites.
k Cet exemplaire type avait les proportions suivantes :
Longueur totale (caudale comprise).. o m i32
» sans la caudale o^no,
» de la tête o m o3o
Hauteur du corps o m 02 1
Longueur du museau o m 006
Diamètre de l'œil o m 01 2
— 140 —
Toutefois la ligne latérale qui, chez X. nodulosus était distincte dans toute sa
longueur, est complètement cachée dans la peau chez X. socialis; il me paraît
cependant que la concordance entre ces deux formes est en général si grande, qu'il
n'y a guère lieu de les séparer génériquement.
Une troisième espèce du même genre, X Gùntheri, a été établie en 1892 par
Alcock(^ bis , p. 359), d'après un exemplaire dragué par V Investigator par 6 y8 brasses
(i233 m ) dans le Golfe du Bengale.
X. Gùntheri est à tous les points de vue plus voisin de X. socialis que de l'espèce
type du Challenger, spécialement en ce qui concerne la ligne latérale qui est
indistincte; mais il diffère de X. socialis par plusieurs caractères évidents; ainsi la
dorsale et l'anale sont plus reculées, la partie caudale du corps étant plus brève et le
nombre des rayons est complètement différent.
Les deux autres espèces diffèrent ainsi de X. socialis par les caractères suivants :
1. X. nodulosus Gûnther 1878. La plus grande hauteur du corps est comprise
environ sept fois et demie dans la longueur totale, sept fois dans la longueur sans la
caudale. La longueur de la tête est contenue environ six fois dans la longueur totale
et cinq fois un tiers dans la longueur sans la caudale. L'œil, relativement petit, est
compris quatre fois et demie dans la longueur de la tête. Le profil supérieur de la
tête égale la moitié de la longueur de celle-ci.
L'anus est placé à égale distance de l'insertion de la caudale et de celle des
pectorales ; les ventrales sont en avant du milieu de la longueur totale.
La ligne latérale est distincte.
Nombre des rayons : D. 33 ; A. 33 : P. 6 ; V. 5.
Habitat. — Japon.
2. X. Gùntheri Alcock 1892. La plus grande hauteur du corps est comprise un peu
plus de six fois dans la longueur totale et un peu moins de six fois dans la longueur
sans la caudale. La longueur de la tête est contenue environ quatre fois dans la
longueur totale, trois fois et demie dans la longueur sans la caudale. L'œil est
grand, compris trois fois et deux tiers dans la longueur de la tête. Le profil supérieur
de la tête fait presque les trois quarts de la longueur de la tête.
L'anus est placé plus près de l'insertion de la caudale que de celle des pectorales;
les ventrales sont situées au milieu de la longueur totale.
La ligne latérale est indistincte.
Nombre des rayons : D. environ i5; A. environ 14; P. 5 (?) ; V. 6(?).
Habitat. — Golfe du Bengale.
J'ajoute ici une courte description supplémentaire de X. socialis, d'après
l'exemplaire type envoyé par M. Vaillant, comparé à celui (mal conservé) de
V Hirondelle.
141
PROPORTIONS
Longueur totale o m 076
jusqu'à la dernière vertèbre de la queue. o m oÔ9
jusqu'à la dorsale o m o42
jusqu'à l'anus o m 042
jusqu'à l'anale - o m 043
de la tête , o m o 1 9
Diamètre de l'œil o m oo8
Partie postorbitaire de la tête o m oo8
Longueur jusqu'aux ventrales o m o36
» du museau o m oo3
La plus grande hauteur du corps est comprise six fois (6,28) dans la longueur
totale, cinq fois et demie (5,66) dans la longueur sans la caudale 1 .
La tête est comprise environ quatre fois un tiers (4,40) dans la longueur totale,
et chez l'exemplaire de V Hirondelle un peu plus de quatre fois (4,20); elle est
comprise près de quatre fois (3,96) chez l'exemplaire type, et un peu plus de trois
fois et demie (3,63) chez l'exemplaire de ï Hirondelle, dans la longueur sans la
caudale.
La longueur du profil supérieur de la tête fait les deux tiers de la longueur de
la tête.
Le museau très court, n'égale que la moitié du diamètre de l'œil (chez l'exem-
plaire de ï Hirondelle il en dépasse seulement un peu le tiers). La mandibule est
de très peu plus longue que la mâchoire supérieure. Il n'y a de tentacule ni au
museau ni à la langue.
L'œil, excessivement grand, est égal à la partie postorbitaire de la tête dont il
forme le profil supérieur; il n'est compris que deux fois et demie (2,5o) à deux fois
un tiers (2,37) dans la longueur de la tête.
Les branchies sont au nombre de quatre et portent de longs appendices lamelli-
formes (longueur 5 mm ; chez l'exemplaire de Y Hirondelle 2 mm ); sur le premier arc
branchial, on trouve huit de ces appendices dans la partie verticale, seize dans la
partie horizontale, ce qui donne un total de vingt-quatre. Pseudobranchies présentes.
La fente branchiale est relativement large ; la partie située au-dessus des pecto-
rales égale à peu près la hauteur du tronc de la caudale. L'opercule est membraneux
et tendu au moyen de deux ou trois bandes osseuses, disposées en rayons, qui
viennent se réunir vers le préopercule.
Dents excessivement fines, formant une rangée sur l'intermaxiilaire, sur le
maxillaire, ainsi que sur la mandibule. Les palatins sont dépourvus de dents.
* Les intestins ayant été enlevés chez l'exemplaire de YHIRONDELLE, on ne peut donner exactement la
hauteur.
— 142 —
La mâchoire supérieure est large et arrondie vers le bas ; elle atteint en arrière
le bord antérieur du cristallin.
La dorsale commence presque juste au-dessus de l'anus, par conséquent presque
immédiatement en avant de l'anale. Elle contient vingt-neuf rayons chez l'exemplaire
type, envoyé par M. Vaillant, et vingt-sept chez celui de Y Hirondelle.
L'anale prend naissance immédiatement en arrière de l'anus et comprend vingt-
sept rayons.
La caudale, qui est échancrée, compte environ vingt rayons, outre un certain
nombre de rayons rudimentaires qui s'étendent de chaque côté de la racine de la
queue dans la moitié de sa longueur (mesurée à partir de la dernière vertèbre de la
queue jusqu'au rayon le plus rapproché de la dorsale ou de l'anale).
Chez l'exemplaire de Y Hirondelle les pectorales qui, de même que les ven-
trales, ont été brisées à leur extrémité, comptent environ dix rayons grêles, mais
branchus. Vaillant indique (££3, p. i63) « 16 1 rayons environ » ; mais le nombre des
rayons de l'exemplaire type, envoyé par M. Vaillant, ne surpasse pas dix.
Les ventrales, qui sont très rapprochées l'une de l'autre, ont leur insertion située
très peu en avant du milieu de la longueur totale et comptent six rayons.
La peau est uniformément noire, ainsi que les cavités buccale et branchiales.
Sur les côtés de la tête la peau paraît plus claire. Les nageoires sont aussi transpa-
rentes.
Sur tout le corps, la peau, comme cela a été mentionné plus haut, est très
finement ridée avec des rugosités longitudinales, visibles à la loupe. On trouve
partout aussi de petits points clairs innombrables, à peu près cachés dans la peau,
et qui répondent sans doute aux formations squamiformes de X. nodulosus.
En outre, les mêmes petits organes photodotiques que Gtinther a signalés chez
son espèce, se trouvent disposés à intervalles assez réguliers aussi bien sur la tête que
sur le corps. Je compte environ vingt-cinq de ces organes sur chaque côté de la tête.
Ils sont aussi présents le long de l'anale, à peu près au milieu de la membrane près
de chaque rayon, tandis qu'ils sont invisibles dans les autres nageoires.
La ligne latérale n'est pas visible ; « elle se confond sans doute avec l'interstice
des masses musculaires supérieure et inférieure » (Vaillant). Cependant on peut
distinguer, sur la partie postérieure du corps, une série de pores qui, sans doute,
sont la trace d'une ligne latérale.
Chez l'exemplaire en mauvais état de VHirondelle^ il est impossible de faire
l'examen minutieux de la peau.
Le corps était presque vidé ; cependant, il y était resté attaché quelques parties
des ovaires, qui contenaient des œufs excessivement fins, mais presque à maturité,
suivant toute apparence, car ils étaient à peu près tous de même grandeur.
Habitat. — X. socialis n'était connu jusqu'à présent que par les individus pris
1 Le nombre indiqué est peut-être dû à une erreur typographique.
— 143 —
pendant l'expédition du Travailleur et du Talisman, de 1S80 à i883, au large
des côtes de l'Afrique du nord jusqu'au banc d'Arguin (par 20 de latitude nord),
à des profondeurs variant de 717™ à i35o m . Dans un seul coup de filet on pécha
cent trente-trois individus, ce qui porte Vaillant à croire qu'ils vivent par bandes.
Le nouvel exemplaire des Açores a été pris au chalut par 6g6 m de profondeur.
(Stn. 190).
Famille des HALOSAURID^E
Cette famille comprend trois genres :
1. Halosaurus Johnson i863 (1188, p. 406). (Type : Halosaurus Oweni Johnson
i863).
2. Halosauropsis, n. gen. Semblable au genre Halosaurus, mais les organes
lumineux de la tête et de la ligne latérale sont recouverts d'une membrane en forme
de sac s'ouvrant en bas. (Type : H. macrochir Gùnther 1878; voir f f 4, p. 232).
3. Halosaurichthys, Alcock 1889 (5, p. 454). Semblable au genre Halosaurus,
mais muni d'une longue deuxième dorsale rudimentaire, et ayant les ventrales
réunies en une large plaque. (Type : H. carinicauda Alcock 1889).
Halosaurus johnsonianus, Vaillant
(PI. iv, fig. 20)
1888. Halosaurus johnsonianus, Vaillant (SIS), p. 181, pi. xv, fig. 2.
Campagne de 1887 : Stn. 112, profondeur 1287 111 . Un exemplaire pris entre Pico
et Sâo Jorge, Açores.
Campagne de 1888 : Stn. 233, profondeur i3oo ra . Un exemplaire pris presque
exactement au même point qu'en 1887, entre Pico et Sâo Jorge, Açores.
Diagnose : Corps grêle ; hauteur comprise vingt-deux fois et demie à vingt-cinq
fois, et longueur de la tête contenue sept fois dans la longueur totale. Museau long
de même longueur que la partie postorbitaire de la tête; œil grand, compris six fois
dans la longueur de la tête et deux fois et demie dans la partie postorbitaire de la
tête. Espace interorbitaire étroit, compris jusqu'à deux fois dans le diamètre vertical
de l'œil.
Premier rayon de la dorsale distant de deux longueurs de tête, et les ventrales
d'une longueur trois quarts de tête, de l'extrémité du museau.
Ecailles très peu adhérentes ; sur le dessus de la tête, les écailles s'avancent
presque jusqu'à l'extrémité du museau ; elles recouvrent également la partie supé-
rieure de l'opercule. Les écailles de la ligne latérale sont un peu plus grandes que les
— 144 ~
autres, et sans organes phosphorescents distincts; elles sont plus hautes (larges) que
longues.
Coloration rougeâtre; chaque écaille a une tache noire; les écailles de la ligne
latérale forment une bande foncée le long du corps (Vaillant).
Nombre des rayons : M. B. 12; D. 10-1 1 ; P. i5 ; V. 9.
Habitat. — La pleine mer au large du nord de l'Afrique {Travailleur et
Talisman). Les Açores {Hirondelle).
H. johnsonianus, dont on ne connaissait jusqu'à présent que les exemplaires
recueillis en i88o-83 au large du nord de l'Afrique pendant l'expédition du
Travailleur et du Talisman, est très voisin de H. Oweni* Sohnson i863, décrit
pour la première fois d'après un exemplaire assez mal conservé (long. tôt. o m 45o)
provenant de Madère ! ,
Ce qui distingue surtout H. johnsonianus de H. Ojpeni, c'est qu'il a la dorsale
plus avancée, les formes du corps plus grêles et les écailles de la ligne latérale
plus courtes. D'après Vaillant, il serait de coloration différente et de taille plus
petite.
J'ajoute une diagnose et une courte description des nouveaux exemplaires. Le
plus grand était une femelle ayant dans les ovaires des œufs à différents degrés de
maturité.
PROPORTIONS a b
Femelle
Longueur totale ? m 408
» jusqu'à l'anus o m 1 1 3 o m 167
De l'extrémité du museau à la dorsale o m o8o o m 1 14
De l'extrémité du museau aux ventrales o m oyo o m io3
Hauteur du corps o m on5 o m oi8
Longueur de la tête m 040 o m o58
» du museau (partie préorbitaire de la tête) o m oi8 o m 027
Distance de la bouche à l'extrémité du museau ... o m oog o m oi4
Diamètre longitudinal de l'œil o m oo7 o m oo95
Diamètre vertical de l'œil o m oo5 o m oo8
Partie postorbitaire de la tête o m oi8 o m 0265
Hauteur de la tête par le travers de la nuque o m oii o m oi6
De la tête à la dorsale o m 04o5 o m o58
Espace interorbitaire (pont osseux) o m oo25 o m oo4
Longueur de la pectorale o m 020 o m 022
Hauteur de la dorsale o m oi6 ?
K (188, p. 406, pi. 36; 1©8, vol. 7, p. 482; 114, p. 236). H. Oweni n'a été retrouvé ensuite qu'en
i88o-83 pendant la susdite expédition qui en recueillit en pleine mer entre le Maroc, le Soudan, les Canaries
et les Açores, à une profondeur de 83o™ à 1617m;, quarante-neuf exemplaires atteignant jusqu'à o m 570 (f 13,
p. 175).
— 145 —
La longueur de la tête est comprise sept fois dans la longueur totale, et deux
fois huit dixièmes (2,8) dans la longueur jusqu'à l'anus.
L'anus se trouve donc placé à une distance de l'extrémité du museau un peu
plus petite que trois longueurs de tête.
La hauteur du corps est comprise vingt-deux fois six dixièmes (22,6) dans la
longueur totale.
Le museau est long ; la partie préorbitaire de la tête est de même longueur que
la partie postorbitaire, et mesure près du double de la hauteur de la tête.
L'œil est compris environ six fois dans la longueur de la tête ; il est donc relati-
vement grand ; l'espace interorbitaire (le pont osseux qui relie les orbites) est étroit,
compris jusqu'à deux fois (1,75 à 2) dans le diamètre vertical de l'œil.
Les rayons de la membrane branchiostège sont au nombre de douze; les
opercules sont finement rayés.
Nageoires : La dorsale prend naissance à une distance de l'extrémité du museau
qui, chez les deux individus, est exactement égale à deux longueurs de tête. Elle a
un rayon épineux et, chez le plus petit exemplaire neuf, chez le plus grand dix rayons
articulés. Vaillant n'indiquant, chez les individus examinés par lui, que ce dernier
nombre, il est probable que c'est là la règle. La hauteur de cette nageoire est (chez
le plus petit individu, où elle est complète) de beaucoup plus grande que la plus
grande hauteur du corps.
La pectorale a quinze rayons ; sa longueur, chez le plus petit des individus, est
à peu près égale à la hauteur de la dorsale, mais n'atteint pas l'insertion des ventrales.
Les rayons inférieurs, très grêles, sont libres.
Les ventrales s'insèrent à une distance de la fente branchiale qui est de beaucoup
inférieure à une longueur de tête (environ les trois quarts de cette longueur), par
conséquent à un quart de longueur de tête à peu près en avant du commencement
de la dorsale. Elles se composent d'un court rayon épineux, qui est libre, et de huit
rayons articulés.
Les rayons de l'anale sont grêles ; sur le milieu de la queue, leur longueur est
de i5 mm ; ils ne mesurent donc qu'un tiers de la hauteur de la queue à cet endroit.
Ecailles : Les deux exemplaires que j'ai sous les yeux ont perdu presque toutes
leurs écailles. Ce n'est que sur le plus petit qu'il reste quelques écailles de la ligne
latérale, et quelques autres éparses au-dessous de cette ligne ; les écailles manquaient
également sur la plupart des exemplaires types de Vaillant.
La ligne latérale compte jusqu'à l'anus environ cinquante et une écailles. Une
d'elles, prise sur le jeune individu à l'endroit de la ligne latérale situé au-dessous de
la pectorale, avait la longueur (diamètre horizontal) inférieure à la largeur (diamètre
vertical), en ce que celle-là mesurait 2 mm , et celle-ci 3 mm 2 ; les stries rayonnantes de
la partie antérieure et couverte de l'écaillé sont au nombre de quatorze.
Une autre écaille de la ligne latérale, prise sur la queue, ne différait guère sensi-
blement de celle que nous venons de décrire.
19
— 146 —
Les écailles voisines de la ligne latérale, qui sont de beaucoup plus petites que
les écailles des autres parties du corps, avaient, chez le même exemplaire (le plus
petit), une hauteur et une largeur d'environ 2 mm . Le nombre des stries rayonnantes
était de dix.
On peut voir qu'il y a eu des écailles sur toute la partie supérieure de la tête
jusqu'à une distance d'un diamètre d'orbite de l'extrémité du museau ; sur les côtés
de la tête, les écailles s'étendent en avant et en arrière des yeux, de même que
l'opercule présente des follicules bien nets K
Coloration : Chez ces individus, qui ont perdu presque toutes leurs écailles, il
est impossible de se rendre compte de la coloration. Vaillant nous apprend que
chaque écaille du corps présente une tache noire à son extrémité libre, et que les
écailles de la ligne latérale, sombres, forment, par leur ensemble, une bande foncée
le long du corps.
La cavité branchiale est de couleur noire, qui apparaît au travers des pièces de
l'opercule et se répand en dehors de celles-ci sur la base des pectorales et sur tout
l'isthme. Le reste du corps est rougeâtre, et les follicules des écailles forment un
réseau bien net.
Habitat. — H. johnsonianus a été signalé pour la première fois par l'expédition
du Travailleur et du Talisman (i88o-83). Pendant cette expédition on n'en
recueillit pas moins de quatre-vingt-seize exemplaires entre les côtes du Maroc et du
Soudan et les Canaries; la profondeur variait entre 865 m et 21 i5 m .
Les deux nouveaux exemplaires de Y Hirondelle ont été ramenés de 1287 111 et
à i3oo ra , dans le détroit qui sépare Pico de Sâo Jorge (Açores), en juillet 1887 et
en août 1888, presque exactement au même endroit, à un an d'intervalle.
Halosauropsis macrochir, (Gûnther)
(PI, V, fig. 23, 23b)
1878. Halosaurus macrochir, Gûnther (11©), p. 25o.
i883. Halosaurus macrochir, Goode et Bean (94), p. 219.
i883. Halosaurus Goodei, Gill (89), p. 257.
1887. Halosaurus macrochir, Gûnther (114), p. 237, pi. lix.
1888. Halosaurus macrochir, Vaillant (SIS), p. 170, pi. xvi.
Campagne de 1888 : Stn. 211, profondeur i372 m . Deux exemplaires pris au sud
de Flores, Acores.
Diagnose : Hauteur du corps comprise treize fois et demie à quinze fois et
demie (i3,5 à 1 5,5), et longueur de la tête à peine sept fois dans la longueur totale.
Museau plus court que la partie postorbitaire de la tête; la partie préorale ne
fait que le tiers de la longueur du museau ou un peu moins.
K Vaillant remarque au contraire («18, p. 181) : « Autant qu'on en peut juger, ce dernier (le battant oper-
culaire) n'est pas écailleux ».
— 147 —
Œil petit, contenu huit fois dans la longueur de la tête, et quatre fois environ
dans la partie postorbitaire de la tête ; espace interorbitaire large, mesurant près de
deux fois et demie le diamètre vertical de l'œil. La mâchoire supérieure atteint le
bord antérieur de l'œil.
La distance du premier rayon de la dorsale à l'extrémité du museau contient
une fois trois quarts, et celle de l'anus à l'extrémité du museau, un peu plus de deux
fois et demie la longueur de la tête.
Pectorales longues, atteignant presque les ventrales.
Ecailles assez peu adhérentes; elles couvrent le corps, la base des nageoires
ainsi que le dessus de la tête, les joues en arrière des yeux et la partie supérieure de
l'opercule. Ecailles de la ligne latérale plus grandes que les autres ; elles présentent
une tache photodotique enveloppée d'une membrane noire en forme de poche, qui
forme une bande continue le long de la ligne latérale. Le nombre des écailles, jusqu'à
l'anus, est de vingt-six à vingt-sept.
Sur la tête, on remarque une rangée sous-orbitaire et une rangée mandibulaire
de taches photodotiques, recouvertes d'un canal muqueux.
Nombre des rayons : M. B. 12; D. ii-i3; P. ii-i3; V. 9-10; A. 190-200 (?) ;
Lin. lat. 14 | 64 | 5.
Habitat. — Océan Atlantique : au large de Gibraltar (Challenger) ; au large
du Maroc, aux Açores (Travailleur et Talisman, Y Hirondelle); au large des
Etats de l'est de l'Amérique du Nord (Albatross) ; Mer du Sud : entre le cap de
Bonne-Espérance et l'île de Kerguelen (Challenger).
Les espèces du genre Halosaurus décrites jusqu'à présent, semblent former deux
groupes naturels, mais les caractères des différents types ne sont pas connus dans
tous leurs détails, car en général on ne possède que quelques exemplaires mal
conservés de chaque espèce. Si l'on considère H. Oweni Johnson i863 comme le type
du genre, il semble, à en juger par les descriptions, que H. johnsonianus Vaillant
1888, H. phalacrus Vaillant 1888, H. anguilliformis Alcock 1889, et H. Hoskyni
Alcock 1890, soient les espèces qui s'en rapprochent le plus par tous les grands traits.
Halosaurus macrochir Gùnther, au contraire, se distingue de ces espèces
par la structure très compliquée des organes photodotiques qu'il a sur les écailles
de la ligne latérale et sur la tête, organes qui n'ont pas été signalés dans le groupe
précédent, où ils font peut-être défaut.
Il est probable que les trois autres espèces décrites par Gùnther, H. mediorostris,
H. rostratus et H. affinis, se rapprochent à cet égard de H. macrochir { ; mais,
comme on ne connaît de chacune de ces espèces qu'un ou deux individus assez mal
conservés, il n'est guère possible pour le moment de constater ces rapports.
Ces dernières espèces ont en outre ceci de commun avec H. macrochir que leur
espace interorbitaire est relativement large ; en effet dans ce groupe, cet espace est de
1 H. mediorostris ne diffère que bien peu de H. macrochir, et H. affinis est très voisin de H. rostratus.
— 148 —
beaucoup (près du double) plus large que le diamètre vertical de l'œil, tandis que
dans le groupe de H. Oweni, il est bien plus petit que ce diamètre.
C'est pourquoi j'ai cru devoir séparer du genre type, sous le nom d'Halosau-
ropsis, Halosaurus macrochir et les espèces qui s'en rapprochent le plus, et je me
propose de donner ci-après une diagnose et une courte description des deux individus
de cette espèce remarquable que j'ai sous les yeux.
PROPORTIONS
a b
Longueur totale o ra 602 o m 6 1 5
» jusqu'à l'anus o m 240 o m 249
De l'extrémité du museau à la dorsale o m 170 o m 172
De l'extrémité du museau aux ventrales o m 166 o m 160
Hauteur du corps o m o39 o m o45
Longueur de la tête o m 09i o m 092
» du museau (partie préorbitaire de la tête) o m o38 o m o38
Partie préorale du museau o m oi 1 o m oi 1
Diamètre longitudinal de l'œil o m oi 1 o ra oi i5
Diamètre vertical de l'œil o m oo65 o m oo7
Espace interorbitaire (pont osseux) o m oi6 o m oi6
Partie postorbitaire de la tête o m 042 o m 042
Hauteur de la tête (par le travers du bord antérieur
de la fente branchiale) o m o35 o m o36
De la tête à la dorsale o m o8o o m o84
Du bord postérieur de l'opercule aux ventrales.... o m 075 o m 070
De la nuque à la dorsale o m 09Ô o m 104
Longueur de la pectorale o m o68 o m o66
Chez les deux exemplaires, la tête l est comprise six fois et six dixièmes (6,6), et
la hauteur du corps treize fois et demie à quinze fois et quatre dixièmes (i3,5 à 15,4) 2
dans la longueur totale.
La partie préorale du museau est contenue trois fois et quarante-cinq centièmes
(3,45) dans le museau entier (c'est-à-dire dans la partie préorbitaire de la tête).
L'œil fait le huitième de la longueur de la tête; l'espace interorbitaire est large
et comprend près de deux fois et demie (2,28 à 2,46) le diamètre vertical de l'œil.
La distance qui sépare l'anus de l'extrémité du museau est de deux fois six
dixièmes (2,6) à deux fois et sept dixièmes (2,7) la longueur de la tête.
1 Mesurée jusqu'au bord postérieur de la membrane libre de l'opercule.
2 Vaillant (913, p. 170) dit au contraire : « La hauteur dépasse à peine 1/17 de la longueur totale » ; mais
d'après les dimensions qu'il nous donne d'un individu d'une longueur totale de om 5go et d'une hauteur de
38mm f le rapport serait à peu près le même que chez l'un des exemplaires que nous avons sous les yeux, savoir
i5,5.
— 149 ~
Nageoires : La dorsale a des écailles sur les rayons ; chez l'exemplaire le mieux
conservé, on constate que les écailles ont dû s'étendre presque jusqu'à l'extrémité
des rayons. Elle prend naissance à un peu moins de deux longueurs de tête de
l'extrémité du museau (1,8), et se compose chez l'un des exemplaires de douze, chez
l'autre de treize rayons. Le premier rayon peut être considéré comme une espèce de
fausse épine, en ce qu'il manifeste clairement une tendance à se fendre (au milieu)
et qu'il est nettement articulé vers son extrémité. Le nombre des rayons est, selon
Gùnther de treize, selon Gill de onze à douze, selon Vaillant de douze.
Les pectorales sont longues, atteignant presque l'insertion des ventrales, et
comptent douze rayons ; contrairement aux autres nageoires, elles ne portent trace
d'écaillés ni sur la base ni sur les rayons. Les exemplaires de Gùnther avaient de
onze à treize rayons.
Les ventrales ont des écailles sur le côté interne ; elles comptent une épine et
huit rayons articulés. (Gùnther prétend qu'il y a en tout dix rayons, tandis que tous
les autres auteurs n'en ont trouvé que neuf).
L'anale commence à une distance d'environ un diamètre d'orbite de l'anus ; ses
rayons sont au commencement assez forts, mais ils deviennent ensuite excessivement
grêles et sont à la fin filiformes. Leur nombre peut s'évaluer approximativement à
cent quatre-vingt-dix (Vaillant en indique deux cents). Ils sont relativement très hauts ;
le centième rayon a une longueur de 27™ 11 , et le cent quatre-vingtième de 7 mm , tandis
que la hauteur du corps n'est à ces endroits, respectivement, que de 5 mm et i mm 8. La
queue porte des rayons jusqu'à son extrémité, qui se termine en un rayon filiforme.
Les rayons de la première partie de l'anale sont couverts d'écaillés presque
jusqu'à leur extrémité ; au bout de la queue, les écailles ne sont cependant plus bien
distinctes.
Les écailles sont très peu adhérentes, comme chez toutes les espèces de ce genre ;
l'un des exemplaires n'en avait conservé que quelques-unes. Sur la tête, il n'y a que
les joues, en arrière des yeux, et la partie supérieure de l'opercule qui soient
couvertes d'écaillés ; celles-ci ont la même structure que celles du corps, mais elles
sont un peu plus petites ; ainsi que nous l'avons déjà fait observer, les rayons des
nageoires sont plus ou moins couverts d'écaillés, du moins à leur base, sauf ceux des
pectorales.
Les écailles du corps atteignent leurs plus grandes dimensions sur la partie
antérieure et sur le milieu du corps, tandis qu'elles diminuent de taille à mesure
qu'on s'avance vers la queue. Sur la partie qui se trouve au-dessous de la dorsale,
chaque écaille a une longueur (diamètre horizontal) de j mm 7 et une largeur (diamètre
vertical) de 5 mm 5. Le côté couvert a le bord postérieur presque en ligne droite, d'où
partent des sillons centrifuges en nombres inégaux. La partie libre est couverte d'un
pigment faiblement noirâtre. Son bord forme presque un demi-cercle; elle présente
un grand nombre de fines stries concentriques.
Entre la ligne latérale et la dorsale il y a treize à quatorze écailles, et cinq
au-dessous de la ligne latérale.
— i5o —
Organes lumineux : Les écailles de la ligne latérale, qui sont munies de l'appareil
photodotique compliqué dont l'histologie a été décrite en détail par Lendenfeld
(voir 114, appendix B, p. 309), sont recouvertes d'une membrane noire formant
une bande saillante et ininterrompue à partir de la fente branchiale jusque sur la
queue et qui cache complètement toute la rangée d'écaillés de la ligne latérale.
La structure de cette membrane se trouve décrite par Gûnther à l'endroit cité
plus haut (114, p. 238), et la description est accompagnée d'une figure diagramma-
tique ; mais, vu l'état peu satisfaisant des exemplaires qu'il avait à sa disposition, sa
description est restée incomplète.
La ligne latérale commence au niveau du bord inférieur de l'opercule et compte
jusqu'à l'anus vingt-six à vingt-sept écailles ayant chacune leur tache lumineuse. Les
écailles, prises au niveau de la dorsale, ont une longueur (horizontale) de 8 mm 5 et
une largeur (verticale) de 7 mm 5 ; elles sont donc sensiblement plus grandes que les
écailles du reste du corps. Sur le milieu du corps, chaque écaille de la ligne latérale
est bordée en haut par deux des écailles adjacentes, et quelquefois même par trois sur
la queue. Sauf l'organe photodotique, leur forme et leur structure ne diffèrent pas de
celles des autres écailles. Leur bord inférieur n'est pas immédiatement contigu à
l'anale (comme il est dit dans la description de quelques-unes des autres espèces),
mais il y a entre elles et F anale une ou deux rangées de petites écailles qui, toutefois,
sur la partie postérieure de la queue, sont complètement cachées sous la membrane
noire.
Les écailles de la ligne latérale diminuent peu à peu de taille et la ligne
se termine par de toutes petites écailles un peu au-delà du milieu de la queue,
environ au niveau du quatre-vingt-deuxième rayon de l'anale. A partir de l'anus
jusqu'à l'endroit où elle cesse, la ligne latérale compte environ trente-sept écailles;
elle a donc en tout soixante-quatre écailles munies d'une tache lumineuse et recou-
vertes d'une membrane.
Sur la tête, les taches lumineuses forment une rangée sous-orbitaire et une
rangée mandibulaire; toutes ces taches sont recouvertes d'une membrane entière-
ment fermée, si ce n'est qu'il y a un stigmate excessivement fin juste en face de
chaque tache lumineuse. La membrane est généralement noire, comme celle qui
recouvre la ligne latérale; toutefois elle est plus transparente sur le milieu de la
rangée sousorbitaire (comprenant cinq taches).
Dans la rangée sous-orbitaire, d'après Gûnther, il y a en arrière deux taches
lumineuses, sur l'opercule, puis six autres à partir de là jusqu'au bord postérieur de
l'intermaxillaire, et enfin trois sur la partie antérieure du museau, en tout douze. La
rangée mandibulaire en compte également douze, à partir de l'extrémité de la
mandibule jusqu'au bord postérieur du sous-opercule.
La membrane noire qui recouvre la rangée d'écaillés de la ligne latérale comme
une bande ininterrompue, se compose d'une série de poches, une pour chaque
écaille. Chaque poche est fermée par en haut mais ouverte par en bas; la membrane
— i5i —
transversale entre chaque poche descend immédiatement en arrière de chaque tache
lumineuse et est à cet endroit presque transparente. A la base, la membrane trans-
versale empiète un peu sur la tache lumineuse et l'entoure d'un pigment noir, de
sorte que la tache lumineuse se trouve comme enchâssée dans la base de cette paroi
transversale de la membrane.
Dans le haut, chaque poche est entièrement fermée, et la paroi qui sépare les
poches l'une de l'autre n'est pas non plus perforée. Au contraire, le bord inférieur
de chaque poche est complètement ouvert; à l'extérieur, il y a un pli horizontal
provenant de ce que la membrane à l'état de repos, est repliée contre l'écaillé; mais
lorsque la paroi extérieure de la poche se déploie, la membrane se développe, le
pli du milieu s'efface, le bord libre inférieur de la poche, ainsi que le bord postérieur
au-dessous du pli du milieu, s'élargit, et l'eau pénètre alors librement jusqu'à la tache
lumineuse.
Ainsi qu'il a été dit plus haut, il n'y a qu'une poche par écaille. Chaque poche,
étant limitée par la paroi transversale qui descend en arrière de la tache lumineuse,
renferme donc l'espace compris entre le bord postérieur de la tache lumineuse d'une
écaille et le bord postérieur de la tache lumineuse de celle qui la précède.
Par suite de la disposition de ces parois de la membrane, il va de soi que lorsque
l'eau remplit les poches en pénétrant par en bas, leurs parois transversales en partie
fermées, et le bord du haut entièrement fermé, les empêchent de communiquer
entre elles. La lumière ne peut donc, lorsque les poches se déploient, se projeter que
dans la direction de haut en bas et un peu seulement vers les côtés, mais pas de bas
en haut. Les parois transversales étant transparentes immédiatement en arrière de la
tache lumineuse, il est évident que la lumière peut aussi pénétrer d'une poche à
l'autre, de manière à former sous la membrane préservatrice une raie lumineuse
continue, qui projette sa lumière obliquement vers les côtés et en bas dès que s'ouvre
la partie inférieure et libre de la membrane, tandis que le haut du poisson reste
dans l'obscurité.
Ovaires : Les deux individus de VHirondelle étaient des femelles ayant les
ovaires remplis d'œufs non encore mûrs et d'un développement inégal. Les ovaires
étaient longs (o m 1 15), amincis vers le milieu, mais plus larges au bout. Il est impos-
sible d'indiquer, ne serait-ce qu'approximativement, le nombre des œufs, la plupart
d'entre eux étant pour ainsi dire microscopiques. Les plus grands avaient un diamètre
d'environ o mm 5.
L'estomac de l'un des exemplaires contenait deux individus bien conservés d'un
Rossia, d'une longueur totale de 28 mm , mesurée jusqu'à la base des bras. Chez
l'autre, l'estomac était vide, mais les intestins étaient remplis de vase mélangée de
sable et contenant des Foraminifères, des spicules d'Epongés siliceuses et la coquille
d'un Ptéropode (CleodoraJ.
Habitat. — H. macrochir a été trouvé pour la première fois pendant l'expédition
du Challenger en 1873-76, et Gùnther en a donné une courte description (iiO,
— l52 —
p. 25o et f 14, p. 232 et 237). Les cinq exemplaires qu'il mentionne avaient été
recueillis soit dans l'Océan Pacifique, soit dans les régions centrales de l'Atlantique
par une profondeur de 1090 à i3y5 brasses (1983 111 à 25o2 m ).
Il en a été pris depuis divers exemplaires pendant les expéditions de 1' « U. S.
Fish Commission » en i88o-83, au large des Etats de l'est de l'Amérique du Nord
(entre 33° et 40 de latitude nord), par une profondeur de 647 à ij3i brasses (1 177™ à
3i5o m ). L'examen en fut fait et publié par Goode et Bean en avril i883 (94, p. 219).
Mais cette même année, Gill désigna ces exemplaires sous le nom de Halosaurus
Goodei (8 S, p. 257) à cause d'une petite divergence dans le nombre des rayons de la
dorsale et de la ventrale (D. 1 | 10-11, V. 1 | 8), parce qu'ils avaient l'œil relati-
vement plus petit, le museau un peu plus court et parce qu'ils présentaient quelques
autres petites différences. Mais déjà Gtïnther a démontré que ces différences sont
sans grande valeur.
Pendant l'expédition du Travailleur et du Talisman en i88o-83, on prit
onze H. macrochir en pleine mer au large du Maroc et aux Açores, par une
profondeur de 2200 m à 2995 111 ; ces exemplaires ont été décrits et figurés par Vaillant
(SIS, p. 70, pi. xvi).
Les nouveaux exemplaires recueillis par Y Hirondelle étaient complètement
développés; ils ont été pris en août 1888 aux Açores. L'un d'eux était, à ce que
j'ai lieu de croire, mieux conservé qu'aucun des individus obtenus antérieurement et
il a permis un examen assez minutieux de la curieuse membrane qui recouvre
l'appareil photodotique de la ligne latérale.
Ainsi que plusieurs autres Poissons des profondeurs de la mer, H. macro-
chir est répandu dans les deux Océans sur de grandes étendues; à partir de 41 ° de
latitude nord dans l'Atlantique (à la hauteur de New- York) jusqu'à 45° de latitude
sud dans l'Océan Indien (au sud-est du cap de Bonne-Espérance). La profondeur a
été en général de 2000 m environ, mais parfois elle a même dépassé 3ooo m .
Famille des MUR^ENID^E
Anguilla anguilla, (Linné)
1766. Murœna anguilla, Linné (145), vol. i, p. 426.
1819. Anguilla vulgaris, Rafinesque (18?), p. 37, et auct.
i885. Anguilla anguilla, Jordan (!£©), p. 55.
Campagne de 1887 : Stn. 108, marée basse près de Lagens (Pico), Açores.
Quatre exemplaires.
Tous les exemplaires sont des jeunes d'une longueur totale de o m 1 18 à o m 190.
Habitat. — Il n'est guère possible, au point où en est la science, d'établir d'une
manière certaine combien il y a d'espèces bien distinctes du genre Anguilla, et les
— i53 —
différents auteurs sont encore, à ce sujet d'avis très partagés. Il est probable que le
genre se compose d'un nombre restreint d'espèces, mais alors assez polymorphes.
L'espèce européenne (y compris A. latirostris Risso) est répandue dans les
régions est de l'Océan Atlantique depuis le cap Nord en Norvège jusque sur les
côtes des pays qui bordent les deux côtés de la Méditerranée; dans la plupart des
endroits on la rencontre soit en pleine mer, soit dans les fleuves et dans les lacs,
cependant pas à trop grande distance de la mer. On dit qu'elle n'existe pas dans la
Mer Noire ; cependant le British Muséum possède des exemplaires de Constanti-
nople (toa, vol. 8, p. 3i).
On ne la rencontre pas dans l'Océan Glacial, à l'est de la Mer Blanche, ni le
long des côtes du nord de l'Asie.
Parmi les îles de l'Atlantique, on la trouve autant sur les côtes de Madère que
sur celles des Canaries {A. canariensis Val. i856) et des Açores. Elle a été signalée
en plusieurs points de l'Islande ; Fabricius parle également d'une espèce du Groen-
land qui est, probablement, l'espèce européenne (©4, p. 137).
Dans l'Amérique du Nord, elle est représentée par une forme excessivement
voisine, A. rostrata Lesueur 1817, qu'il est impossible, d'après Meek (164, p. 430),
de séparer par des caractères distincts de l'espèce européenne. Elle est répandue le
long de l'Atlantique jusqu'au Mexique (A. texana Kaup i856) et remonte là aussi
tous les fleuves.
Il y a encore des formes, qui sont décrites sous différents noms, du Japon, de
Formose, de Chine (A. japonica Schleg. 1842), de la Nouvelle-Zélande (A. Dieffen-
bachi Gray 1843), ainsi que des Indes Occidentales, et qui sont considérées comme
ne différant pas spécifiquement de VA, anguilla européenne.
Appendice : « Leptocephalus dentex ». Campagne de 1887 : Stn. î ^4-> surface.
Un exemplaire pris en pleine mer, à l'ouest de Flores, Açores.
Les dimensions de ce spécimen sont les suivantes :
Longueur totale o m o88
» de la tête o m oo35
La plus grande hauteur du corps o m 007
La longueur de la tête est donc comprise vingt-cinq fois et un dixième (25, 1), la
hauteur du corps douze fois et demie (12, 5) dans la longueur totale; il est possible
que chez l'individu vivant la longueur totale et la hauteur du corps aient été un peu
plus grandes.
La tête est très petite et pointue ; les mâchoires ont de grandes dents longues et
terminées en pointe : six à la mâchoire supérieure (la première à l'extrémité même
de la mâchoire) et autant, mais plus courtes, à la mandibule. Les dents des deux
mâchoires sont penchées obliquement en avant.
— 154 —
Des rayons capillaires excessivement fins et courts autour de l'extrémité de la
queue ; dans la caudale il y a des traces de membranes interradiaires.
Environ cent- vingt segments; le corps est incolore; cependant on trouve, le long
de l'endroit d'où les segments du ventre partent de la colonne vertébrale, une courte
ligne d'un pigment presque imperceptible. Le dos ainsi que le ventre sont entourés
d'une membrane excessivement transparente, au bord de laquelle se trouve une
bande pigmentée très fine.
L'exemplaire a été recueilli avec le chalut de surface (Stn. 134). C'est de la
forme désignée sous le nom de « L. dentex » Gantor qu'il se rapproche le plus par
son extérieur.
Famille des SYNAPHOBRANCHIDtE
Synaphobranchus pinnatus, (Gronovius)
1854. Murœna pinnata, Gronovius (ÎOO), p. 19.
1862. Synaphobranchus Kaupii, Johnson (1180), p. 169.
1870. Synaphobranchus pinnatus, Gùnther (108), vol. 8, p. 23.
Campagne de 1888 : Stn. 219, profondeur i388 m . Deux exemplaires, au sud-est
de Corvo. — Stn. 222, profondeur 844™. Un exemplaire, à l'est de Corvo. — Stn. 23o,
profondeur i236 m . Un exemplaire, au sud de Pico. — Stn. 232, profondeur i3oo m .
Treize exemplaires, entre Pico et Sâo Jorge. — Stn. 245, profondeur io6g m . Huit
exemplaires, entre Pico et Sâo Jorge
En tout vingt-cinq exemplaires pris aux Açores, à des profondeurs variant entre
844 m et i388 m .
Les exemplaires recueillis sont de taille moyenne, en partie complètement*
développés; ils ont été ramenés, dans des casiers, de profondeurs variant entre iooo m
et 1400™, à cinq stations différentes aux Açores. Le plus jeune et le plus vieux des
exemplaires avaient les dimensions suivantes :
a b
Longueur totale o m 370 o m 675
Longueur de la tête (jusqu'au bord antérieur de la
fente branchiale) o m 040 o m o83
Les écailles semblent être assez peu adhérentes et font même parfois complète-
ment défaut sur de grandes parties du corps, bien que l'exemplaire soit d'ailleurs bien
conservé.
Les viscères étaient enlevés chez une grande partie des exemplaires; tous avaient
l'estomac vide.
Un des exemplaires adultes, pris le 5 août 1888 (Stn. 219 ; longueur totale o m 544),
avait des œufs complètement mûrs dans les ovaires. Ces œufs, relativement gros,
— i55 —
mesuraient o mm 7 de diamètre. Les ovaires étaient considérablement allongés et
compris trois fois et soixante-douze centièmes (3,72) dans la longueur totale. Ils
s'étendaient en avant jusque vers la gorge.
Une autre femelle qui avait, elle aussi, des œufs dans les ovaires, présentait
l'anomalie suivante : au lieu de deux orifices branchiaux, elle n'en avait qu'un seul,
irrégulier, du côté gauche ; cet orifice se prolongeait vers le haut à peu près jusqu'au
niveau du bord supérieur de l'insertion de la pectorale, et laissait à découvert une
partie des branchies.
Chez plusieurs individus (Stn. 23o), on a trouvé dans la cavité buccale une
femelle d'un Cjmothoa, ainsi que son mâle.
La plupart des sujets examinés avaient la mandibule un peu plus longue que la
mâchoire supérieure, mais, chez quelques-uns, la différence était presque impercep-
tible. La hauteur du corps semble être très variable; certains individus étaient
beaucoup plus élancés que d'autres bien qu'ayant la même longueur totale.
Habitat. — Synaphobranchus pinnatus semble être très commun dans les profon-
deurs des régions centrales de l'Océan Atlantique ; il a aussi été trouvé dans l'Océan
Pacifique.
Le D r Gtinther a démontré en 1870 (103, vol. 8, p. 23) que Murœna pinnata
de Gronovius est probablement la même espèce que celle décrite en détail par
Johnson en 1862 sous le nom Synaphobranchns Kanpi (S S©, p. 169), d'après des
exemplaires de Madère mesurant jusqu'à o m 8oo (32 pouces) de longueur totale.
Plus tard, ce Poisson a été recueilli en grand nombre par les expéditions améri-
caines sur les bancs situés au large des Etats de l'est de l'Amérique du Nord. Ainsi,
en 1880, on en prit pendant une seule expédition entre le banc de Saint-Georges et
la Caroline du Sud quatre-vingt-quatre exemplaires ramenés d'une profondeur de
6oo m à i5oo m (fU:, p. 223). Il paraît aussi que les chalutiers de l'Amérique du Nord
le prennent fréquemment sur les bancs, à une profondeur de 400™ à 6oo m . Un
exemplaire a été trouvé dans l'estomac d'un Macrurus (93, p. 26).
On a encore recueilli en tout cinquante-six exemplaires de cette espèce pendant
l'expédition du Travailleur et du Talisman de 1880 à i883, au large des côtes du
Maroc et et du Soudan, ainsi qu'aux Canaries, aux îles du Cap-Vert et aux Açores;
la profondeur variait entre 4o5 m et 32oo m , mais en général elle était de i200 m à 2ooo m
(SIS, p. 88, pi. vi).
Enfin, S. pinnatus a été pris lors de l'expédition du Challenger (1873-76) sur
la côte du Brésil (2400™), et dix-huit exemplaires ont été ramenés au large du Japon
et des Philippines d'une profondeur de 700™ à i200 m (1©9, p. 445 (S. affinisj; 114,
p. 253).
— i56 —
Famille des SIMENCHELYID^E
Simenchelys parasiticus, Goode et Bean
(PL v, fig. 22 et 22b; PL vi, fig. 2)
1879. Simenchelys parasiticus, Gill, manuscr.; Goode et Bean (93), p. 27.
1882. Simenchelys parasiticus, Jordan et Gilbert (138), p. 363.
1889. Conchognalhus Grimaldii, Collett (3»), p. 12 3.
1890. Simenchelys parasiticus, Gill (88), p. 239.
Campagne de 1888 : Stn. 186, profondeur i37o m . Trente et un exemplaires, au
nord de Graciosa. — Stn. 188, profondeur 20oo m . Deux exemplaires, au nord de
l'extrémité ouest de Sâo Jorge. — Stn. 209, profondeur 1872™. Quatre exemplaires,
au sud de Flores. — Stn. 219, profondeur i386 m . Quatre-vingt-quinze exemplaires,
au sud-est de Corvo. — Stn. 222, profondeur 844 111 . Vingt exemplaires, à l'est de
Gorvo. — Stn. 228, profondeur 1294™. Six exemplaires, au sud de Pico. — Stn. 23o,
profondeur i236 m . Cinq exemplaires, au sud de Pico. — Stn. 232, profondeur i3oo m .
Six exemplaires, entre Pico et Sâo Jorge. — Stn. 245, profondeur 1069™. Vingt-trois
exemplaires, entre Pico et Sâo Jorge.
Tous les spécimens ont été pris aux Açores, dans des casiers immergés à des
profondeurs variant de 844 m à 2000 111 .
Nous avons donc environ deux cents exemplaires, mais il en a été recueilli
beaucoup d'autres que l'on n'a pas conservés.
5. parasiticus a été pris pour la première fois en 1878 à la hauteur de la baie
de Massachusetts, sur la côte est de l'Amérique du Nord, où il se trouvait en grand
nombre, et il fut établi sous un nom provisoire et décrit par le Professeur Gill ; cette
description fut publiée l'année suivante par Goode et Bean (93, p. 27). En 1888, il
fut retrouvé par V Hirondelle aux Açores, où il y en avait également une grande
quantité en différents points, et il fut alors, par l'auteur du présent ouvrage, établi
comme espèce nouvelle sous le nom de Conchognathus Grimaldii (89, p. i23).
Enfin, le Professeur Gill en a donné en 1890 (88, p. 239) une diagnose détaillée,
où il maintenait que cette espèce est le type d'une famille distincte, celle des
Simenchelyidœ, opinion déjà émise lors de sa description de l'espèce en 1878.
Les nouveaux exemplaires des Açores ont une longueur totale qui atteint jusqu'à
o m 43o; deux ou trois individus sont jeunes et ne mesurent que o m 1 13 à o m 125.
J'ajoute quelques observations concernant les spécimens de V Hirondelle.
a b
Longueur totale o m 35o o m 4i7
De l'extrémité du museau à la fente branchiale o m o3o o m o37
» » » à la nuque o m 022 o m 027
— 157 — -
De l'extrémité du museau à l'insertion de la pectorale. o m o32 o m o40
» » » à la naissance de la dorsale. o m o55 o m oÔ7
» » » à l'anus o m 1 56 o m 1 80
De l'anus à l'extrémité de la queue o m 194 o m 23y
Hauteur de la tête par le travers de l'œil o m oi8 o m 02o
Hauteur du corps au niveau de l'insertion des pectorales o m 022 o m 028
La plus grande hauteur du corps (au commencement de
la dorsale) o m o3o o m 040
Hauteur du corps par le travers de l'anus o m 022 o m o3o
Largeur de la fente de la bouche o m ooo, o m 01 1
De l'extrémité du museau à l'œil o m oo7 o m oo8
Diamètre de l'œil o m oo5 o m oo6
Longueur de la pectorale o m oi2 o m oi5
La plus grande hauteur de l'anale o m ooo, o m oio
La plus grande hauteur de la dorsale o m ooo. o m oio
Longueur de la caudale o m oio o m oi3
» de la fente branchiale o m oo3 o m oo45
La tête est courte, épaisse et arrondie ; le museau est haut en avant et tronqué,
presque droit ; le front a des muscles fortement développés, séparés au milieu par un
faible sillon.
La tête (mesurée jusqu'au bord antérieur de la fente branchiale) est contenue
environ onze fois et demie (chez les deux exemplaires mesurés, 11,2-11,6) dans la
longueur totale du corps.
La forme du corps diffère un peu chez les divers individus. Régulièrement, le
corps est allongé, anguilliforme ; mais le ventre semble être très dilatable, et
plusieurs des individus l'avaient très pendant, de sorte que chez ceux-ci le corps, qui
est très comprimé, surtout en arrière, rappelait la forme de celui de Centronotus
gunnellus.
La bouche est presque complètement transversale et terminale, de sorte que la
fente de la bouche est presque invisible de profil; elle mesure un peu moins de deux
diamètres d'œil.
Les yeux sont ronds, relativement petits ; la distance qui les sépare du coin de
la bouche est à peu près égale à leur propre diamètre, et celle qui les sépare du bout
tronqué du museau est à peine plus grande. Le diamètre de l'œil est compris six
fois dans la longueur de la tête, mesurée jusqu'au bord antérieur de la fente bran-
chiale.
Il y a deux paires de narines ; les premières se trouvent placées immédiatement
en avant du bord antérieur de l'œil (un peu au-dessus du milieu) ; l'autre paire, qui
est tubuleuse, est placée un peu au-dessus de la lèvre supérieure, un peu plus bas
que la première paire.
— i58 —
Les orifices branchiaux sont extraordinairement petits, placés sur la gorge à
peu près à égale distance des insertions des pectorales. Leur longueur est moindre
que le diamètre de l'œil (environ trois cinquièmes de ce diamètre) ; ils sont longitudi-
naux (parallèles), et la distance qui les sépare est à peu près égale au diamètre de
l'œil, ou même un peu plus grande. Ils sont compris dix fois dans la longueur de la
tête.
Les rayons branchiostèges sont au nombre de huit, demi-circulaires.
Les dents forment une rangée simple au bord de l'intermaxillaire et de la
mandibule, ainsi que sur la partie du vomer qui se trouve placée entre les inter-
maxillaires. Elles sont toutes semblables, assez aplaties en avant et en arrière à
bord arrondi ou tranchant, et elles forment à l'intérieur (du côté de la bouche) un
étage plus bas que celui du devant et séparé de celui-ci par un sillon longitudinal.
En somme, les dents ressemblent un peu aux incisives des Sparoïdés. Elles s'insèrent
au côté interne des mâchoires (pleurodontes), de sorte qu'elles n'en dépassent que de
très peu le bord alvéolaire 1 . Il y en a douze environ dans chaque intermaxillaire.
Elles forment par conséquent, avec les trois ou quatre dents du bord antérieur du
vomer, une rangée continue de vingt-huit dents en tout. Chaque branche de la
mandibule a également douze dents environ.
Les pectorales sont courtes et assez larges à leur extrémité. Leur longueur est
comprise environ deux fois et demie dans la longueur de la tête. Elles s'insèrent à
peu près à la hauteur du bord inférieur de l'œil. Chez un individu disséqué, j'ai
constaté quatorze rayons de chaque côté.
L'origine de la dorsale est relativement avancée, éloignée de l'insertion des
pectorales d'environ une longueur de tête (mesurée jusqu'à la fente branchiale). Elle
a, dans la plus grande partie de sa longueur, une hauteur égale à environ un tiers de
la plus grande hauteur du corps. Vers l'extrémité de la queue, elle est plus basse et
se prolonge sans interruption jusque dans la caudale 2 .
L'anale prend naissance juste en arrière de l'anus et à la même hauteur, que la
dorsale; elle forme une échancrure près de la base de la caudale.
La caudale entoure complètement l'extrémité de la colonne vertébrale; elle
n'est pas séparée de la dorsale et de l'anale, et elle est un peu plus longue que la
plus grande hauteur de ces nageoires.
Les écailles recouvrent tout le corps, à partir de la nuque jusqu'à l'extrême
bout de la queue; la tête et les nageoires sont nues. Les écailles sont rangées comme
d'ordinaire chez les Murœnidœ à peau écailleuse, par groupes placés obliquement
les uns par rapport aux autres. Elles sont ovales et relativement étroites; leur
longueur est de i mm à i mm 5, leur largeur de o mm 2 à o ram 3.
Chez les exemplaires bien conservés, elles sont assez adhérentes, mais elles se
K Gill les considère comme acrodontes (88, p. 240).
2 Chez un individu de grande taille (longueur totale o» 395) la partie antérieure de la dorsale n'était pas
développée et ne se manifestait que par un pli fort peu saillant et sans rayons.
— i5g —
détachent facilement lorsqu'on détrempe la peau. Les écailles sont déjà indiquées
chez le plus petit de nos exemplaires, dont la longueur n'est que de o m 1 13.
La ligne latérale prend naissance directement au-dessus de l'insertion des pecto-
rales; elle est un peu élevée sur le corps proprement dit, mais à la hauteur de l'anus
environ, elle rejoint la ligne médiane du corps, qu'elle suit à partir de ce point
jusqu'à l'extrémité de la queue. Sur la partie située en avant de l'anus, il y a environ
quarante pores.
La sécrétion muqueuse est très abondante. La plupart des exemplaires conservés
sont enveloppés d'une épaisse couche de mucus figé.
La coloration est d'un brun-noir uni (sépia foncé); celle des jeunes individus
semble être plus claire. L'extrême bord de la dorsale et de l'anale est un peu plus
clair que le reste de la nageoire.
Mœurs : Les exemplaires ont été ramenés dans des casiers, quelquefois aussi
dans des chaluts (Gill), d'une profondeur considérable où il semble y en avoir de
grands bancs, car on en a pris environ cent exemplaires à une seule station près de
Corvo. Les plus grands exemplaires étaient des femelles, avec des œufs assez
développés dans les ovaires allongés (août 1888).
Presque tous les individus avaient l'estomac vide ; dans quelques-uns seulement
j'ai trouvé des restes d'aliments qui semblaient être du poisson. Quelques-uns des
exemplaires recueillis sur les côtes de l'Amérique du Nord ont été trouvés enfoncés
(ce burrowing ») dans la chair de l' Hippoglossus hippoglossus ; mais ce mode d'existence
parasitique ne semble guère s'accorder avec les mâchoires fortement développées
de Simenchelys. La figure 2 de la Planche vi représente un fragment de peau de
Murène qui a servi d'amorce, et sur lequel on voit nettement des saillies arrondies
résultant des efforts de succion des Simenchelys.
Habitat. — S. parasiticus a été signalé au large des Etats de l'Amérique du
Nord (Hâve Bank, 42 de latitude nord), et aux Açores.
Famille des SYNGNATHID^E
Syngnathus acns, Linné
1766. Syngnathus acns, Linné (145), vol. i, p. 416.
1849. Siphostoma acns, Kr0yer (141), vol. 3, p. 692.
Campagne de 1886 : Stn. 40, profondeur 63 m . Un exemplaire pris près de Belle-
Ile.
Cet exemplaire, de grandeur moyenne, mesurait o m 216 de longueur totale.
Longueur de la tête 29"™; longueur du museau ij mm - y nombre des anneaux
depuis la nuque jusqu'à la dorsale dix-neuf, du commencement de la dorsale à la
caudale quarante-cinq.
— i6o —
Habitat. — On rencontre S. acus tout le long de la côte ouest de l'Europe
depuis les côtes de Norvège jusque dans la Méditerranée. L'endroit le plus septen-
trional où l'on est sûr de l'avoir trouvé est le fjord de Trondhjem (64 de latitude
nord); il est du reste commun dans la plupart des fjords de la côte ouest de la
Norvège, mais rare dans les parties centrales de la Mer du Nord et dans le Cattégat
(où l'on rencontre fréquemment une espèce voisine, S. rostellatus Nilsson i855, qui
se distingue par un nombre plus petit d'anneaux osseux). Il n'entre guère dans la
Mer Baltique. Au contraire, on le trouve en grand nombre dans beaucoup d'endroits
des régions septentrionales de la Grande-Bretagne, près des îles Orcades, ainsi que,
d'après Kr0yer, près des îles Fâr-Ôer; on en a aussi pris un exemplaire en 1872 sur
les côtes d'Islande (©©, p. 46).
Il se trouve, en plus ou moins grand nombre, dans la Manche et près des côtes
de France, d'Espagne et de Portugal ; il entre aussi dans la Méditerranée au moins
jusqu'à Trieste, en Sicile et à Malte. On n'est pas encore certain de son existence
dans la Méditerranée orientale ; on trouve dans la Mer Noire et le Bosphore deux
ou trois formes qui se rapprochent de S. acus ou qui lui sont identiques.
Dans l'Océan Atlantique, on rencontre 5. acus près de Madère (Gùnther), dans
les parages des Açores (Simroth, 199, p. 212), et des Canaries (Steindachner,
S. rubescens); enfin Rochebrune (1©5, p. 174) le signale en Sénégambie et, d'après
Gtinther, le British Muséum possède des exemplaires du Cap et de Madagascar
(103, vol. 8, p. 157).
Nerophis eequoreus, (Linné)
1766. Syngnathns œquoreus, Linné (145), vol. i, p. 417.
1810. Syngnathns œquoreus, Rafinesque (18©), p. 18.
i855. Scyphius œquoreus, Nilsson (ItfS), p. 692.
i856. Nerophis œquoreus, Kaup (13©), p. 65 et auct.
Campagne de 1888 : Stn. 170, surface. Exemplaires jeunes. — Stn. 174, surface.
Plusieurs exemplaires trouvés dans l'estomac d'un Germon. — Stn. 179. Un exem-
plaire revenu vivant avec des œufs. — Stn. 182, surface. Syngnathes éclos à bord.
■ — Stn. 214. Plusieurs exemplaires. — Stn. 25o, surface. Quatre exemplaires. —
Stn. 25 1, surface. Dans l'estomac de Polyprion cernium. — - Stn. 252, surface.
Nombreux exemplaires trouvés dans l'estomac d'un Germon. — Stn. 253. Un
exemplaire. — Stn. 255. Quatre jeunes individus. — Stn. 262, surface. Cinq
exemplaires trouvés dans l'estomac d'un Germon. — Les Stations 170 et 174 sont
situées au large du cap Finisterre; les Stations 179 et 182, en pleine mer entre les
Açores et le Portugal; la Station 214, à l'ouest de Flores, Açores; les Stations 25o,
25 1, 253 et 255, entre les Açores et l'Irlande; la Station 262, au large du Golfe de
Gascogne, par le travers de Nantes.
L'exemplaire de la Stn. 179 est un jeune mâle avec de la rogue, et ayant une
— 161 —
longueur totale de o m i58. Le nombre des grains de rogue était de soixante-dix-huit,
formant de deux à cinq rangées.
La plupart des autres spécimens sont des femelles de taille moyenne, d'une
longueur totale de o m 25o à o m 3oo.
Tous ces individus ont été recueillis, comme on Ta dit plus haut, en partie à la
surface au moyen de filets ou de haveneaux, en partie dans l'estomac de Thimnus
alalonga et de Polyprion cernium.
Habitat. — S. œquoreus était surtout connu jusqu'à présent comme une forme
côtière, séjournant dans les goémons des côtes occidentales de l'Europe, depuis
les îles Lofoden, en Norvège (69 de latitude nord) jusque dans la Méditerranée.
On le rencontre en plus ou moins grand nombre le long des côtes de la Scan-
dinavie jusqu'à l'entrée de la Mer Baltique, tandis qu'il n'a pas encore été trouvé
dans cette mer même.
Il est aussi fréquent tout autour de la Grande-Bretagne, dans la Manche et le
long des côtes de la France et de la presqu'île ibérique. Moreau nous dit que, dans la
Méditerranée, il a été recueilli près de Nice.
Gùnther l'a déjà cité comme péché en pleine mer dans l'Atlantique, le British
Muséum possédait en effet, dès 1870, des exemplaires provenant du large, au nord
des Acores.
D'après les éléments rassemblés par YHirondelle, ce Poisson semble être
régulièrement pélagique, car la plupart des spécimens ont été recueillis en pleine mer
entre les Acores et l'Europe occidentale.
S. œquoreus n'a pas été signalé le long des côtes de l'Amérique.
Famille des BALISTID^
Monacantlius hispidus, (Linné)
1766. Balistes hispidus, Linné (145), p. 4o5.
1 8 1 5. Monacanthus broccus, Mitchill (169 1 ), p. 467.
i83i. Monacanthus setifer, Bennett (13), p. 112, et auct.
1882. Monacanthus hispidus, Jordan et Gilbert (138), p. 619.
Campagne de 1887 : Stn. 1 36, surface. Deux exemplaires pris dans les Sargasses,
entre les Acores et Terre-Neuve.
Le plus grand de ces exemplaires, qui n'est pas adulte, a une longueur totale
de go mm . La hauteur du corps (par le travers du rayon épineux de la ventrale) est
de 42 mm ; la hauteur est ainsi comprise deux fois et quatorze centièmes (2,14) dans
la longueur totale (y compris la caudale). Le diamètre de l'oeil est de 7 mm , la longueur
du museau de i7 mm ; l'œil n'est donc pas compris tout à fait deux fois et demie (2,42)
dans la longueur du museau.
IÔ2
La fente branchiale a la longueur de l'œil, et la distance qui la sépare de l'œil
est égale à sa propre longueur.
Le rayon épineux de la dorsale a deux rangées formées chacune de cinq épines
fortes et dirigées vers le bas.
Le second exemplaire est jeune, d'une longueur totale de 4g mm . Il est de couleur
plus voyante que le plus âgé ; il est marqué, sur un fond vert olive, de taches (de la
grandeur d'un demi-diamètre d'œil) assez distinctes, qui ont une tendance à se
placer en six ou sept rangées longitudinales.
Le nombre des rayons, chez le plus grand individu est : D. 33; A. 3i ; et chez
le plus petit : D. 33; A. 34.
Habitat. — Monacanthus hispidus se rencontre dans les mers tropicales, parmi
les Sargasses flottant en pleine mer ou dans les endroits recouverts de goémon plus
près des côtes. Il est répandu dans l'Océan Atlantique, depuis le sud de l'Afrique
(Port Natal, d'après Gûnther) jusque sur les côtes des Etats septentrionaux de
l'Amérique du Nord, par 42 de latitude nord; on le rencontre aussi en très grand
nombre aux Indes occidentales et près des côtes de la Floride. On le trouve également
autour des Açores, de Madère et des îles du Cap- Vert; mais, jusqu'à présent, on n'a
pas observé sa présence près des côtes d'Europe.
On le rencontre encore dans différentes parties de l'Océan Indien, depuis
l'Afrique jusqu'à la Chine et au Japon ; on conserve au Musée de l'Université de
Christiania des exemplaires de Yokohama et de Nagasaki.
Monacanthus pullus, Ranzani
1842. Monacanthus pullus, Ranzani (188), p. 4.
1870. Monacanthus pardalis, Gûnther (108), vol. 8, p. 23o, et auct.
Campagne de 1887 : Stn. i36, surface. Deux exemplaires pris dans les Sargasses,
entre les Açores et Terre-Neuve.
La longueur des exemplaires était de 71"™ et de 8o mm . Ils appartiennent, comme
un grand nombre de jeunes individus de cette espèce, à la variété de coloration qui,
sur un fond uni brun olivâtre, est pourvue de quelques taches, plus ou moins
grandes, de couleur plus foncée; ainsi, ils ont tous les deux une grande tache
au-dessous du commencement de la dorsale, ainsi que quelques taches en forme de
points (de la grandeur du cristallin), éparses sur la partie antérieure du corps. Le
tronçon de la queue est blanchâtre dans sa partie supérieure (en arrière de la fin de
la deuxième dorsale).
Le rayon épineux de la dorsale est entièrement rugueux, à cause de la présence
de plusieurs rangées de petites épines excessivement fines, dont quatre sont un peu
plus saillantes que les autres. Les deux premières de ces rangées sont un peu plus
fortes et un peu plus serrées que les deux postérieures. Le rayon épineux prend
naissance au-dessus du tiers antérieur de l'œil.
— i63 -
La fente des branchies est plus grande que l'espace qui la sépare de l'œil, dont
le diamètre est également de très peu plus court que la fente des branchies.
Le nombre des rayons était, chez le premier exemplaire : D. 34; A. 3i ; et chez
l'autre: D. 35; A. 3i.
Le rayon épineux de la ventrale qui, chez le plus grand exemplaire, était tout
à fait soudé à l'os iliaque, était un peu mobile chez le plus petit.
Habitat. — Comme M. hispidus, M. pullus est très répandu dans les mers
tropicales parmi les goémons libres ou fixés, autant dans l'Océan Atlantique que
dans l'Océan Indien.
Dans l'Atlantique, on le cite parmi les Poissons des côtes de l'Amérique du Sud
et des Indes occidentales jusqu'à la Floride, mais point parmi ceux qui habitent au
large des Etats du nord. Les exemplaires de Y Hirondelle viennent de la Mer des
Sargasses, au sud-ouest du Banc de Terre-Neuve, entre 40 et 41 ° de latitude nord.
Il ne s'avance pas sous les côtes de l'Europe, ni dans la Méditerranée.
Dans l'Océan Indien, il se montre au moins jusque vers les Philippines, les îles
Salomon, la Nouvelle-Bretagne et les îles Pelew {M. pardalis Gùnther, fii£, p. 54).
Famille des MOLID^E
Mola mola, (Linné)
(PI. vi, fig. 1)
1766. Tetraodon mola, Linné (145), vol. i, p. 412.
1801. Orthagoriscus mola, Bloch (1©), p. 5 10.
1887. Mola mola, Jordan (118®), p. 929.
1889. Orthagoriscus mola, Albert de Monaco (4), p. 16.
Campagne de 1886 : Stn 80, surface. Un individu harponné au large du Golfe de
Gascogne.
Campagne de 1887 : Stn. i3i, surface. Un individu harponné à l'ouest des
Acores.
Le Prince de Monaco écrit au sujet de cette espèce :
« Pendant les navigations de Y Hirondelle, un curieux Poisson, Y Orthago-
riscus mola, s'est souvent laissé apercevoir et deux fois capturer. On en rencontra
beaucoup vers la fin de septembre 1886, réunis non loin et dans le sud du banc de
la Grande-Sole, devant l'entrée de la Manche. C'étaient tous des spécimens de
petite taille. D'autres fois,. sur tout l'espace compris entre l'Europe, les Acores et le
5o° de latitude nord jusqu'au 36 me méridien ouest, YHirondelle a vu ces mêmes
Poissons moins groupés, mais presque toujours placés à peu de distance les uns des
autres, dans une même région. C'étaient, vers le sud, des spécimens beaucoup
plus forts que les premiers.
— 164 —
« Les deux animaux capturés ont donné lieu aux observations suivantes :
« I. — 2 septembre 1886. Latitude N., 47 58' 5o"; longitude O., 19 52' 35"
DIMENSIONS
Longueur du corps depuis l'extrémité du museau jusqu'à l'extré-
mité de la caudale i m 20
Circonférence au milieu du corps i m 57
Hauteur du corps, entre la dorsale et l'anale (nageoires comprises) i m 54
Circonférence de la dorsale (milieu) o m 46
» de l'anale » o m 46
» de la pectorale » o m 1 6
» » (base) o m 08
Poids : 80 kilog.
« II. —(PI. vi, fig. 1) 19 juillet 1887. Latitude N., 39 56' 10"; longitude O., 36°
20' i5".
dimensions (approchées)
Longueur du corps, depuis l'extrémité du museau jusqu'à
l'extrémité de la queue 2 m
Hauteur du corps entre les grandes nageoires o m 86
Circonférence du corps en avant des pectorales i m 83
Longueur de la dorsale o m 7i
Largeur de la dorsale (base) o m 4o
Longueur de l'anale , o m 70
Largeur de l'anale (base) o m 35
Longueur de la pectorale o m 19
Largeur de la pectorale (base) o m 10
Poids : 285 kilog.
« Une particularité remarquable de ce deuxième spécimen consiste dans le
prolongement caudal que l'on voit sur la figure, et qui se trouve actuellement parmi
les collections de 1' Hirondelle, conservé dans du sel.
« Ces deux Poissons ont été pris au moyen d'un harpon à Cachalot : le premier
quelques heures après une entreprise contre l'un de ses congénères dans lequel le
harpon, vigoureusement lancé d'une distance de deux mètres, n'avait pas pénétré.
« Le second se tenait auprès d'une grande épave : l'expérience ayant appris au
harponneur qu'il fallait frapper hardiment et vers la région latérale du corps, la
tentative réussit ; mais aussitôt piqué, l'animal pointa vers le fond avec tant de force
— i65 —
musculaire malgré la petitesse de ses pectorales, qu'il fallut réaliser des prodiges
d'équilibre pour empêcher le canot de le suivre. Après une courte lutte, l'avantage
resta aux marins, mais uniquement parce qu'ils purent fixer la ligne du harpon à
l'extrémité de l'épave, qui dès lors joua le rôle de flotteur jusqu'à l'affaiblissement
complet de YOrthagoriscus.
« Au moment de hisser l'énorme bête sur le navire, on s'aperçut qu'elle était
suivie de plusieurs clients parmi lesquels deux Rémoras ; l'un d'entre eux put être
saisi, non sans beaucoup de peine, avec une petite foëne ; le second fut abandonné,
mais on le vit se coller au puissant Plectognathe, lorsque celui-ci quitta la mer, et se
maintenir indéfiniment dans cette position, qu'il garde encore sur la figure.
« Ces grands Orthagoriscus ont une tête dont le profil rappelle d'une étrange
manière le profil humain, caractère qui n'est pas rendu sur la figure.
« Celle-ci a été exécutée d'après une photographie instantanée prise à bord de
Y Hirondelle 1 dès que le Poisson y eut été hissé.
« Les dimensions trop restreintes de la plaque n'ont pas permis d'obtenir les
extrémités des grandes nageoires » (4, p. 16).
Aucun des exemplaires n'a été conservé. Mais on a, comme on l'a dit plus haut,
un morceau de la caudale du second exemplaire qui a été coupée là où commence
ce curieux prolongement dont parle le Prince.
La question de savoir s'il y a une ou plusieurs espèces comprises sous les formes
de Mola mola qui sont connues et qui ont été examinées jusqu'ici, a été résolue
différemment par les divers naturalistes. Dans les derniers temps, la question
a été étudiée de nouveau en 1890 par le D r van Lidth de Jeude (14$, p. 189), qui est
plutôt porté à croire que des recherches plus minutieuses amèneraient à constater
une différence spécifique entre certaines de ces formes. Mais pour trancher la ques-
tion, il faudrait avoir une suite plus complète de descriptions exactes et de figures
d'individus frais que celle qu'on possède pour le moment.
Les caractères sur lesquels on a insisté tout particulièrement sont, en partie
la forme plus ou moins allongée ou ronde du corps, en partie le degré différent de
développement des parties osseuses de la peau telles que le tubercule plus ou moins
proéminent situé au-dessus de la bouche, la crête verticale qui longe le dos et qui
parfois est distincte jusqu'à la dorsale, la présence d'une partie molle et mobile de
la peau qui, comme une bande, s'étend autour de la base des nageoires verticales,
et enfin les plaques osseuses qui se montrent en dehors des rayons de la caudale.
D'après ce qu'en ont écrit jusqu'à présent les différents auteurs, comparé au
résultat de l'examen des individus que j'ai eu l'occasion d'observer personnellement,
il ne paraît pas y avoir suffisamment lieu de reconnaître d'autres espèces que
l'unique espèce typique, qui présente il est vrai, quelques variations souvent indépen-
dantes de l'âge et du sexe.
Le dessin (PI. vi, fig. 1) ne permet pas de représenter d'une façon absolument
correcte l'exemplaire capturé pendant l'expédition de Y Hirondelle. Mais, même si
— i66 —
la hauteur du corps en avant de la dorsale et de l'anale a été quelque peu diminuée
parce que cet individu très lourd se trouvait suspendu au moyen d'une corde il
est cependant clair que l'animal avait une forme extraordinairement allongée de
façon que la hauteur du corps, mesurée de la base de la dorsale à celle de l'anale
se trouve comprise environ deux fois dans la longueur totale, sans compter le
prolongement extraordinaire de la caudale. Une forme aussi allongée semble être
rare si ce n'est chez les individus excessivement grands ; toutefois, on retrouve
presque exactement la même proportion chez l'exemplaire qui est venu s'échouer
sur la côte de Hollande au mois de décembre 1889 (longueur totale 2 m 23o) et qui
a été décrit par van Lidth de Jeude (1419'., p. 189). La hauteur du corps entre la
base de la dorsale et celle de l'anale était ici de i m 120.
Rien n'a été dit avec précision sur la présence ou le manque, chez l'exemplaire
figuré, d'une partie nasale saillante, d'une ceinture molle dans la peau le long de la
caudale, ainsi que le long de l'anale et de la dorsale. Cependant, la reproduction
photographique semble indiquer la présence d'une bande de ce genre entre la
dorsale et l'anale.
C'est là sans aucun doute l'état normal. Toutefois la bande est toujours munie
d'aspérités osseuses, dans tous les cas sur les plis saillants, même là où elle se
montre le plus souple ; mais les aspérités sont en général moins grandes et en moins
grand nombre que sur les autres parties du corps. C'est pourquoi, lorsque la
présence de cette bande souple est plutôt niée par Harting dans sa description
$ Orthagoriscus o%odura x , on peut croire que cela est dû à ce que les aspérités
osseuses situées sur la bande ont été dans ce cas plus développées que d'habitude, et
que par suite la partie molle s'est montrée moins distinctement. Chez les individus
empaillés la bande devient aussi moins visible, tandis que les aspérités osseuses sont
plus distinctes.
Le nombre et la grandeur de ces petites pièces osseuses triangulaires, qui se
trouvent dans les sinuosités de la nageoire caudale, où elles s'appuient directement
sur l'extrémité des rayons, sont très variables. Chez les individus jeunes, ces ossifica-
tions de la peau sont peu nombreuses, chez les plus âgés il y en a davantage.
Cependant, elles manquent complètement chez l'exemplaire de V Hirondelle, peut-
être à cause du développement anormal de la caudale.
Toutefois cette pointe allongée, qui dépasse le bord postérieur normal de la
caudale, est un trait caractéristique de l'exemplaire de Y Hirondelle.
Nous avons ici une particularité qui est sans aucun doute individuelle. A l'état
normal, la caudale, chez Mola mola, est munie d'environ douze ou seize rayons, qui
sont très éloignés l'un de l'autre et relativement courts ; mais chez cet individu les
deux rayons du milieu se sont séparés en plusieurs rayons longs, minces, d'environ
1 (119, p. 6) : « Les plis manquent absolument à la partie postérieure du corps, là une bande très foncée
« s'étend depuis la nageoire dorsale jusqu'à la nageoire anale, en bordant la nageoire caudale ».
— 167 —
deux centimètres et demi de longueur, qui ont continué à grandir jusqu'à former ce
prolongement particulier. Il y a dans ce prolongement environ sept de ces minces
rayons, dont les moyens atteignent l'extrémité du lobe caudal 1 .
M. Perugia(18S bis ) mentionne un prolongement semblable de la caudale chez
quelques exemplaires très jeunes de M. mola examinés par lui et trouvés dans
l'estomac d'un Coryphœna, pris au large des côtes de la Floride en mars 1882. La
longueur totale de ces alevins était de o m 35 à o m 5o. Le prolongement filiforme était
très distinct chez le plus petit exemplaire, mais diminuait rapidement chez les plus
grands.
Le Musée zoologique de Christiania possède aussi un alevin pris dans la Mer des
Sargasses en 1877. Get exemplaire est bien conservé et offre des particularités
intéressantes.
Longueur totale (le prolongement de la caudale non compris). o m o34
Hauteur du corps par le travers de l'œil o m 02Q,
Hauteur du corps, mesurée en avant de la dorsale et de l'anale o m oi9
Diamètre de l'œil o m 0075
Longueur de la tête o m o 1 65
La forme du corps est irrégulièrement oblongue ; un pli assez large de la peau
est suspendu sous le ventre, s'étendant de la bouche jusqu'à l'orifice anal.
L'œil est relativement grand ; l'orbite atteint presque la moitié de la longueur de
la tête.
La dorsale et l'anale sont normales, ainsi que le nombre des rayons. La caudale
est bien développée, les rayons courts, mais distincts. Un peu au-dessus du milieu
les rayons s'allongent aussi chez cet exemplaire en une pointe qui s'étend en dehors
des autres rayons, et se termine comme ceux-ci en un fin filament. Le prolongement
n'est cependant pas aussi long que cela est représenté dans le dessin du spécimen de
M. Perugia.
La peau est partout, même sur la caudale et sur le pli ventral, revêtue de fines
granulations qui, ordinairement, s'élèvent d'une base ronde et plate, de sorte que
la peau semble être couverte de nombreuses petites écailles plates, un peu élevées
au milieu.
En outre, on trouve un petit nombre d'épines assez grandes et régulièrement
disposées, aussi bien sur les côtés du corps que sur le profil dorsal et ventral. Le
nombre des premières épines est de sept; elles sont posées à des intervalles réguliers
en deux séries, la supérieure compte quatre, l'inférieure trois épines. Toutes sont
plates et commme poncées, à base large et distincte.
Sur le profil dorsal se trouvent quatre épines, dont la première est située
1 On trouve conservé au Musée zoologique de Berlin un individu empaillé, d'environ un mètre de long,
qui a un prolongement semblable en dehors du bord postérieur de la caudale.
— i68 —
devant l'œil, la dernière devant la dorsale; le long du profil ventral, il y en a trois.
Toutes ces épines des lignes de profil du corps sont pointues et distinctes.
On voit que la disposition de ces épines est presque la même que celle de
Molacanthus nummularis (133 9 p. 865).
Le D r Putnam (184 ter , p. 629) a cherché à montrer que ces alevins épineux
jusqu'ici regardés comme les jeunes de Mola mola, formaient un genre tout diffé-
rent, connu déjà des auteurs anciens sous le nom de Mola aculeata Kôlr. 1766
Diodon nummularis Walb. 1792, etc., et enregistré par les ichthyologistes américains
récents sous le nom de Acanthosoma carinatum Dekay i855, Molacanthus Pallasi
Swains. 1839, Putnam 1870, Jord. et Gilb. 1872, etc. Il y a lieu de se demander
toutefois, si tous ces alevins épineux n'appartiennent pas à une seule espèce, Mola
mola.
On peut donc supposer que le prolongement du milieu de la caudale est une
formation normale dans la première phase des alevins ; mais il disparaît complète-
ment avec l'âge, et c'est seulement par exception, comme chez l'exemplaire de
V Hirondelle, que ce caractère de jeunesse est conservé toute la vie.
Parasites. — « Le premier des exemplaires harponnés nous procura sept ou
« huit espèces de parasites intéressants. îl avait en outre l'estomac rempli de Mollus-
« ques (Carinaria méditer ranea), dont la coquille seule était revenue jusqu'ici dans
« les dragages de l'Atlantique. Nos pêches pélagiques ne nous en avaient jamais
« donné ». (Prince de Monaco, 9 9 p. 11).
Il existe de l'autre exemplaire le morceau de la caudale dont il a été parlé plus
haut. L'un de ses côtés est pourvu d'un grand nombre de petits Pennella; quand
l'individu fut pris, on trouva, collés aux côtés du corps, deux exemplaires d'Echeneis
brachypterus Lowe.
Habitat. — Mola mola est une espèce largement répandue en pleine mer dans
l'Océan Atlantique ainsi que dans l'Océan Pacifique, et dans la plus grande partie
des mers tropicales; on la trouve, en général rarement, mais quelquefois en plus
grand nombre, près des côtes avoisinantes.
L'endroit le plus septentrional où l'on ait signalé ce Poisson est la Norvège, où il
est venu s'échouer un nombre assez considérable d'individus jusqu'à Alten, dans la
partie ouest du Finmark (70 de lat. nord). La plupart de ces exemplaires étaient
de petite ou de moyenne taille, d'une longueur totale de o m 40o à i m ; quelques
individus plus grands (le plus grand ayant près de 2 m ) ont été pris sur les côtes du
district de Bergen.
On a trouvé des individus sur les côtes de la Suède et du Danemark jusqu'au
détroit d'0resund et à Flensburg, mais point dans la Mer Baltique. L'un des plus
grands spécimens européens est venu s'échouer en décembre 1889 sur la côte de la
Hollande; il avait une longueur totale de 2 m 23o.
On a rencontré M. mola sur les côtes de la plupart des provinces de la Grande-
Bretagne et son nombre va en s'accroissant vers le sud ; on l'a aussi signalé plus ou
moins souvent sur les côtes de France, d'Espagne et du Portugal.
— 169 —
Il se rencontre dans la Méditerranée, jusque dans les parties les plus reculées
(Grèce, d'après Apostolidès, ®, p. ri).; ainsi, il est commun dans l'Adriatique, et à
Trieste on le capture en plus ou moins grand nombre pendant les mois d'été.
Les marins l'aperçoivent régulièrement en pleine mer dans l'Océan Atlantique
et, comme on l'a déjà dit, les expéditions de Y Hirondelle l'ont trouvé en grande
quantité au sud du banc de la Grande-Sole, en dehors de l'entrée de la Manche,
ainsi qu'en pleine mer au nord des Açores.
Dans les parties occidentales de l'Océan Atlantique, il se montre en plus ou moins
grand nombre près des côtes d'Amérique, au moins depuis les Indes Occidentales
jusqu'aux Etats-Unis (Cap Cod).
Il se rencontre dans l'Océan Pacifique près de l'Australie, où les plus grands
individus connus jusqu'à présent ont été péchés, et l'on conserve dans les Musées
des individus de ces parages d'une longueur de 10 pieds anglais (2 m g66 ; 163, vol. 6,
p. 347) et même de i5 pieds (4 m 45o; ® bis , p. 799).
Enfin, on le rencontre le long des côtes américaines de l'Océan Pacifique
jusqu'en Californie, où il se trouve encore en grand nombre.
LEPTOCARDII
Famille des BRANCHIOSTOMATID^E
Branchiostoma lanceolatum, (Pallas)
1774. Limax lanceolatus , Pallas (18©), p. 19, pi. 1.
1834. Branchiostoma lubricum, Costa (44), p. 49.
i836. Amphioxus lanceolatus, Yarrell (S®®), vol. 2, p. 468.
1844. Branchiostoma lanceolatum, Sundevall (SU), p. 287.
Campagne de 1886 : Stn. 40, profondeur 63 m . Huit exemplaires pris à Belle-Ile.
Habitat. — Comme on le sait, cette espèce a été découverte de nouveau entre
1834 et 1840 et décrite presque en même temps de plusieurs points de l'ouest et du
sud de l'Europe {Branchiostoma lubricum Costa 1834, Naples ; Amphioxus lanceolatus
Yarrell i836, Angleterre); d'ailleurs Couch l'avait recueillie déjà, en i83i, près des
côtes d'Angleterre, mais ce n'est qu'en i836 que l'exemplaire a été décrit par
Yarrell. Celui qui le premier retrouva l'espèce dans le nord de l'Europe et, indépen-
damment des précédents, en reconnut la véritable nature, fut M. Rasch 1 , qui
rapporta en i833, pour les donner au Musée de l'Université de Christiania, des
exemplaires de la côte du district de Bergen; il montra immédiatement à peu près
la place que cette forme devait occuper dans le système, la considérant comme
identique dans la plupart des traits principaux au genre Ammocœtes, mais formant
* Depuis professeur à l'Université de Christiania, mort en i883.
— 170 —
malgré tout un genre distinct, auquel il ne donna cependant aucune dénomination
particulière. Ce n'est qu'en i836 que son mémoire a été imprimé (18», p. 3 2 5) 1.
C'est sur les côtes de Norvège que l'espèce atteint sa limite vers le nord et on
l'y rencontre au moins jusque dans le fjord de Trondhjem (64 de latitude nord). On
la trouve de même en plus ou moins grand nombre sur les côtes de la Mer du Nord
et du Cattégat jusqu'au détroit d'0resund, mais elle ne se montre pas dans toute la
Baltique. Elle existe encore près des [îles Fâr-Ôer (British Muséum), dans plusieurs
localités de la Grande-Bretagne et le long des côtes de France, d'Espagne et de
Portugal ; elle est également commune dans plusieurs endroits de la Méditerranée,
au moins jusqu'en Grèce (©, p. 35).
On ne sait pas encore jusqu'à quel point elle est répandue dans les autres mers.
Les opinions, au sujet de savoir si les formes de ce genre, qui peuplent les parages
extra-européens, appartiennent à cette espèce typique ou à d'autres espèces qui s'en
rapprochent, sont encore partagées 2 . On reconnaîtra très probablement que toutes
ces formes ne peuvent pas être séparées de l'espèce principale, opinion que Jordan
semble partager aujourd'hui dans son dernier Catalogue des Poissons de l'Amérique
du Nord (1S.9, p. 791), et dans lequel l'espèce qui se montre sur la côte orientale
de l'Amérique du Nord ainsi que dans l'Océan Pacifique, est enregistrée sous le nom de
B. lanceolatum. Cette espèce est probablement cosmopolite, car des Branchiostomes
ont été trouvés dans les mers tropicales, là où des recherches exactes sur la faune
ont été faites à des endroits favorables.
< M. Rasch dit dans ce travail (189, p. 325) « qu'il était assez porté à considérer cette forme comme un
état jeune de Myxine ».
2 Dernièrement, Kirkaldy a distingué deux genres (Branchiostoma Costa, et Assymetron Andrews) et huit
espèces. {A revision of the gênera and species of the Branchiostomidce, Quart. Journ. Microsc. Science, vol. 2>y y
part 3, p. 3o3. London 1895).
TABLEAUX
DES
ESPÈCES RECUEILLIES
AUX
DIFFÉRENTES STATIONS
— 172 —
NUMERO
des
STATIONS
32
33
36
DATE
28 août
29 août
30 août
LOCALITE
LATITUDE
470 53'
470 3 7 '
470 35'
N.
N.
N.
LONGITUDE
15° 3 7 ' O.
i3<> 02' O.
100 33' O.
PROFONDEUR
Surface
Surface
Surface
CAMPAGN
NATURE DU FOND
CAMPAGN
NUMÉRO
des
DATE
LOCALITÉ
PROFONDEUR
NATURE DU FOND
■"*"-
— ■""„,,. —
en
STATIONS
LATITUDE
LONGITUDE
METRES
3 9
i5 juillet
470 02' N.
5° 26' 0.
Surface
40
i5 juillet
470 11' 35" N.
5° 27' 3o" 0.
63
Sable, gravier, coquilles brisées
42
18 juillet
46° 47' N.
6° 12' 3o" 0.
i36
Sable fin
44
20 juillet
460 27' N.
60 3o' 0.
166
Sable vaseux, alênes jaunes
45
21 juillet
45o 48' N.
5° 58' 0.
160
Sable fin, pointes d'alênes
46
26 juillet
460 24' 42" N.
5° 55' 3o" O.
i55
Sable gris, alênes jaunes
5o
3o juillet
43o 5o' 08" N.
8° 10' 35" 0.
i5o
Sable vaseux
5i
3i juillet
Mouillage de
Luanco (Espagne)
14
Roche, sable, laminaires
5 4
3-4 août
43o 47 ' 06" N.
8° 09' 4 5" 0.
120
Roche
55
3 août
43o 47' 06" N.
8° 09' 4 5" 0.
i55
Roche
58
7 août
40° 40' N.
8° 55' 0.
134
Sable, galets, coquilles brisées
59
8 août
43° 53' N.
90 01' 0.
248
Sable fin
64
22 août
Mouillage de
La Corogne
65
22 août
43o 32' 20" N.
100 59' i5" 0.
i65
Sable fin
66
24 août
43° 12' 5o" N.
110 53' 3o" 0.
5io-363
Vase
72
29 août
420 3i' 21" N.
190 38' 08" 0.
Surface
80
2 septembre
480 00' 08" N.
190 48' 16" 0.
Surface
- , 7 3-
E i885
PROCEDE
de
RÉCOLTE
igné de traîne
igné de traîne
igné de traîne
ESPECES RECUEILLIES
Thunnus alalonga (Gmelin).
Thunnus alalonga (Gmelin).
Thunnus alalonga (Gmelin).
E 1886
Haveneau
Chalut
Chalut
Chalut
Chalut
Chalut
Chalut
Nasse
Nasse
Palancre
Chalut
Chalut
Chalut
Chalut
Foëne
Harpon
Trachurus trachurus (Linné).
Lepadogaster bimaculatus (Pennant), Syngnathus acus Linné, Branchiostoma lanceolatum (P-allas).
Callionymus maculatus Rafinesque, Merlucius merlucius (Linné), Arnoglossus lophotes Gùnther.
Scorpœna ustulata Lowe, Lebetus orca (Collett), Callionymus maculatus Rafinesque, Arnoglossus lophotes Glinther.
Callionymus maculatus Rafinesque.
Callionymus maculatus Rafinesque, Blennius ocellaris Linné, Merlucius merlucius (Linné), Onus biscayensis
Collett, Lepidorhombus megastoma (Donovan), Arnoglossus lophotes Glinther, Solea variegata (Donovan).
Callyonimus maculatus Rafinesque.
Lepidorhombus megastoma (Donovan).
Acantholabrus Palloni Risso.
Pristiurus melanostomus (Rafinesque), Scyllium canicula (Linné).
Scorpœna ustulata Lowe, Sebastes dactylopterus (Delaroche), Callionymus maculatus Rafinesque, Acantholabrus
Palloni Risso, Arnoglossus lophotes Glinther.
Merlucius merlucius Linné, Lepidorhombus Bosci (Risso), Scorpœna ustulata Lowe.
Clupea pilchardus Walbaum.
Solea variegata (Donovan).
Onus biscayensis Collett.
Polyprion cernium Valenciennes.
Mola mola (Linné).
■74
CAMPAGr
NUMÉRO
DATE
LOCALITÉ
PROFONDEUR
— —
en
NATURE DU FOND
STATIONS
LATITUDE
LONGITUDE
METRES
85
28 mai
460 3l' N.
6° 52' 0.
l80
Sable vaseux, alênes blanches et
iaui
96
i5 juin
430 24' 5o" N.
21° 40' 45" 0.
Surface
io5
2 5 juin
38° 23' 45" N.
3o° 5i' 3o" 0.
927
Gravier et vase noirs, baguettes d'ours:
polypiers brisés
106
2 5 juin
38o 2 3' 45" N.
3o° 5i' 3o" 0.
Surface
108
25 juin
38° 23' 3o" N.
Lagens,
3o° 36' i5" 0.
île de Pico
Basse mer
Sur la grève
ni
3o juin
38° 34' 3o" N.
3o° 43' 3o" 0.
n38
Sable vaseux
1 12
i er juillet
38o 34' 3o" N.
3o° 26' 3o" 0.
. 1287
Sable fin
114
2-3 juillet
38° 38' N.
3o° 28' i5" 0.
620
Sable et gravier
121
8 juillet
37° 45' N.
28° i3' 0.
Surface
122
9 juillet
3 7 ° 43' N.
Au large de
28° 0.
Ponta Delgada
Surface
129
18 juillet
3 9 ° 41' 06" N.
35° 02' 0.
Surface
i3i
19 juillet
39° 56' 10" N.
36° 20' i5" 0.
Surface
134
20 juillet
40° 28' 4 3" N.
38° 52' 5/' 0.
Surface
i36
21 juillet
40° 3g' 22" N-
3 9 ° 18' 45" 0.
Surface
i3g
22 juillet
41° 3 9 ' 3 4 " N.
41° 41' 23" 0.
Surface
144
26 juillet
41° 3i' N.
43° 22' 0.
Surface
145
26 juillet
41° 40' 37" N.
43° 48' 10" 0.
Surface
146
27 juillet
42° 02' 26" N.
44° o5' 3o" 0.
Surface
147
28 juillet
42° 09' 3o" N.
40° 07' 45" 0.
Surface
152
3o juillet
44° 48' 5 7 " N.
47° 44' 45" 0.
Surface
•
i56
i e r août
45° 28' 3o" N.
47° 47' 33" 0.
Surface
161
2 août
46° 04' 40" N.
49° 02' 3o" 0.
1267
Vase grise molle
162
3 août
46° 5o' 06" N.
5o° 11' 45" O.
i55
Sable fin et petits cailloux
i63
4 août
47° 33' N.
53° 28' i5" 0.
i5o
Sable fin et petits cailloux
175
)E 1887
Chalut
Haveneau
Chalut
Foëne
Marée
Chalut
Chalut
Nasse
Filet pélagique
Haveneau
Haveneau
Harpon
]halut de surface
Haveneau
Chalut de surface
Haveneau
Chalut de surface
Haveneau
Chalut de surface
Filet de surface
Haveneau
Chalut
Chalut
Chalut
Callionymus maculatus Rafinesque, Arnoglossus lophotes Gunther.
Schedophihis medusophagus Cocco, Scopelus Rissoi Cocco, Maurolicus attenuatus Cocco.
Macrurus italiens (Giglioli).
Lirus Bennetti (Lowe).
Blennius sanguinolentus Pallas, Anguilla anguilla (Linné).
Photostomias Guernei Collett.
Bathygadus longifilis Goode et Bean, Halosaurus johnsonianus Vaillant.
Sebastes dactylopterus (Delaroche).
Belone sp.
Capros aper (Linné).
Scopelus Coccoi Cocco.
Mola mola (Linné), Centrolophus pompilus (Risso), Echeneis brachypterus Lowe.
Scopelus Coccoi Cocco, « Leptocephalus dentex » Cantor.
Antennarius histrio (Linné), Monacanthus hispidus (Linné), Monacanthus pullus Ranzani.
Scopelus Coccoi Cocco, Scombresox sauras (Walbaum).
Naucrates ductor Linné, Psenes maculatus Liïtken.
Psenes maculatus Lutken.
Antennarius histrio (Linné).
Exocœtus Holubi Steindachner.
Scopelus caninianus Cuvier et Valenciennes.
Scopelus maderensis Lowe.
Antimora viola (Goode et Bean), Macrurus holotrachys Gunther, Notacanthus rostratus Collett.
Raja radiata Donovan, Aspidophoroïdes Olriki Lutken, Lycodes n. sp.?, Macrurus rupestris (Muller), Hippo-
glossoides platessoides (Fabricius).
Glyptocephalus cynoglossus (Linné).
— 176 —
CAMPAGN
NUMÉRO
DATE
LOCALITÉ
PROFONDEUR
des
— _ "*"""" —
i-™™-- —
en
NATURE DU FOND
STATIONS
LATITUDE
LONGITUDE
METRES
168
3o juin
450 01' 36" N.
9° i3' 3o" 0-
Surface
170
5 juillet
440 02' i5" N.
14° 25' 45" 0.
Surface
174
6 juillet
440 01' 26" N.
i5° 3i' 0.
Surface
I 7 5
6 juillet
43o 54' 14" N.
i5° 5o' o-
Surface
179
9 juillet
420 35' N.
22° 12' 0.
?
l8l
10 juillet
42° 09' 24" N.
23° 33' 0.
Surface
182
11 juillet
410 48' 22" N.
24° 49' 0.
Surface
184
14 juillet
400 o5' N.
29° 48' 0.
i85o
Globigérine ooze
186
i5-i6 juillet
390 09' 14" N.
3o° 21' O.
1370
Vase blanche
187
16 juillet
38° 55' 5o" N.
Entre Graciosa
3o° 3 7 ' 55" 0.
et Fayal
Surface
188
17-18 juillet
38° 59' N.
3o° 41' 12" 0.
2000
Vase blanche
igO
19 juillet
38° 46' 3o" N.
3o° 40' 5o" 0.
696
Sable vaseux piqué de noir
198
2 5 juillet
38o 26' 25" N.
3o° 5g' 10" 0.
800
Sable et vase
203
3o juillet
3go 26' 3o" N.
33° 23' 0.
i557
Sable fin et vase blanche
209
3i juillet- i er août
390 18' o5" N.
33° 32' i5" 0.
1372
Sable vaseux, coquilles brisées
211
I er août
390 18' o5" N.
33° 22' i5" 0.
1372
Sable vaseux, coquilles brisées
212
I e r août
390 17' 35" N.
33° 34' 3o" 0.
Surface
2l3
2 août
3g° 22' 4g" N.
33° 45' 3o" O.
1384
Sable vaseux, débris de Ptéropodes
214
2 août
390 26' N.
33° 48' 0.
?
219
4-5 août
390 3 9 ' 39" N.
33° 23' i5" 0.
i386
Sable noir
222
6-7 août
3go 41' 35" N.
33° 24' 22" 0.
844
Sable et pierres
224
7 août
3g° 44' 20" N.
33° 25' 22" 0.
I2l3
Roche et vase
226
14 août
Détroit de
Pico-Fayal
i3o
Gravier, sable, coquilles brisées
228
i5-i6 août
38° 22' 23" N.
3o° 42' 47" 0.
1294
Sable, gravier et roche
230
16-17 août
38° 21' 48" N.
3o° 3o' 3o" 0.
1236
23l
17 août
38° 33' N.
3o° 26' 0-
Surface
232
17-18 août
38° 33' 3i" N.
3o° 28' 54" 0.
i3oo
Vase et sable
233
18 août
38° 33' 21" N.
3o° 28' 54" 0.
i3oo
Vase et sable
Entre Pico et
Sâo Jorge
— 177
DE 1888
PROCEDE
de
RÉCOLTE
Chalut de surface
Chalut de surface
Ligne de traîne
Chalut de surface
Filet pélagique
Harpon
Epave
Chalut
Nasse
Filet pélagique
Nasse
Chalut
Chalut
Chalut
Nasse
Chalut
Chalut de surface
Chalut
Filet pélagique
Nasse
Nasse
Chalut
Chalut
Nasse
Nasse
Haveneau
Nasse
Chalut
ESPECES RECUEILLIES
Scopelus caninianus Cuvier et Valenciennes.
Scopehis Humboldti (Risso), Scopelus maderensis Lowe, Nerophis œquoreus (Linné).
Thunnus alalonga (Gmelin), Cubiceps gracilis (Lowe) (dans l'estomac d'un Germon), Plagyodus sp.? Scombresox
saurus (Walbaum), Stemoptyx diaphanus Hermann, Nerophis œquoreus (Linné).
Scombresox saurus (Walbaum).
Nerophis œquoreus (Linné).
Polyprion cernium Valenciennes.
Nerophis œquoreus (Linné).
Macrurus Gùntheri Vaillant.
Simenchelys parasiticus Goode et Bean.
Argyropelecus Olfersi (Cuvier).
Simenchelys parasiticus Goode et Bean.
Xenodermichthys socialis Vaillant.
Macrurus sclerorhynchus Valenciennes, Macrurus italiens (Giglioli).
Hoplostethus atlanticum (Collett), Bathygadus melanobranchus Vaillant.
Simenchelys parasiticus Goode et Bean.
Bathypterois dubius Vaillant, Halosauropsis macrochir (Gunther).
« Charybdia Ruppeli » (Cocco), Scopelus Coccoi Cocco.
Macrurus sp.?, Bathypterois dubius Vaillant.
Nerophis œquoreus (Linné).
Synaphobranchus pinnatus (Gronovius), Simenchelys parasiticus Goode et Bean.
Synaphobranchus pinnatus (Gronovius), Simenchelys parasiticus Goode et Bean.
Cyclothone microdon (Gunther).
Scorpœna ustulata Lowe, Arnoglossus lophotes Gunther.
Simenchelys parasiticus Goode et Bean.
Synaphobranchus pinnatus (Gronovius), Simenchelys parasiticus Goode et Bean.
Capros aper (Linné), Belone sp.?
Synaphobranchus pinnatus (Gronovius), Simenchelys parasiticus Goode et Bean.
Bathypterois dubius Vaillant, Stemoptyx diaphanus Hermann, Halosaurus johnsonianus Vaillant.
23
178
CAMPAGI
NUMÉRO
des
DATE
LOCALITÉ
PROFONDEUR
en
^™ *"^
■"" ' —
NATURE DU FOND
STATIONS
LATITUDE
LONGITUDE
METRES
234
19 août
3go 01' 40" N.
3o° i5' 40" 0.
454
Gravier ferrugineux
237
20-21 août
390 o3' i5" N.
3o° 18' i5" 0.
IO
Algues et roche
242
22 août
38° 4 8' 3o" N.
3o° 19' 0.
86l
Sable et scories
243
25-26 août
Détroit de
Pico-Fayal
I20
Gravier, sable, coquilles
244
27 août
38° 33' 5 7 " N.
3oo 3 9 ' 3o" 0.
1266
Sable gris vaseux
245
27-28 août
38° 3i' 57" N.
3o° 38' 40" 0.
IO69
Sable vaseux
250
6 septembre
450 38' 44" N.
23° 26' i5" 0.
Surface
25l
7 septembre
460 28' 56" N.
23° 28' 45" 0.
Surface
252
8 septembre
470 i5' 42" N.
22° 48' 40" 0.
Surface
253
8 septembre
470 38' i3" N.
22° l3' 40" 0.
i3oo
254
8 septembre
470 38' i3" N.
220 r 3> 40 » 0.
Surface
255
9 septembre
48° 24' 48" N.
20° 38' 3o" 0.
Surface
256
9 septembre
480 24' 48" N.
20° 38' 3o" 0.
2200
259
11 septembre
47° 49' N -
19° 09' 3o" 0.
Surface
260
1 1 septembre
470 58' 35" N.
170 5 7 ' 3o" 0.
Surface
261
14 septembre
47° 3 7 ' 14" N.
i3° 20' 3o" 0.
Surface
262
i5 septembre
47° 1/ 17" N.
ii° 58' 5i" 0.
Surface
263
16 septembre
470 07' 26" N.
9 56' 0.
Surface
264
17 septembre
470 26' 09" N.
9° 17' i5" 0.
Surface
265
18 septembre
47° 19' 38" N.
7 52' 0.
Surface
266
19 septembre
470 56' 24" N.
8° 07' 0.
Surface
'79 —
DE 1888
'Suite)
Chalut
Nasse
Chalut
Nasse
Chalut
Nasse
Chalut de surface
Foëne, haveneau
Ligne de traîne
Filet bathypélagiq.
Ligne de traîne
Haveneau
Filet bathypélagiq.
Foëne
Ligne de traîne
Foëne
Ligne de traîne
Ligne de traîne
Ligne de traîne
Ligne de traîne
Ligne de traîne
Symphurus nigrescens Rafinesque.
Sebastes maderensis (Cuvier et Valenciennes), Julis julis (Linné).
Macrurus cequalis Giïnther.
Pagellus centrodontus (Delaroche).
Macrurus hirundo n. sp.
Synaphobranchus pinnatus (Gronovius), Simenchelys parasiticus Goode et Bean.
Scopelus Coccoi Cocco, Nerophis œquoreus (Linné).
Polyprion cernium Valenciennes, Nerophis œquoreus (Linné).
Thunnus alalonga (Gmelin), Nerophis œquoreus (Linné).
Cyclothone microdon (Gunther), Nerophis œquoreus (Linné).
Thunnus alalonga (Gmelin).
Nerophis œquoreus (Linné).
Cyclothone microdon (Gunther), Nerophis œquoreus (Linné).
Polyprion cernium Valenciennes.
Thunnus alalonga (Gmelin).
Polyprion cernium Valenciennes.
Thunnus alalonga Gmelin, Trachurus trachurus (Linné) (dans l'estomac d'un Germon), Scombresox saurus
(Walbaum), Nerophis œquoreus (Linné).
Thunnus alalonga (Gmelin), Capros aper (Linné) (dans l'estomac d'un Germon).
Thunnus alalonga (Gmelin), Paralepis pseudocoregonoides Sarato (dans l'estomac d'un Germon).
Thunnus alalonga (Gmelin).
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III. Iniorno ai Blennioidi del Golfo di Genova, Ann. Mus. Civ. Genova, vol. i5. 1880.
218. Vinciguerra (D.), L'esposi'rione internationale di Pesca tenuta in Berlino nel 1880.
Rela^ione a S. E. UMinistro délia publica istruiione, Ann. Mus. Civ. Genova vol 16
1881.
219. Vinciguerra (D.), Risultati ittiologici délie crociere del Violante, Ann. Mus. Civ.
Genova, vol 18. 1 883.
220. Vinciguerra (D.), Le crociere dell'yacht Corsaro del capitano armatore Enrico
d'Albertis. III. Pesci, Ann. Mus. Civ., vol. 18. Genova i883.
221. Vinciguerra (D.), Appunti ittiologici sulle colk{ioni del Museo Civico di Genova.
VII. Sopra alcuni Pesci nuovi pel Golfo di Genova, Ann. Mus. Civ. [II], vol 2.
Genova 1 885.
222. Vinciguerra (D.), Appunti intorno ad alcune colle^ioni iitiologiche recentemente
pervenute al Museo ^oologico délia R. Università di Roma. II. Pesci di las P aimas
(Gr. Canarie), Spallanzani, Giornale Romano per le Scienze Biologiche, anno 28.
Roma i8qo.
222 bis . Vinciguerra (D.), Catalogo dei Pesci délie isole Canarie, Atti Soc. Italiana di Scienze
Naturali. Milan o 1893.
223. Walbaum (J. J.), Pétri Artedi gênera Piscium, emendata et aucta a J. J. Walbaum.
Grypeswaldiae 1792.
224. White (A.), List of the Spécimens of British Animais in the Collection of the British
Muséum. London 1 85 1 .
— 196 —
225. Winther (G.), Prodromus Ichthyologiœ Danicœ marinœ, Naturh. Tidsskr. 3 Roekke,
vol. 12, 1879. Kj0benhavn 1879-1880.
225 bis . Wright, Skandinaviens Fiskar, Bescrifna af B. Fries, C. U. Ekstrom och G. Sùnde-
wall. 2 ndra Unpplagan af F. A. Smitt. Stockholm 1892-1895.
226. Yarrell (W.), A History of British Fishes, First édition, vol. 1-2. London i836.
227. Yarrell (W.), A History of British Fishes, Third édition, vol. 1-2. London 1859.
TABLE
Pages
Acantholabrus Palloni (Risso) 52
AgonidjE 39
Alepocephai.id/e 1 38
Anguilla anguilla (Linné) 1 52
Antennariid^e 38
Antennarius histrio (Linné) 38
Antimora viola (Goode et Beau) 59
Argyropelecus Olfersi (Cuvier) (PL in, fig. 14) 127
Arnoglossus lophotes Gunther (PL ni, fig. i3, i3 b ) g5
Aspidophoroïdes Olriki Liïtken 39
Balistidte 161
Bathygadus longifilis Goode et Bean 90
— melanobranchus Vaillant 88
Bathypterois dubius Vaillant (PL iv, fig. 19).. io5
Belone sp. 1 2 3
Berycid^e \J
Blenniid^e 44
Blennius galerita Linné 44
— ocellaris Linné 45
— sanguinolentus Pallas 45
Box boops (Linné) 8
— salpa (Linné) 8
Branchiostoma lanceolatum (Pallas) 169
Branchiostomatid^e , 169
Callionymid^e , 43
Callionymus maculatus Rafinesque 43
Capros aper (Linné) 2 5
Carangid^e 21
Centrolophus pompilus (Risso) 26
« Charybdia Ruppeli » (Cocco) 99
Clupea pilchardus Walbaum 137
Clupeid^e 1 37
Coryph^nid^e 29
Cubiceps gracilis (Lowe) 33
Cyclothone microdon (Gunther) i3o
ECHENEID^E , 37
Echeneis brachypterus Lowe 37
Exocoetus Holubi Steind. (PL iv, fig. 18) 12 3
Gadid^e 57
Pages
Glyptocephalus cynoglossus (Linné) 101
Gobiesocim: . 7
Gobiid^e a j
Halosaurid^e ia3
Halosauropsis macrochir (Gunther) (Pl.v,fig. 23,
23b ) • 146
Halosaurus johnsonianus Vaillant (PL iv, fig. 20) 143
Hippoglossoides platessoides (Fabricius) 92
Hoplostethus atlanticum Collett (PL ni, fig. 12). 17
Julis julis (Linné) 53
Labrid^; 5 2
Lebetus orca (Collett) 41
Lepadogaster bimaculatus (Pennant) 47
Lepidopus caudatus [Euphr.) , 20
Lepidorhombus Bosci (Risso) Q4
— megastoma (Donovan) 93
LEPTOCARDII. 169
« Leptocephalus dentex » Cantor 1 53
Lichia glauca (Linné) 24
Lirus Bennetti (Lowe) 27
Lycodes (Teme-Novœ) n. sp.? 54
Lycodid-jE 54
Macrurid,e 69
Macrurus aequalis Gunther (PL n, fig. 9, 9b).. 75
— Glintheri Vaillant (PL ni, fig. 10)... 80
— hirundo n. sp. (PL n, fig. 8, 8 b ) . . . . 72
— holotrachys Gunther (PL 11, fig. 6, 6 b ) 83
— italicus (Gigliolï) (PL 11, fig. 7, 7b, 7c) 85
— rupestris (Millier) (PL m, fig. 11, 11b) 69
— sclerorhynchus Valenciennes 78
Maurolicus attenuatus Cocco 128
Merlucius merlucius (Linné) 57
Mola mola (Linné) (PI. vi, fig. 1) i63
Molim: i63
Monacanthus hispidus {Linné) 161
— pullus Ran^ani 162
Mur^nid^; l52
Naucrates ductor (Linné) a3
Nerophis sequoreus (Linné) 160
Pages
NûMEIDiE 3 1
NoTACANTHID^E 48
Notacanthus rostratus Collett (PL y, fig. 21).... 48
Onus biscayensis Collett (PL 1, fig. 2) 65
— guttatus Collett (PL 1, fig. 3) 60
Pagellus acarne Cuv. et Val , 9
— centrodontus (Delaroche) g
PAL^EICTHYES 1
Paralepis pseudocoregonoid.es Sarato 117
Percid^: 4
Photostomias Guernei Collett (PL 1, fig. 5) i3i
Phycis phycis (Linné) 58
Plagyodus sp. (PL iv, fig. 16) 119
Platophrys podas (Delaroche) 100
Pleuronectid^e , 92
Polyprion cernium Valenciennes 6
Pristiurus melanostomus (Rafinesque) 1
Psenes maculatus Lûtken (PL iv, fig. 17) 3r
Raja radiata Donovan 3
Rajid^e , 3
Salmo salar Linné 137
SalmonidtE 1 37
Sauras saurus (Linné) 104
Schedophilus medusophagus Cocco 29
Scomber colias Gmelin 35
SCOMBRESOCID^E 121
Scombresox saurus (Walbaum) 121
Scombrid^e 35
SC0PELID.« 1 04
Scopelus caninianus Cuv. et Val 111
— Coccoi Cocco 116
— Humboldti (Risso) 1 1 o
98 -
Pages
Scopelus maderensis Loyve 114
■ — Rissoi Cocco n3
Scorpasna ustulata Lowe (PL iy, fig. i5) 10
ScORP^ENIDyE IO
Scylliid^e I
Scyllium canicula (Linné) 2
Sebastes dactylopterus (Delaroche) 12
— Kuhli (Bowdich) 1 3
— maderensis (Cuv. et Val.) i5
Serranus atricauda Gïtnther (PL 1, fig. 1) 4
Simenchelyida; 4
Simenchelys parasiticus Goode et Bean (PL v,
fig. 22, 22b; PL vi, fig. 2) 1 56
Solea variegata (Donovan) 102
Sparid^e 8
Sphyraena sphyraena (Linné) 46
SpHYRjENIDjE 46
Sternoptychid^e 125
Sternoptyx diaphanus Hermann 125
Stomiatid^e 1 3 1
StROMATEIDjE 26
Symphurus nigrescens Rafinesque io3
Synaphobranchid^: 1 54
Synaphobranchus pinnatus Gronovius 1 54
SYNGNATHIDiE 1 59
Syngnathus acus Linné 1 59
TELEOSTEI 4
Thunnus alalonga (Gmelin) 36
Trachurus picturatus (Bowdich) 22
— trachurus (Linné) 21
Trichiurid^e 20
Xenodermichthys socialis Vaillant i38
ERRATUM
Page 10 Stn. 59, profondeur 248^, au lieu de 240m.
— 21 (Thunnus alalonga), au lieu de (Orcynus alalonga).
— 36 Nerophis œquoreus (Linné), au lieu de Syngnathus œquoreus.
— 36 Stn. 254, au lieu de Stn. 253.
— 43 Stn. 58, profondeur i34 m , au lieu de i54 m .
LEGENDE DE LA PLANCHE I
Pages
Fig. i . Serranus atricauda 4
— 2. Onus biscayensis Collett 65
— 3. Onus guttatus Collett 60
— 4. Xenodermichthys socialis Vaillant i38
— 5. Photostomias Guernei Collett i3i
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LEGENDE DE LA PLANCHE II
7 b
Pages
Fig. 6. Macrurus holotrachys Gùnther 83
— 6 b . Macrurus holotrachys Gùnther 83
Ecaille du corps X 10.
— 7. Macrurus italicus (Giglioli) 85
Macrurus italicus (Giglioli) 85
Ecaille du corps X 10.
— 7 e . Macrurus italicus (Giglioli) 85
Ecaille du corps X 10.
— 8. Macrurus hirundo n. sp 72
— 8 b . Macrurus hirundo n. sp 72
Ecaille du corps X 10.
— 9. Macrurus ^equalis Giïnther 75
— 9 b . Macrurus ^qualis Gùnther 75
Ecaille du corps X 10.
(X
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LÉGENDE DE LA PLANCHE III
Pages
Fig. 10. Macrurus Gùntheri Vaillant 80
— 11. Macrurus rupestris (Millier) 69
— 1 i b . Macrurus rupestris (Millier) 69
Ecaille du corps X 10.
12. HOPLOSTETHUS ATLANTICUM Gollett 17
— i3. Arnoglossus lophotes Gùnther 95
— i3 b . Arnoglossus lophotes Gunther g5
Tête de la femelle.
— 14. Argyropelecus Olfersi (Clavier) , 127
ALBERTO PRINCE de MONACO, camp, scient
poissons, pl. in:.
Cari Nielsen del
Lith.Werner &Wmter, Francfort S /M.
MACRURUS, HOPLOSTETHUS, ARK;^.,,,, AROYROPERECUS.
LÉGENDE DE LA PLANCHE IV
Pages
Fig. i5. Scorp^ena ustulata Lowe 10
— 16. Plagyodus sp 119
Tête.
— 1 7. Psenes maculatus Liitken 3 1
— 18. Exocoetus Holubi Steindachner 123
— 19. Bathypterois dubius Vaillant io5
— 20. Halosaurus johnsonianus Vaillant 143
ALBERT I er PRINCE de MONACO, camr scient:
POISSONS PL. IV.
17.
16
15
té-s.
20.
Cari Nielsen del.
Lith.Werner&Winter, Francfort S /M.
SC0RP7Ç.NA, PLAGYODUS, PSENES, EXOCŒTUS, BATHYPTEROIS, HALOSAURUS.
LEGENDE DE LA PLANCHE V
Pages
Fig- 21 . NOTACANTHUS ROSTRATUS Gollett 48
22. Simenchelys parasiticus Goode et Bean i56
— 22 b . Simenchelys parasiticus Goode et Bean i56
Tête vue de face.
— 23. Halosauropsis macrochir (Giinther) 146
— 2 3 b . Halosauropsis macrochir (Giinther) 146
Une partie de la ligne latérale et de l'appareil lumineux.
ALBERT W PRINCE de MONACO, CAMP scient.
21.
POISSONS. PL.V.
22 ;
23*?
i
Cari Nielsen del.
Lith.Werner &Winter, Francfort S /M .
NOTACANTHUS, SIMENCHELYS, HALOSAUROPSIS.
LEGENDE DE LA PLANCHE VI
Pages
Fig. i . Mola mola Linné 1 63
— 2. Simenchelys parasiticus Goode et Bean 1 56
Fragment de peau de Murène employé comme amorce dans une nasse.
On y voit, sous forme de saillies arrondies, la trace des succions
exercées par les Simenchelys.
PRINCE ALBERT de MONACO, camp scient.
POISSONS PL, VI.
HélicA Dujardin
1. MOLA MOLA (linne ) Z.çfr. SIMENCHELYS PARASITICUS (:gill) O.et:
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