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Full text of "Mémoire sur les Cucurbitacées"

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MÉMOIRE 


LES CUCURBITACÉES, 
SUR LE MELON, 


AVEC DES CONSIDÉRATIONS SUR LA PRODUCTION 
DES HYBRIDES, DES VARIÉTÉS, ETC. ; 


PAR M. SAGERET, 


Membre de la Société royale et centrale d'Agriculture de Paris, 


A PARIS, 
DE L'IMPRIMERIE DE MADAME HUZARD, 


(NÉE VALLAT LA CHAPELLE ), 
Rue de l’Éperon Saint-André-des-Arts, n°, 7. 


1896. 


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( Extrait des Mémoires de la Société royale et 
centrale d'Agriculture , année 1825.) 


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MÉMOIRE 
SUR LES CU CURBITACÉES, 


PRINCIPALEMENT SUR LE MELON, 


AVEC DES CONSIDÉRATIONS SUR LA PRODUCTION 


DES HYBRIDES, DES VARIÉTÉS, ETC. 


J'ai étudié depuis plusieurs années, avec uné 
certaine étendue, les principales espèces et va- 
riétés de la famille dés cucurbitacées, en aussi 
grand nombre que j'ai pu les réunir. J'ai déjà 
obtenu quelques résultats : la notice que je pré- 
sente aujourdhui west que Pavant- coureur 
Qun Traité plus étendu, que je me propose de 
publier sur-cetté intéressante famille de plan- 
tes, lorsqu'une plus longue expérience maura 
permis de compléter mes observations. Notre 
estimable collègue, M. Duchesne, a déjà publié, 
sur lés courges proprement dites, un ouvrage 
- dont je me suis aidé; maïs j'ai étendu mon tra- 
vail sur plusieurs autres plantes dont il n'avait 


point parlé, ou qu’on ne Cotinaissait point 


alors. 


Le but de mes expériences sur la fämille des 
Qucurbitacées était : 


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19. De déterminer quelles étaient les espèces 
et les variétés, et de les décrire de manière à ce 
qu'elles ne fussent plus confondues ; 

20, De m’assurer si, et jusqu'à quel point, 
ces espèces ou variétés pouvaient se mêler en- 
semble par la fécondation, soit spontanément, 
soit par le secours de l’art, dans le double but 
de m'assurer de leur identité ou de leur spécia- 
lité, et d'obtenir ainsi de nouvelles espèces ou 
variétés, dues non pas au hasard, mais en sui- 
vant une direction propre à me procurer des 
résultats plus certains et plus avantageux ; 

3°, Et enfin d'étudier leur végétation et leur 
fructification, soit naturelles, soit modifiées par 
la culture, afin de m'assurer si leur culture 
actuelle était fondée en principes, et s’il était 
possible de la perfectionner sous le rapport de 
leur qualité, de leur conservation , de leur pré- 
cocité, et encore plus sous celui de leur accli- 

matation, en profitant à cet égard des espèces 


et des moyens déjà connus, ainsi que de mes 


nouvelles espèces et de procédés nouveaux. 
= be genre des concombres et melons ( cucu- 
mis) m’ayant fourni les résultats les plus nom- 
breux et les plus intéressans, je men oc- 
Cuperai en premier lieu, et, avec plus de 
détail. | 


o 
La plupart des botanistes ont réuni sous le 
nom générique de cucumis, concombre : 
1°. Le cucumis sativus , qui est notre véri- 
table concombre ; | 
2°, Le cucumis melo , qui est notre véritable 


melon ; l 
zo : à 
5. Le cucumis flexuosus, dit concombre- 


serpent; 

4°. Le cucumis chaté ; 

5°. Le cucumis dudaim ; 

Ét enfin plusieurs autres espèces que je n’ai 
point cultivées assez long-temps pour en pou- 
voir parler. . | Pan 
Du Concombre proprement dit, Cucumis sa- 

+  tivus. na 


Le cucumis sativus, notre véritable con- 
combre, dont on fait à Paris une assez grande 
consommation , s'y mange ordinairement cuit 
et avant sa maturité ; on peut cependant le 
manger cru ou confit en salade : une de ses 
variétés très-petite sy mange confite au vinai- 
gre, sous le nom de cornichon ; mais il parait 
que daps. les pays du -midi, notamment en 
Italie, le peuple mange le concombre cru, soit 
parce qu’on yest moins difficile qu'ici, soit 
que le climat lui donne plus de qualité, ou 


(6) 
qu'on y cultive une variété préférable aux nô- 
tres. Nous possédons ici plusieurs variétés de 
concombres; toutes m'ont paru provenir ori- 
ginairement d’une seule et même espèce. 

Les botanistes n'ont probablement pas 
trouvé de différence assez grande entre le 
concombre et le melon, pour les séparer l'un 
de l’autre ; mais les cultivateurs ne s'y trom- 
pent point et même, sans voir le fruit, il 
distinguent fort bien le concombre, de tous 
les autres cucumis, aù seul aspect du feuil- 
lage; ils remarqnent, de plus, une très- 
grande analogie entre le concomhre-serpent , 
le melon, le chaté et le dudaïm : aussi réuni- 
rai-je sous le nom générique de melons ces 
quatre dernières plantes, dont, au surplus, 
quoique avec des saveurs inégalement agréa- 
bles, les fruits peuvent se manger crus. 

En outre, la différence très-marquée du con- 
combre avec les autres plantes du même genre 
est appuyée sur plusieurs de mes expériences : 
toutes jusqu'ici mont prouvé que le con- 
combre ne peut, ni spontanément, ni artifi- 
ciellement, recevoir aucune influence fécon- 
dante d'aucune autre phage de la même famille, 
du moins de celles que j'ai déjà nommées, et 
autres expériences, moins nombreuses à la 


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vérité, wont convaincu qu’il n’en pouvait non 
plus communiquer aucune. j 


Du Melon, Cucumis melo. 


La nombreuses espèces ou variétés de me- 
lons que nous avons cultivées jusquà cette 
époque (1824), ont été, avec assez d’appa- 
rence de raison, divisées en trois races princi- 
pales (cette division’ a été adoptée par MM. Vil- 
morinet Féburier); savoir, 

1°. Les melons brodés, parmi es est 
notre melon maraicher; 

2% Les cantaloups; 

3°. Les melons à écorce lisse, à auda grai- 
nes, dits melons d'Orient. | | 

Ces trois races, probablement assez fortement 
prononcées dans leur origine, ont fourni, cha- 
cune de leur côté, plusieurs variétés, qui se sont 
produites, soit spontanément ou par le seul effet 
de la culture , ainsi que je m'en suis convaincu 
par plusieurs expériences; soit par le croise- 
ment sucoessif, tant accidentel qu’aidé par l'art, 
de ces mêmes variétés , et le même effet parait 
avoir eu lieu entre les troisracesprincipales, ainsi 
qu'entre leurs variétés : d’où il a résulté la pro- 
duction d'ùn nombreinfini de variétés et desous- 
variétés, et par suite une confusion dont il est 


difficile et quelquefois impossible de sortir : 
aussi ai-je cru devoir tirer de là cette conclu- 
sion, que ces trois races pouvaient originaire- 
ment provenir d’une seule et même espèce 


primitive. | 
Cependant, malgré la facilité avec laquelle 


ces dégénérations, soit spontanées, soit dues à 
l'effet des croisemens, se sont opérées en gé- 
néral, j'ai pu remarquer que dans certains in- `. 
dividus il y avait plus de tendance à se conser- 
ver francs; mais cette tendance n’étant point 
absolue, je ne crois pas qu'on en puisse rien 
arguer contre l’admission de l'existence d’une 
espèce primitive seule. La cause de cette ten- 
dance pourrait être attribuée à une circonstance 
particulière. En effet quoique , dans les melons, 
les fleurs mâles et les fleurs femelles soient sé- 
parées les unes des autres sur le même pied, il 
arrive assez souvent, et je Pai observé sur plu- 
sieurs individus, que des fleurs. femelles sont 
pourvues d’étamines plus ou moins parfaites, 
et, dans ce cas, ces individus, dont la fleur a la 
faculté de se féconder elle-même, doivent né- 
cessairement se conserver francs plus aisément 
que les autres. Cette observation devra être 
prise en cures considération par les cultiva- 
teurs. os SES 


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De plus, les caracteres distinctifs assignés à 


chacune de ces trois races ne leur sont pas 
tellement inhérens, qu'ils ne puissent ou dis- 
paraître, ou leur devenir communs dans cer- 
tains cas, et même sans croisement ‘: ainsi j 
la broderie, propre à la première race , peut , \ 
sans croisement , s'étendre aux cantaloups, 
quoique assez difficilement, mais beaucoup 
plus communément et plus aisément à la troi- 
sième race des melons dits à peau lisse. J'ai vu 
nombre de ces derniers très-brodés sans autre 
altération sensible , et cela ma fait naître l’idée 
que la broderie pouvait être un effet de lin- 
tempérie de notre climat et de ses variations 
_.subites, et quë si les cantaloups en étaient plus 
difficilement affectés, c'était par la raison seule. 
qu’ils avaient la peau plus épaisse que les au- 
tres : d’où l’on pourrait conclure que par la 
suite la broderie gagnera toutes les races que 
nous cultivons. Pour appuyer cette opinion, 
_jajouterai que la broderie s'est déjà étendue 
sur plusieurs cucurbitacées, même sur les gi- 
romons, mais beaucoup plus sensiblement sur 
les potirons, qui ont la peau plus tendre : on 
devra, ce me semble, alors regarder la brode- 
rie non comme un signe d'altération, mais 


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bien plutôt comme un effet et une marque d’ac- 
climatation, 

Ces observations m'ont été fournies par la 
culture, pendant cinq ans, et par la réunion de. 
plus de mille individus appartenans à plus de 
cinquante sortes de melons des trois races, origi- 
naires de plusieurs pays, toutes assez bien carac- 
térisées, auxquelles j'avais joint un assez bon 
nombre de leurs variétés , et un beaucoup plus 
plus grand nombre de leurs sous-variétés , soit 
déjà connues, soit nées chez moi par la suite 
des croisemens. z 

À ces premières observations, j'en vais join- 
dre quelques autres , en prévenant néanmoins 
qu’on ne devra pas leur donner plus d'importance 
qu’elles ne méritent, non pas parce qu’elles 
n'auraient pas été faites avec soin , mais parce 
qu’elles doivent être regardées seulement comme 
un exposé des choses dans létat actuel, plutôt 
que comme une loi pour l'avenir, avenir qui 


sans doute pourra de plus en plus modifier ou 


même changer ce qui existe aujourd’hui. 

J'ai donc observé que la forme des graines de ` 
melon est en général plus allongée dans la troi- 
sième race que dans les deux premières, qu'elles 
y sont aussi plus volumineuses ; que la forme en 
est aussi plus allongée dans les espèces longues, 


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et plus courte dans les cantaloups. La couleur 


. des graines varie du jaune orangé au jaüne, au 
jaune pâle, et ne va presque jamais au blanc 
très-pur; la couleur pâle est plus particulière- 
ment propre aux melons de la troisième race; 
mais, dans les trois races, la couleur des graines ` 
faiblit à mesure que celle de la chair approche | 
du blane. e=” PS 

Quant à la couleur de la chair, bien que le 
jaune orangé, le jaune, le blanc, le blanc ver- 
dâtre et le vert pussent se trouver dans les 
melons des trois races, cependant il m'a paru 
que le blanc et le vert étaient les plus domi- 
nans dans la troisième race, dite melons d'O- 
rient; il wa paru que; dans chacune des trois 
races, les fruits àchair verte, ou blancs verdà- 
tres ,étaient sinon les plussavoureux, du moins 
ceux dont la chair était plus fine, plus délicate , 
plus fondante en mürissant, et qu’à quelques 
exceptions près, ils étaient beaucoup plus par- 
fumés que les autres; les fruits blancs se rap- 
prochent beaucoup des verts, mais seulement 
sous quelques rapports. En définitive, voici le 
résultat de mes remarques sur les saveurs des 
fruits de chacune des trois races : 

Première race : melons brodés, fournissant 
les fruits les plus vineux; - ; 


Deuxième race : cantaloups fournissant les 
fruits les plus fermes et les plus sucrés; leur sa- 
veur est celle qui convient le plus généralement 
et à tous les goûts ; 

Troisième race : melons d'Orient, fournissant 
les fruits les plus fins, les pe délicats , les plus 
fondans, quelguefois sucrés à l'excès, et sou- 
vent très-parfumés et même musqués : ces der- 
niers ne conviennent pas à tous les gouts. 


Je crois de plus (et ceci sera encore pour 
les trois races un point de contact) avoir re- 


marqué que les individus qui , dans chacune des 
trois races, serapprochent de ceux d’une autre 
race par les apparences de la couleur de la 
| chair, s’en rapprochent aussi jusqu’à un certain 


| point par la saveur et leurs qualités. Cette obser- 
-vation est frappante sur les fruits à chair verte, 
que J'ai trouvés toujours plus fins et plus déli- 


cats que les autres. Cette couleur verte de la 
chair m'a paru être, dans chacune des trois. 
races également, le complément de la perfection; 
je crois que cette dernière remarque pourra 
s'appliquer à plusieurs autres cucurbitacées. 

Dans le grand nombre de melons que j'ai cul- 
tivés, quoique j'aie bien aperçu quelques diffé- 
rences relativement àleur mode de végétation et 
_de fructification, elles mont paru trop légères 


(15) 


pour en rien conclure contre l'identité de ces 


espèces, ces différences pouvant bien s'atiribuer _ 


à la culture et au changement de climat. Voici 
ce qu’elles m'ont offert de plus essentiel. 

Dans les melons, ainsi que dans plusieurs 
autres cucurbitacées, les fleurs naissent quelque- 
fois solitaires à l’aisselle des bourgeons , et quel- 

quefois en bouquets sur des brindilles ; les pre- 
mières nées de ces fleurs sont mâles et en très- 
grande quantité. Dans quelques variétés naines 


et perfectionnées par la culture, il paraît que, 


dès ces premiers temps, il peut se manifester 
quelques fleurs femelles; néanmoins cela est 
assez rare : mais ce qui est remarquable, c’est 
que dans toutes les espèces, au fur et à mesure 
que le nombre des ramifications s’augmente 
en s'éloignant de la tige principale ( peut-être 
“même à mesure et d'autant plus que cès rami- 
fications s’allongent), le nombre des fleurs mâles 
diminue et celui des fléurs femelles augmente 
au détriment des mâles, tellement que je suis 
porté à croire qu’à la quatrième, cinquième ou 
sixième ramification ou bifurcation , le tout en 
gueur des plantes, il ne 


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paraîtrait plus que des fleurs femelles. Le pin- 


raison inverse de la vi 


cement des tiges, autrefois si commun , si multi- 
plié dans la taille du melon, avait-il été imaginé 


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d’après une observation pareille à la mienne? 
Pourquoi aujourd’hui est-il plus modéré? On 
avait bien dù dès-lors s'apercevoir que quoiqu 1 
parût favoriser le développement des fleurs fe- 
melles, d'autre part il arrétait le cours de la sève 
et ralentissait la végétation. A-t-on perfectionné 
la culture au point de pouvoir s’en passer au 
moins en.partie, ou bien a-t-on créé des va- 
riétés plus précoces, plus portées à donner des 
fleurs femelles, et qui permettent de ne pincer 
qu'avec modération? Cette dernière opinion me 
paraît devoir être méditée ; le pincement et la 
taille, pratiqués depuis long-temps sur le 
melon, et la culture hâtive à laquelle on a tou- 
jours his: ont pu à la longue, et toujours de 
plus en plus, influer sur la succession de plu- 


sieurs générations, et il est possible que l'in. 


fluence de tous ces procédés de culture se soit 
moins fait sentir sur les individus qui y ont été 
soumis, que sur la postérité de ces mêmes in- 
die Es R 

Je ne crois pas en effet que le pincement, ou 
tout autre mode de taille pratiqué sur un végé- 
tal (sur-tout lorsqu'il est question d’un végétal 
annuel, car s’il s'agissait d’un arbre à fruit, ce 
serait une autre question), puisse créer LA 
fleurs là où il ne devait point y en avoir, et des 


(15) 

fleurs femelles là où il devait y en avoir de mä- 
les : je ne crois pas que telle soit notre - puis- 
sance; mais si ces opérations favorisent et hà- 
tent le développement avant l’époque ordinaire 
des parties qui doivent produire et produisent 
ces mêmes fleurs, l'effet désiré a lieu, quellequ’en 
soit la cause, et pour le simple cultivateur cela 
suffit; mais cela ne doit pas nous empêcher de 
porter nos vues plus loin, de remonter à cette 
cause, et d'en suivre toutes les conséquences 
possibles : aussi est-ce mon intention de donner 
suite à ces recherches. Qui sait si ce moyen de 
pincement et de ramifications forcées et multi- 
pliées, appliqué à des plantes qui, dans notre cli- 
mat, n'ont jamais donné que des fleurs mâles, ne 
pourrait pas un jour leur faireproduire des fleurs 
femelles et par conséquent des fruits ? Quelques 
nouvelles expériences, je puis l'annoncer, com- 
_mencées, mais non achevées, en 1825, m'ont 
donné lieu d'espérer que ces conjectures se vé- 
rifieraient. J’ai de plus essayé, par le moyen de 
boutures prises sur certaines parties de la plante 
du melon, de fixer la propriété que ces parties 
m'ont paru avoir de fructifier plus abondam- 
ment et plus sûrement: la suite m’apprendra si 
je me suis trompé. 


J’ajouterai qu'une partie des idées que je viens 


Cab 
d'émettre serait applicable à la mise à fruit des 
jeunes arbres venus de pepin , qui est si lente : je 
reviendrai ailleursavec plus de détailssurce sujet. 
A toutes ces considérations, qui sont autant 
_de théorie que de pratique, et qui ne présentent 
que des avantages incertains et éloignés, quoique 
possibles et même probables, il était naturel 
de joindre des observations qui en offrissent de 
plus immédiats ; c’est ce que j'ai cherché à faire 
en tirant parti de ma nombreuse collection, pour 
noterles espèces de melons les plus profitables, 

ainsi que je vais le dire. 
Une partie.de mes espèces a été cultivée sur 
couche; presque toutes, et en beaucoup plus 
grande quantité, ont été cultivées en pleine 


terre, sans couches ni cloches, dans mon jardin 
et à une bonne exposition. | 


Les espèces de pleine terre, avec un mode de 
taille et de conduite extrêmement simplifié, et 


semées sur place, ont donné, dans les années peu 
favorables, des fruits mürs dans le courant et à 
la fin de septembre, et dans les bonnes anuées 
dans le courant et à la fin d'août, et par suite 
en septembre : toutes pourraient donc, à la ri- 
gueur, se cultiver ainsi dans une année ordi- 
naire et dans notre climat; mais ce n’est pas un 
conseil à donner, ni un exemple à suivre : il est 


C7) | 
préférable de s’en tenir à céllesquilaissentplus 
d'espoir de succès. 

Dans la première race, melons brodés, c’est 
le melon maraïcher qui a la réputation de réus- 
sir le mieux en pleine terre; mais je lui préfère 
de beaucoup, sous ce rapport, ainsi que sous ce- 
lui de Ja qualité, un petit sucrin à chair blanche 
ou d'un blanc verdätre:ce melon , que jedois 
à M. Vilmorin est excellent; il est, à la vérité, 

petitettardif; mais on peutobtenir ses derniers 

produits ‘en octobre. Si la saison est alors trop 
mauvaise, on peut le cueillir et le mettre au 
grenier; il peut s’y conserver assez bien et y 
mûrir. Si lon avait des cloches, on pourrait 
Jen couvrir ét le laisser sur pied jusqu'aux 
gelées; il sy conserve encore mieux. Tl dégé- 
nère aisément en chair rouge; mais il est encore 
fort bon. à Aia | 

Dans la race des cantaloups, c'est le petit 

vantaloup noir des Carmes qui m'a le mieux 
réussi; mais je préfèré à tous un melon de la , 
troisième race, dit #elon-muscade, venant des |! 
États-Unis, dont la graine m'a été donnée par / 
M. Vilmorin. Pareille graine m'avait aussi été 
donnée, il y a cinq ans, par M. le comte Fran- 
bois de Neufchâteau, sous la dénomination de 


2 


(18) 
mélon rustique du Maine, où il paraît qu’on le 
cultivait dès-lors en. pleine terre. i 
Ce melon-muscade est oblong ou rond, pe- 
tit, à peau lisse originairement, d’un vert brun, 
jaunissant un peu à Sa maturité, extrêmement 
musqué ou plutôt à odeur de muscade, à Chair 


verdâtre, fondante, sucrée, excellente. Il a le 
défaut d’être petit ; 


mais en récompense, il noue 
et fructifie aisément et abondamment, et mürit 
. promptement. Peut-être est-il un de ceux qui 
| se conservent le mieux. franc ; Cependant, en 
définitive, il n’est pas à labri dela dégénération, | 
soit spontanée, soit causée par la fécondation 
étrangère; il ma fourni des variantes en gros- 


GRR CT 
En n 5 


seur, et des variétés prononcées en grosseur, 
forme et couleur , toutes » d’ailleurs, participant 
de ses bonnes qualités. S 
‘Un melon donné par M. Thouin, sous le nom 
de caroline à chair verte, avait avec le précédent 
\ beaucoup d'analogie; mais il était beaucou pplus 
gros. (En 1825, M. Bosc m'a fait voir, au Jardin 
du Roi, ce même melon: JY ai aussi retrouvé l’es- 
pèce franche, qui est véritablement la même 
que le melon-muscade.) Fe 
En semant le melon-muscade à diverses épo- 
ques, soit sur couche, soit en pleine terre, on 
peut en hâter et en prolonger la jouissance: 


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À 
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À 
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Enix 

c'est celui dont je recommande le plus la cul- 
ture en pleine terre. Je le cultive ainsi, depuis 
quatre ans, assez franc, mais ayant pris de la 
broderie sans avoir rién perdu de ses qualités: 
ce n'est donc, dans ce cas, qu’une simple va- 
riante, et, séivant moi, une preuve d’acclima- 
tation. | ; 

II est bon de savoir de plus que, lorsque la 
saison me permet pas aux melons d'acquérir 
Jeur maturité, on peut les manger cuits et ac- 
commodés comme les concombres; ils offrent, 
en cet état, un mets trés-délicat, et qui est de 


beaucoup préféralile à ces derniers, ainsi que M. 
Vilmorin et moi l'avons éprouvé. La gastrono- 


mie pourra profiter de cet avis. 


Il est probable qu'on devra, par la suite, 
ajouter à cette liste, sur-tout dans mes melons 
de nouvelle fabrique ; mais ce n’est pas encore 
fe temps d'en parler. 


~- Tous les melons, sans distinction d'espèce ou 

de race, wont paru pouvoir se mêler, par la 
fécondation, avec le melon-serpent, le melon 
chaté, etc. Jen parlerai plus bas, à l’article de 
chacun de ces derniers. 


A AU Le eue Se + a 


RAR 


(20 ) 


Des melons d'hiver, et du melon de Perse. 


Il est possible, dans chacune des trois races 
de melons, de trouver des individus qui se con- 
servent plus aisément que les autres: c’est ce 
que jai remarqué jusqu’à un certain point 


dans le petit sucrin à chair blanc verdâtre dont 


ra déjà parlé; mais c’est dans la troisième race 
qu ’on trouve en grand nombre ceux qui jouis- 
sent de cette faculté à un degré éminent. Il pa- 
rait que ces melons viennent originairement 
d'Orient, et qu'ils se sont multipliés dans le 
midi de l’Europe, qui nous les fournit actuel- 
lement. On les connaît à Paris; mais ils ysont 
peu répandus. Les jardiniers se sont générale- 
ment plus attachés aux primeurs qu’aux produc- 
tions tardives. Cet objet a cependant aussi son 
importance, et je ne le négligerai pas. Jusqu’à 
présent, on a éprouvé des difficultés à conser- 
ver francs ces melons d'hiver, soit qu’on. ne les 
ait pointassezsoigneusement séparés des autres 
espèces, soit que le climat et la culture aient 
causé leur dégénération. Je pense que le pre- 
mier soin serait de les isoler complétement, et 
ensuite de les cultiver tardivement, afin que 
les chaleurs de lété ne hâtassent point leur 


(21) 
maturité complète, de ne pas trop les arroser, 
et de les cueillir par un temps très-sec et avant 
les pluies d'automne. | 
Parmi ces meloñs d'hiver compris dans la 
troisième race, dite de l'Orient, j'ai distingué un 
melon dit de Perse, dont M. Vilmorin avait reçù 
la graine de M. Sabine, secrétaire de la Société 
d'horticulture de Londres ; il lavait, d’autre 
part, reçu également d’ Dai 
Ce melon est petit, mais excellent; il est à 
fond vert pâle, rayé, et moucheté d’un vert plus 
foncé, presque noir et de forme longue : il pa- 
rait muni d’une coque assez dure, qui ajoute 
probablement à à la faculté qu’il a de se conser- 
ver. Sa chair est d’un blanc verdâtre ou même 


verte, sucrée, fondante-et très-parfumée.On peut 


remarquer en lui deux époques de maturité très- 


distinctes, l’une incomplète, l’autre complète. La 
première s'annonce par la teinte jaunâtre que 
‘prend son écorce, qui reste toujours fort dure. 
Il n’exhale, dans cet état, aucune espèce de par- 
fum; laplante qui le porte peut alors, ou s ’étein- 
dre, oubien continuer sa végétation, dans le cas 
où elle porterait encore quelques fruits moins 
avancés. Ilfaut donc cueillir le fruit lorsqu'il jau - 
nit, et le mettre à l’abri, de peur que le soleil ne 
le flétrisse, ou que les pluies ne le ramollissent. 


(22) 
Je l’'aiconservé bien sain pendant plus de deux 
mois (en 1825, le rer, juillet, j'en ai cueilli un 
fruitqui est encore fort sain aujourd’hui 15 no- 
vembre). Sacomplète maturitésannonce parune 
couleur jaune plus foncée, par le ramollissement 
de son écorce; et par un parfum très-prononcé 
qu'il exhale alors. J'espère que dorénavant, en 
le cultivant tardivement , de manière à faire 
coïncider sa première maturité avec les cha- 
leurs et la sécheresse qui règnent ordinaire- 
menten août, et en y joignant quelques autres. 
précautions, on pourra prolonger sa durée jus- 
qu’à la fin de l'hiver. | 

Je ne cultive ce melon de Perse que depuis 
deux ans, et je n’ai encore pu lui donner Pat- 
tention qu'il mérite sous plusieurs rapports. 
Fondé sur quelques analogies de végétation 5 
_defructification, de forme et de couleur, qui lui 
sont communes avec le chaté, j'avais pensé d’a- 
bord qu’il pouvait être une variété de ce der- 
nier, perfectionnée par la culture. J'étais d’au- 
tant plus fondé à le croire, que-les fruits du 
chaté sont très-amers dans leur jeunesse et que 
ceux du melon de Perse manifestent aussi, à 
_ Cette même époque, une légère amertume, que 
je n'ai point remarquée dans nos véritables me- 
lons. Jai depuis , par diverses raisons, aban- 


{ 93. y 


donné cette opinion, et il me parait plus pro- 


bable que le melon de Perse est une véritable | 


espèce botanique; il n'en serait alors que plus 
intéressant pour, l'horticulture, pouvant deve- 
nir la souche d’une race de melons toute nou- 
velle , et absolument différente des autres, tant 
pour sa bonne qualité que par la propriété qu'il 


a de se conserver fort long-temps. En le croisant | 
de préférence avec nos meilleurs melons dhi- : 
ver, il pourrait en augmenter le mérite. Quoi- ` 


que ce melon paraisse pouvoir se conserver 
franc, j'en ai cependant eu des variétés qui se 
sont trouvées assez bonnes ; quelques - unes 
d’entre elles jouiront de la faculté de se conser- 


“Nés Jignore d’ailleurs si l’origine de ces va- 
riétés est spontanée ou due au croisement. Je 
me propose de suivre particulièrement les cul- 


tures du melon de Perse; son petit volume ne 


doit pas être regardé comme un grand incon- 


vénient : Cest un de ceux auxquels la culture 
remédie assez facilement. : 

En cette année-ci 1825 , MM. Bosc et Vilmorin 
ont recu et m'ont communiqué des graines de 


plusieurs melons étrangers tout-à-fait nouveaux, 


et qui paraissent tous différens des nôtres; je 


me propose Qen suivre la culture. 


= EE RE” e mn - - = - K =: = 


#4 


EL N a 


SR 


es 77 


(24) 
Du melon-serpent, Cucumis flexuosus: et div 
melon-trompe.. 

Le: melon-serpent, nommé jusqu'ici très-im-. 
proprement concombre-serpent, puisqu'il n’a 
de commun avec le concombre que sa forme 
longue et si extraordinairement longue, que- 
cela même pourrait exclure toute idée de res- . 
semblance, est d'ailleurs très-rapproché de notre 
melon par apparence de la plante, et même- 
par la saveur du fruit, qui, quoique beaucoup. 
inférieur, peut cependant se manger cru, du 
moins dans plusieurs de ses variétés. Ces ana- 
logies, ainsi que la facilité avec laquelle it paraît 
s'allier, par la fécondation, avec notre melon ka 
tandis qu'il parait refuser celle du concombre: 
commu, qui lui-même n'accepte pas la sienne, 
m'ont fait doutersi je devais le regarder comme 
une espèce particulière, ow s'il ne devait être 
considéré que comme une variété de.notre me- 
lon et même comme son type primitif. Il faut 
convenir néanmoins que cette dernière Opinion 
aurait beaucoup de peine à prévaloir, eu égard 
à Sa saveur peu délicate et à sa lon gueur extraor- 
dinaire., | | a : | 

L'anglais Miller dit avoir cultivé ce fruit 
pendant long-temps et l'avoir conservé franc - 
mais, dans nos jardins, il a beaucoup de peine 


(a53 
à se conserver tel (il y prend souvent la formë 
- d'une bouteille}, soit qu’il ait de la tendance à 
se rapprocher de sa souche primitive, dont on 
pourrait; dans ce cas, penser que le fruit était 
moins long, soit qu'il dégénère spontanément 
pär son alliance avec nos melons, et je penche- 
rais pour ce dernier cas. Il est à remarquer que } 
son fruit contient des graines assez différentes | 
_ les unes des autres, soit plus ou moins longues, | 
soit plus ou moins irrégulières et contractées, ! 


et ce qu ilya de plus singulier, c'est què ce sont 
les plus irrégulières que M. Xilmorin choisit 
de préférence pour consérver l’espèce franche: 
cette observation mériterait d’être approfondie... 
Ce melon, comme je lai dit plus haut, parait 

se mêler spontanément avec nos melons, et il se 
mêle aussi avec le chaté par le secours de l’art. 
Au surplus, il est difficile de se faire sur ces di- 
vers points une opinion positive, puisqu'il ré- 
sulte de tout ce que je viens de dire sur le me- 
 lon-serpent,que nous nesommes réellement pas. 
bien sûrs d’avoir l'espèce franche. Cette plante. 
est assez vigoureuse, et je crois que M. Vil- 
morin la cultive habituellement en pleine terre. 
M. Vilmorin me remit, il y a quatre ans, la 
graine d’un melon qui lui avait été envoyé 
d’Antibes'par M: Gazän, sous le nom de melon 


£ 


F 


s 


trompe , probablement à cause de sa forme: 
M. Gazan l'avait lui-même reçu d’un matelot, 
qui probablement lavait apporté du Levant. 
Les premiers produits que j'ai obtenus de cette 
graine, quoique d'assez médiocré qualité, te- 
naient cependant plus de notre melon que du 
melon serpent; mais on peut croire que M. Ga- 
zan lavait cultivé près de melons ordinaires. Si 
le melon-serpent est réellement une espèce dis- 
üncte, ainsi qu’il est très-probable, le melon- 
trompe pourrait en être Ou une variété, où un 
hybride obtenu par son mélange avec nos me- 


lons. M. Vilmorin partage à-peu-près mon opiż 


nion sur la nature et sur l origine du melon-ser- 
pent et du melon-trompe. 

Au surplus, ce melon- trompe cultivé par moi 
au milieu d’une réunion de mélons ordinaires = 
. de melons-serpens et même de chatés, en a reçu 
une influence très-marquée et très-variée. En 
raison de la nature de cette influence, à laquelle 
aussi j'avais contribué artificiellement, il s’est, 
dans ses divers produits, éloigné ou rapproché 
de Pun ou de l’autre de ses ascendans, et m'a 
fourni une quantité très-considérable de variétés 
de forme, de couleur et de saveur; j'en ai, entre 
autres, obtenu un très-beau fruit de-deux pieds 
de longueur; un autre était-brodé et ressem- 


(#7) 
blait parfaitement à notre maraicher par. la 
forme, la couleur et la saveur ; mais une chose ; 
très-remarquable en lui, c’est qu'une partie de 
- ses graines était jaunâtre, comme le sont ordi- 


nairement celles du melon-maraïcher , et l’autre 
partie absolument blanche comme celles du me- 
lon-serpent et du melon-trompe. g e reviendrai 
ailleurs sur ce fait. ) 

Une autre particularité , que je mai pu mex- 
pliquer alors d’une manière satisfaisante , S'est 
encore présentée : quelques fruits se sont PEN 
vés salés d’une saveur voisine de celle du nitre; 
d’autres se sont trouvés acides : cet acide te- 
nait un peu de la nature de celui du citron, et 
n'était point désagréable, d'autant plus qu’il 
était accompagné d’une saveur sucrée. 

La saveur acide n’a, ce me semble, ‘encore été 
remarquée dans aucun melon, même avant leur 
maturité; mais elle est particulière au chaté: se- 
rait-ce à l'influence de celui-ci que serait dû le 
développement de cette saveur dans les melons- 
trompes, qui se trouvaient réunis avec des indi- 
vidus de cette espèce ? D'ailleurs il pourrait être 
intéressant de se procurer une race de melons 
acides, eten l’associant à d’autres fruits musqués 
et parfumés , cette race, comme rafraichissante 
surstout dans les climats chauds, aurait bien 
certainement son mérite. 


(28) 

J'ai aussi obtenu du melon-trompe quelques 
fruits absolument semblables à nos cantaloups 
et d'aussi bonne qualité; je m'attache à suivre 
la culture des meilleurs. Toutes ces espèces nou- 
velles, qu’on peut regarder comme de- vérita- 
bles hybrides, ont, comme les mulets dans le 
règue animal, plus de vigueur que leurs ascen- 
dans, et d’un autre côté cependant elles se met- 
tent à fruit très-aisément. Je ferai observer, à 
cet égard, qu'il ne faut pas confondre la faculté 
de donner du fruit avec celle de donnerdes grai- 
nes : ces deux circonstances ont souvent lieu 
indépendamment l’une de l’autre, ainsi que je 
le ferai voir ailleurs. Je me contenterai pour le 
moment de remarquer que beaucoup d'hybrides 
fructifient et grènent aisément, et que leurs grai- 
nes sont ordinairement fécondes ; cela a Lau- 
tant plus lieu en général, que leurs ascendans 
ont entre eux plus d’analogie. 


Du melon chaté; Cucumis chatée. 


Le chaté, qui nous est venu d'Égypte, où l’on 
dit qu’il jouit d’une certaine réputation, n’est, 
dans notre climat, qu'un fruit petit et de qualité 
médiocre. Il paraît que jusqu'ici il n’avait fourni 
i que de simples variantes , plutôt que de vérita- 

‘bles variétés; cependant, comme je le cultive de- 


( 29 ) | 
puis quatre ans, j'ai cru m'apercevoir de quel- 
ques améliorations. Il affectait ordinairement 
une forme oblongue et quelquefois piriforme 
et sans broderie. Plusieurs fruits maintenant ne 
présentent plus les mêmes caractères. Sa saveur, 
dans sa jeunesse, offre beaucoup d'amertume; 


mais elle disparait par la maturité parfaite, et 


elle est alors sucrée et acide en même temps.. 
Le chaté a beaucoup d’analogie avec notre 
melon; cependant il est généralement regardé 
comme espèce botanique, et je c crois 5 cette opi- 
nion fondée. 
Il est susceptible de s'allier par R a 


avec nos melons, avec les melons-serpens et. 
trompes , et peut-être avec le melon- dudaïm ; 
mais il ne m'a pas paru pouvoir s'allier avec le 


concombre commun. Ces.alliances peuvent-elles 
avoir lieu spontanément? C’est ce que je mai 


point confirmé par mes expériences; mais je 
Sais que je les ai fait paitre artificiellement, et 


_ j'ai obtenu par ce moyen des produits assez re- 
marquables. Quelques fruits ont acquis jusqu’à 
cinq et six livres de poids ; son alliance avec les 
melons-serpens et trompes m'a donné des fruits 
très-longs , assez volumineux, mais d’une qua- 
lité médiocre, de saveur en même temps acide 
et sucrée, quelquefois même salée , comme je 


MAT UT 2e Al 


D 


nr SN ASTM te 


j 
î 


(30 ) 
l'ai déjà annoncé plus haut, et cependant man- 
geables. D’autres se sont trouvés très-mauvais. 
Alié avec notre melon, il m'a produit meiquis 
bons fruits comparables à lut. 

En cette année 1825, un second croisement 
opéré âvec les melons ma produit de très-bons 
fruits à chair verte, quelques-uns. encore un peu 
acides, mais d’un acide agréable, et quelques 
cantaloups absolument semblables aux nôtres 
par l'apparence et les qualités. Quelques-uns 
même se sont trouvés d’un goût très-fin et très- 
remarquable. 

Le chaté, dans son état naturel, fructifie plus 
aisément et plus abondaniment que notre me- 
Jon; ses produits hybrides conservent cet avan- 
tage et les plantes elles-mêmes prennent plus 
de force. 


Indépendamment des espèces nouvelles que 
jai obtenues par le croisement, le chaté m'a 
paru, cette année et pour la première fois, don- 
ner des variétés assez belles sous plusieurs rap- 
ports; je le crois donc par lui-même très-sus- 
ceptible de perfectionnement : pent-être , dans 
les pays où ilest cultivé anciennement, pré- 
sente-t-il des variétés bien préferables à celles 
que nous possédons. M. Bosc croit qu'il est cul- 
tivé en Perse avec succès, et l’on a vu plus 


haut que le melon de Perse pourrait, à quelques 


(3), 
égards, en être regardé comme une variété très- 
perfectionnée, quoique cene soit pas mon avis. 
D'après toutes ces considérations, je pense que 
le chaté mérite d’être cultivé, et je me propose 
d'en suivre les modifications encore quelques 
années. 


Du melon- dudaim , Cucumis-dudaim. 


Le dudaïm, tel qu'il nous a été apporté aussi 
d'Égypte, est un petit fruit rond, de la forme et 
de la couleur d’une orange. Sa chair est très- 
juteuse et. de saveur médiocre, mais d’un par- 
fum extrêmement agréable. M. Vilmorin en a 
obtenu quelques variétés ou variantes plus 
grosses. M. Bosc m'en a aussi fait voir de rayées ` 
de vert. Le dudaïm.a beaucoup d’analogie avec 
notre melon, ainsi qu'avec le chaté; mais il en 
diffère aussi et assez pour constituer une espèce. 
Jai commencé sur lui plusieurs expériences 
dont ; jattends les résultats. 

En 1825, j'ai obtenu du dudaïm, par son 
croisement avec d’autres melons, quelques fruits 
qui me paraissent des hybrides bien réels, 
dont je parlerai par la suite. 

J'ai en outre commencé quelques expériences 
Sur le cucumis: anguria, sur le luffa, sur la pa- 
Pangage, etc. Jai obtenu Piasinos fruits très- 


te 


LE ES er 
RE AR dt M ph: 


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ARR MORE PNA LENS 


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ES à 


| (32 ) 
beaux de la benincasa cerifera (1), qui a beau- 
coup d’analogie avec le concombre; ces fruits 
peuvent s'accommoder et se manger comme le 
concombre. | 
Considérations sur la production des Riybrides, 
des variantes, des variétés, etc. 


_M'occupant depuis plus de quinze ans d’ex- 
P P 3 
périences sur les fécondations naturelles et ar- 


tificielles des végétaux, j'ai ramassé an assez 
bon nombre de matériaux. J'ignore si j'aurai 
Ja possibilité de les mettre en ordre ét de pu- 


blier un traité complet sur ce sujet: c'est ce qui 
me détermine aujourd'hui à en extraire parti- 
culièrement ce qui peut avoir rapport à l’objet 
que je traite ici. | 

Plusieurs agronomes anglais paraissent s’être 
occupés des hybrides, entre autres M: Knight, 
président de la Société d Horticulture de Lon- 
dres, et M. #. Hierbert. Mais je ue connais 
d'eux que des notes insérées dans les Annales 
de l Agriculture française. M. Duchesne, en 
France , s'en est aussi occupé. J'avais consulté, 
quelques années auparavant, plusieurs notices 
de Kælreuther, insérées et éparses dans les Mé- 


(1) Cette espèce, dont l'écorce se recouvre d’une sorte 
de cire, a été l’objet d’un travail botanique de M. De- 
lille , professeur à Montpellier. 


(55) 

noires de l’Académie royale de Pétersbourg , qui 
sont à la Bibliothèque de l’Institut. Ces diverses 
notices de Kælreuther, écrites en latin, mérite- 
raient bien d’être traduites et réunies : Cest un : 
travail que je m'étais proposé, mais que la fai- 
blesse de ma vue m'empêéche de faire aujour- 

dhui, quoique j'en aie bien le temps. ` 
La plupart de mes expériences ont été faites 
avant la lecture des ouvrages de Kælreuther; 
mais le hasard nous avait fait nous rencontrer 
quelquefois sur le même objet, et j'ai été charmé 
de voir que nous nous accordions. De nom- 
breuses expériences ont été faites par lui avec 
des résultats heureux sur les digitales, les ta- 
bacs, les malvacées, les lins, les lychnis, les cu- 
cubalus , les œillets et les lycium, etc. ; mais il 
parait que les nombreux hybrides obtenus par 
lui se sont perdus, qu'il n’en est resté que 
les descriptions ; cependant à défaut de résul- 
tats matériels, ses observations subsistent , et 
peuvent nous donner la mesure de ce qui est 
possible et de ce qui ne l’est pas. Ayant, par 
suite, répété plusieurs de ses expériences, j'ai 
eu lieu de me convaincre de plus en plus de 
son exactitude et de sa véracité; je crois donc 
qu'il mérite toute confiance : au surplus dans 
ce qui va suivre je n'ai rien emprunté à per- 

3 . 


(34 ) 

sonne, et j'ai vu par moi-même tout ce que 
j'annoncerai, sauf les décompositions et recom- 
positions de tabacs hybrides, qu’il a poussées 
au dernier degré, et qu'il ma paru inutile 
de suivre de nouveau avec lui, pour ne pas 
perdre.de temps, puisqu'il avait fait à cet égard 
tout ce qu’il était possible de faire, et que sa 
véracité n'est pas douteuse pour moi. 

Suivant lui, les plantes hybridéfiià l'instar 
des mulets, sont communément plus vigou- 
reuses que leurs ascendans; mais si quelques- 
unes sont stériles comme les mulets, plusieurs 
autres aussi grènent et fructifient abondam- 
ment, et cette stérilité et cette fécondité peuvent 
également se remarquer dans des individus pa- 
reils, c’est-à-dire provenant des mêmes as- 
cendans. C’est aussi ce que j'ai vu, et, suivant 
moi, la proportion des hybrides féconds est infi- 
niment plus grande. Je ne me rappelle point 
s’il a remarqué, comme moi, que la faculté de 
grener pouvait tenir au plus ou au moins d’a- 
nalogie des plantes hybrides, quoiqu'il y ait à 
cet égard, comme en tout autre point, des 
exceptions; ni s’il avait éprouvé l'extrême fa- 
cilité avec laquelle elles se multiplient de mar- 


cottes, de drageons, de boutures, etc., prises 
indistinctement sur toutes leurs parties, ainsi 
que l'extrême propension que plusieurs d’entre 


(35 ) 

elles ont à dévenir vivaces, d’annuelles que nous 
les voyons ordinairement, et à pousser en terre, 
contre leur habitude, des espèces de filamens 
pour se multiplier. Jai eu un très-beau tabac 
hybride, nicotiana tabaco-undulata, dont on 
me pouvait cultiver une potée nulle partqu'iln'y 
en repoussât l’année suivante, dont la moindre 
portion de plante, quelque part qu’elle fåt tom- 
bée, prenait infaïlliblement racinė;je ľai conser- 
vé pendant plusieurs années en pleine terre à 
labri d’un mur, et je ne Pai perdu que dans Phi- 
ver de 1819à 1820, dans lequel le thermomètre 
a descendu chez moi à douze degrés au-des- 
sous de zéro, froid auquel wont point résisté 
mes choux-navets et mes rutabagas. 

` J'ai perdu beaucoup d’hybrides que j'avais 
faits ; mais je possède encore actuellement une 
très-grande quantité d'arbres et arbustes hybri: 
des, tels que rosiers, pommiers, amandiers et 
amandiers - pêchers, parmi lesquels ceux qui 
sont en âge fructifient pour la plupart et grè- 
nent assez aisément. Ils ont d’ailleurs le secours 
de la greffe, comme moyen assuré de conserva- 
\ tion et de multiplication ; car il faut convenir 
| que la plupart des graines hybrides sont un peu 
| plus lentes à lever que les autres, J'ai conservé 
en outre des graines de diverses espèces de 


F 
` 


(36) 
choux-navets, et de colzas artificiels. Ces dér- 
niers, cultivés les uns près des autres, m'ont 


donné un exemple frappant de la facilité. avec 
laquelle les hybrides, une fois introduits dans 
une famille, peuvent s’y allier dans toutes sortes 
de proportions, dégénérer ainsi eux-mêmes, 
et faire dégénérer leurs voisins d'espèce franche 
ou non, de la même famille bien entendu; ce 
dont il résulte par suite une confusion inextri- 
cable. J'ai remarqué cette même tendance à se 
. mêler sur nos melons hybrides : tous d’ailleurs 
présentent une végétation vigoureuse, fructifient 
plus aisément que nos melons ordinaires et pro- 
duisent des graines nombreuses et fécondes: 

Mais ce que j'ai vu de plus singulier dans mes 
hybrides s’est offert à moi sur le chou-raifort, 
brassico-raphanus , produit du radis noir, fé- 
condé par le chou. On sait jusqu'à quel point 
diffèrent les siliques de ces deux plantes; on 
les distingue au premier coup-d’œil : ce chou- 
raifort qui fleurissait abondamment , mais gre- 
nait difficilement, avait quelques capsules sim- 
ples, mais peu apparentes, qui contenaient tout 
au plus une seule graine, tantôt mal, tantôt bien 
formée, et quelques autres capsules beaucoup 
plus belles. Ces dernières, au lieu d’être, comme 
je my attendais, d'une forme moyenne entre 


(37) 
celles du chouet du radis, offraient sur le même: 
fruit deux siliques au - dessus l’une de Pautre, 


ettrès-distinctes par la forme: l’une ressemblant 
à celle du chou, et l'autre à celle dé radis, ayant 
chacune d'elles une seule graine assez analogue 
à l’apparence de leur silique réciproque. (Ce 
fait aura plus.bas son application.) ` = = 
Tl eût étécurieux de suivre le produit de ces 
deux graines; mais les individus en provenant 
étant faibles, je les ai négligés. 

Avant d'aller plus loin, je dois exprimer ici 
la signification précise de quelques mots an- 
ciens, et de quelques mois nouveaux que je ne 

puis me dispenser d'employer. 

Je laisseräi aux mots variété, sous-variété et 
race à- peu - près la même signification que 
M. Bosc leur a assignée dans le Dictionnaire 
d Agriculture sauf ce què je vais en extraire 
Pour caractériser le mot variante. | 

Variante exprimera les différences légères ou 
peu constantes observées sur des plantes de la 
même espèce, cultivées où non, et venues de se- 
mis, en tant qu’on aurait lieu d'attribuer ces dif. 
férences plutôt à la nature du sol ou du climat, 
qu'aux effets de Ja culture elle-même; d'autre 
Part cependant, je Fappliquerai à quelques 

plantes à fleur double aussi venues du semis, 


(38) 

tel qu’au pied des giroflées rouges et blanches 
doubles, qui n'offrent d’ailleurs aucune autre 
différence avec les individus simples de la 
même variété : alors la giroflée blanche double 
sera une variante de la variété de giroflée dite 
blanche simple ; mais le mot variante sera 
principalement applicable aux individus non 
venus dé semis, qui devront leur origine aux 
greffes, marcottes, boutures, drageons, tuber- 
cules, etc., et qui, suivant les circonstances, of- 
friront, soit des productions plus hâtives, comme 
les petites pommes de terre vitelottes hâtives, 
les petites truffes d’aout hâtives, qui ne sont 
que des variantes des vitelottes et truffes d'août 
ordinaires, devenues seulement hâtives par leur 
culture dans un sol plus léger ; variante sera 
encore applicable aux branches panachées et 
non panachées sur la même plante, comme le 
geranium zonale, etc., et aùx fleurs rouges et 
panachées de rouge, provenant du même pied, 
comme sur plusieurs ‘œillets. 


Atavisme, mot tiré du latin atavus, aïeul, 


imaginé par M. Duchesne pour exprimer soit 
la ressemblance que les plantes et les animaux 
peuvent avoir avec leurs ascendans, Soit encore 


plus une tendance marquée qu’ils paraissent 
avoir à rappeler et à offrir de nouveau cette res: 
7 > e 


( 39 ) 
semblance, même à des époques assez éloi- 
gnées , après une espèce d'oubli, avec leurs as~ 
cendans, quelquefois même en ligne indirecte š 


comme avec les oncles , tàntes , etc. 
__ Accoutumé dés long-temps à à voir se former 
. sous mes yeux des hybrides ou variétés, soit 
que ces mutations fussent dues à mes efforts, soit 
qu’elles fussent, si l'on veut, l'effet du hasard, 
hasard cependant amené par la réunion de plu- 
sieurs espèces et variétés d’une même famille ; 
j'ai pris l'habitude de les analyser pour les re- 
connaitre, et j'ai appris , pour ainsi dire, à les 
deviner. Si je n’ai pu remonter à la cause pre- 
mière.de ces mutations, j'ai pu du moins en re- 
chercher les causes secondes, et examiner de 
quelle manière elles avaient lieu: aussi pren- 
draije la liberté de hasarder sur'ce sujet quel- 


ques idées. : 
J'ai constaté par plusieurs expériences faites 


ad hoc, que les graines du même fruitpouvaient, | 


chacune en particulier, recevoir une féconda- ` 
tion différente; il me serait trop long de les dés 
tailler ici, mais elles étaient assez nombreuses 
et assez concluantes pour ne laisser aucun 
doute. Mais une autre question se présente : les 
graines du même fruit, une fois bien for- 
mées et mûres, sont-elles nécessairement et dès-- 

| À 


( 40 ) 

lors destinées à produire une plante caracté- 
riséed'avance, ou bien l’époque de leur semis et 
la différence de sol et de culture influent-elles 
sur leur caractère, futur? Il paraît bien que la 
plus ou moins parfaite maturité des graines est 
déjà une cause de variante ; mais dans le.cas 
présent, nous supposons cette maturité par- 
| faite. M. Zilmorin que j'ai consulté à ce sujet, 
: fondé sur plusieurs observations qui lui sont 
propres et sur celles de plusieurs jardiniers dont | 
il a connoïssance, m'a. certifié qu'il y avait de 
grandes influences ‘exercées sur la production 
des fleurs doubles et de la précocité des plantes 
par l'époque du semis et les différens procédés 
de culture, | 

- On peut, jelepense, supposerdansles végétaux 
anciennement cultivés, etquipourla plupart ont 
donné des variétés d'autant plus nombreuses et 
d'autant plus marquées que laculture en est plus 
ancienne etplus variée; on peut, dis-je; supposer 
l'existence de deux forces agissanten sens con- 
traire et avec divers degrés d’intensité,suivantles 
circonstances : la première tendant à les rame- 
ner à létat sauvage ou primitif, et. devant 
avoir le dessus lorsque la culture césse ou dé- 
génère , ou que les végétaux.se retrouvent dans 
leur sol ou climat naturel ; et alors on doit s'at- 
tendre à voir reparaître des individus plus ou 


(48) 

moins ressemblans à ceux qu’on avait vus autre- 
fois (première cause’d’atavisme )(1); la seconde 
force au contraire, animée par la succession 
non interrompue, Ou augmentée, des efforts de 
la:culture ettendante à multiplier les variétés : 
lorsque ces deux forces se balancent mutuelle- 
ment , les choses peuvent rester in statu quo: 
les variétés alors se fixent , et peuvent prendre 
le nom de race. | Fe 

‘Dans les plantes dont les fleurs sont herma- 
phrodites, les choses peuvent se passer ainsi: 
il n’y a point ordinairement à rechercher une 
double origine ,à moins qu'elle wait été provo- 
quée; mais dans les plantes monoïques et dioi- 
ques,dontles organessexuels sont distincts, ainsi 
que dans les animaux, il faut nécessairement 
avoir égard à l'influence du mâle et à celle de 
la femelle : la recherche est alors plus compli- 
quée. Je ne parlerai point ici de l'influence du 
mâle en tant que comparée àcelle de la femelle, 


d'autant plusque, dans les plantes, on peut croire 


à 


(1) M. Thouin a rapporté à M. Boscque M. de Males- 
herbes avait fait jeter de la graine de superbes asters de la 
Chine ( grande marguerite) sut un terrain impropre à la 
culture, voisin de sa maison de Malesherbes, et que, la 
secondeannée, les pieds qui s'étaient reproduits sponta- 


nément de graines étaient presque tous rouges et.simples, 


(42) 

que cela n’est pas d’une importance majeure ; 
je wai d’ailleurs aucune observation marquante 
qui y soit relative : je me bornerai à suivre ces 
influences sans avoir égard au sexe. 

. La première idée qui s’offre à l'esprit lors- 
_ qu'une plante hybride se présente à vos yeux, 
soit que cette plante soit véritablement hy- 
bride, c’est-à-dire provenant de deux espèces 
différentes, soit hybride de deux variétés, si 
tant est qu’on doive alors lui donner ce nom; la 
première idée, dis-je, est de chercher dans cet 
hybride, mis sous vos yeux , une ressemblance 
qui donne un terme moyen entre ses deux as- 
cendans connus ou présumés, soit immédiats, 
soit même à des degrés plus éloignés, si l’on veut 
admettre l’atavisme, et l’on est naturellement 


porté à croire que celté ressemblance doit être 
une fusion, sinon intégrale, au moins partielle, 


soit apparente, soit intime, des caractères ap- 
partenans aux deux ascendans. Cette fusion de 
caractères peut avoir lieu dans certains cas; 
mais il ma paru qu’en général les choses ne se 
passaient pas ainsi: peut-être y a-t-il une dis- 
tinction à faire ; peut-être, à raison de plus ou 
moins d’analogie entre les espèces, ya-til plus 
ou moins d’éloignement pour un mélange par- 
fait. Ainsi donc, en définitive, il ma paru qu’en 
général la ressemblance de hybride à ses deux 


(45) 

ascendans consistait, non dans uné fusion in- 
time des divers caractères propres à chacun 
d'eux en particulier, mais bien plutôt dans une 
distribution, soit égale, soit inégale, de ces mê- 
mes caractères ; Je dis égale: ou inégale, parce 
qu elle est bien loin d’être là même dans tous 
les individus hybrides provenant d’une même 
origine, et il y a entre eux une très-grande di- 
versité. (Ces faits sont constatés par une mul- 
 titude de mes expériences.) 

Les idées que je présente ici m'ont paru re- 
marquables, elles me semblent être d'une bien 
cree importance ; pour bien les faire Saisir ; 
jen donnerai quelques exemples pris sur mes 

melons hybrides : : je vais donc en conséquence 
faire une supposition. 

Je suppose qu'il s’agit ici d'examiner plu- 
sieurs hybrides, produits de la fécondation d’un 
chaté par un melon cantaloup brodé, l’un et 
l’autre d'espèce assez franche pour faire espé- 
rer que chacun d’eux contribuera pour sa part 
à rendre son espèce autant que possible. 

Je suppose aussi , pour plus de simplicité et- 
declarté, que cinq caractères seulement, remar- 
quables ou dignes d'attention, se trouvent dans 
le chaté et dans le melon dont les produits hy- 


brides nous occupent C1: 


Le melon ascendant Le chaté ascendant 
avait : avait : 
Caractères. F Caractères. 
17. Chair jaune; er, Chair blanche : 
2°. Graines jaunes; 2°, Graines blanches ; 
3. Broderie;  ‘ 3°, Peau lisse; 
4°. Côtes fortement 4°. Côtes légèrement 
prononcées ; prononcées; 
5°. Saveur douce. 5°. Saveursucréeettrès- 
acide en même temps. 
Le produit présumé des hybrides créés au- 
rait dù être en terme moyen : 10. chair jaune, 
trés-pâle ; 2°. graines jaunes très-päles ; 50, bro- 
derie légère et clair-semée: 4°. côtes légèrement 
prononcées; 5°. saveur douce et acide en même 
temps ; mais tout au contraire. 
Produits réels de deux hybrides des chatés et 
melons sus-désignés. 


- Premier hybride: = Deuxième hybride: 


1°. Chair jaune; 1°. Chair jaunâtre ; 


29, Graines blanches; 2°. Graines blanches ; 
30. Broderie; _3°.-Peau lisse; 
4°. Côtes assez pro- 4°. Sans côtes ; 
noncées; 2° Saveur douce. 
Se Saveur acide. 
Ces deux hybrides dont j'aimaintes fois obtenu 
les analogues ou l'équivalent, suffiront, je pense, 


(4 ) 
pour l'intelligence de ce que j'ai dit plus haut. 
On y voit, en effet, tantôt une fusion des carac- 
tères appartenans au melon et au chaté, mais 
cette fusion est dé bien peu d'importance ; tan- 
tôt on y voit une distribution bien plus mar- 


quée de leurs divers caractères sans aucun mé- 
lange entre eux: l’un a la saveur douce et 
agréable du melon sans mélange , €t lautre la 
saveur acide du chaté, etc. RER 
On ne peut trop admirer avec quelle simpli- 
cité de moyens la nature s’est donné la faculté 
de varier à l'infini ses productions et d'éviter 
la monotonie. Deux de ces moyens, fusion et 
distribution de caractères combinés de diverses 
| manières; peuvent porter ces variétés à un nom- 
bre indéfini. 


Toutes ces idées, et principalement celle de 
la distribution aux hybrides des caractères de 


leurs ascendans sans fusion de ces caractères , 
et que je regarde comme la base principale de 
la ressemblance de ces hybrides avec leurs as- 
cendans, sont fondées notamment sur l’observa- 
tion de la singulière fructification du chou-rai- 
fort, décrite plus haut et subsidiairement 
appuyée sur le grand nombre et l'extrême va- 
riabilité des melons que j'ai cultivés, de leurs 
hybrides avec le chaté et le melon-serpent, et 
par la variabilité, peut-être encore plus étendue 


» 


| | (46 ) 

et plus étonnante du pepon, queje nomme pepo 
citrullus , connue généralement sous les divers 
noms de citrouille, giromont , coloquinelle 
(fausse coloquinte), courge à la moelle et au- 
tres, pastisson, bonnet d’électeur, ete. Ce 
Í pepon, d’après mes observations, a fourni toutes 
_| les variétés de forme, de grosseur et de couleur 
-| qu'on a quelquefois attribuées à des espèces par- 
 ticulières. La graine du même fruit m'a offert 
; tout ce qu'il est possible d'imaginer, m'a fourni 
! tous les accidens possibles, et m’a souvent re- 
| produit des variétés qui avaient disparu depuis 
long-temps. M. Duchesne en a consigné plu- 
sieurs exemples dans ses ouvrages et dans une 
fort belle collection de planches, lesquelles sont 

déposées au Muséum d'histoire naturelle. 
A quoi tient donc cette faculté que la nature 
a de reproduire sur les descendans tel ou tel 
caractère qui avait appartenu à leurs ascendans ? 
Nous ne le savons pas; nous pouvons bien 
soupçonner qu'elle dépend d'un type, dun 
moule primitif qui contient le germe de tous 
les organes, germe qui dort et se réveille, 
qui se développe ou non suivant les. cir- 
constances; et peut-être ce que nous appelons 
espèce nouvelle n’est qu’une espèce ancienne, 
dans laquelle se développent des organes 


anciens, mais oubliés, ou des organes nou: 


I 


(47) 
veaux dont le germe pristati mais dont le dé- 
véloppement n’avait jamais été favorisé. 
Au surplus, tous les faits que j'ai rapportés 
et les idées qu'ils m'ont suggérées n'ont rien 


de si extraordinaire. 

Qu'on se reporte, en effet, à ce qui se passe 
dans le règne animal: ne voyons-nous pas, dans 
les abeilles ouvrières, le sexe féminin ne pas se 
développer parleseul fait du manque une nour- 
riture plus abondante ou plus appropriée, ainsi 
que parleur défaut de développement complet 
dans une alvéole trop petite? Et pour en revenir 
à mes idées sur le mode de ressemblance des hy- 
brides avec leursascendans, nevoyons-nous pas 
queles enfans d’un père qui ales yeux et lesche- ` 
veux noirs, et d'une mère blonde et aux yeux 


bleus, n'ont pas nécessairement pour cela les 


yeux et les cheveux grisou châätains? L'un peut | 


_avoir les yeux dela mère etles cheveux du père, 
et vice versä; mais il est assez ordinaire qu'iis re- 
tiennent quelque chose de lun et de l’autre. La 
même remarque peut s'appliquer au nez , aux 
oreilles , etc., et en outre à certaines affections 
ou maladies héréditaires qui peuvent affecter 
les uns et non les autres, qui peuvent ne pas se 
faire apercevoir dans la première génération et 
reparaître dans la seconde et les suivantes. Le 
fonds reste, les accessoires varient, le type ou 


(48) 
moule primordial existe, le germe y existe 
aussi; mais il dort ou se réveille suivant des 


circonstances. - 

Ce n’est donc pas sans raison que les Arabes 
conservent avec tant de soin la généalogie de 
leurs chevaux; il leur a donc paru important 


de pouvoir établir quaucun mélange, aucun 
défaut n'avaientsouillé la pureté de leur race, et 
qu'un atavisme malheureux est impossible. 

On peut encore tirer de ceci un avis impor- 
tant pour ceux qui s'occupent du croisement et 
de l'amélioration des races: ce qui a été dit sur 
les chevaux peut s'appliquer aux moutons mé- 
rinos et aux autres races, comme à toute autre 
espèce d'animal ; il est bon qu’ils prévoient ce 
qu'ils ont àcraindre d’un atavisme inconvenant; 
qu’ilssachentquel'époque de son retour est peut- 
être indéterminée ; qu'ils sachent que, dans les 
ascendans, des défauts ne sontpastoujours com- 
pensés par des qualités contraires; enfin qu’ils 
apprenent à: connaître par l'expérience, si faire 
se peut, quels sont les caractères qui se mê- 
lent, quels sont ceux qui se perpétuent sans 
mélange, et quelles peuvent être les modifica- 
tions en les croisemens sont susceptibles. Je 
désire que mes observations contribuent à les 
mettre sur la voie. 


ER 

Mais il est temps de revenir à mon sujet. ' 

“fai: présenté jusqu'ici les hybrides obtenus 
par moi comme n'étant le produit et la repré- 
sentation que de deux ascendans immédiats; je 
n'ai point parlé des cas où ces ascendans eux- 
mêmes auront déjà des signes d’hybridisme, si 
ce n’est en passant; et lorsqu'il a été question 
des tabacs hybrides de Kælreuther et-de mes 
choux-navets ‘artificiels ; dans lesquels ont été 
signalés des hybrides composés ; soit doubles ou 
triples hybrides, soit surhybrides: Ce sujet est 
important , mais il est difficile à traiter ; et mes 
observations à cet égard, quoique déjà très- 
nombreuses ; ne sont point encore assez positi- 
ves pour que j'ose m'y engager; cependant je ne 
puis passer sous silence quelques singularités, 
qui donneront lieu de soupçonner: là possibi- 
lité d’une double paternité immédiate : je m'ex- 
_plique. | “ste 

Une seule et même graine, un seul fœtus 
a-t-il pu recevoir en même temps ‘et. indivisé- 
ment deux fécondations différentes, ou, pour 
. me servir d’une expression triviale, mais fort 
claire, un enfant peut-il avoir deux pères? De 
ce que ce fait n'aurait point lieu dans les ani- 
maux, on n'en pourrait rien conclure contre 


4 


ri 


|| 
| À. 
P 

EF 
LE 
ii 


r 


son existence dans les végétaux : au surplus 


voici ce qui m'a donné lieu d'agiter cette ques- 
tion. 

' Dès le premier croisement opéré par moi en- 
tre le melon commun , le melon-serpént et le 
chaté, plusieurs de ces plantes étant assez voi- 
sines les unes des autres, et, malgré mes pré- 
caulions, la possibilité d’une fécondation étran- 
gère spontanée et imprévue étant admissible, 
j'avais cru m'apercevoir que plusieurs hybrides 
provenus du premier degré d'hybridation pa- 
raissaient tenir en même temps du melon, du 
melon-serpent et du chaté; c’est-à-dire que, 
dans les uns, la saveur acide ds chaté se rencon- 
trait avec les formes du melon et du melon-ser- 


pent; que dans les autres, la forme du melon 


dominait, mais que les-saveurs peu agréables 
du melon-serpent et du chaté se faisaient seules 
ressentir ; qu'il pouvait même arriver que, dans 
ce cas, ces saveurs fussent portées à ùn tel degré 
de force , et tellement repoussantes , qu’il était 
impossible de les comparer à celle des espèces 
franches elles-mêmes. Ce fait m’intriguait beau- 
coup, et, sans la supposition d’une double pa- 


_ternité, me paraissait inexplicable; j'avoue 


même encore aujourd’hui qu’avecle secours des 
nouvelles lumières que depuis j'ai pu ac- 


(51) 
quérir, je suis peu satisfait de toute autre ex- 
plication. Ge 
Quelques personnes ont pensé que l'influence. 
d’une fécondation étrangère pouvait se faire. 
sentir immédiatement sur la: saveur d’un fruit, 
et ont cru qu’un melon pouvait devenir amer, 
parce qu'il se trouvait atiprès d’une coloquinte : 
je ferai voir ailleurs que ce fait doit être regardé 
comme une absurdité; je ne puis donc ladmet-. 
tré ici comme une explication : j'aimerais mieux. 
dire que toutes les plantes, et peut-être plus. 
encorè les plantes hybrides, ayant, ainsi que 


nous l'avons vu, la faculté de rappeler, pour : 


ainsi dire, à volonté, sans mesure etindifférem- 
ment, et indépendamment les unes des autres, 
lés qualités de leurs ascendans, il est possible 
que quelques-unes d’entre elles, mal partagées, 
aient laissé tout ce qu'il y avait de bon, et pris 
tout ce qu'il y avait de mauvais , ainsi qu'on 


voit des enfans avoir les défauts. de leurs parens 


sans avoir leurs bonnes qualités. 

Laissant; au surplus, une meilleure explication 
de ce dernier fait a des observations postérieu- 
res ; je vais; en réunissant tout ce que j'ai dit 
Jusqu'ici, chercher à en profiter pour jeter quel- 
que jour sur certains phénomènes qui s’ob- 
servent dans quelqués plantes; savoir, 


ne =- Doea 
rer a se z $ 


À 
j 
3 
Ja 


de foi) ; 


( 52 ) 

1°, L'existence et la réunion sur une plante, 
soit variété, soit hybride, de plusieurs carac- 
tères qui, ne se retrouvant point dans ses ascen- 
dans immédiats, s’expliquentparl'atavisme( (Foy: 
plus haut),c’est-à-dirè la tendance àrappeler d’ an- 
ciens caractères perduset quiserenouvellent; 

2°.: L'existence, sur la même plante, de Dents 
de couleur différente ; comme sur quelques ro- 
siers, /a rose Vilmorin , et sur quelques œillets: 


il n’est pas raré de voir sur le même pied des 
fleurs rouges et des fleurs panachées ; 


5°. L'existence sur la même grappe de rai- 
sin, de grains blancs et de grains noirs, et de 
grains moitié blancs etmoitié noirs;sur le même 
plant de melon, de deux fruits absolument dif- 
férens (ce dernier fait m'a été certifié par M. Jil- 
morin et par plusieurs autres personnes dignes 


4°. e T sur le même pied et sur les 
boutures quien proviennent, de feuilles et de 


-branches panachées , et d’autres qui ne le sont 
pas, comme dans le geranium zonale et autres. 


Ces deuxième, troisième et quatrième faits 
s'expliquent par les modifications que-peuvent 


subir pendant le cours de leur végétation , soit 


une plante, soit une partie de plante : ainsi que 
nous l'avons. vu. plus haut en parlant des pro- 


(355) | 

duits différens que peut donner la même graine 
semée à des époques différentes, et par une 
culture différente, 1l est possible que l’atavisme 
qui ne s'était point manifesté sur la plante 
principale, se manifeste sur quelqu’une de ses 
parties. | 


à 


Des cucurbitacées en général, et des courges 


proprement dites. — Projet de nomenclature 
pour cette famille. 


Spallanzani a fait et réitéré, avecle plus grand 
soin et les précautions les plus minutieuses, 
des expériences qui prouvent que quelques 


2 courges ( pepons) peuvent produire sans fécon- 


dation desfruits dont lesgraines soientfécondes 3 

j'ai répété quelques-unes de ses expériences, et 
mes résultats ontétéconformes aux siens. Je crois 
même me rappeler que Spallanzania été encore 
_ plus loin, et que les graines de ses fruits non 
fécondées, ayant été semées de nouveau, lui ont 
produit des fruits qui, sans fécondation, ont 
donné de rechef des graines fécondes. 

Jai d’ailleurs fait sur les courges proprement 
dites une multitude d'expériences dont je ne 
consignerai ici que le point le plus important: 
J'ai observé leur végétation avec le plus grand 


À. 


C5) 
soin ; Jai pris la peine de les goûter toutes, et 
jeme suis convaincu , entre autres choses, qu'il 
n'existait aucune espèce d'amertume dans les 
petites courges appelées mal-à-propos colo- 
quintes, ainsi qu'on le croit assez communé- 

-ment. Je crois avoir déterminé d'une manière 
| positive (et j Je me suis pour cela servi de tous 
J}; mes sens ) le nombre des véritables espèces qui, 


j quoique pour la plupart très-portées à donner 


| de nombreuses et d’ étonnantes variétés, lesquel- 


1 les variétés peuvent bien sei mêler entre elles, 


| mais chacune dans son espèce, m'ont cepen- 
| dant paru bien fixes et nullement disposées à 
se mêler avec les autres espèces par aucune fé- 
condation, ni spontanée, ni artificielle , quoique 


jaie- employé beaucoup de temps et de moyens 
pour les y forcer. TON 


D’après cela, j'ai cru pouvoir les classer ainsi 
qu'il suit, et ed pour elles cette nomen- 
clature. 5 


Courges proprement dites > Six Espèces; sa~ 
voir, 5 


10, La calebasse, dite aussi gourde, courge 
élerine et ses variétés, Ps leucantha : 
> 


(58) 


2°. Le potiron et ses Sarietés. Jont; une Pe ; 


remarquable, mais très- peu constante, le turban 
ou bonnet ture : l'épithète de compressus lai, 
‘convenait fort bien; mais le potiromon et 
quelques variétés de giromon sont également 
comprimés : je le nomme „Pepo potiron. i 
5°. Le giromon, avec oe variétés extrême- 


ment AA a T et extrêmement singulières, 
connues sous les divers noms de citrouilles, 
courges à la moelle, pastisson; bonnet d’élec- 
teur, coloquinelle ou fausse coloquinte, colo- 
quinte-orange, coloquinte poire, ete. cm 
‘citrullus. ) Sarn 

4°. La citrouille musquée, courge ou pai 
ron musqué melonné, etc., que j'appetlerai 
_potiromon, comme étant une espèce Intermé- 
diaire entre le potiron et le giromon, quol- 
qu’elle n’en soit point hybride. (Pepo moschatus 
Hgh eximius. ) a 

. La courge rayée et mouthetée, fort belle, 

ASE ement nommée melon de Malabar, 
et qui diffère assez sensiblement. des autres 
pepons. (Pepo malabaricus. ) 

6°. Et enfin le pastèque ou melon d’eau , qui 
west pas du tout un melon. ( Citrullus pasteca. ) 


- Ces six espèces, ainsi que je lai dit, ne se 
F 


Se Ce EA bre ETEEN BMD air we i Les RATE 


( 56 ) 
mélent point ensemble et n'exercent aucune 
influence fécondante sur aucune autre plante 
que je connaisse. (J'avouerai cependant que 
mes expériences sur le potiromon et le pas-" 
tèque ont été beaucoup moins nombreuses , et 
que je me propose de les répéter.) 


Nomenclature proposée pour les cucumis : 


Cucurnis sativus , concombre ; 

20, Melo sativus, melon; 

3°. Melo persicus, melon de Perse, d'hiver 
(fruit jaune, oblong, rayé et moucheté de vert}; 

4°. Melo flexuosus 3 melon-serpent , €t sa va- 
riété le melon-trompe; | i 

bo. Melo chate, le chaté (abdelaoni); 

6°. Melo dudaïm, le dudaïm. 


Cette nomenclature est fondée sur ce que le 


concombre reste franc et isolé de tous les autres, 
et sur l'analogie et la tendance qu'ont àse mé: 
ler le melon commun ,le melon de Perse, le 
serpent , le trompe, le chaté, et très-probable- 
ment aussi le dudaïm, les produits croisés de 
tous ces melons étant des hybrides bien réels. 

Je crois donc pouvoir conclure que tout ce 
qu'on a débité jusqu’à présent sur le mélange 
et la dégénération du vrai melon et du con- 


(57) 

combre par la fécondation du concombre et 
des courges, tels que potiron, giromon, Ci- 
trouille, coloquinte, etc., est absolument dé- 
- nué de fondement. pan 

- Il faut considérer que les melons , ainsi que 
la plupart des fruits des cucurbitacées , conte- 
nant, à ce qu'il wa paru, une quantité notable de 
potasse et de matière animale , sont sujets à 
prendre une amertume, un goùt et une odeur 
détestables, pour peu quela saison contraire,une 
mauvaise constitution , une maturité mal ac- 
quise ou passée, humidité sur-tout, y détermi- 
nent un commençement de putréfaction : il 
n’est donc pas nécessaire pour cela du voisinage 
d’une citrouille ou d’une coloquinte. (Notez 
bien que la coloquinte des jardins n’est nulle- 
ment amère, cette amertume n’est propre qu'à 
la coloquinte officinale , cucumis colocynthis.) Ces 
qualités désagréables ne pourraient exister que 
dans les produits hybrides, par graines, de ces 
melons dans l’année suivante, si une fécondation 
étrangère spontanéeavaiteu lieu. Vaifécondé un 
mais blanc avec le pollen d'un maïs jaune, 
a. ’épi produit a été à grains blancs: ce n’est 
_ qu’en semant, l’année suivante, ces grainsblancs, 
que j'ai obtenu des.épis à grains moitié jaunes 


et. moitié blancs, Ces fécondations spontanées 


D br TROT PR RE mir ne 2 Eire EL 


(58) 


étrangères ne sont done pas si communes 


ni si aisées: qu'on veut bien le supposer , èt 
bien que nous ne sachions pas si la fécondation 
n’a pas quelque autre moyen de séffectuer 
que celui qui apparait à nos yeux, point sur le- 
quel il serait trop long dé développer ici mes 
idées; nous pouvons cependant croire qu’elles 
sontsoumises à des lois déterminées, que la na- 
ture a établies pour la conservation des espèces, 

et nous ne devons pas croire à la puissance du 
hasard pour les violer : il y a très: probablement 
un système d'attraction et de répulsion entre le 
pistil et le pollen des fleurs, en raison de leur 
différence ou de leur parité , et ces affinités ne 
peuvent être vaincues que par une force artifi- 
cielle. Je me refuse donc à croire que le hasard 
ait pu faire ailleurs ce qu'il n’a& pu faire chez 
moi, quoique favorisé par moi, et ce que j'ai 
vainement tenté de faire moi-même. 

Telest du moins l’état actuel des choses ; miais 
commeje me propose de donnersuite mes obsér- 
vations; s’il se présentait à moi quelques faits 
contraires, je ne Craindrais point dé mérétracter. 
Au surplus, cet état actuel de choses peut chan- 
ger sañs que les principes changent; il peut chan: 
ger par l'effet de la double paternité, par la pro: 
_ duction d'hybrides quelconques dans uné famille 


| t 99 ) ; 

nouvelle, production qui peut tout déranger, les 
lois d'affinité n’étant plus les mêmes pour les 
espèces hybrides que pour les espèces franches, 
etil.est possible que des plantes qui ne s’allient 
point immédiatement entre elles contractent 
cette alliance par le moyen d’un intermédiaire : 
c'est ce que la suite éclaircira, | | 

Mais autant, entre espèces différentes bien 
caractérisées , les fécondations spontanées sont 
rares, autant sont-elles à craindre entre les va- 
riétés et les hybrides; et c’est ce qui m'engage 
à avancer une proposition que je crois utile. 

L'extrême variabilité des melons , leur facilité 
à se mêler par le croisement, même à dégénérer 
spontanément (ce que montrent la grande quan- 
titéet la culture répandue d’espèces nouvelles et 
intéressantes que nous avons actuellement) , la 
production des hybrides dans cette famille, fait 
qui avait lieu avant moi, et qui est constaté par 
l'existence du melon-trompe et des variétés pro- 
bablement hybrides du melon-serpent, nous font 
craindre deperdreles melonsquifontaujourd'hui 
la base de ce commerce, Notremelon-maraïicher, 
qui a bien son mérite; le prescott, si agréable au 
goût; le petit cantaloup noirdes carmes, précieux 
par sa saveur très marquéeet sa précocité; leme- 


lon-muscade; le petit sucrin vert; le melon de 


RATES SE LEE de JET es 


(60) 

Perse d’hiver,passeront, comme tant d’autres ont 
passé. N'y aurait-il donc-pas moyénid’y obvier? 
Il me semble:quon.pourrait confier le soin de 
leur conservation à un établissement public: en 
y:cüultivant tous les ans isolément une: ou plu- 
sieurs de ces espèces bien-franches; en consér- 


vant , plusieurs années , leursgraines par la dis- 
tribution, il me semble qu’on parviendrait. à 


_atteindre:ce but. Aie FE 
(77). Un cantaloup-boule- de Siam; privé ‘de 

ses fleurs mâles , couvert d’une cloche pendant 

l'épanouissement de sa fleur femelle non fé- 


condée , a donné un fruit dont les graines ont été 
fécondes; vingt-huit graines de ce fruit semées 
l'année 'suivanté ont donné des fruits absolu- 
ment semblablés:xlaboule-de-Siam: Deux grai- 
nes ont donné des fruits-oblongs et à côtes peu 
saillantes et à peau lisse. Ce fait prouve en 
premier lieu la dégénération spontanée du me- 
lon, et en second lieu donne à croire qu'il n’a 
pas besoin de fécondation pour fructifier, à 
moins qu'on né suppose que dans. ce cas sa 
fleur femelle était pourvue d'étamines; ce qui 
arrive au reste. assez souvent. . 
Je mettrai à la disposition dela Société es 
échantillons de | graines de mes hybrides les plus 
intéréssans dans la famille des melons. 


DEUXIÈME MÉMOIRE 


SUR 


LES CUCURBITACÉES, 


PRINCIPALEMENT 
SUR LE MELON, 
CONTENANT LA COLPURE EN PLEINE TERRE DE 


CELUI-CI, ETC, ET LES PERFECTIONNEMENS 
DONT ELLE SERAIT, SUSCEPTIBLE;, | p; 


PAR M: SACERET, 


MEMBRE DE LA SOCIATÉ ROYALE ET CENTRALE D'AGRICULTURE- 


} 


PARIS, 


IMPRIMERIE DE M°°. HUZARD (NÉE VALLAT LA CHAPELLE), 
Imprimeur de la Sociéte , 


rue de l'Éperon Saint-André-des-Arts 5 n°. 7, 
Le pen 


1827. 


Da SEE E A T E E T 


oy 
s 


2 Me roro PA Br BRUNET PER GUN Qu ir p i Eee MEME. pa Le 


Extrait des Mémoires de la Société royalé et 
centrale d'Agriculture, année 1827. 


Le 


DEUXIÈME MÉMOIRE 
LES CUCURBITACÉES, 
SUR LE MELON; 


PAR M. SAGERET, Membre de la Société royale et 
_ centrale d'Agriculture (1). 


Surla Culture du melon en pleine terre d'après 
des expériences faites en grand à Paris pen- 
dant les années 1822 et suivantes, jusque ét y 
compris 1826, contenant en outre quelques 
considérations sur la végétation et la fructifi- 
cation des cucurbitacées en général, sur quel- 
ques espèces nouvelles, et sur les perfectionne- 

mens dont cette culture serait susceptible. 


‘INTRODUCTION. 


Le melon (cucumis melo, L. ; melo vulgaris, 
Tournef. ) estune plante de la famille des cucur- 
bitacées, qui porte sur le méme pied deux 
sortes de fleurs : les unes , måles, destinées à la 


Q) Voyez le premier Mémoire dans le volúmė de 


Vannée 1825 , page 435. - 


4 


fécondation; les autres, femelles ; qui portent 
un fruit que tout le monde connait , dont il se, 


fait à Paris nne grande consommation, et qui 
est un objet de commerce assez important. 


Le melon ne se cultive généralement à Paris 
et dans les climats analogues au sien que sur 
couche, avec châssis pour les primeurs et avec 
cloches pour ceux qu'on mange dans l'été. 

Cette pratique est fondée sur plusieurs rai- 
sons. Les jardiniers-maraîchers , dont le terrain 
est précieux, et dont la culture se divise en sai- 
sons, c'est- à-dire en productions particulières, 
successives et déterminées , dont. l'ordre ne 
peut etre interrompu ni interverti sañs de 
grandes pertes pour eux, doivent semer et ré- 
colter leurs melons à des époques aussi à-peu- 
près fixes et déterminées ; résultat qui, pour 
les melons, ne peut s’obtenir qu’au moyen de 
couches, de chàssis et de cloches , puisque c’est 
le seul moyen de vaincre les effets d’une tem- 
‘pérature variable : de plus, les premiers me- 
lons. se vendant beaucoup mieux que les au- 


\ 


trés, il leur importe d'en hâter la production. 


Les jardiniers bourgeois , à leur tour, jaloux 
de rivaliser avec les maraichers, suivent la 
même marche ; la plupart. d’entre eux ignorent 
aussi qu’il est possible d'exécuter cette cultare 


í ( 5 ) i 

en pleine terre. On s'est d'ailleurs: beaucoup 
exagéré les difficultés de la culture dirmelon ; 
sa taille sur-tout paraît en présenter le plus: 
les meilleurs praticiens ne suivent pas tous la 
même méthode; plusieurs d’entre eux en font 
un mystère, et Ceux qui veulent en apprendre 
une par le fait -de la seule imitation et sans en 
_connaîtreles principes réussissent difficilément ; 
et, en effet, 1l y a peut-être plus d’inconvéniens 
à mal tailler le melon qu’à ne pas le tailler du 
tout, | L | | | 

On s'était aussi persuadé mal-à-propos que, 
certaines variétés seules , plus robustes ou pré-\ j 
tendues acclimatées, pouvaient réussir en pleine ! 
terre; jai cultivé également et avec un égal 
. succès les espèces acclimatées et les copay 
étrangères et nouvelles. 

On à cru aussi pendant long- temps, et plu- 
sieurs personnes le croient encore, que le me- 


lon est un fruit indigeste, malsain, fiévreux; ete., 


et qu’une fois le mois de septembre arrivé, on 
ne peut en manger sans danger. J'ignore jus- 
qu'à quel point ces préventions et le défaut 
d'habitude peuvent influer sur les effets réels , 
_ mais je crois néanmoins que tout cela nest qu'er- 
reur ; je puis assurer, d'après ma longue expé- 
rience , que ce fruit, lorsqu'il est de bonne 


qualité etbien mùr, est, tres-sain ; même de fa- 
cile digestion, et qu’il peut acquérir et conser- 
ver ces bonnes qualités jusque et-au-delà du 
mois de novembre. J'en mange habituellement 
pendant cinq mois de l’année sans en avoir ja- 
mais été incommodé, Teya 
Étant donc, comme l’on voit, grand amateur 
de melons d’une part, et, de l’autre, ayant en- 
trepris sur les cucurbitacées un ouvrage poun 
_ la confection duquel il m'était nécessaire de les 
cultiver, et les réunir pour bien reconnaître et 
pour en comparer toutes les espèces et varié- 
tés, après avoir fait ce travail sur les courges , 
je devais en faire autant pour les melons. Feu 
M. T'hotin, et, depuis, MM. Bosc, Vilmorin; 
Challan, François de Neufchâteau, etc., se sont 
fait un plaisir de me procurer toutes les graines 
qui étaient à leur disposition; mais il fallait, 
pour parvenir à cultiver et réunir sans de grands 
frais toutes cés espèces de melons, en simplifier la 
culture et la taille. Je me suis donc borné à en 
mettre: quelques-uns sur couche pour avoir des 
primeurs, et j'ai élevé le reste en pleine terre. 
Fai donc cultivé en pleine terre, et pendant 
plusieurs années de suite, plus de mille pieds 
de melons de plus de cent variétés de différentes 


races et de: différens chmats. Le“semis et la 


Zi 


taille ont été exécutés par moi seul; les dpo 
et les arrosemens ont été faits sous mes yeux'et 
sous ma direction ; et mes essais ont été suivis 

dün pisip succès : C'est l'exposé des moyens 
que j'ai employés qui devait faire le but ee 
cipal de ce mémoire. bek sh n 

‘Ge west pas que nous ne possédions surla 
culture du melon quelques bons ouvrages. Oli- 
vier: de Serres, Rozier, et, plus récemment, 
MM: Calvel, Louis Dubois, Vilmorin et Fêbu 
rier, s'en sont occupés ; mais ce n’est po en gé- 
néral :sous le rapport que j'ai ici en vué sil 
reste donc quelque chose à faire. Avec leur 
secours; avec les éclaircissemens que j'ai pu 
| tirer de mes conversations ayec d'habiles prati- 
ciens; et avec mes propres expériences , je ne 
me crois pas encore capable de donner un 
traité complet de la culture dù melon ‘jy tra- 
vaille néanmoins, et, en attendant, désirant 
voir se perfectionnér, ét sur-tout se populari- 
ser cette culture, je dirai tout ce que je sais; et, 
pour en faciliter l'étude, je divisérai ce mémoire 
en trois parties. ; 

+ Dans la ‘première, je donnerai Sa des- 
mapenó simples, faciles et économiques, que j'ai 


employés :pour la culture du melon en pleine 
lerre exposé que j'ai tâché de rendre-clair et 


| (8) | 
court}: afui :de le mettre à la portée des plus 
simples cultivateurs ; me bornant à y décrire les 
procédés indispensables , en indiquant cepen- 
danțcceuwiqwon; pourrait. y ajouter pour plus 
de perfection: iis sh tem zò 

Dans la seconde partie, un peu plus théo- 
rique, mais Cependant fondée sur mes observa- 
tions, jexposerai Quelques considérations sur 
la végétation du melon et sur les moyens d'en 
perfectionsier la fructification. 
- La troisième partie consistera en une notice 
sur la culture et la nomenclature de plusieurs 
autres-cücurbitacées tant anciennes que nou- 
velles; SED 


PREMIÈRE PARTIE. ` 


CULTURE DU MELON EN PLEINE. TERRE. 


5% à 


Choix et préparation du Terrain. 


Quoique, à moi: avis ; dans ñotre climat, le 
melon puisse être cultivé assez généralement en 
pleine terre, cependant, comme toutes'les án- 
nées ne sont point également favorables; comme 
certaines localités pénvent être plus exposées 
aux gelées blanches tardives du printemps: ou 
-aux premières gelées d'automne , on doit s’atta- 


cher à choisir le terrain et les expositions les 
plus convenables: Il faut préférer: un terrain 
plutôt sec'et chaud que froid et humide, exposé, 
ét, s'il est pôssible ; incliné au midi, abrité du 
nord, soit par des murs, des haies, un coteau 


où uné plantation d'arbres, mais non pas ĉe- 


pendant ombragé; car le melon ‘n'aime pas 
l'ombre, et doit jouir én toute liberté'de l'air 
et du soleil. Il est même prudent, à moins d’une 


localité froide et humide, de ne pas le placer | 


trop près des murs exposés au midi; car il se- 
rait’ exposé à y recevoir des coups de soleil, et 


il faudrait, dans cette position, couvrir ses fruits 


d’un peu de paille pendant sa grande ardeur.Je 
ne m'étendrai pas d’ailleurs sur les moyens de 
remédier aux défauts du sol et de l'exposition Ë 
tous les cultivateurs connaissent bien: l'usage 
des fossés pour assainir les terrains froids et 
humides, et l'emploi des haies sèches et des 
paillassons pour former des abris artificiels. 
Laterre devra, avant ou pendant l'hiver, réce- 


voir un labour de bêche ou de houe; d'un bon 
pied de profondeur, si sa nature ne s'y oppose 


pas; elle devra être amendée, si elle ne l’a point 
-été suffisamment pour de précédentes cultures ; 
au printemps, et peu de jours avant le semis, il 
faudra lui donner une seconde façon, qui sera 


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{ 10 ) 
telle que la naturedu sol l'exigera : : ordinaire 
ment un léger binage suffit ; mais dans.tous les 
cas, il faudra qu'il soit purgé.des.mauvaises 
herbes, sur-tout du .chiendent, parfaitement 


ameubli.et uniavec le râteau ou la fourche. 


Ces opérations se font chez moi ordinairement 
à la fin d'avril, ou dans.les premiers jours de 


maii; chacun se, réglera à cet égard d'aprés la 


saison et les localités. 


Disposition ‘du Terrain pour le Semis. 


ft 


Gislques jours apres ces ‘opérations, ayant 


laissé à la terre le temps de se hâler, et par un 
beau temps, s'il reste quelquesmauvaises herbes, 


on repassera le râteau une seconde fois, - 

: Le terrain étant ainsi disposé, on trace au 
cordeau: des lignes écartées; de quatre à cinq.ou 
six pieds les unes des autres (mon habitude est 


. dé:oinq pieds), suivant que le terrain est pré- 


cieux, que les espèces de melons qu'on veut 
cultiver sont plus ou moins vigoureuses, etc. 
Sur ces lignes, on pratique à deux, ou, mieux, à 
trois pieds de distance, des trous d’un bon fer 
de bêche de largeur et de profondeur : cet-es- 
pace Suffitsÿcependant il y aurait de l'avantage 
à legfaire un peu plus larges. On remplit ces 
trous de, fumier, que l'on tasse bien, que l'on 


o H ) 

égalisé au niveau du söl, et qui doit même, 
si ce dernier est de naturé humide, le déborder 
un peu et le surpasser; on recouvre le fumier 
dé six à huit pouces de terreau, qui doit aussi 
le déborder : de telle sorté qüe cela présente 
une butte circulaire et arrondie à sa surface , de 
six à huit pouces de hauteur à sa sommité, et se 
terminant d'une manière insensible à sa base, 
qui. doit avoir au moins dix-huit pouces de 
diamètre et même plus, si l’on veut. Toutes ces 
dimensions pourraient être modifiées em raison 
du climat et de la vigueur des plantes. 

-On peut se servir de toute espèce de fumier ; 
celui de cheval sortant delécurie èst préférable | 
sa chaleur, quoique très-faible, à raison du peu 
devolume employé, qu’il:peut néanmoins con: 
server pendant douze à quinze jours, suffit pour 
activer la levée: des: graines, et pour-atteindre 
unesaison plusélevée en température; j’emploie 
ordinairement le fumier de cheval, quelquefois 
celui de vache, mais plus souvent encore les 

boues de Paris, que j'ai xnra disposition, et dont 
je’ me trouve très-bien. J’ajouterai même que 
je men sers aussi avec beaucoup de succès pour 
faire des couchés. Faute de terreau, on pourrait 
se servir de la terre ellemême, soit pure, si elle 
est légéré et bin amendéé, soit mélangée avec du 


HET 


fumier.conuscmmé.Les maraichers,se servent as- 
sez souvent de'la terre de leurs jardins; mais on 
sait quelle est sa qualité. J'engage ceuxqui ont à 
leur portée du terreau de bruyère à en essayer, 
soit-pur, soit mélangé avec d'autre. terreau ou 
ayec du fumier bien SPRPRPYRS: 
4 } 
Du Choix des. graines, du Semis ét des soins s gú il 
| exige. Jeni 


Fe less semis iiaiai melon;ix même: ra mieux soi- 
gnés;: omrecorimande le choix. -des graines-bien 
pleines etbien: aontées, à pl usforte raison CeChoix 
est-il: nécessaire pour.un semis sur place et en 
pleine terre. Ce n’est pas que je n'aie quelque- 
fois employé, faute: de: mieux, des graines de 
melon-mal mûres; mais, c'est ce qu'il faut évi- 
ter, parce qu'elles lèvent. incomplétement, ei 
. donnent sur-tout, dans le principe, des plantes 
peu vigoureuses, et par cela même, dit-on, plus 
hâtives, ce qui peut-être une considération ; 
mais ilest plussür de. semer de bonnes graines. 
Quant. à leur âge, il ya l-dessus diversités d'o- 
pinions: les graines nouvelles poussent plus vi- 
soureusement,. mais on leur reproche de se 
meitre à fruit plus diffeilement. Plusieurs jar- 
dipiérs préférent celles de deux ans : en général, 


pour moi, Je préfère les nouvelles, et cepen- 


dant je me sers à-peu- près avec un égal succès 
de celles même beaucoup plus anciennes ; 
mais, dans ce dernier cas, il faut s s’en méfier et 


semer plus dru. : 

Mon usage est, lorsque je suis sûr de leur 
bonne qualité (ce dont il est bon de s'assurer 
d'avance en en semant sur couche}, de n’en 
mettre qu’une au milieu de chaque poquet; 
quand ‘elles sont douteuses, j'en mets plu- 
sieurs. Si l’on est dans l'intention de ne con- 
server qu’une plante par poquet, comme elle 
sera mieux placée au milieu, il faut alors wes- 
pacer les graines que de deux pouces l’une de 
l’autre: cette distance suffira pour que la plante 
restante ne soit point ébranlée par larrachage 
des surnuméraires ; cet arrachage d'ailleurs doit 
être fait avec précaution. Si l’on était dans l'in- 
tention de laisser à chaque poquet deux plantes, 
et je ne conseillerai jamais d'en. laisser davan- 
tage, on pourrait placer les graines à six ou huit 
pouces l’une de l'autre. Lorsqu’ on vise à la gros- 

seur des fruits plutôt qu'à la quantité, il vaut 
mieux ne laisser qu’un seul pied. Au surplus, à 
cet égard, on pourra se régler sur la distance et 
l'étendue qu’on aura données à ses poquets, à Ja 

Quantité de fumier et de terreau qu'on y aura 

mise, à la grosseur et à la vigueur des espèces, 


# 


(14) 
l'étendue qu'elles ia occuper, étendue pro- 
portionnée aussi à la qualité du sol, aux soins 
et aux arrosemens que. l’on sera à même de 


leur donner. i 
Les graines doivent être enterrées à la pro- 


è 


fondeur de six à douze lignes; moins elles sont 
recouvertes, plus elles lèvent aisément, mais 
alors il faut les entretenir fraiches. L’épaisseur 
de terreau ou de terre qui les recouvre devra va- 
rier à raison de sa légèreté ou de sa force; un 
pouce de terreau ne serait pas trop, et six li- 
gnes de terre trop forte seraient beaucoup; on 
se réglera aussi sur l’état de atmosphère; s'il 


est sec, il exigera aussi qu'elles soient un "peù 


plus récouvertes. sta 

Après les graines semées, il faudra compri- 
mer légèrement avec la main la terre qui les 
recouvre, pour les garantir, soit du hâle, qui 
Jes dessèche, soit de la pluie, qui les déchaus- 
serait ; cette compression néanmoins ne devra 
être kuča que si cette terre était sèche et 
légère, car elle serait nuisible à la sortie des 
plantes, si elle était forte et humide : si l’on est 
en retard de semer,on peut hâter la germination 
des graines, en les faisant tremper pendant 
‘vingt-quatre heures ou un peu plus, dans de 
leau de bonne qualité et à une douce tempé- 


(15) 
rabure ; mais alors il faut avoir soin dé les en 
tretenir en terre fraîche, car, une fois disposées 
à gérmer, elles périratent faute de ce secours. 
Res graines de melon peuvent, si la saison 
est favorable, lever au bout de Huit jours. 
Comime il importé, pour la commodité du tra- 
vail et la régularité dela plantation, qu'elles lè- 
 ventuniformément, il faudra, vers cette époque, 
visiter lés poquets non levés, afin de les réense- 
mencer , Si les graines ne valaient rien. S'il fai- 
sait chaud et sec, et qu'on eût de l’eau à sa dis- 
position, il fadeaie nea Lg: lévée par des : ar- 
rosemens. 10 ; 
Je sème bramie depuis lé rer, jusqu'au 
20 de mai; terme moyen ,:10 de mai : chacun 
se réglera d’après la saison et la nature de son 
sol. lus ; | 
Lorsque les graines seront bien levées, il fau- 
dra sarcler à la main les poquets, plusieurs fois 
même, S'il est nécessaire; un peu plus tard, et 
lorsque, outre les feuilles.séminales où édigte. 
dons, quelques autres feuilles se développeront, 
ce que je suppose être vers la fin ou au commen: 
cement de juin, on pourra arracher les plantes 
Surnuméraires. Il faudra aussi donner un binage 
AU terrain tout entier, saufaux poquets, auxquels 
l'outil ne doit pas toucher : ‘ordinairement ui 


t 


= (16) 
binage suffit; on devra le répéter si la nature du 
terrain ou la levée des mauvaises herbes l'exige. 
Lebinage doit s'exécuter de manière à ce qu’il 
serve à rechausser les poquets sans. couvrir leur 


sommet, et de telle facon que la butte, au lieu 
de dix-huit pouces ou deux pieds de diamètre 
qu’elle pouvait avoir d’abord, en présente, un 
de deux à trois pieds, etmême plus si on le peut; 


les racines du melon s’étendront dans tout cet 
espace, et même beaucoup au-delà, si la terre 
est meuble et amendée. 


Lorsqueles graines de melon sont leris elles 
peuvent être attaquées ou par les insectes, il faut 
y veiller, ou par les gelées blanches: il faut alors, 
à défaut de cloches, couvrir, le soir, les jeunes 

lantes avec des pots renversés, ou avec une pol- 
gnée de paille, ou toute autre chose, et les dé- 
couvrir le matin. 

Si à cette époque, que je suppose être au com- 
mencément ou dans le courant de juin, le semis 
venait à manquer par un accident quelconque, 
ou que le climat n’eüt pas permis de semer sur 
place, ce serait le moment de regarnir ou, de 
planter. Je suppose ‘qu'on a dû prévoir ce Cas, 
en élevant sur couche, ou à l’abri et en pots, 
la quantité de melons dont on peut avoir be- 

soin : quelques jours avant la plantation on a dú 


CAB. 
étêter ces melons (on verra plus bas ce quec est). 
Il faudra les dépoter.soigneusement sans tou- 
cher aux racines, les placer au milieu des po- 
quets; et les arroser sur-le-champ. Il faudra, pen- 
dant quelques jours, les abriter du soleil, et les 
arroser, s'illest nécessaire; mais très-légèrement. 


J'ai vu ces melons ainsi transplantés reprendre 
assez bien lorsqu’ ils sont bienvsoignés ; mais. ils 
acquièrent difficilement la grande vigueur de 


ceux qui sont semés sur place: 7 

Quand le dernier binagevesť fini, et qu’on a 
laissé un peu hâler-la terre, dans le cas où il y 
resterait encore quelques mauvaises - herbes, 
qu'on pourrait au surplus-retirer avec lerâteau, 
il est essentiel, si on lé peut, de pailler les po- 
quets; c'est-à-dire de les couvrir légérement-de 
. menue paille, de fumier léger, delitière; oumême 
de mousse etde fougère; suivant qu’on en aura: à 
sa disposition; si l’on pouvaitcouvrir ainsi:tout: 
le terrain, cela n’en serait quermieux: : cette: 
opération doit étre faite avec soin, ayant grande: 
attention de: ne pas meurtrir: ni couvrir: des: 
jeunes plantes ainsi que leurs: rameaux ; ce: qui 
leur serait très-préjudiciable. | 


(18) 


‘De la Taille du melon. 


La taille du melon est un objet asséz impor- 
tant lorsqu on. veut la porter à sa perfection ) 
elle peut présenter quelques difficultés. Je par- | 
lerai plus au long de sa pratique et de sa théorie 
dans la deuxième Partie de ce mémoire; mais 
ich, me.contentant d'indiquer les exceptions et 
les modifications, ainsi. -que quelques points 
peu essentiels, je vais essayer de la réduire à 
des: principes extrêmement. simples: 

Le melon s'élève d’abord de terre sur une 
tige principale ; qui ne porte que des. fleurs 
mâles, et peu on point dé femellés, par consé- 
quent- point, de fruit; de cette tige principale 
sortent.des rameaux latéraux où sécondaires, 
qui ne sont guère plus féconds; de ces=ra- 
meaux secondaires sortent. des rameaux ter-. 
naires, sur lesquels on commence à voir quel- 
ques fleurs à fruit; et enfin de ces rameaux 
terhaires sortent des rameaux quaternaires, sur 
nr se montrent autant ne fleurs à fruit 
qu'on peut le désirer- ; 3 _ ji 

Etant donc une fois bien établi en principe 
que c’est sur les rameaux ternaires et quater- 
naires qu'on peut espérer le fruit, c’est à faire 


~ 


: past" 
| naitre et croître promptemént ces raméaux pro- 
ductifs qué Part doit s'attacher : la taille va nous 
en fournir les moyens, je ne aiaa ei que 
des plus simples. MENT h 26 
Lorsqu'outre le dévéloppetient dè sés à feuilles 
séminales où cotylédons (queles jardiniérs ap- 
pellent les oreilles); le meloh prééente ‘trois, 
quatre où cinq feuilles au-dessus, et en raison 
de sa force et de sa vigueur, il est temps d’ar- 
rêter la pousse de cette tige principale, qui ne 
se mettrait à fruit qué beaucoüp ‘plus tard; on 
l'étête alors ; en coupant cétte tige au-dessus: des 
deux: premières feuilles (nòn compris. les sémi- 
nales), soit avec un instrument trahchänt, soit 
avec lorigle du pouce; ce qu'on appelle propre: 
ment pincer : cette opération, ainsi que toutes 
celles qu’on fait au mélon,-doit'être faite avec 
soin ; sans-baisure.et pas trop près de l'œil su 
périeur, qu'il faut évier de blesser. Ce retran- 
chement a pour but de hâter le développement 
des bourgeons qui doivent sortir de-l'aisselle 
des deux feuilles qu’on a laissées, bourgeons 
dorit il ést assez essentiel qu'oh voie. déjà de 
tudiment-ou l'embryon : ces bourgeons: doi- 
vent, autant qu'il sera possible; être opposés 
Pun à l'autre; et par suite on devra les diriger 
de telle manière, que chacun d'eux occupe: les- 


25. 


( 20 ) 
pace > qui Jui estudestiné; sans se confondre 
l'un: avec l'autre, non plus qu avec les plantes 
voisines: | | ggi 

Ces deux bourgeons acquièrent de la lon- 
guéur': ils forment-ce: que j'appelle rameaux 
_secondairés; on les nomme ordinairement les 
deux:bras. Lors doncque ces deux, bras outra- 
meaux secondaires; sur aliii développement .de 
six à dix-pouces de longueur, ont poussé cinq à 
six feuilles:ou-environ; on: voit alors sur lesdits 
deux bras, et del aisselle des feuilles: inférieures, 
naître de nouveaux bourgeons; s1 dès leur ori- 
gine ces nouveaux bourgeons, destinés à: for- 
mer lés branches ternaires, montrent quelques 
fleursta fruit, et paraissent: bien ‘conditionnés 
et disposés à réussir; on pince les raméaux se- 
condaires au-dessus desdites fleurs à fruit, et, si 
l'on veut, un peu plus haut, et même à son ex- 
trémité , et l'opération de la taille proprement 
dite est terminée. "= -~ 

‘Mais ice développement précoce de aatis à 
fruit est rare; il faut dé bons yeux pour les 
apercévoir, et la plupart des espèces de melon, 
sur-tout les espèces vigoureuses, ne se mettent 
pas à fruit si aisément : il faut alors continuer 
de tailler. 

Revenons donc à nos rameaux secondaires, 


i 


{ 2 r ) 
pincés, comme on l’a dit plus haut, chacun auz 
dessus de leurs deux feuillesanférieures::De Llais: 
selle desdites deux feuillesinférieures de chacun 
de ces deux rameaux ; nous avons vu qu'ilse dé. 
veloppait deux bourgeons ; ce qui fait en totalité 
quatre bourgeons. On pincé au-dessus d'eux, ils 
donnent alors quatre rameaux ternaires ; ces 
quâtré rameaux ternaires sont encore pincés au~ 
dessus :dé la deuxième feuille, ce qui donne 


naissance à huit rameaux quaternaires. 

La ‘taille est alors terminée; la plante s'étend 
sur ces huit rameaux, et l'on voit paraitre sur 
eux une trés-grande quantité de fleurs à fruit. 
Quelques jardiniers suppriment alors les ra- 
meaux qui n’en portent pas : peut être est-il 
plus. prüdent d'attendre qu'il y ait plusieurs 


fruits biens noués pour faire cette suppression. 
Quant à moi, j'avoue que je m'en rapporte alors 
à la nature, et que je la laisse aller son train; et 


d'ailleurs, à cette époque, la Saison commence à 


favoriser la végétation, naturellement vigou- 
reuse du melon. 
Ces principes de taille pourront paraître bien 


sévères: L "obligation de fairedes retranchemens 


si rapprochés de temps.et de lieu semble bien 
rigoureuse; cependant.ils-sont nécessaires pour 
la fructification de plusieurs espèces , et comme 
ils sont d’ailleurs utiles ou peu nuisibles à toutes. 


= X 
ara 


en général, j'ai dû les prescrire pour toutes, dans 


i l'impossibilité de donner des préceptes putes 
liers pour chacune. C'est aux jardiniers qui n’en 
cuitivent qu'une seule; ou du moins un petit 
nombre d'espèces , à les étudier, et à épargner 
ces. pincemens, soit à celles qui fructifient aisé- 
ment sur les rameaux secondaires ou ternaires , 
soit à celles plus privilégiées encore qui dévelop- 
_pent du collet même de la plante des fleurs inat- 


tendues, ou des bourgeons cotylédonaires, subsi- 
didires, ou même inaperçus et adventifs, qui se 
mettent aussi très-promptement à fruit : quel- 


ques-uns les retranchent ; d’autres savent en 


profiter, et c'est pour eux une grande avance. 
Je dois ajouter, pour l'instruction de ceux qui 
cultiventle melon dans des climats beaucoup plus 

| favorisés de la nature que celui de Paris,et où 
l'on peut s s'en rapporter à elle pour la fructifica- 
tion du melon, que la taille lui est peu ou point 
nécessaire; cependant l’étêtement dela tigeprin- 
cipale sinon au-dessus de deux feuilles, au moins 
au-dessus de la troisième ou quatrième, lui sera 
toujours très-utile, et le pincement des rameaux 
Rs s'il a lieu, ne devra s’y exécuter 
qu'à l’extréniité desdits rameaux, lorsqu'ils au- 
ront pris un accroissement notable, et qu'ils au- 
ront d'eux-mêmes développé un assez grand 


- nombre: de bourgeons ternaires. Gette grande 


(24) 

quantité: de bourgeons développés donnera 
plus de chances de fructification, en tant qu’elle 
laisse à espérer que plusieurs d'entre eux mon- 


treront des fleurs à fruit. Ce mode peut même 


être essayé, ici avec quelque succès, lorsqu'on 
opère sur des variétés aisées à fructifier, lorsque 
- lon a de l'avance, que la saison s'annonce bien, 
et que l'on a des raisons pour ne pas hâter la 
production et la maturité des fruits.. 

Dun autre côté, il fait savoir que , faute d’a- 


voir fait en temps et lieu le nombre des pince- - 


mens que j'ai prescrits en premier lieu, on sex- 
` pose à n’avoir point de fleurs à fruit, et à ce que 
ceux qu'on veut faire plus tard pour y remédier, 
faits sur des plantes dont la ramification est 
abondante et confuse, peuvent donner lieu à 
des méprises, et à des oublis que la saison 
avancée ne permet pas de réparer. 


Beaucoup de jardiniers trouveront peut-être 


cette théorie et cette pratique un peu compli- 


quées, je vais, pour leur commodité, réduire 


cette taille à sa plus simple expression. 


Taille du Melon simplifiée. 


ve, époque : lorsque la planté, non compris 
les séminales ou oreilles, à acquis cinq ou six 


m ke Ez 
A O A | VA 


Eao naea 


( 24 ) 

feuilles, on l'étête au: dessus de 5 deuxieme 
feuillé en la pinçant. ; | 
36 époque : de l’aissélle desdites feuilles qu’on 
a conservées, $ sortent deux bourgeons; on les 
laisse se développer jusqu'à six ou huit feuilles : 
ils forment Ce qu'on appelle les deux bras ou 
rameaux secondaires; on les pince alors chacun 
au-dessus de la deuxième feuille. 

3°, et dernière époque : de l’aisselle desdites 
deux feuilles laissées à chacun desdits deux ra- 
meaux secondaires S sortent en totalité quatre 
bourgeons ou rameaux ternaires ; ils sont de 
nouvéau, après un développement de cinq à six 
feuilles , pincés chacun au-dessus de la deuxième 
feuille, ce qui donne naissance à huit bour- 
geons ou rameaux quaternaires ; = Le ra 
de la taille est terminée. 


Résumé de E T aille simplifi ifrée. 


5 


rp époque. see a + + L Opérat. ou pincement.- 
2€: ÉpOUE.. e.e o . +. 20pérat. ou pincemens. 
3° et dernière époque. 4 opérat. ou pincemens. 


3 époques. Tora. 7 opérat. ou pincemens. 


La plante du melon estalors établie sur huit 
rameaux quaternaires, Sur lesquels on voit pa- 
raitre des fleurs à fruit en abondance; on ne 
devra plus y toucher avant qu’il y ait une cer- 
taine quantité de fruits bien noués. 


` 


CURE SET ENT ERP ECTS 


C4) | 
Il est bon d'ajouter que si apres la deuxième 
opération faite sur les deux rameaux secondai- 
res, on voyait paraitre une assez grande quan- 
tité de fleurs à fruit, on pourrait se dispenser 
de faire les quatre dernières opérations. 


Du Temps favorable a la Taille. 


Le melon , de sa nature, est une plante assez 
vigoureuse ; néanmoins, dans. notre climat, et 
sur-tout lorsqu'il n’a pas le secours des châssis 
et des couches, sa ie demande quelques pré- 
cautions. à 

Lorsque les SREE sont faibles, on peut re- 
tarder la taille , et mettre même quelque inter- 

valle entre les opérations indiquées , laisser 
même aux rameaux plus de longueur et plus 
de bourgéons, quitte à les arrêter plus tard. 

On n’est pas toujours le maitre de son temps, 
et quelquefois la saison presse, il faut quelque- 

© fois tailler malgré soi; mais lorsqu’ il est possi- 
ble , il faut choisir l'instant favorable. En effet, 
toutes les opérations de pincement , de retran- 
chement de branches qu'on lui fait subir, étant 
nécessairement débilitantes et suspendant mo- 
mentanément le cours de sa végétation, il faut 
éviter d'y toucher quand la température est dé 


| ( 26 ) 

favorable. Il faut éviter les hâles froids et l'ex- 
trême chaleur; un temps doux, humide et cou- 
vert est préférable au. vent du nord ; c’est lors- 
que le vent est à la sève, comme disent les jar- 
diniers , qu "il faut faire ces opérations : ce sont, 
je le pense, les vents d'est, de sud-est, de sud, 
et sud-ouest. 


Des Soins qu’exigent les melons pendant le cours 


de leur végétation, de quelques Pratiques, 
telles que le retranchement des fruits et bran- 
ches superflus, etc. | 


M'étant engagé à ne parler que de ce que je 
regardais comme absolument important, j'ai 
négligé de parler de la suppression des vrilles, 
des fleurs mâles, mais sur-tout de celles des co- 
tylédons ou oreilles, et des yeux qui en sor- 
tent, opération à laquelle bien des jardiniers 
attachent une importance bien ou mal fondée : 
mais on ne peut blämer le soin qu’ils prennent 
de retrancher les feuilles et les branches atta- 
quées de la rouille ou autres maladies. Quant à 
ce dernier point, on remarque quelquefois des 
plantes, ou parties de plantes faiblissant et se 
fanant à l’ardeur du soleil (les jardiniers disent 
alors. que ces plantes lâchent ) : cette maladie 
me parait provenir ou de a: meurtrissure de 


i 


katy 

quelques-unes de ces parties, où plutôt de la 
pourriture du pivot ou de, quelque grosse ra- 
cine , soit spontanée; soit causée per l l'humidité 
froide on la morsure de quelque insecte, Lors- 
que cette maladie n'est pas poussée au dernier 
degré, on y remédie quelquefois par des arro- 
semens légers et fréquens, et en l’abritant pen- 
dant l’ardeur du soleil: ces soins peuvent faci- 
liter la LBOUASE S de nouvelles racines latérales, qui 
suppléent à la perte des premières ; mais rare- 
ment les fruits produits par ces pieds lâchés 
acquierent toutes leurs qualités. 

Lorsqu on a suffisamment de fruits noués sur 
un rameau, il est bon de retrancher les surnumé- 
raires. Les peha ne laissent ordinairement 

qu'un fruit ou deux sur chaque plante; mais on 


doitàcetégard se régler sur la grosseurdel espèce, 


il faut n’en laisser qu’un pour les gros, tels-que le 
honfleur, le coulommiers, le gros mogol, etc.; 
_et j'en ai laissé jusqu’à huit sur le petit-muscade; 
celui qui en fait un objet de commerce tirera 
toujours avantage de la grosseur plutôt que de la 
quantité. On coupe Moss lesrameaux à quelques 
yeux au- -dessus des fruits noués! ( je me con- 
tente même de pincer leur extrémité sans vien 
- couper) ; mais il faut attendre que ceux-ci soient 
assez topta pour qu'on puisse compter sur eux ; il 


N 


S lipides aies nr, 


(58) 


‘arrive souvent que quelques-uns de ces fruits 


s’endurcissent, c'est-à-dire queleur grossissement 
s’arrétant ou languüissant, ce qu'on aperçoit à leur 
couleur, ils deviennent réellement plus durs : 
il faut les supprimer, parce qu'ils nuisent à la 
production des autres ; il faut aussi supprimer 
les fruits mal faits, noueux, etc. : ces. fruits ac- 
quièrent rarement toutes leurs qualités. Hs‘ se- 


ront remplacés par d’autres, à moins qu'on ne 


craigne que la saison ne fùt trop avancée. Il est 
bon de remarquer que lorsque les premiers 
melons noués sont arrivés presque à leur gros- 
seur, silen noue de nouveaux, ces derniers ne 
paraissent pas nuire aux premiers : c’est du 
moins l'opinion commune. On peut done les 
laisser ; ils mürissent plus tard et en prolongent 
la jouissance : on les appelle regains. 

Mais doit-on, ou non, retrancher les gour- 
mands et les branches superflues qui n'ont pas 
de fruits, et celles qui, couvrant les fruits, les 
empêchent de profiter de lair et du soleil? 
C'est une question; Je crois qu'à cet égard où 
doit être très-sobre. Les plantes se nourrissent 


„par leurs feuilles autant que par leurs racines, 
où du moins les feuilles et les racines poussant 


avec des proportions égales, on né peut toucher 
aux unes sans faire de tort aux autres: Tail- 


(295) 

leurs les suppressions € et les pincemens,. multi 
pliés quelquefois sans rime, ni _raisoņ,; occa- 
sionnent souvent la pousse des gourmands: < et 
même la coulure des fruits. 
J'avoue que; pour, moi, j'ai laissé agir à 
nature toute seule ; j'ai vu souvent que, dans, les 
grosses. espèces de melons, le premier noué 
emportait tous les autres sans que Je. m en mê: - 
lasse, et que les petites espèces, portaient d beau- 
coup. de fruits sans qu ils senuisissent entre eux. 
Devant faire, par moi-même. et seul toutes, ces 
opérations, jeles ai parfois négligées sans, éprou- 
ver grand dommage. Quelquefois . utiles quand 
elles sont faites avec soin-et précaution. elles 
sont souvent nuisibles quand elles sont; mal 
exécutées ; et c est ce qui a fait dire à plusieurs 
jardiniers qu ils ‘étaient malheureux, tandis 
qu ls ne sont que maladroits et mal avisés. 

Je ne parlerai pas non plus des ravages occa- 
sionnés par les’ taupes, les eoria .les.li- 
maçons, etc. , les cultivateurs devant connaitre 
d’ailleurs. les moyens de s’en garantir. 

Lorsque les fruits ont acquis une certaine 


grosseur , et sur-tout lorsque la terre et, la sai- 
‘son seront ou deviendront humides et froides, il 
faudra les placer avec précaution sur des tui- 
leaux, pierres plates, ou petites planches, pour 


L' 


(30) 
lès isoler de’la terre humide ; on peut se servir 
aussi d’ ardoises; il ést bøn Cependant de savoir 
qu’en raison de leur couleur, ellés peuvent 
prendre au soleil une chaleur assez forte pour 
- uire aux fruits; il est bon aussi, quand on en a 
le temps, dé couvrir ces derniers d’un peù de 
paillé ou de feuillage dans les expositions ét les 
journées très-chaudés, pour les empêcher d'a- 
voir dés coups dé soie, 


“Àu surplus, Cest au cultivateur À calculer, 
AA” êti son particulier, Suivant 84 lotalité, 


suivantlà hâture de son terrain , et Suivant sès 
moyens, jusques à quel. point sés soins et ses 
dépenses pourront être payés par le succes. et 
SE 5s profit qu il en eae rétirer. 


Des Arrosemens. 


\ 


Je crois que, dans jé climat de Paris; il serait 
difficilé de se procurer de béaux et de bons të- 
lons sans le secours des arrosemens:il faudrait, 
poùr pouvoir s’en passér, avoir üñe terre sub- 
Stantiellé ét de nature à conserver ässéz Thu- 
midité pendant les séchéresses ét les chaleurs 
de l'été; il est de plus nécessaire, vu la brié-. 
veté dé notre saison chaude, dé hâter la ċrois- 


(31) 


sance dés fruits : il est donc essentiel d’arroser, 


mais il faut arroser à propos. 

Lorsque le semis des graines de melon est 
fait, comme il importe que la levée en soit 
prompte et égale, s’il fait un temps se, il faut 
arroser, mais avec Modération, pour ne pas 
trop refroidir la terre, pour ne pas trop la battre 
et pour ne pas entrainer au bas des buüttes! On 
doit, aux éaux crues et froides; préférer celles 
que l'air ét le soleil ont pu pénétrer et échauf- 
fer, et, à moins qu'il ne fasse es FH, praf | 
rer lé milieu du jour pour arroser. gih 

Lorsque les plantés sont levées il ne faut pas 
trop lèur prodiguéer les arrosemiens; on ne‘doit 
- Jeur'én donner qüe quand ellés V'éxigent absolu- 
ment, et avéc modération; il faut éviter de les 
arroser quand le temps est fréïd, pluviéux, ou 
même incertain; ne pas atteñtre le Soir, et pré: 
férer le moment où la fraicheúr du inatin ést 
passée , Corine sur les néuf à dix heures. : 

Dé très-légers arroseens (cé qu'on appelle 
bassinages, bassiner) faits er pler soleil, ét par- 
ticulièrement sur les feuilles, répétés pendant 
le cours dé là végétation, önt ùn effet prodi- 
sienx; ces bassiñäges ; qu’on ne doit faire que 
dúand il fait trés:chaud et seulement-une fois 
par jour, Sont très-avantageux à beaucoup de 


plantes des pays:chauds et humides en, même 
temps; mais autant ces arrosemens sur les feuilles 


peuvent être bons..autant. ils sont dangereux 
quand, il fait froid; ils exposeraient les plants à 
la rouille; etc.;-et.dans ce dernier cas,ssi la sé- 
cheresse obligeait d'arroser, il faudrait le. faire 
en évitant de mouiller le feuillage. | 

Om sent bien qu’il est impossible de prescrire 
au juste l'époque.et la quantité des arrosemens; 
ondevra.se régler sur ce, qui a déjà été dit, et 
süt-la nature du: sol, iles | Ménager, ou,les pro- 
diguer suivant les circonstances. C’est lorsque 
les fruits grossissent à vue d'œil, et sur-tout 
dans les grosses. espèces, qu'il faut, en. être le 
plus prodigue; avec. cette attention, néanmoins 
quela trop grande quantité peut les faire pour- 
rir et nuire à leur-bonne qualité. Cet excès sur- 
tout doit être évité lorsque les. fruits sont tres-- 
près de leur maturité, complète.. 

Au total, le melon aime la chaleur et l’ hui 
dité, maïs seulement quand.elles.sont réunies : 
on peut, quand. les, chaleurs sont excessives, 
lui donner de temps en temps un .arrosement 
complet, même sur la totalité du terrain, et de 
temps en temps, quelques..bassinages.; il n’y: a 
pas dans cette saison.d'inconvénient à les arro- 
ser à.telle heure que: ce.soit. On peut donc.les 


(3) 
arroser de bon matin, et 1l est même quelque- 
fois plus profitable de les arroser le soir quand 
on prévoit des nuits très-chaudes. 

On dit assez généralement que les melóns ma- 
raîchers ont moins besoin d’eau que les canta- 
loups, j'avoue que je wai fait entre eux aucune 
distinction. 
Des signes auxquels on peut reconnaitre la Ma- 

turité et la bonne qualité des melons; de leur 
récolte; de leur conservation et de la récolte. de 


frs graines. 2 tué à 


Il se consomme à Paris une très- -grande quar- 


tité de melons. On y en mange de très-bons, 
peut-être même d'aussi bons que dans les pays 
où le melon vient plus naturellernent; mais si 
l’on en mange beaucoup de bons, on en mangé 
encore plus de médiocres et même de mauvais. 
Cependant on ne cultive que de bonnes es- 
pèces, et les jardiniers n’ont intérêt ni à en cul- 


tiver de mauvaises, ni à avoir des fruits dé 


mauvaise qualité : à quoi donc cela tient-il? 
Les melons de couche ont souvent leurs ra- 


cines attaquées par divers insectes, alors ils 


lâchent et les fruits en souffrent. L abondärice 
des arrosemens, faits dans = vue d'accélérer lé 


sn! 
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grossissement des fruits, d'une part, et de l'autre; 
l'emploi du terreau pur ou usé qui recouvre-or- 
 dinairement les couches sur lesquelles 6n cul- 
tive le melon maraicher, pourraient aussi être 
repardés comme causes de détérioration. Ceque 
je sais, c’est que j'ai oui dire que, pour recou- 
vrir les couches de cantaloup, on emploie la 
terre elle-même du marais potager. On sait bien 
à la vérité qu’elle est très-mélangée de terreau; 
maïs enfin cé n’est: pas du terreau pur, et si l'on 
emploie ce dernier seul pour les melons ma- 
raichers, il n’est pas étonnant qu’ils soient in- 
férieurs aux autres: car le melon maraicher, 
quoi qu’en disent plusieurs personnes, est une 
très-bonne espèce; il faut néanmoins convenir 
que s’ils peuvent être très-bons, ils ne le sont 
peut-être pas aussi généralement que Je canta- 
loup prescott, qui est aujourd’ hui, et avec rai- 
son, S1 fort en vogue. , 

Mais une autre cause de détérioration peut- 
être plus puissante, c'est le défaut de maturité 
convenable. La hâter par le: moyen des cloches, 
par le retranchement trop peu ménagé des 
feuilles qui les mettent à labri du soleil, ou la 
torsion de. la branche et de la queue, ne me 
paraît pas un moyen propre à perfectionner 
leurs qualités, toutes les espèces d’ailleurs ne 


(35) 
paan pas les mêmes phases de maturité. En 
général, soit. par habitude, soit plutôt Pour 
débarrasser leurs couches d’un seul coup, soit 
pour empêcher leurs melons, approchant de 
maturité, de pourrir ou nes, des. coups 
de soleil, les maraîchers sont dans J’üsage, aus- 
sitôt que sur leurs couches un certain nombre 
de melons.sont frappés { probablement müris- 
sansicomme frappés dusoleil), de les cueillir 
tous ou presque tous à-la-fois. Ils les mettent 
alors, pour compléter leur maturité , et.sui- 
vant.qu'ils veulent plus ou moins la bâter, soit 
sur leurs couches et en plein soleil, s’il ne fait 
pas trop chaud, soit, dans le cas contraire, ou 
dans des greniers, ou: sous des hangars pas- 
sablement aérés, sur de la paille étendue par 
terre, à l'abri du soleil et.de la pluie. Cette 
méthode peut procurer à leurs melons une qua- 
litéet-une maturité à-peu-près moyennes. et uni- 
formes peut-être plus commodes pour la vente; 
_ mais il est plus que douteux qu’elle puisse leur 
procurer une qualité parfaite: aussi cette mar~ 
che n'est pas la mienne. s3 

Lorsqu’ un melon est frappé, ce: qu Où recons 
pait au changement subit.de.sa couleur, soit 
plus.terne, soit jaunissante, et au parfum'qu'il 
exhale, soit même, en certains cas , à.sa mollesse 

B 3. 


(36) 

“el àsa queue cernée, il est ordinairement temps 

de le cueillir. On le mettra alors à Pabri et au 
“frais, et même à la cave, jusqu’au moment de le 
essi si sa maturité est complète, il pourra 

s’y conserver quelque peu de temps sans se gå- 
ter; si sa maturité n’est pas parfaite, elle s’y com- 
plétera d’une manière douce et insensible; sil 
restait sur la couche, il serait exposé à per dre 
de son parfum et de ses qualités: par l'effet 
de l'ardeur du soleil on des pluies et des arro- 
_semens. Cette règle de conduite doit cependant 
subir quelques modifications: car, si à l’époque 
de la cueille d’un fruit, il faisait froid, où qu’on 
fût pressé de le manger, on pourrait le placer 
au soleil. IL y a d’ailleurs quelques espèces; no- 
tamment les melons d’hiver, qui doivent se con- 
dùire différemment. Maïs cette conduite-doit 
être tout-à-fait changée dans l’arrière-saison et 
lorsque le soleil a perdu de sa force. A cetté 
époque, si l'on ne craint pas les gelées, ni les 
pluies trop froides et trop abondantes, il peut 
être plus avantageux (sur-tout si on peut abri- 
ter les fruits par des cloches ou des paillassons 
en cas de nécessité) de les laisser acquérir sur 
leur.pied leur maturité complète. On se réglera 
à cet égard suivant la saison et les circonstances. 


En général, les melons frappés et cueillis sur- 


CET) 
le- champ, € et même Ceux cueillis avant cette 
époque, plus ou moins approchant de leur ma- 
turité, et placés à l'ombre pour Py compléter 
T A s m'ont paru avoir une saveur 
plus douce, et sinon plus de parfum, au moins 
un parfum plus délicat ; au contraire, ceux qui 
complètent. Jeur maturité sur pied, s'ils n’ont 
pas une saveur et un parfum aussi distingués, 
les ont plus prononcés, paraissent plus sucrés 
et sur-tout plus fondans: par goût, je préfère ces 
derniers, et Je les crois, en cet état, plus sains 
et plus faciles à digérer; bien entendu , cepen- 
dant, que cela ne soit pas porté à l'excès. 

Les praticiens, se sont fait quelques signes 
de reconnaissance pour la bonne qualité des 
melons, l’habitude seule peut les donner. Je 
pense que leur forme plus ou moins régulière ; 
que leur couleur plus ou moins terne ou lisse, | 
plus ou moins égale ; que leur écorce et leurs 
côtes plus ou moins lisses, ou ridées, plus ou 
| moins prononcées, suivant l'espèce, leur font, 
à l'inspection, juger que ces melons n’ôht point 
lâché, qu'ils n’ont pas langui pendant le cours 
de leur végétation, que leur grossissement à été 


prompt, ou du moins qu ik a a suivi ses périodes 


accoutumées. 
Plusieurs signes de maturité et de bonté sont 


(58) 


encore recommandés; souvent quelques - uns 


‘+ 


d’entre eux, quelquefois un seul suffisent, leur 
réunion est plus désirable; cependant? malgré 
toutes ces apparences, on peut encore y être 
trompé , rarement en bien, et lpas souvent en 
mal. 

Un bon melon, dit-on, doit avoir la queue 
cernée ; TE ce signe est encore fautif, 
| Il y a des espèces qui Pont toujours cernée, et 
si bien cernée, même avant le temps, que pour 
peu qu'on les touché sur le pied, ils se décol- 
lent et mürissent mal; ils se décollent quelque- 
fois d’eux-mêmes "ès que le muscade et le ja- 
pon hätif. Il y a ie melons très-bons qui n’ont 
jamais la queue cernée, dans les éspèces lon- 


gues, et sur-tout dans celles en forme dé poire. 
_ La couleur est un assez box : signe, mais in- 


certain aussi, parce qué dans les mêmes espèces 
elle peut varier suivant l'exposition, et sur-tout 
suivant ła saison. 

La mollesse où la flexibilité du fruit sous le 
doigt (on le tâte ordinairement à l'extrémité 
opposée à la queue, parce qu’elle mürit la pre- 
mière ) est peut-être un meilleur signe. Cepen- 
dant il y a des espèces qui ont la peau si dure, 
qu'elle ne permet pas son emploi. Il faut d'ail- 
leurs bien prendre garde de le confondre avec 


-( 59 ) 

- Ja fanüre; cette dernière se fait reconnaître par 
les rides et la mollesse répandues sur toute la 
superficie du fruit; et notamment à la queue elle- 
mêmes Se | | 
Mais le signe, suivant moi, le plus anti de 
la bonne qualité et de la parfaite maturité d'un 
melon, c'est son odeur : si-cest lé. meilleur 
signe, c'est aussi celui qui exige.le plus d'habi- 
tude et attention. Le sens de l'odorat nestani 
également développé, ni également exercé chez 
tous les individus, et la réunion de ces:deux 


qualités est nécessaire. Il y a: des melons qui 
ont peu ou point d'odeur, tels que le melon. du 
Pérou à chair rosée, extrêmement sucré el. très- 
; agréable, quoique sans parfum; il en est à-peu- 


près de même du melon de Carabagh'et de ce- 
lui de Téflis, tous deux assez remarquables ët 
peut-être d'espèces particulières, Ce n’est ni la 
force ni l'agrément du parfum qui décident de 
. la bonne qualité: le muscade, très: parfumé et 
d'un parfum peu agréable, et le cantaloup pres- 
cott; d'un parfum plus suave et plus doux, sont 
tous deux très-bons. Chaque espèce ou variété 
a le sien qui luiest particulier; chacune d'elles, 


pour ètre bonne, doit l'avoir, et ce n’est que 


l'habitude qui peut apprendre à les distinguer 
t à attribuer le sien à chacune. Un melon ta- 


D Les r 


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AL RES 
a 


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| (40 ) 

ché, entiché, ou qui repose immédiatement sur 
le fumier, ou simplement entamé, laisse échap- 
per des exhalaisons qui masquent son véritable 
parfum. Les melons tardifs, ou d'hiver, n’en 
ont point lorsqu'on les cueille; ils peuvent en 
acquérir plus tard, mais cela n'arrive pas tou- 
jours. Les melons même qui ‘en ont le plus ne 
la manifestent pas également à toutes les heures 
de la journée, ni dans toutes les saisons, ni 
dans toutes les positions; quand il fait très-froid 
elle ne se fait pas sentir; elle peut être plus 
exaltée par une haute température , et par l’ex- 
position au soleil; et cependant elle se juge 
mieux à l'ombre et par une température douce. 
En définitive, je crois que, sauf les circonstances 
atténuantes ou aggravantes, c’est lorsque l'odeur 
d’un melon est dans son intensité, et pourvu 
que cette odeur soit bien franche, qu’il est le 
meilleur et qu'il est temps de le manger. 

Ces détails ont pu nous guider pour les me- 
lons bons à cueillir et à manger dans la belle 
Saison; mais lorsque la fin de septembre òu 
le mois d'octobre est arrivé, les règles que 
j'avais d’abord prescrites doivent être aban- 
données: Si l’on ne craint pas les gelées blan- 
ches où la:trop grande abondance de pluies 
froides; en un mot, si la saison est belle, on 


ne pa 
TOO ŘŮĖŮĖ 


aer 
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. ( 4i $ - 5 ; 
laisse les melðns sur place, un peu élevés de 
terre sur des pierres-plates oü autres corps con- 


venables, jusqu’à leur maturité, sinon, à moins 


qu'on ne puisse les couvrir de cloches, ou de 
toute autre manière, du moins pendant la nuit, 
on peut les cueillir : Cependant j'en ai laissé plu- 
sieurs fois sans abri jusqu’en novembre. Lors- 
qu’ils sont bien sains, on en conserve ainsi quel- 
ques-uns ; Mais il est plus sûr de les couvrir de 
cloches, auxquelles on donnera de l'air lorsque 
le soleil sera trop fort. Ce moyen de conserva- 


tion est peut-être le meilleur de tous, et il ma 


procuré un melon de Coulommiers excellent, le 
15 novembre 1826; les melons cueillis seront 
portés au fruitier sur un lit de paille bien sèche, 
ou encore mieux dans un grenier bien aéré, du 
moins tant qu'il ne gèlera pas. On m’a encore 
indiqué une autre méthode de conservation, 
qui consiste à les enterrer avec certaines pré- 
cautions; mais je ne l'ai point encore éprouvée. 
Quant aux melons d'hiver, on peut remarquer 
en eux deux sortes de maturité très-distinctes, 
lune complète, l'autre incomplète. La première 
s'annonce par la teinte jaunissante de l'écorce, 
quelquefois par les rides de la queue; ils n’ont 
alors aucune odeur. La plante qui les porte peut 


` 


dès-lors ou s'éteindre, ou continuer à végéter 


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si elle a encore quelques fruits mioins avancés. 


Ces derniers seront laissés, et les autres seront 
cueillis et portés au grenier, afin que la grande 
ardeur du soleil ne les flétrisse pas, ou de peur 
que les pluies ne les ramollissent. On les con- 
serve quelquefois jusqu’en janvier; leur maturité 
complète s’annoncera tantôt par un jaune plus 
prononcé, tantôt par leur parfum et le ramol- 
lissement de leur écorce. Je possède une assez 
belle collection de melons d'hiver; ils sont peu 
cultivés à Paris, où ils pourraient faire l'objet 
d'un commerce important et lucratif, ne de- 
vant point être hâtés, et pouvant ên consé- 
quence réussir très -complétement en. pleine 
terre. Je recommande cet objet aux jardiniers. 

On ne doit pas négliger la récolte des graines 
de ses meilleurs melons. Dans le Midi, l'usage 
est, dit-on, de laisser pourrir et sécher sur pied 
les melons dont on veut avoir de la graine, ou . 
quand-on a retiré.les graines du fruit sans les 
laver, de les faire sécher au soleil. Dans notre 
climat, on ne peuten agir ainsi: elles ne se sé- 
cheraient qu'imparfaitement; elles retiendraient 
un mucilage qui a le défaut d'attirer l'humi- 
dité ,. et qui rend alors les graines poisseuses. 
On ne pourrait, dans cet état, ni les conserver 
aisément , ni les livrer au commerce, On doit 


(45) 
donc bien les laver et les exposer ensuite au sg- 
leil, jusqu’à ce qu’elles soient bien sèches ; on 
les serre alors, et il est même prudent de les 


visiter quelque temps après, pour s'assurer 
qu’elles n’ont point repris d'humidité. Elles_ 
peuvent se conserver plusieurs années. 

Pour avoir des graines bien franches, il est 
nécessaire que les plantes qui les ont produites 
aient été isolées des autres espèces, toutes les 
races; les espèces et les variétés ayant une grande ` 
facilité à se féconder mutuellement, et à dégé- 
nérer ainsi; mais c'est une erreur de craindre 
le voisinage des concombres, courges, citrouilles, 
coloquintes, etc. Cependant il faut éviter celui 
du melon-serpent et des melons chaté et du- 
daim. Le melon ou concombre-serpent est quel- 
quefois cultivé dans les jardins par éuriosité; 
mais les autres ne le sont que dans les jardins 
de botanique. Ces trois plantes se mêlent en- 
semble et avec le melon dans toutes sortes de 
proportions, j'en ai obtenu des hybrides ‘qui 
ne sont pas sans intérêt, et dont je parlerai 
ailleurs. | 


{ 


/ 
S 


Remarques sur le degré de Température COÊĖnVE» 


nable aux melons, et sur l espace de temps 
qui leur est nécessaire pour arriver à leur per- 
fection. 


Feu M. Thotin avait observé qu'à sept degrés 
au-dessus de zéro du thermomètre de Réaumur, 
les plantes de la zone torride souffraient. Le 
melon ne me paraît pas végéter à cette tempé- 
rature, mais il-peut la supporter, et même une 


as inférieure, pourvu qu’elle ne soit 
point accompagnée de brouillards et de pluies 


abondantes ,et froides ; cependant il périrait s’il 
y était exposé long- lenps. Les gelées blanches 
lui sont funestes. Je n'ai peut-être pas assez d'ol- 
servations pour prononcer positivement; mais il 


m'a paru que, pour végéter à l'air libre, il lui 
fallait au moins de dix à douze degrés: tee: 


sus de. zéro pendant la nuit, et de quatorze 
pendant le jour, observés à l'ombre : on sait 
bien que quatorze degrés.à l'ombre peuvent de- 
venir au soleil ùne température beaucoup plus 
élevée. Au surplus, cela tient aussi aux abris ét à 
la disposition de l'atmosphère; une moindre tem- 
pérature, par un temps tranquille, le fait moins 
souffrir qu’une plus élevée, accompagnée des 
hâles du Nord ou de pluies abondantes et froi- 


Ban abea yag ke So adm ed RE à 


(45) 

des: Les melons semés en pleine terre sont plus 
rustiques que ceux élevés sous châssis où sur 
couche, La végétation du melon va assez bien 
quand le thermomètre marque de dix à douze 
degrés la nuit- et dix-huit le jour; mais ce qui 
lui convient le mieux est de quatorze où plus 
dans la nuit, et de vingt- deux à vingt-quatre 
le jour. Les grandes chaleurs. dé vingt-six à 
vingt-neuf degrés, observées pendant les années 
1825 et 1826, ne m'ont pas paru leur être favo- 


rables; il fallait leur prodiguer les arrosemens; 
beaucoup de fruits ont reçu des coups de so- 
leil; leur maturité a été forcée; ils devinrent 
pâteux, éprouvèrent une espèce. de fermenta- 
tion; et ceux cueillis à cette époque étaient ner 


loin d’être les meilleurs. 

J'aurais désiré multiplier ces observations et 
leur donner plus de certitude. Telles qu elles 
sont, elles peuvent cependant sise | 

Il wa paru quedes melons sémésau r°: en 
et élevés sur couche avec châssis et réchauds 
convenables, pouvaient donner leurs fruits 
mürs en juin et Juillet, c'est-à-dire dans un es- 
pace de deux mois et demi à trois mois.et demi, 
et que ceux/semés du -15 avril'au 1°. mai, avec 
le secours des couches et des cloches seule- 
ment, exigeaient pour mürir de trois à quatre 


(46) 
mois. Ceux que je $ème en pleine terre vers le 
15 de mai-peuvent mürir du 15 août au 1°. oc 
_tobre, c'est-à-dire dans l’espace de trois mois 
à quatre mois et demi. On voit par Jà ce que 
peut faire la chaleur naturelle de la saison plus 
avancée , ‘elle supplée à la chaleur artificielle des 
couches et châssis, qu'on peut cepéndant porter 
aussi haut qu’on veut. Il n’y a réellement qu’une 
différence de quinze jours à la défaveur des me- 
lons de pleine terre , et je ne désespère pas de la 
faire disparaitre par la suite. On a nommé melon 
de vingt- huit jours une espèce hâtive, qui, à 
partir de l'époque de la naissance du fruit, ne 
demande que vingt-huit jours pour mürir. Je 
pense que, en pleine terre et en bonne saison, 
les petits melons hâtifs peuvent mürir en un 
mois, et les grosses espèces en deux mois. Ce 
terme pourrait être avancé par de grandes cha- 
‘leurs, tout comme il pourrait être retardé par 
une saison froide: Les melons qui viennent ` 
passé le mois de juillet peuvent en exiger da- 
vantage. Cependant, d’un autre côté, lorsque 
dans l’arrière-saison le froid a arrêté la végéta- 
tion des «plantes et que le bois est aoûté, les 
fruits qui sont à leur Srosseur mürissent plus 
_ aisément; ce qui n'arrive néanmoins qu'un peu 
aux dépens de leur qualité. 


(47) 


En 1826, des melons semés le 20 juin ont 


complété leur maturité en octobre; mais cet 
exemple ne doit pas faire loi, cette année ayant 
été extrêmement chaude.: | q J1r955 

On sent bien que ces calculs ne peuvent avoir 
une précision rigoureuse, étant soumis à-des 
circonstances si variables, sur lesquellesje-crois 


inutile de m'étendre; ces observations -ont'be- 
soin anssi d’être confirmées parune so aee 


expérience. 


` Du Produit dés melons. ` 


Dans ma culture en pleine terre, faite en 1826, 


deux cent cinquante pieds de melon sur quinze 
perches de terrain m'ont produit environ six à 
sept cents fruits au moins, entre lesquels plu- 
sieurs melons brodés, maraicher, coulommiers 
et honfleur, du poids de quatre à vingt- cinq li~ 
vres; des ee divers depuis deux et trois 
livres jusqu’à quinze livres, et un melon d'Orient 
à peau -lisse du’poids de dix-huit livres; en to- 
talité cinquante superbes melons que j'ai esti- 
més trois francs pièce, Chi ris ts RLOOITe 
deux cents moyens à à quinze sous, ci 150. 
quatre cent cinquante ou cinq cents 

petits à cinq sous, ci. + + + + + 100 


à f 


p TOTAL. y ø i 4o00 fr. 


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| ( 48) 
ce qui mettrait le produit d’un arpent, ou demi- 
hectare, cultivé en .melons, à deux mille six 
cent soixante-six francs, qu’on pourrait aisé- 
ment porter à trois mille francs, en ne culti- 
vant que les espèces les plus avantageuses : il 
m'est impossible de donner un état des frais, 
parce qu'ils ont été confondus avec mes autres 
cultures; mais quand'on les estimerait à moitié 
ou même aux deux tiers du produit, il resterait 
encore un bénéfice assez considérable. Cette éva- 
luation, tant en frais qu’en produit, devra, 
comme on le sent bien, subir beaucoup de mo- 
difications suivant les localités. 
lustre DES MELONS DE DIVERSES RACES, ESPÈCES 
ET VARIÉTÉS , CULTIVÉS EN PLEINE TERRE EN 
1826, AVEC LES ÉPOQUES DE LEUR MATURITÉ ET 
QUELQUES DÉTAILS SUR LES QUALITÉS DES MOINS 
CONNUS D'ENTRE EUX. i 


i 


Première race des Melons brodés. 


1. Melon maraicher mûr, courant de septembre. 
2. Honfleur, commencement de septembre. 
3. Coulommiers, septembre. 
4. Langeais, fin d'août ét commencement de 
septembre. : | 
5. Sucrin vert, fin de septembre. 


BD Dya PS ei su ndia E Hg ene a 


a E 

6. Petit sucrin à ak vert pâle, fin de sep- 
tembre. ? 

7- Carmes, septembre. 

8. Belgique, septembre. 

9- Sucrin des barres, fin de septembre; très- 
petit melon rond; chair rouge, ferme; très- 
bonet trés-savoureux, assez productif: graine 
petite, piquée dans la chair du fruit. 


Alons légèrement brodés. 


10. Melon à chair verte, des Antilles, 
11. Melon à chair verte, Isle-de-France, 
Ces deux melons ont beaucoup d'analogie; 
ils sont oblongs; ils varient quelquefois par 
la couleur de la chair, l’intérieur étant rou- 
geâtre et le reste verdâtre; ils sont très- 
bons, poussent beaucoup de bois, et ont be- 
soin d’être pincés rigoureusement. , 
12. Melon du Brésil, très- bon, chair rouge, à 
traiter comme les précédens. 


CRE s 


13. Orange, 15 août. 
. Petit noir des carmes, fin d’août et sep- 
tembre. 

15. Japon hâtif. Est-ce un vrai cantaloup ? Com- 


4. 


|septemb. 


ca x 


Due à 


(50) 
mencement de septembre; très-petit melon à 
chair rouge, très-bon, produit beaucoup, se 
décolle aisément. 

16. Ananas d'Amérique, Est-ce un vrai canta- 
loup? 15 août; petit melon rond, à chair ver- 
dâtre; sucré, fondant, parfumé, délicieux ; 

-Cest peut-être le meilleur de tous les melons 
et le plus hâtif. 

17. Citron d'Amérique, un peu plus allongé que 

.… le précédent, très-analogue. | 

18. Gros Portugal, fin de septembre. 

19. Gros noir de Hollande, septembre. 

20. Gros Mogol, septembre. 

21. Idem, chair verte, septembre. 

22. Gros melon de Venise, commencement de 
septembre 


23. Melon de bhei commencement de sep- 


L 


tembre. 
24. De l'Archipel, septembre. 
29. De Florence, forme oblongue, septembre. 
26. Boule de Siam, septembre. 
27. Prescott commencement de septembre. 
28. Constantinople, septembre. E. 
29. Constantinople à chair blanche, septembre. 


t 


Melons de la troisième race, ou Melons @ O- 
rient à grandes graines, ordinairement -à 
ne lisse. 


30. Melon bu, fin d’août et TRS 
venant originairement d’ Amérique, très-pe- 
tit; chair verte, fondante, sucrée, excellente, 
iame. c’est un A melons le meil- 
leur, le plus ` hâtif et le plus productif. 

31, Melon du Pérou, chair rosée ; extrémement 
sucré et fondant; quoique sans parfum et peu 

| savoureux, il est très-agréable, et mérite d’être 
cultivé: commencement de septembre. 

3». Melon du Pérou, chair blanche, septembre. 

33. Melon de Malte , très-petit, chair rouge, 
excellent, tréspelites graines, ggptenjbre, 


Melons de nouvelles espèces „nOn encore. classés, 
et melons d'hiver. 


34. Melon de la den espèce nouvelle et sin- 
gulière qui mérite d'être cultivée; chair verte, 
fondante, parfumée, sucrée; forme longue ; 


peau lisse; c'est peut-être une espèce particu- 
lière : commencement de septembre, | 
35. Melon turc, fin de septembre ; petit, rond, 
4. 


( 55.) 
brodé; chair verdâtre ; se conserve assez long- 
temps... 

36. Melon.de Carabagh, forme et nl lo- 
range; peau lisse; grandes graines ; chair 
blanche, très-sucrée, peu parfumée : se con- 
serve long- temps. "ESPN 

37. Mélon de Téflis, très-petit ; se conserve 
long-temps : : ce melon, sauf sa couleur exté- 
riéure, a quélque anälogie avec celui de Ca- 
rabagb; peut-être sont-ce ASE espèces bo- 
taniques. 

38. Melon d'Ispahan, brodé, chair rougé, se 
“conserve long-temps. 


38 bis. Melon d’Andalousie; chair blanche, fon- 
dante, sucrée, parfumée; cueilli en septembre, 
mangé en octobre. ; 

39. Melon d'hiver d'Espagne; chair verte, su- 
crée, parfumée, fondante; cueilli en sep- 
tembré, mangé en octobre et novembre. 

4o. Melon de Malte d'hiver; chair rouge, su- 
crée, parfumée; saveur très-prononcée; brodé, 

età grandes graines; un des meilleurs melons, 

- suivant moi; cueilli én septembre, mangé en 

_ septembre, octobre, novembre, décembre et 
janvier. 


41. “Melon à chair rouge, envoyé par M. Rol- 


Eros | 
lend, beaucoup d'analogie avec le précédent, 
sous tous les rapports. 

41 bis. Melon brodé, à chair verte. „envoyé par le 
même ; excellent, cueilli en septembre, mangé 
en SAGRE novembre, décembre et janvier. 

42. Melon brodé, à chair rouge, ‘envoyé par 
M. Robert de Toulon; excellent, beaucoup 


d’analogie avec les précédens, même saison. 


45. Melon brodé, à chair verte, idem. 

44: Melôn de Perse, cueilli en septembre et oc- 
tobre, mangé en septembre, octobre, no~ 
vembre, décerné et janvier.. 


45. Plusieurs variétés du même, dégénérées , 


mais en général très - bontiés:; FRÈRES et 
_ Imangées à diversés époques. | 
46: Melon arabique, très-fondant , pëàu blanche, 
septémbre. 
47. Melon d’Angasnez chair blanche, sep- 
-> tembré. - k i a 
48: Melon de Méquinez, idém. 


l $ 


A9: Plusieurs Variétés dégénérées , ‘en ‘général | 


très-bonnes, septembre. 

bo, Plusieurs variétés hybrides des melons ser- 
pent, cluté et dudaim; quelques-unes très- 
bonnes, mangées à diverses époques : les duda 
ims hybrides produisent des variétés hâtives. 


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DEUXIÈME PARTIE. 


i À à 
Consipékations SUR LA VÉGÉTATION DU MELON, 


Ser SÙR LES MOYENS D'EN PERFECTIONNER LA 
| FRUOÏIFICATION APPLICABLES AUX CUCURBITA- 
_GÉES, ET T MÊME À. PLUSIEURS AUTRES e ai 


Le melon, originaire des pays chauds, ainsi 
que nous l'indique bien clairement sa consti- 


tution, peut végéter et fructifier dans nos dépar- 
temens,du midi, etmême dans le climat de Paris, 
ayec nos moyens ordinaires d’horticalture, et 
je m'en suis copvaincu, par l'expérience; mais 
comme il, ne.se. met à fruit de, lui-même que 
quand la plante a pris un accroissement assez 
considérable, il en résulte nécessairement que 
sa fructification est roue incertaine, et que 
ses produits peuvent n'arriver que très- tardà une 
gomplète maturité, surtout lorsque la saison 
n'est pas favorable. Il a donc fallu chercher les 

: On l'a en conséquence 
soumis à un 1 mode Pr: taille. et de direction ten- 
dant, soit à procurer la certitude du produit 
et sa maturité complète, soit même à augmenter 
sa grosseur, ses qualités, etc. il est assez pro- 


) 


(35) 
bable Le ce nest qu'en tâätonnant qu'on est 
parvenu à lui appliquer un mode de taille plus 
où moins convenable; on n ÿ est arrivé que par 
degrés, et peut-être par des voies différentes. 
Effectivement, tous les jardiniers ne taillent 
point de la même manière; oh ne taille’ point 
aujourd'hui comme lou taillait autrefois, et sui- 
vant toute apparence , cette taille subira encore 
quelques changemens. On peut inférer de là 
qu’elle n'est point fondée sur des principes cer- 
tains, telle est mon:opinion; et néänmoôins je 


| pense qu'on est bien près d’une bonne pratique, 


quoiqu'il paraisse y avoir encore-quelques points 
à éclaircir pour assurer, fixer, èt rendre univer- 
selle celle qui sera jugée définitivement être la 


meilleure, de telle sorte qu'il wy ait plus ‘rien à 


y ajouter, à moins qu'on ne veuille supposer 
que des changemens surveius dans la fractifi- 
cation actuelle du melon par la suite de sa cul- 
ture  perfectionnée n'y nécessitent . quelques 
modifications; ce qui, au reste, n’est pas impos- 
sible. 

J'ai pensé que; pour parvenir à reconnaitre 
cette meilleure pratique, il fallait, avant de 
prendre des leçons de celle qu'on emploie au- 


jourd’hui, étudier lx végétation du melon, et sa 


fructification naturelleautant que possible, c'est- 


Morand RTE 


(56). 

à-dire sans lui appliquer aucune espèce de taille: 
par ce moyen, j'ai bien reconnu, à la vérité, 
qu’elle pouvait s'établir d'elle-même, mais que 
dans ce cas elle était lente, incertaine, et retardée 
sur-tout dans les espèces les plus vigoureuses, 
la plante ne se mettant à fruit que lorsqu’elle 
- avait pris un développement assez étendu : je 
me suis donc alors livré à quelques expériences, 
d’après mes propres idées. 

Je n'ai pas tardé à me convaincre qu'il y avait 
plusieurs moyens de faire mettre à fruit le me- 
lon, et que ces moyens étaient assez multipliés 
par eux-mêmes, qu'ils pourraient encore le de- 
venir davantage par leurs combinaisons réci- 
proques; et ce qui était encore plus important 


à reconnaitre, c'est que ces moyens ne pouvaient 
rien changer au mode de fructification en lni- 
même, ne pouvaient pas faire en un mot qu’une 
partie quelconque de plante se transformät en 
une autre, mais bien seulement qu’une partie se 
développät de préférence et au détriment d’une 
autre, | 
Bien convaincu deces vérités, et prenant alors 
Connaissance des moyens de taille et de direc- 
lion ordinairement employés et actuellement 
en usage, j'ai vu qu'on avait assez bien choisi, 
non pas peut-être précisément parce que ce 


Da EE COTE SEE 


(577: | 
choix avait été faii avec sagacité , et qu'il fût ré 
sulté d’une suite d'expériences dirigées à cet ef- 
fet, mais parce qu'il s'était offert le plus naturel- 
lement, ou du moins qu’il était tout naturelle- 
ment résulté des premiers essais qu’on avait pu 
faire. Ce moyen, que j'ai décrit dans la première 
partie de cet ouvrage, et conseillé comme le plus 
simple, et peut-être aussi comme généralement 
le meilleur, consiste à pincer la tige principale, 
ainsi que ses rameaux secondaires et ternaires, 
pour parvenirau développementdecesternaires, 
et par suite des quaternaires, sur lesquels le fruit 
paraît en abondance. Ce moyen, pratiqué par les 
cultivateurs et indiqué par les auteurs, ne l’est 
cependant pas d’une manière claire et positive. 
De la comparaison des méthodes de pratique et 
des ouvrages qui traitent de cette culture, il ré- 
sulte bien qu’il faut pincer et repincer pour faire 
paraître les fleurs à fruit; mais on ne s’y ex- 
plique pas assez positivement sur quels bour- 
_ geons il faut pincer, ni où il faut s'arrêter : il 
n’y est nullement question de rameaux ter- 
naires ou quaternaires, degrés de ramification 
qu'il était cependant ae de distinguer 
et de préciser. 

Avant d'aller plus loin, je.me vois obligé de 


décrire et d'exposer ici, d’une manière détaillée; 


( 58 ) 

la végétation du melon et sa fructification, c'est 
à-dire la position etla progression de ses divers 
points fructifians : je les ai suivis avec le plus 
grand soin, et observés avec la plus grande at- 
tention, et à cet égard je ne crois pas m'être 
trompé. Cette étude m'a paru d'autant pes im- 

portante, que plus je m'y sûis livré, plus ÿ J'ai re- 
connu que les faits qu’elle mé présentait se rat- 
tachaient à mon système général de végétation 


et de fractification, commun à nos arbres à fruit, 
et probablement à toutes les familles des dicoty- 


lédonés ; aussi né puis-je me dispenser d'établir 
entre eux quelques comparaisons. 

Dans. un mémoire intitulé Considérations 
sur la taille des arbres à fruit, inséré dans 
les Mémoires de ‘la Société royale d’agricul- 
ture, et dans lés Annales d’ agriculture , et que 
Von y pourra consulter, yai fait voir que la 
pousse dés rameaux de ces arbres était telle- 
ment: disposée, qu’elle paraissait représenter 
dans son ensemble la figure de deux pyramides, 
opposées base ä base, dont la supérieure ( py- 


ramide ) avait laxe beaucoup plus long que 
linférieure : cette forme paraît s'appliquer 
non - seulement à chaque rameau, mais en- 


Core à leur réuriion, .c’est-à-diré à l'arbre en- 
tier; cette même forme, par une analogie assez 


= (29 7 
remarquable, parait être commune, je ne dirai 
pas à toutes les plantes dicotylédones, parce que 


je ne lés ai pas pù observér toutes, mais du 


moins à une grande partie de cellés que j'ai òb- 


servées, avec les modifications néannioins né- 


cessitées par Vhabitude particulière à chacune 


d'elles, nécessitée par la situation et l'exposition 


que la nature leur a respectivement assignées. 
Cette analogie” se retrouve dans le melon; on 


‘remarque aussi chez lui, dans le principe, une 


tige droite : les rameaux secondaires ou laté- 


raux les premiers développés au-dessus des prè- 
mières- feuilles, non compris, les séminales ; 


prenneńt un assez grand accroissément ; les Tas 
meaux: supérieurs, qui suivent etse développent | 


au fur et à mesure que la tige s'élève, prennent 
un accroissement, qui diminue insensiblement 
d'étendue; et continuent ainsi cette pyramide 
supérieure. Quant à la pyramidé inférieure, à 

axe béaucoup plus court, elle est représentée 
dans le melôn par les bourgeons cotylédonaires 
_ ét leurs ramifications inférieures, qui ne pren- 
- nent jamais une grande étendue. Au surplus, le 
melon, dont la tige principale est trop faible 
pour supporter le poids de tous les rameaux 
latéraux, finit par se courbér et se coucher sur 


terre; mais avec un peu d'attention, on peut 


ES 


PRES RE asc AP TR 


RE 


eus MERS 


M 
p 


E E 


( 6o ) 
toujours y reconnaitre la disposition que parin- 
diquée. 

Antre ri Dans la plupart des piis et 
arbres que j'ai observés (et peut-être cela est- 
il général), les boutons ou bourgeons qui sor- 
tent de l’aisselle des feuilles peuvent être elas- 
sés ainsi qu'il suit; savoir : 

°: Bourgeon no ordinairement uriique. 
‘3°: Bourgeons supplémentaires, subsidiaires , 


ou plutôt stipulaires, brdinairement au 
nombre de deux. 


5°. Bourgeon pétiolaire, MG NA 


J'applique à ces bourgeons le nom qui est 
indiqué par leur position. Dans le melon, on 
trouve aussi ces bourgeons, à l'exception néan- 
moms du bourgeon pétiolaire, soit qu'il y 
manque réellement, soit que son développe- 
ment devierine inutile; à raison de ce qué le me- 
low, comme plante annuelle, n'a pas les feuilles- 
caduques, comme la plupart de nos arbres à fruit, 
qui, perdant leurs feuilles pendant hiver, mani- 
festent quelquefois , aù retour du printemps et 
_à défaut des autres bourgéons, ce bourgeon pé- 
tiolaire, qui sort précisément du pointoù le pé- 
üole de la feuille s’est détaché du bois et de son 
écorce. On reconnaît très-bien d’ailleurs dans le 


: 
i 


melon et la présence du bourgeon principal et 


celle des deux bourgeons stipulaires. 

Outre ces bourgeons, on remarque encore 
dans les plantes les bourgeons cotylédonaires 
au nombre de deux, et qui naissent de l'aisselle 
des cotylédons; on peut présumer que ces bour- 
geons ontaussi leurs sup plémentaires, ı mais leur 
petitesse m'a empêché de les observer. Quoi qu il 


en soit, ces deux bourgeons cotylédonaires, com; 
muns peut-être à toutes les plantes,se retrouvent 


dans le melon, et nous verrons par la suite qu'ils 
y méritent une attention toute particulière. 

Ces analogies de disposition générale et de 
conformation particulière entre des végétaux 
qu ’on pourrait croire si différens. doivent nous 
donner à penser que les effets et les produits de 
leurs organes analogues sont analogues aussi. 
Quoiqueje ne puisse suivre ici le développement 
de cette idée, dans un certain détail, nien dòn- 

ner des preuves positives, je crois cependant 
devoir l'indiquer, parce que je ne doute point 
de sa réalité, et je suis très-persuadé que les ob- 
servations ‘que j'ai faites sur les différentes es- 
pèces de bourgeons dans le melon s'appliquent 
également à ceux des autres plantes. 

Je crois donc devoir diviser les bourgeons 
du melon en trois classes, savoir : 


RS D A NU CCD 0 VAS 


a 


( 62 ) 

1°. Les bourgeons ou rameaux principaux ; 

2°. Les bourgeons ou rameaux supplémen- 

taires ou stipulaires ; 

3°. Les bourgeons ou rameaux cotylédo- 

- naires. 

Dans le melon, tous çes isul à l’excep- 
tion peut-être des premier-nés, lorsquela plante 
est encore toute jeune , sont, dès leur sortie, ac- 
compagnés d’un ou de plusieurs boutons à fleur : 
ces boutonssont ou solitaires ou en nombre mul- 
tiple et sur un pédoncule commun ; mais comme 
dans-ce dernier cas ce pédoncule commun con- 
tinue assez souvent sa pousse particulière avec 
feuilles, etc., il devient alors lui-même un ra- 
meau véritable, qui, s'il se développe sur un 
rameau secondaire , devient lui-même ternaire, 
et ainsi de suite. ai à | 

Fl peut cependant arriver que « ces: ac a 
fleurs, compagnons de chaque bourgeon, ne se 
développent point; ils peuvent avorter par plu- 


sieurs causes, accidens, saison contraire ; force 
de la sève qui s’emporte ailleurs; maïs il ne faut 


pas inférer delà qu’ils n'existent point: avec un 
peu d'attention on peut en reconnaitre: Pem- 
bryon ou les vestiges. | 

On sait bien que-dans ce Kicia il y a pa 
sortes de fleurs: les unes, mâles et destinéesseu- 


i 


( 63 ) 
lement à féconder, et les autres, femelles, desti- 
nées à porter le fruit: quelquefois ces fleurs fe- 
melles sont pourvues d'organes mâles, c'est-à- 


dire d’étamines plus ou moins parfaites; mais 
ceci devant être regardé comme une exception 
ou. un effet de culture , nous ne nous en occu- 
perons pas pour le moment, Les fleurs mâles 
paraissent les premières et en plus grand nom- 
bre, pour mieux assurer la fécondation des 
fleurs femelles qui leur succèdent. 

Mais ce qui, dans l'apparition successive et 
dans la position de ces divers boutons à fleurs, 
estremarquable et mérite tout notre intérêt, c’est 
que, d’une part, plus la plante avance en âge:et 
prendd’accroissement, plus le nombre de degrés 
de ses ramifications augmente (ternaires, qua- 
ternaires et au-delà), plus ces ramifications s'al- 
longent, se subdivisent et s'éloignent directe- 
ment, mieux encore indirectement, de la tige 
principale, el sur-tout en raison de la moindre 
étendue assignée par la nature à chacun de ces 
bourgeons ou rameaux (étendue déterminée par 
leur position respective, delaquelle doit résulter 
la nécessité d’une fructification assez abondante 
pour être mieux assurée, assez prompte pour 
pouvoir arriver à maturité); d'autre part, plus le 
nombre des boutons àfleur augmente en général, 


Det ins 


rime RAT 3 


DOME EA 


Es 
RARE rar ET 


SE 


n ENT 


Ay 
» 


( 64 ) 


et plus en particulier le nombre des fleurs femel- 
les ou boutons à fruit augmente au détriment 
des fleurs mâles, tellement qu'enfin on pour- 
rait croire que ces dernières doivent disparaître. 
Ainsi, d'après ce principe, de la vérité duquel 
on peut se convaincre par l'inspection d’une 
plante de melon venue sans être taillée, ce sont 
les rameaux ternaires ou quaternaires, ou même 
d’un degré plus avancé, les rameaux stipulaires, 


les rameaux cuilbdoiaires, et sur-tout les subdi- 
visions et les extrémités de ces mêmes rameaux 5 


qui présentent presque exclusivement les bou- 
tons à fruit : prévoyance de la nature, qui n’a pas 
voulu queles fruitsse présentassent troptôt pour 
ne pas nuire au développement de la plante, et 


qui a donné à chacune de ces parties des chances 
de fructification d'autant plus promptes et dau- 


tant plus nombreuses, qu’elles se développeront 
les dernières et auront moins de temps à vivre; 
prévoyance qui nous a laissé les moyens de faire 
ressortir notre industrie sans changer l'ordre 
qu'elle avait établi, mais bien seulement en acti- 
vantle éselophemneit des points les plus promp- 
tement et les plus abondamment fructifians, 
par la suppression de ceux qui le sont moins. 
- Ainsi se trouvent établis sur le melon quatre 
principaux points fructifians, savoir : 


ʻ 


CURE PERS PPT SES PEER 


1°. Bourgeons ou rameaux secondaires , ter- 

naires, quaternaires et au-delà; 
: Rameaux stipuläires; 

3°, Rameaux cotylédonaires* | 

_ 40. Extrémités et subdivisions de tous ces 
mêmes rameaux. 

Je vais passer à l'examen et à Ja ti 5 
de ces quatre moyens de fructification. 


De la Fructification ou mise à Jruit du melon 
sur les bourgeons secondaires, ternaires, gua- 
ternaires ou d'un plus haut degré. 


+ PREMIER MOYEN. STE 

Pour l'intelligence de l'objet que.je vais trai- 
ter ici, et qui, pour la culture du melon, „est 
sans contredit le plus important, je me trouve 
forcé de rappeler une partie de ce que j'ai déjà 
- dit ailleurs; je ne crois pas non plus sortir de 
mon sujet par auglanes excursions vers les ar- 
- bres à fruit, attendu qu’en raison des analogies 
que j'ai remarquées entre ces plantes d’une :es- 
sence différente en apparence, je n’en.suis, pas 
moins persuadé que les expériences. et les: ob- 
servations tentées pour le perfectionnement. des 
uns sont aussi applicables au perfectionnement 
des autres. Je dois anssi renvoyer mes lecteurs 
à un Mémoire sur les cucurbitacées, inséré dans . 
- 3 


; (66) 
le volume des: Mémoires de la Société royale et 
centrale d'agriculture, année 1825, page 435, et 
dansles Annales d'agriculture, 2e. série;t. XX XII, 
page 320, qu’il'sera bon de consulter. 

La tige principale du melon, ne se mettant 
ÈS à fruit, si ce n’est peut-être lorsqu'elle à 
acquis une longueur très-considérable ; et cette 
faculté de porter fruit se manifestant au con- 
traire beaucoup, plus tôt sur .les bourgeons. ou 


rameaux. latéraux, il paraissait assez naturel de 
faciliter et. de hâter Je développement de ces 


derniers, en arrétant la tige principale; et ces 
mêmes rameaux latéraux et secondaires parais- 
-sant donner naissance à des rameaux plus fruc- 
tifias encore, on a ‘passé du! pincemient de la 
tige principale à celui des rameaux secondaires, 
ternaires, quaternäires, etc: i sb Sy 

: > Ces pincemens répétés paraissant, sur lé me- 
lon, fairé augmenter la proportion du nombre 
des boutons où fleurs à fruit, relativement à 
celui des fleurs mâles ou stériles, on a pu croire, 
ou qu'ils les faisaient produire, ou qu’ils chan- 
-geaient leur sexe : c'est une erreur, cés pince- 
mens ne faisant que hâtér le développement de 
ces parties, bien réellement créées d'avance par 
la naturez'et très-probablement ce qu’on a ap- 
pelé, dans les arbres, suppression du canal di- 


rect de la sève pour les faire mettre à fruit, aù 
moyen du retranchement de la tige principale, 
n'est autré chose que le modèle ou la copie des 
pincémens pratiqués sur le melon. 
Comme dans la première partie de: ce Mé- 
moire j'ai décrit au long les opérations de piri- 
cemens destinées à la productiondes rameaux 
ternairés ou quatérnaires , je ferai seulement 
observer que ce moyen de fructification, qui me 
parait avoir. été adopté le plus généralement, 
est aussi célui que je pratique ordinairement. 
Je le regarde comme le plus simple, lé plus com- 
mode, le plus expéditif, et enfin comme:le-meil: 
leur, sauf peut-être quelques exceptions. Ces 


exceptions sont, pour plusieurs cucurbitacées, 


nécessitées par un mode de végétation particu- 
lier; mais, dans lemelon; on ne trouve que des 
variations très légères, que j'indiquerai en ‘leur 
lieu. Je ne parlerai ici que de la différence que 
j'ai observée dans la fructification du melon de 
Perse et du melon de:la Chine, comparée avec 
celle d’un melon à chair verte dellle-de-France, 
les deux prémiers ayant manifesté des boutons 
à fruit sortant immédiatement de l’aisselle du 
rimeau secondaire; et:sans pédoncule ramifié ; 
tandis que le melon de l'Ile-de-France, que fa- 
vais pincé trop tard sur ses rameaux secun= 


5. 


D E 


Én Droi i e 


AE 2 UD RTN 


Po Nil 


FRE RE) 


( 68 ) 
| daires, et négligé de- pincer sur ses-rameanx , 
ternaires; ne m'a donné, en 1825 et pendant 
tout le cours de ła belle saison, que deux fleurs 
à fruit très-tardives et:qui ont avorté. Il m'a 
paru que les espèces venant des pays chauds 
et secs, ou peut-être très- anciennement culti- 
vés et civilisés, tels que la Grece, la Perse, la 
Chine; se mettaient à fruit plus aisément; ou du 
moins sur des rameaux d’un degré moins élevé 
que les espèces venant d'Amérique, ou des iles 
dont le climat est en même temps éhaud.et hu- 
mide , ces dernières ne montrant leurs fruits que 
sur: les rameaux quaternaires. Au anipiues c'est 
aux jardiniers qui wen cultivent qu'un certain 
nombre d’espèces à étudier ces différences, et 
à se conduireen conséquence. 

. La saison ou le climat ‘peut avoir influé sur 
ces différences; mais on doit sur-tout les attri- 
buer à la culture. On a avancé, mais je ne sais 
jusqu’à quel point cette assertion est fondée, 
que plus les graines de melon étaient vieilles, 
plus les plantes qui en provenaient se met- 
taient à fruit aisément, étant d’ailleurs moins, 
vigoureuses et poussant. moins de bois. A- 
t-on prétendu par là dire ou que leurs fruits 
nouaient plus facilement ; ou que les boutons à 


fruit se présentaient plus tôt, c'est-à-dire sur les 


( 6g ) 

rameaux secondaires, au lieu de se faire attendre 
sur les ternaires ou quaternaires? C’est sur quoi 
l'on ne s'est pas pr ononcé, et je ne puis, à cet 
égard, m'étayer encore sur ma propre expé- 
rience; ce serait un point d’horticulture et de 


r 
f 


physiologie très-important à éclaircir, et à la so- 
lution: duquel ces deux sciences sont également 
intéressées. On sait bien qu’en général les plantes 
provenues de vieilles graines sont moins vigou- 
reuses et poussent moins de bois, ete. Si c'est. à 
à ces moyens débilitans qu’on dut leur plus 
prompte fructification, pourquoi-ne serait-elle 
pas produite aussi par des moyens débilitans 
d'un autregenre, telsquela bouture, la greffe, ete.? 
Par suite du même raisonnement, ne devrait-on 
pas aussi prendre en considération les parties les 
moins vigoureuses et les plus fructifiantes tant 
des arbres que des plantes ? Il me semble que 
ces boutures et ces greffes, prises et placées sur 
les points fructifians, comme rameaux quater- 
naires ou d’un degré plus avancé, se mettraient 
aussi plus promptement à fruit. Il y a déjà long- 
temps que, pour obtenir plus tôt de leur fruit, 
J'avais, ainsi que cela m'avait été conseillé, pris 
sur de très-jeunes arbres à fruit venus de pe- 


pins des greffes, et que je les avais placées sur 
des arbres plus âgés, et cela sans en avoir ob- 


( 70 ) 

tenu une grande avance. Ne serait-ce pas parce 
que ces greffes, ainsi prises et placées, n’en ont . 
pas pour cela obtenu un degré de ramification 
plus élevé,et que, pourse mettre à fruit, au lieu 
du degré ternaire ou quaternaire qu'exige le 
melon , le pommier venu de pepin en exige dix 
degrés, le poirier quinze, et le chêne peut-être 
cinquante. Par suite de cette idée, je pense donc 
que; lorsqu'on prend des boutures ou des greffes 
sur de jeunes arbres ou de jeunes plantes, on 
doit les prendre sur les rameaux du degré le 
plus élevé, et les placer aussi de même, s'ily a 
lieu. Je conseille aussi, pour avancer la fruc- 
tification des jeunes Se de leur procurer 
un degré de ramification plus élevé par un 
mode de: taille et de pincement approprié à 
cette intention. Quant au melon, il est hors de 
doute que les boutures et greffes qu’on prend 
sur lui doivent être choisies de préférence sur 
les rameaux ternaires ou quaternaires, afin d'en 
obtenir du fruit sur-le-champ. 


pe, 
D 


C7: 


De la Fr uicti tification pi melon sur les bourgeons 
supplémentaires, subsidiaires ou stipulaites. | 


DEUXIÈME MOYEN. 


Les-bourgeons, au nombre de deux, que j'ai 
nommés .subsidiaires, parce qu’ils peuvent ach 
compagner le bourgeon principal lorsque la sève 


est. Arop. abondante ; supplémentaires , parce 


qu'ils sont destinés à le suppléer lorsqu'il avorte 
par.accident, et enfin stipulaires, parce qu'ils 
sont alimentés ou provoqués par la présence des 
stipules; sont, dans tous ces cas, moins vigou- 


reux, ou plus retardés que le bourgeon princi- 
pal; et par une suite des principes que j'ai po- 


sés, ils doivent prendre moins d'étendue, et leur 
fructification doit être plus prompte. Mais je 
doute qu'à cet égard il y ait pour eux pleine et 
entière compensation. Je ne les crois’ pas très- 
 importans dans la culture du melon, et je deute 
qu’il soit utile de provoquer leur, développe: 
ment. Cependant il est bon de les reconnaitre, 
afin de pouvoir en profiter lorsqu’ ils se rencon- 
treal, et, dans ce cas, il peut être utile aussi de les 
pincer, comme on aurait fait le bourgeon prin- 
cipal.. Ne voulant rien négliger, j'ai donc dû en 
parler, et avec d'autant plus de raison, qu'ils 


© 
Š à Ki Ainai 


N 


FT E arera. 


irere ai 


we- 
s, 
+ 


(72) 

ont une certaine importance dans la culture de 
quelques autres plantes, et notamment de plu- 
sieurs cucurbitacées , ainsi qu'on le verra à lar- 
ticle de la papangaye. 

Si l’on voulait obtenir des bourgeons stipu- 
laires , il faudrait en chercher des indices autour 
des bourgeons principaux, et supprimer avec 
précaution ces derniers, sinon sur-le-champ, 
au moins très-peu de jours après. Si l’on ne trou- 
vait aucun indice, il faudrait supprimer quelques 
bourgeons principaux, non pas en totalité, mais 
au-dessus de leur première feuille: il est à es- 
pérer qu’alors les stipulaires pourront tôt où 
tard se faire apercevoir. 


De la F. ructi ifi cation du melon sur les bourgeons 
5 ou rameaux cotylédonaires. 


1 


| | TROISIÈ ME MOYEN. REMARQUES SUR LES COTY- | 
LÉDONS. 


Cet objet ma paru d’une arkana impor- 
tance sous plusieurs rapports, et je crois devoir 
le traiter avec d'autant plus de détail, qu'on à 
méconnu et négligé son usage et son utilité, et 
même méprisé et D D les produits cotylédo- 
naires. 


Les cotylédons ou feuilles séminales du me- 


lon (appelés par les jardiniers oreilles) ne sont, 


comme l’on sait, autre chose que les deux lobes 


de la-graine, qui se disjoignent et présentent, 
en sortant de terre, deux feuilles qui ne ressem- 
blent en rien à celles qui doivent les suivre. 
_ Pendant quelques jours, elles restent seules et 
prennent un peu plus détendue; la radicule, 
pendant ce temps, profite et s enfonce en terre ; 
la tige s'élève du milieu de ces deux cotylédons : 
nous la laisserons aller son train. Pendant ce 
temps, dans l'aisselle de ces deux cotylédons 
apparaissent deux faibles bourgeons, ordinaire- 
ment plus tardifs que ceux qui sont supérieure- 
ment placés: Ce' sont ces deux bourgeons, op- 
posés Pun à Pautre, qui donnent naissance aux 
deux rameaux que j'appelle cotylédonaires. (Ces 
rameaux cotylédonaires sont bien aussi par eux- 
mêmes des rameaux latéraux ou secondaires : 
cependant, comme sous quelques rapports ils 
en diffèrent essentiellement, j'ai dů les distin- 
guer.) 
On doit se tabpiejer qu ila déjtié été question 
de leur nature et de leur position. Destinés : à 
suppléer la tige principale lorsqu'elle périt par 
accident, ils peüvent, lorsqu'elle réussit, ne pas 
se développer du tout, et, dans le cas contraire, 
ils peuvent être étouffés par la partie supérieure 
de la plante. S'ils échappent à ce double danger, 


\ 


en raison dune, grande. abondance de. sève 


refluant vers eux par une taille trop sévère 
ou malentendue, tardifs et d’une médiocre vi- 
gueur, ils sont doués d’une aptitude à fructifier 
plus grande et plus prompte (sans cependant 
pour cela que le fruit réussisse): cela est une 
conséquence infaillible des principes que j'ai 
posés. | 
Jusqu'à présent les Re ess paraissent avoir 
méconnu cette faculté fructifiante, ou du moins 


n'ont pas su ou n’ont pas voulu en profiter. lls 
ont même reproché à ces rameaux quelques dé- 


fauts, peut-être exagérés , que je ne leur ai pas 
reconnusencore, sans cependant prétendre qu'ils 
ne peuvent jamais se rencontrer, tels que d’être 
creux, de n’être pas francs , de donner de faibles 


Re < enfin de Du. la sève des autres 
parties de la plante plus essentielles : en consé- 


quence, ils les retranchent. 

La plupart d’entre eux vont encore plus loin. 
ils retranchent aussi les cotylédons eux-mêmes. 
Cette opération, qu'ils nomment oreiller, Cest- 
à-dire couper les oreilles, n’est pas pratiquée 
par moi, ni par d’autres, qui la jugent peu im- 
portante, je n’en dois pas moins la discuter ici. 

Dans quel but à été imaginée l'opération de 
 loreillement ? Est-ce, ainsi que le disent quel- 


= (79) a 
ques-uns, dans la vue de diminuer la vigueur 
de la plante, et de la mettre plus aisément à- 
fruit? Cette raison me paraît mauvaise, et je crois 
avoir indiqué-de meilleurs moyens que celui-là. 
Est-ce dans la vue d'empêcher le développement 
des rameaux cotylédonaires? Effectivement, ce 
peut être un moyen d'y parvenir. Je n’ai d’ail- 
leurs fait aucune expérience à ce sujet; mais 
voici ce que suggère la théorie. EN 

Si opération de l’oreillement est faite de très- 
bonne heure, à coup sûr elle s’opposera à la 
sortie des bourgeons cotylédonaires ; mais aussi | 

elle affaiblira la plante et pourra lui être plus 
_ nuisible qu'utile, d'autant qu'il y a d’autres 
moyens de détruire ces bourgeons et de méttre 
la plante à fruit. Si elle est faite trop tard, c’est: 
à-dire lorsque les feuilles séminales sèchent 
elles-mêmes, elle ne peut plus servir à rien; 
elle n’est donc bonne à pratiquer que dans les 
momens intermédiaires, et alors, je le répète, 
elle est d'une très-faible importance, soit en 
bien, soit en mal. ir 

Que l’oreillement ait eu licu ou non, il est 
rare que, OU par une des causes que j'ai indi- 
quées, ou par toute autre, il ne se manifeste tôt 
ou tard des bourgeons adventifs, soit vraiment 
cotylédonaires, soit à eux subsidiaires ; Car il 


F 


(36) 
est probable qwil existe aussi pour eux des sub- 
sidiaires ou supplémentaires, quoique leùr peti- 
tesse ait pu mempèêcher de les apercevoir. Ces 
bourgeons, qu'on retranche ‘ordinairement, 
restent souvent cachés sous les parties supé- 
rieures, et ainsi inaperçus produisent quelque- 
fois des fruits auxquels ón ne s'attendait pas. H 
est vrai que, pour la plupart, ces produits sont 
faibles; mais c'est moins leur faute que celle 
dés parties supérieures, qui les ont étouffés. 

` Quant à moi, jai cherché : à profiter de cette 
faculté fructifiante, assignée par la natüre aux 
rameaux cotylédonaires, qu’elle n'a pas pro- 
bablement créés en vain; j'ai bien reconnu que 
réellement ces produits étaient faibles dans le 
principe, mais que néanmoins, à l’aide de quel- 
ques secours et par la suppression des parties 
qui les affameraient, ils pourraient, par la suite 
entrer, jusqu’à un certain point, en concurrence 
_avecles antres, sinon les Se ago du moins sous 
quelques rapports. 

Lorsqu’ on veut tenter quelques essais sur ces 
rameaux cotylédonaires, il faut aller avec mo- 
dération et user de quelques précautions : il y 
a des plantes qui ne paraissent pas très-dispo- 
sées à les produire; il y en a d’autres sur les- 


quelles celte disposition est très- mamapak il 


A 


Ge ute tnpa Be Pas aD hnnan a y 


i 


: (939) 
faut savoir en profiter. A cet effet, il est bon 
d’avoir à sa portée plusieurs plantes de la même 


espèce, afin de pouvoir choisir; et si on a semé 
en pleine terre; on a dù placer plusieurs graines 
dans.le même poquet. On arrache par suite celles 


qui ne sont pas bien disposées, on laisse .les 
autres, on en fait ie choix, et lorsqu'elles sont 


assez fortes pour être arrêtées, on les pince, 


comime-à l'ordinaire, au-dessus. de la deuxième 


feuille, et'si les deux bourgeons cotylédonaires 


sont bien constitués, qu'ils apparaissent assez 
sensiblement, ou promettent une belle venue, 
on supprime ou on éborgne les autres bourgeons 
supérieurs aussitôt qé’oncroit pouvoir le faire, 
et plus tard on retranche la tige à quelques li- 
gnes au -dessus des cotylédons. Ces rameaux 
cotylédonaires ont d'abord. un accroissement 
un peu lent, mais ils finissent par prendre leur 
essor, pour peu que la saison soit favorable. Si 
l’on n’y apercevait pas promptement de bou- 


tons à fruit, on pourrait se. conduire à leur 


égard comme on fait sur les autres rameaux, 
c’est-à-dire les pincer; mais-1l.est rare qu’on 


soit obligé d’aller jusqu'aux rameaux ternaires. - 


Quoique j'aie déjà fait sur ces rameaux cotylé- 
donaires plusieurs expériences, je ne puis en- 
core établir entre eux et les autres rameaux un 


OR RE OTRE EI EE a a 


manae e Aia E T N 


a K i 


. (982 

degré de comparaison bien déterminé; je crois 
cependant pouvoir dire que ces rameaux coty- 
_lédonaires qui, par eux-mêmes, ne sont que se- 
condaires équivalent, par la faculté dé se meitre 
à fruit, aux rameaux ternaires, même aux qua- 
ternaires, et peut-être à ceux d’un degré plus 
élevé, et je n'hésite pas à convenir qu’il me faut 
encore beaucoup d'expériences pour émettre à 
cet égard une opinion positive. En attendant, 
je puis attester l'efficacité de leur emploi : j'ai ai- 
sémentobtenu sur eux la frucüfication du me- 
lon de-Coulommiers, qui, comme l’on sait, ar- 
rête très-difficilement ; et j'ai obtenu des succès 
encoreplus marqués sur d’autres cucurbitacées : 
il en sera question plus bas. En conséquence, 
| je recommande leur emploi aux horticulteurs. 
Je ne doute pas què dans leurs mains:il nede- 
vienne d'un grand secours pour mettre à fruit, 
_ soit Tes melons, soit toute autre plante rebelle: 
et'je ne doute pas qué l'étude de ces bourgeons 
ne mérite aussi l'attention des physiologistes: 
En effet ; les autres bourgeons des plantes 
sont, dans leur apparition et dans leur dévelop- 
pement, provoqués et alimentés par la présence 
des feuilles, qui leur servent d'accompagnement 
et de support. Ces feuilles sont le produit de la 
plante qui les porte; les feuilles séminales, au 


- 


(79 ) 

contraire, be moins à la plante qui 
les porte qu'à Ja plante-mêre qui a produit la 
graine, dont ellés ne sont que les lobes dévelop: 
pés : ils tirent donc jusqu'äun certain point leur 
nourriture de cette planté + mère elle - même, 
nourriture plus élaborée; ce sont dés enfans qui 
sucent le lait de leur propre mère, mais avan: 
cée en âge : jusqu’à quel point cette particula- 
rité peut-elle influer sur leur essence, et n 'est- 
elle pas un sujet digne de rémarque? 

Les observations faites par les jardiniers sur 
le produit des bourgeons colytédonaires ne 
sont pas tout-à-fait en concordance avec la théo: 
rie: car, d’après elle, il semblerait que ces pro- 
duits devraient être plus forts et plùs francs; 
mais ce mest pas ce qu'ils disent. Au fait, Jes 
cotylédons, ne prenant Jamais la même étendue 
que les autres feuilles, peuvent bien être une 
cause de faiblesse pour les bourgeons | qu'ils ali- 
mentent; quant à cé qu'ils appellent n'être pas | 
francs, la signification: de ce mot n’est peut- 
être pas pour eux bien détérminée. Entendent- 
ils pe là moins certains, moins bons, où plus 
sujets à dégénérer? Je lës croirais au contraire 
moins sujets à Variation; ce qui aurait Sori im- 
portance. D'autre part, je leur accorderais vo- 
lontiers que les produits et les fruits pour 


( 80 ) 
raient être moins forts et moins gros, et peut- 
être aussi plus bâtifs. Cela concorderait un peu 
plus avec mes propres observations; et gil en 
était ainsi, ne pourrait-on pas espérer qu’en 
_propageant. par le semis et pendant long-temps 
une race sur ses bourgeons cotylédonaires, on 
parviendrait à la rendre et à la fixer naine et hà- 
tive? Ne serait-ce pas de.ce moyen que les Chi- 
nois se seraient servis pour obtenir ce qu'ils 


possèdent de SABRE en ce genre: ? C’est un sujet 
d'expériences à à tenter. 


De la Fructi ification du melon par allongément 
sur les dernières extrémités de la tige prin- 
cipale ou des rameaux secondaires , lernai- 
res, etc. 

QUATRIÈME ET DERNIER MOYEN. 

J'ai remarqué que, sur la fin de la saison, ou 
sur la fin de leur végétation, le melon, ainsi que 
plusieurs autres plantes, se chargent, sur les der- 
nières extrémités de la plupart de leurs ra- 
meaux, d’une assez grande quantité de boutons 
à fruit: c’est le dernier effort de la nature pour 
perpétuer les êtres; mais il est rare qu'il soit 
couronné de succès. Il peut bien, dans le melon, 
produire ce qu’on appelle des regains ; mais il 


(8) 


ne faut guère y compter. Si ces boutons: à fruit 


sortent immédiatement sur le bois et-dans Vais- 


selle des feuilles, ils sont bien caractérisés comme 
extrêmes; s'ils sont multiples sur un pédoncule 


commun pouvant se ramifer, ils rentrent dans 


la classe des bourgeons secondaires, ternai- 


res, etc, Ce moyen de fructification par allonz 


gement, et dans toute l'acception de cé: mot, 
ne peut être d'une grande utilité, sur-tout dans 
le melon; mais, en le modifiant, il peut être 
d'un grand avantage dans la culture de quelques 
antres plantes grimpantes, telles que la papan- 
gaye etsur-tout la calebasse. Il consiste. à laisser 
allonger ces plantes, soitsurléür tige principale, 
soit sur quelques rameaux principaux; età ne 
les arrêter par le pincement que lérsqu'ils ont 


pris une très- -grande étendue, Je décrirai.ce pro 
cédé à l'article de la calebasse. : 


TES 
š 


vers moyens de Srono à ea 


indiqués. | à 


D'après les détails dans lesquels je suis entré 
sur la position et la nature des. parues fructi- 
fiantes du melon, la connaissance, doit nous en 
être parfaitement acquise, et nous devons être 

6 


RE Ed E E 


(1821) 
enétat-de juger toutes: les méthodes ou ancien- 
nement buactuellementusitées, ainsi que toutes 
celles qu’on pourrait proposer par la'sùite: L'art 
“ne pouvant, selon moi, niên changer ni rien 
ajouter’à essence de ces parties fructifiantes, 
etne: pouvant que les hâter et les provoquer 
les unes aux dépens des ‘autres, touté méthode 
duim'aurait:pas pour but immédiat d'opérer la 
production de ces parties devra être infailli- 
blenient rejetée. Nul changement ne devant 
_plus'avoir lieu quant au fond j mais'seulement 
quant à la forme, il ne s'agira plus que de côm- 
parer ces divers moyens de fructification , d'a- 
dapter chacun d'eux aux circonstances ou de 
dés ‘cémbiner suivant l'exigence des cas, eten- 
fin d'y: appliquer les procédés les plus propres 
iles obtenir d’une manière prompt, ai 
tive, assurée et satisfaisante. <> 
Laissant de côté le quatrième moyen de trie. 
ification sur lès extrémités, ditpar allongement, 
que-jeme crois guère convenit au melon;il ne 
nous en reste à examiner que trois ; sayoir; 
1°. Les bourgeons ou rameaux principaux ; ; 
` go, “Les stipulaires; ‘ SIA 
‘80. Les cotylédonaires. © i 
* Wa propriété fructifiante des ‘bourgeons ou 
raméaäx stipulaires meme paraissant ni évi- 


y 


(83) . 


demment ni éminemment frappante; leur ma- 


nifestalion, n'ayant’ lieu que rarement et acci- 
dentellement; et difficilement par le Secours’ dé 
l'art, exigeant beaucoup d'attention: pour être 


bien observée, encore Plus Pour étre provoquée, 


ne me paraît pas, quoique intéressante dans 
d’autres plantes, devoir être provoquée sur le 
fnelon, ainsi que je l'ai déjà fait 6bsérver, et il 
faudra se bornér à en profiter lorsqu’ ele s 


se é ren- 
contrera. 


La propriété fructifiante des rameaux cotÿlé- 


donairesiest sans contredit Ja plus efficace: mais 
leurs: produits n’ont paru un: peu plus’ longs” et 
unpeu’ plus difficiles à “obtenir, ét ig” önt 
d'ailleurs >essuyé ‘quelques reproches plùs où 
moins fondés: ilfaudra donc, dans 12’, pratique, 
les réservér pour les | espèces rebelles à fructifier. 
Restent donc seuls et en possession ‘du ter- 
rain des bourgeons | principaux, qu on portéra aux 
degrés ternairés, sQüaternaires, etc. Suivant Pexi 
gence des cas; ils sont d’ailleurs le complément 
des‘autres moyens, puisque, comme JE r ai aussi 
déjà fait observer. lé pincémient répété peut s’ ap- 
pliquer et se pratiquer sur les Stipulaires et lés 
cotylédonaires. Cependant comme il n’est pas 
question seulement de sé procurer le plús tót 
possible des boutois à fruit, mais qu'il est éga- 
6. 


pp ri SN S = 


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joins" din 4 


Fa 


5 


DATES SET EST a 


Fe EN di 


( 84) 
lement essentiel de s'assurer du succès, de Pa- 
bondance et de la bonne qualité des-produits, 
toutes, choses qui exigent dans les plantes une 
certaine vigueur, et une répartition égale de sève 
dans toutes ses parties, il faudra faire entrer en 
ligne de compte les différences que présentent, 
à cet égard, les divers modes de taille et-de-di- 
rection employés; calculer les degrés de force et 
de faiblesse que chacun.d’eux peut. imprimer à 
| la plante , en raison de la direction des rameaux 
et des suppressions ou des. retranchemens. né- 
cessités par toute espèce de taille, lesquels oc- 
casionnent toujours une. perte de. temps et une 
suspension de sève, qui a.ses inconvéniens ; cal- 
culer enfin toutes les chances de succès,.et ne 
pas risquer d’avoir, avec tout l’art employé, 
beaucoup moins: qu'e on n° aurait eu en. laissant 
agir, la, nature. ; | 
Dans. cette vue, et pour adoucir les suppres- 
sions de. rameaux trop.considérables ;: j'avais 
conseillé l'arqüre , pratiquée .immédiatement 
au-dessus des bourgeons qu'on veut,conser- 
ver, arqure qui, en s’Opposant, jusqu’à un cer- 
tain point, à la sortie des bourgeons supérieurs, 
peut exempter du retranchement. du.rameau 
qui les porte. J'ai quelquefois aussi employé, 
à cet effet, la ligature et l’incision. annulaire; 


(85 ) 
mais ces essais, que je n ai qu'ébauchés, ne m'ont 
rien appris. J’ai conseillé encore d'éborgner, dès 
leur sortie, les bourgeons superflus; j’aimerais 
assez ce moyen, mais il demande du soin, du 
temps et de attention. J'avais indiqué aussi le 
pincement de la dernière extrémité des rameaux, 
comme ne devant point fatiguer les plantes ; mais 
_il a l'inconvénient de provoquer la sortie des 
bourgéons de l'extrémité, lesquels alors nui- 


sent’ à la sortie des inférieurs, et donnent aux 
plantes une étendue qui peut gêner leurs voi- 
sines. ARE 
Ce n’est pas tout, il reste à tenter des essais 
d’un autre genre : au lieu de pincer à deux 


feuilles, ne pourrait-on pas pincer à une seule, 
“ou si lon pinçait à deux, éborgner un des deux 
bourgeons? Le bourgeon ne prendrait-il pas 
alors un accroissement plus prompt? Cepen- 
dant,on pourrait ne pas faire cette Opération sur 
la tige principale, et la pincer comme d’habi- 
tude au- dessus de la deuxième feuille, le tout 
pour la régularité de la plante, afin de lui con 
server des bras. 


( 86 ) 


t 


De divers Perféctiotiseméris applicables à la cul- 
ture" du melon; de sa Multiplication par la 
sg; et les boitutés, etc. 


Je mwai point traité de l'éducation du melon 
sur couches, avec châssis et cloches; l’art des 
primeurs me parait porté à Paris à un haut de- 
gré de perfection, et je ne puis dire si l’on peut 
encore Yajouter, attendu que je ne me suis oc- 
cupé de cet objet que très- secondairement, La 
culture nous a procuré des variétés. de melons 
très- hâtives, et eos à être élevées sous 
châssis :est-ce au hasard qu’on les doit, ou à une 
direction appropriée à à cet effet? C’est ce que je 
ne saurais dire; mais je pense que tout n’est pas 
fait. Dans la vue d'empêcher de se perdre ou de 
se détériorer des espèces précieuses ou bien fran- 
ches, on a déjà proposé d’en conserver dans des 
serres chaudes pendant l'hiver, par la voie dés 
boutures ou autrement, et de les multiplier dé 
nouveau par des. boutures au printemps. Ces 
boutures , en général peu vigoureuses; sé met- 
tent d'elles-mêmes aisément et poupon à 
fruit, et en suivant les indications que j'ai don- 
nées pour les préndre sur les rameaux ternaires 
et quaternaires, on serait encore plus sùr d’un 


prompt succès. J'avais encore indiqué ce moyen 
! 


eo 

de bouture, connye pouva utfixer.sur les plautes 
et sur-les graines.quien proviendraient, et con- 
séquermament sur leur postérité, la proprigis fruc- 
tifiante des-bourgeons quaterpaires , etfal: de. 
plus proposé le moyen de bouture et de pince“ 
mens- répétés et successifs sur les plantes dioï-. 
ques, mâles, dans l’idée qu’à la fin on obtiendrait 
aussi sur ces plantes des fleurs femelles, et par 
conséquent du fruit; chose d'autant plus 1m- 
portante, que, dans plusieurs espèces de plantes, 
nous ne possédons en France que les mâles, et 
conséquemment, ne pouvons avoir ni fruit ni 
graines : je persiste dans mon opinion, n 'ayant 
encore aucune raisen de m'en départir. J'avais 
commencé sur ces objets quelques expériences, 
mais je n’ai pas encore eu la possibilité de les 
suive; elles sont assez difficiles sur le melon, 
tant parce qu'on est contrarié par la brièveté de 
la belle saison, que par les fécondations étran- 
gèrés,qui influent sur la nature des résultats; il 
faudrait être parfaitement isolé, ne cultiver 


qu'une seule espèce, et même que l'individu 
seul. sur lequel on travaille. | 
D'un autre côté, cette faculté de se féconder 


mutuellement nous a procuré quelques bonnes 
espèces nouvelles. Quelques-unes d’entre elles 
sontméme meilleures, plus fécondes et sur-tout 


(8 ) | 
plus vigoureuses que leurs ascendans ; mais la 
même cause qui les a produites les fait aussi dé- 
générer. Lorsqu'on vent avoir un hybride de 
deux bonnes espèces de melon , il faut les pla- 
cer près l’une de l’autre, et les isoler de toute 
autre. Sans S'en mêler autrement, on est presque 
sùr d'obtenir ce qu’on désire: mais ce que j'ai 
déjà noté comme fort singulier, c'estqu’on n'ob- 
tient pas toujours précisément l'espèce moyenne 
entre les deux ascendans, et que les enfans ne se 
ressemblent pas toujours non plus. J'en ai don né 
ailleurs des exemples, et en même temps la 
meilleure explication que j'aie pu trouver. Je ne 
doute pas qu’un jour à venir, soit par le moyen 
des graines sur bouture, ou sur greffe, soit par 
des hybrides nouveaux, ou entre variétés, où 


entre espèces, nous n’oblenions quelque chose 
de nouveau et d’avantageux. PME. iaz 

Dans ces derniers tem ps, M. le baron Tschudy 

a obtenu, par le moyen de la greffe, des fruits de 

melon sur quelques espèces de courges. Cette 

expérience a depuis été répétée avec succès par 

M. Soulange Bodin ; j'ignore encore quelles en 


seront les conséquences; mais je ne crois pas 
que, dansla pratique ordinaire, ce moyen, non 
plus que celui des boutures, puisse être pour le 
Moment d’une grande utilité. Je me rappelle 


( 89 ) 


bien, à la vérité, d’avoir lu, dans le Traité sur læ 


greffe par Cabanis; que les pepins de la même 


espèce de poire greffée sur cognassier avaient 
produit plus de variétés que les pepins de la 
même ES greffée sur franc; mais peut-on là- 
dessus s’en rapporter à une observation seule ; 
et dont les résultats ont pu être modifiés par des 
fécondations étrangères? Au surplus, il est assez 
difficile de croire que la greffe du melon sur 
une citrouille puisse nous donner d'excellentes 
variétés, et comme nous sommes déjà peut-être 
trop riches, ilest bien plus essentiel pour nous de 
viser à la qualité qu’à la quantité. Je suis d’ail- 
leurs très-éloigné de blämer ces expériences, je 
les suivrai moi-même, et leurs résultats ; sinon 
immédiatement et actuellement utiles dans la 
pratique, pourront le devenir un jour; et en 
attendant, ils peuvent concourir aù progrès de 
Ja science. 


TROISIÈME PARTIE. 


NOTICE SUR LA CULTURE ET LA NOMENCLATURE DE 
' PLUSIEURS ESPÈCES DE CUCURBITACÉES, TANT AN- 
CIENNES QUE NOUVELLES. 


La famille des cucurbitacées, indépendam- 
ment des melons et des concombres, comprend 


tir à à, L 7 née 4 
HOC TEN EA E O ea 


penen JE An EE ll AN 


A AS Pa N DS 


(ge) 

plusieurs espèces intéressantes » et le-ngm, de 

cucurbite ou courge est principalement apph- 
_ quéaux calebasses, potirons, giraumons, pastè- 
ques, etc. Eu égard aux divers avantages que pré- 
sentent ces plantes, leur culture n’est pas assez 
répandue, et je crois utile de contribuer à la 
perfectionner et à l’étendre, Presque toutes nous 
sont étrangères etoriginaires des climats chauds; 
quelques- unes sont aussi délicates que le melon; 

d’autres sont plus vigoureuses et plus rustiques, 
et se cultivent quelquefois en pleine terre, la 
plupart, cependant, après avoir été élevées sur 
couche; „mais toutes exigent plus ou moins de 
soins : une espèce de taille plus ou moins ana- 
logue à celle du melon, mais plus souvent mo- 

_difiée, leur est assez. applicable. Toutes, ou à- 
peu-près, peuvent se multiplier de boutures et 
de marcottes, et quoique paraissant annuelles, 
peuvent ainsi se conserver pendant l'hiver dans 


des serres chaudes. J'ai cultivé en pleine terre, 


avec succès, les espèces anciennement connues, 
et j'ai fait quelques essais sur plusieurs espèces 
nouvelles, dont l'introduction dans nos jardins 
me paraît importante ; je traiterai de chacune en 
_ particulier. 


/ 


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\ 


Du Concombre (Cucumis sativus) et du Concom- 


bre arada (Cucumis anguria ). 


Le concombre se cultive assez ordinairement 


sur couche, sur-tout lorsqu'on veut avoir des 
primeurs; il ést plus rustique que le melon; jé 
J'ai cultivé'avec succès en pleine terre. On peut 
lui appliquer la même taille, mais moins rigou- 
reuse, attendu qu'il se met plus aisément à fruit. 
Onluilaisseur plusgrand'nombréde bourgeons, 


et il fructifie abondamment sur ses rameaux se- 
condaires. Voici cependant un fait rapporté par 


M. Vilmorin, qui pourrait contredire jusqu’à un 


certain point ce que j'en dis. Un plant dè con- 


combresfut chez lui tellement haché par la grêle, 
qu'il en désespérait. Un temps, probablement 
_ plus favorable, succéda à cet accident; les plantes 
reprirent vigueur ét se couvrirent d’une très- 
grande abondance de fruits: est-ce à la meur- 
trissure des tiges etde l'écorce ( effet comparable 
à incision annulaire)? est-ce à un pincement 
un peu sévère opéré par la grêle, qu’on doit 
attribuer cé grand produit? Une belle variété 
de concombre, graine venue de Fle-de-France, 
portant beaucoup de bois, fut par moi cultivée, 


la première année sans porter aucun fruit; la 


deuxième aunéé, je la pinçai rigoureusement et 


AFTER 


s a 
Ean E a 


( 92 ) 
elle se mit à frait. Ces faits Sont en faveur du 
pincement répété et de l'opinion que j'ai émise, 
que les graines. venues des pays chauds. et hu- 
mides se mettent chez nous difficilement à fruit. 
Le concombré-arada porte un trés-petit fruit 
épineux et porté sur un long pédoncule; il est 
très-bon à mauger en cornichons. Cette plante 
a les feuilles découpées, et ressemble d’ailleurs 
plus au melon qu'au concombre. Elle se cultive 
_nieux sur couche, et cependant peut réussir 
_ en pleine terre Somme le melon, dont il faut - 
lui appliquer la taille. | 


Des Melons serpent et trompe ( Melo flexuosus); 
du Melon chaté (Melo chate); et du Melon 
dudaim , Melo dudaïm. 


Le melon-serpent, aussi nommé concombre- 
serpent, à cause de sa forme trés-allongée, n’est 
cultivé que par curiosité; le melon-trompe pa- 
rait en être une variété, ou plutôt un hybride 
avec le melon commun. Les melons chaté et du- 
‘aim ne sont guète cultivés que dans les jar- 
dins de botanique. Les fruits de ces plantes sont 
mangeables, sur-tout le melon-trompe; mais on 
en fait peu de cas. | T 


U faut tenir ces plantes éloignées des melons, 


(95) 
car'elles se mêlent avec eux par la fécondation: | 
J'en ai obtenu. des hybrides très-intéressans, 


dont jesuis la culture; quelques-uns de ces rikis. ; 


valent nos melons, avec quelques différences 
dans la forme et:dans la saveur. Ces plantes 
peuvent se cultiver en pleine terre et se tailler. 
comme le melon; mais celles qui sont hybrides; 
étant. très - vigoureuses, doivent être pincées 
sévèrement. Her | 
Le.melon-dudaim , ou pko ninen lors- 


qu'il est bien franc,.a une odeur particulière 
très- agréable „et comme il fructifié aisément sur 
ses rameaux secondaires ; il faut ne pas aller plus 


loin en fait de pincement. Son:fruit, mürissant 


promptement, me faitespérer; parson mélange 
avec nos melons hâtifs,: dés fruits encore plus 
hâtifs. En définitive, j'espère qué! plusieurs de 
ces hybrides iendrontun jour une place distin- 
guée dans notre horticulture. 


Du pastèque, ou Melon d'eau: 2 ( Citrullus 
a apr 


gái at 


J'ai cultivé.cette anas avecun certain Gaii 


en pleine terre, comme. le, melon.: ‘Quoique je 


paie point étudié: sa fructification aussi com 
plétement, je puis cependant croire,.que rigou- 


NET ARE a a 


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M MEN 


HE 

reusement on pourrait lui appliquer. la même 
- taille, mais péut-être-une autre méthode lui se- 
rait préférable. Sa tige principale peut prendre 
beaucoupd'étendue; mais elle peut fructifier 
immédiatement à une certaine distance de son 
pied: Je pense que, néanmoins, il faut , à-peu- 
_ prês-comme-pour:le melon, la pincer dans sa 
Jeunesse. au-dessus de la’ troisième ou quatrième 
feuille et la laisser s'établir sur trois où qüatre 
rameaux secondaires , lesquels donnent immé- 
diatémént leur - fruit, à une moindre distance 
que n'aurait fait la tige principale: Si lon'a af: 
faire à ‘une. espèce très - vigoureuse et qu'on 
veuille restreindre: son étendue; ón pourra Vé- 
tablir sur ses deux:rameaux cotylédonaires Qui 
se mettent à-fruit Yune manière encore plus 
| rapprochée. I est d'usage, lorsqu'on à du fruit 
en suffisante quantité, ou depincér à quelques 
yeux au-dessus d'eux; ou ide supprimer le su- 
perflu. 

Le, pastèque; quoique plus RERE, que te 
melon et moins sujet aux maladies, exige ce- 
pendant, pour sa maturité complète, un plus 
… haut: degré de châléur” et’ plus prolongée. Ses 
fruits mürissent assez pour être miangéables et 
Pour que leurs graines Soient bonries; maïs on ne 
peut dire qu’elles acquièrent, dans notre climat, 


D SRE PR Enorme D dd Er SNA D ape 


95 ) 
les qualités qu ’on leur attribue dans les climats 
chauds, où l'on estime qu il y en à des variétés 


très - supérieures aux autres. Quant à moi, qui. 


en al cultivé une douzaine de variétés, assez 


différentes pour la forme, la grosseur, la cou- 


leur de la peau , ordinairement lisse, quelque- 


fois brodée, icelle de:la chair, la forme et Itcou-" 


Jeur des graines , j'ai trouvé entre ellesitrès-pen 
de différence pour la saveur. Il y en a à graines 


noires. blanches, rouges: capucines, éte/: de 
1 À ? 9 7 


forme différente, etc.; ily‘en'a à chair rouge, 
jaune et même verdâtre ; cette dernière n’était 
bonne qu’à cuire. Toutes ces variétés, sauf cette 
demière, ne m'ont donné que des saveurs égales. 
Ilya néanmoins des amateurs de ce fruit, je Les 
engage à se procurer des variétés meilleures, 


et sur-tout plus hâtives que celles qué’ nous 


connaissons. J’ajoüterai que je pense que, faute 
de les trouver, nous pouvons nous les faire, et 
je crois qu'on y parviendrait en -élévant cette 
plante: sûr sés rameaux cotylédonäires, ën prë- 
nant surieux des boutures ; ce fruit sur boutures 
‘se multiplierait par ses graines, et sur le pro- 
-duit de ces graines, on recommenceräit et on 


continuerait le même procédé. 2 


A RTE Era A S aa a 


E a E D et A 


aa 


Mir 6 


(46 ) | | 


Des quatre Courges nommées Pépons, savoir: ~ 
le Potiron, le Giraumon, le Potiraumon et le 
7 s À 
Malabaric. 


1, Do Potiron (Pepo Potiron). 


Le potiron s'élève ordinairement sur couche, 
et se replante ensuite ou sur un trou plein de 
fumier fait exprès, ou en pleine terre; les pieds 
doivent être suffisamment espacés, parce qu'ils 
occupent beaucoup d'étendue. Je le-sème sur 
place. en pleine terre, dans des poquets comme 
ceux du melon, Sa tige principale s'allonge beau- 
coup et fructifie. d'elle-même à une certaine 

- distance du pied; mais pour ménager le terrain 
et avoir du fruit plus tôt, il est préférable de la 
pincer à la troisième Où quatrième. feuille, de 
l’établir sur deux, trois ou quatre rameaux qui, 
au bout de peu de temps, présentent des bou- 
tons à fruit. Lorsqu'ils sont bien disposés à 
nouer, ou, mieux encore, lorsqu'ils le sont déci- 
dément, on arrête ces rameaux à quelques yeux 
au-dessus du fruit, Si l'on veut qu'ils deviennent 
très-gros, il n’en faut laisser qu’un ou deux sur 
chaque pied. Le potiron offre plusieurs variétés 
de couleur, de forme et de grosseur; il y en a 
à chair et écorce blanches, jaunes, jaune oran- 


* 


(97) 
gé, même vertes. Le bonnet-de-Turc en estune 
variété très-remarquable et très-bonne:; le po- 
tiron-gondoin ou d’Espagne est aussi très-bon. 
_ Jusqu'ici on avait, à cause de sa forme, appelé 
le potiron cucurbita Pepo compressus; mais la cul- 
ture l’a bien changé. J'en ai cultivé cette année 
une variété venant d'Allemagne, qui m'a été 
donnée par M. Bosc, de la forme d’ün concom. 
- bre, ’ayant deux ou trois pieds de longueur sur 
dix pouces seulement de diamètre. Elle est d’une 
excellente qualité. 


as 


. Du Giraumon (Pepo Citrullus ), ou plutôt de Pes- 
pèce de Courge ou Pepon connue sous les noms de 
Giraumon , de Citrouille s de Cologuinte ( fausse }, 
de Coloquinelle , de Courge à la moelle, de Pastis- 
son, Bonnet-d’électeur, Concombre de Barbarie, etc. 


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A 
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k 
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Toutes ces plantes, que je regarde comme d 
simples variétés d’une seule et même espèce, 
bien que les cultivateurs et les botanistes eux? 
mêmes les aient non'- seulement ‘confondues 
avéc les autres courges, mais aient même été 
jasqu'à méconnaître leurs variétés à teľ point, 
qu'ils les ont: désignées et décrites: Comme des 
espèces distinctes; etréellement ces erreurs, Cau- 
sées par des variations si singulières ét! si mul 


RS RIRES CS 


TER 
E e E 


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# 


(98 ) 
üphiées, n'avaient rien d'étonnant, et nepou- 
vaient disparaître qu’à l’aide d'observations: posi- 
lives: aussi men suis-je occupé depuis-plusieurs 
années. J'ai réuni sous mes yeux toutes,celles 
que j'ai pu me procurer;. je les ai cultivées en 
grand et par milliers; ayant suivi leurs généra- 
tions successives, Le fécondations mutuelles, 
tant spontanées qu'artificielles, et leurs, varia- 
lions, tant naturelles que. dépendantes de -ces 
diverses causes, j'aipu me convaincre que ces 


diversités étaient plus apparentes que réelles, 
ou du moins qu'il leur restait toujours un air 


de famille qui me les faisait distinguer de toutes | 
les autres courges. Tous leurs fruits, même ceux 
des coloquintes à coque la plus dure et la plus 
galeuse; sont également mangeables, du moins 
dans leur jeunesse, ont alors à- peu- pres la 
même saveur, et ne manifestent à aucune épo- 
que cette amertume qu'un pré jugé général leur 
avait mal + à-proposattribuée, et qu'on leur avait 
si ridiculement reproché de donner aux me- 
lons qui les avoisinaient, Je wai aperçu, dans 
aucune de ces variétés , les symptômes par les- 
| quels les plantes een se font ordinairement 
remarquer : : toutes; quoique assez vigoureuses 3 
fructifient et grènent assez aisément et abon- 


darament. Je donnerai des moyens sûrs de les 


| ( 99 ) 
distinguer du potiron et du malabaric; avec 
lesquels elles ont été quelquefois confondues, 
mais sur-tout: d'avec le potiraumon, qu’on pa: 
raissait regarder comme une espèce identique, 
Je répète donc que le potiron, le potiraumon 
et le-malabaric n’exercent ni sur le giraumon 
ni sur ses variétés aucune influence: fécondante, 
ni spontanée, ni forcée par l'art, signe infailli- 
ble, suivant moi, despécialité particulière; mais 
toutes les variétés du giraumon jouent entre 
elles-mêmes avec une trés-grande facilité; et 
lorsqu'on veut les conserver franches, non-seu- 
lement il faut les isoler complétement les unes. 
des autres, mais il- est encore essentiel de Sas- 
surer que leurs graines proviennent d’une race 
ancienne et pure, depuis plusieurs générations, 
On peut diviser toutes ces variétés en trois. 

races principales, qui sont: 

Le Les giraumons, entre lesquels on diii 
gue celuide Barbarie, improprement aussi nom- 
mé concombre; une courge dite barbaresque, 
dont le poids excède cent livres (cinquante ki- 
logrammes); la citrouille de: Touraine, beau 
fruit, cultivée en grand :pout les és lä 
courge à la moelle, d'un goût très.délicat, très, 
vantée en Angleterre, etc, etc. 


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TURE VA à an 


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s ( ï6o ) 

9, Les pastissons, où bünnets-délecteur, très- 
remarquables par la contraction du frait, qui 
leur donne une formé. très- singulière, et par la 
contraction aussi de leurs rameaux, qui Sont. 
très = peu étendus; ce qui en rend la culture 
_ commode et avantageuse. On peut y joindre la 
_ courge d'Italie, beau et bon fruit non contracté, 

mais dont les rameaux le sont. a 
3°; Lescoloquintes (fausses), ou coloquinelles, 
destinées seulement à l'agrément, et réellement 
admirables par la variété, la singularité et la 
beauté de leurs formes et de leurs couleurs, 
ainsi que par les protubérances ou gales dont 
quelques-unes d’elles sont affectées et surchar- 
gées. On distingue, parmi elles, l'orangin, la 


congourde, la birbarine, ou coloquinte- pr 
coloquinte-poire, etc., etc. 


J'ai cultivé tous les individus connus STE ces 
trois races ; en pleine terre, avec succès, de la 
même manière et à-peu-près avec la même taille 
que le potiron ; sauf les modifications suivantes : 
les grosses espèces, destinées à occuper une 
très-prande étendue, et Se mettant à fruit plus 
difficilement , ont besoin d’être pincées ét repin- 
cées; les syag moyennes ou petites peuvent, 
à la rigueur, s’en passer; mais il est préférable 
d'arrêter la tige principale au-dessus de la troi- 


TOTES EERI Vo Am 


( Log ) 


sième, ou, quatrième feuille. (Les,pastissons et 


la courge d'Italie:se mettent à fruit d'eux-mêmes, 
etil est inutile d’y toucher. Les coloquinelles 
peuvent recevoir un pincement au-dessus de-la 
troisième ou quatrième feuille, ou plutôt elles 


sont abandonnées à à la nature, ou comme plantes 


T ampantes, ou comme grimpantes ; et: destinées 
à garnir les MURS et les treillages, Shien 


3°. Du Potiraumon:{ Pepo Moschatus J 


comme n ’en E qu’ une variété, et ne 
désignée sous les noms particuliers. de citrouille, 
courge ou potiron musqués, cpurge àla violette, 
i melonnée, etc», est une espèce bien distincte, 

que les botanistes paraissent avoir méconnue. 


Elle est peu cultivée et peu connue-à Paris ;elle 


l’est un peu plus dans nos dépar temens du midi; 

mais, dans les pays chauds, où. elle acquiert 
toutes ses qualités, elle. parait préférée à à toutes 

les autres courges. On peut, dans notre climat, 
la semer et l'élever_ en pleine terre, du moins 
pour les petites espèces, qui réussissent assez, 
bien ainsi; mais les gros. fr uits y Mmürissent ra- 
rement, et il est préférable de les tenir sur cou- 
che. Sa chair et ses graines ont une lég gere odeur 


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( 102 ) 

de violette, ou plutôt, suivant moi, de racine 
d'inis, qui oi a fait donner l'épithète de mus- 
quée oui à odeur dé violétte. J'en ai réuni plu- 
sieurs variétés de grosseur, de forme et de cou- 
leur, à chair ` rouge, jaune où blanche, un peu 
parfumée; une ‘d’entre elles avait la saveur du 
céleri et était fort agréable. Quoique le nombre 
_ et la diversité de ses ‘variétés, bien inférieurs à 
| ceuxdes autres pépons,ne paraissent pas annon- 
_ cer une très-anciénne culture, celui-ci donne ce- 
. pendant de grandes espérances ‚vu la différence 
* très -remarquablé des saveurs. Ces considéra- 
tions insi que l'excellence, la fermeté, la qua- 
lité sucrée de sa chair et la grosseur de Fe espèce, 
qui Va jusqu’à cént livres, mé font désirer que 
sa cultüré ‘éténde, se pdd le enfin nous 
proéure « dés variétés plus hâtives et plus com- 
modés à cultiver. On man voir, à l’article du 


pastèque;tes we que j ai recommandés pour 


obtenit ce succès: 

Eu égard aux difficultés „dè culture et de Fé- 
téndné de” terrain qù ‘oecupe cette plante, qui 
démahdéen- outre beaucoup de chaleur ét d’ar- 
rosénréns, je n'ai ‘pu m'en occuper que très- 
peu. Je crois’ qu'on peut ‘appliquer aux petites 
espèces Ja taille et la ébfdre du tmélon en pleine 
terre. Quant aux grandes æspèces c'est toute 


( 163 ) ; i 


autre chose : il en est qui : 3 après m'avoir occupé 
beaucoup de place et coûté beaucoup defumier 
et d’arrosemens, avoir-offert la plus belle vé- 


pétation, ne m'ont donné, sur l’arriere-saison, 


qué des:fleurs:et point -de:fruit; il faut donc es- 
sayer plusieurs moyens pour Fobtenir. T'en suis 
quelquefois. venu à bout-en lélevant:sur «ses 
bourgeons cotylédonaires, en: enr faisant desbou- 
tures où marçottes sur ses rameaux ternaires, etc. 
Ces boutures et sur-tout ces marcottes ont: fru- 
üufié plus lòt que la plante quilesavait fouruies. 
Elles reprennent. assez. aisément ,.tet la-plante 
prend racine d'elle-même sur toutes-ses articu- 
lations plus aisément que des autres. pépons 
dont j'ai déjà parlé; enracinement qui peut être 
favorisé enle couvrant, d'un peu. de terre ou de 
terreau: Peut-être serait-il préférable , poux.le 
mettre à fruit, de laisser, soit sa tige principale; 
soit,ses deux rameaux secondaires ou'cotyléde- 
naires, s'allonger jusqu'à plusieurs pieds, eii: dé: 
iruisant à- mesure. les bourgeons. latéraux -infé - 
rieurs; on la pincerait-alors à dix et douze: pieds 
du. collet de la plante; on laisserait seulement 
sortir deux bourgeons, qu'on: pincerait et repih 
cerait jusqu'à parfaite. früictification. Voyez ti - 
après, les articles de:la-calebasse et.de laipa- 
pängaye, 


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k “De Malabaric | ; On Melon du Malabar € Pepo 
f Malabaricus ). 


Cette planté, nommée improprement melon 
du Malabar; nommée aussi, à cause de la cou- 
leur noire-de ses graines, cucurbita: melano- 
sperma; paraît avoir été regardée comme variété 
_ dés autres courges; où comme hybride d’une 
d’entre’ elles avec:la: pastèque: c’est uné erreur, 
et je men suis convaincu par des expériences 
positives; elle ne communique ni ne reçoit au- 
cane influence fécondante : c'est donc une es- 
pèce bien-distincte. Je l'ai cultivée plusieurs an- 
nées de suite , toujours franche et ne produisant 
ni variété ini mêmie de variante. Le malabaric 
vient trés-bien en pléine terre: on peut'ou Ta- 
bandotinier à lui:même,on pincer satige princi- 
pale au-dessus : dé Ha troisième ou quatrième 
feuille. De tonte manièreil fructifie aisément et 
abondamment. Il est extrémement rustique et 
| vigoureux: j'ai vu ses rameaux s’allonger de plus 
d'unipied en vingt-quatre heures ; unè seule 
plante couvrir deux perches de terre et porter 
soixante fruits, tous d’une-belle venue et d’une 


bonne grosseur. Son fruit est très-beau; rayé de 
blanc et moucheté de vert, et se conserve sain 


( 105 3 


pendant plusieurs années. Sa ‘chair est belle; 
blanche et ferme; mais assez insipide; elle peut 
pg sé manger cuité; et l’on ñita assuré 
qu’on enipouvait faire d’excelléntes confitures. 
Les bestiaux m'ont paru pouvoir le mañgér eru, 
sins cependant en être trés:friands = mais cuit, 
ils le mangent fort bien. C’est dommage qu'à 
plusieurs avantages le malabaric ne réunisse 
pas-ceux d’une utilité bien réelle. Peut- être, e 
raison de la:faculté qu'il a de se conserver in- 
définiment ine serait-il pas à dédaigner dans lés 
voyages de long cours; peut-être aussi une cal- 
ture long-temps continuée Je endraitéelle üi 


74 


peu meilleur. ` 


Moyens. sûrs, de. 1 tinguer « ces Spa Le. et 
nomenclature PENPRÉE pour eux. 


Les -botanistes sônt convenus entré ‘eux de 
certains signes qu'ils ont:appelés caractères bo- 
taniques, à Faide desquels ils ont cherché à dis- 
tinguer et décrire les espèces: Je veux croire qu'ils 
ont fait pour le mieux; mais ce mieux était diffi- 
cile àobtenir, car, pour décrire les espèces natu- 
relles ; il eût fallu les connaître; et au point où 
nous en sommes et par le faitde la cultüre; il 


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nous est à-peu-près impossible de distingüer’ces 


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espèces les ‘unes des autres; et, pour leurs varié 


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RÉ iD o, 


EED ARAA tee r 


( 106) 


tés, cette distinction est encore sopla difficile: 
- Nous ne, savons ni jusqu'à quel point mi sur 


quelles parties, les. variations sont le plus mar 
quées, Aussi, sans négliger ces caractères; jar 


dù.chercher.et ajouter d’autres moyens; et rela: 


tivement. aux quatre pépons:. dont je viens:de 
traiter, je. crois avoir établi-leur spécialité et 
l'identité de leurs variétés sur des bases assez 
solides, Ce: n’est qu'à l'aide d’ expériénces mul- 
tipliées et. d'observations. minutieuses que j'ai 


puy parvenir ;lestunesetiles autres n'ont pu ac 


quérir. leur degré ‘de. certitude qu'en- raison ‘de 
leur.multiplicité. Jl fallait; comme; je lai fait; 
réunir sous mes yeux, et cultiver pendant plu- 
sieurs années , toutes leurs espèces et toutes 
leurs variétés. Dans ces quatre pépons, j ‘établis, 
comme principe dè spécialité particulière : à cha- 

cun, l'impossibilité qu'ils ont.manifestéeid’exer- 


cer, les uns sur.les.auires, aüCune-mfluence: fés 


condante, bien: que j'aie.essagé.tous les. moyens 


_de les.y: forcer, tant.sur.les espèces qui:-m'ont 


paru le, plus se rapprocher de lanäture; que sun 
celles qui: men ont paru les; plus éloignéesz je 
ne crois pas qu'on puisse rien. 6bjecter x cétte 


_preuve:! Entre. ces quatre. pépons:; le potirau- 


mon, à cause de sa difficulté à fructifier, a peut: 
être, „subi moins d'épreuves :que: les! autres; 


nee ete rer pb le meer 


( 107!) 
mais je suis assuré que ses fleurs n'ont pu 
féconder aucune autre espèce, etil me semble 
que céla suffit. Quant at giraamon; ses va- 
riétés, même les plus éloignées, se sont fécon- 
dées. mutuellement avec une- égale facilité, et 
toutes, ainsi que je le ferai voir, ônt conservé 
entre elles‘ quelque chose dé commun ; signe 
q encore plus que leur fécondation: mutuelle, 


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mwa convaincu de leur identité; car je ne par- 
tage pas, à cet égard; lavis de M. Knigt, quire- 
fuse à deux espèces différentes la faculté dé Le 
dùire des graines fécondes: Je: vais passe 

détail des autres moyens de distinguerées quatre 


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pépons , que j'ai employés ; ils sont; Comme je 
l'ai déjà fait observer, nombreux! et minutieùx; 
ils exigent une ‘grandé âtténtiôn ; mails ‘mé 
servent tous les; jours avec succès; jamais ils ne 
m'ont trompé, et je suis sûr, avec leur combi- 


NÉ 


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naison; de'‘distiiguer parfaitemerit + cés “quatre 
espècés'et leürs variétés. | 
Le potiron’ades feuilles assez arrondies ; letse 
soutenant dans uneédirection presque ‘verticalé ; ; 
son apparente, quant au feuillage; en gériérat, 
ressemble plus aux mauves, le-giraumon et ‘lé 
pôotiraumon à la vigne, ét Te inaläbarie" au fi 


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Kiaka, iion 60 Ai o a S an n à dá à 
NGC RE S ; “ Ara hea RGA n A a 


guler'violet: ` 
. Les feuilles” du potiron n’ont aucune tache 


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( 108,) < 
ni, macule, le malabaric est toujours taché ou 
maculé; les feuilles des giraumons et potirau- 
mons.le sont-presque toujours, beaucoup dans 
quelques variétés, moins dans les autres. =- 

, Les feuilles de ces quatre plantes'sont plus où 
moins, velues, celles: de quelques giraumons, et 
encore plus de quelques potiraumons, le, sont à 


tel; point qu’elles leur donnent une. apparence 
blanchâtre. Bi 


„Les feuilles, “leurs mervurts. et les tiges sont 
couvertes annie très-fortes dans les girau- 


‘mons, un peu moins dans les potirons et le 
malabaric, et tres- welaes et tnés-douces dans le 
potiraumon: - 

z Les jeunes. pousses du potiron, légèrement 


froisgées, ont une légère odeur de musc; celles 
du potiraumon un peu plus légère encore; celles 
du: giraumon et de toutes ses variétés, quelles 


qu'elles soient,. ont une odeur un peu plus 
forte assez d'élite que je ne puis mieux 
comparer, qu'à | l'odeur;de là souris, ou des 
| feuilles de grenadier froissées. Celles du mala- 
baric ont une odeur assez marquée, qui n'est 
pas. désagréable, que les uns comparent à celle 
de la fève de marais en fleur; les autres la trou- 
vent un peu analogue à Siis de la fleur d’o- 
tange, ou à celle du biscuit de Savoie, dans le- 


8 BP ERE E 87 mc 


quel-<ette odeur de fleur d'orange est un pen 
modifiée. | ii 

Les folioles placées au ii du Lallioe des: deurs 
et qui l'accompagnent sont de peu d'apparence 
dans trois pépons; mais dans le 'potiraumbn, 


sur-tout dans les fortes espèces, elles ont beans 


coup d’ampleur et d'étoffe, sont très-vertes et 
{orment quelquefois ornement.: LOU 

- Les fleurs de ces quatre péponsont dans leurs 
_ formes quelques différences, mais elles nesont 
constantes ni régulières dans les individus et les 
variétés ; on peut bien les distinguer, mais il est 
assez difficile de les décrire. Le potiron seule- 
ment a le calice renflé par le bas, le limbe:as- 
sez ordinairement rabattu; la couleur des péta- 
les est d’un beau jaune plus pâle que celle du 
giraumon, celle du malabaric et du potirau- 
mon parait aussi un peu pâle et moins étoffée 
que les autres, celle du potiron est la ee 
étoffée de toutes. HOLAMETIJOE 

La fleur du potiron a une ddauut assez forte 
de miel commun, celle du giraumon une lé- 
gère odeur d'amande, celle du potiraumon est 
presque nulle; j'ai roms que dans les unes 
comme dans les autres, qu’à un certain degré 
de décomposition, elles pouvaient prendre une 
odeur stercorale assez désagréable. La fleur du 


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` malabaric, au premier flair, paraît sans odeur: 

mais touchée au dehors du calice, elle res- 
semble à celle de ses jéunes pousses test même 
plus agréable. | 

. La queuedu fruit du potiron-est rpolygonée et 
presque ronde, celle des giraumons et potirau- 
mons est à quatre.et plutôt à cinq angles très- 
prononcés, et rudes au toucher, comme celle 
du malabaric; celle-ci EEE un peu moins 
marquée. 30 | i | 

Tous les fruits ae être à “vingt côtes, 
mais elles nesont trés-marquées que dans le po- 
tiron quelquefois dans le giraumon, mais beau- 
Coup moins; le malabaric montre seulementdix 
raies blanches, et est d’ailleurs toujours mou- 
cheté de vert ; et toujours semblable. 


La partie. Mi graihes par laquelle elles sont 
attachées a une coupe inclinée dans le potiron, 


verticale dans le giraumon, incertaine ou sinuée 
dans le potiraumon: toutes trois sont blanches. 
La graine du malabaric est noire. 


De la Calebasse { Cucurbita leucantha , la~ 
| genaria). 


La calebasse offre un grand nombre de varié- 
tés, toutes probablement descenduesd’unemême 
capser primitive. Je crois avoir’ oui ï dire qu'on 


ma, 


tivt € ap Be yed ob D 2 a 


(cEt1)) 
en cultive en France, sous le nom de çourge 
blanche , une variété bonne à manger. On nous 
en. à apporté de l'Inde, destinées au même 
usage ; elles n’ont pas présenté beaucoupde dif- 


férences avec les nôtres, Au surplus, danseur 


tendre jeunesse, toutes ‘sont: assez bonnes: à 
manger frites: Les fruits sont ordinairement 
| destinés à servir de vases, sous le nom de 
gourdes; etc. - | l 
Silon taillait'et conduisait la calebasse comme 
le melon, ilest hors de doute qu’on la mettrait 
à fruit; mais on pent bien penser quesa végé- 
tation, ainsi quesa destination comme plante 
grimpante, en seraient singulièrement éontra: 
riées. Je crois qu'il est préférable de lui appli: 
quér,’avec certaines modifications , la méthode 
de fructification que j'ai appeléé par allonge- 
ment, et sur les dernières extrémités. En cón 
séquence je lai laissée s’allonger sursa tige prin- 
cipale jusqu’à environ six pieds de hauteur sur un 
mur ou Sur un treillage, sûpprimantau fur et à 
mesuré les bourgeons latéraux inférieurs. ‘A la 
hauteur susdite , je Pai pincée, la laissant s’é- 
tablir sur les deux derniers bourgeons ; ceux-ci, 
pincés de nouveau quelqué temps après, se 
mettentaisément à fruit. Si cela n’arrivait point, 


om les repincerait de nouveau ; on pourrait en 


qe 7 


Pis 


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NE on tre cu cm 


(:122 ) 
core, pour les variétés rebelles, l’établir sur ses 
deux rameaux cotylédonaires, queĽon condui- 
rait comme je lai indiqué pour la tige princi- 
pale. ! Cette. méthode, en général, me parait 
convenable. aux plantes grimpantes ou trai- 
nantes et d’une végétation vigoureuse. 


Des-Benincasa cerifera,:cylindrica, et de la Benin- 
Casa commis ou laciniata pa des Bonnecases. ) 


La Dons cérifère ; ; où bonnecase dada: 
qui, sous toutes sortes de rapports, a beaucoup 
_ d’analogie avec le concombre, a été cultivée par 
moi en pleine terre; mais.elle réussit mieux sur 
couche; elle aime beaucoup la chaleur et moyen- 
nement l'humidité. Avec ces soins, elle fructifie 
aisément et abondamment: son fruit ressemble 

quelque peu au concombre; il: est recouvert 
d'une poussière blanche ou Re céreuse qui 
lui a fait donner le nom de cérifère ; sa chair 
est blanche, a la saveur du ES „mais 
moins.prononcée; peutse manger accommodée 
de la même manière, et ma paru lui être- pré- 
férée par plusieurs personnes. Ce fruit, mis au 
_ grenier êt à l'abri de la gelée, se conserve assez 
avant dans l'hiver, et plus aisément que le con- 
combre ; ; c'est un avantage précieux. Je ne-jie 


= 


( 118 ) | 

cultive que depuis peu; mais je crois: pouvoir 
dire que la taille du melon lui,serait applicable: 
il fructifie trés-promptemént.sur ses bourgeons 
cotylédonaires; .quelquefoisses, raméaux ter- 
naires suffisent pour obtenir ses: fruits; mais il 
m'a parúutile de pincér l'extrémité .de ces ra- 
meaux pour : faciliter la :Sortie-des, boutons à 
fruit; en général, les fleurs, soit mâles , soit fes. 
.. melles; ne sont pas très-nombreuses,-et nesou- 
vrent qu A une assez haute, température: 1 

Jai cultivé, sous le: nom: de! berincasa.cylin- 
_drica j une-plante qui n’en différait. que: par la 
forme du fruit plus: gone et par: celle, des 
graines; elle mwa paru n’en être qu'une variété. 

Far encore cultivé‘ sous le momde,cominis , 
une graine envoyée de l'Ile-de-France à M: Bosc. 


Ces graines, ressemées trois années. de suite, 


ont produit des: plantes; qui n'ont ni fleuri ni 
fractifié, quoique tréstbien veénantes ; ! seule- 
ment, üne boutüre que j’en avais faite a montré, 
à la fin de septembre, un bouton à-fleur. Resse- 
mées de nouveau en 1826, année assez favo- 
rable, sur deux pieds de cette plante, l’un a 
montré, sur la fin de la saison, quelques bou- 
tons à fléur, et une dé ses bouturés a fleuri tar- 
divemñent: mais héuréasement l'autre, quoique 


semé un peu plus tard’. élevé sur sés rameaux 
8 


RAR RE SSOR 


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I De. à 


f 


SA 114 ) 
cotylédonaires , et ad’aide dé la combinaison 
des divers moyens de: fructification que j'ai dé- 
önts a fleuri dans le:miois d'août; et: j'en: ai 
otè seig beaux frùits, iqui, sans cependant 
mürir complétement, m'ont donnéen quantité 
défort bonnes graines. Ce fruit.est rond; brodé, 
dela grosseur et de lapparence d'un joli melon 
maraicher, à chair blanche, tenant beaucoup 
de celle de.la benincasa;: etide: da: même: saveur. 
La plante;id’ailleurs „ren diffère que parce.que 
ses`feuilles sont labiniées toutes ont une odeur 
de muse, {mais moins marquée. dans-cette.der- 
 nière A°raisonodes rapports multipliés qu'elle 
aavec les benincasa dont jai parlé plus haut. 
et desquelles: cependant. elle’ diffère: assez, pour 
constituer uneespèce ; je l'ai nommée. a 
commis, ou bonnecase:ronde. brodée. | 
:Césitrois plantes me paraissent mériter égale. 
mént-d'êtré cultivées et multipliées, etje ne 
_ doute pas què quelque jour elles n'occupent 
1mgoflans distinguée dans notre horticulture. 


De la Papangaye a à angles au (Cucumis: aċtu- 
tangulus). | | 


La papaugaye est originairé des pays | chauds, 
où elle est cultivée pour son fruit, qui y est, 
dit-on, fort estimé.Je ne l'ai encore eue que sur 


es = 3 
| C 149 ) 


couthe; il y en a plusieurs variétés ; j en AL eu. 
fruitmoyen, rond, età.gros fruit, long de plus de 
dix-huit pouces. J'en ai obtenu en 1826 de par: 
faitement mûrs-+à cette époque ; leur. texture 


fibreuse et coriace: né permet pas d'en: faire 


usage; il faut donc les manger dans leur jeu- 
nesse en guise de cornichons (ón dit.qu'ainsi 
ils sont excellens), où accommodés comme les 


concombres; quoique légèrement amers, je les. 


ai trouvés assez bons. 

La papaugaye parait être une plante grimpante 
ou rampante, si l'on veut; c'est ainsi que je l'a 
cue : elle aime beaucoup l’eau ei la chaleur, sans 
cela on n’en obtient pas grand’chose ; mais, avec 
ce secours ; et à l’aide de la taille , elle fructifie 
aisément et abondamment ; ses fleurs sont. jau- 
nes et de l'odeur de la fleur d'orange, ou plutôt 
de l'énothère jaune. SE 

Cette plante, poussant vigoureusément , OC- 
cupant beaucoup de place, et probablement des- 
tinée à grimper, longue à fructifer, exige. donc 
une espèce de taille particulière, Je ne l'ai pas 


encore cultivée assez. long - temps, pour: me, 


' x K Eee $ ż s a 
prononcer à cet égard; Je lui ai appliqué avec 
quelque succés les méthodes que je viens d'in- 
diquer pour la calebasse, pour le potiran- 


A RAT EME 
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P 


(. 116 ) 

mon, etc. L'établissement sur ses bourgeons 
cotylédonaires lui convient assez. Lorsqu apres 
lavoir laissées ‘allonger sur une certaine éten- 
due, on pince l’extrémité de: ses rameaux et à 
deux fois au moins, ses bourgeons ternaires, et 
sur-tout ses bourgeons stipulaires montrent 
leurs fruits ; lorsque ces fruits commencent à 
grossir, on pince à plusieurs feuilles au-dessus. 
J'en ai ainsi obtenu d’assez beaux et en assez 
grande quantité ; j'estime que cette plante mé- 
rite d’être cultivée ; une culture soignée nous 
en procurera probablement par la suite des va- 
riétés plus hâtives et plus aisées à conduire. 

J'ai cultivé, sous le nom de luffa , une plante 
analogue à la papangaye, Se dans toutes 
ses parties, et se mettant aisément et abondam- 
ment à fruit; mais elle est trop petite pour qu’on 
en puisse faire grand’chose ; elle pourrait, je 
pense, se cultiver en pleine terre. 

J'ai encore cultivé; sous le nom de patole 
(cucumis lineatus, Boscà ce que je crois), une 
plante assez analogue à la papangaye, et qu'il 
faudrait conduire de même. 


LEE 7 T 


(117 ) 


Des Homordiques ( ones carantia, etc: ) 


Jai culté, sous le nom de momordiques z 


plusieurs plantes, dont les fruits; assez petits, 
peuvent sé manger, dans leur jeunesse ; cuits 
et accommodés comme -le concombre; ‘une 
d'elles, entre autres, est connue, à l’He-de- 
France et à celle de Bourbon, sous le nom de 
 margose. 
Au rapport de M. du Petit-Thouars, cette der- 
nière, ainsi que celles que j'ai désignées sous le 


nom de patole, ainsi que la papangaye, très-. 
légèrement amères, lui ont paru, au sortir des 


fièvres, offrir un mets en même pen sain et 


agréable. 
Les momordiques sont à feuilles opposées : 


cette particularité pourrait nécessiter quelques 


modifications dans la taille qu’on leur appli- 
querait. Leur tige, pincée à cinq ou six feuilles, 
a produit plusieurs rameaux, qui se sont cou- 
verts de fruits; la culture pourrait en être es- 


sayée, peut-être acquerraient-ils plus de gros- 
seur. AS 

Tel est, pour le moment, l'état de ma culture 
de cucurbitacées. La Société d'agriculture a bien 
voulu me témoigner l'intérêt qu’elle y prenait, 


et J'ai reçu, à différentes reprises, la visite de 


RSR Soie: imite A Ed dm ch EE, pue eee 


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22 de 


(g) 
plusieurs de ses membres, MM. Bosc, Vilmorin, 
Sylvestre, Huzard } pèreet fils, Challan, Soulange- 
Bodin, du Petit- Thouars i Cavoleaw ainsi Te 
feu M. Duchesne: 

Nota: M. Vilmorin, marchand R 
quai de la Mégisserie, dit de la Ferraille , n°. 50, 
pourra fournir les graines de la plupart des es- 
pécés que j'ai indiquées: | 


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