LJBR RY ST. MARY'S COLLEGE
A.
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L' Allernagne
religieuse
Le Catholicisme
1800- 18 7 0
IV
114515
m-? . ST.' -
Y'S COllEGE
Published len OcLober nineteen hundred and eight.
Privilege of Copyright in the United Stales reserved, under the Act apl)roved
March third nineteen hundred and five by Perrin and C'>.
OUVRAGES DE GEORGES GOY.AU
Académie Fl'ançaise : P1'ix Vilel, i908
L'ALLEM.\G
E REUGIEUSE: Le Pl'otestantisme, 6 e édition. 1. volume
in-i6 (Académie française, premier prix Bordin). .. 3 fro 50
L'ALLEM.\GNE RELIGIEUSE : Le Calholicisme (1800-18i8), 2. édition.
2 volumes in-16. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 fro
L'IDÉE DE PATRIE ET L'HmuSlTARlSMEo Essai d'hisloire francaise,
i866-i901.
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nion des Saints, Apostolat. - Anne de Xainctonge. - Les
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Centre allemand. - Un concile de résurrection. - Léon Xlli.
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JEANNE D'ARC DEV ANT L'OPINIOS .\LLE
1.\.NDE. i brochure. .. i fro
GEORGES GOY AU
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7 Lf,
Gf 14 ß c,
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, Allemagne
religieuse;
Le Catholicisme
1800- 18 7 0
I
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T 01\1 E I V
1848-1810
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LIBRARY ST.lv
ARY'S COLLEGE
PARIS
lIBRAIRIE ACADÉMIQUE
PERRIN ET Cie, LIBRAIRES-ÉDITEURS
35, QUAI DES GRANDS-
\UGUSTINS, 35
19 0 9
Tous droits de reproduction ct de traduction réservés pour to us pays.
Q f} 8
5790
1-1' ALLE
IAG NE RELIG IEUSE
LE CA TlrOLlCIS
IE (1
48-1870)
CHAPITRE IV
L'f
GLISE DANS LA PHOV[
Cg ECCLÉSL\STIQUE
DU IL\UT-RIII
. - LE CULTURKAllIPF ßADOIS
Le lentlernain de 1843. - SiLualion triste en Btlde et en 'Vur-
tembel'g; espérances catholiques dans la Hesse ?lcctorale. -
La varance du siège épiscopal dans Ie grancl-duché de Hesse.
- Conflit f'ntre Romp et les chanoines de l\Iayence. - Léopold
Sehmicl: sa pprsonne. ses idées. - Victoire de Rome: la nomi-
nation de Ketteler. - Porlée de cet éVt
nemcnt.
II. Premiers symptôn1Ps (lu relèY{
ment de rÉglise. - Éclosion de
congrégations à FriLourg, it Gll1uend, surtout it
[ayence. -
Réforme du diocèse de Mayence par KeUelcr. - Deux auxi-
liaires: Fanny de Laroche. Ida de Hahn-Hahn. - Les coursc
épiscopalcs de Kdtcler, ses prédications populaires.
HI. PremiÙres revcndirations parlcmentaires en Bade: la motion
cle Hirscher. - La demarche collective cle l'épiscopat. - Le
l\Iémoire (
piscopal de mars 18:)1. - Premiers symptômcs (fé-
mancipation des évÌ'r[uPS de la province: l'ouverlure cloun
grand séminail'e en Hesse; le (( conflit de ùeuil )) en Bade. -
La réponse des gouvernemcnts et les protestations épiscopalcs
(l8J3). - Collaboration rlu laïque Maurice Lieber avec répisco-
pat.
IV. Projel de tlémarche de répiscopat auprt
S de la diète de Franc-
fort. - Raisons de l'opposition ùe Kelteler. - Les tenclances
l'cligipuses de la diète. - Esprit dïntolél'ance ten ace de cer-
ta.inps pf'titcs souverainetés pl'ol\'stantc;o; l'cpl'ésentéos à la
1\'.
1
L 'ALLE
L\GNE RELIGIEUSE
diète. - nûlc protestant joué par 1i1 Pru;;se à la diNe. -
L'affaire (Iu baron de Kettenburg. - Impossibilité pour I'épis-
copat de la province du Haut-Rhin d'ohtenir juslice à la diète.
V. L'archevêque octogénaiJ'e Vicari. - Son message au gouvcr-
nement ba(lois. - Libertés que prennent Jes autres évêques de
la province. - Diverg('nce d'avis entre les États. - LutLe
entre Vicari et Ie Conseil supérieur d'Église. - Installation par
l'État du commissaire Burger auprès de l'archevC'que. -
Kx:communications prononcées par Vicari. - Poursuites conlre
les prêtrcs ; inégalilé surprenante des pénalités. - Avances de
l'État Ladois aux: JésuiLcs; leur fidélité à Vicari. - Ol'dre
donné par l'archevêque Ù. scs ('urés, de prêcher sur Ie conDit.
- .L\ ppui que prêtc , aux curés la piété des masses. - La lulle
de hrochul>CS. - Emoi de l"épiscopat et de l'univers catho-
lique. - l
moi ùe cerlaines pC'rsonnalités protßstantes. -
Émoi (Ie la fliplomatie, surtout de l' Aulriche. - Négocialions
ùe Ketteler a,-ec Ie gouvernement badois (12-13 janvier 1834).
- Mission de Leiningen à Rome. - Inquiélude de la seconde
chambre badoise. - Inquiétude de Bismarck : ses démarches
en Bade et en Nassau. - .uchec de la pacification.
YI. Nouvelle tacLique de l'État : embarras financiers suscités à
l'l
glise. - PoursuÌlC's contre Yicari (mai 18=>4) : perquisitions
au palais archiépiscopal ; arrestation de rarchevt.que. - Une
poésie d'Oscar de Red witz. - Mrsures policières ùans Ie pays:
résistance passive des catholiques. - La grève des plaisirs.
_ Crise analogue en Nassau. -
écC'sssilé pour les États d'Ulll'
entente avec Rome.
VII 0 Un projet de convention appoI'té it Rome par un en voyé
flu roi de Wurtemberg; réponse d' Antonelli. - Leiningen et
Brunner à Rome; tI'êve provisoire avec Bade. - Ketteler et Ie
gouvernemcnt de Darmstadt; difficultés à Rome. - Les Bases
remises par Antonelli. - Répercussion du concordat autrichien et
du centenaire de saint llonifaee it Fulda. - Entente succes-
sive du \Yurtcmbel'g, de Bade et de Nassau avec le Saint-Siègc
(1857 -18(;1). - .\llégresse de la presse catholique.
VIII. Origine et mobiles des campagncs anticoncordalaircs, -'
Agitations en \Vurtcmberg. - Agitations en Bade: Ie meelinfj
ùe Durlach. - Arguments parlemenLaires contre les concor.
dats : l'égalité confessionnelle, Ies rlroils de l'Élat, les intérN
du germanisme, nndépendance spirituelle des catholiques'
lïncompatibilité entre l'idée de concordat et celle de souveI'ai-
neté fie l'État. - Un ayeu de Robert nlohl. - EfTondrcmeni
parlementaire du Concordat en Bade et \Vurtemberg, crism
minislérielJes. - Solution tlilatoire en Nassau. - Rf'trait de Ii.
L'ÉGLISE DANS LA PUOVINCE DU HAUT-RHIN 3
convention badoisc. - Protestations du Saint-Siège. - Caractère
des lois nouvelles 5uoslituées aUK concordats. - L.optimisme de
la presse catholirlue ; ses raisons.
IX. La politique anticatholique (Ie la Chambre hadoise. - Com-
position llo cetle chambL'o. - (( Le (( lihéralisme )) hadois et Ie
ja
obinisme révolutionnilire ; Ie champ d'expériences badois.
- Projets confessionnels (lu (( libéraiisll1e )) badois: asservisse.
ment du catholicisme, émancipalion <iu protestantisme. -
L'Étal badois dans 10 pensionna.t d'Adelhausen. - La revendi-
cation des fondations pieuses. - La créalion de con seils scolail'cs
eommunaux : protestations de Vicari, campagne::) de Jacob
Lindau. - Effacement de l'Église à l'endl'oit du nouveau régimc
scolaire. - L'agitation dans Ie pays: les casinos. - La loi est-elle
la conscience publique? - Di:;coUl'S fIe Lamey ot brochures de
Ketteler.
À. Jolly au pouvoir. - Sa théorie sur les solutions judiciaires
flue comporte la question religieuse. - Son hostilité au libéra-
lisme de 1848 et son retour au joséphisme. - Caractère oppor-
tuniste de son anticléricalisme. - Nationali
me et anticléri-
ralisme identifiés. - Les Úivers incidents du Cullul'kampf
bildois : loi scolaire de 18G8, fermeture du pensionnat d' Adel-
hausf'n, dissolution des tertiail'es du Lindenberg. - Mort
de Vicari. - L'État badois et le droit électoral des chanoines ;
interminable conflit. - Les idées de Jolly sur la formation
des clercs : un prélude du Cullul'kampf prussien. - Part de
responsabilité de la Prusse dans la polilique religieuse do Bade.
Xl. .\ppel de Lindau à l'opinion catholilJue allemande. - Forma-
tion d'un parti catholique populaire en Bade. - La plate-forme
ratholique : Ie suffrage universel direct. - Portée de cetto atti-
tude du parti ratholique badois.
Les cabinets de Carlsruhe, de Stuttgart, de
\Viesbaden, de DarmsLadt, avaient pris l'habitude,
depuis 1820, de concerler enLre eux leur poJiLique
religieuse 1 ; d'un hout à l'autre de la province
ccclésiastique du Haut-Rhin, les mêmes ordon-
nances étaient en vigueur ; suivant les territoires,
1. Voir notre tome I, p. i50-i5;;.
-t
L '.\.I.LE:
[AG
F. RELIGIEUSE
on les appliquait d'une façon plus ou Inoills pOllC-
luelle, plus ou nloins obslinée ; certaines adminis-
trations fermaient les yeux, d'autres les ouvraient ;
nlais partout s'affichait un systènle de droit canon
d\lprès lequel Ie souverain, volontiel's qu
lifié
d'évêque suprême de I'établissenlent protestant,
revendiquait dans l' établissement catho1ique les
nlêmes attributions quasi épiscopales. (( II Y a sans
doute, écrivait I{etteler, ùans la province ecclé-
siaslique du I-Iaut-Rhin, une ÉgJise calholique;
mais avec... une constitution protcstante. L'auto-
rité spirituelle qui, d'après Ie principe de foi de
l'Église catholique, a été déférée par Dieu
t l'Église,
cst, par les ordonnances de 1830, déférée, en suprême
instance, au souverain territorial t. ))
L'année 18íR, en proclamant l'autononlic des
Églises, fit déchoir ces prétrntions au rang d'ana-
chronisme : fAutriche et la Prusse, de bonne
grâce, acceptèrent Ie nouvel élat de choses, 11lais
les principautés du SlHI-Ouest, Ie grand-duché
de Bade surtout, montrèrent plus cfobstination.
L'Église badoise, de 18,;)0 à 1870, fut constaul-
lllent aux prises avec l'Etat. On travcrsait, alorf:
une période de transition polilique : Ie règne def:
bureaucrates faisait place au règnc des députés.
Aussi I'Église, en moins de vingt années, se heurta-
t-elle, tour à tour, à deux systèmes de politiquc
reJigieuse, dont l'un, très archaïqne, presque par-
tout renversé par la H.évolution de 18
8, subordon-
1. Bruec\. Kissling, Gcschichte, III, p. 3i7.
L'l
(
LISE DANS L.\ PRO\TINGE DU HAUl'-RHI:'l 5
nait encore la vie catholique à des fonctionnaires
iusta llés par Ie souverain, ct dont l'autre,
rès
moderne. expérimenté Lout (rabord en Bade, com-
nlençait de la suLordonncl' à unC' majorité parJe-
Il1cntairc. De lSt>O
l 1860, l'Égiisc lutta, en Bade,
contrc lcs survivances de l'ancien joséphismc;
de 1860 à 1870, après Ie fugilif arc-en-ciel du
Concordat, cUe vil se dresser en face d' elIe un
autre ahsolulisn1e, celui des Chambres, celui des
minislères qui en étaient l'émanation. Dix ans
durant, on la con1baUit à coups d'arrêtés; puis
suryint une ère nouvelle, oÙ elIe fut combattue à
coups de lois. .Avant 1860, Ie gouvernement grand-
ducal pcrpéluai t contre les catholiques cerLains
précédents pt certaines rouLines, dont la Prusse,
cUe, s' était franchement dégagée; après 1860, il
inaugura, contl'e eux, certaines n1aximcs et cer-
taines n1éthodcs, que Ia Prussc, à son Lour, ne
lardera pas à lui cnlprunter. Avant 1860, les
hnrenucrates de Carlsruhe ressemblaient à des
tirailleurs d 'al'rièrc-garde, traînards du joséphisll1e
vaincu ; après 18GO, les législateurs de Carlsl'uhe
apparaissent, à proprC'ment parler, comIne l'avant-
gardc du CultUl'kanlpf; et dans ce raccourci d'his-
toire hadoise qui va nous faire assister à un redou-
table déchaînement des passions antireligieuses,
nous saisirons, tour à tour, une prolong<ttion
lcnace du passé, une ébauche prématurée de
!'aycnir.
l\lais on l'isqucrait de mal conlprend,'p' les évé-
nClnenLs de Friuourg ou de Carlsl'uhe, si on ]es
6
,
t. ALLEl\1AtìNE RELIGIEUSE
isolail des circonstances voisines, parmi lesquelles
so déroulait. tant bien que mal, en ""'urlembcrg,
en Nass<HI, en Hesse. la yje dC' l'f:glis(': pl.puisque
](' gouverncnlent baùois préLendit. un demi-siècl('
durant, qu'en face dp Rome tous les r
tats du Suu-
Ouest ne devaient faire qu'un, c'est à l'histoire
même de toute la province ecclésiastique du Haut-
Rhin, c'est aux événements de Francfort ou de
SLuttgart, de Darmstadt ou de
Iayence, quc la
cnriosité doit s'étendre. Le speclacle D1ême flu
contl'aste que souvent ils ofIriren t avec les épi-
sodes du CU/lurkaJnpf badois témoignera qu'à ]a
période antérieure dl1rant laquelle I'Églisr rencon-
il'ait en face dOeIle un groupelnent serré d'États,
une autre pél'iode succédait, durant laquelle se pro-
duisaient, dans ce bloc, d'irréparables lézaråes,
symptômes de dislocation.
I
AllX grands congrès calholiql1cs de Bl'cslau eL de
Ratisbonne, C'n 1 H49, des messagers snrvinren t,
pour dirC' aux catholiques d'Allemagne ce que
souffraient ct ce que faisaient leurs fl'ères du Sud-
Ouest. Les échos o.u 'Vurtembf\rg étaient tristes.
(( Nous avons moins qu 'auparavant 1 >>,disait mélan-
coliqucment Ie sous-régent I{olln1ann, ùe RotLcn-
burg; non sans quelque pessimisme, it pronos-
1. Ye1'handlungen der Generalvel'sammlwl!f in Regcnsblwg, p. 67-68. -
Ilr
Jean Georges Kollmanll (182U-HIUa), ,oil'
clJcr, PCTso1lul-llldalo!f de1' Geis-
tlichCll des Bislhu1nsllattenbuTfj, p.
!I (Schw. Gmuend, Roth, 1893).
L 'ÉGLISE DANS I..A PROVINCE UU HAUT-RHIN 7
tiquait d'âpres Iuttes et denlandait qu'on priàt.
En Bade, tontes Irs raisons d' espoir demeu-
I'll ient encore voilées; Dæll inger avail drs ternles
ll'agi{lues pour décl'ire l'état <Iu grand-duché :
(( En aucune partie de l'AIlemagne, expliquaH-il,
on n' a mis une telle ténacité à ensevelir la religion;
en aucune, on n'a disloqué 1 'Église catholique de
cette façon systémalique. )) Deux iléaux surtout
Iui paraissaient dignes d'un sligmate : la dénlora-
lisation de l'enseignement public, et l'élrange
asservissement de l'Église à la bureaucratic de
l'État 1 . (( Parnli tontes les terres allenlandcs,
reprenait-il à La seconde Chambre bavaroise,
c'est en Bade que fon cons tate l'état de choses
Ie plus triste, Ie plus désespéré. II y a peu de
tcnlps, j'ai vu ce pays de près, et d'un hout
l
l'autre j'ai trouvé l'antipathie la plus fornlellc
contre Ie gouvcrncment; et sou vent, surtout dans
l'Oberland, j'ai senti Ie désir de voir l' Autriche
prendre Bade en pitié et refairc des Dadois ce que
longtemps ils furent, des sujets autrichiens. En
diligencc" à table d'hòte, cc n'est partout qu 'une
voix : (( Ce serait mieux, di t-on, si nOllS devenions
Aulrichiens; sinon, nons nous déciderions it deve-
nir Prussiens; mais rester ce que nous sommps,
cela, nous ne Ie voulons à aucun prix 2. ))
De bonnes nouvelles, venues de l'électorat de
Hesse, conLrastaicnt heureusement avec les infor-
1. r cl'hamllun[jclt dCI' GCl1cNtlveI'SltIlUnlu,ll[j in !le.,
:lsr,U1'!/, p. !J,j cl
sui" .
20 Fl'i('rlt'ich, ])oclliJ/gcl o , HI, po 1
-13.
8
L' ALLE)L\(;NE RELIGIEU
E
mations badoises : Ie congressiste
Ialkmus, de
Fulda, rappelait joyeusrment qu'en nlars 181.8 Ie
glas de l'abso]utisnle :1yait marqué. pour If's c
tho-
Jiques 5 la Hn d'un cauchenlar, ct qu'un conlité
populaire s'était fondé-, pour défcndre les libertés
conquises 1 ; saint Boniface, au fond de sa tonlbe,
protégeait sa ville de Fulda. l\lais c'était surtout
dans Ie grand-duchédc JIesse que l'horizonsenlblait
souriant; l\;Iaycnce, la ville épiscopale de saint Boni-
face, avail donné Ie branle au vasto nlouven1cnt
d'associations qui peu à peu couvraientl'.Allemagne.
Et puis, en même temps que finissait l'année 184R,
I
ais(lr, l'évêque de
Iayence, était descendu dans
]a tOlllbo, ot h
vcuvag
de cetle Églisr ofTraÏl à
l'autorité ronulÎne l'occasion d'une manifestation
lib(
ratricc, dont toute la province cccIésiastiquc
devail bénéficier. L'é]évalion de lie Ltcler it l'évêché
yaCallt allait nlontrcr quc dans la province ecdé-
siastique du I-Iaut-Rhin, dont la ville badoise de
Fribourg étaiL Ia métropole, il y avait queIque
chose de nouveau.
1. \ cl'hmullwl{len dCI' .:;wcilcll (;cnemlvcl','itUw,lltwg dc
li.atlwlisc/iclt
\Tueius in Brcslau. p. U-45. - KocH, évêclue òe Fultla ùe 18i8 il1873, était
si conlent c1u gouvcruement de la lIesse électorale, quïl nc lui commullifluera
mème pas Ie second mémoirc colleclif ùes év
ques tic la IJl'O\ iuce (prucle,
lí.ctLcler, I, po 2G3), ct l'ententc enlre lc gouvcrnelllclli ci l'é\è'lue ful pal.faiLe,
Bruecl,., Die obcnohcinische KÏ1'cllc1I1J/'O/..'Ùt
, p. 300-301 (l\Ia
euce. Kil'chhcim,
18G8). En lIesse-Darmssladl, dans la pralicluc, il y avail Lcaucoup ù"allt'inualions
aux réglcmcnlalions bUl'eaUCl'alÏflUCs donI KcLLcler, plus lard, rappelaillc SlJU-
venir daIls uu arliclc tlu .Jlain:;e1' Juunutl (Raich, Briere
.on v..lH1 an Ketlclcl',
p. 3GO-3IH) ; el ce fut la raison pOUl o laqueJle Ie gouvernclllcnl jugeait inulile
tie déférer am. (I,"'sir.; de hellcler, qui voulail qU'f!lles fusseni forll1cllement al.H'o-
gées (l-'fucU, li.cttelcr, I, p. 3:i2). Tout all cOllll'aire, sur 1('5 ahus ùe l'admiuislration
wurtemberg-eoise en malièrc relihieuse, "\'oÍl' l/. P. 110' 1
:j
, II, p. tOG-HI,
tj8-
00, 227-250, et la leltl'c du comlc ProI..esch
ur les menaces .Ill WurlemLerg
(:onl1"e l'é\'êque de Rolll'nLurg {Aus den Ericfell dcs (;,'afcil Pl'okcsch von
Osten, 1849-f855, p. 313. Yienne, Gerold, 1896).
L'É(jLISE DANS L\. PRO"l
CF: I>U H.\.UT-RHIN 9
Lr chapitl'e de l\Iayence avail, cOllforménlcnl
aux règles étabJies, proposé au gouvernenlent dr
Darolstadt llnfl lisle dr nrnf prrlres : aucun n'avë1it
élé rayé. Parmi les neuE. LéopolJ Schulid fut
l'élu 1 .
Ancien supél'ieur du sén1Ïnail'c de Limbourg, cl
professcur à l'uni versité de Giessen, il a va it écrit
sur Ie Pcntateuqllc nn ouvrage apprécié : on disait
que Diepenbrock avait naguèl'e rêvé de J'atlirer tl
l'universilé de Bl'esla1l 2 et qu'un théologicn d'élite
comnle Staudenmaier Ie tenaH en eslime 3.
Iais Ie
Sainl-Siège avait contre Schnlid ùes raisons légi-
ti01CS de suspicion; au momenL nlême où les
chanoincs de l\Iayence voulaient faire de Ini un
évêque, il avait conlmencé de puhlicr un Ii vre oÙ
sc retrouvaient, sous un aspect révolu lionnaire,
certaines idées passaLlenlent archaïques el l(
gili-
nlenlcnt suspectes à l'Église ronlaine. H y avail en
Sclnnid, à celte date, un joséphiste conscient, et
un rationaliste qui pcul-être s'ignorait encore;
il rappelait ces théologiens de la fin du XVIIl e siècle,
qui croyaicnt avoir renlpJi leur tâchc lorsque,
s'adt'essant respcctucusement à l'opinioll protes-
taute, ils 111i den1311daicnt pour leut' proprc Églisc
excuse et pardon.
Fils d'une mère protestanle, Schn1Ïd considð-
raÎt Ie christianisn1c conlnlC une sorle de svn-
oJ
1. VOÎl', sur ce persollnage, Bcrnhard Schroedcr cl Fl'icUl'ich Schwar1., Lco}wld
Schmid's Leben und lJcnken, mil cincl' VU1"rcde IJon Friedrich Nippoldo (Lcip-
zig, Brockhaus, 18í1.)
. SchrocJer-Schw.HZ, op. cit., p.
4.
3. ScI!1'oedcr-Sch\\arz, Ope cit., p. 31.
10
L'ALI.EMAGNE RELIGIEUSE
thèse dans laquelle calholicisme ct protcslantisme
devaienl sr r
concilier 1. Son ouvrage : l' fsprit dll
catltolici.,,}np Oll (oJtden
ent de l'irénÙjue c!tl'étifnne 2,
J0ssinait avec une froide audace les grandcs lignes
de ceLle synthèse. Le catholicisme, pour lui. c'était
la richesse et la plénitude du christianisme, nlais
Ie protestantisme représentait la pureté de la foi 3 ;
il fallait
d'urgence, que les deuxÉglises s'entendis-
sent. Or elles s'enlendraient sous les auslJices de
l'idée de nationalité. r ; les confessions chréliennes
ne devaient ni rester séparées ni se confondre 5; elles
devaient s'accorder; au peuple allemand revenait la
tâche d' élabol'er ce pacte 6, de réaliser celte conftÇdé-
ration 7. Le mouvcn1ent synodal 8, que ]es livres
de Hirscher avaient tenté de provoquer, ache-
nlinerait l'Allemagne vel'S lln tel iJéal: Schnlid
rêvaitd'un (( synode allemand)) périodiquc, dont la
besogne, cntrf} lcs sessions, serait poursuivie par
un comité permanent, et dans lcquel sr rencon-
treraicnt et fraterniseraicnt les représentants des
deux communions 9. Certains programmes de réu-
nion des Églises impliquent un procès contre
10 Schrocùel'-Sclmarz, 0[10 cit., p. 117 et .í2.
. ]Ja Geist des ]{atholicismus, ode!' Grundlcgwlfl der clll'istlichclI he-
nik (2 Iivrcs pal'urcnt cn ISi8,
cn 1850) (Gic5scn, Ricker).
3 0 Schroeder-
chwarz, opo cit., p. 47 cl HR.
i. Schroeder-Schwarz, Ope cit., p. 2ô-i--
6H.
J. Schrocder-Schwarz, Ope cit., po 1
2.
G. Schroeùer-Sch\\arz, Ope eit., p. l
Wo
7. Schroeder-Schwarz, op. cito, p. l20. ceo p. l03-1(\{j. Id Iclh'(' lIU'écl'i,'ait
Schmiù Ic juristc Koch, de
assau.
. Yoir noLre Lome III, p.
í-
8.
'. Schroedcr-Sclmarz, op .cit., p. 13-3i.
I,'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN ii
l'
glise ron1aine: Schmid, avec Ie temps, plaidera
ce procès avec Lant d'âpreté qu'on pourrase den1an-
del' à queUe religion it appartiendra et que, durant
ses dernirres années, tout en pretendanl rester
catholique, il déclarera (( s'isoler de la communauté
ron1aine tant qu' eUe niera la valeur propre de
l'évangélisme 1)). A force d'aller jusqu'au bout de
son rêve, Schmid mettra le pied hors de l'Église;
il est permis de croire que s'il fût devenu évêque
de l\1ayence
il se serait arrêté à mi-chemin, ct que
l'an1crtume n1ên1C de ses déceptions acheva de Ie
fourvoyer.
Car peu s'en falJut, en .1.849, qu'il ne quitlåt
pour Ie siège épiscopal de l\Iayence Ie cabinet de
professeur dans lequel il culti vait ses fun1euses
utopies; et sans la révolution de 1848 les mains
du prêtre Schmid, peu accoutumées, disait-on, it
tenir un bréviaire, auraient tenu une crosse.
lais
cette révolution, en relâchant les liens de dépen-
dance qui enchaînaient l'Église et l'État, en sup-
prin1ant entre les clergés Iocaux et Ie Saint-Si
ge
toutes difficnltés de communication, avait rouvert
aux souffles ron1ains les frontières de l' Allen1agne
catholique. l/évêque de Limbourg et l'archevêquc
de Fribourg, à la demande de Pie IX, essayèrent
d'anlener Schmid à rcfuser l'épiscopat ; ils échouè-
rent; J'imposanles manifestations de laïques
incroyants acclamaienl les résistances de ce prêtre.
1. Voir sa nélmlcuse brochurc : Ultramontan oder Katlwlik ((ìics!',cn, Hei-
ncmann, It;67 ; cf. Theologisclws Literalurblatt, 1867, p. 328), el dans Schroc-
der-Schwarz, Ope cit., p. 116, sa leltre au curé catholÏllue de Giessell, en 1867. Il
cut d'aillcul's, en 18
1, des funérailles caUlOli(Iues (Schroeder-Schwan, po 19
)0
12
.
L ALLEl\L\GNE RELIGIEUSE
Alors Pic IX, sans se préoccuper du gouverncmenL
de Darn1stadt, entra directement en rapport avec
10 chapitrp dp
laypnc0 ; il signifia quP Schmid
était inacceptable; Ie fait paraissait as
ez notoirf',
à B.orne, pour qu'une infornlaLion canonique J'égu-
lière fût réputée superfIue. Ce href de Pie IX,
daté du 7 décemhre 1849, marquait illlplicitc-
n1ent que les affaires religieuses de Ia province
ecclésiastique d'Outre-Rhin rclevaient désorn1ais
de Rome. La majorité des chanoines, n1al dis-
posés ponr les idées romaines, essayèrent de
maintenir leur vote; mais ce fut en vain. Et fina-
]cll1ent ils proposèrent à Pie IX trois non1S; Hein-
rich el Lennig 1, qui venaient de jouer un grand
rôle dans Ies pren1Îères assemblées des catho] ifJues
allen1ands, ob tinrent que parn1i ecs trois nonlS
figurât celui de I\:eUelcr, curé de Sainte-Iled\vige
à Berlin; Ie 15 mars 18;,)0, Ie pape nOlllllUl I{et-
LeIer 2.
Le gouvernen1enl de Hesse-Darrnsladl aurait pu
trou vel' dans eet épisode nlaLière à chicane; il
s .abstint ll1ême d'une objecLion. Dans ceLte pro-
yincc eccIésiastique oÙ longLell1ps lcs év(
ques,
serviteurs doeiles du pouvoir ci viI, avaienl rcdouté
les regards et lcs conseils de R0111e, il étaÏt natureL
que beaucoup de chanoines fussent à l'in1age eL à
1.
Ul' Heinrich. voir nntre lome IIJ, p. 98. - Sur Lcnuig (1S0:J-1RGG), 'oil'
Bl'ueck, .1dCL1n Fran:; LClInig (l\1û
cncc, Kirchheim, 1RiO), ct notrc tome II,
p. 360 ct sui\".
. Les df'u'I; hrcfs de Pie IX sont }luhJiés dans FriedbC'rg, DC1' Staat will die
Bischofswn./tIt;n m Deutschland, Aklenstueckc. p. l
j-l
ô. (Leipzig", Duucl..er,
1Sï4-).
L 'f:GLISE D.\NS 1..\ PRO\ìNCE DU HACT- RHI:'i 13
la resscn1blance des prélats qui les avaicnt rc-
crutés; lllais Roole, passant outre aux premières
cIécisions du chapitr[\ de
Iayen('c, avait, au prix
d'UIl changem
Ilt dp n1éLhode, obtenu que ces
chanoines lui désignassent l'hoillme de son propre
choix. Au emuI' d'une région sévèrement bal'l'icadée
contre les infiuences l'olllaines par dÏnnonlbrables
articles organiqucs, nll évêque désornlais étai t ins-
tallé,que Ron10 avai t à proprenlent parler créé 1.
Son acLivité, dont nous avons pré
édenlnlent suivi
les étapcs sur Ie terrain social, devait se dépenser
aussi dans les luUes qu'allaient Jivrcr, pour It's
1iherlés de l'ÉgJise, Ie n1élropolitain de Bade et les
autI'es suITl'agants. Le 25 juillet 1.850, jour de sa
consécralion, l'archevêque de Fribourg, les évêques
de Limbourg et de Fuldn, étaient rassemblés it
l\layence; ce jour-là, de concert avec I\:ctteler qui
apparaissait à l'Allemagne catholique comme
l'élu de Pie IX, ils con1mencèrent d'élaborer des
projets d'avenir; et Blulll, évêque de Limhourg,
dans Ie discours qu'il prononçait pour la consé-
cration de son nouveau collègue, prévoyait avec
gratitude que Ie siège de
layence rcprendrait
hientôt cet ascendant spiriLuel que l'illustl'e saint
Boniface lui avait jadis assuré pour une suite de
siècles 2.
1. Voir sur cct épisode, dOunc pad: Bl'Ucck, AdtWl F,'an::; Lennig, p. 13l-1:;ü,
ct rfucH, I\cllclc
' I, p.
02-2to; ò"aulrc pa,"t Friedberg, DC1' Staat unci die
niscTwfswuhlen in Deutschland, po 2!)O-2
1;;' ct :3chrocder-Sch\\arz, Ope cit.,
po 68-101.
2. rfuclf, Ketlder, I, p.
t!)-22
.
f4
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
II
l(cLteler monlra tout de suite, dès les pren1Ïères
années de son épiscopat, quel parli l'Église pou-
vait et devait tirer de Ia défaile subie
n iS48
par lcs bureaucraties. Autour de son diocèse, dans
Ie reste de la province ccclésiastiquc., certaines
congrégalions comnlençaient it s'instalJer : des
Jésuites apparaissaient à Fribourg; un chanoine
de ceHe ville, l\larmon, donnait aux Smurs de
Saint VincenL de Paul un magnifique développe-
nlent 1 ; et dans laville ,vurtenlbergeoise de Gmuend.1
ces lnêmcs .sæurs, en 1850, créaient une lnaison-
mère 2 qui devait bientôt disséminrr autour d'elle
des filiales nonlbreuses ct fécondes; nne jeune
paysanne de Nassau, Catherine Kasper, ouvrait à
Dernbach, dès 1848, Ia première lllaison des
Pauvres Servantes du Christ, qui sont aujourd'hui
deux mille, réparLies dans deux cents établisse-
nlcnts 3 ; et tout près des Pauvrcs Servantes conl-
mençait d'éclorc, en 1852, la future congrégation
des Frères de Charité de lUonLabaur 4. l\lais ce fut
1. Karl l\la
er, Del' O,'dcn del' hru'mlLf'1':;i[Jen Schweslern rom hl.
inct:n;-
110n Paul in der Er:;dioecese ](reiburg 184G-189G (Fribourg, Lilerarische l1t8-
/rtlt, 189G). -
urJoscph Marmon (1820-1885), voir l'r1ayerdans Weech, lJadische
lJiogmphiclI, IY, p. 261-2G3.
2. EisellbarLh, Das Mutterhaus der barmhcr:;igcn Schwcstel'n t'om 'wil. VlT/-
cen:; v. Paul ilL Schwaebisclt Gmucnd uncl dessert 1,Vi,.ksamkeit (Bopfingcll, Ipf,
1883) .
3.
ur CaLherine Kasper (1820-1898) eL les Pauvres ServanLes, voir Ie discours
de IIilpisch, dans Charitas, i8!:!!), p. I-G.
,
. Sur It,s Fri'rps de' l\lontabaur, voir Sal7ig, Chrtrita8, 1905, po 207-20
.
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN f5
à
Iayence, surtout, que tout de suite l'Église,
sans bruit, sans défi, agit en personne efI'cctive-
mcnt érnancipée; ce fut II l\layencc qu' on la vit,
après de si tongues oppressions, s'aballùonner
eniin à une sorte de joie de vivre.
KeLleler sur vena it dans un diocrse oÙ Ie clergé
elait divisé et laissait fort it désirer 1, où Ie peuple
chrélien se n10ntrait passablen1ent indiíférent,
Oll les mariages mixtes étaient nombreux, oÙ
la secle des (( catholiques allemands )) se dépensait
volontiers en propagande et en pamphlets, OÙ Ie
sacerdoce devait, (( parce que saccrdoce, renoncer à
la protection de l'opinion publiquc.! )); avec]e
concours d'auxiliaires comme Lennig, Moufang 3 ,
IIeinrich, quelques ann(çes lui suffirent ponf
réédifier ccHe chr{)iienté.
II fit venir ses prêtres, dans des conférences
diocésaines, qui ne comprircnt d'abord que les
chanoinrs et les doyens, el qui dans la suite s' ou-
vrircnt plus largement. (( Des prêtres ou pas de
prêlres, disait-il, mais pas de polissons, du moins,
sous l'apparence de prêtres 4. )) La réforme ecclé-
siastiquc, dans la Hesse, fut rapide et profonde :
en deux ans, de merveilleux progrès furent accom-
plis. La vi vacilé d'humeur dont parfois souffril SOIl
clergé tournait finalen1cnt it la gloire de I
etleler,
1. Les rcgislrc8 ùes Jésuiles qui pr
chaicnt des missions nolaiclll que lcs
Iayençais n'élaient pas très sensiLlcs am: impressions rcliöicuses (Pfuclf, Act-
teler, I, po 2ïl, 11. 3).
. pruclr, !{ellelC1', I, p.
1.
3. Sur ì\loufang, voir nolre lome III, po !->5, n.
o
4. I'fm'lf, Keltrler, I, p. 313.
16
I:ALLE
(AGNF. HEJ.JGJEUSF
grâce à l'hun1ilité ùe grande aJ]ure avec hlquelle il
savait s'excuscr et avoucr ses défauts, et d'autanl
plus l'écoutaif-on, qu'il ne se pi
éhìndait pas impec-
cablí' J. Des relraites annueHes réycillèrcnt l'es-
prit sacerdotal dans les vieilles générations de
prt
tres : Ia fondation d'un grand séminaire permit
Ü {(eHeler d'élcver désorn1ais son clergé comrne
il l'entendait, ct d'élever pn m
n1P temps, en
douze ans, 138 clercs de la Suisse et du reste de
I'Allclllagne, que l\Iayencc attirait:! ; et ses vastes
projcts prðparaicnt aux fulurs clcrcs J'hospitalité
cI'un petit séminair0, que rannéc 18G4 vit s'ins-
taller J. Les prêlres du diocèse réapprenaient ](\
chen1Ín de l'év
chp : r.layence, avec T\:etteler, deve-
nait vraiment un centre d"É g lise oÙ l'on s'instrui-
sail, où l'on s'édifiait, où l'exen1ple du clcrgé
régulier r6chaufTait Ie zèle du clergé séculier.
Car les congrégations d'homn1es faisaient Jeur
apparition: les Capucins s'insLallèrent en 1H54; et
parlni eux élaÏt ]e proprc [rrre de I 'évc\que J{eUclcr :..
Lcs .J ésuitcs, qui dès i 8
3 pl'êchaient une retraitc
pour les insHluteurs catholiqups:5, fonùèrcnt à
layence un cenLre très Ï1uportant, et I\:elt,eler, qui
qualre ans rlurant avait ðté leur él(\ve 6, et qui
1. Pfuf'lf, [{eLlcler, 11, p. 75-í6 (r{>ponse au chapilrc Ùf' !\Ia
ellce).
2. Pfu('H. J(eltelcl', I, p. 280; cf. ci-dessous, p.
.ï.
3. prude, lí.eLtcler, II, p. 8G et 1Ua-tt L
4. Pfuelf, Jí.cllele1', I, p. 284; C Ocst au s{.minaire de
la
cnce que se CormèrclIl
presque lous Jes ca
ucins allemands (Pfuclf, Ketteler, 111, po 255,'.
5. PfueIf, [{eUeler, I, p. 3 i3.
6. Pfuelf, KeLlplel", n,p. 55-:iG. C'est unjésuile, Ie P. Riechers (I, p. 17
)qui
avail nag-uiore dpf'idé K('lleler i\ accf'pler la cure de B('rliu; ('l avant de s'y
reudr(' il a,ail faill'draite al1p1'Ì'
eJ'un al1l1'p j(
"uilp, Ie P. Stoppar (J, p. 1S1).
L 'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN i 7
se fit leur défenseur lorsque fut attaquee la morale
(In P. Gury 1, les invitait aussi, rhaque année; à
prècher la reLraite des prêtres 2. Un ordre hospita-
lieI' fondé par l' évèque, les Frèrcs de Saint-Joseph,
était destiné à de sérieux développements 3. I{ette-
leI' et Ie chanoine Heinrich rêvaicnt mieux encore:
iis projetèrent toujours et tentèrent à deux reprises
de grouper les prêtres séculiers eux-mêmes en des
:;o1'tes de congrégations OÙ serait menée la vie
ommune 4.. Lps confréries enfin, que tracassaient
jadis les bureaucraties issues du joséphismc, pous-
;aient à vue d'æil dans les paroisses : {{etteler, dps
L852, a vail intl
oduit dans près d .une moiLié de
,on diocèse les confréries du Cæur de
larie.
Les ordres de femmes se muitipliaient à l'ave-
lant. A l'avènement de Ketteler, il n'y avait d'au-
Te cloìtre, à l\:layence, qne celui des Dames an-
;Iaises, et une petite communauté des sæurs de
,aint Vincent de Paul. La fondation à Finthen par
e curé Autsch, en 1853, des Sæurs de la Provi-
lence, à la fois enseignantes et hospitalières, fut
)our la Hesse un événement : une convertie,
.1 1le Fanny de Laroche-StarkenfeIs, fut envoyée
mr I{etteler dans nos Vosges, chez les Sæurs de
Hbeauvillé, pour y faire un noviciat; elle devint,
u retour, supérieure de la congrégation nouvelle.
1. Pfuelf, Ketteler, 11, po 322-3
3.
. Pfuelf, Hettelel', I, p.
!).í, et 318.
3. Pfuelf, Ketteler, 11, p. 131.
4 0 prueH, lí.ettele1', I, p. 3
9, et H, p. 334-330. - Heinrich, Die Kirchliche Re_
Jrm, II, p. U3. - Halholik, 1863, I, p. 1G8-169. - Lennig et Moufang
taient défavorables à cette création.
IV.
2
is
L'ALLE:\IAGNE RELIGIEUSE
Avant qu'elle ne consacràt, en nlourant elle-nlêmc
du typhus, la vocation de 8es. compagncs, 1\l 11e de
Laroche voyait se grouper dans l'ordl'e nouveau,
en trois ans seulement, vingt-trois sæurs, six no-
vices, huH postulantcs : les petits enfants et ICf
pauvres malades de la Hesse étaient désormai
I
sous Lonne garde 1. Ida de Hahn-Hahn \ qui de.
puis sa conversion au catholicisme avait cess(
d' être ronlanesque tout en denleurant romancière
recueillait dans un c]oître du Bon Pasteur, et dan
les autres fondations pieuses auxquelles elIe dé.
vouait sa fortune, des impressions et des souvenir;
dont sortirait plus tard, avec l'approbation de SOl
direcleur Kettelcr, Ie livre de .11Irl1'ia Regina, apo
logic de la vocation rcligieuse 3 .
l\Iais l{eUeler ne croyait pas avoir atteint son hu
lorsque, dans une région OÙ 1 'I
glise était comba1
tue et souvcnt ignorée, il avaH fait de 1\laycnc
une sorte d' oasis religieuse : il s 'en allait au loir
d'un bout it l"'aull'e du diocèse. Sa haronnie n'éta
pas une gêne pour son apostoial : à peine évêqu(
dans Ie premier mandement qu'il avait adressé
ses ouailles, i] avait devant cUes fait væu Je pal
vrrté, el ce væu, il Ie tenait. Distant du peup
par la naissance ct Ie savoÎr, cc féodal s' était fa,
peuple par Ie dépouillement. Une fois tous les tro
ans, il faisait dans Ie 11loindre village une visi
L Pful'U, llcllcler, I, p.
Si-:;!n cl 1/, p. 12tì.
2. Sur Ida. dc Hahu-Hahn, voÜ' 1l0ll'C tome III, p. VII-X.
3. Pfuelf, J(eltcìe1', Il, p. 149 ct suiv. - H. r. Bo, 1860, II, p. 473-4-91.
1.1lw'Ùt Regina. Eine Er:;aehlung del' Gcgcmvru't, 2 vol. (Maycucc, Kirchhci
i 860; traduction fran<.:ai
(' dc )lrn c LclJro'lui. Tournai, Custcrmal1, 18620)
L'ÉGLISE DANS LA PRO\iNGE DU H
\UT-RHIN 19
épiscopale, et ce n'était point un rap ide passage:
it prêchait, cntrait dans les écoles, allait au chevel
des nlalades, organisait une procession au cinle-
tière. (( Vos nlorts sont mes morls >>, disait-il aux
paysans; ct sur la tcrre nlollc, humide, qui re-
cou vrait ces morts devenns sa propre familIe, I{et-
Lelcr prêchait encore. Lorsqu'une mission se don-
nait dans quelque jbourgade, un confesseur surve-
nait pour aider les nlissionnaires : de cinq hellres
<lu nlatin à neuf heures elu soil', il nloissonnait et
brfdait l'ivraie des péchés ; ct ce confesseur n'était
autre que l'évèque I\:etteler. IJ avait coutume de
dirc que ses voyages de confirmation étaient pour
lui .des récréations, parce qu'ils Ie rapprochaient
du nlcnu pcupIe; Ies sernlons qu'il colportait de-
çà de-Ià, en administrant ce sacl'enlent, étaient
d'une infinie variété. II avait assez écouté Ie peu-
pIe pour savoir lui parler.
Les préoccnpations de la défensive ou de l' offen-
sive religieuse ont parfois Ie fâcheux cffet de faire
reléguer au second plan Ie souci rnêrne de l' expan-
sion chrétienne; la luUe, alors, au lieu d'appa-
l'aître comIne un nloycn, prend l'importance d'un
but; il arrive qu'à force de poursuivre des libertés
qu'on n'a pas, on néglige de tirer parti de ceHes
qu' on a, et dont l'usage pacifique, discret, profìte-
rait aux ânles; Ie train quotidien du travail mo-
destc finit par sembler terne, et presque un pen
terrc à terre, tant sont séduisantes et fascinantes
les émotions du combat. II fut excellent pour]a
conscience calholiquc al1enlandc qu'aux portes de
20
,.' ALLIDIAGNE RELIGIEUSE
ce grand-duché de Bade OÙ durant près dr vingt
ans l'action reEgieuse fut s
ns crsse cntralllPP
dans certaines n1êlpes, le petit diocpse de l\layence,
gouverné par un prêlre qui savait d'aiLleurs lutter
à son heure, offrît in1médiatement tl l'apostolal
chrétien un véritable modèle d'organisaLion. En
assistant au déploiement de vie chrétienne auquel
I{elteler donnait l'impulsion, l'on savait pour
queUes (( conquêtes )) luUaient les gens de Dade
ou les gens de Nassau, et l'on se rendait con1pte
quïIs aspiraient beaucoup moins à être:vainqueurs
dans l'État et vainqururs de l'État, qn'à pouvoir
servir Dieu avec Ia même liberté, la même sécu-
rité et Ia mêm.e allégresse, que les diocésains de
Kett eler .
III
Dans l'automne de 1.850, à Ia Chambre haute de
Bade, une voix très écoutée commentait l'exemple
de l' Autriche, I 'exemple de la P russe, et la leçon
de déférence pour les libcrtés de l'Église, que don-
naient au gouvernement badois les deux grandeE
puissances allemandes. Cette voix n'était autre qUf
celIe de Hirschcr. (( II n'est certainement pat
dans l'ordre, proclamait-il, que dans l'Écriture i]
soit tlit des évêques : L'Esprit Saint vous a placé
pour gouverner l'Ég]ise de Dieu, et que ces même
evêques aient à apprendre, par Ie journal ou pal
la gazette officielle, quel prêtre est nommé POUI
L'ÉGLISE DANS J
\ PROVINCE DU HAUT-RHIN 2t
un poste ecclésiasliq ue 1. )) Respecté de tout Ie clergé
pour ses dons de catéchiste e t son expérience de pro-
fesseur, il avait récemment soutenu, sur la cons-
titution de l'Église et son organisation synodale,
quelques doctrines qui ne permettaient pas, à coup
sûr, de Ie classer parn1i les (( ultranlontains )); et
lorsquïl se faisait l'avocat des revendications épis-
copales, on ne pouvait Ie soupçonner d'aucunes
visées secrf\tes contre les prérogatives Iégitinles de
l'Éta1 2 . La Chambre haute l'applaudit, et réclanu.l
formellement que Ie gou vernen1ent fournit à l'ar-
chevêque les ressources néccssaires pour créer des
séminaires 3.
La seconue Chanlbre, plus onlbrageuse, n'adnÚt
pas que I'État sacrifiàt une parcelle de ses droits
régaliens; nlais cUe Le pl'ia d'envisager avec les
représentants des deux confessions les liLerlés
nouvelles dont elles 1 10urraient être oTalifiées 1. ]e
t) ,
væu l'isquait d'ètre plalonique, puisqu'il denleu-
rait convenl1, par ailleurs, que l'État badois conti-
nuel'ait de collaborer avec Ie \Vurtemberg et les
He
ses pour une politique l'cligieuse comnlune, et
qu'il n'ébauchel'ait aucune innovation périlleuse
pour cette entenle.
Upposer à la volonté de l'évêque et aux reven-
1. Hirscher, An(1Yl[Je in Bel,'eff dc.! ycgcnwaer'tlgen Standes dC1' KÜ'clten-
Îm.r;e, p. 2t.i (fribour
, III'rder, 1850).
2. Voir notre lomc III, p. ai-as.
. Maas, r;eschichte der Itat/wlischen l{Ü'che im G1'osshe,':;ogtltum Baden,
p. 221-223 {Fribourg, IIcrder, 1S!}!}. - Lauer, Gcschichte dC1' l(atholi&cht It
l{irc/tc in Badell, p. in-1!}!} (Fl'ibourg, Herder, 1908).
L l\Iaas, Ope cit.,_ po 2l:)-22i'j. - Lauer, Ope cit., p. 200.
22
.:ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
dications des fiùèles, dans l'intérieur d.e chaquc
État, la coalition de tous les souver<1Ïns voisins;
s'afIranchir, ainsi. de toute responsabilité dil'ecte
dans les vexations qu'on faisait peser sur I'Église;
alléguer, pour Ie maintien de ce qu'on appclait les
droits de I'État, un certain parallélisme d'atlituùe
et une certaine solidarité entre les États limi-
trophes: telle den1euraÏt la tenace maximc du
gouverncment badois ; et l'on avait lieu de craindrc
que la volonté de chaque évèque ne continuât de
se briser individuellement contre cet étrange syn-
dical de têtes couronnées.
l\Iais, à l'image des souvcrains, pourquoi les
évêques à leur tour ne se fédéraient-ils point?
L'épiscopat allemand, réuni à 'Vurzbourg, à l'au-
tOlnne de 1848, s'étaitapitoyé sur eux, avait poussé
vel'S Rome un cri d'alarme, et les avait assurés dc
son appui 1. Un tel souvenir les enhardissait; et
puisque lcs Etats s'entendaienl pour maîtriser
I'Eglise, ils pouvaient bien, eux évèques, s'en-
lendre pour réclamer ou pour résister. lIs en avaient
pris la résolulion, Ie jour OÙ fut consacré KeUeler,
et cette résolution fut tenuc. Dans leur initiative
même il y avail cornme un affront pour la philoso-
phic politiquc dont s'inspiraienlles pouvoirs laï-
ques. Chaq ne ÉLat voulait ètl'e Ie 11laÎll'C d u InoJ'-
ceau ò'í
glisc qui occupait son lel'riLoirr, ct voili't
que cos lnorccaux se r<lssclnblaient, s 'organisaient,
prcnaienl corp
, e t que cc corps a vait uuc voix; el
1. Collectio LacclI.fiJis. Y, col. 100R (FrilJourg, Herder, j 8i!1). - Sauze. L'ttS-
semMée épiscopalc (Ie 1rltl'
lioU1'g, 1'. ;;
(Paris, PO\l
sielgue, 1
I07).
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 23
chacun ùe ces morceaux, par là 111ême, refusait de
se laisser considérer et traiter plus longtem.ps
comme une institution territoriale; la province
ecclésiastique, arnlature religieuse dans laquelle
étaient encadrés tous ces petits États, acquérait
conscience d'une vie propre, indépendante, exté-
rieure au fonctionnelnent de ces importunes sou-
verainetés. Les lninistères les n10ins chieaniers,
comme celui de Hesse-Darmstadt, furent off1.).squés
de cette conduite de l'Église 1 : ce qui cst nouveau,
pour un bureaucrate, est toujours incongru. ßlais
Rome encourageait les évêques : un bref du 25 juil-
let i 850 les in vitait à de nouveaux efforLs pOll r Ie
réveil de l'esprit chrétien et Ia sauvrgarde des Iois
ecclésiastiques 2.
Des synlptùlnes existaient, qui permettaient
d'espérer qu'une action commune de l'Église et
des populations pouvait triompher du mauvais
vouloir des gouvernements : Ie cabinet de Nassau,
par exemple, après avoir prétendu expulser de
réglise de Bornhofen les Rédemptoristes que
l'évêque Blum y avait installés pour Ie service des
pèlerins, finissait par fcrn1er les yellx sur leur
préscnce 3, parce que Blum avait tenu bon, cL
parce que certaines communes voisines avaient
1. Y oir dan!'; Brueck, Die obCl'ï'heinisclte KÌ1'chenpl'ovinz, po 3Gl, la réponsc du
gùU\"crnement hessois à KeLleler. Pills t<lrd. le vieux: 'VessenLer
, ùans line lellre
à Bunscn (l er no'"embre 1855), rcg-reller;t que les gouvel'nemcl1ls, en présence dl:
la démarcl}(' collective dps évêques, n'ai
l1l pas r{.pondu, tout. simplpmf'l1l, (fuïls
ne fpl'ail'nl ripll avant flue If'S mf'lIa('('
épi<:('opall's fl1ssenl rélractpcs (Barollne
de Bunsen, lJullscn, III, po 429-\:10).
2. )laas,o])o cit., po ::2:;, n. 1.
3. B.'I1l'ck, op. cit., p. 370-3n.
'>'
-'1
L'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
gratifié ces Pères du droil de cité. Encouragés sans
doute par ce précédent, les évêques prirent ren-
dez-vous à Fribourg en mars .:1851, el rédigèrent
un l\lén1oire pour leurs gouyernements respectifs.
Qu'on les rendit n1aÎtres de l'éducation de leurs
clercs, qu'on leur pern1Ît de fonder des éeoles
caLholiques. qu'on leur laissât Ie droit de diriger à
leur façon la vie religieuse de leurs diocèses, et
cl'y multiplier confréries ou congrégations, et
qu'enfin l'adn1inistratiol1 des biens d'Église ccssât
de leur être contcstée : c'est à quoi se bornaient
leurs exigenees. Les gouvernen1ents ten1porisè-
rent; et ROlne, au conLraire, insistait pour que lcs
évêques se fissent pressanLs : un bref du 6 n1ars
1851 les invitait à faire choix de vicaires généraux
et à ouvrir des petits séminaires 2; et vVindisch-
luann, Ie vicaire général òe l\Iunich, translllettaÏl
à l\laycnce la nouvelle que Rome, à défaut d'un
synode provincial, désirait une prochaine confé-
renee des évêques ot songeait à l{ettolel
pour en
préparer les tra vaux 3. Ouze mois passèrcnt, au
hout desquels les gou vernements parurcnt s'émou-
voir; leurs juristes tinrent confércnce à Carls-
ruhe, et Viale PrcIa, Ie nonce de Vienne, sur-
venn pour la circollstance, remporta, de ses
con versations a v
c Ie grand-due, des impressions
1. Le le>.te en csL puLlil- dans l\Ioril.l Lieber, in
""((chcn dcr O/JCl rltcinisc/,eu
11i.,ocllenp1'ovm:;, p. 18-41 (Fribourg, Hcrder, 1S53).
o ['[uelC, l{elt('['}l\ J, }I.
4
-2jOo
30 Raich, Briere 1'011 UlIll ((II 1\ etleler, p,
;!G 0 - Su!' WÜlllischmann, ,.oil"
f'i-dcs<;ons, po Hì.:?
L'
:fa.ISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 2
exccllenLes et d'allègrcs espérances 1. Cependant Ia
['éponse des gouvernenlents tardait: derechcf l
s
évêqucs se revirenL à Fribourg, en février 1852,
ct protestèrent une dernière fois contre (( un sys-
tènle dont la pratique e(fccli ve et logique cntraÎ-
ncrait la ruinc de l'Église dans la province:! )).
Ce ferme langage recél ai tune nlcnace : l'Églisc
allait s'insurger. On écrivait à Bonn au canoniste
Walter, pour demander un mémoire précis sur
les prérogatives nouvcllcs dont jouissait Ie catho-
licisnlc prussien 3, ct ce qu' on voulait, bicll ferrnc-
ment, c'élait la liberté comnle' en Prusse.
Les deux prcllliers insurgés furent I(ettelcr,
]'
vêque de l\layence, et 'Ticari. l'archevêque de
Fribourg. I\:etteler" dès Ie 1110is de lllai 1851, enle-
vant ses c]ercs it la Faculté de lhéo]ogic de Giessen,
ouvrit à Mayence, sans autorisalion préalable du
gouvernement hessois, un grand sénlinaire, nc
dépendant que de lui, avec des professeurs par
Ini nommés, avcc des élèves qu'il demeurait corn-
plètemcnt libre, lui, évt'quc, d'acceptcr ou de
refuser: Ie minislère hcssois ferma les yeux !. .
1. PfneIr, Geissel, p.
21-
2. Yiale Prela cspprait même que KeLtelcr allail
èll'e nommé coadjuLeur de Fribourg (PfuclC, lí.eltelel'. I. p. 259).
. Le texLe de ceL ultimatum est publié dans Morilz Lieber, Ope eit., p. 42-';'8.
3. Pfuelf, f{ettclc7\ I. }lo 251. - SUI' Ferdinand Waller (lï
H.18i9), \-oil'
noLre tome II, p. 210-:;H t.
4. Pfllclf, IÙtteler, I, p. 23i-2440 Sur Ie passé ùe la facuIlé de Giesseu, voir
lIolre tome 1f. p. 122. Windic;chmann applaudit à rOUVcI'ture du s(;minaire d('
lIayence comme à la plus imporlallLe, à la plus l1écessaire, it la plus heurcuse.
parmi Loules Ies mesures qu"avail pl'Íse:; KeUelcr; Ie llllhériell Boehmer aòmil'a
la fcrmeLé de eel évèque, qui éloignai t ('nfill SPS Lhéologiells de (( la. vi lIe frelUC-
maçonnique de Giessell. . La seconde Chambl'e hessoise, en 1t\Ji, voLa qu'au-
cuna cure ne devail èhoe accOl'dée à _ des prNres qui n'eusaent point subi ùps
Hameus à Gie!'iscn, mais ]a, première Chambre r('pouss
celLe motion, et Ie gou-
26
L ALLE::\IAGNF. RELIGIEUSE
\licari, en lnai 1.852, repoussa somnlairenlent, à la
lnol'l du grand-due Léopold, l'incursion du minis-
tère badois dans Ie domaine de la liturgie catho-
lique. En toute souveraineté, la bureaucratic de
Carlsruhe avail ordonné que dans toutcs Ies église
du grand-duché une n1esse dcs morts serait diLE
pour l'auguste défunt, qui était protestant t. LE
diplomate prussien Bunsen, peu suspect en l'esprce
traita bientôt de méprise regrettable, d'anachro-
nisnlc forlnel, ces prétentions du fonctionnarisffi(
badois 2 : tout hostile quïl flit à l'Église romaine, i
avait compris que certains ordres qui se donnaien
encore à la yeille de 1848 ne pouvaient impuné-
nlent se rcnouveler Ie Iendemain; mais ]e fonction.
narisme badois, lui, n'avait rien appris, et sïlnagi
nail qu'en mitraillant victorieuscment des énlCU
tiers on ayait pu tuer un esprit.
\Ticari commanda des sonnerips de cloches, de
discours funèbres. des pripres, Illais refus<1, confor
nlémcn t a ux lois de l'Ég] ise, Ie sacrifi ce de ] a messc 3
Lc gouyernement s'irrita; dans la garc de Heidel
w'rncmenL ferma lcs
em., encore que KcLleler (PfueIr, Ope cit., I, p. 348) fcl'
,il à \ icari, Ie 2G novembl'e 185
, son pen de c{\nfiance dans les bonncs disp'
!-itioDS ùe l'f
lal.
t. Sur ce connil (TmuC1'conILict), yoir .l\laas, up. cit., p. 2:!tì cot 8uiv.
2. Bunsen, Die 7 eichen der Zeit, I, po 166. - ceo nolre Lome III, p. 280-
8
3 0 La Iibrairie H
rd<>r réimprima alors, pour défendre Virari, un arlicle (
Docllingel', pcril en 1842 au sujpl des ohsè'lues de la rpinc CarolÎ11f', protC'
lallIe, be])c-mèrc de Louis ler, cL flui sÏnliLnlail.: .?fLicht 'luul Recht til
J\.Ï1'chc flegen \
erstorbenc eines frcmden Bekenntnisses. l\lais Ie ploévôl (
Lucerne, Burkal,d Leu(1808-18G5\ dans sa brochure: 1Varnullfl vur' Ncue1'U/l!/e
un" {]e!Jcr'treilJU1lflen in def' J{atholisclten Kil'che ])eutsch/ands (Lucern.
kaiser, 1
5;;), - brochure que Doellinger lrailail alors de pamphlel (Fricdric
jJopllinga, lII. p. 13
) - pr{.lendil.qu(' ri<>n ne jusLifiail l'allilude de Yicari. Y()
Eduard H<>rzog-, Slift.c;pl'opst Josef lJwokfll'tl />U Ulld tI"s JJoymn VOlt If.!
p. ::"!(ì-
ï (I:('I'IIP. W
!Os, 1!)O L )
L' t
GI.ISE DANS LA PROYINCE DU HAUT-HIIIN 27
berg, l'archevêque fut en butte à des manifesta-
tions hostiles 1. IJes fonctionnaires firent effort
pour intimider ]es prêtres: sur 800, 60 cédèrent,
:lirent la messe pour Ie grand-due, et puis s'en
furent en pénitence, sur un signc de I'archevêque,
au sén1inaire dcSaint-Picrrc près de FriLourg 2. Les
3ommations badoises, rendues vaines par ]a résis-
lance de 'Ticari, cherchèrent une revanche.
Ce fut seulement Ie t) mars 1853, après deux ans
d'attente, que les gouvernements firent connaître
1eur réponse. Le mémoire épiscopal n'était pas
exaucé. Les gouvernements persistaicnt à vouloir
s'in1n1iscer dans les examens ecclésiastiques qui
onvraient Ie grand séminaire et donnaient accès
aux cures, et à revendiqucr, dix n10is de rannée
sur donze, Ie droit de pourvoir souverainement
aux cures vacantes; Us s'opposaient à l'établisse-
ment de petits sén1inaires, ou bien np les permct-
taient qu'à la condition de les traiter comme des
institutions d'État
ils se réscryaient la nomination
des professeul's de théologie ct ne laissaient d'autrc
droit à J'évèque que celui de donner, avant In
non1Ïnation, un avis consnltatif el de transmcttre
au pouvoir civil, Ie cas échéant, des observalions
sur l'cnseignement donné et sur les ll1anur!s
en1p]oyés; ils restreignaient, mais ne supprinHlicnt
pas, l'obligalion du placet; ils subordonnaient à
l'autorisation laïquc un grand nombre des cérén10-
nics cultuclles ; ils affirmaicnlleur droit de pcrn1ct-
10 Steinle, 111'irfil'echscl, T, p. HìO (1eLLre dp :-']m
Schlo"ser, 12 mai is:;!).
.
Iaaso opo cit., p, 22
).
28
J. 'ALLEIUAGNE RELIGIEUSE
ire ou de prohiber les congl'égations, d'acceptel
on de refuser Ie vicaire g
néral non1mé pal
l'évêque; ils déniaient à l'évêque la libre admi-
llistraLion des biens d'Église. La suppression de
(( doyens grand-ducaux )), qui, depuis un quart de
sièc]e, surveillaient Ie clergé au non1 du POUVOII
laïque, était un sacrifice de l'État policier; mai
cette concession, et quelques autres encore, nc
pouvaient atténuer l'effet pénible des formule
d'abso]utisme, qui denleuraientsuspendues comm(
une menace sur l
vie de l'Église 1.
Deux fois réunis à Fribourg, en avril, puis en
juin 1.853, les évêquès protestèrent, d'abord PH]
une lettre collective 2, puis par un second mémoire
dans lequel ils fondaient leur résistance sur h
vo]onté formeHe de Rome 3, et que Ketteler aspi.
rait à faire appuyer par J'épiscopat prussien '.
loins de vingt ans p]us tòt, dans cette provinc(
du I-Iaut-Hhin, les hauts prélats sen1blaient sur.
tout anxicux que ROllle se mêlàt de leurs afTaircf
ct que des ol'dres du Saint-Siège vinssent secoueJ
leurs luitres sur ]e IlIOI oreiller de la servitude. At
contraire, en lR5:
, c' cst en resserrant leurs lien
avec H.onIe, et en les étalant, qu'i]s prétendaien
secoue)
ccs autres liens OÙ l'État les garroHait 5; e ,
1. Le tc.de de la répon!:>e des gou\'crnemcnts est publié dans Moritz Liebcr
Ope cit., p. 47-59.
. Le lexLe de la I(>LLre collecLive du 13 avril e:-,l publié dans :Moritz Li(')Jer
Jp. cit.,p. 00-01. - Cf. Bruech, Ope cit., p. 3U9-310, ct .:\laas, Ope cit., p. 22tk35
. Dcnkscltri(t des Episcopates d'I' obcrrheinischen Ií.i1'chenprovin.:: (hi
bourg, Herder, 18:>3).
'Jo. }'fuelf, /Ú,ttclcr, I, p. 263.
5. cr I:hi
tojre no us ill\'iLe, ('crivait vcrs cetLc époquelc I'ublicisle Buss dan.
l..'I
GLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 29
lans leur é]an vel'S la liberté, il leur plaisait de
3C sentir soutenus, encouragés, oblig(ís nlÔmc, p
r
.c geste décisif de l'autorité supl'èrnc, par Ie Saint-
:)iège.
A ]a rescousse des évt'ques, un ]aïque sur-
I venai
, don
, la ,Parole
tait
répondé
'ante dans les
I congres: c etad 1\laurice LIeber, pcre du futur
chef du Centre. Naguère l'épiscopat d'}\llernagne,
réuni à Wurzbourg, avait appelé J
ieher, consuHé
son expérience de juriste, invoqué Ie concouI'S de
sa plume pour la rédaction du manifeste destiné
aux fidèles; et Liebert cinq ans après, dans une
brochure retentissante, traduisait et comrnentait à
l'opinion pubJique les objections canolliques
qu' élevaient les évêques contre la réponse des
gouvernements 1. L'union des évêques entre eux,
l'union de tous avec Rome, rappel d'un laïque en
faveur des revendications ecclésiastiques, c' étaient
là autant de faits nouveaux, qui déconcertaient rin-
flexible routine des bureaucraties.
I\
Les doléances du catholicisrne, dans celte pro-
vince ccclésiastiquc OÙ si long temps il s 'était
Ie journal Capistran, à raltacher dercchd, étroitcmcllt, l'Églisc d' Allp.maglle an
Siège AposLolique, à rejeter loin de nous les <<. droiLs particuliers )) de I'Eglise
comme autallt de colliers d'esclavage. )) (Tuebinger Quartalschrîft. 1852,
p. 159-161.)
L Moritz Lieber, op. cit.. p.
2-n7 0 Lc travail de Lieber avait d'abord paru
en arLicles, dans la Deutsche Volkshalle. de Cologne. - Sur ce pCl'sonnage
(1790-1861), voir j(atholik, I, po 12!J; et cfo Dolre lomo II, p. 39Go
30
L 'ALLEi\IAGNE UELIGIEUSE
laiss{S piétincr, éLaient désormais, si ron peut
ainsi dire, organisées ; l' épis..
opat faisai t corps; lef:
catholiqnes de chaque petit Etat s'élnancipaient dE
leur proprc servitude en travaillant, au de]à dE
leur étroite frontière, pour l'énlancipation d'autref:
catholiques.
fais ces doléances qui désormais fai-
saient bloc et pouvaient faire éclat, vel'S queUe
autorité monteraicnt-elles ?
L'évêque de Fulda, au printemps de 1852, crai-
gnant un instant que la nouvelle constitution de la
lIesse électorale ne mît en péril les droits de
],J
glise, s' était demandé si une délnarche def:
évêques àFrancfort, auprès de la Diète germanique,
ne serait pas efficace t.
On sait en eifet que dans la v ieille villc de Franc-
fort, une façade s'étalait, qui tâchait à paraîtrc
somptueuse, et qui prétendait f
tre l'image de I' AI-
lemagne, et que cette façade s'appelait la Diète.
Tons les États germaniques, petits et grands, y
étaient représentés, et sous Ie regard narquois on
bourru de Bismarck, les plénipotentiaires délibé-
raient, raides à force de se hausser, engoncés it
forcr des'enfler; ces diplomates solennels et oiseux
croyaient être les acteurs de l'histoire, et n' en
étaient que les con1parses ou, pour mieux dire,
Jes dupes. La tragi-comédie dont Bismarck élabora'
]p scénario se préparait à l' écart des membres de
la Diète et au-dessus d'eux, loin d'eux; avec leur
gravité compassée, iis étaient les maîtres des céré-
1. I'fuclC, Aettelel', I, p.
').2-
;'J.
L'ÉGLISE DANS L\ PRO\-INCE DU HAUT-RHIN 31
moniesd'une Allell1agne qui semourait, et fernlant
les yeux à la réalité présente, qui les cernait et les
bafouait, c'est en conlpulsant de vieux textes juri-
diques, d'archaïques instruments diplonlatiques,
qu'ils aspiraient à gouverner l' Allelnagne. II y
avait, parmi ces textes, la paix de vYestphalie, Ie
rccès de 1803, l'acte fédératif allcnland de 181.:'; 1 :
la Diète a vait au près d' elle des juris Les subtils:!,
qui savaient par cæur lous ces papiers, et qui les
comnlentaient comnle des chartes toujours vivantes.
IL'évèque ùe Fulda gardait quelque con fiance dans
J]a vertu de ces chartes, et pensait que peut-être la
Diète y trou verait des arguments pour intervcnir,
au nom de l'Allemagne, auprès des petits ÉLaLs qui
vexeraicnt les catholiques. (( Le cri, Ie besoin,
l'exi
Lence de l' Allemagne, écrivaient un peu plus
tard les Feuilles lástol'ico-politiqucs de
lunich,
réclament un droit allenland, une constitu tion alle-
n1ande pour la question religieuse. Régler les
différends qui résultent de cette question, c' est là,
ava.nt tout, une affaire de 1a confédération, nous
dirions nlême, c'est là l'affaire de la confédéra-
tion 3. ))
Iais l{etteler, en -1832, se montra peu favorable
aux propositions de son collègue de F ulda. En mobi-
lisant le corps gcrnlanique pour qu'il se mêlàt de
1. Voir Vel'ing, Lehrbuch des Kirchenrechts, 3 e Mil., po 116-117. (Fribouq;;,
Harder, 1893.)
. Sur Henri ZocpII (180i-tRii),le plus connu d'enlre CUI, ,oil' Georg-Weber,
Heidelberge'- H,-Üme,otmgen, p.
H-23
, el Slrauch dans Weech, l1adische
lJio!l1'aphien, Ill, p.
07-':!i t.
3. 11. P. B. 1854t I, p. 594-5!.1J.
lB - -+ .-
, "." !',. ,.. - - -
J RARY ST. ;.t
à\' j ,-OLL[G[
32
L'ALLE1IAGNE RELIGIEUSE
ses difficultés avec les divers États, l'Église ne le
rhoqupraH-el1e pas dans ]eurs.susccplihilitps, déln
leur vanité? Il selnble que I{etleler épl'ouyail Hr
vague scrupule, un
gêne Dlal définie, à voir le
revendicalions de I'Egiise s'appuyer sur ceUe puis-
sance de réaction qu'était la Diète et sur Ips argu-
nlents archaïques qu
on nlaniait à Francfort: cc
qui se passait en Prusse, où les droits de l'Églisc
s'étayaient, en fait, sur les idées et sur ICE
maxinles de 18.1.8, oITrait assurément de plus sllreE
garanties d'aycnÎr. Deux ans plus tard, lorsque en
Bade la crise religiense sera aiguë, et lorsque I{et-
tcler désespérera d'agir sur l'État badois, il repren-
dra un instant l'idée d'une démarche auprès de la
Diète 1, mais, finalcn1ent, cette démarche n 'aura
pas lieu.
Au demeurant, cette Diète auguste, queUes
('spérances ménageait-elle ?
Quatre cours catholiqucs y étaient représentées,
et pas une de plus; et l'historien Bæhmer, qui
vivait à Francfort ef savait observer, avaitune ori-
ginale façon de les définir : (( L'l\utriche, disait-il,
ne fait que parler, mais elle n'agit pas hors de son
territoire; ce qui manque à ] a Ba vière, c' est de
vouloir; ce qui nlanque à la Saxe, c' csl de pouvoir,
et Liechtenstein est trop petit 2. ))
I. prudf, f(etlclcl" I, p. 3GO. - En 186G encore, dans une brochure: Die ncue
.lc7'a in JJall('n, Ie prince d'Isenburg- considérera comme justifìée el comme
néces<;aire unc intervcnlion en Bade du Deutscher Bund. (Theologisches Lite.
mtw'blatt, 1866, po 53-5\.)
20 Janssen t Boehrner$ Leben ulld Bdefe t nIt p. 155 (lettre du 17 sep-
tembre 18;>').
L 'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 33
C'est ainsi qu'évoluait, sur l'en1phatique scènc
politique de Francfort, Ie quadrillp des souveraine-
tés catholiques; la question religieuse, d'ailleurs)
les préoccupait assez peu. Eussent-elles élé tentécs
ùe s'en occuper, on aurait vu non1bre de diplon1ates,
que la minime importance de leurs États semblait
de stiner à faire tapisserie, s'insurger tout de suite
contre l'idée de tolérance au non1 mème des
maxinles de politique religieuse auxquelles les
petits princes protestants de l' Allen1agnc den1eu-
raient tenacement attachés.
Le prince de Lippe Detmold jusqu"en 18G4 t,
lc prince de Waldeckjusqu'cn t86t 2, exigèrentque
leurs sujets catholiques fussent considérés de droit
con1me les ouaillcs du pasteur protestant, fonc-
lionnail'e liturgique officiellempnt préposé à la
direction des consciences par la volonté de l'Élat
souverain; et de mên1C à Gotha, jusqu'en 1868, Ie
prètre qui n1ariaiL ou qui enterrait était redevable
d'une taxe au pasteur proteslant 3. En
lecklem-
bourg, la législation relative aux catholiques alla
mÔme s'aggravant : en t857, Ie nombre des cin1e-
tières où des prètres catholiques purent faire
fonctÏon d' offìciants, fut réduit à deux; en tHö3,
i] fut défendu à tout protestant de sp conver-
f. Bcili'ae[/e zwn ]JrcussiscÍten und deutschen Airchenrechle, po 82-84- ({idit.
llu !) mars is;),}). - Vering, up. cit., p. 201-::!03. - Freisell, ,S'tllat und llall'u-
Lische K.i1'che in den dculsclu;nBulldesstaaten. Teil I (Stuttgart, Enle, 190G).
2. Archiv tür Katholisches KÙ'chem"echt, 1863, IX, p. 18-26 (ordonnance
du U mars 18()!). - Vering, opo cit., p. i03-20.}.
3. A7'chiv {ÜI' KatllOhsches lÚrchcm'echt, 1882, XL VII, p. 3
J -3
3 (ordon-
nance du 14 dr-ccmhre 1.
6
). - V('rin
. 0]). cito, po 2t4-
Itì.
i..
3
3q.
1..' AL1
El\IAGNE RELIGJEUSE
lir au ca tholicisme sans a verli r Ie pouyoir civil 1,
Ainsi, tandis quP }p grand. État protestant de
I'Allemagne, sous lïnlPulsion de Frédéric-Guil-
laume IV, avait cessp de refuser aux catholiquc
justice et liberté, les petits États maintenaienl
Ie réseau de leurs prohibitions et parfois nlênle [e
resserraieuL; on eût dit qu'ils se consolaient du
peu de place qu'ils tena ient sur terre en prcnant
desairsdïmportancevis-à-visdu ciel; et leursrcprr-
sentants, accoutunlés à parler bas lorsqu'il s'agis-
sait de poliLiqup, étaient tout prêts, contrc les catho-
liqucs, à fait.c l'essai d'un verbe plus aJtier. Leur
tracassel'ies contre Ie catholicisnle leur donllaie1l1
rillusion que Ips idées de 1848 n'avaient pas fran-
chi Ia barrièr(\ de ]eurs douanes; leur tyrannic en
matière religieuse étaÏl une façon de jOllcr à 1'0111-
llipotence et Jc se persuader eux-nlt'nles que, plu
forts que l'empereur ù'.Autriche, plus forts que Ie
roi de Prusse, iIs (
taient i nUllunisés cont.re la con-
tagion nocive des principes cle liberté.
Us savaient d 'ailleurs que rexen1ple de ]a Prussc
ne pesait nullement sureux comme une contraintc.
eL qu'au contraire, dans la personne de Bisnlarck.
la Jiplonlatie prussienne à Francfort se mcttait all
service du protestantisn1e. Si pour leur faire honL(
on leur alléguait Ie lihéralisme de ]a Prusse, ih
pouvaient riposter - et la riposte {-tait gênantc
1. Leskel', .A ItS J[pcklenúuJ'g's rugangenhcit, p. 108-110. (RaLisbonne
('l1'ìleL, 1880). - cr. A1'chit" 18Gt. p. 4Gl-4G\, ct, sur uue poliLique analogm
en Bruusclmic
. Archin, 1870, I, p. 2i-6-2i
L Voir. sur les enlraves opposéef
par Ies peLiL,> Etats à la lihre cil'culalion des prèlrf's catholiqups. Bella Webcr
C ai't(JUs, p. 40G-408.
L 'ÉGLISE nA
S LA PROVINCE DU H \UT-HHIN 35
- que leur esprit d'exclusivisnle trouvait à la Dièle
un avocat, et que cet avocat était Ie représentan t
de la Pl'llSse.
Un féodal d
l\Iecklelnbourg-Sch,verin, Ie baron
de J(ettenburg, s' était en 1852 converti au catho-
licisl11e avec ]es siens, et, pour satisfaire aux exi-
gences de sa. foi nouvelle, it avait fait venir dans
son domaine un jeune prêtre, l'abbé I-Iolzamiller i .
Le cabinet de Sch\verin s'inquiéta, repoussa toutes
lcs explications de I(eHcnburg, le somn1a de COll-
gédier Holzammcr, et fillalen1ent expédia des
genclarn1es qui lléposèrent hors de la frontière,
C0111Ill.e un malfaiteur, cet éLranger coup able de
faire con1mnnier Ie baron de Kettenburg. Le baron
porta plainte it la Dièle; IÏnfluence du comte Thun,
qui rCpl'éSclltait alors l'Autriche it F rancforL, incli-
nait heancoup de pléllipotenliaires
l blàmer 1'a1'-
bilrail'e dll l\leck]clnbourg. l\Ltis aussitõt survinl,
pour soutenir l' absoIlltisme du petit État protestant,
Ie futur chancelier de Bismarck: il écrivit à son
n1Ïnistre 1\Ianteuffel qll'en présence de !'esprit
agressif qui aninlait une partie du clergé cathoJique,
Ie gouverneUlent prussien ne devait riell faire pour
les catholiques de
Iecklcn1bourg au delà de ce
qn' exigcait Ie droit Ie plus strict 2. Ce fut Bismarck
qui fit déc]arer par la Dièle qu'avant d'émettre un
L Voir notre tome In. p. tg;l, ct Lesker, Au.s J.1Jecklen
w'9's rergangen-
heil, p. tOG-I08. Tous les documents sont donnés dans Linde, Gleich
erechti-
'lung del' Augsbul'f/ìsclwn Conlcssion mil der J(alholiscltcn Ileligion in
Deutschlnnd 1wch den Grund.soet::en des Reiches, des lilteinllwides w/Cl dcs
/Jcutscltcn Bundes (l\Ia) cnce, Kirchheim, 1833}0
o L;ismal'd, Lcllre.'$ jluliti'lw;s, 1'0 124-12;;.
36
L' ALLE)lAGNE RELIGIEUSE
vote, les plénipotentiaires devaient prendre les
instructions de leurs gouvernements; ct co fut it
la suite de ses multiples démarches que la Diètc,
Ie 9 juin 1.853, éconduisit défìnitivcmenL par une
déclaration d Ïncompélence la plainte du baron de
I{ettenburg 1. Elle justifìait ainsi Ie jugement
sévère que porteront plus Lard sur elle les Reichens-
perger lorsqu'ils lui reprocheront d'avoir plulôt
fait æuvre policière qu'acle de défense du droit:!.
Si les évêqucs de la province ecclésiastique du
Haut-Rhin avaienl gardé quclque illusion sur les
dispositions religieuscs de la Diète, ce vote cûl
suffi pour les éclairer : on ne pou vait deluander à
la Diètc d'intervenir afin que l'Église fût libre en
Bade, puisqu'clle se refusait à dire un mot pour
que la messc elle-nlêmc, la nlesse toute seule, fÙt
libre en l\lecklembourg ; f\t ]e char fédéral que la
Prusse lirait en avant, que l'Autriche tirait en
arrièrc, élait trop écartelé, trop enlpêtré, trop ern-
bourbé, pour que l'Église pût utilement se con fieI'
à lui. Vicari, métropolitain de Fribourg, respon-
sable, vis-à-vis du Pape et de Dieu, de son arche-
vêché el des quatre évêchés suffragants, avait
raison de ne pas trop compter sur l'aide dc l' Allc-
mag-ne. Dne publication récente nous a fait con-
naître des corrcspondances qui s'échangeaienl vers
cctto époque entrc l\Ianteuffel, prenlier minislrc
prussien, et Ie roi de W urtemberg : lous deux insis-
taient sur la solidarité des (( rois évangéliques,
1. Poschingcr, Preussen im Bundestag, I, p, :'16 et 2:a-2
3 ; IV, p, 127.
2. Pastor, Tleichensperge1', 1, p. 4tJ.
L'f:GLISE DANS LA PROVINCE ÐU HAUT-RHIN 37
qui sont les légiliules défrnseurs de l'Égl iso pro-
tr
Lal}tc, contre sos infatigaLles enncrnis 1 )).
\-r
Hernlann de Vicari ne conlptait que sur lui-
11lême et sur Dictl. II avait alors quatre-vingts ans
sonnés. L'année 1773, OÙ Ie Saint-Siège humilié
sacrifia les Jésuites à l'absolutisme princier, avait
vu naîtrc les deux prélats qui devaient, en Allc-
magne, porter à cet absolutisme des coups décisifs:
Droste-Vischering, émancipateur de l'Église rhé-
nane, et \Ticari, émancipateur de rÉglise badoise.
Tout jeune, Vicari avait élé installé par Dalberg
dans Jes bureaux de la chancellerie épiscopale de
Constance; il y avait là un autre ecclésiastiquc,
qui s'appelait \Vessenbcrg, et qui étaÏt, on s'en
souvient, run des plus redoutahles adversaires du
(( romanisme 2 >>. A yec Ie temps, les deux auxi-
liaires de Dalberg avaient pris des routes SillgU-
lièrcment divergentes; et, tandis que \Vessenberg
consolait l'amertun1e de sa retraite en aidanl dc
sa science et de sa plume les mouvements réfor-
mistes dont s'inquiéiail L'Église, Vicari, à Fl'ibourg,
sous l'épiscopat de l'archevêque Demeter, avait
mis quelque virilité à défendre les maximes
1. Poschinger, Deutsche Revue, 1906, I, p. 135-140 (leUre
des 4, t t ct
17 scptembre 185
). Cf. nolre tome Ill, p. 18.
. Sur W"ssenberg, voir notrc tome I, p. 1l!)-139, Sur 1e::; rapport.. de Vicari
an
c W('5senbt>rg, vail' Lauer, opo cit., po t8s, no L
38
L 'ALL}<'
L\GNE UELIGIEUSE
ronlaines dans l' épineuse qu.estion des mal'iagcs
nlixtps 1. On ]'eûl fo!'t étonné, cependant, si on lui
f\Ílt révélp qu.à rÙge où 10 commun des homm
s
se prépare à la nlort, iljouerait Ie rôle ùe confesseul-
de la foi. C'était un prêtre pieux, d'humeur douce,
prompt aux élans de gaieté, plus prompt encore
aux éJans de charité. Sa bonté n'avait aucunes
hornes, sa bonhomie n'avait aucnns dessous.
II y eut quelque énl0i dans les ministères et
quelque frisson dans les consciences lorsque ce
vieu
prélat, Ie 16 juillet 1853, signifia paisible-
nlcnt au gouveI'nem(\nt hadois les désobéissnnccs
que ]cs évèques étaient tout prêls à commettre. La
] isle pn était longue: ils poul'voiraient cux-nlt
nlCS
Jes cures, ils punil'aient d'exconlDlunicalion tout
appel comnle d'abus porté contre un jngement
ecclésiastiquc, ils ne toléreraient la présence d'au-
cun commissaire d' Étal, ni à l' examen des sémi-
naristcs, ni aux élections capitulaires; ils fonde-
raicnt à leur gré des séminaires et les dirigeraient
l leur gré; ils publieraient les huIles papales sans
demander licence aux burcaucrates
. L'historien
I-Iurter, peu de jours après, visitait l'archevêque,
qu'il n"avail pas vu depuis 1846. {( Après sept
ans, notait-i1, Vicari m 'est apparu plus jeune,
i. Sur Ie passé de Hermann Joseph (}e \Ïeari (lií3-18Gi), voÍ1' J\Iaas, Ope eil.,
p. 121-1320 - Marlin, révèrjtle de Paderborn, obscrve que Ics adversaires de
Vicari lui rcprochaicnl fréqucmmenl d'avoir profc
sé, a\anL bon élévation à
)'{>piscopat, dOautrcs concevlions bur lcs rapports de rf:g.li!',e e1 de rf:Lal
(Stamm, CO/ll"nd Jla"l'tin, p. '247, PadCl'bOrn, JUllfermann, lSO!}o :Mais l<'s par-
tisans de Vicari aIléguaicnl alOlos, conlre ce rcproche, sa conduile en 1839,
so us }'{'piscopaL de Demeter, dans I'affaire des mariagcs mixles (Weech, Badischc
JJio{J1'Uphien, 11, p. 39U. - l\Iaas, op. cil., p. l()
-t 1l).
2. :\laas, Ope cil., po 23G-23í.
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAU r"'RHI
39
plus remuant, plus frais, plus gai.
Ies amis disent,
en général, que c'est un vrai miracle, que ce
rajeunisscmel1t depuis qu'il a rejeté tontes
chaînes 1. >>
i.\. peu près en mêlne temps, dans Ie grand-
duché de Nassau, Blum, évêquc de Lilnburg,
non1ma, de sa proprc autorité, huit CUl'és 2 ; el de son
côté, Lipp, évêque d(' Rottenbnrg, défendil à ses
clercs de prcndr(' part auxexanlens qll'avai t institués
l'État pour la collation des cures, lrancha des cas
disciplinail
cs sans en référer à l'organisme bureau-
cratique qui s'intitulait (( conseil d'Église )) (I(Ù'-
cheJu.at), et fit des remontrances aux deux prê-
tres qui s'altardaient à y siéger 3. (Juant à KeUeler,
il mettail au concours, tout de suite, quelques
cures vacantes, et prétendait demeurer Jidèle aux
habitudes d'indépendance que, dès son avènement
au siège de l\Iayence, il avait fièrement affectées,
sons les regards plus surpris qu'hostiles du cabinet
de Darmstadt j..
A ces faits nouveaux il fallait opposer une poli-
tique nouyelle; et, sur ce point, les bureaucraties
commençaient à n'être plus d'accord. Elles s'en-
tendaient mieux pour élahorer certaines déclara-
tions que pour concerter une action. En Hesse, en
\Vurtemberg, on cherchait des expédients pour
pL'évenir la Iuite religieuse; en Baue, en Nassau,
1. Heinrich lIurler, Rudel' 'l.md scilte Zeit, II, p. 321.
::!. Brueck, ope cit.. p. 3n. - Blum fut év
quc dc 1842 à 1884.
3. Dl'ueck, Ope cit., p. 3tJ:!-363.
4-. Yoir Sf'S lcUres au ministre Dalwigk (jllillet 1853) et à Vicari (nov
mbrc
1'353) dans Pfuelf, Kettelcl', I, p. 350-3530
40
'/ALLE.l\fAGNE RELIGIEUSE
on semblait avoir hâte de l'accéIérer. L'État badois
avait installé à Carlsruhe un conscil supéricur
d'Église chargé de pourvoir les cures vacanles et
dïnfliger à l'archevêque, de temps à autre, les
remontrances jugées nécessaires 1. A plusieurs
reprises, dans l'été de 1.853, Vicari somma les
membres de ce conseil, ecclésiastiques ou laïques,
sous peine d'excommunication, de ne plus accep-
ter celte besogne ; il trouvait bizarre, surtout, que
de simples prêtres lui fissent la leçon de la part du
grand-dÚc. Pour en finir, il présida lui-même, Ie
5 septembre, en l'absence de tout commissaire
gouvernemental, l' examen des candidats au grand
séminaire, et nonlma, de sa propre autorité, un
curé à Constance; et puis, Ie 20 octobre, il laissa
quatorze jours de délai aux membres du conseiJ
supérieur pour vcnir à résipiscence ou sorlir de
l'Église 2. CarIsruhc releva Ie défi : Ie 29 octobre,
un haut fonctionnaire, Stengel, survint à Fri-
bourg, convoqua l'archevêque et Ie chapilre pour
des comnlunications du gouvcrnement. Vicari
resta chez lui. Stengel alaI's, au nom de l'État, fit
visite à I'ÉgIise, dans Ie palais archiépiscopal, pour
la sermonner. II gronda Ie vieillard pour son
indocilité et Ie pria de ne point prononcer l' eXCOffi-
1. Voir dans Weech, Badische Biof}rapltien, V, p. 605-G06, les Iellres (lui
s'échangèrenl entre Ie mini:.lèl'e de Ia justice et Ie haut fonclionnairc Bcrnard-
Auguste Prestinari (1811-18D3), (}c"cnu, Ie 30 juillel 1852, présidenl (}e l'ObCl'-
kircltenrat; cf., p. 6U9, Ia lrès curieusc Ihéorie que profe8sait Prestinari, pour
se refuser, tout catholique quïl fûl, à rccOllll<liLrc au," revendicatious de l'Églisl'
concernant l'autonomie une valeur canoniy.ue et une valeur juridÎllue.
.!. l\Iaas, 0[1. cit., po 238-241.
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RUIN 41
munication projetée 1. Le chapitre de Fribourg, à
la grande déception du gouverncment, rpdigca ']p
3 novembrp uno adressc par laquelle iL s'unissait
à 'Ticari 2. SolennelJemcnt, Ie 5 novcnlhrc, J'ar-
chevêque repoussa Ies exigences de l'État; l'Églisc
ne reculait pas, eL ce que Dieu voudrait ad vien-
drait.
La faiblesse déjouait la force; la nlain trem-
blante de ce vieillard surprenait et gênait rÉtat.
Quarante-huit heures passèrent, et l'Élat s'avisa
d'un expédient pour Ia paralyser. On mit Ie pré-
Iat en une sorte de curatelJe; un commissaire
spécial fut désigné, - il a vait nonl Burger, - qui
devait désormais viser tous les écrits de l'arche-
vêché; ordre était donné aux prêtres de considérer
comnle non avenue toute communication OÙ man-
querait Ie sceau du commissaire; et 1 'État muIti-
pliait les cajoleries et les pronlesses à l' endroit des
ecclésiastiques clociles 3. Vicari laissait dire; il
affectait, dès Ie 11. novembre, de faire de nouvelles
nominations de curés. Les prêtres de sa chancel-
Lerie, coupables d'avoir expédié des actes sans les
faire viser par Burger, furent frappés de fortes
amendes. La riposte fut une sentence d' excom-
munication, lancée contre Burger et contre tous
les membrps du conseil supél'ieur, du haut des
L l\Iaas, op. cit., p. 24:i.
20 .Maas, op. cU., p. 246, n.
; l"adresse a\:ïil élé l'édigée par Hirscher.
3. Maas, op. cit., p. 247-2
8. - L'A.mi de la Relit/ion, du 22 novembl'e 1853,
o. 4
9-432, traùuit !es instruction,> du gouvernement badois au sujct du commis
-aire Bur
er.
42
L' ALLE)lAG
E RELIGIEUSE
chaires de Fribourg et de Carlsruhe J. (( La bonlbc
a éclaté, écrivait à Geissel Ie nonce Viale Prela;
je Ie déplore, nHLÌs je n'ai pas peur. Bade est d'au-
tant plus dans son tort que j'avais offert un
moyen ù' évitcr toutc collision. .l\Iais il senlbl
que
Bade n'a pas voulu; du moins on ne nl'a fait
aucune rrponsc. l\Iaintenant, alca jacta est 2. ))
C'est une ingratt. avcnture pour les fonctioll-
naires qu'unc bagarre avec Ies consciences: ils ne
savent bicnlòl qUfllle contenance prendre en pré-
sence ùes délils qu'ils ont eux-ml'mes créés, définis
et provoquéso Naturellenlent, Burger n'avait pas
signé sa propre exconlnlunicaLion; c' élaÏl donc un
délit que la publication, en chaire, de cette sen-
tence insuffisamment estaln pillée; et les chapelains
de Fribourg eL de Carlsruhe qui s'e11 étaient ren-
dus coupables furent jetés en prison pour six
semaines. C' était un délit, aussi, que la p ublica-
tion, dans toules les paroisses, du nlandemcnt
piscopal du t 1 novembre, où l'archevêque expli-
quait sa conduite. Si les curés se refusaient it Ie
lire, Vicari les suspendait; s'iIs s'y risquaienl,
l'Élat les tl'ainait en jusLice.
Personne à Bade n'avait eu l'audace d'inlprinlCl'
ce document; c'est à l\Iayence qu'il avail élé tiré; ct.
la prohibition systénlatique portée contre Ia prcsse
catholique étrangère gal'antissait tt l'État badois
(!u'aucun de ses sujets ne trouvcrait Ie Illandenlcnl
L l\laas, OJ). eit., p. 2i8-:!-i!.ì. - Voir Ic toxtc de la senlence dans 1'.\11Ii de
in llcligioll, rlu '!i novembrc 1
.J3, p..j:)7-i-58.
. Pfup!r, (;ei
"d, II, p. 2
-i.
L't
GLISE DANS LA PUOVINCE DU HAUl'-RHIN 43
dans un journal. )Iais, Je presbytère en presbytèr.e,
clandestinenlenl expédiées par Ie chapitre, Jes
feuilles volanLes cil'culaient, avec Ie LexLe incrilniné.
Incapable d'avoil' prise sur les curés, c 'est contre
ces feuilIes vo]antcs que Ie lllinistèrc badois
s'acharna. IJ nloLilisa ses gendarmes : les pres-
bytèJ'cs fllrent pcrquisiLionnés; on fouilla quatre
[ois de suite un pass an t, avec espoir de trou vcr
sur lui quclq ues exenlplaires. L'adminisLralion
posLale, aussi, était sur les denLs. lll'avanl gen-
Jarmes et postiers, Ie mandcnlenl parvcnait; Ie
curé nlontait en chail'e, et sciemment conlmeUait
un délit. Sur mille prêlres, dix seulenlent reculè-
eent. Un curé, dans un village de Bade, étaÏt devenu
lveugle. Tl'ois joul's durant, sa vieilIe nlère lui lut
ßt lui relut Ie nlandenlent pour que Ie dimanche
ille sÚt par cæur et qu' en chaire il Ie répétàt\ cl
;i les policiers, à I'aube du dÜnanche, avaient
réussi à saisir jusqu'au dernier exeIllplaire du
texte crinlinel, on l"cût retrouvé, intégral, inef1'a-
able, dans la ménloire de cpt aveu
le, auquel une
vicille fenlnle l'avaii épelé.
Les premiers délinquants furent incarcérés pour
[uatre selnaines : I
uebel, futur doyen d u chapitre,
i lppartint à cette avant-garde
. Et puis, ]e séditieux
I Jélit se renouvelanl dans toules les chaires, I'État
I lut se contenter d'un procès-verbal et d'nne
I
:ullcnde.
1. .Ami de Irt llcliyioll, 17 ùécembl'c 18:;3, p. Ijï-í-G'i.J.
. :\laas, Ope eit., p.
.)3. - SUI' Lolhairc Kuebcl (1823-1881), filii rut plus
ard aùminislraleur ùu diocèse llc Fribourg-, voir Schill, dans Weech, lJadi<;clw
fJi(l,'lI'l7phiclI. IV, p. ':!3f)-2i-!.
44
t' ALLEMAGNE RELIGIEUSE
(( V OUS pouvez faire la lecture ll1aintenant, écri-
vait à un vicairC' iiJuidc un foncOtionnail'e complai-
sant: presque parloul elle a été faite, et la pénalité
<:;cra presqne nulle. )) Alors Ie vicaire pl'enai1
courage, illisait afin d'éviter la suspension, et pui
écrivait au fonctionnaire, pour que la pénalité fû1
complètement nulle : (( J'ai sauté tous les passage
contre Ie gouvernement 1 . )) Dans l'histoire de toute
les persécutions religieuses, on rencontre ces petib
compromis entre les agents et les victimes. Le
hommes poJitiql1es auraient trop de chance s:
leurs vexations ne so heurtaicnt qu'à l'insurrectior
des grandes àmes, qui sont rares; ils sont tenu
en échec, aussi, par la coalition. discrète et passi-
vement résistante de tant d'âmes moyennes, qu
veulent la paix. l\Iais sur Ie devant de la scène, r
]'écart de ce vicaire et de ce fonctionnaire qu
n 'aspiraicnt qu'à faire Ie moins de besogne possiblE
(\t Ie moins de bruit possible, il y avait des prêtref
jaloux de faire tout leur devoir de prêtres, et de
fonctionnaires jaloux de faire tou t leur devoir dt
chrétiens, ct 1 'on voyait ces fonctionnaires refusel
(Ie poursuivre ces prêtres el démissionner.
lIs avaient sons les yeux l'exemple d'un coHègu(
fort apprécié en haui lieu, l'israéli te IIenri l\laas
qui, s'étant converti l'année précédente, étail
passé au service de la chancelleric archiépiscopalc
et qui devait, pendant quarante-trois ans, mettrc
L Maas, 0]). cit., p. I!
O, n. !. - Sur la singnlièrc inégaJiLé dans Ie chiITrl
des amendes prononCí'es contre Jesprêtrcs transgresseurs de I{lloi, voir H. P. Bo,
1S;;
". I, p. llj
-16t}.
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 4ü
au service de l'Église de Fribourg sa belle cxpé-
rience de juriste 1.
La nlesquine persécution qui mettait en llunièrc
rorganisation de l"Église provoquait la désorgani-
sation de l'État. l\fais, dans cctte Église même, ne
pouvait-on réussir à fairo brèchc? Bade chercha,
ceut avoir trouvé; ct Prokesch, qui représen-
tait l' Autriche à Francfort, s'amusa beaucoup de
l'invention. II y avait à Fribourg quelques Jésuitcs
qu'on pria de s'en aIler; nlais on leur faisait
dire, en mênle temps, qu'ils sCl'aient adnlis à res-
ter s'ils voulaient bien blânler un seul des actes
de Vicari 2. Herait-ce pour rassurer leur propre
conscience, ou pour embrouille!' celles des fidèles,
que les honlmes d'État, parfois, s'essaient à mettrl'
en collision séculiers Oet réguliers? Les J ésuites
ainlèrent mieux déserter Fribourg que de déserter
la cause de l'archevêque 3 ; derrière Vicari, l'Églisc
étaiL une. Lo jour nlême où son mandenlent dé-
lictueux avait été Iu dans les chaires, on avait
vu s'agenouiller, à Saint-l\lartin de Fribourg,
un des historiens les plus connus de I' Allemagne
d'alors, Ie protestant Gfroerer, que sa biographie
de Grégoire VII avait rendu c61èbre l
. II semblait
1. Sur Hcnri )]aa
(182li-ISg5), voir Kreuzer, ùans Weech, LJadischc Biogm
phicn, V, po 534,-538, et H.osenlhal, [{ollve1.titcnbilder, I, 3, p. 7-8.
2. .Aus (len BI'ic{Cll dc.y Gra{en I'l'okcsch, p. 330 (leUrc du 3t déccmLr'c
1853).
3. Sur leur expulsion, voir l\laas, op. ciio, p. 2;jl-
52.
4. Rosenlhal, ]{onvertitenbildcJ', I, 3, p. 134. - Grnelill, dans Weech, Ope cil.,
1, p. 304. Gfroercr dcvillt l'hûlc quolidien de Vicari. - Sur Ie Gj'égoire V 11
de Gfroercr, voir Katholik. lSG2, n. p. 19
-2
tì; - H. P. B., 18GI, I, p.
3-
59 ct 1863, I, p. 98-114; - cl Alb('rdin
l ThiJm. Rt'vw' catholilJw' cZr LOUl'ain,
ISG I, p. ;)35-544.
46
1:_\LLE
IAGNE RELIGIEUSE
qu'au nom du passé Gfroerer ip.tervint dans cetlc
nouvelle qucrel]e des investitures; il se faisail
cntholiquc. se rang{lait nux cûtés de Vicari; en sa
personnc. on eÍlt. elit qU{l Jp nloycn âge lui-n1t
nlr,
dont il connaissait si bien les argunlents ct le
textes, vint à la rescousse des cournnts émancipa-
teurs déchaînés par l'année .184R, Ü la rescousse
UU principe forn1p] de l'autonomif' dps Églises,
voté par Ie défunt parlenlcnt de Francfort, cL
revendiqué plH
l'archpvêque 'Ticari.
Il convenail que cc principe fÚt cxpliqué dans
toutes les chairrs. Le 14 décembre, l'archevêque
invita ses prètres à COlllnlcnter Ü ]eurs fidè]es,
dans quatre prédications successives, Ie l\J émoire
des évêqucs de]a province, où les griefs de rÉglise
étaient calalogués et défendlls f : ]es curés qui s'y
rr f lIsèrent f uren t suspendus. et Ie chan oine Ha i7,
Lrop complaisant pour Ie gouvernement, fut l'évo-
qué de toutes ses fonctions à l'archevêché 2 . A
l'épreuve, l'Ittat badois ne savait queUe conlpen-
sation donner aux ecclésiastiques frappés par
'Ticari. Quel nlagistrat et qupl préfet pouvait rcndrc
]a paix à ces :lmes sacerdotalps? Les proll1csses de
Ja hureaucratie semblaient faire faillite, tout conlme
ses menaces. Les prêtres qu' cUe a vait induits en
lcntation n'avaient que faire de ses récon1penscs,
{l t ceux qu' (>] Ie incal'cérai L ne se sen tai en t n u llcnlen t
1. l\laas, op. cil., p. 2;,3-2,')4.
. l\1ans, Ope cit., p. 2,)1. - Sur Ie chauoinc Fiùclis Haiz (1801-1872). voiJ'
Weech, Ope rit., I, p. 327-3
9. - Le "ieu
Wessenberg, toujours (;lalislC',
déplorail ceLtc dis;.::råcc de Haiz dans HIIC lcllrc it Burkard l.eu, prév(iL de
LUCCl'llC 'IJCl'Log, Stil'l8jJ/'U)1St JU8cf lJu/'klll'll Leu, 11. íÜI.
L'ÉGLISF. DANS I.A PROVINCE nu HAUT-RUIN 47
unendðs par
cs pUllitions. Vingt années aupa
a-
vant, s'il faut (\n croirc T(eUclcr, une partie des
prêtres badois était (( asscz IH
(1S tip l'apostasic 1 )) ;
leur Hdé1it{< nU1intenant, snrvivail à la plus grav(\
des épreuves.
Eussent-ils d(}failli, leur peupJe les eÙt redres-
srs. Ces paysans dr Rnrle, qu'on avait vus naguère
5'en aIleI' en ,c\lsace pour enLendre des sern1ons 2 ,
et qui, par nlilJirrs, portaient au pèlerinage (1(\
'Vallduern, on hipn à ceilli de Saint-Romain, lr
ll'ihut ùe leurs dt;votions, él.aicnl denlcurés croyants
sous Ia houlette de curés incl'oyanls; leurs fêtes
rcligieuses localcs 3 avaient cntretenu leur foi
durant I'ingrate période oÙ beaucoup de leurs
pastenrs semblaient s'en désinté)'csscr. Au 2 dé-
celnLrc de chaque année, un paysan coslunlé
CODllne un évêquc, et qui syrnbolisait saint Nicu-
las, faisail Ie Lour du hameau pour Yérifier si les
cnfanLs savaient Lien lire, Lien écrire, eL si Ie
nlorceau de bois sur lequrl ils donnaienl un coup
de canif chaqu(\ fois qu'ils disaienl. un Pater était
suffìsanllnent ceibl0 de pieuses cncoches
. Les
presbytrres avaient pu traverser une crise de liber-
tinage. mais les ehaumières étaient den1curées
piruscs. Dans la partie qu'il engageait contre
I'État, Vicari pouvait conlptpr, rn toute sécul'ib\
10 l'fuclf, 11.l'llt'lcl', 11, po 233.
20 Hurter, lhu,ter unci scine Zeit, II, p. 19ï.
:L E. II. Meyer, B(/d-isches rolksleben iu XIX Ja/lrhulI(lc1'l, p. ::;;H-J
G.
40 Joseph B:Lfkr, lJ(((lisc/,,; .VolkssitlclI ?tlld T,'achlclI (Carlsl'Uhe, lÚl1Isf,.cl'-
/(/(/, 18
3).
48
L'ALLEMAGNE RELIGIEUSE
que la fcrveur même du peuple ]ui garantirait la
docilitf\ des prètrcs. (( Reporlc-loi par la pensée à
dix ans en arrière, pcrivait Auguste Reichensper-
gel' à son ami Steinle; qui aurait pu se figurer que
la province ùu Haut-Rhin oserait une lelle levée dp
boucliers 1 ? ))
Les deux parLis luttaient à coups de brochures.
L'une s'intitulait : (( Catholiques, prenez garde 2 ! ))
la policc la traquait jusque dans les domicilcs
privés, nuÚs n'en put découvrir rauteur. L'Étaf
fit publier une riposte, qu'on répandait à profu-
sion: l'archevêque y était accusé d' (( errcur dog-
nlatique et d'exciter les sujels à la violation de
leurs serments :3 )). L'État, maître du choix de ses
armes, émoussait on confisquait, lorsqu'il Ie pou-
vait, les armes de l'Églisc. Le FrankfuJ'ter Journal
{\xprimait respoir que certaines conlmunes du
grand-duché allaient s' évader du confiit en passant
au protestantisnlc .; nlais la veuve du poète catho-
lique Schlosser, d'abord inquit\le ùe ces pronostics,
(
cri vail bientôt, scrcine et rassurép : (( L' espoir du
gouvernement badois, qui dicte toute sa politique,
fcspoir de conversions en masse, ne se réalise cer-
taincmcn t pas;;. ))
(Ju'impol'tait ù'ailleul's J'opinioll publique ba-
1.
lcinle, Bl'icfwcchscl, 11, po 30!) (lettre de Reichensperger du 24, jau-
'Icr 1854,).
:!. lí.alholìsche, passt auf! Cetle brochure élait d' Henri l\iaas (Weecb, /Ja-
(/ ische /liOf/l>aphìcn, V, p. 534-;'38).
;'. Maas, 0(1. cit., p. 2.j4,.
4. Beda Weber, Cartons, p. 511.
';0 PfuelC, (;eÙ
8l1, 11, p, 2
.- Sur Sophie Schlo:;:;cr, voir notre tome III, po "XI.
,
L EGLISE DANS LA PROVINCE ÐU HAUT-RHIN -í9
doise? Le bruit fail à Fl'ibourg avait d'immenses
échos : les condamllations par contumace, par
lesquelles les tribunaux haJois châtiaient les cri-
tiques des journalistes étrangers 1, n'avaient d'antre
vertu que de faire sourire. La calholicilé tout
entière prenait partie Pie IX, dans une allocution
consistoriale, rendait hommage à Vicari l\t lui
criail courage 2. Geissel, archevêque de Cologne,
était cOllfiant dans l'issuc : (( Dc même, écrivait-il,
qu 'en 1H4.1 les troub]es de Cologne ont tranché
pour toutc rAllemagne la question des Inariages
,nixtes, de mème, d'un coup, Ie contlit de Fribourg
Jranchera toute une sél'ie de questions plus ou
noins discutées relativement an droit des évêques
lans les divers pays 3. )) Diep enbrock, prince-
vêque de Bre::;lau, offraÏl à son collègue de Fribourg
a moitié de seS revenus .. Kelteler préparail une
nlportante brochure sur Ie droit de l'Église en
\.llemagne; e'était son premier écril d'évèque : il
T remontrait que les droits souverains revendiqués
.ar Ie grand-due de Bade n'étaient que l'applica-
ion à l'Église catholique des prérogativcs possé-
ées par Ie SllnZmllS cpiSCOpllS dans l'Église réformée,
t que c'en était fait de la constitution du catholi-
isme, si Vicari cédait
.
1. Pfuclf, Geissel, 11, p.
29.
o Maas, Ope cit., p. 255.
3. Pfuelf, Gcissel, II, p. J28-230. (( II est bieu, écrivaiL à Geissel Ie nonce
iale Prela, Ie if janvier 1854, que ce soit Ie successcur de Clément-Auguste
Ii ait Ie premier éIevé Ia voh... " (Pfuclf, Geis8cl, II, po 22ô).
40 Maas, Ope cit., p.
5
, n. 4.
5. lJas Ilecht und ðer Ileclttschut: dcY' JÚltllOlischP1
Kirchc in [)euft:ch-
IV.
.i,
50
,,' ALLEIUAGNE REtlGIEUSE
Dup
nlonp faisait traduirc, pour son diocèse
d'Orléans, lcs 6crits pastoraux de Vicari; rAn1i de
la Reli,qion, ]' U11ivers, lançaient des collectes pour
les prêlres badois, pt Bismarck s'inqniélait à [(1
dii\tc de Francfort en voyant Ie cl ergé français
prendre en main la cause de I'archevêque 1. Riancey
proclamait, dans Ie COlTe.t;;pondant, que la souve-
raineté badoise se mettait au ban de l'Europe civi-
lisée 2. 1\tlontalembert, envoy ant son offrande pour
la souscription de rAn1Ï de la Religion, qu'il consi-
dérait comme (( un nouveau gage de la fraternité
des peuplcs catholi ques :l )), expliquait la portée dll
confli t.
Ailleurs, disait-il, on a combattu pour un droit partie],
pour une liberté spéciale, pour un fragment de la vérité
rci, c'est le droit tüut entier de l'Église qui est en .leu: leE
pvêques et le clergé du Haut-Rhin combattent pour mainte-
nir tout r ensemble des lois ecclésiastiques contre un pou.
voir qui prétend ouvertement faire gouverner les âlnes pm
des mains laïques. Sachons donc tendre une main frater-
nelle à ces prêtres allemands, que l'on emprisonne et que
I'on dépouille parce quïls croient plus à l'infaillibilité df
I'Église qu'à celle de la bureaucratie.
Pour rcmercier 1(' Pape,les évêques, les laïqueE
du monde entier, 'Ticari trouvaÏt d'éloquentes effu-
sions. Son imagination s'exaltait; il voyait grand;'
land, mil besondcrer Ruecksichl auf die F01'dcrungen des Obe?'rhcinische1
Episkopatcs und den (fPfleml'ap.rtigen ki1'cMichcn Conflict (l\Iayellce, Kirch
hcim, 1854).
1. Bismarck, Cor1'esp0l1d r lnce dìplo1n'ltique, I, p. 200 (letlrc du
W novembrl
1853).
. Corresponda.nt,
5 d
ccmbre 1853, p. "'4
0
:L Ami de la lleligiol l , tl'f décembre 1853, po 521
20 - )Iontalpmbprl
(ß'uv1'es, V, p. ,"!?1}-241.
L'
GLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 5f
il était Ie Thomas Beckel de rðpoquc. comme
l"écrivait birntãt 1e Pllhliciste Buss dans sa hio-
raphie de l'archevt'que nlal'(yr de Cantol'héry 1. II
lvait des mols, f-les cds, que Doellinger nc pouvait
lire sans pleurer 2. II saluait, d'un Leau geslc de
econnaissance. cette (( sorte de concile æcuménique
dispersé par Ie monde et qui jugeait sa cause 3 )).
Jusqu'en Australie, Ie nom de Vicari avail Ie don
l' émouvoie les âmes Iointaines 4, et Ie vieillard
,'étonnait, au déclin d'une longue carrière saceJ'-
lotale, d'être ainsi devenn subitement Ie héros
l'un drame auquel s'inléressaient en tous lieux les
onsciences fipres.
Car, à leur tour, certaines voix protestantes Iui
)ortaientleur hommage. Dans la Gazette de la Croix,
rnest-Louis de Gerlach, à la grande colère de
3ismarck, s' enthousiasmait pour Ie langage de
licari, Þ'qui (( rappelait les anciens évêqucs, les
Lpôtres )), qui (( répandait les bénédictions et Ie
ouff1e de l'Esprit ;;... )) L'historien protestant Leo 6
)rophétisait que Ia bureaucratie serait vaincue :
Nous autres protestants, déclarait-il, nous pou-
rons bien aujourd'hui rendre grâces à l'héroïsmp de
en Mgr de Droste, qui nous a appris à trailer les
1. Buss, Ðer heilige Thomas EI'::;bischof von Cante1'bw'y (l\Iayence, Kupfer-
erg-, 1856)0 - C01'respoudant, janvier 1856, p. 547-555.
2. Friedrich, Ðoelliw/e7', Ill, p. 135. - Doellinger, cependant, qui commeu-
\it d'être indisposé contre \' (( ultramontanisme )', se rcfusa, malgré Ja prière
e Vicari, à écrire un article sur J(' conflit badois.
3. l\Iaas, Ope cit., p. 256, n. 1.
4. l\'Iaas, op. cit., p. 254.
5. Ernst Ludwig v. Gerlach, Aufzeichnungen, II, p. 182-1R3.
6. Sur Leo (1799-1878), voir notre tome II, p. 227.
5:!
L' ALLEl\lAGNE RELIG-IEUSE
afIail'l"'s eeclésiastiques auxque.lles nou::; n' cnten-
dions rien 1. ))
DrosLr-Vischpring et Vicari, confesseurs de l'in-
dépendance catholique, devenaient des parangons et
presque des héros, pour certains protestants qui
considéraient Ie joug épiscopal du souveraill
laïque comme incompatible avec l'épanouissemenL
des Églises réformées. La parole de Vicari, rcpre-
nail Ernest-Louis de Gerlach, (( produit une impres-
sion de réveil bien au delà des frontières de
l'Église ROD1aine 2 )). Dans cette Allemagne OÙ,
trois siècles durant, l'État avait traité les surin-
tendants évangéliques comme des préfets spi-
rituels, des hommes tels que Leo, teis qu'Ernest-
Louis de Gerlach, savaient gré à DrosLe d'avoir
revélé et à Vicari d'avoir répété que les affaires de
l'Église ne regardaient que I'Église, et pe,u s'en fal.
lait qu'iIs n' enviassent cette confession Romaine
où deux voix s'étaient élevées pour revendiquer Ie I
principe essentiellement chréLien de la distinction
des deux pouvoirs, 8i étrangement méconnu par le
souverainetés protestantes du Corps gernlanique.
Il est permis de croire que, pour la bureaucra-
tic badoise, les rumeurs de fa diplomatie avaien1
plus d'importance encore que les tressaillemenh.
des âmes. On annonçait comme possibies de
représentations de ]a France, qui avail même,
1. Cilé dans l'Ami de la Religi01I,
2 décembre 1853, p. 719. - II n'était pa!
jusqu'à la Ga:;ette de Cologne, qui, après un enLrelien de Geissel avec son di.
reclpl1r, ne devinl moins hostile à Vicari (PfuelC, Geissel, II, p. 227).
2. Ernsll.1Hlwig von (;crla.:h, Auf:;eìch'Lwlf/cn, II, po 18
-183.
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 53
paraîl-i], oífert ses bons offices de médiatrice 1. qn
annonçait comme probablcs des représentations
jc l' Aulriche, et l'on pouvait se demander si déjà
François-Joseph Y pl'éludail, lorsqu'il adressait aux
prêtres du grancl-duché, publiquement, Ie n10ntant
:les amendes auxquelles ils étaicnt condamnés 2.
L'agitation religieuse resserrait Ies liens entre
Vienne et certaines populations catholiques du
rand-duché, jadis sujetLes des Habsbourgs; ellcs
;'accoutun1aient à regardcr avec envie l'Empirc
l'Autriche. Le cabinet de Vienne" de son côté,
Ilsinuait fréquen1ment au cabinet de Carlsruhe
{u'on pouyait lui ùenlandcr son entremise diplo-
natique pour I'apaisen1ent des âmes badoises. Le
ninistrc badois
Ieysenbug, en n1ission à Vienne,
;bauchait déjàquclques enlrctiens sérieux avec
Iet-
ernich, ainsi q u'avec Viale Prela, nonce du Pape 3 .
Tiale Prela élait tout prêL à les poursuivre, et Ie
oncours de la diplomatie autrichienne en apla-
lÏraÍ tIes difficu] tés ou en abrégerait les longueurs..
Iais conlnlC apparemment il déplaisait au n1inis-
t. .\us delt lJ1'Ìcfell de.
GI'afC/l l'I'okcsch, p. 346-H7 (lcUrc du 18 no-
embre 18J3).
2. l\laas, Ope cito, p. 2Jlì, - Le Pi'ivatdoccnt Jean-Baptiste Weiss
1820-1809),
'ivé dc son traitemcnt pour avoir écrit un article cn faveur de l'archevêque
ms la FI'eibw'{Jcl' Z citUil{J, et condamné en suite à huit jour's dc prison pOllr
1 articlc contre le foncl iounal'isme badois, fut finalcment appelé cn Aulriche,
l'univcl'silé de Gratz \ Carl \V ciss daus Wecch, JJarlische llio{Ji'O phien, V,
. 803-812).
3. Pfuplf, (;eisscl
II, p. 231. -
ur Guillaume Eli\ alicr dc i\1eyse111Jllg (1813-
'Ìlili), voir Weech, lJadische }]ioflrnphiclI, II, p. 78-80. - Sur Viale 1'rela,
:. notre tome Ill, po 23J, n. 1.
. Yoir dans ..1us dcn JJríefciI dcs Gi'afen, Pi'okcsch, po 3-16-347, la leUrc
Ll"écrivait, Ie 18 novemLre 1853, Proke"ch Ostcn, représcnLant de rAutrichp ;\
ram'fort, à PII i1ippsh('r
, ([ui la rppr('spnlai I à Carl
rl1h('"
54
L '
\LLEl\IAGNE RELIGIEUSE
tère hadois de s'engagcr dans une voie où il aurait
pu paraître Ie satellite de Vienne, les pourparlers
avec Viale Prela ne furent rien de plus qu 'une
préparation du terrain, et c'est par l'enlremi:-se
de I\:.etteler, évêque de lVIayence \ qu'une entente
s' élabora, brusquement, entre Ie prince-régent ot
'Ticari. Bisn1arck, alors délégué de la Prusse à la
dit\te de Francfort, avait quelques semaines au-
paravan t accusé fort a ventureusen1en t KetteJ er
d'écrire de sa propre main tous les brouillons des
mandenlents de Vicari 2, et lorsqu'à ce nloment
Bisn1arck parJait, il avait derrière lui tous les pro-
testants de la Diète. I(etteler, en dépit d.e ces . sus-
picions, aJIait jouer un rôle de diplon1ate.
Trois jours durant, les 12 el 1.3 janvier 1854, it
néO'ocia avec Ie P l'ince-réo'ent Fréùéric et les minis-
lres Huedt el 'tVechmar 3. 11 demanda tout d'abord
q ne les catholiques de Bade jouissent des mênlCS Ii.
Lertés qu'accordait à leurs coreligionnaires rhénan::
la constitulion prussieuue : ce fut en vain. l\lais lc
intcrlocuteurs furent à peu près d'accord pour con-
1. KcLlcler, à qui SOn pelil diocl:sO dc l\Ja}el1ce laissait quelf{ue liLerlé, par
.J.il rhaf(uc annpc plusieurs scmaines en Badc, pour
douncr la confirmalio
'Yfuelf,
(ettclcl, I, p. ;;DO); il etai t cn fréqucnls rapports a\ ec les personnali
lés de l'Eglise badoise (Pfuolf, ](ctlelel', II, p 0 22G-2
7); il rêvailmèmc qtÙl
concilo provincial fûl tenu en Uade (Pfuolf, ]{ettcler, 11, p. 242-2U).
2. Bismarck, COI'rcspouclauce diplomatiquc, I, p. 200 (letlre du 29 IlO
vombre 185J).
3. Lo prince l'égclll Frédéric de Badc (1826-1
07) de,-inl grand-due en 18
il
pour plus d""tm dcrni-siècle. Sur Louis Ruedt de CollellLerg-Boedigheim (HWt
18"j), voir W c('ch, J/nclischt., Bio{f1'a}Jhien, II, p. 224-i27, ot 1 V, po 54ôo-
ur Fl'édéric de Wechmar (1801-18GD), 'oir Weech, ßadischc Bioymphiel
11, p. 434-4:l:J. - Rohert de
Iohl, LeÕCllSel'Ùmerungcn, I, p. ::!:!8. qui ne. pm
"ail é\idcmment pardolllJcr d Wechmal' ce quïl y eut de fa\oraLle à rEgli:;
ùans lïs!\ue du conml avcc Vicari, l'appclIe II Ie }Jlus slupiclc pos::.iLle. san
('OD tClile, de tOll., les millistres )).
L 'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 55
venir que l'éLrange insLitution d'un comlnissail'c
spécial chargé de mcUre l'archevêque en tutelle
seraiL abolie, que l'archevêque aurait Ie droit
de s'adresser directement au nlinistère au lien
de conférer avec Ip conseil supéricur d'Église,
que les prêtrcs par lui nommés resteraient pl'O-
visoirement en fonctions, et qu'il ne pourvoirait
aucune autre cure avant qu'une entente filt concine
entre Ie gouvernement et Ie Saint-Siège. Un catho-
lique, Leiningcn, était dès lors désigné pour aller
causer avec Rome. C'est par une conversation avec
Rome, sculcment, que tout pouvait se réglcr.
l\lanteutIel, premier ministre en Prusse, avait
récenlment transmis aux divers États du Sud Ie
récit t!'un enlreticn qu'avait en Ie chargé d'affaires
de Prusse avec le cardinal Antonelli: (( On Lrouvera
llloyen de s'arranger, avait dit Ie cardinal; il faut
que les États saisissent Ie Saint-Siège avant que Ie
contlit soit irl'éparablc 1. ))
Bade se préparait à répondre aux suggestions Ju
cardinal, et l' on pouvait croire que, provisoirement,
entre Cal'lsruhe et Fribourg, une trêve solide allait
se conclure. Une seconde vi site de Ketteler à
Carlsruhe, Ie 16 janvier, deslinée à préciser cer-
tains points, fut sans résultat : par suite d'un
malentendu, it dut s' en retourner à lVlayence sans
t. FriefIberg, DCI' Staat und die lJisclw{swnhlcl1 in Dculschl,Wd : Acteus-
lueckc, po 201. - Néanmoins Raumel', memLrc du ministère l\Iantcuffel, répon-
dait par un I'Cfll" à Vicari, flui réclamait que la Prusse proclamitt e
pressé-
mcnt, dans sou tcrl'Hoirc de nohcnzollcrn. ,lépendant Ùp la provincc ccclésiaslif(ue
du Haut-Rhin, les mpmes liLcrtés dont jouissait I'Église en Prussc, et qu'cn fait
la PrU9sc accordait dans eclle ancicnnc prinripanté {PfucH, (;(,1s8._'/, II, p.
30.
- Cf. notrc tome Ill, p. 313, n. 1).
6
,,' ALLEl\IAGNE l\ELIGIEUSE
avoi1
YU personnp 1. Elles npgociations rccon1men-
çaient, plus lentes, plus pénibles, entre Carlsruhp
el Fribourg, Iorsqu Ïlltervinrent deux influences
qui d'ahord les gênèrent, et puis les firent échouel' :
l'une du dedans, l'autre du dehors; celle de ]a
Chambre pi celIe de Bisn1arck.
A la presque unanin1ité, Ja seconde Chanlbrp
badoise invila Ie gouvernernl)nt à l'énergie 2 : alors
que ]p peuplc 30uhaitait Ie calnle, on eÙt dit qu'elh.
youlait ]a guerre.
Iais unp voix plus vuissantp
encore pesa sur les conseils de Carlsruhe; ce rut
celIe de Bislnarck.
Sinlp]e rrprésentant du roi de P)
usse 3 la diÞtp
de Francfo)'t, Bismarck fit un acte étrange ue po-
1i tiq ue personneJIe : il s' offrlt à
Ianteuffe I POu)
aller à Carlsruhe et pour y paralyser celte entente
mf'ffip que la leUre de Manteuffcl, son chef hiérar-
rhiqup, avait paru conseiller au gouvernemPIÜ
badois 3. Comme c'élait un catholique, Savigny 4,
qui I'cpl'rspntait Ia Prussc à Carlsruhr, une voix
1. PfUf'lf, {{elidel', I, p. 3LJl-3Ûfì.
2, l\laas. op. eil., p. 2G2-26J. - Wal'nkoenig, Exposé historique cl 1 o az-
SOIllU! du cOlll'il, ùans Bunsen, Zeirlwit del' Zeit, 1, p. 272-213. Bunsen, qui
considél'ait les upgocialions avec Romp conllne une faute ('I. un malheul', éCl'i-
vail rlè;; Ie 30 c1pí'cmbrf> tH53 ; (( Du moillS Caul-il
'adresser au>. Chambres, au
l'a
5, à ropiuilJn p"lJlique, pour fairc ces n{.gocÏaLÏons sans honle ct sans
(IHaiLc... (Barounc de Bunsen, lJunscn, III, p. 34ï-348).
:L (( Ilans les cl'rí'les politi(IUeS dp Fl'ancforl, écrivail Bismarc.... à Manlcu{fel
dès Ie
9 novembl'e 1853, on penst' q\1(, 1(' gouvcrnemcnt. hadoi!" He se moulrel'a
rcrlll" que sïl p('ut compLpl' sur la I'russe. >>( COl'J' es lJolldancf' diplomatique,
I,. p. 201.) - cr. rlan.i S0S Lelt7'cs polili'Juc,'J, p. 1ï2 173, sa lctb-e c1u 25 jan-
"\JCI' tKi4, oÙ appal'ail lïlll{uiétude que lui causenlles démarches de KcLlelcl'.
. .Bunscn disail mC-mc : (( un ,Jt;suile . (Poschingcr. ])cnkwuel'diykcitc'll dl'.'1
.Umtsterpre,'Jidl'llls -Uflnleul/'el, II, p. 4:
O). - Sur Sa\igny (1814-1875), minisLrl'
ùc J'loUSSfl fin Batie Ù(' 185u à 18:.i9, el qui dt'vicuùra ('11 18i i 1In d('s chefs du
(;
ntre, \
ir l
o
rc LOI\1e> HI, p. ifi, no 1, ('I Wippe>rrnann, 11 1l!JP11lpine deutsf'hr
HW!Jl'CtjJhu', X\X, p. J,:,2-'.:j L
l:'::GLISE DANS LA PRO\ïNCE DU HAUT-RHIN 57
avai t lllanqué pour dire nettement au prince-rége
t,
de la part de ]a Prussc, quP la politique de Bade
devait êtrc celie d'un (( protestantisme cxclusifl )).
Bismarck voulait être cett,e yoix. n plai.da la soli-
darité des gouvernements protestants 2, représenta
à )lanteuffel que Vicari et les catholiques ne fai-
saipnt que travaillpr pour ]' Autrichc; et peu de
.lours suffiren1 pour que l\1anteuffel à Bprlin, e1
lp princp-régent à Carlsruhp, fussent bpaucoup
nloins pnclin,; au rétablissenlent de Ia paix reli-
gicuse dans Ie gfanù - duché. Bismarck agitait
conlme des spcctJ>cs Irs huit on neuf gaiettes
catholiques qui, de Cologne à .Fribourg., prépa-
rairnt l'éc]osion d'ulle opinion publique (( ultra-
montaine 3 )); l\Ianteuffel inquiet sc 11lettait à suh-
vcntionner un journal protestant de FrancforL.,
e1 c'était pour Bismarck un premier succès. l\Iais
1e second succps ne tardait pas: l\lantcutTel faisail
l>ésipiscencc; et c'était lui, Ie 15 janvier iR:).í, qui
poussait Bisn1arck à Cal'lsruhe. Bismarck alléguai t,
sans donte pour se faire prier, qu'il se heurterait
à certains faits acquis, et q lIe Bade et l'Église
ilyaicnt conlmencé de causer. AJors, Ie 24 janvier,
\lanteuffeJ lui télégl'aphiait POUL' qu ïl pl'Ît, quand
1. lJi'ie(e Bi.smai'cks an LeújJo 't'. Gcdach, p. 122lJeLll'c du 20 janvicr 1854).
2. << II s'agi\. <If' la causf' de toulC's les autorÏlí's proLestantcs, écrivail-il 11
,lallteufTel Ie 2!) novf>mLrl' 1853, cause n1f'nac
C' par eel esprit LelliqucU\.
!ui depuis Ics dix dernièrcs années animC' une partie du clerg-é calholique. Lcs
'olH'essiOlls oLlenucs formen\. loujours la Lase de concessions nouvelles, il Of'
I{.
arme f!u'å Ja condition .)"('xerccl' U11f' dominalion absolue . (C01';'CSPOJUlc.lIH'/'
fiplolllalÙjUf, I, p. in pl suiv.).
3. Posching-C'I', lJisiual'ck unci dCl' lJuildcsll/!/ : neue lJci'icltte lJismai'c1.: o .<;
IU.S Fi'(m/;;fw't n. 11,1. 18;jl bis 18:)9, p. ltì:J-t(ìR (Ikrlin, TIO("H\ndt, t90ti).
4. Po,>chingt'I'. 01'. cit.. p. 11i8, n. 1.
.......--. -- ...--,,- --..-
58
L' ALLEMAGNE RELIGIEUSE
même, la route de Carlsruhe .: il fallait éviter,
e
pliquait-iI, que Bade n'accrédilât à Rome un
personnage trop flexible 1. Bismarck était victo-
rieux; et porteuI', enfin, des instructions qu'il
souhaitait, il s'en allait en Bade... De nouveaux
ordres l'y joignaient : Manteuffel, le 28 janvier,
écrivait que Bade ne devait nlême plus négocier
avec Pie IX, qui venait d'atlaquer dans une allo-
cution la politique du grand-duché 2 . Quelques
jours avaient suffi pour que
Ianteuffel eût plus de
parti pris encore que Bismarck.
(( IVIes représentations, écrivait celui-ci quinze
jours plus tard, n' ont pas manqué leur effet, en
tant qu'elles pouvaient encore amener des résul-
tats dans la phase actuelle )). Bismarck insista
auprès du prince-régent pour que renvoi de Lei-
ningen n'eût pas rapparcnce d'une concession à
Rome. Soit, répondit Ie prince, je l'expédierai
comn1C nlcssager, non comme négociateur. 11 in-
sista pour que Leiningcn, devant Ie Pape, maintînt
strictemcnt les accusations contre l'archevêquc,
et pour qu'on fît bien ressortir qu'aucune raison
nlajeure n'obligeait Bade à l'cntente : Ie ministre
Huedt IcpronLit 3 .LorsqueBismarckquittaCal'lsruhe
pour accomplir Ia nlênle bcsognc en Nassau 4, c' en
I. Poschingcr, Ope ciio, p. ttj9-t7l.
. Aus fJi.rmlal'cks lJl'iefu'eclu;el, p. 14i-1J2.
'{. tismarck, Cm'l'C.<;p. rliplO1Jlo, I, p. 216-2
8 (31 janvier eL t er février).
4'. Sur les démarchcs dp Bismarck ('n Nassau, voir BismarcI., C01'l'eSjlOn
dctnce diplomali'lue, f, p.
31-
:H (leLLrc elu fI février 1854-) ; jl note que Ir
!.
mpalhies prnssiennes augmentcnl cheJ.: Ie grand-duc avec son irritation conln
Ies rncné('
aulri('hi('nne
('t ultramontaines. Cinq mois al'rès, si 1'0n Cll croil
nue Mpèche diplomaliqu(' de Prokescb, rcpréspnlant de I'Aulrichc à .Frallcfort,
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 59
étaÏl fait à la cour badoise de l'esprit de paix r
li-
gieuse; et les conversations ébauchées entre la
Cour et Vicari aboutissaienl à un rcnouveau d'ho
-
tiJités.
La Prusse qui chez elle faisait régner la liberté
reJigieusc, la Prusse que l' évèque I(etteler pro-
posait au régent de Bade comme un excmplc à
sui vre 1 avait tout au contraire fait avorter Jes
" ,
démarchcs conciJ iantes de Ketteler.
\]
Six 1110is d'expériencc avaienl prouYé qu'il
n'exislait aucun llloyen. pratique pour empêcher
I'archevêque de nonlnlcr des curés dans les
paroisscs vacantes; son clergé, ses fidèles.. obéis-
saienl d'autant plus à ses ordl'es, que rÉtat les
chicanait davantage; et, malgl'é l'interdiction de
certains fonctionnaires, des pl'ières publiques
avaient lieu, prières d' expiation, où la foule pipusc
affluait. Dne autre lactique fut essayée : elle visait
à désorganiser, en leur enlevant nlomentanément
lpurs ressources pécuniaires, les paroisses dont l
curé n'élait pas reconnu par l'État. L'ordonnancc
Ie grand-due de Nassau élait ùevenu plus accessible à un mot de v iellue, el
avait mème solliciLé Ies bons offices dipIomatiques de la France auprès du
Sc1iut-Siè'ge; cl Prokesch se fIaLLail dpjà qne Nassau allaiL redevenir (( sensé ·
ct 4ue, ùans la lulle religieuse, Ie gouverncment de Bade serait LicnLôl com-
plètcmeuL isolé (Aus den Bi'iefen des Grafen Prokesch, po 377-378).
1. Pfuclf, !íellelcl', I, p. 303. - l\1ais Bismarck expli({llaiL aux diplomal('s
protestants flu"on regrellail, ('n l'russe, d'avoir tanL accord(
aUI calholiquí's,
t't qu"en trmps et lieu on saurait se rE'ssaisir. fPfuE'lf, Ketteler, 1, p. 364).
GO
L' ALLE:\IAGNE REJ..IG(EUSE
minislérielle tlu
7 n1ars 1.854 suppein1a Ie con1-
missaire spéeial qu'on avaH cssayé d'installcr au-
dcssus de l'arehevêque 1 ; rcdevenu légalement
nlaître de ses aetcs, Vicari fut averti, une fois de
plus, qu'il existait à Carlsl'uhe un eonseil supé-
rieur, avec lequel iI ,levait conférer. On lui fit
savoir, forn1ellempnt, - c' ètaiL un aspect nou-
veau de la question, - que ce conseil, seul, pou-
vait déJivrer les mandats en vertu desquels les
curés seraient payés sur les revenus paroissiaux ;!.
i done les lrésoriers de ces revenus, déférant aux
instructions ceclésiastiques, s'avisaient de faire
des YerSrnlents, i)::; devenaicnt, vis-à-vis de l'État,
personncllpment responsables, sur leur propre
fortune, de ('argent ainsi rlépensé. La consé-
qucncc, e'élait l'immobilisation des sonlnles habi-
lueJlpn1ent afl'cctées à l' entrrtien des prêtres.
l\ussi les populations dont les eUl'és avaient été
Ilommés par révèquc étaienl-elles rédui les à fairp
des eoHeetcs pOUI. leur assurer raumônc du pain
quotidirn. Quant aux curés qui n'avaient pa
l'indigénal hadois, rj
tat les expulsait, et l'arcbe-
vC'quc rcfusait de les rcmplaccr : les paroisses
élaient ainsi condanlnées à un veuvagc clont OIl
ne pou vait prévoir la durée::l. Par surcroît, l'Étal
faisait fernIcr lp convict archirpiscopal qu'avai l
1.
laas, 0/1. eil.. p. 26:,.
:!.
\(aas, OJ) 0 cit., }1. 2Gí-
6g.
:1 0 , Cas, mcsurcs (rC'\.pulsion conll'C' les Vl'
tIocs nOll j))(1igèllCS eurcnl peu d('
clul'ce, d autanl qu(' Ie" repl'(
senlalions de l'Aulrjche s'élaicnl eA.ercées avp("
succès ('11 faveur du CUl'é Wolf, lFolien d'origine, qui avail cach{' nans )f'
la,bcl'Jla('
la cl('f d(' )'armoit'c conlcnanl les lilres de propriélé de rí
disc ('\
d(.dar" fIl'J'f'mf'III : J
C:II" ('n a la cl('f (Laucl', ù]Jo cil., p.
13. n. 1).
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 6f
ou vert ,ricari pour les jeunes prêtres; on posait
des scellés pour empêcher les clercs de rentrer
par la porte, on installait des gendarmes de peur
qu ïls ne rentrassent par les fenêtres.
Dc Carlsruhe à Fribourg et de Fl'ibourg h Calrs-
ruhe, les deux pou voirs échangeaient des notes
irritées : Vicari protestait, au nonl de son droit
à la libre administration des biens d'Égli:;e, contre
cette façon de séquestre qui afIanlait les curés, et
il faisait cl'aindre à l'État que ces curés ne fissent
grève, non pas assurément comme dispensateurs
de sacrements, mais comme officiers d'état civil.
L'État riposta.it en portant de nouvelles atteintes
t la propriété ecclésiastique, en chargeant les
hauts fonctionnaires de constituer des comlnis-
sions laïques pour' ] 'administration de cette pro-
priété, et en faisant main basse sur les archives
curiales 1. Alors l'évêque pria les doyens de denlan-
del' nettenlent aux fabriciens et trésoriers s'ils
voulaient aoministrcr les biens ecclésiastiques con-
formément aux intentions de l'Église ou s'ils les
voulaient livreI' au pOllvoir civil 2 . Des cas de con-
science surgissaient, par là mème, dans les couches
profondes de la population; les habitudes immé-
1110riales en vertu desqllelles Ie fabricicn faisait
son devoir sans péril étaient inquiétées et bouscu-
lées; ce n'élaient plus sClllement les curés, c'étaient
l(\s fidèles, qui se voyaient contraints, par leurs
fonctions mêmes, à prendre parti pour au contre
1. Maas, Ope cit., p. 268.
':!. Maas, Ope cit., p. 2G9.
62
L .ALl.El\lAGNE RELIGIEUSE
l'État. Les registres, les comptp.s, l
s âmes, tout
'tai l en désarroi. A mesure que I 'Etat ennnyail
l'Ég-lisc pnrdcs cxpérlients nouveaux, de nouvelles
catégories de consciences subissaient la répercus-
sion <lu conflit. (( C'est une vraie misère, écrivait
Geisscl ; il faut que Rome viennc en aide par des
décJarations catégoriques 1. ))
A la datp du 18 mai, Ie gouvernement grand-
ducal décida des poursuites contre Vicari; son der-
nier mandement était son crime. II avait, disait-on,
(( par l'altération de la vérité, par des inven-
tions, excih" les sujets à la haine et au mépris du
gouvernement, et à la désobéissance aux lois )).
Le iU, lajnstice pénétra chez lui, et, quatre heures
durant, lïnterrogea; on chercha partout son
brouil1on, qu'on attribuait à une plume étrangèrp;
on ne trouva rien. A défaut de brouillon, ce fut
sur Vicari qu'on fit main basse; Ie 20 mai, il fut
(léclaré en état d 'arrestation, et gardé à vue che7
]ui 2. Zoepfl, lcjuriste de Heidelberg, s'insurgeacon-
tre Ie procédé 3. C'était une autorité que Zoepfl, il
possédait à merveille Ia vieille jurisprudence du
Saint-Empire; et tontes les petites souverainetés
rcprésentées à ]a Uiète Iui demandaient avis pour
leurs petits litiges. La paix de Westphalie, Ie recès
de i80
i, miJitèrent sous sa plume érudite en
faveur de l'archevêque : ce fut en vain.
1. Pfuelf, Geissel, II, po
4.
2. l\laas, Ope cit., po 270-272.
:t Maas, Ope cit., po 27 L - cr. ci-df'S8US, p. 31, no 20 _ Blunt8chli, Ðenk-
Il'w'rdiQ('.ff, III, po !1.
L 'ÉGLISE DANg LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 63
Entre Vicari et ses prêlI'cs, toutes communica-
tions fnrent suspcndues. AloI's, d'un bout à J'autI'c
du grand-duché, Ie silence endeuillé des cloche!;)
parut symboliser colte condamnation de l'arche-
vêque au silence. De-ci, de-Ià, certains fonction-
naires exigèI'ent qu'elles sonnassent; Ia piété des
fidèIes les jugea profanées. Vicari captif parIaH
encore; il parlait soudainement par la voix d'un
poète alors très à la mode, Oscar de Red\vitz. La
pièce s'intitulait : (( .Appel du pasteur )).
Je suis sur Ie bord dfl Ia tOlnbe, criait Vicari; ô Dieu, tu
m'as rajeuni. Mon bras lassé peut soutenir Ie boudier de la
sainte bataille. Dans les ténèbres, tu gardes mon æil Iumi-
neux, tontes les biessures mortelles n 'épuisent pas Ie sang
de mon cæur.
Tu Ie sais, mon Dieu, je n'aime pas Ia Iutte : mon étoiIe,
c'est la paix. A quatre-vingt-un ans, on ailne vraiment cette
étoile. ,Je ne pflllsais plus qu'à m'équiper pour Ie combat de
l'agonie; mais il en est autrement, Ies âmes I'exigcnt.
Tu les a confiées à mes vieilles mains; tu veux que je
sauve Ia Iiberté de ta fiancée. Pourtant, vois, je ne puis
parler, on m'a ferrné Ia bouche ; ,ïenvoie tes messagers
ô
Dieu, prêche pour moi 1 !
C'est ainsi qu'Oscar de Red\vitz, réputé grand
poète dans l' Allemagne du temps, s'essayait à
donner une voix å ce vieillard séquestré. La bu-
reaucratie badoise apprenait à mcsurer cette
force incoercible, l'opinion, à laquelle l'année 1848
avait donné l'ossoI': au bout de huit jours, Ies arrêts
de l'archevêque furent Ipvés 2. Le gouvernemcnt
L l\Iaas, Ope cito, p. 272, no 1. - Cr. notre tome III, p. I et SU1V.
2. l\Iaas, Ope cit., p. 27i.
64
L'ALLEl\IAGNE. REIIGIEUSE
insista pour qu ïl différât tout acte archiépiscopal
jusqu'à la conclusion d'un accord avec Rome : il
l'(\pondil pn publiant, le jour de la Pentecôte, un
nouveau mandement, Oìl son énergie ne fléchissait
point 1, et les fonctionnaires se vengèrent en l'atta-
quant dans la presse, comme (( un parjure et un
faible d'esprit, qui se laissait fourvoyer par un tas
de fanatiques, d'illuminés et de têtes folIes 2 )). (( Les
hureaucrates badois sonl incurables )), écrivail
l'historicn Gfrocrer 3 .
En bas comnle en haut, la police se hCllrLaiL
t
d'imbrisables résistances. Les fabriciens l'éputaient
non avenus les ordres ùe l'État,: certains furent
clnprisonnés; chez d'autres, on inslalla des gar-
nisaires; on crocheta lcs portes de plusieurs pres-
hytères afin d' enlever les archives; on dépensa
plus de 18.000 florins dans l'occupation n1Ïlitaire
(Ic douze petites communes · ; pour surveiHer
rt
glisc ou manifesler contre elle, on alIa parfois
jusqu'à faire appel au zèle turbulent des anciens
én1eutiers de 1849, qui avaient mis en péril la
couronne mên1e du grand-due. ßIercenaires de
l'ordrc et merccnaires du désordre s'évertuaient
à faire respecter les ordonnances du pouvoir civil
t. Maas, Ope cit., po 276-2i7.
.!. IIc.inrich Hurler, Burtel' wul seine Zeit, II, p. 326. - Le gouvernement
!.ouLcnall celte thèsc, (IU'auprès de Vicari lïnfluence d'une camarilla s'était suhsti-
Luée à celle du chapih'c (voir Weech, Badische Rio[jraphien, II, p. 402). _
ur Ie chapclain de Vicari, Adolphe SLrehle (1
19-t878), surloul visé com me Ic
chcf de ccLLe camarilla, el donL on faisajt à tort, malgré sa doucellr et sa réscrvc
naLurclles, un fanaLifluc éN'I"VC)P, voir Pfuelf, ](ctlclel" 1(, p. a78, n. 1, eL Rcill-
fried, dans Weech, fladischc JJio!lraphiel/, II, p. 7;5;j-757.
:L Heinrich HurLer, Ope ('it., 11, p. 3:!1).
\.. Mad." op. cit., p.
79-2RO.
I..'I
GLISE DANS 1"4\. PROVINCE DU HAU'r-nIII
ûä
relatiyelTIent
l l'administration des biens .de
I'Église, el ces ordonnances, pourtant, denleuraient
lctlre morl0. (( Chez les bons caLholiqlles, écri vait
10 puhliciste A Iban Stolz, c' (ìst pen à peu nne
gloire d'avoir élé cmprisonné. L'cnncn1Ï Ie plus
acharné du régcnt ne pourrait pas s'y prendre
nlÏeux pour Ini aliéncl' Ie cæur et la confìance dc
bcauconp ùe ses nlcillenrs sujets 1 )). L'Ìnertic pas-
sive des íidèIcs opposait nne sorte de l'cferendu}}l
aux ord res de la burcaucra tie; chaque fois que
] 'archevt
que disai l : (( .J e n0 peux pas, )) une
runleur, pareille ä cc11e du chæur antique, scan-
dail ce nouv('11 actc du dranlc, et cette runlcur, oÙ
s'exprimait longuement Ia foule dcs consciences,
disait : (( Nous nc vonions pas. )) C'éLait dans
eelte rumeu!' quc Vicari trouvait sa force : cUe
él
il si tcnacc et si prolongéc, 8i grave et si sin-
c{"r0, qu 'cUe couvrait les approbations données au
g-ouvernenlent par Ia scconde Chambre. Le j uristc
hadois "Tarnkoenig, profcsseur dc droit canon à
l'l1niversiLÓ dc Tubingue, aurait vouiu qu'on hunli-
Ij
lt l'Église sous Ie joug d'une législation préven-
live et répressivc
.
Iais Ie nlinistère était forcé
{l'écoulcr Ia yoix du peuple, au dclà dn Parl0-
funnt.
Il n'y avail pas ùe jOlll'naUX pour proyoqucr cl
1. Haegele,
\nalt Siol:;, p. 180-181. - SUl' Slolz, voir l10lrc lome IJ,
I.
ïR-28
0
. Warnkocuig, .E',rposé histol'ÙjUC cl l'aisoltwJ tilt CÛI/flil c/Û/'C ["';IJlScopal
'f Ics f/oW'C/'llClltclIls dcs lCI'1'iloÏl o cs comjJosalll In l"'Ot'ÙtCC ccclésiaslirllle tlU
'/rml-llhin "/1
lllcmag"c (rcproduil òans Dunsell. Zeichclt dcI' Zcifo, I,
" 2J9-:!88). - Sur Léopold ÂUf{uslc Wal'lll.oclJig (lí!H-1R(iti). "\oir "('('('11,
:(/'/i,<;cl1l' /Jio(f/'rlflhi"/I, Jr, p. i-2.ï-4.:!'-j.
TV.
:þ
ö6
L' ALLEMAGNE RELIGIEUSE
soutpnir eel élan : Ie gouvernement les ùéfendait i.
11 n'y avail pas d'organisation concertée : la poste
pri vée qu'à certaines heures l'archevêché s' etfol'ç.a
d'étaLlir était en bulle à d'incessantes surprises
policières 2. l'lais ce qui suppléait aux excitations
ùe la presse, ce qui suppléail à l'en1brigademenL
des coul'ages, c' était l' én1olion des ân1es; eUe cou-
paiL court à Loute joie, suspendai t touies fêtes;
sans affectation, sans fracas, au viIlage comme it
la ville, se produisait la grève des plaisirs : toule
une par Lie de la vie était susprndue, tout un aspect.
de la vie était voilé ; et si l'État devenait anxieux
de ces innon1brables åmes qui se plaignaient, c'est
parce que tout dans leur attitude décelait qu'elles
souITraient. Les malaises des consciences n'inquiè-
tent les tyrannies politiques que Iorsqu'ils assom-
hl'issent visiblel11ent réclat de la vie sociale et
jettent une note de lristesse vraie dans Ie bourdon-
nenlent quotidien des homnies.
Le gouvernement de Nassau scn1hlait avoir les
yeux sur celui de Dade pour lïmiter. (( A eux
deux, écrivait Ie cardinal Geissel, ces États laissent
encore derrière eux la Tur q uie et la l\lon o 'olie iI. ))
L>
Dans les paroisses de Nassau OÙ l'évêque se per-
IllcLLail lip n0l111Uer les curés, les Liens d'Église
t'laiput confisqués ; certains fonclionnaircs dén1Îs-
sionllaicnt, J'aulres encouraienL l'excolnmunica-
1..
o
le, la pre
sc Ladoi!>c claiL anlicaLholiquc; lc journal caLholiquc qui sc
JlubhaIt a SluUgarl fuL, à trois rcp["iscg, pl'Ohibé cn Daùe (If. P. no, 18:;4, H,
p. 6.\. et suiv.).
.!. Maas, up. cito, po 2,jO.
.;. Pfuf'lf, Oel .,el, IT. po
3';.
L'ÉGLISE DANS L.\ PROVINCE DU HAUT-RHIN 67
tion; l'émoi devellait si violent, parlui les fidèles,
que Ie luinistère, tout en nlaintenant lcs biens
sous séquestre, finissait par donner aux curés ainsi
nommés un insignifiant salairc. La Sernaine Rcli-
giellse du diocèse était suppriméc; son crinlc
consislait dans la publication d'unc ordonnance
épiscopaic qui rcvendiquait pour les prêLrcs Ie
droit de choisir lcs cnlpIoyés d'Église : la bureau-
cratie grand-ducale n'admeUait pas que, nlême
dans la sacrislie, Ie curé fùt Ie maître 1. Les pro-
teslations de 1 'Église scandaient lcs vexations de
I'ÉLat; l"évêque BIun1 écrivait à I(etteler au début
de 1834 : (( On assure que je vais êtl'e gardé à vue
dans ma luaison par des gendarmes)) ; e t Pie IX, de
Home, cncourageait Blum comme il encourageait
Vicari
.
On Louchait à l'une de ces heures où les rapports
entre I'Église ct l'Élat sont tellement lendus, que
les concessions réciproques sont Ünpossibles, ct que
la discussion nlêmc de ces concessions créerait des
occasions nouvelles de conflit; alors l'État, pour
en finil', doit, si I' on ose ainsi dire, émigrer du
domaine LroubIé qu'il a Ie devoir de pacificr; ses
('egards, ses propositions, son action, doivcnt fran-
hjr les frontières; la parole n'est plus it sos pré-
fcts, mais à scs diplomates; au delà el au-dessus
.le l'élablissement rcligieux avec Icquellcs froUe-
1. IJte Elllscldiessuuy del' HeJ'::;ogliclt Nll.'
sa.uisclten lieyieJ'uug auf die
TJenksclu'ifl dcs Episcopates dCl' obel'l'hcillischen IÚ1'cltenpl'ovill
vom Jlaer::
'85/, ulld die ErLViedeJ'uny de,
lJischof's 'l.'011 Limburg au/, dieselbe (Fri-
)ourg, Hcrdcr, 1833). - Brueck, opo cit 0' po 3n-3ì7.
2. Bruecl.., op, cit., p. 3770
üb L'ALLE)IAG
E nELIGIEUSE
nlcntsquolidicns rendent l'entcntc illusoire, I'Etat
doiL gravir, si péniblc soit-eUe, la route qui mène
au \Tatican. Dans une Icttre fort pondéréc, que Ie
IJ janvier '18;)
il adl'essait au régent de Bade,
Kettclcr marquait cette abso]ue néccssité 1,; ct
ranIlét
nc dcvait point s'écou]er sans quc Ics Etats
dc' la provincc ccclésiaslique du IIaut-Ilhin expé-
ùias:5cnt quclque::; courrier
surcette route nouvellc
pour cux, route qu'on voil fOllléc, dc siècle en
siècle, par Ics pOll voirs nlênlCS qui avaiclll ]e
plus solenncllenlcnt résolu de ne janlais s.y
engager
.
V II
Lt' prcn1Ïcr courl'ier qui sur\'int fut ]e haron
ùe llumnlcl, cnvoyé du roi Guillaume de \\Tur-
lenlbcrg. Ce princc n'avait aucun penchant vel'S
rEglisc, ni lllênlC vel'S l'idéc religicuse ; c' était nn
csprit fort, grand lccteur de V 0] taire, et qu i vol on-
1. I'fuclf, Ii.cll Ie,', I, p. :m4--3û;i. - c1u'clI d{.pil ties clforls tic Bislllarck ccLle
\JI.'('I'
,ilé tut COlllIH"I<;C à Carlsruhc, c'c:;t cc dont sc rentlit compte, au débul d('
mal'S HGi, Hendcl. consciller minislél'iC'1 de l\"assau, par unc conversalion avcc
It' milli.,lrc llaòois Hupòt, dOllt il rClldil complc it SOil goU\;crncowut : ,"oil'
FloiclllJl'lo
, Die G,'cll
elt =:Il'Ú;clIf'Ji Slant waf li.Ü'che zmd die (J'lI'nnlien
gl'gCII del.en r ulet;uiI!I, p. 88G-8!H (Tuhill:;ue, taupp, J 872).
2. J: ilmc pacifique de JIirschcr aspirait à cc pacifique dénollemcnt : . J'e.,.
}lèrp avec con fiance, écrivait-i\. {Jue JorslJue J'Église aura oblenu son indé.
Iwndallcc clle tourncra vcrs son intéricur la plénitur1c de sa. force, flue mainlc-
na.nt ('IIl' òÍ'pcn"e au dC'hOl''i; 1\,I'pllc forlllcra d'abord tics prètl'cs P 1('in
d'cspl'JI
.lpo
loliflue, cL puis qu'ellc a;;,il'a palo em., aHC force, sage
sc, lél1acité, SUI
IOlllc" Ie!> classes dc la populalion, ct f)u'ellc les élèvcra it UlH' foi \ivanlC',
II11C :-ainLe craiute de Dietl, a une S(
vère cunscicl11'c, à la justice ct à la {'ha-
I'ilé IJUl\lO Ie Cbrist, à l"cspérance, à In. paticnce (Hirscher, Zw' O";clltieru.w,
11"!"'/' ,l"" dPJ":::citi'll'tL I\Ï/'ch(,ll.<;tl'pil. 1'. 21. Fl'ihol1l'
, If('rrlC'r, l
H).
L'f:GLISE U.A
S LA PRO\ïNCE UU HAUT-RHIN üÜ
tiers pal.'lait de la vierge l\larie COD1n1e d'une déesse J.
l\lais il tenait
l l'affection de ses sujets catholiques
et ne voulait pas qu'ils lournassen L leurs regards
vcrs Ie gouvprnenlent de Viennc; f't pour é,.itrr
cc risque, une convention s'était élaborée, dans Ie
silence, entre Ie cabinet de Stultgart et deux prê-
lres délégués par Lipp, éYl}que de Rottenburgo
IIummel ,.enait delnander pour cette convenlion
l'approbation de Rome 2.
Antonelli, tout en estin1anL
pal'aît-il, que, sur
certains points, Ie pouvoir civil faisait plus de sacri-
fices quïI n'élait même nécessaire, refusa la signa-
lure tIn Saint-Siège 3; Home ne voulait pas ql1(î
]es États de la province du Haut-Rh in, nlléchant
ou endormant l'opinion catholique par certnines
concessions de détail, se dérohassent ainsi à la
nécessilé de t.rait0r les questions mêmes de prin-
cipe. Depnis t.rentc-cinq ans, ces États s'obsii-
naien t, tous ensenlble,
l nier l'autonon1Ïe de l'éla-
blissenlent religieux : c' cst à cet égard que Ron1C
exigeait d'cux une l'ésipiscence expressc. Ellc n'ad-
lucUait pas qu'on Ht à l'
glise, en certaines cil'-
constances, la grÜcc d'être libl'c ; eUe réclamait que
1. llucmclin, lit-den wid .lufsnet:;c, lV-cue Fu1!lC, p. 2."jí (Fl'ihourg, 110111'.
1
81).
. Voir ce projcL Jau5 Go1Lher, Ilcl. Slant uml die J{aLlwlische lí.it'clw ÙIl
Xùcni!lloeiclt ""UfJI'LLembcl'f/. p. 1;;11-1:,7 (SLultgalot. CuLla, 18ii
.
3. Sur Ie lIH;conLculcmenL J'AnlOlwlli, ra,'la
(
par Vicari. conlrc I'initialin'
Ie LipI', ,"oil' J .-F. Schulte, LCVCIISCI'ìlllleI'Ullyen, p. 18 et
.:Jo FriedLcl'g, hil'
r;1'C'/t:;;'1t, p. I,.H), induil. de certains propos du nonce de \ïellue cl. (}'une con vel'-
<atiou enlre Pie lX el ]\olh, consul gélléral ,Ie \VU\'lcmhCl'g". que Home l'C'(}outaii
\ue la cOII<'lusioll d'une com'cntion spéciale avec Ie \YurlC'lIlhcrg ne fil. ('chouN'
e ùl
;;ir qu'elle avail (rUn concordat avec tous II's l
lals de la prodncc eccl(;si<ls-
il(l1e du Halil-Rhin; ('I. ù'ailleul's clle lie consid,"raiL pao; J'aulol'Ífé épiscopalc
'UIIlI11C '\ua\il:ée pOUL' n';öociClo U!le !elle com clIlioli.
70
L' ALLEl\IAGNE RELIGlEUSE
]ps hllr
allcratip
. comme ]'avait fait ]e ParJrnlpnl
dr FrancforL, r<'connusspnt Ie droit de l'Église à ]a
li bert{'.
En nUll'S Lpining'cn arriva, P ortenr des comnlis-
, '.J
sions tIu prince-régenl de Bade, mais dépourvu
d'ailleurs de pIe ins pouvoirs : (( ceUe mission n'est
qu'ullr mauvaise comédie qui ne durera pas long-
Lemps >>, écrivait Sophie Schlosser au cardinal Geis-
sell. Leiningen proposait dr régler quelques détails
lin conflit, et rien de plus
; il fut rrjoint, au cours
de l'éLé, par Ie protesLant Brunner 3, que Bade accrr-
ditait conlme plénipolen Liaire : une lrêve provisoire
se conccrta entec Antonelli et Brunner"" et ron
convinl qu'inlnlédiatemrnt après on causerait des
questions de principes. n ne s 'agil point de dÖlaiIs,
Blais de principes, disait derechef .Antonelli, en sep-
Lembre, au comte de Liedekerque-Braufort, qui
I ui sounlettai t crrtains projets fragmcntaires de ]a
part. du grand-due de Nassau:;. Les )1
tats offraient
des complaisances, Bon1C aUendait d'eux un chan-
ement d'aLtilude, cl presque une conversion. El1e
youlait qu'cn cu
Ie vieil homnle disparût, ce viril
hornnle n1Ïs à nud par 1848, ct qui, dans l'agonie
polit.ique Oll iJ se déhatLait, s'obstinait, avec une
1. l'fuplf, Gpissel, II. p. 2H.
o BruccJ.., ûJI. cit., p. 3!H.
3. Sm' Charll's Féli'( nrunner (1803-18.)7) qui devaiL mourir à Homp m{.mc
au {'ours des négocialions, \-oil' W pcch, .LJadischc lJio!/J'aphien, II, p. 533-553.
}. Brucck, op. cit., p. 399-4uO. - l\laas, op. cit., po 283-285. _ Le représcn-
la,nl.ue Bauc å la <1ièlc de Fl'allcfOl'l con':iidérail déjà cclle lrèvc comme une
ddallc }Jom' sou gouvcrllclllenl (Bismarck, Left/'ClJ lJolitÙjue.'l. p.
32-
33 :
Iclll'C ùu .!3 aoùl 1 f-:,/.).
:,. Fl'iedL('r,:. op, cit . p. 46f1-
70 el 8:;9-8138.
L'ÉGLISE DANS L\ PROVINCE UU HAUT-HHI
71
ténacité sénile, à se proclamer Ie maître de l'Église.
On fut gravement contrarié au Vatican t, lors-
qu 'on sut flu' en IIesse-Darmstadt,
l rin1age de la
convention ,vurtembergoise, I\:etteler et Ie ministre
Dal \vigk avaient, à eux deux, élaboré un arrange-
menL.! : on craignit que cet incident ne ron1pìt la
solidarité des éVl
ques de la province ecclésiastique
du IIaut-Rhin:3. I(etteler dut faire un long séjour
t
Ron1e, au début de 1.833, pour s'expliquer et con-
naître l'avis pontifìcal '. ; les amendemenls imposés
par le SainL-Siège, dont il rapporta Ie projet à
Darmstadt, furent, l'année suivaute,
l peu près
acceptés par Dahvigk, mais Ie nouveau texte de
la convention, envoyé à Rome, n'en revint jamais:S;
et c'est ainsi que les rapports entre I'État et I'É-
glise, leIs qu'ils s' organisèrenl en Hesse-Darn1s-
1. Vicari, Geissel, Blum, pal'tageaicnL ce méconLentcUlcnt mOIlH'nlané ùe Romo
conlre Kellcler (Pfuelf, Geissel, II, p.
H)-2Jl, et Aettelel', I, p. 3li3-3t.i5).
2. Sur les préliminaires de c('lIe com entiou ct sur la convention elle-mêmc,
voir Pfuele, ](elteler, I, p. 34-i-3G4, cL ci-dessous, po 88. Ketlclc1', pacifique de
caraclère, avail cru de\ oil', en conscience, avanL de comLallre comme ses col-
lègues, ne pas repou"-ser les avances de Lon vouloir dont la Hesse esquissait Ie
gcsle (l'fuelf, Kettela, I, p. 362)0
:
. Voir la leLlre de Viale Preia à Ketleler (R octoLre 185i-) dans Pfuelf, Kcttc-
lei', I, p. 3G;).
4. Raich, Ih'ic{e VOll ullll nn Aetteler, p. 255-2:í!). - Pfl1elf, ]{I'ttelcl', I,
p. 3tJG-373. - COcst au cours de ce voyage à Home que l\.ettcler rapporta à
Vicari un p1'6:.ent pontifical digne de mention. Lorsque le gOl1vel'nement pié-
mOlllais avait e1.ilé de Turin l"archevèque Frallsoni, la viLle d
Lyon, évoquant
cn son honllem' le souvenir de cet EusèLe de Verccil fllle Ie;;; al'iens, au IVO siècle,
a\aiellt fait expulser de sa "il!e épiscopaie, lui otfrit uue l,ague où se li:saieut
Ics moLs: EuselJio r.edivivo. Fransoni, se jug-cant suftisalllment hOll01'é par
l'inscriplion, a vaiL oITed à Pic I X le Lijou; Ie pape lie le gartla pas 10llglemps.
Lorsqu'en 18;;;) Kelleler "illL a Rome, il fut chargé par Pie IX de meltre au
doigt de Vicari celte bague symbolique. Donllée par lIlJe ,illc de Frallce à un
év
que piémolltais, elle u'a\ait séjourné ùan:s Ic lrésol' pouLÍíical flue jU
'lu'au
jour Oll un aulre évèque Ia mÚ'iLcl'ait.
:í. Pfuclf, ]{ctlcla, I, })o 37;)-37Î1 0
-
I...
L' ALLEl\IAG
E HELIGIEUSE
ladt d'après ce texte nouveau, f1)1'cnl un état de
fail pll.llÙl qu'un état de droit. La paix religieusp"
d'tlilleur
, profita pluLòt de eette anonudie, que Ie
earact{\]'l'1 sinc(\rl' ('t tolérant de Dahyigk ne rcnda it
ni dangercusc ni précaire.
l\Iais avec Ie "\lrtemberg, ayec Bade, avec
Xassau, Honle, en 18:)J, prit ses mcsures pour
ll'aitc'r elle-nlÊ'u1e : nn document fut remis aux
divers plénipotpntiaires, inJiquant les (( bases ))
sur lesquelles une paix dcyait ètre assise. L'allé-
f.Tesse alors était grande au Vatican. La pl'ocht-
nlation récente du dogme de I'Inlnlaculéc eoncep-
lion par l'inilialive personnelle de Pie IX avait
exalté Pic IX en luênle tenlps que la Vierge : i1
avait parlé, à la fois, au nonl de la chréLienLé
et au nom de Dieu; il y avait eu, dans sa voix,
des échos (fen bas, qui traduisaient la eroyance
latente el l'aspiration profonde des masses fidèles,
el puis des ðchos d'en haul" qui 'affirmaient et qui
définissaicnlle dogme d6jà nlurnluré par beaucoup
dc li\\TCS et déjà voulu pal' heaucou p d'åmes. Et
puis, quelques mois aprè
, la signature du Con-
cordat <-tyec l'en1pire d'Autrichc paraissait inau-
gl
rer unl' peri?de nouvelle dans les rapports entre
I'Eg:lise ct lcs :ElaLs : François-Joseph, parachevant
J'ællvre de ecUe révoluLion n1êmc qui ]'avait un
1l10rnent expu}sÚ ùe son trône, achevait de détruire
J' éd ifice j os(
phis Le; dans la capitale n1 ênle de J 0-
sCl'h II, c'en était fait de la d0111ination <les légistes,
, t. Cc Ip'\lc ÙC", lJasi e,.l puhlip d
llS [<','irdbcl'g', 0]1. eif., p. 84J6-!>050 _ Cf 0
1'111('(01., IJ,,' 0', , , ., ' ]íi,'(", TI/II'Ol';,/-. p. 11
-H :i.
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE OU HAUT-RHI:"l 73
en qui I 'Église voyail des ennen1Ïs séculaires; so
u;
l' fagidp (( du fils des Césars. destiné par Dieu à dp
frrandes choses 1 ))
il semblait que 13. dOlllinatioll
([es canonisles conlmençÙL.
(( Les mots: Lazare, SOl'S du tomJJeau, sout e11-
fìn prononcés 2 )), écrivait l'historien Hurter. Beda
\Veber COIn parait Ie concordat, (( création orga-
nique sortie du noyau de I'Égiise )), avec celle
111adone tyrolienne qui, J'après Ia légende, (( sortit
d'un arbre par une sorte de génération sponta-
née 3 )). Or, l'Autriche était encore la cilnc de Ia
Confédéralion gern1anique ; un tel }?récédent n'al-
lait-il pas fail'e Ioi pour les petits ELats de l' Alle-
nlagne? (( Nous prévoyons avec certitude, écrivait
Geissel dès 1.853, que ce qui sera arrêté
t Yîenne
fournira plus on llloins ]e modèle pour tous les
autres ]
Lats '.. ))
Une coïncidence se présentait, qu i précisénlent
ofl'rait <.tux évt'ques de ces autres :':
taLs ] 'occasion
d'un beau d(
ploiement de prières et d'énergie.
L'année 18J5 ranlenait Ie onziènle ccntenaire du
marlyre de saint Boniface. l\:etLeicr voulut qU'il
Fulda, où Ie saint reposait, qu'à
Iayence, 01'1 sa
crosse avail rùgnr, des solennités extJ'aordinaires
eassemblassent l'Église d' .AJlemagne.
Et ron viL arriveI', cn juin 1.H5
, dans ces
I. Lellre de Yiale Prela (18 décemLre lS:jJ). daoo; Pfue1f. (;/>isscl, II, p.
ljU.
':!. Hcinrich IIudcr, lIui'lel' ufHl 8('i1lC Zeit, 11, p. í1G.
:L Deda Weher, rartuns, p. l
O.
.L I'fuclf, (;ri':s. I , II, 1'. 100;-, - Cf o Cil'iflit Con.fir,', !}-
O aOla IS');',
J. ,)
.
7
':AI.LEl\lAG:'JE UELIGIEUSE
df
llX villes tIr la province eccI6siastique ùn IIaut-
Hhin. des évêques de Bohême et du Danube,
dll lIanovre et de Ia ,\
estphalic, de la Silésie ot
tIp la Bavière; on y vit venir, mênle, Ie nonce
Viale Prela. Les petits États, la vciLle encore
si soupçonneux, n'assislaient pas sans qllelque
gène à cctte libre circulation de l'Église : des
ordrrs venus de Cassel tcntèrent d'inte1'clire, à
Fulda, les prédicalions des Jésuites, puis ces
orch'es furent retil'és 1; et lorsqu'après cette suite
de cérémonies exceptionnelles les représentants de
I'Égiise d' Allemagne quiltèrcnt la petite ville de
Fulda, iis expliquèrent, par une lett1'e collective
datée dr ßIayencc, que de pa1'eils rendez-vous se-
raienl désorlnais fréquents; ils avaient inauguré
la sérir des colloque
, discrets mais efficaces, qui,
depuis un denli-siècle, groupenl périodiquement
l' épiscopat allemand auprès de Ia tombe de saint
Boniface, colloques oÙ se concerte I 'action, où
s'nplanissent les difficultés, OÙ se confirme I'ha1'-
n1onie. On avail peur, naguère, dans la province
ccclésiasLique du fIaut-Rhin, de voir deux évêques
s'entendre; Bunsen aujourd'hui pouvait pousser Ie
cri d'alarme;! en constatant qu'une petite ville de
celle province devenai l Ie ]ieu d' élection OÙ s' en-
tcndraient, à l'avenir, tous Jes ,jvêqurs de l'
J\lle-
lnagne.
Devant l'exemple de condescendallce que don-
Hait 1'1\ulriche, devanlla preuve de force que don-
I. I'fuclf, lie tt cla. I, p. 3ï7-383.
.
l1r )(' )i\r
: 1."8 si'/IIf;<; des [eml)8, ,oil' llolrc lonl(' 111, p.
sn-
>-
.
L
ÉGLISE DANS LA PROVINCr. DU HAUT-llHIN 75
naieD ties évêqucs, les petits souverains d' Allc-
[nagne n'avaient rien de mieux à faire qU"il étudier
lrs (( Bases )) proposées par }\nlonelli. rt à négo-
'1(,1'.
Les poul'parlers s'engagèrenl, intcrnlinaLles : Ie
ardinal Brunelli, qui passait pour Ie n1eilLeur ca-
Lloniste de la Curie \ puis Ie cardinal Reisach 2, les
3onduisirent, au nonl du Saint-Siège, avec Irs 1'e-
présentants des divers souverains. Pendant que les
::1iscussions traînaient, la siluation demeurait grave
n Bade et en Nassau. Vicari et Ie ca hinet badois
,'accordaient nlal sur l'application de Ia trève pro-
visoire signée à la fin ùe 18ü4 : Ie paiement des
Inciennes amendes par les prêtres délinquants, la
Üluation pécuniaire des curés nomnlés par l'arche-
\rêque, l'exconlmunication qui pcsait encore sur
les mcn1bres da Conseil supérieur d'Église, don-
naient lieu à d Ïncessan ls débats 3. De son cô té
l'évêque dp LimLourg expédiait au cardinal Reisach
Joléances sur doléances : il se plaignait que Ie mi-
llÏstèrc rétablît implicitelnpnt, pour les actes épis-
opaux, I'ohligation dll Placet, en défendant
l la
'hancellerie épi
copale d'acquitter sur les revenus
Ie la nlcnse les frais d'inlpression de ces docu-
1. Haich, lh'iefc von und an Kettela, p. 2;Jfl,
. Sur la venue et l'installalion de }{eisach à Rome, voir ci-dcssous,
}. 1
7.
3. l\1a.as, Ope cit., p. :88-3000 Voir dans Wecch, Entlischc Eio{Jmp ltien , Y,
I. tit:I, Ja r{>ponse de Vicari à Pl'cslillari, présidcnl ùu cunseil supèL'il'ur, qui
1t
lllall
lall la Icv("e de l"c>..commullicalion, plus lluisil,le, ll'.l.l'rès lui, à 11
!::.li5C
lu'à rELat. VicLll'i cl'aig.uail que l{omc ne fil lL'op ù
concessions: voiL'dans :\laas,
JjJ. cit., p. 301-3 I.:!, Ie résumé dcs rapports 'lull adres
a finalclllenL au Sainl-
iège Sur les di v('r5'
S qucstions liligicu':>('s.
7û
L 'ALLE:UAGNE HELIGIEUSE
n1pnt
1. ...\ nlC::;UrC qu'
t Rome les .pourparlen; sel11-
hlaicnt (lissiper un nuage, un autre nuage s'élpvait
(\n AlIf'nlag'DP. Enfin l'on scnlit, à partir de 185ß,
que rhol'iz
n Je\rcnait plus clair, grÙcc h l'avrnp-
n1clll.. en Badc, tIu 111inistère
Ieysenbug, grâce
l
la n1Ïssion à Ronle du professeur Rosshirt
, et grâce
l l'innuence pCl'sonnel1e du grand-due de Nassau.
L'annéc IH37 fut marquée par la conclusion d'une
con vcntioll entre B.ODlC et Ie VV nrt.elnbrl'g : 1('
branle était donné 3. En lS5U
Bade sui vit l'exenl-
pIc: un long trayail s'acheva, desLiné à 1ìxer Ie
nombre des cures dont l'État poul'rait
l l'avenir se
(lire légiLin1enlen t patron I. ; e t l'accord fut signé :>.
Enfin en -ISG I, Blnnl, évêque de Linlbourg, qui
avaiL, quatre ans auparavant, reçu Je Rome des
pouvoirs fornleIs pour trai tel' avec Ie grand-due,
cxpédia à Antonelli un projet de convention, qui
fut raLifié 6; et des paroisscs de Nassau. qui denleu-
1. B:'ucd., up. ('it., p. ;{ï8-3
1.
2. Sur Ho;;shirl (lö.2U-18Sï), pl'ofc:'SClIl' calholi'luc à IleillelLC'l'g, JOlllla mi!'siúll
l Itome C'onll'ibua hcaucoup au succès tIu concordal, voir 'Vecch, lJadische Biu-
!/I'apIt it'/1 , Ir, p. 3jR-:WO.
::. fiollhcr, OJ). cit., p.l(jO-I
[). .L'chiv (i.il' kntlwlisc/tt -; f1Ïl'clicll1'echt, lS
ï,
p. 1:J3-IG8, :!ï:l-
glì, :iI3-3.1.:;, li4-l-li74; 1
;)')0 p. 3-
-i.
Ul' la façou donl Iut. pro-
l:Iul;,:-ulo cc conc,ll"dal \\ UlolemlJcr;;cois, yoil o , dans une lcllrc de Rcisach à Geis-
:-ocl (Pfuf'lf. r;l i'l8cl, II, p. 51!), 11. 1) ccrlaincs rClUdl'IIuC's suLtiIes el cUl'ieusC's;
cl cr. l'fue1f, ]{dtelCl o , II, p. :?O!'.
\.. J:a d
lermil!ali
n de cc.,; Cures a'.aÏl I'Lé soig-lIcuscmcnll'l'épal'l;c par des
:o
lIml!'sa
lOI'j 11 11 <l\i.ucnl llomllH;S Dade ct l"aloehevèquc (:\Iaas, up. cit., p. :
Ol-
..(3). - :Sur ceLle 'Jup;;lion tIu pall'ollat à Daùc cllcs difliculLés am.quelles alors
clle (101
lla lieu, \oÏt' ltichard Gopnnel' cl Josef Seslpr, Ðlt8 lí.il' chc1 tJ)(Ûl'Onlll-
I'alil un f;I'o<!6hel':'uylwn Rae/en, p. ïO-l00 cl
Ol-
I{j (Slull<rart EnJ..e
t !}/) i \, , 0' ,
:i.
Iaas, 01'. cit., p. :ltï-3i3.
I;. (:,'ucck. op. cit., po 425-\.H ct 5,ïO- oJ :i:!. - Le eOllrJil qui éclaLa Cll H
:ji
lIh'
' m.um ct Ie !{OU\ ernclll('nl ùc :\assau au "ujcl Jes IIJ0èll'I'S flui dessel'vaienl
, I" .' ,'1'1' .. IIp !\ral.jC'lllhal fill Iranc\tp au boul dC' 'l': ell llH'S llIois pat' fmc aulo-
I.'J
GLISF. ])A
S L\ PROYINCE DU HArT-RIII
77
raient sans titulaires depuis 1854, purent enHn
être pouryurs 1.
Dans leurs p-'l'andes ì ig-nes, cos paclcs divers don-
naicnl satisfaclion aux doléancrs épiscopalC's tIp
185J et de 18J3. La série d'articJes ol'ganiqnes que
les Élats de la proyince ecclésiasliquc du l-laul-
Hhin, trenle ans auparavant, s'élaienl r<sciproque-
nlcnt engagés
l faire poser sur leurs
glises res-
peclives, (
taient désormais p()rinl(
s. Les gouver-
nements a vaient reconnu, sui vant l' expression till
minislre ,,
urtembcrgcois H.uenlrlin, quP (( dès que
l'
lal entre dans lc dornaine de l'Église par voie
d'ordonnanccs positives, r
glise possèòe dans 1a
résislance passive une arme invincible
)). La bu
rcaucratie cessait d'être une puissance dans l'
glise,
cl r
glise cessait d't-trc considérée par l'Élalcolnnlc
nn organislllc burcaucratiquc : elle devpna it .luge
de ses propres ini:érèts, Dlaìtl'CSSe de sa propre vie.
8es clel'cs étaient hien
l elJe; ses rcycnus, Lien
l
r lle; ses 0 llaiU es, Lien à elle ; e t ]' on ne se nlêlc-
rail plus (le co qui ne regardait qu 'cUe; les souve-
fa in
, vis-à-vis elu Pape, s'y élaient expressénlent
ohligés. (( Les concordats dont J'Allenlagne se
couvre, 1 isait-on dl\S 1858 dans les Jlcuilles 1/ isto-
l'ico-politiqucs de
Iunich, assuren t Ia siluation
jnl'idique de l']
glise d'après des principes qui, iJ
y a vingt ans, passaient pour être caractéristiques
ri
alion tin goU\ crncmcnl, qu 'accompagllaicnl ù'ailleurs ÙCS l'c::.ll'ÍcliollS cl (Ics
clauscs as:5CZ malvcillanlcs pour la lihcl'lé de rÉglisc (Brllcck, Ope cit., p. 43(1-í37).
1. 11-,Û/wlik, i R61, J, p. 7GG. Dès I ti5
, Blum a\ aiL pré\ll II 11(' ì\" assau 11(' LJ'ai-
l('rail pas avant Baùe (l'fllClf, Gcissel, II, po :i73).
2. Hupnwlin, op. cit.. p. 22:;.
78 L' ALLIDIAGNE RELlr.IEUSE
de haute tl'ahison uHranlontainè, et qui ll'élaient
luèuIC pas compl'i::; 1. )}
Yl I I
l\Iais tl peine ces acles étaient-ils signés
qu'inl-
nléùiatement une parlie de l'Aliemagne s'agitait.
(( Le concordat, écrivait à
Iontalembcrl Auguste
H.eichensperger, forme chez presque tous les pro-
lestanls une pierre d'achoppement, car ils yeulent
la, liberlé pour leur Église seulenlcnt, el craignentla
puissance nlorah
du catholicislIle, qui grandit
toujours en Allelnagnc 2. )) On rcgardait d u côlé
de Vienne; on y constatait la joyeuse exaltation
des catholiques 3; on comnlentait ]es nlulLiples
incidents auxquels donnait lieu, en .Aulriche, Ia
question de la confessionnalité des ciuletières t.
1. 1I. P. B., 1
58J I, p. .!.
. Paslor, lleichensJlcr!Je)', I, p. 39R. - Dl':; 18Ji, Ie journal berlinoi
quïn<.;piraienl Haumcr et Weslphalcn allaquait Ie concordat wurtcmbcrgcois
(rruplf, Geisscl, II, p. 5H))0
::. La CiviltlÌ Callolica, 2
décembl'c It\:j5-B janvicl' 185G, po 1GO-1i5, donne
de uombreuses et précieuscs cilalion:.. - Peu à peu ccpendant, dans certains
cel'cles calholiql1C's oil 1'011 Nait porlé à rcdouler IïnHucnce de Rome, unC'
('criaine mah('illanC'e se fiL jour conlre Ie concordat. Pour Lasaulx, Icquc1 sou-
hailait, PH Aulriche, I'pg-alilð cÍ1 ifluC des conC('ssions, Ie C'oncordat élaiL ulllrailé
défpclm'U)" (Sl()pI7Ie. Lnsaul.r, 1'. hiG); Fréùéric Michelis, Ie futur viem..-calho-
li'l'lC, cn IJlàmcra plus lard la forme, llui, d'après lui, faisait trop de conccs-
!'>ion
à l'c!-.prit lhéocraliflue (50 1'hescn ueber die Gestaltung der lí.Ï1'chlichen
rcrllflcltnisse dPr GC!lcl/wart,
e éùil., p. 15. teipzig-, Duerr, t8(8). - ce.
rJwolo!,iscltcs Lilcralul'Uatt, 1868, po 80(j-S12, uu article important du cauo.
l1iste Schulte.
!.. WcL('r, Cm'tons, p. 123 cL suiv. - Bern. v. l\lc
er, E1'Zelmissc, I, p. 3iO-
3i3. L élm]e que fit Meycr, à la dcmande du minislrc Dach. dcs sC'pt remarques
ulLime!! I'r{>
culées par Ie Saint-Siègc à I'Aull'iche sur le projct de concordal,
rPlId partiC'ulil'rI'Tnl'nl inl?rpo;sanles Ie!! pap:es qu'il conc:;acrf' à cctle histoire.
L 'ÉGLISE DAl'i'S L\ PIlO\ïNCE DU HAUT-RHIN 74J
On se hàtait de conclure qu'à l'origine de ces
troubles religieux, il y avail Ie concordat conclu en
l
35; que ce concordat, au lieu d'être un instru-
nlenl de paix, élait un engin de luLte; que l' Au-
triche, en se livrant à l'hégémonie d'une confes-
sion, éLaÏt par là nlême déchue de son nnlique
prérogali vc de prenlÏère puissance allenutndc 1 ;
qu'il fallait, entre 1'.A.utriche et Ie reste de l' Alle-
Inngne, (( tendre un cordon sanitaire 2 )).
Tolérerait-on, dès lors, que les petits États de
1'.Allemagne du Sud s'engageassent dans ]e sillon
qu'avait tracé François-Joseph
? (( Présentés
comine les grandes chartes de l'Eglise, écrivait
Greith, évêque de Saint-Gall, les concordats sont
uevenus des têtes de l\Iédusc, efIrayantes pour Ie
protestantisme e t pour la maçonnerie 3. )) II senl-
blait qu'en négociant avec Ie Saint-Siège ces
pactes successifs, les États du Sud eussent solida-
risé leur propre poliLique religieuse avec celle de
l'i\ulriche : les fractions de l"opinion germaniquc
qui rèvaient de substituer l'hégénlonie des Hohen-
zollern à celle des I-Iabsbourgs, et celle du protes-
tantisnle à celle du catholicisme, se í1altaient, en
1. l;lunlschli, DellkwuCi'digcs, II, p. 2300
. Base, Bcrli/tCI' Prole.<;talltische IÚi'chell:;cituli{j, 5 a"l'il 1856 (ciLé dans
11. ]'. lJ., 1857, I, p. 1U). - Lc concordat,
crit Beda \Vebcl', élait cousidéré
commc (( une machinc infcrualc que IC5 prèlres papislcs dirigenl conlrc la :Saxe,
la Prusse cl Ie l\JccklcmLoUl'g, pour en JinÍl' avec Ic l,roLeslanLismeo )) (Cal't01l8,
po 103)0 (( Donnez-nous ùeux cenls ans d'ELat pl'oleslanl, vcrsiliaiL à Vienllc lc
poètc Grillparzcr, el nous somme5 la racc allemande Ia plus puissallle et la
mieux dOllée. Aujourd'hui 1l0US n'avons plus de lalenl que pour la musique - et
Ie concorùal )' (Heinrich LauLe, Fi'ltlt:;; Grillpo]'zci'S LdJcnsyeschicbte, p. DU.
SluLtgal'l, Colla, (884).
3. Fricdl'i('h, noellingcl', HI, po 170.
80 L'ALLE:\IAGNF.: RELIGIEUSE
sapant l'édifice des concordats, dïniliger à Fran-
<:ois-Josrph UUf' nOllyclle d6faite.
Lrs :lnxiélrs un pl'otestantisrnr, les passions an I i-
cJéricaJcs, Irs suscep1 ihilités de la raison (rÉtat,
les inspirations oc
ultps du caJJincl de B0rlin
p
coalisaient cnLr0 cUes: de lit, l'incoercible POUSSé0
<Jll 'cxercrI'cnt Ips canlpagnes anLiconeoI'dataires 1,
de Ht, aussi, leur pronlptr yictoir0.
On agila Ip pays a\Tant {ragilf'r Ies Chanlbres.
Dans Ie \Y'llI'telnb(\rg, des pétitions circulaienl
{'onlre 10 concordat, Ie synode évangéIique se plai-
gnait, Ja facnJté de Tuhingue proLestait:!. Oscar
\Vaechtf'r, que Ie parti piétisle de Stuttgart recon..
naissait conlffir un ch(
f, pubJjait deux brochures
cufhtnlnH;es:\ cL l' é\.(
que de RoUcnhurg, r."ppl'anl'l
cp spnlhlc. qUf' ceLLe cffervescence tOlnhcl'ail d'e]1(,-
lnênle, s'opposait tl cc que les caihoJiques JìSSCllt
(les manif(.sb.r lions en sens inverse'
. En Bade, Ia
ville 0(\ IIf'idelbpr o ' fut Ie centre d'une violentc can)-
b
pagnf' anticoncord::ttairr : Bunsen achevait d'y
luouI'ir:; ; BluntschJi s'y insLal1ait, conlIllC pour y
succédcr aux haincs de Bunsen. IlostiJe it toutc
hiérarchic rpligieusc, Biuntschii ùéchaînaiL contrc
L Lf' C'{'lèlll'C' canonisLe IlroLC'sl:tnl Biehlel'. sons Jïllllncnf'(, de cC's campagnl'!',
juLro\lui
il dans )Po; \;diLiolls nOll\C'IIC's ùC' !'on malllw{ dC' droil canon un esprit
pIu,; hO"'li1c all calholici!'JnC' (lIins('hins, Z eitse/Ii'; it (i) 1 0 IirclLtS!fcschichtc, ISG.},
I V, p. 358-:I:i!1 0 - Sur les campagncs cnLrcprisC's, ('n 0\ uLl'jchc m{
mc, conlrc
It, cOI1C'ordal, yoir
lcindl, lJ;sclw{ lludiyiCl' I. p. 1}la-
ï7, :j
H-GIG, /ìGl-'i:!i.
. Bruce]." Ope cit., p. 44t.i.
,:L
ll:ochlll1, L
l(lt modcme ct rL'ylise cn .lllelllafjllc, In
-18ÎO, p. l
I:;-l
IG
.I"dc, (Jcorg, Ib/J}o
i. II. }'. 11., 1St;!}, II, p. 2:1;:!-
33.
:j. Hollcrl Y. :\]ohl. L. hCIISCl'ÙmCl'll1l!if'U, T, p.
:j
. dOIl1H' de CUl'JCU>' cJl
laila :.;ur
I.l \ ;f'il/('-- . III' BIIII"f'1l ,t IIcidl'lIlf'q!.
L 'I
GLISE DA
S L.\ PROVINCE DU HAUT-RHIN 81
Ie concordat les colères de la presse 1 : 1a maçonne-
rie, les protestants (( liLéraux )), (Staient à ses or(!t'(\s
el marchaicnl derrièrc lui. 1\ Durlach se tenai t un
hruyanl meeting 2 : les bourgeois de Frjbourg, les
universitaires de Friboul'g, ohsédaient Ie grand-due
de leurs griefs \ el Ie Ininisli'e Stengel, évidem-
ment trop optimiste, jugeait inut ile que les catho-
liques pétitionnassent en faveur du concordat si
violemment attaqué 4. II semblait que les gouver-
nements se fissent fort d'abréger ces querelles en
invitant au silence l'un des deux parlis.
lais la
yoix de J'autre parli devint bienlãt assez impé-
rieuse, assez souveraine, pour entraÎner les votes
des parlements et forcer les gouvcrnements à
céder.
(( L'É g lise ron1aine, d(
elal'ait en Bade l'hislorirn
IIaeusser, aspire à rélablir sur Ie montle ::-,a n1onar-
chie uni ver
elle, et, sous Ie cri séduisant de li-
berté de l'Église, à rétablir l' esclavage pour tous
et]a domination exclusive pour elle-même 5 )); et
Ie prélat
Iehring, en'Vurten1berg, ne voulait pas
entendre parler d'une (( liberté )) qui permeUrait
I. Bll1nlSchli, Ðenkwuudigcs, H, p. 274 : il publiait à Ia fin de I R;;9 une bro-
::hure contre les nouveaux concordats.
2. l\laas, op cit., p. 348-350. - Ho P. n., 18GO, I, p. 217-2H et -1862, II,
llo 3::!0-3'::!0. - Stroehlin, Ope cito, p. 1:25-120, trarluit une partie dn discours de
!laeusser à Durlacho Sm' l'orage pl'o"oqué par Ie lract ùe riposle que publia
llurs AlLan Stolz: Schmc-r:;ensschrci im Dw'lache-r RathhaU8, voir Haegele,
.lllJan Sto1:;, p. 18J-18û.
3. H. P no, 1860, I, p. 735-íl
'í, el IRô2, II, p. 518-555. - l\laas, Ope cit.,
). a51.
4. Brueck, opo cit., p. 473. - Sur Ie rninislre François de Slengel (1803-18iO),
voiL' Weech, Eadische Eio{J1'aphicn, II, po 311-315.
5. Brueck, opo cito, po 477. - Sur Haensser, voir llotre tome III, po 13 el4i-4G.
IL
G
82
1.'ALLE
IAGNE HELUaEUSE
aux nloincs, - ces (( fakirs )), disait un autre t, -
.1(\ (( lncltre Ie 'Vurtemberg en étal de siège 2 )).
D'uiJIeurs, rn
errant lcs choses de plus près.. on
sontrnait quïl rt:1it contrairp ä l'égalitr- confession-
]1('11(' lIr O'l'atificr lr eatholicisn1p dr c('rl:1ines li-
t'>
hrrlés auxquellcs ]e protrstantismc ne pouvnÏl
IH'
telldr('. (( Si Ie concordat entre en Yigueu
, di-
sait en Bade lr député Zittel, il faut que I'Eglise
protpstanfp, rllp aussi, devirnne plus indépen-
d:1ntp s )) ; c'e<;;[ à cp mêmr point dp vu(' - an point
de YlIfI df
la (( parit{' )), conlIDe ron disaiL - qur sc
pJaraif ,
n Hcsse-IJarmstadt Ic prélat Zin11nern1ann
pour COOl baLLrp la convention t.; ct ron nc voit pas
bien, d'aillrnl's, cc qu'ils ensscnL pu répolldl'C l'un
p[ l':1l1tl'(\ au IuinisLre ,yurtenlbcrgcois lluco1elin
flxpliquant avec une grande finesse que, dans les
l
gliscs issues de la Réformc, Ie SUJJl1n1lS ('piscojJus
e confondait avec Ie chef de l'Élat, et flu' on ne
pouvaillui Jen1andcr, en vérité, de conclure UIl
conrol'(lal av('c Ini-J11(-1110:> !
:\Jais à cõté ct au-dcssus des con venances de
r
:gli:;c proteslanlc, on inyoquait contl'C Ies con-
cordats Ips .lroits supérieul's d0 l'l
tat. lliuntschIi,
tit'S l'illslalll où était paru Ie concordat anlri-
ehien, avail ohscl'vé qnp dans co ÙoclUllcnt il n'y
I. Brueck, up. cit., p. .\:ju.
1.. Brucck, 01'. cit., p. 4;;1.
:1. .1Iaa.., û'!. rit.. p. 3i8, 11. :í. Sur ChiU'lcs Ziltel (180:!-1871), \oir Weecu,
/J(l([,sc/I(' 1Jzof/1'nphicn, II. p. 5i.:!-5.'!-ï,
i. T:"IIl'(,L., 011. cit., po 4G
-I.lj:L Sur 1(' prélat Charles Zimnwrmann (1803-18i4).
fOlldatrur de l' ,bs ci t. í' l A I I J . .
. -' I) (I lCm uUS tU'C- ((j fllC, \011' Ihl'hl, ..t/lljcmetlte clt'utsche
1,/üqNlplât', \L\', p. :!8U-2S3. .
.'. HU('/He1ino op. tit., po 2it.
(..'ÉGLISE D.\NS L.\ PHUrINCE DU HAUI'-RHIN 83
ayaH pas trace d' (( une iùée propre de l'État,
d'unc conscience de l'IttaL 1 )). Lc caractèl'c de l'Étal
moderne, expliquait it son tour Haeusser, (( COll-
siste à êLrc affranchi (les liens dans lesquels la
hiérarchie Ie tenait ,\nfel
mé : la Réforme, qui a
COfi1111PllCé cet afl'l'anchissemenl, a assignó à l'État
la haute mission morale que depuis lors il a ren1-
plie pOllr Ie saInt du nlonde. Pour renlplir rcUe
nÚssioll, il ne doit être lié au service d'aucune puis-
sance ccclésiasli qup 2 )). Or les concordats, si l'on pn
croyait l\laurice 1Iohl, ]e député ,vurtenlbergeois,
(( désarmaienl rÉlat en face de toules les Lcndances
qui peuvent entrer en luLte contl'e les exigences de
la cuHnre intellecLuelle, nlême conLre celles de la
police 3 )). Ainsi 1 'Élat, en se liant à nne confession
l'cligicuse, dérogeait au devoir qui était Ie sien,
ùïncarner les intérèts Je la haute culture. C'est
pourquoi les univcrsités s'émouvaient : que les
mcmbres des facultós catholiques lie théologie
fussenl, d'après Ie concordat, j usticiables de leur
jnSeignelnent vis-à-vis de l'évêqlle, cela paraissait
lnlolérable au reste du corps universitaire, et l'ÉtaL
lui signail un tel sacrifice dés ertait sa Iuission
5cientifique
. PolitiquemenL parlant, d 'ailleurs,
3t c'élait Ie principal argunlenl, cn Bade, du rap-
)orleur IIilùeLrandt, (( la situation accordée il
'Église par Ie concordat ne s'accordait pas avec
1. Blunlschti, lJcnkwucrdigcs, II, p.230-;!31.
. Bruí'ck, Ope cit., p. !
i(j.
:
o Brueck, Ope rit., p. 4;;1). - Sur
laurif'{, 1\1 011 ! , \ oÌl' lIolre [ollie II r, p. 51.
4. elo\H'cl.., úp. cit.,
. i-
O-'l-t\!.
8}. L 'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
J'aulononlifl de l'Étal, aver ]rs droits <If' la souvc-
1':\ inflt(
tflrritol'i<dc 1 )). On considél'ai L qu' en I rr 1 e
droit nlodel'ne et ]p vi(
ux dt'oit canon, un dnel à
InoL't était {'ngag6; on constalait que, dans ccUp
nni,rCl'sil(
de 'Tienne. qui si longteIl1ps nvait été Ie
centrc des idées joséphistes, Ic laïque Phillips pl
Ie futue évêquc Fessler fOl'maient une génél'ation
de canonistes dévoués au Saint-Siège 2, et que If'
canoniste l\Ioy commençait en languc allemande.
pour soutenir l' (( ultramontanisme )), la publica-
tion d'une revue de droit canon 8 : ce qui était en
péril, concluait-on, c'était la conception n1ème de
I'I
tat rnoderne.
Et puis la patrie, ]c germanisme allaicnt aussi
p(
I'ieliLer. (( La Curie rcstc la Curie, disait à la
Clullnbre ,yurtenlbrrgpois{' Ie prélat
Iehring-, ct
Lant qn'elle reste la Curie, no us ne la conlpr0nons
pas. Ces lLalicns nc connais
ent pas nolre situa-
lion, nous vivons sur Ic sol allemand; ces "r clches
He savent pas ce qu'il en est chez nOllS. Les apports
d'ouLL'c-monts ont déj
t souvent troublé notre paix,
rompu noLre unité, mais jamais enrichi la foi, ja-
1. :\Iaas, Ope cit., p. 3GI-365. -
UI'Gcorgcs rlladiu Hilùebrandt (J81l-IX77),
\oir Weech, J:"tlisc/w J/io(f1'fl]Jhien, 11[, p. 56-59.
. Sur l'irnporlance de l'ap})cl de Phillips à Vicnne et du ùécrcL de 185
i, lJlli
avail rc:orgaui.(
<Ian.. ceLLc universilé renseignemcllt du dl'oit, voil' CiviLtà
('ultolica, 14-28 juillel 18:)1, p. :;72, et 24 lJo\cmbre-7 dccembre 1
:;,), p. 710.
- Sur la fa<,:oll donl Fe!':.ler s"en fut à H.ome mème pour se prépal'('r à remp/Ü
a l.lche de proresselll' de droit canon, voir Erdinger, l)r Joseph Fessler, p. 82
cl suiv. (Brixeu, Weger, 1874).
3. Sur :Ernest
loy de SODS (J ;!)!)-18G7), voir nolrc tome fl, po 98-9
j.-
Voir ùan,> Meindl, Leben und .WÙ'ken des Bisclwfs Rudigiel', I, po 4ì5, I;:
leltre de Moy annon<;anl à Rudigier la publicatiou de I'A rchiv {fl:r Katholisclwl
J\irrltf'nrecht 0
L 'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 85
Blais fortifié la conscience chrétienne 1 )). Le prélat
Sigel, à son tour., dénonçait Ie (( parti des Jé-
suites )), et lui signifiait que jamais Ie \V urtenl-
berg et Ie peuple allemand ne reviendraient it
l'obédience de Ronle 2 . L'hisloricn IIul'ter s'éton-
nait de cet émoi des protestants conlre ]e concor-
dat. (( On ùirait des locataires, disait-iI, qui vou-
draient empêcher Ie propriélairr dïnslalll
r à son
gré Ie resle de la nlaison :1. ))
jlais un autre prélat protestant, l\loser, affectait,
en WUl'temberg, d'alléguer conlre Ie concordal les
intérêts nlênles des calholiques \Vlll'tenlbergeois.
Le pacte signé par Ie roi Guillaunle avec Rome lui
paraissait enchaîner leur J ibel'té; il n'admettait
pas qu' entre les consciences catholiques et Ie Saint-
Siège I 'État se chargeât de tresscr un lien. (( On
devrait, expliquait-il, laisser à l"Église catholique
Loute sa liberté de développement intérieur, et si,
:-;oit par des recherches scienlifiques, soH par l'effet
d'aulres circonslances, cUe éLait (llllenée, inlérieu-
('enient, à se détacher plus ou moins de Ronle, il
ne faut pas qu'aucune convention d'Élat fasse obs-
tacle à ceLLe évolution 4. )) !vioser, apparemnlent,
;'intére::;sait bcaucoup aux catholiques, mais à
eux-Hl, surtout, qui voudraient cesser de rêtre.
C' était un torrent de dialectique passionnée, un
'eu rouIanl d' argunlenLs imprévus; mais si ]' on alIa it
1. Brueck, Ope cit., p. .:;1.
o I3l'ueck, Ope cit., p. ,1.:;1.
:L Heinrich Hurler, Hw'ler UII{/ seine Zeit, II, p. 'IlS.
L Dru n rl" IIJ). cU., p. 1-
2-4:i:Jo
86 L' ALLEI\IAGNE RELIGIEUSE
au fond de ces polémiqncs, on trouvait ll10ins des
objections qne I'expression incessante d'une crainte,
Ia trainlc que l'Église n'abusât de sa JibrrLé.
On dénonçail, snl'lout
les excès possiLIes du
ré o 'in1e concordataireo A q uoi ]e III inistre badois
ð
Stengel répliqnait énergiqncment: (( La penr des
ahus que pent am eneI' la Ii bcrté cst la ll1ère de la
Lyr(lunic. )> 1\lais alors, en présence de pareilles
ripostes, on s'élevait au-dessus des détaÏls du con-
cordat, on ne l'atlaquait même plus dans sa subs-
tance: on s.en prcnait à Ia méthode d'apl'ès laquelle
il était négocié pt concIn, on déclarail la guerre
l
l'idée mên1r de concordat.
En Nassau, en Hesse, l'gtat, par l'intern1édiairc
de srs hatHs fonctionnaires, élyait négocié avec un
sujel, qui là s'appelail Blum, ici KclteIer; en \\Tur-
tcnlhcrg-, en Dade, l'i
tal, par J'intermédiaire de
scs diplonlatcs, a vait négocié HyeC un élranger..
Pic IX 1. I tes engagements avaient été pi'is, cn
dehors des Chamhres, au-dessus des Chambrcs:
n 'étaiL-cc pas une aUpinte à la souveraincLé natio-
nale
! Les n1jnisl(\rcs
sans donte, avaient été ]c:;;
prcnlÏcl's à observer que la mise en vigucur de
cerlaiups stipulations du Concord a t l'cndl'ait nf'íccs-
I. · l:e<;;le ;1 sa\ Oil', (
C'
i\ aiL en no\cmLre ISJD la lla(lische Lrt,Hlc.<;:;cifWt!J, s
f'l dan
'Illclle mc:-u:'(' la majol'i'(; dc", Cham],rcs consellLira, Il semLle cerLain
,u
moi,
Lrt'., ,'raisemLlablc, qU'C\!l' IIC con
elJlil'a pas à MIJ1primcr LouLes Ie
-lipulaholl" consLiluLiollllellcs ct li'öûles lJuïl bCl'ûiL nécessai,oc dc :"upprimer, ('
.dol':. Ie paJic a Ie droit de bC d(
gë:l.6er UU cOllcol'll,,-l; cn
cC'olJ(l lipu '1 u ' cIlp II'ap
pl'OU\cra pas touLcs les lois IIOUH'lIcs, cL alO1's Ie t;Oll\erncmenL peut sc déga
l'
l'al O cc quP Ie terrJ.in lui mall/lue p01l1' l"applicalioll. Si d'aiIlcurs sun ient ce gl'auc
,0hallr,:cmclIl, la Iwrlc par lc papf' de Sa Souvl'rainelé Lempol'f'lle, alors lous Ic
(Oo
lcÍll"dal
lom!'Pl'onl, (liU'CP 'Iuïls sl1pposent '1"(, Ie contl'ûclanl cst nn souy('
I'alll .) ([: I'll ('c I,. , VII. cil" 1'. -i-'12-}
I:n. - cr. nIllnlsC'hli, /Jcltk/l'1lcl'di!Jcs, III, p. 12
I
'
:Gl.ISE D
\NS I
1\ rnO\TINCE J)U IJ,,\urr-ltHJ
87
sau'e Ie remaniement de certaines lois; et ils se
proposaient, en tontc hunlililé
de réclau1er des
Chambres ce remaniement 1. ì\Iais cela ne suffisait
pas aux susceplibilités des législateurs; elles dépu-
lés catholiques eux-mc'mes, en Wurten1berg, soute-
naient, à l'exception d'un seul 2, que Ie concordat
tout entier devait être soumis à la ratification des
Chan1bres. Les rapports de l'Église avec I
Étal ne
devaienl pas être réglés par des traités, mais par
des lois. {( L'esprit du ten1p
, oLservait ironique-
111ent I\:eUeler, tolère que les gou vernements trai-
tent avec de riches Lanquicrs comnle avec des rois;
Blais il ne peut supporter qu'un contral soH con-
clu avec un évêque cathoJique 3. )) Des traités
signifiaicnt I'aLdicaLion de l' État, des lois seuies
arIirn1aient son hégén10nic. En adoptanl une poli-
Lique concordataire, Ie pouvoir civil avail reconnu,
in1 plicilen1ent, qu'il nc pouvai l pas à lui seul légi-
férer sur les choses d'Église : aux yeux du parti
libéral, un pareil aveu élait impardonnable. II
fallait qu' en déchirant Ie concordat, l'Étal se rclc-
vàt de cette humiliation: ainsi l'exigeait lïntégrité
nationalc.
L COest la lhèsc de (lucl1lel.in, op. cit., p.
H)-
:;Oo
. Wje
l, dépull- de Ech.ingel1o - Voir Ie discours du déplllé calholiqu('
1'lOhsl (HH9-18!)
}). UwLlwlik, IHûl, I, p. (ìl
-fjf3. - H. P. n., 18!ì!'), II, p. 23.!-
:!3;Q, SciLL, déff'ßscur dc la convcnlion h('
soi:;c, c\.p1ill"e I(UC les malièrcs qui y
soul lrailées conccl'lIcnl l'admillisll'atiolJ o lion la h
;:;'i:"latioll, l'l Ilue dès 101's Ie
pouvoir législalir liC d.eyail pas èlrc consulLé (Die Kat/lOli.yclle l\irc hcn(l1l!lelr;-
'1ellhcil im. Gl'osshcr::;v!flllum Ifcyscn, p. 15tj cl suiv. Maycnce, Kil'chhcim. 18lil)0
1Il' Edouarll
c.ilz (JRIO-18li8), Ilui ful, h'clILe ans duranl, Ic JJl'cmier jurislc
calholiflUc de la llcs:.c. ,oil'
chulLe, .A.II!fI'1I1t'illl' d,'u!sc!tc IJio!lraphie
XXXlll, p. 6?jG-637 0
::. prl1f',r, Kft[('lc
', II, p. ti.
8ts ':ALLEIUAGNE HELIGIEUSE
A toutes les tribunes pal'lenlenlail'cs, des sonl-
malions furent adressécs aux gouvernements. De
quel droit traiter avec unp puissance extra-terri-
Loriale? denlandait-on en \Vurtemberg. En fait,
comme l'expliquait avec une jolie finesse de langage
Ie n1inistrc UuenleIin, (( Ia convention élait une
entenLe entre l'État cL l'Église territoriale catho-
lique, laqucllc, par rorgane de l'évêque, avait
désigné Ie Pape comme son représentant normal,
constitutionncl, pour cettc sorie de pourparlers, et
Ie Pape avait éLé ainsi admis à trailer, en tant que
représenlant d'une corporation territoriale dans sa
sphère d'autonomie 1 )). Dequel droit traitcravec un
évêque, avec un sujct? demanda it-on, en IIesse,
au n1Ínistre Dahvigk, (( plus dan
creux, disait-on,
qne ne Ie serait un jésuite !'omain )) 2 Et Da!\vigk
de réponure, avec une belle noblesse d'acccnl :
II y a dans un État certains droils indépenJants de la
législatioll, indépendants du caprice. toujours possible. des
parlemellts et d,u gouvernelnellt. Les dl'oits religieux des
mcmbres d"llne Ef{lise chrétienne reconllue reposent sur des
fondclnenLs plus pI'ofonds, sur des principes plus élevés, flue
tout ce qui se laisse régler par des acLes législatifs. Dne
Chamhrr (Iui
crait composée ùïsraélites, ou (rcxaJlés, ou
de proLesLants cÀclusifs, ou ù'athées. serait-elle compétenle
po
r régler les plus hauLs intérêts religieux des membres
Ü"Eglises qui sur leurs bancs ne compleraient aucuus repré-
sentants, ou presque aucun:3 '!
1.1
UCIl}(;lill, opo cil., po 238. - Sur GuslaH HucmcIin (181:>-1880), '\-oir Gus-
la\e Schmollcr, All!lemeine J)c7.ll.<;che IJiu!ll'aphie, LlII, p. :j07-G;
5, ct spécja-
Icnll'I
L, !'1Il 0 SOIl aLli luùe dalls Id. Ilucsl.iOIl cOllcorùalairc cL à l'endroiL ùe 1"Eglise
lomamc, Ips pagcs ti07-Gt6.
2. rfucIf, Kettelcr, II, p. 21.
.:. PfllClf, Rrllcl('j", II, p. tG. - Dah, igk Iui-mènw (1802-1880) a réfulé dan!'
..:.tGLISE DANS L\ PROYINCE DU HAUT-RHIN 89
Dal,vigk cl'aillcurs aurait pU ajouter qu'avant.dc
signer avec l\.elleler la convention, il en avait faiL
soun1cttre ]e texte à unc notabilité du clergé pro-
testant 1.
j)lais en vain Ie protestant Ruenlelin soutenait-il
la compétencc du Pape, en vain Ie protestant Dal-
\vigk déniait-il la con1pétence des Chanlbres: dcs
n1ajorités sc fornutÏent contre la poliLiquc concor-
dataire, majorilés sûres de leur force, plutât d'ail-
leurs que de leur droit. Un des juristes qui travail-
lèrent Ie plus obstinément à faire déclarer invalide
Ie concordat badois, Ie professeur H.obert 1\lohl,
avoue dans ses l1félì1oi'l'es avec quclque désinvol-
ture :
Juridiquenlent, la Iégitinlité dOune tellc déclaration élait
susceptible de quelques doutes; et en tout cas, vis-à-vis du
grand-due, une déclaration de llullité était chose diffkile,
puisque la ratification était déjà un fait acco111pli; Inais Ia
conviction que cette 1l1eSUl'e étaÏt absolument nécessaire, f't
l'agitation qui allait croissant dans Ie pays, ordonnaient de
passer outre it toutes réserves 2.
Ie line : Erinnc
'unyshlaeltet' an FI'eihcl'1'n EPI'nhm',z 1'on Dalwiyk zu Lich-
'enfels. VOlt eincm alten Diplomalcn (l\Iayencl', .Kirchheim, 1881, p" 120 cl suÌ\-.),
es divers reprochcs fails à ]a convention; voir d.ms ]e l{alholik, 1863, ],
). r,6i-;i68, Ies rénc1.ions ùu clergé ùe Hesse sur celle <lu,'sliou.
1. RI'Ï1mcl'1t11gsblaetlcl' an F1'eihe
'rn BCI'nhard 'lion Ðalwi!lk, p. 113 :
lcuri de liagCI'u, l'ancipn présiùent ùu parIcment de Francfort, approllvait Ia
}olilifllle reli
ieuse de Ihh,ip:k (
lohl, Lcbcllsf'rinner7.1llf/ell, T. p.
.)I) pour
aql1eUe Ie juri
te Hoherl
Iohl, qlli fnt millislre de Bade en Hesse en l
t.ìG, est
m contralre lrès sévère Plohl, op. cito, II, lJ. 30,)).
. :'Ilobl, 0])0 eiL, II, po 1:2:;. - Mohl. Ope cilo, H, p. 123, déclare quïl fut rUIl
]es premiers à demandcr l'aLrogalioIl du concOl'dat, étant (( depuis longlemps
'om"aincu que la comp]aisanC'è fit les demi-mesurcs à l'endl'oit du clergé empi-
'cnl toujonrs la siluation .. - l\Iohl étail, de puis 1 g57 ,représcntant de runiver-
;ité d"Heidelherg à Ia première ChamLre Ladoise, qu'it présida à partir de 18(j4.
";ur RoLert 1\1ohl (1709-1875), voir, outre s('s S07.1vcnÙ's puiJlips en 1902, l\Iar-
IlIarrlsl'n, d,\1ls .r\ llgemc111c ,Ipulsc!tr ßioflmphic, xXII, p. íIJ.:;-';;)I'ì.
o
I:ALLE
IAGNE RELIGTEUSF:
On passa outre. eITeetivcmrnt. Sous ]c soufnc
des trrnpt'tes parlrlnentaircs, concordats rt con-
ventions s'ctfondrèrC'nt, con1ll1C' autant de chÙtl
aux
de cartes. ...\ Ia scconde Chamhre hadoise, I.assaut
fut donné en 1.860 par nn cathoIiqur de naisssanc0,
Hildebrandt; tout de suite il fut victoricux. Sans
rllème atlendrr l'avis de Ia prcll1ière Chtlmbl'e, ]c
grand-due renlpIaça pal' un ministère Jibéral,
lout prèt it travaillcr pour la Prnssc, Ie nlinistère
qui avail signr- Ie concordat, et qu'on accusail, it
Berlin, d'êtr
trop docile nux inHucnces 3utl'i-
eh iC'nnes 1.
En \Yurtcnlbcrp:, mên1C' assaut, n1ên1e victoirc,
o1ênH' crise minist(-rieHe, au pL'intcmps dC' 1861 2.
En Kassau, ]a ChaiTI hre permit au cabinet Je
maintruil' provisoircn1cnt Ja convention, ponrvu
qu'il préscntâ t sans rct3.rd nne loi su r les cuIles 3.
En T{C's
c-Darn1stadt, ]a convention, cinq annécs
d urant. donna] iC'u à des 111 an i r ('stations popn r a ires,
1. Sill' ('C's {.pi:-.ot!C'i' pal'1f'IlH'nlaiI O C5 eI <"111' les mallif,'slalions dp Ia rill', yoir
:llohl, úpo cit., II, p. 1
3-12Ii. - ::;Lf'llgf'I, minislre de l'lnlt'l'i p l1r, al'l'ès Ie vole
de la !õlccon!Ì(' Chamhrpo pr(.para une rirculairc pour expliqucr aux foncLionnaircs
'IUC Ic concorùaL dcmcl1raiL encorc en ,"if:ueur, mais Ro
gcllbach. ami du
rdnù-duc, l'amella à cong-p,licr Ie minislère Lien qu'oll eûL ò('jà rccncilli en Baril'
. i 000 sig"I
Lure!ò pour Jp ron('ordal. Si ron, pul comprcndre celle cl'ise, il fan\
1110(' (lans fhsmarcI.., Lf'll/'cs Jloliti'lw's, p. ::3:í-:rr;, scs leLLrcs tIll 10 a\fil i8:)
,
d Ilu :!ci mai lH:';R, conll'C Ja poW iqup aUlri('hicnnp "" minisLrp ),aùois ì\fe
sel1-
IJ\I
L Ill' !>on au\ilidil'(' rl'ia, (( uILramolllain ùps plus ardenls II. << Cc ministrp
\ OUlalllln(' f/I'Il/((le palric allcman(lp cL non une J'russe ag-ralHlic : jJ devail
t
I
f'IO: II, IisaiL-on ùans Ics Fc/(ilfe.
de :\Junich (lI. P. B.: i8til, I, p. iUOI;;
hIJ:, II, p. 1::!1). - Cf. uoLJ'(' lOlllc III, po 4!1-.ïO. _ Sm' Ip cl'irniualislc Auloiuc
de SLa!,,'I (tMlli-ll'l
O). chf'r 1111 UOUV('ilU millisLère, ,oil' '''cC'ch. lhuliseltc /Jiu-
'll o ap/ucn, III, p. lti:! -I ï
o - :Sm' It'') id(
cs pl'ussicul1es dc Ho
;.;cuLdch, illsLi-
;:.Llc
r ù
la fOl'lllahon UII millÏ:,V'l'c, ct qui pcu après (lul Ie pOl'Lefcuille dcs
.\Odlres dl'all;;èr('s, voir I3lunlschli, 11t'/ l k/l'I(l'1"tliycs, IJr, p. tlÌ-iS o
.!.. Gollhr'J o , Ope eil.. p.
IJ/ì-
W.
.: J:'Ollt'('
, "I'. ";1, {I. :;"n :,(11.
,: ÉGLISE D_\.NS LA PHO\'INCE DU H
\{jT-RHIN 91
p{\Litions et contre-p(
Lilions, et it des balaille.s par-
lenlcntail'cs 1; et conlme cn 18GG Ie nlinistère Dal-
,vigk, qui ravait signée, parnissalL éLl'angcmcnt
lllenacé par Ics man(CllVrCS combinées de ]a Prusse
rt des partis anlicléricaux, I\(
tlelc.. pfit l'initiativr
de concerter avec Ie grand-d HC Ie retrait dr la con-
vention tanl din'anléc, afin d'enlcyer un pl'élexte
au renverscnlent de Dahvigk 2.
Rome avait eu Ie droit d'espé,>rl', PH
ignant les
concordats, quP lcs eondiLions d'exislrnce de
l' l
gIisc, dans Ie sud-ouest de l'Allemagne, étaienl
fìxécs pour longtemps ; une décpption hrutale sur-
vpnait, dont Ie cardinal Antonrlli, dans une note
au gouvernCll1rnt \vurtenlbergeois \ nc dissinllIlait
pas l'amedumc. l\[ais Romt', crpcndant, perrnitqu'a-
VPC Ics r(
servcs S(
élntrs Ies ealholiques prissent une
i. PfupU, IÙ:llc!i','. II, p.9-5G. - En t81i2, it nne rl-Imion ('!ccLoralC', Ul1 ayo-
caL d('clara quc KcLtcler, non indig
n(', u'avaiL pas Ip dl'oiL d'èlrc évèqu('
(rruc1f, 11.dlelcl" 11, p. 2.';-27). - Ell t
G3, la prC'lUil'rp ChamLrp hessoisc \ola
un proj('L dc loi sur Ics rapPol'ls cnLrc rf:glisp cL l"ELaL, dcsli1lé à remplaccl'
la con\ clllion; mais la sccondc ChamLre Ie rppoussa, ct la cOll\'C'uLion rp!'La
C'n ,ig-uclil'. - Sill' la campa
np failc ('n Hesse' conlrp la con\"cnt.ion, yoil o
EI'iIlUerU1ì!/cn an F1'cihei"rn Ii. l'. Dal/l'i!/k, p. 117 C't S([. Dalwig-l-. HaiL haï
pal' Ip parti I(leindcutsch depuis qllOcn 18J:
il y twalL Cll ruplurc enlrc la Hcssp
PI. la f'russc (Pfuelf, [.rttclcr, II. p. lO).
. l'fucH, Af'ttf'lc1', lJ, p. 271-2';2. - l:ismal'c1.. llès UìJ
, avait ('crità Gcrlach
fll1C la. chulC' de lhl\\ig-k dcvail èLrc Ie 1)111. de la poliliqllP IH"us
iC'nllc (lJrÍf'fc
J:i8maJ'cl
s (tIf [pujJ. L'. (;rl"lach, p. (ì7, lèltrc du II; mars 18:)3).
3. XoLe 1111 3 juillpl 'hfi1. dans J\.olholik, 18(iI, II, p. (ì21-1Ì:Z:;0 La 1I0lp ell!
\\urlcmLcrg (12 juiu II-;Iìlj, à lafJl1Cllc AlllolIC'lIi r('pondail, cst puhliée dan:;
GoIlhcr, Ope cit., p. 4;:;.í-.í3ï. - Ell lR(d., Ie .Ç,'yllfL!Jlls, sous Ie l1uméro 1
3,
tln<lil clJuùamncr cctLe I'looposilion : << La pui
:;ancc civilc a lc pouv\)ir dp
Cd
"cr, de déclarcr el. dc relldl'c Jlulles lcs com cuI ions solcllllclIcs cOl1clucs
a\cc Ie
iègc apostolilluc, rcl.lli\cmelll
l rusa
c ùes ul'oil.s qui apparlicnncnl
à lïmllluniLé ccclésiasLi'(lIc, sails Ie cou
cHlcrnCIlL dc cc Sailll-Siègc cl. malg-l'é
scs l'éclamaLiolls )) (Choupi II, \ -alcw' dcs d(:cisions doctrinal co; ct discipl i-
naircs du Sf/ill/-Sir.,!,,, p. 275-
RO. Paris, Hpauch(,!"lle, Hlili. - Salolli, Ploin-
ci}1cs tip (/f'()it puhlir dcs COllC(H'rl([t.
, LJ'ad, ChaZl>1!p!', p. :lo:!-:lHì, Paris, I
('lallx,
I SR!}).
LIBRARY ST. MARYIS COLLEGE
9:!
L'ALLEl\IAG
E RELIGIEUSE
part discrèle à l'élaboralioll de
lois nouvelles qui
devaient donner un statut à l'EgJise, et qu'iIs de-
meurasscnt
t même, ainsi, de lui procurerou de lui
rClldre quelques avantages 1 . ì\Iènle parmi tant de dé-
sillusions, Rome gardail lc sentinlcnt qu'eUe n'était
pas complètclnent vaincue, el qu'au lcndcmain dc la
rupluL'C ducoLlcordat l'Église était dans une situation
111cilleure qu'à la veille des premières négociations;
Ics dix années qu' elIe a vait traversées, ct durant les-
qucUes cUe avail eru, pendant une n1inute, toucher
à Ull Lriomphe, n1arquaienL pour eUe un progrès.
L'adminÜ,tration de Nassau et de Hesse-Darnlstadt
conLinua d'appliqllcr, en fait, 1e programme de
poliliquc reìigieuse qn ï01posaient les convcntions;
10s campagnes parlementai res ct municipales con-
tre les Jésuitcs on pour la laïcisation de l'ér.ole \
soutcnucs par des brochures Lrès viol0ntes qui de
Francfort so répandaicnl dans Ie diocèse de
:\Iaycnce \ échouèrent contrc la fcrmeté du cabinct
de Darn1stadt ot contre la vigilance de I'évt.que Kct-
I. \"Oil' la r(;pon
e du cardinal AntOIlC'1Ii au prince Hohcnkhc-WaIJenhurg-,
IIH'I1I"l'C de la premil'rc Chamhrc \\ urlC'mberg('oise, dans Brueck, 0))0 cit o
p. /
:,j-4:i 7 0
10 Sur Cl'" Cahlpa!!nC'
, am,'luclll's
;associai('nl un ccl'lain Hombre d'iu'ili[u-
lpurs, voir Pruelf, J{etteler, If, p,3:;.3f1 0 :i3 ('t 301 c[ sui\', KC'llclcr à l'avancC'
C'11 avaiL conjuré l'effC'l en 1lI0nlranl, ùans un mandpnlC'nl de 1859 unc l'(
elle
--olliciluilc pour la
illlalion matéridlr des in"lilulcnrs (l>fuelf,
p. rit., II,
po t
-123'. coL ('n \ ,.iIlanl, di's 18J
, à ce CJUC lcs prêlrcs sc familial'isasscnt
;l\ cc la péda:;og-ic (I'Cuelf, Of}. cit., I, p. 332-313). Cf. Ie ltatlwlik, 18ß I, II,
p. 3.J:'í-3H, annonçanl ct rcocomnhlmlanl am. prèlres un nou"eau manucl dc pé-
d, !!og-ie IHlblié par Ohler, d,reclcur du sémÍ1ldire des inslilulcurs de :\la) cnce.
. 3:
ur Ie curicm.. mom cmcnl dc publicalions anlireligicuses qui se proJuisiL
.J. I: ral
cfol'l, en 18G3 0 à la suil c du congl'ès calholique Lcnu dans cellc viIle, voir
\ ell \ialcnllll, Prankfurt am J/,ân llud die licl'vlution von ISf8-18f.P, p. 500-
:,11
luU:::-art, Cotta. l!}OR),
L'ltr.LISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHI
93
telcr I; ct Irs lois qui, tout de suite, s'élaLorÞrf\Dt
en 'Vnrtf'nlhcrg et en Bade, et qui apparaissaient
COllll11P lIne sorte de l'epl'é
aille de Ja puissance
légisIaLive \ De furent à cerlains égards, en "
ur-
temberg surtoul, qu'une adaptation de ces formules
concordataires qu'on venait de déchirer. (( Pour ce
qui regarde la substance du projet de loi, insinuait
au cardinal Antonelli Ie nouveau Dlinistre "\yurtem-
bergeois GoIther, l'intcntion du gouvernement est
que, sons l'éserve des droils et des intérêts de l'État
et des autres confessions, la précédente convention
serve de base, en substance, à la nouve]]e législa-
lion projetée 3. ))
RuemeIin, appréciant plus tard la loi présenlée
par son successeur Gol ther, pouvait écrire en tonte
sincérité : (( Avec cettr Ioi, on n'a pas introdnit un
nouveau syst(\me el un nouveau principe; elle n'a
été que la continuation et l'achèven1ent des efforts
antérieurs dll gouvprnen1ent civil en YUp d.nn
arrangement acceplable pour les deux parLies. CeUc
10i est tout
t fait incompréhensible sans ia con-
vention qui la prócpde
elle était, sans Ia conven-
tion, tout. à fait impossible; cUe srrait encore,
anjonrd'hui, inexécutable si Ia convention ne l'avait
1. Stroch\iu, 0[1. cu., po
:ij., signalc quc KeLLclcr a'.ail inslallé en lIps!'f',
à la ùirecLion ùes cullc"" un << JésuiLe de robe courle >>, Ie Dr Fl'ancko
20 Sur lcs Cill<f nouvelle., lois Ladoises, pul,Iiées Ie Hi oclobre 18QO, voir .Fried-
Lerg, Vcr Staat will die l{atholische lÚrche in Baden seit clem Jalu'e 1860,
p. 1-8 el
37-
1-U (Leipzig, Duncker, i871); 'Iaas, op cil., p. ::!)7-45(ì; C'L Lauer,
Ope cit., p.
32-
37. - On Ll'OUVera dans Gollhcl', Ope cit., p. i58-547, Ie
Ledc complcl du projel de loi \\ urtembcrgeois et de la loi défillÏlivemenL votée,
promulguee Ie 30 janvier ISG
o
3. Golther, Opt cit., p. 4:>70 - Sur Louis (.lolther (1823-187G), voir DIane.
karls, Allgemeine deltlsche lJioqraphie, IX, p. 31-7-3-1>--.
V
L 'ALLEl\L\.GNE RELIGIEUSt.
précéùée; car cUe n'csl rien autre chose, en
essence, qnp ceUe convention nle-me, transposée flu
style ùe la Curic dans la phI'aséologie jUl'idique de
l'i
tat. 1 )) De fait, dans trois États sur quatre, à'Vies-
baden, à DaL'lllstadt, it Stuttgart, ips maXinl(ìS
concorclataires, éconduites en lhéorie, continuaient
d'être respectées, implicitement, par les minislères
soucicux de la paix. Fragiles avaicnt été les con-
cOI'dals; mais Ips ponrparlcrs qui les ayaipnt précé-
dés laissaient un son venir durable, et ce souvpuir,
à Iui seul, était une influence.
nien d'étonnant, dt\s lors, qu' en dépit ùe l'iOl-
poli te
se faile au Saint-Sirge par les gouvernc-
Olcnts, la revue Lc Catholique de l\Iaycnce, au
Jébut de 1863, jugeÙt la situation sans pcssinlÍsnle.
(( Assurément, y lisait-on, les concordats fllrent
rompus lorsque la journée de Sol férino ct Ie déve-
loppenlent de l'èl'C libérale en Prusse eurent fait
oscilJer, dans les cabinels secondaires, Ie point de
vue ùu droit. Le libéralisme a traîné les droits de
I'J
glise devant Ie fOl'Unl de la législation constitu-
tionnelle. l\Iais les lois qui furent pnbliées nous
ont donné plus de funlée que ùe feu, et dans l'en-
senlble elIes se sont nlontrées inoifensives, puis-
q
'elles l'econnaissenl en partie les droits d(ì
l'Egiise, et puisqnr. pour Ie reste, eUes sont et
resteront inapplicables. Lïssuc des orages cons-
titulionneis est meillcure que nous Ie pensions.
L Hl1emf'lin, Ope cit., p.
07: (( Par cumplc, conLinue-t-il (po 320), là oil la
conv('nlion flit: L'évêflUC SP mcLLra d'accord, préalablcment, avec Ie gouver-
l1f'm('ul ro
al, la loi diL : L'a
I'émenl de l'EtaL est rcquis. ))
L'ÉGLISE DANS LA PUUVINCE DU HAUT-RHIN 05
Nous n 'avons ricn perdu, beaucoup gagné 1 ))
IX
En B
lde, cepûndant, une Chalnbre existaiL,
prête à faire lllontre, sans ambages ni réserves.
de ces (( droits de l'État )) que la nouvelle législa-
lion venait d'affìrmer. Dans ceLLe te1'1'e badoise, oÙ
les catholiques formeut les deux tiers de la popu-
lation, une géomélrie éleclorale subtilrUlent con-
certée reslreignait d'une singulière façon 1(\
nonlbre de leurs représentants: Ies circonscriplions
éLaient fornlées de telle sorte que, dans la plupart
a'enlre elles, Ie chiffre des catholiques n'atteignìt
pas la moitié des électeurs 2 . La masse calholique
rurale était sacrifiée aux agglomérations urbaines,
où les protestants étaient plus llomhreux. .Ainsi la
majorité parlcnlentaire représentait en réalité la
minorité du pays. l\Iais c'était là une queslion de
fait, indiITérente à Blunstschli et aux autres théo-
riciens du droit public: teIle queUe, cette lnajorité
personnifiait l'Élat; elIe avail droit, lelle queUe,
å une obéissance sans restriction.
Paruli d'innolnbrahles clauses peu satisfaisantes
pour l'Église, Ie législateur badois de 1.860 affir-
L lí.alholik., 11;63, I, p, i-. Com parer dau.; Ie 1'lwolo!]isclw8 Litaatw'blall,
1
li!l, p. l3-H, uu cUl'ieU\. article de 1\1. Schulte, Ie rutur (( ,ieu
-catholique (e 0
expliquant P0\1rIluoi Ics ChaUlhres Ilui r(
pudiaienl (es concol"llats donnèrent
ccpendant à I"f;gIise une situalioll mcillcure que celIe qu'plle avait avant 18300
2. Dans son ùiscours de 18GO, Kiefer, Ie parlemcntaire anLicathoIiquc, reCOl1-
nuL que Ia force des catholiques à Ia Chambre n'équivalail pas à Ia force des
catho\i'lues dans Ie pays \ Weech, Baclische Bio!Jraphien, V, po 3
2).
}6
t ".ALLE:\IAGNE RELIGIEUSE
mail Iui-ml'me rantonomie de
diverses confes-
sions l, mn is ceUe formule toute plaLonique ajour-
naiL Ja soluLion de beaucoup de questions de Jétail,
que ]e Parlement et Ie nouveê
u nlinistère voulurent
aborder de front. Libre nux ELats voisins d'acheter
la paix rc1igicuse au prix d'enLentes quotidiennes,
implicites, entre l'État et l'Église, au prix d'un
certain nombre de petites tolérances de fait. signe
ot gage de hon voisinage; l'État badois, lui,
arLorait tout de suite les principes, avec la jouis-
ance d' étaler sa souveraineté. (( Le grand-duché
de Bade, proclamait I'historien Haeusser, occupe
un poste avancé dans Ie combat que se ]ivrenl
aujourd'hui dans toute I 'Europe les anlÎs du progrès
el les partisans de la réaction. Que I'll1 b'anlonta-
nisme tl'iomphe au milieu de nous, il recueillcra
dans ton L(' }'.. \ llcnlagne ] es rrn its rle sa vi ("toi re,
rOlllme ]e radicalisnlc en 1847 2 . )) II ne dép1aisait
pas aux honlmes d'Élat de Carlsruhe d'entendre dit'e
que Bade étaÏt une sorle de champ d' expérience
ponr la politique anlicléricale, que les lois de laïci-
sation s'essayaicnt dans ]a Forêt-Noire avant. de se
Lransplanler en d'antres pays allemands, et que Ie
gouvernement grand-ducal, scIon l'expression de
l?uJ1scn, (( conlbattaÏt à l'avant-garde de tous Jes
Elats décid(Ss à fail'e pl'évaloir contre Ie droit
canon l'autonomie et. Irs droils des citoycns 3 )). I1
I
Iaas, Ope cil., p. 40b-4-0n.
J. Cilt
dans Stroehlill. 0]). cit., p. 1:"6.
:-1, llun
en, Die Zeichen tier Zeit, I, p. 183. - Dans un lout autre esprit
quc Bunsen, Hoehmcl', Ie Iuthérlcn calholicisant, disait en mars 18Gi que Bade
('Iait pour rAllemagne une tcrre où sc jouaicnt les dC51inées (ein Schicksals-
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU H
\UT-nHIN 91
n'apportaient point, à vrai dire, dans un pareil
cOlllbat, eeHe fianlme ù'apostolat, ce besoin de
propagande exaltée, qui a\ aient poussé Ia France
révollllionnaire it la conquêle du monde; mais iis
aimaient que Bade apparCl! comme un État modèle,
logiq uement construit d'après certains principes
nlodernes, comme Ie développement vivant de
certains théol'èmes politiques, comme l'illcarnalion
de certaines abstractions augustes. Avec moins de
fougue, et plus de distinction, un libéral badois
des années 1860 à 1870 ressemblait singulièrement
à un jacobin d'avant la Terreur 1 .
C' était en qu elque sorte une religion que Ie libé-
ralisme badois, avcc Bluntschli pour théologien;
c'était Ia (( religion de I 'hulnanité, conlmunc à tous
les peuples ci vilisés, reliant entre clIes touLes les
religions historiques )). Ainsi parIait HI untschli
dans une conférence tenne à Cologne 2 . II senlblait
que dans sa pensée l'État fÚt appeh
, non pas,
certes, it prendre la place de rÉglise, mais à faire
que I'Église et lui ne fussent plus qu'un : l'ÉLat,
dans l'organisnle de !'hlUl1anHé, l'cpréscntait l'é1é-
nlent masculin, l'Église, l'élõmcnt féminin; el un
sublime mariage s'accon1plissail, qui fcrait éc[atcr
land) (Janssen, Boehmcrs Lcben ulld Bricf'e, I, p. 45G). - VOil' dans Dhml
chli,
J)enkwuerdigcs, Ill. po 15, l'esf[uissc ù'un curiem.. parallèle cnll'c Ie lihéralismc
Ladois cL Ie lilJé1'alisme Ïrançais; ot d. KcLLcl('r, La, lot cst-cUe La conscience
I publiquc? trade {;yr, p. 4 (Bruxellos, Dévaux, 11-ìtW) : (( Lc granu-duché de l3ade
aspire à l'honncul' ù'ètre lïûéal ûu gouverucmcnL UJodcmc. )) -
L '( Hi('n de pius dcspotifJue tlliC Ie lihéralismc, i'cI'ivait au pcintre St'PiJllc, au
sujcl de Bade, Ie diplomate autl'ichien Bl'enne1'o A la fin, il préfèrc abdttre los
Lètes, no pouvant Ie's conlt'odiro. . (Steinle, B1'Ïctivl'I'hscl, II, p. 3f;80)
2. BJunlschli, Denboucnliycs, III, p, 22
.
IV.
7
s
L' ALLE1\L\GNE RELIGIEUSE
l"uniLé de la race humaine. Ces rêveries s'étalaicnt,
dès :181.4, dans un livre de jeuness'e de Blunts
hli 1 :
un État sc rencontrait enfìn, nlâle et viril, dans
]cquel, vainelnent d'(1Ïlleurs, il cspérait devenir
rrtinistre, ('t qui devait prendre assez nettement
conscience de ses propres fonctions spiriluelles
pour devenir répoux de l'Églisc, un époux qui
serait seigneur et maître; un époux qui, du reste,
deyenant rapidement infìdèle, altribuerait à la
science Ie rôle jadis joué par l'Église 2.
l\insi ressuscilait pour l'Église badoise ]a menace
d'unc scrviludp nouyelle, plus terrible peut-êtrc
que celle dont la vcille clIe s'éLait affranchie. Car,
lorsqn'clle n'avaiL affaire qu'it ]a bureaucratic, des
dénlarches personnclles al1près du grand-due,
Inolcur uniqur eL souvcrain de cet. organismc
jnlpopulairc, pouvaienl atlénucr les abus, arrêter
les cxcès tIr pouyoir. 1\lais òésornlais, cr n'(\lait
plus avec l'administration, c'étail avec la loi,
avec nne prétendue (( conscience publique ))
incarnée par une nlajorité, que rÉglise aurait à
conlptcr. EL puis, la bureaucratic, naguère, oppri-
nlait d'un poids égal les deux confessions chré-
tiennes : elle régnait sur rÉglise protestante avec
autant d'absoluHsmc que sur l'Église romaine,
avec plus d'absolutisme mênle, puisque, dans l'éta-
hlissement protestant., sa domination était fort peu
1. nluntschli, l'sychologisclw Studien. ueber Staat tlnd IÚrche, p. 31-3g d
8lì-87 (7urich, B('
cl. 18-1,4).
2. Das Paplstum vor der napolcQlIischcll und der dcutschell Politi!.: (pcrit
anon
'm(\ de Bluntschli. Berlin,
pring(>r, 1.860)0 - B111ntschli. Dcnkw1lcrdigc8,
II, p. !i4-
i().
J:I
GLISE DANS LA PROVINCE nu IIAUT-RHTN !>9
contestée. Au conLrail'e, Ie progran1me d'un homme
politique COll1me Jolly \ tel qu'il l'exposait Jui-
même dès iR60, comporlait l'émancipation de
l'Église pl'otestante : on relâcherait les chaînes
dans lesquelles Ie souverain ]aÏque l'avait trop
long temps en1prisonnée; les paroisscs protestantes
seraient gratifiécs d'unc libcrté jusqu'alors incon-
nue; et d'une pareille nouveauté Jolly croyait pou-
voir attendre deux avanlages : il esp(-rait qu'à la
faveur de cette indépcndance des fidi']es une réac-
tion s'opércrait, bien vite, contre Ie rigorisme dog-
matique de l'orlhodoxie protestantp, délcslé par
les homn1es d'État elu (( libéra] ismr )); et puis il
se flaltait que l'exemple des paroisses protestantes,
maitrcsses d'elIcs-mên1cs, serait pour les paroisscs
catholiques une séduction constante, une perpé-
tuelJp invite à secouer ]e joug de Ia hiérarchie
ron1ainc 2. La puissance bureaucraliqup a vait asservi
les deux Itglises ; la puissance législaLive, son héri-
tière, devail, d'après Ie plan de Jolly, émanciper
l'une et asservir l'aulre.
On avait, dans la loi de 1860, proclamé en prin-
cipe l'autonoD1ie de I'ÉgJisc romaine; mais de
t. Sur Jules Jolly (1823-1891), voir Goldschmil, dans Weech, Badische llio-
/1'aphien, V, p. 3
i-352; - Baumgarten-Jolly, Staatsminister Jully. (TuLillgue,
:.aupp, 1897).
2. Baumgarlen-Jolly, Ope cit., p. 44. - Sur l'antipathie de Jolly pOl11' Ie pro-
eslanlisme orthoùoxe, voir Baum
arLen-JoHy, opo cit., p. 11.4. - Yoir dans
Iuntschli, Denkwuel'digcs, Ill, po 13, des r1éLails sur la constitution plus démo-
-ratiquc donnée Ie :> septelllbre 18Gl à l'églisc évangHÍ!Juc Ladoise, eL II I, p. 2.,3-
:57, Ie grand discours qu'il prononça en ocLobre 1869 au Protestantentag de
erliJ), et dans lequel il opposa l'opinion de la (( communauté j) aux ,-isées de
a hiél'archie. - J.e lhéologien DanicJ SchenkcJ (1R f 3-188:> ) (Weech, Badische
/io(/raphien, IV, p. 383-400) eL Ie jurisle Bluntschli favorisaienl dans le grand-
nch{' un mouw'melÜ lrès << libéral )) r1an., ](' s('in rlu prot('slanLismc.
too
L' ALLEIUAGNE REl.IGIEUSE
crraves difficnH6s ne tardèrent pas tl surgir pour la
o ,
collation de certaines cures sur lesquelles 11
Lat
possédail un droit de patronat 1 ; et plus reLentis-
santr encore fut une lutle plcine d'étrDngeté, qui
s'engagca entre Ie nlinisLère et Vicari, pour la
nomination d'unc supérieure dans ]e pensionnat de
jeunes filles J'Adelhausen. Parmi les, religieuses de
l'cndroit, l'Etat avait son parti, ct ] 'Eglise Ie sien;
l'Élat tenait bon pour sa candidate, ]"Églisc pour la
sienne. On finit par voir Jolly, Ie futur premier
ministre, faire une descente au couvent, et revèLir,
lui-mêmc, de sos insignes rcligieux, Ia supérioure
nommée par l'ÉLat: ainsi procédait-il en s'appuyant
sur un arrêté gouvcrnemenlaJ de ]'année i8!!. On
devine ce que pouvait être un parcil couvcnl, avec
ses nonnes (( libérales )) ot
es nonnes catholiques.
Entre les unes et Ics autres, on se disputail au
sujct des ll10ts : <( Loué soU Jésus-Christ, )) que
les enfants ont souvent sur les lèyres òans les
écoles d'j\llcmagne. Les Donnes (( libérales )) détcs-
Laicnl cette fornlulc; une d'elles finit par Ia
prohiber. Devant tontc la classe, l'aumônier la
gronda; et l'État, alors, chassa l'aumônicr. L'ar-
chevêque évof(ua la libcrté de rÉglise; c'étail
évoquer un fantôme 2.
On avait, dans les pourpar]ers avec Vicari qui
suivircnlla loi de 1860, promis à l'Église que les
t. hicdùf'rg, })er Staal uud die lí.atlwlische lÙ,t'c!te. p. 0-J2 el 2 *1j-
70.
- itlaas,op. cit., p. 48::'
J. }<'riedberg, Der Staat 'lmd dil' Aillholi.
chc /íirchc, p. ;'8-Ð1 C'L
7
-31.J. _
Maa
, Ope cit., p. 5íW-:i3:j.
L'ÉGLISE DANS IJA PROVINCE DU HAUT-RHIN 101
fond[\ lious picusrs donl rUe disposait lui scraÎ.ent
fidpl
lnent conservées ; mais tout de suite, par des
biais ingénicl1x, l'adn1inisl nllion revendiqua un
certain nombre de ces fondalionst, et en affecta Ie
revenu à des u'uvrcs d'enseignenlent 2 . Or, à celle
époqur mênle, les idées émises par l'écononliste
I{nies 3 sur la réorganisation, - nous dirions sur
Ia laïcisation - de l"enseignelllent pi'inlaire, pas-
saient pen à peu dans la législation : un nouveau
projct scolaire rOlllpait la plupart des liens par Ies-
q uels l' école tenait à l'ÉgIise, créait pour la surveil-
lance de l'école des conseils scolaires COllIIDunaux
ùont Ie présiùcnt étaÏt nonlmé par Ie gouvcrnelllcnt
et dans lesquels Ie curé ne siégeait plus lllêllle à
tÏlre pernlanent, nlais seulement COlllnlC dispensa-
leur de l'instl'uction rcligieuse
: ainsi l'Église, du
nlênlC coup, voyait l'enseignenlcnt lui échappcr et
une partie de ses fondations pieuses servir à l'cn-
lrelicn d'initiatives scolaires auxquelles eUe devait
rester étrangère. Le clcrgé denlanda vaincment
1. Lauer, O[Jo cilo, po
:i8-
i!).
. FrieùLerg, Dc'/' Staal unci lite I\.atlwlischc IÚ1'c!w, p. 138-1x
el 4H-47J.
- l\laas, Ope cilo, p. 483-502.
3. Sur Charle<;-GusLave-Aùolphe Knies (1821-18!J8), voir la noLice de Blend,
dans ßeUelhcim, /Jiofll'llphisches In/lI'buclt, IS!J
, p. 110-112 (Dedin, RcimcI',
lÐOO). - te mémoire de Knics se tcrminait par 4
thèses (Iui résumaicnl ses
principcs: Knies demandait (Inc l'imporlauee de l'enscignement religicm;: flll
l'éùuiLe, flu'jJ demenrâl obligaloire << taut (Ju'il ne meltraiL pas en péril la desLi-
nation ci\-ifJuc de l't;cole JI, flue h
prèll'e ccssât tl'ètre légalcmellt inspectcur de
I'école, (Iue Ie service de sonncnr, sacristaiu, organiste, ftit sépdré des fonctions
IïnsLÏtuteur, et flu'on s'al'heminåL vel'S une école mide avee enseignements
unressiollllels distillels (Lauer, Ope cito, p. 247-24!J)0 Vieari rél'lÏlIua par un
nl-moire au travail de Knics.
4. Sur la loi scolaire de 186 i, et les conflil s auxquels elle donna lieu, voir
-:'rif'dherg, J)IT ,,",'taat unci die Jí.nlholiscí/(' Iiil'clte, p. 74-104 ct 310-iW7, el
Haas, 01'0 cit., po ïïR-fî1:;o
i02
L' ALLElUAGNE RELIGIEUSE
qu'avant Ie vote de cette loi nouvelle sur l'ins-
Lruclion l'Étal fit accueil it ses doléances et tra-
vaiUât à une entente 1. Le 29 juillet 1864, la loi
fut volée. Alors Vicari s'insurgea. Le nlinistère
badois riposla par des menaces, et des groupes de
prêlres, se jugeant provoqués par In. parole minis-
térielle, demandèrent réparation : en 1864, nloins
de cinq ans après Ie concordat, la guerre reli-
gieuse était raUunlée dans Ie grand-duché. Vicari
défendit que les prêtres et que les fidèles entras-
sent dans les nouveaux conseils scolaires, et que
Ie cJergé nlênlC gardât aucun rapport avec les auto-
rités de l'école réorganisée 2 ; et rorgane badois
du protesLantisnle orthodoxe applaudissait discrè-
tenlent à cette insurrection de l' archevêquc contre
l'esprit de laïcisaLion. Pie IX intervenait pour
féliciler Vicari de sa fermeté 3. Un con1n1erçant
calholique de IIeidelberg, Jacob Lindau, se nlit à
courir Ie pays; il groupait les populations, leur
signifiait la défense de I'archevêque; et de village
en vilJage se propageait la grève des électcurs,
vainenlent convoqués par I'État pour la nOlnina-
tion des conseils scolaires. Dans la ville d'I-Ieidel-
herg, il ne
e trouva que 264 calholiques pour
aUeI' voter.. Ces éleclions furent risibles : sur
100 calholiques, 27 seulement en n10yenne y prirent
1. l\Iaas, Ope cit., p. 59.!-5!)3.
2.
laas, Ope cit., po GOO.
.3 tc L
.ef de Pic IX, du 14, juillet 18ti4, est publié dans I'Archiv fÜl' kalllO-
Izscltes Jurchew'echt, .111, p.
J et lraduit dans Ie Ilecueil de,y allocutio1ls,
encycliques, lellres citées daus ie Syllabus, po 50G-513 (Paris, Leclère, 18G50)
40 Sur Lindau (183:
-18!,8), voir Weech, lJadisclte Biograpltien, Y, p. 5
40
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-HHIN 103
parP. L'État renonça à tout quonun,. partout.où
trois électeurs se présentèront nux urnes, on con-
sidéra leur vote comme valable et Ie conseil comme
constitué; et si les conseillers ainsi désignés rofu-
saient de siéger, ils étaiel1t frappés d'alnendes 2 . Si
la journée de vote s'élait passéc sans qu'on eût vu
venir trois électeurs - Ie cas se présenta dans
U5 comnlunes - I' État constituait d'office un con-
seil scolaire, pour un an, avec quelques fonction-
naires qui n'avaient pas Ie droit de se dérober.
La belle tâche de veiller sur l' école se présentait
au regard des ci toyens badois conlnle une sorle de
corvée publique, sanclionnée par des menaees
pénales, inquiétante pour la conscience : l' école
souffrait, Ie prestige de l'État souffrait, ell'ensei-
gnenlent reljgieux à l' éco] e devenait, en fait,
inlpossihle. Des catholiques se rencontraienl ot
non des moindl'cs, pour estimer que Ie prètre,
après les protestations séantes, aurait dÙ prendre
sa place dans ces non voaux conseils scolaires, s'y
entourer de bons catholiques et réduire à néant,
ainsi, les intentions hostiles des auteurs de la loi ;
c'élait I'avis du futur archevèque Orbin 3 , et c'élait
l'avis, aussi, du grand publiciste ...\lban Stolz t.
1. Lauer, op 0 cit., p.
.) I. C f. Ie ùiscours ùe Lindau au congrès catholiq ue
de Tl'èves en 18Gj (1'edtaudlunyclt, p.
04-20;j).
2. Lcs amendes qui fl'appèrcnt les famiUes catholiques dans ccrlaines com-
munes attcignircnt parfois 500 à 700 florins (KeLLelcr, La loi est-elle 1a cons-
cience puólique ? lrado Gyr, p. 8).
3. Wcech, lJrldi.çche Hio[jrapltien, IV, p. 301,. - A la fin de novemLre 18G8,
rentrcr dans l'écolc scra le væu général des curés.
4. Hacgele, A..lóan Sto1
, p. 199. - Stolz ùOailleurs, à ceLle époquc, multipliait
les brochmcs de propagande conlre lcs nouveaulés scolaires.
LIBRARY ST. MARY'S COllEGE
f04
1. 'j-\LLEJT AGNE nELIGIEUSE
LOl'sque Ie loup prend un enfant,. disnit-il, ]a lllèrC'
Loude-l-rl1r, ou court-rIle après Ie Ioup
? II appli-
quail l'apologuo à la n1ère Église. 1\1ais la 111ère
I
glisc continuait de bouder, parce qu'une grando
partie du peuple catholique boudait avpc elle, parce
qu'onviron 400 pétilions, groupant 37.000 signa-
tures, réclanlaiont du grand-duc Ie changement de
la loi, parce que la loi même devenait un prétexie
à une agitation religiouse constante, e1 parce que
cotte agitation religieuse, enfin, faisait rspérer Ia
formation d'un parti populaire catholiquc semblable
à celui qui depuis quatorzo ans défendait Ie caLhoIi-
cisll1e prussien. C'élait un beau tribun que Jacob
Lindau: il imagina co qu'il appelait ]es (( casinos
ambulanls 1 }). Avec des escouades de conférenciers,
il s'en allaiL de bourgade en bourgade pour prêcher
la résistance passive it la Ioi. Lorsque Ie (( casino )}
de l\Iannheim, Ie 23 février 18G5, cut donné lieu
à des troubles, ]e gouvcrnemont intcrdit les
(( casinos ))? Les (unendos continuaient de pleu-
voir pour châtier les catholiques de leur force
ù'inerlie, d'autant plus obslinée qu"on la conlrai-
gnait de res leI' mueHe : I\:eHcler réclau1ait en leur
faveur IÏnlervrnlion do François-Joseph 3 , ot, à Ja
premièro Chambre, Ie baron d'Andlau interpel1ait
.
1. Weech, 0))0 cit., Y, p. ï24.
2. }'cl'It{l1l(l
ull(fc1L dcr Gencl'ltl- Verswnrnlu1t!l {Ic}' /{atllOlisc!lcll rC1't'ÍJiC
f)putschlrOHls 111 T,'icl' (I Rft:i), p. :.!Oti (ÙÍscours de Lindau).
3: 1'f
lClf, llcUclcl O , H, p.
27 el suiv. - Le IlatllOlik, 18fti-, IT p. :JG3-:!lit, sC'
l
lalgnall que les évèques clu Sud, à l'occasion de ce conrIil, ne 'donn:lsspn( p.,';
I C'Xt'lI1ple de solid.trill"' flu'a\-aicnl sonvent dOllllP 'ps C;Vêfl'lC's prus::;icns.
. Sur Anùlau. voir noLre Lome III, p. fì
l, no 2.
L'Ér.LISE DA
S LA PROVINCE nu HAUT-IUIIN 105
.Alors 1(\ minislre Lanley 1 jf\La, du haut de la iri-
hunc L:Hloise, une phrase lunlineusc qui résnnla"j I,
sans qu'il Ie voulCll, tonte la philosophi(\ ÒU <'0]1-
flit. On Iui reprochaiL de porLer atLeinLe à la cons-
cience des citoyens : (( La loi, répliqua-t-il, est la
vraie conscience publique; et c' est tant pis pour
celui qui, à côté et au-dcssus de la loi, veut possé-
del' une conscience privée; qu'il paie l'amende ! ))
En deux phrases, Lamey avail défini l'antago-
nisme; mais Ie définir, c'était raccentuer. Deux
prine-ipes donc s
affrontaienl : Ie droit de la nlajo-
rilÖ parlementaire et Ie droit privé des cons-
ciences. Lanley luttaÏt pour Ie pren1Îcr droit,
Vicari pour Ie second.
En soulignant ainsi Ie conlraste, Lamey rendail
un service à l'opposilion catholique : i1 cmpêchait
]e peuple de s'endormir; sa voix reLentissantc,
I autorisée, posait la question, comme I'avaient
posée, dans les casinos, les orateurs catholiques
auxquels il avail fermé la bonche; el la question
se réSUl11ait en une luLLe entre deux souveraine-
tés : la souveraineté des pouvoirs hUlllains, donl
Lamey était un super be avocat, ct ]a souveraincLé
des conf:ciences, dociles échos de Dieu. Deux essais
de conf6rences entre les représentants de l'Églisc
ct ceux du pouvoir civil échouèrent lanlentable-
mcnt 2 . Du fond de son évèché de
1ayence, I(et-
teler lança deux hrochures successives pour
1. Sur AugusLc Lanll"!y (18üü-18%), voil' Lewald, dans WCl'ch, JJlllisc!lI'
ß iO!li'll}Jhicn, Y, po 4:>3-505.
I 2.
1aa." npo cilo, p. öt:.i ct suiv.
I
t06 L' ALLEMAGNE RELIGIEUSE
dénoncer l'esprit d'abso]utisme. de Lamey! et POUl
montrer dans l'absolutisme di vin la garantic
suprème des liherlés humaines. Puis derechef, it
In. première Chanlbre, Ie prince Charles de Loe-
,venstein interpelJa : il demanda si les ministre
du grand-due reconnaissaienl un Dietl au-dessu
d'eux. Lanley, pour toute réponse, se contcnta d'in-
vectiver contre la brochure de l{eUeIer. Le prince
Guillaume de Bade, qui présidait In. Chambre,
intervint à son tour: (( Ce pamphlet, dil-il, est sj
antibadois, que ce serait un crin1e de trahison
d'idenLifier l'opinion de l(etteler avec celle de la
Chambre Haute. )) On vit en eITet cette assemhlée
repousser la mise en accusation de Lan1ey 2; et Ie
ministre prépal'ait nne seconde loi scolaire, 10rs-
que In. journée de Sado\va, entraÎnant la chute du
cabinet, fit tomber Ie portefeuille de Lall1ey 3 entre
les mains d.un de 5es subordonnés, Jules Jolly.
x
Lo subordonné, depuis cinq ans, déplorail la
liédeur du maître; il lui semLlait que Lanlcy
parlait trop, négociait trop, discutait trop, et que
1. KeLlc1er, La Lvi est-eilc La conscience publifjue ? tra<1. G)r. -- Die
VerhandLuny in dcr erslen Kammer der Staende
tl Carls1'lthe am 17 .!IIau:;
18GIÌ uebel" das GCWi88cn (Maycnce, Kirchheim, 18tiO). - Pfuelf, l1.ctlelcl', I J,
po 234-2U.
2. f'fuclC, li.etleLcl', II, p. 236-24.1.
::. u Il mdnquail à tamey l"éoergie <1u vérilable hommc d'Élat ", dit
Ilo.bcrt 1\1oh1, Lebenserinnc1"ull!Jen, II, p. 14,3, qui ll'est pas beaucoup plus hicll-
HII.lanl po
r Jolly, et qui raconLc que, commc privatdocent à la faculLé de
drOlL de lIeluelbeq" Jolly avail médiocrcmcllL réussi (11, p. 141).
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 107
la question religieuse devait être traitée d'unc
autre fnçon. Elle étaÏt à ses ycux (( l'une des pre-
mières pour toute l'Allemagne, mêlne pour l' en-
semble du dévcloppemcnt humain 1 )); et l'on ne
pouvait se plaindre que, théoriquement, il en
diminuât l'in1portancc.
lais, pratiquement, il
voulait que lcs conflits religieux fussent réglés,
d'une façon presque mécanique, par la magistra-
ture, servante de Ia ]oi : (( 1\1a taclique principale,
expliquait-iI, est de rendre toutes Ies collisions
entre l'État et l'Église susceplibles d'une solution
judiciaire : on y arrivera en frappant de pénalilé
toute infraction aux ordonnances de Initoyenncté
édictées par l'Étal 2 . )) On eÙt dit souvent, à ]'en-
tendre, que Ie con1bat contre l'Église lui ins-
pirait une sorte de satiété : (( Cela m'cntrave,
disaiL-il volontiers, dans ma besogne d'nnification
nationale et d'organisation de l'enseignen1ent
public 3. )) Apportant sa solution pcrsonnelle de la
question cléricale, ayanl des Inagistrals chargés de
1a n1cltre en vigueur, pourquoi continuait-on de
l'obséder, à la Chan1bre, avec les affaires des
prèlres ! Elles ne regardaient plus que les juges,
et, s'il Ie fallaH, Irs gcòliers.
V olontiers Lamey se fût efforcé de prou vel'
qu' entre sa politique religicuse et les déclarations
]égislatives de 1860 sur l'autonomie de l'Églisc,
il n'y avait pas d'incompabilité. C'est un effort dont
1. Baumgarlen-Joll
, opo cit 0' po 4
.
2. Baumgarten-Jolly, Ope cit., po 43.
3. Baumgarlen-Jolly, op, cito, p. 1 H.
1 O
L 'ALLEl'tIAGNE RELIGIEUSE
.Jolly se fÙt dispcnsé. Pour lui, Ie libt;ra]isnH' d(l
1848, dont on retrollvait encore quelques infiltra-
(iOllS dans la Joi de 1860, n' était qu'unc duperie.
c pouvait ("tre ]ibre qu'un ppuple atfranchi dt'
r (( ultt'amontanismc )) ; c' était done travaillcr pour
la (( Jiberté )) quP de refuser à cet (( ulLran10nta-
nisllle )) les libertés qu'il réc]amait.
t\.ccuser une
religion d' ètre intolérante et puis la tracasser,
c 'était encore une façon de venger la tolérancc,
sinon de la pratiqucr. Le (( libéralisn1e )) de 184H
avait marqué une réaction contre Ie joséphisme :
très sincèrement, très neHernent, ainsi que l'avait
fait prévoir dès t8G3 une brochure du chanoine
Ilcinrich 1, Ie libéralisn1e badois, avec Jules Jolly,
achcyait un mouven1ent de retour vel'S Ie josé-
phisme. (( .J'adopte, cela va de soi, écrivait-il. Ie
grand principe que l'Église est dans l'État et sou-
n1ise à 1 'État. En regard ù'une pratique de tâton-
llClncnls perplexes, qui dure depuis des années,
en regard ò'une théorie débile, qui depuis des
annécs aussi se dé bat dans une sorte de quaùra-
lure ùu cercle avec la fOl'Q1lIle d'une juxtaposition
de l'ÉlaL et de l'Église, el de leur pleine indépcn-
dance réciproqne, ce principe si clair, si décisif,
fait l'eITeL d'une libation à une source d'cau fraÎ-
che:!. )) (( Vis-it-vis de]a logiquc romaine, disait-il
(1ncol'e, il faut unp Jogiqu(' laïqnc non n10ins
rigourcuse. Sous couleur de combaUre la burcau-
1. l!?iul'ich, Dic llcllctiun dcs sO!Jcnannten Fol'lschl'illcs yeqen die P,'cihcil
,1"1' 11 tI'clw unci des 1'eli!/locSelt Lebcus (:\la
cncc, Kil'chhcim, 1
6
).
. Baum,Zarlcn-Jolly, OJío rilo, po 43.
L'ÉGLISE DANS I.A PROVINCE DU HAUT-RHIN 109
cratie, on a miné la subordination à l'
taL IJ faut
rcnleUre en honneur la pensée fondamenlale rIu
joséphisme et trouver de nouvelles formes 1. ))
Aussi souple dans sa tactique, - nous dirions
volontiel's aussi opportunisle, - qu'il étaÏt absol u
dans ses idécs, it ne voulait pas de coup de force
contre l'Église; les nlots trop vifs, lllênle, lul
déplaisai{\nt. Les groupes les plus agités de la
seconde Chambre dépassaient l'anticléricalisme de
.Jolly; In prenlière Chanlbre a vail peine à Ie suivrc.
Il réconciliait ccs cxtrêmes en continuant à lllarcher
de son propre pas. Aux uns, adversaires de toute
écolc confessionnelle, it signifiait pour les faire
tenir calmes : (( J e ne crois pas qu'une école sans
Église puisse so réaliser sans de lrès sérieusps
secousses 2. )) .L\ux autres, qui so plaignaient de son
projet de loi sur Ia laïcisalion des fOlldalions bicn-
faisantes, il représentait que ce projet Iaissait
encore quelque place nux prêtres; que, si on ne
Ie votait pas, la législature suivanle l' empirerait;
que l'agitation cléricale serait accrue 3 . II maniait
deux menaces, doni il jouait tour à tour : (( Garc
à VOllS si vous agitcz trop Ie pays, )) disait-il à la
seconde Chambre. Puis se tournant vcrs ]a pre-
1. Baumgarlcn-Jon
, 0]1. cit., p. 44,. - II L'ÉlaL, e"pliqnaiL cncore Jolly, cJl.crcc
ell Loul ùomaillc une aulol'ilé absoluc; il ne dépend de pCl'sonne; lons ks
aul1'es pomoirs, y compris I'Églisc, lui doivcnl ohéissance. L'ÉgJisc, au co/J-
Lraire, même dans sa sph
re parliculière
ne peuL prélendre à l'autollomie (lue
sons la r
servc de la suzCloainclé de l'Étato La snzerainctó, rf'après son CC;SCIICC',
ne comporle aucune reslriction; en vcrlu même tic son principe, faulonomie
csllilllitée partoul pouvoir qui sc troúve au-dcssu!? d'cne. )) (Slrochlin, op. cil.,
p. IT7.)
20 Baumgarlcn-Jolly, cpo cil., p. G4.
3. BaumgarlC'u-JoUy. opo cito, po 15G el suiv.
. ."',.. nv C'T ..0
",v'e
nl , r .1=
1 to
L' AT.T.F.l\IAGNF: RELIGIF.USE
lllll\re Chan1Lre : (( Gare à vous, reprenait-il, si
par suite de vos résistances Ie pays vient à s'agiter
contre vous ! )) Entre l'automne de l868 et Ie mois
de mai 1869, de graves lézardes survinrent dans
]a majorilé qui soutenait Jolly; les principaux
chefs liLéraux, BlunLschli, Lamey, I{iefer, com-
plotaienL contre ce bureaucrate parycnu qui pré-
tendait à leur docilité passive; Ie vieux patrio-
tisme badois, par surcroît, était offusqué de yoir
Ie portefeuille de la Guerrc entre les mains d'un
Prus
ien; Ie ministrrc était en danger 1. Jolly parla
du péril cléricaJ, et Ie bloc Iibtíra I se reconstitua,
fidèle, dcn>ii\re un n1inistère que les prêtres redou-
taient. Sur les lèvres de Jo]]y, l'argument était
mieux qu'un artifice, iJ énonçaiL une conviction.
Syslématiqucment, Jolly idcntifiait nalionalisme
et allticléricalisn1e : (( Pour un gonvefnel11enL
natiollnl, écriyait-il un jour, il ne peut y avoir
d'autre base qu'un anticléricalisme tranchant 2 . ))
Aussi Kelteler pouvait-il dire, en l867, qu'il n'cxis-
tait qu'un pays OÙ les catholiques soulfrissent
plus qu'cn Hade, la Pologne:3. Les bourgmestres de
FribouJ>g, de Constance, d'autres vi]les encore,
orienlaient leurs municipalités con1ll1e Ie premier
nlinis lre orientait l'É tat It : l' anlicléricalisn1c s' é ta-
10
ur co connit., connu souo; Ie nom de connït d'Offcnhurg, voir Baumg-art('n-
Jolly, Ope cit., p. UI-HG, ct Blunlschli, lJf'lIkwuadivcs, III, p. 239-
4G.
Jolly, écril munlschli, Ope cito, [II, p. 186, youlait pIulôt (( administr('r burcau-
cralirlucmenl que gouvcrner poliLiquemcnt. I) - Voir sur Frédéric Kiefr'r (1830.
1895), Haass, dans W ('ech, lJlldische lJiogl'aphien, V, po 3í4,-397.
20 Baumgarlcn-Joll
', Ope cito, p. 159.
30 rrurlf, l\Pttelcl', I, p. 39
.
4. Stromr
'l'r, Lourgmcslrc de Con<;lanc('. prohibao commc (( une houle Ð. la
J.'
:r.J.ISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 1 i 1
lait dans les programmes municipaux; entrc les
hâtels de ville et les presbytères, des cscarn10U-
chcs se livraient.
Adieu, désorn1ais, aux derniers restes de liberté
que l'Église badoise se flattait encore de pos-
séder. Etait-ce à la domination de l'Église ou bien
à sa liberté que Jolly s'attaquait par l'institution
du mariage civil obligatoire 1, par l'introduction
dans les écoles d'un livre de lecture systématique-
ment étranger à toute idée confessionnelle 2, et par
la loi sco]aire de 1.868, qui permettait aux com-
munes de créer des écoles neutres 3? C'éiaient lit
des questions
ur lesquelles les partis pouvaient
longuement épiloguer, sans parvenir it s'entendre,
et l'on ne pouvait nier que les fêtes bruyantes de
1
69, par ]esquelles, tout de suite, la ville de IIei-
del berg célébrait l'école neutre camme une (( dé-
réunion dans c('U(' "ille (111 congrès des f'al.holi((lH's aHemands, (( pal'lisans du Syl-
labus ct de la ùominalion des prêlres )) (May, Gcschichte cler /1.atholikcrc- \"el'-
samílllunyell, p. 188). - SUI' 1(' long conf1il {Iui s'engagea, en 1868, enl.re le
bourgmeslre Slrompym' d'tme part. l'adminislrateur {>piscopal Kuebcl et Ie curé
BUl'ger, d'aulre part, au sujel (Ie la confiscalion par Strom eyer des biens ùe
l'hôpilal de Conslånce; sur l'excommunicalion de Slromeyer, el sur l'acquilte-
ment de Kuebel devanlles tribunam, voir Fl'iedberg, De1' Staat und die Katlw-
lische Kirche, p.
15-
34, et 505-53ï, et Lauer, Ope cilo, p. 2800
1. Baum
arten-Jolly, op. cit., p. 160. - Fl'ieùberg, DC1'Staat und die J{a-
tlwlischc IÙrche, po (j!)-73 et 315-340.
2. Sur lïncidenl rf'lalif à ce Lescbuch, dont l'auteur élail rOúel'uhullYlth
Pflueger, sur les poursui les contre les pr?tres qui en allafJuì'rcnt l'emploi, el SUl'
leur acquitlemenl définitif par Ie tribunal suprème, voir Friedberg, Del' Staat
und die IÚdlwli!lclte IÚl'che, p. 1:10-137 f't 432-4-41, el l\laas, Ope cit., po G13
cl suiv.
3. Friedberg, Del' Staat und die I\atholiscltf' I{irche, p. 104-12[\ et 36ï-432.
CcHe loi du 8 mars 1868 .réalisail l'idéal naguère dessiné par Knies (voir ci-
ùessus, po 101). En fail, I'Elal badois ctles thèoriciens flui l'inspiraient redou-
taienl de prendre cux-mêmes !'initialive de créer des (-coles d'où loute idée con-
fessionnelle fùt bannie (cf. Blunlschli, DcnkwucJ"(li{jcs, If(, p. 90 el 1(5); mais
ils élaicnl l.rès heureux flue les communes en eussenlla hardiessc et qu'elles
en affronlas!"ent les risques.
H.2
L'ALLEIUAGNE RELIGIEUSE
faite des ultl'amontains 1 )), fussent susceptiblef
de justifier les inquiétudes de l'Église. nlais, d(
tou te évidence, l'inuépcnllance de l'.Église étail
lésée par In. clause de la loi scoIail'e d' aprèt
Iaquclle toule congrégation reIigieuse désireus(
de fonder une école devait y être autorisée pal
une Ioi spéciaIe; et l'
tat, au mAme instant, sem-
blaH plus soucieux de fermer de teUrs écoles que
d'en ]aisser s'ouvrir de nouvelles 2.
Jolly inlervcnait, plus in1périeusement encore
que Lan1ey, dans la vie intérieure du pensionna1
d' AdeIhausen : pour donner Ie voile it deux pos-
luIantes dont Ie pouvoir civil appréciait resprit,
l'archevêque exigeait d'eHes certaines décIaration
d'ordre ecclésiastique ; eUes les refusèrent, furent
privées du voile; alors l'État badois vengea 8es
deux protégées, en fermant ]a maison, dont tous
les Liens fueon! données à Ia ville de Fribourg 3.
Un s'émut ViVe111ent, parmi Ies catholiques, d' une
aussi rapide désaffectation; et l"émoi s'accrut Io1's-
que la petitc société rcligieuse dcs TCl'Liaires du
Lindenberg fut di
soute, en 1S69, so us Ie prétextc
qu'ellc était une congrégaLion't. Une loi se pré-
parait enfin, qui fut votée en i870, et qui, SOllS
lcs regards in1puissants des fidèles
enlevait au
1. l3lulllschli, LJcnlacucrdigcs, III, p. 250.
J. I.c {I.'ojcl dc loi avail slipulé sculemenl flue l'autorisation de l'Úal scrail
uéccssairc ; ce fut la Chambre qui déciùa que celle aulorisalion devrail sc
lraduil'e
Ol1S ld rOL'mC ll'UllC loi.
3. /1. P. JJo, 1869, (, p. JIG-ä
9 et tllGtJ-IOIG. -
laas, Ope cito, po 535-543.
4. Frieùberg, Dc)' Staat unci die J(atholische HÜ'chc, p. tJ
-680 - l\laas,
(Jp. cit., po 5!
} ('I suiv. - Baumgarten-Jolly, 0]1, cit., p. HI-H2.
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 113
patrimoine des Églises catholiques ou protestantes
20 millions de n1arks de fondations pieuses j.
Après la vie conventuelle, après la propriéLé
ecclésiastique, Ie ùroit électoral des chanoines
étaÏt it son tour l'
sé par I'entreprcnant minislre 2.
Lorsqu'en 1868 Vicari mourut chargé d'années 3,
d'hommages et d'invectives, ils dressèrent une
liste de non1S dans laquelle ils se réservaient de
choisir Ie futur archevêque, et seion l'habitude
la soumirent au gouvernen1ent pour qu'il rayât
les (< personnes n10ins agréables )). Jolly, sur cette
liste, prodigua les coups de plume; ces indiscrètes
radiations, qui ne ]aissaient 5ubsistcr qu'un nom,
annihilaient Ie droit des chanoines I.. Jolly, qui
avail des intelligences dans Ie chapilre, espérait
créer des divisions et faire nomn1er, finalement,
Ie célèbre cardinal de Hohen]ohe, qui avait appa-
1. Friedberg, De}' Staat und die Katlwlische Ji.Ùche, p. 183-206 et 47û-490.
Baumslark, Plus ult/'a, p. 49-5f1 (Strasbourg, TrueLner, 1883).
2. Sur les difficulles antérieures qu'avail suscilées le minislère à Vicari pour
la nominalion d'un doyen du chapitrc, difficullés qui sc lcrminèrcnl par a
Ilominalion dc Kuebel, voir
laas, op. cit., p. 649 cl suiv., ct Pfuelf, Kettelel',
11, p. 226 et suiv. et 345 el sui".
3. Jusqu'à sa mort (14 avril 18G8), la gaielé dc Vicari, sa con fiance en l'avc-
nir, frappèrcnt scs visileurs (Kellncr, Lebensblaetter, p. 453-455).
4. Le eonUit esl exposé, au point de vue badois, dans Fricdberg, Del'Staat uitd
lie Eisclwfswahlen in Deutschland, p. 34L-345 (cf. pour le lexte dcs documcnLs,
.-1ctenstuecke, p. 205-2L6); - ct dans Baumgatlcn-Jolly, Ope cit., p. U8-120; et,
LU point de vue calholique, dans Roesch, Der Einltuss der deutschen protcs-
:antischen Regierun!Jen auf die Bisclwfswahlen, p. 140 et suiv. (Friboul'g-
!lerder, l
OO.
cr. H. Po B., 1868, II, po G03-627 : I( Le libél'alÉlat moderne,conc1uaill'ar-
ide, devra enfin reconnaìtre la libre colla lion des charges ecclésiasliques. )) -
l{allwlik, I8G9, I, p. 170 el suiv; II, p. 44 el suiv. et G03-GIG. - Ketleler, Le droit
les chapit1>es et le veto des gouvernements dans l'élection des évéques, trade
elet (Paris, Gamnc, 186
). - Cr. Pfuelf, Ketteler, II, p. 362-374. - Dès 18(;5,
{eUelcr, dans une letlre à Rcisach. prévoyait ccs difficullés (Pfuelf, l(etteler.
(, p. 255-25G) ; et sur l'Hal dOespriL des chanoilles dc Fribourg;, voir dans l'fuclf,
'í.ettele}>, 11, p. 348-349, _une curie use letlre de KeLtclcr à Antonclli.
IV.
8
it?:
L'ÁLLE3IAGNE RELIGIEUSF
rCfilnlcnt sa confiance, comnlO it aura plus tarJ
cellr de Bismarck; nlais Rome ainla mlenx que.
durant quatorze années, l'Église badoise fÙL
vcuve de son archevêque 1.
L'un des derniers actcs de Vicari avait été une
protestation solennelle contre l'ordonnance pal'
laquellc la formation des clercs el]e-
l1ême redevfl-
nail ['objet des l'evcnùications de l'Etat; e1 parmi
lcs prétentions de rÉtat badois, il n' en était aucunc
rn f'ITet, qui marquât une réaction plus fornlelle à
l'égard des conquêtos de 1848. Les lihéraux hadois
s'étaicnL conslruit une certaine théorie du dévelop-
pcnlcnt intellectuel du peuple, avec laquelle l'as-
rendant du catholicisme leur paraissait inconlpa-
tible : il convenait done, ou que cet ascendant fÙt
détruit, ou que Ie catholicisnle devînt autre qu'il
n 'éLait. Jolly, dans son enfance, avait connu des prê-
tres inlprégnés de l'esprit de \Vessenberg : issu d'un
nlariage mixte, appartenant lui-nlême à In. con-
fession protestante, Ie seul contact qu'il avait eu
avec Ie clergé catholique avait excité sa pensép
contre Rome. II dénonçait Jos menaces que r]
glise
catholique faisait courir à l'unité de la formation
llationale, (( l'eITort des Jésuites pour ramener les
temps présents aux conceptions du moyen âge )) ;
il confrontait avec ces menaces, avec cet effort, (( Je
désir qu'avait la nation de conserver et de déveIop-
. L Ell 18G9, .Ie Pape ùonna les dl'oils indispensables au vicairc capitulairc
Ku('L
I, ce (I
I POUl' Jolly élait illégal, mais Jolly Ie toléra, POUl' dimilluer l'in-
f]
ence de KctLcier. LOl'sqU'cllsuite Ic bruit courut que Hornc allait, d'cllc-
mCllle, n
mmer un archevèquc, Jolly fit agir à Horne Arnim, millislre de Prllssc,
cL Ie LruIt nc sc vérifia point (Baumga.l,"lcn-Jolly, Ope cito, p. 131).
J..,'É.GLISE nA
S LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 115
per ses conquêtes inlcllcctuelles 1 )). Le contråste
élail formel; comlU0nL l'aplanil
? La loi de 1860
avail pré, ulÏnstitulion par voie d'ordonnancc d'un
cxalnen d'État pour tous les futurs prètres; mais
Lamey avaH, en fait, ajourné ceHe nouvcaulé. JoHy
au contraire ne p0rdit pas de temps: tout de suite,
par une ordonnance du ß scptembre 1867, avec une
rigueur toute jacobine, it prcscrivit cet exampn 2.
Ce]a paraissait à Lamey un actc de folie 3: dn coup,
ious les jeunes hommes qui rccevaienl Jes ordrcs
durent rcnonccr à l' espoir d 'une cure, parce que
l'archevêché leur inlerdisait de s'assouplir à une
telle exigence de l'État. C'est à des vicariats, on à
des suppléances dans les paroisses, que devaicnl
S
borner leurs ambitions. La logique de J oUy DP
supportait aucune résistancc.
Puisquc ces prètres voulaient régner sur l' écolc
primairo et romaniser les nlasscs (l'OC1Uisch rna-
chen), l'État régncrait sur la fornlation scienti-
fique duclergé,.ct gcrmaniscrail les prètres (deutsell
J'lachen) ft. Cette adroite formulc, qui tout de suito
faisait bl'èche dans les pensées les plus rebellcs,
cachait tout un réquisitoire; elle donnait aussi
à la politique antil'omainc une sorto de portée
patl'iotique. Supposez l'Allcnlagne viclorieuse ct
griséc de sa victoire mênlc, l'anticatholicisme, en
i. Baumgarlcn-JolIy, Ope cito, p. 108-110.
2. l\1aas,op. cito, p. 553-557. - Fl'icdbcfg, Vel' Staat und die J(atlwlische Kir-
';Iw, p. 32-37 ot 270-27
.
3. Hausralh, Z ur El'innerung aft Julius Jolly, p. 159. (Lcipzig, Hirzel.
l899).
4. Baumgarten-Jolly, op. cit., p. 110.
t16
L'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
vertu d'une pareille forn1ule, apparaîtra comme
]a condition d'une dernière victoire, comme un
aclenouveau d'affirn1ationdu germanisn1e : I' Uebel'-
1JleltSc!l exalté par Sedan reprendra, raffinera, per-
fectionnera Ies projets de Jolly, et vondra plier
les prêtres à être germains, - gernlains dans Ie
sens où r entendl'a son arrogance, - au lieu de
demeurer ron1ains.
La loi prussienne sur Ia forn1ation des clercs,
qui déchaînera Ie Culturkaìnp(, reproduira, dans
ses grandes lignes, l'ordonnance badoise de 1867 :
Jolly avait tracé les voies dans lesquelles Bismarck
s'engagera. Jolly, lorsqu'il concertait sa politique
religieuse, élait-il d'accord avec la Prusse, et peut-
on considérer Ie futur chance1ier de l'Empire,
auteur du Culturkanzp( allen1and, comme Ie com-
plice du premier Cultlll'karnp ( badois? l{eUeler,
dans une lettre qu'en 1867 il écrivait à Antonelli,
élait tout près de croire à cette complicité de la
Prusse 1. Un fait est certain, attesté par les
1é-
moires de Robert de Mohl : (( Le gouvernement ba-
dois, nous dit-il, et la grande nlajorité des Chambres
badoises, étaient si complètement dans les caux
prussiennes, que la direction de la politique exté-
rieure venait simplemenl de Berlin; et la seule
diffìculté, entre la guerre de 1866 et la proclama-
tion de l'enlpire allemand, fut d'en1pêcher Dade
de faire des avances prématurées, et par là même
suspecles, à la Confédération de l' Allemagne du
1. PfueU, Kelteler. II, p. 350.
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 11 7
Nord 1. )) On a peine it croire que Bismarck, qui
régnait si souverainemenl sur la politique étran-
gère du grand-duché, se désintéressât con1plète-
n1ent d'une politique religieuse dont la réper-
cussion pouvait se faire sentir en d'autres États
aJIemands; et tout fait supposeI' que l'expérience
à laquelle Jolly se livrail en Bade était trntée
d'accord avec la Prusse et qu'eJIe était au jour Ie
jour étudiée par la Prusse. Bade donnail à l'i\lle-
n1agne Ie spectacle d'un essai : la Prusse rcpren-
drait l'essai pour son propre cOll1pte, dès qu'elJe
aurait achevé l'unitp allemande 2.
X[
On avait dans Loute rAllell1agne
en 18G9, un
v:1gue sentin1en t. UP cp p(
riJ. ltinda u s 'en (J llai t
au congrps calhoJique de Dusseldorf3, il y racon-
tail les souffrances de là-bas, il préconisait la for-
mation d'un grand parti caLhoJique allemand. A
cotto date oÙ Ie Cp.ntre prussien, apri\s douze ans
d'éclat, s'élait con1plèten1pnt effacé de Ia scènc
parlcmentaire, 1e congr(\s apprpnait qll'on Bade un
.loune parli cat boliquc se dr.veJoppait.
1. 1\Iohl, Leben.
erinnC1'un(Jcn, II, p. 139. - << Lcs c:"-priLs sOllp
onnem.,
écrivail à la vciIle de la gllcrre franco-allcmande \ÏcLor Cherbnlicz, voicnL
toujours 1\1. de Bismarck dcrrière Ie minislèrc Jolly, l('f(uel nc fcrail quc répéLcr
les paroles Ùll grand sourtlcllro )) (L'Allcmagne politique df'puis la paix dc
Praguc, p. 336; Paris, lJachcUc, 1870).
2. Dans lcs Prc1ts.çische Jalu'buecltCl", cn aoûl 1882, Jolly, à propos (]u Cul-
lw'karnp{ prussien, déCcndra unc dcrnièrc foil) scs id{oes sur la formation dC9
c1Cl'es.
3. )lay. Ope cit., p. H)l-l !)3. - Déjà, en i 8r.!), Lindau avail fait, au congrès ùe
Trèvcs, un premier discours snr la persécution baòoisc (}ta
., Ope ciL., p. 1 iO).
LIB RAR Y Sf. MI
Y'S C011r-GE
118
I,'ALLEMAGNE RELIGIEUSE
({ Les catholiques badois, Jisait-on dès 1867 dans
l'organe officieux de ]'archevêché de Fribourg,
doivcnl s 'organisel', et s'unir avec les aulres catho-
liqtIcs du sud de l' Allomagne. IJeur situation pré-
senle cst plus dangcreuse que celle des protestants
qui dans les siècles anlérieurs vivaient sous la
don1Înation de princes calholiqnes; car cux, du
moins, pour soutenir leurs griefs, étaient repré-
sentés par le Corpus Evan.r;elicoruJìL Les calholi-
ques doivent, comme les Iriandais sons 0' Connell,
revendiquer leurs droits, avec ténacité, union ct
dévouemcnt 1. )) Ce parti fut rapidement assez fort
ponr cnvoyer au Zollp{u'laJrtent, en -18G8, six dépu-
tés, et pour inf1iger à l'ancicn n1inistre Lamey une
grave défaite électorale
. La seconde Chambre
badoise n'avait encore, it ceLle date, qu'un dépu Lé
caLholique, Jacob Lindau; mais les élections de
1.869 y introduisirent Ie journalisLe Ferdinand Bis-
sing, (( privat-docent )) à l'uni versilé de Heidel-
berg, Ie curé Lender, ot un littérateur déjà connu,
quP son contact avec ]a liLtðratur0 espagnolp et un
récent s(
our en Espagne avaienl ramcné du p1'o-
teslantisIl1e au catholicismc, Reinhold DaUll1stark 3.
Très ardents, tl'ès remnants, iis formèrent ce
I. F,.eilJuT!/C1' [(al!wlisc!tcs ]{Ù'chcnUl1.Lt, S mai i867 : ciLé dans 11. P. }J.,
II, 18G8, p. 1.
1.
. Sur ces élcc\ions, el sur Ie caraclère démocralique de raclion du clerg-é,
qui d,"lcrmilla ccrtaines populalions ruralcs à des voles calholiqucs, voir 11.
1'. 1: 0 , i8tiS, I, p. 7GO-7!:13 : . Les soi-disanl llllramolllains, y Iit-ou, se soul
l'é\4
lés commc un rolk'Jpadci c(fcclif. (p. 7Ut).
. Baumslark, Plu8 ultra, p. 27-3
. - Sur Ucinhold Baumslark (t831-t000\
'011' Lauer, dans llcUelhl'im, lJiOgNlphischcs Jahl'úuch, V (1 gUO), 1'. 3G7-3740 -
En 1868, r
aumslilrk avail rt'udu visiLc au minisLrc aulrichicn BCllst, à Gaslt'iu,
pour fâchf'r dl" lïnlérf'!"!"f'r am. ('al holirf1l(,s hadoiq (Ph!!:; Ult1'fI, p.
-2(ì).
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 119
qu'on appeia Ie quadriIatère cathoJique, n1inorité
qui paraissait insignifiante, mais qui incarnait
une majol'ité opprin1ée. Le juriste Rosshirt 1 vint
siéger
t côlé d'eux. Jolly monlrait ce quadrilatère
ainsi qu 'un p,pouvantail, pour resserrer l'union
des (( libél'aux )) autour ue son ministère. Il invo-
quail, contre ces nouveaux venus, les intérèts sou-
vel'ains du civisme. germanique (Deutsches Buel'-
ge7'tlzurn). Leur riposte consistait à sÏntHuier parli
catholiquc populaire (l(atholische J l olkspal'tei) et à
s'unir, contre les libéraux, d'une part aux par-
tisans de la (( grande Allemagne, )) c' est-à-dire du
passé, d'autre part aux fractions populaires qui
réclamaient Ie suffrage universel direct; 2 et 10rs-
qu'à la pren1ièl'e Chambre une voix s'éLevaÌt en
faveur de ceHe réforme électora]e, c'était celIe de
l{uebeI, l'évêque auxiliaire et doyen du chapitre 3.
(( Qu'on n'objecte plus l'ignorance des cam-
pagnes, s'écriait Ie député catholique llissing : Ie
peup]e tout entier est mûr pour l'exercice de ses
droits. )) (( Un plus long retard, proclamait Ie cha-
noine Lender, serait un incompl'éhensible témoi-
gnage de méfiance. )) (( Les bcsoins du siècle con-
cordent avec Ies vues de la Providence, déclarait
1. Voir ci-ùessus, p. 7G, n. 2.
2. Baumgarten-Jolly, 0]1. cit., p. t43-U;3. - Voir dans \Veech, BlLdisclw
Biographien, V, p. 382, Ie discours de Kiefer.
::. Baumgartcn-Jolly, Ope cit., p. 1:':;3 cl suiv. II répondit ironi([uement en
félicÏtant Knebel dc ne pas sc laisser asscrvir par Ie Syllabus. On disail de Kue-
bcl: il n 'cst pas l'archcvèquc (E1'::;bischof)), mais il csl pour la fJiupart dcs catho-
liques l'évèquc dc leur errur (IIcrzbischof). 1\10111. (Iui Ic trouvail (( peu ùoué )),
ac{'orde quïl n'éLait ni rai
le ni désagréablc (Le!Jcnserinllel'W1!lC1t. II, p. 1 ii).
KeLlí'lí'r l'eslimail heauconp (pf\wlf. Aettclcl', 0, po :}:í8).
120
L' Af.LE1UAGNE RELIGIEUSE
Reinhold Baumstark : la société sera sauvée par
l' all i ance du chrislianisme avec la démocratic 1. ))
Une brochure très vive du prêtre I-Iaegele, qui cir-
culait dans Bade au lendemain de l'expulsion des
Tertiaires, semblait un manifeste de cette alliance.
(( Ce n'est pas un acte r(
volutionnaire, expli-
quail Haegele, que la défensive justiHée, obliga-
toire, d'un peuple ou d'une classe qui sont mal-
traités dans leurs droits et dans leurs biens les
plus sacrés. Enfin rhomme de pen, Ie travail1eur
de fabriquc, onL conlnlencé à se lever contre la
toute-puissance du capital filoI'l l , qui, cllc, est
nbsolunlenl r(
volulionnail'e, comnle conlre l'escla-
vage blanc de la grande indusLrie en pleine terre
chr(
tienne. Un honlme qui pense avec (
qllité nc
peut que leur sou hailer ]e nleill(!ur succi's 2. ))
Aux liL(
raux qui parlaient de <( cullnre )) et
qui s 'appu yaient sur 1 'unÌvcl'sit.é de IIelùelberg,
les catholiqucs badois ripostaient en par]ant de
<( démocralie )) et en s 'appuyanl sur la plèbe
rU1'ale on sur le prolétariatde l'induslric. lis étaient
l'humblc gernle de la force qui vaincra Ie Cultur-
lia1npf. (( Si Ie suffrage universel donne' Ie pou-
voir aux masses, leur objcclait JoBy, senIle cens
assure dans l'Élat aux classes éclairées l'infiuencp
qui ]eur appartient. )) Mais Ics partis bismarckiens
qui cngagrront la lutLe au nom de la (( culture ))
1.
lroeMin, op. cito, p. 148.
2. Ilacgelr, }Jas C1"slc B1'audopfc7' del' Offcnblugcrci oder die TI'cibjaf}d
nut d
m I:inde
ber!Jc. Ein Haliknlo, p. ()7 (cité òa.ns Fricdherg, Ðer Staat
1l1ul dze Arrtlw!Zscht: [(Ï1'chr, p. 67-GR).
L 'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 121
perdront du terrain, successivement, sous Ia pons-
sée des partis qui demeureront en contact avec
les aspirations du peuple et s'éclaireront à la
lumièrp des intuitions du peuple. Lorsque Lin-
dau et ses quatre co}]ègues, aux prises avec Ie
C'llltzo'karnpf badois, s'intitulaient audacieuse-
ment {( parti catholique populaire )), ils indiquaient
à l'avance, d'un geste assuré, Ie champ de bataille
propice à I'Église, sur Iequel se dénouerait Ie C'lll-
tlll'kanljJ f allemand.
CHA.prrllE v
L'EGLISE ET LA ßAVIÈH.E
Valeur exacto d"une épilhète hislorÌllue : (( la calholique Ba-
vière )).
I L'antagonisll1o entre Ie Concordat et l'édit de religion. - ':'ar-
chevêquc Reis
ch : son Mémoil'e de 181,9, sun uppel it ['Elat.
- L 'évêquc Wei;; : son aspiration vel'S des réuniolls ecclésias-
tiques. - Travaux de la commission chargée de revi::;er l'édit
de religion, leur insuccès. - Urgence d'une réunion épisco-
pale, pourparlers avec Rome.
n. La conférence de Freising (uctobre 'J8:';0). - Le 'Iémoire des
évêl}ues. - Base de leurs réclamations : Ie Concordat. - Le
roi Max: et 1'(( ultl'amonlanisme J). - Inquiétudes de 1a
Chambre et du petit clergé. - Prpmières concessions gouverne-
mentales. - Pessimismt' de l'archevêflue Geissel. - Nouvelle
lettre des évêques (février 1852).
III. La réponse de l'I
tat (avril 1852). - La conception d'une (( loi
fonrlamenLate d 'J
tat)). - Répliques des évèques (185
et 18: 1 3).
- Les questions d'enseigncment : l'evendications de Reisadl
au sujet de sos s{-minaires. - Voyage ùu minislre Zwehl dans les
divers é,"{'chés. - Son apparition subile à Cologne; ses pro-
positions it Geisscl au sujet de l'archevêché ùe l\]unich. - Anti-
pathie du roi Max pour Reisach. - Instances inutiles aup,'ès de
Ueissel. - Projct ,rune nouvelle réponse royalo au mémoire
épiscopal : examen pl'éalablc par les évêques. - Publication
de cette réponse (octobre 1854).
IV. H.eisach, cardinal de curie (185:.i). - Difficultés entre "\Veis et Ie
gouvernem('nt au sujet de religieuses garde-malades. - Inter-
vention victorieuse de ßluntschli pOllIo cmpêchcr toute négo-
ciation entre Rume et Ie roi Max. - Nomination do S('herr à
l'archevl:ché de :Munich. - Insistance de SeherI' et \Vindis-
chmann au sujel des séminaires (1357-18:';8). - Projet de 'Veis :
organisation à
pit'(' d'un enseignp,ment théolo
i'lue compll'l.
124
L'ALLEl'tIAGNE RELIGIEUSE
- Opposition siJencieuse du gouvernement. - Indifférence de
l'opinion publique aux revendications cath.oliqucs.
V. Un mouvement parmi les instituteurs en faveur de la laicisa-
lion. - Réunion épiscopale de Bamberg (f86}) : un appel au
nouveau roi Louis II. - Louis II et Ie catholicisme. - Luttes
prolongées entre Weis et l'État au sujet du séminaire rlc
Spire. - Si
séminaristes e
pulsès par la police. - Protesta-
tions de l'épiscopat, de la diplomatic, du Saint-Siègco -Nouvelle
réunion épiscopale de Passau (1865). - Lïncident Giesebrecht:
les évêfJues bavarois et Ie monopole de fenseignement de
I'his1oire. - I....épiscopat défenscur du nationalismc bavarois.
YI. Le ministre Koch et la faculté (( ultramontainc )) de \Vurz-
bourg. - Le cabinet privé du roi e1les Jésuiles rle Rastibonne.
- Conséqucnce de Sadowa : l'arrivée aux aITaires d'un minis-
tère anti-aulrichil)n et anliclérical. - IIohenlohe : sa haine
conlre tout dogmatisme. - Ascendant de l'écoJe théologiquc
(( anLi-ultramonfaine )) auprès du gouvernement bavaroiso- Pro-
gramme poliLico-religieux de JIohenlohe : amendements
souhaHés par Louis II. - Le projet de loi scolaire : agitations
parmi les prêtres. - Cil'('ulaire
mena<:antes des ministres
Gresser el IIoermann. - Jugenwnts de Hohcnlohe en 1868 sur
Ie péril ultramontain. - Les discussions de la loi scolaire:
victoire de (( ['rAal moderne )) dans]a Chambrc basse et de l'évr-que
Dinkel à. la Chamorc ha.ute. - FaiUite du projet <Ie 10L -
Mcsures rle laïcisaUon en Palatinate
VJI. J
veil d'unß opinion publi,{ue caLholiqlle. - Les pétitionne-
ments. - Le congrès calhoIique de namherg. - Action mi-
politique. mi-religieuse. exercée par Joerg.- Patriotisme bava-
I'ois et (( uHramonlanisme )). - Première victoire catholique au
élcclions de mai 1869. - Irnprudente sécurité de lIohenlohe. -
Une luUe ùe classes: (( lÏntelligcnce )) ct Ie peupJe. - Fonda-
lion des (( associations patrioliques de paysans )). - Les
prl.tres trihun..; populail'cs: léllloignage de ChcrbuJiez. - Pres-
ion élccLor-alc : circulairc violento du ministl'e lIocrrnann. -
Nouvelle victoire des catholi'lues en novembro 1869. - La
chule de lIohenlohc, plus importante par ses conséquences
religieuscs flue par ses conséqucnces politiques. - Les élémcnts
du futUl o Centre bavarois.
C'esl une mode historique, de joindre au non1 de
]a Bavière l'épithète de catholique : mode assnrr-
mcnt justifit\r, puisque, dans la guerre de Trente
L'ÉGLISE ET LA BAVIÈRE
f25
Ans, - crise décisi ve dont toutes les consciences
de I'Europe centrale étaient l'cnjeu, - la Bavière
sauva l'Église romaine. l\lais ricn n'est plus reò.ou-
table, pour les cathQliques d'une nation, que ces
formules exaHantes qui leur donnent l'illusion
d'une complète sécurilé, et qui, tout doucement,
les font glisser dans une anémiquc indolence :
alors s'affadit Ie sel de la terre. Et puis un jour
vient où la (( catholique Bavière )), tardivement
secouée par une législation vexatoire, sc demande,
en voyant la politique religieuse de son gouver-
nement, si cette épithète de catholique dont elle
s'honorait demeure une gloire ou devient une iro-
nie. Ce sont des minutes fécondes, que ccs mi-
nutes de révélations brutalement sincères; la
Iueur qu'elles jettent illumine dans ses profon-
deurs l'âme collective des fidèles; certaines fa-
çades croulent, qui mentaient et qui dupaient;
dans un élan de repentir, les énergies retrouvent
une première force, qui consiste à bi0n mesurer
leur faiblesse à s' en accuser à la ré p arer . et e'en
, , ,
est assez pour que Ie sel de la terre reprenne sa
vertu souveraine.
Les difficuHés OÙ se débattit I'Églisc de Bavière
entre 1848 et 1870 nous font as sister à l'un de ces
moments de transition, durant lesquels se forme
une opinion publique catholique. En 1
48, alors
que, grâce à la révolution, l'Église d' Autriche est
soudainementémancipée, alors qu'en Prusse l'aulo-
nomie de l' établissement religieux dcvient l'un des
articles de la constitution prussienne, la poussée
i26 L'ALLE1\IAGNE RELIGIEUSE
populail'c qui survient pareillcnlent en Bavière. et
dt
vanllaqn{'lIc abùique Ie rui Louis Ier, a trrs pen
tl'ct1'cts Sllr la situation de 1'1
glise bavaroise. Pen-
<lant quelques années, les évêques lutlcnt, ils
obLiennent de bonnes ou de nlauvaises paroles, et
des satisfactions ue dé tail. 1\lais l' opinion les sou-
tient mal; elIe est ignorante, indifférente) jnsqu'au
jour où surgissent des questions nationales, qui
laissenl appaI'aître les adversaires de l'Églisc
comnlC éLanl aussi les ennemis des libertés bava-
roises, et jusqu'au jour oÙ grossisscnt cerLains P(
-
1'ils, qui nlenacent Ie contact tradilionnel un prêtrc
[tvee l'école. La (( catholiquc I3avièl'c)) proteslc;
n1ais les députés qu' elle a élus ont seuls Ie droit
de parh'r pour elIe, et ils se moquent d' cUe. Alors
la (( catholique Bavière )) se sent
n Bavière UllP
minol'ité; et tout de suite eel aveu la fortifie : clle
a bipntòt, en 1.8G9, des suecès élpctoraux, et puis,
en lR70, ùes succès parlementaires.
I
Il semblait que Ie Concordat, signé en 1SIR
entre Ie Pape et la royauté, dût asscoir sur un fon-
ucmcntsLable ]'existencc de l'Église bavaroise. ?\lais
Ja main gauche des rois de Bavière ignorail ce que
]eur main droite avait donné, ct mcUait bien vitp
un paraphe royal au bas d'une série d'articles
organiques connus sous Ie nom d' (( édit de reli-
gion )), qui annulaient ou du llloins atlénuaienL
L'ÉGLISE ET LA BAVI
RE
127
les concessions du Concordat. La déclaralion royale
de Tegernsee, en 1821, s'était essayéc it concilier
ces deux docunlcnts; cIle garantissail à l'Église
que Ie second ne supprimait pas Ie premier 1. Tant
bien que mal, des années durant, h
s rapports de
rÉLat et de I "'Église furent ainsi réglés par deux
chartes, c' est-à-dire par une de trop; ot pendant
longtenlps Ie roi Louis IeI', bien servi par son mi-
nistre Abel, put empêcher que Ie heurt entre les
deux tcxtcs n'aboutît à un choc entre les deux pou-
voirs 2. l\Iais cn 1847 I' ascendant de la danseuse
Lola sur ]e cæur du souverain donna d'autres maî-
tres it ]a Bavière 3, légistes soupçonneux et pé-
dants, à qui l'idée même de liberté de l'Églisc
était incompréhensible. En mars 1.848, Maximilien
rClllplaça Louis, et ces maîtres subsistèrent.
Avec l'appJ
obation àu nouveau roi, Ie minislrc
Beisler développa devant Ie parlement de Francfort
Ie projet bizarre d'un synode d'enlpire, qui devait
comprendrc des eatholiques et des protestants, ot
qui définirait, en A.llemagne, la plaee des Égliscs
dans l'État It. Le vieuxjoséphisme avait la vie dure :
il réapparaissait dans ce projet de Beisler; par
l'organe d'un synode, plus démoeratique en appa-
renee, il asservissait l'Église non moins sûrement
qu'il ne Ie faisait la veiJle par l'organe de la bu-
reaucratic, et c' était Ie ministre même des eu] tes
1. Voir noll'c tomc I, po HO-IU.
2. Voir notre tomc 11, p. 106-115.
:
. Voir notrc tomc 11, p. 327-330.
4. Voir nelrc tomc II, p. 353-354-.
i28
L' ALLE
IAGNE RELIGIEUSE
de la catholique Bavière qui s'essayait à forger
pour I'Église ce nouveau joug. II était à prévoir
que de telles maximes, transportées sur Ie terrain
bavarois, aboutiraienl à la prépondérance de l' (( édit
de religion)) sur Ie Concordat, et du fonctionna-
risme civil sur la hiérarchie.
C'est ce que sent it Charles Auguste de Reisach,
archcvêque de l\Iunich 1. Dès Ie début de 1849, il
adressait un l\Iémoire au roi rvlax : illui deman-
dait que I'État bavarois revînt à l'observation inté-
grale du Concordat, que c'en fût fait, à l'avenir, etde
(( l'édit de religion )), et des ordonnancps diverses,
antérieures on postérieures, qui gênaient ] 'Église 2.
Rcisach était un canoniste accon1pli ; il se rendait
conlptc, tout Ie premier, que la fixité de ses prin-
cipes risquail de Ie mettre en collision avec son
souverain. (( lUes idées sur l'État, sur l'Église et la
religion, écrivait-il dès sa jeunesse, risquent fort
de choquer partout en Bavière; queUe serait la
situation, là-bas, d'un instituteur qui aUl'ait mes
principes 3? )) Et tel quel, tout d'une pièce, sans
rien carriger de son tempérament, sans rien mo-
difier de son système, Rcisach était devenu évêque,
puis archevêque. Dans son intransigeance, rien ne
dénotait un fanatisnle d'homme d'Église; c' était,
bien plutôt, l'invinciblc sécurité d'un hon1n1e de
science, qui, ayant appris et compris co que doi-
1. Sur Charlcs-Augusle de Reisach (1800-1869), cf. 110lre lomc Ill, p. 235.
2. Dits Recht der Ki,.che und die Slaalsgewalt in BUYC1'U, p. 383-385
(SchafTousc, Hurler. 185i).
3. Goelz, Kardinal ](w'l August Gmf V(m Reisach als Bischof van Eich-
8taett, p. 10 (Eichstactt, Hroenner, 1901).
L' ÉGLISE ET LA llA VIÈRE
-l2U
vent être les rapporls entrp les deux sociélés, COn-
certe tout ce qu'il fait à la lumière de tout ce qu'il
saito Une fois son
Iémoire expédié, il souhaila de
ses coll('gues de l'épiscopaL qu'iIs adhérassenL
Soil tinlidité, soit qu'ils fussent choqués de n'avoir
pas éLé consuItés tout d'abord, ils rcstèrent froiòs
on silcncieux; un seul, \Veis, évêque de Spire,
écrivit au roi, Ie 15 février, pour appuycr la dé-
marche de Reisach 1. On apprit en rnars que Ie
souverncment de 1\Iunich ébauchait quelques sou-
rires à l' endroil de l'Église : Ie cloître franciscain
d'Oggersheim, dont certaines manifestations radi-
cales avaient failli provoquer la ferrneturc, était
rassuré ct sau vé 2. Beisler quiUait Ie n1inistère, et
son successeur llingclnlann supprinlait les mc-
sures prises en 1
4 7 contre les confl'él'ics picuses: J .
illais l'archevêque de l\Iunich continuaÏt de voir
sombre, lorsqu'il observait l'avenir :
(( Dans l'état des choses, écrivait-il à 'Veis, on peut à peine
espérer un ré5ultat: car insister pour Ie changmnent des
lois constitutionnelles existantes, ce serait de notre part pro-
voquer l'opposition Ia plus formelIe, tant du gouvernement
que de la Chambre; au lieu de délivrer l'Église, ce serait
seulelnent lui préparer des chaînes plus vexatoires encore.
Tout au plus, dans notre première Chambre, pourrais-je
cOlnpter sur six voix. C'est là que siégent, précisémenL, les
oppresseurs de l"Eglise; ils ne peuvent cependant pas se
souilleter eux-nlêlnes. Au reste, je profite de toute oct:asioll
pour forger Ie fer, etje souhaite seulernent que les journaux
n " en trent pas en ligne, car ils gåtent ILl plupal't ùes choses
L Remling, Nikolaus VOlt 1Vcis, Bischof .:;u Spe!lCI', II, p. -180-482.
J. Rcmling, Ope cit., II, p. 166.
.
. Das Recht dc?' l\irchr, p. 388.
IV.
9
130
L'ALLEJIAGNE RELIGIEUSE
auxquell.'s ils touchcnt. en imprimant à Ia cause de l"Église
le caract
re (rUne afl'aire de parti et en provoquallt Ie
pal'li adverse... Conl1ncut cela n1archera tlans Ie Landtag.
on ne peut]e prévoir. Je n.attencls rien de bon. II manqne au
g-ouvernen1Pllt toute énergie et tout systèlue. Je crains plus
lIue jamais quP les jugelnents de Dieu ne fondrn t sur l'Alle-
luaglle. La Héforme f't Ie jo
éphisme ùoivent être expiés, et
tant que BOS ennelnis de rEglise ne tomberont pas dans la
misère conune l'enfant prodigue, iJ u'ya pal) à espérer quÏJs
rentrenL en pux-lnênH's 1. ))
llcisach, dans ccLLe ]ctl.re, se laisse voir lout
enticr, avcc sa doucpur <1'holl1111C ù'Églisc, qui
cl'aint Jc
violences des polém iques et lcs cxubé-
ranees ùe la presse, avec sa l'aideul' d 'holl1111e de
science, qui, sputant la résisLancc des faits it son
systruIP, se laisse aIle]', tout de suite, à une vision
pessin1Ïsle tIu snriendemain. Plus souple
l lnanier
les hOlllIneS, l' évêquc \\T eis répondait Ü TIeisach
qu ïl serait bon dc rassenllJler Ips évt'qucs de Ha-
vière, ct qlH', pour s'entendl'c, il n'étaÏl rien d0
nlieux que tle causer.
Reisach et "r eis s'accordaicnl d'autanllnieux
qu'ils sc COlllpléLaicllt run raull'e. L'un connais-
sait n1Ïeux ROIl1e, l'aulrc connaissait mieux l'AJlc-
magne. La jeunesse de Reisach s.était passée sur
lcs bords d u Tibl'è, dan::; la familiari té de Gré-
goil'c XVI
: enLL'e 18:30 eL 1.840, tlurant ces années
épineuscs oÙ Ie Saint-Siège (\t Ie roi de Prusse
élaient entrés en conllit, il a ,-ait oLspr,'é de Lrè,;
prè:s les maxinles et les pratiques de ]a diploma-
I. ltcmlill:;. Ofi. eif.. II, p. ,\-.2.
. Coel/, oil. (' · . p. 1 t-
;:.
L 'ÉGLISE ET I
A BA'''II
RE
131
tie 1'0n1aine et préparé, COlTInle canoniste, la besogne
des diplomaLes 1. "T eis, de très honne heure cha-
noine de Spire avant d'en dcvenir l'évêque, avail
consacré scs éncrgics d'apôtre à la réu.action de Ia
revue Le Catholif}ue:!, qui s'en allait chcl'c
her, dans
les pl'esbytères, des prêll'es opprinlés, pour leur
insufiler, au HOlTI de Ronle, des idées de liberlé; et
la grande insurrection du Palatinat: 1 , en celle nlêmc
année 18
9, étala.it suhitcnlentsous lcsycuxdc ",r cis
cerlajnes haines populaires conlre 1'1
glise, et pa-
rachcvait aiusi l'éJucation poliLique de l'évèque.
Pour réaliscr leur COIllnlun rêve d 'une ]
glisc forte,
d 'unc Églisc libre, Rcisach et v'v
eis sc parlageaient
Ia besogne : neisach cOlnmençait par une évoca-
lion du Concordal, c 'cst-à-dil'e par un del'nier appcl
à r]
tat, et \V cis voulait continuer par une convo-
cation de l'épiscopaL, c'est-à-dire par un pren1icr
appcl
\ l'Église clle-Iuênle :
(( Je souhaitc très virement. confiaiL-il à Heisach, que nuus
inaugurions bientôt lC5 synodes pro\"inciaux et les
ynodes
diocésains. Le désorure ùe l'époque, Ie bouleverselnent des
esprits, ne sauraieut no us en elnpêcher; ce sont là, bien
plutôt, des raisons qui doivent nous stÏlnuler à chercher un
lTIoyen ùe Iutte dans une délibération commune et ùans une
action COlnn1unc. C'est ce qu'autrefois l'l
glise a toujours
faiL.l\"ous ne pouvons pas atLendre (fue du dehors on vienne
en aide aux nécessitl
s ùe rÉglise ou luèule lju'ou ofrl'e it
rÉglise coUe libel'lé ùe Ulou"en1ents lIui pl'ocnrera Ic saluL
1. Goelz, 0]>. cit., 11.
L Vuir nolre Lomc Ill, p. 2':::>,
2. Voir 1l0lre lome II, p. Ii. -
ur
icoIas We is (i70G-18GO), l'oUvl'aëC ùe
RemIin ö esllc doculUcnt capilal.
:L }{emIing, 0]>. cito, II, po 51-1U
.
13:!
L'ALLEl\lAGNE RELIGIEUSE
C'cstnous qui devons, avecl'aiùe ùeDieu, prendre ]esmoyells
légitimes 1. )}
Sans cesse, au cours de 1E4.9, \V cis insista près
de scs collègues snr la néccssité d'une proehaine
rencontre. Rci:;ach avait oLlcnu du roi Ia pl'OlneSSe
que Ie nlinistère enverrait aux évêques, avant de
les présenter aux Chambres, les nouveaux projeLs
]égislatifs par Iesquels serail amendé l' (( édit de re-
ligion 2 )). 'V cis estimait séant qu 'une fois saisis de
ce docunlcnt, les évêques s'asscmblassen
pour
élaborcl' un a vis collectif; eL de Gaëte, Ie 10 août,
Pie lX cxpédiait à l' épiscopat bavarois un bref
très prcssant qui conlmandait la vigilauce et l' éner-
gie 3. On aUendait, de nlois en ll10is, confornlé-
lnenl à 1a promesse du roi Iui-nlênlc, la communi-
calion du nouveau droit canon que l'État l'ésipis-
cent comptail proposer à l'Églisc.
1\ Ia fin de novenlbre, Oelt!, évêque d'EichstaeH,
donna it des rcnseignements peu rassurants. II avait
cntendu dire, au lninistère mênle, que Ia rédac-
tion du projet étaiL achevée ; un rapporteur très
instruiL, et donl les sentiments étaient corrects,
en avait été charge, et tout faisait croire qu'il avait
ùonné satisfaclion aux principes catholiques. Mais .
la commis
ioll qui Jcvait exan1Ïner ce lexle sem-
blaiL aninlée d'un touL autre e:sprit : clle se conl-
posait de cinq bureaucrates, trois calhol iqucs, deux
protestants, qui n'avaient ni Ie sens de 1 'Église, ni
I. Hcmling, op.cit.,II, p. i-S3.
2. Remling, opo cit., II, p. 12;:;, n. 2-i3,
::. l{cmlin
, op. eif.. II. p. -i$j-48fo o
L'I
rrLIsr. ET LA ßAVIf:UE
133
les connaissances nécessClires en (II'oit canOll, et
sans doule al1aicnt-ils défaire Ie trayail du rappor-
teur 1. De fait, lIs pClssèrent des semaines à travail-
]er, ou birn à lenlpOl'iser, rt finirent par accroÎtre
de vingl parClgraphes 2 l'édit qu'ils avaient mission
de reviser; les modifications qu'eût souhailées
l'épiscopat ne figuraient point dans ces ajouts.
:\Iécontent lui-mème de la fornle nonvelle que
prenait l' édit ainsi rapiécé, Ie n1inistère Ie mit
dans ses cartons et cessa d'en parler.
1\lais l'Église devait-elle se taire tant qne se
prolongel'ait Ie silence de l'Éta t'
Quelques évêqucs
ne Ie pensaient pas. L'évêqlle de Spire, !'évêque
d'Eichslaett, eslimaient que, si l'épiscopat n'étaiL
pas encore en mesure de se prononcer sur la si-
luation légale offerte à l'Église, d'autres questions
existaient, qui d'urgence requérairnt une délibé-
ration 3. Certains courants se dessinaient dans Ie
clergé, qui risquaient d'être pðrilleux pour ]a hié-
rarchie!.: sur les synodes, sur la discipline, sur
les tribunaux ecclésiasLiques, un IUOt épiscopal
semblail nécessaire. Le 8 juin 1.850, unr letLre de
Reisach à tous les préIats de Bavière leur proposa
la convocation prochaine cl'un grand synode oil
les clergés seraient représentés, et leur soumit un
certain nombre de questions qu'avec l'aidc de leurs
t _ Remling, Ope cit., H, p. 4
1. - nas Rcrht dcr l\Ì1'chc, p. 3 0 8. - Sur
Gcol'
.es Oelll (17!H-lfìGG), ,oir Wei'i, .111!JemciIlIJ deutsche Bio(Ji'(/JlIIII.!, X\.IV,
p. Jü!J-:JiO.
t. f)as Recht der KiJ'c!lr, lL 3'30.
:L I1emling, Ope cil., II, po 4%-4!J
1.
40 Das llecht dei' /Úi'clw, p. 3
O.
13
L 'ALLEJL\.GNE RELIGIEUSE
conscillers ils dcvaient d'avance étudier 1. La Ba-
vièrc comprcnaiL deux provinces ecclésiastiqucs :
l\I unich c( Ban1herg. CeLLe concf'ntration dc deux
...
provinccs ('n un spul synodc déplut à Ron1('; cola
pal'ut une anomalie. C'était l'instant, d'ailleurs, OÙ
les brochures pullulaient, réclanlant pour de
t('lIes assemL]ées certains droits ct certaines pré-
rogatives clonl s'efIi'ayait I'allloriLé rOll1aine. Anto-
nelli fit savoir, Ie 1:J aoÙt 18
O, que Ie projet
devail être ahandonné, mais que les évêqnes pou-
vaient ::-,e rénnir en une conférence:2. Rcisach
acccpta cette solulion et leur donna rendez-vons à
Fr('ising. pour ]e dJbut d'oclobre.
II
On sc souvcnait encore, en Bn. vière, dp l'in1po-
sante asscn1blée qn'avaient tenue Ü 'VurzLourg,
en iRiS, ]es évêques de l'r\HeoHIgne entière
:. Des
principcs y avaient été fOl'ffiulés, qui devaiclll
pour de Jongues années dirigel. l'aclion de ]a hié-
rarchie et lcs revcndicalions tics députés caLho-
liqucs. A Freising, Ie champ d'études serait moins
ample; c'esl de la Davière, seulc, qne rOll s'oc-
cuperait, cll'on avisrrait Ü J'app1ication, dans Jes
1. Itcmliug', opo cil.. II, p. ß(i.
. HcmUng, Ope cit., II, p. IlG-l
ïo
.?' Yoir notre tome II, po 3íG-39ï, cl f:aulc, /;asscm[.[éc épisCVl'fllc de
.\ w':;l.mo'u lPal'i<::. l'ot1ssi('lguf', 1!}f)/)).
L' ÉGLISE E1' LA BA Vll
UE
135
diocèses havarois, des théories et des væux qu'avait
énoncés la réunion de ,V urzbonrg.
Du 1. er au 20 octobre 18:50, les évêques délibérè-
rent sur 1'1tglise dp Bavière. Leurs travaux se clas-
sèrenl sons neuf rubl'iques : gou yernenlent des
diocèscs, cnlte, forluation du clergé, droits de
rJ
glise en lnatière d' enseignelllcnt, paroisses,
biens d'Église, cloîtres, confréries, relations avec
Ies autl'es confessions. Des rapporteur::; furcnt choi-
sis; et sur tOllS ces chapitres des conclusions
furent prises, en vue des synoucs provinciaux que
I'on espérait tonir un jour et qui auraient à so
prononcer définiLi venlcnL 1. l\lais dès IuaintenanL,
et sans plus tarder, l'Église, se reLournant vel'S
rÉtat, lui disail ce qu'clle voulait. Dc }'auLre côté
de la frolltière, l'c1l1pel'eUL' d'Autl'iche, ccUe année
InünIe, reslituait à J'Église des lihcl'tés, (( non pas
en guise de cadeau, disail-il, 11lais conIIne paie-
DIent d'une dcUe
)) : ('e spectacle cngageait les
évêques bavarois à réchuner du roi l\1ax une pareille
courtoisic.
Le
Iénloiro épiscopal 3 se rapprochait singuliè-
renIcnt des
Iémoires analogues que les évêques
de la province ecclésiastique du J-Iaut-Rhin se
1. RemJiu;:;-. Ope eil., II, po 12ï-1
9.
. RemJin;:, opo cil., If, po 130.
:; 0 Lc Mémoirc ùc Fl'cÏsing po ocloLrc 18.;0) esl puLlié da.ns 1<1 Collcctio
Lncensis, V, col. 1 Hi
-1 t8
. - On cn a dOllUé une réédiLion, oit Ie
Iémoil'c
csl lIlol'celé CIl chapÏll'cs cl confronlé, lwur les divcl'8 points, avcc Ie lc"{le des
aclcs ulLél'ieurs de l'épiseopat Ioaval'ois, clans la (ll'écieusc hl'ochmoe ùorumcn-
laire illliluléc : Sy,tematischc Zusanuncnslcllttllfl tiC/' \Tc1'!tnndlullyelL des
/;aycl'isclwn Episcopates mit tier /{oeniglieh-/layerischen SÜHtlsl'egiel'ung
tin {8')0 bi
n'fflw'óel' d"n Voll:;ug df!!f Kon/,'{JI'(/(llcs (Fnt'0\11'g, H(,l'dcr, 1.
O
i'
136
L 'ALLE1\JAGNE RELIGIECSE
pr
paraienL en ce mOlllent nlême, à expédicr it
]C'urs sou vera ins. Cc que vouIaicnt, de part et
d'autre, les pasteurs ecclésiasliques, c'était Ja
libcrté, et sous ce nom ils entendaiC'nt Ie droit pour
l'Église de se gouverner elle-même, de nommer aux
cures, de correspondre avec son chef, de SOliS-
trairc à la nécessiLé d'nne approbation gouverne-
mentale lcs actes publics de sa hiérarchie, d' éle-
yer et d'instrnirC' ses clcrcs comnle eUe Ie jugeaiL
bon, de l'ég] er souverainement le cultc, d' établir des
convents. l\lais, tandis que les évêques de la pro-
vince du HauL-Rhin construisaient eux-mt.mes, d
touies pièces, Ie statutjnridique qn'ils souhaitaient
pour l'Église, Jes prélats J)avarois, plus favorisés
en apparence, n 'avaiC'nt besoin ni d'improviser ni
d'innover : tonics leurs requêtrs se fondaient sur
Ie texlc n1ême du Concordat, ot visaient à en
ohtenil' l'application intégralr, rien de plus, rien
de moins 1.
Heisach, Ie :2 novembre 18ðO, trÏ-JllsmH au roi Ie:;
revendications de l'Église de Bavière, et Ie roi,
iout de suite, sentit un sérieux en1barras.
(( Je porterai haut Ie drapeau catholique 2 )>,
avail dit récemment Ie roi l\lax it Geissel, arche-
vêque de Cologne, qui, grâce à son origine bavaroise,
grâce aux souvenirs qu'i! avail laissés comme
(
vêque de Spire, jouissait à la cour de Bavière
d'un très grand ascendant. I\Iais rien n'élaiL plus
difficile au roi !\Iax que de vouloir : osciller était
t. Das Recht del' Airchc, p. 3
1-3!n.
2. Pfuelf, f;ei88cl, II, p. ;;70.
L'ÉGLISE E1' LA HAYlf:RE
1.37
If' propre de sa politique ; il détestait Ia nctteté des
questions, plus encore celIe des réponses. Il fut
assez ingpnieux. au cours dr son règne, pour avoir
à sa droile un ministère, à sa gauche un cabinet
privé, qui pratiquaienl une politique différente, et
l' équiJibre de ces deux organes répondait exactc-
ment au tempérament du roi, qui ne comportait
guère que des demi-volontés 1. II fallait plus qu'une
demi-volonté, pour (( porter haut Ie drapeau catho-
lique )) dans l' A llemagne de 1850 : l'engagen1cnt
pris par Ie roi l\Iax envcrs Geissel fut aussi vitc
oublié que formule. D'autant que Ie vrai goût de
l\lax et
on unique besoin Ie portaiellL à échanger
perpétueJIement des hOHlnlages avec Ies représcn-
tants de la science allen1ande
, et naturellement
il s'attachait surLout aux idées préconçues de ceHe
science, c'cst-à-dire à ce qu'il y avait de pIns
superficiel en clip, el dès lors Je plus facile à
saisir, de plus facile à étaler. C'était au nom de la
science beaucoup plus qu'an nom d'llne politique:{
que Ie roi
Iax faisait venir à Thlunich des histo-
riens à la nlode qui prèchaient pour Ie protestan-
tisn1e et pour Ia Prusse, et c'élait au nom de la
science, aussi, beaucoup plus qu'au nom d'une
politique, qu'il en arriva bien viLe à professer la
haine de ce qu'il appelait l'ultramontanisme ."1,.
1. Sur Ie ùualisme cutrc Ie mil1islèrc PforJlen ello cabinet priv<
, oil Docu-
nigos rl'önait, voir ItiellI, li..ultur!Jeschichtliche Chartlkte)'koepfe, po .!.!O
(Slullg-al't, Colla, 1880).
. Voir nolI'c lome II[, p. 23-31.
3. Richl, ojJ. ci l., p.
':!(j-227.
4. Sur l'anli-ullramontanisme ùe Max, voir H. P. lJ., 18G7, I, p. U:;;j, el Hichl,
op. ciio, po 2tG.
138
L'ALLE
lAGNE R
LIGIEUSE
Savait-il biC'n, d'ailleurs, ce qu'il qualiliail ainsi
?
Doellingcr passait pour ultramontain, èlyant de
s'afficher COlllmc Ie conlraire. II y avait, pour ]a
vanité scientifiqur du roi
Iax, une sorte d' obliga-
tion intelJcctuelle à être anti-ultranlontain; mais
c'était là une pensér dïnlÏtation, une pensée
d'cmprunl. dont on nc savait trop si clIe aurait
assez de vigucur et de yie pour détcrminrr, en
fait, certaines décisions pratiques (lu souverain.
Et ce que dcnlandaH au roi l\Iax, en octobre 1830,
la réunion épiscopale de Freising, c'était une
explication de principe sur les infeutions reli-
gieuses de rÉtaL bavarois, tel que l'avait renlanié
l'année 1848. l\Iais des requêtes précisrs, qui
réclament un (( oui )) OU UIl (( non >>, risquent d'indis-
poser un caractèrc indécis paL' là mênlC qu'elles
l'acculenl, et c'est sans doute du jour OÙ Reisach
eut fait Ie roi ?\Iax captif cl'UD questionnaire, que Ie
roi comlnença de trouver cet évêql1c parfaitemcnt
insupportahlc.
Parmi lcs dernandes qui Iui éLaient présellLées,
un certain nonlbre ne se heurtaient qu'à de sinl-
pIes oJ'donnances adnlinistrat i ves: rigoureusenlcnL
parIant, 1a COUL'onne de Bavière pouyait, d'ellp-
même, abroger ces ordonnances. l\lais d'autres
réclan1i.llions Inilitaient directement contre les
arLicles organiques qui faisaient partie dc Ia cons-
titulion; ct.. queUe que pÚt être
à cet égard, la
bonne volonh
du roi et de ses ministres le Par]e-
,
mcnt, ici, dcmeurait Ie nlaÎtrc. c'était au Parle-
,
ment, (1t à ]lli senI, à (\xaucel' les ðvt'qnes, ou
..' É';LlSl: ET LA ß-\. VIÈRE
139
bien à les éconduire. L'émoLion mênlc que pl'odui-
sait l'acte épiscopal sur les banes de 1a seconde
Chanlbl'e, rt que traduisaient sans rrtard dpux
inLerpellateurs de gauche, Hubner et Prcll r, témoi-
gnait qu'entre les députés et les évêque::; des
InalenLendus éLaient proches : ]e gouvernement
n'opposait aux queslionneurs que certaincs ré-
ponses évasi ves, dilatoires. (( Sur cette question
de haute imporlance, disait un peu plus lard
t
un autre interpellateur Ie nlinistre Ringelnlann
les convictions diITèrent tel]cnlcnt cntrc elIes,
que, dans l'inLél'èt de la paix ct de la concorde,
on doH instalnnlent désil'er d'ériLer à co sujeL
toute discussion parlemenlaire, dont on nc POUl'-
rait, en fait, conjecturer lïssue 2 )). Dans Ie clergé
lnênlc, Ie !\Iémoire des é\Têques provoquait des
anxiélés, quc Ie gouvcrnenlcnL n'ignorait pas: on
cl'aignait dilns quelques presLytères que la hié-
rarchie nc dcvînt despotique et qu 'elle nc rcndìt
les curés amovibles, com filC en France;
. ...\
sul'é-
ment cprtains députés aspiraicllt à s'ériger en
tribuns du petit clcrgé; el c'élait nne prelnièl'c
raison pour que la COUI' de Bavière désiràt assourdir
les échos parleDlcntaires; nHlÌs ellc avait un secret
espoil', aussi, que les consciences des évêques,
nprès s'êL1'e soulagées en parlant, s'assoupiraienL
au lieu d'agir.
10 LJús Recht dCI' 1\.Ù-c!ic, p. +01. - f:.m o lc silcnce gdrJé pal' Docllingcl'
dans cc:; débals pal'lcmculaircs, \'Oil o Fl'iedrich, j}oellillflc)', HI, p. 10:{.
2. /}a.'1 Recht dcr [lireTtc, p. 40
.
3. [Jrl
flf1c/lt cia /ÙI'chc, po in
..}IJï. - C'cst cello crainLc '(u'c"primail d
t40
J: ALLE:\IAGNE RELIGIEUSE
Carcssrr line telIe i1] usion, c' étai l n1al connaîtrp
Rrisach. II recevait de ßon1c, en févric'r 18?)1, un
bref d.npprohation pour lr l\Iénloire 1; sa volonté,
celIe (Ie ses collègues, so dressaient désorn1ais, en
face de r.Étal bavarois, comme la volonlé mCime
de Pie IX. On vit alors Ie gouvernement faire
certaines concessions: telle, par exemple, sa négo-
ciation définitivo avec \Veis, évêque de Spire, en
mai 18
1, relativement au droit de nomination
pour les paroisses du Palatinat 2; telle, encore, la
façon dont fut réorganisé Ie concours en vue de Ia
collalion des cures:-:; te], enfin, l'arrangement
rilpidc qui rut combiné ponr rassuror les scrupuies
catholiques au sujet d'nnc nonvelle formule de
serment 4. l\1ais d'autres ùécisions survcnaient,
qui aggravaicnt an contrairc plusieurs des abus
uéplorés par les évêques; eIles attestaient l'insta-
bilité de la poliLique religicuse n1ÏnisLérielle.
Le cardinal Geissel, archevêque de Cologne,
voyageant it la fin de l'été dans Ie Palalinat, son
pa.ys naLal, en revrnait très chagriné : dans une
Jettre au nonce Viale PreIa, il pariail des (< mesures
p(:ssant toute croyance avec Icsquelles on traÏtp
fEglise en Bavière;) )). Co qui choquait 1\lolitor.
sccrétairc de l'évêque \Vcis, c'était de sentir avec
nof'liingcr Ie vicairc l\Iaicrhofcr ùans unc lcllro du 27 févricr 1
51 (Friedrich,
/Jocllin[ICr, III, p. 101-).
1. Colleclio Lllccusis, \', co!. 1189-1190.
2. Hcmling-, up. cit., I, p. 369-372 cl .iI 1;-1I
.
3. Das Recht der lÚrche, p. MO-411.
L /)U8 llccltt ÚCI' Kirclze, p. 411-H30
.t o rruC'Jr, r;eis.<J"', II, p. 3iO.
L . .ÉGLISE ET I.A HA VIÈRE
141
queUe désinvolture systénlatique ] 'État se servait
des prêtres ou leur manquait d'égards, au gré des
circonstances : (( On agit avec Ie clergé, disait-il
plaisamnlent, conlme avec Ies seaux à incendie,
q u' on l'enlise, une fois Ie feu é teint 1. )) En juin 18::> 1,
Ie gouvernement signifìait à révèquc \Veis que, s'il
voulait faire prêcher des missions par Ies Jésuites
ou par des prêlres ne possédant pas l'indigénat
bavarois, il devait demander Hcence à l'aulorité
civile.!; et ce n'éLait qu'à titre tout provisoire qu'cn
février 1852 on autorisait enfin \V cis it recruter
des JésuÏtes comme prédicateurs 3. 'fout l'épisco-
pat bavarois, à comnlencer par Reisach, qui orga-
nisait des missions (( avec une in]assable acii vité l
)),
étaitexposé it de senloiables chicanes. .Alors s'abré-
goa Ia patience des évêqucs: Ie 20 févl'icr 1852,
ils insislèrent pour obtenir une réponsc au
Iémoire
de Freising. Leur Iettre suspendait sur la tèLe de
lax une auréolo et une nlcnacc; c' était à lui ùe
choisir entre la gloire des Constantin, des Char-
lenlagne, des Alfred Ie Gr.and, des l\Iaximilien,
bienfaiteurs iUustres de l'Egiise, et Ia responsa-
bilité d'un conflit grave, qui meltrait la Bavière
aux prises avec la papauté ð.
I. Pfuelf, Geissel , II, po 371. - Sill' Guillaume Molilor (1810-1880), IH'èb'e et
romancier à ses hcUI'cs cL ùonl les essais dramaLillues avaienl une porLée apo-
logHi1lue el élaienl souv('nl repl'és('ulés dans les associalioll
caLholiqu('s. \oil'
Bruemmer, Allgemeine deutsche lJioyrltphie, 1.11 , p.
38-4-40, el Ollo \<. Vocl-
dCl'ndorIT, llarmlosc Plaudereien eines alten ,jl,fuenchenc1's, II, p. 33tio
o Remling', Ope cit. , [, po HJU-1!H. - Das Rccht dCI' 1í.iJ.c!U' I P, 413-1,18.
3. Remling. op. cito l 1, p. 1!)
-H)5.
4. Raich, BI'ief'e t'01t und an J(ettelCl', p.
2()0
5. Rf'mling-, 0[10 cito l n, p. U1.
142
L'ALLEl\IAGlXE RELIGIEUSE
III
Lr roi l\lax n'accepla pas l'alteenative. Sa
réponse, dalée du 30 n1ürs, proyoqua Ies insll'uc-
t ions minislériellcs d u 8 avril 1 ; elles élaient n1oin
drcisives et plus nuancées qn 'on nc s'y filt altendu.
l\.'Jax n "acccp ta it pas, 0n lhéoric, la lhèse des
pv(äqucs sur le Concordat el r (( édil de re]igion)) : il
pcnsait ct parlait,
l cet
gard, comnle firenl, ccnl
ans durant, Ips gouvcrnpn1cnts succcssifs tic 1a
France, lorsqlH' rtglisc se plaignail des Articles
organiqnes. II u'acceptait pas, non plus, cette
manifestation colJecliye, corporative, faite par les
Óvêques; peu s' en fallait (lU'ii n'y vît un actc
t
denÜ révolutionnairr, ('l e'cst avec une sévèrc
an1erlume qu'i) notait une' cOIncidence enlrc cette
dén1arche épiscopalc ct Ies troubles révolulion-
naircs qui venaient de faire vaciller Ie lròne. En
pratique, J'ailleurs, it travers les vil1gt-six para-
graphes Oll il enlrait dans Ie détail des difficullés
pendanLcs, son exégèse juridiquc apparaissail con-
cilianle. Il sc taisait sur les cas oÙ I 'édit de reli-
gion contl'eJisait formellen1cnt Ie Concordat; Diais
il pronleUait que 5es n1Ïnislrcs, parn1i les inter-
prétations diverses dont rédil élait souvenl sus-
ceptible, choisiraicnt toujours celle qui cadrcrail
. i. Ou I
s lrou
era, morcelées cn chapilres, dans l'opuscuk ci-dcssu::, inùi'Iuè :
.'iyslcmullsclte ZUS(WlIilCIISlClluu!I. Le commClltairc Ie plus prèci
CII csl ÙOllllé
t1alls If' I" I"f' : 'It(S fl,'cht ele)' lÙrcl"" p. ,
2-i(j-;.
l/ÉGl.ISE Err LA ßA'TIÈRE
143
]e plus exacteluent avec les stipulations de ce
traité, ct ceLte silnple pronlcsse déplaisait naturel-
lement aux légistes; car d'après eux l' (( édit de
religion )), qui yisail toules les confcssions, dcvait
être inlerprété, exclusivcnlent, d'après la tencur
de son tcxte 1; l'idéc d'en colJaLionner certains
passages avec lcs articles du Concordat leur appa-
raissait conl111e une capitulation devant I 'Église.
La tutclle souveraine de l'État sur r.Églisc éLait
luaintenue, nlais sans porLer atLeinte à fa liherté
des (
vêque::;, en ce qui regardait leurs actes pure-
n1ent ecclésiastiqucs. l.a'obligation du Placet étail
en principe affirlnée; nlais pour les juLilé5, les
indulgrnces, les ordonnanccs de carêlne, il étail
considél'é conUlle donné une fois pour toutes. Le
recours
l l' État contre les abus de la puissance
ecclésiastiquc rcstai t en vigueur, mais avec des
restrictions qui Ie rcndaient Inoins oITensant pour
la juridiction spiriluelle. L'État gardait Ie droit
de prendre pour la gestion des biens ecclésias-
Liques les n1esures qu'il jugeait convenables, mais
it reconnaissait formellenlent Ie rlroit dc propriété
de I'Égiise. La (( collation du tpmporel )), en cas
de nomination d'un prêt.re à une curr, denlcurait
Ie droit de l'État, et luênle, au moment de I Ïnstal-
lation, ce droit drvait être rappclé par une formufc
expresse; n1ais la nomination mênle aux fouctions
ceclésiastiques était la prérogaLi vo de l' évêq ue,
sous résel'ye d'ailleurs de l'agl'én1ent de l'Etat. Enfin
1. ::;('
.Jl'1. lJayr..isrhc.c; A-Ì/'C!tCl1-.'i(llalsr,'cht. p. :W-31 ,Fdhourg, l\Iohr. t89
)0
14
L 'ALLEl\lAlìNE RELIGIEUSE
I'État renonçait à intervenir dans Ie choix des
supérieurs de couvenls,
l confirn1er dans leurs
-[ouctions les directeurs et professeurs de sémi-
naires; il promeltait d'avoir égard à ]'avis de
]'évêque pour la nomination des professeurs de
lhéologie dans les univcrsités, des professeurs de
religion ùans les gymnases, et de tenir con1pte,
aussi, des désirs éviscopaux, pour Ie recrutelnent
dn personnel enseignant dans Les établisse111ents
u'enseignenlenl philosophique rt Ihéologique qu'on
appclait des Iycécs.
.Ainsi devail se dessincr, it l'avenir, la vie de
l'Église Lavaroise. Le l'oi l\Iax acccplait que les
granùes lignes du Concordat fussent de plus ell plus
accentuécs, sur Ie fond du tableau; mais bon gré
Inal gl'é, il voulail y introuuire, dussenl-ils y faire
tache, dussenl-ils Gtre criards, un certain non1bre de
déLaiis enlpruntés
ll' (( édit de religion )). (( Conln1e
gardicnne fidèlc du droit, déclaraiL-il, Ia couronne
uoil, avant lout, s'attachcr soliden1ent aux stipu-
lations de la loi fondamcntalc d'État eL des Jois
conncxes, tant qu' eUes ne sont pas nlodifiées d'une
façon conslitutionnelle; aucune autre ]oi d'État,
non pas mên1e Ie Concordat, qui fut publié comme
annexe, ot qui, par
urcroît, ne peut êtrc sounlis
à une interprétation exclusivemenl unilalérale, ne
pC'lIt avoir prépondérance sur la loi fonda111en(ale
d'Élal l .)) 13ref, Ie roi l\Iax, en dépit des conces-
sions q n'il apportait aux évêques, maintenai t un
t. o"'ystematiaclw Zusammíllsfelluf/,f/, p. 9.
L' ÉGLISE ET LA BA VIÈRE
l-i5
principe coni I'C lequel sÏnsurgeait à touies les
pages Ie l\Iémoirp. de Freising ; l' engagement signé
trente-quatre ans plus tõt entre Rome et ]a Bavière
ðtait expressément subordonné aux exigences supe-
rieures d'un certain droit d' État, que la Bavière,
toutc seule.. a vait souveraincment créé. Les juristes
royaux avaient découvel'L une helle subLilité, pour
que leur maître s'arrangeât avec l'article i8 du
Concordat, suivant ]equel ceUe convention était
loi d'État (Staatsgeset
). Un nouveau concept
apparaissait, celui d'une loi fondamentale d'État
(Staatsgl 1 11ndgcset::.) ; et, bien que Ie Concordat,
qui faisait partie de la constitution, fiIt par là-mêmc
un fragment Je ceUe ]oi fondêunentale, il ne gar-
dait à proprenlent parler valeur de loi fonda-
nlentale qu'autant qu'il étajt conlpatib]e avec Jes
autres fragments. Ces façons de penseI', de parler,
de chicaner, déplurent à la Civiltà Catlolica; elIe
Dotait qn'au même instant Ie ministère bavarois
prenait contre la pl'esse des mesures tl'0S rigou-
.'euses: (( Le ministrre ennemi des prêtres,
cri-
vait-elIe, est réactionnaire dans tonte la force du
Lcrme 1. )) Les discussions de principe el les que-
relles de mots qu'opposait la Bavière à la liberté
Je l'Églisc ap}Jaraissaient ainsi comme une réaction
contre les conquÔtes de 1848, réaction dont, en
nlênle temps que l'Église, Ie peuple sou{J'rait.
Sans retard, Reisach jugea qu'il fallait répondre
111 roi. Avec l'évêque d'Eichstartt, il s'en fut à
1. Cit,iltÛ Callolicâ, 10-31 mai 1
52, po ;j72.
IV.
:10
1q6
,,' ALLEl\L\GNE RELIGI EUSE
Augshourg voir son collègue Richarz, qui n'aimait
pas Jf\S diffÔrends ayec Ie ponvoiJ',
t dont l'c{face-
mpnt allraÍl bl
isp l'nnilé dr' J'épiscop:lt Lavarois. ^
..lngshourg- nlÔn1e, tons trois cnscD1ble préparèrf'nt
nnc leih'c sOllllllaÌ1'c clans laquclle iis ren1erciaienl
:\Iax de ses concessions, et maintf'naient lpur doc-
trine sur les droits de l'Église; ils souhaitaient que
les rapports entre Ie Concordat et la constitution fus-
sent prochainelllent définis (( d'une façon plus paci-
Hante )); iis annonçaient, pnfin, que bientôl, avec
plus de maturité, its présenteraient à la couronne
des propositions nouvelles 1. I] sautait d'aillcurs
aux yeux des évêques que l\Iax avait ]aissé sans
réponse toute une sPl'ie de leurs revendicalions.
Pourraienl-ils établir des couvents ? Queis seraicnt
]purs droits sur l'ensei
nement it ses d i \Ters degrr,;?
C' étaÌent lit òps points sur lcsquels la décision dn
R avril était volontairement
i lencipuse.
L'épiscopal se mit au trayail, dans chaqne chan-
cellcrie épiscopa]e, pour r(
diger quelques brouil-
Ions de pélitions; et Ie voyage que fi t Reisach it
Rome, en rété de 1852, scellait entre Ie SainL-
Si
ge ct ]'épiscopaL de Bavière une pncouragf\antc
harmonie 2 . C'est
l 'Vurzbourg, pn f(
vrier 1853, à.
l'occasion d'une grande mission prt
chée par Jes
.Jésuitcs, qne derechef les évêques se réunirent :
ils concertèrent les termes du l\lémoire qui devaH
('-tre expédit\ au roi. Un incident pénihlf', survcnn
1. Systemalische Zusammenstellunq, p. 11-12. - Remling, Ope cit., H,
Jlo U-i-135. - Richarz ful évè(Jue d'Augsbourg dc 1
8 à 185.).
. Remling, op, cit., II, p. 135 et 507-ã08.
L'r<:GLISE ET L.\ ÐA VIÈRF.
147
entre Heisach et IIofstarUer, ÔvÔquP òp Passau 1, fit
njoH,'ncr la dénlarchc; mais Viale Pn"'ln. nonce de
Vienup, ap Ian i ties di ffìtnltés 2, pt Ie jon l' de la
Pcntccôtr de l'année 1853, les dol{}:,nces réitérées
dr l'T
gli'3c dp Bavi{\re pé1rvinrent au lròne de
Ba vière 3.
Les évrqucs maintenaicnt que Ie Concordat fai-
sait Iui-même partie de la loi fondau1enLale d'ÉlaL,
et que, par surcroît, il ne pourrait être modifié
qu'avec l'assenlimcnt et 10 coneours du Pape : il
avait done une double valeur, constitutionnelle et
d iplomatiqne, et c'est pourquoi, an non1 même du
Concordat, les évêques insistaient doublement pour
que leurs droits sur les universités fussent reeon-
nus, et pour que les gymnases et lyeées oÙ étu-
diaienl les é]èves des petiLs et grands sén1inaires
leur fussent
oumis, on tout nll moins pour qu ïl
10tH' fflt permis de errer, à eôté de leurs sén1Ïnaircs,
des gyn1nases ot des lyeéos OÙ leur autorité s'exer-
ccrait pleinement
A. n1esu
'e fJuc se prolongeait Ie
dialogue entre l'Etat et l'Eglisc, il se resserrait,
;;e préeisait, et la portée s'en restreignait : c'éLait
"In Jéfinitive sur les questions d'enseigncment que
I ;e eoneentrait Ie débaL
On pouvait en troll vel' une preuve nouvelle, dès
e mois d'aoÙt, dans une déll1arehe personnelle de
1. Sur Henri Hofstaellcr (1805-1875), évèl(uP de Passau, a"
cz hoslile à
:)ules lps manifeslations publiques dont l'Élal pouvaiL s'alarmer, \ oir o Hensch,
ans Allgemeine deutsche Biogmphie, XJI, p. ß48-ü50.
2. Remling, op. cit., II, p. 135.
3. Archiv für katbolischcs Kirchenrecht, 18G2, VIII, p. 403 ct suiv. - La
lèll1(, réponsc ('piscopalc cst rééditée, - morceléc en chapitrc<; - dans Ja Sys-
?matische Zusammenstellung.
l-í:8
L 'ALLE:\IAGNE nELIGIELJ
E
Heisacho Par une formule asset vague de la ùécla-
ration du H avril 1.8:)2, rÉtat ]aissait à chaque
évi\quc Ie soin et ]a responsabilité de lui faire des
propositions (( au sujet dc, l'extension des sénli-
naires épiscopaux 1 )), ct l'E1at se résrrvait de lcs
apprécier. C' est it l'arLicJe 5 du Concordat que se
rapportait cctte vague promessc. Le tcxtc latin de
cet article avail prévu l'existence de sén1inaires
dotés par l'ÉLat, conformes aux décisions du con-
cUe tIc Trcntc, et dans lcsquels seraient fornlés ct
instruiLs lcs futurs clercs, Ùdolescentcs; Dlalgré
Ics rcprésentations clu gouvernement Lavarois,
qui avait proposé de substituer au nlot adolt
s-
centes ]e tcrn1e : candidati status clericalis, Ie Saint-
Siègc avail maintenu l'expression primitive, et la
Bavière avaH cédé, s'cngageant ainsi impliciten1enL
à pourvoir les diocèses de petits sénlillaires 2. Rei-
sach, durant son épiscopat à Eichstaett, avail, gråce
l la tolérance du ministre Abel, organisé la for-
mation de ses clercs conforn1énlent aux règles de
Trentc et aux autorisations efIectivcs du Concordat;
il avail ouvrrt un petit sénlinairc, OÙ il accueillait,
tout jcunes, les enfants pour lesquels on songeait
tl la prt'lrise 3 ; et, fort de ce pL'écédent, il écrivait
au roi, Ie IG août i8
3, pour exposer de pareilles
intenlions au sujet de l'archidiocèse ùe
funich.
t. Syslemalische Zusamïncltslellung, p. 80.
2. Slrodl. Friedrich Heilll'ich Hugo .Windischmann, p.
4 (Munich, Lcnl-
1}Pf, t8(2). - Das Recht d,'" l(irche, p. G90
J. Sur les initiati\"p
C](' r
f'isach à Eichslapll. voir Goetz, opo cit.. p. JJ-8,i,
pl sur sa th{.orie au sll
pl tie la formalion sacerdotalt', voir f'fuclf, Slimmpn
aus Jlcuia Laach, XLL1I, t89
, p. 45.
L' ÉGLISE ET LA BA. VIÈRE
i49
La stricLe exécution du Concordat, expliquåit-
ii, réclanlerait que l'État payât annuellement
73.0UO florins pour l' entretien d'un petit séminaire
avec240 élèves, d'un établissenlent d'enseignement
supéricllr avec 120 élèves, d'un séminaire pratique
avec 30 élèves. Mais Reisach se déclarait moins
exigeant: il lui suffisait d'obtenir - mais il y
tenait fernlement - que les 16.7H7 florins annuel-
]enlent déboursés par l'État pour ces divers besoins
fussent désornlais considérés conlme une dotation
permanente, comme une delte imprescriptible; que
l' école latine et Ie gymnase de Freising, dont les
cours Ötaicnl suivis par les élèves du petit sémi-
nairc, et que Ie lycée de Frrising, OÙ s'instL'ui-
saient les élèves du grand sénlinaire, fussenL désor-
mais confondus avec ces deux institutions, cOHsi-
dérés COIllnle établissemenLs épiscopaux, non
comnle éLablisscments royaux, et p]acés sous la
direction exclusive ùe l'évêque. Reisach d'ailleul's
insislait sur ce fait, qu'il ne sol1icitait de l'État
aucune dépcnse nouvelle; tout ce qu'il voulait,
c \
tai t Ie p lcin excrcice de ses droi ts de p3 steur 1.
L'Élat laissa sans réponse la lettrc de Reisach,
C0l11me illaissait sans réponse Ie nouveau :\Iémoire
colJecLif ùes éYêques, ot l'épiscopat put remarquer
avec tristesse, au printemps de 18J4, qu'un pro-
granl nle scolaire don t certains articles concernaient
l'enscignemcnt religieux élait publié par Ie mini
-
I. Lc lc"lt
de sa It'lll'c (':-1 pllb1i(
(' dal!" Ltl chip !ill' k((lholisclll'.
AÚ'chf!1t-
l're/d, t81ì2, "IIf, p. '
1
-4'17.
150
L' ALLEIUAGNE ßELIGIEUSE
tère sans consuItat ion prr
laL]e de l'autol'ité reI i-
gieusC' 1.
A la longue, l'expectative ùcvenait pesante : une
crise aiguë risquait d' éclaler. Le ministre Z"rehl 2
en eut Ie sentiment, ct, pour amener llne prochaine
rntentc, il cut l'idée de s'en aIleI' d'ðvêché en
évêché, et de causer avec les prélats. II fut rhô!e
(Ie ]'archevpqur de Balnberg.. de l' évêque de "r UI'Z-
bourg, de I' évi\que de Spire 3 ; il recueillait leurs
ilnpressions, cherchait avec eux Ies biais pal' ]es-
qur]s pouvait (\!I'e an1ené quelque arrangement;
et puis, lorsqu'il avait pris congé, dans Ie n10t de
rcmercie01ellts qUIlleur adressait pour leur hos-
pila1ité, il eXpl'in1
it (( la douce espérance )) d'une
paix prochaine I.. l\Iais ce ýu'ignoraient les pI'élats
qui tour à tour accucillaicnt Zwehl, e'es! qu'il pous-
ait son voyage jusqu'à Cologne pour obtenir du
cardinal Geissel qu'il acccptât dß succédcr à Rei-
sach sur Ie siège de l\Iunich.
Lo roi
lax voulait bien accordcr it J'Église quel-
ques changen1cnls de législalion, n1ais il désirait,
à
Iunich, un chang-clnent <.Ie personnc. Les pré-
dictions anciennes ùe Reisach se vérifiaient: il v
"' oJ
avait incon1patibiJité d'hun1eul' entre lui et l' ÉI at
Lavarois. Aupri\s (Iu roi l\lax, Ies ennclnis ùe Rci-
sach avaicnl la pal'li
helle: il Ies croyait, aveu-
1. A
'chiv, 18<"2, VIII, p. '1-5;;0
. Sur Th
odore dc Z\\chl (lqOù-l
ïj), "\Oir IIcigel, _l11gemclIw cJculsclLe Biu-
:/raphip, XLV, p. 518-3
Uo
,L Remliug. Ope cilo, 11, p. 13:-'-140.
"L nt>mling-, np. cit., II, p. 1.'
'.
L' J
GLISE ET LA BA VIÈRF.
IJI
glémenL. On lui rêlconlait, un jour, qu'un chapitre
sur les devoirs du peuple envers les rois avait été
supprimé du caléchisme de Munich; tout de suile,
sans vérifier, i] cnvoyait une nlcrcurialc
t son
n1inistre, qui pouvait bien, lcs tcxtes en mains,
l'assurer Ie sou vCl'ain 1, mais non point adoucir son
humeul'
t l'cndroit de Reisach, Ce que rêvait l\iax,
c'étaÏl d'éloigner l'al'chevêquc ell Ie faisant nOnlme)"
cardinal à nome, ct d'installer Geissel sur Ie siège
archiépiscopal de 1\lunich. (( l\Ia tendance, écrivait
uès 1847 Ie roi Louis Ier, est celIe de Geissel, non
celIe de Reisach 2. )) Le roi 1\1ax pensait à cet égard
comnle son père, ct, plus aigre d'hunleur ou plus
cavalier dans ses propos, il Hnissait par dire :
(( Reisach m'est si antipathique que je ne puis suivre
Ie dais lorsque c' est ]ui qui porte r oslensoir 3. ))
V oyant qu' entre l'Église et l'État prussien l'har-
nlonie régnait, l\lax ne se LrOll1paiL point, à vrai
dire, lorsque, pour une part, il en faisait honneur
à GeisseI; n1ais il aurait pu remarquer, en mên1e
temps, que la constiluLion prussienne accorclait à
l'Église ùe Prusse presque toutes les libertés aux
queUes aspirait rÉglise de llavièl'e, et que Ia poli-
Liq LIe religieuse de Berlin ne donnait pas it Geissel
les n1èmes sujets de plainLe que prodiguait it
Reisach Ia politique religieuse de
lunich.
Gc:issel reçut Z\vehl; illui dit, très franchement,
queUe déception la Bavièrn causait aux catho-
1. H. P. JJ., 1882, I
po 179-1tiO.
. Goelz, Ope cit., p. 99.
:L Fl'if'drirh, !Joel/ill{fCl', HI, p. 170.
i:>2
L' ALLE:\IAGNE HELIGIEUSE
liqucs alleluands, et cOll1bien eJle étail déchue,
(
n quelqucs années seuleu1cnl, du prestigp qllP
llaguère elle possédait parn1i eux; et tl'ès netten1cut
aussi, iJ refusa de qu itter Cologne pour l\lunich t.
Dc son sèjour à Cologne. Z,vehl rappol'tl1it une
leçon et un refus; tout au plus avail-il oLtenu que
Geissel, après avoir ll1ûrcn1ent réfléchi, expédiÙt
au roi ]\Iax une réponsc pcritr ; mais queUe sel'aÏl
Ia réponse, Z,vehl assuréUlent n'en doulait pas.
(( J'ai parlé COll1me un évêqlH' catholique, racon-
tait GpisseL à Viale Prela, Ie 2 août 1853. Aprps
cela, j'ai toute raison de croire quc sons peu Ie
gouvernement bavarois rendra une orJonnance
nouvelle, ct que celle' ordonnance, sauf qurlqul's
points pour lesquels Ie roi !\lax seluh]e
1voir un
acharneUlcnt idiosyncrasiquc, sera sans dOllte en
accord a'"ec Ie Concordat ct faxorable pour les év(
-
ques. Cettc iùée fixe de la part du roi pour quel-
ques-un
des points en litige est à vl'ai dire un
nla'lheur, nu1Ïs une fois lag-lace ron1pue,je nc lloulp
pas qur plus tard on ar,'ive à accordC't', n1ên1e pour
Ie rcste, une plus grandf' liherté dt ì nlouvcnlPllt 2. ))
Iúins dC' \ ingt .lours après ces pronostics de
('isscl, un projel de réponse royale fut confidcn-
licllcmcnt sonn1 is aux (
vêques, mais ceUc réponse
llC dcvait (\tl'e publiéc, e1 ils n'cn pouvaicnt faire
é1a1, que s11s pl'olnettaienL de s'cn contenter pour
l'avenir, ct tic ne pJus risqucr aucunes revcndica-
t. Lc l'éril cúml,ll'l {](' r('ulr('liell CuI conscl'\ é par GeisscI lui-mêmf' et p:!,li(
pills lard. ùau" lI. P. n.. U,S
. I, þ. 1611-191.
2. I'JlI{'If, GL.8" '0 II. p. 3í2-373.
L'
:GLISE ET LA ßA VII
RE
1.53
Hons 1. Dc toutc évidcnce les d
marchcs de l'ÉgÜse
importunaient Ie roi; il voulait Lien donner une
satisfaction, luais à la condition que tout incidpnt
fût clos. Et conln1e, de jour en jour, il redoutait
dans H.cisach un homme ùe conlbat, comnle il en
était venu à Sp pel''Suader que I'Église bavaroise,
conùuite par Reisach, sCl'aiL pcrpétuellenlcnt en
ùélicatesse avec l'Élat, iJ chargeait Z,vehl de fairp
un nouvel effort pour que Geisspl accephlt Ie siège
dr l\Iunich. Geissel répondait à Zwchl par une
nouvelle lcçon et par un non vpau refn s 2. Ce que
dcnlandent lues co] )(\gues de Bavière, disait en
substancp l'arc!tcvÔquc ùe Cologne, c "est rapplica-
tÏun ùn Concordat, cl que ] 'État bavarois fût si
lent à y consenlir, c'était la preuve attl'istante que
Ie roi
Iax ollbliait sa haute n1Ïssion de roi catho-
lique. Chacune des avances que nluHipliait
Iax
luprès Jp Geisscl était pour ce prélat nne occa-
:;ion do parlor plus haut, plus haut qu'aucun prètre
Je Bavière, plus haut que Reisl1rh lui-nlêmc, et
l'aùresser
l l\Iunich une façon de l'enlontrance.
\Iais h Gcisscl tout était pcrulis, et dorechef, à Ia
late du 10 juin, Z,vehl insistait pour que eel
lrchevêque, qui avait Le vCl'hc si libre, fît au roi
\lax )a grâce de n10nter sur Ie siègc de 1funich.
(( La cOllflance ùu roi Jans Hrisach, écrivait Zwehl. est si
omplèLelncnt ùéLl'uite, quïl est slricLeu1clll ilnpossible d'es-
Jérer que les choses aillent n1Ïeux. Inutile ùe se dCluallùer
O]}ln1cnt pcut êLre rétaLlie la concordia imperii ct
accJ'[lotii"
1. l:clUliup', op. c.it., II, p. 1;;9-140.
2. Pfuelf, Getssel, II, p. 3í3-37i.
154
L 'At.LE1\IAGNE RELIGIRUSE
si ilHlispCllSalJle pour 1'Église
t ponr l'Ihat, t.ant que Ie siègc
archiépi!'copal de céans n 'est p
s occupé par une autre per-
sonnalité. L'inLérêt IDPme de l'Eg1ise catholiqup pn Ravifre,
l'intérðt, d
s 10rs, de tontp l'Églisp t!'Allpmagne, exige que
se réa1ise Ie plan de Sa l\íajesLé t. ))
Geissel ccpcudant fut inflexible: quiLter son ùio-
cèse de Cologne, les 1.600 prêtres, les 1.200.000 fi-
dèlcs, dont les bcsoins lui étaient devcnus familiers,
pour s'en aller, lui bientôt sexagénaire, dans un
diocèse q u' it connaissai t mal e L oil les difficultés
étaient nombrcuses : c'est à quoi il ne pouvait se
résoudre.
Sans in sister daval1tage auprès ùe Geissel, Z\vehl
se retournait vel'S lcs évêques de Ea vière pour
qu'ils acceptassent les concessions royales et pour
que s'ébauchât une politiquc de pacification. \Veis
y étaÏl gagné 2; l'évêque d'EichstaeU, aussi, esti-
mail qu'il fallait se garder ùe réclamer, avec une
intransigeance excessive, certaines déclaralions de
principe; iJ ajoutait, non sans perspicacité, que
l'essenliel étaÏt de profiter des avantages proposés,
ct qu \ânsi, pcu à peu, les principes clont l'Église
souhaÏlait I 'acceptation sentient en ql1clque mesure
réalisés dans les faits, in1posés parle n10uvement
même dc Ia vie 3. Rcisach pensait de lüên1C : sans
être plcinenlcnt satisfait, il avouait que Ie roi ne
pouvait accordcr ùavantage sans l'agrément des
Chambres.. et quc dès rnaintenant on Iui ùevait
1. PfueH, Geisscl, 11, po 375.
2. Remling, Ope cit.. II, p. 140.
:::. Remlillg'. Ope rit.. n. p. 1 ín, n.
f);j.
L 'J
GLISE
T LA BAVIÈRE
1
5
savoir gré des eon
essioLls qu 'il apporlait; l'Église,
en y faisant mauvais accueil, laisscl'ait une inlprcs-
sion Ulan vaise et ou vrirait une crise dangercuse.
J.\ Ronle, on partngeait I' opinion dp Reisaeh 1 ; nHti s
à RaLisbonne, l' évêque Riedl h6sitait, discn tai L,
murmurait, refusait, et e'en élait assez pour que
toute répollse dr l' épiscopat fût ajournée. Le roi
s'irritait de ces retards. Que l'État sollicité fÙl lent
à répondre, c'était, paraît-il, son droit; mais pou-
rait-on permeltee les mêmes lenteurs à des préla ts
qu'on exauçait à dellli?
Vne tl'oisième rencontre des évt'ques, qui cui
lieu à Augsbourg les 24 et 25 juillet 1.854, nlit un
terme à ces difficultés: la réponse qu'ils élaborèrcnt
exprinluit leur gratiLuuc et lout en même temps
l'espérance que l'esprit de justice et de piété du
roi prendl'ait un jour des lllcsures pour l'cxécution
des autres stipulations du COllcordat
. II y avait,
dans cetlc letlre, au gré du roi
Iax, nne phrase de
Lrop : il ne voulaiL qu'un Alnen et qu'un remel'cie-
Dlent. Néanmoins Ie 28 septcmbre une oruonnance
royalc alnenda dans Ie sens souhaité par les évêques
les prescriptions anLél'icures relatives an concours
pour l'at.Lributiol1 des cures 3 ; et, Ie i 7 octobre, fut
publiée la réponse royale au luémoire épiscopal"i..
Le paragraphe le plus inlporlant était celui qui
1. Pie IX pourlanl soupçonnailla Ba\'ière ùe lravaillel' à Baùe, loul comme
la Prus
e, cOlllre les revendicalious de Vicari (J.-F. Schulte, Lcbensainne,'un-
!lcn, p. 20).
. Remling, Ope cU., II, po f
.
3. Hemling, 0[10 cit., I, p. 33
j-33ü.
'I.. A rchiv {ür katlwlisc!trs lí.irchcll1'ccht, 18(j2, \'11', p, 1-:'10-4-38.
i 5ð I.' ALLE
[AGNß REI.IGIEUSE
reconnaissaÏi il I'Ég1ise Ie droit d(\ dire son filot,
désorn1l1is, pour la non1Ïnation de tous les profes-
seurs des (( lycées )) philosophico-théologiqucs,
queUe que fÙl 1a lllatière de leur enseigncn1en"t L.
Le ministre Z\\
chl, dans une lettre forrnelle, repré-
scnta les concessions faites par l\Iax C01l1111e la linlÏic
extrêmt"\ que l'Étal ne pOllvait dépasser 2. Reisach,
l l'automn(ì, reçut à Rome lllên1e les félicitations
òn papr; et Ie nonce de Luca, en juin 18
5, con-
firnla ces COll1pliments 3. Le nonce ajouta qu'en cc
qui regardait la dotation in1ll1obi1ière des lnenses
(
piscopales et les dl'oits de l'Église sur ]a fornla-
tion rcligieuse de 1a jcunrsse, les évêques, appuyés
sur lr Concordat lui-mènle, dcvaient sans relâchc
insis leI' et veiller; ct Reisach tout Ie pren1ier, dès
Ie 12 mars 1 R:j5, présentait derechef, au sujet de
(( I' extension des sén1inaircs )), la den1andc I. à
laquplle en 18?j3 la COUl' dc l\lunich avait rcfusé
tou te répolls
.
1 \T
Lp silence de l\Iax se prolongea; puis survint
une ré.ponsc soudainc, qui consislait à faire donner
l Rcisach, par Ie pape Pic IX, Ie chapeau de ca r-
dinal. En déccmbre 18
5, l'archevêque de )lunieh
I. 8!1slf'IIItLlischc Zusalllllll'JlslellulI!I, po 82-81.
. Ilcmiing, oj). cil., H, p. H
-H3.
. R{'m)in
, opo cit., II, p. 5fG-
19.
,L A ."liI (w'l,alholi<;ches l1i,'cheltrer!d, 1ê'ì
, 'Ill. p. 4i':"-HS.
L'ÉGLISE ET LA BAYIÈRF
157
quitta son siège et s'en fut à Rome, où, dans Ie
Sacré-Collège, un rôle actif ]ui était réservé 1. Rci-
sach, aux cûlés et au servicp de Pie IX, allaiL
prendrc part aux négociaLions qui s'ébauchaient
pntre Ron1e et les petits États de la provincp ecclé-
siastique du Ilaut-Rhin; il deviendrait, ensuite,
111inistre de l'lnslruction pnbliq LIe dans les États
llolllains, et IOl'squ'cn 1.868 se préparerait Ie con-
cile, ce sel'ait lui, encore, qui présidcrait aux tra-
vaux de la fameuse commission politico-religieuse,
chargée de définir certaines propositions concer-
nant Ies rapports entre I 'Église el ]'État 2. Le geste
du roi de Bavière, qui honorait Reisach en même
temps qu'il l'éloignait, meUait à la disposition de
Rome un serviteur d'élite; et Ie roi caressait
respoir qu'on ne parlerait plus cn Bavière des
choses d'Église, Rcisach une fois partie
Mais ponr suppl'imer une question, suffit-il de
l'ignorer, ou de paraÎll'e l'ignoreL' j Les actes
royaux de 1852 et (834 perpétuaien t de si graves
lacunes, laissaient tant de solutions indécises, et
réservaienl enfin, un si vaste donlaine à l'arbi-
lraire adrninistratif, que fatalement devaient se
produire entre lcs dcux pouvoirs certains frolte-
ments, plus faciles à prévoir qu'à réparer. A ce
11lomcnt même où Ie déménagement de Reisach
faisait grand plaisir au roi fvlax, ses hauls foncLion-
naircs. tout Ht-bas au fond du Palatinat, étaienl
1. Reisach rut nommé cardinal daus le consistoil'e secret du 17 c..lécelllLl'e 1855.
\"oir noelz, Ope cit., p. 100.
2. Y oir ci-dessous, p, 347.
__ ... _..IIfIII #I....... ""'P
lb8
L 'ALLEMAGNE RELIGIEU
E
l'n deJicatesse avec W cis; on discutait si les Sæurs
du Saint-Updcmpteur, dont la maison-n1rre était
{'\tl'angèrp à ]a BayÏ(>rp., avaipnt Ie rlroi t de sOÌg-ner
Ips malades dans Ie diocèse dp Spil'l' : "T p1s disait
oui, pt Ja hureancr:Jtip, qui d'ahoJ'd disait non,
HniL par capituler 1. De iels incidents, n1ême suivis
de victoire, sen1blaient durs au clergé bavarois :
de l'autre côté des frontières, l'Église d' Autriche,
af1'ranchie enfin par Ie Concordat, étaiL joyeuse et
lriornphante; celle de vVurternberg, celle de Bade,
se flatLaicnt que bientôt elles possederaient à leur
tour quclquc Concordat OÙ seraient d'avance fr-
solues, d'un trait de plume, les difficultés de
l'avenir. Seul l'I
tat bavarois persistait ùans une
poliLique toute bureaucratique, OÙ se mt.laient et
s'tÇquilibraiellt les concessions et les rofus, OÙ ppr-
p(
tucllcmentun certain élalage d'arhilraire rendail
Ins prohihitions plus ouieuse
, et Inoins précicusrs
Ips faveurs; et Ip vieux Concordal6Lait devenn un
instrument de discorde, au lieu d'êtt'e une chartc
(i'union. Tous les États causaien! avec Rome;
pourquoi la llavière nc rpprenait-eHe pas une
causerie OÙ l'on étudierait ensemble ce papier
vicux de quarantp. ans, soit pour Ie renlanier, soit
pour l'intprp)
éter?
Il y eut une heure, en !R56, oÙ Verger, minisLJ
e
de Bavière à Romp, eSf'aya d'incliner Ie roi l\Iax
vers un tel dessein. 1\1ais nne voix surgit, criant
haltc el garc; et c' étai t la voix d'un savant, que Ie
t. Hcmling-, Ope cito, I, p. lü3-1í1.
L'ÉGLI
E ET I.A ßA \ I1
nl':
1.5{J
roi Max sc dcvait à Ini-mênlC d'écoutcr, pour gardcr
auprps des gens de science une flaUellse renornnlée.
Le juriste suisse' Blulltschli 1, en qui In maçonnprip
dC' l'(\poquc vðnérnit un de scs oortrnrs, savait.
parler, à certaines hcures, au nOln de la (( sci0nc('
allemande )) ; il signifia au roi l\Iax ce que cette
science pensait des concordats.
(( Laprincipale fauteque l'Autriche aconlmiseenconcluant
Ie Concordat, écrivail-il. c'est de ne pas avoir négocié.
COlnme État, du libre point de vue de l'}hat, mais de s'être
lnise au point de vue de rEgliseo Ce ne sont pas de pieux
hommes d'Église, lllais de prudents homnles d'État, qui
auraient dû entreI' en pourparlers pour rÉtat. La politique
allemande ne pent pas être confessionneUe. elle doit it
ravan ce êLre inclépendante des limilations confessionnelles.
Dans ]e Concordat autrichien, il n'y a aucune trace de la
conscience d'J
tat. Aussi apparaìt-il comme une simple
s
bordination de rÉtat à l'orcll'c de l'Église. L'objection que
l'Etat a besoin de l'alliance des ultramontains contre les
démocra,tes n'est qu'un piège. L'alliance ne vaut pas ce
prix. L'Etat peut se gardeI' des deux extI't'mes... Le plus
granJ danger pour rEtat, c'est J'avoir peur de ]a puissance
de I'Église. 1.e vieux Oxenstiern aurai t pu dire: Mon fils. Ei tu
viens au congrès des diplomates, tu apprendras avec quel
médiocre courage Ie monde est gouverné 2. ))
Ainsi parla llJuntschli, et 1a cour ccssa d'avoir
égard aux projets ùu ministl'e Verger. De tous les
points de l'.AJlemagne, entre 18
O cL 1860, des
énlissaires parLaient pour Rome, agents secrets on
diplomates officiels, qui parfois se soutenaient et
parfois s'ignoraient entre eux, et qui lous, par
leurs pèlerinages successifs au cabinet d' Anto-
1. Voir notrc tome Ill, p. 26.
20 Blunlschli, Denkwuerdiges, 11, p. 242-243.
f60
L'ALLE
L-\GNE RELIGIEUSE
nelli, aUestaient que, pour l'Allemagne, Rome
avait rccommencé de compier. La Bavi(\re seule
résistait à ce courant : elIe avait un minisire à
TIon1e; un mot suffisait - et Verger ne denlan-
dait pas mieux - pour qu'il ajoutâl une besogne de
négociateur à son rôle de représentation; mais co
mot ne fut pas pro:Goncé; et Ie mênlC BluntschIi
qui
plus tard, fort de son influence en Bade, fera
déchirer les arrangements concIus avec Rome, sut
dissuader Ie roi l\Iax d'esquisser nlême un brouillon
de traité. (( On me donna raison, dit-il avec une
joy
use fierté; on laissa Ies choses en l' état I. ))
Etait-il une décision plus facile? en étllit-il une,
surtout, à Iaquel1e la faiblesse de volonté du roi
pût natnrellement trouver plus d'aUrai t? Si Ie roi
.\Iax en fut récompensé par quelques houffées d'en-
ccns, que les spécialistes en (( science poliLique ))
étaicnt toujours prêls à lui prodi
uer, leur encens,
à vrai dire, é tai t à hon marché.
Une autre décision s'inlposaÏl cependant,
l
laquelle )lax ne pouvait se dérober. i\lunich était
sans archrvêque et, d'ul'gcnce, il fallait l'enlédier
it ce veuvagc. LÏnsécurité mêmc Ü, laquelle sen1-
blait condamnðe I'Église de Bavière ]et rendait
asscz anxieusc <iu choix que fCl'aiL Ie roi
Iax.
Quelques évêques existaient, dans Ie cathoHque
l'oyaume, an sujet desquc]s ],hisloricn Boehmer
écrivait plaisamn1cnt : (( On n'cntcnd parler d'eux
qu'accidentc1l0fficnl. par Ie journal, par cxclnplc
1. 1I1untschli. LJenk!l'uc
.difJe8, II, p.
4:::.
L'ÉGLISE ET LA BAVIÈRE
lôt
quand ils vont à la conr!. )) Que lleisach fÚt rem-
placé par un de ces discrets préJat
, et ]p f..ui t de
son épiscopat scrait tout près d'êtro perdu.
(( C'est avec une granùe angoisse, lui écrivait Ie cardinal
Geissel, que nous regarùons vel's Munich. Le cours qu'y pren-
dront les cho
es est de la plus haute importancf', non seule-
Inent pour la Bavière, elle-même, mais aussi, imn1édiate-
lnent, pour les petits Etats de la province du Haut-nhin ; et
la répercussion s"en fera dans la suite sentiI' jusque chez
nous, jusqu'en Prusse. La personnalité de votre successeur,
son attitude en présence de la position jusqu'ici prise par Ie
gouvernement, auront une influence profonùe; ce sera un
bon exemple, ou bien un mauvais; et dans ce dernicr cas
- que Dieu nons en préserve - ce serait un viI contraste
avec l'Autriche, oÙ lesrapports des deux pouvoirs sont réglés
par Ie Concordat dans un sens ùont nou
devons tau t nuus
réjouir. Ce serait nne chose profonùément troublante,
nne chose Öcrasante, si les droits et privilpges accorc1és à
I'Église par Dieu, qUf' no
s avons collectivement exposés à
Wurzbourg, et que Votre Elninence, jusqu'ici, a réclamés f't
nlaintenus en ßavil're avec tant de çlécision, de vaillance ('I.
de fidélité, étaient une fois encore opprimés et paralyst;s
par des courants inverses venant de la llavière. alors qu'eu
Autriche ils sont heureusement remis en vigueuro Pour tons
les catholiQues hors de l'Autriche, ce recul aurait des COll-
séquences dont on ne saurait mesurel'la néfaste portéc 2. ))
Lo choix royal tomba sur un bénédicLin-, Gré-
goire Sch('rr 3, Ù 'abord prêlrc sécu1ier; sa piété, vcrs
la trcntaine, ]'avait poussé ùans ],t:' cloître; )'jns-
lallalion de plusicurs abhaycs bénédiclincs avail
mis à l' éprcu vc sos ùons d'administratcur; il pas-
1.. Janssen, Boehmer's Leben und B,'ie{e, TII, p. 156 (lellre dn 1 i seplembrC'
l855 ).
2. Pfuelf. Geissel, II, p. 3i8-3'ifl.
3. Sur Grégoire Scherr (18U
-18'ii), voir KnoC'p(}C'r. Allgemeine cleut8che
fJiO[/l'aphie, XXXI, p. 121-123.
IV.
11
162
L' ALLEl'tIAGNE RELIGIEUSE
sail pour ainlcr tl I'ctl'aile et la paix. Lorsque, Ie
2H aoûl i856, Scherr eul fait son entrée dans sa
calhédralc, l\lax augnrait apparemment que sous
Ie règne de ce moine la cour de Bavière serait
n10ins fréqucmmcnt imporLunée par des commu-
nications archiépiscopales. l\1ais dans rune des
stalles du chæuI' était assis
parmi les chanoines,
un orientaliste célèbre, à qui sa science assurait
un grand crédil : Windischn1ann 1; et si l'arche-
vêquc Seherr avait pu oublier les revendications
de l'Église, ce chanoinc aurait su les lui rappeler.
Car Windischmann avait aidé Reisach à préparer
la réunion épiscopale de Freising; il avait, dans
ceLte réunion mOme, traité la question des sémi-
naiees 2; associé dans la suite à tous les acles de
I
eis()ch, il savait qu'il est parfois opportun pour
],l
glise de déjouer par une parole Ie silence de
r
tat.
Schen
étaÏl archevêque depuis six n10is seule-
n1ent, quand il jugea nécessaire de rappeler au
souverain les réclamations qu'avait présentées
Reisach au sujet du petil el du grand séminaire :
Ie 26 février i8:57, pour la troisième fois, un
D1én1oire épiscopal où ces délicates questions étaienl
traitées fLt violence à l'indifì'érenee royale 3. Une
òécision fut enfin prise, Ie i8 n1ai i8
8 : tout ce
qu'ellc concédait, c'est que deux rnaisons où les
,t: Su.r Will
isc
)mann (1811-1862), voir nolre tome II, po ü9-100, el Strodl,
/. rzednch llemnch HU!Jo Windischmann (l\1unich, Lentner, 1862).
FI'iedl'ich, Doellinger, III, p. 91-99. - cr, ci-dessous, p. 2i2.
3. Al'chiv (Ü)' katholisches KÙ'chcnl'ccht. t8tj2, VIII, p. 448-451.
L'ÉGLISE ET LA BAVIÈRE
i63
clercs achevaient leur préparation au sacerdoce et
qui, depuis la sécularisation de 1
02, étaient biens
d'État, relèveraient désormais exclusivement de
I'antorité religieuse, avec leurs dotations propres;
mais ]a COllronne se réscrvait, à elle seule, Ia
nomination des directeurs e t ùes professeurs dans
les établissements d'instruction de Freising 1. On
jetait une aumône à l'Église, et l'on continuait de
méconnaîtrc les droils qu'elle alléguait. Windis-
chlnann protesta : dans un rapport adressé à I'ar-
chevêque Scherr, il émit l'avis que l'Égiise, si ron
persistait à Ia vou loir ainsi léser, devrait retireI'
]es subventions qu'eBe accordait jusque-Ià pour Ie
gymnasc et Ie lycée de Freising 2 . Scherr, Ie 4 juin,
représcnta au roi combien il était f
lcheux qu 'un0
Lelle solution s'imposât, et conlLien pénible pour
l'Église d'avoir à fonder, à l' encontre des établis-
sements sur lesqueis on Iui refusait toute hégé-
nlonie, un gymnase et un Iycée épiscopaux 3. La
nomination par Ie roi de trois professeurs à Frci-
sing t. et la création d'une association de Saint-
Corbinien, qui s' occupa de pourvoir aux besoins
de l'éducalion sacerdotale 5, témoignèrcnt, avant
nlême Ia fin de l'année, que ni l'État ni l'Église
ne céderaient.
Entre Ies deux pouvoirs, ce n'était pas une ques-
I tion d'intérêts qui se débattaH, mais une question
1. A,.chiv fïu' katholisches KÙ'chcnrecht, 18tì2, VIII, p. 4Jl-45
.
2. Archiv für kutlwlisches Kil'chcnrecltt, 1862, VHI, p. 4:'2-458.
3. Archiv /Ü}' katlwlischcs Kirchenrecht, 186:!J VIII, p. 458-460.
4. Slrodl, Willdischmann, p. 23.
5. Archiv fii,I' katholisches Kirchem'echt, 1862, VIII, po 460, no 1.
i6
L'ALLE1tIAGNE nELIGIEUSE
de pl'inclpfl
. Le Concordat garantissait. aux spn1i-
nai I
PS certaines rpsson rces ct certaines ] iL(\rtes :
11
glif:(" pour la forme, rappelait ]a prcmière pro..
nlCSSC, D1ais c'cst de la secondo qu'rllfl. se préor-
cupait ct qu'elle se refllsait à délier l'Etat. Lors-
qu'en i861 Ie ministre Z\vehl offrit à l'évêquc
d'Eichstaett, pour son séminaire, une subvention
de 7.000 florins, il y nlit une condition: c'était que
J'État nOlllnlerait les professeurs. La réponsc fut
unr protestation du Saint-Siège, qui déclara, tout
net, cn i
62, qu'on préféreraillaisscr périr Ie s(Smi-
nall'e: Z\vchl, au prinlcmps de i863, riposta par
de nouvplles observations 1.
HOHlC ot certains évêques attachairnt it ce Ii tige
<l'aulanL plus d ÏmporLance, que les destiné(ls
mêmes de la théologie catholique sembla.ient pn
(
lre l'cnjeu.
Iême en laissant de cõlé les suscep-
I ibilités des canonistes, on constataÏl que, dans
errtaincs uni versitrs, des couranls doclrinaux sp
df'ssinaient, oont un ccrtain nombre (]'autol'ités
religieu
es avaienl Ie d l'oit de s' alarnlcr : à nlcsurr
qu'ils sc dévC'loppaient, l'illstitution des séminaircs
n'apparaissail plus s(lulcmcnt comn1e un droit dp
rl
glise. mais eon1 file une nécessité rcqui
e par un
p{ori l.
\'''cis, évêque de Spire', étail COmn1f' pndolori
par Ie scntiment de cette uéccssité ; 1 ïdée que scs
clercs lui échappaient, deux ans durant, pour s'en
1. \loy, Archiv (ür k(tt/wlÜclze.r; Kil'chenrecht, 18G5, xm, p. 107, n. 1. - Au
mêmc moment. à Rome, plusieurs éVf-rl'lCS allemands se rPtmi
sai('nt chez Heisach
pour étndier la qnestion dcs petits
éminaircs (Stamm, C01lrad J[artin, po 233-
23ï)
L' ÉGf.JISE El' LA BA VIÈRF
165
allcr étudier dans quclque ]ointaine université.
hal'celait sa vigilance de pasteur; et puisqu'il
avail, à Spire nlênle, un sénlinaire, OÙ ces jeunes
gens venaient achevcr leur fornlaLion, la pcnsée
lui Villt, en 1.862, d 'ol'ganiscr dans ce local un
cnseignenlent cOlllplet de la théologie, afin que
l'éJucation des futurs prêtrcs se dél'oulât lout
cnLière sous Ie regard de l'autol'ité diocésaine. II
fit une requête au l'oi, qui ne I"honora d'aucune
réponse. II insista l'année sui vante : ce fut en
vain 1. Le roi l\Iax ne sOl'lait pas de son silcncc,
- d'un silence qn'cn mars 18Gt sa morl prolongca
pour toujOUl's.
ßIais à l' écart dc ces Jéhats Ia calhoJiquc Bavière
contilluait ùe se ]aissrl' Vi"TC. Parnli I('s univel'-
siLaircs, assez prolllpts à s'alarillcr conll'c tout
aCCl'oiSScnlcnt de pouvoir de l'épiscopat, on trou-
\ ait naLul'cHenlcnt pen d'cnlhousiasnle POUI' les
projefs des RcisllCh et des SchcrI', des \Vindis-
ehnlaull e t des \V cis: J a (( Ii IJcrLé de Ia scicnce ))
leur sClllblait lllenacée par la proximiLé d'une
houleLLe pastoralc. Tl'ès nOlllbl'cux, en revanche,
éLaicnl lcs fidèles de llavière qui ne réfléchissaient
mêlTIe pas SHr Ie con flit ; ct c'élait surtout, en défi-
niLive, !'illdill'érencc du public, qui, pendant tout
Ie règne ùc l\Iax, a \Tait paralysé Ie révcil de l'Églisc
haval'oise. (( Dans la Bavière ùc nos jours, disaienl
les Fellilles hislorico-politiq llCS, uue hroch lirc puli-
liquc cst aussi rarc (lu'un capucin à Stockohll J. ))
1. Hemlin(:', 0]1. eit o. I, p. :102.
2. II. P. /]0' 18PiR, If, 1'. 39'1-.
166
,.' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
Le gouvernenlent rêvait de sanctionner, par un
coup d'I
tat contre la constitution, cette passlvité de
J'opinion pubJiquc; ct c'éLait l'archevêque Scherr
qui, consulté par
Iax, lui signifiait que cc serait
un péché de violcr ses serments envers son peuple!.
:ì\lais du n10ins la presse était-ellc si soigneusement
sur'Teillée
que la forn1alion d"une opinion catho-
Jique était presque impossible. Dès qu'un journa-
liste scmb]ait réussir à ren1uer ]'esprit des fidè]es
en faveur des droits de l'Ég]ise, l'État, Lout de
sulLe, lui suscitait quelques désagr6ments. Le
publiciste Zander, qui dirigeait l'un des deux jour-
naux catholiques du royaunle, était sans cesse aux
prises avec des chicanes policières 2 ; Ie fonction-
naire Joerg, qui fnisait æuvre de penseur dans les
F'ellille
; histo' 1 ico-politiqucs, était rn 1858 disgracié
par Ie n1Ïnistère, qui lut savait mauvais gré d"oser
.luger el d'osel' parlcr 3 ; et C01l1n1e DocHinger, un
instant, projctait de publicI' une brochure sur la
situation de ]a BavièI'e, l"historien Boehmer lui
écrivait trislen1cnt :
(( Tout pchoue conlre l'illdiITérel1ce; eUe ne cessera que
lorsqu'on aura soufferl plus encore: au lemps de Lola Mon-
tès, Ie Philistill de Munich ne commen..:a de s'émouvoir que
lorsqu'il craignit que les étudiants ne déménageassent sans
avoir payé leur IO)Ter. La personnalité du peuple se sent
encore intactr, puisque l'éIite a toujours Ie lhéåtre, et que
tous out la Lière 4. ))
1. Friedrich, lJocllilt(JC1" III, p. 21G.
2. Cidllà callo/ica, 2:1 aHil-9 mai 1857, p. 508.
3.
l.. P. B., 1858, 1 I, p. í
. (( La qne.,tion de la hUl'eaucl'atie, répondait Joerg
au ml1l1s
r: qui. vou
aitlui ùéfendre de la trailer, est la question fondamcnlale
de la pohLI'Iue mt
I"leure pour tout Ie continent. )) - Cf. notre tome JI(, p. 1 i
.
i. J.U}s
en. flochmer's Leben ann Ih'iefc, Ill, p. 30t-303.
L'ÉGLISE ET LA EA VIÈRE
i67
v
Cependant, l'année mên1e de In. mort du roi l\lax,
une agitation se produisit qui devait, à la longue,
avoir une répercussion profonde dans Ia masse du
peuple bavarois. On savait et l'on suivait, parmi
lcs instituteurs de Bavière, les campagncs ardentes
qui se livraient en Bade au sujet de Ia Iaïcisation
de l'école; un certain nombre d'entre eux signèrent
un Mémoire, réclamant que l' enseigncn1enl pri-
n1aire fût séparé de l'Église, qu'il devînt commu-
nal et neutre. Une Iulte allait comn1encer, à Iaquelle
la foule des consciences prendrait un inlérêt plus
direcl et plus vif : l'épiscopat s'en rendit comple,
et tout de suite voutut dire son mot. Dans une
réunion tenne à Bamberg, Ie 2 juillet i8ö4, les
évêques de Bavière concertèrent un long mes-
sage, qu'ils expédièrent au jeune roi Louis II;
ils l'invoquaient comme Ie défenseur naturel
du caraclèrc chrétien de l'écoIe, et Iui coniiaienl
leurs anxiétés 1. L'épiscopat revcnait à ceLLe mé-
thode d'action qu'avait jadis inaugul'ée Reisach
par Ia conférence épiscopale de Freising ; avant de
quitter Bamberg, on décidait de so rencontrer de-
rochef, I'année suivanle, pour veiller ensemble
<lUX inlérêls de l'Ég]ise. (( A l'a voni!', écrivait
joyeusement Le Catholiquc de
Iayence, il ne sera
1. Collcctio Laccnsis, v, ('01. 1190-1f98.
168
L' ALLEl\1AGNE RELIGIEUSE
plus question de l'Ecclesia dorrniens flava1'iæ 1. ))
L':Églisc de Davièl'c, quelques mois seulcnlcnt
apr(\s la disparilion de l\Iax, renouveJait CeS
nlanifcstations collectives qui avaient atLiré à
neisacb l'illinlÌLié du roi défunL; et sans retard
l)io IX comp]imenla les évÔques 2, ef les consola
dc la réserve quc gardait à leur égard Ie nou-
veau SOUVel'alll.
J Jouis II n' étaiL pas indHférent au chrislianisme :
il n' élait pas rare q l1'il se fìt expliquer par Doel-
linger quelques points de dogme ùu quelqucs
passages j,ibJ iquos 3 ; sa curiosité loujours frémÍs-
alltc, sa fanlaisic toujours bondissante, prcnaicllt
à ccrLaines hcures élan vel'S Ie sancluaire, non
pour y prier, nlais pour y rêver. l\Iais, tl d'autres
hcurcs, au risque tf'aUrisler Jean HUDer, son 11laîlre
tIe phi1osophie, il s'engouait pour les négations
l'adicalcs de Feuel'bach, que Biehard 'Vagner lui
avait appris à goûlrr 1t . Ce (( sUrhOD1[Ue )) couronné,
qui parfois posaiL en répuLlicain, aimait la di ver-
sité des altitudes: une seule lui étaÏl péniLle, eelle
dc HIs de r
glise. Car J'Égliso, c'esl une foule; ot
cc n'était pas seulement Ie nlarchepied du lrône,
luais sUl'loull' orgueil de son moi, qui élevait Louis II
au-dessus de la foule. II était homme à penseI' que Ie
Dieu qui se donne aux hUITlbles, et qui leur parle,
a des rclations un peu lnêlées, et pas:5ablcnlcnt
I. Aat/talil.-, 1
64, II, po 1!12-1!):.ï ct 246,
. Collcctio Laccnsis, Y, co!. 11!)8-1
OO.
ð o II('i
e], liopnig Ludwiy II v. Baycrn, p. 208-20D (Sluttgart, Bonz, 18!.M).
4. DuerrJ... /:eilnqe :ur All[fpmeil1cll ZCitUl1(J.
('l 23 ma.i {!J06.
L'ÉGLISE ET LA BAYIÈRE
169
comprolllcUantcs pour les cerveaux d'élite, vérita-
Llement dignes de voisiner avec Ie Très-Haut. II
ailllait mieux Ics évêques dans leur éclal d'offi-
ciants que dans leur besogne de directeurs d'opi-
nion : la pénétration de l'idée religieuse dans les
préoccupations publiques était aussi désagréable à
son délicat esLhétisme, et pcut-être plus, que les
auLres agitations ùe la vie nationale ; et les prêtres
cessaient d' êtl'e ] es bienvenus, Iorsqu ïls sortaient
de leur rôle litufo'i q ue d' oro'anisatrurs de belles
ð b
pompes, n1usicalcll1cnt scandées.
vVeis, évêque de Spire, comprit bien vÏtr que
cs projets d'cnscigncll1ent théologiqur cncouI'-
raicnt Ia disgrttce de Louis II con1me ils avaient
encouru celIe de
la:X:, et que l'État nr ferail pour
Cttte (cuvre nouvc]Jc <-Hlcun sacrifice pécuniaire;
il prévint Ie jeune roi, tout simpIelllent, qu'agis-
sanl à Spire comme aulrefois Reisach avait agi à.
Eichstaett, il allaH, dès fhiver de :1864.. avec des
aumônes et aulres ressources d'origine purenlcnt
ccclésiasLiquc, in
tiluer dans son sén1Ïnaire des
cours de théologie 1. Le n1Ïnistre Zwehl, Ie 1.:
juillet,
eépondil au nom du roi; it allégua que l'initiative
de \Veis étail contraire <lUX lois élablies; que les
prêtres ainsi formés seraienl à. ravance exclus de
toute charge ecclésiastiquc conférée par l'État; et
que Weis, sous peine de créer un connit, devail,
avant d'ouvrir ces cour
, réclanlcr du pOHvoir
civil une approbation fornlelle:!. A quoi vVeis
1. ncmliJll;, Ope cit., I, p. 3U30
2. R(>mling, op. eil., I, po ::03-3M-.
i70
L'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
répliqua que, loin de vouloir an1ener une crise, il
souhaitait tout au conlraire l'assentin1ent formel
ou tout au moins implicite de l'État 1. l\lais un
autre ministre, bienlôt, apporta Ie refus de l'État :
il avait non1 J{och. II signifia, dès Ie 17 août,
en termes singulièrement plus raides, que des
prêtres bavarois ne pouvaient être instruits que
dans des Iycées royaux ou dans des universités
royales, ct que "r (lis se heurtait, tout à Ia fois, à des
ordonnances ministérielles et à des stipulations
constituiionnelles; il insinuait d'ailleurs, en termi-
nant, que l'État pourrait, un jour ou I'autre, insti-
tuer au lycée phiJosophique de Spire une section
théologique 2. l\lais ce n' éLait pas ce que voulait
\\T cis, car, dans Ia section telle que J{och Ia conce-
vait, les professcurs seraient nommés par l'État,
et "T eis, tenace, annonçait publiqucmcnt, Ie
29 août, l'ouverLure prochaine d.une institution
théologique conforme aux désirs du pape, con-
forme aux væux que, treize ans auparavant, avait
émis 1a réunion épiscopale de Freising. Une prohi-
Lition {lbsolue, lp 13 septembre, fut expédiée de
l\Iunich à Spire, et ]e président du Palatinat fit
savoir
l rarchevêque que, si les cours s'ouvrairnl,
ils scraient fermés par autorÏlé de police :1. Des
notes conLinuèrent de s' échano'er entre l' évêché
b
de Spire et Ie ministre bavarois: cUes cntrecho-
1. RcmJing, 0)1. cit., I, p. 30'
-:;o5.
. Rcmling, op. cit., I, p. 305-30(;.
3 0 Hcmling, Ope cit., I, p. 306-308. - ce. Das Recht tier liÍ1'clte in dcr
Spryrl' SernÏ1wl'{rnqr (Spire, KlcclJcI'g('r. Hìlì:;).
1
'
:GLISE I
T 1
1\ llAVIÈRE
i 71
quaient d'inflexibles arguments et ne laissaient
presscntir aucune solution. Le Saint-Siège, à la
fin d'octobre, encourageait \;Veis et chargeait Ie
nonce Gonella d'inlervenir auprès du gouverne-
n1ent de l\Iunich. Le ministre d'Autriche, crlui dt
France, joignaicnt leurs démarches à celles du
nonce 1. Quelques évêques de Bavière, aussi, se
préparaient à agir.
Le n1inistèrp., que tout co bruit cnnuyait, se
déclara prêt à ouvl'ir à Spire des cours théologi-
ques dès Ie prochain jour de Pàques, et à nommer
comme professeurs les prêtres désignés par
l'évêque 2. Mais 'Veis insista sur son droit person-
nel d' organiser librcn1ent, en dehors de tonte ingé-
rence de l'État, la fornultion de ses clercs; et Ie
31 octobre, six élèves entrrrent dans son s<'ími-
naire, pour y commencer Jeur théologic. Un
poJicier survint, Ie 2 novembre, imposant, sous
peine de vingt florins d'an1ende, ]a cessation des
cours. Le direcleur du séminaire, Ie nonce,
l'é\Têqnr, protestèrent : Ie résultat fut un lélé-
gran1me de
Iunich, prévenant V\T eis que les dis-
ciple's du nouvel enseignement seraient à jan1ais
privés, comn1P prêtres, Jes ]ibéralités de I'État et
de l'acct's aux pal'oisses de nomination royale. Au
non1 du Concordat, au nom de l'interprétation que
donnai1. Ie pape à ce docun1ent, I 'évêquc tenait
bon; il invilait ]e gouvernen1ent à s'expliquer avec
Pic IX, et c'est en vain que Louis II, pel'sonnelle-
1. Rcmlin
, op. cilo, I, po 31
-3t3.
2. Hemling, op. cit., I, p. 314.
172
L 'ALLElUAGNE RELIGIEUSE
luent, écrivait à vVeis, pour quïl cédât. Le 16 no-
velnbre, Ia police reparut; eUe déclara que Ies
cours théologiques étaient considérés comme
fermés. (( Faites-vous encore des leçons? )) ques-
tionna-t-elle. On lui répondit : Oui. - (( Avez-vous
adnlis, à ces leçons
de nouveaux élèves'l )) - La
réponse fut : Non. Ainsi, des scmaines durant,
l'opinion publique et Ia diplomatip s'agitaient,
parce que six jeunes gens - six seulenlent - qui
dcvaient êtrc prêlres, con1n1ençaient à Spire même,
sous l'æil de l'évêque, leurs éLudcs de théologie.
Le 2G noven1bre, In. police signiiia que, si l'OIl ne
uspendait pas les leçons, cne vicndrait, dans un
ùélai de deux .lours, expulser Irs six jeunes geBs.
Celte son1mation décisive ahrégeait toutc résis-
lance : ils parlirpnt lous les six, ]e 27, pour la
yille uni yel':si lail'e de W urzbourg 1.
De plus beHe, les polémiqucs se déchaìnèrent;
tlcs brochures nliIiLantcs, de violents arlicles de
prcssc, intcrvenaicnt pour I'Église on pour l'ÉLat.
Le clprgé du J.iocèsc prenait chal1den1cllt parti
pour l'évl'qnc; l'nrchrvêque de Bamberg, qui éLait
son méLropoliLain, déclarait quC' dans Ia personne
de Wcis Lout l'épiscopat de Bavière était lésé 2.
Des sélninaristes, Jes curés, versiHaient des hynlnes
laLins en l'honncur de vV cis, (( pasteur cher, pas-
leur rare )); Ie clcrgé de Halishonllc, les doyens
du ùiucèse ùe Ï\lnYPllce, l'acehlnlaient 3; eL Ie vicil
I. Hcmling, Ope cit., I, p, 315-322.
2. RcrnJin
, Ope cit., I, 1'. 32'\'.
.:. l
('mling, Ope cit., I. p. ::\23, n. 3r.O.
L'ÉGJ.ISE ET LA llA vIf
nE
173
archevêqup Vicari, de Fribourg, lui criait cou-
rage 1. Les éyt\qncs de Bavi(\re écrivaicnl au roi 2,
ils écriv<lienl au pape 3 , pour se plaindre que J'ar-
tide 5 du Concordat fÚt vio]é. C'étail Jà Ie point
sur lequel ils voulaient que l'État s'expliquãl; et
lorsqu'en février 1865 Ie gouvernen1ent tenta de
négocier avec Weis la création par l'État d'un en-
seignemcnt théologique à Spire, VV cis s'y refusa,
et déclara simplement qu'i! laissait l\funich et
{{orne s'accorder.. l\'1ais llome, Ie 18 mars, remet-
tail au ministre de Bavière un lllén10ire de protes-
tation contre les incidents de Spire;); Rome, Ie
23 nlars, par une ]ptLrc aux évêques de BavièrC',
conLinuait d'affirmer que l'acte de W cis, prohib(
par l'Élat, élait pleinen1cnl légiLimé par Ie Con-
cordal 6; et lorsque cinq ans plus tard mouruL
}'évêque de Spire, les négociations entrc Ia Bavi(\rc
el Ie Saint-Siègc éLaient lonjours pcndantes pt
s téri lese
({ Le gouvernelnent bavarois, écrivaiten 1.865 Ie canonisLe
Moy, doit enfin prendre clairemen t conscience de son choix :
veut-il prenùfP position comme un gouvernement catho]ique,
ou conlme un gonvernement sans religion hors de I'Eglise '?
])
lllS Ie premier cas, i 1 doit, non seulement reconnaîlre,
Inais Inême soutenir, Ie pouvoir adnlinistratif des évt"'ques
pour la direction de rI
glise. Dans Ie seconù cas. il ne !WlÜ
pasles empêcher de faire ('e que ]pur commandent h'ur cons-
1. Rcmling, Ope cit 0' I, p. 428-42!J.
. H.emlinp;, Ope cit., I, po 429-4al.
3. Remling,op. cito, I, p. 431-43
.
4. Rpmling, Ope cU., I, po 3
7-328.
50 Remling, opo cit., I, p. 320.
G. Remling, op, cit., I, po 433-431i.
1.74
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
cience et leur devoir religieux en vertu des lois ecclésiasti-
ques 1. ))
Trl était Ie dilemme; les évêques de Bavière,
rn juillet 1865, se retrouverent tons à Passau,
pour une manifestation nouvelle. Ene n' eut pas
trait aux séminaires, dont pour le moment Rome
s'occupait, ni à l'instruction primaire, sur laquellc
tt Bamberg ils avaient dit l'indispensablc; eUe cut
trait à l' cnseignelnent historiquc que distribuait
I'Université de l\Iunich.
Le prussien Giesebrecht, depuisque]ques années,
occupait dans ceUe université la chaire d'histoire,
en remplacement du prussien Sybe1 2 . En quelque
mesure, ce changen1ent était comme une denli-
victoire pour ],idée calholique. Dans Ia chaire de
Sybel, qui faisait dater l' Allemagnc de la Réforme,
un historien s'asseyait contre lequel il avait lui-
Inême polélniqué, et qui, tout protestant qu'il fût,
consacrait sa parole ct sa plume à l'exaltation du
vieux Saint-Empire. l\lais
un jour les évêques
apprirent que Giesebrecht était chargé, à l'univer-
sité, de la direction du séminaire historique, et
que son influence commençait à former toute une
génération de professeurs qui bientôt essaime-
1. Archiv (ür katholiscltes lÚrchenrecht, 1865, XIII, po H
.
2. Sur l'hisloricn GieseLrccht (18H-1890), yoir RiezIer, Allgemeine deutsche
lJio!)raphie, XLIX, p. 34,1-349. - Gies<,brecht fut parfois accusé de favoriser
Jcs Jésuiles, on de citcr avec égard des historiens notoirelllent catholiques
comme Gfroercr, Illalgré lcs aUaques que celui-ci ne lui avait pas épargnées.
(Lord Aclon, English historical Bel.iew, 1800, p. 309). Mais lcs telldances pro-
lcslanles de l'Pllseignclllent de Giescbrecht avaient élé signalées dans une série
d'arlicles du Kat/wlik, 1863, p. 221-230, 318-33t, 439-460; 18G4, p. 329-364,
':;68-584; 1865, po 191-209.
L'ÉGLISE ET LA BAVIÈRE
i75
raient dans les divers établissements d'instruction.
Bien qu'il eût pour collègue, dans l'enseignemcnt
de l'histoire, Ie catholique Cornelius, on avait
dÒs lors de sérieuses raisons pour redouter ]a for-
mation d'une école quasi ofticiclle d'historiens qui,
sous l'hégémonie de Giesebrech t, auraient en Ba-
vière une sorte de monopole, conlme celui qu'cxerça
longtemps en France la philosophic de IV!. Cou-
sin. Que les évêques de ßavière fussent inquiets
de cet ascendant scientifique d'un profcsseur pro-
testant, it n'y avait pas lieu d 'en être surpris; de
Passau, ils adressèrent au roi leurs observations,
ct demandèrent que les candidats catholiqucs aux
fonctions de professeurs d 'histoire ne fussent jusli-
ciables que d' examinateurs catholiques, et que dans
les gymnases l'enseignement de l'histoire fût confié
aux professeurs de religion; ils promettaient d'ail-
leurs de prendre les mesures pour préparer leurs
prêtres à ce nouveau genre d'activité 1. Telle était
l'inévitable issue de l'aventureuse politique qui,
dix années durant, avaH introduit à l'uni versité de
Iunich des professeurs d'origine prussienne ou
saxonne, non moins étrangers aux traditions les
plus légitimes du patriotisnle bavarois 2 qu'aux
susceptibilités de la pensée catho!iquc: ces prêtres,
que Ie dOCUn1p.nt épiscopal de Passau improvisaiL
maîtres d'histoire, représentcraient un autre idéal
que celui dont s'éprenait la jeunesse au pied des
1. Collectio Laccnsis, v, col. 1201-1204. - cr. Giesebrecltts Geschichts1i1o-
nopol im pw'ituetisc.'LCll lJayem (l\Iayence, Kircbheim, 18(5).
2. Voir nolrc tome III, p. 23-31.
fiG
L' AT.LEI\'I.c\GNE RELIGIEUSE
chaires officielles. Avec Sybel, la science en Bavière
avail lravaiIlé pour la Prusse ; lorsqu'on la voyait,
avec Giesebl'echt:- so prendre elle-même pour but,
pouvait-on dire que c'était une réaction suf1isante,
et que les dévialions de la veilJc seraient suffisam-
lnent redressées? Dc purs savants l'eussent dit,
peut-être; mais des patriotes el des prêtrcs, aUa-
chés, en taut que ßavarois, à un idéal national et à
un idéal religieux, voulaient que Ia science, enfin,
travaillât un peu pour la Bavièl'e. Le gouverne-
nlent ne déféra pas à eeUe originale demande des
évt'quos; mais c'en fut fait, du n1oins, de tOllS les
projeLs, pr(';cis ou vag-ues, destinés it centra liseI'
I'enseignenlent de rhistoirc. I
e su
cès de ces pro-
jets à tous les degrés aurait hanni de cet enseigne-
mcnt l'esprit indigène et l'esprit catholique : I':1S-
cmblée épiscopa]e de Passau rendit au nationa-
l isme bavarois un service décisif.
A Bamberg, Ies évêques avaicnt ronlnlencó de
faire sentiI' à l' opinion publique que 1a foi tradi-
lionnelle périclitait; iis intervenêlient, it Passau,
pour J'intégrité dp ]a personnalité bavaroise; et
l'pvocaLion de cp double danger devaiL renùre uno
conscicncp il Ia catho1 ique Bavière, n1enncée dans
sa foi, l11pnarpc dans son t.lre.
VI
,Lps débats théoIogiqucs qui déchiraient alors
l'Eglise d' Allenlagne ct qui, de mois en mois, de-
L'ÉGLISE ET J.A BA VltRR
177
venaient plus passionnés, oITraient it Ia bureaucra-
tie et au roi lui-même un facile n10yen d' éludcr
les revendications des prélats : puisque toute une
école, spécialement dans les fncultés de Lhéologie,
se montrait soucieuse d'évincer ce qu'elle non1mait
les en1piètements de l'uHran1onLanisnle, l'occasion
semblait bonne à l'État pour qualifier de ce nom
tous les épnnouissements de la vie catholique, dès
quïlles jugeait irnportuns. Une chaire étail-cHe
vacante tt la faculté de \7Vurzbourg, Ie ministre
l{och expl iquait au roi, dans un long n1émoire,
qu'il ne faJlait pas nommer dans cet établissement,
où déjà plusieurs professeurs militaient pour les
Jésuites, un nouveau théologien suspect (( d'uHra-
montnnisnle 1 )) : ainsi l'exigeait l'intérêt public.
L'évêquc de Ratisbonne, Senestrey, installait-il
dans une aile d'un ancien couvent bénédiclin cinq
.Jésuites.. dont trois étaicnt des Bavarois : c'élait]e
roi lui-mêmc,
par rintel'médiaire de son caLinrt
pl'ivé, qui invitait Ie ministre Gresser it faire dé-
ménager les Pèl'es, et tout au plus obtenaient-ils,
à titre individuel, des cartes de séjour, leur per-
meLtant d'élire domicile çà et ]à dans Ratisbonne.
Les canonistes Vering et l\Ioy, et l'évêque Scnestrey
en personne, protestaient:!; n1ais la coul' de ftlunich
avail aussi ses lhéologiens, clont Doellinger était
Ie chef, ot qui dénonçaienL la liberté des Jésuitcs
comme incompaLible avec la séCUl'ité de l'État.
1. Friedrich, IJoellin{JC1', III, p. 4.J(j-41S; cf. ci-dcssous, po 2í6.
2. ",11'chiv fÜl' katlwlischcs IÚrchenrecht, 1867, XVII, po 236-205. - Sencs-
,rey, Die kirchlichc If rciheit 'Luui die bayl'Ïschc Gesct:;;flcbun.r; (Ralishonnc,
'Ia117, ., R/iï).
IV.
1
178
L 'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
Au delneurant, pour détern1iner Ie j CUIle n10-
narque à cette politique de déplaisanLes chicanes,
aucune influence u'avait été plus décisive que celIe
d'un journalisle irréJigieux de Nurenberg, qui
pL'écisémeni polémiquait conire les Jésuites au
1l1omcnl oÙ Louis II faisail séjour dans cette ville.
Il y avait Hl un indice troublant : Ie l'oi, qui en ùó-
celuLre 1.8G5 avait al1t'gren1ent reconnu Ie nouveau
royaume d'llalie, se n10nlrait accessible, non scuIe-
Il1ent aux désirs d'une certaine fronde théologique,
Inais tt l'impulsion des partis anli-catholiques. A
ecHe épuque mênle, la vicloire de la Prusse sur l' Au-
ll'iche eontraignail la llavière, eon1n1e pLusieurs
aulrcs ]
LaLs de I' Allenlagnc,
l des remalliclucnLs
IllÏnisléricls : à den1i cOIDlllandés par 1a Prusse SOll-
vcraine, ils éL.aicnt Ie pren1Íer symptôlnc de la pro-
chaine unilé aLleIlIande. l)arloul lcs hOl1lInCS d'ÉLaL
liont la diplouutlic ou dont la polilique religieuse
avail été agréaLle tt l' Aull'iche devaienl rentrer dans
J'efIaccment : teUe était l'irl'évocaLJe voIonté de
ceLLe in1périeuse (( AssociationNalionale allemande >)
(Nationalvcl'ein), qui, depuis quelques années, ser-
vant et oevançant Ie gouvernement de Derlin,
mulLipliail ses postes d'obervation dans certains
prcsbylèl'es évangéliqucs, dans certains bureaux
de rédaeLioll, dans touLes les loges Iuaçonniq lles.
C'est ainsi que ]e résultat de Sado\va, en Bavière
comme ailleurs, fut de fortifier dans les conseils
tiu gouvcrnenlent les in1luences anti-catholiques.
Pful'dLcn, In inislre des Affaires étrangt.}res, coupa-
LIe de trop de tiédeur pour la Prusse triomphante,
L'ÉGLISE ET LA ßA YIÈRE
17a
fut reJuplacé par Ie prince Clovis de IIohenlohe.
De honne haure, ]e cat holique IIohcnlohe avait
déLesLé Ronle: Léll10in ceLle note qu'en 1846 il glis-
sait dans son j 0 llrna] : (( Si j usqu ïci, écri vait-il,
fai encore pensé (luelque bien tiu parLi quaIifié
d-'uHranloIltain, si je I'ai l'épulé non périlleux, il
n'en est plus de mènlC aujoul'll'hui. Je vois main-
tenant dans quel précipicc je glissais, parle fait
Je Ia poliLique ùes Jésuites. Je ùemande à Dieu la
force, pour qu'il éloigne de moi Ia séduction de
celle diabolique société, qui ne travaille qu'à l'as-
sarvissenlcllt de Ia liberté h unlaine, j' enlcllds de la
liberté intellccLuellc, et pour que ni pronlesses ni
nlenaces ne me fourvoient. .t\ussi ai-je bcsoin de
ronlprc OUYCl'telncnt avec toutc Ia c]ÜJue, at j'en
crécl'ai l' occasion Ie plus Lôt possible 1. ))
II était d'aillcurs enthousiasLe, à ceHe loinlaine
époque, de l'opuscule que venait de publicI" l'his-
lorien Gervinus en l'honneur de Ia secte nouvelle
qui, sous Ie nom de (( catholiques al1en1ands ))
(Deutsch I\atltolisclt), s'essayait à faire du bruit et y
réussissait. Trop grand seigneur, sans doute, pour
accorder quelque synlpathic à des pl'ètres déclas-
sés, leIs qU)étaient Ronge et Czel'ski, et POUI'
fonder sur ces dénlagogucs la llloindre espé-
rancc, il parLagcait avcc lIno vraic passion l'anti-
pathic de Gervinus contre I Ïllée nlênle de dogme 2,
1. IIohcnlohe, Denkwuerdigkeite1l, I, p. 31. - cr. notre tome III, p. 53, ct,
SUi' I'alliludc de Hoheulohe à l'cndroit du catholicisInc, Pfuclf, Stimme,t flUS
Jfaria Laach, 1907, I, p. 3-10.
. llohenlohc, up. cit., I, p. 29.
1.80
L' ALLElUAGNE RELIGIEUSE
incoD1patible avec Ie rêve d'une grande Église
chrétienne, où Loutes les âmes séparées par les
barri(\res confessionnelles trou veraienl hospiLalité.
Tel se décrivait Hohenlohe en 184ß, tel demeu-
rait-il vingt ans après, lorsque Louis II l'honora
d'un signe pressant et confiant. Son frère, cardinal
depuis quelques moist, correspondant de Doellill-
gel', élait à Home I'hôte et Ie conseiller de tous les
catholiques qui se flaUaient de travailler pour une
plus grande gloire de Dietl que celle que poursui-
vaientles JésuiLes. J usque-lit, dansle gOll vcrnen1ent
bavarois, la politique d'hoslilité contre l' (( uJtra-
monlanis111e )) s'étail appuyée, surtout, sur les avis
de certains légistcs; derrière Ie prince de Hohenlohe,
c'était une école théoIogique qui, peu à peu, sÏns-
Lallait au gouvernail, c'était un parti d'Église qui
peu
t peu s'identifiait à l'Ét.at ct inaugurait avec
]'État un perpétuel échange de services. Personnel-
Ien1ent., Ie nOUY0[lU minislre éLait un homn1e de
paix, nullcnlent soueieux d'imposer son Cl'edo phi-
losophique, nlais prompt ä s'irriter dès qu ïl sus-
peetait les Jésuites de youloir imposer Ie leur, (It
persuadé qu ïl iravaillait pour l'harmonie généralc
lorsqu'il assurait Ia prépondérance àleurs ennemis.
Le progran1me n1ÏnisLériel qu'il soumit au jrune
roi eontenaiL eet artil:lc :
(( La paix entre les confessions et, spécialement, la paix
avec la puissance ecclésiasLique catholique, doit êLre main-
ø
1. Sur Ie carJinal de IIohcnlohe, voir ci-òcssous, p. 2G1. - Lc prince de
Hohenlohe sC'ra pIns la.rd, on 18ï2, lc melteur cn branlc dc la léo.islalion d'cm-
pire conlre le
J';sl1il('
. Sn1' 8a haine à knr C'JHlroil, voir Pfllf'lf, loc
eil., p. 10-22.
L'ÉGLISE ET LA BAVIÈRE
181
tenue, so us Ie régiIne d'une observation scrupuleuse ùes
lois existantes. Aucun sacrifìce ne doÏt être épargné, pour
répoudre aux nécessités ùu tmnps relativen1cllt à I'enseiglle-
IncIJtpublic l . ))
Le paragraphe avail deux phrases, et ccs phrases
étaient deux sourires, dont run s 'adressait aux ca-
Lholiques, et l'auLre aux partis a vancés : aux nns,
ron pronleLLait.la paix, ct l'on annonçait aux autl'es
ertains relnaniements scolaires qui risquaiC'l1t
lramener la gucrre. Libre aux peuples, ct filêrne
aux députés, de fermer les yeux sur Ie fallacieux
équilibre de pareils progranlrnes; mais Louis II
voulait y voir plus clair. Le 21 déceu1brc 186ü, dans
un entretien qu'il eut avec l-lohenlohc : (( lncline-
riez-vous, lui dcmanda-t-il, vcrs ùes concessions
à l'Église -! Sericz-vous porLé
l faire cerlains chan-
gcnlcnts propices à l'ÉgJise? )) llohenlohe répondit
que non, 11lais ajouta quïl considérait.
onlme dési-
rable que l' l
taL et l'I
glisc s .enlendissent enfin sur
lcs rapports <Iu Con
ordat avec la ConstiLuLion.
Louis II ne répoudi t rien. Le 28 au nlaLin, Lutz,
Ie chef uu cabinet pl'i\Té, s'en fut voir Ilohenlohe;
ils causèrellt Longuenlcnt des <.Ii vcrs points du pro-
graulnle, et Lu Lz fa observer que la phrase con-
cernanL les relations de 1'État avec La puis:5ance
cGclésiasliq ue
aLhoLiquc rislJllait ù' ètre inlcrprélée
comme l'aullonce de certaines concessions aux
uHranlonlains, et qu'il valait 11lieux, pcuL-ètre, la
faire disparaìtre 2. Ainsi Iit lIohenlohe, et ]orsq ue
1. I1ohcnloh(', oj). cilo, I, p. 1860
. llohcnlohe, Ope cito, J,p. 188-1
O.
i82
L' ALLE
IAGNE UELIGIEUSE
Ie
l r!(.c('ll1bre 18GG il prit la présidence du Con
('il
0( Ie n1Ïnisti\re des Affaires
lrang(\res, il étaiL con-
venn avec Gresser, son ministre des Cnltps, que ]e
nouveau gouvernemen t enlrverait l'école au con-
(rÔle excInsif du clergé, et qu'il assurerait d'ail-
leurs tt I'Église, dans Ie domaine purement ecclé-
siastique, Ie plus dïndépend3nce possible. Une
administration peut-être bienveillante, une légis-
lation certainement hostile: telle était Ia perspec-
tive qu'offrait à I'Église Ie gouvernemenL nouveau.
Cn projet de loi scoJaire se prépara, favorable
aux idées de laïcisation. Ð'avance, Ie 28 septem-
hre iS67, les évêques protestèrent par une lcttre au
roi 1 ; au nom de Louis II, Ie 31 octobre, Ie minish'c.
Gresser leur répondit:>.; ct dercchef en nO\Ten1Lre
ils insistèrent pour que l'influence de l'Église sur
l'école restàt au-dessus de toutc aUcintc 3. La presse
s'associait à ces discussions, une campagne de bro-
chures commençait. Gresser rendait I' épiscopat res-
ponsable du lumuIte ; Ie 21 mars i868, iI inyi ta les
fonctionnaires à veiller; Ie 1. 0 avril, il donna des
instructions pour que I 'attitude politique actuelle
des prêtres fÚi l'objet d'une enquête spéciale, en
vue de leur candidature éventueJlc nux b(
néfices
vacants I.. IIocrmann, n1Ïnistre de 1 'Intérieur, dans
uno ciJ'culaire du 28 octohre 1.8GR, dénonça dere-
chef l'agitation, qu'il in1putait à l'ignorance et it
t. ArchiL' fÚr T.:alluli '
t.s lliJ v;'"ll1..:cht, 1S' ,\:IX, p. 124-1::1.
2. 11 0 C, iv!Û I. illwliscltt.s liil'chcnrecltt, 1
G8, Xl'i, po 134-137.
J. A.1'c1u' ft O " kat: olischcs lÚrcl'cm'ccltt, 1
ti8, XIX, p. 137-137.
, ,.flit" {t"1 I. holi (,. ; Ail'clwl/1'I'('!tf, 181ì
, XX, po
!)7-
'\ '.
L' ÉGLISE ET I
\ ßA \T[ÈRE
183
Ja calomnic, el accrntua les menaces conlre les
ecclésiastiques indociles 1; ct de han ts fonction-
naires des adniinistrations provinciales, coupables
d'ultran1ontanisme, furcnt révoqués.
L'humeur de Hohcnlohe s'exaspérait: il en ve-
nail à considérer la guerre contre l'Église comnle
la préface nécessaire d'une pacification.
Un tout prtit fait survenait, qui éditìaiL l'Église
sur les dispositions de Ia Bavière officieHe : dans
ce mên1e royaume où, trente ans plus tôt, Ie catho-
licisme germanique avait paru concentrcr 8es
forces et prendre son élan, certaines coIlectes,
tentées par les évêques au profit des missions
catholiques en terre protestante, furent in1pitoya-
blement prohibées par l'État, comme si c'était un
dplit pour les catholiques de Bavière de songer à
] eurs frères du nord de l' 1\llen1agne 2.
En mai 18G8, IIohenlohe, causant avec Dlunts-
chli, lui expliquait qu'iL considérait l'ultramonta-
nisme comme Ie (( véritable ennemi du progrès
humain >) ; mais qu'il ne Ie (( rcdoutait point pour
la Bavière, à moins que l'ultramontanisme ne par-
vint, d'accord avec l' Autriche et la France, à con-
quérir la dynastic:: >). Quelques n10is plus tard, s'en-
tretenanl avec lTscdom
l Berlin, il sen1blait moins
rassuré; Lous deux ton1baicnt <I'accord que (( les
intrigues du parli ultramonlain étaient un grand
1. IlCl"maUll Ru
l, Rcichslmn:;ler Fu.;rsl Chlodll'l!l Z'U /luheltlohe und seine
ll/'uetlcr, p. ü3-li4. (Ducssl'1dorf, Deiters, HIU7).
2. KlctfuCl o cL Wok('(', DC1' lJoni{aciu8 "FC1'cin. J, p. GO.
:30 Bluubchli, jJcnkwucrdiyc'J, Ill, p.
:! L
18
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
danger pour Ie développement complet du genre
humain, et que la plupart des homn1es prenaient
cc danger trop it la Iégère 1 )).
Les discussions de la Chambre baval'oise sur Ia
loi scolaire s'inspirèrenL de cet esprit soupçonneux
et presque sectaire : huH jours durant, l'État
nlouerne y fi t Ie procès de l'Église. II y avait des
éc01es chez les Chinois, chez les Grecs, chez les
Romains, déclal'a Ie paysan Alois Sladler; on pré-
tend que I'école est fille de l'É g lise; qu'est-ce à
dire? Le dépulé V oelk 2 dénonça dans Ie caLholi-
cisme une tendance nouvelle contre laquelle I'Élat
devait prendre des mcsures : cette tcndance s'appe-
Jail l'ultran10ntanisn1e. Le projet de loi traitaiL des
quesLions scolaires, et c' était anx conflits religieux
que l'on pensait, ct d'eux que l'on parJaiL. On aspi-
l'aiLärcnlpiaccr3HG inspecLeurs scolaires nOnl'énlU-
nérés, qui étaient des prêtres, par 56 iuspectcurs
d'ÉtaL : Ie chiITre était noLoiren1enl insufIisant,
comnle l'expliquail Ie député Ruland, nlais l'évo-
calion dn spectre (( rOlllain )) répondait
l toules
les criLiques. En vain .Joel
g repl'ésenlait-il que,
cette année mt'Ille, Ie vVurLenlherg, par une 10i
sco]aire nouvelle, fortifiait I'influence du prèlre à
r
cole3. Le 23 février 1869, 114 yoix conLrc 2U adop-
tèl'ent le projet gouyernclnenlal.
l\Iais, à 1a Chambre haule, Dinkel, évêque d'l\UgS-
1. 1I0hcnlohc, OJ). cit" I, p. 343.
. S
J.r Jo
('ph Voell.. (J8l!.l-lRS2), voir Hans Dlum, VOi'k(lempler de}' de'Uls-
chen E mltctl, Lebens='Uud Charakte1"ûildc1', p.151-178 (Berlin, Walther, 1800).
:3. Yoir SUlO les discus!:'ions, Brueck-Kisling, Gesclâclttc, III, p. 4.JO ct suiv.
L'ÉGLISE El' LA n.\VI
nE
i85
bourg, et Harless, présiJent supérieur du consis-
loire, fllrent nomnlés rapporteurs; ils proposprenl
soixantc-trois amendements, qui nlotliIiaienl l'es-
prit et la portée de Ia loi. f:e fut J'honneur de l' é-
vêque Dinkel, de plaider pour les enfants de la
cIa sse ouvrière, de denlander qu'ils ne pussent
tl'tlvailler
t l'usine avant treize ans, pt de ne pas
permetLre que les nécessités scolaires lléchissent
devant les exigences de la gl'andc induslrie 1. La
prcsse libéralc Ie dénonça conlnlC réactionnaire.
Ilohrnlohe s'insurgea contre les ohjeclions des rap-
pOl'leurs; il parJa du S!Jllabus., se plaignit quc
l'Église fûl dominée par une faction hostile à I'État,
ct présenta, comme un relnède urgent, 1a réforme
de l'école 2. Son cri d'alarnle cut pen d'écho. La
Chambre haute tout
ntière, itl'cxception de D voix,
llcccpta les modificalions csscn licHes que IIal'less et
Dinkel iniroduisaient dans Ie projet., et comme 27
d' entre clIes fUl'ent repoussées pal' J' autre asselll-
blée, c' en fut fait de Ia Ioi scolairc. I1 n'y cut, pour
L'instant, d'aulre nouveauté, que la licence qui fut
donnée aux conlffiunes d u Palalinat de lransfornlcr
leurs écoles confessionnrlles en écoles nentrcs,
accessiLles aux enfants de toute religion, pourvu
que les deux: tiers des élccteurs en élnisscnlle vn
u :
Lout de suiLe, à Landau et dans quelques autres
localités, cc changement survint, et provoqua, de la
L Dinkel, "VOI't1'(t!J irn d/"iltcn .Ll1.lssch1.lsSC del' lÚWllJlCl' dCI' lleichsi'aethe
ue/;ci' den Gcsct;;Cittww'{ ([os v'ú[.1cs:.;chulwcscn bctl'c/fcnd, p.
Ií-
)S (
Il1nich,
1
û!)).
2. HohclllÐhc, opo cito. J, po 355-359.
186
L 'ALLElUAGNE RELIGIEUSE
part de l'évêquc \Veis, des protestations aLtristées,
qui furenL Ie dernier effort de son arJente parole!.
VII
L' évêque Dinkel avait signalé, dans son rapport
t ]a Chambre haute, que 337ß adresses combat-
taicnt Ie projet de réforn1e scolaire, et que 1351
l"appuyaient 2. Ces chiffres étaient imposants ;
ils attestaient que les discussions parlementaires
n' élaient que réeho des discussions populaires, el
que I'opinion catholique avait été la plus ardentc
à pétitionner.
(( Voilà un beau tremplin électoral pour Ie cler-
gé 3 >>, avouait Hohenlohe lui-même, non san
quelque regret. De fait, Ie clergé, dès 1867, avai.
donné
ll 'épiscopat une sorte d'assaut, pour obtenÎI
que l'Église bavaroise, prêtres ct ]aïques, prît en fir
raspect et l'attitude d'une puissance d'opinion.
(( Les soussignés, écrivaient it l'évêLIue ù".Augsbourg plu-
sieurs de ses prêtres, considèrent que Ie moyen Ie plus sÌIn
pIe est Ia convocation d"une assemblée puhIiqne de tout I{
clergé diocésain. OÙ l' on puisse faire Ie choix des nloyen
légaux ùe défensive et lout lie suile Ies elnploycr. Sans douU
c'esl, ùans Ie principe, l'affaire eÀclusive de l'épiscûpat
de défcnùre vis-ii-vis des gouvernenlenls les intérèls de h
religion et du cIergé; nlais dans les Élals nlOderncs, oÙ l(
gouvernail a été conlié aux parlis poJiliquf's, on a plus 01
Inoins d't"gards au jus clicinum de l'épiscopat. On a l'haLi-
1. Renlling, Ope cil., I, p.
G7-27i.
. Dinkel, Ope eit., p. 100
3. YoclderllllorfT, Bcila(Jc :;;ur .Allr/cmcincn 7cilu1lf/, 1!)(1!, no 1 iF, )10 L
.
L'ÉGLISE ET LA BAVIÈRE
f87
tudf', acturllpmrnt. de jugpr la situation d'ul1 point de vue
purPlnent hurnain, et, com me ceux qni Ia jugenL sont lif's
adhérellts des partis, ilsjugent d"après ce que valent les par-
tis au point de vue du nombre ('t tie Ia force. te clergé doit
s'adapter à cet état de fait. Tant qu'nn Ininistère de parti est
autorisé it regarder Ie clergé comme une masse politique
inerte, il aura peu de scrupule à Ie traiter comme tel, en
dépiL hélas! des réclamations de l'épiscopat; mais que la
vie pénètre dans cette Inasse, qu'elle se répande dans des
lnilliers dïndividus, qui dOune seule voix sur Ie terrain de Ia
loi réclmnent leurs droits, alors ce gouvernement de parti
COllllllencera it compler; il acquerra une idée juste du degré
d'influence qui convient au clergé 1. ))
De tels doculllents, ]ors même qu'ils faisaient
craindre les écarts de certaines al'deurs ou 1 'inùis-
cipline d'un certain zèle, marquaient un change-
ment d'époque : évidemment, la Bavière se réveil-
]aiL II y avait quelque fièvre dans ce réveil.
Puisque I'État songeait à séparer l'école et l'Église,
on était tout prêt à Ie prendre au mot, à ]e devan-
cer lllême, à lui donner congé,
t faire campagne
contre I'obligation scolaire, considérée COlllffiC une
illlportalion prussienne, et à réclanler pour n'inl-
porte qui Ie droit d' enseigner n Ïmporte quoi. Au
congrès de Bamberg, de 1.868, ces idées fermentè-
rent : Ie journaliste Bucher, de Passau, Ie con-
seiHer Baudri, de l\layence, se pronollcèrent pour
une] iberté d'cnscignemenl illimitée. Le cnré Frei-
tag, de Nyulphcnburg, répudiait cette perspective;
Haffner, Ie futur évêque de
layence, faisait obser-
ver ce qu'ellc pouvait oITrir ùïnsidicux, ct de con-
t,'aire même il l'idée catholiqne de libcrté. Le
1. :-;chlulhcs
. E1/I'opaci"cI:cl' r;e.'lc!ti"hf
k(llp/lflPlo. i....1ì7, V. 2
O.
188
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
chanoinc wloufang, de l'vIayence, prècha.la prudence,
iL croyait préférahle de maintenir les rapport
acluels de l'Élat el de róLahlissement scolairc. II
fut écouté, eL Ie congrès se conlenta d'afJirmer que
<I. les catholiques réclamaient la pleine ]iberté de
]' enseignement au cas oÙ la séparaLion de l'ÉLa!
d'a vec rT
gliso deviendra it une loi 1 }). L'exallation
fougueusc des congrcssistrs bavarois s' élait laisséc
discipliner pal' la vicLorieuse sagesse des congrc
3-
sistos invilés; ]a catholique Bavière, soulevée pal
les provocalions parlenlcntaires, acccptait du reslc
de L'Allcrnaglle Jes leçons de sagcsse.
.J oerg, dircctour des F'euilles ltiSlOl'ico-polit igucs,
notait, nIOLS par mOLs, les épisodf's de ce renou-
veau : nul comme lui nc savaÏt cricr aux Dayarois
que les aspirations gouvernemcnLales n1enaçaient
it Ja fois leurs traditions nalionales eL leurs cons-
ciences l'eligieuscs, el qu'on ne songcait
l les
aITranchil. de l' J
gJisc que pour les Ii vrer à lit
Prusse. Touto la poliLique extérieure de Ilohenlohe
rcposait en cCIcl sur celle idée, que Ie royalune
de Bavièrc, tournant Ie dos
t 1'l\uLl'iche, dovaiL se
lier élroile1l1cnL à 1a confédération dc l' A.Llcnlagno
<Iu Nord, et, tand is qu'iL reprochait aux 11 ltranlon-
tains de I ravaiHer pour HOInc, ccux-ci l'accusaicnt
de lravaillcr pour Berlin. Padi LaVaL'OLS, part.i
catholique, parli national, parli ultL'alllOnlain,
1. May, Geschichlc der ](atlwliken = \' Cl'sammluJI[Jcn, p. 18
-18(j. - Lïlllérðt
que le clcrgé prcnaiL à ccs qucstions monLrailllu'OIl élail loin ùu lcmps OÙ 1\I0u-
faug cl Jocharn s'cnh'cLC'naicnl, à tim, dc l'indilTérrllcc f't dc l'illcapacilé de
},CdUCOUP de prèlrcs ]Javaroi
cn maLière pl'dagogiflue (Jocham, J!t.:moiJ'cn e11lcs
OlJslwranlen, p. (j7
)
I.'t<:GLISE ET tA BAYIÈRE
t89
devinrent ainsi des termes synonymes 1 ; la catho-
lique Bavière, vaincue sans cesse dans la Chanlbre
basse, prit conscience d' Otre la vraie Bavière, la
seule Bavière. Des voix s 'élevaient, grisées par leur
ascendant sur cette Chambre, qui réclamaient une
réforme de la Chambre haute; on voulait que ceJle-
ci, au lieu de représenter la grande propriéié, Iìdèle
aux lraditions bavaroises, devînl l'organe de la
riche bourgeoisie libérale; Ie retranchement parle-
nlentaire où commençaient de s.abriter les intérèts
de la (( catho]ique Bavirre )> aurait ainsi sllccomhé 2.
Jais, au moment OÙ surgissait cette nlenace
suprême, la catholique Bavière était en nlarche,
déjà, pour la conquête de la Chambre basse. C'étail
au printemps de 1869 : IIohenlohe, alors tout préoc-
cllpé du prochain concile, enrôlait la diplonlatie
havaroise au service de l'école théologique qui
youlait Ii vrer à l' (( uHranlontanisme >) une dernière
bataille;
t, par nne circulairc célèbre, il essayait
de nlobiliser, pour cette Iutte, les autres diplo-
n1alies curopécnnes. Mais soudainement les élec-
tions de 11lai 186U pour Ie renouvellement de la
Chanlbre ténloignèrcnt que cet anlbilieux minis-
t(\1'e, qui travaillail contrc RODle comme avail lra-
vaillé pour Rome la Bavière du xvnC siècle, n'avait
plus de racines dans Ie pays. Les (( Iibéraux ))
ne firent passer que 7;) de leurs candidals; les
palriotes, les ul tramontains, en firent réussir 79 3 .
l. Sur (cs sentiments prussicns du d.;puté anticlérical Yoell., \"oÍ1' Haus Blum,
op. cit.. p. 159-1(;:>.
20 Rust, opo cito, p. SG et suivo
:1. Yoell" haLlu dam:
a {'il'cons('!'iption. rut éln:t AlIg.!'Ihollr
.
H)o
,
L ALLEl\IAGNE llELIGIEUSE
On s'atlendait à la démission de Hohenlohe : illint
bon, cOlnbina des calculs pour établir que la Charn-
})renouvelle contenait en réalité 77libéraux eL 77 clé-
ric(1ux, pt commenta les résultats é]ectoraux daJl
une circulaire optin1Ïste. Les clðricaux, expliquaiL-
il en subslance, ll'ont aucun point d'appui òans le
villes ni dans une grande partie des campagnes; ib
se sonl 11lonLrés Ù la population so us un masque,
comme les représentants de l'autonon1Ïe Lavaroise;
nHlÏs, cn fait, Ie nlinistèl'e lui-Inênle ne veut pas
sacrifier cette autonomic; et, varmi ces 77 oppo-
sants, un schisnle se produira; un grand nonlbre,
gens lranquilles et pondérés, se détacheront. des
parLis cxtrêules 1. Ainsi se consolait Hohenlohc.
LOl'squ'à la fin de septembre la Chambl'e se réunit,
les deux partis avaieni chacun 71 mculbres pré-
sents, ct l'on ne put s'enlendre pour nomnlcr un
président. I-Iohenlohe gardait l'espoir que Ie 13éné-
dictin IIancberg dissuaueraÏl les mCl11bres tic
l'opposition de suivrp avec une intransigeante dis-
cipline Irs conseils de leurs chefs, vVeiss et Schuet-
Hingcr, et qu'un compromis serait possible entre
libéraux el cléricaux. Mais IIaneberg échoua:! : la.
Chambre dut ètre dissoule, et c'csl ce que souhai-
taient les catholiques, assurés à l'avance d'un suc-
cès plus décisif encore.
Car, durant l'été de 18G9, leur action n'avait pas
chômé. Désormais conscients de leur devoir et de
1. Hohcnlohc, Ope cit., I, po 3G6-368 (circulaire du 29 mai 1869).
2. Hohcnlohe, Ope cito, I, p. 399-400. - Voir, sur ccs difficuHés parlcmcntaires,
Voelderndorff, Harmlosc Plaude1'eien cines alten Muenchencrs, II, p. 323-326.
L'ÉGLISE ET LA llAVIÈRE
HH
leur force, ils n 'admettaient pas qu'un ministère
condamné par Ie suffrage de la Bavièrp gardât Ie
pon voir; et leurs amertumes accunlulées récla-
nlaicnt enHn justice. lis voulaient que e'en fùl fini
de l'influence de cos juristes étrangers, de ces his-
toriens (-ll'angers, qui depuis 1848 lravaillaienl
lentemenl à nletlre la Bavière à la remorque de la
Pl'usse 1 ; ils exigeaient une réaclion, un repentir.
La préoccupalion de beau coup de catholiques étail
encore plus nalionale que religieuse : entre un
libéral bavarois et un caLholique prussien, n' eus-
sent-ils pas, quelqucfois, préféré Ie prenlier 2? Ils
cxigeaient que la Bavière tînt conlple désornlais,
dans sa politiquc, des vrais intérèLs bavarois. 01',
c(' quïls nommaienl les vrais inlérêls bavarois,
c'étaient ceux de la propriété terrienne, In clcrgé,
de ia petite culture, du pelit nlélicr, forces indi-
gènes, enracinées paries siècles dans Ie sol d{\
Bavière. Le (( libéralisme )) gouvernait pour une
classe de nouveau-venus, bourgeoisie riche, cos-
mopolite, agile à déplacer ses capitaux, indifférenle
aux traditions et aux gloires historiques de la
Bavière, et dédaigneuse du Credo religieux qu'ai-
maienlles Bavarois, nlais toujours prête à faire de
la ßavière la saLellite de la Prusse, et du gouver-
nemenl de la Bavière un gouvernement de partie
Les vieilles (( classes )) hisLoriques de ]a vieille
Bavière ::;c réveillaient, se resserraient, se coali-
saient, contrc cetle puissance intruse; elJes fai-
L Rust, op. cit., p. 86.
2. I1erUing-, IIochland, ler mai 1907, p. 2240
192
L'ALLEMAGNE RELIGIEUSE
saient surgir du sol de ]a basse Ba vière, sous la
direction du baron Xavier de Hafenbraedl, des
groupements qui s'intitulaient associations caLho-
liques de paY8ans 1. On avait vu, dans les années
antérieures, des agilateurs bisnlarckicns et anti-
religieux travailler à la prospérité écononlique de
certaines contrées rurales, tel ce député ,r oelk,
dont les initiatives agraires avaient, pour bien des
années, attaché rAlJgäu catholique à la cause du
libéralisDle 2. :\'lais en face d"eux, désornlais, Ie
cJergé se dressait; il regagnait Ie tenlps perdu; et
dans ce tardif mouvement national, dont Joerg
lui-nlême aurail à peine osé dire qu'il avait encore
quelques chances de vrai succès, Ies prêtres intro-
duisaient certaines aspirations auxquelles apparte-
nait l'avenir.
(( En Bavière plus encore qu 'ailleurs, écrivail
Victor Chcrbuliez, Ie clergé a réussi à se faire
peupIe. S'appuyant sur Ie paysan, épousant ses
passions, lui parlant sa langue, qu'il savait de
naissance, il s 'est faiL Ie représentant de ses
insLincts à la fois conservateurs et démocratiques,
de son aversion pour ]e l'éginle bourgeois. Sans
laisser dornlir dans leur foul'rcau les vieiJIes armes
ecclésiastiques, il s'en est forgé de nouveHes; il a
usé avec habilelé de tous Irs moyens d'agitation
invcntés par la dénlocratie, la presse, lcs assem-
blées, lcs associations. Le clcrgé bavarois cons-
titue aujourd'hui une 80rte de tribunat en soutane
1. nusL, Ope cilo, po S().
. S"Il1ZC. /lrTuP cntholifjUP dc.'1 J
[Jli8e'1, aVl'iI1f1M, po
I i.
L'ÉGLISE Ef LA BAVIÈRE
193
passé maître dans l'éloquence popuIaÎl'c, et agis-
saut par Ie confessionnal et par Ie journal t. ))
Entre ce tribunat et Ie ministère llohenlohe, Ie
duel fut acharné, tant au nom du patriotisme
qu'au nom de la foi. Hoermann, ministrc dp. l'In-
térieur, remania la carte électoralc du l'oyaume,
et disloqua des circonscriptions. II exp1iflua très
cal'rément, dans une circulaire, qu'un certain
parti, dans la Chambrc dissoute, avait possédé plus
de sièges que cela n'eÙt été convenable (( d'après
l'opinion des classes intelligentes parvcnues à une
certaine indépendance du j ugement politique )). Ce
parti, c'était Ie parti ultramontain, prenant pl'é-
toxte du patriotisme pour miner Ie trône et ruiner
les lois, accusant l'État d'être hostile à l'Église
parcc qu'hostile à l'nltramontanisme, flattant
l'ignorance, les préj ugés, ]es intérêts égoïstes,
guerroyant contre tous ceux qui, depuis dix ans,
avaient servi la royauLé, ct excitant en faveur des
aspirations cléricales les appetits démagogiques 2.
Ainsi se déroulait la circulaire ministérielle; eUe
visait à faire passer les catholiques pour des sédi-
tieux. On faisait grand bruit, au mênle filoment,
autour de quelques paroles qu'aurait prononcées
devant un petit groupe de fonctionnaires I'évêque
Scnestrey; on l'accusait d'avoir prévu et presque
souhaité la révolution, et d'avoir affirmé que Ie
1. Cherbuliez, L'A..lle11la{Jne politique depuis la, paix de Pl'llgue, p. 314-315.
2. Rust, Ope cito, po 88-90. - En l'Ppollse à de parcils manifestes répaudus par
les (( libéraux ., Ie Badois Alban Slolz faisait circuler cn BJ.vil're une f('uillc
volante qui s'intitulait : (( En garde contrc un faux papier]l. (Ilaegdc, Alúan
Stol:;, po
03.)
IV.
13
194-
L' ALLEl\lAGNE RELIGIEUSE
respect de l'J
glise pour les lois hllmaines n'étaÍt
qn'une capitulation dC\Tant la force, et qu'el1e np
reconnaissail que les lois divines 1. On s'arnlait
des propos attribués à Senestrey ponr con1menter
la circulaire ne I-Ioermann. Aujourd'hui q nc sonL
refroidips ces polémiqucs, OÙ s 'égaeait la plump
nlême d'un n1Ïnistrc, cctte circulaire échevclp('
gardc poul't:1ul son inlél'èt : ayec une pal'Lialité
passionnð<.', ('lIe déJinissait et définit pncore, pour
qui savait lirp, resprit de In luite élf\ctorale. rfun(\
part, les classes (( inLclligcntes )) ; d'aulre parl., )e
clcrgé f\t Ie p('uplo.
Les élections eurent lieu en novembre 1HGÐ 2.
Les (( classes inlelligcntes )) fìrent entrc!' à la
Chambre 63 députés; Ie clergé ef Ie peuple, 80;
entre ces deux blocs, ODze sauvages erraient, plus
proches de la minorité que de la majorité. Hohen-
lohe parJa de sa dénlission, et puis il resta, en
introduisant, dans son nlinistrrc, quclques chan-
gements dc personnes. 11 rcstait, pour rompre une
dernière lance en faveur de l'l
tat lnoderne. Les
débats auxquels donna lieu l'adr'csse au roi en
fueeni l'inévitable occasion. IIohenlohe prOClalUtl
que deux conceptions de l'État élaient en lutte, et
qll'il s'ag-issait de savoir si, oui ou non, l'Étal serait
òil"Ígé par une Itglisc qu'on éLait en train de
rcconstruire d'après un programme absolutiste 11
1. SchlulLheS8, Europacischer Gcschichtsku.lender, 18(H), p. 1G8-170. - Sc-
neslre
. occupa lc siège de H.atisbonne près d'UIl dcmi-sièclc, dc 1858 à 1 !lOG;
sur nmoi de Doellinger quand il y monla, voir Friedrich, Docllill!Jcl', Ill, po
ú(j. '
<!. Le prog'l'ammo élccloral du 0: parli palriote II cst publió dans Salomon, Die
rleulschcn Pw'lcip,'o{ji'al1tnlC, 1, p. U;;-lú3.
I.. 'É(
LISE ET J..A I
A VII
RE
1
5
sc savait d'avance condDmné; ce gT<1nd
C'jgneur
nlé(liatisé, qui pal'tout en .A l1enlagne se sentait
chez Iu!, olais qui partont aussi ðtait un déraciné 1,
inqlliétait. jps patriot0s: J'a vaiL"' nn siège à la
Chamhre haute tip Bavièrf', était-ce nne garantip
suffisantc ùe nationalisme bavarois? 1\UX appJau-
dissemenls de la Chanlbre, Ie catholique Joerg
signifiait à Hohenlohe son congé. l\lais ]e uéputé
V oelk, lui, parlait phiJosophie. (( La question pst
rellp-ci, disait-il : l'idée ronlainr curialisle doit-
rIle faire UPS confJut'tes en Ba vière? Dc la préspn-
tal ion de la loi scolaire date une excitation bien
organisée conlre Ie gOll vrrnenlcnt; cUe a son
centre au palais (\piscopal òe Halisbonne. A vpc
ccUp fraction dn parli patI
iotiqllc, qui rcconnaÎl In.
néccssité d' oLéir à Ia loi fondamentale d'I
Lat-, nne
.'uLcntc est po
siLle. l\Iais avec Ie p<-u'li qui Hic
l'Étal llloderne, qui [net la lonte-puissance romaine
lu-dessus de la législation tCl'l'itol'ialc, ct (IU1 a
l'OLLvé Jans Ie Syllabus positif
sa plus récentc
'xpression, avec co parti-Ià, l'État ne pent pas s'cn-
endre. )) 78 voix contre ü2 11larquèrent que la catho-
ique Bavière avait repris la rnaHrisc d'elle-nlênlc;
'n mars 1870, Hohcnlohe quiUa Ie pouvoir a.
1. Voir à ce sujct Jes pages ll'ès pl
I1Hranles de :\1. Jac1IUI'S Baiuville, 1:;8-
'al'ck et ill !/l'llItCC, V. 4-
(paris,
"uvcllc IiLraÌ1'ie IMtiollale, 1 U07).
2. Slit' II' '''''!JU,lÓW; posilif rédigé par Ie jésuitc ScIJl'ader, voir cÏ-ÙC'iSOUS,
313.
3. Busl, Ope cit., p. 70-1080 - Hohclliohe, op. cll., I, p. 417-440. - Sur Ie
IDCOUl'S discrf't que l'rèta DoelIiuger à Hoh{,lliohe, au cours ùe c('s ùiHicultðs
lflcmenlaircs, ct sur les démarches de Docllillger auprès de Louis II, "oilO
'iedrich, lJocllinger, Ill, p. 474-475: c'étail 1'époque oÙ Ie prolC'st<Ull ErllC'sl-
mis de Gerlach mcllait Doellinger en garde cOlllre toute alliance avec des
Jél'aux incro)anls (Au{zeicltnuuyen, 11, p. 315).
i96
,
L ALLE
IAGNE RELIGIEUSE
L' éclat.ante victoire des catholiques bavarois ne
nléritait pas ù'inquiéter Bismarck : il savait que
I-Iohenlohe avail prépal'é Ie prochain avenir et que
son successeur Ie comte Bray, quelque dévoué qu'il
fÚt à l'autonomie bavaroise, ne pourrait empêcher
la Bavière de suivre les destinées qu'à l'avance la
Prusse avaH fixées. l\Iais une fois ces destinées
accomplies, Ja question l'eligieuse survivrait, et Ie
catholicisnlc allenland susciterait même des hos.
tilités d'autant plus passionnées, que Sedan, succé-
dant à Sado"va, apparaîtrait comme une seconde
défaite du catholicisme europécn.
Alors, dans les préoccupations des catholiquc
bavarois, la politique passerait au second plan, la
défense ùes intérêts religieux prendrait une placf
prédominante, el dans cette fraction mi-particula.
riste, mi-catho]ique, sous l'assaut de laquell(
Hohenlohe a vait succombé, se recruteraient spon.
tanément, à la longue, les éléments d'un Centr(
avec lequelles hommes du Culturkalnpf auraien
à lutter, avec Ie que 1 ils devraient compter.
CHAPITRE VI
LES CHISES INTELLECTUELLES
Le (( cancer )) de la tloctl'ine théologique. - Les malenlendus
entre Rome et la science allemancle.
1. La 1'cligiosilé romantiî(ue. - Réaclion du ralionalismp théo-
Jogiî(ue. - Le gunthérianisme : eonquÎ.te par la raison do la
vérité révélée: interpI'étations nouvelles dos focmuJes dogllla-
tiques.- A ppuis (Iu gunthérianisnw dans les milieux ecclésias-
tiqucs. - Inf[uiétudes (Ie Rome: hoslilité clu cardinal Geissel
eontre l'aLtiLude intellecluelle (les gunthéricns. - Hésurrection
de la scolastillue: Clemens, Klcutgen.
II. La d(
nniLion (Ie 1'Immaculée-Conceplion. - Une fausse inler-
}wétation, pal' l'école histori(IUe allemand.., flu Quod 1.lbiq1le de
saint Vincent dp Lerins.
III. Le procl
s tlu gunthérianisme à. Rome: condamnation de
Guenther (1857). - Les (leu \: brefs rIe Pic IX sur Ie gunthéria-
nisme. - Con damnation ne UaIlzf
r et de Knoodt. - Le nOUveau
::;ystème dualiste (Ie Baltzer, nouvpllo condamnation. - Affir-
mations philosophiques du condie de Cologne. - Les (logmes
et los opinions philosophi(IUPS pl'oximæ fidei.
IV. Un essai de conciliation philosophi(Iue : :Martin DeuLinger
et la philosophic de la volonlé. - Jacob Frohschammer, son
système sur les rapports do la science et de la fot. - Sa con-
damnation; sa sortie de 11
glise.
V. Suspicions de la (( pensée allemande )) contre l' (( hostilitl
))
du Vatican. - Un tÖmoin allemand à Rome : :\Iois Flir. -
Son premier état d'espl'it au point de vue religieu'\:. philoso-
phi1lue, arti
tique. - hvolulion de sa pensée : admiration
finale pour Home et la papauté. - Malveillance de DoeJIin-
gel' dans ses jugements sur Romeo - Raisons (lp eel élat d'es-
In'il : malentendus fréquents entre l'rtalie el l'Allemagne. -
Rome accusée de perpÖtuer des abus dont les protestants (1".\lIe-
mn gne se font une objection contre les catholiQues. - InaUpn-
198
,
L ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
tion de certains milieux scicn!ifiques allemands pour les décou-
vertes apologétiques de J .-B. de Rossi.
VI. Ignace Doellinger. - Son r....ve d'une église llationaIc alle-
mande (riiscours de Linz, 1850)0 - Son rC've d'ull rapproche-
ment des .ügliscs. - Les f'onfércnces de rOeléon Sur Ie pouvoir
tempOI'el (18ÖO), et Ie livre
9lise el Églíses (1861). - Emoi
produit par Ies attaques ùe DoclIinger. - Rul auquel tcndait
Doellinger en voulant cmpêcher les protestants de solidariser Ie
pouvoir spirituel de Ia papauté avec Ie pouvoir tempore!. -
.Maladresse de sa tactique, mauvais efret politique qu'elle pro-
duito - l\Iépris latent }Jour Rome, dans les avances me'Illes que,
sous la plulllc de Doellinger, Ie germanisme fait au romanisrnc.
VII. Les appuis ell' Hom!' en Allemagne : Ie cerde ùe l\Iayence,
Ie cercle de 'Vurzbourg. - Les Jésuites eqle mouvement scolas-
tiqueo - lJOClO1' l:nmaw"s, W.;l7WS Ge1'manuso - Projets divers
de réunions de savants. - Lc eongrès des savants catholiques
ùe Munich (1863). - Discours capital de Doellinger : la théologi(
et la hiél'archie; Ia théologie dans les races latines. - Préten-
tions du germani,sme it incarncr la théoIogie et it régner. it
ce titre. dans l"Eglise. - Protestalions des théologipns de
)Iayence et de "TurzlJourg. - An
iétés du Vatican. - Un bref
de Pie IX. - Contre-coup de lïnciùent ('n AngleterI'P.
VIII. Irdtation de DoeHinger, SPS l:Iccusations contre HornC'. -
Discours nouveaux oÜ il reprend 8('S thi':,e
sm' Ia théologil'.-
Michclis ct IIergenI'oclher. - La Feuille de lilléNltlll'e théolo-
gique de Bonn. - Les Voix de Nw'ia Laach. - Yi,'acité géné-
rale des polémiques.
IX. La question de Ia fonnation rlu clcrgé. - Unh'prsi tés et sémi-
naires. - Arguments en faveuI' des deux in
titutions. - Lcs
droits de la hiél'archie sur l'ensci
nement des clercs. - Inci-
dents univCl'sitaires inquiétanls pour Ia hiérarchie. - '::crit de
Doellingel' sur l'afTair'e de Spirco - La IJrochure Pour l'insl1'uc-
lion des 1'ois. - Riposte yiolentc de Doollingcr. - Une parole
modéI'ée : l'avis du fulur cardinal Ilf'rgenroether.
X. Suspicion
catholiques contre l'ensemlJle (les facuItés univcr-
sitaircs. - Projet d'une univ('rsité libre. - OIJjecLions du philo-
sopbe Kuhn, professeur à Tubinguc. - Polémiques philoso-
phiques (Ie Schaezlcl' contre Kuhn. - Polémi([ues conlre Ia
faculté même de Tuùingue. - Les dénonciations de RotLen-
burg. - Le régenl Mast et l"évt"lue Lipp. - Crises doulou-
reuses.
Une pacification néccssaire ; besoins urgents au
quels répondait
Ie concile.
LES CRISES INTELLECTUELLES
1UU
Les barrières qu 'avait édifiées Ie joséphisme
entre I'AlJe111agne et nome, démantclées d'abord
par les fidòles eux-mêmes, avaient succombð, en
1848, SOllS la poussée de la révolulion. Les ðvêqucs
appelaient Ie Pape à leur aide, pour s'émancipcr;
lcs congrès lui expédiaient des nlessages de dévouc-
nlent; et c' est pour lui que travaillaient les nlis-
sions de Jésuites, qui devaient être, vingt ans
durant, une inlnlense force d'évangéIisation. L'ac-
lion catholique, par un mouvement spontané, so
soumettait aux influences du Vatican. l\1ais il en
(}tait autrement d'une fraction de ]a pcnsée catho-
lique : (( Notre docLrine théo]ogique souffre du plus
profond cancer, écrivait à I{cLteler, dès 1851,
\Vindischnlann, vicaire général de l\lunich. En
fait, elle se ticnl hors de 1"É g lisc; et c'esl ainsi que
pen it pen les plus énlinenls, - je n'excpptc pas
DoelJin
{'J' ] ni-mt'lue, - devjpnnent In. pl'oic d'un
espri t qui peut In eneI' aux pires conséquences 1. ))
Les beJ)es anné(1S 18.1.8 e't IH
9, oÙ 1'0n avait vu
les hommes de science', les hommes d'æuvres et
les honlffies de lulle, fraterniser dans )rs 'Jneetings,
ne devaicnt pas a voir de lrndemain : l'heure était
proche Oll bcaucoup de savanLs alJaient bouder
ostcnsiblement, pour les chålicr de leur (( ullra-
montanisme )), les professionnels de la politique
et de raction ; et puis aux bouderies snccéderaienl
lcs ruptures, aux ruptures les con1bats. Plusieurs
de ces savants, si ombrageux à l'enrlroit de BODle,
.1. Raich, Ri'icfe t'Ofl nnd (In Aettcl(,I', p. 23:'0
200
L' ALLEI\IAGNE RELIGIEUSE
se trouveraient être des prêtres, chargés, par leur
office même de professeurs, de form0r d"autrcs prê-
tres. Rome alors s'inquiétcrait, s'indigncrail; la
distance m&me aggraverait la mésentenle; et cette
Allemagne, qui venait de montrer à runivers chré-
tien commenl une Église se libère et conlment la
conscience catholique devicnt une force sociale,
sentirait ppser sur dïlluslres érudits les défiances
tenaces de l"autorité I'onlaine. Cepcndant l'aclion
catholique et une ccrtaine pensée cathoJique pour-
suivraient leurs voies de plus en plus divergentes ;
et cette pensée catholique, qui devait plus tard s'in-
tituler (( vicille-catholiqne )), machincrait contre Ie
concile du ,r atican une formidable opposition, tan-
dis que faclion catholique, disciplinant de longue
date prc
tres et fidè]es, préparerait la sounlission
de l' AI] enlagnc aux d écisions concilia.ires. 1\1ais
<Jussilût cetle pensée, qui prélendrait n'avoir pas
été réfutée ct qui pourlant se sentirait vaincue,
cherchcrait sa revanche en appelant Ie bras sécuJier
contre l' (( ultranlontanisnlc )) trionlphant, couron-
nerait ses plaidoyers pour la liherté de la science
en suscitant des menaces conlre la liberté de la
foi, ct tellterait de nlcttre enlrave à l'aetion catho-
lique en secondant Ie Cultu7'kanzpf.
Les crises intelJecluelles qui divisèrent alors Ie
caLhoJicisme allenland, eurent une répercussion
proiongée dans la vie du nouvel Empire, et l'on
ne saisirait pas dans tonte leur complexité ]es Ioin-
taines origines du Culturkan1pf, si )'on dédaignait
d'assister à ces débats théologiques. lIs sont déjà
LES CRISES INTELLECTUELLES
201
loin de nous : que de flux, depuis 10rs, et que df'
reflux aussi! Et parce qu'ils sont loin de nous, on
peut les raconter, - nous l'espérons du moins -
sans se laisser distrairc par les préoccupations de
l'heure présente : d'autant que Ie rapprochement
entre deux époques risque toujours de troubler la
perspective et de les faire mal con1prendre l'une
et l'autre, surtout la plus ancienne.
I'
I
Le RomanLismc avait incliné ve.rs une certaine
l'eligiosité catholique les imaginations et les cæurs.
\lais enlre l'état d'esprit d'un romantique et celui
fun théologien, un abînle subsistait. Vague par
_nsLincL, et vague, aussi, de propos délibéré, la
)ensée romantique rêvait cl'un syncrétismc reli-
;ieux, qui voilerait d'un nuage nlystique les arêtes
run dogme importnn, et dans lequel toutcs les
'onfessions con1munieraient. Elle offrait en hom-
nage au Christ, et même it l'
:glise, les émotions
'cligieuses de l'humanité tout entière et du passé
.out entirr; mais lorsqu'un Lasaulx, par exemple,
onsidérait les penseurs de l'antiquité conlme des
>évélateurs du vrai Dietl presque au nlême titre
Iue l\Ioïse \ l'Église jugeait que Lasaulx brouillait
1. Au regard de I asauh.., Socrale élail plus proche du Christ que Ics hommes ùe
Ancien Testamcnt. (( Les idécs chréliennes, quïI aimail, déclara sur sa LomLe
> IJénéJiclin Hallcberg, élajcnt fa<'ilement LransporLées par Iui dans Ie paöa-
Isme, quïI aimait aussi. >> - Sur Ia couJamnatioll de ccs idl
es d(' Lac;auh
ar Ie Sailll-Siège en 1861, voir SloeIzle, Lasaul.r, p. 273-2í!L - Cf. Sill'
asauh. (1805-18tì1) notre tome II. p. 100.
202
,
r. ALr.E1\IACNE RELIGIEUSE
lout et s' embl'ouillail lui-mênle. Schelling, au
llloins en sa dernière période, avait séduit beaucoup
de catholiques; ses leçons de Munich et de Berlin
leur éLaient appal'ues conline une insigne pl'épa-
ration à la foi. El sans doute, sous lenrs regards,
par une )'raclion contre un rationalisme élriqué,
une partie de l'.A.llemagne intellectuelle avait
reflué vel'S les portiques de l'Église, mais avec
moins de souci d'y entrer elle-même que d'atLirer
jusq u'à ce même seu iI, pour une sorte de congrès
des religiosités, tout ce qu' on entrevoyait de pen-
sées religieuses, de sonffl'ances religieuses, de
velléités religieuses. Indolent et fiévreux, mélan-
colique et caressant, attrayant par ses nlalaises
mêmes, il semblait que Ie rornanLisme fÙt descenou
sur la place pubJique, COlllmc Ie serviteur de
I'Évangile, pour convoq t1cr des passanLs au han-
quet du Christ, mais illes ayaH nlenés, seulemcnl.,
à proxin1iLé de la salle tIu feslin, car il excellait
nlieux à fairc presscntir l'Í
glis(' qu'à la faire
connaîLre.
Alors avaient surgi deux sysLl\ffieS, qni insis-
taicnt avec une force élrange sur la parL de l'élé-
nlent intellcctuel dans Ja croyance religieuse :
à l'écart de l'inlpl'Cssionnisme ronlantique se
dressait un intcllecLualisnle rigidc, si cxigeant,
si absolu, qu'on se demandait queUe place res-
tait, dans !'acle de foi, pour Ja générosilé de
Dieu et pour la générosité de l'h0111me, pour In
gråce et pour la volonté. L'un de ces EysLènles,
frappé par Grégoirc XVI, sc nonlmai t J 'hrrmé-
LES CRISES INTELLECTUELLES
203
sianisme 1; l'autrc, très goilté vcrs 18
O, était Ie
gu nth é r ian iSHl e.
GuC'nthcr, prl'lre picux et profond, menait à
\Tienne une vie solilaIre, pour la pensée 2 ; eL Jans
lLne langue hroussailleuse, il édifiait des synthèses
dont I'Allemagne s'exaltait. A son école, la raison
relrouvait et reconstituait les myslères, et peu s'en
falJait qu'ellc ne les comprît. Elle conquérait, par
son propre mécanisnle, les vél'ités qui avaient fait
la substance de la révélation. Quel échec pour les
I j bertins, narrateurs audacieux d' on ne sait quel
conflil entre les cxigences rationneHes eL la vériLé
révél(
e! La raison ferait mieux, désornlais, q lIe
de se soumctlre à la révélation; eHe parviendrai t
par son propre travail, - conlnlC 1'011 parvient it
une découvertc - jusqu'à ccs notions mênles donL
J ésus fit aux hornnles Ie cadeau; et, tandis que les
scolasliquC's, pour faire saisir quclque chose des
n1ystères, n'avaient pu recourir qu'au procédé
d' (( analogie )), la pensée gunthérienne, enfin,
saurait les voir bipll en face, bien à fond. Elle les
transforrnerait à nlesure qu'elle les pénétrerait :
car les fornlulcs dognlatiques n'élai0nl quP l'ex-
pression précairc d'une foi imll1Uable; efficaces en
leur temps contre les crreurs auxquelles l'Église
les avail opposées, eIles devaient se laissel' inter-
préter dans Ie sens qu'imposait le progl'ès scieIl-
Lifique et philosophiquc, jusqu'à ce que survinssent
1. Voir u(llre Lome II, p. 6-12.
:2. Voir sm' Gucnlher {liR:J-1863)0 uotrc tome IJ. p.
_.jJ. -
ur (;l1enlhcr
pa88e1' solilariu8, voir Kuoodl, Auton Gucu/ha. f';'I/' lIio{J1'aphic. II, p. :iR
(Yiennp, Braumllpller, 1881).
204
,
L ALLE1\IAGNE nELIGIRUSE
des forn1ules nouvelles, susceptibles de (( mieu
appro prier Ie fonds dogmatiquc aux modes de la
pensée en n1arche >>. Ainsi 1a raison ressaisirait et
repétrirait les apports de la 1"évé]ation, et Guenther
pensait que ce scrait pour l"Église un beau b'iom-
phc.
L'illustl'e Goerres avait naguère goûté cette phi-
losophic 1. Elle avait l' estime de DocHinger 2, ct les
ardcntcs sympaLhies du cardinal Diepenbrock..
évêque de Breslau 3, et de son successeur Foerster!.,
du cardinal Sch\varzenberg, archevêque de Pra-
gue 5, de l'évêque de Trèves, Arnoldi 6, de l'évêque
de Salzboul'g, Tal'noczy 7. Elle élait enscignée par
Knoodt et Baltzer aux universités de Bonn et de
1. Knoodl, Anton Guenthel', n, p. J !)1.
2. Friedrich, Voellill!lcr, III, po 1.3
1-1.,'IO. - Jo-F. SchullI', LclJensc7'innerun-
gen, p. 21. Doelling-er disait fine, si Rome condamnait Je g"unlhériauisme, dll'
condamnerait Jes catholifJues à la slériliLé de respriL.
3_ Diepenhrork confta an gUIllhérien BaIlzer la re\ision du riLuel diocésain,
Ja sun ei1lauce de 1'I'nscignl'menl r('ligieu),. dans les gymnases, el chargea
Baltzer d'adresser un mémoire à Rome sur Ie projet de dHiniLion de I'Imma-
culée Conceplion, mf
moire qui ful hostile (R!'inkI'IlS, IJiepcllbrock, p. 441).
4. Yoir Ja lellre d(' FOPl'ster à li.einI..cns (>n 18:j
, ponr Ie rassurpl' sur l'aLtilmle
de Rome à l'endroil dl' (
uenlher (Joseph Marlin Heinkens, Joseph J{ulJe,.t IIt'Ín-
ken.ç, p_ 61; Golha, Perlhes, 1 !J06). Foprslcr, en 18;)2, apprenant Jes inslru('1 ions
qu'avaiL données Ie Sainl-Sièg-e à Arnoldi au sujet de la réforme de I ens('ig-ne-
menl philosophique dans son séminaire, se plaignail à Knoodl que les é\ èques
allemands ne sussenl pas défendre lenrs droils et que Je lien avec Home d('\ int
Irop élroit (Knoodl, Ope cit., II, p. 133). Sur Henri Focrsler (1799-1
81), voir
:\Ieer, Charakte1'bilde,. (IUS dem Clerus Schlesiens, 18:32-1881, p. 312-324 (Bres-
lau, Ad(>rholz, 1884). - En 1853, Ie flltUl' Guillaume ler, Ie disanl . fanalif(ue el
h
pocondre >>, avail comballu sa nominalion comme évêflue(Poschinger, Dcnk-
wuerdigkeiten. des lliinisfel'prcsidents j[anteulfel, II, p. 313).
5. Knoodt, Ope cit., II, p. 40 et 135. Le P. W olfsg-ruber a publié à Vienne
(Fromme, H)oG) Ie premier volume d'ulle vie de Schwarzcllherg (180!J-1885).
6.
ur l'én'f(ue Guillaume Arnoldi (17!"J8-t8Gí-), voir notre tome II, po
W:j, et
Kraus, All!Jcmcine Deutsche llio!J1'aphic, I, p. 5
13-:jfl5.
7. Sur l\Iaxim(' Joc;eph Tarnoczy (18 0 (;-1876), \ oil' Krones, AligemeÍ111'
dcutsrhc lJiographie, xxx,-n, p. 3f1ô-3!)7.
LES CRISES INTELLECTUELLES
205
Breslau, par l\ierten 1 au séminaire de Trèves. Le
bénédictin Pappaleterre projetait de fonder, aux
portes mêmes de Rome, une sorte d' Académie OÙ
Guenther lui-même serait professeur 2. Des j uges
plus reservés admiraient du moins l'inspiration du
système : (( Des censures viendront, pronostiquait
Lasaulx, parce que tout n'est pas striclement
exact; ce grandiose édifice, corniches et fon-
dations, subira des modifications partielles; mais
Ie noble désir de faire du dogme révélé un objet
de compréhension scientifique ne sera pas con-
damné 3. ))
Sur les cimes nouveHes OÙ eUe s'était hissée
pour prendre (( scientifiquement )) possession du
dogme, l'intelligence allemande défiait triompha-
lement l'incroyance, et beaucoup d'ân1es pieuses
en étaient fières. L' évêque .Arnoldi signifiait à Ronle
qu'il y avait Là une victoire acquise. (( L' Allenlagne
catholique, déclarait-il, ne peut pas se contentel'
d'une demi-philosophie, comme les Espagnols,
comme les Italiens
car les attaques capitalcs contre
l'Église sont ici purement philosophiques
et pour
1. Sur Pierre Klloodt (18H-1889), voir Thcodor Weber,
lllfJcmcine Deutsche
lJiographie, Ll, p. 262-27
el )lenn, llet'ue internationale de theologie, 19u7
et 1908. - Sur Jean-Baptiste Baltzer (1803-1871), voir les monographies de Fried-
berg (Leipzig, Dunckel', 1873) et de Franz lBresIau, Aderholz, 1873). - Sur
Jakob Merten (1809-1872), voir Kraus, A.llgern.eine Deutsche lJi(j(J1'aphie, XXI,
p. 469-470. - L'École de TuLingue HaiL Illoins favorable au guulhérianisme,
(lue critiqua la Theologische Quartalschrilt (1854, p. 3-82 et
j8!.J-(14).
2. Knoodt, Ope cit., II, p. 248, - Sur les sympathies de beau('oup de béué-
dictins pour Guenther, voir Pfuelf, Geissel, II, p. 28!:1. - Iteinkens, Ie fulur
{'\-èque vieux-catholique, qui élaiL Lrès gunlhériell, faillit entrer chpz l('s Lén
-
Jiclins de Saint-Paul comme son cousin Ie gunthérien Nickes (Joseph-Marlin
Itcinkens, Joseph-Hubert Rcinkens, p. 55-58).
3. Knoodt J Ope cit., II, p. 257. - cr. Stoelzle, Lasaulx, p. 24G el 2:;0.
206
L' ALLEl\fAGNF: RELJGIEUSF.
y répondre fornlpJIement, il fant unr philosophic
proprrnlent dil L', llnp philosophic de valeur. Te)]e
esL cplIe de Guenther, qui a déjà C'ssayé
es forces
contre I'hégélianisllle 1. )) - (( Vis-à-vis un protes-
lanLisme théologique cl philosophique, disait de
son cÒté Ie professeur BaHzcr, l'école de Guenther
fortifiera notre ]
gIisc ct la fera vaincre 2. >>
C' est l'habitudc séculaire de Rome, lorsqu' on lui
propose des arnlCS nouvelles, d'avoir moins égard
l ce qu' elles ont d' efficace ou d 'opportun qu'à leur
Jégitinlité ct it leur aloi. Pen d'années auparavanL,
Rome, combattue par Ie rationalisme, avait en
l"apparcntc bonne fortune de voir accourir vcrs
eBe des traditionalistcs, des fidéistes, qui se tar-
guaient d'humiIicr jusqu'à l'anéanlissement l'inso-
Jonle raison, el Ie Saint-Siège, écartant c('ltc chance
comme: un périJ, avait uéfcndu contre ccs alliés
trop empressés la valeur ùe l'csprit humain. Voilà
qu'aux antipodes Guenther survenait, et pré-
sentait comme Ie propre fruit do la raison ces
mystères révélés que Ie rationalisme attaquait :
if offrait à l'Église des préscnts inlprévHs; ('lIe ]cs
cxaminaiL, inquiète, et bicntôt lcs repoussait.
Le gunthérianisme ne visait
l ricn de moins,
eomm.e l'cxpliquaicnt Baltzer ct I{noodL it (
cissel,
1. Knoodt, up. eil., II. p. 2ï8.
. Lellre de naltzcr
l Gcissel(18 avriI18;J3), dans f'fuelf, Geissel, II, p. 28G.
En 18Ð7, au cong-l'ès (( vicm..-calholiql1e )) ùe Yienne, l'é\ èquc Weber voulut faÍl'c
voter paries congressÍstcs que ]e gunthérianisme, donl il fit un eJ\.posé, mar-
quail un progrès dans I'inteUigencc scienlifìf{ue ct ùans la démonsll'alion (Iu
chrislianisme po
itif; mais celte tentative pour remcllre Ie gunlhérianisme à
]a mOllc échoua
onlre J'illdifférence du congrès (Ret'ue inlernatiol/ale de
l'héulogic, 18DR, p. 2i,-(3).
LES CRISES I
TELLECTUELLES
207
archev('ql1l' de Cologne, qu'il devenir In philosophic
o fficip He <1(' rÉgl ise 1 : i 1 you] ail êtrc l'Églist' ('110-
nlêmc, (( 11
g-lise pensante )), auxiliairc ou
pour
n1ieux dire, protpctrice de l'Églisc cnspignante !.
Ces hyperboles, moins imputables à Guenther. qu'à
ses disciples 3, cffrayaient Geisscl, que choquaicnt
aussi, dans crttc école, un certain manque de
charité inLellectuelle, un insultant dédain pour
tonle objection'.. (( Dietl puisse éclaircr Diepen-
brock et Geisscl, écrivait Guenther dès IH50, pour
qu'ils n'ometlent pas, à ROBle, de parler au non1 df'
la science;)! ))
Iais cette (( science )), toIle que les
gunthériens 1'tHalaicn1, apparaissait à Geissel
COfilme une Inenacc, et pour la tradition catholiqne,
et pour ceLle prérogaLive qu'a l'évèque d'être juge
de la foi. Un aulre trait ]ui déplaisait : (( Ces
ieunes homnlcs, Jisait-i] de quelques di s(
iples de
Guenther, venlenl au plus vite devenir professcurs
.'t n' être ecclésiastiques que par surcroîL l\1ais ](1
vraic conJuite, ce sel'aiL d'ahord de devenir eccIé-
Úastiqnes, et d'être icIs par l'e'(ercice tiu n1Ïnislèrc,
1. Pfuclf, Geissd, 11, p.
8-;.
2. Píuelf, Gei8scl, LI, p. 2S!).
3. Le nonce de Viennc m.pliquail que c'élaicnt surtout lcs disciples de
Jucnth'
r qui lui faisaient lort (Kuoodl, op. cit., Il, p.
.!1). - Le pr{.dicalcl1r
)'eilh, tout gunthpl'ien (IU'il fLit, LliÌmail aus,i Ie ton polémiflue de hcaucoup
l'enlre em. (Loewe, Johann-Emmanuel Vcith, po
-i8, Vienne. Be.mmuell('r, 1878)0
4. Pfuelf, Geisscl, II, p.
8
-2!)Oo - Les défianccs lie Geissel remonlaient jus-
lu'à 184G, éjJoque oÌl son rutur secrétaire 1\fcurin étudiait à Bonn {Cr. Knoodt,
.p. cit., 11, po 59-û3); cn 1847. J'archC'vèql1e de Posen avail Rig-nalt
à Gl'issclles
lérils de l'cnseignemcnt de Knooùt; pui5 Viale PrC'la, en 18.'j[, avail aUir'é L'al-
entioll de Geisscl sur l'enseignelllent de 1\1C1-len à Trèv('s, ensC'igncmeut
i sus-
)ect à Rome (
ue, lorsllue Arnoldi, en juin 1852, renlra de son voyage ad limina,
1 dut metlrc entre les mains de ses sémillal'isles un autre 1JI.11lllci qne celui que
cur ayait douné
lertcn (l'fllclr, (;Lis
d, II, p.
;
-
79)0
5. Klloodt, Ope cito, 11, p. 56.
208
L' ALLE
IAGNE RELIGIEUSE
que ces hommcs redoutent comnle étant au-dessous
de leurs talents; et ils deviendraienl, ensuite, des
professeurs utiles 1 . >) A quoi les gunthériens répli-
quaient sans doute que ce prélat si soucieux dl1
ministère n'entendait rien aux exigences de la
science; et (( qu 'attendre, au reste, poursuivait
Guenther en personne, d'un hommc qui ne craint
pas de dire que depuis Kant toute pensée solide a
cessé en AlJelnagne 2 ? >)
La pensée de Geissel, remonlant bien au delà de
Kant, applaudissait au patient lravail qui s'accom-
plissait à
layence, à Bonn, à Rome, pour rendre
à l' Allemagne catholique une philo sophie oubliée;
la scolastique repassait les Alpes, pour prendre
possession de l' Allenlagne 3.
De longue date, Ie dogme lui élait uni; et la phra-
séologie même qu'elle enlployait avait laissé sa trace
dan:s les énoncés doctrinaux. (( Retour à la scolas-
tique ! >) tel fut dès 1852 Ie programme ùe la revue
Le Catholique, qui s'imprimait à Mayence. (( Qu'on
ne se contentât plus des miettes de la philosophie
protestante, et qu'on revînt aux trésors légués par
les ancêtres )) It: c'était aussi Ie souhait d'un jeune
1. Pfuelf, Geissel, 1I, p.
8J. - Sur les adhél'ents compromeUallts quc trouvait
Guenther, voir Beda Weber, Cartons, p. 146-148.
20 Knoodt, opo cit., 11, po 4G.
3. Lorsque mourut, en 1856, Ie lhéologien Stauùenmaier (voir notre tome 11,
p. 42, 318 et 385), la Civiltâ cattolica lui rendit ce lémoignage quïl était un pro-
fond phiJosophe, mais ajouta (Iuïl n6 pouvait Nrc suivi dans toutes ses opinions,
ct que ses défauts provenaicnt surtout de la méthode et des iùées de son époque.
(Civiltù catlolica, 8-20 mars 1856).
4. Heinrich Hurter, Hurter und seine Zeit, II,p.40Go - Cf. Heinrich,op. cit.,
11, p. í'2: (( La lhéologic doit non délruire, mais continuer (fortl;auen) l'édifice de
la vieille lhéologie. )) - Sur Jakob Clemens (1815-1862), privat docent à Bonn
LES CRISES INTELLECTUELLES
09
philosophe Iaïque, Clemens, qui donna ses pre-
mirrcs leçons à l'univel'sité de Bonn, et qui bientôt,
par son enseignelnent à l\Iuenstert, aUira dans cctte
ville jnsqu'ã six cents étudiant'3. flegel, nagllère,
lorsqu'il éLudiait
l BerJin, l'avait un monlcnt
séuuit, Inais Hegel avait trouvé son vainqueur, qui
n' était autre que Dante. La J)ivinc COJJlédie avait
installé dans Ie moyen <1ge ]a pensée de Clemens;
il s'était fait contclnpol'ain des scola.sliques, et puis
scolastique lu i-nlême; il cherchait dans leur doc-
trine des armes contre Ie gllnthÔrianisnlc, {\L il Jes
y trouvait; il les hrandissait en puhl ic, dans des
art icles. dans d{\s brochures 2; iL les af finait en
sect'et, dans les nlanuscrÏts que lui delllandait
Gcissel 3 et qui devaient aider l'aulorit.S romaine
à connaìtre Ie gunLhérianisme ct à Ie juger ;
élève des jésuites de Fribollrg, il était tout dévoué
au Saint-Siège, et, dans un écrit latin, com-
mentait l'antique devise: Philosnphia ancilla tÎzeo-
logic-P I.. Entin un jé'3uite allemand qui vivait ù
ùe 1843 à 1S:iG, professeUl' it
luellsler dc IS:jü à hhìl, "oir radicle du llltlllOlik,
18G2, J, p. 25ï ct sui\".
1. Sur les snccês (1(' Clemens à '\Illensler, voir EJ'Ï1wel''lU/!/en ({US oUe)' und
neuer Zeit, von eillem allen lIIZleusteraner, p. 1GO-1GG. (}hlC'llsler, T'iTestrac-
lischer lJ1crkw', 1880).
2. flie speculath'e Thcolofli(' _
nton Gu('nlh('1's uwl die J{olholischc llil'clwlI-
lehrc (Colo
Il(" Bach('lU, 1R:J3). - AIJlveiclmnycu del' {;/ten I "Cl'SC"C/
'''''peeulal iOIl
Vún del' llatlwli,ycllClt l{Ü'clwnlehre (Cologne, BachelU, 18:13) en I'éponse am.
dem. séries de::; ...Veue thpoloyische Briere de Baltzer (Brcslau. .\derhoIz, 1833)
ct au livre de Knoodt: (}ucntlwr und Clemens (Vicnnc, Brautlmcller, 18.:;:
).
3. Sur les démarches ,Ic Rome auprès de (J('is8f'I, ell juin t8
2, pOl/I' (1f,rf'
l'f'I1Seig-née :;ur Ie guulhél'ianisme, cl sur Ie h'a\ ail coIled if I]n '('111 r<'pl'il'l'IIL
Bieringer, 'Yeslhotf, CII'fHcns, ?larlin, pOllr l'(;poluke au \. dpsirs de Rume, \ oÌ1'
Pfuelf, (;cÙ/se1, H, p.
80-2
4; el
lamm, .ht
lIa J/rie{nwppe des lJisc1w(8
r onrar[ .J! fl1'tin, p. 4tH.
i-.
ln('nst!'r, ASI'hel1/1ortT, 185t;. - Voir fl. ]'. /J., 1Rïï, I, p,
i-3-8
7 ('I %(_
IV.
14
2fO
, .
L ALLEl\JAGNE RELIGIEUSE
Rome, Iilcuigen t, cntreprenait en 1853, sous]c
titre: La théologie du pass(
, plusicurs volumes,
oÙ mil i tai t con ire IIermès et Guenther la scolas-
tique exhumée. V ouloir combattre les philosophies
nouvelles en créant., de son côié, unc nouvelle phi-
losophic, c'était, au regard de I\Jeutgen, faire des
concessions au protestantisDlc 2 ; ]a (( vieille sciencc
catholique )) - ainsi qualifiait-illa scolasLique -
lui paraissait toujours efíìcace, pourvu, que les
manuels où eUe s' était trop figée fussent adaptés,
non point à l' esprit, mais aux besoins dll siècle.
C'cst ainsi que lïnquiétude même, suscitée par
lcs ambitions d u gun thérianisme, ramenai t l'Église,
d'un brusque élan, vers la SOJJune de saint Thomas
d'Aquin. I\.etteler, en 1848, avail consulté co vieux
Ii vre sur les revondications écononliques qui sou-
levaicnt 111un1anilé, il en avait tiré un programme
social. Un vaste parti se formait pour que, sur
la raison, sur la foi, sur Jes rapports de l'une et
de l'autre, cet antique docteur fût également
inlcrrogé, eL pour qu' on se fiÙl à lui, ct pour
qu'on s'cn tinl à lui, et pour qu'en .A.lIemagne,
!}63. - La mort de Clemens, en 1862, Cut déplorée par Geisspl comme (( uue
gran de perle pour la science I) (lh'icfmappe des }Jise/tofs 1I11t1,tin, po 161).
1. Sur Charles Guillaume Kleutgeu (1811-1883), tour à tour éludiant à Munich,
séminarisle a Paderborn, Jésuile, el poèle à ses heures, voir Langhorst, Sti-
mmen aus Maria Laach, XXV, 1
83, p. 105-124, 3!13-403, 489-510, et
lundwi-
leI', 1Valdbw'{J Z eil, p. 21, n. 1. Il esl faux que, jeune. Kleutgen ail apparlellu
à une lJw'schcnschaft (Langhol'sl, lac. cit., p. 122 et 509-510). - Doel\ingcr,
en 18;:;4-, jug-eail eucore Klculgen un (( lhéologien capable et rélléchi )1 (Frie-
drich, LJoclliJl[Jer, JII, p. 134).
. .Kleutgen, Uebel' die alten und die neuen SclLulen, 2 e édi l., p. f72- i!)7
(Muensler. AsclIC'ndorcr, i
fj9); puhli(- dès 1846 sous Ie pseudon
me de J. A.
.Karl. Yoir dans Langhorsl, lac. cit., p. 503-505, un programme philosophiflue
lracé par Ie jeunc Kleut
en dès avant son entréc dans rordre des Jé.5uile"o
LES CRISES INTELLECTUELLES
211
spécialcn1ent, saint Thonuls ressuscité mit un
terme au fidéisme inconscient OÙ s' ét:lÏent enlisées
les imaginations ronlantiques et au rationalisme
formel dans lequel se drapait l'apologétique gun-
thérienne.
II
Au milieu de ces déhats philosophiques survint
en 18341a proclamation de I'Immaculée Conception.
Que IVlarie eût été exempte du péché ol'iginel, c'est
ce que saint Bernard et saint Anselme, saint Bona-
venture et saint Thomas lui-même avaient, soit
contesté, soit insuffisamn1ent entrevu; mais Ie pl'O-
grès mênle de la connaissance dogmatique an1cnait
Pie IX à proclamer l'Immaculée Conception comme
une vérité divinement révélée. .A.insi la SOJJunr
n'était pasune prison; l'aUachement à saint Thomas
n'excluait point qu'on dépassât ce docteur ni même
qu' on lui passât outre. Pie IX a vait consulté les
docteurs, 111ais aussi les fidèles; les savants, mais
aussi les âmes pieuses. (( C'est nlerveille, écrit
Ie P. Bainvel, que l'idée de l'Inlnlë1Culép Concep-
tion aiL fait son chemin n1algré lout, qu'ellc ait
conquis les docteurs, qu' eUe soit deyenue la foi
explicite de l'Église. C'esl un des cas les plus
beaux et les plus touchants de la piélé, je ne <.lis
pas, comme on l'a fait quelquefois, triomphant
de la science, mais devançant la science, stimu-
lant la science, éclairant la science, amenant enfin
212
,
L ALLE
IAGNE RELIGIEUSE
la science à ratifìer les intuitions de l'an1onr 1. ))
Pie IX avait senti que Ia croyance en I'lmma-
culée Conception vivait dans l'É g lise d'une vie
nlystérieuse, dont les <:lmes lémoignaient Leaucoup
plus que les textes : écouLant et jugeallt ces
(( documents )) qu'offraicnt ]es ân1cs, il avail
ensuite, au norn de Dieu, dll haut de son magi
lère,
en appréciatcur souvcrain, ratifié ccLLe vie.
J\1ais Iorsque, avant la d{>cision suprêmc, il avait
questionné la chrétienté, une partie de I' AI]enlagne
s' était nlontrée peu enthousiaste : les facultés de
l\'Iunich, de Tubingue, avaient formellement réplldié
Ie nouveau projct de définition dognlalique 2 ; Ie roi
de Prusse, Frédéric-Guillaume IV avail un instant
songé à provoquer contrc ce projet une démarch{\
collectivp des anglicans et des protestants de J'Al-
lelnagne
; et l'hostilité du chapitre de Cologne SUI'-
vécut n1ême à la proclamation du dogme 4. line
s'agissait plus iei de philo5ophie, mais bien plutôl
d'histoire. L'école historique soulevait contrc
l'Inlmaculée Conceplion les mêmes arguments qui
serviront plus tard contro IÏnfaillihilité : ello
1. Jean Bainvcl, l
'tud('s, 5 déc('mhre HI04, p. GI2-G32.
2. Fl o i{>dridl, Docllinycl', Hr, p. 13 et 134:-13:;; ravio; d(' la faru]t{. de Tubill-
gue ne ful pas transmis par rév(\que de J:.oLLenbl1rg. - Cf. dans [,fllelf, Aelldl'1',
I, p. 3fì7, ('c f(u'écrivail (iC'rlach sur It's dispositions dcs {'vèIIuCS allemands à
l'endroit de l'lmmacul{>e Conceplion.
3. l1aronne dc Bunsen, lJul/scn, Ill, p. 38
, nole, el 3tl\}-iUL
4. prueH, Gcisscl, II, p. 59. Les ancien" hcrmési(,lls, en paJ'liculier, maient
lïmmaculée Conceplion : ils appclaicnt la Vierge, non mère de )Iieu, mais mère
tlu Sci
neur (pruclf, Gcissel, II, p. 58). Au cOlllrail'e, Wcis, (
"è'IUC de
pirc,
élè\c de Licbermaun el de l'aneieunc Éeole dC' .l\ta
ellcc, écrivail à Pic IX, dès
Ie 15 décembre 1847, une lcltre très chaleur('l1s(, en favf'lll' de' nmmacl1lpe COIl_
('C'ption (Rrmling-, Ope cilo, J, p.
1
-!.1:j).
LES CRISES INTELLECTUELLES
213
objpctait l'antiqne (( rrglc (Ie foi >>, fOl'nluléc par
saint Vinernt de Lðrins.
(( Ce qui a été crn partout, tonjonrs et par tous,
cela est vrain1ent catbolique. )) Telle était celle
règle, qu'alléguaient frrquen1ment dans leurs poJé-
miques les deux confessions chrétienncs, et sur
laquelle s"appuyaient Doellinger et son école pour
combatlre Ies enrichissements de Ia foi. II y a vail,
ùisait-on, diseUe de textes pour prouver l"ancien-
neté de la croyance à l'Imn1aculée Conception; il
yen avait foison pour remontrer que cette cl'oyance
n'avaÏt jamais été I'objet d'un consentement uni-
versel : l"école hisLorique avaiL peut-cotre brau jPu,
sur un parcil trrrain. En eITet, repl'enù Ie P. Dain-
vel, (( si par tradiLion nous entcndions Ia transmis-
sion, pour ainsi dire matéricl1e, d "un dépôt inaminé,
de formulcs toutes faites et de vél'ilés cristallispes
dans ces formules, nous serions bien en peine de jus-
Lifier ce dognle par Ia tradition )).
lais en supposant
même qU'à cet égal'd l'érudition de J'école histo-
rique fût complèteln(')nt irnpeccable, en quoi pré-
vaiait-elle contrc une lradition moins textuelle mais
non moins réclle, contre une cel'taine pensée dr
l'Église, (( pensée vivante saisissant et portant unp
réalité vivante )), et qui, gràce à la définition dog-
nlatiq tIC, allai t cnfin (( p ['enùre conse ience d' ellp-
même, s'analyser, se forn1uler, se définir, achever
de devenir eJIe-nlême ponr elle-mêTne )).? La sciencr,
courbée sur 1a Lradition tcxtnel1e, se l'éclamail.
de Ia lettre; l'É g lise, plus attenLivr, pcoutait l'es-
prit et traduisait I'rspril.
LiBRARY
T. MARY/f: ("'nJ I J:
214
,
L ALLE)IAGNg HELIGIEUSE
Vincent de Lérins avait raison lorsqu'il affirlnaÏt
que loute doctrine qui alléguait pour elle l'univer-
salite, l'antiquité, Ie consentenlent généraI, était
certainenlcnt catholique; lllais c' était It! tout ce
quïl avait voulu dire, et rien de plus. Une conl-
lllissioll de théologiens et de cardinaux, réunie par
Pie IX avant la définition, affirmait en termes
précis qu'une doctrine pou vail être catholique
sans offl'ir intégralenlent ces tl'ois caractères 1 : Ie
fait de l'antiquiLé, de I'universaliLé, un consente-
lllent général, démontre d'unc façon irréfutablc
la catholicilé d'un dognle; nlais l'absence de ces
faiLs n' esL pas une raison suffisante pour nier a
priori cette catholicité. C' est ce qu' expliqua plus
tard Ie cardinal Franzelin en disant ({ue ]a règle
de saint \Tincent est vraie (( au sens affirmaLif, et
non point au sens exclusif:! )). Et d6jà vingt-cinq
ans avant la proclamation de I'Imrnaculée Concep-
tion, les censeurs romains qui, sous Léon XII,
avaient épluché Ie catéchisme de \Vurzbourg,
notaienL que cette règle n'était ni Ie critère unique
ni Ie crÏtèrc principal dn dogme : Ie vrai critère,
disaient-ils, c' est (( ]a définition de l'Église, laquelle
s'est appliquée à des doctrines jadis mises en Joule
et diversement appréciées par les Pères 3 )).
I. Manning, Ii isloh'c du cuncile du .Vatican, lraùuclion Chanlrel. p. 2!W-2a7
(Paris, Pal mr
, 18ï2) 0
2. Franzelin, Tl'actatus de divil1a tl'aditione ct scriptum, 2 p éd., p. 294-2!J9
(Rome, impr. de la Propagandc, 1
ï5). - L'illlerprélaLioll (( vieille-caLholique )>
tlu canon de Vincent de Lerins a été dc nouveau exposée en 1 gOG dans la Revue
lliternationale de théolo!lie, taOG, po 5
3-5:;
, (illi prcnd ce canon pour devise.
3. Rosaven, Z eitsch1'ift fill' die PhiLosophie ultd J{atholische Theoloýie,
1836, XVIII, p. 20
. - Cf. Bl'Unclière el P. de LaLriolle, Saiut rincent de
Lerins, p. LXH\ -XCI (pal'is, Bloud, l!)06).
LES CRISES INTELLECTUELLES
215
La définition dogmatique
ainsi comprise, déjoue
ceux de ses adversaires qui voudraient la critiquer
comnle l'on chicane une déduction ou comme l'on
épluche une étude de textes; eUe est Ie terme el
l'expression d'un phénoffip.ne vital qui, peu à pen,
rend it plus présentes et plus netLemenl visibles à
la pensée chrétienne cerlaines vérités appartenant
très objectivement au dépôt primitif ùe la l'évéla-
tion évangélique, mais longtcnlps cachées par
une cCl'laine pénolnbre. Inlerp
étcr ]a rrgle de
saint Vincent comnle Ie faisaicnt Doellinge1' et son
école, c'eùt élé in1nlobiliser Ie dogme dans une
so1'te ue paralysie; et cette règLe fÙt devenue une
gène pour la vie même du dogme, - pour cette
vie du doglne dont un autre chapilre J(1 saint Vin-
cent donne de précieuses JéfîniLions, lexluellclnenl
reprises par Ie Concile du Vatican.
Pic IX savait pertinemlnenl qu'une partie de
l'ALlemagne savanie avail lout d'aborJ considéré
l'lnlnlaculée Conception conlme (( une absurdité )) :
il en lémoigna sa douleur, un jour, à un visiteu1'
bénédictin 1. l\lais une fois la d()Jinition promlll-
guée, les opposilions se bornèl'ent it quelques
1. Knooùt, op. cit., 1[, po l2\J. - f)IIclliuöcr, un instant, avaiL projcté un article
contre la ùéfiniLion eL Frédéric .Michelis Ie poussaiL à récrire, mais de crainLe de
compromeLtre la théologie allemanùe à Home, il y l'enon!:a, ce Ifue plus lard il
regreUa (Friedrich, Doelliltge1', Il[, p. 13
-lJ3 eL li50) ; sou opinion Sill' Ie sujcL
s'était d'ailleurs manifesLée, en l
:j
, dans un arLicle sur Duns :::;cot (FL'iedrich,
Doellill!Jer, Ill, p. 107). - Sur l'hostiliLé de Ilil'scher, le profcsscUl' de Fribourg,
Pi de Burkard Leu, Ie pré'\ òt de Lucerne, à l'cndroit du projct de UéfìniLioll, voir
Eduarù Herzog', Sti/tspropst Josef Burkard Left UJid dns lJo!J ma t'on 18;;
(spécia!emcnt p. 34-3
i). Burkard Leu, Baltzer, souhaitaicllt que Rome condam-
llât. pour certaincs thèscs évidcmment cx.agérées, la Mariologie d'Oswald, prúfes-
seur à Paderborll : 1'Indcx en 18.';5 lcur domn ceLle satisfaction (Reusch, lJa
index dei' t'Cl'botenelt Bztec!tu, II, 2, po 113û-115ï).
216
,
L ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
murmures 1. L'éeo]c historique presscntait les cou-
rants qui se dessinaienl dans l'Église en faveur de
l'infaiIliLilité papale, clont l'aete doglnalique de
1.854 é(ait une prelllièrc application 2 ; cIle s'équi-
pait, dès lors, pour les escal'ffiouches érudiLes
qu'aux approches de 1870 cUe devait engager
contrc ]' (( ulLramonlanisllle; )) nlais Ie connit
entre Romc ct ceLLe école n'était encore que latent.
J I I
La queslion du gnnUH
rianisn1e, an cunLl'airc.,
était d'une acuité plus inl111édiaLc; et c'esl sur Je
terrain philosophique que ùcs J ulles allaienl
écla1er. Gurnlher, que certains pressaienl d'aJler
s' expliquer it Rome, s'y refusait en alléguanL son
grand âge; il était d 'ailleurs plein de nlépris pour
lcs courants qui lui semblaienl pr C Sdon1iner au
Vatican: (( C'est une vraie honte pour les Jésuites
nlodernes )), disaÏl-il 3. Le pèlerin du gunlhé-
rianisme à Ron1c fut Ie pJ
ofcsseur BaHzer, de ßres-
lau : une recon1 mandn Lion de I' évêque de Salzhourg
l'y introduisait rt Ie Lél1édicLin Ganganf raCr0111....
1. Pour r('pouss('r formellcOIPllt la òaìl1iLion, il n'
('Ill IJl1(, 1(' prt'h'(' Tho-
mas I3I'::UH1, tiu dioc('s(' de l'd!->!'au. (Jui flit. m..colllmllnil
cl qui J))ourul viC'lH,-
ralhoJillue ('11 Hì8
(Eduard lIcrl.Og, 0]1. cit., 11. 'j'.V;:i).
:2. :Eùuard Herzog, Ope cit., p. 64-72. - (( Lalpl 111/fJui,9 ill !Lf'J'!Ja, disait. di's
.1 Sf, \. Ip princl> de HohcnIohp. CeLle délinitio II cst. un Lallou d'cs<;ai. Les Hsui\ ('5
'\ eulenl voir ('C qll'on pcul fair(' acceplPl' aux cl'oY,lIlls. )) (OLIo v. ro(']d"rIHIorfr,
lJeilayc zw' All!Jcmcincn ZcitUI/,q, i
102. nO H
, p. 10.) Comparí'r la joie de
l"hislorjpl) I1U1'I(>l' au sU,jcl ùc cpt actc dïnfaillil.Jilil.p (llurlpl', Ilw'ta und 8fÍ/iC
XI'il, 11, p. q tu).
3. Knoollt. 0]1. tit.. IT, po in.
LES CRISES INTELLECTUELLES
217
pagnait 1. Le professcur I(noodi, de Bonn, survinl
Lienlôt pour seconder Baltzçr. On a]]ait done,
comIlle l'écrivait Geissel, << chapitrer enfin Ie Pape
el les cardinaux sur cette Ll'ouvaille nouvelle, pro-
digieuse, inappréciable, qu' était Ie gunthél'ianisme,
le seul moyen, dirait-on, de san vcr l'Église catho-
]ique des périJs du panthéisn1e 2 )). Baltzer passa
là-bas douze mois 3, et, vel'S l'autolune (lp '1854., il
rcprit la route de Silésie, trÖs content de l'accucil
que llli avaient luénagé Pic IX ct Ie cardinal d' .An-
drea, préfet de 1'Index
. Los gunthériens disaient
parLont en AlJemagnc que l'imnlensc érudition de
BalLzer avail pl'oùuil it ltonle uno granJ.e impres-
sion. NaJ:vement, triomphalenlenl, un journal de
l\Iunich annonçait que grâce à ce docle voyageur
(( le
décou vertes faites pal' F ichle, Schelling,
llegel, dans Ie monde de la pensée, avaicni été
révé1ées à B.orne
; )).
La cause néanmoins dcrneurail pendanle : entrc
Knoodt ('t Clemens, les polénliques continuaient:
1. KnoodL. OJl. cit., II, p. 18.). - Sur ThéoòOl'C Gallgauf (180U-18i5\, dOll I
)'f>nscignelllf>lll à Augshol1r::\" était tl'ès apprl'cié, voil'l.icbcrt, A Ll!lcmcine dcutschL
Dio!JNtJlhic, \'111, p. 358-35
.
2. pruclf, GcisseZ, II, p.
S!). - J .-F. Schulte, LpÚClLSe1'inne1'uuycn, p. 4
;.
30 tc r{.ci t f(1I(' fit plus lard Baltzer de ce \Oya
(' eL dans lcquel jl allrilmall
la condamnalion ullpriel1re uC' Guenther do l'innucncc de Rl'i!-o tcla et dC's Jésuilps
('...t. reproduit d.lns FrieJbcrg, Johawlcs B(lpti.'lta. lJalt:;CJ', p. 87-lOï (Leipzig,
Dunckel', 1873), ct diseulÚ par Adolph(' Franz, Jol/lwllc.
J/a,ptisla J/nU:;cI',
p. t ï-'20 (Breslau, AÒCl'hob', 187;1). - Cc que BaHzer ignol'ait, c'pst ql1'cn cellI'
Im'nw annéC' lR;)4, Ha.u
cheJo, archevèquc de Vienne, inquiPllui au
i du g'l1nth{O-
l'ianisme, sonmf'll:lÌ l au nonce Viale Prcla. les élémenls cl"tm .'oj !J lla bus oÙ sCl'aiC'nl
lranscri les et condamnées ccda.incs erl'curs I h{oologilJucs, ('lIlprlllllí.cs lm.lnclle-
Blent am.. lines de GucnLhcr, - S,/lln}J1.lS à la suile IluqlH'l on s'ilL
ti('ndrail df>
lou(f> C'ollll.lInnation pel'sollllCllc (W olfsg'I'IIIJ('r, 1\11 I.Jilllll Tlr!1.tschl'I', p. H i- r;G).
4. Pfur-If, Gcisscl, II, p.
!)i,.
:;0 ['Cuelf, Geisscl, II, p. 2!12-
!1L
218
L'.\LLEl\L\GNE RELIGIEUSE
les évêques d' Allemagne écri vaient à B.orne pour ou
contre Gupnther; Geissel expédiait mémoires sur
mémoires; Arnoldi propageait les rispostes de
l
noodt 1 ; l' excitation des esprits allait croissant.
Finalement, au début de 1857, Ies écrits du vieux
}J hilosophe furent mis à l'lndex:! : implicitement,
par cette condamnation, Ie g.rand effort de penséc
qui visait à faire rentrer dans Ie palrimoine de Ia
raison lcs vérités révélées éLait répudié COfi1111e
erroné.
Guenthcr, dès février, annonça qu'il se soun1ct-
tait\ eL Pie IX, touchû, déclara qn'il n'y avait
personne qui fût plus catholique que ce prêtre
;
mais son école relevait Ie drapeau, csti nlant q Ul'
({ si Ron1c availla force de J'autorité, l' .Allcnlaglle
avait la force de la science;) )). En réponse à !lonlc,
qui disait Guenther hérétique, llnjcnnc philosophc,
ischinger, énull1éra, dans un gros livre, Irs (( hé-
résies de saint Tholl1as )) I). On pal'lait de (( 111a-
næuvres jésuitiques )), dont Geissel et Ie cardinal de
curie Reisach auraicnt élé les con1pLices. Foerster,
princc-évêque de Breslau, transnleLtait it ROIne,
1. Knoodt, Ope cit., 11, p.
82.
. Heusch, Del' Jndc.!; dCI' '1Yl'hotc/lcn Bueche,., II, 2, p. 11
1-11
:1. - Voir
dans Loewe, r cith, p. 2-i6-:Hí, la lelll'c du carùinal ù'Anùrea annonçallt d.
Guenther celle cOllùamnation.
3. Knooùt, Ope cit., II, p. :j;J1-334 ct 3 kL - Ses lelll'es ùe SOli mission furenl
rédigées par Yeilh, Ie grand pl'édicatcur viclJllois; Ull Dominicaill, å Home, les
traila ùe chcf-d'æuvre. (Loewe,
'ciLh, p.
50-
:Jl).
4. Loewe, "Veith, 1). 25!.
J. C'éLaient ]es prop res expressions de J3aIt7cl" lor';(lu'il cOJlseillait à Guenther
ùe demanùer commullicalion dcs propositions condarnnées (Knooùt, Ope cit.,
p. 320).
G, Le Hue de Jean :'iépomuc
uc Oischinger (1817-1SïG). flll miB à lïndc't".
LES CRISES INTELLECTUELLES
219
avec quelque complaisance, une lettre équivoque
de BaHzer, qui, tout en se soumettant, constatait
qu'aucune thrse précise n'avait été condanlnée, et
qui delnandait insidieusement un surcroît d Ïn-
formations 1. Pie IX répondit, Ie 30 mars, que
Guenther avail erré sur la Trinité, sur J'Incarnation,
sur la création, sur les rapports de la philosophic
et de la théologie, de la science ot tic la foi. (( II
n'a pas assez compris, poul'suivait Ie Pape, qne
dans les questions qui regardcnt la religion, la
philosophic nc doH pas domineI', nlais être ser-
vante, non pas prescl'irc cc qui tioil èlre eru, mais
en prendre possession avec une obéissance con-
fornle à la raison, ct non point scruter enfin la pro-
fondeur des mystères de Dil'u, n1ais la révérer
avec piété, el avec hun1Ïli té. II n '(1 pas assez com-
pris comhicn il faut défél'er à la vénérahle autorité
des Saints Pères et avec quel zèle il raut évitcr qne,
par anlour d'une nouveauté profane
on n.aban-
donne leurs traces, qui sont sC'u'cs, cl qn'on ne
répande de très graves crreurs.)) A insi s' expli quai t
Pic IX 2; et dans un second bJ'ef, expédié Ie 15 j niH
au cardinal Geissel 3, il ajolltait que la théorie de
Guenther sur fâlne humaine él.ait contraire it la
doctrine catholi(lue.
Les ùeux hrcfs trou vèrenl un accucil singuliè-
1. Friedberg, Ope eil., p.5.
. On ll'Ouvera Ie leÜe du hrcf de Pie I'\. à Foer:,lel' dans Friedherg, Ope cilo,
p. iO
-109, el Franz, op. eil., p. 133-1:n.
3. Pfuclf, Geissel, II, p. 2ù!}. - Ce Lr'cf csl pubIié cl traduil dans Ie Bccuf'il
dc.'] allocutions consistoi'iales, enc!/cliquc.'] ct auli'es IctlJ'cs apostoliqucs citéc8
dans Ic Syllabus, po 3
-í-:.J
(Paris, Lccli're, 1865)0
220
L' ALLEMAGNE RELIGIEUSE
rement diITél'ent: Geissel fut enthousiastp, Foerstpr
ennuyé. Le prince-évêque d(' Breslau ne pouvaiL,
tiu jour au lendeluain, rOlnpre avec ses alnÌs
gunthériens; il garda plusieurs nlois dans son
tiroir Ie nlessage pontifical 1 ; eL lorsque, sous la
pression de heaucoup de ses diocésains, il eut fini
par Ie publicI', toul de suite, afin de panser la
blessure, il oIfrit une stalle de chanoine au profes-
seur Reinkens 2, qui déclarait sans ambages qu 'un
cerveau sainement organisé ne pouvait ê.Lre que
gunthérien 3. Geis::;el observait au loin ces nlanèges,
épiaille petit concile que tenaient à Bonn, en sep-
tembre, quelques gunthériens nolables 4, eL s'alar-
Jnait surtout en constalant que Baltzer à Breslau
ct I\:noodt Ü Bonn, malgré leur acceptaLion <.Iu ver-
tlict rOlnain, continuaient (renseigner conlme si
Pic IX n 'eÙt jamais parlé. L'archevêque de Cologne
avail l'expérience des frondes philosophiques:
il se rappelait queUe peine il ayait cue, au début
de son épiscopat, pour traquer les résislances
de 1 'hermésianislllc. A quinze ans de distance,
]'histoil'e rccomnlençait. Gcissel jugeait urgent
dïnlerdire la fréquentalion ùes cours de I{noodt;
aussi poursuivit-iJ tout d'abord. à Rome, la con-
Janlnation de ses écrits. HOllle hésita longlenlps,
cnlignant l'émoi de I' Allenlagne; Knoodt d'ailleul':';
:lvait fait dire là-bas, pcut-t-tre ironiquemcnt, qn Ï 1
1. PIllelr, Geissel, II, po aot.
. J.
1. Itciukcns, llcinJ.:clls, p. v3-li
.
:
. Pfuclf, Geissel, II, p. 300.
í. I'fuclf, Gt'Ìssd, H. po :W(1.
LES CRISES INTELLECTUELLES
221
piochait la Sonllne pour y trouvcr la r(Çfutation
de Guenther. l\iais les instances de Geissel trion1-
phèrent 1 : à la fin ùe i85!), les Ii vres de I\:noodt
et de Baltzer rejoignirent ceux de Guenther sur Ies
listes de 1'Index 2.
Le souplc e
prit de BalLzcJ' n'était pas ùécunle-
nancé: il a vait, au COllI'S de 1839, adressé au Sainl-
Si0ge des questions philosophiques, donl il attell-
dail, quelque peu narquois, la solution 3. Guenther
avait professé que l'homme a deux âllles, clont
rune est l'ânlc raisonnable, dont l'autrc est lc
principc de la vie aninlale et de la vie organique.
Or, dès Ie IxÐsièclc, les Apol1inari.stes, auteurs d'UllC
lhéorie à peu près analogue, avaient élé feappés par
un concilp général; et la façon Inême dont la théo-
log'ie comnlune énonce Ie dogule de L'IncarnaLion
parait signiGer que l'âme raisonnablc cst Ie prin-
cipe de]a vie corporel1e aussi bien que de la vie
intellectuelle. Baltzer, alors, conslruisit undualismè
nouveau, d'après lequel rune des âlnes était la
source de la vie végélative, et t!'après ]equel rautrp
âme expliquait, tout ensemble, la vie sensitive el
la vie intellectuelle; et, dans un long ménloire,
il deillanda au Saint-Sii\gc si cette vari(
té dp
I. Voir sur ccs instanccs C'L sur raLLiLmle de KnoodL, Pfue\f, Geisscl, If,
p. I!S7-4,U1.
. prucH, GCiS8Cl, II, p. 4::12. - Fraul, op. cit" p. ;;J. - Reusch, D'A' IIH/t.,J'
dCI' verbotcllcn Buechcl" II, 2, }I. 11
4.
. P,'o7ncllwl'ifl {1,
dzwlis1Ilo rtl1lhropoloflico, qultllt ad jH'oIJllIlr!(/7n suam
doctrinam ill univcr8itate LcopoldiltlL- VÙull'iwt sC1'ijJ8il J.-/J. 1/. Voir F'":lnl,
op. cit., p.
7-':!9. - SUi' la quC'sLion dLl dualislllc ct la d i If';.'cnc(' ClllIOC Ie dua-
lisme de GucnLher cL celui de BalLzer, 011 peut cOlisulLcr \'acanl, 1
'LuJ,"> lhéolu-
yiqu.cs sur les COH'ltitutiolls du condie du rttticolI, I, p. n3 ('{
'i:
-2tìl
(Paris, Belhommc el Ikig-ucL, 1 R
I;)).
222
L' ALLEJIACNE RELIGJEUSE
dualisnlC tonlbait parallèlement sous l'anathème.
Oui certes, répondit bientôl une commission
spéciale de théologiens nommée par Pie IX; et Ie
Pape en personne, dans un bref du 30 avril 1860 1 ,
rappela que la doctrine qui place dans l'âmc, et dans
une seule âme, Ie principe vital, est (( très conl-
lllune dans l'Église de Dieu. La plupart et lcs plus
auLoJ'isés des docLeurs, continuait Pie IX, la consi-
drrent comme tellement jointe au dogme de
l'Église, qu' cUe en est la seule interprétation légi-
time et vraie, et que donc on ne peut la nicr sans
errenr dans la foi )). Ainsi les interrogations par
lesquelJes Baltzer amusait la patience de Rome
aboutissaient à une condanlnation de plus; et Ie
Saint-Siège inaugurait la série d'actcs par ]csquels
il dcvait imposer à l'impétuosité de la science a11e-
lllande Ie respect des opinions théologiqucs com-
nlunes.
Durant ce nlois de mai 1860 oÙ Ie bref du Pape
alteignit Baltzer, Ie concile provincial de Cologne,
où Geisscl joua un rôle prépondérant, fornlula les
affirmations que les consciences croyantes devaient
désornlais opposer au gunthérianisme.
(( La raison, proclanla Ie concile, peut illustrer
les mystères et, dans une (".ertaine nlesure, les
rendre lnanifestes, par des argunlents de convc-
nance, par des analogies; mais elIe ne peut les
démontrer par des argulnents nécessaires et évi-
1. Le texte en est donné dans Friedberg, opo cit., po 11 0-1I:!, el dans Franz,
op. cit., p. 13!)-14J ; on Ie lrouve traduit dans Ie Ilecueil de.'J allocutions, ency-
cliqucs, lcUres, cilée.'J dans Le Syllabus, po 410-4130
LES CRISES INTELLECTUELLES
223
dents t. )) .A.rrièrc done les systèmes qui aUribuaient
aux motifs de crédibilité une valeur inévitable-
ment contraignante ! (( De toute évidence, disait
encore]e concile, CCliX qui affirment que parfois Ie
progrès des sciences et surlout de la philosophie
exige qu'un dogme doive ètre intcrprété dans un
autre sens que celui OÙ Ie pl'it l'Égli::5e aux siècles
antérieurs, renvcrsent de fond en comble la foi
tout entière 2. )) Arrièrc done toutc tentati ve pour
modifier avec la val'iabilité nlêrne dcs sciences Ie
sens et la portée des dogmes !
Enfin Ie concile, remontant jusqu '
l la source
même des erreuJ's gunthériennes, notait, pour la
sauvegarde des philosophes futurs, certaines règJes
1e conduite : (( L'Église a Ie droit, expliquait-il,
arce que gardiennc de la vérité révélée, de pros-
rire les doctrines philosophiqucs qui y contredi-
,cnt ou qui conduisent à la destruction de la foi dans
.es âmcs. Ð'oÙ il résulte que non seulement il faut
,'écartcr des opinions que l'Église a proscriLes,
nais quïlfaut prendre garde de forger des syslènles
lui soient hostiles à l' enseignement et à la pensée
Ie l"Église, et qu'il faut, à l'cxemple des Pères et
les théologiens les plus éminents, réformer les
loctrines philosophiques selon ]a doctrine et selon
'esprit de l'Égljse. dès qu'elles touchent en quol-
Iue façon la \Térité révélée 3. ))
1. Concile <Ie Cologne, titre I, chapo "1 (Collectio Laccllsis, V, col. 280).
2. Concile de Colognc, litre I, chapo IV (Collcetio Lnc('nsis, V, col. 276). -
ur Ie condIe, voir Ics arlicles de l'abbé ßelet ùans les A ?'chivcs théologiqucs,
lllvier-juin 18ü3.
30 Condie de Cologne. tilrC' I, chap. VI tCollectio Lacellsi
, Y, col. 281. -
22
,
L ALLEl'tIAGNE RELIGIEUSE
C' est ainsi q ue l'Éo'1ise cnsei o'nante en Prnsse
ð'
rhénane, répercutait et traduisait les échos du
nlagistère romaine Guenther avait vouJu renouvclcr
l'inLerprétation des dogn1es eux-mên1es; et lcs
polémiqucs auxq uelles il avait donné Ie branle con-
dnisaient rÉglisc à proclanler par ]a voix de
Pie IX, à répéter au concile de Cologne 1, à redire
plus fermement encore sons la plume d' ....\.ntonel1i
,
(Ju'it côté des dogn1es, dont Ie sens cst illlmuable,
il existe des opinions théologiques tontes proches
de la foi, proxÙnæ fidei, et qu'on ne saurait s'en
détacher sans un grave risque d'errelu-. 3 . En face du
besoin de nOlI veautés qui travaillait la pensée
aIle In an de, I"Églisc de ROllle n1etLait un surcroît
de soJIicitude it occuper ses positions tradition-
nelles, ct à les défcndrc.
1 \T
Un prêtre de 1\1 unich, d'une rcligiosiLé profon(lc,
s' essayait à ce filoment mêmc à réconcilier la phi-
losophic du moyen âge et 1a philosophic n1odel'nc;.
j] s'appclail l\larLin Dcutingc.'.. H faisait pell de
CompareI' lilre Ii, chap. ),.....\"1 (Collcctio LacclIsis, V, col. :](;8), les consrih
dOllll(oS aux lH'èho('s et aux I'rofcsseurs : (( Quïl" se gardent l,icn - ce (JIW nom
r('proU\ OilS a\cc \(
hénwnce - de s'ingh1icr, apri's les décisions tIu Sainl-
ièb('
à imag-inC'r ùes moyens (.,rasifs, tIe nom elles sublililés pour couvrir leun
désobéissanccs, - .. mallègcs qui HC sont pas digncs de prêLres. >>
1. Concile de Cologne, titre I, chap. YlH (Colleclio Lacensis, V, col.
83),
o r cUre d'Anlonelli à DaHzer, tIn 7 juin h-ì61 (Franz, op. cil., p. 1..H-143)
;L \'oÌl' à ce sujet Schrader, lJe thcoloflico tcstium {o de dC'lue edito fide
testimonio sell traditione commentw'ius, p. 31fi (Paris, Lelhielleux, t 8i8).
j Sur 'lartin Opulin/Zer (tIH5-18tì4), cfo notrc tomc II, po b4-8j ct 2
:)-_2tì
LES CRISES I
TRLLECTUELLES
225
bruit, et n 'avail de SUCCt
S qu "auprès de quelques
intelligences, au, pour nlieux dire, auprès de quel-
ques ânIes. 11 a vai t enscigné it Freising, à 1\1 un ieh,
à Dillingen, nIais pendant teop peu de temps pour
faire vrailnent école; eÚt-il d'ail]eurs accrpté ce
nIot? Ce qu'il ayaH cherché, ee quïl avaH rêvé,
e'étaÏt d'associcr des ehrétiens entre eux (( pour la
revivification de la connaissance intérieure des
vérités du salut )); en 1849, il avait, an nom de ce
progranlme, fait l'exprriencc d'un groupement 1 ;
un journal mèn1e, qu'il appelait Siloah, avait, en
1850, tenté feITort de vivre\ afin d'aider it la vie
intérieure des associés, source et garante de leur
connaissance intérieure. (( Ce ne sont pas des mor-
ceaux déLachés des écrits des Pères, pensait Deu-
tinger, qui démontl'cront et qui éclaireronl ]a pro-
fondeur vivante de la religion; mais 1a cohésion
interne de la religion, la vitalité avec ]aquelle elIe
Sclõl et s' épanouit du sol nlême de la nature
t"achetée, doi.vent rapprocher de nous la vie ehré-
.iennc 3 . )) )lais Ie groupement fut éphémère, et Ie
ournal aussi. Quelques livres, et puis des sermons
tl'uni versité de l\Iunich, OÙ il avait Ie titre de prédi-
ateur : c 'cst à quoi se restreignit Ie rayonnement de
Iarlin Dentinger .L' esprit de la lriulition cltl'étienne,
{ui parut en 1850, Ie Principe de la nouvelle plti-
1. l'àcin für l\ïedC1'bclebull[j tIer inncren Erkcnntnis der cltl'istlicheu.
feil.<w'((hl o heiten. Yoir Kastner, lJeuliugcr's Leben und SChl'iftCIl, J, p. 474-
77 (Munich, Lindauer, 1873), et, sur lïnfJuCHce flu'exerçail DClilinger, OUo ".
ocldcrudorff, Har'mlosc Pl(1uder'eicn cines aUcn ..llucuchenel's, 11, p. 3%-3H7.
. Kastner, op. cilo, I, p.
63 et 5S0-60i-.
30 Gporg- Sallcl, lJculìl1f1el'8 Goltesle/l1'c, po H (nalisbonnC', l\]am, t!w:;).
IV. 1
6
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
lo,ço}JltÏr et Ie cltl'istiànis}}lC, qui paruL en 18
7 1,
demeurent comme les pierres d"aUente pour un
édifice philosophique que Deutinger ne put ni
achever, ni mêllle, peut-être, COlllplètenlent des-
SIDer.
Deutinger se rapprochait de Guenther par Ie souci
qu'il avait d'exploiter les donnpes de la révélation
COIllme partie inL6grante de Ia philosophic; per-
sonne n'a parlé comme lui de la portéc philoso-
phique du dognlc trinitairc, complémcnt néccssairc
du monothéisme 2. Co n' est jamais que sons béné-
fice d'invcntaire que la lhéologic peut accepter ce
genre d'hoolmages; rIle pressent qucis périis s'y
pcuvent cacher, ct parfois est en droit de redoutcr
que Ie constructeur du système phiJosophique, à
force de voisiner avec les lllystères, ne devienne
avec eux trop familier, ct que dans cettc f(1milia-
rilé, il ne finisse par en méconnaître J'incompré-
hcnsibilité même, - I'incompréhensibilité qui en
est l'esspnee.IIermps et Guenther furent condamnés
pour avoil', si l'on osc ainsi dire, lésé la notion
de mystère; Deutinger eut-il plus de prudence,
ou trouva-t-il plus d'induigence? C'est aux théo-
logiens d'en décider 3 .l\lais sa philosoph ie, dans son
ensemble, se distinguait profondément de celle de
1. Der Geist dCJ' chrisllichcn llebe1'lie{erun{J, 2 vol. (Ralishonne, Man"
1R;;(j). - IJas P1'in::ip tier 1lcuen l'hilosophie und das Ch1'istentwn (Ralis
IJonne, Manz, 1857).
2. Georg SaUd, Ope cito,pol08-i
W.
:L Le /(atholik pulJlia pluc;ieurs arlicles critiques sur la philosophic de Deu '
linger (18GG, I, po ()!)3-iO!); 11, p. 15()-171; ISG7, J, p. 11-2G). - Sur rhosli
I ité dll vicaire gén
ral Windischmaun contrc Dcutingcr, voir Kastner, Ope cit.
I, p. 574 ct 577.
LES CRISES INTELLECTUELLES
227
Guenther, et mênle s'y opposait : Deuting-er, que
les scotisles de nos jours étudieraient sans lIoute
avec aUrait, réintégra Ia volonté conln1e facteur de
la connaissance, - de tous les orrlres de connais-
sanee -, con1me premier principe de lout être eL de
toute pensée. ])evt1l1l sa grave ct solitaire 111édita-
tion, un chanlp de balaille s' étcndait, sur lequcl la
scoJasLique ot ]a philosophie allelnande ðchan-
geaient des coups. Deutinger, à l' écart, planant au-
dessus de ccUe mêlée, avait I'audace de donner
tort aux deux combattantes, et de vou]oir les récon-
cilicr, sur Ia cime plus sereine d'unc philosophic
de la volonté. En i8G3, à l'assembléc des savants
catholiques de l\Iunich, il fit une dernière explo-
ration sur cette cime\ et puis mourut, en 1861.. Le
flltur évêque Haneberg regreHa sur sa LonlLe que
Ie grand onvrage sur la philosophic de ]a religion,
qu'on attendail de
1:artin Dentinger, fÙt à janulis
perdu pour I' Allemngne chrélienne 2 . Les plus
récents historiens de la métaphysique allemande
se plaisent à exhumers, du derni-oubli qui risquait
de l'ensevelir, ce penseur religieux, qui fut aven-
tureux sans fronde, original sans provocations, qui
sans doute inspira des craintes et fut Ie premier à
3n souffrir, mais qui avait un trop noble ct trop
pieux souci des consciences pour user élourdinlent
Ie son ascendant naturel sur les esprits. Les phi-
L \ -e1'bandlungen del' rC1'sammlung llatlwlisl'hcl' Gcleh1'Lcn ill 11IucllclLCn
'om
8 September lJis 1 OktolJel' 1863, p. 98-106 (Hatisbonnc, l\lanz, 18G3).
2. GeorgSallcl, oj) eit., p. 17.
3. Voir daus r.COl'g- SaUel, op. eit" I', 1-4 d i:!O- !24-, le5 ju:;cmcnls de
l.11'lmaull cl d'ArLhur Drc\\ s.
228
lA' ALl.El\IA(;NE RELIGIEUSE
losophes (l'Églisc qni sont des directcurs d'àmes
sont protègés par le souci lllême de leur responsa-
bilité contre les entraincnlents de lcur propre
pensée; iis demcurenl prètres, et par là même iis
dcmeurcnt fidèles.
II y avait tout Ie conlraire de I 'esprit d'un (( fidèIe))
dans un autre ecclésiastique de :\lunich, Jakob
F rohschamnler, dont l'activité littéraire créait à
cette époquc une aulre occasion ùe conflits 1. Épris
de spéculations philosophiques, Frohschammer, en
i 847, a vait accepté le sacerdoce comllle un cadre
d'existence, comme Ie terlne d'une jeunesse diffi-
cile. Un livre qu'il avail publié en 18ö4 sur l'originc
de t'âme hUlllaineavaÏt été nlis à I'Index
. 3Iais ceHe
mesure n'avait eu d'autre eIfel que de faire émigrer
Frohschamnlcr de la facuHé de théologie dèJDS Ia
fa
nlté Je philosophie, avec rappui conlplaisant du
gOll vernement de I\Iunich ; et, du haut de sa chaire
nouvelle, Frohschammer s'érigea en représentant
de la ({ science )), que menaçaien t en sa personn e
les congrégations romaines.
La religion. professait-il, fournit ùes ]natériaux pour la'
philosophie, mais rien ùe plus; la philosophie est seuie
souveraine; eUe renferme en sa sphère to us les dogmes de I
la révélation, aussi bien que ceux de la religion naturelle ;
eUe examine, en toute indépendance, la substance des doc
trines -chrétienncs, et détermine, en chaque cas, si oui Ot
non eUes sout vérités divines. Lihre à I'Église d'examiner
L Sur Jakob Frollschammcr (1821-1893), voir Heinze, Allgemeine IJcut
ch,
Biographie, XLIX, p. 1n-I77.
2. Ueber den F,'sprttng de,' mensch lichen Seclen : Rcchtfertìgung des Ge
nerationismus (
lunich, Rieger, 1834). - R('usch, Der Index der 1.:erbotene,
BUf'cher, II, 2, p. 1 Ui -1129.
LES CRISES INTELLECTUElLES
229
de son côté, Ies conclusions de Ia philosophie, et de décider
si elles peuvent, oui ou non. être enseipl1ées en théologie;
Inais si eUe les juge vt'aies, elle n'a <lueun 1110yen de les
démontrer telles ; et si elle les juge fausses, elle ne peut les
convaincre d'erreur; cat' la raison et la foi sont deux
domaines distillctS. _\ utre chose est ce que nous croyons,
autre chose ce que nons savons. Dne philosophic peut être
en désaccord avec Ie JogInc, et néanllloins. tout en 11lême
telnps, Ie philosophe qui la professe peut continuer à croire
tout Ie dognle. Car il sait flue les résuHats de la science sonl
certains, mais que la théoIogie est sujeLte à changelnents,
et c'est en raison de ceLte variabilité de Ia théologie qu'on
peut escompter Ia future réunion des Égiises, puisque l'évo-
Iution même des doglnes purifiera Ie catholicisme de tout
ce qui est une entrave pour les autres confessions chré-
Liennes 1.
Mais la pensée de .Frohschammer évoluail, elIe
aussi ; eUe finissait par atteindre les extrên1es
confins du libéralislne protestant; clle affirmaÏl que
Ie Christ n'enseigna pas un systènlo do doctrines,
et que l'unité qu'il reCOn1Il1andail it ses 1ìdèlcs
n' étaÏt pas celle de la foi, mais celle de l'an1our
.
Ainsi Fl'ohschaulmcr et Ie Saint-Siège suivaient
deux routes neUement in verses: tandis que nome,
sans attacher expressémenL la valeur de dog-nles à
certaines opinions théologiques con1ll1unes, exigeait
du moins pour ces opinions une déférence de plus
n plus assidue, Frohschalnmer ravalait les tlogn1es
1. Ueber die Aufgabcn del' Nalwophilosophie llncZ ihr 'Ve,'lweltniss .=ur
Yatw'lcissencha{t (Munich, LenLner, 186t). cr. H. P. JJ., 18tH, I, p. 985-9!)!);
- J(atlwlik, 1861, II, p. 30-(j4, eL 348-3;:;8; 1863, I, p. 385-407 et II, p. l-::?!>,
78-:H2, 385-4u!)0
2. Vas Clll'isteulhwn ulHl die moderne Nalw'wisseusclwIl (Lcipzig, Fues,
,8{j80) - Das Recht da ei!Junen Uebcl':;eugull{J (Leipzig, Fues, l
tiY). - Cf.
'Últ/LOlik, 18G!), II, p. 1!)-1, el S(I.; cL Tltculu!JisclLCs Litcl"lllwo/.;[alt, 18li8,
I. 19.!, eL 1869, p. tiOJo
230
[/ ALLEl\1AGNE RELIGIEUSE
consacrés, immuahlcs par définiLion, à n"t
tre que
de simples opinions théologiqups, sujettes à cor-
recLion, à contradiction,
l réfutation, à perfec-
tionnenlcnL
Une leltt'e de Pie IX, du i 1 décembre i8G2, ré-
prouva Jakob Frohschanlnlcr 1 . (( S'il faisait un pas,
nous en ferions d ix )), avait dit Ie nonce Gonella 2.
Le prêtre bavarois fit un pas, mais ce fut pour
sorLir de l'Église.
v
Coup sur coup, des hauLeurs uu \Talicall, Ia
fOlldre tODlbait sur l' Allemagne. Des conlmenta-
teurs zélés interprétaient les actes pontificaux :
la gra vilé uu péril les amenail parfois, dans leurs
cOlnUlentaires sur les condamnations de la vcillc,
t prévoir et à préparer les condarnnations Ùll
lendclnain. Théologiens frondeurs, philosophes
émancipés, se dénonçaicnt entre eux ces =.elanti,
COlllnlC les fourriers d'une sorte de terreur, dan
.
laquellc les victinles irnpulaient volontiers au
J ésuites Ie rôle de bourreaux. 1 : les suspicion
créaiellt les suspicions.
10 On en lrouvera Ie leAle eL Ia traduction dans Ie Ilccucil dcs nlloculio118
encyclifjucs, lellrcs, citées dal/s Ie Syllabus. p. 4ûG-4i5.
2. Pfuclf, Gcissel, II, p. 505.
3. Il esl à remarfluer que, dès 183i, Ie minisLre de Prusse, Bunsen, dans so
mémoire sur Ics diffìcuUé-s enlre I'Eglise ct Ia Prusse, accusaiL Mjà Ips J(-suiLe .
de comhalll'e Ia science calholique allemande, de ne pouvoir souITrir aucun
émules, aucunc naLioualilé allemande; el ({u'H aLLrihuaiL am: Jésuiles Ia rigucl1
de Rome conll'e Ics herrné5iens (Friedrich, DoellÏiigcr, II, po 47-48).
LES CRISES INTELLECTUELLES
231
Un n10t d'ordre, aloI's, s'accréditait de plus en
plus, dans une partie dt
l'opinion catholiquc alle-
lllande : Rome, disait-on, ne connaît, ni ne COffi-
prend, ni n'aime l' AlleIl1agne 1. II Y avaH je ne sais
quoi de provocateur à l'endroit du Saint-Siège dans
Ie discours par lequel Ie curé Frédéric l\lichelis,
plus tard professeur à Braunsberg, célébrait en
1859, au Congrès de Fribourg, ]a vocation de Ia
nation allemande 2.
On descendait ainsi du domaine des idées pures
sur un terrain presque patriotique : les spécula-
tions aventureuses, pour résistcr aux anathèmes,
s'abritaien! sous l'in1posante rubrique de (( penséc
germanique )), de (( pensée allen1ande D; et les
susceptibililés de l'orthodoxie ne se heurtaient
plus sculement à ùes arguments ou à des feintes
dialectiques, n1ais it d'autrc
susceptibilités à
den1Ï nationales. Uno opposition se groupait ct
prenait curps, dans laquelle les plus passiollnés
accusaicnt Rome de haïr J'l\Jlemagne, ct les plus
Illodérés, de l' ignorer.
J\lais en fail, l'AlIemagne elle-mêmc, comment
cOlluaissait-elle H.OlllP, ct qucls efforLs faisait-ellc
pour la
onnaHre lllieux? Une série JeleLtres écrites
1. Voir dans Frieùl'ich, Ðocllill!JCI', Ill, p. 182, 101 cOllvcL'saliou cllLL'c Doel-
linöel' eL l'archevèflue Tarnoczy. - Moufaug lui-mèmc, Ie vicaÍL'c général ue
KeLLelel', se trouvallL à Rome en 18Ij!), garùail encore ccLLe imprcssion flU'd
Rome on ignorait l'Allemagne (l'fueH, Iicttclel', 11, p. 411, u. 1).
l. SUI' Freùél'ic Michelis (11;18-1
8(:j), ancien pI'oCesseur an sélllinaire ùe Pa-
ùerborn, curé ù'AlbachLen ùe 18l:; à 18tH, professeur ùe philosophic au l)cée
de Braunsberg et (Iui mouruL vieux-catholique, voir
lichelis, ...1..ll!Jcmeine
deutsche Bio!JI'aphic, LII, p. 37ü-3X4. J.Ir1ichelis éLait (( rcnfauL lerl'ible )) dcs
congrè:; : voir d'a.mu
aut5 souvcnirs dans \Vicb., ..11.t8 IIlLlnCm Leúen, p. 31.
232
L' ALLElUAGNE RELIGIEUSE
de Ronle de 1853 à 1859 par Ie prêtre tyrolien Alois
FIÜ-. 1 témoignent ù'unc façon singulièrement frap-
panle conlbien certains Allelllands avaicnt de peine
à s'acclinlaLcr sur les Lords du TiLre, ct conlbien,
même, leur bon vouloir était lent à s'y prêLer.
Flir élait un ecclésiaslique irréprocbable
dont
Geissel, fort ùifficile en hOnll11CS, rccomnlanùait
hautement la science et Ie caractère, les talents et
l'attilude 2, et qui lllourut à Rome recLeur du collège
de rAnÙna et auditeur de rote. A son arrivée
dans la Ville éternelle, ses premières i01pressions
avaient été franchen1cnt nlauvaiscs.
Iauvaises au
point de vue csthétique : (( llome, comme ville,
m'est une nausée, écrivait-il en 1853; les églises
ne nl'inspirent qu'antipathie 3 . ))
Iauvaises au point
de vue politique, ct certaines de ses observations
étaient susceptibles de réjouil' les ad versaires du
pouvoir ten1porel't.
l\1auvaises enfin, - ce qui était plus pénible, -
au point de vue religieux. (( C' est ici pour ]a pre-
nlière fois, disait-il cn 1854, que fai appris à
estinler vérÏtablenlent Ia science allelllande... On
trouve à peine, ici, ce qu'en Allenlagne on nomn1e
science.. . Avec cela, les Italicns ont un inullense
orgueil; ils se réputent comn1C des sayanLs infail-
10 Sur Alois Flir (1805-1859), ancicn membrc du parlcmcnt dc FrancforL,
voir la préfacc ùc Happ au livre ùe FIÏ1' : lJl'ief'e alts Rom (lnnsbrucb., Wagncl',
1864), eL Holland, All!Jemeine delltsclte Biogmphie, VII, p. 1
3-1
.
. PCuclf, Geissel 11, p. 427.
3. FIÏ1', llriefe aus Rom, hC1'ausge!Jo von Ludwig Happ, p. 7. - Sur la
sévériLé des Allemanùs pour l'al'l Romaiu, cf.
oacl, Dculsc/'e.s LeúelL ilL ROllI,
p. 30G-30';.
4. Flir, opo cil., p. 8.
LES CRISE
INTELLECTUELLES
233
Jibles. J'ai çà et là laissé apercevoir nlon a vis
conLraire : on me regardait avec de granùs yeux...
Le cardinal B... expliquait qu'on devait envoyer
ici des jeunes gens d'AIlenlagne, pour qu'ils s'y
formassenL dans Ie véritable esprit... Ce quo sera
nut réponse, on ]e prévoit; je nc prends pas de
précautions, jc parlerai alle'JJ
and, mèn1e si c' cst Ht,
en pays ,velche, une façon de cassel' les vitI'es 1. ))
- (( L'antipathie du Saint-Père contre la philoso-
phic, notait-il avec regret en 1855, cst encore
beaucoup plus grande depuis la proclamation de
l'In1n1aculée Conceplion
. ))
CependanL Fiir avait observé de plus près; ii
s'élait efforcé de conlprendrc, au lieu de se borner
à critiquer. II était sorti, peu à peu, du rôle assez
négatif de spectateur dédaigneux; et, d'accol'd
avec Ie Sain t -Sièo'o arâce à la P rotection du car-
t) , 0
dinal l{eisach, il s'éLait voué à une æuvre positive,
à une besogne de construction : il avail voulu
rcndre à ]a (( nation allemande )), dans la ville de
Rome, cette placc que l{etteler regreUait qu'elle
eût pcrdue 3 . Le collège de I' Ani/Jla, déchu naguèl'o
au rang d'une institution purcnlent autrichienno,
avaiL re p ris OTàce à Flir son im p ortance d'autre-
, 0 ,
1. FIir, Ope cit., p. 15. Compal'CI' les impressious de l"historicn Bochmer
10rSf{U'en 1850 il va faire des recherches au Vatican tJausseu, lJoehmC1'8 Lebc1L
und lJriefe, III, p. 10).
2. .Flir, op. cit., p. 203.
30 II )]on sentimenl allemand a été crucifié, écl'Ívail Kctteler cn i 85-i, lors-
IU'il vint à Home pOUl' 1", proclamation ùe l'Immaculée Conception. 11 cst dou-
om'em: pour no us ùe voir comLicn l'Allemagne cst dfolHlrée dans If'S assclJI-
,lees de rÙglise eathoHque. La nation allemande comme telle e
t lIispal'uC ))
!'fueU, ](etlclcr, I, p. 377). - Sur Ie rôle que prit Reisach à HOHle pour dou-
leI' un centre à l'épiscopat allemand, voir Stamm, Conrad ..1IlU'lÏi&, p.235.
234
,
L ALLEl\lAGNE RELIGIEUSE
fois 1 : il en avail fait une sorte de centre oÙ tous
les évêques allenlands pourraient envoyer des
clcrcs eL tronveraient eux-nll.mes un point d'alta-
che, des infornlations, des appuis. L' effort avait
réussi, et FIir, du jour OÙ il avail regardé Rome
en bomme d'action, au lieu de l'éplucher en dilet-
tante, avait senti tomber beaucoup de ses antipa-
thies.
(( Rome, pensail-il toujours, doit se rajeunir au
contact de l'Allemagne; cette évolution sera nlal-
heureusement trop Ienlc. )) l\Iais déjà il constatait
avec satisfaction que l'ancicn nonce Viale Prela,
devenu archevêque de Bolog-ne, était plein d'admi-
ration pour l'Allemagne et voulait organiscr son
diocèse à la façon allcmande
; et FIiI', qui, pen
d'années auparavant, éLaiL, ou peu s'en fallaH, un
Lon gunlhérien, en était venu à souhaiter que co
Viale Prela, que là-baul, sur rOdeI' et sur Ie Rhin,
les gunthériens avaient en exécralion, parvint un
jour à Ia sccrélairerie d'État, voire lllênle tl ]a
tiaro. FIir, d' ailleurs, C0I11nlençait it voir clair an
sujet de ces philosophes: leur (( supcl'be )), leur
(( inlolérance )), lui ùéplaisaienL (( Ell vérité, s'é-
criail-il à la fin de lSG(;, ces savanls exerceraient,
sur q uiconqne pense autl'ement q u' eux, une tyran-
nic qui deviendrait toujours plus insupporLable.
1. PCuclC, Geissel, 11, p. 42G-431 cl PCuclf, Ketteler, 11, p. 2u8. - lIcillrich
HUl'Ler, Hw'tel' und seine Zcit, 11, p. 306-308. - Voir
chmiùlin, Gcschichte
del' deutschen Naliollalki1'che in Rom S. Maria dell'Anima, p. 74
-7G1
(Fribourg, Herder, 190G).
2. Flir, Ope cit., p. G4-G5. - cr. Frieùl'ich, ])oellifl!Jcr, III, p. 184. - Sur
\ïalc Prcla, \oÍl' 1l0Lrc 10llle Ill, p. 235, ll. 1.
LES CRISES INTELLECTUELLES
235
Non seulcmcnt l'orlhodoxie, mai
Ia Jihcrté m
nle
de Ja science, cxige qu'ils soienl hunliJiés 1. ))
Le paysagc du Vatican, c'est un ðtat d'âmp :
FIiI' entrait plus avant dans l'intelligence de C0
paysage et se faisait au jour Ie jour une âme plus
romaine. (( Jc ne puis plus me séparcr de Rome ))..
avouaÏl-il à la fin de 1856 2 . (( Seriez-vous inquiet de
moi? demandait-il en 1857. Trouvcriez-vous que
je conlmence à trop m'enthousiasnler pour Rome?
Serait-ce par ambition, ou pour céder à la tendance
commune, que je deviendrais un enthousiaste?
Aucun de ceux que j'estime ne m'a supposé, j'es-
père, de pareils motifs. Longtcnlps j'étais restó
sans observer Ronle au point de vue scientifique,
ccclésiastique, nloral : cela ne nl'intél'essait pas,
ct puis l'occasion nlanquait. En prolongeant mon
séjour, je fus conLraint à nutÏntcs constatations.
l\lon cnthousiasme POlll" Ie catholicisIne cst même
devcnu plus gl'and; et j'ai acquis pour Ie 1>ape,
dan
sa proxÏIuj Lé, un respect comme jamais jc ne
l'avais éprouvé autrefois 3. ))
La conversion était accomplic : it avail faUu cinq
ans pour que ce Germain, sans cesser d'être a11e-
nUlnd et de faire à Ronle æuvre al1enlande, devlnt
Romain. Peut-êtrc certains compatriotes de FJir
nc se fusscnt-ils janlais brouilLés avec la papauLé,
s'iIs avaient, comme lui, trouv61c Lcnlps de prendrr
1. Flil', Ope cito, II G3-G4.
2. Flir, Ope cit., po G70
3. Flir, Ope cit. p, 1O
1-110. - Cr. H. P. H., 18&4, II, p. 99:1 ct suiv. cL
Kleulgcn, lJric{c von Rom, p. lit; et 8uiv. (
Iucustcr, Thci':isillg-, l
ü!}).
236
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
contact avec clIe, ct si, comnH:' lui, iis en n vaient
acquis Ic goûl.
Doellinger, au CaUl'S de f8ß7, avait passé quel-
ques senHllnes à }{on1e : il était sorli n1écontent
de l'audience papale, OÙ Pic IX, peu comn1unicatif
ce jour-Ià, avait surtout insisté sur l'inopporLuniLé
des ÉgJises naiionale
1; on l'avait Inédiocren1cnt
charmé CIl Ie grati1ìant d'unc prélature, et en fai-
sant ainsi de Iui, dans la fan1iIle ponLifica]e, Ie
collègue d'un certain nombre de prêtres qu'il
savait scolasliques et jugeait dès lors ignorants 2 ;
et lcs n1eiHeures hcures de son bref séjour s'éiaient
écoulées dans lcs Libliothèques et les archives 3.
Iais il jugeait avoir asscz vu, ct assez retcnu,
pour se pern1eLtre, un peu plus tard, ces appré-
ciations tranchantes, OÙ se résume asscz exacLe-
mont, beaucoup micux que dans les lettres de
FIir, ce que, dix ans avant Ie concile, les futurs
(( vieux-catholiques )) pensaient du moude 1'0-
main :
En Italie, notaiL-il, l'antipathie contre tout ce qui est spé-
cialement allelnand Hotte pour ainsi Jire Jans l'air : un
séjour lit-bas en convaincra lout observateur attentif. Ce
qu'il y a d'original, chez l'Alleluand, dans ses façons de sen-
tiI', de penseI', d'ellvisager, est étranger et incompréhell-
1. Friedrich, Doellill!Jel', Ill, po 18t.
2. Fl'iedrich, DoellillfJel O , Ill, po 185.
30 Aussi Ie Po Kleulgen écrivait-il : (( !\ous avons 'u des sa'"anls qui, pen-
dant le peu de semaines IluÏls passaienl à Rome, ne pom aienl se ùNacher ùes
manU5crÜs ou des linoes rares qu'ils lrouva.ienl dans lcs biblioLhèques elles
archi, es. Qu' ensuile renll'és ùans leUl O palrie, ils eussent sans cesse sur les
lè\'l'cS Ie réeil de lous les abus el de loutes les ùéfectuosilés qui les avail'lll
frappés à nome, el 'luïls affirm<lssenl en parler, nOll pal' ouï-dil'e, mais co ml11 e
l{omoills, cela c'esl imparJonnal.>le J) (l\JeulëcD, Briere VOl' Rv111, po 11).
LES CRISES INTELLECTUELLES
237
sible au Homain. La méfiancp ùn HODlain s'éveillf\; et si
cette originalité vent s("xprimf'r dans les choses d'i
glise,
l'hostilité succède à Ja 111PfÌance. Le Français est beancoup
plus prt\s dn HOlnain que l'Allentanù; Ie Homain se sent
parent du Français et plutôt choqué par I'AlIenlanùo Et si
I'AllemanJ parle <-rune théologie allemande, s'il donne à
compren(lre quïl considère cette théologie COlnme plus
approfondie et plus eilicace que ce que I'on donne sous Ie
même nom Jans les séminaires italiens, alors on u'a pas
assez de sévérités pour une lelIe appréciation : c'est là, tout
au moins, P1'opo::.itio pim'Hm aU1'iU1Tt offcnsiva. hæ1'esi pl'oxima.
Car, dit-on à Home, il n'est pas lnême concevable que Ies
Haliens, qui, dans la Nouvelle Alliance, sont ce qu'était.
dans l'
\ncienlle Alliance, Ie peuple élu de Dieu, aient pu
rester en arrière dans ce domaine de Ia théologie : ce qui
est italien. dans ce dOluaine, est déjà, en soi, Ie juste et Ie
vrai; et ce qui s'en éloigne, c'est une périlleuse erreur.
C'est done déjà une chose très suspecte, que Ies AlIf'nlalHls
attachent tant d'importance à I'étude de Ia Bible et à l'his-
toire; et qnïls se refusent à considérer C01l1me un hon
théologiell celui à qui ces terrains ne sout pas faluiliers,
voilàqni est ChOqU:lllt, intolérable. L 'A.llemand ùoit prendre
modèle sur l'ILaIien. qui, Jepuís Iongtemps, a jeté par ùes-
sus bord ceUe érudition; I'Allemand ne doít viser à aucune
originalité 1.
Doellinger n'admettait pas que, lorsque l' Alle-
magne voulai t projcter ses rayons sur une loin-
taine terre d'obscurantisme, cctLe tel'l'C refusâl de
se laisser éclairer. Les clans érudits dont il étaÍt
justemenL l'orgueil ne proposaicnt lllênle pas à
Rome un échange d'idées et de connaissances; ils
1. Friedrich, Docllill{JC1'. III, p. 186-18i. - De ces faciles malentendus enLre
Allemand et Halien on Lrouve l'indice dans un curicux passage des ...
fémoÙ'e:
du professeur calh
lif{ue Ringseis : il raconte {lu'
lanL à Home en 181
, il
s'apercevait que main Ls Italien
, pourtant ass('z pen. cro)ants, sOUp
O
I
:l1
n
a 'P1'io1'i l'Allemand d'hérésie ct si RinO"seis leur parlaJt de (ll1elque Sl1pl'rlorlte
des Allemands, on Ie mena
ail, ou pen
en fallaH, d'ennuis avec Ie Pape (Erin-
nerungen, I, p. 517).
238
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
étaient tout prêts à cxporter là-bas, sans rien
réclanlcr en retour, leur philosophic et leur cri-
tique historiquc, at souIfraient cruellenlent que
Rome n 'acceptà t cette critique que sons bénéfice
dïnventaire, et que ceLle philosophic fûi renvoyée
sans retard au delà des Alpes par lcs nlessagers
de 1'Index 1. lis accusaienl B.onlc, avec une sorte
de chagrin, de ne se point rendre C0111pte que Ie
calholicisme allemand vivait quotidiennemcnt en
face du protestantisme; que pour ce duel cons-
lant il fallait des arnles nouvelles... Ces armes,
disait-oll, ROl1le les brisait. A la doulenr succédait
] 'aigreur : on accusait lcs congrégations r0111aines
d'avoir une procédure archaïquc; on dénonçait des
abus faciles à réformer et dont la persistance, curieu-
sement épiéc par les protestants de l'AllemagnC',
leur servait d'argunlent contre Ie cathoJicis111e 2. On
voulait Ie bien de I'Église, continua it-on, et c'est
pourquoi l'on se plaignait de Rome, conlme l'avo-
cat se plaint d'un clienl indocile.
Mais encorc faut-il que l'avocat connaisse par-
faitement Ie dossier de son client, et qu ïlle fasse
valoir: a-t-it rempli toute sa tâche d'avocal lors-
qu'illui a demandé de se corriger? Or, dans cette
école théologique qui s'apitoyail sur Honle avec
une si inlpérieuse condescendance, on ne savait
1. Des boutaùes comme celIe quOen 1831 un prélat du Vatican commeltait
dcvaul Otto de Voelderndorff : 1 Tedeschi sono tutti un poco el'etici, prc-
naicnt.. pcut-èlre, plus dïmporlance en Allemagne quc ne lc prévoyait l'c).ubé-
rant J.llonsignore. (Beilage :::W' All!Jemeinen Zcitun!J, 19U2, nO 148, p. 11).
2. (( Doellinger a /tontc devaut lcs savants protestants >>, explif]uait Schulte,
(( lors'lu'j( pensc avec quellc lamentable supcrfìcialiLé unc an"ail'c si imporlanlc
cst Ll'ailéc. " (Friedrich, Docllillgcl', Ill, po 1400)
LES CRISES INTELLECTUELLES
239
ptlS toujours exactemellt ce qui se passait à Bome...
C'était l'époque, - renlDrquons-le bien, - où les
découvertes de Rossi ùans les catacombes faisaient
revivre Ie t:hristianisme primitif, et témoignaient
l'antiquiLé de certains rites ot de certaines croyan-
ccs, jadis cOlltestée par la HéforDle. Cette Rome
doni Ia sLérilité scientifique faisait pitié à certains
érudits de l' Al1emagne éLait en train de créer,
l
l'instigalion nlênle de Pie IX, une science qui
s'appelail rarchéologie chrétienne, et celte science,
tout de suite, offrait des argunlents insoupçonnés,
susccptibies d'enlbarrasscr Ia négation protcstantc.
On eût pu croirc que tant de bonnes volontés, si
promptes it se dire paralysées par RonlC dans leur
Iutte contre le protestantisme, profìteraient du
moins de ces res sources nouvelles que RODle leur
otIrait, et qu' eIles en sauraienl gré, et que 1a sévé-
rité de leurs jugemcnts en serait atténuée. ßtlais
dans quelques cercles allemands les esprits en
étaient arrivés it ce point d'amcrtumc, qu'iJ leur
semblait que rien de bon ne pût venir de Rome.
LasauIx, par exemple, quelques væux qu'il formât
pOUJ
une concentration des forces chrétienncs
contre lïncroyance, méprisait tellement Ie catho-
licisme des nations latines, qu'il se denlandait
s'il y aurait lieu pour les Allemands catholiques
de se réjouir d'une réunion des Églises 1, Et 101'S-
qu'on songe que Docllingcr, durant la prcnÚère
moitié de sa vie, avail dépensé contre Ie protestan M
1. Sloclde, Lasaulx, p.
53 ct 271.
240
L 'ALLE1[AGNE RELTGIEUSE
tisme son aclivité d'historien, l'on reste stupéfait
du pell de place que tinrent ensuite dans ses préoc-
cupations les découvertes d'un .J ean- Bapliste de
Rossi 1. C'est que désormais, consciemment ou non,
la pensée de Doel1 inger et de ses a mis étai t à den1i
confisquée par un autre idéal, et cet idéal\ c'était
la luLLe contre Ie ron1anisme ct contre les idées
(( infaillibilistes )), clont il voulait ('nrayer la mar-
chc victorieuse.
\7 I
Dans Ignace Doellinger 3 , l'université de l\funich
vénérait une gloire, et l"histoire ecclésiastique un
maître. 11 avait jadis pris une part insigne au ré-
veil de l' Allemagne catholique : il ètvait luttð,
comme publiciste et comme parlementaire, contre
Ie despotisme religieux de I'État. II avait figuré
parn1i les fossoyeurs d u j oséphisme; et dans ce
temps-lit - c'était en 1848 - on lui avait fait un
renom d'ultramontain, et i1 l"avait accepté. Et
puis, en 1850, it l'assemblée catholique de Linz,
dans cette Autriche OÙ l'Eglise fètait son én1anci-
pation, il avail tracé ]'ar
-hitecture d'une Église
1. Flir, tout au conLraire, Ope cit., p. 40-42, scntait fort bicn l'ir.lpOl'tance
de rcs r{-vélations. - Cf. dans Klcutgen, Briere van Rom, p. 23 et suiv., uoc'
série de lellres sur les savants italiclls dont la science allemande conteslait la
valeur.
2. De 11\ pcut-êLre aussi Ie silence que gardèrcnt Doellinger et rUni, ('rsili;
de :Muoich à I"endroit des écrils antichrNiens de Frohschammer, silence qui
dépll1t à Rome (Friedrich, Doellingel', 1I1, p. 309).
30 Sur Igna('(' Do('nin
('r (iï!)!)-tf;!)O), ,ooir not1'l' lom(' II, po 8i-8!).
LEg CRISES INTELLECTUELLES
2í1
nalionale al1emandc, qui, dans la vasto unité ro-
maine, aUl'ait sa vie propre, son organisaLion pl'O-
pre, ses conciles, sa littératurc, et dont l'institu-
tion serait une première étape vel's la réunion des
confessions chrétiennes en A.llemagne 1 : ainsi ca-
pitulerait et rcculerait une certaine variété d' ({ ul-
tramontanisme )), trop soucieusc de (( reIéguer à
l'arrière-plan les particulal'ités des peuples et de
leur impo:5er, cornme une HVl'ée étrangère, la for-
mation religieuse d'une nation >) . Les commentaires
variés auxquels ce discours avait donné lieu avaicnl
convaincu Doel1inger que cette conception d'une
Église allcmandp élait loin de séduire l'unanimilé
lcs caLholiques, et que dès 10rs J'avellir en était
'(,[lgile.
Tout de suile il s' était cfIacé Ju domainp de
'action pour rcrnonter dans Ics hautes régions de
'él'udition; il n'avait plus reparu dans ccs congl'ès
'alholiques qu ïlluslrait autrefois son éloqupnce,
t de nouvelles publications savantes avaient gl'andi
.on prestige d'historien. En revanche, sa réputa-
ion ù'ultl'anlonlain étaÏt alléc déclinant; ct dès
8
4 certains de ses anciens anlis avaicnt chucboté
.u'il pourrait bien devenir hérélique 2 : Ie pronos-
ic était au moins prématu1'6.
Docllinger, aux environs de 18GO, vi vail tlétllS
1. Voile Ie lexle du discoul's de Linz (2li scplemLrc 1830), dans Doellingcr,
leiuere Schri{ten, éd. Reusch, p. 105-11(; (SlullgaL'l, COlta, 1890).
. Voir dans Friedrich, lJoelli!t!Jcr, III, p. HU, les iml'res
ions de Maria
I )erres ct de Joel'g. A cpLte épollue, \\ ei
, évèqne de Spitoc, souhailail dp Doe
-
Iger Ulle vic dc Lulher (Friedrich, flucllillYCI", lIJ, p. 1::8); et Kdlpler allalt
'1Ilt.lIui demander de réfulel' BUllS('U (Friedrich, Oùclliltfle1', 111, po 161.).
IV.
16
242
,
L ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
son cabinet face à face avec un beau rève. Le rap-
prochement des
gJises obsédait sa pensée : il s'y
intéressait comnle catholique et plus encore, peut-
êLre, comn1e Allemand. II constataÎt que la doe-
trine luthérienne sur Ia justification étaÌt désertée
par les notabilités de la Réforme : n'y avail-il pas
lieu d'espérer qu 'entre Rome et Ie prolestantislne
Ie fossé se rétrécissait? Doellinger voulait que Ie
catholiques s'en rendissent compte. L'ère de la po-
lémique lui semblait close
: ils devaienl à l'avenir
suivant un nlot du cardinal Diepcnbrock, (( sup-
porter Ia scission religieuse en esprit de pénitenc(
pour les fautes communes >>, et puis, afin d')
lliettre un Lernle, iis devaient (( cesser Je traiteJ
comme capilales les choses secondaires >>, e
(( accepter une sérieuse correction de tout ce qu
paraîtrait nuisible 1 )). Contre un tel pl'ogramlne
en principe, il n'y aurait eu pour l'ol'lhodoxie au
cune raison de s'insurger; mais les deux confé
rences données à l'Odéon de
iunich, en avri
1860, sur In. question ronlaine, rendirent aussitô
suspect Ie plan d'ensemble que poursuivait Ie pro
fesseur bavarois.
Le futur lord Acton, son disciple chéri, l"cntrc
tenait sans cesse de cette question ronlaine 2, c
Doellinger voulut enfin dire son nlot.
1. En l'aulomlle de lSGO a'"ait pr
cisémcnl lieu à E,'ful'l, à l'illsligalion I
Frédéric Michclis, Ull renùez-vons cnlre calholiques cl proteslanls croyan
(Clarus, Die Zusammenl.,"unft ylacubi!/cl' Pl'oteslaJ/tt!Jì und KatJwliken :
Dl'fw'l im lIcl'bstc 1860 wul dCl'cn \'el'lauf. Pad('l'hol'll, Junfermano, 18G8
2. Sur ceUe influcnce de lord Acton, yoir Joerg., fl. P. n., 18t1u, I, p. 2
el suiv. - Sur Lorù John Dalberg- Acton (j 834-1 t102), voir lady Dlcuoerhasse
dans Bellelheim, BiúY1'aphisches Jahl'buch, Y11, p. 16-22.
LES CRISES INTELLECTUELLES
243
La presse hostile à l'Église répétait que la chute
du pouvoir temporel, qui semblait prochaine, se-
rait la fin de la papauté ; elle citait en lémoignage
les apologistes mêmes de ce pouvoir : ne démon-
traient-ils pas que Ie Saint-Siège en avail absolu-
ment besoin et qu 'on ne pouvait concevoir un pape
qui ne fût pas roi v!
Les protestants concluaient, tout de suite, que
l' Église romaine partagerait Ie sort des États
romains, et c' est à quoi Doellinger désil'ai t ripos-
tel'.
Iais ses arguments mêmes, qui visaient les
îlusions protestantes, atteignaient inùirectement
:;erlains avocats du pouvoir tenlporel; et Doel-
linger achevait de déplaire en réclamant sol en-
nellement du pape-roi plusieurs réformes admi-
1istratives et politiques. VV alter 'I Ie canonisle de
3onn, prit l'initialive d'un mouvement de proles-
ations contre les discours de l\Iunich 1. L'orateur
Ie l'Odéon fut comparé à Cham dévoilant les fai-
)lesses de Noé, à Judas trahissant Ie Christ 2. Et
, on denlandait, au delà des Alpes, de quoi se
nêlait cet Allemand.
I Cet Allemand, croyons-nous, avaH encore, à ce
noment-Ià, des intentions apostoliques: il voulait
labituer ses compatriotes protestants à n'envisagel'
,ue la primauté religieuse du Pape et à cOlnprendre
e qui était l' essentiel dans l'institution divine de
1. Friedrich, Doellinger, III, p. 241.
2. Friedrich, Docllillger, Ill, p. 21-û. - Moeller, Risclwf Law'cut, III, p. 73-
'. - Cf. KatJwlik, 1
61, I, p. 516. D'après Friedrich, Ope cit., Ill, p. 24:!,
ban Stolz, l'édileul' Herder, élaienl plus bicmeillants pour les confél'ences
: l'Odéou.
2
4-
,
L AI.LEl\IAGNE RELIGIEU5E
la papauLé. 80n livre: Églisp et Églises, qui parnt
à la fin de i8Gi 1, opposait pl'écisénlellt au tableau
de la situation des Églises séparées une cerlaino
apologie de la prinlatie papale; et des périodiques
pen suspects de complaisance pour Doellingel', teis
que Le Catholique de l\fayence, a.pprécièrent la
haule portée de ce volume 2, où Pie IX trouvait
({ Leaucoup de bon 3 )). Doellinger y glissait encore
quelques chapitres OÙ il reprenait Ie thènle traité
it rOdéon I.. Non pas qu'il consentît à la chule de
la sou veraineté temporelle; car en septembre iJ
({ donnait une .loie suprême à tous les cmurs chl'é-
tiens >>, suivant les prop res expressions de la CÙ,iltà
ca/tolica, en affirmant avec éclat, au congrès ca-
lholique ùe
Iunich, que Ia cause Ju Pape (-{ail
ccHe tin bon th
oil, et que si 10 Pape était spolié, la
ehrelienLé, jalousc ùe son indépcnùance, ùevrait Ie
resLaur
r ð. 1\lais Ü cotto époque où]a :-,ilualion
des États Romains préoccupait tous les esprits, il
était impos::;ible que Uoellingcr la passùt sous
1. llil'chc uud Ii.Ü'chen, }Jlt{lstthum ul1d llirchenstaato IIistorisclt politische
ßct/'ILchtunycll (Munich, Litemrisch-aì't
8tiche Anslalt, 18tH); ll'aduil en frall-
ais (à l"c},.ceplioll des chapilres sur Je pouvoir lempord) par l'aLLé Ba.yle
(Tùl1rllai, Casterman, 18û
). .. C'eslle livre décisif, disait Gralry au sujct de ce
livre, c'esl un chct'-d'muvre admirable a 1'111sieurs égards, et qui C'st de:;liné à
prodnire un Licn incalculable el à fÌxcr l'opinion SUi' ce sujet )) (Lord Acton,
The histol'Y of fl'cedom aud otlwr essays, éd. John Ne\'"ille Figgis ct ReginaJd
V cre Laurence, p. 424; Londrcs, lIlacmilJau, 1907).
2. Hatholik, 18tH, II, p. 536-538 et G70. - If. Po Bo. 181H, II, p. 807-854.
3. Friedrich, lJoellinger, III, p.
ü9.
4. Voir dans Friedrich, Doellill!Je1', III. p. 264-JG5. les réscrves (fu'inspirèrenl
ces chapihoes it Jocrg, à d'Anùlau, au puLlicislC' Clarus (Yolk). Waller les traitail
d'impiélé sans égale au service de Cavour.
5. Ci1Jiltit cattolica, t}-:JO novembre 18tH, p. li40. -Fricùl'ich, Ðocllill!JC/', Ill,
p. 254-2;)6.
LES CRISES INTELLECTUELLES
245
Úlcnce dans co livre : Église et l
glises, desliné à
'airc connaîtrc ]a papaulé.
Pcut-être eût-il évité beaucoup d'ennuis Inoyen-
lant nne cerlaine délicatesse de lnain. C'était
'heure où l'épiscopat muHipliait les souscriplions
Jour Pio IX, où certains protestants, Guizot OIl
france, Leo en Alleolagne, s ïnclinaionl devant la
égitimité do la souycraincté lenlporeHe, OÙ ]a croi-
,ade pour ]es États du Pape avait deux chefs, qui
'appelaicnt l\lontalembert et Dupanloup. Et sur ccs
'ntrcfaitcs Doellinger survonaiL avec des pages qui
)ouvaient aider au procès poliLique de l'adlninis-
ration romaino. Vincke, Ie député prussien, asscz
iosiile à Home, disait à Auguste Reichensperger :
A.bsolvez-moi, puisqu'cn principe Doellingcr esl
'accord avpc nons 1. ))
Les propos do co prêtre avai('nl nn fornlidable
cho : Napoléon so les faisait télégraphicr; rEu-
opo élait aux écoutes. (( La seconde partio de
oiro livre, lui écrivait
'Ionta]enlbcrt, dépli1ira
eauconp, non sonlcment it Romp, n1ais encore it
t tr(\s grandp rnajorité des catholiquos. Je ne sais
onc pas si, dans Ie cas où vous m'cussioz con-
llité préalablo1l10nt, fanrais ru 10 courage d'ini1i-
I er celte blossure à mon père ot à roes frères 2. ))
[ontalembert parIaH avec son cæur; Docllingor,
ui no s'était fait prêtrc - ll'oublions jamais cc
éLail - que pour avoir uno occasion do culLiyer
L Paslor, lleichen8pCt'gcP,
I, po i-21
':.
2. Lorù Acton, The hisll}ry of f'reedaJn anù other cssays, édo John Neville
gi5 ct HeginalùU lr
TNo
T. r.
;:
:/'s COLLEGE
24:6
,
L ALLEMAGNE RELI
IEUSE
la science t héoIogique 1, était presque exclusive-
ment un puissant cerveau, (( nne moitié d'homme )),
disait de lui Bernard de l\leyer, l'ancien chef du
Sonderbund; et lVleyer ajoutait: (( L'autre partie
de Ia nature humaine, Ie cæur, 1(' sentimrnt, fai-
sai t défaut it Doellinger à un degré surprenanl 2 . ))
Un ùétail, dans son livre, ùevait rendrc à Pie IX
la blessure plus cuisante. Doellinger, avec qneIque
Iourdeur, ofl'rail l'hospitalité de rAllemagne au
pontife dont Ie trône ehance]ait, et il lui remon-
trait cOlnhien cetle hospitalité contribnerait à par-
fairo l'éducaLion de la curie romaine. Pas ]a
nloindre ironic dans ce passage, pas la nloindrc
volonté d'irrespect; mais Ie sympLômc, peut-êtrc,
n'en éLait qlH' plus grave, en attestant ]0 peu de
COilsidéraLion que Ie grrmanismr avait pour Ie
romanlsme.
Si la cour de nOlne vient it résider quelque temps en
Allemagne, (krivait Doellinger, les prélats rOlnains 5cron1
sans doute agréablelnent surpris en découvrant qu'ur
peuple est capable de rester cathoJique et re1igieux f,an
aucune contrainte policière, el que ses sentiments religieu)
sont pour l']
glise une 111cilleure protection que les prison
.
épiscopales qui. grÙce à Dicu, n'existent pas. Us apprendron
que l'Eglise en Allemagne est capable Je 5e mailltenir san
Ie Saint-Office; que nos évèques, qnoiql1 ïis n 'usent d'aucunf
contrainte rnatérielle, ou peut-être à cause de cela, son
respectés comme des princes. lIs verront comment rÉglise
L Yoir nolt.o Lomo II, p. R7. - Pour la mêrne rai
on, en 1R50 - parce lfu
]0 saceruoce Jl'était, pour lui, qu"tm mo
('n d'êlre Ihéolo
icJl, - il a\ail rcrus
l'archen;ché do Sa1zJ,oUl'g (Friedrich, ]Jocl/iugcr, HI, p. (j!)-70).
. RrlctJILÏ!
sc des DCl'lIhard flitter 1'011 AI CY(,1', I. p. 312-::15 (Vienne. Sa\'
tori, 1875). - Comparer l'impression d'Ernesl-Louis de Gerlach (Auf.
eichm.lrì
yen, II, p. 315).
LES CRISES INTELLECTUELLES
247
chez nous, repose sur une base large, forte et saine: celle
d'un système bien organisé J'aùministration pastorale et
d'instruction religieuse populaireo ]]s trouveront que tout
Ie clergé allelnand est prêt à bénir Ie jour où il apprenJra
que la libre souveraineté du Pape est assurée, sans arrêts
de mort prononcés par des ecclésiastiques, sans prêtres
policiers ou préposés aux affaires de la Ioterie. lIs se con-
vaincront enfin que to us les catholiques de I'Allemagne se
Ièveront comine un seul homme pour l'indépenùance du
Saint-Siège et pour les droits Iégitimes du Pape; mais qu'ils
ne sont point aùmirateurs d'une forme gouvernementale de
date très récente. qui n'est rien autre chose, en fait, que Ie
produit de Ia politique mécanique de Napoléon, combinée
avec une administration cléricale. Et ces constatations porte-
ront Je bons fruits quand sonnera l'heure du retour, quanJ
Ia restauration sera accomplie 1.
Doellinger ouvrait l' Allen1agne à la coul' de Rome,
non seulement comrne un asile, mais comme une
école; Ie germanisme faisait des avances au roma-
nisme, à titre de précepteul'; et si Ie Saint-Siège
avaÏt des tracas, Ie germanisme après tout s'en
consolait; car les ennuis, peut-êtl'e, comme l'écl'i-
yait Doellinger à Glaustone, rendl'aicnt Rorae in-
telligente... Vexatio dabit inlcllectun
2.
Lorsque, en i847, on avaÏtoffert au futul'évêquc
(( vieux-catholiquc )) Reinkens, alors étudiant à
Bonn, ]a présidence d'unc société d'étudiants qui
s'appelait la ROJnania, il avait accepté; ct cc qu'il
rêvait, s'il en faut croirc scs explications uIté-
l'ieures, c 'est que les jeunes gens allemands, une
fois imprégnés de science allemande, s'en allasscnl
1. JÙrche und Ji.il'chcn, conclusion, - cr. Lord Aclon, opo Cit., p.300-374.
. Friedrich, DoelliT/{Jcr, IIf, po
w.
248
L'ALLEl\IAGNE HELIGIEUSE
à Rome pour inslruit'e la curie i. Un certain ger-
manisllle, à denli présomptueux, à den1Ï aposto-
lique, bl'uyaml11cnt équipé pour ]a conquêle de
Ilolllc, ne pouvait cOlllprendre que l'autorité
rOllHlÏne forcât les conquél'ants tl nUtl'quer Ie
pas.
VII
Entre celte au lOl'ité et l'arislocl'atic d'illtelli-
genccs qui parlait au nonl de ]a science gerlna-
n ique, Ies défianccs s' aggra vaient.
Depuis 18Gf, un curieux Vade nZeCU1Jl circulail,
desliné aux jcun-cs pl'êtres, eL qui, sous une fOl'nlC
ironiq ue, gloriíiail eel Aristote, messager si illlpCC-
cable de h
révélation nalurelle que Ips (( théolo-
giens de l'Eglisc catholique n"avaient plus qu'à so
faire ses écoliers )) : l'auteur n' était autre quo
Rcinkens, qui professail alors
l runivel'sité de
Breslau 2. Et Landis que Ie païen Aristote planait
ainsi au-dessus de to ute suspicion, DocIlinger rc-
prochait à ROlne de paralyseI' et dOanéantir, par
1'lndex, les forces nouvelles que Dieu avait éveillées
dans l'Église; oÙ chercher désormais, denlandail-
iI, des hommes indisculés 3? Cepcndant, en Allc-
nlagne nlênle, se groupaient aulonr de Rome des
1. Joseph Marlin neinken
, Joseph IlUlJC1'{ Rcinkens, p. 20-
J. (Gotha,
l'crlhcs, 1906.)
2. Joseph Martin Reinkens, lleinkens, p. G(j cl 10Uo
3. Friedrich, fJoellillyer, III, p. 2ï2.
LES CRISES INTELLECTUELLES
249
théologiens et canonisLes de valeur, donl Cologne,
1\1ayence pt \V llfzbollrg étaient ]es trois centres.
Scheeben 1, é\lève du collègc germanique de Honle,
professeur de dogmatiq lIe au grand sén1Ïnaire tie
Cologne, puLliait en lS65, SOliS Ie tilre : Les 111!1s-
Lè/'cs elll clu'istianis7uc 2, une wuvre de spéculalion
Inyslique, impeccable au poinL de vue de l'ol'Lhu-
doxie, ct qui, duranl eeHe période troublée, appa-
raissait à la pensée chréLicnne d'Alleffiagne conl11ie
une invitation à remonter vcrs certaines cimes,
éloignées des mêlées terrestres. La revue Lc Ca-
llzoliquc, de l\Iayen
e, sui vait avec vigilance, sur Ie
terrain de la philosophie, de l'histoire. de ]a poli-
tique, tOlltes les nlanifcstatiolls qui lui semhlaient
nlettre en péril les dJ'oi ts du Saint-Siège 3; ene
lraquait les formules indécises qui pouvaient abri-
ter dans leurs vagues contours un parLi pris d'ha-
bile indocil i lé; au risque de passer pour 110sLile à
la pensée allemande el à la science allemande I.,
elle nc tolérait aucune désinvoltur0 it l'endroit de
la scolastique ou des congrégalions romaines I).
1.. Sur Malhias-Joseph Schecl)('n (183'.;-1888), ,oil' E:aeum"er, Allgcmeinc
dculschc /JiO!j1"llphic, XXX, p. Gô3-GG
. - Sur l'..l'uvre de Scheeben, ",oir
l\atlwlik, 18GG, II, p" 3G7-378; - Schanz, Tltcolo[Jische Quartalsc/u'i{t, 1809,
p. tJ13-61tJ; -MaLtes, Tlteologisches Lite1'alw'úlatt, 18GG, p. 381-38i.
2. Die Myslerien dcs Christentums (Fribourg, Hcrùer, 1865)0
3. Voir, par ex empIe, Hatholik, 1862, II, p,
;jï-
7?), un arliclc sur la JlI
ces-
silé d"éluùiel' lout d"aborù saint Thomas pour éludier Arislole d'une façoll
inoITpllsive et 1'(-conde; - 18G2, II, po 45
-;:;U(j, les arlicles oÙ sonl dMendllf's
coulre la science allemande ce 'IUC' cclle sciencc appclle la scolaslique gah'a-
uisée el la science jésuitilluc. - 1..e Halholik DC lliait pas, tlu resle, 'Iue la
lhéologic lJoÛlive hisloriquc fÚl n(
cessaÌl'e (l\aLholik, 18G2, I, p. 300-510).
4. Jí.atholik, 1862, I, p. 102-111.
50 Voir I\atlwlik, 18G1, H, p. tì80-711, un grand arLiclC' en favenr de
250
L' ALLE1\IAGNE RELIGIEUSE
L'évêque I\:.etteler, Ie chanoine 1\loufang, Ie doyen
I-Ieinrich, plus préoccupés d'action sociale que de
science pure, avaient quelque raison de craindre
que les divisions intellectuelles entre catholiqucs
ne nuisissent à leur influence profonde sur les
masses; et, plus soucieux du peuple allemand que
dp la pensée allemande, ils voulaient que I'Église
d' Allcmagne, docile aux systèmes traditionnels et
aux disciplines ronulines, témoignât nloins de co-
quetterie pour les hesoins intellectuels d'un petit
nombre et plus de charité pour les besoins écono-
miques de]a roule.
Un cercle plus scientifìqu
que l\Iayence était
l'universilé de 'Vul'zbourg : Ie théologien Denzin-
gel' 1, l'apologiste IIeUinger 2, rhistorien Hergen-
roother 3, Y faisaient régner les idées romaines. On
ne pouvait contester leur valeur de savants: l' éru-
clition du jflunc I-Iergcnroether avail jadis éLonné
lï11l1('x, ('I. 18G3, I, p.
iflO-60G, l"arLicIe conLre la Tucbin qer QUa1'lalsch1'ift, flU:
avail accusé Ie Aatlwlik (l"aimer les dénollciationso Cf. Reusch, Ðe1' Iudex, 11.
2, p. 1.I2ï-1129, l'inùicalion ,Ie la divt'rgence (l'appr
cial.ion enlrl' les Fcuillc.<
hÜ/01'ico-politiques ct Ie CfltllOlique au sujel de la pl'océdurc suivie par l'Illdf"
dans la conùamnaLion de Frohschammer.
1. Sur nenl'i DC'llZinger (181f1-1
83), yoir !"es proprC's sou\ enirs ùans IÙltllOlik _
1883, If, p. /dg-Hi, 5
3-338, 638-G4
, el Lauchcrl, Allgemeine de1ltsrhe IJio-
graphic, XLVII, p. GG3-GG5.
20 Sur Fran
ois Hellinger (1819-1890), voir Renninger, Iíat1wlik, 1890, I
po 385-iæ, et Kaufmann, Fran:; Hettinger, Erinnerunuen cines dankbarel
Sclmele1'8 (Francforl, Foesser, 18f11); sa principale æuvre esl son
.tpoloyie (ft
Chl'is/wlIisme (Fribourg, Herùer, 18G3-1867), LraduiLe en français par LaloLe ù(
FclcourL el Jeannin (Paris, Blond, 1885, 5 vol.).
3. Sur Joseph HergcnroclllC'r (IS2i-1890), \oir Hollweck, I/. P. 11., 1890
II, p. 721-729, ct Heinrich, Kat/LOtik, t890, 11, p. 481-i99. - Son line: ill
rnt1zolzc;e Ecrlesiæ p1'imordiis l'ecclttiorum [i,'otestantium systcmatn expen
dUl/tw. (Ralisbonne, Manz, 1H51), définissaiL avec science el origillalilé Ie!
posilions nouvelles de l"apologéLique protcsLanLe. Sur l'eslimc que faisaÏl de Iu
Doellinger, \"oir Friedrich, ÐoellingC1', HI, p. 275 ct 4H.
LES CRISES INTELLECTUELLES
2:)1
rUniVf'fsité de l\tunich, et ]'ouvrage sur Photius \
auquel il travaillait, d0vait être salué par Doellin-
ger lui-même comme un n1aÌtre livre; mais Het-
tinger et Hergenroether avaient passé leur jeunesse
à Rome, au colH\ge Germanique, sous la direction
des J ésuites, el c' en étaÏt assez pour que 1e ger-
manisme les traitât en suspects. (( Ce que j'appelle
(( tendance romaine >>, disait Doellinger, c'esl toute
tendance qui est hostile en principe
t la science
allemande ct qui vise à la di8créditer ]e plus pos-
sible
. ))
De fait, il étaiL nat.urel que If's cnnen1Ïs systé-
n1atiques de la scolasLi(lue incriminassenl lcs Jé-
suiles: car les leçons professées à Vienne par
Schrader 3 dc 1.R57 à 1.863, et surtout les volumes
publiés en 1860 par I{]culgcn sur la philosophic du
1110yen âge'" donnaient aux études thon1Ïstes une
1.. IlergclJroclher, 1'1IOtius Jtill"Ùuoch von COlIslalilinopcl; scin Lcl.Jen, stilt('
Sclu'iften ulld das !/l'iechischc Scltisma., :
vol. (nalishonne, :\lanz, 1867-18(9).
. Friedrich, Dúellin!Jcr, HI, p.
ï6. On lrouve Ie 'e!'lig-e durable de eel élat
d'e
pril dans friedrich, Gcschichlc des '-alikallischca Concils, I, p. 256-237.
- . Si tous Ips prNres étaicnt élevés eomme au Collè
e germallique, écriHlil
il1\erspmenl Kí'lleler, Ie mOl1ll(' serail sam é . (Ilaich, 1J1'iclc l'on u"ci aiL I{('l-
tclCI', p. 3f1!)). - Hellinger, Aus "Tcll ulld KÙ'chc. l. p. 17-
1" 4 e éd. (Fribourg,
Herder, 18!)7), explif{ue qu"au Collège g('rmauicl'1C il n'y avait aucun élève qui ne
fûllri's altaché aux facons allemandes. - Voir, dans Sleinhllher, Geschichlc dcs
Collegium Gel'mallict;m HUltyaricum in flom, 11, p. 41ì2-4U6 (Fribourg, Her-
der, i8!);)), l'énuméralion délaillée des élè\ es illuslres sortis au XIX e siècIe du
Collège Germanique.
:3. Sur Ie Hanovrien Clémenl 8-ehrader (18iO-i87:J), professeur de dogmalique
au collège Romain de 18:>3 à t857, el, à eet.le dale, eollaborateur assidu de
Passaglia av('c qui il publia lrois 'Volumes sur rImmaculée Conception, pro-
fes:,('ur à rienne de J 857 à 1863, eommentalenr dl1 8!Jllnbus, morl professeur
au séminaire de Poilicrs, ,oil' Schulte, /Lllrlemcinc Deulsrhc J:io!)/'aphie,
XXXIl, p. 42:;-i-27, el la ScmairlC litw'gi'lue du diocèsc de l'oiticrs, 18 avril
181J, p. 2;)6-257.
4. Kleulgen, Die [1lâlosophie der -Vol'.:cit l'el'lhcidigt, 2 vol. (l\Iuensler,
Theissing, 18liO-1863}0 Le Ii.atholik, 181,4-, I, p. 709, affeelail de signaler Ie
caraclère vraimenl allemand, vraiment national de l'æuvre de Kleutgell, présen-
252
L'AT.LE:\IAGNE RE1.IGIEUSE
ll'PS forte in1pulsion; et Schrader el I\.leutgen
appartcnaient it la Con1pagnie de Jésus. Jésuitc
encore, Ie théo]ogien Franzelin t, qui depuis 1837
enseio'nait à l'Université OTéO'orienne de B.orne :
(j Q b
une ilLurninée célèbre, 1\Iaria de
Ioerl, que visilè-
rent tous les grands hommes de l' .c\Jlemagne ca-
tholique, avait jadis déclaré, sur une question ùe
son confesseur, que ce jeune Tyrolien, qui hésitait
sur son avenir, dcvait aller au noyiciat:!; et l'oracle
de cetle mystique avail ainsi scellé Ja vocation
de run des plus grands scoJastiques contempo-
raIns.
Ces JésuÎtes. forgeant au loin des intelligences
allenlandes, efTrayaienl beaucoup le germanisme :
Ueinkens expliquait, dans une hrochure sur l'Uni-
versité de Breslau, que l'attachen1ent des Jésuites
au thon1isme les disqualifiait, ou pell s'en fallaH,
comnle professeurs universilail'es 3; on parIaH d'un
réseau, dans lequel ils prétcndaient emprisonner
l'
-\llemagne pensanle, et dont, au jour Ie jour, it
v,,
urzbourg, à I\layence, it Home, se tissaicllt dili-
tpC' coml1w la contillualion d(' ræm re' de .MoehleI'. - L<' cal'diual nC'isach s'occu-
pail d
fairc lralluire Klcu
en <,n ilalif'n (81<,inhubcr, Ope cit., 11, p. 4(4). -
J
e I'. Constant Sicrp Iraduisil Cll français la p:raudc æmrc philosophique de'
hJeulgen, La philosophic scolasli'luc exposée ct défcndue, 4 yo!. (Paris,
Gaume, 18(8).
1. Sur le Tyroiien Jean-BapLisLe Franzclin (1816-188G), professcur de Jangups
oricntales au Collège romain de 1850 à 1857, préfcl dcs éLml('s au Collègc gcr-
mauique ùe 1853 à 185ï, prore
seur de dogmaLique au Collège romaill à partir
de 1857, théologicn ponLifical au concile, cardinal ('n 18ïô, loir /Údholik,
1887, I, p. 2
,)-2:;!, ct };ona \ cnia, HaccuUll di rncml.1ric Ï1IlO1 0 Il0 aUa vÌLa
ddl'Em. Cw'd. Fralt::;clilt (}tOIllC, Typogr. de la I'l'opa;;audc, l88ï).
2. Houavenia, Ope cito, p. 90 - 8m' Mal'ia <.Ie :Mocrl (181.2-18G8), loir nolre
Lome (I, p. 73, u. 4, el Léon lloré, Lcs sti!luzatiséc8 tiu. Tyrol, p. 1-82 cl
207-243. (Paris, Lecoffre, 184G).
3. Jo-:\1. Reinkens, ReinkcllS, p. 70.
LE
CRISE
INTELLECTUELLES
253
gCffill1ent les mailles. Lorsqu'on voyait ùes éIèvcs
du eollège Gernlanique, de I'clour pn leurs dio-
eèses, être attachés au grand sénlinaire ou à la
personne de l'évêque, on dénonçait, sur l'heul'e,
Ie com plot jésuitiquc, et l'on l'ieanait : Doctor
Ronzanlls asinlls Gennanus J, un docteur de Rome
n'esL plus qu'un âne en Allemagne. ".,. eiLh, Ie grand
prédieateur auteichien, fort attaché au gunthéria-
nisme, expédiait à Knood!, en 1863, eel ironique
conlmentaire des verdicts romains : Fiat syllogis-
'inus, pereat dualismlls, pereat et cum spiritu libel"-
las, c'J'escat zi;:;ania, pereat Get''J)Ulllia 2 !
Les deux eanlps projelèrent, à peu près sinluIta-
nément, des rendez-vous de savants 3 . En 1861, Ie
prêtl'e Fr(
deric l\IicheIis
(
cJ'ivit à DoeJlinger que
la Ihpse de l'infail1ihilité papale faisait du eheIuin
dans l'Églisc, el qu'il éLail urgcnt (Itle la science
alleInande lint un congrès pour sonner l'alarnle I);
en 18G2, de Luca, nonce à Vienne, essaya de dé-
tern1Ïner Ies évêqucs allemands à cn voyer à vV urz-
bourg ùes délégués ponr eréer une grandc associa-
1. Friedrich, Doelliuger, Ill, po 148-14tJ.
2. Knoodt, Ope cito, II, p. 538. - Sur Jean-Emmanuel Veilh (1787-1876).
voir Joh. Loewe, Johann Emanuel "Veith, eine lJiofji'llphie. (Vienne, Brau-
mueller, l
jg). C'étaiL Veith qui avail rédigé la formule de soumissioll de
Guenther au décrel de l'Illdex (Reusch, Allgemeine Deutsche Biographie,
XXXIX, p. 5:;3-555). - Cf. dans J .-M. Hcinkens, lleinkens, Jlo 70, le récit d'une
visitc à V cilh (novcmbre 1
li7), loujours tl'ès hostile aux. décisiollS romaines sur
Ie dualisme.
3. Déjà en 1840, peu après l'Asscmblée épiscopale de Wurzuourg, Ie profes-
seUl' Ritter, de Breslau (1787-1857), avail songé à la convocation d'une assem-
Llée de lh{'ologiens, mais avail, d'apl'
s Friedrich, rcdoulé l'opposition de
Geissel (Friedrich, Doelli1t!Jc,', II, p. ,jOi -
i(jO).
4. Voir ci-dessus, 1'. 231, n. 2.
5. Friedrich, lJuelliu!Jel', Ill, 1'. 2J2-254-.
254
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
tion scientifique catholique 1. Doellinger, en octobre
1 R62, se mit d'accord avec Hirscher et Alzog 2, de
Fribourg, avec Dieringer 3, de Bonn, pour tracer
un programme de congrès; rnais ce programme,
qui pl'ùnait la Jiberté de la science et semblait
frondeI' les congrégations romaines, suscita les
objections du l\Iayençais Heinrich; les professeurs
de Tubingue se montrèrent très froids, et bientôt
I-lirscher s' effaça, jugeant que l'idée n 'était pas
nlÎlre 4. Cependant line démarche de l\lichelis, au
printemps de 1863, ressuscita Ie projet: il s'en fut
voir à Vienne Ie nonce de Luca, à lVIunich Doellin-
gel' :;, et tra vailla si prestement que Doellinger el
son collègue Haneberg 6 convoquèrent un congrès
1. Fricdrich, Docllinger, Ill, p. 301. - Dès 1859, De Luca se cOll1plaisaiL
dans Ie l)rojel d'assemblées de savanls calholiques (Slamm, COnÞ'ad
fQ),tiiì,
p. 184).
20 Sur Jean-Baplisle Alzog (1808-1878), voir Weech, Bwlische BioYl'apltien.
Ill, p. 1-5 : c'êlait un homme de jusle milieu. - Son Histoire UJlivel'selle
de l'Église fut lraduite en frallçais par Goschler, Audley el Sabaticr (Paris,
Sarlil, 1874-18í5, 4 voL), el son Manuel de pall'ologic par l'abbé BcJel.
(Paris, Gaume, i8(7).
3. Sur Dieringer, voir ci-dessous, p. !67, n. 1.
40 Fl'iedrich, DoelLinger, Ill, po 28ß-296.
5. Friedrich, Doellingel', III. p. 302.
6. Sur Daniel-Boniface Haneberg (1816-1876), professeur à l'umversit6 de
:Munich depuis 183!), abbé bénédictin de Saint-Boniface depuis 1854, voir
Schcgg, El'innel o ungcn all Ð. B. v. Raneberg (Munich, Stahl, 1880). HébraÏ-
sant dès son cnfance, Ilanebcrg était très distingué comme orienlaliste et comme
cxégèle; ses prédicalions, lrès émouvanLcs, très pénélranlcs, rappelaient l'élo-
quence de saint François ùe Sales. Son rôle d'instigaleur du Congrès des
savauls catholiqucs de Munich Cut l'une des raisons qui empêchèrcnl Rome, Cll
1866, de l'acceplcl o pour l'évðché d'Eichstaell : il devinl en 18í
évðque de
Spire. Son HistoÌ1 o e de ia l'évélation biblique Cut lraduite en français par
Goschler (Paris, Valoll, 1856, 2 vol.) : on y trouve, II, p. 4û!), une lhèsc,
implicilemcnt condamnée par Ie concile du Valicau, sur l'illspiraLion de l'Écri-
lure, Lhèse d'après laquelle l'inserlioll ù'un ouvrage par l'Église au canon dcs
liHcs inspir,
s 8uHil'ail pour flue cc livre, mème n'ayalll pas élé effeclivement
écrit par inspiralion divine, devînl sacr6, dc profane qu'il 6tait. (Vacant,
Études tluJologiques SUI' les cOllstitu,tions dll concilc du Vatican, I, p. 4ûÛ-462).
LES CRISES INTELLECTUELLES
255
à l\lunich, pour Ia fin de septemhre 1. Dc Luca ne
tarda pas à sentir que cette assen1bIée n'aurait rien
de con1n1un avec l'as
ociation qu'il avail rêvée, et
Gonella, nonce de l\Iunich, se montra fort inquiet 2 :
qu'allaient faire ces professcurs, brusqucn1cnt réu-
nis en une façon de synode, sans convocation
préaIable de l'autorité ecclésiastique? L'évêque
IarLin, de Paderborn, défendit à ses prêtres d'allcr
à l\lunich 3 0 l\lais il était trop tard pour meltre un
veto, et les
Iayençais, d'ailleurs, qui donnaient
au nonce toute sécurité, acceptaient Ie rendez-
vous. Le 30 septembre, Ie congrès s'ouvrit.
On y rut d'accord pour l'action: d'intéressantes
décisions furent prises au sujet de publications
savantes et populaires:.. On y fut d'accord pour
voter que les savants devaient être attachés aux
vérités révélées et se soumettre aux énoncés dog-
matiques de l'Église infaillihle 5 : quatre congres-
sistes seulement refusèrent de souscrire à ces pro-
positions, qu'ils eussent voulu con1pléler par une
form ule sur la Iiberté de la science 6. l\Iais sur ce
1. Verlwrtdlungen del' Vel'sammlung Katlwlischer Geleh,.ten in .lIfllenchen,
po 3-8 (Ralisbonne,
lallZ, 18û3). - Dans les convocalions, beaucoup dOoublis
furenl commis: Joerg explique flue Doellingcr ne connaissail guère, person-
ncllemelll, que des hommes qui devaient êlre plus lard les chefs du vieux-
caLholicismc (D. P. JJ., 1890, I, p. 253-254
.
2. Friedrich, Doelliuger, III, p. 305.
3. Friedrich, Docllinger, III, p. 30i.
4. Yel'handlungcn, p. ï3-H eL 129-1;-]0. Peu de temps avant, Docllinger
carcssail Ie rêve d'une (( biblioLhèque caLbolique )) pour prêlres eL d'ulle sorLe
de (( panLhéon allemand )) llui eûl élé << UllC prise de possession de l'hisLoire
d'Allemagne au point de vue calholique)) (Friedrich, Doellinger, 111, po 281).
5. r e1"lwlIdluli[Jcn, II. 97-1 t!).
6. Friedrich, DoelliugeJ', Ill, p. 330.
2J6
L'ALLE1IAGNE RELIf;IEUSE
ùpruier point, Loute discussion risq uaiL ùe Lrans-
forn1cr Ie congrès en un0 mêI
e; el Ie débat fut
ajourné. Les congressistes, en définilive, ne com-
n1Ïrpnt aucun acte forme1 dont ROllle pÙt leur faire
un grief; iis envoyèrent même à Pic IX un mes-
sag-e fort séant 1 .
l\Iais ce que devaienl retenir, de ce congrès, Ia
presse et l'opinion publique, c'élaient les manifes-
tations oratoires faites par Doellingcr, qui en étaÏt
Ie président 2 . Doellinger, admirable d'éloquence,
présentait à l'univers chl'étien la théologie alle-
Inanùe, et définissait Ie rôle auquel dans l'Église
celle force nouvelJe était appelée. Son discours
était une déclaration des droits. << Dans Ies choses
religienses, expliquait-il, c'est ]a lhéologie qui
dOllne it la saine opinion publiC{ ue son essence et
sa vcrtu; et ù('vant erHe opinion, it la fin, tous
sÏnclinent, mt'file les chefs de l'
glise, mème Jes
dépositaires du pouvoir. Conlnle au ten1ps hé-
braïque Ie prophetisme coexistai t a vpc Ia hiérar-
chie sacerdolale, il y a aussi, dans I'Église, une
puissance extraordinaire à cûté des puissances
ordinaires, el c'est l'opinion publique 3. )) Ainsi.
1. Ve1'hahl 1 lungen. p, 93-94.
2. L'opillion catholique était d'autaut plus chatouilleuse, quc Doellillger venail
de poblier son livre des Pl1pslfaúeltL, oil il disculail certaines tradilions el
légendes ecclésiastiques, C't illtCl'prélait dan'i un sens fort peo (( ultr.lOlOntain )I
les dét'aiJlanccs des papes LiLère et Ilonorius, ct dont les principam.. chapiLres
furcnl traduits cn français. tie 1
G3 à 1865, tlans les Ar'cltivcs lltéolo!/ifJues de
l'aLbé Belet. - Cf. Reinhard, l
tude critique 8ur quelques papcs du rnoyen-
lÌye. du pl'Ofesseur lJoellinyer, Nancy, 1865. - Sur les crili(lues dout ce livre
full'objet, voir Friedl'ich, JJoeliingc1'.lII, p. 310, et la Civiltâ Cattolica de 181;i.o
3. Voir sur celle lhéorie -. que rcpril )lichelis, IGrche ode]' Pm.tei, p. 4.
(:\luensLer, Brunn, 1!:\lì5) -, les cl'Ïtiques du 1'. .Michael, IY1Ut:; 1'0 lJodliJ/!/l:t',
eine Clwmktcl'istik, p. 19
lnnsJJl'ucb., Rauch, 18n
).
LES CRIS
S INTELLECTUELLES
257
semblait surgir, à côté de la hiérarchie, et, s'ille
fallait, PH face d'elle, nne science qui viserait à
être rinterprétation scientifique de l' opinion chré-
Henne, ct qui seraiL juxtaposée plutôl que subol'-
donnée à l'autorité ecclésiastiquc.
Cette théologie, queUe serait-elle? et ceUe opi-
nion pub1ique, OÙ la recucillerait-on? Serai t-ce
en France? Non, cerles, car Doellinger n'avait que
mépris pour nos quatre-vingts séminaires Oil Ie
clergé s'isolait de la vie nationale 1. Serait-ce en
Espagne, en Italie?
Ioins encore, puisque, au
jugement de DoelJinger, I'lnquisilion, en Espagne,
avait tué la vie intcllectuelle, et puisque les !{os-
mini, les Gioberti, les Passaglia, étaient en déli-
catesse avec Rome. A grands trails, l'orateur reh'a-
çait la détl'essc de la théologic dansles pays latins,
et contestaÏt d'ailleurs que la scolastiquc fût capa-
ble de créer (( un édifice doctrinal harmonique,
répondant effectivement à la richesse interne des
vérités révélées )). Et puisque (( les deux yeux de
la théologie sont la philosophie et l'histoire)),
puisquel' Allemagne, dansces deux domaines, deve-
nait (( l'institutrice de toutes les nations >>, c' est pour
1a théologie allemande que Doellinger revendiquait
1. Dès 1849, Heinrich, de Maycnce, avail défendu Ie clergé beIge et le clergé
français contre Hirscher, qui déjà s'cn faisait Ie délracteur. (( Si Hirscher pou-
vail visiter la Belgique et Ia France, écrÏ\ait Heinrich, et voir si ce clergé sc
tient tellement en dehors du peuple, eL si un bon prêtre est aussi unpraktisch
qu'ille prétcnd ! >> (Die Jlil'chliche Rcform, I, p. 111; cf. II, po 39, note, ct
po 104, les témoignages d'admiration de Heinrich pour le cIergé fl'ançais). _
Cf. dans Friedrich, Doellinger, I, p. 367, une leLlre de Greilh, disciple de
Doellingcr et fuLur évèque de Saint-Gall, comparallt la formaLion théologÌfluc
allemande et la formation sulpiciennc, dont il s'en Caut de bcaucoup 'r't:
Greith parle avec malveillance.
IV.
17
258
L' ALLE
lAGNE RELIGIEUSE
dans J'Église univf\rselle unf\ place tl'élile, d'où
clle se fìL entc'ndl'e, écoutcr, cxancer.
Ignace Doc1lingcI' ainlaÏt ]a science ..l ainlait
J'AlIclllagne: il pl'éLen.Jait, en face du \Tatican, les
rcprl
senlcr toutcs deux. II faHaiL qn' on slÎL, à Ronlc,
que Ie cerveau de ]a chrétienté était en Allemagne.
Quatorze ans auparavant, Buss, Ie publiciste
caLholique ùe Bade, avait réclamé que Ie Saint-
Siège envoyât partout en Allemagne des t.héolo-
giC'DS pour cnseigner à l'Église aU{\nlande la vraie,
]a seule nléLhode 1; il jugeait, lui, que l' Allenlagne
avait besoin de Ronle. l\1ais DoellingcI' proclanulit
que Rome avait besoin de I' Allemagne: c'était la
science germanique, et elle seule, qui o{frait à
1 'Église une (( façon scientifique de prendre cons-
cience d'eJlc-nlême, de son passé, de son présent
et de son aveniI', de sa substance doctrinale, de sa
constituLion, de ses règles de vie )) ; l' Allen1agne
cultivait et développaiL, sons Ie nom de tl1éolo-
gie, Ia (( conscience scientifique de I'Église 2 )).
On devine la surprise de I'école ad verse 3. La
pensée allemande des cent dernièrcs années avait
produit une série de systèrnes dans ]esquels les
théologiens du Saillt-Siège recherchaienL en
vain leurs façons conlnlunes de penseI', ot qui ne
leur appal'aissaient pas sculemenl conlIne des
1. JJuss. Dcr Kampf der IGrche gC!lcn den Staat wn ihre Fl'ciheit ill
Fl'ankrcich und in Tcutschl(uul (Schaffouse) Hurler, 1850). - cr. Hefelc,
Theolo!lischc Quartalschrift) 1850. p. 1ô2-Hì3.
2. Le Lc},lc inLégral du disc ours de Docllingcr cst publié dans lcs VC1'ItU1ll1-
lUltgcn, p. 25-:59.
30 La Civiltlì Cattolica publia une riposlc. due à la plume du célèbre P. Curci
'Iui u'avaiL pa.:; cncore l(uiLté I'Eglisc (Fricrlrich) Ducllingcl'. Ill) p. 348).
LES CIUSES INTELLECTUELLES
259
erl'curs de logique, nIais aussi, mais surtout,
comnledes attitudes nIonstl'Ucuses de l'intelligence
Inunaine: I' Allenlagne ue Kant et òe Fiehle, de
lIege! et de Frncl'bach, lenr faisait l'effct, ou à pru
près, d'èlre Ie pays de l'absurde, oÙ Ie monde exté-
rieur
e niait, oÙ l'identité des conlrail'cs s'affir-
mail. La sollicilucle qu'ils avaient pour l' édifice
dogmatique s'étendait aux avenues nIèmes de la
foi : illeur semblait que la nouvelle philosophi{\
allemande dévastaÏt ces avenues. HIeuI' avait suffi,
des siècles durant, de donneI' à la doctrine catho-
Jique, conlme assise et comme cadre, certains pos-
tulats philosophiques cmpruntés au sens conlmun,
- à ce sens commun contre lequel les systèmes
allenlands paraissaicnt cn insurrection. Et voilà
qu'en substance, par la bouche de Doellingc)
, cctte
1-\Hen1agne venait leuI' dire: C'est nIoi qui rcpré-
sente la pensée et qui sans vous, au-dessus lie vous,
nlalgré vous, s'ille faut, représenterai désornlais
Ie catholicisme. (( L' A.Hcmagnc, rcprenùl'a Licntôt
Frédéric NIichelis, a paroIi les peupies In. place
de Paul paroli les a pôtres. En opposition spéciale
avec les Latins, elle a celle vocation historique, de
faire face au péril, qui hUlllainement existe tou-
jours, de l'engouruissenlcnt ue l'
glise; c'cst dans
l'idée de l' Église que s'aplanit Ie conLraste de l'é-
lénIent alleoland et òe l'élénlent romain:l. ))
1. Micheli
, Kirche oder Par-lei, p. 34 (Muensler, Brunn, 1865). - Ouatre
J.ns avant, à la réunion d'Erfurt OÙ s'étaient l'encolltl'és calholiquf's et. pl'oles-
tauls cl'oyants, Fl'éd('ric .Michelis avail tenu, sur la }Jlace de l'élément germa-
:lique ùans n<:g-lise, des propos tJui peuvent être rapprochés de ce discours de
1J0eilillgcl' (Clarus, Ope cit., po 118-121).
260
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
Les théologiens de 1\1ayence et VV urzbourg, pré-
sents au congrès, s'émurent de cet excès d'hon-
neur que Doellinger accordaiL à I'Allpmagne, et
du nlépris qu'il affichait pour ]a science italienne.
11 y avail aussi, dans son discours, certaine dis-
tinction entre les erreurs dogmatiques et les erreurs
théologiques, dont s'alarnla leur orthodoxie. 1\lou-
fang iut en son nom et au nom de Heinrich, de Her-
genl'oether, de Hettinger, de Haffner, de Schee-
ben, une déclaration sommaire, qui formulait
leurs objections 1. L'harmonie superficielle de l'as-
scmblée n'en fuL pas troublée, mais Doellinger,
dans son discours final, souligna I' existence de
deux écoles rivales, qu'il dénommait l'aLlemande
et la romaine. L\lne, disait-il, tire avec des armes
à feu, l'autre avec des llèches. Et il suppliait celle-
ci de ne plus céder à une nlanie de dénonciation,
d' être moins prompte à crier à l'hérésie, et de ne
pas décourager, par des menaces de censure, les
initiatives des jeunes travailleurs 2. Heinrich inter-
rompit pour justifier l'école romaine, et ce fut cette
école qui, par I'organe de Moufang, porta Ie toast à
DoelJinger, au banquet de clôture 3: ainsi se pro-
longeait, jusqu.au terme, ceUe sorte d'accord dis-
cordant, concordia disc01'S, dont parlait spirituelle-
ment un congressiste 4..
1. Friedrich, Docllillye1', III, po 323-3
5. - Sur lc WurlemLel'geois L
opolò
Haffner (i828-1899). élèvc et répélilcur à TuLing-ue, professeur au séminaire dl
layence en 1855, évêque de l\layence en 188G, voir Neher, Pusonal. Ealalofj
tier Geistlichen des lJisturns RottenLu1'g, p. 12G-127.
2. Ve1'hllndlungcn, p. 130-133. - Friedl,jeh, Docllinycr, III, p. 332-333.
3. Verhalldlunyc1I, po 139-140.
'1-. Friedrich. DoellingeJ'. Ill, p. 330.
LES CRISES INTELLECTUELLES
261
En se quittant, on s'était dit au revoir: eet au
revoir fut un adieu. Le téIégramme de eon1pliments
que Ie futur cardin31 de IIohenlohe 1 avait, au nom
du Pape, exp
dié à l'asscmbIée, fut bienlôt suivi
d'un échange de correspondances entre Ie Saint-
Siège et l'archevêché de l\funich 2. Le disconrs de
Doel]inger était survenu juste un n10is après celui
de Montalembert à
Ialines: Ies anxiétés s'accu-
mulaient au Vatican. (( Ce pariementarisme dans
Ie domaine théoIogique manqllait à nos misères ! ))
s'écI'iait Laurent, l'ancien vieaire apostolique do
J..Juxembourg 3 .. Une sorte de prétcndantc avail surgi
dans l'Égiise, avec un avocaL merveilleux pour sau-
tenir ses titres: clIe s'appelait 1a science théolo-
gique, baptisant d'un vieux nom r(\spcctable une
pcrsonnalité très non vol] e, ot aspirai t it rcprendre
dans rÉglise, insuffisamment repL'ésent(
e pal' lcs
synodes provinciaux, Ie rôle imposant ct Iégèl'e-
lllont impérieux de Ia vieille Sorbonnc}. Rome Iui
barra la route. Pie IX, par un bref du 21 déccmbre
i8G3, tout en exprimant l'espoir que les bonnos
int(\nLions des congressistes pl'oduil'aicnt de bons
fruits, dépIora qu'uno ass(\mhlée de théo]ogiens se
fût ainsi réunie par une sorte d'iniLiative privée,
i. Sur GusLavc-Adolphe de Hohenlohe (1823-18!1ti), élève d(' L'Académie ecc1é-
siasti(lue de Rome en 1847, grand aumònier de Pie IX, cardinal en 1866, voir
Rusl, Rcichskan:::lcl' F
tCrst Hohenlolw, p. 83G-911; - Kraus, Essays, II,
p. 165-175 (Berlin, Paetcl, H)02); et ci-dessous, p. 3'i-5.
2. Friedrich, Ope dt., I1T, p. 33:;-33Ð.
3. :Moellcr, Lmtl'cut, Ill, 1'. 74 j - ct cr. mêllle VOIUlIl<', III, p. >..11I-XXVI1I,
les gloses fort hostiles (!u'avait inspirécs à Lam'ent Ia lecture de la feuille d.'invi-
Lation au congrès.
4. Tel spm}Jle avoir été, un instant, Ie rêvc de l'évèquc GrcHh (180;)-1882),
de Saint-Gall, ami de DoeHiI1g-er (Fric(lrich, Docllin!Je,,, III, p. 364).
262
,
J. AI.LEl\fAGNE RELIGIEUSE
sans inlpulsion ni mission de la hiérarchie, it qui
pourtant (( il appartient de diriger et de snrveiller la
théologie 1 )). Les aspirations, qui s' étaient fait jour
òans ]e congrès de 1\lunich, <llnenaient Ie Pape à
combatlre, avec un renou veau de vigueur, cer-
taines théories sur la libel'té de la théologie. Les
professeurs et les écrivains catholiques pOll vaicnt-
ils s'accordcr toute licence, sons réserve de l'adhé-
sion aux dogmes formels que propose à la foi conl-
mune I'infaillibilité òe rÉgIise? Pie IX redisait que
non: leurs oblig'ations inteHectuelles formaient Ull
,
réseau singulièrenlcnt plus lénu. L'EgLi
e récla-
111ait qu'ils acceptassent d'elle, tantôt certaines
disciplines de pensée que fat
ilelnellt ils trouveraient
trop pesan tes, tantòt certains postulats de bon sens
que peut-être ils seraient tentés de réputer falla-
cieux, tantôt certaines opinions théologiqucs qui,
sans appartenir à l' édifice du Credo, lui sel'vent en
quelque mesure d'arcs-boutanls, ct tantðt enfin cer-
taines décisions doctrinales qui, pour n 'êlre point
infaillibIes, rcquirrent néanmoins I 'assentiment
inlérieur de l'csprit. La théologie, qui a\-ait scnlbIé
trôner à 1\lunich, comme une souvcraine avenLu-
reuse, réapprcnait de Pie IX que, sons 1e contrôle
de ]a hiérarchie, eUe étail, avant tout, une écolière
et une héritière. L 'Angle terre catholique subit Ie
conh>e-coup de eel in
idenl : lord Acton el Sinlpson
c
tinlèl'el1L que Ie lio'juc and ]?orci,r;n RCt'iczv, qui
souLpuail des idées analogues il cclles ùe Doellillgpr,
1.. Recucil dcs allocutions, cncyclilJucs, lctll'es, dUes (lulls Ie Syllabus,
p. 49G-505.
LES CRISES INTELLECTUELLES
263
d0vait cesser de paraîlre; et les correspondances
récemInent publiées par Dom Gasquet semblent
proll vcr que lortl Acton pLait d'une nature plus
soumisc que son nluÎlre Doellinger 1.
\T I I I
Doellinger, lui, s' exacerbait. Son ami
Ioy, Ie
célèbre canoniste, lui faisait observer qu'il éLait trop
sévère pour la théologie italienne ; l\Ioy parlait en
vain 2. L'école de
Iunich interprétait comme un
nouvel acte d'hostilit<S de la part de Rome la con-
damnation par l'Iudex de l' Histoire du schisn-tc
d'OJ'ient, du prètre Pichler 3. Certaines bL'isures
survenaient entre Doellinger el scs intimes d'autre-
fois: avec Phillips, taxé d'ultramontanisme fana-
tique, la rupture était consomlnée I.; l'hospitalité
qu'accol'dèrentau scolasLique Schaezlcr d lcs J 1 cuilles
historico-politiques refl'oidit à jamais les rapports
1. Dom GaS(luct. L01'd tcton will his ci7'cle, p. LUI\'-LXXVI et 317- 3:W (Lonòres,
George Allen, 190G). - Los théolo
â('ns do Munich n'acccptèrent pas lcs con-
ditions quÏmposa la noncialuro de Munich, par une lettre a!lx évèque5 cln
5 juillet 18(H, aux CutUI'S congrès dc savants, ct s'ab"tinrent do prendre part au
rcnùcz-vuus scicnlifiquc que l'rirent enll'c em:. lcs )lJ'ofcsscl1rs ùe
1 aycnco d dc
\VurLbonrg à l'occasion du congrès catholique de Wurzholll'g' tFriedrieh, lJod-
1 illflC7', III, p. 365-366). - Frédéric ì\lichelis aUriLue l"IlOstili lé de la nonciaturo
ùc
Iunich à l'ascendant ùu jésuite Jackel (liÚ'che odcl' Partci, p. 15).
2. Friedrich, Doe lli 1t!JCl', Ill, p. 347.
3. Aloys Pichler, Geschichte dCI' ki1'chlichen T1'CII11WI(j :;wischcn dent (}j'icltt
7.wd Occident, 2 vol. (Munich, Riegpr, IHG4-1
ti:j).- SUi' Ie prèlre AI(\is Pichler
(18:
3-t874), voir Silbernag-l, Dic I1ÙcltenpolitischcT/. Ultci r'cli!Jiocscn Z
tstacltdc
im 19-ten Jahrhundert, p. 27G lLanòshut, Kl'uell, 1!J07).
4. Friedrich, Ðoellin!JCl", Ill, p. 13!L
5. Sur Schaczler, voir ci-dcssous, p. 281,.
26q.
..'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
entre Doellinger etJoerg, qui dirigeail celle revue 1.
El sous son toil même, la mort Iui enlevait son
an1i Aulike, Ie haut fonctionnaire cathoJique de
Berlin 2, qu i peut-être aurait pu l' arrêter sur Ia
pente oil certains de scs ennen1is contribuaient à
Ie pousser.
De ces deux puissances hostiles, Rome et Doel-
linger, que volontiers Doellinger eill mises sur un
pied d'égalité, la plus conciliante encore était Rome.
(( On vous y aime beaucoup, quoi qu'il soil survenu,
écrivaità Doellingcr, ennovcmbre 1864, lejeunehis-
lorien Janssen; ct vous dcmeurez Ie }JtÙnus dOCtOl'
Ge1'lnaniæ. )) l\lermillod, de son còté, racontait cer-
tains propos de Pie IX, flatteurs pour rillustre
Ravant 3. l\lais il semhle que ce]ui-ci méprisåt dé-
sormais toutcc qui vena it d'ItaIie, n1êm.e Ics hon1-
magcs. 11 accusait Ie Vatican de transfoJ'n1cr en un
cimetière Ie champ de la litlérature catholjque alle-
mande, et, sans qu ïl pensât à s'interl'oger lui-même
sur ses responsabiJilés à l'endl'oit de Rome, il impu-
tait Ies susceptibililés romaines
t quatre causes: }' es-
prit de particularisme italien, les progrès de lïn-
fluence française snr lesbordsdu Tibre, l'infiltralion
dans les diocèses allemands des clercs éJ.evés par] cs
Jésuites, enfin la multiplication des Jésuitcs eux-
mêmes 4. Dans ses discours de 1864 sur Maxin1i-
L Frieùrich, Doellin{Jcr, lIT, p. 3H-34G.
20 Friedrich, Vocl/il/gcl', III, p. 411. - SGr AnliJ..e, voir noIre tome 111, p. 221-
3. Friedrich, Ðocllill!lC1', III, p. 374.
4. Friedrich, Docllingcr, Ill, p. 365-36G. - II dissuaùait Micheli:; de Caire Ie
\oyage de Rome, où on Ie forcerait ùe s'agenolliller devant les con
régations,
devant Ie consensus tlu:ologorum, devant la 8colasl ifIUCo
LES CRISES INTELLECTUELLES
265
lien III et de iR6G sur les Uni versités 2
il affectait de
reprendre ses Lhi\ses de l\[unich, et glorifiait Ie
sacerdoce scientiIiquc de Ia Germanie 3. L'État en
personne, patronnant ef développant l'enseigne-
ment supérieur, devenait pour Doellinger Ie
garant par excellence du progrès de la science;
l'État enseignanL préservait l' Allemagne de cette
ignorance italienne, qui faisait de Ia théologie (( une
femme névrosée, crain live des courants d'air et
des aJiments substantieis I. )).
Ce compJiment visait Mayence, W urzbourg et
Rome. On allait répétant que Rome n'était plus
l'ÉgJise, mais un partie J? glise ou pal.ti? tel étaH
Ie titre d'une brochure impertinente dans laquelle
Frédéric l\Iichelis signifiait à l' Allemagne que ]a
crise (( ultramontainf\ )) étaH peut-être aussi grave
pour J'Église que celIe de l'arianisme, ou que la cap-
tivité de Babylone. Et la riposte d'Hergcnroethcr
s'intitulait : Église, non pal,ti 'oj. lVIoufang, aussi, y
allait de sa réplique. Jean Hllher, jeune philosophc
de Munich 6, dirigpait deux br'ochures virulentes
1. Doellinger, Akademischc rorlraf'[Jc, II, p. I 03-22ï (NoerdIingí'n, Bcck, :1889).
2. Doellinger, Akademische Vortraege, IT, po 3-55.
3. Friedrich, noel/inger, Ill, p. 3GQl-3GJ. - (( L'AlIemagnc, exp1ifluait Doel-
linger, cst lc creur de rEurope, ct plus quc cela... EIlc est Ie cenlrc spirituel
flue produil, ou bicn qui atlire, élaborc ct propage à nouveau loules les iclées
agitant Ie mondco.. A un plus haut degrp quc lout autrc peupIc, les Allemands
",ont, dans lc mondc modernc, comme lcs Grccs dans l'ancicn, appcl
s à la
prèlrise dc la science. >>
4. Friedrich, J)ocllinym", III, p. 432-434-. - Cf. TheolofJische8 Lite1'atw"blatt,
t RGfì, p. 502-50
, et J 8fì7, p. 138-H 2.
!j. l\1ichelis. J{Í1'che OdCl' Fndci? Ein offcnes unci {reics 1Y01't an den
dcut8chen Epislwpat, po ß. (:\Iucllstel", Brunn, 18(5). - Hergenroelher, líi1'che
unci nicht Pm'tei: eine Antwol'to (Wurzbourg, Stahcl, 186:';).
6. Zirn
icbI, Johamlel IhtbCl', p. D6-13R (Gotha, rerthe
, 1881}0 Nous
2G6
1..' ALL E1UAGNE flELIGIEUSE
contre Ie professeur Stoeckl, de l\IucTistcr, coupable
de tholnisnlr.
Des arInes nouvelles se forgeaient. Dans Ie camp
oÙ, scIon l'expression de Doellinger, on sc baUait
avec des armes à feu, Ie jeune professeur lleusch
fondait à Bonn, en 186G, ]a Feuille de littéJ'alure
tltéologique 1. Elle rccrutait des collaboratenrs très
divers, el, IOl'sque l'honneur de In. science cathoJique
allemande lenr paraissait être en .len, ces profes-
seurs s'insurgeaient contre quiconque osait y lou-
cher, fCLL-il évêque, fCLl-il l{etleler 2. La signature
de Heusch 3, qui devait nlourir hors de l'Égl ise, y
,oisinaiL avec celle de Simar
, dont Léon XIII fit
plus tard un archevt-que de Cologne, el de Linsen-
mann, qui nlourL'U évt'que de HoLtcnburg. Di(\]'iTl-
rclrouverolls plus tm'J Huber (18:JO-tR79) dans l'hi,,;loil'c tlu "icux-calholiei
rne.
- Sur le scola
LilJue Alhert Slof'ckl (182
-18(15), pl'OfC8Sel1l' à EiehsLaelL de 1R;)
à t
6
, à Muensler de t8(j
à 1Bil, voir H.ornslo('cI
, j'ersonol.<Jltrtlstik '/J../l(l
J/iblio(Jrapltic dcs !Jisc/we/lichen L!lc('ulllS in Eichstactt, p. 157-1ü2 (lng-ols-
laùl. Ganghofer, 1fì
H), eL EJ'iwlCruJt!Jcn von cinc1Jt allcn .J11ucll,vlaancr,
p. 1!)1-1U:J.
1. Voir Fril'drieh, Doclli1l!JC1', Ill, ]I. 410. to 1\:0 Goelz, FI'flIl:: Heinrich
Rcusch, p. 40-
.4 (r.olha, Pf'rlhcs, 1!J01), f'l J.-F.
CIIUII(>, LcI'('lISC7'inncrungcTI,
p. 2ül-2(i:L
2. 1'ltcolo!Jischcs LitcJ'atui'lJlalt. 18Gi, p.
07-213.
3. Sur François-lIf'Ilri Reusch (1 R2:j-HJOO), p1'ivat-do::cJLt à I;OIlIl l1e 185l. à
18Gl, lwofesseur d'e},.{>gr-se du Vim1'\: Tf'slament dans la mèmc uni'f'r
il{' it partir
d(' 186-1, plus tal'<I vi(>n
-catholi(lue, voir oulrc Ie livre de Goelz, Mf'nn, Revile
intr1'nfltiollale de lh('vlu!Jie, 1!'1M, p. 38-72, 4(j::!-4
4, 72D-74
, et 1!H)7, p. 7;,-U3
f'l 4(ì2-
.80. - Son li\ rf' : La JJiMc ct la Jtatw'c, It'COIlS ,'lW' l'/tislu1I'c lJibliquc
(lc ia créntion (/rw,'l ,lies r(1pports avec les ,'lrie1lccs IHtt111'clles, ful ll"lùuit pn
f"aneais par I'ahhé Xo I1erlf'l. Paris, Gaumc, J 8(7). Sur If's défi:ll1cCS 'Jue de longue
<.Ialf' Heusch illspirail à Gcj
scl, voil' L. K. GOdl, up. cit., po 12 cll;;-lG,
4.0 Sur IInJJf'rl- Th{'o]lhi Ic Si mar (U;:::i-l D02), voi(' Laueherl, dans Bcltf'lhcim,
Dio(J1'ItJllti.'lche.'l Jahr(,uch., VII, p.
!)2-2!)3. - Sur Fr.lllçoi
Xavic(' LillSClJmalln
(1835-189R), voir Laucherl, All (Jcml'ine tI cutsche lIio.qraphic, 1.11, p. 2-4 :
Lin:,enmann demandait lJu'on traduisiL dans la lauguc philosophirIlle allf'TIlandc
'ns If'rnlf's et CO"I'f'pts s<,oJa<;lil]ur5 (T/lCOlo(jiscl'cs Liltcl'rtIUJ'!Jlall, 1RG7,
p. I
U-I!I}).
LES CRTSE
INTEI..LECTUELLES
2G'7
gcr, Ie professeur de Bonn 1, Y tcntait une criLiquc
t1'(\S fouillée de l'cITorl philosophique de l(lculgen :
qu'il Jl'y cûL plus ùe salnL en dt\hors de la scolas-
tiquc, c'esL ce que l)icl'inger l'efusait ù'admcLlre;
il vouJaiL au contrai I'C <I ue l"ÉgJ ise parJàL it chaque
époq ue la langue de cclle époq ue, ct regreUail
q ue I\Jeuto'en Lrès su p éricur (< OTâce
t sa cl lllurc
t) , , b <.
allcnlande >>, aux J ésuitcs transaI pins, fll L trop pell
::3oucieux d'élahol'er un conlpromis définitif enlre
la lhéologie du DIOYCIl Ùge et celle tiu XIX C
iècle.
La collection ùe ceLte FCllille entre 18tH) et 1
70
dCIllClll'e Ull dOCllJJlenl ulliq He sur un 1110nlPnl ùe
la penséc rcligieuse allcIuandc: presque tous lc5
écrivains éLaicnt animés d'un t
g;al désir de sou-
'--
tenir la confession catholique cL de convaincre
d'inlcmpérancc Oll <.I' cxagéralion les partisans de la
scolasLiq lie ct les pu blicisLcs qui souhailaicnt
accroîLre les pou voil's d u SainL-Siègc 2. Les ]/cuilles
d(' Culog nC, qnoti dicnnel11cnL puhliées par Joseph
Bachplll, éLaicnt ouverlcs
t Hpusch, cl I\.ctLcler
1. Voir 1.\ hl'ochurc oil Dieringcl O l'ecucillil ses al'liclcs ; Ilie l'!teolo!Jic dCI'
1 or- Ulul Jcl=l=cit: pin /Jcitrnrl ;;ur Va.r;[((elldif/W1fl, p. XIV-XV, 1 el 5.) (Bonn,
lIt>nry ,tI
lj
)o François-Xa\'iel' j)ierin
..:er (1811-1 SiG), IH
dans la pl'illcipaulé de
I1oheDzollcrn, avail dans sa jcuncs:se vu se fermer ùevauL lui, à causc Ilc ses
id -'es (( ulll'amonl.\iul'S., tout accès i\ une chaire de l'univcrsilé de Ft'ibourg,
(;cissel ra\ aiL recueiIli comme llrofc8sNu' au
{'minajl'(" de' Spire (It'ì to), puis faiL
1IOml1\el' à la facullé ùe Boun (1
\.
). Fonualcur de I'A.S'iocialioll Saiul-BorroméC'
POIll' la difrusion des lIons livre,.; (IH4G), nH'mhrc du parlemellt dc Fl'allcforL en
ll\íl', Diel'jug-pr, (Iui comhaUit ks itll
es s
nodalcs de llil'schel' et Ic gunlh{oria-
uisme, fuL pIIlSil'ul's fois IH'Opo,,{' par l'épi
('opaL eL IOlljoUl'S rayé parle gouvel'-
1lI'lIJenL prussicll. l
n 1870, il 11e :se
(}ulIJiLlJuc lenle\l1enL à la définilion dogma-
ti'llIe nou\'elle eL Lermina :.es jom's d.UI
une cure du lIohcuLOllel'Jl. VOil' Fr:1\1l
"-au fmann, Leopold liau(mall n, (jlJalJucl'gC1'lIleislcl o V01L 1I01ln, p. 1 J:i-I JS l't
170-177 (Cologne, Bachl'llI, 19U3).
2. Une réulIion que les collahorall'urs ùe cello feuille avaienl projelé de
leuir à Fdhollrg ('U 18G7 fill prohihél' pap OI'ÒI'(' dll nonce l\J('
li<\. (Fl'iedroich,
Oocllill[/cl', III, p. -H
I-!
;jO ; - L. K. (.Àoelz, 0[1. rilo, p. H-4-tJ Jo
268
J./ AJ..LEl\IAGNE RELIGIEUSE
rcprochait amicalement à Bachem de trop repré-
senter]a tendance de Doellinger 1 ; nlais l'inteHigent
pubHciste, homme de tact et de foi, sut donneI'
congé à Reusch lorsque ce congé s'imposa.
L'autre camp, où, sïl en fallait croire Doell inger,
les armes n' étaient que des flèches, avail, de son
côté, au lendemain du Syllabus de 1R64, taillé des
flèches nouvelles. Ces paroles ai]ées s'appclaient
les V oix de Maria Laach : théologiens et canonistcs
de la COlnpagnie de Jésus 2 y commentaicnt la doc-
trine du S,'lllablls. Cette docLrine comptait parmi
les publicistes laïques dïmprudents amis, qui l'ex-
ploitaipnt dans la presse quotidienne avec une
pétulance étourdie : il y avait Jà des questions fort
délicaLes, et c'était une bonne fortune qu'elles
fussent abordécs avec sérénité par des théologiens
bien au thentiquement romains, et que leur gravité
même invitait à la nlesure. l\lais les champions du
germanisme refusèrent justice aux savants rédac-
feurs des V 07
X de lUa1'ia Laac/t : on étaÏt offusqué
par Ie mot de II einrich au congrès de Trèves, pro-
clamant Ie Syllabus (( Ie plus grand acte du siècle,
1. L. K. Goetz, opo cit., po 38.
2. ta colleclion étail dirigée par Ie r. Florian Riess (1
23-tS82), qui. comme
simple prNre, avail aulrefois dirigé Ie Dcutschc rolksblalt à Slull
arl (voir
Deck, Allgcmeine deutsche Biogmphïe, XXVIII, p. 582-583) : it écrivilles opusc
tles
sur !e caraclère obligatoire du Syllabus, Ie lilJéralisme, I'Elal eL récoIe, rElat
eL l'Eglise. Sur Gerhard ScIu1f'emann (1829-1884), insligaleur de la collection des
conciles contf'mporains (collcctio Laccnsis), voir l'art. du P. Fad. dans les Stim-
men aw;J,farin L"rr.ch, XXX, 1886, p. IG7-189, eL Reusch, All!Jcml'inc df'1ltsche
biog,:aphic, XXXII, p. 97-99 : il écri, it les opuscules sur Ie mariage, Ia liLel'lé
d
l'Eglise, la puissance ccclésiaslirJue, Ie pape, et Ie pouvuir enseigllanl de
l'Eglise. Le P. Roh écrivit sur les erreurs fondamentales de l'éporJue; Ie P. Rol-
tinger, sur Ie poU\-oir temporel; Ie r 0 Théodore Meyer sur les fonrlements de
la morale et du droit (Frihour
, H6I'der, 1865-1868).
LES CRISES INTELLECTUELLES
260
et peul-être de beaucoup de siècles 1 )); on colpor-
tait un bruit étrange, d'après lequel Ie comité
de rédaction de la CiV7
ltà Cattolica alh1Ït devenir
une sorte de cour de justice suprême pour la
presse religieuse de tous les pays 2 ; on flairait dans
ces TT oix, avant même d'y faire attention, les mes-
sagères d'un ultramontanisme usurpateur ; et ren-
voI de ces flèches jésuitiques était scandé par de
nouveaux coups de feu 3.
Des livres dont les auteurs cherchaient une
position moyenne et tentaient de jeteI' un pont
entre les deux pôles de la pensée catholique allc-
nlande obtenaient un succès d' estimc, et rien de
plus: l'écl'it fort distingué qu'avait publié dès 1862
Ie profcsseur Schmid, de Dillingen, sur les Tcn-
dances scientifìques dans Ie dO'Jìzaine lilt catltoli-
cisnze :., aurait assurémcllt mérité plus d'accueil.
L'heurc était aux mêlées théologiques, avec toutcs
les injustices de jugement, toutes les violences de
plume qu' entraînait la passion mênle de la lutte ü :
elJes sont. encore, à distance, profondément doulou-
reuses... l\lais, lorsque vers iR95 nous visitions
l' Allemagne; lorsque nous y constations Ie mou-
t. Verhandlungen tier sieb:;eltntcn Gcnc,'al VC1'sammlung du Klltholischen
Vc,'eine, p. 63 (Trèves, Linlz, 1865).
2. Theologi,che3 Literaturblatt, 18ßG, p. 335.
3. Theologisches Literaturblalt, I
G6, p. 3:J8-3ßl, 4!:13-49G.
4. Schmid. Wissenschaftliche Richt
t1Igen mtf dem Gebiete des ](allwlicismus
(:\Iunich, LenLncr, t8(2). - Cf. Katlwlik, 18133, I, p. 89 cl suiv., et H. P. B.,
18133, I, p. 4!)-68..
5. En 1866, de violcnLcs aLLaques se produisireut contloe Newman parcc (Ju'il
avait accepté la dédicace de la traduction anglaisc d'uu écriL de Doelling-cr. . La
GcrmanisierulLg, écrivaiL de Ro
e lecorrespondanL romain ùu Weekly Register,
est Ie pérille plus morlel de l'Eglise. )) lFriedrich, Docllinger, III, p. 403).
:no
L' A.I.LEl\lAGNr
RELIGIfl..USE
vrnlPut de confiance réciproque qui poussait. les
cêllholiques, sortis vainqueurs du Cullin'À'alìlp!, it
'associer ('ntre ellX pour une comnlunc besogIlr
de progr(
s intcllertup] : lorsqne nous presscntions
leu l' belle et Jihrr anlhition de l'eprendre dans l'AI-
len1agne pensante une place analogue it celIe qu'ils
venaient de conquérir dans rAHemagne parlen1en-
taire, !'óvocation nlt'me des anciennes misères nous
rendait plus imposantes encore ces visions de
renouvcau, qui nous faisaient adn1Îrer, tout it la
fois, Ia force d'plan du catholicisme allenland et la
puissance <<finlpulsion du pape Léon XIII.
IX
nevenons en arl'i("re, OÙ noLl'e làche nons rap-
pelle, et l'cstons-y. Lrs polén1iques que nons
venons de nol(\}' i"i
quaient de s'aggravcr encorc,
en se réperculant jusque dans l'éconon1ir n1l-U1C
de l'éducalion sacerdotalc. C'est l'originalité du
calholicisnh
allemand, que les clercs J'un certain
nonlbrc de diocèses fonl leurs études dans des
facultés de théo]ogic, dont les professeurs, prêtres
eux.mêmes, reçoivent de l'évêque une n1Ïssion
canonique ct sont non1n1és par l'État. Ð'autres
diocèses possèdent des grands séminaires, pareils
allX nôtres. Aux heures calmcs, ces institutions
vi vent en bon voisinage; aux minutes de tour-
mente, un duel s'engage entre advcrsaires ct par-
tisans des facultés de théologic.
LE
CRISES INTELLECTUELLES
27t
Les adversaires insistent sur la délicatessc df\
]a fornlation cléricale et sur Ia nécessité pour
l'évl'qup de survcil1er tl'ès soucieusenlent, dans
l'cnclos d'un sén1Ïnaire, l'intellig-ence et ]a cons-
cience de 80S futurs coopérateurs, leur docLrine ct
leur vocation; quant aux partisans des fncultés,
ils reUlontrent que Ie prêtre Joit agir sur Ie monde
ct pour cela connaîtrc son époquc; que dès lors
il est bon pour lui de prendre contact, à l'univer-
silf\ avec des Í'tudiants en droit, en médecine, cn
philosophic, et de S0 familiariser avec les préoccu-
pations actuelles; qu'il cst utile aux théologiens
d' enseigner leur science sous Ie regard des autres
scicnces et d'êlre ainsi poussés à rajeunir et it
parfaire 10ur enseigneulent; ot qn'il esl en délini-
tive heureux et glorieux pour J'Églisc que la sciencp
des choses divines, représentée par des prêtres,
soil adnlisc, hannières déployées, dans Ie granù
organisllle ulliversitaire 1. On pressent tout de suitp
que derrière Ie choc des plaidoyers se dissimule
un antagonisnle de lendances; gardons-nous pour-
tant de r exagérer. C' est seuleulen t lorsque la dis-
cussion s'enfiello que les chanlpions des séminaires
sout accusés de faire bon marché de Ia science, et
les champions des facultés, de faire bon marché
de la foi; et pour écarter ces argunlents passionnés,
il sunil d'observel' que, tout proche de nous, M. Ie
1. pruett', ltctlelel', I, p.
3G. - Heinrich, Ope cito, I, p. !>S-iOl cL 107 :
l'univel'silé qui comprend unc Caculté de lhéologie calholiquc ct unc faeullp de
lhéologie pl'oleslanLe faill'effel à Hcinrich, non d'un lout organique, mais d'une
gabylone. - Beda Weber, Cartons, p. 416, allègue l'insul'lisance des pl'ofcs-
seurs d'univcrsilé pour apprendre aux prèlres à prèchcr.
272
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
prélal Heiner, de Fribourg, qui vers 1900 écrivil
en faveur des universités plusieurs brochurc
chaleureuses et solides, a depuis lors consacré sa
plume à la Jéfense des Jésuites et au con1mentaire
du décret Lamentabili. A l'époque même qui nous
occupe, Ie séminaire de Trèves, sous la houleUe
d' Arnoldi, fut un foyer de gunthérianisme plus
actif que beaucoup d'universités.
Iais, dans l' Allemagne d' alors, deux grandes
considérations dominaient le débat. D'une part, les
évêques, réunis à W urzbourg en i848, avaient
affirmé leur droit et leur devoir de veiller de plus
près sur l' éducation sacerdotale; et, sans faire acte
d'hostilité contre les facuItés ùe théologie, ils
avaicnt. envisagé, conformément aux prescriptions
de Trl
nle, l'élaLlissemcnt de grands sén1Ínaircs 1 ;
puis, dans la conférence de I' épiscopat bavarois,
tenue à Freising en i8
0, Ie vicaire général 'Vin-
dischmann avail de nouveau traité la question, qui,
du resie, en présence de l' opposition de Doellin-
gel', n'avail pas été résolue 2 ; enfin, lOl'squ'en 1851
Ketteler avait ouvert un séminaire à I\layence,
Pie IX l'avait chaleureusement félicité 3.
D'autre part, les universités rencontraient des
avo cats compromettants: leI Guenther, qui écrivait
en 1851 : (( Si les facuItés ùe théologie dcviennent
1. Collectio Lacensis, v, col. 1032. - Pfuelf, Kettelc7', I, po 240-241 : Kellelt'r
ne cro)ait pas qU'OIl Plil ('ollcilicr avec les prescriptions de Trenle celie ol'iuiOIl
flue quelques mois d'él udes dans un séminaire sont suffisauts.
2. Friedrich, Ðoellinger, J H, p. 91-9
1. - Pfuclf, Stimmcn aus Jlaria Lauch,
XLIII, 1892, p. 47. - Sur Windischmalln, voir ci-dessus, p. 162.
3. Pfuelf, l1.C ttelcl' , I, p. 238.
LES CRISES INTELLECTUELLES
273
des institutions épiscopales, adieu la science théo-
logique i )); tel ce LuUerbeck, ancien professeur
it Giessen, qui exp]iquait en 1860 que Ie Pape et
les évêques voulaient multiplier les séll1inaires
pour (( recruter une troupe de sectateurs aveuglé-
lllent dévoués )) 2; et tel aussi, tel surtout, Doel-
linger, qui préscntaiL l'cxistence des facultés de
théologic conlffie la conséquence pratique de ses
propres maximes sur la liberté de ecHe science.
Dès l'instant que la défense de ces facuHés s'ap-
puyait sur certaines doctrines qui rcstl'eignaient
au profit ùes profcsseurs les droiLs tlu magistère
ecclésiasli( I ue
ce mao'istère devait Lrouver dans
, èj ,
les plaidoiries mêmes dont ces institutions éLaient
robjet, les élémenls d'un réquisitoire.
D'antant que Les universilés avaient des enncnlis
iInperturbables, qui suivaient avec vigi]ance Lous
les incidents fàcheux : la nonlinatÏoIl ùe l\llOOJ.L
comme recteur à Bonn, au lendemain du verJ.ict Je
Ronle contre Guenther!.; la pronlotion de Baltzer,
autre victinlC de l'Index, au grade de doctenr en phi-
1. Klloodl, Ope cil., IJ, p. (j(j-(j7.
. PfuelC, lÚtteler, II, p. 31-33; cr. StoedJ, J(atholik, lR(j!), II, p. 5GO et
suiv. - Sur Jean-Antoine-Bernard LllLlcrbcck (1812-J 882), f{ni, à la snilc d('
on livre: Gcsc1'ichte del' Aatholisch-lheologisc:wn FalaÛtoct :;u Gics,yen,
Ei wallen Theologeu Ðcutschlnnds [Jcwidmete Denkschrift (fiiessen, Ricker,
IHGO), polémirl'.la contre KeUder, cessa d'ð.crccr lcs fouclions saccrdolaks, ('t
IllOUrut viem..-catholique, voir Reusch, .clll[Jcmeine dculsclw IJio[JJ'aphie, XIXo
p. 707- 'jOG.
3. La missio ecclesiaslica ùOllnéo par les ('vèr{ucs aux profcs!;('urs des Cacullés
calholiqu('s fut 1'0Ljet, eu18t.ìH, ù'unc éluùe du canollislo Schulte, Ie fulur viem..-
calholi(IUC, dans Ll1'chiv fÜI' Kalholischcs ]lirchenrl'cht; - Rcusch, rcnt1alJt
compte de ccllc Hnùe(Theolo[}ischcs Lzlcralw.IJl(('u, 18tH':, 1'. 1:i!-1
;7), suuhaile,
au nom Je la ùi;.:.nilé de la science, quo Ie droit tic collalion des g-rades lhl
oJo-
giques soit bientôL accordé am. facll1\és allcmalHlcs qlli ('II soul pl'jrées.
4. PfucIr, Geisscl, II, p,/
88.
IV.
18
274
1.. 'ALLEl\JAGNE RELIGIEUSE
losophie de l'Université de Breslau 1 ; Ie geste pro-
vocateur de la faculté de théologie de Breslau,
honorant du titre de docteurs, sans que Rome lui en
eÙt donné Ie droit, neuf pcrsonnages dont la plupart
étaient des gunthériens déterminés 2 ; les tergiver-
sations de BalLzer condamné, se cramponnant,
malgré l'évÔqne Foerster, à sa chaire de Breslau 3 ;
Ie découragemcnt de l' évêque Foerster, qui finis-
sa it par rêver d'avoir un sén1inairc 4 ; les difficuItés
de Gcissel pour fairc nomnler à Bonn, après la
condaUlnation de I(noodt, un professeur de philo-
sophic orthodoxe I); et la crainte incessante des
évêqucs que les professeurs dont ils blânlaient
]' enseignelTIPnt nc fussent soutenus par Ie pouvoir
ci viI. Lorsqu' on voit les facultés allemandes de théo-
logic sUl'vivre tl de leis incidents, asspz fréquenls
au cours de leur histoire ; lorsqu'on les voi t SUl"-
vivre aux nlanifestes lTIalencontreux de certains
amis maladroits, on se convainc qu' elles répondent
parfaitement aux hesoins religieux et nationaux
d'outre-Rhin, et que, dans l'édifice de I'AIlemagnc
catholique, clIes sont une pièce indestructible.
Ce fut en Bavière que les débats s'échauffèrent.
Les difficultés auxquelles donna lieu la tentative
faite par I'évêque \Veis 6 pour organiser à Spire un
t. rrnclf, Geissel, II, p. 4!.Jä.
. Pruelf, Geissel, II, p. 4%-497.
3. Franz, Johannes Baptista Ball=er, p, 43-9ï
4. PiueIC, Geissel, II, p. 500.
5. Pfuelf, Gei8sel, II, po 5Gl-56j.
5. Y oir ci-dessus, p. 160 el sui,.
LES CRISES INTELLECTUELLES
275
enseignemen t théologique réveillaicnt dans l'àme
des catholiques d' Allemagne Ie souvenir des
anciennes Iutles qui avaient émancipé l'Église :
derechef un État surgissait, qui gt.nait la hiérar-
chie dans l'exercice d'une de ses foncLions les plus
légitimes : l'éùucation des cIcrcs. Que] hean dis-
cours eût fait Doellinger, vingl ans aupara yant 1 !
Iais à ce drame violent, it co drame poignant 2,
qu' étaÏl févo]ution relip)cuse de Doellinger, une
scène nouvelle devait alors s'ajouter. Des bruils cir-
culaienl d'après lcsquels il aurait éLé l'inspirateur
du refus opposé par Ie n1Ínistre I{och à révêque
vV cis; et, à l'heurc même OÙ illes démentait, it
griffonnait un article enfiévré contre Jc projet de
vVeis. Si ce projeL réussissait, expIiquaiL-i], on
finirait pal' avoir en Allemagne cinq cenLs profes-
seurs dp. séminaires, qui seraient des nulJités. A
l'égal d9la science, l'État nlodernc était nlenacé.
(( V oici ce qu'on veut à Rome, écrivait Doellin-
gel' : on veut que tout Ie clergé, dès la jeunesse,
soit élevé dans une hostilité fondalncntale, dans
une hostilité de principe, contre toutes les cons-
titutions. )) II brandissait Ie Syllabus : (( L'ul-
trarnonLanisIllc ll'e
t plus une ficLion, s'écriait-il,
l'ultramontanisme n'est plus un spectre; il cst
une puissance réelle et agrcssive. )) C' est après la
mort de Docllin
er que celle philippique fut trouvée
dans ses papiers : la presse libérale, à laquclle il
1. Au sujel des idées de Doelling-er en 1850 sur la Jiberté du haul cnseignc-
mont, voir PCuelf, Stimmen aus .L
laria Laach, XLIII, 1892, po 44-G5,
. L'expression est de Kraus, Deutsche LilteralU1'zeitull!l. 1901, p. 1956.
276
L' ALLE1UAGNE ßELIGIEUSE
}'avaiL otferte, avait jugé plus sage de nc pas l'in-
sérer. Doellinger ne se maHrisait plus; i1 faisait
Ie gestc dïnlervcuir dans un déLat oÙ Luut l'épis-
copaL se déclarait intéressé; cL il y inlervenait
avec des accents qui sout déjà ceux tlu Cliltur-
kalupfl. A yanl ùe connaÎtre ce manuscrit, on était
tout près de regretter que le Saint-Siège, pour les
travaux préparatoires du conci1e, se fÚt privé du
concours cl'un aussi doclc historieu; nlais, du jour
où son disciple Reusch cut publié les feuillcts OÙ
cet historien, dès 18ö5, faisait figure de pamphlé-
taire, on fut moins surpris de l'atlÏtude de It.orne.
Une fois de plus, un grand hon1D1e qui s'était jugé
trop indispensable devenait queIque chose de
moins qu'un (( servitcur inutile )).
Le mêmc minislre Iioch, qui avail cmpêché
'Veis J'ouvrir un séminaire, fut convaincu, en IH66,
d'a voir, it propos de l'uni ver
i té ùe VV urzbo llrg,
adressé au roi un rapport sur Ie péril ultramonlain :
une trahison fit tOlnber 1e papier entre les n1ains
du prêtrc l\faier, secrétaire de l'évèque de Ralis-
Lonne, qui s'cn1pressa de Ie publier, avec des
gloses véhémentcs, dans une brochure intituléc :
PO'll]" l'édification des ruts"!. On soupçonnait forlc-
L }<'ricdrich, DoclliJ/{jer, Ill, p. 3
3-3!)ï. -- Docllingcr, ]íleinc1'c Selo'lftclI,
éd. HeusclJ, p. 107-2.!80 (Slutlg.art, Cotla, t800).
2. Zur Belehl'ung fii:r ]íoeniyc. Ein V01'll'ort und l.Yaehwort zu einem
Vorl1'o!lc des weil. ]{yl. Baya. [{ultusmiuisters Nikolaus von Koeh VOI'SJ'.
.Jlajeslaet dem líoeni!/e VUlt 1Jt(!Jel'n uebel' UUl'amontanismus, Romani811lus,
Sclwlastik, lieutselle 1\?isscl/.sclmft, das dcutsehc Ií..olll
!Jiulll in /lom und die
theoloyische Fa/mUaet in Y{uC/':;bul'!I' ZU{jlcich cin lJpilmy :'W' Chal'akte-
,.istik des ve1'sto/'brllrli und ::;u,' Ehrcn8chuld elf'S kuenfli!JPlI f\Tuliusmiliistf'l''<;
von B<<-ycl'n. {Lcipz.ig-, .Matthes, 18tHì)o
LES CRISES INTEJ...LECTUELLES
277
ment Doellinger d'avoir approvisionné I{och des
nl(-) f(
riaux n(
cessaires; 1\1:1 ier ]e prenait à partie
avec la dernière violence t. (( RODlanisme )) et sco-
lastique affectaient, SOllS cette plume acerbe, 1'al-
lure d'opinions extrèmes, volonlairement frois-
santes et cassantes. Doellinger riposta 2 : il releva
Ie procédé grâce auquc] ]e rapport de Koch était
sorti des cartons, ot dénonça les hommes pour qui
la, fin justifìe Les moycns. L'illustre historien de
l'EgJise, qui visait ici les J(
suites, eût rendu ser-
vice à l'histoirc, s'il avait il1diqué les livres òe
casuistiqne où 5' étalerait cettc nlaxilne; avait-il
oublié que, treize ans pIns tôt, Ie Ppre Roh avait
proDlis une sonlffie à quiconque la découvrirait,
que les cherchenrs avaient perdu leur temps, et que
l'original nlissionnaire avait g'(lrdé son argent
?
Pour Doellinger, les débats qui troublaient
l' .A.llemagnc se résurnaiel1t en un duel entl'e les
.Jésnites, qui voulaient que Ja théologie fût sta-
gnante 4, et les universités; on cHait ]e mot du
Jésuite Devis, qui dès f838 aurait dit au professenr
Lutterbeck, de Giessen : (( II faut avanL tout s'atta-
cher à éloignel' des univcrsités allemandes lcs
10 Fricllrich, Docllillf/CJ', III, p. H8-
20. - Cf. Theolo!lischc8 Lilemlw'-
M'Ltt, 18GG, p. 8GOo - SUI' Williballl )laicr / 18
3-1874), ancicn rédacteur dcs jour-
nam.. Deutsche VolhsluÛle cllJeutschlawl, cl secrélaire ùc I'évèque Scncslrey
dppuis 18.)8, voir SteillhuLcr, Gescltic/tte des Colle!JiU1/
(;e1'uwnicum, II, p. 48;:$.
2. Doellill
'cr, lí.lcinerc Schriften, éùo Reuscho p. '!fìt-
R50 - Fri('lirich, Doet
hlt!jer, Ill, p. 43Gcl suiv o - Jean Huber, aus,.;i, daus la (;fl::;eltc univcJ'seLl,' du
I
mars 18G7, publia ulle riposle cA.lrèmemeut yiolcnlc où il prcuail à pm'lic
Jésuilps et lhomislcs (Zirngicbl, opo nt., p. 148-149).
3. noh. DrlS alte Lictlo DC/' Zwcrk heili!/t die JliUel, p.:J el suiv. (Fril)our g,
Herder, i8G!}).
i-. Friedrich, Doelliuflcr, 1I1, p. 22::!.
278
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
facultés de théologie catholique, et Ie plus com-
DIode, c'est de conlnlencer par Giessen 1 )). Ketteler,
disait-on, avail, it ]'instigation des Jésuites, joué
ce premier acte : ]a faculté de Giessen n'étail plus.
On accusait Weis et l\laier de vouloir passer aux
autres actes.
Doellinger, ensuite, faisait Ie procès de la Civiltå
cattolica, que dirigaient
t Rome quelques Jésuites :
il retraçait la conquête de l'Allernagne par l' (< ul-
tranlontanisnle; )) et ce n'était plus seulement au\:
grands séminaires, mais aux petits séminaires,
qu'il s'en prenait. (( Un clergé élevé d'après les
doctrines de la Civiltà, déclarait-iI, doit être sans
intelligence vis-à-vis de touLe nolre époque, el
n'cst proprc qu'à susciter entre I'Église et l'État
d'incurables conflits. )) Et DoeHinger, inlerpellant
l'opinion bavaroise, demandait carrément: (( Com-
ment cet esclavage spirituel se concilie-t-il avec
Ie christianisme et avec not1'e concept contempo-
rain d'hunHlnilé ? L'État, oui ou non, a-t-il intérêt
à ce qu' on ne fas5c pas violence à ses membres?
Ceux-ci, oui ou non, ont-ils quelque droi t à I 'aide
de !'État? )) Doellinge1' ouvrait une porte par
laquel1e pouvaient passer de singulières ingé-
rences, et, pour comnlencer Ie CultuJ'ka'lnpf, Bis-
marck n'aura qu'à l'épondre ({ oui )) aux questions
ici posées par Doellinger.
Le même Doellinger qui avait, entre :1840 e1
1. Schroeder-Schwarì', Leopold Scll1llid'Jl Lebcn und Denkrn, p. 16. - Com.
parcr l'enlrelien de Doelliuger avec S
hcl d<.'s 18611 au
l1jcl des Jesuilcs (Fl'ie-
drich, /Jocllingcr, III, p.
:!2).
LES CRISES INTELLECTUELLES
279
1850, éloquemmcnt soutenu la cause de la liberté,
se montrait tout prêt à faire appel à l'État contre
l'influence d'une Égiise dont l'orientation Iui
déplaisaiL : il éveillait, il excitait les défiances des
pouvoirs publics; ses insinuations, ses suggestions,
devenaient celles d'unjacobin. Ð'a:illeurs ses écrits
historiques de l'époque, sa notice sur Ie concile
de Trente t, 8es articles sur rInquisiLion \ élaient
dil'igés contl'e H.OlllC.
Voilà où aboutissait Ie déhat entre partisans des
séminaires et partisans des uni vel'sités : ]'affec-
tation que mettaient les uns à se donneI' comme
les seuls défcnseurs de l'Eg-lise, les autres it paradcr
en ùéfenseurs de l' État, passionnait et faussaiL
Loutcs les discussions. Les fen1mes elles-mêmes
enLraient dans la bagarre : la comtesse de IIahn-
llahn 3 et une quarantaine de dalnes catholiques,
dans un appel très répandu, accusaient forn1elle-
ment les facultés de théoIogie de mettre en doute le
chrislianisme'. .l\Iais Hergenroether, dont LéonXIII
devait faire un cardinal, allait, dans un article de
revue, ramener la question sur son vrai terrain .
i. Doellillgel', KleineriJ Scltl'iften, érl.. Reusch, p. 229-263.
. Doellinger, l{[einel'e Schriften, éd. Reusch, p.
g6-404. - Friedrich,
Doelliugel', HI, p. 44-3-4,46. - L'archevêque Scherr, qui ignorail que ces arlicles
sur l'Illquisilion fusscnl de Doellinger, lui écrivaiL pour lui ùemallder de les
réfuler. - Lire aussi sa lellre, très aigre conlre Rome, adresséc au curé 'Ves-
lermayer, de Munich, qui l'invilail à proleslcr conlre l'usage que Ie prédicaleur
(rune secte incroyante Caisail de son nom (Friedrich, lJoelliuye7', III, p. 459-463).
3. Voir nolre lomc 111, p. VII-X.
4. Appel pour la fondalion du Cathw'inen Ve7'ein, dans Ia Sammlung von
J,-kte1lstu,e
kcn be:;ueglich der Gruenduug eíner fJ'eíen J{atholischen Univer-
sitaet in Deutschland, p. 81-85 (
Iayence, Kirchheim, 18GJ). - Sur la colère de
Doellinger conlre cet appel, voir Joerg, H. P. fl., 1890, II, po 2:>O-2Gt, cl
Fricririch, Doellin[/Cl', III, p. 40G.
280
L' ALtE1\IAr.NE REI.IGIF:USF.
profpsseur de facuHé, ot notoireD1<,nt attaché à
tOlltes Jes aspirations ronlaines, il pouvait {'tre ern
10rsqu'iI disait queIs avantages tronvaif\nt les clpl'cS
dans Ie s0jour des universités 1. II fut peut-être
taxé, sur l'heure, d'optirnisme ou d'illusion; mais,
lorsque les prêtres allemands, pen d'annécs après,
cuei] lirent sou[france ctgloire dans Ie Cultul'kampf,
il fut visible pour Rome ct pour l'nnivers chrétien
que plus de I a moitié de ces prt'Lres qui luttaienl
contre les empiétcmcnts de l'État étaient sOltis
des facu]tés de théologic, et que Doellinger et son
école avaienL accumulé bien à]a Iégère les anti-
thèses factices en soutenant ces faculLés,
t titre dp
foyers d'étatisn1e, contre les sénlinaires, foyers
rl'ultramontnnisme.
x
Lps suspicions d0 certaines sphrres catholiques
conlre les J'acuH(as de théo]o
ie opvnicnt s'étendrp,
natnreJlpnlpnl, à l'cnsen1ble des unÏ\TersÏt.és. On
avni L rexemp]p, çà e1. là, quC', si nn th0"ologien
résistail it Home, Sf'S collrgues de philosophiC', òc
droit ou de Dlédecinp, Ie gratifiaipnt de pronlotions
honorifìques ou dp dignités uniyer:;;itaires; invl'r-
semf\nt, ]a facuIt6 de lhrologir catholique qui Sf'
monLrail 11'0]1 d6féren1.f\ pour Ia hii\I'archie conrail
If'risqup dp pCl'drf\ son cr{adit et d't'tre désormais
1. Chilianeum, Blaptter {Ü1' kntholischc Wisscnscha{tcn, 181)9, I, p. 438 et
UiL (Wurzhourg', SlalH'I).
LES CRISES INTELLECTUELLES
trnitée
n intrusp dans ces fi
rC's universités dédiprs
à ]a (( libre scicncp )). Rome savai t cela; elle savait
aussi, par les (]iscussions parlcllH'ntai.,cs el par
nno brochurp retentissantc Dubliée rn 18G2 sur les
ullivcrsités de Bonn et Breslau 1, qup-lle était dans
l'enscignen1cnt supérieur, même en pays catho-
liques, la prépondérance de l'élément protestant.
De ces observations avait surgi l'idée de fon-
der en Al1cn1agne une univrrsité Jibrc : en 1849,
au congl'ès de Ratisbonne, Doellinger l'avait fait
ajoul'ner 2; rnais clIe avait triomphé, en 1R62, au
281
1. La p,'cmc dc cetle disparité,
donnéc Ms 184;:; par Ie profl'sseur l\Io\Crs dans
ulle Lrochure sur I'univ<,rsité de Brl
sIau, rcnouvcléc en IS53 par l\1allinchodL
lhu.'> son discours padcmenlaire sur les (( édificcs incroyants )) (pfuelf, 111 aUin-
cILl'odt, p. ilì), fut plus amplement failC', en 18G2, par un anon
me qui semble
êlre le profcsseur Ploss, dc Boun, dans nne brochure intilulée : Ðellksc/tl'ift
uebcr die Paritacl an dCl' Unive1'sÏiact Bonn mit cincm liillblick auf BI'fJS-
la'll und dic uebrirlen pI'eussisc!wn Iloch8chulcll, ein Hcitmg ::;Ul' Gcschichtr,
deutschcr Univel'sitaeten im XIX Jahrlm1tdert (Fl'ibourp:, Herder). Cf. H. P. B.,
18()
, H, p. 500-519, el Wilhclm Lossen, Der Anteil del' f(atllOliken am a/;a-
dcmisc'lCn Lchl'amte in Preu8sen, p. HU-t64 (Cologne, BachelU, HJ01).
Les slaluls de I'Universilé dc Bonn prévoient comme possible - Ie profl"s-
seur LOSSCll en a fail la preuve - le cas où il n'y aurail à la faculLé de droil
(IU'un seul professeur ealholique (Lossen, Ope cit., p. g,o Les rccl'lèles df'S catho-
liqups au sujeL d'une ulliversil{> calholillue à Muenslcr l'laient demeurées sans
efl'ct (Ci1,iltÜ cattolica, 8-29 novembre 1856, p. GíJ8-li 0 9, et
I) décemhrc IS:i(Ì-
10 jal1\-icr 1857, p. 2:50). En Bade, Id. silualion n'{>lail pas mcilleurC' : it I'Uni-
\Criiilc; de Frihourg-, qui pourtal1L rlC\ail èlre une ulli\ersÏlé e!'s<,nliellpnwnl
ralhnlif(llc (l..auer, op. cit., p. 105, n. 2, eL p. J8
-18;:;), ilu'y avail, hors de Ia
f'acllllé de théologie, que Ilualre professcurs soucieu\. ùe conSCrver à ceLle lIlli-
\ ersilé son caraclère originairement calholi(Iue (Haegele, ..i\llJalt Slol
, p. 1ï.3-
I i
) 0 l..e caractère originaircmc;nt calholique de I'Uni vcrsilé de Munich Il'exis-
ail plus, el l'hi3lorien Boehmer déplorait que les calholirlllcs ne fiS'ìCllt aUClIlJC
',uupagne à eel égal'd Janssen, lloelll1LCI"s Leben ul/(l NricIe, II(, p. 30i. - Cf.
'ivz1tù cattolica, 29 mars-12 avril 18:>6, p. 2-i-?j-2-i-!)). A la confl>rence épiscopale
1C' Fr
isillg, en 18:>0, DoC'Jlinger étail d'accord avec Reisach sur Ia 110cessilé
l'al.lriLucr à des profcsseurs calholi(Jues des chaires d'hisloire et de droil callon
PfuC'If, Stimml'n nus J/m'ia Laach, XLI II, 1Ra2, p. ;)O-t;:i). - IllvC'rscnwnl, cn
liars IRIi
, s
IJe!, à la Chamhre prussienne, s'insurgpaiL cOlllre lïùéc (lu'ulle uni-
('rsi"; IHlt avoil' un caracti're cOllfessionneI (paslor, 1l1'ícltcnspcrgCl', I, p. 43R).
2. l'c1'halldlullyell dC1' dritten Vm'sammluYl!l des katholischen \-rercins
u
?Cf/CnSbU1'!J, p. 130-139. - .Frieùrich, f)oelliilflC1', Ill, p. 10-17. - En 1
:j2, Ie
IUbli('isle Buss écrivit un liHc en faveur du pl'ojet sous Ie lilre : Die Rcf01'm
282
L' ALI.EMAGNE RELIGIEUSE
congrès d'Aix-la-Chapelle 1. Tout de suite J{etteler
et Ie Vatican s'en étaient épris; et Geissel, I(etteler,
l'évêqur l\lartin de Paderborn, avaient été chargés
par Pie IX d' en assurer Ie succès 2, auquel devait s'in-
téresser plus tard"malgré ses fortes attaches univer-
sitaires, Ie savant évêque Hcfele 3. Quarante-cinq
ans ont passé, et 1 'université libre cst toujours it
fonder I.. Toujours cUe a ses partisans, tanLõt sen-
sibles à l'idée de proteger Ies jeunes étudiants eL
les profcsseurs cux-mêmes contrc les souffles du
dehors:;, tantôt séùuits par Ie beau rêve de créel' cn
Allemagne un grand centre intellectuel catho1iquc,
(( couronnement de toutcs les ]uLLes livrées pour l'af-
feanchissenlenl de l'Église )) 6; mais Loujours, aussi,
del'lÚttlwlischcu Gelehl'teubildulI!J in Deutschland an Gymnasicn und U'li-
ve1'silaelcn; i/o' Hauplmillel die Gruemlullf/ eine1'l/'eien lí.atholischen- Uni-
vCl'silaet. (Schaffouse, Hurler, 18:;2.)
1. ]{atholik, 18ü2, II, p. 415-424. - Moeller, Bischof Laurent, III, po 67-G9.
2. Pfue]f, Geissel, II, po 507-513, el lí.ettelel" II, p. 2
4-2
7 cl 387-390. -
Samlllluu!/ von _Aklellstuccken be ::ueglich du Gruendullfl cinel' (reien lí.atholis-
chen Universitaet Ùt lJeutschlaud (Mayencc, Kirchheim, 18Gj).
3. Pfuelf, Kettelel', II, p. 3
1, n. 1.
4. Sur Ie demi-essai pour lcqucl fut choisie cn 1ti69 la viHc de Fulda, ,oil'
PfuelC,l{ctteler, II, p. 387-3UOo
5. (( La science calholique, écri, ait en 18G8 Kelte]er à Mclchers, si eUe ll'esl
représenlée que par quelques professeurs qui em:-mêmcs sont toul à fait isolé
dans de grandes corporalions proleslantes, doil lomber dans de nombreux éga-
remenls et risque loujours de suùir plus ou moillS J'influellce des fausses lcn-
dances)) (Pfuelf, ](ellelel', 11, p. 387).
6. J.'c1.pl'ession est dc KcLte]cr (Sammlun() von Aktenslueclwn, p. 43). -
Haich, lh'iefc von und an ]í.etlcle1" p. ':.77-'1.jU. :\"u] ne souhaitail plus ardem-
mcnlla création dc cenlres inlellecluels calholiques, que l'hislorien lulhériell
Bgehmer. (( Les universilés catholiques, écrivail-il dès 1853. font défaul à
l'Eglise plus quc loutc autre chose, mais e]Jes devraiellt êlre dirigées par Òl'
hommes dc scieuce réellc el ne llaS seulement former un bon clcrgé pour Ie soin
des âmes, mais aussi semel' dcs germes pOUl' la rechcrche scienti{iflue. )) (Janssen,
Boehmer's Leben unci Briefe, Ill, p. U8). Et ill'êvail, en 1855, la foudalion d'Ull
grand ordro religieux unifluement préoccupé de travaux scielllifiques (Janssen,
Ope cito, III, p. i36).
LES CRISES INTELLECTUELLES
283
elle a ses ad vcrsaires, qui estiment qu 'en détour-
nanl vel'S une tcIle fondation l'élile des savanls
catholiques, on supprimerait de l'ensemhle des
universités Loulcs les influences religieuses qui ont
pu s'y faire jour 1, et que, pour l'Église, une atti-
tude de pénétration vaut n1ieux qu 'une attitude
d'isolement. Ce sont lit questions ùe tactique,
questions de tendance, aussi : on les résout diffé-
relnn1ent, suivant la conception qu'on se fait des
rapports de rÉglise avec Ie siècle; et peut-être
provoqueraient-elles d'âpres quercHes. si les quêtes
faites pour l'université libre n'avaient révélé la
difficulté de trouver des fonds.
l\Iais entre 18()2 et 1870, la ferveur des espé-
ranees, vierges encore de toute déception, se
révoltait contre les réserves dont cette fondation
pou va it être l'objeL Ne fallaH-il pas chercher la
cause de ces réscrves dans un attachement exagéré
aux droils de l'F
tat et à l'autonon1ie de la science?
Kuhn, professeur à l'Université de Tubingue 2,
combattit dans un écrit, d'ailleurs très modéré,
la création d'une université libre : tout de suite
1. C'osL Ia craillle qu'exprimait, sans êlro adversairc du projet, !\lartin,
é\-êque de Padcrborn (SammluJlg VOlt Akteuslueckcn, po 31). cr. Theologiscltcs
LiteralU1'blalt, 1>3t6, p. 2!H-2U4 (arlicle do Reusch)o - Vne aulre queslion
qui préoccupait beaucoup les. évèquos consultés sur Ie projeL conccrnait l'al-
Lilude évenluellc des divers ELals à I'cndl'oiL de colle unÏ\'ersité libre et les
droils Iégaux qui Iui scraiont reconnus (SammluJI[J t'on .Jktenstuecken, p. 31).
- Des calholiques nullemcnl suspects de tendances anliulLramonlaines, leIs quo
Joerg ct
Io
, doulaiellt du succès rlu projct (Friedrich, Doelliu{fet', Ill, po G95).
2. Sur Jean Kuhn (180G-1887), lilli profcssa à TuLiuguo de 183
à 1882, voir
deux articles de :àI. Godel dans les A. 11 1tales de philosophie chrélienue, avrillUOï,
p. 26-47, el mai f!JU7, p. 163-182. cr. Schanz, TuebÙlflcr QU01'talsclu'i(t, 1887,
p. 531-5U8. Les allaqucs conlre la philosophic de Kuhn oul élé récemmcnl
rcprises par 1\1. Glossner dans Ie Jah,'buch für Philosophie und spekulative
Theoloyie quo dil'ige lo prélat Commer, 1901, p. l-
O.
284
L' ALLE
lAGNE RELIGIEUSE
drs soupc:ons s'élevèrent, et se condensèrent en
nnages, qn i planèrent (\t fondirent sur la paci (iqllC
université du \Vurtemberg.
J{nhn savait pen la sco]asliqne : Jacobi et Schel-
ling lui élaienL plus fanliliers que saint Thonlas.
8es théories sur les rapports de la philosoph ie et
de Ia lhéologie lui avaienl vain les chicanes du
professeur Clemens. Clemens était surtout sou.-
cieux des devoirs personnels du philosophe cnvers
la théologie; l{uhn envisageait la philosophie d'une
façon abstraite et rédigeait, an nom dp cette
cliente, nne' sorte de déclaration des droits. La
diITérence Inème de leurs points de vue les anl(\-
nait à polén1iquer et les cJllpêchait de s'en-
tendre 1. Du jour oÙ I(uhn nia l'opportunité de
l' uni versité Jibre, on senlit que ceUe opinion per-
drait son poids si l'on prouvait qu'elle était Ie
fruit de sa philosophic, et que cetle philosophic
était luau vaisc
. Un protestant converLi qui ensei-
gnait à Fribourg, la baron SchaezJcr, poursuivit
contre I\:uhn les assau ts de Clenlcns; on polé-
n1iqua longucn1ent, ct !'on finit par aboutir à une
dispute sur la grâce, dans laqucHe Schaczlcr accu-
sait I\:uhn de selniprlagianisfllc 3. IIefele, Ie fuLur
1. Clemens, ruser Sl(lIulpunkl in del' Philosophie (Kalholik, i 85U, I, p. l!1
('l suiv. - lJe
cl' das rCl'llftcltniss des l'hilosopheu
UI' Tlwologie ("Iay-pucc.
Kirchheim, t
tJuo - Die Walu'hcil plucnsler, A'Schcndorff, J 860). - Kuhn,
Philosophic ulId Tlteúlo[lie (Tubing-uc, Lau}}}}, J RliO. - Ðas Vet'lwcltnis:i del'
Philosophic .:;ur Theolo!Jic nach dCI' moderu-scholaslischcu Lchl'c (Tu])in
up,
Lanpp, 186
). Cf. Godd,loc. cit., po 17t-I73.
2. 11. Po B., 1863, I. po 8U7-93!.1 ; II, I). 30-ro ; - 1864-, I, p. 21-
2, 202-212,
401-413; II, p. iül-ttlU, 2.i.)-2
O, 325-35U.
3. Sur Ie Laron Constantin ùe Schaezler (1827-1880), tour à lour jUl'isle, offi-
cio,r, pI'Hrl', Jt'suile, malg('é sa famllle el malgré les efforts d'Ollo ùe Voclùcl'Jl-
LES CRISES INTELLECTUELLES
'2
5
évêque de Tubingue, s'emportait conlre Schaezler,
qu'il qualifiait de prelnier inquisiteur de la GCl'-
IHallie 1 ; III a is Ie dil'ecLcu r du sénlÏllaire de l{ot-
lenburg, oil les clel'cs de Tubinguc allaiclll a vanl
la prèLrise pal'3chevcl' leur formation, passait pour
scconller la can1 pagnc de Schaezlel'. I\:e LLel cr fu t
consuHé pal' l{olne : il alJégua Ja bonne foi de
I{uhn, les services l'endus à 1'.Égli::;e pal' la facullé
de Tubingue, Ie péril qu'il y avait à exciler les
susceptibilités des savants allemands:! : lorsqu 'on
s'exaltait, à l\lunich, contre l'intolérance de l'école
de l\faycncc, on ignorait apparenlfficnL cette géné-
reuse réponsc, par laquelle Ketteler sauva I\.uhn 8.
Les professeurs de Tubingue, it ceUe époque de
troubles, avaient su profiler de l'effacement Inêlne
de leur ville, qui leur olfrait une sorle d'abri; ils
dorIT (Cf. Voeld{'rndorIT, llarmlose Plnudf'reicJt, l(. p. 40G), puis dercchcl'
simple prèlre, privatdvccnt à Fribourg de 18G2 à 1873, théoloö.ien de l'é\êlJue
Fcssler au concile du Valican, et consulLeur (Ics cOllgrégations à Bome ùe 1873 à
1R80, yoir Kno{'pfler, Allgcmeine lieulschc l3io!J1'aphie, XXX, p. ü4D-GJl. - Scs
dem.. om rages conlrc Kuhn sonL: Natw' unci Uebel'1wtul'. Das J)ogma 7'on del'
Gnadc und die theolo!Ji.<;che FI'a!lc dc')" GC!Jcmvar't. Rille Krilik c/c 1 ' lí.uhn'schea
Thcologic (
laycnce, Kirchltcim, 18M). - Ncue Untasuchull(jclt uclicl' das
Dogma von tier Gnadc 1J,lUl das ,rescn dcs c/u'i.<;tlicht'n GlaubclIs, mil úe.<;olt-
dcrc?' Iluccksicht auf die dl'I'mrtl. ruli'ctun!l cia /.'alholischcn DO!lmalik aiL
den Unirel'sitactc1t.:;1t Tueúiu!lclI, .Jluclichelt und Fl'ciúw'(j (l\lay('nc(', Kir-
clthcim. tRGï}o - Les écI'lts adnrses de Kuhn sont: .Natue1'lichc.<; will Uche/'-
.1Iatuerliclles et "
issenschnft und Glaube (Tuhing-uc, Laupp, lSta.); - Die
christliclte Lehrc V01I dCi' !/oettlichclt Gnadc (TuLin
uc, Laupp, 18(jR). Kuhn
s'cfl'l)fce de démêlm' dans 11lOmme unc réceplivité nalurcllc de la grâce, un{'
capaciLé d'altirer la grâce et de la reccvoir, capacilé- qui cepcndanL nc crée à
rJlOmme aucun droit imp{.ricux sur la grâce. Voir Godct, loco cit., p. tí5-J7!I.
1. Friedrich, Ðoellin!Jci', III, p. 454. - Sur Hefele, voir ci-dessolls, p. 3UJ, n. 2.
2. PfllClf, lí.etteler, 1[, p. 404 el suiv. - Un mémoire adrcssé d. HOllie }lal'
Gl'cilh, {ovèql1c de
ainL-Gall, acltcva d'assurcr à Kuhn l'indulgence dn Sa.inl-
Siège (Friedrich, Voel/imlc1', Ill, p. r
;)
}o -
imar, fulllI' aI'chevètJue de
Cologne, dans Ie Theolo!Jisches Litei'lllw'úllltt, 18(j8, p. i!JU-800, défendaiL Kult)).
:Jo La lJogmatÙjuc de Kuhn, commcncpc en J 8í-G, dCllleura Ii'aillcurs illachc-
vé.>c (Tubing:l1e, Laupp) : apri's 1RG8, aucun \'olulllc nouveau n'cn ful publié.
286
J/ ALLEl'tIAGNE RELIGIEUSE
avaient évité de se compromettre dans les joutes
acharnées entre l\lunich et T\Iayence; on ne les
avait pas vus paraîLre au Congrès des savants
de 1863; iis ne s'étaient pas laissé englober dans
les parLis théologiques OÙ iIs auraiellt perdu
beaucoup de leur personnalité et un peu de leur
sécurité; et, nlaIgré la difficulLé des temps, ils
avaient dig-nement aidé à vivrc cetle école de
Tubingue qui sera hientôt centenaire, - belle
lignée d'apologistes qui comnlcnce it l\Ioehler pour
Hnir à Paul Schan z. Quel malheur pour l' Allenla-
gne catholique si l'on eÚt inquiété cclte univer-
sité féconde!
illais les suspicions mênles élevées contre l{uhn
avaient, de part et d'autre, dans Ie diocèse de Rot-
1enburg, exalté les esprits. Napoléon III, quelques
années aupara vant, disait au ministre ,vurlenl-
bergois Ruemelin : << En VV urtemberg, grâce à la
cuLture scientifique que les prêtres reçoivent dans
vos convicts, vons avez trouvé Ie moyen Ie plus
efficace pour échapper aux difficultés ecclésiasti-
ques t. )) L' emperenr avait paI'lé trop tôt; le con vict
de Tubingue, au contraire, allait devenir l'occasion
de difficuItés lerribles et de polémiques passion-
nées. Ce convict, oÙ logeaient les futurs prêtres
durant leurs années d'assiduilé à la faculté, avail
pour directeur un certain Ruckgaber, assez 111al-
veillant à l'endroit de Rome; l'esprit qui régnait
autour de lui inspirait tant de suspicions que 1\Icl-
1. Hl1cmelin, op, cit., p. 1G4.
LES CRISES INTELLECTUELLES
"287
chers, archevêque de Cologne, soutenu par r évêque
de 1\Iuenster, s'en alarmait en 1SG7, à la l'éunion
épiscopale de Fu Ida 1 ; et deux répétiteurs que
Ruckgaber taxait d'ultramontanisme ct d'espion-
nage fnrent cnvoyés pal' ]'évl
que Lipp 2 dans des
cures. Le séminaire de Rottenburg, oÙ passaient
cnsuite les clercs, avail à sa tête Ie régellt 1\Iast et Ie
sous-régellt Hoefer, classés comn1C ullramontains :
c'est eux que visait un professeur de Tubingue, en
attaquant dans un article les (( ferrniers généraux
de l'orthodoxie )), les (( sicaircs de la théo]ogie )), Ia
(( men le qui calomnie 3 )) : Lipp, it 1a suite de cette
attaque, disgråcia Hoefer, qui dcvint rédempto-
rÍste. On trionlphait it Tubingue : rappui de la curie
épiscopale était éclatant, et ceux qu'on nommait les
(( dénonciatclll's ullranlontains )) n'avaif'nt aucun
succès auprès J'el1c'
. Mais on appdt, en août i8G8,
qu'ils avaient du succès conLre eUe : Ie cardinaL
Antonelli négociait pour donneI' un coadjuteur à
l' évêque, répuLé trop faiLle.
C"était
last, Ie directeur du séminairc, qui
avail signalé à la nonciature de Munich Ie mauvais
1. Friedrich, Docllinge1., Ill, p. 451.
. Sur Joseph Lipp (I7U;)-18(ì!)), ,,<?ir Linsenmann, All!/emeillc deutsche Bio-
!J1'aphie, XVIII, p. 732-73i. - Sur Emile Ruckgaber (lS28-1 !)O:;), Antoine Hoe-
fer, né en 1836, rédemplorisLe à AHoelting, el Joseph Mast (I8l8-18n), voir
ehcr, Pe1'sonal-Hatalog dcr Gcistlicheu des Bislums Rottenbul'!/, 3 e édilion,
p. 128, 149,99 (Schw. Gmuend, Roth, 1895).
3. A l'enconlre de cet article du proCesseur IIimpcl (1821-1890 : Neher, Ope
cit., p. 9i-98), cr. ]Catholik, 18G9, I, po 82-102.
4. Sur ccs incidents, voir H. P. B., 18G8, H, p. 855-888, U38-957; 18G9-
I, p. 75-97, 270-280, 417-4
4; - Theologischcs Litcraturblatt, 18G9, p. 252,
253; - Ruckgabcr, Die Dioecese Rottenbll1'g unci ih1'e Anklaeger (Tubingue,
Laupp, 1869).
288
1.' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
esprit et la nlauvaise tenue du convict de Tubingue;
et l'évèque élaÏt rendu respon
able. Lc pl'océJé
choqua Lipp, d'aulanl que l\last avait nlis quclquc
temps à confesser qu'il étaÏt l'infornlateul' : 1\last
à son tour fut expédié dans un loin Lain presbyLèl'c.
lais l'adlninisLl'alion ùu convict de TuLing-ue,
teIle que l\last l'avait décrite, et bien que les pru-
fes
eurs sc fus
ent lous levés pour 1a défcndre,
inquiétaille SainL-Siège : Pie IX gronda forlcment
l' évêq ne; il réc1ama que Ie directeur lluckgaber
fût é10igné de TuLinguc, eL celui-ci aussi fut nlÏs
en parois
e. La presse de tonLe l' .Allcll1agne s'oc-
cupait de ceLle aiIaire : de 1a Vislule au Rhin, de
la Baltique au Danube, scolastiqucs et anliscolas-
tiques, romanistes el germanisles, prcnaienl parti
pour I\last ou pour Ruckgaber 1 : ces pcrsonna1ités
secondaires devenaient presque des synlboles; un
appril, un jour de Inai 186
, que Ie pauvre évêque
Lipp était 1110rt de chagrin, pour avoir trop aiIué
Iluckgaber el n'avoir pas assez redonté les rapports
de l\Iast; ct pen s'en fallait que des gens qui
n'avaicnt pas l'habitude de p1eurer ]es évêques ne
pleurassent celui quïIs appelaient captieusemel1t
une vicLin1e de Ilon1e.
II était temps, grandement temps, que le COll-
cile survînt, que SOIl autorité souveraine paci1iàt
lcs intellig-ences et les consciences, par certaines
1. SUl' Ie loôle jou{- par K.etlcleL' daUb ces incidents, voir prude, Aellda, II,
p. iu':'>o
LES CRISES INTELLECTUELLES
289
déclaralions dogmatiques tout
t la fois ilnpérieuses
ct mesurées, et qu'au souffle de l'Esprit l'atmos-
phère allemande fûl purifiée
II était temps que cos déclarations, parce qu'im-
péripuses, éclairassent les adversaires Je r (( ultra-
lllontanisnle )) sur les conditions auxquelles iIs pou-
vaienl resler ca.thoJiques.
II était temps de définir avec exacLitude les cir-
con
tances et In. portée de 1 Ïnfaillibilité papale, et
de montrer ainsi que Ie pouvoir rOlnain ne devail
pas être réputé solidaire de certaines exagérations
d' (( ultramontanisme )), conlmises surtout par In.
presse laïque, et qui souvenL s'opposaient, comnle
des ripostes, aux irrévérences d'un (( g
rmanisme ))
frondeur.
11 était trmps que l'écolc dite ullranlunLaine,
forlifiée et rassurée par la ratification conciliaire
de ses væux les plus ilupol'lanLs, l'églàt Jésol'-
mais sos allures sur ceUes de rÉglise, et qu'à
I Ïmage de cetie Église, renonçant à tOll t esprit de
pal,ti, elle se montrât sereine, sagement trionl-
phantc, et conquérante sans provocation.
II étaittemps que certains parlisans du tholllisme,
rassurés par les avantages qu'ils remportaient,
témoignassentàd'autres philosophes eeHe patience
persuasive dont jadis Benoît XIV, dans sa bulle
Sollicita ac pl"ovida, leur avait fait un devoir,
et qu'ils apprisscnt de plus en plus, à l'école de
saint Thomas, la (( n1odestie, la nlodération, la
louceur, la charité intellectuellc )), dont ce grand
pape glorifie ce grand docteur.
IV.
19
290
L' AI.LEl\IAGNE RELIGIEUSE
C'esl grâce au concile que lcs crises intellec-
tucHes clont nous avons tracé l'épincux récit purcnt
avoir un lermc. L' A.llcmagnc catholique redouiait
Ie concile; mais en fait Ie concile la sauva; et Ie
concile, I'ayant sauvée, mél'iiait bien qn'ensuite
clIe soutfrît à cause de lui. Jaillais n'apparut avec
plus de relief la souvf\raincté pacificatrice de l'au-
torité religieuse.
Au lui1ien des crises avaicnt lnûri des gern1cs
de schisme : Ie schisme devait s'appeler Ie vieux-
catho1icisme; l'éclosion en fut lente, les destins
précaires. l\lais d'autres germes aussi s' étaient
développés, qui devaient avoil' une vitalité plus
tcnace; c'étaienlles germes ùu CultufkaJnpf. Les
arguments d'ordrc théologique et canoniquo qui
s'étalcront, quinze ans durant, dans Jos assemblées
législalivcs ue l' Allemagne pour justiHer les vexa-
tions de l'État, seronl en1prulltés, Ie plus souvent,
aux polén1iques antérieures de cerlains théologiens
conlrc Ie
"'!Jllablls el conlrc Ie ronlanislnc : avant
luên1e que les honllllcs d'Élat tin Clllturkalnpf
n'eussenl cno'aO'é 1a Iul-Le des hOlllnlCS d'Éolise
b b
,
s'élaienl rencontrés, pour leur forger d'avance un
ou tillage in tcllectucl.
C II
\. PIT H E V I I
L ALL E 1\1 A. G NEE T LEe 0 N elL E D U V A TIC AN
I. Questionnaire de Pie IX sur Ie programme du futur concile :
la réponse de Senesh'ey. - Lï(lée de l'infaillibilité papale dans
L\.lIemagne ci1tholiclue i1vanl1870.
II. Le choÏ\: des consulLeur
pour Ie concile. - Dé1llarches de
Schwarzenbcrg- auprès de Home. - Un rapport du nonce
'Ieglia; se
conclusions. - Désignation de consulteur
nou-
veaux. - Rôle de HereIe dans la pl'éparation uu concile.
HI. Drochul'es sur le fulur concile; - La correspondance Í1'an-
'aise de la Civiltà caltolica. - Emoi (fu'elle produit en Alle-
Inagne. - Les articles de Doellinger (1.0-15 mars 1869) ; originc
du livre de Janus. - Théorie de Doellinger sur les interpolations
et fi11sifications d'où serait résulté Ie devcloppement de la
papaulé. - l\lallifeste ba{lois : menace de rupture avec Rome.
I V. Intervention de rÉtat ba varois. - La eirculaire 11011enlo11e
(a.vril 1869) : ses préoecupations au sujet de l'infaillibilité.-
Article cnvoyé par llohcnlohe it la Ga;;etle universelle. _
Attitude de Bismi1rck : sa réponse it Roeder. - ALtitude d'Ar_
nim, ministre de Prusse à Rome: ses préoccupations au sujet
de la commission politlco-ecclésiastique. - Rapports entre Bis-
marck et Hohenlohe. - Réponses des universités de 'Vurzhourg
et Munich aux consultations de Hohenlohe.
V. Le manifeste de Coblentz. - Les (( neuf ùixièmes des_Allemands
intelligents )). - Le condIe laï(!ue de Berlin. - Joerg et rarche-
vêque de Munich. - Sérénité d'
\uguste Reichensperger.
VI. Ketteler et l'infaiIlibilité. - I
change de notes entre Moufang
ct Manningo - Le lVIéllloire de FraIlç'ois Bl'entano. - La l'éunion
épiscopale de Fulda. - Happort de Hefele. - Lettre de Ia
Illajol'ité des évè(IUeS à Pic IX. - LeUre de l'unaniJlJilé des
,Svêques aux 1idèle
all"Illi1lHls. - InLerpl'étation tIc cette
econJc luLtre par Louis II de ßa vière d pal' Ja Ga::.eLte Llnive1'-
selle. - Les Considérations de DocUingcr sur lïufailliLilité. _
Ca.Lholki:Hne liLél'al et germanisme.
292
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
VII. Ouverture du concile. - Les prélats allemands de la mino-
rité. - Rôle de ScnesLrey dans lit nomination de la deputatio
de fide. - Les schémas sur la foi : activité (Ie Marlin.
VIII. La question de l'infaillibilité. - Action de Sencstrey en vuc
de l'inscription de cette question ù. rordre du jour. - Triple
raison pour Jaquellr la majol'ilé elI'S évi"f{ues (l'AUemagne sont
anti-opporlunistcs. - Projet d'Al'nim : un (( anticonC'ilc )) (les
États. - Opposition de Bismarck. - Appel d'.Arnim à Doellin-
gel'. - L'écrit de Doellinger (janvier 1870) : Quelques mots
sW' Z'adresse des iJlfaillibili.
tes. - Déclaralions de certains
évÔques allemands de la minoriLé contre Dodlinger. - Sépara-
tion profonde entre les anti-oPPol'lunisles et les antÏ-infaillibi-
listes. - Les lettres ile Quirinus.
IX. - Nouvelles Lentatives fl' Ål'nilll; eITacemenl de Bismarck. -
Les progl'ès des infaillibilisles. - Arguments de Doellinger :
leur porlée, non moins menaç'aute pour l'épiscopat tIue pour la
primatie papale. - Brochures contra lÏnfailliùililé : Hefelc et Ie
pape IIonorius ; KeUeler et la hl'ochul'e du P. QuareBa. - Les
Obsel'valions tlu P. 'Vilmers. - Le l11cl1wl'andum Daru : note
d' Arnim it Antonelli.
X. Démal'C'hes victorieuses de SenesLl'ey en faveur ,rune Iliscus-
sion immélliale do IÏllfaillihililé. - NouveJl(!s iIllpatiences
d' Arnilll ; réscl'vc cunstante .to Bismarck. - RÔle des é\-êqUl'S
alIemaHlls Ilans Jes nl.hats conciJiaircs. - Kellplcl' et la
démarche supr(\me dp la minorit{>. - Départ des évêques alle-
mands de la llIinorilé.
XI. Le rôle d'Arnim aux derniers .loUl'S du concile. - Invitation
des évêques à 1<1 révolte et pronostics ll'avenir. - Pl'ojet d'Ar-
nim rle quitter Rome; refus de Bismarck. - Hostilité bruyante
de la science allemande contre la décision conciliaire; docilité
dévouée et silencieuse du peuple catholique allemand. - Une
méprise de Bismarck sur les condiLions dans lesquelles s'enga-
gera Ie Cultlll'lwmpf..
I
Lorsqu'en 1.865 Pie IX intel'l'ogea sur Ie pro-
gramme du futur concile trente-six évêqucs de Ia
chrétienté. deux questionnaires furent destinés à
L'ALLE:\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 293
l' Allemagne : l' un élai t adressé à V\T cis, de Spirc;
l' autre, à Senestrey, de Uatisbonne 1. Senestrey ré-
clan1a - comme certains aul res parmi les trente-
six - que la prochaine assemblée s' occupât de
lÏnfailIibililé papale. Les moUfs qu'il alléguait
n10ntrent sous quel aspect se présenLait aux Alle-
mands infaillihilistes la passionnanle question qui
dcvait transforn1cr en théologiens certains laïques,
en hérétiques certains théologicns.
({ Il n'y a que très peu d'esprits aujourd"hui, écrivait-il.
qui dénient au Pape la prérogative d' ètre infaillible : ceux-
là mên1es qui la contestent n'agissent point par motifs théo-
logiques, mais avpc Ie ùesscin lIe pouvoir affirmer et défcndre
plus sûreInent la liberté ùe la science. II semble qu'à eet
effet, à noe époque toute récente, s'est forlnée à Munich une
école de théologiens qui, dans tous leurs écrits, visent sur-
tout à ùéprécier Ie Saint-Siège, son autorité, son système
de gouvernelnent, par des allégations historiques, à l'exposer
au dédain, et spécialement à contester l'infaillibilité du Pape
parIant ex cathedra 2. ))
Senestrey voulait, dès 1865, que Ie n1épris des
professeurs bavarois pour Ja théologie (( roma-
niste )} fñt châtié par une riposte æcuménique, par
nne riposte souveraine. Ð'une (( science )) chica-
nière, persifleuse et sarcastique, on en appellerait
au concile : l'autorité conciliaire, n1ise en bran Ie,
à d'autres époques, pour limiter Ie pouvoir papal,
se dresserait, cette fois, pour Ie venger et l' exalter.
C'est en regardant lVlunich que Senestrey voulait
1. Voir ci-dessus, p. 1!1
. u. 1.
'::!. Granderalh. Geschichte des ratilwnischen l(on
i1s, I, po 48 (Frìbourg,
Herder', 19030)
29i
r..' AJ,LE:UAGNE RRLIGIEUSF.
que l'É
lisc parlât, (ìt qu'en précisant les pou-
voirs c1n Papf', cllr n hrpgeãt òÏnutÎles pol
miques
et dérouhU dïmpérieuses hostilHés. :\lunich sou-
le\Tail un déLat : Rome devait l'accepter, l'évo-
queI', Ie trancher.
11 ne s'agissait point d'opposer, à un péril nou-
veau, un dogme nouveau, mais, simplement, d'ex-
Iraire Ju dépôt de la révélation nne Véfité qui s'y
ll'ouvait contenue, ct d'affil'mer cette véI'ité, expJi-
citement, sous la forme d'nne définition dogll1a-
tique. Et que ]e progrès du dogme s'accomplît
ainsi par une sorte de réacLion contrc des iendances
déjà r{-putécs dangereusps ou contre des opinions
bient.ôl réputées hél'étiques, cela, non plus, n'était
pas une nouveautéo Le ll1ystérieux mot de saint
Paul: Opottet hæreses esse, régit r l'histoire sécu-
laire du dogme; les hcures où I'Eglise s'inquiète
Ie plus de ce qu'elle appelle ]es ténèbres de l'erreur
sont tonics proches d'autres heures où ces ténèbres
ll1ên1es Ini sont une occasion d'épanouir des clar-
és nouvc1Jes; et Ie fJ'ôIemenl même de ces héré-
sics clont ellc craint que Ia masse des esprits ne
soit obscurci rend plus Iumineux pour sa propl'c
conscience l'irnmuable contenu de la. révéla-
tion.
Les conciles du xv e siècle el les écrits des théo-
logiens gallicans ct fébronicns avaient ]aissé leur
empreinte sur l'Alicmagne catholique; même un
théologien comme Liebermann, fondaleur de
l')
colc de l\Iayence, qui dans ses rnlretiens person-
nels affirnlait l'infaillihilité, observait à ret é
'ard..
I: ALLEl\IAGNE E'f LE CONCILE DU VATICAN 295
dans son enseignement., une attÏtudp assez indé-
cise t.
On croyait parfois, en Ja niant., fa ire o\uvre
d'apologétique
; comme la polérnique protestante
reprochait volontiers aux catholiques de réputer
Ie pape infail1iblp, certains d'entre eux étaient tout
naturellement tentés de riposter que cette opinion
théoIogique n'étai t nullement endossée par I'Égl ise,
et de soutenir ainsi, tout à la fois, que Ie Pape
pouvait se tromper et qu'en tout cas les protes-
tants se trompaient; et c'est it cette tentation que
succombait encore, en 1H46, l'auteur d'un caté-
chisme enseigné dans Ie diocèse de l\Iayencc 3.
l\Iais depuis lor8, certains ues catéchismcs du Jé-
suite Deharbe avaient réaccoutumé lcs esprits à
l'idée de l'infaillibilité 4; clIe était, en 1855, soute-
nue par Ie futu!' évêquc l\Iarlin, dans une chaire
de Bonn:;; en 1860, le concile provincial de Co-
I. Guerber, Liebermann, p. 299-308 (Fribourg, Herder, 1880). - Sur Lieber-
mann, voir nolre lome 1[, p. 1.1-19. flu-lilt au lhéologiell Klee (voir noire tome II,
p. 18), il élaÌL plulÔt, Jans sa DO!/17/nlique, parue en Un5, enclill vcrs lïnfaiIIi-
bilisme, non !'ans timidité (Fl'iedloich, Geschichte, 1, p. 53G).
2. KeUeler, à la fin Ju concile, insisla sur ce point, dans le5 observalions
qu'il présenta au sujel du scluJma de l'infaillibilité (Friedberg, SammlulIg del'
Aktenstuecke
um ralicanischen Concii, p.6U8). (Tubingue, Laupp, 1S72.)
30 Krautheimer, Katechismus tier c1li o istknt/wlischen Religion, mil Gutheis-
8Wty der bisclwefl. Ú;,tlinul'Ïtcte VOlt JInin.:; ulHll'I'iel', p. '137 (1Ia} ellce, Kirch-
heim, f8
1Ì), cilé dans Friedrich, Geschichte des Valikanischen Kon::il8, I,
p. 3 / .0, n. 2 Wonn,
eusser, 1877). - En revanche, dès 1:;28, dans lp diocèse
cl'Aix-la-Chapelle, le prNre I\./ausener Jisait à Jean Laurent, Ie fulur vicair'e
apostolil[ue de Lm..embourg, (Iuïl ne mOUlTait pa3 sallS avoir vu proclampr
lïnl'ailliLililfo, et Ie LiblioLlu;cairc Joseph Laurent d(ofendait lïnl'aillibilitfo, en
IS3.ï, contre Ie peintl'e Schadow (Moeller, /Jise/wl' LltUl'Cllt, I, p. 1i7 el 232-2:
3).
4. Friedrich, Geschiehte, I, p. 3\.3-3ij. - Sur Ocharbe (tSO fl -1R71), ,"oil' notrc
lome I I I, p. XXXII.
5. Stamm, Conrad lIJa1,till, po
!)4-300. Ce sermon esl singulièrement plus
ùécisif que les critiques de teÜes par les(luelles Schulte, Der .illtkatholicis1Rus,
296
L' AI.LEl'tIAGNE RELIGIEUSE
logne l'affirnlait expressénlent 1; et Sencstrey lui-
mênlC'" en 1861, dcvant l'assemb]{oe cathoJique de
l\funich
célébrait Ie Pape com me (( la pierre fon-
danlclltale, la racine, Ie centre ùe l'unilé chré-
Henne 2 )). L' AHem agne cathoIiquc, par Ie travail de
certains docteurs, par les solennelles fol'lnules de
certains évêques, par l' aspira Lion de certaines
âmes, avait conlnlencé de préparer et de mÙrir
cette définiLion. Le gestc de 186t>, par lcquel Se-
nestrey exaltait Pie IX pour avoil' pIus aisément
raison de Doellinger, ne faisait que succéder à
d'autres gestes d'hommage, llloins belliqueux,
mais non moins éloquents, tour à tour concertés
par 1e catéchisLc expert qu'éLait Deharbe, par le
prédicaleur pondéré qu'étail
Ial'til1, et par un con-
ciIe, eniin, dans Jequc] s'élaient joints aux évêques
de la Prusse rhénane }' évêque d'Osnabl'ucck et Ie
prince-é,'êque de Brcslau.
II
Senestrcy avait fail ses études au collège Ger-
nlanique de Rome, et ce fut, aussi, à trois élèves
de ce collège, que parvint, en decembre 1867, une
invilation à sc rendre à llome pour y travailler,
p. Hì7-169 (Giessen. Rolh, 1887) essaic d'élablir que
larlin, avant Ie concile,
Hail anli-iofaillibilisLe.
1. Co)
cile de Cologne, Tit. VI, chapo 21-, (Coll. LaccJtsis, V, co!. 3L1). - t:ro,
sur lc concile de Cologne, notl'e Lome Ill, p. 23G-237. et ci-dessus, p. 2!2-2:!
0
20 rl'iedrich, CeschichLe. I, p. 353.
L' ALLE
IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 297
comme consultcnrs, dans les commissions du fu-
tUI' concile 1. I./un d' eux,
Iaier, connu par ses
inquiètes polémiques contre 1'Écolc de lVlunich 2,
était Ie propre secrétairc de Senestrey : il s'cxcusa
de ne point répondre à l'appel romain. Les deux
autres, délaissant pour quclque temps rUniversité
de \Vul'zbourg, s'en allèrent au delà des Alpes;
c'élaient l'hislorien Hergcnroether et l'apologiste
Hettinger 3 ; to
s deux honoraient la science et ras-
suraient les cl'oyants. l\1ais, quelques mois après,
deux lettres du cardinal Schwarzenberg, arche-
vêque de Prague
, exprimèrent au Saint-Siège Ie
væu que Docllinger, que HereIe, l'hisloricn des
conciles 5 , que I(uhn, Ie philosophe de Tubingue 6 ,
fl1ssenl mandés à leur tour dans les laborieuses
commissions qui préparaient Ie concilc. Des deux
écoles théologiques qui se disputaient l'Allemagne,
l'une y était représentée, ct fort brillamment, par
Hergenroether et par Hettinger; Sch,varzenberg
voulait que l'autre aussi fût entendue. (( En Alle-
magne, insistait-i] 7, on est très pcrsuadé de la foi
t. Çollectio Lacensis, VII, col. 104,5 (letlre du cardinal Calerini au nonce
le Munich: 28 novcmbre 1867).
2. Voir ci-dessu5, p. 276-2ï7.
3. Voir ci-dessus, p.
50.
4. Voir ci-dessus, p. 204, no 50
5. Voir ci-dessou
, po 301.
6. Voir ci-dcssus, p. 283-284.
7. Collectio Lacensis, VII, co!. 1046-1Ui-7 (lelh'es du 25 mai 1868 aux cal'-
linaux Anlonelli et Calerini. - Cecconi, HistoÏ1'e du conciie (lu Vàtican, pré-
iminaires. Trad. BOllhoffime ct Duvillard, IV, p. 704-710 (Paris, tccoffre. 1887).
l\:('lteler, aussi, Ie 3 seplembrc 1868, dcmandalt au nonce que des professeurs
%Om me llcfele, Alzog, Dieringer, DC fussent pas exclus des lravaul pl'éparaloires
lu concile (Pfuclf, lí.cltcICl', 1If, p. G).
298
J:ALLEJIAGNE RELIGIEUSE
corrccte, de la doctrine excellente de Doellinger,
encore qn'à Rome peut-être sa réputation soit moins
favorable. )) Des écrits posthumes du grand histo-
ri('n, datant de 18ß5 eL des années suivantes, ont
prouvé que Pie IX était mieux infornlé que Sch,var-
zenberg : à force de militer contre Ie romanisme,
la plume de DoelJinger avait fini par éclabousser
l'Église 1. Doellinger d'ailleurs serait-il allé à Ronle,
si RODle !'cût souhaité? On affirmait au Vatican
quïl s'y refuserait. Antonelli considéra ce refns
comn1e acquis 2; et, pour trouvcr en Allemagne de
nouveaux consnlteurs dont rappel pilt satisfaire
l'Éminence de Prague, on recourut à l\legJia, nonce
de l\lunich.
Les polémiques récentes entre (( scolasLiques )) et
(( représentants de la science allemande )) avaicllt
singulièrement frappé Meglia. II était naturel que
des brochures comme les Cinquante l'hèses de
Frédéric lYlichelis, sorte d 'ultimatum de ]a (( science
allemande )) à l'autol'.ité romaine, apparussent au
représentant tiu Saint-Siège comme Ie symptònle
t.rps net de malaises alarmants:
. Témoin qnotitlien
t. Voir ci-des5us, p. 275-280. Ii convieut tJ'observer, aussi, que réimprimallt ell
t8GR son livre de 18GO : Clu'istenthum Ulul I{i,'chc ill dCl' Zcit (IeI' Grull(llegulI[)
(ll"aduit ell français par Bayle- Toul'llai, Cm;lcrman, Hì(i3), Doelliuger corrigeait,
dans celLc édilion nouvelle, les passages Ijuïl avaiL consacrés à la primalip
papale, dc mallière à altélluer dc plus UI plus Ja portée dc ceLte primaLic : voir
Ie parallPie enLre les dem: édiLiolls, dans :\lichael. Igna:; l'on DocllillfJer, 2
édiL.,
p.11-2-t7.
2. Collcclio Lnccllsis, VII, coL W.i-8 (lcltre d'Anton
lIi à Schwar7cnberg
dulJ juillcL 18G8). - Fricùloich, lJoelliliger, III, p. 4;;1; eL 700, sc fondant stir
un propos de Freppel, affirme IluC ce fut Ie cardinal Reisa('h (Iui empècha Romc
t!'appeler Doellinger. - . Est-il jusLc et sage, ('crivait encore Hefele à Sclmar-
z('uLcrg Ie 10 mai 18G9, de faire sysLémaLiquement du premier Lhéolo
ien d'AI-
lemag-ne un cnnemi de Rome? >> (Granderath, Ope Clt., I. p. 71-7:3).
3. Fr. Michelis, 50 Thescn uebe1' die GestlLlLung del' Ií.iJ'chlichen Ye1'hllelt-
L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 299
de ers malaises ([(Ins ]a vil1e mên1C oÌl i1s étaient
Ie pIns aigus, il écri vit à Rome un rapport t1'0';
noir, où Ia fraction de professeurs dont Rome dr-
vait, au dire de Sch,va1'zcnbcrg, invoqucr les Iu-
mières, élait portraituréc sans nuances rt appréciée
sans indulgence.
Presque tous. écrivait l\1eglia, - COlnme aussi tous Ies
f>cclésiastiques jouissant de quelque réputation de savoir et
de doctrine, - 5e font gloire de former ce qu'ils appellellt
Ie grand parti des savants de I' Allemagne. Leurs aspirations
consistent en général à encourager et à suivre, jusque ùan
ses dernit
res évolutions, Ie progrès scientifique, et cela aVf>C
nue Iiberté, nne inclépendance entière, maintenant sans
doute intact Ie dogn1f.>, mais sacrifiant certaine
doctrines qui
s'y rattachent et qui ne sont pas défìnies par rEgIise; à Iaisscr
de côté Ies antiques methodes de la scolastique, ces vieille-
ries du Inoyen tLge, Jisent-ils, incOlnpatibies avec Ie progrès
111oderne; à rellùre la InéLhode scientifìque catholique Ie
plus semblable possible it la méthode scientifique protes-
tante, afin de mieux faire ressortir la préénlinence de la
théologie catholique sur Ia théologie protestante ; à donner
enfin aux études bibliques, phil01ogiques, historiques, une
large place pour n'en laisser qu'une fort petite it Ia théo-
logie vraie et positive. Ce qui prédomine chez ce parti, c'est
l'orgueil. Aussi soufl're-t-il avpc peine Ie frein ùe l'autorité,
qui selon lui entrave Ie progrès. H Lient peu de cOlllpte
tles décisions Jes congrégations romaines; il élève aux nues
Ie systèJne universitaire de l'Allelnagne (( savante )) et Ie
préfère à celui ùes séminaires de l'étranger; il regarde
d'un æil cle pitié, sinon ue mépris, Ie Jegré de culture scien-
l.ifique ùes autres pays, et traite de science à l'état d'enf'ance
la science théologique Jans les sén1inaires d'Halie, de France
pt ùes autl'es nations; ainsi s'explique, aussi, pour(Iuoi iI ne
se lllontre nullelncllt favorable à la fondation J'inslituts
scientifiques dépendant de l'autorité des év(1IJues, et préfpl'c
IlÏð.!
del" Gegenwal'l (Leipzig, Duerr, tS:i8). Les huH premières thèses (p. 2-G)
viscnL à dlminuer la pl'imatic papale.
300
L' ALLE1\IAGNE RELIGIEUSE
la suborJination au gouvernement civil, pour conserver une
plus grande Jiberté dans l'enseignement 1.
On ne pouvait réSUl11er d'une façoIl plus ponc-
tllclle Ie jugeIllent que portaient sur l'École de Mu-
nich ses plus vigil ants adversaires. l\Iais était-il
équitable de confondre dans un même procès tous
les professenrs des universités? 1\leglia sentait que
non; il n'ignorait pas qu'à ce moment même un des
plus brillants éIèves de l'École de Munich, Ie jeune
prêtre
Georges Ratzinger, publiait sur Ie rôle sécu-
laire de l'Ég'Iise conlme institution de charité un
u
lravail adnlirable dont quarante années n'ont
point diIninué la valeur 2. l\Ialgré l'intransigeance
de ses opinions personnelles, l\Iegiia planait comnle
nonce au-dessus des partis ; il se rassérénait, au
terme de sa IeUre, pour expliquer qu' entre ces
professeurs ainsi définis en bloc, il y avait d'in-
finies variétés : il citait nlênle avec éIoge deux
d'entre eux, Ie théologien Dieringer, de Bonn,
et 11Ústorien Hefele, de Tubingue, et nommait
encore, comme universitaires, rorientaliste Hane-
berg, de l\lunich, l'historien Alzog, de Fribourg 3.
Tous quatre, en octobre 1868, reçurent un signe
1. Granderalh, 0]10 cito, I, p. i2-74 (Icllre de Meglia an caròinal Calerini :
2
septemlwe 18(18). - Cecconi, 0])0 cil., trade fran<;aise, II, p. 333-3H. Nons
avons cru nécessaire de remanier ici la traducLion française òe Cccc{Jui, en ser-
raut de plus près Ie texLe iLalicn (Slo?'Ùt del co1tcilio ecwllenieo ralieano, 1,2,
p. :H3-344; Rome, Lazzarini, 18ï9).
2. Geuhichte de?' ](Ì1'chlichen A?'menpfle{Jc (FriLourg-, Herder, 18G8). -
SUI' Georges Ratzingcr (184i-1899), voir Fraenkel dans BeUeIhcim, lJiO{Jl'. J a 1'1"-
!JueTt, V, p.
4tj-2}j.
3. l\Ieglia 1I0mmait aussi, commc susccpLibles d'Nl'e appelés, Ie chanoille
lou-
rang, Ie chanoine Giese, de l\Iuenster, Ie profcsscur BerIagc, de Mucnster, le
chanoine Schmitt, de ßamLel'g (Cecconi, 0])0 cito, trad. rranc;aise, IV, p. 3:1:)-340).
L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 301
du Vatican. Dieringer seul s'excusa el futremplaeé
par Heuser, professeur au grand séminaire de Co-
logne. Le jésuite Schrader, passé maître en sco-
lastique, Ie chanoine l\Ioufang, en qui l'}
cole de
layence saluait un chef, Ie chanoine l\lolitor, de
Spire, Ie régcnt l\iast, enHn, dont l'Allelnagne en-
tière connaissait Jes di(férends avec Jes professeurs
ùe Tubingue, devaicnt compJéter, dans les diverses
commissions,la repl'ésentation de 1'1\ llemagne ca-
tholique. Représenlation d'auiant plus iU1partiaJe
que bigarrée 1 ; les contrastes n1êmes qu'elle ofIrail,
les heurLs qui pouvaient s'y pl'oduire, n' étaient
que la répercussion normale des mêlées théolo-
giques dont souffrail alors Ie catholicisme d 'Outre-
Rhin.
{.In UP ces Allenlands, IIefele 2, fut aussitûl dési-
gné par sa science pour une vastc besugue : nul llP
connaissait comme lui Jes anciens conciles; et
bien qu'il fût difficile de Ie supposer infaillibiliste,
Rome recourut à lui, libéralement, pour concerter
les détails de la prochaine assemblée. Le projet
adopté au sujet des mélhodes de délibération fut
L Doellinger Jemeurail méconlent. Ie Les conseils du cardinal Reisaeh, écri-
vail-il à i\lal'el Ie 10 déeembre 1RGS, onl obtellu f(u'oulre les disciples des
JésuiLes, on a encore appelé quelques théologicns modérés : cela donne 'Iuelque
apparenee d'imparlialité, pemlanL qu'on est parfaitemellt libre d'éearler ces
messieurs de touLes les questions qu'on veul réserver aux ultramonlains ))
(Bazin, ''ie de l1I/Sr J.lfarct, IH, p. 78; Paris, Berehe et TraUn, 1891).
20 Sur Charles Joseph Hefele (18m)-\ 8n), professeur à l'université de Tubinguc
de 1840 à 18G9, évèque de Rottenburg de 1870 à 1893, aucune biographic
déLaillée n'ðiste encore. Voir Funk, Allgcmeine deutsche Bioyraphie, L, p. 109-
115. SOil aetivilé d'historien, dont nous avons (lome II, p. 42), indi'lué les débuts,
se poursuivit, de 18:;;; à 1874, par sa grande Histoire des C01Lciles, dont ell ee
moment même Don Leclercq publie ulle nouvclJe lraduclion frauçaise. (Paris,
Lelousey et Ané.)
.. . ....",,.
. I ..
302
L-' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
celui de Hefele 1. Sur la forme qu'il convenait de
donner aux décrets conciliaires, sur la nécessité
de faire ressortir, dès Ie début de leur rédaction,
que Ie Pape lui-même les promulguait et les impo-
sait (( avec l'approbation du cOBcile )), Hefelc fut
d' aCt:ord a vee les théologiens romains
. Comme
eux aussi, il admit qu'une conlnlission devait exa-
miner les propositions faites par les évêques et
proposer au Pape, soit de les faire disculer, soit
de les éconduire : il aurail voulu qu'elle fût nOlll-
mée, nloilié par le Pape, moitié par les membres
de l'assemblée; Pie IX se réserva de la composer
tout cnLière 3 . Si ron décida, enfin, que Ie concile
aurait à élire, pour débrouiller les gl'andes ques-
tions à traiter, quatre (( députalions )) de 24 mem-
bres, ce fut à la suite d'une proposition prinlitive-
nlcnt déposée par I-Iefele ; et tandis qu'il inclinait,
lui, à ]aisser un tiers des nlembres à la nonlina-
tion du Pape, Pie IX, au conl.raire, abandonna au
cOllcile Ie soin de les choisir tous.. Ce canoniste
écoulé s'en rcviendra siéger parnli les Pères,
conlme évêque de 11ottenburg, et celui dont Pie IX
s'était ainsi sel'vi, comnle consulteur, pour orga-
niseI' l'assenlbléc, sera Ie dernier évêque d'l\llc-
nlagne à s'il1cliner devant la définilion qu'elle
émeltra.
1. Grandcralh, opo cito, I, p. H4- i-1G.
2. Gl'auLtcrath, op. cit., I, 1'. 410-H
ct II, p. 55-57.
3 0 Granderalh, f.Jp cit., I, p. 4u!\-4lU ct II, 1'. 49-:'2.
i. úrallJeralh, op. cit., r, 1'- 4U2-407.
L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 303
III
Plusieurs hrochures allenlanues, uès la fin
de 1868, tracèl'enl aux membres uu futur concile
cerlains programmes singulièremcn t a venturcux.
Il en éLait une, signée d'un chanoine de Banlberg,
qui proposait à leur approbation deux thèses
nettement gunthériennes 1. Deux autres, dont les
auteurs sc qualifìaient simplcment d' (( ecclésias-
tiques calholiques )), paraissaient écritcs sous
l'influcnce de l'École de l\Iunich, à proximité de
Docllinger. L'Ull de ces opuscuJes, rclativcment
ll10uél'é, atlaquait lcs J ésuites, l'Inuex, Ie célibat
dcs prêtrcs, et soutcllait sur Ies pcLiLs séminaires
dcs théories qui dcvaicnt déplaire à llome
. L'autre,
plus exalté 3 , dcssinait Ie plan d'un concile qui
scrait une inlll1ensc l'eprésentation démocl'atique
de l'ltglise. Tous les chréliens y ucvaient être
convoq ués; ils s'y rasßcnlbleraicnt par nations;
ùes congrégalions nationales, sortes d'assemblées
o Ma
'er, Zv'ci Tlwscn rür das allgem,cÙ&c Concil, DamLerg, 1868. -
Cf. Friedrich, Gcschichtc dcs Vatikanischcn lí.on::ils, II, p. 305-308.
3. Ein ol!eue.<; 1Vort an die Rise/werc ulId IÚltholikcn Deulseblands mtgr.-
ichts de8 bev01'stehcndcn allgerneincn lí.onziliu1lLs, VOIL ciucm. Ií.atholischc1t
Gcistlichen (Ochringcn, Schaber, 186R).
4. Das naeehste allgemeine lí.onzil U1ul dic wahren ßcducr(uisse dCl" lÚrc!tc.
Ein \'?"orl an (lUe wahren Christcn [Jeisllichcn unci weltlichcll. Sllliides, t'on
ÏlH'm lí.lttholischen Geisllichcn (Jcna, Hocchau!'en, 18G!1). - Friedrich, Gcs-
:hicltlc des ratikanischelL li.un
iI8, 11, p.
o et 285, prélclld <tHe la JJl'ochUl't'
Hail du jcullC prèll'e Georges Italzillöer, Ie fulm o bociologuc : c'esL UllC atlir-
rnai.ion sans fondemenL. - cr. Grandcralh, op. cito, I, po lû8-1û9, et voir ùa)ls
r
ecconi, Ope eit., traù. rran(;ai
e, II, p. HO-416, la IcUrc du noncc lUeglia à
Rome, au sujcl ùe celtc brochure, quïl croiL d'orig-ine bavaroisc.
30
,
L ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
primaires, élaboreraient des propositions. Les
évêques, groupés en congrégations épiscopalcs,
étudieraient ces væux de la foule. Les décisions
seraient prises dans des séances soJpnnelles. Lors-
qu'il s'agirait de dogme ou de nlorale, lcs évêques
seuls y voteraient; si des questions de discipline
étaient en .len, ou de Jiturgie, ou hien encore de
politique religipusc, les simples prêtres et les
moines auraient droit à quelques suffrages. Les
susccptibiliLés nationales seraienl soigneusement
rcspectées : l'épiscopat de chaque pays aurait un
nombre de voix proportionné au chiffre qu'attei-
gnait dans ce pays Ia population catholique; si
bien que I'Italic, oÙ les petits diocèses pnl1ulent,
vcrrait nécessairement un certain nombre de ses
évt'ques res1er à ]a porte dn concile; Landis que
l'épiscopat allemand, pen nonlbreux pL régnant
sur de vastcs territoires, siégerail tout eutier dans
rauguste assemblée. La façon dont s'étaicnt orga-
nisés ]es Pères de Trente, dont ils avaient délibéré,
dont ils avaient voté, offusquait I'auteur anonyme;
il ne jouait si complaisamment au Sieyès que
pour amener 1 'Égiise à réagir contre un tel précé-
dent. Passant outre à trois siècles d'histoire, cet
esprit avancé, qui pcut.être n'était qu'arriéré,
remontait jusqu'au xv e siècle, jusqu'à Cons-
tance, jusqu'à Bâle, pour adapter aux maximes
de 1848 l'Église démocratisée. II y avail une sorte
d'anachronismc à vouloir ressusciter, dans la ca-
tholicité à laquelle Pie IX présidait, les expédients
révolutionnaircs qu'avait imaginés la théologie
L'ALLEl'lAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 305
gallicane en vue d' échapper à I'anarchie du Grand
Schisme : COll1ll1e si 1a papauté n'avait jtHlÏS
esquivé le joug de certaines aristocraties conci-
liaires que pour se laisscr tyranniser par une
démocl'atie conciliaire; con1me si elIe n'avait
triomphé d'un parlementarisme oligarchique que
pour devenir la captive et l'esclave d'un certain
puritanisme.
Tel était l'opusculc dont s'cnlhousiasmait, à
],Université dp l\Iunieh, un professeur passanl
cepcndant pour très pondéro : << II cst impossible,
disail-il, de compareI' eet éerit à la dernièrc bro-
chure de l'évêque d'Orléans : chez Dupanloup,
il n'y a qu'une exposition é]émentairc de la ques-
tion. La brochure allemande, au contrair0, est
une æuvre vraiment scienlifique; fauLcur y mar-
che tonjours l'hisLoire it la main, ses affirmaLions
sont toules 3ppuyées sur l'histoire 1. ))
Ccs TuystéJ'icl1x n1anifesLcs avaicnt déjil fait
grand bruit lorsqu'cn févricr i869 ]a Civi/lå Cat to-
lica puLlia cerlaine corresponuance rle France, Oll
l'on affirmait que la plupart des catholiques fran-
çais attendaienl du concile la proclamation de
l'infaillibilité, celIe de l'Assomption de In. Vierge,
ct un certain nOll1brc de formulcs positives, d'af-
firmations nettes, sur toutes les questions déli-
cates naguère visées par Ie Syllabus'!.. II fut élahli
L Cecconi, Ope cito, trade française, II, p. 411.
. Collectiù Lacensi,v, VII, coI.1141ì-1Hj
, dCecconi, Ope cit.,trad. francaise
III, p. 187-214- et 228. - Sur l'origine ùe c('LLp corrcspondance el à l'enc
nlr
Ie la lhèse de Friedrich, Gcschichtc (Ies Vatikanisc/ten Kon:;ils, II, po 9-JIì,
voir Grandcralh, Ope cito, I, po 183-t 8G, et cf. ùans Collectio Lacensis, VII,
IV.
20
306
L' ALLEYtIAGNE RELIGIEUSE
plus lard que cette correspondance, toute privée,
avait été discrètpment écrite à l'instigation du
nonce, pour êlre discrèl(\ment Iue au Vatican, et
qu 1 ene s' élail glissée par luégarde dans la Civiltà.
V otre prétendue mégarde cst nne tactique, ripos-
taient les ad versaires; ils avaient autant de peine
à croire un .J ésuite capable d'une étourderie
qu'à croire la chaire de Pierre incapable d'erreur.
A coup sûr, pensaient-ils, la Civiltà n'avait pu
faillir : ce qu'elle avait commis de malencontreux
devait être volontaire; systénlatiquement eUe
avait agilé la question de IÏnfaillibilité pour
déchaîner une campagne hostile, qui rendrait iné-
vitable une ùéfinition. II y eut en Allenlagne
tout un parti de catholiques, qui accusèrent les
Jésuites de travailler en agents provocateurs pour
Ie dogme futur 1 ... Mais sans mentionner ici les
deux volumes gallicans de Maret, dont la pré-
paration élait dès 10rs très avancée, les brochures
· mènles dans lesquelles l'École de Munich jetait à
Hoale un premier déti n'étaient-clles pas anté-
ripures à ceUe correspondance tant incriminée?
Tant à l\Iunich qu'à Paris, les anli-infaillibilistes
col. H69-1174, la r{.ponse ùe Ia Civiltà (t7 avril 1869) aux altaques de Ia Gfl-
ettc universcllc ù'Augsbourg conlrc cctle correspondance.
1. M. Émile Ollivicr, ùisculpant de ce rcproche l'écrivain de la Ch'iltù, S'CI.-
prime en ccs lermcs : << Voilà l'agresseur, dil-on. Non, car ùéjå à cclte époquc
les deux volumcs galliC'ans dc Mgr Marel, évêque ùe Sura, étaicnt en prépara-
lion lrès avancéc, cL ron ne saurail soutellir quïIs aicnt élé suscilés par la pro-
vocalion dc Ia Cil..'iltà. . (L'J!.:glise ct l'.É'tat au condle du Vatican, I, p. 405.
Paris, Garnicr, s. ù.). - cr. dalls Pfuclf, ,Mallinckrodt, p. 309, une lettrc ùt
l\larLin, évèque ùe Paderborll, à .1lallinckrodl, ct dans Friedrich, Geschichte,
111, p. 103, unc conversalion ùu P. Rolt, expliquant que dcs 1ivres leIs qUl
celui de Maret provoquaient clpressémenl Ie concile à une décision.
L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 307
avaicnt déjà braqué leurs pièccs, avant que l'in-
cidcnt d(\ la Civiltà ne rendît leur tir plus précis
et plus nourri.
L'én1otion fut grande à l\lunich 1. Du 10 au
1
l11ars 1869, la Gazette universelle d' Augsbourg
publia contre l'omnipotence papale une série d'ar-
ticles anonymes, dont I' auteur concluait que
l'année 449 s'était tristement illustrée par un
concile connu sous Ie nom de concile des brigands
ou de brigandage d'Éphèse, et que ,l'année 1869
serait marquée par Ie synode des flatteurs 2.
D'aucuns aUribuaient à l'historien Gregorovius
cette prose virulente; d'autres au prêtre Pichler,
connu par ses travaux sur Ie schisme grec 3; les
plus avisés soupçonnaient Doellinger!.. Cinq mois
et demi plus lard, ces articles, remaniés et COffi-
plétés 5, parurent en un volume, sous l' équivoque
pseudonyme de Janus. L'auteur y développait une
thèse érudite au profit d'une manæuvre politique.
1. Voir daus Bazill, Ope cit., Ill, p. 8;>, la Iellre de Doellinger à Marct du
18 mars 1869.
2. Cecconi, Ope cit., lrad. française, lIT, p. 236-240. - GranderaLh, Ope cito,
I, p. 17ã-178. - Friedrich, Doellinge'i', Ill, p. 478-480. -, Voir Ia critique de
ces arlieIes dans Michael, lJoellinger, p. 58-ü4.
3. Voir ci-dessus,p. 263.
4. Granderath, Ope cit., I, p. 181-18
: Joerg fut de ceux qui lout de suite
reconnurent Doellinger.
5. Der Papst unddas Kon:;il, von Janus (Leipzig, Sleinacker, 18(9). - Ce Culle
ploofesseur bavarois Jean Huber (voir ci-dessus, p. 2(5), philosophe à tendallces
panlhéisLes, plus tard vieux-catholique, qui s'offril à Doellingcr pour reprendre
les arlicles dc Janus et en Caire un livre; lorsllue Huber eut commencé Ie lravail,
Doellinger se décida à y prendre une part, - et ce fut la plus grandee Voir
Friedrich, Doellingcr, III, p. 484-487. - Le livre intituIé : La papauté, son
o'i'igine au moyen dye et son développement juslJu'en t870, par Ignace de
J.)ocllingcr, avec noLes et documenLs de J. Friedrich, lraduit de rallemand par
A. Giraud-Teuion (Paris, Alcan, 1904), n'est autre que Ia traduction frallçaise
de Janus.
308
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
J
a manæuvre consistait à insinup.r que tout Ie
rléveJoppenlent de la puissance pontificale seraH
inconl}Jatible avec les principes fondanlentaux Jes
Etats lllodernes; devant des lecteurs prompts à
l'etlroi, la docte ménloire d'!gnace Doellinger évo-
quait les huIles antiques dans lesquelles des papes
affirmaient leur droit de déposer les rois ou de sévir
contre l'hérésie. A regarder de près Ia plus terriLle
d' entre eUes, la bulle Unanl sanctarn de Boni-
face VIII, on constate sans peine que, strictement
parlant, Ie privilège de l'infaillibilité ne s 'applique,
dans ce document, qu'à une lignc d'affirmations
cxpresses, formelles, solennellcment accompagnðcs
du mot DefinÙnus : (( NOllS déclarons, en cOl1sé-
quence, que tonte créature humaine est soumise au
Saint-Siège J )); et ces mots teis quels, pris en soi,
n'offrent rien d'alarmant pour les rois, nlênle pour
les républiques. J\Iais ces distinctions paraissaient
subtiJes aux profanes, mal accoutumés à conl-
prenùre que dans certains domaines il est néces-
saire de distinguer si r on ne veut pas confondre;
et l'ensemb]e des docunlents alignés par Docllinger
]aissait à la simplicité publique
etle impression,
qu'un accroisscnlcnt de la prinlatie pontifica]p
nlcttrait cn grave péril l'autonomie des États.
Au surplus Doellinger, biITant des pages entipres
de son IlistoÙ>e de I' Église 2, exposait une thèse
1. C'esl ce que fit remarqucr Ie P. Wilmers dans ses Obse1'vationes (Voir
Granderalh, op. cit o. Ill, po 23-24). - cr. Fessler. La vraie ct if(, fausse
iltfaillibililé des papes, trado française. p. 11 el 9G-97 (Paris, PIon, 1873).
2. Doellinger, Histoire de fÉr/lise, trade Bernard, I, p. 5G-Gl el 212-22G
(Bruxelles. de Mat, 184-1)0 - DoeUiuger, d'ailleurs, avail en t8G4 refusé de réim-
L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 309
nouvelle d'après laquellc ]es pI'ogrès de la papauté,
dans Ie passé même, avaient résulté d'une série
d'usul'pations. Jusqu'au IX C siècle, cette puissance
s'était conduite corrcctement, développée norma-
lenIent; depuis lcs Fausses Décl'étales, cUe n' éLait
qu'une excroissance nlorbide.
Ultérieuremenl, la thèsc ùe Doellingcr, d'après
]aquelle, en définiti ve, la souveraineté papale
daterait dc Grégoire VII, apparut comme d'une
(( fausseté énornle )) : l'æuyre de Grégoire VII,
aux yeux des historiens actuels, (( n'a pas été
une création, mais un essai de restauration de la
papauté du v e siècle 1 )). Alors les disciples de Doel-
linger s 'en prirent à la papauté nlÔme du v e siècle,
ct l'on vit 1\1. Friedrich aLtaqucr l'aut.hcnticilé des
fanlcux canons de Sardique, de l'année 343, ct
s'efIorccr ainsidc faire rCDlontcrjusqu'au lye siècle
nlême lcs incorrcctions Je ]a papauté 2. La science
primer c(' livre (Friedrich, lJoellillgc'i', III, po 343) 0 Schl'{'hen c},.ploHera Lienlôt
ccs pab'cs aucienllcs de Doellillg-C1', dalls sa brochurc anon
me: Neue E1'lI'aeguu-
gell uebe1' dip Frllge der }Jacp
tli('''cn Un{cltlbnrkcit aus dcn lllledm1illfc1t'
hist01'isc!wn HTcI'ken Doellill!Jers U1'/ruIIIllich ::;1lsam mCII.fJc <;lcllt . (Hatishonnc-
J'uslcl, 1870)0 cr. Grant/pmlh, Ope cit., I, p.
O;I-2u/
. Au l'p"l(', ]lncHing-eJ', Ie
23 mars 1870, sera Ie prcluicr a ('Cloil'C an cÌlanoine Ehprhard. de HalisLonne :
(c Je nc puis me déchal'ger du r'1ll'ochc d'a ,.oil.' dans mes
cri ts anl(ol'ieurs, par
II's hommages rcm}ns au principe papal f'xclusif, conlrihué aussi au mal !Jui
mainlenant va croissant )) (JIiclll'lis, Die !\.II(/lOlische Ile{ormbeweyullg 'lulll
das
ralikani8chc COHcil, éd. Kohut, p. 2í-; Giessen, Hoth, 18R7). - Cf. tuise
von Kobtll. !!lllll::; VÙ/I Doellill!JCI' : EI'ill1/cr1.tn{/cn, p. 9 (
lunich, Beck, 18tH).
Cppendant 1\1. Friedrich, /)odfiJlf/c1', II, p. 3
H.-35J, conlesle les soU\'cnirs tlu
comlc
pec, Il'après lequel DOf'lIingPI' aurail dit en conver
alioll. pn 1R4.3, que
nicI' lïnfailliLililé serail conll'edirc la consciellf'c ùe l'Ég-li!\c uni\Crsel1c.
1. Balmt, Bulletin des /Jibliollu
'1uCS }Jopulail'cs. 190G, p. ;;Ho L'appr{'cia-
tioll cst sig-niHcali ve SOLIS la plume LIe .M. Bahut, l'historil'll ÙU cOllcilc de
Turin et des (( origines de la monarchic ecclésiastiquc romaine )).
. Friedrich, Die lJlIaechtheil ticr Cll1w1tes t'Ol)' Sll1'llica (Munich, Rolh,
t UOI ct 1902) : traduit dans Doellin
eI', La pll]1llulé, lrado Girallù-Tculon,
p. 399-40
. L'authcJlticit
dl'<; canous dp SardifJne a élé vicloriellsemcnt rléfcn-
31.0
L' ALl.EMAGNE RELIGIEUSE
de Doellinger et de son école, pointilleuse et ta-
quine, expliquait maila riche complexité des faits;
il y avait quelque chose de volontairen1cnt ré-
tréci, d'humilianl pour I'hull1anité. dans eetLe
méthode morose qui se targuait d'aLtribuer à une
série de falsifications une apparition comme celle
de la papauté.
Pour qu'une idée fit son æuvre, pour qu'elle
fût vraiment une idée-forcc, suffirait-iI, d'aventure,
qu'elle jaillìt un jour dans Ie cerveau d'un mysti-
ficateur? L'apocryphe aurait-iJ une telIe puissance
architccturaIe, que des réalités massives et même
grandioses pussent n'être rien de plus que les
. filles du n1cnsonge, et non pas du mensonge de
la légende, sorte de poésie parfois plus vraie que
l'histoire, n1ais du n1ensonge pédant et mesquin,
subtilen1ent préparé par des scribes? Lorsque Ie
Doellinger de 18G9 rabaissait ainsi Ie grand phé-
nomène religicux qu'offre I'épanouissement de la
papauté, il nc prévoyait pas, apparemment, que
dans Ie prochain quart de siècle I'AlIemagne
protestante, par la voix des \V ciszaecker ct des
Harnack, rendrait au contraire homrnage
t la
primauté romaine primitive et
1 la conception ca-
tholique de cette primauté, tene qu'un autre Doel-
linger, cclni de 1830 et de 1840, l'avait brillam-
n1en t défend ue 1.
ùue par 1\1. Turner (Jou1'n({l of tlwological studies, III, I !IO:"!, p. 3g0-3n) ct
par Funk \lIisto1.Lclws Jnlu'buch, XXII I, 19u2, p. 497-5Hi), et aLLarJuée de nou-
veau par 1\1. Friedrich (Revue Iuteruationale de théologie, HJ03, p. t)2.1-G2
).
1. Sur l'évolulion lrès réeIlc de Doellingcr, voir Wendl, Zeitschri{t {Úl' Ku'-
chcnqesclticlttc, 190
, p. 281-309, et sur l'impression que produil aujourd'hui
L' ALLE
IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 31 i
Mais c.e qui passionnait l'Allemagne savante tie
1.869, c.e n' étaient pas, si âpres fussent-elles, les
polémiques entre Ie professeur l\lichelis et trois
prètres de Trèves au sujet du pouvoir romain 1 ; ce
n'était pas la brochure du pl'ofesseur Oischinger
réclamant du prochain c.oncile la revision de la
scolastique, ou celle du Jésuite I{leutgen sur les
désirs, les craintes et les espoirs, que soulevait Ie
rendez-vous æcuménique 2 ; c'étaient les anecdotes
d'interpolations ou de graUages à tra vel'S lesquelles
l'énigmatique .Janus semblait dérouler, com me
un romnn d'aventures, toute l'évolution de la pa-
pauté. Le futur cardinal Hergenroether publiait
l'Anti-Janus, et se refusait à croil'e, encore, que Ie
publiciste auqucl il ripostait fût Docllingcr 3 .
Janus - car c'était Iui - continuait d'instruire
les clercs à l'université; il avait sur eux une
influenc.e in1mcnsc, (( une influence qu' on peut à
peine comprendre si on nc l'a pas subic )). Co sont
lcs propres termes d'un théologicn fort connu, Ie
P. vVeiss, dominicain, qui, de son aveu, se serait,
à cctte date, fait brûler pour son maître Doellinger
.
Janus demeul'ait professeur, éducateur d'esprits,
directeur d'études, au service de cetie Église qui,
Ie livre de Janus, voir, oulre l'adicle de Babul, Albert Dufoureq, Bulletin
critique, HI04, p. 545-54-8, et Turmel, Ilcvtle du ClC1'f/é fmnçaÙ;, 1 er ùéccmbre
1!:104, p 57-66.
L Friedrich, Gcscluchtc, II, p. 77-80. -- Grandcrath, Ope cito, 1, p. 19
).
2. GrandC'ralh, Ope cit., I, p.
OO-
Ol.
3. Anti-Janus, cine Itislorisch-thcolu!lischc JÙ'ilik (FrihoUl'g, IIel'ùer, 1870).
4. Weiss, H. P. n., 1!J08, I, p.
9tL - Sur Ic!; scntiments òc révèque Grcilh,
de Sainl-Gall, à l'cndroit de Hoellingcr el de Iïnraillibililé, "\oir Baumgarlner,
Stirmneu aus J.lfrtritt Lnach, XXVI, 1884, p. 402-404.
312
L' ALJ.EI\IAGNE RELIGIEUSE
s'il le faUait c.roire, bénéficiaÏt depuis dix siècles
de certaines tron1perips.
J\lais déjà Frohschammer, depuis longtemps
sorti de I'Église 1, concluait que, pour être logiquc
avec lui-même, Janus aussi devait fairc cxode 2.
Un Espagnol installé à Munich, Lianno, prêchait,
dans ses brochures, la séparation d'avcc Ie Saint-
Siège\ elle programme s'étalait, cn mai, dans un
curieux apppi adressé aux catholiques badois 4 . On
y signalait qu'à la place du vrai c.atholicisme,
une confession nouvelle se fondait : Ie vrai catho-
licisme exigcait tous les dix ans un concile
provincial, tous Ics ans un synode diocésain;
]a. confession nouvelle inslallait un absolutisl11c
ccclésiastiquc. En tre ces dcux re ligions, ]']
tat
saurait discerner; et co n'cst pas à celle-ci,
assurénlenl, qu'i1 attl'ihucrait les hiens de l' Église
et reconnaîtrait des droits d'Églisc. Traitant Ie
ronlanisnlc en nouveau venu, il qualificl'ait offi-
cie1]cment d'héritiers légitimcs du calholicismc
les cnncnlÌs de l'aulocl'atic papalc. Ainsi fernlcn-
talent les in1paticntcs cspéranccs qui pousseronL
plus tart! Jos (( vi('ux-catholiques>> it réclamer du
pouvoir ciyil, en faveur de leur Églisc, un brevet
d'antiquilé ot un sceau d'authcnticité.
1. \ oir ci-dessus, p. 228.230.
o Graudcralh, op. cit., I. p. t!H)-tn.
3. Granderalh, Ope cit., I, p. t!:li, n. 1.
.. On trouvera illlégra]ement eel appcl dans Cccconi, op. cit., lrad. franc.:aise
lIl, p. 312-325. - cr. Friedrich, (;eschic/lte, H, p. 5ü-61. - Cet appel avait pour
auteur, r)'après FriC'drich, Ie magisLJ'at Bed, de lleiùc1berg; d'après Jocrgo il
élaiL d'originc ecclésiaslifjue (Granderalh, Ope cilo, I, p. 208).
L'ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 313
IV
Mais déjà, derrière Janus, se dressait l'Elat ba-
val'ois. Louis II questionnait Ie nonce, anxieuse-
ment, sur les rumeurs qui couraient au sujet de
l'infaillibiJité 1. Le professeur IIaneberg 2 l'elltrait
de Rome; il racontait qu'au début du concile
ßlanning se Ièverait, demanderait la définition
de l'infaillibililé, que, (( par une acclan1ation gé-
nérale et Lruyante )), Ies évêqucs soutiendraient
l\lanning, et que Ie Pape céderait, (( entraìné par
cct élan, ce I110UVf\D1cnt du Saint-Esprit )). (( l\lgr
Ileisach et les Jésuiles, l\Igr 1\Ianning et tutti
quanti, écrivait Doellingcr, c'est une phalange
formidable 3. )) Et devant cetle phalange tremblait
la cour de Bavièl'c, qui de vieillo dale détestait
Reisach. Docllingcr faisait pour Ie prince Clovis de
llohenlohe, président du ministère, un brouillon
tout anxieux, tout apeuré I., et ce brouillon était
I'originc de Ja retentissantc dépêche tlu !) avril
lS69, par laquelle IIohcnlohe invitait les cabinels
de l'Europe it s'(\nlendrc, pour la défcnse des idées
modernes, pour la sauvegardc des droits des Élats I).
1. Cecconi, opo cit., trade françaisc, II, p. 43R.
2. 8ur Hancbcrg, voir ci-dcssus, p. 254, n. G.
3. Ba7in, op. cit., III, p. 8G-87 (Icllioe de Doellinger à l\l<1.ret, 9 avril lfì(ì9
,
\la.nning, ullérieuremcnt, Mmenlit rc bruit (Friedrich, GCfJchichte, II, p. lJ.
1. 1. - Grandcralh, Ope cit., I, p. 300).
40 I.c fail esl révélé clans les Mémoires de 1I0henlohc (lh:nkwucrdigkcitcn,
, p. 3;)1)0 - Sur 1I0h(\J}lohc, voir ci-dcssus, p. 179 C't suiv.
5. Collectio Lrlcensis, VII, col. 119!:1-1::!00. - Cecconi, opo cit., trade Cran-
3i4
L'ALLEMAGNE RELIGIEUSE
Hohenlohe semblait croire que Ie concile s'oc-
cupcrait de politique beaucoup plus que de théo-
logic; on eût dit qu'il perdait de vue - si janulÌs
son attention s'y fût attardée - Ie discret et vaste
travail par lequel se préparaient, à Rome, les
décisions conciliaires relatives aux fondements de
la foi. Seule, l'infaillibilité l' occupait; il agitait
devant l'Europe, comme un épouvantail, l'annonce
des prétentions théocratiqucs sous Ie joug des-
queUes Ie Pape infaillible courberait les gouver-
nements teolporels. Chevalier du droit moderne,
il s'insurgeail contre les condanlnations du Sylla-
bus, qui, du jour OÙ cUes seraient transfol'mées
pal" Ie concilc en affirmations positives, cxigeraient
l'adhésion effective et pratique des diyers États.
Parce que calholiquc de naissancc, parce que frèrc
d'un cardinal, il espérait être moins suspect auprès
des catholiques que ne l'étaicnt les honlmcs poli-
tiqucs protestants, et pou"oir ainsi plus efficacc-
nlent donner I'alarmc contrc Ie (( périljésuilique 1 >>;
ct ce qu'il voulait, c'était que les puissances sc> con-
certasscnt, à J'avance, contre lcs décrcts qui pour-
raient êlre votés sur les questions polilico-reli-
gieuses ou sur des matières mixtes.
Si Hohenlohe fût allé jusqu'au fond de ce (( droil
çaise, Ill, p. 456-458. - Matgré loules les précautions priscs par Ie conseillcr
rle minislère Voelderndorff, une fuile se produisit, et 111. circulaire, qui devait
l'eslel' confidenlielle, ful publiée dans la presse dc Berlin.
1. Olto v. Voelderndorff, Beilage :;ur Allyemcinen Z"iÜw(j. 1902, nO 148,
p. 120 - Cfo Pfuelr, Stimmen flUS ii/aria Laaclt, 1907, I, p. 1 eL suiv. - A la
Chambre bavaroisc, Ie 4 f(
\'l"ier 18iO, Hohenlohe se défendit d'avoir voulu, pM'
sa circulaire, faire acLc d'hosWitt'. à l'É
.l ise clIe-même (Hohenlohc, Ðcnkwucr-
digkciten, I, p. 428-429).
L'ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 315
modernc)) dont il s'improvisait Ie champion, il
aurait constaté que les mêmes maximes qui pré-
tenJaient delicr les princes de leur fidélité à
l'Église, abolissaient inversement, par une consé-
qucnce logique, la souverainelé qu'ils afIectaient
jadis à son endroit, et que les changemenls pro-
fonds qui les avaient dégagés de leur obétlience
les avaient en même temps privés de leur hégé-
monic... II n'ya de place pour un Philippe Ie Bel
qu'aux époques OÙ il Y a place pour un saint Louis;
et les rois n' ont prétexte pour jouer aux sacristains
que lorsque Jeur trône, en théorie, en principe,
s'appuie contre l'autcl. IIohenlohc comn1ettait une
erreurde date en voulant mettre au service du droit
moderne certains procédés archaïques dÏnterven-
tion, dïngérence et d'immixtion; l'âge n'était plus
oÙles États pouvaient aspirer Ü régner sur rÉglise,
parce que râge n' était plus OÙ la foi chréLi(
nlle ré-
gnail sur les Élats. Lorsqu'cnjuilleL :1868.àI. Én1ilc
Ollivier, comme député, réclamail la libcrté du
concilc, et lorsqu'en 1.869, òevenu chef du minis-
tère, it savait résislcr it certains de 8es collègues,
résister, aussi, aux préIats les plus persuasifs,
pour sauvegardcr victorienscment cetle liberlé, il
ne faisait qu' enregistrer, en Les commentant avec
une dialectiquc lucidc, les nécessité
mêmcs de
l'hisloire, et donnail ainsi l'cxemple, peut-être
unique, d'unc poliLiquc rcligicuse aussi rassnrante
pour les consciences q UP salisfaisante pour les
susceptibilités de l' (( esprit lalq ue )).l\lais Ie prince
Clovis dr Hohenlohe ne s'ðlevait point à ces alti-
3f6
..' ALL EIUAGNE RELIGIEUSE
tudes; il voulait que les cours d'Eul'ope pesassent
sur Pie IX comme, cent ans auparavant, eUes
avaient, au grand dommage des Jésuites, pesé sur
Clément XIV 1 ; et Ie catholique Hohenlohe se dispo-
sait à Iutter conLre ]e concHe comme il luUait à
Munich mèmc, depuis quelqurs années, contre les
influences (( cléricales )). L'émoi des protestants en
présence des avances que leur avait faites Pic LX,
les brochures de polénlique par lesquelles iis y
avaient répondu., la ripostc solennel]e quc Ie conseU
suprênle évangélique de Prusse avait lancée, dès
1868, con trc la parole pontificale 2 : tous ces fails
apparaissaient au prince de Hohcnlohe comme un
indice certain que Ie concile allait troubler Ia paix
religicusc. La circu]aire diplonu1lique qu'il appor-
tail comme ren1ède n'était ricn de plus qu'un aclo
de police ccclésiastiquc ot méritait l'accueil mé-
diocre, tantôt évasif et tantôt cJéfavorable, que lui
réservaient les cabinets de rEurope 3.
I. C'csl Holtenlohe lui-n1t
rnp qui griffomnil cc rapprochement, en mars 1870,
dans un projC't d.arlicle (lJcltlt"lf'ttudiyl.eiten, JI, p. 3).
. La leUrc de PiC' IX aux proteslanls (]'A lIemag-ne est puhlif
e, Collcctio
LrlCC1Ulis, VB. cO). 8-10. Le !) oclobl'e 18G8, rOhpl'1ri1'chcnrat de Bcrlin dénon
a
)C's avances du l'apc romllle un . empii'lcnwnt inju<;hfìé )) (unhcrcchtiutc1l
rl.fJc , l'!/i'iff) et invita les pastC'urs t\ rl'comman(lcr d'aulanl plu:'i vivf'ment lcs
collcr-tl's pOut' Ia sociétí' GuslaH-Adolpltc (Collcclio Lacenaia, YII, co!. 1J
3-
112\, et Ccccoui, Ope cit., lrad. françai:<c, III, p. Iml-ll0). LOhislorien Onl1o
Klopp publia nne brochurc confrc ce manifC'ste (Granderath. op. cit., I. p. 341).
cr. Ie manife<;te tips protestants r(,l1nis à W orIDS (ii 1 mai 186
) coutre Ie p
ril
ultramontain (Gollectio Laccnai.
, VII, coI. 1132-1t:n; r.ecconi, opo cit., trade
frau
aise, Ill, p. 137-139), et invcl'scment, Ia Icllrc où quatre pasloul'::J saxons
affirmaicut à I'i'VêfJHC' Martin ql1c (es pays protC'slants élai!'lll JlltÎrs pOut. IC'
calhoIicisme ct. quo, si Ie l'ape accorllail )f' mariagc d('s prêll'C's cl rusa
e till
('.\Iice <lUX IaïquC's, fIe . remarqual,)l's choses )) sur,icnlll'aicnt (Gol/cetio
aeen8Ü, YII, col. 1137-t1H, et CCl'coni, op. rit., lrall. fraUl;aise, IIr, p. 157-
171). Cfo, dans Gl'anrIcrath, op. cit., I, p. 343, la Ic>ltl'e tlu Donce McgIia à
Antonelli (2 mars 18tì!}) sur les disposilions des prolestanls.
3. Sur l'impres
ion Ppl'oU\'{o(' par l]ohcn1011(' lorsfp.'il I'I'
ut ('pc;; divl'1's r('fuc;;,
L' ALLEMAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 3i 7
Doel1inger, à qui I-Iohenlohe translnettait tour à
ion!' ]es réponses des gOllyernClnenLs, s'efIorçaiL
de les réfnler. L 'infai Ilibililé, disaÏl-il rn sub
tance,
a toutes chances d 'êLl'e proclamée; 01 L(3 instaUera ]a
théocratieen face des pouvoirs civi]S1; et ce sera
nn fait accompli. Le dogme une fois défini, prrtres
et fidèles y seront à jarnais atLachés
aucun gou-
vernement ne pourra s'insurger, et les États qui
s'y cssaieront ne suscileront quo des souri res. II
n'y a qu'un remède : apeurer Rome tout do suite',
et prêtcr main forte, ainsi, à ces cardinaux et
l
ces évêques à qui déplaît Ie projel de définition 2.
Alors Hohenlohe lui-nlÔme reprenait la pluine:
il adI'pssait à la Ga
ette 'lUÛ1}c'J'selle un article
anonyme pour critiqueI' la. réponsc ]ouvoyante,
dilatoire, qu'au nom du gouvernement de François-
Joseph Ie conlte Beust avait faite it 1a circulaire
du 9 avril. Beust s'imagine, ohjeclait vivement
I-Iohenlohe, quïl sera temps d'aviser, lorsqu'on
verra Ie concile se préparcr à des enlpièternenls
dans Ie domaine politique; mais on ne verra pas
Ie concile se préparer, on apprendra, tout d'un
coup, et ce sera trop lard, que Ie concile a empiété.
voir ses conversations avec Otto ùe V oclderndoIT (Beila!Je zw' All!Jemeinell Z ei-
tUllY, 19U
, nO 148, po 13). - Le juriste Robert Mohl, minislre de Bade à Mu-
nich, faisail un mémoire de son côté, pour provorIuer l'illlervenlion des Í
tats
(Mohl, Lebenserinne1'Ul1ueu, II, p. 317).
1. Note de Doel1inger (I1ohenlobe, Denkwuc1'lI-iykeilen, I, p. 359-3(0).
2. Note de Doellinger (Hohenlohe, Denkwuer'digkeUen, I, p. 365-3GG)0 DC'
son cÕlé, Acton agissail sur Glaùstone, premipr minislrc en Angletcrrc, pour
provolJuer l'adhésion de l'Anglelerl'e au projet baval'ois; mais Odo Russell, qui
représentait l'Anglelerre à Home, 8uLissait 1Ïnflucnce de l\lanning; bipn que
protestant, il travailla victoricusement auprès ùe lorrl Clarendon, dont l'avis
contrebalança celui de Gladslone, et les propositions bavaroises furent rC'jctécs
(Purcell, Life of ca1'dinai .Mannin!J, 11, po 433-4-36; Lonùres, Macmillan, 1895).
318
L'ALLEMAGNE RELIGIEUSE
(( C' est dans Ie dogme del' infailJ ibiIité, con tin uait -iI,
qu'est l'avenir de l'ultrarnontanisme, c'est Ià qn'est
Ie noyau ùe l"ol'ganisation absolutiste de Ia hiérar-
chie; c'est Ie courOnnell1ent de l'æuvre à Iaquelle
s'acharne depuis des années Ie parti ultramontain,
et aucun évêque n'osera s'y opposer. Du concHe,
Ia hiérarchie sortira plus forte et plus puissante, et
Ie combat commencera contre Ia ci vilisation rno-
derne avec des forces toutes fraîches 1. ))
TanJ.is que Hohenlohe s'agitait, Bismarck obser-
vait et attendait. Roeder, qui représentait en Suisse
Ie roi Guillaume, interrogeait Bismarck sur les
intentions de la Prusse; Ie 23 mars 1869, Ie futur
chancelier répondait que Ies évêques ne subiraient
aucune entrave, que Ie gouvernement s'abstien-
drait, qu'on se tiendrait prêt d'ailleurs à défendre
les droits de l'État si ces droits étaient en péril,
mais que pour l'instant aucunes mesures préven-
tives n'étaient nécessaires 2. Ainsi pensait Bis-
marck, douze jours avant que Ia circulaire Hohen-
lohe n' étonnât les chancelleries. Arnim, ministre de
Prusse à Rome, dans une lettre qu'il adressait à Bis-
marck Ie 14 mai 1869 3 , affichait la même indiffé-
1. IIohenlohe, DCllkwuerdigkeiten, I, p. 363-365. - Sur les raisons de l'abs-
lention de Beust, voir Hohenlohe, Ope eit., I, p. 392.
2. Colleetio Laccnsis, VII, co!. nO
-1
03.
3. Collectio Lacensis, VII, col. i 203-1206. - Cecconi, Ope cit., trade frau-
çaise, III, p. 563-568. -Harry-Charles-Conrad-Édouard d'Arnim (1824-1881) était
miuislrc à Rome depuis 1864, ct avait contribué, en 1866, à l'alliance offensive
el défensive entre la Prusse et I'Halie. II fut plus tard, du 9 janvier 1872 au
2 mars 1874, ambassadeur d'Allemagne à Paris. La publicité flu'il donna à une
correspondance échangée entre lui et Doellingcr au sujet du concile, et la dis-
parilion à l'ambassade de Paris, constatéC' par son successeur Hohenlohe, de
o pièces environ relatives au luluI' conclave, furent l'origine du fameUl: pl'ocès
d'Arnim, Voir Arnim, Pro Nihilo (Paris, PIon, 1876).
L' ALLEl'ttAGNE ET LE CONCILE OU VATICAN 31.9
rence au sujet de l'infaillibilité. Illui semblait que
Doc]Jinger, - ce ({ pape infaillible de Hohenlohe )),
comme l'appelait unjournaliste de Silésie,- s'exa-
gérait singulièrement la portée du débat. Arninl, à
ceUe date, était tout prêt à n'y voir qu'une simple
chicane de mots: que Ie Pape ne fût infaillible
qu'avec les évêques, ou qu'iIIe fût sans les évêques,
en quoi cela méritait-il d'intéresser les États, et
surtout de les inquiéter? l\lais Arnim ajoutait que
la ({ commission poli tico-ecclésiastique )) préparait,
à eUe toute seule, certaines décisions intéressant
les rapports de l'Église et de l'État, que les gouver-
nements devaient protester, et que par surcroît les
divers cabinets de )' Allemagne devaient exiger
d'être représenlés, aux délibérations mêmes du
concile, par un ou plusieurs ambassadeurs. A cetle
date, ce n'est pas de l'infaillibilité qu' Arnim se
préoccupait, mais uniquement des formules posi-
ti yes qui pourraient être votées au suj et des deux
pouvoirs. Quelque précise et restreinte que fût son
anxiélé, Bismarck, encore, la trouvait exagérée.
Que des puissances protestantes pussent être
représentées au concile, c'était impossible, aux
yeux de Bismarck : leurs délégués ne seraient pas
écoutés, et ne recueilleraient qu'humiliation pour
leurs souverains. Assurément, dans Ie vieil État
chrétien, où Ie droit canon devenait droit public,
Ie prince devait prendre part aux assemblées où
s'élaborait ce droit, mais la Prusse fondait sa poli-
tique sur cette double idée, que 1 'Église était
libre et que tou l empiètement dans Ie domaine
320
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
rle l'État comportait une répression : dès lors,
renvoi d'un alnbassadenr au concile innuguI'erait
llne confusion nouvel]e cUÌl'e les deux pouvoirs.
Tout ce que retenait Bismarck dans la letLre de
SOIl n1illistre, c'est que la commission polilico-
ecclésiastique devait attireI' la vigilance des gou-
vernelnents : aussi se disait-il auLorisé par Ie roi
Guillaume à négocier avec la Bavière, et mên1e
avec les autres États de l' Allen1agne, en vue de
faire savoir, à Rome, que si l'Église s'a"isaiL
d 'usurper, les gouvernements résistcraicnt 1.
Le 12 juin, à Berlin, Hohenlohe dinaît chez
Dismarck avec VarnLucler, Ie premier ministre till
vVurtemberg. Que Rome fasse toutes les extra-
vagances qu' eHe veut, disait VarnLuelcr, ce sera
un clou de plus au cercuei] de l'ultramontanismc.
Bismarck montra plus de complaisance apparenle
pour les désirs de lluhcn]ohe : il croyait hon qU(ì
]a llavière, par une sorie de démarche préventi ve,
envoyât ä Romequelque personnalité, qui feraÏtoffi-
cieusemellt certaines remarques au nom des divers
ÉLats de I 'Allemagne. Varnbueler finit par accep-
ter l'idðe 2. l\Iais les semaines passaienl, et rien np
se ùécidait. On annonçait, un instant, que ]e roi
.Jean de Saxp aUait se rendre à Ronll' ponr parlpr
au DOlU de l' Allemagnc 3. Son état de santé, l'in-
certittHlc dc la
ituation, finissaient par 1'("\1l flis-
L Lcttre de Bismarck à Arnim, du 2tt mai 1869 (Collectio Laccnsi,f, VII.
col. 120G-1208); Cecconi, Ope cito, trad, fran
aise, Ill, p. 5GfI-57
.
2.Ilohcnlohe, Ðel1kwuel'diykeitcl1, I, p. 374-37G.
3. Doellingcr, Akademische l/ortraege, II, p.
30-231.
L'ALLEJIAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 32J
suader. Hohenlohe, Ie 14 juillct, se plaignait à
Louis II de la nlauvaisc grâce de certains États
allcmands, jaloux sans doute de la Bavière 1 ; Ie
5 aoÙl, iL avollail à Bisfilal'ck n'avoir pas encore
Inis la main sur la pcrsonnalité qui dcvait à Rome
fairc délicatement la grosse voix 2. Bismarck se
consolait du retard: évidemmenl il ne sc souciait
qu'à nloitié de se compromcttre avec Ie gouverne-
ment de
lunich. Ministre d'un État protestant, il
préférait laisser tt la llavière la responsabilité d'ex-
plications pénibles avec Ie chef de la catholicité.
II savait d'ailleurs, sans doute, que la cour de
Rome était résolue it ne sounlettrc au concile
aUCUll des projets élahorés par la commission
politico-eccLésiastiflue ;} ; ot cela suffisait pour l'as-
surer Bismarck. Le 11 août, il se félicitait, dans
une leUre à IIohenlohe, que, grâce à l'entente des
cabinets allemands, Ie (( parti des fanatiques ))
eût désormais moins de crédit auprès de Pie IX;
il observait qu'assurément les États, au llloins
ceux de }' Allemagne du Nord, trouveraient des
armes dans leur législation, mais qu'il était pré-
férable de prévenir tout conflit, et que Ie ministre
les cultes agissait en ce sens sur l'esprit des évê-
1. Hohenlohc, Op. cito, I, p. 31H-. - Dans la prcmière moilié d'aoÙl, voyanl
. Munich Friesen, millish'e du roi de SaA.e, il insislail auprès de lui pour que ce
oi ou un prince saxon allassellt à ROUlC (Friedrich, Revue intenwtiouale de
rhéologie, lU07, p.
I;o).
2. Hollf'nlohí', Ope cit., (, p. :38;). D'ailleurs, la politique iul{.rieure bavaroise
cndail malaisé Ie succès des projcls òe IIohenlohe : il explilJuail pIns lard,
ans un brouillon d'arLicIe, que scs projels n'avaienl pour eux ni la majorilé
uItramonlaine )) Plue en mai 18Ga (voir ci-dessus, p. 189), ni les libéram., qui
e moquaicl1t de (a lh
ologie (LJcnlLwue.rdigkeitcn, II, p. 3).
3. Ollivicr, Ope cit., I. p. 532.
IV.
21.
322
L' ALLE:\IAGNF RELIGIEUSE
quest. Ainsi Bisfilarck, cn mars et mai 1869, consi-
dérait Ia procIan1ation évcntuelle de l'infaillibililé
comme Ulle aITaire pUreTI1cnt lhéo10gique, que Irs
princes laïq ues, spéciaIelllcnt les princes protes-
tants, pouvaienl pnvisager avec plpinc indiITérence;
elies nouvelles qu' en aoÍlt il reccvail de Home lui
faisaient espérer l'issue pacifique des délibérations
conciliaires. Tandis qu'il suffisait de grossir les
alarmes de Hohcnlohe, de grossir mème celJcs
d' Arnim, pour acheminer l' Allcmagne, tout doucr-
ment, vel'S l' éclosion d'un CultUl'kal1Zpf, Bismarck,
au contrairc, pariait encore et agissait encore en
hommc de paix religieuse, et comme sïl n'avait
e\1 d'autrc idéaI que de proionger en Prussc 1a
politique cccIésiastique de Frédéric-Guil1aumr IV 2.
Ilohcniohe, lui, n1aIgré la fraìcheur d'accuciL
1. Collectio Laccusis, VII, cot. 12tJ
0 - Cecconi, Ope cit., Lrad o fran
aise, III,
p. 573-574. - Si l'on en croiL des rellseigncIl1ents inédiLs uLiHsés par h'ie(.h'ich,
Geschicllte, II, p. li4, 1c 1'0i Guillaume, ayanL à diner l'évêquc de Fulùa, Ie
miL en gardo conlre les répelorHssions poliLi/lues possiLlf's du fuLur concileo EL
la IclLre adressée pm' .l\lU(\hlcr, minisLre des Culles, Ie 8 ocLohre 18ti!), à l'arche-
Y("PIC' l\Jel('her
, ('1 donL copie Cut lransmiso par )Iuchlcr Ù lou
Ie@; évêf(ues prus-
sif'ns, insi!5taiL sur la néces!5ité de ne pas lroulJler (( l'HaL jUl'itiiquC' ('L l'état 11('
paix ), dl! royaumc, eL
ur le
mesures qu'aurait à prendre !'EtaL conll'C dl'S
l1'ouIJI"s é\CuLuels (Collectiu LacensÙ
, \ II, col. 12(Jt)-HOU; Cecconi,op. cito,
Irad. fl'ûnl.:ûisc, III, p. 574-5i:>)0
2. Plu
tard, dl's discussions s'cngagèl'l'nL dans Ia pI'esse alleuJaude eL à la
LI'iLune allemande, concernanL l"aUilude l'especli"e de Bismarck et de IIohcn-
10he à l'cndl'oiL du concile. La \rese1' Zeiluny, en avril 18i3, raconLa que
Bismarck avait "\oulu laisser aux puissances caLholiques la préséance pOUl'
Loule démarche; et Ie prince de Hohenlohe, dans un discours LCllu òevant ses
élecLcurs en oclobre 18i4, affirma que Bismarcl. avait éLé d"accord avec Iui,
mais que l'effacement de I'Aul1'iche el de la France a"aiL empèché LouLe action.
A la Chambrc prussicnne, Ie II décemLre 1880, WindLhorst célébra Ia pélléLra-
Lion dont Bismarck avait fait preu\"e en n'agissant pas cOllLre Ie cOl1cile, et lcs
journaux libéraux se mirent à aLLaquer Bismarck en disant qu'à cette ëpoque
Hohenlohe senI avait vu clair (Hu!5t, Reichskan:;lu FUPJ'st Chlodwi!J =u HolleY/-
loILe SchilLinflsfuet'8t und seÌ1te B-rueder, p. 76-830) - Cfo OLLo v. Voeldcrndolf,
Beilaye =W' Allgerneinen Zeitun{l, 1902, nO 1 í8, p. 14.
L 'ALLEIUAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 323
qu'il rencontrait enEurope et même en Allcmagne,
ntretcnait dans l'opinion pubJique, et dans son
propre cerveau, une sorte d'obsession des périls poli-
Liql1es qu 'cnLraînerait I Ïnfai Ilibilité: il tfuestionnait
d'anlres prêtrcs, il queslionnait des législes, pour
qu'ils lui fournissent des raisons d'avoiJ' peur 1.
A \Vurzbourg, il étaÏt déçu : la faculté de théo-
logic lui répondait qu'alors même que Ie concile
déclarerait Ie Pape infailliblc el dogmatiserait sur
Ie Syllabus, l'accord des deux pouvoirs ne serait
aucunement lésé; elle niait que la définilion con-
ciliaire pût avoir comme effet de donner une valeur
dogmatique à Ia théorie de ia souveraineté du Pape
sur les rois ou aux principes canoniques sur I'im-
muniLé desclercs 2 . ftlais les théologiens de
lunich, à
l'unanimité moins deux, tinrent un autre langage.
Le Jésuite Schrader avail tenté de I'élliger les
formules affirmatives qui ripostaient à chacunc
des thèses condamnées par Ie Syllabus 3 ,. et rune
de ces fornlules énonçait que Ie pouvoir civil ne
peut pas s'imnliscer dans les questions de religion,
de morale et de droit canon, ni se fairc juge des
instructions données par les chefs eccIésiastiques
comnlC des règles pour la conscience. DoeHinger
ct ses collègues voyaient dans cctte phrase un
péril public". Plusieurs brochures surgirent pour
1. Lcs questionnaires souL publiés Collectio Lacensis, VII, col. 1200, et
Il'aduits dans Cecconi, op. cit., trade fran
aise, III, p. /j,59.
2. Cecconi, úp. cit., lrad. fl'an,::aise, lII, p. 460-524.
3. Schrader, Die En:;yklika vom 8 Ðe:;erttber 1864. (Vienlle, Sartori, 18G5.)
- Granderath, Ope cit., I, p. 177 et 3li3.
40 Vavis lie la majorité des théologiens de Munich est pubIié dans Fried-
32ft
I.' ALLEl\IAGNE REI.IGIEUSE
les réfuter. Alors les juristes vinrentà la rescousse;
la faculté de droit de l\funich proclama que les déci-
sions conciliaires projetées bouleverseraienl com-
plètement, en Ba vière, les rapports de l'Église et de
l'ÉtaL La consultation qu'elle rédigea nlettait en
relief certaines thèses du Syllabus et répondait à
ces anathèmes d'Église par l'affirmation très tran-
chante et très crne de la prépondérancc laïque 1.
Les cartons des nlinistères s' ouvraient à ces docles
mannscrits; il y avait lit des armes toutes prètes,
que manieraient, à l'heure opportune, publicistes,
lllagistrats et policiers 2. Ilohenlohe priait les
autrcs gouvernements de l'Allemagne de mobiJiser
aussi leurs savants 3; les gouvernements restaienL
sourds. La déÍÌantc devise: Si vis pace')}z, para
belllun, qui même n' cst pas loujonrs justifiée Jors-
qu'i! s'agit des relations entre deux États, devient
messéanle dès qu'on veut l'étendre aux rapporls
avec l'Église; et lorsque, sons les auspices de
Docllinger, la catholiqne Bavière, seule parmi les
puissances allemandes, aménageait un arsenal et
préparait la guerre, 10rsqu'elle remplaçait son
berg, Sammlun!l der Aktenstuecke zum ersten "Vatica1tÏschen Concil, p. 298-
303 (Tubingue, Laupp, 1871) el Cecconi, up. cito, Lrad. françaisc, IB, p. 524-
532. - L'avis de Ia millorité des théologiens de l\Iunich (professeurs Schmid
cL Thalhofer) est puhIié dans Friedberg, Ope cit.) p. 303-313, el traduit dans
Cecconi, op. cit., trade française, III, p.
3:!-544.
1. Friedberg', Ope cit., p. 313-323, ct Cecconi, Ope cit., trad. française, IIJ,
p. 545-557 : comparer l'avis divergent du profcsscur Hayer, dans Friedherg, Ope
cit., p. 323-325, ct Cecconi, op. cit., trade françaisc, 1Il, p. 557-560.
2. C'est de quoi sc félicÏlait Hohenlohc, Ie
i- mars 1870, daus un brouillon
d'arLiclc (llohenlohc, DeukwuC1'digkeiten, II, p. 4).
3. Cecconi, Ope cit.. trade fral1çaisc, 11# p. 3DG.397. - Cf. Granùeralh. Ope
cito. I, p. 36G-367.
l:AT.LEl\IAGNE ET LE CONCILE DU YATICAN 325
minislre à Rome, Signlund, réputé trop conciliant,
par Ie comte de Tau {Ikirchen t, homme de confiance
de Hohenlohe, lorsqu'assez sèchement eUe préve-
nait lesévêqnes que des décrets conciliaires incom-
patibles avec Ie droit public ba varois ne pourraien t
pas être pnbliés dans Ie royaunle
, on ne pent pas
dire, en vérité, que la Bavière vou!ûl la paix.
v
A ]'écart des publicistes qui voulaient émouvoir
r opinion, à l' écarl des dip lomales qui vo ulaient
émouvoir l'Enrope, une autre action s'exerçait,
moins agressive et plus discrète, sur répiscopal de
l'Allemagne. L'évêque de Trèves, dans une pasto-
rale, avail expliqu('\ que les prêtres et même les
lalques pou vaient intluer sur un concile. Les esprits
vibraient trap pour être insensiLles à de pareilles
l'emarques; on y voyait des invites. Un professeur
de Cùblentz, Stumpf 3 , qu'une certaine fougue pous-
1. Sur Ic rcmplacf'mellt eI(' Siglllllll.I, futl1r m('mbl'e Ilu Centrc, par 10 comle
Tauffkirchen, voir Friedrich, (;cschichle, II, p. 392-3!H. 11 sembl(', d'après
une leLLr
du carrIinal Hohcnlollf' it son frèrc (Hohcnlohe, ]Jcnkwucl'di!lkciLen,
I, p. 398-399), f(ue co fut Ie cardinal qui provoC[ua la ùisgrâcc <10 Sig-mund, cou-
pable de ll'avoir pas protesté lorsque Antonelli lui disaiL : (( Le prince de
Ilohenlohe veut. faire Ie lhí'ologien .. l\1. Friedrich, a"cc son hal)ituellc tlcl'eté,
accuse d'aillenrs TaufTkirchen de s'être laissé cireonvenir par KeLLcler el dOêtrc
devcllu complai
anl pour Ics (( ulLramonlains ..
2, Voir la circulairc oe Gresser, rninislre des cnILes, au\. (
n
'IlleS dc Bavil-l'e
(7 nov, 18G9), dans Colleclio Laccnsis, VII, col. 1202, ('l Cel'coni, up. cit.,
t l'ad. franc,ais(', III, p. 5G2-:ilì:l; et surtout les instructions de IIohclllohe it
Tauffkircholl (10 décemhre 1Rtì!l) snr la fa<<::on de parler aux {>\.;fluOS (FrietlLcr
,
Sammhmy dCf' AkLcn,<;Luecke, p. 2í).
3. Sur Théodorc Slumpf (1S:!1-18ï3), voir ci-dessus, III, p. 1
!}, n.
, ('I
H(,usl'h, A ll!lf'mcinc dcuL8che Bioyrnpllir>, XXXYI, p. í:jlì-ï:ii 0
326
,
L AI..LErtIAGNE RELIGIEUSE
sail sans doute à des généralisations faciles, allégna
qu'en effet la correspondance publiée par la Civiltà
dénotait I 'effort d 'un grand ordre religicux pour
exercer une posée sur l'assemblée æcuménique,
et que des (( Allemands intelligents )) avaient Ie
droit d'agir, non moins que Jes Jésuites. Lo mani-
feste qu'il rédigea circula dans la région de Co-
blentz, en q uête de signataires distingués. 11 con-
cluait neltement que la définition de l'infailli-
bilité n'étaÍt pas opportune, et qu'elle risquait
d'entravrr l'union des Églises. Si d'ailleurs Ie con
cile voulait de la besogne, Stumpf lui signalait
quatre tàches : rom pre avec la conception nlédiévate
d 'un Élat théocratique OÙ la contrainte des lois
ci viles cst nlise au service du dogme; travaillcr
au reIèvement scientifique du clergé; organiser la
participation des fidèles à la vie de l'Église; sup-
primer ]'lndex 1. Un accident fit s'cn voler une copie
de ce papier dans les bureaux de la Ga
ette univel'-
selle d' Augsbourg. L' évêqne de Trèves, mécontent,
g-arda Ie silence 2 . Stumpf collaborail souvent à la
Feuille de littétature tlzéologiquc, de Bonn : dans
colte ville, aussi, l'adresse trou va des signataires,
qui I 'expédièrent à Melchcrs, archcvêque de
t. Oil lrouvera Ie leÜc dans CollcrllO Laccllsis, YIl, co1. I I 75-t18U ; la
tl'aducLion dans Cecconi, OJ). cit., tl'alL fransaise, 111, p.
2Ii-:.!37. - 1\Ionla-
h'lIlberL, déjà tl'ès matuie, fé!icila St Ulll}lf }IoU!' l' (( aùmÏ1'able adrc
se, sanS
défaut pour Ie foud el la forme... J'cn sigllerais \o!oIlLi('l's chaque liglw, ajou-
taiL-i1. J'ai cru voir un éclair perçallt les ténèbrcs, j"ai cllLcndu ulle parole
virile ct. chréLiennc au milieu des òéclamatiolls eL des flattcrics <lout on lions
assourdlt .
Collcctio Lncensis , VII, co1. 1181. - C('ccoui, ú)Jo cit., trade
rrançais
, III, po 338-341).
. Grand('rath, 0)1. ('it., I, p.
Ht.
L'ALLE1\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 321
Cologne 1.
Ielchers répondit q u'il ferait usage de la
communication et qu'en promettant soumission,
quoi qu'il advînt, auxdécrets du concile, ces laïques
réjouissaient son cæur d'évêque 2. En fait, StUll1pf
oubliera plus tard l'engagement qu'il avait pris, ne
l'ctiendra que les avis qu'il avait donnés; et, mor-
tifié, il quittel'a I'Église.
Le manifeste de Coblentz n'avait fait que repro-
duire, sous des signatures Iaïques, les idées et les
væux qll'exprinlaÌent volontiers, dans leurs cercles
restreints, un certain nonlbre de professeurs des
facultés de théologie; mais, en traitant d'une façon
sommaire des questions délicates, it encourait des
i'epl'oches qui ne lui furent pas épargnés. Les
Voix de l
lal'ia Laach lc discutèrent, avec leur habi-
Luelle précision théologique 3. On accusa Stunlpf
de provoqucr une immixtion des puissances laïques
dans les débats conciliaires : il se défcndit en
observant que la rédaction de l'aùresse, qui ùatait
ùu 23 mars, étaÏl antérieure it la publication de la
circulaire I-Iohenlohc. On nola certaines harmonies
entre les aspirations dc l'École de Munich et celles
dont témoignait Ie manifeste de Coblentz. Stumpf,
qui d'ailleurs avait reçu de Doellinger une chaude
lettre de COll1pliments, maintint que Ie docte pro-
fesseur était (lu moins complètenlent étrangcr à la
confection du docurncnt 4 . :\1ais J'intl'épidilé qu'afTec-
I.
Ul' l'tlclchers, voir notre tome 1[(, p. 308-3120
::!. Collectio Lncensis, VII, col. 1181. - Cecconi, Ope cit., ll'aùo française.
Ill, p. 337-338.
3. Gl'alldN'ath, 01'. cit., I, p. 2IG-221.
L Cf)l1f!l"lio L,1('f'n.-;i8, vrr, ('01. LIf'::L
328
L' Al..l.EMAGNE RELIGIEUSE
taient les manifestants de Coblentz à s'aventurer sur
les terrains les plus variés compromettait plutôt
qu'elle ne fortifiait leur action principale, qui
visaitl'infaillibilité. Car, enmêmetemps qu'ils vou-
laient dissuader Ie concile de déférer aux væux de
ce qu'i]s appelaicnt une école, ils proposaient en
hloc à sa ratification, en matière intellectuellc, cano-
nique, politique, les væux d'une autre école; ot du
jour où l'anti-infaillibilisme apparaissait comme
étroitement lié à un certain système de fronde 1 ,
la définition conciJiaire semhlait d'autant plus
urgente et d'autant plus justifiée, que Stumpf sr
flattait d'avoir
t sa suite (( Jes neuf dixiè'nles des
Allemands intelligents >). On pouvait estimer,
nlênlc, qu'en prenant l'iniliative de cettc définition
Ie concile opposerait 1[1 plus cfficace des réponsrs
à ceux qui demandaient, conlme Ie faisrtit Stumpf
dans unr leUre à l'évt>que d'Ernleland, que des
synodes diocésains fnssent préalablement réunis,
où les laïques seraient rt'présenlés 2. C' était cons i-
dércr l'assemblé(' æcuménique conlffiC une émana-
tion des asscnlLlées prinlaires de la chréticnté, et
COlnme tenant son pouvoir tl'Pll has plus que d'cn
haul. l\lais, dès lors, puisque la souveraineté du
concilc étaÏt en butte aux nlêmcs suspicions que
L l..e P. Albcrl Weiss, Dominicain, professeur à rUniversité de FriLourg,
lait, à ceLLe éPOfJlIC, lrès aLtaché à Doellinger et à Reusch; il raconLe que le
séjour (IU'il fit à ColJlcntz auprès de Stumpf, au moment Oll ceLte adresse alJaiL
remuer Ie monde, lui rut une lwemière révélation des périls graves que COUl'aÏt
l'école lh{oologique à laquelle sa jellnesse s'atLachnit (H. P. li., 1U08, I, po <;!!}G-
297). - KaufmaHn, Ie bourgmcstre catholique de Bonn, Nail hostile á la McIa-
ration de Coblenlz (Friedrich Kaufmann, Leopold Kaufmann, p. 15G).
2. Collectio La.ceusis, \iI, cot. i 185 (leUre de
Iurnpr à Kr<:>m<:>nl7.. :.:1 aOlil
1869).
L'ALLEMAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 329
celle du Pape, la spontanéité même avec laquelIe
Ie concile exalterait Ie Pape atLesterait Ie droit de
l'autorité coneiliaire et ténloignerait avec éclat
qu 'un concile æcuménique était quelque chose
de plus et quelque chose d'autre que l'étage supé-
rieur de je ne sais quel parlementarisme ecclésias-
tique.
Leur sens catholique, plus encore que leur
habileté tactique, dissuada les parlementaires de
Berlin d'imiter la faute commise à Coblentz 1. En
juin 186D, ]es Rhénans Pierre Reichensperger et
Hosius, Ie Ilanovrien vVindthorst, les Bavarois
Joerg et Freitag, Ie Wurtembergeois Probst,
s'étant rcncontrés au Parlelnent douanicr, se con-
fièrent les craintcs que LÏnfaillibilité leur inspi-
rait 2. IJs redoutaient spécialenlent, comme I' ex-
pliqua plus lard un d'entre eux, les prélextes qu'elle
pourrait oITrir à des Élats mal veillants, pour une
po]i tique dp persécutions: 3 . IJne réunion de catho-
liques, par eux convoquée, fut assez confuse : on
("tail en d(
saccord sur les moyens d'exprimer
I'appréhcnsion conlnlune. Joerg, qui dirigeait à
'funich les Fcuillcs histol'ico-poliliqlles, fut chaL'gé
:Ie s'cnquérir. 8es Iuttes pour Ie (( romanisme )), sa
JI'ouille avec son ancien ami Doellinger, son hosti-
1. A l'cnconlre ùe la théol'ie de Fdedrich, Geschichte, II, p. 41:;-52, d'après
-tquelle l'adresse de Berlin sf'rait presque aussi frondeuse, et mème plus, flue
:eHe de Coblentz, voir lirandcrath. Ope cit., I, p. 22G-2ii.
20 Sur l'hìstorique de ce qu'on appcla Ie (( concìlc laïf{ue )) ùc Berlin, "\ oil'
ocl'g, II. P. IJ., 1872, I, P.. 8R4 eL suiv., el l'fuelr, lJlallìnckrotll, p. 305-
;08.
3. DiscOUl'S de Pierre l
eiclU'nsperg-('r Ie 16 mai i872 (cilé dans PfucU, lJfal-
inckl'odl, p. 30J-30G).
330
L' ALLEì\IAGNE RELIGIEUSE
lité déclarée contre Ie manifeste d.e Coblentz 1, assu-
raient à Joerg la contìance des milieux les plus
orlhodoxes; aucune pluine n 'éLait mieux à l'abri de
toute suspicion. Informations prises, Joerg fit savoir
à ses collègues qu' on ne publieraH aucune adresse,
qu'onne mendierait point des signatures, e1 qu'on se
contenterait d' expédier à I 'archevêque de l\lunich,
pour qu'i] en fit part à ses collègues, une commu-
nication confidentielle. De fait ce docuillent, qu' on
appelle couramment l' adresse de Berlin 2, ne fut
connu du public que trois ans plus tarde
A Berlin comnle à Coblentz, l'infaillibilité n'était
pas I 'unique question traitée; mais, tandis que les
nlanifestants cle Coblentz semblaient s 'attacher, par
Ie res1e de leurs væux, à rcjoindre l'École de
lVlunich, les silencieux correspondants de Berlin
afTectaient de s' en distinguer : ils sc disaient hos-
tiles it let notion d'Église nationale, proclamaicnL
Ie droit du Pape d'avertir et de défendre, et affir-
Inaient enfin, à I 'encontre de la circulaire Hohen-
lohe, que ]e concilc devait êLre libre à l'endroit
des Élats. lIs déclaraient parler comille membrc
de << la généralité des croyants, qui sont des dépo-
sitaires de la tradition ininterronlpUe)). (( Jamais;
insistaient-ils, on n'a con1esté, lllême aux laïques
dans la lnesure de leur zèIe pour Ie règne ter-
rcslre de Dieu, Ie droit de témoigncr des couranÜ
et des impulsions qui se pl'oduiscnt au sein de It
1. Sur l'atlitude de Joerg, voir Friedrich, Gcschichte, II, p. G5-7G.
2. Collectio Laccnsis, VII, col. J 1
:ï-llF;7. - Cecconi, Ope di.. traiL f,'an
c;ai'ìf', IIr, po :nl-H
I.
L' ALLE:\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 331
communauté ecclésiastique. )) Et
'autorisanL ainsi
de la tradition même pour prendre licence d'illter-
venir, ces bons catholiques ajoutaient sin1ple-
Inent : (( Lorsqlle Ie Pape tire tin dépôt primitif
ùe l'Ég1ise les affirn1ations posÏli ves de la foi,
agit-il seul, ou seulement en union avec l'ensemblc
des évêqnes? Dans les siècles
Inciens, les circons-
lances extérieures et le malheur des temps ont pu
rendre brûlante cette question; mais aujourd'hui,
ù'aprè5 notee conscience de membres de I'Église,
la solution apparaìt d'autant nloins nécessaire,
que le concile poureait être destiné par 1a Provi-
ùence divine à ouvrir, avec une autorité partout
incontestée, nne période nouvelle de grandes
assemblées ecclésiastiques 1. ))
Rien de plus, rien de moins; ct ces laïques,
cnsuitc, rentraienL dans Ie silence 2. "Tindthoest
seul, peut-être, si l'on en croit certains racontars,
soulageait encore son Inécontcnten1ent par d'âpres
houtadcs contre lcs JésuiLcs 3. Auguste neichens-
perger, qui prnsaiL comIlle Ie (( concile laïque ))
I. Kdlcler :Jussi, quelrlues anllées plus lòt, se félicilail Je voir de nombrem..
('\ èques réunis à Rome, ('t angurait que de grands synodcs sÏnséreraient bientûl
dans la vie ecclésiastirlue (Pfuelf, licttclel', II, p. 248)0
2. Sur l'espril de soumission de MaHinrkrodt, voir rfucH, .Malliacki'odt, p. 308,
el J.-F. Schulte, Lcbcnserillnerungell, p. 70.
3. Fri('(h'irh, Gcschichlc, II, p. 4ij, n. 3. - Grandcralh, oj). cit.. I, p. 22ï 0
II. 1. - 1\1. Schull('. Ie calloni
l(' tie Pragne, prélendil plu:4 lard que \Vindlhorst
lui avail dit à la fill de juin uno: (( Si Ie do;;mc ('st proclamé, j<.> sOl'ai m..COnl-
JIIuuié daus si\. bClIlaillcs, cm o jc ll'Y pcux pas cl'oire, je n'y cl"Ois mème pas. )
\VilldlhOl.<;t, queslionllé au Landlaq par Ic dél'ulI' (( Hcux-calholiqup >> Pelri,
l't"pliqua rluïl avail, ('\1 juin 1.8 7 0, combatlu Ie }>l'ojcl dc Schulte, de provolluel'
des d{.clal'alions contre Ie IH'ochaill dog"mp, CIl 1m faisanl ohserv('r qn'on serait
ainsi sur Ie cbemin de l'excommunication; il aflirrna sa foi cornpIèle dans Ie
rlogmc rlMìni (Hu('gg.cn, Ll/(l1,'ifl 1rÏ1
dtlwl'st, p. llil)-tïO. <":oIo;.m(', Baclll'lll,
I
07 .
r
t
r.
n '
COlL
332
,
L ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
de BerJin, demeurait plus calnlc : si anxieux qu'il
fût en constatant les idées archaïques dans les-
queUes s 'enlisaient, en politique, certains infail1i-
hilistes, il gal'dait confÌance dans la prudence finale
de l'Église. (( A Ulon regret, écrivait-il, un parli
se montre, qui voit Ie salut dans l'ancien régime
des rois très chrétiens, et qui ne sait pas distinguer
entre Ie vrai et Ie faux libéralisme. J e m' attache
solidemenl à cette espérance, que Ia . sagesse tradi-
tionnelle de l'Église se vérifiera une fois de plus.
En soi, Ie combat que se Iivrent les esprits n'est
pas un maJheur : tout au contrairc 1. )) Auguste
H.eichensperger octogénaire fut récompensé de sa
certitude sereine, par l'issue que donnait au conlhat
l' oclogénaire Léon XIII.
V".J
IIarce]é d'nne multilude d'avis, l' épiscopat sc
recucillait. Que des catholiqucs éprouvés, à qui
ron ne pouvait imputer aucune théorie subver-
si ve, soit en théologie, soil en droit canon, ct qui de
vieil1e date défendaient l'Église dans les assenlhlécs
politiques, risquassent des réserves anxieuses,
c'était là un fait irès grave, et que des pasteurs
d'ànlcs, responsables de la marche du concile, ne
pouvaienL négligcr. (( On entend d'exccllents caiho-
liques, écrivait à I-tomc dès Ie IG j.allvicr 186
]e
1. Pa<; ! 01', Reischeu[iCl'ýcr, I, po GO
.
L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 333
nonce Meglia, dire qu'il vaudrait nlienx, 1'atione
cal'itatis, laisserceUe docteine en l' état oÙ elle est... ))
Et Ie nonce a.lontait, comme exemple, ce terrible
nlot de I'nn d'entre eux : (( Si Ie concile définit
l'infaillibilité, it y a lieu de craindre]e schisme pour
l' Allemaglle 1. )) l\;leglia redisait, dans sa dépêche du
1.5 mars, que, même parmi les romanistes, (t por-
tion choisie, et sans
contredit la plus nombreuse
tiu peuple catholique allemand, fort pen, certaine-
ment, désiraient de nou velles définitions dogma-
tiques 2 )). II y avait ]à, en eIfet, un second symp-
tôme susceptible d'exciter l'émoi : on savait de
Lonne source que certains représentants illus-
tres de I'école tlHSologique de
fayence, école
(( romaniste )), école (( scolastiquc )), réputaient
inopportune, eux aussi, ]a définition de I'infailli-
bilité. L'adresse de Berlin prouvait que Ie projet
de définition déplaisait aux avocats politiques de
I'Église, et les inquiétudes qu'inspirait co projet
t
des hommes comnle Ketteler, comme
Ioufang,
comme Heinrich, révélaient qu'il était frappé de
disgrâce par ceux-Ià mêmcs qui avaient Ie plus
vigoureusement combattu l'École de l\Iunich.
(( Dans notre ten1ps, écrivait en 1867 l{eUeler à
Dupanloup, il ne s'agit point d'accroître Ie nombre
des dogmes. Plus Ie monde est ma]ade des efforts
de l'absolutisme, plus I'É g iisc, qui renferme une
économie si admirable dans sa hiél'archie, devra
éviter tonte démarche qui pourrail laisser croire
1. Cecconi, Ope cit., trade française, [1, p. 420-421.
2. Cecconi, Ope cit., trade française, II, p. 431.
334
L' .ALLE
IAGNE RELIGIEUSE
qu'elle subit elle-même l'influence de cet esprit
dOlninant 1. )) l{eUeler n' était ni un théologien de
profession ni un historien de profession; avant de
recruter en lellr faveur eCl'taines raisons histol'i-
ques ou Lhéologiques, ses douLes sur I'opportunité
de la définition résuHaient, chez lui, ùu n1t'me sys-
tème dïdées au nom dnquel il conlbattait Ie dcs-
potisme du pouvoir ci viI et la centralisation d'État,
l'omnipotence du propriétail
e el celle du chef d'in-
dustrie. QueUe que fût sa foi profonde dans
l'assistance sUl
naturelle qui sauverait des périls
de la toutc-puissance un pape procJ.amé infaillible,
il redoutait ;que la papauté n' encourÙt les critiques
superficielles de l'opinion laïque, en se donnant
même les apparellces d'être un pouvoir sans con-
ll'ôLe et sans Frein 2. I\:ettcler dra pait, dans sa roLe
(1' évêque, un féodal, un décenlralisateur, un au to-
nomiste con vaincu; à force de haïr l'absolu dans
l'humanité, il en était venu à craindre que Ie
Vicaire de Dieu - un homme - ne fût en quelque
mesure dépositaire de l'absolutislne divine
Son vicairc général
loufang, qui passa quelques
mois à Rome comme consulteur, était nettemcnt
hostile au projet de défìnition. (( Je crois à lÏnfailli-
bilité, disait-il un jour à
lanning, mais jc consi-
f. La
range, Vie de lI{1!,r Dupanlou]J, Ill, p. 4!)-50 (Paris, Poussielgue, lR
-i).
J. Sur les rapporls enlre l'anli-opporlunisme de Kelteler et sa haine de l'aLso-
I utisme, voir la 'dtre citée dans Lagrange, Ope eit., Ill, p. 4U-50, et son discours
au concile le 23 mai 18UO {t'fuelf, Hettder, Ill, p. 87}.} - Dans les Stimmt:Jt
aU8 Jlm'ia Laae" ùemail 008, p. 550-561, Ie P. PfuclC a exhumé un di.scours
prononcé en 1848 au parlemcnl de Francforl sur la queslion scolaire, dans
lcquel Ie curé Kcltelel', ùé(elldanl les droils de la Camille sur l'éducalion de
l'enfant, fail ùéjà Ie procès lhéori'luc dc l'absolutisme. Cf. notre tome IIJ, po 13ô.
L'ALLEi\IAUNE ET J.E CONCIJ.E DU VATICAN 33::;
dère COn1me inopportun de la délinir à présent ));
et, snr l'invitation de l'archevrque nnglais, il indi-
qua par écrit douze raisons d'ajournen1enl 1. Pie IX,
(
xpliquaiL-il en substancp, élait armé par Ie décrpt
du concile (Ir Florrnce el par Ie Cl'edn du pape
Pic I\T; un respect presque universel accueillait
ses décisions ; que voulait-on de plus? Et pourquoi
s'engager en d'épineux débats sur les conditions
d' exercice de I ÏnfaiJ libilité? Une définition ayant
lrnit à l'aulorilé mrme de l'Église était d'une déli-
catesse tout exceptionnclle. Si les évêques se di vi-
saient, C0 scrail d'abord très tristc, ct puis quel
parti prcnurait-on? S'ils adhéraient d'une seule
voix ttl'infaillibiJité, on dirait qu'ils abdiqueraient
leur autorité doglnatique; on en profì tcrait pour
les déprécier, ct eux-mêmes, peut-être, se relàche-
raient et s'attiédiraicnt dans leur mission tradi-
tionnelle de juges de la foi. Par surcroît, la d6fi-
nition serai l un obstacle à la réunion des Églises,
elie gênerait Ie retour des protestants à l'unité,
eUe pourrait lroubler les consciences catholiques,
el]e provoquerait l'afflux à Rome, non point sru-
lement des questions de doctrine, mais d'une mul-
titude J'affaires, qui encombl'eraient lcs congré-
gations, et fallait-il ainsi concentrcr tonto la vie
ecclésiastique dans la tête de rÉglise aux dépens
des autres membres t? lVIanning r(
pliqua point par
point à ccs objections de l\1oufang, mais sans réus-
L PfuclC, J{ctl elc I', Ill, po 13.
2. Manning, L'istoria vetn del cOltciliu \laticalto, lrad. Liberatore, p. 79..82
(Naples, Giannini, 1878).
336
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
sir à Ie convaincre. II semble bien, c'éh1it l'imprcs-
sion de
Ianning 1, que Ie point de vue de I(etteler
à l'origine était exactement ce]ui ue l\íoufang; et
de fait, en février, dans son écrit sur Ie futu)' con-
cile, I\:etteler concluait : (( L'opinion à laquelle je
nle rattache laisse de côté la question de l'iner-
rance personnelle du pape Jans les choses de foi,
et se borne à sontenir que si Ie Pape rend, pour
toute l'Égiise, une décision solennclle en matière
de foi, cette décision ne peut être ni hérétique ni
erronée 2. )) l\Iais on se convainquit bientôt à
]\iayence que l'infaillibilité personnelle du Pontife
préoccupait trop vivement la chl'étienté pour être
passée SOliS silence au prochain concile, ct tandis
que l\loufang, au début de l'annéc, était plulôt
d'avis qu'on 11e regardât point la question, I(eUe-
leI' et Ileinrich, vel'S l'été, pensèrent au contraire
qu'illa fallait étudier, et même éplucher.
Leur initiative détermina Ie jeune théologien
François Brentano, professeur à l'université de
W urzbourg 3, à rédiger une série de remarques
dont Ia plupart militaient contre l'opportunité,
et dont quelques-unes pouvaient être facilp-
ment exploitées par les négateurs mêmes de J'in-
faillibilité papale. I-Ieinrich et I(eUeler ne pré-
1. Pfuclf, KcttclcJ', III, p. 14.
2. Voir loul Ie passage dans :KeUelcr : Le concile æcurnélli'lue, son impol'-
lance dans lc temps pré8ent, trade Belel, p. 184-188 (Paris, Gaume, 1869). -
DoeIlinger, après avoir lu celtc brochure, la trouvait trop favorable, dans son
ensemble, à l'idée d'une défìnilion dogmatiquc nouvelle, el signalait Ie fait à
Ilohenlohe (Hohenlohe, Denkwuerdigkeiten, I, p. 359).
3. Pfuelf, Ketteler, III, p. 24. - Un r6sumé de celte brochure est donné
dans Friedrich, Gcschichte, II. p. 175-184.
L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU rATICAN 337
sentaient point l'avis de Brentano comille un
oracle, mais du moins comme un document; et
co qu'àJ\tlayence on voulait prouver, c'est qu'avant
toule dÖfìnition, une (( grande vigilance, nn sérieux
travail de critique )) étaient nécessaires 1. Si les
hommes de
layence eussent été les intransigeants
que dénonçail ell eux l'École de l\lunich, ils au-
l'aient tout de suile, par réaction Inên1e eontre les
ptunphlets qui s'inlprimaient en Bavière, rompu
ùes lances pour l'inl'aillibililé; mais ce rôle de
polénlistcs n' était point de lellr goÙl, et dans Ie
spcctacJe même ùe leurs hésitations, de leurs uscil-
lalions, de leurs scrupules et de leurs recherches,
apparaît l'altière et grave idée qu'ils se faisaielll
Ju concile.
Le i cr septcillbrc, dix-sept lllembres de l'épis-
copat, dont un, llefele, n' était pas encore COD-
:5acré, se l'éunirent à Fulùa, près du ton1beau
Je saint Boniface; trois aulres évêques étaienL
rcprésentés. On parla du concile. Trois mC111bres
'urent désignés pour dresser la liste de certains
lésirs qu 'au nonl de l'Église d' Allemagne, il con-
Úendrait d'y exprimer 2; plusieurs ùe ces d.ésirs
'onccrnaicnt la discipline ccclésiastique; lcs pré-
1. Ces mols sonl de Hcinrich (Pfuelf, líettelcl', Ill, po 25).
20 Ces désjrs furenl présculés au concile Ie 8 janvier 1870. On en lrouvcra Ie
'de dans Collcctio Lttcc1tsis, VB, col. t'73-8í(i. lls cuucel'uèrcut J'allgmellla-
on du nomLre des diocèses, )'exL('l)sjon des cas dans Ics(luels les évèqucs peu-
>ul accordcr des dispeuses sans eu rHérer à Rome, Ia dilU1l1utiou du nomltrc
',", censures réscrvées au Pal)e, la revision des rt'glc" de 1'I1l deA. , la reroute Ju
'oil canon, la correction dn br(
viair(', l'élaLIissemenL d'une règ:l(' générale
HII' Ie concours des cures, la correclion <<Ies abU!; ré!'mllant du droit de palro-
, Lt, la procédure à suivre coulre Ics prêtres illdign('s, la Iutte conLre la franc-
açonllerie.
IV.
22
338
1/ ALLE:\IAGNE RELIGIEUS F.
lats d' Allemagne esconlptaient apparemment, avec
Ie professpur Dieringer, de Bonn, que, si l'on ohte-
nait tin conciJe une sériense réfornle disciplinairr,
Ie retour des protestants vel'S l'uniLé s'accélérerai t j.
1\Iais c'esl de l'in[ail]ibililé, surtout, que f;OUS ]a
poussée dcs circol1stances Ia rénnion dl1t s'occu-
per. KeUeler par]a d'nprès quelques notes, grilfon-
nées par Heinrich 2. (( 8i la question de l'infailJi-
hilité se pose, expliqua-t-il, i1 sera presque aussi
inopportun de la repousser sommaircment que de
la promulguer somluairement; mais les évêques
doivent se nleUre d'accord, pour décider qu'on
fera des recherches approfondies, d'après tontes
les exigences de la critique scientifiqne, sur les
preuves lraditionnelles de IÏnfaillibiJité, qu'on
donnera aux ndversaires toute liberté de dire COffi-
plètenlf'IÜ leur avis, et que les décisions du con-
cile s'exprimeront, non pas SeUle111cntrn forlnules
négatives, intelligihles pour les seuls théologiens
nlajs en forrnu les positives, conlpré-hensihles et
acceplaLles pour tous les honlmes de Lonne
volonté 3. )) Quelques prélats objcctèrcnt que de
pareilles décisions, qui concernaient la nléthodc.
de travail du concile, n'élaient pas de leur com-
pétence.
1. Voir à cc sujet la l('llre de l\Icglia du Ii mars 1869 (Cecconi, Ope cit.
lrad. fran
aisc, II, p. 431). - Dè5 1867, KeHclcr, dans une lellre au nonci
Meglia, demandait qu'on fit un second Syllaúus pour la réforme ecclésiasliqw
(Raich, Briere von und an Aettelel', p. 346-351); et cf. dans Stimmen au l
Mw'ia Laach, avril 1906, po 387-389, ct dans Goyau, Kettelel', p. 281-285
un projct, csquissé I)al' Kellelcr Cll 1869, sur les remèdes Ilue dc, ail apporle
Ie concile aux mam: de l'époque.
. Pfuelf, Kettelcr, Ill, p. 2
-230
3. Pfuclf, l\cllelcr, Ill, p. 2
;-'2t;.
. L
L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE nu VATICAN 33!)
IIefelc, Ie nouvel évêque de Hottenburg, inter-
villt d'unc façon plus décisive : seul saIlS doute
dans l'assen1bléc, il était hoslile à l'idée même
d'infaillihililé, et soucieux, dès lors, d' éviter it
ce sujet tons débats concil iaircs. Sa parole Ht
in1prcssion : it avait l'ascendant naturcl d'un
prêtre pioux, d'un profcsseur érndit, cOllnaissaiL
les conciles d'autrefois, et venait de préparer,
con1111P consultenr, Ie concile du lendemain.
L'adresse ùe Berlin, dont on avail donné lecture,
un opuscule anonyme transmis par la poste, et
qui provenait de l'évèque Dupanloup 1, Ie mémoil'c
de Brentano qu' apportaiL I(eUeler, survenaient ä
point pour étaycr les conclusions d
I-Iefele, et
l'on n'ignorait pas que Dupanloup faisaiL à cc
mOlllenl mên1e un voyage d'AlJemagne, afin de
prendre conLact avec les ad versaires de l' opporl u-
nité; il avait, pell de jours avant,
l Cologne luên1e,
visilé l'archcvêque l\lelchers 2. IIefeic fut prié de
faire, sans retard, un rapport déLaillé. Au boul
1e vingt-quatrc heures il Ie présentail. II y sou-
.enait que Ia définition n'était réclan1ée, ni par
Ine nécessité urgente, ni par un besoin pratique,
t qu'elle choquerait les protestants, les Orientaux,
es Allemands cultivés, ct les gouvernemcnts.
L Sur cel opuscule òe Dupallloup, reproduil ùans CC'cconi, Ope cil., lraù.
'ançaise, III, p. 34G-3G9, voir Grandcralh, Ope cilo, I, p.
27-2:::9 el 289-291;
, compal'cr Ics longues oLservalions òc M.Sf Nardi reprolluilcs dans CeCc011l,
1. cit., lrad. française, IV, p. 520-GOG.
. tagrange. Vie de j1Jgr Dupanloup, III. p. 131. - Sur la visiLe que fit
upanloup à Doellinger, au chàleau de Hernsbeim, Ie 5 sepLembrc 1
(j!), voÜ'
'iedrich, IJoelliftyer. Ill, p. 404-495, el la leth'e de Docllingc à Hohclllohc,
rite le jour mÒmc (Ilohcnlohe, Deukwuerdì!Jkeilen, I, p.
92 ::193)
3
O
J.' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
l\IarLin, de Paderborn, Leonrod, d'Eichstaelt,
Stahl, de \V urzbourg t, firent observer qu' on a vait
proclanlé I'Imnlaculée Conception sans qu'il y eÙt,
à proprcn1ent parler, nécessité urgentc ni besoin
pratique; que l'Allel11agnc n'éLait pas lout dans
la chrétienté, et qu"en d'autrcs pays dïnnom-
brables catholiques souhaitaient la définition;
qu'enfin certains protestants venaienl à l'Église
pour y trouver un pouvoir fort, et qu'à ceux-Ià,
ùu moins, l'illfaillibilité plairait 2. l\lais la thèsc de
IIefe]e den1eura victorieuse. Sur dix-neuf votants,
éYêques ou représrntants d'évêq nes, trci.lc l'adop-
tèrcnt. et bien q u ïis fussent eux-mêmes à deux
, , ,
ou trois exceptions près, assez enclins à croil'c en
l'illfaillibilité, ils signèrcnt nne leLlrc conlre
l'opportunité, rédigée par l'aJversaire Ie plus
tenace de la future définilion. IIefcle signalaiL, dans
ceLle lettr(
, l'émotion des prêtres eL des laïques ;
il faisaiL craindre, pour Ie cas où les infailli-
bilisles triompheraient, l' égarement d 'un certain
nombre de croyants etl'élargissement du fossé qui
séparait de Rome les protestants. (( Nous ne pon-
"ons pas dire, déclaraient avec lui ses Lreize col-
1. Stahl, é\'èque de WurzLourg depuis 1840, ùevait mOUl'il' à Itomc fin 1870
pendant le concile; - Leonrod occupa Ie siège d'Eichstaell de 18m å 1!)o50
. Culleclio Lacensis, VB, co1. 119u-11!H. - Gloanderath, Ope cil., 1. p. 23.í
237. - Slamm, COlU'ad ..1Iartin, p. 2g4-
85. Le nonce Moglia, ùans sa dépêcllt
du 17 mars 18û9, signalail déjà rargument conlre la dl"-Hnition, tIue des. per
sonnes parfailemenl inlenliollnées >> tiraient de la llécessilé de UP point cho(Iue
lcs proL('slanls par des dog-mes 1I011VeaUX (Cecconi, 0]1. cil., ll'aù. frall
aise
II, p. 431): et la Cil'iltÛ (;allolicn, 31 juillet-14 aolÌt 181,9, p. 4ü2-47l1, "(-}IIi
qnaiL à la Lrochure du canonisle Waller: Da.r; all!lcmeiue COl/cilium unci di
'Ve
tlaye (Ratisbonnc, l\1allZ, 18{j!)), que ce fIui ramenail pluliH les prolestanl
d rEg-lise, c'Hait ]e bcsoin d'
tronn'r une autorill
. cr. Fl'icrlrirh. r;,'</chirhtr
II. p. 33-34.
L'ALLEJIAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 341
li\gues, que la grandp crainte de beaucoup de
laïqncs et de clercs soit à mépriser, comme étant
sans fon(lcm<>nt et sans valeur ; nous devons
avoner que nous-nlênles
en tant quP considéranl
l'.Allemagne, nous estimons l'époque actuelle
moins appropriée pour la définition de l'infaiJIi-
bilité 1. )) Lc ;) septembre, cette lettre prenait la
route de Rome. Pie IX en fut mécontent 2. Le Pape
pouvait croire,
\ distance, que toute l'agitalioll
anti-infaillibiliste était concentrée it 1\Iunich, la
ville où il avait un nonce, la ville aussi OÙ l' on
faisait Ie plus de tumuite; et lcs égards des
évêques pour les députés calholiques de Berlin
furent peut-être interprétés, sur \e Tibrr, comme
une demi-capitulation devant les éléments fron-
denrs de la Bavière.
Quelques année
avant, Ie jurisle badois Ross-
h irt, cat holique fort pratiquant, reçu par Pie IX
à l'occasion de la conclusion du Concordat, disail
au Pape, mi-plaisant, mi-sérieux : (( Les Allemands
ont tous dans Ie corps un peu d'hérésie, dont ils ne
ppuvent se débarrasser 3 . )) Si d'aventure ce propos
était demeuré dans la mémoire du Pape, on devine
que les agitations lhéologiqucs auxquelles so com-
t. Collectio LnCCl1sis, VII, col. 11%-1197. A l'encontrc de la thèsc ùe
Friedrich, r;c8chichtc, II, p.
uO-
IH, dOaprès laquelle celLe leUre, après Je
concile, aurait éLé syslématiqucwenL d{>rob
c à Loule publicilé, voir Grmu.lerath,
Ope cito, I, p.
38-.:!39.
2. Grandcrath, Ope cit., I, p. 241. - Des . gallil'alls )): c'esL ninsi flue
Zwerger, prince é\èque de Seckau r 1824.-189J), inclillait à trailer la majorité Jps
éV
f(ucs allemands; il HaiL en cela récho d'Ull cerlain nombre de milieu"
romaiDs (Pro v. Oer, Fuei'stbischof' J. B. Zwer[Jcl', p. 232; GI'aL, Moser, fS97).
3. Bluntschli, Denkwuudigc8, Ill, p. 21-2
, - cr. cÏ-(kssus, po
37, n. 1 ct
:H
, no 1. - Sur nosshirt, voir ci-dc!"sus, p. 76.
342
L' ALLE:\IAf;NE RELIGIEUSE
plaisait l' Allell1agne étaient de nature à grossir ses
inquiétudes.
l\lais la leltre eollecli ve adressée par l'assenlb] ée
de Fu]da à tous les fid(\les allelllands rut mienx
accueillie au Vatican: eUe avait été souhaitée pal'
Ie nonce, et I\"etteler en avail esquissé un premier
broui11on 1. Elle réclamait que ]es chrétiens s'aban-
donnassent aux jngements du concile : ils pou-
vaient être assurés que ectte assenlblée, par là
même qu'elle était divinement inspirée, ne pro-
clamerait jamais une doctrine absente de l'Écriture
ou de la tradition apostolique, et eontraire aux
principes de la juslice, aux droits de l'J
tat, aux
vrais intérêts de la science, à la Jiberté légitime des
peuples 2. Ûn dut ainler, à Rome, eette sorte d'acte
de foi par lequel l'assemblée épiseopal.e de Fulda
et, presque en mÜme tcnlps, la grande assembJée
catholique de Duesseldorf3, manifestaienl à ravance
une confiance surnatu relle dans les rlécisions d'un
concilc æcuménique, queUes qu' eUes fussent 4.
lais Louis II de Bavièl'e, vaguement infornlé de ]a
Icttrc que la n1ajorilé des évêques avait écrite it
Pie IX 5, interpréta ee passage de la pastorale
1. Pfllelf, Kctlelc1', Ill, p. 27.
2. Collectio Lflccn.sis, \'II, col. l1!H-ll9Go - Cecconi, op. cit., lrad. fran-
<:aise, Ill, p. 370-378.
3. On lrouvera dans Cullcctio Laccnsis, VlI, co1- 11!)7, et daus Cecconi,
0]1. cit., trade fran'.;aisc, Ill, p. 37!)-384., Ie lc1..le cl Ia traduclion dp la r(;solu-
Lion voLée parle Congl'ès calholique de Ducsscidorf (ü-9 seplcmbre 18W); Cec-
coni y joint Ie discolll's ùans lefJuci I1alfncr, Ie fulm o évèlIuC de l\Ia
ellcc, com-
menLail ceUp résolulion.
4. Sur Ia salisfaclion du papc au sujd de cetlc pasLoralc, voir Ie vicomlC'de
l\]catn.., CONcsp()udnnt, 1u ocLobre 18(j!), p. 3530
5. Cc fllL l"évê'luC IIofsLaeltCl', de [\lSS:lU, (Iui révéla lc faiL au minisLèl'e hava-
L' ALLE:\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 3
3
comme une assurance que l'infaillibilité ne serait
pas définie, et fit à l'archevêque de l\lunich des
compliments passablement gênants 1 . A Rome, on
applaudissait à la pastorale comme à un moyen de
rassurer les fidèles contre les périls politiques qui,
d'après certains journalistes, résul teraicnt de l'in-
faillibilité; à la couI'de Bavière et dans les bureaux
de la Gazette universelle 2, on croyait y trouver,
au contraire, l'aveu de ces périls, et une fin de nOll-
recevoir pour Ie projet même de définition. Pour
un jour - une fois n'était pas coutume -Ies évê-
ques obtenaient en mÔme temps les sourires du
pape et les sourires du roi ; était-ce un succès? De
ces deux augustcs personnages, l'un certainement
avait mal compris; et par ailleurs, la continuation
des polémiqucs dut prouver à l' épiscopat que sa
belle et pacifique lettre ne trouvait pas l'écho
qu'elle méritait. II fallait que Ie concile se réunîL;
iL fallait, dirions-nous volontiers, qu'il fût fini, et
qu'à l'inévitable turbulence des veilles de délibé-
ration succédàt Ie calme inlpérieux des lendemains
de décision. La paix des consciences, désormais,
était
L ce prix.
l'ois des Culles, et la Ga::;ette wtÏverselie du 19 llovembre, dans un article qui
fit grand bruit, révéIa à. l'Europc l'cxislcnce dc ccLLe IeLtre sccrèLe en affirmant
qu'aux yeux dcs évêques allcmands les cOl1ditiollS théolngirluement rCf(uiscs
pour quc l'infaillibilité pÚt ètre órigéc en dog-mc faisaient délaut (PfuelC, Kctte-
lCI', Ill, po 37-38).
1. Collcctio Lacensis, VII, col. 1201 (leLh'c de Louis H à Schcrr, du
I oc-
toLl'c 1 !;(i!)). Trad. dans Cecconi, Ope cit., lrad. f1'auçaise, 11 I, p. 5tH -3û2.
lonlalemLcrL, aussi, cssayant par une éloflucntc lelll'c dc relcnir Jans rEglise
1\1. llyacinLhe Loyson, lui mcLLaiL sous les yem. cc passagc de la pastorale des
évèl(l1CS J'Allcmagnc, afin de Ic rassurcl' à l'avancc sur rOriCllLation du concile
(GranderaLh, Ope cit., I, p. 2(8).
2. Voir rarlicle ciLé dans l'fl1clC, Kcttcla, III, po 3G.
3q.
L' AI.LE1\IAGNE RELIGIEUSE
DOf'llingrr, en octobrc, dans scs Cn71o,idéralin}1,,\
lYJ'(:scnlles aux (
vpques, ramassai t en vingt-six
t hèses les ra isons de niet' J'infail]j hili t{> 1 : Du pau-
loup Ini-nlênle, Ie plus entreprenant peut-êtrp
parmi ]cs advcrsaires de la définition, ne cachait
pas à Doel1inger, avec qui d'ailleurs il garòa des
rapports, que cet. écrit lui paraissait critiquable 2 :
entre anti-opportunistes el anti-infailJibilistes, une
scission se dessinait
.
Assurément, toutes les brochures qni militc-
raient conlre l'idéc mêrne d'infaiJIibilité pourraient
servir aux Strossmayer et aux Darboy, aux Kettc-
ler et aux Dupanloup, pour avancer que, tout au
moins, cette doctrine n'était pas suffisammenl éta-
Llie; mais comnle ces brochures, tout en mênle
temps, ébranlaient l'aulorité pontificale, eUes
étaient alléguées, inversemcnt, par les l\lanning
et par les Pie, par ]es Senestrey ot par les De-
champs, comme ],indice irréfutaLlc qu'un acte
ùogmatique était devenu néccssaire pour conso-
lider cette autorité. C'étaÌl une étrange ct vraiment
...
L On ell troU\'cra. la lraducLion dans Doellinöer, Leltn!-s pt décl,tratious au
st
jct des décJ'cts du lPatican, traù. Bonet-Maury I). 53-V:> (Paris, Colin, 18n) 0
- Tandis flue J<lßUS pla<:ait au I
e sipclc Ii' moment OÙ la papaulé avail
commencé ses . falsifications ., les cOJtsidé,'alions remonlent jl1!Hiu'au pape
Agalhon (vue siècle) pour y trouvel' des
.riefs contrc Ia. papauté. cr.
lichac),
/Joellil/fJcr, p. 87-880
. Friedrich, Ðoellillfle.r, III, p. 508.
3. II Le mall.i'Ul', écri\-ait ])oeHinger à l'aLbé .i\Jichaud Ie
O octohre 186fl,
cst que taus ces prélals, ou presque tous, lle veulent fouder leur résisLancc
Ilue sur l' (( inopporluDiLé)) des nouveaux dogmes, au lieu de les rejelcl" par prin-
cipe. C'est)à un terrain bien glissant sur )cIIUI'I ils se placent, et iI nt' sera
e(ue trop facile de les en débusf{uer si à Home on rnanæuvre avec hahileLp, E't
!'.i on s'y sert des moyells cfficaces que Rome a à sa disposilion : peur, flatLeric,
yanité, inlérèt, etc. )) (Rcvuc intcl'nationale de théolo!Jie, i8m), p. 23ü (lcHre du
:W oclobre 18(9); - cf. p. 2'18 {lcUre du 19 novembrl' H
ôV)o
L'ALLEMAGNE ET LE CONCILE nu VATICAN 345
ingrate rlestinéC' que ceJle de l'écolc de
Iunich: san:-:
](\ savoir, sans Ie vouloir, eUe allait procurer dps
argnnlents nux dC'u\: frncl ions flu cone] Ie, pt rP,TItlrr
nrgenlc la définition (lu dogmp même qu 'ellp conl-
battait.. Doellinger était trop loin de llonle pour
pouvoir ca]culer les eITets exacts de ses coups t, et
c'était un fort mauvais observatoire que cette tour
d'ivoirfl oÙ il se confinait à l\Iunich. Six rnois du-
rant, au jour Ie jour, tous les cancans de Rome
allaient y afl1uer; ct sa science, superbe ct bou-
dense, seanderait d'un saI'casmp retentissant cha-
cun des épisodes du concile. Comme rit un savant
les hévucs scientifiques d'un confrère, ainsi rirait
e prêtre, longuemcnt, interminablement, 'de ce
Iue feraient à Rome d'autres prt.tres; et ce rire
vengerait lrs déeeptions du n1inistre Hohenlohc.
{ui, n'ayant pu souiever contre Rome les cabinets
Ie l'Europe, comptait sur Doellinger pour soule-
reI' contre Rome l' opinion de l'Europe. A RODl('
nême, c'est surtout dans l'entourage du cardinaì
Iohenlohe, Ie frère du ministre, ennemi passionnr
!es JésuÏles
, que scraient recueillies, groupécs
t. l\JonlalemLerL, en son nom et au nom 11(' Dupanloup, poussail Doellinger
Be rendre à Home: II Vous qui èLcs inconLpslabl('mpl1l1f> premicl' homme de
í
glise d'Allemag-ne, Illi éf'rivaiL-il Ie 7 lIovCluhJ'e l
ljU, commf'lIl POU\CZ-vou!>
;cliner la mis
ion de Ia dH('[)(h'{' f'I de la r<"l'réscnlcr dans ccttc crise rorml-
lhle? )) (Pcllclicr, J.J/g1' Dupanloup, Ellisodp de l'hislúÌ1'e contcmporaiuc,
:1.J-f8i5, p. 91-93; Paris, HaLon, 18í6\. l)ès Ie mois d'ocLobrc, Hupanloup avail
il demander au cardiual Scll\\'al'zenbel'g ù"cUllllener Docllinger à Home comme
éologicn : Schwa1'7enberg avaiL refusl', d(' crainLc de paraìlrc faire Hlle mani-
.,lalion. l\Tais,
Ieu de Icmps après,
cll\\ arzenherg, qui Csp(;l'ait encore que
'nl-èlre Rome appeUcrait Doellingcr, 1ÏllvÏlait à s'y renùre sïJ étail mandé
l'iedrich, Docllill!Jcr, HI, p, 1J,9f\).
. Voir ci-dcssu
, po
üL. - Uue I"Ul'e du cal'dinal Hohclliohe à son r,'ère.
15 seplcmbre PiG!). esl un tñmoignage éclalant de ses dispositions. Il se plaint
ePic 1\ melle son oh(>i...'aIllx' à lllle rude éprcuve, '1U'OIl ne laisse aI/cun
3i6
L'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
et puis expédiées à l\lunich par Ies soins de la lé-
gation de Bavière, les innombrahles nouveHcs
qu'ensuitc, dans Ies journaux, Doellinger expioiLe-
rait 1. Le professeur, qui jadis avail si brillamm
nt
IuUé pour l' émancipation de l'ÉgIise, était tout
près de devenir un théoIogien d'État. Le (( germa-
nisme )) de certains professeurs ailait désormais se
mettre au service de certains ministres. C' est une
évolution qu'avait prévue Ie nonce Meglia, dès Ie
printemps de 1869.
Il expliquait à Rome, dans une dépêche qui fait
hannenr à sa finessc, qu'il ne fallait pas confondre
Ie germanisme et Ie catholicismc libéral.
Le germanisme, ùéclarait-il, n'est pas. conlme ]e lihé-
ralisI11e de certains catholiques, une sÜnple condescendance
pour les idées modernes ou bien une tentative faite, en
s'armanl des nouveaux principes, pour soustraire l'Église à
la servitude des gouvernelncnts; c'esl bien plutôt une sympa-
thie ayouée pour les lnéthodes scicntifiques ùes protestants,
et une tentative dirigée non contre les gouvernements, nulÌs
contre l'influence ùoctrinale ùe Home et des congrégations
romaines. Il en résulte que certains catholiques de ce parti
en viennent à soutf'nir les prétentions ùes gouvernmnents
séculiers, au préjudice des ùroits et de la liberté de l'l
glise,
et cela ùans Ie seul ùessein de se faire un rempart de ces
gouvernements contre l'autorité supérieure ecclésiastique 2.
Allcmand venir chcz lui, cl quc les Jésuiles soicnt les maìlres (Hohcnlohc.
lJenkmuel'digkcilen, [, p. 3!:13-3%). M. SchulLe, Ie puLlicisLe (( vieu
-calholi(IUe >>,
nc cache pas quc ce cardinal Crondeur n'élaiL flu'un méùiocrc canonisle (LCÚCllS-
cl'innel'Ullgen, p. .i-8-49).
1. A la demanùe du cardinal Hohelllohe, 1\1. Fácdrich, Ie rutur hislOl'ien tIt
nocllinger, ful désigl1é par celui-ci pour èLrc, à Rome, Ic conseillhéologiqUl
dc Hohen\ohe (Fri('drich, IJocllill{Je1', III, p. 497). Sur Ic rôle de nouvcllislt
flue prit Lienlôlßl. Friedrich, voir ci-dessous, p. 361, n. 1.
. Cccconi, Ope cito, trade française, II, p. 4
7-i-2S. r.r. lI. P. ]j., HW7, II
p.
3H-23!:1. -ll suf1ìrait ùc cellc dépèche pour aUeslcr, conlrc RoLcrl
lohl, flm
Meglia n Ïgnorail pas l'AlIcmagnc (:\lohl, LefJC1l8Uinncl'/tn!/CII, U, p. :328.:
).
L' ALLE1\IAGNE ET LE CONCIJ.E DU VATICAN 347
Ainsi faisail Docllinger. (( J'ai des craintes pour
]lli )), disait gravcll1ent Reisach 1. Gràce à]a dépêche
du nonce l\leglia, ceUe Rome dont à 1Ylunich on
ll1éprisait volontiers les inforn1ations avait pu
pressentir 1a conduite que Doellinger suivrait.
Toutes ses ressources de savoir, toutes ses res-
sources d'ironie, se coalisaient désorn1ais avec l'ac-
lion politique de I-Iohenlohe. l\lais la force même
de l'histoirc, qui logiquell1ent acheminait I'Ég1ise
du concile de Tl'ente au concile du Vatican, devaH
ren verser les barricades élevées par son érudition,
ct passer outre à ]a stérilité de son rire.
VII
Le 8 décell1bre 1.869, Ie concilc s'ouvri t. Lp
cardinal Reisach, qui avail été désigné par Pie IX
con1me run des présidcnts, souffrait déjà ùu mal
qui l'emporta bientôL 2 ; un Allemand d'Autriche,
Fessler \ évêquc de Saint-PocHen, qui soutenait
avec une nuance de modération les idóes infaiJIibi-
Jislcs, avail été désigné par Pic IX con1ffiC secré-
tail'e!.. L'infaillibilité nc figurait pas
t l'ordre du
to Goclz, 1leisnch Bischof 1'on Eichstaelt, p. to:).
2. Sur lc carùiual Rcisach 'f
UO-18GfI), voir ci-dessus, po B8 et suiv. l\Iollfan;;
lui consacra une notice dans ]e l\atlwlik, 1R70, J, p. 129 et suiv. Le cardillal
H.cisach avait l'rétìiùé la commission chargée de l'réparer les décisiollS tlu cOlJcile
..;ur les qupslions 1'0]iLico-reli
icus('s. (( C'e
l unc perle pour tout el pour tous,
,;cl'ivaÏl à la nouv('lIe de sa mort un pré]at romain, mais c'cn est une dc pJ'emier
mire paul' l'Allemagne. ). (Goelz, llcisach lJisclto/, VUlt Eicltslaett, p. 10ß.)
. Sur Josph Fes<;ler (1813-1872), pr'oresscur à l'uni\cl'"il,' dc Vipune, én
.luc
lc Sainl-l'oellcl1 ùcpuis 186.ï, voit' El'ding;m', f)r Jusd Fesslt." (ßrixclI, Wegcr,
I.H!)4), el cf. ci-ùessu,;, p. 84.
L Collcclio Lflceusis, VIr. cot 10üß-l06í.
348
L' \LLE1[AGNE REI.H-;YEUSE
jour 1 ; rnais c' est à eette question quc tous pen-
snirnt, ct <i'eUe quP tous parlaicnt; et tout de suite
la pressc. nppliqunnt au conci}{\.. nvrc 1111("\ rertainp
i 'npropriéU
de termes, Ie yoeahulairl' parJrmen-
taire, fit connaÎll'e au ll1on(lc l'exislrncc d'une
nlajorité, qui voulaiL 1e dogme, et d'une minorité,
qui ne ]c voulait point. Toujonrs prêl à se ,.crouer
]orsquïl s'agissait de remner Ics autres, l'éloquent
évêque d'Orléans s'occupa de grouper cctte mino-
rilé et de la faire agir. Les relations qu'il avail
nouécs à l' étranger, la notoriété de sa brochure
traduite en diverses langues, lui donnaient ponl'
cette tâche l'ascendant nécessaire. Ð'accord avec
l'archevL'que hongrois Haynald, il organisa dès les
premiers jours, en groupes nationaux, les prélats
de la minorité, et puis il con1posa un comité inter-
national avec les dé}égués Jc ces divers groupes :
I'opposition - ainsi parlait-on sonllnairement -
avait désorn1ais son hurran.
Le card inal Hauschcl', de Vienne, Ie cardinal
Sch,varzenberg, de Prague, couvraient de leur
pourpre les Allemands opposants 2. Sch,val'zrn-
berg, très accessible à IÏnfluence des professcurs,
semble avoir été hostile à l'infailJihiIité rlle-mC'me 3 ;
on tronvait une pareille hostili té, beaucoup plus
fonnelle cncore, chez IIefele, Ie nouvel évêquc de
1. Sur Ie silence IJu"avait l'ésolu, au sujct tlc l'infaillihilité, la commission
dogmaliquc préparatoire dan., Ips séances des 11, 18 ct 2:; févricr, voir Cecconi,
op. cit., trade fran
aisc, I, po
SO-2S1.
2. L'influence du cardinal Hohenlohe rut m{-diocre : il aurait VOUll1 inviLer
cha(lue scmaine Ips évèf}ucs, mais il écrivait à son frl'I'f>, Ie 26 novcmbrc lSIJU,
quïl rcdouLait une défcusc ùu Pape (Hoh('ulohc, ])('nkll'ucl'tliykeiten, I, po 401.).
3. Voir Schulte, De)' .1ltknfholicismus, p. 2.í2.
L'ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 3
9
RoUenburg, qui n\lrriva au concile que Ie 1ü jan-
vier 1870:1. Rauscher déclarail au contraire que
depnis quaranto ans il croyait Ie pape infaillible \
111ais il préférait qu'on ne déíinît point ce ùogrl1e;
il étaÜ suivi sur ce terrain par Melchers de Co-
logne, par Éberhard de Tl'(
vcs, par Weùekill de
Hildesheinl, par Foerster de Urcslau, qui, tous
qllatre, nagurre, au concilc de Cologne, avaicnt
adnlis l'infaiUibilité; Scherr de l\lunich, Dinkel
d' Augsboul'g, Deinlein de Bamberg, I(otteler de
l\layence, llrinkmann de l\luenster, lleckmalll1
d'Osnabl'ueck, I\.l'enlentz J'Ermcland, se confur-
maiel1t aussi, chacun avec sa nuance de carac-
tère et son degré dïntelligence, à cetto aLLilude
respectable et subLile. En fac(' d'cux, Lconrod,
J'EichstaeLt, Stahl, de \Vurzboul'g, Ledocho\v
ki,
de Poson étaicnt a
q uis à la définilion.
lartil1
, , ,
ùe Paderborn 3, Senestrey, de 11aLisbollne, meL-
taient un zèle tenace à vouloir aboutir. Cos deux
prélats surent bientôt queUe mobilisation pré-
parait Dupanloup; SDns retard. ils s'unirent à
Dechamps, de l\'lalines, à
Ianning, de 'V cstmins-
tel', pour donner à la majol'ité conscience d'e11e-
nlènlC. On so rencontra d'aboru chez Senestrcy,
1. Friedl'ich, Gcschichlc, 11[, po 405.
. Granderath, Ope cit., Ht p. 1;;1 et 2G5.
30 Marlin. avail auprès de Iuit com me lhéoIo;Úcn, Ic P. Huh, Ic cëlèJwc mis-
siolluaire Jésuile (Fricdrich, Gesclticltle, LU, p. IU2). - Smol\lclchcl's, Ehedlal'd,
Foor"sler ('I Selwrr, voir nolloc Lome III, p. 312 cl
74, cl ci-dl'ssus, p.
O.} ct
IG1. - Wedekin rut ('v(\qne de lR:i'J à. 1R70; Dinkel, de' 1Wi8 à 1H%; I'pinlein,
de 1858 à t875 ; Brinkmanu, dc 187U à J 88!:1 ; Ueclmanll, de J 8ûô à J 878; Ledo-
ehowski et MeichCl'5t arche....(\flucs dcpuis is\)5 eL 1866, mourronl à HonH', 1'UII
cardinal préfel de la I'ropag"andc Cll 1902 t l"nutrc cardiual CIl 1
!I;j.
350
L' AT.LE1\IAGNE RELIGIEUSE
puis chez les Rédenlptoristes de la villa Caserta;
et c'esL dans ces rendcz-vous que se prépara la
liste des prélats qui devaienl faire partie de la
<< députation )) chargée d 'étudier les sclten7as con-
cernanL ]a foi. Senestrey fit imprinler ectte lisle,
et ]a répandit : elle ne comprenait que des parti-
sans de l'infaiIlibiJité, ct l'cmporta, au vote, sur 1a
lisle proposée par Ia minorité, oÙ ne figuraient que
des adversaires tIc la fulure déIinition 1. Sans que
la question fûl inscrite encore parnli celles qui
devaient être discutées, e'est sur clle qu'on batail-
Iai t.
Certains schenzas étaicnt préparés, relatifs aux
évêques, aux élections épiseopales, à Ja vie des
prêtres, it Ia rédaelion d'un petit catéchisme uni-
versel, à la foi eatholiquc : iis occupèrent les (( dé-
putations )) et les séances généraJes du eoncilc,
quelques rnois duranL. Dans les discussions qu'ils
suscitèrcnt
l'(
piseopat ù'Allplllagne prononça plu-
sieurs clisc0urs {.coutés. On pel'çut nn ðcho lointain
des lutles naguère soulenucs par l'Église gcrma-
nique, ]orsqu'on entendit J(ettclcr insister pour la
liberté des élections épiscopales 2, et
larlin deman-
der qu'on mît les prètres en garde eontre une ecr-
taine impatience d'obtenir les faveurs de l'État 3.
D'autre part, dans Ie discours où l\lelehers, arche-
vêque de Cologne, signalait Ie péril et l'cxcès d'une
1. Grallderalh, Ope cit., II, p. 69-70.
2. GrandcraLh, Ope cito, II, p. 172.
3. Graudcralh, Ope cit., II, p. 195. - l]uanl au singulicr récit ùe 1\1. Friedrich
d'après lequel Dinkel aurait monlré quelque complaisance pour Ie concuhinat
ùcs prêLres, voir Granderalh, Ope cit., II, p. UHo
1,'AI,LEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 35i
cerlaine centralisation romaine j, on devinait une
sorto de réaction contro l'exubérance inlprudente
de quelques publicistes ]aïques, qui parfois avaient
cru, en humiliant l'épiscopat, travailler plus sûre-
ment à ]' exaltation de R0I11e; et sans rcpousser
aussi fornlcllement que Ie cardinal Rauscher 2
l'idée d'un catéchisille universel, Scherr, Dinkel,
Eberhard, proposèrent à ce projet certains 'amen-
dements et certaines corrections 3 qui visaient à
maintenir, en quelque mesure, l'auLonomie des
pasteurs d'ål11eS dans leur besogne diocésaine.
1Vlartin, surtout, fut associé très intimel11ent aux
travaux dogmatiques du concile. II aimait l'am-
pleur des sche7nas, il trouvait des jouissances de
pl'ofesseur dans leur exactitude didactique, par
laqueHe tant d'autres professeurs étaient visés et
réfutés. Lo (( schcrna sur la doctrine calholique
contre les orreurs raLionalisLes )) déplaisaiL à cel'-
tains évêques, qui parlaient do ]0 repousser. Cela
nlanque J' onction, disait Rauscher de Vienno;
cela nlanque de soufne et d'en volée; cela ressemble
à un manuel de théologie; pourquoi faire parler
au concile la langue de l'école et non celle du
peuple It? 1VIartin alors de s'insurger : dût-il s'ex-
poser aux persiflages de l'anti-infaillibiliste I-Iay-
nald :5, il maintenait que co serait un manque de
1. Granderalh, Ope cito, II, p. 170-171.
2. Granderalh, Ope cilo, II, p. 205.
3. Granderalh,op. cit., II, p. 218-219.
4. Granderalh, Ope cit., II, p. 86-88.
5. Granderalh, op 0 cit., II, p. 120-122.
3
2
L' ALLE
IAGNE RELIGIEUSE
piélé de repousser bl'uta]ement un schenza pro-
posé par Ie Pape ; el puis il expliquait, surtout, que
l"Église ayant désornlais à lutter, non contre quel-
ques personnalités hérétiques, mais conlre dc
écolcs philosophiques, Jevait, ::;ans crainte, prendre
elle-nlême un lano'ao'e d' école et dérou]er assc
b ð
Ionguenlent les sclteJnas pour qu'ils fussent clairs,
instructifs, décisifs 1. Lorsque Ie
clte1Jîa fut ren-
voyé à In. (( députation de la foi )) pour certaines
retouches, clIe eonfia ce travail à trois prélals,
DechanllJs, Vie,
lartjn, et les deux preluiers so
déchargèrent sur Ic troisième, qui, pour luener la
Lcsogne à bonnc fin, s'associa Ie Jésuite I(leut-
gen 2. Un docte rapporl du Jésuite lyrolien Franze-
lin 3, présenté devant la dépuLation, développait et
con1irmaillcs réflf\xions qu'avait naguèrc exposées
l\Iartin au sujet du caractèt'c didactiquc du scltcJJ'la"'.
Six senulines durant, l\tIartin en soutint Ia dis-
cussion devant Ie conciIe:>. Une délicate formulc
était à trouver pour condanlner les théorics d 'après
lcsquclles la raison produirait, d 'une façon COIl-
traignante, l'acte de foi, et pour nlaintcnir ainsi,
ùans cet actc, Ie c:iractère surllaturcl et le carac-
1. Granderath, Ope cit., 11, po 10.1-103.
20 Gralldcl'dth, Ope cit., 11, p. 3û3-3û-í. - Voir ci-ùessu
, p. 210.
3 . Voir ci-ùcssus, p. 25
.
í. Granùcl'alb, Ope cito, 11, p. 1.28-133.
:i. )lelchcrs fut l'un des instigalcurs òu l'aragraphe ùu premier chaVill'f' cOß-
cernanlla prcscience de Dicu à régarù rles librcs actioDs des Cl'éalurcb ; ELer-
hard s'effor
a, mais cn vain, de Caire inlroduire certaines phrases qui viseraient
plus direclement l'hermésianisme; l\lclchers intcrvinl dans la rédaclion de Ia
formule d'analhème contre cem: qui prélclldcnt que la raison pcut produire, d'une
fa
on conlrai
mantc, l'actc de foio
L'ALLEl\IAGNE ET LE CONC[LE DU VATICAN 353
tèrc volontaire, la part de ]a grâce et la part du
cæur: co fut :\Iartin qui fixa cette forn1ule 1 . Lorsque
Ie 24 avril 1.870 furent votés la préface du schcnza
et les quatre chapitres sur Dieu, sur la révélaLion,
sur la foi, sur la raison 2, Ie nonl de l\Iartin, les
noms de 1\leutgen et de Franzelin, de Pie et de
Gasser 3, qui avaient puissamment aidé l'évêque de
Paderborn, furent C0l11IDe effacés : ces pages de phi-
losophic chrélienne devenaient pour le
croyanLs
l'æuvre de l'Esprit. 1\Iais Conrad 1\Iartin ne de-
n1andaÏl rien de plus: on pent se consoleI' de ne
point signer son travail, lorsque c'est Dicu qui Ie
signee La prison, In. déportation, la morl en exil,
111aient, en moins de dix ans, parachever la gloire
(Ie ce prélat, qui, dans un SCllC1Jla rédigé pour
l' élernité, faisait par]er Dieu sUt' Dieu lui-Inêlne.
VIII
Dans les inlervalles des séances, OÙ s'édifiaient,
entement, ces architectures dognuttiques, l'infail-
ibililé capLivait les pensées; et comme un secret
>lanait surles délibérations de 1 'assemblée, les
azcttes du monde, qui n'en connaissaient que les
1. Granderalh. opo cito. II, p. 4U-U8.
2. Voir Vacant. Éludcs théolûf/Ùjues sUP la. cOllstitutioll Dei filius,
voL,
aris. Brigucl, 189:;.
3. Sur Vincent Gasser. évèque de Drixcll de 18:;6 à 18ï9, voir la lUOlloO"ra-
hie de Zobl (Bri"{cn, 1883). 0
1\.
v) ,
-.)
3
L' ALLEl\IAGNE UELIGIEUSE
alentours, consacraienl toutes leurs chronique
conciliaires à cette infail1ibilité dont Ie concilc
lui-mênle ne s'occupait pas encore.
Le jour de Noël, Dccharnps, qui avait dcrrière
lui les évêques belges, demanda qu'on l'inscrivîl
au programnlc 1. IYlais Cp ful dans une réunion
tenue Cf'ttc mrnle scnlainc chez Sencstrcy que sc
prépara 1'iniliaLivc (lécisi ve. II y avail Ià lVIartin:
l\Ianning, l'évêqnc Gasser, de Brixcn. (( L'infailli-
hili Lé, pour moi, cst une vérité révélée, au mênlC
titre que la divinité tIu Christ )), proc1ama Senes-
trey. Deux aulres rencontres eurC'nt lieu, rune i
la villa Caserta, l'antre chez Sencslrey encore; e1
dans ce dernier rendez-vous, Ie
8 décenlbre, on
conccrta les termes de l'adresse réclanlant la défi.
nit ion 2. En pen de jours, eUe avait recucilli
388 signatures 8. La minorité serra les rangs; e1
l'un des épisodes de cette offensive fut Ia prépara-
tion par Rauscher d'une adresse au Pape, qUE
signèrent tous lcs Allenlands opposants, et qui
porte ]a date Ju 1.2 janvier 4 . Les signataires pro-
cianlaienl l'autorité dogmatiquc du Pontife el
l' obéissance vraie due par tous les chrétiens aux
décrets du Pape; ils constataient, même, que l'in-
faillibilité personnelle ex cathedra était ellseignéc
1. Grandcralh, Ope cit., n, po 135.
2. Granderalh, Ope cit., 11, p. 136-138.
3. Granderalh, Ope cit., II, p. 141. - Le texte de l'aùresse esl publi
dam
Collectio Lacensis, VII, co!. 9:!4-934; Ie tede de la lellre par laquelle l'adres5(
ful soumisc aux Pères, ùans Collectio Lacensis, VII, col. 1703.
'J.. Coll('('liJ LflC":II<;i:s, VII, co1.
la-!1k;. - Grantlcralh. 0[1. ",t., IJ. p. H6-
1lJ. 8 .
L'ALLE1\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 355
par des hommes savants et pieux, mais ils aJou-
taient :
(( II n'esl pas possible de passer sous silence que de graves
difficultés subsistent, résultant des paro[es el des actes des
Pères de l'Église, ùes documents authentiques ùe l'histoire,
de la doctrine catholique elle-même : si ces difficultés
n'étaient pleinenlent résolues, il ne pourrait se faire que la
ùoctrine fût proposée au peuple chrétien COlnlne révélée par
Dieu.
(( 11 est consLant pour no us que la définition fournirait aux
ennemis de la religion des arlnes nouvelles pour soulever la
haine contre Ie catholicisme, même chez des hon11nes ù'in-
tentions meilleures, et nous somInes certains que ce fait four-
nirait en Europe, du moins au gouvernement ùe nos pays,
un moyen ou un prétexte de faire invasion dans ce qui
reste Jes droi ts de I 'Église. ))
Pour trois raisons d'opportunité, la majorité des
évêques allemands voulaient écarter une définition :
à cause des objections des professeurs, ils la trou-
vaient prématurée ; à cause des polémiques qu'elle
susciterait, ils la réputaient troublante; à cause
des menaces que balbutiaient certains États, ils la
redoutaient conlnlC un péril.
Dans son palais du Capilole, Arninl, ministre de
Prusse, recevait les évêques 1 : il les faisait parler,
eur parlait, déplorait leur calme, leur modération 2,
;e servait de leurs propos pour essayer d'alarmer
3erlin, et profiLait de son crédit de diplomate pour
1. Slamm, Conrad 1J-lartin, p. 302-30-i.
2. Le 2 janvier 1870,r par ex.emple, M. Friedrich nole qu'Arnim cons late avec
islesse que le5 évèqlles allemands << seraient comme des brebis perdues, santi
ucun senliment pour leur nalionalilé, s'ils n'avaient dcrrière eUI les évêques hon-
rois I) (Tarlebuch lcaehl'elHl dcs Votikanischen COllcils,
. edit., p. !i5; Noel'-
lingen, Beck, 1873).
3
6
,
L ALLE:\IAGNE RELIGIEUSE
achcver de les inquiéter eux-mênles. On ne retrou-
vait plus dans ses lettres, ni dans son langage,
l'insouciance un peu dédaigneuse avec laquelle,
naguère, il se désintéressait de l'infaillibilité. II
avait. acquis la conviction, conlnle ill'écrira plus
tard
que l'infaillibilité (( n'était pas seulenlent un
vase précieux et vidc 1 destiné à orner Ie Vatican,
mais une boHe de l}andorc, d' OÙ l' on pouvait
répandrc
t r occasion des ingrédients très dange-
reux sur Ie monde catholiquc 1 )); ct it songeait
l
une façon d'anticoncile, forn1é par Irs représen-
tunis des gouvernenlenls.
TauITkirchen
son coll(1gue de Bavière, posaiL à
Selle strey d'insidieuses questions sur Ie caractère
d'infaillibilité qui s'aUachait au Syllabus, ct lais-
sail prévoir certaines rig-ueurs de rJ
tat bavarois 2.
)lais au loin Bismarck l'cstait froid, pussif, cxpec-
tant : il écrivait à Arnim, Ie 5 janvier, que la
législalion, la puissance de ropinion, la majorité
prolcstante de la Prussc, garantissaient à l'avancc
cc pays contrc les cmpiétemcnls de rí
gIise, et
qu'en négociant avec Ie concile, on exposerait Ie
roi òe Prussc, soil à un échcc, soit à un compro-
lnis oÙ Ie ùroit public du royaunlc périclitcrait.
II encourageait néanmoins Arnin1 à peser sur les
évêques prussicns, II les soutenir moralement, à
leur faire cscompter même qu'cn cas de désagré-
1. Arnim, P1'O Nihilo, p. 22ï-229 (leLLre à Doellinger,
1 avril 1
74).
2. Collcctio Lacensis, VII, co!. t5!H-15!)2. - Granderath, Ope cit., Il,
po HO-
41. - Sur Ie mauvais accueil faill)ar Marlin à une démarche du minis-
tre de Bavièrc. \oir Stamm, Com'ucllUartin, po 30
.
L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU \rATICAN 357
ments la Prusse revendiquerait leurs droits, à tra-
vailler enfin pour que {( les éléments de vie religieuse
propres au catholicisme allemand, cornbinés avec
la liberté intel1ectuelle, avec les aspirations scien-
tifiques, eussent une influence au concile )). Non pns
que ces affaires, insistait-il, intéressassent beau-
coup I'État prussien; mais si Bisnlarck s'embarras-
sail d\ln tel souci, c'était, à l'entendre, par sympa-
lhie pour la vie religieuse des sujets catholiques 1 .
Adieu done l'anliconcile : l'Élat prussien ré-
pudiait les grands projets d' Arnin1. Quelques
onseils aux évêques, quelques paroles vibrantes,
t'éconfortantes, devant une hospitalière table à
hé : voilà tout ce qu' on permettait à cet impé-
,ueux personnage. l\Iais déjà son activité nlortifiée
;e tournait vcrs l\Iunich : Ie 8 janvier, il écrivait
:.. Doellinger qu'il faHait provoqucr une grande
nanifeslation de I' opinion catholique allemande;
;i cette opinion déc]arait inlpossiblc d'accepter des
ois de cinq cents Italicns, dont trois cenls vivaient
lUX frais du Papc, l'opposiLion repl'cnJraiL cou-
'age et nome rélléchirait:!. Le diplolllate prussien
narquait à Ja lhéologie bavaroisc un terrain d'at-
aque : ce qu'il convenait de discuLcr, c'était la
:ol11posiLion du concile, c'éLait l'ol'ganisation, c'é-
ail la procédure, in1posées par la curie.
Doellingcr répondiL à rappel, Inais ne suivit pas
e programme: Ie iU janvier, il renoLLvclait dans
t. Collcctio Laccllsi:
, VII, coI.l;)
7-1:;
9. - Cf. f'oschillgcr, 1liSI/lllJock uml die.
'iplom(ltCJl, p.
85-
SG (f'ulrf'licn de I:i
maloel... iWP(' \';impITcn, HI févriel' 1870)
2. ('ollcctio LtlCC7U;is, VII, co!. 1 EH-14!12.
358
r.' AL LEMAGNE RELIGIEUSE
la Gfl
ette univc1'splle, sous Ie titre : (( Quelques
mots sur l'adresse des infailJibilistes )), sc
ag-res-
sions historiqu
s cont.re Ia 8uprPlnalie du Saint-
Si
ge 1. L'article déchaîna dans Loutc l' .Allemagne
un immense fracas : la ville de l\Iunich, qui avait
une municipalité progressiste, nomma Docllingcr
ciloyen d'honneur; il refusa, disant qu'il s'agis-
sait, en l' espèce, d'une affaire intérieufC' de l'Église,
et qu'il a vait voulu simplement, comme doyen des
professeurs, affirmer son union avec Ie plus grand
nombre des évêques allemands 2 . Alors arrivèrcnt
à Doellinger, de Breslau, de Braunsberg, de Bonn,
de Prague, des adresses de professeurs, qui l'accla-
maient 3 : l'Allemagne savante protestait contre Ie
projet de (( metll'e à la place de l'Église univer-
selle, de tous les temps et de tous les pays, un seu]
honlffie, Ie Pape)) Un prélat italien, Cecconi, rc-
trou vant un manuscrit des décrets du concile de
Florence, prouva que Doellinger avail fait erreur,
en accusant Ie Saint-Sil'ge de les avoil' falsifiés i ;
mais l'enthousiasme de la science allemande con-
sola Doellinger de cette ennuyeuse rectification.
On DC sait ce que pensait Arnim ; mais son but
n' élait pas atleint. II a vai t rêvé d 'unc action com-
mune entre les évêques opposants et les professeurs
1. Doellinger, Lettl'es et déclwatiúlts, trade Bonet-Maury, p. !)G-I1
t
. Collectio Lacemis, VII, col. l-í7G-Hí7. - Frieùrich, Ðocllingcr, 11[,
p. :5:!8.
3. Collectio Lacensis, VII, col. 1482-148i-. - Ces adresses dounèrcnllieu .ì
cerlaines Lrochures hostiles qui défendaicnt la cause du concile, cL donl les
}>l'incipales curenl pour auleurs Ie fulur carùinallIergellroelher elle profcbseur
Sloeckl, ùe l\Iuenster (Granderalh, Ope cit., II, po G16 cl G
2-(27).
4. Collectio Lacen
iy, VB, coI. 1480-1481. - Granderath, opo cit., Ill,
p. 619-6
.
r.,'ALLE:\lAGNE RT LE CONCILE DU VATICAN 359
de là-bas; et la manifestation m(\IDC que venait de
faire Doellinger empêchait tout concert l. (( Par
ue teIles agitations, écrivait l'archevêque
Ielchers,
on crée précisément, en faveur de la définition,
une apparence de nécessité, tandis que, d'après
l'opinion de beaucoup, un besoin réel de cetto
définition ne s'est pas fait sentir jusqu'ici 2. )) En
visant la ll1ajorité conciliaire, Ie professeur df'
l\lunich aLtaquait la foi même de]a minorité, 1a foi
qne, dix ans plus tôt" au concile de Cologne, ces
évêqucs de la minorité proclamaient et impo-
saient. Si Doellinger avait raison, que restait-il
de la papauté? Les évêques senti rent Ie péril :
avant même que Senestrey n'eût interdit aux
elercs de son diocèse les cours de DoelJinger, cer-
tains prélats de la minorité, Scherr, IVIeichprs,
I\rell1entz, avaient déjà blân1é publiquen1ent l'ar-
ticle de la Ga::,ette et conjuré l' opinion catholique
de rester sereine, silencipuse, docile 3 . (( Je suis
ù'accord, proclamait I\etteler, avec Ie Doellinger
qui jadis, dans ses leçons, remplissait ses élèves
d'cnthousiasme ponr I'Église et pour Ie Siègp
1. Sur la scission entro Doclling'er et les év
ques, voir lord Acton, The hið-
to,'!] of free dum ll1Ld Otltel' eSS1tys, p. 538. i\lèmc l\lal'cl et Slrossmayer n'adhé-
raicnL pas à la thèse de [)oeIlinger cOlltre l'æcuméniciLé du concile de FlorClH'ü
{Friedrieh, Doclll1t!Jcr, Ill, p. 5_7)0
2. Collectio Laccllsis, VII, cot. 1 i
L - . Aujounl"hui, éCl'ivait à KeLtclcr,
Ie 8 févricl' t "70, Ic challoinc Biehl, tIc LimboUl'g', ne pas défillir Ie dogme
équivaudrail à dire (IUC Ie ['ape l'cul sc ll'omper en maLÏi'l'e de foi; ce serail
mème pire. Oil cn tire,'ait dcs cunséqucnces I'ratiqncs (lll'On n'a pas osé lirer
auLrefois. Les (-lèves d'UCl'lUès ct de Gucnlher sc cOllll'ortcraicnt tIc biel! autre
façon quc naguère. . {l'fueIr, ]{cltelcl" 111, p. ljO, n. 1).
3. Colledio Lacensis, VII, col. 1 iXg-l i
IL - Docllingf'r, de son còté, tIénoll-
çait à 1I0hcnlohe, lc .n Cévrier 1870, l'évolution dc KcLLder, de MelclJcr
, de
Scherr vel's l'infaillibilislUc (Hohenlohe, Dcnk,"u,cl'digkcitcn, I, p. 43g-4i-O).
360
.
l.' Al.LEl\lAGNE RELIGIEUSE
Apostolique; je n'ai rien à faire avec Ie Doellinger
que nlaintenant les ennemis de l'Égiise et du
Siègc A postolique surchargent d 'honneurs 1. )) Et
l'évêque de Mayence protesLait contre un téIé-
gralllnlc adressé à la Ga
ctte uniccl'sellc, et d'après
ICljuei tous ses collègues allcnlands de la minorité,
à l'exceplion de deux, auraient éLé d'accord avec
Doellinger 2 . I{etlcJcr inaugurait ainsi Ia série de
dénlentis qu'il devait, pendant les senlaines sni-
vantes 3, inlliger aux Lett'pes ROJllaincs publiées par
cette Gazette sous Ie pseudonynle de Quirinus.
Dans rEurope entièrc, ce Quirinus était Iu,
traduit, conlmenté; liés par Ie secret dn concile,
les préIats respcctucux de l'autorité conciliaire ne
pouvairnt faire de l'écits à ]a presse : Qllirinus
a\ ait beau jeu puur prétcndre tout savoir; il fai-
sail bon nlarché des démentis, puisqu'il n'y avait
aueunes (( illforn1aLions )) qui russent ]uUcr avec
les sicnnes; on so courhaiL, séduit, sous Ie poids
de son él'udition dédaigneuse et de ses ironies
t. Collcclio LtlCt:/l8is, YII, co/. 1 i-85-1 i86. - Les anli-infaillibiiislcs, dès Ie
ùébul do conciIc, avaicnt }lrévu (lue KeLLelcr lIlailllienùrail sou opposilion
dews cerlaines limiles cl flU'il ne scrail pas un . chef d'opposilion )þ lei clIte Ie
rêvail leur fougucux e
pril d'avenlurc : voir là-dcssus Ie 1'afje/J'ttch dc 1\1. Frie,
drich,}I. 3U, à Ia dale du 18 décembre 1
H)
}; - Ie 11 mars 1870 (po 2H).
M. Friedrich accuse Kclleler de lerroriser ]a minorilé. cl d'êlt'c infailliLiIi:;.lcr
I'en lit' jOllJ's après, ]e 18 mars, Ie cardinal dc Hohculohe l'accuse dc joue-
cJouLle jcu (Ilohcnlohe, Denkzcuci'nigkciten, 11, p. 1).
. Collectio LacclLsis, \'II. co1. H
1-1492. Lcs deuÅ }1rélals ,"isés élaicul hct-
telcr cl l\lclchers.
30 Kcllcler, Die CHlI'nh,'!II,ite1t dc}' Rocmischcit lJt'i('{e t'om Concil in deJ o
J1llgemeinen Z eilulIf/ (1\Ia1 cnce, I\:Ïl'chhcim, 1,.; 70). - Kcllclcr, Ein JJJ'icf
des JJischo{s VOlt J{aiu.: ueba die t'on J)r F1'icdl'ich und Dr lûic/wlis am
9 FC/Il.um' (873 in }(ollslfl1l:; gehaltcnen llt:dcJ/ (Friboulj;, Herdcr, 18ï3). -
Friedrich, lJie 1rol'tbl'Ucchi(lkf'it uud UnLl'alo'hal'i!lkcit deutschel' Biscltoefe.
fJIt- .A ut/IJortsclli'cilJen. (/IL 'L E. Prhr. t'. J{I'ltelel' ill l:1aill:': (r:onsliJ.Jl('l>,
1\1('('1., 187J). -- l'fucH, ]\.CUclN, III, p. 'i., cl sui,'.
L
ALLEl\IAGNß ET LE CONCILE DU VATICAN 3 0 (H
passionnées; on ]e prenait pour un photographc
rlu concile, et, de confiance, on s
abandonnait à
lui 1 . Lui, c'était, encore et tou.1ou1's, Docllinger.
C'cst à l\Illnich ll1êmc que fonctionnait son appareil
photographique; la distance ct la haine aidant, les
portraits se troublaient, se décomposajent, deve-
naient des caricatures. Pic IX
écrivait-il un jour,
st totus teres a/que ?'otundus, solide et inéb1'an-
ahle, avec cela, lissc et dur COll1n1e du rnarbre,
?auvre en pens6es, ignorant, sans intelligence pour
es conditions spirituelles et les bcsoins spirituels
Ie l'hull1anité, sans aucune idée du caractère des
lationalités étrangères, mais croyant conlIDe une
lonnc, cl, avant tout, profondénlcnt pénétré de
'espcct pour sa propre personnc COll1me pour Ie
lase du Saint-Esprit; en outre, absolutisLe des
Úeùs à la têLc, et tout plcin de cette pcnséc : (( )Ioi,
t hors de ll10i, personnc 2 . )) Derrière Ie Pare,
2uirinus faisait s 'cntasser ulle nlasse d'jgnoranls.
é]evés dans un pays OÙ 1'on ilnprimait à peine
Lutant d'écrils théologiq ues Cll un dcnli-siècle que
1. Roemischc nriere Vu1n Kou:;il, von Qllirimls (
luuich, OldclIIJourg. J SíO' 0 Sur
origine dc ccs lellrcs, voir Friedrich, Rcvuc lntct'natiúnale de lhcolú!Jie, 1903,
. 621-628. DocJlingcr Hail rcnscigné par les IcLLres de Fricdrich, parccJJcsdclorll
.don, ct, après Ic déparl d'Aclon, par cclles de son cousin Louis Arco, dunt
nc all moins ful rClJroduile mol POlll' mol dans la Gn:;;ettc sous la signalure
uirinus. La léöalion dc Bavièrc à Rome sc faisail l'illlcrmélliaire dc c('s corrcs-
ondanccs; DoclJing('r COlluaisail au
si lcs dépèchcs dc Taul11irct.cn au gouvcr-
emcnt dc Munich ct certaincs Icllrcs d'Arnim au conlle Werlhel'll, minislrc dc
russc à MUllich. 11 IlC r('sle done ricn dc la mmcur d'al'('ès laqllcHc un des
Iformalcurs de \}op\1illgcr aurail élé Ull évè']uc (
lrossma) er ou Dupanloup).
ommclll Ic scclocl du concile cmpêchaillcs l'rélals illf.ÚHiLilislcs dc rcnseigncl'
. pl'csse ct commcnl aillsi Cluil'iul1s devcl1ait Ie 5cIlI inforlllaLcur (IUC l'Europc
oulàl, c'cst ce qu'c}.pli(IUC Ie fulur évè1luC Thicl dans sa brochure: Jlcine
useinalldel'sct:;un!J lIlil deu Jfl1HU; Cltl o Ù.ll:u, p. 7 (Lcipzig-, I'cler, 18n).
. Quiril1us, 01'. cito, p. 1Ì:,!(j.
362
L'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
l' Allen1agne en imprimail en un an 1 )), hourrés rl.e
scolastique, vides de toute autre idée : c'étaicnt
les év{\ques de la n1ajorité 2; et, parmi eux, illllon-
trait du doif!:t ]es (( parasites >>, ceux dont Ie Pape
avait payé Ie voyage et Ie gîte; c'étaient les Orien-
taux et les vicaires apostoliques 3. A en croirc
Quirinus, l'archevêque Pie prouvait lïnfaillibilité
en rappelant que dans Ie crucifiementde saint Pierre
la tête renversée supportait Ie poids du corps4, et
Natoli, archevêque de Messine, citait en témoignage
la Vierge l\larie elle-n1êllle, qui, tiu temps oÙ
saint Pierre prêchait, avait été consultée par une
députation de Siciliens et leur avait affirlllé l'in..
faillibilité de l' A pôtre 5; quant au futur cardinal
Lavigerie, on achetait son vote en lui donnant
licence de porter un vêtement lilurgique que n.u]
prélat d'Occident n'avait]e droit d'endosser 6 . V érifi-
cation faite, ces récits n' éLaient que des travestisse-
ments; mais ils faisaicntle tour du monde 7. Quirinuf
ajoll LaiL que ces évêques de la majorité, - espritf
médiocrcs, âmes médiocres - ne représentaient.
en défînitive, flu'une n1Înorité dans J'Église; cal
1. Quirinus, Ope cit., p. 115.
J. QuirillUS, Ope cit., p. 42
.
3. Quirinus, Ope cit., p. 143.
I
. Quirinus, up. cit., p. 4U. - Cf. Granderalh, opo dt., 11, p. 583, ct 111
p. 141;-147.
5. Quirinns, 0]). cito, p. 413 ct 542. - Cr. GrandcraLh, Ope cit., II, p. 583-585
6. Quirinus, Ope cÏl., p. 113. - Cf. Grandcralh, Ope cit., II, I). 589 cl III
po 7i
. II s'agissail ùu porl d'Ull rationale, vêlemellL ,scmhlaLle au pallium
ùont Ie privilège cxislaiL daus Ie diocèse de
ancy ùepuis 11ti:.i : ce privill'ge
lomLé en désuétude au :>.. \ m D siècle, avai l élé rélaLli pal' [' ie n:: dès Ie 1 G mal'
1865.
ï. J
mile Ollivier, Ope cit., II, p.
7!)0
L'ALLE1\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 363
ell général les évêques de l'opposition régnaient
snr de plus grands diocèses 1 ; ils exprimaienL, dès
lors, la foi u'un plus grand nomJH
e de fid(\ les 2, et
l'assemblée conciJiaire était Ie produit d'nnp gro-
métrie électorale qui d'avance en viciait les déci-
Slons.
En vain les prélats mêmes de la minorité, s'adL'es-
sant à leursouailJes, parlaient-ils du concile conl me
d'une assemblðc inspirre de Dieu, intcrprt\te d0
Di(\u; Doellinger Ie ravalait à n'C'tre qu'un(\ sortf\
de (( parlenlent croupion )), mensonger, discrédité.
IX
Ð'avoir accentué la brouillc entre l'École de
l\Iunich et les évêques allemands de la minorité,
c' était pour Arnim un échec. Sa fièvre d'action,
que Bismarck contrariait sans la pouvoir guérir,
ernt tronver une revanche lorsque Daru, par une
dérogation discrète nulis formelle à la politique de
I. Émile Ollivier, fit représenter au Pape et à
I'Europe les conséquences politiques, non poinl, à
vrai dire, de J'infaillibilité, mais de certains auLres
chapitres un sclte'Jna relaLif à 1'Itglise 3. II était
question, d(Çj
l, d'ambassadenrs exlraordinaires que
les puissances enverraient au concile pour s'ex-
1. Quiloinus, Ope cito, p. 1I L
2. Quirinus, Ope cit., p. 97, 105,178,2:>0.
3. Collectio Lacensis, VlI, col. 1:>33-133:) (lcHre de Daru au marquis de
Banncvillc, 20 Cévricr 1870).
36
L'ALLE:\IAGNE RELIGIEUSE
pliquer sur ce schenza. Arnim s'excitait, IJrûlait
d'intervenir: Bislnarck lui répondait 1, et répondnit
à la France 2 , que Ia Prusse protestante ne youlait
présenter aucune observation à Ronle, et que, si
les périJs qui semblaient grossiI' se vérifiaient, ene
défendrait ses sujets, prêtres et fidèles, (( contre
les inin1itiés, les prétentions et les exigences de
Ronle >). Arnim, une fois encore, était acculé à Ia
plus dure des nécessités, celle de rester calnle.
.A vue d'æi], devant lui, la cause de l'infaillibi-
Jité faisaitdes progrès. Le nouveau règlement donné
au concile Ie 22 février 1870 rendait plus difficiles
it la minorité certains efforts d'obstruction 2; Jes
pétitions du début de mars, par lesquelles les
évêques opposants déclaraiellt nécessaire it tontc
décision ]'unanimi té morale du concile, échouaielll
conlre des objections lrès graves 3 ; Ie scIanna sur
l'infaillibiJilé, rédigé par Ie cardinal Bilio, éLait
déposé Ie 6 mars sur Ie bnr
au du concile ... ; une
autre pélition, qu'inspirait sans doulc l\etleIcr, et
par laque]]e six ðvt-qucs hongrois, Ie 14 nlars, pro-
posaient d'ajourner Ia discussion de ce sclielna,
1. Collectio Lacensis, VU, col. 16ul (Jépèchcs Ju t;j mal'S 1870). - Ollivicr,
L'J;'glisc ct l'J;ïat. 11, p. 139. Au mèmc moment, ./)ismarcL. conscillaiL à Bcnc-
dcLLi la réunion ({'une confércncc sur Ics affail'cs de Romc, Il1dis sc défcuJail de
louLc ouverlUl'C formcllc, afin d'éviLcr toute l'cspouiabiliLé (Olli\'i<,l', L'ElJI}Jil'c
libÜal, XIII, p. 18!-183; Paris, Garnicr, 10lì8).
. Grand('ralh, up. fit., II, p.
O-
3
.
:;. Collcctiù Lrlcc1isis, VII, co!. %3-
IiS. - GrandcraLh, Ope eil., III, p. 71-
';
, Clpli'luC fluïl y avait, à l'origiuc de CI' p05lulat, ccs tlcm, iJécs rau
s('s,
que ruuanillliLé de toulcs les . 'öliscs serait Ic seul moycn dc rcconnaìlre la
\"ériLé, ct 'Illc l'évèl(ue, Jails un cOllcilc, dpvl'aiL
impll'mt'nt t6moigncr de cc
que croit sa plooprc Eglise.
4. GraIHleralh, opo cit., JJ, p. 2.,0.
L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 3(j;j
faisait l'effct d'un geste découragé 1 . Qu'importait
qu'à
lunich Doellinger, lançanl au concile un déH
suprênle, insinuât, dans un article sur Ie nouvel
ordre du jour, qu'il faudrait en appeler de l'assern-
blée soi-disant æcuménique à I'Église univcrselle 2?
Qu'inlportaient, nlêmc, Ie délire que suscitaiL un
parcil espoir dans la jeunesse savante de I'uni ver-
silé bavaroise, et les imnlenses nlanifesLations
d'étudianls qui acclamaient Doellinger, et Ie dis-
cours exalt6 dans lequcI un d'enlr0 eux Ie célébrait
comnle Ie grand savant a1l0manù, comnle lr Dante
d U XIX e siècle 3 '?
En prenalll pourpoint de départ crU.c itléc, exacte
nlais inconlplèLe, que Jes évêques, réunis en concile,
ténloignent de Ia foi de l'l
glisc, l'J
colc (Ie n1unich
en élail venue à conclure que la nUlsse tIes fidi'lcs
peut se prononcer sur la véraciLé ell'authenlicité du
témoigllage, et qu'ils onl Ie droit de l'ap précicr, de
Ie corrigrr, de Ie ralifier ou de Ie ùénlenlir, el de
traiter ainsi leurs évêques en n1andataires suscep-
tibles d'être désavoués I.. Après avoir, au nom des
1. Collcetio Laeeltsis, VII, col. Oi3. - Grauderath, Ope cit., HI, p. G, u. I.
2. Doellinger, Lcltl.es et déclaratiou.r; att sujet des dtJc1.els du "atican,
trade Bouet<\Iaury, p. 113-136.
3. Grandera1h, Ope cilo, II, p. G4.8-G40. - L"csprit de ITnivcrsité de Tu-
hingue é1ait singulièrement pIns pon<léré quc celni ùe I'Uniyersité de l\J nnich. Là
aussi, on redoulait la diofìnilion, et lc profcsseur BimpcI, m
me, grondail for1
couLre l'influcnce des Jésui1es; mais on demeuraiL respectucux de rf
g-lise c1 du
concile; voir à cc sujet )1'5 souVC'nirs till 1'. Weiss, fl. P, 11., t908, [, p. 297.
I". Lcs évêc[ues dans un concill' n'inlcrvicnnent pas seulemcn1 comme
lémoins oculaires e1 auriculaires dc cc cJue croient Jpurs dio
psains, mais au!'si,
cl sur1out, comm<' juges de ce clui doil è1re cru d'après l' Ecrilure <,1 Ia tradi-
tion : voir, à cc sujct, l'avis ùn canonis1c proleslanlllinschins, Das l1".il'chc1l1'cchl
dCI' Kltt!'olikpn und P1'otestantcn ilt Deutschland, III, p. 3.1-1 (cité dans
Granderalh, Ope eit., I, p. 87-90), el cr. l\lallnin[;, Histoi1'c du conrile du )'ati-
366
L'ALLE
IAGNE RELIGIEUSE
droits de l'épiscopat" combattu la primatie du Pape,
Doellinger et 8es disciples glissaient vel'S cer-
taines thèses qui portaiont atteinte au prestige de
l' épiscopal; ot, si leur effort pour e111pêcher Ie pro-
grès ùognlatique cût été victorieux, c' eût été au
prix Ù'Ul1C révo]ulioll dout la hiérarchie lout
cn!Ïère aurait subi l'óbraniement. Cette révolution
se préparaH à Munich, ouvcrlcment, publiqucment.
(( II sClnble que Dieu veuille nettoyer son aire et
purifier sa 11laison 1 )), écrivait tristcmentle pcintrc
Sleinle en voyant Ie mouvemcnL qui, peu à pen,
poussait hors de l'ÉgI ise certains de ses lhéologiens.
Le roi Louis II prenait chaudemcnL parti pour
Doellinger 2 et pour Ie Franciscain Hoetzl, futur
évêque d' Angsbourg, qui dans une brochure s'es-
sayait à disculper Doellinger d'être un hérétique 3 ;
la fouIe, dans les rues, sc dispulait les portraits de
Doellinger, de SLrossmayer, de Gratry, de Dupan-
loup
; et un comiLé se formait à l\lunich contre
can, lrad. Chanlrcl, p. Hì5-1ß6 (Paris, Palmé. 1871) : c Les
vêques sont le
témoins, surtout et principalement, non de la foi subjective de leurs troupeaux,
qui peut varier ou s'obscurcir. mais de la foi objccthc de l'Église confiée à leur
sollicitude et dont ils deviennent, pal' leur consécration. témoins, doc-leurs ct
juges. Par leur consécration. ils entrent dans rEcclesia docens, et la divine
tradition de la foi se trouve confiéc à leur gardc. Or, sous ce rapport, il n'y a
pas la moindre différence entre Ie plus humble des vicaires apostoliques et
l'évêque des villes lcs plus populeuses. ))
1. Steinle, Briefwechsel. If. p. 410.
. Grallderalh, Ope cit.. 11, p. 64,9.
3. Sur les polémi'lues entre Hoetzl, qu.i bientòt se soumil à l'Eglise. et Ie
curé Westermayer. et sur les efforts que teota Louis II pour dissuader Hoetzl
d'aller docilement à Home s'cxpliquer auprès de ses supél'ieurs, voir Grallde-
raLh, Ope eft., n. p. 634-641 ; et, sur les pourparlcrs de Hoelzl avec les évèf{ues
allema.nds ùe l'opposiLion. voir Lord Acton. op. cit., p. 5450 Sur Hoettl (1836-
190
). évèque d'AugsLourg depuis 1894. voir LauchcrL dans BeUelheim, Biu-
graphisches Jahrbuch, VlI, I). 262-2G3.
4. Granderath, Ope cilo, II, p. 649.
L' ALLEMAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 367
les (( nouveautés romaines)) j. II Y avait là matière
à réflexlons pour les évêques allemands de la mino-
rilé.
En ces semaines de printen1ps, si tristes pour
eux, on les vit très sincères, lrès dignes, très
préoccupés de cantonner dans l'enceinte du concile
un debaL dont une presse superficielle s'occupait
bcaucoup trop; on oLserva surtout que, soucieux
de l'indépendance de l'Église, ils ne s'associaicnt
pas aux dénlarches par lesquelles une certaine
fraction de l' opposition appelait à la rescousse
l'inlervention des Élats. Sans bouderies, sans me-
naces, ils s'attachaient, uniquement, à remettre
sons lcs yeux du concile les difficultés qui obscur-
cissaienl la quesLion de l'infaillibilité: quatre bro-
chures répandues par leurs soins a vaient pour
but d'y insister.
Deux étaient d'origine autrichiennc. L'une avail
pour auteur Ie cardinal Rauscher 2, l'autre venait
de l' entourage du cardinal Schwarzenberg 3. Une
troisième, signéc de I-Iefele, évêque de Rottenburg,
s'efforçait d'établir que Ie pape Honorius avaiterré,
et qu'un concilc l'avait condamné 4. La quatrième,
qui s'intitulait simplement: Question>>, était
1. Granderath, Ope cit., II, p. 650.
. Observationes quædam de infallibilitatis Ecclesiæ subjecto, Naples,
1870 (résumé dans Grallderalh, Ope cïto, III, p. 16-26).
3. De 8ummi Pontificis infallibilitate pet'sonali, Naples, 1870 : l'auleur
éLail Ie Prémonlre SaIe
ius Mayer, professeur à l'universilé de Praguc (résumé
dans Grallderalh, Ope cit., HI, p. 26-31).
4. HefeIe, Causa Honorii Papæ, Naples, 1870, Résumé dans Granderalh,
opo cit., HI, p. 31-37. - Sur Ia question du papc lIonorius, voir ChevaIiel',
Biobibliogi'aphie, nouv. édil., col. 2174-2176 (Paris, Picard, 1(05).
50 La brochure ful reproduile intégralcmcnl dans Friedrich, JJocumeuta ad
.
368
,
L ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
l'æuvrc d'un Jésuite italien, Ie P. Quarella 1; elle
Re l'ésumait en un syllogismc: la majcure énumé-
rait les diverses prérogati yes que la puissance papale
conlportait; la n1ineure alléguait que, pour les
ex
rcer, il suffisaità la papaulé d'être nne monar-
chic mitigée ; donc, concluait-on, nul bcsoin d'un
papc absolu, d'un pape infaillible.
l{etleler goûtait ce travail, Ie fit inlpl'imer, vou-
lut Ie répandrc ; des cxcès de zèle, au Vatican, s' op-
posèrent à cette diffusion; alors I{etteler protesla,
cut gainde causc 2, ct la prosc de Quarella put ciI'cu-
lrr dans Ie conciJe. L'état d'pxcilation dans ]equel
on vivail, la conLraI'iété mêmequ'avait causée à l\et-
teier la confiscation provisoire de cel opuscule,
el l'itnpressionnaLililé toujours vihranle de son
hurneu!' prinlcsau Lière amenèrcnl l'évêquc de
layence à se compronlcttre un pen pJus que de
raison pour l'écl'Ït de Quarella; car cel écril mili-
tait contre l'infaillibilité mêmc, ct l\.cUeler ne con-
tcstail quc J'oppol'tunilé. Plus tard, it plnsieurs
reprises, il déclarera n'avoir jamais pris à SOIl
compte les idées de Quarella, el les avoir propa-
gées, non eomme une expression de sa pensée,
nlais comnle un documenl dignr d'attcntion 3 ; ccs
illusll'a1ulwn W1lcilium ratiCtUlum, I, p. 1-128 (
oerdlingen, Beck, tSit). -
R.éf;umé dans Grander'aUI, Ope eil., 1lI, p. 37-43.
t. Granderalh, Ope eil., 111, p. 38. - Pfuelf, ]{ettclel', III, p. í9-80.
2. Voir, sur l'incidenl, Pfnclr, Kcttclc1', Ill. p. 80-82.
3. Pfuelr, 11l'ttelcr, III, p. 83-8-\.. - GranderaLh, Ope eit., III, p. 40-43. Le
P. Gl'anderalL ('sl toul près de croire que les discussions du concile a\-aicul rendu
IJresque chancf'lanle la foÍ IJersonnelle de Kelleler dans l'infaillibililé. Le
Po l'fuelr, plus familier avec Ie personnage, esl revenu sur la qupslion dans les
Stimmen ((US .Z'IJctTm T
,wcl., aoÙt 190i, p. 211 : il e1.pli,(uc qu'aux yeux de' l\:e1-
teler la question (1'1i se po"ail u'éLaiL pas: Le Pape, oui on non, est-il infail-
L' ALLE:\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 369
distinctions très plausibles n'empêcheront pas les
cnnf\mis de Kettele1' d'exploitcr IÏncident pour
aftirmer qu'à certaines époques du cOllciJe l(etLe-
leI', d'anl i-oppol'tuniste, était devenu anti-infaiJli-
biliste. Dans l'émotion des polénliques, l'accent de
3a parole dépassait parfois la portée de sa pensée.
Alors Ie spectateur aux aguets, prompt à interpréter
LIne saillie d'humeur com me une manifestation
l'opinion, faisait de l'évêque de l\layence, sans
)Ius de nuances, Ie père adoptif d'une brochure
lans laquelle I{etteler, plus l'assis, cherchait en
lain ses propres idées, et ne les trouvait plus.
L
effet des quatre opuscules fut singulièrement
ttténué par la série d'Obse1
vations critiques que
Hlb]ia contrc eux Ie JésuÏle Wilmcrs 1; mais
\rnim gal'dait encore espoir. Bien (Jue les (
vèques
tllenlands ne lui demandassent rien, il se eroyait
oujours à la veille du jour OÙ malgré eux il pour-
'ait les :servir. Lorsque fut remis au Pape, Ie
!2 avril, Ie
[enlorandunl définitif dans lequel Daru
'éclamait respect pour les droits et le:s libertés de
a société civile 2, Arnim denlanda, d'urgence, si
ible? ll1ais : Y a-t-il, oui ou nOll, ùes conòiliollS
\ l'cxel'cice de l'infaiUibilité,
l quelles sool-f'lIes? Il ajoule qlle KeLtcier avait voIonliers dans l'cxpressioll
uehlue chose d'outrancier: de Ià, leG conlra1Iictioos, tout apparenlcs, f1u'on
elevaiL dans ses cllLreliens au momcnl tiu concile. - Comparer, ùans Ie Ta!le-
uch de 1\1. Friedrich, sa mauvaisc humcur contl'C KeLLeIer, tanlòt, Ie 11 mars,
oupçonné d'infaillibilisme (p. 242), LanLòt, Ic 13 avril, vivemclll criLiqué pour
on altiLude incerLainc (p. :137), lalllòt, enfin, lc 5 mai, dhlOncé comme l'ins-
rument des Jésuiles (p. 383-3
5).
1. Animadversiones in quatuof contt'a Rúmani Púntifici.ç infallìùilìtalem
ditos libellos. Résumé dans Gl'anderath, Ope cito, III, p. 44-68.
2. Collectio Lacen8i8, VII, col. 15G:J-l:itì6 (...11cmorandum du 5 avril 1870).
;ray, miuislrc en llaviè1'6, par unc dépêche du
W auil, invita Tauffkirchell à
oulenir Ic J.l1cmoranduliL (Collectio Laccnsis, VI[, col. 159::!).
IV.
24
370
,
L ALLEl\IAGNE HELIGIEUSE
Berlin vou]ait appuyer les Tuilel'ies. (( Oui, répondit
Ie secrétairc d'Ét.at Thile ; mais quant à l1n(\ note
éCl'ile de volre part, it fau t anparavant vous assurr'r
de l'inlprcssion qu'
lle ferait sur Ies évêques alle-
Inands 1. )) CeLle den1i-pcl'n1Ïssion suffisait au lni-
nistre de Pl'USSC: sans retard, dès Ie 23 avril, il pré-
villt Antonelli que les intentions prêtées au eoncile
nuiraient à la paix l'eligieuse tIu royaunle. (( L'as-
semblée, conLinuai L-il, troublerait les consciences
catholiques si eUe proL:éJ.aiL, malgré la plupart des
évêques d' Allelnagnc, Ù la proclanultion de certains
décrets qui, en introduisant sous forme de défini-
lions dogmatiqucs dcs nlodificalions profondes
dans la déJinlilation de I'autol'ité atLribuée
l chaque
degl'é de la hiérarchie, no pourraienl manqueI'
d'aHéreI' en mêmp temps la position réciproque
des pouvoirs civil et ecclésiastique 2. )) Darn, dans
son l1Jenzorandu7Jl, n'avait fait allusion qu'aux for-
mules conciliaires qui lraiteraien t certaines matières
n1Ïxtos, parallèlenlent imporLantes pour l']
glise et
pour rÉtat ; n1ais Arninl, de sa propre initiative,
visait d'autres schenzas, relatifs aux prél'ogatives
respeclivcs du Pape et des évêques. Ð'une façon
légère nHLÌs précise, ot ell évitanl de prononcer Ie
mol d'infaillibilité, il s'iuln1isçait en matière toute
1. Collectio Lacensis, \ll, col. 16u1 (Lélégramme Thílc du 2:t avril 1870)0
. CollecLio Laceusis, Vll, col. 1 GU
-l G03. - L' Unitù cattoliClt lJULlia, à
l'occasion de ccLle dépèchc, une sorLe ùe réponse qui passa pour officieuse, et
ùont 011 trouve Ie lexlc ùans FríedLerg, Sarmnlun!J dCI' Aktenstuecke, p. 1 :
Oo
- C'élait l"époquc oÍl Ie P. Weiss rcnconlrail à Munich, chez Ic pl'ofcsseur
ù'hisloirc ccclésjasliquc ReiLl.unayr, le jUl'islc Sicherer, fJui cxposaiL long-uemenl
quels périls aurail pour les Elals la déclaralion de l'infaílliLilité (Weiss, li. P.
B., 19u8, I, p.2!1!J).
L'ALLEMAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 37f
spirituelle. C'était exactement fa faute qu'un an
plus tõt projctait IIohenlohe, et que les cabinets
de I'Europe avaient refusée de comn1ettre ; Arnin1
était ]e pren1Ïer, lui ministre de Prusse, à se laisser
illduire en tenlation, dût-il dépasser ainsi les inten-
tions de son souverain.
Cette pren1ière insinuation d'un diplomate con-
tre l'infailJibilité coïncidait avec les triomphantes
démarches par lcsq uelles Senestrey, évêq ue de
Ratisbonne, assurait la fortune de ce dogme. II y
Ivait douze chapitrcs dans Ie schenza consacré à
l'Église; l'infaillibililé était traitée dans Ie dou-
dème. La minorité voulait qu'on les abordãt l'un
Iprès l'autre; et Ie cardinal Bilio, qui présidait]a
:c députal10n pour les choses de foi )), était tout
?rès de fléchir. Quelques années plus lõt, à la
,eille de la fête de Saint-Pierre, Senestrey et Man-
I
ling avaient fait un væu : devant Ie Jésuite Libe-
I .atore, ils avaient promis de tout faire pour amener
a définition de l'infaillibilité 1. Senestrey se rap-
)e]a ce væu : il insista près de Bilio, et avisa tout
Le suile à faire préparer par !\laier, son secrétaire,
,t par Ie Jésuite Schrader, un rapport sur les
emarques envoyécs par les évêques au sujet du
chelna de l'infaillibilité. Pour tout simplifier, tout
accourcir, tout accélérer, l'évêque de Ratisbonne
tait un maître, et l' émoi produit par les brochures
.e Gratry, qui semb]aient à Senestrey (( une honte
our la vraie science, un scandale pour un gralld
L Purcell, Life of' C(trdinal ..1fwm;ng, 11, p. 420.
372
L 'ALLEMAGNE RELIGIEUSE
nonlhre d'âmes 1 )), excitait encore l'énergie du
prélal. A la fin de la senlaine sainle, Ie ra pport
était prêt; {
t co fut S()np"trf
Y qui courut ("he7
Bilio, pour delllander que Ia ùéputaLion de la foi
fût convoquée sans retard. Le cardinal s'effraya :
(( Ah !
Ionseigneur, il s'agil d'une définiLion, que
les chrétiens seront forcés d'accepter et de croire.
NOlls aurons un schisme. Je ne puis plus dormir;
ne soyez pas si pressé ! Nous avons deux mois
encore. )) -- (( Éminence, reprit Senestrey, laissez
faire la congrégation : l' Espri t-Saint pourvoira au
reste. )) Mais Dilio résislait, et l'opposition se flat-
taÏt déjà qu'en di
cutant Lour à tour les divers cha-
pitres on n'aurait jamais Ie temps de parvenir au
dOl1zième, et qu'ainsi, de fait, eUe resterait victo-
rieuse, sans combat. Senestrey vit Ie cardinal de
Angelis; cclui-ci aussi voulait Lenlporiser. Alors
Ie lenace évêque de Ratisbonne prit lïniliativf\
d'aller jusqu'au Pape: au nonl de Manning nlalaùe,
en son propre nom, il supplia quelques préJals de
l'accompagner. C'était Ie 19 avril; Pie IX promit
d'agir. }\ilais pour Senestrcy des journées yides
étaient des journées longues : trois s.éconlèrent,
interminables, sans qur Bilio eût pris encore Ja
décision souhaitée; aussitõt Senestrey, d'accord
avec }\ilanning, fit circu]er une pétition que cou-
vrirent, en vingt-quatre heures, 150 signatures;
cUe conjurait Ie Pape, unc fois encore, de faire
discuter immédiaternent Ie sclten
a de l'infailli-
1. Collectio Lacellsis, VII, col. 1400.
L'ALLEl\lAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 373
bilité. Le 27 avril, BiJio déclara que la députation
de la foi s'occuperait ilnmédiatement de cet objet:
Senestrcy avait gagné la partie 1, clla pétition du
H lllai, soumise par I{ettcler aux signatures des
prélats opposants, et qui réclanlait une dcrnière
fois qu'on envisageât préalablement Ics onze chapi-
tres du schenla sur I'Églisc 2, était d'avance vouée
à l'insuccès.
Arnim voulait protester, intiulider, crier halte
au concile; mais aucun évêque allemand ne l' en
priait. Un jour 111i parvint une ouverture de
Oupanloup, qui souhaitait qu'il l'éclalnât du Pape
la prorogation de l'assemblée 3. Bismarck fit télé-
graphicr qu'i l fallait rester tranquil1e, et demanda
nlême, avec une inf'istance soupçonneuse, si la
précédrnte dénlarche d'Arnim aupr(ls J'Antonclli
avait eu l"agrément préalablc des évêques alle-
mands 4. Il ne convenait pas à ßisularck, dont les
regards étaient tournðs vel'S la France, de décla-
reI' la guerre au concile.
Aprement, scrupulensement, la députation de la
foi travaillait au schenza de l'infaillibilité. Ð'après
Ie texte prirnitif, proposé par Bilio, cette préro-
gative du Pape s'exerçait lorsqu ïl définissaÏt co
qui devait êtrc acceplé par I'Église universelle en
matière de dogme et dp morale, et elle avait la
même extension que I Ïnfaillibilité même de
1. Sur lout eel épisode, voÌl' Grawlcralh, Ope cit., Ill, po 8-13.
20 Colleclio Lacensis, VlI, co!. 980-983.
3. CQllectio Lacensis. VII, col. 1601 (lélégramme d' Arnim du 27 avril 1
70).
4. Collectio Lacellsis, VII, col. 1601-1GOt (télégrammes de Thile des .{ et
() mai 1870).
374
,
L ALLEMAGNE RELIGIEUSE
I'Église. Bilio Iui-même, Ie 5 rnai, devant la dépu-
tation, exposa des doutes sur la justesse dc cette
formule; Ie 6, il proposa une autre rédaction,
imaginée par l\1artin. La rédaction nouvelle n'éten-
dait pas l'infaillibilité à tous ]es enseignements
que Ie Pape proposait comrne des vérités certaines,
mais à ceux-Ià, seulement,qu ïl présentait conlme
des vérités divines, révélées par Dieu; elle main-
tenait, d'ailleurs, que lÏnfaillibilité du Pape s'ap-
pliquait aux mêmes objets que l'infaillibilité de
l'Égiise. Cette formule restrictive pInt d'abord à
la députation, qui espérait peut-être rallier une
partie de la minorité. l\lais Senestrey et l\Ianning
veillaient; et Sene strey , après des explications
assez vives avec Bilio, annonça qu'il attaquerait ce
texte devant Ie concile 1. L' évêque de Ratisbonne
n' cut point à tenir parole, car ultérienrement l\lar-
tin fut Ie premier à abandonner la rédaction clont
il étaÏt l'auteur, et la députation de la foi accepta
une autre formu]e qui clevait satisfaire la nlajoriLé 2.
Sepllongues semaines, du 13 mai au 6 juillct,
Ie concilc discula 3. Cinq évêques d'.Allemagne par-
Ièrent : trois étaient de Ia minorité, deux de la
majorité. Hefele, Ie 17 nlai, développa les objec-
tions historiques; ses conclusions militaient {or-
1. Granderath, Ope eit., In, po i
3-1
8.
. Grandcrath, Ope cit., III, p. 4.
G-4320
3. Les anti-infaillihilistcs firent quelllue IJI'uit. au d
Lut de juiu, au sujet ùe
la disgrâce du f'. Aug"UstiD ThcÏ1u'r. Jésuite, ai!vcrsaire i!e lïnfaillilJilitp, qui
dul quilter son postc -de prHct des archives du Vatican, cl qui Cut remplacp
par Cardoni (Friedrich, Gcschichtc, IIr. p. 1037-1041). - Voir sur Augustin
Theiner (t804-1874), Schulle, Die Gcschiclztc dCl' Qucllen unci L,tel o atur des
canoflisrhell npr!1t.
, III, I, p. 38i -3S9 (Stuttgart., Enke, t 8S0).
L' ALLE
[AGNE ET J_E CONCILE DU VATICAN .375
mellement contrc Ie dogme 1 . Tout autre, le 23 mai,
fut l'attitude de I(eUeler. (( Pour fila part, décla-
rait-iI, j'ai toujours maintenll, con1mc une opinion
très hauLcn1ent autorisée, lïnfaillibilité du ponLifc
romain, lorsqu'il parle ex cathedra, et je l'ai tou-
jours énoncée, comme telle, devant les fitlèles de
mon diocèse, sans n1'êLre jan1ais heurté à ùes dif..
ficultés ou à des contradictions; je ne garde qu'un
doute : l'appareil de preuves théologiques qui
appuient cette doctrine a-t-il atteint, déjà, Ie degré
de perfection, qui est exigible pour une définition
dogmatique ? )) Ketteler croyait que non; il
craignait, aussi, que la détinition ne portàt pré-
judice à l'autorité traditionnelle des évêques 2.
A ces deux voix allemandes, l'une anti-in fail-
libiliste, l'autre anti-opporluniste, succéda, Ie
28 n1ai, celIe de Scnestrey; elIe all'ecta de n' être
qu'un écho; Senestrey faisait dépù::;er dcvant Ie
concile, en faveur de l'infaillibilité, un certain
nOll1bre des théologicns de l'antique Allelnagne 3.
Dinkel, Ie 5 juin, contasta que Ie texte de l'Évan-
gile sur la primauté de Pierre pût êtl'e allégué en
faveur de la définition :.. Puis, Ie 2;) juin, I(eUeler
rcprit la parole; ct jamais discours d'un prélat
opposant ne fut écouté avec un tel recueillement,
rcspcctucux et cordial I). II combat tit les formules
1. Gramlcralh, Ope cit., III, p. 163-167.
. Granderalh, Ope cilo, III, p. 181-1860 - Pfuelf, J(cttelcr, III, po 86-88.
3. Grandcralh, Ope cito, Ill, p.
07-:!08.
.1,. Granderalh, Ope cit., 1Il, p. 302-304.
5. PfuelC,lí.ctlcler, I H, p. 91-93 : les dell x leUrcs {l'observalions qu'adressèreu t
ensuite à KeUeler, D'Avanzo, é\'ê(lue òe Calvi el Teano, et l'archevêque De-
cha.mps, achevèrcnt dOaUeiilcr lïmportance ([u'on accol'dail à ses paroles.
376
L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE
ùc Cajétan sur l'infaillibilité, afIecla, lui, de se
lueltl'e à la suite de llcllarn1Ïn, ct s'eITorça d'éta-
blir, nOli sans obscurité, que Ie schclìla p,'oposé ne
concoroait pas avec l'opinion du célèbre Jésuite 1.
EnHn l\Iarlin, Ie 30 juin, appol'la dcrechcf aux idécs
infaillibilistes l'hommage de l'Allemagne : il
n1aintint, contre Ie Vicnnois Rauschcr, que ce
n'étaÏl pas suffìsant d'cstimer les décisions du Pape
moralemcnt vl'aies, ct qu'i! fallait nier la primatie
si ron niail l'infaillibilité ; ot de mêmc que Senes-
trey avait fait comparaîtr(
les docleurs du moyen
ågc gcrn1anique, l\Iartin citait à la barre du concile
Luther en personne, lequel avail cru, lui aussi,
que Ia foi dans In primatic papale entraînait ]a
foi à l'infaillibi1ilé 2.
Le 4 juillet, les déLats furent clos : partisans et
adversaires de la definition se trouvèrcnt ù'accord
pour la pren1ière fois, et cc fut pour se taire. La
chaleur en fut causc, et puis J'épuisement des argu-
ments, ct surtout, peut-être, un certain état d'es-
prit dont I{eltc]cr, dans une ]cUre à Dcchamps,
donne pour lui-nlên1c Ie ténloignage : (( Toute ma
vie, écri vait-iI, j'ai lulté avec allégresse contre
]es ennemis de l'Église, et je l'aurais fait, jusqu 'à
ma n1ort, sans que ces Iuttes me fatiguassent;
mais la malhcureuse lulie qui maintcnant divise
Ies évêqucs me fatigue ct n1 'épuisc 3 )). Le i3,
on VOtil sur Ie schrnla de l'infailliLilité : 45i voix
1. GranderaLh, op. cit., III. po 416-426, qui rclève les crrcurs de KeUcler
dans rexposé de la théorie de Bcllal'min.
. Granderath, Ope cito, III, p. 383-384 el 439-HO.
. rruplf, Krftclc1'. lIT, p. Uí.
L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 377
approuvèrcnt, 88 repoussèrent, 62 récJamèrent des
lTIodificalions. Un dcrnier vote restait à émettrc :
it Jcvait porter sur l'ensenlblc du chapitre concer-
nant la prinlatie, et précéuer imlnédiatcnH
llt la pro-
ll1uJgation par Ie Pape, qui donnerait au sclte}}la
de l'infaillibililé la valeur d'un dogme.
Des pourparlers s' ébauchèrellt entre les deux
fractions du concilc : I\:etLeler, Dinkel, étaient tout
prêts à accepter une nouvelle formule rédigée par
Franz
lin. Mais d'autres prélats opposants lllena-
çaient de lire à la séance finale une protestation 80-
Jennelle, ot de contester que leur conscience fÚt liée
par une déclaration à laquelle manquait, disaient-
ils, l'unanimilé morale. Ces saillies de mauvaise
hurneur n'el1rent ({'autre suite que de faire échouer
prut-être les lentatives de conciliation qui s' étaient
cssayées. l\lors la lllinorité, qui espérait encore
des avances et qui avait cessé d'en recevoir,
dépêcha au Pape, Ie soil' du 15 juillet, six de ses
prélats : il y avait, parmi eux, Scherr et l{cUeler.
lIs demandaient la suppression, dans Ie chapitre
sur la primatie, de la phrase affirmant que]e Sou-
verain Pontife avait la plónitude du pouvoir de
jUl'idiction; ils souhaitaient qu'il fût stipulé, dans
Ie chapitre sur l'infaillibilité, que cette préroga-
ti ve papale ne pouvait s' exerccr que d' accord avec
Ie témoignage des Églises, ou bien encore d'accord
avec l'épiscopat. Pie IX rcnvoya les six prélats à
la députalion de la foi, et la députation répondit
par un refus 1.
1. Pfuelf, Ketteler, III, po 109-H
0 - Le P. Pfuelf incline à croil'e ce que
378
L' ALLEMAGNE RELIGIEUSE
C'esl ]e 18 qu'on devaiL voler; Ie 18, qu'une
vérité nouvelle devait être inscl'ite dans Ie Credo,
irrévocaLlenlcnt. La nlinorilé vaincue cOlnnlençait
de s'émietter. Foerster, Becknlann, quittaientHonlC
en écrivant qu'ils auraient voté non placet 1. Le :i 7
au matin, 64 préIats opposants tinren! une réunion
pour concerter leur conduite. I-Iefele voulait qu'on
allât à ]a séance du lendemain, qu 'on votât (( non )),
et puis qu'on sorti! en refusant de se soumettre.
l'tlais il sentit, tout de suite, que ses collègues
n'iraicnt pas aussi loin 2. II y en eut cinquante-six
pour signer une Iettre dans laquelJe iis déclaraienl
que par piété filiale iis s'abstiendraient de porter
devant Ie Pape leur Non placet, et qu'i]s partaient :
Scherr, Dinkel, Eberhard, HefeIe, souscrivirent à
cette fornlule
. l\leIchers'. et Kette]er 5 écrivirent
rapporle Lagrange, 1Tie de .l![gr Dupanloup, III, p. tg4, sur KeUclcr << pleu-
ranl aux pieds du Pape. .
1. Granderalh, Ope cit 0' II I, p. 493.
. Schulle, Del" Altkatholicismus, p. 231 (lelll'e de Heíele à Doellingel' flu
10 aoÎll i8iO.) - Compal'crdaus Friedrich, Geschichte. Ill, p. 812-814, Ie plan
<1e lulles conciliaire
qu'a,,'aiL, dès Ie début d'avl'ÏI, tracé Hefele aUJ( évèques de la
minorilé, eL qui, dans sou ensemble, avait élé 5uivi; mais Ie plan dc résisLance
aux décrels conciliaires échoua conlre l'esprit de sou mission de ces prélals.
3. Colleclio Lncensis, \" II, col. 99-i-995. - Quanl à l'engagemenl pris Ic
17 juille1 au soil' chez Ie cardinal Rauscher, à. lïnsligalion de Haynald, par
leqllel les évêf{ues allemands, aull'ichiens et hongrois de la minorilé s'oLligeaient.
à ne faire aucuu acte uH'
rieur au sujel òe l'infailIibiliLé sans s'èlre enlendus avec
Schwarzenbcrg e1 Rauscher, il esl cerlain que HeCele e1 que Forwerl, vicaire
aposloliflue <1e Sa,e, en furenl témoins, el (Iuïls s'y prèlèrenl, mais on a tout
lieu <1c suppo
er avec Grandel'alh, op. cito, Ill, po 558, lIue Melchers, KelteJer, Kre-
menlz, Brinkmann, Wedel...in, Dinkel, Eberhard, qui signèrcnl en seplembrc 1870,
ell Caveur de l'illfaillibililé, la déclaraliun <1c Fulda, élaient pal'lis de la l'éunion
lorsflue celle queslion s'y aöila. Voir sur cel inciJenl, dans
chlllle, LJer Alt-
kat/wlicismus, p. 221-2::!2 c125:;, lcs leUres de Hefele el de Slr05sllla
er, el
dans Graudcralh, op. cito, Ill, p. 557, la lellrc dc Forwerl...
4-. Collcclio Lacensis, \'11, col. 99-i.
50 Collectio LaCP11Sis, VII, col. 99:). - hl'lleler, nfl.' 'UiI{cl:lbarc Lehrarnt
des jJ'1.pYl,'.
11flCIt der Elltscheidun!J des rùtikrmi.vchell C071ci[.t;, p. i;!', nol('
L' ALLEMAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 379
tous deux qu'ils s'éloignaient, et qu'à l'avance ils
s'inclinaient. Le cardinal Hohenlohe, Iui, plus
dépité que soumis, éCl'ivait ironiquell1cnl à Schwar-
zenberg, que si Ie concile se prolongeait, on fini-
rait par proclaIner l'infaillibilité des Jésuites 1.
Vingt-quatre heures plus lard, l'infaiJlibilité était
un dogme, et la souveraineté spirituelle de
Pie IX était exaltée par un suprêll1c homn1agc,
deux mois avant que sa souveraineté tcmporelle
fûl l'objel d'un suprên1c affront.
,
XI
Quarante années plus tôl, un diplolnate prns-
sien, Bunsen, avait inslalIé la RéfoI'rne tl Rome; là-
haut, dans la légation mên1e de Prusse, sur l'arête
Ja plus aiguë da Capitole, une chapelle évangéIique
s'était ouverte, sons Ie pavilIon de son roi, ct Bun-
sen s'élait fait poète pour chanter en \
ers provo-
cants la revanche de Lulher sur Ie Saint-Siège
.
Derecher, en 1870, dans cette Rome qui pon r deux
(Mayencc, l\:irchheim, 1871) expli'lue que, croyant à lïnCailliLililé, ilnc poul"dil
yoter .1Von placet; ((uïl nc pouvait votcr Placet parrc quïl jug-cail la défini-
lion inopporlunc, parcc quïl y souhailait qucl(lue
ajol1ts pour prévf'nir des
malenlC'ndus, ct parce qu'il n'élai
pas d'avis que le concile ne lraiLàl qu'un
seul fragmenL de la doctrine de rEglise.
1. 1I0henlohc, nl!.nkwuc1'di!J!.:citrn, II, p. 11. -- QucllIuCS jour:! après,
CeHlli, sccréLaiL'c du pape', <.h'mand,ml au caL'(linal 1I0henlohc POItI'fl110i il n'avail
pas assislé à la proclam,tlion dn do
mc, Ie carùinal r(
pondit qu'j[ était lrop
affliõé, Lrop f'IHlolOL'i, que du rcsLc il croyait à lÏnfaiHibilité el 'i CrOiL'aIl lon-
jour:; avec l'aide de Dieu; mais il se d<>!!H\Il(lail si Ie concile éLaiL ,:lIahle
(HohenloLe, Deukwuc1'digkcitetl, II, p. 16).
2. Voir notre Lome [I, po 133 -1 34 rot H)4.
380
L' ALLE1'tIAGNE RELIGIEUSE
mois encore étaÏt au Pape, la colline du Capitole
s'insu('geail; ct pendant les dernières sClnaines tIu
concile Arllinl, tapi dans son aérienne légation.
grisé peut-êtrc par ce paysage grandiose qui lui
donnait l'illusion de domineI' la coupole m&me
de Saint-Pierre, avisait au nloyen de faire brèche
dans l'unité de l'Église, resserrée solenncllement
autonr de Pic (X. Si les évêques opposants de
}' Allcmagne avaient voulu faire sécession, ils pou-
vaicnl n10nter au Capitole: Arnim étairlà. (( Sans
vouloir vous insinuer de passer à I 'Églisp. évan-
gélique, écrivait-il à un prélat Ie i8 juin, je VOllS
rappelle pourtant la réponsc que Hrent, à Augs-
bourg, les meinbres évang6liqucs de la diète,
lorsqu'on les pria Je céJ()orer fa Fête-Dieu avec
Charles
Quinl, par courloisie. Nous ne sommes
pas venus pour adorer, dir(\nt-ils, mais pour sup-
prime:.; les abuse )) 1 A celle lettre se joignait un
long l\Iémoire, qu' Arnin1 destinait aux évêques
d' Allenlagnc.
Si lÏnfaillibilité est votée, disait-il en subs-
tance, il sera prouvé qu' une puissance étran-
gère, installéc à ROIne, contraint les évêques
d' Allemagnè, contl'C leur conscience, d'adnlettre,
comme une vérité révélée, un systènle que les
puissances civiles répudieront toujOUJ
s. Dès 101's
on pourra dire que la hiérarchie, au lendemain
du concilc, ne sera plus celte Inên1e hiérarchie,
avec laquelle des traités étaient conclus, et que
1. Collectio Lacen.i&, VII, col. l60
0
L' ALLEMAGNE ET LE CO:'iCILE DU VATICAN 381
la Constitution protégeait. De ]à naîtront des diffi-
rultés sans fin dans Ie choix des évêques ; on verl'<-I
les Jésnites expuJsps, la vie monastique entnlvée,
r]
glise chassée de l'école, et même peut-êtrc une
situation comme celIe de ]a Po]ogne russe. Ce sera
la faute de la minorité du concile, qui se sera
soumise. On parlera de schisnle si eUe s'insurge;
mais Ie Vatican n'acculera pas les Allemands au
schisme, et Pic IX, rendant les Français respon-
sables de tout ]e nlal, trouvcra une issue. Que
les évêques d' .Allen1agne aient Ie courage de so
hrouiller, non avec Ie Pape, nlais avec Pie IX, et ]a
confiance de leurs fidèlcs s'accroîtra 1.
On ne sait si ]e Mémoire d'Arnim fut efTective-
nlent expédié à tous les prélats allemanJs de ]a
minori Lé : iis ne se laissi'rent, du moins, ni four-
voyer ni affoler. Spectateur d'un m0L11ent unique
dans les destinées chrétiennes, et rabroué par Bis-
nlarck chaque fois quïl voulait être actcur, il sen1-
blait que ce mêle-tout, ainsi tenu à l'écart de la
besogne des prêtres, voulait se mêler à la besognc
de Dieu en accumulant les prophéties sur Ie len-
demain, ce qui d'ailleurs est encore une façon d'y
intervenir. Et, de fait, en quelque n1esure, ces
prophéties furpnt de l'histoirc. Que]ques critiques
que dirigeât plus tard Arnim conlre les procédés
de Bismarck dans la lulte contre l'Église 2, les dis-
tinctions subtiles, mi-juridiques, mi-théo]ogiques,
1. Col1ectio Lacen8i8. VII, co!. 1604-1607.
. Arnim, Der Nunti1.'8 Kummt : Essui VQII einem Dilettanten, Vienne, Ros-
ner, i8iS.
382
,
L AI.LEMAGNE RELIGIEUSE
derri(\re lesquelles se retrancheront les hommes
du Cultlll'kalnpf, aVtlÍenl été balbutiées, pour
la prcmière fois, dans l'audacieux l\lémoire
d'Arnim.
Que l'Églisc romaine d'après Ie concilc ne fÚt
plus la mêrne que l'Église d'avant Ie concile :
c'est ce que soutiendronl, hientôt, les juristes et
les députés qui vouJront délier les États de
leurs traités avec Ie Saint-Siège.l\1ais qu' Arnim fûl
comme l'inventeur et l'instigateur d'une pareiUc
théorie, on avail Ie droit d'en être surprise L'évê-
que
lartin, en mars i870, lui faisait observer
qu'à. Ia faculté protestante de lIalle, des hommes
comme Tholn1\., comnle W cgscheider, cornine
Gesenius, avaienl depuis longtemps considéré les
catholiques comme infaillibilistes. ((
Ioi aussi,
répondait Arnim, j'ai toujours été d'avis que les
catholiques avaient déjà cru à l'infaillibité du
Pape 1. )) l\lartin nota ce propos, et Ie publ ia plus
tard lorsqu'il vit Arnim agir et parler comIne si
les catholiques n'y eussent jamais cru.
l\lais d'agir sur des évêques, cela ne sufHsait
pas à I'humeur d'Arnim, et de nouveau, Ie 1 i juin,
il alléguait l'avis de Trautmannsdorf, ministre
d' Autriche, pour représenter au gouverncment de
Berlin qu'il serait peut-ètre séant que les diplo-
nlates quittassent Rome, au monlent de la pronl1tl-
gation du dogmc, en guise de protestation contre
la défaite des évêques opposants et contre l'affront
1. Sl.WllD, U,'kundeusammlung :1t.r IJioyraphie des JJr. CV1I1 0 ad ..Jfartill,
p. 86 (Padcrborn, Juufcfmann, 1
92).
L'ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 383
infligé par Ie concilc aux gouvcrnenlents 1. De nou-
veau Bismarck faisait répondrc, Ie 23 juin, que
l'infaillibi]ib
ne regardait pas la Prusse proles-
tante; qu \In diplonlate protestant pouvait, à Ia
différence des diplomates calholiques, ignorer la
définition et les so]ennités religieuses auxquelles
ene donnerail lieu; que l'action de l'État prussien
ne cOlnmenccl'ait que dujour oÙ Ie dogme aurait un
effet dans Ie domaine du droit public 2.
iais Ie 24,
Arnim insislait : la papauté, disait-il, ne provoquera
pas in1médiatement ùes représaiJIes législaLives
de ]a part de l'Étal, IlHtis clIe amassera, en Alle-
magne, un inlffiense lualél'iel de guerre; il faut
tout de suit0 agir, préventi vement répondre à la
lutte par la lutte ; la plupart des évêques attendent
ces représailles et seront surpris si eIlcs tardent 3.
Le i er juillet, Arnim s 'adressait au roi Guillaume
lui-même; il lui citait un évêque, Foerster, de
Breslau, qui les considérerait comme justifiées
.
On classait à Berlin ces dépêches d' Arnim, sans
lui répondre. La première quinzaine de juillet
s'écoula: Arnim n'en pouvait plus, d'être immobile.
Voilà Trautmannsd orf qui s' en va, télégraphiait-il
Ie It>; dans trois .lours, la promulgation a lieu;
n10i aussi je vcux partir, ct d'aillcurs je suis
malade 5. En général, les indisposj lions diplonla-
i. Collcctio Lacensis, VII, col. IGU7.
2. Collcctio Lacensis, VII, col. tGüS (lélégramme d'Abel
en).
3. Cðliectio Lacensis, VII, col. IGuò (lcllrc d'Arnim au secrétairc ù'État
Thile ).
4. Collectio Lacensi8, VII, co!. 16u9. Lorsque plus tal'd la lellre ful publiée,
Foerster était mort.
5. CoLLectio Lacel1
i8, "II, co!. 1110.
38
L'ALLEIUAGNE RELIGIEUSE
tiques sont des prétcxtes à ne rien fairc : teIle
ll' éln it point celIe d'Arnim. II voulail frappcr nn
coup, cl('quer des portes; ce nutladc aurait quiLlé
nonlC en belligérant; {\t Bismarck, inlpi loyabJe,
lui télégraphia de rester 1. Une dcrnière dépèche
ùu nlaître, Ie 20 juillet, acheva d'accabler Ie mi-
nistre : (( Abstenez-vous de to ute dénlonstration
ostensible, lui signifia-t-iI; l'infaillibilité, pour
l'instant, est pour nous sans intérêt
. >) Ce n' élait
pas à Rome, c' élait à Ems, que Bismarck 8ouhai-
tait alors faire du Lruit : cet instant d'histoire -
l'instant pour lequeL ]'infaillihiliLé était sans inté-
rêt - inaugurait la série d'étapes à travers les-
queUes Ja Prusse allait devenir l'Allemagne, sur
les ruines de l'Empire français. D'Ems à Sedan,
de Seùan à Versailles, de Versailles à Francfort,
il les fallait franchir toutes, et l'heure sonnerait,
ensuile, pour la róalisation des rèvcs d'Arnim.
Mais dès maintenant, à Munich, à Breslau, à
Bonn, Ia science allenlande cOlllmençait la guerrc
contre Ie dogmc nouveau; les théologiens pr(ípa-
raienl Ie terrain dont les juristes feraient plus lard
élection ; conforn}énlent aux nlcnaces badoiscs
de 18ß9, conformémenl aux pronostics d' .Arnim,
ils s'occupaient d'échafaudcr unc. Égli'se qui, vis-
à-vis de l'
glise romaine, se piquerait d'être
seule catholiquc, et senic rcconnue comme telle
par les États de l' Allenlagne. Les évêques, au retour
de Rome, assistaient à cet assaut de la science:
t. Collectio Lacensis, VJI, ('01. H10.
2. Collectio Laceusis, VII, col. 1110.
L'ALLE
IAGNE ET LE CONCIf..E DU VATICAN 385
elle reprcnait leurs objections de naguère, et s'en
faisait une arme contre la soumission qu'ils témoi-
gnaient aux décrcts du concile; c'est dans leur
propre passé qu'elle s'apprêtait à remonter pour
alléguer que l'Église avait changé. Au cours des
polémiques, Doellinger et ses amis avaient perdu
la notion même de ce qu'était un conci]e, et de
l'inspiration souveraine dont il se réclame, et de
la docilité qu'il commande; mais l' obéissance de
l' épiscopat aux décrets conciliaires donnait à I'idée
d'autorité religieusc,' sur laqueHe la puissance
épiscopale est elle-nlême fondée, une nouvelle
assise et un éclat nOl1veau.
Incertains des dispositions de l'État et trap cer-
tains des dispositions de la (( science >>, ces évêques
ponvaient s'appuyer sur les masses profondes du
peuplecalholique qui, groupé dansses associations,
voulait, sans plus d'ambages, croire ce que croyait
l'Église. L'Allemagne catholique recélait une
force immense, qui durant Ie concile était à peine
sortie d'un effacement silencieux. Une fois seu]e-
ment, en mars 1870, par Ia plume de Félix de
Loe, Ie comité central des congrès catholiques
avait exprimé sa confiance dans l'assemblée æcu-
ménique et sa douleur pour les négations des pro-
fesseurs t. D'innombrables hommcs d'action qui
modestement, chacun dans sa bourgade, aidaient
t. Collectio Lacensis, VII, col. i50G-i508 : texle de la ]eUre de Félix de toe,
du 7 mars 1870, et des poMmif{ues que lui suscita cette leUrc avec les prorC!
-
seurs de Breslau. - Sur d'autres manifestations populaire!; en bveur de l'jn-
faiUibilité, voir Granderath, Ope cit., II, po 656-658, et Collectio Lacen8i8, YIl,
co!. 1509-1513.
H.
25
386
.
L ALLEMAGNE RELIGIEUSE
à l'épanouissement social du christianisme, pen-
saient comme Félix de Loe ; ce qu'ils pcnsaient
ils reussent dit, s'ils n'avaient pas senLi qu'au
milieu de ces débats théologiques qui s'agitaient
au-dessus de leurs têtes, il n'y avait qll'à attendre
ce que l'autorité dirait. AloI's, lorsqu'eut parlé
l'autorité, les évêques qui continuaient de douter,
conlme Foerster peut-être, comme I-Iefele surtout,
sentirenl une poussée .Ie leurs ouailles, qui les
agenouillail aux pieds du Pape; elles aul res, ceux
qui s'élaient souluis, se vircnt plus étroitement
unis à la foule de leurs fìdèles, qui avaienL devancé
]eur soumission.
Cependant, à travers Ie monde, on annonçait la
révolte de I'Allemagne catholique. On percevait Ie
fracas que faisaicnt les puissants de la science; et
des millions d' Anzcn, jaillis de l'innombrable
foule des humbles, étaient sans écho pour qui ne
savait pas entendre. Bismarck, tout Ie premier, sera
de ceux qui ne sauront pas entendre : la foi des
croyants, moins bruyante que les manifestes fié-
vreux des uni versités, sera méconn ue dans ses
calculs, jusqu'à ce qu'elle les déroute. Au lende-
main du jour OÙ des professeurs d'histoirc, brouil-
lés avec l'idée du Saint-Empire, avaicnt achevé
de construire l'Empire d'Alleßlagne, il compLeI'a
sur des professeurs de théologie, brouillés avec Ie
Saint-Siège, pour construire une Église d' Allema-
gne; il pcnsera que devan tune certaine science
théologique céderaiL la résislance des consciences,
comme avaient cédé, SOllS la poussée d'une cer..
L'ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 387
taine science historique, les résistances des petits
États. II engagera Ie Culturkampf sans avoir connu,
mesuré, estimé, la force immense que devait oppo-
ser à ses visées Ia plèbc des âmes croyantes. II
sera déçu d'abord, ct puis vaincu.
FIN DU TO:\If: QUATRIÈIUE E1' ÐEHNIER
TABLE DES MA TIÈRES
CHAPITHE IV
L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE
DU HAUT-RHIN. - LE CUL7'URKAMPF BADOIS
1. Le lendemain de 1848. - Situation lriste en Bade et en 'Vur-
temberg ; espérances catholiques dans la Hesse électorale. -
La vacance du siège épiscopal dans Ie grand-duché de Hesse.
- Conflit entre Rome et les chanoines de Maycnce. - Léopolll
Schmid: sa peI'sonne, ses idées. - Victoire de Rome: Ia nomi-
nation de Ketteler. - Portée de cet événelllent. . . .. ij
II. Premiers symptÔmes du relèvement de l'Église. - Éclosion de
congrégations à Fribourg, à Gmuend, surtout à Mayence. -
Réforme du diocèse de Mayence par Ketteler. - Deux auxi-
liaires: Fanny de Laroche, Ida de Hahn-Hahn. - Les courses
épiscopales de Ketteler, ses prédications populaires . .. 1.4
III. Premières revenùications parlementaires en Bade: la motion
de Hirscher. - La démarche collective de l'épiscopat. - Le
Mémoire épiscopal de mars 1851. - Premiers symplómes d'é-
mancipation des évêques de la province: l'ouverture d'un
grand séminaire en Hesse; Ie (( conflit de deuil )) en Bade. -
La réponse des gouvernements et les protestations épiscopales
(1853). - Collaboration du laïque Maurice Lieber avec l'épisco-
pat. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 20
IV. Projet de démarche de l'épiscopat auprès de la diète de Franc-
fort. - Raisons de l'opposition de Ketteler. - Les tendances
religieuses de la diète. - Esprit d'intolérance tenace de cer-
taines petites souverainetés protestantes représentées à Ia diète.
- Rôle protestant joué par la Prusse à Ia diète. - L'atTaire
du baron de KeUenburg. - Impossibilité pour l'épiscopat de
Ia province du Haut-Rhin d'obtenir justice à la diète .. 2
390
TABLE DES )IATIÈRES
V. L'archevêque octogénaire Vicari. - Son message au gouver_
nement badois. - Libertés que prenncnt les auLres évpques de
la province. - Divergence d'avis entre les États. - Lutle
t::nlre Vicari et Ie COllsf'il f'upérieur ù'Eglise. - Installation par
rJ
tat du commissaire Burger auprès de l'archevêque. -
ExeoullnunÍrations prononcées par Vicari. - Poursuites cóntre
les prêt,'es: inéga1ité surprcnante des péna.lités. - A vances de
J'htat bad.ois aux JésuiLes; leur fÜléliLé it Yicari. - Orùre
ùonné par rarchevêque it ses curés, ùe prêcher sur Ie conflit.
- Appui que prête ,aux curés Ia piété des masses. - La Iutte
de brochur
s. - Emoi ùe I'épiscopat et de I'univers catho-
] i'Iue. - :Emoi de certaines personnalités 'protcstantes. -
J.l...moi de la diplomatic, surtout de rAulriche. - Négociations
ùe Kettcler avec Ic gouvernement badois (12-13 janvier 185í).
- Mission de Leiningen à Rome. - Inquiétude de la seconde
chambre badoise. - Inquiétude de Bismarck : ses démarches
en Bade et en Nassau. - ßchec de la pacification. . .. 37
VI. ,Nouvelle tactif[ue de rÉtat: embarras financiers suscités à
l'.EgIise. - Poursuiles contre Vicari (mai 185') : perquisilions
au palais archiépiscopal; anestation de l'archevêque. - Vne
poésie ù'08car de Redwitz. - Mesures policières dans Ie pays;
résistance passive des caLholiques. - La grève des plaisirs.
- Crise annJoguc en Nassau. - Nécessité pour les États d'une
entente avec Ron1e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5U
VII. Un projet de convention apporté à Rome par un envoyé
du roi de 'Vurtemberg; réponse d'AntoneIli. - Leiningen f't
Brunner à Rome; trêve provisoire avec Dade. - Keltelel' et Ie
gouverncment de Darmstadt; difficultés it Rome. - Les Bases
rf'mises par Antonelli. - Répercussion du concordat :aulrichien
ct du cenlenaire dc saint Boniface it Fulda. - Entente succes-
sive du 'Vurtemberg, de Bade et de Nassau avec Ie Saint-Siège
(1
57-1.861). - Allégresse de la presse catholique. . . .. 68
VIII. Origine et mobiles des campagnes anticoncordataires. -
Agitations en 'Vurtemberg. - Agitations en Bade: Ie meeting
(Ie Durlach. - Arguments parlementaires coptre les concor-
dats : l'égalité confessionnelle, les droits de l'Etat, les intérêts
du germanisme, lïnùépendance spirituelle des catholiques,
l'incompatibililé entre l'idée de concordat et celle de souverai-
neté de l'btat. - Un aveu de Robert Mohl. - Effondrement
parlementaire du Concordat en Bade et Wurtemberg, crises
ministérielles. - Solution dilatoire en Nassau. - Retrail de la
convention badoise. - Protestations d u Saint-Siège. - Caractère
des lois nouvelles substituées aux concordats. - L' optimisme de
la presse catholique ; ses raisons . . . . . . . . . . .. 78
IX. La politique anticatholique de la Chambre badoise. - Com-
TABLE DES }IATIÈRES
39i
position de cette chambre. - (( Le (( libéralisme )) badois et Ie
jacobinisme révolutionnaire ; Ie champ d'expériences badois.
- PL'ojds confessionnf'l
(Iu (( libÖralisme )) badois : asservisse-
ment. ùu catholicisme, émancipalion tlu protestantisme. -
L'État badois dans Ie pensionnat d'Adelhausen. - La revendi-
cation des fondations pieuses. - La création de con seils scolaires
communaux: protestations de Vicari, campagnes de Jacob
Lindau. - Effacemcnt de l'Eglise à l'endroit ùu nouveau régime
scolairc. - L'agitation dans Ie pays: les casinos. - La loi est-eUe
la conscience publique 'I - Discours de Lamey ct brochures de
Ketteler. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 9;)
X. Jolly au pouvoir. - Sa théoric sur les solutions judiciaircs
que comporte la question rcligieuse. - Son hostilité au libéra-
lisme de is-i8 et son retour au joséphisme. - Caractère oppor-
tuniste de son anlicléricalisme. - Nationalisme et anticléri-
calisme identifiés. - Les <iivers incidents du Culturkampf
badois : Ioi scolaire de 1868, fermcture du pensionnat d' Adel-
hausen, dissolution des tertiaires du Lindenberg. - Mort
de Vicari. - L'État badois et Ie droit électoral ùes chanoines;
interminable conflit. - Les idées de Jolly sur la formation
des dercs : un pL'élude du Cultm'/carnpf prussien. - Part de
responsabilité de la Prusse dans la politique religieuse de
Bade. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. i 06
Xl. Appel de Lindau à l'opinion catholique allemande. - Forma-
tion d'un parti catholique populaire en Dade. - La plate-forme
catholirlue : Ie suffrage universel direct. - Portée de ceHe atti-
tude du parti catholillue badois . . . . . . . . . . . .. B.7
CHAP lTRE V
L'ÉGLISE ET LA ßAVIÈRE
Valeur exacte d'une épithète historique : (( la catholique Da-
viêre )).
I. L'antagonisme entre Ie Concordat et l'édit de religion. - L'ar-
chevêque Reisach : son Mémoire de i849, son appel à l'
tat.
- L'évêque Weis : son aspiration vel'S des réunions ecclésias-
tiques. - Travaux de la commission chargée de reviser l'édit
de religion, leur insuccès. - Urgence d'une réunion épisco-
pale, pourparlers avec Rome . . . . . . . . . . . . .. t26
II. La conférenre de Freising (octobre 1850). - Le Mémoire des
évêques. - ßase de leurs réclamations : Ie Concordat. - Le
roi Max et 1'<< ultl'amontanisme )). - Inquiétudes de 18.
392
TABLE DES )IATIÈnES
Chambrc et du peUl clergé. - P1'cmières concessions gouVC1'lie-
mentales. - Pessimismc de l'archcvêque Geissel. - Nouvel1C'
lellre des évêques (février 1852). . . . . . . . . . . . . 134
III. La réponse de l'État (avril 1852). - La conception d'une (( loi
fondamentale ù'b.Lat)). - népliques des évêques (185'2 et 1853).
- Les questions d'enseignement : l'evendications de Reisach
au sujet de ses sérninaires. - Voyage du minislre Zwehl dans les
divers évêchés. - Son apparition subite à Cologne; ses pro-
positions à. Geissel au sujet de rarchevêché de Munich. - Anti-
pathie du 1'oi Ma
pour Reisach. - Instances inutiles auprès de
Geissel. - Projet d'une nouvelle reponse royale au mémoire
épiscopal ; examen préalable par les évêques. - Publication
de cette réponse (octobre 1854). . . . . . . . . . . . .. i42
IV. Reisach, cardinal de curie (1855). - Difficultés entre We is et Ie
gouvernement au sujet de 1'eligieuses garde-malades. - Inter-
vention victorieuse de Bluntschli pour ewpêcher toute nego-
ciation entre Rome et Ie roi Max. - Nomination de Scherr à
l'archevêché de Munich. - Insistance de Scherr et 'Vindis-
chmann au sujet des séminaires (1857-1858). - Projet de 'Veis :
organisation à Spire d'un enseigncment théologique complet.
- Opposition si1encicuse du gouvernernent. - Indifférence ùe
l'opinion publiquc aux revendications calholi4ues. . . . 156
V. Un mouvemcnt parmi les instituteurs en raveur de la laïeisa-
tion. - Réunion épbcopale de Bamberg (186-í) : un appel au
nouveau 1'oi Louis II. - Louis 11 et Ie catholicisme. - Lutles
prolongées entre Weis et l'htat au sujet du séminaire de
Spire. - Six séminaristes e1:pulses par la police. - Protesta-
tions de l'épiscopat, de la diplomatie, du Saint-Siège.-Nouvelle
réunion épiscopale de Passau (1865). - L'incident Giesebrecht:
les évêques bavarois
t Ie monopole de l'enseignement de rhis-
Loire. - L'épiscopat défenseur du nationalh;me bavarois. 167
VI. Le ministre Koch et la faculté (( ultramontaine )) de 'Vurz-
bourg. - Le cabinet p1'ivé du roi et les Jésuitcs de Rastibonne.
- Conséquence de Sadowa : l'arrivée aux affai1'es d'un minis-
tère antÏ-autrichien et anticlérical. - Hohcnlohe : sa haine
contre tout dogmatisme. - Ascendant de l'école théologique
(( anti-ult1'amontaine )) auprès du gouvernement bavarois.- Pro-
gramme politico-religieux de Hohenlohe : amendements
souhaités par Louis II. - Le projet de loi scolaire : agitations
parmi les prêtres. - Circulaires menaçantes des ministres
Gresser et Hoermalln. - Jugements de Hohenlohe en 1868 sur
Ie péril ultramontain. - Les discussions de la loi scolaire:
victoire de (( 1'I!.tat moderne )) dans la Chambre bassc et de l'évêque
Dinkel à la Chambre haute. - Faillite du projet de loi. -
Mesures de la'1cisation en Palatinate . . . . . . . . . . 176
TAn[
E DES
IATIÈRES
393
VU. l
veil d'une opinion puLlique catholique. - Les pétitionne-
ml
nts. - Le congrès catholique de llamberg. - Action mi-
polilique, mi-l'eligieuse. exel'cée par Joer
.- PaLriotisme bava-
rois et (( ultraruontanisnw )). - Première victoire catholique aux
électiolls de Ilw.i 1869. - Illlprudenle sécurité de Hohenlohe. -
Une lutle de classes: (( l'intelligcnce )) etle peuple. - Fonda-
tion des (, associalions patriolÏques de paysans )). - Les
prêtres tribuns populail'es: témoignage de Cherbuliez. - Pres-
sion élcdorale : circulaire violente du ministre lloe1'mann. -
Nouvelle victoire des catholiques en novembre 1869. - La
chule de Hohenlohe, plus impol'tante par ses conséquences
1'eligieuses que par ses conséquences politiques. - Les éléments
du futul' Centre bavarois . . . . . . . . . . . . . . . . 1.86
CHAP ITRE VI
LES CRISES INTELLECTUELLES
Le (( canCel')) de la doctrine théologiquo. - Les maleuLendus
entre Rome et la science allemande.
I. La religiosilé romantillue. - Réaction du ralionalismc théo-
logique. - Le gunthérianisme : conquête par Ill. l'abon de la
vérité révélée; interprétations nouvelles des formules dogma-
tiques.- Appuis du gunLhérianisme dans les milieux ecclésias-
tiques. - Inquiétudes de Rome; hoslilité du cardinal Geissel
contre l'altitude intellectuelle des gunthériens. - Résur1'ectioll
de Ill. scolastique: Clemens, Kleutgen . . . . . . . . . . 20f
lI. La définition de l'Immaculée-Conception. - Une fausse inler-
prétation, par l'école his tori que allemande, du Quod ubique de
sdint Vincent de Lerins. . . . . . . . . . . . . . . . . 211
III. Le procès du gunthérianisme à Rome: condamnalion de
Guenther (1857). - Les deux: brefs de Pie IX sur Ie gunthéria-
ni
me. - Conùamnalion de Baltzer et de Knoodt. - Le nouveau
système dualiste de Baltzer, nouvelle condamnation. - Affir-
mations philosophiques du concile de Cologne. - Les dogmes
et les opinions philosophillues pl'oximæ fidei. . . . . . . 216
IV. Un essai de conciliation philosophique : .Marlin Deutinger
et la philosophie de Ill. volonté. - Jacob Frohschammer, son
système sur les rapports de la science et de la roi. - So. con-
damnation; sa sortie de l'Église. . . . . . . . . . . . . 224
V. Suspiciuns de la (( pensée allemande )) cont1'e l' (( hostilité >>
du Vatican. - Un témoin allemand à Rome : Alois Flir. -
39
TABLE DES
IATIÈRES
Son premier état d'esprit au point de vue religieux, philoso
phique, artistique. - Evolution de sa pensée : admiratim
finale pour Romp pt Ill. papaulé. - Malveillance de Doellin
gel' dans ses jugcmcnls sur Home. - Hai:::;ons de cct Mat d'cs
prit : malentendus iré'luents entre 1'Ilalie et l'Allemagne. -
Rome accusée de perpétuer des abus dont les protestants d' AIle
magne sc font une objection contre les catholif[ues. - Inatlen
tion de ecrtains milieux scicntifiques allemands pour les décou
vertes apologétitjucs de J.- B. de Rossi. . . . . . . . .. 23,
VI. Ignace Doellinger. - Son rêve d'une église nationale alle
mande (discours de Linz, 1850). - Son rÔve d'un rapproche
ment des Eg-Iises. - Les conférenccs de l'OJéon sur Ie pouvoi
temporel (1860), et Ie livre Eglise el Églises (f8ül). - Emo
produit par les attaques de DoeHingcr. - But auquel tendai
Doellinger en voulant empêcher les protestants de solidariser I
pouvoir spirituel de la papauté avec Ie pouvoir temporel. -
Maladresse de sa tactif[ue, mauvais cITet politiquc fIu'olle produit
- Mépris latent pour Rome, dans les avances ml';mcs que, sou
Ill. plume de lJoellinger, Ie gerllJaniSIllC fait au romanisme. 24'
VII. Les appuis de nome en Allcmagnc : Ie cercle de Mayenre
Ie cercle de 'Vurzbourg. - Les .Jésuites etile mOUVt'llJent scolas
tiquc. - DoctOl' Uom.a1lhS, a.r;;i1llls Gel'rnanlls. - Projets diver
de réunions de savants. - Le congrès des savants catholique
de Munich (1S63). - Discours capital de Doellinger : Ia théologi
et la hi,
rarchio; la théologic clans les races laUne's. - Pl'éten
tions du germanisme it, ineal'ner Ia théologie et it, régner, ;
ce titre, dans I'Église. - Protestations des théologiens d,
Mayence et de \Vurzbourg. - Anxiétés du V:Üiran. - Un brc
de Pip IX. - Contrc-coup de lïncident en AnglcLene. . .
4:
VIII. Irritation de DoeUingcr, ses accusations contre nome. -
Discours nouveaux où il 1'eprend ses thèses sur Ill. lhéologie.
Michelis et Hergcnroether. - La Feuille de liLté1'alU1'e théolo
yique de Bonn. - Les Voix de Mm'ia Laach. - Vivacité géné
rale des polémiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26;
IX. La question ùe la formation du clergé. - Universités et sémi
naires. - Arguments en faveur des deux institutions. - Le:
ùroits de la hiérarchic sur l'enseignemellt des clercs. - Inci
dents univcrsitaires inquiétants pour la hiérarchie. - Écrit d(
Doellingel' sur l'affaire de Spire. - La brochure POW' l'inslruc
lion des rois. - Riposte violentc de Doellingcr. - Une parol(
Illodérée : l'a vis du futur cardinal IIcrgenroether. . . . . 27(
X. Suspicions catholi'lues contre l'ensemble (les facultés univer
sitaires, - Projet d'une unive1'sité libre. - Objections ùu philo
sophe Kuhn, professeur à Tubingne. - Polémiques philoso.
TABLE DES MATIÈRES
395
phiques de Schaezler contre Kuhn. - Polémiques contre la
facuIlé mpme de 'l'ubingue. - Les dénonciations de Rotten-
burg. - Le régenL Mast ct l'(
vt'que Lipp. - Crises douIou-
reuses.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280
fue pacHication nécessaire ; besoins urgeuls auxquels répondait
]e concHe.
CHAP ITHE Y II
L'ALLElUAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN
Questionnaire de Pic IX sur Ie programme du futur concile:
la réponse de Senestrey. - L'idée de lÏnfaillibilité papale dans
l' Allemagne catholique avant 1870. .
. . . . . . . .. 292
. Le choix des consulteurs pour Ie concile. - Démarches de
Schwarzenberg auprès de Rome. - Un rapport du nonce
Meglia; ses conclusions. - Désignation de consultcurs nou-
veau"{. - Rôle ùe Hefele dans Ia préparation du concHe. 296
I. Rrorhures sur Ie futur condIe. - La correspondance fran-
çai:5e de la Civiltlt caltolica. - Emoi qu'el1e produit en Al1e-
magne. - Les articles de DoeIlingC'r (10-15 mars 1869) ; origine
du livre de Janus. - Théorie de Boellinger sur les interpolations
et falsifications d'où s('nÜt résulté Ie dl
,rcIoppC'll1ent de la pa-
pauté. -Manifesto hadois: menace de ruptul'C avec Rome. 303
T. Intervention de 1'1
:tat 1m vllmis. - La ril'culaire IIohenlohe
(avril 186H) : ses lwéorr.upatiolls au sujet de l'infaillihi1ité.-
Article en, oyé p(]r I:lohenlolw it Ia Gazelle unive1'selle. -
Attitude de .Bismarck: sa r(
ronse it lloeder. - AI tilude d' Ar-
nim, ministre de Prusse à Home: ses préoccupations au sujet
de la commission politico-ecclésiaslique. - Rapport:::; entre Bis-
marck et Hohenloheo - Réponses des universilés de WurzLourg
et Munich aux consultations de llohenlohe. . . . . . . . 313
. Le manifeste de Coblentz. - Les (( neuf dixièmes des"Allemands
intelligents )). - Le condIe laïque de Bedin. - Joerg et l'arche-
vê(Iue de l\Iunich. - Sérénité d'Augusle Reichensperger. 3
5
L Ketteler et l'infaillibilité. - Échange de notes entre l\Ioufang
et Manning. - Le Mémoire de François Brentano. - La réunion
épiscopale de Fulda. - Rapport de Hefde. - Lettl'e de la
majorité des évêques it Pie IX. - LeUre de l'unanilUil{' de
évêques üux fidèles all..mands. - Intcrprétalion de ceLle
seconde leltre par Louis II de Bavière et par la Ga:;elle univel'-
selle. - Les Considérations de Doellinger sur l'infaillibilité. -
Catholic.isme libéral et germanisme. . . . . . . . . . . 332
396
TABLE DES l\IATIÈRES
VII. Ouverture du concile. - Les prélats allemand. de la mi[]
J'ité. - Rôle de Senestrey dans Ill. nomination de la deputa
de fide. - Les schémas sur la foi : activité de Martin.. ::J
VIII. La question de rinfaillibilité. - Action de Senestrey en v
de l'inscription de cette question à l'ordre du jour. - Tril
raison pour laquelle la majorité des évêqucs d' Allemagne se
anti-opportunistes. - Projet d' Arnim : un (( anticoncile)) d
États. - Opposition de Bismarck. - Appel d'Arnim à Doell'
ger. - L'écrit de Doellinger (janvier 1870) : Quelques ml
Sll1' Z'ad1'esse des infaillibilistes. - Déclarations de cerlai
évêques allemand
de la minorité contre Doellinger. - SépaJ
tion profonde entre les anti-opportunistes et les anti-infailli
listes. - Les lettres de Quirinus. . . . . . . . . . . .. 3
IX. - Nouvelles tentatives d' Arnim; effacement de Bismarck.
Les progrès des infaillibilistes. - Arguments de Doellinge
leur portée, non moins menaçante pour l'épiscopat que pour
primatie papale. - Brochures contre l'infaillibilité : Hefele et
pape Honorius ; Ketlelor ot la brochure du P. Quarello.. - 1
Obsel'vations du P. 'Vilme1's. - Le Memo'randum Daru : ll(
d' Arnim à Antonelli. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
X. Démarehes viclorieuses de SenesLrey en faveur d'une disCI
sion iuunétliate de l'infaillibilité. - Nouvelles impaliell{
d' Arnim ; réserve constante de Bismarck. - Rôle des évêql1
aHemands dans les débats cOllciliaires. - Kelteler et
démarche suprème de la minorité. - Départ des évêqucs al
mands de la minorité. . . . . . .
. . . . . . . . . .
XI. Le rôle d'Arnim aux derniers jours du concile. - InviLati
des évêques à la révoUe et pronostics d'avenir. - Projet d'j
Him de quitter Rome: rerus de Bismarck. - Hostililé bruyar
de la science allemande contre la déci
ion conciliaire; docil
dévúuée et silencieuse du peuple cathulique allemand. - U
méprise de Bismarck sur les conditions dans lesquelles s'en
gera Ie Culturkampf . . . . .. ........... 3
TABLE DES NOMS CITÉS 1
DANS LES QUATRE VOLUMES
ken, IV, 383.
:1, II, 106, 1.07, 108, 257,
06,
9 ; III, 23; IV, 127, 1.48.
.enbach, I, 234.
,terfeld, II, 167.
ltermann, I, 237.
m (lord), III, 46; IV, 2
2
)2, 263, 361.
lthon, IV, 3i4.
'eda (Maria d'), II, 94.
born, I, 234.
ani (cardinal), II, 1.51., 157;
I, 271.-
ert (prince), II, 27".
ssandri. III. 235.
ed Ie Grand, I, 282; IV, i4L
.t, III, 191..
oli, II, 86, 87, 283.
honse de Liguori (saint), I,
3.
nstein, It 1.43, 144, 147 ; II,
7, 123, 1.53, 154, 158, 164, 1.69,
71., 172, 192.
eri, II, 257, 418.
Jg, IV. 25i, 297, 300.
berger, III, 97.
broise (saint), II, 142.
Ancillon, I, 222.
Anderledy, III. 190.
Andlau, II, 1.39.
67, 27i, 363;
III, 89, 104 ; IV, 244.
Andrea (cardinal d'), IV, 21.7,
218.
Angelis (de), II, 1.39, 229.
Anhalt-Koethen (prince d'), II,
310; III, 185.
Anhalt-Koethen (princesse d'), II,
310 ; III, 185.
Anselme (saint), IV, 2H.
Antoine-Eugène de Wurtemberg.
II, 288.
Antonelli (cardinal), III, 88, 210,
:27i. 309; IV, 55, 69, 70, 75,
76, 9), 92, D3, 113, 116,134, 224,
287, 298. 370, 37
.
Apponyi, I I, 188, 238.
Archinto, I, 60.
Arco (Louis), IV, 361.
Arioste, Ill, 4:4.
Aristote, 1,195,299; II, 46; IV,
248, 249.
Arndt, r, 349; U, 135, 205, 332;
III, 15, 81., 280.
Arnim (Achim d'), I, 213, 21.4,
Nous ne donnons pas les noms des auleurs cilés. à moins qu'ayant. en un rôle
moinl!, ils ne nous lI.pparaissent.n quølque fll.çon, comme mêlés à l'histoire
te rour 11l.1uelle noul DOUS ré!érons à leurs
cri tS4
398
TABLE DES NOl\IS CITÉS
215, 216, 247, 249, 340, 35i; II,
66, 9i.
Arnim (Harry d'), III, 309; IV,
114, 318, 319,:320, 3
2, 355, 3
6,
357. 3
8, 363, 364, 369, 370, 371,
373, 380, 381, 382, 383, 384.
Arnoldi, II, 52, 25i, 260, 265,
296, 376, 377; IV, .204, 205,207,
218, 272.
Asseline, I, 179.
Auerbach. III, x.
A uerswo leI (Alfred), II, 337.
Auersw
ltl (gt'néral), n, 365; 111,
123.
Augusta de Prusse, lIt 229, 275.
Auguste III, l, 63.
Augustin (saint), II, 58.
Aulike, 11, 2
9,
60, 337; III, f8i,
220, 221,
j
,
2J, 302 ; IV, 26í.
Aulsch, IV, 17.
Avanzo (d.), IV, 375.
Baader, II, 75, 82-85. 1.00, 105,
192.
Bach, IV, 78.
Bachem (Joseph), III, 301, 304,
305; IV, 267, 268.
Bachem (Julius), III, 305.
Bakounine, II, 80.
Baltzer, II, 363; III, 195, 2'15;
IV, 204, 205, 206,209, 215, 216,
217, 218, 219, 220, 221, 222,
224. 273, 274.
Bang, I, 91.
Banneville, I V, 363.
llarthel, J, 7.
llarloliui, III, 300.
Bassel'lllann, II, 310.
Baston, I, 2m
, 288, 289, 290 ; II,
205.
Bowlon, III. 1.0 L
ßaudri ([i'réùéric), II, 388 ; HI,
XXI: IV, 187.
Daudd (Jean-Antoine), II, 38J;
III, 308, 309, 312.
Bauer, II, 351-
Baumgartner (G.-J.), II, 298.
Baumstark. IV, 118, 119.
Baur, II, 39, 40, 41.
Bautain, II, 14, 32 ; Ill, 238.
Bayanne (cardinal de), I, 1.15.
Bayer, IV, 324.
Bayrhoffer, II, 303.
Beauharnais (Eugène de), [, .1 C
Beck (Louis-Joseph), I. fi3.
Beck (magistrat). IV, 312.
Ikck (pl'être), I, ß;J.
B('ck (prètre), lJ, 275.
ßeckedorff, II, 254.
Decker (Gernard), III, J 4:?
ßpck('r (Nicolas), II, 20ft.
JJecker (recteur), III. 66.
Beckmann. 1 V, 3í9, 378.
Beckx, II, 413 ; Ill, 185.
Behnsch, II, 308.
ßeisler, II, 353. 354, 382: n
127, 12
.
Eellarmin (cardinal), III,
61 ; I'
376.
Bellini, I, 238.
Bellisomi, I, 1.6.
Below (Gustave de), II, 180, 198
199.
Benedetti, IV, 364.
llennigsen, In, 40, 49.
Benoit XIV, I, 8;5; IV, .288.
BéquignoIles, III, III.
Berends, II, 336.
Berg (François), I, 104.
Berg (chapelain), II, 335, 336.
Berger, III, 242.
Bcrlage. IL, 145; I V, 300.
Bernard (saint) , IV, 211.
Bernhard (bm'on de), III, 59.
Berthold. Ill, 301.
Bprtram, [, 216, 217.
Besson, I, 229.
ßelhmann-Ilùl1weg, III, 2790
Beust, 1 V, 118, 317.
Beyle, I, 203.
Bibra (baron de), I, 67.
TABLE DES NO::\lS CITÉS
iedermann, II, 339, 356.
:gnon, I, 84, 105.
got de Préameneu, I, 113.
Iio (cardinal). IV, 36í, 372, 373,
374.
nder, III. 1ii.
nterim, II, 195, 196, 385, 386.
smarck, I, 139; II, 132; III,
xv, 6, 18, 19, 20, 21, 22, 58,
59, 68, 71, 75, 79, 80, 83, 93,
169, 174, 203, 222,223, 2í2, 260.
:!61. 262, 2fi3, 26í, 27;:!, 288, 2!J0,
308, :UO. :1i2, 323: 1 V, 30, 34,
3
, 50, 5i. 56, 57, 58, 5V, VO, V I,
114, 116, J17, 318,319,320 0 321.
122, 357, 363, 364,
n3, 383, 384,
386.
;sing, IV, 118, 1 L9.
lnc Saint.-Honnet, I, 191.
tfer, I, 33.
:tU, I, 6:>.
lecher, I, 3\:3.
1m (RoberL), II, 299, 307, 308.
1m (Pierre-Joseph), III, !J7; IV,
1.,13,23, 39, 67, 71, 76, 77, 86.
mtschli, III. 24, 25, 26. 29, 30.
iO, 61,157. 3
3; IV, 80, 8
, 95,
17, 98,110. 158. 159, 160. 183.
ccace, I, 360.
ck (François), III, XXI.
delschwingh (Charles de), IH,
:58.
jelschwingh (Ernest de), II,
71 ; Ill, 178, 21U, 258.
hme, II, 83.
hmer (Augusta), I, 192.
hmer (Jean-Frédéric), I, 53,
1., 217. 221,
2í, 2aO, 232,
3i, 237,239, 240, 2í3, 246, 2í8,
50; II, ü9, 70, !J5, 96, 205, 217,
27, 228, 245, 258, 316, 3al,
22; III, xm, XXI, XX:II, G, 7,15,
5, i6, 49, 5
, 2'!.7; I V, 2:), 32,
6, 160, 166, 233, 281.
rne, I, 173.
edain, III, 217.
399
Boisserée, 1, 1.93, 216-223, 239,
240, 2.í 7, 249 ; II, 6. 75, 77, 80,
82, 84, 96, 207, 23i, 237, 238,
2i2, 301, 311.
Boll, II, 148.
Bonald, I, 191, 374, 38L
Bonaventure (saint), IV, 21 L
Bonhomme, J, 10.
Boniface (saint), III. 238, 281,
317 ; IV, 8, 73, 7 i, 337.
Boniface VIU, IV, 308.
ßOllomÏ. I, 5
.
Boos (Marlin) to I, 2U7, 29R, 302;
11, 35.
Bopp, 11, 99.
llol'é, 1I, 104.
Bossuet, I, 13, 337; II. 69, 233.
ßraig (Augustin), I, -135.
Brand, I, '1J2.
Brandis, II, 81.
Urauer, I, 111.
Braun (.Jean-Guillaume-Joseph),
II, 168, 16!J, 211.
Braun (Thomas), IV, 216.
Bray, IV, 195, 369.
Breitenbach, I, 61.
Brcnker, III, 163.
Urenner, III, 63; IV, U7.
Brentano (Antonia), III. 219.
Brcntano (Bettina), I, 173.
Brenlano (Clément), I, 180, 213,
214, 215, 216, 235, 2.a, 249, 292,
2U
, 302, 307, 308,
28, 344; II,
14, 55,57, 58, 63, fiG, 67, 72, 73,
77, 80, 89, 102, 10í, 107, 1.40,
1.-í3, 22:>, 283, 312,360; III, 184.
Brcntano (François), IV, 336,337,
339.
Brelschneiù('r, I, 33!J; II, 181,
190, 24
, 298.
BreHer, Ill, 107, 165.
Brinkmann, nl, 119; IV, 3i9,
37H.
llroglie (Al1h'l o t de), III,
!Jí.
lll'ougham (lurd), II, 32!J.
Brucker, II, i5.
400
TABIJE DE
NOMS r:ITÉS
Brue
gemann, II. 166.
Bruehl, II, 191, 195, 212,
H3,
306.
Brumauld de Beauregard, II,
286.
Brunelli, IV, 75.
Brunner (Charles.Félix), IV, 70.
Brunner {Philippe-Joseph, II, 117,
27
.
Brunner (Sébastien), I, 205: II,
407, 408,
09,
10, 411, 412;
III, 196.
Bruno, II, 75.
Buch, II, 194.
Bucher, IV, 187.
Buchmeier, II,
07.
Buechner, III, XIV.
Buelow, III. 193.
Bunsen, I, 146, 23i, 2U ; II, 130.
132-136, 145, 150, 151, 152, 154,
155,156.158, 1.59,1.60,170,181,
186,1.87,193, 194" 21:1,233,256,
289; III, xxx, 49, 275, 276, 280,
281, 282, 317: IV, 23, 26, 56, 74,
80, 96, 230, 241, 379.
Burg, II, 137, 360.
Burger, IV, 41,
2.
Burke, I, 1i6, 386, 389.
ßurnouf, II, 100.
Bursian, III, 21-
Buss, II, 267, 268, 269, 270, 271,
272, 285,326, 327, 339, 3
2, 363,
371, 372, 390, 393, 425,
26; III,
XXIX, H, 19, 63, 195, 197; IV.
28, 51, 258, 281-
ßystram, III, VIII.
Cajét.an, IV, 376.
Calderon, II, 95, 2R4..
Calvin, I, III : 11, 186.
Canova, I, 21ìi.
CantagreJ, II, 329.
Capaccini, II, 136, 174. 195.
Capponi (Gino), 11, 76, 106.
Caprara, I, 15, 16, 11.2, 115.
Caroline de Ba,"ière, II, 383; 1\
26.
Carové, II, 312.
Carstens, I, 245.
Cartier, I, 229.
CasUereagh, I, 313.
Catel (Franz), I, 242.
Caterini (cardinal), IV, 297, 30(
Cavour, III, 4i, 144; IV, 2U.
Cazalès, II, 258.
Cecconi, IV, 358.
Cenni, IV, 379.
Cetto, I, 108.
Champagny, I, H2, 115.
Champein, I, 323.
Charlemagne, I, 37, fi3, 115
IV, 141.
Charles-Auguste, I, 171.
Charles-Quint, I, 115; III, 43.
Charles VII, I, 85.
CharJes-Théodore, I, 68, 69, 17C
74, 77, 98, 293.
Chateaubriand, I, 171, 209, 2H
232; II, 2, 233, 419.
Cherbnliez, IV, 116, 1.92.
Chigi (Fabio), I, 13-i.
Choiseul, I, 1.5.
Ciofani, I, 94.
Clarendon (lord), IV, 31.7.
Claudius (Mathias), I, 182, 279
280.
Clemens, IV, 204. 208, 209, 210
217, 284.
Clément XIII, I, 14, 85; III, 42.
Clément XIV, 1,1.4,25,27,292,316
Clément Auguste, I, 60.
Clément Wenceslas, I, 40, 41
63, 293.
Cobenzl, I, 50, 51.
Cochem (Martin), II, 294.
Colmar, II, 13, 14. 15.
Colombo, I, 2
8.
Coltrolini, I, 94.
Consalvi, 1,109,127,130,132,133
134, 138, 143, 145, 148, lbO, 151
152, 313; II, 117.
TABLE DES NOMS CITÉS
onstantin, I, 37; IV. i41-
onstant (Benjamin), I, 163, 167,
1. 71, 187, 361 ; II, 71.
orndins (C. A.). [V, 17:>>.
orllPli llS (Pierre), J, 2
8.
9,
230, 243,
.}4, 2-18, 347 ; II, 61.
15, 96, 234, 257; III. XIX.
ousin, I, 215,
18, 35
, 380; II.
81, 83; IV, 175.
:ramer, I, 2:13.
:reUí':er, I, 213, 215, 337, 338,
339,
43, 359, 360.
:llrci, IV. 258.
:ustine, I, 80.
:uvier, I, 265.
yprien (saint), II, 298.
zerski, II, 297, 298-309; IV, 1.790
'ahlmann, II, 230, 23t, 234; III,
25.
alberg, I, 74, i01, 102, 103.
104, 105, 106, 110, 113, 114,
116, 120, 122, 123, 124, 135,
136, 1.37, 204, 24:4; II, t2, 1
3 ;
IV, 37.
alwigk, III, 50, 96, 145; IV, 39,
71. 72, 88, 89, 91-
ante, I, 343: II, 9J, 130; Ill,
5, 44 ; IV, 209, 365.
arboy, IV, 344.
aru IV, 363.
aumer, II, 8L
1.un, ill, 4j.
champs, IV, 3i-t, 349, 352, 354-
375, 376.
ger, I, 243; II, 22-i.
"'harbe, .II, 277 ; III, XXXII; IV,
295.
'inlein, IV, 349.
larc (abbé), III, 71.
>Ihrueck, H, 233.
meler, H, i21, 138, i39, 275,
O; IV, 37, 38.
'nzinger, II, 250.
reser, I, 66, i2
; II, 1
l.
IV.
401
Descartes, II, 77.
Deutinger, II, 85, 225, 226, 329;
IV, 2
4-228.
Devis, IV, 277.
Diderot, I, 177, 255.
Didron, III, 104.
Diehl, IV, 359.
Diepenbrock (Apollonie), II, 93.
Diepenbrock pIelchior), I, 298,
301, 308, 309; II, 3, 52, 66, 69,
71, 73, 76, 93, 9
, 190, 21 i, 228,
257, 261,262, 275, 285,306, 312,
313, 315, 329, 337, 338,342, 344,
366. 383, 391, 403; III, i 7, 86,
117, i80, f!)9, 200, 219, 224r,
231, 233, 237, 309; IV, 9,49,
204, 242.
Dieringer, II, 1.20, 28i, 339, 3i8;
Ill, 308; IV, 209, 254, 266, 267,
297, 300, 301, 338.
Diesterweg, Ill, 205, 282, 283,
28i:.
Dietz, I, 358; II, 93, 102, 253.
282, 314.
Dieze1, III, 33.
inkel, IV, 184, 185, 186, 3-í9.
350, 351, 375, 377, 378.
Dinter, III, lOt.
Dittrich (professeur), II, j 4.
Dittrich (Joseph), II, 383.
Doellinger (Ignace), I, 328.
Doellingcr (Jean-Joseph-Ignacp),
I, VII, 166, 281; II, 34, 41, 51,
65, (;8, (if), 76, 78, 79, 84, 86-89,
101, 104, 105. 106, 11 1, 124,
1 iO, lB, 143, 176, 188,204, 227,
57, 287,317, 319, 329,332,339.
347,349,350,351,353,354,356,
367, 368,369,371,37t 378, 381,
382, 383, 384, 385, 386, 387, 388,
389,390,392,393,394,395,402,
405; ([I, XXIV, XXVII, 9, to, 94, 9(\,
97, 122, 195; IV, 7,26, 51, i39,
166, 177, 180, 194, 195, 20
, 2iO.
213,
15, 231, 236, 237, 238,239.
2iO-2i7, 248, 250, 253, 251, 255-
26
402
rABLE DES N011S err lis
268, 275-281, 297, 298, 301, 303,
306, 307-325, 327, 328, 329, 336,
339, 34í, 3i5, 346, 347, 357, 3J8,
359, 360, 361, 363, 365,366, 378,
38
.
Doenniges, III,
5, 30, 31 ; IV,
137.
Doenniges (1\1 l1e de), 111, 14
.
Dorsch, I, 65.
Dove, HI, 2
6.
Oowial, II. 308.
Drepper, II, 335.
Dreves (Lebrecht), I, 2
8 ; II,
2
.
Drey, I, 15
; II, 20,
t, 23.
Drosle-Huelshoff (Annette de),
II, 222.
Droste-Huelshoff (CIémenl-Au-
guste de), 11, 143.
Droste-Vischering (Clément-Au-
guste), I, v, VI, IX, 254, 274,
275,280,281,287, 309: II, 100,
i42, 1.\3, 163-197, 200, 203,
09,
211, 212,215,216,217, 218,220,
242, 26L, 264, 293,312, 385,405,
422, 423: Ill, XXIII, 8, 195, 200,
31,
36, 310; IV, 37, 52.
Droste - Vischering ( François -
OUo), I, 287.
Droste- Vischel'Ïng (Gaspard-Ma-
ximilien),L254,287;1I,156,157.
Droysen, HI, 43.
Duerer (Albert), I, 2i6.
Duesberg, II, 259; 111, 219, 2
7.
Dujarrier, II, 320.
Dumont, Ill, xxx.
Dumortier, III, 104.
Dungern, III, 21-
Dunin (Martin de), II, i91, H18,
i99, 200, 209.
Dupanloup, IV, 50, 245, 305, 333,
339, 34', 345, 348, 3i9, 361, 366,
373.
Duveyrier, III, 326.
Ebel, I, 343.
Eberhard (Mathitas), III, 262, 274,
275; IV, 325, 326, 349, 351,352,
378.
Eberhard (de Ratishonne), II,
2ü2, 313; IV, 309).
Eck (Jean), III, XIX.
Eckar'tshausen, II, 274.
Eckermann, II, 60.
Eckstein (baron d'), I, 192, 3390
Edelsheim (baron d
), Ill, 6i.
Eggers, I, 234.
Eichendol'ff, I, 195, 196, 197, 199,
200,210,215,22
, 225, 330.380,
II, 97, 125, 222, 223, 234. 26i,
2S
; III, X, Xl.
Eichhorn, II, 97, 256, 265, 306,
301, 315; Ill, 178.
Eichler, HI, 262.
EUendorf, 11, 298.
Elvenich, II, 168, 169.
Emmerich (Catherine), I, 307 ; II,
73, 92, 93, 94, 95.
Engels, III, XXXV, XXXVI, 152.
Erhard (Gaspard), II, 294.
Ernsthausen (Ernst v.), III, 252.
319.
Erthal, I, 61, 62, 63, 78, 79, 1.01
II, 12, 123.
Erwin de Steinbach, I, 212.
Eybel, I, 27, 29, 43.
Eyth, III,
06.
Failly (vicomte de), II, 126, 25$0
Falk (maître-boucher), Ill, xxxv
Falk (Jean), I, 170.
Falloux (comte de), If, 10:1.
Febronius. Voir Hontheim.
Feder, I, 66.
Feller, I, 71-
Feneberg, I, 293, 296.
Fénelon, I, 177, 178, 279, 29';
II. 233.
Ferdinand Ier. II, 406.
Ferrari, III, 271-
Fesch, I, 102.
TABLE DES NO
IS CITÉS
essler, III,
7 ; IV, 8i, 347.
euerbach (Anselme), III, XVII,
XVIII.
euerbach fLouis), II, 30, 230;
IV. 168. 259.
ey (André), Ill, 183.
ey (Claire), HI. XL, 183, 184.
I ichle, I, 183, 184, 185, 196, 200,
329, 334; III, 44 ; IV, 217, 259.
I icker, Ill, 46.
I ilzinger (Apollonia), II, 73.
ingerlos, I, 1Bi:, :166, 30i.
irdousi, I, 359.
I irmilien, II, 298.
ischer, II, 291.
IiI', IV, 23
-236.
lorencourt(Bernard de), III, i93.
lorencourt (François de), II, 190;
III, 38, 74, 193, 26'.
lottwell, Ill, 279.
lorenzi (marquise), II, 107.
loss, IV, 281.
Jerster. 11, 201, 306, 349, 350,
366, :i83, 396; Ill, 21, 39, 234,
259, 274, 285, 286; IV, 204-, 2J 8,
219,220, 274, 296, 349, 378, 383,
386.
)nk, II, 6.
)fster, I. 62, 79, 319.
)rster (Frobenius), I, 90.
)rwerk, IV, 378.
anchi, III, 318.
anck, IV, 93.
'ançois (saint), I, 1 70, 2
0.
'ançois de Sales (sain t). I, 177,
255, 293; IV, 254.
'ançois II, I, i 10, 130, 231, 248;
II, 44.
'ançois-Joseph, III, 34, 35, 52,
56, 65, 68, 225; IV, 53, 72, 79,
80, 104, 317.
'ank, I, 10
.
'ansecky (général de), II. 179,
193.
'ansoni, IV, 71.
'antz (Joseph), I,
5.
403
Franzelin, IV, 2i4, 252, 352, 353.
377.
Frayssinous, I, 233.
Frédéric de Wurtemberg, 1I, 2:j.
Frédéric II de Hohenstaufen, I,
18.
Frédéric II, I, 3. 62, 85, 93, 9i,
381; 111,28,41,42,43,45,47,
61, 65, 262.
Frédéric III, III, 112, 271, 308,
311.
Frédéric-Guillaume Ie', III, 20,*.
Frédéric-Guillaume II, I. 74.
Frédél'ic-Guillaume III, I, v, 140,
144; 11,39, 126, 127,130, J31,
:136, 18:5, 191, 194, 1
9, 204,
206, 209,212,213,250, 257, 320;
III, 218, 226.
Frédéric-Guillaume IV, I, 222:
II, 80, 93, 11.0, 1.34, 150, 1.81,
i 93, 206, 209, 210, 211,212, 213,
214, 215, 216, 233, 234, 235, 238,
240,246, 252, 253, 2
4, 257, 258,
259, 260, 261,307,314, 315, 341,
371,402; III, 9,1.7.20, G8,88,
H3, 1. 75, 2
0, 224, 225. 226, 227,
228, 229 ,235, 25H, 25
, 257, 260,
267, 270,271, 275, 308, 309; IV,
34. 212.
Freiligrath, I. 318; II, 230.
Freitag, IV, 187, 329.
Freppel, II, 74; IV, 298.
Friedberg, I, 149.
Friedrich, I, 1.39, 154 ; II, 87, 396 ;
III, 100; IV, 251, 309, 360, 361.
Frohschammer, IV, 228-230, 240
24U, 312.
Fuchs (Bernard), II, 78, 79.
Fuehrkh (Joseph), I, 2i2 ; 11,224.
Fuerstenberg (François de), I,
.253, 255-265, 270, 272, 279, 286.
Fuerstenberg (François-Egún de),
II, 224.
Fu
er-Gloett, Ill, 31.i,
i:O
fABLE DES NO
IS CITÉS
Gagern, II, 342, 352 ; IV, 89.
Galen (Ferdinand), II, 193 et Ill,
7n.
Gallitzin (prince Alexandre), I,
2
'!}; iI, 82.
GallilÛn (princesse Amélie), I,
169, 177. 1. 78, 180, 253-256, 2:>8,
261, 270, 277, 279, 284, 285,
287, 288; II, 92.
Gallitzin (Dimitri), I, 254.
Gangauf, IV, 216, 217.
Garampi, I, 59.
Garibaldi, II, 135; III, 144.
Gasser, III, 40 ; IV, 353, 3
4.
Gebhard de Truchsess, I, G5.
Geiger, I, 90, 127.
Geissel. II, 1.6, 17, 10
, lU6, 21-í,
215. 216, 217,219,240,212,251,
255,256,257,260,262,265,266,
287, 293, 296, 306, 315, 327, 328,
334, 335, 337, 338, 350, 352, 358,
376, 377, 378, 382, 384, 385, 386,
388, 392, 393, 39i, 395, 403, 40i,
407; HI, xxx, 38, 39, 88, 100,
108, 121, 176-182, 184,1.86, 203,
O}, 21
, 223,1224, 228-239, 256,
2
7, 259.267,273, 27-i, 275, 285,
286. 288,289, 294, 302. 307. 308,
318; IV, 42, 49, 52, 62, 66, 71,
73, 76, 136, 137, 140, 150,151,
152,153, 154, 161, 206,207, 208.
209, 210, 217, 218,219,220, 221,
2, 267, 274, 282.
Gelzer, HI, 285.
Genga (della), I, Hi, 115.
Gennolle, J, 152.
Gentz, I,
31, 3i3, 355, 380, 381-
is89; II. 332.
Gerbert (Martin), I, 90.
Geritz, H, 337, 3H, 3
j5.
Grl'lach (Elonest-Louis dc), I, 372 ;
III, 7
), 215, 2í6,
47, 252, 2;:a,
2:>9, 289, 295, 309; IV, 51, 52,
195, 246.
Gerlach (Léopold de), I, 372; II,
257; Ill, G, 19, 20, 21, 42, H2,
198,251,257,259,260,261,264.
, 315; IV, 91,212.
Gerson, 1, 37.
G('I'vilHls, II. 2:)0, 231, 30;), 387 .
IH, :XI, XII, 4.}; 1 V, 179.
Gesenius, IV, 3820
Gfroel'el', 11, 189 190, 339; IV
45, 46, f.i4. 174.
Giese (Bernard-Martin), III, 193
194.
Giese (Joseph), IV, 300.
Giesebrecht, III, 29: IV, 174, 175
176.
Gioberli, IV, 2)7.
Giovanelli, II, 67, 72, 74, 75, 255
408.
Gladstone. 11,41 ; IV, 247, 317.
Gloeden, IB, 193.
Glossnel', IV, 283.
Gneisenau, I, 343.
Gneist, Ill, 322, 323, 32í.
Godon, I, 323.
Gocrres (Guido), I, 32:5; H, 73
102, 103, 104, 108, 2\3 ; III, v.
144, 149.
GoelTcs (Joseph), I. 1
il, 166
181, 189, 213, 214, 215, 216, 218
2
1, 2
3, 216, 248, 2i9, 282, 2
8
309, 310, 314, 315-367,390, 391
II. 12, 17, 50, 51, 55-76, 83,84
8:>, 89, 90, 9
, 93, 9i.95, 9G,
7
100,104, 105, 107, 108,110. 1H
140,11.1, li3, i.H, 1i!), 17ü-179
200, 2()'t, 20r;, 20li, 210,
18, 219
3G,
J2, 2
3,
:>4, 2j5, 2:J7, 262
282,29:>,299,306,307, H14, 3Jfi
328, 330, 331,357, H18. 41R, 421
423, 4.24; 111, X
IV, 4, 15, Sf
82, 1B, 164; IV, 20i.
r
oerr('s (l\lme Jospph). I, 360 ; II
68.
Goerres (Marie), I, 31G ; IV, 2.}1
Goethe, I, 10í, 139, 166, 167, 168,
1G9, 170, 111, 173, um, 183. 184
185, 18S, 191, 193, 1!J4, 1
., 1!JG
197, 2H, 212, 214, 216, 219,
u.
TABLE DES NOl\IS CITËS
221,222,230, 231,239, 2-i7, 249,
250; II, 60, 77, 82, 205, 343;
Ill, 5.
olther, IV, 93.
onella, IV, 171,230, 255.
ossner, I, 298,299 : II, 107.
ratr'y, II, 14 ; IV, 2H, 366, 371.
régoire de Nazianze, r, 338.
rét:roire \TII, I, 55; 11,
-:!.7, 231,
40g; IV, 30go
régoire XVI, II, 18, 138, 145,
116,152, IG6,167,1ß8,169. 171:,
175,176, fUl, Ig5, 197,199,200,
02, 212, 218. 2
O, 408; HI. 236;
IV, 130, 202.
I'egorovius. IV, 307.
reith, IV. 79, 257. 261. 28;j, 31 L
resser, IV, 177, 1S2, 323.
('illparzer, IV, 79.
rimm (Guillaume). I, 331, 340,
3D,3i3, 362 ; II, 06, 92, 10å.
L'Ïmm (Jacob), I, 331, 339, 340.
341, 343, 358; II, 10
, 227. 3;{2.
rimme (Fl"
ùéric-Guillaumc), III,
x.
I'ilzncr, II, 343.
ronhcid, III, 16i.
I'oshoff, I, 247.
ruscha, II, 410; 111, 101, 11.
,
195.
ucglcr, I, 127, 306.
ucnlhcr, II, 43-
3, 311 ; IV, 20
-
10, 216-2
1:, 226, 227, 271, 273,
3;)9.
uilIaulTIp. de Bade, I V, 106.
l1ilIal1me Ier,roi de 'Vl1rtemberg,
IV, 68, 85.
uillaume lor, roi de Prl1sse, I.
3i4; II, 336 ; Ill. 37, 60, 64, SO,
HI8, 273, 276, 283, 312, JI8:
IV.
04, :i22, 383.
uillaumc IV de Hesse, I, 3
.2.
uií'ot, H, 229; IV, 2í5.
ury. IV, 17.
'utzkow, I, 193; H, GO, J:JO, 2:';1.
[acberlin, I, 116, 123 ; II, 117.
Oä
Haeckel, lIT, xv.
Haeffelin, I, 108, f09, 141.
Haegele, II, 5; IV, 120.
Haeusser, III, 13, 14, 44,
5, 48,
81 ; IV, 81, 83, 96.
Hafenbraedl, IV, 192.
Haffner, III, 163; IV, 187. 260,
342.
Hagen, If, 349.
lIahn-lIahn (Ida de), II, 29
;
Ill, VII-X, XXVI, 192; IV, 18,
279.
lTaiz, IV, 46.
Haller, I, 315, 367-374, 390, 391 ;
IT, 98.
HaUmann, II, 2í2.
Hamann. 1,175,177. 279.
Haneberg, I, 343; II. 92, tOO,
330; HI, 309; IV, 190, !Ol,
227, 254, 300, 313.
IIardenberg (Charles), I, 208.
IIardcnberg (Charles-Auguste), I,
l-í:{, 148, 230, 313, 382; II, 125,
153, 154, 191.
IIar'dcnberg (Frédéric) : voir Na-
valis.
IIardung, III, 2.\0.
Harless, IV, 18i, 185.
Harnack, IV, 310.
Hartmann, II. 226.
HassJacher, III, 189, 191.
Hatzfcld (comtesse), IB, 14
.
Hay, I, 3L
JIaynald, IV, 3i8, 351, 378.
Ileùderic h, I, 66.
lIcfele, I, 166; II, 42, 43, 267,
283, 319; IV, 2R2, 28í, 2R;),
2
17, 2
8, 300, 301, 302, 337,
339, 340, 348, 367, 37-i-, 378,
386.
IIdlH'L' AllC'nC'ck, I I, 235.
Hegel, 1, III, !J6; II, 40, SO, 81,
107, i23; IV,
Og, 217, 25
L
Heide ((:1'11('011 \'011 ùcr), 111,
}':?
Hciue (Hcllri), I, 181, 1S8, J93,
194, 203, .207, 214, 218, 223,
406
TABLE DES NOMS CITÉS
239, 2U, 2i9, 250, 375; II, 67,
68, 76, 77, 88, 17t, 179, 18t,
222, 230, 241, 2
3, 250, 331:
III, 239.
Heiner, IV, 272.
Heinke, I, 19, 20, 21, 22, 23,
6,
27, 28, '6.
Heinrich. 11.18,361,399; IIr,
II, 96. 97, 98, 103, tOt, 122,
188, 303; IV, 12, 15, 17, 108,
250, 254, 257, 260, 268, 271.
333, 336, 338.
Helffer, I, 367; II, 98.
Helfferich, I, 127, 128, 135, 1'1.
Hemsterhuis, I, 177, 255.
Hendel, IV, 68.
Hengstenberg. III. 206, 281-
Henhoefer, I. 1.39.
Hensel (Luisa),lI. 91,93: III, {8
.
IIerberstein, I, 34.
Herder (Benjamin), H, 279, 282,
283, 407, 408; IV, 2-i3.
Herder (J. Gottfl'ied, I, 16t, 171,
182, 198,209, 211.
Hergenroether, II, 220, 283; IV,
250,251,260,265,279,297,311,
358.
Hermes, I, 275; II, 6. 46, 51. 142,
14,4,145,166, 167, 168; IV, 210,
359.
IIetsch, II, 81.
Hettinger, III, 309; IV, 250, 251,
260, 297.
neuser, IV, 301.
Heynse, I, 62.
Hieronymi, II, 303 ; III, 142.
Hildebrandt, IV, 83, 84, 90.
Ilimioben. III, 215.
llimpel, IV, 287, 365.
llinkeldey, III, 1120
Hinschius, IV, 365.
lIirscher, 11,21,273, 274,275,276,
277,278,279,289,291,386,396;
In, XXXII, 9-i, 95, 96, 97, 98; IV,
10, 20,21, .it, 68, 215, 254, 257,
267.
Hoche, I, 319.
Hoefer, IV, 287.
Hoelderlin, I, 335.
Hoermann, IV, 18.2, 193, 194.
Hoetzl, IV, 366.
BoeveI', III, 184.
Hofbauer, I, 64, 128, 129, 165,
201-, 20D, 2
4, 233, 300, 301 ; II.
4
,
5, 405.
Hofer (André), I. 99.
Hofferichter, II, 300.
Hoffmann (Franz), II, 82.
Hoffmann (Fridolin), III, 305.
Hoffmann de Fallersleben, 11,2630
Hofmann, I, 79.
Hofstaetter, II J 100, 327, 383 ; IV,
1.47, 3í2.
I1ohenlohe (prince Alexandre),
II, 62, 119.
Hohenlohe (princp Clovis), HI,
XV, XL, 52, 53, 54, 76 ; IV, 178-
195, 216, 313-32J, 327, 330, 33U,
345, 3
7, 348, 3
9. 371.
Hohenlohe (cardinal Gustave).IIJ.
272. 309; IV, 113, 180,261, 325,
3-í5, 346, 348. 379.
Hohenlohe-Waldenburg (prince},
IV, 92.
HohenzolIern (Joseph de), II, i26,
127.
Hohenzollern {prince de}, III, 276,
279, 280.
lJolbach (baron d'), I, 211.
Holzammer, IV, 35.
Homère, I, 189.
Hommer, II, 144, 159.
lIompesch, II. 131-
Honorius, IV, 367.
lIontheim. I, 9, 10, ii, 12, 13, 14,
15,16,17,18,22,35,37,38,39,
O, 41., 47, 55, 78, 80, -106. 152;
II, 211.
Horix, I, 62.
Ilormayr, H. 106.
Hornstein, II, 139.
Hortig, II, 88.
TABLE DES N01\IS CITÉS
Rosius, IV, 329.
Hotho, II, 81.
Hurzan, I, 3'.
Huber (FridoJin), I. 139.
Huber (.Jean), IV, 168, 265, 266,
277, 307.
Huber (Victor-Aimë), I, 193; Ill,
127, 13
, 135, 161-
Hueffer, III, 119, 278, 296, 297,
299, 300, 30t.
Huesgen, II, 145, t72, t 73, 175,
196, t97, 212.
Hug, II, 5.
Hugo, I, 193.
Humann (Mile), II, 14..
Humboldt, I, 95, 104, 110, HI,
136, 138.
Hummel, IV, 68, 69.
Hurter, r. III, 90, 234; 11, 107,
13U, 228, 229, 230, 240, 27
,
284. 290, 291, 299, 376, 407,
408, 413, 420, 422, 423; III,
2,
46. 47, 48,
9; IV, 38, 73, M5,
216.
Buss (Jean), I, 297 ; II, 269.
lIyzlcr, I, 243.
Ignace d' Antioche (saint), II, 33.
Ignace (saint), II, 13.
Innocent III, I, 55: II, 228, 229 ;
Ill, 46.
Isaïe, I. 3i3.
Isenburg (prince d'), IV, 3
.
Ittenbach, I, 2í3; II, 186, 224;
11 I, XIX.
Jacobi, I. 91. 102, 169, 170, t 77,
180, 181, 2;j5, 271J, 292, 334;
IV,2Si.
Jacoby, HI, 148.
Jahn, "HI, 1 J.
Janssen, 11, 180. 223; III, XIII,
XXI, XXII, 4(i, 6:\, 81, 227, 294;
I V, 2ôí.
Jar'ck(', I, 2
8; II, 80,97, nx, 101.
401
108, 2Õ
, 316, 330, 357, 396; Ill,
tOO, 112.
Jaumann, II, 267.
Jean de Saxe, II, 299, 307; IV,
320.
Jeanbon-Saint-André, II, 1
.
Jeanjcan, II, 14.
Jeanne d'Arc, 11,102, 103.
Jenison, I, 141.
Jochum, I, 299; II, 79, 424; IV,
188.
Joerg, III, 39, 46, 1 a, 149.1.53,
167; IV, 166, 184, 188, 195,
241, 244, 255, 261, 283, 307,
312, 329, 330.
Jolly, HI, 45 ; IV, 99, 100, 1.06-
117, 1.19, 120.
Jordan, II, 348.
Jordanës, HI, 29.
Joseph de Cupertino (saint), 1,42,
Joseph II, I, 3, 5, 18, 19, 21-53,
55.58, fit, 65, fiG, 72,81,97, !HI,
11!}, 120; II, 13, 123,353, '060
.H3.
.Ioseph-Clément, I, 60.
,J osias, iI, t 07 .
Jourdain, II, 104.
Juergens, II, 339, 3i5.
Jules lor, II, 33.
Julius (Heinrich), I, 331.
Jung Stilling, J, 175, 335, 336.
Justinien, I, 37.
Kaiser, II, 140 ; IV, 8.
KaUner, I, 29.
Kamptz, II, 172.
Kanilz, I, 2
'.
Kant. H, 9, 79; IV,
08, 259.
Kasper (Catherine), IV, 1-i.
Katcrkamp, I, 255, 287.
Kaufmann, IV, 328.
Kaulbach, Ill. XIX, xx.
RauIen, II, 283.
Kaunitz, [,
O, 26, 27, 33, 49, 50,
52, 2
8.
I{phler, III, 1.!:I2.
408
TABLE DES NO)IS CITÉS
Keller, I, H3; II, i37, i38, 139,
i9, 267, 268.
Kellermann, I, 287.
Kellner, III, 76, 78, 2U, 211, 216,
217. 320.
Kempff, I, i52.
Kerbler, If, 299.
Kertell, II, 139.
Ketteler, (Guillaume-Emmanuel),
I, VII, 266; II, 89, 90, 94, 101,
141, 193, 218, 253, 234,255,288,
327, 338, 339, 341, 356, 361, 365,
367, 370, 371, 393, 397-400, 403,
27; III, VII-X, XXII, XXIX, :xxx,
XXXIV, 4, 17,18,37,39,50,5155,
64, 67-74, 80, 81, 8
, 83, 88, 98,
102, 103, 122-145, 147, 1:50, 155-
163, 16j, 167,181, 18.}, 188. 21.
,
2i
, 280, 2!J3. 294, 2
5, 303, 306,
308, 30
', 310, 311. 313, 314, 318.
319 ; IV,
, 8, 12, 13, 14-20, 22,
23,24, 25, 28,31,32, 39, 47, 49,
54, 55, 59, 67,68, 71, 73, 86, 87,
89,91, 92, 93, 104, 105, 106, 11 0,
1.13, Hi, H6, H9, 199,210, 231,
2.U,250, 266, 267, 272, 273,278,
282, 285, 295, 297, 325, 333,334,
336, 338, 342, 344, 349. 350, 35
,
360, 364, 368, 369, 373, 375, 3ï6,
37;, 378.
Ketteler, (Rich ard), II, 3
1.
Ketteler (Wilderich), III. 240, 296.
Kettenburg, III, 193; IV, 3:5, 36.
Kevcrberg (de), I, 266.
Kiefer, IV, 95, BO.
Kieffer (Jacob), III, XXII.
Kimsky (baronne), H, 190.
Kirchheim, HI, II.
Kistemaker, I, 2J5, 283.
Klausener, IV, 295.
Klee. II, 16,18,105,108, H-í, 196;
IV,
5.
Klein (Joseph), I, 142.
Klein (pI'ètI'e), HI, 2U9.
Kleist (Henri de), I, 200, 201,
202, 206, 381, 382.
Kleist-Retzow, III, 219, 250, 251,
253.
Kleutgen, II, 8, 277; IV, 210,
236, 2M, 252, 267, 311, 352,
353.
Klindworth, III, 88, 269, 270,271,
72.
Klinkowstroem (Frédéric - Au-
gnste), I, 2330
Klinkowstroem (Joseph), III, i!}1.
Klinkowstroem (Maximilien), Ill,
191.
Klopp (Onno), III, 45, 47, 48;
IV, 3) 6.
Klopstock, I, 181.
Knauer, If, 296.
Knies, IV, 101, 111.
Knoodt., IV, 204, 20:>, 207, 2n9,
217, 218, 220, 2
l, 25
,
73,
27 -i.
Koch (Jean-Louis), II, 11 7 ; J V, tu.
Koch (Nicolas), IV, 170, 177, 275.
276, 277.
Koenigseck, I, 650
Koeppen, II, 65.
Koerner, I, 104.
Kohlschuet.ter, Ill, 316.
Kolh (professeur), I, 33.
Kolb (consul), IV, 69.
Kolborn, I, 109.
Koller, II, 413.
Kollmann, IV, 6.
Kolping, III, xxxrv, 38, J05-116,
fi9, 121, 16:?, 163,165, 166, 168,
248.
Kopp. l. 78. 123 : JI. 123.
Kotzebue. J, 146,
2, i1
4, 3
:i.
Krabbe, I, 239, 2üU: II. 11,
tj:
,
392, 393.
Kraetzig, HI, 2:21,
2:2,
24.
Kraus, III, 319.
Kl'l'iLk1. HI.
l.
Kl'emcnt.z, 1 V, 3
8, 3i9, 3:;9. 378.
Kr'csel, I, 32.
I\l'etz, II, 3ü3.
Krüdner (.Mille de), I, 29
)'
TAßLE DES NOMS CITÉS
rum., I, 1 f).
rug', J)
7.}.
uebel, IV, 4.3, 111, 113, 114,
119.
I uehne, [II, 268.
I uenzel', II, 291, 301, 35i, 355.
I uppfcr, Ill, 18.
I uhn, 11, 42, 122 ; IV, 283, 284,
2
5, 2
6, 297.
.u
ha t, II, 41.
lcordaire, I, 229; II, 86, 10i,
1.89, 397.
lflenberg, HI, i 77, 178, 1. 79, 180,
206.
1 Fayette, I, J 79.
t Fayet.l(' (M me de), J, 179.
... Garde-Chamhonas, I, 20:>.
1 Luzernc, I, 179.
lmartine, 11, 32G.
1mbcrt de Sainlc-Croix, III, 301.
1mbl'uschini (cardinal), II, 152,
158, 160, 1.68, 175.
lmennais, 11, 77. 10i, 105, 137,
t 75, 176. 286, 333, 423.
lmey, IV, 10í, 105, 106, 107,
11 0, 112, 115, 1.18.
lmotte-Fouqué, I, 181.196, 215,
218.
troche (Fanny de), IV, 17, 18.
lsaulx (Amélie), II, 208.
lsaulx (Ernest), I, VIII. 230; 11,
(j9, 75, 100, 102, 109, 192, 328,
3
9, 339, 342, 3.i4, 347, 3í8; III,
:n, 9G; IV, 78.
01, 20
.
lsinsky, I, 234; II, 3G3, 364,
3G7; III, XXII.
lsker, III, 75, 324.
lssalle, Ill, 127, 128, 132-143,
146, 147, -150-1J4,
mbe, I, 193: II, 339.
mrcnt (Jean), J,
44, 330: II,
7
, 9J, 144, 1G5, Itj6. 169, 170,
171, 174, 17J, 176, 177, 1.80,190,
19G, 1!}7, 212, 213, 258, 312, 313,
409
361 ; III, XXI, 40, 183; IV, 261,
295.
Laurent (Joseph), II, 180, 313,
361; III, XXI; IV, 295.
Lavater, 1,176, 182, 279.
Lavigerie, IV, 362.
Lazzari (Domenica), II, 73.
Le Eret., I. 27.
Ledebur, II, 156.
Ledochowski, IV, 3
9.
Leillingen, IV, riJ, 5R, 70.
Lender (direeLeur de gymnase),
II, 270.
Lender (F. X.), IV, 118, 119.
Lennig, n. 17, 137, 173, 19;:;, 219,
272, 2
H, 306, 359, 36(), 3Gl,
362, 373, 376, 392, 3U4 ; Ill, 9i ;
IV. 12, 15, 17.
Leo, II, 75, 227, 2
8 : IV, 51, 52,
245.
Léon (saint), I, 35.
Léon X, I, 59.
Léon xn. I, 153; II, 121, 151 ;
IV, 214.
Léon XIII, II, 38, 2íO; IV, 270,
279, 33
.
Leonroù, IV, 340, 349.
Léopold II, I, 2:2. 27, 32, 36, 52,
53, 77.
Léopold de Bade, IV, 26.
LCl'chcnfelù, I. '140, 14
.
Lerminier, I, III; II, 84.
Lessing (Charles-Frédéric), II,
224; III. XIX, xx.
Lcssing (Gotthold-Efraïm). J,245.
Leu (Burkard), IV, 2fi, 4G, 21ä.
Leu (Joseph), II, 29
.
Lewald, Ill, 193.
Lianno, IV, 312.
LiheratOl'c, IV, 371-
Lichnowsky, n, 3G:5 ; III, 123.
Liphpr (Ernest), II, 192; III, 164,
HI:), 1G7.
Lieher (Mauriee), II, U8, 140,
1
}2, 2t-iX, iHJO, 39G; 111, 98, 99.
JOU; IV, 29.
410
TABLE DES NOl\fS CITÉS
Liebermann, 11,14-20,56,310; IV,
212, 294, 295.
Liebknecht, III, 152.
Liechtenstein (prince de), 11,239.
Liedekerque-Beaufort, IV, 70.
Limburg-
tYI'um, I, 73.
Lindau, IV, 102, 103, 10i, 1. 17,
1.18, 121-
Linde, II, 378.
Linden, 111, 55.
Linder (Emilie), I, 234; II, 90,
102, 225; III, 191.
Lindl, I, 299, 302.
Lingens, II, 363, 370; III, 183,
2i-2, 319.
Linhoff, II, 260; III, 221, 222, 322.
Linsenmann, IV, 266.
Lipp, II. 26 ; IV, 39. 69, 80, 287,
288.
Liszt, 11,329.
Locherer, 11. 12:?
Loe (Félix de), IV, 38;;. 386.
Loe (Max de), n, 26ft, 281.
Loe (OUo de), ILl, 76.
Loewenstein (prince Ch. de), IY,
1.06.
Longfellow, I, 214.
Loose, II, 308.
Lossen, IV, 281.
Losser, I, 234.
Lotze, 11[, xv.
Louis )saint), IV, 315.
Louis Ier, I, 89, 127, 128, 142, 214,
241, 2i
, 2i7, 301,308,310,343;
Il, 12, 59, 60-65, 106-110, 174,
178, 205, 214, 233, 239, 2-i3, 257,
266, 306, 319. 327, 328,329,332,
20; In, 23, 24,28, 66,275 : IV,
1:t6, 1
7, 151.
Louis H, IV, 167, 168, 169, 171,
178, 180, 181, 313, 321, 342.
366.
Louis XIV, I, 37.
Louis-PhiJippe, T, 15 ; II, 187, 188.
l.,uUbl' Ùp Prl/sse. I. 3
1.
Loyson, IV, 343.
Luca (de), III, 303 : IV, 156, 25
25-i, 255.
Luden, II, 226, 228.
Lukas, III, 217, 319.
Luppurger. I, 127.
Luther (Ernest.). II. 300.
Luther (Martin), 1. III, 13,169,20;
203, 23
, 233, 279, 280, 297; IJ
13fi. 186, 2H, 242, 296, 317
III, XIX, xx, 3,14,16, 17, 4
44, 65, 66, 151,
62; IV, 2i1
376, 379.
L utterbeck, IV, 273, 277.
Lutz, IV, 181.
Lux (Adam), I, 31
.
Maas. IV, 44. 45.
.Maassen, HI, 193.
Macaulay, 1 rI, 4
).
l.hlCk, II, IE}, 2190
:Maier. IV, 276. 277, 2
7, :171.
Maierhofer. IV, 140.
MaistI'e (Joseph de), I, 1
O. 208
II, 98.
Majunke, III, 305.
l\falkmus, IV, 8.
Mallinckrodt, I I, 260; III, XXI
37,38, 55, 56, 58, 59, 63, 67, 71
75, 78. 119, 120. 220, 241, 24
243,246, 247, 248, 2
9. 259, 261
268, 269,276,278, 279, 287,291
297, 298, 300, 302, 303, 306, 31:
320, 3
3; IV, 305, 331-
Mallinckrodt (Pa uline de), II
1S
, 184.
Maltzahn, II, 191-
Mamachi, I, 16.
l\1ame. 11[, 163.
Manning, IV, 313, 317. 334. 33:
336, 344. 349. 35i, 371,372, 3:.
Manteurfel, II, 3
6: 111,18. 21, 2
S, 198, 235, 25-i, 251, 263, 2fì!
70, 271. 272, 273; IV. :15, :U
5, 51), 57, 58.
Manzoni, T, 170, 171; If, 3.
TABLE DES NOMS CITÉS
4ff
larcien, I, 37.
faret, IV, 301, 305, 307,313, 359.
larheineke, II, 75, 80, 123.
larie-Louise, I, 222.
larie- Thérèse, I, 3,17,1. 8,19, 21.,
23, 26, 28, 4
, 46,
8, 49, 85.
larmon, IV, 14.
lartens (Guillaume), I, 210; II.
222.
lartin (Conrad), II, 70, 86, 1.24.
196, 227; III, xxx, 98,118,185,
225,308, 314, 315, 316,
17 ; IV,
38. 209, 255, 282, 283, 295, 206,
305, 31.6, 340, 3iO-354, 356, 37-í,
376, 382.
,Iartini, 1,25, 31.
larK (Karl), II, 30}; III, XXXV,
xxxvI,133. 1.52.
larx (LothairC' - François - Phi-
lippe), II, 150.
[arx (chanoine). III, XXXIV.
\tast, 11, 36}; IV,
87, 288, 301..
,latter. II, 86, 305, 306.
ylaximilien Ier (élccteur), II, 59,
65; 11[, 27.
,taximilien Ier (roi de ßavière), I,
I, 91, 98, 108; II, 62; IV, 14L
tIaximilien II, I, 236; 11, 76, 353,
382; HI, XXI, 23, 24, 25, 26, 21,
29,30,31, 228 ; IV, 127,136-138,
141, 142, 14
,146,150, 1.51, 152,
153, 155,1.56, 157, 1.58, 15
, 160,
162, 165,1.66,167,168,169,
65.
\faximilien-François, I, 65, 70.
\:layer (chanoine), IV, 303.
\Iayer (Salesius), IV, 367.
\leglia, IV, 267, 298, 299, 300,
303, 333, 338, 340. 346, 317.
\Iehrings, IV, 81, 84.
\Ieier (OUo), II, 419: III, 201,
202, 2ÛO, 261.
,Ieinhold, III, 192.
'leJanchthon, II, 296.
'[etchers, II, 1
6; HI, 60, 16:1,
197, 234, 308, 309, 312, 3:21;
IV, 282, 2R7, 2!16, 322, :3
6,
327, 339,349, 350, 352, 359, 378.
Menze] (Wolfgang), I, 250.
Mercy-Argenteau, I, 50.
Merk, II, 287.
Merkel, II, 125, 287, 307.
Mermillod, III, 104; IV, 26-'.
lersy. II. 289.
Merten, IV, 205, 207.
:Mertian, II, 16.
Metternich, I, 53, 106, 124. 130.
131, 132,133, 135, 136, 31.4, 347,
355, 384, 385: n, 187, 188, 1.91,
193, 199, 229, 238,250, 306, 307,
308, 405,
06, 407,408,41.3, 414,
427 ; III, 99, 235 ; IV, 53.
Meurin, III, 236; IV, 207.
Meyer (Bernard de), III, 153,
15
; IV, 78,
46.
Meyer (Hans-Henri), I, 222, 240.
Meyer (Théodore), IV, 268.
M('ysenbug, IV, 55, 76, 90.
Michaud. [ V, 344.
.Michelis ([
douard), II, 191 ; HI,
7, 1.03, 195, 200.
.Michelis (Frl'déric), IV, 78, 215,
231, 242, 253, 254, 256, 2
9, 264,
265, 2P8, 311.
.Mieroslawski, II, 209.
Migazzi, I, VII, 1.7, 20, 23, 32,42,
45.
Milde, II, 408, 409, 41.0.
[iquel, III, 75.
Mischler, III, 13!L
Moehler, I, VII, 91, 1.45, 1.66; II,
4, 20, 24-43,51, 55, 86, 1.01,105.
126, 1
1, 143, 176,229,287,289,
311: III, XXIII; IV, 286.
Moeller (Jean), II, 146 ; III, 10.L
MoeIler (Nicolas), I, 207.
Moerl (Maria de), n. 73; IV, 2520
Mohl (Maurice), III, 51 ; IV, 83.
Mohl (Robert), II, 341; III, 94 ;
IV, 54, 89, 106, 116, H 9.
MOYse, II, 332.
Molitor, II, 8
; III, III, 88; 1 '.,
140, 30L
412
TABLE DES NOMS CITÉS
Moller (Georges), I, 220.
l\lommscn, HI, 50.
Mone, 11, 270.
Montagu (marquise de), I, 178.
179.
l\Iontalembert, I, 2G8, 230, 231.,
241,290; 11,71,79. 8i, 89,104,
105,111,175, 1. 76, 18R, 189, 200,
2
8, 242, 244, 2;)8. 288, 326. 381,
393 ; III, XXVI, 37, 53, 78, 79.
1.49, 239. 240,
iI,
1
, 2H. 2í5,
.:HfI, 259, 302; IV, 50, 78, 24;),
261, 343, 345.
l\Iontès (Lola), 11, 3
9, 330, 3å3.
420; IV, 127, 166.
l\lontgelas, I, 89, 90. 91, 98, 9
1,
14
, 2U3. 302,303; II, G7, 107,
293.
I\lonlmarin, If, 201.
l\lontmorcncy (Mathieu de), r.
In2 ; II, 318.
l\Iorosini, I, 34.
loscr (Frédéric-Charles), I, 67.
l\Ioser (prélat), IV, 85.
l\Ioufang, II. 361. ; Ill, 5J, 72, 9û,
1.3i, 1.86. 14J, 156, 195, 215.
319; IV, 15,17.187,188,231,
250, 260, 265, 300. 301, 333,
334, 335, 336. 3i7.
Movers. IV, 281.
MoYI (Ernest de), II. 98, 99,
102, 104, 1-H, 176, 317, 333;
Ill, 303, 319; IV, 84. 173, 177,
263, 283.
)111l'he, II. 14. 16.
l\[uehler, IH, 3
0; IV, 33
.
Mucller (p1'ivaldocenl), If, 122.
Mueller (Allam), I, 315, 3
5, 3ü'2,
363, 380-391 ; H. 75, 80. 91-
Mueller (Andreas), 1, 2}3; II.
224; Ill, XIX.
lueller (Carl), 1,243; II, 2::?i; Ill.
[X.
.Mueller (Edouard), 111, 11
, 192,
1 96.
lucller (François-Hubert), I.
20.
Mueller (Frédéric), I. 23-\..
Mueller (Hermann), Ill, 302.
Mueller (Jean de), 1, 53, 5'.280
II, 211, 226, 228, 230.
Mueller (Jean-Georges), II, 244.
337, 338, 387.
Mueller (Siegwart), III, 111.
:Mueller (de 'Vurzbourg), II, 351
Muench-Bellinghausen, III, 21.
l\luenchen, II. 154. 155, 1
8 ; IH:
226.
l\luenster (comte de) I, 1.31.
l\lun {comte de), H, 370.
Mundt, I, 315.
Mussmann, II, 4
.
Nagler. II, 173, 176.
Napoléon lor, I, 84. 86, 87, g
,
10f. 105, lOG. 107, 110-1H), HU.
142,
50,258, 282,315, 321, 3
n,
33
, 333, 3í1, 34
, 3-15. 3';'6, 3i7,
3Ji; 11, 13, 147, 157; III, 3, 6,
79, 81.
Napoléon III, Ill. 3R. 3
, Gl, 80.
144,231 ; IV, 2Í:
, 286.
Nardi, IV, 339.
Natoli. IV, 36
.
Nauwcrk, II, 3i9.
Neander, II, 2J.
Nebenius, II. 219.
N('es \'on Esenbeck, II, 303, 303,
308.
Nellessen, II, 1.
j, 1. 1J6.
Nelt[wr, Ho Hi.
Nél'on, IJ. 60.
Nessl'lrúdp, III, 48.
e\Vman. II,
::!, {j.i : IV,2G!}.
Nickes, IV, 205.
Nicolai, J, 161.
93.
icolas (czar), U, 408.
Nicolas de Flnc, II, 'Í 02.
lSÍebuhl' (Bprlhold-Gcorges) I,
91, 1:n,1
S, 1í3, in, 146, H7,
1.i8, 1Xl, 212, 3i7; U, 133. IJß.
14!_1. 194.
TABLE DES NOMS crl'f:s
iebuhr (Marc-Cars ten-Nicolas) ,
III, 258.
iemeyer, I, 259 ; II, 6.
'iippold, T. 1 i7.
ovalis, I, 185, 1
7, HH, 197, 1U9,
207, 208, 211, 212, 336, 386; 11,
223, 230.
)berdorfer (Anna). I, 297.
)berhauser, I, 29.
rConnell, 11, 111, 272 ; IV, 11 8.
)ettl, II, 349, 38
, 404, 418; IV,
132, 145, 154.
)hler, IV, 9
.
)ischingcr, IV, 218, 311.
HIivicr (Emilc), IV, 30
, 315, 363.
I )range (prince ù'), I, 89.
)rbin, 111, 94; IV, 103.
)rigène, I, 338.
)stein, I, 61.
)sterrath, n, 364; IIr, 240.
}stini (cardinal), I, 2t9.
)swald, [V, 215.
)tLo de Grèce, II, 60.
)lto, [1[, 267, 268, 27
, 275.
Jverbcck, I, 145, 228, 229-24&,
2-18, 347; H, 61, 140, 2
4, 2
U,
234, 237 ; III, XVII, XXIV.
)vel'berg, 1, 177, 1.80, 253, 255,
2J9-
74. 277, 27U, 286, 287,290 ;
11,3, if, 92,293; HI, XXXII, 118.
)acC3. I, 58, 59,60,62. 63, 61, 70,
71, 73, 7-l, 7
, 76, 77, 80, 83, 9
,
93,
H; n, 123.
_)alrner
ton (Ionl), If,
-í5.
!appaleterre, IV, ::!O&.
)ascal, I, 19
.
)assagJia, IV, 2:a, 251.
)assavant (Jean-Charles), (I,
,2,
83, 22
, 261,286. 312, 313, 314,
315.
Passavant (Jean-David), I, 22i-,
239, 2 í3.
I
413
Passy (Antoine). II, 44.
Passy (Georges), II, 44.
Paul ùe Wurtemberg, III, 194.
Paulsen, U, UH, 2í6. 247.
Paulus {Carolinc), 1, 188, 231.
Paulus (H. Gottlob), I, 163; II,
2
8.
Paur, II, 356.
Pehem, I, 2U.
Pelldram, III, 215.
Perronc, U, 8.
Perthes, I, un, 249, 280, 292,
296, 333, 346, 34
; II, 25, 1
7,
164, 16
. 176, 2ù4, 2Jl, 310,
311, 313, 314.
Pertz, I, 91 ; II, 228.
Pérugin, I, 241.
Petersen, [11. 192.
Pctri. IV, 331.
Pfeiffer, II, 339.
Pflanz, II, 139.
Pflucger, IV, -1 B.
Pfordtcn, HI, 25; lV, 137, 178.
Pforr, I, 228.
Philippc lc Bel, IV, 31;).
Philippsberg, LV, 53.
Philipps, II,
}7, 98, 101, 108,
176, 217, ;
1fj, 3
8, 3
9, 351,
352; III, 35,
7, 149; IV,
í,
2G3.
Pholius, IV, 251.
Pichler, IV, :2ß3, 307.
Pick, I, 2g0.
Pic (cardinal), lIT, 60; IV, 3-í4,
35:?, 3
3, 362.
Pic IV, IV, 33
.
Pie vr, J, 43, 40,
iO, :)1, 52, 53
55, ö6, G4J, 70, 7
, 74: III, ,) 88. '
Pie VII, I,
4J, 10;. 11;), Uti, 12J,
12
,133, 13},1í
,14
, J4(;,3
ti,
:a7; II, 4}, 157, 41S.
Pie VIII, II, '18, H)I, 152, 168 ;
III, 271.
Pip IX, II, 33:J, :
88, 395. 405, 42-i;
Ill,
{j, 35, :)6, 96, 1
" 236. 2
S,
269, :no, 27t,
ï2, 2R
',
t ", "17.
4t4
TABLE DES NOMS CITÉS
3f8,319;IV,11,f2,49,69,7f,72,
86, 102, 132, 1
O, 155, 156, 16
,
171, 2ft, 212, 214, 215, 217,218,
2\ 9,
20, 222, 224,230,239, 24-í,
245, 2i-6, 256,261, 262, 264, 2
2,
288, 2!)2, 296, 302, 304. 316, 321,
341, 342, 345, 347, 361, 362, 372,
377, 380, 381.
Pieper, III, 282.
Pilat, I, 387.
Pilgram, II, 81; III, 121.
Planck, II, 288.
Platner, I, 233; II, 132.
Platon, I, 180, 183, 277, 28i, 285,
386,
I)occi, II I, IV.
PoUtzer, II, 41.2.
Pombal, I, 258.
Pottgeisser, Ill, 190.
Pourtalès, III. 14.
Prell, IV, 139.
Preller, III, XVII, XVIII.
Prestele, I, 303.
l)restinari, IV,
O, 75.
Probst, IV, 87, 329.
Prokesch, III, 19; IV, 8, 45, 53,
58, 59.
Prosperi Buzi, III, 18f.
Prutz, II, 315 ; III, XII.
Pugin, II, 2-í
.
Quarella, IV, 368.
Rauowitz, I, 371; II, 98, 1.63,
165, 187, 196, 205, 212, 214.
230, 233, 23J, 261, 300, 305,
314, 316, 319, 338, 339, 340,
3i1, 342, 345, 351, 356, 371,
383, 398,
18 ; III, XXXII, 9, 10,
257, 260.
Radziwill (Boguslaw), Ill, 11.3,
1. 92.
Raess, II, 16, 17, 18, 19, 57, 66,
69, 109, 111, 137, 140, 141, 287,
408, 421.
Ranke. II, 232; III,
6, 29, 41,43.
Raphaël, 1,218, 22-1:, 226, 228,261.
Ratzinger, IV, 300, 303.
Rauch, II, 8f.
Raumer (Charles-Georges), J, -14!)0
Baumer (Charles-OUo), III, 206,
207, 209, 211, 245, 255-260, 283,
28.j,; IV, 55, 78.
Raumer (Frédéric), 11, 226,228.
Rauscher (cardinal), II, 188 ; Ill,
3í, 235; IV, 217, 3-i8, 3i9, 351,
354, 367, 376, 378.
Ravignan, If I, 194.
RautensLrauch, I, 30, 31,
3.
Récamier (Mm e ), II, 233.
Rechberg, I, t40.
Rechberger, II, 44.
Becke (Elisa de la), I, 347.
Redwitz, III, I, VI-X; IV, 63.
Regenbrecht, II, 302, 305.
Rchfues, II, 211.
Reichensperger (Auguste), I, VIII,
23 ; II, i 91, i 92, 20
, 208, 225,
236, 237, 239, 242-2
7, 25i, 258,
28
, 285, 2Y5, 307, 331., 335, 337,
340,341,342,346,356,357,370,
372,418 ; Ill, XVIII, xx, :XXII, XXIII,
10-14, 5Z9, 32, 33, 37,
3, 4i, 51,
54, 55, 56, 57, 58, 60, 61, 62,
63, 78, 79, 80, 116, 119, 240,
241, 242, 2-i3, 2ii, 246, 247, 2-i8,
2i9, 253, 254, 2
6, 259, 268,275,
277, 278, 279, 284,287-293; 306,
323; IV,
8, 78, 245, 331, 332.
Reichensperger (Pierre), II, 334,
335, 33G, 337, 358, 365; III,
11, 12, 56, 58, 60, 15f, 240,
2j.2, 243, 24.i, 247. 307, 329.
Beichlin-Meldegg, II. 4.
Reiffenberg, 11, 76, 89, 98.
Reinkens, IV, 21)5, 220, 247, 248,
252, 253, 27
.
Reisach (cardinal), II, 63,100,165,
1.7.i,
293, 327, 382, 38
; Ill, 235,
236. 288, 311 ; IV, 75, 76, 113,
1.
8-13" 136, 1.38, 140, 141.145-
TABLE DES NO:US CITÉS
151., 153, 154. '155, 156, 157,
161,162,165,167,217, 218,
233, 252,
81,
V8,
01, 313.
347.
eithmayr, II, 350; IV, :no.
.endu (Eugène). I, 266; n. 320.
Oi; III, 213.
eumont, II, H.l3, 194; III, 306.
.eusch, IV, 266, 267, 268, 273,
276, J28.
.euter, III, 89.
.eyscher, III, 49.
.hoden, I, 234.
Jancey, I V, 50.
.icci, I, 79.
.ichardson, I, 2Rí.
.icharz, II, 383, ,384, 392, 393;
IV, 146.
ichter (François-Guillaume), II,
124.
ichter (Jean-Paul), I, 204, 360,
364.
liechers (P.), IV, 16.
.iedl, II, 63; IV, 155.
liegger, I, 29.
liehl, III, 125.
;iepenhausen, I. 233, 239.
jess, I V, 268.
;iffel, II, 313, 366.
.inck, II, 229, 274, 275, 291-
iingelmanll, IV, 129, 139.
lingseis. [, 9'1, 165, 167, 180,
214, 233, 2U,
47, 248,
93,
301, 302, 347; II, 35, 60, 61,
64, 65, 66, 73, 75, 79, 86, 9'1,
102, 108, 13ö, 233, 311, 319,
371; HI, 7,24,38,66,76; IV,
37.
i.in tel, II, 190 ; III. 265, 266.
lio, I, 2i5; II, 77, 83, 105, 236.
i.itter, II, 296; IV, 253.
ochow (Gustave-Adolphe de)
II, 172, 207.
tochow (Rorhus de) III, 89.
todbe1'tus, II. 336.
loder, Ill, 191.
415
Roeder. IV, 318.
Roehr, II, 298.
Roggenbach, IV, 90.
Roh, Ill, 189, 190. f91, 237, 1H6;
IV. 268, 277, 305, 3i!)'
Rohden (François de), III, XVII,
XVIII.
Rohden (député). III, 240.
Romberg, II, 302.
Ronge, II, 275, 296, 297-309,310,
328, 344, 387.408; IV, 179.
Roothan, II, 168.
Rosenkranz (Charles), II,
2.
Rosenkranz (Guillaume), II, 79,
80.
Rosenthal, III, 193.
Rosmini, IV. 257.
Rossbach, [II, 144.
Rosshirt, IV, 76, 119, 341
Rossi, IV, 239. 240.
Rothensee, I, 11t.
Rottinger, IV, 268.
Rousseau. I, 202, 284, 372.
Rubens, I, 218.
Rubne1', IV, 139.
Ruckgabe1', IV, 286, 287, 288.
Rudigier, III, 16, 36, 60 ; IV, 8i.
Ruedt, IV, 5i, 58, 68.
Ruemelin, IV, 77, 82, 87. 88, 89,
93, 94, 2
6.
Ruge, II, 230.
Uuland (Antoine), III, 188; IV,
184.
Ruland (Joseph-Népomucène), II,
365, 366.
Rumohr, I, 2i5.
Rupp. II, 303.
Ruschewcyh, I, 234.
Russell (Odo), IV, 3f7.
Rust, 11, 319.
Sabelli. I, 128.
Saettlcr, 11, 1
.
Sailer, I, fti4, 291-310; II, 3, 24,
35, 51. G2, 63, 64" 66, 67, 91. 93,
4f6
TABLE DES NOMS CITÉS
233, 251. 275, 276,281,
89, 3H,
329; III, 199.
Sainl-Chamans, I, f 93.
Haint-Chl'ron. I I, 232.
Saint.-Cvl'an. 11, Hj
.
Saintc-Áulaire, II. 1.D1.
Saint-Marc Gira-cdin, II, 61, 8i,
230, 231, 236.
Saint-Martin, II, 102.
Saint-René-Taillandier, 11,43, i7,
60, 61, 80, 205.
Salat, I, 164; II, 6å.
Salvandy, 11, 326.
Sambuga, I, 121.
Sand (George), III, VII.
artori, I, 67.
Sartorius, III, 183.
Sausen, II, 137.
Savigny (Charles-Frédéric), III,
7i, 76; IV, 56.
Savigny (Frédéric-Charles), 1,91,
14;', 167, 292, 301, 302,343; II,
64, 65. 7:!, 97, 265, 3H, 313.
Schack, III, XXI.
chadow (Gottfried), It 233.
Schadow (Guillaume), I, 21 0, 22
),
2:33, 236, 2
2, 243: II, 224.
Schadow (Rodolphc), I, 233.
Schaczlcr, Ill, 1
3; IV, 263, 28i,
285.
Schanz, IV, 286.
Scharnhorst (Gérard-Jean-David),
III, 44.
Schm'nhol'::;t (Guillaume), T, 360.
Heheeben, IV, 2iD, 2fìO, 30
)'
ScheJliug", I, 18., 215, 334 3S6;
JI, 56, 76-8ã, 10., 10:i. 237,
38, 301; 111, X, XIV, SI, 82.
IV, 202, 217,
X
.
Sehenk, II, fit G8.
Schenkel, 1[.
30 ; IV, !)9.
cherr,IV, 1GI, 1G
, IG3, 165, HiG,
279,330. 343, :)49, 3M, 359, 377,
37
.
Sehen ier (Françoise), III, 183,
18t.
Sehie, I, 197.
Schiller, 1,104,111,172,173, in
183, 193,197,211, ,213, 2'J.7. 22
278.
Sc!Jimon
ky, IJ, J
iC), 289.
Schings. Ill, 160, 167.
Schinkel, II, 23;:;.
Schlabcrg, Ill, 74.
Schlegel (Auguste-Guillaume), ]
187,191,192,193,194,212,216
II, 318.
Schlegel (Frédéric), I, 130, 135
136, 16G, 172,173,183, 194,IH7
205, 207, 216,217,218,219,233
240, 2i8, 250, 281, 315, 338, 358
374-380, 3UO, 391; II, 3, 46, 75
8},
1, 231.
ðchleiermacher, I, 186, 194, 200
286, 298 ; II, 39, 40, 185.
Schlosser (Christian), I, 136; II
140, 343.
Schlosser (Frédëric). III, XXI, 7
Schlosser (Frédél'ic-Christophe)
III,
5.
Schlosser (Sophie), III, XXI, 52
IV, 27, 48, 70.
Schmcdding, I. 95; H, 1
3, -126
152, 158, 25
L
Schmid (A.), IV, 26ft
Schmid (Christophe), I. 2!11, 29
293, 296, 305, 307; II, 2X1.
Schmid (Joseph), I, 1
6.
Schmid (Léopold), IV, 9, 10, H,
1
.
Schmidt (Frédéric)
III,
XII, :1U50
Schl1lidt (Henri), Ill, 30:';.
Schmieder. II, 13}.
Schmitt (Jakob), JI, 278.
Schmitt (curé), II, 28
.
Schmitt (chanoine), IV, 300.
Schmoeger, II. 92.
SchmucUing, II. 164.
Sehna ubert, I, 67, 68.
Schncemann, IV, 268.
Schneider (Enlogius), I, 66, 67.
Schnorr de Carolsfeld, 1,233, 239.
TABLE DES NOMS CITÉS
Schoeler (général de), II, 1.87.
Schoen, II, 125, 234, 235.
Schopenhauer, 1, 240, 24t ; III,
XVI, XVIIo
Schorlemer-Alst, III, XXXIV, H.7-
120, 121, 163, 165, 167, 297, 299,
300.
Schrader, IV, 251, 301, 323, 371.
khreiber, II, i.
khubert, I, 259 ; IT, 84.
khuckmann, I, 149, 287.
khuercn, Ill, 1.21, 160.
khuettlinger, IV. 190.
,chuIt.e (Fo-Xo). III, 164.
khulle (Jean-Frédéric), II, 378;
IV, 95, 238.273, 331, 346.
ichulthess, II, 65.
;chulze-Delitzsch. III, 127, 128
129, i30, i35, 137, 138, 147,151:
,chuster, II, 277.
chwarz, U, 351.
chwarzenberg, II, 5
, 412; IV,
204, 297,298, 299, 34:5, 348, 367,
379.
chwcitzer, Ill, 152.
chwerin (corote), Ill, 28"0
cupoli, I, 287.
edlnitzky, 11, 131. 201, 202, 203,
204, 234, 42i>.
insheim, I, 90.
itz (Alex), III, XVII, XYlII.
itz (Ed.), IV, 87.
itz (Louis), HI, XVII, XVIII.
:mfft, I, 373.
pp, II. 51, 69, 79, 32.., 329,
341, 3:>1, 41
; III, 163, i64.
veroli, I, 109,4.27, 212.
mestrey, IV, 177, H13, 194, 276,
293,296, 297, 3.a, 3í9, 350, 354,
356, 37f, 372, 373, 374,375.
lakespeare, I, 203, 322, 343;
II, 95.
bour, III, 78, 23i.
chercr, IV, 370.
eyès, IV, 30t.
gel, IV J 85.
IV.
417
Sighart, III, XXI.
Sigismond, I, 37.
Sigmund, IV, 325.
Silbert, II, 44.
Simar, IV, 266, 285.
Simpson, IV,
62.
Smith (Adam), I, 388, 389.
So crate, I, f6i, 277, 285; IV, 201.
Sonnenfels, I. 24.
Spee (comte), IV, 309.
Speckte1' (Erwin), I, 230, 23i.
Spiegel (Ferdinand-August.e), I,
6-i; II, 1.20, 125. 128, 143, 14i,
145, 147, 148, 149, 150, 152, 153,
15i, 1.55, 156,157, 158, 16i, 165;
II[, 236.
Spiegel (Philippe), II. 147.
Spithoever, Ill, 163.
Stabel, IV, 90.
Stadion, I. 61, 3860
Stadler (Alois), IV, 18.i.
Staedel, I, 220.
Staël (Mme de), I, 187, 192, 193,
225.
Stahl Frédé1'ic-Jules), II, 80 ; III,
19
, 247, 281 ; IV, 340.
Stahl (Georges-Antoine), II, 40i;
IV, 150, 349.
Stahn, II, 203.
Slattler, I, 2
4.
Staudenmaier, I, VIr, 165 ; II, 5,
10. 30, 42, 43, 50, 79, 122, 311,
3f8, 385 ; IV, 9. 208.
Stedmann, II, 209.
Steffens, II, 185.
Stein (baron Charles de), I, 221.
26
, 323, 3-i3, 360 ; II, 148, 152,
153; III, 44.
Stein (députë), II, 337.
Steinle, I, VIII, 236; II, 90, 224,
225, 23i, 28.i, 331,352; III, XVIII,
XXI, 38, 52, 62, 63, 115, 122,
190, 19f, 219,256, 277; IV, 48,
97, 366.
Stengel, IV, 40, 81, 86, 90.
Stephani, I, 96, 304 ; lI, 123.
27
18
TABLE DES NOl\IS CITÉS
Sydow, III, 21.
Stéphanie de IIohenzollern, III,
215.
Stiehl, III, 21. 1..
Stillfried, III, 285.
Stoeckl, IV, 266, 358.
Stoeger, I, 33.
Stolberg (Frédéric-Léopold), I,
168, {ii, 176, 177, 178, 179,
180, 181, 182, 183, 186, 188,
253, 254, 264, 270, 274-28G, 295,
296, 335, 338, 3.12, 3
7, 381 ; II,
3,25, 92, 310.
Stolberg (Joseph), III, 195, 196,
240.
Stolberg- W ernigerode (Antoine),
II, 166.
Stolberg-"
ernigerode(François),
II, 189.
Stolberg (comtesse de), I, 261.
Stolz (Alban), II, 4, 5, 117, 218,
279,280, 281, 29-í, 300, 408; III,
XXIX, 38, 115; IV, 65, 81, 1.03,
104, 193, 243.
Stoppar (P.), IV, 16.
Strauss, II, 40, 234, 316, 317, 419,
420.
Streber, II, 102, 2g
.
Strehle, II, 38J ; IV, 6í.
Sl1'odl, II, 7
L
Strom eyer, I V, '110, 11 1-
Strossmayer, IV, 3a. 359, 361,
366, 378.
Slubenberg, I, 12G, 141.
Studach, I, 205; 1[, 79.
Stumpf, HI, 159; IV, 32t>-32R.
Stulz, II, 414.
Suckow, III, 193.
Suevcrn, II, 188.
Sugenheim, II, 205, 206.
Suso (Henri), II, 71, 76.
Sutter, I, 228, 229.
Swetchine (Mme), II, 189.
Sybel, II, 232, 295; III, XIII, xv,
26, 27, 28,29,30. 31,
O, 41,42,
.3, 47,
8, 72,226; IV, 1.74, 176,
81.
Tacite, II, 258.
Tafel, II, 350.
Talleyrand, I, 87; Ill, xxv.
Tannucci, I, 258.
Tarnoczy, IV, 204, 216, 231-
Tauffkirchen, IV, 32:5, 356, 361,
369.
Tennemann, II, 45.
Theiner (Antoine), II, 286, 287,
289, 302 ; III, 96.
Theiner (Augustin), II, 286, 289;
IV, 374.
Théodose, I, 37.
Théodose (P.), III, 1.53. 15
.
Theux (de), II, 207.
Thibaut, II,
H.
Thiers, II, 239 ; III, 81.
Thiel, IV, 361.
Thiersch, II, 188, 330; III, 25.
ThiIe, IV, 370, 373, 383.
Thimus, II, 24:3,
84, 331, 370;
III, 63.
Thissen, III, 76, -121, 122.
Tholuk, IV, 382.
Thomas (saint), II, 46, 47, 370,
3
9,
00;lV.210,211 249,284,
288.
Thomas Becket (saint), IV, 51.
Thun (Alphonse), III, 167, 168.
Thun (comte), IV, 35.
Tibère, II, 258.
'fieek, I, 184, 197, 198, 199, 203,
207, 223, 224, 225, 2
6; II, 223.
Tiepolo, I, 244.
Tillot (du), I, 258.
Tilly, II, 205; III, 29, i7.
THien, I, 239.
Topor de l\Iorawizky. I, 90.
Traugott de Pfeil, III, 89.
Trauttmansdorff, II, 187, .06.
Traut.lmansdorff, IV, 382, 383.
Treitschke, III, XIII, 30, 31, .3.
44, 7!.
TABLE DES NOl\IS CITÉS
Trevern, II, 16.
Trost, HI, 88, 241, 257, 2;:;9.
Ubryk (Barbara), III, 321.
Uechtritz, IH, 252.
Uhden, I, 9-í.
Uhland, I, 357, 358 ; II, 76, 240.
Uhlich, 11,303, 30S; III, 212,213.
Urban, II, 383; IV, 150.
Uria, IV, 90.
Usedom, IV, 183.
Valdenaire. II, 336.
Van Espen, T, 6, 7, 10, 470
Van Ess (Charles), I, 283 ; II, 87.
Van Ess (Léandre), 1,283; II, 87.
Van Eyck, I, 170.
Vanotti, II, 117.
Van Swieten, I, i 9.
Varnbueler, IV, 320.
Varnhagen, I. f8i, 250,381,382;
II, 68, 81, 2U8, 30.í, 306, 314.
Varnhagen (
Iwc), I, 173.
Veil (Dorothée), r. 173. 184, 185,
186, '188,194,196, 197, 20
, 218,
2
1, 222, 225, 22J, 231, 237,238,
2iO, 242. 250, 314, 350 ; II, 75.
Veit (Philippe), [, 2
4, 2.í2, 243,
244, 2 i9; 11, 223. 234; III, XIX.
Veit (Simon), I, 173, 188.
Veil (Jean), I, 224, 228, 22!), 237,
238.
Veith, II, 44, 46 ; IV, 207, 218, 253.
Venedey, II,
07, 208, 329.
Verger, IV, 1
8, 159, 160.
Vering, IV. 177.
Vernet (Horace), I, 248.
Vertot, I, 213.
Veuillot, II, 393.
Vialc Prela, n, 111, 216, 306, 350,
352, 353, 378, 382, 407; Ill, XXXI,
35, 180, 181,
14, 2.25, 235. 256 ;
IV, 24, 25,42, 49, 53, 54, 71, 73,
74, 140, 147, 152, 207, 217, 234.
Vicari, I, 12t; II, 219, 263, 27ù,
4t9
291,385,391 ; III, 19, 20, 21, 68,
97; IV, 11, 25, 26, 27, 36, 37-
65, 71, 75, 76, 100, 102, H3, Hi.
155, 173.
Victoria, III, xv.
Villers (Charles de),I, 334, 337,339.
Vincent de Lerins (saint), IV, 21.3,
214, 215.
Vincent de Paul (saint), I, 282.
Vincke (Georges), III, 56, 2.í3; IV..
2í5.
Vincke (Louis), II, 125, 1.8f.
Vischer, II, 356.
Vock, II, 10å.
Voelderndorff (Otto), III, I, III;
IV, 238, 314, 317.
Voelk (Joseph), IV, 184,189, 192.
V oelk (Martin), I, 299, 303.
Vogel (Charles), I, 223, 233.
Vogel (député), II, 351.
Vogel (Henriette), I, 201.
Vogelsang, I, 3
H; I, III, 193.
Vogt, 1[, 3i8, 3i9, 356; HI, XIV.
Voigt, II, 227, 228.
Yolk (Guillaume), II, 71, 89, 190,
288; Ill, 219; IV, 2.U.
V ollaire, I, 8, 61, 175; III, 3.
Voseo, Ill, 1.08.
Voss, I, 181, 215, 218, 249, 286,
m3, 338; II, 311.
Vuario, I, 368.
'Yackenrodel', I, 2
6 ; II, 230.
'Vaechler, IV, 80.
'Vagner (J.-M.), I,
3ä.
'Vagner (Richal'd), IV, 168.
Waldbott, Ill, 2iO, 257, 258, 261,
269.
'Valdburg Zeil, III, J 88, 189.
'Valdcck, II, 337. 357, 358, 402.
'Valesrode, Ill, 73.
Wallenstein, III, 47.
'VallI'af, 1,216, 2:!0.
'Valler, I, 1i5; II, 12, 89, f96,
210" 211, 212, 218, 265, 284,
420
TABLE DES NOJIS CITÉS
335,
18; Ill, 261 ; IV, 25, 243,
244, 340.
Wambold, 1, 1.27.
Wangcnheim, I, 151.
Wanker, I, 15
.
Warnkænig. IV, 65.
Wassmann, I, 234.
Weber (Beda), II, 2
9, 339, 343,
349,353; III, XXI, XXII, 7, 33. 34,
36, 190, 30
: IV, 73, 79,27f.
Weber (Joseph), I, 293.
Weber (Théodore), IV, 206.
Wechmar, IV, 5í.
Wedekin, In, 23'; (V, 349, 378.
Wedekind (Georges-Christian), I.
79.
Wedekind (député), II, 349, 353.
Wedell. II, 307.
Wegscheider, IV, 382.
Weichs, I. 90.
Weis, 11,16,17,111.,219,327,349,
3á3. 376, 382, 386, 387, 40J,; III,
125; IV, 129-133, 140,141,150,
15i, 158, 164, 165, 169-174,185,
212,241, 274, 275, 276, 293.
Weiss (Albert), 111, XL; IV, 311,
328, 365.
Weiss (J.-B.), IV, 53.
Weiss (député), IV, 190.
Weissenborn, I I, 345.
Weiszaecker, IV, 310.
'Yelle, 11,283.
Wendland, Ill, 25.
W erfer, II, 281-
Werkmeister, I, 123; II, 5, 117,
288.
Werner (Zacharias), I, 165, 200,
202, 203-206, 232, 240, 336.
Werthern (comte), IV, 361.
Wessenberg, I, 81, its, 119, 120-
139. i 43,155,190,301 ; 11, b,20,
117,149, 282,28S,;289,301,35í;
III, 96, 98, 282 IV, 23, 37, 46,
11i.
Westhoff, IV, 209.
Westerma)'er, IV, 219, 366.
Westphalen, III, 112, 113. 257,
258, 264; IV, 78.
\Vichern, III, 194, 248.
\Vick, II, 363, 364, 369; III, XXVII.
\Vidmer, I, 127, 306.
\Vieland, I, 112.
\Vienbarg, II, 231-
\\ïest, I V, 87.
\Vigard, II,
08, 345, 349.
\Vilmers. Ill, 237 ; IV, 308, 3690
\Vilmo,vsky, II, 2í4 295; Ill, XXII.
\Vimpffen, IV, 357.
Winckelmann, I. 172, 230, 231,
245.
Windischmann (Charles-Joseph-
Jérôme), I,
80, 328, 339; II, 12,
50,1.43,144,196,311.
Windischmann (Frédéric), 1,189;
II. 99, 100, 101, 102, 104, 328,
382, 384 ; IV, 24, 25, 162, 163,
165, 199, 226, 272.
\Vindthorst, III, 75, 323; IV,
322, 329, 331-
\Vinter, II, 288, 289.
Wintergest, 1, 228.
\Vislicenus, II, 303, 308; III, 212,
213.
\Viseman, I, 243; 11, 105, 317;
III, 35.
Wittmann, I, 259; II, 3.
\YoU, IV, 60.
W ollzogen (.M m - de), I, 104.
\V1'angel (général de), I, VIII;
II, 180, 181, 188,197, 199.
\V1'eden, I, 152; 11, 117.
Xeller, I, 234.
Yenni. I, 367, 373.
Zaccaria, I, 16.
Zachariae Uuriste), I, 96.
Zachariae (député), II, 336.
TABLE DES NOMS CITJ
S
Zander, II, 20i; 1 \Y, 'lG6.
ZangeI'll', I, 1G5.
Zell, 11, 6Q.
ZeIter, I, '16f).
Zendtner, I. gO, Vi.
Ziegler, I, 16;).
Zimmer, I,
a3; II, jg.
Zimmermann {ùéput(,). II. 35G.
42l
Zimmermann, IV, 820
Zirkel, I, '1
6, 137.
Zittel, III, 351 ; IV, 8
0
Zoepfl, IV, 31, 62.
Zoglio. I, 6!1, 70,71, 7io
Zschokke, II, 27-i.
Zwúhl, IV, 150-15-í, 1:';6, fBi, 16!J.
Zwergf'r. IY. 341.
i v It r-; l: x, 1.\1 j' It I
I R R lEe If. "É n I SS E \r RTF II. S
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COLLE
274.3
G748c
114515
v.4
GOY AU , GEORGES
274.3
G148c
GOY AU , GEORGES
L'ALLEMAGNE RELIGIEUSE, LE CATH
OLICISME
114515
v.4