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Full text of "L'Allemagne religieuse; le Catholicisme, vol. 4"

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LJBR RY ST. MARY'S COLLEGE 







 


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L' Allernagne 
religieuse 


Le Catholicisme 


1800- 18 7 0 


IV 


114515 


m-? . ST.' -
Y'S COllEGE 


Published len OcLober nineteen hundred and eight. 
Privilege of Copyright in the United Stales reserved, under the Act apl)roved 
March third nineteen hundred and five by Perrin and C'>. 



OUVRAGES DE GEORGES GOY.AU 


Académie Fl'ançaise : P1'ix Vilel, i908 
L'ALLEM.\G
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ance catholique en Angleterre. - Origines sociales du 
Centre allemand. - Un concile de résurrection. - Léon Xlli. 
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JEANNE D'ARC DEV ANT L'OPINIOS .\LLE
1.\.NDE. i brochure. .. i fro 



GEORGES GOY AU 
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religieuse; 


Le Catholicisme 


1800- 18 7 0 



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T 01\1 E I V 
1848-1810 



 
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LIBRARY ST.lv
ARY'S COLLEGE 
PARIS 


lIBRAIRIE ACADÉMIQUE 
PERRIN ET Cie, LIBRAIRES-ÉDITEURS 
35, QUAI DES GRANDS-
\UGUSTINS, 35 
19 0 9 
Tous droits de reproduction ct de traduction réservés pour to us pays. 



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5790 



1-1' ALLE
IAG NE RELIG IEUSE 


LE CA TlrOLlCIS
IE (1
48-1870) 


CHAPITRE IV 


L'f
GLISE DANS LA PHOV[
Cg ECCLÉSL\STIQUE 
DU IL\UT-RIII
. - LE CULTURKAllIPF ßADOIS 


Le lentlernain de 1843. - SiLualion triste en Btlde et en 'Vur- 
tembel'g; espérances catholiques dans la Hesse ?lcctorale. - 
La varance du siège épiscopal dans Ie grancl-duché de Hesse. 
- Conflit f'ntre Romp et les chanoines de l\Iayence. - Léopold 
Sehmicl: sa pprsonne. ses idées. - Victoire de Rome: la nomi- 
nation de Ketteler. - Porlée de cet éVt
nemcnt. 
II. Premiers symptôn1Ps (lu relèY{
ment de rÉglise. - Éclosion de 
congrégations à FriLourg, it Gll1uend, surtout it 
[ayence. - 
Réforme du diocèse de Mayence par KeUelcr. - Deux auxi- 
liaires: Fanny de Laroche. Ida de Hahn-Hahn. - Les coursc
 
épiscopalcs de Kdtcler, ses prédications populaires. 
HI. PremiÙres revcndirations parlcmentaires en Bade: la motion 
cle Hirscher. - La demarche collective cle l'épiscopat. - Le 
l\Iémoire (
piscopal de mars 18:)1. - Premiers symptômcs (fé- 
mancipation des évÌ'r[uPS de la province: l'ouverlure cloun 
grand séminail'e en Hesse; le (( conflit de ùeuil )) en Bade. - 
La réponse des gouvernemcnts et les protestations épiscopalcs 
(l8J3). - Collaboration rlu laïque Maurice Lieber avec répisco- 
pat. 
IV. Projel de tlémarche de répiscopat auprt
S de la diète de Franc- 
fort. - Raisons de l'opposition ùe Kelteler. - Les tenclances 
l'cligipuses de la diète. - Esprit dïntolél'ance ten ace de cer- 
ta.inps pf'titcs souverainetés pl'ol\'stantc;o; l'cpl'ésentéos à la 


1\'. 


1 




 


L 'ALLE
L\GNE RELIGIEUSE 


diète. - nûlc protestant joué par 1i1 Pru;;se à la diNe. - 
L'affaire (Iu baron de Kettenburg. - Impossibilité pour I'épis- 
copat de la province du Haut-Rhin d'ohtenir juslice à la diète. 
V. L'archevêque octogénaiJ'e Vicari. - Son message au gouvcr- 
nement ba(lois. - Libertés que prennent Jes autres évêques de 
la province. - Diverg('nce d'avis entre les États. - LutLe 
entre Vicari et Ie Conseil supérieur d'Église. - Installation par 
l'État du commissaire Burger auprès de l'archevC'que. - 
Kx:communications prononcées par Vicari. - Poursuites conlre 
les prêtrcs ; inégalilé surprenante des pénalités. - Avances de 
l'État Ladois aux: JésuiLcs; leur fidélité à Vicari. - Ol'dre 
donné par l'archevêque Ù. scs ('urés, de prêcher sur Ie conDit. 
- .L\ ppui que prêtc , aux curés la piété des masses. - La lulle 
de hrochul>CS. - Emoi de l"épiscopat et de l'univers catho- 
lique. - l
moi ùe cerlaines pC'rsonnalités protßstantes. - 
Émoi (Ie la fliplomatie, surtout de l' Aulriche. - Négocialions 
ùe Ketteler a,-ec Ie gouvernement badois (12-13 janvier 1834). 
- Mission de Leiningen à Rome. - Inquiélude de la seconde 
chambre badoise. - Inquiétude de Bismarck : ses démarches 
en Bade et en Nassau. - .uchec de la pacification. 
YI. Nouvelle tacLique de l'État : embarras financiers suscités à 
l'l
glise. - PoursuÌlC's contre Yicari (mai 18=>4) : perquisitions 
au palais archiépiscopal ; arrestation de rarchevt.que. - Une 
poésie d'Oscar de Red witz. - Mrsures policières ùans Ie pays: 
résistance passive des catholiques. - La grève des plaisirs. 
_ Crise analogue en Nassau. - 
écC'sssilé pour les États d'Ulll' 
entente avec Rome. 
VII 0 Un projet de convention appoI'té it Rome par un en voyé 
flu roi de Wurtemberg; réponse d' Antonelli. - Leiningen et 
Brunner à Rome; tI'êve provisoire avec Bade. - Ketteler et Ie 
gouvernemcnt de Darmstadt; difficultés à Rome. - Les Bases 
remises par Antonelli. - Répercussion du concordat autrichien et 
du centenaire de saint llonifaee it Fulda. - Entente succes- 
sive du \Yurtcmbel'g, de Bade et de Nassau avec le Saint-Siègc 
(1857 -18(;1). - .\llégresse de la presse catholique. 
VIII. Origine et mobiles des campagncs anticoncordalaircs, -' 
Agitations en \Vurtcmberg. - Agitations en Bade: Ie meelinfj 
ùe Durlach. - Arguments parlemenLaires contre les concor. 
dats : l'égalité confessionnelle, Ies rlroils de l'Élat, les intérN
 
du germanisme, nndépendance spirituelle des catholiques' 
lïncompatibilité entre l'idée de concordat et celle de souveI'ai- 
neté fie l'État. - Un ayeu de Robert nlohl. - EfTondrcmeni 
parlementaire du Concordat en Bade et \Vurtemberg, crism 
minislérielJes. - Solution tlilatoire en Nassau. - Rf'trait de Ii. 



L'ÉGLISE DANS LA PUOVINCE DU HAUT-RHIN 3 


convention badoisc. - Protestations du Saint-Siège. - Caractère 
des lois nouvelles 5uoslituées aUK concordats. - L.optimisme de 
la presse catholirlue ; ses raisons. 
IX. La politique anticatholique (Ie la Chambre hadoise. - Com- 
position llo cetle chambL'o. - (( Le (( lihéralisme )) hadois et Ie 
ja
obinisme révolutionnilire ; Ie champ d'expériences badois. 
- Projets confessionnels (lu (( libéraiisll1e )) badois: asservisse. 
ment du catholicisme, émancipalion <iu protestantisme. - 
L'Étal badois dans 10 pensionna.t d'Adelhausen. - La revendi- 
cation des fondations pieuses. - La créalion de con seils scolail'cs 
eommunaux : protestations de Vicari, campagne::) de Jacob 
Lindau. - Effacement de l'Église à l'endl'oit du nouveau régimc 
scolaire. - L'agitation dans Ie pays: les casinos. - La loi est-elle 
la conscience publique? - Di:;coUl'S fIe Lamey ot brochures de 
Ketteler. 
À. Jolly au pouvoir. - Sa théorie sur les solutions judiciaires 
flue comporte la question religieuse. - Son hostilité au libéra- 
lisme de 1848 et son retour au joséphisme. - Caractère oppor- 
tuniste de son anticléricalisme. - Nationali
me et anticléri- 
ralisme identifiés. - Les Úivers incidents du Cullul'kampf 
bildois : loi scolaire de 18G8, fermeture du pensionnat d' Adel- 
hausf'n, dissolution des tertiail'es du Lindenberg. - Mort 
de Vicari. - L'État badois et le droit électoral des chanoines ; 
interminable conflit. - Les idées de Jolly sur la formation 
des clercs : un prélude du Cullul'kampf prussien. - Part de 
responsabilité de la Prusse dans la polilique religieuse do Bade. 
Xl. .\ppel de Lindau à l'opinion catholilJue allemande. - Forma- 
tion d'un parti catholique populaire en Bade. - La plate-forme 
ratholique : Ie suffrage universel direct. - Portée de cetto atti- 
tude du parti ratholique badois. 


Les cabinets de Carlsruhe, de Stuttgart, de 
\Viesbaden, de DarmsLadt, avaient pris l'habitude, 
depuis 1820, de concerler enLre eux leur poJiLique 
religieuse 1 ; d'un hout à l'autre de la province 
ccclésiastique du Haut-Rhin, les mêmes ordon- 
nances étaient en vigueur ; suivant les territoires, 


1. Voir notre tome I, p. i50-i5;;. 



-t 


L '.\.I.LE:
[AG
F. RELIGIEUSE 


on les appliquait d'une façon plus ou Inoills pOllC- 
luelle, plus ou nloins obslinée ; certaines adminis- 
trations fermaient les yeux, d'autres les ouvraient ; 
nlais partout s'affichait un systènle de droit canon 
d\lprès lequel Ie souverain, volontiel's qu
lifié 
d'évêque suprême de I'établissenlent protestant, 
revendiquait dans l' établissement catho1ique les 
nlêmes attributions quasi épiscopales. (( II Y a sans 
doute, écrivait I{etteler, ùans la province ecclé- 
siaslique du I-Iaut-Rhin, une ÉgJise calholique; 
mais avec... une constitution protcstante. L'auto- 
rité spirituelle qui, d'après Ie principe de foi de 
l'Église catholique, a été déférée par Dieu 
t l'Église, 
cst, par les ordonnances de 1830, déférée, en suprême 
instance, au souverain territorial t. )) 
L'année 18íR, en proclamant l'autononlic des 
Églises, fit déchoir ces prétrntions au rang d'ana- 
chronisme : fAutriche et la Prusse, de bonne 
grâce, acceptèrent Ie nouvel élat de choses, 11lais 
les principautés du SlHI-Ouest, Ie grand-duché 
de Bade surtout, montrèrent plus cfobstination. 
L'Église badoise, de 18,;)0 à 1870, fut constaul- 
lllent aux prises avec l'Etat. On travcrsait, alorf: 
une période de transition polilique : Ie règne def: 
bureaucrates faisait place au règnc des députés. 
Aussi I'Église, en moins de vingt années, se heurta- 
t-elle, tour à tour, à deux systèmes de politiquc 
reJigieuse, dont l'un, très archaïqne, presque par- 
tout renversé par la H.évolution de 18
8, subordon- 


1. Bruec\. Kissling, Gcschichte, III, p. 3i7. 



L'l
(
LISE DANS L.\ PRO\TINGE DU HAUl'-RHI:'l 5 
nait encore la vie catholique à des fonctionnaires 
iusta llés par Ie souverain, ct dont l'autre, 
rès 
moderne. expérimenté Lout (rabord en Bade, com- 
nlençait de la suLordonncl' à unC' majorité parJe- 
Il1cntairc. De lSt>O 
l 1860, l'Égiisc lutta, en Bade, 
contrc lcs survivances de l'ancien joséphismc; 
de 1860 à 1870, après Ie fugilif arc-en-ciel du 
Concordat, cUe vil se dresser en face d' elIe un 
autre ahsolulisn1e, celui des Chambres, celui des 
minislères qui en étaient l'émanation. Dix ans 
durant, on la con1baUit à coups d'arrêtés; puis 
suryint une ère nouvelle, oÙ elIe fut combattue à 
coups de lois. .Avant 1860, Ie gouvernement grand- 
ducal pcrpéluai t contre les catholiques cerLains 
précédents pt certaines rouLines, dont la Prusse, 
cUe, s' était franchement dégagée; après 1860, il 
inaugura, contl'e eux, certaines n1aximcs et cer- 
taines n1éthodcs, que Ia Prussc, à son Lour, ne 
lardera pas à lui cnlprunter. Avant 1860, les 
hnrenucrates de Carlsruhe ressemblaient à des 
tirailleurs d 'al'rièrc-garde, traînards du joséphisll1e 
vaincu ; après 18GO, les législateurs de Carlsl'uhe 
apparaissent, à proprC'ment parler, comIne l'avant- 
gardc du CultUl'kanlpf; et dans ce raccourci d'his- 
toire hadoise qui va nous faire assister à un redou- 
table déchaînement des passions antireligieuses, 
nous saisirons, tour à tour, une prolong<ttion 
lcnace du passé, une ébauche prématurée de 
!'aycnir. 
l\lais on l'isqucrait de mal conlprend,'p' les évé- 
nClnenLs de Friuourg ou de Carlsl'uhe, si on ]es 



6 


, 
t. ALLEl\1AtìNE RELIGIEUSE 


isolail des circonstances voisines, parmi lesquelles 
so déroulait. tant bien que mal, en ""'urlembcrg, 
en Nass<HI, en Hesse. la yje dC' l'f:glis(': pl.puisque 
](' gouverncnlent baùois préLendit. un demi-siècl(' 
durant, qu'en face dp Rome tous les r
tats du Suu- 
Ouest ne devaient faire qu'un, c'est à l'histoire 
même de toute la province ecclésiastique du Haut- 
Rhin, c'est aux événements de Francfort ou de 
SLuttgart, de Darmstadt ou de 
Iayence, quc la 
cnriosité doit s'étendre. Le speclacle D1ême flu 
contl'aste que souvent ils ofIriren t avec les épi- 
sodes du CU/lurkaJnpf badois témoignera qu'à ]a 
période antérieure dl1rant laquelle I'Églisr rencon- 
il'ait en face dOeIle un groupelnent serré d'États, 
une autre pél'iode succédait, durant laquelle se pro- 
duisaient, dans ce bloc, d'irréparables lézaråes, 
symptômes de dislocation. 


I 


AllX grands congrès calholiql1cs de Bl'cslau eL de 
Ratisbonne, C'n 1 H49, des messagers snrvinren t, 
pour dirC' aux catholiques d'Allemagne ce que 
souffraient ct ce que faisaient leurs fl'ères du Sud- 
Ouest. Les échos o.u 'Vurtembf\rg étaient tristes. 
(( Nous avons moins qu 'auparavant 1 >>,disait mélan- 
coliqucment Ie sous-régent I{olln1ann, ùe RotLcn- 
burg; non sans quelque pessimisme, it pronos- 


1. Ye1'handlungen der Generalvel'sammlwl!f in Regcnsblwg, p. 67-68. - 
Ilr 
Jean Georges Kollmanll (182U-HIUa), ,oil' 
clJcr, PCTso1lul-llldalo!f de1' Geis- 
tlichCll des Bislhu1nsllattenbuTfj, p. 
!I (Schw. Gmuend, Roth, 1893). 



L 'ÉGLISE DANS I..A PROVINCE UU HAUT-RHIN 7 


tiquait d'âpres Iuttes et denlandait qu'on priàt. 
En Bade, tontes Irs raisons d' espoir demeu- 
I'll ient encore voilées; Dæll inger avail drs ternles 
ll'agi{lues pour décl'ire l'état <Iu grand-duché : 
(( En aucune partie de l'AIlemagne, expliquaH-il, 
on n' a mis une telle ténacité à ensevelir la religion; 
en aucune, on n'a disloqué 1 'Église catholique de 
cette façon systémalique. )) Deux iléaux surtout 
Iui paraissaient dignes d'un sligmate : la dénlora- 
lisation de l'enseignement public, et l'élrange 
asservissement de l'Église à la bureaucratic de 
l'État 1 . (( Parnli tontes les terres allenlandcs, 
reprenait-il à La seconde Chambre bavaroise, 
c'est en Bade que fon cons tate l'état de choses 
Ie plus triste, Ie plus désespéré. II y a peu de 
tcnlps, j'ai vu ce pays de près, et d'un hout 
l 
l'autre j'ai trouvé l'antipathie la plus fornlellc 
contre Ie gouvcrncment; et sou vent, surtout dans 
l'Oberland, j'ai senti Ie désir de voir l' Autriche 
prendre Bade en pitié et refairc des Dadois ce que 
longtemps ils furent, des sujets autrichiens. En 
diligencc" à table d'hòte, cc n'est partout qu 'une 
voix : (( Ce serait mieux, di t-on, si nOllS devenions 
Aulrichiens; sinon, nons nous déciderions it deve- 
nir Prussiens; mais rester ce que nous sommps, 
cela, nous ne Ie voulons à aucun prix 2. )) 
De bonnes nouvelles, venues de l'électorat de 
Hesse, conLrastaicnt heureusement avec les infor- 


1. r cl'hamllun[jclt dCI' GCl1cNtlveI'SltIlUnlu,ll[j in !le., 
:lsr,U1'!/, p. !J,j cl 
sui" . 
20 Fl'i('rlt'ich, ])oclliJ/gcl o , HI, po 1
-13. 



8 


L' ALLE)L\(;NE RELIGIEU
E 


mations badoises : Ie congressiste 
Ialkmus, de 
Fulda, rappelait joyeusrment qu'en nlars 181.8 Ie 
glas de l'abso]utisnle :1yait marqué. pour If's c
tho- 
Jiques 5 la Hn d'un cauchenlar, ct qu'un conlité 
populaire s'était fondé-, pour défcndre les libertés 
conquises 1 ; saint Boniface, au fond de sa tonlbe, 
protégeait sa ville de Fulda. l\lais c'était surtout 
dans Ie grand-duchédc JIesse que l'horizonsenlblait 
souriant; l\;Iaycnce, la ville épiscopale de saint Boni- 
face, avail donné Ie branle au vasto nlouven1cnt 
d'associations qui peu à peu couvraientl'.Allemagne. 
Et puis, en même temps que finissait l'année 184R, 
I
ais(lr, l'évêque de 
Iayence, était descendu dans 
]a tOlllbo, ot h
 vcuvag
 de cetle Églisr ofTraÏl à 
l'autorité ronulÎne l'occasion d'une manifestation 
lib(
ratricc, dont toute la province cccIésiastiquc 
devail bénéficier. L'é]évalion de lie Ltcler it l'évêché 
yaCallt allait nlontrcr quc dans la province ecdé- 
siastique du I-Iaut-Rhin, dont la ville badoise de 
Fribourg étaiL Ia métropole, il y avait queIque 
chose de nouveau. 


1. \ cl'hmullwl{len dCI' .:;wcilcll (;cnemlvcl','itUw,lltwg dc
 li.atlwlisc/iclt 
\Tueius in Brcslau. p. U-45. - KocH, évêclue òe Fultla ùe 18i8 il1873, était 
si conlent c1u gouvcruement de la lIesse électorale, quïl nc lui commullifluera 
mème pas Ie second mémoirc colleclif ùes év
ques tic la IJl'O\ iuce (prucle, 
lí.ctLcler, I, po 2G3), ct l'ententc enlre lc gouvcrnelllclli ci l'é\è'lue ful pal.faiLe, 

Bruecl,., Die obcnohcinische KÏ1'cllc1I1J/'O/..'Ùt
, p. 300-301 (l\Ia
euce. Kil'chhcim, 
18G8). En lIesse-Darmssladl, dans la pralicluc, il y avail Lcaucoup ù"allt'inualions 
aux réglcmcnlalions bUl'eaUCl'alÏflUCs donI KcLLcler, plus lard, rappelaillc SlJU- 
venir daIls uu arliclc tlu .Jlain:;e1' Juunutl (Raich, Briere 
.on v..lH1 an Ketlclcl', 
p. 3GO-3IH) ; el ce fut la raison pOUl o laqueJle Ie gouvernclllcnl jugeait inulile 
tie déférer am. (I,"'sir.; de hellcler, qui voulail qU'f!lles fusseni forll1cllement al.H'o- 
gées (l-'fucU, li.cttelcr, I, p. 3:i2). Tout all cOllll'aire, sur 1('5 ahus ùe l'admiuislration 
wurtemberg-eoise en malièrc relihieuse, "\'oÍl' l/. P. 110' 1
:j
, II, p. tOG-HI, 
tj8-
00, 227-250, et la leltl'c du comlc ProI..esch 
ur les menaces .Ill WurlemLerg 
(:onl1"e l'é\'êque de Rolll'nLurg {Aus den Ericfell dcs (;,'afcil Pl'okcsch von 
Osten, 1849-f855, p. 313. Yienne, Gerold, 1896). 



L'É(jLISE DANS L\. PRO"l
CF: I>U H.\.UT-RHIN 9 


Lr chapitl'e de l\Iayence avail, cOllforménlcnl 
aux règles étabJies, proposé au gouvernenlent dr 
Darolstadt llnfl lisle dr nrnf prrlres : aucun n'avë1it 
élé rayé. Parmi les neuE. LéopolJ Schulid fut 
l'élu 1 . 
Ancien supél'ieur du sén1Ïnail'c de Limbourg, cl 
professcur à l'uni versité de Giessen, il a va it écrit 
sur Ie Pcntateuqllc nn ouvrage apprécié : on disait 
que Diepenbrock avait naguèl'e rêvé de J'atlirer tl 
l'universilé de Bl'esla1l 2 et qu'un théologicn d'élite 
comnle Staudenmaier Ie tenaH en eslime 3. 
Iais Ie 
Sainl-Siège avait contre Schnlid ùes raisons légi- 
ti01CS de suspicion; au momenL nlême où les 
chanoincs de l\Iayence voulaient faire de Ini un 
évêque, il avait conlmencé de puhlicr un Ii vre oÙ 
sc retrouvaient, sous un aspect révolu lionnaire, 
certaines idées passaLlenlent archaïques el l(
gili- 
nlenlcnt suspectes à l'Église ronlaine. H y avail en 
Sclnnid, à celte date, un joséphiste conscient, et 
un rationaliste qui pcul-être s'ignorait encore; 
il rappelait ces théologiens de la fin du XVIIl e siècle, 
qui croyaicnt avoir renlpJi leur tâchc lorsque, 
s'adt'essant respcctucusement à l'opinioll protes- 
taute, ils 111i den1311daicnt pour leut' proprc Églisc 
excuse et pardon. 
Fils d'une mère protestanle, Schn1Ïd considð- 
raÎt Ie christianisn1c conlnlC une sorle de svn- 
oJ 


1. VOÎl', sur ce persollnage, Bcrnhard Schroedcr cl Fl'icUl'ich Schwar1., Lco}wld 
Schmid's Leben und lJcnken, mil cincl' VU1"rcde IJon Friedrich Nippoldo (Lcip- 
zig, Brockhaus, 18í1.) 

. SchrocJer-Schw.HZ, op. cit., p. 
4. 
3. ScI!1'oedcr-Sch\\arz, Ope cit., p. 31. 



10 


L'ALI.EMAGNE RELIGIEUSE 


thèse dans laquelle calholicisme ct protcslantisme 
devaienl sr r
concilier 1. Son ouvrage : l' fsprit dll 
catltolici.,,}np Oll (oJtden
ent de l'irénÙjue c!tl'étifnne 2, 
J0ssinait avec une froide audace les grandcs lignes 
de ceLle synthèse. Le catholicisme, pour lui. c'était 
la richesse et la plénitude du christianisme, nlais 
Ie protestantisme représentait la pureté de la foi 3 ; 
il fallait
 d'urgence, que les deuxÉglises s'entendis- 
sent. Or elles s'enlendraient sous les auslJices de 
l'idée de nationalité. r ; les confessions chréliennes 
ne devaient ni rester séparées ni se confondre 5; elles 
devaient s'accorder; au peuple allemand revenait la 
tâche d' élabol'er ce pacte 6, de réaliser celte conftÇdé- 
ration 7. Le mouvcn1ent synodal 8, que ]es livres 
de Hirscher avaient tenté de provoquer, ache- 
nlinerait l'Allemagne vel'S lln tel iJéal: Schnlid 
rêvaitd'un (( synode allemand)) périodiquc, dont la 
besogne, cntrf} lcs sessions, serait poursuivie par 
un comité permanent, et dans lcquel sr rencon- 
treraicnt et fraterniseraicnt les représentants des 
deux communions 9. Certains programmes de réu- 
nion des Églises impliquent un procès contre 


10 Schrocùel'-Sclmarz, 0[10 cit., p. 117 et .í2. 

. ]Ja Geist des ]{atholicismus, ode!' Grundlcgwlfl der clll'istlichclI he- 
nik (2 Iivrcs pal'urcnt cn ISi8, 
 cn 1850) (Gic5scn, Ricker). 
3 0 Schroeder-
chwarz, opo cit., p. 47 cl HR. 
i. Schroeder-Schwarz, Ope cit., p. 2ô-i--
6H. 
J. Schrocder-Schwarz, Ope cit., po 1
2. 
G. Schroeùer-Sch\\arz, Ope eit., p. l
Wo 
7. Schroeder-Schwarz, op. cito, p. l20. ceo p. l03-1(\{j. Id Iclh'(' lIU'écl'i,'ait 
Schmiù Ic juristc Koch, de 
assau. 

. Yoir noLre Lome III, p. 
 í-
8. 

'. Schroedcr-Sclmarz, op .cit., p. 13-3i. 



I,'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN ii 
l'

glise ron1aine: Schmid, avec Ie temps, plaidera 
ce procès avec Lant d'âpreté qu'on pourrase den1an- 
del' à queUe religion it appartiendra et que, durant 
ses dernirres années, tout en pretendanl rester 
catholique, il déclarera (( s'isoler de la communauté 
ron1aine tant qu' eUe niera la valeur propre de 
l'évangélisme 1)). A force d'aller jusqu'au bout de 
son rêve, Schmid mettra le pied hors de l'Église; 
il est permis de croire que s'il fût devenu évêque 
de l\1ayence
il se serait arrêté à mi-chemin, ct que 
l'an1crtume n1ên1C de ses déceptions acheva de Ie 
fourvoyer. 
Car peu s'en falJut, en .1.849, qu'il ne quitlåt 
pour Ie siège épiscopal de l\Iayence Ie cabinet de 
professeur dans lequel il culti vait ses fun1euses 
utopies; et sans la révolution de 1848 les mains 
du prêtre Schmid, peu accoutumées, disait-on, it 
tenir un bréviaire, auraient tenu une crosse. 
lais 
cette révolution, en relâchant les liens de dépen- 
dance qui enchaînaient l'Église et l'État, en sup- 
prin1ant entre les clergés Iocaux et Ie Saint-Si
ge 
toutes difficnltés de communication, avait rouvert 
aux souffles ron1ains les frontières de l' Allen1agne 
catholique. l/évêque de Limbourg et l'archevêquc 
de Fribourg, à la demande de Pie IX, essayèrent 
d'anlener Schmid à rcfuser l'épiscopat ; ils échouè- 
rent; J'imposanles manifestations de laïques 
incroyants acclamaienl les résistances de ce prêtre. 


1. Voir sa nélmlcuse brochurc : Ultramontan oder Katlwlik ((ìics!',cn, Hei- 
ncmann, It;67 ; cf. Theologisclws Literalurblatt, 1867, p. 328), el dans Schroc- 
der-Schwarz, Ope cit., p. 116, sa leltre au curé catholÏllue de Giessell, en 1867. Il 
cut d'aillcul's, en 18

1, des funérailles caUlOli(Iues (Schroeder-Schwan, po 19
)0 



12 


. 
L ALLEl\L\GNE RELIGIEUSE 


Alors Pic IX, sans se préoccuper du gouverncmenL 
de Darn1stadt, entra directement en rapport avec 
10 chapitrp dp 
laypnc0 ; il signifia quP Schmid 
était inacceptable; Ie fait paraissait as
ez notoirf', 
à B.orne, pour qu'une infornlaLion canonique J'égu- 
lière fût réputée superfIue. Ce href de Pie IX, 
daté du 7 décemhre 1849, marquait illlplicitc- 
n1ent que les affaires religieuses de Ia province 
ecclésiastique d'Outre-Rhin rclevaient désorn1ais 
de Rome. La majorité des chanoines, n1al dis- 
posés ponr les idées romaines, essayèrent de 
maintenir leur vote; mais ce fut en vain. Et fina- 
]cll1ent ils proposèrent à Pie IX trois non1S; Hein- 
rich el Lennig 1, qui venaient de jouer un grand 
rôle dans Ies pren1Îères assemblées des catho] ifJues 
allen1ands, ob tinrent que parn1i ecs trois nonlS 
figurât celui de I\:eUelcr, curé de Sainte-Iled\vige 
à Berlin; Ie 15 mars 18;,)0, Ie pape nOlllllUl I{et- 
LeIer 2. 
Le gouvernen1enl de Hesse-Darrnsladl aurait pu 
trou vel' dans eet épisode nlaLière à chicane; il 
s .abstint ll1ême d'une objecLion. Dans ceLte pro- 
yincc eccIésiastique oÙ longLell1ps lcs év(
ques, 
serviteurs doeiles du pouvoir ci viI, avaienl rcdouté 
les regards et lcs conseils de R0111e, il étaÏt natureL 
que beaucoup de chanoines fussent à l'in1age eL à 


1. 
Ul' Heinrich. voir nntre lome IIJ, p. 98. - Sur Lcnuig (1S0:J-1RGG), 'oil' 
Bl'ueck, .1dCL1n Fran:; LClInig (l\1û
 cncc, Kirchheim, 1RiO), ct notrc tome II, 
p. 360 ct sui\". 

. Les df'u'I; hrcfs de Pie IX sont }luhJiés dans FriedbC'rg, DC1' Staat will die 
Bischofswn./tIt;n m Deutschland, Aklenstueckc. p. l
j-l
ô. (Leipzig", Duucl..er, 
1Sï4-). 



L 'f:GLISE D.\NS 1..\ PRO\ìNCE DU HACT- RHI:'i 13 


la resscn1blance des prélats qui les avaicnt rc- 
crutés; lllais Roole, passant outre aux premières 
cIécisions du chapitr[\ de 
Iayen('c, avait, au prix 
d'UIl changem
Ilt dp n1éLhode, obtenu que ces 
chanoines lui désignassent l'hoillme de son propre 
choix. Au emuI' d'une région sévèrement bal'l'icadée 
contre les infiuences l'olllaines par dÏnnonlbrables 
articles organiqucs, nll évêque désornlais étai t ins- 
tallé,que Ron10 avai t à proprenlent parler créé 1. 
Son acLivité, dont nous avons pré
édenlnlent suivi 
les étapcs sur Ie terrain social, devait se dépenser 
aussi dans les luUes qu'allaient Jivrcr, pour It's 
1iherlés de l'ÉgJise, Ie n1élropolitain de Bade et les 
autI'es suITl'agants. Le 25 juillet 1.850, jour de sa 
consécralion, l'archevêque de Fribourg, les évêques 
de Limbourg et de Fuldn, étaient rassemblés it 
l\layence; ce jour-là, de concert avec I\:ctteler qui 
apparaissait à l'Allemagne catholique comme 
l'élu de Pie IX, ils con1mencèrent d'élaborer des 
projets d'avenir; et Blulll, évêque de Limhourg, 
dans Ie discours qu'il prononçait pour la consé- 
cration de son nouveau collègue, prévoyait avec 
gratitude que Ie siège de 
layence rcprendrait 
hientôt cet ascendant spiriLuel que l'illustl'e saint 
Boniface lui avait jadis assuré pour une suite de 
siècles 2. 


1. Voir sur cct épisode, dOunc pad: Bl'Ucck, AdtWl F,'an::; Lennig, p. 13l-1:;ü, 
ct rfucH, I\cllclc
' I, p. 
02-2to; ò"aulrc pa,"t Friedberg, DC1' Staat unci die 
niscTwfswuhlen in Deutschland, po 2!)O-2
1;;' ct :3chrocder-Sch\\arz, Ope cit., 
po 68-101. 
2. rfuclf, Ketlder, I, p. 
t!)-22
. 



f4 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


II 


l(cLteler monlra tout de suite, dès les pren1Ïères 
années de son épiscopat, quel parli l'Église pou- 
vait et devait tirer de Ia défaile subie 
n iS48 
par lcs bureaucraties. Autour de son diocèse, dans 
Ie reste de la province ccclésiastiquc., certaines 
congrégalions comnlençaient it s'instalJer : des 
Jésuites apparaissaient à Fribourg; un chanoine 
de ceHe ville, l\larmon, donnait aux Smurs de 
Saint VincenL de Paul un magnifique développe- 
nlent 1 ; et dans laville ,vurtenlbergeoise de Gmuend.1 
ces lnêmcs .sæurs, en 1850, créaient une lnaison- 
mère 2 qui devait bientôt disséminrr autour d'elle 
des filiales nonlbreuses ct fécondes; nne jeune 
paysanne de Nassau, Catherine Kasper, ouvrait à 
Dernbach, dès 1848, Ia première lllaison des 
Pauvres Servantes du Christ, qui sont aujourd'hui 
deux mille, réparLies dans deux cents établisse- 
nlcnts 3 ; et tout près des Pauvrcs Servantes conl- 
mençait d'éclorc, en 1852, la future congrégation 
des Frères de Charité de lUonLabaur 4. l\lais ce fut 


1. Karl l\la
er, Del' O,'dcn del' hru'mlLf'1':;i[Jen Schweslern rom hl. 

inct:n;- 
110n Paul in der Er:;dioecese ](reiburg 184G-189G (Fribourg, Lilerarische l1t8- 
/rtlt, 189G). - 
urJoscph Marmon (1820-1885), voir l'r1ayerdans Weech, lJadische 
lJiogmphiclI, IY, p. 261-2G3. 
2. EisellbarLh, Das Mutterhaus der barmhcr:;igcn Schwcstel'n t'om 'wil. VlT/- 
cen:; v. Paul ilL Schwaebisclt Gmucnd uncl dessert 1,Vi,.ksamkeit (Bopfingcll, Ipf, 
1883) . 
3. 
ur CaLherine Kasper (1820-1898) eL les Pauvres ServanLes, voir Ie discours 
de IIilpisch, dans Charitas, i8!:!!), p. I-G. 
,
. Sur It,s Fri'rps de' l\lontabaur, voir Sal7ig, Chrtrita8, 1905, po 207-20
. 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN f5 
à 
Iayence, surtout, que tout de suite l'Église, 
sans bruit, sans défi, agit en personne efI'cctive- 
mcnt érnancipée; ce fut II l\layencc qu' on la vit, 
après de si tongues oppressions, s'aballùonner 
eniin à une sorte de joie de vivre. 
KeLleler sur vena it dans un diocrse oÙ Ie clergé 
elait divisé et laissait fort it désirer 1, où Ie peuple 
chrélien se n10ntrait passablen1ent indiíférent, 
Oll les mariages mixtes étaient nombreux, oÙ 
la secle des (( catholiques allemands )) se dépensait 
volontiers en propagande et en pamphlets, OÙ Ie 
sacerdoce devait, (( parce que saccrdoce, renoncer à 
la protection de l'opinion publiquc.! )); avec]e 
concours d'auxiliaires comme Lennig, Moufang 3 , 
IIeinrich, quelques ann(çes lui suffirent ponf 
réédifier ccHe chr{)iienté. 
II fit venir ses prêtres, dans des conférences 
diocésaines, qui ne comprircnt d'abord que les 
chanoinrs et les doyens, el qui dans la suite s' ou- 
vrircnt plus largement. (( Des prêtres ou pas de 
prêlres, disait-il, mais pas de polissons, du moins, 
sous l'apparence de prêtres 4. )) La réforme ecclé- 
siastiquc, dans la Hesse, fut rapide et profonde : 
en deux ans, de merveilleux progrès furent accom- 
plis. La vi vacilé d'humeur dont parfois souffril SOIl 
clergé tournait finalen1cnt it la gloire de I
etleler, 


1. Les rcgislrc8 ùes Jésuiles qui pr
chaicnt des missions nolaiclll que lcs 

Iayençais n'élaient pas très sensiLlcs am: impressions rcliöicuses (Pfuclf, Act- 
teler, I, po 2ïl, 11. 3). 

. pruclr, !{ellelC1', I, p. 

1. 
3. Sur ì\loufang, voir nolre lome III, po !->5, n. 
o 
4. I'fm'lf, Keltrler, I, p. 313. 



16 


I:ALLE
(AGNF. HEJ.JGJEUSF 


grâce à l'hun1ilité ùe grande aJ]ure avec hlquelle il 
savait s'excuscr et avoucr ses défauts, et d'autanl 
plus l'écoutaif-on, qu'il ne se pi
éhìndait pas impec- 
cablí' J. Des relraites annueHes réycillèrcnt l'es- 
prit sacerdotal dans les vieilles générations de 
prt
tres : Ia fondation d'un grand séminaire permit 
Ü {(eHeler d'élcver désorn1ais son clergé comrne 
il l'entendait, ct d'élever pn m
n1P temps, en 
douze ans, 138 clercs de la Suisse et du reste de 
I'Allclllagne, que l\Iayencc attirait:! ; et ses vastes 
projcts prðparaicnt aux fulurs clcrcs J'hospitalité 
cI'un petit séminair0, que rannéc 18G4 vit s'ins- 
taller J. Les prêlres du diocèse réapprenaient ](\ 
chen1Ín de l'év
chp : r.layence, avec T\:etteler, deve- 
nait vraiment un centre d"É g lise oÙ l'on s'instrui- 
sail, où l'on s'édifiait, où l'exen1ple du clcrgé 
régulier r6chaufTait Ie zèle du clergé séculier. 
Car les congrégations d'homn1es faisaient Jeur 
apparition: les Capucins s'insLallèrent en 1H54; et 
parlni eux élaÏt ]e proprc [rrre de I 'évc\que J{eUclcr :.. 
Lcs .J ésuitcs, qui dès i 8
3 pl'êchaient une retraitc 
pour les insHluteurs catholiqups:5, fonùèrcnt à 

layence un cenLre très Ï1uportant, et I\:elt,eler, qui 
qualre ans rlurant avait ðté leur él(\ve 6, et qui 


1. Pfuf'lf, [{eLlcler, 11, p. 75-í6 (r{>ponse au chapilrc Ùf' !\Ia
ellce). 
2. Pfu('H. J(eltelcl', I, p. 280; cf. ci-dessous, p. 
.ï. 
3. prude, lí.eLtcler, II, p. 8G et 1Ua-tt L 
4. Pfuelf, Jí.cllele1', I, p. 284; C Ocst au s{.minaire de 
la
 cnce que se CormèrclIl 
presque lous Jes ca
ucins allemands (Pfuclf, Ketteler, 111, po 255,'. 
5. PfueIf, [{eUeler, I, p. 3 i3. 
6. Pfuelf, KeLlplel", n,p. 55-:iG. C'est unjésuile, Ie P. Riechers (I, p. 17
)qui 
avail nag-uiore dpf'idé K('lleler i\ accf'pler la cure de B('rliu; ('l avant de s'y 
reudr(' il a,ail faill'draite al1p1'Ì'
 eJ'un al1l1'p j(
"uilp, Ie P. Stoppar (J, p. 1S1). 



L 'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN i 7 


se fit leur défenseur lorsque fut attaquee la morale 
(In P. Gury 1, les invitait aussi, rhaque année; à 
prècher la reLraite des prêtres 2. Un ordre hospita- 
lieI' fondé par l' évèque, les Frèrcs de Saint-Joseph, 
était destiné à de sérieux développements 3. I{ette- 
leI' et Ie chanoine Heinrich rêvaicnt mieux encore: 
iis projetèrent toujours et tentèrent à deux reprises 
de grouper les prêtres séculiers eux-mêmes en des 
:;o1'tes de congrégations OÙ serait menée la vie 

ommune 4.. Lps confréries enfin, que tracassaient 
jadis les bureaucraties issues du joséphismc, pous- 
;aient à vue d'æil dans les paroisses : {{etteler, dps 
L852, a vail intl
oduit dans près d .une moiLié de 
,on diocèse les confréries du Cæur de 
larie. 
Les ordres de femmes se muitipliaient à l'ave- 
lant. A l'avènement de Ketteler, il n'y avait d'au- 
Te cloìtre, à l\:layence, qne celui des Dames an- 
;Iaises, et une petite communauté des sæurs de 
,aint Vincent de Paul. La fondation à Finthen par 
e curé Autsch, en 1853, des Sæurs de la Provi- 
lence, à la fois enseignantes et hospitalières, fut 
)our la Hesse un événement : une convertie, 
.1 1le Fanny de Laroche-StarkenfeIs, fut envoyée 
mr I{etteler dans nos Vosges, chez les Sæurs de 
Hbeauvillé, pour y faire un noviciat; elle devint, 
u retour, supérieure de la congrégation nouvelle. 


1. Pfuelf, Ketteler, 11, po 322-3
3. 

. Pfuelf, Hettelel', I, p. 
!).í, et 318. 
3. Pfuelf, Ketteler, 11, p. 131. 
4 0 prueH, lí.ettele1', I, p. 3
9, et H, p. 334-330. - Heinrich, Die Kirchliche Re_ 
Jrm, II, p. U3. - Halholik, 1863, I, p. 1G8-169. - Lennig et Moufang 
taient défavorables à cette création. 


IV. 


2 



is 


L'ALLE:\IAGNE RELIGIEUSE 


Avant qu'elle ne consacràt, en nlourant elle-nlêmc 
du typhus, la vocation de 8es. compagncs, 1\l 11e de 
Laroche voyait se grouper dans l'ordl'e nouveau, 
en trois ans seulement, vingt-trois sæurs, six no- 
vices, huH postulantcs : les petits enfants et ICf 
pauvres malades de la Hesse étaient désormai
 I 
sous Lonne garde 1. Ida de Hahn-Hahn \ qui de. 
puis sa conversion au catholicisme avait cess( 
d' être ronlanesque tout en denleurant romancière 
recueillait dans un c]oître du Bon Pasteur, et dan
 
les autres fondations pieuses auxquelles elIe dé. 
vouait sa fortune, des impressions et des souvenir; 
dont sortirait plus tard, avec l'approbation de SOl 
direcleur Kettelcr, Ie livre de .11Irl1'ia Regina, apo 
logic de la vocation rcligieuse 3 . 
l\Iais l{eUeler ne croyait pas avoir atteint son hu 
lorsque, dans une région OÙ 1 'I

glise était comba1 
tue et souvcnt ignorée, il avaH fait de 1\laycnc 
une sorte d' oasis religieuse : il s 'en allait au loir 
d'un bout it l"'aull'e du diocèse. Sa haronnie n'éta 
pas une gêne pour son apostoial : à peine évêqu( 
dans Ie premier mandement qu'il avait adressé 
ses ouailles, i] avait devant cUes fait væu Je pal 
vrrté, el ce væu, il Ie tenait. Distant du peup
 
par la naissance ct Ie savoÎr, cc féodal s' était fa, 
peuple par Ie dépouillement. Une fois tous les tro 
ans, il faisait dans Ie 11loindre village une visi 


L Pful'U, llcllcler, I, p. 
Si-:;!n cl 1/, p. 12tì. 
2. Sur Ida. dc Hahu-Hahn, voÜ' 1l0ll'C tome III, p. VII-X. 
3. Pfuelf, J(eltcìe1', Il, p. 149 ct suiv. - H. r. Bo, 1860, II, p. 473-4-91. 
1.1lw'Ùt Regina. Eine Er:;aehlung del' Gcgcmvru't, 2 vol. (Maycucc, Kirchhci 
i 860; traduction fran<.:ai
(' dc )lrn c LclJro'lui. Tournai, Custcrmal1, 18620) 



L'ÉGLISE DANS LA PRO\iNGE DU H
\UT-RHIN 19 


épiscopale, et ce n'était point un rap ide passage: 
it prêchait, cntrait dans les écoles, allait au chevel 
des nlalades, organisait une procession au cinle- 
tière. (( Vos nlorts sont mes morls >>, disait-il aux 
paysans; ct sur la tcrre nlollc, humide, qui re- 
cou vrait ces morts devenns sa propre familIe, I{et- 
Lelcr prêchait encore. Lorsqu'une mission se don- 
nait dans quelque jbourgade, un confesseur surve- 
nait pour aider les nlissionnaires : de cinq hellres 
<lu nlatin à neuf heures elu soil', il nloissonnait et 
brfdait l'ivraie des péchés ; ct ce confesseur n'était 
autre que l'évèque I\:etteler. IJ avait coutume de 
dirc que ses voyages de confirmation étaient pour 
lui .des récréations, parce qu'ils Ie rapprochaient 
du nlcnu pcupIe; Ies sernlons qu'il colportait de- 
çà de-Ià, en administrant ce sacl'enlent, étaient 
d'une infinie variété. II avait assez écouté Ie peu- 
pIe pour savoir lui parler. 
Les préoccnpations de la défensive ou de l' offen- 
sive religieuse ont parfois Ie fâcheux cffet de faire 
reléguer au second plan Ie souci rnêrne de l' expan- 
sion chrétienne; la luUe, alors, au lieu d'appa- 
l'aître comIne un nloycn, prend l'importance d'un 
but; il arrive qu'à force de poursuivre des libertés 
qu'on n'a pas, on néglige de tirer parti de ceHes 
qu' on a, et dont l'usage pacifique, discret, profìte- 
rait aux ânles; Ie train quotidien du travail mo- 
destc finit par sembler terne, et presque un pen 
terrc à terre, tant sont séduisantes et fascinantes 
les émotions du combat. II fut excellent pour]a 
conscience calholiquc al1enlandc qu'aux portes de 



20 


,.' ALLIDIAGNE RELIGIEUSE 


ce grand-duché de Bade OÙ durant près dr vingt 
ans l'action reEgieuse fut s
ns crsse cntralllPP 
dans certaines n1êlpes, le petit diocpse de l\layence, 
gouverné par un prêlre qui savait d'aiLleurs lutter 
à son heure, offrît in1médiatement tl l'apostolal 
chrétien un véritable modèle d'organisaLion. En 
assistant au déploiement de vie chrétienne auquel 
I{elteler donnait l'impulsion, l'on savait pour 
queUes (( conquêtes )) luUaient les gens de Dade 
ou les gens de Nassau, et l'on se rendait con1pte 
quïIs aspiraient beaucoup moins à être:vainqueurs 
dans l'État et vainqururs de l'État, qn'à pouvoir 
servir Dieu avec Ia même liberté, la même sécu- 
rité et Ia mêm.e allégresse, que les diocésains de 
Kett eler . 


III 


Dans l'automne de 1.850, à Ia Chambre haute de 
Bade, une voix très écoutée commentait l'exemple 
de l' Autriche, I 'exemple de la P russe, et la leçon 
de déférence pour les libcrtés de l'Église, que don- 
naient au gouvernement badois les deux grandeE 
puissances allemandes. Cette voix n'était autre qUf 
celIe de Hirschcr. (( II n'est certainement pat 
dans l'ordre, proclamait-il, que dans l'Écriture i] 
soit tlit des évêques : L'Esprit Saint vous a placé
 
pour gouverner l'Ég]ise de Dieu, et que ces même
 
evêques aient à apprendre, par Ie journal ou pal 
la gazette officielle, quel prêtre est nommé POUI 



L'ÉGLISE DANS J

\ PROVINCE DU HAUT-RHIN 2t 


un poste ecclésiasliq ue 1. )) Respecté de tout Ie clergé 
pour ses dons de catéchiste e t son expérience de pro- 
fesseur, il avait récemment soutenu, sur la cons- 
titution de l'Église et son organisation synodale, 
quelques doctrines qui ne permettaient pas, à coup 
sûr, de Ie classer parn1i les (( ultranlontains )); et 
lorsquïl se faisait l'avocat des revendications épis- 
copales, on ne pouvait Ie soupçonner d'aucunes 
visées secrf\tes contre les prérogatives Iégitinles de 
l'Éta1 2 . La Chambre haute l'applaudit, et réclanu.l 
formellement que Ie gou vernen1ent fournit à l'ar- 
chevêque les ressources néccssaires pour créer des 
séminaires 3. 
La seconue Chanlbre, plus onlbrageuse, n'adnÚt 
pas que I'État sacrifiàt une parcelle de ses droits 
régaliens; nlais cUe Le pl'ia d'envisager avec les 
représentants des deux confessions les liLerlés 
nouvelles dont elles 1 10urraient être oTalifiées 1. ]e 
t) , 
væu l'isquait d'ètre plalonique, puisqu'il denleu- 
rait convenl1, par ailleurs, que l'État badois conti- 
nuel'ait de collaborer avec Ie \Vurtemberg et les 
He
ses pour une politique l'cligieuse comnlune, et 
qu'il n'ébauchel'ait aucune innovation périlleuse 
pour cette entenle. 
Upposer à la volonté de l'évêque et aux reven- 


1. Hirscher, An(1Yl[Je in Bel,'eff dc.! ycgcnwaer'tlgen Standes dC1' KÜ'clten- 
Îm.r;e, p. 2t.i (fribour
, III'rder, 1850). 
2. Voir notre lomc III, p. ai-as. 

. Maas, r;eschichte der Itat/wlischen l{Ü'che im G1'osshe,':;ogtltum Baden, 
p. 221-223 {Fribourg, IIcrder, 1S!}!}. - Lauer, Gcschichte dC1' l(atholi&cht It 
l{irc/tc in Badell, p. in-1!}!} (Fl'ibourg, Herder, 1908). 
L l\Iaas, Ope cit.,_ po 2l:)-22i'j. - Lauer, Ope cit., p. 200. 



22 


.:ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


dications des fiùèles, dans l'intérieur d.e chaquc 
État, la coalition de tous les souver<1Ïns voisins; 
s'afIranchir, ainsi. de toute responsabilité dil'ecte 
dans les vexations qu'on faisait peser sur I'Église; 
alléguer, pour Ie maintien de ce qu'on appclait les 
droits de I'État, un certain parallélisme d'atlituùe 
et une certaine solidarité entre les États limi- 
trophes: telle den1euraÏt la tenace maximc du 
gouverncment badois ; et l'on avait lieu de craindrc 
que la volonté de chaque évèque ne continuât de 
se briser individuellement contre cet étrange syn- 
dical de têtes couronnées. 
l\Iais, à l'image des souvcrains, pourquoi les 
évêques à leur tour ne se fédéraient-ils point? 
L'épiscopat allemand, réuni à 'Vurzbourg, à l'au- 
tOlnne de 1848, s'étaitapitoyé sur eux, avait poussé 
vel'S Rome un cri d'alarme, et les avait assurés dc 
son appui 1. Un tel souvenir les enhardissait; et 
puisque lcs Etats s'entendaienl pour maîtriser 
I'Eglise, ils pouvaient bien, eux évèques, s'en- 
lendre pour réclamer ou pour résister. lIs en avaient 
pris la résolulion, Ie jour OÙ fut consacré KeUeler, 
et cette résolution fut tenuc. Dans leur initiative 
même il y avail cornme un affront pour la philoso- 
phic politiquc dont s'inspiraienlles pouvoirs laï- 
ques. Chaq ne ÉLat voulait ètl'e Ie 11laÎll'C d u InoJ'- 
ceau ò'í
glisc qui occupait son lel'riLoirr, ct voili't 
que cos lnorccaux se r<lssclnblaient, s 'organisaient, 
prcnaienl corp
, e t que cc corps a vait uuc voix; el 


1. Collectio LacclI.fiJis. Y, col. 100R (FrilJourg, Herder, j 8i!1). - Sauze. L'ttS- 
semMée épiscopalc (Ie 1rltl'
lioU1'g, 1'. ;;
 (Paris, PO\l
sielgue, 1
I07). 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 23 


chacun ùe ces morceaux, par là 111ême, refusait de 
se laisser considérer et traiter plus longtem.ps 
comme une institution territoriale; la province 
ecclésiastique, arnlature religieuse dans laquelle 
étaient encadrés tous ces petits États, acquérait 
conscience d'une vie propre, indépendante, exté- 
rieure au fonctionnelnent de ces importunes sou- 
verainetés. Les lninistères les n10ins chieaniers, 
comme celui de Hesse-Darmstadt, furent off1.).squés 
de cette conduite de l'Église 1 : ce qui cst nouveau, 
pour un bureaucrate, est toujours incongru. ßlais 
Rome encourageait les évêques : un bref du 25 juil- 
let i 850 les in vitait à de nouveaux efforLs pOll r Ie 
réveil de l'esprit chrétien et Ia sauvrgarde des Iois 
ecclésiastiques 2. 
Des synlptùlnes existaient, qui permettaient 
d'espérer qu'une action commune de l'Église et 
des populations pouvait triompher du mauvais 
vouloir des gouvernements : Ie cabinet de Nassau, 
par exemple, après avoir prétendu expulser de 
réglise de Bornhofen les Rédemptoristes que 
l'évêque Blum y avait installés pour Ie service des 
pèlerins, finissait par fcrn1er les yellx sur leur 
préscnce 3, parce que Blum avait tenu bon, cL 
parce que certaines communes voisines avaient 


1. Y oir dan!'; Brueck, Die obCl'ï'heinisclte KÌ1'chenpl'ovinz, po 3Gl, la réponsc du 
gùU\"crnement hessois à KeLleler. Pills t<lrd. le vieux: 'VessenLer
, ùans line lellre 
à Bunscn (l er no'"embre 1855), rcg-reller;t que les gouvel'nemcl1ls, en présence dl: 
la démarcl}(' collective dps évêques, n'ai
l1l pas r{.pondu, tout. simplpmf'l1l, (fuïls 
ne fpl'ail'nl ripll avant flue If'S mf'lIa('('
 épi<:('opall's fl1ssenl rélractpcs (Barollne 
de Bunsen, lJullscn, III, po 429-\:10). 
2. )laas,o])o cit., po ::2:;, n. 1. 
3. B.'I1l'ck, op. cit., p. 370-3n. 



'>' 
-'1 


L'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


gratifié ces Pères du droil de cité. Encouragés sans 
doute par ce précédent, les évêques prirent ren- 
dez-vous à Fribourg en mars .:1851, el rédigèrent 
un l\lén1oire pour leurs gouyernements respectifs. 
Qu'on les rendit n1aÎtres de l'éducation de leurs 
clercs, qu'on leur pern1Ît de fonder des éeoles 
caLholiques. qu'on leur laissât Ie droit de diriger à 
leur façon la vie religieuse de leurs diocèses, et 
cl'y multiplier confréries ou congrégations, et 
qu'enfin l'adn1inistratiol1 des biens d'Église ccssât 
de leur être contcstée : c'est à quoi se bornaient 
leurs exigenees. Les gouvernen1ents ten1porisè- 
rent; et ROlne, au conLraire, insistait pour que lcs 
évêques se fissent pressanLs : un bref du 6 n1ars 
1851 les invitait à faire choix de vicaires généraux 
et à ouvrir des petits séminaires 2; et vVindisch- 
luann, Ie vicaire général òe l\Iunich, translllettaÏl 
à l\laycnce la nouvelle que Rome, à défaut d'un 
synode provincial, désirait une prochaine confé- 
renee des évêques ot songeait à l{ettolel
 pour en 
préparer les tra vaux 3. Ouze mois passèrcnt, au 
hout desquels les gou vernements parurcnt s'émou- 
voir; leurs juristes tinrent confércnce à Carls- 
ruhe, et Viale PrcIa, Ie nonce de Vienne, sur- 
venn pour la circollstance, remporta, de ses 
con versations a v
c Ie grand-due, des impressions 


1. Le le>.te en csL puLlil- dans l\Ioril.l Lieber, in 
""((chcn dcr O/JCl rltcinisc/,eu 
11i.,ocllenp1'ovm:;, p. 18-41 (Fribourg, Hcrder, 1S53). 

o ['[uelC, l{elt('['}l\ J, }I. 
4
-2jOo 
30 Raich, Briere 1'011 UlIll ((II 1\ etleler, p, 
;!G 0 - Su!' WÜlllischmann, ,.oil" 
f'i-dcs<;ons, po Hì.:? 



L'
:fa.ISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 2
 


exccllenLes et d'allègrcs espérances 1. Cependant Ia 
['éponse des gouvernenlents tardait: derechcf l
s 
évêqucs se revirenL à Fribourg, en février 1852, 
ct protestèrent une dernière fois contre (( un sys- 
tènle dont la pratique e(fccli ve et logique cntraÎ- 
ncrait la ruinc de l'Église dans la province:! )). 
Ce ferme langage recél ai tune nlcnace : l'Églisc 
allait s'insurger. On écrivait à Bonn au canoniste 
Walter, pour demander un mémoire précis sur 
les prérogatives nouvcllcs dont jouissait Ie catho- 
licisnlc prussien 3, ct ce qu' on voulait, bicll ferrnc- 
ment, c'élait la liberté comnle' en Prusse. 
Les deux prcllliers insurgés furent I(ettelcr, 
]'
vêque de l\layence, et 'Ticari. l'archevêque de 
Fribourg. I\:etteler" dès Ie 1110is de lllai 1851, enle- 
vant ses c]ercs it la Faculté de lhéo]ogic de Giessen, 
ouvrit à Mayence, sans autorisalion préalable du 
gouvernement hessois, un grand sénlinaire, nc 
dépendant que de lui, avec des professeurs par 
Ini nommés, avcc des élèves qu'il demeurait corn- 
plètemcnt libre, lui, évt'quc, d'acceptcr ou de 
refuser: Ie minislère hcssois ferma les yeux !. . 


1. PfneIr, Geissel, p. 
21-

2. Yiale Prela cspprait même que KeLtelcr allail 
èll'e nommé coadjuLeur de Fribourg (PfuclC, lí.eltelel'. I. p. 259). 

. Le texLe de ceL ultimatum est publié dans Morilz Lieber, Ope eit., p. 42-';'8. 
3. Pfuelf, f{ettclc7\ I. }lo 251. - SUI' Ferdinand Waller (lï
H.18i9), \-oil' 
noLre tome II, p. 210-:;H t. 
4. Pfllclf, IÙtteler, I, p. 23i-2440 Sur Ie passé ùe la facuIlé de Giesseu, voir 
lIolre tome 1f. p. 122. Windic;chmann applaudit à rOUVcI'ture du s(;minaire d(' 
lIayence comme à la plus imporlallLe, à la plus l1écessaire, it la plus heurcuse. 
parmi Loules Ies mesures qu"avail pl'Íse:; KeUelcr; Ie llllhériell Boehmer aòmil'a 
la fcrmeLé de eel évèque, qui éloignai t ('nfill SPS Lhéologiells de (( la. vi lIe frelUC- 
maçonnique de Giessell. . La seconde Chambl'e hessoise, en 1t\Ji, voLa qu'au- 
cuna cure ne devail èhoe accOl'dée à _ des prNres qui n'eusaent point subi ùps 
Hameus à Gie!'iscn, mais ]a, première Chambre r('pouss
 celLe motion, et Ie gou- 



26 


L ALLE::\IAGNF. RELIGIEUSE 


\licari, en lnai 1.852, repoussa somnlairenlent, à la 
lnol'l du grand-due Léopold, l'incursion du minis- 
tère badois dans Ie domaine de la liturgie catho- 
lique. En toute souveraineté, la bureaucratic de 
Carlsruhe avail ordonné que dans toutcs Ies église
 
du grand-duché une n1esse dcs morts serait diLE 
pour l'auguste défunt, qui était protestant t. LE 
diplomate prussien Bunsen, peu suspect en l'esprce
 
traita bientôt de méprise regrettable, d'anachro- 
nisnlc forlnel, ces prétentions du fonctionnarisffi( 
badois 2 : tout hostile quïl flit à l'Église romaine, i 
avait compris que certains ordres qui se donnaien 
encore à la yeille de 1848 ne pouvaient impuné- 
nlent se rcnouveler Ie Iendemain; mais ]e fonction. 
narisme badois, lui, n'avait rien appris, et sïlnagi 
nail qu'en mitraillant victorieuscment des énlCU 
tiers on ayait pu tuer un esprit. 
\Ticari commanda des sonnerips de cloches, de 
discours funèbres. des pripres, Illais refus<1, confor 
nlémcn t a ux lois de l'Ég] ise, Ie sacrifi ce de ] a messc 3 
Lc gouyernement s'irrita; dans la garc de Heidel 


w'rncmenL ferma lcs 
 em., encore que KcLleler (PfueIr, Ope cit., I, p. 348) fcl' 
,il à \ icari, Ie 2G novembl'e 185
, son pen de c{\nfiance dans les bonncs disp' 
!-itioDS ùe l'f
lal. 
t. Sur ce connil (TmuC1'conILict), yoir .l\laas, up. cit., p. 2:!tì cot 8uiv. 
2. Bunsen, Die 7 eichen der Zeit, I, po 166. - ceo nolre Lome III, p. 280-
8 
3 0 La Iibrairie H
rd<>r réimprima alors, pour défendre Virari, un arlicle ( 
Docllingel', pcril en 1842 au sujpl des ohsè'lues de la rpinc CarolÎ11f', protC' 
lallIe, be])c-mèrc de Louis ler, cL flui sÏnliLnlail.: .?fLicht 'luul Recht til 
J\.Ï1'chc flegen \
erstorbenc eines frcmden Bekenntnisses. l\lais Ie ploévôl ( 
Lucerne, Burkal,d Leu(1808-18G5\ dans sa brochure: 1Varnullfl vur' Ncue1'U/l!/e 
un" {]e!Jcr'treilJU1lflen in def' J{atholisclten Kil'che ])eutsch/ands (Lucern. 
kaiser, 1
5;;), - brochure que Doellinger lrailail alors de pamphlel (Fricdric 
jJopllinga, lII. p. 13
) - pr{.lendil.qu(' ri<>n ne jusLifiail l'allilude de Yicari. Y() 
Eduard H<>rzog-, Slift.c;pl'opst Josef lJwokfll'tl />U Ulld tI"s JJoymn VOlt If.! 
p. ::"!(ì-
ï (I:('I'IIP. W 
 !Os, 1!)O L ) 



L' t
GI.ISE DANS LA PROYINCE DU HAUT-HIIIN 27 


berg, l'archevêque fut en butte à des manifesta- 
tions hostiles 1. IJes fonctionnaires firent effort 
pour intimider ]es prêtres: sur 800, 60 cédèrent, 
:lirent la messe pour Ie grand-due, et puis s'en 
furent en pénitence, sur un signc de I'archevêque, 
au sén1inaire dcSaint-Picrrc près de FriLourg 2. Les 
3ommations badoises, rendues vaines par ]a résis- 
lance de 'Ticari, cherchèrent une revanche. 
Ce fut seulement Ie t) mars 1853, après deux ans 
d'attente, que les gouvernements firent connaître 
1eur réponse. Le mémoire épiscopal n'était pas 
exaucé. Les gouvernements persistaicnt à vouloir 
s'in1n1iscer dans les examens ecclésiastiques qui 
onvraient Ie grand séminaire et donnaient accès 
aux cures, et à revendiqucr, dix n10is de rannée 
sur donze, Ie droit de pourvoir souverainement 
aux cures vacantes; Us s'opposaient à l'établisse- 
ment de petits sén1inaires, ou bien np les permct- 
taient qu'à la condition de les traiter comme des 
institutions d'État 
 ils se réscryaient la nomination 
des professeul's de théologie ct ne laissaient d'autrc 
droit à J'évèque que celui de donner, avant In 
non1Ïnation, un avis consnltatif el de transmcttre 
au pouvoir civil, Ie cas échéant, des observalions 
sur l'cnseignement donné et sur les ll1anur!s 
en1p]oyés; ils restreignaient, mais ne supprinHlicnt 
pas, l'obligalion du placet; ils subordonnaient à 
l'autorisation laïquc un grand nombre des cérén10- 
nics cultuclles ; ils affirmaicnlleur droit de pcrn1ct- 


10 Steinle, 111'irfil'echscl, T, p. HìO (1eLLre dp :-']m
 Schlo"ser, 12 mai is:;!). 

. 
Iaaso opo cit., p, 22
). 



28 


J. 'ALLEIUAGNE RELIGIEUSE 


ire ou de prohiber les congl'égations, d'acceptel 
on de refuser Ie vicaire g
néral non1mé pal 
l'évêque; ils déniaient à l'évêque la libre admi- 
llistraLion des biens d'Église. La suppression de
 
(( doyens grand-ducaux )), qui, depuis un quart de 
sièc]e, surveillaient Ie clergé au non1 du POUVOII 
laïque, était un sacrifice de l'État policier; mai
 
cette concession, et quelques autres encore, nc 
pouvaient atténuer l'effet pénible des formule
 
d'abso]utisme, qui denleuraientsuspendues comm( 
une menace sur l
 vie de l'Église 1. 
Deux fois réunis à Fribourg, en avril, puis en 
juin 1.853, les évêquès protestèrent, d'abord PH] 
une lettre collective 2, puis par un second mémoire 
dans lequel ils fondaient leur résistance sur h 
vo]onté formeHe de Rome 3, et que Ketteler aspi. 
rait à faire appuyer par J'épiscopat prussien '. 

loins de vingt ans p]us tòt, dans cette provinc( 
du I-Iaut-Hhin, les hauts prélats sen1blaient sur. 
tout anxicux que ROllle se mêlàt de leurs afTaircf 
ct que des ol'dres du Saint-Siège vinssent secoueJ 
leurs luitres sur ]e IlIOI oreiller de la servitude. At 
contraire, en lR5:
, c' cst en resserrant leurs lien
 
avec H.onIe, et en les étalant, qu'i]s prétendaien 
secoue)
 ccs autres liens OÙ l'État les garroHait 5; e , 


1. Le tc.de de la répon!:>e des gou\'crnemcnts est publié dans Moritz Liebcr 
Ope cit., p. 47-59. 

. Le lexLe de la I(>LLre collecLive du 13 avril e:-,l publié dans :Moritz Li(')Jer 
Jp. cit.,p. 00-01. - Cf. Bruech, Ope cit., p. 3U9-310, ct .:\laas, Ope cit., p. 22tk35 

. Dcnkscltri(t des Episcopates d'I' obcrrheinischen Ií.i1'chenprovin.:: (hi 
bourg, Herder, 18:>3). 
'Jo. }'fuelf, /Ú,ttclcr, I, p. 263. 
5. cr I:hi
tojre no us ill\'iLe, ('crivait vcrs cetLc époquelc I'ublicisle Buss dan. 



l..'I
GLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 29 


lans leur é]an vel'S la liberté, il leur plaisait de 
3C sentir soutenus, encouragés, oblig(ís nlÔmc, p
r 
.c geste décisif de l'autorité supl'èrnc, par Ie Saint- 
:)iège. 
A ]a rescousse des évt'ques, un ]aïque sur- 
I venai
, don
, la ,Parole 
tait 
répondé
'ante dans les 
I congres: c etad 1\laurice LIeber, pcre du futur 
chef du Centre. Naguère l'épiscopat d'}\llernagne, 
réuni à Wurzbourg, avait appelé J
ieher, consuHé 
son expérience de juriste, invoqué Ie concouI'S de 
sa plume pour la rédaction du manifeste destiné 
aux fidèles; et Liebert cinq ans après, dans une 
brochure retentissante, traduisait et comrnentait à 
l'opinion pubJique les objections canolliques 
qu' élevaient les évêques contre la réponse des 
gouvernements 1. L'union des évêques entre eux, 
l'union de tous avec Rome, rappel d'un laïque en 
faveur des revendications ecclésiastiques, c' étaient 
là autant de faits nouveaux, qui déconcertaient rin- 
flexible routine des bureaucraties. 


I\
 


Les doléances du catholicisrne, dans celte pro- 
vince ccclésiastiquc OÙ si long temps il s 'était 


Ie journal Capistran, à raltacher dercchd, étroitcmcllt, l'Églisc d' Allp.maglle an 
Siège AposLolique, à rejeter loin de nous les <<. droiLs particuliers )) de I'Eglise 
comme autallt de colliers d'esclavage. )) (Tuebinger Quartalschrîft. 1852, 
p. 159-161.) 
L Moritz Lieber, op. cit.. p. 
2-n7 0 Lc travail de Lieber avait d'abord paru 
en arLicles, dans la Deutsche Volkshalle. de Cologne. - Sur ce pCl'sonnage 
(1790-1861), voir j(atholik, I, po 12!J; et cfo Dolre lomo II, p. 39Go 



30 


L 'ALLEi\IAGNE UELIGIEUSE 


laiss{S piétincr, éLaient désormais, si ron peut 
ainsi dire, organisées ; l' épis..
opat faisai t corps; lef: 
catholiqnes de chaque petit Etat s'élnancipaient dE 
leur proprc servitude en travaillant, au de]à dE 
leur étroite frontière, pour l'énlancipation d'autref: 
catholiques. 
fais ces doléances qui désormais fai- 
saient bloc et pouvaient faire éclat, vel'S queUe 
autorité monteraicnt-elles ? 
L'évêque de Fulda, au printemps de 1852, crai- 
gnant un instant que la nouvelle constitution de la 
lIesse électorale ne mît en péril les droits de 
],J
glise, s' était demandé si une délnarche def: 
évêques àFrancfort, auprès de la Diète germanique, 
ne serait pas efficace t. 
On sait en eifet que dans la v ieille villc de Franc- 
fort, une façade s'étalait, qui tâchait à paraîtrc 
somptueuse, et qui prétendait f
tre l'image de I' AI- 
lemagne, et que cette façade s'appelait la Diète. 
Tons les États germaniques, petits et grands, y 
étaient représentés, et sous Ie regard narquois on 
bourru de Bismarck, les plénipotentiaires délibé- 
raient, raides à force de se hausser, engoncés it 
forcr des'enfler; ces diplomates solennels et oiseux 
croyaient être les acteurs de l'histoire, et n' en 
étaient que les con1parses ou, pour mieux dire, 
Jes dupes. La tragi-comédie dont Bismarck élabora' 
]p scénario se préparait à l' écart des membres de 
la Diète et au-dessus d'eux, loin d'eux; avec leur 
gravité compassée, iis étaient les maîtres des céré- 


1. I'fuclC, Aettelel', I, p. 
').2-
;'J. 



L'ÉGLISE DANS L\ PRO\-INCE DU HAUT-RHIN 31 


moniesd'une Allell1agne qui semourait, et fernlant 
les yeux à la réalité présente, qui les cernait et les 
bafouait, c'est en conlpulsant de vieux textes juri- 
diques, d'archaïques instruments diplonlatiques, 
qu'ils aspiraient à gouverner l' Allelnagne. II y 
avait, parmi ces textes, la paix de vYestphalie, Ie 
rccès de 1803, l'acte fédératif allcnland de 181.:'; 1 : 
la Diète a vait au près d' elle des juris Les subtils:!, 
qui savaient par cæur lous ces papiers, et qui les 
comnlentaient comnle des chartes toujours vivantes. 
IL'évèque ùe Fulda gardait quelque con fiance dans 
J]a vertu de ces chartes, et pensait que peut-être la 
Diète y trou verait des arguments pour intervcnir, 
au nom de l'Allemagne, auprès des petits ÉLaLs qui 
vexeraicnt les catholiques. (( Le cri, Ie besoin, 
l'exi
Lence de l' Allemagne, écrivaient un peu plus 
tard les Feuilles lástol'ico-politiqucs de 
lunich, 
réclament un droit allenland, une constitu tion alle- 
n1ande pour la question religieuse. Régler les 
différends qui résultent de cette question, c' est là, 
ava.nt tout, une affaire de 1a confédération, nous 
dirions nlême, c'est là l'affaire de la confédéra- 
tion 3. )) 

Iais l{etteler, en -1832, se montra peu favorable 
aux propositions de son collègue de F ulda. En mobi- 
lisant le corps gcrnlanique pour qu'il se mêlàt de 


1. Voir Vel'ing, Lehrbuch des Kirchenrechts, 3 e Mil., po 116-117. (Fribouq;;, 
Harder, 1893.) 

. Sur Henri ZocpII (180i-tRii),le plus connu d'enlre CUI, ,oil' Georg-Weber, 
Heidelberge'- H,-Üme,otmgen, p. 
H-23
, el Slrauch dans Weech, l1adische 
lJio!l1'aphien, Ill, p. 
07-':!i t. 
3. 11. P. B. 1854t I, p. 594-5!.1J. 
lB - -+ .- 

 , "." !',. ,.. - - - 
J RARY ST. ;.t
à\' j ,-OLL[G[ 



32 


L'ALLE1IAGNE RELIGIEUSE 


ses difficultés avec les divers États, l'Église ne le
 
rhoqupraH-el1e pas dans ]eurs.susccplihilitps, déln
 
leur vanité? Il selnble que I{etleler épl'ouyail Hr 
vague scrupule, un
 gêne Dlal définie, à voir le
 
revendicalions de I'Egiise s'appuyer sur ceUe puis- 
sance de réaction qu'était la Diète et sur Ips argu- 
nlents archaïques qu
 on nlaniait à Francfort: cc 
qui se passait en Prusse, où les droits de l'Églisc 
s'étayaient, en fait, sur les idées et sur ICE 
maxinles de 18.1.8, oITrait assurément de plus sllreE 
garanties d'aycnÎr. Deux ans plus tard, lorsque en 
Bade la crise religiense sera aiguë, et lorsque I{et- 
tcler désespérera d'agir sur l'État badois, il repren- 
dra un instant l'idée d'une démarche auprès de la 
Diète 1, mais, finalcn1ent, cette démarche n 'aura 
pas lieu. 
Au demeurant, cette Diète auguste, queUes 
('spérances ménageait-elle ? 
Quatre cours catholiqucs y étaient représentées, 
et pas une de plus; et l'historien Bæhmer, qui 
vivait à Francfort ef savait observer, avaitune ori- 
ginale façon de les définir : (( L'l\utriche, disait-il, 
ne fait que parler, mais elle n'agit pas hors de son 
territoire; ce qui manque à ] a Ba vière, c' est de 
vouloir; ce qui nlanque à la Saxe, c' csl de pouvoir, 
et Liechtenstein est trop petit 2. )) 


I. prudf, f(etlclcl" I, p. 3GO. - En 186G encore, dans une brochure: Die ncue 
.lc7'a in JJall('n, Ie prince d'Isenburg- considérera comme justifìée el comme 
néces<;aire unc intervcnlion en Bade du Deutscher Bund. (Theologisches Lite. 
mtw'blatt, 1866, po 53-5\.) 
20 Janssen t Boehrner$ Leben ulld Bdefe t nIt p. 155 (lettre du 17 sep- 
tembre 18;>'). 



L 'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 33 
C'est ainsi qu'évoluait, sur l'en1phatique scènc 
politique de Francfort, Ie quadrillp des souveraine- 
tés catholiques; la question religieuse, d'ailleurs) 
les préoccupait assez peu. Eussent-elles élé tentécs 
ùe s'en occuper, on aurait vu non1bre de diplon1ates, 
que la minime importance de leurs États semblait 
de stiner à faire tapisserie, s'insurger tout de suite 
contre l'idée de tolérance au non1 mème des 
maxinles de politique religieuse auxquelles les 
petits princes protestants de l' Allen1agnc den1eu- 
raient tenacement attachés. 
Le prince de Lippe Detmold jusqu"en 18G4 t, 
lc prince de Waldeckjusqu'cn t86t 2, exigèrentque 
leurs sujets catholiques fussent considérés de droit 
con1me les ouaillcs du pasteur protestant, fonc- 
lionnail'e liturgique officiellempnt préposé à la 
direction des consciences par la volonté de l'Élat 
souverain; et de mên1C à Gotha, jusqu'en 1868, Ie 
prètre qui n1ariaiL ou qui enterrait était redevable 
d'une taxe au pasteur proteslant 3. En 
lecklem- 
bourg, la législation relative aux catholiques alla 
mÔme s'aggravant : en t857, Ie nombre des cin1e- 
tières où des prètres catholiques purent faire 
fonctÏon d' offìciants, fut réduit à deux; en tHö3, 
i] fut défendu à tout protestant de sp conver- 


f. Bcili'ae[/e zwn ]JrcussiscÍten und deutschen Airchenrechle, po 82-84- ({idit. 
llu !) mars is;),}). - Vering, up. cit., p. 201-::!03. - Freisell, ,S'tllat und llall'u- 
Lische K.i1'che in den dculsclu;nBulldesstaaten. Teil I (Stuttgart, Enle, 190G). 
2. Archiv tür Katholisches KÙ'chem"echt, 1863, IX, p. 18-26 (ordonnance 
du U mars 18()!). - Vering, opo cit., p. i03-20.}. 
3. A7'chiv {ÜI' KatllOhsches lÚrchcm'echt, 1882, XL VII, p. 3
J -3
3 (ordon- 
nance du 14 dr-ccmhre 1.
6
). - V('rin
. 0]). cito, po 2t4-
Itì. 


i.. 


3 



3q. 


1..' AL1
El\IAGNE RELIGJEUSE 


lir au ca tholicisme sans a verli r Ie pouyoir civil 1, 
Ainsi, tandis quP }p grand. État protestant de 
I'Allemagne, sous lïnlPulsion de Frédéric-Guil- 
laume IV, avait cessp de refuser aux catholiquc
 
justice et liberté, les petits États maintenaienl 
Ie réseau de leurs prohibitions et parfois nlênle [e 
resserraieuL; on eût dit qu'ils se consolaient du 
peu de place qu'ils tena ient sur terre en prcnant 
desairsdïmportancevis-à-visdu ciel; et leursrcprr- 
sentants, accoutunlés à parler bas lorsqu'il s'agis- 
sait de poliLiqup, étaient tout prêts, contrc les catho- 
liqucs, à fait.c l'essai d'un verbe plus aJtier. Leur
 
tracassel'ies contre Ie catholicisnle leur donllaie1l1 
rillusion que Ips idées de 1848 n'avaient pas fran- 
chi Ia barrièr(\ de ]eurs douanes; leur tyrannic en 
matière religieuse étaÏl une façon de jOllcr à 1'0111- 
llipotence et Jc se persuader eux-nlt'nles que, plu
 
forts que l'empereur ù'.Autriche, plus forts que Ie 
roi de Prusse, iIs (
taient i nUllunisés cont.re la con- 
tagion nocive des principes cle liberté. 
Us savaient d 'ailleurs que rexen1ple de ]a Prussc 
ne pesait nullement sureux comme une contraintc. 
eL qu'au contraire, dans la personne de Bisnlarck. 
la Jiplonlatie prussienne à Francfort se mcttait all 
service du protestantisn1e. Si pour leur faire honL( 
on leur alléguait Ie lihéralisme de ]a Prusse, ih 
pouvaient riposter - et la riposte {-tait gênantc 


1. Leskel', .A ItS J[pcklenúuJ'g's rugangenhcit, p. 108-110. (RaLisbonne 
('l1'ìleL, 1880). - cr. A1'chit" 18Gt. p. 4Gl-4G\, ct, sur uue poliLique analogm 
en Bruusclmic
. Archin, 1870, I, p. 2i-6-2i
L Voir. sur les enlraves opposéef 
par Ies peLiL,> Etats à la lihre cil'culalion des prèlrf's catholiqups. Bella Webcr 
C ai't(JUs, p. 40G-408. 



L 'ÉGLISE nA
S LA PROVINCE DU H \UT-HHIN 35 
- que leur esprit d'exclusivisnle trouvait à la Dièle 
un avocat, et que cet avocat était Ie représentan t 
de la Pl'llSse. 
Un féodal d
 l\Iecklelnbourg-Sch,verin, Ie baron 
de J(ettenburg, s' était en 1852 converti au catho- 
licisl11e avec ]es siens, et, pour satisfaire aux exi- 
gences de sa. foi nouvelle, it avait fait venir dans 
son domaine un jeune prêtre, l'abbé I-Iolzamiller i . 
Le cabinet de Sch\verin s'inquiéta, repoussa toutes 
lcs explications de I(eHcnburg, le somn1a de COll- 
gédier Holzammcr, et fillalen1ent expédia des 
genclarn1es qui lléposèrent hors de la frontière, 
C0111Ill.e un malfaiteur, cet éLranger coup able de 
faire con1mnnier Ie baron de Kettenburg. Le baron 
porta plainte it la Dièle; IÏnfluence du comte Thun, 
qui rCpl'éSclltait alors l'Autriche it F rancforL, incli- 
nait heancoup de pléllipotenliaires 
l blàmer 1'a1'- 
bilrail'e dll l\leck]clnbourg. l\Ltis aussitõt survinl, 
pour soutenir l' absoIlltisme du petit État protestant, 
Ie futur chancelier de Bismarck: il écrivit à son 
n1Ïnistre 1\Ianteuffel qll'en présence de !'esprit 
agressif qui aninlait une partie du clergé cathoJique, 
Ie gouverneUlent prussien ne devait riell faire pour 
les catholiques de 
Iecklcn1bourg au delà de ce 
qn' exigcait Ie droit Ie plus strict 2. Ce fut Bismarck 
qui fit déc]arer par la Dièle qu'avant d'émettre un 


L Voir notre tome In. p. tg;l, ct Lesker, Au.s J.1Jecklen
w'9's rergangen- 
heil, p. tOG-I08. Tous les documents sont donnés dans Linde, Gleich
erechti- 
'lung del' Augsbul'f/ìsclwn Conlcssion mil der J(alholiscltcn Ileligion in 
Deutschlnnd 1wch den Grund.soet::en des Reiches, des lilteinllwides w/Cl dcs 
/Jcutscltcn Bundes (l\Ia) cnce, Kirchheim, 1833}0 

o L;ismal'd, Lcllre.'$ jluliti'lw;s, 1'0 124-12;;. 



36 


L' ALLE)lAGNE RELIGIEUSE 


vote, les plénipotentiaires devaient prendre les 
instructions de leurs gouvernements; ct co fut it 
la suite de ses multiples démarches que la Diètc, 
Ie 9 juin 1.853, éconduisit défìnitivcmenL par une 
déclaration d Ïncompélence la plainte du baron de 
I{ettenburg 1. Elle justifìait ainsi Ie jugement 
sévère que porteront plus Lard sur elle les Reichens- 
perger lorsqu'ils lui reprocheront d'avoir plulôt 
fait æuvre policière qu'acle de défense du droit:!. 
Si les évêqucs de la province ecclésiastique du 
Haut-Rhin avaienl gardé quclque illusion sur les 
dispositions religieuscs de la Diète, ce vote cûl 
suffi pour les éclairer : on ne pou vait deluander à 
la Diètc d'intervenir afin que l'Église fût libre en 
Bade, puisqu'clle se refusait à dire un mot pour 
que la messc elle-nlêmc, la nlesse toute seule, fÙt 
libre en l\lecklembourg ; f\t ]e char fédéral que la 
Prusse lirait en avant, que l'Autriche tirait en 
arrièrc, élait trop écartelé, trop enlpêtré, trop ern- 
bourbé, pour que l'Église pût utilement se con fieI' 
à lui. Vicari, métropolitain de Fribourg, respon- 
sable, vis-à-vis du Pape et de Dieu, de son arche- 
vêché el des quatre évêchés suffragants, avait 
raison de ne pas trop compter sur l'aide dc l' Allc- 
mag-ne. Dne publication récente nous a fait con- 
naître des corrcspondances qui s'échangeaienl vers 
cctto époque entrc l\Ianteuffel, prenlier minislrc 
prussien, et Ie roi de W urtemberg : lous deux insis- 
taient sur la solidarité des (( rois évangéliques, 


1. Poschingcr, Preussen im Bundestag, I, p, :'16 et 2:a-2
3 ; IV, p, 127. 
2. Pastor, Tleichensperge1', 1, p. 4tJ. 



L'f:GLISE DANS LA PROVINCE ÐU HAUT-RHIN 37 


qui sont les légiliules défrnseurs de l'Égl iso pro- 
tr
Lal}tc, contre sos infatigaLles enncrnis 1 )). 


\-r 


Hernlann de Vicari ne conlptait que sur lui- 
11lême et sur Dictl. II avait alors quatre-vingts ans 
sonnés. L'année 1773, OÙ Ie Saint-Siège humilié 
sacrifia les Jésuites à l'absolutisme princier, avait 
vu naîtrc les deux prélats qui devaient, en Allc- 
magne, porter à cet absolutisme des coups décisifs: 
Droste-Vischering, émancipateur de l'Église rhé- 
nane, et \Ticari, émancipateur de rÉglise badoise. 
Tout jeune, Vicari avait élé installé par Dalberg 
dans Jes bureaux de la chancellerie épiscopale de 
Constance; il y avait là un autre ecclésiastiquc, 
qui s'appelait \Vessenbcrg, et qui étaÏt, on s'en 
souvient, run des plus redoutahles adversaires du 
(( romanisme 2 >>. A yec Ie temps, les deux auxi- 
liaires de Dalberg avaient pris des routes SillgU- 
lièrcment divergentes; et, tandis que \Vessenberg 
consolait l'amertun1e de sa retraite en aidanl dc 
sa science et de sa plume les mouvements réfor- 
mistes dont s'inquiéiail L'Église, Vicari, à Fl'ibourg, 
sous l'épiscopat de l'archevêque Demeter, avait 
mis quelque virilité à défendre les maximes 


1. Poschinger, Deutsche Revue, 1906, I, p. 135-140 (leUre
 des 4, t t ct 
17 scptembre 185
). Cf. nolre tome Ill, p. 18. 

. Sur W"ssenberg, voir notrc tome I, p. 1l!)-139, Sur 1e::; rapport.. de Vicari 
an
c W('5senbt>rg, vail' Lauer, opo cit., po t8s, no L 



38 


L 'ALL}<'
L\GNE UELIGIEUSE 


ronlaines dans l' épineuse qu.estion des mal'iagcs 
nlixtps 1. On ]'eûl fo!'t étonné, cependant, si on lui 
f\Ílt révélp qu.à rÙge où 10 commun des homm
s 
se prépare à la nlort, iljouerait Ie rôle ùe confesseul- 
de la foi. C'était un prêtre pieux, d'humeur douce, 
prompt aux élans de gaieté, plus prompt encore 
aux éJans de charité. Sa bonté n'avait aucunes 
hornes, sa bonhomie n'avait aucnns dessous. 
II y eut quelque énl0i dans les ministères et 
quelque frisson dans les consciences lorsque ce 
vieu
 prélat, Ie 16 juillet 1853, signifia paisible- 
nlcnt au gouveI'nem(\nt hadois les désobéissnnccs 
que ]cs évèques étaient tout prêls à commettre. La 
] isle pn était longue: ils poul'voiraient cux-nlt
nlCS 
Jes cures, ils punil'aient d'exconlDlunicalion tout 
appel comnle d'abus porté contre un jngement 
ecclésiastiquc, ils ne toléreraient la présence d'au- 
cun commissaire d' Étal, ni à l' examen des sémi- 
naristcs, ni aux élections capitulaires; ils fonde- 
raicnt à leur gré des séminaires et les dirigeraient 

l leur gré; ils publieraient les huIles papales sans 
demander licence aux burcaucrates 
. L'historien 
I-Iurter, peu de jours après, visitait l'archevêque, 
qu'il n"avail pas vu depuis 1846. {( Après sept 
ans, notait-i1, Vicari m 'est apparu plus jeune, 


i. Sur Ie passé de Hermann Joseph (}e \Ïeari (lií3-18Gi), voÍ1' J\Iaas, Ope eil., 
p. 121-1320 - Marlin, révèrjtle de Paderborn, obscrve que Ics adversaires de 
Vicari lui rcprochaicnl fréqucmmenl d'avoir profc
sé, a\anL bon élévation à 
)'{>piscopat, dOautrcs concevlions bur lcs rapports de rf:g.li!',e e1 de rf:Lal 
(Stamm, CO/ll"nd Jla"l'tin, p. '247, PadCl'bOrn, JUllfermann, lSO!}o :Mais l<'s par- 
tisans de Vicari aIléguaicnl alOlos, conlre ce rcproche, sa conduile en 1839, 
so us }'{'piscopaL de Demeter, dans I'affaire des mariagcs mixles (Weech, Badischc 
JJio{J1'Uphien, 11, p. 39U. - l\Iaas, op. cil., p. l()
-t 1l). 
2. :\laas, Ope cil., po 23G-23í. 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAU r"'RHI
 39 


plus remuant, plus frais, plus gai. 
Ies amis disent, 
en général, que c'est un vrai miracle, que ce 
rajeunisscmel1t depuis qu'il a rejeté tontes 
chaînes 1. >> 
i.\. peu près en mêlne temps, dans Ie grand- 
duché de Nassau, Blum, évêquc de Lilnburg, 
non1ma, de sa proprc autorité, huit CUl'és 2 ; el de son 
côté, Lipp, évêque d(' Rottenbnrg, défendil à ses 
clercs de prcndr(' part auxexanlens qll'avai t institués 
l'État pour la collation des cures, lrancha des cas 
disciplinail
cs sans en référer à l'organisme bureau- 
cratique qui s'intitulait (( conseil d'Église )) (I(Ù'- 
cheJu.at), et fit des remontrances aux deux prê- 
tres qui s'altardaient à y siéger 3. (Juant à KeUeler, 
il mettail au concours, tout de suite, quelques 
cures vacantes, et prétendait demeurer Jidèle aux 
habitudes d'indépendance que, dès son avènement 
au siège de l\Iayence, il avait fièrement affectées, 
sons les regards plus surpris qu'hostiles du cabinet 
de Darmstadt j.. 
A ces faits nouveaux il fallait opposer une poli- 
tique nouyelle; et, sur ce point, les bureaucraties 
commençaient à n'être plus d'accord. Elles s'en- 
tendaient mieux pour élahorer certaines déclara- 
tions que pour concerter une action. En Hesse, en 
\Vurtemberg, on cherchait des expédients pour 
pL'évenir la Iuite religieuse; en Baue, en Nassau, 


1. Heinrich lIurler, Rudel' 'l.md scilte Zeit, II, p. 321. 
::!. Brueck, ope cit.. p. 3n. - Blum fut év
quc dc 1842 à 1884. 
3. Dl'ueck, Ope cit., p. 3tJ:!-363. 
4-. Yoir Sf'S lcUres au ministre Dalwigk (jllillet 1853) et à Vicari (nov
mbrc 
1'353) dans Pfuelf, Kettelcl', I, p. 350-3530 



40 


'/ALLE.l\fAGNE RELIGIEUSE 


on semblait avoir hâte de l'accéIérer. L'État badois 
avait installé à Carlsruhe un conscil supéricur 
d'Église chargé de pourvoir les cures vacanles et 
dïnfliger à l'archevêque, de temps à autre, les 
remontrances jugées nécessaires 1. A plusieurs 
reprises, dans l'été de 1.853, Vicari somma les 
membres de ce conseil, ecclésiastiques ou laïques, 
sous peine d'excommunication, de ne plus accep- 
ter celte besogne ; il trouvait bizarre, surtout, que 
de simples prêtres lui fissent la leçon de la part du 
grand-dÚc. Pour en finir, il présida lui-même, Ie 
5 septembre, en l'absence de tout commissaire 
gouvernemental, l' examen des candidats au grand 
séminaire, et nonlma, de sa propre autorité, un 
curé à Constance; et puis, Ie 20 octobre, il laissa 
quatorze jours de délai aux membres du conseiJ 
supérieur pour vcnir à résipiscence ou sorlir de 
l'Église 2. CarIsruhc releva Ie défi : Ie 29 octobre, 
un haut fonctionnaire, Stengel, survint à Fri- 
bourg, convoqua l'archevêque et Ie chapilre pour 
des comnlunications du gouvcrnement. Vicari 
resta chez lui. Stengel alaI's, au nom de l'État, fit 
visite à I'ÉgIise, dans Ie palais archiépiscopal, pour 
la sermonner. II gronda Ie vieillard pour son 
indocilité et Ie pria de ne point prononcer l' eXCOffi- 


1. Voir dans Weech, Badische Biof}rapltien, V, p. 605-G06, les Iellres (lui 
s'échangèrenl entre Ie mini:.lèl'e de Ia justice et Ie haut fonclionnairc Bcrnard- 
Auguste Prestinari (1811-18D3), (}c"cnu, Ie 30 juillel 1852, présidenl (}e l'ObCl'- 
kircltenrat; cf., p. 6U9, Ia lrès curieusc Ihéorie que profe8sait Prestinari, pour 
se refuser, tout catholique quïl fûl, à rccOllll<liLrc au," revendicatious de l'Églisl' 
concernant l'autonomie une valeur canoniy.ue et une valeur juridÎllue. 
.!. l\Iaas, 0[1. cit., po 238-241. 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RUIN 41 


munication projetée 1. Le chapitre de Fribourg, à 
la grande déception du gouverncment, rpdigca ']p 
3 novembrp uno adressc par laquelle iL s'unissait 
à 'Ticari 2. SolennelJemcnt, Ie 5 novcnlhrc, J'ar- 
chevêque repoussa Ies exigences de l'État; l'Églisc 
ne reculait pas, eL ce que Dieu voudrait ad vien- 
drait. 
La faiblesse déjouait la force; la nlain trem- 
blante de ce vieillard surprenait et gênait rÉtat. 
Quarante-huit heures passèrent, et l'Élat s'avisa 
d'un expédient pour Ia paralyser. On mit Ie pré- 
Iat en une sorte de curatelJe; un commissaire 
spécial fut désigné, - il a vait nonl Burger, - qui 
devait désormais viser tous les écrits de l'arche- 
vêché; ordre était donné aux prêtres de considérer 
comnle non avenue toute communication OÙ man- 
querait Ie sceau du commissaire; et 1 'État muIti- 
pliait les cajoleries et les pronlesses à l' endroit des 
ecclésiastiques clociles 3. Vicari laissait dire; il 
affectait, dès Ie 11. novembre, de faire de nouvelles 
nominations de curés. Les prêtres de sa chancel- 
Lerie, coupables d'avoir expédié des actes sans les 
faire viser par Burger, furent frappés de fortes 
amendes. La riposte fut une sentence d' excom- 
munication, lancée contre Burger et contre tous 
les membrps du conseil supél'ieur, du haut des 


L l\Iaas, op. cit., p. 24:i. 
20 .Maas, op. cU., p. 246, n. 
 ; l"adresse a\:ïil élé l'édigée par Hirscher. 
3. Maas, op. cit., p. 247-2
8. - L'A.mi de la Relit/ion, du 22 novembl'e 1853, 
o. 4
9-432, traùuit !es instruction,> du gouvernement badois au sujct du commis 
-aire Bur
er. 



42 


L' ALLE)lAG
E RELIGIEUSE 


chaires de Fribourg et de Carlsruhe J. (( La bonlbc 
a éclaté, écrivait à Geissel Ie nonce Viale Prela; 
je Ie déplore, nHLÌs je n'ai pas peur. Bade est d'au- 
tant plus dans son tort que j'avais offert un 
moyen ù' évitcr toutc collision. .l\Iais il senlbl
 que 
Bade n'a pas voulu; du moins on ne nl'a fait 
aucune rrponsc. l\Iaintenant, alca jacta est 2. )) 
C'est une ingratt. avcnture pour les fonctioll- 
naires qu'unc bagarre avec Ies consciences: ils ne 
savent bicnlòl qUfllle contenance prendre en pré- 
sence ùes délils qu'ils ont eux-ml'mes créés, définis 
et provoquéso Naturellenlent, Burger n'avait pas 
signé sa propre exconlnlunicaLion; c' élaÏl donc un 
délit que la publication, en chaire, de cette sen- 
tence insuffisamment estaln pillée; et les chapelains 
de Fribourg eL de Carlsruhe qui s'e11 étaient ren- 
dus coupables furent jetés en prison pour six 
semaines. C' était un délit, aussi, que la p ublica- 
tion, dans toules les paroisses, du nlandemcnt 

piscopal du t 1 novembre, où l'archevêque expli- 
quait sa conduite. Si les curés se refusaient it Ie 
lire, Vicari les suspendait; s'iIs s'y risquaienl, 
l'Élat les tl'ainait en jusLice. 
Personne à Bade n'avait eu l'audace d'inlprinlCl' 
ce document; c'est à l\Iayence qu'il avail élé tiré; ct. 
la prohibition systénlatique portée contre Ia prcsse 
catholique étrangère gal'antissait tt l'État badois 
(!u'aucun de ses sujets ne trouvcrait Ie Illandenlcnl 


L l\laas, OJ). eit., p. 2i8-:!-i!.ì. - Voir Ic toxtc de la senlence dans 1'.\11Ii de 
in llcligioll, rlu '!i novembrc 1
.J3, p..j:)7-i-58. 

. Pfup!r, (;ei
"d, II, p. 2
-i. 



L't
GLISE DANS LA PUOVINCE DU HAUl'-RHIN 43 


dans un journal. )Iais, Je presbytère en presbytèr.e, 
clandestinenlenl expédiées par Ie chapitre, Jes 
feuilles volanLes cil'culaient, avec Ie LexLe incrilniné. 
Incapable d'avoil' prise sur les curés, c 'est contre 
ces feuilIes vo]antcs que Ie lllinistèrc badois 
s'acharna. IJ nloLilisa ses gendarmes : les pres- 
bytèJ'cs fllrent pcrquisiLionnés; on fouilla quatre 
[ois de suite un pass an t, avec espoir de trou vcr 
sur lui quclq ues exenlplaires. L'adminisLralion 
posLale, aussi, était sur les denLs. lll'avanl gen- 
Jarmes et postiers, Ie mandcnlenl parvcnait; Ie 
curé nlontait en chail'e, et sciemment conlmeUait 
un délit. Sur mille prêlres, dix seulenlent reculè- 
eent. Un curé, dans un village de Bade, étaÏt devenu 
lveugle. Tl'ois joul's durant, sa vieilIe nlère lui lut 
ßt lui relut Ie nlandenlent pour que Ie dimanche 
ille sÚt par cæur et qu' en chaire il Ie répétàt\ cl 
;i les policiers, à I'aube du dÜnanche, avaient 
réussi à saisir jusqu'au dernier exeIllplaire du 
texte crinlinel, on l"cût retrouvé, intégral, inef1'a- 

able, dans la ménloire de cpt aveu
le, auquel une 
vicille fenlnle l'avaii épelé. 
Les premiers délinquants furent incarcérés pour 

[uatre selnaines : I
uebel, futur doyen d u chapitre, 
i lppartint à cette avant-garde 
. Et puis, ]e séditieux 
I Jélit se renouvelanl dans toules les chaires, I'État 
I lut se contenter d'un procès-verbal et d'nne 
I 
:ullcnde. 


1. .Ami de Irt llcliyioll, 17 ùécembl'c 18:;3, p. Ijï-í-G'i.J. 

. :\laas, Ope eit., p. 
.)3. - SUI' Lolhairc Kuebcl (1823-1881), filii rut plus 
ard aùminislraleur ùu diocèse llc Fribourg-, voir Schill, dans Weech, lJadi<;clw 
fJi(l,'lI'l7phiclI. IV, p. ':!3f)-2i-!. 



44 


t' ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


(( V OUS pouvez faire la lecture ll1aintenant, écri- 
vait à un vicairC' iiJuidc un foncOtionnail'e complai- 
sant: presque parloul elle a été faite, et la pénalité 
<:;cra presqne nulle. )) Alors Ie vicaire pl'enai1 
courage, illisait afin d'éviter la suspension, et pui
 
écrivait au fonctionnaire, pour que la pénalité fû1 
complètement nulle : (( J'ai sauté tous les passage
 
contre Ie gouvernement 1 . )) Dans l'histoire de toute
 
les persécutions religieuses, on rencontre ces petib 
compromis entre les agents et les victimes. Le
 
hommes poJitiql1es auraient trop de chance s: 
leurs vexations ne so heurtaicnt qu'à l'insurrectior 
des grandes àmes, qui sont rares; ils sont tenu
 
en échec, aussi, par la coalition. discrète et passi- 
vement résistante de tant d'âmes moyennes, qu 
veulent la paix. l\Iais sur Ie devant de la scène, r 
]'écart de ce vicaire et de ce fonctionnaire qu 
n 'aspiraicnt qu'à faire Ie moins de besogne possiblE 
(\t Ie moins de bruit possible, il y avait des prêtref 
jaloux de faire tout leur devoir de prêtres, et de
 
fonctionnaires jaloux de faire tou t leur devoir dt 
chrétiens, ct 1 'on voyait ces fonctionnaires refusel 
(Ie poursuivre ces prêtres el démissionner. 
lIs avaient sons les yeux l'exemple d'un coHègu( 
fort apprécié en haui lieu, l'israéli te IIenri l\laas
 
qui, s'étant converti l'année précédente, étail 
passé au service de la chancelleric archiépiscopalc 
et qui devait, pendant quarante-trois ans, mettrc 


L Maas, 0]). cit., p. I!
O, n. !. - Sur la singnlièrc inégaJiLé dans Ie chiITrl 
des amendes prononCí'es contre Jesprêtrcs transgresseurs de I{lloi, voir H. P. Bo, 
1S;;
". I, p. llj
-16t}. 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 4ü 
au service de l'Église de Fribourg sa belle cxpé- 
rience de juriste 1. 
La nlesquine persécution qui mettait en llunièrc 
rorganisation de l"Église provoquait la désorgani- 
sation de l'État. l\fais, dans cctte Église même, ne 
pouvait-on réussir à fairo brèchc? Bade chercha, 
ceut avoir trouvé; ct Prokesch, qui représen- 
tait l' Autriche à Francfort, s'amusa beaucoup de 
l'invention. II y avait à Fribourg quelques Jésuitcs 
qu'on pria de s'en aIler; nlais on leur faisait 
dire, en mênle temps, qu'ils sCl'aient adnlis à res- 
ter s'ils voulaient bien blânler un seul des actes 
de Vicari 2. Herait-ce pour rassurer leur propre 
conscience, ou pour embrouille!' celles des fidèles, 
que les honlmes d'État, parfois, s'essaient à mettrl' 
en collision séculiers Oet réguliers? Les J ésuites 
ainlèrent mieux déserter Fribourg que de déserter 
la cause de l'archevêque 3 ; derrière Vicari, l'Églisc 
étaiL une. Lo jour nlême où son mandenlent dé- 
lictueux avait été Iu dans les chaires, on avait 
vu s'agenouiller, à Saint-l\lartin de Fribourg, 
un des historiens les plus connus de I' Allemagne 
d'alors, Ie protestant Gfroerer, que sa biographie 
de Grégoire VII avait rendu c61èbre l
. II semblait 


1. Sur Hcnri )]aa
 (182li-ISg5), voir Kreuzer, ùans Weech, LJadischc Biogm 
phicn, V, po 534,-538, et H.osenlhal, [{ollve1.titcnbilder, I, 3, p. 7-8. 
2. .Aus (len BI'ic{Cll dc.y Gra{en I'l'okcsch, p. 330 (leUrc du 3t déccmLr'c 
1853). 
3. Sur leur expulsion, voir l\laas, op. ciio, p. 2;jl-
52. 
4. Rosenlhal, ]{onvertitenbildcJ', I, 3, p. 134. - Grnelill, dans Weech, Ope cil., 
1, p. 304. Gfroercr dcvillt l'hûlc quolidien de Vicari. - Sur Ie Gj'égoire V 11 
de Gfroercr, voir Katholik. lSG2, n. p. 19
-2
tì; - H. P. B., 18GI, I, p. 

3- 
59 ct 1863, I, p. 98-114; - cl Alb('rdin
l ThiJm. Rt'vw' catholilJw' cZr LOUl'ain, 
ISG I, p. ;)35-544. 



46 


1:_\LLE
IAGNE RELIGIEUSE 


qu'au nom du passé Gfroerer ip.tervint dans cetlc 
nouvelle qucrel]e des investitures; il se faisail 
cntholiquc. se rang{lait nux cûtés de Vicari; en sa 
personnc. on eÍlt. elit qU{l Jp nloycn âge lui-n1t
nlr, 
dont il connaissait si bien les argunlents ct le
 
textes, vint à la rescousse des cournnts émancipa- 
teurs déchaînés par l'année .184R, Ü la rescousse 
UU principe forn1p] de l'autonomif' dps Églises, 
voté par Ie défunt parlenlcnt de Francfort, cL 
revendiqué plH
 l'archpvêque 'Ticari. 
Il convenail que cc principe fÚt cxpliqué dans 
toutes les chairrs. Le 14 décembre, l'archevêque 
invita ses prètres à COlllnlcnter Ü ]eurs fidè]es, 
dans quatre prédications successives, Ie l\J émoire 
des évêqucs de]a province, où les griefs de rÉglise 
étaient calalogués et défendlls f : ]es curés qui s'y 
rr f lIsèrent f uren t suspendus. et Ie chan oine Ha i7, 
Lrop complaisant pour Ie gouvernement, fut l'évo- 
qué de toutes ses fonctions à l'archevêché 2 . A 
l'épreuve, l'Ittat badois ne savait queUe conlpen- 
sation donner aux ecclésiastiques frappés par 
'Ticari. Quel nlagistrat et qupl préfet pouvait rcndrc 
]a paix à ces :lmes sacerdotalps? Les proll1csses de 
Ja hureaucratie semblaient faire faillite, tout conlme 
ses menaces. Les prêtres qu' cUe a vait induits en 
lcntation n'avaient que faire de ses récon1penscs, 
{l t ceux qu' (>] Ie incal'cérai L ne se sen tai en t n u llcnlen t 


1. l\laas, op. cil., p. 2;,3-2,')4. 

. l\1ans, Ope cit., p. 2,)1. - Sur Ie chauoinc Fiùclis Haiz (1801-1872). voiJ' 
Weech, Ope rit., I, p. 327-3
9. - Le "ieu
 Wessenberg, toujours (;lalislC', 
déplorail ceLtc dis;.::råcc de Haiz dans HIIC lcllrc it Burkard l.eu, prév(iL de 
LUCCl'llC 'IJCl'Log, Stil'l8jJ/'U)1St JU8cf lJu/'klll'll Leu, 11. íÜI. 



L'ÉGLISF. DANS I.A PROVINCE nu HAUT-RUIN 47 



unendðs par 
cs pUllitions. Vingt années aupa
a- 
vant, s'il faut (\n croirc T(eUclcr, une partie des 
prêtres badois était (( asscz IH
(1S tip l'apostasic 1 )) ; 
leur Hdé1it{< nU1intenant, snrvivail à la plus grav(\ 
des épreuves. 
Eussent-ils d(}failli, leur peupJe les eÙt redres- 
srs. Ces paysans dr Rnrle, qu'on avait vus naguère 
5'en aIleI' en ,c\lsace pour enLendre des sern1ons 2 , 
et qui, par nlilJirrs, portaient au pèlerinage (1(\ 
'Vallduern, on hipn à ceilli de Saint-Romain, lr 
ll'ihut ùe leurs dt;votions, él.aicnl denlcurés croyants 
sous Ia houlette de curés incl'oyanls; leurs fêtes 
rcligieuses localcs 3 avaient cntretenu leur foi 
durant I'ingrate période oÙ beaucoup de leurs 
pastenrs semblaient s'en désinté)'csscr. Au 2 dé- 
celnLrc de chaque année, un paysan coslunlé 
CODllne un évêquc, et qui syrnbolisait saint Nicu- 
las, faisail Ie Lour du hameau pour Yérifier si les 
cnfanLs savaient Lien lire, Lien écrire, eL si Ie 
nlorceau de bois sur lequrl ils donnaienl un coup 
de canif chaqu(\ fois qu'ils disaienl. un Pater était 
suffìsanllnent ceibl0 de pieuses cncoches 
. Les 
presbytrres avaient pu traverser une crise de liber- 
tinage. mais les ehaumières étaient den1curées 
piruscs. Dans la partie qu'il engageait contre 
I'État, Vicari pouvait conlptpr, rn toute sécul'ib\ 


10 l'fuclf, 11.l'llt'lcl', 11, po 233. 
20 Hurter, lhu,ter unci scine Zeit, II, p. 19ï. 
:L E. II. Meyer, B(/d-isches rolksleben iu XIX Ja/lrhulI(lc1'l, p. ::;;H-J
G. 
40 Joseph B:Lfkr, lJ(((lisc/,,; .VolkssitlclI ?tlld T,'achlclI (Carlsl'Uhe, lÚl1Isf,.cl'- 
/(/(/, 18
3). 



48 


L'ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


que la fcrveur même du peuple ]ui garantirait la 
docilitf\ des prètrcs. (( Reporlc-loi par la pensée à 
dix ans en arrière, pcrivait Auguste Reichensper- 
gel' à son ami Steinle; qui aurait pu se figurer que 
la province ùu Haut-Rhin oserait une lelle levée dp 
boucliers 1 ? )) 
Les deux parLis luttaient à coups de brochures. 
L'une s'intitulait : (( Catholiques, prenez garde 2 ! )) 
la policc la traquait jusque dans les domicilcs 
privés, nuÚs n'en put découvrir rauteur. L'Étaf 
fit publier une riposte, qu'on répandait à profu- 
sion: l'archevêque y était accusé d' (( errcur dog- 
nlatique et d'exciter les sujels à la violation de 
leurs serments :3 )). L'État, maître du choix de ses 
armes, émoussait on confisquait, lorsqu'il Ie pou- 
vait, les armes de l'Églisc. Le FrankfuJ'ter Journal 
{\xprimait respoir que certaines conlmunes du 
grand-duché allaient s' évader du confiit en passant 
au protestantisnlc .; nlais la veuve du poète catho- 
lique Schlosser, d'abord inquit\le ùe ces pronostics, 
(
cri vail bientôt, scrcine et rassurép : (( L' espoir du 
gouvernement badois, qui dicte toute sa politique, 
fcspoir de conversions en masse, ne se réalise cer- 
taincmcn t pas;;. )) 
(Ju'impol'tait ù'ailleul's J'opinioll publique ba- 


1. 
lcinle, Bl'icfwcchscl, 11, po 30!) (lettre de Reichensperger du 24, jau- 
'Icr 1854,). 
:!. lí.alholìsche, passt auf! Cetle brochure élait d' Henri l\iaas (Weecb, /Ja- 
(/ ische /liOf/l>aphìcn, V, p. 534-;'38). 
;'. Maas, 0(1. cit., p. 2.j4,. 
4. Beda Weber, Cartons, p. 511. 
';0 PfuelC, (;eÙ
8l1, 11, p, 2

.- Sur Sophie Schlo:;:;cr, voir notre tome III, po "XI. 



, 
L EGLISE DANS LA PROVINCE ÐU HAUT-RHIN -í9 


doise? Le bruit fail à Fl'ibourg avait d'immenses 
échos : les condamllations par contumace, par 
lesquelles les tribunaux haJois châtiaient les cri- 
tiques des journalistes étrangers 1, n'avaient d'antre 
vertu que de faire sourire. La calholicilé tout 
entière prenait partie Pie IX, dans une allocution 
consistoriale, rendait hommage à Vicari l\t lui 
criail courage 2. Geissel, archevêque de Cologne, 
était cOllfiant dans l'issuc : (( Dc même, écrivait-il, 
qu 'en 1H4.1 les troub]es de Cologne ont tranché 
pour toutc rAllemagne la question des Inariages 
,nixtes, de mème, d'un coup, Ie contlit de Fribourg 
Jranchera toute une sél'ie de questions plus ou 
noins discutées relativement an droit des évêques 
lans les divers pays 3. )) Diep enbrock, prince- 

vêque de Bre::;lau, offraÏl à son collègue de Fribourg 
a moitié de seS revenus .. Kelteler préparail une 
nlportante brochure sur Ie droit de l'Église en 
\.llemagne; e'était son premier écril d'évèque : il 
T remontrait que les droits souverains revendiqués 
.ar Ie grand-due de Bade n'étaient que l'applica- 
ion à l'Église catholique des prérogativcs possé- 
ées par Ie SllnZmllS cpiSCOpllS dans l'Église réformée, 
t que c'en était fait de la constitution du catholi- 
isme, si Vicari cédait 
. 


1. Pfuclf, Geissel, 11, p. 
29. 

o Maas, Ope cit., p. 255. 
3. Pfuelf, Gcissel, II, p. J28-230. (( II est bieu, écrivaiL à Geissel Ie nonce 
iale Prela, Ie if janvier 1854, que ce soit Ie successcur de Clément-Auguste 
Ii ait Ie premier éIevé Ia voh... " (Pfuclf, Geis8cl, II, po 22ô). 
40 Maas, Ope cit., p. 
5
, n. 4. 
5. lJas Ilecht und ðer Ileclttschut: dcY' JÚltllOlischP1
 Kirchc in [)euft:ch- 


IV. 


.i, 



50 


,,' ALLEIUAGNE REtlGIEUSE 


Dup
nlonp faisait traduirc, pour son diocèse 
d'Orléans, lcs 6crits pastoraux de Vicari; rAn1i de 
la Reli,qion, ]' U11ivers, lançaient des collectes pour 
les prêlres badois, pt Bismarck s'inqniélait à [(1 
dii\tc de Francfort en voyant Ie cl ergé français 
prendre en main la cause de I'archevêque 1. Riancey 
proclamait, dans Ie COlTe.t;;pondant, que la souve- 
raineté badoise se mettait au ban de l'Europe civi- 
lisée 2. 1\tlontalembert, envoy ant son offrande pour 
la souscription de rAn1Ï de la Religion, qu'il consi- 
dérait comme (( un nouveau gage de la fraternité 
des peuplcs catholi ques :l )), expliquait la portée dll 
confli t. 


Ailleurs, disait-il, on a combattu pour un droit partie], 
pour une liberté spéciale, pour un fragment de la vérité 
rci, c'est le droit tüut entier de l'Église qui est en .leu: leE 
pvêques et le clergé du Haut-Rhin combattent pour mainte- 
nir tout r ensemble des lois ecclésiastiques contre un pou. 
voir qui prétend ouvertement faire gouverner les âlnes pm 
des mains laïques. Sachons donc tendre une main frater- 
nelle à ces prêtres allemands, que l'on emprisonne et que 
I'on dépouille parce quïls croient plus à l'infaillibilité df 
I'Église qu'à celle de la bureaucratie. 


Pour rcmercier 1(' Pape,les évêques, les laïqueE 
du monde entier, 'Ticari trouvaÏt d'éloquentes effu- 
sions. Son imagination s'exaltait; il voyait grand;' 


land, mil besondcrer Ruecksichl auf die F01'dcrungen des Obe?'rhcinische1 
Episkopatcs und den (fPfleml'ap.rtigen ki1'cMichcn Conflict (l\Iayellce, Kirch 
hcim, 1854). 
1. Bismarck, Cor1'esp0l1d r lnce dìplo1n'ltique, I, p. 200 (letlrc du 
W novembrl 
1853). 

. Corresponda.nt, 
5 d
ccmbre 1853, p. "'4
0 
:L Ami de la lleligiol l , tl'f décembre 1853, po 521


20 - )Iontalpmbprl 
(ß'uv1'es, V, p. ,"!?1}-241. 



L'

GLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 5f 


il était Ie Thomas Beckel de rðpoquc. comme 
l"écrivait birntãt 1e Pllhliciste Buss dans sa hio- 

raphie de l'archevt'que nlal'(yr de Cantol'héry 1. II 
lvait des mols, f-les cds, que Doellinger nc pouvait 
lire sans pleurer 2. II saluait, d'un Leau geslc de 

econnaissance. cette (( sorte de concile æcuménique 
dispersé par Ie monde et qui jugeait sa cause 3 )). 
Jusqu'en Australie, Ie nom de Vicari avail Ie don 
l' émouvoie les âmes Iointaines 4, et Ie vieillard 
,'étonnait, au déclin d'une longue carrière saceJ'- 
lotale, d'être ainsi devenn subitement Ie héros 
l'un drame auquel s'inléressaient en tous lieux les 

onsciences fipres. 
Car, à leur tour, certaines voix protestantes Iui 
)ortaientleur hommage. Dans la Gazette de la Croix, 

rnest-Louis de Gerlach, à la grande colère de 
3ismarck, s' enthousiasmait pour Ie langage de 
licari, Þ'qui (( rappelait les anciens évêqucs, les 
Lpôtres )), qui (( répandait les bénédictions et Ie 
ouff1e de l'Esprit ;;... )) L'historien protestant Leo 6 
)rophétisait que Ia bureaucratie serait vaincue : 

 Nous autres protestants, déclarait-il, nous pou- 
rons bien aujourd'hui rendre grâces à l'héroïsmp de 
en Mgr de Droste, qui nous a appris à trailer les 


1. Buss, Ðer heilige Thomas EI'::;bischof von Cante1'bw'y (l\Iayence, Kupfer- 
erg-, 1856)0 - C01'respoudant, janvier 1856, p. 547-555. 
2. Friedrich, Ðoelliw/e7', Ill, p. 135. - Doellinger, cependant, qui commeu- 
\it d'être indisposé contre \' (( ultramontanisme )', se rcfusa, malgré Ja prière 
e Vicari, à écrire un article sur J(' conflit badois. 
3. l\Iaas, Ope cit., p. 256, n. 1. 
4. l\'Iaas, op. cit., p. 254. 
5. Ernst Ludwig v. Gerlach, Aufzeichnungen, II, p. 182-1R3. 
6. Sur Leo (1799-1878), voir notre tome II, p. 227. 



5:! 


L' ALLEl\lAGNE RELIG-IEUSE 


afIail'l"'s eeclésiastiques auxque.lles nou::; n' cnten- 
dions rien 1. )) 
DrosLr-Vischpring et Vicari, confesseurs de l'in- 
dépendance catholique, devenaient des parangons et 
presque des héros, pour certains protestants qui 
considéraient Ie joug épiscopal du souveraill 
laïque comme incompatible avec l'épanouissemenL 
des Églises réformées. La parole de Vicari, rcpre- 
nail Ernest-Louis de Gerlach, (( produit une impres- 
sion de réveil bien au delà des frontières de 
l'Église ROD1aine 2 )). Dans cette Allemagne OÙ, 
trois siècles durant, l'État avait traité les surin- 
tendants évangéliques comme des préfets spi- 
rituels, des hommes tels que Leo, teis qu'Ernest- 
Louis de Gerlach, savaient gré à DrosLe d'avoir 
revélé et à Vicari d'avoir répété que les affaires de 
l'Église ne regardaient que I'Église, et pe,u s'en fal. 
lait qu'iIs n' enviassent cette confession Romaine 
où deux voix s'étaient élevées pour revendiquer Ie I 
principe essentiellement chréLien de la distinction 
des deux pouvoirs, 8i étrangement méconnu par le
 
souverainetés protestantes du Corps gernlanique. 
Il est permis de croire que, pour la bureaucra- 
tic badoise, les rumeurs de fa diplomatie avaien1 
plus d'importance encore que les tressaillemenh. 
des âmes. On annonçait comme possibies de
 
représentations de ]a France, qui avail même, 


1. Cilé dans l'Ami de la Religi01I, 
2 décembre 1853, p. 719. - II n'était pa! 
jusqu'à la Ga:;ette de Cologne, qui, après un enLrelien de Geissel avec son di. 
reclpl1r, ne devinl moins hostile à Vicari (PfuelC, Geissel, II, p. 227). 
2. Ernsll.1Hlwig von (;crla.:h, Auf:;eìch'Lwlf/cn, II, po 18
-183. 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 53 


paraîl-i], oífert ses bons offices de médiatrice 1. qn 
annonçait comme probablcs des représentations 
jc l' Aulriche, et l'on pouvait se demander si déjà 
François-Joseph Y pl'éludail, lorsqu'il adressait aux 
prêtres du grancl-duché, publiquement, Ie n10ntant 
:les amendes auxquelles ils étaicnt condamnés 2. 
L'agitation religieuse resserrait Ies liens entre 
Vienne et certaines populations catholiques du 

rand-duché, jadis sujetLes des Habsbourgs; ellcs 
;'accoutun1aient à regardcr avec envie l'Empirc 
l'Autriche. Le cabinet de Vienne" de son côté, 
Ilsinuait fréquen1ment au cabinet de Carlsruhe 
{u'on pouyait lui ùenlandcr son entremise diplo- 
natique pour I'apaisen1ent des âmes badoises. Le 
ninistrc badois 
Ieysenbug, en n1ission à Vienne, 
;bauchait déjàquclques enlrctiens sérieux avec 
Iet- 
ernich, ainsi q u'avec Viale Prela, nonce du Pape 3 . 
Tiale Prela élait tout prêL à les poursuivre, et Ie 
oncours de la diplomatie autrichienne en apla- 
lÏraÍ tIes difficu] tés ou en abrégerait les longueurs.. 
Iais conlnlC apparemment il déplaisait au n1inis- 


t. .\us delt lJ1'Ìcfell de.
 GI'afC/l l'I'okcsch, p. 346-H7 (lcUrc du 18 no- 
embre 18J3). 
2. l\laas, Ope cito, p. 2Jlì, - Le Pi'ivatdoccnt Jean-Baptiste Weiss 
1820-1809), 
'ivé dc son traitemcnt pour avoir écrit un article cn faveur de l'archevêque 
ms la FI'eibw'{Jcl' Z citUil{J, et condamné en suite à huit jour's dc prison pOllr 
1 articlc contre le foncl iounal'isme badois, fut finalcment appelé cn Aulriche, 
l'univcl'silé de Gratz \ Carl \V ciss daus Wecch, JJarlische llio{Ji'O phien, V, 
. 803-812). 
3. Pfuplf, (;eisscl
 II, p. 231. - 
ur Guillaume Eli\ alicr dc i\1eyse111Jllg (1813- 
'Ìlili), voir Weech, lJadische }]ioflrnphiclI, II, p. 78-80. - Sur Viale 1'rela, 
:. notre tome Ill, po 23J, n. 1. 

. Yoir dans ..1us dcn JJríefciI dcs Gi'afen, Pi'okcsch, po 3-16-347, la leUrc 
Ll"écrivait, Ie 18 novemLre 1853, Proke"ch Ostcn, représcnLant de rAutrichp ;\ 
ram'fort, à PII i1ippsh('r
, ([ui la rppr('spnlai I à Carl
rl1h('" 



54 


L '
\LLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


tère hadois de s'engagcr dans une voie où il aurait 
pu paraître Ie satellite de Vienne, les pourparlers 
avec Viale Prela ne furent rien de plus qu 'une 
préparation du terrain, et c'est par l'enlremi:-se 
de I\:.etteler, évêque de lVIayence \ qu'une entente 
s' élabora, brusquement, entre Ie prince-régent ot 
'Ticari. Bisn1arck, alors délégué de la Prusse à la 
dit\te de Francfort, avait quelques semaines au- 
paravan t accusé fort a ventureusen1en t KetteJ er 
d'écrire de sa propre main tous les brouillons des 
mandenlents de Vicari 2, et lorsqu'à ce nloment 
Bisn1arck parJait, il avait derrière lui tous les pro- 
testants de la Diète. I(etteler, en dépit d.e ces . sus- 
picions, aJIait jouer un rôle de diplon1ate. 
Trois jours durant, les 12 el 1.3 janvier 1854, it 
néO'ocia avec Ie P l'ince-réo'ent Fréùéric et les minis- 

 
 
lres Huedt el 'tVechmar 3. 11 demanda tout d'abord 
q ne les catholiques de Bade jouissent des mênlCS Ii. 
Lertés qu'accordait à leurs coreligionnaires rhénan:: 
la constitulion prussieuue : ce fut en vain. l\lais lc
 
intcrlocuteurs furent à peu près d'accord pour con- 


1. KcLlcler, à qui SOn pelil diocl:sO dc l\Ja}el1ce laissait quelf{ue liLerlé, par 

.J.il rhaf(uc annpc plusieurs scmaines en Badc, pour 
 douncr la confirmalio 
'Yfuelf, 
(ettclcl, I, p. ;;DO); il etai t cn fréqucnls rapports a\ ec les personnali 
lés de l'Eglise badoise (Pfuolf, ](ctlelel', II, p 0 22G-2
7); il rêvailmèmc qtÙl 
concilo provincial fûl tenu en Uade (Pfuolf, ]{ettcler, 11, p. 242-2U). 
2. Bismarck, COI'rcspouclauce diplomatiquc, I, p. 200 (letlre du 29 IlO 
vombre 185J). 
3. Lo prince l'égclll Frédéric de Badc (1826-1
07) de,-inl grand-due en 18
il 
pour plus d""tm dcrni-siècle. Sur Louis Ruedt de CollellLerg-Boedigheim (HWt 
18"j), voir W c('ch, J/nclischt., Bio{f1'a}Jhien, II, p. 224-i27, ot 1 V, po 54ôo- 

ur Fl'édéric de Wechmar (1801-18GD), 'oir Weech, ßadischc Bioymphiel 
11, p. 434-4:l:J. - Rohert de 
Iohl, LeÕCllSel'Ùmerungcn, I, p. ::!:!8. qui ne. pm 
"ail é\idcmment pardolllJcr d Wechmal' ce quïl y eut de fa\oraLle à rEgli:; 
ùans lïs!\ue du conml avcc Vicari, l'appclIe II Ie }Jlus slupiclc pos::.iLle. san 
('OD tClile, de tOll., les millistres )). 



L 'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 55 


venir que l'éLrange insLitution d'un comlnissail'c 
spécial chargé de mcUre l'archevêque en tutelle 
seraiL abolie, que l'archevêque aurait Ie droit 
de s'adresser directement au nlinistère au lien 
de conférer avec Ip conseil supéricur d'Église, 
que les prêtrcs par lui nommés resteraient pl'O- 
visoirement en fonctions, et qu'il ne pourvoirait 
aucune autre cure avant qu'une entente filt concine 
entre Ie gouvernement et Ie Saint-Siège. Un catho- 
lique, Leiningcn, était dès lors désigné pour aller 
causer avec Rome. C'est par une conversation avec 
Rome, sculcment, que tout pouvait se réglcr. 
l\lanteutIel, premier ministre en Prusse, avait 
récenlment transmis aux divers États du Sud Ie 
récit t!'un enlreticn qu'avait en Ie chargé d'affaires 
de Prusse avec le cardinal Antonelli: (( On Lrouvera 
llloyen de s'arranger, avait dit Ie cardinal; il faut 
que les États saisissent Ie Saint-Siège avant que Ie 
contlit soit irl'éparablc 1. )) 
Bade se préparait à répondre aux suggestions Ju 
cardinal, et l' on pouvait croire que, provisoirement, 
entre Cal'lsruhe et Fribourg, une trêve solide allait 
se conclure. Une seconde vi site de Ketteler à 
Carlsruhe, Ie 16 janvier, deslinée à préciser cer- 
tains points, fut sans résultat : par suite d'un 
malentendu, it dut s' en retourner à lVlayence sans 


t. FriefIberg, DCI' Staat und die lJisclw{swnhlcl1 in Dculschl,Wd : Acteus- 
lueckc, po 201. - Néanmoins Raumel', memLrc du ministère l\Iantcuffel, répon- 
dait par un I'Cfll" à Vicari, flui réclamait que la Prusse proclamitt e
pressé- 
mcnt, dans sou tcrl'Hoirc de nohcnzollcrn. ,lépendant Ùp la provincc ccclésiaslif(ue 
du Haut-Rhin, les mpmes liLcrtés dont jouissait I'Église en Prussc, et qu'cn fait 
la PrU9sc accordait dans eclle ancicnnc prinripanté {PfucH, (;(,1s8._'/, II, p. 
30. 
- Cf. notrc tome Ill, p. 313, n. 1). 




6 


,,' ALLEl\IAGNE l\ELIGIEUSE 


avoi1
 YU personnp 1. Elles npgociations rccon1men- 
çaient, plus lentes, plus pénibles, entre Carlsruhp 
el Fribourg, Iorsqu Ïlltervinrent deux influences 
qui d'ahord les gênèrent, et puis les firent échouel' : 
l'une du dedans, l'autre du dehors; celle de ]a 
Chambre pi celIe de Bisn1arck. 
A la presque unanin1ité, Ja seconde Chanlbrp 
badoise invila Ie gouvernernl)nt à l'énergie 2 : alors 
que ]p peuplc 30uhaitait Ie calnle, on eÙt dit qu'elh. 
youlait ]a guerre. 
Iais unp voix plus vuissantp 
encore pesa sur les conseils de Carlsruhe; ce rut 
celIe de Bislnarck. 
Sinlp]e rrprésentant du roi de P)
usse 3 la diÞtp 
de Francfo)'t, Bismarck fit un acte étrange ue po- 
1i tiq ue personneJIe : il s' offrlt à 
Ianteuffe I POu)
 
aller à Carlsruhe et pour y paralyser celte entente 
mf'ffip que la leUre de Manteuffcl, son chef hiérar- 
rhiqup, avait paru conseiller au gouvernemPIÜ 
badois 3. Comme c'élait un catholique, Savigny 4, 
qui I'cpl'rspntait Ia Prussc à Carlsruhr, une voix 


1. PfUf'lf, {{elidel', I, p. 3LJl-3Ûfì. 
2, l\laas. op. eil., p. 2G2-26J. - Wal'nkoenig, Exposé historique cl 1 o az- 
SOIllU! du cOlll'il, ùans Bunsen, Zeirlwit del' Zeit, 1, p. 272-213. Bunsen, qui 
considél'ait les upgocialions avec Romp conllne une faute ('I. un malheul', éCl'i- 
vail rlè;; Ie 30 c1pí'cmbrf> tH53 ; (( Du moillS Caul-il 
'adresser au>. Chambres, au 
l'a
5, à ropiuilJn p"lJlique, pour fairc ces n{.gocÏaLÏons sans honle ct sans 
(IHaiLc... (Barounc de Bunsen, lJunscn, III, p. 34ï-348). 
:L (( Ilans les cl'rí'les politi(IUeS dp Fl'ancforl, écrivail Bismarc.... à Manlcu{fel 
dès Ie 
9 novembl'e 1853, on penst' q\1(, 1(' gouvcrnemcnt. hadoi!" He se moulrel'a 
rcrlll" que sïl p('ut compLpl' sur la I'russe. >>( COl'J' es lJolldancf' diplomatique, 
I,. p. 201.) - cr. rlan.i S0S Lelt7'cs polili'Juc,'J, p. 1ï2 173, sa lctb-e c1u 25 jan- 
"\JCI' tKi4, oÙ appal'ail lïlll{uiétude que lui causenlles démarches de KcLlelcl'. 

. .Bunscn disail mC-mc : (( un ,Jt;suile . (Poschingcr. ])cnkwuel'diykcitc'll dl'.'1 
.Umtsterpre,'Jidl'llls -Uflnleul/'el, II, p. 4:
O). - Sur Sa\igny (1814-1875), minisLrl' 
ùc J'loUSSfl fin Batie Ù(' 185u à 18:.i9, el qui dt'vicuùra ('11 18i i 1In d('s chefs du 
(;
ntre, \
ir l
o
rc LOI\1e> HI, p. ifi, no 1, ('I Wippe>rrnann, 11 1l!JP11lpine deutsf'hr 
HW!Jl'CtjJhu', X\X, p. J,:,2-'.:j L 



l:'::GLISE DANS LA PRO\ïNCE DU HAUT-RHIN 57 


avai t lllanqué pour dire nettement au prince-rége
t, 
de la part de ]a Prussc, quP la politique de Bade 
devait êtrc celie d'un (( protestantisme cxclusifl )). 
Bismarck voulait être cett,e yoix. n plai.da la soli- 
darité des gouvernements protestants 2, représenta 
à )lanteuffel que Vicari et les catholiques ne fai- 
saipnt que travaillpr pour ]' Autrichc; et peu de 
.lours suffiren1 pour que l\1anteuffel à Bprlin, e1 
lp princp-régent à Carlsruhp, fussent bpaucoup 
nloins pnclin,; au rétablissenlent de Ia paix reli- 
gicuse dans Ie gfanù - duché. Bismarck agitait 
conlme des spcctJ>cs Irs huit on neuf gaiettes 
catholiques qui, de Cologne à .Fribourg., prépa- 
rairnt l'éc]osion d'ulle opinion publique (( ultra- 
montaine 3 )); l\Ianteuffel inquiet sc 11lettait à suh- 
vcntionner un journal protestant de FrancforL., 
e1 c'était pour Bismarck un premier succès. l\Iais 
1e second succps ne tardait pas: l\lantcutTel faisail 
l>ésipiscencc; et c'était lui, Ie 15 janvier iR:).í, qui 
poussait Bisn1arck à Cal'lsruhe. Bismarck alléguai t, 
sans donte pour se faire prier, qu'il se heurterait 
à certains faits acquis, et q lIe Bade et l'Église 
ilyaicnt conlmencé de causer. AJors, Ie 24 janvier, 
\lanteuffeJ lui télégl'aphiait POUL' qu ïl pl'Ît, quand 


1. lJi'ie(e Bi.smai'cks an LeújJo 't'. Gcdach, p. 122lJeLll'c du 20 janvicr 1854). 
2. << II s'agi\. <If' la causf' de toulC's les autorÏlí's proLestantcs, écrivail-il 11 
,lallteufTel Ie 2!) novf>mLrl' 1853, cause n1f'nac
C' par eel esprit LelliqucU\. 
!ui depuis Ics dix dernièrcs années animC' une partie du clerg-é calholique. Lcs 
'olH'essiOlls oLlenucs formen\. loujours la Lase de concessions nouvelles, il Of' 
I{.
arme f!u'å Ja condition .)"('xerccl' U11f' dominalion absolue . (C01';'CSPOJUlc.lIH'/' 
fiplolllalÙjUf, I, p. in pl suiv.). 
3. Posching-C'I', lJisiual'ck unci dCl' lJuildcsll/!/ : neue lJci'icltte lJismai'c1.: o .<; 
IU.S Fi'(m/;;fw't n. 11,1. 18;jl bis 18:)9, p. ltì:J-t(ìR (Ikrlin, TIO("H\ndt, t90ti). 
4. Po,>chingt'I'. 01'. cit.. p. 11i8, n. 1. 


.......--. -- ...--,,- --..- 



58 


L' ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


même, la route de Carlsruhe .: il fallait éviter, 
e
pliquait-iI, que Bade n'accrédilât à Rome un 
personnage trop flexible 1. Bismarck était victo- 
rieux; et porteuI', enfin, des instructions qu'il 
souhaitait, il s'en allait en Bade... De nouveaux 
ordres l'y joignaient : Manteuffel, le 28 janvier, 
écrivait que Bade ne devait nlême plus négocier 
avec Pie IX, qui venait d'atlaquer dans une allo- 
cution la politique du grand-duché 2 . Quelques 
jours avaient suffi pour que 
Ianteuffel eût plus de 
parti pris encore que Bismarck. 
(( IVIes représentations, écrivait celui-ci quinze 
jours plus tard, n' ont pas manqué leur effet, en 
tant qu'elles pouvaient encore amener des résul- 
tats dans la phase actuelle )). Bismarck insista 
auprès du prince-régent pour que renvoi de Lei- 
ningen n'eût pas rapparcnce d'une concession à 
Rome. Soit, répondit Ie prince, je l'expédierai 
comn1C nlcssager, non comme négociateur. 11 in- 
sista pour que Leiningcn, devant Ie Pape, maintînt 
strictemcnt les accusations contre l'archevêquc, 
et pour qu'on fît bien ressortir qu'aucune raison 
nlajeure n'obligeait Bade à l'cntente : Ie ministre 
Huedt IcpronLit 3 .LorsqueBismarckquittaCal'lsruhe 
pour accomplir Ia nlênle bcsognc en Nassau 4, c' en 


I. Poschingcr, Ope ciio, p. ttj9-t7l. 

. Aus fJi.rmlal'cks lJl'iefu'eclu;el, p. 14i-1J2. 
'{. tismarck, Cm'l'C.<;p. rliplO1Jlo, I, p. 216-2
8 (31 janvier eL t er février). 
4'. Sur les démarchcs dp Bismarck ('n Nassau, voir BismarcI., C01'l'eSjlOn 
dctnce diplomali'lue, f, p. 
31-
:H (leLLrc elu fI février 1854-) ; jl note que Ir
 
!.
 mpalhies prnssiennes augmentcnl cheJ.: Ie grand-duc avec son irritation conln 
Ies rncné('
 aulri('hi('nne
 ('t ultramontaines. Cinq mois al'rès, si 1'0n Cll croil 
nue Mpèche diplomaliqu(' de Prokescb, rcpréspnlant de I'Aulrichc à .Frallcfort, 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 59 


étaÏl fait à la cour badoise de l'esprit de paix r
li- 
gieuse; et les conversations ébauchées entre la 
Cour et Vicari aboutissaienl à un rcnouveau d'ho
- 
tiJités. 
La Prusse qui chez elle faisait régner la liberté 
reJigieusc, la Prusse que l' évèque I(etteler pro- 
posait au régent de Bade comme un excmplc à 
sui vre 1 avait tout au contraire fait avorter Jes 
" , 
démarchcs conciJ iantes de Ketteler. 


\] 


Six 1110is d'expériencc avaienl prouYé qu'il 
n'exislait aucun llloyen. pratique pour empêcher 
I'archevêque de nonlnlcr des curés dans les 
paroisscs vacantes; son clergé, ses fidèles.. obéis- 
saienl d'autant plus à ses ordl'es, que rÉtat les 
chicanait davantage; et, malgl'é l'interdiction de 
certains fonctionnaires, des pl'ières publiques 
avaient lieu, prières d' expiation, où la foule pipusc 
affluait. Dne autre lactique fut essayée : elle visait 
à désorganiser, en leur enlevant nlomentanément 
lpurs ressources pécuniaires, les paroisses dont l
 
curé n'élait pas reconnu par l'État. L'ordonnancc 


Ie grand-due de Nassau élait ùevenu plus accessible à un mot de v iellue, el 
avait mème solliciLé Ies bons offices dipIomatiques de la France auprès du 
Sc1iut-Siè'ge; cl Prokesch se fIaLLail dpjà qne Nassau allaiL redevenir (( sensé · 
ct 4ue, ùans la lulle religieuse, Ie gouverncment de Bade serait LicnLôl com- 
plètcmeuL isolé (Aus den Bi'iefen des Grafen Prokesch, po 377-378). 
1. Pfuclf, !íellelcl', I, p. 303. - l\1ais Bismarck expli({llaiL aux diplomal('s 
protestants flu"on regrellail, ('n l'russe, d'avoir tanL accord(
 aUI calholiquí's, 
t't qu"en trmps et lieu on saurait se rE'ssaisir. fPfuE'lf, Ketteler, 1, p. 364). 



GO 


L' ALLE:\IAGNE REJ..IG(EUSE 


minislérielle tlu 
7 n1ars 1.854 suppein1a Ie con1- 
missaire spéeial qu'on avaH cssayé d'installcr au- 
dcssus de l'arehevêque 1 ; rcdevenu légalement 
nlaître de ses aetcs, Vicari fut averti, une fois de 
plus, qu'il existait à Carlsl'uhe un eonseil supé- 
rieur, avec lequel iI ,levait conférer. On lui fit 
savoir, forn1ellempnt, - c' ètaiL un aspect nou- 
veau de la question, - que ce conseil, seul, pou- 
vait déJivrer les mandats en vertu desquels les 
curés seraient payés sur les revenus paroissiaux ;!. 

i done les lrésoriers de ces revenus, déférant aux 
instructions ceclésiastiques, s'avisaient de faire 
des YerSrnlents, i)::; devenaicnt, vis-à-vis de l'État, 
personncllpment responsables, sur leur propre 
fortune, de ('argent ainsi rlépensé. La consé- 
qucncc, e'élait l'immobilisation des sonlnles habi- 
lueJlpn1ent afl'cctées à l' entrrtien des prêtres. 
l\ussi les populations dont les eUl'és avaient été 
Ilommés par révèquc étaienl-elles rédui les à fairp 
des eoHeetcs pOUI. leur assurer raumônc du pain 
quotidirn. Quant aux curés qui n'avaient pa
 
l'indigénal hadois, rj
tat les expulsait, et l'arcbe- 
vC'quc rcfusait de les rcmplaccr : les paroisses 
élaient ainsi condanlnées à un veuvagc clont OIl 
ne pou vait prévoir la durée::l. Par surcroît, l'Étal 
faisait fernIcr lp convict archirpiscopal qu'avai l 


1. 
laas, 0/1. eil.. p. 26:,. 
:!. 
\(aas, OJ) 0 cit., }1. 2Gí-
6g. 
:1 0 , Cas, mcsurcs (rC'\.pulsion conll'C' les Vl'
tIocs nOll j))(1igèllCS eurcnl peu d(' 
clul'ce, d autanl qu(' Ie" repl'(
senlalions de l'Aulrjche s'élaicnl eA.ercées avp(" 
succès ('11 faveur du CUl'é Wolf, lFolien d'origine, qui avail cach{' nans )f' 
la,bcl'Jla('

 la cl('f d(' )'armoit'c conlcnanl les lilres de propriélé de rí

disc ('\ 
d(.dar" fIl'J'f'mf'III : J
C:II" ('n a la cl('f (Laucl', ù]Jo cil., p. 
13. n. 1). 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 6f 


ou vert ,ricari pour les jeunes prêtres; on posait 
des scellés pour empêcher les clercs de rentrer 
par la porte, on installait des gendarmes de peur 
qu ïls ne rentrassent par les fenêtres. 
Dc Carlsruhe à Fribourg et de Fl'ibourg h Calrs- 
ruhe, les deux pou voirs échangeaient des notes 
irritées : Vicari protestait, au nonl de son droit 
à la libre administration des biens d'Égli:;e, contre 
cette façon de séquestre qui afIanlait les curés, et 
il faisait cl'aindre à l'État que ces curés ne fissent 
grève, non pas assurément comme dispensateurs 
de sacrements, mais comme officiers d'état civil. 
L'État riposta.it en portant de nouvelles atteintes 

t la propriété ecclésiastique, en chargeant les 
hauts fonctionnaires de constituer des comlnis- 
sions laïques pour' ] 'administration de cette pro- 
priété, et en faisant main basse sur les archives 
curiales 1. Alors l'évêque pria les doyens de denlan- 
del' nettenlent aux fabriciens et trésoriers s'ils 
voulaient aoministrcr les biens ecclésiastiques con- 
formément aux intentions de l'Église ou s'ils les 
voulaient livreI' au pOllvoir civil 2 . Des cas de con- 
science surgissaient, par là mème, dans les couches 
profondes de la population; les habitudes immé- 
1110riales en vertu desqllelles Ie fabricicn faisait 
son devoir sans péril étaient inquiétées et bouscu- 
lées; ce n'élaient plus sClllement les curés, c'étaient 
l(\s fidèles, qui se voyaient contraints, par leurs 
fonctions mêmes, à prendre parti pour au contre 


1. Maas, Ope cit., p. 268. 
':!. Maas, Ope cit., p. 2G9. 



62 


L .ALl.El\lAGNE RELIGIEUSE 


l'État. Les registres, les comptp.s, l
s âmes, tout 
'tai l en désarroi. A mesure que I 'Etat ennnyail 
l'Ég-lisc pnrdcs cxpérlients nouveaux, de nouvelles 
catégories de consciences subissaient la répercus- 
sion <lu conflit. (( C'est une vraie misère, écrivait 
Geisscl ; il faut que Rome viennc en aide par des 
décJarations catégoriques 1. )) 
A la datp du 18 mai, Ie gouvernement grand- 
ducal décida des poursuites contre Vicari; son der- 
nier mandement était son crime. II avait, disait-on, 
(( par l'altération de la vérité, par des inven- 
tions, excih" les sujets à la haine et au mépris du 
gouvernement, et à la désobéissance aux lois )). 
Le iU, lajnstice pénétra chez lui, et, quatre heures 
durant, lïnterrogea; on chercha partout son 
brouil1on, qu'on attribuait à une plume étrangèrp; 
on ne trouva rien. A défaut de brouillon, ce fut 
sur Vicari qu'on fit main basse; Ie 20 mai, il fut 
(léclaré en état d 'arrestation, et gardé à vue che7 
]ui 2. Zoepfl, lcjuriste de Heidelberg, s'insurgeacon- 
tre Ie procédé 3. C'était une autorité que Zoepfl, il 
possédait à merveille Ia vieille jurisprudence du 
Saint-Empire; et tontes les petites souverainetés 
rcprésentées à ]a Uiète Iui demandaient avis pour 
leurs petits litiges. La paix de Westphalie, Ie recès 
de i80
i, miJitèrent sous sa plume érudite en 
faveur de l'archevêque : ce fut en vain. 


1. Pfuelf, Geissel, II, po 

4. 
2. l\laas, Ope cit., po 270-272. 
:t Maas, Ope cit., po 27 L - cr. ci-df'S8US, p. 31, no 20 _ Blunt8chli, Ðenk- 
Il'w'rdiQ('.ff, III, po !1. 



L 'ÉGLISE DANg LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 63 
Entre Vicari et ses prêlI'cs, toutes communica- 
tions fnrent suspcndues. AloI's, d'un bout à J'autI'c 
du grand-duché, Ie silence endeuillé des cloche!;) 
parut symboliser colte condamnation de l'arche- 
vêque au silence. De-ci, de-Ià, certains fonction- 
naires exigèI'ent qu'elles sonnassent; Ia piété des 
fidèIes les jugea profanées. Vicari captif parIaH 
encore; il parlait soudainement par la voix d'un 
poète alors très à la mode, Oscar de Red\vitz. La 
pièce s'intitulait : (( .Appel du pasteur )). 


Je suis sur Ie bord dfl Ia tOlnbe, criait Vicari; ô Dieu, tu 
m'as rajeuni. Mon bras lassé peut soutenir Ie boudier de la 
sainte bataille. Dans les ténèbres, tu gardes mon æil Iumi- 
neux, tontes les biessures mortelles n 'épuisent pas Ie sang 
de mon cæur. 
Tu Ie sais, mon Dieu, je n'aime pas Ia Iutte : mon étoiIe, 
c'est la paix. A quatre-vingt-un ans, on ailne vraiment cette 
étoile. ,Je ne pflllsais plus qu'à m'équiper pour Ie combat de 
l'agonie; mais il en est autrement, Ies âmes I'exigcnt. 
Tu les a confiées à mes vieilles mains; tu veux que je 
sauve Ia Iiberté de ta fiancée. Pourtant, vois, je ne puis 
parler, on m'a ferrné Ia bouche ; ,ïenvoie tes messagers
 ô 
Dieu, prêche pour moi 1 ! 


C'est ainsi qu'Oscar de Red\vitz, réputé grand 
poète dans l' Allemagne du temps, s'essayait à 
donner une voix å ce vieillard séquestré. La bu- 
reaucratie badoise apprenait à mcsurer cette 
force incoercible, l'opinion, à laquelle l'année 1848 
avait donné l'ossoI': au bout de huit jours, Ies arrêts 
de l'archevêque furent Ipvés 2. Le gouvernemcnt 


L l\Iaas, Ope cito, p. 272, no 1. - Cr. notre tome III, p. I et SU1V. 
2. l\Iaas, Ope cit., p. 27i. 



64 


L'ALLEl\IAGNE. REIIGIEUSE 


insista pour qu ïl différât tout acte archiépiscopal 
jusqu'à la conclusion d'un accord avec Rome : il 
l'(\pondil pn publiant, le jour de la Pentecôte, un 
nouveau mandement, Oìl son énergie ne fléchissait 
point 1, et les fonctionnaires se vengèrent en l'atta- 
quant dans la presse, comme (( un parjure et un 
faible d'esprit, qui se laissait fourvoyer par un tas 
de fanatiques, d'illuminés et de têtes folIes 2 )). (( Les 
hureaucrates badois sonl incurables )), écrivail 
l'historicn Gfrocrer 3 . 
En bas comnle en haut, la police se hCllrLaiL 
t 
d'imbrisables résistances. Les fabriciens l'éputaient 
non avenus les ordres ùe l'État,: certains furent 
clnprisonnés; chez d'autres, on inslalla des gar- 
nisaires; on crocheta lcs portes de plusieurs pres- 
hytères afin d' enlever les archives; on dépensa 
plus de 18.000 florins dans l'occupation n1Ïlitaire 
(Ic douze petites communes · ; pour surveiHer 
rt
glisc ou manifesler contre elle, on alIa parfois 
jusqu'à faire appel au zèle turbulent des anciens 
én1eutiers de 1849, qui avaient mis en péril la 
couronne mên1e du grand-due. ßIercenaires de 
l'ordrc et merccnaires du désordre s'évertuaient 
à faire respecter les ordonnances du pouvoir civil 


t. Maas, Ope cit., po 276-2i7. 
.!. IIc.inrich Hurler, Burtel' wul seine Zeit, II, p. 326. - Le gouvernement 
!.ouLcnall celte thèsc, (IU'auprès de Vicari lïnfluence d'une camarilla s'était suhsti- 
Luée à celle du chapih'c (voir Weech, Badische Rio[jraphien, II, p. 402). _ 

ur Ie chapclain de Vicari, Adolphe SLrehle (1
19-t878), surloul visé com me Ic 
chcf de ccLLe camarilla, el donL on faisajt à tort, malgré sa doucellr et sa réscrvc 
naLurclles, un fanaLifluc éN'I"VC)P, voir Pfuelf, ](ctlclel" 1(, p. a78, n. 1, eL Rcill- 
fried, dans Weech, fladischc JJio!lraphiel/, II, p. 7;5;j-757. 
:L Heinrich HurLer, Ope ('it., 11, p. 3:!1). 
\.. Mad." op. cit., p. 
79-2RO. 



I..'I
GLISE DANS 1"4\. PROVINCE DU HAU'r-nIII
 ûä 


relatiyelTIent 
l l'administration des biens .de 
I'Église, el ces ordonnances, pourtant, denleuraient 
lctlre morl0. (( Chez les bons caLholiqlles, écri vait 
10 puhliciste A Iban Stolz, c' (ìst pen à peu nne 
gloire d'avoir élé cmprisonné. L'cnncn1Ï Ie plus 
acharné du régcnt ne pourrait pas s'y prendre 
nlÏeux pour Ini aliéncl' Ie cæur et la confìance dc 
bcauconp ùe ses nlcillenrs sujets 1 )). L'Ìnertic pas- 
sive des íidèIcs opposait nne sorte de l'cferendu}}l 
aux ord res de la burcaucra tie; chaque fois que 
] 'archevt
que disai l : (( .J e n0 peux pas, )) une 
runleur, pareille ä cc11e du chæur antique, scan- 
dail ce nouv('11 actc du dranlc, et cette runlcur, oÙ 
s'exprimait longuement Ia foule dcs consciences, 
disait : (( Nous nc vonions pas. )) C'éLait dans 
eelte rumeu!' quc Vicari trouvait sa force : cUe 
él

il si tcnacc et si prolongéc, 8i grave et si sin- 
c{"r0, qu 'cUe couvrait les approbations données au 
g-ouvernenlent par Ia scconde Chambre. Le j uristc 
hadois "Tarnkoenig, profcsseur dc droit canon à 
l'l1niversiLÓ dc Tubingue, aurait vouiu qu'on hunli- 
Ij
lt l'Église sous Ie joug d'une législation préven- 
live et répressivc
. 
Iais Ie nlinistère était forcé 
{l'écoulcr Ia yoix du peuple, au dclà dn Parl0- 
funnt. 
Il n'y avail pas ùe jOlll'naUX pour proyoqucr cl 


1. Haegele, 
\nalt Siol:;, p. 180-181. - SUl' Slolz, voir l10lrc lome IJ, 
I. 
ïR-28
0 



. Warnkocuig, .E',rposé histol'ÙjUC cl l'aisoltwJ tilt CÛI/flil c/Û/'C ["';IJlScopal 
'f Ics f/oW'C/'llClltclIls dcs lCI'1'iloÏl o cs comjJosalll In l"'Ot'ÙtCC ccclésiaslirllle tlU 
'/rml-llhin "/1 
lllcmag"c (rcproduil òans Dunsell. Zeichclt dcI' Zcifo, I, 
" 2J9-:!88). - Sur Léopold ÂUf{uslc Wal'lll.oclJig (lí!H-1R(iti). "\oir "('('('11, 
:(/'/i,<;cl1l' /Jio(f/'rlflhi"/I, Jr, p. i-2.ï-4.:!'-j. 


TV. 


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ö6 


L' ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


soutpnir eel élan : Ie gouvernement les ùéfendait i. 
11 n'y avail pas d'organisation concertée : la poste 
pri vée qu'à certaines heures l'archevêché s' etfol'ç.a 
d'étaLlir était en bulle à d'incessantes surprises 
policières 2. l'lais ce qui suppléait aux excitations 
ùe la presse, ce qui suppléail à l'en1brigademenL 
des coul'ages, c' était l' én1olion des ân1es; eUe cou- 
paiL court à Loute joie, suspendai t touies fêtes; 
sans affectation, sans fracas, au viIlage comme it 
la ville, se produisait la grève des plaisirs : toule 
une par Lie de la vie était susprndue, tout un aspect. 
de la vie était voilé ; et si l'État devenait anxieux 
de ces innon1brables åmes qui se plaignaient, c'est 
parce que tout dans leur attitude décelait qu'elles 
souITraient. Les malaises des consciences n'inquiè- 
tent les tyrannies politiques que Iorsqu'ils assom- 
hl'issent visiblel11ent réclat de la vie sociale et 
jettent une note de lristesse vraie dans Ie bourdon- 
nenlent quotidien des homnies. 
Le gouvernement de Nassau scn1hlait avoir les 
yeux sur celui de Dade pour lïmiter. (( A eux 
deux, écrivait Ie cardinal Geissel, ces États laissent 
encore derrière eux la Tur q uie et la l\lon o 'olie iI. )) 
L> 
Dans les paroisses de Nassau OÙ l'évêque se per- 
IllcLLail lip n0l111Uer les curés, les Liens d'Église 
t'laiput confisqués ; certains fonclionnaircs dén1Îs- 
sionllaicnt, J'aulres encouraienL l'excolnmunica- 


1.. 
o
le, la pre
sc Ladoi!>c claiL anlicaLholiquc; lc journal caLholiquc qui sc 
JlubhaIt a SluUgarl fuL, à trois rcp["iscg, pl'Ohibé cn Daùe (If. P. no, 18:;4, H, 
p. 6.\. et suiv.). 
.!. Maas, up. cito, po 2,jO. 
.;. Pfuf'lf, Oel .,el, IT. po 
3';. 



L'ÉGLISE DANS L.\ PROVINCE DU HAUT-RHIN 67 


tion; l'émoi devellait si violent, parlui les fidèles, 
que Ie luinistère, tout en nlaintenant lcs biens 
sous séquestre, finissait par donner aux curés ainsi 
nommés un insignifiant salairc. La Sernaine Rcli- 
giellse du diocèse était suppriméc; son crinlc 
consislait dans la publication d'unc ordonnance 
épiscopaic qui rcvendiquait pour les prêLrcs Ie 
droit de choisir lcs cnlpIoyés d'Église : la bureau- 
cratie grand-ducale n'admeUait pas que, nlême 
dans la sacrislie, Ie curé fùt Ie maître 1. Les pro- 
teslations de 1 'Église scandaient lcs vexations de 
I'ÉLat; l"évêque BIun1 écrivait à I(etteler au début 
de 1834 : (( On assure que je vais êtl'e gardé à vue 
dans ma luaison par des gendarmes)) ; e t Pie IX, de 
Home, cncourageait Blum comme il encourageait 
Vicari
. 
On Louchait à l'une de ces heures où les rapports 
entre I'Église ct l'Élat sont tellement lendus, que 
les concessions réciproques sont Ünpossibles, ct que 
la discussion nlêmc de ces concessions créerait des 
occasions nouvelles de conflit; alors l'État, pour 
en finil', doit, si I' on ose ainsi dire, émigrer du 
domaine LroubIé qu'il a Ie devoir de pacificr; ses 
('egards, ses propositions, son action, doivcnt fran- 

hjr les frontières; la parole n'est plus it sos pré- 
fcts, mais à scs diplomates; au delà el au-dessus 
.le l'élablissement rcligieux avec Icquellcs froUe- 


1. IJte Elllscldiessuuy del' HeJ'::;ogliclt Nll.'
sa.uisclten lieyieJ'uug auf die 
TJenksclu'ifl dcs Episcopates dCl' obel'l'hcillischen IÚ1'cltenpl'ovill
 vom Jlaer:: 
'85/, ulld die ErLViedeJ'uny de,
 lJischof's 'l.'011 Limburg au/, dieselbe (Fri- 
)ourg, Hcrdcr, 1833). - Brueck, opo cit 0' po 3n-3ì7. 
2. Bruecl.., op, cit., p. 3770 



üb L'ALLE)IAG
E nELIGIEUSE 
nlcntsquolidicns rendent l'entcntc illusoire, I'Etat 
doiL gravir, si péniblc soit-eUe, la route qui mène 
au \Tatican. Dans une Icttre fort pondéréc, que Ie 
IJ janvier '18;)
 il adl'essait au régent de Bade, 
Kettclcr marquait cette abso]ue néccssité 1,; ct 
ranIlét
 nc dcvait point s'écou]er sans quc Ics Etats 
dc' la provincc ccclésiaslique du IIaut-Ilhin expé- 
ùias:5cnt quclque::; courrier
 surcette route nouvellc 
pour cux, route qu'on voil fOllléc, dc siècle en 
siècle, par Ics pOll voirs nlênlCS qui avaiclll ]e 
plus solenncllenlcnt résolu de ne janlais s.y 
engager 
. 


V II 


Lt' prcn1Ïcr courl'ier qui sur\'int fut ]e haron 
ùe llumnlcl, cnvoyé du roi Guillaume de \\Tur- 
lenlbcrg. Ce princc n'avait aucun penchant vel'S 
rEglisc, ni lllênlC vel'S l'idéc religicuse ; c' était nn 
csprit fort, grand lccteur de V 0] taire, et qu i vol on- 


1. I'fuclf, Ii.cll Ie,', I, p. :m4--3û;i. - c1u'clI d{.pil ties clforls tic Bislllarck ccLle 
\JI.'('I'
,ilé tut COlllIH"I<;C à Carlsruhc, c'c:;t cc dont sc rentlit compte, au débul d(' 
mal'S HGi, Hendcl. consciller minislél'iC'1 de l\"assau, par unc conversalion avcc 
It' milli.,lrc llaòois Hupòt, dOllt il rClldil complc it SOil goU\;crncowut : ,"oil' 
FloiclllJl'lo
, Die G,'cll
elt =:Il'Ú;clIf'Ji Slant waf li.Ü'che zmd die (J'lI'nnlien 
gl'gCII del.en r ulet;uiI!I, p. 88G-8!H (Tuhill:;ue, taupp, J 872). 
2. J: ilmc pacifique de JIirschcr aspirait à cc pacifique dénollemcnt : . J'e.,. 
}lèrp avec con fiance, écrivait-i\. {Jue JorslJue J'Église aura oblenu son indé. 
Iwndallcc clle tourncra vcrs son intéricur la plénitur1c de sa. force, flue mainlc- 
na.nt ('IIl' òÍ'pcn"e au dC'hOl''i; 1\,I'pllc forlllcra d'abord tics prètl'cs P 1('in
 d'cspl'JI 
.lpo
loliflue, cL puis qu'ellc a;;,il'a palo em., aHC force, sage
sc, lél1acité, SUI 
IOlllc" Ie!> classes dc la populalion, ct f)u'ellc les élèvcra it UlH' foi \ivanlC', 
 
II11C :-ainLe craiute de Dietl, a une S(
vère cunscicl11'c, à la justice ct à la {'ha- 
I'ilé IJUl\lO Ie Cbrist, à l"cspérance, à In. paticnce (Hirscher, Zw' O";clltieru.w, 
11"!"'/' ,l"" dPJ":::citi'll'tL I\Ï/'ch(,ll.<;tl'pil. 1'. 21. Fl'ihol1l'
, If('rrlC'r, l
H). 



L'f:GLISE U.A
S LA PRO\ïNCE UU HAUT-RHIN üÜ 


tiers pal.'lait de la vierge l\larie COD1n1e d'une déesse J. 
l\lais il tenait 
l l'affection de ses sujets catholiques 
et ne voulait pas qu'ils lournassen L leurs regards 
vcrs Ie gouvprnenlent de Viennc; f't pour é,.itrr 
cc risque, une convention s'était élaborée, dans Ie 
silence, entre Ie cabinet de Stultgart et deux prê- 
lres délégués par Lipp, éYl}que de Rottenburgo 
IIummel ,.enait delnander pour cette convenlion 
l'approbation de Rome 2. 
Antonelli, tout en estin1anL
 pal'aît-il, que, sur 
certains points, Ie pouvoir civil faisait plus de sacri- 
fices quïI n'élait même nécessaire, refusa la signa- 
lure tIn Saint-Siège 3; Home ne voulait pas ql1(î 
]es États de la province du Haut-Rh in, nlléchant 
ou endormant l'opinion catholique par certnines 
concessions de détail, se dérohassent ainsi à la 
nécessilé de t.rait0r les questions mêmes de prin- 
cipe. Depnis t.rentc-cinq ans, ces États s'obsii- 
naien t, tous ensenlble, 
l nier l'autonon1Ïe de l'éla- 
blissenlent religieux : c' cst à cet égard que Ron1C 
exigeait d'cux une l'ésipiscence expressc. Ellc n'ad- 
lucUait pas qu'on Ht à l'

glise, en certaines cil'- 
constances, la grÜcc d'être libl'c ; eUe réclamait que 


1. llucmclin, lit-den wid .lufsnet:;c, lV-cue Fu1!lC, p. 2."jí (Fl'ihourg, 110111'. 
1 
81). 

. Voir ce projcL Jau5 Go1Lher, Ilcl. Slant uml die J{aLlwlische lí.it'clw ÙIl 
Xùcni!lloeiclt ""UfJI'LLembcl'f/. p. 1;;11-1:,7 (SLultgalot. CuLla, 18ii
. 
3. Sur Ie lIH;conLculcmenL J'AnlOlwlli, ra,'la
(
 par Vicari. conlrc I'initialin' 
Ie LipI', ,"oil' J .-F. Schulte, LCVCIISCI'ìlllleI'Ullyen, p. 18 et 
.:Jo FriedLcl'g, hil' 
r;1'C'/t:;;'1t, p. I,.H), induil. de certains propos du nonce de \ïellue cl. (}'une con vel'- 
<atiou enlre Pie lX el ]\olh, consul gélléral ,Ie \VU\'lcmhCl'g". que Home l'C'(}outaii 
\ue la cOII<'lusioll d'une com'cntion spéciale avec Ie \YurlC'lIlhcrg ne fil. ('chouN' 
e ùl
;;ir qu'elle avail (rUn concordat avec tous II's l
lals de la prodncc eccl(;si<ls- 
il(l1e du Halil-Rhin; ('I. ù'ailleul's clle lie consid,"raiL pao; J'aulol'Ífé épiscopalc 
'UIIlI11C '\ua\il:ée pOUL' n';öociClo U!le !elle com clIlioli. 



70 


L' ALLEl\IAGNE RELIGlEUSE 


]ps hllr
allcratip
. comme ]'avait fait ]e ParJrnlpnl 
dr FrancforL, r<'connusspnt Ie droit de l'Église à ]a 
li bert{'. 
En nUll'S Lpining'cn arriva, P ortenr des comnlis- 
, '.J 
sions tIu prince-régenl de Bade, mais dépourvu 
d'ailleurs de pIe ins pouvoirs : (( ceUe mission n'est 
qu'ullr mauvaise comédie qui ne durera pas long- 
Lemps >>, écrivait Sophie Schlosser au cardinal Geis- 
sell. Leiningen proposait dr régler quelques détails 
lin conflit, et rien de plus 
 ; il fut rrjoint, au cours 
de l'éLé, par Ie protesLant Brunner 3, que Bade accrr- 
ditait conlme plénipolen Liaire : une lrêve provisoire 
se conccrta entec Antonelli et Brunner"" et ron 
convinl qu'inlnlédiatemrnt après on causerait des 
questions de principes. n ne s 'agil point de dÖlaiIs, 
Blais de principes, disait derechef .Antonelli, en sep- 
Lembre, au comte de Liedekerque-Braufort, qui 
I ui sounlettai t crrtains projets fragmcntaires de ]a 
part. du grand-due de Nassau:;. Les )1
tats offraient 
des complaisances, Bon1C aUendait d'eux un chan- 

ement d'aLtilude, cl presque une conversion. El1e 
youlait qu'cn cu
 Ie vieil homnle disparût, ce viril 
hornnle n1Ïs à nud par 1848, ct qui, dans l'agonie 
polit.ique Oll iJ se déhatLait, s'obstinait, avec une 


1. l'fuplf, Gpissel, II. p. 2H. 

o BruccJ.., ûJI. cit., p. 3!H. 
3. Sm' Charll's Féli'( nrunner (1803-18.)7) qui devaiL mourir à Homp m{.mc 
au {'ours des négocialions, \-oil' W pcch, .LJadischc lJio!/J'aphien, II, p. 533-553. 
}. Brucck, op. cit., p. 399-4uO. - l\laas, op. cit., po 283-285. _ Le représcn- 
la,nl.ue Bauc å la <1ièlc de Fl'allcfOl'l con':iidérail déjà cclle lrèvc comme une 
ddallc }Jom' sou gouvcrllclllenl (Bismarck, Left/'ClJ lJolitÙjue.'l. p. 
32-
33 : 
Iclll'C ùu .!3 aoùl 1 f-:,/.). 
:,. Fl'iedL('r,:. op, cit . p. 46f1-
70 el 8:;9-8138. 



L'ÉGLISE DANS L\ PROVINCE UU HAUT-HHI
 71 
ténacité sénile, à se proclamer Ie maître de l'Église. 
On fut gravement contrarié au Vatican t, lors- 
qu 'on sut flu' en IIesse-Darmstadt, 
l rin1age de la 
convention ,vurtembergoise, I\:etteler et Ie ministre 
Dal \vigk avaient, à eux deux, élaboré un arrange- 
menL.! : on craignit que cet incident ne ron1pìt la 
solidarité des éVl
ques de la province ecclésiastique 
du IIaut-Rhin:3. I(etteler dut faire un long séjour 
t 
Ron1e, au début de 1.833, pour s'expliquer et con- 
naître l'avis pontifìcal '. ; les amendemenls imposés 
par le SainL-Siège, dont il rapporta Ie projet à 
Darmstadt, furent, l'année suivaute, 
l peu près 
acceptés par Dahvigk, mais Ie nouveau texte de 
la convention, envoyé à Rome, n'en revint jamais:S; 
et c'est ainsi que les rapports entre I'État et I'É- 
glise, leIs qu'ils s' organisèrenl en Hesse-Darn1s- 


1. Vicari, Geissel, Blum, pal'tageaicnL ce méconLentcUlcnt mOIlH'nlané ùe Romo 
conlre Kellcler (Pfuelf, Geissel, II, p. 
H)-2Jl, et Aettelel', I, p. 3li3-3t.i5). 
2. Sur les préliminaires de c('lIe com entiou ct sur la convention elle-mêmc, 
voir Pfuele, ](elteler, I, p. 34-i-3G4, cL ci-dessous, po 88. Ketlclc1', pacifique de 
caraclère, avail cru de\ oil', en conscience, avanL de comLallre comme ses col- 
lègues, ne pas repou"-ser les avances de Lon vouloir dont la Hesse esquissait Ie 
gcsle (l'fuelf, Kettela, I, p. 362)0 
:
. Voir la leLlre de Viale Preia à Ketleler (R octoLre 185i-) dans Pfuelf, Kcttc- 
lei', I, p. 3G;). 
4. Raich, Ih'ic{e VOll ullll nn Aetteler, p. 255-2:í!). - Pfl1elf, ]{I'ttelcl', I, 
p. 3tJG-373. - COcst au cours de ce voyage à Home que l\.ettcler rapporta à 
Vicari un p1'6:.ent pontifical digne de mention. Lorsque le gOl1vel'nement pié- 
mOlllais avait e1.ilé de Turin l"archevèque Frallsoni, la viLle d
 Lyon, évoquant 
cn son honllem' le souvenir de cet EusèLe de Verccil fllle Ie;;; al'iens, au IVO siècle, 
a\aiellt fait expulser de sa "il!e épiscopaie, lui otfrit uue l,ague où se li:saieut 
Ics moLs: EuselJio r.edivivo. Fransoni, se jug-cant suftisalllment hOll01'é par 
l'inscriplion, a vaiL oITed à Pic I X le Lijou; Ie pape lie le gartla pas 10llglemps. 
Lorsqu'en 18;;;) Kelleler "illL a Rome, il fut chargé par Pie IX de meltre au 
doigt de Vicari celte bague symbolique. Donllée par lIlJe ,illc de Frallce à un 
év
que piémolltais, elle u'a\ait séjourné ùan:s Ic lrésol' pouLÍíical flue jU
'lu'au 
jour Oll un aulre évèque Ia mÚ'iLcl'ait. 
:í. Pfuclf, ]{ctlcla, I, })o 37;)-37Î1 0 



-
 
I... 


L' ALLEl\IAG
E HELIGIEUSE 


ladt d'après ce texte nouveau, f1)1'cnl un état de 
fail pll.llÙl qu'un état de droit. La paix religieusp" 
d'tlilleur
, profita pluLòt de eette anonudie, que Ie 
earact{\]'l'1 sinc(\rl' ('t tolérant de Dahyigk ne rcnda it 
ni dangercusc ni précaire. 
l\Iais avec Ie "\lrtemberg, ayec Bade, avec 
Xassau, Honle, en 18:)J, prit ses mcsures pour 
ll'aitc'r elle-nlÊ'u1e : nn document fut remis aux 
divers plénipotpntiaires, inJiquant les (( bases )) 
sur lesquelles une paix dcyait ètre assise. L'allé- 
f.Tesse alors était grande au Vatican. La pl'ocht- 
nlation récente du dogme de I'Inlnlaculéc eoncep- 
lion par l'inilialive personnelle de Pie IX avait 
exalté Pic IX en luênle tenlps que la Vierge : i1 
avait parlé, à la fois, au nonl de la chréLienLé 
et au nom de Dieu; il y avait eu, dans sa voix, 
des échos (fen bas, qui traduisaient la eroyance 
latente el l'aspiration profonde des masses fidèles, 
el puis des ðchos d'en haul" qui 'affirmaient et qui 
définissaicnlle dogme d6jà nlurnluré par beaucoup 
dc li\\TCS et déjà voulu pal' heaucou p d'åmes. Et 
puis, quelques mois aprè
, la signature du Con- 
cordat <-tyec l'en1pire d'Autrichc paraissait inau- 
gl
rer unl' peri?de nouvelle dans les rapports entre 
I'Eg:lise ct lcs :ElaLs : François-Joseph, parachevant 
J'ællvre de ecUe révoluLion n1êmc qui ]'avait un 
1l10rnent expu}sÚ ùe son trône, achevait de détruire 
J' éd ifice j os(
phis Le; dans la capitale n1 ênle de J 0- 
sCl'h II, c'en était fait de la d0111ination <les légistes, 


, t. Cc Ip'\lc ÙC", lJasi e,.l puhlip d
llS [<','irdbcl'g', 0]1. eif., p. 84J6-!>050 _ Cf 0 
1'111('(01., IJ,,' 0', , , ., ' ]íi,'(", TI/II'Ol';,/-. p. 11 
-H :i. 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE OU HAUT-RHI:"l 73 
en qui I 'Église voyail des ennen1Ïs séculaires; so
u; 
l' fagidp (( du fils des Césars. destiné par Dieu à dp 
frrandes choses 1 ))
 il semblait que 13. dOlllinatioll 
([es canonisles conlmençÙL. 
(( Les mots: Lazare, SOl'S du tomJJeau, sout e11- 
fìn prononcés 2 )), écrivait l'historien Hurter. Beda 
\Veber COIn parait Ie concordat, (( création orga- 
nique sortie du noyau de I'Égiise )), avec celle 
111adone tyrolienne qui, J'après Ia légende, (( sortit 
d'un arbre par une sorte de génération sponta- 
née 3 )). Or, l'Autriche était encore la cilnc de Ia 
Confédéralion gern1anique ; un tel }?récédent n'al- 
lait-il pas fail'e Ioi pour les petits ELats de l' Alle- 
nlagne? (( Nous prévoyons avec certitude, écrivait 
Geissel dès 1.853, que ce qui sera arrêté 
t Yîenne 
fournira plus on llloins ]e modèle pour tous les 
autres ]
Lats '.. )) 
Une coïncidence se présentait, qu i précisénlent 
ofl'rait <.tux évt'ques de ces autres :':
taLs ] 'occasion 
d'un beau d(
ploiement de prières et d'énergie. 
L'année 18J5 ranlenait Ie onziènle ccntenaire du 
marlyre de saint Boniface. l\:etLeicr voulut qU'il 
Fulda, où Ie saint reposait, qu'à 
Iayence, 01'1 sa 
crosse avail rùgnr, des solennités extJ'aordinaires 
eassemblassent l'Église d' .AJlemagne. 
Et ron viL arriveI', cn juin 1.H5
, dans ces 


I. Lellre de Yiale Prela (18 décemLre lS:jJ). daoo; Pfue1f. (;/>isscl, II, p. 
ljU. 
':!. Hcinrich IIudcr, lIui'lel' ufHl 8('i1lC Zeit, 11, p. í1G. 
:L Deda Weher, rartuns, p. l
O. 
.L I'fuclf, (;ri':s. I , II, 1'. 100;-, - Cf o Cil'iflit Con.fir,', !}-
O aOla IS');', 
J. ,)

. 



7
 


':AI.LEl\lAG:'JE UELIGIEUSE 


df
llX villes tIr la province eccI6siastique ùn IIaut- 
Hhin. des évêques de Bohême et du Danube, 
dll lIanovre et de Ia ,\
 estphalic, de la Silésie ot 
tIp la Bavière; on y vit venir, mênle, Ie nonce 
Viale Prela. Les petits États, la vciLle encore 
si soupçonneux, n'assislaient pas sans qllelque 
gène à cctte libre circulation de l'Église : des 
ordrrs venus de Cassel tcntèrent d'inte1'clire, à 
Fulda, les prédicalions des Jésuites, puis ces 
orch'es furent retil'és 1; et lorsqu'après cette suite 
de cérémonies exceptionnelles les représentants de 
I'Égiise d' Allemagne quiltèrcnt la petite ville de 
Fulda, iis expliquèrent, par une lett1'e collective 
datée dr ßIayencc, que de pa1'eils rendez-vous se- 
raienl désorlnais fréquents; ils avaient inauguré 
la sérir des colloque
, discrets mais efficaces, qui, 
depuis un denli-siècle, groupenl périodiquement 
l' épiscopat allemand auprès de Ia tombe de saint 
Boniface, colloques oÙ se concerte I 'action, où 
s'nplanissent les difficultés, OÙ se confirme I'ha1'- 
n1onie. On avail peur, naguère, dans la province 
ccclésiasLique du fIaut-Rhin, de voir deux évêques 
s'entendre; Bunsen aujourd'hui pouvait pousser Ie 
cri d'alarme;! en constatant qu'une petite ville de 
celle province devenai l Ie ]ieu d' élection OÙ s' en- 
tcndraient, à l'avenir, tous Jes ,jvêqurs de l'
J\lle- 
lnagne. 
Devant l'exemple de condescendallce que don- 
Hait 1'1\ulriche, devanlla preuve de force que don- 


I. I'fuclf, lie tt cla. I, p. 3ï7-383. 

. 
l1r )(' )i\r
 : 1."8 si'/IIf;<; des [eml)8, ,oil' llolrc lonl(' 111, p. 
sn-
>-
. 



L 
ÉGLISE DANS LA PROVINCr. DU HAUT-llHIN 75 


naieD ties évêqucs, les petits souverains d' Allc- 
[nagne n'avaient rien de mieux à faire qU"il étudier 
lrs (( Bases )) proposées par }\nlonelli. rt à négo- 
'1(,1'. 
Les poul'parlers s'engagèrenl, intcrnlinaLles : Ie 

ardinal Brunelli, qui passait pour Ie n1eilLeur ca- 
Lloniste de la Curie \ puis Ie cardinal Reisach 2, les 
3onduisirent, au nonl du Saint-Siège, avec Irs 1'e- 
présentants des divers souverains. Pendant que les 
::1iscussions traînaient, la siluation demeurait grave 

n Bade et en Nassau. Vicari et Ie ca hinet badois 
,'accordaient nlal sur l'application de Ia trève pro- 
visoire signée à la fin ùe 18ü4 : Ie paiement des 
Inciennes amendes par les prêtres délinquants, la 
Üluation pécuniaire des curés nomnlés par l'arche- 
\rêque, l'exconlmunication qui pcsait encore sur 
les mcn1bres da Conseil supérieur d'Église, don- 
naient lieu à d Ïncessan ls débats 3. De son cô té 
l'évêque dp LimLourg expédiait au cardinal Reisach 
Joléances sur doléances : il se plaignait que Ie mi- 
llÏstèrc rétablît implicitelnpnt, pour les actes épis- 

opaux, I'ohligation dll Placet, en défendant 
l la 
'hancellerie épi
copale d'acquitter sur les revenus 
Ie la nlcnse les frais d'inlpression de ces docu- 


1. Haich, lh'iefc von und an Kettela, p. 2;Jfl, 

. Sur la venue et l'installalion de }{eisach à Rome, voir ci-dcssous, 
}. 1 
7. 
3. l\1a.as, Ope cit., p. :88-3000 Voir dans Wecch, Entlischc Eio{Jmp ltien , Y, 
I. tit:I, Ja r{>ponse de Vicari à Pl'cslillari, présidcnl ùu cunseil supèL'il'ur, qui 
1t
lllall
lall la Icv("e de l"c>..commullicalion, plus lluisil,le, ll'.l.l'rès lui, à 11
!::.li5C 
lu'à rELat. VicLll'i cl'aig.uail que l{omc ne fil lL'op ù
 concessions: voiL'dans :\laas, 
JjJ. cit., p. 301-3 I.:!, Ie résumé dcs rapports 'lull adres
a finalclllenL au Sainl- 

iège Sur les di v('r5'
S qucstions liligicu':>('s. 



7û 


L 'ALLE:UAGNE HELIGIEUSE 


n1pnt
 1. ...\ nlC::;UrC qu'
t Rome les .pourparlen; sel11- 
hlaicnt (lissiper un nuage, un autre nuage s'élpvait 
(\n AlIf'nlag'DP. Enfin l'on scnlit, à partir de 185ß, 
que rhol'iz
n Je\rcnait plus clair, grÙcc h l'avrnp- 
n1clll.. en Badc, tIu 111inistère 
Ieysenbug, grâce 
l 
la n1Ïssion à Ronle du professeur Rosshirt 
, et grâce 

l l'innuence pCl'sonnel1e du grand-due de Nassau. 
L'annéc IH37 fut marquée par la conclusion d'une 
con vcntioll entre B.ODlC et Ie VV nrt.elnbrl'g : 1(' 
branle était donné 3. En lS5U
 Bade sui vit l'exenl- 
pIc: un long trayail s'acheva, desLiné à 1ìxer Ie 
nombre des cures dont l'État poul'rait 
l l'avenir se 
(lire légiLin1enlen t patron I. ; e t l'accord fut signé :>. 
Enfin en -ISG I, Blnnl, évêque de Linlbourg, qui 
avaiL, quatre ans auparavant, reçu Je Rome des 
pouvoirs fornleIs pour trai tel' avec Ie grand-due, 
cxpédia à Antonelli un projet de convention, qui 
fut raLifié 6; et des paroisscs de Nassau. qui denleu- 


1. B:'ucd., up. ('it., p. ;{ï8-3
1. 
2. Sur Ho;;shirl (lö.2U-18Sï), pl'ofc:'SClIl' calholi'luc à IleillelLC'l'g, JOlllla mi!'siúll 

l Itome C'onll'ibua hcaucoup au succès tIu concordal, voir 'Vecch, lJadische Biu- 
!/I'apIt it'/1 , Ir, p. 3jR-:WO. 
::. fiollhcr, OJ). cit., p.l(jO-I
[). .L'chiv (i.il' kntlwlisc/tt -; f1Ïl'clicll1'echt, lS
ï, 
p. 1:J3-IG8, :!ï:l-
glì, :iI3-3.1.:;, li4-l-li74; 1
;)')0 p. 3-
-i. 
Ul' la façou donl Iut. pro- 
l:Iul;,:-ulo cc conc,ll"dal \\ UlolemlJcr;;cois, yoil o , dans une lcllrc de Rcisach à Geis- 
:-ocl (Pfuf'lf. r;l i'l8cl, II, p. 51!), 11. 1) ccrlaincs rClUdl'IIuC's suLtiIes el cUl'ieusC's; 
cl cr. l'fue1f, ]{dtelCl o , II, p. :?O!'. 
\.. J:a d

lermil!ali
n de cc.,; Cures a'.aÏl I'Lé soig-lIcuscmcnll'l'épal'l;c par des 

:o
lIml!'sa
lOI'j 11 11 <l\i.ucnl llomllH;S Dade ct l"aloehevèquc (:\Iaas, up. cit., p. :
Ol- 
..(3). - :Sur ceLle 'Jup;;lion tIu pall'ollat à Daùc cllcs difliculLés am.quelles alors 
clle (101
lla lieu, \oÏt' ltichard Gopnnel' cl Josef Seslpr, Ðlt8 lí.il' chc1 tJ)(Ûl'Onlll- 
I'alil un f;I'o<!6hel':'uylwn Rae/en, p. ïO-l00 cl 
Ol-
I{j (Slull<rart EnJ..e 
t !}/) i \, , 0' , 
:i. 
Iaas, 01'. cit., p. :ltï-3i3. 
I;. (:,'ucck. op. cit., po 425-\.H ct 5,ïO- oJ :i:!. - Le eOllrJil qui éclaLa Cll H
:ji 

lIh'
' m.um ct Ie !{OU\ ernclll('nl ùc :\assau au "ujcl Jes IIJ0èll'I'S flui dessel'vaienl 
, I" .' ,'1'1' .. IIp !\ral.jC'lllhal fill Iranc\tp au boul dC' 'l': ell llH'S llIois pat' fmc aulo- 



I.'J
GLISF. ])A
S L\ PROYINCE DU HArT-RIII
 77 


raient sans titulaires depuis 1854, purent enHn 
être pouryurs 1. 
Dans leurs p-'l'andes ì ig-nes, cos paclcs divers don- 
naicnl satisfaclion aux doléancrs épiscopalC's tIp 
185J et de 18J3. La série d'articJes ol'ganiqnes que 
les Élats de la proyince ecclésiasliquc du l-laul- 
Hhin, trenle ans auparavant, s'élaienl r<sciproque- 
nlcnt engagés 
l faire poser sur leurs 

glises res- 
peclives, (
taient désormais p()rinl(
s. Les gouver- 
nements a vaient reconnu, sui vant l' expression till 
minislre ,,
urtembcrgcois H.uenlrlin, quP (( dès que 
l'

lal entre dans lc dornaine de l'Église par voie 
d'ordonnanccs positives, r

glise possèòe dans 1a 
résislance passive une arme invincible 
 )). La bu
 
rcaucratie cessait d'être une puissance dans l'

glise, 
cl r

glise cessait d't-trc considérée par l'Élalcolnnlc 
nn organislllc burcaucratiquc : elle devpna it .luge 
de ses propres ini:érèts, Dlaìtl'CSSe de sa propre vie. 
8es clel'cs étaient hien 
l elJe; ses rcycnus, Lien 
l 
r lle; ses 0 llaiU es, Lien à elle ; e t ]' on ne se nlêlc- 
rail plus (le co qui ne regardait qu 'cUe; les souve- 
fa in
, vis-à-vis elu Pape, s'y élaient expressénlent 
ohligés. (( Les concordats dont J'Allenlagne se 
couvre, 1 isait-on dl\S 1858 dans les Jlcuilles 1/ isto- 
l'ico-politiqucs de 
Iunich, assuren t Ia siluation 
jnl'idique de l']
glise d'après des principes qui, iJ 
y a vingt ans, passaient pour être caractéristiques 


ri
alion tin goU\ crncmcnl, qu 'accompagllaicnl ù'ailleurs ÙCS l'c::.ll'ÍcliollS cl (Ics 
clauscs as:5CZ malvcillanlcs pour la lihcl'lé de rÉglisc (Brllcck, Ope cit., p. 43(1-í37). 
1. 11-,Û/wlik, i R61, J, p. 7GG. Dès I ti5
, Blum a\ aiL pré\ll II 11(' ì\" assau 11(' LJ'ai- 
l('rail pas avant Baùe (l'fllClf, Gcissel, II, po :i73). 
2. Hupnwlin, op. cit.. p. 22:;. 



78 L' ALLIDIAGNE RELlr.IEUSE 
de haute tl'ahison uHranlontainè, et qui ll'élaient 
luèuIC pas compl'i::; 1. )} 


Yl I I 


l\Iais tl peine ces acles étaient-ils signés
 qu'inl- 
nléùiatement une parlie de l'Aliemagne s'agitait. 
(( Le concordat, écrivait à 
Iontalembcrl Auguste 
H.eichensperger, forme chez presque tous les pro- 
lestanls une pierre d'achoppement, car ils yeulent 
la, liberlé pour leur Église seulenlcnt, el craignentla 
puissance nlorah
 du catholicislIle, qui grandit 
toujours en Allelnagnc 2. )) On rcgardait d u côlé 
de Vienne; on y constatait la joyeuse exaltation 
des catholiques 3; on comnlentait ]es nlulLiples 
incidents auxquels donnait lieu, en .Aulriche, Ia 
question de la confessionnalité des ciuletières t. 


1. 1I. P. B., 1
58J I, p. .!. 

. Paslor, lleichensJlcr!Je)', I, p. 39R. - Dl':; 18Ji, Ie journal berlinoi
 
quïn<.;piraienl Haumcr et Weslphalcn allaquait Ie concordat wurtcmbcrgcois 
(rruplf, Geisscl, II, p. 5H))0 
::. La CiviltlÌ Callolica, 2
 décembl'c It\:j5-B janvicl' 185G, po 1GO-1i5, donne 
de uombreuses et précieuscs cilalion:.. - Peu à peu ccpendant, dans certains 
cel'cles calholiql1C's oil 1'011 Nait porlé à rcdouler IïnHucnce de Rome, unC' 
('criaine mah('illanC'e se fiL jour conlre Ie concordat. Pour Lasaulx, Icquc1 sou- 
hailait, PH Aulriche, I'pg-alilð cÍ1 ifluC des conC('ssions, Ie C'oncordat élaiL ulllrailé 
défpclm'U)" (Sl()pI7Ie. Lnsaul.r, 1'. hiG); Fréùéric Michelis, Ie futur viem..-calho- 
li'l'lC, cn IJlàmcra plus lard la forme, llui, d'après lui, faisait trop de conccs- 
!'>ion
 à l'c!-.prit lhéocraliflue (50 1'hescn ueber die Gestaltung der lí.Ï1'chlichen 
rcrllflcltnisse dPr GC!lcl/wart, 
e éùil., p. 15. teipzig-, Duerr, t8(8). - ce. 
rJwolo!,iscltcs Lilcralul'Uatt, 1868, po 80(j-S12, uu article important du cauo. 
l1iste Schulte. 
!.. WcL('r, Cm'tons, p. 123 cL suiv. - Bern. v. l\lc
er, E1'Zelmissc, I, p. 3iO- 
3i3. L élm]e que fit Meycr, à la dcmande du minislrc Dach. dcs sC'pt remarques 
ulLime!! I'r{>
culées par Ie Saint-Siègc à I'Aull'iche sur le projct de concordal, 
rPlId partiC'ulil'rI'Tnl'nl inl?rpo;sanles Ie!! pap:es qu'il conc:;acrf' à cctle histoire. 



L 'ÉGLISE DAl'i'S L\ PIlO\ïNCE DU HAUT-RHIN 74J 


On se hàtait de conclure qu'à l'origine de ces 
troubles religieux, il y avail Ie concordat conclu en 
l
35; que ce concordat, au lieu d'être un instru- 
nlenl de paix, élait un engin de luLte; que l' Au- 
triche, en se livrant à l'hégémonie d'une confes- 
sion, éLaÏt par là nlême déchue de son nnlique 
prérogali vc de prenlÏère puissance allenutndc 1 ; 
qu'il fallait, entre 1'.A.utriche et Ie reste de l' Alle- 
Inngne, (( tendre un cordon sanitaire 2 )). 
Tolérerait-on, dès lors, que les petits États de 
1'.Allemagne du Sud s'engageassent dans ]e sillon 
qu'avait tracé François-Joseph
? (( Présentés 
comine les grandes chartes de l'Eglise, écrivait 
Greith, évêque de Saint-Gall, les concordats sont 
uevenus des têtes de l\Iédusc, efIrayantes pour Ie 
protestantisme e t pour la maçonnerie 3. )) II senl- 
blait qu'en négociant avec Ie Saint-Siège ces 
pactes successifs, les États du Sud eussent solida- 
risé leur propre poliLique religieuse avec celle de 
l'i\ulriche : les fractions de l"opinion germaniquc 
qui rèvaient de substituer l'hégénlonie des Hohen- 
zollern à celle des I-Iabsbourgs, et celle du protes- 
tantisnle à celle du catholicisme, se í1altaient, en 


1. l;lunlschli, DellkwuCi'digcs, II, p. 2300 

. Base, Bcrli/tCI' Prole.<;talltische IÚi'chell:;cituli{j, 5 a"l'il 1856 (ciLé dans 
11. ]'. lJ., 1857, I, p. 1U). - Lc concordat, 
crit Beda \Vebcl', élait cousidéré 
commc (( une machinc infcrualc que IC5 prèlres papislcs dirigenl conlrc la :Saxe, 
la Prusse cl Ie l\JccklcmLoUl'g, pour en JinÍl' avec Ic l,roLeslanLismeo )) (Cal't01l8, 
po 103)0 (( Donnez-nous ùeux cenls ans d'ELat pl'oleslanl, vcrsiliaiL à Vienllc lc 
poètc Grillparzcr, el nous somme5 la racc allemande Ia plus puissallle et la 
mieux dOllée. Aujourd'hui 1l0US n'avons plus de lalenl que pour la musique - et 
Ie concorùal )' (Heinrich LauLe, Fi'ltlt:;; Grillpo]'zci'S LdJcnsyeschicbte, p. DU. 
SluLtgal'l, Colla, (884). 
3. Fricdl'i('h, noellingcl', HI, po 170. 



80 L'ALLE:\IAGNF.: RELIGIEUSE 
sapant l'édifice des concordats, dïniliger à Fran- 
<:ois-Josrph UUf' nOllyclle d6faite. 
Lrs :lnxiélrs un pl'otestantisrnr, les passions an I i- 
cJéricaJcs, Irs suscep1 ihilités de la raison (rÉtat, 
les inspirations oc
ultps du caJJincl de B0rlin 
p 
coalisaient cnLr0 cUes: de lit, l'incoercible POUSSé0 
<Jll 'cxercrI'cnt Ips canlpagnes anLiconeoI'dataires 1, 
de Ht, aussi, leur pronlptr yictoir0. 
On agila Ip pays a\Tant {ragilf'r Ies Chanlbres. 
Dans Ie \Y'llI'telnb(\rg, des pétitions circulaienl 
{'onlre 10 concordat, Ie synode évangéIique se plai- 
gnait, Ja facnJté de Tuhingue proLestait:!. Oscar 
\Vaechtf'r, que Ie parti piétisle de Stuttgart recon.. 
naissait conlffir un ch(
f, pubJjait deux brochures 
cufhtnlnH;es:\ cL l' é\.(
que de RoUcnhurg, r."ppl'anl'l 
cp spnlhlc. qUf' ceLLe cffervescence tOlnhcl'ail d'e]1(,- 
lnênle, s'opposait tl cc que les caihoJiques JìSSCllt 
(les manif(.sb.r lions en sens inverse'
. En Bade, Ia 
ville 0(\ IIf'idelbpr o ' fut Ie centre d'une violentc can)- 
b 
pagnf' anticoncord::ttairr : Bunsen achevait d'y 
luouI'ir:; ; BluntschJi s'y insLal1ait, conlIllC pour y 
succédcr aux haincs de Bunsen. IlostiJe it toutc 
hiérarchic rpligieusc, Biuntschii ùéchaînaiL contrc 


L Lf' C'{'lèlll'C' canonisLe IlroLC'sl:tnl Biehlel'. sons Jïllllncnf'(, de cC's campagnl'!', 
juLro\lui
il dans )Po; \;diLiolls nOll\C'IIC's ùC' !'on malllw{ dC' droil canon un esprit 
pIu,; hO"'li1c all calholici!'JnC' (lIins('hins, Z eitse/Ii'; it (i) 1 0 IirclLtS!fcschichtc, ISG.}, 
I V, p. 358-:I:i!1 0 - Sur les campagncs cnLrcprisC's, ('n 0\ uLl'jchc m{
mc, conlrc 
It, cOI1C'ordal, yoir 
lcindl, lJ;sclw{ lludiyiCl' I. p. 1}la-
ï7, :j
H-GIG, /ìGl-'i:!i. 

. Bruce]." Ope cit., p. 44t.i. 
,:L 
ll:ochlll1, L

l(lt modcme ct rL'ylise cn .lllelllafjllc, In
-18ÎO, p. l
I:;-l
IG 
.I"dc, (Jcorg, Ib/J}o 
i. II. }'. 11., 1St;!}, II, p. 2:1;:!-
33. 
:j. Hollcrl Y. :\]ohl. L. hCIISCl'ÙmCl'll1l!if'U, T, p. 
:j
. dOIl1H' de CUl'JCU>' cJl
laila :.;ur 
I.l \ ;f'il/('-- . III' BIIII"f'1l ,t IIcidl'lIlf'q!. 



L 'I
GLISE DA
S L.\ PROVINCE DU HAUT-RHIN 81 
Ie concordat les colères de la presse 1 : 1a maçonne- 
rie, les protestants (( liLéraux )), (Staient à ses or(!t'(\s 
el marchaicnl derrièrc lui. 1\ Durlach se tenai t un 
hruyanl meeting 2 : les bourgeois de Frjbourg, les 
universitaires de Friboul'g, ohsédaient Ie grand-due 
de leurs griefs \ el Ie Ininisli'e Stengel, évidem- 
ment trop optimiste, jugeait inut ile que les catho- 
liques pétitionnassent en faveur du concordat si 
violemment attaqué 4. II semblait que les gouver- 
nements se fissent fort d'abréger ces querelles en 
invitant au silence l'un des deux parlis. 
lais la 
yoix de J'autre parli devint bienlãt assez impé- 
rieuse, assez souveraine, pour entraÎner les votes 
des parlements et forcer les gouvcrnements à 
céder. 
(( L'É g lise ron1aine, d(
elal'ait en Bade l'hislorirn 
IIaeusser, aspire à rélablir sur Ie montle ::-,a n1onar- 
chie uni ver
elle, et, sous Ie cri séduisant de li- 
berté de l'Église, à rétablir l' esclavage pour tous 
et]a domination exclusive pour elle-même 5 )); et 
Ie prélat 
Iehring, en'Vurten1berg, ne voulait pas 
entendre parler d'une (( liberté )) qui permeUrait 


I. Bll1nlSchli, Ðenkwuudigcs, H, p. 274 : il publiait à Ia fin de I R;;9 une bro- 
::hure contre les nouveaux concordats. 
2. l\laas, op cit., p. 348-350. - Ho P. n., 18GO, I, p. 217-2H et -1862, II, 
llo 3::!0-3'::!0. - Stroehlin, Ope cito, p. 1:25-120, trarluit une partie dn discours de 
!laeusser à Durlacho Sm' l'orage pl'o"oqué par Ie lract ùe riposle que publia 
llurs AlLan Stolz: Schmc-r:;ensschrci im Dw'lache-r RathhaU8, voir Haegele, 
.lllJan Sto1:;, p. 18J-18û. 
3. H. P no, 1860, I, p. 735-íl
'í, el IRô2, II, p. 518-555. - l\laas, Ope cit., 
). a51. 


4. Brueck, opo cit., p. 473. - Sur Ie rninislre François de Slengel (1803-18iO), 
voiL' Weech, Eadische Eio{J1'aphicn, II, po 311-315. 
5. Brueck, opo cito, po 477. - Sur Haensser, voir llotre tome III, po 13 el4i-4G. 


IL 


G 



82 


1.'ALLE
IAGNE HELUaEUSE 


aux nloincs, - ces (( fakirs )), disait un autre t, - 
.1(\ (( lncltre Ie 'Vurtemberg en étal de siège 2 )). 
D'uiJIeurs, rn 
errant lcs choses de plus près.. on 
sontrnait quïl rt:1it contrairp ä l'égalitr- confession- 
]1('11(' lIr O'l'atificr lr eatholicisn1p dr c('rl:1ines li- 
t'> 
hrrlés auxquellcs ]e protrstantismc ne pouvnÏl 
IH'

telldr('. (( Si Ie concordat entre en Yigueu
, di- 
sait en Bade lr député Zittel, il faut que I'Eglise 
protpstanfp, rllp aussi, devirnne plus indépen- 
d:1ntp s )) ; c'e<;;[ à cp mêmr point dp vu(' - an point 
de YlIfI df
 la (( parit{' )), conlIDe ron disaiL - qur sc 
pJaraif ,
n Hcsse-IJarmstadt Ic prélat Zin11nern1ann 
pour COOl baLLrp la convention t.; ct ron nc voit pas 
bien, d'aillrnl's, cc qu'ils ensscnL pu répolldl'C l'un 
p[ l':1l1tl'(\ au IuinisLre ,yurtenlbcrgcois lluco1elin 
flxpliquant avec une grande finesse que, dans les 
l
gliscs issues de la Réformc, Ie SUJJl1n1lS ('piscojJus 

e confondait avec Ie chef de l'Élat, et flu' on ne 
pouvaillui Jen1andcr, en vérité, de conclure UIl 
conrol'(lal av('c Ini-J11(-1110:> ! 
:\Jais à cõté ct au-dcssus des con venances de 
r
:gli:;c proteslanlc, on inyoquait contl'C Ies con- 
cordats Ips .lroits supérieul's d0 l'l
tat. lliuntschIi, 
tit'S l'illslalll où était paru Ie concordat anlri- 
ehien, avail ohscl'vé qnp dans co ÙoclUllcnt il n'y 


I. Brueck, up. cit., p. .\:ju. 
1.. Brucck, 01'. cit., p. 4;;1. 
:1. .1Iaa.., û'!. rit.. p. 3i8, 11. :í. Sur ChiU'lcs Ziltel (180:!-1871), \oir Weecu, 
/J(l([,sc/I(' 1Jzof/1'nphicn, II. p. 5i.:!-5.'!-ï, 
i. T:"IIl'(,L., 011. cit., po 4G
-I.lj:L Sur 1(' prélat Charles Zimnwrmann (1803-18i4). 
fOlldatrur de l' ,bs ci t. í' l A I I J . . 
. -' I) (I lCm uUS tU'C- ((j fllC, \011' Ihl'hl, ..t/lljcmetlte clt'utsche 
1,/üqNlplât', \L\', p. :!8U-2S3. . 
.'. HU('/He1ino op. tit., po 2it. 



(..'ÉGLISE D.\NS L.\ PHUrINCE DU HAUI'-RHIN 83 
ayaH pas trace d' (( une iùée propre de l'État, 
d'unc conscience de l'IttaL 1 )). Lc caractèl'c de l'Étal 
moderne, expliquait it son tour Haeusser, (( COll- 
siste à êLrc affranchi (les liens dans lesquels la 
hiérarchie Ie tenait ,\nfel
mé : la Réforme, qui a 
COfi1111PllCé cet afl'l'anchissemenl, a assignó à l'État 
la haute mission morale que depuis lors il a ren1- 
plie pOllr Ie saInt du nlonde. Pour renlplir rcUe 
nÚssioll, il ne doit être lié au service d'aucune puis- 
sance ccclésiasli qup 2 )). Or les concordats, si l'on pn 
croyait l\laurice 1Iohl, ]e député ,vurtenlbergeois, 
(( désarmaienl rÉlat en face de toules les Lcndances 
qui peuvent entrer en luLte contl'e les exigences de 
la cuHnre intellecLuelle, nlême conLre celles de la 
police 3 )). Ainsi 1 'Élat, en se liant à nne confession 
l'cligicuse, dérogeait au devoir qui était Ie sien, 
ùïncarner les intérèts Je la haute culture. C'est 
pourquoi les univcrsités s'émouvaient : que les 
mcmbres des facultós catholiques lie théologie 
fussenl, d'après Ie concordat, j usticiables de leur 
jnSeignelnent vis-à-vis de l'évêqlle, cela paraissait 
lnlolérable au reste du corps universitaire, et l'ÉtaL 
lui signail un tel sacrifice dés ertait sa Iuission 
5cientifique 
. PolitiquemenL parlant, d 'ailleurs, 
3t c'élait Ie principal argunlenl, cn Bade, du rap- 
)orleur IIilùeLrandt, (( la situation accordée il 

'Église par Ie concordat ne s'accordait pas avec 


1. Blunlschti, lJcnkwucrdigcs, II, p.230-;!31. 

. Bruí'ck, Ope cit., p. !
i(j. 
:
o Brueck, Ope rit., p. 4;;1). - Sur 
laurif'{, 1\1 011 ! , \ oÌl' lIolre [ollie II r, p. 51. 
4. elo\H'cl.., úp. cit.,
. i-
O-'l-t\!. 



8}. L 'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 
J'aulononlifl de l'Étal, aver ]rs droits <If' la souvc- 
1':\ inflt(
 tflrritol'i<dc 1 )). On considél'ai L qu' en I rr 1 e 
droit nlodel'ne et ]p vi(
ux dt'oit canon, un dnel à 
InoL't était {'ngag6; on constalait que, dans ccUp 
nni,rCl'sil(
 de 'Tienne. qui si longteIl1ps nvait été Ie 
centrc des idées joséphistes, Ic laïque Phillips pl 
Ie futue évêquc Fessler fOl'maient une génél'ation 
de canonistes dévoués au Saint-Siège 2, et que If' 
canoniste l\Ioy commençait en languc allemande. 
pour soutenir l' (( ultramontanisme )), la publica- 
tion d'une revue de droit canon 8 : ce qui était en 
péril, concluait-on, c'était la conception n1ème de 
I'I
tat rnoderne. 
Et puis la patrie, ]c germanisme allaicnt aussi 
p(
I'ieliLer. (( La Curie rcstc la Curie, disait à la 
Clullnbre ,yurtenlbrrgpois{' Ie prélat 
Iehring-, ct 
Lant qn'elle reste la Curie, no us ne la conlpr0nons 
pas. Ces lLalicns nc connais
ent pas nolre situa- 
lion, nous vivons sur Ic sol allemand; ces "r clches 
He savent pas ce qu'il en est chez nOllS. Les apports 
d'ouLL'c-monts ont déj
t souvent troublé notre paix, 
rompu noLre unité, mais jamais enrichi la foi, ja- 


1. :\Iaas, Ope cit., p. 3GI-365. - 
UI'Gcorgcs rlladiu Hilùebrandt (J81l-IX77), 
\oir Weech, J:"tlisc/w J/io(f1'fl]Jhien, 11[, p. 56-59. 

. Sur l'irnporlance de l'ap})cl de Phillips à Vicnne et du ùécrcL de 185
i, lJlli 
avail rc:orgaui.(
 <Ian.. ceLLc universilé renseignemcllt du dl'oit, voil' CiviLtà 
('ultolica, 14-28 juillel 18:)1, p. :;72, et 24 lJo\cmbre-7 dccembre 1
:;,), p. 710. 
- Sur la fa<,:oll donl Fe!':.ler s"en fut à H.ome mème pour se prépal'('r à remp/Ü 

a l.lche de proresselll' de droit canon, voir Erdinger, l)r Joseph Fessler, p. 82 
cl suiv. (Brixeu, Weger, 1874). 
3. Sur :Ernest 
loy de SODS (J ;!)!)-18G7), voir nolrc tome fl, po 98-9
j.- 
Voir ùan,> Meindl, Leben und .WÙ'ken des Bisclwfs Rudigiel', I, po 4ì5, I;: 
leltre de Moy annon<;anl à Rudigier la publicatiou de I'A rchiv {fl:r Katholisclwl 
J\irrltf'nrecht 0 



L 'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 85 
Blais fortifié la conscience chrétienne 1 )). Le prélat 
Sigel, à son tour., dénonçait Ie (( parti des Jé- 
suites )), et lui signifiait que jamais Ie \V urtenl- 
berg et Ie peuple allemand ne reviendraient it 
l'obédience de Ronle 2 . L'hisloricn IIul'ter s'éton- 
nait de cet émoi des protestants conlre ]e concor- 
dat. (( On ùirait des locataires, disait-iI, qui vou- 
draient empêcher Ie propriélairr dïnslalll
r à son 
gré Ie resle de la nlaison :1. )) 
jlais un autre prélat protestant, l\loser, affectait, 
en WUl'temberg, d'alléguer conlre Ie concordal les 
intérêts nlênles des calholiques \Vlll'tenlbergeois. 
Le pacte signé par Ie roi Guillaunle avec Rome lui 
paraissait enchaîner leur J ibel'té; il n'admettait 
pas qu' entre les consciences catholiques et Ie Saint- 
Siège I 'État se chargeât de tresscr un lien. (( On 
devrait, expliquait-il, laisser à l"Église catholique 
Loute sa liberté de développement intérieur, et si, 
:-;oit par des recherches scienlifiques, soH par l'effet 
d'aulres circonslances, cUe éLait (llllenée, inlérieu- 
('enient, à se détacher plus ou moins de Ronle, il 
ne faut pas qu'aucune convention d'Élat fasse obs- 
tacle à ceLLe évolution 4. )) !vioser, apparemnlent, 
;'intére::;sait bcaucoup aux catholiques, mais à 

eux-Hl, surtout, qui voudraient cesser de rêtre. 
C' était un torrent de dialectique passionnée, un 
'eu rouIanl d' argunlenLs imprévus; mais si ]' on alIa it 


1. Brueck, Ope cit., p. .:;1. 

o I3l'ueck, Ope cit., p. ,1.:;1. 
:L Heinrich Hurler, Hw'ler UII{/ seine Zeit, II, p. 'IlS. 
L Dru n rl" IIJ). cU., p. 1-
2-4:i:Jo 



86 L' ALLEI\IAGNE RELIGIEUSE 
au fond de ces polémiqncs, on trouvait ll10ins des 
objections qne I'expression incessante d'une crainte, 
Ia trainlc que l'Église n'abusât de sa JibrrLé. 
On dénonçail, snl'lout
 les excès possiLIes du 
ré o 'in1e concordataireo A q uoi ]e III inistre badois 
ð 
Stengel répliqnait énergiqncment: (( La penr des 
ahus que pent am eneI' la Ii bcrté cst la ll1ère de la 
Lyr(lunic. )> 1\lais alors, en présence de pareilles 
ripostes, on s'élevait au-dessus des détaÏls du con- 
cordat, on ne l'atlaquait même plus dans sa subs- 
tance: on s.en prcnait à Ia méthode d'apl'ès laquelle 
il était négocié pt concIn, on déclarail la guerre 
l 
l'idée mên1r de concordat. 
En Nassau, en Hesse, l'gtat, par l'intern1édiairc 
de srs hatHs fonctionnaires, élyait négocié avec un 
sujel, qui là s'appelail Blum, ici KclteIer; en \\Tur- 
tcnlhcrg-, en Dade, l'i
tal, par J'intermédiaire de 
scs diplonlatcs, a vait négocié HyeC un élranger.. 
Pic IX 1. I tes engagements avaient été pi'is, cn 
dehors des Chamhres, au-dessus des Chambrcs: 
n 'étaiL-cc pas une aUpinte à la souveraincLé natio- 
nale 
! Les n1jnisl(\rcs
 sans donte, avaient été ]c:;; 
prcnlÏcl's à observer que la mise en vigucur de 
cerlaiups stipulations du Concord a t l'cndl'ait nf'íccs- 


I. · l:e<;;le ;1 sa\ Oil', (
C'
i\ aiL en no\cmLre ISJD la lla(lische Lrt,Hlc.<;:;cifWt!J, s 
f'l dan
 'Illclle mc:-u:'(' la majol'i'(; dc", Cham],rcs consellLira, Il semLle cerLain 
,u
 moi,

 Lrt'., ,'raisemLlablc, qU'C\!l' IIC con
elJlil'a pas à MIJ1primcr LouLes Ie 
-lipulaholl" consLiluLiollllellcs ct li'öûles lJuïl bCl'ûiL nécessai,oc dc :"upprimer, (' 
.dol':. Ie paJic a Ie droit de bC d(
gë:l.6er UU cOllcol'll,,-l; cn 
cC'olJ(l lipu '1 u ' cIlp II'ap 
pl'OU\cra pas touLcs les lois IIOUH'lIcs, cL alO1's Ie t;Oll\erncmenL peut sc déga
l' 
l'al O cc quP Ie terrJ.in lui mall/lue p01l1' l"applicalioll. Si d'aiIlcurs sun ient ce gl'auc 
,0hallr,:cmclIl, la Iwrlc par lc papf' de Sa Souvl'rainelé Lempol'f'lle, alors lous Ic 
(Oo
lcÍll"dal
 lom!'Pl'onl, (liU'CP 'Iuïls sl1pposent '1"(, Ie contl'ûclanl cst nn souy(' 
I'alll .) ([: I'll ('c I,. , VII. cil" 1'. -i-'12-}
I:n. - cr. nIllnlsC'hli, /Jcltk/l'1lcl'di!Jcs, III, p. 12 



I
 '
:Gl.ISE D
\NS I
1\ rnO\TINCE J)U IJ,,\urr-ltHJ
 87 


sau'e Ie remaniement de certaines lois; et ils se 
proposaient, en tontc hunlililé
 de réclau1er des 
Chambres ce remaniement 1. ì\Iais cela ne suffisait 
pas aux susceplibilités des législateurs; elles dépu- 
lés catholiques eux-mc'mes, en Wurten1berg, soute- 
naient, à l'exception d'un seul 2, que Ie concordat 
tout entier devait être soumis à la ratification des 
Chan1bres. Les rapports de l'Église avec I
Étal ne 
devaienl pas être réglés par des traités, mais par 
des lois. {( L'esprit du ten1p
, oLservait ironique- 
111ent I\:eUeler, tolère que les gou vernements trai- 
tent avec de riches Lanquicrs comnle avec des rois; 
Blais il ne peut supporter qu'un contral soH con- 
clu avec un évêque cathoJique 3. )) Des traités 
signifiaicnt I'aLdicaLion de l' État, des lois seuies 
arIirn1aient son hégén10nic. En adoptanl une poli- 
Lique concordataire, Ie pouvoir civil avail reconnu, 
in1 plicilen1ent, qu'il nc pouvai l pas à lui seul légi- 
férer sur les choses d'Église : aux yeux du parti 
libéral, un pareil aveu élait impardonnable. II 
fallait qu' en déchirant Ie concordat, l'Étal se rclc- 
vàt de cette humiliation: ainsi l'exigeait lïntégrité 
nationalc. 


L COest la lhèsc de (lucl1lel.in, op. cit., p. 
H)-
:;Oo 

. Wje
l, dépull- de Ech.ingel1o - Voir Ie discours du déplllé calholiqu(' 
1'lOhsl (HH9-18!)
}). UwLlwlik, IHûl, I, p. (ìl
-fjf3. - H. P. n., 18!ì!'), II, p. 23.!- 
:!3;Q, SciLL, déff'ßscur dc la convcnlion h('
soi:;c, c\.p1ill"e I(UC les malièrcs qui y 
soul lrailées conccl'lIcnl l'admillisll'atiolJ o lion la h
;:;'i:"latioll, l'l Ilue dès 101's Ie 
pouvoir législalir liC d.eyail pas èlrc consulLé (Die Kat/lOli.yclle l\irc hcn(l1l!lelr;- 
'1ellhcil im. Gl'osshcr::;v!flllum Ifcyscn, p. 15tj cl suiv. Maycnce, Kil'chhcim. 18lil)0 

1Il' Edouarll 
c.ilz (JRIO-18li8), Ilui ful, h'clILe ans duranl, Ic JJl'cmier jurislc 
calholiflUc de la llcs:.c. ,oil' 
chulLe, .A.II!fI'1I1t'illl' d,'u!sc!tc IJio!lraphie 
XXXlll, p. 6?jG-637 0 
::. prl1f',r, Kft[('lc
', II, p. ti. 



8ts ':ALLEIUAGNE HELIGIEUSE 
A toutes les tribunes pal'lenlenlail'cs, des sonl- 
malions furent adressécs aux gouvernements. De 
quel droit traiter avec unp puissance extra-terri- 
Loriale? denlandait-on en \Vurtemberg. En fait, 
comme l'expliquait avec une jolie finesse de langage 
Ie n1inistrc UuenleIin, (( Ia convention élait une 
entenLe entre l'État cL l'Église territoriale catho- 
lique, laqucllc, par rorgane de l'évêque, avait 
désigné Ie Pape comme son représentant normal, 
constitutionncl, pour cettc sorie de pourparlers, et 
Ie Pape avait éLé ainsi admis à trailer, en tant que 
représenlant d'une corporation territoriale dans sa 
sphère d'autonomie 1 )). Dequel droit traitcravec un 
évêque, avec un sujct? demanda it-on, en IIesse, 
au n1Ínistre Dahvigk, (( plus dan
 creux, disait-on, 
qne ne Ie serait un jésuite !'omain )) 2 Et Da!\vigk 
de réponure, avec une belle noblesse d'acccnl : 


II y a dans un État certains droils indépenJants de la 
législatioll, indépendants du caprice. toujours possible. des 
parlemellts et d,u gouvernelnellt. Les dl'oits religieux des 
mcmbres d"llne Ef{lise chrétienne reconllue reposent sur des 
fondclnenLs plus pI'ofonds, sur des principes plus élevés, flue 
tout ce qui se laisse régler par des acLes législatifs. Dne 
Chamhrr (Iui 
crait composée ùïsraélites, ou (rcxaJlés, ou 
de proLesLants cÀclusifs, ou ù'athées. serait-elle compétenle 
po
r régler les plus hauLs intérêts religieux des membres 
Ü"Eglises qui sur leurs bancs ne compleraient aucuus repré- 
sentants, ou presque aucun:3 '! 


1.1
UCIl}(;lill, opo cil., po 238. - Sur GuslaH HucmcIin (181:>-1880), '\-oir Gus- 
la\e Schmollcr, All!lemeine J)c7.ll.<;che IJiu!ll'aphie, LlII, p. :j07-G;
5, ct spécja- 
Icnll'I
L, !'1Il 0 SOIl aLli luùe dalls Id. Ilucsl.iOIl cOllcorùalairc cL à l'endroiL ùe 1"Eglise 
lomamc, Ips pagcs ti07-Gt6. 
2. rfucIf, Kettelcr, II, p. 21. 
.:. PfllClf, Rrllcl('j", II, p. tG. - Dah, igk Iui-mènw (1802-1880) a réfulé dan!' 



..:.tGLISE DANS L\ PROYINCE DU HAUT-RHIN 89 


Dal,vigk cl'aillcurs aurait pU ajouter qu'avant.dc 
signer avec l\.elleler la convention, il en avait faiL 
soun1cttre ]e texte à unc notabilité du clergé pro- 
testant 1. 
j)lais en vain Ie protestant Ruenlelin soutenait-il 
la compétencc du Pape, en vain Ie protestant Dal- 
\vigk déniait-il la con1pétence des Chanlbres: dcs 
n1ajorités sc fornutÏent contre la poliLiquc concor- 
dataire, majorilés sûres de leur force, plutât d'ail- 
leurs que de leur droit. Un des juristes qui travail- 
lèrent Ie plus obstinément à faire déclarer invalide 
Ie concordat badois, Ie professeur H.obert 1\lohl, 
avoue dans ses l1félì1oi'l'es avec quclque désinvol- 
ture : 


Juridiquenlent, la Iégitinlité dOune tellc déclaration élait 
susceptible de quelques doutes; et en tout cas, vis-à-vis du 
grand-due, une déclaration de llullité était chose diffkile, 
puisque la ratification était déjà un fait acco111pli; Inais Ia 
conviction que cette 1l1eSUl'e étaÏt absolument nécessaire, f't 
l'agitation qui allait croissant dans Ie pays, ordonnaient de 
passer outre it toutes réserves 2. 


Ie line : Erinnc
'unyshlaeltet' an FI'eihcl'1'n EPI'nhm',z 1'on Dalwiyk zu Lich- 
'enfels. VOlt eincm alten Diplomalcn (l\Iayencl', .Kirchheim, 1881, p" 120 cl suÌ\-.), 
es divers reprochcs fails à ]a convention; voir d.ms ]e l{alholik, 1863, ], 
). r,6i-;i68, Ies rénc1.ions ùu clergé ùe Hesse sur celle <lu,'sliou. 
1. RI'Ï1mcl'1t11gsblaetlcl' an F1'eihe
'rn BCI'nhard 'lion Ðalwi!lk, p. 113 : 
lcuri de liagCI'u, l'ancipn présiùent ùu parIcment de Francfort, approllvait Ia 
}olilifllle reli
ieuse de Ihh,ip:k (
lohl, Lcbcllsf'rinner7.1llf/ell, T. p. 
.)I) pour 
aql1eUe Ie juri
te Hoherl 
Iohl, qlli fnt millislre de Bade en Hesse en l
t.ìG, est 
m contralre lrès sévère Plohl, op. cito, II, lJ. 30,)). 

. :'Ilobl, 0])0 eiL, II, po 1:2:;. - Mohl. Ope cilo, H, p. 123, déclare quïl fut rUIl 
]es premiers à demandcr l'aLrogalioIl du concOl'dat, étant (( depuis longlemps 
'om"aincu que la comp]aisanC'è fit les demi-mesurcs à l'endl'oit du clergé empi- 
'cnl toujonrs la siluation .. - l\Iohl étail, de puis 1 g57 ,représcntant de runiver- 
;ité d"Heidelherg à Ia première ChamLre Ladoise, qu'it présida à partir de 18(j4. 
";ur RoLert 1\1ohl (1709-1875), voir, outre s('s S07.1vcnÙ's puiJlips en 1902, l\Iar- 
IlIarrlsl'n, d,\1ls .r\ llgemc111c ,Ipulsc!tr ßioflmphic, xXII, p. íIJ.:;-';;)I'ì. 




o 


I:ALLE
IAGNE RELIGTEUSF: 


On passa outre. eITeetivcmrnt. Sous ]c soufnc 
des trrnpt'tes parlrlnentaircs, concordats rt con- 
ventions s'ctfondrèrC'nt, con1ll1C' autant de chÙtl
aux 
de cartes. ...\ Ia scconde Chamhre hadoise, I.assaut 
fut donné en 1.860 par nn cathoIiqur de naisssanc0, 
Hildebrandt; tout de suite il fut victoricux. Sans 
rllème atlendrr l'avis de Ia prcll1ière Chtlmbl'e, ]c 
grand-due renlpIaça pal' un ministère Jibéral, 
lout prèt it travaillcr pour la Prnssc, Ie nlinistère 
qui avail signr- Ie concordat, et qu'on accusail, it 
Berlin, d'êtr
 trop docile nux inHucnces 3utl'i- 
eh iC'nnes 1. 
En \Yurtcnlbcrp:, mên1C' assaut, n1ên1e victoirc, 
o1ênH' crise minist(-rieHe, au pL'intcmps dC' 1861 2. 
En Kassau, ]a ChaiTI hre permit au cabinet Je 
maintruil' provisoircn1cnt Ja convention, ponrvu 
qu'il préscntâ t sans rct3.rd nne loi su r les cuIles 3. 
En T{C's
c-Darn1stadt, ]a convention, cinq annécs 
d urant. donna] iC'u à des 111 an i r ('stations popn r a ires, 


1. Sill' ('C's {.pi:-.ot!C'i' pal'1f'IlH'nlaiI O C5 eI <"111' les mallif,'slalions dp Ia rill', yoir 
:llohl, úpo cit., II, p. 1
3-12Ii. - ::;Lf'llgf'I, minislre de l'lnlt'l'i p l1r, al'l'ès Ie vole 
de la !õlccon!Ì(' Chamhrpo pr(.para une rirculairc pour expliqucr aux foncLionnaircs 
'IUC Ic concorùaL dcmcl1raiL encorc en ,"if:ueur, mais Ro
gcllbach. ami du 

rdnù-duc, l'amella à cong-p,licr Ie minislère Lien qu'oll eûL ò('jà rccncilli en Baril' 

. i 000 sig"I
Lure!ò pour Jp ron('ordal. Si ron, pul comprcndre celle cl'ise, il fan\ 
1110(' (lans fhsmarcI.., Lf'll/'cs Jloliti'lw's, p. ::3:í-:rr;, scs leLLrcs tIll 10 a\fil i8:)
, 
d Ilu :!ci mai lH:';R, conll'C Ja poW iqup aUlri('hicnnp "" minisLrp ),aùois ì\fe
 sel1- 
IJ\I
 
L Ill' !>on au\ilidil'(' rl'ia, (( uILramolllain ùps plus ardenls II. << Cc ministrp 
\ OUlalllln(' f/I'Il/((le palric allcman(lp cL non une J'russe ag-ralHlic : jJ devail 
t

I
f'IO: II, IisaiL-on ùans Ics Fc/(ilfe.
 de :\Junich (lI. P. B.: i8til, I, p. iUOI;; 
hIJ:, II, p. 1::!1). - Cf. uoLJ'(' lOlllc III, po 4!1-.ïO. _ Sm' Ip cl'irniualislc Auloiuc 
de SLa!,,'I (tMlli-ll'l
O). chf'r 1111 UOUV('ilU millisLère, ,oil' '''cC'ch. lhuliseltc /Jiu- 
'll o ap/ucn, III, p. lti:! -I ï
o - :Sm' It'') id(
cs pl'ussicul1es dc Ho
;.;cuLdch, illsLi- 
;:.Llc
r ù
 la fOl'lllahon UII millÏ:,V'l'c, ct qui pcu après (lul Ie pOl'Lefcuille dcs 
.\Odlres dl'all;;èr('s, voir I3lunlschli, 11t'/ l k/l'I(l'1"tliycs, IJr, p. tlÌ-iS o 
.!.. Gollhr'J o , Ope eil.. p. 
IJ/ì-

W. 
.: J:'Ollt'('
, "I'. ";1, {I. :;"n :,(11. 



,: ÉGLISE D_\.NS LA PHO\'INCE DU H
\{jT-RHIN 91 


p{\Litions et contre-p(
Lilions, et it des balaille.s par- 
lenlcntail'cs 1; et conlme cn 18GG Ie nlinistère Dal- 
,vigk, qui ravait signée, parnissalL éLl'angcmcnt 
lllenacé par Ics man(CllVrCS combinées de ]a Prusse 
rt des partis anlicléricaux, I\(
tlelc.. pfit l'initiativr 
de concerter avec Ie grand-d HC Ie retrait dr la con- 
vention tanl din'anléc, afin d'enlcyer un pl'élexte 
au renverscnlent de Dahvigk 2. 
Rome avait eu Ie droit d'espé,>rl', PH 
ignant les 
concordats, quP lcs eondiLions d'exislrnce de 
l' l
gIisc, dans Ie sud-ouest de l'Allemagne, étaienl 
fìxécs pour longtemps ; une décpption hrutale sur- 
vpnait, dont Ie cardinal Antonrlli, dans une note 
au gouvernCll1rnt \vurtenlbergeois \ nc dissinllIlait 
pas l'amedumc. l\[ais Romt', crpcndant, perrnitqu'a- 
VPC Ics r(
servcs S(
élntrs Ies ealholiques prissent une 


i. PfupU, IÙ:llc!i','. II, p.9-5G. - En t81i2, it nne rl-Imion ('!ccLoralC', Ul1 ayo- 
caL d('clara quc KcLtcler, non indig
n(', u'avaiL pas Ip dl'oiL d'èlrc évèqu(' 
(rruc1f, 11.dlelcl" 11, p. 2.';-27). - Ell t
G3, la prC'lUil'rp ChamLrp hessoisc \ola 
un proj('L dc loi sur Ics rapPol'ls cnLrc rf:glisp cL l"ELaL, dcsli1lé à remplaccl' 
la con\ clllion; mais la sccondc ChamLre Ie rppoussa, ct la cOll\'C'uLion rp!'La 
C'n ,ig-uclil'. - Sill' la campa
np failc ('n Hesse' conlrp la con\"cnt.ion, yoil o 
EI'iIlUerU1ì!/cn an F1'cihei"rn Ii. l'. Dal/l'i!/k, p. 117 C't S([. Dalwig-l-. HaiL haï 
pal' Ip parti I(leindcutsch depuis qllOcn 18J:
 il y twalL Cll ruplurc enlrc la Hcssp 
PI. la f'russc (Pfuelf, [.rttclcr, II. p. lO). 

. l'fucH, Af'ttf'lc1', lJ, p. 271-2';2. - l:ismal'c1.. llès UìJ
, avait ('crità Gcrlach 
fll1C la. chulC' de lhl\\ig-k dcvail èLrc Ie 1)111. de la poliliqllP IH"us
iC'nllc (lJrÍf'fc 
J:i8maJ'cl
s (tIf [pujJ. L'. (;rl"lach, p. (ì7, lèltrc du II; mars 18:)3). 
3. XoLe 1111 3 juillpl 'hfi1. dans J\.olholik, 18(iI, II, p. (ì21-1Ì:Z:;0 La 1I0lp ell! 
\\urlcmLcrg (12 juiu II-;Iìlj, à lafJl1Cllc AlllolIC'lIi r('pondail, cst puhliée dan:; 
GoIlhcr, Ope cit., p. 4;:;.í-.í3ï. - Ell lR(d., Ie .Ç,'yllfL!Jlls, sous Ie l1uméro 1
3, 
tln<lil clJuùamncr cctLe I'looposilion : << La pui
:;ancc civilc a lc pouv\)ir dp 
Cd
"cr, de déclarcr el. dc relldl'c Jlulles lcs com cuI ions solcllllclIcs cOl1clucs 
a\cc Ie 
iègc apostolilluc, rcl.lli\cmelll 
l rusa
c ùes ul'oil.s qui apparlicnncnl 
à lïmllluniLé ccclésiasLi'(lIc, sails Ie cou
cHlcrnCIlL dc cc Sailll-Siègc cl. malg-l'é 
scs l'éclamaLiolls )) (Choupi II, \ -alcw' dcs d(:cisions doctrinal co; ct discipl i- 
naircs du Sf/ill/-Sir.,!,,, p. 275-
RO. Paris, Hpauch(,!"lle, Hlili. - Salolli, Ploin- 
ci}1cs tip (/f'()it puhlir dcs COllC(H'rl([t.
, LJ'ad, ChaZl>1!p!', p. :lo:!-:lHì, Paris, I
('lallx, 
I SR!}). 


LIBRARY ST. MARYIS COLLEGE 



9:! 


L'ALLEl\IAG
E RELIGIEUSE 


part discrèle à l'élaboralioll de
 lois nouvelles qui 
devaient donner un statut à l'EgJise, et qu'iIs de- 
meurasscnt 
t même, ainsi, de lui procurerou de lui 
rClldre quelques avantages 1 . ì\Iènle parmi tant de dé- 
sillusions, Rome gardail lc sentinlcnt qu'eUe n'était 
pas complètclnent vaincue, el qu'au lcndcmain dc la 
rupluL'C ducoLlcordat l'Église était dans une situation 
111cilleure qu'à la veille des premières négociations; 
Ics dix années qu' elIe a vait traversées, ct durant les- 
qucUes cUe avail eru, pendant une n1inute, toucher 
à Ull Lriomphe, n1arquaienL pour eUe un progrès. 
L'adminÜ,tration de Nassau et de Hesse-Darnlstadt 
conLinua d'appliqllcr, en fait, 1e programme de 
poliliquc reìigieuse qn ï01posaient les convcntions; 
10s campagnes parlementai res ct municipales con- 
tre les Jésuitcs on pour la laïcisation de l'ér.ole \ 
soutcnucs par des brochures Lrès viol0ntes qui de 
Francfort so répandaicnl dans Ie diocèse de 
:\Iaycnce \ échouèrent contrc la fcrmeté du cabinct 
de Darn1stadt ot contre la vigilance de I'évt.que Kct- 


I. \"Oil' la r(;pon
e du cardinal AntOIlC'1Ii au prince Hohcnkhc-WaIJenhurg-, 
IIH'I1I"l'C de la premil'rc Chamhrc \\ urlC'mberg('oise, dans Brueck, 0))0 cit o 
p. /
:,j-4:i 7 0 
10 Sur Cl'" Cahlpa!!nC'
, am,'luclll's 
;associai('nl un ccl'lain Hombre d'iu'ili[u- 
lpurs, voir Pruelf, J{etteler, If, p,3:;.3f1 0 :i3 ('t 301 c[ sui\', KC'llclcr à l'avancC' 
C'11 avaiL conjuré l'effC'l en 1lI0nlranl, ùans un mandpnlC'nl de 1859 unc l'(
elle 
--olliciluilc pour la 
illlalion matéridlr des in"lilulcnrs (l>fuelf, 
p. rit., II, 
po t 

-123'. coL ('n \ ,.iIlanl, di's 18J
, à ce CJUC lcs prêlrcs sc familial'isasscnt 
;l\ cc la péda:;og-ic (I'Cuelf, Of}. cit., I, p. 332-313). Cf. Ie ltatlwlik, 18ß I, II, 
p. 3.J:'í-3H, annonçanl ct rcocomnhlmlanl am. prèlres un nou"eau manucl dc pé- 
d, !!og-ie IHlblié par Ohler, d,reclcur du sémÍ1ldire des inslilulcurs de :\la) cnce. 
. 3: 
ur Ie curicm.. mom cmcnl dc publicalions anlireligicuses qui se proJuisiL 
.J. I: ral
cfol'l, en 18G3 0 à la suil c du congl'ès calholique Lcnu dans cellc viIle, voir 
\ ell \ialcnllll, Prankfurt am J/,ân llud die licl'vlution von ISf8-18f.P, p. 500- 
:,11 
luU:::-art, Cotta. l!}OR), 



L'ltr.LISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHI
 93 


telcr I; ct Irs lois qui, tout de suite, s'élaLorÞrf\Dt 
en 'Vnrtf'nlhcrg et en Bade, et qui apparaissaient 
COllll11P lIne sorte de l'epl'é
aille de Ja puissance 
légisIaLive \ De furent à cerlains égards, en "
ur- 
temberg surtoul, qu'une adaptation de ces formules 
concordataires qu'on venait de déchirer. (( Pour ce 
qui regarde la substance du projet de loi, insinuait 
au cardinal Antonelli Ie nouveau Dlinistre "\yurtem- 
bergeois GoIther, l'intcntion du gouvernement est 
que, sons l'éserve des droils et des intérêts de l'État 
et des autres confessions, la précédente convention 
serve de base, en substance, à la nouve]]e législa- 
lion projetée 3. )) 
RuemeIin, appréciant plus tard la loi présenlée 
par son successeur Gol ther, pouvait écrire en tonte 
sincérité : (( Avec cettr Ioi, on n'a pas introdnit un 
nouveau syst(\me el un nouveau principe; elle n'a 
été que la continuation et l'achèven1ent des efforts 
antérieurs dll gouvprnen1ent civil en YUp d.nn 
arrangement acceplable pour les deux parLies. CeUc 
10i est tout 
t fait incompréhensible sans ia con- 
vention qui la prócpde 
 elle était, sans Ia conven- 
tion, tout. à fait impossible; cUe srrait encore, 
anjonrd'hui, inexécutable si Ia convention ne l'avait 


1. Stroch\iu, 0[1. cu., po 
:ij., signalc quc KeLLclcr a'.ail inslallé en lIps!'f', 
à la ùirecLion ùes cullc"" un << JésuiLe de robe courle >>, Ie Dr Fl'ancko 
20 Sur lcs Cill<f nouvelle., lois Ladoises, pul,Iiées Ie Hi oclobre 18QO, voir .Fried- 
Lerg, Vcr Staat will die l{atholische lÚrche in Baden seit clem Jalu'e 1860, 
p. 1-8 el 
37-
1-U (Leipzig, Duncker, i871); 'Iaas, op cil., p. ::!)7-45(ì; C'L Lauer, 
Ope cit., p. 
32-
37. - On Ll'OUVera dans Gollhcl', Ope cit., p. i58-547, Ie 
Ledc complcl du projel de loi \\ urtembcrgeois et de la loi défillÏlivemenL votée, 
promulguee Ie 30 janvier ISG
o 
3. Golther, Opt cit., p. 4:>70 - Sur Louis (.lolther (1823-187G), voir DIane. 
karls, Allgemeine deltlsche lJioqraphie, IX, p. 31-7-3-1>--. 



V
 


L 'ALLEl\L\.GNE RELIGIEUSt. 


précéùée; car cUe n'csl rien autre chose, en 
essence, qnp ceUe convention nle-me, transposée flu 
style ùe la Curic dans la phI'aséologie jUl'idique de 
l'i
tat. 1 )) De fait, dans trois États sur quatre, à'Vies- 
baden, à DaL'lllstadt, it Stuttgart, ips maXinl(ìS 
concorclataires, éconduites en lhéorie, continuaient 
d'être respectées, implicitement, par les minislères 
soucicux de la paix. Fragiles avaicnt été les con- 
cOI'dals; mais Ips ponrparlcrs qui les ayaipnt précé- 
dés laissaient un son venir durable, et ce souvpuir, 
à Iui seul, était une influence. 
nien d'étonnant, dt\s lors, qu' en dépit ùe l'iOl- 
poli te
se faile au Saint-Sirge par les gouvernc- 
Olcnts, la revue Lc Catholique de l\Iaycnce, au 
Jébut de 1863, jugeÙt la situation sans pcssinlÍsnle. 
(( Assurément, y lisait-on, les concordats fllrent 
rompus lorsque la journée de Sol férino ct Ie déve- 
loppenlent de l'èl'C libérale en Prusse eurent fait 
oscilJer, dans les cabinels secondaires, Ie point de 
vue ùu droit. Le libéralisme a traîné les droits de 
I'J
glise devant Ie fOl'Unl de la législation constitu- 
tionnelle. l\Iais les lois qui furent pnbliées nous 
ont donné plus de funlée que ùe feu, et dans l'en- 
senlble elIes se sont nlontrées inoifensives, puis- 
q
'elles l'econnaissenl en partie les droits d(ì 
l'Egiise, et puisqnr. pour Ie reste, eUes sont et 
resteront inapplicables. Lïssuc des orages cons- 
titulionneis est meillcure que nous Ie pensions. 


L Hl1emf'lin, Ope cit., p. 
07: (( Par cumplc, conLinue-t-il (po 320), là oil la 
conv('nlion flit: L'évêflUC SP mcLLra d'accord, préalablcment, avec Ie gouver- 
l1f'm('ul ro
al, la loi diL : L'a
I'émenl de l'EtaL est rcquis. )) 



L'ÉGLISE DANS LA PUUVINCE DU HAUT-RHIN 05 
Nous n 'avons ricn perdu, beaucoup gagné 1 )) 


IX 


En B
lde, cepûndant, une Chalnbre existaiL, 
prête à faire lllontre, sans ambages ni réserves. 
de ces (( droits de l'État )) que la nouvelle législa- 
lion venait d'affìrmer. Dans ceLLe te1'1'e badoise, oÙ 
les catholiques formeut les deux tiers de la popu- 
lation, une géomélrie éleclorale subtilrUlent con- 
certée reslreignait d'une singulière façon 1(\ 
nonlbre de leurs représentants: Ies circonscriplions 
éLaient fornlées de telle sorte que, dans la plupart 
a'enlre elles, Ie chiffre des catholiques n'atteignìt 
pas la moitié des électeurs 2 . La masse calholique 
rurale était sacrifiée aux agglomérations urbaines, 
où les protestants étaient plus llomhreux. .Ainsi la 
majorité parlcnlentaire représentait en réalité la 
minorité du pays. l\Iais c'était là une queslion de 
fait, indiITérente à Blunstschli et aux autres théo- 
riciens du droit public: teIle queUe, cette lnajorité 
personnifiait l'Élat; elIe avail droit, lelle queUe, 
å une obéissance sans restriction. 
Paruli d'innolnbrahles clauses peu satisfaisantes 
pour l'Église, Ie législateur badois de 1.860 affir- 


L lí.alholik., 11;63, I, p, i-. Com parer dau.; Ie 1'lwolo!]isclw8 Litaatw'blall, 
1
li!l, p. l3-H, uu cUl'ieU\. article de 1\1. Schulte, Ie rutur (( ,ieu
-catholique (e 0 
expliquant P0\1rIluoi Ics ChaUlhres Ilui r(
pudiaienl (es concol"llats donnèrent 
ccpendant à I"f;gIise une situalioll mcillcure que celIe qu'plle avait avant 18300 
2. Dans son ùiscours de 18GO, Kiefer, Ie parlemcntaire anLicathoIiquc, reCOl1- 
nuL que Ia force des catholiques à Ia Chambre n'équivalail pas à Ia force des 
catho\i'lues dans Ie pays \ Weech, Baclische Bio!Jraphien, V, po 3
2). 




}6 


t ".ALLE:\IAGNE RELIGIEUSE 


mail Iui-ml'me rantonomie de
 diverses confes- 
sions l, mn is ceUe formule toute plaLonique ajour- 
naiL Ja soluLion de beaucoup de questions de Jétail, 
que ]e Parlement et Ie nouveê
u nlinistère voulurent 
aborder de front. Libre nux ELats voisins d'acheter 
la paix rc1igicuse au prix d'enLentes quotidiennes, 
implicites, entre l'État et l'Église, au prix d'un 
certain nombre de petites tolérances de fait. signe 
ot gage de hon voisinage; l'État badois, lui, 
arLorait tout de suite les principes, avec la jouis- 

ance d' étaler sa souveraineté. (( Le grand-duché 
de Bade, proclamait I'historien Haeusser, occupe 
un poste avancé dans Ie combat que se ]ivrenl 
aujourd'hui dans toute I 'Europe les anlÎs du progrès 
el les partisans de la réaction. Que I'll1 b'anlonta- 
nisme tl'iomphe au milieu de nous, il recueillcra 
dans ton L(' }'.. \ llcnlagne ] es rrn its rle sa vi ("toi re, 
rOlllme ]e radicalisnlc en 1847 2 . )) II ne dép1aisait 
pas aux honlmes d'Élat de Carlsruhe d'entendre dit'e 
que Bade étaÏt une sorle de champ d' expérience 
ponr la politique anlicléricale, que les lois de laïci- 
sation s'essayaicnt dans ]a Forêt-Noire avant. de se 
Lransplanler en d'antres pays allemands, et que Ie 
gouvernement grand-ducal, scIon l'expression de 
l?uJ1scn, (( conlbattaÏt à l'avant-garde de tous Jes 
Elats décid(Ss à fail'e pl'évaloir contre Ie droit 
canon l'autonomie et. Irs droils des citoycns 3 )). I1
 


I 
Iaas, Ope cil., p. 40b-4-0n. 
J. Cilt
 dans Stroehlill. 0]). cit., p. 1:"6. 
:-1, llun
en, Die Zeichen tier Zeit, I, p. 183. - Dans un lout autre esprit 
quc Bunsen, Hoehmcl', Ie Iuthérlcn calholicisant, disait en mars 18Gi que Bade 
('Iait pour rAllemagne une tcrre où sc jouaicnt les dC51inées (ein Schicksals- 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU H
\UT-nHIN 91 


n'apportaient point, à vrai dire, dans un pareil 
cOlllbat, eeHe fianlme ù'apostolat, ce besoin de 
propagande exaltée, qui a\ aient poussé Ia France 
révollllionnaire it la conquêle du monde; mais iis 
aimaient que Bade apparCl! comme un État modèle, 
logiq uement construit d'après certains principes 
nlodernes, comme Ie développement vivant de 
certains théol'èmes politiques, comme l'illcarnalion 
de certaines abstractions augustes. Avec moins de 
fougue, et plus de distinction, un libéral badois 
des années 1860 à 1870 ressemblait singulièrement 
à un jacobin d'avant la Terreur 1 . 
C' était en qu elque sorte une religion que Ie libé- 
ralisme badois, avcc Bluntschli pour théologien; 
c'était Ia (( religion de I 'hulnanité, conlmunc à tous 
les peuples ci vilisés, reliant entre clIes touLes les 
religions historiques )). Ainsi parIait HI untschli 
dans une conférence tenne à Cologne 2 . II senlblait 
que dans sa pensée l'État fÚt appeh
, non pas, 
certes, it prendre la place de rÉglise, mais à faire 
que I'Église et lui ne fussent plus qu'un : l'ÉLat, 
dans l'organisnle de !'hlUl1anHé, l'cpréscntait l'é1é- 
nlent masculin, l'Église, l'élõmcnt féminin; el un 
sublime mariage s'accon1plissail, qui fcrait éc[atcr 


land) (Janssen, Boehmcrs Lcben ulld Bricf'e, I, p. 45G). - VOil' dans Dhml
chli, 
J)enkwuerdigcs, Ill. po 15, l'esf[uissc ù'un curiem.. parallèle cnll'c Ie lihéralismc 
Ladois cL Ie lilJé1'alisme Ïrançais; ot d. KcLLcl('r, La, lot cst-cUe La conscience 
I publiquc? trade {;yr, p. 4 (Bruxellos, Dévaux, 11-ìtW) : (( Lc granu-duché de l3ade 
aspire à l'honncul' ù'ètre lïûéal ûu gouverucmcnL UJodcmc. )) - 
L '( Hi('n de pius dcspotifJue tlliC Ie lihéralismc, i'cI'ivait au pcintre St'PiJllc, au 
sujcl de Bade, Ie diplomate autl'ichien Bl'enne1'o A la fin, il préfèrc abdttre los 
Lètes, no pouvant Ie's conlt'odiro. . (Steinle, B1'Ïctivl'I'hscl, II, p. 3f;80) 
2. BJunlschli, Denboucnliycs, III, p, 22
. 


IV. 


7 




s 


L' ALLE1\L\GNE RELIGIEUSE 


l"uniLé de la race humaine. Ces rêveries s'étalaicnt, 
dès :181.4, dans un livre de jeuness'e de Blunts
hli 1 : 
un État sc rencontrait enfìn, nlâle et viril, dans 
]cquel, vainelnent d'(1Ïlleurs, il cspérait devenir 
rrtinistre, ('t qui devait prendre assez nettement 
conscience de ses propres fonctions spiriluelles 
pour devenir répoux de l'Églisc, un époux qui 
serait seigneur et maître; un époux qui, du reste, 
deyenant rapidement infìdèle, altribuerait à la 
science Ie rôle jadis joué par l'Église 2. 
l\insi ressuscilait pour l'Église badoise ]a menace 
d'unc scrviludp nouyelle, plus terrible peut-êtrc 
que celle dont la vcille clIe s'éLait affranchie. Car, 
lorsqn'clle n'avaiL affaire qu'it ]a bureaucratic, des 
dénlarches personnclles al1près du grand-due, 
Inolcur uniqur eL souvcrain de cet. organismc 
jnlpopulairc, pouvaienl atlénucr les abus, arrêter 
les cxcès tIr pouyoir. 1\lais òésornlais, cr n'(\lait 
plus avec l'administration, c'étail avec la loi, 
avec nne prétendue (( conscience publique )) 
incarnée par une nlajorité, que rÉglise aurait à 
conlptcr. EL puis, la bureaucratic, naguère, oppri- 
nlait d'un poids égal les deux confessions chré- 
tiennes : elle régnait sur rÉglise protestante avec 
autant d'absoluHsmc que sur l'Église romaine, 
avec plus d'absolutisme mênle, puisque, dans l'éta- 
hlissement protestant., sa domination était fort peu 


1. nluntschli, l'sychologisclw Studien. ueber Staat tlnd IÚrche, p. 31-3g d 
8lì-87 (7urich, B('
cl. 18-1,4). 
2. Das Paplstum vor der napolcQlIischcll und der dcutschell Politi!.: (pcrit 
anon
'm(\ de Bluntschli. Berlin, 
pring(>r, 1.860)0 - B111ntschli. Dcnkw1lcrdigc8, 
II, p. !i4-
i(). 



J:I
GLISE DANS LA PROVINCE nu IIAUT-RHTN !>9 
contestée. Au conLrail'e, Ie progran1me d'un homme 
politique COll1me Jolly \ tel qu'il l'exposait Jui- 
même dès iR60, comporlait l'émancipation de 
l'Église pl'otestante : on relâcherait les chaînes 
dans lesquelles Ie souverain ]aÏque l'avait trop 
long temps en1prisonnée; les paroisscs protestantes 
seraient gratifiécs d'unc libcrté jusqu'alors incon- 
nue; et d'une pareille nouveauté Jolly croyait pou- 
voir attendre deux avanlages : il esp(-rait qu'à la 
faveur de cette indépcndance des fidi']es une réac- 
tion s'opércrait, bien vite, contre Ie rigorisme dog- 
matique de l'orlhodoxie protestantp, délcslé par 
les homn1es d'État elu (( libéra] ismr )); et puis il 
se flaltait que l'exemple des paroisses protestantes, 
maitrcsses d'elIcs-mên1cs, serait pour les paroisscs 
catholiques une séduction constante, une perpé- 
tuelJp invite à secouer ]e joug de Ia hiérarchie 
ron1ainc 2. La puissance bureaucraliqup a vait asservi 
les deux Itglises ; la puissance législaLive, son héri- 
tière, devail, d'après Ie plan de Jolly, émanciper 
l'une et asservir l'aulre. 
On avait, dans la loi de 1860, proclamé en prin- 
cipe l'autonoD1ie de I'ÉgJisc romaine; mais de 


t. Sur Jules Jolly (1823-1891), voir Goldschmil, dans Weech, Badische llio- 
/1'aphien, V, p. 3
i-352; - Baumgarten-Jolly, Staatsminister Jully. (TuLillgue, 
:.aupp, 1897). 
2. Baumgarlen-Jolly, Ope cit., p. 44. - Sur l'antipathie de Jolly pOl11' Ie pro- 
eslanlisme orthoùoxe, voir Baum
arLen-JoHy, opo cit., p. 11.4. - Yoir dans 

Iuntschli, Denkwuel'digcs, Ill, po 13, des r1éLails sur la constitution plus démo- 
-ratiquc donnée Ie :> septelllbre 18Gl à l'églisc évangHÍ!Juc Ladoise, eL II I, p. 2.,3- 
:57, Ie grand discours qu'il prononça en ocLobre 1869 au Protestantentag de 

erliJ), et dans lequel il opposa l'opinion de la (( communauté j) aux ,-isées de 
a hiél'archie. - J.e lhéologien DanicJ SchenkcJ (1R f 3-188:> ) (Weech, Badische 
/io(/raphien, IV, p. 383-400) eL Ie jurisle Bluntschli favorisaienl dans le grand- 
nch{' un mouw'melÜ lrès << libéral )) r1an., ](' s('in rlu prot('slanLismc. 



too 


L' ALLEIUAGNE REl.IGIEUSE 


crraves difficnH6s ne tardèrent pas tl surgir pour la 
o , 
collation de certaines cures sur lesquelles 11
Lat 
possédail un droit de patronat 1 ; et plus reLentis- 
santr encore fut une lutle plcine d'étrDngeté, qui 
s'engagca entre Ie nlinisLère et Vicari, pour la 
nomination d'unc supérieure dans ]e pensionnat de 
jeunes filles J'Adelhausen. Parmi les, religieuses de 
l'cndroit, l'Etat avait son parti, ct ] 'Eglise Ie sien; 
l'Élat tenait bon pour sa candidate, ]"Églisc pour la 
sienne. On finit par voir Jolly, Ie futur premier 
ministre, faire une descente au couvent, et revèLir, 
lui-mêmc, de sos insignes rcligieux, Ia supérioure 
nommée par l'ÉLat: ainsi procédait-il en s'appuyant 
sur un arrêté gouvcrnemenlaJ de ]'année i8!!. On 
devine ce que pouvait être un parcil couvcnl, avec 
ses nonnes (( libérales )) ot 
es nonnes catholiques. 
Entre les unes et Ics autres, on se disputail au 
sujct des ll10ts : <( Loué soU Jésus-Christ, )) que 
les enfants ont souvent sur les lèyres òans les 
écoles d'j\llcmagne. Les Donnes (( libérales )) détcs- 
Laicnl cette fornlulc; une d'elles finit par Ia 
prohiber. Devant tontc la classe, l'aumônier la 
gronda; et l'État, alors, chassa l'aumônicr. L'ar- 
chevêque évof(ua la libcrté de rÉglise; c'étail 
évoquer un fantôme 2. 
On avait, dans les pourpar]ers avec Vicari qui 
suivircnlla loi de 1860, promis à l'Église que les 


t. hicdùf'rg, })er Staal uud die lí.atlwlische lÙ,t'c!te. p. 0-J2 el 2 *1j-
70. 
- itlaas,op. cit., p. 48::' 
J. }<'riedberg, Der Staat 'lmd dil' Aillholi.
chc /íirchc, p. ;'8-Ð1 C'L 
7
-31.J. _ 
Maa
, Ope cit., p. 5íW-:i3:j. 



L'ÉGLISE DANS IJA PROVINCE DU HAUT-RHIN 101 
fond[\ lious picusrs donl rUe disposait lui scraÎ.ent 
fidpl
lnent conservées ; mais tout de suite, par des 
biais ingénicl1x, l'adn1inisl nllion revendiqua un 
certain nombre de ces fondalionst, et en affecta Ie 
revenu à des u'uvrcs d'enseignenlent 2 . Or, à celle 
époqur mênle, les idées émises par l'écononliste 
I{nies 3 sur la réorganisation, - nous dirions sur 
Ia laïcisation - de l"enseignelllent pi'inlaire, pas- 
saient pen à peu dans la législation : un nouveau 
projct scolaire rOlllpait la plupart des liens par Ies- 
q uels l' école tenait à l'ÉgIise, créait pour la surveil- 
lance de l'école des conseils scolaires COllIIDunaux 
ùont Ie présiùcnt étaÏt nonlmé par Ie gouvcrnelllcnt 
et dans lesquels Ie curé ne siégeait plus lllêllle à 
tÏlre pernlanent, nlais seulement COlllnlC dispensa- 
leur de l'instl'uction rcligieuse 
 : ainsi l'Église, du 
nlênlC coup, voyait l'enseignenlcnt lui échappcr et 
une partie de ses fondations pieuses servir à l'cn- 
lrelicn d'initiatives scolaires auxquelles eUe devait 
rester étrangère. Le clcrgé denlanda vaincment 


1. Lauer, O[Jo cilo, po 
:i8-

i!). 

. FrieùLerg, Dc'/' Staal unci lite I\.atlwlischc IÚ1'c!w, p. 138-1x
 el 4H-47J. 
- l\laas, Ope cilo, p. 483-502. 
3. Sur Charle<;-GusLave-Aùolphe Knies (1821-18!J8), voir la noLice de Blend, 
dans ßeUelhcim, /Jiofll'llphisches In/lI'buclt, IS!J
, p. 110-112 (Dedin, RcimcI', 
lÐOO). - te mémoire de Knics se tcrminait par 4
 thèses (Iui résumaicnl ses 
principcs: Knies demandait (Inc l'imporlauee de l'enscignement religicm;: flll 
l'éùuiLe, flu'jJ demenrâl obligaloire << taut (Ju'il ne meltraiL pas en péril la desLi- 
nation ci\-ifJuc de l't;cole JI, flue h
 prèll'e ccssât tl'ètre légalcmellt inspectcur de 
I'école, (Iue Ie service de sonncnr, sacristaiu, organiste, ftit sépdré des fonctions 
IïnsLÏtuteur, et flu'on s'al'heminåL vel'S une école mide avee enseignements 

unressiollllels distillels (Lauer, Ope cito, p. 247-24!J)0 Vieari rél'lÏlIua par un 
nl-moire au travail de Knics. 
4. Sur la loi scolaire de 186 i, et les conflil s auxquels elle donna lieu, voir 
-:'rif'dherg, J)IT ,,",'taat unci die Jí.nlholiscí/(' Iiil'clte, p. 74-104 ct 310-iW7, el 
Haas, 01'0 cit., po ïïR-fî1:;o 



i02 


L' ALLElUAGNE RELIGIEUSE 


qu'avant Ie vote de cette loi nouvelle sur l'ins- 
Lruclion l'Étal fit accueil it ses doléances et tra- 
vaiUât à une entente 1. Le 29 juillet 1864, la loi 
fut volée. Alors Vicari s'insurgea. Le nlinistère 
badois riposla par des menaces, et des groupes de 
prêlres, se jugeant provoqués par In. parole minis- 
térielle, demandèrent réparation : en 1864, nloins 
de cinq ans après Ie concordat, la guerre reli- 
gieuse était raUunlée dans Ie grand-duché. Vicari 
défendit que les prêtres et que les fidèles entras- 
sent dans les nouveaux conseils scolaires, et que 
Ie cJergé nlênlC gardât aucun rapport avec les auto- 
rités de l'école réorganisée 2 ; et rorgane badois 
du protesLantisnle orthodoxe applaudissait discrè- 
tenlent à cette insurrection de l' archevêquc contre 
l'esprit de laïcisaLion. Pie IX intervenait pour 
féliciler Vicari de sa fermeté 3. Un con1n1erçant 
calholique de IIeidelberg, Jacob Lindau, se nlit à 
courir Ie pays; il groupait les populations, leur 
signifiait la défense de I'archevêque; et de village 
en vilJage se propageait la grève des électcurs, 
vainenlent convoqués par I'État pour la nOlnina- 
tion des conseils scolaires. Dans la ville d'I-Ieidel- 
herg, il ne 
e trouva que 264 calholiques pour 
aUeI' voter.. Ces éleclions furent risibles : sur 
100 calholiques, 27 seulement en n10yenne y prirent 


1. l\Iaas, Ope cit., p. 59.!-5!)3. 
2. 
laas, Ope cit., po GOO. 
.3 tc L
.ef de Pic IX, du 14, juillet 18ti4, est publié dans I'Archiv fÜl' kalllO- 
Izscltes Jurchew'echt, .111, p. 

J et lraduit dans Ie Ilecueil de,y allocutio1ls, 
encycliques, lellres citées daus ie Syllabus, po 50G-513 (Paris, Leclère, 18G50) 
40 Sur Lindau (183:
-18!,8), voir Weech, lJadisclte Biograpltien, Y, p. 5
40 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-HHIN 103 
parP. L'État renonça à tout quonun,. partout.où 
trois électeurs se présentèront nux urnes, on con- 
sidéra leur vote comme valable et Ie conseil comme 
constitué; et si les conseillers ainsi désignés rofu- 
saient de siéger, ils étaiel1t frappés d'alnendes 2 . Si 
la journée de vote s'élait passéc sans qu'on eût vu 
venir trois électeurs - Ie cas se présenta dans 
U5 comnlunes - I' État constituait d'office un con- 
seil scolaire, pour un an, avec quelques fonction- 
naires qui n'avaient pas Ie droit de se dérober. 
La belle tâche de veiller sur l' école se présentait 
au regard des ci toyens badois conlnle une sorle de 
corvée publique, sanclionnée par des menaees 
pénales, inquiétante pour la conscience : l' école 
souffrait, Ie prestige de l'État souffrait, ell'ensei- 
gnenlent reljgieux à l' éco] e devenait, en fait, 
inlpossihle. Des catholiques se rencontraienl ot 
non des moindl'cs, pour estimer que Ie prètre, 
après les protestations séantes, aurait dÙ prendre 
sa place dans ces non voaux conseils scolaires, s'y 
entourer de bons catholiques et réduire à néant, 
ainsi, les intentions hostiles des auteurs de la loi ; 
c'élait I'avis du futur archevèque Orbin 3 , et c'élait 
l'avis, aussi, du grand publiciste ...\lban Stolz t. 


1. Lauer, op 0 cit., p. 
.) I. C f. Ie ùiscours ùe Lindau au congrès catholiq ue 
de Tl'èves en 18Gj (1'edtaudlunyclt, p. 
04-20;j). 
2. Lcs amendes qui fl'appèrcnt les famiUes catholiques dans ccrlaines com- 
munes attcignircnt parfois 500 à 700 florins (KeLLelcr, La loi est-elle 1a cons- 
cience puólique ? lrado Gyr, p. 8). 
3. Wcech, lJrldi.çche Hio[jrapltien, IV, p. 301,. - A la fin de novemLre 18G8, 
rentrcr dans l'écolc scra le væu général des curés. 
4. Hacgele, A..lóan Sto1
, p. 199. - Stolz ùOailleurs, à ceLle époquc, multipliait 
les brochmcs de propagande conlre lcs nouveaulés scolaires. 


LIBRARY ST. MARY'S COllEGE 



f04 


1. 'j-\LLEJT AGNE nELIGIEUSE 


LOl'sque Ie loup prend un enfant,. disnit-il, ]a lllèrC' 
Loude-l-rl1r, ou court-rIle après Ie Ioup
? II appli- 
quail l'apologuo à la n1ère Église. 1\1ais la 111ère 
I
glisc continuait de bouder, parce qu'une grando 
partie du peuple catholique boudait avpc elle, parce 
qu'onviron 400 pétilions, groupant 37.000 signa- 
tures, réclanlaiont du grand-duc Ie changement de 
la loi, parce que la loi même devenait un prétexie 
à une agitation religiouse constante, e1 parce que 
cotte agitation religieuse, enfin, faisait rspérer Ia 
formation d'un parti populaire catholiquc semblable 
à celui qui depuis quatorzo ans défendait Ie caLhoIi- 
cisll1e prussien. C'élait un beau tribun que Jacob 
Lindau: il imagina co qu'il appelait ]es (( casinos 
ambulanls 1 }). Avec des escouades de conférenciers, 
il s'en allaiL de bourgade en bourgade pour prêcher 
la résistance passive it la Ioi. Lorsque Ie (( casino )} 
de l\Iannheim, Ie 23 février 18G5, cut donné lieu 
à des troubles, ]e gouvcrnemont intcrdit les 
(( casinos ))? Les (unendos continuaient de pleu- 
voir pour châtier les catholiques de leur force 
ù'inerlie, d'autant plus obslinée qu"on la conlrai- 
gnait de res leI' mueHe : I\:eHcler réclau1ait en leur 
faveur IÏnlervrnlion do François-Joseph 3 , ot, à Ja 
premièro Chambre, Ie baron d'Andlau interpel1ait 
. 


1. Weech, 0))0 cit., Y, p. ï24. 
2. }'cl'It{l1l(l
ull(fc1L dcr Gencl'ltl- Verswnrnlu1t!l {Ic}' /{atllOlisc!lcll rC1't'ÍJiC 
f)putschlrOHls 111 T,'icl' (I Rft:i), p. :.!Oti (ÙÍscours de Lindau). 
3: 1'f
lClf, llcUclcl O , H, p. 
27 el suiv. - Le IlatllOlik, 18fti-, IT p. :JG3-:!lit, sC' 
l
lalgnall que les évèques clu Sud, à l'occasion de ce conrIil, ne 'donn:lsspn( p.,'; 
I C'Xt'lI1ple de solid.trill"' flu'a\-aicnl sonvent dOllllP 'ps C;Vêfl'lC's prus::;icns. 

. Sur Anùlau. voir noLre Lome III, p. fì
l, no 2. 



L'Ér.LISE DA
S LA PROVINCE nu HAUT-IUIIN 105 


.Alors 1(\ minislre Lanley 1 jf\La, du haut de la iri- 
hunc L:Hloise, une phrase lunlineusc qui résnnla"j I, 
sans qu'il Ie voulCll, tonte la philosophi(\ ÒU <'0]1- 
flit. On Iui reprochaiL de porLer atLeinLe à la cons- 
cience des citoyens : (( La loi, répliqua-t-il, est la 
vraie conscience publique; et c' est tant pis pour 
celui qui, à côté et au-dcssus de la loi, veut possé- 
del' une conscience privée; qu'il paie l'amende ! )) 
En deux phrases, Lamey avail défini l'antago- 
nisme; mais Ie définir, c'était raccentuer. Deux 
prine-ipes donc s
affrontaienl : Ie droit de la nlajo- 
rilÖ parlementaire et Ie droit privé des cons- 
ciences. Lanley luttaÏt pour Ie pren1Îcr droit, 
Vicari pour Ie second. 
En soulignant ainsi Ie conlraste, Lamey rendail 
un service à l'opposilion catholique : i1 cmpêchait 
]e peuple de s'endormir; sa voix reLentissantc, 
I autorisée, posait la question, comme I'avaient 
posée, dans les casinos, les orateurs catholiques 
auxquels il avail fermé la bonche; el la question 
se réSUl11ait en une luLLe entre deux souveraine- 
tés : la souveraineté des pouvoirs hUlllains, donl 
Lamey était un super be avocat, ct ]a souveraincLé 
des conf:ciences, dociles échos de Dieu. Deux essais 
de conf6rences entre les représentants de l'Églisc 
ct ceux du pouvoir civil échouèrent lanlentable- 
mcnt 2 . Du fond de son évèché de 
1ayence, I(et- 
teler lança deux hrochures successives pour 


1. Sur AugusLc Lanll"!y (18üü-18%), voil' Lewald, dans WCl'ch, JJlllisc!lI' 
ß iO!li'll}Jhicn, Y, po 4:>3-505. 
I 2. 
1aa." npo cilo, p. öt:.i ct suiv. 
I 



t06 L' ALLEMAGNE RELIGIEUSE 
dénoncer l'esprit d'abso]utisme. de Lamey! et POUl 
montrer dans l'absolutisme di vin la garantic 
suprème des liherlés humaines. Puis derechef, it 
In. première Chanlbre, Ie prince Charles de Loe- 
,venstein interpelJa : il demanda si les ministre
 
du grand-due reconnaissaienl un Dietl au-dessu
 
d'eux. Lanley, pour toute réponse, se contcnta d'in- 
vectiver contre la brochure de l{eUeIer. Le prince 
Guillaume de Bade, qui présidait In. Chambre, 
intervint à son tour: (( Ce pamphlet, dil-il, est sj 
antibadois, que ce serait un crin1e de trahison 
d'idenLifier l'opinion de l(etteler avec celle de la 
Chambre Haute. )) On vit en eITet cette assemhlée 
repousser la mise en accusation de Lan1ey 2; et Ie 
ministre prépal'ait nne seconde loi scolaire, 10rs- 
que In. journée de Sado\va, entraÎnant la chute du 
cabinet, fit tomber Ie portefeuille de Lall1ey 3 entre 
les mains d.un de 5es subordonnés, Jules Jolly. 


x 


Lo subordonné, depuis cinq ans, déplorail la 
liédeur du maître; il lui semLlait que Lanlcy 
parlait trop, négociait trop, discutait trop, et que 


1. KeLlc1er, La Lvi est-eilc La conscience publifjue ? tra<1. G)r. -- Die 
VerhandLuny in dcr erslen Kammer der Staende 
tl Carls1'lthe am 17 .!IIau:; 
18GIÌ uebel" das GCWi88cn (Maycnce, Kirchheim, 18tiO). - Pfuelf, l1.ctlelcl', I J, 
po 234-2U. 
2. f'fuclC, li.etleLcl', II, p. 236-24.1. 
::. u Il mdnquail à tamey l"éoergie <1u vérilable hommc d'Élat ", dit 
Ilo.bcrt 1\1oh1, Lebenserinnc1"ull!Jen, II, p. 14,3, qui ll'est pas beaucoup plus hicll- 
HII.lanl po
r Jolly, et qui raconLc que, commc privatdocent à la faculLé de 
drOlL de lIeluelbeq" Jolly avail médiocrcmcllL réussi (11, p. 141). 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 107 
la question religieuse devait être traitée d'unc 
autre fnçon. Elle étaÏt à ses ycux (( l'une des pre- 
mières pour toute l'Allemagne, mêlne pour l' en- 
semble du dévcloppemcnt humain 1 )); et l'on ne 
pouvait se plaindre que, théoriquement, il en 
diminuât l'in1portancc. 
lais, pratiquement, il 
voulait que lcs conflits religieux fussent réglés, 
d'une façon presque mécanique, par la magistra- 
ture, servante de Ia ]oi : (( 1\1a taclique principale, 
expliquait-iI, est de rendre toutes Ies collisions 
entre l'État et l'Église susceplibles d'une solution 
judiciaire : on y arrivera en frappant de pénalilé 
toute infraction aux ordonnances de Initoyenncté 
édictées par l'Étal 2 . )) On eÙt dit souvent, à ]'en- 
tendre, que Ie con1bat contre l'Église lui ins- 
pirait une sorte de satiété : (( Cela m'cntrave, 
disaiL-il volontiers, dans ma besogne d'nnification 
nationale et d'organisation de l'enseignen1ent 
public 3. )) Apportant sa solution pcrsonnelle de la 
question cléricale, ayanl des Inagistrals chargés de 
1a n1cltre en vigueur, pourquoi continuait-on de 
l'obséder, à la Chan1bre, avec les affaires des 
prèlres ! Elles ne regardaient plus que les juges, 
et, s'il Ie fallaH, Irs gcòliers. 
V olontiers Lamey se fût efforcé de prou vel' 
qu' entre sa politique religicuse et les déclarations 
]égislatives de 1860 sur l'autonomie de l'Églisc, 
il n'y avait pas d'incompabilité. C'est un effort dont 


1. Baumgarlen-Joll
, opo cit 0' po 4
. 
2. Baumgarten-Jolly, Ope cit., po 43. 
3. Baumgarlen-Jolly, op, cito, p. 1 H. 



1 O
 L 'ALLEl'tIAGNE RELIGIEUSE 
.Jolly se fÙt dispcnsé. Pour lui, Ie libt;ra]isnH' d(l 
1848, dont on retrollvait encore quelques infiltra- 
(iOllS dans la Joi de 1860, n' était qu'unc duperie. 

c pouvait ("tre ]ibre qu'un ppuple atfranchi dt' 
r (( ultt'amontanismc )) ; c' était done travaillcr pour 
la (( Jiberté )) quP de refuser à cet (( ulLran10nta- 
nisllle )) les libertés qu'il réc]amait. 
t\.ccuser une 
religion d' ètre intolérante et puis la tracasser, 
c 'était encore une façon de venger la tolérancc, 
sinon de la pratiqucr. Le (( libéralisn1e )) de 184H 
avait marqué une réaction contre Ie joséphisme : 
très sincèrement, très neHernent, ainsi que l'avait 
fait prévoir dès t8G3 une brochure du chanoine 
Ilcinrich 1, Ie libéralisn1e badois, avec Jules Jolly, 
achcyait un mouven1ent de retour vel'S Ie josé- 
phisme. (( .J'adopte, cela va de soi, écrivait-il. Ie 
grand principe que l'Église est dans l'État et sou- 
n1ise à 1 'État. En regard ù'une pratique de tâton- 
llClncnls perplexes, qui dure depuis des années, 
en regard ò'une théorie débile, qui depuis des 
annécs aussi se dé bat dans une sorte de quaùra- 
lure ùu cercle avec la fOl'Q1lIle d'une juxtaposition 
de l'ÉlaL et de l'Église, el de leur pleine indépcn- 
dance réciproqne, ce principe si clair, si décisif, 
fait l'eITeL d'une libation à une source d'cau fraÎ- 
che:!. )) (( Vis-it-vis de]a logiquc romaine, disait-il 
(1ncol'e, il faut unp Jogiqu(' laïqnc non n10ins 
rigourcuse. Sous couleur de combaUre la burcau- 


1. l!?iul'ich, Dic llcllctiun dcs sO!Jcnannten Fol'lschl'illcs yeqen die P,'cihcil 
,1"1' 11 tI'clw unci des 1'eli!/locSelt Lebcus (:\la
 cncc, Kil'chhcim, 1
6

). 

. Baum,Zarlcn-Jolly, OJío rilo, po 43. 



L'ÉGLISE DANS I.A PROVINCE DU HAUT-RHIN 109 


cratie, on a miné la subordination à l'

taL IJ faut 
rcnleUre en honneur la pensée fondamenlale rIu 
joséphisme et trouver de nouvelles formes 1. )) 
Aussi souple dans sa tactique, - nous dirions 
volontiel's aussi opportunisle, - qu'il étaÏt absol u 
dans ses idécs, it ne voulait pas de coup de force 
contre l'Église; les nlots trop vifs, lllênle, lul 
déplaisai{\nt. Les groupes les plus agités de la 
seconde Chambre dépassaient l'anticléricalisme de 
.Jolly; In prenlière Chanlbre a vail peine à Ie suivrc. 
Il réconciliait ccs cxtrêmes en continuant à lllarcher 
de son propre pas. Aux uns, adversaires de toute 
écolc confessionnelle, it signifiait pour les faire 
tenir calmes : (( J e ne crois pas qu'une école sans 
Église puisse so réaliser sans de lrès sérieusps 
secousses 2. )) .L\ux autres, qui so plaignaient de son 
projet de loi sur Ia laïcisalion des fOlldalions bicn- 
faisantes, il représentait que ce projet Iaissait 
encore quelque place nux prêtres; que, si on ne 
Ie votait pas, la législature suivanle l' empirerait; 
que l'agitation cléricale serait accrue 3 . II maniait 
deux menaces, doni il jouait tour à tour : (( Garc 
à VOllS si vous agitcz trop Ie pays, )) disait-il à la 
seconde Chambre. Puis se tournant vcrs ]a pre- 


1. Baumgarlcn-Jon
, 0]1. cit., p. 44,. - II L'ÉlaL, e"pliqnaiL cncore Jolly, cJl.crcc 
ell Loul ùomaillc une aulol'ilé absoluc; il ne dépend de pCl'sonne; lons ks 
aul1'es pomoirs, y compris I'Églisc, lui doivcnl ohéissance. L'ÉgJisc, au co/J- 
Lraire, même dans sa sph
re parliculière
 ne peuL prélendre à l'autollomie (lue 
sons la r
servc de la suzCloainclé de l'Étato La snzerainctó, rf'après son CC;SCIICC', 
ne comporle aucune reslriction; en vcrlu même tic son principe, faulonomie 
csllilllitée partoul pouvoir qui sc troúve au-dcssu!? d'cne. )) (Slrochlin, op. cil., 
p. IT7.) 
20 Baumgarlcn-Jolly, cpo cil., p. G4. 
3. BaumgarlC'u-JoUy. opo cito, po 15G el suiv. 


. ."',.. nv C'T ..0 
 ",v'e 


nl , r .1= 



1 to 


L' AT.T.F.l\IAGNF: RELIGIF.USE 


lllll\re Chan1Lre : (( Gare à vous, reprenait-il, si 
par suite de vos résistances Ie pays vient à s'agiter 
contre vous ! )) Entre l'automne de l868 et Ie mois 
de mai 1869, de graves lézardes survinrent dans 
]a majorilé qui soutenait Jolly; les principaux 
chefs liLéraux, BlunLschli, Lamey, I{iefer, com- 
plotaienL contre ce bureaucrate parycnu qui pré- 
tendait à leur docilité passive; Ie vieux patrio- 
tisme badois, par surcroît, était offusqué de yoir 
Ie portefeuille de la Guerrc entre les mains d'un 
Prus
ien; Ie ministrrc était en danger 1. Jolly parla 
du péril cléricaJ, et Ie bloc Iibtíra I se reconstitua, 
fidèle, dcn>ii\re un n1inistère que les prêtres redou- 
taient. Sur les lèvres de Jo]]y, l'argument était 
mieux qu'un artifice, iJ énonçaiL une conviction. 
Syslématiqucment, Jolly idcntifiait nalionalisme 
et allticléricalisn1e : (( Pour un gonvefnel11enL 
natiollnl, écriyait-il un jour, il ne peut y avoir 
d'autre base qu'un anticléricalisme tranchant 2 . )) 
Aussi Kelteler pouvait-il dire, en l867, qu'il n'cxis- 
tait qu'un pays OÙ les catholiques soulfrissent 
plus qu'cn Hade, la Pologne:3. Les bourgmestres de 
FribouJ>g, de Constance, d'autres vi]les encore, 
orienlaient leurs municipalités con1ll1e Ie premier 
nlinis lre orientait l'É tat It : l' anlicléricalisn1c s' é ta- 


10 
ur co connit., connu souo; Ie nom de connït d'Offcnhurg, voir Baumg-art('n- 
Jolly, Ope cit., p. UI-HG, ct Blunlschli, lJf'lIkwuadivcs, III, p. 239-
4G. 
Jolly, écril munlschli, Ope cito, [II, p. 186, youlait pIulôt (( administr('r burcau- 
cralirlucmenl que gouvcrner poliLiquemcnt. I) - Voir sur Frédéric Kiefr'r (1830. 
1895), Haass, dans W ('ech, lJlldische lJiogl'aphien, V, po 3í4,-397. 
20 Baumgarlcn-Joll
', Ope cito, p. 159. 
30 rrurlf, l\Pttelcl', I, p. 39
. 
4. Stromr
'l'r, Lourgmcslrc de Con<;lanc('. prohibao commc (( une houle Ð. la 



J.'
:r.J.ISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 1 i 1 


lait dans les programmes municipaux; entrc les 
hâtels de ville et les presbytères, des cscarn10U- 
chcs se livraient. 
Adieu, désorn1ais, aux derniers restes de liberté 
que l'Église badoise se flattait encore de pos- 
séder. Etait-ce à la domination de l'Église ou bien 
à sa liberté que Jolly s'attaquait par l'institution 
du mariage civil obligatoire 1, par l'introduction 
dans les écoles d'un livre de lecture systématique- 
ment étranger à toute idée confessionnelle 2, et par 
la loi sco]aire de 1.868, qui permettait aux com- 
munes de créer des écoles neutres 3? C'éiaient lit 
des questions 
ur lesquelles les partis pouvaient 
longuement épiloguer, sans parvenir it s'entendre, 
et l'on ne pouvait nier que les fêtes bruyantes de 
1
69, par ]esquelles, tout de suite, la ville de IIei- 
del berg célébrait l'école neutre camme une (( dé- 


réunion dans c('U(' "ille (111 congrès des f'al.holi((lH's aHemands, (( pal'lisans du Syl- 
labus ct de la ùominalion des prêlres )) (May, Gcschichte cler /1.atholikcrc- \"el'- 
samílllunyell, p. 188). - SUI' 1(' long conf1il {Iui s'engagea, en 1868, enl.re le 
bourgmeslre Slrompym' d'tme part. l'adminislrateur {>piscopal Kuebcl et Ie curé 
BUl'ger, d'aulre part, au sujel (Ie la confiscalion par Strom eyer des biens ùe 
l'hôpilal de Conslånce; sur l'excommunicalion de Slromeyer, el sur l'acquilte- 
ment de Kuebel devanlles tribunam, voir Fl'iedberg, De1' Staat und die Katlw- 
lische Kirche, p. 
15-
34, et 505-53ï, et Lauer, Ope cilo, p. 2800 
1. Baum
arten-Jolly, op. cit., p. 160. - Fl'ieùberg, DC1'Staat und die J{a- 
tlwlischc IÙrche, po (j!)-73 et 315-340. 
2. Sur lïncidenl rf'lalif à ce Lescbuch, dont l'auteur élail rOúel'uhullYlth 
Pflueger, sur les poursui les contre les pr?tres qui en allafJuì'rcnt l'emploi, el SUl' 
leur acquitlemenl définitif par Ie tribunal suprème, voir Friedberg, Del' Staat 
und die IÚdlwli!lclte IÚl'che, p. 1:10-137 f't 432-4-41, el l\laas, Ope cit., po G13 
cl suiv. 
3. Friedberg, Del' Staat und die I\atholiscltf' I{irche, p. 104-12[\ et 36ï-432. 
CcHe loi du 8 mars 1868 .réalisail l'idéal naguère dessiné par Knies (voir ci- 
ùessus, po 101). En fail, I'Elal badois ctles thèoriciens flui l'inspiraient redou- 
taienl de prendre cux-mêmes !'initialive de créer des (-coles d'où loute idée con- 
fessionnelle fùt bannie (cf. Blunlschli, DcnkwucJ"(li{jcs, If(, p. 90 el 1(5); mais 
ils élaicnl l.rès heureux flue les communes en eussenlla hardiessc et qu'elles 
en affronlas!"ent les risques. 



H.2 


L'ALLEIUAGNE RELIGIEUSE 


faite des ultl'amontains 1 )), fussent susceptiblef 
de justifier les inquiétudes de l'Église. nlais, d( 
tou te évidence, l'inuépcnllance de l'.Église étail 
lésée par In. clause de la loi scoIail'e d' aprèt 
Iaquclle toule congrégation reIigieuse désireus( 
de fonder une école devait y être autorisée pal 
une Ioi spéciaIe; et l' 

tat, au mAme instant, sem- 
blaH plus soucieux de fermer de teUrs écoles que 
d'en ]aisser s'ouvrir de nouvelles 2. 
Jolly inlervcnait, plus in1périeusement encore 
que Lan1ey, dans la vie intérieure du pensionna1 
d' AdeIhausen : pour donner Ie voile it deux pos- 
luIantes dont Ie pouvoir civil appréciait resprit, 
l'archevêque exigeait d'eHes certaines décIaration
 
d'ordre ecclésiastique ; eUes les refusèrent, furent 
privées du voile; alors l'État badois vengea 8es 
deux protégées, en fermant ]a maison, dont tous 
les Liens fueon! données à Ia ville de Fribourg 3. 
Un s'émut ViVe111ent, parmi Ies catholiques, d' une 
aussi rapide désaffectation; et l"émoi s'accrut Io1's- 
que la petitc société rcligieuse dcs TCl'Liaires du 
Lindenberg fut di
soute, en 1S69, so us Ie prétextc 
qu'ellc était une congrégaLion't. Une loi se pré- 
parait enfin, qui fut votée en i870, et qui, SOllS 
lcs regards in1puissants des fidèles
 enlevait au 


1. l3lulllschli, LJcnlacucrdigcs, III, p. 250. 
J. I.c {I.'ojcl dc loi avail slipulé sculemenl flue l'autorisation de l'Úal scrail 
uéccssairc ; ce fut la Chambre qui déciùa que celle aulorisalion devrail sc 
lraduil'e 
Ol1S ld rOL'mC ll'UllC loi. 
3. /1. P. JJo, 1869, (, p. JIG-ä
9 et tllGtJ-IOIG. - 
laas, Ope cito, po 535-543. 
4. Frieùberg, Dc)' Staat unci die J(atholische HÜ'chc, p. tJ
-680 - l\laas, 
(Jp. cit., po 5!

} ('I suiv. - Baumgarten-Jolly, 0]1, cit., p. HI-H2. 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 113 
patrimoine des Églises catholiques ou protestantes 
20 millions de n1arks de fondations pieuses j. 
Après la vie conventuelle, après la propriéLé 
ecclésiastique, Ie ùroit électoral des chanoines 
étaÏt it son tour l'
sé par I'entreprcnant minislre 2. 
Lorsqu'en 1868 Vicari mourut chargé d'années 3, 
d'hommages et d'invectives, ils dressèrent une 
liste de non1S dans laquelle ils se réservaient de 
choisir Ie futur archevêque, et seion l'habitude 
la soumirent au gouvernen1ent pour qu'il rayât 
les (< personnes n10ins agréables )). Jolly, sur cette 
liste, prodigua les coups de plume; ces indiscrètes 
radiations, qui ne ]aissaient 5ubsistcr qu'un nom, 
annihilaient Ie droit des chanoines I.. Jolly, qui 
avail des intelligences dans Ie chapilre, espérait 
créer des divisions et faire nomn1er, finalement, 
Ie célèbre cardinal de Hohen]ohe, qui avait appa- 


1. Friedberg, De}' Staat und die Katlwlische Ji.Ùche, p. 183-206 et 47û-490. 
Baumslark, Plus ult/'a, p. 49-5f1 (Strasbourg, TrueLner, 1883). 
2. Sur les difficulles antérieures qu'avail suscilées le minislère à Vicari pour 
la nominalion d'un doyen du chapitrc, difficullés qui sc lcrminèrcnl par a 
Ilominalion dc Kuebel, voir 
laas, op. cit., p. 649 cl suiv., ct Pfuelf, Kettelel', 
11, p. 226 et suiv. et 345 el sui". 
3. Jusqu'à sa mort (14 avril 18G8), la gaielé dc Vicari, sa con fiance en l'avc- 
nir, frappèrcnt scs visileurs (Kellncr, Lebensblaetter, p. 453-455). 
4. Le eonUit esl exposé, au point de vue badois, dans Fricdberg, Del'Staat uitd 

lie Eisclwfswahlen in Deutschland, p. 34L-345 (cf. pour le lexte dcs documcnLs, 
.-1ctenstuecke, p. 205-2L6); - ct dans Baumgatlcn-Jolly, Ope cit., p. U8-120; et, 
LU point de vue calholique, dans Roesch, Der Einltuss der deutschen protcs- 
:antischen Regierun!Jen auf die Bisclwfswahlen, p. 140 et suiv. (Friboul'g- 
!lerder, l
OO. 
cr. H. Po B., 1868, II, po G03-627 : I( Le libél'alÉlat moderne,conc1uaill'ar- 
ide, devra enfin reconnaìtre la libre colla lion des charges ecclésiasliques. )) - 
l{allwlik, I8G9, I, p. 170 el suiv; II, p. 44 el suiv. et G03-GIG. - Ketleler, Le droit 
les chapit1>es et le veto des gouvernements dans l'élection des évéques, trade 

elet (Paris, Gamnc, 186
). - Cr. Pfuelf, Ketteler, II, p. 362-374. - Dès 18(;5, 
{eUelcr, dans une letlre à Rcisach. prévoyait ccs difficullés (Pfuelf, l(etteler. 
(, p. 255-25G) ; et sur l'Hal dOespriL des chanoilles dc Fribourg;, voir dans l'fuclf, 
'í.ettele}>, 11, p. 348-349, _une curie use letlre de KeLtclcr à Antonclli. 


IV. 


8 



it?: 


L'ÁLLE3IAGNE RELIGIEUSF 


rCfilnlcnt sa confiance, comnlO it aura plus tarJ 
cellr de Bismarck; nlais Rome ainla mlenx que. 
durant quatorze années, l'Église badoise fÙL 
vcuve de son archevêque 1. 
L'un des derniers actcs de Vicari avait été une 
protestation solennelle contre l'ordonnance pal' 
laquellc la formation des clercs el]e-
l1ême redevfl- 
nail ['objet des l'evcnùications de l'Etat; e1 parmi 
lcs prétentions de rÉtat badois, il n' en était aucunc
 
rn f'ITet, qui marquât une réaction plus fornlelle à 
l'égard des conquêtos de 1848. Les lihéraux hadois 
s'étaicnL conslruit une certaine théorie du dévelop- 
pcnlcnt intellectuel du peuple, avec laquelle l'as- 
rendant du catholicisme leur paraissait inconlpa- 
tible : il convenait done, ou que cet ascendant fÙt 
détruit, ou que Ie catholicisnle devînt autre qu'il 
n 'éLait. Jolly, dans son enfance, avait connu des prê- 
tres inlprégnés de l'esprit de \Vessenberg : issu d'un 
nlariage mixte, appartenant lui-nlême à In. con- 
fession protestante, Ie seul contact qu'il avait eu 
avec Ie clergé catholique avait excité sa pensép 
contre Rome. II dénonçait Jos menaces que r]
glise 
catholique faisait courir à l'unité de la formation 
llationale, (( l'eITort des Jésuites pour ramener les 
temps présents aux conceptions du moyen âge )) ; 
il confrontait avec ces menaces, avec cet effort, (( Je 
désir qu'avait la nation de conserver et de déveIop- 


. L Ell 18G9, .Ie Pape ùonna les dl'oils indispensables au vicairc capitulairc 
Ku('L
I, ce (I
I POUl' Jolly élait illégal, mais Jolly Ie toléra, POUl' dimilluer l'in- 
f]
ence de KctLcier. LOl'sqU'cllsuite Ic bruit courut que Hornc allait, d'cllc- 
mCllle, n
mmer un archevèquc, Jolly fit agir à Horne Arnim, millislre de Prllssc, 
cL Ie LruIt nc sc vérifia point (Baumga.l,"lcn-Jolly, Ope cito, p. 131). 



J..,'É.GLISE nA
S LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 115 


per ses conquêtes inlcllcctuelles 1 )). Le contråste 
élail formel; comlU0nL l'aplanil
? La loi de 1860 
avail pré, ulÏnstitulion par voie d'ordonnancc d'un 
cxalnen d'État pour tous les futurs prètres; mais 
Lamey avaH, en fait, ajourné ceHe nouvcaulé. JoHy 
au contraire ne p0rdit pas de temps: tout de suite, 
par une ordonnance du ß scptembre 1867, avec une 
rigueur toute jacobine, it prcscrivit cet exampn 2. 
Ce]a paraissait à Lamey un actc de folie 3: dn coup, 
ious les jeunes hommes qui rccevaienl Jes ordrcs 
durent rcnonccr à l' espoir d 'une cure, parce que 
l'archevêché leur inlerdisait de s'assouplir à une 
telle exigence de l'État. C'est à des vicariats, on à 
des suppléances dans les paroisses, que devaicnl 
S
 borner leurs ambitions. La logique de J oUy DP 
supportait aucune résistancc. 
Puisquc ces prètres voulaient régner sur l' écolc 
primairo et romaniser les nlasscs (l'OC1Uisch rna- 
chen), l'État régncrait sur la fornlation scienti- 
fique duclergé,.ct gcrmaniscrail les prètres (deutsell 
J'lachen) ft. Cette adroite formulc, qui tout de suito 
faisait bl'èche dans les pensées les plus rebellcs, 
cachait tout un réquisitoire; elle donnait aussi 
à la politique antil'omainc une sorto de portée 
patl'iotique. Supposez l'Allcnlagne viclorieuse ct 
griséc de sa victoire mênlc, l'anticatholicisme, en 


i. Baumgarlcn-JolIy, Ope cito, p. 108-110. 
2. l\1aas,op. cito, p. 553-557. - Fl'icdbcfg, Vel' Staat und die J(atlwlische Kir- 
';Iw, p. 32-37 ot 270-27
. 
3. Hausralh, Z ur El'innerung aft Julius Jolly, p. 159. (Lcipzig, Hirzel. 
l899). 
4. Baumgarten-Jolly, op. cit., p. 110. 



t16 


L'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


vertu d'une pareille forn1ule, apparaîtra comme 
]a condition d'une dernière victoire, comme un 
aclenouveau d'affirn1ationdu germanisn1e : I' Uebel'- 
1JleltSc!l exalté par Sedan reprendra, raffinera, per- 
fectionnera Ies projets de Jolly, et vondra plier 
les prêtres à être germains, - gernlains dans Ie 
sens où r entendl'a son arrogance, - au lieu de 
demeurer ron1ains. 
La loi prussienne sur Ia forn1ation des clercs, 
qui déchaînera Ie Culturkaìnp(, reproduira, dans 
ses grandes lignes, l'ordonnance badoise de 1867 : 
Jolly avait tracé les voies dans lesquelles Bismarck 
s'engagera. Jolly, lorsqu'il concertait sa politique 
religieuse, élait-il d'accord avec la Prusse, et peut- 
on considérer Ie futur chance1ier de l'Empire, 
auteur du Culturkanzp( allen1and, comme Ie com- 
plice du premier Cultlll'karnp ( badois? l{eUeler, 
dans une lettre qu'en 1867 il écrivait à Antonelli, 
élait tout près de croire à cette complicité de la 
Prusse 1. Un fait est certain, attesté par les 
1é- 
moires de Robert de Mohl : (( Le gouvernement ba- 
dois, nous dit-il, et la grande nlajorité des Chambres 
badoises, étaient si complètement dans les caux 
prussiennes, que la direction de la politique exté- 
rieure venait simplemenl de Berlin; et la seule 
diffìculté, entre la guerre de 1866 et la proclama- 
tion de l'enlpire allemand, fut d'en1pêcher Dade 
de faire des avances prématurées, et par là même 
suspecles, à la Confédération de l' Allemagne du 


1. PfueU, Kelteler. II, p. 350. 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 11 7 
Nord 1. )) On a peine it croire que Bismarck, qui 
régnait si souverainemenl sur la politique étran- 
gère du grand-duché, se désintéressât con1plète- 
n1ent d'une politique religieuse dont la réper- 
cussion pouvait se faire sentir en d'autres États 
aJIemands; et tout fait supposeI' que l'expérience 
à laquelle Jolly se livrail en Bade était trntée 
d'accord avec la Prusse et qu'eJIe était au jour Ie 
jour étudiée par la Prusse. Bade donnail à l'i\lle- 
n1agne Ie spectacle d'un essai : la Prusse rcpren- 
drait l'essai pour son propre cOll1pte, dès qu'elJe 
aurait achevé l'unitp allemande 2. 


X[ 


On avait dans Loute rAllell1agne
 en 18G9, un 
v:1gue sentin1en t. UP cp p(
riJ. ltinda u s 'en (J llai t 
au congrps calhoJique de Dusseldorf3, il y racon- 
tail les souffrances de là-bas, il préconisait la for- 
mation d'un grand parti caLhoJique allemand. A 
cotto date oÙ Ie Cp.ntre prussien, apri\s douze ans 
d'éclat, s'élait con1plèten1pnt effacé de Ia scènc 
parlcmentaire, 1e congr(\s apprpnait qll'on Bade un 
.loune parli cat boliquc se dr.veJoppait. 


1. 1\Iohl, Leben.
erinnC1'un(Jcn, II, p. 139. - << Lcs c:"-priLs sOllp
onnem., 
écrivail à la vciIle de la gllcrre franco-allcmande \ÏcLor Cherbnlicz, voicnL 
toujours 1\1. de Bismarck dcrrière Ie minislèrc Jolly, l('f(uel nc fcrail quc répéLcr 
les paroles Ùll grand sourtlcllro )) (L'Allcmagne politique df'puis la paix dc 
Praguc, p. 336; Paris, lJachcUc, 1870). 
2. Dans lcs Prc1ts.çische Jalu'buecltCl", cn aoûl 1882, Jolly, à propos (]u Cul- 
lw'karnp{ prussien, déCcndra unc dcrnièrc foil) scs id{oes sur la formation dC9 
c1Cl'es. 
3. )lay. Ope cit., p. H)l-l !)3. - Déjà, en i 8r.!), Lindau avail fait, au congrès ùe 
Trèvcs, un premier discours snr la persécution baòoisc (}ta
., Ope ciL., p. 1 iO). 


LIB RAR Y Sf. MI
Y'S C011r-GE 



118 


I,'ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


({ Les catholiques badois, Jisait-on dès 1867 dans 
l'organe officieux de ]'archevêché de Fribourg, 
doivcnl s 'organisel', et s'unir avec les aulres catho- 
liqtIcs du sud de l' Allomagne. IJeur situation pré- 
senle cst plus dangcreuse que celle des protestants 
qui dans les siècles anlérieurs vivaient sous la 
don1Înation de princes calholiqnes; car cux, du 
moins, pour soutenir leurs griefs, étaient repré- 
sentés par le Corpus Evan.r;elicoruJìL Les calholi- 
ques doivent, comme les Iriandais sons 0' Connell, 
revendiquer leurs droits, avec ténacité, union ct 
dévouemcnt 1. )) Ce parti fut rapidement assez fort 
ponr cnvoyer au Zollp{u'laJrtent, en -18G8, six dépu- 
tés, et pour inf1iger à l'ancicn n1inistre Lamey une 
grave défaite électorale 
. La seconde Chambre 
badoise n'avait encore, it ceLle date, qu'un dépu Lé 
caLholique, Jacob Lindau; mais les élections de 
1.869 y introduisirent Ie journalisLe Ferdinand Bis- 
sing, (( privat-docent )) à l'uni versilé de Heidel- 
berg, Ie curé Lender, ot un littérateur déjà connu, 
quP son contact avec ]a liLtðratur0 espagnolp et un 
récent s(
our en Espagne avaienl ramcné du p1'o- 
teslantisIl1e au catholicismc, Reinhold DaUll1stark 3. 
Très ardents, tl'ès remnants, iis formèrent ce 


I. F,.eilJuT!/C1' [(al!wlisc!tcs ]{Ù'chcnUl1.Lt, S mai i867 : ciLé dans 11. P. }J., 
II, 18G8, p. 1.
 1. 

. Sur ces élcc\ions, el sur Ie caraclère démocralique de raclion du clerg-é, 
qui d,"lcrmilla ccrtaines populalions ruralcs à des voles calholiqucs, voir 11. 
1'. 1: 0 , i8tiS, I, p. 7GO-7!:13 : . Les soi-disanl llllramolllains, y Iit-ou, se soul 
l'é\4
lés commc un rolk'Jpadci c(fcclif. (p. 7Ut). 

. Baumslark, Plu8 ultra, p. 27-3
. - Sur Ucinhold Baumslark (t831-t000\ 
'011' Lauer, dans llcUelhl'im, lJiOgNlphischcs Jahl'úuch, V (1 gUO), 1'. 3G7-3740 - 
En 1868, r
aumslilrk avail rt'udu visiLc au minisLrc aulrichicn BCllst, à Gaslt'iu, 
pour fâchf'r dl" lïnlérf'!"!"f'r am. ('al holirf1l(,s hadoiq (Ph!!:; Ult1'fI, p. 
 
-2(ì). 



L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 119 


qu'on appeia Ie quadriIatère cathoJique, n1inorité 
qui paraissait insignifiante, mais qui incarnait 
une majol'ité opprin1ée. Le juriste Rosshirt 1 vint 
siéger 
t côlé d'eux. Jolly monlrait ce quadrilatère 
ainsi qu 'un p,pouvantail, pour resserrer l'union 
des (( libél'aux )) autour ue son ministère. Il invo- 
quail, contre ces nouveaux venus, les intérèts sou- 
vel'ains du civisme. germanique (Deutsches Buel'- 
ge7'tlzurn). Leur riposte consistait à sÏntHuier parli 
catholiquc populaire (l(atholische J l olkspal'tei) et à 
s'unir, contre les libéraux, d'une part aux par- 
tisans de la (( grande Allemagne, )) c' est-à-dire du 
passé, d'autre part aux fractions populaires qui 
réclamaient Ie suffrage universel direct; 2 et 10rs- 
qu'à la pren1ièl'e Chambre une voix s'éLevaÌt en 
faveur de ceHe réforme électora]e, c'était celIe de 
l{uebeI, l'évêque auxiliaire et doyen du chapitre 3. 
(( Qu'on n'objecte plus l'ignorance des cam- 
pagnes, s'écriait Ie député catholique llissing : Ie 
peup]e tout entier est mûr pour l'exercice de ses 
droits. )) (( Un plus long retard, proclamait Ie cha- 
noine Lender, serait un incompl'éhensible témoi- 
gnage de méfiance. )) (( Les bcsoins du siècle con- 
cordent avec Ies vues de la Providence, déclarait 


1. Voir ci-ùessus, p. 7G, n. 2. 
2. Baumgarten-Jolly, 0]1. cit., p. t43-U;3. - Voir dans \Veech, BlLdisclw 
Biographien, V, p. 382, Ie discours de Kiefer. 
::. Baumgartcn-Jolly, Ope cit., p. 1:':;3 cl suiv. II répondit ironi([uement en 
félicÏtant Knebel dc ne pas sc laisser asscrvir par Ie Syllabus. On disail de Kue- 
bcl: il n 'cst pas l'archcvèquc (E1'::;bischof)), mais il csl pour la fJiupart dcs catho- 
liques l'évèquc dc leur errur (IIcrzbischof). 1\10111. (Iui Ic trouvail (( peu ùoué )), 
ac{'orde quïl n'éLait ni rai
le ni désagréablc (Le!Jcnserinllel'W1!lC1t. II, p. 1 ii). 
KeLlí'lí'r l'eslimail heauconp (pf\wlf. Aettclcl', 0, po :}:í8). 



120 


L' Af.LE1UAGNE RELIGIEUSE 


Reinhold Baumstark : la société sera sauvée par 
l' all i ance du chrislianisme avec la démocratic 1. )) 
Une brochure très vive du prêtre I-Iaegele, qui cir- 
culait dans Bade au lendemain de l'expulsion des 
Tertiaires, semblait un manifeste de cette alliance. 
(( Ce n'est pas un acte r(
volutionnaire, expli- 
quail Haegele, que la défensive justiHée, obliga- 
toire, d'un peuple ou d'une classe qui sont mal- 
traités dans leurs droits et dans leurs biens les 
plus sacrés. Enfin rhomme de pen, Ie travail1eur 
de fabriquc, onL conlnlencé à se lever contre la 
toute-puissance du capital filoI'l l , qui, cllc, est 
nbsolunlenl r(
volulionnail'e, comnle conlre l'escla- 
vage blanc de la grande indusLrie en pleine terre 
chr(
tienne. Un honlme qui pense avec (
qllité nc 
peut que leur sou hailer ]e nleill(!ur succi's 2. )) 
Aux liL(
raux qui parlaient de <( cullnre )) et 
qui s 'appu yaient sur 1 'unÌvcl'sit.é de IIelùelberg, 
les catholiqucs badois ripostaient en par]ant de 
<( démocralie )) et en s 'appuyanl sur la plèbe 
rU1'ale on sur le prolétariatde l'induslric. lis étaient 
l'humblc gernle de la force qui vaincra Ie Cultur- 
lia1npf. (( Si Ie suffrage universel donne' Ie pou- 
voir aux masses, leur objcclait JoBy, senIle cens 
assure dans l'Élat aux classes éclairées l'infiuencp 
qui ]eur appartient. )) Mais Ics partis bismarckiens 
qui cngagrront la lutLe au nom de la (( culture )) 


1. 
lroeMin, op. cito, p. 148. 
2. Ilacgelr, }Jas C1"slc B1'audopfc7' del' Offcnblugcrci oder die TI'cibjaf}d 
nut d
m I:inde
ber!Jc. Ein Haliknlo, p. ()7 (cité òa.ns Fricdherg, Ðer Staat 
1l1ul dze Arrtlw!Zscht: [(Ï1'chr, p. 67-GR). 



L 'ÉGLISE DANS LA PROVINCE DU HAUT-RHIN 121 
perdront du terrain, successivement, sous Ia pons- 
sée des partis qui demeureront en contact avec 
les aspirations du peuple et s'éclaireront à la 
lumièrp des intuitions du peuple. Lorsque Lin- 
dau et ses quatre co}]ègues, aux prises avec Ie 
C'llltzo'karnpf badois, s'intitulaient audacieuse- 
ment {( parti catholique populaire )), ils indiquaient 
à l'avance, d'un geste assuré, Ie champ de bataille 
propice à I'Église, sur Iequel se dénouerait Ie C'lll- 
tlll'kanljJ f allemand. 



CHA.prrllE v 


L'EGLISE ET LA ßAVIÈH.E 


Valeur exacto d"une épilhète hislorÌllue : (( la calholique Ba- 
vière )). 


I L'antagonisll1o entre Ie Concordat et l'édit de religion. - ':'ar- 
chevêquc Reis
ch : son Mémoil'e de 181,9, sun uppel it ['Elat. 
- L 'évêquc Wei;; : son aspiration vel'S des réuniolls ecclésias- 
tiques. - Travaux de la commission chargée de revi::;er l'édit 
de religion, leur insuccès. - Urgence d'une réunion épisco- 
pale, pourparlers avec Rome. 
n. La conférence de Freising (uctobre 'J8:';0). - Le 'Iémoire des 
évêl}ues. - Base de leurs réclamations : Ie Concordat. - Le 
roi Max: et 1'(( ultl'amonlanisme J). - Inquiétudes de 1a 
Chambre et du petit clergé. - Prpmières concessions gouverne- 
mentales. - Pessimismt' de l'archevêflue Geissel. - Nouvelle 
lettre des évêques (février 1852). 
III. La réponse de l'I
tat (avril 1852). - La conception d'une (( loi 
fonrlamenLate d 'J
tat)). - Répliques des évèques (185
 et 18: 1 3). 
- Les questions d'enseigncment : l'evendications de Reisadl 
au sujet de sos s{-minaires. - Voyage ùu minislre Zwehl dans les 
divers é,"{'chés. - Son apparition subile à Cologne; ses pro- 
positions it Geisscl au sujet de l'archevêché ùe l\]unich. - Anti- 
pathie du roi Max pour Reisach. - Instances inutiles aup,'ès de 
Ueissel. - Projct ,rune nouvelle réponse royalo au mémoire 
épiscopal : examen pl'éalablc par les évêques. - Publication 
de cette réponse (octobre 1854). 
IV. H.eisach, cardinal de curie (185:.i). - Difficultés entre "\Veis et Ie 
gouvernem('nt au sujet de religieuses garde-malades. - Inter- 
vention victorieuse de ßluntschli pOllIo cmpêchcr toute négo- 
ciation entre Rume et Ie roi Max. - Nomination do S('herr à 
l'archevl:ché de :Munich. - Insistance de SeherI' et \Vindis- 
chmann au sujel des séminaires (1357-18:';8). - Projet de 'Veis : 
organisation à 
pit'(' d'un enseignp,ment théolo
i'lue compll'l. 



124 


L'ALLEl'tIAGNE RELIGIEUSE 


- Opposition siJencieuse du gouvernement. - Indifférence de 
l'opinion publique aux revendications cath.oliqucs. 
V. Un mouvement parmi les instituteurs en faveur de la laicisa- 
lion. - Réunion épiscopale de Bamberg (f86}) : un appel au 
nouveau roi Louis II. - Louis II et Ie catholicisme. - Luttes 
prolongées entre Weis et l'État au sujet du séminaire rlc 
Spire. - Si
 séminaristes e
pulsès par la police. - Protesta- 
tions de l'épiscopat, de la diplomatic, du Saint-Siègco -Nouvelle 
réunion épiscopale de Passau (1865). - Lïncident Giesebrecht: 
les évêfJues bavarois et Ie monopole de fenseignement de 
I'his1oire. - I....épiscopat défenscur du nationalismc bavarois. 
YI. Le ministre Koch et la faculté (( ultramontainc )) de \Vurz- 
bourg. - Le cabinet privé du roi e1les Jésuiles rle Rastibonne. 
- Conséqucnce de Sadowa : l'arrivée aux aITaires d'un minis- 
tère anti-aulrichil)n et anliclérical. - IIohenlohe : sa haine 
conlre tout dogmatisme. - Ascendant de l'écoJe théologiquc 
(( anLi-ultramonfaine )) auprès du gouvernement bavaroiso- Pro- 
gramme poliLico-religieux de JIohenlohe : amendements 
souhaHés par Louis II. - Le projet de loi scolaire : agitations 
parmi les prêtres. - Cil'('ulaire
 mena<:antes des ministres 
Gresser el IIoermann. - Jugenwnts de Hohcnlohe en 1868 sur 
Ie péril ultramontain. - Les discussions de la loi scolaire: 
victoire de (( ['rAal moderne )) dans]a Chambrc basse et de l'évr-que 
Dinkel à. la Chamorc ha.ute. - FaiUite du projet <Ie 10L - 
Mcsures rle laïcisaUon en Palatinate 
VJI. J
veil d'unß opinion publi,{ue caLholiqlle. - Les pétitionne- 
ments. - Le congrès calhoIique de namherg. - Action mi- 
politique. mi-religieuse. exercée par Joerg.- Patriotisme bava- 
I'ois et (( uHramonlanisme )). - Première victoire catholique au
 
élcclions de mai 1869. - Irnprudente sécurité de lIohenlohe. - 
Une luUe ùe classes: (( lÏntelligcnce )) ct Ie peupJe. - Fonda- 
lion des (( associations patrioliques de paysans )). - Les 
prl.tres trihun..; populail'cs: léllloignage de ChcrbuJiez. - Pres- 

ion élccLor-alc : circulairc violento du ministl'e lIocrrnann. - 
Nouvelle victoire des catholi'lues en novembro 1869. - La 
chule de lIohenlohc, plus importante par ses conséquences 
religieuscs flue par ses conséqucnces politiques. - Les élémcnts 
du futUl o Centre bavarois. 


C'esl une mode historique, de joindre au non1 de 
]a Bavière l'épithète de catholique : mode assnrr- 
mcnt justifit\r, puisque, dans la guerre de Trente 



L'ÉGLISE ET LA BAVIÈRE 


f25 


Ans, - crise décisi ve dont toutes les consciences 
de I'Europe centrale étaient l'cnjeu, - la Bavière 
sauva l'Église romaine. l\lais ricn n'est plus reò.ou- 
table, pour les cathQliques d'une nation, que ces 
formules exaHantes qui leur donnent l'illusion 
d'une complète sécurilé, et qui, tout doucement, 
les font glisser dans une anémiquc indolence : 
alors s'affadit Ie sel de la terre. Et puis un jour 
vient où la (( catholique Bavière )), tardivement 
secouée par une législation vexatoire, sc demande, 
en voyant la politique religieuse de son gouver- 
nement, si cette épithète de catholique dont elle 
s'honorait demeure une gloire ou devient une iro- 
nie. Ce sont des minutes fécondes, que ccs mi- 
nutes de révélations brutalement sincères; la 
Iueur qu'elles jettent illumine dans ses profon- 
deurs l'âme collective des fidèles; certaines fa- 
çades croulent, qui mentaient et qui dupaient; 
dans un élan de repentir, les énergies retrouvent 
une première force, qui consiste à bi0n mesurer 
leur faiblesse à s' en accuser à la ré p arer . et e'en 
, , , 
est assez pour que Ie sel de la terre reprenne sa 
vertu souveraine. 
Les difficuHés OÙ se débattit I'Églisc de Bavière 
entre 1848 et 1870 nous font as sister à l'un de ces 
moments de transition, durant lesquels se forme 
une opinion publique catholique. En 1
48, alors 
que, grâce à la révolution, l'Église d' Autriche est 
soudainementémancipée, alors qu'en Prusse l'aulo- 
nomie de l' établissement religieux dcvient l'un des 
articles de la constitution prussienne, la poussée 



i26 L'ALLE1\IAGNE RELIGIEUSE 
populail'c qui survient pareillcnlent en Bavière. et 
dt
vanllaqn{'lIc abùique Ie rui Louis Ier, a trrs pen 
tl'ct1'cts Sllr la situation de 1'1
glise bavaroise. Pen- 
<lant quelques années, les évêques lutlcnt, ils 
obLiennent de bonnes ou de nlauvaises paroles, et 
des satisfactions ue dé tail. 1\lais l' opinion les sou- 
tient mal; elIe est ignorante, indifférente) jnsqu'au 
jour où surgissent des questions nationales, qui 
laissenl appaI'aître les adversaires de l'Églisc 
comnlC éLanl aussi les ennemis des libertés bava- 
roises, et jusqu'au jour oÙ grossisscnt cerLains P(
- 
1'ils, qui nlenacent Ie contact tradilionnel un prêtrc 
[tvee l'école. La (( catholiquc I3avièl'c)) proteslc; 
n1ais les députés qu' elle a élus ont seuls Ie droit 
de parh'r pour elIe, et ils se moquent d' cUe. Alors 
la (( catholique Bavière )) se sent 
n Bavière UllP 
minol'ité; et tout de suite eel aveu la fortifie : clle 
a bipntòt, en 1.8G9, des suecès élpctoraux, et puis, 
en lR70, ùes succès parlementaires. 


I 


Il semblait que Ie Concordat, signé en 1SIR 
entre Ie Pape et la royauté, dût asscoir sur un fon- 
ucmcntsLable ]'existencc de l'Église bavaroise. ?\lais 
Ja main gauche des rois de Bavière ignorail ce que 
]eur main droite avait donné, ct mcUait bien vitp 
un paraphe royal au bas d'une série d'articles 
organiques connus sous Ie nom d' (( édit de reli- 
gion )), qui annulaient ou du llloins atlénuaienL 



L'ÉGLISE ET LA BAVI

RE 


127 


les concessions du Concordat. La déclaralion royale 
de Tegernsee, en 1821, s'était essayéc it concilier 
ces deux docunlcnts; cIle garantissail à l'Église 
que Ie second ne supprimait pas Ie premier 1. Tant 
bien que mal, des années durant, h
s rapports de 
rÉLat et de I "'Église furent ainsi réglés par deux 
chartes, c' est-à-dire par une de trop; ot pendant 
longtenlps Ie roi Louis IeI', bien servi par son mi- 
nistre Abel, put empêcher que Ie heurt entre les 
deux tcxtcs n'aboutît à un choc entre les deux pou- 
voirs 2. l\Iais cn 1847 I' ascendant de la danseuse 
Lola sur ]e cæur du souverain donna d'autres maî- 
tres it ]a Bavière 3, légistes soupçonneux et pé- 
dants, à qui l'idée même de liberté de l'Églisc 
était incompréhensible. En mars 1.848, Maximilien 
rClllplaça Louis, et ces maîtres subsistèrent. 
Avec l'appJ
obation àu nouveau roi, Ie minislrc 
Beisler développa devant Ie parlement de Francfort 
Ie projet bizarre d'un synode d'enlpire, qui devait 
comprendrc des eatholiques et des protestants, ot 
qui définirait, en A.llemagne, la plaee des Égliscs 
dans l'État It. Le vieuxjoséphisme avait la vie dure : 
il réapparaissait dans ce projet de Beisler; par 
l'organe d'un synode, plus démoeratique en appa- 
renee, il asservissait l'Église non moins sûrement 
qu'il ne Ie faisait la veiJle par l'organe de la bu- 
reaucratic, et c' était Ie ministre même des eu] tes 


1. Voir noll'c tomc I, po HO-IU. 
2. Voir notre tomc 11, p. 106-115. 
:
. Voir notrc tomc 11, p. 327-330. 
4. Voir nelrc tomc II, p. 353-354-. 



i28 


L' ALLE
IAGNE RELIGIEUSE 


de la catholique Bavière qui s'essayait à forger 
pour I'Église ce nouveau joug. II était à prévoir 
que de telles maximes, transportées sur Ie terrain 
bavarois, aboutiraienl à la prépondérance de l' (( édit 
de religion)) sur Ie Concordat, et du fonctionna- 
risme civil sur la hiérarchie. 
C'est ce que sent it Charles Auguste de Reisach, 
archcvêque de l\Iunich 1. Dès Ie début de 1849, il 
adressait un l\Iémoire au roi rvlax : illui deman- 
dait que I'État bavarois revînt à l'observation inté- 
grale du Concordat, que c'en fût fait, à l'avenir, etde 
(( l'édit de religion )), et des ordonnancps diverses, 
antérieures on postérieures, qui gênaient ] 'Église 2. 
Rcisach était un canoniste accon1pli ; il se rendait 
conlptc, tout Ie premier, que la fixité de ses prin- 
cipes risquail de Ie mettre en collision avec son 
souverain. (( lUes idées sur l'État, sur l'Église et la 
religion, écrivait-il dès sa jeunesse, risquent fort 
de choquer partout en Bavière; queUe serait la 
situation, là-bas, d'un instituteur qui aUl'ait mes 
principes 3? )) Et tel quel, tout d'une pièce, sans 
rien carriger de son tempérament, sans rien mo- 
difier de son système, Rcisach était devenu évêque, 
puis archevêque. Dans son intransigeance, rien ne 
dénotait un fanatisnle d'homme d'Église; c' était, 
bien plutôt, l'invinciblc sécurité d'un hon1n1e de 
science, qui, ayant appris et compris co que doi- 


1. Sur Charlcs-Augusle de Reisach (1800-1869), cf. 110lre lomc Ill, p. 235. 
2. Dits Recht der Ki,.che und die Slaalsgewalt in BUYC1'U, p. 383-385 
(SchafTousc, Hurler. 185i). 
3. Goelz, Kardinal ](w'l August Gmf V(m Reisach als Bischof van Eich- 
8taett, p. 10 (Eichstactt, Hroenner, 1901). 



L' ÉGLISE ET LA llA VIÈRE 


-l2U 


vent être les rapporls entrp les deux sociélés, COn- 
certe tout ce qu'il fait à la lumière de tout ce qu'il 
saito Une fois son 
Iémoire expédié, il souhaila de 
ses coll('gues de l'épiscopaL qu'iIs adhérassenL 
Soil tinlidité, soit qu'ils fussent choqués de n'avoir 
pas éLé consuItés tout d'abord, ils rcstèrent froiòs 
on silcncieux; un seul, \Veis, évêque de Spire, 
écrivit au roi, Ie 15 février, pour appuycr la dé- 
marche de Reisach 1. On apprit en rnars que Ie 
souverncment de 1\Iunich ébauchait quelques sou- 
rires à l' endroil de l'Église : Ie cloître franciscain 
d'Oggersheim, dont certaines manifestations radi- 
cales avaient failli provoquer la ferrneturc, était 
rassuré ct sau vé 2. Beisler quiUait Ie n1inistère, et 
son successeur llingclnlann supprinlait les mc- 
sures prises en 1
4 7 contre les confl'él'ics picuses: J . 
illais l'archevêque de l\Iunich continuaÏt de voir 
sombre, lorsqu'il observait l'avenir : 


(( Dans l'état des choses, écrivait-il à 'Veis, on peut à peine 
espérer un ré5ultat: car insister pour Ie changmnent des 
lois constitutionnelles existantes, ce serait de notre part pro- 
voquer l'opposition Ia plus formelIe, tant du gouvernement 
que de la Chambre; au lieu de délivrer l'Église, ce serait 
seulelnent lui préparer des chaînes plus vexatoires encore. 
Tout au plus, dans notre première Chambre, pourrais-je 
cOlnpter sur six voix. C'est là que siégent, précisémenL, les 
oppresseurs de l"Eglise; ils ne peuvent cependant pas se 
souilleter eux-nlêlnes. Au reste, je profite de toute oct:asioll 
pour forger Ie fer, etje souhaite seulernent que les journaux 
n " en trent pas en ligne, car ils gåtent ILl plupal't ùes choses 


L Remling, Nikolaus VOlt 1Vcis, Bischof .:;u Spe!lCI', II, p. -180-482. 
J. Rcmling, Ope cit., II, p. 166. 
.
. Das Recht dc?' l\irchr, p. 388. 


IV. 


9 



130 


L'ALLEJIAGNE RELIGIEUSE 


auxquell.'s ils touchcnt. en imprimant à Ia cause de l"Église 
le caract
re (rUne afl'aire de parti et en provoquallt Ie 
pal'li adverse... Conl1ncut cela n1archera tlans Ie Landtag. 
on ne peut]e prévoir. Je n.attencls rien de bon. II manqne au 
g-ouvernen1Pllt toute énergie et tout systèlue. Je crains plus 
lIue jamais quP les jugelnents de Dieu ne fondrn t sur l'Alle- 
luaglle. La Héforme f't Ie jo
éphisme ùoivent être expiés, et 
tant que BOS ennelnis de rEglise ne tomberont pas dans la 
misère conune l'enfant prodigue, iJ u'ya pal) à espérer quÏJs 
rentrenL en pux-lnênH's 1. )) 


llcisach, dans ccLLe ]ctl.re, se laisse voir lout 
enticr, avcc sa doucpur <1'holl1111C ù'Églisc, qui 
cl'aint Jc
 violences des polém iques et lcs cxubé- 
ranees ùe la presse, avec sa l'aideul' d 'holl1111e de 
science, qui, sputant la résisLancc des faits it son 
systruIP, se laisse aIle]', tout de suite, à une vision 
pessin1Ïsle tIu snriendemain. Plus souple 
l lnanier 
les hOlllIneS, l' évêquc \\T eis répondait Ü TIeisach 
qu ïl serait bon dc rassenllJler Ips évt'qucs de Ha- 
vière, ct qlH', pour s'entendl'c, il n'étaÏl rien d0 
nlieux que tle causer. 
Reisach et "r eis s'accordaicnl d'autanllnieux 
qu'ils sc COlllpléLaicllt run raull'e. L'un connais- 
sait n1Ïeux ROIl1e, l'aulrc connaissait mieux l'AJlc- 
magne. La jeunesse de Reisach s.était passée sur 
lcs bords d u Tibl'è, dan::; la familiari té de Gré- 
goil'c XVI 
 : enLL'e 18:30 eL 1.840, tlurant ces années 
épineuscs oÙ Ie Saint-Siège (\t Ie roi de Prusse 
élaient entrés en conllit, il a ,-ait oLspr,'é de Lrè,; 
prè:s les maxinles et les pratiques de ]a diploma- 


I. ltcmlill:;. Ofi. eif.. II, p. ,\-.2. 

. Coel/, oil. (' · . p. 1 t-
;:. 



L 'ÉGLISE ET I
A BA'''II
RE 


131 


tie 1'0n1aine et préparé, COlTInle canoniste, la besogne 
des diplomaLes 1. "T eis, de très honne heure cha- 
noine de Spire avant d'en dcvenir l'évêque, avail 
consacré scs éncrgics d'apôtre à la réu.action de Ia 
revue Le Catholif}ue:!, qui s'en allait chcl'c
her, dans 
les pl'esbytères, des prêll'es opprinlés, pour leur 
insufiler, au HOlTI de Ronle, des idées de liberlé; et 
la grande insurrection du Palatinat: 1 , en celle nlêmc 
année 18
9, étala.it suhitcnlentsous lcsycuxdc ",r cis 
cerlajnes haines populaires conlre 1'1
glise, et pa- 
rachcvait aiusi l'éJucation poliLique de l'évèque. 
Pour réaliscr leur COIllnlun rêve d 'une ]
glisc forte, 
d 'unc Églisc libre, Rcisach et v'v
 eis sc parlageaient 
Ia besogne : neisach cOlnmençait par une évoca- 
lion du Concordal, c 'cst-à-dil'e par un del'nier appcl 
à r]
tat, et \V cis voulait continuer par une convo- 
cation de l'épiscopaL, c'est-à-dire par un pren1icr 
appcl 
\ l'Église clle-Iuênle : 


(( Je souhaitc très virement. confiaiL-il à Heisach, que nuus 
inaugurions bientôt lC5 synodes pro\"inciaux et les 
ynodes 
diocésains. Le désorure ùe l'époque, Ie bouleverselnent des 
esprits, ne sauraieut no us en elnpêcher; ce sont là, bien 
plutôt, des raisons qui doivent nous stÏlnuler à chercher un 
lTIoyen ùe Iutte dans une délibération commune et ùans une 
action COlnn1unc. C'est ce qu'autrefois l'l
glise a toujours 
faiL.l\"ous ne pouvons pas atLendre (fue du dehors on vienne 
en aide aux nécessitl
s ùe rÉglise ou luèule lju'ou ofrl'e it 
rÉglise coUe libel'lé ùe Ulou"en1ents lIui pl'ocnrera Ic saluL 


1. Goelz, 0]>. cit., 11. 
L Vuir nolre Lomc Ill, p. 2':::>, 
2. Voir 1l0lre lome II, p. Ii. - 
ur 
icoIas We is (i70G-18GO), l'oUvl'aëC ùe 
RemIin ö esllc doculUcnt capilal. 
:L }{emIing, 0]>. cito, II, po 51-1U
. 



13:! 


L'ALLEl\lAGNE RELIGIEUSE 


C'cstnous qui devons, avecl'aiùe ùeDieu, prendre ]esmoyells 
légitimes 1. )} 


Sans cesse, au cours de 1E4.9, \V cis insista près 
de scs collègues snr la néccssité d'une proehaine 
rencontre. Rci:;ach avait oLlcnu du roi Ia pl'OlneSSe 
que Ie nlinistère enverrait aux évêques, avant de 
les présenter aux Chambres, les nouveaux projeLs 
]égislatifs par Iesquels serail amendé l' (( édit de re- 
ligion 2 )). 'V cis estimait séant qu 'une fois saisis de 
ce docunlcnt, les évêques s'asscmblassen
 pour 
élaborcl' un a vis collectif; eL de Gaëte, Ie 10 août, 
Pie lX cxpédiait à l' épiscopat bavarois un bref 
très prcssant qui conlmandait la vigilauce et l' éner- 
gie 3. On aUendait, de nlois en ll10is, confornlé- 
lnenl à 1a promesse du roi Iui-nlênlc, la communi- 
calion du nouveau droit canon que l'État l'ésipis- 
cent comptail proposer à l'Églisc. 
1\ Ia fin de novenlbre, Oelt!, évêque d'EichstaeH, 
donna it des rcnseignements peu rassurants. II avait 
cntendu dire, au lninistère mênle, que Ia rédac- 
tion du projet étaiL achevée ; un rapporteur très 
instruiL, et donl les sentiments étaient corrects, 
en avait été charge, et tout faisait croire qu'il avait 
ùonné satisfaclion aux principes catholiques. Mais . 
la commis
ioll qui Jcvait exan1Ïner ce lexle sem- 
blaiL aninlée d'un touL autre e:sprit : clle se conl- 
posait de cinq bureaucrates, trois calhol iqucs, deux 
protestants, qui n'avaient ni Ie sens de 1 'Église, ni 


I. Hcmling, op.cit.,II, p. i-S3. 
2. Remling, opo cit., II, p. 12;:;, n. 2-i3, 
::. l{cmlin
, op. eif.. II. p. -i$j-48fo o 



L'I
rrLIsr. ET LA ßAVIf:UE 


133 


les connaissances nécessClires en (II'oit canOll, et 
sans doule al1aicnt-ils défaire Ie trayail du rappor- 
teur 1. De fait, lIs pClssèrent des semaines à travail- 
]er, ou birn à lenlpOl'iser, rt finirent par accroÎtre 
de vingl parClgraphes 2 l'édit qu'ils avaient mission 
de reviser; les modifications qu'eût souhailées 
l'épiscopat ne figuraient point dans ces ajouts. 
:\Iécontent lui-mème de la fornle nonvelle que 
prenait l' édit ainsi rapiécé, Ie n1inistère Ie mit 
dans ses cartons et cessa d'en parler. 
1\lais l'Église devait-elle se taire tant qne se 
prolongel'ait Ie silence de l'Éta t'
 Quelques évêqucs 
ne Ie pensaient pas. L'évêqlle de Spire, !'évêque 
d'Eichslaett, eslimaient que, si l'épiscopat n'étaiL 
pas encore en mesure de se prononcer sur la si- 
luation légale offerte à l'Église, d'autres questions 
existaient, qui d'urgence requérairnt une délibé- 
ration 3. Certains courants se dessinaient dans Ie 
clergé, qui risquaient d'être pðrilleux pour ]a hié- 
rarchie!.: sur les synodes, sur la discipline, sur 
les tribunaux ecclésiasLiques, un IUOt épiscopal 
semblail nécessaire. Le 8 juin 1.850, unr letLre de 
Reisach à tous les préIats de Bavière leur proposa 
la convocation prochaine cl'un grand synode oil 
les clergés seraient représentés, et leur soumit un 
certain nombre de questions qu'avec l'aidc de leurs 


t _ Remling, Ope cit., H, p. 4
1. - nas Rcrht dcr l\Ì1'chc, p. 3 0 8. - Sur 
Gcol'
.es Oelll (17!H-lfìGG), ,oir Wei'i, .111!JemciIlIJ deutsche Bio(Ji'(/JlIIII.!, X\.IV, 
p. Jü!J-:JiO. 
t. f)as Recht der KiJ'c!lr, lL 3'30. 
:L I1emling, Ope cil., II, po 4%-4!J
1. 
40 Das llecht dei' /Úi'clw, p. 3
O. 



13
 


L 'ALLEJL\.GNE RELIGIEUSE 


conscillers ils dcvaient d'avance étudier 1. La Ba- 
vièrc comprcnaiL deux provinces ecclésiastiqucs : 
l\I unich c( Ban1herg. CeLLe concf'ntration dc deux 
... 
provinccs ('n un spul synodc déplut à Ron1('; cola 
pal'ut une anomalie. C'était l'instant, d'ailleurs, OÙ 
les brochures pullulaient, réclanlant pour de 
t('lIes assemL]ées certains droits ct certaines pré- 
rogatives clonl s'efIi'ayait I'allloriLé rOll1aine. Anto- 
nelli fit savoir, Ie 1:J aoÙt 18
O, que Ie projet 
devail être ahandonné, mais que les évêqnes pou- 
vaient ::-,e rénnir en une conférence:2. Rcisach 
acccpta cette solulion et leur donna rendez-vons à 
Fr('ising. pour ]e dJbut d'oclobre. 


II 


On sc souvcnait encore, en Bn. vière, dp l'in1po- 
sante asscn1blée qn'avaient tenue Ü 'VurzLourg, 
en iRiS, ]es évêques de l'r\HeoHIgne entière
:. Des 
principcs y avaient été fOl'ffiulés, qui devaiclll 
pour de Jongues années dirigel. l'aclion de ]a hié- 
rarchie et lcs revcndicalions tics députés caLho- 
liqucs. A Freising, Ie champ d'études serait moins 
ample; c'esl de la Davière, seulc, qne rOll s'oc- 
cuperait, cll'on avisrrait Ü J'app1ication, dans Jes 


1. Itcmliug', opo cil.. II, p. ß(i. 

. HcmUng, Ope cit., II, p. IlG-l
ïo 
.?' Yoir notre tome II, po 3íG-39ï, cl f:aulc, /;asscm[.[éc épisCVl'fllc de 
.\ w':;l.mo'u lPal'i<::. l'ot1ssi('lguf', 1!}f)/)). 



L' ÉGLISE E1' LA BA Vll
UE 


135 


diocèses havarois, des théories et des væux qu'avait 
énoncés la réunion de ,V urzbonrg. 
Du 1. er au 20 octobre 18:50, les évêques délibérè- 
rent sur 1'1tglise dp Bavière. Leurs travaux se clas- 
sèrenl sons neuf rubl'iques : gou yernenlent des 
diocèscs, cnlte, forluation du clergé, droits de 
rJ
glise en lnatière d' enseignelllcnt, paroisses, 
biens d'Église, cloîtres, confréries, relations avec 
Ies autl'es confessions. Des rapporteur::; furcnt choi- 
sis; et sur tOllS ces chapitres des conclusions 
furent prises, en vue des synoucs provinciaux que 
I'on espérait tonir un jour et qui auraient à so 
prononcer définiLi venlcnL 1. l\lais dès IuaintenanL, 
et sans plus tarder, l'Église, se reLournant vel'S 
rÉtat, lui disail ce qu'clle voulait. Dc }'auLre côté 
de la frolltière, l'c1l1pel'eUL' d'Autl'iche, ccUe année 
InünIe, reslituait à J'Église des lihcl'tés, (( non pas 
en guise de cadeau, disail-il, 11lais conIIne paie- 
DIent d'une dcUe
 )) : ('e spectacle cngageait les 
évêques bavarois à réchuner du roi l\1ax une pareille 
courtoisic. 
Le 

Iénloiro épiscopal 3 se rapprochait singuliè- 
renIcnt des 
Iémoires analogues que les évêques 
de la province ecclésiastique du J-Iaut-Rhin se 


1. RemJiu;:;-. Ope eil., II, po 12ï-1
9. 

. RemJin;:, opo cil., If, po 130. 
:; 0 Lc Mémoirc ùc Fl'cÏsing po ocloLrc 18.;0) esl puLlié da.ns 1<1 Collcctio 
Lncensis, V, col. 1 Hi
-1 t8
. - On cn a dOllUé une réédiLion, oit Ie 
Iémoil'c 
csl lIlol'celé CIl chapÏll'cs cl confronlé, lwur les divcl'8 points, avcc Ie lc"{le des 
aclcs ulLél'ieurs de l'épiseopat Ioaval'ois, clans la (ll'écieusc hl'ochmoe ùorumcn- 
laire illliluléc : Sy,tematischc Zusanuncnslcllttllfl tiC/' \Tc1'!tnndlullyelL des 
/;aycl'isclwn Episcopates mit tier /{oeniglieh-/layerischen SÜHtlsl'egiel'ung 
tin {8')0 bi
 n'fflw'óel' d"n Voll:;ug df!!f Kon/,'{JI'(/(llcs (Fnt'0\11'g, H(,l'dcr, 1.
O
i' 



136 


L 'ALLE1\JAGNE RELIGIECSE 


pr
paraienL en ce mOlllent nlême, à expédicr it 
]C'urs sou vera ins. Cc que vouIaicnt, de part et 
d'autre, les pasteurs ecclésiasliques, c'était Ja 
libcrté, et sous ce nom ils entendaiC'nt Ie droit pour 
l'Église de se gouverner elle-même, de nommer aux 
cures, de correspondre avec son chef, de SOliS- 
trairc à la nécessiLé d'nne approbation gouverne- 
mentale lcs actes publics de sa hiérarchie, d' éle- 
yer et d'instrnirC' ses clcrcs comnle eUe Ie jugeaiL 
bon, de l'ég] er souverainement le cultc, d' établir des 
convents. l\lais, tandis que les évêques de la pro- 
vince du HauL-Rhin construisaient eux-mt.mes, d
 
touies pièces, Ie statutjnridique qn'ils souhaitaient 
pour l'Église, Jes prélats J)avarois, plus favorisés 
en apparence, n 'avaiC'nt besoin ni d'improviser ni 
d'innover : tonics leurs requêtrs se fondaient sur 
Ie texlc n1ême du Concordat, ot visaient à en 
ohtenil' l'application intégralr, rien de plus, rien 
de moins 1. 
Heisach, Ie :2 novembre 18ðO, trÏ-JllsmH au roi Ie:; 
revendications de l'Église de Bavière, et Ie roi, 
iout de suite, sentit un sérieux en1barras. 
(( Je porterai haut Ie drapeau catholique 2 )>, 
avail dit récemment Ie roi l\lax it Geissel, arche- 
vêque de Cologne, qui, grâce à son origine bavaroise, 
grâce aux souvenirs qu'i! avail laissés comme 
(
vêque de Spire, jouissait à la cour de Bavière 
d'un très grand ascendant. I\Iais rien n'élaiL plus 
difficile au roi !\Iax que de vouloir : osciller était 


t. Das Recht del' Airchc, p. 3
1-3!n. 
2. Pfuelf, f;ei88cl, II, p. ;;70. 



L'ÉGLISE E1' LA HAYlf:RE 


1.37 


If' propre de sa politique ; il détestait Ia nctteté des 
questions, plus encore celIe des réponses. Il fut 
assez ingpnieux. au cours dr son règne, pour avoir 
à sa droile un ministère, à sa gauche un cabinet 
privé, qui pratiquaienl une politique différente, et 
l' équiJibre de ces deux organes répondait exactc- 
ment au tempérament du roi, qui ne comportait 
guère que des demi-volontés 1. II fallait plus qu'une 
demi-volonté, pour (( porter haut Ie drapeau catho- 
lique )) dans l' A llemagne de 1850 : l'engagen1cnt 
pris par Ie roi l\Iax envcrs Geissel fut aussi vitc 
oublié que formule. D'autant que Ie vrai goût de 
l\lax et 
on unique besoin Ie portaiellL à échanger 
perpétueJIement des hOHlnlages avec Ies représcn- 
tants de la science allen1ande 
, et naturellement 
il s'attachait surLout aux idées préconçues de ceHe 
science, c'cst-à-dire à ce qu'il y avait de pIns 
superficiel en clip, el dès lors Je plus facile à 
saisir, de plus facile à étaler. C'était au nom de la 
science beaucoup plus qu'an nom d'llne politique:{ 
que Ie roi 
Iax faisait venir à Thlunich des histo- 
riens à la nlode qui prèchaient pour Ie protestan- 
tisn1e et pour Ia Prusse, et c'élait au nom de la 
science, aussi, beaucoup plus qu'au nom d'une 
politique, qu'il en arriva bien viLe à professer la 
haine de ce qu'il appelait l'ultramontanisme ."1,. 


1. Sur Ie ùualisme cutrc Ie mil1islèrc PforJlen ello cabinet priv<
, oil Docu- 
nigos rl'önait, voir ItiellI, li..ultur!Jeschichtliche Chartlkte)'koepfe, po .!.!O 
(Slullg-al't, Colla, 1880). 

. Voir nolI'c lome II[, p. 23-31. 
3. Richl, ojJ. ci l., p. 
':!(j-227. 
4. Sur l'anli-ullramontanisme ùe Max, voir H. P. lJ., 18G7, I, p. U:;;j, el Hichl, 
op. ciio, po 2tG. 



138 


L'ALLE
lAGNE R
LIGIEUSE 


Savait-il biC'n, d'ailleurs, ce qu'il qualiliail ainsi
? 
Doellingcr passait pour ultramontain, èlyant de 
s'afficher COlllmc Ie conlraire. II y avait, pour ]a 
vanité scientifiqur du roi 
Iax, une sorte d' obliga- 
tion intelJcctuelle à être anti-ultranlontain; mais 
c'était là une pensér dïnlÏtation, une pensée 
d'cmprunl. dont on nc savait trop si clIe aurait 
assez de vigucur et de yie pour détcrminrr, en 
fait, certaines décisions pratiques (lu souverain. 
Et ce que dcnlandaH au roi l\Iax, en octobre 1830, 
la réunion épiscopale de Freising, c'était une 
explication de principe sur les infeutions reli- 
gieuses de rÉtaL bavarois, tel que l'avait renlanié 
l'année 1848. l\Iais des requêtes précisrs, qui 
réclament un (( oui )) OU UIl (( non >>, risquent d'indis- 
poser un caractèrc indécis paL' là mênlC qu'elles 
l'acculenl, et c'est sans doute du jour OÙ Reisach 
eut fait Ie roi ?\Iax captif cl'UD questionnaire, que Ie 
roi comlnença de trouver cet évêql1c parfaitemcnt 
insupportahlc. 
Parmi lcs dernandes qui Iui éLaient présellLées, 
un certain nonlbre ne se heurtaient qu'à de sinl- 
pIes oJ'donnances adnlinistrat i ves: rigoureusenlcnL 
parIant, 1a COUL'onne de Bavière pouyait, d'ellp- 
même, abroger ces ordonnances. l\lais d'autres 
réclan1i.llions Inilitaient directement contre les 
arLicles organiques qui faisaient partie dc Ia cons- 
titulion; ct.. queUe que pÚt être
 à cet égard, la 
bonne volonh
 du roi et de ses ministres le Par]e- 
, 
mcnt, ici, dcmeurait Ie nlaÎtrc. c'était au Parle- 
, 
ment, (1t à ]lli senI, à (\xaucel' les ðvt'qnes, ou 



..' É';LlSl: ET LA ß-\. VIÈRE 


139 


bien à les éconduire. L'émoLion mênlc que pl'odui- 
sait l'acte épiscopal sur les banes de 1a seconde 
Chanlbl'e, rt que traduisaient sans rrtard dpux 
inLerpellateurs de gauche, Hubner et Prcll r, témoi- 
gnait qu'entre les députés et les évêque::; des 
InalenLendus éLaient proches : ]e gouvernement 
n'opposait aux queslionneurs que certaincs ré- 
ponses évasi ves, dilatoires. (( Sur cette question 
de haute imporlance, disait un peu plus lard 
t 
un autre interpellateur Ie nlinistre Ringelnlann
 
les convictions diITèrent tel]cnlcnt cntrc elIes, 
que, dans l'inLél'èt de la paix ct de la concorde, 
on doH instalnnlent désil'er d'ériLer à co sujeL 
toute discussion parlemenlaire, dont on nc POUl'- 
rait, en fait, conjecturer lïssue 2 )). Dans Ie clergé 
lnênlc, Ie !\Iémoire des é\Têques provoquait des 
anxiélés, quc Ie gouvcrnenlcnL n'ignorait pas: on 
cl'aignait dilns quelques presLytères que la hié- 
rarchie nc dcvînt despotique et qu 'elle nc rcndìt 
les curés amovibles, com filC en France;
. ...\
sul'é- 
ment cprtains députés aspiraicllt à s'ériger en 
tribuns du petit clcrgé; el c'élait nne prelnièl'c 
raison pour que la COUI' de Bavière désiràt assourdir 
les échos parleDlcntaires; nHlÌs ellc avait un secret 
espoil', aussi, que les consciences des évêques, 
nprès s'êL1'e soulagées en parlant, s'assoupiraienL 
au lieu d'agir. 


10 LJús Recht dCI' 1\.Ù-c!ic, p. +01. - f:.m o lc silcnce gdrJé pal' Docllingcl' 
dans cc:; débals pal'lcmculaircs, \'Oil o Fl'iedrich, j}oellillflc)', HI, p. 10:{. 
2. /}a.'1 Recht dcr [lireTtc, p. 40
. 
3. [Jrl
 flf1c/lt cia /ÙI'chc, po in
..}IJï. - C'cst cello crainLc '(u'c"primail d 



t40 


J: ALLE:\IAGNE RELIGIEUSE 


Carcssrr line telIe i1] usion, c' étai l n1al connaîtrp 
Rrisach. II recevait de ßon1c, en févric'r 18?)1, un 
bref d.npprohation pour lr l\Iénloire 1; sa volonté, 
celIe (Ie ses collègues, so dressaient désorn1ais, en 
face de r.Étal bavarois, comme la volonlé mCime 
de Pie IX. On vit alors Ie gouvernement faire 
certaines concessions: telle, par exemple, sa négo- 
ciation définitivo avec \Veis, évêque de Spire, en 
mai 18
1, relativement au droit de nomination 
pour les paroisses du Palatinat 2; telle, encore, la 
façon dont fut réorganisé Ie concours en vue de Ia 
collalion des cures:-:; te], enfin, l'arrangement 
rilpidc qui rut combiné ponr rassuror les scrupuies 
catholiques au sujet d'nnc nonvelle formule de 
serment 4. l\1ais d'autres ùécisions survcnaient, 
qui aggravaicnt an contrairc plusieurs des abus 
uéplorés par les évêques; eIles attestaient l'insta- 
bilité de la poliLique religicuse n1ÏnisLérielle. 
Le cardinal Geissel, archevêque de Cologne, 
voyageant it la fin de l'été dans Ie Palalinat, son 
pa.ys naLal, en revrnait très chagriné : dans une 
Jettre au nonce Viale PreIa, il pariail des (< mesures 
p(:ssant toute croyance avec Icsquelles on traÏtp 
fEglise en Bavière;) )). Co qui choquait 1\lolitor. 
sccrétairc de l'évêque \Vcis, c'était de sentir avec 


nof'liingcr Ie vicairc l\Iaicrhofcr ùans unc lcllro du 27 févricr 1
51 (Friedrich, 
/Jocllin[ICr, III, p. 101-). 
1. Colleclio Lllccusis, \', co!. 1189-1190. 
2. Hcmling-, up. cit., I, p. 369-372 cl .iI 1;-1I
. 
3. Das Recht der lÚrche, p. MO-411. 
L /)U8 llccltt ÚCI' Kirclze, p. 411-H30 
.t o rruC'Jr, r;eis.<J"', II, p. 3iO. 



L . .ÉGLISE ET I.A HA VIÈRE 


141 


queUe désinvolture systénlatique ] 'État se servait 
des prêtres ou leur manquait d'égards, au gré des 
circonstances : (( On agit avec Ie clergé, disait-il 
plaisamnlent, conlme avec Ies seaux à incendie, 
q u' on l'enlise, une fois Ie feu é teint 1. )) En juin 18::> 1, 
Ie gouvernement signifìait à révèquc \Veis que, s'il 
voulait faire prêcher des missions par Ies Jésuites 
ou par des prêlres ne possédant pas l'indigénat 
bavarois, il devait demander Hcence à l'aulorité 
civile.!; et ce n'éLait qu'à titre tout provisoire qu'cn 
février 1852 on autorisait enfin \V cis it recruter 
des JésuÏtes comme prédicateurs 3. 'fout l'épisco- 
pat bavarois, à comnlencer par Reisach, qui orga- 
nisait des missions (( avec une in]assable acii vité l
 )), 
étaitexposé it de senloiables chicanes. .Alors s'abré- 
goa Ia patience des évêqucs: Ie 20 févl'icr 1852, 
ils insislèrent pour obtenir une réponsc au 
Iémoire 
de Freising. Leur Iettre suspendait sur la tèLe de 

lax une auréolo et une nlcnacc; c' était à lui ùe 
choisir entre la gloire des Constantin, des Char- 
lenlagne, des Alfred Ie Gr.and, des l\Iaximilien, 
bienfaiteurs iUustres de l'Egiise, et Ia responsa- 
bilité d'un conflit grave, qui meltrait la Bavière 
aux prises avec la papauté ð. 


I. Pfuelf, Geissel , II, po 371. - Sill' Guillaume Molilor (1810-1880), IH'èb'e et 
romancier à ses hcUI'cs cL ùonl les essais dramaLillues avaienl une porLée apo- 
logHi1lue el élaienl souv('nl repl'és('ulés dans les associalioll
 caLholiqu('s. \oil' 
Bruemmer, Allgemeine deutsche lJioyrltphie, 1.11 , p. 
38-4-40, el Ollo \<. Vocl- 
dCl'ndorIT, llarmlosc Plaudereien eines alten ,jl,fuenchenc1's, II, p. 33tio 

o Remling', Ope cit. , [, po HJU-1!H. - Das Rccht dCI' 1í.iJ.c!U' I P, 413-1,18. 
3. Remling. op. cito l 1, p. 1!)
-H)5. 
4. Raich, BI'ief'e t'01t und an J(ettelCl', p. 
2()0 
5. Rf'mling-, 0[10 cito l n, p. U1. 



142 


L'ALLEl\IAGlXE RELIGIEUSE 


III 


Lr roi l\lax n'accepla pas l'alteenative. Sa 
réponse, dalée du 30 n1ürs, proyoqua Ies insll'uc- 
t ions minislériellcs d u 8 avril 1 ; elles élaient n1oin
 
drcisives et plus nuancées qn 'on nc s'y filt altendu. 
l\.'Jax n "acccp ta it pas, 0n lhéoric, la lhèse des 
pv(äqucs sur le Concordat el r (( édil de re]igion)) : il 
pcnsait ct parlait, 
l cet 
gard, comnle firenl, ccnl 
ans durant, Ips gouvcrnpn1cnts succcssifs tic 1a 
France, lorsqlH' rtglisc se plaignail des Articles 
organiqnes. II u'acceptait pas, non plus, cette 
manifestation colJecliye, corporative, faite par les 
Óvêques; peu s' en fallait (lU'ii n'y vît un actc 
t 
denÜ révolutionnairr, ('l e'cst avec une sévèrc 
an1erlume qu'i) notait une' cOIncidence enlrc cette 
dén1arche épiscopalc ct Ies troubles révolulion- 
naircs qui venaient de faire vaciller Ie lròne. En 
pratique, J'ailleurs, it travers les vil1gt-six para- 
graphes Oll il enlrait dans Ie détail des difficullés 
pendanLcs, son exégèse juridiquc apparaissail con- 
cilianle. Il sc taisait sur les cas oÙ I 'édit de reli- 
gion contl'eJisait formellen1cnt Ie Concordat; Diais 
il pronleUait que 5es n1Ïnislrcs, parn1i les inter- 
prétations diverses dont rédil élait souvenl sus- 
ceptible, choisiraicnt toujours celle qui cadrcrail 


. i. Ou I
s lrou
 era, morcelées cn chapilres, dans l'opuscuk ci-dcssu::, inùi'Iuè : 
.'iyslcmullsclte ZUS(WlIilCIISlClluu!I. Le commClltairc Ie plus prèci
 CII csl ÙOllllé 
t1alls If' I" I"f' : 'It(S fl,'cht ele)' lÙrcl"" p. ,

2-i(j-;. 



l/ÉGl.ISE Err LA ßA'TIÈRE 


143 


]e plus exacteluent avec les stipulations de ce 
traité, ct ceLte silnple pronlcsse déplaisait naturel- 
lement aux légistes; car d'après eux l' (( édit de 
religion )), qui yisail toules les confcssions, dcvait 
être inlerprété, exclusivcnlent, d'après la tencur 
de son tcxte 1; l'idéc d'en colJaLionner certains 
passages avec lcs articles du Concordat leur appa- 
raissait conl111e une capitulation devant I 'Église. 
La tutclle souveraine de l'État sur r.Églisc éLait 
luaintenue, nlais sans porLer atLeinte à fa liherté 
des (
vêque::;, en ce qui regardait leurs actes pure- 
n1ent ecclésiastiqucs. l.a'obligation du Placet étail 
en principe affirlnée; nlais pour les juLilé5, les 
indulgrnces, les ordonnanccs de carêlne, il étail 
considél'é conUlle donné une fois pour toutes. Le 
recours 
l l' État contre les abus de la puissance 
ecclésiastiquc rcstai t en vigueur, mais avec des 
restrictions qui Ie rcndaient Inoins oITensant pour 
la juridiction spiriluelle. L'État gardait Ie droit 
de prendre pour la gestion des biens ecclésias- 
Liques les n1esures qu'il jugeait convenables, mais 
it reconnaissait formellenlent Ie rlroit dc propriété 
de I'Égiise. La (( collation du tpmporel )), en cas 
de nomination d'un prêt.re à une curr, denlcurait 
Ie droit de l'État, et luênle, au moment de I Ïnstal- 
lation, ce droit drvait être rappclé par une formufc 
expresse; n1ais la nomination mênle aux fouctions 
ceclésiastiques était la prérogaLi vo de l' évêq ue, 
sous résel'ye d'ailleurs de l'agl'én1ent de l'Etat. Enfin 


1. ::;('
.Jl'1. lJayr..isrhc.c; A-Ì/'C!tCl1-.'i(llalsr,'cht. p. :W-31 ,Fdhourg, l\Iohr. t89
)0 



14
 


L 'ALLEl\lAlìNE RELIGIEUSE 


I'État renonçait à intervenir dans Ie choix des 
supérieurs de couvenls, 
l confirn1er dans leurs 
-[ouctions les directeurs et professeurs de sémi- 
naires; il promeltait d'avoir égard à ]'avis de 
]'évêque pour la nomination des professeurs de 
lhéologie dans les univcrsités, des professeurs de 
religion ùans les gymnases, et de tenir con1pte, 
aussi, des désirs éviscopaux, pour Ie recrutelnent 
dn personnel enseignant dans Les établisse111ents 
u'enseignenlenl philosophique rt Ihéologique qu'on 
appclait des Iycécs. 
.Ainsi devail se dessincr, it l'avenir, la vie de 
l'Église Lavaroise. Le l'oi l\Iax acccplait que les 
granùes lignes du Concordat fussent de plus ell plus 
accentuécs, sur Ie fond du tableau; mais bon gré 
Inal gl'é, il voulail y introuuire, dussenl-ils y faire 
tache, dussenl-ils Gtre criards, un certain non1bre de 
déLaiis enlpruntés 
ll' (( édit de religion )). (( Conln1e 
gardicnne fidèlc du droit, déclaraiL-il, Ia couronne 
uoil, avant lout, s'attachcr soliden1ent aux stipu- 
lations de la loi fondamcntalc d'État eL des Jois 
conncxes, tant qu' eUes ne sont pas nlodifiées d'une 
façon conslitutionnelle; aucune autre ]oi d'État, 
non pas mên1e Ie Concordat, qui fut publié comme 
annexe, ot qui, par 
urcroît, ne peut êtrc sounlis 
à une interprétation exclusivemenl unilalérale, ne 
pC'lIt avoir prépondérance sur la loi fonda111en(ale 
d'Élal l .)) 13ref, Ie roi l\Iax, en dépit des conces- 
sions q n'il apportait aux évêques, maintenai t un 


t. o"'ystematiaclw Zusammíllsfelluf/,f/, p. 9. 



L' ÉGLISE ET LA BA VIÈRE 


l-i5 


principe coni I'C lequel sÏnsurgeait à touies les 
pages Ie l\Iémoirp. de Freising ; l' engagement signé 
trente-quatre ans plus tõt entre Rome et ]a Bavière 
ðtait expressément subordonné aux exigences supe- 
rieures d'un certain droit d' État, que la Bavière, 
toutc seule.. a vait souveraincment créé. Les juristes 
royaux avaient découvel'L une helle subLilité, pour 
que leur maître s'arrangeât avec l'article i8 du 
Concordat, suivant ]equel ceUe convention était 
loi d'État (Staatsgeset
). Un nouveau concept 
apparaissait, celui d'une loi fondamentale d'État 
(Staatsgl 1 11ndgcset::.) ; et, bien que Ie Concordat, 
qui faisait partie de la constitution, fiIt par là-mêmc 
un fragment Je ceUe ]oi fondêunentale, il ne gar- 
dait à proprenlent parler valeur de loi fonda- 
nlentale qu'autant qu'il étajt conlpatib]e avec Jes 
autres fragments. Ces façons de penseI', de parler, 
de chicaner, déplurent à la Civiltà Catlolica; elIe 
Dotait qn'au même instant Ie ministère bavarois 
prenait contre la pl'esse des mesures tl'0S rigou- 
.'euses: (( Le ministrre ennemi des prêtres, 
cri- 
vait-elIe, est réactionnaire dans tonte la force du 
Lcrme 1. )) Les discussions de principe el les que- 
relles de mots qu'opposait la Bavière à la liberté 
Je l'Églisc ap}Jaraissaient ainsi comme une réaction 
contre les conquÔtes de 1848, réaction dont, en 
nlênle temps que l'Église, Ie peuple sou{J'rait. 
Sans retard, Reisach jugea qu'il fallait répondre 
111 roi. Avec l'évêque d'Eichstartt, il s'en fut à 


1. Cit,iltÛ Callolicâ, 10-31 mai 1
52, po ;j72. 


IV. 


:10 



1q6 


,,' ALLEl\L\GNE RELIGI EUSE 


Augshourg voir son collègue Richarz, qui n'aimait 
pas Jf\S diffÔrends ayec Ie ponvoiJ', 
t dont l'c{face- 
mpnt allraÍl bl
isp l'nnilé dr' J'épiscop:lt Lavarois. ^ 
..lngshourg- nlÔn1e, tons trois cnscD1ble préparèrf'nt 
nnc leih'c sOllllllaÌ1'c clans laquclle iis ren1erciaienl 
:\Iax de ses concessions, et maintf'naient lpur doc- 
trine sur les droits de l'Église; ils souhaitaient que 
les rapports entre Ie Concordat et la constitution fus- 
sent prochainelllent définis (( d'une façon plus paci- 
Hante )); iis annonçaient, pnfin, que bientôl, avec 
plus de maturité, its présenteraient à la couronne 
des propositions nouvelles 1. I] sautait d'aillcurs 
aux yeux des évêques que l\Iax avait ]aissé sans 
réponse toute une sPl'ie de leurs revendicalions. 
Pourraienl-ils établir des couvents ? Queis seraicnt 
]purs droits sur l'ensei
nement it ses d i \Ters degrr,;? 
C' étaÌent lit òps points sur lcsquels la décision dn 
R avril était volontairement 
i lencipuse. 
L'épiscopal se mit au trayail, dans chaqne chan- 
cellcrie épiscopa]e, pour r(
diger quelques brouil- 
Ions de pélitions; et Ie voyage que fi t Reisach it 
Rome, en rété de 1852, scellait entre Ie SainL- 
Si
ge ct ]'épiscopaL de Bavière une pncouragf\antc 
harmonie 2 . C'est 
l 'Vurzbourg, pn f(
vrier 1853, à. 
l'occasion d'une grande mission prt
chée par Jes 
.Jésuitcs, qne derechef les évêques se réunirent : 
ils concertèrent les termes du l\lémoire qui devaH 
('-tre expédit\ au roi. Un incident pénihlf', survcnn 


1. Systemalische Zusammenstellunq, p. 11-12. - Remling, Ope cit., H, 
Jlo U-i-135. - Richarz ful évè(Jue d'Augsbourg dc 1

8 à 185.). 

. Remling, op, cit., II, p. 135 et 507-ã08. 



L'r<:GLISE ET L.\ ÐA VIÈRF. 


147 


entre Heisach et IIofstarUer, ÔvÔquP òp Passau 1, fit 
njoH,'ncr la dénlarchc; mais Viale Pn"'ln. nonce de 
Vienup, ap Ian i ties di ffìtnltés 2, pt Ie jon l' de la 
Pcntccôtr de l'année 1853, les dol{}:,nces réitérées 
dr l'T
gli'3c dp Bavi{\re pé1rvinrent au lròne de 
Ba vière 3. 
Les évrqucs maintenaicnt que Ie Concordat fai- 
sait Iui-même partie de la loi fondau1enLale d'ÉlaL, 
et que, par surcroît, il ne pourrait être modifié 
qu'avec l'assenlimcnt et 10 coneours du Pape : il 
avait done une double valeur, constitutionnelle et 
d iplomatiqne, et c'est pourquoi, an non1 même du 
Concordat, les évêques insistaient doublement pour 
que leurs droits sur les universités fussent reeon- 
nus, et pour que les gymnases et lyeées oÙ étu- 
diaienl les é]èves des petiLs et grands sén1inaires 
leur fussent 
oumis, on tout nll moins pour qu ïl 
10tH' fflt permis de errer, à eôté de leurs sén1Ïnaircs, 
des gyn1nases ot des lyeéos OÙ leur autorité s'exer- 
ccrait pleinement
 A. n1esu
'e fJuc se prolongeait Ie 
dialogue entre l'Etat et l'Eglisc, il se resserrait, 
;;e préeisait, et la portée s'en restreignait : c'éLait 
"In Jéfinitive sur les questions d'enseigncment que 
I ;e eoneentrait Ie débaL 
On pouvait en troll vel' une preuve nouvelle, dès 
e mois d'aoÙt, dans une déll1arehe personnelle de 


1. Sur Henri Hofstaellcr (1805-1875), évèl(uP de Passau, a"
cz hoslile à 
:)ules lps manifeslations publiques dont l'Élal pouvaiL s'alarmer, \ oir o Hensch, 
ans Allgemeine deutsche Biogmphie, XJI, p. ß48-ü50. 
2. Remling, op. cit., II, p. 135. 
3. Archiv für katbolischcs Kirchenrecht, 18G2, VIII, p. 403 ct suiv. - La 
lèll1(, réponsc ('piscopalc cst rééditée, - morceléc en chapitrc<; - dans Ja Sys- 
?matische Zusammenstellung. 



l-í:8 


L 'ALLE:\IAGNE nELIGIELJ
E 


Heisacho Par une formule asset vague de la ùécla- 
ration du H avril 1.8:)2, rÉtat ]aissait à chaque 
évi\quc Ie soin et ]a responsabilité de lui faire des 
propositions (( au sujet dc, l'extension des sénli- 
naires épiscopaux 1 )), ct l'E1at se résrrvait de lcs 
apprécier. C' est it l'arLicJe 5 du Concordat que se 
rapportait cctte vague promessc. Le tcxtc latin de 
cet article avail prévu l'existence de sén1inaires 
dotés par l'ÉLat, conformes aux décisions du con- 
cUe tIc Trcntc, et dans lcsquels seraient fornlés ct 
instruiLs lcs futurs clercs, Ùdolescentcs; Dlalgré 
Ics rcprésentations clu gouvernement Lavarois, 
qui avait proposé de substituer au nlot adolt
s- 
centes ]e tcrn1e : candidati status clericalis, Ie Saint- 
Siègc avail maintenu l'expression primitive, et la 
Bavière avaH cédé, s'cngageant ainsi impliciten1enL 
à pourvoir les diocèses de petits sénlillaires 2. Rei- 
sach, durant son épiscopat à Eichstaett, avail, gråce 

l la tolérance du ministre Abel, organisé la for- 
mation de ses clercs conforn1énlent aux règles de 
Trentc et aux autorisations efIectivcs du Concordat; 
il avail ouvrrt un petit sénlinairc, OÙ il accueillait, 
tout jcunes, les enfants pour lesquels on songeait 
tl la prt'lrise 3 ; et, fort de ce pL'écédent, il écrivait 
au roi, Ie IG août i8
3, pour exposer de pareilles 
intenlions au sujet de l'archidiocèse ùe 
funich. 


t. Syslemalische Zusamïncltslellung, p. 80. 
2. Slrodl. Friedrich Heilll'ich Hugo .Windischmann, p. 
4 (Munich, Lcnl- 
1}Pf, t8(2). - Das Recht d,'" l(irche, p. G90 
J. Sur les initiati\"p
 C](' r
f'isach à Eichslapll. voir Goetz, opo cit.. p. JJ-8,i, 
pl sur sa th{.orie au sll
pl tie la formalion sacerdotalt', voir f'fuclf, Slimmpn 
aus Jlcuia Laach, XLL1I, t89
, p. 45. 



L' ÉGLISE ET LA BA. VIÈRE 


i49 


La stricLe exécution du Concordat, expliquåit- 
ii, réclanlerait que l'État payât annuellement 
73.0UO florins pour l' entretien d'un petit séminaire 
avec240 élèves, d'un établissenlent d'enseignement 
supéricllr avec 120 élèves, d'un séminaire pratique 
avec 30 élèves. Mais Reisach se déclarait moins 
exigeant: il lui suffisait d'obtenir - mais il y 
tenait fernlement - que les 16.7H7 florins annuel- 
]enlent déboursés par l'État pour ces divers besoins 
fussent désornlais considérés conlme une dotation 
permanente, comme une delte imprescriptible; que 
l' école latine et Ie gymnase de Freising, dont les 
cours Ötaicnl suivis par les élèves du petit sémi- 
nairc, et que Ie lycée de Frrising, OÙ s'instL'ui- 
saient les élèves du grand sénlinaire, fussenL désor- 
mais confondus avec ces deux institutions, cOHsi- 
dérés COIllnle établissemenLs épiscopaux, non 
comnle éLablisscments royaux, et p]acés sous la 
direction exclusive ùe l'évêque. Reisach d'ailleul's 
insislait sur ce fait, qu'il ne sol1icitait de l'État 
aucune dépcnse nouvelle; tout ce qu'il voulait, 
c \
tai t Ie p lcin excrcice de ses droi ts de p3 steur 1. 
L'Élat laissa sans réponse la lettrc de Reisach, 
C0l11me illaissait sans réponse Ie nouveau :\Iémoire 
colJecLif ùes éYêques, ot l'épiscopat put remarquer 
avec tristesse, au printemps de 18J4, qu'un pro- 
granl nle scolaire don t certains articles concernaient 
l'enscignemcnt religieux élait publié par Ie mini
- 


I. Lc lc"lt
 de sa It'lll'c (':-1 pllb1i(
(' dal!" Ltl chip !ill' k((lholisclll'.
 AÚ'chf!1t- 
l're/d, t81ì2, "IIf, p. '
1
-4'17. 



150 


L' ALLEIUAGNE ßELIGIEUSE 


tère sans consuItat ion prr
laL]e de l'autol'ité reI i- 
gieusC' 1. 
A la longue, l'expectative ùcvenait pesante : une 
crise aiguë risquait d' éclaler. Le ministre Z"rehl 2 
en eut Ie sentiment, ct, pour amener llne prochaine 
rntentc, il cut l'idée de s'en aIleI' d'ðvêché en 
évêché, et de causer avec les prélats. II fut rhô!e 
(Ie ]'archevpqur de Balnberg.. de l' évêque de "r UI'Z- 
bourg, de I' évi\que de Spire 3 ; il recueillait leurs 
ilnpressions, cherchait avec eux Ies biais pal' ]es- 
qur]s pouvait (\!I'e an1ené quelque arrangement; 
et puis, lorsqu'il avait pris congé, dans Ie n10t de 
rcmercie01ellts qUIlleur adressait pour leur hos- 
pila1ité, il eXpl'in1
it (( la douce espérance )) d'une 
paix prochaine I.. l\Iais ce ýu'ignoraient les pI'élats 
qui tour à tour accucillaicnt Zwehl, e'es! qu'il pous- 

ait son voyage jusqu'à Cologne pour obtenir du 
cardinal Geissel qu'il acccptât dß succédcr à Rei- 
sach sur Ie siège de l\Iunich. 
Lo roi 
lax voulait bien accordcr it J'Église quel- 
ques changen1cnls de législalion, n1ais il désirait, 
à 
Iunich, un chang-clnent <.Ie personnc. Les pré- 
dictions anciennes ùe Reisach se vérifiaient: il v 
"' oJ 
avait incon1patibiJité d'hun1eul' entre lui et l' ÉI at 
Lavarois. Aupri\s (Iu roi l\lax, Ies ennclnis ùe Rci- 
sach avaicnl la pal'li
 helle: il Ies croyait, aveu- 


1. A
'chiv, 18<"2, VIII, p. '1-5;;0 

. Sur Th
odore dc Z\\chl (lqOù-l
ïj), "\Oir IIcigel, _l11gemclIw cJculsclLe Biu- 
:/raphip, XLV, p. 518-3
Uo 
,L Remliug. Ope cilo, 11, p. 13:-'-140. 
"L nt>mling-, np. cit., II, p. 1.'
'. 



L' J
GLISE ET LA BA VIÈRF. 


IJI 


glémenL. On lui rêlconlait, un jour, qu'un chapitre 
sur les devoirs du peuple envers les rois avait été 
supprimé du caléchisme de Munich; tout de suile, 
sans vérifier, i] cnvoyait une nlcrcurialc 
t son 
n1inistre, qui pouvait bien, lcs tcxtes en mains, 
l'assurer Ie sou vCl'ain 1, mais non point adoucir son 
humeul' 
t l'cndroit de Reisach, Ce que rêvait l\iax, 
c'étaÏl d'éloigner l'al'chevêquc ell Ie faisant nOnlme)" 
cardinal à nome, ct d'installer Geissel sur Ie siège 
archiépiscopal de 1\lunich. (( l\Ia tendance, écrivait 
uès 1847 Ie roi Louis Ier, est celIe de Geissel, non 
celIe de Reisach 2. )) Le roi 1\1ax pensait à cet égard 
comnle son père, ct, plus aigre d'hunleur ou plus 
cavalier dans ses propos, il Hnissait par dire : 
(( Reisach m'est si antipathique que je ne puis suivre 
Ie dais lorsque c' est ]ui qui porte r oslensoir 3. )) 
V oyant qu' entre l'Église et l'État prussien l'har- 
nlonie régnait, l\lax ne se LrOll1paiL point, à vrai 
dire, lorsque, pour une part, il en faisait honneur 
à GeisseI; n1ais il aurait pu remarquer, en mên1e 
temps, que la constiluLion prussienne accorclait à 
l'Église ùe Prusse presque toutes les libertés aux
 
queUes aspirait rÉglise de llavièl'e, et que Ia poli- 
Liq LIe religieuse de Berlin ne donnait pas it Geissel 
les n1èmes sujets de plainLe que prodiguait it 
Reisach Ia politique religieuse de 
lunich. 
Gc:issel reçut Z\vehl; illui dit, très franchement, 
queUe déception la Bavièrn causait aux catho- 


1. H. P. JJ., 1882, I
 po 179-1tiO. 

. Goelz, Ope cit., p. 99. 
:L Fl'if'drirh, !Joel/ill{fCl', HI, p. 170. 



i:>2 


L' ALLE:\IAGNE HELIGIEUSE 


liqucs alleluands, et cOll1bien eJle étail déchue, 
(
n quelqucs années seuleu1cnl, du prestigp qllP 
llaguère elle possédait parn1i eux; et tl'ès netten1cut 
aussi, iJ refusa de qu itter Cologne pour l\lunich t. 
Dc son sèjour à Cologne. Z,vehl rappol'tl1it une 
leçon et un refus; tout au plus avail-il oLtenu que 
Geissel, après avoir ll1ûrcn1ent réfléchi, expédiÙt 
au roi ]\Iax une réponsc pcritr ; mais queUe sel'aÏl 
Ia réponse, Z,vehl assuréUlent n'en doulait pas. 
(( J'ai parlé COll1me un évêqlH' catholique, racon- 
tait GpisseL à Viale Prela, Ie 2 août 1853. Aprps 
cela, j'ai toute raison de croire quc sons peu Ie 
gouvernement bavarois rendra une orJonnance 
nouvelle, ct que celle' ordonnance, sauf qurlqul's 
points pour lesquels Ie roi !\lax seluh]e 
1voir un 
acharneUlcnt idiosyncrasiquc, sera sans dOllte en 
accord a'"ec Ie Concordat ct faxorable pour les év(
- 
ques. Cettc iùée fixe de la part du roi pour quel- 
ques-un
 des points en litige est à vl'ai dire un 
nla'lheur, nu1Ïs une fois lag-lace ron1pue,je nc lloulp 
pas qur plus tard on ar,'ive à accordC't', n1ên1e pour 
Ie rcste, une plus grandf' liherté dt ì nlouvcnlPllt 2. )) 

Iúins dC' \ ingt .lours après ces pronostics de 

('isscl, un projel de réponse royale fut confidcn- 
licllcmcnt sonn1 is aux (
vêques, mais ceUc réponse 
llC dcvait (\tl'e publiéc, e1 ils n'cn pouvaicnt faire 
é1a1, que s11s pl'olnettaienL de s'cn contenter pour 
l'avenir, ct tic ne pJus risqucr aucunes revcndica- 


t. Lc l'éril cúml,ll'l {](' r('ulr('liell CuI conscl'\ é par GeisscI lui-mêmf' et p:!,li(
 
pills lard. ùau" lI. P. n.. U,S
. I, þ. 1611-191. 
2. I'JlI{'If, GL.8" '0 II. p. 3í2-373. 



L'
:GLISE ET LA ßA VII
RE 


1.53 


Hons 1. Dc toutc évidcnce les d
marchcs de l'ÉgÜse 
importunaient Ie roi; il voulait Lien donner une 
satisfaction, luais à la condition que tout incidpnt 
fût clos. Et conln1e, de jour en jour, il redoutait 
dans H.cisach un homme ùe conlbat, comnle il en 
était venu à Sp pel''Suader que I'Église bavaroise, 
conùuite par Reisach, sCl'aiL pcrpétuellenlcnt en 
ùélicatesse avec l'Élat, iJ chargeait Z,vehl de fairp 
un nouvel effort pour que Geisspl accephlt Ie siège 
dr l\Iunich. Geissel répondait à Zwchl par une 
nouvelle lcçon et par un non vpau refn s 2. Ce que 
dcnlandent lues co] )(\gues de Bavière, disait en 
substancp l'arc!tcvÔquc ùe Cologne, c "est rapplica- 
tÏun ùn Concordat, cl que ] 'État bavarois fût si 
lent à y consenlir, c'était la preuve attl'istante que 
Ie roi 
Iax ollbliait sa haute n1Ïssion de roi catho- 
lique. Chacune des avances que nluHipliait 
Iax 
luprès Jp Geisscl était pour ce prélat nne occa- 
:;ion do parlor plus haut, plus haut qu'aucun prètre 
Je Bavière, plus haut que Reisl1rh lui-nlêmc, et 
l'aùresser 
l l\Iunich une façon de l'enlontrance. 
\Iais h Gcisscl tout était pcrulis, et dorechef, à Ia 
late du 10 juin, Z,vehl insistait pour que eel 
lrchevêque, qui avait Le vCl'hc si libre, fît au roi 
\lax )a grâce de n10nter sur Ie siègc de 1funich. 


(( La cOllflance ùu roi Jans Hrisach, écrivait Zwehl. est si 

omplèLelncnt ùéLl'uite, quïl est slricLeu1clll ilnpossible d'es- 
Jérer que les choses aillent n1Ïeux. Inutile ùe se dCluallùer 

O]}ln1cnt pcut êLre rétaLlie la concordia imperii ct 
accJ'[lotii" 


1. l:clUliup', op. c.it., II, p. 1;;9-140. 
2. Pfuelf, Getssel, II, p. 3í3-37i. 



154 


L 'At.LE1\IAGNE RELIGIRUSE 


si ilHlispCllSalJle pour 1'Église 
t ponr l'Ihat, t.ant que Ie siègc 
archiépi!'copal de céans n 'est p
s occupé par une autre per- 
sonnalité. L'inLérêt IDPme de l'Eg1ise catholiqup pn Ravifre, 
l'intérðt, d
s 10rs, de tontp l'Églisp t!'Allpmagne, exige que 
se réa1ise Ie plan de Sa l\íajesLé t. )) 


Geissel ccpcudant fut inflexible: quiLter son ùio- 
cèse de Cologne, les 1.600 prêtres, les 1.200.000 fi- 
dèlcs, dont les bcsoins lui étaient devcnus familiers, 
pour s'en aller, lui bientôt sexagénaire, dans un 
diocèse q u' it connaissai t mal e L oil les difficultés 
étaient nombrcuses : c'est à quoi il ne pouvait se 
résoudre. 
Sans in sister daval1tage auprès ùe Geissel, Z\vehl 
se retournait vel'S lcs évêques de Ea vière pour 
qu'ils acceptassent les concessions royales et pour 
que s'ébauchât une politiquc de pacification. \Veis 
y étaÏl gagné 2; l'évêque d'EichstaeU, aussi, esti- 
mail qu'il fallait se garder ùe réclamer, avec une 
intransigeance excessive, certaines déclaralions de 
principe; iJ ajoutait, non sans perspicacité, que 
l'essenliel étaÏt de profiter des avantages proposés, 
ct qu \ânsi, pcu à peu, les principes clont l'Église 
souhaÏlait I 'acceptation sentient en ql1clque mesure 
réalisés dans les faits, in1posés parle n10uvement 
même dc Ia vie 3. Rcisach pensait de lüên1C : sans 
être plcinenlcnt satisfait, il avouait que Ie roi ne 
pouvait accordcr ùavantage sans l'agrément des 
Chambres.. et quc dès rnaintenant on Iui ùevait 


1. PfueH, Geisscl, 11, po 375. 
2. Remling, Ope cit.. II, p. 140. 
:::. Remlillg'. Ope rit.. n. p. 1 ín, n. 
f);j. 



L 'J
GLISE 
T LA BAVIÈRE 


1
5 


savoir gré des eon
essioLls qu 'il apporlait; l'Église, 
en y faisant mauvais accueil, laisscl'ait une inlprcs- 
sion Ulan vaise et ou vrirait une crise dangercuse. 
J.\ Ronle, on partngeait I' opinion dp Reisaeh 1 ; nHti s 
à RaLisbonne, l' évêque Riedl h6sitait, discn tai L, 
murmurait, refusait, et e'en élait assez pour que 
toute répollse dr l' épiscopat fût ajournée. Le roi 
s'irritait de ces retards. Que l'État sollicité fÙl lent 
à répondre, c'était, paraît-il, son droit; mais pou- 
rait-on permeltee les mêmes lenteurs à des préla ts 
qu'on exauçait à dellli? 
Vne tl'oisième rencontre des évt'ques, qui cui 
lieu à Augsbourg les 24 et 25 juillet 1.854, nlit un 
terme à ces difficultés: la réponse qu'ils élaborèrcnt 
exprinluit leur gratiLuuc et lout en même temps 
l'espérance que l'esprit de justice et de piété du 
roi prendl'ait un jour des lllcsures pour l'cxécution 
des autres stipulations du COllcordat
. II y avait, 
dans cetlc letlre, au gré du roi 
Iax, nne phrase de 
Lrop : il ne voulaiL qu'un Alnen et qu'un remel'cie- 
Dlent. Néanmoins Ie 28 septcmbre une oruonnance 
royalc alnenda dans Ie sens souhaité par les évêques 
les prescriptions anLél'icures relatives an concours 
pour l'at.Lributiol1 des cures 3 ; et, Ie i 7 octobre, fut 
publiée la réponse royale au luémoire épiscopal"i.. 
Le paragraphe le plus inlporlant était celui qui 


1. Pie IX pourlanl soupçonnailla Ba\'ière ùe lravaillel' à Baùe, loul comme 
la Prus
e, cOlllre les revendicalious de Vicari (J.-F. Schulte, Lcbensainne,'un- 
!lcn, p. 20). 

. Remling, Ope cU., II, po f 

. 
3. Hemling, 0[10 cit., I, p. 33
j-33ü. 
'I.. A rchiv {ür katlwlisc!trs lí.irchcll1'ccht, 18(j2, \'11', p, 1-:'10-4-38. 



i 5ð I.' ALLE
[AGNß REI.IGIEUSE 
reconnaissaÏi il I'Ég1ise Ie droit d(\ dire son filot, 
désorn1l1is, pour la non1Ïnation de tous les profes- 
seurs des (( lycées )) philosophico-théologiqucs, 
queUe que fÙl 1a lllatière de leur enseigncn1en"t L. 
Le ministre Z\\
chl, dans une lettre forrnelle, repré- 
scnta les concessions faites par l\Iax C01l1111e la linlÏic 
extrêmt"\ que l'Étal ne pOllvait dépasser 2. Reisach, 

l l'automn(ì, reçut à Rome lllên1e les félicitations 
òn papr; et Ie nonce de Luca, en juin 18
5, con- 
firnla ces COll1pliments 3. Le nonce ajouta qu'en cc 
qui regardait la dotation in1ll1obi1ière des lnenses 
(
piscopales et les dl'oits de l'Église sur ]a fornla- 
tion rcligieuse de 1a jcunrsse, les évêques, appuyés 
sur lr Concordat lui-mènle, dcvaient sans relâchc 
insis leI' et veiller; ct Reisach tout Ie pren1ier, dès 
Ie 12 mars 1 R:j5, présentait derechef, au sujet de 
(( I' extension des sén1inaircs )), la den1andc I. à 
laquplle en 18?j3 la COUl' dc l\lunich avait rcfusé 
tou te répolls
. 


1 \T 


Lp silence de l\Iax se prolongea; puis survint 
une ré.ponsc soudainc, qui consislait à faire donner 

l Rcisach, par Ie pape Pic IX, Ie chapeau de ca r- 
dinal. En déccmbre 18
5, l'archevêque de )lunieh 


I. 8!1slf'IIItLlischc Zusalllllll'JlslellulI!I, po 82-81. 

. Ilcmiing, oj). cil., H, p. H
-H3. 

. R{'m)in
, opo cit., II, p. 5fG-
19. 
,L A ."liI (w'l,alholi<;ches l1i,'cheltrer!d, 1ê'ì
, 'Ill. p. 4i':"-HS. 



L'ÉGLISE ET LA BAYIÈRF 


157 


quitta son siège et s'en fut à Rome, où, dans Ie 
Sacré-Collège, un rôle actif ]ui était réservé 1. Rci- 
sach, aux cûlés et au servicp de Pie IX, allaiL 
prendrc part aux négociaLions qui s'ébauchaient 
pntre Ron1e et les petits États de la provincp ecclé- 
siastique du Ilaut-Rhin; il deviendrait, ensuite, 
111inistre de l'lnslruction pnbliq LIe dans les États 
llolllains, et IOl'squ'cn 1.868 se préparerait Ie con- 
cile, ce sel'ait lui, encore, qui présidcrait aux tra- 
vaux de la fameuse commission politico-religieuse, 
chargée de définir certaines propositions concer- 
nant Ies rapports entre I 'Église el ]'État 2. Le geste 
du roi de Bavière, qui honorait Reisach en même 
temps qu'il l'éloignait, meUait à la disposition de 
Rome un serviteur d'élite; et Ie roi caressait 
respoir qu'on ne parlerait plus cn Bavière des 
choses d'Église, Rcisach une fois partie 
Mais ponr suppl'imer une question, suffit-il de 
l'ignorer, ou de paraÎll'e l'ignoreL' j Les actes 
royaux de 1852 et (834 perpétuaien t de si graves 
lacunes, laissaient tant de solutions indécises, et 
réservaienl enfin, un si vaste donlaine à l'arbi- 
lraire adrninistratif, que fatalement devaient se 
produire entre lcs dcux pouvoirs certains frolte- 
ments, plus faciles à prévoir qu'à réparer. A ce 
11lomcnt même où Ie déménagement de Reisach 
faisait grand plaisir au roi fvlax, ses hauls foncLion- 
naircs. tout Ht-bas au fond du Palatinat, étaienl 


1. Reisach rut nommé cardinal daus le consistoil'e secret du 17 c..lécelllLl'e 1855. 
\"oir noelz, Ope cit., p. 100. 
2. Y oir ci-dessous, p, 347. 


__ ... _..IIfIII #I....... ""'P 



lb8 


L 'ALLEMAGNE RELIGIEU
E 


l'n deJicatesse avec W cis; on discutait si les Sæurs 
du Saint-Updcmpteur, dont la maison-n1rre était 
{'\tl'angèrp à ]a BayÏ(>rp., avaipnt Ie rlroi t de sOÌg-ner 
Ips malades dans Ie diocèse dp Spil'l' : "T p1s disait 
oui, pt Ja hureancr:Jtip, qui d'ahoJ'd disait non, 
HniL par capituler 1. De iels incidents, n1ême suivis 
de victoire, sen1blaient durs au clergé bavarois : 
de l'autre côté des frontières, l'Église d' Autriche, 
af1'ranchie enfin par Ie Concordat, étaiL joyeuse et 
lriornphante; celle de vVurternberg, celle de Bade, 
se flatLaicnt que bientôt elles possederaient à leur 
tour quclquc Concordat OÙ seraient d'avance fr- 
solues, d'un trait de plume, les difficultés de 
l'avenir. Seul l'I
tat bavarois persistait ùans une 
poliLique toute bureaucratique, OÙ se mt.laient et 
s'tÇquilibraiellt les concessions et les rofus, OÙ ppr- 
p(
tucllcmentun certain élalage d'arhilraire rendail 
Ins prohihitions plus ouieuse
, et Inoins précicusrs 
Ips faveurs; et Ip vieux Concordal6Lait devenn un 
instrument de discorde, au lieu d'êtt'e une chartc 
(i'union. Tous les États causaien! avec Rome; 
pourquoi la llavière nc rpprenait-eHe pas une 
causerie OÙ l'on étudierait ensemble ce papier 
vicux de quarantp. ans, soit pour Ie renlanier, soit 
pour l'intprp)
éter? 
Il y eut une heure, en !R56, oÙ Verger, minisLJ
e 
de Bavière à Romp, eSf'aya d'incliner Ie roi l\Iax 
vers un tel dessein. 1\1ais nne voix surgit, criant 
haltc el garc; et c' étai t la voix d'un savant, que Ie 


t. Hcmling-, Ope cito, I, p. lü3-1í1. 



L'ÉGLI
E ET I.A ßA \ I1
nl': 


1.5{J 


roi Max sc dcvait à Ini-mênlC d'écoutcr, pour gardcr 
auprps des gens de science une flaUellse renornnlée. 
Le juriste suisse' Blulltschli 1, en qui In maçonnprip 
dC' l'(\poquc vðnérnit un de scs oortrnrs, savait. 
parler, à certaines hcures, au nOln de la (( sci0nc(' 
allemande )) ; il signifia au roi l\Iax ce que cette 
science pensait des concordats. 


(( Laprincipale fauteque l'Autriche aconlmiseenconcluant 
Ie Concordat, écrivail-il. c'est de ne pas avoir négocié. 
COlnme État, du libre point de vue de l'}hat, mais de s'être 
lnise au point de vue de rEgliseo Ce ne sont pas de pieux 
hommes d'Église, lllais de prudents homnles d'État, qui 
auraient dû entreI' en pourparlers pour rÉtat. La politique 
allemande ne pent pas être confessionneUe. elle doit it 
ravan ce êLre inclépendante des limilations confessionnelles. 
Dans ]e Concordat autrichien, il n'y a aucune trace de la 
conscience d'J
tat. Aussi apparaìt-il comme une simple 
s
bordination de rÉtat à l'orcll'c de l'Église. L'objection que 
l'Etat a besoin de l'alliance des ultramontains contre les 
démocra,tes n'est qu'un piège. L'alliance ne vaut pas ce 
prix. L'Etat peut se gardeI' des deux extI't'mes... Le plus 
granJ danger pour rEtat, c'est J'avoir peur de ]a puissance 
de I'Église. 1.e vieux Oxenstiern aurai t pu dire: Mon fils. Ei tu 
viens au congrès des diplomates, tu apprendras avec quel 
médiocre courage Ie monde est gouverné 2. )) 


Ainsi parla llJuntschli, et 1a cour ccssa d'avoir 
égard aux projets ùu ministl'e Verger. De tous les 
points de l'.AJlemagne, entre 18
O cL 1860, des 
énlissaires parLaient pour Rome, agents secrets on 
diplomates officiels, qui parfois se soutenaient et 
parfois s'ignoraient entre eux, et qui lous, par 
leurs pèlerinages successifs au cabinet d' Anto- 


1. Voir notrc tome Ill, p. 26. 
20 Blunlschli, Denkwuerdiges, 11, p. 242-243. 



f60 


L'ALLE
L-\GNE RELIGIEUSE 


nelli, aUestaient que, pour l'Allemagne, Rome 
avait rccommencé de compier. La Bavi(\re seule 
résistait à ce courant : elIe avait un minisire à 
TIon1e; un mot suffisait - et Verger ne denlan- 
dait pas mieux - pour qu'il ajoutâl une besogne de 
négociateur à son rôle de représentation; mais co 
mot ne fut pas pro:Goncé; et Ie mênlC BluntschIi 
qui
 plus tard, fort de son influence en Bade, fera 
déchirer les arrangements concIus avec Rome, sut 
dissuader Ie roi l\Iax d'esquisser nlême un brouillon 
de traité. (( On me donna raison, dit-il avec une 
joy
use fierté; on laissa Ies choses en l' état I. )) 
Etait-il une décision plus facile? en étllit-il une, 
surtout, à Iaquel1e la faiblesse de volonté du roi 
pût natnrellement trouver plus d'aUrai t? Si Ie roi 
.\Iax en fut récompensé par quelques houffées d'en- 
ccns, que les spécialistes en (( science poliLique )) 
étaicnt toujours prêls à lui prodi
uer, leur encens, 
à vrai dire, é tai t à hon marché. 
Une autre décision s'inlposaÏl cependant, 
l 
laquelle )lax ne pouvait se dérober. i\lunich était 
sans archrvêque et, d'ul'gcnce, il fallait l'enlédier 
it ce veuvagc. LÏnsécurité mêmc Ü, laquelle sen1- 
blait condamnðe I'Église de Bavière ]et rendait 
asscz anxieusc <iu choix que fCl'aiL Ie roi 
Iax. 
Quelques évêques existaient, dans Ie cathoHque 
l'oyaume, an sujet desquc]s ],hisloricn Boehmer 
écrivait plaisamn1cnt : (( On n'cntcnd parler d'eux 
qu'accidentc1l0fficnl. par Ie journal, par cxclnplc 


1. 1I1untschli. LJenk!l'uc
.difJe8, II, p. 
4:::. 



L'ÉGLISE ET LA BAVIÈRE 


lôt 


quand ils vont à la conr!. )) Que lleisach fÚt rem- 
placé par un de ces discrets préJat
, et ]p f..ui t de 
son épiscopat scrait tout près d'êtro perdu. 


(( C'est avec une granùe angoisse, lui écrivait Ie cardinal 
Geissel, que nous regarùons vel's Munich. Le cours qu'y pren- 
dront les cho
es est de la plus haute importancf', non seule- 
Inent pour la Bavière, elle-même, mais aussi, imn1édiate- 
lnent, pour les petits Etats de la province du Haut-nhin ; et 
la répercussion s"en fera dans la suite sentiI' jusque chez 
nous, jusqu'en Prusse. La personnalité de votre successeur, 
son attitude en présence de la position jusqu'ici prise par Ie 
gouvernement, auront une influence profonùe; ce sera un 
bon exemple, ou bien un mauvais; et dans ce dernicr cas 
- que Dieu nons en préserve - ce serait un viI contraste 
avec l'Autriche, oÙ lesrapports des deux pouvoirs sont réglés 
par Ie Concordat dans un sens ùont nou
 devons tau t nuus 
réjouir. Ce serait nne chose profonùément troublante, 
nne chose Öcrasante, si les droits et privilpges accorc1és à 
I'Église par Dieu, qUf' no
s avons collectivement exposés à 
Wurzbourg, et que Votre Elninence, jusqu'ici, a réclamés f't 
nlaintenus en ßavil're avec tant de çlécision, de vaillance ('I. 
de fidélité, étaient une fois encore opprimés et paralyst;s 
par des courants inverses venant de la llavière. alors qu'eu 
Autriche ils sont heureusement remis en vigueuro Pour tons 
les catholiQues hors de l'Autriche, ce recul aurait des COll- 
séquences dont on ne saurait mesurel'la néfaste portéc 2. )) 


Lo choix royal tomba sur un bénédicLin-, Gré- 
goire Sch('rr 3, Ù 'abord prêlrc sécu1ier; sa piété, vcrs 
la trcntaine, ]'avait poussé ùans ],t:' cloître; )'jns- 
lallalion de plusicurs abhaycs bénédiclincs avail 
mis à l' éprcu vc sos ùons d'administratcur; il pas- 


1.. Janssen, Boehmer's Leben und B,'ie{e, TII, p. 156 (lellre dn 1 i seplembrC' 
l855 ). 
2. Pfuelf. Geissel, II, p. 3i8-3'ifl. 
3. Sur Grégoire Scherr (18U
-18'ii), voir KnoC'p(}C'r. Allgemeine cleut8che 
fJiO[/l'aphie, XXXI, p. 121-123. 


IV. 


11 



162 


L' ALLEl'tIAGNE RELIGIEUSE 


sail pour ainlcr tl I'ctl'aile et la paix. Lorsque, Ie 
2H aoûl i856, Scherr eul fait son entrée dans sa 
calhédralc, l\lax augnrait apparemment que sous 
Ie règne de ce moine la cour de Bavière serait 
n10ins fréqucmmcnt imporLunée par des commu- 
nications archiépiscopales. l\1ais dans rune des 
stalles du chæuI' était assis
 parmi les chanoines, 
un orientaliste célèbre, à qui sa science assurait 
un grand crédil : Windischn1ann 1; et si l'arche- 
vêquc Seherr avait pu oublier les revendications 
de l'Église, ce chanoinc aurait su les lui rappeler. 
Car Windischmann avait aidé Reisach à préparer 
la réunion épiscopale de Freising; il avait, dans 
ceLte réunion mOme, traité la question des sémi- 
naiees 2; associé dans la suite à tous les acles de 
I
eis()ch, il savait qu'il est parfois opportun pour 
],l
glise de déjouer par une parole Ie silence de 
r

tat. 
Schen
 étaÏl archevêque depuis six n10is seule- 
n1ent, quand il jugea nécessaire de rappeler au 
souverain les réclamations qu'avait présentées 
Reisach au sujet du petil el du grand séminaire : 
Ie 26 février i8:57, pour la troisième fois, un 
D1én1oire épiscopal où ces délicates questions étaienl 
traitées fLt violence à l'indifì'érenee royale 3. Une 
òécision fut enfin prise, Ie i8 n1ai i8
8 : tout ce 
qu'ellc concédait, c'est que deux rnaisons où les 


,t: Su.r Will
isc
)mann (1811-1862), voir nolre tome II, po ü9-100, el Strodl, 
/. rzednch llemnch HU!Jo Windischmann (l\1unich, Lentner, 1862). 

 FI'iedl'ich, Doellinger, III, p. 91-99. - cr, ci-dessous, p. 2i2. 
3. Al'chiv (Ü)' katholisches KÙ'chcnl'ccht. t8tj2, VIII, p. 448-451. 



L'ÉGLISE ET LA BAVIÈRE 


i63 


clercs achevaient leur préparation au sacerdoce et 
qui, depuis la sécularisation de 1
02, étaient biens 
d'État, relèveraient désormais exclusivement de 
I'antorité religieuse, avec leurs dotations propres; 
mais ]a COllronne se réscrvait, à elle seule, Ia 
nomination des directeurs e t ùes professeurs dans 
les établissements d'instruction de Freising 1. On 
jetait une aumône à l'Église, et l'on continuait de 
méconnaîtrc les droils qu'elle alléguait. Windis- 
chlnann protesta : dans un rapport adressé à I'ar- 
chevêque Scherr, il émit l'avis que l'Égiise, si ron 
persistait à Ia vou loir ainsi léser, devrait retireI' 
]es subventions qu'eBe accordait jusque-Ià pour Ie 
gymnasc et Ie lycée de Freising 2 . Scherr, Ie 4 juin, 
représcnta au roi combien il était f
lcheux qu 'un0 
Lelle solution s'imposât, et conlLien pénible pour 
l'Église d'avoir à fonder, à l' encontre des établis- 
sements sur lesqueis on Iui refusait toute hégé- 
nlonie, un gymnase et un Iycée épiscopaux 3. La 
nomination par Ie roi de trois professeurs à Frci- 
sing t. et la création d'une association de Saint- 
Corbinien, qui s' occupa de pourvoir aux besoins 
de l'éducalion sacerdotale 5, témoignèrcnt, avant 
nlême Ia fin de l'année, que ni l'État ni l'Église 
ne céderaient. 
Entre Ies deux pouvoirs, ce n'était pas une ques- 
I tion d'intérêts qui se débattaH, mais une question 


1. A,.chiv fïu' katholisches KÙ'chcnrecht, 18tì2, VIII, p. 4Jl-45
. 
2. Archiv für kutlwlisches Kil'chcnrecltt, 1862, VHI, p. 4:'2-458. 
3. Archiv /Ü}' katlwlischcs Kirchenrecht, 186:!J VIII, p. 458-460. 
4. Slrodl, Willdischmann, p. 23. 
5. Archiv fii,I' katholisches Kirchem'echt, 1862, VIII, po 460, no 1. 



i6
 


L'ALLE1tIAGNE nELIGIEUSE 


de pl'inclpfl
. Le Concordat garantissait. aux spn1i- 
nai I
PS certaines rpsson rces ct certaines ] iL(\rtes : 
11
glif:(" pour la forme, rappelait ]a prcmière pro.. 
nlCSSC, D1ais c'cst de la secondo qu'rllfl. se préor- 
cupait ct qu'elle se refllsait à délier l'Etat. Lors- 
qu'en i861 Ie ministre Z\vehl offrit à l'évêquc 
d'Eichstaett, pour son séminaire, une subvention 
de 7.000 florins, il y nlit une condition: c'était que 
J'État nOlllnlerait les professeurs. La réponsc fut 
unr protestation du Saint-Siège, qui déclara, tout 
net, cn i
62, qu'on préféreraillaisscr périr Ie s(Smi- 
nall'e: Z\vchl, au prinlcmps de i863, riposta par 
de nouvplles observations 1. 
HOHlC ot certains évêques attachairnt it ce Ii tige 
<l'aulanL plus d ÏmporLance, que les destiné(ls 
mêmes de la théologie catholique sembla.ient pn 
(
lre l'cnjeu. 
Iême en laissant de cõlé les suscep- 
I ibilités des canonistes, on constataÏl que, dans 
errtaincs uni versitrs, des couranls doclrinaux sp 
df'ssinaient, oont un ccrtain nombre (]'autol'ités 
religieu
es avaienl Ie d l'oit de s' alarnlcr : à nlcsurr 
qu'ils sc dévC'loppaient, l'illstitution des séminaircs 
n'apparaissail plus s(lulcmcnt comn1e un droit dp 
rl
glise. mais eon1 file une nécessité rcqui
e par un 
p{ori l. 
\'''cis, évêque de Spire', étail COmn1f' pndolori 
par Ie scntiment de cette uéccssité ; 1 ïdée que scs 
clercs lui échappaient, deux ans durant, pour s'en 


1. \loy, Archiv (ür k(tt/wlÜclze.r; Kil'chenrecht, 18G5, xm, p. 107, n. 1. - Au 
mêmc moment. à Rome, plusieurs éVf-rl'lCS allemands se rPtmi
sai('nt chez Heisach 
pour étndier la qnestion dcs petits 
éminaircs (Stamm, C01lrad J[artin, po 233- 
23ï) 



L' ÉGf.JISE El' LA BA VIÈRF 


165 


allcr étudier dans quclque ]ointaine université. 
hal'celait sa vigilance de pasteur; et puisqu'il 
avail, à Spire nlênle, un sénlinaire, OÙ ces jeunes 
gens venaient achevcr leur fornlaLion, la pcnsée 
lui Villt, en 1.862, d 'ol'ganiscr dans ce local un 
cnseignenlent cOlllplet de la théologie, afin que 
l'éJucation des futurs prêtrcs se dél'oulât lout 
cnLière sous Ie regard de l'autol'ité diocésaine. II 
fit une requête au l'oi, qui ne I"honora d'aucune 
réponse. II insista l'année sui vante : ce fut en 
vain 1. Le roi l\Iax ne sOl'lait pas de son silcncc, 
- d'un silence qn'cn mars 18Gt sa morl prolongca 
pour toujOUl's. 
ßIais à l' écart dc ces Jéhats Ia calhoJiquc Bavière 
contilluait ùe se ]aissrl' Vi"TC. Parnli I('s univel'- 
siLaircs, assez prolllpts à s'alarillcr conll'c tout 
aCCl'oiSScnlcnt de pouvoir de l'épiscopat, on trou- 
\ ait naLul'cHenlcnt pen d'cnlhousiasnle POUI' les 
projefs des RcisllCh et des SchcrI', des \Vindis- 
ehnlaull e t des \V cis: J a (( Ii IJcrLé de Ia scicnce )) 
leur sClllblait lllenacée par la proximiLé d'une 
houleLLe pastoralc. Tl'ès nOlllbl'cux, en revanche, 
éLaicnl lcs fidèles de llavière qui ne réfléchissaient 
mêlTIe pas SHr Ie con flit ; ct c'élait surtout, en défi- 
niLive, !'illdill'érencc du public, qui, pendant tout 
Ie règne ùc l\Iax, a \Tait paralysé Ie révcil de l'Églisc 
haval'oise. (( Dans la Bavière ùc nos jours, disaienl 
les Fellilles hislorico-politiq llCS, uue hroch lirc puli- 
liquc cst aussi rarc (lu'un capucin à Stockohll J. )) 


1. Hemlin(:', 0]1. eit o. I, p. :102. 
2. II. P. /]0' 18PiR, If, 1'. 39'1-. 



166 


,.' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


Le gouvernenlent rêvait de sanctionner, par un 
coup d'I
tat contre la constitution, cette passlvité de 
J'opinion pubJiquc; ct c'éLait l'archevêque Scherr 
qui, consulté par 
Iax, lui signifiait que cc serait 
un péché de violcr ses serments envers son peuple!. 
:ì\lais du n10ins la presse était-ellc si soigneusement 
sur'Teillée
 que la forn1alion d"une opinion catho- 
Jique était presque impossible. Dès qu'un journa- 
liste scmb]ait réussir à ren1uer ]'esprit des fidè]es 
en faveur des droits de l'Ég]ise, l'État, Lout de 
sulLe, lui suscitait quelques désagr6ments. Le 
publiciste Zander, qui dirigeait l'un des deux jour- 
naux catholiques du royaunle, était sans cesse aux 
prises avec des chicanes policières 2 ; Ie fonction- 
naire Joerg, qui fnisait æuvre de penseur dans les 
F'ellille
; histo' 1 ico-politiqucs, était rn 1858 disgracié 
par Ie n1Ïnistère, qui lut savait mauvais gré d"oser 
.luger el d'osel' parlcr 3 ; et C01l1n1e DocHinger, un 
instant, projctait de publicI' une brochure sur la 
situation de ]a BavièI'e, l"historien Boehmer lui 
écrivait trislen1cnt : 


(( Tout pchoue conlre l'illdiITérel1ce; eUe ne cessera que 
lorsqu'on aura soufferl plus encore: au lemps de Lola Mon- 
tès, Ie Philistill de Munich ne commen..:a de s'émouvoir que 
lorsqu'il craignit que les étudiants ne déménageassent sans 
avoir payé leur IO)Ter. La personnalité du peuple se sent 
encore intactr, puisque l'éIite a toujours Ie lhéåtre, et que 
tous out la Lière 4. )) 


1. Friedrich, lJocllilt(JC1" III, p. 21G. 
2. Cidllà callo/ica, 2:1 aHil-9 mai 1857, p. 508. 
3. 
l.. P. B., 1858, 1 I, p. í

. (( La qne.,tion de la hUl'eaucl'atie, répondait Joerg 
au ml1l1s
r: qui. vou
aitlui ùéfendre de la trailer, est la question fondamcnlale 
de la pohLI'Iue mt
I"leure pour tout Ie continent. )) - Cf. notre tome JI(, p. 1 i
. 
i. J.U}s
en. flochmer's Leben ann Ih'iefc, Ill, p. 30t-303. 



L'ÉGLISE ET LA EA VIÈRE 


i67 


v 


Cependant, l'année mên1e de In. mort du roi l\lax, 
une agitation se produisit qui devait, à la longue, 
avoir une répercussion profonde dans Ia masse du 
peuple bavarois. On savait et l'on suivait, parmi 
lcs instituteurs de Bavière, les campagncs ardentes 
qui se livraient en Bade au sujet de Ia Iaïcisation 
de l'école; un certain nombre d'entre eux signèrent 
un Mémoire, réclamant que l' enseigncn1enl pri- 
n1aire fût séparé de l'Église, qu'il devînt commu- 
nal et neutre. Une Iulte allait comn1encer, à Iaquelle 
la foule des consciences prendrait un inlérêt plus 
direcl et plus vif : l'épiscopat s'en rendit comple, 
et tout de suite voutut dire son mot. Dans une 
réunion tenne à Bamberg, Ie 2 juillet i8ö4, les 
évêques de Bavière concertèrent un long mes- 
sage, qu'ils expédièrent au jeune roi Louis II; 
ils l'invoquaient comme Ie défenseur naturel 
du caraclèrc chrétien de l'écoIe, et Iui coniiaienl 
leurs anxiétés 1. L'épiscopat revcnait à ceLLe mé- 
thode d'action qu'avait jadis inaugul'ée Reisach 
par Ia conférence épiscopale de Freising ; avant de 
quitter Bamberg, on décidait de so rencontrer de- 
rochef, I'année suivanle, pour veiller ensemble 
<lUX inlérêls de l'Ég]ise. (( A l'a voni!', écrivait 
joyeusement Le Catholiquc de 
Iayence, il ne sera 


1. Collcctio Laccnsis, v, ('01. 1190-1f98. 



168 


L' ALLEl\1AGNE RELIGIEUSE 


plus question de l'Ecclesia dorrniens flava1'iæ 1. )) 
L':Églisc de Davièl'c, quelques mois seulcnlcnt 
apr(\s la disparilion de l\Iax, renouveJait CeS 
nlanifcstations collectives qui avaient atLiré à 
neisacb l'illinlÌLié du roi défunL; et sans retard 
l)io IX comp]imenla les évÔques 2, ef les consola 
dc la réserve quc gardait à leur égard Ie nou- 
veau SOUVel'alll. 
J Jouis II n' étaiL pas indHférent au chrislianisme : 
il n' élait pas rare q l1'il se fìt expliquer par Doel- 
linger quelques points de dogme ùu quelqucs 
passages j,ibJ iquos 3 ; sa curiosité loujours frémÍs- 

alltc, sa fanlaisic toujours bondissante, prcnaicllt 
à ccrLaines hcures élan vel'S Ie sancluaire, non 
pour y prier, nlais pour y rêver. l\Iais, tl d'autres 
hcurcs, au risque tf'aUrisler Jean HUDer, son 11laîlre 
tIe phi1osophie, il s'engouait pour les négations 
l'adicalcs de Feuel'bach, que Biehard 'Vagner lui 
avait appris à goûlrr 1t . Ce (( sUrhOD1[Ue )) couronné, 
qui parfois posaiL en répuLlicain, aimait la di ver- 
sité des altitudes: une seule lui étaÏl péniLle, eelle 
dc HIs de r

glise. Car J'Égliso, c'esl une foule; ot 
cc n'était pas seulement Ie nlarchepied du lrône, 
luais sUl'loull' orgueil de son moi, qui élevait Louis II 
au-dessus de la foule. II était homme à penseI' que Ie 
Dieu qui se donne aux hUITlbles, et qui leur parle, 
a des rclations un peu lnêlées, et pas:5ablcnlcnt 


I. Aat/talil.-, 1
64, II, po 1!12-1!):.ï ct 246, 

. Collcctio Laccnsis, Y, co!. 11!)8-1
OO. 
ð o II('i
e], liopnig Ludwiy II v. Baycrn, p. 208-20D (Sluttgart, Bonz, 18!.M). 
4. DuerrJ... /:eilnqe :ur All[fpmeil1cll ZCitUl1(J. 

 ('l 23 ma.i {!J06. 



L'ÉGLISE ET LA BAYIÈRE 


169 


comprolllcUantcs pour les cerveaux d'élite, vérita- 
Llement dignes de voisiner avec Ie Très-Haut. II 
ailllait mieux Ics évêques dans leur éclal d'offi- 
ciants que dans leur besogne de directeurs d'opi- 
nion : la pénétration de l'idée religieuse dans les 
préoccupations publiques était aussi désagréable à 
son délicat esLhétisme, et pcut-être plus, que les 
auLres agitations ùe la vie nationale ; et les prêtres 
cessaient d' êtl'e ] es bienvenus, Iorsqu ïls sortaient 
de leur rôle litufo'i q ue d' oro'anisatrurs de belles 
ð b 
pompes, n1usicalcll1cnt scandées. 
vVeis, évêque de Spire, comprit bien vÏtr que 

cs projets d'cnscigncll1ent théologiqur cncouI'- 
raicnt Ia disgrttce de Louis II con1me ils avaient 
encouru celIe de 
la:X:, et que l'État nr ferail pour 
Cttte (cuvre nouvc]Jc <-Hlcun sacrifice pécuniaire; 
il prévint Ie jeune roi, tout simpIelllent, qu'agis- 
sanl à Spire comme aulrefois Reisach avait agi à. 
Eichstaett, il allaH, dès fhiver de :1864.. avec des 
aumônes et aulres ressources d'origine purenlcnt 
ccclésiasLiquc, in
tiluer dans son sén1Ïnaire des 
cours de théologie 1. Le n1Ïnistre Zwehl, Ie 1.:
 juillet, 
eépondil au nom du roi; it allégua que l'initiative 
de \Veis étail contraire <lUX lois élablies; que les 
prêtres ainsi formés seraienl à. ravance exclus de 
toute charge ecclésiastiquc conférée par l'État; et 
que Weis, sous peine de créer un connit, devail, 
avant d'ouvrir ces cour
, réclanlcr du pOHvoir 
civil une approbation fornlelle:!. A quoi vVeis 


1. ncmliJll;, Ope cit., I, p. 3U30 
2. R(>mling, op. eil., I, po ::03-3M-. 



i70 


L'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


répliqua que, loin de vouloir an1ener une crise, il 
souhaitait tout au conlraire l'assentin1ent formel 
ou tout au moins implicite de l'État 1. l\lais un 
autre ministre, bienlôt, apporta Ie refus de l'État : 
il avait non1 J{och. II signifia, dès Ie 17 août, 
en termes singulièrement plus raides, que des 
prêtres bavarois ne pouvaient être instruits que 
dans des Iycées royaux ou dans des universités 
royales, ct que "r (lis se heurtait, tout à Ia fois, à des 
ordonnances ministérielles et à des stipulations 
constituiionnelles; il insinuait d'ailleurs, en termi- 
nant, que l'État pourrait, un jour ou I'autre, insti- 
tuer au lycée phiJosophique de Spire une section 
théologique 2. l\lais ce n' éLait pas ce que voulait 
\\T cis, car, dans Ia section telle que J{och Ia conce- 
vait, les professcurs seraient nommés par l'État, 
et "T eis, tenace, annonçait publiqucmcnt, Ie 
29 août, l'ouverLure prochaine d.une institution 
théologique conforme aux désirs du pape, con- 
forme aux væux que, treize ans auparavant, avait 
émis 1a réunion épiscopale de Freising. Une prohi- 
Lition {lbsolue, lp 13 septembre, fut expédiée de 
l\Iunich à Spire, et ]e président du Palatinat fit 
savoir 
l rarchevêque que, si les cours s'ouvrairnl, 
ils scraient fermés par autorÏlé de police :1. Des 
notes conLinuèrent de s' échano'er entre l' évêché 
b 
de Spire et Ie ministre bavarois: cUes cntrecho- 


1. RcmJing, 0)1. cit., I, p. 30'
-:;o5. 

. Rcmling, op. cit., I, p. 305-30(;. 
3 0 Hcmling, Ope cit., I, p. 306-308. - ce. Das Recht tier liÍ1'clte in dcr 
Spryrl' SernÏ1wl'{rnqr (Spire, KlcclJcI'g('r. Hìlì:;). 



1
'
:GLISE I
T 1
1\ llAVIÈRE 


i 71 


quaient d'inflexibles arguments et ne laissaient 
presscntir aucune solution. Le Saint-Siège, à la 
fin d'octobre, encourageait \;Veis et chargeait Ie 
nonce Gonella d'inlervenir auprès du gouverne- 
n1ent de l\Iunich. Le ministre d'Autriche, crlui dt
 
France, joignaicnt leurs démarches à celles du 
nonce 1. Quelques évêques de Bavière, aussi, se 
préparaient à agir. 
Le n1inistèrp., que tout co bruit cnnuyait, se 
déclara prêt à ouvl'ir à Spire des cours théologi- 
ques dès Ie prochain jour de Pàques, et à nommer 
comme professeurs les prêtres désignés par 
l'évêque 2. Mais 'Veis insista sur son droit person- 
nel d' organiser librcn1ent, en dehors de tonte ingé- 
rence de l'État, la fornultion de ses clercs; et Ie 
31 octobre, six élèves entrrrent dans son s<'ími- 
naire, pour y commencer Jeur théologic. Un 
poJicier survint, Ie 2 novembre, imposant, sous 
peine de vingt florins d'an1ende, ]a cessation des 
cours. Le direcleur du séminaire, Ie nonce, 
l'é\Têqnr, protestèrent : Ie résultat fut un lélé- 
gran1me de 
Iunich, prévenant V\T eis que les dis- 
ciple's du nouvel enseignement seraient à jan1ais 
privés, comn1P prêtres, Jes ]ibéralités de I'État et 
de l'acct's aux pal'oisses de nomination royale. Au 
non1 du Concordat, au nom de l'interprétation que 
donnai1. Ie pape à ce docun1ent, I 'évêquc tenait 
bon; il invilait ]e gouvernen1ent à s'expliquer avec 
Pic IX, et c'est en vain que Louis II, pel'sonnelle- 


1. Rcmlin
, op. cilo, I, po 31
-3t3. 
2. Hemling, op. cit., I, p. 314. 



172 


L 'ALLElUAGNE RELIGIEUSE 


luent, écrivait à vVeis, pour quïl cédât. Le 16 no- 
velnbre, Ia police reparut; eUe déclara que Ies 
cours théologiques étaient considérés comme 
fermés. (( Faites-vous encore des leçons? )) ques- 
tionna-t-elle. On lui répondit : Oui. - (( Avez-vous 
adnlis, à ces leçons
 de nouveaux élèves'l )) - La 
réponse fut : Non. Ainsi, des scmaines durant, 
l'opinion publique et Ia diplomatip s'agitaient, 
parce que six jeunes gens - six seulenlent - qui 
dcvaient êtrc prêlres, con1n1ençaient à Spire même, 
sous l'æil de l'évêque, leurs éLudcs de théologie. 
Le 2G noven1bre, In. police signiiia que, si l'OIl ne 

uspendait pas les leçons, cne vicndrait, dans un 
ùélai de deux .lours, expulser Irs six jeunes geBs. 
Celte son1mation décisive ahrégeait toutc résis- 
lance : ils parlirpnt lous les six, ]e 27, pour la 
yille uni yel':si lail'e de W urzbourg 1. 
De plus beHe, les polémiqucs se déchaìnèrent; 
tlcs brochures nliIiLantcs, de violents arlicles de 
prcssc, intcrvenaicnt pour I'Église on pour l'ÉLat. 
Le clprgé du J.iocèsc prenait chal1den1cllt parti 
pour l'évl'qnc; l'nrchrvêque de Bamberg, qui éLait 
son méLropoliLain, déclarait quC' dans Ia personne 
de Wcis Lout l'épiscopat de Bavière était lésé 2. 
Des sélninaristes, Jes curés, versiHaient des hynlnes 
laLins en l'honncur de vV cis, (( pasteur cher, pas- 
leur rare )); Ie clcrgé de Halishonllc, les doyens 
du ùiucèse ùe Ï\lnYPllce, l'acehlnlaient 3; eL Ie vicil 


I. Hcmling, Ope cit., I, p, 315-322. 
2. RcrnJin
, Ope cit., I, 1'. 32'\'. 
.:. l
('mling, Ope cit., I. p. ::\23, n. 3r.O. 



L'ÉGJ.ISE ET LA llA vIf
nE 


173 


archevêqup Vicari, de Fribourg, lui criait cou- 
rage 1. Les éyt\qncs de Bavi(\re écrivaicnl au roi 2, 
ils écriv<lienl au pape 3 , pour se plaindre que J'ar- 
tide 5 du Concordat fÚt vio]é. C'étail Jà Ie point 
sur lequel ils voulaient que l'État s'expliquãl; et 
lorsqu'en février 1865 Ie gouvernen1ent tenta de 
négocier avec Weis la création par l'État d'un en- 
seignemcnt théologique à Spire, VV cis s'y refusa, 
et déclara simplement qu'i! laissait l\funich et 
{{orne s'accorder.. l\'1ais llome, Ie 18 mars, remet- 
tail au ministre de Bavière un lllén10ire de protes- 
tation contre les incidents de Spire;); Rome, Ie 
23 nlars, par une ]ptLrc aux évêques de BavièrC', 
conLinuait d'affirmer que l'acte de W cis, prohib(
 
par l'Élat, élait pleinen1cnl légiLimé par Ie Con- 
cordal 6; et lorsque cinq ans plus tard mouruL 
}'évêque de Spire, les négociations entrc Ia Bavi(\rc 
el Ie Saint-Siègc éLaient lonjours pcndantes pt 
s téri lese 


({ Le gouvernelnent bavarois, écrivaiten 1.865 Ie canonisLe 
Moy, doit enfin prendre clairemen t conscience de son choix : 
veut-il prenùfP position comme un gouvernement catho]ique, 
ou conlme un gonvernement sans religion hors de I'Eglise '? 
])
lllS Ie premier cas, i 1 doit, non seulement reconnaîlre, 
Inais Inême soutenir, Ie pouvoir adnlinistratif des évt"'ques 
pour la direction de rI
glise. Dans Ie seconù cas. il ne !WlÜ 
pasles empêcher de faire ('e que ]pur commandent h'ur cons- 


1. Rcmling, Ope cit 0' I, p. 428-42!J. 

. H.emlinp;, Ope cit., I, po 429-4al. 
3. Remling,op. cito, I, p. 431-43
. 
4. Rpmling, Ope cU., I, po 3
7-328. 
50 Remling, opo cit., I, p. 320. 
G. Remling, op, cit., I, po 433-431i. 



1.74 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


cience et leur devoir religieux en vertu des lois ecclésiasti- 
ques 1. )) 


Trl était Ie dilemme; les évêques de Bavière, 
rn juillet 1865, se retrouverent tons à Passau, 
pour une manifestation nouvelle. Ene n' eut pas 
trait aux séminaires, dont pour le moment Rome 
s'occupait, ni à l'instruction primaire, sur laquellc 
tt Bamberg ils avaient dit l'indispensablc; eUe cut 
trait à l' cnseignelnent historiquc que distribuait 
I'Université de l\Iunich. 
Le prussien Giesebrecht, depuisque]ques années, 
occupait dans ceUe université la chaire d'histoire, 
en remplacement du prussien Sybe1 2 . En quelque 
mesure, ce changen1ent était comme une denli- 
victoire pour ],idée calholique. Dans Ia chaire de 
Sybel, qui faisait dater l' Allemagnc de la Réforme, 
un historien s'asseyait contre lequel il avait lui- 
Inême polélniqué, et qui, tout protestant qu'il fût, 
consacrait sa parole ct sa plume à l'exaltation du 
vieux Saint-Empire. l\lais 
 un jour les évêques 
apprirent que Giesebrecht était chargé, à l'univer- 
sité, de la direction du séminaire historique, et 
que son influence commençait à former toute une 
génération de professeurs qui bientôt essaime- 


1. Archiv (ür katholiscltes lÚrchenrecht, 1865, XIII, po H
. 
2. Sur l'hisloricn GieseLrccht (18H-1890), yoir RiezIer, Allgemeine deutsche 
lJio!)raphie, XLIX, p. 34,1-349. - Gies<,brecht fut parfois accusé de favoriser 
Jcs Jésuiles, on de citcr avec égard des historiens notoirelllent catholiques 
comme Gfroercr, Illalgré lcs aUaques que celui-ci ne lui avait pas épargnées. 
(Lord Aclon, English historical Bel.iew, 1800, p. 309). Mais lcs telldances pro- 
lcslanles de l'Pllseignclllent de Giescbrecht avaient élé signalées dans une série 
d'arlicles du Kat/wlik, 1863, p. 221-230, 318-33t, 439-460; 18G4, p. 329-364, 
':;68-584; 1865, po 191-209. 



L'ÉGLISE ET LA BAVIÈRE 


i75 


raient dans les divers établissements d'instruction. 
Bien qu'il eût pour collègue, dans l'enseignemcnt 
de l'histoire, Ie catholique Cornelius, on avait 
dÒs lors de sérieuses raisons pour redouter ]a for- 
mation d'une école quasi ofticiclle d'historiens qui, 
sous l'hégémonie de Giesebrech t, auraient en Ba- 
vière une sorte de monopole, conlme celui qu'cxerça 
longtemps en France la philosophic de IV!. Cou- 
sin. Que les évêques de ßavière fussent inquiets 
de cet ascendant scientifique d'un profcsseur pro- 
testant, it n'y avait pas lieu d 'en être surpris; de 
Passau, ils adressèrent au roi leurs observations, 
ct demandèrent que les candidats catholiqucs aux 
fonctions de professeurs d 'histoire ne fussent jusli- 
ciables que d' examinateurs catholiques, et que dans 
les gymnases l'enseignement de l'histoire fût confié 
aux professeurs de religion; ils promettaient d'ail- 
leurs de prendre les mesures pour préparer leurs 
prêtres à ce nouveau genre d'activité 1. Telle était 
l'inévitable issue de l'aventureuse politique qui, 
dix années durant, avaH introduit à l'uni versité de 

Iunich des professeurs d'origine prussienne ou 
saxonne, non moins étrangers aux traditions les 
plus légitimes du patriotisnle bavarois 2 qu'aux 
susceptibilités de la pensée catho!iquc: ces prêtres, 
que Ie dOCUn1p.nt épiscopal de Passau improvisaiL 
maîtres d'histoire, représentcraient un autre idéal 
que celui dont s'éprenait la jeunesse au pied des 


1. Collectio Laccnsis, v, col. 1201-1204. - cr. Giesebrecltts Geschichts1i1o- 
nopol im pw'ituetisc.'LCll lJayem (l\Iayence, Kircbheim, 18(5). 
2. Voir nolrc tome III, p. 23-31. 



fiG 


L' AT.LEI\'I.c\GNE RELIGIEUSE 


chaires officielles. Avec Sybel, la science en Bavière 
avail lravaiIlé pour la Prusse ; lorsqu'on la voyait, 
avec Giesebl'echt:- so prendre elle-même pour but, 
pouvait-on dire que c'était une réaction suf1isante, 
et que les dévialions de la veilJc seraient suffisam- 
lnent redressées? Dc purs savants l'eussent dit, 
peut-être; mais des patriotes el des prêtrcs, aUa- 
chés, en taut que ßavarois, à un idéal national et à 
un idéal religieux, voulaient que Ia science, enfin, 
travaillât un peu pour la Bavièl'e. Le gouverne- 
nlent ne déféra pas à eeUe originale demande des 
évt'quos; mais c'en fut fait, du n1oins, de tOllS les 
projeLs, pr(';cis ou vag-ues, destinés it centra liseI' 
I'enseignenlent de rhistoirc. I
e su
cès de ces pro- 
jets à tous les degrés aurait hanni de cet enseigne- 
mcnt l'esprit indigène et l'esprit catholique : I':1S- 

cmblée épiscopa]e de Passau rendit au nationa- 
l isme bavarois un service décisif. 
A Bamberg, Ies évêques avaicnt ronlnlencó de 
faire sentiI' à l' opinion publique que 1a foi tradi- 
lionnelle périclitait; iis intervenêlient, it Passau, 
pour J'intégrité dp ]a personnalité bavaroise; et 
l'pvocaLion de cp double danger devaiL renùre uno 
conscicncp il Ia catho1 ique Bavière, n1enncée dans 
sa foi, l11pnarpc dans son t.lre. 


VI 


,Lps débats théoIogiqucs qui déchiraient alors 
l'Eglise d' Allenlagne ct qui, de mois en mois, de- 



L'ÉGLISE ET J.A BA VltRR 


177 


venaient plus passionnés, oITraient it Ia bureaucra- 
tie et au roi lui-même un facile n10yen d' éludcr 
les revendications des prélats : puisque toute une 
école, spécialement dans les fncultés de Lhéologie, 
se montrait soucieuse d'évincer ce qu'elle non1mait 
les en1piètements de l'uHran1onLanisnle, l'occasion 
semblait bonne à l'État pour qualifier de ce nom 
tous les épnnouissements de la vie catholique, dès 
quïlles jugeait irnportuns. Une chaire étail-cHe 
vacante tt la faculté de \7Vurzbourg, Ie ministre 
l{och expl iquait au roi, dans un long n1émoire, 
qu'il ne faJlait pas nommer dans cet établissement, 
où déjà plusieurs professeurs militaient pour les 
Jésuites, un nouveau théologien suspect (( d'uHra- 
montnnisnle 1 )) : ainsi l'exigeait l'intérêt public. 
L'évêquc de Ratisbonne, Senestrey, installait-il 
dans une aile d'un ancien couvent bénédiclin cinq 
.Jésuites.. dont trois étaicnt des Bavarois : c'élait]e 
roi lui-mêmc, 
par rintel'médiaire de son caLinrt 
pl'ivé, qui invitait Ie ministre Gresser it faire dé- 
ménager les Pèl'es, et tout au plus obtenaient-ils, 
à titre individuel, des cartes de séjour, leur per- 
meLtant d'élire domicile çà et ]à dans Ratisbonne. 
Les canonistes Vering et l\Ioy, et l'évêque Scnestrey 
en personne, protestaient:!; n1ais la coul' de ftlunich 
avail aussi ses lhéologiens, clont Doellinger était 
Ie chef, ot qui dénonçaienL la liberté des Jésuitcs 
comme incompaLible avec la séCUl'ité de l'État. 


1. Friedrich, IJoellin{JC1', III, p. 4.J(j-41S; cf. ci-dcssous, po 2í6. 
2. ",11'chiv fÜl' katlwlischcs IÚrchenrecht, 1867, XVII, po 236-205. - Sencs- 
,rey, Die kirchlichc If rciheit 'Luui die bayl'Ïschc Gesct:;;flcbun.r; (Ralishonnc, 
'Ia117, ., R/iï). 


IV. 


1
 



178 


L 'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


Au delneurant, pour détern1iner Ie j CUIle n10- 
narque à cette politique de déplaisanLes chicanes, 
aucune influence u'avait été plus décisive que celIe 
d'un journalisle irréJigieux de Nurenberg, qui 
pL'écisémeni polémiquait conire les Jésuites au 
1l1omcnl oÙ Louis II faisail séjour dans cette ville. 
Il y avait Hl un indice troublant : Ie l'oi, qui en ùó- 
celuLre 1.8G5 avait al1t'gren1ent reconnu Ie nouveau 
royaume d'llalie, se n10nlrait accessible, non scuIe- 
Il1ent aux désirs d'une certaine fronde théologique, 
Inais tt l'impulsion des partis anli-catholiques. A 
ecHe épuque mênle, la vicloire de la Prusse sur l' Au- 
ll'iche eontraignail la llavière, eon1n1e pLusieurs 
aulrcs ]

LaLs de I' Allenlagnc, 
l des remalliclucnLs 
IllÏnisléricls : à den1i cOIDlllandés par 1a Prusse SOll- 
vcraine, ils éL.aicnt Ie pren1Íer symptôlnc de la pro- 
chaine unilé aLleIlIande. l)arloul lcs hOl1lInCS d'ÉLaL 
liont la diplouutlic ou dont la polilique religieuse 
avail été agréaLle tt l' Aull'iche devaienl rentrer dans 
J'efIaccment : teUe était l'irl'évocaLJe voIonté de 
ceLLe in1périeuse (( AssociationNalionale allemande >) 
(Nationalvcl'ein), qui, depuis quelques années, ser- 
vant et oevançant Ie gouvernement de Derlin, 
mulLipliail ses postes d'obervation dans certains 
prcsbylèl'es évangéliqucs, dans certains bureaux 
de rédaeLioll, dans touLes les loges Iuaçonniq lles. 
C'est ainsi que ]e résultat de Sado\va, en Bavière 
comme ailleurs, fut de fortifier dans les conseils 
tiu gouvcrnenlent les in1luences anti-catholiques. 
Pful'dLcn, In inislre des Affaires étrangt.}res, coupa- 
LIe de trop de tiédeur pour la Prusse triomphante, 



L'ÉGLISE ET LA ßA YIÈRE 


17a 


fut reJuplacé par Ie prince Clovis de IIohenlohe. 
De honne haure, ]e cat holique IIohcnlohe avait 
déLesLé Ronle: Léll10in ceLle note qu'en 1846 il glis- 
sait dans son j 0 llrna] : (( Si j usqu ïci, écri vait-il, 
fai encore pensé (luelque bien tiu parLi quaIifié 
d-'uHranloIltain, si je I'ai l'épulé non périlleux, il 
n'en est plus de mènlC aujoul'll'hui. Je vois main- 
tenant dans quel précipicc je glissais, parle fait 
Je Ia poliLique ùes Jésuites. Je ùemande à Dieu la 
force, pour qu'il éloigne de moi Ia séduction de 
celle diabolique société, qui ne travaille qu'à l'as- 
sarvissenlcllt de Ia liberté h unlaine, j' enlcllds de la 
liberté intellccLuellc, et pour que ni pronlesses ni 
nlenaces ne me fourvoient. .t\ussi ai-je bcsoin de 
ronlprc OUYCl'telncnt avec toutc Ia c]ÜJue, at j'en 
crécl'ai l' occasion Ie plus Lôt possible 1. )) 
II était d'aillcurs enthousiasLe, à ceHe loinlaine 
époque, de l'opuscule que venait de publicI" l'his- 
lorien Gervinus en l'honneur de Ia secte nouvelle 
qui, sous Ie nom de (( catholiques al1en1ands )) 
(Deutsch I\atltolisclt), s'essayait à faire du bruit et y 
réussissait. Trop grand seigneur, sans doute, pour 
accorder quelque synlpathic à des pl'ètres déclas- 
sés, leIs qU)étaient Ronge et Czel'ski, et POUI' 
fonder sur ces dénlagogucs la llloindre espé- 
rancc, il parLagcait avcc lIno vraic passion l'anti- 
pathic de Gervinus contre I Ïllée nlênle de dogme 2, 


1. IIohcnlohe, Denkwuerdigkeite1l, I, p. 31. - cr. notre tome III, p. 53, ct, 
SUi' I'alliludc de Hoheulohe à l'cndroit du catholicisInc, Pfuclf, Stimme,t flUS 
Jfaria Laach, 1907, I, p. 3-10. 

. llohenlohc, up. cit., I, p. 29. 



1.80 


L' ALLElUAGNE RELIGIEUSE 


incoD1patible avec Ie rêve d'une grande Église 
chrétienne, où Loutes les âmes séparées par les 
barri(\res confessionnelles trou veraienl hospiLalité. 
Tel se décrivait Hohenlohe en 184ß, tel demeu- 
rait-il vingt ans après, lorsque Louis II l'honora 
d'un signe pressant et confiant. Son frère, cardinal 
depuis quelques moist, correspondant de Doellill- 
gel', élait à Home I'hôte et Ie conseiller de tous les 
catholiques qui se flaUaient de travailler pour une 
plus grande gloire de Dietl que celle que poursui- 
vaientles JésuiLes. J usque-lit, dansle gOll vcrnen1ent 
bavarois, la politique d'hoslilité contre l' (( uJtra- 
monlanis111e )) s'étail appuyée, surtout, sur les avis 
de certains légistcs; derrière Ie prince de Hohenlohe, 
c'était une école théoIogique qui, peu à peu, sÏns- 
Lallait au gouvernail, c'était un parti d'Église qui 
peu 
t peu s'identifiait à l'Ét.at ct inaugurait avec 
]'État un perpétuel échange de services. Personnel- 
Ien1ent., Ie nOUY0[lU minislre éLait un homn1e de 
paix, nullcnlent soueieux d'imposer son Cl'edo phi- 
losophique, nlais prompt ä s'irriter dès qu ïl sus- 
peetait les Jésuites de youloir imposer Ie leur, (It 
persuadé qu ïl iravaillait pour l'harmonie généralc 
lorsqu'il assurait Ia prépondérance àleurs ennemis. 
Le progran1me n1ÏnisLériel qu'il soumit au jrune 
roi eontenaiL eet artil:lc : 


(( La paix entre les confessions et, spécialement, la paix 
avec la puissance ecclésiasLique catholique, doit êLre main- 


ø 


1. Sur Ie carJinal de IIohcnlohe, voir ci-òcssous, p. 2G1. - Lc prince de 
Hohenlohe sC'ra pIns la.rd, on 18ï2, lc melteur cn branlc dc la léo.islalion d'cm- 
pire conlre le
 J';sl1il('
. Sn1' 8a haine à knr C'JHlroil, voir Pfllf'lf, loc
 eil., p. 10-22. 



L'ÉGLISE ET LA BAVIÈRE 


181 


tenue, so us Ie régiIne d'une observation scrupuleuse ùes 
lois existantes. Aucun sacrifìce ne doÏt être épargné, pour 
répoudre aux nécessités ùu tmnps relativen1cllt à I'enseiglle- 
IncIJtpublic l . )) 


Le paragraphe avail deux phrases, et ccs phrases 
étaient deux sourires, dont run s 'adressait aux ca- 
Lholiques, et l'auLre aux partis a vancés : aux nns, 
ron pronleLLait.la paix, ct l'on annonçait aux autl'es 

ertains relnaniements scolaires qui risquaiC'l1t 
lramener la gucrre. Libre aux peuples, ct filêrne 
aux députés, de fermer les yeux sur Ie fallacieux 
équilibre de pareils progranlrnes; mais Louis II 
voulait y voir plus clair. Le 21 déceu1brc 186ü, dans 
un entretien qu'il eut avec l-lohenlohc : (( lncline- 
riez-vous, lui dcmanda-t-il, vcrs ùes concessions 
à l'Église -! Sericz-vous porLé 
l faire cerlains chan- 
gcnlcnts propices à l'ÉgJise? )) llohenlohe répondit 
que non, 11lais ajouta quïl considérait. 
onlme dési- 
rable que l' l
taL et l'I
glisc s .enlendissent enfin sur 
lcs rapports <Iu Con
ordat avec la ConstiLuLion. 
Louis II ne répoudi t rien. Le 28 au nlaLin, Lutz, 
Ie chef uu cabinet pl'i\Té, s'en fut voir Ilohenlohe; 
ils causèrellt Longuenlcnt des <.Ii vcrs points du pro- 
graulnle, et Lu Lz fa observer que la phrase con- 
cernanL les relations de 1'État avec La puis:5ance 
cGclésiasliq ue 
aLhoLiquc rislJllait ù' ètre inlcrprélée 
comme l'aullonce de certaines concessions aux 
uHranlonlains, et qu'il valait 11lieux, pcuL-ètre, la 
faire disparaìtre 2. Ainsi Iit lIohenlohe, et ]orsq ue 


1. I1ohcnloh(', oj). cilo, I, p. 1860 

. llohcnlohe, Ope cito, J,p. 188-1
O. 



i82 


L' ALLE
IAGNE UELIGIEUSE 


Ie 
l r!(.c('ll1bre 18GG il prit la présidence du Con
('il 
0( Ie n1Ïnisti\re des Affaires 
lrang(\res, il étaiL con- 
venn avec Gresser, son ministre des Cnltps, que ]e 
nouveau gouvernemen t enlrverait l'école au con- 
(rÔle excInsif du clergé, et qu'il assurerait d'ail- 
leurs tt I'Église, dans Ie domaine purement ecclé- 
siastique, Ie plus dïndépend3nce possible. Une 
administration peut-être bienveillante, une légis- 
lation certainement hostile: telle était Ia perspec- 
tive qu'offrait à I'Église Ie gouvernemenL nouveau. 
Cn projet de loi scoJaire se prépara, favorable 
aux idées de laïcisation. Ð'avance, Ie 28 septem- 
hre iS67, les évêques protestèrent par une lcttre au 
roi 1 ; au nom de Louis II, Ie 31 octobre, Ie minish'c. 
Gresser leur répondit:>.; ct dercchef en nO\Ten1Lre 
ils insistèrent pour que l'influence de l'Église sur 
l'école restàt au-dessus de toutc aUcintc 3. La presse 
s'associait à ces discussions, une campagne de bro- 
chures commençait. Gresser rendait I' épiscopat res- 
ponsable du lumuIte ; Ie 21 mars i868, iI inyi ta les 
fonctionnaires à veiller; Ie 1. 0 avril, il donna des 
instructions pour que I 'attitude politique actuelle 
des prêtres fÚi l'objet d'une enquête spéciale, en 
vue de leur candidature éventueJlc nux b(
néfices 
vacants I.. IIocrmann, n1Ïnistre de 1 'Intérieur, dans 
uno ciJ'culaire du 28 octohre 1.8GR, dénonça dere- 
chef l'agitation, qu'il in1putait à l'ignorance et it 


t. ArchiL' fÚr T.:alluli '
t.s lliJ v;'"ll1..:cht, 1S' ,\:IX, p. 124-1::1. 
2. 11 0 C, iv!Û I. illwliscltt.s liil'chcnrecltt, 1
G8, Xl'i, po 134-137. 
J. A.1'c1u' ft O " kat: olischcs lÚrcl'cm'ccltt, 1
ti8, XIX, p. 137-137. 
, ,.flit" {t"1 I. holi (,. ; Ail'clwl/1'I'('!tf, 181ì
, XX, po 
!)7-
'\ '. 



L' ÉGLISE ET I

\ ßA \T[ÈRE 


183 


Ja calomnic, el accrntua les menaces conlre les 
ecclésiastiques indociles 1; ct de han ts fonction- 
naires des adniinistrations provinciales, coupables 
d'ultran1ontanisme, furcnt révoqués. 
L'humeur de Hohcnlohe s'exaspérait: il en ve- 
nail à considérer la guerre contre l'Église comnle 
la préface nécessaire d'une pacification. 
Un tout prtit fait survenait, qui éditìaiL l'Église 
sur les dispositions de Ia Bavière officieHe : dans 
ce mên1e royaume où, trente ans plus tôt, Ie catho- 
licisme germanique avait paru concentrcr 8es 
forces et prendre son élan, certaines coIlectes, 
tentées par les évêques au profit des missions 
catholiques en terre protestante, furent in1pitoya- 
blement prohibées par l'État, comme si c'était un 
dplit pour les catholiques de Bavière de songer à 
] eurs frères du nord de l' 1\llen1agne 2. 
En mai 18G8, IIohenlohe, causant avec Dlunts- 
chli, lui expliquait qu'iL considérait l'ultramonta- 
nisme comme Ie (( véritable ennemi du progrès 
humain >) ; mais qu'il ne Ie (( rcdoutait point pour 
la Bavière, à moins que l'ultramontanisme ne par- 
vint, d'accord avec l' Autriche et la France, à con- 
quérir la dynastic:: >). Quelques n10is plus tard, s'en- 
tretenanl avec lTscdom 
l Berlin, il sen1blait moins 
rassuré; Lous deux ton1baicnt <I'accord que (( les 
intrigues du parli ultramonlain étaient un grand 


1. IlCl"maUll Ru
l, Rcichslmn:;ler Fu.;rsl Chlodll'l!l Z'U /luheltlohe und seine 
ll/'uetlcr, p. ü3-li4. (Ducssl'1dorf, Deiters, HIU7). 
2. KlctfuCl o cL Wok('(', DC1' lJoni{aciu8 "FC1'cin. J, p. GO. 
:30 Bluubchli, jJcnkwucrdiyc'J, Ill, p. 
:! L 



18
 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


danger pour Ie développement complet du genre 
humain, et que la plupart des homn1es prenaient 
cc danger trop it la Iégère 1 )). 
Les discussions de la Chambre baval'oise sur Ia 
loi scolaire s'inspirèrenL de cet esprit soupçonneux 
et presque sectaire : huH jours durant, l'État 
nlouerne y fi t Ie procès de l'Église. II y avait des 
éc01es chez les Chinois, chez les Grecs, chez les 
Romains, déclal'a Ie paysan Alois Sladler; on pré- 
tend que I'école est fille de l'É g lise; qu'est-ce à 
dire? Le dépulé V oelk 2 dénonça dans Ie caLholi- 
cisme une tendance nouvelle contre laquelle I'Élat 
devait prendre des mcsures : cette tcndance s'appe- 
Jail l'ultran10ntanisn1e. Le projet de loi traitaiL des 
quesLions scolaires, et c' était anx conflits religieux 
que l'on pensait, ct d'eux que l'on parJaiL. On aspi- 
l'aiLärcnlpiaccr3HG inspecLeurs scolaires nOnl'énlU- 
nérés, qui étaient des prêtres, par 56 iuspectcurs 
d'ÉtaL : Ie chiITre était noLoiren1enl insufIisant, 
comnle l'expliquail Ie député Ruland, nlais l'évo- 
calion dn spectre (( rOlllain )) répondait 
l toules 
les criLiques. En vain .Joel
g repl'ésenlait-il que, 
cette année mt'Ille, Ie vVurLenlherg, par une 10i 
sco]aire nouvelle, fortifiait I'influence du prèlre à 
r
cole3. Le 23 février 1869, 114 yoix conLrc 2U adop- 
tèl'ent le projet gouyernclnenlal. 
l\Iais, à 1a Chambre haule, Dinkel, évêque d'l\UgS- 


1. 1I0hcnlohc, OJ). cit" I, p. 343. 

. S
J.r Jo
('ph Voell.. (J8l!.l-lRS2), voir Hans Dlum, VOi'k(lempler de}' de'Uls- 
chen E mltctl, Lebens='Uud Charakte1"ûildc1', p.151-178 (Berlin, Walther, 1800). 
:3. Yoir SUlO les discus!:'ions, Brueck-Kisling, Gesclâclttc, III, p. 4.JO ct suiv. 



L'ÉGLISE El' LA n.\VI
nE 


i85 


bourg, et Harless, présiJent supérieur du consis- 
loire, fllrent nomnlés rapporteurs; ils proposprenl 
soixantc-trois amendements, qui nlotliIiaienl l'es- 
prit et la portée de Ia loi. f:e fut J'honneur de l' é- 
vêque Dinkel, de plaider pour les enfants de la 
cIa sse ouvrière, de denlander qu'ils ne pussent 
tl'tlvailler 
t l'usine avant treize ans, pt de ne pas 
permetLre que les nécessités scolaires lléchissent 
devant les exigences de la gl'andc induslrie 1. La 
prcsse libéralc Ie dénonça conlnlC réactionnaire. 
Ilohrnlohe s'insurgea contre les ohjeclions des rap- 
pOl'leurs; il parJa du S!Jllabus., se plaignit quc 
l'Église fûl dominée par une faction hostile à I'État, 
ct présenta, comme un relnède urgent, 1a réforme 
de l'école 2. Son cri d'alarnle cut pen d'écho. La 
Chambre haute tout 
ntière, itl'cxception de D voix, 
llcccpta les modificalions csscn licHes que IIal'less et 
Dinkel iniroduisaient dans Ie projet., et comme 27 
d' entre clIes fUl'ent repoussées pal' J' autre asselll- 
blée, c' en fut fait de Ia Ioi scolairc. I1 n'y cut, pour 
L'instant, d'aulre nouveauté, que la licence qui fut 
donnée aux conlffiunes d u Palalinat de lransfornlcr 
leurs écoles confessionnrlles en écoles nentrcs, 
accessiLles aux enfants de toute religion, pourvu 
que les deux: tiers des élccteurs en élnisscnlle vn
u : 
Lout de suiLe, à Landau et dans quelques autres 
localités, cc changement survint, et provoqua, de la 


L Dinkel, "VOI't1'(t!J irn d/"iltcn .Ll1.lssch1.lsSC del' lÚWllJlCl' dCI' lleichsi'aethe 
ue/;ci' den Gcsct;;Cittww'{ ([os v'ú[.1cs:.;chulwcscn bctl'c/fcnd, p. 
Ií-
)S (
Il1nich, 
1
û!)). 
2. HohclllÐhc, opo cito. J, po 355-359. 



186 


L 'ALLElUAGNE RELIGIEUSE 


part de l'évêquc \Veis, des protestations aLtristées, 
qui furenL Ie dernier effort de son arJente parole!. 


VII 


L' évêque Dinkel avait signalé, dans son rapport 

t ]a Chambre haute, que 337ß adresses combat- 
taicnt Ie projet de réforn1e scolaire, et que 1351 
l"appuyaient 2. Ces chiffres étaient imposants ; 
ils attestaient que les discussions parlementaires 
n' élaient que réeho des discussions populaires, el 
que I'opinion catholique avait été la plus ardentc 
à pétitionner. 
(( Voilà un beau tremplin électoral pour Ie cler- 
gé 3 >>, avouait Hohenlohe lui-même, non san
 
quelque regret. De fait, Ie clergé, dès 1867, avai. 
donné 
ll 'épiscopat une sorte d'assaut, pour obtenÎI 
que l'Église bavaroise, prêtres ct ]aïques, prît en fir 
raspect et l'attitude d'une puissance d'opinion. 


(( Les soussignés, écrivaient it l'évêLIue ù".Augsbourg plu- 
sieurs de ses prêtres, considèrent que Ie moyen Ie plus sÌIn 
pIe est Ia convocation d"une assemblée puhIiqne de tout I{ 
clergé diocésain. OÙ l' on puisse faire Ie choix des nloyen
 
légaux ùe défensive et lout lie suile Ies elnploycr. Sans douU 
c'esl, ùans Ie principe, l'affaire eÀclusive de l'épiscûpat 
de défcnùre vis-ii-vis des gouvernenlenls les intérèls de h 
religion et du cIergé; nlais dans les Élals nlOderncs, oÙ l( 
gouvernail a été conlié aux parlis poJiliquf's, on a plus 01 
Inoins d't"gards au jus clicinum de l'épiscopat. On a l'haLi- 


1. Renlling, Ope cil., I, p. 
G7-27i. 

. Dinkel, Ope eit., p. 100 
3. YoclderllllorfT, Bcila(Jc :;;ur .Allr/cmcincn 7cilu1lf/, 1!)(1!, no 1 iF, )10 L
. 



L'ÉGLISE ET LA BAVIÈRE 


f87 


tudf', acturllpmrnt. de jugpr la situation d'ul1 point de vue 
purPlnent hurnain, et, com me ceux qni Ia jugenL sont lif's 
adhérellts des partis, ilsjugent d"après ce que valent les par- 
tis au point de vue du nombre ('t tie Ia force. te clergé doit 
s'adapter à cet état de fait. Tant qu'nn Ininistère de parti est 
autorisé it regarder Ie clergé comme une masse politique 
inerte, il aura peu de scrupule à Ie traiter comme tel, en 
dépiL hélas! des réclamations de l'épiscopat; mais que la 
vie pénètre dans cette Inasse, qu'elle se répande dans des 
lnilliers dïndividus, qui dOune seule voix sur Ie terrain de Ia 
loi réclmnent leurs droits, alors ce gouvernement de parti 
COllllllencera it compler; il acquerra une idée juste du degré 
d'influence qui convient au clergé 1. )) 


De tels doculllents, ]ors même qu'ils faisaient 
craindre les écarts de certaines al'deurs ou 1 'inùis- 
cipline d'un certain zèle, marquaient un change- 
ment d'époque : évidemment, la Bavière se réveil- 
]aiL II y avait quelque fièvre dans ce réveil. 
Puisque I'État songeait à séparer l'école et l'Église, 
on était tout prêt à Ie prendre au mot, à ]e devan- 
cer lllême, à lui donner congé, 
t faire campagne 
contre I'obligation scolaire, considérée COlllffiC une 
illlportalion prussienne, et à réclanler pour n'inl- 
porte qui Ie droit d' enseigner n Ïmporte quoi. Au 
congrès de Bamberg, de 1.868, ces idées fermentè- 
rent : Ie journaliste Bucher, de Passau, Ie con- 
seiHer Baudri, de l\layence, se pronollcèrent pour 
une] iberté d'cnscignemenl illimitée. Le cnré Frei- 
tag, de Nyulphcnburg, répudiait cette perspective; 
Haffner, Ie futur évêque de 
layence, faisait obser- 
ver ce qu'ellc pouvait oITrir ùïnsidicux, ct de con- 
t,'aire même il l'idée catholiqne de libcrté. Le 


1. :-;chlulhcs
. E1/I'opaci"cI:cl' r;e.'lc!ti"hf
k(llp/lflPlo. i....1ì7, V. 2
O. 



188 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


chanoinc wloufang, de l'vIayence, prècha.la prudence, 
iL croyait préférahle de maintenir les rapport
 
acluels de l'Élat el de róLahlissement scolairc. II 
fut écouté, eL Ie congrès se conlenta d'afJirmer que 
<I. les catholiques réclamaient la pleine ]iberté de 
]' enseignement au cas oÙ la séparaLion de l'ÉLa! 
d'a vec rT
gliso deviendra it une loi 1 }). L'exallation 
fougueusc des congrcssistrs bavarois s' élait laisséc 
discipliner pal' la vicLorieuse sagesse des congrc
3- 
sistos invilés; ]a catholique Bavière, soulevée pal 
les provocalions parlenlcntaires, acccptait du reslc 
de L'Allcrnaglle Jes leçons de sagcsse. 
.J oerg, dircctour des F'euilles ltiSlOl'ico-polit igucs, 
notait, nIOLS par mOLs, les épisodf's de ce renou- 
veau : nul comme lui nc savaÏt cricr aux Dayarois 
que les aspirations gouvernemcnLales n1enaçaient 
it Ja fois leurs traditions nalionales eL leurs cons- 
ciences l'eligieuscs, el qu'on ne songcait 
l les 
aITranchil. de l' J
gJisc que pour les Ii vrer à lit 
Prusse. Touto la poliLique extérieure de Ilohenlohe 
rcposait en cCIcl sur celle idée, que Ie royalune 
de Bavièrc, tournant Ie dos 
t 1'l\uLl'iche, dovaiL se 
lier élroile1l1cnL à 1a confédération dc l' A.Llcnlagno 
<Iu Nord, et, tand is qu'iL reprochait aux 11 ltranlon- 
tains de I ravaiHer pour HOInc, ccux-ci l'accusaicnt 
de lravaillcr pour Berlin. Padi LaVaL'OLS, part.i 
catholique, parli national, parli ultL'alllOnlain, 


1. May, Geschichlc der ](atlwliken = \' Cl'sammluJI[Jcn, p. 18
-18(j. - Lïlllérðt 
que le clcrgé prcnaiL à ccs qucstions monLrailllu'OIl élail loin ùu lcmps OÙ 1\I0u- 
faug cl Jocharn s'cnh'cLC'naicnl, à tim, dc l'indilTérrllcc f't dc l'illcapacilé de 
},CdUCOUP de prèlrcs ]Javaroi
 cn maLière pl'dagogiflue (Jocham, J!t.:moiJ'cn e11lcs 
OlJslwranlen, p. (j7
) 



I.'t<:GLISE ET tA BAYIÈRE 


t89 


devinrent ainsi des termes synonymes 1 ; la catho- 
lique Bavière, vaincue sans cesse dans la Chanlbre 
basse, prit conscience d' Otre la vraie Bavière, la 
seule Bavière. Des voix s 'élevaient, grisées par leur 
ascendant sur cette Chambre, qui réclamaient une 
réforme de la Chambre haute; on voulait que ceJle- 
ci, au lieu de représenter la grande propriéié, Iìdèle 
aux lraditions bavaroises, devînl l'organe de la 
riche bourgeoisie libérale; Ie retranchement parle- 
nlentaire où commençaient de s.abriter les intérèts 
de la (( catho]ique Bavirre )> aurait ainsi sllccomhé 2. 

Jais, au moment OÙ surgissait cette nlenace 
suprême, la catholique Bavière était en nlarche, 
déjà, pour la conquête de la Chambre basse. C'étail 
au printemps de 1869 : IIohenlohe, alors tout préoc- 
cllpé du prochain concile, enrôlait la diplonlatie 
havaroise au service de l'école théologique qui 
youlait Ii vrer à l' (( uHranlontanisme >) une dernière 
bataille; 
t, par nne circulairc célèbre, il essayait 
de nlobiliser, pour cette Iutte, les autres diplo- 
n1alies curopécnnes. Mais soudainement les élec- 
tions de 11lai 186U pour Ie renouvellement de la 
Chanlbre ténloignèrcnt que cet anlbilieux minis- 
t(\1'e, qui travaillail contrc RODle comme avail lra- 
vaillé pour Rome la Bavière du xvnC siècle, n'avait 
plus de racines dans Ie pays. Les (( Iibéraux )) 
ne firent passer que 7;) de leurs candidals; les 
palriotes, les ul tramontains, en firent réussir 79 3 . 


l. Sur (cs sentiments prussicns du d.;puté anticlérical Yoell., \"oÍ1' Haus Blum, 
op. cit.. p. 159-1(;:>. 
20 Rust, opo cito, p. SG et suivo 
:1. Yoell" haLlu dam: 
a {'il'cons('!'iption. rut éln:t AlIg.!'Ihollr
. 



H)o 


, 
L ALLEl\IAGNE llELIGIEUSE 


On s'atlendait à la démission de Hohenlohe : illint 
bon, cOlnbina des calculs pour établir que la Charn- 
})renouvelle contenait en réalité 77libéraux eL 77 clé- 
ric(1ux, pt commenta les résultats é]ectoraux daJl
 
une circulaire optin1Ïste. Les clðricaux, expliquaiL- 
il en subslance, ll'ont aucun point d'appui òans le
 
villes ni dans une grande partie des campagnes; ib 
se sonl 11lonLrés Ù la population so us un masque, 
comme les représentants de l'autonon1Ïe Lavaroise; 
nHlÏs, cn fait, Ie nlinistèl'e lui-Inênle ne veut pas 
sacrifier cette autonomic; et, varmi ces 77 oppo- 
sants, un schisnle se produira; un grand nonlbre, 
gens lranquilles et pondérés, se détacheront. des 
parLis cxtrêules 1. Ainsi se consolait Hohenlohc. 
LOl'squ'à la fin de septembre la Chambl'e se réunit, 
les deux partis avaieni chacun 71 mculbres pré- 
sents, ct l'on ne put s'enlendre pour nomnlcr un 
président. I-Iohenlohe gardait l'espoir que Ie 13éné- 
dictin IIancberg dissuaueraÏl les mCl11bres tic 
l'opposition de suivrp avec une intransigeante dis- 
cipline Irs conseils de leurs chefs, vVeiss et Schuet- 
Hingcr, et qu'un compromis serait possible entre 
libéraux el cléricaux. Mais IIaneberg échoua:! : la. 
Chambre dut ètre dissoule, et c'csl ce que souhai- 
taient les catholiques, assurés à l'avance d'un suc- 
cès plus décisif encore. 
Car, durant l'été de 18G9, leur action n'avait pas 
chômé. Désormais conscients de leur devoir et de 


1. Hohcnlohc, Ope cit., I, po 3G6-368 (circulaire du 29 mai 1869). 
2. Hohcnlohe, Ope cito, I, p. 399-400. - Voir, sur ccs difficuHés parlcmcntaires, 
Voelderndorff, Harmlosc Plaude1'eien cines alten Muenchencrs, II, p. 323-326. 



L'ÉGLISE ET LA llAVIÈRE 


HH 


leur force, ils n 'admettaient pas qu'un ministère 
condamné par Ie suffrage de la Bavièrp gardât Ie 
pon voir; et leurs amertumes accunlulées récla- 
nlaicnt enHn justice. lis voulaient que e'en fùl fini 
de l'influence de cos juristes étrangers, de ces his- 
toriens (-ll'angers, qui depuis 1848 lravaillaienl 
lentemenl à nletlre la Bavière à la remorque de la 
Pl'usse 1 ; ils exigeaient une réaclion, un repentir. 
La préoccupalion de beau coup de catholiques étail 
encore plus nalionale que religieuse : entre un 
libéral bavarois et un caLholique prussien, n' eus- 
sent-ils pas, quelqucfois, préféré Ie prenlier 2? Ils 
cxigeaient que la Bavière tînt conlple désornlais, 
dans sa politiquc, des vrais intérèLs bavarois. 01', 
c(' quïls nommaienl les vrais inlérêls bavarois, 
c'étaient ceux de la propriété terrienne, In clcrgé, 
de ia petite culture, du pelit nlélicr, forces indi- 
gènes, enracinées paries siècles dans Ie sol d{\ 
Bavière. Le (( libéralisme )) gouvernait pour une 
classe de nouveau-venus, bourgeoisie riche, cos- 
mopolite, agile à déplacer ses capitaux, indifférenle 
aux traditions et aux gloires historiques de la 
Bavière, et dédaigneuse du Credo religieux qu'ai- 
maienlles Bavarois, nlais toujours prête à faire de 
la ßavière la saLellite de la Prusse, et du gouver- 
nemenl de la Bavière un gouvernement de partie 
Les vieilles (( classes )) hisLoriques de ]a vieille 
Bavière ::;c réveillaient, se resserraient, se coali- 
saient, contrc cetle puissance intruse; elJes fai- 


L Rust, op. cit., p. 86. 
2. I1erUing-, IIochland, ler mai 1907, p. 2240 



192 


L'ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


saient surgir du sol de ]a basse Ba vière, sous la 
direction du baron Xavier de Hafenbraedl, des 
groupements qui s'intitulaient associations caLho- 
liques de paY8ans 1. On avait vu, dans les années 
antérieures, des agilateurs bisnlarckicns et anti- 
religieux travailler à la prospérité écononlique de 
certaines contrées rurales, tel ce député ,r oelk, 
dont les initiatives agraires avaient, pour bien des 
années, attaché rAlJgäu catholique à la cause du 
libéralisDle 2. :\'lais en face d"eux, désornlais, Ie 
cJergé se dressait; il regagnait Ie tenlps perdu; et 
dans ce tardif mouvement national, dont Joerg 
lui-nlême aurail à peine osé dire qu'il avait encore 
quelques chances de vrai succès, Ies prêtres intro- 
duisaient certaines aspirations auxquelles apparte- 
nait l'avenir. 
(( En Bavière plus encore qu 'ailleurs, écrivail 
Victor Chcrbuliez, Ie clergé a réussi à se faire 
peupIe. S'appuyant sur Ie paysan, épousant ses 
passions, lui parlant sa langue, qu'il savait de 
naissance, il s 'est faiL Ie représentant de ses 
insLincts à la fois conservateurs et démocratiques, 
de son aversion pour ]e l'éginle bourgeois. Sans 
laisser dornlir dans leur foul'rcau les vieiJIes armes 
ecclésiastiques, il s'en est forgé de nouveHes; il a 
usé avec habilelé de tous Irs moyens d'agitation 
invcntés par la dénlocratie, la presse, lcs assem- 
blées, lcs associations. Le clcrgé bavarois cons- 
titue aujourd'hui une 80rte de tribunat en soutane 


1. nusL, Ope cilo, po S(). 

. S"Il1ZC. /lrTuP cntholifjUP dc.'1 J
[Jli8e'1, aVl'iI1f1M, po 
I i. 



L'ÉGLISE Ef LA BAVIÈRE 


193 


passé maître dans l'éloquence popuIaÎl'c, et agis- 
saut par Ie confessionnal et par Ie journal t. )) 
Entre ce tribunat et Ie ministère llohenlohe, Ie 
duel fut acharné, tant au nom du patriotisme 
qu'au nom de la foi. Hoermann, ministrc dp. l'In- 
térieur, remania la carte électoralc du l'oyaume, 
et disloqua des circonscriptions. II exp1iflua très 
cal'rément, dans une circulaire, qu'un certain 
parti, dans la Chambrc dissoute, avait possédé plus 
de sièges que cela n'eÙt été convenable (( d'après 
l'opinion des classes intelligentes parvcnues à une 
certaine indépendance du j ugement politique )). Ce 
parti, c'était Ie parti ultramontain, prenant pl'é- 
toxte du patriotisme pour miner Ie trône et ruiner 
les lois, accusant l'État d'être hostile à l'Église 
parcc qu'hostile à l'nltramontanisme, flattant 
l'ignorance, les préj ugés, ]es intérêts égoïstes, 
guerroyant contre tous ceux qui, depuis dix ans, 
avaient servi la royauLé, ct excitant en faveur des 
aspirations cléricales les appetits démagogiques 2. 
Ainsi se déroulait la circulaire ministérielle; eUe 
visait à faire passer les catholiques pour des sédi- 
tieux. On faisait grand bruit, au mênle filoment, 
autour de quelques paroles qu'aurait prononcées 
devant un petit groupe de fonctionnaires I'évêque 
Scnestrey; on l'accusait d'avoir prévu et presque 
souhaité la révolution, et d'avoir affirmé que Ie 


1. Cherbuliez, L'A..lle11la{Jne politique depuis la, paix de Pl'llgue, p. 314-315. 
2. Rust, Ope cito, po 88-90. - En l'Ppollse à de parcils manifestes répaudus par 
les (( libéraux ., Ie Badois Alban Slolz faisait circuler cn BJ.vil're une f('uillc 
volante qui s'intitulait : (( En garde contrc un faux papier]l. (Ilaegdc, Alúan 
Stol:;, po 
03.) 


IV. 


13 



194- 


L' ALLEl\lAGNE RELIGIEUSE 


respect de l'J
glise pour les lois hllmaines n'étaÍt 
qn'une capitulation dC\Tant la force, et qu'el1e np 
reconnaissail que les lois divines 1. On s'arnlait 
des propos attribués à Senestrey ponr con1menter 
la circulaire ne I-Ioermann. Aujourd'hui q nc sonL 
refroidips ces polémiqucs, OÙ s 'égaeait la plump 
nlême d'un n1Ïnistrc, cctte circulaire échevclp(' 
gardc poul't:1ul son inlél'èt : ayec une pal'Lialité 
passionnð<.', ('lIe déJinissait et définit pncore, pour 
qui savait lirp, resprit de In luite élf\ctorale. rfun(\ 
part, les classes (( inLclligcntes )) ; d'aulre parl., )e 
clcrgé f\t Ie p('uplo. 
Les élections eurent lieu en novembre 1HGÐ 2. 
Les (( classes inlelligcntes )) fìrent entrc!' à la 
Chambre 63 députés; Ie clergé ef Ie peuple, 80; 
entre ces deux blocs, ODze sauvages erraient, plus 
proches de la minorité que de la majorité. Hohen- 
lohe parJa de sa dénlission, et puis il resta, en 
introduisant, dans son nlinistrrc, quclques chan- 
gements dc personnes. 11 rcstait, pour rompre une 
dernière lance en faveur de l'l
tat lnoderne. Les 
débats auxquels donna lieu l'adr'csse au roi en 
fueeni l'inévitable occasion. IIohenlohe prOClalUtl 
que deux conceptions de l'État élaient en lutte, et 
qll'il s'ag-issait de savoir si, oui ou non, l'Étal serait 
òil"Ígé par une Itglisc qu'on éLait en train de 
rcconstruire d'après un programme absolutiste 11 


1. SchlulLheS8, Europacischer Gcschichtsku.lender, 18(H), p. 1G8-170. - Sc- 
neslre
. occupa lc siège de H.atisbonne près d'UIl dcmi-sièclc, dc 1858 à 1 !lOG; 
sur nmoi de Doellinger quand il y monla, voir Friedrich, Docllill!Jcl', Ill, po 
ú(j. ' 
<!. Le prog'l'ammo élccloral du 0: parli palriote II cst publió dans Salomon, Die 
rleulschcn Pw'lcip,'o{ji'al1tnlC, 1, p. U;;-lú3. 



I.. 'É(
LISE ET J..A I
A VII
RE 


1
5 


sc savait d'avance condDmné; ce gT<1nd 
C'jgneur 
nlé(liatisé, qui pal'tout en .A l1enlagne se sentait 
chez Iu!, olais qui partont aussi ðtait un déraciné 1, 
inqlliétait. jps patriot0s: J'a vaiL"' nn siège à la 
Chamhre haute tip Bavièrf', était-ce nne garantip 
suffisantc ùe nationalisme bavarois? 1\UX appJau- 
dissemenls de la Chanlbre, Ie catholique Joerg 
signifiait à Hohenlohe son congé. l\lais ]e uéputé 
V oelk, lui, parlait phiJosophie. (( La question pst 
rellp-ci, disait-il : l'idée ronlainr curialisle doit- 
rIle faire UPS confJut'tes en Ba vière? Dc la préspn- 
tal ion de la loi scolaire date une excitation bien 
organisée conlre Ie gOll vrrnenlcnt; cUe a son 
centre au palais (\piscopal òe Halisbonne. A vpc 
ccUp fraction dn parli patI
iotiqllc, qui rcconnaÎl In. 
néccssité d' oLéir à Ia loi fondamentale d'I
Lat-, nne 
.'uLcntc est po
siLle. l\Iais avec Ie p<-u'li qui Hic 
l'Étal llloderne, qui [net la lonte-puissance romaine 
lu-dessus de la législation tCl'l'itol'ialc, ct (IU1 a 
l'OLLvé Jans Ie Syllabus positif
 sa plus récentc 
'xpression, avec co parti-Ià, l'État ne pent pas s'cn- 
endre. )) 78 voix contre ü2 11larquèrent que la catho- 
ique Bavière avait repris la rnaHrisc d'elle-nlênlc; 
'n mars 1870, Hohcnlohe quiUa Ie pouvoir a. 


1. Voir à ce sujct Jes pages ll'ès pl
I1Hranles de :\1. Jac1IUI'S Baiuville, 1:;8- 
'al'ck et ill !/l'llItCC, V. 4-
 (paris, 
"uvcllc IiLraÌ1'ie IMtiollale, 1 U07). 
2. Slit' II' '''''!JU,lÓW; posilif rédigé par Ie jésuitc ScIJl'ader, voir cÏ-ÙC'iSOUS, 
313. 
3. Busl, Ope cit., p. 70-1080 - Hohclliohe, op. cll., I, p. 417-440. - Sur Ie 
IDCOUl'S discrf't que l'rèta DoelIiuger à Hoh{,lliohe, au cours ùe c('s ùiHicultðs 
lflcmenlaircs, ct sur les démarches de Docllillger auprès de Louis II, "oilO 
'iedrich, lJocllinger, Ill, p. 474-475: c'étail 1'époque oÙ Ie prolC'st<Ull ErllC'sl- 
mis de Gerlach mcllait Doellinger en garde cOlllre toute alliance avec des 
Jél'aux incro)anls (Au{zeicltnuuyen, 11, p. 315). 



i96 


, 
L ALLE
IAGNE RELIGIEUSE 


L' éclat.ante victoire des catholiques bavarois ne 
nléritait pas ù'inquiéter Bismarck : il savait que 
I-Iohenlohe avail prépal'é Ie prochain avenir et que 
son successeur Ie comte Bray, quelque dévoué qu'il 
fÚt à l'autonomie bavaroise, ne pourrait empêcher 
la Bavière de suivre les destinées qu'à l'avance la 
Prusse avaH fixées. l\Iais une fois ces destinées 
accomplies, Ja question l'eligieuse survivrait, et Ie 
catholicisnlc allenland susciterait même des hos. 
tilités d'autant plus passionnées, que Sedan, succé- 
dant à Sado"va, apparaîtrait comme une seconde 
défaite du catholicisme europécn. 
Alors, dans les préoccupations des catholiquc
 
bavarois, la politique passerait au second plan, la 
défense ùes intérêts religieux prendrait une placf 
prédominante, el dans cette fraction mi-particula. 
riste, mi-catho]ique, sous l'assaut de laquell( 
Hohenlohe a vait succombé, se recruteraient spon. 
tanément, à la longue, les éléments d'un Centr( 
avec lequelles hommes du Culturkalnpf auraien 
à lutter, avec Ie que 1 ils devraient compter. 



CHAPITRE VI 


LES CHISES INTELLECTUELLES 


Le (( cancer )) de la tloctl'ine théologique. - Les malenlendus 
entre Rome et la science allemancle. 
1. La 1'cligiosilé romantiî(ue. - Réaclion du ralionalismp théo- 
Jogiî(ue. - Le gunthérianisme : eonquÎ.te par la raison do la 
vérité révélée: interpI'étations nouvelles dos focmuJes dogllla- 
tiques.- A ppuis (Iu gunthérianisnw dans les milieux ecclésias- 
tiqucs. - Inf[uiétudes (Ie Rome: hoslilité clu cardinal Geissel 
eontre l'aLtiLude intellecluelle (les gunthéricns. - Hésurrection 
de la scolastillue: Clemens, Klcutgen. 
II. La d(
nniLion (Ie 1'Immaculée-Conceplion. - Une fausse inler- 
}wétation, pal' l'école histori(IUe allemand.., flu Quod 1.lbiq1le de 
saint Vincent dp Lerins. 
III. Le procl
s tlu gunthérianisme à. Rome: condamnation de 
Guenther (1857). - Les (leu \: brefs rIe Pic IX sur Ie gunthéria- 
nisme. - Con damnation ne UaIlzf
r et de Knoodt. - Le nOUveau 
::;ystème dualiste (Ie Baltzer, nouvpllo condamnation. - Affir- 
mations philosophiques du condie de Cologne. - Les (logmes 
et los opinions philosophi(IUPS pl'oximæ fidei. 
IV. Un essai de conciliation philosophi(Iue : :Martin DeuLinger 
et la philosophic de la volonlé. - Jacob Frohschammer, son 
système sur les rapports do la science et de la fot. - Sa con- 
damnation; sa sortie de 11
glise. 
V. Suspicions de la (( pensée allemande )) contre l' (( hostilitl
 )) 
du Vatican. - Un tÖmoin allemand à Rome : :\Iois Flir. - 
Son premier état d'espl'it au point de vue religieu'\:. philoso- 
phi1lue, arti
tique. - hvolulion de sa pensée : admiration 
finale pour Home et la papauté. - Malveillance de DoeJIin- 
gel' dans ses jugements sur Romeo - Raisons (lp eel élat d'es- 
In'il : malentendus fréquents entre l'rtalie el l'Allemagne. - 
Rome accusée de perpÖtuer des abus dont les protestants (1".\lIe- 
mn gne se font une objection contre les catholiQues. - InaUpn- 



198 


, 
L ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


tion de certains milieux scicn!ifiques allemands pour les décou- 
vertes apologétiques de J .-B. de Rossi. 
VI. Ignace Doellinger. - Son r....ve d'une église llationaIc alle- 
mande (riiscours de Linz, 1850)0 - Son rC've d'ull rapproche- 
ment des .ügliscs. - Les f'onfércnces de rOeléon Sur Ie pouvoir 
tempOI'el (18ÖO), et Ie livre 
9lise el Églíses (1861). - Emoi 
produit par Ies attaques ùe DoclIinger. - Rul auquel tcndait 
Doellinger en voulant cmpêcher les protestants de solidariser Ie 
pouvoir spirituel de Ia papauté avec Ie pouvoir tempore!. - 
.Maladresse de sa tactique, mauvais efret politique qu'elle pro- 
duito - l\Iépris latent }Jour Rome, dans les avances me'Illes que, 
sous la plulllc de Doellinger, Ie germanisme fait au romanisrnc. 
VII. Les appuis ell' Hom!' en Allemagne : Ie cerde ùe l\Iayence, 
Ie cercle de 'Vurzbourg. - Les Jésuites eqle mouvement scolas- 
tiqueo - lJOClO1' l:nmaw"s, W.;l7WS Ge1'manuso - Projets divers 
de réunions de savants. - Lc eongrès des savants catholiques 
ùe Munich (1863). - Discours capital de Doellinger : la théologi(
 
et la hiél'archie; Ia théologie dans les races latines. - Préten- 
tions du germani,sme it incarncr la théoIogie et it régner. it 
ce titre. dans l"Eglise. - Protestalions des théologipns de 
)Iayence et de "TurzlJourg. - An
iétés du Vatican. - Un bref 
de Pie IX. - Contre-coup de lïnciùent ('n AngleterI'P. 
VIII. Irdtation de DoeHinger, SPS l:Iccusations contre HornC'. - 
Discours nouveaux oÜ il reprend 8('S thi':,e
 sm' Ia théologil'.- 
Michclis ct IIergenI'oclher. - La Feuille de lilléNltlll'e théolo- 
gique de Bonn. - Les Voix de Nw'ia Laach. - Yi,'acité géné- 
rale des polémiques. 
IX. La question de Ia fonnation rlu clcrgé. - Unh'prsi tés et sémi- 
naires. - Arguments en faveuI' des deux in
titutions. - Lcs 
droits de la hiél'archie sur l'ensci
nement des clercs. - Inci- 
dents univCl'sitaires inquiétanls pour Ia hiérarchie. - '::crit de 
Doellingel' sur l'afTair'e de Spirco - La IJrochure Pour l'insl1'uc- 
lion des 1'ois. - Riposte yiolentc de Doollingcr. - Une parole 
modéI'ée : l'avis du fulur cardinal Ilf'rgenroether. 
X. Suspicion
 catholiques contre l'ensemlJle (les facuItés univcr- 
sitaircs. - Projet d'une univ('rsité libre. - OIJjecLions du philo- 
sopbe Kuhn, professeur à Tubinguc. - Polémiques philoso- 
phiques (Ie Schaezlcl' contre Kuhn. - Polémi([ues conlre Ia 
faculté même de Tuùingue. - Les dénonciations de RotLen- 
burg. - Le régenl Mast et l"évt"lue Lipp. - Crises doulou- 
reuses. 
Une pacification néccssaire ; besoins urgents au
quels répondait 
Ie concile. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


1UU 


Les barrières qu 'avait édifiées Ie joséphisme 
entre I'AlJe111agne et nome, démantclées d'abord 
par les fidòles eux-mêmes, avaient succombð, en 
1848, SOllS la poussée de la révolulion. Les ðvêqucs 
appelaient Ie Pape à leur aide, pour s'émancipcr; 
lcs congrès lui expédiaient des nlessages de dévouc- 
nlent; et c' est pour lui que travaillaient les nlis- 
sions de Jésuites, qui devaient être, vingt ans 
durant, une inlnlense force d'évangéIisation. L'ac- 
lion catholique, par un mouvement spontané, so 
soumettait aux influences du Vatican. l\1ais il en 
(}tait autrement d'une fraction de ]a pcnsée catho- 
lique : (( Notre docLrine théo]ogique souffre du plus 
profond cancer, écrivait à I{cLteler, dès 1851, 
\Vindischnlann, vicaire général de l\lunich. En 
fait, elle se ticnl hors de 1"É g lisc; et c'esl ainsi que 
pen it pen les plus énlinenls, - je n'excpptc pas 
DoelJin
{'J' ] ni-mt'lue, - devjpnnent In. pl'oic d'un 
espri t qui peut In eneI' aux pires conséquences 1. )) 
Les beJ)es anné(1S 18.1.8 e't IH
9, oÙ 1'0n avait vu 
les hommes de science', les hommes d'æuvres et 
les honlffies de lulle, fraterniser dans )rs 'Jneetings, 
ne devaicnt pas a voir de lrndemain : l'heure était 
proche Oll bcaucoup de savanLs alJaient bouder 
ostcnsiblement, pour les chålicr de leur (( ullra- 
montanisme )), les professionnels de la politique 
et de raction ; et puis aux bouderies snccéderaienl 
lcs ruptures, aux ruptures les con1bats. Plusieurs 
de ces savants, si ombrageux à l'enrlroit de BODle, 


.1. Raich, Ri'icfe t'Ofl nnd (In Aettcl(,I', p. 23:'0 



200 


L' ALLEI\IAGNE RELIGIEUSE 


se trouveraient être des prêtres, chargés, par leur 
office même de professeurs, de form0r d"autrcs prê- 
tres. Rome alors s'inquiétcrait, s'indigncrail; la 
distance m&me aggraverait la mésentenle; et cette 
Allemagne, qui venait de montrer à runivers chré- 
tien commenl une Église se libère et conlment la 
conscience catholique devicnt une force sociale, 
sentirait ppser sur dïlluslres érudits les défiances 
tenaces de l"autorité I'onlaine. Cepcndant l'aclion 
catholique et une ccrtaine pensée cathoJique pour- 
suivraient leurs voies de plus en plus divergentes ; 
et cette pensée catholique, qui devait plus tard s'in- 
tituler (( vicille-catholiqne )), machincrait contre Ie 
concile du ,r atican une formidable opposition, tan- 
dis que faclion catholique, disciplinant de longue 
date prc
tres et fidè]es, préparerait la sounlission 
de l' AI] enlagnc aux d écisions concilia.ires. 1\1ais 
<Jussilût cetle pensée, qui prélendrait n'avoir pas 
été réfutée ct qui pourlant se sentirait vaincue, 
cherchcrait sa revanche en appelant Ie bras sécuJier 
contre l' (( ultranlontanisnlc )) trionlphant, couron- 
nerait ses plaidoyers pour la liherté de la science 
en suscitant des menaces conlre la liberté de la 
foi, ct tellterait de nlcttre enlrave à l'aetion catho- 
lique en secondant Ie Cultu7'kanzpf. 
Les crises intelJecluelles qui divisèrent alors Ie 
caLhoJicisme allenland, eurent une répercussion 
proiongée dans la vie du nouvel Empire, et l'on 
ne saisirait pas dans tonte leur complexité ]es Ioin- 
taines origines du Culturkan1pf, si )'on dédaignait 
d'assister à ces débats théologiques. lIs sont déjà 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


201 


loin de nous : que de flux, depuis 10rs, et que df' 
reflux aussi! Et parce qu'ils sont loin de nous, on 
peut les raconter, - nous l'espérons du moins - 
sans se laisser distrairc par les préoccupations de 
l'heure présente : d'autant que Ie rapprochement 
entre deux époques risque toujours de troubler la 
perspective et de les faire mal con1prendre l'une 
et l'autre, surtout la plus ancienne. 


I' 


I 


Le RomanLismc avait incliné ve.rs une certaine 
l'eligiosité catholique les imaginations et les cæurs. 
\lais enlre l'état d'esprit d'un romantique et celui 
fun théologien, un abînle subsistait. Vague par 
_nsLincL, et vague, aussi, de propos délibéré, la 
)ensée romantique rêvait cl'un syncrétismc reli- 
;ieux, qui voilerait d'un nuage nlystique les arêtes 
run dogme importnn, et dans lequel toutcs les 
'onfessions con1munieraient. Elle offrait en hom- 
nage au Christ, et même it l'
:glise, les émotions 
'cligieuses de l'humanité tout entière et du passé 
.out entirr; mais lorsqu'un Lasaulx, par exemple, 

onsidérait les penseurs de l'antiquité conlme des 
>évélateurs du vrai Dietl presque au nlême titre 
Iue l\Ioïse \ l'Église jugeait que Lasaulx brouillait 


1. Au regard de I asauh.., Socrale élail plus proche du Christ que Ics hommes ùe 
Ancien Testamcnt. (( Les idécs chréliennes, quïI aimail, déclara sur sa LomLe 
> IJénéJiclin Hallcberg, élajcnt fa<'ilement LransporLées par Iui dans Ie paöa- 
Isme, quïI aimait aussi. >> - Sur Ia couJamnatioll de ccs idl
es d(' Lac;auh 
ar Ie Sailll-Siège en 1861, voir SloeIzle, Lasaul.r, p. 273-2í!L - Cf. Sill' 
asauh. (1805-18tì1) notre tome II. p. 100. 



202 


, 
r. ALr.E1\IACNE RELIGIEUSE 


lout et s' embl'ouillail lui-mênle. Schelling, au 
llloins en sa dernière période, avait séduit beaucoup 
de catholiques; ses leçons de Munich et de Berlin 
leur éLaient appal'ues conline une insigne pl'épa- 
ration à la foi. El sans doute, sous lenrs regards, 
par une )'raclion contre un rationalisme élriqué, 
une partie de l'.A.llemagne intellectuelle avait 
reflué vel'S les portiques de l'Église, mais avec 
moins de souci d'y entrer elle-même que d'atLirer 
jusq u'à ce même seu iI, pour une sorte de congrès 
des religiosités, tout ce qu' on entrevoyait de pen- 
sées religieuses, de sonffl'ances religieuses, de 
velléités religieuses. Indolent et fiévreux, mélan- 
colique et caressant, attrayant par ses nlalaises 
mêmes, il semblait que Ie rornanLisme fÙt descenou 
sur la place pubJique, COlllmc Ie serviteur de 
I'Évangile, pour convoq t1cr des passanLs au han- 
quet du Christ, mais illes ayaH nlenés, seulemcnl., 
à proxin1iLé de la salle tIu feslin, car il excellait 
nlieux à fairc presscntir l'Í
glis(' qu'à la faire 
connaîLre. 
Alors avaient surgi deux sysLl\ffieS, qni insis- 
taicnt avec une force élrange sur la parL de l'élé- 
nlent intellcctuel dans Ja croyance religieuse : 
à l'écart de l'inlpl'Cssionnisme ronlantique se 
dressait un intcllecLualisnle rigidc, si cxigeant, 
si absolu, qu'on se demandait queUe place res- 
tait, dans !'acle de foi, pour Ja générosilé de 
Dieu et pour la générosité de l'h0111me, pour In 
gråce et pour la volonté. L'un de ces EysLènles, 
frappé par Grégoirc XVI, sc nonlmai t J 'hrrmé- 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


203 


sianisme 1; l'autrc, très goilté vcrs 18
O, était Ie 
gu nth é r ian iSHl e. 
GuC'nthcr, prl'lre picux et profond, menait à 
\Tienne une vie solilaIre, pour la pensée 2 ; eL Jans 
lLne langue hroussailleuse, il édifiait des synthèses 
dont I'Allemagne s'exaltait. A son école, la raison 
relrouvait et reconstituait les myslères, et peu s'en 
falJait qu'ellc ne les comprît. Elle conquérait, par 
son propre mécanisnle, les vél'ités qui avaient fait 
la substance de la révélation. Quel échec pour les 
I j bertins, narrateurs audacieux d' on ne sait quel 
conflil entre les cxigences rationneHes eL la vériLé 
révél(
e! La raison ferait mieux, désornlais, q lIe 
de se soumctlre à la révélation; eHe parviendrai t 
par son propre travail, - conlnlC 1'011 parvient it 
une découvertc - jusqu'à ccs notions mênles donL 
J ésus fit aux hornnles Ie cadeau; et, tandis que les 
scolasliquC's, pour faire saisir quclque chose des 
n1ystères, n'avaient pu recourir qu'au procédé 
d' (( analogie )), la pensée gunthérienne, enfin, 
saurait les voir bipll en face, bien à fond. Elle les 
transforrnerait à nlesure qu'elle les pénétrerait : 
car les fornlulcs dognlatiques n'élai0nl quP l'ex- 
pression précairc d'une foi imll1Uable; efficaces en 
leur temps contre les crreurs auxquelles l'Église 
les avail opposées, eIles devaient se laissel' inter- 
préter dans Ie sens qu'imposait le progl'ès scieIl- 
Lifique et philosophiquc, jusqu'à ce que survinssent 


1. Voir u(llre Lome II, p. 6-12. 
:2. Voir sm' Gucnlher {liR:J-1863)0 uotrc tome IJ. p. 

_.jJ. - 
ur (;l1enlhcr 
pa88e1' solilariu8, voir Kuoodl, Auton Gucu/ha. f';'I/' lIio{J1'aphic. II, p. :iR 
(Yiennp, Braumllpller, 1881). 



204 


, 
L ALLE1\IAGNE nELIGIRUSE 


des forn1ules nouvelles, susceptibles de (( mieu
 
appro prier Ie fonds dogmatiquc aux modes de la 
pensée en n1arche >>. Ainsi 1a raison ressaisirait et 
repétrirait les apports de la 1"évé]ation, et Guenther 
pensait que ce scrait pour l"Église un beau b'iom- 
phc. 
L'illustl'e Goerres avait naguère goûté cette phi- 
losophic 1. Elle avait l' estime de DocHinger 2, ct les 
ardcntcs sympaLhies du cardinal Diepenbrock.. 
évêque de Breslau 3, et de son successeur Foerster!., 
du cardinal Sch\varzenberg, archevêque de Pra- 
gue 5, de l'évêque de Trèves, Arnoldi 6, de l'évêque 
de Salzboul'g, Tal'noczy 7. Elle élait enscignée par 
Knoodt et Baltzer aux universités de Bonn et de 


1. Knoodl, Anton Guenthel', n, p. J !)1. 
2. Friedrich, Voellill!lcr, III, po 1.3
1-1.,'IO. - Jo-F. SchullI', LclJensc7'innerun- 
gen, p. 21. Doelling-er disait fine, si Rome condamnait Je g"unlhériauisme, dll' 
condamnerait Jes catholifJues à la slériliLé de respriL. 
3_ Diepenhrork confta an gUIllhérien BaIlzer la re\ision du riLuel diocésain, 
Ja sun ei1lauce de 1'I'nscignl'menl r('ligieu),. dans les gymnases, el chargea 
Baltzer d'adresser un mémoire à Rome sur Ie projet de dHiniLion de I'Imma- 
culée Conceplion, mf
moire qui ful hostile (R!'inkI'IlS, IJiepcllbrock, p. 441). 
4. Yoir Ja lellre d(' FOPl'ster à li.einI..cns (>n 18:j
, ponr Ie rassurpl' sur l'aLtilmle 
de Rome à l'endroil dl' (
uenlher (Joseph Marlin Heinkens, Joseph J{ulJe,.t IIt'Ín- 
ken.ç, p_ 61; Golha, Perlhes, 1 !J06). Foprslcr, en 18;)2, apprenant Jes inslru('1 ions 
qu'avaiL données Ie Sainl-Sièg-e à Arnoldi au sujet de la réforme de I ens('ig-ne- 
menl philosophique dans son séminaire, se plaignail à Knoodl que les é\ èques 
allemands ne sussenl pas défendre lenrs droils et que Je lien avec Home d('\ int 
Irop élroit (Knoodl, Ope cit., II, p. 133). Sur Henri Focrsler (1799-1
81), voir 
:\Ieer, Charakte1'bilde,. (IUS dem Clerus Schlesiens, 18:32-1881, p. 312-324 (Bres- 
lau, Ad(>rholz, 1884). - En 1853, Ie flltUl' Guillaume ler, Ie disanl . fanalif(ue el 
h
pocondre >>, avail comballu sa nominalion comme évêflue(Poschinger, Dcnk- 
wuerdigkeiten. des lliinisfel'prcsidents j[anteulfel, II, p. 313). 
5. Knoodt, Ope cit., II, p. 40 et 135. Le P. W olfsg-ruber a publié à Vienne 
(Fromme, H)oG) Ie premier volume d'ulle vie de Schwarzcllherg (180!J-1885). 
6. 
ur l'én'f(ue Guillaume Arnoldi (17!"J8-t8Gí-), voir notre tome II, po 
W:j, et 
Kraus, All!Jcmcine Deutsche llio!J1'aphic, I, p. 5
13-:jfl5. 
7. Sur l\Iaxim(' Joc;eph Tarnoczy (18 0 (;-1876), \ oil' Krones, AligemeÍ111' 
dcutsrhc lJiographie, xxx,-n, p. 3f1ô-3!)7. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


205 


Breslau, par l\ierten 1 au séminaire de Trèves. Le 
bénédictin Pappaleterre projetait de fonder, aux 
portes mêmes de Rome, une sorte d' Académie OÙ 
Guenther lui-même serait professeur 2. Des j uges 
plus reservés admiraient du moins l'inspiration du 
système : (( Des censures viendront, pronostiquait 
Lasaulx, parce que tout n'est pas striclement 
exact; ce grandiose édifice, corniches et fon- 
dations, subira des modifications partielles; mais 
Ie noble désir de faire du dogme révélé un objet 
de compréhension scientifique ne sera pas con- 
damné 3. )) 
Sur les cimes nouveHes OÙ eUe s'était hissée 
pour prendre (( scientifiquement )) possession du 
dogme, l'intelligence allemande défiait triompha- 
lement l'incroyance, et beaucoup d'ân1es pieuses 
en étaient fières. L' évêque .Arnoldi signifiait à Ronle 
qu'il y avait Là une victoire acquise. (( L' Allenlagne 
catholique, déclarait-il, ne peut pas se contentel' 
d'une demi-philosophie, comme les Espagnols, 
comme les Italiens
 car les attaques capitalcs contre 
l'Église sont ici purement philosophiques
 et pour 


1. Sur Pierre Klloodt (18H-1889), voir Thcodor Weber, 
lllfJcmcine Deutsche 
lJiographie, Ll, p. 262-27
 el )lenn, llet'ue internationale de theologie, 19u7 
et 1908. - Sur Jean-Baptiste Baltzer (1803-1871), voir les monographies de Fried- 
berg (Leipzig, Dunckel', 1873) et de Franz lBresIau, Aderholz, 1873). - Sur 
Jakob Merten (1809-1872), voir Kraus, A.llgern.eine Deutsche lJi(j(J1'aphie, XXI, 
p. 469-470. - L'École de TuLingue HaiL Illoins favorable au guulhérianisme, 
(lue critiqua la Theologische Quartalschrilt (1854, p. 3-82 et 
j8!.J-(14). 
2. Knoodt, Ope cit., II, p. 248, - Sur les sympathies de beau('oup de béué- 
dictins pour Guenther, voir Pfuelf, Geissel, II, p. 28!:1. - Iteinkens, Ie fulur 
{'\-èque vieux-catholique, qui élaiL Lrès gunlhériell, faillit entrer chpz l('s Lén
- 
Jiclins de Saint-Paul comme son cousin Ie gunthérien Nickes (Joseph-Marlin 
Itcinkens, Joseph-Hubert Rcinkens, p. 55-58). 
3. Knoodt J Ope cit., II, p. 257. - cr. Stoelzle, Lasaulx, p. 24G el 2:;0. 



206 


L' ALLEl\fAGNF: RELJGIEUSF. 


y répondre fornlpJIement, il fant unr philosophic 
proprrnlent dil L', llnp philosophic de valeur. Te)]e 
esL cplIe de Guenther, qui a déjà C'ssayé 
es forces 
contre I'hégélianisllle 1. )) - (( Vis-à-vis un protes- 
lanLisme théologique cl philosophique, disait de 
son cÒté Ie professeur BaHzcr, l'école de Guenther 
fortifiera notre ]
gIisc ct la fera vaincre 2. >> 
C' est l'habitudc séculaire de Rome, lorsqu' on lui 
propose des arnlCS nouvelles, d'avoir moins égard 

l ce qu' elles ont d' efficace ou d 'opportun qu'à leur 
Jégitinlité ct it leur aloi. Pen d'années auparavanL, 
Rome, combattue par Ie rationalisme, avait en 
l"apparcntc bonne fortune de voir accourir vcrs 
eBe des traditionalistcs, des fidéistes, qui se tar- 
guaient d'humiIicr jusqu'à l'anéanlissement l'inso- 
Jonle raison, el Ie Saint-Siège, écartant c('ltc chance 
comme: un périJ, avait uéfcndu contre ccs alliés 
trop empressés la valeur ùe l'csprit humain. Voilà 
qu'aux antipodes Guenther survenait, et pré- 
sentait comme Ie propre fruit do la raison ces 
mystères révélés que Ie rationalisme attaquait : 
if offrait à l'Église des préscnts inlprévHs; ('lIe ]cs 
cxaminaiL, inquiète, et bicntôt lcs repoussait. 
Le gunthérianisme ne visait 
l ricn de moins, 
eomm.e l'cxpliquaicnt Baltzer ct I{noodL it (
cissel, 


1. Knoodt, up. eil., II. p. 2ï8. 

. Lellre de naltzcr 
l Gcissel(18 avriI18;J3), dans f'fuelf, Geissel, II, p. 28G. 
En 18Ð7, au cong-l'ès (( vicm..-calholiql1e )) ùe Yienne, l'é\ èquc Weber voulut faÍl'c 
voter paries congressÍstcs que ]e gunthérianisme, donl il fit un eJ\.posé, mar- 
quail un progrès dans I'inteUigencc scienlifìf{ue ct ùans la démonsll'alion (Iu 
chrislianisme po
itif; mais celte tentative pour remcllre Ie gunlhérianisme à 
]a mOllc échoua 
onlre J'illdifférence du congrès (Ret'ue inlernatiol/ale de 
l'héulogic, 18DR, p. 2i,-(3). 



LES CRISES I
TELLECTUELLES 


207 


archev('ql1l' de Cologne, qu'il devenir In philosophic 
o fficip He <1(' rÉgl ise 1 : i 1 you] ail êtrc l'Églist' ('110- 
nlêmc, (( 11
g-lise pensante )), auxiliairc ou
 pour 
n1ieux dire, protpctrice de l'Églisc cnspignante !. 
Ces hyperboles, moins imputables à Guenther. qu'à 
ses disciples 3, cffrayaient Geisscl, que choquaicnt 
aussi, dans crttc école, un certain manque de 
charité inLellectuelle, un insultant dédain pour 
tonle objection'.. (( Dietl puisse éclaircr Diepen- 
brock et Geisscl, écrivait Guenther dès IH50, pour 
qu'ils n'ometlent pas, à ROBle, de parler au non1 df' 
la science;)! )) 
Iais cette (( science )), toIle que les 
gunthériens 1'tHalaicn1, apparaissait à Geissel 
COfilme une Inenacc, et pour la tradition catholiqne, 
et pour ceLle prérogaLive qu'a l'évèque d'être juge 
de la foi. Un aulre trait ]ui déplaisait : (( Ces 
ieunes homnlcs, Jisait-i] de quelques di s(
iples de 
Guenther, venlenl au plus vite devenir professcurs 
.'t n' être ecclésiastiques que par surcroîL l\1ais ](1 
vraic conJuite, ce sel'aiL d'ahord de devenir eccIé- 
Úastiqnes, et d'être icIs par l'e'(ercice tiu n1Ïnislèrc, 


1. Pfuclf, Geissd, 11, p. 
8-;. 
2. Píuelf, Gei8scl, LI, p. 2S!). 
3. Le nonce de Viennc m.pliquail que c'élaicnt surtout lcs disciples de 
Jucnth'
r qui lui faisaient lort (Kuoodl, op. cit., Il, p. 
.!1). - Le pr{.dicalcl1r 
)'eilh, tout gunthpl'ien (IU'il fLit, LliÌmail aus,i Ie ton polémiflue de hcaucoup 
l'enlre em. (Loewe, Johann-Emmanuel Vcith, po 
-i8, Vienne. Be.mmuell('r, 1878)0 
4. Pfuelf, Geisscl, II, p. 
8
-2!)Oo - Les défianccs lie Geissel remonlaient jus- 
lu'à 184G, éjJoque oÌl son rutur secrétaire 1\fcurin étudiait à Bonn {Cr. Knoodt, 
.p. cit., 11, po 59-û3); cn 1847. J'archC'vèql1e de Posen avail Rig-nalt
 à Gl'issclles 
lérils de l'cnseignemcnt de Knooùt; pui5 Viale PrC'la, en 18.'j[, avail aUir'é L'al- 
entioll de Geisscl sur l'enseignelllent de 1\1C1-len à Trèv('s, ensC'igncmeut 
i sus- 
)ect à Rome (
ue, lorsllue Arnoldi, en juin 1852, renlra de son voyage ad limina, 
1 dut metlrc entre les mains de ses sémillal'isles un autre 1JI.11lllci qne celui que 
cur ayait douné 
lertcn (l'fllclr, (;Lis
d, II, p. 
;
-
79)0 
5. Klloodt, Ope cito, 11, p. 56. 



208 


L' ALLE
IAGNE RELIGIEUSE 


que ces hommcs redoutent comnle étant au-dessous 
de leurs talents; et ils deviendraienl, ensuite, des 
professeurs utiles 1 . >) A quoi les gunthériens répli- 
quaient sans doute que ce prélat si soucieux dl1 
ministère n'entendait rien aux exigences de la 
science; et (( qu 'attendre, au reste, poursuivait 
Guenther en personne, d'un hommc qui ne craint 
pas de dire que depuis Kant toute pensée solide a 
cessé en AlJelnagne 2 ? >) 
La pensée de Geissel, remonlant bien au delà de 
Kant, applaudissait au patient lravail qui s'accom- 
plissait à 
layence, à Bonn, à Rome, pour rendre 
à l' Allemagne catholique une philo sophie oubliée; 
la scolastique repassait les Alpes, pour prendre 
possession de l' Allenlagne 3. 
De longue date, Ie dogme lui élait uni; et la phra- 
séologie même qu'elle enlployait avait laissé sa trace 
dan:s les énoncés doctrinaux. (( Retour à la scolas- 
tique ! >) tel fut dès 1852 Ie programme ùe la revue 
Le Catholique, qui s'imprimait à Mayence. (( Qu'on 
ne se contentât plus des miettes de la philosophie 
protestante, et qu'on revînt aux trésors légués par 
les ancêtres )) It: c'était aussi Ie souhait d'un jeune 


1. Pfuelf, Geissel, 1I, p. 
8J. - Sur les adhél'ents compromeUallts quc trouvait 
Guenther, voir Beda Weber, Cartons, p. 146-148. 
20 Knoodt, opo cit., 11, po 4G. 
3. Lorsque mourut, en 1856, Ie lhéologien Stauùenmaier (voir notre tome 11, 
p. 42, 318 et 385), la Civiltâ cattolica lui rendit ce lémoignage quïl était un pro- 
fond phiJosophe, mais ajouta (Iuïl n6 pouvait Nrc suivi dans toutes ses opinions, 
ct que ses défauts provenaicnt surtout de la méthode et des iùées de son époque. 
(Civiltù catlolica, 8-20 mars 1856). 
4. Heinrich Hurter, Hurter und seine Zeit, II,p.40Go - Cf. Heinrich,op. cit., 
11, p. í'2: (( La lhéologic doit non délruire, mais continuer (fortl;auen) l'édifice de 
la vieille lhéologie. )) - Sur Jakob Clemens (1815-1862), privat docent à Bonn 



LES CRISES INTELLECTUELLES 



09 


philosophe Iaïque, Clemens, qui donna ses pre- 
mirrcs leçons à l'univel'sité de Bonn, et qui bientôt, 
par son enseignelnent à l\Iuenstert, aUira dans cctte 
ville jnsqu'ã six cents étudiant'3. flegel, nagllère, 
lorsqu'il éLudiait 
l BerJin, l'avait un monlcnt 
séuuit, Inais Hegel avait trouvé son vainqueur, qui 
n' était autre que Dante. La J)ivinc COJJlédie avait 
installé dans Ie moyen <1ge ]a pensée de Clemens; 
il s'était fait contclnpol'ain des scola.sliques, et puis 
scolastique lu i-nlême; il cherchait dans leur doc- 
trine des armes contre Ie gllnthÔrianisnlc, {\L il Jes 
y trouvait; il les hrandissait en puhl ic, dans des 
art icles. dans d{\s brochures 2; iL les af finait en 
sect'et, dans les nlanuscrÏts que lui delllandait 
Gcissel 3 et qui devaient aider l'aulorit.S romaine 
à connaìtre Ie gunLhérianisme ct à Ie juger ; 
élève des jésuites de Fribollrg, il était tout dévoué 
au Saint-Siège, et, dans un écrit latin, com- 
mentait l'antique devise: Philosnphia ancilla tÎzeo- 
logic-P I.. Entin un jé'3uite allemand qui vivait ù 


ùe 1843 à 1S:iG, professeUl' it 
luellsler dc IS:jü à hhìl, "oir radicle du llltlllOlik, 
18G2, J, p. 25ï ct sui\". 
1. Sur les snccês (1(' Clemens à '\Illensler, voir EJ'Ï1wel''lU/!/en ({US oUe)' und 
neuer Zeit, von eillem allen lIIZleusteraner, p. 1GO-1GG. (}hlC'llsler, T'iTestrac- 
lischer lJ1crkw', 1880). 
2. flie speculath'e Thcolofli(' _
 nton Gu('nlh('1's uwl die J{olholischc llil'clwlI- 
lehrc (Colo
Il(" Bach('lU, 1R:J3). - AIJlveiclmnycu del' {;/ten I "Cl'SC"C/
 '''''peeulal iOIl 
Vún del' llatlwli,ycllClt l{Ü'clwnlehre (Cologne, BachelU, 18:13) en I'éponse am. 
dem. séries de::; ...Veue thpoloyische Briere de Baltzer (Brcslau. .\derhoIz, 1833) 
ct au livre de Knoodt: (}ucntlwr und Clemens (Vicnnc, Brautlmcller, 18.:;:
). 
3. Sur les démarches ,Ic Rome auprès de (J('is8f'I, ell juin t8
2, pOl/I' (1f,rf' 
l'f'I1Seig-née :;ur Ie guulhél'ianisme, cl sur Ie h'a\ ail coIled if I]n '('111 r<'pl'il'l'IIL 
Bieringer, 'Yeslhotf, CII'fHcns, ?larlin, pOllr l'(;poluke au \. dpsirs de Rume, \ oÌ1' 
Pfuelf, (;cÙ/se1, H, p. 
80-2
4; el 
lamm, .ht
 lIa J/rie{nwppe des lJisc1w(8 
r onrar[ .J! fl1'tin, p. 4tH. 
i-. 
ln('nst!'r, ASI'hel1/1ortT, 185t;. - Voir fl. ]'. /J., 1Rïï, I, p, 
i-3-8
7 ('I %(_ 


IV. 


14 



2fO 


, . 
L ALLEl\JAGNE RELIGIEUSE 


Rome, Iilcuigen t, cntreprenait en 1853, sous]c 
titre: La théologie du pass(
, plusicurs volumes, 
oÙ mil i tai t con ire IIermès et Guenther la scolas- 
tique exhumée. V ouloir combattre les philosophies 
nouvelles en créant., de son côié, unc nouvelle phi- 
losophic, c'était, au regard de I\Jeutgen, faire des 
concessions au protestantisDlc 2 ; ]a (( vieille sciencc 
catholique )) - ainsi qualifiait-illa scolasLique - 
lui paraissait toujours efíìcace, pourvu, que les 
manuels où eUe s' était trop figée fussent adaptés, 
non point à l' esprit, mais aux besoins dll siècle. 
C'cst ainsi que lïnquiétude même, suscitée par 
lcs ambitions d u gun thérianisme, ramenai t l'Église, 
d'un brusque élan, vers la SOJJune de saint Thomas 
d'Aquin. I\.etteler, en 1848, avail consulté co vieux 
Ii vre sur les revondications écononliques qui sou- 
levaicnt 111un1anilé, il en avait tiré un programme 
social. Un vaste parti se formait pour que, sur 
la raison, sur la foi, sur Jes rapports de l'une et 
de l'autre, cet antique docteur fût également 
inlcrrogé, eL pour qu' on se fiÙl à lui, ct pour 
qu'on s'cn tinl à lui, et pour qu'en .A.lIemagne, 


!}63. - La mort de Clemens, en 1862, Cut déplorée par Geisspl comme (( uue 
gran de perle pour la science I) (lh'icfmappe des }Jise/tofs 1I11t1,tin, po 161). 
1. Sur Charles Guillaume Kleutgeu (1811-1883), tour à tour éludiant à Munich, 
séminarisle a Paderborn, Jésuile, el poèle à ses heures, voir Langhorst, Sti- 
mmen aus Maria Laach, XXV, 1
83, p. 105-124, 3!13-403, 489-510, et 
lundwi- 
leI', 1Valdbw'{J Z eil, p. 21, n. 1. Il esl faux que, jeune. Kleutgen ail apparlellu 
à une lJw'schcnschaft (Langhol'sl, lac. cit., p. 122 et 509-510). - Doel\ingcr, 
en 18;:;4-, jug-eail eucore Klculgen un (( lhéologien capable et rélléchi )1 (Frie- 
drich, LJoclliJl[Jer, JII, p. 134). 

. .Kleutgen, Uebel' die alten und die neuen SclLulen, 2 e édi l., p. f72- i!)7 
(Muensler. AsclIC'ndorcr, i
fj9); puhli(- dès 1846 sous Ie pseudon
 me de J. A. 
.Karl. Yoir dans Langhorsl, lac. cit., p. 503-505, un programme philosophiflue 
lracé par Ie jeunc Kleut
en dès avant son entréc dans rordre des Jé.5uile"o 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


211 


spécialcn1ent, saint Thonuls ressuscité mit un 
terme au fidéisme inconscient OÙ s' ét:lÏent enlisées 
les imaginations ronlantiques et au rationalisme 
formel dans lequel se drapait l'apologétique gun- 
thérienne. 


II 


Au milieu de ces déhats philosophiques survint 
en 18341a proclamation de I'Immaculée Conception. 
Que IVlarie eût été exempte du péché ol'iginel, c'est 
ce que saint Bernard et saint Anselme, saint Bona- 
venture et saint Thomas lui-même avaient, soit 
contesté, soit insuffisamn1ent entrevu; mais Ie pl'O- 
grès mênle de la connaissance dogmatique an1cnait 
Pie IX à proclamer l'Immaculée Conception comme 
une vérité divinement révélée. .A.insi la SOJJunr 
n'était pasune prison; l'aUachement à saint Thomas 
n'excluait point qu'on dépassât ce docteur ni même 
qu' on lui passât outre. Pie IX a vait consulté les 
docteurs, 111ais aussi les fidèles; les savants, mais 
aussi les âmes pieuses. (( C'est nlerveille, écrit 
Ie P. Bainvel, que l'idée de l'Inlnlë1Culép Concep- 
tion aiL fait son chemin n1algré lout, qu'ellc ait 
conquis les docteurs, qu' eUe soit deyenue la foi 
explicite de l'Église. C'esl un des cas les plus 
beaux et les plus touchants de la piélé, je ne <.lis 
pas, comme on l'a fait quelquefois, triomphant 
de la science, mais devançant la science, stimu- 
lant la science, éclairant la science, amenant enfin 



212 


, 
L ALLE
IAGNE RELIGIEUSE 


la science à ratifìer les intuitions de l'an1onr 1. )) 
Pie IX avait senti que Ia croyance en I'lmma- 
culée Conception vivait dans l'É g lise d'une vie 
nlystérieuse, dont les <:lmes lémoignaient Leaucoup 
plus que les textes : écouLant et jugeallt ces 
(( documents )) qu'offraicnt ]es ân1cs, il avail 
ensuite, au norn de Dieu, dll haut de son magi
lère, 
en appréciatcur souvcrain, ratifié ccLLe vie. 
J\1ais Iorsque, avant la d{>cision suprêmc, il avait 
questionné la chrétienté, une partie de I' AI]enlagne 
s' était nlontrée peu enthousiaste : les facultés de 
l\'Iunich, de Tubingue, avaient formellement réplldié 
Ie nouveau projct de définition dognlalique 2 ; Ie roi 
de Prusse, Frédéric-Guillaume IV avail un instant 
songé à provoquer contrc ce projet une démarch{\ 
collectivp des anglicans et des protestants de J'Al- 
lelnagne
; et l'hostilité du chapitre de Cologne SUI'- 
vécut n1ême à la proclamation du dogme 4. line 
s'agissait plus iei de philo5ophie, mais bien plutôl 
d'histoire. L'école historique soulevait contrc 
l'Inlmaculée Conceplion les mêmes arguments qui 
serviront plus tard contro IÏnfaillihilité : ello 


1. Jean Bainvcl, l
'tud('s, 5 déc('mhre HI04, p. GI2-G32. 
2. Fl o i{>dridl, Docllinycl', Hr, p. 13 et 134:-13:;; ravio; d(' la faru]t{. de Tubill- 
gue ne ful pas transmis par rév(\que de J:.oLLenbl1rg. - Cf. dans [,fllelf, Aelldl'1', 
I, p. 3fì7, ('c f(u'écrivail (iC'rlach sur It's dispositions dcs {'vèIIuCS allemands à 
l'endroit de l'lmmacul{>e Conceplion. 
3. l1aronne dc Bunsen, lJul/scn, Ill, p. 38
, nole, el 3tl\}-iUL 
4. prueH, Gcisscl, II, p. 59. Les ancien" hcrmési(,lls, en paJ'liculier, maient 
lïmmaculée Conceplion : ils appclaicnt la Vierge, non mère de )Iieu, mais mère 
tlu Sci
neur (pruclf, Gcissel, II, p. 58). Au cOlllrail'e, Wcis, (
"è'IUC de 
pirc, 
élè\c de Licbermaun el de l'aneieunc Éeole dC' .l\ta
ellcc, écrivail à Pic IX, dès 
Ie 15 décembre 1847, une lcltre très chaleur('l1s(, en favf'lll' de' nmmacl1lpe COIl_ 
('C'ption (Rrmling-, Ope cilo, J, p. 
1
-!.1:j). 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


213 


objpctait l'antiqne (( rrglc (Ie foi >>, fOl'nluléc par 
saint Vinernt de Lðrins. 
(( Ce qui a été crn partout, tonjonrs et par tous, 
cela est vrain1ent catbolique. )) Telle était celle 
règle, qu'alléguaient frrquen1ment dans leurs poJé- 
miques les deux confessions chrétienncs, et sur 
laquelle s"appuyaient Doellinger et son école pour 
combatlre Ies enrichissements de Ia foi. II y a vail, 
ùisait-on, diseUe de textes pour prouver l"ancien- 
neté de la croyance à l'Imn1aculée Conception; il 
yen avait foison pour remontrer que cette cl'oyance 
n'avaÏt jamais été I'objet d'un consentement uni- 
versel : l"école hisLorique avaiL peut-cotre brau jPu, 
sur un parcil trrrain. En eITet, repl'enù Ie P. Dain- 
vel, (( si par tradiLion nous entcndions Ia transmis- 
sion, pour ainsi dire matéricl1e, d "un dépôt inaminé, 
de formulcs toutes faites et de vél'ilés cristallispes 
dans ces formules, nous serions bien en peine de jus- 
Lifier ce dognle par Ia tradition )). 
lais en supposant 
même qU'à cet égal'd l'érudition de J'école histo- 
rique fût complèteln(')nt irnpeccable, en quoi pré- 
vaiait-elle contrc une lradition moins textuelle mais 
non moins réclle, contre une cel'taine pensée dr 
l'Église, (( pensée vivante saisissant et portant unp 
réalité vivante )), et qui, gràce à la définition dog- 
nlatiq tIC, allai t cnfin (( p ['enùre conse ience d' ellp- 
même, s'analyser, se forn1uler, se définir, achever 
de devenir eJIe-nlême ponr elle-mêTne )).? La sciencr, 
courbée sur 1a Lradition tcxtnel1e, se l'éclamail. 
de Ia lettre; l'É g lise, plus attenLivr, pcoutait l'es- 
prit et traduisait I'rspril. 


LiBRARY 
T. MARY/f: ("'nJ I J: 



214 


, 
L ALLE)IAGNg HELIGIEUSE 


Vincent de Lérins avait raison lorsqu'il affirlnaÏt 
que loute doctrine qui alléguait pour elle l'univer- 
salite, l'antiquité, Ie consentenlent généraI, était 
certainenlcnt catholique; lllais c' était It! tout ce 
quïl avait voulu dire, et rien de plus. Une conl- 
lllissioll de théologiens et de cardinaux, réunie par 
Pie IX avant la définition, affirmait en termes 
précis qu'une doctrine pou vail être catholique 
sans offl'ir intégralenlent ces tl'ois caractères 1 : Ie 
fait de l'antiquiLé, de I'universaliLé, un consente- 
lllent général, démontre d'unc façon irréfutablc 
la catholicilé d'un dognle; nlais l'absence de ces 
faiLs n' esL pas une raison suffisante pour nier a 
priori cette catholicité. C' est ce qu' expliqua plus 
tard Ie cardinal Franzelin en disant ({ue ]a règle 
de saint \Tincent est vraie (( au sens affirmaLif, et 
non point au sens exclusif:! )). Et d6jà vingt-cinq 
ans avant la proclamation de I'Imrnaculée Concep- 
tion, les censeurs romains qui, sous Léon XII, 
avaient épluché Ie catéchisme de \Vurzbourg, 
notaienL que cette règle n'était ni Ie critère unique 
ni Ie crÏtèrc principal dn dogme : Ie vrai critère, 
disaient-ils, c' est (( ]a définition de l'Église, laquelle 
s'est appliquée à des doctrines jadis mises en Joule 
et diversement appréciées par les Pères 3 )). 


I. Manning, Ii isloh'c du cuncile du .Vatican, lraùuclion Chanlrel. p. 2!W-2a7 
(Paris, Pal mr
, 18ï2) 0 
2. Franzelin, Tl'actatus de divil1a tl'aditione ct scriptum, 2 p éd., p. 294-2!J9 
(Rome, impr. de la Propagandc, 1 
ï5). - L'illlerprélaLioll (( vieille-caLholique )> 
tlu canon de Vincent de Lerins a été dc nouveau exposée en 1 gOG dans la Revue 
lliternationale de théolo!lie, taOG, po 5
3-5:;
, (illi prcnd ce canon pour devise. 
3. Rosaven, Z eitsch1'ift fill' die PhiLosophie ultd J{atholische Theoloýie, 
1836, XVIII, p. 20
. - Cf. Bl'Unclière el P. de LaLriolle, Saiut rincent de 
Lerins, p. LXH\ -XCI (pal'is, Bloud, l!)06). 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


215 


La définition dogmatique
 ainsi comprise, déjoue 
ceux de ses adversaires qui voudraient la critiquer 
comnle l'on chicane une déduction ou comme l'on 
épluche une étude de textes; eUe est Ie terme el 
l'expression d'un phénoffip.ne vital qui, peu à pen, 
rend it plus présentes et plus netLemenl visibles à 
la pensée chrétienne cerlaines vérités appartenant 
très objectivement au dépôt primitif ùe la l'évéla- 
tion évangélique, mais longtcnlps cachées par 
une cCl'laine pénolnbre. Inlerp
étcr ]a rrgle de 
saint Vincent comnle Ie faisaicnt Doellinge1' et son 
école, c'eùt élé in1nlobiliser Ie dogme dans une 
so1'te ue paralysie; et cette règLe fÙt devenue une 
gène pour la vie même du dogme, - pour cette 
vie du doglne dont un autre chapilre J(1 saint Vin- 
cent donne de précieuses JéfîniLions, lexluellclnenl 
reprises par Ie Concile du Vatican. 
Pic IX savait pertinemlnenl qu'une partie de 
l'ALlemagne savanie avail lout d'aborJ considéré 
l'lnlnlaculée Conception conlme (( une absurdité )) : 
il en lémoigna sa douleur, un jour, à un visiteu1' 
bénédictin 1. l\lais une fois la d()Jinition promlll- 
guée, les opposilions se bornèl'ent it quelques 


1. Knooùt, op. cit., 1[, po l2\J. - f)IIclliuöcr, un instant, avaiL projcté un article 
contre la ùéfiniLion eL Frédéric .Michelis Ie poussaiL à récrire, mais de crainLe de 
compromeLtre la théologie allemanùe à Home, il y l'enon!:a, ce Ifue plus lard il 
regreUa (Friedrich, Doelliltge1', Il[, p. 13
-lJ3 eL li50) ; sou opinion Sill' Ie sujcL 
s'était d'ailleurs manifesLée, en l
:j
, dans un arLicle sur Duns :::;cot (FL'iedrich, 
Doellill!Jer, Ill, p. 107). - Sur l'hostiliLé de Ilil'scher, le profcsscUl' de Fribourg, 
Pi de Burkard Leu, Ie pré'\ òt de Lucerne, à l'cndroit du projct de UéfìniLioll, voir 
Eduarù Herzog', Sti/tspropst Josef Burkard Left UJid dns lJo!J ma t'on 18;; 
 
(spécia!emcnt p. 34-3
i). Burkard Leu, Baltzer, souhaitaicllt que Rome condam- 
llât. pour certaincs thèscs évidcmment cx.agérées, la Mariologie d'Oswald, prúfes- 
seur à Paderborll : 1'Indcx en 18.';5 lcur domn ceLle satisfaction (Reusch, lJa 
index dei' t'Cl'botenelt Bztec!tu, II, 2, po 113û-115ï). 



216 


, 
L ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


murmures 1. L'éeo]c historique presscntait les cou- 
rants qui se dessinaienl dans l'Église en faveur de 
l'infaiIliLilité papale, clont l'aete doglnalique de 
1.854 é(ait une prelllièrc application 2 ; cIle s'équi- 
pait, dès lors, pour les escal'ffiouches érudiLes 
qu'aux approches de 1870 cUe devait engager 
contrc ]' (( ulLramonlanisllle; )) nlais Ie connit 
entre Romc ct ceLLe école n'était encore que latent. 


J I I 


La queslion du gnnUH

rianisn1e, an cunLl'airc., 
était d'une acuité plus inl111édiaLc; et c'esl sur Je 
terrain philosophique que ùcs J ulles allaienl 
écla1er. Gurnlher, que certains pressaienl d'aJler 
s' expliquer it Rome, s'y refusait en alléguanL son 
grand âge; il était d 'ailleurs plein de nlépris pour 
lcs courants qui lui semblaienl pr C Sdon1iner au 
Vatican: (( C'est une vraie honte pour les Jésuites 
nlodernes )), disaÏl-il 3. Le pèlerin du gunlhé- 
rianisme à Ron1c fut Ie pJ
ofcsseur BaHzer, de ßres- 
lau : une recon1 mandn Lion de I' évêque de Salzhourg 
l'y introduisait rt Ie Lél1édicLin Ganganf raCr0111.... 


1. Pour r('pouss('r formellcOIPllt la òaìl1iLion, il n'
 ('Ill IJl1(, 1(' prt'h'(' Tho- 
mas I3I'::UH1, tiu dioc('s(' de l'd!->!'au. (Jui flit. m..colllmllnil
 cl qui J))ourul viC'lH,- 
ralhoJillue ('11 Hì8
 (Eduard lIcrl.Og, 0]1. cit., 11. 'j'.V;:i). 
:2. :Eùuard Herzog, Ope cit., p. 64-72. - (( Lalpl 111/fJui,9 ill !Lf'J'!Ja, disait. di's 
.1 Sf, \. Ip princl> de HohcnIohp. CeLle délinitio II cst. un Lallou d'cs<;ai. Les Hsui\ ('5 
'\ eulenl voir ('C qll'on pcul fair(' acceplPl' aux cl'oY,lIlls. )) (OLIo v. ro(']d"rIHIorfr, 
lJeilayc zw' All!Jcmcincn ZcitUI/,q, i
102. nO H
, p. 10.) Comparí'r la joie de 
l"hislorjpl) I1U1'I(>l' au sU,jcl ùc cpt actc dïnfaillil.Jilil.p (llurlpl', Ilw'ta und 8fÍ/iC 
XI'il, 11, p. q tu). 
3. Knoollt. 0]1. tit.. IT, po in. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


217 


pagnait 1. Le professcur I(noodi, de Bonn, survinl 
Lienlôt pour seconder Baltzçr. On a]]ait done, 
comIlle l'écrivait Geissel, << chapitrer enfin Ie Pape 
el les cardinaux sur cette Ll'ouvaille nouvelle, pro- 
digieuse, inappréciable, qu' était Ie gunthél'ianisme, 
le seul moyen, dirait-on, de san vcr l'Église catho- 
]ique des périJs du panthéisn1e 2 )). Baltzer passa 
là-bas douze mois 3, et, vel'S l'autolune (lp '1854., il 
rcprit la route de Silésie, trÖs content de l'accucil 
que llli avaient luénagé Pic IX ct Ie cardinal d' .An- 
drea, préfet de 1'Index 
. Los gunthériens disaient 
parLont en AlJemagnc que l'imnlensc érudition de 
BalLzer avail pl'oùuil it ltonle uno granJ.e impres- 
sion. NaJ:vement, triomphalenlenl, un journal de 
l\Iunich annonçait que grâce à ce docle voyageur 
(( le
 décou vertes faites pal' F ichle, Schelling, 
llegel, dans Ie monde de la pensée, avaicni été 
révé1ées à B.orne 
; )). 
La cause néanmoins dcrneurail pendanle : entrc 
Knoodt ('t Clemens, les polénliques continuaient: 


1. KnoodL. OJl. cit., II, p. 18.). - Sur ThéoòOl'C Gallgauf (180U-18i5\, dOll I 
)'f>nscignelllf>lll à Augshol1r::\" était tl'ès apprl'cié, voil'l.icbcrt, A Ll!lcmcine dcutschL 
Dio!JNtJlhic, \'111, p. 358-35
. 
2. pruclf, GcisseZ, II, p. 
S!). - J .-F. Schulte, LpÚClLSe1'inne1'uuycn, p. 4
;. 
30 tc r{.ci t f(1I(' fit plus lard Baltzer de ce \Oya
(' eL dans lcquel jl allrilmall 
la condamnalion ullpriel1re uC' Guenther do l'innucncc de Rl'i!-o tcla et dC's Jésuilps 
('...t. reproduit d.lns FrieJbcrg, Johawlcs B(lpti.'lta. lJalt:;CJ', p. 87-lOï (Leipzig, 
Dunckel', 1873), ct diseulÚ par Adolph(' Franz, Jol/lwllc.
 J/a,ptisla J/nU:;cI', 
p. t ï-'20 (Breslau, AÒCl'hob', 187;1). - Cc que BaHzer ignol'ait, c'pst ql1'cn cellI' 
Im'nw annéC' lR;)4, Ha.u
cheJo, archevèquc de Vienne, inquiPllui au

i du g'l1nth{O- 
l'ianisme, sonmf'll:lÌ l au nonce Viale Prcla. les élémenls cl"tm .'oj !J lla bus oÙ sCl'aiC'nl 
lranscri les et condamnées ccda.incs erl'curs I h{oologilJucs, ('lIlprlllllí.cs lm.lnclle- 
Blent am.. lines de GucnLhcr, - S,/lln}J1.lS à la suile IluqlH'l on s'ilL
ti('ndrail df> 
lou(f> C'ollll.lInnation pel'sollllCllc (W olfsg'I'IIIJ('r, 1\11 I.Jilllll Tlr!1.tschl'I', p. H i- r;G). 
4. Pfur-If, Gcisscl, II, p. 
!)i,. 
:;0 ['Cuelf, Geisscl, II, p. 2!12-
!1L 



218 


L'.\LLEl\L\GNE RELIGIEUSE 


les évêques d' Allemagne écri vaient à B.orne pour ou 
contre Gupnther; Geissel expédiait mémoires sur 
mémoires; Arnoldi propageait les rispostes de 
l
noodt 1 ; l' excitation des esprits allait croissant. 
Finalement, au début de 1857, Ies écrits du vieux 
}J hilosophe furent mis à l'lndex:! : implicitement, 
par cette condamnation, Ie g.rand effort de penséc 
qui visait à faire rentrer dans Ie palrimoine de Ia 
raison lcs vérités révélées éLait répudié COfi1111e 
erroné. 
Guenthcr, dès février, annonça qu'il se soun1ct- 
tait\ eL Pie IX, touchû, déclara qn'il n'y avait 
personne qui fût plus catholique que ce prêtre 
 ; 
mais son école relevait Ie drapeau, csti nlant q Ul' 
({ si Ron1c availla force de J'autorité, l' .Allcnlaglle 
avait la force de la science;) )). En réponse à !lonlc, 
qui disait Guenther hérétique, llnjcnnc philosophc, 

ischinger, énull1éra, dans un gros livre, Irs (( hé- 
résies de saint Tholl1as )) I). On pal'lait de (( 111a- 
næuvres jésuitiques )), dont Geissel et Ie cardinal de 
curie Reisach auraicnt élé les con1pLices. Foerster, 
princc-évêque de Breslau, transnleLtait it ROIne, 


1. Knoodt, Ope cit., 11, p. 
82. 

. Heusch, Del' Jndc.!; dCI' '1Yl'hotc/lcn Bueche,., II, 2, p. 11
1-11
:1. - Voir 
dans Loewe, r cith, p. 2-i6-:Hí, la lelll'c du carùinal ù'Anùrea annonçallt d. 
Guenther celle cOllùamnation. 
3. Knooùt, Ope cit., II, p. :j;J1-334 ct 3 kL - Ses lelll'es ùe SOli mission furenl 
rédigées par Yeilh, Ie grand pl'édicatcur viclJllois; Ull Dominicaill, å Home, les 
traila ùe chcf-d'æuvre. (Loewe, 
'ciLh, p. 
50-
:Jl). 
4. Loewe, "Veith, 1). 25!. 
J. C'éLaient ]es prop res expressions de J3aIt7cl" lor';(lu'il cOJlseillait à Guenther 
ùe demanùer commullicalion dcs propositions condarnnées (Knooùt, Ope cit., 
p. 320). 
G, Le Hue de Jean :'iépomuc
uc Oischinger (1817-1SïG). flll miB à lïndc't". 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


219 


avec quelque complaisance, une lettre équivoque 
de BaHzer, qui, tout en se soumettant, constatait 
qu'aucune thrse précise n'avait été condanlnée, et 
qui delnandait insidieusement un surcroît d Ïn- 
formations 1. Pie IX répondit, Ie 30 mars, que 
Guenther avail erré sur la Trinité, sur J'Incarnation, 
sur la création, sur les rapports de la philosophic 
et de la théologie, de la science ot tic la foi. (( II 
n'a pas assez compris, poul'suivait Ie Pape, qne 
dans les questions qui regardcnt la religion, la 
philosophic nc doH pas domineI', nlais être ser- 
vante, non pas prescl'irc cc qui tioil èlre eru, mais 
en prendre possession avec une obéissance con- 
fornle à la raison, ct non point scruter enfin la pro- 
fondeur des mystères de Dil'u, n1ais la révérer 
avec piété, el avec hun1Ïli té. II n '(1 pas assez com- 
pris comhicn il faut défél'er à la vénérahle autorité 
des Saints Pères et avec quel zèle il raut évitcr qne, 
par anlour d'une nouveauté profane
 on n.aban- 
donne leurs traces, qui sont sC'u'cs, cl qn'on ne 
répande de très graves crreurs.)) A insi s' expli quai t 
Pic IX 2; et dans un second bJ'ef, expédié Ie 15 j niH 
au cardinal Geissel 3, il ajolltait que la théorie de 
Guenther sur fâlne humaine él.ait contraire it la 
doctrine catholi(lue. 
Les ùeux hrcfs trou vèrenl un accucil singuliè- 


1. Friedberg, Ope eil., p.5. 

. On ll'Ouvera Ie leÜe du hrcf de Pie I'\. à Foer:,lel' dans Friedherg, Ope cilo, 
p. iO
-109, el Franz, op. eil., p. 133-1:n. 
3. Pfuclf, Geissel, II, p. 2ù!}. - Ce Lr'cf csl pubIié cl traduil dans Ie Bccuf'il 
dc.'] allocutions consistoi'iales, enc!/cliquc.'] ct auli'es IctlJ'cs apostoliqucs citéc8 
dans Ic Syllabus, po 3
-í-:.J

 (Paris, Lccli're, 1865)0 



220 


L' ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


rement diITél'ent: Geissel fut enthousiastp, Foerstpr 
ennuyé. Le prince-évêque d(' Breslau ne pouvaiL, 
tiu jour au lendeluain, rOlnpre avec ses alnÌs 
gunthériens; il garda plusieurs nlois dans son 
tiroir Ie nlessage pontifical 1 ; eL lorsque, sous la 
pression de heaucoup de ses diocésains, il eut fini 
par Ie publicI', toul de suite, afin de panser la 
blessure, il oIfrit une stalle de chanoine au profes- 
seur Reinkens 2, qui déclarait sans ambages qu 'un 
cerveau sainement organisé ne pouvait ê.Lre que 
gunthérien 3. Geis::;el observait au loin ces nlanèges, 
épiaille petit concile que tenaient à Bonn, en sep- 
tembre, quelques gunthériens nolables 4, eL s'alar- 
Jnait surtout en constalant que Baltzer à Breslau 
ct I\:noodt Ü Bonn, malgré leur acceptaLion <.Iu ver- 
tlict rOlnain, continuaient (renseigner conlme si 
Pic IX n 'eÙt jamais parlé. L'archevêque de Cologne 
avail l'expérience des frondes philosophiques: 
il se rappelait queUe peine il ayait cue, au début 
de son épiscopat, pour traquer les résislances 
de 1 'hermésianislllc. A quinze ans de distance, 
]'histoil'e rccomnlençait. Gcissel jugeait urgent 
dïnlerdire la fréquentalion ùes cours de I{noodt; 
aussi poursuivit-iJ tout d'abord. à Rome, la con- 
Janlnation de ses écrits. HOllle hésita longlenlps, 
cnlignant l'émoi de I' Allenlagne; Knoodt d'ailleul':'; 
:lvait fait dire là-bas, pcut-t-tre ironiquemcnt, qn Ï 1 


1. PIllelr, Geissel, II, po aot. 

. J. 
1. Itciukcns, llcinJ.:clls, p. v3-li 
 . 
:
. Pfuclf, Geissel, II, p. 300. 
í. I'fuclf, Gt'Ìssd, H. po :W(1. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


221 


piochait la Sonllne pour y trouvcr la r(Çfutation 
de Guenther. l\iais les instances de Geissel trion1- 
phèrent 1 : à la fin ùe i85!), les Ii vres de I\:noodt 
et de Baltzer rejoignirent ceux de Guenther sur Ies 
listes de 1'Index 2. 
Le souplc e
prit de BalLzcJ' n'était pas ùécunle- 
nancé: il a vait, au COllI'S de 1839, adressé au Sainl- 
Si0ge des questions philosophiques, donl il attell- 
dail, quelque peu narquois, la solution 3. Guenther 
avait professé que l'homme a deux âllles, clont 
rune est l'ânlc raisonnable, dont l'autrc est lc 
principc de la vie aninlale et de la vie organique. 
Or, dès Ie IxÐsièclc, les Apol1inari.stes, auteurs d'UllC 
lhéorie à peu près analogue, avaient élé feappés par 
un concilp général; et la façon Inême dont la théo- 
log'ie comnlune énonce Ie dogule de L'IncarnaLion 
parait signiGer que l'âme raisonnablc cst Ie prin- 
cipe de]a vie corporel1e aussi bien que de la vie 
intellectuelle. Baltzer, alors, conslruisit undualismè 
nouveau, d'après lequel rune des âlnes était la 
source de la vie végélative, et t!'après ]equel rautrp 
âme expliquait, tout ensemble, la vie sensitive el 
la vie intellectuelle; et, dans un long ménloire, 
il deillanda au Saint-Sii\gc si cette vari(
té dp 


I. Voir sur ccs instanccs C'L sur raLLiLmle de KnoodL, Pfue\f, Geisscl, If, 
p. I!S7-4,U1. 

. prucH, GCiS8Cl, II, p. 4::12. - Fraul, op. cit" p. ;;J. - Reusch, D'A' IIH/t.,J' 
dCI' verbotcllcn Buechcl" II, 2, }I. 11
4. 

. P,'o7ncllwl'ifl {1,
 dzwlis1Ilo rtl1lhropoloflico, qultllt ad jH'oIJllIlr!(/7n suam 
doctrinam ill univcr8itate LcopoldiltlL- VÙull'iwt sC1'ijJ8il J.-/J. 1/. Voir F'":lnl, 
op. cit., p. 
7-':!9. - SUi' la quC'sLion dLl dualislllc ct la d i If';.'cnc(' ClllIOC Ie dua- 
lisme de GucnLher cL celui de BalLzer, 011 peut cOlisulLcr \'acanl, 1
'LuJ,"> lhéolu- 
yiqu.cs sur les COH'ltitutiolls du condie du rttticolI, I, p. n3 ('{ 
'i:
-2tìl 
(Paris, Belhommc el Ikig-ucL, 1 R
I;)). 



222 


L' ALLEJIACNE RELIGJEUSE 


dualisnlC tonlbait parallèlement sous l'anathème. 
Oui certes, répondit bientôl une commission 
spéciale de théologiens nommée par Pie IX; et Ie 
Pape en personne, dans un bref du 30 avril 1860 1 , 
rappela que la doctrine qui place dans l'âmc, et dans 
une seule âme, Ie principe vital, est (( très conl- 
lllune dans l'Église de Dieu. La plupart et lcs plus 
auLoJ'isés des docLeurs, continuait Pie IX, la consi- 
drrent comme tellement jointe au dogme de 
l'Église, qu' cUe en est la seule interprétation légi- 
time et vraie, et que donc on ne peut la nicr sans 
errenr dans la foi )). Ainsi les interrogations par 
lesquelJes Baltzer amusait la patience de Rome 
aboutissaient à une condanlnation de plus; et Ie 
Saint-Siège inaugurait la série d'actcs par ]csquels 
il dcvait imposer à l'impétuosité de la science a11e- 
lllande Ie respect des opinions théologiqucs com- 
nlunes. 
Durant ce nlois de mai 1860 oÙ Ie bref du Pape 
alteignit Baltzer, Ie concile provincial de Cologne, 
où Geisscl joua un rôle prépondérant, fornlula les 
affirmations que les consciences croyantes devaient 
désornlais opposer au gunthérianisme. 
(( La raison, proclanla Ie concile, peut illustrer 
les mystères et, dans une (".ertaine nlesure, les 
rendre lnanifestes, par des argunlents de convc- 
nance, par des analogies; mais elIe ne peut les 
démontrer par des argulnents nécessaires et évi- 


1. Le texte en est donné dans Friedberg, opo cit., po 11 0-1I:!, el dans Franz, 
op. cit., p. 13!)-14J ; on Ie lrouve traduit dans Ie Ilecueil de.'J allocutions, ency- 
cliqucs, lcUres, cilée.'J dans Le Syllabus, po 410-4130 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


223 


dents t. )) .A.rrièrc done les systèmes qui aUribuaient 
aux motifs de crédibilité une valeur inévitable- 
ment contraignante ! (( De toute évidence, disait 
encore]e concile, CCliX qui affirment que parfois Ie 
progrès des sciences et surlout de la philosophie 
exige qu'un dogme doive ètre intcrprété dans un 
autre sens que celui OÙ Ie pl'it l'Égli::5e aux siècles 
antérieurs, renvcrsent de fond en comble la foi 
tout entière 2. )) Arrièrc done toutc tentati ve pour 
modifier avec la val'iabilité nlêrne dcs sciences Ie 
sens et la portée des dogmes ! 
Enfin Ie concile, remontant jusqu '
l la source 
même des erreuJ's gunthériennes, notait, pour la 
sauvegarde des philosophes futurs, certaines règJes 
1e conduite : (( L'Église a Ie droit, expliquait-il, 

arce que gardiennc de la vérité révélée, de pros- 

rire les doctrines philosophiqucs qui y contredi- 
,cnt ou qui conduisent à la destruction de la foi dans 
.es âmcs. Ð'oÙ il résulte que non seulement il faut 
,'écartcr des opinions que l'Église a proscriLes, 
nais quïlfaut prendre garde de forger des syslènles 
lui soient hostiles à l' enseignement et à la pensée 
Ie l"Église, et qu'il faut, à l'cxemple des Pères et 
les théologiens les plus éminents, réformer les 
loctrines philosophiques selon ]a doctrine et selon 
'esprit de l'Égljse. dès qu'elles touchent en quol- 
Iue façon la \Térité révélée 3. )) 


1. Concile <Ie Cologne, titre I, chapo "1 (Collectio Laccllsis, V, col. 280). 
2. Concile de Colognc, litre I, chapo IV (Collcetio Lnc('nsis, V, col. 276). - 
ur Ie condIe, voir Ics arlicles de l'abbé ßelet ùans les A ?'chivcs théologiqucs, 
lllvier-juin 18ü3. 
30 Condie de Cologne. tilrC' I, chap. VI tCollectio Lacellsi
, Y, col. 281. - 



22
 


, 
L ALLEl'tIAGNE RELIGIEUSE 


C' est ainsi q ue l'Éo'1ise cnsei o'nante en Prnsse 

 ð' 
rhénane, répercutait et traduisait les échos du 
nlagistère romaine Guenther avait vouJu renouvclcr 
l'inLerprétation des dogn1es eux-mên1es; et lcs 
polémiqucs auxq uelles il avait donné Ie branle con- 
dnisaient rÉglisc à proclanler par ]a voix de 
Pie IX, à répéter au concile de Cologne 1, à redire 
plus fermement encore sons la plume d' ....\.ntonel1i 
, 
(Ju'it côté des dogn1es, dont Ie sens cst illlmuable, 
il existe des opinions théologiques tontes proches 
de la foi, proxÙnæ fidei, et qu'on ne saurait s'en 
détacher sans un grave risque d'errelu-. 3 . En face du 
besoin de nOlI veautés qui travaillait la pensée 
aIle In an de, I"Églisc de ROllle n1etLait un surcroît 
de soJIicitude it occuper ses positions tradition- 
nelles, ct à les défcndrc. 


1 \T 


Un prêtre de 1\1 unich, d'une rcligiosiLé profon(lc, 
s' essayait à ce filoment mêmc à réconcilier la phi- 
losophic du moyen âge et 1a philosophic n1odel'nc;. 
j] s'appclail l\larLin Dcutingc.'.. H faisait pell de 


CompareI' lilre Ii, chap. ),.....\"1 (Collcctio LacclIsis, V, col. :](;8), les consrih 
dOllll(oS aux lH'èho('s et aux I'rofcsseurs : (( Quïl" se gardent l,icn - ce (JIW nom 
r('proU\ OilS a\cc \(
hénwnce - de s'ingh1icr, apri's les décisions tIu Sainl-
ièb(' 
à imag-inC'r ùes moyens (.,rasifs, tIe nom elles sublililés pour couvrir leun 
désobéissanccs, - .. mallègcs qui HC sont pas digncs de prêLres. >> 
1. Concile de Cologne, titre I, chap. YlH (Colleclio Lacensis, V, col. 
83), 

o r cUre d'Anlonelli à DaHzer, tIn 7 juin h-ì61 (Franz, op. cil., p. 1..H-143) 
;L \'oÌl' à ce sujet Schrader, lJe thcoloflico tcstium {o de dC'lue edito fide 
testimonio sell traditione commentw'ius, p. 31fi (Paris, Lelhielleux, t 8i8). 
j Sur 'lartin Opulin/Zer (tIH5-18tì4), cfo notrc tomc II, po b4-8j ct 2
:)-_2tì 



LES CRISES I
TRLLECTUELLES 


225 


bruit, et n 'avail de SUCCt
S qu "auprès de quelques 
intelligences, au, pour nlieux dire, auprès de quel- 
ques ânIes. 11 a vai t enscigné it Freising, à 1\1 un ieh, 
à Dillingen, nIais pendant teop peu de temps pour 
faire vrailnent école; eÚt-il d'ail]eurs accrpté ce 
nIot? Ce qu'il ayaH cherché, ee quïl avaH rêvé, 
e'étaÏt d'associcr des ehrétiens entre eux (( pour la 
revivification de la connaissance intérieure des 
vérités du salut )); en 1849, il avait, an nom de ce 
progranlme, fait l'exprriencc d'un groupement 1 ; 
un journal mèn1e, qu'il appelait Siloah, avait, en 
1850, tenté feITort de vivre\ afin d'aider it la vie 
intérieure des associés, source et garante de leur 
connaissance intérieure. (( Ce ne sont pas des mor- 
ceaux déLachés des écrits des Pères, pensait Deu- 
tinger, qui démontl'cront et qui éclaireronl ]a pro- 
fondeur vivante de la religion; mais 1a cohésion 
interne de la religion, la vitalité avec ]aquelle elIe 
Sclõl et s' épanouit du sol nlême de la nature 
t"achetée, doi.vent rapprocher de nous la vie ehré- 
.iennc 3 . )) )lais Ie groupement fut éphémère, et Ie 
ournal aussi. Quelques livres, et puis des sermons 
tl'uni versité de l\Iunich, OÙ il avait Ie titre de prédi- 

ateur : c 'cst à quoi se restreignit Ie rayonnement de 

Iarlin Dentinger .L' esprit de la lriulition cltl'étienne, 
{ui parut en 1850, Ie Principe de la nouvelle plti- 


1. l'àcin für l\ïedC1'bclebull[j tIer inncren Erkcnntnis der cltl'istlicheu. 
feil.<w'((hl o heiten. Yoir Kastner, lJeuliugcr's Leben und SChl'iftCIl, J, p. 474- 
77 (Munich, Lindauer, 1873), et, sur lïnfJuCHce flu'exerçail DClilinger, OUo ". 
ocldcrudorff, Har'mlosc Pl(1uder'eicn cines aUcn ..llucuchenel's, 11, p. 3%-3H7. 

. Kastner, op. cilo, I, p. 
63 et 5S0-60i-. 
30 Gporg- Sallcl, lJculìl1f1el'8 Goltesle/l1'c, po H (nalisbonnC', l\]am, t!w:;). 
IV. 1
 





6 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


lo,ço}JltÏr et Ie cltl'istiànis}}lC, qui paruL en 18
7 1, 
demeurent comme les pierres d"aUente pour un 
édifice philosophique que Deutinger ne put ni 
achever, ni mêllle, peut-être, COlllplètenlent des- 
SIDer. 
Deutinger se rapprochait de Guenther par Ie souci 
qu'il avait d'exploiter les donnpes de la révélation 
COIllme partie inL6grante de Ia philosophic; per- 
sonne n'a parlé comme lui de la portéc philoso- 
phique du dognlc trinitairc, complémcnt néccssairc 
du monothéisme 2. Co n' est jamais que sons béné- 
fice d'invcntaire que la lhéologic peut accepter ce 
genre d'hoolmages; rIle pressent qucis périis s'y 
pcuvent cacher, ct parfois est en droit de redoutcr 
que Ie constructeur du système phiJosophique, à 
force de voisiner avec les lllystères, ne devienne 
avec eux trop familier, ct que dans cettc f(1milia- 
rilé, il ne finisse par en méconnaître J'incompré- 
hcnsibilité même, - I'incompréhensibilité qui en 
est l'esspnee.IIermps et Guenther furent condamnés 
pour avoil', si l'on osc ainsi dire, lésé la notion 
de mystère; Deutinger eut-il plus de prudence, 
ou trouva-t-il plus d'induigence? C'est aux théo- 
logiens d'en décider 3 .l\lais sa philosoph ie, dans son 
ensemble, se distinguait profondément de celle de 


1. Der Geist dCJ' chrisllichcn llebe1'lie{erun{J, 2 vol. (Ralishonne, Man" 
1R;;(j). - IJas P1'in::ip tier 1lcuen l'hilosophie und das Ch1'istentwn (Ralis 
IJonne, Manz, 1857). 
2. Georg SaUd, Ope cito,pol08-i
W. 
:L Le /(atholik pulJlia pluc;ieurs arlicles critiques sur la philosophic de Deu ' 
linger (18GG, I, po ()!)3-iO!); 11, p. 15()-171; ISG7, J, p. 11-2G). - Sur rhosli 
I ité dll vicaire gén
ral Windischmaun contrc Dcutingcr, voir Kastner, Ope cit. 
I, p. 574 ct 577. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


227 


Guenther, et mênle s'y opposait : Deuting-er, que 
les scotisles de nos jours étudieraient sans lIoute 
avec aUrait, réintégra Ia volonté conln1e facteur de 
la connaissance, - de tous les orrlres de connais- 
sanee -, con1me premier principe de lout être eL de 
toute pensée. ])evt1l1l sa grave ct solitaire 111édita- 
tion, un chanlp de balaille s' étcndait, sur lequcl la 
scoJasLique ot ]a philosophie allelnande ðchan- 
geaient des coups. Deutinger, à l' écart, planant au- 
dessus de ccUe mêlée, avait I'audace de donner 
tort aux deux combattantes, et de vou]oir les récon- 
cilicr, sur Ia cime plus sereine d'unc philosophic 
de la volonté. En i8G3, à l'assembléc des savants 
catholiques de l\Iunich, il fit une dernière explo- 
ration sur cette cime\ et puis mourut, en 1861.. Le 
flltur évêque Haneberg regreHa sur sa LonlLe que 
Ie grand onvrage sur la philosophic de ]a religion, 
qu'on attendail de 
1:artin Dentinger, fÙt à janulis 
perdu pour I' Allemngne chrélienne 2 . Les plus 
récents historiens de la métaphysique allemande 
se plaisent à exhumers, du derni-oubli qui risquait 
de l'ensevelir, ce penseur religieux, qui fut aven- 
tureux sans fronde, original sans provocations, qui 
sans doute inspira des craintes et fut Ie premier à 
3n souffrir, mais qui avait un trop noble ct trop 
pieux souci des consciences pour user élourdinlent 
Ie son ascendant naturel sur les esprits. Les phi- 


L \ -e1'bandlungen del' rC1'sammlung llatlwlisl'hcl' Gcleh1'Lcn ill 11IucllclLCn 
'om 
8 September lJis 1 OktolJel' 1863, p. 98-106 (Hatisbonnc, l\lanz, 18G3). 
2. GeorgSallcl, oj) eit., p. 17. 
3. Voir daus r.COl'g- SaUel, op. eit" I', 1-4 d i:!O- !24-, le5 ju:;cmcnls de 
l.11'lmaull cl d'ArLhur Drc\\ s. 



228 


lA' ALl.El\IA(;NE RELIGIEUSE 


losophes (l'Églisc qni sont des directcurs d'àmes 
sont protègés par le souci lllême de leur responsa- 
bilité contre les entraincnlents de lcur propre 
pensée; iis demcurenl prètres, et par là même iis 
dcmeurcnt fidèles. 
II y avait tout Ie conlraire de I 'esprit d'un (( fidèIe)) 
dans un autre ecclésiastique de :\lunich, Jakob 
F rohschamnler, dont l'activité littéraire créait à 
cette époquc une aulre occasion ùe conflits 1. Épris 
de spéculations philosophiques, Frohschammer, en 
i 847, a vait accepté le sacerdoce comllle un cadre 
d'existence, comme Ie terlne d'une jeunesse diffi- 
cile. Un livre qu'il avail publié en 18ö4 sur l'originc 
de t'âme hUlllaineavaÏt été nlis à I'Index
. 3Iais ceHe 
mesure n'avait eu d'autre eIfel que de faire émigrer 
Frohschamnlcr de la facuHé de théologie dèJDS Ia 
fa
nlté Je philosophie, avec rappui conlplaisant du 
gOll vernement de I\Iunich ; et, du haut de sa chaire 
nouvelle, Frohschammer s'érigea en représentant 
de la ({ science )), que menaçaien t en sa personn e 
les congrégations romaines. 


La religion. professait-il, fournit ùes ]natériaux pour la' 
philosophie, mais rien ùe plus; la philosophie est seuie 
souveraine; eUe renferme en sa sphère to us les dogmes de I 
la révélation, aussi bien que ceux de la religion naturelle ; 
eUe examine, en toute indépendance, la substance des doc 
trines -chrétienncs, et détermine, en chaque cas, si oui Ot 
non eUes sout vérités divines. Lihre à I'Église d'examiner 


L Sur Jakob Frollschammcr (1821-1893), voir Heinze, Allgemeine IJcut
ch, 
Biographie, XLIX, p. 1n-I77. 
2. Ueber den F,'sprttng de,' mensch lichen Seclen : Rcchtfertìgung des Ge 
nerationismus (
lunich, Rieger, 1834). - R('usch, Der Index der 1.:erbotene, 
BUf'cher, II, 2, p. 1 Ui -1129. 



LES CRISES INTELLECTUElLES 


229 


de son côté, Ies conclusions de Ia philosophie, et de décider 
si elles peuvent, oui ou non. être enseipl1ées en théologie; 
Inais si eUe les juge vt'aies, elle n'a <lueun 1110yen de les 
démontrer telles ; et si elle les juge fausses, elle ne peut les 
convaincre d'erreur; cat' la raison et la foi sont deux 
domaines distillctS. _\ utre chose est ce que nous croyons, 
autre chose ce que nons savons. Dne philosophic peut être 
en désaccord avec Ie JogInc, et néanllloins. tout en 11lême 
telnps, Ie philosophe qui la professe peut continuer à croire 
tout Ie dognle. Car il sait flue les résuHats de la science sonl 
certains, mais que la théoIogie est sujeLte à changelnents, 
et c'est en raison de ceLte variabilité de Ia théologie qu'on 
peut escompter Ia future réunion des Égiises, puisque l'évo- 
Iution même des doglnes purifiera Ie catholicisme de tout 
ce qui est une entrave pour les autres confessions chré- 
Liennes 1. 


Mais la pensée de .Frohschammer évoluail, elIe 
aussi ; eUe finissait par atteindre les extrên1es 
confins du libéralislne protestant; clle affirmaÏl que 
Ie Christ n'enseigna pas un systènlo do doctrines, 
et que l'unité qu'il reCOn1Il1andail it ses 1ìdèlcs 
n' étaÏt pas celle de la foi, mais celle de l'an1our 
. 
Ainsi Fl'ohschaulmcr et Ie Saint-Siège suivaient 
deux routes neUement in verses: tandis que nome, 
sans attacher expressémenL la valeur de dog-nles à 
certaines opinions théologiques con1ll1unes, exigeait 
du moins pour ces opinions une déférence de plus 

n plus assidue, Frohschalnmer ravalait les tlogn1es 


1. Ueber die Aufgabcn del' Nalwophilosophie llncZ ihr 'Ve,'lweltniss .=ur 
Yatw'lcissencha{t (Munich, LenLner, 186t). cr. H. P. JJ., 18tH, I, p. 985-9!)!); 
- J(atlwlik, 1861, II, p. 30-(j4, eL 348-3;:;8; 1863, I, p. 385-407 et II, p. l-::?!>, 
78-:H2, 385-4u!)0 
2. Vas Clll'isteulhwn ulHl die moderne Nalw'wisseusclwIl (Lcipzig, Fues, 
,8{j80) - Das Recht da ei!Junen Uebcl':;eugull{J (Leipzig, Fues, l
tiY). - Cf. 
'Últ/LOlik, 18G!), II, p. 1!)-1, el S(I.; cL Tltculu!JisclLCs Litcl"lllwo/.;[alt, 18li8, 
I. 19.!, eL 1869, p. tiOJo 



230 


[/ ALLEl\1AGNE RELIGIEUSE 


consacrés, immuahlcs par définiLion, à n"t
tre que 
de simples opinions théologiqups, sujettes à cor- 
recLion, à contradiction, 
l réfutation, à perfec- 
tionnenlcnL 
Une leltt'e de Pie IX, du i 1 décembre i8G2, ré- 
prouva Jakob Frohschanlnlcr 1 . (( S'il faisait un pas, 
nous en ferions d ix )), avait dit Ie nonce Gonella 2. 
Le prêtre bavarois fit un pas, mais ce fut pour 
sorLir de l'Église. 


v 


Coup sur coup, des hauLeurs uu \Talicall, Ia 
fOlldre tODlbait sur l' Allemagne. Des conlmenta- 
teurs zélés interprétaient les actes pontificaux : 
la gra vilé uu péril les amenail parfois, dans leurs 
cOlnUlentaires sur les condamnations de la vcillc, 

t prévoir et à préparer les condarnnations Ùll 
lendclnain. Théologiens frondeurs, philosophes 
émancipés, se dénonçaicnt entre eux ces =.elanti, 
COlllnlC les fourriers d'une sorte de terreur, dan
. 
laquellc les victinles irnpulaient volontiers au
 
J ésuites Ie rôle de bourreaux. 1 : les suspicion
 
créaiellt les suspicions. 


10 On en lrouvera Ie leAle eL Ia traduction dans Ie Ilccucil dcs nlloculio118 
encyclifjucs, lellrcs, citées dal/s Ie Syllabus. p. 4ûG-4i5. 
2. Pfuclf, Gcissel, II, p. 505. 
3. Il esl à remarfluer que, dès 183i, Ie minisLre de Prusse, Bunsen, dans so 
mémoire sur Ics diffìcuUé-s enlre I'Eglise ct Ia Prusse, accusaiL Mjà Ips J(-suiLe . 
de comhalll'e Ia science calholique allemande, de ne pouvoir souITrir aucun 
émules, aucunc naLioualilé allemande; el ({u'H aLLrihuaiL am: Jésuiles Ia rigucl1 
de Rome conll'e Ics herrné5iens (Friedrich, DoellÏiigcr, II, po 47-48). 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


231 


Un n10t d'ordre, aloI's, s'accréditait de plus en 
plus, dans une partie dt
 l'opinion catholiquc alle- 
lllande : Rome, disait-on, ne connaît, ni ne COffi- 
prend, ni n'aime l' AlleIl1agne 1. II Y avaH je ne sais 
quoi de provocateur à l'endroit du Saint-Siège dans 
Ie discours par lequel Ie curé Frédéric l\lichelis, 
plus tard professeur à Braunsberg, célébrait en 
1859, au Congrès de Fribourg, ]a vocation de Ia 
nation allemande 2. 
On descendait ainsi du domaine des idées pures 
sur un terrain presque patriotique : les spécula- 
tions aventureuses, pour résistcr aux anathèmes, 
s'abritaien! sous l'in1posante rubrique de (( penséc 
germanique )), de (( pensée allen1ande D; et les 
susceptibililés de l'orthodoxie ne se heurtaient 
plus sculement à ùes arguments ou à des feintes 
dialectiques, n1ais it d'autrc
 susceptibilités à 
den1Ï nationales. Uno opposition se groupait ct 
prenait curps, dans laquelle les plus passiollnés 
accusaicnt Rome de haïr J'l\Jlemagne, ct les plus 
Illodérés, de l' ignorer. 
J\lais en fail, l'AlIemagne elle-mêmc, comment 
cOlluaissait-elle H.OlllP, ct qucls efforLs faisait-ellc 
pour la
onnaHre lllieux? Une série JeleLtres écrites 


1. Voir dans Frieùl'ich, Ðocllill!JCI', Ill, p. 182, 101 cOllvcL'saliou cllLL'c Doel- 
linöel' eL l'archevèflue Tarnoczy. - Moufaug lui-mèmc, Ie vicaÍL'c général ue 
KeLLelel', se trouvallL à Rome en 18Ij!), garùail encore ccLLe imprcssion flU'd 
Rome on ignorait l'Allemagne (l'fueH, Iicttclel', 11, p. 411, u. 1). 
l. SUI' Freùél'ic Michelis (11;18-1
8(:j), ancien pI'oCesseur an sélllinaire ùe Pa- 
ùerborn, curé ù'AlbachLen ùe 18l:; à 18tH, professeur ùe philosophic au l)cée 
de Braunsberg et (Iui mouruL vieux-catholique, voir 
lichelis, ...1..ll!Jcmeine 
deutsche Bio!JI'aphic, LII, p. 37ü-3X4. J.Ir1ichelis éLait (( rcnfauL lerl'ible )) dcs 
congrè:; : voir d'a.mu
aut5 souvcnirs dans \Vicb., ..11.t8 IIlLlnCm Leúen, p. 31. 



232 


L' ALLElUAGNE RELIGIEUSE 


de Ronle de 1853 à 1859 par Ie prêtre tyrolien Alois 
FIÜ-. 1 témoignent ù'unc façon singulièrement frap- 
panle conlbien certains Allelllands avaicnt de peine 
à s'acclinlaLcr sur les Lords du TiLre, ct conlbien, 
même, leur bon vouloir était lent à s'y prêLer. 
Flir élait un ecclésiaslique irréprocbable
 dont 
Geissel, fort ùifficile en hOnll11CS, rccomnlanùait 
hautement la science et Ie caractère, les talents et 
l'attilude 2, et qui lllourut à Rome recLeur du collège 
de rAnÙna et auditeur de rote. A son arrivée 
dans la Ville éternelle, ses premières i01pressions 
avaient été franchen1cnt nlauvaiscs. 
Iauvaises au 
point de vue csthétique : (( llome, comme ville, 
m'est une nausée, écrivait-il en 1853; les églises 
ne nl'inspirent qu'antipathie 3 . )) 
Iauvaises au point 
de vue politique, ct certaines de ses observations 
étaient susceptibles de réjouil' les ad versaires du 
pouvoir ten1porel't. 
l\1auvaises enfin, - ce qui était plus pénible, - 
au point de vue religieux. (( C' est ici pour ]a pre- 
nlière fois, disait-il cn 1854, que fai appris à 
estinler vérÏtablenlent Ia science allelllande... On 
trouve à peine, ici, ce qu'en Allenlagne on nomn1e 
science.. . Avec cela, les Italicns ont un inullense 
orgueil; ils se réputent comn1C des sayanLs infail- 


10 Sur Alois Flir (1805-1859), ancicn membrc du parlcmcnt dc FrancforL, 
voir la préfacc ùc Happ au livre ùe FIÏ1' : lJl'ief'e alts Rom (lnnsbrucb., Wagncl', 
1864), eL Holland, All!Jemeine delltsclte Biogmphie, VII, p. 1
3-1

. 

. PCuclf, Geissel 11, p. 427. 
3. FIÏ1', llriefe aus Rom, hC1'ausge!Jo von Ludwig Happ, p. 7. - Sur la 
sévériLé des Allemanùs pour l'al'l Romaiu, cf. 
oacl, Dculsc/'e.s LeúelL ilL ROllI, 
p. 30G-30';. 
4. Flir, opo cil., p. 8. 



LES CRISE
 INTELLECTUELLES 


233 


Jibles. J'ai çà et là laissé apercevoir nlon a vis 
conLraire : on me regardait avec de granùs yeux... 
Le cardinal B... expliquait qu'on devait envoyer 
ici des jeunes gens d'AIlenlagne, pour qu'ils s'y 
formassenL dans Ie véritable esprit... Ce quo sera 
nut réponse, on ]e prévoit; je nc prends pas de 
précautions, jc parlerai alle'JJ
and, mèn1e si c' cst Ht, 
en pays ,velche, une façon de cassel' les vitI'es 1. )) 
- (( L'antipathie du Saint-Père contre la philoso- 
phic, notait-il avec regret en 1855, cst encore 
beaucoup plus grande depuis la proclamation de 
l'In1n1aculée Conceplion 
. )) 
CependanL Fiir avait observé de plus près; ii 
s'élait efforcé de conlprendrc, au lieu de se borner 
à critiquer. II était sorti, peu à peu, du rôle assez 
négatif de spectateur dédaigneux; et, d'accol'd 
avec Ie Sain t -Sièo'o arâce à la P rotection du car- 
t) , 0 
dinal l{eisach, il s'éLait voué à une æuvre positive, 
à une besogne de construction : il avail voulu 
rcndre à ]a (( nation allemande )), dans la ville de 
Rome, cette placc que l{etteler regreUait qu'elle 
eût pcrdue 3 . Le collège de I' Ani/Jla, déchu naguèl'o 
au rang d'une institution purcnlent autrichienno, 
avaiL re p ris OTàce à Flir son im p ortance d'autre- 
, 0 , 


1. FIir, Ope cit., p. 15. Compal'CI' les impressious de l"historicn Bochmer 
10rSf{U'en 1850 il va faire des recherches au Vatican tJausseu, lJoehmC1'8 Lebc1L 
und lJriefe, III, p. 10). 
2. .Flir, op. cit., p. 203. 
30 II )]on sentimenl allemand a été crucifié, écl'Ívail Kctteler cn i 85-i, lors- 
IU'il vint à Home pOUl' 1", proclamation ùe l'Immaculée Conception. 11 cst dou- 
om'em: pour no us ùe voir comLicn l'Allemagne cst dfolHlrée dans If'S assclJI- 
,lees de rÙglise eathoHque. La nation allemande comme telle e
t lIispal'uC )) 
!'fueU, ](etlclcr, I, p. 377). - Sur Ie rôle que prit Reisach à HOHle pour dou- 
leI' un centre à l'épiscopat allemand, voir Stamm, Conrad ..1IlU'lÏi&, p.235. 



234 


, 
L ALLEl\lAGNE RELIGIEUSE 


fois 1 : il en avail fait une sorte de centre oÙ tous 
les évêques allenlands pourraient envoyer des 
clcrcs eL tronveraient eux-nll.mes un point d'alta- 
che, des infornlations, des appuis. L' effort avait 
réussi, et FIir, du jour OÙ il avail regardé Rome 
en bomme d'action, au lieu de l'éplucher en dilet- 
tante, avait senti tomber beaucoup de ses antipa- 
thies. 
(( Rome, pensail-il toujours, doit se rajeunir au 
contact de l'Allemagne; cette évolution sera nlal- 
heureusement trop Ienlc. )) l\Iais déjà il constatait 
avec satisfaction que l'ancicn nonce Viale Prela, 
devenu archevêque de Bolog-ne, était plein d'admi- 
ration pour l'Allemagne et voulait organiscr son 
diocèse à la façon allcmande
; et FIiI', qui, pen 
d'années auparavant, éLaiL, ou peu s'en fallaH, un 
Lon gunlhérien, en était venu à souhaiter que co 
Viale Prela, que là-baul, sur rOdeI' et sur Ie Rhin, 
les gunthériens avaient en exécralion, parvint un 
jour à Ia sccrélairerie d'État, voire lllênle tl ]a 
tiaro. FIir, d' ailleurs, C0I11nlençait it voir clair an 
sujet de ces philosophes: leur (( supcl'be )), leur 
(( inlolérance )), lui ùéplaisaienL (( Ell vérité, s'é- 
criail-il à la fin de lSG(;, ces savanls exerceraient, 
sur q uiconqne pense autl'ement q u' eux, une tyran- 
nic qui deviendrait toujours plus insupporLable. 


1. PCuclC, Geissel, 11, p. 42G-431 cl PCuclf, Ketteler, 11, p. 2u8. - lIcillrich 
HUl'Ler, Hw'tel' und seine Zcit, 11, p. 306-308. - Voir 
chmiùlin, Gcschichte 
del' deutschen Naliollalki1'che in Rom S. Maria dell'Anima, p. 74
-7G1 
(Fribourg, Herder, 190G). 
2. Flir, Ope cit., p. G4-G5. - cr. Frieùl'ich, ])oellifl!Jcr, III, p. 184. - Sur 
\ïalc Prcla, \oÍl' 1l0Lrc 10llle Ill, p. 235, ll. 1. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


235 


Non seulcmcnt l'orlhodoxie, mai
 Ia Jihcrté m
nle 
de Ja science, cxige qu'ils soienl hunliJiés 1. )) 
Le paysagc du Vatican, c'est un ðtat d'âmp : 
FIiI' entrait plus avant dans l'intelligence de C0 
paysage et se faisait au jour Ie jour une âme plus 
romaine. (( Jc ne puis plus me séparcr de Rome )).. 
avouaÏl-il à la fin de 1856 2 . (( Seriez-vous inquiet de 
moi? demandait-il en 1857. Trouvcriez-vous que 
je conlmence à trop m'enthousiasnler pour Rome? 
Serait-ce par ambition, ou pour céder à la tendance 
commune, que je deviendrais un enthousiaste? 
Aucun de ceux que j'estime ne m'a supposé, j'es- 
père, de pareils motifs. Longtcnlps j'étais restó 
sans observer Ronle au point de vue scientifique, 
ccclésiastique, nloral : cela ne nl'intél'essait pas, 
ct puis l'occasion nlanquait. En prolongeant mon 
séjour, je fus conLraint à nutÏntcs constatations. 
l\lon cnthousiasme POlll" Ie catholicisIne cst même 
devcnu plus gl'and; et j'ai acquis pour Ie 1>ape, 
dan
 sa proxÏIuj Lé, un respect comme jamais jc ne 
l'avais éprouvé autrefois 3. )) 
La conversion était accomplic : it avail faUu cinq 
ans pour que ce Germain, sans cesser d'être a11e- 
nUlnd et de faire à Ronle æuvre al1enlande, devlnt 
Romain. Peut-êtrc certains compatriotes de FJir 
nc se fusscnt-ils janlais brouilLés avec la papauLé, 
s'iIs avaient, comme lui, trouv61c Lcnlps de prendrr 


1. Flil', Ope cito, II G3-G4. 
2. Flir, Ope cit., po G70 
3. Flir, Ope cit. p, 1O
1-110. - Cr. H. P. H., 18&4, II, p. 99:1 ct suiv. cL 
Kleulgcn, lJric{c von Rom, p. lit; et 8uiv. (
Iucustcr, Thci':isillg-, l
ü!}). 



236 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


contact avec clIe, ct si, comnH:' lui, iis en n vaient 
acquis Ic goûl. 
Doellinger, au CaUl'S de f8ß7, avait passé quel- 
ques senHllnes à }{on1e : il était sorli n1écontent 
de l'audience papale, OÙ Pic IX, peu comn1unicatif 
ce jour-Ià, avait surtout insisté sur l'inopporLuniLé 
des ÉgJises naiionale
 1; on l'avait Inédiocren1cnt 
charmé CIl Ie grati1ìant d'unc prélature, et en fai- 
sant ainsi de Iui, dans la fan1iIle ponLifica]e, Ie 
collègue d'un certain nombre de prêtres qu'il 
savait scolasliques et jugeait dès lors ignorants 2 ; 
et lcs n1eiHeures hcures de son bref séjour s'éiaient 
écoulées dans lcs Libliothèques et les archives 3. 

Iais il jugeait avoir asscz vu, ct assez retcnu, 
pour se pern1eLtre, un peu plus tard, ces appré- 
ciations tranchantes, OÙ se résume asscz exacLe- 
mont, beaucoup micux que dans les lettres de 
FIir, ce que, dix ans avant Ie concile, les futurs 
(( vieux-catholiques )) pensaient du moude 1'0- 
main : 


En Italie, notaiL-il, l'antipathie contre tout ce qui est spé- 
cialement allelnand Hotte pour ainsi Jire Jans l'air : un 
séjour lit-bas en convaincra lout observateur attentif. Ce 
qu'il y a d'original, chez l'Alleluand, dans ses façons de sen- 
tiI', de penseI', d'ellvisager, est étranger et incompréhell- 


1. Friedrich, Doellill!Jel', Ill, po 18t. 
2. Fl'iedrich, DoellillfJel O , Ill, po 185. 
30 Aussi Ie Po Kleulgen écrivait-il : (( !\ous avons 'u des sa'"anls qui, pen- 
dant le peu de semaines IluÏls passaienl à Rome, ne pom aienl se ùNacher ùes 
manU5crÜs ou des linoes rares qu'ils lrouva.ienl dans lcs biblioLhèques elles 
archi, es. Qu' ensuile renll'és ùans leUl O palrie, ils eussent sans cesse sur les 
lè\'l'cS Ie réeil de lous les abus el de loutes les ùéfectuosilés qui les avail'lll 
frappés à nome, el 'luïls affirm<lssenl en parler, nOll pal' ouï-dil'e, mais co ml11 e 
l{omoills, cela c'esl imparJonnal.>le J) (l\JeulëcD, Briere VOl' Rv111, po 11). 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


237 


sible au Homain. La méfiancp ùn HODlain s'éveillf\; et si 
cette originalité vent s("xprimf'r dans les choses d'i
glise, 
l'hostilité succède à Ja 111PfÌance. Le Français est beancoup 
plus prt\s dn HOlnain que l'Allentanù; Ie Homain se sent 
parent du Français et plutôt choqué par I'AlIenlanùo Et si 
I'AllemanJ parle <-rune théologie allemande, s'il donne à 
compren(lre quïl considère cette théologie COlnme plus 
approfondie et plus eilicace que ce que I'on donne sous Ie 
même nom Jans les séminaires italiens, alors on u'a pas 
assez de sévérités pour une lelIe appréciation : c'est là, tout 
au moins, P1'opo::.itio pim'Hm aU1'iU1Tt offcnsiva. hæ1'esi pl'oxima. 
Car, dit-on à Home, il n'est pas lnême concevable que Ies 
Haliens, qui, dans la Nouvelle Alliance, sont ce qu'était. 
dans l'
\ncienlle Alliance, Ie peuple élu de Dieu, aient pu 
rester en arrière dans ce domaine de Ia théologie : ce qui 
est italien. dans ce dOluaine, est déjà, en soi, Ie juste et Ie 
vrai; et ce qui s'en éloigne, c'est une périlleuse erreur. 
C'est done déjà une chose très suspecte, que Ies AlIf'nlalHls 
attachent tant d'importance à I'étude de Ia Bible et à l'his- 
toire; et qnïls se refusent à considérer C01l1me un hon 
théologiell celui à qui ces terrains ne sout pas faluiliers, 
voilàqni est ChOqU:lllt, intolérable. L 'A.llemand ùoit prendre 
modèle sur l'ILaIien. qui, Jepuís Iongtemps, a jeté par ùes- 
sus bord ceUe érudition; I'Allemand ne doít viser à aucune 
originalité 1. 


Doellinger n'admettait pas que, lorsque l' Alle- 
magne voulai t projcter ses rayons sur une loin- 
taine terre d'obscurantisme, cctLe tel'l'C refusâl de 
se laisser éclairer. Les clans érudits dont il étaÍt 
justemenL l'orgueil ne proposaicnt lllênle pas à 
Rome un échange d'idées et de connaissances; ils 


1. Friedrich, Docllill{JC1'. III, p. 186-18i. - De ces faciles malentendus enLre 
Allemand et Halien on Lrouve l'indice dans un curicux passage des ...
fémoÙ'e:
 
du professeur calh
lif{ue Ringseis : il raconte {lu'
lanL à Home en 181 
, il 
s'apercevait que main Ls Italien
, pourtant ass('z pen. cro)ants, sOUp
O
I
:l1
n
 
a 'P1'io1'i l'Allemand d'hérésie ct si RinO"seis leur parlaJt de (ll1elque Sl1pl'rlorlte 
des Allemands, on Ie mena
ail, ou pen 
en fallaH, d'ennuis avec Ie Pape (Erin- 
nerungen, I, p. 517). 



238 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


étaient tout prêts à cxporter là-bas, sans rien 
réclanlcr en retour, leur philosophic et leur cri- 
tique historiquc, at souIfraient cruellenlent que 
Rome n 'acceptà t cette critique que sons bénéfice 
dïnventaire, et que ceLle philosophic fûi renvoyée 
sans retard au delà des Alpes par lcs nlessagers 
de 1'Index 1. lis accusaienl B.onlc, avec une sorte 
de chagrin, de ne se point rendre C0111pte que Ie 
calholicisme allemand vivait quotidiennemcnt en 
face du protestantisme; que pour ce duel cons- 
lant il fallait des arnles nouvelles... Ces armes, 
disait-oll, ROl1le les brisait. A la doulenr succédait 
] 'aigreur : on accusait lcs congrégations r0111aines 
d'avoir une procédure archaïquc; on dénonçait des 
abus faciles à réformer et dont la persistance, curieu- 
sement épiéc par les protestants de l'AllemagnC', 
leur servait d'argunlent contre Ie cathoJicis111e 2. On 
voulait Ie bien de I'Église, continua it-on, et c'est 
pourquoi l'on se plaignait de Rome, conlme l'avo- 
cat se plaint d'un clienl indocile. 
Mais encorc faut-il que l'avocat connaisse par- 
faitement Ie dossier de son client, et qu ïlle fasse 
valoir: a-t-it rempli toute sa tâche d'avocal lors- 
qu'illui a demandé de se corriger? Or, dans cette 
école théologique qui s'apitoyail sur Honle avec 
une si inlpérieuse condescendance, on ne savait 


1. Des boutaùes comme celIe quOen 1831 un prélat du Vatican commeltait 
dcvaul Otto de Voelderndorff : 1 Tedeschi sono tutti un poco el'etici, prc- 
naicnt.. pcut-èlre, plus dïmporlance en Allemagne quc ne lc prévoyait l'c).ubé- 
rant J.llonsignore. (Beilage :::W' All!Jemeinen Zcitun!J, 19U2, nO 148, p. 11). 
2. (( Doellinger a /tontc devaut lcs savants protestants >>, explif]uait Schulte, 
(( lors'lu'j( pensc avec quellc lamentable supcrfìcialiLé unc an"ail'c si imporlanlc 
cst Ll'ailéc. " (Friedrich, Docllillgcl', Ill, po 1400) 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


239 


ptlS toujours exactemellt ce qui se passait à Bome... 
C'était l'époque, - renlDrquons-le bien, - où les 
découvertes de Rossi ùans les catacombes faisaient 
revivre Ie t:hristianisme primitif, et témoignaient 
l'antiquiLé de certains rites ot de certaines croyan- 
ccs, jadis cOlltestée par la HéforDle. Cette Rome 
doni Ia sLérilité scientifique faisait pitié à certains 
érudits de l' Al1emagne éLait en train de créer, 
l 
l'instigalion nlênle de Pie IX, une science qui 
s'appelail rarchéologie chrétienne, et celte science, 
tout de suite, offrait des argunlents insoupçonnés, 
susccptibies d'enlbarrasscr Ia négation protcstantc. 
On eût pu croirc que tant de bonnes volontés, si 
promptes it se dire paralysées par RonlC dans leur 
Iutte contre le protestantisme, profìteraient du 
moins de ces res sources nouvelles que RODle leur 
otIrait, et qu' eIles en sauraienl gré, et que 1a sévé- 
rité de leurs jugemcnts en serait atténuée. ßtlais 
dans quelques cercles allemands les esprits en 
étaient arrivés it ce point d'amcrtumc, qu'iJ leur 
semblait que rien de bon ne pût venir de Rome. 
LasauIx, par exemple, quelques væux qu'il formât 
pOUJ
 une concentration des forces chrétienncs 
contre lïncroyance, méprisait tellement Ie catho- 
licisme des nations latines, qu'il se denlandait 
s'il y aurait lieu pour les Allemands catholiques 
de se réjouir d'une réunion des Églises 1, Et 101'S- 
qu'on songe que Docllingcr, durant la prcnÚère 
moitié de sa vie, avail dépensé contre Ie protestan M 


1. Sloclde, Lasaulx, p. 
53 ct 271. 



240 


L 'ALLE1[AGNE RELTGIEUSE 


tisme son aclivité d'historien, l'on reste stupéfait 
du pell de place que tinrent ensuite dans ses préoc- 
cupations les découvertes d'un .J ean- Bapliste de 
Rossi 1. C'est que désormais, consciemment ou non, 
la pensée de Doel1 inger et de ses a mis étai t à den1i 
confisquée par un autre idéal, et cet idéal\ c'était 
la luLLe contre Ie ron1anisme ct contre les idées 
(( infaillibilistes )), clont il voulait ('nrayer la mar- 
chc victorieuse. 


\7 I 


Dans Ignace Doellinger 3 , l'université de l\funich 
vénérait une gloire, et l"histoire ecclésiastique un 
maître. 11 avait jadis pris une part insigne au ré- 
veil de l' Allemagne catholique : il ètvait luttð, 
comme publiciste et comme parlementaire, contre 
Ie despotisme religieux de I'État. II avait figuré 
parn1i les fossoyeurs d u j oséphisme; et dans ce 
temps-lit - c'était en 1848 - on lui avait fait un 
renom d'ultramontain, et i1 l"avait accepté. Et 
puis, en 1850, it l'assemblée catholique de Linz, 
dans cette Autriche OÙ l'Eglise fètait son én1anci- 
pation, il avail tracé ]'ar
-hitecture d'une Église 


1. Flir, tout au conLraire, Ope cit., p. 40-42, scntait fort bicn l'ir.lpOl'tance 
de rcs r{-vélations. - Cf. dans Klcutgen, Briere van Rom, p. 23 et suiv., uoc' 
série de lellres sur les savants italiclls dont la science allemande conteslait la 
valeur. 
2. De 11\ pcut-êLre aussi Ie silence que gardèrcnt Doellinger et rUni, ('rsili; 
de :Muoich à I"endroit des écrils antichrNiens de Frohschammer, silence qui 
dépll1t à Rome (Friedrich, Doellingel', 1I1, p. 309). 
30 Sur Igna('(' Do('nin
('r (iï!)!)-tf;!)O), ,ooir not1'l' lom(' II, po 8i-8!). 



LEg CRISES INTELLECTUELLES 


2í1 


nalionale al1emandc, qui, dans la vasto unité ro- 
maine, aUl'ait sa vie propre, son organisaLion pl'O- 
pre, ses conciles, sa littératurc, et dont l'institu- 
tion serait une première étape vel's la réunion des 
confessions chrétiennes en A.llemagne 1 : ainsi ca- 
pitulerait et rcculerait une certaine variété d' ({ ul- 
tramontanisme )), trop soucieusc de (( reIéguer à 
l'arrière-plan les particulal'ités des peuples et de 
leur impo:5er, cornme une HVl'ée étrangère, la for- 
mation religieuse d'une nation >) . Les commentaires 
variés auxquels ce discours avait donné lieu avaicnl 
convaincu Doel1inger que cette conception d'une 
Église allcmandp élait loin de séduire l'unanimilé 
lcs caLholiques, et que dès 10rs J'avellir en était 
'(,[lgile. 
Tout de suile il s' était cfIacé Ju domainp de 
'action pour rcrnonter dans Ics hautes régions de 
'él'udition; il n'avait plus reparu dans ccs congl'ès 
'alholiques qu ïlluslrait autrefois son éloqupnce, 

t de nouvelles publications savantes avaient gl'andi 
.on prestige d'historien. En revanche, sa réputa- 
ion ù'ultl'anlonlain étaÏt alléc déclinant; ct dès 
8
4 certains de ses anciens anlis avaicnt chucboté 
.u'il pourrait bien devenir hérélique 2 : Ie pronos- 
ic était au moins prématu1'6. 
Docllinger, aux environs de 18GO, vi vail tlétllS 


1. Voile Ie lexle du discoul's de Linz (2li scplemLrc 1830), dans Doellingcr, 
leiuere Schri{ten, éd. Reusch, p. 105-11(; (SlullgaL'l, COlta, 1890). 

. Voir dans Friedrich, lJoelli!t!Jcr, III, p. HU, les iml'res
ions de Maria 
I )erres ct de Joel'g. A cpLte épollue, \\ ei
, évèqne de Spitoc, souhailail dp Doe
- 
Iger Ulle vic dc Lulher (Friedrich, flucllillYCI", lIJ, p. 1::8); et Kdlpler allalt 
'1Ilt.lIui demander de réfulel' BUllS('U (Friedrich, Oùclliltfle1', 111, po 161.). 


IV. 


16 



242 


, 
L ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


son cabinet face à face avec un beau rève. Le rap- 
prochement des 

gJises obsédait sa pensée : il s'y 
intéressait comnle catholique et plus encore, peut- 
êLre, comn1e Allemand. II constataÎt que la doe- 
trine luthérienne sur Ia justification étaÌt désertée 
par les notabilités de la Réforme : n'y avail-il pas 
lieu d'espérer qu 'entre Rome et Ie prolestantislne 
Ie fossé se rétrécissait? Doellinger voulait que Ie
 
catholiques s'en rendissent compte. L'ère de la po- 
lémique lui semblait close
: ils devaienl à l'avenir
 
suivant un nlot du cardinal Diepcnbrock, (( sup- 
porter Ia scission religieuse en esprit de pénitenc( 
pour les fautes communes >>, et puis, afin d') 
lliettre un Lernle, iis devaient (( cesser Je traiteJ 
comme capilales les choses secondaires >>, e 
(( accepter une sérieuse correction de tout ce qu 
paraîtrait nuisible 1 )). Contre un tel pl'ogramlne 
en principe, il n'y aurait eu pour l'ol'lhodoxie au 
cune raison de s'insurger; mais les deux confé 
rences données à l'Odéon de 
iunich, en avri 
1860, sur In. question ronlaine, rendirent aussitô 
suspect Ie plan d'ensemble que poursuivait Ie pro 
fesseur bavarois. 
Le futur lord Acton, son disciple chéri, l"cntrc 
tenait sans cesse de cette question ronlaine 2, c 
Doellinger voulut enfin dire son nlot. 


1. En l'aulomlle de lSGO a'"ait pr
cisémcnl lieu à E,'ful'l, à l'illsligalion I 
Frédéric Michclis, Ull renùez-vons cnlre calholiques cl proteslanls croyan 
(Clarus, Die Zusammenl.,"unft ylacubi!/cl' Pl'oteslaJ/tt!Jì und KatJwliken : 
Dl'fw'l im lIcl'bstc 1860 wul dCl'cn \'el'lauf. Pad('l'hol'll, Junfermano, 18G8 
2. Sur ceUe influcnce de lord Acton, yoir Joerg., fl. P. n., 18t1u, I, p. 2 
el suiv. - Sur Lorù John Dalberg- Acton (j 834-1 t102), voir lady Dlcuoerhasse 
dans Bellelheim, BiúY1'aphisches Jahl'buch, Y11, p. 16-22. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


243 


La presse hostile à l'Église répétait que la chute 
du pouvoir temporel, qui semblait prochaine, se- 
rait la fin de la papauté ; elle citait en lémoignage 
les apologistes mêmes de ce pouvoir : ne démon- 
traient-ils pas que Ie Saint-Siège en avail absolu- 
ment besoin et qu 'on ne pouvait concevoir un pape 
qui ne fût pas roi v! 
Les protestants concluaient, tout de suite, que 
l' Église romaine partagerait Ie sort des États 
romains, et c' est à quoi Doellinger désil'ai t ripos- 
tel'. 
Iais ses arguments mêmes, qui visaient les 
îlusions protestantes, atteignaient inùirectement 
:;erlains avocats du pouvoir tenlporel; et Doel- 
linger achevait de déplaire en réclamant sol en- 
nellement du pape-roi plusieurs réformes admi- 
1istratives et politiques. VV alter 'I Ie canonisle de 
3onn, prit l'initialive d'un mouvement de proles- 
ations contre les discours de l\Iunich 1. L'orateur 
Ie l'Odéon fut comparé à Cham dévoilant les fai- 
)lesses de Noé, à Judas trahissant Ie Christ 2. Et 
, on denlandait, au delà des Alpes, de quoi se 
nêlait cet Allemand. 
I Cet Allemand, croyons-nous, avaH encore, à ce 
noment-Ià, des intentions apostoliques: il voulait 
labituer ses compatriotes protestants à n'envisagel' 
,ue la primauté religieuse du Pape et à cOlnprendre 
e qui était l' essentiel dans l'institution divine de 


1. Friedrich, Doellinger, III, p. 241. 
2. Friedrich, Docllillger, Ill, p. 21-û. - Moeller, Risclwf Law'cut, III, p. 73- 
'. - Cf. KatJwlik, 1
61, I, p. 516. D'après Friedrich, Ope cit., Ill, p. 24:!, 
ban Stolz, l'édileul' Herder, élaienl plus bicmeillants pour les confél'ences 
: l'Odéou. 



2
4- 


, 
L AI.LEl\IAGNE RELIGIEU5E 


la papauLé. 80n livre: Églisp et Églises, qui parnt 
à la fin de i8Gi 1, opposait pl'écisénlellt au tableau 
de la situation des Églises séparées une cerlaino 
apologie de la prinlatie papale; et des périodiques 
pen suspects de complaisance pour Doellingel', teis 
que Le Catholique de l\fayence, a.pprécièrent la 
haule portée de ce volume 2, où Pie IX trouvait 
({ Leaucoup de bon 3 )). Doellinger y glissait encore 
quelques chapitres OÙ il reprenait Ie thènle traité 
it rOdéon I.. Non pas qu'il consentît à la chule de 
la sou veraineté temporelle; car en septembre iJ 
({ donnait une .loie suprême à tous les cmurs chl'é- 
tiens >>, suivant les prop res expressions de la CÙ,iltà 
ca/tolica, en affirmant avec éclat, au congrès ca- 
lholique ùe 
Iunich, que Ia cause Ju Pape (-{ail 
ccHe tin bon th
oil, et que si 10 Pape était spolié, la 
ehrelienLé, jalousc ùe son indépcnùance, ùevrait Ie 
resLaur
r ð. 1\lais Ü cotto époque où]a :-,ilualion 
des États Romains préoccupait tous les esprits, il 
était impos::;ible que Uoellingcr la passùt sous 


1. llil'chc uud Ii.Ü'chen, }Jlt{lstthum ul1d llirchenstaato IIistorisclt politische 
ßct/'ILchtunycll (Munich, Litemrisch-aì't
8tiche Anslalt, 18tH); ll'aduil en frall- 

ais (à l"c},.ceplioll des chapilres sur Je pouvoir lempord) par l'aLLé Ba.yle 
(Tùl1rllai, Casterman, 18û
). .. C'eslle livre décisif, disait Gralry au sujct de ce 
livre, c'esl un chct'-d'muvre admirable a 1'111sieurs égards, et qui C'st de:;liné à 
prodnire un Licn incalculable el à fÌxcr l'opinion SUi' ce sujet )) (Lord Acton, 
The histol'Y of fl'cedom aud otlwr essays, éd. John Ne\'"ille Figgis ct ReginaJd 
V cre Laurence, p. 424; Londrcs, lIlacmilJau, 1907). 
2. Hatholik, 18tH, II, p. 536-538 et G70. - If. Po Bo. 181H, II, p. 807-854. 
3. Friedrich, lJoellinger, III, p. 
ü9. 
4. Voir dans Friedrich, Doellill!Je1', III. p. 264-JG5. les réscrves (fu'inspirèrenl 
ces chapihoes it Jocrg, à d'Anùlau, au puLlicislC' Clarus (Yolk). Waller les traitail 
d'impiélé sans égale au service de Cavour. 
5. Ci1Jiltit cattolica, t}-:JO novembre 18tH, p. li40. -Fricùl'ich, Ðocllill!JC/', Ill, 
p. 254-2;)6. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


245 


Úlcnce dans co livre : Église et l
glises, desliné à 

'airc connaîtrc ]a papaulé. 
Pcut-être eût-il évité beaucoup d'ennuis Inoyen- 
lant nne cerlaine délicatesse de lnain. C'était 
'heure où l'épiscopat muHipliait les souscriplions 
Jour Pio IX, où certains protestants, Guizot OIl 
france, Leo en Alleolagne, s ïnclinaionl devant la 
égitimité do la souycraincté lenlporeHe, OÙ ]a croi- 
,ade pour ]es États du Pape avait deux chefs, qui 
'appelaicnt l\lontalembert et Dupanloup. Et sur ccs 
'ntrcfaitcs Doellinger survonaiL avec des pages qui 
)ouvaient aider au procès poliLique de l'adlninis- 
ration romaino. Vincke, Ie député prussien, asscz 
iosiile à Home, disait à Auguste Reichensperger : 
A.bsolvez-moi, puisqu'cn principe Doellingcr esl 
'accord avpc nons 1. )) 
Les propos do co prêtre avai('nl nn fornlidable 
cho : Napoléon so les faisait télégraphicr; rEu- 
opo élait aux écoutes. (( La seconde partio de 
oiro livre, lui écrivait 
'Ionta]enlbcrt, dépli1ira 
eauconp, non sonlcment it Romp, n1ais encore it 
t tr(\s grandp rnajorité des catholiquos. Je ne sais 
onc pas si, dans Ie cas où vous m'cussioz con- 
llité préalablo1l10nt, fanrais ru 10 courage d'ini1i- 
I er celte blossure à mon père ot à roes frères 2. )) 
[ontalembert parIaH avec son cæur; Docllingor, 
ui no s'était fait prêtrc - ll'oublions jamais cc 
éLail - que pour avoir uno occasion do culLiyer 


L Paslor, lleichen8pCt'gcP,
 I, po i-21


':. 
2. Lorù Acton, The hisll}ry of f'reedaJn anù other cssays, édo John Neville 

gi5 ct HeginalùU lr
TNo 
T. r.
;:
:/'s COLLEGE 



24:6 


, 
L ALLEMAGNE RELI
IEUSE 


la science t héoIogique 1, était presque exclusive- 
ment un puissant cerveau, (( nne moitié d'homme )), 
disait de lui Bernard de l\leyer, l'ancien chef du 
Sonderbund; et lVleyer ajoutait: (( L'autre partie 
de Ia nature humaine, Ie cæur, 1(' sentimrnt, fai- 
sai t défaut it Doellinger à un degré surprenanl 2 . )) 
Un ùétail, dans son livre, ùevait rendrc à Pie IX 
la blessure plus cuisante. Doellinger, avec qneIque 
Iourdeur, ofl'rail l'hospitalité de rAllemagne au 
pontife dont Ie trône ehance]ait, et il lui remon- 
trait cOlnhien cetle hospitalité contribnerait à par- 
fairo l'éducaLion de la curie romaine. Pas ]a 
nloindre ironic dans ce passage, pas la nloindrc 
volonté d'irrespect; mais Ie sympLômc, peut-êtrc, 
n'en éLait qlH' plus grave, en attestant ]0 peu de 
COilsidéraLion que Ie grrmanismr avait pour Ie 
romanlsme. 


Si la cour de nOlne vient it résider quelque temps en 
Allemagne, (krivait Doellinger, les prélats rOlnains 5cron1 
sans doute agréablelnent surpris en découvrant qu'ur 
peuple est capable de rester cathoJique et re1igieux f,an
 
aucune contrainte policière, el que ses sentiments religieu) 
sont pour l']
glise une 111cilleure protection que les prison
. 
épiscopales qui. grÙce à Dicu, n'existent pas. Us apprendron 
que l'Eglise en Allemagne est capable Je 5e mailltenir san
 
Ie Saint-Office; que nos évèques, qnoiql1 ïis n 'usent d'aucunf 
contrainte rnatérielle, ou peut-être à cause de cela, son 
respectés comme des princes. lIs verront comment rÉglise 


L Yoir nolt.o Lomo II, p. R7. - Pour la mêrne rai
on, en 1R50 - parce lfu 
]0 saceruoce Jl'était, pour lui, qu"tm mo
('n d'êlre Ihéolo
icJl, - il a\ail rcrus 
l'archen;ché do Sa1zJ,oUl'g (Friedrich, ]Jocl/iugcr, HI, p. (j!)-70). 

. RrlctJILÏ!
sc des DCl'lIhard flitter 1'011 AI CY(,1', I. p. 312-::15 (Vienne. Sa\' 
tori, 1875). - Comparer l'impression d'Ernesl-Louis de Gerlach (Auf.
eichm.lrì 
yen, II, p. 315). 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


247 


chez nous, repose sur une base large, forte et saine: celle 
d'un système bien organisé J'aùministration pastorale et 
d'instruction religieuse populaireo ]]s trouveront que tout 
Ie clergé allelnand est prêt à bénir Ie jour où il apprenJra 
que la libre souveraineté du Pape est assurée, sans arrêts 
de mort prononcés par des ecclésiastiques, sans prêtres 
policiers ou préposés aux affaires de la Ioterie. lIs se con- 
vaincront enfin que to us les catholiques de I'Allemagne se 
Ièveront comine un seul homme pour l'indépenùance du 
Saint-Siège et pour les droits Iégitimes du Pape; mais qu'ils 
ne sont point aùmirateurs d'une forme gouvernementale de 
date très récente. qui n'est rien autre chose, en fait, que Ie 
produit de Ia politique mécanique de Napoléon, combinée 
avec une administration cléricale. Et ces constatations porte- 
ront Je bons fruits quand sonnera l'heure du retour, quanJ 
Ia restauration sera accomplie 1. 


Doellinger ouvrait l' Allen1agne à la coul' de Rome, 
non seulement comrne un asile, mais comme une 
école; Ie germanisme faisait des avances au roma- 
nisme, à titre de précepteul'; et si Ie Saint-Siège 
avaÏt des tracas, Ie germanisme après tout s'en 
consolait; car les ennuis, peut-êtl'e, comme l'écl'i- 
yait Doellinger à Glaustone, rendl'aicnt Rorae in- 
telligente... Vexatio dabit inlcllectun
 2. 
Lorsque, en i847, on avaÏtoffert au futul'évêquc 
(( vieux-catholiquc )) Reinkens, alors étudiant à 
Bonn, ]a présidence d'unc société d'étudiants qui 
s'appelait la ROJnania, il avait accepté; ct cc qu'il 
rêvait, s'il en faut croirc scs explications uIté- 
l'ieures, c 'est que les jeunes gens allemands, une 
fois imprégnés de science allemande, s'en allasscnl 


1. JÙrche und Ji.il'chcn, conclusion, - cr. Lord Aclon, opo Cit., p.300-374. 

. Friedrich, DoelliT/{Jcr, IIf, po 
w. 



248 


L'ALLEl\IAGNE HELIGIEUSE 


à Rome pour inslruit'e la curie i. Un certain ger- 
manisllle, à denli présomptueux, à den1Ï aposto- 
lique, bl'uyaml11cnt équipé pour ]a conquêle de 
Ilolllc, ne pouvait cOlllprendre que l'autorité 
rOllHlÏne forcât les conquél'ants tl nUtl'quer Ie 
pas. 


VII 


Entre celte au lOl'ité et l'arislocl'atic d'illtelli- 
genccs qui parlait au nonl de ]a science gerlna- 
n ique, Ies défianccs s' aggra vaient. 
Depuis 18Gf, un curieux Vade nZeCU1Jl circulail, 
desliné aux jcun-cs pl'êtres, eL qui, sous une fOl'nlC 
ironiq ue, gloriíiail eel Aristote, messager si illlpCC- 
cable de h
 révélation nalurelle que Ips (( théolo- 
giens de l'Eglisc catholique n"avaient plus qu'à so 
faire ses écoliers )) : l'auteur n' était autre quo 
Rcinkens, qui professail alors 
l runivel'sité de 
Breslau 2. Et Landis que Ie païen Aristote planait 
ainsi au-dessus de to ute suspicion, DocIlinger rc- 
prochait à ROlne de paralyseI' et dOanéantir, par 
1'lndex, les forces nouvelles que Dieu avait éveillées 
dans l'Église; oÙ chercher désormais, denlandail- 
iI, des hommes indisculés 3? Cepcndant, en Allc- 
nlagne nlênle, se groupaient aulonr de Rome des 


1. Joseph Marlin neinken
, Joseph IlUlJC1'{ Rcinkens, p. 20-
J. (Gotha, 
l'crlhcs, 1906.) 
2. Joseph Martin Reinkens, lleinkens, p. G(j cl 10Uo 
3. Friedrich, fJoellillyer, III, p. 2ï2. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


249 


théologiens et canonisLes de valeur, donl Cologne, 
1\1ayence pt \V llfzbollrg étaient ]es trois centres. 
Scheeben 1, é\lève du collègc germanique de Honle, 
professeur de dogmatiq lIe au grand sén1Ïnaire tie 
Cologne, puLliait en lS65, SOliS Ie tilre : Les 111!1s- 
Lè/'cs elll clu'istianis7uc 2, une wuvre de spéculalion 
Inyslique, impeccable au poinL de vue de l'ol'Lhu- 
doxie, ct qui, duranl eeHe période troublée, appa- 
raissait à la pensée chréLicnne d'Alleffiagne conl11ie 
une invitation à remonter vcrs certaines cimes, 
éloignées des mêlées terrestres. La revue Lc Ca- 
llzoliquc, de l\Iayen
e, sui vait avec vigilance, sur Ie 
terrain de la philosophie, de l'histoire. de ]a poli- 
tique, tOlltes les nlanifcstatiolls qui lui semhlaient 
nlettre en péril les dJ'oi ts du Saint-Siège 3; ene 
lraquait les formules indécises qui pouvaient abri- 
ter dans leurs vagues contours un parLi pris d'ha- 
bile indocil i lé; au risque de passer pour 110sLile à 
la pensée allemande el à la science allemande I., 
elle nc tolérait aucune désinvoltur0 it l'endroit de 
la scolastique ou des congrégalions romaines I). 


1.. Sur Malhias-Joseph Schecl)('n (183'.;-1888), ,oil' E:aeum"er, Allgcmeinc 
dculschc /JiO!j1"llphic, XXX, p. Gô3-GG
. - Sur l'..l'uvre de Scheeben, ",oir 
l\atlwlik, 18GG, II, p" 3G7-378; - Schanz, Tltcolo[Jische Quartalsc/u'i{t, 1809, 
p. tJ13-61tJ; -MaLtes, Tlteologisches Lite1'alw'úlatt, 18GG, p. 381-38i. 
2. Die Myslerien dcs Christentums (Fribourg, Hcrùer, 1865)0 
3. Voir, par ex empIe, Hatholik, 1862, II, p, 
;jï-
7?), un arliclc sur la JlI
ces- 
silé d"éluùiel' lout d"aborù saint Thomas pour éludier Arislole d'une façoll 
inoITpllsive et 1'(-conde; - 18G2, II, po 45
-;:;U(j, les arlicles oÙ sonl dMendllf's 
coulre la science allemande ce 'IUC' cclle sciencc appclle la scolaslique gah'a- 
uisée el la science jésuitilluc. - 1..e Halholik DC lliait pas, tlu resle, 'Iue la 
lhéologic lJoÛlive hisloriquc fÚl n(
cessaÌl'e (l\aLholik, 18G2, I, p. 300-510). 
4. Jí.atholik, 1862, I, p. 102-111. 
50 Voir I\atlwlik, 18G1, H, p. tì80-711, un grand arLiclC' en favenr de 



250 


L' ALLE1\IAGNE RELIGIEUSE 


L'évêque I\:.etteler, Ie chanoine 1\loufang, Ie doyen 
I-Ieinrich, plus préoccupés d'action sociale que de 
science pure, avaient quelque raison de craindre 
que les divisions intellectuelles entre catholiqucs 
ne nuisissent à leur influence profonde sur les 
masses; et, plus soucieux du peuple allemand que 
dp la pensée allemande, ils voulaient que I'Église 
d' Allcmagne, docile aux systèmes traditionnels et 
aux disciplines ronulines, témoignât nloins de co- 
quetterie pour les hesoins intellectuels d'un petit 
nombre et plus de charité pour les besoins écono- 
miques de]a roule. 
Un cercle plus scientifìqu
 que l\Iayence était 
l'universilé de 'Vul'zbourg : Ie théologien Denzin- 
gel' 1, l'apologiste IIeUinger 2, rhistorien Hergen- 
roother 3, Y faisaient régner les idées romaines. On 
ne pouvait contester leur valeur de savants: l' éru- 
clition du jflunc I-Iergcnroether avail jadis éLonné 


lï11l1('x, ('I. 18G3, I, p. 
iflO-60G, l"arLicIe conLre la Tucbin qer QUa1'lalsch1'ift, flU: 
avail accusé Ie Aatlwlik (l"aimer les dénollciationso Cf. Reusch, Ðe1' Iudex, 11. 
2, p. 1.I2ï-1129, l'inùicalion ,Ie la divt'rgence (l'appr
cial.ion enlrl' les Fcuillc.< 
hÜ/01'ico-politiques ct Ie CfltllOlique au sujel de la pl'océdurc suivie par l'Illdf" 
dans la conùamnaLion de Frohschammer. 
1. Sur nenl'i DC'llZinger (181f1-1
83), yoir !"es proprC's sou\ enirs ùans IÙltllOlik _ 
1883, If, p. /dg-Hi, 5
3-338, 638-G4
, el Lauchcrl, Allgemeine de1ltsrhe IJio- 
graphic, XLVII, p. GG3-GG5. 
20 Sur Fran
ois Hellinger (1819-1890), voir Renninger, Iíat1wlik, 1890, I 
po 385-iæ, et Kaufmann, Fran:; Hettinger, Erinnerunuen cines dankbarel 
Sclmele1'8 (Francforl, Foesser, 18f11); sa principale æuvre esl son 
.tpoloyie (ft 
Chl'is/wlIisme (Fribourg, Herùer, 18G3-1867), LraduiLe en français par LaloLe ù( 
FclcourL el Jeannin (Paris, Blond, 1885, 5 vol.). 
3. Sur Joseph HergcnroclllC'r (IS2i-1890), \oir Hollweck, I/. P. 11., 1890 
II, p. 721-729, ct Heinrich, Kat/LOtik, t890, 11, p. 481-i99. - Son line: ill 
rnt1zolzc;e Ecrlesiæ p1'imordiis l'ecclttiorum [i,'otestantium systcmatn expen 
dUl/tw. (Ralisbonne, Manz, 1H51), définissaiL avec science el origillalilé Ie! 
posilions nouvelles de l"apologéLique protcsLanLe. Sur l'eslimc que faisaÏl de Iu 
Doellinger, \"oir Friedrich, ÐoellingC1', HI, p. 275 ct 4H. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


2:)1 


rUniVf'fsité de l\tunich, et ]'ouvrage sur Photius \ 
auquel il travaillait, d0vait être salué par Doellin- 
ger lui-même comme un n1aÌtre livre; mais Het- 
tinger et Hergenroether avaient passé leur jeunesse 
à Rome, au colH\ge Germanique, sous la direction 
des J ésuites, el c' en étaÏt assez pour que 1e ger- 
manisme les traitât en suspects. (( Ce que j'appelle 
(( tendance romaine >>, disait Doellinger, c'esl toute 
tendance qui est hostile en principe 
t la science 
allemande ct qui vise à la di8créditer ]e plus pos- 
sible 
. )) 
De fait, il étaiL nat.urel que If's cnnen1Ïs systé- 
n1atiques de la scolasLi(lue incriminassenl lcs Jé- 
suiles: car les leçons professées à Vienne par 
Schrader 3 dc 1.R57 à 1.863, et surtout les volumes 
publiés en 1860 par I{]culgcn sur la philosophic du 
1110yen âge'" donnaient aux études thon1Ïstes une 


1.. IlergclJroclher, 1'1IOtius Jtill"Ùuoch von COlIslalilinopcl; scin Lcl.Jen, stilt(' 
Sclu'iften ulld das !/l'iechischc Scltisma., :
 vol. (nalishonne, :\lanz, 1867-18(9). 

. Friedrich, Dúellin!Jcr, HI, p. 
ï6. On lrouve Ie 'e!'lig-e durable de eel élat 
d'e
pril dans friedrich, Gcschichlc des '-alikallischca Concils, I, p. 256-237. 
- . Si tous Ips prNres étaicnt élevés eomme au Collè
e germallique, écriHlil 
il1\erspmenl Kí'lleler, Ie mOl1ll(' serail sam é . (Ilaich, 1J1'iclc l'on u"ci aiL I{('l- 
tclCI', p. 3f1!)). - Hellinger, Aus "Tcll ulld KÙ'chc. l. p. 17-
1" 4 e éd. (Fribourg, 
Herder, 18!)7), explif{ue qu"au Collège g('rmauicl'1C il n'y avait aucun élève qui ne 
fûllri's altaché aux facons allemandes. - Voir, dans Sleinhllher, Geschichlc dcs 
Collegium Gel'mallict;m HUltyaricum in flom, 11, p. 41ì2-4U6 (Fribourg, Her- 
der, i8!);)), l'énuméralion délaillée des élè\ es illuslres sortis au XIX e siècIe du 
Collège Germanique. 
:3. Sur Ie Hanovrien Clémenl 8-ehrader (18iO-i87:J), professeur de dogmalique 
au collège Romain de 18:>3 à t857, el, à eet.le dale, eollaborateur assidu de 
Passaglia av('c qui il publia lrois 'Volumes sur rImmaculée Conception, pro- 
fes:,('ur à rienne de J 857 à 1863, eommentalenr dl1 8!Jllnbus, morl professeur 
au séminaire de Poilicrs, ,oil' Schulte, /Lllrlemcinc Deulsrhc J:io!)/'aphie, 
XXXIl, p. 42:;-i-27, el la ScmairlC litw'gi'lue du diocèsc de l'oiticrs, 18 avril 
181J, p. 2;)6-257. 
4. Kleulgen, Die [1lâlosophie der -Vol'.:cit l'el'lhcidigt, 2 vol. (l\Iuensler, 
Theissing, 18liO-1863}0 Le Ii.atholik, 181,4-, I, p. 709, affeelail de signaler Ie 
caraclère vraimenl allemand, vraiment national de l'æuvre de Kleutgell, présen- 



252 


L'AT.LE:\IAGNE RE1.IGIEUSE 


ll'PS forte in1pulsion; et Schrader el I\.leutgen 
appartcnaient it la Con1pagnie de Jésus. Jésuitc 
encore, Ie théo]ogien Franzelin t, qui depuis 1837 
enseio'nait à l'Université OTéO'orienne de B.orne : 
(j Q b 
une ilLurninée célèbre, 1\Iaria de 
Ioerl, que visilè- 
rent tous les grands hommes de l' .c\Jlemagne ca- 
tholique, avait jadis déclaré, sur une question ùe 
son confesseur, que ce jeune Tyrolien, qui hésitait 
sur son avenir, dcvait aller au noyiciat:!; et l'oracle 
de cetle mystique avail ainsi scellé Ja vocation 
de run des plus grands scoJastiques contempo- 
raIns. 
Ces JésuÎtes. forgeant au loin des intelligences 
allenlandes, efTrayaienl beaucoup le germanisme : 
Ueinkens expliquait, dans une hrochure sur l'Uni- 
versité de Breslau, que l'attachen1ent des Jésuites 
au thon1isme les disqualifiait, ou pell s'en fallaH, 
comnle professeurs universilail'es 3; on parIaH d'un 
réseau, dans lequel ils prétcndaient emprisonner 
l' 
-\llemagne pensanle, et dont, au jour Ie jour, it 
v,,
 urzbourg, à I\layence, it Home, se tissaicllt dili- 


tpC' coml1w la contillualion d(' ræm re' de .MoehleI'. - L<' cal'diual nC'isach s'occu- 
pail d
 fairc lralluire Klcu

en <,n ilalif'n (81<,inhubcr, Ope cit., 11, p. 4(4). - 
J
e I'. Constant Sicrp Iraduisil Cll français la p:raudc æmrc philosophique de' 
hJeulgen, La philosophic scolasli'luc exposée ct défcndue, 4 yo!. (Paris, 
Gaume, 18(8). 
1. Sur le Tyroiien Jean-BapLisLe Franzclin (1816-188G), professcur de Jangups 
oricntales au Collège romain de 1850 à 1857, préfcl dcs éLml('s au Collègc gcr- 
mauique ùe 1853 à 185ï, prore
seur de dogmaLique au Collège romaill à partir 
de 1857, théologicn ponLifical au concile, cardinal ('n 18ïô, loir /Údholik, 
1887, I, p. 2
,)-2:;!, ct };ona \ cnia, HaccuUll di rncml.1ric Ï1IlO1 0 Il0 aUa vÌLa 
ddl'Em. Cw'd. Fralt::;clilt (}tOIllC, Typogr. de la I'l'opa;;audc, l88ï). 
2. Houavenia, Ope cito, p. 90 - 8m' Mal'ia <.Ie :Mocrl (181.2-18G8), loir nolre 
Lome (I, p. 73, u. 4, el Léon lloré, Lcs sti!luzatiséc8 tiu. Tyrol, p. 1-82 cl 
207-243. (Paris, Lecoffre, 184G). 
3. Jo-:\1. Reinkens, ReinkcllS, p. 70. 



LE
 CRISE
 INTELLECTUELLES 


253 


gCffill1ent les mailles. Lorsqu'on voyait ùes éIèvcs 
du eollège Gernlanique, de I'clour pn leurs dio- 
eèses, être attachés au grand sénlinaire ou à la 
personne de l'évêque, on dénonçait, sur l'heul'e, 
Ie com plot jésuitiquc, et l'on l'ieanait : Doctor 
Ronzanlls asinlls Gennanus J, un docteur de Rome 
n'esL plus qu'un âne en Allemagne. ".,. eiLh, Ie grand 
prédieateur auteichien, fort attaché au gunthéria- 
nisme, expédiait à Knood!, en 1863, eel ironique 
conlmentaire des verdicts romains : Fiat syllogis- 
'inus, pereat dualismlls, pereat et cum spiritu libel"- 
las, c'J'escat zi;:;ania, pereat Get''J)Ulllia 2 ! 
Les deux eanlps projelèrent, à peu près sinluIta- 
nément, des rendez-vous de savants 3 . En 1861, Ie 
prêtl'e Fr(
deric l\IicheIis
 (
cJ'ivit à DoeJlinger que 
la Ihpse de l'infail1ihilité papale faisait du eheIuin 
dans l'Églisc, el qu'il éLail urgcnt (Itle la science 
alleInande lint un congrès pour sonner l'alarnle I); 
en 18G2, de Luca, nonce à Vienne, essaya de dé- 
tern1Ïner Ies évêqucs allemands à cn voyer à vV urz- 
bourg ùes délégués ponr eréer une grandc associa- 


1. Friedrich, Doelliuger, Ill, po 148-14tJ. 
2. Knoodt, Ope cito, II, p. 538. - Sur Jean-Emmanuel Veilh (1787-1876). 
voir Joh. Loewe, Johann Emanuel "Veith, eine lJiofji'llphie. (Vienne, Brau- 
mueller, l
jg). C'étaiL Veith qui avail rédigé la formule de soumissioll de 
Guenther au décrel de l'Illdex (Reusch, Allgemeine Deutsche Biographie, 
XXXIX, p. 5:;3-555). - Cf. dans J .-M. Hcinkens, lleinkens, Jlo 70, le récit d'une 
visitc à V cilh (novcmbre 1
li7), loujours tl'ès hostile aux. décisiollS romaines sur 
Ie dualisme. 
3. Déjà en 1840, peu après l'Asscmblée épiscopale de Wurzuourg, Ie profes- 
seUl' Ritter, de Breslau (1787-1857), avail songé à la convocation d'une assem- 
Llée de lh{'ologiens, mais avail, d'apl'
s Friedrich, rcdoulé l'opposition de 
Geissel (Friedrich, Doelli1t!Jc,', II, p. ,jOi -
i(jO). 
4. Voir ci-dessus, 1'. 231, n. 2. 
5. Friedrich, lJuelliu!Jel', Ill, 1'. 2J2-254-. 



254 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


tion scientifique catholique 1. Doellinger, en octobre 
1 R62, se mit d'accord avec Hirscher et Alzog 2, de 
Fribourg, avec Dieringer 3, de Bonn, pour tracer 
un programme de congrès; rnais ce programme, 
qui pl'ùnait la Jiberté de la science et semblait 
frondeI' les congrégations romaines, suscita les 
objections du l\Iayençais Heinrich; les professeurs 
de Tubingue se montrèrent très froids, et bientôt 
I-lirscher s' effaça, jugeant que l'idée n 'était pas 
nlÎlre 4. Cependant line démarche de l\lichelis, au 
printemps de 1863, ressuscita Ie projet: il s'en fut 
voir à Vienne Ie nonce de Luca, à lVIunich Doellin- 
gel' :;, et tra vailla si prestement que Doellinger el 
son collègue Haneberg 6 convoquèrent un congrès 


1. Fricdrich, Docllinger, Ill, p. 301. - Dès 1859, De Luca se cOll1plaisaiL 
dans Ie l)rojel d'assemblées de savanls calholiques (Slamm, COnÞ'ad 

fQ),tiiì, 
p. 184). 
20 Sur Jean-Baplisle Alzog (1808-1878), voir Weech, Bwlische BioYl'apltien. 
Ill, p. 1-5 : c'êlait un homme de jusle milieu. - Son Histoire UJlivel'selle 
de l'Église fut lraduite en frallçais par Goschler, Audley el Sabaticr (Paris, 
Sarlil, 1874-18í5, 4 voL), el son Manuel de pall'ologic par l'abbé BcJel. 
(Paris, Gaume, i8(7). 
3. Sur Dieringer, voir ci-dessous, p. !67, n. 1. 
40 Fl'iedrich, DoelLinger, Ill, po 28ß-296. 
5. Friedrich, Doellingel', III. p. 302. 
6. Sur Daniel-Boniface Haneberg (1816-1876), professeur à l'umversit6 de 
:Munich depuis 183!), abbé bénédictin de Saint-Boniface depuis 1854, voir 
Schcgg, El'innel o ungcn all Ð. B. v. Raneberg (Munich, Stahl, 1880). HébraÏ- 
sant dès son cnfance, Ilanebcrg était très distingué comme orienlaliste et comme 
cxégèle; ses prédicalions, lrès émouvanLcs, très pénélranlcs, rappelaient l'élo- 
quence de saint François ùe Sales. Son rôle d'instigaleur du Congrès des 
savauls catholiqucs de Munich Cut l'une des raisons qui empêchèrcnl Rome, Cll 
1866, de l'acceplcl o pour l'évðché d'Eichstaell : il devinl en 18í
 évðque de 
Spire. Son HistoÌ1 o e de ia l'évélation biblique Cut lraduite en français par 
Goschler (Paris, Valoll, 1856, 2 vol.) : on y trouve, II, p. 4û!), une lhèsc, 
implicilemcnt condamnée par Ie concile du Valicau, sur l'illspiraLion de l'Écri- 
lure, Lhèse d'après laquelle l'inserlioll ù'un ouvrage par l'Église au canon dcs 
liHcs inspir,
s 8uHil'ail pour flue cc livre, mème n'ayalll pas élé effeclivement 
écrit par inspiralion divine, devînl sacr6, dc profane qu'il 6tait. (Vacant, 
Études tluJologiques SUI' les cOllstitu,tions dll concilc du Vatican, I, p. 4ûÛ-462). 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


255 


à l\lunich, pour Ia fin de septemhre 1. Dc Luca ne 
tarda pas à sentir que cette assen1bIée n'aurait rien 
de con1n1un avec l'as
ociation qu'il avail rêvée, et 
Gonella, nonce de l\Iunich, se montra fort inquiet 2 : 
qu'allaient faire ces professcurs, brusqucn1cnt réu- 
nis en une façon de synode, sans convocation 
préaIable de l'autorité ecclésiastique? L'évêque 

IarLin, de Paderborn, défendit à ses prêtres d'allcr 
à l\lunich 3 0 l\lais il était trop tard pour meltre un 
veto, et les 
Iayençais, d'ailleurs, qui donnaient 
au nonce toute sécurité, acceptaient Ie rendez- 
vous. Le 30 septembre, Ie congrès s'ouvrit. 
On y rut d'accord pour l'action: d'intéressantes 
décisions furent prises au sujet de publications 
savantes et populaires:.. On y fut d'accord pour 
voter que les savants devaient être attachés aux 
vérités révélées et se soumettre aux énoncés dog- 
matiques de l'Église infaillihle 5 : quatre congres- 
sistes seulement refusèrent de souscrire à ces pro- 
positions, qu'ils eussent voulu con1pléler par une 
form ule sur la Iiberté de la science 6. l\Iais sur ce 


1. Verlwrtdlungen del' Vel'sammlung Katlwlischer Geleh,.ten in .lIfllenchen, 
po 3-8 (Ralisbonne, 
lallZ, 18û3). - Dans les convocalions, beaucoup dOoublis 
furenl commis: Joerg explique flue Doellingcr ne connaissail guère, person- 
ncllemelll, que des hommes qui devaient êlre plus lard les chefs du vieux- 
caLholicismc (D. P. JJ., 1890, I, p. 253-254
. 
2. Friedrich, Doelliuger, III, p. 305. 
3. Friedrich, Docllinger, III, p. 30i. 
4. Yel'handlungcn, p. ï3-H eL 129-1;-]0. Peu de temps avant, Docllinger 
carcssail Ie rêve d'une (( biblioLhèque caLbolique )) pour prêlres eL d'ulle sorLe 
de (( panLhéon allemand )) llui eûl élé << UllC prise de possession de l'hisLoire 
d'Allemagne au point de vue calholique)) (Friedrich, Doellinger, 111, po 281). 
5. r e1"lwlIdluli[Jcn, II. 97-1 t!). 
6. Friedrich, DoelliugeJ', Ill, p. 330. 



2J6 


L'ALLE1IAGNE RELIf;IEUSE 


ùpruier point, Loute discussion risq uaiL ùe Lrans- 
forn1cr Ie congrès en un0 mêI
e; el Ie débat fut 
ajourné. Les congressistes, en définilive, ne com- 
n1Ïrpnt aucun acte forme1 dont ROllle pÙt leur faire 
un grief; iis envoyèrent même à Pic IX un mes- 
sag-e fort séant 1 . 
l\Iais ce que devaienl retenir, de ce congrès, Ia 
presse et l'opinion publique, c'élaient les manifes- 
tations oratoires faites par Doellingcr, qui en étaÏt 
Ie président 2 . Doellinger, admirable d'éloquence, 
présentait à l'univers chl'étien la théologie alle- 
Inanùe, et définissait Ie rôle auquel dans l'Église 
celle force nouvelJe était appelée. Son discours 
était une déclaration des droits. << Dans Ies choses 
religienses, expliquait-il, c'est ]a lhéologie qui 
dOllne it la saine opinion publiC{ ue son essence et 
sa vcrtu; et ù('vant erHe opinion, it la fin, tous 
sÏnclinent, mt'file les chefs de l'

glise, mème Jes 
dépositaires du pouvoir. Conlnle au ten1ps hé- 
braïque Ie prophetisme coexistai t a vpc Ia hiérar- 
chie sacerdolale, il y a aussi, dans I'Église, une 
puissance extraordinaire à cûté des puissances 
ordinaires, el c'est l'opinion publique 3. )) Ainsi. 


1. Ve1'hahl 1 lungen. p, 93-94. 
2. L'opillion catholique était d'autaut plus chatouilleuse, quc Doellillger venail 
de poblier son livre des Pl1pslfaúeltL, oil il disculail certaines tradilions el 
légendes ecclésiastiques, C't illtCl'prélait dan'i un sens fort peo (( ultr.lOlOntain )I 
les dét'aiJlanccs des papes LiLère et Ilonorius, ct dont les principam.. chapiLres 
furcnl traduits cn français. tie 1
G3 à 1865, tlans les Ar'cltivcs lltéolo!/ifJues de 
l'aLbé Belet. - Cf. Reinhard, l
tude critique 8ur quelques papcs du rnoyen- 
lÌye. du pl'Ofesseur lJoellinyer, Nancy, 1865. - Sur les crili(lues dout ce livre 
full'objet, voir Friedl'ich, JJoeliingc1'.lII, p. 310, et la Civiltâ Cattolica de 181;i.o 
3. Voir sur celle lhéorie -. que rcpril )lichelis, IGrche ode]' Pm.tei, p. 4. 
(:\luensLer, Brunn, 1!:\lì5) -, les cl'Ïtiques du 1'. .Michael, IY1Ut:; 1'0 lJodliJ/!/l:t', 
eine Clwmktcl'istik, p. 19 
lnnsJJl'ucb., Rauch, 18n
). 



LES CRIS
S INTELLECTUELLES 


257 


semblait surgir, à côté de la hiérarchie, et, s'ille 
fallait, PH face d'elle, nne science qui viserait à 
être rinterprétation scientifique de l' opinion chré- 
Henne, ct qui seraiL juxtaposée plutôl que subol'- 
donnée à l'autorité ecclésiastiquc. 
Cette théologie, queUe serait-elle? et ceUe opi- 
nion pub1ique, OÙ la recucillerait-on? Serai t-ce 
en France? Non, cerles, car Doellinger n'avait que 
mépris pour nos quatre-vingts séminaires Oil Ie 
clergé s'isolait de la vie nationale 1. Serait-ce en 
Espagne, en Italie? 
Ioins encore, puisque, au 
jugement de DoelJinger, I'lnquisilion, en Espagne, 
avait tué la vie intcllectuelle, et puisque les !{os- 
mini, les Gioberti, les Passaglia, étaient en déli- 
catesse avec Rome. A grands trails, l'orateur reh'a- 
çait la détl'essc de la théologic dansles pays latins, 
et contestaÏt d'ailleurs que la scolastiquc fût capa- 
ble de créer (( un édifice doctrinal harmonique, 
répondant effectivement à la richesse interne des 
vérités révélées )). Et puisque (( les deux yeux de 
la théologie sont la philosophie et l'histoire)), 
puisquel' Allemagne, dansces deux domaines, deve- 
nait (( l'institutrice de toutes les nations >>, c' est pour 
1a théologie allemande que Doellinger revendiquait 


1. Dès 1849, Heinrich, de Maycnce, avail défendu Ie clergé beIge et le clergé 
français contre Hirscher, qui déjà s'cn faisait Ie délracteur. (( Si Hirscher pou- 
vail visiter la Belgique et Ia France, écrÏ\ait Heinrich, et voir si ce clergé sc 
tient tellement en dehors du peuple, eL si un bon prêtre est aussi unpraktisch 
qu'ille prétcnd ! >> (Die Jlil'chliche Rcform, I, p. 111; cf. II, po 39, note, ct 
po 104, les témoignages d'admiration de Heinrich pour le cIergé fl'ançais). _ 
Cf. dans Friedrich, Doellinger, I, p. 367, une leLlre de Greilh, disciple de 
Doellingcr et fuLur évèque de Saint-Gall, comparallt la formaLion théologÌfluc 
allemande et la formation sulpiciennc, dont il s'en Caut de bcaucoup 'r't: 
Greith parle avec malveillance. 


IV. 


17 



258 


L' ALLE
lAGNE RELIGIEUSE 


dans J'Église univf\rselle unf\ place tl'élile, d'où 
clle se fìL entc'ndl'e, écoutcr, cxancer. 
Ignace Doc1lingcI' ainlaÏt ]a science ..l ainlait 
J'AlIclllagne: il pl'éLen.Jait, en face du \Tatican, les 
rcprl
senlcr toutcs deux. II faHaiL qn' on slÎL, à Ronlc, 
que Ie cerveau de ]a chrétienté était en Allemagne. 
Quatorze ans auparavant, Buss, Ie publiciste 
caLholique ùe Bade, avait réclamé que Ie Saint- 
Siège envoyât partout en Allemagne des t.héolo- 
giC'DS pour cnseigner à l'Église aU{\nlande la vraie, 
]a seule nléLhode 1; il jugeait, lui, que l' Allenlagne 
avait besoin de Ronle. l\1ais DoellingcI' proclanulit 
que Rome avait besoin de I' Allemagne: c'était la 
science germanique, et elle seule, qui o{frait à 
1 'Église une (( façon scientifique de prendre cons- 
cience d'eJlc-nlême, de son passé, de son présent 
et de son aveniI', de sa substance doctrinale, de sa 
constituLion, de ses règles de vie )) ; l' Allen1agne 
cultivait et développaiL, sons Ie nom de tl1éolo- 
gie, Ia (( conscience scientifique de I'Église 2 )). 
On devine la surprise de I'école ad verse 3. La 
pensée allemande des cent dernièrcs années avait 
produit une série de systèrnes dans ]esquels les 
théologiens du Saillt-Siège recherchaienL en 
vain leurs façons conlnlunes de penseI', ot qui ne 
leur appal'aissaient pas sculemenl conlIne des 


1. JJuss. Dcr Kampf der IGrche gC!lcn den Staat wn ihre Fl'ciheit ill 
Fl'ankrcich und in Tcutschl(uul (Schaffouse) Hurler, 1850). - cr. Hefelc, 
Theolo!lischc Quartalschrift) 1850. p. 1ô2-Hì3. 
2. Le Lc},lc inLégral du disc ours de Docllingcr cst publié dans lcs VC1'ItU1ll1- 
lUltgcn, p. 25-:59. 
30 La Civiltlì Cattolica publia une riposlc. due à la plume du célèbre P. Curci
 
'Iui u'avaiL pa.:; cncore l(uiLté I'Eglisc (Fricrlrich) Ducllingcl'. Ill) p. 348). 



LES CIUSES INTELLECTUELLES 


259 


erl'curs de logique, nIais aussi, mais surtout, 
comnledes attitudes nIonstl'Ucuses de l'intelligence 
Inunaine: I' Allenlagne ue Kant et òe Fiehle, de 
lIege! et de Frncl'bach, lenr faisait l'effct, ou à pru 
près, d'èlre Ie pays de l'absurde, oÙ Ie monde exté- 
rieur 
e niait, oÙ l'identité des conlrail'cs s'affir- 
mail. La sollicilucle qu'ils avaient pour l' édifice 
dogmatique s'étendait aux avenues nIèmes de la 
foi : illeur semblait que la nouvelle philosophi{\ 
allemande dévastaÏt ces avenues. HIeuI' avait suffi, 
des siècles durant, de donneI' à la doctrine catho- 
Jique, conlme assise et comme cadre, certains pos- 
tulats philosophiques cmpruntés au sens conlmun, 
- à ce sens commun contre lequel les systèmes 
allenlands paraissaicnt cn insurrection. Et voilà 
qu'en substance, par la bouche de Doellingc)
, cctte 
1-\Hen1agne venait leuI' dire: C'est nIoi qui rcpré- 
sente la pensée et qui sans vous, au-dessus lie vous, 
nlalgré vous, s'ille faut, représenterai désornlais 
Ie catholicisme. (( L' A.Hcmagnc, rcprenùl'a Licntôt 
Frédéric NIichelis, a paroIi les peupies In. place 
de Paul paroli les a pôtres. En opposition spéciale 
avec les Latins, elle a celle vocation historique, de 
faire face au péril, qui hUlllainement existe tou- 
jours, de l'engouruissenlcnt ue l'

glise; c'cst dans 
l'idée de l' Église que s'aplanit Ie conLraste de l'é- 
lénIent alleoland et òe l'élénlent romain:l. )) 


1. Micheli
, Kirche oder Par-lei, p. 34 (Muensler, Brunn, 1865). - Ouatre 
J.ns avant, à la réunion d'Erfurt OÙ s'étaient l'encolltl'és calholiquf's et. pl'oles- 
tauls cl'oyants, Fl'éd('ric .Michelis avail tenu, sur la }Jlace de l'élément germa- 
:lique ùans n<:g-lise, des propos tJui peuvent être rapprochés de ce discours de 
1J0eilillgcl' (Clarus, Ope cit., po 118-121). 



260 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


Les théologiens de 1\1ayence et VV urzbourg, pré- 
sents au congrès, s'émurent de cet excès d'hon- 
neur que Doellinger accordaiL à I'Allpmagne, et 
du nlépris qu'il affichait pour ]a science italienne. 
11 y avail aussi, dans son discours, certaine dis- 
tinction entre les erreurs dogmatiques et les erreurs 
théologiques, dont s'alarnla leur orthodoxie. 1\lou- 
fang iut en son nom et au nom de Heinrich, de Her- 
genl'oether, de Hettinger, de Haffner, de Schee- 
ben, une déclaration sommaire, qui formulait 
leurs objections 1. L'harmonie superficielle de l'as- 
scmblée n'en fuL pas troublée, mais Doellinger, 
dans son discours final, souligna I' existence de 
deux écoles rivales, qu'il dénommait l'aLlemande 
et la romaine. L\lne, disait-il, tire avec des armes 
à feu, l'autre avec des llèches. Et il suppliait celle- 
ci de ne plus céder à une nlanie de dénonciation, 
d' être moins prompte à crier à l'hérésie, et de ne 
pas décourager, par des menaces de censure, les 
initiatives des jeunes travailleurs 2. Heinrich inter- 
rompit pour justifier l'école romaine, et ce fut cette 
école qui, par I'organe de Moufang, porta Ie toast à 
DoelJinger, au banquet de clôture 3: ainsi se pro- 
longeait, jusqu.au terme, ceUe sorte d'accord dis- 
cordant, concordia disc01'S, dont parlait spirituelle- 
ment un congressiste 4.. 


1. Friedrich, Docllillye1', III, po 323-3
5. - Sur lc WurlemLel'geois L
opolò 
Haffner (i828-1899). élèvc et répélilcur à TuLing-ue, professeur au séminaire dl 

layence en 1855, évêque de l\layence en 188G, voir Neher, Pusonal. Ealalofj 
tier Geistlichen des lJisturns RottenLu1'g, p. 12G-127. 
2. Ve1'hllndlungcn, p. 130-133. - Friedl,jeh, Docllinycr, III, p. 332-333. 
3. Verhalldlunyc1I, po 139-140. 
'1-. Friedrich. DoellingeJ'. Ill, p. 330. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


261 


En se quittant, on s'était dit au revoir: eet au 
revoir fut un adieu. Le téIégramme de eon1pliments 
que Ie futur cardin31 de IIohenlohe 1 avait, au nom 
du Pape, exp
dié à l'asscmbIée, fut bienlôt suivi 
d'un échange de correspondances entre Ie Saint- 
Siège et l'archevêché de l\funich 2. Le disconrs de 
Doel]inger était survenu juste un n10is après celui 
de Montalembert à 
Ialines: Ies anxiétés s'accu- 
mulaient au Vatican. (( Ce pariementarisme dans 
Ie domaine théoIogique manqllait à nos misères ! )) 
s'écI'iait Laurent, l'ancien vieaire apostolique do 
J..Juxembourg 3 .. Une sorte de prétcndantc avail surgi 
dans l'Égiise, avec un avocaL merveilleux pour sau- 
tenir ses titres: clIe s'appelait 1a science théolo- 
gique, baptisant d'un vieux nom r(\spcctable une 
pcrsonnalité très non vol] e, ot aspirai t it rcprendre 
dans rÉglise, insuffisamment repL'ésent(
e pal' lcs 
synodes provinciaux, Ie rôle imposant ct Iégèl'e- 
lllont impérieux de Ia vieille Sorbonnc}. Rome Iui 
barra la route. Pie IX, par un bref du 21 déccmbre 
i8G3, tout en exprimant l'espoir que les bonnos 
int(\nLions des congressistes pl'oduil'aicnt de bons 
fruits, dépIora qu'uno ass(\mhlée de théo]ogiens se 
fût ainsi réunie par une sorte d'iniLiative privée, 


i. Sur GusLavc-Adolphe de Hohenlohe (1823-18!1ti), élève d(' L'Académie ecc1é- 
siasti(lue de Rome en 1847, grand aumònier de Pie IX, cardinal en 1866, voir 
Rusl, Rcichskan:::lcl' F
tCrst Hohenlolw, p. 83G-911; - Kraus, Essays, II, 
p. 165-175 (Berlin, Paetcl, H)02); et ci-dessous, p. 3'i-5. 
2. Friedrich, Ope dt., I1T, p. 33:;-33Ð. 
3. :Moellcr, Lmtl'cut, Ill, 1'. 74 j - ct cr. mêllle VOIUlIl<', III, p. >..11I-XXVI1I, 
les gloses fort hostiles (!u'avait inspirécs à Lam'ent Ia lecture de la feuille d.'invi- 
Lation au congrès. 
4. Tel spm}Jle avoir été, un instant, Ie rêvc de l'évèquc GrcHh (180;)-1882), 
de Saint-Gall, ami de DoeHiI1g-er (Fric(lrich, Docllin!Je,,, III, p. 364). 



262 


, 
J. AI.LEl\fAGNE RELIGIEUSE 


sans inlpulsion ni mission de la hiérarchie, it qui 
pourtant (( il appartient de diriger et de snrveiller la 
théologie 1 )). Les aspirations, qui s' étaient fait jour 
òans ]e congrès de 1\lunich, <llnenaient Ie Pape à 
combatlre, avec un renou veau de vigueur, cer- 
taines théories sur la libel'té de la théologie. Les 
professeurs et les écrivains catholiques pOll vaicnt- 
ils s'accordcr toute licence, sons réserve de l'adhé- 
sion aux dogmes formels que propose à la foi conl- 
mune I'infaillibilité òe rÉgIise? Pie IX redisait que 
non: leurs oblig'ations inteHectuelles formaient Ull 

 , 
réseau singulièrenlcnt plus lénu. L'EgLi
e récla- 
111ait qu'ils acceptassent d'elle, tantôt certaines 
disciplines de pensée que fat
ilelnellt ils trouveraient 
trop pesan tes, tantòt certains postulats de bon sens 
que peut-être ils seraient tentés de réputer falla- 
cieux, tantôt certaines opinions théologiqucs qui, 
sans appartenir à l' édifice du Credo, lui sel'vent en 
quelque mesure d'arcs-boutanls, ct tantðt enfin cer- 
taines décisions doctrinales qui, pour n 'êlre point 
infaillibIes, rcquirrent néanmoins I 'assentiment 
inlérieur de l'csprit. La théologie, qui a\-ait scnlbIé 
trôner à 1\lunich, comme une souvcraine avenLu- 
reuse, réapprcnait de Pie IX que, sons 1e contrôle 
de ]a hiérarchie, eUe étail, avant tout, une écolière 
et une héritière. L 'Angle terre catholique subit Ie 
conh>e-coup de eel in
idenl : lord Acton el Sinlpson 
c
tinlèl'el1L que Ie lio'juc and ]?orci,r;n RCt'iczv, qui 
souLpuail des idées analogues il cclles ùe Doellillgpr, 


1.. Recucil dcs allocutions, cncyclilJucs, lctll'es, dUes (lulls Ie Syllabus, 
p. 49G-505. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


263 


d0vait cesser de paraîlre; et les correspondances 
récemInent publiées par Dom Gasquet semblent 
proll vcr que lortl Acton pLait d'une nature plus 
soumisc que son nluÎlre Doellinger 1. 


\T I I I 


Doellinger, lui, s' exacerbait. Son ami 
Ioy, Ie 
célèbre canoniste, lui faisait observer qu'il éLait trop 
sévère pour la théologie italienne ; l\Ioy parlait en 
vain 2. L'école de 
Iunich interprétait comme un 
nouvel acte d'hostilit<S de la part de Rome la con- 
damnation par l'Iudex de l' Histoire du schisn-tc 
d'OJ'ient, du prètre Pichler 3. Certaines bL'isures 
survenaient entre Doellinger el scs intimes d'autre- 
fois: avec Phillips, taxé d'ultramontanisme fana- 
tique, la rupture était consomlnée I.; l'hospitalité 
qu'accol'dèrentau scolasLique Schaezlcr d lcs J 1 cuilles 
historico-politiques refl'oidit à jamais les rapports 


1. Dom GaS(luct. L01'd tcton will his ci7'cle, p. LUI\'-LXXVI et 317- 3:W (Lonòres, 
George Allen, 190G). - Los théolo
â('ns do Munich n'acccptèrent pas lcs con- 
ditions quÏmposa la noncialuro de Munich, par une lettre a!lx évèque5 cln 
5 juillet 18(H, aux CutUI'S congrès dc savants, ct s'ab"tinrent do prendre part au 
rcnùcz-vuus scicnlifiquc que l'rirent enll'c em:. lcs )lJ'ofcsscl1rs ùe 
1 aycnco d dc 
\VurLbonrg à l'occasion du congrès catholique de Wurzholll'g' tFriedrieh, lJod- 
1 illflC7', III, p. 365-366). - Frédéric ì\lichelis aUriLue l"IlOstili lé de la nonciaturo 
ùc 
Iunich à l'ascendant ùu jésuite Jackel (liÚ'che odcl' Partci, p. 15). 
2. Friedrich, Doe lli 1t!JCl', Ill, p. 347. 
3. Aloys Pichler, Geschichte dCI' ki1'chlichen T1'CII11WI(j :;wischcn dent (}j'icltt 
7.wd Occident, 2 vol. (Munich, Riegpr, IHG4-1
ti:j).- SUi' Ie prèlre AI(\is Pichler 
(18:
3-t874), voir Silbernag-l, Dic I1ÙcltenpolitischcT/. Ultci r'cli!Jiocscn Z
tstacltdc 
im 19-ten Jahrhundert, p. 27G lLanòshut, Kl'uell, 1!J07). 
4. Friedrich, Ðoellin!JCl", Ill, p. 13!L 
5. Sur Schaczler, voir ci-dcssous, p. 281,. 



26q. 


..'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


entre Doellinger etJoerg, qui dirigeail celle revue 1. 
El sous son toil même, la mort Iui enlevait son 
an1i Aulike, Ie haut fonctionnaire cathoJique de 
Berlin 2, qu i peut-être aurait pu l' arrêter sur Ia 
pente oil certains de scs ennen1is contribuaient à 
Ie pousser. 
De ces deux puissances hostiles, Rome et Doel- 
linger, que volontiers Doellinger eill mises sur un 
pied d'égalité, la plus conciliante encore était Rome. 
(( On vous y aime beaucoup, quoi qu'il soil survenu, 
écrivaità Doellingcr, ennovcmbre 1864, lejeunehis- 
lorien Janssen; ct vous dcmeurez Ie }JtÙnus dOCtOl' 
Ge1'lnaniæ. )) l\lermillod, de son còté, racontait cer- 
tains propos de Pie IX, flatteurs pour rillustre 
Ravant 3. l\lais il semhle que ce]ui-ci méprisåt dé- 
sormais toutcc qui vena it d'ItaIie, n1êm.e Ics hon1- 
magcs. 11 accusait Ie Vatican de transfoJ'n1cr en un 
cimetière Ie champ de la litlérature catholjque alle- 
mande, et, sans qu ïl pensât à s'interl'oger lui-même 
sur ses responsabiJilés à l'endl'oit de Rome, il impu- 
tait Ies susceptibililés romaines 
t quatre causes: }' es- 
prit de particularisme italien, les progrès de lïn- 
fluence française snr lesbordsdu Tibre, l'infiltralion 
dans les diocèses allemands des clercs éJ.evés par] cs 
Jésuites, enfin la multiplication des Jésuitcs eux- 
mêmes 4. Dans ses discours de 1864 sur Maxin1i- 


L Frieùrich, Doellin{Jcr, lIT, p. 3H-34G. 
20 Friedrich, Vocl/il/gcl', III, p. 411. - SGr AnliJ..e, voir noIre tome 111, p. 221- 
3. Friedrich, Ðocllill!lC1', III, p. 374. 
4. Friedrich, Docllingcr, Ill, p. 365-36G. - II dissuaùait Micheli:; de Caire Ie 
\oyage de Rome, où on Ie forcerait ùe s'agenolliller devant les con
régations, 
devant Ie consensus tlu:ologorum, devant la 8colasl ifIUCo 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


265 


lien III et de iR6G sur les Uni versités 2 
 il affectait de 
reprendre ses Lhi\ses de l\[unich, et glorifiait Ie 
sacerdoce scientiIiquc de Ia Germanie 3. L'État en 
personne, patronnant ef développant l'enseigne- 
ment supérieur, devenait pour Doellinger Ie 
garant par excellence du progrès de la science; 
l'État enseignanL préservait l' Allemagne de cette 
ignorance italienne, qui faisait de Ia théologie (( une 
femme névrosée, crain live des courants d'air et 
des aJiments substantieis I. )). 
Ce compJiment visait Mayence, W urzbourg et 
Rome. On allait répétant que Rome n'était plus 
l'ÉgJise, mais un partie J? glise ou pal.ti? tel étaH 
Ie titre d'une brochure impertinente dans laquelle 
Frédéric l\Iichelis signifiait à l' Allemagne que ]a 
crise (( ultramontainf\ )) étaH peut-être aussi grave 
pour J'Église que celIe de l'arianisme, ou que la cap- 
tivité de Babylone. Et la riposte d'Hergcnroethcr 
s'intitulait : Église, non pal,ti 'oj. lVIoufang, aussi, y 
allait de sa réplique. Jean Hllher, jeune philosophc 
de Munich 6, dirigpait deux br'ochures virulentes 


1. Doellinger, Akademischc rorlraf'[Jc, II, p. I 03-22ï (NoerdIingí'n, Bcck, :1889). 
2. Doellinger, Akademische Vortraege, IT, po 3-55. 
3. Friedrich, noel/inger, Ill, p. 3GQl-3GJ. - (( L'AlIemagnc, exp1ifluait Doel- 
linger, cst lc creur de rEurope, ct plus quc cela... EIlc est Ie cenlrc spirituel 
flue produil, ou bicn qui atlire, élaborc ct propage à nouveau loules les iclées 
agitant Ie mondco.. A un plus haut degrp quc lout autrc peupIc, les Allemands 
",ont, dans lc mondc modernc, comme lcs Grccs dans l'ancicn, appcl
s à la 
prèlrise dc la science. >> 
4. Friedrich, J)ocllinym", III, p. 432-434-. - Cf. TheolofJische8 Lite1'atw"blatt, 
t RGfì, p. 502-50
, et J 8fì7, p. 138-H 2. 
!j. l\1ichelis. J{Í1'che OdCl' Fndci? Ein offcnes unci {reics 1Y01't an den 
dcut8chen Epislwpat, po ß. (:\Iucllstel", Brunn, 18(5). - Hergenroelher, líi1'che 
unci nicht Pm'tei: eine Antwol'to (Wurzbourg, Stahcl, 186:';). 
6. Zirn
icbI, Johamlel IhtbCl', p. D6-13R (Gotha, rerthe
, 1881}0 Nous 



2G6 


1..' ALL E1UAGNE flELIGIEUSE 


contre Ie professeur Stoeckl, de l\IucTistcr, coupable 
de tholnisnlr. 
Des arInes nouvelles se forgeaient. Dans Ie camp 
oÙ, scIon l'expression de Doellinger, on sc baUait 
avec des armes à feu, Ie jeune professeur lleusch 
fondait à Bonn, en 186G, ]a Feuille de littéJ'alure 
tltéologique 1. Elle rccrutait des collaboratenrs très 
divers, el, IOl'sque l'honneur de In. science cathoJique 
allemande lenr paraissait être en .len, ces profes- 
seurs s'insurgeaient contre quiconque osait y lou- 
cher, fCLL-il évêque, fCLl-il l{etleler 2. La signature 
de Heusch 3, qui devait nlourir hors de l'Égl ise, y 
,oisinaiL avec celle de Simar 
, dont Léon XIII fit 
plus tard un archevt-que de Cologne, el de Linsen- 
mann, qui nlourL'U évt'que de HoLtcnburg. Di(\]'iTl- 


rclrouverolls plus tm'J Huber (18:JO-tR79) dans l'hi,,;loil'c tlu "icux-calholiei
rne. 
- Sur le scola
LilJue Alhert Slof'ckl (182
-18(15), pl'OfC8Sel1l' à EiehsLaelL de 1R;)
 
à t
6
, à Muensler de t8(j
 à 1Bil, voir H.ornslo('cI
, j'ersonol.<Jltrtlstik '/J../l(l 
J/iblio(Jrapltic dcs !Jisc/we/lichen L!lc('ulllS in Eichstactt, p. 157-1ü2 (lng-ols- 
laùl. Ganghofer, 1fì
H), eL EJ'iwlCruJt!Jcn von cinc1Jt allcn .J11ucll,vlaancr, 
p. 1!)1-1U:J. 
1. Voir Fril'drieh, Doclli1l!JC1', Ill, ]I. 410. to 1\:0 Goelz, FI'flIl:: Heinrich 
Rcusch, p. 40-
.4 (r.olha, Pf'rlhcs, 1!J01), f'l J.-F. 
CIIUII(>, LcI'('lISC7'inncrungcTI, 
p. 2ül-2(i:L 
2. 1'ltcolo!Jischcs LitcJ'atui'lJlalt. 18Gi, p. 
07-213. 
3. Sur François-lIf'Ilri Reusch (1 R2:j-HJOO), p1'ivat-do::cJLt à I;OIlIl l1e 185l. à 
18Gl, lwofesseur d'e},.{>gr-se du Vim1'\: Tf'slament dans la mèmc uni'f'r
il{' it partir 
d(' 186-1, plus tal'<I vi(>n
-catholi(lue, voir oulrc Ie livre de Goelz, Mf'nn, Revile 
intr1'nfltiollale de lh('vlu!Jie, 1!'1M, p. 38-72, 4(j::!-4
4, 72D-74
, et 1!H)7, p. 7;,-U3 
f'l 4(ì2-
.80. - Son li\ rf' : La JJiMc ct la Jtatw'c, It'COIlS ,'lW' l'/tislu1I'c lJibliquc 
(lc ia créntion (/rw,'l ,lies r(1pports avec les ,'lrie1lccs IHtt111'clles, ful ll"lùuit pn 
f"aneais par I'ahhé Xo I1erlf'l. Paris, Gaumc, J 8(7). Sur If's défi:ll1cCS 'Jue de longue 
<.Ialf' Heusch illspirail à Gcj
scl, voil' L. K. GOdl, up. cit., po 12 cll;;-lG, 
4.0 Sur IInJJf'rl- Th{'o]lhi Ic Si mar (U;:::i-l D02), voi(' Laueherl, dans Bcltf'lhcim, 
Dio(J1'ItJllti.'lche.'l Jahr(,uch., VII, p. 
!)2-2!)3. - Sur Fr.lllçoi
 Xavic(' LillSClJmalln 
(1835-189R), voir Laucherl, All (Jcml'ine tI cutsche lIio.qraphic, 1.11, p. 2-4 : 
Lin:,enmann demandait lJu'on traduisiL dans la lauguc philosophirIlle allf'TIlandc 
'ns If'rnlf's et CO"I'f'pts s<,oJa<;lil]ur5 (T/lCOlo(jiscl'cs Liltcl'rtIUJ'!Jlall, 1RG7, 
p. I
U-I!I}). 



LES CRTSE
 INTEI..LECTUELLES 


2G'7 


gcr, Ie professeur de Bonn 1, Y tcntait une criLiquc 
t1'(\S fouillée de l'cITorl philosophique de l(lculgen : 
qu'il Jl'y cûL plus ùe salnL en dt\hors de la scolas- 
tiquc, c'esL ce que l)icl'inger l'efusait ù'admcLlre; 
il vouJaiL au contrai I'C <I ue l"ÉgJ ise parJàL it chaque 
époq ue la langue de cclle époq ue, ct regreUail 
q ue I\Jeuto'en Lrès su p éricur (< OTâce 
t sa cl lllurc 
t) , , b <. 
allcnlande >>, aux J ésuitcs transaI pins, fll L trop pell 
::3oucieux d'élahol'er un conlpromis définitif enlre 
la lhéologie du DIOYCIl Ùge et celle tiu XIX C 
iècle. 
La collection ùe ceLte FCllille entre 18tH) et 1
70 
dCIllClll'e Ull dOCllJJlenl ulliq He sur un 1110nlPnl ùe 
la penséc rcligieuse allcIuandc: presque tous lc5 
écrivains éLaicnt animés d'un t
g;al désir de sou- 
'-- 
tenir la confession catholique cL de convaincre 
d'inlcmpérancc Oll <.I' cxagéralion les partisans de la 
scolasLiq lie ct les pu blicisLcs qui souhailaicnt 
accroîLre les pou voil's d u SainL-Siègc 2. Les ]/cuilles 
d(' Culog nC, qnoti dicnnel11cnL puhliées par Joseph 
Bachplll, éLaicnt ouverlcs 
t Hpusch, cl I\.ctLcler 


1. Voir 1.\ hl'ochurc oil Dieringcl O l'ecucillil ses al'liclcs ; Ilie l'!teolo!Jic dCI' 
1 or- Ulul Jcl=l=cit: pin /Jcitrnrl ;;ur Va.r;[((elldif/W1fl, p. XIV-XV, 1 el 5.) (Bonn, 
lIt>nry ,tI
lj
)o François-Xa\'iel' j)ierin
..:er (1811-1 SiG), IH
 dans la pl'illcipaulé de 
I1oheDzollcrn, avail dans sa jcuncs:se vu se fermer ùevauL lui, à causc Ilc ses 
id -'es (( ulll'amonl.\iul'S., tout accès i\ une chaire de l'univcrsilé de Ft'ibourg, 
(;cissel ra\ aiL recueiIli comme llrofc8sNu' au 
{'minajl'(" de' Spire (It'ì to), puis faiL 
1IOml1\el' à la facullé ùe Boun (1
 \.
). Fonualcur de I'A.S'iocialioll Saiul-BorroméC' 
POIll' la difrusion des lIons livre,.; (IH4G), nH'mhrc du parlemellt dc Fl'allcforL en 
ll\íl', Diel'jug-pr, (Iui comhaUit ks itll
es s
nodalcs de llil'schel' et Ic gunlh{oria- 
uisme, fuL pIIlSil'ul's fois IH'Opo,,{' par l'épi
('opaL eL IOlljoUl'S rayé parle gouvel'- 
1lI'lIJenL prussicll. l
n 1870, il 11e :se 
(}ulIJiLlJuc lenle\l1enL à la définilion dogma- 
ti'llIe nou\'elle eL Lermina :.es jom's d.UI
 une cure du lIohcuLOllel'Jl. VOil' Fr:1\1l 
"-au fmann, Leopold liau(mall n, (jlJalJucl'gC1'lIleislcl o V01L 1I01ln, p. 1 J:i-I JS l't 
170-177 (Cologne, Bachl'llI, 19U3). 
2. Une réulIion que les collahorall'urs ùe cello feuille avaienl projelé de 
leuir à Fdhollrg ('U 18G7 fill prohihél' pap OI'ÒI'(' dll nonce l\J('
li<\. (Fl'iedroich, 
Oocllill[/cl', III, p. -H
I-!
;jO ; - L. K. (.Àoelz, 0[1. rilo, p. H-4-tJ Jo 



268 


J./ AJ..LEl\IAGNE RELIGIEUSE 


rcprochait amicalement à Bachem de trop repré- 
senter]a tendance de Doellinger 1 ; nlais l'inteHigent 
pubHciste, homme de tact et de foi, sut donneI' 
congé à Reusch lorsque ce congé s'imposa. 
L'autre camp, où, sïl en fallait croire Doell inger, 
les armes n' étaient que des flèches, avail, de son 
côté, au lendemain du Syllabus de 1R64, taillé des 
flèches nouvelles. Ces paroles ai]ées s'appclaient 
les V oix de Maria Laach : théologiens et canonistcs 
de la COlnpagnie de Jésus 2 y commentaicnt la doc- 
trine du S,'lllablls. Cette docLrine comptait parmi 
les publicistes laïques dïmprudents amis, qui l'ex- 
ploitaipnt dans la presse quotidienne avec une 
pétulance étourdie : il y avait Jà des questions fort 
délicaLes, et c'était une bonne fortune qu'elles 
fussent abordécs avec sérénité par des théologiens 
bien au thentiquement romains, et que leur gravité 
même invitait à la nlesure. l\lais les champions du 
germanisme refusèrent justice aux savants rédac- 
feurs des V 07
X de lUa1'ia Laac/t : on étaÏt offusqué 
par Ie mot de II einrich au congrès de Trèves, pro- 
clamant Ie Syllabus (( Ie plus grand acte du siècle, 


1. L. K. Goetz, opo cit., po 38. 
2. ta colleclion étail dirigée par Ie r. Florian Riess (1
23-tS82), qui. comme 
simple prNre, avail aulrefois dirigé Ie Dcutschc rolksblalt à Slull
arl (voir 
Deck, Allgcmeine deutsche Biogmphïe, XXVIII, p. 582-583) : it écrivilles opusc
tles 
sur !e caraclère obligatoire du Syllabus, Ie lilJéralisme, I'Elal eL récoIe, rElat 
eL l'Eglise. Sur Gerhard ScIu1f'emann (1829-1884), insligaleur de la collection des 
conciles contf'mporains (collcctio Laccnsis), voir l'art. du P. Fad. dans les Stim- 
men aw;J,farin L"rr.ch, XXX, 1886, p. IG7-189, eL Reusch, All!Jcml'inc df'1ltsche 
biog,:aphic, XXXII, p. 97-99 : il écri, it les opuscules sur Ie mariage, Ia liLel'lé 
d
 l'Eglise, la puissance ccclésiaslirJue, Ie pape, et Ie pouvuir enseigllanl de 
l'Eglise. Le P. Roh écrivit sur les erreurs fondamentales de l'éporJue; Ie P. Rol- 
tinger, sur Ie poU\-oir temporel; Ie r 0 Théodore Meyer sur les fonrlements de 
la morale et du droit (Frihour
, H6I'der, 1865-1868). 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


260 


et peul-être de beaucoup de siècles 1 )); on colpor- 
tait un bruit étrange, d'après lequel Ie comité 
de rédaction de la CiV7
ltà Cattolica alh1Ït devenir 
une sorte de cour de justice suprême pour la 
presse religieuse de tous les pays 2 ; on flairait dans 
ces TT oix, avant même d'y faire attention, les mes- 
sagères d'un ultramontanisme usurpateur ; et ren- 
voI de ces flèches jésuitiques était scandé par de 
nouveaux coups de feu 3. 
Des livres dont les auteurs cherchaient une 
position moyenne et tentaient de jeteI' un pont 
entre les deux pôles de la pensée catholique allc- 
nlande obtenaient un succès d' estimc, et rien de 
plus: l'écl'it fort distingué qu'avait publié dès 1862 
Ie profcsseur Schmid, de Dillingen, sur les Tcn- 
dances scientifìques dans Ie dO'Jìzaine lilt catltoli- 
cisnze :., aurait assurémcllt mérité plus d'accueil. 
L'heurc était aux mêlées théologiques, avec toutcs 
les injustices de jugement, toutes les violences de 
plume qu' entraînait la passion mênle de la lutte ü : 
elJes sont. encore, à distance, profondément doulou- 
reuses... l\lais, lorsque vers iR95 nous visitions 
l' Allemagne; lorsque nous y constations Ie mou- 


t. Verhandlungen tier sieb:;eltntcn Gcnc,'al VC1'sammlung du Klltholischen 
Vc,'eine, p. 63 (Trèves, Linlz, 1865). 
2. Theologi,che3 Literaturblatt, 18ßG, p. 335. 
3. Theologisches Literaturblalt, I
G6, p. 3:J8-3ßl, 4!:13-49G. 
4. Schmid. Wissenschaftliche Richt
t1Igen mtf dem Gebiete des ](allwlicismus 
(:\Iunich, LenLncr, t8(2). - Cf. Katlwlik, 18133, I, p. 89 cl suiv., et H. P. B., 
18133, I, p. 4!)-68.. 
5. En 1866, de violcnLcs aLLaques se produisireut contloe Newman parcc (Ju'il 
avait accepté la dédicace de la traduction anglaisc d'uu écriL de Doelling-cr. . La 
GcrmanisierulLg, écrivaiL de Ro
e lecorrespondanL romain ùu Weekly Register, 
est Ie pérille plus morlel de l'Eglise. )) lFriedrich, Docllinger, III, p. 403). 



:no 


L' A.I.LEl\lAGNr
 RELIGIfl..USE 


vrnlPut de confiance réciproque qui poussait. les 
cêllholiques, sortis vainqueurs du Cullin'À'alìlp!, it 

'associer ('ntre ellX pour une comnlunc besogIlr 
de progr(
s intcllertup] : lorsqne nous presscntions 
leu l' belle et Jihrr anlhition de l'eprendre dans l'AI- 
len1agne pensante une place analogue it celIe qu'ils 
venaient de conquérir dans rAHemagne parlen1en- 
taire, !'óvocation nlt'me des anciennes misères nous 
rendait plus imposantes encore ces visions de 
renouvcau, qui nous faisaient adn1Îrer, tout it la 
fois, Ia force d'plan du catholicisme allenland et la 
puissance <<finlpulsion du pape Léon XIII. 


IX 


nevenons en arl'i("re, OÙ noLl'e làche nons rap- 
pelle, et l'cstons-y. Lrs polén1iques que nons 
venons de nol(\}' i"i
quaient de s'aggravcr encorc, 
en se réperculant jusque dans l'éconon1ir n1l-U1C 
de l'éducalion sacerdotalc. C'est l'originalité du 
calholicisnh
 allemand, que les clercs J'un certain 
nonlbrc de diocèses fonl leurs études dans des 
facultés de théo]ogic, dont les professeurs, prêtres 
eux.mêmes, reçoivent de l'évêque une n1Ïssion 
canonique ct sont non1n1és par l'État. Ð'autres 
diocèses possèdent des grands séminaires, pareils 
allX nôtres. Aux heures calmcs, ces institutions 
vi vent en bon voisinage; aux minutes de tour- 
mente, un duel s'engage entre advcrsaires ct par- 
tisans des facultés de théologic. 



LE
 CRISES INTELLECTUELLES 


27t 


Les adversaires insistent sur la délicatessc df\ 
]a fornlation cléricale et sur Ia nécessité pour 
l'évl'qup de survcil1er tl'ès soucieusenlent, dans 
l'cnclos d'un sén1Ïnaire, l'intellig-ence et ]a cons- 
cience de 80S futurs coopérateurs, leur docLrine ct 
leur vocation; quant aux partisans des fncultés, 
ils reUlontrent que Ie prêtre Joit agir sur Ie monde 
ct pour cela connaîtrc son époquc; que dès lors 
il est bon pour lui de prendre contact, à l'univer- 
silf\ avec des Í'tudiants en droit, en médecine, cn 
philosophic, et de S0 familiariser avec les préoccu- 
pations actuelles; qu'il cst utile aux théologiens 
d' enseigner leur science sous Ie regard des autres 
scicnces et d'êlre ainsi poussés à rajeunir et it 
parfaire 10ur enseigneulent; ot qn'il esl en délini- 
tive heureux et glorieux pour J'Églisc que la sciencp 
des choses divines, représentée par des prêtres, 
soil adnlisc, hannières déployées, dans Ie granù 
organisllle ulliversitaire 1. On pressent tout de suitp 
que derrière Ie choc des plaidoyers se dissimule 
un antagonisnle de lendances; gardons-nous pour- 
tant de r exagérer. C' est seuleulen t lorsque la dis- 
cussion s'enfiello que les chanlpions des séminaires 
sout accusés de faire bon marché de Ia science, et 
les champions des facultés, de faire bon marché 
de la foi; et pour écarter ces argunlents passionnés, 
il sunil d'observel' que, tout proche de nous, M. Ie 


1. pruett', ltctlelel', I, p. 
3G. - Heinrich, Ope cito, I, p. !>S-iOl cL 107 : 
l'univel'silé qui comprend unc Caculté de lhéologie calholiquc ct unc faeullp de 
lhéologie pl'oleslanLe faill'effel à Hcinrich, non d'un lout organique, mais d'une 
gabylone. - Beda Weber, Cartons, p. 416, allègue l'insul'lisance des pl'ofcs- 
seurs d'univcrsilé pour apprendre aux prèlres à prèchcr. 



272 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


prélal Heiner, de Fribourg, qui vers 1900 écrivil 
en faveur des universités plusieurs brochurc
 
chaleureuses et solides, a depuis lors consacré sa 
plume à la Jéfense des Jésuites et au con1mentaire 
du décret Lamentabili. A l'époque même qui nous 
occupe, Ie séminaire de Trèves, sous la houleUe 
d' Arnoldi, fut un foyer de gunthérianisme plus 
actif que beaucoup d'universités. 

Iais, dans l' Allemagne d' alors, deux grandes 
considérations dominaient le débat. D'une part, les 
évêques, réunis à W urzbourg en i848, avaient 
affirmé leur droit et leur devoir de veiller de plus 
près sur l' éducation sacerdotale; et, sans faire acte 
d'hostilité contre les facuItés ùe théologie, ils 
avaicnt. envisagé, conformément aux prescriptions 
de Trl
nle, l'élaLlissemcnt de grands sén1Ínaircs 1 ; 
puis, dans la conférence de I' épiscopat bavarois, 
tenue à Freising en i8
0, Ie vicaire général 'Vin- 
dischmann avail de nouveau traité la question, qui, 
du resie, en présence de l' opposition de Doellin- 
gel', n'avail pas été résolue 2 ; enfin, lOl'squ'en 1851 
Ketteler avait ouvert un séminaire à I\layence, 
Pie IX l'avait chaleureusement félicité 3. 
D'autre part, les universités rencontraient des 
avo cats compromettants: leI Guenther, qui écrivait 
en 1851 : (( Si les facuItés ùe théologie dcviennent 


1. Collectio Lacensis, v, col. 1032. - Pfuelf, Kettelc7', I, po 240-241 : Kellelt'r 
ne cro)ait pas qU'OIl Plil ('ollcilicr avec les prescriptions de Trenle celie ol'iuiOIl 
flue quelques mois d'él udes dans un séminaire sont suffisauts. 
2. Friedrich, Ðoellinger, J H, p. 91-9
1. - Pfuclf, Stimmcn aus Jlaria Lauch, 
XLIII, 1892, p. 47. - Sur Windischmalln, voir ci-dessus, p. 162. 
3. Pfuelf, l1.C ttelcl' , I, p. 238. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


273 


des institutions épiscopales, adieu la science théo- 
logique i )); tel ce LuUerbeck, ancien professeur 
it Giessen, qui exp]iquait en 1860 que Ie Pape et 
les évêques voulaient multiplier les séll1inaires 
pour (( recruter une troupe de sectateurs aveuglé- 
lllent dévoués )) 2; et tel aussi, tel surtout, Doel- 
linger, qui préscntaiL l'cxistence des facultés de 
théologic conlffie la conséquence pratique de ses 
propres maximes sur la liberté de ecHe science. 
Dès l'instant que la défense de ces facuHés s'ap- 
puyait sur certaines doctrines qui rcstl'eignaient 
au profit ùes profcsseurs les droiLs tlu magistère 
ecclésiasli( I ue
 ce mao'istère devait Lrouver dans 
, èj , 
les plaidoiries mêmes dont ces institutions éLaient 
robjet, les élémenls d'un réquisitoire. 
D'antant que Les universilés avaient des enncnlis 
iInperturbables, qui suivaient avec vigi]ance Lous 
les incidents fàcheux : la nonlinatÏoIl ùe l\llOOJ.L 
comme recteur à Bonn, au lendemain du verJ.ict Je 
Ronle contre Guenther!.; la pronlotion de Baltzer, 
autre victinlC de l'Index, au grade de doctenr en phi- 


1. Klloodl, Ope cil., IJ, p. (j(j-(j7. 

. PfuelC, lÚtteler, II, p. 31-33; cr. StoedJ, J(atholik, lR(j!), II, p. 5GO et 
suiv. - Sur Jean-Antoine-Bernard LllLlcrbcck (1812-J 882), f{ni, à la snilc d(' 

on livre: Gcsc1'ichte del' Aatholisch-lheologisc:wn FalaÛtoct :;u Gics,yen, 
Ei wallen Theologeu Ðcutschlnnds [Jcwidmete Denkschrift (fiiessen, Ricker, 
IHGO), polémirl'.la contre KeUder, cessa d'ð.crccr lcs fouclions saccrdolaks, ('t 
IllOUrut viem..-catholique, voir Reusch, .clll[Jcmeine dculsclw IJio[JJ'aphie, XIXo 
p. 707- 'jOG. 
3. La missio ecclesiaslica ùOllnéo par les ('vèr{ucs aux profcs!;('urs des Cacullés 
calholiqu('s fut 1'0Ljet, eu18t.ìH, ù'unc éluùe du canollislo Schulte, Ie fulur viem..- 
calholi(IUC, dans Ll1'chiv fÜI' Kalholischcs ]lirchenrl'cht; - Rcusch, rcnt1alJt 
compte de ccllc Hnùe(Theolo[}ischcs Lzlcralw.IJl(('u, 18tH':, 1'. 1:i!-1
;7), suuhaile, 
au nom Je la ùi;.:.nilé de la science, quo Ie droit tic collalion des g-rades lhl
oJo- 
giques soit bientôL accordé am. facll1\és allcmalHlcs qlli ('II soul pl'jrées. 
4. PfucIr, Geisscl, II, p,/
88. 


IV. 


18 



274 


1.. 'ALLEl\JAGNE RELIGIEUSE 


losophie de l'Université de Breslau 1 ; Ie geste pro- 
vocateur de la faculté de théologie de Breslau, 
honorant du titre de docteurs, sans que Rome lui en 
eÙt donné Ie droit, neuf pcrsonnages dont la plupart 
étaient des gunthériens déterminés 2 ; les tergiver- 
sations de BalLzer condamné, se cramponnant, 
malgré l'évÔqne Foerster, à sa chaire de Breslau 3 ; 
Ie découragemcnt de l' évêque Foerster, qui finis- 
sa it par rêver d'avoir un sén1inairc 4 ; les difficuItés 
de Gcissel pour fairc nomnler à Bonn, après la 
condaUlnation de I(noodt, un professeur de philo- 
sophic orthodoxe I); et la crainte incessante des 
évêqucs que les professeurs dont ils blânlaient 
]' enseignelTIPnt nc fussent soutenus par Ie pouvoir 
ci viI. Lorsqu' on voit les facultés allemandes de théo- 
logic sUl'vivre tl de leis incidents, asspz fréquenls 
au cours de leur histoire ; lorsqu'on les voi t SUl"- 
vivre aux nlanifestes lTIalencontreux de certains 
amis maladroits, on se convainc qu' elles répondent 
parfaitement aux hesoins religieux et nationaux 
d'outre-Rhin, et que, dans l'édifice de I'AIlemagnc 
catholique, clIes sont une pièce indestructible. 
Ce fut en Bavière que les débats s'échauffèrent. 
Les difficultés auxquelles donna lieu la tentative 
faite par I'évêque \Veis 6 pour organiser à Spire un 


t. rrnclf, Geissel, II, p. 4!.Jä. 

. Pruelf, Geissel, II, p. 4%-497. 
3. Franz, Johannes Baptista Ball=er, p, 43-9ï 
4. PiueIC, Geissel, II, p. 500. 
5. Pfuelf, Gei8sel, II, po 5Gl-56j. 
5. Y oir ci-dessus, p. 160 el sui,. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


275 


enseignemen t théologique réveillaicnt dans l'àme 
des catholiques d' Allemagne Ie souvenir des 
anciennes Iutles qui avaient émancipé l'Église : 
derechef un État surgissait, qui gt.nait la hiérar- 
chie dans l'exercice d'une de ses foncLions les plus 
légitimes : l'éùucation des cIcrcs. Que] hean dis- 
cours eût fait Doellinger, vingl ans aupara yant 1 ! 

Iais à ce drame violent, it co drame poignant 2, 
qu' étaÏl févo]ution relip)cuse de Doellinger, une 
scène nouvelle devait alors s'ajouter. Des bruils cir- 
culaienl d'après lcsquels il aurait éLé l'inspirateur 
du refus opposé par Ie n1Ínistre I{och à révêque 
vV cis; et, à l'heurc même OÙ illes démentait, it 
griffonnait un article enfiévré contre Jc projet de 
vVeis. Si ce projeL réussissait, expIiquaiL-i], on 
finirait pal' avoir en Allemagne cinq cenLs profes- 
seurs dp. séminaires, qui seraient des nulJités. A 
l'égal d9la science, l'État nlodernc était nlenacé. 
(( V oici ce qu'on veut à Rome, écrivait Doellin- 
gel' : on veut que tout Ie clergé, dès la jeunesse, 
soit élevé dans une hostilité fondalncntale, dans 
une hostilité de principe, contre toutes les cons- 
titutions. )) II brandissait Ie Syllabus : (( L'ul- 
trarnonLanisIllc ll'e
t plus une ficLion, s'écriait-il, 
l'ultramontanisme n'est plus un spectre; il cst 
une puissance réelle et agrcssive. )) C' est après la 
mort de Docllin
er que celle philippique fut trouvée 
dans ses papiers : la presse libérale, à laquclle il 


1. Au sujel des idées de Doelling-er en 1850 sur la Jiberté du haul cnseignc- 
mont, voir PCuelf, Stimmen aus .L
laria Laach, XLIII, 1892, po 44-G5, 

. L'expression est de Kraus, Deutsche LilteralU1'zeitull!l. 1901, p. 1956. 



276 


L' ALLE1UAGNE ßELIGIEUSE 


}'avaiL otferte, avait jugé plus sage de nc pas l'in- 
sérer. Doellinger ne se maHrisait plus; i1 faisait 
Ie gestc dïnlervcuir dans un déLat oÙ Luut l'épis- 
copaL se déclarait intéressé; cL il y inlervenait 
avec des accents qui sout déjà ceux tlu Cliltur- 
kalupfl. A yanl ùe connaÎtre ce manuscrit, on était 
tout près de regretter que le Saint-Siège, pour les 
travaux préparatoires du conci1e, se fÚt privé du 
concours cl'un aussi doclc historieu; nlais, du jour 
où son disciple Reusch cut publié les feuillcts OÙ 
cet historien, dès 18ö5, faisait figure de pamphlé- 
taire, on fut moins surpris de l'atlÏtude de It.orne. 
Une fois de plus, un grand hon1D1e qui s'était jugé 
trop indispensable devenait queIque chose de 
moins qu'un (( servitcur inutile )). 
Le mêmc minislre Iioch, qui avail cmpêché 
'Veis J'ouvrir un séminaire, fut convaincu, en IH66, 
d'a voir, it propos de l'uni ver
i té ùe VV urzbo llrg, 
adressé au roi un rapport sur Ie péril ultramonlain : 
une trahison fit tOlnber 1e papier entre les n1ains 
du prêtrc l\faier, secrétaire de l'évèque de Ralis- 
Lonne, qui s'cn1pressa de Ie publier, avec des 
gloses véhémentcs, dans une brochure intituléc : 
PO'll]" l'édification des ruts"!. On soupçonnait forlc- 


L }<'ricdrich, DoclliJ/{jer, Ill, p. 3
3-3!)ï. -- Docllingcr, ]íleinc1'c Selo'lftclI, 
éd. HeusclJ, p. 107-2.!80 (Slutlg.art, Cotla, t800). 
2. Zur Belehl'ung fii:r ]íoeniyc. Ein V01'll'ort und l.Yaehwort zu einem 
Vorl1'o!lc des weil. ]{yl. Baya. [{ultusmiuisters Nikolaus von Koeh VOI'SJ'. 
.Jlajeslaet dem líoeni!/e VUlt 1Jt(!Jel'n uebel' UUl'amontanismus, Romani811lus, 
Sclwlastik, lieutselle 1\?isscl/.sclmft, das dcutsehc Ií..olll
!Jiulll in /lom und die 
theoloyische Fa/mUaet in Y{uC/':;bul'!I' ZU{jlcich cin lJpilmy :'W' Chal'akte- 
,.istik des ve1'sto/'brllrli und ::;u,' Ehrcn8chuld elf'S kuenfli!JPlI f\Tuliusmiliistf'l''<; 
von B<<-ycl'n. {Lcipz.ig-, .Matthes, 18tHì)o 



LES CRISES INTEJ...LECTUELLES 


277 


ment Doellinger d'avoir approvisionné I{och des 
nl(-) f(
riaux n(
cessaires; 1\1:1 ier ]e prenait à partie 
avec la dernière violence t. (( RODlanisme )) et sco- 
lastique affectaient, SOllS cette plume acerbe, 1'al- 
lure d'opinions extrèmes, volonlairement frois- 
santes et cassantes. Doellinger riposta 2 : il releva 
Ie procédé grâce auquc] ]e rapport de Koch était 
sorti des cartons, ot dénonça les hommes pour qui 
la, fin justifìe Les moycns. L'illustre historien de 
l'EgJise, qui visait ici les J(
suites, eût rendu ser- 
vice à l'histoirc, s'il avait il1diqué les livres òe 
casuistiqne où 5' étalerait cettc nlaxilne; avait-il 
oublié que, treize ans pIns tôt, Ie Ppre Roh avait 
proDlis une sonlffie à quiconque la découvrirait, 
que les cherchenrs avaient perdu leur temps, et que 
l'original nlissionnaire avait g'(lrdé son argent 
? 
Pour Doellinger, les débats qui troublaient 
l' .A.llemagnc se résurnaiel1t en un duel entl'e les 
.Jésnites, qui voulaient que Ja théologie fût sta- 
gnante 4, et les universités; on cHait ]e mot du 
Jésuite Devis, qui dès f838 aurait dit au professenr 
Lutterbeck, de Giessen : (( II faut avanL tout s'atta- 
cher à éloignel' des univcrsités allemandes lcs 


10 Fricllrich, Docllillf/CJ', III, p. H8-
20. - Cf. Theolo!lischc8 Lilemlw'- 
M'Ltt, 18GG, p. 8GOo - SUI' Williballl )laicr / 18
3-1874), ancicn rédacteur dcs jour- 
nam.. Deutsche VolhsluÛle cllJeutschlawl, cl secrélaire ùc I'évèque Scncslrey 
dppuis 18.)8, voir SteillhuLcr, Gescltic/tte des Colle!JiU1/
 (;e1'uwnicum, II, p. 48;:$. 
2. Doellill
'cr, lí.lcinerc Schriften, éùo Reuscho p. '!fìt-
R50 - Fri('lirich, Doet 
hlt!jer, Ill, p. 43Gcl suiv o - Jean Huber, aus,.;i, daus la (;fl::;eltc univcJ'seLl,' du 
I 
 mars 18G7, publia ulle riposle cA.lrèmemeut yiolcnlc où il prcuail à pm'lic 
Jésuilps et lhomislcs (Zirngicbl, opo nt., p. 148-149). 
3. noh. DrlS alte Lictlo DC/' Zwcrk heili!/t die JliUel, p.:J el suiv. (Fril)our g, 
Herder, i8G!}). 
i-. Friedrich, Doelliuflcr, 1I1, p. 22::!. 



278 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


facultés de théologie catholique, et Ie plus com- 
DIode, c'est de conlnlencer par Giessen 1 )). Ketteler, 
disait-on, avail, it ]'instigation des Jésuites, joué 
ce premier acte : ]a faculté de Giessen n'étail plus. 
On accusait Weis et l\laier de vouloir passer aux 
autres actes. 
Doellinger, ensuite, faisait Ie procès de la Civiltå 
cattolica, que dirigaient 
t Rome quelques Jésuites : 
il retraçait la conquête de l'Allernagne par l' (< ul- 
tranlontanisnle; )) et ce n'était plus seulement au\: 
grands séminaires, mais aux petits séminaires, 
qu'il s'en prenait. (( Un clergé élevé d'après les 
doctrines de la Civiltà, déclarait-iI, doit être sans 
intelligence vis-à-vis de touLe nolre époque, el 
n'cst proprc qu'à susciter entre I'Église et l'État 
d'incurables conflits. )) Et DoeHinger, inlerpellant 
l'opinion bavaroise, demandait carrément: (( Com- 
ment cet esclavage spirituel se concilie-t-il avec 
Ie christianisme et avec not1'e concept contempo- 
rain d'hunHlnilé ? L'État, oui ou non, a-t-il intérêt 
à ce qu' on ne fas5c pas violence à ses membres? 
Ceux-ci, oui ou non, ont-ils quelque droi t à I 'aide 
de !'État? )) Doellinge1' ouvrait une porte par 
laquel1e pouvaient passer de singulières ingé- 
rences, et, pour comnlencer Ie CultuJ'ka'lnpf, Bis- 
marck n'aura qu'à l'épondre ({ oui )) aux questions 
ici posées par Doellinger. 
Le même Doellinger qui avait, entre :1840 e1 


1. Schroeder-Schwarì', Leopold Scll1llid'Jl Lebcn und Denkrn, p. 16. - Com. 
parcr l'enlrelien de Doelliuger avec S
hcl d<.'s 18611 au 
l1jcl des Jesuilcs (Fl'ie- 
drich, /Jocllingcr, III, p. 
:!2). 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


279 


1850, éloquemmcnt soutenu la cause de la liberté, 
se montrait tout prêt à faire appel à l'État contre 
l'influence d'une Égiise dont l'orientation Iui 
déplaisaiL : il éveillait, il excitait les défiances des 
pouvoirs publics; ses insinuations, ses suggestions, 
devenaient celles d'unjacobin. Ð'a:illeurs ses écrits 
historiques de l'époque, sa notice sur Ie concile 
de Trente t, 8es articles sur rInquisiLion \ élaient 
dil'igés contl'e H.OlllC. 
Voilà où aboutissait Ie déhat entre partisans des 
séminaires et partisans des uni vel'sités : ]'affec- 
tation que mettaient les uns à se donneI' comme 
les seuls défcnseurs de l'Eg-lise, les autres it paradcr 
en ùéfenseurs de l' État, passionnait et faussaiL 
Loutcs les discussions. Les fen1mes elles-mêmes 
enLraient dans la bagarre : la comtesse de IIahn- 
llahn 3 et une quarantaine de dalnes catholiques, 
dans un appel très répandu, accusaient forn1elle- 
ment les facultés de théoIogie de mettre en doute le 
chrislianisme'. .l\Iais Hergenroether, dont LéonXIII 
devait faire un cardinal, allait, dans un article de 
revue, ramener la question sur son vrai terrain . 


i. Doellillgel', KleineriJ Scltl'iften, érl.. Reusch, p. 229-263. 

. Doellinger, l{[einel'e Schriften, éd. Reusch, p. 
g6-404. - Friedrich, 
Doelliugel', HI, p. 44-3-4,46. - L'archevêque Scherr, qui ignorail que ces arlicles 
sur l'Illquisilion fusscnl de Doellinger, lui écrivaiL pour lui ùemallder de les 
réfuler. - Lire aussi sa lellre, très aigre conlre Rome, adresséc au curé 'Ves- 
lermayer, de Munich, qui l'invilail à proleslcr conlre l'usage que Ie prédicaleur 
(rune secte incroyante Caisail de son nom (Friedrich, lJoelliuye7', III, p. 459-463). 
3. Voir nolre lomc 111, p. VII-X. 
4. Appel pour la fondalion du Cathw'inen Ve7'ein, dans Ia Sammlung von 
J,-kte1lstu,e
kcn be:;ueglich der Gruenduug eíner fJ'eíen J{atholischen Univer- 
sitaet in Deutschland, p. 81-85 (
Iayence, Kirchheim, 18GJ). - Sur la colère de 
Doellinger conlre cet appel, voir Joerg, H. P. fl., 1890, II, po 2:>O-2Gt, cl 
Fricririch, Doellin[/Cl', III, p. 40G. 



280 


L' ALtE1\IAr.NE REI.IGIF:USF. 


profpsseur de facuHé, ot notoireD1<,nt attaché à 
tOlltes Jes aspirations ronlaines, il pouvait {'tre ern 
10rsqu'iI disait queIs avantages tronvaif\nt les clpl'cS 
dans Ie s0jour des universités 1. II fut peut-être 
taxé, sur l'heure, d'optirnisme ou d'illusion; mais, 
lorsque les prêtres allemands, pen d'annécs après, 
cuei] lirent sou[france ctgloire dans Ie Cultul'kampf, 
il fut visible pour Rome ct pour l'nnivers chrétien 
que plus de I a moitié de ces prt'Lres qui luttaienl 
contre les empiétcmcnts de l'État étaient sOltis 
des facu]tés de théologic, et que Doellinger et son 
école avaienL accumulé bien à]a Iégère les anti- 
thèses factices en soutenant ces faculLés, 
t titre dp 
foyers d'étatisn1e, contre les sénlinaires, foyers 
rl'ultramontnnisme. 


x 


Lps suspicions d0 certaines sphrres catholiques 
conlre les J'acuH(as de théo]o
ie opvnicnt s'étendrp, 
natnreJlpnlpnl, à l'cnsen1ble des unÏ\TersÏt.és. On 
avni L rexemp]p, çà e1. là, quC', si nn th0"ologien 
résistail it Home, Sf'S collrgues de philosophiC', òc 
droit ou de Dlédecinp, Ie gratifiaipnt de pronlotions 
honorifìques ou dp dignités uniyer:;;itaires; invl'r- 
semf\nt, ]a facuIt6 de lhrologir catholique qui Sf' 
monLrail 11'0]1 d6féren1.f\ pour Ia hii\I'archie conrail 
If'risqup dp pCl'drf\ son cr{adit et d't'tre désormais 


1. Chilianeum, Blaptter {Ü1' kntholischc Wisscnscha{tcn, 181)9, I, p. 438 et 

UiL (Wurzhourg', SlalH'I). 



LES CRISES INTELLECTUELLES 
trnitée 
n intrusp dans ces fi
rC's universités dédiprs 
à ]a (( libre scicncp )). Rome savai t cela; elle savait 
aussi, par les (]iscussions parlcllH'ntai.,cs el par 
nno brochurp retentissantc Dubliée rn 18G2 sur les 

 
ullivcrsités de Bonn et Breslau 1, qup-lle était dans 
l'enscignen1cnt supérieur, même en pays catho- 
liques, la prépondérance de l'élément protestant. 
De ces observations avait surgi l'idée de fon- 
der en Al1cn1agne une univrrsité Jibrc : en 1849, 
au congl'ès de Ratisbonne, Doellinger l'avait fait 
ajoul'ner 2; rnais clIe avait triomphé, en 1R62, au 


281 


1. La p,'cmc dc cetle disparité,
donnéc Ms 184;:; par Ie profl'sseur l\Io\Crs dans 
ulle Lrochure sur I'univ<,rsité de Brl
sIau, rcnouvcléc en IS53 par l\1allinchodL 
lhu.'> son discours padcmenlaire sur les (( édificcs incroyants )) (pfuelf, 111 aUin- 
cILl'odt, p. ilì), fut plus amplement failC', en 18G2, par un anon
 me qui semble 
êlre le profcsseur Ploss, dc Boun, dans nne brochure intilulée : Ðellksc/tl'ift 
uebcr die Paritacl an dCl' Unive1'sÏiact Bonn mit cincm liillblick auf BI'fJS- 
la'll und dic uebrirlen pI'eussisc!wn Iloch8chulcll, ein Hcitmg ::;Ul' Gcschichtr, 
deutschcr Univel'sitaeten im XIX Jahrlm1tdert (Fl'ibourp:, Herder). Cf. H. P. B., 
18()
, H, p. 500-519, el Wilhclm Lossen, Der Anteil del' f(atllOliken am a/;a- 
dcmisc'lCn Lchl'amte in Preu8sen, p. HU-t64 (Cologne, BachelU, HJ01). 
Les slaluls de I'Universilé dc Bonn prévoient comme possible - Ie profl"s- 
seur LOSSCll en a fail la preuve - le cas où il n'y aurail à la faculLé de droil 
(IU'un seul professeur ealholique (Lossen, Ope cit., p. g,o Les rccl'lèles df'S catho- 
liqups au sujeL d'une ulliversil{> calholillue à Muenslcr l'laient demeurées sans 
efl'ct (Ci1,iltÜ cattolica, 8-29 novembre 1856, p. GíJ8-li 0 9, et 
I) décemhrc IS:i(Ì- 
10 jal1\-icr 1857, p. 2:50). En Bade, Id. silualion n'{>lail pas mcilleurC' : it I'Uni- 
\Criiilc; de Frihourg-, qui pourtal1L rlC\ail èlre une ulli\ersÏlé e!'s<,nliellpnwnl 
ralhnlif(llc (l..auer, op. cit., p. 105, n. 2, eL p. J8
-18;:;), ilu'y avail, hors de Ia 
f'acllllé de théologie, que Ilualre professcurs soucieu\. ùe conSCrver à ceLle lIlli- 
\ ersilé son caraclère originairement calholi(Iue (Haegele, ..i\llJalt Slol
, p. 1ï.3- 
I i 
) 0 l..e caractère originaircmc;nt calholique de I'Uni vcrsilé de Munich Il'exis- 
ail plus, el l'hi3lorien Boehmer déplorait que les calholirlllcs ne fiS'ìCllt aUClIlJC 
',uupagne à eel égal'd Janssen, lloelll1LCI"s Leben ul/(l NricIe, II(, p. 30i. - Cf. 
'ivz1tù cattolica, 29 mars-12 avril 18:>6, p. 2-i-?j-2-i-!)). A la confl>rence épiscopale 
1C' Fr
isillg, en 18:>0, DoC'Jlinger étail d'accord avec Reisach sur Ia 110cessilé 
l'al.lriLucr à des profcsseurs calholi(Jues des chaires d'hisloire et de droil callon 
PfuC'If, Stimml'n nus J/m'ia Laach, XLI II, 1Ra2, p. ;)O-t;:i). - IllvC'rscnwnl, cn 
liars IRIi
, s
 IJe!, à la Chamhre prussienne, s'insurgpaiL cOlllre lïùéc (lu'ulle uni- 
('rsi"; IHlt avoil' un caracti're cOllfessionneI (paslor, 1l1'ícltcnspcrgCl', I, p. 43R). 
2. l'c1'halldlullyell dC1' dritten Vm'sammluYl!l des katholischen \-rercins 
u 
?Cf/CnSbU1'!J, p. 130-139. - .Frieùrich, f)oelliilflC1', Ill, p. 10-17. - En 1
:j2, Ie 
IUbli('isle Buss écrivit un liHc en faveur du pl'ojet sous Ie lilre : Die Rcf01'm 



282 


L' ALI.EMAGNE RELIGIEUSE 


congrès d'Aix-la-Chapelle 1. Tout de suite J{etteler 
et Ie Vatican s'en étaient épris; et Geissel, I(etteler, 
l'évêqur l\lartin de Paderborn, avaient été chargés 
par Pie IX d' en assurer Ie succès 2, auquel devait s'in- 
téresser plus tard"malgré ses fortes attaches univer- 
sitaires, Ie savant évêque Hcfele 3. Quarante-cinq 
ans ont passé, et 1 'université libre cst toujours it 
fonder I.. Toujours cUe a ses partisans, tanLõt sen- 
sibles à l'idée de proteger Ies jeunes étudiants eL 
les profcsseurs cux-mêmes contrc les souffles du 
dehors:;, tantôt séùuits par Ie beau rêve de créel' cn 
Allemagne un grand centre intellectuel catho1iquc, 
(( couronnement de toutcs les ]uLLes livrées pour l'af- 
feanchissenlenl de l'Église )) 6; mais Loujours, aussi, 


del'lÚttlwlischcu Gelehl'teubildulI!J in Deutschland an Gymnasicn und U'li- 
ve1'silaelcn; i/o' Hauplmillel die Gruemlullf/ eine1'l/'eien lí.atholischen- Uni- 
vCl'silaet. (Schaffouse, Hurler, 18:;2.) 
1. ]{atholik, 18ü2, II, p. 415-424. - Moeller, Bischof Laurent, III, po 67-G9. 
2. Pfue]f, Geissel, II, po 507-513, el lí.ettelel" II, p. 2
4-2
7 cl 387-390. - 
Samlllluu!/ von _Aklellstuccken be ::ueglich du Gruendullfl cinel' (reien lí.atholis- 
chen Universitaet Ùt lJeutschlaud (Mayencc, Kirchheim, 18Gj). 
3. Pfuelf, Kettelel', II, p. 3
1, n. 1. 
4. Sur Ie demi-essai pour lcqucl fut choisie cn 1ti69 la viHc de Fulda, ,oil' 
PfuelC,l{ctteler, II, p. 387-3UOo 
5. (( La science calholique, écri, ait en 18G8 Kelte]er à Mclchers, si eUe ll'esl 
représenlée que par quelques professeurs qui em:-mêmcs sont toul à fait isolé
 
dans de grandes corporalions proleslantes, doil lomber dans de nombreux éga- 
remenls et risque loujours de suùir plus ou moillS J'influellce des fausses lcn- 
dances)) (Pfuelf, ](ellelel', 11, p. 387). 
6. J.'c1.pl'ession est dc KcLte]cr (Sammlun() von Aktenslueclwn, p. 43). - 
Haich, lh'iefc von und an ]í.etlcle1" p. ':.77-'1.jU. :\"u] ne souhaitail plus ardem- 
mcnlla création dc cenlres inlellecluels calholiques, que l'hislorien lulhériell 
Bgehmer. (( Les universilés catholiques, écrivail-il dès 1853. font défaul à 
l'Eglise plus quc loutc autre chose, mais e]Jes devraiellt êlre dirigées par Òl'
 
hommes dc scieuce réellc el ne llaS seulement former un bon clcrgé pour Ie soin 
des âmes, mais aussi semel' dcs germes pOUl' la rechcrche scienti{iflue. )) (Janssen, 
Boehmer's Leben unci Briefe, Ill, p. U8). Et ill'êvail, en 1855, la foudalion d'Ull 
grand ordro religieux unifluement préoccupé de travaux scielllifiques (Janssen, 
Ope cito, III, p. i36). 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


283 


elle a ses ad vcrsaires, qui estiment qu 'en détour- 
nanl vel'S une tcIle fondation l'élile des savanls 
catholiques, on supprimerait de l'ensemhle des 
universités Loulcs les influences religieuses qui ont 
pu s'y faire jour 1, et que, pour l'Église, une atti- 
tude de pénétration vaut n1ieux qu 'une attitude 
d'isolement. Ce sont lit questions ùe tactique, 
questions de tendance, aussi : on les résout diffé- 
relnn1ent, suivant la conception qu'on se fait des 
rapports de rÉglise avec Ie siècle; et peut-être 
provoqueraient-elles d'âpres quercHes. si les quêtes 
faites pour l'université libre n'avaient révélé la 
difficulté de trouver des fonds. 
l\Iais entre 18()2 et 1870, la ferveur des espé- 
ranees, vierges encore de toute déception, se 
révoltait contre les réserves dont cette fondation 
pou va it être l'objeL Ne fallaH-il pas chercher la 
cause de ces réscrves dans un attachement exagéré 
aux droils de l'F
tat et à l'autonon1ie de la science? 
Kuhn, professeur à l'Université de Tubingue 2, 
combattit dans un écrit, d'ailleurs très modéré, 
la création d'une université libre : tout de suite 


1. C'osL Ia craillle qu'exprimait, sans êlro adversairc du projet, !\lartin, 
é\-êque de Padcrborn (SammluJlg VOlt Akteuslueckcn, po 31). cr. Theologiscltcs 
LiteralU1'blalt, 1>3t6, p. 2!H-2U4 (arlicle do Reusch)o - Vne aulre queslion 
qui préoccupait beaucoup les. évèquos consultés sur Ie projeL conccrnait l'al- 
Lilude évenluellc des divers ELals à I'cndl'oiL de colle unÏ\'ersité libre et les 
droils Iégaux qui Iui scraiont reconnus (SammluJI[J t'on .Jktenstuecken, p. 31). 
- Des calholiques nullemcnl suspects de tendances anliulLramonlaines, leIs quo 
Joerg ct 
Io
, doulaiellt du succès rlu projct (Friedrich, Doelliu{fet', Ill, po G95). 
2. Sur Jean Kuhn (180G-1887), lilli profcssa à TuLiuguo de 183
 à 1882, voir 
deux articles de :àI. Godel dans les A. 11 1tales de philosophie chrélienue, avrillUOï, 
p. 26-47, el mai f!JU7, p. 163-182. cr. Schanz, TuebÙlflcr QU01'talsclu'i(t, 1887, 
p. 531-5U8. Les allaqucs conlre la philosophic de Kuhn oul élé récemmcnl 
rcprises par 1\1. Glossner dans Ie Jah,'buch für Philosophie und spekulative 
Theoloyie quo dil'ige lo prélat Commer, 1901, p. l-
O. 



284 


L' ALLE
lAGNE RELIGIEUSE 


drs soupc:ons s'élevèrent, et se condensèrent en 
nnages, qn i planèrent (\t fondirent sur la paci (iqllC 
université du \Vurtemberg. 
J{nhn savait pen la sco]asliqne : Jacobi et Schel- 
ling lui élaienL plus fanliliers que saint Thonlas. 
8es théories sur les rapports de la philosoph ie et 
de Ia lhéologie lui avaienl vain les chicanes du 
professeur Clemens. Clemens était surtout sou.- 
cieux des devoirs personnels du philosophe cnvers 
la théologie; l{uhn envisageait la philosophie d'une 
façon abstraite et rédigeait, an nom dp cette 
cliente, nne' sorte de déclaration des droits. La 
diITérence Inème de leurs points de vue les anl(\- 
nait à polén1iquer et les cJllpêchait de s'en- 
tendre 1. Du jour oÙ I(uhn nia l'opportunité de 
l' uni versité Jibre, on senlit que ceUe opinion per- 
drait son poids si l'on prouvait qu'elle était Ie 
fruit de sa philosophic, et que cetle philosophic 
était luau vaisc 
. Un protestant converLi qui ensei- 
gnait à Fribourg, la baron SchaezJcr, poursuivit 
contre I\:uhn les assau ts de Clenlcns; on polé- 
n1iqua longucn1ent, ct !'on finit par aboutir à une 
dispute sur la grâce, dans laqucHe Schaczlcr accu- 
sait I\:uhn de selniprlagianisfllc 3. IIefele, Ie fuLur 


1. Clemens, ruser Sl(lIulpunkl in del' Philosophie (Kalholik, i 85U, I, p. l!1 
('l suiv. - lJe
cl' das rCl'llftcltniss des l'hilosopheu 
UI' Tlwologie ("Iay-pucc. 
Kirchheim, t
tJuo - Die Walu'hcil plucnsler, A'Schcndorff, J 860). - Kuhn, 
Philosophic ulId Tlteúlo[lie (Tubing-uc, Lau}}}}, J RliO. - Ðas Vet'lwcltnis:i del' 
Philosophic .:;ur Theolo!Jic nach dCI' moderu-scholaslischcu Lchl'c (Tu])in
up, 
Lanpp, 186
). Cf. Godd,loc. cit., po 17t-I73. 
2. 11. Po B., 1863, I. po 8U7-93!.1 ; II, I). 30-ro ; - 1864-, I, p. 21-
2, 202-212, 
401-413; II, p. iül-ttlU, 2.i.)-2
O, 325-35U. 
3. Sur Ie Laron Constantin ùe Schaezler (1827-1880), tour à lour jUl'isle, offi- 
cio,r, pI'Hrl', Jt'suile, malg('é sa famllle el malgré les efforts d'Ollo ùe Voclùcl'Jl- 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


'2
5 


évêque de Tubingue, s'emportait conlre Schaezler, 
qu'il qualifiait de prelnier inquisiteur de la GCl'- 
IHallie 1 ; III a is Ie dil'ecLcu r du sénlÏllaire de l{ot- 
lenburg, oil les clel'cs de Tubinguc allaiclll a vanl 
la prèLrise pal'3chevcl' leur formation, passait pour 
scconller la can1 pagnc de Schaezlel'. I\:e LLel cr fu t 
consuHé pal' l{olne : il alJégua Ja bonne foi de 
I{uhn, les services l'endus à 1'.Égli::;e pal' la facullé 
de Tubingue, Ie péril qu'il y avait à exciler les 
susceptibilités des savants allemands:! : lorsqu 'on 
s'exaltait, à l\lunich, contre l'intolérance de l'école 
de l\faycncc, on ignorait apparenlfficnL cette géné- 
reuse réponsc, par laquelle Ketteler sauva I\.uhn 8. 
Les professeurs de Tubingue, it ceUe époque de 
troubles, avaient su profiler de l'effacement Inêlne 
de leur ville, qui leur olfrait une sorle d'abri; ils 


dorIT (Cf. Voeld{'rndorIT, llarmlose Plnudf'reicJt, l(. p. 40G), puis dercchcl' 
simple prèlre, privatdvccnt à Fribourg de 18G2 à 1873, théoloö.ien de l'é\êlJue 
Fcssler au concile du Valican, et consulLeur (Ics cOllgrégations à Bome ùe 1873 à 
1R80, yoir Kno{'pfler, Allgcmeine lieulschc l3io!J1'aphie, XXX, p. ü4D-GJl. - Scs 
dem.. om rages conlrc Kuhn sonL: Natw' unci Uebel'1wtul'. Das J)ogma 7'on del' 
Gnadc und die theolo!Ji.<;che FI'a!lc dc')" GC!Jcmvar't. Rille Krilik c/c 1 ' lí.uhn'schea 
Thcologic (
laycnce, Kirchltcim, 18M). - Ncue Untasuchull(jclt uclicl' das 
Dogma von tier Gnadc 1J,lUl das ,rescn dcs c/u'i.<;tlicht'n GlaubclIs, mil úe.<;olt- 
dcrc?' Iluccksicht auf die dl'I'mrtl. ruli'ctun!l cia /.'alholischcn DO!lmalik aiL 
den Unirel'sitactc1t.:;1t Tueúiu!lclI, .Jluclichelt und Fl'ciúw'(j (l\lay('nc(', Kir- 
clthcim. tRGï}o - Les écI'lts adnrses de Kuhn sont: .Natue1'lichc.<; will Uche/'- 
.1Iatuerliclles et "
issenschnft und Glaube (Tuhing-uc, Laupp, lSta.); - Die 
christliclte Lehrc V01I dCi' !/oettlichclt Gnadc (TuLin
uc, Laupp, 18(jR). Kuhn 
s'cfl'l)fce de démêlm' dans 11lOmme unc réceplivité nalurcllc de la grâce, un{' 
capaciLé d'altirer la grâce et de la reccvoir, capacilé- qui cepcndanL nc crée à 
rJlOmme aucun droit imp{.ricux sur la grâce. Voir Godct, loco cit., p. tí5-J7!I. 
1. Friedrich, Ðoellin!Jci', III, p. 454. - Sur Hefele, voir ci-dessolls, p. 3UJ, n. 2. 
2. PfllClf, lí.etteler, 1[, p. 404 el suiv. - Un mémoire adrcssé d. HOllie }lal' 
Gl'cilh, {ovèql1c de 
ainL-Gall, acltcva d'assurcr à Kuhn l'indulgence dn Sa.inl- 
Siège (Friedrich, Voel/imlc1', Ill, p. r
;)
}o - 
imar, fulllI' aI'chevètJue de 
Cologne, dans Ie Theolo!Jisches Litei'lllw'úllltt, 18(j8, p. i!JU-800, défendaiL Kult)). 
:Jo La lJogmatÙjuc de Kuhn, commcncpc en J 8í-G, dCllleura Ii'aillcurs illachc- 
vé.>c (Tubing:l1e, Laupp) : apri's 1RG8, aucun \'olulllc nouveau n'cn ful publié. 



286 


J/ ALLEl'tIAGNE RELIGIEUSE 


avaient évité de se compromettre dans les joutes 
acharnées entre l\lunich et T\Iayence; on ne les 
avait pas vus paraîLre au Congrès des savants 
de 1863; iis ne s'étaient pas laissé englober dans 
les parLis théologiques OÙ iIs auraiellt perdu 
beaucoup de leur personnalité et un peu de leur 
sécurité; et, nlaIgré la difficulLé des temps, ils 
avaient dig-nement aidé à vivrc cetle école de 
Tubingue qui sera hientôt centenaire, - belle 
lignée d'apologistes qui comnlcnce it l\Ioehler pour 
Hnir à Paul Schan z. Quel malheur pour l' Allenla- 
gne catholique si l'on eÚt inquiété cclte univer- 
sité féconde! 
illais les suspicions mênles élevées contre l{uhn 
avaient, de part et d'autre, dans Ie diocèse de Rot- 
1enburg, exalté les esprits. Napoléon III, quelques 
années aupara vant, disait au ministre ,vurlenl- 
bergois Ruemelin : << En VV urtemberg, grâce à la 
cuLture scientifique que les prêtres reçoivent dans 
vos convicts, vons avez trouvé Ie moyen Ie plus 
efficace pour échapper aux difficultés ecclésiasti- 
ques t. )) L' emperenr avait paI'lé trop tôt; le con vict 
de Tubingue, au contraire, allait devenir l'occasion 
de difficuItés lerribles et de polémiques passion- 
nées. Ce convict, oÙ logeaient les futurs prêtres 
durant leurs années d'assiduilé à la faculté, avail 
pour directeur un certain Ruckgaber, assez 111al- 
veillant à l'endroit de Rome; l'esprit qui régnait 
autour de lui inspirait tant de suspicions que 1\Icl- 


1. Hl1cmelin, op, cit., p. 1G4. 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


"287 


chers, archevêque de Cologne, soutenu par r évêque 
de 1\Iuenster, s'en alarmait en 1SG7, à la l'éunion 
épiscopale de Fu Ida 1 ; et deux répétiteurs que 
Ruckgaber taxait d'ultramontanisme ct d'espion- 
nage fnrent cnvoyés pal' ]'évl
que Lipp 2 dans des 
cures. Le séminaire de Rottenburg, oÙ passaient 
cnsuite les clercs, avail à sa tête Ie régellt 1\Iast et Ie 
sous-régellt Hoefer, classés comn1C ullramontains : 
c'est eux que visait un professeur de Tubingue, en 
attaquant dans un article les (( ferrniers généraux 
de l'orthodoxie )), les (( sicaircs de la théo]ogie )), Ia 
(( men le qui calomnie 3 )) : Lipp, it 1a suite de cette 
attaque, disgråcia Hoefer, qui dcvint rédempto- 
rÍste. On trionlphait it Tubingue : rappui de la curie 
épiscopale était éclatant, et ceux qu'on nommait les 
(( dénonciatclll's ullranlontains )) n'avaif'nt aucun 
succès auprès J'el1c'
. Mais on appdt, en août i8G8, 
qu'ils avaient du succès conLre eUe : Ie cardinaL 
Antonelli négociait pour donneI' un coadjuteur à 
l' évêque, répuLé trop faiLle. 
C"était 
last, Ie directeur du séminairc, qui 
avail signalé à la nonciature de Munich Ie mauvais 


1. Friedrich, Docllinge1., Ill, p. 451. 

. Sur Joseph Lipp (I7U;)-18(ì!)), ,,<?ir Linsenmann, All!/emeillc deutsche Bio- 
!J1'aphie, XVIII, p. 732-73i. - Sur Emile Ruckgaber (lS28-1 !)O:;), Antoine Hoe- 
fer, né en 1836, rédemplorisLe à AHoelting, el Joseph Mast (I8l8-18n), voir 

ehcr, Pe1'sonal-Hatalog dcr Gcistlicheu des Bislums Rottenbul'!/, 3 e édilion, 
p. 128, 149,99 (Schw. Gmuend, Roth, 1895). 
3. A l'enconlre de cet article du proCesseur IIimpcl (1821-1890 : Neher, Ope 
cit., p. 9i-98), cr. ]Catholik, 18G9, I, po 82-102. 
4. Sur ccs incidents, voir H. P. B., 18G8, H, p. 855-888, U38-957; 18G9- 
I, p. 75-97, 270-280, 417-4
4; - Theologischcs Litcraturblatt, 18G9, p. 252, 
253; - Ruckgabcr, Die Dioecese Rottenbll1'g unci ih1'e Anklaeger (Tubingue, 
Laupp, 1869). 



288 


1.' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


esprit et la nlauvaise tenue du convict de Tubingue; 
et l'évèque élaÏt rendu respon
able. Lc pl'océJé 
choqua Lipp, d'aulanl que l\last avait nlis quclquc 
temps à confesser qu'il étaÏt l'infornlateul' : 1\last 
à son tour fut expédié dans un loin Lain presbyLèl'c. 

lais l'adlninisLl'alion ùu convict de TuLing-ue, 
teIle que l\last l'avait décrite, et bien que les pru- 
fes
eurs sc fus
ent lous levés pour 1a défcndre, 
inquiétaille SainL-Siège : Pie IX gronda forlcment 
l' évêq ne; il réc1ama que Ie directeur lluckgaber 
fût é10igné de TuLinguc, eL celui-ci aussi fut nlÏs 
en parois
e. La presse de tonLe l' .Allcll1agne s'oc- 
cupait de ceLle aiIaire : de 1a Vislule au Rhin, de 
la Baltique au Danube, scolastiqucs et anliscolas- 
tiques, romanistes el germanisles, prcnaienl parti 
pour I\last ou pour Ruckgaber 1 : ces pcrsonna1ités 
secondaires devenaient presque des synlboles; un 
appril, un jour de Inai 186
, que Ie pauvre évêque 
Lipp était 1110rt de chagrin, pour avoir trop aiIué 
Iluckgaber el n'avoir pas assez redonté les rapports 
de l\Iast; ct pen s'en fallait que des gens qui 
n'avaicnt pas l'habitude de p1eurer ]es évêques ne 
pleurassent celui quïIs appelaient captieusemel1t 
une vicLin1e de Ilon1e. 


II était temps, grandement temps, que le COll- 
cile survînt, que SOIl autorité souveraine paci1iàt 
lcs intellig-ences et les consciences, par certaines 


1. SUl' Ie loôle jou{- par K.etlcleL' daUb ces incidents, voir prude, Aellda, II, 
p. iu':'>o 



LES CRISES INTELLECTUELLES 


289 


déclaralions dogmatiques tout 
t la fois ilnpérieuses 
ct mesurées, et qu'au souffle de l'Esprit l'atmos- 
phère allemande fûl purifiée
 
II était temps que cos déclarations, parce qu'im- 
péripuses, éclairassent les adversaires Je r (( ultra- 
lllontanisnle )) sur les conditions auxquelles iIs pou- 
vaienl resler ca.thoJiques. 
II était temps de définir avec exacLitude les cir- 
con
tances et In. portée de 1 Ïnfaillibilité papale, et 
de montrer ainsi que Ie pouvoir rOlnain ne devail 
pas être réputé solidaire de certaines exagérations 
d' (( ultramontanisme )), conlmises surtout par In. 
presse laïque, et qui souvenL s'opposaient, comnle 
des ripostes, aux irrévérences d'un (( g
rmanisme )) 
frondeur. 
11 était trmps que l'écolc dite ullranlunLaine, 
forlifiée et rassurée par la ratification conciliaire 
de ses væux les plus ilupol'lanLs, l'églàt Jésol'- 
mais sos allures sur ceUes de rÉglise, et qu'à 
I Ïmage de cetie Église, renonçant à tOll t esprit de 
pal,ti, elle se montrât sereine, sagement trionl- 
phantc, et conquérante sans provocation. 
II étaittemps que certains parlisans du tholllisme, 
rassurés par les avantages qu'ils remportaient, 
témoignassentàd'autres philosophes eeHe patience 
persuasive dont jadis Benoît XIV, dans sa bulle 
Sollicita ac pl"ovida, leur avait fait un devoir, 
et qu'ils apprisscnt de plus en plus, à l'école de 
saint Thomas, la (( n1odestie, la nlodération, la 
louceur, la charité intellectuellc )), dont ce grand 
pape glorifie ce grand docteur. 


IV. 


19 



290 


L' AI.LEl\IAGNE RELIGIEUSE 


C'esl grâce au concile que lcs crises intellec- 
tucHes clont nous avons tracé l'épincux récit purcnt 
avoir un lermc. L' A.llcmagnc catholique redouiait 
Ie concile; mais en fait Ie concile la sauva; et Ie 
concile, I'ayant sauvée, mél'iiait bien qn'ensuite 
clIe soutfrît à cause de lui. Jaillais n'apparut avec 
plus de relief la souvf\raincté pacificatrice de l'au- 
torité religieuse. 
Au lui1ien des crises avaicnt lnûri des gern1cs 
de schisme : Ie schisme devait s'appeler Ie vieux- 
catho1icisme; l'éclosion en fut lente, les destins 
précaires. l\lais d'autres germes aussi s' étaient 
développés, qui devaient avoil' une vitalité plus 
tcnace; c'étaienlles germes ùu CultufkaJnpf. Les 
arguments d'ordrc théologique et canoniquo qui 
s'étalcront, quinze ans durant, dans Jos assemblées 
législalivcs ue l' Allemagne pour justiHer les vexa- 
tions de l'État, seronl en1prulltés, Ie plus souvent, 
aux polén1iques antérieures de cerlains théologiens 
conlrc Ie 
"'!Jllablls el conlrc Ie ronlanislnc : avant 
luên1e que les honllllcs d'Élat tin Clllturkalnpf 
n'eussenl cno'aO'é 1a Iul-Le des hOlllnlCS d'Éolise 
b b 
 , 
 
s'élaienl rencontrés, pour leur forger d'avance un 
ou tillage in tcllectucl. 



C II 
\. PIT H E V I I 


L ALL E 1\1 A. G NEE T LEe 0 N elL E D U V A TIC AN 


I. Questionnaire de Pie IX sur Ie programme du futur concile : 
la réponse de Senesh'ey. - Lï(lée de l'infaillibilité papale dans 
L\.lIemagne ci1tholiclue i1vanl1870. 
II. Le choÏ\: des consulLeur
 pour Ie concile. - Dé1llarches de 
Schwarzenbcrg- auprès de Home. - Un rapport du nonce 
'Ieglia; se
 conclusions. - Désignation de consulteur
 nou- 
veaux. - Rôle de HereIe dans la pl'éparation uu concile. 
HI. Drochul'es sur le fulur concile; - La correspondance Í1'an- 

'aise de la Civiltà caltolica. - Emoi (fu'elle produit en Alle- 
Inagne. - Les articles de Doellinger (1.0-15 mars 1869) ; originc 
du livre de Janus. - Théorie de Doellinger sur les interpolations 
et fi11sifications d'où serait résulté Ie devcloppement de la 
papaulé. - l\lallifeste ba{lois : menace de rupture avec Rome. 
I V. Intervention de rÉtat ba varois. - La eirculaire 11011enlo11e 
(a.vril 1869) : ses préoecupations au sujet de l'infaillibilité.- 
Article cnvoyé par llohcnlohe it la Ga;;etle universelle. _ 
Attitude de Bismi1rck : sa réponse it Roeder. - ALtitude d'Ar_ 
nim, ministre de Prusse à Rome: ses préoccupations au sujet 
de la commission politlco-ecclésiastique. - Rapports entre Bis- 
marck et Hohenlohe. - Réponses des universités de 'Vurzhourg 
et Munich aux consultations de Hohenlohe. 
V. Le manifeste de Coblentz. - Les (( neuf ùixièmes des_Allemands 
intelligents )). - Le condIe laï(!ue de Berlin. - Joerg et rarche- 
vêque de Munich. - Sérénité d'
\uguste Reichensperger. 
VI. Ketteler et l'infaiIlibilité. - I
change de notes entre Moufang 
ct Manningo - Le lVIéllloire de FraIlç'ois Bl'entano. - La l'éunion 
épiscopale de Fulda. - Happort de Hefele. - Lettre de Ia 
Illajol'ité des évè(IUeS à Pic IX. - LeUre de l'unaniJlJilé des 
,Svêques aux 1idèle
 all"Illi1lHls. - InLerpl'étation tIc cette 

econJc luLtre par Louis II de ßa vière d pal' Ja Ga::.eLte Llnive1'- 
selle. - Les Considérations de DocUingcr sur lïufailliLilité. _ 
Ca.Lholki:Hne liLél'al et germanisme. 



292 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


VII. Ouverture du concile. - Les prélats allemands de la mino- 
rité. - Rôle de ScnesLrey dans lit nomination de la deputatio 
de fide. - Les schémas sur la foi : activité (Ie Marlin. 
VIII. La question de l'infaillibilité. - Action de Sencstrey en vuc 
de l'inscription de cette question ù. rordre du jour. - Triple 
raison pour Jaquellr la majol'ilé elI'S évi"f{ues (l'AUemagne sont 
anti-opporlunistcs. - Projet d'Al'nim : un (( anticonC'ilc )) (les 
États. - Opposition de Bismarck. - Appel d'.Arnim à Doellin- 
gel'. - L'écrit de Doellinger (janvier 1870) : Quelques mots 
sW' Z'adresse des iJlfaillibili.
tes. - Déclaralions de certains 
évÔques allemands de la minoriLé contre Dodlinger. - Sépara- 
tion profonde entre les anti-oPPol'lunisles et les antÏ-infaillibi- 
listes. - Les lettres ile Quirinus. 
IX. - Nouvelles Lentatives fl' Ål'nilll; eITacemenl de Bismarck. - 
Les progl'ès des infaillibilisles. - Arguments de Doellinger : 
leur porlée, non moins menaç'aute pour l'épiscopat tIue pour la 
primatie papale. - Brochures contra lÏnfailliùililé : Hefelc et Ie 
pape IIonorius ; KeUeler et la hl'ochul'e du P. QuareBa. - Les 
Obsel'valions tlu P. 'Vilmers. - Le l11cl1wl'andum Daru : note 
d' Arnim it Antonelli. 
X. Démal'C'hes victorieuses de SenesLl'ey en faveur ,rune Iliscus- 
sion immélliale do IÏllfaillihililé. - NouveJl(!s iIllpatiences 
d' Arnilll ; réscl'vc cunstante .to Bismarck. - RÔle des é\-êqUl'S 
alIemaHlls Ilans Jes nl.hats conciJiaircs. - Kellplcl' et la 
démarche supr(\me dp la minorit{>. - Départ des évêques alle- 
mands de la llIinorilé. 
XI. Le rôle d'Arnim aux derniers .loUl'S du concile. - Invitation 
des évêques à 1<1 révolte et pronostics ll'avenir. - Pl'ojet d'Ar- 
nim rle quitter Rome; refus de Bismarck. - Hostilité bruyante 
de la science allemande contre la décision conciliaire; docilité 
dévouée et silencieuse du peuple catholique allemand. - Une 
méprise de Bismarck sur les condiLions dans lesquelles s'enga- 
gera Ie Cultlll'lwmpf.. 


I 


Lorsqu'en 1.865 Pie IX intel'l'ogea sur Ie pro- 
gramme du futur concile trente-six évêqucs de Ia 
chrétienté. deux questionnaires furent destinés à 



L'ALLE:\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 293 
l' Allemagne : l' un élai t adressé à V\T cis, de Spirc; 
l' autre, à Senestrey, de Uatisbonne 1. Senestrey ré- 
clan1a - comme certains aul res parmi les trente- 
six - que la prochaine assemblée s' occupât de 
lÏnfailIibililé papale. Les moUfs qu'il alléguait 
n10ntrent sous quel aspect se présenLait aux Alle- 
mands infaillihilistes la passionnanle question qui 
dcvait transforn1cr en théologiens certains laïques, 
en hérétiques certains théologicns. 


({ Il n'y a que très peu d'esprits aujourd"hui, écrivait-il. 
qui dénient au Pape la prérogative d' ètre infaillible : ceux- 
là mên1es qui la contestent n'agissent point par motifs théo- 
logiques, mais avpc Ie ùesscin lIe pouvoir affirmer et défcndre 
plus sûreInent la liberté ùe la science. II semble qu'à eet 
effet, à noe époque toute récente, s'est forlnée à Munich une 
école de théologiens qui, dans tous leurs écrits, visent sur- 
tout à ùéprécier Ie Saint-Siège, son autorité, son système 
de gouvernelnent, par des allégations historiques, à l'exposer 
au dédain, et spécialement à contester l'infaillibilité du Pape 
parIant ex cathedra 2. )) 


Senestrey voulait, dès 1865, que Ie n1épris des 
professeurs bavarois pour Ja théologie (( roma- 
niste )} fñt châtié par une riposte æcuménique, par 
nne riposte souveraine. Ð'une (( science )) chica- 
nière, persifleuse et sarcastique, on en appellerait 
au concile : l'autorité conciliaire, n1ise en bran Ie, 
à d'autres époques, pour limiter Ie pouvoir papal, 
se dresserait, cette fois, pour Ie venger et l' exalter. 
C'est en regardant lVlunich que Senestrey voulait 


1. Voir ci-dessus, p. 1!1
. u. 1. 
'::!. Granderalh. Geschichte des ratilwnischen l(on
i1s, I, po 48 (Frìbourg, 
Herder', 19030) 



29i 


r..' AJ,LE:UAGNE RRLIGIEUSF. 


que l'É
lisc parlât, (ìt qu'en précisant les pou- 
voirs c1n Papf', cllr n hrpgeãt òÏnutÎles pol
miques 
et dérouhU dïmpérieuses hostilHés. :\lunich sou- 
le\Tail un déLat : Rome devait l'accepter, l'évo- 
queI', Ie trancher. 
11 ne s'agissait point d'opposer, à un péril nou- 
veau, un dogme nouveau, mais, simplement, d'ex- 
Iraire Ju dépôt de la révélation nne Véfité qui s'y 
ll'ouvait contenue, ct d'affil'mer cette véI'ité, expJi- 
citement, sous la forme d'nne définition dogll1a- 
tique. Et que ]e progrès du dogme s'accomplît 
ainsi par une sorte de réacLion contrc des iendances 
déjà r{-putécs dangereusps ou contre des opinions 
bient.ôl réputées hél'étiques, cela, non plus, n'était 
pas une nouveautéo Le ll1ystérieux mot de saint 
Paul: Opottet hæreses esse, régit r l'histoire sécu- 
laire du dogme; les hcures où I'Eglise s'inquiète 
Ie plus de ce qu'elle appelle ]es ténèbres de l'erreur 
sont tonics proches d'autres heures où ces ténèbres 
ll1ên1es Ini sont une occasion d'épanouir des clar- 

és nouvc1Jes; et Ie fJ'ôIemenl même de ces héré- 
sics clont ellc craint que Ia masse des esprits ne 
soit obscurci rend plus Iumineux pour sa propl'c 
conscience l'irnmuable contenu de la. révéla- 
tion. 
Les conciles du xv e siècle el les écrits des théo- 
logiens gallicans ct fébronicns avaient ]aissé leur 
empreinte sur l'Alicmagne catholique; même un 
théologien comme Liebermann, fondaleur de 
l')
colc de l\Iayence, qui dans ses rnlretiens person- 
nels affirnlait l'infaillihilité, observait à ret é
'ard.. 



I: ALLEl\IAGNE E'f LE CONCILE DU VATICAN 295 
dans son enseignement., une attÏtudp assez indé- 
cise t. 
On croyait parfois, en Ja niant., fa ire o\uvre 
d'apologétique 
 ; comme la polérnique protestante 
reprochait volontiers aux catholiques de réputer 
Ie pape infail1iblp, certains d'entre eux étaient tout 
naturellement tentés de riposter que cette opinion 
théoIogique n'étai t nullement endossée par I'Égl ise, 
et de soutenir ainsi, tout à la fois, que Ie Pape 
pouvait se tromper et qu'en tout cas les protes- 
tants se trompaient; et c'est it cette tentation que 
succombait encore, en 1H46, l'auteur d'un caté- 
chisme enseigné dans Ie diocèse de l\Iayencc 3. 
l\Iais depuis lor8, certains ues catéchismcs du Jé- 
suite Deharbe avaient réaccoutumé lcs esprits à 
l'idée de l'infaillibilité 4; clIe était, en 1855, soute- 
nue par Ie futu!' évêquc l\Iarlin, dans une chaire 
de Bonn:;; en 1860, le concile provincial de Co- 


I. Guerber, Liebermann, p. 299-308 (Fribourg, Herder, 1880). - Sur Lieber- 
mann, voir nolre lome 1[, p. 1.1-19. flu-lilt au lhéologiell Klee (voir noire tome II, 
p. 18), il élaÌL plulÔt, Jans sa DO!/17/nlique, parue en Un5, enclill vcrs lïnfaiIIi- 
bilisme, non !'ans timidité (Fl'iedloich, Geschichte, 1, p. 53G). 
2. KeUeler, à la fin Ju concile, insisla sur ce point, dans le5 observalions 
qu'il présenta au sujel du scluJma de l'infaillibilité (Friedberg, SammlulIg del' 
Aktenstuecke 
um ralicanischen Concii, p.6U8). (Tubingue, Laupp, 1S72.) 
30 Krautheimer, Katechismus tier c1li o istknt/wlischen Religion, mil Gutheis- 
8Wty der bisclwefl. Ú;,tlinul'Ïtcte VOlt JInin.:; ulHll'I'iel', p. '137 (1Ia} ellce, Kirch- 
heim, f8
1Ì), cilé dans Friedrich, Geschichte des Valikanischen Kon::il8, I, 
p. 3 / .0, n. 2 Wonn, 
eusser, 1877). - En revanche, dès 1:;28, dans lp diocèse 
cl'Aix-la-Chapelle, le prNre I\./ausener Jisait à Jean Laurent, Ie fulur vicair'e 
apostolil[ue de Lm..embourg, (Iuïl ne mOUlTait pa3 sallS avoir vu proclampr 
lïnl'ailliLililfo, et Ie LiblioLlu;cairc Joseph Laurent d(ofendait lïnl'aillibilitfo, en 
IS3.ï, contre Ie peintl'e Schadow (Moeller, /Jise/wl' LltUl'Cllt, I, p. 1i7 el 232-2:
3). 
4. Friedrich, Geschiehte, I, p. 3\.3-3ij. - Sur Ocharbe (tSO fl -1R71), ,"oil' notrc 
lome I I I, p. XXXII. 
5. Stamm, Conrad lIJa1,till, po 
!)4-300. Ce sermon esl singulièrement plus 
ùécisif que les critiques de teÜes par les(luelles Schulte, Der .illtkatholicis1Rus, 



296 


L' AI.LEl'tIAGNE RELIGIEUSE 


logne l'affirnlait expressénlent 1; et Sencstrey lui- 
mênlC'" en 1861, dcvant l'assemb]{oe cathoJique de 
l\funich 
 célébrait Ie Pape com me (( la pierre fon- 
danlclltale, la racine, Ie centre ùe l'unilé chré- 
Henne 2 )). L' AHem agne cathoIiquc, par Ie travail de 
certains docteurs, par les solennelles fol'lnules de 
certains évêques, par l' aspira Lion de certaines 
âmes, avait conlnlencé de préparer et de mÙrir 
cette définiLion. Le gestc de 186t>, par lcquel Se- 
nestrey exaltait Pie IX pour avoil' pIus aisément 
raison de Doellinger, ne faisait que succéder à 
d'autres gestes d'hommage, llloins belliqueux, 
mais non moins éloquents, tour à tour concertés 
par 1e catéchisLc expert qu'éLait Deharbe, par le 
prédicaleur pondéré qu'étail 
Ial'til1, et par un con- 
ciIe, eniin, dans Jequc] s'élaient joints aux évêques 
de la Prusse rhénane }' évêque d'Osnabl'ucck et Ie 
prince-é,'êque de Brcslau. 


II 


Senestrcy avait fail ses études au collège Ger- 
nlanique de Rome, et ce fut, aussi, à trois élèves 
de ce collège, que parvint, en decembre 1867, une 
invilation à sc rendre à llome pour y travailler, 


p. Hì7-169 (Giessen. Rolh, 1887) essaic d'élablir que 
larlin, avant Ie concile, 
Hail anli-iofaillibilisLe. 
1. Co)
cile de Cologne, Tit. VI, chapo 21-, (Coll. LaccJtsis, V, co!. 3L1). - t:ro, 
sur lc concile de Cologne, notl'e Lome Ill, p. 23G-237. et ci-dessus, p. 2!2-2:!
0 
20 rl'iedrich, CeschichLe. I, p. 353. 



L' ALLE
IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 297 
comme consultcnrs, dans les commissions du fu- 
tUI' concile 1. I./un d' eux, 
Iaier, connu par ses 
inquiètes polémiques contre 1'Écolc de lVlunich 2, 
était Ie propre secrétairc de Senestrey : il s'cxcusa 
de ne point répondre à l'appel romain. Les deux 
autres, délaissant pour quclque temps rUniversité 
de \Vul'zbourg, s'en allèrent au delà des Alpes; 
c'élaient l'hislorien Hergcnroether et l'apologiste 
Hettinger 3 ; to
s deux honoraient la science et ras- 
suraient les cl'oyants. l\1ais, quelques mois après, 
deux lettres du cardinal Schwarzenberg, arche- 
vêque de Prague 
, exprimèrent au Saint-Siège Ie 
væu que Docllinger, que HereIe, l'hisloricn des 
conciles 5 , que I(uhn, Ie philosophe de Tubingue 6 , 
fl1ssenl mandés à leur tour dans les laborieuses 
commissions qui préparaient Ie concilc. Des deux 
écoles théologiques qui se disputaient l'Allemagne, 
l'une y était représentée, ct fort brillamment, par 
Hergenroether et par Hettinger; Sch,varzenberg 
voulait que l'autre aussi fût entendue. (( En Alle- 
magne, insistait-i] 7, on est très pcrsuadé de la foi 


t. Çollectio Lacensis, VII, col. 104,5 (letlre du cardinal Calerini au nonce 
le Munich: 28 novcmbre 1867). 
2. Voir ci-dessu5, p. 276-2ï7. 
3. Voir ci-dessus, p. 
50. 
4. Voir ci-dessus, p. 204, no 50 
5. Voir ci-dessou
, po 301. 
6. Voir ci-dcssus, p. 283-284. 
7. Collectio Lacensis, VII, co!. 1046-1Ui-7 (lelh'es du 25 mai 1868 aux cal'- 
linaux Anlonelli et Calerini. - Cecconi, HistoÏ1'e du conciie (lu Vàtican, pré- 
iminaires. Trad. BOllhoffime ct Duvillard, IV, p. 704-710 (Paris, tccoffre. 1887). 
l\:('lteler, aussi, Ie 3 seplembrc 1868, dcmandalt au nonce que des professeurs 
%Om me llcfele, Alzog, Dieringer, DC fussent pas exclus des lravaul pl'éparaloires 
lu concile (Pfuclf, lí.cltcICl', 1If, p. G). 



298 


J:ALLEJIAGNE RELIGIEUSE 


corrccte, de la doctrine excellente de Doellinger, 
encore qn'à Rome peut-être sa réputation soit moins 
favorable. )) Des écrits posthumes du grand histo- 
ri('n, datant de 18ß5 eL des années suivantes, ont 
prouvé que Pie IX était mieux infornlé que Sch,var- 
zenberg : à force de militer contre Ie romanisme, 
la plume de DoelJinger avait fini par éclabousser 
l'Église 1. Doellinger d'ailleurs serait-il allé à Ronle, 
si RODle !'cût souhaité? On affirmait au Vatican 
quïl s'y refuserait. Antonelli considéra ce refns 
comn1e acquis 2; et, pour trouvcr en Allemagne de 
nouveaux consnlteurs dont rappel pilt satisfaire 
l'Éminence de Prague, on recourut à l\legJia, nonce 
de l\lunich. 
Les polémiques récentes entre (( scolasLiques )) et 
(( représentants de la science allemande )) avaicllt 
singulièrement frappé Meglia. II était naturel que 
des brochures comme les Cinquante l'hèses de 
Frédéric lYlichelis, sorte d 'ultimatum de ]a (( science 
allemande )) à l'autol'.ité romaine, apparussent au 
représentant tiu Saint-Siège comme Ie symptònle 
t.rps net de malaises alarmants:
. Témoin qnotitlien 


t. Voir ci-des5us, p. 275-280. Ii convieut tJ'observer, aussi, que réimprimallt ell 
t8GR son livre de 18GO : Clu'istenthum Ulul I{i,'chc ill dCl' Zcit (IeI' Grull(llegulI[) 
(ll"aduit ell français par Bayle- Toul'llai, Cm;lcrman, Hì(i3), Doelliuger corrigeait, 
dans celLc édilion nouvelle, les passages Ijuïl avaiL consacrés à la primalip 
papale, dc mallière à altélluer dc plus UI plus Ja portée dc ceLte primaLic : voir 
Ie parallPie enLre les dem: édiLiolls, dans :\lichael. Igna:; l'on DocllillfJer, 2
 édiL., 
p.11-2-t7. 
2. Collcclio Lnccllsis, VII, coL W.i-8 (lcltre d'Anton
lIi à Schwar7cnberg 
dulJ juillcL 18G8). - Fricùloich, lJoelliliger, III, p. 4;;1; eL 700, sc fondant stir 
un propos de Freppel, affirme IluC ce fut Ie cardinal Reisa('h (Iui empècha Romc 
t!'appeler Doellinger. - . Est-il jusLc et sage, ('crivait encore Hefele à Sclmar- 
z('uLcrg Ie 10 mai 18G9, de faire sysLémaLiquement du premier Lhéolo
ien d'AI- 
lemag-ne un cnnemi de Rome? >> (Granderath, Ope Clt., I. p. 71-7:3). 
3. Fr. Michelis, 50 Thescn uebe1' die GestlLlLung del' Ií.iJ'chlichen Ye1'hllelt- 



L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 299 
de ers malaises ([(Ins ]a vil1e mên1C oÌl i1s étaient 
Ie pIns aigus, il écri vit à Rome un rapport t1'0'; 
noir, où Ia fraction de professeurs dont Rome dr- 
vait, au dire de Sch,va1'zcnbcrg, invoqucr les Iu- 
mières, élait portraituréc sans nuances rt appréciée 
sans indulgence. 


Presque tous. écrivait l\1eglia, - COlnme aussi tous Ies 
f>cclésiastiques jouissant de quelque réputation de savoir et 
de doctrine, - 5e font gloire de former ce qu'ils appellellt 
Ie grand parti des savants de I' Allemagne. Leurs aspirations 
consistent en général à encourager et à suivre, jusque ùan
 
ses dernit
res évolutions, Ie progrès scientifique, et cela aVf>C 
nue Iiberté, nne inclépendance entière, maintenant sans 
doute intact Ie dogn1f.>, mais sacrifiant certaine
 doctrines qui 
s'y rattachent et qui ne sont pas défìnies par rEgIise; à Iaisscr 
de côté Ies antiques methodes de la scolastique, ces vieille- 
ries du Inoyen tLge, Jisent-ils, incOlnpatibies avec Ie progrès 
111oderne; à rellùre la InéLhode scientifìque catholique Ie 
plus semblable possible it la méthode scientifique protes- 
tante, afin de mieux faire ressortir la préénlinence de la 
théologie catholique sur Ia théologie protestante ; à donner 
enfin aux études bibliques, phil01ogiques, historiques, une 
large place pour n'en laisser qu'une fort petite it Ia théo- 
logie vraie et positive. Ce qui prédomine chez ce parti, c'est 
l'orgueil. Aussi soufl're-t-il avpc peine Ie frein ùe l'autorité, 
qui selon lui entrave Ie progrès. H Lient peu de cOlllpte 
tles décisions Jes congrégations romaines; il élève aux nues 
Ie systèJne universitaire de l'Allelnagne (( savante )) et Ie 
préfère à celui ùes séminaires de l'étranger; il regarde 
d'un æil cle pitié, sinon ue mépris, Ie Jegré de culture scien- 
l.ifique ùes autres pays, et traite de science à l'état d'enf'ance 
la science théologique Jans les sén1inaires d'Halie, de France 
pt ùes autl'es nations; ainsi s'explique, aussi, pour(Iuoi iI ne 
se lllontre nullelncllt favorable à la fondation J'inslituts 
scientifiques dépendant de l'autorité des év(1IJues, et préfpl'c 


IlÏð.!
 del" Gegenwal'l (Leipzig, Duerr, tS:i8). Les huH premières thèses (p. 2-G) 
viscnL à dlminuer la pl'imatic papale. 



300 


L' ALLE1\IAGNE RELIGIEUSE 


la suborJination au gouvernement civil, pour conserver une 
plus grande Jiberté dans l'enseignement 1. 


On ne pouvait réSUl11er d'une façoIl plus ponc- 
tllclle Ie jugeIllent que portaient sur l'École de Mu- 
nich ses plus vigil ants adversaires. l\Iais était-il 
équitable de confondre dans un même procès tous 
les professenrs des universités? 1\leglia sentait que 
non; il n'ignorait pas qu'à ce moment même un des 
plus brillants éIèves de l'École de Munich, Ie jeune 
prêtre
 Georges Ratzinger, publiait sur Ie rôle sécu- 
laire de l'Ég'Iise conlme institution de charité un 
u 
lravail adnlirable dont quarante années n'ont 
point diIninué la valeur 2. l\Ialgré l'intransigeance 
de ses opinions personnelles, l\Iegiia planait comnle 
nonce au-dessus des partis ; il se rassérénait, au 
terme de sa IeUre, pour expliquer qu' entre ces 
professeurs ainsi définis en bloc, il y avait d'in- 
finies variétés : il citait nlênle avec éIoge deux 
d'entre eux, Ie théologien Dieringer, de Bonn, 
et 11Ústorien Hefele, de Tubingue, et nommait 
encore, comme universitaires, rorientaliste Hane- 
berg, de l\lunich, l'historien Alzog, de Fribourg 3. 
Tous quatre, en octobre 1868, reçurent un signe 


1. Granderalh, 0]10 cito, I, p. i2-74 (Icllre de Meglia an caròinal Calerini : 
2
 septemlwe 18(18). - Cecconi, 0])0 cil., trade fran<;aise, II, p. 333-3H. Nons 
avons cru nécessaire de remanier ici la traducLion française òe Cccc{Jui, en ser- 
raut de plus près Ie texLe iLalicn (Slo?'Ùt del co1tcilio ecwllenieo ralieano, 1,2, 
p. :H3-344; Rome, Lazzarini, 18ï9). 
2. Geuhichte de?' ](Ì1'chlichen A?'menpfle{Jc (FriLourg-, Herder, 18G8). - 
SUI' Georges Ratzingcr (184i-1899), voir Fraenkel dans BeUeIhcim, lJiO{Jl'. J a 1'1"- 
!JueTt, V, p. 
4tj-2}j. 
3. l\Ieglia 1I0mmait aussi, commc susccpLibles d'Nl'e appelés, Ie chanoille 
lou- 
rang, Ie chanoine Giese, de l\Iuenster, Ie profcsscur BerIagc, de Mucnster, le 
chanoine Schmitt, de ßamLel'g (Cecconi, 0])0 cito, trad. rranc;aise, IV, p. 3:1:)-340). 



L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 301 


du Vatican. Dieringer seul s'excusa el futremplaeé 
par Heuser, professeur au grand séminaire de Co- 
logne. Le jésuite Schrader, passé maître en sco- 
lastique, Ie chanoine l\Ioufang, en qui l'}
cole de 

layence saluait un chef, Ie chanoine l\lolitor, de 
Spire, Ie régcnt l\iast, enHn, dont l'Allelnagne en- 
tière connaissait Jes di(férends avec Jes professeurs 
ùe Tubingue, devaicnt compJéter, dans les diverses 
commissions,la repl'ésentation de 1'1\ llemagne ca- 
tholique. Représenlation d'auiant plus iU1partiaJe 
que bigarrée 1 ; les contrastes n1êmes qu'elle ofIrail, 
les heurLs qui pouvaient s'y pl'oduire, n' étaient 
que la répercussion normale des mêlées théolo- 
giques dont souffrail alors Ie catholicisme d 'Outre- 
Rhin. 
{.In UP ces Allenlands, IIefele 2, fut aussitûl dési- 
gné par sa science pour une vastc besugue : nul llP 
connaissait comme lui Jes anciens conciles; et 
bien qu'il fût difficile de Ie supposer infaillibiliste, 
Rome recourut à lui, libéralement, pour concerter 
les détails de la prochaine assemblée. Le projet 
adopté au sujet des mélhodes de délibération fut 


L Doellinger Jemeurail méconlent. Ie Les conseils du cardinal Reisaeh, écri- 
vail-il à i\lal'el Ie 10 déeembre 1RGS, onl obtellu f(u'oulre les disciples des 
JésuiLes, on a encore appelé quelques théologicns modérés : cela donne 'Iuelque 
apparenee d'imparlialité, pemlanL qu'on est parfaitemellt libre d'éearler ces 
messieurs de touLes les questions qu'on veul réserver aux ultramonlains )) 
(Bazin, ''ie de l1I/Sr J.lfarct, IH, p. 78; Paris, Berehe et TraUn, 1891). 
20 Sur Charles Joseph Hefele (18m)-\ 8n), professeur à l'université de Tubinguc 
de 1840 à 18G9, évèque de Rottenburg de 1870 à 1893, aucune biographic 
déLaillée n'ðiste encore. Voir Funk, Allgcmeine deutsche Bioyraphie, L, p. 109- 
115. SOil aetivilé d'historien, dont nous avons (lome II, p. 42), indi'lué les débuts, 
se poursuivit, de 18:;;; à 1874, par sa grande Histoire des C01Lciles, dont ell ee 
moment même Don Leclercq publie ulle nouvclJe lraduclion frauçaise. (Paris, 
Lelousey et Ané.) 


.. . ....",,. 


. I .. 



302 


L-' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


celui de Hefele 1. Sur la forme qu'il convenait de 
donner aux décrets conciliaires, sur la nécessité 
de faire ressortir, dès Ie début de leur rédaction, 
que Ie Pape lui-même les promulguait et les impo- 
sait (( avec l'approbation du cOBcile )), Hefelc fut 
d' aCt:ord a vee les théologiens romains 
. Comme 
eux aussi, il admit qu'une conlnlission devait exa- 
miner les propositions faites par les évêques et 
proposer au Pape, soit de les faire disculer, soit 
de les éconduire : il aurail voulu qu'elle fût nOlll- 
mée, nloilié par le Pape, moitié par les membres 
de l'assemblée; Pie IX se réserva de la composer 
tout cnLière 3 . Si ron décida, enfin, que Ie concile 
aurait à élire, pour débrouiller les gl'andes ques- 
tions à traiter, quatre (( députalions )) de 24 mem- 
bres, ce fut à la suite d'une proposition prinlitive- 
nlcnt déposée par I-Iefele ; et tandis qu'il inclinait, 
lui, à ]aisser un tiers des nlembres à la nonlina- 
tion du Pape, Pie IX, au conl.raire, abandonna au 
cOllcile Ie soin de les choisir tous.. Ce canoniste 
écoulé s'en rcviendra siéger parnli les Pères, 
conlme évêque de 11ottenburg, et celui dont Pie IX 
s'était ainsi sel'vi, comnle consulteur, pour orga- 
niseI' l'assenlbléc, sera Ie dernier évêque d'l\llc- 
nlagne à s'il1cliner devant la définilion qu'elle 
émeltra. 


1. Grandcralh, opo cito, I, p. H4- i-1G. 
2. Gl'auLtcrath, op. cit., I, 1'. 410-H
 ct II, p. 55-57. 
3 0 Granderalh, f.Jp cit., I, p. 4u!\-4lU ct II, 1'. 49-:'2. 
i. úrallJeralh, op. cit., r, 1'- 4U2-407. 



L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 303 


III 


Plusieurs hrochures allenlanues, uès la fin 
de 1868, tracèl'enl aux membres uu futur concile 
cerlains programmes singulièremcn t a venturcux. 
Il en éLait une, signée d'un chanoine de Banlberg, 
qui proposait à leur approbation deux thèses 
nettement gunthériennes 1. Deux autres, dont les 
auteurs sc qualifìaient simplcment d' (( ecclésias- 
tiques calholiques )), paraissaient écritcs sous 
l'influcnce de l'École de l\Iunich, à proximité de 
Docllinger. L'Ull de ces opuscuJes, rclativcment 
ll10uél'é, atlaquait lcs J ésuites, l'Inuex, Ie célibat 
dcs prêtrcs, et soutcllait sur Ies pcLiLs séminaires 
dcs théories qui dcvaicnt déplaire à llome 
. L'autre, 
plus exalté 3 , dcssinait Ie plan d'un concile qui 
scrait une inlll1ensc l'eprésentation démocl'atique 
de l'ltglise. Tous les chréliens y ucvaient être 
convoq ués; ils s'y rasßcnlbleraicnt par nations; 
ùes congrégalions nationales, sortes d'assemblées 



o Ma
'er, Zv'ci Tlwscn rür das allgem,cÙ&c Concil, DamLerg, 1868. - 
Cf. Friedrich, Gcschichtc dcs Vatikanischcn lí.on::ils, II, p. 305-308. 
3. Ein ol!eue.<; 1Vort an die Rise/werc ulId IÚltholikcn Deulseblands mtgr.- 

ichts de8 bev01'stehcndcn allgerneincn lí.onziliu1lLs, VOIL ciucm. Ií.atholischc1t 
Gcistlichen (Ochringcn, Schaber, 186R). 
4. Das naeehste allgemeine lí.onzil U1ul dic wahren ßcducr(uisse dCl" lÚrc!tc. 
Ein \'?"orl an (lUe wahren Christcn [Jeisllichcn unci weltlichcll. Sllliides, t'on 

ÏlH'm lí.lttholischen Geisllichcn (Jcna, Hocchau!'en, 18G!1). - Friedrich, Gcs- 
:hicltlc des ratikanischelL li.un
iI8, 11, p. 
o et 285, prélclld <tHe la JJl'ochUl't' 
Hail du jcullC prèll'e Georges Italzillöer, Ie fulm o bociologuc : c'esL UllC atlir- 
rnai.ion sans fondemenL. - cr. Grandcralh, op. cito, I, po lû8-1û9, et voir ùa)ls 
r
ecconi, Ope eit., traù. rran(;ai
e, II, p. HO-416, la IcUrc du noncc lUeglia à 
Rome, au sujcl ùe celtc brochure, quïl croiL d'orig-ine bavaroisc. 



30
 


, 
L ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


primaires, élaboreraient des propositions. Les 
évêques, groupés en congrégations épiscopalcs, 
étudieraient ces væux de la foule. Les décisions 
seraient prises dans des séances soJpnnelles. Lors- 
qu'il s'agirait de dogme ou de nlorale, lcs évêques 
seuls y voteraient; si des questions de discipline 
étaient en .len, ou de Jiturgie, ou hien encore de 
politique religipusc, les simples prêtres et les 
moines auraient droit à quelques suffrages. Les 
susccptibiliLés nationales seraienl soigneusement 
rcspectées : l'épiscopat de chaque pays aurait un 
nombre de voix proportionné au chiffre qu'attei- 
gnait dans ce pays Ia population catholique; si 
bien que I'Italic, oÙ les petits diocèses pnl1ulent, 
vcrrait nécessairement un certain nombre de ses 
évt'ques res1er à ]a porte dn concile; Landis que 
l'épiscopat allemand, pen nonlbreux pL régnant 
sur de vastcs territoires, siégerail tout eutier dans 
rauguste assemblée. La façon dont s'étaicnt orga- 
nisés ]es Pères de Trente, dont ils avaient délibéré, 
dont ils avaient voté, offusquait I'auteur anonyme; 
il ne jouait si complaisamment au Sieyès que 
pour amener 1 'Égiise à réagir contre un tel précé- 
dent. Passant outre à trois siècles d'histoire, cet 
esprit avancé, qui pcut.être n'était qu'arriéré, 
remontait jusqu'au xv e siècle, jusqu'à Cons- 
tance, jusqu'à Bâle, pour adapter aux maximes 
de 1848 l'Église démocratisée. II y avail une sorte 
d'anachronismc à vouloir ressusciter, dans la ca- 
tholicité à laquelle Pie IX présidait, les expédients 
révolutionnaircs qu'avait imaginés la théologie 



L'ALLEl'lAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 305 


gallicane en vue d' échapper à I'anarchie du Grand 
Schisme : COll1ll1e si 1a papauté n'avait jtHlÏS 
esquivé le joug de certaines aristocraties conci- 
liaires que pour se laisscr tyranniser par une 
démocl'atie conciliaire; con1me si elIe n'avait 
triomphé d'un parlementarisme oligarchique que 
pour devenir la captive et l'esclave d'un certain 
puritanisme. 
Tel était l'opusculc dont s'cnlhousiasmait, à 
],Université dp l\Iunieh, un professeur passanl 
cepcndant pour très pondéro : << II cst impossible, 
disail-il, de compareI' eet éerit à la dernièrc bro- 
chure de l'évêque d'Orléans : chez Dupanloup, 
il n'y a qu'une exposition é]émentairc de la ques- 
tion. La brochure allemande, au contrair0, est 
une æuvre vraiment scienlifique; fauLcur y mar- 
che tonjours l'hisLoire it la main, ses affirmaLions 
sont toules 3ppuyées sur l'histoire 1. )) 
Ccs TuystéJ'icl1x n1anifesLcs avaicnt déjil fait 
grand bruit lorsqu'cn févricr i869 ]a Civi/lå Cat to- 
lica puLlia cerlaine corresponuance rle France, Oll 
l'on affirmait que la plupart des catholiques fran- 
çais attendaienl du concile la proclamation de 
l'infaillibilité, celIe de l'Assomption de In. Vierge, 
ct un certain nOll1brc de formulcs positives, d'af- 
firmations nettes, sur toutes les questions déli- 
cates naguère visées par Ie Syllabus'!.. II fut élahli 


L Cecconi, Ope cito, trade française, II, p. 411. 

. Collectiù Lacensi,v, VII, coI.1141ì-1Hj
, dCecconi, Ope cit.,trad. francaise 
III, p. 187-214- et 228. - Sur l'origine ùe c('LLp corrcspondance el à l'enc
nlr
 
Ie la lhèse de Friedrich, Gcschichtc (Ies Vatikanisc/ten Kon:;ils, II, po 9-JIì, 
voir Grandcralh, Ope cito, I, po 183-t 8G, et cf. ùans Collectio Lacensis, VII, 


IV. 


20 



306 


L' ALLEYtIAGNE RELIGIEUSE 


plus lard que cette correspondance, toute privée, 
avait été discrètpment écrite à l'instigation du 
nonce, pour êlre discrèl(\ment Iue au Vatican, et 
qu 1 ene s' élail glissée par luégarde dans la Civiltà. 
V otre prétendue mégarde cst nne tactique, ripos- 
taient les ad versaires; ils avaient autant de peine 
à croire un .J ésuite capable d'une étourderie 
qu'à croire la chaire de Pierre incapable d'erreur. 
A coup sûr, pensaient-ils, la Civiltà n'avait pu 
faillir : ce qu'elle avait commis de malencontreux 
devait être volontaire; systénlatiquement eUe 
avait agilé la question de IÏnfaillibilité pour 
déchaîner une campagne hostile, qui rendrait iné- 
vitable une ùéfinition. II y eut en Allenlagne 
tout un parti de catholiques, qui accusèrent les 
Jésuites de travailler en agents provocateurs pour 
Ie dogme futur 1 ... Mais sans mentionner ici les 
deux volumes gallicans de Maret, dont la pré- 
paration élait dès 10rs très avancée, les brochures 
· mènles dans lesquelles l'École de Munich jetait à 
Hoale un premier déti n'étaient-clles pas anté- 
ripures à ceUe correspondance tant incriminée? 
Tant à l\Iunich qu'à Paris, les anli-infaillibilistes 


col. H69-1174, la r{.ponse ùe Ia Civiltà (t7 avril 1869) aux altaques de Ia Gfl- 

ettc universcllc ù'Augsbourg conlrc cctle correspondance. 
1. M. Émile Ollivicr, ùisculpant de ce rcproche l'écrivain de la Ch'iltù, S'CI.- 
prime en ccs lermcs : << Voilà l'agresseur, dil-on. Non, car ùéjå à cclte époquc 
les deux volumcs galliC'ans dc Mgr Marel, évêque ùe Sura, étaicnt en prépara- 
lion lrès avancéc, cL ron ne saurail soutellir quïIs aicnt élé suscilés par la pro- 
vocalion dc Ia Cil..'iltà. . (L'J!.:glise ct l'.É'tat au condle du Vatican, I, p. 405. 
Paris, Garnicr, s. ù.). - cr. dalls Pfuclf, ,Mallinckrodt, p. 309, une lettrc ùt 
l\larLin, évèque ùe Paderborll, à .1lallinckrodl, ct dans Friedrich, Geschichte, 
111, p. 103, unc conversalion ùu P. Rolt, expliquant que dcs 1ivres leIs qUl 
celui de Maret provoquaient clpressémenl Ie concile à une décision. 



L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 307 
avaicnt déjà braqué leurs pièccs, avant que l'in- 
cidcnt d(\ la Civiltà ne rendît leur tir plus précis 
et plus nourri. 
L'én1otion fut grande à l\lunich 1. Du 10 au 
1
 l11ars 1869, la Gazette universelle d' Augsbourg 
publia contre l'omnipotence papale une série d'ar- 
ticles anonymes, dont I' auteur concluait que 
l'année 449 s'était tristement illustrée par un 
concile connu sous Ie nom de concile des brigands 
ou de brigandage d'Éphèse, et que ,l'année 1869 
serait marquée par Ie synode des flatteurs 2. 
D'aucuns aUribuaient à l'historien Gregorovius 
cette prose virulente; d'autres au prêtre Pichler, 
connu par ses travaux sur Ie schisme grec 3; les 
plus avisés soupçonnaient Doellinger!.. Cinq mois 
et demi plus lard, ces articles, remaniés et COffi- 
plétés 5, parurent en un volume, sous l' équivoque 
pseudonyme de Janus. L'auteur y développait une 
thèse érudite au profit d'une manæuvre politique. 


1. Voir daus Bazill, Ope cit., Ill, p. 8;>, la Iellre de Doellinger à Marct du 
18 mars 1869. 
2. Cecconi, Ope cit., lrad. française, lIT, p. 236-240. - GranderaLh, Ope cito, 
I, p. 17ã-178. - Friedrich, Doellinge'i', Ill, p. 478-480. -, Voir Ia critique de 
ces arlieIes dans Michael, lJoellinger, p. 58-ü4. 
3. Voir ci-dessus,p. 263. 
4. Granderath, Ope cit., I, p. 181-18
 : Joerg fut de ceux qui lout de suite 
reconnurent Doellinger. 
5. Der Papst unddas Kon:;il, von Janus (Leipzig, Sleinacker, 18(9). - Ce Culle 
ploofesseur bavarois Jean Huber (voir ci-dessus, p. 2(5), philosophe à tendallces 
panlhéisLes, plus tard vieux-catholique, qui s'offril à Doellingcr pour reprendre 
les arlicles dc Janus et en Caire un livre; lorsllue Huber eut commencé Ie lravail, 
Doellinger se décida à y prendre une part, - et ce fut la plus grandee Voir 
Friedrich, Doellingcr, III, p. 484-487. - Le livre intituIé : La papauté, son 
o'i'igine au moyen dye et son développement juslJu'en t870, par Ignace de 
J.)ocllingcr, avec noLes et documenLs de J. Friedrich, lraduit de rallemand par 
A. Giraud-Teuion (Paris, Alcan, 1904), n'est autre que Ia traduction frallçaise 
de Janus. 



308 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


J
a manæuvre consistait à insinup.r que tout Ie 
rléveJoppenlent de la puissance pontificale seraH 
inconl}Jatible avec les principes fondanlentaux Jes 
Etats lllodernes; devant des lecteurs prompts à 
l'etlroi, la docte ménloire d'!gnace Doellinger évo- 
quait les huIles antiques dans lesquelles des papes 
affirmaient leur droit de déposer les rois ou de sévir 
contre l'hérésie. A regarder de près Ia plus terriLle 
d' entre eUes, la bulle Unanl sanctarn de Boni- 
face VIII, on constate sans peine que, strictement 
parlant, Ie privilège de l'infaillibilité ne s 'applique, 
dans ce document, qu'à une lignc d'affirmations 
cxpresses, formelles, solennellcment accompagnðcs 
du mot DefinÙnus : (( NOllS déclarons, en cOl1sé- 
quence, que tonte créature humaine est soumise au 
Saint-Siège J )); et ces mots teis quels, pris en soi, 
n'offrent rien d'alarmant pour les rois, nlênle pour 
les républiques. J\Iais ces distinctions paraissaient 
subtiJes aux profanes, mal accoutumés à conl- 
prenùre que dans certains domaines il est néces- 
saire de distinguer si r on ne veut pas confondre; 
et l'ensemb]e des docunlents alignés par Docllinger 
]aissait à la simplicité publique 
etle impression, 
qu'un accroisscnlcnt de la prinlatie pontifica]p 
nlcttrait cn grave péril l'autonomie des États. 
Au surplus Doellinger, biITant des pages entipres 
de son IlistoÙ>e de I' Église 2, exposait une thèse 


1. C'esl ce que fit remarqucr Ie P. Wilmers dans ses Obse1'vationes (Voir 
Granderalh, op. cit o. Ill, po 23-24). - cr. Fessler. La vraie ct if(, fausse 
iltfaillibililé des papes, trado française. p. 11 el 9G-97 (Paris, PIon, 1873). 
2. Doellinger, Histoire de fÉr/lise, trade Bernard, I, p. 5G-Gl el 212-22G 
(Bruxelles. de Mat, 184-1)0 - DoeUiuger, d'ailleurs, avail en t8G4 refusé de réim- 



L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 309 


nouvelle d'après laquellc ]es pI'ogrès de la papauté, 
dans Ie passé même, avaient résulté d'une série 
d'usul'pations. Jusqu'au IX C siècle, cette puissance 
s'était conduite corrcctement, développée norma- 
lenIent; depuis lcs Fausses Décl'étales, cUe n' éLait 
qu'une excroissance nlorbide. 
Ultérieuremenl, la thèsc ùe Doellingcr, d'après 
]aquelle, en définiti ve, la souveraineté papale 
daterait dc Grégoire VII, apparut comme d'une 
(( fausseté énornle )) : l'æuyre de Grégoire VII, 
aux yeux des historiens actuels, (( n'a pas été 
une création, mais un essai de restauration de la 
papauté du v e siècle 1 )). Alors les disciples de Doel- 
linger s 'en prirent à la papauté nlÔme du v e siècle, 
ct l'on vit 1\1. Friedrich aLtaqucr l'aut.hcnticilé des 
fanlcux canons de Sardique, de l'année 343, ct 
s'efIorccr ainsidc faire rCDlontcrjusqu'au lye siècle 
nlême lcs incorrcctions Je ]a papauté 2. La science 


primer c(' livre (Friedrich, lJoellillgc'i', III, po 343) 0 Schl'{'hen c},.ploHera Lienlôt 
ccs pab'cs aucienllcs de Doellillg-C1', dalls sa brochurc anon
 me: Neue E1'lI'aeguu- 
gell uebe1' dip Frllge der }Jacp
tli('''cn Un{cltlbnrkcit aus dcn lllledm1illfc1t' 
hist01'isc!wn HTcI'ken Doellill!Jers U1'/ruIIIllich ::;1lsam mCII.fJc <;lcllt . (Hatishonnc- 
J'uslcl, 1870)0 cr. Grant/pmlh, Ope cit., I, p. 
O;I-2u/
. Au l'p"l(', ]lncHing-eJ', Ie 
23 mars 1870, sera Ie prcluicr a ('Cloil'C an cÌlanoine Ehprhard. de HalisLonne : 
(c Je nc puis me déchal'ger du r'1ll'ochc d'a ,.oil.' dans mes 
cri ts anl(ol'ieurs, par 
II's hommages rcm}ns au principe papal f'xclusif, conlrihué aussi au mal !Jui 
mainlenant va croissant )) (JIiclll'lis, Die !\.II(/lOlische Ile{ormbeweyullg 'lulll 
das 
ralikani8chc COHcil, éd. Kohut, p. 2í-; Giessen, Hoth, 18R7). - Cf. tuise 
von Kobtll. !!lllll::; VÙ/I Doellill!JCI' : EI'ill1/cr1.tn{/cn, p. 9 (
lunich, Beck, 18tH). 
Cppendant 1\1. Friedrich, /)odfiJlf/c1', II, p. 3
H.-35J, conlesle les soU\'cnirs tlu 
comlc 
pec, Il'après lequel DOf'lIingPI' aurail dit en conver
alioll. pn 1R4.3, que 
nicI' lïnfailliLililé serail conll'edirc la consciellf'c ùe l'Ég-li!\c uni\Crsel1c. 
1. Balmt, Bulletin des /Jibliollu
'1uCS }Jopulail'cs. 190G, p. ;;Ho L'appr{'cia- 
tioll cst sig-niHcali ve SOLIS la plume LIe .M. Bahut, l'historil'll ÙU cOllcilc de 
Turin et des (( origines de la monarchic ecclésiastiquc romaine )). 

. Friedrich, Die lJlIaechtheil ticr Cll1w1tes t'Ol)' Sll1'llica (Munich, Rolh, 
t UOI ct 1902) : traduit dans Doellin
eI', La pll]1llulé, lrado Girallù-Tculon, 
p. 399-40
. L'authcJlticit
 dl'<; canous dp SardifJne a élé vicloriellsemcnt rléfcn- 



31.0 


L' ALl.EMAGNE RELIGIEUSE 


de Doellinger et de son école, pointilleuse et ta- 
quine, expliquait maila riche complexité des faits; 
il y avait quelque chose de volontairen1cnt ré- 
tréci, d'humilianl pour I'hull1anité. dans eetLe 
méthode morose qui se targuait d'aLtribuer à une 
série de falsifications une apparition comme celle 
de la papauté. 
Pour qu'une idée fit son æuvre, pour qu'elle 
fût vraiment une idée-forcc, suffirait-iI, d'aventure, 
qu'elle jaillìt un jour dans Ie cerveau d'un mysti- 
ficateur? L'apocryphe aurait-iJ une telIe puissance 
architccturaIe, que des réalités massives et même 
grandioses pussent n'être rien de plus que les 
. filles du n1cnsonge, et non pas du mensonge de 
la légende, sorte de poésie parfois plus vraie que 
l'histoire, n1ais du n1ensonge pédant et mesquin, 
subtilen1ent préparé par des scribes? Lorsque Ie 
Doellinger de 18G9 rabaissait ainsi Ie grand phé- 
nomène religicux qu'offre I'épanouissement de la 
papauté, il nc prévoyait pas, apparemment, que 
dans Ie prochain quart de siècle I'AlIemagne 
protestante, par la voix des \V ciszaecker ct des 
Harnack, rendrait au contraire homrnage 
t la 
primauté romaine primitive et 
1 la conception ca- 
tholique de cette primauté, tene qu'un autre Doel- 
linger, cclni de 1830 et de 1840, l'avait brillam- 
n1en t défend ue 1. 


ùue par 1\1. Turner (Jou1'n({l of tlwological studies, III, I !IO:"!, p. 3g0-3n) ct 
par Funk \lIisto1.Lclws Jnlu'buch, XXII I, 19u2, p. 497-5Hi), et aLLarJuée de nou- 
veau par 1\1. Friedrich (Revue Iuteruationale de théologie, HJ03, p. t)2.1-G2
). 
1. Sur l'évolulion lrès réeIlc de Doellingcr, voir Wendl, Zeitschri{t {Úl' Ku'- 
chcnqesclticlttc, 190
, p. 281-309, et sur l'impression que produil aujourd'hui 



L' ALLE
IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 31 i 
Mais c.e qui passionnait l'Allemagne savante tie 
1.869, c.e n' étaient pas, si âpres fussent-elles, les 
polémiques entre Ie professeur l\lichelis et trois 
prètres de Trèves au sujet du pouvoir romain 1 ; ce 
n'était pas la brochure du pl'ofesseur Oischinger 
réclamant du prochain c.oncile la revision de la 
scolastique, ou celle du Jésuite I{leutgen sur les 
désirs, les craintes et les espoirs, que soulevait Ie 
rendez-vous æcuménique 2 ; c'étaient les anecdotes 
d'interpolations ou de graUages à tra vel'S lesquelles 
l'énigmatique .Janus semblait dérouler, com me 
un romnn d'aventures, toute l'évolution de la pa- 
pauté. Le futur cardinal Hergenroether publiait 
l'Anti-Janus, et se refusait à croil'e, encore, que Ie 
publiciste auqucl il ripostait fût Docllingcr 3 . 
Janus - car c'était Iui - continuait d'instruire 
les clercs à l'université; il avait sur eux une 
influenc.e in1mcnsc, (( une influence qu' on peut à 
peine comprendre si on nc l'a pas subic )). Co sont 
lcs propres termes d'un théologicn fort connu, Ie 
P. vVeiss, dominicain, qui, de son aveu, se serait, 
à cctte date, fait brûler pour son maître Doellinger 
. 
Janus demeul'ait professeur, éducateur d'esprits, 
directeur d'études, au service de cetie Église qui, 


Ie livre de Janus, voir, oulre l'adicle de Babul, Albert Dufoureq, Bulletin 
critique, HI04, p. 545-54-8, et Turmel, Ilcvtle du ClC1'f/é fmnçaÙ;, 1 er ùéccmbre 
1!:104, p 57-66. 
L Friedrich, Gcscluchtc, II, p. 77-80. -- Grandcrath, Ope cito, 1, p. 19
). 
2. GrandC'ralh, Ope cit., I, p. 
OO-
Ol. 
3. Anti-Janus, cine Itislorisch-thcolu!lischc JÙ'ilik (FrihoUl'g, IIel'ùer, 1870). 
4. Weiss, H. P. n., 1!J08, I, p. 
9tL - Sur Ic!; scntiments òc révèque Grcilh, 
de Sainl-Gall, à l'cndroit de Hoellingcr el de Iïnraillibililé, "\oir Baumgarlner, 
Stirmneu aus J.lfrtritt Lnach, XXVI, 1884, p. 402-404. 



312 


L' ALJ.EI\IAGNE RELIGIEUSE 


s'il le faUait c.roire, bénéficiaÏt depuis dix siècles 
de certaines tron1perips. 
J\lais déjà Frohschammer, depuis longtemps 
sorti de I'Église 1, concluait que, pour être logiquc 
avec lui-même, Janus aussi devait fairc cxode 2. 
Un Espagnol installé à Munich, Lianno, prêchait, 
dans ses brochures, la séparation d'avcc Ie Saint- 
Siège\ elle programme s'étalait, cn mai, dans un 
curieux apppi adressé aux catholiques badois 4 . On 
y signalait qu'à la place du vrai c.atholicisme, 
une confession nouvelle se fondait : Ie vrai catho- 
licisme exigcait tous les dix ans un concile 
provincial, tous Ics ans un synode diocésain; 
]a. confession nouvelle inslallait un absolutisl11c 
ccclésiastiquc. En tre ces dcux re ligions, ]']
tat 
saurait discerner; et co n'cst pas à celle-ci, 
assurénlenl, qu'i1 attl'ihucrait les hiens de l' Église 
et reconnaîtrait des droits d'Églisc. Traitant Ie 
ronlanisnlc en nouveau venu, il qualificl'ait offi- 
cie1]cment d'héritiers légitimcs du calholicismc 
les cnncnlÌs de l'aulocl'atic papalc. Ainsi fernlcn- 
talent les in1paticntcs cspéranccs qui pousseronL 
plus tart! Jos (( vi('ux-catholiques>> it réclamer du 
pouvoir ciyil, en faveur de leur Églisc, un brevet 
d'antiquilé ot un sceau d'authcnticité. 


1. \ oir ci-dessus, p. 228.230. 

o Graudcralh, op. cit., I. p. t!H)-tn. 
3. Granderalh, Ope cit., I, p. t!:li, n. 1. 

.. On trouvera illlégra]ement eel appcl dans Cccconi, op. cit., lrad. franc.:aise 
lIl, p. 312-325. - cr. Friedrich, (;eschic/lte, H, p. 5ü-61. - Cet appel avait pour 
auteur, r)'après FriC'drich, Ie magisLJ'at Bed, de lleiùc1berg; d'après Jocrgo il 
élaiL d'originc ecclésiaslifjue (Granderalh, Ope cilo, I, p. 208). 



L'ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 313 


IV 


Mais déjà, derrière Janus, se dressait l'Elat ba- 
val'ois. Louis II questionnait Ie nonce, anxieuse- 
ment, sur les rumeurs qui couraient au sujet de 
l'infaillibiJité 1. Le professeur IIaneberg 2 l'elltrait 
de Rome; il racontait qu'au début du concile 
ßlanning se Ièverait, demanderait la définition 
de l'infaillibililé, que, (( par une acclan1ation gé- 
nérale et Lruyante )), Ies évêqucs soutiendraient 
l\lanning, et que Ie Pape céderait, (( entraìné par 
cct élan, ce I110UVf\D1cnt du Saint-Esprit )). (( l\lgr 
Ileisach et les Jésuiles, l\Igr 1\Ianning et tutti 
quanti, écrivait Doellingcr, c'est une phalange 
formidable 3. )) Et devant cetle phalange tremblait 
la cour de Bavièl'c, qui de vieillo dale détestait 
Reisach. Docllingcr faisait pour Ie prince Clovis de 
llohenlohe, président du ministère, un brouillon 
tout anxieux, tout apeuré I., et ce brouillon était 
I'originc de Ja retentissantc dépêche tlu !) avril 
lS69, par laquelle IIohcnlohe invitait les cabinels 
de l'Europe it s'(\nlendrc, pour la défcnse des idées 
modernes, pour la sauvegardc des droits des Élats I). 


1. Cecconi, opo cit., trade françaisc, II, p. 43R. 
2. 8ur Hancbcrg, voir ci-dcssus, p. 254, n. G. 
3. Ba7in, op. cit., III, p. 8G-87 (Icllioe de Doellinger à l\l<1.ret, 9 avril lfì(ì9
, 
\la.nning, ullérieuremcnt, Mmenlit rc bruit (Friedrich, GCfJchichte, II, p. lJ. 
1. 1. - Grandcralh, Ope cit., I, p. 300). 
40 I.c fail esl révélé clans les Mémoires de 1I0henlohc (lh:nkwucrdigkcitcn, 
, p. 3;)1)0 - Sur 1I0h(\J}lohc, voir ci-dcssus, p. 179 C't suiv. 
5. Collectio Lrlcensis, VII, col. 119!:1-1::!00. - Cecconi, opo cit., trade Cran- 



3i4 


L'ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


Hohenlohe semblait croire que Ie concile s'oc- 
cupcrait de politique beaucoup plus que de théo- 
logic; on eût dit qu'il perdait de vue - si janulÌs 
son attention s'y fût attardée - Ie discret et vaste 
travail par lequel se préparaient, à Rome, les 
décisions conciliaires relatives aux fondements de 
la foi. Seule, l'infaillibilité l' occupait; il agitait 
devant l'Europe, comme un épouvantail, l'annonce 
des prétentions théocratiqucs sous Ie joug des- 
queUes Ie Pape infaillible courberait les gouver- 
nements teolporels. Chevalier du droit moderne, 
il s'insurgeail contre les condanlnations du Sylla- 
bus, qui, du jour OÙ cUes seraient transfol'mées 
pal" Ie concilc en affirmations positives, cxigeraient 
l'adhésion effective et pratique des diyers États. 
Parce que calholiquc de naissancc, parce que frèrc 
d'un cardinal, il espérait être moins suspect auprès 
des catholiques que ne l'étaicnt les honlmcs poli- 
tiqucs protestants, et pou"oir ainsi plus efficacc- 
nlent donner I'alarmc contrc Ie (( périljésuilique 1 >>; 
ct ce qu'il voulait, c'était que les puissances sc> con- 
certasscnt, à J'avance, contre lcs décrcts qui pour- 
raient êlre votés sur les questions polilico-reli- 
gieuses ou sur des matières mixtes. 
Si Hohenlohe fût allé jusqu'au fond de ce (( droil 


çaise, Ill, p. 456-458. - Matgré loules les précautions priscs par Ie conseillcr 
rle minislère Voelderndorff, une fuile se produisit, et 111. circulaire, qui devait 
l'eslel' confidenlielle, ful publiée dans la presse dc Berlin. 
1. Olto v. Voelderndorff, Beilage :;ur Allyemcinen Z"iÜw(j. 1902, nO 148, 
p. 120 - Cfo Pfuelr, Stimmen flUS ii/aria Laaclt, 1907, I, p. 1 eL suiv. - A la 
Chambre bavaroisc, Ie 4 f(
\'l"ier 18iO, Hohenlohe se défendit d'avoir voulu, pM' 
sa circulaire, faire acLc d'hosWitt'. à l'É
.l ise clIe-même (Hohenlohc, Ðcnkwucr- 
digkciten, I, p. 428-429). 



L'ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 315 
modernc)) dont il s'improvisait Ie champion, il 
aurait constaté que les mêmes maximes qui pré- 
tenJaient delicr les princes de leur fidélité à 
l'Église, abolissaient inversement, par une consé- 
qucnce logique, la souverainelé qu'ils afIectaient 
jadis à son endroit, et que les changemenls pro- 
fonds qui les avaient dégagés de leur obétlience 
les avaient en même temps privés de leur hégé- 
monic... II n'ya de place pour un Philippe Ie Bel 
qu'aux époques OÙ il Y a place pour un saint Louis; 
et les rois n' ont prétexte pour jouer aux sacristains 
que lorsque Jeur trône, en théorie, en principe, 
s'appuie contre l'autcl. IIohenlohc comn1ettait une 
erreurde date en voulant mettre au service du droit 
moderne certains procédés archaïques dÏnterven- 
tion, dïngérence et d'immixtion; l'âge n'était plus 
oÙles États pouvaient aspirer Ü régner sur rÉglise, 
parce que râge n' était plus OÙ la foi chréLi(
nlle ré- 
gnail sur les Élats. Lorsqu'cnjuilleL :1868.àI. Én1ilc 
Ollivier, comme député, réclamail la libcrté du 
concilc, et lorsqu'en 1.869, òevenu chef du minis- 
tère, it savait résislcr it certains de 8es collègues, 
résister, aussi, aux préIats les plus persuasifs, 
pour sauvegardcr victorienscment cetle liberlé, il 
ne faisait qu' enregistrer, en Les commentant avec 
une dialectiquc lucidc, les nécessité
 mêmcs de 
l'hisloire, et donnail ainsi l'cxemple, peut-être 
unique, d'unc poliLiquc rcligicuse aussi rassnrante 
pour les consciences q UP salisfaisante pour les 
susceptibilités de l' (( esprit lalq ue )).l\lais Ie prince 
Clovis dr Hohenlohe ne s'ðlevait point à ces alti- 



3f6 


..' ALL EIUAGNE RELIGIEUSE 


tudes; il voulait que les cours d'Eul'ope pesassent 
sur Pie IX comme, cent ans auparavant, eUes 
avaient, au grand dommage des Jésuites, pesé sur 
Clément XIV 1 ; et Ie catholique Hohenlohe se dispo- 
sait à Iutter conLre ]e concHe comme il luUait à 
Munich mèmc, depuis quelqurs années, contre les 
influences (( cléricales )). L'émoi des protestants en 
présence des avances que leur avait faites Pic LX, 
les brochures de polénlique par lesquelles iis y 
avaient répondu., la ripostc solennel]e quc Ie conseU 
suprênle évangélique de Prusse avait lancée, dès 
1868, con trc la parole pontificale 2 : tous ces fails 
apparaissaient au prince de Hohcnlohe comme un 
indice certain que Ie concile allait troubler Ia paix 
religicusc. La circu]aire diplonu1lique qu'il appor- 
tail comme ren1ède n'était ricn de plus qu'un aclo 
de police ccclésiastiquc ot méritait l'accueil mé- 
diocre, tantôt évasif et tantôt cJéfavorable, que lui 
réservaient les cabinets de rEurope 3. 


I. C'csl Holtenlohe lui-n1t
rnp qui griffomnil cc rapprochement, en mars 1870, 
dans un projC't d.arlicle (lJcltlt"lf'ttudiyl.eiten, JI, p. 3). 

. La leUrc de PiC' IX aux proteslanls (]'A lIemag-ne est puhlif
e, Collcctio 
LrlCC1Ulis, VB. cO). 8-10. Le !) oclobl'e 18G8, rOhpl'1ri1'chcnrat de Bcrlin dénon
a 
)C's avances du l'apc romllle un . empii'lcnwnt inju<;hfìé )) (unhcrcchtiutc1l 
rl.fJc , l'!/i'iff) et invita les pastC'urs t\ rl'comman(lcr d'aulanl plu:'i vivf'ment lcs 
collcr-tl's pOut' Ia sociétí' GuslaH-Adolpltc (Collcclio Lacenaia, YII, co!. 1J
3- 
112\, et Ccccoui, Ope cit., lrad. françai:<c, III, p. Iml-ll0). LOhislorien Onl1o 
Klopp publia nne brochurc confrc ce manifC'ste (Granderath. op. cit., I. p. 341). 
cr. Ie manife<;te tips protestants r(,l1nis à W orIDS (ii 1 mai 186
) coutre Ie p
ril 
ultramontain (Gollectio Laccnai.
, VII, coI. 1132-1t:n; r.ecconi, opo cit., trade 
frau
aise, Ill, p. 137-139), et invcl'scment, Ia Icllrc où quatre pasloul'::J saxons 
affirmaicut à I'i'VêfJHC' Martin ql1c (es pays protC'slants élai!'lll JlltÎrs pOut. IC' 
calhoIicisme ct. quo, si Ie l'ape accorllail )f' mariagc d('s prêll'C's cl rusa
e till 
('.\Iice <lUX IaïquC's, fIe . remarqual,)l's choses )) sur,icnlll'aicnt (Gol/cetio 

aeen8Ü, YII, col. 1137-t1H, et CCl'coni, op. rit., lrall. fraUl;aise, IIr, p. 157- 
171). Cfo, dans Gl'anrIcrath, op. cit., I, p. 343, la Ic>ltl'e tlu Donce McgIia à 
Antonelli (2 mars 18tì!}) sur les disposilions des prolestanls. 
3. Sur l'impres
ion Ppl'oU\'{o(' par l]ohcn1011(' lorsfp.'il I'I'
ut ('pc;; divl'1's r('fuc;;, 



L' ALLEMAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 3i 7 


Doel1inger, à qui I-Iohenlohe translnettait tour à 
ion!' ]es réponses des gOllyernClnenLs, s'efIorçaiL 
de les réfnler. L 'infai Ilibililé, disaÏl-il rn sub
tance, 
a toutes chances d 'êLl'e proclamée; 01 L(3 instaUera ]a 
théocratieen face des pouvoirs civi]S1; et ce sera 
nn fait accompli. Le dogme une fois défini, prrtres 
et fidèles y seront à jarnais atLachés 
 aucun gou- 
vernement ne pourra s'insurger, et les États qui 
s'y cssaieront ne suscileront quo des souri res. II 
n'y a qu'un remède : apeurer Rome tout do suite', 
et prêtcr main forte, ainsi, à ces cardinaux et 
l 
ces évêques à qui déplaît Ie projel de définition 2. 
Alors Hohenlohe lui-nlÔme reprenait la pluine: 
il adI'pssait à la Ga
ette 'lUÛ1}c'J'selle un article 
anonyme pour critiqueI' la. réponsc ]ouvoyante, 
dilatoire, qu'au nom du gouvernement de François- 
Joseph Ie conlte Beust avait faite it 1a circulaire 
du 9 avril. Beust s'imagine, ohjeclait vivement 
I-Iohenlohe, quïl sera temps d'aviser, lorsqu'on 
verra Ie concile se préparcr à des enlpièternenls 
dans Ie domaine politique; mais on ne verra pas 
Ie concile se préparer, on apprendra, tout d'un 
coup, et ce sera trop lard, que Ie concile a empiété. 


voir ses conversations avec Otto ùe V oclderndoIT (Beila!Je zw' All!Jemeinell Z ei- 
tUllY, 19U
, nO 148, po 13). - Le juriste Robert Mohl, minislre de Bade à Mu- 
nich, faisail un mémoire de son côté, pour provorIuer l'illlervenlion des Í
tats 
(Mohl, Lebenserinne1'Ul1ueu, II, p. 317). 
1. Note de Doel1inger (I1ohenlobe, Denkwuc1'lI-iykeilen, I, p. 359-3(0). 
2. Note de Doellinger (Hohenlohe, Denkwuer'digkeUen, I, p. 365-3GG)0 DC' 
son cÕlé, Acton agissail sur Glaùstone, premipr minislrc en Angletcrrc, pour 
provolJuer l'adhésion de l'Anglelerl'e au projet baval'ois; mais Odo Russell, qui 
représentait l'Anglelerre à Home, 8uLissait 1Ïnflucnce de l\lanning; bipn que 
protestant, il travailla victoricusement auprès ùe lorrl Clarendon, dont l'avis 
contrebalança celui de Gladslone, et les propositions bavaroises furent rC'jctécs 
(Purcell, Life of ca1'dinai .Mannin!J, 11, po 433-4-36; Lonùres, Macmillan, 1895). 



318 


L'ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


(( C' est dans Ie dogme del' infailJ ibiIité, con tin uait -iI, 
qu'est l'avenir de l'ultrarnontanisme, c'est Ià qn'est 
Ie noyau ùe l"ol'ganisation absolutiste de Ia hiérar- 
chie; c'est Ie courOnnell1ent de l'æuvre à Iaquelle 
s'acharne depuis des années Ie parti ultramontain, 
et aucun évêque n'osera s'y opposer. Du concHe, 
Ia hiérarchie sortira plus forte et plus puissante, et 
Ie combat commencera contre Ia ci vilisation rno- 
derne avec des forces toutes fraîches 1. )) 
TanJ.is que Hohenlohe s'agitait, Bismarck obser- 
vait et attendait. Roeder, qui représentait en Suisse 
Ie roi Guillaume, interrogeait Bismarck sur les 
intentions de la Prusse; Ie 23 mars 1869, Ie futur 
chancelier répondait que Ies évêques ne subiraient 
aucune entrave, que Ie gouvernement s'abstien- 
drait, qu'on se tiendrait prêt d'ailleurs à défendre 
les droits de l'État si ces droits étaient en péril, 
mais que pour l'instant aucunes mesures préven- 
tives n'étaient nécessaires 2. Ainsi pensait Bis- 
marck, douze jours avant que Ia circulaire Hohen- 
lohe n' étonnât les chancelleries. Arnim, ministre de 
Prusse à Rome, dans une lettre qu'il adressait à Bis- 
marck Ie 14 mai 1869 3 , affichait la même indiffé- 


1. IIohenlohe, DCllkwuerdigkeiten, I, p. 363-365. - Sur les raisons de l'abs- 
lention de Beust, voir Hohenlohe, Ope eit., I, p. 392. 
2. Colleetio Laccnsis, VII, co!. nO
-1
03. 
3. Collectio Lacensis, VII, col. i 203-1206. - Cecconi, Ope cit., trade frau- 
çaise, III, p. 563-568. -Harry-Charles-Conrad-Édouard d'Arnim (1824-1881) était 
miuislrc à Rome depuis 1864, ct avait contribué, en 1866, à l'alliance offensive 
el défensive entre la Prusse et I'Halie. II fut plus tard, du 9 janvier 1872 au 
2 mars 1874, ambassadeur d'Allemagne à Paris. La publicité flu'il donna à une 
correspondance échangée entre lui et Doellingcr au sujet du concile, et la dis- 
parilion à l'ambassade de Paris, constatéC' par son successeur Hohenlohe, de 

o pièces environ relatives au luluI' conclave, furent l'origine du fameUl: pl'ocès 
d'Arnim, Voir Arnim, Pro Nihilo (Paris, PIon, 1876). 



L' ALLEl'ttAGNE ET LE CONCILE OU VATICAN 31.9 


rence au sujet de l'infaillibilité. Illui semblait que 
Doc]Jinger, - ce ({ pape infaillible de Hohenlohe )), 
comme l'appelait unjournaliste de Silésie,- s'exa- 
gérait singulièrement la portée du débat. Arninl, à 
ceUe date, était tout prêt à n'y voir qu'une simple 
chicane de mots: que Ie Pape ne fût infaillible 
qu'avec les évêques, ou qu'iIIe fût sans les évêques, 
en quoi cela méritait-il d'intéresser les États, et 
surtout de les inquiéter? l\lais Arnim ajoutait que 
la ({ commission poli tico-ecclésiastique )) préparait, 
à eUe toute seule, certaines décisions intéressant 
les rapports de l'Église et de l'État, que les gouver- 
nements devaient protester, et que par surcroît les 
divers cabinets de )' Allemagne devaient exiger 
d'être représenlés, aux délibérations mêmes du 
concile, par un ou plusieurs ambassadeurs. A cetle 
date, ce n'est pas de l'infaillibilité qu' Arnim se 
préoccupait, mais uniquement des formules posi- 
ti yes qui pourraient être votées au suj et des deux 
pouvoirs. Quelque précise et restreinte que fût son 
anxiélé, Bismarck, encore, la trouvait exagérée. 
Que des puissances protestantes pussent être 
représentées au concile, c'était impossible, aux 
yeux de Bismarck : leurs délégués ne seraient pas 
écoutés, et ne recueilleraient qu'humiliation pour 
leurs souverains. Assurément, dans Ie vieil État 
chrétien, où Ie droit canon devenait droit public, 
Ie prince devait prendre part aux assemblées où 
s'élaborait ce droit, mais la Prusse fondait sa poli- 
tique sur cette double idée, que 1 'Église était 
libre et que tou l empiètement dans Ie domaine 



320 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


rle l'État comportait une répression : dès lors, 
renvoi d'un alnbassadenr au concile innuguI'erait 
llne confusion nouvel]e cUÌl'e les deux pouvoirs. 
Tout ce que retenait Bismarck dans la letLre de 
SOIl n1illistre, c'est que la commission polilico- 
ecclésiastique devait attireI' la vigilance des gou- 
vernelnents : aussi se disait-il auLorisé par Ie roi 
Guillaume à négocier avec la Bavière, et mên1e 
avec les autres États de l' Allen1agne, en vue de 
faire savoir, à Rome, que si l'Église s'a"isaiL 
d 'usurper, les gouvernements résistcraicnt 1. 
Le 12 juin, à Berlin, Hohenlohe dinaît chez 
Dismarck avec VarnLucler, Ie premier ministre till 
vVurtemberg. Que Rome fasse toutes les extra- 
vagances qu' eHe veut, disait VarnLuelcr, ce sera 
un clou de plus au cercuei] de l'ultramontanismc. 
Bismarck montra plus de complaisance apparenle 
pour les désirs de lluhcn]ohe : il croyait hon qU(ì 
]a llavière, par une sorie de démarche préventi ve, 
envoyât ä Romequelque personnalité, qui feraÏtoffi- 
cieusemellt certaines remarques au nom des divers 
ÉLats de I 'Allemagne. Varnbueler finit par accep- 
ter l'idðe 2. l\Iais les semaines passaienl, et rien np 
se ùécidait. On annonçait, un instant, que ]e roi 
.Jean de Saxp aUait se rendre à Ronll' ponr parlpr 
au DOlU de l' Allemagnc 3. Son état de santé, l'in- 
certittHlc dc la 
ituation, finissaient par 1'("\1l flis- 


L Lcttre de Bismarck à Arnim, du 2tt mai 1869 (Collectio Laccnsi,f, VII. 
col. 120G-1208); Cecconi, Ope cito, trad, fran
aise, Ill, p. 5GfI-57
. 
2.Ilohcnlohe, Ðel1kwuel'diykeitcl1, I, p. 374-37G. 
3. Doellingcr, Akademische l/ortraege, II, p. 
30-231. 



L'ALLEJIAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 32J 


suader. Hohenlohe, Ie 14 juillct, se plaignait à 
Louis II de la nlauvaisc grâce de certains États 
allcmands, jaloux sans doute de la Bavière 1 ; Ie 
5 aoÙl, iL avollail à Bisfilal'ck n'avoir pas encore 
Inis la main sur la pcrsonnalité qui dcvait à Rome 
fairc délicatement la grosse voix 2. Bismarck se 
consolait du retard: évidemmenl il ne sc souciait 
qu'à nloitié de se compromcttre avec Ie gouverne- 
ment de 
lunich. Ministre d'un État protestant, il 
préférait laisser tt la llavière la responsabilité d'ex- 
plications pénibles avec Ie chef de la catholicité. 
II savait d'ailleurs, sans doute, que la cour de 
Rome était résolue it ne sounlettrc au concile 
aUCUll des projets élahorés par la commission 
politico-eccLésiastiflue ;} ; ot cela suffisait pour l'as- 
surer Bismarck. Le 11 août, il se félicitait, dans 
une leUre à IIohenlohe, que, grâce à l'entente des 
cabinets allemands, Ie (( parti des fanatiques )) 
eût désormais moins de crédit auprès de Pie IX; 
il observait qu'assurément les États, au llloins 
ceux de }' Allemagne du Nord, trouveraient des 
armes dans leur législation, mais qu'il était pré- 
férable de prévenir tout conflit, et que Ie ministre 
les cultes agissait en ce sens sur l'esprit des évê- 


1. Hohenlohc, Op. cito, I, p. 31H-. - Dans la prcmière moilié d'aoÙl, voyanl 
. Munich Friesen, millish'e du roi de SaA.e, il insislail auprès de lui pour que ce 
oi ou un prince saxon allassellt à ROUlC (Friedrich, Revue intenwtiouale de 
rhéologie, lU07, p. 
I;o). 
2. Hollf'nlohí', Ope cit., (, p. :38;). D'ailleurs, la politique iul{.rieure bavaroise 
cndail malaisé Ie succès des projcls òe IIohenlohe : il explilJuail pIns lard, 
ans un brouillon d'arLicIe, que scs projels n'avaienl pour eux ni la majorilé 
uItramonlaine )) Plue en mai 18Ga (voir ci-dessus, p. 189), ni les libéram., qui 
e moquaicl1t de (a lh
ologie (LJcnlLwue.rdigkeitcn, II, p. 3). 
3. Ollivicr, Ope cit., I. p. 532. 


IV. 


21. 



322 


L' ALLE:\IAGNF RELIGIEUSE 


quest. Ainsi Bisfilarck, cn mars et mai 1869, consi- 
dérait Ia procIan1ation évcntuelle de l'infaillibililé 
comme Ulle aITaire pUreTI1cnt lhéo10gique, que Irs 
princes laïq ues, spéciaIelllcnt les princes protes- 
tants, pouvaienl pnvisager avec plpinc indiITérence; 
elies nouvelles qu' en aoÍlt il reccvail de Home lui 
faisaient espérer l'issue pacifique des délibérations 
conciliaires. Tandis qu'il suffisait de grossir les 
alarmes de Hohcnlohe, de grossir mème celJcs 
d' Arnim, pour acheminer l' Allcmagne, tout doucr- 
ment, vel'S l' éclosion d'un CultUl'kal1Zpf, Bismarck, 
au contrairc, pariait encore et agissait encore en 
hommc de paix religieuse, et comme sïl n'avait 
e\1 d'autrc idéaI que de proionger en Prussc 1a 
politique cccIésiastique de Frédéric-Guil1aumr IV 2. 
Ilohcniohe, lui, n1aIgré la fraìcheur d'accuciL 


1. Collectio Laccusis, VII, cot. 12tJ
0 - Cecconi, Ope cit., Lrad o fran
aise, III, 
p. 573-574. - Si l'on en croiL des rellseigncIl1ents inédiLs uLiHsés par h'ie(.h'ich, 
Geschicllte, II, p. li4, 1c 1'0i Guillaume, ayanL à diner l'évêquc de Fulùa, Ie 
miL en gardo conlre les répelorHssions poliLi/lues possiLlf's du fuLur concileo EL 
la IclLre adressée pm' .l\lU(\hlcr, minisLre des Culles, Ie 8 ocLohre 18ti!), à l'arche- 
Y("PIC' l\Jel('her
, ('1 donL copie Cut lransmiso par )Iuchlcr Ù lou
 Ie@; évêf(ues prus- 
sif'ns, insi!5taiL sur la néces!5ité de ne pas lroulJler (( l'HaL jUl'itiiquC' ('L l'état 11(' 
paix ), dl! royaumc, eL 
ur le
 mesures qu'aurait à prendre !'EtaL conll'C dl'S 
l1'ouIJI"s é\CuLuels (Collectiu LacensÙ
, \ II, col. 12(Jt)-HOU; Cecconi,op. cito, 
Irad. fl'ûnl.:ûisc, III, p. 574-5i:>)0 
2. Plu
 tard, dl's discussions s'cngagèl'l'nL dans Ia pI'esse alleuJaude eL à la 
LI'iLune allemande, concernanL l"aUilude l'especli"e de Bismarck et de IIohcn- 
10he à l'cndl'oiL du concile. La \rese1' Zeiluny, en avril 18i3, raconLa que 
Bismarck avait "\oulu laisser aux puissances caLholiques la préséance pOUl' 
Loule démarche; et Ie prince de Hohenlohe, dans un discours LCllu òevant ses 
élecLcurs en oclobre 18i4, affirma que Bismarcl. avait éLé d"accord avec Iui, 
mais que l'effacement de I'Aul1'iche el de la France a"aiL empèché LouLe action. 
A la Chambrc prussicnne, Ie II décemLre 1880, WindLhorst célébra Ia pélléLra- 
Lion dont Bismarck avait fait preu\"e en n'agissant pas cOllLre Ie cOl1cile, et lcs 
journaux libéraux se mirent à aLLaquer Bismarck en disant qu'à cette ëpoque 
Hohenlohe senI avait vu clair (Hu!5t, Reichskan:;lu FUPJ'st Chlodwi!J =u HolleY/- 
loILe SchilLinflsfuet'8t und seÌ1te B-rueder, p. 76-830) - Cfo OLLo v. Voeldcrndolf, 
Beilaye =W' Allgerneinen Zeitun{l, 1902, nO 1 í8, p. 14. 



L 'ALLEIUAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 323 


qu'il rencontrait enEurope et même en Allcmagne, 

ntretcnait dans l'opinion pubJique, et dans son 
propre cerveau, une sorte d'obsession des périls poli- 
Liql1es qu 'cnLraînerait I Ïnfai Ilibilité: il tfuestionnait 
d'anlres prêtrcs, il queslionnait des législes, pour 
qu'ils lui fournissent des raisons d'avoiJ' peur 1. 
A \Vurzbourg, il étaÏt déçu : la faculté de théo- 
logic lui répondait qu'alors même que Ie concile 
déclarerait Ie Pape infailliblc el dogmatiserait sur 
Ie Syllabus, l'accord des deux pouvoirs ne serait 
aucunement lésé; elle niait que la définilion con- 
ciliaire pût avoir comme effet de donner une valeur 
dogmatique à Ia théorie de ia souveraineté du Pape 
sur les rois ou aux principes canoniques sur I'im- 
muniLé desclercs 2 . ftlais les théologiens de 
lunich, à 
l'unanimité moins deux, tinrent un autre langage. 
Le Jésuite Schrader avail tenté de I'élliger les 
formules affirmatives qui ripostaient à chacunc 
des thèses condamnées par Ie Syllabus 3 ,. et rune 
de ces fornlules énonçait que Ie pouvoir civil ne 
peut pas s'imnliscer dans les questions de religion, 
de morale et de droit canon, ni se fairc juge des 
instructions données par les chefs eccIésiastiques 
comnlC des règles pour la conscience. DoeHinger 
ct ses collègues voyaient dans cctte phrase un 
péril public". Plusieurs brochures surgirent pour 


1. Lcs questionnaires souL publiés Collectio Lacensis, VII, col. 1200, et 
Il'aduits dans Cecconi, op. cit., trade fran
aise, III, p. /j,59. 
2. Cecconi, úp. cit., lrad. fl'an,::aise, lII, p. 460-524. 
3. Schrader, Die En:;yklika vom 8 Ðe:;erttber 1864. (Vienlle, Sartori, 18G5.) 
- Granderath, Ope cit., I, p. 177 et 3li3. 
40 Vavis lie la majorité des théologiens de Munich est pubIié dans Fried- 



32ft 


I.' ALLEl\IAGNE REI.IGIEUSE 


les réfuter. Alors les juristes vinrentà la rescousse; 
la faculté de droit de l\funich proclama que les déci- 
sions conciliaires projetées bouleverseraienl com- 
plètement, en Ba vière, les rapports de l'Église et de 
l'ÉtaL La consultation qu'elle rédigea nlettait en 
relief certaines thèses du Syllabus et répondait à 
ces anathèmes d'Église par l'affirmation très tran- 
chante et très crne de la prépondérancc laïque 1. 
Les cartons des nlinistères s' ouvraient à ces docles 
mannscrits; il y avait lit des armes toutes prètes, 
que manieraient, à l'heure opportune, publicistes, 
lllagistrats et policiers 2. Ilohenlohe priait les 
autrcs gouvernements de l'Allemagne de mobiJiser 
aussi leurs savants 3; les gouvernements restaienL 
sourds. La déÍÌantc devise: Si vis pace')}z, para 
belllun, qui même n' cst pas loujonrs justifiée Jors- 
qu'i! s'agit des relations entre deux États, devient 
messéanle dès qu'on veut l'étendre aux rapporls 
avec l'Église; et lorsque, sons les auspices de 
Docllinger, la catholiqne Bavière, seule parmi les 
puissances allemandes, aménageait un arsenal et 
préparait la guerre, 10rsqu'elle remplaçait son 


berg, Sammlun!l der Aktenstuecke zum ersten "Vatica1tÏschen Concil, p. 298- 
303 (Tubingue, Laupp, 1871) el Cecconi, up. cito, Lrad. françaisc, IB, p. 524- 
532. - L'avis de Ia millorité des théologiens de l\Iunich (professeurs Schmid 
cL Thalhofer) est puhIié dans Friedberg, Ope cit.) p. 303-313, el traduit dans 
Cecconi, op. cit., trade française, III, p. 
3:!-544. 
1. Friedberg', Ope cit., p. 313-323, ct Cecconi, Ope cit., trad. française, IIJ, 
p. 545-557 : comparer l'avis divergent du profcsscur Hayer, dans Friedherg, Ope 
cit., p. 323-325, ct Cecconi, op. cit., trade françaisc, 1Il, p. 557-560. 
2. C'est de quoi sc félicÏlait Hohenlohc, Ie 
 i- mars 1870, daus un brouillon 
d'arLiclc (llohenlohc, DeukwuC1'digkeiten, II, p. 4). 
3. Cecconi, Ope cit.. trade fral1çaisc, 11# p. 3DG.397. - Cf. Granùeralh. Ope 
cito. I, p. 36G-367. 



l:AT.LEl\IAGNE ET LE CONCILE DU YATICAN 325 


minislre à Rome, Signlund, réputé trop conciliant, 
par Ie comte de Tau {Ikirchen t, homme de confiance 
de Hohenlohe, lorsqu'assez sèchement eUe préve- 
nait lesévêqnes que des décrets conciliaires incom- 
patibles avec Ie droit public ba varois ne pourraien t 
pas être pnbliés dans Ie royaunle 
, on ne pent pas 
dire, en vérité, que la Bavière vou!ûl la paix. 


v 


A ]'écart des publicistes qui voulaient émouvoir 
r opinion, à l' écarl des dip lomales qui vo ulaient 
émouvoir l'Enrope, une autre action s'exerçait, 
moins agressive et plus discrète, sur répiscopal de 
l'Allemagne. L'évêque de Trèves, dans une pasto- 
rale, avail expliqu('\ que les prêtres et même les 
lalques pou vaient intluer sur un concile. Les esprits 
vibraient trap pour être insensiLles à de pareilles 
l'emarques; on y voyait des invites. Un professeur 
de Cùblentz, Stumpf 3 , qu'une certaine fougue pous- 


1. Sur Ic rcmplacf'mellt eI(' Siglllllll.I, futl1r m('mbl'e Ilu Centrc, par 10 comle 
Tauffkirchen, voir Friedrich, (;cschichle, II, p. 392-3!H. 11 sembl(', d'après 
une leLLr
 du carrIinal Hohcnlollf' it son frèrc (Hohcnlohe, ]Jcnkwucl'di!lkciLen, 
I, p. 398-399), f(ue co fut Ie cardinal qui provoC[ua la ùisgrâcc <10 Sig-mund, cou- 
pable de ll'avoir pas protesté lorsque Antonelli lui disaiL : (( Le prince de 
Ilohenlohe veut. faire Ie lhí'ologien .. l\1. Friedrich, a"cc son hal)ituellc tlcl'eté, 
accuse d'aillenrs TaufTkirchen de s'être laissé cireonvenir par KeLLcler el dOêtrc 
devcllu complai
anl pour Ics (( ulLramonlains .. 
2, Voir la circulairc oe Gresser, rninislre des cnILes, au\. (
n
'IlleS dc Bavil-l'e 
(7 nov, 18G9), dans Colleclio Laccnsis, VII, col. 1202, ('l Cel'coni, up. cit., 
t l'ad. franc,ais(', III, p. 5G2-:ilì:l; et surtout les instructions de IIohclllohe it 
Tauffkircholl (10 décemhre 1Rtì!l) snr la fa<<::on de parler aux {>\.;fluOS (FrietlLcr
, 
Sammhmy dCf' AkLcn,<;Luecke, p. 2í). 
3. Sur Théodorc Slumpf (1S:!1-18ï3), voir ci-dessus, III, p. 1
!}, n. 
, ('I 
H(,usl'h, A ll!lf'mcinc dcuL8che Bioyrnpllir>, XXXYI, p. í:jlì-ï:ii 0 



326 


, 
L AI..LErtIAGNE RELIGIEUSE 


sail sans doute à des généralisations faciles, allégna 
qu'en effet la correspondance publiée par la Civiltà 
dénotait I 'effort d 'un grand ordre religicux pour 
exercer une posée sur l'assemblée æcuménique, 
et que des (( Allemands intelligents )) avaient Ie 
droit d'agir, non moins que Jes Jésuites. Lo mani- 
feste qu'il rédigea circula dans la région de Co- 
blentz, en q uête de signataires distingués. 11 con- 
cluait neltement que la définition de l'infailli- 
bilité n'étaÍt pas opportune, et qu'elle risquait 
d'entravrr l'union des Églises. Si d'ailleurs Ie con
 
cile voulait de la besogne, Stumpf lui signalait 
quatre tàches : rom pre avec la conception nlédiévate 
d 'un Élat théocratique OÙ la contrainte des lois 
ci viles cst nlise au service du dogme; travaillcr 
au reIèvement scientifique du clergé; organiser la 
participation des fidèles à la vie de l'Église; sup- 
primer ]'lndex 1. Un accident fit s'cn voler une copie 
de ce papier dans les bureaux de la Ga
ette univel'- 
selle d' Augsbourg. L' évêqne de Trèves, mécontent, 
g-arda Ie silence 2 . Stumpf collaborail souvent à la 
Feuille de littétature tlzéologiquc, de Bonn : dans 
colte ville, aussi, l'adresse trou va des signataires, 
qui I 'expédièrent à Melchcrs, archcvêque de 


t. Oil lrouvera Ie leÜc dans CollcrllO Laccllsis, YIl, co1. I I 75-t18U ; la 
tl'aducLion dans Cecconi, OJ). cit., tl'alL fransaise, 111, p. 
2Ii-:.!37. - 1\Ionla- 
h'lIlberL, déjà tl'ès matuie, fé!icila St Ulll}lf }IoU!' l' (( aùmÏ1'able adrc
se, sanS 
défaut pour Ie foud el la forme... J'cn sigllerais \o!oIlLi('l's chaque liglw, ajou- 
taiL-i1. J'ai cru voir un éclair perçallt les ténèbrcs, j"ai cllLcndu ulle parole 
virile ct. chréLiennc au milieu des òéclamatiolls eL des flattcrics <lout on lions 
assourdlt . 
Collcctio Lncensis , VII, co1. 1181. - C('ccoui, ú)Jo cit., trade 
rrançais
, III, po 338-341). 

. Grand('rath, 0)1. ('it., I, p. 
Ht. 



L'ALLE1\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 321 


Cologne 1. 
Ielchers répondit q u'il ferait usage de la 
communication et qu'en promettant soumission, 
quoi qu'il advînt, auxdécrets du concile, ces laïques 
réjouissaient son cæur d'évêque 2. En fait, StUll1pf 
oubliera plus tard l'engagement qu'il avait pris, ne 
l'ctiendra que les avis qu'il avait donnés; et, mor- 
tifié, il quittel'a I'Église. 
Le manifeste de Coblentz n'avait fait que repro- 
duire, sous des signatures Iaïques, les idées et les 
væux qll'exprinlaÌent volontiers, dans leurs cercles 
restreints, un certain nonlbre de professeurs des 
facultés de théologie; mais, en traitant d'une façon 
sommaire des questions délicates, it encourait des 
i'epl'oches qui ne lui furent pas épargnés. Les 
Voix de l
lal'ia Laach lc discutèrent, avec leur habi- 
Luelle précision théologique 3. On accusa Stunlpf 
de provoqucr une immixtion des puissances laïques 
dans les débats conciliaires : il se défcndit en 
observant que la rédaction de l'aùresse, qui ùatait 
ùu 23 mars, étaÏl antérieure it la publication de la 
circulaire I-Iohenlohc. On nola certaines harmonies 
entre les aspirations dc l'École de Munich et celles 
dont témoignait Ie manifeste de Coblentz. Stumpf, 
qui d'ailleurs avait reçu de Doellinger une chaude 
lettre de COll1pliments, maintint que Ie docte pro- 
fesseur était (lu moins complètenlent étrangcr à la 
confection du docurncnt 4 . :\1ais J'intl'épidilé qu'afTec- 


I. 
Ul' l'tlclchers, voir notre tome 1[(, p. 308-3120 
::!. Collectio Lncensis, VII, col. 1181. - Cecconi, Ope cit., ll'aùo française. 
Ill, p. 337-338. 
3. Gl'alldN'ath, 01'. cit., I, p. 2IG-221. 
L Cf)l1f!l"lio L,1('f'n.-;i8, vrr, ('01. LIf'::L 



328 


L' Al..l.EMAGNE RELIGIEUSE 


taient les manifestants de Coblentz à s'aventurer sur 
les terrains les plus variés compromettait plutôt 
qu'elle ne fortifiait leur action principale, qui 
visaitl'infaillibilité. Car, enmêmetemps qu'ils vou- 
laient dissuader Ie concile de déférer aux væux de 
ce qu'i]s appelaicnt une école, ils proposaient en 
hloc à sa ratification, en matière intellectuellc, cano- 
nique, politique, les væux d'une autre école; ot du 
jour où l'anti-infaillibilisme apparaissait comme 
étroitement lié à un certain système de fronde 1 , 
la définition conciJiaire semhlait d'autant plus 
urgente et d'autant plus justifiée, que Stumpf sr 
flattait d'avoir 
t sa suite (( Jes neuf dixiè'nles des 
Allemands intelligents >). On pouvait estimer, 
nlênlc, qu'en prenant l'iniliative de cettc définition 
Ie concile opposerait 1[1 plus cfficace des réponsrs 
à ceux qui demandaient, conlme Ie faisrtit Stumpf 
dans unr leUre à l'évt>que d'Ernleland, que des 
synodes diocésains fnssent préalablement réunis, 
où les laïques seraient rt'présenlés 2. C' était cons i- 
dércr l'assemblé(' æcuménique conlffiC une émana- 
tion des asscnlLlées prinlaires de la chréticnté, et 
COlnme tenant son pouvoir tl'Pll has plus que d'cn 
haul. l\lais, dès lors, puisque la souveraineté du 
concilc étaÏt en butte aux nlêmcs suspicions que 


L l..e P. Albcrl Weiss, Dominicain, professeur à rUniversité de FriLourg, 

lait, à ceLLe éPOfJlIC, lrès aLtaché à Doellinger et à Reusch; il raconLe que le 
séjour (IU'il fit à ColJlcntz auprès de Stumpf, au moment Oll ceLte adresse alJaiL 
remuer Ie monde, lui rut une lwemière révélation des périls graves que COUl'aÏt 
l'école lh{oologique à laquelle sa jellnesse s'atLachnit (H. P. li., 1U08, I, po <;!!}G- 
297). - KaufmaHn, Ie bourgmcstre catholique de Bonn, Nail hostile á la McIa- 
ration de Coblenlz (Friedrich Kaufmann, Leopold Kaufmann, p. 15G). 
2. Collectio La.ceusis, \iI, cot. i 185 (leUre de 
Iurnpr à Kr<:>m<:>nl7.. :.:1 aOlil 
1869). 



L'ALLEMAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 329 


celle du Pape, la spontanéité même avec laquelIe 
Ie concile exalterait Ie Pape atLesterait Ie droit de 
l'autorité coneiliaire et ténloignerait avec éclat 
qu 'un concile æcuménique était quelque chose 
de plus et quelque chose d'autre que l'étage supé- 
rieur de je ne sais quel parlementarisme ecclésias- 
tique. 
Leur sens catholique, plus encore que leur 
habileté tactique, dissuada les parlementaires de 
Berlin d'imiter la faute commise à Coblentz 1. En 
juin 186D, ]es Rhénans Pierre Reichensperger et 
Hosius, Ie Ilanovrien vVindthorst, les Bavarois 
Joerg et Freitag, Ie Wurtembergeois Probst, 
s'étant rcncontrés au Parlelnent douanicr, se con- 
fièrent les craintcs que LÏnfaillibilité leur inspi- 
rait 2. IJs redoutaient spécialenlent, comme I' ex- 
pliqua plus lard un d'entre eux, les prélextes qu'elle 
pourrait oITrir à des Élats mal veillants, pour une 
po]i tique dp persécutions: 3 . IJne réunion de catho- 
liques, par eux convoquée, fut assez confuse : on 
("tail en d(
saccord sur les moyens d'exprimer 
I'appréhcnsion conlnlune. Joerg, qui dirigeait à 
'funich les Fcuillcs histol'ico-poliliqlles, fut chaL'gé 
:Ie s'cnquérir. 8es Iuttes pour Ie (( romanisme )), sa 
JI'ouille avec son ancien ami Doellinger, son hosti- 


1. A l'cnconlre ùe la théol'ie de Fdedrich, Geschichte, II, p. 41:;-52, d'après 
-tquelle l'adresse de Berlin sf'rait presque aussi frondeuse, et mème plus, flue 
:eHe de Coblentz, voir lirandcrath. Ope cit., I, p. 22G-2ii. 
20 Sur l'hìstorique de ce qu'on appcla Ie (( concìlc laïf{ue )) ùc Berlin, "\ oil' 
ocl'g, II. P. IJ., 1872, I, P.. 8R4 eL suiv., el l'fuelr, lJlallìnckrotll, p. 305- 
;08. 
3. DiscOUl'S de Pierre l
eiclU'nsperg-('r Ie 16 mai i872 (cilé dans PfucU, lJfal- 
inckl'odl, p. 30J-30G). 



330 


L' ALLEì\IAGNE RELIGIEUSE 


lité déclarée contre Ie manifeste d.e Coblentz 1, assu- 
raient à Joerg la contìance des milieux les plus 
orlhodoxes; aucune pluine n 'éLait mieux à l'abri de 
toute suspicion. Informations prises, Joerg fit savoir 
à ses collègues qu' on ne publieraH aucune adresse, 
qu'onne mendierait point des signatures, e1 qu'on se 
contenterait d' expédier à I 'archevêque de l\lunich, 
pour qu'i] en fit part à ses collègues, une commu- 
nication confidentielle. De fait ce docuillent, qu' on 
appelle couramment l' adresse de Berlin 2, ne fut 
connu du public que trois ans plus tarde 
A Berlin comnle à Coblentz, l'infaillibilité n'était 
pas I 'unique question traitée; mais, tandis que les 
nlanifestants cle Coblentz semblaient s 'attacher, par 
Ie res1e de leurs væux, à rcjoindre l'École de 
lVlunich, les silencieux correspondants de Berlin 
afTectaient de s' en distinguer : ils sc disaient hos- 
tiles it let notion d'Église nationale, proclamaicnL 
Ie droit du Pape d'avertir et de défendre, et affir- 
Inaient enfin, à I 'encontre de la circulaire Hohen- 
lohe, que ]e concilc devait êLre libre à l'endroit 
des Élats. lIs déclaraient parler comille membrc
 
de << la généralité des croyants, qui sont des dépo- 
sitaires de la tradition ininterronlpUe)). (( Jamais; 
insistaient-ils, on n'a con1esté, lllême aux laïques
 
dans la lnesure de leur zèIe pour Ie règne ter- 
rcslre de Dieu, Ie droit de témoigncr des couranÜ 
et des impulsions qui se pl'oduiscnt au sein de It 


1. Sur l'atlitude de Joerg, voir Friedrich, Gcschichte, II, p. G5-7G. 
2. Collectio Laccnsis, VII, col. J 1
:ï-llF;7. - Cecconi, Ope di.. traiL f,'an 
c;ai'ìf', IIr, po :nl-H
I. 



L' ALLE:\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 331 


communauté ecclésiastique. )) Et 
'autorisanL ainsi 
de la tradition même pour prendre licence d'illter- 
venir, ces bons catholiques ajoutaient sin1ple- 
Inent : (( Lorsqlle Ie Pape tire tin dépôt primitif 
ùe l'Ég1ise les affirn1ations posÏli ves de la foi, 
agit-il seul, ou seulement en union avec l'ensemblc 
des évêqnes? Dans les siècles 
Inciens, les circons- 
lances extérieures et le malheur des temps ont pu 
rendre brûlante cette question; mais aujourd'hui, 
ù'aprè5 notee conscience de membres de I'Église, 
la solution apparaìt d'autant nloins nécessaire, 
que le concile poureait être destiné par 1a Provi- 
ùence divine à ouvrir, avec une autorité partout 
incontestée, nne période nouvelle de grandes 
assemblées ecclésiastiques 1. )) 
Rien de plus, rien de moins; ct ces laïques, 
cnsuitc, rentraienL dans Ie silence 2. "Tindthoest 
seul, peut-être, si l'on en croit certains racontars, 
soulageait encore son Inécontcnten1ent par d'âpres 
houtadcs contre lcs JésuiLcs 3. Auguste neichens- 
perger, qui prnsaiL comIlle Ie (( concile laïque )) 


I. Kdlcler :Jussi, quelrlues anllées plus lòt, se félicilail Je voir de nombrem.. 
('\ èques réunis à Rome, ('t angurait que de grands synodcs sÏnséreraient bientûl 
dans la vie ecclésiastirlue (Pfuelf, licttclel', II, p. 248)0 
2. Sur l'espril de soumission de MaHinrkrodt, voir rfucH, .Malliacki'odt, p. 308, 
el J.-F. Schulte, Lcbcnserillnerungell, p. 70. 
3. Fri('(h'irh, Gcschichlc, II, p. 4ij, n. 3. - Grandcralh, oj). cit.. I, p. 22ï 0 
II. 1. - 1\1. Schull('. Ie calloni
l(' tie Pragne, prélendil plu:4 lard que \Vindlhorst 
lui avail dit à la fill de juin uno: (( Si Ie do;;mc ('st proclamé, j<.> sOl'ai m..COnl- 
JIIuuié daus si\. bClIlaillcs, cm o jc ll'Y pcux pas cl'oire, je n'y cl"Ois mème pas. ) 
\VilldlhOl.<;t, queslionllé au Landlaq par Ic dél'ulI' (( Hcux-calholiqup >> Pelri, 
l't"pliqua rluïl avail, ('\1 juin 1.8 7 0, combatlu Ie }>l'ojcl dc Schulte, de provolluel' 
des d{.clal'alions contre Ie IH'ochaill dog"mp, CIl 1m faisanl ohserv('r qn'on serait 
ainsi sur Ie cbemin de l'excommunication; il aflirrna sa foi cornpIèle dans Ie 
rlogmc rlMìni (Hu('gg.cn, Ll/(l1,'ifl 1rÏ1
dtlwl'st, p. llil)-tïO. <":oIo;.m(', Baclll'lll, 
I
07 . 


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 COlL 



332 


, 
L ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


de BerJin, demeurait plus calnlc : si anxieux qu'il 
fût en constatant les idées archaïques dans les- 
queUes s 'enlisaient, en politique, certains infail1i- 
hilistes, il gal'dait confÌance dans la prudence finale 
de l'Église. (( A Ulon regret, écrivait-il, un parli 
se montre, qui voit Ie salut dans l'ancien régime 
des rois très chrétiens, et qui ne sait pas distinguer 
entre Ie vrai et Ie faux libéralisme. J e m' attache 
solidemenl à cette espérance, que Ia . sagesse tradi- 
tionnelle de l'Église se vérifiera une fois de plus. 
En soi, Ie combat que se Iivrent les esprits n'est 
pas un maJheur : tout au contrairc 1. )) Auguste 
H.eichensperger octogénaire fut récompensé de sa 
certitude sereine, par l'issue que donnait au conlhat 
l' oclogénaire Léon XIII. 


V".J 


IIarce]é d'nne multilude d'avis, l' épiscopat sc 
recucillait. Que des catholiqucs éprouvés, à qui 
ron ne pouvait imputer aucune théorie subver- 
si ve, soit en théologie, soil en droit canon, ct qui de 
vieil1e date défendaient l'Église dans les assenlhlécs 
politiques, risquassent des réserves anxieuses, 
c'était là un fait irès grave, et que des pasteurs 
d'ànlcs, responsables de la marche du concile, ne 
pouvaienL négligcr. (( On entend d'exccllents caiho- 
liques, écrivait à I-tomc dès Ie IG j.allvicr 186
 ]e 


1. Pa<; ! 01', Reischeu[iCl'ýcr, I, po GO
. 



L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 333 
nonce Meglia, dire qu'il vaudrait nlienx, 1'atione 
cal'itatis, laisserceUe docteine en l' état oÙ elle est... )) 
Et Ie nonce a.lontait, comme exemple, ce terrible 
nlot de I'nn d'entre eux : (( Si Ie concile définit 
l'infaillibilité, it y a lieu de craindre]e schisme pour 
l' Allemaglle 1. )) l\;leglia redisait, dans sa dépêche du 
1.5 mars, que, même parmi les romanistes, (t por- 
tion choisie, et sans 
contredit la plus nombreuse 
tiu peuple catholique allemand, fort pen, certaine- 
ment, désiraient de nou velles définitions dogma- 
tiques 2 )). II y avait ]à, en eIfet, un second symp- 
tôme susceptible d'exciter l'émoi : on savait de 
Lonne source que certains représentants illus- 
tres de I'école tlHSologique de 
fayence, école 
(( romaniste )), école (( scolastiquc )), réputaient 
inopportune, eux aussi, ]a définition de I'infailli- 
bilité. L'adresse de Berlin prouvait que Ie projet 
de définition déplaisait aux avocats politiques de 
I'Église, et les inquiétudes qu'inspirait co projet 
t 
des hommes comnle Ketteler, comme 
Ioufang, 
comme Heinrich, révélaient qu'il était frappé de 
disgrâce par ceux-Ià mêmcs qui avaient Ie plus 
vigoureusement combattu l'École de l\Iunich. 
(( Dans notre ten1ps, écrivait en 1867 l{eUeler à 
Dupanloup, il ne s'agit point d'accroître Ie nombre 
des dogmes. Plus Ie monde est ma]ade des efforts 
de l'absolutisme, plus I'É g iisc, qui renferme une 
économie si admirable dans sa hiél'archie, devra 
éviter tonte démarche qui pourrail laisser croire 


1. Cecconi, Ope cit., trade française, [1, p. 420-421. 
2. Cecconi, Ope cit., trade française, II, p. 431. 



334 


L' .ALLE
IAGNE RELIGIEUSE 


qu'elle subit elle-même l'influence de cet esprit 
dOlninant 1. )) l{eUeler n' était ni un théologien de 
profession ni un historien de profession; avant de 
recruter en lellr faveur eCl'taines raisons histol'i- 
ques ou Lhéologiques, ses douLes sur I'opportunité 
de la définition résuHaient, chez lui, ùu n1t'me sys- 
tème dïdées au nom dnquel il conlbattait Ie dcs- 
potisme du pouvoir ci viI et la centralisation d'État, 
l'omnipotence du propriétail
e el celle du chef d'in- 
dustrie. QueUe que fût sa foi profonde dans 
l'assistance sUl
naturelle qui sauverait des périls 
de la toutc-puissance un pape procJ.amé infaillible, 
il redoutait ;que la papauté n' encourÙt les critiques 
superficielles de l'opinion laïque, en se donnant 
même les apparellces d'être un pouvoir sans con- 
ll'ôLe et sans Frein 2. I\:ettcler dra pait, dans sa roLe 
(1' évêque, un féodal, un décenlralisateur, un au to- 
nomiste con vaincu; à force de haïr l'absolu dans 
l'humanité, il en était venu à craindre que Ie 
Vicaire de Dieu - un homme - ne fût en quelque 
mesure dépositaire de l'absolutislne divine 
Son vicairc général 
loufang, qui passa quelques 
mois à Rome comme consulteur, était nettemcnt 
hostile au projet de défìnition. (( Je crois à lÏnfailli- 
bilité, disait-il un jour à 
lanning, mais jc consi- 


f. La
range, Vie de lI{1!,r Dupanlou]J, Ill, p. 4!)-50 (Paris, Poussielgue, lR
-i). 
J. Sur les rapporls enlre l'anli-opporlunisme de Kelteler et sa haine de l'aLso- 
I utisme, voir la 'dtre citée dans Lagrange, Ope eit., Ill, p. 4U-50, et son discours 
au concile le 23 mai 18UO {t'fuelf, Hettder, Ill, p. 87}.} - Dans les Stimmt:Jt 
aU8 Jlm'ia Laae" ùemail 008, p. 550-561, Ie P. PfuclC a exhumé un di.scours 
prononcé en 1848 au parlemcnl de Francforl sur la queslion scolaire, dans 
lcquel Ie curé Kcltelel', ùé(elldanl les droils de la Camille sur l'éducalion de 
l'enfant, fail ùéjà Ie procès lhéori'luc dc l'absolutisme. Cf. notre tome IIJ, po 13ô. 



L'ALLEi\IAUNE ET J.E CONCIJ.E DU VATICAN 33::; 


dère COn1me inopportun de la délinir à présent )); 
et, snr l'invitation de l'archevrque nnglais, il indi- 
qua par écrit douze raisons d'ajournen1enl 1. Pie IX, 
(
xpliquaiL-il en substancp, élait armé par Ie décrpt 
du concile (Ir Florrnce el par Ie Cl'edn du pape 
Pic I\T; un respect presque universel accueillait 
ses décisions ; que voulait-on de plus? Et pourquoi 
s'engager en d'épineux débats sur les conditions 
d' exercice de I ÏnfaiJ libilité? Une définition ayant 
lrnit à l'aulorilé mrme de l'Église était d'une déli- 
catesse tout exceptionnclle. Si les évêques se di vi- 
saient, C0 scrail d'abord très tristc, ct puis quel 
parti prcnurait-on? S'ils adhéraient d'une seule 
voix ttl'infaillibiJité, on dirait qu'ils abdiqueraient 
leur autorité doglnatique; on en profì tcrait pour 
les déprécier, ct eux-mêmes, peut-être, se relàche- 
raient et s'attiédiraicnt dans leur mission tradi- 
tionnelle de juges de la foi. Par surcroît, la d6fi- 
nition serai l un obstacle à la réunion des Églises, 
elie gênerait Ie retour des protestants à l'unité, 
eUe pourrait lroubler les consciences catholiques, 
el]e provoquerait l'afflux à Rome, non point sru- 
lement des questions de doctrine, mais d'une mul- 
titude J'affaires, qui encombl'eraient lcs congré- 
gations, et fallait-il ainsi concentrcr tonto la vie 
ecclésiastique dans la tête de rÉglise aux dépens 
des autres membres t? lVIanning r(
pliqua point par 
point à ccs objections de l\1oufang, mais sans réus- 


L PfuclC, J{ctl elc I', Ill, po 13. 
2. Manning, L'istoria vetn del cOltciliu \laticalto, lrad. Liberatore, p. 79..82 
(Naples, Giannini, 1878). 



336 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


sir à Ie convaincre. II semble bien, c'éh1it l'imprcs- 
sion de 
Ianning 1, que Ie point de vue de I(etteler 
à l'origine était exactement ce]ui ue l\íoufang; et 
de fait, en février, dans son écrit sur Ie futu)' con- 
cile, I\:etteler concluait : (( L'opinion à laquelle je 
nle rattache laisse de côté la question de l'iner- 
rance personnelle du pape Jans les choses de foi, 
et se borne à sontenir que si Ie Pape rend, pour 
toute l'Égiise, une décision solennclle en matière 
de foi, cette décision ne peut être ni hérétique ni 
erronée 2. )) l\Iais on se convainquit bientôt à 
]\iayence que l'infaillibilité personnelle du Pontife 
préoccupait trop vivement la chl'étienté pour être 
passée SOliS silence au prochain concile, ct tandis 
que l\loufang, au début de l'annéc, était plulôt 
d'avis qu'on 11e regardât point la question, I(eUe- 
leI' et Ileinrich, vel'S l'été, pensèrent au contraire 
qu'illa fallait étudier, et même éplucher. 
Leur initiative détermina Ie jeune théologien 
François Brentano, professeur à l'université de 
W urzbourg 3, à rédiger une série de remarques 
dont Ia plupart militaient contre l'opportunité, 
et dont quelques-unes pouvaient être facilp- 
ment exploitées par les négateurs mêmes de J'in- 
faillibilité papale. I-Ieinrich et I(eUeler ne pré- 


1. Pfuclf, KcttclcJ', III, p. 14. 
2. Voir loul Ie passage dans :KeUelcr : Le concile æcurnélli'lue, son impol'- 
lance dans lc temps pré8ent, trade Belel, p. 184-188 (Paris, Gaume, 1869). - 
DoeIlinger, après avoir lu celtc brochure, la trouvait trop favorable, dans son 
ensemble, à l'idée d'une défìnilion dogmatiquc nouvelle, el signalait Ie fait à 
Ilohenlohe (Hohenlohe, Denkwuerdigkeiten, I, p. 359). 
3. Pfuelf, Ketteler, III, p. 24. - Un r6sumé de celte brochure est donné 
dans Friedrich, Gcschichte, II. p. 175-184. 



L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU rATICAN 337 


sentaient point l'avis de Brentano comille un 
oracle, mais du moins comme un document; et 
co qu'àJ\tlayence on voulait prouver, c'est qu'avant 
toule dÖfìnition, une (( grande vigilance, nn sérieux 
travail de critique )) étaient nécessaires 1. Si les 
hommes de 
layence eussent été les intransigeants 
que dénonçail ell eux l'École de l\lunich, ils au- 
l'aient tout de suile, par réaction Inên1e eontre les 
ptunphlets qui s'inlprimaient en Bavière, rompu 
ùes lances pour l'inl'aillibililé; mais ce rôle de 
polénlistcs n' était point de lellr goÙl, et dans Ie 
spcctacJe même ùe leurs hésitations, de leurs uscil- 
lalions, de leurs scrupules et de leurs recherches, 
apparaît l'altière et grave idée qu'ils se faisaielll 
Ju concile. 
Le i cr septcillbrc, dix-sept lllembres de l'épis- 
copat, dont un, llefele, n' était pas encore COD- 
:5acré, se l'éunirent à Fulùa, près du ton1beau 
Je saint Boniface; trois aulres évêques étaienL 
rcprésentés. On parla du concile. Trois mC111bres 
'urent désignés pour dresser la liste de certains 
lésirs qu 'au nonl de l'Église d' Allemagne, il con- 
Úendrait d'y exprimer 2; plusieurs ùe ces d.ésirs 
'onccrnaicnt la discipline ccclésiastique; lcs pré- 


1. Ces mols sonl de Hcinrich (Pfuelf, líettelcl', Ill, po 25). 
20 Ces désjrs furenl présculés au concile Ie 8 janvier 1870. On en lrouvcra Ie 
'de dans Collcctio Lttcc1tsis, VB, col. t'73-8í(i. lls cuucel'uèrcut J'allgmellla- 
on du nomLre des diocèses, )'exL('l)sjon des cas dans Ics(luels les évèqucs peu- 
>ul accordcr des dispeuses sans eu rHérer à Rome, Ia dilU1l1utiou du nomltrc 
',", censures réscrvées au Pal)e, la revision des rt'glc" de 1'I1l deA. , la reroute Ju 
'oil canon, la correction dn br(
viair(', l'élaLIissemenL d'une règ:l(' générale 
HII' Ie concours des cures, la correclion <<Ies abU!; ré!'mllant du droit de palro- 
, Lt, la procédure à suivre coulre Ics prêtres illdign('s, la Iutte conLre la franc- 
açonllerie. 


IV. 


22 



338 


1/ ALLE:\IAGNE RELIGIEUS F. 


lats d' Allemagne esconlptaient apparemment, avec 
Ie professpur Dieringer, de Bonn, que, si l'on ohte- 
nait tin conciJe une sériense réfornle disciplinairr, 
Ie retour des protestants vel'S l'uniLé s'accélérerai t j. 
1\Iais c'esl de l'in[ail]ibililé, surtout, que f;OUS ]a 
poussée dcs circol1stances Ia rénnion dl1t s'occu- 
per. KeUeler par]a d'nprès quelques notes, grilfon- 
nées par Heinrich 2. (( 8i la question de l'infailJi- 
hilité se pose, expliqua-t-il, i1 sera presque aussi 
inopportun de la repousser sommaircment que de 
la promulguer somluairement; mais les évêques 
doivent se nleUre d'accord, pour décider qu'on 
fera des recherches approfondies, d'après tontes 
les exigences de la critique scientifiqne, sur les 
preuves lraditionnelles de IÏnfaillibiJité, qu'on 
donnera aux ndversaires toute liberté de dire COffi- 
plètenlf'IÜ leur avis, et que les décisions du con- 
cile s'exprimeront, non pas SeUle111cntrn forlnules 
négatives, intelligihles pour les seuls théologiens
 
nlajs en forrnu les positives, conlpré-hensihles et 
acceplaLles pour tous les honlmes de Lonne 
volonté 3. )) Quelques prélats objcctèrcnt que de 
pareilles décisions, qui concernaient la nléthodc. 
de travail du concile, n'élaient pas de leur com- 
pétence. 


1. Voir à cc sujet la l('llre de l\Icglia du Ii mars 1869 (Cecconi, Ope cit. 
lrad. fran
aisc, II, p. 431). - Dè5 1867, KeHclcr, dans une lellre au nonci 
Meglia, demandait qu'on fit un second Syllaúus pour la réforme ecclésiasliqw 
(Raich, Briere von und an Aettelel', p. 346-351); et cf. dans Stimmen au l 
Mw'ia Laach, avril 1906, po 387-389, ct dans Goyau, Kettelel', p. 281-285 
un projct, csquissé I)al' Kellelcr Cll 1869, sur les remèdes Ilue dc, ail apporle 
Ie concile aux mam: de l'époque. 

. Pfuelf, Kettelcr, Ill, p. 2
-230 
3. Pfuclf, l\cllelcr, Ill, p. 2
;-'2t;. 


. L 



L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE nu VATICAN 33!) 


IIefelc, Ie nouvel évêque de Hottenburg, inter- 
villt d'unc façon plus décisive : seul saIlS doute 
dans l'assen1bléc, il était hoslile à l'idée même 
d'infaillihililé, et soucieux, dès lors, d' éviter it 
ce sujet tons débats concil iaircs. Sa parole Ht 
in1prcssion : it avait l'ascendant naturcl d'un 
prêtre pioux, d'un profcsseur érndit, cOllnaissaiL 
les conciles d'autrefois, et venait de préparer, 
con1111P consultenr, Ie concile du lendemain. 
L'adresse ùe Berlin, dont on avail donné lecture, 
un opuscule anonyme transmis par la poste, et 
qui provenait de l'évèque Dupanloup 1, Ie mémoil'c 
de Brentano qu' apportaiL I(eUeler, survenaient ä 
point pour étaycr les conclusions d
 I-Iefele, et 
l'on n'ignorait pas que Dupanloup faisaiL à cc 
mOlllenl mên1e un voyage d'AlJemagne, afin de 
prendre conLact avec les ad versaires de l' opporl u- 
nité; il avait, pell de jours avant, 
l Cologne luên1e, 
visilé l'archcvêque l\lelchers 2. IIefeic fut prié de 
faire, sans retard, un rapport déLaillé. Au boul 
1e vingt-quatrc heures il Ie présentail. II y sou- 
.enait que Ia définition n'était réclan1ée, ni par 
Ine nécessité urgente, ni par un besoin pratique, 

t qu'elle choquerait les protestants, les Orientaux, 
es Allemands cultivés, ct les gouvernemcnts. 


L Sur cel opuscule òe Dupallloup, reproduil ùans CC'cconi, Ope cil., lraù. 
'ançaise, III, p. 34G-3G9, voir Grandcralh, Ope cilo, I, p. 
27-2:::9 el 289-291; 
, compal'cr Ics longues oLservalions òc M.Sf Nardi reprolluilcs dans CeCc011l, 
1. cit., lrad. française, IV, p. 520-GOG. 

. tagrange. Vie de j1Jgr Dupanloup, III. p. 131. - Sur la visiLe que fit 
upanloup à Doellinger, au chàleau de Hernsbeim, Ie 5 sepLembrc 1
(j!), voÜ' 
'iedrich, IJoelliftyer. Ill, p. 404-495, el la leth'e de Docllingc à Hohclllohc, 
rite le jour mÒmc (Ilohcnlohe, Deukwuerdì!Jkeilen, I, p. 
92 ::193) 



3
O 


J.' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


l\IarLin, de Paderborn, Leonrod, d'Eichstaelt, 
Stahl, de \V urzbourg t, firent observer qu' on a vait 
proclanlé I'Imnlaculée Conception sans qu'il y eÙt, 
à proprcn1ent parler, nécessité urgentc ni besoin 
pratique; que l'Allel11agnc n'éLait pas lout dans 
la chrétienté, et qu"en d'autrcs pays dïnnom- 
brables catholiques souhaitaient la définition; 
qu'enfin certains protestants venaienl à l'Église 
pour y trouver un pouvoir fort, et qu'à ceux-Ià, 
ùu moins, l'illfaillibilité plairait 2. l\lais la thèsc de 
IIefe]e den1eura victorieuse. Sur dix-neuf votants, 
éYêques ou représrntants d'évêq nes, trci.lc l'adop- 
tèrcnt. et bien q u ïis fussent eux-mêmes à deux 
, , , 
ou trois exceptions près, assez enclins à croil'c en 
l'illfaillibilité, ils signèrcnt nne leLlrc conlre 
l'opportunité, rédigée par l'aJversaire Ie plus 
tenace de la future définilion. IIefcle signalaiL, dans 
ceLle lettr(
, l'émotion des prêtres eL des laïques ; 
il faisaiL craindre, pour Ie cas où les infailli- 
bilisles triompheraient, l' égarement d 'un certain 
nombre de croyants etl'élargissement du fossé qui 
séparait de Rome les protestants. (( Nous ne pon- 
"ons pas dire, déclaraient avec lui ses Lreize col- 


1. Stahl, é\'èque de WurzLourg depuis 1840, ùevait mOUl'il' à Itomc fin 1870 
pendant le concile; - Leonrod occupa Ie siège d'Eichstaell de 18m å 1!)o50 

. Culleclio Lacensis, VB, co1. 119u-11!H. - Gloanderath, Ope cil., 1. p. 23.í 
237. - Slamm, COlU'ad ..1Iartin, p. 2g4-
85. Le nonce Moglia, ùans sa dépêcllt 
du 17 mars 18û9, signalail déjà rargument conlre la dl"-Hnition, tIue des. per 
sonnes parfailemenl inlenliollnées >> tiraient de la llécessilé de UP point cho(Iue 
lcs proL('slanls par des dog-mes 1I011VeaUX (Cecconi, 0]1. cil., ll'aù. frall
aise 
II, p. 431): et la Cil'iltÛ (;allolicn, 31 juillet-14 aolÌt 181,9, p. 4ü2-47l1, "(-}IIi 
qnaiL à la Lrochure du canonisle Waller: Da.r; all!lcmeiue COl/cilium unci di 
'Ve
tlaye (Ratisbonnc, l\1allZ, 18{j!)), que ce fIui ramenail pluliH les prolestanl 
d rEg-lise, c'Hait ]e bcsoin d'
 tronn'r une autorill
. cr. Fl'icrlrirh. r;,'</chirhtr 
II. p. 33-34. 



L'ALLEJIAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 341 


li\gues, que la grandp crainte de beaucoup de 
laïqncs et de clercs soit à mépriser, comme étant 
sans fon(lcm<>nt et sans valeur ; nous devons 
avoner que nous-nlênles
 en tant quP considéranl 
l'.Allemagne, nous estimons l'époque actuelle 
moins appropriée pour la définition de l'infaiJIi- 
bilité 1. )) Lc ;) septembre, cette lettre prenait la 
route de Rome. Pie IX en fut mécontent 2. Le Pape 
pouvait croire, 
\ distance, que toute l'agitalioll 
anti-infaillibiliste était concentrée it 1\Iunich, la 
ville où il avait un nonce, la ville aussi OÙ l' on 
faisait Ie plus de tumuite; et lcs égards des 
évêques pour les députés calholiques de Berlin 
furent peut-être interprétés, sur \e Tibrr, comme 
une demi-capitulation devant les éléments fron- 
denrs de la Bavière. 
Quelques année
 avant, Ie jurisle badois Ross- 
h irt, cat holique fort pratiquant, reçu par Pie IX 
à l'occasion de la conclusion du Concordat, disail 
au Pape, mi-plaisant, mi-sérieux : (( Les Allemands 
ont tous dans Ie corps un peu d'hérésie, dont ils ne 
ppuvent se débarrasser 3 . )) Si d'aventure ce propos 
était demeuré dans la mémoire du Pape, on devine 
que les agitations lhéologiqucs auxquelles so com- 


t. Collectio LnCCl1sis, VII, col. 11%-1197. A l'encontrc de la thèsc ùe 
Friedrich, r;c8chichtc, II, p. 
uO-
IH, dOaprès laquelle celLe leUre, après Je 
concile, aurait éLé syslématiqucwenL d{>rob
c à Loule publicilé, voir Grmu.lerath, 
Ope cito, I, p. 
38-.:!39. 
2. Grandcrath, Ope cit., I, p. 241. - Des . gallil'alls )): c'esL ninsi flue 
Zwerger, prince é\èque de Seckau r 1824.-189J), inclillait à trailer la majorité Jps 
éV
f(ucs allemands; il HaiL en cela récho d'Ull cerlain nombre de milieu" 
romaiDs (Pro v. Oer, Fuei'stbischof' J. B. Zwer[Jcl', p. 232; GI'aL, Moser, fS97). 
3. Bluntschli, Denkwuudigc8, Ill, p. 21-2
, - cr. cÏ-(kssus, po 
37, n. 1 ct 

:H
, no 1. - Sur nosshirt, voir ci-dc!"sus, p. 76. 



342 


L' ALLE:\IAf;NE RELIGIEUSE 


plaisait l' Allell1agne étaient de nature à grossir ses 
inquiétudes. 
l\lais la leltre eollecli ve adressée par l'assenlb] ée 
de Fu]da à tous les fid(\les allelllands rut mienx 
accueillie au Vatican: eUe avait été souhaitée pal' 
Ie nonce, et I\"etteler en avail esquissé un premier 
broui11on 1. Elle réclamait que ]es chrétiens s'aban- 
donnassent aux jngements du concile : ils pou- 
vaient être assurés que ectte assenlblée, par là 
même qu'elle était divinement inspirée, ne pro- 
clamerait jamais une doctrine absente de l'Écriture 
ou de la tradition apostolique, et eontraire aux 
principes de la juslice, aux droits de l'J
tat, aux 
vrais intérêts de la science, à la Jiberté légitime des 
peuples 2. Ûn dut ainler, à Rome, eette sorte d'acte 
de foi par lequel l'assemblée épiseopal.e de Fulda 
et, presque en mÜme tcnlps, la grande assembJée 
catholique de Duesseldorf3, manifestaienl à ravance 
une confiance surnatu relle dans les rlécisions d'un 
concilc æcuménique, queUes qu' eUes fussent 4. 

lais Louis II de Bavièl'e, vaguement infornlé de ]a 
Icttrc que la n1ajorilé des évêques avait écrite it 
Pie IX 5, interpréta ee passage de la pastorale 


1. Pfllelf, Kctlelc1', Ill, p. 27. 
2. Collectio Lflccn.sis, \'II, col. l1!H-ll9Go - Cecconi, op. cit., lrad. fran- 
<:aise, Ill, p. 370-378. 
3. On lrouvera dans Cullcctio Laccnsis, VlI, co1- 11!)7, et daus Cecconi, 
0]1. cit., trade fran'.;aisc, Ill, p. 37!)-384., Ie lc1..le cl Ia traduclion dp la r(;solu- 
Lion voLée parle Congl'ès calholique de Ducsscidorf (ü-9 seplcmbre 18W); Cec- 
coni y joint Ie discolll's ùans lefJuci I1alfncr, Ie fulm o évèlIuC de l\Ia
ellcc, com- 
menLail ceUp résolulion. 
4. Sur Ia salisfaclion du papc au sujd de cetlc pasLoralc, voir Ie vicomlC'de 
l\]catn.., CONcsp()udnnt, 1u ocLobre 18(j!), p. 3530 
5. Cc fllL l"évê'luC IIofsLaeltCl', de [\lSS:lU, (Iui révéla lc faiL au minisLèl'e hava- 



L' ALLE:\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 3
3 


comme une assurance que l'infaillibilité ne serait 
pas définie, et fit à l'archevêque de l\lunich des 
compliments passablement gênants 1 . A Rome, on 
applaudissait à la pastorale comme à un moyen de 
rassurer les fidèles contre les périls politiques qui, 
d'après certains journalistes, résul teraicnt de l'in- 
faillibilité; à la couI'de Bavière et dans les bureaux 
de la Gazette universelle 2, on croyait y trouver, 
au contraire, l'aveu de ces périls, et une fin de nOll- 
recevoir pour Ie projet même de définition. Pour 
un jour - une fois n'était pas coutume -Ies évê- 
ques obtenaient en mÔme temps les sourires du 
pape et les sourires du roi ; était-ce un succès? De 
ces deux augustcs personnages, l'un certainement 
avait mal compris; et par ailleurs, la continuation 
des polémiqucs dut prouver à l' épiscopat que sa 
belle et pacifique lettre ne trouvait pas l'écho 
qu'elle méritait. II fallait que Ie concile se réunîL; 
iL fallait, dirions-nous volontiers, qu'il fût fini, et 
qu'à l'inévitable turbulence des veilles de délibé- 
ration succédàt Ie calme inlpérieux des lendemains 
de décision. La paix des consciences, désormais, 
était 
L ce prix. 


l'ois des Culles, et la Ga::;ette wtÏverselie du 19 llovembre, dans un article qui 
fit grand bruit, révéIa à. l'Europc l'cxislcnce dc ccLLe IeLtre sccrèLe en affirmant 
qu'aux yeux dcs évêques allcmands les cOl1ditiollS théolngirluement rCf(uiscs 
pour quc l'infaillibilité pÚt ètre órigéc en dog-mc faisaient délaut (PfuelC, Kctte- 
lCI', Ill, po 37-38). 
1. Collcctio Lacensis, VII, col. 1201 (leLh'c de Louis H à Schcrr, du 
I oc- 
toLl'c 1 !;(i!)). Trad. dans Cecconi, Ope cit., lrad. f1'auçaise, 11 I, p. 5tH -3û2. 

lonlalemLcrL, aussi, cssayant par une éloflucntc lelll'c dc relcnir Jans rEglise 
1\1. llyacinLhe Loyson, lui mcLLaiL sous les yem. cc passagc de la pastorale des 
évèl(l1CS J'Allcmagnc, afin de Ic rassurcl' à l'avancc sur rOriCllLation du concile 
(GranderaLh, Ope cit., I, p. 2(8). 
2. Voir rarlicle ciLé dans l'fl1clC, Kcttcla, III, po 3G. 



3q.
 


L' AI.LE1\IAGNE RELIGIEUSE 


DOf'llingrr, en octobrc, dans scs Cn71o,idéralin}1,,\ 
lYJ'(:scnlles aux (
vpques, ramassai t en vingt-six 
t hèses les ra isons de niet' J'infail]j hili t{> 1 : Du pau- 
loup Ini-nlênle, Ie plus entreprenant peut-êtrp 
parmi ]cs advcrsaires de la définition, ne cachait 
pas à Doel1inger, avec qui d'ailleurs il garòa des 
rapports, que cet. écrit lui paraissait critiquable 2 : 
entre anti-opportunistes el anti-infailJibilistes, une 
scission se dessinait
. 
Assurément, toutes les brochures qni militc- 
raient conlre l'idéc mêrne d'infaiJIibilité pourraient 
servir aux Strossmayer et aux Darboy, aux Kettc- 
ler et aux Dupanloup, pour avancer que, tout au 
moins, cette doctrine n'était pas suffisammenl éta- 
Llie; mais comnle ces brochures, tout en mênle 
temps, ébranlaient l'aulorité pontificale, eUes 
étaient alléguées, inversemcnt, par les l\lanning 
et par les Pie, par ]es Senestrey ot par les De- 
champs, comme ],indice irréfutaLlc qu'un acte 
ùogmatique était devenu néccssaire pour conso- 
lider cette autorité. C'étaÌl une étrange ct vraiment 


... 
L On ell troU\'cra. la lraducLion dans Doellinöer, Leltn!-s pt décl,tratious au 
st
jct des décJ'cts du lPatican, traù. Bonet-Maury I). 53-V:> (Paris, Colin, 18n) 0 
- Tandis flue J<lßUS pla<:ait au I
e sipclc Ii' moment OÙ la papaulé avail 
commencé ses . falsifications ., les cOJtsidé,'alions remonlent jl1!Hiu'au pape 
Agalhon (vue siècle) pour y trouvel' des 
.riefs contrc Ia. papauté. cr. 
lichac), 
/Joellil/fJcr, p. 87-880 

. Friedrich, Ðoellillfle.r, III, p. 508. 
3. II Le mall.i'Ul', écri\-ait ])oeHinger à l'aLbé .i\Jichaud Ie 
O octohre 186fl, 
cst que taus ces prélals, ou presque tous, lle veulent fouder leur résisLancc 
Ilue sur l' (( inopporluDiLé)) des nouveaux dogmes, au lieu de les rejelcl" par prin- 
cipe. C'est)à un terrain bien glissant sur )cIIUI'I ils se placent, et iI nt' sera 
e(ue trop facile de les en débusf{uer si à Home on rnanæuvre avec hahileLp, E't 
!'.i on s'y sert des moyells cfficaces que Rome a à sa disposilion : peur, flatLeric, 
yanité, inlérèt, etc. )) (Rcvuc intcl'nationale de théolo!Jie, i8m), p. 23ü (lcHre du 
:W oclobre 18(9); - cf. p. 2'18 {lcUre du 19 novembrl' H
ôV)o 



L'ALLEMAGNE ET LE CONCILE nu VATICAN 345 


ingrate rlestinéC' que ceJle de l'écolc de 
Iunich: san:-: 
](\ savoir, sans Ie vouloir, eUe allait procurer dps 
argnnlents nux dC'u\: frncl ions flu cone] Ie, pt rP,TItlrr 
nrgenlc la définition (lu dogmp même qu 'ellp conl- 
battait.. Doellinger était trop loin de llonle pour 
pouvoir ca]culer les eITets exacts de ses coups t, et 
c'était un fort mauvais observatoire que cette tour 
d'ivoirfl oÙ il se confinait à l\Iunich. Six rnois du- 
rant, au jour Ie jour, tous les cancans de Rome 
allaient y afl1uer; ct sa science, superbe ct bou- 
dense, seanderait d'un saI'casmp retentissant cha- 
cun des épisodes du concile. Comme rit un savant 
les hévucs scientifiques d'un confrère, ainsi rirait 

e prêtre, longuemcnt, interminablement, 'de ce 
Iue feraient à Rome d'autres prt.tres; et ce rire 
vengerait lrs déeeptions du n1inistre Hohenlohc. 
{ui, n'ayant pu souiever contre Rome les cabinets 
Ie l'Europe, comptait sur Doellinger pour soule- 
reI' contre Rome l' opinion de l'Europe. A RODl(' 
nême, c'est surtout dans l'entourage du cardinaì 
Iohenlohe, Ie frère du ministre, ennemi passionnr 
!es JésuÏles 
, que scraient recueillies, groupécs
 


t. l\JonlalemLerL, en son nom et au nom 11(' Dupanloup, poussail Doellinger 
Be rendre à Home: II Vous qui èLcs inconLpslabl('mpl1l1f> premicl' homme de 
í
glise d'Allemag-ne, Illi éf'rivaiL-il Ie 7 lIovCluhJ'e l
ljU, commf'lIl POU\CZ-vou!> 
;cliner la mis
ion de Ia dH('[)(h'{' f'I de la r<"l'réscnlcr dans ccttc crise rorml- 
lhle? )) (Pcllclicr, J.J/g1' Dupanloup, Ellisodp de l'hislúÌ1'e contcmporaiuc, 
:1.J-f8i5, p. 91-93; Paris, HaLon, 18í6\. l)ès Ie mois d'ocLobrc, Hupanloup avail 
il demander au cardiual Scll\\'al'zenbel'g ù"cUllllener Docllinger à Home comme 
éologicn : Schwa1'7enberg avaiL refusl', d(' crainLc de paraìlrc faire Hlle mani- 
.,lalion. l\Tais, 
Ieu de Icmps après, 
cll\\ arzenherg, qui Csp(;l'ait encore que 
'nl-èlre Rome appeUcrait Doellingcr, 1ÏllvÏlait à s'y renùre sïJ étail mandé 
l'iedrich, Docllill!Jcr, HI, p, 1J,9f\). 

. Voir ci-dcssu
, po 
üL. - Uue I"Ul'e du cal'dinal Hohclliohe à son r,'ère. 
15 seplcmbre PiG!). esl un tñmoignage éclalant de ses dispositions. Il se plaint 
ePic 1\ melle son oh(>i...'aIllx' à lllle rude éprcuve, '1U'OIl ne laisse aI/cun 



3i6 


L'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


et puis expédiées à l\lunich par Ies soins de la lé- 
gation de Bavière, les innombrahles nouveHcs 
qu'ensuitc, dans Ies journaux, Doellinger expioiLe- 
rait 1. Le professeur, qui jadis avail si brillamm
nt 
IuUé pour l' émancipation de l'ÉgIise, était tout 
près de devenir un théoIogien d'État. Le (( germa- 
nisme )) de certains professeurs ailait désormais se 
mettre au service de certains ministres. C' est une 
évolution qu'avait prévue Ie nonce Meglia, dès Ie 
printemps de 1869. 
Il expliquait à Rome, dans une dépêche qui fait 
hannenr à sa finessc, qu'il ne fallait pas confondre 
Ie germanisme et Ie catholicismc libéral. 


Le germanisme, ùéclarait-il, n'est pas. conlme ]e lihé- 
ralisI11e de certains catholiques, une sÜnple condescendance 
pour les idées modernes ou bien une tentative faite, en 
s'armanl des nouveaux principes, pour soustraire l'Église à 
la servitude des gouvernelncnts; c'esl bien plutôt une sympa- 
thie ayouée pour les lnéthodes scicntifiques ùes protestants, 
et une tentative dirigée non contre les gouvernements, nulÌs 
contre l'influence ùoctrinale ùe Home et des congrégations 
romaines. Il en résulte que certains catholiques de ce parti 
en viennent à soutf'nir les prétentions ùes gouvernmnents 
séculiers, au préjudice des ùroits et de la liberté de l'l
glise, 
et cela ùans Ie seul ùessein de se faire un rempart de ces 
gouvernements contre l'autorité supérieure ecclésiastique 2. 


Allcmand venir chcz lui, cl quc les Jésuiles soicnt les maìlres (Hohcnlohc. 
lJenkmuel'digkcilen, [, p. 3!:13-3%). M. SchulLe, Ie puLlicisLe (( vieu
-calholi(IUe >>, 
nc cache pas quc ce cardinal Crondeur n'élaiL flu'un méùiocrc canonisle (LCÚCllS- 
cl'innel'Ullgen, p. .i-8-49). 
1. A la demanùe du cardinal Hohelllohe, 1\1. Fácdrich, Ie rutur hislOl'ien tIt 
nocllinger, ful désigl1é par celui-ci pour èLrc, à Rome, Ic conseillhéologiqUl 
dc Hohen\ohe (Fri('drich, IJocllill{Je1', III, p. 497). Sur Ic rôle de nouvcllislt 
flue prit Lienlôlßl. Friedrich, voir ci-dessous, p. 361, n. 1. 

. Cccconi, Ope cito, trade française, II, p. 4
7-i-2S. r.r. lI. P. ]j., HW7, II 
p. 
3H-23!:1. -ll suf1ìrait ùc cellc dépèche pour aUeslcr, conlrc RoLcrl 
lohl, flm 
Meglia n Ïgnorail pas l'AlIcmagnc (:\lohl, LefJC1l8Uinncl'/tn!/CII, U, p. :328.:


). 



L' ALLE1\IAGNE ET LE CONCIJ.E DU VATICAN 347 
Ainsi faisail Docllinger. (( J'ai des craintes pour 
]lli )), disait gravcll1ent Reisach 1. Gràce à]a dépêche 
du nonce l\leglia, ceUe Rome dont à 1Ylunich on 
ll1éprisait volontiers les inforn1ations avait pu 
pressentir 1a conduite que Doellinger suivrait. 
Toutes ses ressources de savoir, toutes ses res- 
sources d'ironie, se coalisaient désorn1ais avec l'ac- 
lion politique de I-Iohenlohe. l\lais la force même 
de l'histoirc, qui logiquell1ent acheminait I'Ég1ise 
du concile de Tl'ente au concile du Vatican, devaH 
ren verser les barricades élevées par son érudition, 
ct passer outre à ]a stérilité de son rire. 


VII 


Le 8 décell1bre 1.869, Ie concilc s'ouvri t. Lp 
cardinal Reisach, qui avail été désigné par Pie IX 
con1me run des présidcnts, souffrait déjà ùu mal 
qui l'emporta bientôL 2 ; un Allemand d'Autriche, 
Fessler \ évêquc de Saint-PocHen, qui soutenait 
avec une nuance de modération les idóes infaiJIibi- 
Jislcs, avail été désigné par Pic IX con1ffiC secré- 
tail'e!.. L'infaillibilité nc figurait pas 
t l'ordre du 


to Goclz, 1leisnch Bischof 1'on Eichstaelt, p. to:). 
2. Sur lc carùiual Rcisach 'f
UO-18GfI), voir ci-dessus, po B8 et suiv. l\Iollfan;; 
lui consacra une notice dans ]e l\atlwlik, 1R70, J, p. 129 et suiv. Le cardillal 
H.cisach avait l'rétìiùé la commission chargée de l'réparer les décisiollS tlu cOlJcile 
..;ur les qupslions 1'0]iLico-reli
icus('s. (( C'e
l unc perle pour tout el pour tous, 
,;cl'ivaÏl à la nouv('lIe de sa mort un pré]at romain, mais c'cn est une dc pJ'emier 
mire paul' l'Allemagne. ). (Goelz, llcisach lJisclto/, VUlt Eicltslaett, p. 10ß.) 

. Sur Josph Fes<;ler (1813-1872), pr'oresscur à l'uni\cl'"il,' dc Vipune, én
.luc 
lc Sainl-l'oellcl1 ùcpuis 186.ï, voit' El'ding;m', f)r Jusd Fesslt." (ßrixclI, Wegcr, 
I.H!)4), el cf. ci-ùessu,;, p. 84. 
L Collcclio Lflceusis, VIr. cot 10üß-l06í. 



348 


L' \LLE1[AGNE REI.H-;YEUSE 


jour 1 ; rnais c' est à eette question quc tous pen- 
snirnt, ct <i'eUe quP tous parlaicnt; et tout de suite 
la pressc. nppliqunnt au conci}{\.. nvrc 1111("\ rertainp 
i 'npropriéU
 de termes, Ie yoeahulairl' parJrmen- 
taire, fit connaÎll'e au ll1on(lc l'exislrncc d'une 
nlajorité, qui voulaiL 1e dogme, et d'une minorité, 
qui ne ]c voulait point. Toujonrs prêl à se ,.crouer 
]orsquïl s'agissait de remner Ics autres, l'éloquent 
évêque d'Orléans s'occupa de grouper cctte mino- 
rilé et de la faire agir. Les relations qu'il avail 
nouécs à l' étranger, la notoriété de sa brochure 
traduite en diverses langues, lui donnaient ponl' 
cette tâche l'ascendant nécessaire. Ð'accord avec 
l'archevL'que hongrois Haynald, il organisa dès les 
premiers jours, en groupes nationaux, les prélats 
de la minorité, et puis il con1posa un comité inter- 
national avec les dé}égués Jc ces divers groupes : 
I'opposition - ainsi parlait-on sonllnairement - 
avait désorn1ais son hurran. 
Le card inal Hauschcl', de Vienne, Ie cardinal 
Sch,varzenberg, de Prague, couvraient de leur 
pourpre les Allemands opposants 2. Sch,val'zrn- 
berg, très accessible à IÏnfluence des professcurs, 
semble avoir été hostile à l'infailJihiIité rlle-mC'me 3 ; 
on tronvait une pareille hostili té, beaucoup plus 
fonnelle cncore, chez IIefele, Ie nouvel évêquc de 


1. Sur Ie silence IJu"avait l'ésolu, au sujct tlc l'infaillihilité, la commission 
dogmaliquc préparatoire dan., Ips séances des 11, 18 ct 2:; févricr, voir Cecconi, 
op. cit., trade fran
aisc, I, po 
SO-2S1. 
2. L'influence du cardinal Hohenlohe rut m{-diocre : il aurait VOUll1 inviLer 
cha(lue scmaine Ips évèf}ucs, mais il écrivait à son frl'I'f>, Ie 26 novcmbrc lSIJU, 
quïl rcdouLait une défcusc ùu Pape (Hoh('ulohc, ])('nkll'ucl'tliykeiten, I, po 401.). 
3. Voir Schulte, De)' .1ltknfholicismus, p. 2.í2. 



L'ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 3
9 
RoUenburg, qui n\lrriva au concile que Ie 1ü jan- 
vier 1870:1. Rauscher déclarail au contraire que 
depnis quaranto ans il croyait Ie pape infaillible \ 
111ais il préférait qu'on ne déíinît point ce ùogrl1e; 
il étaÜ suivi sur ce terrain par Melchers de Co- 
logne, par Éberhard de Tl'(
vcs, par Weùekill de 
Hildesheinl, par Foerster de Urcslau, qui, tous 
qllatre, nagurre, au concilc de Cologne, avaicnt 
adnlis l'infaiUibilité; Scherr de l\lunich, Dinkel 
d' Augsboul'g, Deinlein de Bamberg, I(otteler de 
l\layence, llrinkmann de l\luenster, lleckmalll1 
d'Osnabl'ueck, I\.l'enlentz J'Ermcland, se confur- 
maiel1t aussi, chacun avec sa nuance de carac- 
tère et son degré dïntelligence, à cetto aLLilude 
respectable et subLile. En fac(' d'cux, Lconrod, 
J'EichstaeLt, Stahl, de \Vurzboul'g, Ledocho\v
ki, 
de Poson étaicnt a
 q uis à la définilion. 
lartil1 
, , , 
ùe Paderborn 3, Senestrey, de 11aLisbollne, meL- 
taient un zèle tenace à vouloir aboutir. Cos deux 
prélats surent bientôt queUe mobilisation pré- 
parait Dupanloup; SDns retard. ils s'unirent à 
Dechamps, de l\'lalines, à 
Ianning, de 'V cstmins- 
tel', pour donner à la majol'ité conscience d'e11e- 
nlènlC. On so rencontra d'aboru chez Senestrcy, 


1. Friedl'ich, Gcschichlc, 11[, po 405. 

. Granderath, Ope cit., Ht p. 1;;1 et 2G5. 
30 Marlin. avail auprès de Iuit com me lhéoIo;Úcn, Ic P. Huh, Ic cëlèJwc mis- 
siolluaire Jésuile (Fricdrich, Gesclticltle, LU, p. IU2). - Smol\lclchcl's, Ehedlal'd, 
Foor"sler ('I Selwrr, voir nolloc Lome III, p. 312 cl 
74, cl ci-dl'ssus, p. 
O.} ct 
IG1. - Wedekin rut ('v(\qne de lR:i'J à. 1R70; Dinkel, de' 1Wi8 à 1H%; I'pinlein, 
de 1858 à t875 ; Brinkmanu, dc 187U à J 88!:1 ; Ueclmanll, de J 8ûô à J 878; Ledo- 
ehowski et MeichCl'5t arche....(\flucs dcpuis is\)5 eL 1866, mourronl à HonH', 1'UII 
cardinal préfel de la I'ropag"andc Cll 1902 t l"nutrc cardiual CIl 1 
!I;j. 



350 


L' AT.LE1\IAGNE RELIGIEUSE 


puis chez les Rédenlptoristes de la villa Caserta; 
et c'esL dans ces rendcz-vous que se prépara la 
liste des prélats qui devaienl faire partie de la 
<< députation )) chargée d 'étudier les sclten7as con- 
cernanL ]a foi. Senestrey fit imprinler ectte lisle, 
et ]a répandit : elle ne comprenait que des parti- 
sans de l'infaiIlibiJité, ct l'cmporta, au vote, sur 1a 
lisle proposée par Ia minorité, oÙ ne figuraient que 
des adversaires tIc la fulure déIinition 1. Sans que 
la question fûl inscrite encore parnli celles qui 
devaient être discutées, e'est sur clle qu'on batail- 
Iai t. 
Certains schenzas étaicnt préparés, relatifs aux 
évêques, aux élections épiseopales, à Ja vie des 
prêtres, it Ia rédaelion d'un petit catéchisme uni- 
versel, à la foi eatholiquc : iis occupèrent les (( dé- 
putations )) et les séances généraJes du eoncilc, 
quelques rnois duranL. Dans les discussions qu'ils 
suscitèrcnt
 l'(
piseopat ù'Allplllagne prononça plu- 
sieurs clisc0urs {.coutés. On pel'çut nn ðcho lointain 
des lutles naguère soulenucs par l'Église gcrma- 
nique, ]orsqu'on entendit J(ettclcr insister pour la 
liberté des élections épiscopales 2, et 
larlin deman- 
der qu'on mît les prètres en garde eontre une ecr- 
taine impatience d'obtenir les faveurs de l'État 3. 
D'autre part, dans Ie discours où l\lelehers, arche- 
vêque de Cologne, signalait Ie péril et l'cxcès d'une 


1. Grallderalh, Ope cit., II, p. 69-70. 
2. GrandcraLh, Ope cito, II, p. 172. 
3. Graudcralh, Ope cit., II, p. 195. - l]uanl au singulicr récit ùe 1\1. Friedrich 
d'après lequel Dinkel aurait monlré quelque complaisance pour Ie concuhinat 
ùcs prêLres, voir Granderalh, Ope cit., II, p. UHo 



1,'AI,LEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 35i 


cerlaine centralisation romaine j, on devinait une 
sorto de réaction contro l'exubérance inlprudente 
de quelques publicistes ]aïques, qui parfois avaient 
cru, en humiliant l'épiscopat, travailler plus sûre- 
ment à ]' exaltation de R0I11e; et sans rcpousser 
aussi fornlcllement que Ie cardinal Rauscher 2 
l'idée d'un catéchisille universel, Scherr, Dinkel, 
Eberhard, proposèrent à ce projet certains 'amen- 
dements et certaines corrections 3 qui visaient à 
maintenir, en quelque mesure, l'auLonomie des 
pasteurs d'ål11eS dans leur besogne diocésaine. 
1Vlartin, surtout, fut associé très intimel11ent aux 
travaux dogmatiques du concile. II aimait l'am- 
pleur des sche7nas, il trouvait des jouissances de 
pl'ofesseur dans leur exactitude didactique, par 
laqueHe tant d'autres professeurs étaient visés et 
réfutés. Lo (( schcrna sur la doctrine calholique 
contre les orreurs raLionalisLes )) déplaisaiL à cel'- 
tains évêques, qui parlaient do ]0 repousser. Cela 
nlanque J' onction, disait Rauscher de Vienno; 
cela nlanque de soufne et d'en volée; cela ressemble 
à un manuel de théologie; pourquoi faire parler 
au concile la langue de l'école et non celle du 
peuple It? 1VIartin alors de s'insurger : dût-il s'ex- 
poser aux persiflages de l'anti-infaillibiliste I-Iay- 
nald :5, il maintenait que co serait un manque de 


1. Granderalh, Ope cito, II, p. 170-171. 
2. Granderalh, Ope cilo, II, p. 205. 
3. Granderalh,op. cit., II, p. 218-219. 
4. Granderalh, Ope cit., II, p. 86-88. 
5. Granderalh, op 0 cit., II, p. 120-122. 



3
2 


L' ALLE
IAGNE RELIGIEUSE 


piélé de repousser bl'uta]ement un schenza pro- 
posé par Ie Pape ; el puis il expliquait, surtout, que 
l"Église ayant désornlais à lutter, non contre quel- 
ques personnalités hérétiques, mais conlre dc
 
écolcs philosophiques, Jevait, ::;ans crainte, prendre 
elle-nlême un lano'ao'e d' école et dérou]er assc
 
b ð 
Ionguenlent les sclteJnas pour qu'ils fussent clairs, 
instructifs, décisifs 1. Lorsque Ie 
clte1Jîa fut ren- 
voyé à In. (( députation de la foi )) pour certaines 
retouches, clIe eonfia ce travail à trois prélals, 
DechanllJs, Vie, 
lartjn, et les deux preluiers so 
déchargèrent sur Ic troisième, qui, pour luener la 
Lcsogne à bonnc fin, s'associa Ie Jésuite I(leut- 
gen 2. Un docte rapporl du Jésuite lyrolien Franze- 
lin 3, présenté devant la dépuLation, développait et 
con1irmaillcs réflf\xions qu'avait naguèrc exposées 
l\Iartin au sujet du caractèt'c didactiquc du scltcJJ'la"'. 
Six senulines durant, l\tIartin en soutint Ia dis- 
cussion devant Ie conciIe:>. Une délicate formulc 
était à trouver pour condanlner les théorics d 'après 
lcsquclles la raison produirait, d 'une façon COIl- 
traignante, l'acte de foi, et pour nlaintcnir ainsi, 
ùans cet actc, Ie c:iractère surllaturcl et le carac- 


1. Granderath, Ope cit., 11, po 10.1-103. 
20 Gralldcl'dth, Ope cit., 11, p. 3û3-3û-í. - Voir ci-ùessu
, p. 210. 
3 . Voir ci-ùcssus, p. 25
. 
í. Granùcl'alb, Ope cito, 11, p. 1.28-133. 
:i. )lelchcrs fut l'un des instigalcurs òu l'aragraphe ùu premier chaVill'f' cOß- 
cernanlla prcscience de Dicu à régarù rles librcs actioDs des Cl'éalurcb ; ELer- 
hard s'effor
a, mais cn vain, de Caire inlroduire certaines phrases qui viseraient 
plus direclement l'hermésianisme; l\lclchers intcrvinl dans la rédaclion de Ia 
formule d'analhème contre cem: qui prélclldcnt que la raison pcut produire, d'une 
fa
on conlrai
mantc, l'actc de foio 



L'ALLEl\IAGNE ET LE CONC[LE DU VATICAN 353 


tèrc volontaire, la part de ]a grâce et la part du 
cæur: co fut :\Iartin qui fixa cette forn1ule 1 . Lorsque 
Ie 24 avril 1.870 furent votés la préface du schcnza 
et les quatre chapitres sur Dieu, sur la révélaLion, 
sur la foi, sur la raison 2, Ie nonl de l\Iartin, les 
noms de 1\leutgen et de Franzelin, de Pie et de 
Gasser 3, qui avaient puissamment aidé l'évêque de 
Paderborn, furent C0l11IDe effacés : ces pages de phi- 
losophic chrélienne devenaient pour le
 croyanLs 
l'æuvre de l'Esprit. 1\Iais Conrad 1\Iartin ne de- 
n1andaÏl rien de plus: on pent se consoleI' de ne 
point signer son travail, lorsque c'est Dicu qui Ie 
signee La prison, In. déportation, la morl en exil, 
111aient, en moins de dix ans, parachever la gloire 
(Ie ce prélat, qui, dans un SCllC1Jla rédigé pour 
l' élernité, faisait par]er Dieu sUt' Dieu lui-Inêlne. 


VIII 


Dans les inlervalles des séances, OÙ s'édifiaient, 
entement, ces architectures dognuttiques, l'infail- 
ibililé capLivait les pensées; et comme un secret 
>lanait surles délibérations de 1 'assemblée, les 

azcttes du monde, qui n'en connaissaient que les 


1. Granderalh. opo cito. II, p. 4U-U8. 
2. Voir Vacant. Éludcs théolûf/Ùjues sUP la. cOllstitutioll Dei filius, 
 voL, 
aris. Brigucl, 189:;. 
3. Sur Vincent Gasser. évèque de Drixcll de 18:;6 à 18ï9, voir la lUOlloO"ra- 
hie de Zobl (Bri"{cn, 1883). 0 


1\. 


v) , 
-.) 



3

 


L' ALLEl\IAGNE UELIGIEUSE 


alentours, consacraienl toutes leurs chronique
 
conciliaires à cette infail1ibilité dont Ie concilc 
lui-mênle ne s'occupait pas encore. 
Le jour de Noël, Dccharnps, qui avait dcrrière 
lui les évêques belges, demanda qu'on l'inscrivîl 
au programnlc 1. IYlais Cp ful dans une réunion 
tenue Cf'ttc mrnle scnlainc chez Sencstrcy que sc 
prépara 1'iniliaLivc (lécisi ve. II y avail Ià lVIartin: 
l\Ianning, l'évêqnc Gasser, de Brixcn. (( L'infailli- 
hili Lé, pour moi, cst une vérité révélée, au mênlC 
titre que la divinité tIu Christ )), proc1ama Senes- 
trey. Deux aulres rencontres eurC'nt lieu, rune i 
la villa Caserta, l'antre chez Sencslrey encore; e1 
dans ce dernier rendez-vous, Ie 
8 décenlbre, on 
conccrta les termes de l'adresse réclanlant la défi. 
nit ion 2. En pen de jours, eUe avait recucilli 
388 signatures 8. La minorité serra les rangs; e1 
l'un des épisodes de cette offensive fut Ia prépara- 
tion par Rauscher d'une adresse au Pape, qUE 
signèrent tous lcs Allenlands opposants, et qui 
porte ]a date Ju 1.2 janvier 4 . Les signataires pro- 
cianlaienl l'autorité dogmatiquc du Pontife el 
l' obéissance vraie due par tous les chrétiens aux 
décrets du Pape; ils constataient, même, que l'in- 
faillibilité personnelle ex cathedra était ellseignéc 


1. Grandcralh, Ope cit., n, po 135. 
2. Granderalh, Ope cit., 11, p. 136-138. 
3. Granderalh, Ope cit., II, p. 141. - Le texte de l'aùresse esl publi
 dam 
Collectio Lacensis, VII, co!. 9:!4-934; Ie tede de la lellre par laquelle l'adres5( 
ful soumisc aux Pères, ùans Collectio Lacensis, VII, col. 1703. 
'J.. Coll('('liJ LflC":II<;i:s, VII, co1. 
la-!1k;. - Grantlcralh. 0[1. ",t., IJ. p. H6- 
1lJ. 8 . 



L'ALLE1\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 355 
par des hommes savants et pieux, mais ils aJou- 
taient : 


(( II n'esl pas possible de passer sous silence que de graves 
difficultés subsistent, résultant des paro[es el des actes des 
Pères de l'Église, ùes documents authentiques ùe l'histoire, 
de la doctrine catholique elle-même : si ces difficultés 
n'étaient pleinenlent résolues, il ne pourrait se faire que la 
ùoctrine fût proposée au peuple chrétien COlnlne révélée par 
Dieu. 
(( 11 est consLant pour no us que la définition fournirait aux 
ennemis de la religion des arlnes nouvelles pour soulever la 
haine contre Ie catholicisme, même chez des hon11nes ù'in- 
tentions meilleures, et nous somInes certains que ce fait four- 
nirait en Europe, du moins au gouvernement ùe nos pays, 
un moyen ou un prétexte de faire invasion dans ce qui 
reste Jes droi ts de I 'Église. )) 


Pour trois raisons d'opportunité, la majorité des 
évêques allemands voulaient écarter une définition : 
à cause des objections des professeurs, ils la trou- 
vaient prématurée ; à cause des polémiques qu'elle 
susciterait, ils la réputaient troublante; à cause 
des menaces que balbutiaient certains États, ils la 
redoutaient conlnlC un péril. 
Dans son palais du Capilole, Arninl, ministre de 
Prusse, recevait les évêques 1 : il les faisait parler, 
eur parlait, déplorait leur calme, leur modération 2, 
;e servait de leurs propos pour essayer d'alarmer 
3erlin, et profiLait de son crédit de diplomate pour 


1. Slamm, Conrad 1J-lartin, p. 302-30-i. 
2. Le 2 janvier 1870,r par ex.emple, M. Friedrich nole qu'Arnim cons late avec 

islesse que le5 évèqlles allemands << seraient comme des brebis perdues, santi 
ucun senliment pour leur nalionalilé, s'ils n'avaient dcrrière eUI les évêques hon- 
rois I) (Tarlebuch lcaehl'elHl dcs Votikanischen COllcils, 
. edit., p. !i5; Noel'- 
lingen, Beck, 1873). 



3
6 


, 
L ALLE:\IAGNE RELIGIEUSE 


achcver de les inquiéter eux-mênles. On ne retrou- 
vait plus dans ses lettres, ni dans son langage, 
l'insouciance un peu dédaigneuse avec laquelle, 
naguère, il se désintéressait de l'infaillibilité. II 
avait. acquis la conviction, conlnle ill'écrira plus 
tard
 que l'infaillibilité (( n'était pas seulenlent un 
vase précieux et vidc 1 destiné à orner Ie Vatican, 
mais une boHe de l}andorc, d' OÙ l' on pouvait 
répandrc 
t r occasion des ingrédients très dange- 
reux sur Ie monde catholiquc 1 )); ct it songeait 
l 
une façon d'anticoncile, forn1é par Irs représen- 
tunis des gouvernenlenls. 
TauITkirchen
 son coll(1gue de Bavière, posaiL à 
Selle strey d'insidieuses questions sur Ie caractère 
d'infaillibilité qui s'aUachait au Syllabus, ct lais- 
sail prévoir certaines rig-ueurs de rJ
tat bavarois 2. 
)lais au loin Bismarck l'cstait froid, pussif, cxpec- 
tant : il écrivait à Arnim, Ie 5 janvier, que la 
législalion, la puissance de ropinion, la majorité 
prolcstante de la Prussc, garantissaient à l'avancc 
cc pays contrc les cmpiétemcnls de rí
gIise, et 
qu'en négociant avec Ie concile, on exposerait Ie 
roi òe Prussc, soil à un échcc, soit à un compro- 
lnis oÙ Ie ùroit public du royaunlc périclitcrait. 
II encourageait néanmoins Arnin1 à peser sur les 
évêques prussicns, II les soutenir moralement, à 
leur faire cscompter même qu'cn cas de désagré- 


1. Arnim, P1'O Nihilo, p. 22ï-229 (leLLre à Doellinger, 
 1 avril 1
74). 
2. Collcctio Lacensis, VII, co!. t5!H-15!)2. - Granderath, Ope cit., Il, 
po HO-
41. - Sur Ie mauvais accueil faill)ar Marlin à une démarche du minis- 
tre de Bavièrc. \oir Stamm, Com'ucllUartin, po 30
. 



L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU \rATICAN 357 


ments la Prusse revendiquerait leurs droits, à tra- 
vailler enfin pour que {( les éléments de vie religieuse 
propres au catholicisme allemand, cornbinés avec 
la liberté intel1ectuelle, avec les aspirations scien- 
tifiques, eussent une influence au concile )). Non pns 
que ces affaires, insistait-il, intéressassent beau- 
coup I'État prussien; mais si Bisnlarck s'embarras- 
sail d\ln tel souci, c'était, à l'entendre, par sympa- 
lhie pour la vie religieuse des sujets catholiques 1 . 
Adieu done l'anliconcile : l'Élat prussien ré- 
pudiait les grands projets d' Arnin1. Quelques 

onseils aux évêques, quelques paroles vibrantes, 
t'éconfortantes, devant une hospitalière table à 

hé : voilà tout ce qu' on permettait à cet impé- 
,ueux personnage. l\Iais déjà son activité nlortifiée 
;e tournait vcrs l\Iunich : Ie 8 janvier, il écrivait 
:.. Doellinger qu'il faHait provoqucr une grande 
nanifeslation de I' opinion catholique allemande; 
;i cette opinion déc]arait inlpossiblc d'accepter des 
ois de cinq cents Italicns, dont trois cenls vivaient 
lUX frais du Papc, l'opposiLion repl'cnJraiL cou- 
'age et nome rélléchirait:!. Le diplolllate prussien 
narquait à Ja lhéologie bavaroisc un terrain d'at- 
aque : ce qu'il convenait de discuLcr, c'était la 
:ol11posiLion du concile, c'éLait l'ol'ganisation, c'é- 
ail la procédure, in1posées par la curie. 
Doellingcr répondiL à rappel, Inais ne suivit pas 
e programme: Ie iU janvier, il renoLLvclait dans 


t. Collcctio Laccllsi:
, VII, coI.l;)
7-1:;
9. - Cf. f'oschillgcr, 1liSI/lllJock uml die. 
'iplom(ltCJl, p. 
85-
SG (f'ulrf'licn de I:i
maloel... iWP(' \';impITcn, HI févriel' 1870) 
2. ('ollcctio LtlCC7U;is, VII, co!. 1 EH-14!12. 



358 


r.' AL LEMAGNE RELIGIEUSE 


la Gfl
ette univc1'splle, sous Ie titre : (( Quelques 
mots sur l'adresse des infailJibilistes )), sc
 ag-res- 
sions historiqu
s cont.re Ia 8uprPlnalie du Saint- 
Si
ge 1. L'article déchaîna dans Loutc l' .Allemagne 
un immense fracas : la ville de l\Iunich, qui avait 
une municipalité progressiste, nomma Docllingcr 
ciloyen d'honneur; il refusa, disant qu'il s'agis- 
sait, en l' espèce, d'une affaire intérieufC' de l'Église, 
et qu'il a vait voulu simplement, comme doyen des 
professeurs, affirmer son union avec Ie plus grand 
nombre des évêques allemands 2 . Alors arrivèrcnt 
à Doellinger, de Breslau, de Braunsberg, de Bonn, 
de Prague, des adresses de professeurs, qui l'accla- 
maient 3 : l'Allemagne savante protestait contre Ie 
projet de (( metll'e à la place de l'Église univer- 
selle, de tous les temps et de tous les pays, un seu] 
honlffie, Ie Pape)) Un prélat italien, Cecconi, rc- 
trou vant un manuscrit des décrets du concile de 
Florence, prouva que Doellinger avail fait erreur, 
en accusant Ie Saint-Sil'ge de les avoil' falsifiés i ; 
mais l'enthousiasme de la science allemande con- 
sola Doellinger de cette ennuyeuse rectification. 
On DC sait ce que pensait Arnim ; mais son but 
n' élait pas atleint. II a vai t rêvé d 'unc action com- 
mune entre les évêques opposants et les professeurs 


1. Doellinger, Lettl'es et déclwatiúlts, trade Bonet-Maury, p. !)G-I1
t 

. Collectio Lacemis, VII, col. l-í7G-Hí7. - Frieùrich, Ðocllingcr, 11[, 
p. :5:!8. 
3. Collectio Lacensis, VII, col. 1482-148i-. - Ces adresses dounèrcnllieu .ì 
cerlaines Lrochures hostiles qui défendaicnt la cause du concile, cL donl les 
}>l'incipales curenl pour auleurs Ie fulur carùinallIergellroelher elle profcbseur 
Sloeckl, ùe l\Iuenster (Granderalh, Ope cit., II, po G16 cl G
2-(27). 
4. Collectio Lacen
iy, VB, coI. 1480-1481. - Granderath, opo cit., Ill, 
p. 619-6

. 



r.,'ALLE:\lAGNE RT LE CONCILE DU VATICAN 359 


de là-bas; et la manifestation m(\IDC que venait de 
faire Doellinger empêchait tout concert l. (( Par 
ue teIles agitations, écrivait l'archevêque 
Ielchers, 
on crée précisément, en faveur de la définition, 
une apparence de nécessité, tandis que, d'après 
l'opinion de beaucoup, un besoin réel de cetto 
définition ne s'est pas fait sentir jusqu'ici 2. )) En 
visant la ll1ajorité conciliaire, Ie professeur df' 
l\lunich aLtaquait la foi même de]a minorité, 1a foi 
qne, dix ans plus tôt" au concile de Cologne, ces 
évêqucs de la minorité proclamaient et impo- 
saient. Si Doellinger avait raison, que restait-il 
de la papauté? Les évêques senti rent Ie péril : 
avant même que Senestrey n'eût interdit aux 
elercs de son diocèse les cours de DoelJinger, cer- 
tains prélats de la minorité, Scherr, IVIeichprs, 
I\rell1entz, avaient déjà blân1é publiquen1ent l'ar- 
ticle de la Ga::,ette et conjuré l' opinion catholique 
de rester sereine, silencipuse, docile 3 . (( Je suis 
ù'accord, proclamait I\etteler, avec Ie Doellinger 
qui jadis, dans ses leçons, remplissait ses élèves 
d'cnthousiasme ponr I'Église et pour Ie Siègp 


1. Sur la scission entro Doclling'er et les év
ques, voir lord Acton, The hið- 
to,'!] of free dum ll1Ld Otltel' eSS1tys, p. 538. i\lèmc l\lal'cl et Slrossmayer n'adhé- 
raicnL pas à la thèse de [)oeIlinger cOlltre l'æcuméniciLé du concile de FlorClH'ü 
{Friedrieh, Doclll1t!Jcr, Ill, p. 5_7)0 
2. Collectio Laccllsis, VII, cot. 1 i
L - . Aujounl"hui, éCl'ivait à KeLtclcr, 
Ie 8 févricl' t "70, Ic challoinc Biehl, tIc LimboUl'g', ne pas défillir Ie dogme 
équivaudrail à dire (IUC Ie ['ape l'cul sc ll'omper en maLÏi'l'e de foi; ce serail 
mème pire. Oil cn tire,'ait dcs cunséqucnces I'ratiqncs (lll'On n'a pas osé lirer 
auLrefois. Les (-lèves d'UCl'lUès ct de Gucnlher sc cOllll'ortcraicnt tIc biel! autre 
façon quc naguère. . {l'fueIr, ]{cltelcl" 111, p. ljO, n. 1). 
3. Colledio Lacensis, VII, col. 1 iXg-l i
IL - Docllingf'r, de son còté, tIénoll- 
çait à 1I0hcnlohe, lc .n Cévrier 1870, l'évolution dc KcLLder, de MelclJcr
, de 
Scherr vel's l'infaillibilislUc (Hohenlohe, Dcnk,"u,cl'digkcitcn, I, p. 43g-4i-O). 



360 


. 
l.' Al.LEl\lAGNE RELIGIEUSE 


Apostolique; je n'ai rien à faire avec Ie Doellinger 
que nlaintenant les ennemis de l'Égiise et du 
Siègc A postolique surchargent d 'honneurs 1. )) Et 
l'évêque de Mayence protesLait contre un téIé- 
gralllnlc adressé à la Ga
ctte uniccl'sellc, et d'après 
ICljuei tous ses collègues allcnlands de la minorité, 
à l'exceplion de deux, auraient éLé d'accord avec 
Doellinger 2 . I{etlcJcr inaugurait ainsi Ia série de 
dénlentis qu'il devait, pendant les senlaines sni- 
vantes 3, inlliger aux Lett'pes ROJllaincs publiées par 
cette Gazette sous Ie pseudonynle de Quirinus. 
Dans rEurope entièrc, ce Quirinus était Iu, 
traduit, conlmenté; liés par Ie secret dn concile, 
les préIats respcctucux de l'autorité conciliaire ne 
pouvairnt faire de l'écits à ]a presse : Qllirinus 
a\ ait beau jeu puur prétcndre tout savoir; il fai- 
sail bon nlarché des démentis, puisqu'il n'y avait 
aueunes (( illforn1aLions )) qui russent ]uUcr avec 
les sicnnes; on so courhaiL, séduit, sous Ie poids 
de son él'udition dédaigneuse et de ses ironies 


t. Collcclio LtlCt:/l8is, YII, co/. 1 i-85-1 i86. - Les anli-infaillibiiislcs, dès Ie 
ùébul do conciIc, avaicnt }lrévu (lue KeLLelcr lIlailllienùrail sou opposilion 
dews cerlaines limiles cl flU'il ne scrail pas un . chef d'opposilion )þ lei clIte Ie 
rêvail leur fougucux e
pril d'avenlurc : voir là-dcssus Ie 1'afje/J'ttch dc 1\1. Frie, 
drich,}I. 3U, à Ia dale du 18 décembre 1
H)
}; - Ie 11 mars 1870 (po 2H). 
M. Friedrich accuse Kclleler de lerroriser ]a minorilé. cl d'êlt'c infailliLiIi:;.lcr 
I'en lit' jOllJ's après, ]e 18 mars, Ie cardinal dc Hohculohe l'accuse dc joue- 
cJouLle jcu (Ilohcnlohe, Denkzcuci'nigkciten, 11, p. 1). 

. Collectio LacclLsis, \'II. co1. H
1-1492. Lcs deuÅ }1rélals ,"isés élaicul hct- 
telcr cl l\lclchers. 
30 Kcllcler, Die CHlI'nh,'!II,ite1t dc}' Rocmischcit lJt'i('{e t'om Concil in deJ o 
J1llgemeinen Z eilulIf/ (1\Ia1 cnce, I\:Ïl'chhcim, 1,.; 70). - Kcllclcr, Ein JJJ'icf 
des JJischo{s VOlt J{aiu.: ueba die t'on J)r F1'icdl'ich und Dr lûic/wlis am 
9 FC/Il.um' (873 in }(ollslfl1l:; gehaltcnen llt:dcJ/ (Friboulj;, Herdcr, 18ï3). - 
Friedrich, lJie 1rol'tbl'Ucchi(lkf'it uud UnLl'alo'hal'i!lkcit deutschel' Biscltoefe. 
fJIt- .A ut/IJortsclli'cilJen. (/IL 'L E. Prhr. t'. J{I'ltelel' ill l:1aill:': (r:onsliJ.Jl('l>, 
1\1('('1., 187J). -- l'fucH, ]\.CUclN, III, p. 'i., cl sui,'. 



L
 ALLEl\IAGNß ET LE CONCILE DU VATICAN 3 0 (H 


passionnées; on ]e prenait pour un photographc 
rlu concile, et, de confiance, on s
abandonnait à 
lui 1 . Lui, c'était, encore et tou.1ou1's, Docllinger. 
C'cst à l\Illnich ll1êmc que fonctionnait son appareil 
photographique; la distance ct la haine aidant, les 
portraits se troublaient, se décomposajent, deve- 
naient des caricatures. Pic IX
 écrivait-il un jour, 

st totus teres a/que ?'otundus, solide et inéb1'an- 

ahle, avec cela, lissc et dur COll1n1e du rnarbre, 
?auvre en pens6es, ignorant, sans intelligence pour 
es conditions spirituelles et les bcsoins spirituels 
Ie l'hull1anité, sans aucune idée du caractère des 
lationalités étrangères, mais croyant conlIDe une 
lonnc, cl, avant tout, profondénlcnt pénétré de 
'espcct pour sa propre personnc COll1me pour Ie 
lase du Saint-Esprit; en outre, absolutisLe des 
Úeùs à la têLc, et tout plcin de cette pcnséc : (( )Ioi, 

t hors de ll10i, personnc 2 . )) Derrière Ie Pare, 
2uirinus faisait s 'cntasser ulle nlasse d'jgnoranls. 

 é]evés dans un pays OÙ 1'on ilnprimait à peine 
Lutant d'écrils théologiq ues Cll un dcnli-siècle que 


1. Roemischc nriere Vu1n Kou:;il, von Qllirimls (
luuich, OldclIIJourg. J SíO' 0 Sur 
origine dc ccs lellrcs, voir Friedrich, Rcvuc lntct'natiúnale de lhcolú!Jie, 1903, 
. 621-628. DocJlingcr Hail rcnscigné par les IcLLres de Fricdrich, parccJJcsdclorll 
.don, ct, après Ic déparl d'Aclon, par cclles de son cousin Louis Arco, dunt 
nc all moins ful rClJroduile mol POlll' mol dans la Gn:;;ettc sous la signalure 
uirinus. La léöalion dc Bavièrc à Rome sc faisail l'illlcrmélliaire dc c('s corrcs- 
ondanccs; DoclJing('r COlluaisail au
si lcs dépèchcs dc Taul11irct.cn au gouvcr- 
emcnt dc Munich ct certaincs Icllrcs d'Arnim au conlle Werlhel'll, minislrc dc 
russc à MUllich. 11 IlC r('sle done ricn dc la mmcur d'al'('ès laqllcHc un des 
Iformalcurs de \}op\1illgcr aurail élé Ull évè']uc (
lrossma) er ou Dupanloup). 
ommclll Ic scclocl du concile cmpêchaillcs l'rélals illf.ÚHiLilislcs dc rcnseigncl' 
. pl'csse ct commcnl aillsi Cluil'iul1s devcl1ait Ie 5cIlI inforlllaLcur (IUC l'Europc 

oulàl, c'cst ce qu'c}.pli(IUC Ie fulur évè1luC Thicl dans sa brochure: Jlcine 
useinalldel'sct:;un!J lIlil deu Jfl1HU; Cltl o Ù.ll:u, p. 7 (Lcipzig-, I'cler, 18n). 

. Quiril1us, 01'. cito, p. 1Ì:,!(j. 



362 


L'ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


l' Allen1agne en imprimail en un an 1 )), hourrés rl.e 
scolastique, vides de toute autre idée : c'étaicnt 
les év{\ques de la n1ajorité 2; et, parmi eux, illllon- 
trait du doif!:t ]es (( parasites >>, ceux dont Ie Pape 
avait payé Ie voyage et Ie gîte; c'étaient les Orien- 
taux et les vicaires apostoliques 3. A en croirc 
Quirinus, l'archevêque Pie prouvait lïnfaillibilité 
en rappelant que dans Ie crucifiementde saint Pierre 
la tête renversée supportait Ie poids du corps4, et 
Natoli, archevêque de Messine, citait en témoignage 
la Vierge l\larie elle-n1êllle, qui, tiu temps oÙ 
saint Pierre prêchait, avait été consultée par une 
députation de Siciliens et leur avait affirlllé l'in.. 
faillibilité de l' A pôtre 5; quant au futur cardinal 
Lavigerie, on achetait son vote en lui donnant 
licence de porter un vêtement lilurgique que n.u] 
prélat d'Occident n'avait]e droit d'endosser 6 . V érifi- 
cation faite, ces récits n' éLaient que des travestisse- 
ments; mais ils faisaicntle tour du monde 7. Quirinuf 
ajoll LaiL que ces évêques de la majorité, - espritf 
médiocrcs, âmes médiocres - ne représentaient. 
en défînitive, flu'une n1Înorité dans J'Église; cal 


1. Quirinus, Ope cit., p. 115. 
J. QuirillUS, Ope cit., p. 42
. 
3. Quirinus, Ope cit., p. 143. 
I
. Quirinus, up. cit., p. 4U. - Cf. Granderalh, opo dt., 11, p. 583, ct 111 
p. 141;-147. 
5. Quirinns, 0]). cito, p. 413 ct 542. - Cr. GrandcraLh, Ope cit., II, p. 583-585 
6. Quirinus, Ope cÏl., p. 113. - Cf. Grandcralh, Ope cit., II, I). 589 cl III 
po 7i
. II s'agissail ùu porl d'Ull rationale, vêlemellL ,scmhlaLle au pallium 
ùont Ie privilège cxislaiL daus Ie diocèse de 
ancy ùepuis 11ti:.i : ce privill'ge 
lomLé en désuétude au :>.. \ m D siècle, avai l élé rélaLli pal' [' ie n:: dès Ie 1 G mal' 
1865. 
ï. J
mile Ollivier, Ope cit., II, p. 
7!)0 



L'ALLE1\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 363 


ell général les évêques de l'opposition régnaient 
snr de plus grands diocèses 1 ; ils exprimaienL, dès 
lors, la foi u'un plus grand nomJH
e de fid(\ les 2, et 
l'assemblée conciJiaire était Ie produit d'nnp gro- 
métrie électorale qui d'avance en viciait les déci- 
Slons. 
En vain les prélats mêmes de la minorité, s'adL'es- 
sant à leursouailJes, parlaient-ils du concile conl me 
d'une assemblðc inspirre de Dieu, intcrprt\te d0 
Di(\u; Doellinger Ie ravalait à n'C'tre qu'un(\ sortf\ 
de (( parlenlent croupion )), mensonger, discrédité. 


IX 


Ð'avoir accentué la brouillc entre l'École de 
l\Iunich et les évêques allemands de la minorité, 
c' était pour Arnim un échec. Sa fièvre d'action, 
que Bismarck contrariait sans la pouvoir guérir, 
ernt tronver une revanche lorsque Daru, par une 
dérogation discrète nulis formelle à la politique de 

I. Émile Ollivier, fit représenter au Pape et à 
I'Europe les conséquences politiques, non poinl, à 
vrai dire, de J'infaillibilité, mais de certains auLres 
chapitres un sclte'Jna relaLif à 1'Itglise 3. II était 
question, d(Çj
l, d'ambassadenrs exlraordinaires que 
les puissances enverraient au concile pour s'ex- 


1. Quiloinus, Ope cito, p. 1I L 
2. Quirinus, Ope cit., p. 97, 105,178,2:>0. 
3. Collectio Lacensis, VlI, col. 1:>33-133:) (lcHre de Daru au marquis de 
Banncvillc, 20 Cévricr 1870). 



36
 


L'ALLE:\IAGNE RELIGIEUSE 


pliquer sur ce schenza. Arnim s'excitait, IJrûlait 
d'intervenir: Bislnarck lui répondait 1, et répondnit 
à la France 2 , que Ia Prusse protestante ne youlait 
présenter aucune observation à Ronle, et que, si 
les périJs qui semblaient grossiI' se vérifiaient, ene 
défendrait ses sujets, prêtres et fidèles, (( contre 
les inin1itiés, les prétentions et les exigences de 
Ronle >). Arnim, une fois encore, était acculé à Ia 
plus dure des nécessités, celle de rester calnle. 
.A vue d'æi], devant lui, la cause de l'infaillibi- 
Jité faisaitdes progrès. Le nouveau règlement donné 
au concile Ie 22 février 1870 rendait plus difficiles 
it la minorité certains efforts d'obstruction 2; Jes 
pétitions du début de mars, par lesquelles les 
évêques opposants déclaraiellt nécessaire it tontc 
décision ]'unanimi té morale du concile, échouaielll 
conlre des objections lrès graves 3 ; Ie scIanna sur 
l'infaillibiJilé, rédigé par Ie cardinal Bilio, éLait 
déposé Ie 6 mars sur Ie bnr
au du concile ... ; une 
autre pélition, qu'inspirait sans doulc l\etleIcr, et 
par laque]]e six ðvt-qucs hongrois, Ie 14 nlars, pro- 
posaient d'ajourner Ia discussion de ce sclielna, 


1. Collectio Lacensis, VU, col. 16ul (Jépèchcs Ju t;j mal'S 1870). - Ollivicr, 
L'J;'glisc ct l'J;ïat. 11, p. 139. Au mèmc moment, ./)ismarcL. conscillaiL à Bcnc- 
dcLLi la réunion ({'une confércncc sur Ics affail'cs de Romc, Il1dis sc défcuJail de 
louLc ouverlUl'C formcllc, afin d'éviLcr toute l'cspouiabiliLé (Olli\'i<,l', L'ElJI}Jil'c 
libÜal, XIII, p. 18!-183; Paris, Garnicr, 10lì8). 

. Grand('ralh, up. fit., II, p. 

O-
3
. 
:;. Collcctiù Lrlcc1isis, VII, co!. %3-
IiS. - GrandcraLh, Ope eil., III, p. 71- 
';
, Clpli'luC fluïl y avait, à l'origiuc de CI' p05lulat, ccs tlcm, iJécs rau
s('s, 
que ruuanillliLé de toulcs les . 'öliscs serait Ic seul moycn dc rcconnaìlre la 
\"ériLé, ct 'Illc l'évèl(ue, Jails un cOllcilc, dpvl'aiL 
impll'mt'nt t6moigncr de cc 
que croit sa plooprc Eglise. 
4. GraIHleralh, opo cit., JJ, p. 2.,0. 



L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 3(j;j 


faisait l'effct d'un geste découragé 1 . Qu'importait 
qu'à 
lunich Doellinger, lançanl au concile un déH 
suprênle, insinuât, dans un article sur Ie nouvel 
ordre du jour, qu'il faudrait en appeler de l'assern- 
blée soi-disant æcuménique à I'Église univcrselle 2? 
Qu'inlportaient, nlêmc, Ie délire que suscitaiL un 
parcil espoir dans la jeunesse savante de I'uni ver- 
silé bavaroise, et les imnlenses nlanifesLations 
d'étudianls qui acclamaient Doellinger, et Ie dis- 
cours exalt6 dans lequcI un d'enlr0 eux Ie célébrait 
comnle Ie grand savant a1l0manù, comnle lr Dante 
d U XIX e siècle 3 '? 
En prenalll pourpoint de départ crU.c itléc, exacte 
nlais inconlplèLe, que Jes évêques, réunis en concile, 
ténloignent de Ia foi de l'l
glisc, l'J
colc (Ie n1unich 
en élail venue à conclure que la nUlsse tIes fidi'lcs 
peut se prononcer sur la véraciLé ell'authenlicité du 
témoigllage, et qu'ils onl Ie droit de l'ap précicr, de 
Ie corrigrr, de Ie ralifier ou de Ie ùénlenlir, el de 
traiter ainsi leurs évêques en n1andataires suscep- 
tibles d'être désavoués I.. Après avoir, au nom des 


1. Collcetio Laeeltsis, VII, col. Oi3. - Grauderath, Ope cit., HI, p. G, u. I. 
2. Doellinger, Lcltl.es et déclaratiou.r; att sujet des dtJc1.els du "atican, 
trade Bouet<\Iaury, p. 113-136. 
3. Grandera1h, Ope cilo, II, p. G4.8-G40. - L"csprit de ITnivcrsité de Tu- 
hingue é1ait singulièrement pIns pon<léré quc celni ùe I'Uniyersité de l\J nnich. Là 
aussi, on redoulait la diofìnilion, et lc profcsseur BimpcI, m
me, grondail for1 
couLre l'influcnce des Jésui1es; mais on demeuraiL respectucux de rf
g-lise c1 du 
concile; voir à cc sujet )1'5 souVC'nirs till 1'. Weiss, fl. P, 11., t908, [, p. 297. 
I". Lcs évêc[ues dans un concill' n'inlcrvicnnent pas seulemcn1 comme 
lémoins oculaires e1 auriculaires dc cc cJue croient Jpurs dio
psains, mais au!'si, 
cl sur1out, comm<' juges de ce clui doil è1re cru d'après l' Ecrilure <,1 Ia tradi- 
tion : voir, à cc sujct, l'avis ùn canonis1c proleslanlllinschins, Das l1".il'chc1l1'cchl 
dCI' Kltt!'olikpn und P1'otestantcn ilt Deutschland, III, p. 3.1-1 (cité dans 
Granderalh, Ope eit., I, p. 87-90), el cr. l\lallnin[;, Histoi1'c du conrile du )'ati- 



366 


L'ALLE
IAGNE RELIGIEUSE 


droits de l'épiscopat" combattu la primatie du Pape, 
Doellinger et 8es disciples glissaient vel'S cer- 
taines thèses qui portaiont atteinte au prestige de 
l' épiscopal; ot, si leur effort pour e111pêcher Ie pro- 
grès ùognlatique cût été victorieux, c' eût été au 
prix Ù'Ul1C révo]ulioll dout la hiérarchie lout 
cn!Ïère aurait subi l'óbraniement. Cette révolution 
se préparaH à Munich, ouvcrlcment, publiqucment. 
(( II sClnble que Dieu veuille nettoyer son aire et 
purifier sa 11laison 1 )), écrivait tristcmentle pcintrc 
Sleinle en voyant Ie mouvemcnL qui, peu à pen, 
poussait hors de l'ÉgI ise certains de ses lhéologiens. 
Le roi Louis II prenait chaudemcnL parti pour 
Doellinger 2 et pour Ie Franciscain Hoetzl, futur 
évêque d' Angsbourg, qui dans une brochure s'es- 
sayait à disculper Doellinger d'être un hérétique 3 ; 
la fouIe, dans les rues, sc dispulait les portraits de 
Doellinger, de SLrossmayer, de Gratry, de Dupan- 
loup 
; et un comiLé se formait à l\lunich contre 


can, lrad. Chanlrcl, p. Hì5-1ß6 (Paris, Palmé. 1871) : c Les 
vêques sont le
 
témoins, surtout et principalement, non de la foi subjective de leurs troupeaux, 
qui peut varier ou s'obscurcir. mais de la foi objccthc de l'Église confiée à leur 
sollicitude et dont ils deviennent, pal' leur consécration. témoins, doc-leurs ct 
juges. Par leur consécration. ils entrent dans rEcclesia docens, et la divine 
tradition de la foi se trouve confiéc à leur gardc. Or, sous ce rapport, il n'y a 
pas la moindre différence entre Ie plus humble des vicaires apostoliques et 
l'évêque des villes lcs plus populeuses. )) 
1. Steinle, Briefwechsel. If. p. 410. 

. Grallderalh, Ope cit.. 11, p. 64,9. 
3. Sur les polémi'lues entre Hoetzl, qu.i bientòt se soumil à l'Eglise. et Ie 
curé Westermayer. et sur les efforts que teota Louis II pour dissuader Hoetzl 
d'aller docilement à Home s'cxpliquer auprès de ses supél'ieurs, voir Grallde- 
raLh, Ope eft., n. p. 634-641 ; et, sur les pourparlcrs de Hoelzl avec les évèf{ues 
allema.nds ùe l'opposiLion. voir Lord Acton. op. cit., p. 5450 Sur Hoettl (1836- 
190
). évèque d'AugsLourg depuis 1894. voir LauchcrL dans BeUelheim, Biu- 
graphisches Jahrbuch, VlI, I). 262-2G3. 
4. Granderath, Ope cilo, II, p. 649. 



L' ALLEMAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 367 
les (( nouveautés romaines)) j. II Y avait là matière 
à réflexlons pour les évêques allemands de la mino- 
rilé. 
En ces semaines de printen1ps, si tristes pour 
eux, on les vit très sincères, lrès dignes, très 
préoccupés de cantonner dans l'enceinte du concile 
un debaL dont une presse superficielle s'occupait 
bcaucoup trop; on oLserva surtout que, soucieux 
de l'indépendance de l'Église, ils ne s'associaicnt 
pas aux dénlarches par lesquelles une certaine 
fraction de l' opposition appelait à la rescousse 
l'inlervention des Élats. Sans bouderies, sans me- 
naces, ils s'attachaient, uniquement, à remettre 
sons lcs yeux du concile les difficultés qui obscur- 
cissaienl la quesLion de l'infaillibilité: quatre bro- 
chures répandues par leurs soins a vaient pour 
but d'y insister. 
Deux étaient d'origine autrichiennc. L'une avail 
pour auteur Ie cardinal Rauscher 2, l'autre venait 
de l' entourage du cardinal Schwarzenberg 3. Une 
troisième, signéc de I-Iefele, évêque de Rottenburg, 
s'efforçait d'établir que Ie pape Honorius avaiterré, 
et qu'un concilc l'avait condamné 4. La quatrième, 
qui s'intitulait simplement: Question>>, était 


1. Granderath, Ope cit., II, p. 650. 

. Observationes quædam de infallibilitatis Ecclesiæ subjecto, Naples, 
1870 (résumé dans Grallderalh, Ope cïto, III, p. 16-26). 
3. De 8ummi Pontificis infallibilitate pet'sonali, Naples, 1870 : l'auleur 
éLail Ie Prémonlre SaIe
ius Mayer, professeur à l'universilé de Praguc (résumé 
dans Grallderalh, Ope cit., HI, p. 26-31). 
4. HefeIe, Causa Honorii Papæ, Naples, 1870, Résumé dans Granderalh, 
opo cit., HI, p. 31-37. - Sur Ia question du papc lIonorius, voir ChevaIiel', 
Biobibliogi'aphie, nouv. édil., col. 2174-2176 (Paris, Picard, 1(05). 
50 La brochure ful reproduile intégralcmcnl dans Friedrich, JJocumeuta ad 



. 


368 


, 
L ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


l'æuvrc d'un Jésuite italien, Ie P. Quarella 1; elle 
Re l'ésumait en un syllogismc: la majcure énumé- 
rait les diverses prérogati yes que la puissance papale 
conlportait; la n1ineure alléguait que, pour les 
ex
rcer, il suffisaità la papaulé d'être nne monar- 
chic mitigée ; donc, concluait-on, nul bcsoin d'un 
papc absolu, d'un pape infaillible. 
l{etleler goûtait ce travail, Ie fit inlpl'imer, vou- 
lut Ie répandrc ; des cxcès de zèle, au Vatican, s' op- 
posèrent à cette diffusion; alors I{etteler protesla, 
cut gainde causc 2, ct la prosc de Quarella put ciI'cu- 
lrr dans Ie conciJe. L'état d'pxcilation dans ]equel 
on vivail, la conLraI'iété mêmequ'avait causée à l\et- 
teier la confiscation provisoire de cel opuscule, 
el l'itnpressionnaLililé toujours vihranle de son 
hurneu!' prinlcsau Lière amenèrcnl l'évêquc de 

layence à se compronlcttre un pen pJus que de 
raison pour l'écl'Ït de Quarella; car cel écril mili- 
tait contre l'infaillibilité mêmc, ct l\.cUeler ne con- 
tcstail quc J'oppol'tunilé. Plus tard, it plnsieurs 
reprises, il déclarera n'avoir jamais pris à SOIl 
compte les idées de Quarella, el les avoir propa- 
gées, non eomme une expression de sa pensée, 
nlais comnle un documenl dignr d'attcntion 3 ; ccs 


illusll'a1ulwn W1lcilium ratiCtUlum, I, p. 1-128 (
oerdlingen, Beck, tSit). - 
R.éf;umé dans Grander'aUI, Ope eil., 1lI, p. 37-43. 
t. Granderalh, Ope eil., 111, p. 38. - Pfuelf, ]{ettclel', III, p. í9-80. 
2. Voir, sur l'incidenl, Pfnclr, Kcttclc1', Ill. p. 80-82. 
3. Pfuelr, 11l'ttelcr, III, p. 83-8-\.. - GranderaLh, Ope eit., III, p. 40-43. Le 
P. Gl'anderalL ('sl toul près de croire que les discussions du concile a\-aicul rendu 
IJresque chancf'lanle la foÍ IJersonnelle de Kelleler dans l'infaillibililé. Le 
Po l'fuelr, plus familier avec Ie personnage, esl revenu sur la qupslion dans les 
Stimmen ((US .Z'IJctTm T
,wcl., aoÙt 190i, p. 211 : il e1.pli,(uc qu'aux yeux de' l\:e1- 
teler la question (1'1i se po"ail u'éLaiL pas: Le Pape, oui on non, est-il infail- 



L' ALLE:\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 369 


distinctions très plausibles n'empêcheront pas les 
cnnf\mis de Kettele1' d'exploitcr IÏncident pour 
aftirmer qu'à certaines époques du cOllciJe l(etLe- 
leI', d'anl i-oppol'tuniste, était devenu anti-infaiJli- 
biliste. Dans l'émotion des polénliques, l'accent de 
3a parole dépassait parfois la portée de sa pensée. 
Alors Ie spectateur aux aguets, prompt à interpréter 
LIne saillie d'humeur com me une manifestation 
l'opinion, faisait de l'évêque de l\layence, sans 
)Ius de nuances, Ie père adoptif d'une brochure 
lans laquelle I{etteler, plus l'assis, cherchait en 
lain ses propres idées, et ne les trouvait plus. 
L
effet des quatre opuscules fut singulièrement 
ttténué par la série d'Obse1
vations critiques que 
Hlb]ia contrc eux Ie JésuÏle Wilmcrs 1; mais 
\rnim gal'dait encore espoir. Bien (Jue les (
vèques 
tllenlands ne lui demandassent rien, il se eroyait 
oujours à la veille du jour OÙ malgré eux il pour- 
'ait les :servir. Lorsque fut remis au Pape, Ie 
!2 avril, Ie 
[enlorandunl définitif dans lequel Daru 
'éclamait respect pour les droits et le:s libertés de 
a société civile 2, Arnim denlanda, d'urgence, si 


ible? ll1ais : Y a-t-il, oui ou nOll, ùes conòiliollS 
\ l'cxel'cice de l'infaiUibilité, 
l quelles sool-f'lIes? Il ajoule qlle KeLtcier avait voIonliers dans l'cxpressioll 
uehlue chose d'outrancier: de Ià, leG conlra1Iictioos, tout apparenlcs, f1u'on 
elevaiL dans ses cllLreliens au momcnl tiu concile. - Comparer, ùans Ie Ta!le- 
uch de 1\1. Friedrich, sa mauvaisc humcur contl'C KeLLeIer, tanlòt, Ie 11 mars, 
oupçonné d'infaillibilisme (p. 242), LanLòt, Ic 13 avril, vivemclll criLiqué pour 
on altiLude incerLainc (p. :137), lalllòt, enfin, lc 5 mai, dhlOncé comme l'ins- 
rument des Jésuiles (p. 383-3
5). 
1. Animadversiones in quatuof contt'a Rúmani Púntifici.ç infallìùilìtalem 
ditos libellos. Résumé dans Gl'anderath, Ope cito, III, p. 44-68. 
2. Collectio Lacen8i8, VII, col. 15G:J-l:itì6 (...11cmorandum du 5 avril 1870). 
;ray, miuislrc en llaviè1'6, par unc dépêche du 
W auil, invita Tauffkirchell à 
oulenir Ic J.l1cmoranduliL (Collectio Laccnsis, VI[, col. 159::!). 


IV. 


24 



370 


, 
L ALLEl\IAGNE HELIGIEUSE 


Berlin vou]ait appuyer les Tuilel'ies. (( Oui, répondit 
Ie secrétairc d'Ét.at Thile ; mais quant à l1n(\ note 
éCl'ile de volre part, it fau t anparavant vous assurr'r 
de l'inlprcssion qu'
lle ferait sur Ies évêques alle- 
Inands 1. )) CeLle den1i-pcl'n1Ïssion suffisait au lni- 
nistre de Pl'USSC: sans retard, dès Ie 23 avril, il pré- 
villt Antonelli que les intentions prêtées au eoncile 
nuiraient à la paix l'eligieuse tIu royaunle. (( L'as- 
semblée, conLinuai L-il, troublerait les consciences 
catholiques si eUe proL:éJ.aiL, malgré la plupart des 
évêques d' Allelnagnc, Ù la proclanultion de certains 
décrets qui, en introduisant sous forme de défini- 
lions dogmatiqucs dcs nlodificalions profondes 
dans la déJinlilation de I'autol'ité atLribuée 
l chaque 
degl'é de la hiérarchie, no pourraienl manqueI' 
d'aHéreI' en mêmp temps la position réciproque 
des pouvoirs civil et ecclésiastique 2. )) Darn, dans 
son l1Jenzorandu7Jl, n'avait fait allusion qu'aux for- 
mules conciliaires qui lraiteraien t certaines matières 
n1Ïxtos, parallèlenlent imporLantes pour l']
glise et 
pour rÉtat ; n1ais Arninl, de sa propre initiative, 
visait d'autres schenzas, relatifs aux prél'ogatives 
respeclivcs du Pape et des évêques. Ð'une façon 
légère nHLÌs précise, ot ell évitanl de prononcer Ie 
mol d'infaillibilité, il s'iuln1isçait en matière toute 


1. Collectio Lacensis, \ll, col. 16u1 (Lélégramme Thílc du 2:t avril 1870)0 

. CollecLio Laceusis, Vll, col. 1 GU
-l G03. - L' Unitù cattoliClt lJULlia, à 
l'occasion de ccLle dépèchc, une sorLe ùe réponse qui passa pour officieuse, et 
ùont 011 trouve Ie lexlc ùans FríedLerg, Sarmnlun!J dCI' Aktenstuecke, p. 1 :
Oo 
- C'élait l"époquc oÍl Ie P. Weiss rcnconlrail à Munich, chez Ic pl'ofcsseur 
ù'hisloirc ccclésjasliquc ReiLl.unayr, le jUl'islc Sicherer, fJui cxposaiL long-uemenl 
quels périls aurail pour les Elals la déclaralion de l'infaílliLilité (Weiss, li. P. 
B., 19u8, I, p.2!1!J). 



L'ALLEMAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 37f 


spirituelle. C'était exactement fa faute qu'un an 
plus tõt projctait IIohenlohe, et que les cabinets 
de I'Europe avaient refusée de comn1ettre ; Arnin1 
était ]e pren1Ïer, lui ministre de Prusse, à se laisser 
illduire en tenlation, dût-il dépasser ainsi les inten- 
tions de son souverain. 
Cette pren1ière insinuation d'un diplomate con- 
tre l'infailJibilité coïncidait avec les triomphantes 
démarches par lcsq uelles Senestrey, évêq ue de 
Ratisbonne, assurait la fortune de ce dogme. II y 
Ivait douze chapitrcs dans Ie schenza consacré à 
l'Église; l'infaillibililé était traitée dans Ie dou- 
dème. La minorité voulait qu'on les abordãt l'un 
Iprès l'autre; et Ie cardinal Bilio, qui présidait]a 
:c députal10n pour les choses de foi )), était tout 
?rès de fléchir. Quelques années plus lõt, à la 
,eille de la fête de Saint-Pierre, Senestrey et Man- 
I 
ling avaient fait un væu : devant Ie Jésuite Libe- 
I .atore, ils avaient promis de tout faire pour amener 
a définition de l'infaillibilité 1. Senestrey se rap- 
)e]a ce væu : il insista près de Bilio, et avisa tout 
Le suile à faire préparer par !\laier, son secrétaire, 
,t par Ie Jésuite Schrader, un rapport sur les 
emarques envoyécs par les évêques au sujet du 
chelna de l'infaillibilité. Pour tout simplifier, tout 
accourcir, tout accélérer, l'évêque de Ratisbonne 
tait un maître, et l' émoi produit par les brochures 
.e Gratry, qui semb]aient à Senestrey (( une honte 
our la vraie science, un scandale pour un gralld 


L Purcell, Life of' C(trdinal ..1fwm;ng, 11, p. 420. 



372 


L 'ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


nonlhre d'âmes 1 )), excitait encore l'énergie du 
prélal. A la fin de la senlaine sainle, Ie ra pport 
était prêt; {
t co fut S()np"trf
Y qui courut ("he7 
Bilio, pour delllander que Ia ùéputaLion de la foi 
fût convoquée sans retard. Le cardinal s'effraya : 
(( Ah ! 
Ionseigneur, il s'agil d'une définiLion, que 
les chrétiens seront forcés d'accepter et de croire. 
NOlls aurons un schisme. Je ne puis plus dormir; 
ne soyez pas si pressé ! Nous avons deux mois 
encore. )) -- (( Éminence, reprit Senestrey, laissez 
faire la congrégation : l' Espri t-Saint pourvoira au 
reste. )) Mais Dilio résislait, et l'opposition se flat- 
taÏt déjà qu'en di
cutant Lour à tour les divers cha- 
pitres on n'aurait jamais Ie temps de parvenir au 
dOl1zième, et qu'ainsi, de fait, eUe resterait victo- 
rieuse, sans combat. Senestrey vit Ie cardinal de 
Angelis; cclui-ci aussi voulait Lenlporiser. Alors 
Ie lenace évêque de Ratisbonne prit lïniliativf\ 
d'aller jusqu'au Pape: au nonl de Manning nlalaùe, 
en son propre nom, il supplia quelques préJals de 
l'accompagner. C'était Ie 19 avril; Pie IX promit 
d'agir. }\ilais pour Senestrcy des journées yides 
étaient des journées longues : trois s.éconlèrent, 
interminables, sans qur Bilio eût pris encore Ja 
décision souhaitée; aussitõt Senestrey, d'accord 
avec }\ilanning, fit circu]er une pétition que cou- 
vrirent, en vingt-quatre heures, 150 signatures; 
cUe conjurait Ie Pape, unc fois encore, de faire 
discuter immédiaternent Ie sclten
a de l'infailli- 


1. Collectio Lacellsis, VII, col. 1400. 



L'ALLEl\lAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 373 


bilité. Le 27 avril, BiJio déclara que la députation 
de la foi s'occuperait ilnmédiatement de cet objet: 
Senestrcy avait gagné la partie 1, clla pétition du 
H lllai, soumise par I{ettcler aux signatures des 
prélats opposants, et qui réclanlait une dcrnière 
fois qu'on envisageât préalablement Ics onze chapi- 
tres du schenla sur I'Églisc 2, était d'avance vouée 
à l'insuccès. 
Arnim voulait protester, intiulider, crier halte 
au concile; mais aucun évêque allemand ne l' en 
priait. Un jour 111i parvint une ouverture de 
Oupanloup, qui souhaitait qu'il l'éclalnât du Pape 
la prorogation de l'assemblée 3. Bismarck fit télé- 
graphicr qu'i l fallait rester tranquil1e, et demanda 
nlême, avec une inf'istance soupçonneuse, si la 
précédrnte dénlarche d'Arnim aupr(ls J'Antonclli 
avait eu l"agrément préalablc des évêques alle- 
mands 4. Il ne convenait pas à ßisularck, dont les 
regards étaient tournðs vel'S la France, de décla- 
reI' la guerre au concile. 
Aprement, scrupulensement, la députation de la 
foi travaillait au schenza de l'infaillibilité. Ð'après 
Ie texte prirnitif, proposé par Bilio, cette préro- 
gative du Pape s'exerçait lorsqu ïl définissaÏt co 
qui devait êtrc acceplé par I'Église universelle en 
matière de dogme et dp morale, et elle avait la 
même extension que I Ïnfaillibilité même de 


1. Sur lout eel épisode, voÌl' Grawlcralh, Ope cit., Ill, po 8-13. 
20 Colleclio Lacensis, VlI, co!. 980-983. 
3. CQllectio Lacensis. VII, col. 1601 (lélégramme d' Arnim du 27 avril 1
70). 
4. Collectio Lacellsis, VII, col. 1601-1GOt (télégrammes de Thile des .{ et 
() mai 1870). 



374 


, 
L ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


I'Église. Bilio Iui-même, Ie 5 rnai, devant la dépu- 
tation, exposa des doutes sur la justesse dc cette 
formule; Ie 6, il proposa une autre rédaction, 
imaginée par l\1artin. La rédaction nouvelle n'éten- 
dait pas l'infaillibilité à tous ]es enseignements 
que Ie Pape proposait comrne des vérités certaines, 
mais à ceux-Ià, seulement,qu ïl présentait conlme 
des vérités divines, révélées par Dieu; elle main- 
tenait, d'ailleurs, que lÏnfaillibilité du Pape s'ap- 
pliquait aux mêmes objets que l'infaillibilité de 
l'Égiise. Cette formule restrictive pInt d'abord à 
la députation, qui espérait peut-être rallier une 
partie de la minorité. l\lais Senestrey et l\Ianning 
veillaient; et Sene strey , après des explications 
assez vives avec Bilio, annonça qu'il attaquerait ce 
texte devant Ie concile 1. L' évêque de Ratisbonne 
n' cut point à tenir parole, car ultérienrement l\lar- 
tin fut Ie premier à abandonner la rédaction clont 
il étaÏt l'auteur, et la députation de la foi accepta 
une autre formu]e qui clevait satisfaire la nlajoriLé 2. 
Sepllongues semaines, du 13 mai au 6 juillct, 
Ie concilc discula 3. Cinq évêques d'.Allemagne par- 
Ièrent : trois étaient de Ia minorité, deux de la 
majorité. Hefele, Ie 17 nlai, développa les objec- 
tions historiques; ses conclusions militaient {or- 


1. Granderath, Ope eit., In, po i
3-1
8. 

. Grandcrath, Ope cit., III, p. 4.
G-4320 
3. Les anti-infaillihilistcs firent quelllue IJI'uit. au d
Lut de juiu, au sujet ùe 
la disgrâce du f'. Aug"UstiD ThcÏ1u'r. Jésuite, ai!vcrsaire i!e lïnfaillilJilitp, qui 
dul quilter son postc -de prHct des archives du Vatican, cl qui Cut remplacp 
par Cardoni (Friedrich, Gcschichtc, IIr. p. 1037-1041). - Voir sur Augustin 
Theiner (t804-1874), Schulle, Die Gcschiclztc dCl' Qucllen unci L,tel o atur des 
canoflisrhell npr!1t.
, III, I, p. 38i -3S9 (Stuttgart., Enke, t 8S0). 



L' ALLE
[AGNE ET J_E CONCILE DU VATICAN .375 


mellement contrc Ie dogme 1 . Tout autre, le 23 mai, 
fut l'attitude de I(eUeler. (( Pour fila part, décla- 
rait-iI, j'ai toujours maintenll, con1mc une opinion 
très hauLcn1ent autorisée, lïnfaillibilité du ponLifc 
romain, lorsqu'il parle ex cathedra, et je l'ai tou- 
jours énoncée, comme telle, devant les fitlèles de 
mon diocèse, sans n1'êLre jan1ais heurté à ùes dif.. 
ficultés ou à des contradictions; je ne garde qu'un 
doute : l'appareil de preuves théologiques qui 
appuient cette doctrine a-t-il atteint, déjà, Ie degré 
de perfection, qui est exigible pour une définition 
dogmatique ? )) Ketteler croyait que non; il 
craignait, aussi, que la détinition ne portàt pré- 
judice à l'autorité traditionnelle des évêques 2. 
A ces deux voix allemandes, l'une anti-in fail- 
libiliste, l'autre anti-opporluniste, succéda, Ie 
28 n1ai, celIe de Scnestrey; elIe all'ecta de n' être 
qu'un écho; Senestrey faisait dépù::;er dcvant Ie 
concile, en faveur de l'infaillibilité, un certain 
nOll1bre des théologicns de l'antique Allelnagne 3. 
Dinkel, Ie 5 juin, contasta que Ie texte de l'Évan- 
gile sur la primauté de Pierre pût êtl'e allégué en 
faveur de la définition :.. Puis, Ie 2;) juin, I(eUeler 
rcprit la parole; ct jamais discours d'un prélat 
opposant ne fut écouté avec un tel recueillement, 
rcspcctucux et cordial I). II combat tit les formules 


1. Gramlcralh, Ope cit., III, p. 163-167. 

. Granderalh, Ope cilo, III, p. 181-1860 - Pfuelf, J(cttelcr, III, po 86-88. 
3. Grandcralh, Ope cito, Ill, p. 
07-:!08. 
.1,. Granderalh, Ope cit., 1Il, p. 302-304. 
5. PfuelC,lí.ctlcler, I H, p. 91-93 : les dell x leUrcs {l'observalions qu'adressèreu t 
ensuite à KeUeler, D'Avanzo, é\'ê(lue òe Calvi el Teano, et l'archevêque De- 
cha.mps, achevèrcnt dOaUeiilcr lïmportance ([u'on accol'dail à ses paroles. 



376 


L' ALLEl\IAGNE RELIGIEUSE 


ùc Cajétan sur l'infaillibilité, afIecla, lui, de se 
lueltl'e à la suite de llcllarn1Ïn, ct s'eITorça d'éta- 
blir, nOli sans obscurité, que Ie schclìla p,'oposé ne 
concoroait pas avec l'opinion du célèbre Jésuite 1. 
EnHn l\Iarlin, Ie 30 juin, appol'la dcrechcf aux idécs 
infaillibilistes l'hommage de l'Allemagne : il 
n1aintint, contre Ie Vicnnois Rauschcr, que ce 
n'étaÏl pas suffìsant d'cstimer les décisions du Pape 
moralemcnt vl'aies, ct qu'i! fallait nier la primatie 
si ron niail l'infaillibilité ; ot de mêmc que Senes- 
trey avait fait comparaîtr(
 les docleurs du moyen 
ågc gcrn1anique, l\Iartin citait à la barre du concile 
Luther en personne, lequel avail cru, lui aussi, 
que Ia foi dans In primatic papale entraînait ]a 
foi à l'infaillibi1ilé 2. 
Le 4 juillet, les déLats furent clos : partisans et 
adversaires de la definition se trouvèrcnt ù'accord 
pour la pren1ière fois, et cc fut pour se taire. La 
chaleur en fut causc, et puis J'épuisement des argu- 
ments, ct surtout, peut-être, un certain état d'es- 
prit dont I{eltc]cr, dans une ]cUre à Dcchamps, 
donne pour lui-nlên1c Ie ténloignage : (( Toute ma 
vie, écri vait-iI, j'ai lulté avec allégresse contre 
]es ennemis de l'Église, et je l'aurais fait, jusqu 'à 
ma n1ort, sans que ces Iuttes me fatiguassent; 
mais la malhcureuse lulie qui maintcnant divise 
Ies évêqucs me fatigue ct n1 'épuisc 3 )). Le i3, 
on VOtil sur Ie schrnla de l'infailliLilité : 45i voix 


1. GranderaLh, op. cit., III. po 416-426, qui rclève les crrcurs de KeUcler 
dans rexposé de la théorie de Bcllal'min. 

. Granderath, Ope cito, III, p. 383-384 el 439-HO. 

. rruplf, Krftclc1'. lIT, p. Uí. 



L' ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 377 
approuvèrcnt, 88 repoussèrent, 62 récJamèrent des 
lTIodificalions. Un dcrnier vote restait à émettrc : 
it Jcvait porter sur l'ensenlblc du chapitre concer- 
nant la prinlatie, et précéuer imlnédiatcnH
llt la pro- 
ll1uJgation par Ie Pape, qui donnerait au sclte}}la 
de l'infaillibililé la valeur d'un dogme. 
Des pourparlers s' ébauchèrellt entre les deux 
fractions du concilc : I\:etLeler, Dinkel, étaient tout 
prêts à accepter une nouvelle formule rédigée par 
Franz
lin. Mais d'autres prélats opposants lllena- 
çaient de lire à la séance finale une protestation 80- 
Jennelle, ot de contester que leur conscience fÚt liée 
par une déclaration à laquelle manquait, disaient- 
ils, l'unanimilé morale. Ces saillies de mauvaise 
hurneur n'el1rent ({'autre suite que de faire échouer 
prut-être les lentatives de conciliation qui s' étaient 
cssayées. l\lors la lllinorité, qui espérait encore 
des avances et qui avait cessé d'en recevoir, 
dépêcha au Pape, Ie soil' du 15 juillet, six de ses 
prélats : il y avait, parmi eux, Scherr et l{cUeler. 
lIs demandaient la suppression, dans Ie chapitre 
sur la primatie, de la phrase affirmant que]e Sou- 
verain Pontife avait la plónitude du pouvoir de 
jUl'idiction; ils souhaitaient qu'il fût stipulé, dans 
Ie chapitre sur l'infaillibilité, que cette préroga- 
ti ve papale ne pouvait s' exerccr que d' accord avec 
Ie témoignage des Églises, ou bien encore d'accord 
avec l'épiscopat. Pie IX rcnvoya les six prélats à 
la députalion de la foi, et la députation répondit 
par un refus 1. 


1. Pfuelf, Ketteler, III, po 109-H
0 - Le P. Pfuelf incline à croil'e ce que 



378 


L' ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


C'esl ]e 18 qu'on devaiL voler; Ie 18, qu'une 
vérité nouvelle devait être inscl'ite dans Ie Credo, 
irrévocaLlenlcnt. La nlinorilé vaincue cOlnnlençait 
de s'émietter. Foerster, Becknlann, quittaientHonlC 
en écrivant qu'ils auraient voté non placet 1. Le :i 7 
au matin, 64 préIats opposants tinren! une réunion 
pour concerter leur conduite. I-Iefele voulait qu'on 
allât à ]a séance du lendemain, qu 'on votât (( non )), 
et puis qu'on sorti! en refusant de se soumettre. 
l'tlais il sentit, tout de suite, que ses collègues 
n'iraicnt pas aussi loin 2. II y en eut cinquante-six 
pour signer une Iettre dans laquelJe iis déclaraienl 
que par piété filiale iis s'abstiendraient de porter 
devant Ie Pape leur Non placet, et qu'i]s partaient : 
Scherr, Dinkel, Eberhard, HefeIe, souscrivirent à 
cette fornlule 
. l\leIchers'. et Kette]er 5 écrivirent 


rapporle Lagrange, 1Tie de .l![gr Dupanloup, III, p. tg4, sur KeUclcr << pleu- 
ranl aux pieds du Pape. . 
1. Granderalh, Ope cit 0' II I, p. 493. 

. Schulle, Del" Altkatholicismus, p. 231 (lelll'e de Heíele à Doellingel' flu 
10 aoÎll i8iO.) - Compal'crdaus Friedrich, Geschichte. Ill, p. 812-814, Ie plan 
<1e lulles conciliaire
 qu'a,,'aiL, dès Ie début d'avl'ÏI, tracé Hefele aUJ( évèques de la 
minorilé, eL qui, dans sou ensemble, avait élé 5uivi; mais Ie plan dc résisLance 
aux décrels conciliaires échoua conlre l'esprit de sou mission de ces prélals. 
3. Colleclio Lncensis, \" II, col. 99-i-995. - Quanl à l'engagemenl pris Ic 
17 juille1 au soil' chez Ie cardinal Rauscher, à. lïnsligalion de Haynald, par 
leqllel les évêf{ues allemands, aull'ichiens et hongrois de la minorilé s'oLligeaient. 
à ne faire aucuu acte uH'
rieur au sujel òe l'infailIibiliLé sans s'èlre enlendus avec 
Schwarzenbcrg e1 Rauscher, il esl cerlain que HeCele e1 que Forwerl, vicaire 
aposloliflue <1e Sa,e, en furenl témoins, el (Iuïls s'y prèlèrenl, mais on a tout 
lieu <1c suppo
er avec Grandel'alh, op. cito, Ill, po 558, lIue Melchers, KelteJer, Kre- 
menlz, Brinkmann, Wedel...in, Dinkel, Eberhard, qui signèrcnl en seplembrc 1870, 
ell Caveur de l'illfaillibililé, la déclaraliun <1c Fulda, élaient pal'lis de la l'éunion 
lorsflue celle queslion s'y aöila. Voir sur cel inciJenl, dans 
chlllle, LJer Alt- 
kat/wlicismus, p. 221-2::!2 c125:;, lcs leUres de Hefele el de Slr05sllla
er, el 
dans Graudcralh, op. cito, Ill, p. 557, la lellrc dc Forwerl... 
4-. Collcclio Lacensis, \'11, col. 99-i. 
50 Collectio LaCP11Sis, VII, col. 99:). - hl'lleler, nfl.' 'UiI{cl:lbarc Lehrarnt 
des jJ'1.pYl,'.
 11flCIt der Elltscheidun!J des rùtikrmi.vchell C071ci[.t;, p. i;!', nol(' 



L' ALLEMAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 379 
tous deux qu'ils s'éloignaient, et qu'à l'avance ils 
s'inclinaient. Le cardinal Hohenlohe, Iui, plus 
dépité que soumis, éCl'ivait ironiquell1cnl à Schwar- 
zenberg, que si Ie concile se prolongeait, on fini- 
rait par proclaIner l'infaillibilité des Jésuites 1. 
Vingt-quatre heures plus lard, l'infaiJlibilité était 
un dogme, et la souveraineté spirituelle de 
Pie IX était exaltée par un suprêll1c homn1agc, 
deux mois avant que sa souveraineté tcmporelle 
fûl l'objel d'un suprên1c affront. 


, 


XI 


Quarante années plus tôl, un diplolnate prns- 
sien, Bunsen, avait inslalIé la RéfoI'rne tl Rome; là- 
haut, dans la légation mên1e de Prusse, sur l'arête 
Ja plus aiguë da Capitole, une chapelle évangéIique 
s'était ouverte, sons Ie pavilIon de son roi, ct Bun- 
sen s'élait fait poète pour chanter en \
ers provo- 
cants la revanche de Lulher sur Ie Saint-Siège 
. 
Derecher, en 1870, dans cette Rome qui pon r deux 


(Mayencc, l\:irchheim, 1871) expli'lue que, croyant à lïnCailliLililé, ilnc poul"dil 
yoter .1Von placet; ((uïl nc pouvait votcr Placet parrc quïl jug-cail la défini- 
lion inopporlunc, parcc quïl y souhailait qucl(lue
 ajol1ts pour prévf'nir des 
malenlC'ndus, ct parce qu'il n'élai
 pas d'avis que le concile ne lraiLàl qu'un 
seul fragmenL de la doctrine de rEglise. 
1. 1I0henlohc, nl!.nkwuc1'di!J!.:citrn, II, p. 11. -- QucllIuCS jour:! après, 
CeHlli, sccréLaiL'c du pape', <.h'mand,ml au caL'(linal 1I0henlohc POItI'fl110i il n'avail 
pas assislé à la proclam,tlion dn do
mc, Ie carùinal r(
pondit qu'j[ était lrop 
affliõé, Lrop f'IHlolOL'i, que du rcsLc il croyait à lÏnfaiHibilité el 'i CrOiL'aIl lon- 
jour:; avec l'aide de Dieu; mais il se d<>!!H\Il(lail si Ie concile éLaiL ,:lIahle 
(HohenloLe, Deukwuc1'digkcitetl, II, p. 16). 
2. Voir notre Lome [I, po 133 -1 34 rot H)4. 



380 


L' ALLE1'tIAGNE RELIGIEUSE 


mois encore étaÏt au Pape, la colline du Capitole 
s'insu('geail; ct pendant les dernières sClnaines tIu 
concile Arllinl, tapi dans son aérienne légation. 
grisé peut-êtrc par ce paysage grandiose qui lui 
donnait l'illusion de domineI' la coupole m&me 
de Saint-Pierre, avisait au nloyen de faire brèche 
dans l'unité de l'Église, resserrée solenncllement 
autonr de Pic (X. Si les évêques opposants de 
}' Allcmagne avaient voulu faire sécession, ils pou- 
vaicnl n10nter au Capitole: Arnim étairlà. (( Sans 
vouloir vous insinuer de passer à I 'Églisp. évan- 
gélique, écrivait-il à un prélat Ie i8 juin, je VOllS 
rappelle pourtant la réponsc que Hrent, à Augs- 
bourg, les meinbres évang6liqucs de la diète, 
lorsqu'on les pria Je céJ()orer fa Fête-Dieu avec 
Charles
Quinl, par courloisie. Nous ne sommes 
pas venus pour adorer, dir(\nt-ils, mais pour sup- 
prime:.; les abuse )) 1 A celle lettre se joignait un 
long l\Iémoire, qu' Arnin1 destinait aux évêques 
d' Allenlagnc. 
Si lÏnfaillibilité est votée, disait-il en subs- 
tance, il sera prouvé qu' une puissance étran- 
gère, installéc à ROIne, contraint les évêques 
d' Allemagnè, contl'C leur conscience, d'adnlettre, 
comme une vérité révélée, un systènle que les 
puissances civiles répudieront toujOUJ
s. Dès 101's 
on pourra dire que la hiérarchie, au lendemain 
du concilc, ne sera plus celte Inên1e hiérarchie, 
avec laquelle des traités étaient conclus, et que 


1. Collectio Lacen.i&, VII, col. l60
0 



L' ALLEMAGNE ET LE CO:'iCILE DU VATICAN 381 


la Constitution protégeait. De ]à naîtront des diffi- 
rultés sans fin dans Ie choix des évêques ; on verl'<-I 
les Jésnites expuJsps, la vie monastique entnlvée, 
r]
glise chassée de l'école, et même peut-êtrc une 
situation comme celIe de ]a Po]ogne russe. Ce sera 
la faute de la minorité du concile, qui se sera 
soumise. On parlera de schisnle si eUe s'insurge; 
mais Ie Vatican n'acculera pas les Allemands au 
schisme, et Pic IX, rendant les Français respon- 
sables de tout ]e nlal, trouvcra une issue. Que 
les évêques d' .Allen1agne aient Ie courage de so 
hrouiller, non avec Ie Pape, nlais avec Pie IX, et ]a 
confiance de leurs fidèlcs s'accroîtra 1. 
On ne sait si ]e Mémoire d'Arnim fut efTective- 
nlent expédié à tous les prélats allemanJs de ]a 
minori Lé : iis ne se laissi'rent, du moins, ni four- 
voyer ni affoler. Spectateur d'un m0L11ent unique 
dans les destinées chrétiennes, et rabroué par Bis- 
nlarck chaque fois quïl voulait être actcur, il sen1- 
blait que ce mêle-tout, ainsi tenu à l'écart de la 
besogne des prêtres, voulait se mêler à la besognc 
de Dieu en accumulant les prophéties sur Ie len- 
demain, ce qui d'ailleurs est encore une façon d'y 
intervenir. Et, de fait, en quelque n1esure, ces 
prophéties furpnt de l'histoirc. Que]ques critiques 
que dirigeât plus tard Arnim conlre les procédés 
de Bismarck dans la lulte contre l'Église 2, les dis- 
tinctions subtiles, mi-juridiques, mi-théo]ogiques, 


1. Col1ectio Lacen8i8. VII, co!. 1604-1607. 

. Arnim, Der Nunti1.'8 Kummt : Essui VQII einem Dilettanten, Vienne, Ros- 
ner, i8iS. 



382 


, 
L AI.LEMAGNE RELIGIEUSE 


derri(\re lesquelles se retrancheront les hommes 
du Cultlll'kalnpf, aVtlÍenl été balbutiées, pour 
la prcmière fois, dans l'audacieux l\lémoire 
d'Arnim. 
Que l'Églisc romaine d'après Ie concilc ne fÚt 
plus la mêrne que l'Église d'avant Ie concile : 
c'est ce que soutiendronl, hientôt, les juristes et 
les députés qui vouJront délier les États de 
leurs traités avec Ie Saint-Siège.l\1ais qu' Arnim fûl 
comme l'inventeur et l'instigateur d'une pareiUc 
théorie, on avail Ie droit d'en être surprise L'évê- 
que 
lartin, en mars i870, lui faisait observer 
qu'à. Ia faculté protestante de lIalle, des hommes 
comme Tholn1\., comnle W cgscheider, cornine 
Gesenius, avaienl depuis longtemps considéré les 
catholiques comme infaillibilistes. (( 
Ioi aussi, 
répondait Arnim, j'ai toujours été d'avis que les 
catholiques avaient déjà cru à l'infaillibité du 
Pape 1. )) l\lartin nota ce propos, et Ie publ ia plus 
tard lorsqu'il vit Arnim agir et parler comIne si 
les catholiques n'y eussent jamais cru. 
l\lais d'agir sur des évêques, cela ne sufHsait 
pas à I'humeur d'Arnim, et de nouveau, Ie 1 i juin, 
il alléguait l'avis de Trautmannsdorf, ministre 
d' Autriche, pour représenter au gouverncment de 
Berlin qu'il serait peut-ètre séant que les diplo- 
nlates quittassent Rome, au monlent de la pronl1tl- 
gation du dogmc, en guise de protestation contre 
la défaite des évêques opposants et contre l'affront 


1. Sl.WllD, U,'kundeusammlung :1t.r IJioyraphie des JJr. CV1I1 0 ad ..Jfartill, 
p. 86 (Padcrborn, Juufcfmann, 1
92). 



L'ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 383 
infligé par Ie concilc aux gouvcrnenlents 1. De nou- 
veau Bismarck faisait répondrc, Ie 23 juin, que 
l'infaillibi]ib
 ne regardait pas la Prusse proles- 
tante; qu \In diplonlate protestant pouvait, à Ia 
différence des diplomates calholiques, ignorer la 
définition et les so]ennités religieuses auxquelles 
ene donnerail lieu; que l'action de l'État prussien 
ne cOlnmenccl'ait que dujour oÙ Ie dogme aurait un 
effet dans Ie domaine du droit public 2. 
iais Ie 24, 
Arnim insislait : la papauté, disait-il, ne provoquera 
pas in1médiatement ùes représaiJIes législaLives 
de ]a part de l'Étal, IlHtis clIe amassera, en Alle- 
magne, un inlffiense lualél'iel de guerre; il faut 
tout de suit0 agir, préventi vement répondre à la 
lutte par la lutte ; la plupart des évêques attendent 
ces représailles et seront surpris si eIlcs tardent 3. 
Le i er juillet, Arnim s 'adressait au roi Guillaume 
lui-même; il lui citait un évêque, Foerster, de 
Breslau, qui les considérerait comme justifiées 
. 
On classait à Berlin ces dépêches d' Arnim, sans 
lui répondre. La première quinzaine de juillet 
s'écoula: Arnim n'en pouvait plus, d'être immobile. 
Voilà Trautmannsd orf qui s' en va, télégraphiait-il 
Ie It>; dans trois .lours, la promulgation a lieu; 
n10i aussi je vcux partir, ct d'aillcurs je suis 
malade 5. En général, les indisposj lions diplonla- 


i. Collcctio Lacensis, VII, col. IGU7. 
2. Collcctio Lacensis, VII, col. tGüS (lélégramme d'Abel
en). 
3. Cðliectio Lacensis, VII, col. IGuò (lcllrc d'Arnim au secrétairc ù'État 
Thile ). 
4. Collectio Lacensi8, VII, co!. 16u9. Lorsque plus tal'd la lellre ful publiée, 
Foerster était mort. 
5. CoLLectio Lacel1
i8, "II, co!. 1110. 



38
 


L'ALLEIUAGNE RELIGIEUSE 


tiques sont des prétcxtes à ne rien fairc : teIle 
ll' éln it point celIe d'Arnim. II voulail frappcr nn 
coup, cl('quer des portes; ce nutladc aurait quiLlé 
nonlC en belligérant; {\t Bismarck, inlpi loyabJe, 
lui télégraphia de rester 1. Une dcrnière dépèche 
ùu nlaître, Ie 20 juillet, acheva d'accabler Ie mi- 
nistre : (( Abstenez-vous de to ute dénlonstration 
ostensible, lui signifia-t-iI; l'infaillibilité, pour 
l'instant, est pour nous sans intérêt 
. >) Ce n' élait 
pas à Rome, c' élait à Ems, que Bismarck 8ouhai- 
tait alors faire du Lruit : cet instant d'histoire - 
l'instant pour lequeL ]'infaillihiliLé était sans inté- 
rêt - inaugurait la série d'étapes à travers les- 
queUes Ja Prusse allait devenir l'Allemagne, sur 
les ruines de l'Empire français. D'Ems à Sedan, 
de Seùan à Versailles, de Versailles à Francfort, 
il les fallait franchir toutes, et l'heure sonnerait, 
ensuile, pour la róalisation des rèvcs d'Arnim. 
Mais dès maintenant, à Munich, à Breslau, à 
Bonn, Ia science allenlande cOlllmençait la guerrc 
contre Ie dogmc nouveau; les théologiens pr(ípa- 
raienl Ie terrain dont les juristes feraient plus lard 
élection ; conforn}énlent aux nlcnaces badoiscs 
de 18ß9, conformémenl aux pronostics d' .Arnim, 
ils s'occupaient d'échafaudcr unc. Égli'se qui, vis- 
à-vis de l'

glise romaine, se piquerait d'être 
seule catholiquc, et senic rcconnue comme telle 
par les États de l' Allenlagne. Les évêques, au retour 
de Rome, assistaient à cet assaut de la science: 


t. Collectio Lacensis, VJI, ('01. H10. 
2. Collectio Laceusis, VII, col. 1110. 



L'ALLE
IAGNE ET LE CONCIf..E DU VATICAN 385 


elle reprcnait leurs objections de naguère, et s'en 
faisait une arme contre la soumission qu'ils témoi- 
gnaient aux décrcts du concile; c'est dans leur 
propre passé qu'elle s'apprêtait à remonter pour 
alléguer que l'Église avait changé. Au cours des 
polémiques, Doellinger et ses amis avaient perdu 
la notion même de ce qu'était un conci]e, et de 
l'inspiration souveraine dont il se réclame, et de 
la docilité qu'il commande; mais l' obéissance de 
l' épiscopat aux décrets conciliaires donnait à I'idée 
d'autorité religieusc,' sur laqueHe la puissance 
épiscopale est elle-nlême fondée, une nouvelle 
assise et un éclat nOl1veau. 
Incertains des dispositions de l'État et trap cer- 
tains des dispositions de la (( science >>, ces évêques 
ponvaient s'appuyer sur les masses profondes du 
peuplecalholique qui, groupé dansses associations, 
voulait, sans plus d'ambages, croire ce que croyait 
l'Église. L'Allemagne catholique recélait une 
force immense, qui durant Ie concile était à peine 
sortie d'un effacement silencieux. Une fois seu]e- 
ment, en mars 1870, par Ia plume de Félix de 
Loe, Ie comité central des congrès catholiques 
avait exprimé sa confiance dans l'assemblée æcu- 
ménique et sa douleur pour les négations des pro- 
fesseurs t. D'innombrables hommcs d'action qui 
modestement, chacun dans sa bourgade, aidaient 


t. Collectio Lacensis, VII, col. i50G-i508 : texle de la ]eUre de Félix de toe, 
du 7 mars 1870, et des poMmif{ues que lui suscita cette leUrc avec les prorC!
- 
seurs de Breslau. - Sur d'autres manifestations populaire!; en bveur de l'jn- 
faiUibilité, voir Granderath, Ope cit., II, po 656-658, et Collectio Lacen8i8, YIl, 
co!. 1509-1513. 


H. 


25 



386 


. 
L ALLEMAGNE RELIGIEUSE 


à l'épanouissement social du christianisme, pen- 
saient comme Félix de Loe ; ce qu'ils pcnsaient 
ils reussent dit, s'ils n'avaient pas senLi qu'au 
milieu de ces débats théologiques qui s'agitaient 
au-dessus de leurs têtes, il n'y avait qll'à attendre 
ce que l'autorité dirait. AloI's, lorsqu'eut parlé 
l'autorité, les évêques qui continuaient de douter, 
conlme Foerster peut-être, comme I-Iefele surtout, 
sentirenl une poussée .Ie leurs ouailles, qui les 
agenouillail aux pieds du Pape; elles aul res, ceux 
qui s'élaient souluis, se vircnt plus étroitement 
unis à la foule de leurs fìdèles, qui avaienL devancé 
]eur soumission. 
Cependant, à travers Ie monde, on annonçait la 
révolte de I'Allemagne catholique. On percevait Ie 
fracas que faisaicnt les puissants de la science; et 
des millions d' Anzcn, jaillis de l'innombrable 
foule des humbles, étaient sans écho pour qui ne 
savait pas entendre. Bismarck, tout Ie premier, sera 
de ceux qui ne sauront pas entendre : la foi des 
croyants, moins bruyante que les manifestes fié- 
vreux des uni versités, sera méconn ue dans ses 
calculs, jusqu'à ce qu'elle les déroute. Au lende- 
main du jour OÙ des professeurs d'histoirc, brouil- 
lés avec l'idée du Saint-Empire, avaicnt achevé 
de construire l'Empire d'Alleßlagne, il compLeI'a 
sur des professeurs de théologie, brouillés avec Ie 
Saint-Siège, pour construire une Église d' Allema- 
gne; il pcnsera que devan tune certaine science 
théologique céderaiL la résislance des consciences, 
comme avaient cédé, SOllS la poussée d'une cer.. 



L'ALLEl\IAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 387 
taine science historique, les résistances des petits 
États. II engagera Ie Culturkampf sans avoir connu, 
mesuré, estimé, la force immense que devait oppo- 
ser à ses visées Ia plèbc des âmes croyantes. II 
sera déçu d'abord, ct puis vaincu. 


FIN DU TO:\If: QUATRIÈIUE E1' ÐEHNIER 



TABLE DES MA TIÈRES 


CHAPITHE IV 


L'ÉGLISE DANS LA PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE 
DU HAUT-RHIN. - LE CUL7'URKAMPF BADOIS 


1. Le lendemain de 1848. - Situation lriste en Bade et en 'Vur- 
temberg ; espérances catholiques dans la Hesse électorale. - 
La vacance du siège épiscopal dans Ie grand-duché de Hesse. 
- Conflit entre Rome et les chanoines de Maycnce. - Léopolll 
Schmid: sa peI'sonne, ses idées. - Victoire de Rome: Ia nomi- 
nation de Ketteler. - Portée de cet événelllent. . . .. ij 
II. Premiers symptÔmes du relèvement de l'Église. - Éclosion de 
congrégations à Fribourg, à Gmuend, surtout à Mayence. - 
Réforme du diocèse de Mayence par Ketteler. - Deux auxi- 
liaires: Fanny de Laroche, Ida de Hahn-Hahn. - Les courses 
épiscopales de Ketteler, ses prédications populaires . .. 1.4 
III. Premières revenùications parlementaires en Bade: la motion 
de Hirscher. - La démarche collective de l'épiscopat. - Le 
Mémoire épiscopal de mars 1851. - Premiers symplómes d'é- 
mancipation des évêques de la province: l'ouverture d'un 
grand séminaire en Hesse; Ie (( conflit de deuil )) en Bade. - 
La réponse des gouvernements et les protestations épiscopales 
(1853). - Collaboration du laïque Maurice Lieber avec l'épisco- 
pat. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 20 
IV. Projet de démarche de l'épiscopat auprès de la diète de Franc- 
fort. - Raisons de l'opposition de Ketteler. - Les tendances 
religieuses de la diète. - Esprit d'intolérance tenace de cer- 
taines petites souverainetés protestantes représentées à Ia diète. 
- Rôle protestant joué par la Prusse à Ia diète. - L'atTaire 
du baron de KeUenburg. - Impossibilité pour l'épiscopat de 
Ia province du Haut-Rhin d'obtenir justice à la diète .. 2
 



390 


TABLE DES )IATIÈRES 


V. L'archevêque octogénaire Vicari. - Son message au gouver_ 
nement badois. - Libertés que prenncnt les auLres évpques de 
la province. - Divergence d'avis entre les États. - Lutle 
t::nlre Vicari et Ie COllsf'il f'upérieur ù'Eglise. - Installation par 
rJ
tat du commissaire Burger auprès de l'archevêque. - 
ExeoullnunÍrations prononcées par Vicari. - Poursuites cóntre 
les prêt,'es: inéga1ité surprcnante des péna.lités. - A vances de 
J'htat bad.ois aux JésuiLes; leur fÜléliLé it Yicari. - Orùre 
ùonné par rarchevêque it ses curés, ùe prêcher sur Ie conflit. 
- Appui que prête ,aux curés Ia piété des masses. - La Iutte 
de brochur
s. - Emoi ùe I'épiscopat et de I'univers catho- 
] i'Iue. - :Emoi de certaines personnalités 'protcstantes. - 
J.l...moi de la diplomatic, surtout de rAulriche. - Négociations 
ùe Kettcler avec Ic gouvernement badois (12-13 janvier 185í). 
- Mission de Leiningen à Rome. - Inquiétude de la seconde 
chambre badoise. - Inquiétude de Bismarck : ses démarches 
en Bade et en Nassau. - ßchec de la pacification. . .. 37 
VI. ,Nouvelle tactif[ue de rÉtat: embarras financiers suscités à 
l'.EgIise. - Poursuiles contre Vicari (mai 185') : perquisilions 
au palais archiépiscopal; anestation de l'archevêque. - Vne 
poésie ù'08car de Redwitz. - Mesures policières dans Ie pays; 
résistance passive des caLholiques. - La grève des plaisirs. 
- Crise annJoguc en Nassau. - Nécessité pour les États d'une 
entente avec Ron1e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5U 
VII. Un projet de convention apporté à Rome par un envoyé 
du roi de 'Vurtemberg; réponse d'AntoneIli. - Leiningen f't 
Brunner à Rome; trêve provisoire avec Dade. - Keltelel' et Ie 
gouverncment de Darmstadt; difficultés it Rome. - Les Bases 
rf'mises par Antonelli. - Répercussion du concordat :aulrichien 
ct du cenlenaire dc saint Boniface it Fulda. - Entente succes- 
sive du 'Vurtemberg, de Bade et de Nassau avec Ie Saint-Siège 
(1
57-1.861). - Allégresse de la presse catholique. . . .. 68 
VIII. Origine et mobiles des campagnes anticoncordataires. - 
Agitations en 'Vurtemberg. - Agitations en Bade: Ie meeting 
(Ie Durlach. - Arguments parlementaires coptre les concor- 
dats : l'égalité confessionnelle, les droits de l'Etat, les intérêts 
du germanisme, lïnùépendance spirituelle des catholiques, 
l'incompatibililé entre l'idée de concordat et celle de souverai- 
neté de l'btat. - Un aveu de Robert Mohl. - Effondrement 
parlementaire du Concordat en Bade et Wurtemberg, crises 
ministérielles. - Solution dilatoire en Nassau. - Retrail de la 
convention badoise. - Protestations d u Saint-Siège. - Caractère 
des lois nouvelles substituées aux concordats. - L' optimisme de 
la presse catholique ; ses raisons . . . . . . . . . . .. 78 
IX. La politique anticatholique de la Chambre badoise. - Com- 



TABLE DES }IATIÈRES 


39i 


position de cette chambre. - (( Le (( libéralisme )) badois et Ie 
jacobinisme révolutionnaire ; Ie champ d'expériences badois. 
- PL'ojds confessionnf'l
 (Iu (( libÖralisme )) badois : asservisse- 
ment. ùu catholicisme, émancipalion tlu protestantisme. - 
L'État badois dans Ie pensionnat d'Adelhausen. - La revendi- 
cation des fondations pieuses. - La création de con seils scolaires 
communaux: protestations de Vicari, campagnes de Jacob 
Lindau. - Effacemcnt de l'Eglise à l'endroit ùu nouveau régime 
scolairc. - L'agitation dans Ie pays: les casinos. - La loi est-eUe 
la conscience publique 'I - Discours de Lamey ct brochures de 
Ketteler. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 9;) 
X. Jolly au pouvoir. - Sa théoric sur les solutions judiciaircs 
que comporte la question rcligieuse. - Son hostilité au libéra- 
lisme de is-i8 et son retour au joséphisme. - Caractère oppor- 
tuniste de son anlicléricalisme. - Nationalisme et anticléri- 
calisme identifiés. - Les <iivers incidents du Culturkampf 
badois : Ioi scolaire de 1868, fermcture du pensionnat d' Adel- 
hausen, dissolution des tertiaires du Lindenberg. - Mort 
de Vicari. - L'État badois et Ie droit électoral ùes chanoines; 
interminable conflit. - Les idées de Jolly sur la formation 
des dercs : un pL'élude du Cultm'/carnpf prussien. - Part de 
responsabilité de la Prusse dans la politique religieuse de 
Bade. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. i 06 
Xl. Appel de Lindau à l'opinion catholique allemande. - Forma- 
tion d'un parti catholique populaire en Dade. - La plate-forme 
catholirlue : Ie suffrage universel direct. - Portée de ceHe atti- 
tude du parti catholillue badois . . . . . . . . . . . .. B.7 


CHAP lTRE V 


L'ÉGLISE ET LA ßAVIÈRE 


Valeur exacte d'une épithète historique : (( la catholique Da- 
viêre )). 
I. L'antagonisme entre Ie Concordat et l'édit de religion. - L'ar- 
chevêque Reisach : son Mémoire de i849, son appel à l'
tat. 
- L'évêque Weis : son aspiration vel'S des réunions ecclésias- 
tiques. - Travaux de la commission chargée de reviser l'édit 
de religion, leur insuccès. - Urgence d'une réunion épisco- 
pale, pourparlers avec Rome . . . . . . . . . . . . .. t26 
II. La conférenre de Freising (octobre 1850). - Le Mémoire des 
évêques. - ßase de leurs réclamations : Ie Concordat. - Le 
roi Max et 1'<< ultl'amontanisme )). - Inquiétudes de 18. 



392 


TABLE DES )IATIÈnES 


Chambrc et du peUl clergé. - P1'cmières concessions gouVC1'lie- 
mentales. - Pessimismc de l'archcvêque Geissel. - Nouvel1C' 
lellre des évêques (février 1852). . . . . . . . . . . . . 134 
III. La réponse de l'État (avril 1852). - La conception d'une (( loi 
fondamentale ù'b.Lat)). - népliques des évêques (185'2 et 1853). 
- Les questions d'enseignement : l'evendications de Reisach 
au sujet de ses sérninaires. - Voyage du minislre Zwehl dans les 
divers évêchés. - Son apparition subite à Cologne; ses pro- 
positions à. Geissel au sujet de rarchevêché de Munich. - Anti- 
pathie du 1'oi Ma
 pour Reisach. - Instances inutiles auprès de 
Geissel. - Projet d'une nouvelle reponse royale au mémoire 
épiscopal ; examen préalable par les évêques. - Publication 
de cette réponse (octobre 1854). . . . . . . . . . . . .. i42 
IV. Reisach, cardinal de curie (1855). - Difficultés entre We is et Ie 
gouvernement au sujet de 1'eligieuses garde-malades. - Inter- 
vention victorieuse de Bluntschli pour ewpêcher toute nego- 
ciation entre Rome et Ie roi Max. - Nomination de Scherr à 
l'archevêché de Munich. - Insistance de Scherr et 'Vindis- 
chmann au sujet des séminaires (1857-1858). - Projet de 'Veis : 
organisation à Spire d'un enseigncment théologique complet. 
- Opposition si1encicuse du gouvernernent. - Indifférence ùe 
l'opinion publiquc aux revendications calholi4ues. . . . 156 
V. Un mouvemcnt parmi les instituteurs en raveur de la laïeisa- 
tion. - Réunion épbcopale de Bamberg (186-í) : un appel au 
nouveau 1'oi Louis II. - Louis 11 et Ie catholicisme. - Lutles 
prolongées entre Weis et l'htat au sujet du séminaire de 
Spire. - Six séminaristes e1:pulses par la police. - Protesta- 
tions de l'épiscopat, de la diplomatie, du Saint-Siège.-Nouvelle 
réunion épiscopale de Passau (1865). - L'incident Giesebrecht: 
les évêques bavarois 
t Ie monopole de l'enseignement de rhis- 
Loire. - L'épiscopat défenseur du nationalh;me bavarois. 167 
VI. Le ministre Koch et la faculté (( ultramontaine )) de 'Vurz- 
bourg. - Le cabinet p1'ivé du roi et les Jésuitcs de Rastibonne. 
- Conséquence de Sadowa : l'arrivée aux affai1'es d'un minis- 
tère antÏ-autrichien et anticlérical. - Hohcnlohe : sa haine 
contre tout dogmatisme. - Ascendant de l'école théologique 
(( anti-ult1'amontaine )) auprès du gouvernement bavarois.- Pro- 
gramme politico-religieux de Hohenlohe : amendements 
souhaités par Louis II. - Le projet de loi scolaire : agitations 
parmi les prêtres. - Circulaires menaçantes des ministres 
Gresser et Hoermalln. - Jugements de Hohenlohe en 1868 sur 
Ie péril ultramontain. - Les discussions de la loi scolaire: 
victoire de (( 1'I!.tat moderne )) dans la Chambre bassc et de l'évêque 
Dinkel à la Chambre haute. - Faillite du projet de loi. - 
Mesures de la'1cisation en Palatinate . . . . . . . . . . 176 



TAn[
E DES 
IATIÈRES 


393 


VU. l
veil d'une opinion puLlique catholique. - Les pétitionne- 
ml
nts. - Le congrès catholique de llamberg. - Action mi- 
polilique, mi-l'eligieuse. exel'cée par Joer
.- PaLriotisme bava- 
rois et (( ultraruontanisnw )). - Première victoire catholique aux 
électiolls de Ilw.i 1869. - Illlprudenle sécurité de Hohenlohe. - 
Une lutle de classes: (( l'intelligcnce )) etle peuple. - Fonda- 
tion des (, associalions patriolÏques de paysans )). - Les 
prêtres tribuns populail'es: témoignage de Cherbuliez. - Pres- 
sion élcdorale : circulaire violente du ministre lloe1'mann. - 
Nouvelle victoire des catholiques en novembre 1869. - La 
chule de Hohenlohe, plus impol'tante par ses conséquences 
1'eligieuses que par ses conséquences politiques. - Les éléments 
du futul' Centre bavarois . . . . . . . . . . . . . . . . 1.86 


CHAP ITRE VI 


LES CRISES INTELLECTUELLES 


Le (( canCel')) de la doctrine théologiquo. - Les maleuLendus 
entre Rome et la science allemande. 
I. La religiosilé romantillue. - Réaction du ralionalismc théo- 
logique. - Le gunthérianisme : conquête par Ill. l'abon de la 
vérité révélée; interprétations nouvelles des formules dogma- 
tiques.- Appuis du gunLhérianisme dans les milieux ecclésias- 
tiques. - Inquiétudes de Rome; hoslilité du cardinal Geissel 
contre l'altitude intellectuelle des gunthériens. - Résur1'ectioll 
de Ill. scolastique: Clemens, Kleutgen . . . . . . . . . . 20f 
lI. La définition de l'Immaculée-Conception. - Une fausse inler- 
prétation, par l'école his tori que allemande, du Quod ubique de 
sdint Vincent de Lerins. . . . . . . . . . . . . . . . . 211 
III. Le procès du gunthérianisme à Rome: condamnalion de 
Guenther (1857). - Les deux: brefs de Pie IX sur Ie gunthéria- 
ni
me. - Conùamnalion de Baltzer et de Knoodt. - Le nouveau 
système dualiste de Baltzer, nouvelle condamnation. - Affir- 
mations philosophiques du concile de Cologne. - Les dogmes 
et les opinions philosophillues pl'oximæ fidei. . . . . . . 216 
IV. Un essai de conciliation philosophique : .Marlin Deutinger 
et la philosophie de Ill. volonté. - Jacob Frohschammer, son 
système sur les rapports de la science et de la roi. - So. con- 
damnation; sa sortie de l'Église. . . . . . . . . . . . . 224 
V. Suspiciuns de la (( pensée allemande )) cont1'e l' (( hostilité >> 
du Vatican. - Un témoin allemand à Rome : Alois Flir. - 



39
 


TABLE DES 
IATIÈRES 


Son premier état d'esprit au point de vue religieux, philoso 
phique, artistique. - Evolution de sa pensée : admiratim 
finale pour Romp pt Ill. papaulé. - Malveillance de Doellin 
gel' dans ses jugcmcnls sur Home. - Hai:::;ons de cct Mat d'cs 
prit : malentendus iré'luents entre 1'Ilalie et l'Allemagne. - 
Rome accusée de perpétuer des abus dont les protestants d' AIle 
magne sc font une objection contre les catholif[ues. - Inatlen 
tion de ecrtains milieux scicntifiques allemands pour les décou 
vertes apologétitjucs de J.- B. de Rossi. . . . . . . . .. 23, 
VI. Ignace Doellinger. - Son rêve d'une église nationale alle 
mande (discours de Linz, 1850). - Son rÔve d'un rapproche 
ment des Eg-Iises. - Les conférenccs de l'OJéon sur Ie pouvoi 
temporel (1860), et Ie livre Eglise el Églises (f8ül). - Emo 
produit par les attaques de DoeHingcr. - But auquel tendai 
Doellinger en voulant empêcher les protestants de solidariser I 
pouvoir spirituel de la papauté avec Ie pouvoir temporel. - 
Maladresse de sa tactif[ue, mauvais cITet politiquc fIu'olle produit 
- Mépris latent pour Rome, dans les avances ml';mcs que, sou 
Ill. plume de lJoellinger, Ie gerllJaniSIllC fait au romanisme. 24' 
VII. Les appuis de nome en Allcmagnc : Ie cercle de Mayenre 
Ie cercle de 'Vurzbourg. - Les .Jésuites etile mOUVt'llJent scolas 
tiquc. - DoctOl' Uom.a1lhS, a.r;;i1llls Gel'rnanlls. - Projets diver 
de réunions de savants. - Le congrès des savants catholique 
de Munich (1S63). - Discours capital de Doellinger : Ia théologi 
et la hi,
rarchio; la théologic clans les races laUne's. - Pl'éten 
tions du germanisme it, ineal'ner Ia théologie et it, régner, ; 
ce titre, dans I'Église. - Protestations des théologiens d, 
Mayence et de \Vurzbourg. - Anxiétés du V:Üiran. - Un brc 
de Pip IX. - Contrc-coup de lïncident en AnglcLene. . . 
4: 
VIII. Irritation de DoeUingcr, ses accusations contre nome. - 
Discours nouveaux où il 1'eprend ses thèses sur Ill. lhéologie. 
 
Michelis et Hergcnroether. - La Feuille de liLté1'alU1'e théolo 
yique de Bonn. - Les Voix de Mm'ia Laach. - Vivacité géné 
rale des polémiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26; 
IX. La question ùe la formation du clergé. - Universités et sémi 
naires. - Arguments en faveur des deux institutions. - Le: 
ùroits de la hiérarchic sur l'enseignemellt des clercs. - Inci 
dents univcrsitaires inquiétants pour la hiérarchie. - Écrit d( 
Doellingel' sur l'affaire de Spire. - La brochure POW' l'inslruc 
lion des rois. - Riposte violentc de Doellingcr. - Une parol( 
Illodérée : l'a vis du futur cardinal IIcrgenroether. . . . . 27( 
X. Suspicions catholi'lues contre l'ensemble (les facultés univer 
sitaires, - Projet d'une unive1'sité libre. - Objections ùu philo 
sophe Kuhn, professeur à Tubingne. - Polémiques philoso. 



TABLE DES MATIÈRES 


395 


phiques de Schaezler contre Kuhn. - Polémiques contre la 
facuIlé mpme de 'l'ubingue. - Les dénonciations de Rotten- 
burg. - Le régenL Mast ct l'(
vt'que Lipp. - Crises douIou- 
reuses.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280 
fue pacHication nécessaire ; besoins urgeuls auxquels répondait 
]e concHe. 


CHAP ITHE Y II 


L'ALLElUAGNE ET LE CONCILE DU VATICAN 


Questionnaire de Pic IX sur Ie programme du futur concile: 
la réponse de Senestrey. - L'idée de lÏnfaillibilité papale dans 
l' Allemagne catholique avant 1870. . 
 . . . . . . . .. 292 
. Le choix des consulteurs pour Ie concile. - Démarches de 
Schwarzenberg auprès de Rome. - Un rapport du nonce 
Meglia; ses conclusions. - Désignation de consultcurs nou- 
veau"{. - Rôle ùe Hefele dans Ia préparation du concHe. 296 
I. Rrorhures sur Ie futur condIe. - La correspondance fran- 
çai:5e de la Civiltlt caltolica. - Emoi qu'el1e produit en Al1e- 
magne. - Les articles de DoeIlingC'r (10-15 mars 1869) ; origine 
du livre de Janus. - Théorie de Boellinger sur les interpolations 
et falsifications d'où s('nÜt résulté Ie dl
,rcIoppC'll1ent de la pa- 
pauté. -Manifesto hadois: menace de ruptul'C avec Rome. 303 
T. Intervention de 1'1
:tat 1m vllmis. - La ril'culaire IIohenlohe 
(avril 186H) : ses lwéorr.upatiolls au sujet de l'infaillihi1ité.- 
Article en, oyé p(]r I:lohenlolw it Ia Gazelle unive1'selle. - 
Attitude de .Bismarck: sa r(
ronse it lloeder. - AI tilude d' Ar- 
nim, ministre de Prusse à Home: ses préoccupations au sujet 
de la commission politico-ecclésiaslique. - Rapport:::; entre Bis- 
marck et Hohenloheo - Réponses des universilés de WurzLourg 
et Munich aux consultations de llohenlohe. . . . . . . . 313 
. Le manifeste de Coblentz. - Les (( neuf dixièmes des"Allemands 
intelligents )). - Le condIe laïque de Bedin. - Joerg et l'arche- 
vê(Iue de l\Iunich. - Sérénité d'Augusle Reichensperger. 3
5 
L Ketteler et l'infaillibilité. - Échange de notes entre l\Ioufang 
et Manning. - Le Mémoire de François Brentano. - La réunion 
épiscopale de Fulda. - Rapport de Hefde. - Lettl'e de la 
majorité des évêques it Pie IX. - LeUre de l'unanilUil{' de
 
évêques üux fidèles all..mands. - Intcrprétalion de ceLle 
seconde leltre par Louis II de Bavière et par la Ga:;elle univel'- 
selle. - Les Considérations de Doellinger sur l'infaillibilité. - 
Catholic.isme libéral et germanisme. . . . . . . . . . . 332 



396 


TABLE DES l\IATIÈRES 


VII. Ouverture du concile. - Les prélats allemand. de la mi[] 
J'ité. - Rôle de Senestrey dans Ill. nomination de la deputa 
de fide. - Les schémas sur la foi : activité de Martin.. ::J 
VIII. La question de rinfaillibilité. - Action de Senestrey en v 
de l'inscription de cette question à l'ordre du jour. - Tril 
raison pour laquelle la majorité des évêqucs d' Allemagne se 
anti-opportunistes. - Projet d' Arnim : un (( anticoncile)) d 
États. - Opposition de Bismarck. - Appel d'Arnim à Doell' 
ger. - L'écrit de Doellinger (janvier 1870) : Quelques ml 
Sll1' Z'ad1'esse des infaillibilistes. - Déclarations de cerlai 
évêques allemand
 de la minorité contre Doellinger. - SépaJ 
tion profonde entre les anti-opportunistes et les anti-infailli 
listes. - Les lettres de Quirinus. . . . . . . . . . . .. 3 
IX. - Nouvelles tentatives d' Arnim; effacement de Bismarck. 
Les progrès des infaillibilistes. - Arguments de Doellinge 
leur portée, non moins menaçante pour l'épiscopat que pour 
primatie papale. - Brochures contre l'infaillibilité : Hefele et 
pape Honorius ; Ketlelor ot la brochure du P. Quarello.. - 1 
Obsel'vations du P. 'Vilme1's. - Le Memo'randum Daru : ll( 
d' Arnim à Antonelli. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 
 
X. Démarehes viclorieuses de SenesLrey en faveur d'une disCI 
sion iuunétliate de l'infaillibilité. - Nouvelles impaliell{ 
d' Arnim ; réserve constante de Bismarck. - Rôle des évêql1 
aHemands dans les débats cOllciliaires. - Kelteler et 
démarche suprème de la minorité. - Départ des évêqucs al 
mands de la minorité. . . . . . . 
 . . . . . . . . . . 
XI. Le rôle d'Arnim aux derniers jours du concile. - InviLati 
des évêques à la révoUe et pronostics d'avenir. - Projet d'j 
Him de quitter Rome: rerus de Bismarck. - Hostililé bruyar 
de la science allemande contre la déci
ion conciliaire; docil 
dévúuée et silencieuse du peuple cathulique allemand. - U 
méprise de Bismarck sur les conditions dans lesquelles s'en
 
gera Ie Culturkampf . . . . .. ........... 3 



TABLE DES NOMS CITÉS 1 


DANS LES QUATRE VOLUMES 



ken, IV, 383. 
:1, II, 106, 1.07, 108, 257, 
06, 

9 ; III, 23; IV, 127, 1.48. 
.enbach, I, 234. 
,terfeld, II, 167. 
ltermann, I, 237. 

m (lord), III, 46; IV, 2
2
 
)2, 263, 361. 
lthon, IV, 3i4. 
'eda (Maria d'), II, 94. 
born, I, 234. 
ani (cardinal), II, 1.51., 157; 
I, 271.- 
ert (prince), II, 27". 
ssandri. III. 235. 
ed Ie Grand, I, 282; IV, i4L 
.t, III, 191.. 
oli, II, 86, 87, 283. 
honse de Liguori (saint), I, 
3. 

nstein, It 1.43, 144, 147 ; II, 
7, 123, 1.53, 154, 158, 164, 1.69, 
71., 172, 192. 
eri, II, 257, 418. 
Jg, IV. 25i, 297, 300. 
berger, III, 97. 
broise (saint), II, 142. 


Ancillon, I, 222. 
Anderledy, III. 190. 
Andlau, II, 1.39. 
67, 27i, 363; 
III, 89, 104 ; IV, 244. 
Andrea (cardinal d'), IV, 21.7, 
218. 
Angelis (de), II, 1.39, 229. 
Anhalt-Koethen (prince d'), II, 
310; III, 185. 
Anhalt-Koethen (princesse d'), II, 
310 ; III, 185. 
Anselme (saint), IV, 2H. 
Antoine-Eugène de Wurtemberg. 
II, 288. 
Antonelli (cardinal), III, 88, 210, 
:27i. 309; IV, 55, 69, 70, 75, 
76, 9), 92, D3, 113, 116,134, 224, 
287, 298. 370, 37
. 
Apponyi, I I, 188, 238. 
Archinto, I, 60. 
Arco (Louis), IV, 361. 
Arioste, Ill, 4:4. 
Aristote, 1,195,299; II, 46; IV, 
248, 249. 
Arndt, r, 349; U, 135, 205, 332; 
III, 15, 81., 280. 
Arnim (Achim d'), I, 213, 21.4, 


Nous ne donnons pas les noms des auleurs cilés. à moins qu'ayant. en un rôle 

moinl!, ils ne nous lI.pparaissent.n quølque fll.çon, comme mêlés à l'histoire 
te rour 11l.1uelle noul DOUS ré!érons à leurs 
cri tS4 



398 


TABLE DES NOl\IS CITÉS 


215, 216, 247, 249, 340, 35i; II, 
66, 9i. 
Arnim (Harry d'), III, 309; IV, 
114, 318, 319,:320, 3
2, 355, 3
6, 
357. 3
8, 363, 364, 369, 370, 371, 
373, 380, 381, 382, 383, 384. 
Arnoldi, II, 52, 25i, 260, 265, 
296, 376, 377; IV, .204, 205,207, 
218, 272. 
Asseline, I, 179. 
Auerbach. III, x. 
A uerswo leI (Alfred), II, 337. 
Auersw
ltl (gt'néral), n, 365; 111, 
123. 
Augusta de Prusse, lIt 229, 275. 
Auguste III, l, 63. 
Augustin (saint), II, 58. 
Aulike, 11, 2
9, 
60, 337; III, f8i, 
220, 221, 
j
, 
2J, 302 ; IV, 26í. 
Aulsch, IV, 17. 
Avanzo (d.), IV, 375. 


Baader, II, 75, 82-85. 1.00, 105, 
192. 
Bach, IV, 78. 
Bachem (Joseph), III, 301, 304, 
305; IV, 267, 268. 
Bachem (Julius), III, 305. 
Bakounine, II, 80. 
Baltzer, II, 363; III, 195, 2'15; 
IV, 204, 205, 206,209, 215, 216, 
217, 218, 219, 220, 221, 222, 
224. 273, 274. 
Bang, I, 91. 
Banneville, I V, 363. 
llarthel, J, 7. 
llarloliui, III, 300. 
Bassel'lllann, II, 310. 
Baston, I, 2m
, 288, 289, 290 ; II, 
205. 
Bowlon, III. 1.0 L 
ßaudri ([i'réùéric), II, 388 ; HI, 
XXI: IV, 187. 
Daudd (Jean-Antoine), II, 38J; 
III, 308, 309, 312. 


Bauer, II, 351- 
Baumgartner (G.-J.), II, 298. 
Baumstark. IV, 118, 119. 
Baur, II, 39, 40, 41. 
Bautain, II, 14, 32 ; Ill, 238. 
Bayanne (cardinal de), I, 1.15. 
Bayer, IV, 324. 
Bayrhoffer, II, 303. 
Beauharnais (Eugène de), [, .1 C 
Beck (Louis-Joseph), I. fi3. 
Beck (magistrat). IV, 312. 
Ikck (pl'être), I, ß;J. 
B('ck (prètre), lJ, 275. 
ßeckedorff, II, 254. 
Decker (Gernard), III, J 4:? 
ßpck('r (Nicolas), II, 20ft. 
JJecker (recteur), III. 66. 
Beckmann. 1 V, 3í9, 378. 
Beckx, II, 413 ; Ill, 185. 
Behnsch, II, 308. 
ßeisler, II, 353. 354, 382: n 
127, 12
. 
Eellarmin (cardinal), III, 
61 ; I' 
376. 
Bellini, I, 238. 
Bellisomi, I, 1.6. 
Below (Gustave de), II, 180, 198 
199. 
Benedetti, IV, 364. 
llennigsen, In, 40, 49. 
Benoit XIV, I, 8;5; IV, .288. 
BéquignoIles, III, III. 
Berends, II, 336. 
Berg (François), I, 104. 
Berg (chapelain), II, 335, 336. 
Berger, III, 242. 
Bcrlage. IL, 145; I V, 300. 
Bernard (saint) , IV, 211. 
Bernhard (bm'on de), III, 59. 
Berthold. Ill, 301. 
Bprtram, [, 216, 217. 
Besson, I, 229. 
ßelhmann-Ilùl1weg, III, 2790 
Beust, 1 V, 118, 317. 
Beyle, I, 203. 
Bibra (baron de), I, 67. 



TABLE DES NO::\lS CITÉS 


iedermann, II, 339, 356. 
:gnon, I, 84, 105. 
got de Préameneu, I, 113. 
Iio (cardinal). IV, 36í, 372, 373, 
374. 
nder, III. 1ii. 
nterim, II, 195, 196, 385, 386. 
smarck, I, 139; II, 132; III, 
xv, 6, 18, 19, 20, 21, 22, 58, 
59, 68, 71, 75, 79, 80, 83, 93, 
169, 174, 203, 222,223, 2í2, 260. 
:!61. 262, 2fi3, 26í, 27;:!, 288, 2!J0, 
308, :UO. :1i2, 323: 1 V, 30, 34, 
3
, 50, 5i. 56, 57, 58, 5V, VO, V I, 
114, 116, J17, 318,319,320 0 321. 
122, 357, 363, 364, 
n3, 383, 384, 
386. 
;sing, IV, 118, 1 L9. 
lnc Saint.-Honnet, I, 191. 
tfer, I, 33. 
:tU, I, 6:>. 
lecher, I, 3\:3. 
1m (RoberL), II, 299, 307, 308. 
1m (Pierre-Joseph), III, !J7; IV, 
1.,13,23, 39, 67, 71, 76, 77, 86. 
mtschli, III. 24, 25, 26. 29, 30. 
iO, 61,157. 3
3; IV, 80, 8
, 95, 
17, 98,110. 158. 159, 160. 183. 
ccace, I, 360. 
ck (François), III, XXI. 
delschwingh (Charles de), IH, 
:58. 
jelschwingh (Ernest de), II, 
71 ; Ill, 178, 21U, 258. 

hme, II, 83. 

hmer (Augusta), I, 192. 

hmer (Jean-Frédéric), I, 53, 
1., 217. 221, 
2í, 2aO, 232, 
3i, 237,239, 240, 2í3, 246, 2í8, 
50; II, ü9, 70, !J5, 96, 205, 217, 
27, 228, 245, 258, 316, 3al, 
22; III, xm, XXI, XX:II, G, 7,15, 
5, i6, 49, 5
, 2'!.7; I V, 2:), 32, 
6, 160, 166, 233, 281. 

rne, I, 173. 

edain, III, 217. 


399 


Boisserée, 1, 1.93, 216-223, 239, 
240, 2.í 7, 249 ; II, 6. 75, 77, 80, 
82, 84, 96, 207, 23i, 237, 238, 
2i2, 301, 311. 
Boll, II, 148. 
Bonald, I, 191, 374, 38L 
Bonaventure (saint), IV, 21 L 
Bonhomme, J, 10. 
Boniface (saint), III. 238, 281, 
317 ; IV, 8, 73, 7 i, 337. 
Boniface VIU, IV, 308. 
ßOllomÏ. I, 5
. 
Boos (Marlin) to I, 2U7, 29R, 302; 
11, 35. 
Bopp, 11, 99. 
llol'é, 1I, 104. 
Bossuet, I, 13, 337; II. 69, 233. 
ßraig (Augustin), I, -135. 
Brand, I, '1J2. 
Brandis, II, 81. 
Urauer, I, 111. 
Braun (.Jean-Guillaume-Joseph), 
II, 168, 16!J, 211. 
Braun (Thomas), IV, 216. 
Bray, IV, 195, 369. 
Breitenbach, I, 61. 
Brcnker, III, 163. 
Urenner, III, 63; IV, U7. 
Brentano (Antonia), III. 219. 
Brcntano (Bettina), I, 173. 
Brenlano (Clément), I, 180, 213, 
214, 215, 216, 235, 2.a, 249, 292, 
2U
, 302, 307, 308, 
28, 344; II, 
14, 55,57, 58, 63, fiG, 67, 72, 73, 
77, 80, 89, 102, 10í, 107, 1.40, 
1.-í3, 22:>, 283, 312,360; III, 184. 
Brcntano (François), IV, 336,337, 
339. 
Brelschneiù('r, I, 33!J; II, 181, 
190, 24
, 298. 
BreHer, Ill, 107, 165. 
Brinkmann, nl, 119; IV, 3i9, 
37H. 
llroglie (Al1h'l o t de), III, 
!Jí. 
lll'ougham (lurd), II, 32!J. 
Brucker, II, i5. 



400 


TABIJE DE
 NOMS r:ITÉS 


Brue
gemann, II. 166. 
Bruehl, II, 191, 195, 212, 
H3, 
306. 
Brumauld de Beauregard, II, 
286. 
Brunelli, IV, 75. 
Brunner (Charles.Félix), IV, 70. 
Brunner {Philippe-Joseph, II, 117, 
27
. 
Brunner (Sébastien), I, 205: II, 
407, 408, 
09, 
10, 411, 412; 
III, 196. 
Bruno, II, 75. 
Buch, II, 194. 
Bucher, IV, 187. 
Buchmeier, II, 
07. 
Buechner, III, XIV. 
Buelow, III. 193. 
Bunsen, I, 146, 23i, 2U ; II, 130. 
132-136, 145, 150, 151, 152, 154, 
155,156.158, 1.59,1.60,170,181, 
186,1.87,193, 194" 21:1,233,256, 
289; III, xxx, 49, 275, 276, 280, 
281, 282, 317: IV, 23, 26, 56, 74, 
80, 96, 230, 241, 379. 
Burg, II, 137, 360. 
Burger, IV, 41, 
2. 
Burke, I, 1i6, 386, 389. 
ßurnouf, II, 100. 
Bursian, III, 21- 
Buss, II, 267, 268, 269, 270, 271, 
272, 285,326, 327, 339, 3
2, 363, 
371, 372, 390, 393, 425, 
26; III, 
XXIX, H, 19, 63, 195, 197; IV. 
28, 51, 258, 281- 
ßystram, III, VIII. 


Cajét.an, IV, 376. 
Calderon, II, 95, 2R4.. 
Calvin, I, III : 11, 186. 
Canova, I, 21ìi. 
CantagreJ, II, 329. 
Capaccini, II, 136, 174. 195. 
Capponi (Gino), 11, 76, 106. 
Caprara, I, 15, 16, 11.2, 115. 


Caroline de Ba,"ière, II, 383; 1\ 
26. 
Carové, II, 312. 
Carstens, I, 245. 
Cartier, I, 229. 
CasUereagh, I, 313. 
Catel (Franz), I, 242. 
Caterini (cardinal), IV, 297, 30( 
Cavour, III, 4i, 144; IV, 2U. 
Cazalès, II, 258. 
Cecconi, IV, 358. 
Cenni, IV, 379. 
Cetto, I, 108. 
Champagny, I, H2, 115. 
Champein, I, 323. 
Charlemagne, I, 37, fi3, 115 
IV, 141. 
Charles-Auguste, I, 171. 
Charles-Quint, I, 115; III, 43. 
Charles VII, I, 85. 
CharJes-Théodore, I, 68, 69, 17C 
74, 77, 98, 293. 
Chateaubriand, I, 171, 209, 2H 
232; II, 2, 233, 419. 
Cherbnliez, IV, 116, 1.92. 
Chigi (Fabio), I, 13-i. 
Choiseul, I, 1.5. 
Ciofani, I, 94. 
Clarendon (lord), IV, 31.7. 
Claudius (Mathias), I, 182, 279 
280. 
Clemens, IV, 204. 208, 209, 210 
217, 284. 
Clément XIII, I, 14, 85; III, 42. 
Clément XIV, 1,1.4,25,27,292,316 
Clément Auguste, I, 60. 
Clément Wenceslas, I, 40, 41 
63, 293. 
Cobenzl, I, 50, 51. 
Cochem (Martin), II, 294. 
Colmar, II, 13, 14. 15. 
Colombo, I, 2
8. 
Coltrolini, I, 94. 
Consalvi, 1,109,127,130,132,133 
134, 138, 143, 145, 148, lbO, 151 
152, 313; II, 117. 



TABLE DES NOMS CITÉS 



onstantin, I, 37; IV. i41- 

onstant (Benjamin), I, 163, 167, 
1. 71, 187, 361 ; II, 71. 

orndins (C. A.). [V, 17:>>. 

orllPli llS (Pierre), J, 2
8. 

9, 
230, 243, 
.}4, 2-18, 347 ; II, 61. 
15, 96, 234, 257; III. XIX. 

ousin, I, 215, 
18, 35
, 380; II. 
81, 83; IV, 175. 
:ramer, I, 2:13. 
:reUí':er, I, 213, 215, 337, 338, 
339, 
43, 359, 360. 
:llrci, IV. 258. 
:ustine, I, 80. 
:uvier, I, 265. 

yprien (saint), II, 298. 
zerski, II, 297, 298-309; IV, 1.790 


'ahlmann, II, 230, 23t, 234; III, 
25. 
alberg, I, 74, i01, 102, 103. 
104, 105, 106, 110, 113, 114, 
116, 120, 122, 123, 124, 135, 
136, 1.37, 204, 24:4; II, t2, 1
3 ; 
IV, 37. 
alwigk, III, 50, 96, 145; IV, 39, 
71. 72, 88, 89, 91- 
ante, I, 343: II, 9J, 130; Ill, 
5, 44 ; IV, 209, 365. 
arboy, IV, 344. 
aru IV, 363. 
aumer, II, 8L 
1.un, ill, 4j. 

champs, IV, 3i-t, 349, 352, 354- 
375, 376. 

ger, I, 243; II, 22-i. 
"'harbe, .II, 277 ; III, XXXII; IV, 
295. 
'inlein, IV, 349. 

larc (abbé), III, 71. 
>Ihrueck, H, 233. 

meler, H, i21, 138, i39, 275, 


O; IV, 37, 38. 
'nzinger, II, 250. 

reser, I, 66, i2
; II, 1 
l. 
IV. 


401 


Descartes, II, 77. 
Deutinger, II, 85, 225, 226, 329; 
IV, 2
4-228. 
Devis, IV, 277. 
Diderot, I, 177, 255. 
Didron, III, 104. 
Diehl, IV, 359. 
Diepenbrock (Apollonie), II, 93. 
Diepenbrock pIelchior), I, 298, 
301, 308, 309; II, 3, 52, 66, 69, 
71, 73, 76, 93, 9
, 190, 21 i, 228, 
257, 261,262, 275, 285,306, 312, 
313, 315, 329, 337, 338,342, 344, 
366. 383, 391, 403; III, i 7, 86, 
117, i80, f!)9, 200, 219, 224r, 
231, 233, 237, 309; IV, 9,49, 
204, 242. 
Dieringer, II, 1.20, 28i, 339, 3i8; 
Ill, 308; IV, 209, 254, 266, 267, 
297, 300, 301, 338. 
Diesterweg, Ill, 205, 282, 283, 
28i:. 
Dietz, I, 358; II, 93, 102, 253. 
282, 314. 
Dieze1, III, 33. 

inkel, IV, 184, 185, 186, 3-í9. 
350, 351, 375, 377, 378. 
Dinter, III, lOt. 
Dittrich (professeur), II, j 4. 
Dittrich (Joseph), II, 383. 
Doellinger (Ignace), I, 328. 
Doellingcr (Jean-Joseph-Ignacp), 
I, VII, 166, 281; II, 34, 41, 51, 
65, (;8, (if), 76, 78, 79, 84, 86-89, 
101, 104, 105. 106, 11 1, 124, 
1 iO, lB, 143, 176, 188,204, 227, 

57, 287,317, 319, 329,332,339. 
347,349,350,351,353,354,356, 
367, 368,369,371,37t 378, 381, 
382, 383, 384, 385, 386, 387, 388, 
389,390,392,393,394,395,402, 
405; ([I, XXIV, XXVII, 9, to, 94, 9(\, 
97, 122, 195; IV, 7,26, 51, i39, 
166, 177, 180, 194, 195, 20
, 2iO. 
213, 
15, 231, 236, 237, 238,239. 
2iO-2i7, 248, 250, 253, 251, 255- 
26 



402 


rABLE DES N011S err lis 


268, 275-281, 297, 298, 301, 303, 
306, 307-325, 327, 328, 329, 336, 
339, 34í, 3i5, 346, 347, 357, 3J8, 
359, 360, 361, 363, 365,366, 378, 
38
. 
Doenniges, III, 
5, 30, 31 ; IV, 
137. 
Doenniges (1\1 l1e de), 111, 14
. 
Dorsch, I, 65. 
Dove, HI, 2
6. 
Oowial, II. 308. 
Drepper, II, 335. 
Dreves (Lebrecht), I, 2
8 ; II, 
2
. 
Drey, I, 15
 ; II, 20, 
t, 23. 
Drosle-Huelshoff (Annette de), 
II, 222. 
Droste-Huelshoff (CIémenl-Au- 
guste de), 11, 143. 
Droste-Vischering (Clément-Au- 
guste), I, v, VI, IX, 254, 274, 
275,280,281,287, 309: II, 100, 
i42, 1.\3, 163-197, 200, 203, 
09, 
211, 212,215,216,217, 218,220, 
242, 26L, 264, 293,312, 385,405, 
422, 423: Ill, XXIII, 8, 195, 200, 

31, 
36, 310; IV, 37, 52. 
Droste - Vischering ( François - 
OUo), I, 287. 
Droste- Vischel'Ïng (Gaspard-Ma- 
ximilien),L254,287;1I,156,157. 
Droysen, HI, 43. 
Duerer (Albert), I, 2i6. 
Duesberg, II, 259; 111, 219, 2
7. 
Dujarrier, II, 320. 
Dumont, Ill, xxx. 
Dumortier, III, 104. 
Dungern, III, 21- 
Dunin (Martin de), II, i91, H18, 
i99, 200, 209. 
Dupanloup, IV, 50, 245, 305, 333, 
339, 34', 345, 348, 3i9, 361, 366, 
373. 
Duveyrier, III, 326. 


Ebel, I, 343. 


Eberhard (Mathitas), III, 262, 274, 
275; IV, 325, 326, 349, 351,352, 
378. 
Eberhard (de Ratishonne), II, 
2ü2, 313; IV, 309). 
Eck (Jean), III, XIX. 
Eckar'tshausen, II, 274. 
Eckermann, II, 60. 
Eckstein (baron d'), I, 192, 3390 
Edelsheim (baron d
), Ill, 6i. 
Eggers, I, 234. 
Eichendol'ff, I, 195, 196, 197, 199, 
200,210,215,22
, 225, 330.380, 
II, 97, 125, 222, 223, 234. 26i, 
2S
; III, X, Xl. 
Eichhorn, II, 97, 256, 265, 306, 
301, 315; Ill, 178. 
Eichler, HI, 262. 
EUendorf, 11, 298. 
Elvenich, II, 168, 169. 
Emmerich (Catherine), I, 307 ; II, 
73, 92, 93, 94, 95. 
Engels, III, XXXV, XXXVI, 152. 
Erhard (Gaspard), II, 294. 
Ernsthausen (Ernst v.), III, 252. 
319. 
Erthal, I, 61, 62, 63, 78, 79, 1.01 
II, 12, 123. 
Erwin de Steinbach, I, 212. 
Eybel, I, 27, 29, 43. 
Eyth, III, 
06. 


Failly (vicomte de), II, 126, 25$0 
Falk (maître-boucher), Ill, xxxv 
Falk (Jean), I, 170. 
Falloux (comte de), If, 10:1. 
Febronius. Voir Hontheim. 
Feder, I, 66. 
Feller, I, 71- 
Feneberg, I, 293, 296. 
Fénelon, I, 177, 178, 279, 29'; 
II. 233. 
Ferdinand Ier. II, 406. 
Ferrari, III, 271- 
Fesch, I, 102. 



TABLE DES NO
IS CITÉS 


essler, III, 
7 ; IV, 8i, 347. 
euerbach (Anselme), III, XVII, 
XVIII. 
euerbach fLouis), II, 30, 230; 
IV. 168. 259. 
ey (André), Ill, 183. 
ey (Claire), HI. XL, 183, 184. 
I ichle, I, 183, 184, 185, 196, 200, 
329, 334; III, 44 ; IV, 217, 259. 
I icker, Ill, 46. 
I ilzinger (Apollonia), II, 73. 
ingerlos, I, 1Bi:, :166, 30i. 
irdousi, I, 359. 
I irmilien, II, 298. 
ischer, II, 291. 
IiI', IV, 23
-236. 
lorencourt(Bernard de), III, i93. 
lorencourt (François de), II, 190; 
III, 38, 74, 193, 26'. 
lottwell, Ill, 279. 
lorenzi (marquise), II, 107. 
loss, IV, 281. 
Jerster. 11, 201, 306, 349, 350, 
366, :i83, 396; Ill, 21, 39, 234, 
259, 274, 285, 286; IV, 204-, 2J 8, 
219,220, 274, 296, 349, 378, 383, 
386. 
)nk, II, 6. 
)fster, I. 62, 79, 319. 
)rster (Frobenius), I, 90. 
)rwerk, IV, 378. 

anchi, III, 318. 

anck, IV, 93. 
'ançois (saint), I, 1 70, 2
0. 
'ançois de Sales (sain t). I, 177, 
255, 293; IV, 254. 
'ançois II, I, i 10, 130, 231, 248; 
II, 44. 
'ançois-Joseph, III, 34, 35, 52, 
56, 65, 68, 225; IV, 53, 72, 79, 
80, 104, 317. 
'ank, I, 10
. 
'ansecky (général de), II. 179, 
193. 
'ansoni, IV, 71. 
'antz (Joseph), I, 
5. 


403 


Franzelin, IV, 2i4, 252, 352, 353. 
377. 
Frayssinous, I, 233. 
Frédéric de Wurtemberg, 1I, 2:j. 
Frédéric II de Hohenstaufen, I, 
18. 
Frédéric II, I, 3. 62, 85, 93, 9i, 
381; 111,28,41,42,43,45,47, 
61, 65, 262. 
Frédéric III, III, 112, 271, 308, 
311. 
Frédéric-Guillaume Ie', III, 20,*. 
Frédéric-Guillaume II, I. 74. 
Frédél'ic-Guillaume III, I, v, 140, 
144; 11,39, 126, 127,130, J31, 
:136, 18:5, 191, 194, 1
9, 204, 
206, 209,212,213,250, 257, 320; 
III, 218, 226. 
Frédéric-Guillaume IV, I, 222: 
II, 80, 93, 11.0, 1.34, 150, 1.81, 
i 93, 206, 209, 210, 211,212, 213, 
214, 215, 216, 233, 234, 235, 238, 
240,246, 252, 253, 2
4, 257, 258, 
259, 260, 261,307,314, 315, 341, 
371,402; III, 9,1.7.20, G8,88, 
H3, 1. 75, 2
0, 224, 225. 226, 227, 
228, 229 ,235, 25H, 25
, 257, 260, 
267, 270,271, 275, 308, 309; IV, 
34. 212. 
Freiligrath, I. 318; II, 230. 
Freitag, IV, 187, 329. 
Freppel, II, 74; IV, 298. 
Friedberg, I, 149. 
Friedrich, I, 1.39, 154 ; II, 87, 396 ; 
III, 100; IV, 251, 309, 360, 361. 
Frohschammer, IV, 228-230, 240 
24U, 312. 
Fuchs (Bernard), II, 78, 79. 
Fuehrkh (Joseph), I, 2i2 ; 11,224. 
Fuerstenberg (François de), I, 
.253, 255-265, 270, 272, 279, 286. 
Fuerstenberg (François-Egún de), 
II, 224. 
Fu
 er-Gloett, Ill, 31.i, 



i:O
 


fABLE DES NO
IS CITÉS 


Gagern, II, 342, 352 ; IV, 89. 
Galen (Ferdinand), II, 193 et Ill, 
7n. 
Gallitzin (prince Alexandre), I, 
2
'!}; iI, 82. 
GallilÛn (princesse Amélie), I, 
169, 177. 1. 78, 180, 253-256, 2:>8, 
261, 270, 277, 279, 284, 285, 
287, 288; II, 92. 
Gallitzin (Dimitri), I, 254. 
Gangauf, IV, 216, 217. 
Garampi, I, 59. 
Garibaldi, II, 135; III, 144. 
Gasser, III, 40 ; IV, 353, 3
4. 
Gebhard de Truchsess, I, G5. 
Geiger, I, 90, 127. 
Geissel. II, 1.6, 17, 10
, lU6, 21-í, 
215. 216, 217,219,240,212,251, 
255,256,257,260,262,265,266, 
287, 293, 296, 306, 315, 327, 328, 
334, 335, 337, 338, 350, 352, 358, 
376, 377, 378, 382, 384, 385, 386, 
388, 392, 393, 39i, 395, 403, 40i, 
407; HI, xxx, 38, 39, 88, 100, 
108, 121, 176-182, 184,1.86, 203, 

O}, 21
, 223,1224, 228-239, 256, 
2
7, 259.267,273, 27-i, 275, 285, 
286. 288,289, 294, 302. 307. 308, 
318; IV, 42, 49, 52, 62, 66, 71, 
73, 76, 136, 137, 140, 150,151, 
152,153, 154, 161, 206,207, 208. 
209, 210, 217, 218,219,220, 221, 


2, 267, 274, 282. 
Gelzer, HI, 285. 
Genga (della), I, Hi, 115. 
Gennolle, J, 152. 
Gentz, I, 
31, 3i3, 355, 380, 381- 
is89; II. 332. 
Gerbert (Martin), I, 90. 
Geritz, H, 337, 3H, 3
j5. 
Grl'lach (Elonest-Louis dc), I, 372 ; 
III, 7
), 215, 2í6, 
47, 252, 2;:a, 
2:>9, 289, 295, 309; IV, 51, 52, 
195, 246. 
Gerlach (Léopold de), I, 372; II, 
257; Ill, G, 19, 20, 21, 42, H2, 


198,251,257,259,260,261,264. 
, 315; IV, 91,212. 
Gerson, 1, 37. 
G('I'vilHls, II. 2:)0, 231, 30;), 387 . 
IH, :XI, XII, 4.}; 1 V, 179. 
Gesenius, IV, 3820 
Gfroel'el', 11, 189 190, 339; IV 
45, 46, f.i4. 174. 
Giese (Bernard-Martin), III, 193 
194. 
Giese (Joseph), IV, 300. 
Giesebrecht, III, 29: IV, 174, 175 
176. 
Gioberli, IV, 2)7. 
Giovanelli, II, 67, 72, 74, 75, 255 
408. 
Gladstone. 11,41 ; IV, 247, 317. 
Gloeden, IB, 193. 
Glossnel', IV, 283. 
Gneisenau, I, 343. 
Gneist, Ill, 322, 323, 32í. 
Godon, I, 323. 
Gocrres (Guido), I, 32:5; H, 73 
102, 103, 104, 108, 2\3 ; III, v. 
144, 149. 
GoelTcs (Joseph), I. 1 
il, 166 
181, 189, 213, 214, 215, 216, 218 
2
1, 2
3, 216, 248, 2i9, 282, 2
8 
309, 310, 314, 315-367,390, 391 
II. 12, 17, 50, 51, 55-76, 83,84 
8:>, 89, 90, 9
, 93, 9i.95, 9G, 
7 
100,104, 105, 107, 108,110. 1H 
140,11.1, li3, i.H, 1i!), 17ü-179 
200, 2()'t, 20r;, 20li, 210, 
18, 219 

3G, 
J2, 2
3, 
:>4, 2j5, 2:J7, 262 
282,29:>,299,306,307, H14, 3Jfi 
328, 330, 331,357, H18. 41R, 421 
423, 4.24; 111, X
IV, 4, 15, Sf 
82, 1B, 164; IV, 20i. 
r
oerr('s (l\lme Jospph). I, 360 ; II 
68. 
Goerres (Marie), I, 31G ; IV, 2.}1 
Goethe, I, 10í, 139, 166, 167, 168, 
1G9, 170, 111, 173, um, 183. 184 
185, 18S, 191, 193, 1!J4, 1

., 1!JG 
197, 2H, 212, 214, 216, 219, 

u. 



TABLE DES NOl\IS CITËS 


221,222,230, 231,239, 2-i7, 249, 
250; II, 60, 77, 82, 205, 343; 
Ill, 5. 
olther, IV, 93. 
onella, IV, 171,230, 255. 
ossner, I, 298,299 : II, 107. 
ratr'y, II, 14 ; IV, 2H, 366, 371. 
régoire de Nazianze, r, 338. 
rét:roire \TII, I, 55; 11, 
-:!.7, 231, 
40g; IV, 30go 
régoire XVI, II, 18, 138, 145, 
116,152, IG6,167,1ß8,169. 171:, 
175,176, fUl, Ig5, 197,199,200, 

02, 212, 218. 2
O, 408; HI. 236; 
IV, 130, 202. 
I'egorovius. IV, 307. 
reith, IV. 79, 257. 261. 28;j, 31 L 
resser, IV, 177, 1S2, 323. 
('illparzer, IV, 79. 
rimm (Guillaume). I, 331, 340, 
3D,3i3, 362 ; II, 06, 92, 10å. 
L'Ïmm (Jacob), I, 331, 339, 340. 
341, 343, 358; II, 10
, 227. 3;{2. 
rimme (Fl"
ùéric-Guillaumc), III, 
x. 
I'ilzncr, II, 343. 
ronhcid, III, 16i. 
I'oshoff, I, 247. 
ruscha, II, 410; 111, 101, 11.
, 
195. 
ucglcr, I, 127, 306. 
ucnlhcr, II, 43-
3, 311 ; IV, 20
- 

10, 216-2
1:, 226, 227, 271, 273, 
3;)9. 
uilIaulTIp. de Bade, I V, 106. 
l1ilIal1me Ier,roi de 'Vl1rtemberg, 
IV, 68, 85. 
uillaume lor, roi de Prl1sse, I. 
3i4; II, 336 ; Ill. 37, 60, 64, SO, 
HI8, 273, 276, 283, 312, JI8: 
IV. 
04, :i22, 383. 
uillaumc IV de Hesse, I, 3
.2. 
uií'ot, H, 229; IV, 2í5. 
ury. IV, 17. 
'utzkow, I, 193; H, GO, J:JO, 2:';1. 
[acberlin, I, 116, 123 ; II, 117. 



Oä 


Haeckel, lIT, xv. 
Haeffelin, I, 108, f09, 141. 
Haegele, II, 5; IV, 120. 
Haeusser, III, 13, 14, 44, 
5, 48, 
81 ; IV, 81, 83, 96. 
Hafenbraedl, IV, 192. 
Haffner, III, 163; IV, 187. 260, 
342. 
Hagen, If, 349. 
lIahn-lIahn (Ida de), II, 29
; 
Ill, VII-X, XXVI, 192; IV, 18, 
279. 
lTaiz, IV, 46. 
Haller, I, 315, 367-374, 390, 391 ; 
IT, 98. 
HaUmann, II, 2í2. 
Hamann. 1,175,177. 279. 
Haneberg, I, 343; II. 92, tOO, 
330; HI, 309; IV, 190, !Ol, 
227, 254, 300, 313. 
IIardenberg (Charles), I, 208. 
IIardcnberg (Charles-Auguste), I, 
l-í:{, 148, 230, 313, 382; II, 125, 
153, 154, 191. 
IIar'dcnberg (Frédéric) : voir Na- 
valis. 
IIardung, III, 2.\0. 
Harless, IV, 18i, 185. 
Harnack, IV, 310. 
Hartmann, II. 226. 
HassJacher, III, 189, 191. 
Hatzfcld (comtesse), IB, 14
. 
Hay, I, 3L 
JIaynald, IV, 3i8, 351, 378. 
Ileùderic h, I, 66. 
lIcfele, I, 166; II, 42, 43, 267, 
283, 319; IV, 2R2, 28í, 2R;), 
2
17, 2
8, 300, 301, 302, 337, 
339, 340, 348, 367, 37-i-, 378, 
386. 
IIdlH'L' AllC'nC'ck, I I, 235. 
Hegel, 1, III, !J6; II, 40, SO, 81, 
107, i23; IV, 
Og, 217, 25
L 
Heide ((:1'11('011 \'011 ùcr), 111, 
}':? 
Hciue (Hcllri), I, 181, 1S8, J93, 
194, 203, .207, 214, 218, 223, 



406 


TABLE DES NOMS CITÉS 


239, 2U, 2i9, 250, 375; II, 67, 
68, 76, 77, 88, 17t, 179, 18t, 
222, 230, 241, 2
3, 250, 331: 
III, 239. 
Heiner, IV, 272. 
Heinke, I, 19, 20, 21, 22, 23, 
6, 
27, 28, '6. 
Heinrich. 11.18,361,399; IIr, 
II, 96. 97, 98, 103, tOt, 122, 
188, 303; IV, 12, 15, 17, 108, 
250, 254, 257, 260, 268, 271. 
333, 336, 338. 
Helffer, I, 367; II, 98. 
Helfferich, I, 127, 128, 135, 1'1. 
Hemsterhuis, I, 177, 255. 
Hendel, IV, 68. 
Hengstenberg. III. 206, 281- 
Henhoefer, I. 1.39. 
Hensel (Luisa),lI. 91,93: III, {8
. 
IIerberstein, I, 34. 
Herder (Benjamin), H, 279, 282, 
283, 407, 408; IV, 2-i3. 
Herder (J. Gottfl'ied, I, 16t, 171, 
182, 198,209, 211. 
Hergenroether, II, 220, 283; IV, 
250,251,260,265,279,297,311, 
358. 
Hermes, I, 275; II, 6. 46, 51. 142, 
14,4,145,166, 167, 168; IV, 210, 
359. 
IIetsch, II, 81. 
Hettinger, III, 309; IV, 250, 251, 
260, 297. 
neuser, IV, 301. 
Heynse, I, 62. 
Hieronymi, II, 303 ; III, 142. 
Hildebrandt, IV, 83, 84, 90. 
Ilimioben. III, 215. 
llimpel, IV, 287, 365. 
llinkeldey, III, 1120 
Hinschius, IV, 365. 
lIirscher, 11,21,273, 274,275,276, 
277,278,279,289,291,386,396; 
In, XXXII, 9-i, 95, 96, 97, 98; IV, 
10, 20,21, .it, 68, 215, 254, 257, 
267. 


Hoche, I, 319. 
Hoefer, IV, 287. 
Hoelderlin, I, 335. 
Hoermann, IV, 18.2, 193, 194. 
Hoetzl, IV, 366. 
BoeveI', III, 184. 
Hofbauer, I, 64, 128, 129, 165, 
201-, 20D, 2
4, 233, 300, 301 ; II. 
4
, 
5, 405. 
Hofer (André), I. 99. 
Hofferichter, II, 300. 
Hoffmann (Franz), II, 82. 
Hoffmann (Fridolin), III, 305. 
Hoffmann de Fallersleben, 11,2630 
Hofmann, I, 79. 
Hofstaetter, II J 100, 327, 383 ; IV, 
1.47, 3í2. 
I1ohenlohe (prince Alexandre), 
II, 62, 119. 
Hohenlohe (princp Clovis), HI, 
XV, XL, 52, 53, 54, 76 ; IV, 178- 
195, 216, 313-32J, 327, 330, 33U, 
345, 3
7, 348, 3
9. 371. 
Hohenlohe (cardinal Gustave).IIJ. 
272. 309; IV, 113, 180,261, 325, 
3-í5, 346, 348. 379. 
Hohenlohe-Waldenburg (prince}, 
IV, 92. 
HohenzolIern (Joseph de), II, i26, 
127. 
Hohenzollern {prince de}, III, 276, 
279, 280. 
lJolbach (baron d'), I, 211. 
Holzammer, IV, 35. 
Homère, I, 189. 
Hommer, II, 144, 159. 
lIompesch, II. 131- 
Honorius, IV, 367. 
lIontheim. I, 9, 10, ii, 12, 13, 14, 
15,16,17,18,22,35,37,38,39, 

O, 41., 47, 55, 78, 80, -106. 152; 
II, 211. 
Horix, I, 62. 
Ilormayr, H. 106. 
Hornstein, II, 139. 
Hortig, II, 88. 



TABLE DES N01\IS CITÉS 


Rosius, IV, 329. 
Hotho, II, 81. 
Hurzan, I, 3'. 
Huber (FridoJin), I. 139. 
Huber (.Jean), IV, 168, 265, 266, 
277, 307. 
Huber (Victor-Aimë), I, 193; Ill, 
127, 13
, 135, 161- 
Hueffer, III, 119, 278, 296, 297, 
299, 300, 30t. 
Huesgen, II, 145, t72, t 73, 175, 
196, t97, 212. 
Hug, II, 5. 
Hugo, I, 193. 
Humann (Mile), II, 14.. 
Humboldt, I, 95, 104, 110, HI, 
136, 138. 
Hummel, IV, 68, 69. 
Hurter, r. III, 90, 234; 11, 107, 
13U, 228, 229, 230, 240, 27
, 
284. 290, 291, 299, 376, 407, 
408, 413, 420, 422, 423; III, 
2, 
46. 47, 48, 
9; IV, 38, 73, M5, 
216. 
Buss (Jean), I, 297 ; II, 269. 
lIyzlcr, I, 243. 


Ignace d' Antioche (saint), II, 33. 
Ignace (saint), II, 13. 
Innocent III, I, 55: II, 228, 229 ; 
Ill, 46. 
Isaïe, I. 3i3. 
Isenburg (prince d'), IV, 3
. 
Ittenbach, I, 2í3; II, 186, 224; 
11 I, XIX. 


Jacobi, I. 91. 102, 169, 170, t 77, 
180, 181, 2;j5, 271J, 292, 334; 
IV,2Si. 
Jacoby, HI, 148. 
Jahn, "HI, 1 J. 
Janssen, 11, 180. 223; III, XIII, 
XXI, XXII, 4(i, 6:\, 81, 227, 294; 
I V, 2ôí. 
Jar'ck(', I, 2
8; II, 80,97, nx, 101. 


401 


108, 2Õ
, 316, 330, 357, 396; Ill, 
tOO, 112. 
Jaumann, II, 267. 
Jean de Saxe, II, 299, 307; IV, 
320. 
Jeanbon-Saint-André, II, 1
. 
Jeanjcan, II, 14. 
Jeanne d'Arc, 11,102, 103. 
Jenison, I, 141. 
Jochum, I, 299; II, 79, 424; IV, 
188. 
Joerg, III, 39, 46, 1 a, 149.1.53, 
167; IV, 166, 184, 188, 195, 
241, 244, 255, 261, 283, 307, 
312, 329, 330. 
Jolly, HI, 45 ; IV, 99, 100, 1.06- 
117, 1.19, 120. 
Jordan, II, 348. 
Jordanës, HI, 29. 
Joseph de Cupertino (saint), 1,42, 
Joseph II, I, 3, 5, 18, 19, 21-53, 
55.58, fit, 65, fiG, 72,81,97, !HI, 
11!}, 120; II, 13, 123,353, '060 
.H3. 
.Ioseph-Clément, I, 60. 
,J osias, iI, t 07 . 
Jourdain, II, 104. 
Juergens, II, 339, 3i5. 
Jules lor, II, 33. 
Julius (Heinrich), I, 331. 
Jung Stilling, J, 175, 335, 336. 
Justinien, I, 37. 


Kaiser, II, 140 ; IV, 8. 
KaUner, I, 29. 
Kamptz, II, 172. 
Kanilz, I, 2
'. 
Kant. H, 9, 79; IV, 
08, 259. 
Kasper (Catherine), IV, 1-i. 
Katcrkamp, I, 255, 287. 
Kaufmann, IV, 328. 
Kaulbach, Ill. XIX, xx. 
RauIen, II, 283. 
Kaunitz, [, 
O, 26, 27, 33, 49, 50, 
52, 2
8. 
I{phler, III, 1.!:I2. 



408 


TABLE DES NO)IS CITÉS 


Keller, I, H3; II, i37, i38, 139, 

i9, 267, 268. 
Kellermann, I, 287. 
Kellner, III, 76, 78, 2U, 211, 216, 
217. 320. 
Kempff, I, i52. 
Kerbler, If, 299. 
Kertell, II, 139. 
Ketteler, (Guillaume-Emmanuel), 
I, VII, 266; II, 89, 90, 94, 101, 
141, 193, 218, 253, 234,255,288, 
327, 338, 339, 341, 356, 361, 365, 
367, 370, 371, 393, 397-400, 403, 

27; III, VII-X, XXII, XXIX, :xxx, 
XXXIV, 4, 17,18,37,39,50,5155, 
64, 67-74, 80, 81, 8
, 83, 88, 98, 
102, 103, 122-145, 147, 1:50, 155- 
163, 16j, 167,181, 18.}, 188. 21.
, 
2i
, 280, 2!J3. 294, 2
5, 303, 306, 
308, 30
', 310, 311. 313, 314, 318. 
319 ; IV, 
, 8, 12, 13, 14-20, 22, 
23,24, 25, 28,31,32, 39, 47, 49, 
54, 55, 59, 67,68, 71, 73, 86, 87, 
89,91, 92, 93, 104, 105, 106, 11 0, 
1.13, Hi, H6, H9, 199,210, 231, 
2.U,250, 266, 267, 272, 273,278, 
282, 285, 295, 297, 325, 333,334, 
336, 338, 342, 344, 349. 350, 35
, 
360, 364, 368, 369, 373, 375, 3ï6, 
37;, 378. 
Ketteler, (Rich ard), II, 3
1. 
Ketteler (Wilderich), III. 240, 296. 
Kettenburg, III, 193; IV, 3:5, 36. 
Kevcrberg (de), I, 266. 
Kiefer, IV, 95, BO. 
Kieffer (Jacob), III, XXII. 
Kimsky (baronne), H, 190. 
Kirchheim, HI, II. 
Kistemaker, I, 2J5, 283. 
Klausener, IV, 295. 
Klee. II, 16,18,105,108, H-í, 196; 
IV, 

5. 
Klein (Joseph), I, 142. 
Klein (pI'ètI'e), HI, 2U9. 
Kleist (Henri de), I, 200, 201, 
202, 206, 381, 382. 


Kleist-Retzow, III, 219, 250, 251, 
253. 
Kleutgen, II, 8, 277; IV, 210, 
236, 2M, 252, 267, 311, 352, 
353. 
Klindworth, III, 88, 269, 270,271, 

72. 
Klinkowstroem (Frédéric - Au- 
gnste), I, 2330 
Klinkowstroem (Joseph), III, i!}1. 
Klinkowstroem (Maximilien), Ill, 
191. 
Klopp (Onno), III, 45, 47, 48; 
IV, 3) 6. 
Klopstock, I, 181. 
Knauer, If, 296. 
Knies, IV, 101, 111. 
Knoodt., IV, 204, 20:>, 207, 2n9, 
217, 218, 220, 2
l, 25
, 
73, 
27 -i. 
Koch (Jean-Louis), II, 11 7 ; J V, tu. 
Koch (Nicolas), IV, 170, 177, 275. 
276, 277. 
Koenigseck, I, 650 
Koeppen, II, 65. 
Koerner, I, 104. 
Kohlschuet.ter, Ill, 316. 
Kolh (professeur), I, 33. 
Kolb (consul), IV, 69. 
Kolborn, I, 109. 
Koller, II, 413. 
Kollmann, IV, 6. 
Kolping, III, xxxrv, 38, J05-116, 
fi9, 121, 16:?, 163,165, 166, 168, 
248. 
Kopp. l. 78. 123 : JI. 123. 
Kotzebue. J, 146, 

2, i1
4, 3
:i. 
Krabbe, I, 239, 2üU: II. 11, 
tj:
, 
392, 393. 
Kraetzig, HI, 2:21, 
2:2, 
24. 
Kraus, III, 319. 
Kl'l'iLk1. HI. 
l. 
Kl'emcnt.z, 1 V, 3
8, 3i9, 3:;9. 378. 
Kr'csel, I, 32. 
I\l'etz, II, 3ü3. 
Krüdner (.Mille de), I, 29
)' 



TAßLE DES NOMS CITÉS 


rum., I, 1 f). 
rug', J) 
7.}. 
uebel, IV, 4.3, 111, 113, 114, 
119. 
I uehne, [II, 268. 
I uenzel', II, 291, 301, 35i, 355. 
I uppfcr, Ill, 18. 
I uhn, 11, 42, 122 ; IV, 283, 284, 
2
5, 2
6, 297. 


.u
ha t, II, 41. 
lcordaire, I, 229; II, 86, 10i, 
1.89, 397. 
lflenberg, HI, i 77, 178, 1. 79, 180, 
206. 
1 Fayette, I, J 79. 
t Fayet.l(' (M me de), J, 179. 
... Garde-Chamhonas, I, 20:>. 
1 Luzernc, I, 179. 
lmartine, 11, 32G. 
1mbcrt de Sainlc-Croix, III, 301. 
1mbl'uschini (cardinal), II, 152, 
158, 160, 1.68, 175. 
lmennais, 11, 77. 10i, 105, 137, 
t 75, 176. 286, 333, 423. 
lmey, IV, 10í, 105, 106, 107, 
11 0, 112, 115, 1.18. 
lmotte-Fouqué, I, 181.196, 215, 
218. 
troche (Fanny de), IV, 17, 18. 
lsaulx (Amélie), II, 208. 
lsaulx (Ernest), I, VIII. 230; 11, 
(j9, 75, 100, 102, 109, 192, 328, 
3
9, 339, 342, 3.i4, 347, 3í8; III, 
:n, 9G; IV, 78. 
01, 20
. 
lsinsky, I, 234; II, 3G3, 364, 
3G7; III, XXII. 
lsker, III, 75, 324. 
lssalle, Ill, 127, 128, 132-143, 
146, 147, -150-1J4, 
mbe, I, 193: II, 339. 
mrcnt (Jean), J, 
44, 330: II, 
7
, 9J, 144, 1G5, Itj6. 169, 170, 
171, 174, 17J, 176, 177, 1.80,190, 
19G, 1!}7, 212, 213, 258, 312, 313, 


409 


361 ; III, XXI, 40, 183; IV, 261, 
295. 
Laurent (Joseph), II, 180, 313, 
361; III, XXI; IV, 295. 
Lavater, 1,176, 182, 279. 
Lavigerie, IV, 362. 
Lazzari (Domenica), II, 73. 
Le Eret., I. 27. 
Ledebur, II, 156. 
Ledochowski, IV, 3
9. 
Leillingen, IV, riJ, 5R, 70. 
Lender (direeLeur de gymnase), 
II, 270. 
Lender (F. X.), IV, 118, 119. 
Lennig, n. 17, 137, 173, 19;:;, 219, 
272, 2
H, 306, 359, 36(), 3Gl, 
362, 373, 376, 392, 3U4 ; Ill, 9i ; 
IV. 12, 15, 17. 
Leo, II, 75, 227, 2
8 : IV, 51, 52, 
245. 
Léon (saint), I, 35. 
Léon X, I, 59. 
Léon xn. I, 153; II, 121, 151 ; 
IV, 214. 
Léon XIII, II, 38, 2íO; IV, 270, 
279, 33
. 
Leonroù, IV, 340, 349. 
Léopold II, I, 2:2. 27, 32, 36, 52, 
53, 77. 
Léopold de Bade, IV, 26. 
LCl'chcnfelù, I. '140, 14
. 
Lerminier, I, III; II, 84. 
Lessing (Charles-Frédéric), II, 
224; III. XIX, xx. 
Lcssing (Gotthold-Efraïm). J,245. 
Leu (Burkard), IV, 2fi, 4G, 21ä. 
Leu (Joseph), II, 29
. 
Lewald, Ill, 193. 
Lianno, IV, 312. 
LiheratOl'c, IV, 371- 
Lichnowsky, n, 3G:5 ; III, 123. 
Liphpr (Ernest), II, 192; III, 164, 
HI:), 1G7. 
Lieher (Mauriee), II, U8, 140, 
1
}2, 2t-iX, iHJO, 39G; 111, 98, 99. 
JOU; IV, 29. 



410 


TABLE DES NOl\fS CITÉS 


Liebermann, 11,14-20,56,310; IV, 
212, 294, 295. 
Liebknecht, III, 152. 
Liechtenstein (prince de), 11,239. 
Liedekerque-Beaufort, IV, 70. 
Limburg-
tYI'um, I, 73. 
Lindau, IV, 102, 103, 10i, 1. 17, 
1.18, 121- 
Linde, II, 378. 
Linden, 111, 55. 
Linder (Emilie), I, 234; II, 90, 
102, 225; III, 191. 
Lindl, I, 299, 302. 
Lingens, II, 363, 370; III, 183, 
2i-2, 319. 
Linhoff, II, 260; III, 221, 222, 322. 
Linsenmann, IV, 266. 
Lipp, II. 26 ; IV, 39. 69, 80, 287, 
288. 
Liszt, 11,329. 
Locherer, 11. 12:? 
Loe (Félix de), IV, 38;;. 386. 
Loe (Max de), n, 26ft, 281. 
Loe (OUo de), ILl, 76. 
Loewenstein (prince Ch. de), IY, 
1.06. 
Longfellow, I, 214. 
Loose, II, 308. 
Lossen, IV, 281. 
Losser, I, 234. 
Lotze, 11[, xv. 
Louis )saint), IV, 315. 
Louis Ier, I, 89, 127, 128, 142, 214, 
241, 2i
, 2i7, 301,308,310,343; 
Il, 12, 59, 60-65, 106-110, 174, 
178, 205, 214, 233, 239, 2-i3, 257, 
266, 306, 319. 327, 328,329,332, 

20; In, 23, 24,28, 66,275 : IV, 
1:t6, 1
7, 151. 
Louis H, IV, 167, 168, 169, 171, 
178, 180, 181, 313, 321, 342. 
366. 
Louis XIV, I, 37. 
Louis-PhiJippe, T, 15 ; II, 187, 188. 
l.,uUbl' Ùp Prl/sse. I. 3
1. 
Loyson, IV, 343. 


Luca (de), III, 303 : IV, 156, 25
 
25-i, 255. 
Luden, II, 226, 228. 
Lukas, III, 217, 319. 
Luppurger. I, 127. 
Luther (Ernest.). II. 300. 
Luther (Martin), 1. III, 13,169,20; 
203, 23
, 233, 279, 280, 297; IJ 
13fi. 186, 2H, 242, 296, 317 
III, XIX, xx, 3,14,16, 17, 4
 
44, 65, 66, 151, 
62; IV, 2i1 
376, 379. 
L utterbeck, IV, 273, 277. 
Lutz, IV, 181. 
Lux (Adam), I, 31 
. 


Maas. IV, 44. 45. 
.Maassen, HI, 193. 
Macaulay, 1 rI, 4
). 
l.hlCk, II, IE}, 2190 
:Maier. IV, 276. 277, 2
7, :171. 
Maierhofer. IV, 140. 
MaistI'e (Joseph de), I, 1 
O. 208 
II, 98. 
Majunke, III, 305. 
l\falkmus, IV, 8. 
Mallinckrodt, I I, 260; III, XXI 
37,38, 55, 56, 58, 59, 63, 67, 71 
75, 78. 119, 120. 220, 241, 24
 
243,246, 247, 248, 2
9. 259, 261 
268, 269,276,278, 279, 287,291 
297, 298, 300, 302, 303, 306, 31: 
320, 3
3; IV, 305, 331- 
Mallinckrodt (Pa uline de), II 
1S
, 184. 
Maltzahn, II, 191- 
Mamachi, I, 16. 
l\1ame. 11[, 163. 
Manning, IV, 313, 317. 334. 33: 
336, 344. 349. 35i, 371,372, 3:. 
Manteurfel, II, 3

6: 111,18. 21, 2
 

S, 198, 235, 25-i, 251, 263, 2fì! 

70, 271. 272, 273; IV. :15, :U 

5, 51), 57, 58. 
Manzoni, T, 170, 171; If, 3. 



TABLE DES NOMS CITÉS 


4ff 


larcien, I, 37. 
faret, IV, 301, 305, 307,313, 359. 
larheineke, II, 75, 80, 123. 
larie-Louise, I, 222. 
larie- Thérèse, I, 3,17,1. 8,19, 21., 
23, 26, 28, 4
, 46, 
8, 49, 85. 
larmon, IV, 14. 
lartens (Guillaume), I, 210; II. 
222. 
lartin (Conrad), II, 70, 86, 1.24. 
196, 227; III, xxx, 98,118,185, 
225,308, 314, 315, 316, 
17 ; IV, 
38. 209, 255, 282, 283, 295, 206, 
305, 31.6, 340, 3iO-354, 356, 37-í, 
376, 382. 
,Iartini, 1,25, 31. 
larK (Karl), II, 30}; III, XXXV, 
xxxvI,133. 1.52. 
larx (LothairC' - François - Phi- 
lippe), II, 150. 
[arx (chanoine). III, XXXIV. 
\tast, 11, 36}; IV, 
87, 288, 301.. 
,latter. II, 86, 305, 306. 
ylaximilien Ier (élccteur), II, 59, 
65; 11[, 27. 
,taximilien Ier (roi de ßavière), I, 
I, 91, 98, 108; II, 62; IV, 14L 
tIaximilien II, I, 236; 11, 76, 353, 
382; HI, XXI, 23, 24, 25, 26, 21, 
29,30,31, 228 ; IV, 127,136-138, 
141, 142, 14
,146,150, 1.51, 152, 
153, 155,1.56, 157, 1.58, 15
, 160, 
162, 165,1.66,167,168,169, 
65. 
\faximilien-François, I, 65, 70. 
\:layer (chanoine), IV, 303. 
\Iayer (Salesius), IV, 367. 
\leglia, IV, 267, 298, 299, 300, 
303, 333, 338, 340. 346, 317. 
\Iehrings, IV, 81, 84. 
\Ieier (OUo), II, 419: III, 201, 
202, 2ÛO, 261. 

,Ieinhold, III, 192. 
'leJanchthon, II, 296. 
'[etchers, II, 1 
6; HI, 60, 16:1, 
197, 234, 308, 309, 312, 3:21; 
IV, 282, 2R7, 2!16, 322, :3
6, 


327, 339,349, 350, 352, 359, 378. 
Menze] (Wolfgang), I, 250. 
Mercy-Argenteau, I, 50. 
Merk, II, 287. 
Merkel, II, 125, 287, 307. 
Mermillod, III, 104; IV, 26-'. 

lersy. II. 289. 
Merten, IV, 205, 207. 
:Mertian, II, 16. 
Metternich, I, 53, 106, 124. 130. 
131, 132,133, 135, 136, 31.4, 347, 
355, 384, 385: n, 187, 188, 1.91, 
193, 199, 229, 238,250, 306, 307, 
308, 405, 
06, 407,408,41.3, 414, 
427 ; III, 99, 235 ; IV, 53. 
Meurin, III, 236; IV, 207. 
Meyer (Bernard de), III, 153, 
15
; IV, 78, 
46. 
Meyer (Hans-Henri), I, 222, 240. 
Meyer (Théodore), IV, 268. 
M('ysenbug, IV, 55, 76, 90. 
Michaud. [ V, 344. 
.Michelis ([
douard), II, 191 ; HI, 
7, 1.03, 195, 200. 
.Michelis (Frl'déric), IV, 78, 215, 
231, 242, 253, 254, 256, 2
9, 264, 
265, 2P8, 311. 
.Mieroslawski, II, 209. 
Migazzi, I, VII, 1.7, 20, 23, 32,42, 
45. 
Milde, II, 408, 409, 41.0. 

[iquel, III, 75. 
Mischler, III, 13!L 
Moehler, I, VII, 91, 1.45, 1.66; II, 
4, 20, 24-43,51, 55, 86, 1.01,105. 
126, 1
1, 143, 176,229,287,289, 
311: III, XXIII; IV, 286. 
Moeller (Jean), II, 146 ; III, 10.L 
MoeIler (Nicolas), I, 207. 
Moerl (Maria de), n. 73; IV, 2520 
Mohl (Maurice), III, 51 ; IV, 83. 
Mohl (Robert), II, 341; III, 94 ; 
IV, 54, 89, 106, 116, H 9. 
MOYse, II, 332. 
Molitor, II, 8
; III, III, 88; 1 '., 
140, 30L 



412 


TABLE DES NOMS CITÉS 


Moller (Georges), I, 220. 
l\lommscn, HI, 50. 
Mone, 11, 270. 
Montagu (marquise de), I, 178. 
179. 
l\Iontalembert, I, 2G8, 230, 231., 
241,290; 11,71,79. 8i, 89,104, 
105,111,175, 1. 76, 18R, 189, 200, 
2
8, 242, 244, 2;)8. 288, 326. 381, 
393 ; III, XXVI, 37, 53, 78, 79. 
1.49, 239. 240, 
 iI, 
1
, 2H. 2í5, 
.:HfI, 259, 302; IV, 50, 78, 24;), 
261, 343, 345. 
l\Iontès (Lola), 11, 3
9, 330, 3å3. 
420; IV, 127, 166. 
l\lontgelas, I, 89, 90. 91, 98, 9
1, 
14
, 2U3. 302,303; II, G7, 107, 
293. 
I\lonlmarin, If, 201. 
l\lontmorcncy (Mathieu de), r. 
In2 ; II, 318. 
l\Iorosini, I, 34. 

loscr (Frédéric-Charles), I, 67. 
l\Ioser (prélat), IV, 85. 
l\Ioufang, II. 361. ; Ill, 5J, 72, 9û, 
1.3i, 1.86. 14J, 156, 195, 215. 
319; IV, 15,17.187,188,231, 
250, 260, 265, 300. 301, 333, 
334, 335, 336. 3i7. 
Movers. IV, 281. 
MoYI (Ernest de), II. 98, 99, 
102, 104, 1-H, 176, 317, 333; 
Ill, 303, 319; IV, 84. 173, 177, 
263, 283. 
)111l'he, II. 14. 16. 
l\[uehler, IH, 3
0; IV, 33
. 
Mucller (p1'ivaldocenl), If, 122. 
Mueller (Allam), I, 315, 3
5, 3ü'2, 
363, 380-391 ; H. 75, 80. 91- 
Mueller (Andreas), 1, 2}3; II. 
224; Ill, XIX. 

lueller (Carl), 1,243; II, 2::?i; Ill. 

[X. 
.Mueller (Edouard), 111, 11
, 192, 
1 96. 

lucller (François-Hubert), I. 
20. 


Mueller (Frédéric), I. 23-\.. 
Mueller (Hermann), Ill, 302. 
Mueller (Jean de), 1, 53, 5'.280 
II, 211, 226, 228, 230. 
Mueller (Jean-Georges), II, 244. 
337, 338, 387. 
Mueller (Siegwart), III, 111. 
:Mueller (de 'Vurzbourg), II, 351 
Muench-Bellinghausen, III, 21. 
l\luenchen, II. 154. 155, 1
8 ; IH: 
226. 
l\luenster (comte de) I, 1.31. 
l\lun {comte de), H, 370. 
Mundt, I, 315. 
Mussmann, II, 4
. 


Nagler. II, 173, 176. 
Napoléon lor, I, 84. 86, 87, g
, 
10f. 105, lOG. 107, 110-1H), HU. 
142,
50,258, 282,315, 321, 3
n, 
33
, 333, 3í1, 34
, 3-15. 3';'6, 3i7, 
3Ji; 11, 13, 147, 157; III, 3, 6, 
79, 81. 
Napoléon III, Ill. 3R. 3
, Gl, 80. 
144,231 ; IV, 2Í:
, 286. 
Nardi, IV, 339. 
Natoli. IV, 36
. 
Nauwcrk, II, 3i9. 
Neander, II, 2J. 
Nebenius, II. 219. 
N('es \'on Esenbeck, II, 303, 303, 
308. 
Nellessen, II, 1. 
j, 1. 1J6. 
Nelt[wr, Ho Hi. 
Nél'on, IJ. 60. 
Nessl'lrúdp, III, 48. 

e\Vman. II, 
::!, {j.i : IV,2G!}. 
Nickes, IV, 205. 
Nicolai, J, 161. 
93. 

icolas (czar), U, 408. 
Nicolas de Flnc, II, 'Í 02. 
lSÍebuhl' (Bprlhold-Gcorges) I, 
91, 1:n,1

S, 1í3, in, 146, H7, 
1.i8, 1Xl, 212, 3i7; U, 133. IJß. 
14!_1. 194. 



TABLE DES NOMS crl'f:s 



iebuhr (Marc-Cars ten-Nicolas) , 
III, 258. 

iemeyer, I, 259 ; II, 6. 
'iippold, T. 1 i7. 

ovalis, I, 185, 1
7, HH, 197, 1U9, 
207, 208, 211, 212, 336, 386; 11, 
223, 230. 


)berdorfer (Anna). I, 297. 
)berhauser, I, 29. 
rConnell, 11, 111, 272 ; IV, 11 8. 
)ettl, II, 349, 38
, 404, 418; IV, 
132, 145, 154. 
)hler, IV, 9
. 
)ischingcr, IV, 218, 311. 
HIivicr (Emilc), IV, 30
, 315, 363. 
I )range (prince ù'), I, 89. 
)rbin, 111, 94; IV, 103. 
)rigène, I, 338. 
)stein, I, 61. 
)sterrath, n, 364; IIr, 240. 
}stini (cardinal), I, 2t9. 
)swald, [V, 215. 
)tLo de Grèce, II, 60. 
)lto, [1[, 267, 268, 27
, 275. 
Jverbcck, I, 145, 228, 229-24&, 
2-18, 347; H, 61, 140, 2
4, 2
U, 
234, 237 ; III, XVII, XXIV. 
)vel'berg, 1, 177, 1.80, 253, 255, 
2J9-
74. 277, 27U, 286, 287,290 ; 
11,3, if, 92,293; HI, XXXII, 118. 


)acC3. I, 58, 59,60,62. 63, 61, 70, 
71, 73, 7-l, 7
, 76, 77, 80, 83, 9
, 
93, 
H; n, 123. 
_)alrner
ton (Ionl), If, 
-í5. 
!appaleterre, IV, ::!O&. 
)ascal, I, 19
. 
)assagJia, IV, 2:a, 251. 
)assavant (Jean-Charles), (I, 
,2, 
83, 22
, 261,286. 312, 313, 314, 
315. 
Passavant (Jean-David), I, 22i-, 
239, 2 í3. 
I 


413 


Passy (Antoine). II, 44. 
Passy (Georges), II, 44. 
Paul ùe Wurtemberg, III, 194. 
Paulsen, U, UH, 2í6. 247. 
Paulus {Carolinc), 1, 188, 231. 
Paulus (H. Gottlob), I, 163; II, 
2
8. 
Paur, II, 356. 
Pehem, I, 2U. 
Pelldram, III, 215. 
Perronc, U, 8. 
Perthes, I, un, 249, 280, 292, 
296, 333, 346, 34
; II, 25, 1
7, 
164, 16
. 176, 2ù4, 2Jl, 310, 
311, 313, 314. 
Pertz, I, 91 ; II, 228. 
Pérugin, I, 241. 
Petersen, [11. 192. 
Pctri. IV, 331. 
Pfeiffer, II, 339. 
Pflanz, II, 139. 
Pflucger, IV, -1 B. 
Pfordtcn, HI, 25; lV, 137, 178. 
Pforr, I, 228. 
Philippc lc Bel, IV, 31;). 
Philippsberg, LV, 53. 
Philipps, II, 
}7, 98, 101, 108, 
176, 217, ;
1fj, 3
8, 3
9, 351, 
352; III, 35, 
7, 149; IV, 
í, 
2G3. 
Pholius, IV, 251. 
Pichler, IV, :2ß3, 307. 
Pick, I, 2g0. 
Pic (cardinal), lIT, 60; IV, 3-í4, 
35:?, 3
3, 362. 
Pic IV, IV, 33
. 
Pie vr, J, 43, 40, 
iO, :)1, 52, 53 
55, ö6, G4J, 70, 7
, 74: III, ,) 88. ' 
Pie VII, I, 
4J, 10;. 11;), Uti, 12J, 
12
,133, 13},1í
,14
, J4(;,3
ti, 
:a7; II, 4}, 157, 41S. 
Pie VIII, II, '18, H)I, 152, 168 ; 
III, 271. 
Pip IX, II, 33:J, :
88, 395. 405, 42-i; 
Ill, 
{j, 35, :)6, 96, 1 
" 236. 2

S, 
269, :no, 27t, 
ï2, 2R
', 
t ", "17. 



4t4 


TABLE DES NOMS CITÉS 


3f8,319;IV,11,f2,49,69,7f,72, 
86, 102, 132, 1
O, 155, 156, 16
, 
171, 2ft, 212, 214, 215, 217,218, 
2\ 9, 
20, 222, 224,230,239, 24-í, 
245, 2i-6, 256,261, 262, 264, 2
2, 
288, 2!)2, 296, 302, 304. 316, 321, 
341, 342, 345, 347, 361, 362, 372, 
377, 380, 381. 
Pieper, III, 282. 
Pilat, I, 387. 
Pilgram, II, 81; III, 121. 
Planck, II, 288. 
Platner, I, 233; II, 132. 
Platon, I, 180, 183, 277, 28i, 285, 
386, 
I)occi, II I, IV. 
PoUtzer, II, 41.2. 
Pombal, I, 258. 
Pottgeisser, Ill, 190. 
Pourtalès, III. 14. 
Prell, IV, 139. 
Preller, III, XVII, XVIII. 
Prestele, I, 303. 
l)restinari, IV, 
O, 75. 
Probst, IV, 87, 329. 
Prokesch, III, 19; IV, 8, 45, 53, 
58, 59. 
Prosperi Buzi, III, 18f. 
Prutz, II, 315 ; III, XII. 
Pugin, II, 2-í
. 


Quarella, IV, 368. 


Rauowitz, I, 371; II, 98, 1.63, 
165, 187, 196, 205, 212, 214. 
230, 233, 23J, 261, 300, 305, 
314, 316, 319, 338, 339, 340, 
3i1, 342, 345, 351, 356, 371, 
383, 398, 
18 ; III, XXXII, 9, 10, 
257, 260. 
Radziwill (Boguslaw), Ill, 11.3, 
1. 92. 
Raess, II, 16, 17, 18, 19, 57, 66, 
69, 109, 111, 137, 140, 141, 287, 
408, 421. 


Ranke. II, 232; III, 
6, 29, 41,43. 
Raphaël, 1,218, 22-1:, 226, 228,261. 
Ratzinger, IV, 300, 303. 
Rauch, II, 8f. 
Raumer (Charles-Georges), J, -14!)0 
Baumer (Charles-OUo), III, 206, 
207, 209, 211, 245, 255-260, 283, 
28.j,; IV, 55, 78. 
Raumer (Frédéric), 11, 226,228. 
Rauscher (cardinal), II, 188 ; Ill, 
3í, 235; IV, 217, 3-i8, 3i9, 351, 
354, 367, 376, 378. 
Ravignan, If I, 194. 
RautensLrauch, I, 30, 31, 
3. 
Récamier (Mm e ), II, 233. 
Rechberg, I, t40. 
Rechberger, II, 44. 
Becke (Elisa de la), I, 347. 
Redwitz, III, I, VI-X; IV, 63. 
Regenbrecht, II, 302, 305. 
Rchfues, II, 211. 
Reichensperger (Auguste), I, VIII, 

23 ; II, i 91, i 92, 20
, 208, 225, 
236, 237, 239, 242-2
7, 25i, 258, 
28
, 285, 2Y5, 307, 331., 335, 337, 
340,341,342,346,356,357,370, 
372,418 ; Ill, XVIII, xx, :XXII, XXIII, 
10-14, 5Z9, 32, 33, 37, 
3, 4i, 51, 
54, 55, 56, 57, 58, 60, 61, 62, 
63, 78, 79, 80, 116, 119, 240, 
241, 242, 2-i3, 2ii, 246, 247, 2-i8, 
2i9, 253, 254, 2
6, 259, 268,275, 
277, 278, 279, 284,287-293; 306, 
323; IV, 
8, 78, 245, 331, 332. 
Reichensperger (Pierre), II, 334, 
335, 33G, 337, 358, 365; III, 
11, 12, 56, 58, 60, 15f, 240, 
2j.2, 243, 24.i, 247. 307, 329. 
Beichlin-Meldegg, II. 4. 
Reiffenberg, 11, 76, 89, 98. 
Reinkens, IV, 21)5, 220, 247, 248, 
252, 253, 27
. 
Reisach (cardinal), II, 63,100,165, 
1.7.i,
293, 327, 382, 38
; Ill, 235, 
236. 288, 311 ; IV, 75, 76, 113, 
1. 
8-13" 136, 1.38, 140, 141.145- 



TABLE DES NO:US CITÉS 


151., 153, 154. '155, 156, 157, 
161,162,165,167,217, 218, 
233, 252, 
81, 
V8, 
01, 313. 
347. 
eithmayr, II, 350; IV, :no. 
.endu (Eugène). I, 266; n. 320. 

Oi; III, 213. 
eumont, II, H.l3, 194; III, 306. 
.eusch, IV, 266, 267, 268, 273, 
276, J28. 
.euter, III, 89. 
.eyscher, III, 49. 
.hoden, I, 234. 
Jancey, I V, 50. 
.icci, I, 79. 
.ichardson, I, 2Rí. 
.icharz, II, 383, ,384, 392, 393; 
IV, 146. 
ichter (François-Guillaume), II, 
124. 

ichter (Jean-Paul), I, 204, 360, 
364. 
liechers (P.), IV, 16. 
.iedl, II, 63; IV, 155. 
liegger, I, 29. 
liehl, III, 125. 
;iepenhausen, I. 233, 239. 
jess, I V, 268. 
;iffel, II, 313, 366. 
.inck, II, 229, 274, 275, 291- 
iingelmanll, IV, 129, 139. 
lingseis. [, 9'1, 165, 167, 180, 
214, 233, 2U, 
47, 248, 
93, 
301, 302, 347; II, 35, 60, 61, 
64, 65, 66, 73, 75, 79, 86, 9'1, 
102, 108, 13ö, 233, 311, 319, 
371; HI, 7,24,38,66,76; IV, 

37. 
i.in tel, II, 190 ; III. 265, 266. 
lio, I, 2i5; II, 77, 83, 105, 236. 
i.itter, II, 296; IV, 253. 

ochow (Gustave-Adolphe de)
 
II, 172, 207. 
tochow (Rorhus de) III, 89. 
todbe1'tus, II. 336. 
loder, Ill, 191. 


415 


Roeder. IV, 318. 
Roehr, II, 298. 
Roggenbach, IV, 90. 
Roh, Ill, 189, 190. f91, 237, 1H6; 
IV. 268, 277, 305, 3i!)' 
Rohden (François de), III, XVII, 
XVIII. 
Rohden (député). III, 240. 
Romberg, II, 302. 
Ronge, II, 275, 296, 297-309,310, 
328, 344, 387.408; IV, 179. 
Roothan, II, 168. 
Rosenkranz (Charles), II, 
2. 
Rosenkranz (Guillaume), II, 79, 
80. 
Rosenthal, III, 193. 
Rosmini, IV. 257. 
Rossbach, [II, 144. 
Rosshirt, IV, 76, 119, 341 
Rossi, IV, 239. 240. 
Rothensee, I, 11t. 
Rottinger, IV, 268. 
Rousseau. I, 202, 284, 372. 
Rubens, I, 218. 
Rubne1', IV, 139. 
Ruckgabe1', IV, 286, 287, 288. 
Rudigier, III, 16, 36, 60 ; IV, 8i. 
Ruedt, IV, 5i, 58, 68. 
Ruemelin, IV, 77, 82, 87. 88, 89, 
93, 94, 2
6. 
Ruge, II, 230. 
Uuland (Antoine), III, 188; IV, 
184. 
Ruland (Joseph-Népomucène), II, 
365, 366. 
Rumohr, I, 2i5. 
Rupp. II, 303. 
Ruschewcyh, I, 234. 
Russell (Odo), IV, 3f7. 
Rust, 11, 319. 


Sabelli. I, 128. 
Saettlcr, 11, 1
. 
Sailer, I, fti4, 291-310; II, 3, 24, 
35, 51. G2, 63, 64" 66, 67, 91. 93, 



4f6 


TABLE DES NOMS CITÉS 


233, 251. 275, 276,281, 
89, 3H, 
329; III, 199. 
Sainl-Chamans, I, f 93. 
Haint-Chl'ron. I I, 232. 
Saint.-Cvl'an. 11, Hj
. 
Saintc-Áulaire, II. 1.D1. 
Saint-Marc Gira-cdin, II, 61, 8i, 
230, 231, 236. 
Saint-Martin, II, 102. 
Saint-René-Taillandier, 11,43, i7, 
60, 61, 80, 205. 
Salat, I, 164; II, 6å. 
Salvandy, 11, 326. 
Sambuga, I, 121. 
Sand (George), III, VII. 

artori, I, 67. 
Sartorius, III, 183. 
Sausen, II, 137. 
Savigny (Charles-Frédéric), III, 
7i, 76; IV, 56. 
Savigny (Frédéric-Charles), 1,91, 
14;', 167, 292, 301, 302,343; II, 
64, 65. 7:!, 97, 265, 3H, 313. 
Schack, III, XXI. 

chadow (Gottfried), It 233. 
Schadow (Guillaume), I, 21 0, 22
), 
2:33, 236, 2
2, 243: II, 224. 
Schadow (Rodolphc), I, 233. 
Schaczlcr, Ill, 1
3; IV, 263, 28i, 
285. 
Schanz, IV, 286. 
Scharnhorst (Gérard-Jean-David), 
III, 44. 
Schm'nhol'::;t (Guillaume), T, 360. 
Heheeben, IV, 2iD, 2fìO, 30
)' 
ScheJliug", I, 18., 215, 334 3S6; 
JI, 56, 76-8ã, 10., 10:i. 237, 

38, 301; 111, X, XIV, SI, 82. 
IV, 202, 217, 
X
. 
Sehenk, II, fit G8. 
Schenkel, 1[. 
30 ; IV, !)9. 

cherr,IV, 1GI, 1G
, IG3, 165, HiG, 
279,330. 343, :)49, 3M, 359, 377, 
37
. 
Sehen ier (Françoise), III, 183, 
18t. 


Sehie, I, 197. 
Schiller, 1,104,111,172,173, in 
183, 193,197,211, ,213, 2'J.7. 22
 
278. 
Sc!Jimon
ky, IJ, J
iC), 289. 
Schings. Ill, 160, 167. 
Schinkel, II, 23;:;. 
Schlabcrg, Ill, 74. 
Schlegel (Auguste-Guillaume), ] 
187,191,192,193,194,212,216 
II, 318. 
Schlegel (Frédéric), I, 130, 135 
136, 16G, 172,173,183, 194,IH7 
205, 207, 216,217,218,219,233 
240, 2i8, 250, 281, 315, 338, 358 
374-380, 3UO, 391; II, 3, 46, 75 
8}, 
1, 231. 
ðchleiermacher, I, 186, 194, 200 
286, 298 ; II, 39, 40, 185. 
Schlosser (Christian), I, 136; II 
140, 343. 
Schlosser (Frédëric). III, XXI, 7 
Schlosser (Frédél'ic-Christophe) 
III, 
5. 
Schlosser (Sophie), III, XXI, 52 
IV, 27, 48, 70. 
Schmcdding, I. 95; H, 1
3, -126 
152, 158, 25
L 
Schmid (A.), IV, 26ft 
Schmid (Christophe), I. 2!11, 29
 
293, 296, 305, 307; II, 2X1. 
Schmid (Joseph), I, 1
6. 
Schmid (Léopold), IV, 9, 10, H, 
1
. 
Schmidt (Frédéric)
 III, 
XII, :1U50 
Schl1lidt (Henri), Ill, 30:';. 
Schmieder. II, 13}. 
Schmitt (Jakob), JI, 278. 
Schmitt (curé), II, 28
. 
Schmitt (chanoine), IV, 300. 
Schmoeger, II. 92. 
SchmucUing, II. 164. 
Sehna ubert, I, 67, 68. 
Schncemann, IV, 268. 
Schneider (Enlogius), I, 66, 67. 
Schnorr de Carolsfeld, 1,233, 239. 



TABLE DES NOMS CITÉS 


Schoeler (général de), II, 1.87. 
Schoen, II, 125, 234, 235. 
Schopenhauer, 1, 240, 24t ; III, 
XVI, XVIIo 
Schorlemer-Alst, III, XXXIV, H.7- 
120, 121, 163, 165, 167, 297, 299, 
300. 
Schrader, IV, 251, 301, 323, 371. 
khreiber, II, i. 
khubert, I, 259 ; IT, 84. 
khuckmann, I, 149, 287. 
khuercn, Ill, 1.21, 160. 
khuettlinger, IV. 190. 
,chuIt.e (Fo-Xo). III, 164. 
khulle (Jean-Frédéric), II, 378; 
IV, 95, 238.273, 331, 346. 
ichulthess, II, 65. 
;chulze-Delitzsch. III, 127, 128 
129, i30, i35, 137, 138, 147,151: 
,chuster, II, 277. 
chwarz, U, 351. 
chwarzenberg, II, 5
, 412; IV, 
204, 297,298, 299, 34:5, 348, 367, 
379. 
chwcitzer, Ill, 152. 
chwerin (corote), Ill, 28"0 
cupoli, I, 287. 
edlnitzky, 11, 131. 201, 202, 203, 
204, 234, 42i>. 

insheim, I, 90. 

itz (Alex), III, XVII, XYlII. 

itz (Ed.), IV, 87. 

itz (Louis), HI, XVII, XVIII. 
:mfft, I, 373. 

pp, II. 51, 69, 79, 32.., 329, 
341, 3:>1, 41
; III, 163, i64. 

veroli, I, 109,4.27, 212. 
mestrey, IV, 177, H13, 194, 276, 
293,296, 297, 3.a, 3í9, 350, 354, 
356, 37f, 372, 373, 374,375. 
lakespeare, I, 203, 322, 343; 
II, 95. 
bour, III, 78, 23i. 
chercr, IV, 370. 
eyès, IV, 30t. 
gel, IV J 85. 


IV. 


417 


Sighart, III, XXI. 
Sigismond, I, 37. 
Sigmund, IV, 325. 
Silbert, II, 44. 
Simar, IV, 266, 285. 
Simpson, IV, 
62. 
Smith (Adam), I, 388, 389. 
So crate, I, f6i, 277, 285; IV, 201. 
Sonnenfels, I. 24. 
Spee (comte), IV, 309. 
Speckte1' (Erwin), I, 230, 23i. 
Spiegel (Ferdinand-August.e), I, 
6-i; II, 1.20, 125. 128, 143, 14i, 
145, 147, 148, 149, 150, 152, 153, 
15i, 1.55, 156,157, 158, 16i, 165; 
II[, 236. 
Spiegel (Philippe), II. 147. 
Spithoever, Ill, 163. 
Stabel, IV, 90. 
Stadion, I. 61, 3860 
Stadler (Alois), IV, 18.i. 
Staedel, I, 220. 
Staël (Mme de), I, 187, 192, 193, 
225. 
Stahl Frédé1'ic-Jules), II, 80 ; III, 
19
, 247, 281 ; IV, 340. 
Stahl (Georges-Antoine), II, 40i; 
IV, 150, 349. 
Stahn, II, 203. 
Slattler, I, 2
4. 
Staudenmaier, I, VIr, 165 ; II, 5, 
10. 30, 42, 43, 50, 79, 122, 311, 
3f8, 385 ; IV, 9. 208. 
Stedmann, II, 209. 
Steffens, II, 185. 
Stein (baron Charles de), I, 221. 
26
, 323, 3-i3, 360 ; II, 148, 152, 
153; III, 44. 
Stein (députë), II, 337. 
Steinle, I, VIII, 236; II, 90, 224, 
225, 23i, 28.i, 331,352; III, XVIII, 
XXI, 38, 52, 62, 63, 115, 122, 
190, 19f, 219,256, 277; IV, 48, 
97, 366. 
Stengel, IV, 40, 81, 86, 90. 
Stephani, I, 96, 304 ; lI, 123. 
27 




18 


TABLE DES NOl\IS CITÉS 


Sydow, III, 21. 


Stéphanie de IIohenzollern, III, 
215. 
Stiehl, III, 21. 1.. 
Stillfried, III, 285. 
Stoeckl, IV, 266, 358. 
Stoeger, I, 33. 
Stolberg (Frédéric-Léopold), I, 
168, {ii, 176, 177, 178, 179, 
180, 181, 182, 183, 186, 188, 
253, 254, 264, 270, 274-28G, 295, 
296, 335, 338, 3.12, 3
7, 381 ; II, 
3,25, 92, 310. 
Stolberg (Joseph), III, 195, 196, 
240. 
Stolberg- W ernigerode (Antoine), 
II, 166. 
Stolberg-"
 ernigerode(François), 
II, 189. 
Stolberg (comtesse de), I, 261. 
Stolz (Alban), II, 4, 5, 117, 218, 
279,280, 281, 29-í, 300, 408; III, 
XXIX, 38, 115; IV, 65, 81, 1.03, 
104, 193, 243. 
Stoppar (P.), IV, 16. 
Strauss, II, 40, 234, 316, 317, 419, 
420. 
Streber, II, 102, 2g
. 
Strehle, II, 38J ; IV, 6í. 
Sl1'odl, II, 7
L 
Strom eyer, I V, '110, 11 1- 
Strossmayer, IV, 3a. 359, 361, 
366, 378. 
Slubenberg, I, 12G, 141. 
Studach, I, 205; 1[, 79. 
Stumpf, HI, 159; IV, 32t>-32R. 
Stulz, II, 414. 
Suckow, III, 193. 
Suevcrn, II, 188. 
Sugenheim, II, 205, 206. 
Suso (Henri), II, 71, 76. 
Sutter, I, 228, 229. 
Swetchine (Mme), II, 189. 
Sybel, II, 232, 295; III, XIII, xv, 
26, 27, 28,29,30. 31, 
O, 41,42, 
.3, 47, 
8, 72,226; IV, 1.74, 176, 

81. 


Tacite, II, 258. 
Tafel, II, 350. 
Talleyrand, I, 87; Ill, xxv. 
Tannucci, I, 258. 
Tarnoczy, IV, 204, 216, 231- 
Tauffkirchen, IV, 32:5, 356, 361, 
369. 
Tennemann, II, 45. 
Theiner (Antoine), II, 286, 287, 
289, 302 ; III, 96. 
Theiner (Augustin), II, 286, 289; 
IV, 374. 
Théodose, I, 37. 
Théodose (P.), III, 1.53. 15
. 
Theux (de), II, 207. 
Thibaut, II, 
H. 
Thiers, II, 239 ; III, 81. 
Thiel, IV, 361. 
Thiersch, II, 188, 330; III, 25. 
ThiIe, IV, 370, 373, 383. 
Thimus, II, 24:3, 
84, 331, 370; 
III, 63. 
Thissen, III, 76, -121, 122. 
Tholuk, IV, 382. 
Thomas (saint), II, 46, 47, 370, 
3
9,
00;lV.210,211 249,284, 
288. 
Thomas Becket (saint), IV, 51. 
Thun (Alphonse), III, 167, 168. 
Thun (comte), IV, 35. 
Tibère, II, 258. 
'fieek, I, 184, 197, 198, 199, 203, 
207, 223, 224, 225, 2
6; II, 223. 
Tiepolo, I, 244. 
Tillot (du), I, 258. 
Tilly, II, 205; III, 29, i7. 
THien, I, 239. 
Topor de l\Iorawizky. I, 90. 
Traugott de Pfeil, III, 89. 
Trauttmansdorff, II, 187, .06. 
Traut.lmansdorff, IV, 382, 383. 
Treitschke, III, XIII, 30, 31, .3. 
44, 7!. 



TABLE DES NOl\IS CITÉS 


Trevern, II, 16. 
Trost, HI, 88, 241, 257, 2;:;9. 


Ubryk (Barbara), III, 321. 
Uechtritz, IH, 252. 
Uhden, I, 9-í. 
Uhland, I, 357, 358 ; II, 76, 240. 
Uhlich, 11,303, 30S; III, 212,213. 
Urban, II, 383; IV, 150. 
Uria, IV, 90. 
Usedom, IV, 183. 


Valdenaire. II, 336. 
Van Espen, T, 6, 7, 10, 470 
Van Ess (Charles), I, 283 ; II, 87. 
Van Ess (Léandre), 1,283; II, 87. 
Van Eyck, I, 170. 
Vanotti, II, 117. 
Van Swieten, I, i 9. 
Varnbueler, IV, 320. 
Varnhagen, I. f8i, 250,381,382; 
II, 68, 81, 2U8, 30.í, 306, 314. 
Varnhagen (
Iwc), I, 173. 
Veil (Dorothée), r. 173. 184, 185, 
186, '188,194,196, 197, 20
, 218, 
2
1, 222, 225, 22J, 231, 237,238, 
2iO, 242. 250, 314, 350 ; II, 75. 
Veit (Philippe), [, 2
4, 2.í2, 243, 
244, 2 i9; 11, 223. 234; III, XIX. 
Veit (Simon), I, 173, 188. 
Veil (Jean), I, 224, 228, 22!), 237, 
238. 
Veith, II, 44, 46 ; IV, 207, 218, 253. 
Venedey, II, 
07, 208, 329. 
Verger, IV, 1
8, 159, 160. 
Vering, IV. 177. 
Vernet (Horace), I, 248. 
Vertot, I, 213. 
Veuillot, II, 393. 
Vialc Prela, n, 111, 216, 306, 350, 
352, 353, 378, 382, 407; Ill, XXXI, 
35, 180, 181, 
14, 2.25, 235. 256 ; 
IV, 24, 25,42, 49, 53, 54, 71, 73, 
74, 140, 147, 152, 207, 217, 234. 
Vicari, I, 12t; II, 219, 263, 27ù, 


4t9 


291,385,391 ; III, 19, 20, 21, 68, 
97; IV, 11, 25, 26, 27, 36, 37- 
65, 71, 75, 76, 100, 102, H3, Hi. 
155, 173. 
Victoria, III, xv. 
Villers (Charles de),I, 334, 337,339. 
Vincent de Lerins (saint), IV, 21.3, 
214, 215. 
Vincent de Paul (saint), I, 282. 
Vincke (Georges), III, 56, 2.í3; IV.. 
2í5. 
Vincke (Louis), II, 125, 1.8f. 
Vischer, II, 356. 
Vock, II, 10å. 
Voelderndorff (Otto), III, I, III; 
IV, 238, 314, 317. 
Voelk (Joseph), IV, 184,189, 192. 
V oelk (Martin), I, 299, 303. 
Vogel (Charles), I, 223, 233. 
Vogel (député), II, 351. 
Vogel (Henriette), I, 201. 
Vogelsang, I, 3
H; I, III, 193. 
Vogt, 1[, 3i8, 3i9, 356; HI, XIV. 
Voigt, II, 227, 228. 
Yolk (Guillaume), II, 71, 89, 190, 
288; Ill, 219; IV, 2.U. 
V ollaire, I, 8, 61, 175; III, 3. 
Voseo, Ill, 1.08. 
Voss, I, 181, 215, 218, 249, 286, 

m3, 338; II, 311. 
Vuario, I, 368. 


'Yackenrodel', I, 2
6 ; II, 230. 
'Vaechler, IV, 80. 
'Vagner (J.-M.), I, 
3ä. 
'Vagner (Richal'd), IV, 168. 
Waldbott, Ill, 2iO, 257, 258, 261, 
269. 
'Valdburg Zeil, III, J 88, 189. 
'Valdcck, II, 337. 357, 358, 402. 
'Valesrode, Ill, 73. 
Wallenstein, III, 47. 
'VallI'af, 1,216, 2:!0. 
'Valler, I, 1i5; II, 12, 89, f96, 
210" 211, 212, 218, 265, 284, 



420 


TABLE DES NOJIS CITÉS 


335, 
18; Ill, 261 ; IV, 25, 243, 
244, 340. 
Wambold, 1, 1.27. 
Wangcnheim, I, 151. 
Wanker, I, 15
. 
Warnkænig. IV, 65. 
Wassmann, I, 234. 
Weber (Beda), II, 2
9, 339, 343, 
349,353; III, XXI, XXII, 7, 33. 34, 
36, 190, 30
 : IV, 73, 79,27f. 
Weber (Joseph), I, 293. 
Weber (Théodore), IV, 206. 
Wechmar, IV, 5í. 
Wedekin, In, 23'; (V, 349, 378. 
Wedekind (Georges-Christian), I. 
79. 
Wedekind (député), II, 349, 353. 
Wedell. II, 307. 
Wegscheider, IV, 382. 
Weichs, I. 90. 
Weis, 11,16,17,111.,219,327,349, 
3á3. 376, 382, 386, 387, 40J,; III, 
125; IV, 129-133, 140,141,150, 
15i, 158, 164, 165, 169-174,185, 
212,241, 274, 275, 276, 293. 
Weiss (Albert), 111, XL; IV, 311, 
328, 365. 
Weiss (J.-B.), IV, 53. 
Weiss (député), IV, 190. 
Weissenborn, I I, 345. 
Weiszaecker, IV, 310. 
'Yelle, 11,283. 
Wendland, Ill, 25. 
W erfer, II, 281- 
Werkmeister, I, 123; II, 5, 117, 
288. 
Werner (Zacharias), I, 165, 200, 
202, 203-206, 232, 240, 336. 
Werthern (comte), IV, 361. 
Wessenberg, I, 81, its, 119, 120- 
139. i 43,155,190,301 ; 11, b,20, 
117,149, 282,28S,;289,301,35í; 
III, 96, 98, 282 IV, 23, 37, 46, 
11i. 
Westhoff, IV, 209. 
Westerma)'er, IV, 219, 366. 

 


Westphalen, III, 112, 113. 257, 
258, 264; IV, 78. 
\Vichern, III, 194, 248. 
\Vick, II, 363, 364, 369; III, XXVII. 
\Vidmer, I, 127, 306. 
\Vieland, I, 112. 
\Vienbarg, II, 231- 
\\ïest, I V, 87. 
\Vigard, II, 
08, 345, 349. 
\Vilmers. Ill, 237 ; IV, 308, 3690 
\Vilmo,vsky, II, 2í4 295; Ill, XXII. 
\Vimpffen, IV, 357. 
Winckelmann, I. 172, 230, 231, 
245. 
Windischmann (Charles-Joseph- 
Jérôme), I, 
80, 328, 339; II, 12, 
50,1.43,144,196,311. 
Windischmann (Frédéric), 1,189; 
II. 99, 100, 101, 102, 104, 328, 
382, 384 ; IV, 24, 25, 162, 163, 
165, 199, 226, 272. 
\Vindthorst, III, 75, 323; IV, 
322, 329, 331- 
\Vinter, II, 288, 289. 
Wintergest, 1, 228. 
\Vislicenus, II, 303, 308; III, 212, 
213. 
\Viseman, I, 243; 11, 105, 317; 
III, 35. 
Wittmann, I, 259; II, 3. 
\YoU, IV, 60. 
W ollzogen (.M m - de), I, 104. 
\V1'angel (général de), I, VIII; 
II, 180, 181, 188,197, 199. 
\V1'eden, I, 152; 11, 117. 


Xeller, I, 234. 


Yenni. I, 367, 373. 


Zaccaria, I, 16. 
Zachariae Uuriste), I, 96. 
Zachariae (député), II, 336. 



TABLE DES NOMS CITJ
S 


Zander, II, 20i; 1 \Y, 'lG6. 
ZangeI'll', I, 1G5. 
Zell, 11, 6Q. 
ZeIter, I, '16f). 
Zendtner, I. gO, Vi. 
Ziegler, I, 16;). 
Zimmer, I, 
a3; II, jg. 
Zimmermann {ùéput(,). II. 35G. 


42l 


Zimmermann, IV, 820 
Zirkel, I, '1
6, 137. 
Zittel, III, 351 ; IV, 8
0 
Zoepfl, IV, 31, 62. 
Zoglio. I, 6!1, 70,71, 7io 
Zschokke, II, 27-i. 
Zwúhl, IV, 150-15-í, 1:';6, fBi, 16!J. 
Zwergf'r. IY. 341. 



i v It r-; l: x, 1.\1 j' It I 
I R R lEe If. "É n I SS E \r RTF II. S 







.... 


,IR" 


,.... .....,,"\,,',. 
.i .. _. ..,....,. J 


COLLE 


274.3 
G748c 


114515 
v.4 


GOY AU , GEORGES 


274.3 
G148c 
GOY AU , GEORGES 
L'ALLEMAGNE RELIGIEUSE, LE CATH 
OLICISME 


114515 
v.4