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Full text of "Abecedario de P.J. Mariette et Autres Notes Inedties De Cet Amateur"

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ARCHIVES 



DE 



L'ART FRANÇAIS 



IV 



V 



ARCHIVES 



DE 



L'ART FRANÇAIS 



IV 




IMraiMERIE DE PIIXET FILS AINÉ^ RÇl DES GfUNDS-AUGUgTmS^ 5. 



"»— — ^^^T- 



ABECEDARIO 



DK 



P. J. MARIETTE 



ET AUTRES NOTES INÉDRES SE CET ANITEDR 



SUR 



LES ARTS ET LES ARTISTES 



outrage publié 
d'après les manuscrits autographes, conservés au cabinet des estampe» 

de la bibliothèque impériale, et annoté 

PAR MM. 

Ph. de GHENNEVIÈRES et A. de MONTAieiON 



TOME DEUXIÈME 

COIi—- ISAC 




PARIS 

J.-B. DUMOULIN, QUAI DES AUGUSTINS, 13 

1853— 185& 



-or. • \K 



DE P. J. MARIETTE 

ET 

AUTRES NOTES INÉDITES 

SUH LES 
TIRÉES DE SES PAPIERS 

CoDsenés à la Bibliothèque Impériale. 

COLLIN DE VERMONT (hyacinthe), mort à Paris, le 16 fé- 
vrier 1761. 11 étoit frère de Collin de Btamont, surintendant 
de la musique du roi. CY'toit un des plus honnêtes hommes 
qu'il fût possible de connoître, et qui ne manquoit pas de 
talent; mais c'étoit un peintre froid et sans couleur. Il in- 
yentoit assez facilement; mais quels que fussent les sujets 
qu'il entreprît de trailer, il n'en étoit aucun qui eût le pou- 
voir d'émouvoir et d'intéresser. Son dernier tableau a été la 
Présentation de la Vierge pour le maître autel de la nouvelle 
église de Versailles ; et ce grand morceau, quoique bon dans 
plusieurs parties, porte av» c lui la preuve de ce que je viens 
d avancer. M. de Verinont étoit disciple de Jouvenet ; il ne 
s'en ressentoit guères. Il avoit été tenu sur les (onds de bap- 
tême par M. Rigaud , qui ne cessa Jamais de l'aimer et de le 
considé.er ; il le lui fit connoîlre, en lui léguant, comme il 
fit, tous ses dessins, ses estampes ei ses ustensiles de pein- 
ture. 11 étoit né à Paris, en avril 1692, de sorte qu'il étoit âgé, 
T. II. a 



2 

au jour de son décès, de 68 ans et 10 mois. H remplissoit 
alors dans rAcadémie de pi'inture la place d'adjoint à reo» 
teur, à laquelle il éloit parvenu en 1754. 11 avoU élé élu pro- 
fesseur en 1740, et académicien en 1723. 

COLOMBEL (NICOLAS). Sta scritto nel calalogo degli Aca- 
demici di S. Luca in Roma sotto Tanno 1686. 

COMIN (j. ou jouan), graveur au burin, asseï médiocre, 
qui vivoit à Rome au milieu du xviie siècle, et dont je ne 
connois que peu de planches, qui font partie de celles de la 
galerie Juslinienne. 

COMMODl (ANDREA). Il eut à faire un des tableaux qui entrè- 
rent dans les décorations pour l'entrée de la grande duchesse 
ChrisUne de Lorraine à Florence , en 1588. L'auteur de la des- 
^iptioQ dit, en parlant du peinlre , que c'éloit un giovan di 
buona speranza. 11 n'avoit pour lors que 28 ans. Pielre di Cor* 
tone avoit travaillé sous lui, et le reconnoissoit pour son maî- 
tre. 11 dessinoit volontiers au paslel et aux deux crayons, rouge 
et noir; et, en cela, il se faisoit gloire d'imiter le Baroche, 
dont il étoit autant partisan qu'il l'éioit de la manière du 
Corrège. Si l'on vouloit donner un juste précis de sa vie , il 
feudroil refaire celui-ci qui est trop peu exact, et partir d'a- 
près ce qu'a écrit le Baldinucc4. Le Père Orlandi cite ce der* 
nier auteur, et par son extrait on voit qu'il ne Ta point lu. 
— Le Commodi éloit du même âge que le Civoli, et je suis 
très-assuré que tous deux étoient condisciples, qu'ils avoienl 
appris du même maître, qui étoit Alexandre Allori, dit le 
Bronzin. Aussi les trouve-t-on tous deux emploj^és aux pein- 
tures qui se faisoient sous la direction du Bronzin^ pour 
rentrée de Christine de Lorraine. Le Commodi aura seule- 
ment appris la perspective du CigoU qui y étoit prolond > et 



yoilà ce qui aura brouillé le Baldinuccii et qui lui aura 
fait affirmer d*un ton trop général qu'il .étoit Télève du CigoU. 

CONCÂ (il cav^MERH s^bastiano), di Gayetta, mor^ a di 
prima di Scptein. 1764 in ela d'anni 88. Ceci m'a été admi^ 
nistré par M. Naloire. — Sébastien Conca, né à Gaëte, le 
8 janvier 1680. Ainsi écrit sur son portrait dessii^, qui ^toit 
dans la collection du sieur Pio, et que j*aj vu dans relie de 
Vf.. Crozat. 11 est mort dans sa ville natale, où il s'éloilt retiré, 
le 1" î^eptemb^e 1764. M. Natoire me marque qu'il étoit âgé 
de 88 ans, mais je crois qu'il se trompe. 11 dit cependant le 
tenir d'un disciple du Conca qui s'est adressé, po^r^n être 
instruit, à Gaëte même, où sont les parens du Conca. S^iy^nt 
le Domenico, il doit être né en 1680 ; m^js peut-être n'a^t-il 
fait que copier le père Orlandi. — Il faut s'en tenir aux dates 
fournies par M. Naloire et reculer s^ ^aissaqcjs 4^ quatre 
années, la reporter en 1676* 

COPELLETI (PARiGi], reggiano, fu piltor molto pratico ed 
in fresco. S| vede su la Giarra la fdcciata de}!' Occa^ in 6. Agos- 
tîDO un S. Nicolo da Toleutino con yn coro d'ang^U ïxiçilç 
Jbelli. Fioriva nel 1590. Gius. Borzaoi, A^^tiquiarium Q^gii 
I^pidi, Mss. jdel pbreria Reale, à p. 96. 

CORBELLINI (sEpASTiANo). J'ay veu i^pe esjtappe, d'ype 
assez belle composition, gravée, en 1695, i>ar Robert Van 
Audenaerd à Rome d'après ce peintre, qui ne me paroit pas 
sans mérite; c'étoit un sujet de thèse en hauteur où parois- 
soitle pape. ...... . ^sis d^ son trûoe env^owé 4^ 

figures allégoriques. 

GORDEGLIAGfil (giovanetto], que Yasari nomme ea un 
endroit Gianetto, est nommé Cordella par le Bo$cl)gp| mW9^ 



u 

de la description des peintures de Venise ; il le met au rang 
des disciples du Bellini , et le fait auteur enlr'autres tableaux 
du portrait du cardinal Bessarion, qui est dans l'école de la 
la Charité à Venise, et dont on a une estampe gravée par Pe- 
trini. 

CORDIER (NICOLAS). Ce sculpteur a exécuté, étant à Rome, 
la statue de bronze de Henry IV, roi de France, qui est à 
Saint-Jean de Lalran, et dont il y a une estampe gravée par 
Le Mercier. On voit aussi de lui, dans l'église de la Minerve, 
et dans la chapelle de la famille Aldobrandine, une statue de 
marbre d'une Charité, qui est un beau morceau. M. Bouchar- 
don Ta trouvée si fort de son goût qu'il en a fait le dessin 
que j'ai. La composition m'en plaît infiniment (1). 

CORIOLANI (jean-baptiste) est mort le 8 janvier 1649. 
Masini, t. 1, p. 626. Il étoit frère de Barthélémy aussi gra- 
veur. 

CORNEILLE (michel), né à Orléans, fit remarquer dès l'en- 
fance son inclination pour la peinture. Attiré à Paris par la 
réputation de Simon Vouet, qui étoit pour lors premier pein- 
tre du roy, il se mit sous sa conduite et devint un de ses 
meilleurs disciples; Vouet lui fit épouser une de ses nièces, 
pour se l'attacher davantage ; mais cependant il ne fut pas si 



(1) Le Baglione a consacré à cet intéressant artiste lorrain une 
biographie, p. t08 de Tédiiion de Naples, t733, in-i". Beyle, dans 
ses Protnenades dans Borne (t. II, p. 105) parle avec qu»l |ue irré- 
vérence de la statue de Henri IV : <( En sortant par la porte du 
a Nord, à Tcxtrémité de la nef de dro\te, on pMsse devant la statue 
a de Henri IV, qui a Fair touto mélancolique de se voir en pareil 
ce lieu. Vous savez que le roi de France est chanoine de Samt-Jean 
« de Lalran. » 



scrupuleux imitateur de la manière de cet habile mattre, 
quelquefois trop nt^gligée et éloignée du naturel, qu'il ne 
chercha, en se proposant pour guides les ouvrages de Ra- 
phaël, à rendre la sienne plus sage et plus étudiée. Quelques- 
uns de ses plus beaux tableaux, et surtout celui où il a repré- 
senté S* Paul et S* Barnabe, à qui Ton veut offrir un sacrifice 
dans la ville de Lystre, lequel d été si bien gravé par Fran- 
çois Poilly, en sont une preuve. Lorsque l'Académie de pein- 
ture et de sculpture prit son établissement, il fut un des prin- 
cipaux qui en composa le corps, et il y exerça depuis la charge 
de recteur. Ses deux fils lurent ses élèves; Michel, qui étoit 
Taisné, suivit de plus près sa manière, et fut de très bonne 
heure en estât de luy aider dans plusieurs de ses ouvrages. 
Il eut une extrême ardeur pour apprendre et un goût singu- 
lier pour le dessein qu'il eut occasion de satisfaire, en tra- 
vaillant dans sa jeunesse pour un fameux curieux, qui luy fit 
copier un grand nombre de desseins de grands maistres qu'il 
avoit rassemblés. Il conserva, jusques à la fin de sa vie, cette 
passion du dessein ; car quoi qu'il eût acquis de la réputa- 
tion dans la peinture, et que les ouvrages ne lui manquassent 
point, on le voyoit souvent quitter le pinceau pour prendre 
le crayon. Il trouvoit le même plaisir à étudier les ouvrages 
de peinture des plus habiles peintres italiens ; il les copioit 
volontiers pour en mieux connoltre les beautés et s'entrete- 
nir dans les bonnes manières : jamais peintre n'eut peut-être 
plus d'amour pour son art, et ne ménagea moins sa peine et 
son travail. Il ne lui coutoit rien de repasser plusieurs fois sur 
un même ouvrage , toujours mécontent de luy-mesme lors 
que les autres en paroissoient les plus satisfaits; il travailloit, 
il retouchoit ses ouvrages, quelquefois jusqu'à les appesantir 
en voulant trop les perfectionner. Il en a gravé luy-même 
quelques-uns avec assez d'intelligence. Dans sa jeunesse, il 
avoit déjà été occupé à graver pour le sieur Jabacb quelques* 



mi dé séh devina cjtii èônt pf ésentëùiém dslfis le dâbfâéf dd 
roy dé traticë. Jèan-Bà{)tlstef Corneille, soti fréré puîné, e* 
àvoit filiissj grà^é plusieurs ; celuy-ci manioit la pointe aveé 
une extrême facilité et beaucoup d'art, l'on en peut jager pat 
ce Éiu'il à gra^^ (1). Sa Manière de dessiner n'étoil pas moins 
facile; il eut été seulement à souhaiter qu'elle eût été plus 
légère, tfaais par malheur |)our luy, Errard, sous lequel il 
avoit étudié à Rdirie pendant assez longtemps, luy avoit în^ 
pire ce goût lotiM et matériel ; il ti'y avoit de lùy-même c[tiè 
trop de penchant,- et il ne lut fut pas possible dé s'en deffàire. 
Pendatit soil séjour à borné, il avoit été employé pair otdré 
du roy son maître à mesurer avec exactitude lès plus belles 
statues antiques poiir en connoislre les proportions, et il y 
fit en même temps une étiide particulière de l'anatomie dans 
laquelle il se tendit habile. 11 éloit membre de rAcàdémiê 
tbyàlè de pdtltute et de Sculpture aussy biefl que Michel Cor- 
fteillé son frère aistié. 

— L'ange atinoriçant â là S*' Vierge le raistère de Titicalr- 
nâtldti, ihvenlé par Perin det Vague, et gravé par Côrtiéîlle 
le père; G*ést un des desseihs de Jabach. 

— M. G. Scùlpsit. C'est ainsi que s'est désigné Michel Côt- 
Éleille sur quelques planchés qu'il à gravées d'après des des- 
seins de ttaphaël d'tJrbin. 

CÔfeNElttÉ (jean-baWïste] le jeune, mort à Paris, èù 
i6dS, âgé de 47 ans. il àvoil appris sous son père les pre- 
toiets prificipes de là peinturé; mais ayant été envoyé à 
ttofne S la pension dii rbV, et y ayant trouvé Errard qui y 
étôlt directeut, il s'abandonna trop à la manière lourde dé 
(je péiûttè, et devint éoiiime lui Url peintre extrêmemeiit pe- 



(i) Vt^ii 1& iidte 1, ft là paie 324 du 1. 1 dé YAdècèdàrlà. 



Sânt dans son dessein. Cest dommage, car il étoît né avec du 
génie. Il avoil épousé une des sœurs de mon père (1), et ce 
fut sous lui que mon père apprit à dessiner; je lui ai tou- 
jours ouï dire que c'éloit pour son malheur. Avec cela J.-B. 
Corneille n'auroit pas laissé de passer loin ; il savoil se pro- 
duire, et M. Mansard son parent et son protecteur lui vou- 
loil du bien. 

— Des squelettes soutenant un suaire, un cadavre, et les 
différents attributs de la mort, composant un tout ensemble, 
qui a la forme d'un écran, gravé d'après J.-B. Corneille. Cela 
avoit été fait pour mon grand père, et pour servir dans les 
retraites qui se font chez les jésuites; on avoil dessein d'en 
faire encore d'autres; mais cela n'eut point son effet, et la 
planche même, dont il y a ici une épreuve, a été effacée. 

CORNEILLE (Michel) le fils, naquit à Paris, en 1642, et se 
forma dans l'école de son père, qui étoil bien capable de 
Tinstruire. Mais une des choses qui aidèrent davantage à lui 
former le goût, et à lui faire accorder la préférence aux ou- 
vragés des meilleurs maîtres d'Italie, et surtout à ceux des 
Carraches et de leurs élèves, fut l'occupation que lui fournit 
dans sa première jeunesse le sieur Jabach, qui avoit la plus 
belle collection de desseins qui fût alors, et qui employoil le 
jeune Corneille et son frère Jean-Baptiste ainsi que plusieurs 
autres jeunes gens à en faire des copies, que souvent il veû- 
doit pour des originaux. Cette supercherie étoit véritable- 
ment blâmable et honteuse; mais le jeune Corneille y trou- 
voil son profit , de façon qu'il se vit bientôt en état de passer 



(1) On connaissait déjà ce fait par le catalogué de Lorângère, & la 
p. S6 de la table : « J.-B. Corneille, (ils de Michel Corneille le 
peintre, avait épousé la sœur de Jean Uarielte, père de P.-J. Ma- 
riette. » 



8 

à Rome, y faire de meilleures études encore sous la protec- 
tion du roi dans TAc^déraie que ce prince y avoit fondée. Il 
n*y demeura pas cependant longtemps; le directeur Gh. Er- 
rard prétendoit le conduire, et ne vouloit pas qu'il eût un autre 
guide, et le goût lourd et pesant de ce peintre lui faisoit en- 
visager une perte certaine, s'il le prenoit pour modèle. 11 se 
déiermina donc à travailler en son particulier, et à ne con- 
sulter que les meilleures sources. Apr^s quatre ou cinq ans 
de séjour, il repassa à Paris, et ne tarda pas à y jouir d'une 
réputation méritée. Il eut des ouvrages à faire pour le roi; 
mais s'étant mis mal dans l'esprit de M. Le Brun, jaloux de 
ce qu'il le voyoit se livrer à M. Mignard, dont Corneille avoit 
eu la folie da croire qu'il pourroit devenir le gendre, cela 
joint à sa façon de représenter, et encore la lenteur qu'il 
mettoit dans son travail, et une certaine irrésolution qui lui 
faisoit trop souvent recommencer des ouvrages qui ne pou- 
voient que lui faire honneur, renfermé chez lui, et ne com- 
muniquant point avec ses confrères, il fut oublié; on le laissa 
mourir dans son logement des Gobelins, qui l'a fait appeler 
Corneille des Gobelids, après avoir souffert l'extraction de la 
pierre, le 16 août i708. Comme il revenoit trop souvent sur 
son ouvrage, et que, content de faire de l'effet pour le mo- 
ment, il se servoit trop inconsidérément d'huile grasse, pres- 
que tout ce qu'il a peint a péri. 11 ne restera de lui que des 
desseins qui sont en grand nombre, et qui montrent une 
grande science, mais qui, s'il en faut dire la vérité, pèchent 
par trop de pesanteur. 

CORNEU (coRNELio). In un opéra rappresentante il bat- 
tesimo(?]con molti nudi grandi, di prima vista, v' a notato 
l'anno 1588. Abb. Martdli. 

CORNHERT (Théodore). Sandrarl, cité par le P. Orlandi, dit 



peu de choses de cet artiste ; encore se trompe-t-il sur le 
temps de sa naissance; car il le fait mourir âgé de 78 ans, 
au lieu qu'il n'en avoit que 68 pour lors. Voicy un détail de 
sa vie plus circonstancié. Tliêodore Volraert Cornhert, ou, 
comme il l'écrivit lui-même sur plusieurs de ses planches , 
Dirik Cuereiihert, nacquit à Amsterdam en 1522. De relour 
de ses voyages en Espagne et en Portugal, il s'établit à Har- 
lem où il s'occupa d'abord à graver pour gagner sa vie. Il y 
a apparence qu'il avoit appris cet ait de Corneille Boys; du 
moins il suivoit la même manière de graver de celui-ci, qui 
lui étoit antérieur de quelques années, et pour lequel il grava 
quelques planches en 1555; c'étoit d'après les desseins de 
Martin Hemskerk, qui vivoil pour lors à Harlem avec la répu- 
tation d'un grand peintre. Cornhert avoit encore gravé beau- 
coup d'autres pièces d'après luy, depuis 1549, qui est à peu 
près le temps qu'il commença à graver. Il continua de le 
faire encore pendant quelque temps; mais d'autres occupa- 
tions plus sérieuses l'attachèrent dans la suite. Ayant du goût 
pour les lettres, il se mit à étudier. Si l'on en croit Bayle, il 
étoit âgé de 30 ans lorsqu'il apprit le latin ; Paul Colomiès, 
dans ses mélanges historiques, dit qu'il en avoit 40, et qu'il 
apprit de lui-mesme le grec et le latin avec tant de progrès 
qu'il n'y avoit point d'auteurs qu'il ne traduisoit facilement 
en flamand. En i572 (je crois que c'est une faute du Moréri, 
et qu'il faut lire 1562) il fut élu secrétaire d'Harlem. On le 
députa plusieurs fois au prince d'Orange, gouverneur de Hol- 
lande, et ce furent ses conseils et ses sollicitations qui déter- 
minèrent le comte de Brederode à présenter à Marguerite, du- 
chesse de Parme, cette fameuse requête, qui donna naissance 
aux troubles des Pays-Bas, en 1566. Cornhert fut ensuite en- 
levé d'Harlem par les Espagnols, et retenu longtemps pri- 
sonnier à La Haye. On ne lui rendit la liberté qu'à la condi- 
tion de demeurer dans cette ville; mais, craignant encore 



10 

quelque ffiâtitâiè traitement, il s'enfuit Sécrétênîértt à Hârlettt, 
et se tetira etisulte au pays de Clèves pour être plus en sûrelé. 
n tï'en retint qU^en 1572, lorsque les états de Hollande eu- 
rent secoué le joug des Espagnols. Alors Cornherl fut lionoré 
de la charge de secrétaire des états de la province ; mais a jant 
été nommé pcKir examiner les désordres des gens de guerre, 
il leur devint si odieux qu'il fut obligé de se retirer à Embden. 
Cependatit les choses étant pacifiées, il revint à Harlem. Il 
composa plusieurs traités de politique et de religion ; il atta- 
qua l'église romaine et la nouvelle réforme, voulant qu'on 
laissât une entière liberté de conscience. Il écrivit contre 
Luther, Calvin et Bèze sur la prédestination et le péché ori- 
ginel. Colotniès lé représente comme un hérétique enthou- 
liiàstique qui âVolt l'esprit aisé, et il ajoute qu'il composa 
plusieurs traités de théologie, qui furent refutés par Calvin et 
par Daneau,et qu'il écrivit même contre Juste Lipse. Il mou- 
rut à Goude, le 29 novembre 1590, et fut enterré à Tergou (1). 
On à fait une édition de tous ses ouvrages en 1630. Le 
célèbre Henry Goltzius étoit son disciple pour la gravure; 
il étoit fort jeune lorsqu'il se mit pour la première fois sous 
sa Conduite; c'éloit dans le temps que Gornhert fut obligé de 
se tetiret dans le pays de Clèves. Goltzius le retrouva depuis 
lorsqu'il vint en Hollande en i576. Cornhett avoit une ma- 
ûière de gravure très-légère et très-spirituelle , et il semble 
qu'on ne fait pas assez attention aU rnérite de ses estampes, 
ce qui vient sans doute de ce qu'il n'a gravé que d'après 
Hemsketck, Pr. Flore et autres maîtres qui ne sont pas de 
premier ordre , et dont le goût trop sauvage n'est plus de 
tnôde. Il seroit à souhaiter qu*il eût travaillé plus longtemps, 



J-iiLm. 



(1) Postérieurement Mariette a ajouté : Goude et Tergou est la 
même viiié qui s'appelle indifférement de ces deux noms. 



11 

qu'il ne se fût pas litre à tant d'occtipations diVéfrseij et 
qu*il eût vu au moins rilalie ; ç'auroit été un grand homme. 
J'ai extrait presque tout ceci de Bayle et de P. Colomîès cités 
par Moréry. Le premier éCfit Théodore Koornhert , et l'autre 
Théodore de Volcaert Cornhert. Outre cela, Vasari qiiî eti fait 
mention, p. 270, t. 3, l'appelle Dinick Volcaerts; il écrivoit 
sur les mémoires de Lampsonius, mais, comme il ignotoit le 
flamand, il écrivoit Dinick au lieu de Dirick, qui est le dimi- 
nutif de Dieterich, c'est-à-dire Théodore. Le portrait de 
Cornhert a été gravé par H. Goltzius ; c'est une estampe 
d'une beauté singulière. 11 l'a aussi été pat Th. Matham j et 
ce potlrait, accompagné de figures et d'écrits énigctiatiques, 
donne autant la représentation des traits que la doctrine de 
riiomme singulier qui y est représenté. 

CORNIA (ANTONid ùELtA). Vôyç^ ce qui est rat>pôrt6 dAtts 
le livré intitulé : Teofica dellà Pittura daAni*» Franchi, p. 60, 
au sujet d'une copie que ce peintre avoit fait du tableau de 
S. Jean de Raphaël ; les plus grands peintres de Rotne y fûtétit 
ttompés. 

Cornu [StAîa). Le p. Orlatidi, qui écrit Comttdidiepe , ne 
fait ici qu'un seul mot de ce qUi en doit composer trois. Jean 
Cornu, Sculptent, à Paris, étoit natif de Dieppe en Normandie. 
—Cornu n'étoit point de Dieppe, il étoit de Paris; mais, son 
{ïère ayant pris uri établissement à Dieppe, il y passa sa jeu- 
nesse, et ce fut là qu'ayant été mis chez un ouvtier en y voire, 
il y apprit les premiers élémens de la sculpture. C'est de son 
flls que Je tiens ce fait. Ce ûls , nommé Gabriel , s*étoit des- 
titié à la peinture, et avoit pour cela étudié sous De Largl- 
liferê ; mais, né sans Ife moitidrë talent, et presqil'aveugle , il 
est démeuté dans la plus extrême médiocrité, et cependant 
ayant la niante de toûloir poindre des tableaux dont pè1*=- 



12 

sonne ne vouloil. Il est mort fort âgé en octobre 1763. 

CORONARO (giuliano), peintre de Crémone, cité par Ant« 
Campo, Histoire de Crémone, p. 54; peut-être est-ce le même 
que Giuliano de Capilani da Triokonle. V, 1. 1, p. 301. 

CORRADINI (antomo), mort à Naplesen 1752, dans le pa- 
lais du prince de San Severo qui Tavoil appelé pour le faire 
travailler aux sculptures des mausolées dont ce prince a dé- 
coré la chapelle qui est conliguë à son palais. On vante sur- 
tout une figure qui représente la pudeur et qui se dessine , 
dit-on, parfaitement, au travers d'une draperie légère dont 
elle est entièrement couverte. Cette idée singulière me rap- 
pelle un certain noujbre de figures en marbre que fit faire 
autrefois au Corradini le feu roi de Pologne, Auguste, élec- 
teur de Saxe, dont on trouve les gravures dans le reçue»! des 
sculptures qui sont dans le palais de Dresde, qu'a publié en 
1733 le baron Le Plat. Ces figures sont singulièrement com- 
posées et n'ont rien du caractère mâle qui est si essentiel à 
la sculpture. Il y règne un sauvage qui blesse Tœil et qui ré- 
volte. On voit que l'artiste s'est voulu distinguer par un tra- 
vail forcé qui n'a d'autre mérite que d'avoir affronté des dif- 
ficultés. C'est ce qu'a fait le Bernin , mais en habile homme 
et avec un génie plein de goût, au lieu que le Corradini, dé- 
nué d'un vrai génie, n'affiche que de la petite manière. Je 
trouve dans ses ouvrages beaucoup de ressemblance avec ce 
que nous avons vu faire en France au sculpteur Adam. 

CORRÈGE. M. Zanetli prétend que le tableau de Tamour 
se faisant un arc, qu'on voit à Vienne, dans la galerie qu'on 
nomme le Trésor, n'est point du Corrè^e, et que c'est mal à 
propos qu'on a mis le nom du grand peintre sur l'estampe 
qui en a été gravée à Vienne par Van Sleen. Il s'en tient au 



l;5 

témoignage qu'en a rendu le Vasari, et 11 veut que le tableau 
appartienne au Parmesan. Il est vrai que le dessein ou pre- 
mière pensée que j'ai de ce tableau est incontestablement de 
ce dernier peintre ; et, s'il faut en croire M. Zanetli, la touche 
du pinceau et le caractère du dessin le manifestent encore 
davantage. Seroit-on actuellement dans la même persuasion 
à Vienne? car je trouve que M. Apost. Zeno , en parlant du 
trésor impérial, dans lequel il a été introduit, ne fait men- 
tion que de deux tableaux du Corrège. Ils ne les désigne pas 
autrement; mais il faut que ce soit Flo et le Ganymède, tous 
deux incontestables. Zeno, lettere , t. 2, no 163. 

— Clémente Ruta, auteur de la description des peintures 
de Parme , p. 31 et 43, prétend que le Corrège n'avoit que 
26 ans lorsqu'il commença les peintures du dôme de Parme, 
et qu'il en a voit 32 lorsqu'il exécuta celles de l'église de 
S* Jean. Les dates lui ont , dit-il , été fournies par divers mss. 
authentiques qu'il a consultés. 

— On lit son épita[»he dans le cloître des Cordeliers de 
Corrf gio, et, suivant les dates qui y sont marquées , le Cor- 
rège est né en 1494 , et e^t mort le 5 mars 1534, âgé de 
40 ans. 

— La S*' Vierge avec l'enfant Jésus, gravé par Cooper, d'a- 
près un tableau du Corrège, de la collection du duc d'Or- 
mond, appartenant à sir John Buttle. La planche, gravée 
en 1764, est dédiée à la reyne d'Angleterre. 

— Il y a dans le recueil des tableaux du Cab. de Reinst 
une planche gravée par Holsteyn, qui est le portrait d'une 
dame assise, et l'on en trouve des épreuves avec le nom du 
Corrège, qui y a été mis mal à propos, car le tableau est de 
Jules Romain (1). 



(1)Sur le Corrège on peut voir le beau travail spécial du Père 
Pungileoni, en 3 vol. iQ-8<*. 



14 

CORRENZIO (bixisario). Le cavalier Bélisaire, qui a beau- 
coup peint dans les (fglises de Naples, a choisy sa S(^puUure 
dans réglise de S* Séverin des Bénédictins de cette ville. On 
y lit cette inscription sur son tombeau : Belisarius Corensius 
ex aaliquo Ârcadum génère, D. Georgii eques, inter région 
slipendarios Napoli à pueris adscilus, depicio hoc templo, 
sibi suisque locum quietis vivens paravit 1615. Samellii e4it. 
de Bulifon, p. 251. 

CORT (corneille]. — Voyez sa vie dans le Baglioni. Dans 
le catalogue abrégé qu'il donne de ses ouvra^^es, il y met 
celuy-cy, que je ne connois pas : 11 Risuscitamento di Lazaro, 
opéra di Federico Zucchero, Il y a une Résurrection du Lazare, 
d'après Frédéric Zuccaro, mais elle p'est certainement point 
de Cort. Le Baglioni a tort de luy attribuer, ce n'est ny sa 
touche ny sou goût de dessiner. Il y a bien quelque chose de 
sagraveureaussy. Peut-elle estre de quelqu'un desesdisciples; 
pour moy, je la crois d'Aliprand Caprioli, qui a gravé plu- 
sieurs autres pièces d'après le Zuccaro dans cette manière. J'ay 
veu, à quelques pièces gravées par Hoodius, une marque, 
qui paroist estre une lampe, que j'ay remarquée de mesme 
dans les esiampes de Corn. Cort : celles de Hondius, où j'ay 
vu cette marque, sont le portrait de Corneille Cort et celi^y 
de J. Marot, le poète, et plusieurs paysages. Voudroit-il ^ise 
par là qu'il a gravé ces estampes (où il a mis cette naarque), 
le soir, à la lumière de la lampe; elfectivement elles sont 
gravées asse? légèrement et peu ti^ies. — Ce n'esi point une 
lampe ; c'e^ un instru^lent donl se servent les orfèvres pour 
souder ; ils renferment dedans la poix résine pilée, et ils l'en 
font sortir en promenant l'ongle sur ces petits crans pour la 
faire tomber sur l'endroit qu'ils veulent souder à la lumière 
de la lampe; ils l'appellent un rochoir. — Mariette relevant 
Vimcription d'une pièce : Romse ci^m p^ iyilegio sum|Q[û pw- 



15 

tificis etiam pro impressione ai^enti 1577« agoute ; De Ui 
je conclus' que C. Corl étoU aussi graveur de iDoqpoyâ ; du 
moins ce rochoir, instrument propre aux orfèvres, qu'il laf- 
fecte de mellre sur plusieurs de ses pièces. C'est ya fort pré^ 
jugé pour faire valoir cette conjecture. 

-^ Par les dattes, que ce graveur a mises à presq^ç toutes 
les pièoes qu'il a gravées, on voit qu'il étoilt encore aux Pay$f 
Bas en 1565, et que c'est vers la fin de çett^ annéa qu'il e^ 
sortit, pour venir en Italie; il aborda priemièremept k Venise, 
où le Titien Juy fil gfaver (c'est ftidolfi qui le dit) plusieurs d§ 
ses tableaux; il ne Gt que deux planclies dans le resie de cetl§ 
année 1565, ce S. Jérôme, et l'histoire tirée de l'Arioste, 
toutes deux gravées dans la même manière, et il p'y met pat^ 
son nom ; Tannée suivante, il fit un plus grand o^ombrc à» 
pièces, toujours d'après le Titien, qui condMisoitsona^iVfagtt; 
aussi ces pièces devjnreat-elles les meilleures qu'il eût encore 
gravées, et, s'il en a £ail depuis d'autres, qui sont gravées eor 
core avec plus de liberté, il y a dans celles-cy plus d'intelli»- 
gence ; cas pièces furent le Paradis, la Hagdeleine et u» Pror 
métbée ; il ne demewa pas davantd^ à Venise, car ceibi 
mesme ^nnée il étoit à Rome où il gravoit plusieurs planc^ 
d'après don Julio Clovio. Si RidcAfi dit qu'it vint à Venise en 
1570, et que le Titien le logea chez luy, il faut que ce soit ufi 
second voyage, qu'il n'aura mesme peut-être faitqu'fin 1571^ 
temps auquel il a gravé le S. Laurent et Ita Lucrèce, d'apcèi» 
ie Titien. 

— La sainte Vierge présentant l'enfwit Jésus au temple, 
gravé en 1568, je crois, d'après Federigo Zuccharo. Sans 
nom de Gom. Cort, mais elle est bien de lui. Au bas d6 
l'inscription : A. SCaL, c'est l'abrégé du nom Achille Statius, 
homme de lettres qui vivoit alors à Rome , et ce nom est au 
bas de l'estampe pour montrer que Statius est auteur dq$ 
vers Wim qu'<an y lit. J'ay lu dasis les reoMirques de M. le 



16 

baron de la Bastie sur le livre du P. Joubert, que ce Statius 
étoit Portugais et savant antiquaire. Ce fut lui qui publia, en 
1568, si je ne me trompe, les portraits des hommes illustres 
de l'antiquité, d'après les monuments qui se voyoient de son 
temps à Rome. — Je le fais homme de lettres sur la foy de 
M. de la Bastie. Peut-être n'étoit-ce qu'un de ces antiquaires 
qui se meslent de trafiquer ; car je vois sur certaines estampes 
de C. Gort : Statii formis. 

— Jésus-Christ, nouvellement né , adoré par les pasteurs, 
gravé en 1567, d'après Thadée Zuccaro. J'en ay le dessein 
original, qui est très-beau. 

— J'ay veu une estampe représentant saint Nicolas qui 
jette de l'argent dans une maison où étoit enfermé un père 
qui, réduit à la dernière extrémité, méditoit de prostituer 
ses propres filles. Le dessein en paroist de Parmesan et plu- 
tôt de Salviati. Il y avoil au bas le nom du graveur C. Cart, 
ainsi que je l'ay remarqué dans le cours de ce catalogue ; à 
celle-cy, outre le nom du graveur, il y avoit celuy du mar- 
chand, Apui hœreies Claudii Duchetii 1587, et ensuite, Julii 
Roscii Horiini, qui est peut-être un autre nom de mar- 
chand (1), car je ne trouve aucun peintre de ce nom. Mais 
ce qui mérite plus que tout 1-; reste attention , est cette date 
de 1587, qui fait bien connoistre qu'il n'y a point de faute 
dans la manière dont le nom est éciil, et que c'est le nom 
d'un graveur différent de C. Cort^ qui estoit mort en 1578. 
Il est peut-estre cependant un de ses disciples, car l'estampe 
tient de sa manière de graver. M.ûs, encore une fois, j'oserois 
comme asseurer que cette pièce cy et les autres qui sont dans 
le cours de l'œuvre avec ce mesme nom, C. Cart, ne sont 



(1) Il y a, ce me semble, un livre d'emblèmes de ce Roscius 
Horlinus, c'csl-à-dire de ia ville d'Ho^ia, par Tenipesie. Il esloit 
presire, aulanl qu'il m'en pcui souvenir. (îioLe de Mariette,) 



17 

point du célèbre graveur C. Cort. Il n'a jamais rien fait en 
Italie de si roide pour la conduite des tailles, et voicy un 
nouveau graveur qui n'estoit pas connu, dont il rae semble 
avoir fait la découverte. — J'ay trouvé une copie de l'es- 
tampe du cordon de saint François d'Auguste Garrache, faite 
par le mesme C. Gart , avec son nom. Or, l'originale ayant 
été gravée en 1586, il s'ensuit naturellement que C. Cort ne 
l'a pu faire, estant mort bien auparavant. Il y a donc un 
C. Cart, graveur au burin ; l'on ne peut plus après cecy en 
douter (1). — Ce mesme C. Cart a fait aussy une copie de la 
Vierge, accompagnée de saint Jérosme et de sainte Magde- 
bine, gravée par Aug. Garrache, d'après le Corrége; il y a 
mis son nom (2). — Malvasia a cru que ce C. Cart était Cor- 
neille Cort. Voyez ce que cette fausse supposition lui a fait 
dire, p. 362 de son premier volume. Il n'est pas surprenant 
que le Garrache lui écrivît avec aigreur. Gomment parler au- 
trement à un homme qui copie vos propres ouvrages. 

GORVINA (maddalena) vivoit à Rome, dans le temps que 
Mellan y faisoit son séjour. Elle peignoit en miniature, et 
même è l'huile. L'inscription qu'on lit autour de son por- 
trait, gravé par Mellan, en 1636, le dit, et c'est tout ce qu'on 
sait d'elle. Je la crois fille de Henri Gorvinus, qui jouissoit 
dans Rome de la réputation d'un excellent botaniste, et qui, 
étant âgé de 82 ans, a eu son portrait gravé à Rome par 
Jean Valdor, celui qui a publié les triomphes de Louis le 
Juste, d'après le tableau peint, sans doute en miniature, par 
ladite Madeleine Gorvina. 



(i) Barlsch, n» 109 ; il indique rorlhographe exacte, mais sans 
commenlaires. 
(Tj Barlsch, n» 95, n'indique pas cette copie. 

T. n. à 



IS 

COSATTI (leuo). Le Pavé de Sienne, de Beccafumi, gravé en 
1739, en trois grandes planches, par les soins de Lelio Cosalti de 
Sienne, et dédié par lui au grand-duc. Voicy les termes de la 
dédicace : Francisco III Lotharingie Duci Mariœ Theresae Ar- 
chiduci conjugi magnis Etrurse Ducibus — Quorum felii 
iaustusque adventus publicis fert rébus praesidium boni»- 
que artibus incrementum — Principis Senarum temi^i mar- 
morum pavimentum — a Domenico Beccafumi siogulari iià- 
raque arte sacris distinclum bistoriis — Tribus (Boeis tabulis 
cura suâ expressum, vulgata jam pridem l'jusdem tean^ 
orthographia, Lâelius Gosatti cum fratris filiis, IX. D. D^ 
anno 1739« Ces trois planches sont assez mal gravées, et peu 
dans la manière de Tauteur, qui n*est cependant e^mafale 
que par son goût de dessein, ^ui donne dans le Micbel Ax^; 
ce goût particulier ne se trouvaat point dans ces^estampes^ 
eUes u'onl de caérite que parce qu^elles<x)oservent une Klée 
de la disposition générale qu'on n'a pas attiramettt. 

COSSIN (louis). Son véritable nom éloit Coquin, et Ton a 
de ses gravures de Tan 1663, où il a écrit ainsi son nom; 
mais comme ce nom sonnoitmal et lui attiroit des brocards, 
il le changea en celui de Gossin, et depuis il a toujours été 
appelé de ce dernier nom. 

COSTA (lorenzo). Le GigU, auteur du poëme Trionfo délia 
Pittura, le range au nombre des peintres nés à Mantoue. 

COTELLE (jean) étoit de Meaux et peintre d'ometoens. Il a 
beaucoup travaillé pour Vouet. C'étoit alors la mode de 
peindre tout l'intérieur des maisons d'un peu d'importance, 
et d'en charger les plafonds, les lambris, les portes, etc., de 
compoffltioBsd'omemeBs. Quantité d'artistes s'étoleflt «onsa- 
crésà ce talent, qui n'étoit pas kit pourtour procurer un grand 



noai ; aussi soni-ilsaujourd'hui presque tous oubliés. On a uae 
suite de desseins de plafonds, ^rainé^ par Fr. de PotUy« d'à-* 
près JedD Gotelle, et Ton peut juger sur celle producUoa de 
ce qu'il étoit capable de foire dans le genre qu'U avoit wi«- 
brassé. J'ai copnu aon fils^ qui étoit un m^en tmiànm p^iiUre. 
Sur la fin de $a vie^ se trouvant m»i ouf raf(3, A i'étdi miaÀ 
faire de» desfiieiBs pour des graveur^ et mm ^gkt» lui «n # 
bit £aire beaucoup, qui sont ^r» venre>et d'tin^ (»ew)teur 
insupportable. Il éloit à Rom^e ea 1674^ à f f»eignrà le por«> 
trait de P. Sevin, qu'a gravé Vermeulen ; il y prend la qualité 
de Pictor parisiensii. 

COTIGNOLA^aiaoLAifo). L'éditeurderAbecedariopitlorino, 
'wj^imé h Napies, en 1733, avec qiielqiiies addittons, tait 
mention de ce peintre, qui étoit« dit^i, Napolitain, et florin 
fioit en 1513, et il cite deux de ses tableaui, qui sonrdMiB 
régUse du MontrOlivet, et dans celle de S. Anello« è Naples» 
C'est sans doute le même peintre dont Mahasia a fait mentioa, 
et dont il sera parlé ci-aprës (p. 256 dtf rAbêBâiario ém 
P. Orlandi)^ à l'article Girolanoo da GotignoU* Voir auquel 
des deux, du llalvasia ou de l'éditeur de l' Abecedario^ iauMl 
ajouter foi ? Le prenûer le fait onginaire deCûCignola« le second 
le dit Napolitain ; ce dernier ne me parait pas toujours eiadL 

COUDRAY (faAVçois). 11 y a de ses ouviages à &rmien, 0à 
il a travaillé pour le roi de Pologne, él«ecteur de Bas». 

GWRUN (iEAjf), peintre, né à Sens, nu)rt à Puria^ an 
J7529 graveur. 

CODUTOK (GUILLAUME), GugMoK) ûortese, s«nvant Tiii- 
6criptioo« qui est au pied du portrait de ce peint», queie 
sieur Pio avoit parmi ses dessins, et que j'ai retrouvé dlans la 



20 

collection de M- Crozat ; il est né en Bourgogne, en 1625, et 
est mort à Rome, en 1686. — Ces dates sont fausses; Guil- 
laume Courtois est né en 1628, et mort en 1679 ; son épi- 
taphe, rapportée par le Pascoli, 1, 152, y est formelle. 

— La Résurrection de Lazare, gravé par Guil. Courtois, 
d'après le Tintoret. Ce Courtois est frère de celui que l'on ap- 
pelle le Bourguignon ; son nom n'est pas à cette pièce, mais 
on apprend qu'elle est de luy dans le catalogue de Rossi, 
p. 75. Gio. Giacomo Rossi farmis Romœ. 

COURTOIS (Jacques), Padre Giacomo Cortesi. M. Crozat 
avoit son portrait dessiné qui lui venoit du S' Pio, et suivant 
l'inscription qui y est jointe, ce fameux peintre de batailles est 
né en 1622 et est mort le 22 novembre 1683. — Il naquit 
en 1621 à Saint-Hippolyte , près de Besançon , et il mourut à 
Rome d'une attaque d'apoplexie, le 14 novembre 1676. Voyez 
sa vie dans le tome 3 du Recueil des Portraits des Peintres 
peints par eux-mêmes , de la galerie de Florence. Il s'en faut 
tenir à cette dernière date, elle est certaine. 

— Les soixante et douze petits dessins ci-dessus formoient 
un livret, dans lequel le Bourguignon disposoit les premières 
pensées de ses tableaux, avec un esprit et une intelligence 
dont il n'y a guères que lui qui fût capable; le Bellori l'acheta 
des pères jésuites du collège Romain, après la mort de l'au- 
teur, soixante et dix écus romains (Cat. Crozat, p. 29). 

— Outre quelques planches de bataille qu'a gravées leBour- 
guignon, frère de Jacques Courtois, il y a dans le second vo- 
lume de l'Histoire des guerres des Pays-Bas de Fab. Strada 
quatre planches qu'il a gravées à l'eau-lorte, sur ses dessins, 
et qui doivent avoir été exécutées par lui vers l'année 1647. 
Dans le même volume il s'en trouve deux qu'a gravées Coli- 
gnon sur les dessins de Michel-Ange Cerquozzi, surnommé 
des Batailles. 



21 

COURTOIS ( PIERRE FRANÇOIS), graveur, mort à Rochefori, 
a gravé d'après Annibal. 

COUSIN (jean), Sénonois, maître peintre à Paris ; ce sont 
les qualités qu'il prend à la tête de son livre de perspective, 
imprimé à Paris en 1560 in-^ ; il devoit être suivi d'une 
seconde partie en laquelle auroient été représentées les figu' 
res de Um$ corps, même personnages, arbres, paysages, etc. 
Elle n'a jamais paru. J. Cousin étoit savant dans la science 
des raccourcis, il en avoit lait une étude particulière ; cela 
paroit par la planche gravée en bois qui sert de frontispice à 
son traité de perspective. On y voit des figures d'hommes vues 
en raccourci en diverses positions; le dessin en est correct, 
mais il y a de la sécheresse, et le goût n'en est pas exquis. 
On y peut prendre une idée fort juste de la manière de dessi- 
ner de ce peintre, qui, vivant avec le Prima tice, auroit dû, ce 
semble, sacrifier comme lui aux Gr&ceset mettre plus de sou« 
plesse dans ses figures. — Il faut s'en tenir à ce qu'a écrit Fé- 
libien sur l'âge et le temps de la mort de J. Cousin, qu'il vi- 
voit en 1589, et qu'il est mort fort âgé. Les dates, données 
par Dandré Bardon, dans sa Notice dts peintres françois, sont 
absolument fausses. 

COUSTOU (GUILLAUME), mort à Paris le 22 février 1746, 
âgé de 69 ans. Il étoit habile homme ; mais il s'en falloit 
beaucoup, à mon avis , qu'il le fût autant que son frère atpé. 
Son dernier ouvrage sont les deux chevaux qui se voyent à 
Marly . Sa statue d'Hyppomène et celle de Daphné dans les 
jardins de Marly faites en 1712 sont des plus belles choses 
que j'aye vues de Coustou le jeune. Quelques tracasseries 
l'empêchèrent de jouir d'une place de pensionnaire dans 
l'Académie que le roi entretient à Rome. Il fut donc obligé de 
travailler dans cette ville pour y vivre, et, comme il se vit à 



réfroif, nèunî mr \s poio! depiMerè C<N»fmtiMpleef d^en 
faire la folie, lorsque Frémin, son ami, Tînl à son secofM et 
Fen détourna. Il entra chez M. Le Gros, et, pendant qu'il y 
ftA, il tratarlla, soi» sa condaite et d'après sod nodèl^, au 
bas^relief dt satnf Loim de Gonzagae, qui est dans Féglisede 
Sarrrrt-^IgDaee. CTestoît me bonne école. M. Boochardon a (rah 
vaîHé sons hri, et M hit est ftjrt honord[4ed*ayocr eoBtnboé i 
former imlel hoiftme. 

GOUSTOV (niMuis) est im des meilleurs seulptéws que bf 
Frafioe* aM eus. H fat Filèfe de CojzeToz, son oncle, et ne le 
fût jamais du Bemin ; lorsqu'il vint è Rome, ce fametnt sCHlp- 
teur tfj ftoil plus. Coustoa se contenta d'être radmrrateur 
de ^tdfi oumiges sansf s'e» rendre trop Fimilatewr et fesclave. 
lî se fit doe mamère qin ne sort point assez de goAt français, 
ef c'est on reproche à lui foire. Car avec du goût, de la cor- 
rartten ef m» beau foire, sa sculpture n'a rien de grand ni de' 
pfqtiâiit, âttcude étmceile dé ce fert qui caractérise le ciseau 
itaft'eo. On admire atéc raison la figure d'un berger qui est 
daûs ïes jardhïs^des Thoilleries ; c'est un excellent morceau fait 
en 1710. On trouvera le détail de ses ouvrages dans sa vie 
qui a été écrite par M. de Contamine (1). J'ai md-même écrit 
quelque part ce que je pensois des deux ûgures de chasseurs 
qtfî àônt à Sïâfrff , et qui, faites en lYW, servirent à Aabfir la 
réputation de Cônstou. Sdiv ehef-<rceutre es!, à ce qt/on pré- 
tend, sa figure d'^ApalToff , qtri est de Tannée 1714f, et qui est 
est encore tm des ornements des jardins de Marly . Je n'estime 
paà moins le beau groupé, où la Sehi© et la Marne sont repté*' 



(f )■ Efôjfer hlstértcpie de M. Cdustotl, rafrté... âucpïel ôil af jôiût 
d€8 desei^iitvQDtf faibonnées doquel(|aes^euviftiges de peintoreet 
de»cuiplure (par M. Cousin de Conlamiae), Paris, 1737, in-12 de 
ïtt pages. Lés déàériptioâs sé rUppûrienC à Bofnsseau et à Lanci'et. 



23 

jcirtées avec deux entente, un cygne et d'autres attributs mer- 
fBBteasement bien exprimés. Jenele voispointauxThuilleries 
ans en être frappé d'admiration. En 16Sr, au retour de 
Rome, ah iï demeOTa pensionnaire pendant trois ans à l'Aca- 
déffiie que le rw y entretient, il s'arrêta pendant dix-hufl 
nwwp à Lyon, et Ymt prendre un établissement à Paris et ftrt 
reçu acadëfflicieiï en 1693, et, après avoir passé par les prin- 
cipafes places dans te corps académique et avoir fourni pen- 
dant près de soixante ans tm nombre infini d'ouvrages, ri 
wonnit le 1^» may 1733, âgé de 75 ans et 4 mois. l\ étoit né 
à Lyon le 9 janvier 1658'. Il partagea assez souvent avec son 
frère cadet tes ouvrages qu'il avoft à faire pour le roi ; mais 
cdui-^ lui demeura fort inférieur. Il profita, àfttmortde 
son fipfee, de ce que cehii-ci avoft amassé à la sueur de son 
fttwf, elnedut poinft trouver matrvais qu'il ne se lût pas maritf. 

COUVAIT f JBAW). Saint Kerte, se repentant d*avoir renié 
Jé9Bi-€hrist , d'après CI. Vignon : dédiéparCtotnray a Clawde 
Vignon; la dédicace est en italien. Vignon ^ Giartres et plu- 
sieurs autres de la même clique, qui avoient voyagé en Italie, 
avoîent mis sur te pied de ne s'écrire qu'en italien, Couvay 
»'a^i4 pouf tant pas «leoce élé en Ita^. C'est une et 9tê 
meîDettres pièces. 

CJOTPEL (!fOËL), J*ay toupwrs ony dire que Noël Coypd 
étoit d'Ortéans; l'on m'avcnt trompé; Ck>ypel étoil de Paria; 
IMHS son père ét«n! allé demeurer à Orléans, il f avoit été 
élevé.— Étante Borne, ilfutadmis dans l'Académie deSaint- 
tac, le 13 avril 1673. Son nom est inscrit dans le Catalogue 
des membres de cette Académie , mais mal orthographié^ 
enr OB a assez de peine à le reeonnoltre sous ce noBî, tel qu'B 
e^ lmprimé»Nat4te Cohibel ; et c'est ainsi que les Italien» dér 
figurent les noms des étrangers qu'ils ont peine à jatwwnoen 



24 

— Noël Coypel , natif de Paris, après avoir peint pendant 
longtemps avec réputation dans les maisons royales, fut choisi 
par le roy de France pour remplir la place de directeur de 
l'Académie royale de peinture établie à Rome, Il soutint ce 
poste avec éclat; et en étant de retour, il lut encore éleu di- 
recteur de l'Académie de Paris. Ses tableaux étoient dessinés 
avec correction ; c'étoit la partie de la peinture qu'il avoit le 
plus cultivée. Ceux qu'il fit pour le roy, étant à Rome, luy fi- 
rent honneur , et hirent regardés avec estime par les Italiens 
mesmes , si réservés d'ailleurs sur les louanges. Il continua, 
le reste de sa vie, qui fut assez longue, à travailler presque 
toujours pour le roy, et à former dans la peinture son fils 
Antoine Coypel, qui y avoit d'heureuses dispositions, et il fi- 
nit sa carrière avec la réputation d'un homme qui joignoità 
beaucoup de capacité des mœurs très-pures et une grande 
probité. 

a — Noël Coypel (1), le premier de tous ceux de ce nom 
« qui s'est adonné à la peinture, étoit fils de Guyon Coypel, 



(i) Cette notice, publiée dans le recueil des Amusements du 
cœur et de Tesprit (XI, i48-55), n'est pas de Mariette ; mais elle a 
été copiée par lui avec le plus grand soin, pour figurer dans ses 
notes, et c'est à ce titre que nous pouvons donner ce document 
trés-curieux et peu connu. Le renvoi au 8" volume du même re- 
cueil donne le nom de son auteur; car, en y recourant ^p. 289-349), 
on trouve une lettre à M. P. (Philippe de Prëtot), l'éditeur du recueil, 
signée Caresme et datée aussi de Versailles, le 22 octobre 1740, 
par laquelle il lui envoie un dialogue de Coypel sur le coloris, en 
rappelant combien il serait coupable comme gendre de ce grand 
homme^ s'il gardait pour lui seul ce morceau. Cette phrase, rappro- 
chée des mois d'un préambule retranché par Mariette : « Ma garan- 
tie en celte rencontre vaut bien celle d'un autre, ayant épousé une 
des filles de i'illusire artiste dont il s'agit » montre bien que Ca- 
resme est l'auteur de celte vie de Noël Coypel. — A la suite vient la 
conférence (p. 455 72), et à celle-là il faut lire : H. Teslelin et non pas 
de H. Seslelin^ le nom mis à la suite de la mention Prononcé par 
M. Coypel en l'assemblée du premier femier 1670, qui accompagne 
U conférence de Coypel. 



25 

« cadet d'une famille de Cherbourg en Normandie. Il naquit 
a à Paris le 25 décembre 1628. Les grands lalents qu'il de- 
a voit faire briller un jour éloient pour ainsi dire esquissés 
« en lui dès sa première jeunesse ; et, démêlant dans les com- 
« positions de cet âge tendre la haute renommée où il devoit 
« atteindre dans la suite , ses parents le laissèrent se livrer à 
a son goût. Il prit les éléments de son art chez un nommé 
a Guillerié, qui seroit peut-être moins connu, si l'élève n'eût 
a illustré le maître. Ses progrès furent rapides. Il n'avoit en- 
« core que dix -huit ans, lorsqu'en 1646 il fut agréé pour tra- 
a vailler, à la journée du roy, aux décorations qu'on prépa- 
et roil alors pour l'opéra d'Orphée. Depuis ce temps-là il fut 
« presque toujours employé aux ouvrages des maisons 
« royales. En 1655, il lit plusieurs tableaux au Louvre, dans 
a Toratoire et dans la chambre de Sa Majesté. Il orna aussi de 
« ses ouvrages l'appartement de M. le cardinal Mazarin. Ce 
a fut encore lui qui, au temps du mariage de Louis XIV, 
« peignit , dans le même château , tous les tableaux du pla- 
« fond de l'appartement de la reyne, ceux de la magnifique 
« salle des Machines du palais des Tuilleries, plusieurs mor- 
« ceaux de l'appartement de la reyne-mère à Fontainebleau 
a et chez Monsieur, frère unique du Roy. 

a Quoyqu'il se fût présenté , dès le 6 septembre 1659 , à 
a l'Académie de peinture, quin'étoit établie quedepuis 1648, 
« comme il étoit alors très dignement occupé aux ouvrages 
« du roy, pour lequel il travailloit sans relâche , il différa sa 
« réception jusqu'au 31 mars 1663. Mais ce ne fut que long- 
« temps après qu'il offrit à cette célèbre compagnie son ta- 
a bleau du meurtre d'Abel par Gain, qui fut reçu avec de 
« grandes marques d'estime et de reconnoissance; aussi n'é- 
« toit-ce point encore un tribut , c'étoit un présent qui avoit 
« tout le mérite de la générosité. En 1660, il fit orner, sur 
a ses desseins , l'appartement de Sa Majesté, aux Thuilleries, 



98 

« Bn i474r el h Fâge de 4» att^, !e roy, après Itri avoir «ssi- 
«r gnë uû logement aux galeries du Louvre, le nomma, sous 
flf la suf-iRtendanee de M. Colbert , dwecfetir de FAcadétnie 
<r de Rome, dont l'établissement, eommfencépar M. Errard, 
er n'étoit point encore à la perfection. Dans cette place il fit 
9 beaucoup dTwmaeur h la nation françotse, et il s^acqait 
a Testime et Taffection des Italiens qui ne Toai point encore 
« oublié. Pendant sondrrectorat, il fit cinq tabJeauï, qui or- 
or nent la saile des gardes de la reyne à Versailles. Ce sont 
a tous Givrages d'une rare excellence, dignes des plus grands 
<r maîtres et de l'admiration de la postérité. 

« Le 13 août I69&, après la mort de M. Mignard, le roy 
ff (qui h cause des guerres avoit diminué plusieurs dépenses 
4F et parmi eeîa retranché le titre de premier peintre), fit 
<f rboûneuf à Noël Goypel de le nommer directeur perpétuel 
« de FAcadémie, ef de lui assigner la pension de mille écus. 
« L'Académie témoigna combien elle étoit satisfaite de ce 
<r ch(Mxpar une députation qu'elle fit faire au directeur, qui 
* remplit ee poste important avec une approbation unanime. 
<r Enfin, âgé de T7 ans, il peignit deux grands morceaux qui 
4 sont au-dessus de l'autel des Invalides, et (jui représentent 
a l'Assomption de la Tierge, et deax ans après, il mourut en 
cf ITW, à pareil îour que celuy de sa nabsance. 

tf ïl avoit été marié deux fois», la première en 1657 avec 
<r Magdelaine Hérault, femme d'une grande piété et qui s'est 
^ distîftguée dans la peinture. Ils n'eurent d'enfant qu'An toine 
<r Coypel , qui a été premier peintre du rorf. Le dôme de la 
«r ChapeKe de Versailles et ta galerie de l'Enéide au Falais- 
^ Royal , qui sont de sa main , sans compter ses autres œu- 
<r vres, liiy ont acquis une réputation justement méritée. Ce 
cf grand peintre épousa Jeanne Bidault dont il eut Charles- 
or Antoine et Philippe Coypel, tous les deux actuellement vi- 
« vants. Le premier, dont je ne taî» les grands éloges qui hjy 



« soiif dus qm par coifiplaisatïce pour sa modestie, a été 
a nommé, encore forl jeane, professeur de f Académie 
d royale , et soutient dignemem la réputation de ses pères, 
a L'autre n'» point suivi cet art, et remplit une.charge à la 
or cour. Après la mort de Madeleine Hérault, Noël Coypel se 
a remaria en 1085 à Anne Françoise Perrin , en qui les dons 
a de Tesprit égaloient les agrémens de la figure. Alliée de 
a près à la famille des Boulognes, et destinée à entrer dans 
« celle des Cojpels, la nature, attentive, l'avoit prudemment 
a douée de talens qui pussent faire honneur à l'art dans le^ 
<r quel ces noms se sont rendus si fameux. Elle le cuttivoit 
ff avec succès. De ces secondes nopces naquirent quatre en- 
« fants, scavoir : 

ff Anne-Frafiçoise, maintenan! veure de François Dumont» 
<r sculpteur du roy, mort à l'âge de 36 ans en réputati» 
a d'un excellent artiste ; 

« Noël-Nicolas, doiït nous avons inséré un crayon dé sa 
a vie (Jans le 8® volume , et qui n'a pas moins travaillé pour 
<r rimoïortaiité que tous les autres de son sang. Il est mort 
a sans postérité ;; 

« Charlotte-Caitherine , qui n'a point pris d'alliance , et 
(T FrîafWÇOiseEfliée, que j'ai épousée. 

« eetle fîOffibreiïse famille, non plus que le poids de l'âge, 
a n'avoit rien altéré h la beauté du génie ni à l'excellence du 
<r pinceau de Noël Coypel ; c'est ce qu'on a remarqué dans 
<r les lieux saints, dans les maisons royales, dans les cabinets 
a des personnes du premier raiig et des connaisseurs les 
« plus délicats, où ses tableaux de tous les âges sont honora- 
« blemenl placés, et singulièrement , comme je Tay déjà dit, 
of dans tes deux morceaux à fresque qu'il a peints aux Inva- 
« fûtes (fcux ans avant sa mort. Il a fait voir constamment 
«f dans toute» ses œuvres que Fhistoire sacrée e! profane lui 
a étoient égafenîent familières; qu'il possédcrit dans leur 



28 

a point de perfection la perspective et Tanatomie, et qu'il 

a avoit une correction de dessin toute particulière; aussi, 

a pour le distinguer de ses enfants, on le nommoit commu- 

<i nénaent parmi les amateurs Coypel le Poussin. Mais qui 

« s'étonnera de cela après la lecture de ses Conférences, dans 

a lesquelles il n'est pas possible de prendre une autre idée 

a de lui que celle d'un des plus grands maîtres? » 

COYPEL (ANTOINE) Comme TOrlandi imprima : Dipinse la 
voUa délia capella di Versailles e quella di Samam, Mariette 
ajoute : Il faut lire : E due quadri, cioe la Resurrectione al- 
l'altare maggiore et l'Annunciazione, nella capella del palazzo 
reale di Meudon. M. Coypel a peint encore plusieurs lableaux 
dans les appartements de cette maison royale, qui tous ont été 
gravés : Alceste rendu à Admète , les Forges de Lemnos , Si- 
lène surpris par la nymphe Églé, et deux sujets de la fable 
de Psyché. — Mort en 1722 âgé de 61 ans. 

— Apollon sur le Parnasse au milieu des Muses , inventé 
par Ant. Coypel, et gravé à l'eau-forte par M. le duc de Bour- 
gogne. Je tiens cette particularité de M. Coypel. 

— Alexandre offrant sa couronne à la belle Roxane dont il 
est devenu amoureux, peint par Ant. Coypel, pour estre exé- 
cuté en tapisserie pour le roy, d'après les desseins de Raphaël 
d'Urbin , que ce scavant peintre avoit fait sur la description 
d'un tableau d'Aëtion donné par Lucien. Ant. Coypel, en 
suivant ce dessein de Raphaël y a adjoulé de son invention 
divers ornements pour rendre la tapisserie plus riche. L'es- 
tampe a été gravée par F. la Cave , sous la conduitte de Ber- 
nard Picart. 

— Portraits des ambassadeurs du royaume de Maroc venus 
en France en 1689, en demy-corps, gravés par Ant. Trou- 
vain. Ils sont représentés dans une loge de l'Opéra ou de la 
Comédie. M. Coypel les y dessina pendant ce spectacle. 



î>9 

GOYPEL (NOEL-NicoLAs), fils de Noël Goypel, d'un second 
lit , perdit son père dans un âge tendre ; mais Tamour qu'il 
avoit pour la peinture et les heureux talens qu'il avoil ap- 
portés en naissant suppléèrent en quelque façon aux instruc- 
tions utiles qu'il auroit pu espérer de la part de son père. Il 
étudia sa profession avec un zèle et une assiduité surprenan- 
tes, et dans tout le cours de sa vie il témoigna une grande 
ardeur pour le dessin. 11 n'est donc pas étonnant qu'ayant 
vécu dans ces principes, il se trouve dans ses ouvrages tant 
de sagesse et de correction. Loin de se laisser entraîner à un 
certain libertinage, dont le faux brillant séduit quelquefois et 
qu'il voyoit effectivement applaudi dans quelques-uns de ses 
contemporains, il fut toujours pour ainsi dire en garde de 
ce côté-là contre lui-même et ne laissa rien sortir de ses mains 
qui ne fût très-épuré. Un des premiers morceaux qui servit 
à le faire connoître fut un tableau représentant le Triomphe 
de Galathée ou d'Amphithrite ou la Naissance de Vénus, qu'il 
exposa dans la galerie du Louvre en 1727, à l'occasion d'une 
concurrence qui fut proposée aux principaux peintres de l'A- 
cadémie. M. Le Moine et M. de Troy eurent le prix, et l'on 
De peut disconvenir qu'ils en étoient très-dignes. M. Charles 
Coypel reçut aussi une marque de distinction : le roy prit son 
tableau ; mais y avoit-il de la justice à laisser, comme on fit, 
l'ouvrage de M. Noël-Nicolas Goypel sans aucune récom- 
pense? Le public scut l'apprécier à sa juste valeur. N'ayant 
là-dessus qu'une seule voix, tout le monde le regarda avec 
une admiration mêlée d'étonnement, et l'on plaignit l'auteur 
en secret de n'avoir personne auprès du ministre qui fît sen- 
tir la force de ses talents. M. Goypel ne se découragea pas 
pour cela; bien au contraire, il redoubla son travail, et 
comme il n'avoit rien plus à cœur que de se faire connoître 
par quelque ouvrage public, il saisit en 17.. l'occasion 
qui se présenta de peindre la chapelle de la sainte Vierge, 



30 

dans réglise de Saint-Sauveur de Paris. Il convint avec les 
marguilliers d'un prix fort médiocre, sans quoi ils D'auroieat 
pu se résoudre à lui laisser fournir une carrière si Uofiorable* 
L'ouvi^age augmenta sous sa main ; il devint plus considàcabte 
qu'il m pensoit. Il crut par là être autorisé à changer ses en- 
gagements, ce qui fut la matière d'un procès qui fut d'autafit 
plus chagrinant pour un artiste tel que luy, que la procédure 
jxe marche guères volontiers avec les arts. Quoi qu'il ea soit, 
ce morceau de peinture lui ût honneur , surtout le morceau 
jpeiol dans la calotte de la voûte; car l'on crat trouvera rer 
dire, dans le reste, de ce qu'il avoit marié avec la peintu^ 
plate des figures de relief coloriées, et bien des gens se cm»- 
rent autorisés à le blâmer de celte licence, en même tempe 
qu'ils lui rendoient cette justice qu'il y avoit dans tout ce 
morceau bien des grâces et beaucoup de justesse de dessin; 
car pour la partie du coloris, ce n'étoit pas la partie de la pein- 
ture qu'il possédoit dans un plus éminent degré, quoiqu'il eût 
un pinceau très-agréable. 11 peignoit aussi parfaitement bien au 
pastel. Il a fait dans ce genre plusieurs portraits très-esUmés. 
JQjâoilde l'Académiede peinture,etyexerçoit l'emploi d'adjoint 
à professeur, lorsqu'il mourut le 14 décembre 1734, âgé d'en- 
viron 43 ans. Il a été enterré dans Téglise Saint-G^main- 
TAuxerrois. — Il étoit né en 1692. 

GOYPEL (CHARLES), fils d'Antoine Goypel, naquit à Paris en 
1694, et est mort de la petite vérole en 1752. -- Il est fils et dis- 
ciple d'AntoineCoypel. Ses qualités du cx^eur et de l'esprit le ren- 
dirent infiniment agréable et cher à ses amis. Il en avoit beau- 
coup qui tous étoient des personnes distinguées, soit par leur 
naissance, soit par leurs talents ; on se réunissoit chez lui et 
Ton y trouvoit la meilleure compagnie. Il écrivoit fort bien, 
il faisoit joliment des vers. Il a laissé un nombre de comédies 
dont les s\^ets sont à lui» et qui pourroieût tigurer av^c nos 



^1 

meilleures pièces, s*il y avoit plus d'ioJétèi, et ai les caraclèi^ 
eo étoieat mwis chargés. Ce défaut avoit passé jusque 4aA» 
sestaUeaux; il le tenoit de soa père« qui lui-mêoiie avxûi 
oulfé les cacactères qu'il avoit jugé à propos 4e 4owar à m» 
figures. Sou fils rendàér it sur lui ; il alla cberobex^as oiodèto 
d'attitude et d'espres»0Q sur le théâtre^ et il jo'y trouva» 
mâoQC dans le jeu des meilleurs .actcur&, que 4es ^rioiacâ», 
des jLJtUtudes forcées^ des traits d'^xpressiou isiriaAgéà M9^ 
art,«t x)ù les seutioieats de rame (U'oatijAmaiis aucune parJU 
U eu sxsci^ que notre peintœ 4ie put jamaji^ meitce 4e aajk 
yieHé tt de iijiaturel dans ses tableaux* et le maiheur youlotf 
qu'ils 4sa eusseat plus besoin >que oeuKides autres peiatce^; 
car GûmiBe il neinanquoit ni d'esprit ni d'ioi^^ginatiao, Am 
cbuisisftoit ,guère «que 4es «ijyets chargés 4'espf:eigfiioDsu 4jQtt<- 
tez À 4}fila qu'iapplaudi de itrop bonne heui e «ur des produo 
tions Jûà ie.génie {)arçoit, il^n'a^voit $»as assez oonou .te aéoei»*' 
fiiié d'étudier d'aprèsoiatureu 41 s^étc^itl&it unee^pè^e de coiMw 
qui s'était ^con^iitie en manièife^ ffSi qui lui iai^it envisager 
tout sous Je xuâKue point 4e vue. Lui falloit*il iaire^quelqu'^- 
tade 4'^rès le modèle, on auioit dit qu'il raMoit t'Aite4'.H^ 
venUon ou 4'apFès quelques dénuées de rson j)àre« Il entroit 
iort souyfint dans ses compositions 4es figures de femia^ éi 
des enfants; il n'en dessina jamais au naturel. Son coloris 
ne fut j>as plus vrai ; il ne se soutint qu'A ^la faveur de^ 
sujets qu'il choijsissoit en homme d'esprit. Jaloux de r«e fai^ge 
un nom dans un art qu'il aimoit véritablement et qu'il exerçoit 
Boblement, il fit en 17.. un très-grand tableau représentant 
Jésus-Christ montré au peuple par Pilate, qui, pendant plu- 
sieurs annëesyca ^tapissé. toute ;une lace de l'église desj^rôti^ 
ie r^raterre, Fue Saint-iHonopë, auxquels il en-avoit fait pré- 
sent. ;il s'y 4onna J^eaueoup de peine, il y mit tout ce qu'U 
«avwi iàm ; xse Habienu n'eut cependant qu'une assez mé- 
diocre réusiûtc^>ôtl(Ksgu'iQnj;a.6té de l!^;li^^îird^ptti&«W 



32 

achèvement, il n'y avoit plus de place pour le recevoir, on 
n'a pas paru être beaucoup inquiet sur ce qu'il deviendroit. 
Ses tableaux du roman de Don Quichotte mis en tapisseries 
eurent plus de succès; il étoit davantage à sa place en les fai- 
sant. Il a peint les portraits tant à l'huile qu'au pastel de 
beaucoup de ses amis. M. le duc d'Orléans, fils du régent, 
lui avoit accordé la place de son premier peintre, et il s'étoit 
fait son disciple. Lorsque M. deTournehem eut celle de direc- 
leur général des bâtiments, il se reposa sur M. Goypel de la 
partie qui regardoit la peinture ; et il faut lui rendre cette 
justice que personne ne s'en acquitta mieux que lui. Unique- 
ment occupé de faire le bien de ses confrères, il ne parla que 
pour eux. 11 n'en fut aucun auquel il ne rendît des services, 
quoiqu'il dût savoir que presqu'aucun ne l'aimoil, et que tous 
le critiquoient et le regardoient comme un peintre assez mé- 
diocre. Ce fut lui qui imagina l'établissement de l'école aca- 
démique des élèves protégés par le roi. On ne peut que louer 
son zèle; mais dire que l'établissement soit utile et bon, c'est 
autre chose ; le temps l'apprendra. Il est mort premier pein- 
tre du Roi et directeur de l'Académie , qui avoit besoin qu'il 
se mît à sa tête pour la soutenir et y remettre l'ordre que la 
jalousie de certains membres commençoit à en bannir. — 
Voyez l'éloge que j'ai fait de son cabinet à la tête du cata- 
logue qui a en été imprimé en 1753, pour en indiquer la 
vente (1). 



(l)En voici le titre : « Catalogue des tableaux, desseins, marbres, 
bronzes, modèles, estampes et planches gravées, ainsi que des bi- 
joux, porcelaines et autres curiohiiés de prix, du cabinet de feu 
H. Coypel, premier peintre du Roi et de Monseigneur le duc d'Or- 
léans, et directeur de TAcadémie royale de Peinture et de Sculp- 
ture. Paris, 1753. » — Nous en donnons C Avertissement où Ton 
trouve en effet sur le fils et héritier des titres d'Antoine Goypel, 
d'intéressants détails pleins de cœur et de convenance. 



n 

— Les cabinets de tableaux , de sculptures, de dessins, de 
toutes les curiosités de goût, que les gens de TArt rassem- 
blent pour leur propre satisfaction et pour leur usage parti- 
culier , ne sont ordinairement ni les plus nombreux , ni les 
plus considérables , si Ton en juge par la valeur intrinsèque 
des choses qui les composent : mais ces collections ont aussi 
presque toujours l'avantage d'être les mieux choisies , et de 
ne présenter rien de trop foible ni de trop équivoque. Il est 
rare de s'égarer quand on se gouverne par de bons et de sûrs 
principes, et il seroit encore plus singulier que quelqu'un 
qui a fait sur l'art qu'il professe de sérieuses études , qui l'a 
médité, qui l'a approfondi, y fût moins versé qu'un simple 
amateur , et moins en état d'en goûter les productions et de 
les apprécier à leur juste valeur. Affranchis de la tyrannie 
qu'exercent sur la plupart des hommes la mode et le caprice, 
les artistes n'ont les yeux ouverts que pour ce qui porte avec 
soi le véritable caractère du beau ; ils mc^^prisent ce qui n'en 
a que les dehors, et se gardent bien d'accorder leur suffrage 
à des ouvrages qui n'ont d*<iu(re mérite que dans une opinion 
aussi peu durable qu'elle est arbitraire. 

Cette classe de curieux n'a point la folle vanité de concou- 
rir avec les Rois, ni avec les favoris de la fortune : les facultés 
des artistes ne leur permettent pas de prendre un si haut vol. 
On ne trouvera point chez eux de ces vastes et magnifiques 
galeries meublées d'une multitude innombrable de tableaux 
achetés des prix excessifs, ni de ces curiosités rares et uni- 
ques, à la possession desquelles les particuliers ne doivent 
point prétendre ; mais on verra entre leurs mains des mor- 
ceaux piquants pour l'effet, des morceaux étudiés et savants, 
des pièces de comparaison qui donnent le ton de la connois- 
sance, et qui apprennent à distinguer les manières et à ran- 
ger chaque chose dans la classe et dans le rang qui lui ap- 
partient. Qu'une honnête fortune seconde les vues de l'artiste, 
T. n. c 



34 

sa collection s'enrichira de ce qu'il y a de meilleur : il y en 
aura peu d'aussi parfaite, ni d'aussi instructive. 

On ne se rappelle point le cabinet ques*étoil fait le célèbre 
Bubens , sans se former aussitôt Tidée du plus précieux as- 
semblage qui fût jamais, et du séjour le plus délicieux et le 
plus digne d'être occupé par un peintre et un homme de let- 
tres tel que lui. Nous ne faisons point cette réflexion dans la 
vue d'aucune application ni pour avoir occasion de mettre en 
parallèle ce grand homme avec feu M. Coypel ; mais de la fa- 
çon toute naturelle dont les choses se présentent, pouvons- 
nous empêcher que le cabinet de l'un et de l'autre n'ait élé 
également paré de tout ce que l'art offre de plus accompli, ni 
qu'il ait été le rendez-vous des personnes du premier rang, 
et d'une infinité de gens distingués par l'étendue de leur 
scavoir et de leurs connoissances? Interrogez-les sur les motife 
de leurs fréquentes visites, ils diront qu'ils sont venus cher- 
cher l'homme de bien, l'homme d'esprit et de talents, s'ins- 
truire avec lui, apprendre à être vertueux comme lui. 

Avec quelle satisfaction ne se rassembloit-on pas, en effet, 
auprès de l'illustre mort que nous regrettons I soit qu'après 
avoir déployé ses propres richesses, il ouvrît les porte-feuilles 
de desseins, dont le roi lui avoit confié la garde, et que, les 
accompagnant de ses judicieuses observations, il fît naître 
dans les spectateurs l'estime et la vénération dont il étoit pé- 
nétré lui-même pour ces excellentes productions de l'art, 
soit qu'une autre société le retînt, et qu'il fît en sa présence 
la lecture touchante de ces aimables pièces de théâtre où les 
Grâces se montrent avec tant de décence , et où il est permis 
à la Sagesse de dicter d'util(3S leçons ; ce n' étoit point sans 
violence qu'on s'arrachoit d'un lieu si charmant : on n'en 
sortoit qu'avec regret, et soutenu de l'espérance de voir re- 
nouveller bientôt le même plaisir. 

Pour lui, il ne perdoil rien à se retrouver seul, et le plus 



S5^ 

tôt qu'il le pouvoit, fl rentroit dans rexercioe de ses fonctions, 
employant ses heures de loisirs à sacrifier aux Muses , et te 
temps que lui laissoient les devoirs indispensables de sft 
Ifdace, à penser et à exécuter des tableaux dont les sqets, 
toujours ingénieux et bien pris, étoient sûrs de plaire, et 
donnoient les preuves les plus eomplettes de la Mconditë et 
delà délicatesse de son heureux génie. Ëq y travaillant, il y. 
apportoit la même attention, la même craiQleque s'il eût été 
véritablement traduit au tribunal d<» juges sévères et inexora- 
bles qui, les yeux levés sur lui, ne dussent lui pardonner au- 
cune faute. Car c*étoil dans ce point de vue qu'il étoil accou- 
tumé de regarder les ouvrages des grands maîtres do»t il étoit 
environné. C'étoient là ses oracles; il les consulloit à chaque 
instant, et, comme les demandes éloient sincères, tes réponses 
étoient claires et favorables. 

Celte ccHiduite étoit la même qu'a voit tenue autrefois 
M. Antoine Coypel , son illustre père. Ce peintre éclairé 
et d'une expérience consommée avoit éprouvé plus d'une fois 
qu'il n'en faut pas davantage pour animer et soutenir un 
beau génie ; et, lorsque la mort nous l'enleva, le digne héri- 
tier de ses sentiments ne désira rien avec plus d'ardeur que? 
de pouvoir conserver en entier un cabinet si prédeux et sf 
abondant en ressources. Il lui donna la préférence sur d'au- 
tres biens plus fructueux et plus solide* e» apparence, mai* 
incapables de lui causer le même plaisir, ni de lui procurer 
les mêmes avantages. Il fit tomber cette porticm de l'héritage 
dans son lot, et l'ayant considérablement accrue dans la suite, 
il l'a portée bien au delà de ses espérances. 

Nous en donnons une notice des plus succinctes, dans te- 
quelle nous nous contentons à chaque article d'exposer le su- 
jet, de donner des dimensions et de fixer le plus sincèrement 
qu'il nous a été possible le nom de l'atiteur. Nous bou§ sommes 
appliqué* surtout à y mettre de l'ordre, et à ïevef p« ce 



36 

moyen tout obstacle qui auroit pu retarder la vente et dé- 
goûter les acheteurs. Nous leur ferons observer que presque 
tous les tableaux sont renfermés dans des bordures , que les 
mesures sont prises sur le tableau même, et que les morceaux 
sur lesquels on n'a rien spécifié sont peints sur toile. Nous 
nous croyons aussi obligés de prévenir ici la surprise où l'on 
pourra être de ne trouver dans celte vente qu'un très-petit 
nombre de dessins de feu M. Coypel, et de ce que les estampes 
se réduisent presque aux seules œuvres de Bubens , de Rem- 
brandt et de Silvestre. 11 y en devroit avoir beaucoup davan- 
tage ; mais ces estampes, ainsi que les livres de M. Coypel et 
les desseins de sa propre main, ont été légués par lui à des 
personnes qu'il aimoit, et auxquelles il a voulu laisser cette 
marque de tendresse. 

A cette préface nous ajouterons une note d'une écriture con- 
temporaine qui se trouve sur V exemplaire du catalogue de cette 
vente conservé au cabinet des Estampes, Yd. 20. 

ce C'est M. Mariette qui a fait le catalogue. — Il n'y avoit 
a de vrais dessins de Raphaël dans cette vente que les deux 
« retenus par le roy, qui sont N.-S. qui présente ses clefs à 
« saint Pierre , et saint Paul prêchant à la porte du temple, 
a On a demandé audit sieur Mariette pourquoi il avoit mis 
a dans son catalogue que tels ou tels dessins étoient de Ra- 
a phaël? il a répondu que, M. Coypel étant de ses amis, iln'a- 
a voit point voulu détruire les objets, dont il s'étoit chargé de 
a faire la description pour les faire valoir, d'autant plus que 
« ces desseins avoient toujours passé pour être des originaux 
a de Raphaël; que, n'ayant pas voulu faire du tort à sa suc- 
« cession, il avoit laissé subsister la bonne réputation qu'ils 
<c avoient depuis longtemps. Je ne décide rien sur cette fa- 
ce çon de penser de M. Mariette en faveur de M. Coypel. 
a Les amateurs feront là- dessus les commentaires qu'ils 
a jugeront à propos, ne pouvant cependant se dispenser 



87 

dd louer le zèle particulier dudit Mariette pour son ami. » 
— Minerve commandant à des Génies de dessécher les ma- 
rais et de cultiver des terres après les avoir rendues fertiles. 
Vignette du dessin de Charles-Nicolas Coypel, gravée par 
Nicolas Tardieu. Elle a été gravée pour M. Paris pour un ou- 
vrage sur la manière de dessécher certains marais, et n'a ja- 
mais paru. 

COYZEVOX ( ANTOINE) mourut à Paris le !()• octobre 1720, 
ayant travaillé jusques à l'âge de quatre-vingts ans, avec une 
ardeur qui montre l'amour qu'il avoit pour son art. Un de 
ses principaux ouvrages à Paris est le tombeau du cardinal 
Mazarin dans la chapelle du collège des Quatre-Nations. On 
voit aussi à l'extrémité du jardin des Thuilleries les deux ma- 
gnifiques groupes de Mercure et de la Renommée montés sur 
des chevaux ailés qui sont des morceaux admirables. Ils 
avoient été faits pour Marly ; c'est un miracle pour le travail 
du marbre ; c'étoit la partie de Coizevox. — La statue équestre 
de Louis XIV en bronze fut faite pour la ville de Rennes et 
fut ordoimée par les états de Bretagne en 1683 (i). 

COXCIE (mighel). On le nomme, dans son pays, le Raphaël 
de la Flandre. C'est qu'il étoit grand sectateur de la manière 
de peindre et de composer de ce grand peintre. Cela alloit 
quelquefois plus loin qu'une simple imitation. Il transportoit 
sans scrupule dans ses tableaux des figures et des groupes en- 
tiers que ce grand peintre avoit mis dans les siens. Cela avoit 
tout l'air d'un plagiat; et cependant Rubens, admirateur de 
Coxcie , avoit la complaisance de l'excuser et de répondre à 
ceux qui lui faisoient ce reproche par un proverbe flamand, 



(l) Elle ne fut placée qu'en 17)3. Voir Touvrag* de Patte, p. 1 13, 



dont le sens est qu'il est permis de piller quand on le fait 
avec adresse* — Il est remarquable que le Vasari, en parlant 
de la suite d'estampes représentant la fable de Psyché , dont 
les dessins passent pour être de Raphaël , en fait honneur à 
Michel Coxcie^ et lui en attribue l'invention. Voyez ce qu'il 
a dit à ce sujet dans la vie de Marc-Antoine. 

COZZÂ (gio-battista), né à Milan, se transféra à Ferrare 
^ il a beaucoup peint. 11 se van toit d'être grand praticien, 
^ quand on lui reprocboit trop de négligence dans les con- 
tours de ses figures, il répondoit que ce n'^toit ni un pied ni 
une main qui con^tuoient un tableau. Que pouvoit-on-at- 
tendre d'un peintre qui parloit ainsi ? Celui-ci est mort le 
11 février 1742, âgé de 66 ans. Il a pour élève Charles CoEza» 
son fils, mort au commencement de novembre 1769, et Fran- 
cis Pellegrinl, actuellement vivant, et qui pareillement est 
né k Ferrare. Pitture di Ferraraj p. 32. 

GRÂNACH (luc). Martin Luther, chef de la réforme en Alle- 
magne, portant encore l'habit des bermites de Saint-Augus- 
tin en 1520. Il est en buste, peint et gravé par Luc Cranach. 
Ce portrait est singulier et considérable, ayant été fait par 
4UI des meilleurs maîtres qui fussent pour lors en Allemagœ 
fBt qui estoit à la cour de rélecteur de Saxe. Ce portrait est 
lrè&-bien dessiné, et les tailles en sont bien prises; il ne man- 
quoit 'à ce peintre qu'une plus grande pratique du burin. On 
Y Ut au bas ces deux vers latins : 

iËtherna ipse suae mentis simulachra Lutherus 
Exprimit at vultus cera Lucae occiduos. 

MDXX 

et un serpent aislé et couronné, qui a un anneau passé dans 
la iiouche. Voicy le sens de ces -deux vers : Luther découvre 



89 

luy-méme les talents de son esprit sur lequd le temps n'aort 
aucun pouvoir, et le tableau ou la planche (cera) de Lucas 
(c'est le nom de Luc Cranach) représente les traits de son vi- 
sage que ce même temps détmira. 

CRAYER (GASPARD de) ou Gaspard d'Anvers. Ce peintre 
est nommé par Sandrart Gaspard de Crayer. Il estoit élève 
du jeune Coxis, et Ton voit de ses ouvrages à Bruxelles et aui 
environs qui sont d*un bon goût de couleur, et dont Rubens 
faisoit mesme beaucoup de cas. Félibien dit qu'il avoit près 
de quatre-vingt-dix ans lorsqu'il mourut, vers Tan 1666. Fé- 
libien, T. II, p. 237. 11 nacquit à Anvers en 1585. Voyez Corn, 
de Bie, p. 244. — Il y a beaucoup de ses ouvrages à Gand. 
Il y est mort, et il y a reçu la sépulture dans l'église des DO* 
minicains. Le peintre amateur et curieux^ t. n, p. 46. — Ru- 
bens ayant été consulté sur un tableau qu'avoit peint Crayer, 
et qu'il trouva très-beau, dit en flamand que le coq avait très* 
bien chanté. Il faut scavoir, pour bien comprendre le fin de té 
bon mot, que Crayer, dans la langue du pays, est une ex*- 
pression particulière dont on se sert pour signifier le chant 
que lait le coq, et que le mot haan que Rubens employolt 
dans sa phrase a une double signification ; que ce mot qui 
veut dire un coq signifie dans le figuré un homme qui primé 
8ur les autres. L'on met au rang de ses plus beaux tableau! 
cdui des Quatre saints couronnés, dans l'église deSainte-Oên 
therine à Bruxelles. On le regarde comme son chrf-d'œuvre* 
Le Peintre amat.j 1. 1, p. 24 et 154. 

CREARA (il). L'auteur du Poëme délia Pittura trionfaiite 
(le Gigli) parle de lui en ces termes : 

Ecco il Greara là, pien di giudicio 

et le range au nombre des peintres de Vérone. Il le joint à 



rOrbetto. J'ai quelques soupçons que Creara étoit le surnom 
de Pasquale Ottini. 

CRECGOLINI { ANTONIO) , peintre romain, né le 16 jan- 
vier 1675, disciple de J. B. Lenardi, et, après la mort de ce 
peintre, deBenedetlo Lutti, travailla à Rome avec réputation. 
Ms. de Pio. — Ce même Pio avoit fait dessiner le portrait de 
ce peintre ; je l'ai vu dans la collection de M. Crozat. 

CREMONENSIS (antonius). Ce nom se trouve sur les es- 
tampes gravées en bois dans la manière du Parmesan. 

CREMONESE (gioseffo) , né à Fer rare au commencement 
du xvu* siècle, se fit peintre par goût et sans avoir étudié 
sous aucun maître. Mais cherchant à se former d'après les 
ouvrages du Titien et des Dosses, ses compatriotes, il se fit 
une manière qui lui fut propre et qui ne fut pas sans mérite. 
On a des estampes de lui qu'il a gravées à l'eau-forte, et j'ai 
vu plusieurs curieux, faute d'en scavoir davantage, les ranger 
dans l'œuvre du Guerchin, quoyque Joseph Cremonesey eût 
mis son nom, ou seulement les premières lettres 1. C. F. Il 
est fait mention de cet artiste dans un discours préliminaire 
qui se trouve à la tête d'une description des peintures de Fer- 
tare, qui a paru en 1770. On lui donne un peu plus de cin- 
quante ans de vie, mais l'on n'a pu découvrir en quel en- 
droit il a fini ses jours. On dit seulement que ce fut vers l'an- 
née 1660, et on le représente comme un homme singulier, 
qui ne tint point école, et par conséquent qui ne fit aucun dis- 
ciple. Le peintre Ânt. Ronda, Bolognois, fut le seul homme 
de sa profession avec lequel il fut en liaison. 

— Joseph Cremonese vivoit dans le xvu* siècle et étoit de 
Ferrare; il n'est point disciple du Guerchin, et, si l'on en croit 
l'auteur d'une description des peintures de Ferrrare publiée 



41 

en 1770 , il n'eut aucun maître. On place sa mort vers Tan 
1660, et on le fait âgé d'environ 50 ans. 

CRESPI (ANTONIO maria] detto il Bustino. J. B. Coriolan 
a gravé d'après Antoine Crespi, qui sur la planche est nommé 
en latin Crispus , le portrait du R. P. dom Pio Rossi ou Ru- 
beus , de Plaisance, ce qui servira à fixer le temps que vivoit 
ledit Crespi. G'étoil au milieu du xvu® siècle, et il parotl par 
ce portrait qu'il entendoit parfaitement la charpente d'une 
tête. 

CRESPI (daniello). Lorsqu'il mourut de la peste en 1630, 
il estoit pour lors occupé à peindre la voûte du chœur de la 
chartreuse de Pavie : Torre , p. 138. C'est un bel ouvrage, et 
qui est composé avec beaucoup de génie. 

CRESPI (gioseffo) est mort à Bologne le 16 juillet 1747. 
Voyez sa vie fort détaillée dans le t. Il de la Storiadell'Acad. 
clementina. M. Zanetti qui est auteur de cet ouvrage, n'ayant 
pourtant suivi la vie de cet artiste que jusqu'en 1739, le fils 
du Crespi, chanoine à Bologne , y a suppléé et l'a continuée 
jusqu'à la mort de son père, dans une lettre adressée à M. Bot- 
tari , qui se trouve au tome III des Leltere su la pittura, 
p. 301. Il est né, non en 1666, mais le 16 mars 1665. 

— La sainte Vierge ayant entre ses bras l'enfant Jésus, et 
assise sur un piédestal aux côtés duquel sont d'un côté un 
saint, peut-être S. Philippe de Néri, en chasuble et debout; 
de l'autre S. Cajetan , à genoux, tenant un livre ; mauvaise 
gravure dédiée au marquis François-Jean Zampieri , par le 
graveur Gio. Fabri. J'en ai une épreuve sous les yeux qui 
vient du chanoine Crespi , qui a écrit au bas que c'étoit d'a- 
près un tableau peint par son père dans la chapelle Zampieri 
à Casalechia. 



42 

— S. Antoine de Padoue, debout. J'en ai vu le dessin on- 
ginal entre les mains de M. Tabbé de Tersan. 

— Alfonse d'Avalos , marquis du Guast , accompagné 
d'une femme qu'on dit être sa maîtresse (1), à qui Vénus et 
l'Amour viennent faire hommage, d'après un tableau du Ti- 
tien lequel est à Bologne, chez le marquis Orsi, gravée l'eau- 
forte par Matioli, si l'on en croit l'inscription qui est au bas 
de la planche , mais qui est certainement de Joseph Crespi 
dit l'Espagnol, qui, toutes les lois qu'il a gravé, a emprunté 
le nom de Matioli, parce qu'il ne vouloit pas passer pour 
graveur. 

CRESPI (gioibatista), detto il Cerano. 11 a eu la sépulture 
-dans l'église de Saint-Celse à Milan. 

CRETEY ( ANDRÉ), peintre françois du xvii^ siècle, dont le 
nom se trouve dans le catalogue d'estampes de l'abbé de Vil- 
leloin 8% et qui sans doute est le même dont M. Boyer 
4' Aiguilles avoit un tableau représentant la Chute des Géants, 
qu'il a fait graver, et qui donne une fort bonne idée de la 
façon de composer du peintre. 11 travailloit à Lyon, et il y 
est nK)rt. 

— La Chute des Géants. Quelques-uns, peu touchés des dé- 
sastres de leurs compagnons qui sont terrassés, osent encore 
entasser rochers sur rochers pour pénétrer dans l'Olympe. 
Jupiter lance ses foudres sur ces téméraires. Dans un petit 
espace et avec peu de figures le peintre exprime un sujet im- 
mense. Ce ne sont point des hommes qu'il fait agir, ce sont 
des géants remplis d'audace. Si la correction du dessin, si la 



(1) C'estla femme du marquis del Vasto ou de! Guast. Elle se nom- 
moit Marie d'Aragon, et c'étoit une beauté. (Note de Mariette.) 



4S 

bonté du coloris répondoieDt à rexcellenoe de la composltioDt 
il semble qu'on ne pourroit rien désirer dans ce tableau, et 
Gretey, qui n'a pas franchi les bornes de la médiocrité, méri- 
teroU d'avoir place auprès des peintres du premier ordre. 
( Cabinet Soyer d'Aiguilles, p. 17.) 

ClOSTOFC^O (GIOVANNI), scultore romano nel 1S04. Bon 
nom se trouve avec ceux des poètes qui, comme ce sculp- 
teur, firent des vers sur la mort de Séraphin d'Aquilée, célè- 
bre peintre mort en 1500, qui lurent recueillis et imprimés à 
Bolop^oe exï 1504 , par les soins de Jean Philothée Adiil- 
Uni. Voyez Gat. délia libreria Gappori, p.4. 

CROMA (giulig)« Son vrai nom est Cromer; Crama est un 
sobriquet. Il fut disciple de Dominique Mona, Ferraroiscomme 
lui. Il mit beaucoup de soin dans ses tableaux^ qui sont lé^ 
gers d'ouvrage, ce qui les rend assez agréables» Il enseigna 
son art à son fils César Croma et à Charles Pasti. U mounU 
le 27 septembre 1632, âgé de soixante ans. Descriz. délie pit- 
lure di Ferrara, p. 20. 

CROSATO (gio : batista], peintre vénitien qui a vécu dans 
ce 1Ô« siècle , mais dont il n'est dit qu'un mot , qui pour- 
tant est à son avantage, dans le L. délia pilt. Venez., p. 434. 

CROZAT {piERRE),le jeune. Morto nel 1740 a di 24 del mese 
di maxgio, nel eta di 75 anni e 2 mesi (1). 

— On ne doit pas attendre de moi que je donne ici une 
description completle du cabinet de M. Crozat (2) ; une telle 



(I) Ces dates ont été écrites par Mariette, sur le titre 4e Yàbêce^ 
(tei'io, qui, comme on sait, est dédié à Crozat lui-mômef 
(2j Ca iopgarUcla est la préface joaise par Jlarietie an i^ta 4u 



44 

entreprise me conduiroit trop loin, et elle est au-dessus de 
mes forces. Ce célèbre curieux s'étoit borné , il est vrai, à ne 
placer dans son (cabinet que des morceaux qui étoient du 
ressort du dessin ; et cependant le recueil qu'il avoit formé 
étoit devenu si immense, qu'une simple énumération de 
chaque chose composeroil seule un très-gros volume. Les 
tableaux des grands maîtres dont il avoit fait choix , et ce sont 
presque tous des tableaux du premier ordre, passent le nom- 
bre de quatre cents, et les ouvrages de sculpture ne sont ni 
moins nombreux, ni moins considérables. Outre de précieuses 
statues de marbre et des bustes aussi rares, on admiroit dans 
ce cabinet des bronzes de toute espèce, et, ce qui mérite une 
attention encore plus particulière, de merveilleux modèles en 
terre cuite de Michel-Ange, de Paul Véronèse, de François 
Flamand, de TAlgarde, du Bernin, de Melchior Cassa, d'An- 
guier et de Tilluslre Le Gros, de tous ceux, en un mot, qui 
se sont acquis un grand nom dans la sculpture. M. Crozat 
s'étoit fait encore un très grand recueil d'estampes de tous les 
maîtres, tant anciennes que modernes. Il ne lui manquoit au- 
cun des livres qui traitent des arts dépendants du dessein. Feu 
à peu il avoit formé la plus belle collection de pierres gravées 
qui lût jamais entre les mains d'aucun particulier; et quand 
on pense qu'il avoit rassemblé dix-neuf mille desseins, on se 
sent autant saisi de surprise que d'admiration. 

A l'exception des pierres gravées et des desseins, toutes ces 
curiosités sont passées, sans changer de place, entre les mains 
de M. le marquis du Ghâtel, à qui M. Crozat les a léguées. 



Catalogue de Crozat. Paris, 1743, in-8<> de 140 pages ; les pierres 
gravées ont un catalogue séparé de 83 pages. Quand même nous 
D*aurions pas donné les remarques mises par Mariette dans le ca- 
talogue, nous aurions toujours donné cette préface si importante 
Ïiar ses détails d'ensemble sur des noms d*amateurs et des col- 
ections qui reviennent incessamment dans ses notes inédites. 



Ub 

NoQ-seulemenl il en connoît le prix, mais il se fait encore un 
plaisir de les communiquer à ceux qui les aiment ; ainsi le pu- 
blic peut juger par lui-même toutes les fois qu'il le voudra 
du mérite de toutes ces singularités, et je crois par là être dis- 
pensé d'en parler plus au long. Je n'ai donc à faire connottre 
ici que la partie du cabinet de M. Crozat dont il a ordonné la 
vente par son testament, et donl il a voulu que le prix fût dis- 
tribué aux pauvres (1), c'est-à-dire les pierres gravées, les 
desseins et les planches et estampes qu'il avoit fait graver. 

Je devrois commencer par les pierres gravées; mais depuis 
que Monseigneur le duc d'Orléans en a fait l'acquisition en 
entier, ce soin appartient à des personnnes plus habiles, qui 
tôt ou tard ne manqueront pas de donner au public une ex- 
plication scavante de ces monuments singuliers de l'antiquité 
grecque et romaine. 

Je n'entreprendrai point non plus, en parlant des desseins, 
de montrer tous les avantages qu'on en peut tirer, et combien 
leur connoissance est propre et nécessaire pour former le 
goût ; je me bornerai à faire l'histoire de c>ette portion du ca- 
binet de M. de Crozat, qui pendant toute sa vie avoit mérité 
tous ses soins. G'étoit celle sur laquelle il s'étoit le plus étendu, 
et avec quel bonheur n'y avoit- il pas réussi? 

Dès l'année 1683, c'est-à-dire dansle tempsqu'iléloitencore 
à Toulouse , il avoit commencé à acquérir des desseins de la 
Page. Mais quand M. Crozat fut venu à Paris, et qu'il eût vu, 
entre les mains des principaux curieux, les desseins des grands 



(1) A. côté de cet acte de charilé posthume, il est honorable pour 
la mémoire de Crozat de meniionner une autre libéralité, particu- 
lièrement grande et louchante, qui nous est conservée par Duclos, 
dans ses Mémoires secrets^ édil. de 1791, t. I, p. 349 : « Massillon, 
« prêtre de TOratoire, célèbre par ses sermons et surtout par son 
« Petit'Carêmey fut nommé à révéché de Clermont. Il n'aurait pas 
« été en état d'accepter, si Crozat le cadet n'eût payé les bulles. » 



4d 

maîtres d'Italie, alors il n'épargna ni peines ni dépense? 
pour se procurer des ouvrages de ces maîtres du dessein. 
M. Jabach, dont le nom sui)sistera pendant longtemps avec 
honneur dans la curiosité, en vendant au roi ses tableaux et ses 
desseins, s*étoit réservé une partie des desseins, etcen'éioient 
pas certainement les moins beaux; M. Crozat les acquit de ses 
héritiers. Il eut encore une partie de ceux qui avoient appar* 
tenu à M. de la Noue, Tun des plus grands curieux que la 
France ait eu , et bientôt il réunit à son cabinet les desseins 
que rillustre mademoiselle Stella avoit trouvés dans la succes- 
sion de M. Stella, son oncle, et qu'elle avoit conservés pré- 
cieusement toute sa vie. L'abbé Quesnel avoit acheté les des- 
seins de M. Dacquin, évêque de Sées, parmi lesquels il y en 
avoit d'excellensde Jules Romain ; il avoit eu les débris de la 
fameuse collection de desseins du Vasari ; il céda l'un et Tautre 
à M. Crozat, qui acheta encore des héritiers de M. Pierre Mi- 
gnard deux volumesde desseins des Garraches, que cet habile 
peintre avoit apportés de Rome. Après la mort de M. Bourda- 
loue , de M, de Montarsis, de M. de Piles et de M. Girardon, 
tous noms célèbres dans la curiosité , M. Crozat choiat à 
leurs ventes ce qu'il y avoit de plus singulier en desseins dans 
leurs cabinets. S'il falloit suivre M. Crozat dans toutes les autres 
acquisitions de desseins qu il fit en France, on ne finiroitpoint; 
car tout alloit à lui» et il ne laissoit rien échapper 

Le sieur Corneille Vermeulen , fameux graveur d'Anvers, 
faisoit assez Fégulièrement tous les ans le voyage de Paris, 
et il ne manquoit guères d'apporter avec lui des desseins sin- 
guliers. Ces desseins étoient presque toujours pour M, Crozat; 
et c'est ainsi que sont entrés dans son cabinet plusieurs des- 
seins de Raphaël et d'autres grands maîtres, d'mae singulière 
beauté , et tous ces grands et superbes desseins de Rubens qui 
sortoient du cabinet d'Antoine Triest, évêque de Gand. 

Si quelque vente considérable de desseins éUni indiquée 



dans les pays étrangers, M. Grozat ne manquoit pas d'y en- 
voyer ses commissions. La vente du cabinet de milord Som- 
mers à Londres, et celle de M. Vander Schelling à Amster- 
dam ont augmenté son cabinet d'une infmité de desseins capi- 
taux. Avec quel regret ceux qui ont connu particulièrement 
M. Crozat ne lui ont-ils pas souvent entendu parler du célèbre 
cabinet de M. Flinck de Rotlerdam , que milord duc de De- 
Yonsbire lui avoit enlevé ? Telles sont à peu près les acquisi- 
tions que M, Crozat a faites en France et dans les Pays-Bas; 
mais, toutes importantes qu*el!es sont, elles ne paroissent pas 
cependant encore comparables à celles qu'il a faites en Italie. 
Dans le voyage qu'il y fit en 1714, il rapporta de ce pays-là 
des trésors en fait de desseins. En passant à Boulogne, il acheta* 
des héritiers des sieurs Boschi leur cabinet tout entier, qui 
YCDoit originairement du comte Malvasia. 11 trouva à Venise, 
chez M. Ghelchelsberg des têtes en pastel, et d'autres desseins 
du Baroche qui sont sans prix. A Rome, il recueillit la collec- 
tion de desseins de Carie degli Oechiali, celle d'Augustin Scilla, 
peintre sicilien , qui contenoit un grand nombre de desseins 
de Polidor de Caravage, et celle du chanoine Vittoria^ Espa- 
gnol, élève et intime ami de Carie Maralte. Mais l'occasion, où 
il fut, ce semble, le mieux servi par la fortune, ce fut dans 
la découverte qu'il fit à Urbin d'une partie considérable de 
desseins de Raphaël, tous d'une condition parfaite, qui se 
trouvoienl encore entre les mains d'un descendant de Timo- 
thée Viti, l'un des plus habiles disciples de ce grand peintre. 
J'ignore en quel temps M. Grozat vit passer dans son cabinet 
les desseins qui viennent des sieurs Mozelli de Vérone, et le 
recueil qu'avoit formé un cardinal de la maison de Santa 
Croce, qui vivoit à Rome dans le dernier siècle; mais, ce qui 
est certain, ces deux collections ne contenoient que des des- 
seins excellents. M. Crozat,de retour à Paris, continua d'en- 
tretenirdes correspondances en Italie, et il en fit venir, en dif- 



68 

férents temps, la collection entière du sieur Pio de Rome, 
celle du sieur Lazari de Venise , du chevalier Âscagne délia 
Penna de Pérouse , dont il est parlé avec éloge dans la des- 
cription des peintures de cette ville par le père Morelli, et 
enfin le beau choix de desseins que Laurent Pasinelli, fameux 
peintre de Boulogne, s'étoit fait pour lui-même avec un 
goût digne de son savoir; à quoi il faut ajouter les desseins 
de dom Livio Odescalchi, qui furent donnés à M. Grozat, 
lorsque S. A. R. Monseigneur le duc d*Orléans, régent, 
acheta les tableaux de ce prince. 

Ce ne sont pas, comme on le voit, des desseins achetés un 
à un , ce sont des cabinets entiers, et des cabinets de la pre- 
mière réputation, qui se sont réunis chez M. Grozat, et qui 
ont fait du sien le plus grand cabinet de dessins qui , on ose 
le dire, ait jamais été. 

Je me borne à cet éloge, et je pense que je ne puis aussi 
mieux louer celui qui a possédé de si belles choses. On ne se 
détermine à les rassembler qu'autant qu'on les aime, et qu'on 
en sçait connoître le prix. Mais, ce qui achève Téloge de 
M. Grozat et qui lui est infiniment honorable, il n'aimoit 
point ses desseins pour lui seul ; il se faisoil, au contraire, un 
plaisir de les faire voir aux amateurs toutes les fois qu'ils le 
lui demandoient , et il ne refusoit pas même d'en aider les 
artistes. On tenoit assez régulièrement toutes les semaines 
des assemblées chez lui, où j'ai eu pendant longtemps le bon- 
heur de me trouver, et c'est autant aux ouvrages des grands 
maîtres qu'on y considéroit , qu'aux entretiens des habiles 
gens qui s'y réunissoient , que je dois le peu de connais- 
sances que j'ai acquises , et qui m'ont mis en élat de dresser 
le catalogue que j'ose présenter au public. Je l'ai fait unique- 
ment pour guider ceux qui voudront acquérir des desseins 
dans la vente qui doit s'en faire en détail , et j'espère qu'on 
ne sera pas mécontent de la distribution que j'y ai observée. 



&9 

Il ne me reste qu'à demander quelque indulgenœ pour les 

Téflexions que j'ai insérées dans ce catalogue. Je ne suis pas 

sssez présomptueux pour les donner comme des décisions ; 

j'avoue même que je ne les aurois pas hasardées, si je n'avois 

cru par là rendre la lecture de ce catalogue moins sèche et 

moins ennuyeuse ; et d'ailleurs je les soumets volontiers au 

jugement des personnes éclairées que je me ferai toujours un 

devoir de suivre. 

L'on trouvera, à la suite du Catalogue des desseins de M. Cro- 
zat, un détail des planches qu'il a fait graver et le nombre à 
peu près d'exemplaires qui restent de l'édition qu'il en avoit 
fait faire. Ce détail est pour ceux qui voudront faire l'acqui- 
sition de ces planches et de ces exemplaires (1). 

— Il me manque (2), Monsieur, le 7» et le 17' volumes 
in-4° de l'Histoire ecclésiastique. Je ne sçay si je ne vous les 
ay pas envoyés, afin que le relieur pût s'en servir pour relier 
la suite qui me manque, à commencer du 20*" volume. Vous 
me ferés plaisir de m'envoyer, à votre commodité , ces 2 vo- 
lumes avec la suitte qui manque de cette histoire. J'ay laissé 
à Montmorency le P. Fabre en bonne santé. Je souhaite que 
la vôtre et celle de toute votre famille soit de même. Je suis 
de tout mon cœur, Monsieur, votre très humble et très obéis- 
sant serviteur. 

CROZAT. 

8 juillet. 

— La Perspective, de Watteau, gravée parCrespy, le 
fils, d'après le tableau qui est dans le cabinet de M. Guenon, 



(1) Ces planches, qui passèrent entre les mains de Mariette, se 
trouvent encore dans le catalogue du fonds de Basan, en 1803. 

(2) Ce petit billet de Grozat, probablement adressé à Mariette lui- 
même, est conservé dans ses notes, parce que ce dernier en a écrit 
une de Tautre côté. 

T. n. d 



69 

menuisier du roi; le fonds ^e ce tableau représeate une veue 
du iardin de ^. Crozat à Montmorency. — Plus une vue du 
jardii^ de M- Crozat à Montmorency, dessin de Watteau gravé 
paçM.deCaylus. 

— Vers le commencement de l'année 1704 (i), Pierre Crozat 
Iq jeuQQ, frère de pelui qui est logé dans la place de Louis le 
Grand, a fait construire de fond en comble une fort belle 
maison, dans un emplacement voisin, de neuf arpens de su- 
perficie. Un gros pavillon quarré et isolé forme le corps de 
G^tte maison, qui n'a qu'un étage, avec unattique au-dessus. 
Une des faces occupe le fonds de la cour, laquelle est précé- 
dée ji'une avant-cour, où sont logées les écuries et les re- 
mises. Les troi$ autres faces donnent sur un jardin d'une 
belle étendue, et dont le^ vues qui s'étendent sur la cam- 



(1) Cette description de la maison de Crozat se trouve dans la 
Descripiion de Pum^ de Germain Briçe, édition de 1752, 1. 1, p. 
378-82, et ne se trouvait pas dans la fierpi^re édition pul)liée en) 
1725 par Brice, deux ans avant sa mort, oùla^maison de Crozat n'a 
que deux pages, 1. 1, p. 352. On sait que les trois premiers volumes 
de cette dernière édition, imprimés vers 1740 (Voir la préface, 
p. vii), passent pour avoir reçu des additions de Mariette. Notrq 
article peut donc être de Mariettie ; dans tous les cas, il est curieux, 
et pour ainsi dire nécessaire, de le joindre à la préface du cata- 
logue ; Tune nous montre la collection elle-même, Tautre la belle 
demeure qui la contenait. Pour celle-ci, qui était au bout de la 
rue Richelieu, il en est question dans les curieux articles publiés 
par M. Edouard Fournier dans la Revue de Paris, sur la Grange- 
Batelière et réimprimas dans son Paris démoli, 1853, in-12, 
p. 223-312. 

— Les parties de la collection qui ne furent pas alors dispersées, 
le furent plus tard, et voici le titre des catalogues de ces ventes : 
Description sommaire des statues, figures, etc., provenant du ca- 
binet de M. Crozat, dont la vente se fera le 14 décembre 1750 et 
jours suivants en Thôte;! pu est décédé le marquis du C^^teî, rue 
de KiçbQlieu; Paris, chez Louis-François Delatour, 175Û, in-8 àft 
4fl P^ges. Une autre partie de la collection se trouve dans les 
mams du barpn d^ Thiers, dont la vente eut lieu en 1773; ei les 
tableaux furent vendus en 1751 avec ceux du président de Tugny. 



51 

l>agoQ soat «itrèmemeot variées. La (errasse au-dessus de 
l*araiigerie, qui borde le nouveau cours planté sur les rem- 
parts de la ville, fournit elle seule une promenade des plus 
agiéftbies. Le jasdia iruitier, qui est grand et régulier, est au- 
cldà da COUPS, et Ton y arrive par un passage souterrain 
ip&ctA Mep beaucoup de dépenses dans le terre-pleip du rem- 
pli 

LfES décqulioos extérieures de lu maison soqt fort simples 
mais de bon goût. Gartaut, ci^evant archit^cte du duc de 
Ben-i, qui 86 distingue fort dans sa profession, a eu )a con- 
duite de ce bâtiment. L'atle, qui règne sur un des cotez de la 
cour, n'âvûit autrefois qu'un seul étage. L'on y en a ajouté 
un second, qui parott, aux yeux de plusieurs personnes, écra- 
ser le prâncipal oorp9 du bJitinient; et Ton a encore douMé 
cette atle depi|is, en s*élargissant $ur un terraiq voisin, ce qui 
a procuré à cette mai^n bien des commoditez qui y man- 
quaient. On ^ aussi b&ti,en 1730, un nouveau corp^ de logis 
sur la ruë^ qui y étoit essentiellement nécessaire. Oppenort, 
dont on a déjà eu occasion de parler en plusieurs endroits de 
cet ouvrage, y est Ipgé commodément ; c'est lui qui a eu la 
direction de lous css nouveaux travaux. Voilà pour ce qui 
concerne Textédeur. 

La prodigieuse quantité decuriositez de toutes espèces, que 
renferme l'intérieur, est surtout ce qui rend cette maison 
considérable, et l'une de celles qui Méritent le plus d'élre vi- 
sitées. Deux grands appartements au rez-de-chaussée, l'un à 
dcoite, et l'autce à gauche , ornez d'excellents tableaux , et 
dans Vun desquels on veri'a une très-bdle statue antique d'un 
Bacdhus, restaurée par Prx^nçois Flamand, conduisent à une 
graodfi ^lecie qui occupe une dos faces eiiUeres de l'édifice 
sur te jacdin. Disposition qui a été mise ici exk pratique pour 
la premieipe ibis, et qui a été trouvée si heureuse , qu'elle 
a été imitée souvent depuis dans divers autres bâtiments. 



52 

Celte galerie, qui a dix toises de long sur vingt-deux pieds 
de large, est d'une très-belle proportion ; elle est richement 
décorée d'un goût mâle, et sans affectation d'aucun orne- 
ment superflu ; le plafond, qui est peint avec toute Tintelli- 
gence imaginable, est un des beaux ouvrages de Charles de 
la Fosse, qui y a mis la dernière main en 1707. Ce peintre y 
a représenté la naissance de Minerve, et l'on ne sçauroit assez 
admirer avec quel art il a sçu tirer avantage de la plac/e qu'il 
avoit à peindre ; son ciel est peint avec tant de vériié et d'har- 
monie, que la voûte semble effectivement percée en cet en- 
droit-là. 

L'étage en attique est pareillement distribué en deux ap- 
partements séparez. L'un étoit occupé par Charles de la 
Fosse, qui y est mort en 1716, âgé de quatre-vingts ans, et 
il Test encore par sa veuve ; l'autre, qui est exposé au nord, 
consiste en une suite de pièces, accompagnées d'une galerie 
éclairée par les deux exlrerailez; et c'est ici que ceux qui 
sont aùiateurs d'ouvrages de peinture et de sculpture, trou- 
veront amplement de quoi satisfaire leur curiosité. Le maître 
de la maison se pique depuis longtemps d'aimer les belles 
choses, et il a eu le bonheur de voir passer successivement 
dans son cabinet une infinité d'autres cabinets fameux : c'est 
ce qui compose aujourd'hui l'ample collection de tableaux, 
de bustes, de bronzes, de modèles des plus excellents sculp- 
teurs, de pierres gravées en creux et en relief, d'estampes, et 
surtout de desseins des grands maîtres, dont il est posses- 
seur, et qu'il se fait un plaisir de faire voir aux amateurs de 
l'art qui viennent le visiter. Le heu, oîi il conserve ce qu'il a 
de plus rare, est un cabinet octogone éclairé à l'italienne, 
dans la même disposition que ce fameux salon de la galerie 
du Grand Duc, à Florence, nommé la Tribune^ qui renferme 
de même un si grand nombre de morceaux précieux. Ce ca- 
binet est encore décoré dans tout son pourtour d'excellentes 



53 

sculptures en stuc, qui représenlenl les génies des arts, exé- 
cutées par Pierre le Gros de Paris, dont la France a le mal- 
heur de ne posséder presque aucuns ouvrages, tandis que 
Rome, où il est mort en ni9, âgé seulement de cinquante- 
trois ans, en peut montrer un si grand nombre, qui égalent 
cet artiste à tout ce qu'il y a eu de grand. Il étoit venu à 
Paris en 1775 pour se faire tailler, et ce fut dans cette con- 
joncture qu'il fit ces sculptures et quelques autres qui ne 
sont pas d'une moindre beauté, dans la chapelle de la mai- 
son de campagne de Pierre Crozat, située à Montmorenci. 

GRUGER (teodoro), oCreuger, intaglialore. Il se nommoit 
Gruger et non pasGreuger. Il éloil h Florence en 1617 ( 1 1618, 
et il étoit, autant que je puis m'en souvenir, de Nuienl)erg. 
Il y a eu un vieux maîlre du même nom , qui pour se dési- 
gner raettoit un pot sur ses gravures, par allusion au nom 
qu'il portoit ; car crugar en allemand est le nom de cet usten- 
cile. 

GURABEL (JACQUES), architecte françois, est né en 1585. 
Il scavoit autant de géométrie qu'il est nécessaire pour un 
homme de sa profession , et c'étoit le meilleur appareilleur 
de son temps. Ce fut lui qui conduisit, sous Le Mercier, le 
bâtiment de la Sorbonne. Il n'approuvoit point la méthode 
de Desargues pour la coupe des pierres, et il écrivit contre cet 
ouvrage un petit traité intitulé : Avis charitable, etc. J'ai trouvé 
au pied d'un de ses desseins un écrit de sa main qui m'a ins- 
truit de la datte de sa naissance, et le dessein m'a pareille- 
ment appris que Curabel dessinoit bien l'architecture, et qu'il 
ne lui manquoit qu'un meilleur goût dans lés ornements 
dont il chargeoit ses ordonnances. Cela lui étoit commun 
avec tous nos architectes qui vivoient alors. Leur goût d'or- 
nements n'est pas supportable. L'abbé de Marolles, qui en a 



fait méntieri dans son Fiari$i article des architéetes, m'a cbnifé 
son nom de baptême. « 

GUYP (ALB£itT)< né à Dordreèht en 1616, est^ an rappel 
de M. Halpb^ auteur des discours qui sont à la tète du Re- 
cueil d'eslanapes publié par Boydell.à Londreé, le Claude 
Lorrain des Hollandais. Qn ignore Tannée de sa mort, li y a 
dans ce recueil une pièce gravée d'après uri de ses tableaux. 

DÂNDI (GiuUANo)^ da san 6imi$(hailo, dans la Toscane. A 
en juger par quelques desseins de ce maître, que j'ay trouvés 
dans un livre de dessfeiùs, qui viennent tous dé lé fameuse 
collectiotl rassemblée par le Yasari, ce sculpteur étoit ntt ar- 
tiste d'un grand mérite, et il est bien étonnant que lé Vasari, 
qui avoit de ses desseins^ auxquels il atoR mis lui-même le 
ROtm du iiKittre, n*ail iait aucune mentiôti d'un hoinfioc, qui 
te méritoit mieux qiie \snt d'autres^ autqtiels il a donné pteice 
dans ses Vies des Peintres. Si ce sculpteur n'est pas diâf- 
ciple de Micbel-Ange, il en est du moins l'imitateur. Sa ma- 
dfifrè tient un peu de celle de 6acclo tendinelË ; itisis if y a, 
dans sa façon de dessiner et dafls !e& proportions dé ses fi- 
gures, plus de grâce et de légèreté. J'ay un dessein d'uti 
Christ pdflé au tonabeau^ et presque totis eeu* qui l'ateSefet 
possédé y a voient écrit le nom! de Micheî-Ange (1|. Gepïfli- 
dant, par la conff oniation que j'en, ay faite avec ceux qtll me 
vienrfeaf( du Vasari, j'ai trouvé qu'il étoit de Julien BamW, 
qui fait la matière dé cet articte. Sanà douté que cet aUSIe 
étoit contemporain du Yasari, et qu'il n'aura été conmi de 
ce dernier que depuis 1» publication de s(m ouvragé suf tes 
Vies des Peintres? sans cela il n'y a aucun doute qu'il en atf- 



(!) N<» ad» du Gsttsléfftté de tanette, 



85 

roit fait une nieiltioû honorable. Il y a eu un Juleê Danii^ 
architecte et sculpteur, dont le Pascoli a écrit la vie ; peut- 
être est-ce le même que le Julien Dandi, dont j'ay des des- 
seins. Ils éloieflt certainement contemporains, et la différence 
ttetis le3 noms n'est pas considérable. La plus grande diffi- 
culté consiste en ce que le Pascoli dit que Jules Danti étoit de 
Perugio, et que le Vasari fait originaire de San-Geminiano 
Giuiiano Dandi. Mais ces deux villes ne sont pas fort éloi- 
gnées Tune de l'autre, et il se peut que le Pascoli ait manqué 
des informations nécessaires, et qu'il ait pris sur lui de feire 
naître à Pérouse un artiste, qui y étoit mort, et qui y avtiît 
pris un établissement qu'avoit suivi une postérité cjiii, à 
l'exemple de son chef, s'étoit distinguée dans l'exercice dès 
arts. 

DANDRÉ-BARDON (Michel-François) est né à Aix, en Pro- 
vence, au mois de mai 1700. Destiné à fréquenter le barreau, 
ses parens l'envoyèrent à Paris pour y étudier le droit et y 
prendre ses degrés et s'y faire recevoir avocat. La peste, qui 
désoloit alors sa patrie, le retint à Paris plus longtemps qu'il 
Tavoit prévu, et, se trouvant sans occupation, n'y ayàtit rien 
qui pût servir de pâture à son génie bouillant et plein de feu, 
il se souvint qu'il étoit né avec du goût pour le dessein, et 
prit en main le crayon, se mit sous la direction de J.-B. Van- 
loo, àOn compatriote, et cet habile homme lui en donna les 
premières leçons. Il entra ensuite chez de Troy le fils, et y ap- 
prit à peindre; s'occupant encore davantage à jettèrsurle 
papier tout ce que son imagination lui suggéroit, îl devînt 
un compositeur fécond et facile. Cette occupation ne l'empê- 
choit pas cependant de suivre les exercices ordinaires de l'A- 
cadémie. Il y étoit extrêmement assidu, et, ayant composa 
pour le prix de la composition, il le remporta avec distinc- 
tion. Alors il se crut en état de faire utilement le voyage de 



56 

Rome, et, pour ne point perdre de temps, il l'entreprit à ses 
dépens. On scavoit déjà à Aix de quoi il éloit capable, et 
M. d'Albertas lui proposa, quand il y arriva, de peindre les 
tableaux qui dévoient décorer la chambre d'audience de la 
Chambre des Comptes de Provence, dont ce magistrat étoit 
premier Président. Sensible à Thonneur qu'on lui faisoit, et 
voulant y répondre de son mieux, il accepta l'offre; mais ce 
fut à condition qu'il n'exéculeroit ce grand projet que lors- 
qu'il s'en seroit rendu digne parles études qu'il se proposoit 
de faire en Italie, et qui dévoient avoir principalement pour 
objet cet ouvrage important. A peine fut-il arrivé à Rome que 
M. d'Antin, sur le rapport qui lui fut fait des dispositions 
heureuses de notre jeune peintre, lui accorda un logement 
dans le Palais qu'occupe l'Académie Royale, et bientôt il fut. 
admis au nombre de ceux qui y sont à la pension du Roi. 
Six années s'écoulèrent, après quoi il pensa à retourner dans 
sa patrie. Il parcourut en amateur instruit toutes les villes 
de l'Italie qui se trouvèrent sur son passage, et il y admira 
les productions des grands peintres qui s'y rencontrèrent. 
Mais Venise eut pour lui le plus grand attrait. Séduit par le 
brillant de la couleur et par la richesse et la nouveauté des 
c impositions des peintres de cette école, il ne pouvolt s'arra- 
cher de cette ville; il y séjourna six mois, après quoi il vint 
à Aix, et, sans perdre de temps, il se mit à l'ouvrage qui lui 
étoit destiné. Il ne l'avoit pas perdu de veùe pendant son sé- 
jour à Rome; il s'en éloit suffisamment rompli, et même, 
pour agir avec plus sûreté, il avoit engagé Michel- Ange 
Slodfz, son ami, et élève comme lui de l'Académie, de mode- 
ler sur ses desseins quelques-unes des principales figures qui 
dévoient entrer dans la composition du plus grand tableau 
qu'il alloit exécuter. Il y représenta l'Empereur Auguste, qui, 
se faisant rendre compte de l'administration de ses finances, 
fait punir de mort les comptables prévenus du crime de pé- 



57 

^ -ulat, et les fait jelter dans le Tibre. Dans d'autres tableaux, 
<qui dévoient occuper les espaces entre les croisées, furent 
représentées avec leurs attributs la Religion, TÈquité et les 
^.ulres vertus qui doivent habiter le sanctuaire de la Justice. 
Cet ouvrage, composé avec feu et exécuté avec une égale 
fougue, fut très-bien reçu, et attire encore les regards de ceux 
qui vont à Aix. Ce fut après lui avoir donné la dernière main 
que le Dandré fil le voyage de Paris. Son excellent caractère, 
ses mœurs douces, et un certain enjouement lui gagnèrent 
bientôt l'amitié de tous ceux qui le connurent, il se présenta 
pour être de l'Académie, et y fut admis avec distinction en 
1735. Son tableau de réception, qui représente la cruelle 
Tullie, qui fait passer son char sur le corps du roi son père, 
lui fit honneur et le distingua dans le nombre de ceux qui 
décorent les salles de l'Académie. J'ignore sur quel prétexte 
il retourna en Provence. Il étoit dans la persuasion qu'il y de- 
voit finir ses jours, et, dans cette intention, il sollicita la plae^ 
de ConlroUeur des Peintures des vaisseaux et des galères du 
Roi, à Marseille, qu'avoit eu le peintre Serre. Une pension de 
900 liv. étoit attachée à cet emploi, et sufiisoit, avec un bien 
de famille honnête, pour faire subsister un philosophe sans 
ambition et sans désirs. Mais, le roi ayant jugé à propos de 
transférer sa marine à Toulon, Dandré ne put se résoudre à 
abandonner Marseille, où il vivoit agréablement ; il remit son 
emploi, sur lequel on lui réserva une pension, et, quelques 
années ensuite, on le vit reparoîlre à Paris. La mort de Lépi- 
cié, qui exerçoit l'emploi de professeur d'histoire dans l'école 
des élèves protégés par le Roi, fit vacquer cette place, et, per- 
sonne n'étant plus en état de la remplir que le Dandré, qui 
étoit homme de l'art et homme de lettres en même temps, il 
n'eut pas de peine à l'obtenir. De ce moment il se consacra 
tout entier à l'utilité des élèves, dont on lui avoit confié l'ins- 
truction, et, quittant pour toujours le pinceau, il ne laissa plus 



s»ftir le plntne de ses înains. Tous ses travaux se filèrent à 
fce qiti pouvoit contribuer à l'instruction des jeunes peintres 
qui suivoieiit ses leçons ; et ce qu'il ôrut pouvoir leur être plus 
Utile, fut uû cours complet de tous les usages et coutumes 
des différents peuples, afin de les diriger dans utte observa- 
tion exacte des règles du costumé. Il vouloit aussi leur ap- 
prendre à traiter convenablement chaque trait d'histoire, et 
l'ouvrage, qu'il se promettoit de publier sut ce sujet et qiii 
en auroil renfermé les règles diverses, avoit nombre de vo- 
lumes. Il n'a eu la satisfaction que d'en voir paroître trois, 
qui sans doute n'auront point de suite. Pour y réhssir, il au- 
tbit; ce me semble, dû être moins prolixe et moins amou- 
reux de ses propres idées. Le délabrement de la santé de l'au- 
teur y apporte d'ailleurs un obstacle insurmontable. En 1770, 
il a eu une attaque d'apoplexie, qui, suivie d'une paralysie, 
le réduit à ne faire presque plus que végéter, quoique sa têle 
lui soit demeurée, et qu'il continue à être toujours le même 
à l'égard de ses amis. Son nom de famille est Dandré ; Bar- 
dofï est celui d'un oncle maternel qui, en l'instituant son hé- 
ritier, lui a Imposé de prehdre son nom. 

DARET (PiEàRE) de Patis. S'il est vray, fcomtne oii le pré- 
tend, qiïe Pierre Daret, avant que d'embrasser la graveure, 
eût étudié dans la veue de devenir peintre, et qu'il eût ac- 
quis la pratique du dessein avant que de coinmeiïcer à ma- 
lîièt lé burin, il ne pbuvoit prendre Une route plus sûre. 
Tous ceux qui se sont rendus habiles dans l'art de la gra- 
veure ont tôlls reconnu la nécessité de savoir bien dessiner. 
Oti né les estimé qu'autant qu'ils ont possédé cette partie do 
leur art dans un éminent degré. Il paroist, par tout ce que 
Daret a gravé, que c'estoît à qudy il s'éloit le plus appliqué. 
H s'étolt forihé sur les maistres qui avoierit le plus de répu- 
tation de son temps eu Fratice. ta manière de Youet lui étoit 



S9 

^ftouf flevétitié familière. C'élôit la inanlîire dôfninante et 
là seule qui ftlt receue. Darel l'a rendue très heureusement 
tiâiilstout ce qu'il a gravé d'après ce peintre. Le burin de Da- 
Tet est assez beau, sa touche est artiste ; mais il lui manque 
une certaine mollesse, qui fait que ses ouvrages paroissent 
àecs. CMi lùj' a rbbligatiôri d'avoir sçu former d'habiles élèves, 
pûtini lesquels le célèbre Fi-ançois Poillj lient le premier 
tûhg. Dafet fut receu de l'Acadérflie de peinture en qualité de 
grtteiir: Sar W fin de sa vie,- il absirtdohna tout à fait tèiie 
t)roféssiôti pe^r se mettre à la peinture, qui avoit été lé pre- 
miéf cfb^et dé àes éludes (1). 

— Là saiùte Vierge ayant sur ses genoux l'enfant Jésus 
assià; qui s'avance pour recevoir des fleurs qu'un atlge lui 
pèé^totè. G'èst «ti pillage de la Charité de Blanchard, el je 
fcroïs ëetlè pièce tMt au plus gravée éous la conduite de 
Daret. 

— Des anges supportant en l'air le portrait de la saihfe 
tlëi^ et des devises qui lui conviertnetit. Graivé èri i647, d'a- 
^tfe Ltibin Bdiigln. Dans les preiiiièrts épreuves, c'étoit, an 
HëùdttpdH+alïldëlà Tiei'ge, celuj dû Prince de Conty, étant 
abbé, et les devises éloient différentes (2). 

^*Ti^^g^^*''y~'^~-^^P^''— ■———>— <——^—^«^—— —*-^»iT—»— I ■ Il ■ I II 

(I) if éiîsfe de tiafèt Un petit volume assez rare : Abrégé dé la 
yië âe ftapb.'>êl Santio d^Urbin très-exceUent peintre et architecte, 
9ù il est ù'aiiè de ses œuvres, des stampes qui en ont esté gravées, 
tant par Harc-Ântôirïe Bologhois qu'autres excelîents graveurs. Ue 
roriginé de 1er ^ratenre en taille douce : avec une adressée dès 
lieux Qà Us principsmx, peintres italiens, d'eserits {sic) par Yasarl 
ont Iravàî'lé. traduit iTitalieri en trançois par P. Darel, graveur. 
A Paris, chez Taulhenr, sur le quai de Gesvre, au Rossignol, 1631. 
Avec privilège du roy; très-petit in-12 de 12 et 120 p. On pense 
bien que le volume est loin de contenir tout ce qui est sur le litre. 
Pins tflrd, en f ^09, Bombourg mit en tète de sa description dê$ 
peintures de E^on cet abrégé du Tasdri, par Baret, mais sans pstr- 
ier de ce dernier. 

(I) C'est la pièce, qui, dans ToBuvre dé Lesueur dé I^andon et de 



60 

— La Véronique, tenant la sainte face de J.-C. En demy 
corps, d'après Jacques Blanchard. Dédié à Jaques Goislard, 
secrétaire du roy et curieux de tableaux, par P. Mariette, mon 
bisayeul. 

DARGEN VILLE (Antoine-Joseph-Dezalier), né à Paris, le 
15 juillet 1680, y est mort le 26 novembre 1765. Son père, 
Antoine Dezalier, avoit exercé la librairie dans cette ville avec 
distinction (1), ayant succédé au commerce de Jean Dupuis, 
dont il avoit épousé la veuve, Marie Mariette. Le fils prit de 
bonne heure du goût pour les arts; il lit le voyage d'Italie en 
1714, et dans la suite celui de Londres, et il entreprit de for- 
mer une collection de tableaux, de desseins et dVstampes, à 
laquelle il en joignit une d'histoire naturelle, collection qui 
auroit pu passer pour belle, si le possesseur eût laissé le pu- 
blic maître d'en juger; mais, à force d'en vouloir relever lui- 
même le prix par des discours exagérés, il faisoit qu'on la 
réduisoit à sa juste valeur, et qu'on ne la trouvoit point faite 
avec autant de goût qu'il eût été à désirer. Il avoit commencé 
par se montrer grand partisan de Sébastien Leclerc, et l'œu- 
vre qu'il avoit rassemblée de ce graveur étoit très complète. 
Il prit des leçons de paysage de Chaufourier, et il se crut 
assez habile pour manier le crayon, et même le pinceau ; 
mais l'un et l'autre lui réussirent fort mal. Il voulut aussi 
écrire; il donna deux volumes sur les coquilles et les fossiles; 
il en donna trois sur les Vies des Peintres, et, si le succès dé- 
cidoit de la bonté d'un ouvrage, les siens auroient été excel- 
lents. Il s'en faut pourtant beaucoup que les vrais con- 



Challamel, a été reproduite à tort comme étant de lui, et qui, dans 
le catalopfue des Archives de l'Art français (t. ii), n'avait éié rangée 
que dans les œuvres douteuses. 
(i)Il demeurait rue Saini-Jacques, à la Couronne-d'Or. 



61 

naisseurs en portassent ce jugement. 11 s'étoit fait recevoir 
secrétaire du Roi, et en 1733 il prit une charge de maître des 
comptes. L'Académie des sciences de Montpellier Tavoit ad- 
mis au nombre de ses honoraires, et il étoit aussi de la So- 
ciété de Londres. 

DASSIÉ (Adrien), peintre, dont il y a plusieurs tableaux 
dans les lieux publics de Lyon ; De Bombourg. Tourneyser a, 
ce me semble, gravé quelques morceaux d'après ses des- 
seins. 

DASS0NV1LLE (Giacomo) vivoit en 1658, et peignoit des fu- 
meurs et buveurs de bierre, dans le goût de Brauwer. Je n'ai 
point vu de ses tableaux; mais j*ai quantité de petites plan- 
ches qu'il a gravées d'après ses desseins, et qui ne me donnent 
pas une fort grande idée de ses talents. Je n'y trouve rien qui 
conduise à des effets capables de relever la bassesse des su- 
jets qu'il traite. 11 y a apparence qu'il étoit établi à Anvers, 
puisque quelques unes de ses planches se vendoient chez 
Martin Vandèn Enden. 

DATI (CosiMo), discepolo di Battista Naldini. Le Baldi- 
nucci le nomme Duli : dec. 1, p. 3 seculi, iv p. 180.— Cosimo 
Gamberucci, discepolo di Santi di Tito, e per qualche tempo 
lavcroappresso Battista Naldini. Bald. dec. i , part. 3 seculi iv, 
pages 180 et 182. 

Ces deux peintres étoient de l'académie de Florence, et ils 
eurent chacun à peindre un tableau dans les décorations pour 
l'entrée de Christine de Lorraine, grande duchesse de Flo- 
rence, en 1588. On les trouve gravés dans la description im- 
primée de cette fêle. 

En un autre endroit, pag. 162 du même vol., le même 
Baldinucci fait la vie de cet artiste, et le nomme Daddi. Il le 



un naljf de Florence, et Yj fait ipoiinir de te pesfe, ei^ 1630. 
11 fait rneRtiQR au piêpae pndcoit du taUeajj f^it ppf^ X^^l^^ 
de CHFJ^line 4e Lorraipe, et il dit qu'il éfpit ppipt ^ fteçfjue. 
Gomment cp^pilier f p}a avep ce qui est rappprté h ^ p^g- ^8^. 
L'auteur y assure que tous les tableaux pour celte f Ptfép y 
furent peints à Thuile. Ce peintre donna les prenaiers ensei- 
gnements de la peinture au fameux Baltb. Frapcesdiipi, dit 
le Yo^lenano. C'est ce que remarque le B^Wi^MPci ôu coip-t 
raencement de la vie de ce ilepoier peintre. 

DAULLÉ (Jean). La ville d'Abbeville, si léconde en bons gra- 
veurs, a vu paître Je^a Daullé, en J7U, et lui a fcuRii les 
premiçr$ naqyeps de s'instruire des prineipeg de Tart de ta 
gravufe, dont il se proppgoit de laire «)ji wique professitm» 
11 sçavoit déjà a§^z passablement minier le burin iQf^u'il 
y\^^ h Paris, dans la vue d'étendre ses connaissances, ^t, %ym\ 
eu ppur Iprs à graver d'asse? grandps plapiîhes de Ihkm, 
d'appès les desseins des différents grands maHre* d# wUe 
école, pppr ]^. Hexquet, spn compatriotfî, qui le nourr4t cbe» 
lui, et lui montra le peu qu'il savoit, il acquH ^n fort peu 
de temps une très grande facilité de couper le cuivre. Son 
burin, conduit avec tranriûse et pureté, prpduisoit les Icws 
les plps donx et les pins agriaJDles à l'œil, U étoit net, sans 
avflir rien de ^c. ta réputation du jeune artiste ne tarda pas 
à se répandre, et le a^èbre Rigaud ayant eu l'occasion de 
voir une épreuve du portrait de la comtesse de Feuquières, 
fille de Pierre VignarJ, le peintre, et fameuse par sa beauté, 
que yenoit de graver DauUé— ce fut M. Hecquet qui lui pro- 
cura cette œuvre,— il résolql de se l'attacher et d'en faire pour 
ravpnir son graveur. Il s'éloil refroidi pour les Ba^vet, en qui 
il croyoit ne plus appercevoir le même zèle et les mêmes 
^ar4s. Sous la conduite d'un peintre si intelligent, DauUé fit 
l^u^eurs qhefs d'œuvre, qui lui méritèrent une place daD& 



63 

rAcadémie royale de peinture et de sculpture. 11 y fut admis 
en 1742. Oo met avec raison au rang de ce qu'il a fait de 
plus accompli, le portrait de Gendron, fameux oculiste; celui 
de la comtesse de Caylus, et celui de Bigaud lui-même, qui, 
par un motif de tendresse pour une épouse qu*il avoit beau- 
coup aimée, et que la mort lui ayoit enlevée, se représenta 
peignant le portrait de cette épouse chérie, dix ou douze an* 
Dée§ 4y^t sa mort, arrivée au mois d'avril 1743 (i). DauUé, 
qui étoit encore dans la fleur de Tâge, se dégoûta du gpnre 
des portraits qui lui paraissoit exiger trop de contrainte, et il 
s'imagina que, s'il gravoitpoijrson propre compte des sujets 
agréable», il j trpuveroit mieux son compte ; il choisit quel- 
ques morceaui^ de toucher, composés agréablement; il grava 
deux pluches» d'après des desseins que M. Jeaurat avoit fait 
de deux tableaux du Poussin; il se livra, comme beaucoup 
d'auto, au torrent. 11 s'exerça sur des tableaux de U . Ver- 
net; mais, pour dire la vérité, il s'y prenoit trop lard, et il 
sortoit de son genre; les planches ne lui firent pas beaucoup 
d'honneur; elles firent apercevoir que celui, des mains du- 
quel elles sortoient, pêchôit par le dessin, et queseul il ne pou- 
Yoit rien faire de bien ; il lui falloit un conducteur, et il n'tjn 
trouva point. Peut être même qu'une trop bonne opinion de 
lui-même s'y seroit opposée, car c'éloit le défaut de Daullé, 
el il s'éloignoit de tous ceux qui eussent pu lui donner des 
avis salutaires. Ce qiij'il a f^iit de mieux dans le genre dp Th js- 
loire fajt partie du recueil des tableaux de la galerie électo- 
rale de Dresde. J'en excepterai le portrait en pied de 1^ reine 
de Pologne j qui, mis en p^frallèle avec celui du roi, gravé par 
Balechou, pour le inêqae ouvrage, paroît une gravure à denji- 



(1) MarieUe avait écrit par erreur 1763. — La planche est à la 
chalooiprap^ di|Loovi«,ii^ iSU du nouveau livî*el. 



64 

faite, el tout à fait insipide. Elle est cependant supérieure à 
celle du portrait de la princesse de Hesse Hombourg, née 
Inabetski, que Daullé a gravée pour le général Betski, frèr^» 
de cette princesse, d'après un tableau de M. Roslin, où elle 
est représentée assise. C'est par où il a fini sa triste carrière ; 
car cet ouvrage, qu'il traîna et qu'il fit avec négligence, lui 
lit éprouver des désagréments, qui le durent beaucoup mor- 
tifier, quelques soins que j'eusse pris pour lui en épargner 
une partie. 

— Un enfant qui en caresse un autre, lequel tient une co- 
lombe, et a à ses pieds un carquois rempli de flèches, ce qui 
fait donner à cette pièce le titre de l'Enfant qui joue avec l'A- 
mour, gravé au burin, en 1750, par Jean Daullé, d'après un 
tableau d'Antoine Van Dyck, dont la composition, quoique 
différente, tient beaucoup de celle dont on a une estampe, 
gravée par Arnould de Jode, et qui a pour sujet l'enfant Jé- 
sus, recevant les actes de soumission du jeune saint Jean. 

DAUPHIN (Charles), disciple de Vouet, s'éloit étably h 

m 

Turin, où il est mort, environ Tan 1677. Ce que Thournevser 
a gravé d'après ce peintre, en donne une assez bonne idée. 
Felibien en a fait mention à larlicle de Vouet, à l'endroit où il 
fait le dénombrement de ses disciples. Il en parle aussy dans 
le petit livre intitulé : Noms des peintres les plus célèbres^ p. 56. 

DAVID, Florentin, a fait, vers l'an 1489, un tableau do 
mosaïque, représentant la sainte Vierge, assise dans un trosne, 
qui est à Paris, dans l'église de S. Mederic; Mém. ms. de 
Felibien. Ce David est David Del Ghirlandaio, et Vasari fait 
mention, dans la vie de cet artiste, du tableau, qui est présen- 
tement à S. Mederic (1). 



(1) U est maintenant au musée de l'hôtel Cluny. Voyez sur cet 



65 

D'ÂViLER (Charles-Augustin), né à Paris, en 1653, d'une 
famille qui y étoit établie depuis long temps, et qui étoit ori- 
ginaire de Nancy, embrassa de bonne heure l'architecture, 
pour laquelle il avoit une forte inclination. Ayant été jugé 
capable d'être envoyé à l'académie de Rome, il partit de Pa- 
ris en septembre 1674, accompagné d'Antoine Degodetz, &gé 
pour lors de 20 ans, qui alloit à Rome dans la même veûe 
d'élu(iier. Us s'embarquèrent à Marseille ; des corsaires Al- 
gériens, qui rencontrèrent le bâtiment sur lequel ils étoient 
montés, l'attaquèrent, et firent esclaves tous ceux qui s'y trou- 
vèrent. M. Jean Foy Vaillant, le médecin (1), fut du nombre. 
Seize mois se passèrent sans que les Algériens voulussent en- 
tendre parler de leur rançon , quoy qu'on leur offrît des sommes 
considérables. Ils convinrent enfin de les échanger contre des 
Turcs, qui avoient été pris par les Français. Daviler et ses 
compagnons sortirent ainsy d'esclavage, le 22 février 1676. 
11 alla sur le champ à Rome, et, pendant cinq années qu'il y 
demeura, il étudia et fit ses remarques sur les plus beaux 
édifices antiques et modernes, qui rendent cette ville si re* 
commandable. De retour à Paris, M. Mansart le reçut au 
nombre de ceux qui travaiUoient sous luy dans le bureau 
d'architecture; il y demeura plus de huit ans, et ce fut pour 
lors que, mettant à profit le peu d'heures de loisir qui luy 
festoient, il entreprit son cours d'architecture, dans lequel il 
renferma tout ce qu'il est nécessaire de sçavoir pour avoir 
une notion complette de cet art. Il choisit Vignole comme le 
plus exact et le plus suivy des auteurs, et il adjouta à son 
texte d'excellens commentaires, qu'on doit regarder comme 
le fruict des études qu il avoit faites jusqu'alors, et tout le 



ouvrajce la note de Tun de nous, dans le premier volume des Ar- 
chives de VAri français ^ p. 97-9. 
(1) C*esl le fameux numismate. 

T. n. • 



66 

monde convient qu'il ne se peut rien désirer de plus solide 
et de plus instructif. Daviler, en composant cet ouvrage, ne 
se ûa pas tellement à ses lumières qu'il ne consultât ce qu'il 
y avoit de gens les plus éclairés. M. d'Orbay, dont le mérite 
est si connu, fut un de ceux qui lui donna les meilleurs avis. 
Il en sçut profiter. Tout ouvrage, qu'on assujetit à une judi- 
cieuse critique avant que de le faire paroistre, est presque 
sûr de réussir ; aussi n^y en a-t-il eu aucun en architecture 
qui ait eu un sort plus heureux que celuy de Daviler, et, 
quoyque les étrangers fassent peu de cas de ce que nous pro- 
duisons en ce genre, ils ont sçu rendre à son ouvrage la jus- 
tice qu'il méritoit. Avant que de donner son cours d'archi- 
tecture, Da\îler avoit fait paroistre une traduction du traité 
des cinq ordres de Scamozzi en un vol. in-folio, qui parut 
en 1685. Enfin, las de ne se pouvoir faire connoître à Paris 
par quelque grand ouvrage de réputation, il accepta l'offre 
qu'on luy fit d'aller à Montpellier, y bâtir la porte du Pey- 
rou, ou arc de triomphe que les États de Languedoc avoient 
résolu d'y faire construire sur les desseins du s. d'Orbay. On 
en fut si satisfait que, pour le retenir dans la province, les 
États lui décernèrent le titre de leur architecte, au commen- 
cement de 1693, et lui firent avoir en même temps le brevet 
d'architecte du Roy. Ils lui procurèrent d'autres ouvrages dans 
la Province, et M. Colbert, archevêque de Toulouse, persuadé 
de son habileté, fit rebâtir entièrement, sur ses desseins, son 
palais archiépiscopal, qu'il n'avoit eu dessein que de faire 
rétablir. Daviler, trouvant de l'emploi dans le Languedoc, 
s'établit et se maria à Montpellier. Mais à peine commençoit- 
il à s'y distinguer, qu'il y mourut à la fleur de son âge, en 
Tannée 1700, n'étant âgé que de 47 ans. Mémoires communi- 
qués par M. son frère. 

— U partit de Paris en 1691, et arriva à Montpdlier au 
commencement de juillet de cette année. Dans une de ses 



67 

lettres, datée du mois de septembre 1691, il se plaint amère- 
meot des procédés de M* Mansard, qui, loin de lui être favo- 
rable» te traversoit dans le dessein qu'il avoit formé de se 
faire recevoir dans TAcadémie Royale d'architecture. Il se 
rep#qt d'avoir perdu cinq années de son temps auprès de cet 
architecte. -«Il â construit le palais Ëpiscopal à Béziers, et a 
travaillé à Carcassonne, à S.-Ponset en divers autres endroits 
du Languedoc. Il fut envoyé en 1699 au pont du Gard, ^ 
pour projetter les réparations qui y étoient à faire. Mais 
comme il est mort en 1700, je ne crois pas qu'il ait eu part 
à cette entreprise. -^^ Il a bâti quelques maisons dans Mont- 
peUier» et a donné des desseins magniQques pour la Versure^ 
ma^Q de campagne des Évoques de Montpellier. (Eitrails 
de ses lettres écrites à M. Langlois.) 

DÂYIS (Edouard lb), né dans le pays de Galles, a appris 
à graver chez Loggan. Il vint à Paris , et je connois deux 
{danches qu'il a gravées : l'une est un Ecce homo^ d'après Ân- 
nibal Carrache ; l'autre une Sainte-Cécile, d'après Van Dyck. 
Toutes deux portent l'adresse de François Cbau veau, qui les lui 
acheva sans doute. Lorsqu'il repassa à Londres, il s'y fit mar- 
chand de tableaux, et il réussit dans ce commerce. Il pouvoit 
devenir un assez bon graveur; car il coupoit bien le cuivre. 

DE LA JOUE (Jacques), peintre, de l'Académie Royale de 
Peinture et Sculpture, a eu pendant quelque temps de la 
vogue. Il peignoit l'architecture, et l'extravagance de ses 
compositions trouva des partisans. C'étoient les mêmes qui 
admiroient les licences que se donnoit Meissonier, autre des- 
tructeur du bon goût. 11 fut décidé qu'il ne se ieroit rien qui 
ne fût de travers, et qui ne sortît des règles que prescrit la 
belle et noble simplicité. En cc»iséquence, la Joue se met à 
l'aise» et| laissant courir son pinceau sur la toile, il y multi- 



68 

plia les absurdités d*un faux génie; car il n'en avoit point. Il 
ne faisoit que se répéter. Heureusement, ce goût n*a pas duré. 
Depuis longtemps les ouvrages si estimés de de la Joue sont 
tombés dans Toubli. Il étoit généralement méprisé et sans 
occupation, lorsqu'il est mort le 12 avril 1761, flgé de 74 ans 
ans et 5 mois. 11 avoit été reçu de T Académie en 1721. Il 
étoit né sur la Qn de 1687. 

DELAULNAY (Noël), élève de Lempereur. 

DËLLA BËLLA (stefâno). Rien ne contribue davantage à 
faire fleurir les beaux arts que de les favoriser, et Ton n'auroit 
peut-être pas veu fleurir en France tant d'hommes habiles 
dans ces derniers siècles, s'il ne s'y étoit pas trouvé en même 
temps des personnes qui les aimoient et qui les protégeoienl. 
Les honneurs et les récompenses, distribués abondamment à 
ceux qui s'y distinguèrent, eurent le double avantage de 
faire naître d'habiles maîtres et d'attirer en France d'excellens 
sujets. Parmi eux , il n'y en a guères qui ait acquis plus de 
réputation qu'Etienne délia Bella, ni qui, par rapport à la 
multitude et à la beauté des ouvrages qu'il a fait en France, 
mérite mieux d'être rangé parmi les François. Né à Florence, 
vers le commencement du dernier siècle, il témoigna dès ses 
plus tendres années un amour tout singulier pour le dessein ; 
il fit apercevoir surtout un penchant naturel pour exprimer 
en petit tout ce qu'il voyoit. L'exemple vient de Gallol , qui 
avoit travaillé dans ce genre avec tant de succès; ses ou- 
vrages, dont Florence étoit remplie, furent, et ce qui encou- 
ragea le plus délia Bella , et ce qui lui servit de guide dans 
ces commencemens. La peinture, qu'on voulut lui faire em- 
brasser, ne put le détourner de ses premières idées; mais ce 
qu'il en apprit ne contribua pas peu à luy former le goût, 
qu'il avoit naturellement excellent. Le séjour de Rome acheva 



69 

de le perfectionner. Il y alla dans la veue d'étudier sérieuse- 
ment d'après tout ce qui lui parottroit le plus propre pour 
annoblir sa manière, et il s'accoutuma tellement dès lors h 
étudier, qu'il avouoit sur la fin de sa vie que quand il auroit 
eu en veue de s'appliquer à la peinture , il ne lui auroit pas 
fallu plus d'études. L'on ne doit donc plus être étonne s'il se 
trouve dans tout ce qu'il a gravé, et jusque dans les plus 
petites choses, un goût si grand et si noble, s'il a si bien 
sceu composer et si richement , s'il a répandu tant de vie , 
tant de feu dans ses figures , si ses airs de testes sont si gra- 
cieux qu'il y en a qui ne seroient pas désavoués par le Par- 
mesan. En cela, Etienne délia Bella paroît fort supérieure 
Callot, quy, quoyque plein d'esprit, dessine d'une petite ma- 
nière, et qui tombe souvent dans le style burlesque; par là, 
aussy, Etienne délia Bella s'est rendu original et l'auteur de 
sa manière. La fermeté de pointe de Callot l'avoit ébloui 
dans ses commencements; mais bientôt il abandonna cette 
manière, qui luy parut trop roide et trop comptée, pour en 
prendre une plus moelleuse et plus flexible, mais qui est 
pourtant devenue quelques fois trop lourde et trop confuse à 
force d'y mettre du travail et de vouloir faire de l'effet. Si c'est 
un défaut qu'on puisse reprocher à cet auteur, il ne se trouve 
pas toujours dans tout ce qu'il a gravé ; car ce qu'il a fait en 
petit est très-léger, et, pour ce qu'il a dessiné , personne ne 
l'a fait avec autant de légèreté et d'esprit. Il étoit tout à fait 
propre à représenter des actions militaires, des veues de mer 
et des vaisseaux , des ruines, des animaux, des pastoralles, 
et surtout des festes et des spectacles, qu'il représentoit dans 
toute leur magnificence. Il fut occupé à en dessiner plusieurs 
pendant le séjour qu'il fit en France, qui font présentement 
un des principaux ornemens du cabinet du roy, comme les 
desseins que l'on conserve de lui à Florence ne sont pas des 
moins précieuses parties de celuy du grand-duc. Etienne 



71 

deUa Mla avoit eu l*honneuf de mMtref à dMsiiitF au grand? 
due CkMoie III , et , s'il eût voulu rester plug longtemps en 
Franee , on lujr faisoit espérer le môme honneur aupièa du 
roy Louis XIV ; mais quoy qu'il fût chéiy de toutes les per» 
sonnes de distinction , encore plus pour l'excellence de son 
caraolère qu'à cause de son habileté, l'amour de sa profMt- 
fiion, joint à la délicatesse de son tempérament, lui faisant 
préférer la retraitte, lui fit aussy mépriser tous les offres 
avantageux qui pouvoient établir sa fortune (1). 



(1) Quand on çonnatt le calalo^ue de Fœuvre dei la Bçlle, publié 
par Charles Antoine Jombert, Pans, 1 77i, in-S», de VIII et 830 pages, 
Qn s'ôtonperaqu'Qp puisse apt^Rt lui tgouler guQ)^ ft^r^QÇ) que nous 
publions de Mariette, s^us parler (le ce qui est purement un ca- 
talogue, ce que nous sommes forcés de laisser* Ce qui l'explique, 
« es| que Hariet^e, qui eomplait fsire qi^^quç çbosa lui^ipêmç sur 
le sujt^t, et qui étajl. d^|^ viey^, et peut-^tre p^r fois fantasque, se 
refusa de communiquer à Jombért l œuvre magnifique qu'il en pos- 
fMait, Hou6 apprenons gs fait de la préfaoe de jombert : 

« Uu seul ap^4leur, po^^qsseur ie Tçpuvre de 1^ Belle le plu? çQm- 
« plel qui existe aujourd'hui, éloit en état de me conduire et d'é- 
^ clairar mes p^s dans es lal)yrintbe de difficuité3 ; mais, loin d^ 

(( mg prêter uu 8^c9ur§ qye j'avoi^ lieu 4'^Uendre de lui, il m> 

• refusé môme la permission de jelter iiH coup d'œil sur ce trésor 
if unique qu*il possède, parce quil se prépose de travailler aussi 
« ^ur Ig méipe jiuj^t. Èo atteiudapt (Jopç qu^ pet ^n^atepr, ivè^-^ 
« éclairé et bien plus capable d'écrire sur tout ce qui concerne 
a les arts, veuille bien nous faire part de ses connoissaBces, et doRT- 
(t nqj- «u public un eat^lQgi)^ de Vœuvr^ d§ la Belle d'après çf^lui 
« guî est entre ses mains, jp prie le lecteur de jeter un coup 4'œil 
« favorable sur cet essai, etc. (Avertissement, p. v*vi.) » Il revient 

fîUçor(? sur ce refus daPQ Ift préface d^ §ûn catalogue de l^o Cler^ : 
a J ignore s'il se trouve up œuvre de Le Clerc dans le célèbre ca- 
« binet de M. M**^, et dans quel état il peut être. Le refus qu^il 

(S m'a fftit de me laisser preudre qaqn^issane^ dç Tcpuvre de is 

<( Belle qu'il possède, dans le temps que je m'ocpupois du catalpgue 
if des ouvrages de cet artiste, m'a rondu assez oiroenspeet pour ne 
(l PAS me ineUPô dans le ç^^ 4'un popYesU refys is Tocq^wen de 
« celui-ci (1, p. xxv), » — îjous ajouterons que les renseigneipents 
de Mariette seront a'autant plus nouveaux qu'ils n*6nt pas été em- 
ployés p^r M. he BUuc, pour SQp Mmu^^ 4^ VAvmteuf é'BmmpHy 
dans t4 çroyapçe où il étai^ con^me tput le mondç, qu'il n'y 
avait rien à trouver au delà du catalogue de Jombert. 



71 

— Etienne délia Bella, étant encore fort jeune, grava les li- 
gures qui se trouvent dans le livre intitulé : Descrtzion délie 
fksie in Firenze per la canonizzazione di santo Andréa Corsini; 
in Fiorenza^ nella stamperia di Zanobi Pignani, 1632, 4® (1). Ce 
livre ftit mis au jour en 1632, il contient une description de 
la ieste faitte à Florence pour la canonization d'André Cor- 
sini , le 1®' de juillet de Tan 1629. Il y a dedans vingt plan- 
ches représentant divers sujets de la vie du saint, et à la 
teste il y a un frontispice qui représente la décoration de la 
fiiçade de ladite église et la procession solennelle où Ton 
porte Timage du saint. A toutes ces planches, il n'y a aucun 
nom ny marque de çraveur ; elles sont à l'eau forte , mais 
l'on reconnoît facilement à la manière qu'elles sont deStefano 
délia Bella et de ses premiers ouvrages de gravure, car, quoy- 
que le livre ait été mis au jour en 1632, il ne faut pas inférer 
de là que les planches aient été gravées dans cette année. Il y 
a apparence qu'elles l'ont été sur la fin de 1629. Le livre de- 
yoit même être mis au jour dans cette année ; les approba- 
tions et permissions d'imprimer sont datées de la fin de no- 
vembre et du commencement de décembre 1629, et le 
libraire, qui se doutoit bien que l'on trouveroit à redire qu'il 
eût si longtemps tardé à donner cette édition , se crut même 
obligé de rendre compte de la cause de ce retardement 
dans un avis au lecteur, oîi il en rejette la faute sur les cala- 
mités publiques qui avoient désolé l'Italie. 11 adjoute que Ton 
peut juger, par les dates des permissions, que la composition 
de l'ouvrage étoit finie, il y avoit longtemps, et qu'aussitôt 
il l'avoit mis sous la presse , mais que d'autres oceupations 
l'avoient détourné. Il y a donc grande apparence que les 
planches furent gravées presqu'aussitôl que la feste; la nia- 



(1) Jombert, n» 22. 






72 

nière dont elles sont exécutées en est une preuve. Baldinucci 
dit que la Belle ne resta à Florence que quelques mois après 
avoir gravé, en 1627, le repas donné par les Piacevoli (1), 
qu'ensuite il alla à Rome, où il resta pendant deux années, 
pendant lesquelles il grava l'entrée de l'ambassadeur polonois 
en 1633 (2). Il y a peu d'ordre dans tout ce récit; car la Belle 
s'arreste à Florence beaucoup plus de temps que ne le dit 
Baldinucci ; cette feste de Saint-André Corsini en est une 
preuve. Le titre du dialogue de Galilée (3) a été gravé en 1632, 
le livre ayant été imprimé à Florence , chez Jean-Baptiste 
Londi, en cette année. Ce qui est de certain, c'est qu'il devoit 
estre à Rome en 1633, puisque ce fut cette année que l'am- 
bassadeur y fit son entrée. Mais qu'il l'ait gravée cette année 
à Rome, c'est ce qu'il faut examiner. En 1633, il grava à 
Florence l'image miraculeuse de N.-D. de l'Imprunette (4), ce 
qui pourroit faire croire qu'il revint de Rome sur la fin de 
cette année 1633. Ce fut pour lors, au commencement de 1634, 
au plus tard, qu'il grava le titre de : Lactis Physica analy- 
sw(5), et peu après la suite des vaisseaux, dont il dédia les plan- 
ches à don Laurent de Médicis, son Mécène (6). Il n'est point 
vrayqu'il grava, étant à Rome la première lois, leCampoVac- 
cino (7), puisqu'elles n'ont pas été faites avant l'année 1650, 
et je croirois même assez volontiers qu'elles n'ont pas été 
dessinées que dans son second voyage à Rome , et peut-être 
gravées ensuite à Florence, dont les planches furent envoyées 



(1) Jombert, no 4. 

(2) Jombert, n° 28. 

(3) Jombert, n» 24. 
(4; Jombert, n» 27. 

(5) Lactis phvsica analysis, auctore Joanne Nardio philosophe, 
medico Florentino, Florentiae, typis Pétri Nestii, 1634, 4°. 

(6) Jombert, n'»3l. 

(7) Jombert, n° 189. 



75 

CD France par la Belle à Israël; car, y étant retourné de 
France, il y grava plusieurs planches pour cet [sraël. 11 n'est 
pas vray non plus que la Belle soit venu en France précisé- 
ment au sortir de Rome, comme le dit Baldinucci, puisque 
l'on a de ses ouvrages gravés à Florence , en 1637 , et que le 
siège de Saint-Omer, qui est asseurément un des premiers 
ouvrages qu'il ait deu graver en France, est de 1638 (1). Il se 
pourroit pourtant que cette planche eut été faitte en Italie , 
puisque la thèse du B. Soto , soutenue à Florence, et qui a 
deu par conséquent y être gravée, est de 1639. De là l'on pour- 
roit conclure que l'arrivée de la Belle en France a été en 1640, 
temps du siège d'Arras, et Baldinucci remarque, à ce sujet, 
que la Belle fut envoyé expressément sur le lieu pour le des- 
siner. Felibien dit que ce fut en 1642 ; tout ce qu'il dit de la 
vie de la Belle est à examiner; il faut aussy lire Sandrart, 
qui en a dit, ce me semble, quelque chose, et Corn, de Bie , 
p. 561, et le Cabinet d'architecture (2). Mais je trouve 
dans des notes tenues par Langlois» ditCtiartres, que la Belle, 
auquel il donne la qualité de peintre et de graveur du duc 
de Florence, étoit à Paris en 1640. Il y est lait mention d'un 
peintre florentin, camarade de la Belle ; quel étoit-il? De plus, 
le titre des poésies de Desmarets (3) est gravé àParis, en 1641, 
et c'est en 1641 qu'il grava la tragédie de Mirame (4) qu'avoit 
fait représenter le cardinal, mort le 4 décembre 1642, sur le 
théâtre du Palais-Cardinal; il y a apparence qu'il estoit bien 
auprès de luy. Quoiqu'il en soit, Baldinucci dit que la Belle 
vint en France avec le baron Alex, del Nero, ambassadeur du 
grand-duc ; peut-être trouvera-t-on l'année de l'arrivée de 



(1) Jombert, no 5 des batailles. 

(2) Pages 107-21, édil. de Paris, t. II, 2e partie. 

(3) Jombert, n° 81. 

(4) Jombert, n» 74. 



74 

eet ambassadeur en France. Baldinucei dit que la Belle ]?esta 
onze années en France, oe quf je eroirois assez volontiers. 
Pendant son séjour en France, il voyage aux Pa j^Bas et à Am»- 
tefdam ; il y a une petite suitte de veues gravées en 1M7 (1], 
où il ae trouve quelques veues d'Amsterdam et de Calais ; donc 
il en estoit déjà de retour. Le Pont-Neui es! gravé à Paris 
en 1646 (S). La Belle étoit encore à Paris en 1648 ; La C!olom- 
bière, qui s'en etoit servy pour les desseins de ses quatre 
grandes tables du théâtre d'honneur, en parle ainsi , dans 
son livre , du thé&tre d'honneur et de chevalerie, imprimé 
en 1648 : « La Belle est présentement à Paris, où il travaille, 
a avec applaudissement de tous les curieux et savans ^n ce 
ff noble art (du dessein). » Il devoit estra da retour à Florence 
en 1650 , temps du siège de Piombino et de Porto Longone , 
gravés, le premier, par Livio Meus , et le second , par la 
Belle (3), sur les mémoires que leur foumissoit il Ouerrini; 
c^est ce que rapporte Baldinucei, mais ce qu'il faudra exa^- 
miner avec attention; car poqrquoy la Belle auroit^lmisson 
nom à Tune et l'autre planche, s'il n'y en eût eu qu'une de 
gravée par luy? Ce qu'il y a de singulier, c'est que Baldi- 
nucei dit que la BçUe estoit pour lors de retour de son 
deuxième voyage de Borne, et cep^fidant je suis comme as- 
seuré qu'il n'y avoit pas lopgtemps qu'il estoit arrivé de Pa- 
ris en Italie. 11 mourut en 1664. 

-T»- Ciartres peut avoir connu la Belle en Italie, lors de son 
premier voyage.T^ll y alla en 16S0, et je trouve qu'il y étoit 
encore en 16S3. Ainsy, la Belle, qui estoit alors à Borne, 
avoit deu le connottre avant que de venir en Franca, et je ne 
m'étonne pas que ce graveur, arrivant à Paris, grava pour 



(1) Jombert, n»134. 

(2) Jomberl, nMl2. 

(3) Jombert, n^ 48 des sièges. 



75 

luy plusieurs planches, et mesme, autant que je le puis con- 
jeeturer, luy en vendit quelques-unes qu'il avoit apportéesavec 
luy, et qui avoient été gravées en Italie; car à qui pou voit-il 
s'adresser qu'à ce marchand qui estoit celui qui flaisoit le plus 
de commerce d'estampes, et qui , ayant voyagé en Italie, y 
avait contracté des habitudes, et s'éloit fait connottre. Il estoit 
bien naturel que la Belle, arrivant à Paris, s'adressa à lui pré- 
iérablmaent à tout autre, et c'est aussi ce qui arriva. Je vois, 
par les notes tenues par Langlois, qu'ils étoient en relation et 
qu'ils se trouvoient ensemble aux mêmes parties de plaisirs. 
de ne fut que quelques années après, et peut-être mesme 
après la mort de dartres, ce qu'il faudra vérifier, que, con- 
seillé par CoUignon, ainsy que le dit Felibien — - CoUignon 
étoit à Paris avant la Belle ; il y étoit en 1639 ; ce fut dans cette 
année qu'il vendit à Langleisla planche de marine qu'il avoit 
gravée d'après les originaux de la Belle— La Belle fit connois»- 
sance avec Israël qui avoit les planches de Gallot, et se mit à 
graver entièrement pour luy. Je remarque cecy, parce que 
cela sert à rectifier une partie de ce que Felibien a écrit sur 
le ehapitre de la Belle. Il faudra aussy examiner ce qu'il en- 
tend par cette suitte de marine, dont Giarires ne voulut pas 
s'aocommoder, et qui fut le sujet qu'il alla chez Israël. 

-T- 11 est si vr«y que la Belle connoissoit particulièrement 
Langlois, dit Ciartres, avant que de venir en France, que j'ay 
veu plusieurs de ses lettres qu'il écrivoit à M. Langlois, de- 
puis s(» retour à Paris, c'est-à-dire depuis 1634 — je me 
trompe, ces lettres sont adressées à mon ^rand-père Mariette, 
—où il luy fait mille protestations d'amitié, et luy fiait part de 
tout ce qu'il gravoit. M. Langlois ayant mesme fait un recueil 
des ouvrages de la Belle, celuy-cy prit soin de ramasser tout 
ce qui pouvoit lui manquer de pièces rares, pour la rendre 
complette. Cette belle œuvre est encore entre nos mains. Il 
luy fit aussy présent d'un magnifique dessein de l'entrée de 



76 

Tambassadeur de Pologne à Rome , différent de ce qu'il a 
gravé; mais œ qui marque encore mieux la bonne intelli- 
gence qui régnoit entre eux, c'est que non-seulement les pre- 
miers ouvrages que la Belle fit à Paris furent sous Langlois , 
mais qu'il continua mesme de graver pour luy jusques à sa 
mort; car les cartouches et le Pont-Neuf furent mis au jour 
par Ciartres, en 1646. Ainsy, tout ce qu'avance Felibien a 
grandement l'air de fable , et, s'il est vray, cela ne p%it être 
arrivé tout au plus que depuis la mort de Langlois , arrivée 
en 1647, ne voyant pas effectivement que sa veuve ait rien 
mis au jour de nouveau de la Belle. Ce fut l'iraël qui eut pour 
lors généralement tout ce qu'il grava : peul-être même avoit- 
il déjà eu quelques planches de luy du vivant de M. Langlois; 
c'est ce qu'il laudra examiner. 

— Il n'esl pas ordinaire de trouver, dans les ouvrages des 
graveurs de profession, autant d'esprit et de goût qu'on en 
rencontre dans tout ce qui est sorti des mains de Le Belle ; 
mais aussi avoit-il étudié pour devenir peintre; il s'étoit 
formé sur les meilleures manières, et toute sa vie s'étoit pas- 
sée à dessiner. Sa plume, qui est d'une légèreté surprenante, 
exprime dans la plus grande justesse les plus petits objets; 
ils ne craignent point d'être regardés avec la louppe, ils y 
gagnent au contraire beaucoup. (Catalogue Crozal, p. 6.) 

— Sa dernière manière plus large; apparemment qu'il 
n'avoit plus les mêmes yeux. 

— Une figure de jeune homme debout, a moitié vêtu, 
dans la manière du Parmesan; pièce en hauteur en clair- 
obscur. M. de Julienne en a eu le dessein de la Belle, chez 
M. Boulle, qui le tenoit de Bérain, et celui-ci de M. Silvestre; 
preuves que la planche a été faite en France et emportée par 
la Belle en Italie. — Elle est au nombre de celles qui appar- 
tiennent au Grand Duc. 

— A la suite d'une énumération des planches de la Belle, 



77 

^t appartenaient au Grand Duc^ Mariette ajoute : Toutes 
ces pièces ont été envoyées de Florence à S. A. S. Mgr le 
prince Eugène de Savoye, en 1730, par le Grand Duc. Il luy 
avoit été pareillement envoyé de chez le Grand Duc la suilte 
des quatre planches de Bamboches, dont les planches sont 
aussi certainement chez le Grand Duc, et je ne crois pas qu'il 
en ait davantage; du moins, M. de Montarsis, qui avoit 
reçu, il y a longtemps, un semblable présent, dans un temps 
où toutes les planches de ce cabinet étoient dans un meil- 
leur ordre qu'à présent, n'en avoit pas receu un plus grand 
nombre. 

— J'ai vu vendre, chez M. Pottier, les quatre pièces de la 
Belle; qui sont indiquées dans le catalogue de ce curieux, 
sous le no 180; elles ont été payées quatre fois plus qu'elles 
ne valent. 

Le petit sujet au trait représentant un enfant qui, avec 
UQ masque, fait peur à ses camarades, est un petil morceau 
en travers d'environ 5° de large sur 3 pouces de haut, et je 
le crois bien de la Belle ; il est dans la même manière que 
révantail au trait que j'ai dans mon œuvre. 

La petite pièce, aussi en travers, d'environ 3® de large 
sur deux pouces de haut, représentant trois mendians, est 
jolie; mais je garantis bien qu'elle n'est pas de la Belle; elle 
est de J. Le Paulre et d'une touche plus ferme que ne Ta eu 
la Belle. 

La figure polonaise est une copie d'une des figures du 
livre intitulé Varie figure^ dont la première feuille représente 
la vue de la grande galerie du Louvre. 11 ne faut que jetter 
les yeux sur cette petite pièce pour reconnaître la vérité de ce 
que j'avance; celui qui l'a gravé y a mis sa marque sur la 
terrasse. 

Quant à la pièce représentant un paysan appuyé sur 
un bâton, laquelle est de même grandeur que la précédente 



78 

pièce, c'est environ 2*" 6* de haut sur 2 pouces de large, et je 
ne la révoque pas en doule« mais, pour pouvoir l'assurer plus 
positivement, je voudrois l'avoir examinée avec plus d'atten- 
tion. En tout cas, si je Tavois, je ne ierois pas difficulté de la 
ranger dans mon œuvre. 

Cet article a été acheté par M. Juullain pour M. Paignon 
d'Ijonval. 

— Le ballet des autruches, des singes et des ours, et des 
perroquets, imaginé par J. B. Balbi, pour servir d'intermèdes 
à Topera de la Finta Pazza, qui fut représenté à Paris sur te 
théâtre du Petit-Bourbon, en 1645, fut dessiné avec beaucoup 
d'esprit par Etienne de la Belle (j'en ay veu la plus grande 
partie des desseins chez M. Boulle, en 1731), et gravé en- 
suite en 19 planches par Valerio Spada. Ce Valérie Spada a 
été un des plus habiles maislres d'écriture qu'ait produit 
l'Italie. Il en est fait une mention fort honorable dans la nou- 
velle édition du poëme // Malmantile racquistato di Lorenzo 
Lippi faite à Florence, en 1731. Paolo Minucci, qui a com- 
menté ce poème, y dit, dans une de ses notes, p. 438, que 
Spada excelloit non-seulement à bien écrire, mais qu'il dcs- 
sinoit aussi bien des paysages à la plume, qu'il grava au bu- 
rin et à l'eau -forte, qu'il étoit intime amy de Lippi chez qui 
il avoit appris à dessiner, et qu'il vivoit en 1688, âgé de 
plus de 70 ans. Spada, selon Ginelli, daos son histoire Mss 
des écrivains de Florence, étoit de Colle di Valdeja. 11 mourut 
à Florence en 1688. Il avoit été maître à écrire de Cosme III 
et des princes ses enfans, et étoit infatigable au travail, à 
quoy Antoine Maria Biscioni, éditeur de la nouvelle édition 
du Malmantile, ajoute que personne n'avoit encore autant 
perfectionné l'art de l'écriture. Il avoit commencé de graver 
quelques-uns de ses alphabets, mais cet ouvrage est demeuré 
imparfait, et est présentement entre les mains de M. l'abbé 
Gabriel Riccardi. Ce même Spada a gravé une veue, en veue 



79 

d'oyseau, de la ^ille de Florence, prise dd frato ii S. Fran- 
cesco à Monte. Mdis quoy qu'en disent tous ces messieurs, ce 
Spada n'est pas un grand Grec^ ni pour la graveure, ni pour 
le dessein, à en juger par ce qu'il a gra\é d'après la Belle; il 
a horriblement altéré le goût du dessein ; on ne trouve dans 
tout ce qu'il a fait ni goût ni pratique. Reste à scayoir s'il a 
gravé cela à Paris, ce que je croirois assez. Du reste , je ne 
dispute pas qu'il n'ait pu estre un très-habile écrivain. Mais 
pourquoy vouloir donner à un homme un mérite qu'il n'a 
pas? N'étoitH^ pas assez pour lui de s'être fait estimer dans 
la profession d'écrivain qu'il exerçoit (!)?• 

— Dans le catalogue des livres de festes et spectacles, que 
le baron de Tessin a rassemblé à Stockholm, ces treize figures 
et la quatorzième, qui est le rocher, sont rapportées sous ce 
titre : La gara délie stagianij Tomeo a cavallo^ rappteeentato 
in Modena ml pcusagio déf Ser. Archiduehi FefditKmdo^ 
Carlo^ SigUmondOt Francesoo d'Atutria, et Arehiduchêua di 
Toicana; 1662, 14 figure grandi da St. délia Bella. Yoicy donc 
la véritable explication et lô sujet de ces estampes. Ce n'est 
point, comme l'a prétendu Baldinucci, un carrousel repré- 
senté à Vienne en présence de l'empereur. 

-^ Les deux estampes de la Belle, qui sont intitulées par 
Baldinucci Giuochi deUa cmtadina représentant une espèce 
de danse ou d'exercice qui est en usage en Italie dans le 
temps du carnaval, et qui est exécutée par dos sauteurs. Voicy 
en qupy elle consiste ordinairement : Huit 6u dix hommes, 
debout et fermes sur leurs jambes, forment un cercle, en se 
tenant tous les uns les autres fortement embrassés par la 
nuque du col. Quatre ou six autres montent sur les épaules 
de ceux-ci, toujours dans la même posture et en portent trois 



(1) Jombert, n» 103. 



80 

de la même manière, qui en soutiennent un dernier, lequel 
termine le groupe; dans cette situation, ils marchent pen- 
dant quelque temps en cadence, et enfin celui qui est à la 
cime fait une culebute en l'air et saute à terre, où il est 
receu par deux de ses camarades, qui sont postés pour cela; 
les trois d'ensuite en font autant, et tous les autres de même 
par ordre, ce qui s'appelle à Florence far la tombolata. ïay 
yen cet exercice fort bien exécuté à Paris par des sauteurs. 
Xai extrait cecy des notes de P, Minucci, qui accompagnent- 
le poëme Malmantile racquistato, et M. Salvini observe que ces 
danses s'appellent délia œntadina, comme les Anglois caun- 
Iry-dance les danses que nous avons pris d'eux et que nous 
appelions aussi œntre-danse : Le mot anglois signifie danse 
du pays ou danse paysane. 

— Une pièce en hauteur {t3', h.; 9* tr.), gravée au burin 
assez mal par Valérien Regnart, qui y a tellement altéré la 
manière de la Belle qu'elle y devient presque méconnois- 
sable. Ce sont d'ailleurs de grosses figures, et l'on sait que 
ce n'éloit point le talent de la Belle de les bien faire. Ainsi 
on ne scauroit point qu'elle est d'après ce maître, si on n'y 
lisoit son nom au bas. Cette pièce représente St Dominique 
de Soriano à qui la Ste Vierge, accompagnée de Ste Cathe- 
rine et de Ste Madelaine, présente une image de St Domini- 
que. Voicy son titre : Vera effigies S. Dominici à Soriano, 
au haut de la planche. La pièce a été dédiée au cardinal 
Alexandre Cesarini par frère Orsuccio, religieux domini- 
quain, et l'on y trouve au bas le nom du graveur, qui Ta 
gravée à Rome, et vis à vis : Delineavit Steph. délia BeUa 
invenior (1). 

— A la suite de Findicaiion de quatorze sujets rehgieuXy qui 



(1) Jombcrt, n"" 40. 



81 

9(mt pour la plupart des vierges, Mariette ajoute : Ces qua- 
torze pièces forment un mesme livre; P. Mariette a les plan- 
ches de toutes (1). 

— La Ste Vierge à demy-corps, dans un rond, allaitant l'en- 
fant Jésus, d'après Louis Carache. Il y a une estampe de cette 
Vierge, figure entière, que je crois gravée d'après le Bricci (2). 

— S* Antoine de Padoue en demy corps, d'après Jean 
François da Cento, dit le Guerchin ; répétition, à ce qu'il me 
semble, de l'estampe originale du Guerchin. 

— Portrait sans nom, d'un auteur âgé de soixante et neuf 
ans, dans un ovale; gravé au burin par Et. de la Belle dans 
ses commencemens. A une autre épreuve, il y a LXXII ; on 
voit qu'il y a voit auparavant LXIX et que cette dalle a été 
reformée depuis; le nom de la Belle, ou plutost son chiffre 
est au bas ; il y a les deux vers cy acostés au bas du portrait : 

Exprimit auctoris vultum pictura, sed auctor 
Ipse sui vires exprimit ingenii. 

C'est le portrait de Stephanus Rodericus Castrensis Lusi- 
tanus œtat. 78; j'en ay veu une épreuve avec celte inscrip- 
tion gravée autour du portrait; la planche éloit usée. J'en ay 
veu aussi une copie avec la môme inscription; cette copie a 
été faite pour estre mise à la tête d'un ouvrage de cet auteur, 
intitulé : Tractatus de nature muliebriy Hanoviœ^ 1654, 4^; 
l'onavoitécrit au bas: Olim Magni DucisEtruriœ Consiliarius 
de sanitate et in Academiâ Pisanâ medicinam docens (3). 

— Représentation d'une feste donnée à Pise dans une place 
située près de l'Arno, d'après Ercole Bazzicaluva ; des pre- 
mières manières d'Etienne de la Belle. Je ne la crois point 



(i) Dans les n»> 148 à 163 de Jombert. 

(2) Jombert, n° 153. 

(3) Jombert, n"» 60. 

T. n. / 



8) 

de la Belle i j*estime que Bazicaluva en est le graveur et que 
le dessein est de la Belle [i). 

— Douze sujets d'une histoire romanesque^ gi^atfis par 
Etienne de la Belle dans ses premières itianièreSi -^ Ils ne sont 
pas de la Belle, mais d'Ërcole Bazzicâlure ; les desseins peuVeiit 
être de la Belle (2). 

~ Entrée de l'ambassadeur de Pologne à Rome^ éii 1633, 
en sit feuilles gravées à Rome. Âug. Parisinus et Jo. Bapt, 
Nigropontes formis Bononise ; elle est dédiée au prince Lati^ 
tent de Toscane, protecteur de la Belle^ et frère du grdtd duc 
Gosme second. Aut premières épreuves, les noms des inar* 
chands ne se trouvent point. Il n'est pas sûr que les planches 
aient été gtavées à Rome ; le dessein y a été iait ; cela d'est point 
douteux. Cet ambassadeur étoit Qeorges Ossolinscki, ambassa- 
deur d'obédience de Ladislas, roy de Pologne ^ au pape Urbain 
VIII ; son entrée se fit avec beaucoup de pompe, en 1633 (3). 

— Veue d*un reposoir dressé à Paris pour la feste du Saint- 
Sacrement dans la maison de M. Tubœuf. Le roy jeune, la 
reyrie sa mère, et toutte là cour dssiôtetit à cette procession ; 
dédiée à Mgr Tubœuf i par Uti Italien qui aVoit présidé à 
cette décoration^ et qui Ût graver la planche ; la planche (|tiè 
Golignon avoit emportée à Rome y est etidore entre les maM 
de ceux qui ont acquis son fonds de planches ; mais elle est 
uséeé Je crois cette planche du même temps que la veUe du 
Pont-Neuf (4)i 

— Montjoye St Denis^ roy d'armes de France ; pour le livft 
intitulé de l'Office des roys d'armes, des hérauts et poursui- 
vants, par la Golombière, 4^ 1645, Paris; achevé d'impH- 



(i) Jombert, n^ 32, 

(2) Jombert, no 12. 

(3) Jombert, n° 28. 

(4) Jombert, n° 83. — Sur la maison, voir Piganiol^ lOi ïMi 



83 

mer en i644 ; ainsy la planche a élé gravée en 1644. Dans le 
lointain est représenté le convoi d'un roy de France, qui est 
gravé par Etienne la Belle, le reste étant gravé au burin par 
J. Gouvay sur son dessein. Le trait de la figure principale a 
aussi été gravé à Teau-forte par la Belle, et remply au burin 
par Gouvay, amy de la Belle ; j'en ay veu une épreuve avant 
que Gouvay y eût travaillé (1)^ 

-^ Carlô Gantu, comédien italien, jouant de la guittare, 
gravé au burin par J. Gouvay d'après Etienne de la Belle, 
qui a gravé dans le lointain la veue du PonirNeuf de Paris. 
Mon père prétend que la veue de Parii est gravée par Sil- 
vestre, et les figures par la Belle« 

— Plan et profil de la Rochelle assiégée par Tarmée de 
France, commandée par Louis XIII en personne et réduitte 
sous l'obéissance de ce prince, eu 1628. A élé gravé depuis 
l'arrivée de la Belle en France^ et presqu'en même temps que 
le siège d'Arras, c'est-à-dire aux environs de 1641 « pour 
quelqu'un qui vouloit faire sa cour au cardinal de Richelieu. 
Je crois que ce fut le médecin de Lorme (2). 

— Plan et profil de la ville d'Arras, assiégée et prise par 
les François, en 1648. La datte y est en suite du nom de la 
Belle, et il y marque que c'est à Paris que cette planche a été 
gravée en 1641. Il y en a des premières épreuves sans la datte 
et où le cheval mort, qui est étendu sur la terrasse, est moins 
chargé d'ouvrage; la croupe en est presque blanche; ces 
épreuves sont fort rares (3). 

— Plan du siège mis devant la ville de Piombinô par les 
Espagnols en 1650. Ph. Baldinucci, dans la vie de la Belle, 
(lit que cette pièce est de Livio Meus, et cela peut être. Il e>t 



(1) Jomberl, n^ 99. 

(2) Jomberl, n*» 1 des sièges. 
(3j Jombert, n<> 7 des sièges. 



8/^ 

vray qu'on y lit le nom de la Belle, et que cetle pièce a beau- 
coup de sa manière; mais il est vray aussy que ce nom de la 
Belle n'est pas écrit de luy et peut avoir été mis après coup. 
D'ailleurs Livio Meus étoit disciple de la Belle, et, si Ton en 
croit Baldinucci, imitoit parfaitement sa manière. Si l'on 
examine bien cette pièce, l'on y trouvera des endroits qui ne 
sont pas tout à fait dans la manière que la Belle avoit pour 
lors. J'ay même une épreuve de la planche dans l'état qu'elle 
étoit sortie d'entre les mains de la Belle (1). 

— Décorations de théâtre et les principales scènes de la 
tragi-comédie de Mirame, représentée dans la salle du palais 
Cardinal, en 1641, au nombre de cinq pièces (2). — Il doit y 
en avoir six, scavoir le titre et les représentations des cinq 
actes. Celte pièce de théâtre est de la composition de Desma- 
rets, quoy qu'il soit vray que le cardinal de Richelieu y eut 
aussy grande part, et il l'affectionna même tellement que, 
pour en rendre la représentation plus magnifique, il fit bâtir 
exprès une salle de comédie dans son palais, où l'on repré- 
sente encore habituellement les opéras. M. Pelisson, dans son 
histoire de l'Académie (3), dit que la représentation de celte 
pièce coûta deux ou trois cent mille écus. — Ces estampes se 
trouvent originairement dans le livre intitulé : Ouverture du 
théâtre de la grande salle du Palais Cardinal; Mirame, Tragi- 
comédie. Paris, 1641, S*». — Je remarque que presque tout 
ce qui paroissoit de Desmarets étoit presque toujours orné 
d'estampes de la Belle, dont le mérite étoit connu du cardi- 
nal de Richelieu. 

— Dans les triomphes de Louis le Juste (4), imprimés en 



(1) Jombert, n» 49 des sièges. 

(2) Jombert, n° 74. 

(3) Édil. de 1672, p. il3. 

(4) Jombert, n<» 166. 



S5 

1649, la Belle a gravé les morceaux suivans, deux vignettes 
et deux lettres grises : le monument à la gloire de Louis Xlil, 
dont l'architecture est gravée par Jean Marot, deux batailles 
dont une navale , le fonds de la planche où est représenté le 
roy qui vient de faire la conquesle de la Rochelle ; le fonds 
de cette pièce est la veue de la digue de la Rochelle. 

La pluspart des desseins des devises sont de la Belle, ceux 
surtout où il y a des animaux; j'en ay veu quelques-uns 
parmi les desseins de M. BouUe. Une partie de ces devises est 
gravée par Silvestre, l'autre par Richer. 

— Dans le catalogue des estampes du cabinet de M. d'Her- 
mand, est indiquée, dans son œuvre de la Belle, une suitte 
du jeu des Reynes renommées, très-rare et différente de celle 
qui a été gravée par la Belle pour Desmaretz (1). Mais il ne 
faut pas s'y laisser imposer; cette suite n'est d'aucune consi- 
dération, ce sont des copies des planches de la Belle et d'assez 
mauvaises copies. 

DELOBEL (NICOLAS), né en 1693, est mort à Paris, le 
18 mars 1763, âgé de 70 ans (2). Il avoit connu à Rome Bou- 
chardon, où ils avoient été pensionnaires du roi, et ce fut 
chez lui que cet excellent sculpteur débarqua lorsqu'il arriva 
à Paris. Delobel, disciple de M. Boulangne le jeune, étoit un 
assez pauvre peintre. C'étoit un génie froid et il n'avoit au- 
cune couleur. Il prétendoit pourtant aux grandes machines, 
et il trouva peu d'occasions de s'exercer. Ce que j'ai vu de 
mieux sont des veues de Rome, qu'il avoit dessiné sur le lieu 
et dont il avoit un assez grand nombre dans ses portefeuilles. 
11 avoit été reçu dans l'Académie royale de peinture en 1737. 



(i) Jombert, n^ 118. 

(2) M. Georges Duplessis vient d'insérer une petite note sur Delo- 



M 

DBLORMB (philibebt), abbé d'Ivry, Ait pourvu sous le 
règne de Henri second de la charge de surintendant de tous 
les bAtimens du roi et, après la mort de Pierre des Autels, 
clerc des œuvres du roi, qui depuis 1531 avoit la charge de 
controUeur des bâlimens, le roi lui donna pour adjoint Jean 
de Vorme, son frère, avec faculté d* ordonner en son absence 
desdits bâtimens et d'en tenir registre et controlle. 

C'est ce qu^on apprend des lettres patentes de Fran- 
çois II, données à Blois, en 1559, en faveur de François Sau«^ 
val, pourvu de Tétat et office de controUeur général dps bâti* 
ments du roi, charge dans laquelle il remplaçoit Jean BuUant, 
dernier titulaire. J -en ay la copie dans un extrait des registres 
de la chambre des comptes concernant les b&timens qu'avoit 
fait faire Cofbert et que je trouve chez M. Félibien, chargé 
par ce ministre de faire Thistoire des bâtimens du roi. 

^^ Dans des lettres patentas de Henri II, du 13 juillet 1558, 
concernant la création des nouveaux payeurs des bastimens 
de Fontainebleau et autres maisons royales, le roi le nomme 
çffnsçill^ et fnqUtr^ or4inaire m ' $a chav^f^ d«» ^yftfit^s à 
Pmh ^ iHwy* «^ çofnfnim^re ordonné par S^ M- m If 
fait de $es bâtimçr^ê ; qy^lilés que je ne lui trouve (Jonpées pn 
ôupt}R ôutrp enfîrpit; car, d^ps ses pfiyrages ipaprimés, jl se 
qwalifle d'atiwoaiejr ^\i rpy, abbé de pt-Eloy de Noyop et d# 
StrS^yge jj' Angers, 11 est ceppn4j^qt (Constant, pqr la pièpp 
citée, ci\(m 1^58 il étoit maître des comptes, il avoit été re- 
eeu ei^ cette charge, le 9 m^r^ |556» et dans ses lettres 4e 
provision, il est qualifié 4'^bbé 4'lvry (et Ivry est upe abbôye* 
de béné4iptips au diocèse d'Evreu^) et commissaire des bâtir 
ij^eps du roy. Jean jiom Ipi sacpé4» dans Vpfflce de wattre 



bel, à propos de son tableau de la Réunion de la iorntin^ à UFr^Dpe, 
4aiifl ifi dernier volume d« la Société d'archéolpgie iorraine. 



87 

des eQqE)pte9, e| fut reçu le 17 juillet 1559. Sans doute que 
Philibert Delorme ne quitta la chambre des comptes que pour 
devenir aumônier du roy. Cétoit assez T usage de ce temps- 
% de donner des bénéfices et des employs ecclésiastiques 
9i)x bahil^s artistes. Les finances étoient épuisées et assez mal 
ordonnées; on ne scavoit point les récompenser autrement, 
0t l'on s'cmbarrasspit peu si la bienséance étoit gardée. C'est 
linsi que le Rpsso fut pourvu, au rapport de Vasari, d'un ca- 
nonicat de la Sainta-GUapelle , le Primatice de l'abbaye de 
Saipt-Germain de Troyes, etc. Je fais cette observation parce 
que Pb» Delorme sçavoit à peine, dit-on, les principes du 
latin, et qu'il semble qu'un aumônier du roy auroit dû eslre 
plus instruit. Cette ignorance reprochée h Ph. Delorme, est 
fpndée sur yne avanture qui luy est arrivée : voulant morti- 
fier une personne de la cour, d'autres disent le poëte Bonsard, 
qui avoit fait contre lui un sonnet où il se servoit de ce terme 
jjyurieijx la trtielh çro$s^e, il luy fit fermer la porte des Tuil-» 
tories, et celuy-ci, autant pour plaisanter que pour se van- 
ger, écrivit dessus la porte-en grands caractères FORT. REVE- 
RENT. HABE. Delorme se crut offensé; il se plaignit haute- 
ment. L'affaire fut portée, dit-on , devant la reyne C^therjne 
de j^édicis, qui rjt beaucoup lorsqu'on vint au:^ éclairciiiseT 
mens. Pelui dont Delorme se plaigooit montra que ce que 
peluy-ci prenoit pour du françois étoit du latin, et qu'il n'a- 
ypit eu d'autre intention que d'écrire en abrégé cette sentence 
tirée d'Au^qne ; Fortunam reverenter hobç : Delorme panif 
satisfait; il n'en sçayoit pas davantage et ne voyoit pfts 
que cette sentence étoit une leçon pour luy qui lui rap- 
pelojt son ancien e§|aî, Je ne scajs où j'ay lu cecy. N'est- 
ce pas dans la vie de Ronsard par Binet (1)? Voyez la 



(1) Voyez celte vie de Ronsard dans Tédition in-folio de 162S, 



88 
critique de Bayle, par l'abbé Joly ; ce fait y est rapporté. 

DELYEN (jean), peintre, de T Académie royale de peinture, 
où il avoit été reçu en 1725, étoit disciple de Largillière, et 
s'est pareillemenl consacré au genre des portraits. Il avoit un 
assez beau pinceau ; mais avec cela il n'est point sorti de la 
sphère des peintres ordinaires. Il est mort à Paris, le 3 mars 
176 J , âgé de 77 ans. Piqué de se voir dans l'oubli, regardant 
cela comme une injustice, il s'avisa de peindre un tableau 
où le public étoit représenté sous la figure d'un asne, qui, 
dans son atelier et vis-à-vis d'un des ouvrages de peinture de 
sa façon, osoit faire le métier de juge. Ses amis lui conseil- 
lèrent sagement de ne le point produire, ainsi qu'il en avoit 
le dessein ; car il avoit fait le tableau pour être exposé à l'un 
des salons. Il ne put cependant se refuser tout à fait à mon- 
trer au public quelque chose de ses ressentimens; il le grava, 
et j'en ai une épreuve, aussi bien que d'une autre planche 
de sa façon où il s'est représenté labourant dans le champ de 
la profession qu'il avoit embrassé. 

DENNER (balthazar) est né à Hambourg, le 15 janvier 
1685, et il est aisé de voir, par la façon dont il a peint ses 
tableaux, que sa première éducation a été mauvaise et qu'a- 
vant de se mettre à peindre à l'huille, il avoit fait son talent 
de la miniature : car, ostez-lui une tête, qu'il dessine encore 
d'assez mauvais goût, il ne sait pas mettre une figure en- 
semble, et, pour ce qui regarde son pinceau, le travail en 
est si fin qu'il échappe aux yeux les plus perçans. Il exprime 
de la chair la moindre ride; le plus petit poil, le pore le 



p. 1631. Binet indique la pièce comme une grande pièce au roi 
et non comme un sonnet. 



89 

plus imperceptible et le moins ouvert sont rendus dans un 
si grand détail qu'on est sûr qu'aucun de ceux que la na- 
ture a offert au peintre n'a été obmis. Ce qu'ont peint Van- 
derwerf et Gérard Dow n'approche point de ce terminé, et 
c'est pour se montrer encore plus singulier qu'il a fait choix 
par préférence des têtes de vieillards, de celles surtout qui, 
dans la décrépitude, avoient la peau la plus rude et la plus sil- 
lonnée. C'est alors que son pinceau triomphe. J'ai vu à Vienne 
cette fameuse tête de vieille, qui passe pour être son chef- 
d'œuvre, pour laquelle l'empereur avoit prodigué l'or, et 
qu'on tenoit renfermée sous la clef dans une boette, comme 
on auroit fait d'un trésor. L'exécution a quelque chose d'in- 
compréhensible; mais je n'en fus pas pour cela plus satis- 
fait. Je n'y crus voir que de la peine et rien de celte légèreté, 
de ce vague, avec lesquels la nature colore les objets. J'ai vu 
depuis à Paris deux autres têtes, l'une de vieille et l'autre de 
vieux, et ce défaut m'y a encore paru plus sensible. Seroit-ce 
que les tableaux auroient été faits dans les derniers temps 
de Donner? Je le crois, et il est vrai que c'est le vice de tous 
les artistes qui travaillent, comme a fait celui-ci, sur un mau- 
vais fond et qui n'ont que de la routine; l'esprit s'émousse, 
la main s'appesantit, et les ouvrages deviennent tout de glace 
el languissans. Notre artiste a joui pourtant jusqu'à la fin de 
sa vie d'une grande réputation» et ses tableaux ont continué 
d'être payés au poids de l'or; mais par qui? par des rois et 
des hommes riches et puissans, à qui les singularités en im- 
posent, et qui s'amusent volontiers de semblables minuties, 
n est dit, dans la vie de Denner, qu'il a quelquefois peint des 
fleurs et d'autres objets inanimés et qu'il y a réussi. Il a 
mené une vie assez ambulante. Tantôt il sortit de sa patrie 
pour se transporter en Angleterre et en Hollande ; d'autres 
fois il se rendoit en différentes cours du Nord où il étoit 
appelé, toujours occupé à peindre des têtes de fantaisie et des 



portraits qui lui valoient beaucoup d'an^ent. n est mort le 
14 avril 1747 à Hambourg, et Ton a 8a médaille qu'un de ses 
admirateurs a fait frapper en 1739. Descamps, traducteur de 
Van Gool, a donné sa vie en françois, et Ton trouve quelques 
particularités qui le ooncement encore dans Fouvrage du 
baron de Hagedorn, Lettres à un amateur. — L'auteur du 
catalogue des tableaui^ de Dresde le fait mourir à Bostock 
en 1749. 

DENTE (gibolamo) di Titiano. Je crois que c'est de lui dont 
il est lait mention dans le livre intitulé Caialogo di varU cùu 
apparknenti, in Yinegia^ appresio GioMo, 1552, 8*^, p. 498, 
sous la nom de Girolamo Iknte da Caneda, discêpolo di Ti^ 
tmno da Caioro.-^hQ père Orlandi dit icy fort mal à pror 
pos : fii cui ii vedono aicunê carte aUe siampe. Il y a dans 
Ridplfl, dont il fait l'entrait : JH eut mnm alcunc operê in 
V9l((i çk^patmnQ pn de\ vm^trç* Cela est fort différent. 

QEfiPET (clause] (1). Le plan d'une bataille dix sur le devant 
&^\ 1|3 4wc dp Lorraine, Cli^rles IV, armé à l'optique et moplé 
§U7 m Pl^pval, soqs les pieds duquel sont r^nvprs^s (^ enpe- 
fWis, et m baut de la plapcbe du mesrne côté est H^e Tenomr 

wé0 qvii UQWtd'upe mm ^»e trompette et dp V^tiirp m c^ft 

(Qucbp ye^fer^|an^ 1^ »mes de LQirraine? CeUe pièce e$t \ 



(!) Four tout ce qui concerne Peruet, nous renvoyons d'ebord ^ 
iif) premier tr^v^il, ppbli^ p^r les deuf éçjitçurs de co liyjre, dan^ 
le second volume des Peintres provinciaux^ p. 267 à 340, et à là 
nouvelle étude encore plue complète qu'en publiera bientôt notre 
P«rrP§RQpf}#n^H. B!e^ui][^p. péjà %. Lepage, dayîç |pn ç^ceUpnfe mo- 
nographie du palais ducal de Nancy, avait tiré des c 



n 

Feau-forte, gravée sans goût ; elle passe pour estre de Callot 
et de ses premières choses. Je n'en crois rien. Je crois mesme 
que l^on en a coupé un coin où sans doute étoit écrit le nom 
de celujF qui Ta fait. Il me semble avoir veu des pièces gra- 
vées daqs la mesme manière dans une entrée faittp en Lor« 
raine, je crois du duc d'Espernon. Les devans sont gravés 
d'une manière fort larg^ ; il y a des lettres et des chiffres de 
ipnvoy, ce qui fait connoistre qu*il doit y avoir une explica* 
lion relative, «r- Me paroisl du mesme qui a gravé la Aiite ep 
Egypte et la madone du refuge. •*- Rei>enant sur c^tu dtmièrê 
apini&n après avoir vu une épreuve entière, if<^rieH$ a ajouté 
postérieurement : C'est l'endroit où étoit gravé le nom de 
G. Denuet ; car la pièce est de luy. 

— Le duc de Lorraine, Charles IV, à cheval ; il est armé de 
toutes pièces, ayant une écharpe. D'une main il tient une 
masse d'armes, et de Vautre la bride de son cheval qui est 
presque veu de profil et en action de courir. A un des coins 
de la planche est un génie qui présente un casque au duc, et 
dans le lointain la veue de Nancy. Au bas, il y a ces quatre 
vers frapçois : 

Le Jourdein vit fjçprip $ur les bord$ d^ $Q9 pnde 
Les palmes à fpy3on de tes braves ayeux ; 
Le ciel a réservé à Ion bras glorieux 
Celle qu'on doit porter ayant vaincu le monde. 

Elle eut à l'eau-forte, gravée légèrement et à peu d'our 
vrage; cfans nom. Pour moy, je ne la croy point de Pallol, Je 
n'y vois tout au plus que le lointain qui peut e^tre de luy; 
encore est-il bien négligé; cependant récriture est de son ca- 
ractère , m^is il faiscHt bi^n mieux en 1628 ; il pqurrQit avoir 
retouché dans le portrait ; a quelque chose de la manière de 
Callot. — Je ne vois rien de Callot dans cette manière. — La 
suite est d*une écriture très-postérieure., A répï^uvesui est 



92 

chez M. le Premier (1), et qui est d'une grande perfection, on 
y trouve au bas le nom de X Deruet, qui estoit suivy de quel- 
que escriture que Ton a gralé de dessus le papier, ce qui me 
lait appréhender que l'on ne l'ait fait que pour oster tout 
soupçon que la pièce ne fût pas de Gallot. Peut-être y avoit- 
il après le nom de Deruet le mot invenit ou delineavit, comme 
je ne sache pas qu'il ait jamais fait que dessiner ou peindre. 
Il estoit intime amy de Gallot qui grava son portrait. Quoy 
qu'il en soit, pour donner une plus grande apparence de vé- 
rité à cette pièce , on y avoit écrit le nom de Gallot sur l'é- 
preuve qui appartenoit à M. le Premier, et Ton avoit bien 
réussy à contrefaire son escriture. Ge qui est de vray, c'est 
que l'ayant examiné de plus près sur cette épreuve qui est 
bien imprimée et conservée , j'y trouve une très-grande li- 
berté de pointe et des touches assez précises et spirituelles. 
Le fonds surtout paroist bien de Gallot et incontestable. 
Du reste, tout y est assez négligé et gravé très-légèrement et 
à peu d'ouvrage, sans mesme en excepter le fonds, ce qui 
peut faire croire qu'elle est en effet de Gallot, mais négligée. 
Il y a pourtant des endroits qui ne sont point touchés dans 
sa manière. J'en voudrois voir une épreuve oti l'on n'eût rien 
altéré dans l'écriture : cela m'est suspect; on en oste une 
partie dans celle de M. le Premier, et on n'en laisse mesme 
rien dans celle de M. de Montarsis. — Le duc de Lorraine à 
cheval, etc. Je ne doutte plus présentement que cette pièce 
ne soit de Deruet^ tant par l'invention que par la graveure, 
depuis qu'il m'est venu entre les mains une petite pièce 8®, 
en hauteur, représentant une amazone à cheval, armée d'une 
massue et d'un bouclier, gravée à l'eau-forte avec plus de li- 
berté qu'il n'appartient à un simple peintre et précisément 



(1) M. de Beringhen. 



9S 

dans le mesme goût et la mesme manière que cette pièce du 
duc de Lorraine à cheval. Cependant cette pièce représentant 
une anjazone est de Claude Deruet ; on y lit au bas, gravé 
sur la planche et fort distinctement : X de Deruet /"., ce que 
j'interprète : Claude chevalier de Deruet, car il estoit cheva- 
lier de Tordre du Christ; son portrait, gravé par Callot en 
fait foy (1). Or, Deruet estoit contemporain de Callot et dis- 
ciple pour le dessein de Claude Henriet aussy bien que Cal- 
lot ; d'ailleurs la manière de graver de Callot estoit pour lors 
fort estimée et en grande réputation. Ainsi, il n'est pas si 
étonnant que Deruet s'attachât à sa suite, et que, sorty de la 
mesme école, il dessinât dans le mesme goût. D'ailleurs, 
quoy qu'il eût une grande liberté de pointe, il y a pourtant 
des endroits de ses ouvrages qui ne seroient pas assez libres 
pour estre de Callot. De tout cecy, je conclus que ce que l'on 
a effacé sur l'épreuve du duc de Lorraine à cheval, qui estoit 
chez M. le Premier, est le moi fecit. Si cette autre petite pièce 
fût venue entre les mains de gens de mauvaise foy, ils n'au- 
roient pas manqué d'y faire la mesme altération, et, par cette 
supercherie, ils auroient imposé à tous les curieux et créé 
une nouvelle pièce de Callot, qui auroit passé d'autant plus 
incontestable qu'il n'y a aucun graveur à qui elle pût mieux 
convenir qu'à luy, et que l'on ne connoist point Deruet pour 
graveur. En effet, je suis persuadé qu'il a gravé fort peu de 
choses. Ce Deruet vivoit encore lorsque M. le Clerc com- 
mençoit à graver ; c'est sur ses desseins qu'il grava les figures 



(1) Il n*estpas besoin de cette interprétation un peu forcée pour 
expliquer la présence du double C ; on sait que Tusage constant 
des monogrammes est de doubler une lettre à volonté. Quant à 
TAmazone, M. Robert Uumesnil et nous-mêmes après lui, dans un 
travail spécial, avions laissé son existence dans le doute ; si la pièce 
ne se retrouvait pas, la mention de Mariette assure de sa réalité. 



64 

dans des triangles et autres décorations pour Ventrée de 

Charles IV, duc de Lorraine à Nadcy en Félibien fait 

mention du Deruet dans la Yie de Gallot; il le nomme de 
Ruet; il falloit écrirej eomme j'ay fait, Deruet. 

•^ Aprh t indication des planches qui composent le litre : 
Le triomphe de son altesse Charles IQl, duc de Lorraine, i 
son retour dans ses états à Nancy^ chez Dominique Poiret et 
Ant*" et Claude Chariot ses associés, ifnp» de S. A. et qui èont 
gravées par Seb. Le Clerc, d'après Démets Mariette ajoute: 
L'on m'a asseuré que ce qui rendoit celte entrée du duc de 
Lorraine si rare vient de ce que ce prince eii fit rechercher 
tous les exemplaires et les supprima autant qu'il put, ne pou- 
vant supporter toutes les railleries que l'on débitoit sur tous 
les arcs de triomphe qui y ayoient été faits. 11 avoit fait cette 
entrée au retour d'une expédition qu'il avoit faite en Allema- 
gne où il avoit eu du dessous. Cependant, il prétendoit y avoir 
remporté de grands avantages, et sur ce pied il se fit recevoir 
çxi triomphateur à Nancy ; mais il ne fut pas longtemps sans 
s'apercevoir de la fautte qu'il avoit faite. On l'en railla vire- 
ment, et ce fut pour en abolir la mémoire qu'il voulut sup- 
primer le livre qui pouvoit le mieux la consetver (1)^ 

DESCAMPS (j.-b.), né à Dunkerque, en 1717, a étudié à 
Anvers et ensuite à Paris sous Largillière; directeur de l'Aca^ 
demie de Rouen. 

— J .-B. Descamps est né à Dunkerque en 1717. Après avoir 
pris les premiers principes du dessein et de la peinture à 
Anvers, il est venu à Paris, et s'est perfectionné sous M. de 
Largillière. Il s'est depuis retiré à Rouen, où, sur un théâtre 



(1) Les planches du volume, longtemps introuvable^ ont èt6 
derniôrement retrouvées à Nancy, et il en a été tiré quelques 
épreuves. 



95 

moins brillant et environné de concurrences moins redou- 
tables « il a pu figurer plus aisément; il y a primé, et est par» 
venu, sans avoir de talens bien supérieurs^ à devenir le direo^ 
teur de l'Académie des arts, établie dans cette ville. Il ne 
s'est pas borné à faire des tableaux ^ il a voulu prendre aussi 
la pluiDe, et il nous a donné quatre tolumes de Vies des 
peintres des Pays-Bas, où Ton s'attendoit à trouver plus de 
recttèrches et plus de critique. 11 s'est borné à traduire en 
françois) tant bien que mal, ce que Yan Mander^ Houbraken 
et les autres auteurs flamands avoient écrit en leur langue, 
et, s'il y a fait quelques additions, elles né regardent que des 
peintres avec lesquels il a vécu, et auxquels il prodigue des 
éloges peu mérités ; il faut d'ailleurs le lire avec précaution » 
car il a fait bien des fautes, et même d'assez lourdes mé- 
prises! Un nouvel ouvrage qu'il a donné depuis peu^ et qui 
est une notice des peintures les plus considérables des villes 
des Pays-Bas, est encore plus chargé d'erreurs, et je n'en re- 
viens pas, vu ce qu'il m'avoit promis d'user de la plus grande 
eiactitude et de la critique la plus sévère^ C'est, du reste^ un 
fort galant homme, et l'on y a eu égard lorsqu'on l'a admis 
dans le corps de l'Académie royale en 1764. 

DESCHAMPS (FRANÇOISE), femme de Beauvarlet, morte en 
1769, ftgéé seuletnent dé 3 . 

DESHAYS (iÈAlf^«AWrisTÈ-ti**rfti) de CoUevillé, mort à 
Paris, le 10 féviîét 4763, ftgé seUlethent de 35 ans et 2 tttoiS; 
ert un des DdeillëUrsélëtes qu'ait fait M. BdUcher; QUoy qu'il 
eût été à Rome, il n'en avoit pas pris davantage W jJoQt Ità-* 
lien, oUi s'il s'élait voulu mouler sur quelque manièrcj e'é- 
tôit seulement celle du Benedette dont il avoit paru affeeté ; 
aussi cette laahière liberUiie retitre-t-elle assez dails belle dé 
H. Boucbet, dont s^éioit rempli È^shays, et dont il ne cber« 



96 

cha jamais à se défaire. Il composoit bien, inventoit facile- 
ment et peignoit à plein pinceau; mais dans tout cela, il 
met toit de la manière, et je doute qu'il fût devenu avec le 
temps plus habile quMl n'éloit. On a vu de lui un grand ta- 
bleau du martyre de Saint-Barlhélemy, et un autre du ma- 
riage de la sainte Vierge qui lui ont fait honneur. Boucher 
en avoit fait son gendre et ne devoit pas être mécontent de 
ce choix, car Deshays lui étoit smcèrement attaché. 11 est 
mort malheureusement d'une chute. S'étant retenu sur ses 
pieds, il en reçut une telle commotion sur tout son corps 
qu'il se fit un déchirement dans les parties du bas-ventre, 
lequel fut suivi d'une hernie des plus dangereuses : elle oc- 
casionna bientôt une opération qui, quoyque faite par le 
plus habile de nos chirurgiens, n'a j)u le sauver de la mort. 
Il avoit été admis dans l'Académie, en 1759, et fait adjoint à 
professeur en 1760 ; ses desseins et ses esquisses ont été ven- 
dus fort cher à son inventaire. 

— Il étoit né à Rouen en décembre 1729, et il éloit fils d'un 
peintre médiocre, qui après lui avoir mis le crayon à la main, 
r envoya à Paris, et il entra pour lors dans l'école de M. Restout 
qu'il quitta dans la suite pour entrer dans celle de M. Boucher. 
— Voyez l'essai sur la vie de cet artiste, par N. Cochin (1). 

DESJARDINS. Il se nommoit Martin et non pas Marc. En 
s'établissant en France, il avoit francisé son nom. Son nom 
de famille étoit Vanden-Bogaert, mot hoUandois qui revient 
au mot François Des Jardins, Montagne, qui s'appeloit dans 
son paysVan-P/a^^enfcrj, avoit fait de mesme. C'étoitun ex- 
cellent artiste. 



(1) Dans sa 2« lettre aux auteurs de TAnnée littéraire, Paris, 
Jombert, 1765, in-12. Voir aussi Tarticle de M. Fontaine dans le 
Nécrologe de 1766, p. 163. Plusieurs de ses plus importants ta- 
bleaux sont conservés au Musée de Rouen. 



97 

DESPORTES (FRANÇOIS), morl à Paris le 20 avril (1)— c'est 
mal à propos qu'on nomme icy (2) M. Desportes Alexandre ; 
son véritable nom estFrançois — d'une fluxion de poitrine. Il 
étoit ftgé de 82 ans, et dans un ftge aussi avancé, il n'avoit rien 
perdu de sa première vigueur, ni du côté du corps ni du côté 
de l'esprit. Peu avant que de mourir, il travailloit avec le 
même succès et la même facilité que dans sa plus grande 
force. Il aimoit son talent et il s'y étoit entièrement consa- 
cré; et ce qui faisoit qu'il réussissoit si bien, c'est qu'il s'étoit 
£ait une loy inviolable de ne rien représenter que d'après na- 
ture. Il paraissoit cependant qu'il auroit pu s'en exempter; 
car ayant travaillé pendant très-longtemps, presque toujours 
sur les mêmes sujets, il devoit ce semble les scavoir pour 
ainsi dire par cœur, et il pouvoit par conséquent se passer 
de la nature en une infinité d'occasions. Mais M. Desportes, 
accoutumé à travailler par règles et par principes, connois- 
soit la nécessité de consulter la nature, sans quoy il étoit 
convaincu qu'il ialloit nécessairement devenir praticien, 
chose qui répugne à tout artiste qui a des idées distinctes du 
beau et du vray telles qu'il les avoit. Ainsi, il ne se refusoit 
point à l'étude, et dans ses derniers ans cx)mme dans sa jeu- 
nesse, il ne peignoit rien que d'après nature ; aussi faut-il 
convenir que personne ne s'est plus distingué que lui dans 
son talent. Il consistoit à représenter des animaux, des oy- 
seaux, des poissons, des fleurs, des fruits, du paysage; quel- 
quefois il faisoit entrer dans ses compositions des vases d'or 
et d'argent et des ouvrages d'orfèvrerie, et l'on a vu de lui 
des bas-reliefe de bronze ou de marbre, dont l'imitation étoit 
séduisante. Ce n'est pas que dans ses ouvrages il mît ce 



(i) Dans VAbecedario du père Orlandi. 

(2) L'année non indiquée par MarieUe est 1743 ; la note a dû être 
écrite au moment même. 

T. n. g 



9S 

même Gui qui se trouve dans ceux de Mignon, de J. Van 
Huysum et des autres peintres flamands qui se sont distin-? 
gués dans le même talent. Les siens ne paroissent pour ainsi 
dire que des ébauches en comparaison de ceuK-cy, et cepen- 
dant on j trouve encore plus de fraîcheur, plus de vérité et 
plus d^effet. C'est que H. Desportes avoit une très-grande in- 
teUigence, qu'il scavoit placer ses touches à propos, qu'il 
avoit l'art de caractériser chaque objet, suivant qu'il conve- 
noit, que ses compositions étoient agencées de façon qu'un 
objet en faisoit valoir un autre. Enfin, toutes les règles, que 
les grands maîtres ont observé dans l'ordonnance de leurs 
tableaux étoient observées dans les siens : et il est à présu- 
mer que, si cet habile homme ne se fût renfermé dans les 
bornes d'où il n'est jamais sortjr, il auroit pu devenir un des 
grands peintres d'histoire de ce siècle. U a beaucoup tra- 
vaillé pour Lquis XIY > et l'on trouve quantité de ses tableaux 
dans les mains royales. L'on reconnoit dans son maniement 
de pinceau le faire du célèbre Sneydre. Sans en estre le dis- 
ciple, M. Desportes pouvoil être agrégé à son école : car Ni- 
casius, son maître, avoit été élève de Sneydre et travailloit 
dan^ les mêmes principes. U étoit conseiller dans l'Académie 
royale de peinture. 11 vint fort jeune à Paris et fut mis par 
un de ses oncles chez Nicasius qui, vieux et fort déchu de ce 
qu'il étoit autrefois, n'auroit rien appris à quelqu'un qui 
n'auroit pas apporté avec lui des talents naturels et supé^ 
rieurs. 

— ^M . Desportes se maria en 1603, et, presque sur le champ^ 
il fit le voyage de Polo^e, où il eut occasion de peindre le 
roi Jean Sobieski et toute la famille royale. Le genre du por- 
trait faisoit alors sa principale occupation. Sobieski étant 
mort. Desportes fut rappelé en France et y reprit son premier 
talent, qui étoit celui de peindre des animauxi et comme il 
le fit avec le plus grand succès, il se vit presque continuelle- 



99 

meftt occupé par Louis X[V. Il passa, en 1719, à LOûdres, à 
la suite du duc d'ÂUtnont qui y alloit eu ambassade, et il y 
fit plusieurs outfages. Les plus considérables qu'il ait faits 
sont à Marty, à Meudon : ils sont répandus dans presque 
tout^ les maisons royales. Il peignit aussi beaucoup de 
choses à la ménagerie dan^ les compositions d'omemeus, 
dont te s^ Audl'an a enrichi tous les apparteméns de cette 
maison. Le tableau où il s'est représenté en chasseur est un 
de ceuî qui lui lotit le plus d'honneur. Il le donna à 1* Aca- 
démie pour son morceau de réception , et 11 y est conservé 
avec grand soin (1). 

t)B THOY (feanQois), né le .^ février 1649, mort le l^^may 
1790. Peu de peintres ont travaillé aussi longtemps, et au^si 
longtemps bien que celui-ci. Il est mort presque le pinceau 
à la main. J'ay vu dé ses tableaux, qu'il avoit peints à l'âge 
de plus de 80 ans, et qui ne se ressentoient point du froid de 
la vieiUesse* Ils étdent aussi frais de couleur et d'un pinceau 
aussi ferme que tout ce qu'il avoit jamais fait; ce qui vient 
Don<-seulement de ce que la machine a resté longtemps chez 
lui éU bon estât, et qu'il s'est peu ressenti des incommodités 
deFàgc, mais aussi de ce qu'il travailloit sur d'excellens 
principes. Il avoit une manière de peindre extrêmement fon- 
due, un pinceau léger et facile et un coloris qui imite mer- 
veilleusement bien tous les tons de la chair : J'ay veu de ses 
porhMiits dignes d'entrer en parallèle avec les ouvrages les 
plus fameux du Van Dyck et du Titien. Il avoit étudié sous lé 



p^ta 



(1) 11 éftt maintenant au Louvre, et a été gravé par louHaia aussi 
pour sa réception à rAcadémie; la planoho est conservée à la 
chalcographie du Louvre. — Dans les papiers de Mariette il existe 
do sa main une copie de rarlicle très^curieux dii Mercure de Ihraittê 
sur l^esDorlee. C'est dans lo volume de juin 1743, auquel nom 
ûous colitentons de renvoyer. 



100 

célèbre M. Leiebvre, el il n'est pas étonnant qu'aiant goûté 
sa manière de peindre, il se la soit pour ain:>i dire appro- 
priée. Car, si l'on y fait attention, leurs manières ont beau- 
coup de conformité. Quoyque le caractère d'esprit soit en 
quoique fciçon indépendant du talent, on ne peut disconvenir 
qu'il ne le relève infiniment, surtout lorsqu'il se trouve aussi 
excellent que celui dont ce peintre éloit doué, il y joignoit 
une politesse qui n'avoit rien d'affecté et qui s'étoit perfec- 
tionnée par la fréquentation d'une cour telle que celle de 
Louis XIV, où l'on n'étoit admis qu'autant qu'on se distin- 
guoit par cette aimable qualité. Ce qui achève l'éloge de 
notre peintre, c'est la manière noble et généreuse avec la- 
quelle il a toujours vécu avec M. Rigaud et M. de Largillière 
qui couroient la même lice. Il est rare de trouver trois per- 
sonnes de même talent vivre ensemble dans une union si par- 
faite. M. de Troy, comme le plus âgé et comme ayant paru 
le premier sur la scène, auroit, ce me semble, pu exiger une 
espèce de supériorité. Mais on ne l'a jamais vu l'ambitionner; 
cependant, lorsqu'il a refusé de vouloir marcher le premier, 
il n'en a pas moins fait d'efforts pour aller toujours de pair 
avec ses émules et ne se^ point laisser surpasser, pensant qu'il 
lui étoit permis alors de laisser paroistre quelques sentimens 
de jalousie. 

DE TROY (jean). Son nom est Jean-François. — M. de Troy 
est né à Paris, en 1679, et mort à Rome, le mercredi 26 jan- 
vier 1752. (Ces dates sont plus sûres que celles données par 
le Dandré Bardon.) 

— Il a demeuré deux années à Pise. Un gentilhomme de 
cette ville nommé Jean Grassulini, le logea et lui fournit les 
moyens d'étudier en lui procurant des ouvrages : on voit de 
lui dans l'église de Saint- Félix, à Pise, un tableau de Saint- 
Louis. (Voyez Guida di Forestieri de! Pandolpbo Titi, p. 132.) 



lOi 

— Il étoit âgé de 27 ans lorsqu'il revint d'Italie à Paris. Il 
y avoit fait un long séjour et s'y éloit fort réjoui, deux choses 
qui déplurent beaucoup à son père. 

— Après la mort de M. Vleughels, arrivée le 10 décembre 
1737, il a été nommé pour le remplacer dans l'employ de 
directeur de l'Académie royale de peinture et de sculpture à 
Rome. Le 25 may de l'année suivante le roy lui avoit accordé 
Tordre de Saint-Michel. L'un et l'autre conviennent égale- 
ment à M. de Troy; c'est un homme du monde, qui en con- 
noist parfaitement les usages et qui scaura faire honneur à 
la nation dans le poste qu'il oœupe. Un mariage avantageux, 
qu'il a fait avec la fille du commissaire Deslandes, femme 
d'esprit, le met encore en estât de figurer, chose qui est fort 
de son goût; car il a toujours aimé à frayer avec les gens de 
finance, et ce qu'on appelle les gros riches. Quant à ses ta- 
lens, peu de peintres en ont autant receu que luy de natu- 
rels. L'exécution du pinceau ne lui coûte rien et ne manque 
pas de génie; mais l'on dira toujours de luy que c'est un 
praticien, et comme il est fort éloigné de s'en apercevoir luy- 
même, et que, pour en sortir, il faudroit étudier, chose qui 
ne luy convient point, il ne deviendra jamais un peintre cor- 
rect, ni dont le coloris imite les vrays effets de la nature. Il 
a beaucoup plu à Paris par ses petits tableaux de modes, qui 
sont en effet plus soignés que ses grands tableaux d'histoire; 
mais je ne pense pas que ce soit sur ces ouvrages qu'il fonde 
sa réputation. Il y avoit entre luy et le peintre Lemoyne une 
inimitié fondée sur la jalousie, et entretenue par l'ambition 
de l'un et de l'autre. 

— M. Jean-François de Troy, né à Paris, en 1679, est mort 
à Rome, le 26 janvier 1752. Il venoit d'être remplacé dans 
son employ de directeur de l'Académie royale de peinture, 
établie à Rome sous la protection de la France, par M. Na- 
toire. Il avoit demandé lui-même son rappel. Depuis plu- 



m 

^ieyrs ^pées il ^ p^rU>i| dftps toutes «^ lettre^; ptai^ bien 
des gens penspiai^t que , dans lu persuasjoo où il étoit de la 
difficulté de lui trouver un $uccasseur, U ne s'^iprif^oit aÎRfi 
que paççe qu'il ^pérpit de ii'être pasi écoutai et qu^ Joui se 
passeiqit en cpippUaipns. J'ignore çq qyi s'est passé eptr^liii 
et M- 4^ Yapdièreài; j'ai oui[ dife qu^ l'altercation avoit été 
vive, et que, dan^ UP mome«t de dépit, M- de Troy étwt rer 
venu à la char^Q et que pour pqtte fqi^ Jd* de Touruebeip, 
dirpcteur géi^ral des bâtimeps, pariât s^ rendre à s^s désir», 
gon rappel lui fut ar^ordé, et m* Natoire Doinmé pour le 
remplacer. L'pu m PQWPreud rien ^ cette CQP'duit^ de M, dç 
Trojt Que prétendoiMl devenir à Paris? A^roitril vu de hop 
çeil M. Qoypel remplissant la place de premier peiptr^ du 
roi et à la têtp de l'Âc^idémie? Décbiré par son aipbition, il 
eût pu prepdre de^ septimens qui peut-être auroient trouvé 
le reposa des autres peiptres et qui ne l'auroient pas rendu 
plus beureu^^ Il pouvait former upe brigue, et» à la faveur 
de ses créatures, causer des mortifications et des cbagrios aux 
personnes qu'il p'aimoit pas, et, quoyque 1^ supérieur p'eOt 
pas été content d^ toutes ees traca^iseries, elles p'ep auroiept 
pas cau$^ paoins de n^uii. U e^ fàcbeu^ que }l^ de Troy sqit 
mort;; c'est uu babile artiste de moins, et l'on u'en a iaipais 
de trop, Mais, pour le bi^n de l'Académie, ç'e^ c« qui pousr 
voit arriver de plus avaptageu^. ^ équipages étoiept d^ 
expMiés» et prêt^ k être embarqués à Qivit^ Y^ccbia* U alk^t 
Uiçttre le piiad dai^ ^ ebai% luri^qu'upe esquipa^ci^ l'atta^r 
qua ^uUiterpeptJ'Qblig^dlî restes, ^t, s'étapt cû|iveftie eu m^ 
fluxion de poitrine, M. de Troy fut emporta ^p s?pi JQur? 4e 
t^;^^. l.e tHvail pe oi^toit riep h ce peiptrf , et quQy qu'il ait 
pa^ presque lout^sa vi^avec det^g^ps qui lui fûsoienip^r^ 

bi^ du Um^, U ^ 0<^paQt eombieu il a fait d'uuvrage^y u 

lui auroit été facile avec up si b^eureu^ t^lept dct &irf¥ um 

l(^UP^ briliaiitc^^ ipai^i il aiixiQit à viviç ^ ^ déiv^siu-. ^m 



m 

]ui eB a pris que les parens de sa femme en ayent bien agi 
avec lui ; car, après la mort de ses enfanSj qui ne survécurent 
pas de beaucoup à leur mère, ils le laissèrent jouir de la plus 
grande partie du bien que lui avoit apporté son épouse, et 
qui étoit considérable. G*étoit le seul qui lui restoit ; car tout 
a>oit été dépensé en meubles, en parures et en festins. Il 
avoit pris une charge de secrélaire du roi en 1737, avant que 
d*aller à Romei e'étoit le prélude de la grâce que le roi lui 
devoit faire l'année suivante en le créant chevalier de Saint- 
Michel, et je me souviens que sa réception dans la charge de 
secrétaire du roi souffrit quelques difficultés, mais qui, étant 
mauvaises, furent bien tost aplanies. La facilité qu'il eut à 
manier le pinceau lui fut nuisible ; elle l'empêchoit de mé- 
diter sur son ouvrage et de l'étudier; et, ce qui doit être plus 
mortifiant, elle le brouilla avec tousses confrères. Jusques-là 
les ouvrages qu'ils avoient faits pour le roi leur avoient été 
payés sur un pied dont ils avoient lieu d'être contens. M. de 
Troy s'offrit de les faire à un prix plus modique de beaucou 
et, sans examiner ce qui l'y déterminoit, on ne fit qu'un pri^ 
pour tous les tableaux qui étoient de même grandeur. Jl fal- 
lut en passer par là ou n'en point faire. Cela fit beaucoup 
crier; mais M. de Troy n'en alla pas moins son train, et, en 
peu d'années, il envoya en France des tableaux pour deui 
tentures de tapisseries, l'une représentant l'histoire d'Estber, 
et l'autre la fable de Thésée et la conquête de la Toison d'or. 
Tout y étoil f^it de pratique, mais les compositions étoient 
extrêmement riches et faites pour plaire. On fut plus content 
des tableaux d'Estber et l'on eut raison. Il ne les faut pas éplu- 
cher; ils fourmillent de défauts, et avec cela on est forcé de 
les admirer. Qu'on dise que M. de Troy est lâche dans son 
dessein, qu'il ne scail pas ce que c'est qu'expression, que ses 
airs de têtes ont souvent quelque chose d'ignoble, on en con* 
viendra, et on demandera quel est le peintre qui a mis plus 



de richesse dans ses compositions, qui a eu un pinceau plus 
flatteur et qui a rendu ses tableaux plus piquans par certains 
eflets qui sont à lui. On n'en nommera pas beaucoup qui lui 
soient supérieurs. Il avoit passé une bonne partie de sa jeu- 
nesse en Italie, plus occupé des divertissements qu'il y pre- 
noit que de l'étude qu'il y devoit faire, et qui lui avoit été si 
fort recommandée par un père qui connoissoit la nécessité de 
consulter la nature et qui s'en est si bien trouvé. 

— La note précédente portait en marge la date de 1752 ; de- 
puiSf Mariette ayant eu des détails sur son rappel de Rome, 
les consigna dans la suivante datée, en marge, de 1762. M. de 
Troy le fils a succédé à Vleughels, dans la place de directeur 
de l'Académie de peinture que le roi entrelient à Rome, en 
1738, et, pendant tout le tems de son directorat, il en a rem- 
pli les fonctions à l'honneur de la nation. Il a vécu noble- 
ment et s'est fait regarder, dans une ville oti il faut figurer si 
l'on veut s'attirer de la considération. Tous les élèves qui ont 
vécu sous lui se louent de ses bonnes façons. Il a entretenu 
parmi eux l'émulation , mais peut-être leur a-t-il laissé voir 
de trop près et goûter les attraits de la vie somptueuse, que 
lui et sa femme ont mené. Il a admis quelques-uns des plus 
huppés dans ses parties de plaisir, et, comme c'est autant de 
tems pris sur l'élude, et que les momens sont précieux pour 
tout homme qui est dans le cas de s'instruire, je ne scais si 
M. de Troy n'en doit pas être responsable, et cela est bien 
pardonnable de sa part. Je crains d'ailleurs que par rapport 
à l'art sa façon de faire ne fût une occasion de chule pour des 
élèves qui, n'en sachant pas assez, se seroient imaginés qu'en 
l'imitant ils étoient dans le chemin qui conduit au but. M. de 
Troy se montroit trop facile dans l'exécution de ses tableaux 
et si coinplaisant pour les productions de son génie que son 
indulgence ne lui permettoit pas de les épurer, ni de corriger 
les fautes qui pou voient s'y être glissées, même lorsqu'il en 



105 

étoit frappé. Il s'en faisoit un mérite et s'excusoit sur ce qu'il 
y a toujours à perdre à déranger ce qui a esté fait dans un 
premier enthousiasme. Il étoit convaincu que le feu du génie 
s'éteint pour peu qu'on le veuille contraindre. Cela pouvoit 
lui convenir, mais l'exemple étoit pernicieux. Il ne pouvoit 
manquer d'occasionner des chutes. On l'a éprouvé en plus 
d'une occasion. 

M. de Marigny, ou, comme on l'appelloit alors, M. de Van- 
dières, fit le voyage d'Italie dans le tems du directorat de 
M. de Troy. Il fîit logé dans le palais de France. M. de Troy 
le reçut avec toute la distinction qui lui étoit due. Tout se 
passa dans les commencemens à la satisfaction de l'un et de 
l'autre. Il y eut des fêtes données. Les pensionnaires firent 
les honneurs d'un bal où la principale noblesse de Rome fut 
invitée, et M. de Vandières sceut gré au directeur de toutes 
ses attentions. Malheureusement celui-ci avoit pris pour maî- 
tresse la femme d'un médecin extrêmement jolie. Il en étoit 
amoureux à la folie. C'est le foible des vieillards de porter la 
passion à l'excès et d'être jaloux. M. de Troy se laissa gagner 
par cette maladie. Il crut appercevoir que son hôte s'étoit 
pris d'amitié pour la jolie femme; il ne put y tenir, et, ne se 
possédant point, il manqua à son supérieur ; il tint des dis- 
cours qui furent entendus et qui déplurent. Dès ce moment 
sa perte fut résolue. 11 y avoit du tems qu'il demandoit son 
rappel ; c'étoit peut-être un jeu : ce qu'il y a de sûr c'est 
qu'amoureux comme il l'étoit, il eût été très-piqué si on 
l'eût pris au mot et que, ne recevant aucune réponse, il étoit 
persuadé que l'affaire étoit oubliée. Il étoit dans l'erreur. On 
lui avoit nommé un successeur. Au moment qu'il s'y atten- 
doit le moins, il le vit arriver, sans aucune espérance de gar- 
der sa place. 11 restoit à Rome, captif de celle dont il portoil 
les liens; il temporisoit ; mais enfin il fallut prendre son parti. 
H. de Nivernois, notre ambassadeur à Rome, avoit obtenu la 



pe? mis^oii de r^veirir en France^ Une Ir^aW, équipée )i Mar<- 
^illQi ratteAâoit 6t étoit venue pofur 9ervir à son passage. 
Ht de Troy eut ordre de se préparer h partir et de profiter de 
roûcosion^ Le jour fut indiqué et TinlimatiQn lui en fut faite 
peu de tems auparavant à TOpéra, où il assistoit avec ^ mat- 
tresse. Ce fut un coup de foudre* Saisi et al>batUf faisant effort 
sur lui-même pour ne rien laisser apercevoir de ce qui $e 
passoit dans son intérieur, il rentre chez lui. ta flèfvre le sai- 
sit, Un ma) de gorge, qu'on attribue à l'air froid qu'il a res^ 
pire à la sortie du speffta^le, le menaça d'une esquinancie. 
Lea médecins appelés le traitent en conséquence, et la mala- 
die dégénère bientost en vne fluxion de poitrine, qui le fait 
périr en peu de jours^ 

MAMÂNTINI (giusepps). l^e chevalier Joseph Diamantini 
vivoil h Venise sur la fin du siècle dernier et ai| commence- 
ment de eelui-^ci ; et, à en juger par une suite de planches 
qu'il a gravé lui-même à l'eau-forte sur ses propres des- 
seins (1)« c'étoit un peintre licencieux et d'un dessein fort peu 
correct. A sa façon de composer je serais asse:^ porté à croire 
qu'il étoit disciple du cav^ Liberi. 11 cherçboit du n^oins k 
imiter sa manjèie* L'auteur de la nouvelle édition du Bos- 
chini piitMr$ ii Yenezia le iait naître dans la Romagne, et 
lui donne le nom de Ji^n, mais c'est une erreur de sa part ; 
il vaut mieux s'en rapporter au peintre lui-même, qui, sur 
toutes s^s planches^ prend le nom de jQ$eph^ 

I^BPENBEKË (ibMiblrAil). Yoicy Finscription qui eat ao^ 
dessous de son portrait gravé chez J. Meyssens : « Il est né à 
Boi«*te-Diicq, ayant oy-^levant exercé pour quelque tempi 



(l> Yoir Sartjçcb„ X3* Tol,< p, ia^SS. 



in 

Titft de {idiQdfe BUT lei vilres, en quoy il surpasse tous ceut 
de mm ieinps, mais à préient il s'est adonné à peindre toutes 
tories de psintuves, mesipe aui desseins irès-curieusement, 
ayant eu pour naaistre PierrchPaul Rubens, tient sa résidence 
à Anvdff« i> Sandrart dit à peu près la niéme chose, et iait 
mention des desseins qu'il a donné pour le temple des Muses. 

— Abraham Mepenbeck étoit à Paris, selon que je puis 
le coojectuiper, en 1«3Î. M. Lasne a gravé, dans cette année, 
une grande thèse sur ses desseins, et je pense que ce fut aussi 
alors qo^il fit pour M. Favetvau les desseins qui ont été gra- 
fé» par Bloemaert et Matham, et qui enrichissent le livre des 
tableaux du temple des Muses, mis seulement au jour en 1655. 
11 est à remarquer que dans cette même année, 1632, Van 
niulden, condisciple de Diepenbeck, travailloit à Paris. Les 
tableaux de la galerie du Luxembourg, peints par Rubens, 
auxquels ils aboient eu part, leur avoient acquis une certaine 
eoDsîdëratJon dans isèite ville. 

-^La faeililé, avee laquelle Diepenbeck inventoit, lui a fisit 
produire une prodigieuse quantité de desseins, qui sont faits 
sur de bons principes, pour ce qui concerne le plair-obscur. 
Ceux qui Iqj ont fait plus d*honneur sont les tableaux du 
temple des Muses^ qui ont été gravés par Corneille Bloemaert. 
(Cal. Gropt, p, IQQ.) 

— Un j^une paysan ^ reposant au pied d'un arbre, te- 
nant sop asne par le licou. Cette petite pièce touchée avec 
beaucoup d'esprit ^ été gravée à l'eau- forte, en 1630, par 
Abraham Dîepn|;)eck. Une autre, du raesme dessein^ n'en est 
qu'une copie tournée de l'autre sens. — On y lit au haut le 
ijom de l'auteur écrit à rebours. J'ay remarqué qu'il y écrit 
ainsy son noin A. van Diepenbeeck fe. Dans l'original, le 
paysan est assi$ dq côté gauclie de to planche. Le nom d.ii 
peintre ne se trouve point dans la copie. 2° 3' h.; 5° trav. 

— Tous les sainte de l'onîpei 4?? C^ffPîe§ iQuans la sainte 



108 

Vierge dans le ciel, et invilansles princes et le peuple chres- 
tien à l'honorer en prenant le scapulaire. Grande pièce de 
deux planches assemblées, gravées par Pierre de Jode le jeune. 
Celle-cy est une épreuve sans lettre. La teste de l'archiduc 
d'Autriche, qui n'y est pas encore gravée, est dessinée par 
Diepenbeke mesme. 

— Une suite de plusieurs sujets , tirés de l'Iliade et de 
l'Odyssée (au nombre de 36). Il n'y a de noms d'artiste qu'à la 
première pièce, et il y en a mesme quelques-uns dans la 
suite qui ne paroissent pas être du dessein de Diepenbeke. 
Cette suite est fort rare. Je ne sais pas si elle est œmplète, 
ou si, n'ayant jamais été finie, c'est là tout ce qui en a été 
fait. — A la pièce d* Achille pleurant la mort de Patrocle, Ma- 
riette ajoute : A celle-cy, seulement, il y a au bas une dédi- 
cace à Edouard Bysshe de Smalfield, écuyer dans le comté de 
Surrey. — Toutes ces figures avoient été faites pour être 
incorporées dans une nouvelle édition des œuvres d'Homère, 
qui se devoit faire en Angleterre. Elles sont fort rares, l'édi- 
tion n'ayant jamais été donnée, que l'on sache. 

DIERIGK (de frize). Un jeune homme , fils de Thiery 
Fiisius, peintre hollandois, demeurant alors à Venise, repré- 
senté par H. Goltzius avec un chien de chasse et un oyseau 
deproye sur le poing. Cette pièce est datée de 1597, et tous 
les curieux en ont toujours attribué la gravure à Goltzius. 
Cependant, si on l'examine avec attention, l'on trouvera 
qu'elle est bien plus dans la manière de Jean Saenredam, et 
il y a grande apparence qu'elle a été exécutée par ce gra- 
veur, sous les yeux et la conduite de H. Goltzius et sur un 
dessin de ce dernier. — Les quatre vers qui sont au bas de 
la planche, et qui sont de P. Scriverius, sembleraient prouver 
que c^tle pièce est de H. Goltzius; il y est dit : 



.. quos Goltzius apte 

Yivere Phidiacà fecit in sere manu. 



109 

Tout cela ne m'empêche pas cependant de croire que c'est 
Saenredam qui en est le graveur. L'on voit bien d'autres 
pièces de lui où son nom n'est pas et où il n'y a que la 
marque de Goltzius, son maistre. Theodorico Frisio pictori 
egregio apud Venetos amicitiœ et fllii absentis reprœsantandi 
gratiâ D. D. — Van Mander fait mention de ce peintre, amy 
de Goltzius , dans la vie de ce graveur, p. 284. 11 l'avoit 
trouvé à Venise, à son retour d'Italie. Il en parle encore dans 
un autre endroit, p. 296, et il le nomme toujours Dierick de 
Vries, c'est-à-dire, en latin, Thedoricus Frisius, comme le 
nomme Goltzius. 

DIETËRICH ( GHRÉTIEN-GUILLAUME-ËBNEST ). 11 Uaquit à 

Weimar, en Saxe, le 30 novembre 1712. Son père, né à 
Weissensée, et mort à Dresde, en 1753, âgé de 68 ans, lui 
donna les premiers principes de l'art ; et lorsqu'il le vit en 
état de profiter des enseignements d'un meilleur maître, il le 
mit, en 17^, sous la direction d'Alexandre Thiele. Dieterich 
passa trois ans dans cette école. Il n'en avait que 18 lors- 
qu'une heureuse étoile le fit connaître de M. le comte de 
Bnihl, qui, charmé de ses belles dispositions, le mit sous 
sa protection et lui fournit les moyensde les faire valoir en lui 
accordant une pension de 1500 livres, l'entrée de son cabinet, 
meublé d'exc^ellents tableaux; Dieterich en sçut profiter; il 
étudia avec ferveur. Les manières qui lui plurent davantage 
lurent celles de Berchem, d'Ostade, de Poelembourg, de Du- 
jardin, de Claude le Lorrain. Il les apprit pour ainsi dire par 
cœur, et s'en rendit si bien le maître que, dans les tableaux 
qu'il fit dans la suite, on put reconnoître une imitation par- 
faite de la manière de ces différents raaistres. Mais ce fut 
Rembrandt qui fut prinri paiement son héros. Il le regarda- 
toujours comme sa boussole , et , cela alla quelquefois si 
loin, qu'au lieu d'un imitateur on le prendroit pour un 



110 

copiste de ce grand peintre. Après qualfe années d'une étude 
assidue, le désir de voir de plus près les ouvrages des peinti^ 
qu'il se proposoit pour modèles, lui fit entreprendre le voyage 
de Hollande. 11 le fit en 1734, et revint à Dresde l'année sui- 
vante. 11 eut alors le bonheur d'entrer au service dé son 
prince, qui lui fit l'honneur de placer plusieurs de s^ ta-^ 
bleaut dans ses magnifiques galeries et qui l'occupa presque 
toujours depuis, Dieterich entreprit, en 1743, le voyage 
d'Italie. Il vit Rome ; mais^ ayant déjà une manière décidée 
et qui ne tenoit rien du goût italien^ ée voyage ftit plus tiné 
affaire de curiosité qu'un objet d'utilité. Il n'en ttra d'autre 
parti que d'avoir vu les beaux paysages de Salvator Rosa et 
d'avoir appris de ce gràttd lîiaistre h former avec art des 
troncs d'arbres, un feuHlé léger et des roches sèches et 
arides» Ces nouvelles richesses se répandirent dans d'excel- 
lents paysages où je le regarde comme supérieur à toUt ce 
qu'il a fait^ S'il y met des eauî, si ses terrains sont couverts 
d'une herbe et d'une mousse légère et douce, ils deviennent 
admirables. J'en ay vu quelques-uns à Paris, chez M. Ëan^ 
don de Boisset, qui vont de pair avec tout ce qu'on trouve 
de plus beau dans ce genre. J*en dirai autant de ses desseltis; 
il m'en a envoyé quelques«^uns, Mts d'après nature, qui sont 
admirables* Dletericb ne brille pas moins dans ses gravurei^. 
Elles sont spirituelles et agréables. 11 a eu la complâisahôe 
d'en rassembler pour moi près de 160, et il m'en manque 
encore. Mais où les trouver? Car, à l'exception de celles qu'il 
a gravé en dernier lieu et dont il a les planches, toutes ses 
autres sont de la dernière rareté. Il brisait les planches à 
mesure qu'il les gravoit, ne prévoyant pas que quelque jour 
elles mérileroieot les recherches des curieux. La dernière 
guerre, qui a ruiné tant de familles en Saxe, n'a pas été désa* 
vantageuse à notre peintre. Le roi de Prusse, le prinee son 
frère, sei gé&éraux^ tous ont voulu avoir de ses ouvrages. 



111 

Sa réputalion s'est accrue et répandue dans le reftte de VBxJh 
rope. On lui a demandé de ses tableaui de toutes parts, et 
surtout la France les a reçus avec empressement. A peine 
a-t-il eu le temps de se reconnottre. On les lui a bien payés. 
Dieterich a fait avec cela un mariage avantageui» 11 se trouve 
aujourd'hui dans une grande aisance. Il faut souhaiter que 
l'art n'en souflVe point ; c'est asses ordinairement le terme 
fatal où viennent se briser et se perdent les talens. (Voyez 
le livre t LtUres iun amakur aitm d9ê Mt^irtmement hiêl.j 
p. 300.) 

--«Dieterich a eu la manie de change? de nom et de donnef 
à celui qu'il avoit hérité de son père une terminaison ita^ 
lienne en se faisant appeler Dietericy. Ce n'est pas qu'il eût 
dessein de se rapprocher par-^là des italiens. Bon goût natu- 
rel le portoit plutost à imiter le flaire des peintres des Pays- 
Bas, et Rembrandt fut son héros. Après être demeuré pen- 
dant près de dix ans chez le comte de Brtihl, qui lui fournit 
généreusement les moyens d'étudier et de se rendre habile 
dans son art, un beau malin, par un caprice qui n'a point de 
nom, il sortit brusquement de la ville de Dresde et se retira 
dans la ville où il étoit né ; mais bientost il revint à son pre« 
mier poste, et le comte de Brûhl songeant qu'il étoit temps 
de lui faire voir l'Italie, lui en proposa le voyage et se char- 
gea d'en faire les frais. Dieterich débarqua à Venise, et pa-^ 
roissoit s'y plaire, mais c*étoit Rome qui lui étoit marquée 
pour la continuité de ses études $ il s'y transporta, mais tou^ 
jours livré à ses caprices, il prit cette ville en haine j il y sé- 
journa peu, repassa à Venise, et bientost il fût de retour à 
Dresde, où ses oœupations se multiplièrent de façon qu'il 
eut peine à y suftirOi )1 se maria avantageusement^ Il fui 
choisi pour présider en qualité de peintre à la fabriques des 
porcelaines de Meyssens avec de gros appointemens. Mais il 
ne fut pift tongtemps dans ce nouvel emploi sans épi^ouver 



112 

un dégoût qui avoit sa source dans son inconstance. Une 
attaque d'appoplexie à laquelle il a eu le bonheur de résister, . 
l'acquisition d'un bien de campagne où il paraît se plaire 
avec trop d'aisance, tout cela lui arrache trop souvent le pin- 
ceau des mains, et il est à craindre que ce ne soit plus le 
même qui ait fait tant de choses et jolies dans des tableaux 
qui dans leur genre le disputent à ceux des meilleurs maîtres; 
témoin ceux qu'on voit de lui chez M. Randon de Bpisset à 
Paris. M. de Heinecken, de qui je tiens tout ce que je viens 
d'écrire, me dit que le père de Dieterich, peintre en minia- 
ture, fit embrasser la peinture à son fils, malgré lui, et que, 
pour l'obliger à manier le pinceau, il u^l^vent de violence. 

DIEU (ANTOINE) étoit bourguignon et disciple de Le Brun. 

— Antoine DieU; né en Bourgogne, vivoit à Paris au com- 
mencement de ce siècle, et son extrême facilité de dessiner 
lui a mis presque continuellement la plume à la main. Il 
mettoit du ieu dans ses compositions, mais, s'il faut dire la 
vérité, elles sembloient presque toutes être jettées dans le 
même moule ; elles avoient un caractère de ressemblance qui 
ne montroit pas un génie bien fécond. Il avoit coutume de 
donner à ses figures des proportions fort allongées, et cela 
n'étoit pas un défaut lorsqu'il dessinoit en petit, mais il éten- 
doit cette règle aux plus grandes figures, et alors c'étoit un 
défaut dont il ne lui fut pas permis de se corriger, car il étoit 
devenu un praticien et rien davantage ; c'étoit, du reste, un 
assez médiocre peintre. Je l'ai connu dans ma jeunesse; il 
venoit chez mon père, qui s'est souvent servi de lui. 11 a dû 
mourir vers Tannée 1720 : il tenoit une boutique de tableaux 
sur le petit-pont, et je crois me rappeler qu'il mourut de 
l'opération de la pierre : je n'ose pourtant l'assurer. 

DIEU (JEAN de) d'Arles, sculpteur du roy , a connu parti- 



lia 

culièremenl M. Pugel, mais n*a jamais été son élève. Quand 
M. Puget vint à Paris, et, lorsqu'il vil les ouvrages qui sont 
dans les jardins de Versailles, il en témoigna de la satisfac- 
tion. De Dieu avoit été fort lié d'amitié avec Roullet, graveur, 
son compatriote. Il avoit été pareillement grand amy de la 
Page, dont il possédoit une belle suite de desseins qu'a 
M. Chubéré; entre autres, ce beau dessein de la chulte des 
anges^qm fil regarder dans Rome La Fage comme un nou- 
veau Michel-Ange. Au reste, de Dieu, que j'ay connu, étoil 
un parfaitement honeste bomme. 

DIZIANI (GASPARD), né à Belluno, en 1689, a fait son pre- 
mier cours d'étude sous Grégoire Lazarini à Venise, et est 
entré ensuite dans l'école de Sébastien Ricci, dont il étoil le 
compatriote, et dont il épousa la manière. Il étoil né avec du 
génie; mais l'imagination prévaloit chez lui et ne luiper- 
mèttoit pas de mettre beaucoup de correction dans ses ou- 
vrages. Il sortit de Venise et fut .en Allemagne, où il étoil 
appelé, et dont il revint à Venise en 17 . Il y est mort en 
1767. Il a laissé un fils nommé Joseph, qui exerce la pein- 
ture à Venise. 

DOBSON (gugliemo). Il étoil gentilhomme et descendoit 
d'une très-bonne maison, anciennement établie à St-Albans, 
dans le comté d'Herford. 11 nacquit sur la paroisse de St-An- 
dré, dans le quartier de Holbourn, à Londres, en 1610. Obligé 
par la nécessité de chercher une profession, il fit choix de la 
peinture, et y fit, en peu de temps, de tels progrès que ses 
premiers ouvrages méritèrent les regards et l'approbation de 
Van Dyck. Ce grand peintre l'alla déterrer dans un misérable 
grenier où il travailloit, le présenta au roi Charles pr, et lui 
fit accorder la protection de ce prince, grand ami de la pein- 
ture. Dobson a principalement réussi dans le genre des por- 
T. n. h 



traits. On ea voit quelques-uns qui ue le cèdent point aux 
plus beaux de Van Dyck. 11 a peint aussi quelques tableaux 
d'histoire, mais il faut convenir qu'il étoit alors hors de sa 
sphère. Son goût pour le plaisir le jetta dans de folles dé* 
penses, qui le conduisirent en prison. Un ami vint à son se- 
cours et l'en ût sortir ; mais il ne jouit pas longtemps de la 
liberté qu'il venoit de recouvrer, il mourut , âgé seulement 
de 36 ans, le 28 octobre 1646. Anecdotes sur la peinture par 
Vertue. — On a son portrait, gravé par lui-môme à l'eau^ 
lorte, qui est un beau morceau. 

DOFIN (ouvier) est (à ce que j'ay appris de M. Vleughels) 
neveu de Jean Boulanger de Troyes, disciple du Guide. J'ay 
veu quelques pièces qu'il a gravé d'après ce peintre. 

— La Vierge, s'appuyant d'une main sur un livre, posé 
sur une table, et de l'autre sur un coussin sur lequel est 
assis l'enfant Jésus à qui St Jean montre un oiseau perché 
sur sa main ; en demy-corps, gravée à l'eau-forte, d'un ass^x 
bon goût de dessin, par Olivier Dofin, d'après Ânnibal Car'* 
rache. 

DOLËNDO (barthéijemy). Le saint Esprit descendant sur 
les apôtres le jour de la Pentecoste, gravé au burin, en 1629, 
d'après Martin Hemrskerk, par Barthélémy Dolendo. Bartho-- 
lomeu$ Dolendo fecii 1629. C. Vischer exe. 20<' 6' haut. 14« 
9' trav. Ce peutestre une faute. Je ne sache pas que l'on con- 
noisse d'autre Dolendo que celuy qui se nomme Zacharie. Du 
moins celuy-cy, qui se nomme Barthélémy, a gravé dans la 
mesme manière, et c'est encore une des raisons qui me fe- 
roient soupçonner erreur, et qu'on devroit lire Zacharie au 
lieu de Barthélémy. 

DOUYÂB (jean), neveu de Jean Lepautre^ apprit à graver 



lit 

tout luy ; il prometioit beaucoup, mais il mourut jeune* en 
16» (Extrait d'une lettre de d'Atiler.) 

DONATELLO. Yasari dit qu'il nacquit à Florence, en 1803, 
et qu'il y mourut, eu 1466, âgé de 83 ans. 11 y a Une erreur 
maniteste dans ces dattes \ car, s'il est constamment mort dans 
TannAe et à l'Age qu'il dit, il devoit estre né en 1388 et non 
pas en 1903, ce que je croirais asse2 volontiers, et qui est 
constant. Yoiez Bocchi, TaT. seconda. 

DORIGNY (louis). Après avoir copié le passage du Poxxo^ 
Vite de* piêtori Yeronesi, p. 176, Mariette ajoute : Mon negli 
ultimi del l'anno 1742, overo nei primi mes! del 1743. Là 
partie de ce peintre étoit rintentlon. Il avoit un génie ettrê» 
mement facile, et il réussissoit principalement dans les 
grandes compositions* Ses tableaux de chevalet ne lui font 
pas le même honneur que ce qu'il a peint à fresque sur des 
murailles. C'est qu'il cherchoit plus tôt l'effet et les disposi^ 
tions singulières et piquantes que la correction du dessein 
et la justesse des expressions. Il étoit devenu si grand prati'» 
cien qu'il n'avoit presque jamais besoin de faire des desseins 
pour les ouvrages qu'il avoit à peindre, même ceux qui 
éloient les plus composés. La plus légère esquise lui su/Bsolt« 
De là il partoit, et, le pinceau à la main, il composoit et rédi* 
geoit sur le mur ce qu'il vouloit exprimer. Ce qu'il a peint 
à Yienne che2 le prince Eugène n'est pas ce qu'il a fait dé 
plus beau* H y a toujours du feu, mais le ton de couMUt 
m est d'une fadeur extrêmement supportable, et est entiàrt^ 
ment faux. 

DORIGNY (l8 GHBVâtJER mcoLAs] de Paris j dêSèinateur et 
graveur à l'eau-forte, de l'Académie royale de peinture et de 
leulpuire. *- Celuy , dont on a recueilly icy les ouvrages, aiflHt 



116 

de trop heureuses dispositions, et en même temps de trop 
illustres exemples dans la personne de son père et dans celle 
du fameux Vouet, son ayeul, pour balancer un moment dans 
le choix de sa profession. Aucune ne luy convenoit mieux 
que celle du dessein. Beaucoup de goût, une grande facilité, 
naais par-dessus tout une vivacité de génie surprenante luy 
firent faire en peu de temps un progrèz si rapide que ses 
raaistresen furent, pour ainsy dire, épouvantés. Il ne luy fut 
presque pas nécessaire, comme aux autres, d'apprendre les 
premiers élémens de Tart. Dès les premiers momens, il fut 
en estai de dessiner des parties entières, et, ce que Ton n'ose 
espérer que des années et de la pratique acquise par une 
étude continue et suivie, on le vit, au bout d'un an, capable 
d'entreprendre le voyage d'Italie ; c'étoit ce qu'il désiroit le 
plus. Louis Dorigoy, son frère aîné, l'avoit déjà devancé, et, 
dans un séjour de plusieurs années, qu'il avoit fait dans di- 
verses parties de l'Italie, il s'étoit déjà acquis une partie de 
cette grande réputation , qu'il soutient encore si bien pré- 
sentement et qui Ta fait souhaiter par tant de grands sei- 
gneurs pour enrichir leurs palais de ses vastes idées. Le pro- 
jet de Nicolas Dorigny, en allant en Italie, étoit d'embrasser, 
comme son frère, la peinture. Par un pur hasard, et presque 
sans le vouloir, il devint graveur. La grande facilité qu'il 
avoit à dessiner l'y conduisit insensiblement et luy fit aisé- 
ment surmonter les difficultés qu'il auroit pu y rencontrer. 
Ce ne fut pas en cela seul qu'il luy fut utile d'être bon des- 
sinateur; il devint en quelque façon par là le maître de son 
ouvrage , et il luy eût même autrement été difficile de se 
captiver à une manière étrangère. Gomme ce graveur joint à 
beaucoup de goût une vaste connoissance des belles choses, 
il a sceu parfaitement choisir les tableaux qu'il a gravés, et 
c'est encore un nouveau mérite pour ses estampes de ce 
qu'elles représentent les plus beaux ouvrages des plus grands 



117 

maîtres, La feue reine d'Angleterre ayant souhaité de voir 
gravés les célèbres carions de Raphaël, que Ton conserve 
dans le palais d'Hamptoncourl, elle fit proposer à Dorigny de 
passer à Londres. Il exécuta ce que souhaitoit Sa Majesté ; et, 
en récompense d'un si grand travail, Ton pourroit adjouter 
en faveur de son mérite personnel, le roy d'Angleterre, à 
présent régnant (1), luy fit l'honneur de le créer chevalier. 

— Jésus-Christ descendu de la croix par ses disciples. Ce 
tableau passe pour un des plus beaux de la ville de Rome, 
où Daniel de VoUerre l'a peint dans l'église de la Trinité du 
Mont. L'estampe, dessinée d'après le tableau, gravée àl'eau- 
forte et terminée ensuite au burin, par N. Dorigny, en 1710, 
est très-bien dessinée et donne une grande idée de l'original. 
-— Il l'a rachevée en France, lorsqu'il y vint pour la première 
fois avant que passer en Angleterre. 

— Les sept pièces de la suite des Actes des apôtres, inven- 
tés par Raphaël d'Urbin et peints par luy-mesme à détrempe 
sur des cartons, pour servir de modèles aux tapisseries, qui 
furent exécutées pour le pape Léon X (ces fameux cartons, 
dont Rubens fil faire l'acquisition à Charles I^r, roy d'Angle- 
terre, se conservent dans le palais d'Hamptoncourl), ont été 
gravées par le chevalier Dorigny pendant son séjour à Londres. 

— St Etienne, abbé de Cisteaux, recevant SI Bernard qui 
arrive à Cisteaux avec ses compagnons pour y prendre l'habit 
religieux, gravé d'après le dessein de Joseph Passari. — J'ay 
veu le tableau original dans l'église de Cisteaux. Le R. P. 
Etienne Prinstet, qui estoit alors procureur général de l'ordre 
de Cisteaux en cour de Rome, le fit faire au Passari, et fit en- 



(1) Comme ce fut de Georges 1er que Nicolas Dorigny reçut 
ceUe dislinclion, en 1719, époque de son retour en France, la 
note est antérieure à 1727, époque de la mort du roi. Dorigny ne 
mourut qu'en 1746. 



fit 

luitte graver la plaoche au cfc«r porlgny. n s'y est ftiit repré* 
leoter sous la figure d'un des religieux de St Bernard, qui osl 
aur I^ devant de la oampositioa et qui regarde en face ; la 
teste est le portrait du père Prinstet qui, s'étant retiré à Gis^ 
teaux, y est mort en 1727, âgé de 77 ans. -«- M, Dorigny m'a 
Asseuré quB ce n'est point le portrait du père Prinstet^ mais 
celuy du père Raydelet son compagnon. 

DOS! (gio. ANTomo). n donna les desseins de plusiçvirç 
décorations pour l'entrée de la grande-duchesse, Christine de 
Lorraine, à Florence, en 1588. C'étoit précisément le tepips 
qu'il travailloit à décorer la belle et riche chapelle de \e^ fa- 
mille Nicoljni, dans l'église Ste-Croix de Florence, dont le 
Borghini a fait une si exacte description. 

DOSSIER (MICHEL). Une femme dessinant des figures d*op«- 
tique, deinie figure gravé par Dossier, d'après le s' ÂUou qui 
y A, à ee qu'on prétend, représenté le portrait de sa femm*. 

POSSO DA FERRARA. L'auteur de la description des pein- 
tures qui se voyent à Ferrare, ne le nomme point autrement 
que Dosso Dossi, et le fait mourir en 1560. Si cela est vrai, le 
Do§so dut avoir le chagrin de voir parler de lui avec un in- 
fini mépris par le Dolce dans son dialogue sur la peinture, 
imprimé à Venise, en 1557. Cet écrivain (page 10) trouve 
très-mauvais que l'Arioste ait donné au Dosço et à son frère 
une place honorable dans son poëme (1), et les ait mis au rang 



I ' 1 1 jj i i I ' 



(1) E quel, ehe furo a nestri di, o songera, 
Leonardo, Andréa Manlegna, Gian Bellino, 
Due Dossi, e quel, ch*a par sculpe, e eolora, 
Michel, piu che Mortal, Angcl divine, 
Bastiano, Rafaël» Tisian, ch'oQora 
Non men Gador, ohe quel Veneaia, e Urbino : 
B gli aUH, di eui tai Topra ai vede, 
Quai de la prisca età si ieg^e e crede« (Ganta |3^, tl. i.) 



119 

des peintres les plus illustres, tandis qu'ils n'ont fait, à son 
ayis, que des ouvrages grossiers et nullement dignes des 
éloges que ce fameux poêle leur a prodigués. S'il en fout 
croire le Dolce, l'un des deux Dosso avoit étudié à Venise 
pendant quelque temps sous le Titien. Son frère a vu Rome» 
et avoit été disciple de Raphaël; mais j'apréhende qu'il 
n'entre un peu d'humeur dans ce jugement, d'autant que le 
critique n'épargne pas Fra Bastiano del Piombo, et trouve 
pareillement mauvais de le voir placé à la suite de Raphaël 
et de Michél-Ânge, dans le même endroit où l'Ârioste parle si 
avantageusement des deux Dosso. Le Rosetti, Descrip. deUe 
pitiure di Padoua, page 168, sur la foi d'un ancien Ms, donne 
au Dosso le nom de Bernard, mais il me faudroit d'autres 
preuves pour être persuadé de la vérité de cette assertion. 
Les auteurs des discours, qui accompagnent les gravures des 
portraits des peintres peints par eux-mêmes, qui sont dans 
la galerie de Florence, ne sont pas favorables aux Dosso; et 
le Bossetti, auteur de la nouvelle Description des peintures 
de Ferrare, les accuse de partialité et d'avoir parlé sans con- 
noissance d'ouvrages qu'ils n'ont jamais vus; autrement ils 
en auroient fait l'éloge. 

Le jugement du Dolce, porté en 1557, me feroit croire que 
les Dosso n'étoient plus lorsqu'il fit parottre son livre. Il 
D'étoit pas naturel qu'il se hazardÀt de parler si désavanta- 
geusement de peintres vivants, et qui jouissoient d'une répu- 
tation à la cour d'un prince qui avoit ses étals si près de Ve- 
nise, et qui n'avoit pas dédaigné de foire travailler dans son 
palais le Dosso en même temps qu'il y employoit le Titien. 

DOU (Gérard) (1). Sur h p<$9êage oà Houirakên dit que 



(i) Les notes de Mariette eontiennent sur Gérard Dou quatre gran- 
des pages tirées d'un passage de Houbraken ; eommu elles ne sent 



120 

M. Spiering payait à Gérard Dou ses tableaux la valeur de 
leur poids en argent^ Mariette ajoute : Apparemment qUe 
c'étoit en or; car le plus considérable tableau de Gérard Dou 
ne pèse pas plus de deux ou trois livres , et ce poids en argent 
n'auroit pas fait une fort grosse somme. 

— Houbraken parlant du tableau représentant un intérieur 
de chambre avec une femme donnant à téter à un enfant^ le 
plus considérable qu'il connût de ce maître^ Mariette remarque : 
Apparemment par rapport à la grandeur; il avait 3p.de 
haut sur 2 />. 6 p. de large — et ajoute la suite de Fhistoire 
du tableau : C'est le même tableau qui vient d'être exposé en 
vente, en 1754, après la mort de M. Bernard, maître des re- 
quêtes, fils de Samuel Bernard. Il a été porté jusqu'à 29,050 
livres et retiré à ce prix par les héritiers qui ne veulent point 
le donner à moins de 30,000. Ils disent que c'est un présent 
fait à leur père par les états généraux, et j'ay ouy dire que 
MM. Pils d'Amsterdam avoient ici un homme qui éloit chargé 
de leur commission, et qui l'a fait monter au prix excessif 
où il a été porté. Nos connoisseurs ne conviennent point que 
ce soit le plus beau morceau de Gérard Dou. Ils trouvent les 
figures et surtout l'enfant mal dessiné, et en général la com- 
position peu intéressante. Ce qui est de beaucoup le meil- 
leur est le sujet représenté dans le fond, celui où est le chi- 
rurgien et les deux tables, qdi sont peints dans la manière de 
Schalcken, ou noire. 

DOUET. La Ste Vierge assise et veue par le dos, ayant au- 



qu'une traduction et même assez inexacte, nous dit-on, nous n^a- 
vons point à les donner, mais seulement les notes ajoutées par 
Mariette. — Dans son catalogue de Técole flamande, M. Yillot, 
d'après l'année de son âge mise par Gérard Dou dans la signature 
de sa femme hydropique, a rectifié la date de sa naissance, qui 
se trouve reportée à 1598. 



121 

près d'elle l'enfant Jésus qui se jette entre ses bras en la re- 
gardant avec amour. Cette figure est en demy corps ; elle 
est du dessin d'André del Sarto et gravée en clair-obscur de 
deux couleurs, par un anonyme. En jaune; n'est pas de 
bonne qualité. Le trait est contourné et les principales ombres 
remplies d'hacheures. Au bas le nom d'Andréa del Sarto. 
Sans autre marque, 8** 9' haut. ; 6° 6' trav. — J'en ay veu des 
épreuves avec le nom du graveur qui me semble françois : 
Douet f. Telle est celle qui se trouve chez le roy. Aux épreu- 
ves où se trouve le nom de Douet /;, il y a eu une planche 
d'ajoutée, de sorte que le clair-obscur est pour lors composé 
de trois planches. 

DRE66EL (corneille). Les sept arts libéraux, représentés 
par des femmes en demy corps, en sept pièces, gravées par 
Corneille Drebbel, d'après les dessins de H. Goltzius. Ce gra- 
veur me paroist disciple de Saenredam ; peut-être est-ce c^ 
Cornélius quidam^ dont Sandrart fait mention à la fin de la 
vie de Gheyn, et alors il seroit disciple de ce dernier. 

BREVET. Les Brevet sont au nombre des maîtres qui ont 
exercé la graveure au burin avec le plus de succès. L'ému- 
lation, que dut naturellement produire l'exemple de ces ha- 
biles artistes, a sans doute empêché que cette pratique de 
graveure, autrefois la seule en usage et si nécessaire pour 
certains genres, ne tombât et ne pérît entièrement. Pierre 
Brevet le père, en possession de graver tout ce qui de son 
temps s'est fait de plus considérable en France, en matière 
de portraits, s'y est acquis une très-grande réputation par le 
nombre de beaux ouvrages qu'il a mis au jour. Les deux 
grands portraits de Louis XIV et de Louis XV, qu'il a gravés 
pour sa majesté très-chrétienne et par son ordre, sont exé- 
cutés avec un soin et dans un détail dont peu de maîtres au- 



132 

roient été capables. Aussy cet artiste étoit-il doué d'une pa- 
tience infinie, et, pourveu qu'il parvienne au but qu'il s'estoit 
proposé, il se mettoit peu en peinne du temps qu'il lui en 
coûloit et du travail souvent rebutant qu'il lui falloit es- 
suyer (1). 

Son fils, élevé dans la même profession, ne s'y est pas 
rendu moins recommandable. Il a paru sur les rangs de très- 
bonne heure, et dans un âge où la plupart des autres ne font 
que commencer à se faire connottre. Il a débuté par des ou- 
vrages de maistre, si accomplis dans toutes leurs parties, que 
l'on n'y peut rien désirer, et qu'il luy auroit peut-être été 
difficile à lui-même de rien faire de plus parfait dans la suite. 
Son burin est d'une couleur extrêmement douce et brillante, 
et l'on ne peut regarder sans étonnement les recherches dans 
lesquelles il est entré, et avec quelle légèreté, quelle préci- 
sion, il a exécuté chaque objet suivant le caractère qui lui 
convenoit. Peu de graveurs eussent osé entreprendre un tra- 
vail aussi épineux ; c'est qu'il en est peu qui ayent asseï de 
dextérité, de patience et d'amour pour le travail. Pierre Bre- 
vet, en élevant son fils dans la graveure, y a en même temps 
instruit un de ses neveux qui commence à donner des espé- 
rances. Tout ce qui est sorti de la main de ces graveurs 
est dans ce recueil. On a cru pouvoir y joindre à la fin 



(1 ) « La générosité de M. Coustard, contrôleur général à la grande 
« chancellerie, el celle de M. son (ils, conseiller au parlement de 
« Paris, doit avoir ici sa place. Ils ont fait peindre, par le fameux 
a Rigaud, les portraits de la Fontaine, de Santeul et de Desprèau. 
« Le portrait de ce dernier a été gravé à leurs frais par Dcvret et 
*i distribué gratuitement à toutes les personnes de distinction et de 
« belles-lettres qui le leur ont demandé ! » Titon du Tillet. Essais 
sur les honneurs et sur les monuments accordés aux illustres sa- 
vants pendanl la suite des siècles. Paris, 1634, in-12, p. 4-47. — Ce 
portrait, par Pierre Drevet, porte bien en bas le nom de M. Cous- 
tard, mais on ne savait pas que Toriginal avait été fait aussi à ses 
frais. 



iSS 

M qui a été gravé par Simon Vallée, disciple de J)Te- 
vêt, et par les deux Ghéreau, dont l'aisné a travaillé chez 
Drevet pendant quelque temps. Tous ces graveurs sont ae* 
tuellement vivante, et les deux derniers sont presque les seuls 
qui partagent avec les sieurs Brevet la réputation de bien 
graver au burin. François Ghéreau a gravé de fort beaux 
portraits; son frère, qui a appris sous lui, a aussi beaucoup 
de talent. Pour Vallée, il avoit commencé à se donner en- 
tièrement à la graveure au burin , et il y avoit assez bien 
réussi ; mais il Ta abandonné depuis et a préféré l'usage 
de Teau-forte. — Pierre Brevet, le fils, mort en 1739. 

DROUAIS (HUBERT), peintre en miniature, reçu académi- 
cien en 1790, est mort à Paris, le 9 février 1767, âgé de 
68 ans. Son fils, qui est de la même Académie, se distingue 
dans le genre du portrait et est en vogue. 

« 

DGB0I8 (ambroisb), mourut le 37 décembre 161 $• 11 est 
•nterré dans Téglise d*Àvon , près de Fontainebleau. — Tré- 
sor des merveilles de Fontainebleau, p. 338. 

Il a peint son portrait dans un des tableaux de l'histoire de 
Gariclée qui sont dans la chambre de l'ovale à Fontainebleau. 

L'abbé de Villeloin, dans son catalogue d'estampes, 
page 91» nomme un Elle Dubois qui fit le portrait du duc de 
Sully, en 1614. 

DUBRËUIL (TOUSSAINT) Toussaint de" BrtvH. Il faut lire 
Toussaint Dubreuil. Il ne remplaça point le Primatice, Ce ne 
Ait que plusieurs années après la mort de ce grand artiste, 
que le roi Henri UI le déclara son peintre. 

« Dubreuil, peintre du roy, singulier en sonart, et qui avoit 
fait et divisé tous ses beaux tableaux de St Germain, reve- 
nant dudit St Germain à Paris sur un cheval rétif et qui al- 



124 

loit Jprt dur, fut à son retour surpris d'une colique de mis^ 
rere qui l'emporta en moins de 24 heures, le 22 novembre 
1602. » Journal du règne de Henri IV, par de L'Estoille, t. I, 
p. 214. 

DUCHANGE (Gaspard), mort le 6 janvier 1757, âgé de 
près de 96 ans. 

DU CHATEL (François), né à Bruxelles en 1616. Il avoit 
pris dans sa jeunesse le parti des armes, et il étoit parvenu 
au grade de cornette, lorsque un de ses amis ayant été [tué] à 
ses côtés dans une bataille, il se dégoûta du service et se 
donna à la peinture. CVtoiten 1640. Il y fil en peu de temps 
beaucoup de progrès. Il embrassa le même genre que Gon- 
zales Cocques. Il peignit comme lui des portraits. Il rassem- 
bla dans un même tableau toute une famille ; il en fit dont 
les compositions étoient extrêmement agréables. D'autres 
fois il peignit à l'imitation de Brauwer des assemblées et des 
débauches de paysans. Il avoit un pinceau soigné et fait pour 
plaire. Ce qu'il a fait de plus beau, et ce qu'on regarde comme 
son chef-d'œuvre, est la cérémonie de l'inauguration de 
Charles II, roi d'Espagne, faite à Gand, en 1666, en sa qua- 
lité de duc de Brabant et de comte de Flandre : l'on y voit 
une multitude prodigieuse de figures. Ce beau morceau est 
dans une des chambres de l'Hôtel-de-Ville à Gand. On ne lui 
fait qu'un reproche, c'est d'avoir trop négligé ses drapperies 
et d'en avoir souvent abandonné le détail à ses disciples. Il 
mourut à Bruxelles, en 1694, âgé de 78 ans. Voyez le Peintre 
Amateur, t. II, p. 51. Corn.de Bie fait aussi mention de ce 
peintre, p. 399. Descamps en fait le disciple chéri de David 
Teniers, t. II, p. 370. 

DUFLOS (CLAUDE), de Soissons. Une extrême propreté dans 



125 

la conduite de la graveure, une grande netteté, un arrange- 
ment de tailles, égales entre elles et bien suivies, une atten- 
tion toute singulière à terminer ses ouvrages et à leur donner 
une couleur douce et agréable ; voilà ce qui fait le principal 
mérite de Claude du Flos et ce qui a toujours été l'objet de 
ses études. Non content d'exprimer chaque objet par le moyen 
ordinaire des tailles, il a fait revivre la manière de Boulan- 
ger, qui consiste à exprimer les chairs par une multitude in- 
nombrable de points approchés l'un auprès de l'autre ; il a 
perfectionné cette manière et est arrivé au point que plusieurs 
de ses ouvrages semblent plus tost lavés au pinceau que 
gravés, tant ils sont terminés avec soin. Il n'a pas fallu 
moins de patience que de veue pour venir à bout d'un travail 
aussy pénible. 

— La Résorrection de Lazare, d'après Seb. Bourdon ; la 
pièce n'est pas de luy, il n'a fait que la retoucher. 

— Duflos a gravé dans les portraits des Illustres de Per- 
rault le portrait de Blondel et du maréchal de la Heilleraye; 
mais il n'y a que les testes de Duflos ; les habillemens et les 
fonds sont d'une autre main. 

— C'est aussy Duflos qui a gravé les habillemens du por- 
trait du pi:emier président de Harlay qui se trouve dans le 
livre susdit. Van Schuppen avoit gravé la teste, et la planche 
esloit demeurée en cet estât à sa mort. — C'est Duflos luy- 
mesme qui me l'a fait remarquer. 

DUFOUR (NICOLAS) d'Abbeville, graveur. 

DUFRESNY ( gharles-riviére ) , valet de chambre de 
Louis XIV et controlleur de ses jardins, n'a guère eu d'égal 
pour la vivacité de son imagination, et peu de gens se sont 
montrés aussi singuliers que lui. Je ne parlerai point ici de 
tout ce qu'il a écrit, ni de ses talents pour le jardinage. Cela 



1S6 

a été dit dans son éloge, qui se trouve imprimé à la tête dô 
ses œuvres ; mais je ne laisserai pas passer sous silence la 
façon dont il formoit ses compositions i l'aide de différentes 
estampes qu'il découpoit et dont il preûoit ce qui lui conve^ 
nuit dans chacune. Il avoit une armoire distribuée en un 
nombre de tiroirs ou de cases, cbacuns étiquetés de ce qu'Ole 
contenoit. Dans celle-ci il y avoit des pieds, dans une autre 
des bras, des mains, des tètes, des nés, des yeuf , des bou» 
ches, etc. En puisant dans chaque tiroir, et en tirant ce qui 
convenoit à ses desseins, il avoit Tart de l'arranger et d'en faire 
une combinaison, qui quelquefois formoit assez beureuso** 
ment un sujet. J'ay vu une de ces ordonnances fort plaisante $ 
c'étoit une assemblée d'y vrognes, et ce qui faisoit te fonds 
étoil un assemblage de figures et parties de figures, qu'il 
avoit empruntées d'une estampe représentant la tièné. Du* 
iresny ne se contentoit pas de former ainsi des cotnpositiôDi 
qui tenoient lieu d'estampes, il les iaisoit souvent peindre par 
des artistes médiocres dont il empruntoit la main, espérast 
les vendre avantageusement, et, comme cela ne lui arriva yh 
mais, il se plaignoit qu'on achettatdes sommes immenaésuft 
tableau de Raphaël et d'autres maîtres qui avoicait acquis la 
même célébrité, tandis qu'on avoit peine à tirer de ta boum 
cent misérables pistoles pour une de ses peintureâ« Ycrilk 
jusqu'où il poussoit l'extravagance, et Ton cesseïa d'en 
être surpris quand je dirai que, pour subvenir aut frais 
d'un déjeuner qu'il s'étoit engagé de donner à ses amis, 
où il ne devoit y avoir que des langues de carpes de Sélne, 
et des noix d'épaules de veau de rivière, il vendit le 
fond d'une rente viagère que lui faisoient, par ordre du roi, 
les entrepreneurs de la manufacture des glaces, atrtquels 11 
en avoit cédé le privilège, qui, s'il l'eût conservé, devoit 
faire sa fortune. Mais il étoit bien loin de s'en oecupèr. 11 
aimoit bien mieux satisfaite ses caprices. H étt)it té en iéM, 



187 
et il mourut à Paris, le 16 octobre 1724, âgé de 76 ans. 

DUFRESNOY (gharles-alphonse), garçon , ftgé d'environ 
56 ans, est décédé le 16 janvier 1668, et a été inhumé dans 
binef de Téglise de Villiers^le-Bel, le 17, son frère Antoine 
Dufresnoy, établi dans cette paroisse, Tajant amené de Paris 
chez lui, malade d'une paralysie et faible d'esprit. Extrait 
des regisirei de la Parviise de YiUiers-k'BeLyo'ûhqixi rectifle 
la datte de la mort de Dufresnoy, qu'a donnée M. de Piles, et 
sur laquelle il 8'est trompé, ce qui doit paroître bien singu- 
lier, lui qui avoit connu si particulièrement Dufresnoy. 
Voyez la première édition du poème de Dufresnoy. Le pri- 
vilège qui s'y trouve à la fin est en son nom, il est de 1667. 
Ce peintre n'étoit donc pas mort en 1665. Féiibien s'est ex-* 
primé plus exactement, mais pas encore avec précision. Il y 
a une estampe de l'entrevue de S* Nil et de l'empereur Othon, 
d'après le Dominiquain ^ dessinée et gravée à Venise par 
Charles Dufresne. : c'est certainement Dufresnoy, qui n'a pas 
fait difficulté d'altérer ainsi son nom : il a bien osé le tra-« 
duire en latin par Freainetus sur une estampe gravée par 
Fr. Poilly, 

DUGHET. Le Guaspre ne se contentoit pas de dessiner et 
de faire ses études d'après nature^ comme le font la plupart 
des peintres de paysages. 11 peignoit aussy d'après nature 
une bonne partie de ses tableaux. Un petit asne qu'il nour- 
rissoil à la maison , et qui esloit son unique domestique, luy 
servoit à porter tout son attirail de peinture, sa provision et 
une tente pour pouvoir peindre à l'ombre et à l'abri du vent : 
on l'a veu souvent passer ainsy des journées entières aux en- 
virons de Rome. Des gens difenes de foy me l'ont racconté à 
Rome. 11 étoit né en 1621, et mourut en 1684; selon Pascoli, 
il est né en 1613, et mort en 1675. L'inscription au bas dt 



128 

son portrait, que M.Crozat avoit eu de la collection dePio, le 
fait mourir en 1686. Félibien nomme les tableaux da Guas- 
pre les restes des festins du Poussin. 

DUGUERNIER (louis) travailloit de miniature, mais d une 
manière différente de Hanse, lequel couchoit du blanc sur 
son vélin, œmme le faisoient Olivier et Cooper. Il dessinoit 
beaucoup mieux et donnoit une parfaite ressemblance à ses 
portraits. Il fut ancien dans l'Académie de peinture; il se 
maria en 1648, et cet officier du parlement de Rouen, qui fut 
tué dans les guerres de la religion, étoit son grand-père. Son 
père se nommoit Alexandre qui, ayant perdu tous ses biens, 
fut obligé de se réfugier en Angleterre, où, pour subsister, il 
montroit les langues. Étant de retour en France, il se ressou- 
vint qu'il scavoit un peu dessiner, et il se fit peintre en mi- 
niature , s'établit à Paris , et y épousa Marie Dof fin , fille 
d'un peintre de Troyes, mais il mourut jeune. Louis, son fils 
aîné, embrassa le même talent faute de mieux et il y excella. 
Il avoit peint, dans des Heures, que le duc de Guise emporta 
en Italie, toutes les plus belles dames de la cour sous la fi- 
gure de saintes. Il ne laissa qu'un fils de son mariage, qui a 
été élève de M. Chalillon. De ses deux frères Alexis peignoit 
le paysage et Pierre des portraits, tous deux en miniature. 
Sa sœur, qui dessinoit assez bien, avoit épousé en secondes 
noces Bourdon (1). Duguernier avoit de l'esprit, parloit bien, 
aimoit la musique et touchoit le théorbe en perfection. Il fut 
élu professeur de l'Académie en 1656. 

DUJARDIN (CHARLES), né à Amsterdam, en 1640, C'est de 



(1) Vers Fan 1648. Voir la vie de Bourdon, par Guillet de Saint- 
Georges, dans les Mémoires inédits sur les Académiciens. I, 91. 



129 

tous les élèves de Berchem celui qui lui a lait le plus d'hon- 
neur. Il n'a pas peinl aussi agréablement que son maître. Sa 
louche est plus lourde et ses tons de couleur moins lumi- 
neux; mais il a très-bien dessiné les animaux ainsi que le 
paysage, et ses compositions sont heureuses. Il avoit une 
très-belle pointe. Ce qu'il a gravé est excellent dans son genre. 
Il s'en occupoit en 1652 et en 1657. 11 voyagea assez jeune en 
Italie, et les tableaux qu'il y fit furent estimés. 11 retourna 
pourtant dans sa patrie, mais accoutumé à vivre gayement 
avec ses amis, et, ne trouvant que peines et tristesse avec une 
vieille femme que la nécessité de ses affaires lui avoit fait 
épouser à Lyon, à son retour d'Italie, et qu'il avoit conduite 
avec lui en Hollande, un beau matin, il la quitta sans rien 
dire et passa, pour la seconde fois> à Rome où il reprit ses 
exercices ordinaires et son ancien train de vie. 11 alla ensuite 
à Venise, où il devoit espérer la meilleure réception, car la 
réputation l'y avoit devancé, lorsqu'il y tomba malade peu 
de temps après son arrivée et qu'il y mourut, le 20 noveml)re 
1678. Descamps, t. III, p. 3. Iloubraken, 1. 111, p. 56. 

— Différentes façons dont Charles Dujardin a écrit son nom 
sur une suite de planches d'un excellent goût, représentant 
des paysages et desainimaux : K dv Jardin f. 1658. — K Dv 
jf.— KQV j fe. 

DUMÉE (GUILLAUME). Il étoit contemporain d'Ambroise 
Dubois et de Toussaint Dubreuil, et travailloit conjointement 
avec eux dans la même manière. 

DUMONSTIER (GEOFFROY), ayeul de Daniel > étoit peintre 
en miniature, et je ne scais s'il ne peignoit pas aussi sur 
verre. Lorsque maître Rous vint en Franoe, il l'employa dans 
plusieurs de ses ouvrages, et Dumonstier devint un parfait 
imitateur de la manière austère et sauvage de (.'c peintre ita- 
T. n. 



lao 

lien. Cela se voit sur divers morceaux qu'il a gravés à l'eau- 
forte, et dont je possède une suite assez complelte, qui est 
fort curieuse, surtout pour un Français qui est bien aise de 
voir ce que la peinture et la gravure étoient en France lors 
de son enfance. Deux de ces pièces portent la datte de 1543 
et 1547. Geoffroy eut une nombreuse lifçnée, et l'un de ses 
fils, nommé Cosme, fut, comme son père, peintre en minia- 
ture , et fort considéré du roi, qui en avoit lait son valet de 
chambre et qui, se confiant en sa prudence, l'envoya en plu-» 
sieurs cours chargé de commissions importantes. C'est ce 
que j'ai lu dans un Ms. de Sauvai. L'abbé de Villeloin dans 
son Paris (p. 11) nomme Geoffroy Dumonstier. 

— L'Éloquence représentée par une reyne assise au-dessus 
d'an piédestal et ayant un aigle près d'elle. Cette pièce gra- 
vée à l'eau-forte a de la manière du Primatice et de celle de 
maistre Rous. — Elle est de Geoffroi Dumonstier de qui nous 
avons plusieurs morceaux gravés. 11 travailloit en 1547; une 
de ses planches porte cette date. 

DUMONSTIER (côme), père de Daniel, étoit peintre et oc- 
cupoit avec son fils un logement aux galeries du Louvre. 
Voyez l'article de Daniel. MaroUes en parle dans son Paris, 
p. 54. 

DUMONSTIER (daniel), étoit de race de peintres. Son père, 
nommé Cosme, et son ayeul, nommé Geoffroy, avoient manié 
dans leur temps le pinceau avec quelque réputation; mai» 
Daniel s'en fit une bien plus considérable par sa facilité à 
faire des portraits qui ne sortoient jamais de ses mains sans 
être très-ressemblans. 11 les faisoit aux trois crayons ou au 
pastel. Il est étonnant le nombre qu'il en a fait. 11 avoit cou- 
tume d'en garder pour lui des copies , ce qui les a encore 
multipliés et ce qui fait que les cabinets en sont remplis : il 



131 

n'y faut chercher ni touche sca vante, ni art, ni couleur, mais 
de l'exactitude et de la vérité, il avoit coutume de mettre sur 
ses portraits l'année et le jour qu'il les avoit faits. Il seroit h 
souhaiter qu'il eût écrit de même le nom des personnes ; ses 
portraits en seroient plus intéressans, mais c'est ce qui ne 
lui arrive presque jamais. Il étoil très-curieux et d'une mé- 
moire prodigieuse. Il n'avoit rien oublié de ce qu'il avoit lu. 
Son cabinet de livres étoit fameux et sa maison étoit le ren- 
dez-vous de la meilleure compagnie. 11 étoit très-considéré à 
la cour. Il nacquit à Paris en 1575 ; il y mourut en 1646, 
d'une colique de miserere. Il occupoit un logement aux gale- 
ries du Louvre. (Sauvai, Ms.) 

DUMONSTIER (pierre). J'ignore s'il étoit le frère ou le fils 
de Daniel Dumonstier. Il dessinoit comme lui des portraits 
en pastel, et j'en ay vu où il a écrit son nom et la datte 1625, 
et où l'on apprend qu'il étoit alors à Turin. Si l'on eii doit 
juger sur cet ouvrage, il aVoit une touche plus lourde que 
œlle de Daniel. Il lui étoit inférieur. Je ne fais mention de 
lui que pour ne rien obmettre (1). 

DUMONT (FRANÇOIS). Ce n'étoit pas un artiste saûs mérite. 
Les deux figures en pierre de St Joseph et de St Jean-Baptiste, 
qu'on voit au portail de St Sulpice qui regarde le Midi, font 
connottre de quoi il étoit capable. Il mettoit de l'âme et de 



(l> Il serait heiireuk que Ton eut, sur nos anciens artistes, autant 
que sur les Dumonstier; riiistoriette de Tallemant, le contrat de 
mariage de Daniel donné dans les Archives, rarticle de M. de La- 
borde dans sa Renaissance des Arts, le calalogue de Geoffroy, par 
H. Robert l)umesnil, la pièce récemment publiée par M. Fillon 
dans la Revue de TOuest et encore relative à Daniel, composent 
un ensemble qu'il serait facile d'augmenter encore par les men* 
tions ëparses dans les poètes et les polygraphes du 17e siècle. 



132 

l'esprit dans son ouvrage. Ilauroit été seulement à souhaiter 
qu'il en eût banni le goût françois qui y domina trop. Il ne 
survécut pas longtemps à ces deux morceaux de sculpture 
qui lui firent honneur dans le temps. Étant allé à Lille pour 
y poser un de ses ouvrages, il tomba de dessus un édiafaud 
et se tua; c'étoit en 1726. Il comptoit alors 39 ans, à ce que 
m'assure son frère le peintre. Son morceau de réception à 
l'Académie est un titan foudroyé. Dans un mémoire sur la 
vie de Noël Goypel, Dumont, qui avoit épousé une des filles 
de ce peintre, n'avoit, dit-on , que 36 ans lorsqu'il mourut. 
Gela se trouve dans le Xl^ vol. des Amusemens du cœur et 
de l'esprit (O. 

DUMONT (JACQUES), qui s'est |surnommé le Romain j pour 
se distinguer d'un autre peintre de notre académie qui se 
nomme Dumont, est né à Paris et est frère du sculpteur Fran- 
çois Dumont, Dans sa jeunesse, il alla ce qu'on appelle courir 
la Calabre, et s' étant arrêté à Rome> il y étudia la peinture 
sous Benedetto Castiglione, et y fit assez de progrès pour se 
faire distinguer lorsqu'il repassa en France, en 1725. Un peu 
avant que son frère mourut, il s'en fit reconnoître à peu près 
de la même manière que l'Enfant prodigue, lorsque celui-ci 
revint trouver son père. La scène fut touchante. Il se présenta 
pour être reçu de l'Académie et le fut en 1728; il a passé par 
tous les emplois qu'on y distribue, et actuellement il en est 
recteur et ancien directeur. On ne voit pas beaucoup de ses 
ouvrages. 11 en a été retenu par le peu de goût qu'il a pour 
le travail et peut-être encore davantage par la difficulté qu'il 
a d'inventer. Il a beau vouloir couvrir ce défaut; il perce 



(1) Voyez, dans ce secoad volume, à la page 27 et la noie de la 
page 24. 



dans ses ouvrages, où Ton voit souvent des ligures prises 
toutes entières dans des compositions de grands maîtres. 
Avec cela il a de la dureté dans son dessein quoyque correct, 
et peu de finesse dans les expressions. Sa couleur n'est pas 
mauvaise, et c'est ce qui me plaît davantage dans ses ta- 
bleaux. Son caractère caustique et sauvage n'éloit pas fait 
pour la société. Il n'a pu le rompre et tout le monde Ta craint 
et Ta lui ; c'est dommage, car il a du sens. Il y auroit bien 
des choses à dire sur cela et sur la conduite qu'il a tenue avec 
M. Coypel, lorsque ce dernier le fit nommer à la place de di- 
recteur de l'école des élèves protégés par le roi lors de cet 
établissement. Il remit presque sur le cliamp sa place, et, fai- 
sant de M. Coypel le portrait le plus désavantageux, il oublia 
cette équité et ces sentimens chrétiens dont il ne cessa de 
faire parade. Suivant ce qu'il me dit, il doit être né en 1700 
ou 1701. 

DUNCKER (balthazar) de Stralsun, peintre de paysages 
et qui en a gravé quelques-uns. 

DUNZ (jean), né à Berne, en 1645, avoit un assez beau 
pinceau, et a réussi à peindre des fleurs. Il jouissoil d'une 
fortune considérable, et il étoit plus aisé d'avoir en présent 
de ses tableaux que d'en obtenir à prix d'argent. 11 est mort 
âgé de 92 ans, le 10 octobre 1736. Fuessli, Vies des peintres 
suisses, t. II, p. 96. 

DUPERAG (Etienne). Illustrations des fragmens antiques 
(divisé en trois livres). 

Livre premier contenant diverses figures et testes de 
femmes, tirées des marbres antiques et bustes qui sont à 
Rome et autres lieux d'Italie, par Raphaël d'Urbin (ce qui 
est faux). Ces bustes sont dessinés avec beaucoup de propreté. 



13/1 

msils sans beaucoup de goùU Je ne les crois cependant pa» 
de Duperac de qui sont tous les autres desseins de la mêmi 
collection. 

Livre second contenant plusieurs figures d'idoles, d'obé- 
lisques, lettres hiéroglipbyques des Egyptiens, retirées et 
recueillies des marbres antiques qui se trouvent à Rome et 
autres lieux d'Italie, par Estienne Duperac. 

Livre troisième contenant plusieurs temples, faux dieuxi 
autels, sacrifices, inscriptions, épitaphes et cérémonies ob« 
servées en la religion des anciens Romains, retirés des maN 
bres antiques qui sont à Rome et autres lieux d'Italie, par 
Estienne ûupérac, l'an 1575. 

11 se trouve dans le même livre plusieurs autres desseins, 
la plupart d'après des bas-reliefs, statues et autres monu- 
mens antiques, dessinés par différens maistres, lesquels y 
ont été adjoints après coup et à différentes reprises. Ce livrfi 
de desseins, in-folio, est dans le cabinet de M. Falconnet, 

médecin, e^ 1738 (1). 

Il s'en trouve un presque semblable chej, le roy (2) ; ce qui 
fait voir que Duperac en faisoit des copies pour ceux qui les 
lui demandoient. 

M* Crozat a deux de^ms de paysages de Duperac faits m 
Italie eu 1579 et 1580. On prétend que la plus grande partie 
des paysages qu'il a gravés le sont d'après des desseins du 
Titien. On veut qu'il ait été le disciple de ce grand peintre ; 
j'ay peine à le croire. 



(1) Ne se trouve pas dans le catalogue de sa bibliqtlièqiie» im«' 
primé, après sa mort, en i763. 

(3) Département des manuscrits, n» 6900, collection Dupuy. 
Voir sur ce volume la note de M. Raoul Rochetle dans les Manus^ 
crits fi^ançois de la bibliothèque du roy, par M. Paulin Paris. III, 
p. â70i-3. •*- Dans le titre du volume, le nom de Duperac ne man- 
que pa9 d'y ôtrç suivi de sa qualification de Parisien. 



135 

Où cet auteur a-t-il trouvé que Dupérac est mort âgé de 
93 ans ? Baldinucci, qu'il cite, dit simplement, d'après Féli- 
bien, qu'il mourut vers Tan 1601, et qu'il éloit à Rome en 
1569, où 11 mit au jour dans cette année une suite de veues 
des antiquités romaines (1). 

Le père Orlandi, toujours négligent et écrivant trop à la 
hâte sur des matières qu'il n'entend point , prend cette datte 
1569 pour celle de la naissance de Dupérac, et quoyque les 
auteurs s'expliquent là-dessus très-clairement, il tombe dans 
un anachronisme qui n'est pas pardonnable (2). 

DUPRÉ (GUILLAUME), gravcur de monnoyes, sous Henri IV 
et Louis Xin, a été un excellent homme. Il étoit de Troyes 
en Champagne, et est mort à Paris vers l'année 1625. 

DUQUESNOY (henry) (3), père de François Quesnoy, dit le 
Flamand , n'étoit pas un sculpteur du dernier ordre. Sans 
avoir une grande pureté de dessein, ni cette noble simplicité 
qui a fait de son illustre fils un des premiers sculpteurs des 
derniers siècles, il manioit bien le marbre et donnoit à ses 



MMV 



(1) On en peut voir le détail dans le Peintre-Graveur français 
de M. Robert-Dumesnil.TomeVIII, p. 89-117. 

(2) Félilien nous dit que Dupérac laissa une fille, Arthémise Du- 
pérac, qui se maria à un certain Bourdin qui, dans le Baldinucci, 
éd. de Florence, 4770, t. VIIF, 266, est imprimé par erreur Baur- 
din. Serait-ce le sculpteur Bourdin, d'Orléans, do qui Ton connaît 
le Louis XI de Cléry et d'autres ouvrages, et qui fut père de Gilles 
Bourdin, aussi sculpteur ? 

(3) On verra que Mariette n'a pas toujours eu, sur les noms des 
trois Duquesnoy, que nous laissons à cette place parce qu'on les 
appelle toujours ainsi, et non Quesnoy comme on le devrait, une 
opinion différente de celle à laquelle il s'est arrêté. Il enjrésulte 
quelques contradictions ; il en a corrigé quelques-unes ; mais nous 
n'aurions pu les faire disparaître sans toucher au texte de Mariette, 
ce qu'il aurait fait, piais ce qu*il ne nous appartient pas de faire. 



136 

figures des tours agréables. On trouve beaucoup de ses ou- 
vrages à Bruxelles, où il s'étoit établi et où il est mort. L'on y 
fait remarquer entre autres choses, sur une fontaine pu- 
blique, une petite figure en bronze d'un enfant qui pisse> la- 
quelle mérite d'être vue. On y montre aussi, sur le frontispice 
de la chapelle de S**-Anne , dans la rue de la Madelaine, une 
statue de cette sainte, qui est un beau morceau. Mille gens 
vous diront à Bruxelles, pour en relever le prix, que c'est un 
ouvrage de François Flamand, avant qu'il fût sorti de leur 
ville. Mais on sçait le contraire, et il est même fort douteux 
que le Flamand ait laissé dans sa ville natale aucune sculp- 
ture avérée de sa façon. 11 aura pu travailler sur celles de son 
père, car il a appris sous lui sa profession , et lorsqu'il passa 
en Italie, ily étoit déjà plus qu'initié. 11 est honorable pour le 
père d'avoir commencé à former un si grand homme; mais 
il est d'un autre côté bien triste pour lui d'avoir en même 
temps donné la naissance à un second fils que ses crimes 
rendront éternellement odieux. Il a pu être, comme il l'étoit 
en effet, un très-bon sculpteur, mais ses vices ont tellement 
obscurci ses talents, qu'on se fait une peine de le nommer et 
de songer que cet homme abhominable est le même qui a 
fait dans la cathédrale de Gand, en 1654, le superbe tombeau 
de l'évêque de cette ville, Antoine Triest, ouvrage où le 
marbre , devenu en quelque façon flexible sous le ciseau de 
l'artiste, est, à ce que j'ai entendu dire, manié comme si c'é- 
tait de la cire. On en a une estampe gravée par Van Cauc- 
kercken. — Ce frère de François Flamand s'appelait Jé- 
rôme, c'est un fait certain. — Antoine Triest fit faire son 
tombeau de son vivant en 1654, et, comme il était grand 
amateurs des arts et qu'il avait la réputation de s'y con- 
naître, c'est un grand préjugé en faveur du sculpteur qu'il y 
employa. 
— Le père du Quesnoy s'appeloit Henry; Bellori s'est mé- 



137 

pris de nom. G'étoit le frère de François qui portoit le nom 
de Jérôme. Cela été vérifié sur les lieux et m*a été assuré par 
des personnes dignes de foi. 

DUQUESNOY (francesco). Sa mort arriva à Livourne le 
12 juillet 1643. 

— Bacchus, dans cette aimable fleur de Tâge, où le corps, 
ayant achevé de se former, a acquis son entière perfection. La 
figure est debout, son bras appuyé sur un tronc d'arbre, et 
elle tient de la main gauche une coupe qu'elle semble vou- 
loir porter à sa bouche. Cette statue, qui est de marbre blanc, 
a4 pieds de haut; elle est antique, et a appartenu au s^'Girar- 
don, sculpteur célèbre. Il la regardoit comme l'un des plus 
beaux morceaux de son cabinet ; l'on ne peut assez priser la 
justesse de ses contours et l'élégance de ses proportions. Il ne 
restoit d'entiers que la têle et le corps; les bras, les cuisses et 
les jambes manquoient, et ont été ajoutés par François Fla- 
mand. Quel restaurateur! Y eut-il jamais homme qui sut 
mieux manier le marbre, et mettre dans l'expression de la 
chair plus de vérité et plus de souplesse ? Et cependant son 
travail parott sec en comparaison de celui du sculpteur grec, 
n en faut convenir, et être en cela de bonne foi, la sculpture 
moderne risque trop d'être mise en parallèle avec la sculpture 
ancienne. [Catalogue des statues^ etc. , du cabinet de feu M. Cr(h 
%at y marquis de Châtel, 1750, n°l. £/ catalogue desestampes, 
vases , figures t bas- reliefs de feu M* Crozat, baron de Thiers, 
1772, no 940.) 

— Le portrait de Fran. du Quesnoy, dit le Flamand, fa- 
meux sculpteur, demie figure gravée par P. van Bleech, en 
1751, en manière noire ; il tient des deux mains une tête de 
faune en sculpture. 

DUQUESNOY (jérome). J'ai écrit, sur la foi de M. Eydama^ 



158 

que le frère de François Flamand portoitlenomde Jérôme (1). 
Ildit avoir lu les pièces du procès qui lui lut fait à Gand, et la 
sentence qui le condamna à être brûlé, el qu'il se nommoit 
Jérôme. Je crains que sa mémoire ne Tait mal servi et que ce 
soit le père à qui le nom de Jérôme appartenoit. Le Bellori, 
qui a écrit la vie de François Flamand et qui paroît avoir eu 
de bons mémoires, le dit bien formellement, et, dans la des- 
cription nouvelle que le S^ Mensaert a donné des peintures et 
des sculptures qui se voyent à Bruxelles , il dit qu'elles sont 
de H. Quesnoy, et Ton sçait qu'il n'y en a aucune qui ne soit 
du père de François Flamand , qui étoit habile. Celle qui est 
sur le frontispice de la chapelle S**-Anne tient le premier 
rang, et Ton doute à Bruxelles si ce n'est pas un ouvrage où 
le fils auroit mis la main avant que de passer en Italie. Outre 
cela, le même auteur, en parlant des tombeaux des évêques 
de Gand qui se voyent dans la cathédrale de cette ville, quand 
il vient à nommer le sculpteur qui a exécuté celui d'Ant. 
Triest, il dit qu'il est de J, Quesnoy, ce qu'il faut expli- 
quer par Jean Quesnoy. Or, il est notoire que les belles sculp- 
tures qui ornent ce tombeau sont du frère de François qui, 
dans certaines parties, et surtout dans celle de manier le 
marbre, marchoit de fort près sur les traces de son frère (2). 
J'ajouterai que j'ai vu deux petits enfants d'y voire qui sont, à 
n'en pas douter, exécutés sur le modèle do François où l'on 
voit ces initiales J. Ç., ce qui achève de montrer que le 
frère cadet qui s'y est ainsi désigné s'appelloit Jean el non 
Jérôme. 



(1) Celte phrase était d'abord écrite de cette façon : J'ai écrit sur 
la foi de M. Eydama que le père de François Flamand se nom- 
moit Jérosme, et que son frère portait le nom de Jean. 

(2) Celte noie esl, comme on voit, antérieure à celles qu'on a 
lues plus haut sur le père, et par lesquelles Mariette reconnaît 
qu'il faut lui conserver le nom d'Henri. 



199 

-^ Voici h lettre que M. Eydama écrivit à Mariette pour 
compléter et confirmer lee reneeignement» qu'il lui avait donnés 
éie vive voix : 

Monsieur, 

J'avois eu l'honneur de vous promettre un extrait du 
procès de Jérôme Quesnoy ; le voici, tel que je l'ai traduit du 
Kamand. 

a Le 31 août 1654 Jérôme Quesnoy , sculpteur et archi- 
ff tecte de S, M, catholique, subit, au Châtelel de Gand , son 
« premier interrogatoire sur le crime de sodomie, qu'il étoit 
ff accusé d'avoir commis la veille avec un enfant de chœur, 
a dant l'église de S.-Bavon, ainsi qu'ailleurs et en différentes 
a fois, avec le fils d'un cordonnier de la même ville, âgé de 8 
« à 9 ans, Quesnoy répondit d'abord , et selon les formalités 
ff ordinaires, qu'il estoit à Gand depuis deux mois, où il étoit 
venu de Bruxelles, sa résidence , pour assembler les pièces 
a du tombeau de l'évêque Triest, et nia le fait dont il étoit ac- 
a cusé. Il le nia de même au second interrogatoire qu'il subit 
«le lendemain. Mais, à la première confrontation des té- 
f moins, il confessa tout, et réclama sa qualité d'architecte du 
« roy d'Espagne pour être renvoyé à Bruxelles, par devant 
« ses juges naturels. L'on écrivit en cette cour, et MM. du 
« Châtelet de Gand reçurent ordre de passer outre. Le procès 
« de Jérôme Quesnoy fut donc continué, et, par sentence du 
a 28 septembre suivant, il fut condamné h être attaché à un 
« poteau, sur le marché au:ç grains de celte ville, à y être 
a préalablement étranglé, ensuite brûlé, et ses cendres jetées 
a au vent, ce qui lut exécuté (1). » 



^■T^'WW \ > g I I I B 



(1) Dans le Messager des Sciences et des Arts et de lu Belgique^ 
publié à Gand, in^S"*, année 1833, p. 46^-S, M. K- V. Lol^ereu, 4 
propos d'unti BQto do M* Pieriox daqs sea Mémoirei aur la viUo de 



140 

a Malgré le crime abominable dont Jérôme Qaesnoy fut con- 
vaincu, révêque Triest fil son possible pour lui conserver la 
vie. Il lâcha d'oblenir qu'on le condamnai à une prison per- 
pétuelle pour y travailler le reste de ses jours au profit des 
pauvres. Une telle démarche, qui auroil été une preuve de 
rhumanilé de cet évêque en tout autre occasion, étoil, dans 
celle-ci, une marque bien convaincante de son amour pour 
* les beaux-arts. Mais son crédit fut impuissant, et ses sollicita- 
tions inutiles. Le crime et le scandale étoienl énormes; il fal- 
loit un exemple et une réparation proportionnés à Vun et à 
l'autre. 

« Gomme Jérôme Quesnoy attendoil que le tombeau fut as- 
semblé pour donner les derniers traits de ressemblance à la 
tête de révêque, celte tête est demeurée sans avoir reçu ce 
qu'on appelle le dernier fini ; les environs du nez, des yeux, 
sont durs et raboteux. Il est étonnant que quelque sculpteur 
n'y ait point mis la dernière main du vivant de M. Triest. 
Quant aux enfants qui sont au bas de ce tombeau, ils sont cer- 
tainement de François Quesnoy. 

a M. Triest avoit envoyé son portrait à cet artiste célèbre, en 
1642, en le priant d'exécuter ce monument, dont il vouloit 
décorer sa cathédrale, ainsi qu'il avoit déjà fait par la conver- 
sion de S.-Bavon, que Rubens avoit peinte à sa sollicitation et 
à ses frais, La satisfaction d'obliger un compatriote et la gé- 
nérosité avec laquelle Triest récompensoit les talents détermi- 
nèrent bientôt le Quesnoy à entreprendre cet ouvrage. Mais la 
proposition de passer en France, que M. de Ghantelou lui fit de 



Gand, a publié le texte flamand de la sentence de Jérôme Duque»- 
noy, et, dans la note qu*il y a jointe, il indique avec plus de détails 
et en ajoutant les dates, les diverses phases du procès et les noms 
des parties. Son article, très-curieux, se termine par des détails 
tout nouveaux sur la fin très-tardive, arrivée en 1671, du payement 
du tombeau de Tévôque Triest, qui fut payé en tout 8,000 florins. 



141 

la part de M. Desnoyers, et la lettre qu'il reçut enfin de M. Des- 
noyers même, qui lui annonçoit la pension que le Roi lui ac- 
cordoit, et les prérogatives honorables dont il vouloit qu'il 
jouît dans son royaume, déterminèrent cet excellent homme à 
suivre la fortune qui lui tendoit les bras pour la première 
fois. Le portrait de M.Triestet le plan de son tombeau furent 
donc renvoyés en Flandres. Mais ils étoient accompagnés de 
deux petits enfants destinés à orner ce tombeau, s'il venoit à 
être exécuté par un autre sculpteur. Triest eut beaucoup 
moins de chagrin de recevoir ce plan qu'il ne ressentit de joie 
en apprenant l'heureui^c destinée d'un homme que sa vertu 
et ses talents n'avoient pu garantir ni de l'oppression de ses 
concurrents, ni de la situation la plus triste, ni de l'injustice 
de ceux qui, par état, doivent protéger le mérite et encoura- 
ger les arts. Il écrivit mille félicitations au Quesnoy, et accom- 
pagna sa lettre de cent pistoles d'P^spagne, pour les deux en- 
fants qu'il avoit reçus. 

« Après la mort de François Quesnoy, Jérôme, qui étoit pour 
lors en Italie, retourna à Bruxelles, et Triest lui proposa d'exé- 
cuter son tombeau, ce qu'il accepta. Mais comme il étoil aussi 
débauché que son illustre Irère étoit sobre et vertueux, et que 
d'ailleurs il étoit accablé par une infinité d'ouvrages moins 
considérables que le tombeau de l'évêque, et qui, par consé- 
quent, lui apportoient plus tôt de l'argent, l'exécution de ce 
tombeau traîna en longueur, et ne fut fini qu'en 1654. 

a Je ne sais par quelle fatalité Sanderus, qui estoit à Gand 
même, curé aux environs de cette ville dans le temps de l'exé- 
cution de Jérôme Quesnoy, et ami de Triest, ait pu avancer 
que ce fut François qui commit le crime dont il est question 
et qui en subit la punition. Je ne m'étonne donc plus que 
tant de compilateurs, tels que Florent le Comte, Audibert, 
Alstein, Royer, etc. aient répété la même chose, ni que les 
trois quarts des Flamands et des Hollandois, la moitié des 



142 

François tiennent le fall pour certain. Je sais bien que plu- 
sieurs auteurs ont parlé pertinemment de la mort de Fran- 
çois Quesnoy ; mais tout le monde ne possède pas ces auteurs, 
et, de ceux qui les possèdent ou qui les ont lus, la plupart 
n*en croient pas moins le contraire de ce qu'ils contiennent, 
parce que , n*ayant jamais rien vu de détaillé sur la vie et h 
mort de ce Jérôme Quesnoy, ils confondent sans cesse son 
Irère avec lui. Ils savent en gros que François a eu un frère ^ 
qui étoit un très-habile homme; mais* chez eux, pour tous 
les ouvrages dont l'auteur est un Quesnoy, ce Quesnoy était 
François, et ce malheureux François étoit un scélérat qui à 
été brûlée Ne se trouvera-t-il jamais quelque honnête 
homme qui désabusera entièrement le public sur cet article^ 
et tous les honnêtes gens ne pourront-ils enfin admirer les 
ouvrages d'un artiste célèbre, sans ressentir l'horreur qù'in*»- 
pirent les abominations prétendues de leur auteur. 

J'ai l'honneur d'être avec respect, Monsieur, 
Votre très-humble et très-obéissant serviteur, 

H. ëydâMa. 

Paris, ce 27 juin 1766. 

<c P. S. Vous trouverez cy-joint, Monsieur, le reste des ex* 
traits que j'ai faits du mariUscfit dont M. Basan vous a paflé. 
Je vous ai prié de les parcourir ; mais je doute fort que Vôuâ 
puissiez décider de tous ces articles sans être à Paris. Si vos 
affaires vous appellent bientôt en cette ville , nous serlofiS 
charmé que vous voulussiez faire cet examen dans votfô 
cabinet. Il y a bien des choses apocryphes et d'autres dou- 
teuses; mais il y en a qui méritent d'entrer dans le catalo- 
gue. » 

— M. Eydama persiste à soutenir la vérité de l'extrait de 



la sentence qui condamna au feu le malheureux frère de 
François Flamand , et dans laquelle il est nommé Jérôme. 
Pour tout concilier, il faut croire que le nom de Jérôme lui 
étoit commun avec son père, et qu'il n'y a point eu de Jean 
Quesnoy ; il n'y a là rien que de trè&-vraisemblable. M. Des- 
camps, qui a compulsé les registres où se trouve la sen- 
tence qui condamne à la mort le frère de François Quesnoy, 
y a lu, ainsi que M. Eydama, le nom de Jérôme Quesnoy, 
et il ne faut plus douter que ce ne fût là le véritable nom de 
cet indigne frère. Quant à leur père, il m'assure qu'il se 
nommoit Henry. Je lui ai objecté l'autorité de Bellori, qui 
paraît n'avoir rien écrit que sur des mémoires authentiques, 
cela n'a point été capable de lui faire changer de sentiment. 
Il s'en tient à ce qu'il en a recueilli sur les lieux, et il regarde 
comme un fait incontestable que le père s'appeloil Henry, 
l'aîné de ses deux fils, François, et le plus jeune, Jérônàe. 

DURANTE (GEORGES) de Bresse, peintre d'animaux. Il pre- 
noit la qualité de chevalier. Il est nommé dans la description 
des peintres de Padoue par le Rosetti, p. 92. 

DURANTINO (guido). C'est le nom d'un de ces ouvriers 
qui travailloient à ces ouvrages de fayence, qu'on a voulu at- 
tribuer à Raphaël, parce qu'il y en a plusieurs qui ont été 
exécutés d'après ses desseins, et qu'une des principales fa- 
briques étoit établie à Urbin. C'étoit celle de Guido Durant 
tino, qui, si l'on en croit la tradition, étoit beau frère dé 
Raphaël. J'ay veu quelques uns de ses ouvrages chez M. Cto- 
zat, entre autres des plats ou assietes qui avoient été faites 
pour une personne de la famille de Montmorency, au revers 
desquels il y avoit écrit : In Botega di M, Guido Durantino 
in Urbino, 1536. Les sujets qui y sont peints sont d'après 
Raphaël, ou de ses élèves, ou d'autres maistreâ; car ces ou- 



vriers prenoient tout ce qui leur tomboit entre les mains. Ils 
éloient bien mauvais dessinateurs et altéroient fort ce qu'ils 
avoient à imiter. 

— Voici Tarticle de Mariette en tète de Viiidication de 
fayences de Durantino, qui se trouvaient dans le catalogue de 
Crozat Du Chatel, rédigé par Mariette (1750, p. 43) : La ville 
d'Urbin ayant donné naissance à Raphaël, et, la fabrique de 
fayences qui y étoit établie ayant été gouvernée longtemps 
par un des parens de ce grand peintre, il n'en a pas fallu da- 
vantage pour faire dire avec assurance qu'il y avoit travaillé 
dans sa jeunesse; et, sur cette supposition, ces ouvrages ont 
acquis une assez grande considération. Ils le méritent à quel- 
ques égards; les émaux qui les embellissent ont de l'éclat; 
l'apprêt n'en est pas mauvais. Mais c'est faire trop de tort à 
Raphaël que de mettre sur son compte des peintures qui 
pèchent autant que celles-ci par le dessein. Aussi est-il vrai 
que, si elles représentent quelquefois des sujets dont on ne 
peut lui contester l'invention, il est facile de s'apercevoir 
qu'elles ont été exécutées non par lui, mais seulement d'après 
quelques unes de ses estampes. 11 ne faut donc pas donner à 
ces faïences plus qu'il ne leur appartient. Mais cela n'empêche 
pas qu'elles n'ayent été et qu'elles ne doivent être encore es- 
timées. Elles ont été dans leur tems ce que sont aujourd'hui 
nos belles porc-elaines. Les buffets des rois et des plus grands 
seigneurs en étoient chargés, et encore aujourd'hui elles 
peuvent obtenir une place dans les meilleurs cabinets. Quel- 
ques-unes de celles qu'on voit ici ont été faites pour des sei- 
gneurs de l'illustre maison de Montmorency. 

DURER (Albert). Le portrait d'A. Durer peint par luy en 
1498, pour lors âgé, suivant une inscription vulgaire alle- 
mande qu'on lit sur le tableau, de vingt six ans, — faute qui 
s'est glissée dans celte date, car il devoit avoir pour lors 



145 

^ ans; cela peut venir aussi de la façon de compter Tannée 
qui commençoit alors au mois de mars, — gravé à Teau 
forte en 1645 par W. HoUar, d'après le tableau qui estoit 
pour lors dans le cabinet du comte d'Arondel à Londres, et 
qui se trouve présentement à Florence, dans celuy du grand 
duc. — 11 vient d*être gravé dans la suite des portraits des 
peintres peints par eux-mêmes dans la galerie de Florence (1). 
— Le portrait d'Albert Durer, gravé au burin par André 
Stock, d'après celui qu'avoit peint, à Anvers, en 1520, Tho- 
mas Vincidor de Boulogne, suivant cette inscription gravée 
au bas de la planche : Effigies Alberti Dureri Norici picloris 
et sculptoris hactenm eœcellentissimi delineata ad imaginera 
ejtis quant Thomas Vincidor de Boloignia ad vivum depinœit 
Antuerpiœ, 1520. And. Stock, sculp. H, Hondius excudit 
1639. Aux 2«' épreuves, J. de Wit, exe. — Je n'ai pu encore 
rien découvrir de certain sur ce peintre de Bologne, de qui 



(1) On connail les sources principales sur Durer, le catalogue 
de Bartsch, dans son Peintre graveur, le livre spécial de Heller, 
Leipzig, 1831, in-8, second volume en trois parties d'un ouvrage 
sur la vie et Tœuvre de Tartiste, dont le premier n'a jamais été 
publié. M. Passavant pense, dit-on, après Tédilion française de 
son Raphaël dont il s'occupe, à faire la môme chose pour Durer; 
rien ne serait plus heureux pour tous ceux qui s'intéressent à l'his- 
toire des arts. Dans le cabinet de l'amateur et de l'antiquaire, 
tome III, on a traduit, p. 306-23, la généalogie de sa famille écrite 
par Durer et publiée par Sandrart (édition latine, p. 215-7), et les 
lettres de Durer à Pirckheimer données dans le Journal de de 
Murr. Dans le môme volume, pages 414-23, 455-64 et 487-507, on 
a traduit aussi le Journal du voyage de Durer en Flandres et en 
Hollande, fort curieux à tous égards, et môme pour nous, à cause 
de la mention de quelques artistes français et de quelques autres 
ayant travaillé pour la France, comme ce maître Conrad, sculp- 
teur, qui n'est autre que le Conrad Meyt que Marguerite d'Autriche 
a fait travailler pour l'église de Brou. — Nous ferons remarquer 
que quelques passages que nous donnons avaient été barrés par 
Manette, ainsi les détails irés-curieux sur la généalogie de son 
œuvre de Durer, et la discussion relative à la matière sur laquelle 
ont été gravées certaines pièces. Quoique les conclusions actuelles 

T. n. / 



146 

Ton a une estampe avec son nom gravée par Corn. Cort ; et, ce 
qui est d'autant plus singulier, c'est que cette estampe, quoy- 
que ce peintre s'en donne pour en être Fauteur, est un de» 
morceaux que le Primatice avoit peint dans le plafond de la 
galerie d'Ulisse, à Fontainebleau. — Quoj qu'il en soit, il 
parott que ce portrait, quiconque l'ait peint, étoit en grande 
estime, puisque, lorsqu'Ortelius forma l'œuvre d'Albert que 
j'ai, il le fit dessiner et le mit à la tête de son recueil en l'ac- 
compagnant de cette inscription : Alberti Dureri Noricieffigiei 
excepta ex eâ quant ad vivum delineab, Thomas Vincidor quem 
de Boloniâ cognominam. Antuerpiœ, anno M.ClD.lJ.XX. 

— Le portrait d'Albert Durer vu de profil, dessiné et gravé 
par lu; mesme en 1527. Au haut de la planche sont les armes 
d'Albert, qui sont parlantes; c'est une porte, dans l'ouverture 
de laquelle est la marque de ce peintre et la date. Elles furent 



ne soient plus les mômes, comme nous ne pouvions savoir si Ma- 
rielte avait effacé ce passage parce qu'il avait changé d'opinion 
ou parce qu'il avait remis cette discussion au net dans un autre 
endroit, ce qui lui est arrivé plus d'une fois, nous avons, dans le 
doute, cru devoir les reproduire. 

— Un de nos amis nous doune la copie, prise par lui dans le ci- 
metière de Nuremberg, de l'épitaphe de Durer; c'est à ce litre, et 
comme reproduisant l'original sans intermédiaire, que nous le re- 
produisons ici : 

Die ruhe Kûnstler Fûrst du mehr als grosser mai» 
In Vielkunsthat es dir noch keiner glcich getban 
Die £rd ward ausgemalt der Himmel dieb jetzt bat 
Du maltcst [malesi) Heilig pum dort an der Gottes stadt 
Die Bau-Bild-Malerkunst die neppen Dicb Patron 
Und setzen dir nun auf im Tod die Lorbeerkron. 

En voici la traduction : 

Repose iei, prince des artistes, toi plus que grand homme. 
Dans plus d'un art nul ne ta encore égalé ; 
Tu ayais peint la terre, et maintenant le ciel te possède; 
Devenu saint, tu peins là haut dans la cité de Dieu. 
L'architecture, la Sculpture, la Peinture te nomment leur patton 
£l maintenant dana la mort te eauromieiit de lanriera. 



1&7 

supprimées dans la suite et ne paroissent point aux 2f^ épreu- 
ves, auxquelles en ont succédé d'autres, au pied desquelles aoAt 
24 vers allemands en trois colonnes à la louange du peiptre> 
suivis de l'adresse du marchand : In Nurnberg by Bons 
Wolf Glasen. — Il y a une copie de ce portrait, fort exacte, 
tournée du même sens et de même grandeur, qui a été gra- 
vée sur bois par André Andreini de Mantoue, en 1588, étaat 
à Sienne, et dédiée par lui à un peintre romain Qommé Joan- 
Pierre Tranquilli. Il s'y trouve, dans le haut, deux écussons, 
l'un aux armes d'Albert, l'autre renfermant son mono- 
gramme. 

— Portrait de Durer en demy corps, gravé au burin> en 
1608, par Luc Kilian, d'après une copie d'un tableau de ce 
fameux peintre, faite par Jean Rotenbamer. OrnatissimU 
viris Dom. Custodi tnïrtco, Jacobo J/ullero socero^ Charisê. 
mis offert Lucas Kilianus, anno 1608; ce qui nous ap- 
prend que Dom. Custos étoit son beau-père, mari en secondes 
QQces de sa mère, et que Jac. Muller étoit le père de S9 
femme. 

— La belle œuvre d'Albert Durer, reliée en velours bleu, 
(pie mon père possède, luy vient de Hollande, où elle avçit 
été achetée en 173., à la vente du bourguemestre Six, Je a'eo 
ay point encore vu d'aussi parfaite pour les épreuves lû 
d'aussi suivie ; aussi avoit-elle été rassemblée avec de grands 
soins et beaucoup de dépenses par le célèbre Ortelius. Apr^ 
sa mort, cette œuvre passa à son neveu et son héritier Col- 
lius; on y lit au commencement cette inscription : Jaeolk 
Coin Ortelianiy 1598. 

— M. le baron de Heinecken a vu à Nuremberg dew 
œuvres d'Albert Durer qui, recueillis anciennement» se con^ 
servent dans des maisons patriciennes » et il assure qu'o^ 
n'en peut pas désirer de plus complets. L'un est dans la fyt 
mille Furleger et l'autre chez M. Martin Charles gcbweyger. 



1*8 

— Jamais fl n'y eu! peut-être un génie plus unirersel que 
edui d'Albert Durer. SucœssÎTement orfërre, peintre à huile, 
en détrempe et en émail, sculpteur, graTeur, architecte, in- 
génieur, il exerça avec éclat tous ces divers talents. 

Raphaël lui-même, tout partisan qu'il étoit de l'antique, 
ne put s'empêcher d'admirer les ouvrages de cet exceUent 
homme, et, afin que les louanges qu'il leur donnoit parussent 
plus ancères, il exposa dans sod propre cabinet les estampes 
gravées par Albert. Le travail en est, en effet, merveilleux; 
mais il semble qu'il y a encore plus d'esprit, et que la touche 
est plus légère dans les desseins de ce grand artiste, quoique 
le iaire soit le même. 

Si les formes en étoient pures, mais il auroit fallu pour 
cela qu'Albert eût vu les sculptures antiques, ses desseins 
iroient de pair avec ceux des plus grands dessinateurs de l'I- 
talie. Presque tous ceux, |qui sont dans la collection de M. Cro- 
zat, viennent de M. Jabach, qui les avoit fait venir de Flan- 
dres, avec de grandes dépenses; car ces desseins y étoient 
pour lors sans prix. (Gat. Crozat, page 88.) 

— Sandrart est un de ceux qui a écrit la vie d'Albert Du- 
rer avec le plus d'exactitude, et qui y a inséré le plus de 
nouvelles recherches. Une des plus curieuses est certaine- 
ment la vie d'Albert Durer, le père, écritte par son propre fils ; 
c'est un excellent morceau pour décider sur le temps de la 
naissance de nostre graveur, sur son éducation, ses maistres, 
et plusieurs autres circonstances. Vasari a encore parlé d'Al- 
bert avec éloge, et même assez au long, et Baldinucci nous 
en a donné la vie qui n'est proprement qu'une traduction 
de celle que Charles Van Mander avoit auparavant écrite 
en flamand. Baldinucci n'a fait qu'y ajouter quelques re- 
marques. Avec celles que j'ay faittes dans le cours de ce ca- 
talogue, et tout ce que ces auteurs ont dit, on pourroit faire 
une vie fort suivie d'Albert. 



149 

Dans le catalogue, que Sandrart a donné des ouvrages gra- 
vés par Albert, j'en trouve quelques uns qui ne me sont pas 
connus, entr'autres un Christ montré au peuple par Pilate, 
gravé à Veau for te, en 1515 (Sandrart, p. 207) (l).Ceraesme au- 
teur fait un dénombrement général des Estampes d'Albert, et 
en compte près de quatre cents, ou en bois, ou en cuivre, 
outre le grand arc de l'empereur Maximilien. Il en compte 
quatre gravées à l'eau forte sur le fer, ferro eroso, trois sur 
l'étain, Stannq Cœîator. Ainsy, adjoute-t-il, en comptant le 
Grand-Crucifix (2) , le Petit-Crucifix (3) et le Saint-Jérosme , 
les pièces sur le cuivre, l'étain et le fer, se montent en tout 
à cent quatre, le Petit-Crucifix et le Saint-Jérosme dans le dé- 
sert étant de forme ronde. Ce SaintrJérosme dont il parle icy 
m'est une pièce inconnue, de mesme que le portrait i Albert^ 
gravé en cuivre par luy-mesme, dont parle Baldinucci, p. 4, 
et un Christ nudy avec les mistères de la passion à tentour^ 
petite pièce gravée en bois, dont le mesme auteur fait mention 
à la page 5 de son livre sur la graveure. L'abbé de ViUeloin, 
Marolles, dans son catalogue d'Estampes, en 1666, compte, 
de mesme que Sandrart, trois pièces gravées sur l'étain, et 
six gravées à l'eau-forte ; mais j'appréhende que lui et l'autre 
ne se soient mépris, car je ne trouve icy que trois pièces 
gravées à l'eau-forte sur le fer, et j'en trouve, au contraire, 
âx gravées sur l'étain. Le nombre des pièces gravées en 
cuivre est icy de quatre-vingt-treize, sans y comprendre les 
neuf gravées sur le fer ou sur l'étain, ce qui fait en tout cent 
deux pièces ; c'est-à-dire deux de moins que n'en rapporte 



(i) Seroit-ce de TEcce homo assis, gravé sur du fer, en 1518, 
dont il entendroit parler? — 11 faut que ce soit cela. (Maiiette,) 

(2) Apparemment celuy en hauteur, gravé en 1508. {Mariette,) 

(3) C'est celuy qui est à ce que Ton prétend, gravé sur le pom- 
meau de rempereur Maximilien. (JUarieUe,) 



IIA 

Sandrart, et c'^t apparemment le Saint^Jérosme et le Christ 
m&Mri, dont il fait mention, et que je ne connais pas. 

L*abbé de MaroUes, dans son second catalogue d'estampes, 
ftdt en 1672, p. 12 (1), parle d'une Vierge, tenant son enfant, 
assise sur le croissant, laquelle est gravée en cuivre, et est, 
dît-il, une pièce si rare, qu'il ne Ta jamais veuë ailleurs. Eu 
effet, mon père ne se souvient pas de l'avoir jamais veuë, ny 
d'en avoir mesme entendu parler. Il y a une Vierge de ce 
lAe^me suiet gravée par un anonyme, avec la marque d'Al- 
bert et l'année 1515, et peut-être est-ce la copie de celle que 
pdssédoit l'abbé de MaroUes; car, comme cette copie est 
ôômmune, et qu'il est fort facile de voir qu'elle n'est pas d'Al- 
bert, je ne peux pas m'imaginer que l'abbé de MaroUes se 
soit trompé assez lourdement pour la donner à cet exceUent 
graveur, et il me paroist bien mieux de croire qu'il en avoit 
effectivement l'original, comme il le dit. 

Il itiê reste à parler icy du petit Crucifix en rond, qui est 
dans cette collection à la page 9, et que l'on dit avoir été 
iftuvé sur le pommeau de l'épée de l'empereur Maximilien; 
Tèbbé de MaroUes l'a écrit ainsy dans son catalogue. Il m'est 
passé par les mains une coHecllon des pièces d'Albert, qui 
hVoll été faitle en Allemagne, et où se trouvoit cette petite 
piè^. Celuy qui avoit rassemblé cette coUecllon, connoissoit 
tout le mérite de c-elte petite estampe, et il avoit mesme eu 
le soin d'écrire au bas ce qu'il en sçavoit. Le discours en Alle- 
mand étoit fort ample et signé de sa main. Et au dessus il 



(1) L'abbé de MaroUes s'est trompé en cet endroit, comme il Ta 
fait en une infinité d'autres; celte vierge si rare, qu'il disoit pos- 
séder dans son œuvre d'Albert, n'en a jamais été. C'est la mesme 
pièce que celle dont II se trouve cy-après une épreuve. J*ay veu celle 
qui avoit apartenu à cet abbé, et nous l'avons mesme encore dans 
notre collection ; ainsy il est facile de se convaincre de sa mé- 
prise ; il avoit écrit au derrière le mot, rare. (Mariette.) 



151 

«Voit fait le mesme en françois fort mauvais, et tel que le 

fyouYoit faire un Allemand, qui en sçavoit peu la langue. La 

fôicy tel que je l'ay copié : Ce Crucifix est ainsy imprimé^ 

eU saint Jean est au côté droit, on doit entendre qu'il ri a pas 

rfWconfr«/!cA^«. (Je crois qu'il veut dire contrefait.) (1) Quand 

on Va gravé la première fois, on ta gravé en pur or, pour 

metire dans le trésor de V empereur Maximilien, premier de ce 

HOfn, et je Vay veu au trésor à Inspruck, tan 1556. Signé Da* 

niel SpecJdé (2). 

n me semble que l'on doit entendre par là, que le Crucifix, 
où saint Jean est au côté droit (et c'est, pour le dire en pas- 
sant, celui qui est dans celte collection, et le seul d'Albert, 
Original, dont on connoisse des épreuves), n'est pas une co- 
pie, mais qu'il a été gravé par Albert mesme sur de l'or, et 
<}u'on en conserve la planche dans le trésor d'Inspruck. En 
effet, si l'on en examine les épreuves, on verra bien qu'Al- 
bert avoit plustost eu en vue, en gravant la planche, la per- 
ftetion de la planche mesme que des épreuves qui en pou- 
tôîent provenir ; car le soldat qui est derrière le saint Jean a 
Sôû bouclier passé dans le bras droit, et il le doit avoir natu- 
fellement passé dans le bras gauche, car on le portoit ainsy, 
et Tinscriplion qui est placée au dessus de la croix, i^Ml dans 
les épreuves imprimées, au lieu qu'elle est gravée sur la 



(1) Comme il y a des copies de cette piôee assez bien faites 
pour en imposer. Fauteur de cet avis fait observer que Testampe 
originale du petit crucifix est celle où le Saint-Jean est au côté 
droit de la croix, et cela est ovale. (Manette,) 

(2) Daniel Spcckié ou Specklin éloit architecte de la ville de 
Strasbourg, où il est mort on 1589. Il a écrit une chronique qui se 
conserve Mss. dans les archives de Strasbourg. Elle est citée par 
II. Sebœpilin dans son Vindieicè typogfaphicœ^ imprimé en 1760, 
p« 37, et Ton voit par le passage cité que Specklin éloit un homme 
enrieux, et qui étoit affecté de ce qui étoit du ressortdes arts. (Ma- 
HeOe.) 



152 

planche, dans le sens naturel. Ce seroient là des négligences 
pour Albert, qui ne luy sont pas ordinairement échappées, 
et Ton en peut tirer une conséquence, que la planche, en- 
core une fois, n*a pas été faite dans l'intention d'en tirer des 
épreuves, mais qu'elle Tait été pour mettre sur le pommeau de 
répée de l'empereur Maximilien. C'est ce dont je n'ay d'autre 
certitude que la tradition; La manière, dont sont faites à pré- 
sent nos gardes d'épées, feroit croire que cela ne peut pas 
être, si l'on ne sçavoit que celles des épées ou espadons, telles 
qu'on les portoit alors, avoient à l'extrémité un pommeau qui 
étoit plat dans deux de ses superûcies, lesquelles pouvoient 
recevoir une petitte plaque ronde pour ornement, telle que 
l'est celle sur laquelle est gravé ce petit cruciûx. Mais le si- 
lence de Sandrart, qui parle de cette petitte pièce, sans en 
dire autre chose, sinon qu'elle est gravée sur de l'or, et qu'il 
Ta veuë, me feroit presque croire que ceux qui disent qu'elle 
fut gravée sur le pomeau d'épée ne sont pas bien fondés. 

L'on doit prendre garde qu'il y a plusieurs estampes in- 
ventées et gravées par H. Gollzius, dans la manière d'Albert, 
auxquelles on pouroit se tromper en les rangeant au nom- 
bre des ouvrages de ce peintre, d'autant plus que Gollzius, 
pour mieux imposer par ces pastiches, y avoit mis la marque 
d'Albert. On les trouvera dans le recueil des ouvrages de 
Goltzius. 

Il me reste à remarquer qu'Albert a eu plusieurs manières 
de graver; je ne parle pas de la 1'% car c'est celle précisé- 
ment d'Israël Van Mecken, ou plustost de Martin Schoen ; car 
je remarque une plus grande conformité de manière entre 
celle dont Albert s'est servy dans ses commencemens, et celle 
de Martin Schoen, que je n'en trouve avec les ouvrages d'Is- 
raël Van Mecken, et je remarqueray en passant queceluy-cy 
avoit luy-mesme copié beaucoup de pièces de M. Schoen, qui 
estoit beaucoup plus habile que luy dans le dessein et dans 



153 

la science de conduire ses tailles avec art et intelligence» dont 
il copioit les ouvrages; la 2® en tient encore beaucoup, c'est 
celle qu'il avoit dans le temps qu'il gravoit l'Enfant Pro- 
digue, etc. ; la 3«, et celle dans laquelle il a gravé le plus de 
pièces, est dans le goût delà Passion, et la dernière est la plus 
Unie et plus moelleuse, et celle où Ton s'aperçoit qu'il avoit 
veu et profitté des ouvrages de Lucas. La Mélancolie, les 
Apostres, et plusieurs Vierges sont gravées dans cette ma- 
nière, que j'estime iîifiniment. 

— A propos des premières pièces de Durer ^ comme F Adam et 
l^Êve, r Enfant Prodigue j Mariette ajoute: On ne peut rien 
gravé plus arlislement. A l'égard de la manière de graver, 
ce sont des tailles sans beaucoup de suite, tantôt prises d'un 
sens et tantôt d'un autre, suivant qu'il le falloit pour expri- 
mer les muscles ou les plis des draperies. 11 y a quelquefois 
jusques à trois tailles dans les ombres, et elles viennent s'é- 
largir sur les jours, avec quelques joints pour faire le pas- 
sage. Cette manière de graver étoit particulière à Israël Mec- 
kenen, et plutost encore à Martin Schoen. Albert se l'est 
appropriée, et n'a fait ÇRe la perfectionner; ses dernières 
pièces, qui sont les plus terminées, en tiennent encore beau- 
coup. 

— Je suis comme assuré qu'Albert n'a jamais gravé en 
bois. 11 se contentoit de dessiner sur le bois ce que son génie 
lui dicloit, et, quitte de cette opération, il remettoit la planche 
de bois entre les mains d'un de ces tailleurs de bois, dont 
l'Allemngne éloit alors bien fournie, et qui y étoient connus 
sous le nom de Formschneider. 11 y en avoit dans le nombre 
plusieurs qui étoient d'une dextérité merveilleuse, et qui sça- 
voient épargner sur le bois des tailles qui le disputoient en 
finesse à ce que le burin traçoit sur le cuivre. Albert a eu le 
bonheur de faire passer plusieurs desseins par des mains si 
habiles, et il y a telle de ses estampes en bois, qui, véritable- 



i5& 

meDt, sont des chefs-d'œuvres. On dit en Allemagne qu'il te» 
Doit dans sa maison un de ces ouvriers à ses gages. 

-^ Je ne connois rien de si parfaitement exécuté, dans le 
genre de la graveure en bois, que ce qui l'a été du virant 
d'Albert Durer, sur les dessins de ce grand artiste. Il eut l'a- 
vantage de trouver, pour ainsi dire sous sa main, des gra- 
veurs, ou, pour parler avec les Allemands, des tailleurs de 
bois, Formschneider, qui avoient acquis la pratique de tran- 
cher le bois (1) avec une grande facilité, et pour lesquels 
les traits les plus déliés, et ceux qui éloient les plus isolés, 
n'avoient rien de difficile. C'étoit sur le bois que ceux qui les 
premiers avoient donné des estampes, s'éloient exercés; c'é- 
toit sur cette même matière qu'avoient formé leurs caractères 
les artistes industrieux, qui donnèrent naissance à l'impri- 
merie des livres. L'usage et l'expérience n'avoient pas man- 
qué d'en perfectionner la pratique, et notre Albert Durer sçut 
profiler d'un moyen facile et prompt, qui, en multipliant les 
dessins, lui faisoit une réputation qui se répandoit de toutes 
parts, et lui acquéroit une gloire immortelle. Il pouvoit des- 
siner à la plume, sur le bois, ses pensées, et il éloit sûr que 
le graveur ne laisseroil pas passer un seul trait, qu'il les ren- 
droit de leur épaisseur, et qu'ainsi rien ne seroit perdu de son 
travail, et que chaque estampe, qui donneroit l'impression 
de la gravure, seroit une copie fidèle de ce qu'il auroit des- 
siné, avantage qui ne se rencontre point dans les autres genres 
de gravure, où celui qui fait agir son burin et sa pointe ne 
peut jamais suivre si exactement les contours du dessein qu'il 
imite, qu'il ne s'en écarte, et qu'il ne le réduise même pres- 



(1) Us employoient le bois de poirier, et, dans les ouvrages les 
plus recherchés, celui de buis qui, ëlant plus dur et plus compacte, 
conserve mieux ses arêtes. (Note de Mariette; il a écrit eo haut de 
ït page la date de 1 707.) 




165 

ciue toujours dans une manière qu'il aura contractée» et qui 

lui sera devenue familière. 

Ces considérations m*ont souvent fait faire un retour sur 
m(H*mème, et m'ont jette dans l'étonnement, quand je me 
suis représenté l'espèce de discrédit, où il me sembloit voir 
tombé tout ce qui a été gravé autrefois en bois. On en est 
venu à ce point d'indifférence, que les graveurs en bois, 
manquant de travail, ou ont embrassé d'autres professions, 
ou n'ont point fait d'élèves qui puissent les remplacer. A 
peine s'en trouve-t-il aujourd'hui, et ceux qui taillent le bois, 
comment s'en acquittent-il? Il est déplorable qu'on ait ainsi 
laissé échapper une branche de la gravure, qui, si elle n'é- 
toit pas faite pour rendre les effets de clair obscur, ni pour 
flatter la vue, avoit d'un autre côré le mérite de pouvoir con- 
server avec plus de précision le vrai caractère du maître, et 
tenir lieu de ses dessins. 

C'est dans cet unique point de vue qu'on doit envisager 
ces estampes; et, quand on les rencontre bien conditionnées 
et de bonne impression, il faut n'avoir point de goût, si Ton 
n'en est point affecté. Mais, autant que ces sortes d'estampes 
sont déplaisantes lorsqu'elles sont mal imprimées, ou que là 
gravure en a été laite par un mauvais ouvrier, autant sont* 
elles rares et estimables quand on les a des premières édi- 
tions; celles-ci sont reconnaissables en ce que les traits en 
sont fins, déliés, et que la netteté des traits fait paroître l'es- 
tampe douce à l'œil. Mais la planche de bois ne peut pas tou- 
jours demeurer dans ce premier état de fraîcheur. L'effort de 
la presse et la compression écrasent en assez peu de temps 
le bois qui lui est soumis; les vives arêtes s'en émoussent, les 
traits deviennent f\m gros, des parties de bois s'écornent, 
surtout dans les endroits qui manquent de support et qui 
sont trop isolés; les vers s'en mêlent quelquefois, et la plan- 
che de bois ne fournit plus à l'impression qu'un travail rude 



; 156 

el grossier, au lieu de cette légèreté qu'elle avoit donnée lors- 
qu'elle avoit passé pour la première fois sous la presse. 

On voit donc combien ces sortes d'estampes demandent 
qu'on y apporte de choix. Gomme on néglige de les recher- 
cher, cela ne s'aperçoit point. Mais, si jamais elles repre- 
noient faveur, à peine s'en trou veroit-il pour satisfaire à l'em- 
pressement des curieux, tant la disette en seroit grande. Il 
m'est passé bien des estampes par les mains, et j'en ai beau- 
coup vu de celles d'Albert Durer, gravées en bois; mais c'é- 
toit un pur hazard si elles se Irouvoient de bonne qualité. 11 
en est arrivé de même à mon père, qui en a manié encore plus 
que moi, et jamais je ne le vis plus content que lorsqu'il eût 
fait l'acquisition d'un beau recueil de ces estampes, qui fait 
aujourd'hui le fond de celui que je possède, et que je mets au 
rang de ce que j'ai de plus rare. Toutes les fois que je le par- 
cours, je me sens pénétré d'un plaisir nouveau, qu'égale ma 
surprise de trouver rassemblées un si grand nombre de pièces 
d'une date si ancienne, et de les voir d'une condition si par- 
faite. Toutes ont leur première fraîcheur ; et la netteté, la 
pureté des tailles en est telle, qu'on a peine à se persuader 
que ce ne soit pas une opération du burin faite sur le cuivre. 
Ce recueil est devenu d'un prix inestimable, depuis que j'ai 
eu le bonheur d'y joindre un exemplaire de cet ouvrage 
unique, que Maximilien 1 faisoit préparer, et que la mort de 
ce prince a interrompu. C'est une comparse, une marche 
triomphale de tous les officiers qui composoient sa cour, et 
Albert Durer, qui partagea cet ouvrage avec son disciple 
Jean Burgmayr, y montre la même étendue de génie que 
dans ses autres productions. Je ne puis m'empêcher de dire 
à sa louange qu'il est peu de peintres qui ayent eu une plus 
belle imagination, ni qui ayent autant varié leurs composi- 
tions. Otez-lui ce qu'on peut appeler le goût de terroir, un 
goût sauvage, aride et sec, qui tient du gothique, et qui, 



157 

étant celui dans lequel il avoit été élevé, n'avoit pu se perfec- 
tionner par une étude de Tantique qui lui manquoit, vous 
trouverez, dans ses ouvrages, de la noblesse, des caractères 
variés et bien saisis, une grande richesse de composition, 
chaque figure sur son plan, l'observation la plus exacte des 
règles de la perspective, des recherches savantes, des drape- 
ries souvent très-heureusement jetées, et où il ne faut qu'a- 
batre et simplifier des plis trop minutieux pour en former 
des jets de draperies de la plus grande manière. C'est ce qu'a 
très-bien compris le Guide, et avant lui André dcl Sarle et le 
Pontorme. Ces grands peintres n'ont point eu honte de pui- 
ser dans les ouvrages d'Albert. Ils s'en sont quelques fois ap- 
proprié des parties qui n'ont pas peu contribué à embellir 
leurs tableaux, et, si Raphaël lui-même a fait hommage aux 
productions de notre habile peintre, en plaçant de ses gra- 
vures dans son cabinet, afin de les avoir continuellement 
sous* les yeux, ay-je tort de les présenter sous un point aussi 
avantageux que je viens de le faire, el ne dois-je pas, au con- 
traire, espérer que les curieux reviendront enlin de leur as- 
soupissement, et qu'ils regarderont les ouvrages d'Albert 
Durée avec toute la vénération qui leur est due. Heureux si, 
par tout ce que je viens de dire, je pouvois avoir opéré ce 
miracle. 

— Moyse recevant les tables de la loy sur le mont Sinaï, 
gravé à l'eau forte par un anonyme moderne, d'après un 
dessin d'Albert, de Tan 1524. — On tient à Nuremberg que 
cet anonyme est Laurent Strauch, peintre à Nuremberg, et 
que la planche a été gravée d'après un dessin d'Albert Du- 
rer, qui se trouvoit dans un livre de prières à l'usage du 
docteur Gartner, et je le crois volontiers. 

— Vierge assise, dans un paysage oii l'on découvre la mer 
dans le lointain, et ayant entre ses bras l'enfant Jésus qu'elle 
caresse, pendant que saint Joseph est endormy. Cette pièce, 



158 

gravée par Albert Durer, est singulière en ce que c'est une 
copie de l'estampe originale de Israël van Mecken, un des 
plus anciens graveurs qui ayent paru en Allemagne, et c'est 
en même temps un des premiers ouvrages d'Albert. L'on ne 
peut pas dire précisément le temps qu'il a été fait ; ce ne peut 
guerre estre que vers l'année 1497 (j'en ay eu une épreuve avec 
la date 1491 écrite à la main) , car ce fut pour lors qu'il com- 
mença à s'appliquer à la graveure. Gomme l'on n'a aucune 
connaissance de celuy qui donna les premières leçons de cet 
art à Albert, il y a lieu de croire que sa seule industrie lui 
tint lieu de maître. Les copies, que l'on a de luy d'après plu- 
sieurs estampes d'Israël van Mecken, sont sans doute ses coups 
d'essai. Ce sont là les leçons qu'il se donnoit à lui-mesme, 
c'est sur quoy il se formoit ; mais ce qui doit encore faire es- 
timer davantage ce grand homme, c'est de le voir, dès le com- 
mencement, faire des copies beaucoup plus belles que ses 
originaux. La force de son génie étoit telle qu'elle le portoit à 
perfectionner ce qu'il n'avoit dessein que d'imiter. 

— Suite de sujets de la passion de J.-C, en treize pièces, 
dont il y en a six qui sont du meilleur temps d'Albert, c'est- 
à-dire des années 1510 et 1511 ; les autres avoient précédée! 
doivent être de même époque que les flgures de l'Apocalypse, 
et l'on y trouve le monogramme d'Albert à toutes. •— Je les 
crois présentement toutes de l'invention et de la gravure 
d'Albert, mais Taites en différents temps. Les moins bien ont 
été gravées vers le mesme temps que l'Apocalypse. C'est la 
mesme manière de dessiner et de graver, et les planches de 
l'Apocalypse sont, à n'en point douter, d'Albert, mais de ses 
premiers ouvrages. Depuis, dans le temps de sa plus grande 
force , c'est-à-dire en 1510 et 1511, il aura fait les cinq sujets 
qui manquoient pour parfaire la suite qu'il avoit commencée 
(9*devaDt. A ces six , il a mis la date et la marque. Aux 
autres, il n'a mis que sa marque sans la date, coutume qu'il 



169 

a observée dans tous les autres ouvrages en bois qu'il a gra- 
vés dans ses premières et dans ses bonnes manières. 

— La Sainte Vierge, la sainte femme et saint Jean au pied 
de la croix, sur laquelle est attaché Jésus-Christ. Cette 
pièce, dont il n'y a que le trait de gravé , et où il y a même 
un groupe qui n'est pas encore achevé, est attribuée par 
quelques-uns à Albert; elle n'est cependant que de son des- 
sin ; l'on ignore même le nom de celuy par qui elle a été exé* 
culée à l'eau forte. — Il se peut fort bien que ce trait soit 
d'Albert» et que c'est ainsi qu'il préparoit ses planches. — 
On n'en doute point à Nuremberg. 

— Saint Eustache rencontrant à la chasse un cerf ayant 
entre ses bois l'image de J.-G. crucifié. Cette admirable pièce 
est une des plus considérables et des plus parfaites de 
l'œuvre d'Albert ; elle est terminée avec un grand som ; le^ 
terrasses, les fabriques, les plantes, les troncs d'arbres, tout 
y est traité avec un art merveilleux , surtout le cheval et les 
chiens de chasse qui sont sur le devant, et qui occupent la 
principale partie de la composition. Une seule chose que l'on 
y pourroil désirer, seroit moins de travail, et que ce qui est 
dans le lointain ne fut pas ouvragé de mesme que c^ qui est 
sur le premier plan ; mais ce défaut est assez ordinaire à Al- 
bert, et il ne paroit pas qu'il ait jamais bien connu les règles 
de la perspective aérienne. Au reste, cette épreuve est si par- 
faite qu'il semble qu'elle ne vienne que de sortir de dessous 
la presse; il est bien singulier de trouver des estampes aussy 
anciennes aussy bien conditionnées. — On raconte que lors- 
qu'Albert e\xi achevé cette planche, il en fil voir une épreuve 
à son ami Pirckmeyer , qui lui fit apercevoir que les étriers 
n'étoient pas suffisamment grands, et que le pied du cavalier 
n'y pourroil jamais entrer, faute qu'Albert corrigea sur-le- 
champ. L'on veut aussi que la tête du saint soit celle d'un 
certain Rieter, ami d'Albert ; cela peut être ; mais, quand à 



160 

autre anecdote, Ton voit bien que la critique de Pirckeimer 
étoit fondée; mais il ne paroit pas qu'Albert en ait jamais 
profllé. Ainsi, ce sera là une de ces histoires auxquelles il ne 
faut point s'arrêter. 

— Le martyre des dix mille vierges, grande pièce compo- 
sée de quatre planches qui, de même que le tableau, se con- 
serve dans le trésor du Palais Impérial. On y lit au bas cetle 

anscription : Hanc ab Alberto Durero olim depositam et | 

martyrum passionemet mortem exprimantem tabulam Aug. 
Cœsaressuodignam thesauro censuerunt. Invictiss. Impera- 
tor Leopoldus I ad prototypi proportionem à Nicolas van 
Hoye suo pictore delineari ac à Franc, vanden Steen suo coe- 
latore sculp. jussit anno 1661. 11 y avoit trois ans qu'il étoit 
empereur ; il fut élu en 1658. J'ai fait faire des recherches à 
Vienne ; on y a en effet trouvé cette planche dans le trésor, 
mais en si mauvais état qu'elle ne peut plus donner d'é- 
preuves. Ainsi il faut regarder celles qui sont dans le public 
comme des morceaux très-rares, et d'autant plus que la 
planche est très-bien gravée et rend parfaitement ce tableau, 
l'un des plus parfaits qu'ait fait Alber Durer. Il le peignit en 
1508, ainsi qu'il paroit par cette inscription , qui se lit sur 
une banderole que tient dans ce tableau le peintre, qui s'y 
est représenté accompagné de son ami Bilibald Pyrckheimer, 
et qui est conçue en ces termes : Iste faciebat anno Domini 
1508 Albertus Durerus Alemanus. 11 ne faut pas qu'il ait mis 
plus d'un an à faire ce tableau; car Tannée précédente, 1507, 
il en avoil jeté sur le papier la première esquisse. M. Grozat 
avoit ce dessein légèrement fait à la plume avec dette date ; 
on en a l'estampe gravée par le comte de Gaylus. Quant au 
dessin, il fut acheté par le comte de Tessin (1), et il appartient 



(I) N^» 784-, composé de quatre dessins capitaux; vendu 20 liv. 
10 sous. 



161 

présentement au prince Royal de Suède. — L*auleur du 
livre intitulé : Il Figino, p. 250, fait mention du tableau 
d*Albert, dont Albert, duc de Saxe, fit présent, dit cet écri- 
vain , au feu cardinal de Granvelle , et il y a toute apparence 
que celte Eminence en fit à son tour un cadeau à Tempcreur 
son maître, et que c'est ainsi qu'il est entré dans la collection 
impériale, dont il fit un des principaux ornements. 

— M. Boyet m'écrivoit en 1723 que toutes les démarches 
qu'il avoit laites, ainsi que M. Bertoli et M. Herrens, anti- 
quaire de S. M. I. pour tâcher de me procurer une estampe 
du martyre des dix mille martyres d'après Albert Durer, 
avoient esté jusqu'alors infructueuses, que cette estampe étoit 
d'une rareté étonnante à Vienne, qu'il étoit certain que la 
-planche devoit estre dans le trésor de l'empereur, mais qu'on 
ne l'y trouvoit plus, et que cependant on avoit fait pour cela 
bien des perquisitions à la sollicitation du prince Eugène. 
— Jen ay eu depuis une épreuve que M. Le Fort m'a pro- 
curée, et que je regarde comme un morceau unique. — Elle 
m'a coûté 4 florins d'Allemagne, qui iont environ 10 livres. 

— A propos du n° 132, du cat, Tallard : Un prêtre disant la 
mtsse en présence d'un empereur qui se voit, sur la gauche du ta- 
bleau, à genoux devant un prie Dieu. Vendu 184 liv. Ce mor- 
ceau, peint avec soin, n'est point d'Albert, qui dessinoit et 
composoit de meilleure manière. Je l'estime de quelque an- 
cien peintre des Pays-Bas, et peut-eslre a-t-il esté peint pour 
ledernier duc de Bourgogne, Charles; car, dans un papier que 
tient un petit ange, on lit en latin : Seigneur, conservez 
Charles. 

— Une femme ailée représentant la fortune ; d'une main 
elle porte un vase précieux , de l'autre , une bride , ce qui 
marque la dépendance où elle tient les hommes par l'appât 
des richesses, de même que ses ailes et le globe sur lequel 
elle est élevée dénotent son inconstance. Cette explication pa- 

T. u. k 



162 

roit plus naturelle que celle que luy donnent plusieurs autres 
personnes qui ont prétendu que cette figure représentoit la 
tempérance. La veue du pays qui;^est au-dessous est celle du 
village d'Eytar, situé près de Waradin, dans la Haute-Hon- 
grie ; c*est la patrie du père d'Albert Durer et le lieu d'où sa 
famille tiroit son origine. — Depuis, ayant lu la vie du père 
d'Albert Durer, écrite par son lils, et y ayant trouvé que des 
trois enfants qu'avoit eus son ayeul , Taîné , qui se nommoit 
Albert, et qui est le père du peintre, a voit embrassé Torfè- 
vrerie, et que le cadet, qui se nommoit Ladislas, faisoit des 
brides de chevaux, j'ay pensé qu'Albert avoit voulu expri- 
mer icy la fortune de sa famille, qui, par le moyen de l'orfè- 
vrerie, figurée par un beau vase, et de l'art de faire des freins, 
exprimé par une bride, avoit tiré ses parents du village d'Ey- 
tar, où ils vivoient sans aucun renom, et les avoit élevés, pour 
ainsy dire, jusques dans les cieux. Cette pensée ne me déplaît 
pas. 

— Quatre femmes nues, dont l'une couronnée de lauriers 
et vue par le dos aussi bien qu'une autre qui est coiffée à 
l'allemande, et les deux autres vues par devant. Elles sont re- 
présentées debout et dans une chambre où l'on voit à terre 
une teste de mort et d'autres ossemens; dans le fond, le dé- 
mon paroit sortir de l'enfer. Circonstances qui font connoitre 
visiblement l'erreur de ceux qui ont cru que ce sujet repré- 
sentoit les trois grâces. Suivant Sandrart, ce n'est autre chose 
qu'une assemblée de sorcières, et en effet, ce qui est écrit sur 
ce globCj qui pend au-dessus de leurs testes, sont les lettres 
initiales de cette prière allemande : Gott Hûte, qui, étant 
rendue en nostre langue, signifie : Seigneur, deffendez- 
nous, Deus deflende, sous entendu, suivant mon explication, 
à demone, à morte, à muliere. L'invention n'en est point 
d'Albert Durer, car ce n'est qu'une copie qu'il a faite d'après 
une estampe d'Israël van Meckenen. Il la grava en l'an- 



163 

n6e 1497, élanl pour lors âgé de 26 ans. Comme l'on tie Voit 
aucune pièce de luy avec une date antérieure, Ton préjuge 
que c'esl vers ce temps-là qu'il commença à s'appliquer à la 
gravure. — Au lieu des trois lettres 0. G. H. qui se trouvent 
sur l'estampe d'Albert , il y a sur le même globe , dans l'es- 
tampe d'Israël van Mecken, les trois autres lettres G. B. A.» 
(jui renferment le paême sens que celles d'Albert, puisque 
ces trois lettres sont les lettres initiales de ces trois mots alle- 
mands : GoU Behùtt Aile, qui signifient : Deus préservât om- 
nes. J'imagine que l'inventeur de cette estampe y a voulu fi- 
gurer les dangers attachés à la fréquentation des femmes, 
puisque c'est par elles et le démon, représenté dans la même 
composition, qu'est entrée dans le monde la mort, exprimée 
par cette teste de mort et ces ossements qui sont à terre. Si ce 
n'en est pas là le sujet, il faut avoir recours à l'explication de 
Sandrart. 

— Albert Durer a gravé en bois une longue frise, composée 
de trois planches, dont le sujet est une allégorie siir l'emploi 
de la fraude parmi les hommes. Voici l'explication des ins- 
criptions allemandes : a Celte figure et les inscriptions en 
vers allemands qu'on y lit ont été dessinées et copiées exac- 
tement d'après une ancienne tapisserie qui étoit faite il y 
avoit environ cent ans, lorsqu'on en fit la découverte xet^ le 
milieu du carême de l'an 1524 dans le château de Michel 
Feldtsur le Rhin, et l'on y apprend que nos ancêtres ne pen- 
soient pas bien différemment de noUs sur les choses qui ar- 
rivent journellement. » 

— Un emblème sur les souffrances qu'ont fait endurer 
dans tous les tems au pauvre peuple, figuré par un asne, là 
tyrannie des grands et l'avarice insatiable des juifs roturiers 
qui l'écorchent tout vif. La basse flatterie a voulu lui persua- 
der qu'il lui étoit utile de souffrir et de vuider sa bourse, et 
l'asne indigné lui lance une ruade et le renverse à terre; d'un 



i6U 

autre côté, la loible raison vient à sa rencontre et lui pré- 
sente un voile propre à Téblouir et à leur faire oublier ses 
malheurs. La justice, retenue captive, pleuve et gémit de ce 
qu'elle ne peut lui être d'aucun secours, et la Parole Divine, 
dans laquelle il doit trouver son unique consolation, se montre 
sous la figure d'une femme qui tient d'une main l'épée ven- 
geresse, et de l'autre le livre sur lequel doivent estre jugés tous 
les hommes. Ce sujet est traité dans le goût des anciens ta- 
bleaux où chaque figure est toujours accompagnée d'un écrit 
qui en donne l'explication. Il en est de même de tout ce qui 
entre dans cette composition ; il y a autant d'ocriteaux que de 
figures. Les explications sont en vers allemands, et il y a, 
outre cela, au pied de l'estampe, une longue pièce de vers 
allemands, disposés sur cinq colonnes, qui donne une inter- 
prétation encore plus étendue de tout ce qui y est exprimé. 
La gravure, qui est au burin et assez mauvaise, porte la date 
1647. Elle est d'un anonyme. Elle vient d'après un dessein 
d'Albert Durer, qui y a apposé sa marque et l'année dans la- 
quelle il l'a fait, qui est 1522. L'estampe porte T^et, y compris 
la pièce de vers, 10® 5' de haut sur 14° 9' de large. Aux se- 
condes épreuves, on trouve le nom de Keyser, qui est, je 
pense, celui de l'éditeur. 

— Une femme nourrissant son enfant dans un désert où 
l'on découvre, dans le fonds, un saint vieillard qui, par un 
motif de pénitence, se réduit à marchera la manière des 
bestes. — 11 faudra s'informer de l'histoire que représente 
cette estampe. Il n'y a point de date; elle est gravée dans la 
manière de l'enfant prodigue et paroil du mesme temps. Je 
croy que le sujet est tiré de la vie de saint Barlaam. — Non. 
— Je crois que cette histoire a été rapportée par saint Jean 
Chrisostome dans ses livres de la défense de la vie monas- 
tique. 

— A propos de la pièce de la JUélancoliey Mariette ajoute : 



165 

Contre le mur est une table reniplie de chiffres depuis 1 à 
16, disposés de telle sorte que, de quelque sens qu'on les 
prenne et qu'on les additionne, la somme totale est tou- 
jours 44. — C'est ce qu'on appelle un quarré ou table ma- 
gique. 

— L'empereur Maximilien l, accompagné de la sainte 
Vierge, de saint André, de saint Georges et des autres saints 
qu'il a pris pour ses patrons, se présentent à genoux devant 
le Sauveur du monde dont il implore le secours. Sans mar- 
que; seulement l'on aperçoit, sur le devant du socle où pose 
la figure du Christ, les armoiries de Jean Stabius, qui fit faire 
celte gravure sur le dessein d'Albert vers l'an 1519, qui est 
celle de la mort de Maximilien, et il paroit, en effet, que cette 
pièce étoit destinée à lui servir comme de monument sépul- 
cral. Une longue inscription, qui se lit au pied de l'estampe, 
fait mention de la mort de ce prince à la suite de tous 
ses titres, et finit par des vers latins, où, persuadé qu'il 
jouit de la félicité éternelle, on lui demande son intercession 
pour les peuples qu'il a gouvernés. La pièce est singulière et 
rare. 

— Le triomphe de l'empereur Maximilien premier, ce 
prince y paroissant assis dans un char conduit par les vertus. 
La pensée en est du fameux Bilibald Pirckheimer, et c'est 
une des plus belles pièces que l'on connoisse d'Albert. Il en 
flt le dessin en 1518 et en publia à Nuremberg, en l'année 
1523, la planche composée de huit planches qui s'assem- 
blent. — La première édition, où les explications sont en al- 
lemand, a été faite en 1522. ^ La lettre de l'empereur à Bi- 
libald Pirckheimer est une bonne preuve de la satisfaction 
que luy donne ce travail d'Albert ; elle est imprimée à la fin 
de l'explication latine du sujet. — Remarquez que» dans la 
lettre de l'empereur et dans l'inscription de l'édition alle- 
mande de 1522, Albert écrit son nom par un Th., Thûrer^ au 



166 

lieu de Durer. C'est le spul endroit où je Vaye vu écrit de 
cette manière. 

— Portrait de Dauiien de Goes, savant Portugais, de qui 
Ton a plusieurs ouvrages, entr*aulres un qui traite de la re- 
ligion et des mœurs des Éthiopiens. Albert eut occasion de le 
voir et de le connottre dans le voyage qu'il fit aux Pays-Bas 
en 1520, et peignit son portrait, qui est le même qu'a gravé 
Philippe Galle, et qui est le 42^ dans la suite des hommes il- 
lustres que ce graveur a publiée. On trouve au haut de la 
planche, sur la gauche, le monogramme d'Albert; mais il n'y 
a pas de pom de graveur. 

-r- Portrait du fameux Erasme de Rotterdam, représenté 
en demy corps dans son cabinet, où il est occupé à écrire une 
lettre, dessiné et gravé en 1526. il est exécuté avec grand 
soin, et Ton n'en trouve que difficilement des épreuves bien 
imprimées. Celle qui est icy est de la meilleure qualité. Gé- 
néralement tous les portraits qu'a fait Albert sont très-esti- 
mes; ils sont gravés sçavamment, et l'on y trouve un art qui 
fait bien eonnoistre qu'il étoit pour lors dans sa plus grande 
force. — J'en ai une épreuve sur laquelle un Polonois a écrit 
qu^il étoit présent, lorsqu* Albert peignit ce portrait d'Erasme 
à Bruxelles, en 1520. 

— Portrait de Frédéric troisième, surnommé le Sage, élec- 
teur et duc de Saxe, en buste, dessiné et gravé en 1524. 11 
mourut Tannée suivante, le 5 mai. Charles V lui devoit la 
couronne impériale; il l'eût pu placer sur sa tête, s'il Teût 
voulu, et il fut un des premiers protecteurs de Luther. Albert 
n'a rien fait de plus parfait; les yeux sont pleins de vie. L'in- 
scription gravée au bas insinue que la planche fut gravée 
après la mort de ce prince. Albertus Durer, Nur. feciebal, 
B. M. F. V. V.^Que signifient ces initiales*»^ 

— Il y a deux sentiments sur cette pièce, où Ton voit un 
homme fart gras qui ^ tout l'air détre un cuisinier et qui est 



167 

becqueté par un pigeon, etc. Les uns veulent que ce soit un 
Jurian Penz et sa femme, apparemment quelque aubergiste 
de Nuremberg, autre que le peintre George Penz, qui a gravé 
de si jolies petites pièces; d'autres prétendent que c'est Ma- 
homet et sa maîtresse, et cela parce qu'il est dit que ce faux 
prophète tenoil volontiers un pigeon sur son épaule, qui lui 
révéloit les volontés de Dieu, Si j'avois à opter, je donnerois 
la préférence au premier sentiment. 

— Portrait d'un homme dont on ignore le nom. C'est celuy 
de Joachim Patenier, de Dinant, peintre de paysages. Il a été 
gravé par un graveur anonyme des Pays-Bas, d'après un 
dessein d'Albert, que ce peintre avoit fait en 1521, lorsqu'il 
vint aux Pays-Bas ; car j'appelle dessein ce qui est tracé avec 
un poinçon d'argent sur une ardoise ou tablette, et c'est ainsy 
qu'Albert aura fait ce portrait. Dom. J^ampsonius nous a 
transmis cette anecdote dans les vers latins qu'il a mis au 
bas du portrait de Joachim Patenier, qui se trouve dans la 
suite des portraits des anciens peintres flamands mis au jour 
à Anvers par la veuve de Jérosme GocV, en 1572 ; les yoicy : 

Joachimo Dionantensi Pictori. 

H98 in ter omnQs nuUa quodvivacius, 

Joachimo, imago cernitur 
JSi^pressa, quam vultu^ lui; non hinc modo 

Factum est, quod illam (1) Gurtii 
In aère dextra incidit, alteram (2) sibi 

Quae non timet nunc aemulam. 



(i) C'est que Corn. Cort a gravé celte planche, au bas de laquelle 
sont ces vers de Lampsonius, d'après celle qui est dans notre 
œuvre d'Albert. (Mariette.) 

(2) En 1573, Corn. Cort s'estoit déjà fait une grande réputation, 
puisqu'il ne se trouvoit aucun graveur qui luy fut égal pour lors. 
[Mariette.) 



168 

Sed quod tuam, Durerus, admirans manuniy 

Dum rura pingis et casas, 
Olim exaravit in palimpsesto (1) tuos 

Yultus aliéna cuspide. 
Quas aemulatus lineas se (2) Curiius 

Nedum praeivit caeteros. 

— Portrait de Bilibalde Pirkeymher, ou, comme il écrivoit 
lui-mesrae son nom, Pirckheiraer, fort en réputation de son 
temps, et Tun des amis intimes d'Albert Durer. Il nacquit en 
1470 et mourut le 22 décembre 1530. En buste, dessiné et 
gravé en 1524. Cette pièce originale est suivie de deux autres, 
dont la première en est une épreuve après que la planche 
eut été retouchée, et l'autre, une copie qui est tournée du 
même sens et assez exactement imitée. — L'original est gravé 
avec un burin plus tin et la copie est moins empâtée ; du 
reste, il est bien aisé de s'y tromper lorsqu'on ne les a pas 
l'une et l'autre devant les yeux. — On dit qu'aux épreuves 
postérieures la date MD:XXIV est ainsi figurée, au lieu qu'aux 
premières épreuves il y avoit M.DXX.iV. Mais je crains qu'on 
n'ait pris cette différence sur la copie qui, ainsi que je l'aL 
remarqué, est assez ressemblante à l'original. — Cette copie 
a été fdite pour être mise dans l'édition des œuvres de Pirck- 
heymer, faite à Francfort, en 1610. 

— Planisphère céleste de deux grandes planches : Joannes 
Stabius ordinavit, ConradusHeinfogelStellasposuit, Albertus 
Durer imaginibus circumscripsit. Au bas, leurs trois armoi- 
ries. Cette pièce, dédiée à Mathieu Lang, cardinal de Saint- 



(1) Palimpsesto, c'est une ardoise, tablette à écrire ou autre ma- 
tière, sur laquelle on peut écrire et Teffacer ensuite pour y écrire 
de nouveau {Mariette,), — Ce pourrait tout aussi bien être de la 
peau d'âne. 
' (2) Supple prsebuit. {Mariette,) Le prœivit suffit au sens. 



169 

Ange, eoadjuteur de Saisbourg — il étoit chancelier de 
J*empereur Maximilien — avec le privilège de l'empereur 
Maximilien pour tous les ouvrages de Stabius, en 1515. 

— Il y a une médaille de Jean Slabius, la tête couronnée 
de laurier; il porte une barbe; au revers, ses armoiries, qui 
sont une aigle éployée avec cette légende : Irap. divi Maxi- 
miliani P. F. Aug. ab historiis Joannes Stabius poeta Laurea- 
tus. M. Mazzuchelli, qui a rapporté le type de cette médaille 
dans son livre Muséum MazzuchelUanum, pa. 38, observe, 
dans Texplicalion qu'il en donne, que Stabius cullivoit l'as- 
tronomie, et qu'il est le premier qui ait fait une horloge so- 
laire. Ce planisphère céleste, qui est son ouvrage, en est la 
preuve. 

— J'ai vu une copie de ce planisphère céleste gravée en 
bois, et publiée à Venise, en 1630. Oq y lisoit ces deux in- 
scriptions qui m'ont paru assez curieuses pour être copiées. 
D'un coté : Magnifico et cxcellentissimo jurisconsulto domino 
Bartolomeo de Gualtarottis Patricio Florentino et apud illus- 
trissimos Dnos Venetos pro Republicâ Florentine oralori 
dignissimo dicalum. De l'autre coté, vis à vis : Gonradus 
Heinfogel stellas posuit, Albertus Durer imagines circum- 
scripsit, Euphronius autem Vulparius Florentinus iterum 
excudit additisque novo que quidem sunt notatu dignissima, 
Venetiis, anno MDXXX. Cette partie du planisphère céleste 
en est la partie méridionale : Imagines cœli meridionalis. 
Dans la partie supérieure et aux deux angles qui correspon- 
dent avec les susdites inscriptions, sont, à droite, le portrait 
de Luc Gauric Neapolitanus; à gauche, celui de Laurent 
Vulparius Florentin, et au milieu, on lit par observation : 
"Omnes hujus formée stellae antiquis incognitae. 

— Dans le livre intitulé: Hrosvilhae monialis Germ. opéra 
Norimb. imp. anno 1501. Il y a au commencement une épi- 
gramme latine de ce Jean Stabius, où il prend la qualité de 



170 

mathématicien et se dit d'iogolstadt, je crois en Autriche : 
Joannes Stabius mathe. Ingohtadien (1). 

— Le frontispice du livre intitulé : BartholoipaBi Anglici de 
rerum proprietatibus, imprimé à Nuremberg, en 1519, par 
Frédéric Pyfus, aux dépens de Jean Goberger; ce dernier 
étoit le parrain d'Albert ou d'un de ses frères, ce qui, indé- 
pendamment de ce que la manière d'Albert est fort recon- 
noissable, sert h montrer que notre peintre a dû, plus qu'un 
autre, avoir été choisi pour donner le dessin de ce frontis- 
pice, qui n'est autre chose qu'un cadre où, dans le haut, est 
saint Jean dans l'île de Pathmos ; dans le bas, le baptême de 
N. S., et dans les côtés, le triomphe de la mort. La planche 
est gravée avec tout le soin possible. 

— Une suite de dix pièces de différentes grandeurs, quatre 
en hauteur et six moins grandes en travers, de desseins d'or- 
nenients d'orfèvrerie pour des boucles et des guaines, etc., 
gravées avec beaucoup de fermeté, je crois, mais je n'en suis 
pas sûr, par Blondus, d'après des desseins d'Albert à la 
plume. A toutes, la marque de ce peintre. Je les ay vues dans 
l'œuvre de ce maître qu'a M. d'Argenville, et je les ai actuel- 
lement. Je les crois gravées d'après des gravures d'Albert 
Durer exécutées sur de l'argent, et que c'est la raison pour 
laquelle, outre sa marque, l'on voit sur ces planches un 
croissant qui est, en chymie, la marque de ce métail. Il y a 
dans le nombre un morceau avec une figure de lyon se ter- 
minant en queue de poisson, telle que le portent dans leurs 
armoiries les Imhoff, famille patricienne de Nuremberg. 

DUSARÏ {CORNEILÏ.E), Hollandais et peintre de buveurs et 



(1) Les belles gravures en bois de celte édition ont été réduites 
avec soin, pour Texceliente traduction de théâtre de Hrosvitha, 
par M. llagnin, 184£i, ia-8''. 



171 

autres sujets grotesques , dans la manière d'Adrien van Os- 
lade, dont il est peul-estre Téiôve; Ton voit quelques es- 
tampes de luy qu'il a gravées à Teau-forte, en 1685 et 1695, 
et d'autres qu'il a exécutées en manière noire, et qui ont été 
terminées par Jean Gole. 

— J'ay trouvé écrit en hollandais, sur une pièce gravée 
par C.Dusart, qu'il étoit élève d'Oslade et qu'il étoit mort 
en 1693. Mais cela ne peut être, puisqu'il y a des pièces de 
luy gravées en 1695. 

DUVAL (marc), surnommé Berthin , un des excellents 
hommes de son siècle, tant pour le burin que pour le 
crayon et I4 peinture, mourut le 13 de septembre de l'an 
1581, au jour et à l'heure qu'il avoit prédit. Histoire des 
évêques du Mans par Antoine le Courvaisier de Courteilles; 
Paris; Cramoisy, 1648; in-4o, p. 838 (1). 

DUVAL (martin), peintre, dont il y a des morceaux dans 
le cabinet d'Aiguilles. Reste à savoir où M. Heinecken a vu 
qu'il se nommoit Martin. — Vous verrez qu'ij a voulu parler 
de Marc Duval. 

DUVAL (PHILIPPE). M. Boyer d'Aiguilles avoit dans son ca- 
binet deux tableaux d'un peintre nommé Duval qu'il a fait 
graver, et je ne doute nullement que l'un et l'autre ne soient 
l'ouvrage de Philippe Duval, peintre français qui, après avoir 
étudié sous Ch. Lebrun, étoit passé à Venise, oîi il avoit 
cherché à se perfectionner dans la couleur. Il y a grande ap- 
parence que ce lut à son retour d'Italie et à son passage par 



(1) Lacroii^ du Maine a sur Marc Duval et sa fille un article plus 
important auquel nous renvoyons. — &f. Rob. Dumesnil a catalo- 
gué son œuvre gravé, tome Y, p. 56. 



J72 

la Provence, que M. Boyer le fit travailler. De là il alla en An- 
gleterre 011 il peignit, en 1672, un tableau pour la duchesse 
de Ricbemond et il ne sortit plus de Londres. Son goût pour 
la chimie le réduisit à une espèce de misère à laquelle il au- 
voit succombé sans Tassistance que lui prêta M. Boyer; mais, 
celui-ci étant mort, et notre peintre se trouvant sans res- 
source et dans la plus grande indigence, il finit par devenir 
fou et mourut à Londres Tannée 1709. Anecdotes sur la pein- 
ture en Angleterre, t. III, p. 49. 

DUVET (jean), étoit orfeure des roys François I et Henry il, 
ainsy qu'on l'apprend dans la bibliotlièque de du Verdier, 
pag. 688, où il est fait mention de cette suitte de figures 
qui furent imprimées, avec le texte de l'Apocalypse, à Lyon 
par J. de Tournes en 1561. Il a mis son nom à toutes les 
planches. Une des premières représente Saint Michel au milieu 
de deux anges dont l'un porte un écusson aux armes de 
France, et l'autre l'oriflamme ; ils soutiennent aussy un crois- 
sant sur le devant duquel il y a un H , devise de Hçnri II. La 
dernière planche de la suitte est la plus singulière. C'est une 
«illégorie qui a rapport à l'auteur, il s'y est représenté assis et 
pensif, appuyé sur une table , ayant vis-à-vis de luy le livre 
de l'Apocalypse, et auprès une table sur laquelle on lit Joh. 
Duvet Aurifab, Lingon. annor.lo has hist, perfecil, 1555. 
D'un autre côté, on lit ce distique qui donne l'intelligence de 
toute l'allégorie : 

Fata premunt trepidantque manus ; jam lumina fallunt. 
Mens restât victrix grandeque suadet opus. 

Au reste, ces estampes sont fort mal gravées et surtout fort 
pesamment; le dessein ny la composition n'en sont meilleures. 
J'ay souvent entendu nommer le maître à la licorne celuy 



173 

qui a gravé les quatre pièces cy à côté (1) appareraent parce 
qu'il n'y a aucun nora et qu'on n'en connoissoit pas le 
maistre; cependant il est certain qu'elles sont aussy de Jean 
Duvet, et ne sont pas mieux exécutées que celles de l'Apoca- 
lypse. L'abbé de Marolles, dans son premier catalogue, fait 
mention de Jean Duvet ou du maître à la Licorne, 

DU VIGEON (bernarb), peintre en miniature, né à Paris, 
raort le 11 avril 1760, âgé de 77 ans. Il est auteur d'une pe- 
tite comédie intitulée : « La partie de campagne, » qui a été 
imprimée en 1738(1). Et je ne crois pas que ni celte pièce, ni 
les ouvrages de son pinceau lui fissent jamais un grand nom. 

DUVIVIER (JEAN), est né à Liège le 7 février 1687 : son 
père, graveurde la monnoie du prince, avoit dessein de l'éle- 
ver dans la même profession ; mais, afin qu'il s'y distingua, 
il le mit chez un peintre du pays, où Duvivier prit tant de 
goût pour le dessein qu'il prit la résolution de se faire peintre 
et d'aller en Italie pour y acquérir toutes les connaissances 
néc^saires à cet art. Il vint à Paris n'ayant encore que 23 ans. 
Il ne vouloit que le traverser et il s'y fixa. Il y trouva l'élec- 
teur de Cologne, son souverain, dont il grava la médaille qui 
commença sa réputation. Il fit celle du maréclial de Villars, 
iuq ne parut pas moins admirable. Il exécuta Thombre de 
portraits du Roi , et, comme il dessinoit assez bien, tout cela 
fut fait sur ses desseins. Pendant longtemps il fut employé à 
faire les portraits, que les doyens de la Faculté de Médecine 
sont dans l'usage de faire mettre sur leurs jettons dans le 



(1) Ce sont les n°« 54, 55, 58, 59 du catal. Rob. Dum., t. Y du 
Peint, grav. franc, ^ p. 28-29. 

(2) Représentée le 5 juin i738 sur le Théâtre- Italien. La pièce 
n'est pas de Du Yigeon seul; Antonio Romagnesi y a aussi travaillé. 
(Léris, Dict. des Théâtres,) 



ilU 

temps de leur décanat. Depuis Varin , aucun artiste ne s*étoit 
autant distingué que lui dans ce talent. Il l'obscurcissoit par 
un caractère dur et peu traitable, qui lui faisoit trouver de 
ramettume jusque dans les choses qui dévoient lui faire le 
plus de plaisir. Dans le nombre de ses enfants, qui étoit grand, 
il s'en trouvoit uri qui proiHettoit de le remplacer. Il n'y eut 
rien qu'il ne fît pour y mettre obstacle. Sa réception dans 
l'Académie de 1718, fut suivie de traits de mauvaise humeur 
qui pensèrent l'en faire exclure. \\ osa dire en face à M. Bou- 
chardon, chez M. de Cotte, qui lui présentoit un dessin de 
cet habile homme pour être gravé, qu'il ne le feroit point, et 
qu'il ne feroit rien de bon d'après cela ; c' étoit une politesse 
liégeoise. 

DYCK (ANTONIO van). On dit à Anvers que van Dyck entre- 
prit son voyage d'Italie vers l'année 1621, et cela paroit très- 
vraisemblable (1). 

— Antonio van Dyck étoit en France en 1641 (l'année de 
sa mort). Bellori fait mention de ce voyage et dit qu'il y étoit 
venu dans le dessein de peindre la grande gallerie du Louvre ; 
mais il ne marque pas précisément l'année. J'ay trouvé une 



(i ) On connaît sur Yandyck le catalogue de ses tableaux dans 
l'ouvrage anglais de Smilh, et le beau catalogue des gravures exé- 
cutées par lui, publié par M. Carpenter, chef de la Print-room, att 
British muséum, sous le litre de Pictorial notices of Van Dyck, tra- 
duit en français en Belgique, en un vol. in-8°. — Le musée du Louvre 
a acquis à la vente de M. Goddé une collection très-impoi*taûté de 
notes sur Van Dyck, en flamand et en français, évidemment prises 
par un homme qui avait rintenlion d'écrire sur Van Dyck une mo- 
nographie complète, et qui avait extrait des comptes et des pièces 
manuscrites. Ce qui est en français n'est qu'une traduction d'une 
très-mince partie des notes flamandes, dont la àeùle vue mesti^e 
gu'avec beaucoup de désordres et de répétitions, elles sont trop 
importantes pour ne pas être consultées atec fruit par Un fûlut* 
historien de Van Dyck, 



175 

lettre de Vignon à M. F. Langlois dit Ciartres, du mois de 
janvier 1641, où il Tinviie à le conduire chez van Dyck , qui 
étoit pour lors à Paris. Vignon ne pouvoit avoir un meilleur 
introducteur, car Langlois était intime ami de van Dyck. 

J'ai trouvé ceci écrit à la marge d'un exemplaire de T Aca- 
démie des Sciences et des Arts de BuUart , lequel exemplaire 
a appartenu à Bachelier, celui de la bibliothèque duquel on 
a un catalogue. 

e J'ai ouï dire à feu M. Bordone , peintre génois, que van 
€ Dyck, dans le temps de la peste qui régnoil en Sicile et qui 
« l'obligea d'abandonner Palerme, passant sur les frontières 
a du royaume de Naples sans bulletin de santé, y fut arrêté 
a et condamné aux galères^ où étant, il fit quelques portraits 
« pour le capitaine de la galère, qui en fit un présent au vice- 
a roi de Naples, qui les trouva si beaux qu'il le fit retirer des 
a galères, et le fit travailler à Naples, d'où il vint à Gesnes. » 

— M. Edelinck racontoil ce qu'il avoit ouï dire dans sa jeu- 
nesse, à Anvers, que van Dyckj étant fort jeune et étant entré 
dans le lieu où Rubens peignoit, un jour que ce peintre étoit 
sorti de chez lui, ses camarades se mirent à jouer avec lui, 
ils lui prirent son bonnet, le jettèrent en l'air et le firent mal- 
heureusement tomber sur une peinture de Rubens, encore 
toute fraîche. C'étoit le tableau qui est au maître-autel de 
l'église des Augustins à Anvers, et l'endroit où porta le bon- 
net étoit le devant du corps de Saint Sébastien. Étourdis d'un 
pareil malheur, et ne sachant comment y remédier, l'un 
d'eux ouvrit l'avis que, puisque c'étoit le bonnet de van 
Dyck qui avoit fait le mal, c'étoit à lui a qui il appartenoit à 
le réparer. Les voilà donc occupés à charger une palette de 
couleurs, on la remet à van Dyck ; on l'oblige de repeindre 
ce qui a été effacé; il le fait avec fermeté, et Rubens, qui s'en 
aperçoit le lendemain et qui se fait dire la vérité, conçoit j dès 
ce moment, les plus grandes espérances de son disciple, et 



176 

lui lait Thonneur de laisser subsister ce qu'il a peint sur son 
tableau. Voilà ce qui m'a été raconté plus d'une fois, et ce 
qui est fort différent de ce qui a été écrit sur le môme sujet 
par M. Deso^mps. J'avois toujours douté de la fidélité de son 
récit, et je suis présentement convaincu que c'est à celui d'E- 
delinck qu'il faut s'en tenir. L'auteur du nouvel ouvrage in- 
titulé le Peintre amateur et curieux, 1. 1. p. 186, dit précisé- 
ment la même chose. 

— Si l'on excepte les portraits de van Dyck et ses études 
particulières de têtes, ou d'autres parties, dans lesquelles ce 
peintre est fort correct et fort précis , presque tous ses autres 
desseins de compositions se réduisent à de légères esquisses, 
que l'auteur semble n'avoir fait que pour être entendu de lui 
seul. Il y cherche à développer sa pensée, se mettant *peu en 
peine de paraître correct. A travers cependant de ces espèces 
de nuages, l'homme de génie se découvre, et l'on y démêle, 
quand on y veut prêter attention, des pensées neuves et tout 
h fait sublimes. Tel est à peu près le caractère des desseins de 
van Dyck ; ce n'est pas cependant qu'il n'en ait fait aussi 
quelques lois de très-terminés ; la cx)llection de M. Grozat en 
fournit des exemples , et l'on voit même par ses paysages 
qu'il étoit capable, lorsqu'il vouloit s'y assujétir, de dessiner 
avec soin ; mais ses desseins finis sont fort rares. Ceux que 
M. Crozat a tirés de Flandres, et singulièrement du cabinet 
d'Antoine Triest, évêque de Gand, tiennent le premier rang 
dans sa collection. [Catalogue Crozat, pag. 99.) 

— Les Philistins, se saisissant de Samson, à qui Dalila 
vient de couper les cheveux, et qu'elle rejette avec mépris. 
Gravé au burin par Henry Snyers, sous la conduite d'Abra- 
ham Diepenbeke, d'après le tableau de Van Dyck, qui est pré- 
sentement dans la galerie de l'empereur, à Vienne. Abr. à 
Diepenbeck excudit Antuerpiae. — Bellori, p. 462, dit que ce 
beau tableau fut donné à l'archiduc Léopold Guillaume, gou- 



L 



177 

vemeur des Pays-Bas, par van Woonsel. — C'est un beau 
morceau; Ton voit que le graveur a été conduit par un 
homme intelligent ; l'estampe fait de l'effet. 

— Le même tableau, gravé en manière noire, à Vienne, 
par Jacob Mannl, sur un dessin fait d'après le tableau par 
Christoph Lauch, garde des tableaux de l'empereur. 

— Vierge, en demi-ligure, ayant sur ses genoux l'enfant 
Jésus, à qui elle donne à têter, gravé au burin par Pierre 
Glouwet, d'une belle coupe de burin, mais sans esprit. Jean 
Meyssens pictor ex. Antiierpiœ, et dédié par lui au R. P. Phi- 
lippe Voeck ou Foxius, prieur Gommend. de saint Antoine. 
Ce prieur étoit ami de Meyssens. Celui-ci lui a pareillement 
dédié une estampe, d'après Rubens, représentant sainte Ca- 
therine, couronnée par l'enfant Jésus, que tient la Vierge. 

— Vierge en demy corps, considérant son divin fils, qui 
est étendu sur ses genoux, et qui lui tend les bras pour la 
caresser. Gravé au burin, par Henri Snyers, sous la conduite 
d'Abraham Diepenbeke, et mal gravé, mais assez bien con- 
duit. — Un de mes amis, M. Baudouin, capitaine des gardes, 
en a, en 1767, le tableau, qui étoit à l'hôtel de Lassay. 

— La sainte Vierge, tournant les yeux vers le ciel, et te- 
nant sur ses genoux l'enfant Jésus, qui porte la main au 
menton de saint Joseph, et qui le caresse ; demie figure. Grar 
vé en manière noire, par Jacob Mannl, sur un dessein fait 
par Christophe Lauch, garde des tableaux de l'empereur, 
d'après un très beau tableau de Van Dyck de cette magni- 
fique collection. La suite d'estampes, dont celle-ci fait partie, 
est très rare à trouver. 

— Saint Jean-Baptiste adorant l'enfant Jésus, qui le ca- 
resse. Gravé au burin, h Londres, en 1666, l'année que cette 
ville fut presque entièrement consumée par les flammes, 
d'après le tableau de Van Dyck, qui estoit pour lors dans le 
cabinet de Pierre Lely, à qui la planche a été dédiée, par 

T. II. / 



178 

Richard Thomson. Arnoldu$ de Joie, êculp. l/mdini tmfore 
incendii maximi 1666. Bien exécutée et gravée d'une manière 
fort moelleuse, et n'est pas commune. 

— La sainte Vierge, accompagnée de saint Joseph, auprès 
duquel elle est assise, et ayant entre ses bras l'enfant Jésus 
endormy, figures en demy corps. Gravé au burin, par Schelte 
à Bokwert ; c'est un de ses chefs d'œuvres. — Dédiée par A. 
Van Dyck à Theod. Wattmann Van Dyck, son frère, cha- 
noine Prémontré à| Saint-Michel d'An vers. — Excellente pièce, 
et je préjuge que, pour la gravure, il aura fait un dessein ter- 
miné, ainsi qu'il en avoit agi pour cette belle autre estampe 
de Vierge, gravée par le même Bolswert. 

— La sainte Vierge, en demi corps, adorant l'enfai^t Jésus» 
qui dort couché sur ses genoux, tableau de Van Dyck, qui a 
été apporté de Flandres à Rome, dans l'an 1753, et qui est 
actuellement dans le palais du cardinal Neri Corsini, qui m 
a fait graver la planche à Florence, par im peintre nomiDé 
A. Pazzi, sur un dessein de Jean Dominique Campiglia; mais 
l'estampe n'est point du tout dans le goût de Van Dyck. C'est 
dommage; le tableau est, dit-on, très beau, et le parolt. 

— La sainte Vierge, regardant son divin fils, qui dort assis 
sur ses genoux, et la tête appuyée sur le bras droit de sa 
mère ; figure dans un ovale. La composition en est açréable 
et me paraît appartenir à Van Dyck ; mais, pour le graveur, je 
n'en puis rien dire. Il y a apparence qu'il u'avoit jamiais ma- 
nié le burin lorsqu'il grava cette petite planche, tant elle est 
grossièrement gravée. C'est un morceau rare. L'éprçuve quQ 
j'ai a été tirée avant que la planche fut entièrement achevée. 
On n'y trouve gravés aucuns noms d'artistes; elle est, je crois, 
unique. 

— De jeunes anges formant entre eux une danse, à dessein 
de réjouir l'enfant Jésus, qui est entre les bras de sa sainte 
Mère, assise dans un paysage près de saint Joseph. Gravé 



179 

au burin par Schelte à Bolswert. — Le tableau est en An- 
gleterre; voyez ce qu'en a dit M. Walpole. — Van Dyck Ta- 
voit peint pour un prince d'Orange, et le tableau étoit en- 
core dans le château de Loo lorsqu'on le vendit à l'encan, 
vers Tan 

— Une autre estampe, de la même composition, gravé au 
burin, è Aix, l'an 1698, par Jacques Coelemans, d'après un 
petit tableau du cabinet de M. Boyer d'Aiguille, de l'authen- 
ticité duquel on pourroit douter. 

— Vierge dans le ciel, aidant à Tenfant Jésus à se tenir 
debout sur le globe terrestre, au milieu de deux anges jouant 
des instruments; figures en demy corps, gravé au burin, par 
Pierre de Balliu. Le Bellori fait mention de ce tableau dans la 
vie de Van Dyck. 

— L'enfant Jésus, écrasant sous ses pieds le serpent, et 
ayant derrière lui le globe de la terre renversé, gravé à Lon- 
dres, en 1754, en manière noire, par P, V. B. — Pierre Van 
Bleeck, mort à Londres depuis 1760 — d'après un tableau 
appartenant à A, Vander Gucht. — C'est un extrait du tableau 
précédent. 

— Une estampe d'un tableau, peu différent de ce dernier 
(une Vierge à my corps, regardant le ciel et soutenant entre 
ses bras l'enfant Jésus , est de Paul Pontius , dédiée par Van 
Dyck à Ant. Triest, évoque de Gand), lequel appartient à M, 1q 
comte de Vence, et est très beau. Il a été gravé au burin, en 
VISJ9 par Emmanuel Salvador Garmona, Espagnol, qui a 
appris à graver chez M. Dupuis. M. de Vence fit la décou- 
verte du tableau chez M, le Camus, ancien président de la 
cour des aydes, et en mourant il l'a légué à M. de Voyer. 

— L'enfant Jésus écrasant le serpent, et s'appuyant sur le 
globe terrestre, auquel il donne sa bénédiction; gravé au 
burin par P. de Jode le jeune, en 1661. Des bonnes choses 
du graveur, mais n'est pourtant pas de sa meilleure manière. 



180 

Dédié par Pierre-Paul Borrekens à sa sœur Claire Chrislo- 
phorine, religieuse à Lyre. 

— L'enfant Jésus, ayant sous ses pieds le serpent, et s'ap- 
puyant de la main droite sur le globe. Très mal gravé à Teau 
forte par G. P. Mensaert, auteur du livre intitulé le Peinir$ 
Amateur, et mauvais peintre, d après un tableau de Yan 
Dyck, différent de celui qu'a gravé en manière noire Vander 
Gucht. 

— Jésus-Christ, après avoir guéri le paralytique, luy or- 
donne d'emporter son lit. Les figures qui entrent dans la 
composition de ce sujet sont en demy corps ; il est gravé au 
burin par Pierre de Jode le jeune. — N'est pas de la meilleure 
manière de P. de Jode le jeune. Le tableau actuellement est 
chez le ch«' de Verhulst, à Bruxelles. Voy. le Peintre Ama- 
teur, tom. I, p. 62. Dédiée par J. Meyssens à Philippe Voeux 
ou Fox, supérieur de la maison de S. Antoine, à Anvers. 

— Judas trahissant Jésus-Christ, en lui donnant un baiser, 
gravé au burin, avec très-peu de succès, par Adrien Lomme- 
lin. — Ne seroit-ce pas le tableau dont Van Dyck fit présent 
à Rubens, lorsqu'il partit pour l'Italie ? 

— Jésus-Christ, insulté par un de ses bourreaux, qui lui 
présente un roseau, en demy corps, gravé à l'eau forte, par 
Ant. Van Dyck qui en est l'inventeur, et terminé au burin, 
par Luc Vorsterman, autant que je le puis préjuger. Ant. Van 
Dyckj invent., sans autre nom de graveur. Autant qu'on peut 
le voir, la planche avoit manqué à l'eau forte. Elle étoit 
trouée, et il a fallu presque l'effacer et la refaire presque toute 
entière au burin, ce qui a demandé de la part du graveur 
restaurateur bien de l'habileté et de la patience. — Quelqu'un 
m'a assuré d'en avoir une épreuve d'eau forte (1). 



(1) La planche est à la calcographie du Louvre, n» 368; elle 
vient de 1 ancienne Académie. 



181 

— Les soldats couronnant d'épines J.-C; d'une composi- 
tion très-riche. Elle est gravée au burin, par Schelte à Bols- 
west ; c'est une des plus parfaites qui ayent été exécutées par 
cet excellent graveur, et c'est en même temps une des plus 
considérables et des plus recherchées de l'œuvre de Van 
Dyck ; mais il faut l'avoir bien imprimée. 11 s'en trouve des 
contr'épreuves tr^ bien faites, et c'est une singularité qui 
n'est pas à rejeter; j'en ay une dont je fais cas. Martinus van 
den Enden excudit et Pau'.o Halmalio Antuerpiano dicavit.— 
Ce tableau, qui étoit dans l'Âbbaye des Dames, et sur lequel 
il y a un conte qu'a rapporté Descamps dans la vie de Van 
Dyck, mais dontje ne garantirois pas la vérité, a été acheté 
en 1755 par le roi de Prusse, avec deux autres de Van Dyck, 
dont il a payé 20,000 florins. La Pentecôte, qu'a gravée Cauc- 
kercken, en étoit un. Voyez le Peintre curieux , tome II, 
p. 63. 

— Jésus-Christ portant sa croix au Calvaire. Gravé au bu- 
rin, à Anvers, par Corneille Galle le vieux, dans les dernières 
années de sa vie. — C'est des moindres choses de Corn. Galle, 
et où l'on aperçoit sensiblement de sa décadence ; c'est un 
fruit de sa vieillesse. — Le tableau, qui est renommé, est dans 
l'élise des Dominicains, à Anvers. Voy. le Peintre curieux, 
tom. I, p. 202. — Ce tableau a été peint par Van Dyck au 
sortir de l'école de Rubens, et tient beaucoup de la manière 
de ce dernier. 

— J.-C. portant sa croix. Gravé par le comte de Caylus, 
d'après un dessein de Van Dyck, qui appartenoit à M. Coy- 
pel. — C sculpt. Le N® 99, au haut de la planche, est mis 
pour indiquer que c'est la 99* pièce qu'a gravée le comte de 
Caylus. 

— Les bourreaux élevant la croix sur laquelle est attaché 
Jésus-Christ. Gravé au burin, par Schelte de Bolswerl. — Ce 
n'est pas une des meilleures choses de Bolswert, quoique d'à- 



1^2 

près un excellent tableau à Gourtrai, dans Tégliâe de Notre- 
Dame. Voy. le Peintre curieux, tonae 11, p. 66, 

— Quelqu'un m*assure avoir vu une première épreuve du 
Crucifix de Van Dyck, gravé par Bolswert, où le saint Jean 
pose la main sur l'épaule de la sainte Vierge, que, cette atti- 
tude ayant paru peu décente à des personnes pieuses, cette 
main avoit été effacée, et que cela s'étoit fait très-peu de 
temps après que la planche eut été mise au jour et après 
qu'elle eut tiré un très-petit nombre d'épreuves qui sont de- 
venues très-rares; et il faut que cela soit ainsi, car les 
épreuves que j*ai sous la main sont des plus brillantes et sont 
elles-mêmes rares ; elles portent une dédicace à François de 
Moncade, qui fut supprimée lorsqu'on remit la planche dans 
son premier état, c'est-à-dire lorsqu'on rétablit la main telle 
qu'elle étoit dans l'origine. Dans la suite, sur ce que le mar- 
chand, qui avoit cette planche, vit qu'on recherchoit par 
préférence les épreuves sans la main, il Teffeça sur la plan- 
che, et Ton s'apperçoit très-aisément de la reprise. Voilà ce 
qui m'a été dit; reste à savoir si cela est vrai (1). J'avois tou- 
jours cru que la planche n'avoit souffert que deux change- 
ments, et que les premières épreuves étoient sans la main, 
ou bien que, sur le rapport qui m'en a été fait, il y auroit eu 
trois changements, et qu'on en devroit trouver des épreuves 
de quatre feçotis. — M. Huquier, qu'on faisoit auteur de cette 
anecdote, m'a dit qu'il ne voudroit pas en être caution. Il 
Tavoit ouy raconter au vieux Eisen ; mais il n'en étoit pas 
beaucoup persuadé, ni moi non plus, et je commence à 
croire que les premières et meilleures épreuves sont cell^ 
sansla'main, avec la dédicace au marquis d'Aytona; que. 



(1) si cela étoit vrai, l'on s'apercevroit des reprises sur la plâli« 
che où il n'y a pas la main, et c'est ce qui ne s'y voit pas. {Noie 
de UarielU ûê ta même éeniure que la seconde partie de cet ntiitle.) 



185 

peu âpres, on mit la main et que Ton supprima la dédicace, 
et qu'après on supprima la main , et la dédicace fut remise 
de nouveau ; je crois tout le reste une histoire faite à plaisir 
pour la rendre plus intéressante. On dit même que la planche 
ftit traduite au tribunal de l'inquisition, et que le graveur 
auroit mal passé son temps s'il ne se fût accommodé aux cir- 
constances en supprimant la main. — Je crois que M. Cayeux 
m'a dit que ce tableau étoit dans l'église de Saint-Michel, à 
Gand. — Gela est vrai ; voyez le Peintre curieux, tom. II, 
p. 39. — Le tableau commence à pàtir; l'humidité du lieu 
le fera périr. Un maladroit a voulu nétoyer ce beau tableau 
et lui a fait perdre toute sa fleur. Quelle perte et quel dom- 
mage! 

— Jésus-Christ attaché en croix sur le calvaire, au milieu 
des deux larrons; il y a nombre de figures sur la terre, et, 
entre autres, un bourreau qui tient la barre de fer dont il 
s'est servi pour briser les jambes des deux malfaiteurs. C'est 
un des moindres ouvrages de Bolswert. Le tableau est dans 
l'église des Récollets, à Malines. Y. le Peintre curieux, tome I, 
p. 173 ; le Bellori, p. 258, appelle cette église l'élise de Saint- 
François, mais mal. 

— Des anges re^^ueillant dans des calices le sang de Jésus* 
Christ attaché sur la croix, gravé en manière noire par 
Is. Beckett. D'après le tableau qui est dans la chapelle de Ca- 
therine, reyne d'Angleterre, veuve de Charles second, ainsi 
que le porte une inscription latine au bas de la planche. — 
Le Christ est une répétition de celui qui est à Gand, en l'é- 
glise de Saint-Michel. 

— Le corps mort de J. G. détaché de dessus la croix, d'où 
ses disciples le descendent pour le mettre dans le tombeau. La 
sainte Vierge, évanouie, est soutenue par sainte Madelaine. 
Gravée à Dresde, par Laurent Zucchi, d'après un tableau, 
de la même grandeur de l'estampe, qui est dans la galerie 



184 

du roi de Pologne, électeur de Saxe. Cette planche fut trou- 
vée, par Sa Majesté Polonoise, si mai exécutée, qu'il n*a pas 
voulu permettre qu'elle parût. On m'en a pourtant fait avoir 
une épreuve à cause de sa singularité. Les noms des artistes 
y sont au bas, ainsi que les armes de Sa Majesté Polonoise. 
— Je ne sais trop si le tableau est de Van Dyck, je n'y trouve 
point son caractère, ni sa façon de composer. 

— Les anges pleurant à la vue du corps mort de J. G. des- 
cendu de la croix, et étendu sur les genoux de la Sainte 
Vierge , gravé au burin par Luc Vorsterman avec cette dédi- 
cace : Georgio Gagi Anglo mutuse consuetudinis oliminurbe 
(in urbcy se. Romœ.) contractœ nunc perpetuum ejus amoris 
argumentum D. C. Q. Ant. van Dyck. Belle pièce. — J'en ai 
vu des épreuves avant la dédicace qui n'a pas tardé à y être 
mise, et aussi avant que le nom excudit fut mis à la suite de 
scalp. 

— Une autre estampe du mesme sujet traité différemment, 
gravé au burin par Schelte de Bolswert. Tableau que l'on dit 
peint dans les principes du Titien. Il est dans l'église des 
Récollets à Anvers. Voy. le Peintre curieux, tom. 1, p. 206. 
Le Bellori en donne la description dans la vie de van Dyck. 
p. 157. 

— Ce mesme tableau gravé à l'eau-forte, d'une manière 
fort croquée, par un peintre anonyme et qui n'est pas sans 
mérite. Peut-être L. Françoys. Je l'ai, épreuve et contre 
épreuve. 

— Jésus-Christ porté au tombeau, gravé à l'eau -^ forte 
par M. Lempereur , le père, d'après un tableau esquisse de 
van Dyck du cabinet du comte de Vence. Mais il est fort dou- 
teux que cette esquisse soit de van Dyck. 

— Le corps mort de J.-C., soutenu par la Sainte Vierge et 
par Saint Jean dans le sépulcre, gravé au burin par C. van 
Caukercken. Une des belles pièces de l'œuvre, dédiée par 



185 

Phil. vanderMeere, à Josse vander Meere, son oncle, chanoine 
de Tournay. — Ces vander Meere sont sans doute parenls du 
moine Augustin vander Meere, qui procura à van Dyck le ta- 
bleau du Saint Augustin en extase. 

— La Sainte Vierge offrant à Dieu le père le corps mort de 
son fils, qui est couché à Ventrée du sépulcre, et est adoré par 
sainte Magdelaine. Religiosae duse Annœ van Dyck monasterii 
Facontini Gerraanse suœ ponebat Anl. van Dyck. — Belle 
pièce de P. Pontius, conduite par le peintre môme, et gravée 
sur une peinture à huile en blanc et noir, préparée à cet effet 
par le peintre, qui en cela a suivi la méthode de Rubens, son 
maître. — Le tableau, l'un des plus beaux que van Dyck ait 
peint, est au mattre-autel de l'église de Béguinage, à Anvers. 
Voy. le Peintre curieux, tom. I, p. 22, et la description du 
tableau dans la vie de van Dyck par Bellori, pag. 257. Ce 
dernier prétend que la Magdelaine est un portrait de la sœur 
de van Dyck, qui étoit religieuse dans le Béguinage d'Anvers. 
Mensaert avance que le tableau a été peint peu avant que van 
Dyck passât en Angleterre. — Ces religieuses suivent la règle 
de Saint-Augustin, et leur monastère est à Anvers, peu éloi- 
gné de la maison des Oosterlings. On les nomme FaçoUtines. 

— Le Saint-Esprit descendant sur les apôtres assemblés 
dans le cénacle le jour de la Pentecôte, passablement gravé au 
burin par G. van Caukercken. Dédié à Gérard de Bare, abbé 
de Dunes par Adrien Posseniers. Secundum archetypum ex- 
slans in abbaliâ Dunensi ordinis Gisterciensis in Belgio. — 
n y a longtemps, comme on voit, que ce tableau étoit dans 
l'abbaye des Dunes, et cela me feroit assez volontiers mettre 
au nombre des fables l'histoire que Descamps a rapportée 
dans la vie de van Dyck touchant ce tableau et celui du cou- 
ronnement d'épines du même peintre. — ^Le roi de Prusse en a 
lait l'acquisition en 1755; voy. le Peintre curieux, t. II, p. 63. 

— Le Saint-Esprit descendant sur les apôtres; sans nom de 



186 

pelûlfé ni de graveur. Gravé au bûtiH par JâCqueà Ltibin, 
d'aprèis un dessin feil sut l'estampe précédente pour un tours 
de bréviaire 8^ que mon père a fait graver. 

— Le Saint-Esprit descendant sur les apôtres en fortne de 
langues de feu, composition qui, pour le fond, est la même 
que celle du tableau qu'a gravé Cauckercken; il s'y trouve quel- 
ques changements ; mais je les soupçonne avoir été faits par 
celui qui a gravé cette planche au bufin. là différence dans la 
manière le décèle , et c'est aussi ce qui fait que cette pièce, 
qui a servi en thèse, ne mérite presqu'aucune cottàidératiott ; 
elle est gravée au burin. Je pense que c'est mon pète qui te 
fit graver. 

— Un groupe de huit personnages, dont deux sont à ge»- 
noux et que l*on présume être des disciples de J.-C., se pré- 
sentent devant une femme vêtue d'un long manteau qui lui 
couvre la tête, laquelle peut être la Sainte Vierge. Gravé en 
1Ï62, à Londres, par M. W. ttyland, d'après un dessein de 
van Dytk de la cdleclion de Milord comte de Chelmondeley, 
par les soins de M. Rogfets, amateur anglais, qui a entn^pris 
de faire graver, dans le goût du dessein, un nombre de des* 
seins choisis, et cette suite doit paraître incessamment. 1767. 

— J. G. et les aphtres, suite de quatorze pièces, gravées 
au burin par Corneille van Caukerken. On y trouve asset 
ordinairement les planches de Caukerken environnées d'une 
bordure d'ornement en forme de passe-partout, gravée sous la 
conduite de Corn. Galle le jeune. — Ces tableaux, suivant Bel* 
lori, p. 262, ont été Faits pour Charles Bosch , évêque de Gand. 

— St Antoine de Padoue adorant l'enfant Jésus entre les 
bras de la Sle Vierge ; gravé au burin par Gilles Rousselet, 
d'après le tableau qui est au cabinet du roy de France (1). — 



(1) Caltîographîe du Louvre, li» 369. 



187 

Rousselet A^étoit pas fait pour graver des tableaux de mattres 
flamands ; aussi son estampe ne rend- elle que bien impar- 
faitement les beautés du tableau qu'il a gravé. — Voir l'écrit 
qui donne la description du tableau dans le livre des tableaux 
du cabinet du toi ; on y apprend, ce me semble, comment le 
tableau est passé en France. 

— St Augustin, évèque d'Hippone, accompagné de Ste Mo- 
nique et d'un religieux auguslin, qui considèrent avec luy la 
grandeur de la sainte Trinité et qui s'y perdent. Gravé au bu- 
rin par Pierre de Jode le jeune, d'après le tableau de van 
Dyck, qui est dans l'église des Auguslins, à Anvers. C'est un 
de ses plus beaux ouvrages, et l'estampe la mieux exécutée de 
toute son œuvre. — Elle est dédiée par van Dyck à Suzanne 
van Dyck, sa sœur, béguine à Anvers. A . Bonenfani exe. J'en 
ay une superbe épreuve avant le nom de Bonenfani. C'est 
une excellente estampe ; elle est gravée avec un grand art et 
beaucoup d'intelligence, et tout à fait dans la manière de 
Vorsterman. J'ay remarqué déjà quelques pièces dans cette 
mesme manière, où P. de Jode met après son nom /un., et 
fay trouvé qu'elles étoient gravées du vivant de son père, 
qui étoit habile, et qui sans doute dirigeoit le travail de son 
fils ; car toutes les pièces, que je vois gravées depuis sa mort, 
sont bien inférieures à celles-là, et dégénèrent dans une ma- 
nière plus roide ; je ne vois pas quMl s'y désigne par P. de Jode 
jun., mais seulement par son nom P. de Jode. C'est un fait 
à examiner, car peut-être y auroit-il trois Pierre de Jode ? — 
Non ; il n'y en a eu que deux. — Ant. van Dyck inv., ce qui 
me persuade qu'elle a été gravée sur un dessin fait par van 
Dyck et non sur son tableau. — L'auteur du livre le Peintre 
amateur prétend que van Dyck avoii peint en blanc la tu- 
nique du saint, et que, pour complaire au moine, il la repei- 
gnit en noir. Si cela est, il auroii suivi dans son estampe sa 
première idée.— Van Dyck, en peignant le S. Nicolas de To- 



188 

lentin, a fait le portrait d'un religieux augustin qui lui avoit 
procuré le tableau. C'estoit le R. P. Vander Meeren, dont le 
nez étoit fait comme une courge — à ce que me disoit 
Vleughels, qui Tavoit ouy dire mille fois de son père, peintre 
flamand. — J'en ai le dessein original. — Cet excellent ta- 
bleau , que je ne fais point difflculté de mettre à la tête de 
tous ceux qu'a peints van Dyck, fui Irès-critiqué lorsqu'on le 
vit pour la première fois ; les moines furent prêts de le reje- 
ter. Us disoient que leur saint avoit l'air d'un ivrogne, que 
van Dyck lui en avoit donné l'attitude. 11 avoit peint sa tu- 
nique en blanc; autre sujet de plainte ; ils la vouloient noire, 
comme celle qu'ils portoient ; van Dyck fut obligé d'y con- 
descendre. Cène fut pas tout. Ils firent les gueux, et quoyque 
van Dyck demandât peu, ils trouvèrent que c'estoit encore 
trop cher pour eux. 11 fallut, pour terminer l'affaire, qu'il fît 
présent d'un petit tableau d'un crucifix, qui vaut plus que ce 
qu'il reçut ; il est gardé dans la chambre du prieur. 

— Le même tableau, gravé au burin par Arnould Loe- 
mans, en 1642, d'après l'estampe précédente. Dans cette copie, 
qui n'est pas fort excellente, le graveur a tenu noirs les habits 
de St Augustin, de Ste Monique, et du moine à genoux, dont 
il a fait un St Nicolas de Tolentin, et il a dédié la planche au 
P. Jean Martens, prieur du couvent des Augustins d'Anvers. 

— St Bonaventure recevant la sainte communion qui lui 
est administrée par les anges, gravé au burin par un ano- 
nyme qui a beaucoup de la manière de P. de Balliu. Fr. van- 
den Wyngarde, exe. et le nom du peintre. — Tableau dans 
l'église des Récollets, à Matines. Il en est fait mention dans 
la vie de van Dyck par Bellori , p. 258, et dans le Peintre cu- 
rieux, tom. I, p. 173. 

— St Dominique considérant J.-C. crucifié, et Ste Cathe- 
rine de Sienne embrassant le pied de la croix ; gravé au bu- 
rin par Schelte de Bolswert sur un dessein d'Erasme Quelli- 



189 

nus, fait d'après le tableau d'Antoine van Dyck, qui est placé 
à Anvers, dans le lieu où le père de cet habile artiste a reçu la 
sépulture. — Dédié par les religieux dominicains d'Anvers, 
en 1653, au R. P. Norbert van Couwerwen, nouvellement élu 
abbé de St Michel d'Anvers, n fut élu en 1652 ; voyez Sande- 
rus, Brabantia illustrata. — J'en ai vu une épreuve sans 
lettres, et ce n'est pas la seule fois que je l'ai vue ainsi. — Ce 
beau tableau se voit dans l'église des religieuses dominicaines 
à Anvers. Van Dyck fit ce tableau et le donna à cette église, 
eiï reconnaissance de ce qu'on y avoit accordé la sépulture à 
son père. Les mêmes religieuses possèdent l'esquisse de ce 
tableau qui est d'une beauté singulière. Voyez le Peintre eu- 
deux, tom. I, pag. 198 ; La sainte étant au pied de la croix 
est nommée dans ce livre une Ste Rosalie ; on a voulu dire 
sainte Rose ; mais c'est une faute, il est incontestable que " 
c'est une Ste Catherine de Sienne. 

— St François d'Assise, à genoux devant Jésus-Christ, qui, 
de dessus la croix, recommande sa sainte mère à son disciple 
bien aimé. Gravé au burin par Pierre de Balliu, en 1643. Le 
tableau est dans l'église des religieux cordeliers de Lille, à ce 
que m'assuroit M. Cayeux, mais il se trompe ; c'est un ta- 
bleau fameux de van Dyck, dans l'église des capucins de Ter- 
monde. V. le Peintre curieux, tom II, p. 17. L'estampe est 
dédiée par Jean de Heem à J. Caspeels, serrurier, son ami, et 
amateur de tableaux, à Anvers. 

— St François d'Assise debout, considérant dans le ciel une 
croix de lumière qui imprime sur son corps les stigmates. 
St Antoine de Padoue, aussi debout et tenant entre ses mains 
l'enfant Jésus; il fait pendant à la figure précédente. D'après 
les tableaux peints par van Dyck, chez les capucins, à 
Bruxelles. Gravé à Bruxelles par J. L. Kraft, sur le dessin de 
Zorst, en 1758. — J'en ai fait venir d'Anvers des épreuves 
que j'ai payées 10 livres à cause de la rareté. — Les planches 



190 

ont été achetée par le prince Charles de Lorrame» et les 
épreuves n'en deviendront pas jdus communes. 

— Le martyre de SI Georges — le saint, à genoux au 
pied d'un autel sur lequel est la statue d'une fausse divinité 
qui s'écroule, est lié par les» bourreaux pour être conduit au 
supplice — représenté dans uq tat)leau placé sur un autel 
décoré d'un ordre d'architecture, gravé au burin par Pierre 
Clouet. — Les noms des artistes y sont gravés; très-mal exé- 
cuté, et si mal, qu'on ne peut rien de pire, -^ Je pense que 
c'est le tableau dont il est fait mention dans le Yo^ckgeur cu- 
rieux, tom. I, p. 270, et qui est attribué à Rubens par l'au- 
teur de ce livre et placé dans l'église de StGommaire à Lierre, 
Si cela est, il s'est trompé ; car la composition est dans le style 
de van Dyck. 

— Le bienlieureux Herman Joseph, de l'ordre de Prémon- 
tré, jouissant de la vue de la Ste Vierge , qui le choisit pour 
son époux. Gravé au burin par Paul Pontius, d'après le ta- 
bleau qui est dans la chapelle de la congrégation de la 
Ste Vierge dans la maison professe des jésuites, à Anvers,— 
Bellori met ce tableau dans le monastère de St Michel, à An- 
vers ; c'est une faute qui lui est échappée et qu'il faut corri- 
ger. — Je ne crois pas qu'il soit possible de voir un plus 
beau tableau ni une meilleure estampe. — Ce beau tableau 
est du même temps que celui de St Augustin ; il le fit peu de 
temps après son arrivée d'Italie. — Excellente pièce dédiée 
par van Dyck à Jean Ghrysostome vander Steen, abbé de 
St Michel d'Anvers. — Il venoit d'être élu abbé en 1629. 
Voilà donc le temps où ce beau morceau a été gravé et 
peut-être peint. — J'en ai vu une épreuve postérieure avec 
une inscription différente, la planche étant alors entre les 
mains de Michel Hage, et dédiée par ce marchand 4' Anvers à 
Macarius Simeon, abbé de St Michel d'Anvers, les armes de 
ce prélat y étant au bas. 



191 

•^ St Martin coupant la moitié de son manteau pour le 
d(mner à àew pauvres qui le reçoivent à genoux. Des^né et 
gravé très-mal par J, L. Kraft le fils, et dédié par lui au ba- 
ron de WiUbroeck d'après le tableau de van Dyck, le même> 
à ce que je crois» qu'on voit à Salvelthen, près de Bruxelles. 
— Je n'en doute pas , et comme ce tableau est fameux , l'es- 
tampe, toute mauvaise qu elle est, devient curieuse ; elle est 
rare. 

— J. Boydell a inséré dans le 1*' volume de son recueil 
une estampe qu'a gravée Th. Ghambars en 1766 et qui vient 
d'après un tableau qui appartient à la princesse royale de 
Galles, et qui lui a été vendu pour être de Rubens. Mais on Ta 
trompé. Ce n'est qu'une copie ou une répétition du tableau 
de van I)yck qui est à Salvelthem et qui représenteSt Martin cou- 
pant son manteau et en donnant la moitié à un pauvre. On y a 
seulement ajouté une pauvre femme qui tend la main pour de* 
mander Taïunône et qui a entre ses bras un enfant. Du reste,^ 
il n'y a rien de changé à la composition. Je la restitue icy h 
son véritable auteur. — Salvelthen est marqué sur la carte de 
Robert sur la gauche de la chaussée qui va de Bruxelles à 
Louvain (1).— Le groupe de St Marlin et du pauvre a été gravé 
avec très-peu de différence par Corn. Vischerr dans la suite 
des saintsi de la Hollande publiés par Soutman, et ce dernier, 
en s'en attribuant l'invention, a commis un plagiat qui ne 
lui lait pas honneur. 

— L'apôtre St Paul représenté en buste , excellenMnent 
gravé en manière noire par A, Blootelingh. La touche du 
pinceau ne peut être mieux exprimée. U y a un St Pierre, 
qui fait le pendant du St Paul, et qui n'est pas moins bien 



(1) Voir gur ce tableau, le Musée de Bruxelles, par Fun de nous, 
p. 34-8, et les additions en tête. Paris, DumouUu, 1850, in-8<* de 
52 pages. 



192 

exécuté, et ce morceau vient d'après un tableau de P. Moreels. 

— St Sébastien délié par des anges qui luy arrachent les 
flèches dont il est percé; gravé avec une grande propreté 
mais peu d*art, par Pierre van Schuppen avant qu'il vînt en 
France. — Jaan, Meyssens exe. et dédié par lui à Mathieu 
Laurix, chanoine de St-Antoine à Maëstricht. — J'ai vu ce ta- 
bleau à Bruxelles chez M. Robins, ensuite à Paris chez M. de 
la Live qui s'en est défait. — Il est retourné à Bruxelles. 

— St Sébastien, martyr, ayant les yeux tournés vers le ciel 
et le. corps attaché à un arbre ; gravé au burin par Luc Vor- 
sterman le jeune, el dédié par le graveur à un amateur 
nommé Luc Lancelot. 

— Ste Barbe prête à recevoir la couronne du martyre des 
mains d'un bourreau qui luy va couper la teste ; gravé à 
l'eau forte, à ce qu'on prétend, par Anl. van Dyck, On y lit : 
Anthoni van Deyck. Si cela est, il a dû graver la planche 
dans toute sa jeunesse ; car il n'y a ni esprit ni dessin, et, 
comme il en a toujours mis dans ses ouvrages, il en faut con- 
clure que celui-ci est supposé. — L'auteur du livre intitulé 
le Peintre amateur et curieux, tom. ï, p. 112, s'exprime ainsi 
en faisant le détail des tableaux qui sont dans l'église de 
Ste Madelaine à Bruxelles : « Dans la nef à droite,, sur l'autel 
c( de Ste Barbe, est le tableau de son martyre, peint par 
a Jacques van Helmont. Nous en avons l'estampe gravée par 
a van Dyck. » Comment cela peut-il estre? Le peintre van 
Helmont est postérieur d'un siècle à van Dyck. Est-ce qu'il 
auroit fait son tableau d'après la gravure? 

— Ste Cécile jouant de la basse de viole et chantant les 
louanges de Dieu avec les anges, dont quelques-uns touchent 
l'orgue. Gravé au burin par Edouard le Davis (1), graveur 



(i) Voir ce volume môme, p. 67. 



193 

anglois, disciple de LoggaD ; il vint à Paris, et, de retour à 
Londres, il quitta la gravure pour se faire marchand de ta- 
bleaux. — F. C, exeud. C.P. Régis 1673. Je crois que c'est 
François Chauveau qui avoit cette planche ; elle est assez mé- 
diocrement exécutée. 

— Ste Hadelaine considérant une teste de mort ; en demy- 
corps, dans une forme ovale ; gravé au burin par Ârnould de 
Jode. Deux vers latins au bas, qui commencent par Fallaa 
gratta; mon épreuve est sans lettres; je l'ai fait achètera 
une vente qui s'est faite à Bruxelles, en 1760, et elle m'a 
coûté prodigieusement cher. 

— Cette mesme sainte quittant les habits du siècle dont elle 
est vêtue. Ste Cécile s'avançant vers un jeu d'oi^es. Ces deux 
pièces sont gravées au burin par Pierre de Balliu, d'après des 
portraits de Yan Dyck , que le graveur a accommodés à son 
sujet. — Ce sont des portraits debout, habillés et à ta mode. La 
Ste Madelaine est celui de Henriette Marie, reine d'Angleterre. 
— Pièce curieuse en ce qu'il n'y a point , ce me semble, de 
portrait de la reyne d'Angleterre autrement gravé. 

— Ste Rosalie adorant l'enfant Jésus qui lui fait présent 
d'une couronne de roses, étant entre les bras de la Ste Vierge, 
qui est elle-même au milieu des apdtres St Pierre et St Paul; 
gravé au burin avec tout le succès possible par le célèbre 
Paul. Pontius, d'après le tableau qui est dans la chapelle de 
la congrégation de la Ste Vierge, dans la maison professe des 
jésuites à Anvers. — On le dit peint du temps que Van Dyck 
étdt encore chez Rubens ; il étoit associé à la congr^ation 
pour laquelle il fit ce beau tableau. — Dédié aux congréga- 
nistes de la maison professe des jésuites, on ne dit pas par qui ; 
mais on ne peut guère douter que ce ne soit par Van Dyck, 
qui y étoit agrégé. 

— Ste Rosalie montant au ciel, environnée de petits anges 
qui honorent son triomphe; gravé par Luc Vorsterman le 

T. u. m 



194 

jeune» et dédié par lui à Jean Philippe Happarl, ciianoiiie de 
la cathédrale d'Anvers. Pièce assez médiocre, mais curieuse; 
c'est la partie supérieure du tableau que Yan î>jik a peint 
pour Palerme en Sicile. Voyez Bellori, p. 257. 

— Une sainte martyre qui tient une palme, et qui, croisant 
lei mains sur sa poitrine, adore Tentant Jésus couofeé sur les 
genoui de la sainte Vierge ; en demy-corps, gravé au burin 
par Scbelte de Bolswert. — Moyen tableau, dans une chapelle 
de l'église des HécoUets, à Anvers. Voy. le Peintre curieux, 
tom.'l, p. 205. "^ Excellent morceau ; les premières épreuves 
avant Bon-enfant exe. — La planriie a été gravée sur ua dessin 
très-terminé, fait par Van Dyck et qui rappelle ceux que Ru- 
bens lui faisoit faire d'après ses tableaux pour les faire graver, 
n est précisément du même faire ; il appartenoit à M. Grozat, et 
aujourd'hui il est à H. de Julienne (1). — Je l'ai vu avec regret 
passer en Russie, r^ Dédié à Gaspard Vander Meeren, reli- 
gieux augustin, par Ânt. van Dyck, amiciliœ ergo^ le même 
dont 00 voit le portrait dans le tableau de St Augustin. Ce fut 
lui qui procura à Van Dyck revenu d'Italie ce beau tableau du 
St Augustin, qui, tant qu'il subsistera, fera l'admiration des 
connoisseuTs. 

— L'ange gardien accompagnant un jeune enfant auqmA 
il montre et fait envisager la gloire du Paradis. Au burin par 
un anonyme d'après la planche de Corneille Galle le jeune. 
De peu de mérite. Il y a dans la gloire deux tètes de chéru- 
bins de plus que dans l'original^ et toutes deux sont tournées 
différemment. 

— La charité représentée par une femme en demi-corps» 
qui est environnée de plusieurs enfants dont elle reçoit les ca* 
resses ; gravé au burin par C. van Caukerken sous la con* 



(1) Catalogue de la veate de M. de JuUenne, »» 534. 



195 

dviite d' Abraham Diepenbeke. Au bas douae verp flamands. 
Bien ei;écuté. r^ J'en ai le dessein, -•- C'est un tableau de 
toute beauté. Le roi Louis XV, étant à Anvers dans le \em^ 
de la dernière guerre, le vit chez M*. Goubouw aveo un tableau 
d9 Rubens représentant l'enlàvement des Sabines, qui est au^ 
jourd'hui dans le cabinet de M. Qoscbaert, et en fil offrirt 
pour les deux, 6O,OQ0 liv. Mais la proposition ne (ut point 
éoiutées le propriétaire en vouldt avoir 36,000 fl., ai^nt 
de (^lange de Brabant, en argent de France, 72> 000 liv. ; mi« 
lord Malborougb les avoit, dit-il, offerts autrefois, — Il a été 
vendu depuis, en may 1764, avec un tableau de sainte Fa^ 
mille de Rubens, 19, 500 fl., argent de change, qui sont prèa 
de 40, 000 florins de Brabant. 

-TP- IJne Bacchanale ; on y voit représenté un enfant yvre, 
monté gur un tigre et conduit en triomphe par d'autres eiH 
fantf^ q^i célèbrent les festes de Baecbus ; gravé au burin à 
Glanes, en 1628, par P. Brunn de Strasbourg , sous la con- 
duite de Corn, de WaeL — Francisco Griroaldo patritio Ge- 
nuenso Picturse amiratori banc Sileni historiam aeri incisam 
iienioU ergo D. dedicatq. Genuœ, Nov^> 1628. Le nom de 
Yam Oyek inv. sur la terrasse, en place du nom du graveur 
On firunn Àrg^^^ sad., qui ne se trouve que sur les premières 
épreuves. Assez passablement exécuté. 

*^ Une femme et un jeune homme de la suite de Baccbua 
aidant au père Silène à se soutenir ; ^gures en demy-corps, 
sans, dans le fonds, le paysage du tableau ; gravé au burin par 
François vander Steen, qui, dans cette première estampe de 
S9 teçon -<— Gonzalo Coques, pictori eximio, devoti sui styli 
pHmitw D. D, Fr. vander Steen — gravé dans la manière 
de Van Kessel, ce qui pourroit faire croire qu'il en est le dis- 
ciple, d'autant plus que, dans ses autres gravures postérieures 
à ceUe*ci, ce n'est plus la même manière. 

— Le Temps rognant les ailes de l'Amour, gravé en ma- 



196 

nière noire par quelqu'un qui n'en avoit pas la pratique. On 
trouve à un coin de la planche la marque A Y D [en tnonogr.) 
qui est celle du peintre , suivie de celle-cy : T V [aussi m 
mon.) que je ne connois pas. Je n'ai encore rencontré cette 
pièce qu'une seule fois. Seroit-ce la marque d'un des Vail- 
lants T Us étoient plusieurs. 

— Le Temps domptant l'Amour et lui rognant les ailes, 
gravé en manière noire par Pierre Scbenck, à Amsterdam. 
Mal exécuté, d'après un tableau qui paroît être d'une grande 
beauté. — Une estampe du même, qui est présentement chez 
le duc de Malborough à Blanheim, gravé en manière noire 
avec grand soin par Jacques Mac Ardell. 

— Bélisaire réduit à demander l'aumône , tableau qui est 
en Angleterre, et qui appartient aux héritiers de milord Bur- 
lington, qui en fit l'emplette à Paris, et l'acheta prodigieuse- 
ment cher. On peut cependant douter que ce soit un ouvrage 
de Van Dyck. L'estampe a été gravée à Londres par G. Sco- 
tin sur le dessin de J. Goupy, et n'est pas des plus excel- 
lentes. 

— Renaud couché entre les bras d'Armide, au milieu des 
amours, dont quelques-uns jouent avec son épée, et d'autres pré- 
sentent un miroir à Armide et développent sa toilette ; gravé 
au burin à Anvers, en 1644, par Pierre de Jode le jeune (1). 
Riche ordonnance. Une des bonnes choses de ce graveur, 
mais qui n'approche pas de ceUes qu*il faisoit dans son pre- 
mier temps. — Joan Caspeel exe. Antuerpiœ et les noms des 
artistes. La qualité dieques donnée au peintre fait connaître 
que le tableau a été peint depuis que le roi d'Angleterre l'avoit 
fait chevalier. — Ce Caspel étoit un serrurier d'Anvers qui 



(1) Au Musée du Louvre, n^ 141 du catalogue de Técole flamande, 
par M. Yillot. 



197 

avoit un cabinet, et auquel a été dédiée, par Jean de Steen, 
la planche du crucifix. 

— Des soldats jouant aux cartes dans une masure. Ils ont 
09 leur compagnie deux paysans. Une vieille femme leur ap- 
porte des pipes, etc. Mauvaise pièce, gravée au burin par 
J. Richer, à Paris. On n*y trouve point le nom de Van Dyck ; 
au bas, huit vers françois. M. de Julienne en a le tableau de 
Van Dyck, qui est très-beau. — M. Walpole a un semblable 
tableau qu'il compte être original. 

— Un officier-général à cheval, courant à toute bride. 
Gravé par le comte de Gaylus d'après un dessin du cabinet de 
M. Coypel; n*» 8J. — J'ai vu un dessein de cavalier, acheté 
trèsKîher à la vente de Coypel, et encore plus cher à celle du 
duc de Tallard, le tout par caprice. 

— Des télés, gravées par M. de Caylus, le plus grand 
nombre est mal à propos donné à Van Dyck. J'ai les desseins 
originaux, qui sont de Rubens pour la plus grande partie (1). 

— Ma collection est de plus de 320 portraits sans les 
doubles. 

— J'ai vu un recueil de portraits de Van Dyck de l'édition 
de Martin vanden Enden ; il étoit composé de 83 morceaux; 
je doute qu'il y en ait davantage de cette édition. Il est certain 
que le recueil devint plus nombreux dans la suite, et que ja- 
mais il n'a monté à 100 dans le temps que Vanden Enden la 
publia. — Sur nombre des planches de l'édition de Vanden En- 
den, le nom du graveur n'est pas encore mis ; le même nom se 



(1) <K Yingtrsept têtes de différents caractères de vieillards et autres, 
très-bien distribuées sur quatre feuilles; elles sont d'une plume 
savante et pleine d*esprit : on les connott gravées par le G. de 
Gaylus, sous le nom de Van Dyck ; mais c'est une erreur. » Cat. Ma- 
riette, n? 1024. Vendues en deux lots; douze furent achetées par 
M. Hall, peut-être le peintre, pour 240 liv. i sou, et les 18 autres 
S^9 liv. 19 sous, par Boileau. 



tnmte cependant gravé sur d'autres épreuves de ladite édition 
de Vanden Enden, preuve qu'il n'a pas tardé à y être gravé; 
aus» D'y a-t-^il aucune différence pour la qualité d'épreuves 
entre les unes et les auti^. — Tous les portraits marqués 
y» E., je les ai de l'édition de Martin vanden Enden, et ils sont 
au nombre de 61. 11 y en a, outre cela, 18 gravés par Van 
Djck à l'eau-forte, qui n'ont jamais été publiés par Vanden 
Enden, mais bien par S. Hendrick ; on y joignoit le portrait 
de Nie. Rococx, et cela faisoit le nombre de 100. 

— Albert, comte d'Aremberg, à cheval, armé de toutes 
pièces, gravé au burin paf P. de Balliu. Le tableau, qui èsl 
un des plus parfaits de Van Dyck, est en Angleterre ; M* Wal- 
pôle en parle» 

— La famille entière de Thomas Howard, comte d'Aniiidel, 
tableau que ce fameux protecteur des arts fit peindre pédant 
son séjour à Anvers en 1643, d'après le dessein qu'en avoit 
préparé Van Dyck^ par Ph. Fruitiers, et que le vieui duc 
Edouard de Norfolk, actuellement vivant, a fait graver par 
G. Yertue en 1743. 11 en garde la planche dans un de ses 
châteaux situés loin de Londres, et, comme Testampe n'a ja- 
mais été rendue publique et qu'il en faut tenir de lui les 
épreuves, elles sont très^rares. C'est un tableau curieux et in- 
téressante 

— Gui Bentivoglio, cardinal, en buste, peint en 1623, et 
gravé à l'eau forte par Jean Morin {!). — Dans le tableau^ qui 
est chez le grand duc, la figure est entière ; Morin n'a gravé 
que le buste, sans doute d'après un tableau. — Le tableau 
du grand duc se trouve gravé par Picchianli à Florence, et 
c'est peut-être ce que Van Dyc* a jamais lait de plus par- 
fait. 



I ' iw I 



(1) Robcl Dumesnil, II, n« 43. 



199 

-^ frère Lelio BlaQca.tcio, commandeur de Mallhei mare^ 
chai de camp général dans Tarmée d'Espagne; gravé au bu- 
rin par Nie. Lauwers (1). Je pensé qu'il faut lire Brancaccio. 
Les noms de plusieurs personnes sont défigurés dans les ins- 
criptions que Yan Dyck a fait meltre au bas de leurs portraits. 
Il les a écrits comme il les entendoit prononcer; il faudra 
foire attention à cela. 

-^ Henry du Boys et Hélène-Éléonore deSieveri, sa femme. 
Ces deux portraits, gravés au burin par Corneille Visscher, 
sont fort rares. *— Les tableaux ont passé dans ces derniers 
temps, avec les planches, en Angleterre. Milord Sommers les 
acheta, et fit graver au bas des planches que Ces deux por- 
traits faisoient partie de sa collection. A sa venté, les plan- 
ches fùreût achetées par Cooper, marchand d'estampes à 
Londres, qui les a et les vend ; ainsi ces deux pièces, de rares 
qu'elles étoient, sont devenues communes; mais les premiè*- 
res épreuves avant le nom de Cooper seront toujours rares et 
recherchées. 

— Jean Breughel d'Anvers, peintre de fleurs et de paysa- 
ges, gravé par Van Dyck lui-mesme (2). Ce portrait, peint par 
Van Dydc et l'un de ses meilleurs ouvrages, est placé au- 
dessus de l'épitaphe de J. Breughel, dans l'église de Saint- 
George à Anvers. Voyez Descamps, Voyage pittoresque. 

— Jacques de Cachopin, curieux de tableaux à Anvers, 
gravé par L. Vosterman (3). J'ai le dessein original d'après 
lequel a été gravé ce portrait de Cachopin ; il a été fait en 
1634, et c'est un chef-d'œuvre. 

— Portrait de François-Thomas de Savoye, prince de Cati- 



(1) Galcographie du Louvre, n° 4095. 

(2) Galcographie du Louvre, n« 4020. 

(3) Galcographie du Louvre, n° 4034. 



200 

gnan, gravé par PaulPontius (1). Le tableau est chez S. A. le 
prince Eugène de Savoye à Vienne. 

— Gbarles I®' représenlé debout et revêtu de Tbabit et du 
manteau royal. La planche, gravée avec tout le soin possible 
en 1T70 par Robert Strange {% vient d'après un petit tableau 
de Van Dyck qui lui appartient, qu'il a découvert à Rome, et 
qui est en petit la même chose que ce qui a été peint ea 
grand par le même Van Dyck, et dont on voit le tableau à 
Hamptoncourt. 

— Le roi d'Angleterre Charles l«r en armure et monté sur 
un beau cheval blanc. Il est accompagné d'une personne à 
pied qui porte son casque. L'inscription au bas de la planche 
dit que c'est le duc d'Espernon, et en effet on lui voit un 
ordre qui paroît celui du Saint-Esprit. Cependant M. Walpole, 
dans ses Mémoires sur la vie de Van Dyck, dit que c'est un 
écuyer du roi, et il le nomme M. de Saint-Antoine, ce qui me 
paroît plus vraisemblable; car comment un homme aussi fier 
que M. d'Espernon auroit-il souflert de se voir peint, même 
auprès d'un roi, dans la posture d'un domestique? Ce tableau 
est encore dans le palais de Keiisington. L'estampe en a été 
gravée par B. Baron en 1741 . — Le même tableau avoit été 
gravé par Lombart, qui depuis l'a fait servir à Cromwell^ et 
il faudra faire connottre tous les changements qu'a éprouvés 
cette planche. 

— La Famille du roi Charles I©'. — Le tableau original de 
Van Dyck, qui est dans le palais de Kensington, a été gravé 
pour la première fois par Rob. Strange à Londres en 
1758 (3). C'est dommage que le travail du graveur, qui est 



(1) Calcographie du Louvre, n^ 4099. 

(2) N*' 46 du catalogue spécial de Slrange, par M. Ch. Le Blanc. 
Leipsic, Weigel, 1848; in-8. 

(3) N<^ 49 du catalogue de Strange, par M. Ch. Le Blanc. 



204 

d'un iroid à glacer, rende si mal la touche spirituelle du 
peintre. — Le même tableau a été gravé depuis en manière 
noire, mais l'estampe de Strange est préférable. 

— Don Charles Coloma, mestre de camp général dans les 
Pays-Bas, au service de l'empereur, gravé par Corn. Galle le 
jeune. C'est ainsi qu'il faut écrire le nom de cet officier géné- 
ral, et, non ainsi qu'il est gravé sur la planche, de Columna (1). 
11 n'étoit point de la famille des Colonnes. C'étoit un Espagnol 
qui a figuré dans le xvi« siècle, et qui allioit à la science des 
armes celle du cabinet et celle des lettres. On a de lui une 
histoire des guerres du Pays-Bas, que cite Fern. Slrada dans 
la sienne, et dont il s'est beaucoup aidé. Il fut aussi envoyé 
en Angleterre pour y signer le traité de paix en 1630. 

— Kenelme Digby, chevalier, un des premiers courtisans 
de Charles le»"; gravé au burin par Rob. van Voerst (2). La 
lettre de VanDyck, écrite à F. Junius, qui se trouve imprimée 
dans le livre De picturâ veierum (3), nous apprend que Van 
Dyck venoit de faire graver le portrait de Digby, et qu'il étoit 
prêt de le rendre public en aoust 1636. Le mot de la devise : 
Impavidum ferient est, suivant toutes les apparences, de la 
composition dudit Junius ; du moins Van Dyck lui en fait la 
demande dans sa lettre. Je fais cette remarque pour montrer 
que la suite des cent portraits de Van Dyck a été gravée de 
son vivant, et que, lorsqu'on les gravoit à Anvers, il étoit à 
Londres, d'où il envoyoit les desseins de ses tableaux ; car, 
c'est encore une observation à faire, presque tous ces por- 
traits n*ont été gravés que sur des desseins ou des grisailles. 



(i) Si Mariette ne parle pas de la planche de Pontius (Galcogra- 
phie da Louvre, n^ 4100) la même observation s'y applique. 

(2) Galcographie du Louvre, n^ 4100 bis. 

(3) La lettre est en flamand. Ed. in-f*" de Rotterdam, 1694, feuil- 
let 17. Elle est datée de Desen, 14 août 1636. 



lis 

— L» portraits de Yan lïjA et de Rubeds daos la même 
planche, gravés par Poolius; les accompagiiemenls, qui sont 
du dessein d'Erasme Quellinus, me paroiaseot gravés par 
Lauwers. 

— Portrait de ce côèbre peintre (Van Dyck), qui s'y est re- 
présenté en demj corps, montrant d'une main une chaisne 
d'or, et de l'autre un tournesol ; gravé à l'eau forte à Londres en 
1644 par W. HoUar. Le tableau est chez S. Â. le prince Eu- 
gène à Vienne ; il est d'une grande beauté. 

-^ Corneille Vander Geest, curieux de tableaux à Anvers, 
gravé par Pontius (1). M. Crocat avoit le dessein sui" lequel ce 
portrait de Vander Geest a été gravé; M. de Tessin l'a em- 
porté en Suède. 

— La Famille du chevalier Balthazar Gerbier, gravé en 
1766 par Guill. Walker pour le premier vol. du Recueil de 
Boy dell» d'après un tabU au qui est attribué à Ant. van Dyck, 
et qui appartient à la princesse douairière de Galles. Il s'est 
élevé bien des disputes à Londres par rapport à ce tableau, 
non-seulement pour déterminer quelle pouvoitètre la famille 
qui y éloit représentée, mais encore pour s'assurer s'il étoit 
véritablement de Van Dyck, d'autant plus qu'il y avoit un 
autre tableau dont on a une estampe de Mac ÂrdeU, qu'on 
sçavoit être incontestablement de Rubens, et dans lequel on 
voyoit la femme et les quatre enfants qui font le groupe 
principal du tableau de la princesse de Galles* 11 ne fut pas 
difûcile de décider que c'étoit la famille de Gerbier; il y avoit 
des preuves de reste, et» si Ton vouloit être de bonne foi* on 
ne s'obslineroit pas à mettre sur le compte de Van Dyck un 
tableau qui n'en est pas digne; car, de l'aveu même de ceux 
qui en sont les plus grands partisans, tout ce qui s'y trouve 



(1) Galcographie du Louvre, n^ 4047. 



S08 

de plus qu« dans le tableau de Rubens» c'eât-è-dire la figure 
de Gèrbier et celle dés cinq enfans qui remplissent le côté 
gauche du tableau^ sont mauvaises, et n'ont jamais pu appar- 
tenir à Yaù Dyck. Mon sentiment est que le tableau est de 
Gerbier ou de quelque peintre médiocre qu'il auroit employé 
pour peindre toute sa famille, et que celui-ci, trouvant le 
grouppe de Rubens tout à fait propre à entrer dans sa com- 
position, s'en sera servi sans difficulté, et, dans ce cas là, ce 
D'est qu'un mauvais tableau qu'on a fait achetler cher à la 
princesse auquel il appartient , et c'est ainsi que les princes, 
qui ne sont pas obligés de s'y connoître, sont trompés si sou- 
vent. Il faut voir ce que M. R. Walpole a écrit au sujet de ce 
tableau dans ses anecdotes de la peinture, etc. 

— Le portrait d'un homme de guerre en armure avec 
l'ordre de la Jarretière pendu à une chaîne et attaché à son 
col. Il a de longs cheveux plats, est de trois quarts, en demie 
figure, et la main appuyée sur un b&ton de commandement. 
Gravé à l'eau-forte par L. de Ghâtillon. L'épreuve que j'ai est 
sans nom, et je ne puis dire de qui est ce portrait, que je 
n'ai vu qu'une fois. -^ Seroit-ce le prince Robert dans sa 
vieillesse? — Non. — Il m'en est passé par les mains une 
épreuve où l'on avoit fait écrire au bas par une fort belle 
main : « Jacques, duc d'Hamilton, chevalier de l'ordre de la 
Jarretière, général de la cavalerie de Charles 1"» décapité à 
Londres en 1646. » Voilà une confirmation de ce qui m'avoit 
été dit autrefois^ et qui m'avoit fait écrire la même chose sur 
mon épreuve. — Cela n'est pourtant pas vrai. Après un très- 
mur examen j'ai reconnu que c'étoit le portrait de Guillaume, 
duc d'Hamilton, né en 1616, qui, ayant suivi le parti de 
Charles 1er, reçut à la balailîe de Worcester des blessâtes 
dont il mourut le lendemain, en 1652. Le portrait du tnéme 
seigneur, avfec ses cheveux plats, se trouve gravé paï tt. 
White. 



206 

— Guillaume Houdius, graveur à La Haye, gravé par luy- 
mesme (1). Ce portrait fait regretter qu'il y ait si peu d'ou- 
vrages de lui ; est-ce qu'il seroit mort jeune? — Je pense que 
c'est lui qui a gravé en Pologne, où il avoit été attiré, et où 
je crois qu'il est mort. 

— Christophe vander Lamen, d'Anvers, peintre, gravé par 
Pierre Glouwet (2). De Bie, qui lui donne place dans son Ca- 
hiiMt ieré, le nomme Yander Laenen, et le qualifie de peintre 
de si^ets de conversations; il est ici désigné ^t œnsartis ju- 
vmiliê piciat. 

^ François Langlois, dit de Chartres, parce qu'il y estoit 
né« marchand libraire et d'estampes à Paris, en 1645, con- 
tt«m(K)rain et ami de Van Dyck, représenté en demy corps 
avec une cornemuse, dont il avoit le talent de jouer dans la 
dernière perfection ; gravé à l'eau-forte par Jean Pesne (3). 
~ Le tableau original est chez M. le président de Maisons, 
1T80. — Portrait différent de celui du même Ubraire, gravé 
par Nie. Poilly, d'après un petit portrait de boette de poche 
qu'avoit M. Crozat (4). 

— Philippe le Roy, seigneur de Ravels, curieux de ta- 
bleaux; les draperies sont gravées au burin parL. Yosterman 
et la teste par Paul Pontius. — J'en ai nombre d'épreuves 
sur lesquelles il faudra faire des observations. — La planche 
estoit originairement gravée par Yosterman ; sa marque pa- 
roist encore dans le fonds au-dessus de l'épaule gauche, 
quoi qu'un peu effacée, et Ton remarque aisément dans les 



(1) Calcographie du Louvre, n"» 4,049. 
(î) Calcographie du Louvre, n» 4,056. 

(3) Robert Dumesnil, tome m, n« 97. 

(4) Robert Rumesnil, t. Il, p. 245, m 34. — Immédiatement 
au-dessus de cette note, Mariette avait écrit dans Fentreligne, et en- 
suite effacé cette mention : a Le portrait de mon bisayeul, P. Ma- 
riette ce qui ferait supposer qu*il avait été peint par Van Ryck. » 



205 

premières épreuves la place de ce qui a été eiiacé, c'est-à-dire 
la teste et le rabat ; cela n*est pas si sensible dans les secondes 
épreuves que Paul Pontius a retouchées, et repassé les tailles 
pour accorder : apparemment que le portrait qu*avoit gravé 
Vosterman ne s'estoit pas trouvé ressemblant et qu'on le fit 
refaire par Pontius (1). 

— Maro-Antoine Lumague, banquier et curieux de pein- 
tures à Paris, en demy corps, gravé au burin par Hichel 
Lasne. Le tableau est chez H. Grozat le jeune, à Paris. -— La 
lète séparément gravée par Suzanne Silvestre. 

— Lazare Mabarkysus, médecin d'Anvers, figure assise 
gravée en manière noire, très-bien, par Seb. Barras (2). M. Gro- 
zat avoit ce tableau. 

— Jean Malder, évesque d'Anvers, en demy corps, gravé 
à l'eau forte à Anvers en 1645 par Wenceslas HoUar (3). Le 
tableau est à Paris chez M. Grozat le jeune, — et à présent 
chez M. de Tbieirs. 

— monsieur de Nys — je crois François de Nys, peintre 
de portraits, dont quelques-uns ont été gravés par Paul Pon- 
tius — amateur y inscription manuscrite que j'ay trouvée au 
bas d'un portrait en manière noire; gravé par Walerant 
Vaillant, d'après Van Dyck, lequel représente un homme 
en demie figure dans son cabinet. De la main gauche il s'ap- 
puye sur le bras de sa chaise, et tient de l'autre un compas 
qu'il a posé sur une table chargée d'estampes, d'instruments 
de musique, d'un buste, etc. 

— Anthonius van Opstal, Bruxellensis, pictor iconum, et, 
au bas : Anthonius van Dyck pinxit. Sans nom de gra- 



(i) Mariette avait un croquis de la tête, à la pierre noire, n^ 905 
de son catalogue, acheté 48 liv. par S. Hubert. 

(2) Robert Dumesnil, t. IV, no34, p. 245. 

(3) Calcographie du Louvre, n° 4,117. 



306 

veuT (1) ; elle est assez bien exécutée» et peut être d'un pein- 
tre nommé Sloeade. 

«^ La Famille de Philippe» comte de PembrdKOy qui passe 
pour le plus beau tableau de œ genre qu'ait peint Van Dydc. 
Il se voit à Wilton, cbÂteau appartenant à la famille de 
Pembroke (2). Le comte et son épouse, o^is sur une extrade, 
sont environnés de tous leurs enlans ; on ne peut desifOf rien 
de plqs riche pour la composition» Le tableau a été gravé en 
1746 par Bern. Baron, mais pas aussi bien qu'il le mérite, n 
y en a un tableau en petit chex M. le baron de Thiers, qu'on 
estime estre une copie faite par Pictro Lely« 

— Philippe IVi roi d'Espagne, représenté armé de toutes 
pièces et à cheval, sous l'arcade d'un arc-de-triomphe, à la 
def de laquelle arcade est le portrait de l'empereur Charles V, 
dans une bordure ovale portée par deux lyons. Gravé par 
Pierre de Jode en 1660, à l'occasion de la paix des Pyrénées. 
Le cheval est précisément le même que monte Charles l^^ 
dans le tableau qu'a gravé Lombart ; mais la figure du roi 
n'^t pa$ la mâme. Les accompagn^mens, qui sont assez 
mauvais, n'appartiennent pas à Van Dyck; ils sont d'un 
nommé Pet. Cocus, qui s'en dit l'auteur. La gravure est de 
Pierre de Jode le jeune. 

•^ Le même portrait de Pontius, gravé par Van Dyck (3), 
a été gravé en manière noire, d'après le tableau qui est en 
Angleterre, par Jacques Warton, en 1764. 



(1) Calcographie du Louvre, n° 5063. Antoine Van Opstal est 
le père de Gérard, sculpteur, qui a été de TAcadémie en 1648, et 
qui a tant travaillé en France. 

(2) Pour les noms des différents personnages, représentés dans 
ce tableau, voyez iSdes Pembrochiause, a new account and des- 
cription of ihe statues. . . . paintings. . . . aud other antiquities 
and curiosiiies in Wilton House, 1784; in-e^, lO^ëdilioB, p. 69. 

(3) Galcographie du Louvre, n<» 4021. 



^07 

— Nicolas Rockox, conseiller de la ville d'Anvers, en domy 
corps et assis dans son cabinet ; gravé au burin par Luc Vos- 
tennan. Le tableau est chez M. Watelet (i). 

-"^Nioolaa Roçkox, ancien bourguemestre d'Anvers, en 
bu$te dans \xw forme ovale; gravé au burin par Pontius en 
1639 (2). — 11 y en a des premières épreuves sans nom de 
peintre, -^ 11 pasaa pour eslre de Van Dyck ; mais d'autres 
le croyent de Rubens et avec plus d'apparence. Les premières 
épreuves B. de Neyi ewo. portent le nom de Rubens ; à celles 
où n'est plus le nom de Neyl on trouve le nom de Van Dyck. 

^-^ Conrad Ruten, chevalier écossois, surnommé le Roux, 
en demie figure. Gravé par Jacques Coelemans d'après un ta- 
bleau du cabinet de Boyer d'Aiguilles. Le nom de Van Dyck, 
qui se lisoit sur cette planche, quand elle a été mise au jour, 
a depuis été effacé ; l'on y a substitué celui de Bronchorst, et 
je crois qu'on l'a iait avec connoissance de causé. 

— Corneille Sachtlaven, peintre hollandois, gravé par Luc 
Vofiterman (3). J'ai le dessein original de toute beauté sur le- 
quel la planche a été gravée ; ce n*est pas un ouvrage qui 
tasse honneur à Vosterman, surtout ayant sous les yeux un 
aussi beau dessein que celui^^i à imiter. 

— Jean Snellincx, peintre de cartons pour tapisseries à An- 
vers; gravé par Van Dyck (4). On voit son épitaphe dans l'é- 
glise de Saint-George k Anvers, dans laquelle on lui donne la 
qualité de peintre de Tarchiduc Albert et de l'infante Isabelle, 
et ce monument est accompagné du portrait dç Soellincx 
peint par Van Dyck, le même qu'il a gravé. 



(1) Ne figure pas d»Q8 le calalogue de la vente faite eu MH par 
Paillet. 

[2J Calcographie du Louvre, n^ 41 S7. 

[3) Calcographie du Louvre, u^' 4Q9i. 

Calcographie du Louvre, n° 407^ 






208 

— Diodore Tulden, professeur de jurisprudence dans l'U- 
niversité de Louvain, gravé par P. de Jode le jeune (1). J'en 
ai le dessein, qui est bien beau (2). 

— Robert Yan Yoerst, graveur à Londres, gravé au burin 
par luy-mesme. J'en ai le dessein, qui est une merveille 
d'art (3). 

— Paul de Vos, peintre de chasses à Anvers. 11 y en a ici 
trois épreuves, dont la première est telle que la planche est 
sortie des mains de Van Dyck ; la seconde est rachevée à l'eau- 
forte par Jean Meyssens, et la troisième est entièrement ter- 
minée au burin par Schelte à Bolswert. J'en ai le dessein de 
Van Dyck (4). 

— Jean Vander Wouwer, du conseil de guerre et des fi- 
nances des Pays-Bas, gravé au burin par Paul Pontius (5). 
Il y en a deux tableaux à Paris, qu'on prétend estre tous deux 
originaux : l'un chez M. de Julienne (6), que je crois l'origi- 
nal ; l'autre chez M. de Massé. 

—Petit portrait d'une dame en corset, ovale ; buste sans 
nom ; sur mon épreuve étoit écrit de la main même de P. Pon- 
tius : M^ Elisabeth BUmde ; A. Van Dyck, pin.; P. Pmiius, 
sculp. C'est peut-être la femme ou la fille de Michel Le Blond. 



(1) Galcographie du Louvre, n^ 4,136. 

(2) N° 903 de son catalogue. Vendu 4i5 livres. Maintenant au 
Louvre ; il a été gravé de nouveau en fac-similé, par Alph. Mas- 
son, n° 371 de la calcographie. 

(3) N° 907 de son catalogue. Vendu 176 livres. Gravé de nou- 
veau en fac simile, par Alpnonse Leroy. N<» 372 du catalogue de 
la calcographie. 

(4) N° 905 de son catalogue ; acheté 24 livres par Tersan. 
(3) 4,138 du catalogue de la calcographie. 

(6) N*' 123 du catalogue de la vente faite en 1767 : a Un portrait à 
mi-corps, que Ton croit être celui d'un baron allemand; sa tête 
est nue, garnie de petits cheveux; il porte à son col un rabat et 
un manteau un peu ouvert qui laisse voir un rouleau de papier 
dans sa main droite. Ce tableau, peint avec vigueur, est d*un 
beau fini ; on le cite au rang des bons portraits de ce mattre. » 



309 

— Portrait anonyme d'une dame, en buste, gravé à l'eau- 
forte par L. Ferdinand. J'ai vu entre les mains de M. R. Wal- 
pole le tableau d'après lequel cette pièce a été gravée. M. le 
prince de Valentinois venoit de lui en faire présent. On croit 
que c'est une des fllles de Charles !•'. 

— La comtesse douairière d'Eieler, gravée au burin par 
Guillaume Faithorne, d'après le tableau qui est dans le cabi- 
net de M. Richardson, en Angleterre; il en fait une très- 
ample description dans son traité de la science de la criti- 
que (1). — L'estampe est rare, même en Angleterre. — 
Gomme cette dame manquoit de sourcils, ce qui faisoit une 
difformité, Van Dyck, pour la sauver, a fait tomber son voile 
jusques sur les yeux. H. Walpole m'a appris cette particula- 
rité. — M. Walpole a le tableau, qu'il a eu à la vente de 
RichardsoD. 

— Marguerite Lemon, angloise, célèbre par ses aventures 
àe galanterie, en demy corps ; gravé à l'eau-forte par Wen- 
ceslas HoUar en 1646. Cette femme fut maîtresse de Van 
Dyck, et si passionnée dans ses amours, qu'ayant appris le 
mariage de Van Dyck avec Marie Ruten, elle prit la résolu- 
tion, pour se venger de l'infidélité de son amant, de lui cou- 
per le poignet, afin qu'il ne pût plus exercer son art. Mais, ce 
dessein ayant avorté, elle passa en Flandre avec un nouvel 
amant, qui, ayant péri à l'armée, elle se tua elle-même de 
désespoir d'un coup de pistolet. Il faut être instruit de ces 
faits pour bien entendre le sens des vers françois qui sont au 
bas de son portrait gravé par Hollar. 

DYCK (DANIEL van) ou plus tost Van dm Dyck, car c'est 



(1) Voir Fédilion des œuvres de Richardson. Amsterdam, 1728; 
in-8, tome II, p. 30-41. 

T. lî, n 



210 

ainsi qu'il écrit lui-même son nom au pied d'une assez belle 
estampe qu'il a gravée; il avoit épousé une des GUes de Ni- 
colas Benieri, peintre flamand, éiably à Venise. Mal ji pro- 
pos le P. Orlandi en feil-il un François. Il étoit Flamand ; so» 
nom seul le dit, et ne permet pas d'en douter. Il étoit à Man- 
loue en 1660. 

— La Ste Vierge tenant l'enfant Jésus qui se jette è son cd. 
La Vierge tourne la léte d'un autre côté, et Tenfant est à peu 
près dans la même intention que dans le tableau, do&t il y a 
une estampe gravée par Waumans. Je ne voudrois pourtaat 
pas assurer que cette petite pièce, qui est très-joliment gra- 
vée à l'eau-furle, fût d'Ânt. van Dyck. On y lit sur la plan- 
che : D. F. Dyck in. et fe (1). Cela voudroit dire que c'est un 
ouvrage de Daniel van Dyck qui a demeuré à Venise, et qui 
n'éloit rien au chevalier Antoine. Le morceau est rare, et 
tient beaucoup, par rapport à la touche et au maniement de 
la pointe, d'une autre petite vierge gravée à Teau-forle.— 
La pièce à laquelle Mariette fait allusion est ainsi décrite par 
lui : La Ste Vierge présentant à tetter à l'entant Jésus qui est 
couché sur ses genoux. Elle est en demy corps, et derrière est 
St Joseph qui lit dans un livre; gravé à l'eau-forte par un 
anonyme, avec esprit. Antoine van Dyck inv. Gravé d'uoe 
pointe légère et spirituelle. C'est en tout la même composi- 
tion que ce qui a été gravé par P. Clouvet avec cette diCfé- 
rence que les testes ne sont pas des portraits comme dans 
cette dernière. 

DYCK (florisvan) de Harlem, n'est connu que parle 



(t) N*> â du catalogue de Tœuvre de Daniel Yanden Dyck dans 
H. Robert Dumesiiil, t. III, p. 16-8. W n'a pas compris la pièce sui- 
vanie ; el d après la deschpiion môme de MarieUe, il est évident 
qu*elle ne se rapporte pas à Dan. Van Dyck. 



211 

peu qu'a dit à sa louange Scriverius, historien de Harlem, et 
non Schrevelius, ainsi que Ta écrit Descamps. 11 y a appa- 
rence que ses talents le rendoient digne de Téloge qu'en a fait 
son compatriote. Josepin, avec lequel il étoit lié d'amitié, en 
iaisoit un si grand cas qu'il lui envoya en présent son por- 
trait, et par un retour de reconnois^ance le peintre hollan- 
jdois prit soin de le faire graver par J. Matham, et d'y ajouter 
4es vers latins qui nous apprennent toutes ces particularités. 
Voyez Descamps, 1. 1, p. 46. 

EDËLINCE (Gérard). Quoyque Gérard et Jean Edelinck 
soient nés à Anvers, dans les Pays-Bas, qu'ils y ayent appris 
les premiers éléments de leur art, et qu'ainsy ils semblent 
devoir estre mis au nombre des graveurs flamands, la France 
a pourtant droit de se les approprier, et ce seroit même luy 
faire une espèce de larcin que de les luy vouloir enlever. 
Lorsque ces deux artistes vinrent s'y établir, ils étoient fort 
jeunes ; è peine éloient-ils connus par leurs ouvrages. Il y a 
mesme apparence que, s'ils fussent demeurés plus longtemps 
dans leur patrie, les occasions d'exercer leurs talents leur au- 
roient pu manquer, au lieu que la France leur en préseoloit 
de très-favorables. Les arts y florissoient alors avec éclat. 
Jean-Baptiste Colbert, ministre d'état, à qui le roy en avoit 
confié l'intendance et celle des manufactures, recherchoit 
avec soin ceux qui se di^linguoient dans leurs professions.; il 
répandoit abondamment sur eux les récompenses et les hon- 
neurs, et les pays voisins se dépeuploient tous les jours d'ar- 
tistes qui venoienl chercher auprès de luy une fortune et 
plus solide et plus brillante. Ce fut dans ces heureuses cir- 
>constances que les deux frères Edelinck arrivèrent à Paris. 
Jean Edelinck y vint le premier. Gérard, son frère, qui estoit 
son aisoé, l'y suivit de près, et l'on peut remarquer comme 
une circonstance toute singulière qu'il eut à travailler dès le 



215 

jour mesme de son arrivée; mais, lorsqu'il eut trouvé le 
moyen de se faire connoître de Charles Le Brun, premier 
peintre du roy, il eut alors de quoy satisfaire abondamment 
le désir qui le possédoit d'acquérir de la gloire. Il étoit déjà 
très-habile dans son art, et ce célèbre peintre, très-bon con- 
noisseur en iait de mérite, n'eut pas de peine à s'en asseurer. 
Pouvoit-il luy donner des signes moins équivoques de son 
estime qu'en luy proposant de graver pour le roy la famille 
de Darius aux pieds d'Alexandre, tableau où il avoit déployé 
tout son sçavoir et qui avoit élé si fort goûté de toute la cour? 
La grandeur de l'entreprise, la difGculté de bien exprimer 
sur chaque visage les expressions que l'on admiroit dans l'o* 
riginal, n'ar restèrent point Edelinck; elles ne servirent qu'à 
l'exciter davantage, et en effet le désir de réussir luy lit ap- 
porter tant de soins dans son ouvrage que cette estampe suffit 
seule pour îfaire juger de sa capacité. Rien n'y est obligé; 
chaque objet y est traitté de la manière et dans le goût qui 
luy convient, et il y règne une suavité de tons soutenue par 
une couleur brillante, que l'on ne rencontre point ailleurs. 
C'est que Gérard Edelinck travailloit avec tant d'aisance, que 
ce qu'il gravoit il le faisoit presque toujours au premier coup, 
sans être obligé d'y revenir comme la plusparl des autres 
graveurs. G'étoit un don de la nature, et ceux qui l'ont veu 
travailler étoient surpris de la facilité avec laquelle il prome- 
noit son burin sur le cuivre. De là le grand nombre de pièces 
que l'on voit de luy, dont il n'y en a aucune qui ne soittrès- 
terminée, et qui toutes cependant sont gravées au burin, 
manière qui est d'ailleurs si peu expéditive. Une bonne par* 
tie consiste en portraits d'hommes illustres parmi lesquels il 
s'en trouva d'une beauté singulière. Gérard Edelinck avoit 
succédé aux biens de Nanteuil, dont il avoit épousé la niepce, 
et il avoit en mesme temps hérilé de la réputation que celuy- 
cy avoit acquise dans ce genre d'ouvrages. Le roy de France 



luy avoit accordé la qualité de son premier graveur, et, le 
jour qu'il fut receu de l'Académie royale de peinture, on luy 
décerna dans la mesme séance le titre de conseiller de cette 
Académie, honneur que Ton n'avoit encore fait à personne (1). 
Gérard et Jean Edelinck avoient un troisième frère à qui ils 
avoient appris la graveure; mais, comme il y faisoit peu de 
progrès et qu'il luy survint d'autres occupations, il l'aban- 
donna de bonne heure. 

Il est à propos de remarquer que, pour éviter les redites, 
les pièces où l'on ne spécifiera pas le nom du graveur seront 
celles gravées par Gérard Edelinck, et l'on observera le con- 
traire à l'égard de celles qui le sont par son frère. 

— Le Déluge, gravé d'après Alex. Veronèse. Des tableaux 
du roy. Ce fut Gérard Edelinck qui le fit faire sous ses yeux 
par ses frères, et il l'a retouché en plusieurs endroits. — Jean 
Edelinck avoit entrepris de graver cette planche du Déluge; il 
mourut en y travaillant et la laissa imparfaitte. Gérard Ede- 
linck se chargea de la faire rachever sous ses yeux par son 
plus jeune frère, et il y donna ensuite luy-méme la dernière 
main (2). 

— La Ste Famille de Jésus-Christ, d'après le tableau de 
Raphaël d'Urbin, qui est dans le cabinet du roy. Gérard Ede- 
linck ne grava pas cette planche pour le roy, mais pour 
H. Colbert, et pour servir à une thèse soutenue par un de 
ses enfants; depuis M. Colbert la donna au roy et l'on effaça 
8es noms qui étoient au bds de la planche (3). 

— Jésus attaché sur l'arbre de la croix. Inventé et gravé 
par Fr. de Poilly. Gérard Edelinck travailloit pour lors auprès 



(1) M. Robert Dumesnil a donné son œuvre, t. VII, p. 169-335. 

(2) Calcographie du Louvre, n*^ â. 

(3) Robert Dumesnil, n^ 4; calcographie du Louvre, n? 190, 



de luy, et ce fut soas^ sa conduite qu'il grftTatdaiis e^tephn- 
ché les terrasses^ le ciel et le lointain. 

— SI Ambroke, pcnir le livre iwlitulé : Vie de St Ambroisef^ 
par Herman, à% Dezatter, t67S. St Bazite le grand et St Gré- 
goire de Nazianze, St Athanase en demy corps, d'après 
l.-B. de Champagne. — Pour les Vies de ces saints doeteurs^ 
imprimés chez mon oncle Dupuis, en 16..; ce libraire les 
vouloit faire graver à Pitau ; mais, n*étanl pas conveiHt de 
prix avec luy, Edelinek les grava (1). 

— St Etienne lapidé pafr les Juifs. Celte planche est gravée 
par p. Bfissarl, et il n'y a que la teste où G. Edelinek ait tra- 
vaillé. 

— Si François Xavier annonçant la foy aux Indiens, d'a- 
près Jérosme Sourley. La mesme pièce avee écriture; k 
mesme pièce avec dédicace où Ton a eflacé le nom d'Ede- 
linck. Les deux dernières ont cela de diflérence avec la pre* 
mière que la télé du saint est gravée par Fr. Poilly qni ref^ 
faça celle qu'Ëdelinck avoil fait auparavant, parce qu'elk 
n'estoit pas assez graciei^e ; on a assez de peine à en trouver 
de cette pièce sans lettre et où la teste du saint soit gvavéepar 
Edelinek. 

-^ La bienheureuse Catherine Adorne de Gènes, i àeœff 
dorps tenant un crucifix. Très-rare ; mon père Pavoit eu de 
l'eeuvre de M. Edelinek mesme (2). 

— Alexaiidre, ayant vaincu Darius, vient rendre visite à U 
famille de ce prince accompagné de Parmenion, d'après Mi* 
gnard. — Pierre Mignard, premier peintre du roy aprèsv la 
mort de Charles Le Brun, jaloux de la réputation que le la^ 
bleau avoil acquise à Le Brun son prédécesseur, voulut mon- 



(i) Robert Dumesnil, n» 23-îl. 
(â) tlobert numesnîl, n* f&7. 



M:5 

tt» e» peignaat cekiy-cy qu'il étoit capable de travailler sur 
le mesme sujet avec autant de succès, et, pour que rien ne 
manquât au parrallèle, il entreprit de faire aussy graver son 
tableau par Gérard Edelinck; mais celui-ci étant mort, la 
planche demeura imparfaite jusqu'à ce que Piecre Brevet 
l'eût rachevée dans Testât qu'elle est présentement (1). 

— Combat de quatre cavaliers, des premières manières, 
(F&près L. de la Finse. — Je préjuge que cette inscription, qui 
est au bas de la planche, se doit écrire L. de Vinci, et que 
e'esl une faute de l'écrivain qui a corrompu le nom du pein- 
tre. Ce sera assurément le tableau, dont il est fait mention 
dans la Vie de L. da Vinci, écrite par Trichet du Fresne, le- 
quel estoit pour lors aux Thuilleries. La description qu'il en 
donne est fort conforme à ce qui est représenté icy (2). 

— Statues de Versailles sur des piédestaux; gravées par 
G. Edelinck. — Ces statues sont présentement fort rares; il 
doit y en avoir, pour estre compleltes, quatorze. — Toutes 
ces statues sur des piédestaux sont gravées d'après Chaufou- 
rier. Ce sont des derniers ouvrages du sieur G. Edelinck ; 
il s'ea trouva à sa mort douze de gravées entièrement, et 
deux dont il n'a jamais été tiré une seule épreuve, et qui 
mesme n'estoient pas encore achevées de graver. Je scay cela 
de M. Cbaufburier qui est son gendre. Ces planches sont rares 
présentement, mais dans la suitte elles ne le seront pas selon 
toutes apparances. On les mettra au jour, elles sont au bureau 
chez M. de Cotte, premier architecte du roy (3). 

-— Casparus Bartholimus, fils de Thomas, âgé de 22 ans 



(I) Robert Dumosnil, n" 43. 

(S) Roberl Dumesnil, n" 44. — Voir sur vn dessein de Bubens, 
qui a servi de premier type à la gravure d'EdcUniCk, le journail la 
Lumière^ n" du 18 décembre, 1852. 

(3> Robert Diimosnil, n<» 49-53. Galcographie du Louvre, 
n<» 1269, 1273-4, lili^ i^(>, lâSa,, 1307.9. UIQ» 13i6. 



216 

en 1676, aDatomes professor, gravé en 1676 par J. Edelinck. 
Je crois y reeonnoître du travail de Gérard Edelinck. Pour 
un livre intitulé : Caspari Bartolin Thom. f. diaphragmatis 
structura nova, Bomae 1676. Bartliolini éloit à Paris pendant 
qu'on imprimoit son livre à Rome ; Tépître dédicatoire adres- 
sée à Gosme 111, grand duc, est datée de Paris, Galendas Fe- 
bruarii, anno 1676. 

— La Peinture et la Sculpture, accompagnées de leurs gé- 
nies soutenant le portrait de Pierre-Vincent Bertin, trésorier 
général de la chancellerie de France. Le portrait est d'après 
N. Largillière, et le reste des accompagnements d'après Ant. 
Goypel le fils. — Il résigna cette charge en 1687, et fut de- 
puis, à ce que je crois, trésorier des parties casuelles (t). 

— Jean-Paul Bignon, abbé de Saint-Quentin, à demy 
corps, d'après Lucrèce Catherine de la Roue. C'est M. Anisson 
qui l'a fait graver en 1700 (2). — Autre du mesme à my-corps 
dans un ovale, d'après Vivien. Cette épreuve est retouchée 
par J. Audran; l'on en trouve qui sont pures d'Edelinck; ce 
fut Monbard qui fit retoucher celte planche par J. Audran (3). 

— Emmanuel de la Tour d'Auvergne, cardinal de Bouil- 
lon (4), Charles-Maurice le Tellier (5), archevesque de Rheims, 
grands portraits gravés par Naoteuil et retouchés par G. Ede- 
linck. Ces planches tombèrent à Edelinck dans la succession 
qu'il eut de Nanteuil, et, pour les faire servir, il les retoucha. 

— Portrait de , femme de M. Nicolas Chauvin, maistre 

des comptes, à demy corps, dans un ovale; représentée en 
Ste Elisabeth. — Elisabeth Guillois, fille de Michel GuiUois, 



(1) Robert Dumesnil, n* 149. 

(2) Robert Dumesnil, n<> 151. 

(3) Robert Dumesnil, n° 150. 

(4) Robert Dumesnil, catalogue de Nauteuil, t. IV, n® 51 ou 52. 

(5) Robert Dumesnil, catalogue de Nanteuil, n<> 137. 



Îi7 

doyen du Ghaslelet et femme de .... Chauvin, mattre des 
comptes. La planche est restée dans la famille ; ce petit por- 
trait est rare (1). 

— L'Histoire occupée à escrire les actions héroïques de 
Louis XIV, accompagnée du Temps qui luy ayde à supporter 
le portrait de ce prince. Il n'y a que le portrait du roy et la 
teste de l'Histoire, qui est celuy de madame de Beaulieu, qui 
soient gravées par Edelinck, le reste Tétant par Loisel d'après 
Desmarets. — C'est la dédicace du Beaulieu; Reine de Beau- 
lieu, nièce du chevalier de Beaulieu et épouse de M. Des 
Roches, ingénieur du roy. 

— Philippe Evrard, avocat au parlement de Paris, d'après 
Tortebat ; dans un ovale; très-rare. On ne sçait ce qu'est de- 
venue la planche; c'estoit le chevalier Simon qui l'avoit fait 
graver ; mais jamais de son vivant il ne la put trouver chez 
luy, et après sa mort on ne la put pas non plus trouver ; on 
n'en connott que trois ou quatre épreuves. — Elle est présen- 
tement retrouvée ; M. Drevet l'a achetée (2). 

— Portrait de Renier de Graef, médecin hoUandois, gravé 

m 1666 , d'après H. Watelé. — C'est le premier ouvrage 

que le sieur G. Edelinck ait fait à Paris. Voici l'anecdote 

telle que me l'a racontée M. Chaufourier son gendre. Lorsque 

H. Edelinck arriva à Paris, il alla sur-le-champ chez son 

frère qui y étoit déjà, et, luy ayant demandé quels étoient les 

ouvrages qu'il avoit à flaire, il luy montra ce portrait qu'il 

alloit graver. Gérard luy dit d'aller faire préparer le souper 

et que pendant ce temps il travailleroit à sa planche , ce qu'il 

Ql, car, pendant le temps que Jean apprêtoit le souper, il grava 

entièrement la teste de ce portrait. 11 avoit pour lors 26 ans. 



(1) Robert Dunifsnil, n^ 167. 

(2) Robert Dumesnil, n"" 198. 



lit 

-^ M. Edelinek te fils et M. Wteoghels co&yieBMDè fos 
M. Edelinek^ arrÎTant à Paris, tTOUva soa frère occupé à gra- 
ver des testes dans une planche, et que, ayant sçu qu'il en 
avoit u» ëcu de chacune, il en grava deux dans le jour même 
de son arrivée, pendant que soa frère étoit occupé à donner 
ordre k sa réceptioo, et Tun et KMitre m'asseurent que ce iait 
leur a été raconté souvent par M. Edelinek même. Au reste, 
ce petit portrait de De Graef se trouve dans un livre de mé- 
deciiie de cet auteur, je pense imprimé à Paris (1). 

•— Portrait d'Innocent XII, dont il n'y a que la teste oà 
Edelinek ait retouché. — M. ChauCourier m'a dit qu'à Télee- 
tion du pape Innocent XII M. Edelinek trouva celte petite 
planche qui tratnoit chez luy ; A y donna quatre coups et la 
donnoit à vendre à ses enfants ; il ne veut pas que cetle pièce 
soit dans son œuvre. — M. Edelinek le fils m'a dit que son 
père, ayant appris sur les dix heures du matin la nouvelle de 
rélection du pape Innocent XII, remonta après le déjeuna 
dans sa chambre, et qu'il se mit sur-le-champ à graver en 
quatre coups te portrait qui fut achevé à midi> et je tiens cela 
pour vray. 

•^ Jean de la Fontaine de FAcadémie française, d'ai»ès 
H. Rigaud. Le tableau original, qui est d'une grande beauté, 
est cbez M. Goustard, conseiller au parLemeot, en 1730 (2). 

—-Le baron del Rink, Holandois, d'après A. Boonen. Uj 
en a des épreuves avec l'inscription. — C'est Gerbrand Vaa 



(i) Robert Dumesnil, n« 219. Nous tt'avons pu trouver de ee mé- 
decin qu'un livre inaprinaé à Varis« inlilulé : Triiité ie la nntwre 
du suc pancréatique.,» parRôjifnier de Graef, médecin Hollandais. 
Paris, OliviiT de Varenncs, 1666, in-18. L'exemplaire que nous 
avons vu n'avait pas de portrait; mais il peut ne pas avoir été mis 
à toute Todition. 

(2) Robert Dumesnil, n*^ 230. — >Yoyea plus ^Mit la otoâe sur 
Brevet, p. 122. • 



M9 

Leenwen, mmisfre de la R. P. R. à Amsterdam et non pas le 
baron del Kink (t). Voyez le portrdit de ce mesme homme» 
gravé par P. Schenck, d'après le mesme peintre, Ant. Boo- 
nen. J. Golel'a aussy gravé. 

— Un homme d'épée, chevalier de la Jarretière, dans un 
ovale, accompagné de trophées. Vignette avec cette inscrip- 
tion : Mars \n piœlio. Cette pièce est attribuée par quelques- 
uns au sieur Edehnck; mais elle n'en est pas sûrement; ellt 
est de L. Cossin. C'est lean^aspard-Ferdinand, comte da 
Marchin. Cette vignette se trouve à la teste du livre intitulé : 
le Miroir des nobles de Hasbaye (2). 

— Thomas Alexandre Morant, conseiller d'estat, maistre 
des requestes et intendant en Provence (Gallo-Provincia); 
gravé en 1685, d'après de Largilière. Ce portrait est rare ; la 
planche en est gfttée et ne peut plus imprimer. M. Drevet en 
est certain et me l'a asseuré (3). 

— Jean Mouton, célèbre joueur, jouant de la guitare — 
est-ce un luth ou une guitare (4) — c'est un luth — à demy 
corps, diaprés Fr. de Troyes. — D'après un des plus beaux 
tableaux qu'ait peints M. de Troyes. Il a été peint en 1690, 
Mouton étant pour lors âgé de 64 ans. J'ai vu ce tableau en 
1755, et j'ose dire que le plus beau tableau de Van Dyck ne 
me parott pas supérieur. 

— Philippe de France, frère unique du roy, duc d'Orléans, 
buste dans un ovale, armé d'une cuirasse, avec une écbarpe 
passée par dessus et un rabat de point ; quatre fleurs de lys 



(I) Robert DumesDÎl, n° 239. 

It) Miroir des nobles de Ha&baye, par Jacques de Hémrîcourt, 
mis du vieux en nouveau langage, par le sieur de Salbray. Bruxel- 
les, Henri Frirx, 1673, in-f». 

(3) Boben DumesniK n« 279. 

(4) Mariette par surcroîtr d'exaclitude avait deMlilè Ml nMîge 
rinsirument. — Robert DumeMil, n* 991. 



220 

disposées aux quatre coins de l'ovale. Ce portrait en petit, 
auquel on ne trouve aucuns noms d'artistes, est, à n'en point 
douter, de Gérard Edelinck qui le fit dans les premières an- 
nées de son arrivée à Paris, pour estre mis à la teste d'un 
petit livre de morale intitulé : La belle amitié ou le véritable 
amy (par P. Dalicourt). Paris, 1688, in-12. Ce petit ouvrage 
est dédié audit duc d'Orléans ; or, cet ouvrage qui est de très- 
peu d'importance, n'ayant pas été fort recherché, le petit 
portrait, qui estoit à la teste, est demeuré aussi dans l'oubly, 
et il est si rare que je ne Tavois veu ni n'en avois entendu 
parler jusqu'en 1733 (1). 

— Nie. Pinette, conseiller du roy en ses conseils et direc- 
teur de l'hôpital général de Paris, d'après Quenel. — J'en 
suis asseuré présentement; c'est l'abbé Quesnel que j'ay 
connu qui brocantoit des tableaux ; il estoit frère du père 
Quesnel (2). 

EDELINCK (jean). Au bas du portrait de Nie. Samson, 
gravé par Jean Edelinck, qui est chez le roy , M. Clément a 
écrit la datte 1679, et je crois que la cause qu'il n'a pas été 
tout à fait fmi, est la mort de J. Edelinck survenue dans le 
temps qu'il y travailloit. Je suis présentement asseuré que 
J. Edelinck mourut en 1680. 

— La Sle Vierge montrant la tunique de son fils, gravé par 
Jean Edelinck d'après J. B. de Champagne. Pour le livre : 
l'Histoire de la robe sans couture de N. S. qui est révérée 
dans l'église des Bénédictins à Argenteuil, imprimé à Paris 
en 1677. 

EDELINCK (NICOLAS), le seul qui reste des enfans de Gé- 



(i) Roberi Dumesnil, n° 286, qui le considère comme douteuse. 
(2) Robert Dumesoil, n^' 296, qui n'a pas pu indiquer le nom de 
Quesnel. — Voir dans ce môme volume, p. 46. 



221 

rard Edelinck est né à Paris en 1681. Une indolence impar- 
donnable l'a empêché d'exercer un art pour lequel il avoit 
d'heureuses dispositions. Son père croyant qu'en changeant 
de climat, il pourroit montrer plus d ardeur pour la gravure, 
à laquelle il le destinoil, l'envoya jeune à Munich, chez Am- 
ling, qui lui mit le burin à la main, et qui lui fit exécuter 
diverses planches. De là il passa à Venise, y fit connoissance 
avec le peintre Vleughels, et contracta avec lui une amitié 
qui ne s'est point démentie ; ils restèrent unis ; mais cela ne 
changea rien à la façon d'agir d'Edelinck pendant son séjour 
à Venise qui fut assez long. 11 ne grava que deux planches. 
11 vint ensuite à Rome où il travailla encore moins, et enfin 
à Paris où il ne fit plus lien du tout. Il y est mort d'une chute 
au mois de mars 1768, ayant 87 ans accomplis. 

— La Ste Vierge à demy corps tenant l'enfant Jésus en- 
dormi entre ses bras, gravé en 1708 par N. Edelinck, fils de 
Gérard ; il étoit pour lors à Venise, d'où il vint à Rome en 
1709 à la pension du roy ; il fit cette planche d'après un ta- 
bleau que l'on prétendoit être du Corrége, mais qui n'en 
estoit certainement point. Elle est fondue et assez bien. 

EGMONT (juste verus b') d'Anvers ; ce peintre, qui estoit 
excellent pour peindre les portraits, vint à Paris sous le règne 
de Louis XUI et y acquit une grande réputation. En efiect per- 
sonne n'estoit plus capable que luy de bien peindre une teste. 
J'en ai veu qui sont dignes de Van Dyck, tant elles sont pein- 
tes avec fraîcheur. Pour faire la cour au roy on asseure qu'il 
prit le nom de Juste, et depuis on ne le connut plus que sous 
ce nom là. 11 fut un des anciens conseillers professeurs de 
l'Académie, et, étant retourné à Anvers, il y mourut le 8 jan- 
vier 1674, âgé de 72 ans; car Corneille de Bie le fait naître à 
Leydeen 1602; il avoit étudié sous Rubens, qui, dans un 
acte juridique, du 19 août 1628, le fait servir de témoin avec 



Guillaume Panoells, aussi soo disciple. Voir GorDeiUe de Sk, 
p. 135. Uu'avoit donc pas encore mis ie pied en France, 
en 1628. 

Bom bourg, dans sa description sommaire des peintures 
qui sont à Lyon, dit que le tableau du grand autel des Jaco- 
bins de cette ville, repr&entant le baptême de N. S.» erst de 
Juste» peintre du grand Duc. 

EICHLËR (gottfried ou godefroi], peintre de portraits 
et d'histoire à Augsbourg, né en 1677, mort en 1759. Insc^rip- 
tion qui se lit au bas du portrait de cet artiste, qu'a gravé 
en 1772 G. P. Kilian. 

ELHZEIMER (AnAMo) étoit fils d'un tailleur de Francfort H 
seroit bon de traduire le peu que Van Mander en a écrit à la 
page 296 de ses Vies de peintres. 11 y dit entre auties choses 
qu'Elhzeimer estoit à Rome en 1604, âgé pour lors de 28 ou 
30 ans, ce qui confirme Tépoque de sa naissance rapportée 
par Sandrart. Descamps, t. \, p. 283, a écrit sa vie, et le fait 
mourir à Rome en 1620, âgé de 56 ans; il a voulu dire 46 ans. 
Je ne scais qui lui a fourni cette datte. Le Baglioni dit sim- 
plement qu'il mourut jeune sous le pontificat de Paul V, qui 
a fini en 1621. La femme qu'il avoit épousée à Rome étoil 
une Écossoise. Sandrart la trouva encore à Rome en 1632, et 
achetta d'elle un tableau de son mary. Ses ouvrages sont 
rares et se payent au poids de l'or. 

— Comme le père Orlandi appelle cet artiste Marco d'A^ 
damo Mlzheimer, Mariette ajoute : Autant de fautes que 4b 
mots. Cette marque ^, que voici mieux figurée, se trouve bien 
surnombre de planches qui ont été gravées à Anxvers, d'a- 
près le vieux Breugel. Mais ce n'est point celle d'Adam Jils- 
heimer qui n'a jamais rien fait de semblable. On croit que 
£'est la marque d'un marchand d'Anvers, .qui av^it les plan- 



ebes où se trouve la marque en question, qui se nomiBoît 
P. Miricenys ea?c,, qui lui-même a pu les graver. Je ne serois 
pas éloigné de le croire; d'autres la donn^at un P. Mur^ 
Utdj marchand d*e^mpes à Anvers. 

•*- L'ange Raphaël conduisant le jeune Tobie, et traversant 
a:vec kiy une rivière; gravé au burin à Rome, en 1608, par 
Henrj Goudt. Sandrart fait mention de ce tableau dans la vie 
d'Elsheimer. 

— Si Christophe traversant une rivière et portant sur ses 
épaules l'enfant J(^sus, gravé à l'eau-forle par J. V. Noordt. 
Ce graveur n'y a pas mis son nom ; mais elle est tellement 
semblable, pour la manière, à un paysage qu'il a gravé d'a- 
près Lastman, et où l'on trouve son nom, que je ne fais point 
de difdculté de la luy donner. 

— St Laurent dépouillé de ses habits de diacre pour estre 
martyrisé. Gravé à l'eau-forte par un maistre qui ne s'y est 
pas nommé, et que l'on croit estre Pierre Nolpe. Adam Van 
Frankfort inv. Je suis comme assuré qu'elle est de P. Nolpe ; 
«'est sa touche et sa manière. Ce tableau est cité tpar San- 
drart, vie d'Elsheimer. 

— Géphale ramassant des simples pour lâcher de guérir la 
malheureuse Procris qu'il vient de blesser. Gravé au burin 
par Magdelaine de Pass, et dédié par elle à Rubens. San- 
drart £ait encore mention de ce tableau. 

— Latone insultée par les paysans de Lycie qui sont méta- 
morphosés en grenouilles ; gravé par la même, et dédiée par 
elle à Nicolas van Bouckhorst , qui en avoit pour lors le ta- 
bleau. Sandrart en parle. 

— Deux petits paysages, où dans l'un est représentée une 
femme qui danse au son du tambour de basque, en présence 
de quelques satyres, et, dans le second, une aulre femme as- 
sise écoute un salyre qui joue de la flûte. Sans nom ni 
marque. Ce sont deux petits. morceaux fort jolis. Sandrart en 



224 

parle, et c'est luy qui dit qu'elles sont gravées par Elsheimer 
même. 

ELLE (FERDINAND] de Malines, l'un des plus excellents 
peintres de portraits qui ayent paru en France, vînt s'établir 
à Parib et laissa deux fils, Louis et Pierre, qui suivirent sa 
même profession ; comme leur père avoit acquis une grande 
réputation sous le nom de Ferdinand, ils se firent pareille- 
ment nommer Ferdinand, préférablement à leur nom de fa- 
mille. Louis Elle Ferdinand l'aisné naquit en 1612 et mourut 
en 1689. 11 étoit de l'Académie et l'un des premiers qui en 
avoit été receu. C'est de luy que l'on voit plusieurs pièces 
qu'il a gravées à Veau-forte, la plus grande partie d'après Tes- 
telin. L'on trouve de ses ouvrages de graveure avec la datte 
1644 et 1656. Il gravoit d'une manière assez moelleuse. Il 
avoit été de la religion, et par conséquent obligé de se retirer 
de l'Académie où il fut rétably après son abjuration. Son 
frère, Pierre Ferdinand, étoit aussy peintre ; il avoit le fonds 
de planches de son frère ; Louis eut un fils qui peignit aussi 
des portraits, et qui, s'étant retiré en Bretagne, est mort à 
Rennes le. . . (1). Il étoit comme son père de l'Académie. 

ELLE (louis). L'un des plus habiles peintres de portraits, 
qui aient paru en France, a été Ferdinand Elle. Il étoit de Ma- 
lines, et s'étant venu établir à Paris, il se fit appeller par son 
nom de baptême, préférablement à celuy de sa famille. Delà 
vint que ses enfants prirent aussy le nom de Ferdinand. 
Ayant embrassé la peinture, il leur étoit avantageux de pro- 
fiter du grand nom que leur père s'y étoit fait. L'aisné, qui 
se nommoit Louis, se distingua dans sa profession. Il entre- 
prit aussi de graver, et il le fit d'une manière assez moelleuse. 



(i) A Soixante-neuf ans, le 5 septembre 1717. Liste des acadé- 
miciens. Archives^ 1. 1, p. 370. 



325 

Outre ce qu'il grava d'après Testelin , qui est son plus consi- 
dérable ouvrage, il fit encore quelques planches d*après le 
Primatice, et d'après d'autres maistres. A son exemple, Sa- 
muel Bernard, qui étoit son parent, devint aussy graveur. 
Ferdinand luy en avoit montré la pratique, c'est ce qui 
fait que leurs manières ont une si grande conformité. Bernard 
excelloit à peindre en miniature, et il avoit un goût si excel- 
lent, que, lorsqu'il entreprenoitde copier à détrempe les ou- 
vrages des plus grands maîtres, il en rendoit parfaitement 
toutes les beautés. Ces deux maistres étoient de l'Académie 
royale de peinture, et du nombre de ceux qui en avoient 
commencé l'établissement. 

EMPOLl (JACOPO da). En 1588, lorsque la grande-duchesse 
Christine de Lorraine fit son entrée à Florence , on lui fit une 
magnifique réception et tous les peintres iravaillèrenl à l'envi 
pour enrichir de leurs peintures les décorations, qui furent 
placées en divers endroits de la ville. Jac. da Empoli fit aussi 
son tableau dont on voit l'estampe dans la description impri- 
mée de cette fête. 

ENGELBRECHT (Christian), graveur et marchand d'es- 
tampes à Ausbourg, y naquit en 1672 et y est mort en 1735. 
Son portrait gravé par S. Ch. Kilian, en 1772. 

ERRARD (CHARLES), nacquil à Nantes en 1606. C'estoit un 
des peintres les plus employés de son temps, à cause de la ré- 
putation dont il jouissoil ; cependant il avoit un goût extrê- 
mement lourd et pesant, qu'il avoit contracté en étudiant d'a- 
près les bas-reliefs antiques. Il fut un des premiers membres 
de l'Académie de peinture établie à Paris, et le Roi le choisit 
en 1666 pour estre directeur de l'Académie françoise établie à 
Rome. Cependant il ne paroissoit pas y être propre. De 

T. II. O 



jeunes disciples ne pouvoieot leceToir une boDoe éducatioa 
sous sa discipliDe, car I'od doit éTiter surtout de tomber daos 
le lourd, lorsque Ton commence à s'adonner à la peinture. 
Quoy qu'il en soit, Errard eut la direction de cette Académie 
jusques en 1672 qu'il revint en France. 11 retourna une se- 
conde fois à Rome en la mesme qualité en 1677, et il j mourut 
le 25 may 1689, âgé de 83 ans. 11 j ayoit longtemps qu'il es- 
toit directeur de l'Académie de Paris. M. Poussin ne l'estimoit 
pas, ainsy qu'on le peut Toir par la lettre qu'il écrivoit à 
Abraham Bosse au sujet des figures qu'il avoit dessinées dans 
le traité de peinture de Léonard de Vinci de l'édition de Pa- 
ns et qui estoient attribuées par quelques-uns au Poussin. 
Cette lettre se trouve dans un traité de Bosse intitulé.... (1). 

Gb. Errard s'estoit particulièrement attaché à peindre des 
ornements et il en avoit lait son principal talent. Le goût qui 
r^noit pour lors étoit d'en peindre dans tous les plafonds et 
les lambris des appartements, et il s'estoit enrichj à conduire 
de ces sortes d'atteliers lorsqu'il fut à Rome en qualité de di- 
recteur de l'Académie françoise. U dessina tout ce qu'il put 
trouver d'ornements antiques, et il en rassembla la plus ample 
collection qu'on eut jamais veue. Au lieu de former ces jeunes 
gens, dont il avoit la conduite, sur les ouvrages des no^illeurs 
dessinateurs et des meill^irs coloristes, il les assujetit trop à 
ce que l'anatomie, les proportions et les règles de l'art ont de 
plus servile, et il captiva ainsy tellement leur génie que ceux 
qui suivirent ses lecaos ne purent jamais depuis se délaire 
de la mauvaise éducation qu'il leur avoit donnée. 

— Recueil des plus beaux vases antiques qui sont à Rome 
ou aux environs, au nombre de douze, dessinés par Charles 



(1) Dans : Traité des pratiques géomé traies et perspectives enset" 
gnées dans l'enseignement royal de peinture, Paris, 1665, in-S", 
p. 128. 



Î27 

Errard, lequel est aussy Tinvenleur du sujet qui sert de fron- 
tispice à cette suite; le tout est gravé au burin par G. Tour- 
nier. La première feuille représente une femme assise dans 
un jardin orné de vases ; elle est appuyée sur un médaillon 
dans lequel est figuré le chiffre de la Reyne .Christine de 
Suède, cette suite luy ayant été présentée par Errard, aux 
dépens de qui elle fut gravée. Aussy y met-il C. Errard 
deU et exe. 

ERTINGER (françois), étoit peintre en miniature et gra- 
veur. 

— Epitaphe de l'épouse de Paul Sevin, dans Téglise de St- 
André-des-Arcs, à Paris ; le génie de Paul Sevin, peintre à 
Paris, représenté dans un médaillon ; gravé en 1688 d'après 
P. Sevin. 

ESPINOSA (gébosme], peintre de Valence, en Espagne, sur 
la fin du dernier siècle. D. Joseph. Garcia. 

EVERDINGEN (allart van). Les fables du Renard, en 56 
pièces, inventées et gravées à Teau-forte par Allart Van Ever- 
dingen. Il y en a parmy sept ou huit où la graveure à Teau- 
forte est alliée avec la graveure en manière noire ; ce sont des 
sujets de nuits, et cette manière fait un fort bon effet. Les 
sujets de la plus grande partie de ces fables sont tirés d'un 
livre allemand dont il y a une traduction latine sous ce titre : 
De admirabili fallacia et astutia Vulpecula Reinikes, auctore 
Hartmanno Schoppero, Francofurti ad Menum, 1567, 8». 
C'est une satyre, faite par un protestant, où les prestres ca- 
tholiques ne sont pas espargnés. On l'estime fort en Alle- 
magne. Je dis que les sujets de la plupart des fables gravées 
par Everdingen sont tirés de ce livre ; c'est qu'effectivement 
il s'en trouve quelques-unes dans la suite qui sont tirées d'É- 



228 

sope. Il y a au bas de la première dix vers hollandois ; mais 
Fauteur D*a mis ni son nom ni sa marque à aucune planche. 
Nous en avons une suite avant que les planches eussent été 
retouchées au burin , c'est-à-dire telles qu'elles sont sorties 
de l'eau-forte. Elles ont été retravaillées depuis au burin pour 
y mettre plus de propreté et même pour y donner plus d'in- 
telligence; car ce qui y a été fait paroît l'avoir été sous les 
yeux de l'auteur. 11 faut même avouer que les sujets de nuit 
en manière noire sont mieux traités. Mais aussi perdent-elles 
beaucoup de leur premier esprit, le travail au burin qui a été 
mis étant un peu froid. C'est ce qui fait que j'estime bien da- 
vantage la suite que nous avons. Elle est moins nombreuse 
que celle que l'on débite actuellement en Hollande. Celles-cy 
sont, comme je l'ay remarqué, composées de 56 planches; 
nous n'en avons que 53 ; encore dans ce nombre y a-t-il deux 
planches qui n'ont point servi. Il y en a en place deux autres 
qui ont été recommencées et qui représentent les mêmes su- 
jets. Ce sont celle du titre, qui dans notre suite est d'une 
forme un peu plus petite que toutes les autres planches de 
la suite, et la seconde, le renard chassé par des chiens et le 
chat monté sur un arbre. Les trois planches qui nous man- 
quent sont le lyon, l'ours et le renard, la danse de l'ours, le 
cheval qui, pour se venger du cerf, se laisse mettre un mors. 
— Elles me sont venues depuis. 

— Il y a du même auteur une suite de cent paysages de di- 
verses formes, les uns plus grands, les autres plus petits, tous 
gravés par lui-même d'après des desseins qu'il avoit faits 
d'après nature, la plus grande partie en Norwége. Aussi les 
sites et les fabriques en sont-ils fort extraordinaires et ne 
tiennent rien de tous les autres paysages que l'on a. Ce 
sont des roches couvertes de forêts et de mauvaises maisons 
bâties de bois. Il a mis à presque toutes les planches la 
marque A. V. E., et à quelques-unes son nom tout au long. 



229 

n y en a, dans le cours de ces planches, qui sont d'une ma- 
nière assez différente, et quelques-unes qui, ayant manqué 
à Teau-forte, ont été retouchées assez mal au burin. 11 
paroLst même que ces planches ont été négligées dans la 
suite, et il seroit à souhaiter que les épreuves qu'on en a 
fait tirer, lorsqu'on les a reproduites, eussent été mieux im- 
primées. Ce sont, à ce qu'on m'a assuré, les héritiers d'Ever- 
dingen qui les ont, de même que celles des fables, et ils les 
tiennent, dit-on, assez chères. La suite que j'ay veue n'étoit 
composée que de 97 planches ; on m'a assuré que pour que 
la suite fût plus complète, il falloit qu'elle fût composée de 
cent planches. — Huquier en avoit rassemblé 105, et dans ce 
nombre, il y en a quatre qui sont curieuses, ce sont des vues 
des eaux, je crois, de Spa (1). 

EVERDEYCK (corneille), peintre hollandois du dernier 
siècle, a réussi à représenter, ainsi que l'a fait Sneydre, des 
viandes, des poissons, des légumes et des meubles de cui- 
sine. C'est apparemment faute d'avoir vu de ses ouvrages que 
Descamps en a fait un peintre d'histoire. Il lui donne une 
naissance illustre de parents originaires de Tergou; je ne 
scais s'il est mieux fondé. 

FAGCHETI (piETRo). Il en est fait mention dans le livre in- 
titulé : Origine e progresso dell' Academia del disegno di 
Roma, p. 55 ; où il est nommé Pietro Facchetti Mantouano. 
Nous avons de ce peintre un portrait du pape Sixte V assis 
dans la chaire pontificale, gravé à l'eau-forte, tellement dans 
la manière de Bem. Passari que je l'aurois cru de sa gra- 
veure» si on n'y lisoit cette inscription : Pietro Fachetto For. 



(1) Voyez le catalogue de son œuvre dans Bartsch, t. II, p, 155. 



Fec. Mais que signifie cette première stDabe tar^ s'il est vtaî 
que cet artiste fût de Mantoue? . 

FACCINI (barthelemi], disciple de Sébastien Filippi,àqai 
le P. Orlandi a donné une place parmi les peintres de Fer- 
rare, ci-après, p. 97, mourut en 15T7, le 22 juillet, d'une 
chute qu'il fit de dessus l'échafaud qui lui avoit seryi pour 
peindre en clair-obscur les portraits des princes de la famille 
d'Est, jusques et y compris Alphonse n dernier duc de Fer- 
rare, sur les murailles des bâtiments qui entourent la grande 
cour du château de Ferrare. H étoit disciple de Sebastien Fi- 
lippi, au rapport du P. Orlandi. Cependant l'auteur de la 
description des peintures de Ferrare ne le dit point (p. 187), 
et c'est le seul endroit où il soit fait mention de cet artiste. 

FACGlNi (piETRo). La Vertu, représentée par une femme 
assise qui a près d'elle une trcHnpette, soutenant en l'air les 
armes du pape Clément YIII de la famille Aktobrandine. 
Cette pièce, grayée par Fr. Yillamena, est de l'invention de 
Pierre Faccini, élève des Carracbes; j'en ay vu le dessein ori- 
ginal chez M. Crozat. 

— Tout incorrects et tout incertains que sont les desseins 
de ce maître, on ne laisse pas que d'y apercevoir une idée 
du beau et un goût, qui ont mérité les éloges des Carraches. 
(Catalogue Crozat, p. 61.) 

FACHINETTI (josèph) de Ferrare, disciple d'Antoine-Félix 
Ferrari, et actuellement vivant, est, comme son maître, un 
peintre Quadrarista et rien de plus. 11 est fait mention de ses 
ouvrages, dont sont ornées les églises de Ferrare, dans la 
description des tableaux de cette ville, et de lui en particu- 
lier, p. 31. 



FAÎSTENBERGER (antoini), né à Inspruck, selon quelques- 
uns en 1678, et selon d'autres deux années plus tard, s'est 
formé sur les tableaux de paysage de Gaspre Poussin et sur 
ceuï de Glauber. Il les enrichissort volontiers de fabriques 
dans le goût antique, et quelquefois il y introduisoit des 
chutes d'eau. Comme il ne scavoit pas faire la figure, lors- 
qu'il en vouloit introduire dans ses ordonnances, il emprun- 
toit une main étrangère, et il a eu souvent recours à celle du 
yieux Bredal, peintre flamand. 11 a eu pour disciple un frère 
cadet nommé Joseph, qui comme lui s'étoit établi à Vienne 
en Autriche, oh Antoine est mort en 1720 ou 1722. Eelatr-- 
cissements historiques, p. 197. 

FALCK (jérémie), qui, sut plusieurs de ses gravures, sedit 
Polonoîs, est pourtant regardé par les Suédois comme un de 
leurs compatriotes, et ils se fondent non-seulement sur ce 
qu'il a beaucoup travaillé à Stockholm que sur ce que son 
nom est suédois. Il signifie dans la langue de ce pays un 
faucon. Ils disent au moins que, s'il est Polonoîs de nais- 
sance, il est Suédois d'origine. 

FALCONE (aniello), peintre napolitain, a eu la gloire non- 
seulement d'avoir servi de maître au célèbre Salvator Rosa, 
mais de s'être lui-même infiniment distingué dans le genre des 
batailles, et d'en avoir peint qui ne le cèdent point en beauté à 
tout ce qu'a fait de mieux le François Bourguignon. Il reçut les 
premiers renseignements de la peinture de l'Espagnolet, dans 
l'école duquel il fut admis dans son jeune âge, et ce fui par 
ses conseils qu'il se consacra à la représentation d'actions 
militaires, pour lesquelles son maître lui trouvoit d'heu- 
reuses dispositions. Quelques tableaux qu'il fit dans ses com- 
mencements furent vus par le clF Josepin, qui voulut con- 
noître l'auteur, et qui, l'ayant aidé de ses conseils, l'encou- 



ragea à continuer de s'y exercer, prit de ses ouvrages et 
commença sa répulation. Le Falcone, spadassin de profes- 
sion, se distingua dans la révolution de Naples, où Maso 
Aniello fut déclaré chef du peuple. Animé contre les Espa- 
gnols, dont il avoit reçu une injure, il associa à sa querelle 
ses disciples et plusieurs peintres, dont il forma une compa- 
gnie, qui prit le nom terrible de celle de la Mort. Pendant 
plusieurs jours, ils firent un horrible massacre de tous les 
Espagnols qu'ils rencontrèrent. L'émeute finie, ils sentirent 
leur tort, et la crainte d'être recherchés leur fit prendre à 
tous la fuite. Falcone se réfugia avec son disciple Salvator 
Rosa à Rome, d'où peu de temps après il passa en France. Il 
vint à Paris, où il fut accueilli, et trouva de fréquentes occa- 
sions d'exercer son talent. On prétend que M. Colbert s'en- 
tremit pour lui faire obtenir sa grâce, et que ce fut aux sol- 
licitations de ce généreux ministre qu'il dut la permission de 
retourner à Naples mener une vie plus tranquille, où il con- 
tinua de travailler avec distinction jusqu'à sa mort, arrivée 
en 1665. Il étoit né en cette ville en 1600. J'ai eu occasion de 
voir chez M. de Calvière et chez M. Lempereur quelques-uns 
des tableaux que le Falcone a dû faire dans le temps de son 
séjour à Paris, et j'avoue que, si je n'eusse pas été prévenu, 
je les aurois pris volontiers pour des productions de Sal- 
vator Rosa, tant j'y ai trouvé de sa manière. C'esl la même 
pâte de couleur, c'est la même finesse de touche, et je sous- 
cris volontiers à l'éloge qu'en a fait le Domenici, auteur de la 
Vie des Peintres napolitains, t. III, p, 70, et ne suis nulle- 
ment surpris qu'on Tait surnommé dans son paysTorocfed^s 
batailles^ et qu'il y tienne un des premiers rangs parmi les 
peintres de cette nation. 

FALENS (CHARLES van), né à Anvers en 1682, étoit venu 
s'établir à Paris, où il est mort en 1733. Il peignoit dans la 



manière de Wouwerman, et imitoit jusqu'à ses compositions. 
Ses tableaux ne sont pas sans mérite, mais ils se ressentent 
trop d'une imitation servile. Un des principaux talents de pet 
artiste éloil de copier à tromper les tableaux des peintres de 
son pays, et surtout c^ux du maître dont iL s'étoit rendu le 
sectateur. Il étoit aussi fort expert à raccommoder les ta- 
bleaux qui avoient souffert. Le duc d'Orléans, régent, lui fit 
faire la reveue des siens, et principalement de ceux qu'il 
avoit acquis de don Livio Odescalchi, et je mets cela au nom- 
bre des malheurs qu'a éprouvés la peinture; car cela ne s'est 
pu faire qu'en écurant les tableaux et aux dépens des glacis 
et des dernières touches qui, dans cette opération pressée, 
sont nécessairement obligés de disparoître. 

FÂRELLl (jAGOPo). Le chevalier Jacques Farelli, peintre 
napolitain, a dû naître à Rome, et l'on n'en doit pas douter, 
puisque celui qui lui a dédié le Guida di Forestière per, 
PtUeolo, de l'édition de 1697, le lui dit à lui-même dans l'é- 
pître dédicatoire qu'on lit à la tête du livre. Elève d'André 
Vaccaro, il fil, dans sa jeunesse et en concurrence avec Lucas 
Giordano, des tableaux qui étonnèrent et lui firent dans Na- 
ples un grand nom. Mais s'étant trop livré dans la suitte à 
une pratique vicieuse et toujours dangereuse pour ceux qui 
s'y laissent entraîner, et ayant eu, outre cela, la manie de 
vouloir peindre dans la manière pure et sage de Dominiquin, 
qui étoit diamétralement opposée à la sienne, il perdit ce 
qu'il avoit pu acquérir de réputation, et ne fut plus compté 
que parmi les peintres médiocres. Il avoit fait autrefois un 
voyage en Toscane, et le grand-duc Ferdinand II, qui régnoit 
alors, lui avoit fait un accueil des plus favorables. Il lui avoit 
fait peindre, dans le palais des Prieurs, à Pise, deux grands 
tableaux qu'on y voit. On compte, entre ce qu'il a fait de 
plus considérable, son tableau du Massacre des Innocens, que 



tS4 

possède te due de Sligliano, et les peinture» dottt il a enridii 
la mdgBifique galerie du duc d*Alri, à Atri, dans les AlmiZ'- 
aes. G'étoit son pmeipal protecteur : il lui fut lederaUe de 
la croix de Malthe, que lui conféra, en qualité de cb«r de 
grâce, le grandHnaltre Grégoire Carafia, et ee iut sans doute 
aussi au crédit de ce seigneur qu'il dut le gouvenieni^t de 
plusieurs villes du royaume, et surtout celui d'Aquila, dans 
TadministratioD desquels il fitparottre beaucoup de prudence 
et de vigueur. H laissa une fille peu avantagée des biens de 
te fortune, à qui il avoit mis le pinceau h la main» mais qui 
se distingua bien davantage par la beauté de sa vchx. Le Fa- 
relli, chargé d'années, mourut à Naples en 1706» âgé de ffî 
ans. J'ai un dessein d'étude d'enfant feit i^ la sanguine telte- 
ment dans la manière du ch^r Mathias, que je n'ai pas hésité 
de le lui attribuer. Quelqu'un qui vient de NdfAes m'a voulu 
persuader qu'il éloit du Farelli ; si cela est, il faut le regar- 
der comme un des plus fins dessinateurs, ce qui oe s^aceorde 
guère avec ce qu'on lui cofkûott de penchant pour la pratique 
licencieuse de son art, à laquelle on est obligé de convenir 
qu'il s'éloit livré à corps perdu. Yoy. le Domenici, t. 111, 
p. 457, et l'épttre dédicatoire à la tète du Guido di Fare^im 
dté au commencement de cet article. 

FARINATI (PAOLo), de Vérone, a fleuri dans le xvi® siècle, 
et, comme il avoit un génie des plus abondans, et qu'il ne 
cherchoit pas à épurer ses premières idées, il a rempli de ses 
ouvrages une infinité de lieux de l'état vénitien, et surtout sa 
patrie; sans avoir été le disciple de Paul Véronèse, sa ma- 
nière de dessiner et de composer tient beaucoup de celle de 
ce grand artiste, mais elle n'en a pas la finesse. 

— Ce maître a une plume fort légère, et il y a peu de 
peintres qui aient dessiné autant que lui, mais on voit qu'il 
ne peut rien faire que de pratique. 11 est parmi les Italiens 



«6 
ce que La Fage est entre les François. (Cat. Crozat , p. 78.) 

FASOLO (GiO.-ANT.). 11 faut écrire Fasuolo. Il est lait men- 
tion de \fA dans riWsloire de Vicence de Jacques Marzari, 
page 198, ei f on y apprend que sa mort arriva en 1S72. Ses 
ouvrages sont tout à fait dans le stjle de Paul Véronèse. Le 
BoscHnî, dans la description des peintures de Vicence, 
nomnoe tous les ouvrages de peinture que le Fasuolo a peints 
dans les lieux pubBcs de cette ville. Il l'appelle en plus d'un 
endroit singidare pitPore. 

11 a reçu la sépulture dans le couvent des Âugustins à Yi- 
œnce. L'on y lit dans le chapitre son épitaphe, que voici ; 
Joannis Antonii Fasoli pictoris eximii — Haeredumque suo- 
runa, — vixit an. 44 — obiit x Kalend. Septembris — annis 
157^. --> in sejHiltura posito — in Capitulo sancti Michaelis 
YicentisB. 

FALBE (joachim-^hârtim). J s F, marque dont se sert, pour 
se dés^er sur plusieurs de ses planches, Joachim-Martin 
Falbef peintre allemand, établi, ce me semble, à Berlin. 

FAUGUS (geokob), de ChÂteaudun, peintre de paysage de 
l'Académie royale, mort fou le 27 février 1708, renfermé aux 
petites maisons. J'ay vu un recueil de desseins qu'il avoit fait 
dans les accès de sa folie ou parmi mille extravagances. Il y 
avoît des morceaux de paysage dessinés d'assez bon goût ; c'é- 
toit en 1^4. Ge recueil, tronqué de toutes les obscénités dont il 
étoit rempli, est passé en Prusse, et il n'y a pas grande perte. 

FA VANNE (HMRi de] est mort à Paris le 27 avril 1752, âgé 
d'environ 83 ans. il avoit été reçu dans TAcadémie royale de 
peinture en 1704, et il en étoil recteur depuis 1748. Jac- 
ques 11^ vkA d'Angleterre, l'avoit fait son premier veneur. 



Cékfil a ffiaÊst ^ miÊaà pas sas eâde» mais qui n'a 



FAVmAV AnoflscL aé i luaoleC, piès Fuis, en 1710, est 
iSa^^r de M. <fe Tiof le fiK qui le conduisit afec lui à Rome, 
lorsfiill T fui «iiK«Tié OÉRclenr de rAcadémie de Rome. Il 
loi fit aroi/ one i4kif- de peKiomaiie dans celle académie, 
et pendant ce lRDp«-& FaTiar. dont le caïadère est très- 
fiCKiatle. fit oonnotâsance aver des chevaliers de Mallhe, qui 
renzasèrenl à peser av^ ein dans celle isle, el o^ fit sa 
fortune, fl ^ j fit aimer« ses ourraffes plurent, el le grand- 
maître Ta lait cfaeralier masislral. En celle qualité, il a fait 
ses caraTanes sur le Taisseau que M. le cfa«' de Rreteuil, au* 
jourd*buT ambassadetir de la rdigiou à Rome, avoit équipe 
pour iaire les siennes, fl peint le portrait, el il réussit princi- 
pakmenl dans de petits taUeaux où il représente des usages 
et des modes malthoiâes. La coefiure et Thabit des dames de 
cette isie a qudque chose de singulier, et qui ne contribue pas 
peu à rendre ces petits laMeaux agréables. On y reconnoît la 
façon de peindre de M. de Trov le fils, mais pourtant un pin- 
ceau plus lourd et qui n'a pas la même grftce ni le même 
attrait. 11 en a fait présenter quelques-uns à l'Académie pour 



(1) Il existe sur cet artiste une monographie particulière et très- 
curieose, dontYOici le titre : Mémoire pour servira la vie de M * de 
Pavanney peintre ordinaire du Roy, et recteur de rAcadémie royale 
de peinture et de sculpture. Paris, chez la veuve de D. A. Pierres, 
1753, ïn-H de 34 et 2 p. Elle est dédiée par un anonyme à 
M. Hulst; nos lecteurs trouveront d'ailleurs, dans les Mémoires 
inédits des Académiciens, une notice sur Oefavanne, provenant des 
papiers de Tancienne Académie, et qui n*est pas étrangère au mé- 
moire imprimé dont nous venons de citer le titre. Le Musée d'Or- 
léans conserve Tesquisse d'un de ses sujets pour la galerie de 
Chanteloup, et THÔtel-de-Ville de Versailles, jadis hôtel du Grand- 
Mattre, montre aussi de Defavanne une composition gracieuse. 



237 

y être reçu avec un autre plus grand tableau, dont le sujet est 
la cérémonie qui se célèbre annuellement dans l'église de 
Saint-Jean à Malthe, pour remercier Dieu de la délivrance de 
Tile et de la levée du siège que les Turcs avoient mis devant 
la ville. L'on y voit une assemblée nombreuse et fort bien 
ordonnée; l'intérieur de l'église, décorée de peintures du 
cer Mathieu, est exprimé avec vérité. Le tableau a plu, et 
Favray a été unanimement agréé et receû académicien sur 
les ouvrages qu'il a produits, le 30 octobre 1762. — Actuelle- 
ment (1762), il est à Constantinople; curieux de voir cette 
fameuse ville, il a profité de l'occasion que lui a fourni le 
renvoi du vaisseau appartenant au [grand seigneur, dont 
la chiourme révoltée s'étoil emparé et qu'elle avoit conduit 
h Malthe. Il éloit pourtant arrêté qu'aucun chevalier de 
Malthe ne monteroit sur ce bâtiment, que la France faisoit 
reconduire à Constantinople. Favray a si bien fait qu'il a été 
excepté, et que M. le chevalier de Vergennes, notre ambas- 
sadeur à la Porte, s'est saisi de Favray et l'a retenu, se char- 
geant de le faire trouver bon au grand maître. Favray a des- 
sein de faire à Constantinople ce qu'il a fait à Malthe, d'y 
peindre les usages du pays, de faire ce qu'a fait avant lui 
dans cette ville Van Mours, et, comme il le surpasse de beau- 
coup en talents et que les sujets sont intéressants, il ne peut 
manquer de faire des ouvrages qui plairont. 

— La guerre qui s'est allumée entre la Porte-Ottomane et la 
Russie a déterminé Favray de quitter Constantinople, et dans 
cette année 1771 il se trouve à Marseille, d'où il compte se 
rendre à Malthe pour y passer le reste de ses jours. 

FEDINI (gio). Ce peintre florentin n'est connu que par une 
comédie de sa façon, qui a été imprimée sous ce titre : Le 
due Persilie, comedia [in prosa] da Gio : Fedini, Piltor Fio- 
rentino, in Firenze, Giunti, 1583, in-S® coU' ritratto dell' au- 



tore. Otle comédie fut représentée à Florence en 1582, en 
présence de la cour, et elle a été dédiée par l'auteur à Pierre 
Conti , secrétaire du grand-duc. Il étoit contemporain du 
Vasari, et il iaut croire qu'il ne s'étoit pas illustré par ses 
ouvrages de peinture, puisque cet auteur n'en a fait aucune 
mention. Il n'a pourtant oublié presqu'aucun artiste florentin. 

FEUBIEN (A5DRÉ), sieur des Âvaux, historiographe de 
France, garde des antiques du roi, et de l'Académie des ins- 
criptions, est connu par beaucoup d'ouvrages qui sont sortis 
de sa plume, et qui lui ont fait une réputation. Un des prin- 
cipaux, qui lui donne droit dans celui-ci, sont ses Entretiens 
sur les vies des Peintres. 11 le conçut étant à Rome, où il avoit 
accompagné en 16.. M. de Fontenay-Mareuil, ambassadeur de 
France auprès du saint-si^e, et de retour à Paris il y donna 
la dernière main : j'ai son premier canevas qui prouve ce que 
j'avance. Pendant son séjour à Rome il connut le Poussin, se 
lia d'amitié avec lui, et devint de ses grands admirateurs. Son 
livre sur les Vies des Peintres est en quelque façon un monu- 
ment élevé à la gloire de ce iameux artiste, et cela l'engagea 
dans des querelles avec les fauteurs de la couleur, et princi- 
palement avec M. de Piles, qui, zélé partisan de Rubens, 
portoit peut-être un peu trop loin cet enthousiasme à cet 
égard. M. Felibien, né à Chartres et concitoyen de M. Ni- 
cole, p)ensant comme lui, étoit un de ceux qui formoient la 
bande de ce qu'on appeloit les messieurs de Port-Royal. Cela 
a fait croire que ses entretiens avoient été revus pour le style 
par M. Nicole, ce qui n'est pas un fait hors de vraisemblance. 
On les trouve un peu diffus, et les écrits de Nicole ne sont pas 
exempts de ce défaut. Felibien, que M. Golbert employa 
toutes les fois qu'il étoit question d'écrire quelqu' ouvrage de 
l'art ou de donner la description de quelque fête royale, a 
lait presque tout ce qui a paru dans ce genre sous cet heu- 



n9 

reui ministère. M. Colbert avoit jette ies yeux sur lui pour 
&ire rhisioire des bàiimeots royaux, et Felibien commença 
par ceux qm sont aux environs de la Loire. Je Tai en ms., et 
ne crois pas que l'ouvrage ait été porté plus loin (1). Son 
fils, FelibieB des Avaux, devoit le continuer, mais c'étoit la 
paresse même, et il n'y songea jamais. U le pouvoit d'autant 
(dus aisément qu'il étoit dépositaire de tous les matériaux 
que son père avoit rassemblés, et en particulier de tous les 
extraits concernant les dépenses des bâtimens du roi, qu'il 
avoit liait extraire des comptes étant à la chambre des comptes 
de Paris, et c'est encore un ms. en plusieurs vol. que j'ai eus 
après sa mort. Felibien le père, qui étoit né à Chartres en 
1619, est mort à Paris le 11 juin 1695. 

FËNZONi (Fiaïuu]. Feraù Fanzone, o da Fa^aza. Son nom 
étoit Fenzoni, et sa patrie la ville de Faenza dans la Homagne. 
G*étoit un assez beau génie, et qui tire au grand dans ses or- 
donnances. Sa manière a beaucoup de celle du cavalier 



(1) Cet ouvrage dé Felibien existe aux manuscrits de la Biblio- 
thèque impériale ; Vjm des exemplaires, plus beau et orné de 
quelques dessins lavés, portait le no 8427 * ; Tautre, avec le môme 
numéro, quoique faisant partie du fonds deBaluze,estpliis simple, 
mais identique quant an texte ; e'est un in-8° de 64 feuilles, avee 
la date de 1681. Les châteaux, dont parle Fauteur, sont Blois, les 
Montilz, Chambord, Montfraud, Chenonceaux, Chaumoni-sùr- 
Loire, Montricbard, Gheverny, Ménars. A la fin est un mémoire 
sur les carrières des environs de Blois, et la qualité des pierres 
employées dans les bâtiments dont il est ci-devant parlé, mémoire 
dans lequel se trouve une dissertation sur la pierre employée dans 
le clocher de Chartres. Quoique très-insuffisant, comme tout livre 
d^'archéologie écrit à cette époque, il n'en offre pas moins des 
documents nouveaux et précieux en assez grand nombre pour 
mériter d'être publié, et il le sera prochainement par Vnn de 
nous, qui en a déjà exécuté la copie. On peut voir un extrait de 
Tartielede Cîiévemy dans les Peintres provinciaux^ 2« vol., article 
de Jean Mosnier, de Blois. 



240 

Vanni, mais elle n'est ni si gracieuse, ni si naturelle. Vanni 
dans sa simplicité ne laisse pas d'être fort maniéré, celuinci 
Test bien davantage; sa manière de drapper est sèche et sent 
ie carton, ses figures nues tombent pareillement dans une 
extrême sécheresse; mais ses compositions sont riches el 
neuves, elles sont remplies de verve, et, en général, le Fen- 
zoni n'est pas un peintre à mépriser. Il y avoit, dans les des- 
seins de M. Crozal, les deux desseins du serpent d'airain el 
du St François aux pieds de la Ste Vierge, dont on a des es- 
tampés gravées par Villamena. La manière spirituelle avec 
laquelle ils sont exécutés m'a laissé une idée fort avantageuse 
de ce peintre. Ces deux desseins étoient assez conformes pour 
l'exécution à ceux que l'on connoist du cavalier Vanni, et 
qui sont au crayon. Au reste, je suis étonné qu'aucun auteur 
n'ait fait mention de ce peintre. Il n'en est parlé que dans le 
Scanelli, encore assez succinctement. Cet auteur fait mention 
des différents ouvrages que Fenzoni a faits à Rome, à Todi, 
à Césène, à Forli, à Ravenne, et surtout à Faenza qui est le 
lieu où il a le plus opéré. Comme il avoit une grande faci- 
lité, il a produit quantité de grands ouvrages, et il y a appa- 
rence, puisqu'on n'en voit point dans les cabinets, qu'il a 
toujours été occupé à travailler en grand et pour des églises. 
Il étoit outre c^la fort laborieux, et sa vie a été très-longue 
puisqu'il s'en est peu fallu qu'il n'ait vécu un siècle. Dans 
ses derniers jours, accablé de vieillesse, el ne pouvant-plus 
soutenir le pinceau, on le trouvoit continuellement occupé à 
dessiner, tant son amour pour la peinture étoit grand. Il sou- 
tenoit aussi son état avec noblesse, et c'est un des peintres qui a 
fait le plus d'honneur à sa profession. Voy. Scanelli, p. 202. 

FERABOSCO [jérome]. L'auteur de la description des pein- 
tures de Padoue revendique ce peintre, et veut qu'il soit né 
à Padoue. 



241 

F£RG (FRANÇOIS), peintre allemand, qui étoit établi en 
Angleterre. Son talent le porloit à peindre de petites flgures, 
et il a gravé quatre planches de caprices où l'on trouve la 
marque F. F. 

FERGIONI (bernardino) est né à Rome, en 1675. Il passa 
toute sa jeunesse dans Tétude des belles-lettres, et ne com- 
mença à se donner à la peinture qu'à Tâge dé vingt ans. Il 
fit quelques copies d'après des tableaux du Guercbin, duGa- 
labrèse et de TEspagnolet, dont la manière luy plaisoit, qui 
furent veues par Roos, peintre d'animaux, et sur cet échan- 
tillon ce dernier lui conseilla de s'attacher au même talent 
que lui, sûr d'y réussir. Un voyage, qu'il fit en Toscane, le 
conduisit à Livourne, où il se lia d'amitié avec M. Atto, ex- 
cellent peintre de marines; les tableaux de ce peintre firent 
une si forte impression sur lui, qu'il résolut dès lors de pein- 
dre de semblables sujets ; il se mit pour cela à faire des études 
particulières de vaisseaux et de toutes sortes de bâtiments, 
et, étant revenu à Rome, il y a paru avec éclat, et s'est telle- 
ment distingué que ses tableaux de marines ont été mis au 
rang de ceux de Salvator Roza et de M. Atto. Il vivoit encore 
en 1717. Mss. de Pio. 11 se nomme Bernardin-Vincent Fer- 
gioni, suivant l'inscription de son portrait dessiné qu'avoit 
M. Grozat, et qu'avoit fait faire le s' Pio. 

FERl (gio-battista). M. Strange parle fort avantageuse- 
ment de trois tableaux de paysages qu'il a rapportés de son 
voyage d'Italie, et qui sont peints, à ce qu'il prétend, dans 
le style de Claude le Lorrain. Les sites en sont pris dans le 
royaume de Naples, et le peintre est lui-même Napolitain. 
Voyez la description des tableaux appartenant à M. Strange, 
page 39. 

T. n. V 



242 

FERNANDO (fbangesco) de Milan a peint des animaux et 
des paysages, et, comme il étoit attaché au cardinal Impérial! , 
qui lui avoit accordé un logement dans ses palais, il substitua 
à son nom celui de cette éminence, et ne fut plus connu que 
sous le nom de Francesco Imperiali. Il nacquit en 1679, sui- 
vant l'inscription qui accompagnoit son portrait, dans le re- 
cueil de desseins qu'avoit formé à Rome Nie. Pio, et qui a 
passé depuis entre les mains de M. Crozat. 

FERRAND (jacques-phiuppe), peintre en émail, né à Joi- 
gny en 1651, élève deiP. Mignard et de Samuel Bernard; 
mort à Paris en 1732. 

FERRARI (antodœ-félix), néàFerrareen 1667, s*est dis- 
tingué, de même que François Ferrari son père, dans le talent 
de peindre Tarchilecture et les omemens. On peut même dire 
qu'il le surpassa, et il ne faut pour s'en assurer qu'entrer 
dans l'église de Saint-George aux faubourgs de Ferrare. L'in- 
térieur en est peint par lui, et la décoration d'architecture, 
dont il l'a embelli, paroît être réellement de relief. Il faut y 
mettre la main pour se convaincre du contraire. Venise, 
Udine, Padoue et Ferrare sont les villes où l'on voit le plus 
grand nombre de ses ouvrages. Il est mort dans sa patrie, en 
1720, Agé de 52 ans. — Descri. dette pill. da Ferraray p. 81 . 

FERRARI (FRANÇOIS), né à Ferrare, le 25 janvier 1634, est 
le premier qui ait apporté dans Ferrare l'art de peindre de 
l'architecture et des ornemens sur les murailles de façon à 
iiaire illusion; c'est ce que les Italiens appellent piUare di 
qaadratwray genre de peinture dont les Bolognois sont en 
possession, et dans lequel il a paru parmi eux des hommes 
excellents. Il faut croire qu'avec ce talent il avoit celui de 
peindre supérieurement des scènes de théâtre, et c'est ce qui 



3A3 

le fit appeler à Vienne par Tempereur Léopold, à l'occasion 
du mariage de Tarchiduc Joseph. Son ouvrage ternainé, il 
reçut des mains de sa majesté Joseph une médaille d'or et 
une récompense proportionnée à ses travaux. On ne fut pas 
moins content de lui à Venise, à Ravenne et à Forli, où il eut 
occasion de s'exercer. Retourné dans sa patrie, il y mourut 
le 23 décembre 1708, âgé de 74 ans. Descri. délie pitu di 
Ferrarm, p. 30. 

FERRARI (luc), plus connu sous le nom de Luc de Reggio, 
ville qui lui a donné la naissance, a beaucoup travaillé à Pa«> 
doue ; les églises sont remplies de ses ouvrages, où Ton re- 
connoit, dit-on, le caractère du Guide, dont il étoit l'élève. Il 
florissoit au milieu du x\u^ siècle. Le Rosetti, Pitture di Pa- 
dova, p. 61, en parle avec éloge. 11 avoit, s'il faut l'en croire, 
un dessein correct ; il drappoit bien ses figures et leur don* 
noit de l'expression. 

FËRRÂTA (ercole), né à Pelsotlo, dans le diocèse de Corne, 
en 1610, mourut à Rome, le 11 juillet 1686. Il avoit été en- 
voyé dans sa première jeunesse à Gennes, où on lui apprit 
seulement à tailler le marbre. Il s'en dégoûta, passa à Naples ; 
il y trouva de meilleures occasions de s'exercer, mais, cela ne 
le satisfaisant pas encore assez, il vint à Rome^ et, y travaillant 
sous le Remin et sous l'Algarde, il devint un des plus habiles 
sculpteurs et des plus employés qui fussent alors. Il coupoit 
très-bien le marbre, mais il n'avoit presque aucune pratique 
du dessein, peu d'invention surtout, de sorte que^ lorsqu'il 
commençoit quelque ouvrage, il en faisoit assez ordinaire- 
ment faire la première pensée par quelqu'un de ses disciples, 
se réservant d'y faire pour l'améliorer les changemens qu'il 
y jugeoit nécessaires, et cette pratique lui a souvent réussi. 
11 n'auroit pas eu besoin d'aller ainsi à l'emprunt, s'il avoit 



reçu une meilleure éducation, et Ton voit par cet exemple 
combien il est nécessaire de faire de bonne heure de bonnes 
études. Voyez ce que Pascoli a écrit. 11 a donné la vie de ce 
sculpteur et le détail de ses principaux ouvrages. Peu de 
gens ont eu plus de talent pour bien restaurer les statues an- 
tiques. Le grand duc Cosme IH se servit de lui et lui en a 
fait restaurer plusieurs, entre autres une statue de Vénus 
qu'on s'imagine être un ouvrage de Phidias. Il n'y avoit que 
le torse. Ferrata a suppléé ce qui y manquoit, et son ciseau 
s'assortit fort bien avec celui du sculpteur grec. Voyez la pré- 
face, p. XI et l'explication des statues de Florence, p. 38, où 
il est fait mention de cette restauration. 

FERRERI (ANDRÉ), né à Milan, le 28 février 1673, s'est con- 
sacré à la sculpture qu'il a appris sous Joseph Mazza, célèbre 
sculpteur de Bologne. Étant venu à Ferrare pour y exécuter 
les sculptures qui décorent la façade de l'église de Saint-Do- 
minique, il y fut si bien reçu, et les ouvrages lui vinrent en 
si grande abondance qu'il se fixa pour toujours dans celle 
ville, où il est mort le 13 juin 17M. S'il n'a pas surpassé le 
Mazza son maître, il l'a presque égalé, et, pour le prouver, il 
ne faut que jeller les yeux sur les sculptures qu'il a faites en 
concurrence dudil Mazza dans l'église de Sainte-Marie-de-la- 
Consolation. Le marbre, le sluc, la terre, le bois, toutes ces 
matières ont été employées par lui, et avec un égal succès. 
11 a laissé un fils nommé Joseph, qui montroit d'heureuses 
dispositions, mais qui n'a pas voulu les mettre à profit, et un 
élève nommé Pierre Turchi, actuellement vivant. Pitiure di 
Ferrara, p. 34. 

FERRETTI (Dominique), peintre florentin qui est mort de- 
puis peu de temps (j'écris ceci en 1769), étoit en réputation 
d'un habile artiste. Il avoit étudié sous Félix Torelli à Bolo- 



245 

gne, et la femme de ce dernier, Lucia Casalini Torelli, a peint 
son portrait. Voyez le supplément au livre : Felsina pittrire, 
dal can^° Crespi, p. 247. U a fourni les desseins de quelques- 
unes des planches qui ont été gravées pour une édition du 
bréviaire fait à Florence, et les compositions en sont heu- 
reuses. Le Ferretti ne se nommoit point Vincent, mais Jean- 
Dominique. C'est ainsi qu'il est nommé au pied des deux 
morceaux qui ont été gravés sur ses desseins pour le bré- 
viaire imprimé à Florence. Il n'est pas nommé autrement 
sur son portrait et dans l'abrégé de sa vie, qui vient de pa- 
roître dans la première partie du 2® volume des portraits des 
peintres peints par eux-mêmes, qu'a publié en 1766, l'abbé 
et graveur Ant. Pazzi. On y apprend que le Ferretti, né à Flo- 
rence, le 15 juin 1692, étoit vivant lorsqu'on écrivoit sa vie. 
Le chan" Crespi annonce sa mort, arrivée depuis assez peu 
de temps à Florence, et, comme son ouvrage est postérieur de 
trois années à celui de Pazzi, il se peut faire que le Ferretti 
soit mort dans cet intervalle ; mais il n'en faut pas moins cor- 
riger la faute qui est échappée à l'auteur bolognois au sujet 
du nom de baptême de notre artiste. 

FERRONI (^bome) a été un des disciples de Carie Maratle, 
mais qui, au sortir d'une aussi bonne école, est demeuré un 
peintre fort médiocre. C. Maratte lui fit graver plusieurs de 
ses desseins, et ne dut pas en être fort content. Il se retira à 
Milan, qui, je crois, étoit sa patrie. M. Crozatavoiteu dessein 
de l'employer à graver les plus beaux tableaux de cette ville, 
et il débuta par le St Paul du Gaudenzio ; mais il en fit une 
planche si mauvaise que, tout prévenu qu'étoit M. Crozat 
pour les Italiens, après avoir reçu deux ou trois autres plan- 
ches tout aussi mal exécutées, il renonça à son entreprise et 
ne voulut plus le faire travailler. Il avoit le défaut de mettre 
dans son travail une pesanteur insuportabie. 



2&6 

PETI (domenigo). La sœur du Feti se nommoit Lucrina et 
se fit religieuse dans le monastère de Sainte-Ursule à Han- 
toue. L'on y voit plusieurs de ses tableaux, sur quelques-uns 
desquels son habile frère n'a pas dédaigné de mettre la main. 
Voyez Cadioli , descriz. délie Pitture di Mantova , p. 71 et suiv. 

— Dam le catalogue Tallard^ Mariette a ajouté au n» 26 : Za 
vie champêtre, caractérisée par une femme assise filant sa que- 
nouille, et accompagnée de deux en fans, etc., achetée 1310 Itt). 
par M. Stogenoff, la note suivante : J'ay trouvé un homme à 
la vente, qui se disoit a^oir esté grand ami de M. de Coimery, 
et qui prétendoit que ce tableau n'est qu'une copie, que Van 
Fallens avoit laite pour ce curieux avec toutes les précautions 
de quelqu'un qui veut imposer. Je ne veux pas assurer que 
cela soit vray ; mais il est constant que le tableau est d'une 
louche bien molle pour estre du Feti. 

FIALETTI (oDOARDo). On voit beaucoup de desseins d'O- 
doard Fialetti, faits avec la plume de roseau. 

FIDANZA (paul). Le cardinal Silvio Valent! vouloit faire 
graver de nouveau les peintures de Raphaël au Vatican, et il 
avoit fait choix pour cette entreprise d'un nommé Paul Fi- 
danza, qui a commencé par graver le Parnasse et la messe de 
Bolsene. Il a fait très-sagement de ne pas aller plus loin. Ce 
qu'Aquila nous a donné est bien mauvais; les nouvelles plan- 
ches sont encore pires. On ne peut pas plus mal dessiner, et 
la gravure est d'un homme qui n'en a pas la moindre prati- 
que, ni qui puisse jamais l'acquérir. 

Ces deux planches ont paru à Rome, en 1753, sous les 
auspices du cardinal Valent! auquel elles sont dédiées, et se 
vendent à la calcographie de la chambre apostolique. Elles 
sont h peu près de même grandeur que celles d'Aquila. Que 
le sort de Raphaël est malheureux 1 faut-il que ce qu'il a fait 



247 

de plus beau, et ce qui méritoit le plus d'être conservé à la 
postérité, tombe deux fois de suite entre les mains de gra- 
veurs ignorans, et que les habiles graveurs s'endorment et 
laissent périr des morceaux qu'ils regretteront, lorsqu'il n'en 
sera plus temps, d'avoir trop négligé I 

FIGINO (ambrogio) a été disciple de Paul Lomazzo, et, à 
l'imitation de son mattre, il s'est plu à cultiver les muses, et 
a mérité d'occuper une place sur le Pâmasse. C'est ce qu'a 
fait remarquer le GigU dans son poëme délia Pitiura trùm^ 
fante. 

FIGURINO da Faenza, peintre, disciple de Jules Romain. 
Vasari en fait mention dans la vie de ce dernier , t, II, p. 342, 
ediz. di Bolog,, et dans la première édition faite à Florence 
en 1550, p. 893, t. Il, et dit que Figurino mourut avant Jules 
Romain, et que sans cela, il auroit fait revivre son maistre 
par ses excellens ouvrages, aussi bien que Rinaldo de Man- 
toue qui mourut jeune, et aussi avant Jules Romain. Je ne 
sais pourquoy Vasari a supprimé cette particularité dans sa 
seconde édition. 

FILIPPI (jACQUBs) de Ferrare, peintre d'architecture et 
d'ornement, et disciple d'Ant.-Félix Ferrari, vit dans sa patrie. 
L'Italie, et surtout la Lombardic, regorge de ces sortes de 
peintres qui trouvent de l'ouvrage, et qui n'en sont pas pour 
cela plus dignes qu'on en fasse mention. Peint, de Ferrare, 
p. 31. 

FILIPPI (césar) de Ferrare, fils de Camille et son élève, n'a 
guère été occupé qu'à peindre des omemens appelles jttH 
tesche par les Italiens, et les têtes d'enfans qu'il y introdui- 
soit étoient supérieurement belles. Voilà tout ce qu'on peut 



243 

dire à son avantage; car, du reste, c'étoit un pauvre peintre; 
c'est ainsi qu'en jugeoitle Bononi, habile peintre et son com- 
patriote. Descriz. délie pitture di Ferrara, p. 16. 

FILIPPI (bastiano), surnommé Bastianino, né à Ferrare 
en 1532, fut initié dans les premiers principes de son art par 
Clément Filippi son père. 11 n'étoit âgé que de 18 ans lors- 
qu'il entreprit le voyage de Rome, et Michel-Ange Buonarota 
le reçut dans son école. Il devint l'imitateur de la terrible 
manière de dessiner de ce grand artiste ; mais il la sçut adou- 
cir dans ses tableaux, et il mit un tel accord dans ses teintes 
que ses figures neuës semblent peintes d'un seul coup de pin- 
ceau. Il étoit dans l'usage de couvrir ses figures de draperies 
si légères qu'elles laissoient voir le nud comme s'il fût de- 
meuré à découvert. Il mourut le 26 août 1602, et il fut in- 
humé dans l'église de Sainte-Marie in Vado, dans le même 
tombeau qui renfermoit les cendres de son père. Le Bononi 
le met au-dessous de Camille, et lui reproche d'avoir fait des 
figures qili n'avoient aucune consistance, et qu'on peut défi- 
nir de vrais transparens. — Descriz. délie pitture di Ferrara, 
p. 5. — Il étoit dans toute sa force en 1517; ce fut dans cette 
année qu'il peignit à fresque, au fond du chœur de l'église 
cathédrale de Ferrare, un jugement universel, ouvrage qui a 
presque disparu par la malhabileté des peintres qui, sous 
prétexte de le netoyer et s'imaginant que la peinture étoit à 
l'huile, l'ont presque entièrement effacé. — Ibid., p. 40. 

FILLOEUL (pierre), fils de Gilbert. 

FINELLI (julien), sculpteur, a travaillé sous le cavalier 
Bernin ; il manioit le marbre avec une liberté surprenante; 
une grande partie des statues de bronze, qui sont dans la 
chapelle de Saint-Janvier ou du Trésor, à Naples, sont de luy. 



249 

Les deux lions de marbre blanc, qui soutiennent le rétable 
d'autel de la chapelle Filamarini, dans l'église des SS. Apos- 
Ires à Naples, sont encore un de ses ouvrages, et le travail en 
est d'une beauté singulière, de mesme que le buste de Michel 
Ange Buonaroti le jeune, qui se conserve à Florence dans la 
maison de sa famille, il y a aussy plusieurs de ses ouvrages 
à Rome, rapportés par l'abbé Tili, qui apprend dans la table 
de son livre que Julien Finelli étoit de Carrare. Baldinucci le 
met au nombre des élèves du cav Bernin. — Vita del cav. Ber- 
nino, p. 81. — Le Domenici, auteur des Vies des peintres na- 
politains, a écrit celle de Finelli. 

FINiGUERRA (maso). Cette marque Z. A. se voit sur une 
estampe ancienne, gravée dans la manière de celles qui l'ont 
été par le Pollajolo, et, s'il falloit s'en rapporter à ce que m*a 
écrit autrefois le chevalier Gaburri, ce seroit un ouvrage de 
Maso Finiguerra; o^r il vouloit me persuader que, sur plu- 
sieurs desseins dudil Finiguerra, qui se trouvent dans la col- 
lection du grand Duc, il y avoit ce même chiffrez. Je le veux 
croire ; mais je n'en suis pas pour cela plus convaincu que le 
morceau, quoyqu'une des premières productions de la gra- 
vure en Italie, appartienne au Finiguerra. Le père Orlandi 
donne cette marque à un Zazingeri ou Martin Zinkius, et y 
rapporte la marque {n» 10 de sa tav. A) ; mais c'est une con- 
jecture hazardée, et à laquelle je n'ajoute aucune foi. — Le 
signe qui précède la lettre A est un Z, cela est indubitable. 11 
m'est passé entre les mains une autre pièce du même maître 
qui est une Judith où la marque étoit ainsi figurée Z. A. 

FINSONIUS, né dans les Pays-Bas, fleurissoit au commen- 
cement du dernier siècle. Portrait de François de Malherbe, 
gentilhomme ordinaire du roy, et le plus grand poète de son 
siècle, peint en 1613 par Finsonius, peintre flamand, peu 



250 

connu hors de la Provence, où il avoit établi son séjour, mais 
qui cependant a fait, dit-on, des portraits qui peuvent aller 
de pair avec ceux de Van Dyck (1). Celui-ci, qui est un de ses 
plus beaux, est passé à titre d'héritage dans la famille de 
MM. Boyer, avec les livres et les manuscrits de Malherbe. 
Jean-Baptiste Boyer, un de leurs ancêtres, étoit beau-frère de 
ce restaurateur de la poésie françoise. Ils avoient épousé les 
deux sœurs. Les plus grandes alliances n'ont rien de préfé- 
rable à celle d'un homme aussi rare que celui-ci. — Descrip- 
tion du cabinet de M. Boyer d'Âguilles, p. 11. 

FISCHER (iSAAc) le père, et Isaac son fils, tous deux pein- 
tres d'histoire et de portraits à Augsbourg; le premier, né 
en 1638, et mort en 1706; le second, né en 16T7, mort en 
1705, Agé de 28 ans. Leurs portraits, gravés en 1772 par 
G. C. Kilian, m'ont donné ces dattes. 

FLORE (frangesgo) . Son épitaphe dans le cloître de S.-Jean 
et Paul à Venise, dont voici la teneur, apprend que sa mort 
arriva en 1433. Ridolfl s'étoit mépris dans la copie qu'il en 
avoit prise : 

Fert persculpta virum magnœ virtutis imago. 
Urbe satum Veneta dédit ars pictoria summum. 
Franciscum de Flore vocant, patrem Jacobelli : 
Hujus et uxoris Luciae membra quiescunt. 
Hic exlrema suos beredes fata recundent. 
M. GGGG. XXXUI. die XII julii. 

FOLLER (ANTOINE). Son nom vrai étoit Antoine de Ferrari. 



(1) Sur Finsonius, voyez Tétude spéciale qui fait partie du pre- 
mier volume des Peintres provinciaux^ p. 1-40. 



251 

FoUero étoit un surnom. C'est ce que nous apprend le Gîgli 
dans son poëme della Pitiura Irionfante. 

FOCUS (george), peintre de rAcadémie royale de peinture, 
ayant pris le Guaspre pour modèle, a laissé de très-beaux 
paysages qui font regretter qu'il n'en ait pas exécuté un plus 
grand nombre (1). Jacques Rousseau, qui éloit de la même 
Académie, réussissoit surtout à peindre des morceaux d'archi- 
tecture. On ne peut rien de plus parfait que ses perspectives. 
On estime aussy les paysages de Charles Hérault, imitateur 
de la manière de Forest. 

FOLLI (s£BASTiANo), mourut en 1620, âgé de 52 ans. Ins- 
cription autour de son portrait, gravé par B. Capitelli en 1634. 

FONBONNE (quirin), graveur en 1720. 

FONDULO (jean-paul), de Crémone, disciple d'Antoine 
Campo, qui, ayant été conduit en Sicile par le marquis de 
Pescaire, s'y est fait une bonne réputation. Hist. de Crémone, 
du Campo, p. 54. 

FONTAINE (éloy), peintre, 

FONTANA (annibale) mourut à Milan, en 1587, âgé de 
47 ans. Lisez son épitaphe qui est dans l'église de S. Celse, 
et qui a été rapportée dans le Ritratto di Milano, p. 74. 

FONTANA (domenico). Son frère atné Jean Fontana, ex- 



Ci) M. Robert Dumesnil a catalogué son œuvre gravé, 1. 1, 235-42. 
Voyez plus haut dans ce volume même, p. 335. 



252 

ceilent architecte et ingénieur, et qui étoit profond dans la 
conduite des eaux, étoit né en 1540, et mourut à Rome, en 
1514. Voyez ce qu'en a écrit le Botlari à la suite de la vie de 
Dominique. On lit cet épitaphe dans l'église de Sainte-Marie 
du Peuple, à Rome : 

Joanni Fontanœ e pago Galmerii Gomensis, spectatae indo- 
lis adolescentulo, immatura morte perempto ; vixit an. 17. 
mens. 7. obiit 6. Kal. Februarii 1591. — Franciscus pater 
ûiio dulcissimo maestissimus posuit, monumentumque sibi 
ac posteris suis elegit. 

Je préjuge que c'est un neveu de Dominique Fontana. Ce 
dernier avoit fait venir à Rome toute sa famille, car le cava- 
lier Mademe étoit aussi un de ses neveux. Le bourg de Mili, 
où le Fontana avoit pris naissance, est ici appelé Galmerium. 
J'ai tiré cet épitaphe du livre Origine del Tempio consecrato 
alla madonna del popolo, p. 194. 

FONTANA (gio-battista), peintre et graveur de Vérone. 
Voyez Giulio Fontana. Le Gigli lui a donné place dans son 
poëme délia Pittura trionfante, et nous apprend que cet ar- 
tiste avoit passé la plus grande partie de sa vie en Allemagne, 
et qu'il s'y étoit fait une réputation. 

FONTANA (giuuo) et Jean-Baptiste, son frère, de Vérone, 
peintres établis à Venise, ont gravé plusieurs pièces, entre 
autres quelques paysages, la plupart de leur invention ; ils 
ont aussy gravé quelques morceaux d'après le Titien; l'un et 
l'autre ont eu à peu près la même manière, qui est un peu 
sèche et petitte. Le premier grava , en 1568, les figures d'es- 
crime pour le livre de Gamille Agrippa. Son frère grava dans 
le mesme temps celles qui sont dans le livre de l'exercice des 
armes d'Acbilles Marezzo, l'un et l'autre imprimés à Venise, 
en 1568, et dédiés par Jules Fontana à un seigneur de la 



25S 

cour de l'empereur. C'est dans une de ces épttres dédica- 
toires que j'apprends que Jean-Baptiste éloit frère de Jules (1). 
Le comte dell Pozzo, auteur des Vies des peintres de Vérone, 
fait mention de Jules Fontana, et dit qu'il mourut au service 
de l'empereur, et qu'il travailla presque toujours hors de sa 
patrie. 

FONTANA (lavinia) n'est point venue à Rome sous le pon- 
tificat de Grégoire XllI. Ce souverain pontife étoit, il est vrai, 
un de ses principaux admirateurs. Elle en reçut une infinité 
de bienfaits ; mais c'étoit dans le temps qu'il étoit archevêque 
de Bologne, et avant que d'être élu pape. Elle étoit encore à 
Bologne en 1601. On n'en peut pas douter. Le Malvasia fait 
mention d'un tableau, qui se voit dans l'église de S. Michel in 
Bosco, lequel porte cette datte. Aussi le Baglione ne la fait 
venir à Rome que sous le pontificat de Clément VIK, qui 
a commencé avec l'année 1592 et a fini en 1605. Le car- 
dinal d'Ascoli fut un de ceux qui contribua davantage à 
lui faire une réputation dans Rome, et, s'il est vrai qu'elle 
.soit née à Bologne, ainsi que l'assure Malvasia, en 1552, et 
qu'elle soit morte à Rome, sous le pontificat de Paul V, qui 
n'a été élu pape qu'en 1605, il faut de toute nécessité que le 
Baglione se soit trompé en ne lui donnant que 50 ans de vie. 
Elle en avoit au moins 60; pour lors sa mort seroit arrivée 
en 1612, et j'en suis comme persuadé, d'autant que le Ba- 
glione range assez volontiers ceux dont il écrit la vie, selon 
les années dans lesquelles ils sont morts, et que Lod. Lioni, 
qui dans son livre est placé immédiatement après Lavinia 



(i) Barlsch a donné le catalogue des pièces gravées par Jean- 
Baptiste, tome XYI, p. 209*339, mais sans parler du livre de 
rexercice des armes. 



25& 

Fontana, est mort, suivant mon calcul, que je crois juste, en 
cette même année 1612. Je pourrois prouver queLavinia, qui 
avoit épousé un Zappi d'Imola, étoi^ vivante en 1608. Une lettre 
de Zuccari, écrite en cette année et imprimée dans son livre 
intitulé Passagio per Tltalia, est mon garant. Il y est fait men- 
tion d'elle et de son mari. 



FONTANA (oRAzio), célèbre lavoratore di vasi di terra cotta 
e porcellane, in tempi di Guidobaldo da Urbino, che, per 
la biancbezza délie vernici e perlezione délia pitlura, sono 
riguardevoli. BMï^ memorie concernante la citta (TUrbino, 
p. 34. 

FONTËBASSO (françois) , né à Venise au commencement 
du xvm* siècle, s'est distingué dans le nombre des disciples 
qui sont sortis de Técole de Bap. Ricci» dont il a gravé avec 
esprit quelques tableaux. Quelques-uns des siens ont été pa- 
reillement gravés par lui, et Ton y remarque un fond de gé- 
nie et des toui's de figures agréables. 11 a fait un voyage à 
Rome qui ne lui a pas été infructueux. Le palais d'Uoro à 
Venise est rempli de ses peintures, et c'est là, dit-on, où il 
triompha. Sur la fin de ses jours, il a été appelé à St-Péters- 
bourg, où Tattendoient de grands ouvrages que la Czarine lui 
avoit destinés. Il y est passé en 1761, et, peu de temps après, 
j'ai appris qu'il y avoit terminé ses jours. Voy . Longhi, Vit. di. 
pilt. Venet. et l'Abeced. de l'edit. du Guarrienti. Sa mort est 
arrivée en 1769; il étoit âgé de 60 ans : Délia Pitt. Venela, 
p. 445. 

FOREST (jean-baptiste), né à Paris en 1635, mort dans 
la même ville en 1712, disciple du Mole , avoit mis à profit 
les leçons qu'il avoit reçu de cet excellent peintre, et, cooinie 



255 

lui» il étoit sensible aux effets piquants de la couleur (1). 
(Description des tableaux du cabinet de M. Boyer d'Âguilles, 
p. 19.) 

FORNARJ (siMONfi), pittor da Reggio molto stirnato, dipinse 
il paradiso, che si vede nella chiesa délia Misericordia di Reg- 
gio, et una imagine di nostra Sig^, col bambino sopra la porta 
di S. Zenone; fioriva nel 1545. — Borzani^ nel suo AntiqtM'' 
rium Regii Lepidi, mss. nella Libreria Reak, p..90. 

FOUARD (motse). Grand paysage, où Ton aperçoit dans le 
lointain une ville bâtie dans des montagnes, et sur le devant 
un vieux pastre s'entretenant avec une femme qui garde des 
chèvres; gravé à Teau-forle par Moyse Fouard, d'après un 
dessein qui paroist plustost estre du Gampagnole que du Ti- 
tien. Les noms du graveur ny du peintre n'y sont pas; mais 
pour celuy du graveur, il est certain ; c'est mon ayeul qui luy 
fit graver la planche, que nous avons encore. 

— Autre paysage de même grandeur, dans lequel est repré- 
sentée la sainte Vierge fuyant en Egypte, précédée de saint 
Joseph qui conduit Tasne au passage d'une rivière; gravé à 
Teau-forte par le mesme Moyse Fouard, d'après le Titien.— 
Les figures sont des premières choses qui ayent été gravées 
par mon père. 

FOUQUIER (JACQUES). Voicy un autre extrait de sa vie plus 
circonstancié. Jacques Fouquier, né dans la Flandre occiden- 
tale, alla à Anvers, où il apprit à peindre le paysage de Josse 
de Momper, suivant de Piles, ou du Breughel de Velours, si 
Ton en croit Félibien : mais ce (ut Rubens qui lui enseigna 



(1) Voir sur Forest la note I, p. 33, du premier volume. 



256 

les principes les plus essentiels de l'art. Ce furent les excel- 
lents préceptes de ce grand maître, qui le rendirent un des 
meilleurs paysagistes qui eussent encore paru. Il excelloit à 
représenter des enfoncements de forets, où il faisoit régner un 
sombre et une fraîcheur merveilleuse; il entendoit très-bien 
les lointains, touchoit les plantes, les pierres, les roches et 
les montagnes dans leur véritable caractère, et peignoit avec 
beaucoup de vérité les eaux dormantes. Les figures cham- 
pêtres qu'il introduisoit dans ses tableaux s'y trouvent pla- 
cées à propos, et avec toute la grâce et la vraysemblance pos- 
sible; de Piles ne craint pas de le mettre en parallèle avec le 
Titien. 11 faut pourtant avouer que, s'il a fait d'excellents ta- 
bleaux où le bon goût de couleur et l'intelligence des lu- 
mières sont poussés à un haut degré, il en a peint d'autres 
où un mesrae verd domine trop, et que, s'il a eu une bonne 
manière de toucher les arbres, les touffes en sont aussy quel- 
quefois découppées avec sécheresse. Au reste, il avoit une 
grande pratique de peindre en grand, et Rubens l'employa 
plusieurs années dans les grands ouvrages qu'il étoit otligé 
de faire. Fouquier le quitta pour s'en aller en Allemagne, où 
il travailla pour l'électeur palatin ; mais c'est en France où il 
a fait un plus long séjour. Félibien asseure qu'il y vint en 
1621. Ce qui est vray, c'est qu'il existoit fort considéré, lors- 
que le Poussin y vint en 1641. Ils eurent mesme ensemble 
quelques contestations au sujet des peintures de la grande 
gallerie du Louvre. Foucquier prétendoit que le travail qu'il 
y devoit faire étoit assez considérable pour que ce fût à luy à 
ordonner toutes les autres peintures qui dévoient orner cette 
gallerie, et trouvoit fort mauvais que le Poussin eût com- 
mencé les desseins de la voûte, sans les lui avoir communi- 
qués. Il lui en parla avec sa hauteur ordinaire, et c'est vjq qui 
fait que M. Poussin, dans une lettre à M. de Ghantelou, son 
amy, le nomme le baron de Fouquier, qualité qu'il n'a ja- 



257 

mais eu. Il se croyoit issu d'une bonne maison, et il en étoit 
si fler, et étoit si entêté de sa noblesse, qu'il aimoit mieux 
souvent ne point travailler et se voir réduit à toutes sortes 
d'incommodités, que de n'eslre pas considéré comme il le 
prétendoit. On le voj oit toujours une longue épée à son côté, 
qu'il ne quittoit point en travaillant ; il eût cru dégénérer s'il 
eût iait autrement. Cependant Félibien croit qu'il éloit,né de 
parens d'une condition médiocre, et que ce fut Louis XIII qui 
luj accorda la noblesse. Ce prince luy avoit ordonné de pein- 
dre des veues de toutes les principales villes de son royaume, 
pour estre placées dans les trumeaux de la grande gallerie 
du Louvre, mais celte entreprise n'eut point son effect. Fou- 
quier, ayant été en Provence, s'y amusa pendant longtemps à 
boire au lieu de travailler, et ayant été rappelle à Paris, il n'y 
rapporta que quelques desseins. Depuis son retour, il tra- 
vailla pour M. de la Vrillière et pour M. d'Émery. Il ût quan- 
tité d'autres ouvrages dans celte ville ; il se les faisoit payer 
extrêmement cher. Cependant sa conduite fut telle qu'il mou- 
rut, sanslaisserde bien, vers l'année 1660. Il laissadeux élèves, 
qui se sont attaché à suivre sa manière, Bellin et Rendu. Ce 
dernier a copié beaucoup de tableaux de son maître. On a 
gravé quelques paysages d'après Fouquier. J. Morin est sur- 
tout parfaitement bien entré dans sa manière (1). Sandrart, 
p. 305. Félibien, t. U, p. 335 et 660. De Piles, p. 414 et Cours 
de peinture, p. 229 et 241 . Corn, de Bie en a aussy écrit quel- 
que chose en flamand, p. 168. 

— H. Vleughels m'a dit qu'il avoit souvent ouï dire à sou 
père, qui étoit Flamand, ami de Fouquier et de sa même pro- 
fession, que, bien loin d'être né gentilhomme, il étoit d'une 
iort médiocre condition, et que Juste d'Ëgmont ne le morti- 



(1) Catalogués dans VL. Robert Dumesnil, t. II, n^* 9S à 98, 
T. n. q 



258 

iioit jamais tant que lorsqu'il lui reprochoit d'être fils d'un 
charron et de n'être riche que de nom. C'est que les Fuggers, 
ou, comme on les appelle en Flandres, les Fokkiers, ont formé 
une maison puissamment riche, et que, lorsqu'on yeut dési- 
gner dans ce pays-là un homme qui jouit d'une grande for- 
tune, on dit assez volontiers c'est un Fokkiers. 

Fo^quier a été ami de M. Montagne, et celui-ci dessina son 
portrait après sa mort. Je l'ai vu entre les mains des enfans 
de Montagne avec plusieurs desseins de Fouquier. J'appré- 
hende que tout cela n'ait été dispersé. Ceux qui avoient ces 
desseins sont tous morts. G'étoient de vrais ours, qui ne com- 
muniquoient avec personne, et qui auroient laissé périr dans 
la poussière des morceaux qui méritoieiit d'être mieux con- 
servés. Je regrette entre autres choses le portrait de Fouquier. 

11 dessinoit volontiers et s'en acquittoit très-bien. 11 manioit 
parlailement bien la plume. Je n'en conuois point de plus 
moelleuse. Personne, que je pense^ n'a dessiné des broussailles 
dans un plus grand détail et avec plus d'intelligence. Quoyque 
faits à peu d'ouvrage, ce n'en sont pas moins des portraits 
de la nature rendus dans une fidélité surprenante. Il j r^e 
une telle variété dans le port des branches, les feuilles et les 
fleurs prennent des tours si heureux et des formes si justes, 
que chaque genre de plantes se reconnott aisément. Les om- 
bres sont avec cela distribuées avec tant d'intelligence que 
chaque objet avance ou recule suivant qu'il est nécessaire. Il 
ne se sert pourtant, pour faire agir sa machine, que d'un lavis 
assez léger, sans trait ; quelquefois il y mesle quelques cou- 
leurs fort légères et mises à propos. Ce qui me charme dans 
ce maître, c'est qu'il est expressif, et qu'il entre merveilleu- 
sement dans le détail des formes ; il n'oublie rien. 11 y a dans 
la pluspart de ses desseins des effets de lumière étonnans. Sa 
manière de dessiner favorite est le lavis sur un trait extrême- 
ment léger fait au crayon noir, seulement pour arrêter sa 



S59 

première idée. Mais son lavis est heurlé et est bien éloigné 
d'estre mol. M. de Piles a grande raison de regarder Fouquier 
comme le Titien des Flamands. Je suis sur cela entièrement 
de son avis. 

— Fouquier éloità Marseille en septembre 1629. Extrait 
d'une lettre écrite à M. Langlois, dit Ciartres, par une per- 
sonne de Marseille. 

•^ Jacques Foucquier, né dans la Flandre occidentale, 
mort à Paris vers Tan 1660. Ce peintre est un de ceux qui 
ont mis le plus de fratcheur dans leurs tableaux, et peu de 
gens de sa profession ont autant étudié la nature que lui. Le 
dessein, lavé à l'encre de Chine, d'après lequel cette estampe 
a été gravée, est une de ses études. (Description des tableaux 
du cabinet de M. Boyer d'Aguilles, p. 13.) 

— L'on ne connott aucuD peintre flamand qui ait mis dans 
ses paysages plus de fratcheur que Foucquier, ni qui ait ex- 
primé avec plus de précision et d'intelligence la diversité des 
objets qui se présentent dans les campagnes. Ses desseins ne 
le cèdent point en cette partie h ses tableaux. Les dégrada- 
tions et les différens plans y sont merveilleusement bien ob* 
serves, et il s'y trouve, sur les devants, des plantes ou des 
broussailles ; elles sont traitées avec une vérité qu'on ne voit 
presque jamais dans les desseins des autres paysagistes. Un 
peu moins de manière dans la façon de feuiller les arbres, 
qui parott un peu trop découpée , les desseins des paysages 
de ce maître ne laisseroient, ce semble, rien à désirer. (Cata- 
logue Grozat, p. 110.) 

FOUQUET (le surintendant) (1).M. Fouquet lesurinten- 



(1) Nous mettons sous ce nom, comme celui d'un de ses pos- 
sesseurs, la note de cette statue antique que nous ne pouvons pla- 
cer à aucun nom d'artiste, puisque Tauteur en est inconnu. Klle 
représente un Antinous, à en croire la description et eiplîcation 



260 

dant avoit fait venir d'Italie celte belle statue de bronze, 
qui n'est que de moyenne nature, puisqu'elle ne porte guère 
que quatre pieds de haut, et c'étoit, à ce que j'ai ouï dire, 
M. Le Brun qui la lui avoit indiquée. Elle étoit à Vaux-le- 
Vicomte dans le temps de sa disgrâce. Un vieux domestique 
s'imagina que non-seulement on avoit résolu la perte de son 
mattre, mais qu'on avoit aussi dessein de s'emparer de tout 
ce qui lui appartenoit. Et, comme il avoit entendu beaucoup 
priser cette statue, elle lui parut perdue pour les enfants de 
M. Foucquet, s'il ne la caclioit, et là-dessus il l'enterra dans 
une cave, d'où elle ne sortit que lorsque l'orage fut tout à 
fait appaisé. M. le marquis de Belle Isle, fils du surintendant, 
en connoissoit le prix; mais, comme il n'étoit pas riche, et 
que la fortune de son fils, que nous avons vu maréchal de 
France, commençoit et l'engageoit à des dépenses au-dessus 
de ses forces, il chercha les moyens de s'en défaire utile- 
ment, d'autant plus qu'il manquoit de place pour la mettre. 
Il sçut que mon père étoit en correspondance avec M. le prince 
Eugène et que ce prince étoit curieux des belles choses. U 
engagea donc mon père d'en proposer au prince l'acquisi- 
tion, qui n'eut pas lieu pour lors, parce que cela ne s'arran- 
geoit pas avec les finances du prince destinées à des dépenses 
plus urgentes. La figure demeura donc à Paris jusqu'en 1717 
que le marché se renoua. Mon père fit alors passer la figure 
à Vienne, où je l'ai veue et où elle est demeurée dans le palais 



des groupes, statues, etc., qui forment la collection de S. M. le roi 
de Prusse, par Malhias Oesterreich. Berlin, 1774. — Voici ce qu'il 
en dit, différent de ce qu'en dit Mariette : a Cette belle statue est 
de bronze de 4 pies 2 pouces. Elle a appartenu au prince Eugène 
de Savoie, auquel le pape Clément XI en fit présent. Ses héritiers 
Font vendue après sa mort au roi de Prusse qui Ta fait transporter 
de Vienne à Sans-Souci, p. 14-5. » La gravure dont Oesterreich 
parle à la table, dessinée par Daniel Gran à Vienne, et gravée à 
Venise par Giuseppe Gamerata, est celle dont parle Manette à la 
fin de son article. 



261 

du prince jusqu'à sa mort, Zanetti, qui vint à peu près dans 
ce temps là à Vienne, la fit entrer dans un marché de tableaux 
et de pierres gravées que lui vendit le prince Eugène, et dont 
il fit le partage avec M. le prince de Lichtenstein, ainsi qu'ils 
en étoient convenu. Il comptoit que la statue lui demeureroit, 
et la tête lui en tournoit. Mais il ne put résister aux prières 
que lui fit le prince de Lichtenstein pour l'engager à la lui 
céder, U lui en fit le sacrifice ; c'étoit le sort de cette figure, 
de ne pouvoir demeurer entre les mains de ceux qui la pri- 
soient le plus, et bientôt celui qui en étoil possesseur se vit 
lui-même obligé de s'en priver pour en faire présent au roi 
de Prusse et se captiver sans doute la bienveillance de ce 
prince, qui, dans la guerre qu'il faisoit à la reyne d'Hongrie, 
au sujet de la Silésie, s'étoit rendu maître des états que le 
prince de Lichtenstein y possède. Ils lui furent en effet resti- 
tués, et la statue de bronze fut mise dans le palais de Sans- 
Soud, où elle est gardée avec le soin qu'elle mérite. Le prince 
de Lichtenstein eut cependant, avant que de la laisser partir, 
la précaution de la faire mouler, et d'en faire ensuite jetter 
en bronze une semblable dans le creux que ce moule lui con- 
servoit. J'ignore si cette copie a été regravée par un habile 
homme; ce que je sçais, c'est qu'elle fait aujourd'hui l'orne- 
ment d'une des chambres du palais de Lichtenstein à Vienne, 
et qu'il y en a une estampe qu'a fait graver ce prince, et dont 
il m'a fait la grâce de me faire présent. 

FRACANZANI (michel-angelo), fils de César Fracansani, 
peintre napolitain, qui avoit été élève de l'Espagnolet, fut 
élevé par son père, dans sa même profession. Mais il ne s'y 
appliqua que foiblement, et, se laissant entraîner au goût qu'il 
avoit pour le théâtre, il ne s'occupa plus qu'à réjouir ses 
spectateurs par ses boufonneries et le naturel qu'il mettoit 
dans la représentation du rolle de Polichinelle, dans lequel il 



S62 

excelloit. Le roi Louis XIV, sur ce qu'il entendit dire, le fit 
venir en France ; mais le cjomédien n'y fut pas beaucoup goûté 
parce qu'il s'ënonçoit en langage napolitain, et que, pour ju- 
ger de la naïveté de ses plaisanteries, il auroit fallu être au 
fait de ce jargon ; ce qu'on ne devoit point attendre d'une na- 
tion peu curieuse des langues étrangères et encore moins de 
leurs différents dialectes. Le séjour de Paris se trouva cepen- 
dant si bien du goût de notre acteur, qu'il résolut de s'établir 
dans cette ville, il y prit femme, et y attira son père. Il avoit 
pris auprès de celui-ci du goût pour les livres, les estampes 
et les curiosités du même genre. Il y écrivoit ordinairement 
son nom, et j'ai un des livres qui lui a appartenu et qui, 
signé de sa main, porte la datte 1687. Par conséquent sa 
mort est arrivée plus tard que ne le marque le Dominici, 
t. m, p. 87. Je crois même qu'il ne la faut placer que dans 
les dernières années du siècle précédent. 

— A propos du clair-obscur^ Tantale tourmuUé de la faim 
dans les Enfers^ d'après le Titien^ Mariette ajoute : Je l'ay 
veu chez M. Crozat et chez un fondeur qui demeure dans le 
faubourg Saint-Germain. J'ay eu ce clair-obscur et tous ceux 
qui appartenoient à ce fondeur en 1728. 11 les avoit eu d'un 
de ses oncles orfèvre, et celuy-cy les teooit du sieur Fracan- 
zani, comédien italien, jouant le roUe de Polichinelle, qui en 
avoit rassemblé une des plus amples collections qu'on puisse 
désirer. 11 aimoit singulièrement celte sorte d'estampes; il en 
avoit apporté de belles d'Italie, et, pendant son séjour en 
France, il n'épargna rien pour en ramasser. Fracanzani étoil 
Napolitain et assez proche parent de Salvator Rosa. Il étoil 
bon curieux et se mêloit de dessiner et même de génie, mais 
d'un goût lourd et fort mauvais (1). 



(1) G*e8t ce Fracanzani qui réunit les études deasinées de 



263 

FRAGONARD (honobé), jeune élève qui, en cette année, 
1761, revient de Rome, où U éloit à la pension du roi. L'abbé 
de Saint-Non l'a ramené, avec quantité de desseins qu'il lui a 
fait faire, et parmi lesquels j'en ai vu plusieurs représentant 
des veues de Rome, dont la touche et le faire m'ont beaucoup 
plu. Il est disciple du sieur Roucber. Je lui souhaite un aussi 
bon pinceau que celui de son maître. Je doute qu'il l'ait ja- 
mais. — Le tableau (1) qu'il a présenté pour être reçu dans 
l'Académie, et sur lequel il a été agréé tout d'une voii, ce 
31 mars 1765, me le fait craindre ; il est agréablement com- 
posé, mais il paraît peint avec peinne. L'ordonnance a géné- 
ralement plu. J'y trouve en général un faire qui vise à la ma- 
nière de Rourdon. La timidité, qui règne dans le caractère de 
cet artiste, lui retient la main, et, jamais content de ses pro- 
ductions, il efface et revient sur lui-même, ce qui est une 
méthode qui nuit au talent, et qui peut faire tort à ce jeune 
peintre. J'en serois fâché, les efforts qu'il fait pour bien faire 
méritent un meilleur succès. Il est né à Grâce en Provence. 

FRANGESCA (pietro della). Le père Orlandi le fait mou- 
rir vers l'an 1460. Le Vasari, qu'il cite, ne le dit point, mais 
seulement qu'il vécut 86 ans, après avoir perdu la veue à 60. 
Il vivoit encore en 1494 et 1509. Frère Luc Pacioli, son dis- 
ciple, en fait mention, comme d'un homme vivant, dans un 
Traité de géométrie qu'il fit imprimer à Venise en 1494. Il y 
parle avec éloge d'un ouvrage sur la peinture, que le P. Della 



Le Sueur pour ses tableaux de Saint-Bruno, maintenant conservées 
au Louvre; voyez Archives de l'Art français^ t. II, p. 91. 

(1) Il a pris pour sujet de son tableau le Sacrifice de Gallirhoë; 
je n*ai guère vu de crayons plus flatteur que le sien. Étant à Rome, 
il a fait quantité de veues, et surtout celles des jardins de la Vigne 
d'Est à Tivoli, qui sont spirituellement faites, et où il régne une 
grande intelligence. {Note de Mariette.) 



264 

Francesca avoit composé, et qui étoit dans la bibliothèque 
des ducs d'Urbin. Ce que le même auteur dit dans son livre 
sur les proportions, imprimé à Venise en 1509, peut faire 
croire que Pierre délia Francesca n'opéroit plus, et effective- 
ment il étoit aveugle; mais ce qui le disculpe de la fausse 
imputation que lui fait le Vasari de s'être approprié les écrits 
de son maître et de les avoir fait passer sous son nom , c'est 
que dans ce même livre des proportions, il promet de donner 
bientôt un traité de perspective, qui sera, dit-il, un abrégé 
du traité complet que son maître avoit composé sur cette ma- 
tière. On ignore même s'il l'a fait imprimer. Au reste, Piene 
délia Francesca peut être regardé comme le premier d'entre 
les modernes qui ait réduit en règles la science de la perspec- 
tive. Daniel Barbaro, qui avoit eu communication de son ma- 
nuscrit, s'en étoit utilement servi pour son traité de perspec- 
tive. Balthazar de Sienne, Serlio et Daniel de Volterre n'eu- 
rent point d'autre méthode que la sienne, et Vignole n'a fait 
que la perfectionner, et lui donner la dernière main. Voyez 
la Perspective de Vignole, publiée par Ignatio Danti, p. 82, 
et le sénateur Buonaroti, dans les Osservationisopra i medagli 
del Carpagna, p. 256. 

FRANGESCHINI (balthasar), né à Volterre en 1611. J'ai 
des desseins de lui qui sont tellement dans la manière de 
Pietro de Gortonne, qu'on le croiroit disciple de ce grand 
peintre. Sa manière lui avoit plu, et il en étoit devenu le par- 
tisan et le sectateur. On peut adjouter qu'il ne s'en étoit pas 
mal trouvé. 

FRANGESl (alessandro) de Naples. L'abbé Titi en parle, 
comme d'un jeune homme dont on devoit concevoir les plus 
grandes espérances, et cela à l'occasion des peintures que cet 
artiste devoit exécuter à fresque dans une chapelle de l'église 



265 

de Sainte-Marie in Transpontina, et dont il avoit lait voir les 
cartons à celui qui, par reconnoissance, a tiré son nom de 
l'oubbi, Domenici, qui a écrit les vies des peintres napolitains, 
et qui a fait sur cela d'amples recherches, a donné place à ce 
peintre dans son ouvrage, mais il ne dit rien de plus que 
l'abbé Titi. 

FRANCIA (jACOPo). Une femme représentant la ville de 
Boulogne tenant un tableau, où est représentée la sainte Vierge 
avec cette inscription à l'en tour : Tuumpopulum ab omni malo 
défende. Celte femme est au milieu des quatre saints protec- 
teurs de la ville de Boulogne, S. Petronne, S. Procolo, S. Fran- 
çois et S. Dominique (1). Celte pièce a certainement été faite à 
Bologne; l'on n'en connoît pas le graveur, qui s'y est dési- 
gné par cette marque ï. F. J'ay veu plusieurs autres pièces 
du mesme maistre avec la même marque. On avoit essayé de 
les faire passer pour estre de Marc Antoine, en corrompant 
la marque ainsy : W. En effect elles sont assez dans la ma- 
nière de Francia, qui est celle que Marc Antoine a imité dans 
ses premières manières, et, s'il étoit vray que Jacques Francia, 
fils de François Francia, maistre de Marc Antoine, eût gravé, 
comme je Tay ouy dire à quelques-uns, il seroit fort possible 
que ces pièces fussent de luy . 

— Un portrait de femme en buste, dont les cheveux ras- 
semblés dans une espèce de coiffure (cuffia en italien) tom- 
bent en boucles sur le devant et accompagnent le visage; un 
cordon étroit qui est autour de la teste attache, sur le devant 
du front, un ornement de pierreries; elle est vêtue d'une robe 
à bandes de différentes étoffes, et il paroist un bout de la main 



(1) Bartsch, différents graveurs du temps de Marc-Ântoine, 
t. XIV, p.456,ii°l. 



266 

gauche. Ce portrait est gravé au burin et assez mal, je crois 
par cet ancien graveur bolognois qui s'est distingué par cette 
marque I. F. Je ne puis sçavoir de qui est ce portrait, qui est 
fort rare. Je Tay veu chez le roy dans son œuvre de Raphaël. 
— La Charité représentée par une femme qui est assise sur 
des nuées, et qui donne à telter à un enfant (1). L'on ne voit 
point de graveur, à qui on puisse mieux attribuer cette pièce 
qu'à Marc Antoine, elle est dans le goût de ses premières ma- 
nière^, et cependant l'on y trouve en bas une marque qui 
n'est pas la sienne, I. F. Je ne connois pas ce graveur, ni 
à qui cette marque peut convenir. Ce qui est de certain, c'est 
que les pièces avec cette marque ont dû être gravées à Bo- 
logne. J'en ay veu une, où une femme, qui tient un tableau 
de la sainte Vierge, est environnée de saints parmy lesquels 
est St Pétrone, évêque, et les patrons de Bologne ; ces pièces 
sont assez dans la manière de Francia ; seroit-il impossible 
qu'elles fussent de Jacques Francia, qui, comme Fr. Francia, 
son père, étoit peintre et orfèvre? 

FRANCK (ambroise), ou Francken, peintre d'Anvers. On 
le dit frère de Jérôme et de François Franck le vieux, et l'on 
prétend qu'il étoit le plus habile des trois frères. On cite, pour 
le prouver, un de ses tableaux dans l'église cathédrale d'An- 
vers à la chapelle des cordonniers, lequel représente les 
saints Crespin et Crépinien. On a quelques morceaux gravés 
sur ses desseins par les Wierx. Mais ces estampes ne remplis- 
sent pas ridée qu'on en donne ici. Quelques-unes portent la 
datte 1578, et fixent le temps où il florissoit. 

FRANCK (FRANÇOIS) le vieux, né à Leventals près d'Anvers, 



(i) Bartsch, différents graveurs du temps de Marc-Antoine, 
t. XIV, n« 3. 



J67 

fut reçu dans la communauté des peintres d'Anvers en 1561. 
On le croit fils de Nicolas Franck l'ancien, frère de Jérôme et 
d'Ambroise Franck. 

FRANCK (FRANÇOIS) le jeune, celui de qui l'on a le portrait 
dans la suite des cent portraits de Van Dyck, nacquit, dit-on, 
à Anvers en 1580, et mourut en 1642. MM. d'Argenville et 
Descamps ont parié assez amplement de tous les peintres de 
la famille Franck ; mais je trouve qu'ils ont embrouillé la 
matière au lieu de l'éclaircir. Je ne l'entreprendrai pas, tant 
j'y trouve de difficultés. Corn, de Bie parle de Fr. Franck le 
jeune. 11 ne peignoit guère que de petites figures; il avoitété 
en Italie et avoit demeuré à Venise. 

FRANCK (jean-ulrich), peintre d'histoire à Augsbourg, 
né en 1603, mort en 1680. Ce nom d'artiste et ces dates nous 
sont donnés par l'inscription qui se lit au bas du portrait 
dudil peintre qu'a gravé en 1772 G. C. Kihan. 

FRANCK (jérome), de qui est le tableau de l'Adoration des 
bergers au maître-autel de l'église des Cordeliers à Paris, 
peint en 1585, y étoit venu d'Anvers, où il avoit appris son art 
sous le vieux Nicolas Franck dont il étoit le fils. 11 peignoit bien 
le portrait, et c'est ce qui engagea Henri 111 de l'appeler dans 
son royaume et de lui accorder le titre de son peintre. C'est 
ainsi qu'il est nommé dans l'inscription qu'on lit au bas de son 
portrait qu'a gravé J. Morin (1). 11 demeuroit à Anversen 1596. 
On en a la preuve dans un tableau de sa main, qui est dans 
l'église cathédrale de celte ville, et sur lequel on trouve cette 
date et sa marque. Sans doute que la mort funeste de Henri III 



(i) Robert Dumesnil, t. II, n» 52. 



S68 

et les troubles, dont la France se vit agitée, lui firent prendre 
le parti de s'en retourner dans son pays. On dit qu'il y mou- 
rut fort âgé. A en juger par le tableau qui est à Paris, Jérôme 
Franck semble avoir voulu imiter la manière de dessiner et 
de composer de Fr. Floris, qui, toute sauvage qu'elle étoit, 
étoit alors en estime auprès de bien des gens. Dans ud livre 
de la description des tableaux d'Anvers, on fait Jérôme Franck 
fils de François dit le vieux. Je crois plus vraisemblable de le 
lui donner pour son frère. Sans cela les dattes, qui regardent 
ces deux peintres, auroient peine à se concilier. 

FRANCK (NICOLAS), né à Lerentals près d'Anvers, est, dit- 
on, la souche d'où sont sortis tous les peintres du nom de 
Franck. 11 mourut, dit-on, dans cette ville en 1596. On le fait 
père de Jérôme qui a travaillé à Paris, de François Franck, 
dit le vieux Franck, et d'Ambroise. 

FRANCK (Sébastien) ou Vrank, vivoit à Anvers en même 
temps que Van Dyck, qui fit son portrait et qui l'inséra dans 
la suite des cent Portraits. Il y est qualifié de peintre de ba- 
tailles en petit. Je ne le crois pas de la même famille que les 
autres Franck, puisqu'on lui donne un nom écrit différem- 
ment ; mais il est pourtant vrai que Franck ou Vranck se pro- 
noncent de même. Descamps le fait aussi peintre de paysage, 
et place sa naissance en 1573. Il y a dans le cabinet de l'em- 
pereur à Vienne des tableaux (t. II, p. 27) qui représentent 
des veues intérieures d'église dans la manière de Steenvyck, 
qu'on donne à Sébastien Franck. Corn, de Bie, p. 100, l'ap- 
pelle, ce me semble, Franck. 

FRANCO (battista). Depuis que j'ai vu, chez M. le duc de 
Tallard, un tableau d'un portement de croix qui est indubi- 
tablement de Battista Franco, j'ai conçu de ce peintre une 



269 

beaucoup plus grande idée que j'en avois eu jusqu'alors. Ce 
tableau est peint dans les bons principes, et ne fait point tort 
à l'école vénitienne dont il est sorti. On y reconnoit aussi un 
peintre qui a étudié à Rome sous Périn del Vague, et qui, 
tout maniéré qu'il est, plaist par des tours agréables et heu- 
reux qu'il a sçu donner à ses figures. La composition est riche 
et bien ordonnée. Tout cela avoit fait croire à ceux qui ont 
vendu le tableau à M. de Tallard qu'il falloit lui chercher un 
nom parmi les peintres qui s'étoient distingués dans l'école 
romaine, et ils n'hésitèrent point de lui imposer celui de Da- 
niel de Volterre, sous lequel ce tableau a été acheté et sous 
lequel il s'est montré. Il est pourtant vrai qu'il est de Franco. 
C'est sa manière, laquelle est très-reconnoissable, et, de plus, 
l'on en a l'estampe gravée par lui-même (1). Ce peintre a 
gravé, et, si l'on y prend garde, le paysage du Titien, où 
est un homme conduisant par la bride un cheval, est un de 
ses ouvrages. 

— A propos du Déluge universel, gravé par Baptiste 
Franco (2), Mariette ajoute : Cette pièce est certainement de 
l'invention de Polidore de Carravage. M. Crozal en a le des- 
sein original fait par ce fameux peintre. 

FRANÇOIS (jEAN-CHARLEs), gravcur des desseins du cabi- 
net du roy, est né à Nancy, le 4 mars 1717, et il est mort à 
Paris, le 21 mars 1769. Il est un des premiers qui ait essayé 
à graver dans une manière qui rend à l'impression le grain 
des crayons. D'autres ont sans doute perfectionné cette mé- 
thode et ont pu imaginer d'autres moyens que le sien; mais 
il faut lui rendre justice, il leur a ouvert la porte, et c'est 



(1) Bartsch, vol. XVI, p. 123, n<> ii ; il ne parle pas du paysage 
d*après le Titien. 

(2) Bartsch, appendice, n* 3, t. XVI, p. 158. 



270 

beaucoup que d'avoir le mérite de TinventioD. Il commença 
ses opérations en 1740 ; de nouveaux essais, qu'il produisit en 
1753, reçurent des applaudissements qui rencouragèrent à 
continuer son travail, et il se vit en état de présenter à l'Aca- 
démie royale de peinture quelques morceaux, dont la com- 
pagnie crut reconnoître l'utilité et auxquels elle ne fit point 
difficulté de donner son approbation , ce qui valut à l'auteur 
le titre de graveur des desseins du cabinet du roi et une pen- 
sion, dont M. le marquis de Marigny lui fit délivrer le brevet 
en 1758. 11 jouissoit des mêmes avantages auprès du roi de 
Pologne, duc de Lorraine, toutes choses que j'ai extrait d'une 
lettre qu'il écrivit à M. Savérien sur l'utilité du dessein, etc., 
imprimée en 1760et depuis augmentée en 1767. On a quelques 
portraits qu'il a gravés au burin, et plusieurs autres planches 
dans différents genres, dans toutes lesquelles il ne s'est mon- 
tré qu'un artiste assez médiocre. 

FRANÇOIS (simon) s'étoit consacré à Dieu dès sa plus ten- 
dre jeunesse, et n'avoit encore pris aucun parti, lorsqu'ayant 
veu par hazard un tableau de la Nativité de Notre-Seigneur, 
dont il fut sensiblement touché, il forma sur-le-champ, mal- 
gré ses parents, le dessein de se faire peintre. Ainsy ce ne fut 
point une inclination naturelle ni l'envie d'acquérir une 
grande réputation, qui luy fit choisir cette profession; il ne 
l'embrassa que dans la veue de s'entretenir dans la piété en 
peignant des tableaux où il luy fût permis de produire les 
idées saintes qu'il nourrissoit dans le cœur. Toute sa vie se 
passa dans la pratique de la vertu, et par là il mérita une 
gloire beaucoup plus durable que s'il s'étoit distingué par ses 
ouvrages au-dessus de tous les autres peintres; son principal 
mérite éloit d'être gracieux. 11 cherclioit à imiter la manière 
du Guide, qu'il avoit connu en Italie, et avec lequel il avoit 
contracté amitié. 



271 

— S. F. en monogramme, c'est la marque de Simon Fran- 
çois, peintre, natif de Tours. Elle se trouve sur une estampe 
d'un saint Sébastien en demi-figure qu'il a inventée et gra- 
vée. H a pareillement gravé une sainte Madeleine lisant et 
couchée dans sa grotte avec cette marque S. F. (1). 

FRÂNCUCCl (iNNOGENZio). Oq lit sur un de ses tableaux , 
je crois que c'est celuy de M. le duc d'Orléans : Innocentim 
Franehutiuê Imolensis faciebat. 

FRANQUEVILLE (pietro de), sculpteur, cela est vray, mais 
ce qui suit est un barbouillage digne du père Orlandi ; il fal- 
loit qu'il dit que M. Girardon avoitdans son cabinet pludeurs 
modèles de ce sculpteur, mais il pouvoit encore adjouter 
plusieurs circonstances qui regardent cet artiste et qu'il au- 
roit apprises dans Baldinucci , à l'article de Jean de Bologne, 
' dont Franqueville étoit le diciple, s'il eût voulu se donner la 
peine de les y chercher. Voyez plus bas à l'article de Pietro 
Francavilla ; c'est un double employ de celui-cy. 

— Suivant l'inscription qui est au bas de son portrait, gravé 
par P. de Jode, d'après J. Bunel, il devoit estre né en 
1553 et non en 1548; voicy comme elle est conçue : Petrus a 
Francavilla Cameracensis Gall. et Navar. Rsçis Christianiss, 
arcMtect. etproto sculplor, academicus Florentinus, et ob egre- 
gia artis opéra civitate Pisana donatuSjM. VP. XIII JS. 60. 
Cependant il y a un portrait de ce sculpteur, peint par le 
Paggi, avec une inscription qui le fait né en 1548; voy. Bal- 
dinucci ; peut-être est-ce une faute de gravure et qu*au lieu 



(1) M. Robert Dumesnil a catalogué les deux pièces gravées par 
lui, tome lU, p. 20. — Dans Téglise des Incurables se trouve sur 
Tau tel de la Vierge, dans la croisée de droite, en face du tombeau 
du cardinal de la Rochefoucault, un tableau de la Fuite en Egypte 
de la composition de Simon François ; mais le mauvais état ne 
permet pas de dire si c'est Toriginal ou une bonne copie du temps. 



272 

de Vm on a mis XllI. En 1548 il étoit encore à Florence ; il y 
fit dans cette année deux statues pour la magnifique entrée 
de Christine de Lorraine dans cette ville, 

FREDEAU (aiuibroise). On le regarde à Toulouse comme 
un grand peintre et un grand sculpteur; il s'étoit fait augus- 
tin, et l'on voit dans Téglise de ces religieux, à Toulouse, 
plusieurs autels dont les tableaux, les sculptures et Tarclii- 
tecture ont été exécutés par lui et méritent d'être vus. Il a 
servi de maître à Jean-Pierre Rivais ; on juge par là qu'il 
travailloit dans le milieu du !?• siècle. 

FREMIN (RENÉ). 11 passa en Espagne en 1721, et, pendant 
tout le temps qu'il y a demeuré, il a partagé avec M. Thierry 
tous les ouvrages de sculpture qui se sont faits pour le roy 
d'Espagne , tant à Madrid qu'au château de S.-lldefonse et 
dans les autres maisons royales. Sa Majesté Catholique lui ac- 
corda le titre de son premier sculpteur etdes lettres de noblesse, 
et le récompensa si dignement de ses ouvrages que, lorsqu'il 
est revenu en France en 1738 , il y étoit d'une richesse im- 
mense ; il se fit secrétaire du roy , fit pourvoir un de ses fils 
d'une charge de maître des comptes, le maria richement avec 
la fille du sieur Rondet, marchand de bijoux , et vécut dans 
l'opulence , car il n'a plus manié depuis le ciseau. Il ne faut 
pas croire au reste que ce soit l'habileté qui ait fait la for- 
tune de M. Fremin; il avoit du talent, mais il s'en falloit de 
beaucoup que ce fût un homme de la première volée; un peu 
de manigance a suppléé à ce qui lui manquoit du côté de l'arl 
et en a fait un sculpteur heureux. Il est mort à Paris le 17 
février 1744; il étoit pour lors directeur de l'Académie de 
Peinture et Sculpture (1). 

(1) Voyez sur Fremin la notice de M. de Yalory, qui se trouvera 



27S 

FREMINET (martin) éloit de Paris ; on apprend cette par- 
ticularité d'une estampe, représentant la sainte famille , gra- 
vée à Rome, d'après ce peintre, par Ph. Thomassin qui a en- 
core gravé quelques autres morceaux d'après Freminet en 
1589, 1591 et 1692 ; c'étoit le temps que Freminet étoit à 
Rome ; il n'avoit que 20 ans en 1589 , supposé qu'il ne fût 
âgé à sa mort que de 52 ans. M. Dargenville a écrit, peut-être 
un peu trop légèrement, que Freminet est mort à Paris ; je 
croirais plustost que c^ fut à Fontainebleau, et encore pluslost 
à l'abbaye de Barbeaux, à trois lieues deMelun, où il est pos- 
sible qu'il se fût retiré pour s'édifier et songer à son talent, 
car il y est enterré et on y lit son épitaphe. Il est mort en 
1619, Âgé de 52 ans* Abrégé de la vie des peintres par Dar- 
genville. 

— D.O.M.S«-Siste sis(Wc?) viator,etperlege. JacethicFre- 
minetus cujus penicillo debemus quod Gallia jam suo gloriatur 
Âpelle, quem nasci voluerant oculorum delicise ; rex , aula , 
virtus, (si per fata liceret) voluissent immortalem, postquam 
artis suœ nobllitavit lumen et umbrasistas hk reliquet illud 
venus obtinet. Obiit anno S. R. M. D. C. XIX. die XVIIIS 
meosisjunii. 

Je vous envoyé, mon cher ami, l'épitaphe de Freminet 
que vous m'aviés demandée il y a longtemps, et qu'on a co- 
piée fidellement sur le tombeau ; je vous embrasse bien ten- 
drement. L'abbé Barthélémy. 
Lundi 25 mars, rue Colbert. 

FREY (giacomo). Il est né à Lucerne en 1681 et est mort à 
Rome le 11 janvier 1752. Voyez sa vie dans le second vol. des 
Vies des Peintres suisses par Fusslin, p. 232. 



dans le second volume des Mémoires inédits sur les académiciens, 
p. iOl-9. 

T. n. r 



27/» 

FUMIANI (ANTOINE), peintre vénitien, florissoit au commen- 
cement du xvui» siècle et visoil, dit le Guarienti , à la ma- 
nière de Paul Yeronèse; il ne manquoit pas de génie, mais je 
trouve qu'il avoit bien du chemin à faire avant que d'arriver 
au but qu'il se proposoil. L'auteur de la nouvelle description 
des peintures de Venise, 1753, se contente d'en dire un mot; 
mais, dans son ouvrage intitulé : délie Pitt. Venez, p. 411, il 
nous apprend qu'il avoit eu pour maître à Bologne Domini- 
que degli Ambrogi, et qu'il est mort à Venise en 1710 âgé de 
67 ans ; il se nomme Jean-Antoine. 

FUSLl (mathias), né à Zurich en 1671. Un penchant natu- 
rel le portoit à être peintre de portraits; mais il lui fut de né- 
cessité de se conformer aux volontés de son père qpii voulut 
en faire un peintre d'histoire, et qui n'en fil qu'un peintre 
médiocre. Il l'envoya à Rome à l'école de Benedetto Luti, qui, 
charmé de sa docilité, de son application au travail et de sa 
bonne conduite, lui accorda son amitié; il l'envoya dessiner 
d'après Raphaël, au Vatican, et, comme il manquoit de voca- 
tion, ce fut sans succès; il n'en fut pas de même de la beauté 
de son âme, elle se montroit et prenoit de nouvelles forces à 
chaque instant. Kupetzki étoit alors à Rome sans occupation, 
mourant presque de faim ; Fùsli le rencontre, le flie, lui de- 
mande la cause de son abattement, partage sondtner avec lui, 
lui cherche et lui procure de l'ouvrage, et telle fut la source 
de cette amitié intime qui régna entre les deux artistes durant 
loute leur vie. Fùsli demeura à Rome pendant neuf ans , et 
n'en sortit que lorsqu'il plut à son père de le rappeler; il re- 
vint à Zurich , y fit peu d'ouvrages et menoit une vie tran- 
quille ; il y mourut en 1736. Fùsli, vie des P. suisses, t. Il 
de la nouvelle édition. 

N. B. 11 ne faut pas confondre cet artiste avec celui du 
même nom, dont Sandrart a fait mention; ce sont deux bom- 



275 

mes différents, et celui de Sandrart est fort antérieur* M. Fùsli 
le cite pareillement dans son livre au t. ). 

6ABBURRI (frânçois-marie-nicolas), d'une famille noble 
de Florence, étoit passionné pour Tart de la peinture, et je 
me loue beaucoup de sa correspondance. Si ses facultés 
a voient pu répondre à son zèle, sa collection d'estampes et 
de desseins seroit devenue une des plus considérables qu'on 
eût vue en Italie. Mais obligé de restreindre ses dépenses et à 
se contenter de ce qui se présentoit à achetter à Florence, 
n'étant pas d'ailleurs assez diflicile sur le cboiiL des objets 
qu'il recueilloit, sa collection fut trouvée à sa mort plus nom- 
breuse que belle. Telle qu'elle étoit, elle a été achettée de ses 
héritiers par un Auglois nommé Kent, en 17..., et exposée en 
vente à Londres; elle n'y a pas eu beaucoup de faveur, chose 
assez singulière, car tout ce qui vient d'Italie est réputé bon 
pour les Anglois. M. Gabburri est louable, en ce qu'il a sauvé 
de l'oubli nombre de belles peintures^ que le temps, joint au 
peu de soin qu'on en prenoit, a été sur le point d'anéantir. 
Nous lui devons aussi la publication de plusieurs ouvrages 
sur la peinture, entr'autres ce qui restoit à imprimer de l'ou- 
vrage de Baldinucci, ainsi qu'on nous l'apprend dans l'avis 
aux lecteurs, à la tête du vol. qui contient les vies des artistes 
deslll® et IV® siècles depuis le renouvellement de la peinture, 
et une réimpression de l'excellent Riposo del Borghini, qui 
étoit devenu un livre très rare. Pendant longtemps il a sou- 
tenu la mourante Académie de dessin à Florence,dont il étoit 
le lieutenant ou plutost le représentant du grand Duc. Il est 
mort à Florence en 1742. Sa vie, écrite par le Verai, a été im- 
primée dans le I^'voL du livre intitulé : Memorabilia Florent, 
erudit. prœstantium» publié par le docteur Lami. Il dessinoit 
passablement; Onorio Marinari lui en avoit enseigné la pra- 
tique. 



276 

GABRIEL (JACQUES jcles), chevalier de Tordre de Saint 
Michel, premier architecte du roy , charge dans laquelle il 
avoit succédé à M. de Cotte en 1736, et premier ingénieur des 
ponts et chaussées, mort à Fontainebleau le 23 avril 1742, 
âgé de 76 ans. Ange-Jacques, son fils, a été nommé par le 
roy à la place de premier architecte dans le mois suivant. Le 
père étoit expert dans la conduite du bâtiment, mais il n'au- 
roit pas pu dessiner le moindre bout d'ornement. Est-ce là être 
architecte? Et comment un premierarchitecte peut-il bazarder 
de juger sur les ouvrages des artistes qui lui sont soumis , 
quand il est lui-même dépourvu de connoissances qui sont 
si nécessaires pour diriger ses décisions. Son père, nommé 
Jacques, avoit été employé à la construction du Pont Royal. 
Le fils a beaucoup bâty dans Paris. Il étoit parent de Jules- 
Hardouin Mansartet il lui devoit sa fortune. 

GABRIELLI (onofrio) de Messine, a peint à fresque dans le 
palaisde Sermeola, appartenant aux comtes Borromée de Pa- 
doue, pour lesquels il a beaucoup travaillé; il demeuroit 
chez eux. Le Rossetti, Pitt. di Padovap. 314, fait mention de 
ce peintre et de quelques-uns de ses ouvrages, mais ne dit 
point le temps qu'il vivoit. 

GAETANO (gio-battista). J'ai vu une suite de 34 petites 
planches, grandeur d'un in-24o , qui représentent la vie du 
B. H. Toribio, arch. de Lima, gravées à Rome par B. Thi- 
boust sur des desseins de ce peintre, que je ne vois point 
nommé ailleurs. Sa manière a du grand, et je ne la puis com- 
parer à celle d'aucun peintre moderne dans un petit espace. 
Dans un petit espace il fait avec peu de figures paroistre un 
grand sujet. Je pense que cette suite, dédiée à la reyne d'Es- 
pagne, Marie-Louise de Bourbon, par Jean François de Valla- 
dolid, chapelain de S. M., est rare, car elle ne m'est encore 



277 

tombée sousla main qu'une seule fois; les planches en seront 
passées en Espagne. 

G\GIN1 (ANTOINE), sculpteur de Palerme et contemporain 
de Michel-Ânge, qui faisoit grand cas de sa façon de drap- 
per. Voy. p, 181 de TAbeced, 

GÂGLIÂRDI (phiuppe), Romain , peintre de perspectives, 
a fait les desseins de toutes les veues qui se trouvent dans le 
livre des Hesperides du P. Ferrari jésuite. Cet auteur fait 
beaucoup valoir les talents de son peintre (pag. 133), et je ne 
doute pas qu'il n'ait dit vrai. Il écrivoit vers l'année 1640 (1). 

GAJETANO (scipione). C'est ainsi que se trouve son nom, 



(1) G*estàla suite d*une vue d'un casin au milieu d'un jar- 
din, gravée par Cl. Goyrand : « Et hac pagina horleusis optices, 
aliisque cousimilibus à te adjungendis tuae prospicis gloriae, Phi- 
lippe; brevibusque lineis longo prospeclu fallentibus longlssimam 
tibi lioeam ducis memorabilis aeternitatis. Fuerint alia tua opéra 
sane praeclara , quibus ampiissima spatia in anguslo splendide 
mentiris, mundumque amplificas in arcto. Sed opus hoc cedro dig- 
num, oui laborasti; ea, inquam, cedro, cujus aurum, quam cedri 
alterius succus, efficacius, optime de se meritis insignibus viris 
allinit famae immortalitatem. Denique in hac aureâ scenâ medica- 
mm arborura, te arma putatoria resecandis vitiis ministrante, pe- 
rennantium, spectaeulum exhibes perpétue virentis nominis tui.» 
Hesperides, sive de malorum aureorum culturâ et usu libri qua- 
tuor, J.-B. Ferrarii Senensis soc. Jesu. Romae. 1646, in-f% p. 133. 
Les autres planches, d'après le Gagliardi, sont p. 147, 153, 457. 
Outre les planches de botanique, et quelques statues antiques, il 
y a dans le môme volume des planches de Greuter d'après Piètre 
de Cortone (front.), de Bloemart d'après Albane, p. 51, d'après 
Sacchi, p. 87; d'après Poussin, p. 97— le musée des dessins du 
Louvre en possède l'admirable dessin — d'après Romanelli, p. 277 ; 
de Greuter, d'après le Guide, p. 343; de Bloemaert, d'après le 
Dominiquin, p. 417 ; de Greuter, d'après Lanfranc, p. 447 ; à côté 
de ces planches le texte offre sur tous ces peintres un passage 
élogieux que devront reprendre ceux qui pourraient s'en occuper. 



278 

écrit par lui-même, sur un tableau qu'il a peint en 1ST6; il 
mourut à Rome sous le pontificat de Sixte V, c'est-à-dire entre 
les années 1585 et 1590, d'une coliquede^miserere. Ses portraits 
sont du dernier fini ; dans celui que j'ai sous les yeux, et qui est 
celui d'un cardinal, il y a une barbe dont on peut compter 
tous les poils. On vante beaucoup le pinceau de Gérard Dou, 
dans ces sortes de détails ; celui de Gaetano n'est pas moins 
surprenant ; tous deux vont de pair. 

GALâNINO (baltqasar). Je connais deux portraits gravés 
d'après ce peintre par Luc Giamberlan ; l'un est celui d'un 
musicien, Barthélémy Grassi de Luques, et celui de Jean 
Guillaume de Colle, dont les poésies ont été mises en chant 
par le susdit Grassi ; apparemment que ces deux portraits 
ont été faits pour être mis dans le même livre. Je ne crois 
pas qu'il y ait eu d'autres pièces gravées d'après ce peintre, 
qui a peint des portraits dignes des Garraches. 

GALEOTTl (bastiano) est mort à Parme vers l'année 1735. 
A en juger par ses desseins, dont j'ai quelques-uns, c'étoit un 
grand praticien dont le génie étoit facile, mais qui ne s'occu- 
poit guère de mettre de la correction dans les choses qui sor- 
toient de ses mains. Il est fait mention de lui dans la des- 
cription des peintures de Crémone par Panni.Voyez sa vie et 
son portrait dans la première partie du second vol. des Por- 
traits des Peintres, peints par eux-mêmes, publié par Ant. 
Pazzi; il y est dit qu'il est mort plus que septuagénaire dans 
le territoire de Gennes, et, comme on place sa naissance dans 
celle ville en 1676 , il faut que celui qui m'a vendu les des- 
seins de Galeotti et qui m'a donné la datte de sa mort, se soit 
trompé, et qu'au lieu de 1735 il n'ait voulu dire 1745 ou 
peut-être 1746. 



279 

6ÂLESTRUZZI (gio-battista), diciple de François Furini, 
excellent peintre florentin. Baldinucci.Part. 1. sec.y., p. 264. 

GALETTI (filippo-maru), frère théatin,éloit de Florence, 
où il naquit en 1636 et il y mourut le 23 février 1714. 
Voyez sa vie et le détail de ses ouvrages dans le tome lU du 
recueil des portraits de peintres de la galerie de Florence, 
page 275. Il étoit disciple de Dandini. 

GALILEI (alessandre), Florentin, architecte, qui a bâti le 
portail de l'église de Saint- Jean de Latran à Rome, mort en 
celte viUe le 23 décembre 1737. Il étoit né en 1691. 11 étoit 
bon mathématicien. L'auteur de la Vie des architectes lui a 
donné place dans son ouvrage. 

GALLE (corneille) le vieux. L'Église romaine, soutenant le 
chapeau de prélat au-dessus de l'écusson des armes d'un sei- 
gneur flamand, de sable au chef d'argent, placé au milieu de 
la Religion et de laNoblesse, celle-cy foulantàsespiedsl'Envie 
et l'autre l'Hérésie ; gravée en 1648 par Corneille le vieux. 
L'inscription qui est au bas est remarquable : C. Galle sculp. 
œtat. 72> 1648 , d'où l'on apprend l'âge du vieux G. Galle ; 
cette pièce se sent bien de la vieillesse de cet excellent gra- 
veur. Il y a encore un reste de rinlelligence, mais plus de 
maniement de burin. 

GALLE (filippo). Vasari en fait mention, t. ill, p. 270, en 
parlant de quelques graveurs qui vivoient dans les Pays-Bas 
en mesme temps que Lambert Suavius. Il le fait natif d'Har- 
lem. En effect, Philippe Galle a gravé une grande quantité 
de pièces, dans sa jeunesse, d'après les desseins de Martin 
He^nskerck, qui vivoit pour lors à Harlem. 11 y en a, parmy, 
plusieurs qui tiennent de la manière de graver de Théodore 
Goomhert, qui travailloit aussy dans le mesme temps à Har- 



280 

lem, d'après Heemskerk, ce qui me fait croire que Philippe 
Galle étoit son disciple, d'autant plus volontiers que Coorn- 
hert esloit plus âgé et que Ton trouve de ses estampes dès 
l'année 1549, au lieu que Ton n'en connoît point de Philippe 
Galle avant l'année 1556, et il n'estoit même pour lors âgé 
que de 19 ans, car il étoit né en 1537. Dans la suitte il vint 
s'établir à Anvers, et y continua dans l'exercice de son art. Il 
y mit au jour quantité de desseins de J. Stradan, que celui-cy 
lui envoyoit d'Italie ; il en grava luy-raesme une partie et se 
fit aider par ses deux enfans, Théodore et Corneille Galle, 
qui avoient appris sous luy la graveure. Philippe Galle avoit 
aussy une fille nommée Juste, qu'il maria à Adrien Gollaert. 
Il mourut à Anvers en 1612, âgé de 75 ans. Voicy l'inscrip- 
tion qui est sur sa tombe dans l'église cathédrale d'Anvers : 
Philippus Gallœus mortuus anno 1612, œtatis 75. Philippe 
Galle n'a rien gravé qu'au burin ; sa manière étoit sèche, 
mais artiste ; sur la fin, c'est-à-dire vers l'an 1586, elle estoit 
plus libre qu'auparavant. Il dessinoit assez correctement, 
quoyque de petitte manière ; il a gravé plusieurs morceaux 
de son invention, et plusieurs autres, aussy de son dessein, 
ont été gravés par Théodore Galle, son fils. H. Goltzius à 
gravé son portrait. 

— Par rinscription sur la tombe de Philippe Galle dans 
l'église cathédrale d'Anvers, où je l'ay leu, l'on trouve que ce 
graveur est né en 1537 «t qu'il est mort en 1612, âgé de 75 ans. 

— M. S. I. et G. 1. se trouvent sur une très-belle pièce 
exécutée en clair-obscur, où l'on a représenté une nymphe 
vue par le dos. Les lettres sont les initiales de Marcus Senen- 
sis invenit. et de Gallus incidit. 

GALLOCHE (louis) est mort à Paris le 21 juillet 1761. Il 
étoit depuis 1754 chanœlier de l'Académie Royale de pein- 
ture. C'éloit un homme, qui connoissoit parfaitement la théo- 



281 

rie de son art, et qui étoil recommandable par la douceur de 
son caractère et par la pureté de ses mœurs. Il aimoit la mu- 
sique, et je me souviens d'un discours qu'il lut à l'Académie, 
et dans lequel il fil entendre que la peinture, ainsi que la mu- 
sique, étoient soumises aux lois de l'harmonie, et que c'étoit 
de là que l'une et Taulre tiroient leur principale beauté. 11 
avoit été admis dans l'Académie en 1711, et il étoit âgé de 
91 ans moins un mois au jour de son décès. 11 a eu la gloire 
d'avoir servi de maître au célèbre Le Moyne. Si tous les ta- 
bleaux qu'il a fait avoient ressemblé à celui qu'on voit aux 
Petits-Pères de la place des Victoires, dans leur réfectoire, 
nous n'aurions guères eu de plus grand peintre. Né le 24 
août 1670 à Paris. 

GAMBABA (lattanzio). S'il faut en croire Ant° Campo, 
historien de Crémone, Lattanzio de Bresse, surnommé il 
Gambara, étoit disciple de Giulio Campo, frère d'Antoine ; 
c'est donc mal à propos qu'on le fait icy disciple d'Antoine. 
Il prise beaucoup ses peintures faites dans le dôme ou église 
cathédrale de Parme. — Campo, Storia di Cremona, p. 51. 

GAMBABINI (gioseffo). Sa vie, écrite par le Zanetti, son 
ami, se trouve dans l'histoire de l'Académie Clémentine, et 
l'on y remarque qu'il a fort bien réussi dans les sujets de 
bambochades. J'en ay vu deux, qu'un de ses amis a apporté 
de Boulogne. L'un représente des femmes qui font la lessive ; 
l'autre un enfant qui joue dans son berceau, accompagné de 
sa mère et de son père. On ne peut disconvenir qu'il n'y ail 
de la naïveté ; mais ils ne sont ni peints ni dessinés dans la 
grande manière ; la touche du pinceau est molle, et le des- 
sein est aussi foible. Cependant ces tableaux ont de quoi 
plaire; mais ils ont en même temps de quoi faire regretter 
ce goût mâle dont les Carraches avoient enrichi l'école de 



282 

Boulogne, et dont il ne reste pas le moindre vestige dans 
cette école» quoyque protégée, quoyque cultivée autant 
qu'elle le fut jamais. 

GAMBELLO (vettor). Eneas Viens en fait mention dans 
son livre intitulé : Discorsi sopra le medaglie di gli antichi, 
p. 67. 11 le met au nombre de ceux qui ont excellé de son 
temps dans Vart de graver en creux des coins de médailles et 
de contrefaire celles des anciens. — Il est nommé, dans une 
dissertation sur les pierres gravées insérée dans le Mercure 
de février 1783, Victor Gamelius; Ton y dit qu'il a gravé 
lui-même son portrait, avec la date 1508, et que c'est un 
fort beau morceau. Gela est vrai, et j'ai cette médaille. 

GANDIN! (ANTOINE). Averoldi, dans la description des 
peintures de la ville de Bresse, asseure en plusieurs endroits 
que ce peintre étoit disciple du jeune Palme et qu'il pei- 
gnoit dans le même caractère ; il convient qu'avant de tra- 
vailler sous le Palme il avoit travaillé sous Paul Véronèse, 
mais qu'il étoit resté peu de temps sous ce grand maistre. Il 
ne dit pas un mot du goût que le Gandini avoit pris pour la 
manière du Vanni. Le Gigli le fait naître à Trente, et, comme 
il vivoit avec lui» que l'un et l'autre liabitoient la même ville 
de Brescia, il faut s'en rapporter à ce qu'il écrit. Gandini 
s'étoit venu établir à Bresse; il en avoit fait son domicile, et 
cela lui avoit fait acquérir le droit de bourgeoisie dans cette 
ville. 

GAKOFALO (benvenuto tisio da), dans le Ferrarois. 
Masini, t. i, p. 616, est d'accord avec le Vasari sur l'année de 
sa mort ; mais il lui donne deux années de vie de moins. U 
n'étoit, selon lui, âgé que de 78 ans lorsqu'il cessa de vivre, 
et c'est à quoi il s'en faut tenir; car, selon l'auteur de la des- 



289 

cription des Peintures de Ferrare, p. 10, le Garofalo nacquit 
en 1481 . Son premier maître fut à Ferrare Dominique Pa- 
netti. En 1498, il se transporta à Crémone. 11 s'y mit sous la 
direction du Boccacino. Il fit ensuite un voyage à Rome, qui 
ne fut que de quelques mois. Il en partit le 7 avril 1500 pour 
se rendre à Mantoue, où il entra dans l'école de Laurent 
Costa, et, en 1505, il revint à Rome et y travailla pendant 
deux ans sous Raphaël, dont il se rendit le sectateur, de ma- 
nière qu'on voit souvent de ses tableaux qu'on ne fait pas 
difficulté d'attribuer à ce grand homme. De retour à Ferrare, 
il s'y fixa et continua d'y opérer avec succès. En 1530, il 
perdit un œil, et vingt ans après, en 1550, il fut entièrement 
privé de la veuê. 11 cessa de vivre le 6 septembre 1559, et il 
fut inhumé dans l'église de S'«-Marie in Vado, où il s'étoit 
préparé une sépulture. Il avoit de la couleur ; ses tableaux 
sont bien empâtés; ils sont vigoureux de couleur. Il a peint 
nombre de petits tableaux, et cependant il s'en trouve quel- 
ques-uns à Ferrare où les figures sont plus grandes que le 
naturel. Ses ouvrages en détrempe ou à la fresque parois- 
sent peints à l'huile. Tout ce qui est sorti de sa main montre 
une grande intelligence du clair-obscur. Sur un tableau dans 
l'église de S^François, à Ferrare, dont il est fait mention 
dans la description des peintures de cette ville, p. 125, il a 
écrit son nom ainsi ortographié : BENVENUTUS GAROPHO- 
NIUS MOXXfV PINXIT, ce qui pourroit faire douter que le 
sobriquet de Garafolo ne lui ait été appliqué, ou à cause que 
sa coutume étoit de peindre un œillet dans ses tableaux; 
aussi n'en est-il rien dit dans ladite Description des Pein- 
tures de Ferrare, où l'on trouve une notice assez exacte 
concernant ce peintre habile. Vous verrez que le nom de 
Garofalo est celui du lieu où le peintre a pris naissance, et 
qu'au lieu de Garofalo il lalloit écrire Garofano. J'observerai 
cependant que sur oes tableaux, dans l'église des Religieuses 



28& 

de S. Bernard à Ferrare, l'un qui porte la datte de MDXXXI, 
et l'autre MDXXXVIII, on Ut : GRATIS PINXIT BEVENUTUS 
DE GAROFOLO. Cette didérenle façon d'ortographier son 
nom est une singularité (1). 

GARRI (lcigi). Avant que d'entrer chez André Sacchi, il 
avoit commencé à apprendre à. dessiner chez Salomon Bao- 
cali, peintre de paysages. Sa grande facilité lui a fait pro- 
duire une très-grande quantité d'ouvrages considérables. 
Pendant qu'il fut à Naples, il a peint avec une célérité mer- 
veilleuse le plafond de l'église de S^« Catherine de Formelle, 
la galerie du prince de Cellamare, et plusieurs pièces dans le 
palais. Depuis son retour à Rome, il a continué d'enrichir 
les églises de cette ville de ses ouvrages, et son âge, quoy- 
qu'avancé, ne l'empêcha point d'opérer avec la même viva- 
cité. — Mss. du S. Pio en 1716. 

GASGAR (henry). n étoit né à Paris, et il est mort à Rome 
le 18 janvier 1701, âgé de 56 ans. Liste des membres de 
l'Académie royale de peinture, dressée par Reynez. Gascar y 
avoit été admis. — Graham a fait observer que Gascar, qui 
commençoit à s'apercevoir qu'il ne jouiroit pas toujours de 
sa réputation en Angleterre, et qu'on reviendroit bientôt de 
la faveur dans laquelle étoienl ses ouvrages, quitta le pays 
et passa en Italie, où heureusement pour lui il trouva encore 
de nouveaux partisans. On a le portrait de Lafond, gazetier 
hollandois, qu'a gravé P. Lombart d'après le tableau de 
H. Gascar, peint en 1667, et l'on peut assurer que, si ce 
peintre avoit toujours composé ses portraits conmûe il a fait 



(1) Voyez Vita di Benvenuto Tisio da Garofolo e di Giovan Fran- 
cesco Barbieri traite da un codice dalla Marciana. Yenezia, Per 
le Dozze Saggini-Gromer, 1842, iu-8°, 100 exemplaires. 



285 

celui-ci, on pourroit le ranger parmi les meilleurs peintres 
du genre. Il ne devoit pourtant avoir alors que vingt-trois 
ans, supposé que les dates que Reynez m*a fourni soient 
exactes; mais je commence à en douter (1). (Notes sur Wal- 
pole.) 

GASPÂRl (jean-baptiste) , d'Anvers. Ce Baptiste Gaspari 
étoit peintre de fleurs, et voilà pourquoi M. Walpole avertit 
qu'il ne le laut pas confondre avec Baptiste Monnoycr. (Notes 
sur Walpole.) 

GASSEL (luc), de Helmont. Son portrait fut gravé en 1529 
par Binck, et depuis par Jean Wierx, dans la suitle des por- 
traits des peintres flamands morts avant Tannée 1572, mise 
au jour à Anvers chez la veuve de Jérosme Cock. Lampso- 
nius loue surtout sa probité dans les huit vers latins qu'il a 
mis au bas de ce portrait ; et comme il l'appelle du nom de 



(1) Le département des manuscrits de la Bibliothèque impériale 
possède, sous le n» 1846 du supplément français, un manuscrit en 
3. volumes in-4o, de la main de Mariette, qui sont une traduction de 
la première édition des Anecdotes ofpainting de Walpole. Elle se- 
rait, comme traduction, inutile maintenant pour publier le Wal- 
pole en français, car il y faudrait suivre la dernière édition de Wal- 
pole, et joindre les notes, rectifications et les additions de Dallaway 
et de Warnum. La publication en France de Walpole seraittrès-heu- 
reuse, car il est très-curieux, non pas seulement pour ce qui est 
de Fart de son pays, mais pour les artistes étrangers, Italiens, 
Allemands ou Français qui y sont venus, et sur lesquels on trouve 
là précisément les renseignements qui manquent aux écrivains de 
leur propre nation. Par là c'est un livre général, et qui mériterait 
d'être plus employé qu'il ne Test. En même temps qu'il le tradui- 
sait, Mariette l'annotait et abondamment. Ce sont ces notes, en 
tant qu'elles se peuvent détacher du texte, que nous donnons dans 
cette publication, en les distribuant d'après l'ordre alphabétique. 
Nous regrettons de ne pas avoir connu ces volumes plus tôt; car 
quelques notes eussent déjà trouvé place ; mais elles se retrouve- 
ront au supplément. 



S86 

SeneXf il est à préjuger qu'il mourut dans un âge avancé. 
— Une suite de sept paysages où sont représentés des su- 
jets de Thistoire sainte, savoir : Abraham adorant les trois 
anges; Jonas pleurant la perte de Ninive; S. Jean-Baptiste 
baptisant Jésus; S. Jérosme et S. Antoine. Ils sont gravés à 
Teau-iorte par un ancien maistre, dont on ignore le nom, et 
qui vivoit du temps de Jérosme Cock; on les croit de Tin- 
vention de Luc Gassel. H. Cock excudit, et cette marque L G 
(en monog.)j que je présume être celle de Luc Gassel, qui 
vivoit pour lors et qui estoit en réputation de bien peindre 
le paysage. Mais, à en juger par ces pièces, il avoit un goût 
bien gothique ; les figures tiennent de la manière du Breu- 
ghel. 

GATTl (aurexu) de*), frère du Soiaro.— Gigli est le seul 
qui en fasse mention dans ces vers : 

Et il Paveso Solar, felice e degnd, 
Gon Aurelio suo fratel de* Galti. 

GATTl (olfvier) , était né à Plaisance, et non à Parme. 

GATTO (gervasio], de Crémone, etcelloit à faire des por- 
traits. Antonio Gampo, dans son histoire de Crémone, p. H 
le met au nombre des peintres ses contemporains. 

GAULl (batista). — Le Bachiche avoit une intelligence 
merveilleuse, et son génie le portoil à exécuter de grandes 
machines. Il faut croire cependant que ce génie avdt besoin 
d'être aidé ; car ce peintre, tout habile qu'il est, n'a paru 
grand et très-grand que lorsqu'il a été soutenu par leBernin. 
Son beau plafond de l'église de Jésus, ses angles en pendentifs 
du dôme de Ste-Agnès en place Navonne, furent, à ce qu'on 
prétend, autant l'ouvrage du Bemid que le sien; et si quel- 



287 

qu'un le conteste, il ne pourra disconvenir que, lorsque le 
Bernin fut mort, il sembla que le génie du Bachiche avoit 
été mis avec celui du Bernin dans le même tombeau. Non 
seulement ses ordonnances n*avoient plus la même beauté ni 
le même enthousiasme; mais on ne vit plus dans son pin- 
ceau ni la même suavité ni la même vagbezze. Il crut avoir 
jusqu'alors péché par défaut de couleur ; il voulut changer 
ses teintes et donner à ce qu'il peignoit plus de vigueur. 11 
n'y eut plus d'harmonie dans ses tableaux; ils parurent durs 
et secs, et ne présentèrent plus rien d'agréable; témoin ce 
qu'il a lait aux SS. Âpostres. Le Bachiche étoit la main, dont 
le Bernin se servoit pour exprimer en peinture ses pensées 
neuves et piquantes. Cette obéissante main se ployoit à tout 
ce que le sculpteur vouloit; elle ne cherchoit point à épurer, 
ni à rendre cette manière plus correcte : elle y eût perdu. 
Chaque manière demande à être donnée dans son véritable 
caractère; sans cela elle dégénère et n'est pas supportable. 
Le Bachiche est né en 1639, et non en 1658. L'inscription au 
ba^ du portrait de ce peintre, que M. Grozat avoit eu de la 
collection Pio, le dit, et le Pascoli le confirme. 

GAULTIER (Léonard). Divers sujets de la vie de Jésus- 
Christ, représentés en une suite de cent quatre petites pièces. 
11 y a à toutes la marque du graveur, et à quelques-unes des 
dattes par où l'on connoist celles qui ont été gravées en 
1576, 1577, 78, 79 et 80. Ce qui est remarquable, c'est qu'il 
y en a une de cette dernière année où l'on trouve écrit : 
Cum pri. reg. achevé le XXoctob. œtatis XIX, 1580., d'où 
l'on apprend le temps précis de la naissance de notre gra- 
veur, que je croirois assez volontiers disciple de maître 
Etienne de Laulne. 

GËERÂBT. Il y a eu deux peintres du nom de Marc Gai- 



288 

rard, ou plutôt Geerart, ainsi que le nom s'écrit en flamand, 
tous deux nés à Bruges dans les Pays-Bas, et tous deux morts 
en Angleterre. Une inscription, qui se trouve au pied du 
portrait du fils, gravé par Hollar, nous l'apprend, et Ton ne 
comprend pas comment M. Walpole a pu l'ignorer, lui qui 
a lait copier ce portrait pour en enrichir son ouvrage. Il n'est 
pas moins surprenant de lui voir mettre sur le compte du 
fils, né en 1561, les gravures des fables d'Ésope, qui, selon 
Van Mander, que M. Walpole traduit, ont paru à Bruges en 
1566, et sont par conséquent un ouvrage qui ne peut appar- 
tenir qu'au père. Celui-ci, que le manque d'occupations et 
les troubles excités par les disputes de religion avoient 
chassé de son pays, se réfugia en Angleterre avec son fils. 
M. Walpole le fait arriver à Londres aux environs de 1580, 
ce qui est très-vraisemblable. Ce que Marc Geerart le père 
faisoit le mieux étoit le paysage ; mais il y mettoit dans la 
touche un soin qui le rendoit d'assez petite manière. Les 
fables d'Ésope, dont il y a eu une sec*onde édition sous le 
nom de G. Sadeler, qui en a les planches et qui les a retou- 
chées, en donnent cette idée et nous font voir, dans ce qu'il 
y entre de figures, que Geerart les dessinoit dans le goût de 
Franc Flore, le maître qui pour lors étoit le plus en crédit 
dans les Pays-Bas. Je n'ai rien vu du fils; mais, à s'en tenirà 
ce qu'eu dit M. Walpole, il paroît que le genre du portrait 
étoit celui qu'il avoit embrassé par préférence, et c'étoit en 
effet le seul dont il pût tirer quelque avantage dans le pays 
dont il avoit fait sa patrie. (Notes sur Walpole.) 

GEFFELIN (paul). L'inscription : «Ces pièces sont de Paul 
Geffelin, le rubis des peintres de son temps, » étoit au bas de 
la première pièce de la suite des triomphes attribués à George 
Pencz. Elle est écrite par un nommé Théodecte Tabouret, 
chanoine de Langres, qui vivoit au commencement de 1600,}* 



â89 

et qui avoit un cuibinr t d'estampes dont nous en avons eu quel- 
ques-unes; comme il approche du temps, son témoignage doit 
estre de quelque poids (1) ; en effect, plus je lesconsidère, plus 
je suis porté à ne point croire ces estampes de George Pencz. 

GEFFËLS (FRANÇOIS) , peintre flamand , étoit à Mantoue 

en 1659. 11 y grava la vue de , maison de plaisance du 

due de Mantoue, située sur les bords du lac de Garde. 11 en 
avoil fait le dessein sur les lieux, où le prince lui avoit 
permis de se retirer pour se rétablir d'une maladie. Cette 
pièce, qui est assez grande, est exécutée avec goût et avec 
esprit. C'est de l'insi-ription qui est au bas que j'ai extrait 
toutes les particularités que je remarque icy. On peut juger 
par cette pièce qu'il étoit peintre de paysage et habile. 

GELDORP (George). Il faut voir ce qu'a écrit Sandrart sur 
la profonde ignorance de Geldorp dans la partie du dessein. 
11 étoit si peu exercé, que, toutes les fois qu'il avoit à peindre 
une tête> il étoit obligé, pour la mettre ensemble, de s'aider 
de poncis dont il avoit provision, ses portefeuilles étant rem- 
plis d'un nombre de têtes dans différentes positions que 
d'autres peintres lui avoient dessinées. Son trait, ainsi placé 
sur la toile, lui étoit un acheminement pour peindre d'après 
nature ses portraits, qu'il faisoit ainsi à tâtons; et je laisse Ji 
penser ce que devenoit son travail, et s'il pouvoit sortir de 
son pinceau de fort bonnes choses. Aussi suis-je très-per- 
suadé que c'est uniquement la singularité de la pratique dont 
laisoit usage Geldorp qui lui avoit fait obtenir une place dans 
le livre de Sandrart, quoyque celui-ci ajoute qu'il ne laissoit 



(1) Il était frère d'Et. Tabouret. Voyez les Bigarrures, édil. de 
1661, p. 325; en télé se trouve une pièce de vers de Théodecte au 
seigneur des Accords, dans laquelle on retrouve Tamateur. 



t. ÏU 



290 

pas que de mettre de la ressemblance dans ses portraits et 
qu'il avoit grande vogue. (Notes sur Walpole.) 

GELÉE (cXAïJDE).De tous les paysagistes, Claude le Lorrain 
est celui qui a misle plus d'air et. de fraîcheur dans ses paysa- 
ges; c'est par où il s'est' distingué; car il n'a été heureux ni 
dans le choix des formes ni dans celui des sites , qui parais- 
sent trop uniformes et trop répétés dans ses compositions. Ce 
défaut est une preuve de son peu de génie; mais, comme il y 
suppléoit par une connaissance parfaite de la partie de l'bar- 
monie, ses desseins, autant que ses tableaux, qui, quoiqu'un 
peu trop chargés d'ouvrage , font un grand effet , mériteront 
toujours une place distinguée dans les cabinets. Il en avoit 
formé un volume pour son propre usage, dans lequel il avoit 
rangé les desseins de tous les tableaux qu'il avoit peints ; cette 
collection étant passée, toute entière et sans aucun démembre- 
ment, en les mains de milord duc de Devonshire, on ne doit 
plus être surpris si les desseins de ce maître sont si rares (1). 

— Claude Gelée, dit le Lorrain, étoit commun dans ses sites, 
mais il les rendoit piquans par des effets de lumières qui ne 
sont qu'àlui... De Piles, Cours de Peinture. Il est mort à Rome 
en 1682, âgé de 82 ans. 

— Claude le Lorrain a été un parfaiti mitateur de la nature, 
et il n'y a guère eu de peintre qui ait mis plus d'air dans ses ta- 
bleaux; la même intelligence règne dans tout ce qu'il a gravé. 

— Le départ de sainte t/r«ufe (187 de R. D.) (2). Ce tableau se 
conserve dans le palais du cardinal Barberini, et a été fait 
pour le cardinal Paul Barberini. — (188 deR. D.] Claude a fait 



(t) Voir le détail de ce recueil dans le précieux article de H. de 
Lanorde, Archives de VArt français^ tome I, pages 435*55. 

^2) Ces numéros entre parenthèses se rapportent à Tœnvre de 
Barrière donné par H. Robert Dumesnil. Les notes de Mariette sont 
au bas des pièces mêmes lui ayant appartenu. 



291 

ce tableau en 1668 pour le cardinal Rospigliosi, qui fut pape 
sous le nom de Clément IX. — Criseis. (186 R. D.) M. de 
Fontenay fit faire ce tableau à Rome pour M. de Liancourt. 
— A la mite de cette note détachée et sans le nom de celui 
auqud elle se rapporte : <r J'ai vu toutes ces pièces dans l'œuvre 
de Huquier avec plus d'attention que la première fois ; elles 
m'ont paru avoir été fraîchement imprimées, et de là je pré- 
juge que ce seront des planches qu'on aura retrouvées, qu'on 
les aura fait imprimer , chose qu'on avoit négligé de faire, 
parce qu'on ne croyoil pas qu'elles en valussent la peine, et 
je crois aussi qu'on les vend actuellement à Rome avec tout 
le resle de la suite. Huquier , à qui j'en ai fait l'observation , 
n'en est pas autrement disconvenu ; il est facile d'éclaircir la 
chose. — Je l'ai fait, et ces estampesme sont arrivées. » Mariette 
ajoute : Il en est arrivé autant des paysages de Claude le Lor- 
rain ; on n'en connaissoit qu'un certain nombre , et il en a 
paru depuis de nouveaux, qui se sont trouvés gravés au dos 
des anciennes planches. 

GEHINIÂNl (Gucono] de Pistoie, né en 1611, vint extrê- 
mement jeune à Rome et entra chezPietro de Cortone; il de- 
vint un de ses meilleurs élèves; mais, comme c'étoit un 
homme timide et qui ne connaissoit pas toute l'étendue de ses 
talents, il passa toute sa vie peu favorisé des biens de la 
fortune. 

• 

GENGÂ (guolamo). n laissa un fils , nommé Barthélémy » 
qui cultiva pareillement l'architecture, et dont se servit Fran- 
çois Marin , duc d'Urbin, pour les additions que ce prince fit 
faire à son palais. Baldi, nella descritt. del pal. d'Urbino, 
cap XI. 

GENNÂRI (bennato). L'auteur de la description des Pein- 



9 : ••) 

it %f •* 



*lurcs de Ferrarc , p. 26, place sa mon en d658 et ne le lait 
âgé que de 25 ans ; c'est une faute, et Ton ne doit avoir aucun 
^ard à ces dates. 

GENOELS (ABRAHAM) d'Anvers, peintre de paysage, Iravail- 
loit à Paris du temps de M. Vandermeulen , qui l'employcit 
dans ses ouvragesde même que M. Le Brun ; il étoitde l'Acadé- 
mie. Les ordonnances de ses paysages ne sontpas Tort naturelles 
et la toucheen est maniérée, mais il ne laisse pas d'y avoir du 
bon dansée qu'il a fait. lia gravé quelques paysages à l'eau- 
fortn qui sont assez bien touchés , et l'on en a quelques-uns 
de lui, gravés d'une manière assez singulière , qui imite le 
dessein et qui a été pratiqué avant lui par La Belle. Genoels, 
s'élant retiré à Anvers et étant devenu vieux, quitta la pein- 
ture, et, par une bizarrerie qui marquoit la chute de son es- 
prit, il voulut qu'on le nommât ArcAtmÀfe, et en cette qualité 
il enseignoit gratuitement aux jeunes gens la perspective, n 
mourut à Anvers le 10 may 1723, âgé de 83 ans moins 
15 jours; il étoit né le 25 may 1640. Communiqué par 
M. Reynez. 

— Cinq paysages en rond, inventés et gravés à l'eau forte 
par A. Genoels d'une manière plus terminée, mais moins ar- 
tiste et moins spirituelle que tout le reste de ce qu'il a gravé. 
Ils ont été gravés par Chatillon , d'après Genoels, et non pas 
par Genoels; ils sont mal exécutés et appesantis d'ouvrage. 

— Le S' Vandermeulen, que le roy Louis XIV avoit fait 
venir en France pour peindre ses conquestes, ne pouvant suf- 
fire seul à la quantité d'ouvrages qui luy étoient ordonnés, 
on fut obligé d'appeler encore d'autres peintres flamands pour 
travailler sous luy ; Abraham Genoels, d'Anvers, habile pein- 
tre de paysages, vint en France à ce dessein, et, comme il 
remplit parfaitement les veues qu'on avoit eu sur luy, il fut 
employé dans beaucoup d'ouvrages qui se faisoient pour le 



293 
roy, et ensuite admis dans rAcadénaic royale de Peinture. 

GENTIL (FRANÇOIS), tailleur d'images, qui a beaucoup tra- 
vaillé à Troyes, dont on le croit originaire, a fait en 1579 le ta- 
bleau en bas-relief de la Vierge, qui est dans la nef de Téglise de 
S.-Pierre. On le croit contemporain de Dominique del Barbiere, 
et peut-être son disciple, ou, ce qui me paroistplus exact, tous 
deux éloient élèves de Primatice, qui, comme l'on sçait, étoit 
abbé de Saint-Martin de Troyes. 

GENTILESGHI (orazio). Sa manière de peindre est large et 
vigoureuse et son ton de couleurs ne peut guère être meilleur ; 
quant à son goût de dessin, il est pauvre, [.e peintre imite la 
nature telle qu'il la voit , il ne s'élève pas plus haut; il n'en 
sçait pas corriger les défauts; j'en juge ainsi sur un de ses 
plus beaux tableaux qui est chez le roi et qui représente un repos 
en Egypte ; on le voit dans TanticUambre du roi à Versailles, 
qu'on appelle l'OEil-de-bœuf ; c'est le même que décrit San- 
drart dans la vie de Gentileschi ; il a été peint en Angleterre, 
pour le roi Charles P% après la mort duquel il est passé en 
France (1). Gentileschi, étant à Rome, s'éloitlié d'amitié avec 
Augustin Tassi, et avoit, pour ainsi dire, formé une sociétéavec 
lui ; ils entreprenoient ensemble des ouvrages , tels que des 
plafonds, des frises, etc. , où le Gentileschi peignoit les figures, 
et le Tassi l'architecture et les ornements. C'est ainsi qu'a été 
exécutée cette grande frise, qui est dans la salle du Consistoire, 
au palais de Montccavallo; j'en ai le dessin qui est très-beau. 
11 reste encore plusieurs peintures de Gentileschi, faites pen- 
dant son séjour en Angleterre. Le duc de Marlboroug a, dans 
son hôtel à Londres, les plafonds qu'il avoit peints pour le 



(1) Livret du Musée du Louvre, école italienne, 5® édit., n° 235. 



%9k 

palais de Grenwich. Le père Orlandi se trompe lourdement 
sur son âge. Le Baglioni, qu'il cite, le fait mourir âgé d'envi- 
ron 70 ans; mais M. Walpole a écrit en dernier lieu, qu'il 
étoit âgé de 84 ans lorsqu'il cessa de vivre. Il reçut la sépul- 
ture, comme catholique, dans la chapelle de l'hôtel de Som* 
merset. il étoit depuis 42 ans en Angleterre, Van Dick l'y 
trouva et peignit son portrait, qui se trouve gravé dans la 
suite des cent portraits. On en peut conclure que sa mort ar- 
riva aux environs de 1635, et cela ne s'éloigne pas du calcul de 
Baglioni, qui, par rapport aux mœurs, ne fait pas une pein- 
ture tort avantageuse de celles de notre Horace ; il le représente 
comme une mauvaise langue, et laisse entrevoir du libertinage 
dans toute sa conduite. Je suis donc fort porté à croire que 
M. Walpole s'est trompé dans son calcul. 

— Je suis comme assuré que M. Walpole fait le Gentilescbi 
beaucoup plus vieux qu'il n'étoit lorsqu'il cessa de vivre; il 
le fait âgé de 84 ans, tandis que le Baglioni, auteur contem- 
porain, ne lui donne qu'environ 70 années de vie, et, comme 
il le place dans le rang des artistes qui moururent en Tannée 
1640, il s'en suifvroit que sa naissance seroit de l'année 1570, 
ce qui s'accorde assez bien avec les différentes époques de sa 
vie, écrite par ledit Baglioni. 11 le fait venir fort jeune à Rome 
sous le pontiQcat de Sixte V9 qui a siégé depuis 1585 jusqu'en 
1590, et, si c'est en 1588, qui est le temps auquel on Iravail- 
loit à peindre la bibiothèque du Vatican, où le Gentileschi fut 
effectivement employé, on pou voit dire de lui que c' étoit un 
très-jeune homme, puisqu'il n'avoit pas encore atteint sa 
vingtième année ; tandis qu'en adoptant la date de M. Wal- 
pole, c'eût élé un homme qui, à cette époque, passoît les 
trente années. La salle du Consistoire à Montecavallo fut em- 
bellie de peintures sous le pontificat du pape Paul V, en 
1616, et le Gentileschi y a travaillé conjointement avec Agos- 
tino Tassi, dont il lui arrivoit assez souvent de partager les 



29Ô 

travaux; il étoit homme fait et pouvoit avoir au plus 46 ans. 
Le desseia que je possède, el qui a été fait pour cet ouvrage» 
que je n'hésite point de donner au Gentileschi, e$t fait avec 
une fermeté et une légèreté de plume qui convient à un ar- 
tiste de cet âge. On ne s'engage guère à de longs voyages 
quand on passe la soixantaine, et , s'il est vrai qu'il ne soit 
sorti de Rome qu'en 1621 , ainsi que l'a écrit le P. Orlandi, 
et qu'il se soit écoulé deux années jusqu'à ce qu'il ait entre- 
pris le voyage de Londres, ce sera eo 1623, à l'âge de 53 ans, 
que ce dernier voyage aura eu lieu. Mais je le reporte un peu 
plus tard ; je ne le mets qu'en 1625 , ce à quoi, ajoutant les 
douze années de séjour à Londres, je placerai sa mort en 
1637 ou 1638, et il se peut que le Baglioni n'en ait pas été 
informé sur-le-champ , vu l'éloignement des lieux , et alors, 
il n'aura rangé que par estime la mort de Gentileschi en 
1640, dans ce cas-là, plus vieux de quelques années qu'il ne 
le fait; aussi a-t-il eu la précaution d'ajouter le mot de «nt?i- 
ro» à la date qu'il donne. (Notes sur Walpole.) 

— Walpole regardant comme une méprise la qttcdificaiîon de 
civis romanus, donnée au Gentileschi au bas d*une planche de 
Loth et ses fUles^ gravée par Vorsterman , Mariette tgoute : 
h\, Walpole ne peut pas ignorer qu'il n'est rien de si commun 
que devoir les gens, qui se sont distingués à Rome par leurs 
talents^ y acquérir la qualité de citoyen romain ; on en pour- 
roit citer mille exemples, et par conséquent Gentileschi, à qui 
ses beaux ouvrages de peinture avoienl fait un grand nom 
dans Rome, a pu y obtenir cette distinction ; si cela n'a pas 
été remarqué, c'est que personne n'a fait son histoire ; mais 
rinscription que Vorsterman a mise au bas de sa planche, 
supplée à cette omission et est un témoignage d'autant moins 
récusable, que le peintre vivoil quand l'estampe a paru. 

GENTILESCHI (artemisia). Son portrait assez mal gravé 



396 

par H. David, lui donne le titre de Romana, elde là je préjuge 
qu'elle est née à Rome, où son père a passé une bonne partie 
de sa vie. (Notes sur Walpole). 

GEOF (. . . . de), natif d'Anvers, sculpteur en chef de 
S. A. E.de Bavière, a fait en 1737, la statue du prince électo- 
ral en argent, de grandeur naturelle et pesant autant que ce 
prince.G'est.un vœu fait par l'électeur à N.-D. d'AlthemsteiD, 
qui y a été porté le 10 aoust de ladite année. Ce sculpteur a 
beaucoup travaillé pour le même électeur. Mercurede France. 

GEORGI (JEAN) , assez médiocre graveur, dont on a plusieurs 
portraits, vivoit à Venise, dans le milieu du dernier siècle; il 
étoit Allemand de nation, ainsi qu'on nous apprend dans un 
avertissement, qui a été mis au commencement de la descrip- 
tion de l'opéra de Bellerophon , dont les figures des scènes 
sont gravées par lui, et publiées avec le livre en 1644. 

GEORGION. Sandrart , page 397 , rapporte que Pierre de 
Veccliia, peintre vénitien, avoit un talent singulier pour con- 
trefaire la manière de Georgion, et qu'il a fait dans ce genre 
des tableaux où les meilleurs connoisseurs peuvent se mé- 
prendre ; il a fait mention de quelques-uns, et entr'autres 
de celuy où il avoit représenté un jeune soldai, dans une ac- 
tion de repos, revêtu d'une cuirasse et tenant à la main une 
pique , tableau qui, à cause de l'intelligence qui y régnoit, 
avoit plu si fort au prince Robert, comte palatin du Rhin, 
qu'il l'avoit gravé luy-même, en manière noire, avec: un soin 
in6ny. Je crois pourtant lire sur la planche, dans le fond au 
burin, le nom de Georgion. 

GERBIER (balthazar). G. Walker vient de graver à Lon- 
dres, pour J. Boydell, ui^ tableau qui n'est point sorti du pa- 



297 

lais qu'habite encore la princesse de Galles douairière, et, 
quoyque l'estampe, assez mal exécutée, porte le nom de Van 
D.yck, plus j'en considère la composition, plus je suis porté à 
douter que ce peintre soit véritablement l'auteur du tableau (1). 
Le principal groupe, c'est-à-dire la femme assise, qui porte 
un enfant nouveau né entre ses bras, et les trois enfans, de 
différens âges, qui l'environnent, ne diffèrent en rien des 
mêmes figures qui entrent dans la composition du tableau 
qu'a gravé Mac Ardell, et qui passe avec raison pour être de 
Rubens. Est-il vraysemblable que Van Dyck, quelque respect 
qu'on lui suppose avoir eu pour son maître, se soit réduit à 
être à ce point son copiste, et que, pour les augmentations 
qu'il y avoit à faire dans son tableau, il en ait abandonné le 
soin à des mains étrangères ; car on convient que les autres 
enfants qui sont dans le même tableau ne sont pas dignes de 
lui, et qu'il n'y a même pas mis la main. S'il m'est permis 
de dire ce que j'en pense, je ne suis pas éloigné de croire que 
le tableau en question a pu appartenir à Balthazar Gerbier, 
et que c'est la raison qui y a fait apposer ses armes. Mais 
cela ne prouve point que ce soit sa femme et ses enfans qui 
y soient représentés. Si cela étoit, l'homme qui est debout, 
derrière la chaise de la femme assise, devroit lui ressembler, 
et cependant on ne lui trouve aucun des traits que Van Dyck 
a employés dans le portrait dudit Gerbier, qu'a gravé Paul 
Pontius. Il éloit, comme l'on sçait, singulièrement attaché à 
la personne du duc de Buckingham,et, ayant vu le tableau de 
Rubens qui, suivant la tradition, a été peint pour ce duc, il 
en aura été touché, et il en aura fait faire une copie pour lui 
par quelque peintre de l'école de Rubens, auquel il aura fait 



4) Cette note revient en la confirmant sur un point déjà exa- 
mine par Mariette. Voir dans ce volume, p. âOâ-3. 



S98 

faire les augmentations qu*il y jugeoit nécessaires pour rendre 
le morceau complet. Le copiste, soutenu par l'excellence de 
son original, en aura laissé assez passer dans sa peinture pour 
en imposer, tandis que, obligé, pour ce qui lui restoit à faire, 
de le puiser dans son propre fond, il se sera dévoilé malgré 
lui. Je crains donc que ce tableau ne soit apocryphe et que 
le prince de Galles n*ait été trompé. Cela n'arrive que trop 
fréquemment aux personnes de son rang. (Notes sur Walpole.) 

GERMAIN (THOMAS). Le 14 août 1748, est mort à Paris, 
âgé de 75 ans, à la suite d'une léthargie , M. Thomas Ger- 
main, qui, depuis le célèbre Ballin, est à mon avis, le plus 
excellent orfèvre que la France ait eu. Ce n'est pas que 
M. Meyssonier ne puisse le lui disputer en certaines parties, 
mais^ à tous égards, je trouve M. Germain supérieur. Son 
goût d'ornement est plus sage, ses compositions moins fan-» 
tasques, et, quant à l'exécution, la sienne n'est pas moins 
brillante. Si M. Germain ne copie pas tout juste l'antique, et 
si pour se prêter au goût régnant, il se livre à des formes 
singulières, il ne donne jamais dans des écarts blâmables, et 
autant qu'il le peut, il emprunte de l'antique et des bons 
maîtres ce qu'ils ont de beau, et il en embellit sa manière. On 
voit plusieurs de ses ouvrages, où il a représenté des légumes, 
des fruits, des animaux et même des figures, qui sont mer-^ 
veilleusement bien touchés et ciselés avec art. Tout cela s'est 
fait sur ses desseins et sur ses modèles, et dans les morceaux 
d'une plus grande importance on peut compter qu'il y a 
donné les derniers coups et qu'il y a mis l'âme. Cola se re- 
marque principalement dans cette superbe vaisselle d'or qu'il 
a fait pour le roy, et dont il étoit dans l'usage depuis plu- 
sieurs années de fournir à S. M. une pièce au jour de l'an. Il 
commença par une écuelle couverte, et i] a fini par (J^ux ipa- 
gnifiques chandeliers ornés de guirlandes. Il sembloit que ce 



S99 

dernier morceau devoit couronner tout ce qu'il avoit iait de 
beau jusqu'alors* Il y mit toute son application, et le roy en 
les recevant ne put s'empêcher de lui en marquer sa satisfac- 
tion. 11 y avoit longtemps qu'il lui avoit accordé un logement 
dans les galeries du Louvre, et le titre de son orfèvre ordi- 
naire. M. Germain, supérieur à son art, pouvoit non-seule- 
ment bien modeler une ûgure, et disposer en mattre un 
grouppe d'ornement; il enlendoit aussi très-bien l'architec- 
ture, et c'est sur ses desseins et sous sa conduite qu'a été 
bâtie depuis peu l'église de Saint-Louis-du-Louvre, où il 
avoit marqué sa sépulture, et où il a été inhumé le 16 aoust. 
Il avoit été élu échevin en 1738. 

GEROLA (qio). Je trouve son épitapbe dans un Ms. de la 
bibliothèque du roy, n^ 10103, intitulé Antiquarium Regii 
Lepidi ; autore Julio Borzani Reg : — D. 0. M. — Joanni Geroli 
qui — adeo excellentem — pingendi artem doc — tus luerat 
ut alter — Apeles vocaretur — cum satis vix. est — peremp. 
con. mesliss. — ce (id est cmjux) MDGVII. Si Ton en croit le 
Ms. de Borzani, le vrai nom de ce peintre est Jean Glarola. 
Les endroits où il a travaillé le plus sont les villes de Reggio 
et de Parme. On parle de luy avec éloge dans le Ms. que je 
cite; mais on n'y dit point qu'il eût été élève du Corrége. — 
Le même auteur, dont j'emprunte tout ce que je rapporte ici, 
appelle ce peintre, dans l'endroit où il fait la description de 
l'église de 8aint-Prosper-de-Reggio : Gio, Garuolo, et il fait 
mention de quelques peintures à fresque qu'il a exécuté dans 
une église où sont les chapelles du saint Sacrement et de 
Sainte- Joconde. — Le chanoine Grespi, dans le 3« vol. de Fel- 
sina Pitlrice, p. 50, fait menlion de ce peintre, et en fait un 
des disciples duGolonna. 

GHËDINI (joi^ph), peintre de Ferrare, actuellement vivant, 



300 

peut être regardé comme un des disciples de Jacques Paro- 
lini, quoy qu'il n'ait pas fréquenté pendant longtemps cette 
école. Il a terminé en 1755 un grand tableau rep [{'sentant la 
multiplication des pains, lequel occupe toute la laçade du 
fond du réfectoire du couvent de Sainte-Marie-des-Anges à 
Ferrare. Descri. délie pitture di Ferrara, p. 80. Il y est parlé 
de ce morceau de peinture avec éloge. 

GHERARDI (antonio). Il a peint le plafond d'une église 
voisine de la fontaine de Trévi àRome, qui est celle de Sainte- 
Marie-de-Trivio-de-Crocifori, et c'est un très-bel ouvrage; la 
composition en est neuve et tout à fait pittoresque, et, autant 
qu'il m'en souvient, le ton de couleur en est très- vigoureux ; 
Pascoli, qui a écrit sa vie, le fait nattre en 1644 et mourir à 
Rome en 1702. 

GHERARDINI (gio), peintre, que le ducdeNevers fit venir 
en France sur la fin du siècle dernier. Il l'avoit connu en 
Italie, et avoit cru voir en lui de grands talens. Ce n'étoit ce- 
pendant qu'un de ces praticiens dont l'Italie fourmille. Il co- 
lorioit mal; il dessinoit encore plus mal; tout son mérite 
consistoit à entendre assez bien la perspective. Ce qu'il a fait 
de plus considérable en France est le plafond de l'église des 
Jésuites de Nevers. Il achevoit ce dernier ouvrage, lorsque le 
R. P. Bouvet, jésuite, que l'empereur de la Chine avoit en- 
voyé en Europe pour faire une recrue de gens habiles dans 
tous les arts, arriva à Paris; il lui persuada de le suivre en 
Chine; ils partirent ensemble sur le vaisseau du roy, l'Am- 
phitrite, en mars 1698, et ils arrivèrent à Canton le 2 no- 
vembre de la même année. Ce fut de celte dernière ville que 
notre peintre écrivit à M. le duc de Nevers, son Mécène, 
une lettre, dans laquelle il luy faisoit une relation de son 
voyage, dans un stile où l'on a voulu imiter celui de Bachau- 



301 

mont et de Chapelle; c'est un badinage continuel, semé de 
vers italiens empruntés de TArioste, du Tasse, et pris dans 
d'autres pareilles sources, et accompagnés de vers françois 
qui les expliquent. 11 n'est pas difticile de s'appercevoir que 
quelque jésuite a prêté sa plume; un Italien, peu versé dans 
notre langue, éloit incapable de faire un pareil ouvrage, qui 
dans le fond n'apprend rien du tout ; sunt verba et voces. Un 
endroit de celte relation, où l'auteur, parlant de Canton, dit 
que certaines choses, qu'on y voit et qu'il décrit, ne sont 
guère de Tair de Paris ni de Turin, peut faire croire qu'il 
étoit réellement Piémontois et peut-être de Turin même. 
Après être demeuré près d'un an à la Chine, s'être ennuyé et 
avoir sans doute déplu aux gens du pays, Gherardini revint 
en France, et y mourut peu de temps après son arrivée dans 
un état assez misérable. La relation de son voyage à la Chine 
a él^ imprimée à Paris chez Petit en 1700; c'est une bro- 
chure 12*. — Il a habité Bourges, et y a peint beaucoup de 
choses; il y est connu sous le nom de Baptiste ; apparemment 
que son nom étoit Jean-Baptiste. 

— Les auteurs des mémoires de Trévoux, en annonçant la 
vie du ch' Cignani dédiée à M. Tardini, ajoutent que Girar- 
dini, qui s'est fait connoislre en France par de beaux ou- 
vrages et qui a peint à fresque l'église des Jésuites à Nevers 
et la bibliothèque de leur maison professe à Paris, étoit un 
des élèves du Cignani. Mem. de Trévoux, juillet 1726. Je ne 
le trouve pas cependant nommé parmi les élèves du Cignani 
dans la vie de ce peintre, et cependant l'on a eu attention de 
parler de tous ceux qui ont eu quelque réputation. Ces au- 
teurs étoient mal instruits. Le peintre, dont ils parlent, étoit 
disciple du Colonna et non du Cignani. 

GHERARDINI (melchiore). Comme le P. Orlandi rappelle 
Gilardino, Mariette ajoute : Le chanoine Terre, dans son Ri- 



302 

tratto di Milano, ne le nomme jamais autrement que Melchior 
Gherardini, et ce doit être là son nom yéritable. 

6HËZZI (gioseffo) mori nel 1721, d'anni 87. Yedi la sua 
vita scritta dal Pascoli, t. n. 

GHEZZI (Il ca^e*" pietro leone). Ko, dans son Mss., le fait 
naistre à Arcoli, et dit que son père ne vouloit point en faire 
un peintre, mais qu'il y fut forcé par le goût naturel que son 
fils témoignoit pour cet art. Il a un talent merveilleux pour 
faire des caricaturée. Il les dessine à la plume au premier 
coup , pratique qu'il s'est rendue familière dès ses plus ten- 
dres années, parce que son père exigea de lui, lorsqu'il lui 
témoigna vouloir estre peintre, qu'il ne vouloit point qu'il 
dessinât autrement qu'à la plume, et sans jamais se servir de 
mie de pain. C'est le duc de Parme qui l'a fait chevalier, et il 
est extrêmement attaché à la maison Albani. Il est mort à 
Rome, le 5 mars 1755, âgé de 81 ans. 

GHIGI (teodoro). Le Gi^i lui donné le isumom del T. 

6HISI (les). L'on ne voit des estampes de Jean-Baptiste 
que de ces années : 1536, 37, 38, 39. 

De celles de Georges Mantuan il s'en trouve dattées de 1540, 
43, 51, 53, 54, 55, 56, 58, 60, 61, 67, 74, 75, 76, et ceUes de 
ces dernières années sont les moindres. 

Diane a toujours mis son nom sur ses estampes, et quel- 
quefois seulement Diana. On ne voit aucune de ses estampes 
datées, qui ne le soient de Rome en ces années : 1575,76,77, 
78, 81, 85, 86, 88. Les meilleures sont celles où elle n'a 
point mis de date, et qui auront sans doute esté gravées i 
Mantoue sous la conduite de son père ou de ses frères, en- 
suite celles de 75, 76, 77 ; les autres sont fort inférieures, sur- 
tout plus elles s'éloignent de ces trois années. 



V 



303 

Adam Mantuan a ordinairement mis sa marque à ses es- 
tampes, mais ne les a jamais datées. Je le crois frère de 
Georges et fils de J.-B., car Vasari dit formellement, 1. 111, 
p. 13 : « Gio. BattistaMantuano, intagliator di stampe, scultore 
eccellente, haveva » Tanno 1566, che Vasari passo per Man- 
tua « due flglioli che intagliavano stampe di rame divinita- 
mente et una figliuola ch' è chiamata Diana; d questa è molto 
lodata dal Vasari per il suc sapere. En examinant de près les 
ouvrages de J.-B. Mantuan, il m'a paru qu'il pouvoit estre 
disciple de Georges Pencz. 

Je Yois, sur plusieurs estampes de Georges, son nom Ghisi, 
mais je n'ay veu à aucune de celles de J.-B. que J. Bap. Man- 
tuan; cependant je ne doute pas qu*il ne soit père de l'autre, 
et que par conséquent son nom soit aussi Ghisi. 

— Jean-Baptiste de Mantoue prend la qualité de sctdptùr^ 
et Vasari le nomme intagliator di stampe et scultor eccellente; 
de là j'infère que sa profession, de même que celle de Domi- 
nique del Barbiere étoit d'estre stucateur. Reste à savoir si 
c'est le même que Jean-Baptiste Bertano. 

— Les estampes de Georges sont beaucoup mieux gravées 
et plus finies; mais son père dessinoit mieux. J.-B., plus sça- 
vant que Georges, ne gravoit pas si agréablement. G. M. fi- 
nissoit beaucoup; dans les estampes de son invention, il y a 
bien de la science, quoyque le goût en sott particulier. Quand 
Georges a gravé légèrement , il a beaucoup mieux réussy 
que lorsqu'il a chargé et appesanti son ouvrage ; gravoit les 
fonds et lointains avec un grand soin, mais de petite ma- 
nière; lorsqu'il finit trop ses ouvrages, il les rend secs et pe- 
sants. 

— Z. B. M. Je crois que par ces trois lettres, que j'ai vu 
sur une pièce gravée en Italie, Jean-Baptiste Mantouan s'est 
voulu désigner; Zuan ou Giovanni est le même nom en deux 
dialectes. 



— Le roy, dans son œuvre des Manlouans, a un sujet cl* 
crucifiement, gravé à Teau forte assez mal, j'ignore par qui; 
on y lit au bas : Adam sculptor Mantuanus exe. Roinsc 
1577. Cette inscription est remarquable; elle fixe le temps 
qu Adam vivoit, et fait connoistre qu'il demeuroit à Rome, 
ce que je n'ay encore veu spécifié nulle part. 

— Un philosophe, appuyé contre un rocher stérile envi- 
ronné de toutes parts de bestes féroces et d'une mer orageuse 
remplie de monstres et d'écueils, ce qu'il regarde sans s'é- 
mouvoir, tandis que d'un autre côté une nymphe armée d'un 
dard , représentant la Gloire, sort d'un bocage et luy promet 
la félicité s'il surmonte par sa patience toutes ces difficultés. 
L'on nomme ordinairement cette piècc^ le songe de Raphaël; 
mais il est bien plus raisonnable de croire que ce savant 
peintre, qui en est l'inventeur, y a voulu représenter les tra- 
verses auxquelles le sage est exposé pendant sa vie. Georges 
Ghisi Mantuan l'a gravée avec un grand soin en 1561 (1). — Je 
doute très-fort que cette pièce ait été gravée sur un dessein 
de Raphaël; on n'y reconnoit sa manière en aucun endroit, 
et ce n'est pas même sa façon de composer. Peut-être avoit-il 
laissé quelque légère idée de cette pensée qui, étant tombée 
entre les mains de Philippe Datus, qui a fait graver la plan- 
che, il l'aura fait mettre en estât par quelque peintre, peut- 
estre par Luc Penni. Je croirois pourtant assez que ce seroil 
quelque maître des Pays-Bas ; le paysage, qui en fait la plus 
considérable partie, a de la manière de Luc Gassel ou le Ci- 
vetta , et en effet on y trouve, comme dans tous ses paysages, 
un hibou. Cecy mérite quelqu'attention. 

GHISI (diana). — Diana Mantuana estoit fille de Jean-Bap- 



(I) Bartsch, tome XV, n» 67, p. 4iâ, qui s'y est servi de la des- 
cription de Mariette. 



305 

liste Mantuan, disciple de Jules Romain, et je la croy sœur de 
Georges et Adam Mantuans aussy graveurs ; elle vint à Rome ely 
grava plusieurs pièces depuis Tannée 1575. Elle avoit épousé 
dès Tannée 1576 un nommé François de Volteire, architecte ; 
c'est ce qui fait qu'on trouve son portrait avec cette inscription : 
Diana Mantovana civis Volaterrana. Il est gravé par Chérubin 
Albert. Voyez dans le catalogue de MaroUes, de 1666, p. 112. 

— L'ange Gabriel annonçant à la sainte Vierge le mistère 
de Tincarnation, gravé à Rome, en 1585, par Diane, d'après 
le tableau de Luc Signorelli de Gortone, qui est à Vollerre ; 
cette pièce n'est ni bien dessinée, ni bien gravée, mais elle 
est rare (1). — Lucas Gorlonensis pinxit Volaterris. Diana ejus- 
dem civitatis civis incidebat Romœ 1585. Voicy une diffi- 
culté qui me paroist assez difficile à résoudre. Elle se dit ci- 
toyenne de Volterre, et son portrait gravé par Gh. Albert le 
dit aussy, et cependant la guérison du boiteux, gravée par 
la mesme Diane à Rome en 1575, porte une dédicace où elle 
dit formellement qu'elle est de Mantoue et qu'elle y a pris sa 
naissance. Je ne sçais comment résoudre ce problème; je ne 
puis me résoudre à faire deux personnes de ce mesme nom 
de Diane qui ayent gravé en mesme temps à Rome, et peut- 
être me dira-t-on qu'elle aura peut-être acquis le droit de 
bourgeoisie à Vollerre; je ne vois point d'autre raison proba- 
ble. — G'est que, par son mariage avec , de Vol- 
terre, célèbre architecte, elle est devenue citoyenne de Volterre. 

— La résurrection de J.-G., d'après Jules Romain; c'est 
une copie qu'on croit gravée par Diane de Mantoue ou par 
quelqu'autre habile graveur; quoiqu'il y ait moins d'es- 
prit que dans Toriginal de J.-B. Mantuan, elle ne laisse pas 
que d'être exécutée avec art et propreté. — Julius Mantuanus 



(1) Bartsch, t. XV, n« 1, p. 432. 
T. n. 



806 

jûve. sans autre marque ; sans doute une faute (1) ; Jules étoit 
RoDiÀiSy mais on le nomme icy Mantuan^ sans douie parce 
ifjtfii y a êlé lotigtémps. — Je la croiroisfort volontiers gravée 
<^ j^tidres par le graveur Karolùs. — Là mesme faiité à été 
ftfiiéëàtfesiampédé Niobé, mise au jour par H.Ciôck, preuve 
IfiÈè èétte râlurrectidn doit avoir été aussi gravée eii Flandres. 

âlÂOtilNJÈIO (gorràdo) est aptSèïé éii Espagne et y Occupe 
la f>làce de premier peintre du roi, qu'âvoit Lôuis-lkichel 
Vàbloo, qui retient eii 17... Riposta allé reflessioni del 
Varch. d'Ârgens, p. 6. Ce fut, dit-on, une affairé de brigiiès, 
éi daiis laquelle le crédit du mùsicieii Parinelli ihfiuà pour 
beaucoup, it. Gocfiiii, clans son Voyage d'Italie, lé fait au* 
teur de plusieurs plafonds dans lé palais du roi de Safdaigne 
& Turin, et le fait tout de suite chevalier et disciple dé §oli- 
mènè. Mais je crois qu'il se trompe, et qu'il niei sur le 
compte de Corrado ce qui appartient à Francescô délié Jtfiira, 
qui, dans la vérité, a peint nombre de plafonds dàiis ce palais; 
voyez son article à la un de la vie du Sollmène dans lé livre 
des Vies des peinires napolitains par Domenici. 

GIgLi (gornèuo), peintre dé Vicence, se trouvé nommé 
dans le poëme Pittura irkn fonte del Gigli. il y est ifiis àii 
riang des meilleurs peintres qui ont illustré Iflcéùcè, et, par 
le rang qii^il occupe dans le poëme, on juge quil étoit con- 
ibmporain de itfalombrà. 

GlLLÔt (clàude). Lètridfaphé d'Arlequin Dieu PaÉI, su- 
jet comique, gravé éii manière noire pàf Jacques ëatàbat; 
d'àpi^ îé tâbléàù de (Amàé Ôillôf . Ô^est un dès pfeiniéi!^ 



(1) Barlscb, l. XV, n» 10, p. -iS?: 



307 

tàbiëaui iaits dans ce stile, et qui, ayant trouvé une infinité 
d^à^prôbateiirs, a donné naissance à tant d'autres qui sont 
ftîls depuis dans lé même genre, par Vâteaîi, etc. 

^^Dësseiii d'habillemetls à ru^ge des ballets, opéras et 
cdttiëdies, en titie suite de 85 planches y compris le frontis- 
pice, jfiravées par Joullaih d'après le dessein de Gilldl. Ce 
peiiitre eut pendant tin temps là (x)iiduite des décorations, 
îtiacHiàë^ et habits dé l'Opéra, et ce fUt pouf lors qu'il inventa 
bëttë siiité de desseins (1). 

CrldftDANO (tue). 11 est né à Nâples eti 1632, et sa mort est 
airtivée dahs cette ville en ItOS. On a deux vies différenteà 
de eë fàtHëUt artiste, toutes deux écrites par le Domenici, et 
Tuhe et l'autre fort détaillées. Ces dattes doivent être sûres. 
Le Doliiënid les tenôlt de la veuve même de Luc Giordano. 

^=^ Joseph s'échappant d'entre les bras de la femme de Pii- 
fipBat^ gravé p&t Louis Desplaces, en 1731 , d'après le tableau 
dé Luc Jôtdànë, qui estoit pour lors dans le cabinet de M. de 
lË Vafe à PitiÉ ; — à présent chez M. de Lassai avec la Danaë 
de G. Matattei qu'il a fait couvrir de drapperies. 

-^Uil SAint-Tliotaas de Villeneuve faisaht l'atimôtie, grande 
iHèce asséi spirituellement gravée à l'eaii-fortè, par Philibert 
Bôhtiei, f compris le blanc laissé au bàë de la planche pont 
féc«tcftr rinsëHptUrti, qui n'est pâë encore g^àvée à l'épreuVë 
que j'ai. G'est iiti des beaui tablëàUt de Luc JbMâne, qdi est 
à Napleé dans l'église des ÂUgustitis déchaussés, ptfes les 
écëles royales. 

'— Le plafond de la chapelle de Sàinte-Restitute dans l'é- 
gllèe cathédrale de Naples, l'un des beailx OiiVi'èges de L. Jor- 
dàne, et tpii représente cette sainte tinoribôndë eondùité mi- 



(i) Voyez sur^illotle catalogue Quentin de Lërangèré, et là ûo- 
tfce par M. Amanton, dans le Magasin encyclopédique, 1808, t. YL 



308 

raculeusement à Naples dans une barque par les anges, a été 
gravée à Teau-forte par Fr. Aquila, mais pas aussi bien que 
le mériloit une peinture de celle imporlance. — L'estampe de 
sainte Restitute est dédiée au cardinal Cantelmi, archevêque 
de Naples, par un chanoine de l'église cathédrale nommé 
François Xavier Comas, etparoît avoir été faite 5 ses dépens: 
Emi™® ac Rev™® Principi Jacobo S. R. E. cardinali Canlelmo, 
Archiepiscopo Neapolitano Ecclesiasticœ libertati vindici in- 
tegerrimo Pauperum sospitori praesentissimo, Palriae patri 
dulrissimo quod inclytoScotorumregali sanguine natusRes- 
titutse numini templum quod FI. Gonstantinus Gsesanim op* 
timus Ilelena Cœl inter Britaniae Regulos facile principis filia, 
in Britanniis natus extruxit et opibus muniricentissime orna- 
vit, jure quasi genlilitio summa rolligione nec vulgari studio 
prosequitur quidem S® Virginis et praeclarissimœ Xpi mar- 
tyris offigiem nunc primum typis prodeuntem Franciscus 
Xaverius Comas sanctae Neapolitanae ecclesiœ canonicus ejus- 
que capituli aerario tertium pra^fectus vel obsequii sui ergo 
luhenli animo D. D. D. Lucas Jordanus Neapolitanus pinxit. 
Francis Aquila del. et se. Celle dédicace se lisoit au pied de la 
planche qu'a gravée à Naples François Aquila, d'après le ta- 
bleau de Luc Jordane, qui représente le transport miracu- 
leux du corps de sainte Restitute dans ladite ville de Naples. 
Le cardinal Cantelmi, auquel elle est adressée, mourut en 
1702. Il eut pour successeur dans l'archevêché de Naples le 
cardinal Pignatelli, et le chanoine, qui avoit fait graver la 
planche, prit occasion d'en changer la destination, et il y 
fit graver au bas une autre adresse au nouvel archevêque, 
et c'est celle qu'on y lit actuellement. Il est aisé de voir que 
la planche avoit alors toute sa fraîcheur. Les épreuves avec 
la nouvelle dédicace sont même plus fortes que les premières 
tirées, quoyque les unes et les autres soient assez faibles de 
(îouleur, ce qui vient de la façon dont la graviire a été traitée. 



309 

GIOVANE (FRANÇOIS), peintre romain, nacquit en 1611, et, 

étant entré dans l'école d'André Sacchi, il y fut condisciple 

de Carie Maratte, de qui il a gravé le tableau de l'Adoration 

des bergers à Monte Cavallo, et, je pense, quelques autres 

desseins. A en juger par ces estanipes, il dessinoit assez bien. 

Il quitta son premier maître pour venir travailler sous Pierre 

François Mola, et, tant que celui-ci vécut, il ne le quitta point ; 

il devint même un si pariait imitateur de sa manière, que 

ses tableaux furent souvent confondus avec ceux de Mola. La 

mort vint le ravir au milieu de ses travaux et de sa course en 

1669. M. Grozat avoit son portrait dessiné, qu'il avoit trouvé 

dans la collection de desseins du sieur Pio. 

« 

GIRARDON (FRANÇOIS), naquit à Troyes, le jeudy 16 mars 
1628, de Nicolas Girardon, fondeur de métaux, et d'Anne 
Saingevin. On en avoit voulu faire un homme de pratique, 
mais la nature s'y opposa ; elle le conduisit, sans presque qu'il 
s'en apperçût lui-même et contre l'intention de ses parens, 
dans la voye du dessein. Celui qui prit le soin de l'y con- 
duire se nommoit Baudesson et éloit père du peintre de fleurs ; 
il étoit menuisier et sculpteur en bois; il ne cacha rien de ce 
qu'il scavoit au jeune Girardon, mais celui-ci reconnut bien- 
tôt qu'il lui falloit un autre maître. Il ne lui falloit pas sortir 
de sa patrie pour en trouver de tels qu'il les desiroit. Les ou- 
vrages de sculpture de François Gentil et de Domenico^ Ita- 
lien, qu'on conjecture à sa manière avoir été un des élèves du 
Primatice, qui sont en grand nombre à Troyes, furent les 
modèles sur lesquels il se forma. Ces deux grands artistes vi- 
voient dans le même lems, et l'on assure qu'ils travailloient 
souvent ensemble aux mêmes ouvrages. Ils avoient un goût 
simple et noble qui tient beaucoup de l'antique. Ce fut à peu 
près dans ce temps-là que Girardon commença à se hasarder 
de travailler en public; il n'étoit pas encore décidé qu'il se- 



m 

rpit ^ulpteur ; U oianioit le pinceau avapt }^ pi^^fMly çl l'on 
YQft de lui upp chapelle, prè^ |ie la porte septentriopalç de 
Troyes,où il a peint à détrempe la v|e de sainte Jules. C'étoit 
Toiivrage d'i^n enfant de 15 ans; pais, Joui médiocre qu'il 
est, Girardonle yit avec quelque complaisance ( Marietiç (ivqif 
écrit aU'de8$ou^ tendresse) lorsqu'il fit son derQier ypyap 
dans sa patrie. Ce fut cependant le seul ouvrage d^ peipti^rg 
qu'il fit j la sculpture se l'attacha pour toujours, Tray^llanJ 
encore pour Baudesson, i\ eut occasion d'apcompagper ce 
maître, qui avoit des ouvrages à faire dans le châ!teau de 
3. Liebaut, à 4 )ieues de Tropres^ appartenant à M. Segui^^, 
et l'on peut regarder cet^e éppque comme celle de s^ fortune. 
Car le chancelier S(^guier, qui aimoit les arts, le prit alors 
sous s^ protection, et ne discontinua ppjpt ije lui /opirpir les 
secours nécessaires pour sop avancement daps ^état. Gjr^- 
don pbtipt d'aller à j^ome, et il en étoit ^e retour ep }Q^^. Il 
reyipt ajpr§ ^ Troyes et y travailla pour le sieur QHJpqJ, grapd 
curieux, que Çiriardop regardoit compie un de$ pripcip^i^ 
aqteurs de s^ fortune, et dont il fit le bqste en ^§91. Jp p|B 
parlerai ppjpt ici de ^ous les ouvrages qu'il a faits ^ Pari^ pu 
()ans l^s piaisops royales; je me |)p)rnerai ^ ceuxqug V^fflOP^ 
de sa patrie lui a fait faire pour Ja ville de Troyes. pn 1(5^^ 
il y porta }ui-piême un grapd médaillon de J-pui§ :py, eq 
marbre, qui lut reçu avec de grandes cérémonies et pl^é der 
puis dans 1^ grande salljB de rpôtel-de-Yille en 1690. H fit 
fermer d'unp grille de fier }e devant du chœur de l'église 4e 
Sainl-Reipy, où il avoit été baptisé, et, le 30 pj^rs 1(590^ i( 
vint Ipi-même pligiçer au-dessus de cette gril|e pp Çhrj^J (fc 
bronîie, qui passe pour un de ses meilleurs ouvrages. Le 
maître-autel de l'église de Saint-Je§n, ajpsi qpe l'autel 4^ )^ 
compiunion daps la même égli^, ont été décoré$ pt enrjpbi^ 
4e sculplures spr ses desseins. Par respect pour les Quvrages 
de Fr. Qentil, ij copserva 4ans le i^etable 4p derpier i|}jte} pg 



b^^relieid'.aib|Ltre,etd^Qsla(iécor4^0Qde Y^i^\e\Vf^èm^,df(kJffi 
sjtitlies du m^mei iirtj3ta, doçt il qe po^yQit 9e lassi^r d'admi- 
rer ]^ p^vrag^. te tombeau, giil «3^ h gaipfrLapdry, ^ Paris, 
^fpit destiné pour l'église de a^jift-Remy de Troye^, s^qi /an- 
ci^UDe paroisse. Aimé de tous il^s gr^^nd^ hoip^es de ^p 
sijbcle, il eut partout ce boal^eur d'être estimé du ^audCPpdé, 
dopt U lU la teste ep n)édai}lpp de p^îajr^re blanc sur gp fond 
QOir. C'est l^ Vf^èxne qui esjlQit d&Q^ 1^ c^l^lpet du P. Tourne- 
mipe, célèbre jésuite; ; Henry-Jules, prince de Cppdé, w li|i m 
(a^qt présent, lui dit plais^pi^nll que pour gi^ I9 pe3§ern- 
bJapiciB lût parfaite» il »'y manquoit qu'un peu ^^ Jflib^c fiu 
bout du nez. Extrait d'un mémoire Mss. ei|iYpyj$ ^ç TjOf^y 
e( f|ui a été éicrit pr^ue sous )a dictée d'uq peveu 4^ M* Qi- 
rardon, chefcier de Saint-Ét^enne à Txqjp^. U se ppippipit 
Claude, et il est mort eu uovemj^re \fit% (|], 

— Upe tête (Je femme en brop?e, plus grands qjiç le fj^^fir- 
re], .et qui doit être celle de la yille ds f^xi^f pipsque, djB ipéffli^ 
qup tpptes les têtes dp viJJies pef^çai^ffl^, ce4e-<4 P^ ÇPf>- 
rpupép de toprs, et qpe, de plus, c'iesi dff^ les4écpiBbres4*}inp 
apciepppfpur, qui ppuvpilt faire pi^rtijB 4s§ ippr§4p Pjajrjg, gu§ 
ce^tç têfe a été trouyjée, vprs }>pnép 1§|^, p^r yp par|fpulier 
qui fai^oit ppepserun Jerr^jp prjbsde T^li^e (Je Saipt-Eiislî^i^jbjB, 
popr éfflfrlif lesfondewenfs d'upe ipai^op (jp'il fajspit édiÇfif. 
E)§ps )a per^yasiop oi^ l'op étpit ^^ors q^'![sis ayoit ^ti§ sipgifr 
Ijèrem/ent Ijpporée par }ps bal^itaps de l'appienpp Yille de 
LuJ^cp, e^ qu>He y avpjt up t^piplp pt des ^ulejs, on pp fit 
ppip^ dijfteullié de (àirp que p'é}pit ynp iipagp 4fi cette dée^, 
et ce lut sur ce pied-là que le Bl. p, d^ Jfppjijpet ^p pa^rla 



5r<|hîti?, Tr<^y«s «t Hm> t^O, $* 64^0^, iprH?? âeSO page<, et le 
tfivaii d« Projsl^y 4%ii9 }e premier yolii^^ (f9§ Mèoat^r^s ii>*4it§ 
des académiciens, p. 291-306. Paris, Dumoulin, 18Sf4, 



313 

dans une dissertation particulière, et, depuis, dans sa descrip- 
tion du cabinet de Sainte-Geneviève (1); idée qui paroît cepen- 
dant moins simple et moins vraisemblable que ceUe qu'on 
ose présenter ici. Sans être d'un travail extrêmement fin, ni 
trop recherché, cette tête offre cependant quelque chose de 
très-imposant, et cela vient, sans doute, de ses formes et de 
sa proportion. Le célèbre Girardon a possédé pendant long- 
temps ce rare monument, et c'est de son cabinet qu'il est 
passé dans celui de M. Crozat. La conservation est parfaite; 
la tête a 22 pouces de haut, sans le pied, qui est de marbre 
noir antique. (Catalogne de M. Crozat, marquis du Ckâid, 
1750, pa^M 25-6.) 

— Divers morceaux de sculpture antique et moderne, qui 
composoient le cabinet de François Girardon, et en faisoient 
un des plus singuliers qu'il y eût à Paris, représentés en six 
grandes planches, où chaque chose est disposée avec ordre et 
avec simétrie, et forme une décoration magnifique dont le 
dessein est du sieur Oppenord. L'on trouve au bord de chaque 
planche une explication détaillée de ce qui y est contenu; 
elles ont toutes été gravées par Nicolas Chevalier sur les des- 
seins de René Charpentier, sculpteur, disciple de François 
Girardon. — La suite du cabinet du sieur Girardon , conte- 
nantdiverses statues antiques et modernes, et surtout plusieurs 
excellents modèles de terre cuite, de François du Quesnoy , dit 
le Flamand, représentée en sept planches, gravées la plus 
grande partie par Nicolas Chevalier, quelques-unes par 
François Ertinger, et d'autres par René Charpentier qui a 
donné les desseins de toutes. 



(1) Le cabinet de la bibliothèque Sainte-Geneviève. Paris, Dezal- 
lier, 1692, in-folio avec figures. Quant à la tôle de Gybële, elle est 
arrivée au cabinet des médailles de la Bibliothèque impériale, où 
on la peut voir. 



313 

GIRÂRDONI (jËAN-ANDRÉ) , dont le P. Orlandi place la 
mort en 1628 (p. 97), n'a point trouvé place parmi les pein- 
tres de Ferrare, dans la notice qui précède la nouvelle des- 
cription des peintures de Ferrare. On s'y est contenté de faire 
mention des tableaux de cet artiste, qui se voyent dans les 
églises de cMle ville, d*où je conjecture que c'étoit un artiste 
médiocre. On ignore de qui il est disciple. 

GISSEY (henri), dessinateur ordinaire du cabinet du roi 
(Louis XIV), s'est fait admirer par la richesse et la nouveauté 
des habits des différents acteurs qui flguroient dans ses bal- 
lets. Ce lut lui qui donna les desseins de ceux des chevaliers 
et de leur suite qui, avec le roi, coururent la bague dans le 
fameux carousel de 1662, et jamais fête n'égala celle-ci pour 
la magnificence, il eut pour successeur dans le même em- 
ploi Jean Berain qui eut pareillement le génie de ces sortes 
de spectacles. Mais il paroît que celui de son prédécesseur 
éloit encore plus parfait. Gissey étoit né à Paris, et il y mou- 
rut le 4 février 1673, âgé de 65 ans. Il avoit été admis dans 
l'Académie royale de peinture et prenoit la qualité de dessi- 
nateur ingénieur pour les divertissements, fêtes et plaisirs du 
roi (1). 

GLOCKENDON (albert). J'ay veu une estampe en bois où 
Albert Glockendon prend la qualité d^illuminisl. il est éton- 
nant combien il y a eu d'estampes gravées en bois par les Al- 
lemands, dans le commencement du xvv siècle, et la plu- 
part d'une grandeur prodigieuse. Il y en avoit un grand nom- 
bre chez M. Colbert. 



(1) L'un de nous a écrit sur ce curieux artiste une notice spé< 
ciale. Paris, Dumoulin, 1854, in-8°. 



à pairie ajcU^Il^j^aen^ 

QjOEROlJW £iKTOiN^)t q^i se prQ^opce ea frap^oi^ Gauvkqu, 
^tpit d'Anyers et y piexQo\t 1^ peinti^iç ()a|[^ l^ RdiU/e^ du 
17e siècle. U piBigiiQit d^ tab^gi^8 e| d^ bopabppbadi^ ^sm 
le goût d'Âdr. Brauwer et de Vao Pstafle»^ ooat^mpQFAilps, 
mais son pinceau ne put jamais avoir la même finesse. Des- 
caipps (t. î, p, 360) en f^it un ppiq^rp 4'}^^iFp^ \m d^- 
nfliteur et grand cplopste. Ç'egf ^^^ içjj^^rjitipn de sa pafj, ,et 
je (doute ays^i (J^b, 4ftps sçi JPW)^, W^fit t|jt, cppame il le 
dit, le voyage de pomp e| g^'i} j ^X ^^ m si ^ppf s^our, 
^ pprfecijftofwnj par rétw.d!e djç^ QjjvrajBfps ^ grawfc naat- 
Iffis. Il vivoit epcore lorsque Ete Bje pj^U^ son ouvragSt e» 
1662. M. de Lar^jUièrp m'a rfjt pl^V dl'WDÇ foi? (|!|^ c'étpit 
spys poub^jif qq'i} ayoif prif )f^ pf^^pj^fe^ leçons 4l^ sop 
, ar^, Pi je cjrois aypir yu çfie? Ih[ qijfilijHçs pe|it§ tableaux (p'il 
cpnçi^rvoit ep ipéB)ojrg jip cp ^pryiicp. 

GQtl^mS ^BfiNçy),— Mfjrt ep J6f7, âgé 4e 5? ans. Y?y?x 
sop portrait^ gravjé en 1630, par Jacques Matham. Il s'^tpit 
établi à Harlem, et je le crois disciple de Ph. Galle poiflr la 
graveure. — Il s'y étoit fixé dès 1582. Voyez l'estampe de la 
fuite de Loth, d'après Bloclandt. 

— Lç portrait de Henry Gollzius d^ns up ovalg pl^qS spr 
up fonds décoré d'architecture et 4e figures qui représen(ent 
d'upe paanière 3in}boli(|ue les grâces, fesprit et \^ pràîision 
du dessjein, toutes parties ^ la peipture dans lesquellps ce 
maistre s'est distingué. C'étoit du moins ri4éequfis'fip étpient 
faits ses contemporains; la postérité, sans rien diminuer de 
son admiration sur la valeur de Golkius, en a jugé bien dif- 
féremment. Gravé en 1617 par Jacques Matham, son beau- 
fils et son disciple. 



m 

— Jé^SrChrjjf i^ssistapt au^ RQçes d^ Can^, gr^yé .conjoin- 
tement par H,. Gi^lUius et par J. Matharq, 4*après François 
Salvi^ti. Cette graoda pièqe est eoinppsé^ d^ de^x planches. 
Gellg à droite, pft est pur le deyant j^n homme qi;i yerse dw 
vin d4Q§ dfis crucl^iBs, est enlièreç^nt griayée par ^. Math^ffl. 
Il y a ][fii$ sop nom a)i bi^s Ma^ham ^culptqr egfç^dit; T^utre, 
au çon^i^re, pî| s}if le devant ^st une feaimp, est gravée p^r 
H. Golt^ius, àl'pxpeption pepeQ4^nt à^ quelques figures diips 
le foiQ/l qui $opt d^ j^atham, et ai^ M ^^ ^ njancl^ ce di^f- 
niera lait graver l^ nom de p. Qplt^juj, ^c^lptgr. .Je juge (}e 
tout cficjr quç H. Gplt«iu§ aurft l^j^ la plapiehp impajffaitie pt 
qu'ellp (^Hra^té IterfBinée par spR bçi^qrfils. peu de gens, .ce pae 
semWe, y ont pris garde. La d^jcace est faite p^r îfatf^am. 

— Une suite de six sujets f}e I4 yû^ de yfé$us-Christ, dédiée 
à Guillaume V, roi de Bavière, par H. Goltzius, qui les a in- 
ventés et gravés en 1598 et 1594. Ce sont, sans contredit, 
des plus beaux ouvrages de cet artiste, et d'autant plus esti- 
mables qu'ayant eu dessein d'imiter les manières de plusieurs 
grands maîtres, il a réussi dans quelques-unes au point de 
tromper. Les deux premiers surtout, qui sont dans la ma- 
ni^ d'All^ert et ^ Lwa§ de ^eyde, sont (j^ chefs-fJ'qBuyre 
d^ l'arf . }Jop rapporte que Goltzius, après avoijr pis ay joif r 
q&He d'AlUie|î|, ^n fiUirer quelqu^es exemplaires sur plij papier 

qwji Wf SA ÇîiRHÎf^vr eRfum^, ayejt ufj ^jr d'^nciiBunpté c^p^ 

bip de f^i^re illusion, et que, les ayant enyoyé^ en Italie, op fps 
y aplïiçta for( cher, crpyant qne e'él^it ^^ prjgina} d'Al^rî; 
on y 4ébit^ mênaç quç jce pejptre ^UeiniE^nç} avo^t ordpppé par 
spp te3tiïfpent que ce^tp planche ne yerrpit Je jour qije /ççnt 
apnées #pr^ §a pjprt, daps le c^s pu ses ppypagps pontipjjjçr 
roiepl à êtne recberichjé^. L'pp pu^ pfêîpe bjen de I4 ppjpeVse 
désabuser dans }^ syilie de cette fable \ l'on np pppyoit crpiri^ 
que ppltïip? ei^ sp si biep imiter la ipanjère (Jp maître qp'ij 
n'y parût rien de celle qui lui étoit propre; upe fpj^jp )^^^t 



316 

morphose pdssoit pour impossible dans Tesprit de bien des 
gens. Mais ils vouloient être trompés ; ils ne Tauroient pas 
été, s'ils y eussent fait plus d'attention. — C'est dans le Jé- 
sus-Christ circoncis dans le temple que Gollzius a si bien 
imité la manière d'Albert qu'il est facile de s'y méprendre; 
il l'a fait en 1594 et y a mi<^ son portrait ; c'est celui qui pa- 
roît derrière le vieillard qui tient l'enfant Jésus. Comment 
donc étoit-il possible qu'on prît le change? Il faut croire que, 
dans les premières épreuves que Goltzius envoya en Italie, 
son portrait n'étoit pas encore gravé sur la planche. — L'on 
trouve à ces six pièces la marque ordinaire de H. Goltzius et 
l'année de la gravure ; la première est celle où se trouve la 
dédicace remarquable; la voicy : Ser. prin. etc. Guillelmo V, 
Comiti pal. Rh. utriusque Bavariae duci, etc. 

Ut mediis Proleus se transformabat in undis 
Formosae cupido Pomonae captus amore 
Sic varia, princeps, libi nunc se Goltzius arte 
Commutât, sculptor mirabilis atque repertpr. 

C. Schonœus. 

Les quatre pièces, où il a voulu imiter les manières d'Ita- 
lie, ne sont pas ce qu'il y a de plus beau dans la suite ; car, 
quoique très-bien gravées, elles ne sont point dans le goût 
des auteurs. Il est mesme assez difficile de coanoistre ceux que 
Goltzius s'y est proposé pour modèles, et je ne voudrois pas 
asseurer que ce fussent ceux-là mêmes que je dis ici, Raphaël, 
le Parmesan, Rassan ou plutôt le Titien, etiFrédéric Raroche. 
Pour les deux pièces dans le goût d'Albert et de Lucas, on ne 
pouvoit mieux faire. Celle de Lucas surtout est, à mon gré, une 
pièce inimitable. Sa manière, plus d'art, plus aisée et moins 
terminée que celle d'Albert, étoit bien plus difficile à être imi- 
tée, et il faut avouer qu'il faut être un grand homme pour se 
transformer de la sorte. 



317 

— Le corps mort de Jésus-Chrisl étendu sur les genoux de 
la sainte Vierge, qui le considère en pleurant et les mains 
jointes; pièce qui porte le monogramme de Henry Goltzius 
et la date A" 96, c'est-à-dire i 596. Comme c«tte pièce est tout à 
fait dans la manière d'Albert, bien des gens croyent qu'elle a été 
gravée d'après lui ; mais l'on sçait que Goltzius a quelquefois 
entrepris d'imiter si bien la manière d'Albert qu'il est parvenu 
à en imposer à ses contemporains dans celle qui représente la 
Circoncision, et il y a grande apparence que celle-ci a été faite 
dans la même intention, et que Goltzius l'a exécutée sur un des- 
sein de sa propre invention. C'est un chef-d'œuvre de gravure. 

— Statues d'Hercule, du palais Farnèse, de Commode en 
Hercule et d'Apollon Pythien, du palais du Belvédère au Va- 
tican. A toutes : Opus posthumum H. Goltzii nunc primum 
divulgatum, A*» 1617. Elles sont très-bien gravées et avec 
beaucoup de liberté, mais nullement dans le goût antique. 
Herman Adolfz exe. Harlem. — J'ai un pressentiment que cet 
Herman, fils d'Adolphe, est Herman Muller. 

— Portrait d'un homme, dont la devise est : Toujours ou ja- 
mais, et que l'on sçait se nommer Amoud Berestein ; il est 
en buste dans un ovale. 11 estoit gendre de Jean Zurenus, 
dont il avoit épousé la fille, et comme lui de Harlem. San- 
drarl, p. 212, i^ colonne, fait mention d'un Amoud de Be- 
renstein, qui vivoit à Harlem, en 1526, et qui étoit curieux 
de tableaux ; mais ce ne peut être celui-ci, qui est né en 1557. 

— Un écusson dans lequel est représenté un cochon, devise 
d' Amoud Berestein ; la planche de forme ovale et gravée en 
1580. Le nom de Goltzius n'y est pas; elle est cependant 
de luy et de ses plus jolies choses. On lit autour et à rebours : 

Très et vicenos vilae cum carperet annos 
Amoldus facie sic Berestenias erat. 

Les lettres numérales marquent l'année 1580. 



318 

— Jean BoU, peintre de Mallùes, eii btistë, dans tin càffdu- 
che ovale, àU-âë^us dliquel ^dnt deux gënies occupés à des- 
siner, gravé en 1^93, avec la marque de Goliziiis; là dédicace 
porte aussy le nom de Goltziuâ, et cependant il îiie ^inble 
encore qiiè cette pièce fi'est pas gravée par Gëltziti^, mais par 
ëaénrédam sur son dessein. 

(Seëlàtarii vitrici effigiem^ Francisée, tnere^ 
YirtBtem speetato magis vîtamqiie probatàm 9 
Pietrieem admirare mantiin, quà florida Tempe 
Et nemus Aleinoi penicilloœquaritainœDuin. 
Dedicat hanc grato tibi pectore Goltzius; at tu 
Pignns amicitise Iseta cape mente manuque. 

Joâiifaes Èollius J^lccbliDiensis pictor^ sBtat. àd, â. iâ93. 
t!e François, à qtii Goltzius dédie ce çorttait, ëèt Pktiçdis 
Boeis, beàii-fils et clisciple de iëdti Ëol ; il peigiioit cottittie 
luy dés paysages en biiniature. Sa riiort siiivit dé pths Celte 
de son père, qui mourut eii ISSlS. lA inÔfëdëi'râdçoisÈoèlS, 
^tàiit veuve, s'étoit remaria en secondes no|)ces à Jeaii Bol. 
Van Mander fait mention de c-è portrait de (joltziiis à la titi de 
la Vie de iean Éol. Voyez cet endroit, p. â^ v. ; Sàfidraft. 
p. 2164, Ta traduit en latin , mais il se tromple sur le nom du 
beau-fils, qu'il écrit Boets aii lieu de Boels. 

— Théodore Cornhéf t, d* Anoisterdatii , peintre et éfravêur, 
maître en fait d*àrmes et autéiir de plusieurs traités de poé- 
sie et de controverse, Te{)résenté en buste datig un ovale; 
c'est un des plus beaux ouvrages de graveur^e dé H. Goltziui ; 
il semble que, par ùh tnotif de reicônnoissaîicé, il ait vdiQii 
montrer toiit ce qu'il étoit capable de faire, dans lé pôïtrâit 
de celuy de qui il aveit appris l'art ée la graveure. — Ad 
vivum depictus et œre incisus ab; H: Goltzio; L'on apprend 
en même temps que Cornbert étoit né h Amsterdam, en 1522, 
et qu'il mourut à Goude, en iSdÔ, et, par les vers qui sont en 



bas, rdïi apprend encore que Cornhert étroit beôùcoupl écrit 
ctjiitrë les nôUlreâUx réforinafeurs. — C'éldit, du teste, titt 
yisiclhnàité et Mtné un ènthdiisiaste (1). 

— McofféS ttërte de DaVenter, triâthénïdtidlèEl, rept'ésrinté 
en demy côtfïs et me^ràht àvét lé cônipàs Un globe térteSf^e, 
^avé eh j^3. — tJn aatre, du mesnle, dàùs titie attitude 
pslrèilie, itiaîs iéttiefois d^ëc des chad^éniëiit^ consiâëfaiiiéâ, 
celuy-cy ayant été gra>é ëti lë§S. — 11 tf y à i audùri de 
nom y seulefiiëiit la devise dU iUaihéinaticien : t'hôminé pro- 
pose, et Dieil disposé. Maîà j'ay tell des épréuYës oÙ le tioïQ 
est mâtfUâcrU ; c^ést de là cttie je ta^ XitÊ. 

-^ l'oHrâlt d'uûé daine flamande oii hollanddise , ayant 
sur sa tête un chaperon, et vélùé d^ùÈt hâbît à baildes dé ve- 
lours ndit ; elle est d^ise dans un fauteuil au-dëvàtit d'une 
table, sUt lâquëne est un iiifré ; elle joint lés maicrs, et dans 
le fond, est ia Veuë dé s6n fcliâteau. Au bdë, cette st^6j!)Hé dés 
odëé d'Ëdrace : 

DamnoBa quid non irominuit dia? 

C'est un portrait rare et des meilleurs de Goltzius. J'en ay 
vu une épreuve, la planche n'étant pas encore finies puisque 
ni le iond, ni la table n'étoient encore gravésf oùla teste étoit 
absolument différente. Elle est coiffée d'un bonnet de toile de 
baptiste au lieu de chaperon, et la Iraise autour du col^ qui 
a'est pas tout à lait si grande, pose sur le collet de la robe 
(piiest doublé de fourrure. Gette teste fut apparemment effacée 
promptement, parce qu'on ne la trouva pas assez ressem- 
blante, et en eifet elle paroist changée et n'est pas ensemble. 
A une épreuve que j'ai, il y a derrière écrit le nom de Cathe- 
rine Decher. 



(îj Voyez dans ce volume Tarticle spécial de Gornhert, p. 8-11 



320 

— Le portrait d'un anonyme, vestu à la mode d'alors, en 
buste dans une forme ovale, autour de laquelle on lit cette 
devise : Moderata durant ; il est gravé en 1580 ; la teste est 
veue de trois quarts, et il a une fraise à l'entour du col ; l'é- 
criture se lit à rebours. — Gatherinot, dans la Vie de M Cu- 
jas, fait mention d'un Duranti Salvi, Italien, secrétaire du 
connestable de Bourbon, qui, en 1515, fit bfttir k Bourges un 
hôtel qui depuis a appartenu à Cujas, et dans lequel ce célè- 
bre jurisconsulte est mort. Ce Duranti avoit pour sa devise une 
feuille de sauge avec ces mots : Moderata durant. Je préjuge 
que c'est icy le portrait de quelqu'un de ses descendants ou 
peut-être d'un homme qui se nomraoit pareillement Duranti 
et qui aura usé du même rébus. 

~ Gérard de Jode, marchand d'estampes, représenté en 
demy-coqjs et ayant entre les mains un recueil d'estampes. 
On attribue ordinairement ce portrait à Henry Goltzius; 
peut-être n'est-il que de son dessein? — Sans nom, mais 
l'on sait par tradition que c'est le portrait de G. de Jode; il y 
a au bout de la planche ses armoiries, ce sont trois chapeaux ; 
la marque de Goltzius est au bas de la planche, mais la gra- 
veure ne me paroist pas de luy. 

— N. de la Faille, gentilhomme des Pays-Bas, représenté 
s'appuyant d'une main sur son épée et de l'autre sur son cas- 
que, en demy -corps dans une forme ovale, environnée de 
trophées d'armes. A ce portrait il n'y a pas de nom, mais 
seulement des armes qui m'ont fait connoistre que c'est le 
portrait d'une personne de la famille de la Faille, établie 
aux Pays-Bas ; il y a autour des vers ïambes qui commen- 
cent : 

Leges tueri et patriam devendere {iic)^ etc. 
Aux bonnes épreuves, au lieu du nom du marchand Har- 



221 

maa Âdolfz, on lit ces mots : Jamais Faille. — Au portrait 
de la iemme, il n'y a pas encore de nom, seulement quatre 
vers latins ïambes à l'entour : 

Sequi parata, siye te bello ducem, etc. 

et des armes que je ne connois pas ; c'est un mouton passant, 
sur un champ d*azur. 

— Robert, comte de Leycestre, lieutenant-général des 
troupes de la reyne d'Angleterre aux Pays-Bas , en buste 
dans un ovale, gravé en 1586 ; on prétend que cette petite 
pièce, qui a été gravée avec grand soin, est exécutée sur de 
l'argent. La marque de Goltzius se trouve sur la cuirasse, à 
l'endroit de l'épaule droite ; c'est une de ses plus jolies cho- 
ses; l'écriture revient à gauche, ayant été gravée à droite sur 
la planche ; peut-être ce petit portrait a-t-il été fait pour quel- 
que bijou? — On laisoit alors graver de petits portraits, dont 
on faisoit le même usage que nous faisons des portraits peints 
en miniature; quelques-uns des plus curieux les faisoient 
même graver sur de l'argent. 

— Parmi les pièces de Goltzius, il y en a une, dans laquelle 
il a représenté un homme debout qui tient de la main droite 
deux 0eurs; elle est gravée en 1582, et au bas sont plusieurs 
vers hollandois, dont le premier commence par ces mots 
Oughelyk, etc. J'en ay veu une épreuve, au bas de laquelle 
on avoit écrit le nom de celuy qui représente ce portrait, qui 
est Theodorus Mol, Harlemensis. 

— Portrait d'Erasme Pleiobius ; c'est un buste veu de lace 
dans une forme ronde. Des plus belles choses de Goltzius; avec 
cette inscription autour : 

PLeloblVS pVLCre slC ora ferebat ErasMVs 
VlCenls très adnCIens nataLIBVs annos. 
T. n. u 



322 

et le fk>m Goitzius en bas. Les lettres numérales expriment 
rannée 1664. 

— Adrien Van Westcappelle* Agé de 58 ans, en 1584, en 
buste dans une forme ronde. L'écriture est à rebours, et au 
haut de la planche est un petit trou ; <m en trouve de même 
à plusieurs autres de ces petits portraits, ce qui me fait croire 
qnihoDt dû estrefeits pour estre mis dans des bijoux comme 
bracelets, etc. Cette écriture, qui se trouvoit en bon sens sur 
M plandies et qui devient à gauche sur les épreuves, m'en 
parott encore une pre^ive. 

*-^ Jean Zurenus, Hollandois, en demy-corps, dessiné et 
gravé en 1588. ^ Une épreuve de ce mesme portrait avec 
des armoiries qui y rât été adjoutées, par H. Gôltshis. •<- 
Jean Yan Zuyren, en latin Zurenus, mort le 10 may 1591, 
Agé de 74 ans, fut un des magistrats principaux de la ville 
d'Harlem, et, de société avec Ciomhert, il leva une imprimerie 
à Harlon, d'où sont sortis divers ouvrages de la composition 
de son associé, entre autres une .traduction en flamand des 
OffkiêÈ de Gicéron, en 1561. Voyets Meerman, 1. 1, p. 64. -* 
Âmould Berenstein avoit épousé sa fille. Dans les vers, au bas 
du portrait, il est parlé d'un portrait de Zurenus, pant par 
Hemskerk ; mais ce portrait n'a rien de commun avec ce- 
lui-ci, que Goitzius a dessiné et gravé d'aprte nature» Getai 
d'Hemskerk avoit été fait longtemps auparavant^ On trouve 
quelquefois joint à ce portrait une pièce de vers latins de la 
composition de Berenstein, à la gloire de son beau^père ; je 
l'ai dans mon œuvre. 

GOLTZIUS (ttCBEnt). — 11 faut réformer toutoê ces dattes; 
la plupart fort fausses. — Le premier ouvmge d'Hubert 
Goitzius qui ait vu le jour est son livre de portraits des empe- 
reurs, accompagnés de leurs éloges, n y a eu plusieurs édi- 
tions, l'une en latin, en Irançois, en italien et en espagnoL 



823 

Il n*en a paru que la première partie; les deuxième et troi- 
sième que l'auteur promettoit sont demeurées en arrière. Je 
m'ai point yu l'édition latine qui sans doute a précédé. Je 
sçais seulement que celle en langue italienne fut faite à An- 
vers, et est de l'année 1557, la françoise, de 1559, et l'espa- 
gnole, de 1560. Chaque tète d'empereur est représentée dans 
une médaille, et, comme ces médailles sont imprimées en 
dair-obscur dans la couleur du bronze, cela a fait donner à 
l'ouvrage le nom de Jaunes de Golizius. Van Mander nomme 
le peintre natif de Courtray qui aida Golizius dans la gra- 
vure de ces planches, ou plustôt, ainsi que je le crois, dans la 
£açon de les imprimer, car, pour ce qui est du trait qui est 
gravé à l'eau-forte sur le cuivre, j'y reconnois la main de 
Goltzius, et m doute point qu'il ne l'ait gravé lui-même. 

S'étant transféré à Bruges, et y ayant sans doute été attiré 
par un savant antiquaire de cette ville, Marc Laurin de Wa- 
tervliet, qui lui ouvrit ses trésors et lui fit part de toutes ses 
ecNinoissances, il entreprit de donner les vies des empereurs 
par les médailles, et il débuta par son Jules César qui fut im* 
primé à Bruges, en 1563. Ses fastes furent publiées dans la 
même ville, en 1566, son Auguste, en 1574, et sa Sicile et sa 
Grande^îrèce, en 1576. Tous ouvrages qui ont été réimprimés, 
avec des augmentations, en 5 vol. in-folio, à Anvers, cbee 
KtHretus. 

60NTIER (léonabd et jean). Peintres sur verre, qui Soient 
en grande réputation sur la fin du xvi«et au commeneemént 
du suivant. Oa vante les vitrages des églises de Saint-Etieùnè 
et de Saint-Martin-ès-Vignes de Troyes, leur patrie, quMla 
CfBl pmnls. Mém. îims. entoyée de Troyés. 

m 

GOUAZ (ttes), élève d'Âliamet, né à Brest, en 1747 ; éta- 
bUàParis. 



GOUBEAU (nA5CESGo). Cet article est très-lautif. GoAow, 
qui se prononce eo fraoçois Gonbeau^ n'a pas été le disciple 
de G. Baur; il se nommoit Antoine et non Français. Voyez 
son article purgé de foules ci-dessus, p. 314. 

GOGDET (pieeke), peintre parisien, a dessiné d'après le 
naturel presque tous les oyseaux qui se trouvent dans le livre 
de l'Histoire de la nature des Oyseaux, par Pierre Bellon, im- 
primé à Paris, en 1555, in-folio. Ces oyseaux sont dessinés 
assez correctement. Ils ont été gravés en bois par des Fran- 
çois doDt on ne sçait pas les noms; ils s'y sont seulement dé- 
signés par ces deux marques (une flèche et une croix). Peut- 
être est-c« une allusion à leurs noms et qu'ils s'appelaient 
l'un, la Flèche, et l'autre, la Croix. Préface de Belon. 

GOUDT (henrt), d'Utrecht, comte palatin, ayant un amour 
singulier pour la peinture, étoit venu à Rome dans le des- 
sein de s'y perfectionner. Il y trouva Adam Elsheimer, qui 
peignoit excellement bien en petit et dont la manière se trouva 
si fort de son goût qu'il luy fit faire plusieurs tableaux qu'il 
grava ensuite luy-mesme au burin pour les rendre publics. 
L'on peut dire à sa louange que l'on ne pouvoit mieux rendre 
qu'il l'a'fait la manière de ses originaux, très-difficiles d'ail- 
leurs à être imités en graveure ; car ce sont presque tous des 
sujets de nuits, où les figures sont éclairées de la lumière de 
la lune, ou de celles de quelques flambeaux. Personne n'a- 
voit traité avant luy de ces sortes de sujets avec quelque sorte 
de vérité ; il a fallu qu'il imaginât une nouvelle manière de 
graver qui fût propre à les exprimer, et c'est en quoy il a 
très -bien réussi. Le peu de pièces qu'il a mises au jour sont 
toutes d'après Elsheimer. 

GOUJON (JEAN), habile s(*ulpteur à Paris (je crois vers la 



525 

tin du xvie siède), éloil d'autant plus estimable que, succé- 
dant aux gothiques, il ne tenoit rien de leur goût ; ses ouvra- 
ges sont, au contraire, fort légers, et sa manière de dessiner 
fort svelte. Les sculptures de la fontaine des Saints-Innocens, 
à Paris, sont de luy, et celles de la façade du vieux Louvre, 
en dedans la cour. U a fait encore plusieurs autres ouvrages 
considérables dans cette ville, surtout ce beau groupe de 
marbre représentant les trois Grâces qui portent une urne 
sur leurs testes, qui est aux Célestins(l). L'on trouvera dans la 
Description de Paris, de Brice, un plus grand détail de ses 
ouvrages. Il avoit été architecte du connestable de Montmo- 
rency, et il le fut depuis de Henry second, roy de France. — 
Extrait de la Dédicace à la tête du Vitruve, traduit par Jean 
Martin. Les figures qui sont dans ce livre sont du dessein de 
cet habile architecte et sculpteur, et il y a grande apparence 
que celle qui sont dans le Poliphile sont aussi de son inven- 
tion. 

GOUPY (JOSEPH). Xeuxis prenant pour modèle dutableau, 
qu'il devoit peindre pour les Agrigentins, cinq de leurs plus 
belles filles, gravé à Londres à l'eau-forle, par Joseph Goupy, 
peintre en miniature, d'après le tableau de François Solimène, 



(1) On peut voir sur Goujon, Tappréciation artistique de M. Gus- 
tave Planche, imprimée d'abord dans la Revue des Deux Mondes 
et réimprimée dans ses Portraits d^artistes^ et la notice de M. de 
LoDgperier dans le Plutarque français (II, 1846, p. 17-24); il y 
conteste la mort de Jean Goujon dans la Saint-Barthélémy, et Tab-- 
sence de son nom des Martyrologes protestants publiés alors, pour 
être une raison négative, n'en est pas moins une excellente raison. 
— Nous n'avous pas besoin de dire que Mariette se trompe en at- 
tribuant à Goujon les trois Gr&ces qui sont si évidemment de Pilon, 
que pour les lui donner il ne serait pas môme besoin des mentions 
qui en sont faites dans les comptes publiés par M. de Laborde 
(Renaissance desarts^ I, 494-5, 500, 506, 518). 



qui C8l dan» le cabinet du ducde Devondiiie. —G'esIGaapy 
qui en a U planche à Londres. 

GOURMONT (JEA5 de). 11 y a, dans la chapelle du château 
d'Escouen, un petit tableau représentant Jésus-Ghrist, nou- 
yeUement né, couché dans la crèche et adoré par la sainte 
Vierge, qui est peint par le même mattre, d'après lequel sont 
gravées les différentes pièces qui sont marquées du mono- 
gramme J. 6. 11 est composé précisément de la même façon; 
même fond d'architecture, mêmes intentions de figures, et, 
si J. Gourroont, qui a bit les estampes, a fait aussi des ta- 
bleaux, celui du château d'Escouen est son ouvrage (1). 

— J. G. (en monog.)* Cestla marque de J. 6ourmont,qui 
vivoit en 1557. U grava dans cette année le portrait de Char- 
les, cardinal de Bourbon, pour lors âgé de 28 ans ; ce cardinal, 
représenté en figure entière, assis près d'une table. Cest là 
que j'ay appris le nom de cet artiste. 

— Ce graveur manioit le burin très-proprement, mais sans 
intelligence, et son goût de dessein et de composer est fort 
mesquin ; il se piquoit de sçavoir la perspective ; car il n'y a 
aucune de ses pièces qu'il n'ait enrichie par de grandes [corn* 
positions d'architecture. U y a aussy apparence qu'il estoit 
orfèvre ; il a gravé quelques pièces où il a représenté des ate- 
liers d'orfèvre, et il y en a une surtout où tous les outils y 
sont exprimés avec assez de détail ; c'est celle où deux jeunes 



(1) Le tableau dont parle Mariette est maintenant au Louvre, où 
il a été longtemps sous le faux nom de Van Mander; on y reiroave 
toujours cette prédominance de Tarchitecture qui paraît être ub 
des caractères de Gourmont. Le charmant dessin du cabinet des 
estampes, dans lequel le massacre d*aussi peu d'insocents qu'il 
est possible d*en mettre, du moment qu'on en met, esi le prétexte 
d'une délicate perspective de constructions élégantes» doit aussi 
être de lui. 



»S7 

apprentifs se battent et se tieHoent aux cheveux- Au reste» je 
ne le crois que du milieu du itYfi. 

— Le songe de Raphaël, gravé par Georges Mantuan. Aux 
mauvaises épreuves : Jean de Gourmmit tœeudit. 

GOY (jean-baptiste), prêtre, docteur en théologie de la 
faculté de Paris, premier curé de l'église Sainte-Marguerite 
au faubourg Saint-Antoine, à Paris, avoit été sculpteur dans 
sa jeunesse, et il subsiste encore de ses ouvragey. Il se dé- 
goûta de sa profession et embrassa Testât ecclésiastique dans 
lequel il s'est rendu recommandable par la charité de ses 
mœurs. Sa sœur, Marguerite-Catherine Goy, avoit épousé 
M. Errard, directeur de l'Académie royale de peinture, éta- 
blie à Rome. J.-B. Goy avoit été à Rome et parloit assez bien 
des arts. 11 est mort le 13 janvier 1738, d'une fluxion de poi- 
trine, âgé de 70 ans (1). 

GOYRAN (CLAUDE). Un paysage où sont des gens qui consi- 
dèrent un tombeau antique ; un autre où Ton voit au bord 
d'une rivière un pêcheur qui va jetter son fliet ; chez P. Ma- 
riette qui y a fait mettre au bas : E. Stmnevelttu. in. et sculp,, 
œ^me s*ils étoient de la graveure de Hérman. Cependant ils 
soit certainement de Goyran. 

GRANDI (ercolb), plus connu sous le nom d'Hercule de 
Ferrare. Le Yolateran (il. 2, p. 193) en parle avantageusemeiU 
et fait mention, non-seulement de ce qu'il avoit peint à Bou- 
logne» mais encore des ouvrages dont il avoit enrichi la Hon* 
grie, in Pannonia nonnuUa quo luit accersitus. L'auteur de 
la Description des peintures de Ferrarç, (p. 9), qui me fou^^t 



(1) Voyez sur iui Piganiol, Y, 132 et suiv., et sa description de 
Versailles, 1751 , II, 183 et 330. 



328 

cette anecdote, prétend que ce peintre a vu la tin du xiv« siè- 
cle et le commencement du xv®. 

GRÂSSl (gregorio) d'Aquila.L'abbéTiti,dans sa Description 
des peintures des églises de Rome, p. 449, le lait élève du 
Guide. Je connois une estampe, gravée d'après lui, par 
Th. Malham, qui représente Alexandre coupant le nœud 
gordien. Elle peut servir à donner une idée de sa manière de 
composer, qui ne tient rien de celle du maître qu'on lui 
donne. 

GRAVIO (gio.-andrea). Son nom allemand est Graff. U est 
disciple de Jacob Murel, qui avoit épousé à Francfort la veuve 
de Mathieu Merian le jeune. 

GRAZINI (jean-paul). Le P. Orlandi, dans son énumératioD 
des peintres de Ferrare [Abec. Pitt.^ 1719, p. 97), fait mention 
de cet artiste qui mourut, dit-il, en 1620. J'ai peine à croire 
qu'il mérite la place que cet écrivain lui adjuge ; car il n'en est 
fait aucune mention dans la Description des peintures de 
Ferrare, qui ne laisse rien échapper de tout ce qui peut faire 
honneur à cette ville. 

GRECCHl (marco-antonio). La sainte Vierge tombant é^- 
nouie entre les bras des saintes femmes, à la veue du corps 
mort de J.-C. que saint Jean étend sur un linceul dans le sé- 
pulcre, gravé à Sienne, en 1598, par Merc.-Ant. Grecchi, d'a- 
près Alexandre Casolini ; au burin et médiocre. Les noms des 
artistes y sont ; on y voit aussi la marque de Jean Antoine 
de Paulis qui est le marchand. Je ne doute point que ce gra- 
veur ne soit le même qui ait gravé plusieurs pièces où il s'est 
contenté de se désigner par un M. et un 6., et que ce ne soit 
ui pareillement qui ait gravé la chute des géants attribuée à 
Callot, 



I 



329 

GRECO (alessamdro). Eneas Vicus le met au rang de ceux 
]ui ont excellé à contrefaire les médailles antiques. Discorsi 
sopra la medaglia degli antichi di Enea Ftco, p. 67. Seroil-ce 
ici l'associé du Padouan, qui, sur la médaille où il est repré- 
senté avec J. Gavinus, est nommé AUxander Bassianus. 
Voyez le Cabinet de Stinte-Geneviève, p. 113. Alexandre Ce- 
sari, fameux graveur de pierres gravées et de médailles, étoit 
aussi surnommé le Grec. 

GREENHILL (jean). Le portrait de son frère Henry, mar- 
chand à Salisbury, gravé en i677, et au pied duquel est une 
longue inscription en latin, où il est dit que lui-même a ma- 
nié quelquefois le burin, ne peut être l'ouvrage de Greenhill, 
quant à la gravure, puisqu'il mourut en 1676 ; dans les mé- 
moires étant à la suite de M"' Beal, la mort de Greenhill est 
marquée au 19 may 1676. (Notes sur Walpole.) 

GREUTER [JOSEPH-FRÉDÉRic]. Piètre de Cortonne, homme 
bien capable d'en juger, estimoit ce graveur. Voici comment 
il en parle dans une lettre qu'il écrivoit de Florence à un de 
ses amis à Rome, en 1641, et qui se trouve dans un recueil 
de lettres écrites par des peintres, qui a été publié en 1754. 
C'est à l'occasion des planches qui dévoient entrer dans le 
livre de Girol. Terio, intitulé : JEdes Barberinœ : « 11 sig. 
Gir. Terio m'ha mandati alcuni disegni délia salla del card. 
Barberini,chefaintagliare. Hointesocheuno ne fà ilGreuter, 
il qtiale è buono. Gli altri non so come li habbia spartiti, etc. » 

GREUTER (MATHIEU], né à Strasbourg, est mort à Rome, 
en 1638; étoit ftgé de 72 ans, ainsi que nous l'apprend le Ba- 
glioni, p. 398. 

GREUZE (jean-baptiste), né à Tournus, en 1728, travaille 
à Paris et s'y distingue par un excellent goût de couleur. 11 a 



choisi pour son genre celui des bambochades» el tâche d'y 
mettre de Tintérôt, ce qui fait que ses tableaux sont fort goûr 
tés. Les connoisseurs trouvent leur compte dans la iaçoa dont 
ils sont peinte. La multitude est touchée du choix du sujet 
qui se rapproche de nos mœurs, et qui lui sert d'entretien. 
II a fait le voyage d'Italie en 1756, voyage qui lui étoit assez 
inutile, et où la vanité dut avoir la principale part. 

— Qtioique ce qui mit ne sait que le dernier femUet éPun ar- 
ticle spécial, nous le donnons, et pour sa curiosité, et parce 
que, en le signalant, il enjrésultera peui-étre la découverte d^une 
autre copie :.... la touche et la beauté de la couleur, et, sans 
s'arrêter au jugement que Greuze en portoit lui-même, la 
palme est demeurée au premier de ces tableaux, justement 
regardé comme le chef-d'œuvre de ce peintre, et que M. de 
Marigny a mis dans son cabinet et payé 3,000 liv. (1). Je sou- 
haite me tromper, mais je crois que ce peintre ne fera jamais 
rien de plus accompli. Le second tableau attend un acheteur ; 
mais, pour le trouver, il laudroit que Greuze rabbatte beau- 
coup de ses prétentions. Il en a refusé un gros prix, et je 
crains qu*il ne s'en repente. Le sujet qu*il a choisi est triste; 
il faut pour l'acquisition de ce morceau un homme riche, et 
ces sortes de gens n'aiment à repattre leurs yeux que d^qih- 
jets agréables. Greuze a Eait plusieurs portraits qui portent 
un caractère de vérité qui les doit faire priser. Mais c'est 
peut-être par cela même qu'ils ne feroient pas fortune. Trop 
de simplicité et de naïveté déplairoient à bien des gens. Ainsi, 
le portrait qu'il a fait de M. le Dauphin, o^ux du duc de 
Chartres et de mademoiselle d'Orléans, sa sœur, rat-ils épiouvé 
de rudes critiques. J'ai vu celui qu'il a fait d'une Jeune fiUe du 



(1 ) C'est TAcccordée de village, n« 42 de la vente d^ M. le M^ de 
Ménars (M. de Marigny), février 178i, achetée pour le roi 16,650 
livres et maintenant au Louvre. 



331 

dernier ambassacieur de Russie; c'est, si j'ose le dire, un ebef- 
d'ouvré ; Rubens ni Yan Dyck ne l'auroient âésatoué ; mais 
c'est que, de la façon dont il est composé, c'est moins un 
portrait qu'une tôle de caractère. Greuze en a fait beaucoup 
dans ce dernier genre, et il s'en trouve parmi qui sont admi- 
rables. 11 a fait aussi nombre de desseins, qui, dans le com- 
mencement, lui ont été payés prodigieusement par quelque 
curieux ; mais je ne crois pas qu'on y mette aujourd'hui la 
même presse. Il me paroit au contraire que les derniers 
qu'a faits Greuze, font et feront encore longtemps l'orne^* 
ment de son appartement. Il n'en est pas de même des es* 
tampes qui ont été gravées d'après lui. Elles ont fait la for- 
lune des graveurs et la sienne. Si l'on s'en souvient, il en fut 
ainsi des estampes qui furent gravées d'après les tableaux de 
Chardin. Elles eurent un débit prodigieux. Les sujets y ont 
plus contribué que toute autre chose. La vérité historique 
nous force de rapporter un trait qui caractérise l'hon^me, et 
qui montre combien Greuze avoit peu Tusage du monde. Il 
fut mandé à Versailles pour le portrait de Monseigneur le 
Dauphin; après avoir exécuté le tableau de Monseigneur le 
Dauphin, ce prince, qui étoit la bonté même, crut ne pou- 
voir lui proposer rien de plus flatteur m de plus obligeant 
que de lui demander le portrait de Madame la Dauphine. 
Elle étoit présente, et, sans songer de ce qu'il alloit dire, 
GtjduiB répliqua qu'il prioit d'en être dispensé, parce que, 
adjout^-t-il, je ne sçais point peindre de pareilles têtes. 11 
vouloit critiquer le rouge qui déBguroit les joues de la prin- 
cesse; mais étoit«41 permis de manquer d'une manière aussi 
ignoble au respect et aux convenances (1)? Chacun haussa les 
épaules et regarda le peintre en pitié. 



(1) Murieite avait d*abord ècrii : Mais cela étoit 4it ea ^botier. 



332 

GREVENBROECK (cuarles-léopold) , qui se prononce 
Grevenbrouck, peintre flamand, que nous avons vu à Paris, 
qui peignoit le paysage, mais principalement des vcues d'é- 
difices telle que sont celles de plusieurs maisons royales, qui 
furenl exposées au sallon du Louvre, en 1738. Il représentoit 
les objets qu'il vouloit rendre avec assez de fidélité, mais son 
pinceau étoit lourd, et sa couleur peu harmonieuse. Il s'étoit 
présenté à l'Académie, et y avoit été agréé. Comme il mou- 
roit de iaim à Paris, il en sortit pour aller chercher fortune 
ailleurs; il ne la rencontra jamais, et, comme il ne fournit 
point son morceau de réception, il fut rayé. J'apprends qu'il 
est mort à Naples, en 1758 ou 1759. 

GREVILLE (lady louise), ûlle du comte de Warwick, a 
gravé à Londres, en 1760, un paysage du Carrache et un — 
mesme peut-être quelques autres encore — d'après Salvator 
Rosa, qui ne sont pas sans mérite. Elle s'y est désignée par 
ce monogramme (L À G, en lettres italiques). 

GRIGNON (JACQUES). Jamais la graveure au burin n'a été 
cultivée en France avec plus de succès que dans le temps que 
vivoient les deux^ graveurs dont on a recueilly ici les ou- 
vrages. 11 s'étoit formé à Paris un nombre d'excellents ar- 
tistes qui travailloient à l'envie l'un de l'autre à se surpasser 
pour la parfaite exécution de la graveure, dont ils faisoient 
leur principale étude. Jacques Grignon se distinguoit parmy 
eux. La couleur de son burin étoit extrêmement douce, et il 
possédoit une égalité de tailles qui n'étoit qu'à luy. La pa- 
tience, avec laquelle il conduisoit son ouvrage, y contribuoit 
beaucoup. Pierre Landry, qui étoit son contemporain, n'a- 
voit pas une moins belle couleur de burin; il avoit une grande 
facilité à couper le cuivre, et sa gravure étoit pure et bril- 
lante ; il ne luy manquoit que d'estre plus harmonieuse et 



333 

plus flexible. Ce que ces deux graveurs ont exécuté de plus 
considérable, sont des portraits. 

6R1MÂLDI (gio. frangesco), que Ton nomme en France 
Jean Francesque Bolognese, vint à Paris en 1648 ; mais, n'y 
trouvant pas de Temploy, comme il Tespéroit, à cause des 
troubles qui agitèrent pour lors TEstat, il s*en retourna à 
Rome, après avoir peint les plafonds du palais Mazarin, à 
Paris. Felibien, t. Il, p. 299. — Ce peintre naquit à Bologne, 
en 1606. Il apprit son art dans l'école des Carraches; étant 
venu à Rome, il peignit plusieurs choses dans Tintérieur du 
palais Vatican, et, sous le pontificat d'Innocent X, plusieurs 
frises dans des chambres du palais de Monte-Cavallo. Le prince 
Camille Pamphile, neveu de S. S., l'estimoit beaucoup, et lui 
fit faire plusieurs ouvrages dans la vigne Pamphile. Les prin- 
cipaux ouvrages publics, qu'il a faits dans les églises de Rome, 
sont quelques portraits dans l'église de S. Idarie in Publicolis, 
deux grands paysages dans l'église de S.-Martin des Monts, 
en concurrence du Guaspre, les fresques d'une chapelle dans 
l'église de la Madona délia Yittoria, etc. Le cardinal Mazarin 
le fit venir en France pour peindre dans son palais et dans 
celuy du roy, et, pendant deux années et demie qu'il de- 
meura à Paris, il peignit quantité de beaux ouvrages. Il en 
aurolt fait davantage s'il y eût pu demeurer plus tranquille. 
Mais, l'attachement, qu'il avoit au cardinal Mazarin, lui faisant 
craindre d'estre enveloppé dans sa disgrâce, lui fit prendre 
le party de se retirer chez les Jésuites, pour attendre un temps 
plus calme, et ce fut alors qu'il peignit dans cette église une 
magnifique décoration pour l'exposition du S. Sacrement, 
telle qu'on les pratique à Rome, laquelle attira tout Paris 
dans cette église, et fut tellement au goût de S. M., qui vint 
deux fois pour la voir, qu'il lui en ordonna imé pour la cha- 
pelle de son Palais, à l'occasion du sépulcre de N. S. dans la 



33^ 

semaine sainte. N*ayant plus d'occupation à Paris^ Grîmaldi 
s'en retourna à Rome, où le pape Alexandre Vil, et depuis 
le pape Clément IX, lui firent peindre , le premier la galerie, 
et le second plusieurs chambres du palais de âlonte-Cavallo. Il 
peignit aussi plusieurs scènes de théâtre pour les neveux de 
Sa Sainteté, et quantité d'ouvrages dans les palais de Rome. 
11 étoit aussi beaucoup occupé à peindre des tableaux de che- 
valet, surtout pour la France. Le marquis del Garpio, am* 
bassadeur d'Espagne, étoit un de ses principaux protecteurs, 
et qui lui faisoit l'honneur de venir le visiter presque tous 
les jours. Il est étonnant la quantité de desseins qu'on voitck 
lui. Enfin, après avoir été deux fois prince de l'Académie de 
S.-*Luc, il mourut à Rome, âgé de 74 ans, en 1680, et fut en- 
terré d^ns l'Église de S.-Laurent in Lucina, jour malheureux 
pour les beaux arts, puisque, dans le môme temps qu'on 
voyoit le corps de Grimaldi exposé dans cette église, on 
voyoit, exposé dans celle de S^Marie Majeure, celui du fa- 
meux cavalier Berain. 

— A la suite iune énumératUm de m$ paysages gravés^ Hsh 
rieUe ofoute : Tous les paysages ci-dessus, à l'exception du der* 
nier, sont de l'invention de Jean Francisque B(riognese, et gra- 
vés à l'eau-forte par luy mesme. Cet habile artiste s'estoit fait 
une excellente manière de dessiner le paysage. 11 y a peu de 
maistres qui l'ayent gravé avec tant de légèreté, et c'est le 
meilleur modèle que puissent choisir ceux qui veulent des- 
siner de bon goût. — A une suite de quatre paysages : Il n'a 
gravé son nom à aucun de ses paysages, quoyque ce fût sa 
coutume ; il y en a seulement un où il a gravé la date 1643. 

-— J'ay recueilli tout ce que Malvasia dit de Jean*^ançois 
Orimaldi : 

Gio. FrancescoGrimaldi Bolognese vi veva nel 1678 ; era bravo 
{Httor de paesi, publico il funerale del sig. Facbenetti, ara- 
basciator di Besogna in Roma, intaglio da lui aÛ' acqaa forte 



SS5 

una suita di sei paesi sul gusto Carracesco ed altri pensieri. 
Malvasia, p. 2, p. 130. 

Grau yirtuoso in architettura, prospetliva, disegDO, e tanto 
piu del Viola bravo paesesta» p. 4, p. 130. S'è trovato a Parigi 
a servigi dA sig. card. Maziarini, p. 133. 

Haveta sposato uoa figlia di Baltbazar Galanino; possedeva 
un tomo del Yasari tutto postillato nel margine dal dotto 
Agostino Garacci, p. 135. 

J'adjouterai que Jean Franeesqm Bologne»^ car c'est ainsi 
qu'on le nomme en France, a voulu imiter quelquefois les 
sites du Titien et la touche des Carraches , mais qu*il est fort 
éloigné de ces deux grands hommes. Tous ses paysages pa-^ 
loissent foits dans son cabinet ; c'est la même manière dans 
tous. Un premier de ses paysages plaist, parce que la touche 
en est légère ; mais plusieurs de suite rebutent, parce qu'il n'y 
a point de variété, ni dans la composition, ni dans la touche. 
Tous ses paysages sont faits au premier coup, ainsi il ne faut 
y chercher aucune recherche. Ceux qui sont lEaits d'après na* 
ture ont le même défaut que ceux qui sont d'invention, ce 
qui montre peu de génie. 

GRUMER (JACQUES) estoit peintre de paysages, ainsi que 
le dit Sandrart après Van Mander, mais il ne dit pas un mot 
de cette facilité de peindre à fresque, que luy attribue le 
P. Oriandi; il mourut à Anvers. 

GBIMOUX (iEAif}, né à Fribourg, en Suisse, ou plutM è 
Romont, dans le canton de Fribourg, vers l'année 1680, est 
mott à Paris, aux environs de 1740. Il a peint des têtes avec 
une force de couleur qui lui a mérité d'être regardé comme 
un second Rembrandt^ mais il n'a pas été plus loin, et sa mau- 
vaise conduite, car ce fut un franc y vrogne, l'a laissé croupir 
dans la misère. Où m*a raconté un traii de sa vie, dont je ne 



^66 



garantis pas la vérité. On a voulu m'assurer qu'ayant épousé 
une femme coquette, cette femme, pour vivre avec plus de 
liberté avec son amant, qui étoit un ofQcierde la police, pré- 
texta la vie peu régulière de son mari, et eut le crédit, sans 
autre forme de procès, de le faire renfermer à Bicètre. Gri- 
moui ne sçavoit ce qui pouvoit lui avoir attiré cette disgrâce. 
n cria à l'injustice. Ses plaintes parvinrent aux oreilles de l'é- 
conome de ce lieu de force. Il fut interrogé, il s'avoua pour 
être peintre, et ne dissimula pas qu'il étoit un yvrc^e. On 
voulut s'en assurer, et voir ce qu'il sçavoit faire. L'économe 
avoit une bonne amie, il proposa d'en faire le portrait. On 
lui fournit tout ce qui étoit nécessaire. Il se mit à l'ouvrage 
et le termina non sans peine. L'horreur de la prison avoit af- 
faibli sa veue, mais sa peinture n'en fut pas moins parfaite, 
et celui, pour lequel elle étoit faite, en fut tellement frappé, 
qu'il commença à prêter l'oreille à ce que le peintre avoit à 
dire pour sa justiQcation. Il en fit son rapport au magistrat; 
on reconnut qu'on avoit agi trop légèrement sur de faux rap- 
ports, Grimoux fut élargi. Je ne sçais si la femme fut punie, 
ainsi qu'elle le méritoit. Mais cette avanture ne rendit pas 
Grimoux plus sage. Il continua à vivre comme auparavant, 
dans la crapule, et, s*il ne cessa de produire des ouvrages ex- 
cellents, il n'en devint pas plus riche, ni plus fêté. Ses ta- 
bleaux, même après sa mort, n'ont pas monté de prix, et 
cela vient encore de ce que la magie de sa couleur n'a agi que 
sur de simples têtes, presque toutes sans caractères, et par 
cela même peu intéressantes. La vie de Grimoux se trouve 
dans le i^^ vol. des Vies des Peintres suisses en allemand, 
pag. 15 (1). 11 étoit fils d'un Cent-Suisse de la garde du Roi. 

GRONI (jean-baptiste), Vénitien, peintre d'architecture. 



(i)Et dans les Anecdoles des Beatuo-Arts, t. II, p. 229. 



337 

et ce que les Italions appellent quadrarista, est mort h 
Dresden, en J748. 

GRUENINGEN (jean de), peintre, vivoil à Strasbourg, en 
1442. U est employé dans un rôle concernant une taxe im- 
posée dans cette année sur les habitants de cette ville, dans 
le livre de M, Schœpflin, intitulé Vind. typogr. p, 92. 

GRUNEWALD(hans balde). Le clair obscur, qui représente 
un sabbat, dont l'invention est de Hans Balde Grunewald, 
porte la datte 1510, et cette datte ne peut estre révoquée eu 
doute. C'est une époque certaine du temps que cette estampe 
en clair obscur a paru ; car, aux épreuves de la planche qui 
exprime le trait, et qui ont été imprimées avant qu'elle fût 
mise en clair obscur, on ne trouve point encore de datte. 
Elle a donc été adjoutée depuis, lorsqu'il fut question d'en 
faire un clair obscur. Je ne fais cette remarque que pour fain? 
connaître qu'il est constant que, dès 1510, l'art des clair-obs- 
curs étoit connu en Allemagne, et l'on n'a rien qui prouve 
qu'il le li\t déjà en Italie. 

GDARANA (jacques), né à Venise, le 28 octobre 1720, a 
commencé ses premières études de peinture sous Sebasl. 
Ricci, et les a terminées sous le Tiepolo. Il a pris, comme ses 
maîtres, une manière fort expéditive, et, soit qu'il peignît à 
l'huile ou à fresque, les plus grands espaces qu'il faut cou- 
vrir de couleurs ne l'étonnoient point. On vante un plafond 
qu'il a peint à Venise, dans le palais Rezzonico, et un autre 
dans l'église de S. Moyse. La Czarine lui a fait faire un grand 
nombre d'ouvrages, dont elle a paru satisfaite; quelques- 
unes de ses peintures ont été gravées ; on lui trouve, dit-on, 
un ton de couleur qui vise à celui duCignani. Longhi,Vit. de 
Pitt. Venez. 

T. U. V 



338 

GUARINETTO. Le Rossetti, Descrizione délie pitlure di Pa- 
dova, ne le nomme jamais autrement que Guariento, et ii 
nous apprend, p. 101, que ce peintre a reçu la sépulture 
dans rëglise de S. Bernardin, à Padoue. 

GUERARD [NICOLAS], de la Brie, mort à Paris, âgé d'envi- 
ron 71 ans, en 1719, eq caresme; il avoit été disciple de 
Chauveau, avoit aussi travaillé chez M. Le Pautre et chez 
YanderCabel, dont il a gravé plusieurs paysages; il on avoit 
beaucoup pris la manière. Il avoit du génie, et composoit 
assez facilement sur-le-cbamp ; il n'avoit aucune propreté 
dans sa graveure. 

GUERIN (GILLES), n ne s'appelloit point Louis, son nom 
de baptême étoit Gilles; c'est une faute qui est échappée 
à Felibien, et qui mérite correction. Ce sculpteur est mort le 
26 février 1678, âgé de 58 ans, ainsi qu'il est marqué dans la 
liste des membres de l'Académie royale, dressée par Reynez, 
qui en étoit le concierge, et qui étoit l'exactitude même. 

GUESLIN (cH. ETIENNE], mort à Paris, le 16 février 1765, 
ftgé d'environ 80 ans, est fils d'un peintre qui a fait des testes 
dans le goût de Rembrandt, et quelquefois il y a passable- 
ment réussi. Elles font de l'efiet, mais elles pèchent par le 
dessein. 11 connoissoit sonfdible; aussi, après en avoir ensei- 
gné les premiers éléments à ce fils qu'il destinoit à la pein- 
ture, il crut devoir le placer dans une meilleure école, et 
pour cela il l'envoya chez M. Jouvenet; le jeune Gueslin n'y 
fit pas cependant de grands progrès. Il n'étoit point né pour 
l'art auquel on le destinoit. Quelques têtes passablement bien 
peintes firent penser favorablement de ce qu'il pourroit faire 
par la suite. Elle lui méritèrent d'être admis dans l'Â^sadémie 
royale de peinture en 1723. Mais il en demeura là; il ne fit 
plus rien depuis de passable. 



SS9 

GUGLIELMI (gregorio), Dé à Rome, le 13 décembre 1714. 
Il est disciple du Trevisani, et il y a beaucoup de ses ouvrages 
à Vienne. Je Vai vu à Paris en 1770, et ce fut M. Vemet, son 
ami, qui nous le présenta. 11 revenoit d'Allemagne, où, dans 
les différentes cours qu'il avoit fréquentées, et surtout dans 
celle de Saxe, il avoit fait de très-grands ouvrages. Les princes 
aiment à être servis promptement dans leurs goûts, et cet ar- 
tiste, toujours prêt à laire marcher les pinceaux, n'attendoit 
que des ordres pour les exécuter sur-le-champ. C'éloit un 
de ces peintres praticiens, qui, nés avec de l'imagination, ne 
demandent qu'à s'exercer sur de grands espaces. Il ne feut 
pas leur demander de la correction dans le dessein, ni de la 
sagesse dans la composition. Us y mettent du feu, ils y em- 
ployent des couleurs brillantes, et l'œil peu coonoisseur en 
est satisfait, et cela sufQt. C'est le jugement que j'ai entendu 
former des ouvrages de ce peintre par des connoisseurs. Son 
portrait, gravé en manière noire par Haid, à Augsbourg, m'a 
donné la date de sa naissance. 

• 

GUIARD (louis), de Chaumont, en Bassigny, a appris la 
profession de sculpteur chez Bouchardon, et, lorsqu'il est parti 
pour Rome, où il a été reçu à la pension du Roi, il donnoit 
les plus grandes espérances. Il y a du temps qu'il est à Rome. 
Ce n'est pas un pays où les François trouvent aisément des 
occasions d'exercer leur talent, surtout aujourd'hui que les 
arts y languissent, et c'en est assez pour arrêter dans sa course 
un talent naissant. Au mois de juillet 1768, Guiard est entré 
dans sa quarantième année. Il est revenu à Paris dans le des- 
sein de s'y fixer, en 1768 ; et depuis qu'il y est, il a fait le mo- 
dèle du tombeau de la princesse de Saxe-Gotha, qui lui 
été demandé d'Allemagne ; mais il faut attendre l'effet que 
ce modèle aura produit sur ceux qui l'ont ordonné. Jusqu'à 
ce moment il est incertain si l'exécution aura lieu. U est corn- 



<» 



60 



poséavec génie. — Au coinmcncemeut de laiiuée 1769,11 a été 
appelé à Parme par le prince, qui s'est engagé de lui faire 
une pension de 3,000 livres, avec la liberté de travailler pour 
d'autres que pour lui. C'est une fortune pour Guiard qui n'a- 
voit jamais rien fait à Paris, et qui s'y seroit ruiné, comme 
il a fait à Rome. Je souhaite qu'il en profite. 

GUffll (DOMINIQUE). Au bas de l'estampe, représentant sainte 
ApoUine, gravée par Farjat, d'après ce sculpteur, on lit une 
inscription qui apprend que D. Guidi avoit été baptisé dans 
l'église paroissiale de S. Maria de gli abandonati de Torano, 
dans le duché de Garrara; ainsi, il n'est donc pas de Massa 
même ; qui pouvoit estre mieux instruit que lui sur le nom 
de l'endroit où il étoit né? L'abbé Pascoli le fait mourir en 
1701 ; mais je ne puis convenir de tout ce qu'il dit de désavan- 
tageux sur le compte de ce sculpteur, qui certainement passe 
les bornes de la médiocrité. J'ay veu de belles choses de lui (1). 

GUIDf (JEAN THYsmio). On a quelques estampes gravées à 
l'eau-forte par cet artiste, qui ne sont pas sans mérite, et qui 
laissent entrevoir qu'il avoit étudié en bonne école, peut-être 
étoit-ce sous le Guide, et que c'est ce qui lui avoit fait ajouter 
à son nom celui de ce grand peintre. Il fut employé par le 
marquis Vincent Justinien à dessiner une partie des statues, 
bustes et bas-reliefs antiques, qu'il avoit recueillis, ce qui 
nous fait connoître qu'il vivoit à Rome vers le milieu du 
xvn* siècle. 

GUIDI (raffaello) era Fiorentino; cosi si trova scritto nella 



(1) L*UQ de nous possède deux lettres autographes et une note, 
toutes trois eu italien, relatives au payement de son groupe de 
Versailles, qu*on lui avait fait attendre. Voyez aussi deux lettres de 
Guidi, Archives de l'Art français, 1. 1, p. 60*3. 



361 

carta del Dedalo intagliata da lui col disegno del cavalier 
Gioseffo d'Arpino, 

GUIDOTTI (PAOLo). Voyez Baillet, Poètes modernes, arti- 
cle 1355. — G'étoitun mattre fou. Il se mit dans la teste qu'à 
rimilation de Dédale, il pourroit voler dans les airs. Il com- 
posa pour cela, en cachette, une machine, et, lorsqu'il se crut 
asseuré du succès, on dit qu'en présence du pape et de quan- 
tité de monde, il osa vouloir s'élever en l'air, mais que, la 
teste luy ayant tourné, il tomba heureusement dans une 
masse de chaux détrempée, ce qui lui sauva la vie. Ce fait a 
été rapporté par Pader dans son Poëme de la peinture par- 
lante,, mais je n'en garantis pas la vérité. 11 me paroît trop 
hors de vraysemblance. Il se peut fort bien que cette idée 
bizarre, soit venue au Guidotti, mais qu'il l'ait exécutée, c'est 
ce que je ne puis croire. En tout cas, qu'on simplifie tant 
qu'on voudra, c'est toujours une idée bien folle. 

GUILLAIN (smoN). C'est à cet habile sculpteur et à M. Sar- 
rasin auxquels on est redevable en France du rétablissement 
du bon goût dans la sculpture, ainsi que Simon Youet pour 
la peinture. Simon Guillain avoit marié une de ses filles au 
fameux Ballin, orfèvre. Le monument, érigé à la gloire de 
Louis XIV à la teste du pont au Change , est de ce Guillain. 
Sarrazin avoit entrepris cet ouvrage, et en auroit déjà fait le 
modèle qui avoit été approuvé par MM. de la Ville. Ballin, 
gendre de Guillain, trouva moyen de le voir; il en fit la des- 
cription à son beau-père, et, sur sa description, Guillain fit un 
nouveau modèle dans la même intention que celui de Sarra- 
zin ; il le présenta à MM. de la Ville, et, leur aiant fait un party 
plus avantageux, l'ouvrage lui fut adjugé (1). Simon avoit un 

(1) Ce détail est d^autant plus curieux, Mariette le tenant de 



fils, sculpteur comme lui, qui mourut jeune; il l'avoit envoyé 
à Rome où il éloit entré chez l'Âlgarde, et ce fut pour lors 
qu'il grava les peintures du Carrache de la chapelle de Saint- 
Diegue dans Téglise des Espagnols, et la suite des Cris de Bo- 
logne, d'après les desseins du même peintre (en 1646). M. Van- 
clève, de qui je tiens toutes ces particularités, veut qu'il ait 
aussi gravé les quatre statues qui sont dans le dôme de Saint- 
Pierre de Rome. Tous les apostres, qui sont à main gauche 
dans l'église de Sorbonne, en entrant par la place, sont de 
Simon Guillain ; les autres sont d'un nonuné Bertelot. Ce 
Guillain avoit un frère nommé Augustin qui étoit architecte 
de la ville. Simon Guillain le père fut reçu dans la commu- 
nauté des matlres peintres, en 1607, et passa dans les charges 
en 1619, c'est-à-dire bachelier. 

— Ce que l'auteur (c'est-à-dire le P. Orlandi) dit ici que 
lès Cris de Bologne, gravés par Simon Guillain, sur les des- 
seins des Carraches, ont été regravés à Bologne pat Joseph- 
Marie MitelU,est faux.Mitelli a gravé,il est vrai, une suite de 
Cris de Bologne , mais sur d'autres desseins, que quelques- 
uns attribuent au Carache, mais que je croirois plus volon- 
tiers être de l'invention de Mitelli. 11 faudra voir si, dans la 
vie de ce dernier, qui se trouve dans un des volumes de l'his- 
toire de TÂcadémie Clémentine, il n'en est pas dit quelque 
chose. 

GUTTEMBERG (guarles gottueb), né à Nuremberg, en 

1749, qui est à Paris dans l'école de et y apprend 

à graver. 



Van Glève, que Guillet de Saint-Georges, dans son éloge de Guil- 
lain, parle longuement du monument, mais sans dire un mot de 
Sarrazin ; Mémoires inédits des académiciens. Paris, iK54, in-S**, 
I, 187-9. On y peut voir tout le détail des figures de la Sorbonne, 
189-9i. 



HAECHT(GciLLAtJM£ van)) peihtre d'Anvers, a ftit le Vèyàge 
d'Italie, et, dans le séjour qu'il fit à Boulogne, il y dessina et 
grava deut des plus beaux tableaux de Louis Càrraéhè^ la 
Prédication de saint Jean-Batiste et le Martyre de sainte Ur- 
sule. Il étoit contemporain de Guillaume Pannels et son ami. 
Celui-ci lui a dédié, en 1630, une de ces petites pièces qu'il a 
gradées d'après Rubens. 

HÂESE (maxihulien de), élève et héritier de Jean Van Or- 
ley, son oncle, s'est formé sous lui et s'est perfectionné pen- 
dant sept années de séjour à Rome» Il vit à Bruxelles^ -*- Le 
Peintre amat., 1. 1., p.' 37 et 39. 

HACEERT (jean), peintre des Pays-Bas^ a gravé six paysa- 
ges de son invention, dans la manière de Waterloo. Il étoit, à 
ce qu'on m'assure, Suisse d'origine. 

HALLE (CLAUDE gui), né à Paris en 1651, joignit à la dou- 
ceur de ses mœurs et à une conduite irréprochable, des ta- 
lents pour la peinture, dans laquelle il s'étoit formé sous son 
père, nommé Daniel, qui l'ont fait estimer et lui ont acquis, 
pendant sa vie, beaucoup de considération 4 II dessinoit avec 
sagesse, ilcomposoit avec grâce. 11 ne faisoit rien qui ne fût 
très-étudié ; avec cela, on ne peut pas dire qu'il ait jamais pro- 
duit rien de bien piquant. Sa manière étoit froide et manquoit 
de ce feu qu'on ne puise guère qu'en Italie. On ne s'apperoe- 
voit que trop dans ses tableaux, qu'il n'avoit pas fait ce voyage, 
et qu'il avoit eu trop longtemps devant les yeux les bons ou- 
vrages des peintres de notre école. Il se maria assez àgé^ en 
1697, et mourut à Paris, encore plus vieux, en 1736, âgé de 
85 ans, et jouissant de la plus belle santé. Il a laissé un ûIé 
qui a embrassé la même profession, et qui s'y distingué. 11 se 
nomme Noël. 



5&4 
il ALLÉ (hoel), disciple et fils de Claude Gui Halle. 

HÂMILTON (cHARLES-GuiLLAUiiE de), peintre d'animaux, 
étoi t d'une famille écossoise, qui, dans les temps des troubles, 
ftioit venue se réfugier aux Pays-Bas, et qui a produit plusieurs 
peintres, dont on trouve une notice, écrite en allemand, dans 
l'ouvrage que M. de Heinecken a donné au public, sous le titre 
de: Mémoires concernant l'art du dessein, 1. 1, p. 112. Il y fait 
mention de celui-ci, qui s'est surtout distingué par l'extrême 
terminé de son pinceau, et peut-être étoit-ce sur cela seul 
qu'étoit fondée sa repu tation,et qui lui mérita le titre de peintre 
du cabinet de l'évêque d'Âugsbourg (Alexandre-Sigismond, 
de la maison Palatine). — Il étoit né à Bruxelles, en 1668, et 
il est mort à Augsbourg en 1754, âgé de 86 ans. Son portrait, 
gravé au simple trait, par G. G. Kilian, en 1772, me fournit 
ces dates. Je trouve qu'il est fait mention de ce peintre dans 
les Éclaircissements historiques de M. Hagedorn, p. 198. 

HAMILTON (PHILIPPE-FERDINAND), né à Bruxelles, est mort 
à Vienne, sous le règne de Charles VI, qui l'avoit pris à son 
service. Il réussissoit à peindre des chevaux en grand. Voyez 
Mémoires concernant l'art du dessein de M. Heinecken, 1. 1, 
p. 112, et Hagedorn, p. 198. 

HAMILTON (jEAN-GEORGEs), frère de Philippe-Ferdinand, a 
été un peintre dont on estime beaucoup les ouvrages en Alle- 
magne^ et dont le talent étoit de peindre des animaux, des in- 
sectes et des tieurs. 11 mettoit un grand fini dans son travail, 
et il n'en falloit pas davantage pour établir sa fortune. — Il 
mourut âgé de 64 ans. Voy. ce qu'en a écrit, en allemand, 
M. de Heinecken dans le tome 1 de ses Mémoires, concernant 
l'art du dessein, p. 112, et consultez aussi les Eclaircissements 
historiques de M. de Hagedorn, p. 198. 



345 

HAUTEFEUILLE (Etienne texier d*), grand prieur d'Aqui- 
taine et ambassadeur extraordinaire de la religion de Malthe 
m France, mort à Paris, le 3 mai 1703. G*étoitun très-grand 
<:urieux de tableaux et qui avoit de très-belles choses. On le 
nommoit le commandant de Hautefeuille. 

HEARLEMAN (garlo), qui se prononce Herleman, Suédois, 
surintendant des bastimens du roy de Suède. Il étoit à Rome 
dans le même temps que M. Rouchardon y étoit. Je Tavois 
connu précédemment à Paris. Il y étoit venu dans le dessein 
d'étudier pour se mettre en état de succéder à M. le comte de 
Tessin. lia commencé par être premier architecte et ensuite 
il a eu la place de surintendant. Je lui connois du goût, mais 

c'est un homme vif et trop entier. Il est mort en et 

M. Gronestel a eu sa place.. Il étoit né à Stockholm en 1700, 
ainsi qu'il est écrit sur son portrait, gravé en manière noire, 
parHaid, à Augsbourg. 

HEEM (JEAN DAvmz, c'est à dire /(b de David), né à Utrecht 
en 1600, d'un père nommé David, qui peignoit passablement 
des tleurs et des iruicts, et sous qui le fils apprit les éléments 
de son art ; mais il ne fut pas longtemps sans montrer sa 
grande supériorité. Ses tableaux prirent une telle faveur qu'ils 
effacèrent tout ce qui avoit encore paru dans ce genre.Le beau 
fini de son pinceau ne sent point le travail, sa touche est large, 
ses teintes d'une fratcheur admirable. L'imitation est parfaite 
et portée jusqu'à l'illusion. — Quoique Van Huysum paroisse 
l'avoir effacé, ses tableaux occupent cependant encore une 
place distinguée dans les cabinets. La guerre, que Louis XIV 
porta en Hollande, l'obligea de se retirer à Anvers pour y goû- 
ter la tranquilité qui, jusques-là, avoit fait le bonheur de sa 
vie ; mais il n'en jouit pas longtemps. Il y mourut en 1674, 
laissant pour élèves Mignon , H. Schook et deux fils, dont celui 



3ft6 

qui porte le nom de Corneille, a fait honneur à son école. — 
Descamps, t. Il, p. 37. 

HEEM (corneille de). Il peignoitavec un soin infini, et sa 
touche est des plus précieuses; mais je trouve dans ses fleurs 
un peu de sécheresse, ses fruits ne me paroissent point avoir 
ce défaut. Il a fait surtout des raisins de toute beauté et d'une 
fraîcheur merveilleuse. Je lui trouve tme grande conformité 
de manière avec le Père Seghers. 

HEERE (luc de). Luc de Heerefaisoit des vers danssa langue, 
qui étoit, cela n'est point douteux, le flamand ; mais il n'est 
dit nulle part qu'il en sçût composer en latin. Rien ne prouve 
qu'il soit auteur de ceux-ci : 

Juno poteDs sceptris èl meiitis acumine Pallas 

Et roseo Veneris fulget in ore decus ; 
Adfuit Elizabeth ; Juno perpulsa refugit, 

Obstupuit Pallas èrubuitque Venus (1). 

(Notes sur Walpole.) 

HEINTZ (JOSEPH). Je n'ai point vu à Vienne, et je ne sache 
point qu'on y voie celte copié de la Leda duGorrège, pat Jo- 
seph Hèintz, mais bien une copie du tableau de l'Amouf se 
faisant un arc, du même Corrège, ou plus tôt du Patmesaù, 



(t) Ces vers sont sur la bordure d'un méchant tableau qui est 
encore à Hamptoncourt, dans la grande salle des portraits et non 
loin d'un des plus délicieux et des plus authentiques Jao«t qui 
soieut, un homme en buste et tenant un Pétrarque, qui est, bien 
entendu, i^ous le nom d Holbein ; car, â flamptoocourt, tout est sons 
le nom d'Holbein, le bon et le mauvais, et il n'y a peut-être de lui 
que le n° 28â, une charmante Elisabeth jeune dans le goût de notre 
Aune de Clëves. 



3&7 

qui est assurément une très-belle chose, et qui me saisit au 
point que, croyant voir l'original, je reslai dans Tadmiration. 
Il est vrai pourtant que cet étonnement cessa, lorsqu'après 
avoir bien considéré cette copie de Joseph Heintz, on me flt 
voir Toriginal du Gorrège, que cette copie couvre comme un 
volet couvre une croisée ; alors je reslay dans une surprise qui 
dure encore quand j*y pense, car je ne crois pas en effet qu'il 
y ait un tableau plus séduisant que celui-là. Quelqu'un avoit 
commencé à le nettoyer, et, autant que je puis m'en souvenir, 
on en voit une marque sur le dos de l'Amour. On dit que Jo- 
seph Heintz empêcha qu'on allât plus loin, et, si cela est vtai, 
on lui a l'obligation d'avoir conservé dans sa pureté un mor- 
ceau unique, qui autrement auroit eu le sort de tous les ta- 
bleaux qu'on nettoyé, c'est dire d'être gâté. 

— Le fils de Joseph Heintz, qui se nommoit Joseph comme 
son père, et qui s'étoit établi à Venise, où l'on voit dans l'é- 
glise d'Ogni Santi un tableau de sa façon, qui porte son nom 
et la datte 1655, ne s'occupoit pas tellement de sujets chimé- 
riques, danslegoût du vieux Breughel, qu'il ne fît aussi quel- 
quefois des sujets sérieux. Et, «'il en faut croire le Boschitii, 
son contemporain, il s'y estdistingué. Aussi en parle-t-ilavec 
éloge dans plusieurs endroits de son Navegar pittorico. — Il 
a laissé un fils nommé Daniel, dont il est fait mention dans la 
nouvelle description des peintures de Venise, p. 510. 

— Pièce représentant d'une manière allégorique la Justice 
qui récompense ceux qui ne se laissant point entraîner aux 
mœurs du vulgaire, cherchent à acquérir la science par le 
moyen du temps, de l'amour et du travail, gravée à Venise 
en 1603, par Luc Kilian, d'après Joseph Heintz. D. Custos exe. 
et d* d. an. 1603. On apprend par cette pièce que Joseph 
Heintz avoit un frère, je rends ainsi le mot germanus, qui se 
nommoit Daniel Heintz et étoit architecte de la république de 
Berne. 



S&8 

HELMBRECKËR(théodore) . — Lesieur Pio,dansson Mss.des 
vies des peintres, lefaitnaislreenl630. Baldinucci, qui cepen- 
dant connaissoit ce peintre particulièrement, dit, ainsi que le 
P. Orlandi, qu'il naquit en 1633. Il le fait aussi disciple de 
Grebber. Pio dit, au contraire, qu'après avoir appris à dessiner 
à Harlem, sous Georges Strudel, il se torma de lui-même, en 
copiant des tableaux de Teniers. Ce peintre mourut à Rome 
d'une pleurésie, en 1700, et fut enterré dans l'église de Sainte- 
Marie du Peuple. Mss. de Pio. 

HELMONT (JACQUES van), contemporain de Victor Jansens 
et de Jean Van Orley. L'auteur du livre, intitulé le Peintre 
amateur, cite en plusieurs endroits de cet ouvrage des tableaux 
de ce peintre qui sont dans les églises et autres lieux publics 
de Bruxelles. Il naquit dans cette ville, le 17 avril 1683, et y 
est mort le 21 aoust 1736. Au rapport de Descamps, qui a 
écrit sa vie, dans son vol. IV, p. 236, ce peintre n'est pas sans 
mérite. 

HEMSKERGK (martin)^ ainsi nommé, pourestre né dans le 
village d'Heemskercken, en Hollande, peintre, disciple de Jean 
Schorel, né en 1498, mort en 1574. La facilité avec laquelle 
ce peintre produisoitsespensées, et la quantité prodigieuse de 
desseins qui sont sortis de ses mains, luy ont acquisle surnom 
de père de l'invention et l'ont fait même appeler parquelques- 
unsle Raphaël de la Hollande. Quoy qu'il en soit, à en juger par 
ses estampes, l'on reconnoît que ce peintre avoit été en Italie, 
et qu'il y avoit étudié le dessein d'après les statues et les autres 
excellens morceaux qui y sont; quoique son goût de dessein 
soit extravagant, les contours ne laissent pasd'estre prononcés 
avec assez de science et de fermeté, et les estampes à l'eau- 
forte, que l'on croit estre gravées par luy-même, sont tou- 
chées avec beaucoup d'esprit. Sandrart, qui a donné la vie de 



9. 



1x9 



ce peiotre, fait mention de quelques pièces gravées de sa main , 
et Ton n'en voit aucune dans son œuvre qui puissent lui con- 
venir que celles qui sont à Teau-lorte. La plupart des autres, qui 
sont au burin, sont exécutées par Théodore Cornhert, Phi- 
lippe Galle et Herman Muller; mais celles de Cornhert l'em- 
portent sur toutes les autres, et Ton ne fait pas même assez 
d'attention à ces estampes ; il y a certainement peu de gra- 
veurs, qui ayent touché avec tant d'esprit et de légèreté que 
celuy-cy ; sa manière de conduire ses tailles luy est particu- 
lière, et n'est pas moins moelleuse et artiste. Enfin, il est entré 
. tout à fait dans le goût des originaux qu'il copioit, ce qui est 
fort estimable et rare, et cela seul doit faire regretter qu'il 
n'ait pas gravé d'après des desseins de meilleurs maislres. Si 
un tel graveur eût été en Italie, comme Corneille Cort, quel 
succès n'en auroil-on pas pu attendre? En faisant ce catalogue, 
j*ai remarqué plusieurs pièces de Ph. Galle, gravées d'une 
manière moins roide qu'à l'ordinaire et même assez conforme 
à celle de Cornhert. Seroit-ce qu'il seroit son diciple ? Quoy- 
que ses œuvres soient fort nombreuses, il est pourtant certain 
qu'il y manque encore un bon nombre de pièces, surtout 
parmy celles à l'eau-forte, que l'on croit gravées par M. Hems- 
kerk; ces estampes, n'ayant pas été goûtées de beaucoup de 
gens, parce qu'elles ne sont pas gravées gracieusement, n'ont 
pas été recherchées, du moins dans nos quartiers ; j'ai pour- 
tant rencontré des gens en Italie, qui en faisoient cas, et qui 
ramassoient avec soin le peu qu'ils en pouvoient découvrir. 

— n y a grande apparence que c'est de ce peintre dont 
Vasari veut parler au commencement de la vie de Battista 
Franco, par. 3, t. Il, p. 39. Voicy un extrait de ce qu'il y dit : 
L'on prépara à Rome, en 1536, un somptueux appareil pour 
y recevoir Tempereur Charles V à son retour d'Afrique. 
Comme l'ouvrage étoit considérable, l'on y employa tout ce 
qui se trouva pour lors d'artistes à Rome. Un certain Martin 



350 

et d'autres jeunes gens Allemands, qui y étoient venus pour 
étudier, furent choisis pour peindre quelques sujets histori- 
ques dans Tare que Ton avoit dressé près de Saint-Marc, et 
ils le tirent avec succès. Vasari adjoute que ce peintre alle- 
mand, nommé Martin, peignoit parfaitement bien en clair- 
obscur ou grisaille, et que les sujets de batailles qu'il avoit 
peint de cette manière, dans Tare dont on vient de parler, 
étoient touchés avec tant de fermeté et de résolution qu'il 
n'estoit pas possible de mieux faire. Comme l'ouvrage pres- 
soit extrêmement, ces peintres allemands y trqvailloient sans 
relâche, et ne le quittoient point; on leur apportoit souvent 
à boire et du meilleur grec, de sorte qu'étant échauffés par 
le vin, et ayant d'ailleurs une grande pratique de faire, il 
n'estoit pas surprenant que leurs ouvrages se ressentissent du 
feu dont ils étoient animés... Vasari finit en cet endroit, et je 
ne vois rien qui puisse faire douter que ce ne soit de Martin 
Hemi^kerck dont il entend parler; car c'est précisément le 
temps qu'il étoit à Rome, il estoit dessinateur, inventoit fa- 
cilement, mais il étoit surtout grand praticien. Tout s'accorde 
avec ce que dit Yasari... Il faudra refaire l'extrait que \b 
P. Orlandi donne icy de la vie de ce peintre. Jamais il n'a 
gravé, que je sache, à Rome ; et Sandrart, qu'il rapporte, n'en 
dit rien ; mais c'est sa coutume , il ne fait jamais un extrait 
âdèle. 

— La réputation de Martin Hemskerck a été autrefois si 
grande qu'on lui donna dans son pays le surnom du Raphaël 
des Pays-Ras. Cette dénomination lui convenoit cependant 
très-mal; car, loin d'être gracieux comme Raphaël, il est tout 
à fait sauvage. On auroit pu, avec plus de vérité, l'appeler le 
Michel-Ange de son pays, car il est vrai qu'il dessine à la 
plume avec beaucoup de fermeté et de science* (Catalogue 
Grozat, p. 91.) 

— - A propos d'um ÀtmoncioUon : Cette pièce est cotée 8; 



351 

apparemment qu'elle?esl d'une suite, où il y en a deux qui 
précèdent et qui ne sont pas icy. On y voit au bas M. Hems- 
kercky sans s'y nommer comme peintre et graveur. On la 
tient de luy cependant, parce que Ton apprend dans Sandrart 
qu'il a gravé à l'eau-lorte, et celte pièce est touchée avec tant 
d'art qu'on la donne à luy préférablement à d'autres, au lieu 
que la pièce des Pasteurs adorant l'enfant Jésus, gravé à 
l'eau-forte, où il y a au bas la mesme inscription, paroist 
plus tost de Cornhert, quoyqu'il n'y ait pas mis son nom. 

-— £n cataloguant une fuite nombreuse de 26 si^ets du 
Nouveau Testament, Mariette fait la remarque suivante, à 
propos diune pièce représentant Jésus-Christ guérissant Vhé^ 
morotsse : On trouve au bas de cette pièce le nom seul de 
M, Hemskerck; à d'autres: Mart, Hemskerck invenlor; elles 
sont touchées avec tant d'art que l'on les croit gravées par luy. 
Ce sont celles apparemment dont Sandrart a voulu parler; 
mais je doute que la suite soit icy complète, la croyant plus 
nombreuse. 

— Les Orgies, ou Festes de Bacchus, gravé au burin, en 
1543, par Corneille Bos; cette estampe est beaucoup plus 
fidèle et dessinée de meilleur goût que celle de Chauveau. — 
L'invention de c^tte pièce n'est point asseuréraent de Jules 
Romain ; elle doit estre de Martin Hemskerck, d'après lequel 
Corn. Bos a gravé. L'empereur a, dans sa galerie, un tableau 
d'Hemskerck du même sujet, moins chargé de figures que 
cette composition, mais où se trouvent la pluspart des mêmes 
figures, et dont la composition est en général la mesme. 

HENIN (m.). Une suite de figures de modes françoises en 
huit planches, précédées d'un frontispice; elles sont dessi- 
nées et gravées à l'eau-forte par Walteau, et terminées au 
burin par H. Simon Thomassin le fils, à l'exception de celle 
qui est au milieu de la dernière rangée, laquelle est gravée 






diKiiifr IIP <iii<flKi le pfen*. 




smiif- lie Cteries H, lo} 






ifei. IIL. .Ê3rJtSS& f^àX Eut aHUL ôsc^ ùt GêspÊid de 



STî€> ■ ■ p 1 1 lii llTjrtrn. prinfrr 

3( sfesHÊKiirxi 1 rBifo: ^ saseit àt Fubsoîs Hors, et il a 
«s UL £& xsiivfKr «t ittco. -fK p^noil It «ktee nom. lire 



HEl'LJLLN JEtf-usTAU . Bé à MoihiiHii, en Alsace, 
vill^ bbfi^ H iDîée d^ Sasssies. ^n f718. Apite aïoir aj^Mis à 
d^!mMrr €C à peindre <f on maître ëtabh à SchafliDQse, H pro- 
pOM i 9s paréos de toi faire faîrele vx>Taffed1talie,eC,n*ajant 
pu le$ j Cure consentir, quelque chose qu'il leur pût dire 
pwr leur en (aire connaître la nécesâté, il se rit oUîgé d'en 
bire luinoteie les frais, et pour cela il s'introduisit chez l'é- 
vetque de Basle, et y peignit divers pwtraits, et, se trouTant 
hUmtûti amez riche pour se satisfoire» il passa à Rome, y fit 



855 

la connoissance de M. de Troy, alors directeur de TAcadémie 
de France, et celui-ci le proposa au cardinal de Tencin, qui, 
avant de quitter Rome, vouloit avoir des copies de tableaux 
qiii lui âvoient plu. Heylman y réussit; son Eminence le prit 
en affection, et, lorsqu'il quitta Rome, où notre artiste séjour- 
noit depuis quatre ans, il lui fit la proposition de le conduire 
en France. Heylman Taccepta bien volontiers, et, durant tout 
le temps que le cardinal se fixa à Paris, il demeura constam- 
ment attaché à Son Eminence. Il ne se sépara de lui que 
quand le cardinal alla résider à Lyon, dont il étoit arche- 
vêque. Heylman devint Tami de Wille. Ils alloient dessiner 
ensemble, aux environs de Paris, des veues d'après nature. 
Sa principale occupation étoit cependant de peindre des por- 
traits et des paysages, et, après un séjour de seize années à 
Paris, il y est mort en 1760. On a sa vie dans le 3« volume 
des Vies des peintres suisses par Fuessli. 

— • Jean-Gaspard Heilman, peintre, néen 1718,à Miilhausen, 
en Alsace, mort à Paris en 1760, âgé de 42 ans, a gravé pour 
son amusement. 

HïCKMÀN. M. Hickman m'a dit qu'on faisoit usage en Ita- 
lie d'un vernis nouveau qui n'a ni le défaut du vernis ordi- 
naire, qui est de s'attacher sur la peinture sans qu'on puisse 
l'enlever aisément lorsqu'il a jauni, ni les incommodités du 
blanc d'œuf qui fait gripper la couleur. Ce nouveau vernis 
est transparent, il a de l'éclat, et on l'ôte sans peine avec de 
l'eau. Il n'y a pas beaucoup de temps qu'on s'en sert en Ita- 
lie. Ce n'est autre chose que de la gomme Jacamahacca, 
dissoute dans de l'eau chaude, 

— Dans les notes de Mariette^ nous trouvons ia lettre sui- 
vante : 

a Les estampes ci-dessous ne se trouvent pas dans le catalo- 
gue que M. Mariette nous a envoyé, et je crois pourtant qu'elles 
T. n. 



lOBt tOQt» on de Pinnesan oa de Mdd<da. Le Mariage de 
sainte Catherine, Testampe qui étmt an cheralier Lély ; la 
Vierge et reniant Jésus se courbent en ayant; il y a derrière 
on Joseph et une femme ; on Toit dans l'air on ange avec 
one guirlande. D y a une autre estampe de la mtaie grau- 
deor et peu diiférente, et cela dans la manière qu'on nomme 
la seconde planche, et il t a une copie marquée M A {en Wh 
«of .). Une de ces estampes est dans le catalogue de M. Ma- 
riette, que je m'imagine être la même que nous appdons içjr 
la seconde planche. Si ce qu'on toit écrit en bas de l'estampe 
est Trai, on n'en a jamais tiré que cinq à six. U me semble 
que ce sont deux diïïérentes planches, et toutes deux de PaN 
mesan luy-mesme. Après une énumérainm dC autres fianthet^ 

m 

la leiire se termine ainsi : Voici, Monsieur, le détail de ce que 
M. Pond m'a écrit que tous aurés la bonté d'examiner à 
votre loisir. U n'y a qu'à Monsieur votre père et à vous que 
nous pouvons avoir recours, parce que la décision d'un autre 
ne sufBroit pas dans cette occasion. Vous aurés la bonté de 
m'excuser et de me croire*parfaitement, Monsieur, votre très- 
humble et très-obéissant serviteur. 

HlGKMAN. 

Rue de Cléry, vendredy. 

HILÂIBE (p.), graveur, élève de Le Prince, actueUement 
(1769) vivant à Paris. 

HOET (GUÉRAAn). Les paysages de Francisque ont été gra- 
vés, à ce qu'assure M. Descamps, par Guérard Hoet, dans le 
temps de son séjour à Paris. Voyez le 3* vol. de Descamps, 
p. 235. Il me semble l'avoir aussi ouï dire au fils de G. Hoet, 
que j'ai vu à Paris à la vente de M. de Tallard. 

HOY (HiOOLO ns HoiB, ou plutôt NICOLAS VA») t daisiné 



856 

plusieurs des tableaux de la gallerie de Tarchiduc Léopold 
Guillaume, et il en a grayé luy-mesme quelques-uns. Cabi- 
net de Tarchiduc mis au jour par D. Teniers* 

HOGARTH (euiLLAUME), peintre anglois, né en 1698 à 
Londres, a gravé sur ses desseins une suite nombreuse de 
planches qui sont autant de satyres de tous lés ridicules de 
son pays. Personne n*y est épargné, et personne n'a osé s'en 
plaindre, parce qu'on aime mieux souffrir en Angleterre que 
de rien faire qui puisse offenser la liberté dont on y prétend 
jouir. Voilà ce qui a fait la fortune d'Hogarth dans soû pays. 
U est à présumer qu'elle n'eût pas été si grande ailleurs, sur- 
tout dans les pays où l'on est sensible au vrai beau, et où 
l'on méprise tout ce qui est offert sous des traits trop ridir- 
cules et trop grossiers , capables seuls d'affecter le peuple* 
Hogarth est mort à la fin de 1760, à Londres. On le met en 
Angleterre auprès de Butler, auteur fameux du roman saty- 
rique et comique intitulé Hudibras (1). 

•^ Hogarth est un peintre qui est mort à Londres depuis 
peu de temps, et qui s'y est fait une grande réputation en 
traitant des sujets burlesques et satyriques tout ensemble» 
Elle égale presque celle du fameux Butler, auteur du poëme 
intitulé Hudibras, lequel est un peintre burlesque des mœurs 
de son siècle. (Notes sur Walpole.) 

HOGENBERG (mcoLAs) a dessiné et gravé la pompe de 
l'entrée triomphante de l'empereur Charles-Quint à Bologne» 
en 38 feuilles. Les figures y sont dessinées dans le goût du 
Titien ou du Giorgion. 11 y a mis sa marque N. H. à la der- 



(1) Mariette a de plus mis dans ses notes une copie de TarUale 
du Mercure^ n" de janvier 1770. 



356 

nière feuille. La graveure en est à Teau-forte ; mais il est 
assez difficile d'en trouver des épreuves sans être retouchées 
au burin et avant que les planches fussent passées entre les 
mains d'Hondius. 

— Le Nicolas Hogenberg, qui a gravé l'entrée de Charles V 
à Bologne, étoil de Munich. Il y a une première édition de 
cette suite d'estampes, où, au bas de la planche, qui repré- 
sente le pape et l'empereur sous le dais, on trouve écrit 
NICOLAVS HOGENBERGVS MONACHENSIS : F. Mais je doute 
que cet artiste soit le même qui a gravé les faits de Frédéric 
second, roy de Danemarck. Ce dernier est, je pense, l'auteur 
du Léo BelgicuSy et se nommoit François. 

— François Hogenberg grava, en 1589, par ordre de Henry 
Rantzau, les belles actions de Frédéric 11, roi de Danemarck. 
Ces planches sont au nombre de XVI, y compris le titre et le 
portrait du prince. 11 en est fait mention dans la liste des ou- 
vrages d'Henry Rantzau, à la page 76 du livre intitulé : Hypo- 
typosis arcium, palatiorum, librorum et aliorum monumen- 
torum ab Henrico Ranzovio conditorum, conscripta a Petro 
Lindebergio, Francofurti 1592. — La dédicace, faite aux en- 
fans d'Adolphe de Holstein, est au nom de Francisons Hogen- 
bergius et Simon Novellanus. 

— Il y a plusieurs graveurs du nom d'Hogenberg , il ne 
faut pas s'y méprendre. 

HOLBEIN (jean) de Basle. La vie et le catalogue de ses ou- 
vrages inter Erasmi opéra. Lugd. Bat. 1703, fol. tom. IV, 
p. 389-395 (1). 



(1) On la trouve auparavant dans Tédilion de VEncomium Moriœ, 
d*Erasme, Basileae, 1676, dans laquelle elle occupe 16 pages delà 
pariie préliminaire non chiffrée. 



a57 

— Ce n'est pas pour prendre la défense de de Piles (je n*ai 
jamais pu goûtersa balance des peintres), mais il m'est impos- 
sible de ne pas remarquer que M. Walpole raisonne ici fort 
mal, et n'a point du tout compris le système de de Piles. 
Celui-ti prend les différentes parties de la peinture et exa- 
mine sur chacune en quoi un maître a été supérieur à un 
autre. Quand il en vient à la couleur, il met Holbein au-des- 
sus de Raphaël, et peut-être en cela n'a-t-il pas tout à fait 
tort. Mais cela n'emporte pas une préférence totale , ainsi 
que paroît l'avoir entendu notre critique. (Notes sur Wal- 
pole.) 

— Tous les tableaux cités jusqu'ici par M. Walpole, à com- 
mencer à celui de THôtel-de-Ville de Basle, sont indiqués 
conformément au catalogue dressé par Patin en 1676 ; mais, 
comme il est à présumer que, depuis près d'un siècle, ces 
tableaux auront plus d'une fois changé de main» et qu'on 
courroit risque de ne les plus trouver aux endroits indiqués 
si on les y alloit chercher, il me semble que M. Walpole ne 
pouvoit guère se dispenser d'en faire l'observation. (Notes 
sur Walpole.) 

— L'ouvrage (Icônes hisioriarum Yeteris Testamenti) est im- 
primé à Lyon et non à Leyde; c'est une inattention delà part 
de M. Walpole; c'est un petit in-quarto. Les planches sont 
gravées en bois et sont au nombre de quatre-vingt-qualorze, 
en y comprenant quatre sujets de l'histoire de la création, 
qui ne sont pas de même format que les autres, et qui avoient 
déjà paru dans le livre des Images de la mort, publié pareil- 
lement à Lyon, presque dans le même temps et chez le même 
imprimeur. La pièce de vers qui se trouve au commence- 
ment du livre est intitulée : Carmen Nie. Borbonii Vandepe- 
rani pœtœ Lingonensis. Suivant toutes les apparences, c'est 
que le poète étoit né à Vandeuvre près de Langres, et ce qui 
l'engageoit à chanter les louanges d' Holbein, c'est qu'il étoit 



9«8 

lié d'amitié avec Erasme. Il s'eiprime ainsi m pariant de 
Touvrage du peintre qu'il célèbre : 

Hoc opu$ HoLbinœ nobile arm tnaniw . 

Mais cet éloge ne doit tomber que sur les desseins faits par 
Holbein» car il est certain que les gravures ont été faites en 
France et qu'il n'y a jamais mis la main. (Notes sur Walpole.) 

— Adam et Eve en demie-figures. Il n'est point dit dans 
le catalogue de Patin que ces deux tigures fussent en demi- 
corps, mais on y remarque que le tableau est de l'an 1517, 
et qu'on y trouve la marque du peintre H. H. (Notes sur 

Walpole.) 

•«•* Sandrart, que M. Walpole traduit, distingue le tableau 
de l'Annonciation, qui étoit dans le monastère de Sainte-Ca- 
therine» d'avec celui dont le seigneur de Walberg, célèbre 
curieux, fit l'acquisition, et dont il donna, non pas cent, mais 
mille florins. (Notes sur Walpole.) 

— La passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, représentée 
d'une manière satyrique et burlesque. Ce sont le pape, les 
cardinaux et les moynes, qui y tiennent la place des juifs et 
qui y font l'office de bourreau. J.Holbein,quî en est l'inven- 
teur, en a fait les desseins, et, comme il vivoit en Angleterre 
du mesme temps et à la cour de Henry VIII, peut-être les a-t-il 
fait pour plaire à ce prince irrité contre la cour romaine. 
Sandrart fait mention, dans la vie de Holbein, de ces desseins 
qui estoient de son temps dans la collection du duc d'Arondel. 
Ces seize pièces sont, au reste, d'une rareté extraordinaire. 

•^ Sandrart ne lait monter qu'à vingt le nombre de ces 
desseins (1); encore en met-il quatre de plus qu'il n'y en avoit. 



(1) Ceux de la Passion où Jésus -Christ est tourmenté par des 
moines et des prêtres. 



859 

La suite, qu'a gravée HoUar/et qui est fort rare, n'est coinpo« 
sée que de seize pièces. Le même artiste a gravé, étant cbe* 
le comte d'Arondel, une assez grande quantité des desseins 
que ce fameux curieux conservoit dans sou cabinet , un entre 
autres, représentant la reyne de Saba visitant Salomon, qui, 
pour la ricbesse de l'ordonnance, va de pair avec tout ce que 
les maistres de premier ordre ont produit de plus accompli» 
(Notes sur Walpole.) 

— Huit tableaux en un seul , dont chacun a pour sujet 
un trait de la Passion de Jésus^Christ, Ce fut sur le récit avan- 
tageux que Sandrart en fit àTélecleur, en 1644, que ce prince, 
désireux d'avoir ce beau tableau dans sa galerie, fit laire aux 
magistrats de Basle des propositions que ceux-ci eurent le 
courage de refuser. (Notes sur Walpole.) 

— M. Walpole n'a pas bien saisi le sens des paroles de San- 
drart, qui pourtant s'explique assez clairement, et qui dit que 
les figures que le père d'Holbein avoit employées dans le 
grand tableau, où il avoit représenté la vie de saint Paul, 
éloient de demi-nature ; ce qui veut dire qu'elles avoient 
au plus deux pieds et demi de proportion, mais non que ce 
fussent des demi-figures. L'inscription mise sur ce tableau 
n'étoît pas non plus suivie d'une datte. Celle que rapporte 
Sandrart étoit sur un autre tableau du vieux Holbein ; tout 
ceci n'est pas fort important, et jemeserois abstenu d'en faire 
l'observation si je n'avois cru nécessaire de montrer à M. Wal- 
pole qu'il n'est pas toujours aussi exact qu'il voudroit que 
tous les autres le fussent, et surtout nous autres François, 
avec lesquels il est là-dessus inexorable. (Notes sur Walpole.) 

— Le goût d'Holbein est plus épuré que celui d'Albert ; sa 
manière tient davantage de celle dltalie. Ce maître fut regardé 
dans son temps comme un prodige, et, aujourd'hui même, sa 
réputation n'est point diminuée. Le Zuccaro, avide de dessiner, 
dans le cours de ses voyages, tous les tableaux du premier 



360 

ordre, n*a pas oublié ceux du Triomphe de laBiehesse et de la 
Pauvreté, par Holbein, qui étoient alors à Londres, d'où Ton 
dit, que, dans les temps de troubles, ils ont été transférés en 
Hollande. (Catalogue Grozat, pag. 89.) 

— Les desseins de Zucchero que j'ai veu chez M. Grozat 
(dans le n© 979, les deux fameux sujets du Triomphe de la Ri- 
chesse et de la Pauvreté), et qui venoient originairement de 
Jabach, ne sont point tels que M. Walpole les annonce; ils 
sont à la sanguine mêlée de crayon noir. — On lit, sur la plan- 
che de Vorslerman, des vers latins, dans lesquels Morus a 
voulu célébrer le triomphe de la Pauvreté ; c'est une manière 
d'ode, composa de trois strophes, d'un style assez plat et qui 
répond à la faiblesse de sa pensée. Desc>amps ne le dit point. 
Félibien est le seul qui l'ait remarqué ; il a écrit dans la Vie 
de Holbein que ces deux tableaux avoient été vus à Paris, de- 
puis quelques années, ce qui doit être aux environs de 1650, 
et qu'ils y avoient été envoyés de Flandres. Le fait ne me pa- 
Toît point douteux ; sans doute qu'ils auront été transférés ail- 
leurs, car on ne les trouve point dans aucuns de nos cabinets. 
Sandrart a remarqué que les Ogures, qui entrent dans la com- 
position de ces deux tableaux, sont de grandeur naturelle. 
(Notes de Walpole.) 

— J'ai vucesdesseins (1) dans la collection de M. Grozat. Ils 
ont véritablement appartenu à Rubens, m^isilsnesont point 
de lui. Ils ont été faits par un peintre hollandais, nommé Jean 
Boeckhor^t, qui y a mis beaucoup d'esprit, et ne sont guère 
plus grands que ce qui a été gravé. Mais, sans s'arrêter à C€tte 
preuve de l'estime que Rubens laisoit des ouvrages d'Holbein, 



(1) Ceux du Triomphe de la Mort. Dans le catalogue Grozat, 
n^ 790, Marietle avait dit seulement qu*ils avaient appartenu à 
Bœckborst. 



S61 

j'en puis administrer une autre, non moins concluante ; c'est un 
petit portrait colorié, que j'ai, d'un orfèvre allemand, nommé 
Jérôme, fait par Holbein, que Rubens a trouvé tellement de 
bon goût, qu'il a voulu y ajouter quelques touches à la plume 
et quelques coups de pinceaux, qui y ont mis la vie et en ont 
fait un morceau de toute beauté. (Notes sur Walpole.) 

— J'ai l'édition en français des Simulacres de la mort, faite 
à Lyon en 1538, par les frères Melchior et Gaspard Trechsel ; 
elle n'est que de 41 planches. Il est remarquable que, dans le 
morceau qui représente un roi à table, auquel la Mort verse 
un poison meurtrier , ce roi est François 1*', qui occupoit alors 
le trône de France. L'empereur, dans une autre estampe, a 
beaucoupde ressemblance avecMaximilien 1er. on n'oseroit pas 
en agir ainsi aujourd'hui. Cette édition forme un petit volume 
in-4o. L'épîlre dédicatoire mérite d'être lue avec attention; on 
y dit expressément que la mort avoit ravi l'auteur des des- 
seins,avant qu'il eût pu les achever, et au moment qu'il met- 
toit la main à l'un de ces desseins, qui devoit représenter un 
charretier écrasé sous sa voiture. On ajoute que personne n'a- 
voit osé donner l'achèvement à l'ouvrage. Notez que cela 
s'imprimoit en 1538, et qu'Holbein n'est mort qu'en 1554; 
par conséquent, les desseins des planches qui ont été em- 
ployées dans ce livre ne sont point de lui. — Mais l'édition 
latine est de 1542, l'italienne est de 1545 ; elle est composée 
de 53 planches, et dans le nombre est celle qui représente le 
charretier accablé sous sa voiture. Il faudra relire cette épîlre 
dédicatoire. Sans doute que celui, dont on annonce la mort, 
étoit le graveur, etnon le peintre, auteur des desseins; car, en 
vérité, ces desseins ont tellement le goût et la manière de 
Holbein, qu'on n'imagine pas que d'autres que lui lésaient pu 
faire; c'est à quoi je pense qu'il faut s'en tenir. (Notes sur 
Walpole.) 

— Il y a eu plusieurs éditions des Simulacres de la mort, 



S63 

toutes faites à Lyoo dans le milieu du XVI« siècle, et, jusques 
à présent, les plaocbes gravées en bois, qui aocompdgoeQt 
cet ouvrage , passent pour être du dessein et de l'inventioD 
d'HoIbein. Elles sont eneifet tellement dans sa manière qu'on 
ne peut, au premier coup d'œil, se défendre de les lui attri* 
buer. Mais comment accorder cela avec ce qui se* lit dans IV 
pîlre dédicatoire, qui se trouve à la tète de la première édition 
qui a été faite à Lyon en 1538, chez les frères Melcbior et 
Gaspard Trechsel? On nous y apprend que l'auteur de ces 
planches ne vivoit plus lorsque le livre parut, et il est constant 
qu'Holbein n'a cessé de vivre qu'en .1554. Voici comme l'au- 
teur de l'épître dédicatoire s'exprime à ce sujet: « Donc vient 
grandement à regretter la mort de celui qui nous a ici ima- 
giné si élégantes figures... 11 lésa si très-mortement repré* 
sentées, que la mort, craignant que c^t excellent peintre ne la 
peignît tant vive qu'elle ne fût plus crainte pour mort, e 
que lui-même n'en devînt immortel, qu'elle accéléra si fort 
ses jours qu'il ne put parachever plusieurs autres figures, je 
par lui tracées, telles que celles du chartier froissé et espatUti 
sous son ruiné chariot... etc., auxquelles imparfaites histoires 
personne n*a osé imposer Texlrême main... » Mais il faut bien 
que les desseins de ces planches qui manquoient iussenlprépa- 
rées ; car, dans Tédition italienne, faite chez Jean Freken, en 
1549,ellesy ont été ajoutées. Mais il est aisé de voir, parlai 
çondont elles sont gravées, qu'elles sont d'une autre main que 
les premières ; et cela me feroit penser que tout ce qu'on lit 
dans l'édit. de 1538 regarde uniquement le graveur^ dont on 
ne peut trop admirer la délicatesse du travail et la touche flère 
etspiriluelle.J'imdginequelesdesseinsd'Holbein,quin'étoient 
pas fort terminés, avoient eu besoin d'un si excellent artiste, 
pour y mettre le fini qui y étoit nécessaire, et que ce travail 
avoit mérité que l'éditeur de Lyon lui en fît honneur et l'en 
regardât conune le père. Son nom qui méritoil de passer k la 



S6S 

postérité, est demeuré dans l'oubli ; mais il y a apparence que 
le monogramme HL, qui se voit sur le soubassement du lit où 
est couchée une jeune personne que la mort attire \ elle, 
donne les premières lettres de son nom (1). Du reste, ce petit 
ouvrage eut beaucoup de vogue lorsqu'il parut ; il s'en fit 
nombre d'éditions en françois, en latin, en allemand, en ita- 
lien. La plus ample est celle de 1549 ; les douze dernières 
planches y paroissent pour la première fois, et, indépendam- 
ment des bonnes éditions faites à Lyon, il en parut une con- 
trefaçon dans le pays étranger. 

— il propos de la Danse des morts ^ gravée par Bollar, Ma^ 
riette cloute : M. Walpoleauroitdû plustost citer les planches, 
gravées en bois, qui ont été exécutées du vivant même de Hol- 
bein, et certainement sur ses propres desseins. Ce qu'HoUar 
a gravé est moins nombreux, et n'est pas tout à fait si bien 
dans la manière du peintre. Il n'a donné que 30 morceaux, 
et la suite des planches gravées en bois, dans les éditions les 
plus amples, est de 53 des bonnes éditions; il y en a eu plu» 



(1) On sait maintenant qu'il s'appelle Lutzclbnrger. Voyez sur lui 
la publicaiion récente de M. Rcnouvier, des Types et des Manières 
des maîtres graveurs^ 2o partie, xvi« siècle, Biontpeliier, 1854, 
in-4<*, p. 103, que nous sommes heureux d'avoir à citer; car, de* 
puis longtemps, il n*a paru sur ces questions d'art un ouvrage 
aussi remarquable. Une recherche patiente et vraiment critique, 
une érudition sobre et nerveuse, un vif sentiment des manières 
diverses et de leur génération successive, le bonheur d'expression 
avec laquelle elles sont caractérisées, Tesprit philosophique vrai- 
ment haut, qui élève en même temps le fond et la forme, et donne 
à Fensemble une forte cohésion, assignent h ce livre une place tout 
à fait distinguée, et où, dans cette partie particulière de Thistoire, 
il en est trop peu qui méritent d'être placés. L'ouvrage ancien de 
M. Rpnouvicr, les Maîtres de piene, très-important comme faits, 
n'était que des recherches et une publication de pièces ; tes 
Types et les Manières des maîtres graveurs sont un livre^ dans le 
meilleur sens du mot, et c'est un éloge qu'on voudrait n'avoir pas à 
appliquer si raremenU 



364 

sieurs qui ont paru à Lyon, chez Jean Frillon, en un petit 
volume in-12, avec des discours tanlost en lalin, tantosl en 
françois ou en d'autres langues. Celle que j'ai est en italien, 
imprimée en 1549, et cette édition est augmentée de plusieurs 
planches qui n'avoient pas encore paru. Ces planches, par 
rapport à l'exécution qui a été faite à Lyon de la gravure, 
sont autant de chefs-d'œuvre. Il y en a une dans le nombre, 
c'est celle d'une dame de condition que la mort ravit dans 
son lit, oh est celte marque H, sur le soubassement du lit, 
qui est à ce qu'il paroît celle du peintre Holbein. Le livre est 
^ intitulé : Simolacriy istorie e figure délia morte ;c*esi impro- 
prement qu'on lui donne le nom de Danse de la mort. Il n'y 
est pas dit un mot d'Holbein. Rubens, au rapport de Sandrart, 
en faisoit un cas singulier et admiroit la fécondité du génie 
de l'auteur. (Notes sur Walpole.) 

— M. Walpole ne pou voit guère se dispenser, à ce qu'il me 
semble, de dire en quoi bonsistoient ces peintures, et cela lui 
éloit facile, car Patin les décrit et nousapprend qu'on y voyoil 
d'une part, dans une composition d'architecture, Q. Gur- 
tius se dévouant à sa patrie, et de l'autre, une danse de pay- 
sans. Cette maison est située dans une rue, ou, si l'on veut, sur 
une petite place, et dans le voisinage du marché au poisson, 
peu éloignée du pont du Rhin. Quant au prix, on n'en donna 
point à Holbein soixante florins, mais seulement quarante. 
(Notes sur Walpole.) 

— Un mntre et une maîtresse d'école enseignant des enfants; 
peut-être fait pour servir d'enseigne à quelque maison privée. 
Le catalogue des ouvrages d'Holbein, qu'a donné Patin, et 
dont ceci n'est qu'une traduction, entre par rapport à ce ta- 
bleau, dans de beaucoup plus grands détails, et l'accompagne 
d'une inscription en langue allemande, qui est jointe au ta- 
bleau et qui ne permet pas de douter de sa véritable destina- 
tion. M. Walpole, en syncopant ainsi tous les articles de ce 



365 

catalogue, nous prive de plusieurs remarques qui le rendent 
curieux, et j'en suis d'aulanl plus surpris que, bien loin d'en 
être ménager dans ses propres noies, il en devient par fois 
trop minutieux. (Notes sur Walpole.) 

— Sandrart nous a conservé les inscriptions qu'il a trouvées 
sur ee^ deux desseins; sur l'un étoit écrit : Effigies Joh, Hotr- 
bein senioris pictoris , et sur l'autre : Sigismondus Bolbein 
pictor et senioris frater^ 1512. Mais est-il bien sûr que ces 
desseins fussent du jeune Holbein? l'on y voyoit, dit-on, sa% 
marque ; mais cette preuve ne me paroît pas trop convain- 
quante; le père et le fils s'appeloient du même nom, et la 
même marque pouvoit convenir à l'un comme à l'autre; 
ainsi, les desseins pouvoient appartenir au père tout aussi 
bien qu'à son fils, et même encore mieux; car, ainsi que l'a 
très-bien observé M. Walpole, le travail de ces desseins pa- 
roît au-dessus de la portée d'un enfant de 14 ans. (Notes sur 
Walpole.) 

— Le portrait de Jean Holbein, je ne sais si c'est du père ou 
du fils. Il étoil facile à M. Walpole de s'en assurer. 11 ne s'a- 
gissoit que de feuilleter le livre qui lui fournissoitle catalogue 
qu'il produit. Il y auroil trouvé, au commencement de la vie 
d'Holbein, une estampe gravée d'après ce portrait, et elle lui 
auroit appris que c'étoit celui de Holbein le fils, peint par 
lui-même dans son jeune âge. (Notes sur Walpole.) 

— Portrait de Boniface Amerbach. — Patin nous ap- 
prend qu'il éloit jurisconsulte et professeur en droit, et il 
rapporte quatre vers latins, qui sont sur le tableau, et qui 
sont suivis de ces mots : BONIF. AMERBACHIUM JOH. HOL- 
BEIN DEPINGEBAT A. M. D. XIX E. I. D. OCTOBR. (Notes 
sur Walpole.) 

— Christine, fille de Chrétieny Roy de Danemark. Le lord 
Herbert a prétendu qu Holbein n'employa que trois heures pour 
faire ce portrait, p. 496. Elle étoit niepce de Charles V, par 



366 

la mère, et mourut eu Italie, où elle s'étoit retirée, après la 
mort du duc de Lorraine, son second époux. Je serois tenté 
de croire que le portrait de cette princesse, qui, en 1585, se 
trouvoit à Milan entre les mains du président don Ânt. Lon- 
donio, et dont il y a une gravure faite par Augustin Çarrache, 
dans l'Histoire de Crémone d*Anl. Campo, étoit celui qu*avoit 
peint Holbein ; l'habillement tient beaucoup de sa manière. 
(Notes sur Walpole.) 

— Walpole parlant de rinventaire des tableaux et meubUi 
du palais de Westminster, dont on charge le chevalier Antoine 
Donny^ maître de la garde-robe, lequel était au dépôt du bureau 
appelé Augmentation-office, Mariette ajoute : Je ne sçais trop 
si M. Walpole a raison de s'autoriser, comme il fait , des dé- 
fauts d'expression qui se rencontrent dans la liste de tableaux 
qu'il produit, pour montrer qu'au commencement du règoe 
de Henri VIH on sçavoil à peine ce que c'étoit que peinture 
en Angleterre. Cet inventaire doit être très-postérieur à la 
date qu'il lui assigne ; on n'en peut pas douter, puisqu'il y 
est parlé de la reine Jeanne Seymour, qui n'est parvenue à 
la couronne qu'en 1536, et qu'il est certain, ainsi que je le 
ferai voir dans la note suivante, que le portrait du jeune 
prince, dont il y est fait mention, est celui d'Edouard YI, 
fait en 1540 par Holbein. Ce qui le blesse vient moins 
d'un manque d'expressions dans la langue que de la mal- 
habileté de ceux qui ont dressé l'inventaire. (Notes sur Wal- 
pole.) 

— Le portrait du prince Edouard, fils de Henry VUI, à l'âge 
de trois ou quatre aos, peiot en détrempe sur une toille 
écrue, vers l'année 1540, étoit à Paris, chez M. Crozat, qui 
Testimoil un ouvrage d'Holbein ; le prince y est représenté 
debout en jaquette et bonnet d'enfant, et ce qui ne laisse au- 
cun lieu de douter que ce ne soit le même tableau indiqué 
dans le présent inventaire, c'est qu'on y voit aussi un rideau, 



867 

et que la toile n'edt proprement que teinte, tant les couleurs 
qui ont été appliquées dessus ont peu d'épaisseur, M. le ba- 
ron de Thiers, héritier des tableaux de M. Crozat, son oncle, 
ne s'en souciant pas, le fit exposer en vente en 1751, et le 
tableau fut vendu à vil prix. Que n'y avoit-il pour lors à Pa- 
ris quelqu'Anglois curieux, il auroit fait un bon coup ; car, 
de retour en son pays, il auroit certainement trouvé à s*en 
défaire très-avantageusement, au lieu qu'ici on ne lient au- 
cun compte des vieilleries ; on ne veut que des choses qui 
flattent la veue, et par là tout se perd. Voyez pour ce ta- 
bleau (1) le catalogue des peintures et sculptures provenant 
des cabinets de M. le président de Tugny et de M. Crozat, 
publié en 1751» 8% pag. 41. (Notes sur Walpole.) 

— Un portrait d'Érasme^ à Vienne. 11 est représenté vêtu 
d'une robe fourrée, et tenant entre ses mains un livré ouvert. 
Voyez-en la gravure dans le Prodromus des tableaux de la ga- 
lerie Impériale, publié par Sianapart et Prenner à Vienne, en 
1735. On voit dans le même livre, la représentation, en petit, 
de quantité d'autres tableaux d'Holbein, qui sont dans la 
même galerie. (Noies sur Walpole.) 

— * Je ne connois point de portrait d'Erasme, gravé par 
Vischer, et je soupçonne que Patio, qui l'a avancé et qui peut- 
être n'écrivoit que de mémoire, dura mis le nom de ce gra« 
veur au lieu de celui de Vorsterman, qui en effet, a gravé 
le portrait d'Erasme, d'après Holbein. Celui de Froben l'a été 
par L. Vischer. (Notes sur Walpole.) 

^ George Gyèein. C'est le portrait d'un négociant assis à 
son bureau, dans son cabinet. On y lit sa devise, Smamcprorf 



(1) Catalogue do Grozai et Tugny, p. 41. Portrait d'Edouard VI, 
roi d'ÀuffUlerre, dans son enfance, peint à détrempe par Jean 
Holbein (la figure est entière)» haut de 4 pieds, large de 2 pieds 4 
pOttOM. 



368 

voluptas, et son nom, avec la date 1512. Ce tableau, qui est 
sur bois, à S** de haut sur 2° ff de large. Il y a sur une table 
des fleurs dans une fiole. (Notes sur Walpok). 

— Un grand tableau^ contenant d*un côtéy les portraits du 
bourgmestre Meier et de ses enfants, et de Vautre côté ceux de sa 
femme et de ses filles, tous à genoux devant un autel. Ce tableau 
est, à n'en point douter, le même qu'a fait acheter à Venise, 
en 1741 > le roi de Pologne, électeur de Saxe. M. Walpole en 
parlera encore dans la suite, ce que je remarque, pour éviter 
les doubles emplois. Le Blond le tira de Basle et le porta en 
HoUande.Patin s'est mal exprimé, dans la description qu'il en 
fait, lorsqu'il dit que les figures sont à genoux devant un au- 
tel; il devoit dire aux pieds de la Sainte-Vierge. Il ne me pa- 
TOÎt point non plus douteux que c'est le même tableau, qu'a- 
voit vu en Hollande Sandrart entre les mains du greffier 
Lolfert, qui l'avoit payé 3,000 florins, et cela me paroît plus 
à sa place que d'en faire faire l'acquisition à la reyne Marie 
de Médicis, qui, fugitive du royaume et retirée aux Pays- 
Bas, n'éloit guère alors en état de faire une pareille dépense. 
(Notes sur Walpole.) 

— MichelLeblond, commissionnaire du duc deBuckingham, 
est le même que celui dont parle Sandrart, et dont M. Wal- 
pole fera mention dans la vie de Van Dick. Le tableau qu'il 
vendit à Loffert, me paroît, par la description qu'en fait San- 
drart, être celui qu'a acheté, depuis quelques années, le roi de 
Pologne, électeur de Saxe, et qui représente la famille du 
bougmesire Meier, aux pieds de la Vierge. M. Walpole ne le 
fait acheter que 300 florins par l'amateur Loffert, qu'il qua- 
lifie assez mal à propos de peintre ; et en cela il se trompe 
lourdement, car Sandrart dit qu'il en donna 3,000 florins. 
(Notes sur Walpole.) 

— Les portraits de Jacques Meier ^ bourgmestre de Basle^ et de 
sa femmCf peints en 1516. De la façon dont s'exprime Patio, 



269 

les deux têtes sont dans le même tableau. Celui à qui il ap- 
partenoit, dans le temps qu'on rédigeoit le catalogue, demeu- 
roit à Basle. (Notes sur Walpole.) 

— Puisque M. Walpole avoit résolu de passer en revue tous 
les tableaux de Holbein, qui se trou voient dans les principaux 
cabinets des princes, il n'auroit pas dû obmettre ceux qu'on 
conserve à Florence, dans le cabinet de S. A. R. le grand-duc ; 
il lui étoit aisé d*en être pleinement instruit, il n*avoit qu'à 
ouvrir le livre de Baldinucci ; il y auroit trouvé une ample 
description de ces tableaux dans la Vie d'Holbein,que cet au- 
teur italien acomposée. Le principal est le portrait du chevalier 
Richard Southwell, conseiller privé de Henri VUI,peint en 1528, 
ainsi qu'on l'apprend de l'inscription, mise anciennement sur 
le tableau. Le grand-duc Gosme II en fît l'acquisition en 1621, 
et,pour montrer le cas qu'il en faisoit,il lui fit faire une riche 
bordure et le fit placer dans le sallon appelé la Tribune, où 
s'est rassemblé tout ce que la galerie offre de plus rare et de 
plus précieux. On voit dans la même galerie, un portrait de 
femme, coiffée d'un linge blanc, à la manière allemande, et, 
parmi les portraits des peintres peints par eux-mêmes, celui 
d'Holbein, fait à l'âge de 44 ans. Oq y lit son nom Joannes 
Holpenius. Cette variété dans l'orlographe, vient de ce que le 
B et le P ont le même son dans la langue allemande. (Notes 
sur Walpole.) 

— Ce qui fait présumer à Patin qu'un portrait est celui d'un 
grand maître de Jérusalem, est une croix de Jérusalem, qui 
pend au col de ce vieillard; mais, outre que je ne crois point 
que les chevaliers de Rhodes ni leur grand maître en ayent 
jamais porté de semblables, l'on sçait que les personnes, qui 
faisoient les voyages de la Terre-Sainte, étoient, dans le temps 
que vivoil Holbein, dans l'usage de porter de ces espèces de 
croix, et ce portrait sera pour lors celui d'un tel voyageur, et 
pas davantage. (Notes sur Walpole.) 

T. n. y 



»70 

"^ Lb portrait d*une dame par Holbein. Elle est en habit 
noir, assise dans un fauteuil et tenant de la main gauche un 
gland, pendant à une chaîne d'or qui lui sert de ceinture. Le 
tableau a 3"* 6' de haut sur l"* 7' de large ; il est sur bois. 
(Notes sur Walpole.) 

«— J'ai parmi mes desseins un très-joli petit morceau qui 
vient de la collection de Jabach, et qui représente un bracelet 
avec les symboles de Tamour conjugal. Je possède aussi un 
fort beau dessein d'une horloge de sable, qui^ suivant une 
inscription latine qu'on y lit, a été fait pour être présentée à 
Henry Vill, le premier jour de Tan 1545, par Antoine Deny, 
son chambellan. Le trait en est à la plume, et d'une netteté 
qui feroit soupçonner, au premier aspect, qu'il a été gravé; 
les ombres sont données avec un lavis d'encre de la Chine. 
Cest ainsi que sont exécutés tous les desseins de Holbein qui 
me sont passés par les mains^ et voici une copie fidèle de Tins- 
Cription : Strena facta pro Anthony Deny camerario Regii 
quod initia novi anni 1545 Régi deiit. (Notes sur Walpole.) 

—Dans les nombreux tableaux étant à Greenwich, et vendus 
par la république, il est fait mention d'une pièce d'écriture, 
feite par Holbein, vendue 10 livres. M* Walpole avoue qu'il 
n'entend pas ce que cela peut signiûer. Je pense pour moi, 
et ne doute nullement qu'il est question d'un dessein d'Hol- 
bein, fait à la plume. (Notes sur Walpole.) 

*- Ce n'est pas pour grossir la liste des ouvrages d'Holbein 
que je vais donner la description d'un morceau curieux, qui 
étoit autrefois dans la bibliothèque de la maison professe des 
Jésuites, et que j'ai retrouvé dans Paris, entre les mains d'un 
de mes amis, M. Brotier. Quoyque travaillé avec toute la dé- 
licatesse imaginable, je ne le trouve pas assez digne d'appar- 
tenir à un aussi habile homme que l'étoit Holbein ; mais j'ai 
pensé, que, si M. Walpole en avoit eu communication, il n'au- 
roit pas manqué d'en faire mention, ne fûit*-ce que poursuivre 



le fil de rhistoire de l'art, et faire mieux coDnoltre les modes 
et les usages de son pays ; car voilà le plan qu'il s'est tracé et 
auquel j'ai voulu me conformer. Cette curiosité est le chape- 
let de Henri YIII, roi d'Angleterre, il n'est pas permis d'en 
douter. Non-seulement on trouve sur un anneau, qui servoit 
à le porter pendu à la ceinture, deux jarretières sur lesquelles 
sont gravées en relief , d'un côté : Posui Deum adjuiorium meumf 
et de l'autre côté: Ilony soit qui mal y pense Mais on y remar- 
que encore ces armes écartellées d'Angleterre et de France, et, 
dans un cartouche particulier, les premières lettres du nom 
de Sa Majesté ainsi figur<^es ^\^ Le chapelet est composé 
d'un crucifix, suivi de onze grains ou petits globes, dont dix 
plus petits pour les Ave Maria et le dernier plus gros pour le 
Pater. Sa longueur totale est de 21 pouces; il est travaillé en 
bois, et chaque grain, d'environ un pouce de diamètre, porte 
sur la surface, cinq petits bas-reliefs en rond, oîi sont repré- 
sentés les mystères de notre religion, énoncés dans les articles 
du symbole, et les histoires qui, dans l'Ancien Testament, en 
étoient la figure, les images des apôtres et prophètes, et 
les paroles du symbole, ainsi que les passages de l'Écriture 
sainte qui y répondent ; le tout taillé dans le bois avec un 
soin extrême. Le plus gros grain est environné d'un plus 
grand nombre de bas-reliefs, et est singulier en ce qu'il s'ou- 
vre en deux parties^ qui jouent sur des charnières^ et que 
dans le cœur, il renferme, entre autres choses, une petite cha- 
pelle où, dans un enfoncement de près d'un demi-pouce de 
profondeur, on voit un prêtre à Tautel, des ministres qui le 
servent, des évêques et des cardinaux qui assistent au sacri- 
fice de la messe ; tout cela est isolé et de ronde bosse, et d'une 
exécution qui a demandé toute la patience et la dextérité de 
quelques-uns de ces anciens artistes allemands, auxquels il 
ne manquoit, pour faire des chefs-d'œuvre, qu'un meilleur 
goût de dessein 9 et qui se ressentit moins de gothique. 



S72 

On ne peut pas douter que l'ouvrage n'ait été fait, avant 
qu'Henri YIII se fût séparé de la communion de l'Église ro- 
maine. (Notes sur Walpole.) 

HOLLAR (VENGESLAS), gentilhomme bohémien, naquit à 
Prague, en 1607. Ayant perdu tous ses biens, et se voyant 
dans la nécessité de chercher une profession qui le fît sub- 
sister, il commença par peindre à gouazze, et bientôt, sous la 
direction de Mat. Mérian , il prit la pointe et se hasarda 
de graver quelques petites planches, qui lui firent con* 
noître que la nature l'appeloit à la gravure. Il en fit donc 
sa principale occupation, et, ayant suivi le comte d'A- 
rundel en Angleterre, et ensuite à Anvers, il mit au jour 
cette prodigieuse quantité de planches qui composent 
son œuvre, et qui font un des principaux objets des re- 
cherches des Anglois. Vertue en a fait imprimer un ca- 
talogue, que l'on pourroit rendre plus parfait, et il y a 
joint une vie de cet artiste, où Ton apprend qu'il est mort à 
Londres, en 16T7. Le peu qu'en dit le P. Orlandi est rempli 
de fautes. Il cite Sandrart, et il paroîl qu'il ne l'a pas lu. 

— Hollar à Lewenguen etBareyt; ce sont apparemment les 
lieux dont il estoit seigneur, car je crois qu'il étoit gentil- 
homme. 

— Wenceslas Hollar, dans un ovale au milieu d'un car- 
touche, dessiné et gravé par luy-même, en i647, étant pour 
lors âgé de quarante ans« Son nom n'y est pas; mais ses 
armes le font reconnaître ; elles sont à quatre quartiers, et 
sur le tout un écusson, où est une montagne, surmontée de 
deux fleurs de lys. 

— Apparemment que la dédicace par Hollar à François 
Woulen, peintre de paysages, de la grande estampe du Christ 
montré au peuple, gravée en 1650, d'après le Titien, n'y fût 
pas mise sur-le-champ ; car, sur l'épreuve que j'ai, il n'y a 



878 

aucune dédicace. Il y est seulement fait mention du chanoine 
François Hilwerwe ; or, le tableau se trouvoit alors à Anvers. 
(Notes sur Walpole.) 

— Image miraculeuse de la sainte Vierge, honorée dans 
réglise cathédrale de Gambray, gravée à Anvers. Cette pièce 
a été fa i le à l'occasion de la levée du siège de Cambray par 
les François, et des actions de grâces, qui en furent rendues, 
le 4 juillet 1649, par Tarchiduc Léopold-Guillaume, qui re- 
connoissoit devoir cet événement à la protection de la sainte 
Vierge , dont on honore cette image mi raculeuse à Gam- 
bray. 

— Suite des veues de Strasbourg et de quelques villes de 
Souabe, en douze pièces, par HoUar, et gravée en 1665, 
et dessinées en divers temps. On voit par là qu'il éloit à Stras- 
bourg en 1629 et 1630, où il a apparemment gravé les douze 
mois et les quatre saisons, aussy bien que Téléphanl. 

— The antiquities of Warwick-Shire illustrated by Wil- 
liam Dugdale, London, 1656, 1°. Il y a quantité de planches 
d'HoUar dans ce livre, qui est fort rare. Il a été vendu 70 livres 
chezM. d'Estrée, pour M. Buiretle. Elles représententquelques- 
unes des veues de villes et de châteaux, mais la plus grande 
partie des tombeaux, des vitrages et des armoiries, servant à 
l'illustration de la noblesse de œlte province. On y trouve 
aussi le portrait de Dugdale, le même qui est à la teste de la 
description de l'église de Saint-Paul de Londres, et plusieurs 
planches d'habillement des ordres religieux; mais je pense 
que ces dernières pièces ont été empruntées au Monasticon 
Anglicanum. 11 y a dans ce livre deux planches gravées par 
Lombart, d'après d'anciennes miniatures (1). 



(1) Voir sur Hollar Touvrage spécial, très-supérieur au catalogue 
de Yertue, composé par M. G.Parthey sur son œuvre : Wenzel Hol- 



S7& 

HONDIUS (abbaham) . Descamps place sa naissance en 1658, 
et ne dit point qui lui a fourni cette date. Je la crois de sa 
pure imagination. Ni Houbraken, ni Weyerman, les seuls 
auteurs hollandais qui ont parlé de ce peintre, ne l'ont point 
donnée. Le premier se contente de dire qu'Abraham Hondius 
?ivoil à Londres en 1665. J'ignore dans quelle source Vertue 
a prise la sienne (1638); mais j'y trouve au moins plus de 
rraisemblance, et je l'adopte très-volontiers. (Notes sur Wal- 
pole.) 

— On a son portrait peint par lui-même et gravé en ma- 
nière noire par J. Smith ; celui que M. Walpole a inséré dans 
«es Anecdotes en est une copie. (Notes sur Walpole.) 

HONDIUS (jossE, HENRY et Guillaume). Il ne faut pas ajou- 
ter loi à tout ce que M. Walpole raconte ici d'après les Mé- 
moires de Vertue concernant les artistes qui ont porté le nom 
de Hondius, ni leurtilialion telle qu'il a jugé à propos de ré- 
tablir. On va voir que les faits sur lesquels il se fonde sont ou 
incertains ou absolument faux : premièrement, il est fort dou- 
tent que Josse Hondius ait gravé à Londres les cartes géogra- 
phiques qui sont indiquées par M. Walpole. Il éloil établi aux 
Pays-Bas, et il est assez difficile de croire qu'il se soit déplacé 
pour aller faire en Angleterre un travail dont il pouvoil s'ac- 
quitter chez lui avec beaucoup de facilité et beaucoup mieux, 
soutenu par Gérard Mercator, qui lui servit de guide dans une 
science qui ne faisoit pour ainsi dire que d'éclore. 11 n'est point 
vrai, en second lieu , que Henry Hondius soit né à Londres, 
ni qu'il soit le fils de Josse Hondius. La note, qui se lit au bas 



lar beschreibendes verzeichniss sein Kupferslicke. Berlin, 1853, 
grand iD-8'*.0n en prépare en Angleterre un catalogue encore plu» 
complet; pour les Allemands, c'est un compatriote; pour les Ao- 
gl aiSf il a tout l'intèrôi de Thistoire et de la topographie. 



S75 

de son portrait, dans la suite mise au jour par Meyssens en 
1649, ce qu'en a écrit Sandrart, ainsi que Corneille de Bi©, 
tous s'accordent à le faire naître en Brabant dans un lieu 
nommé Duffel, en 1573, d'un père qui, noble d'extraction, se 
nommait Guillaume. Dans la suite , il vint s'établir à La Haye, 
s'étant attaché à la famille des princes d'Orange, qui le con- 
sidéroient par rapport à la diversité de ses lalens,el peut-être 
aussi eu égard à son caractère, qui lui concilioit l'amitié de 
tous ceux qui le connaissoient. La date de sa naissance est, de 
plus, confirmée par une de ses gravures, qui est un paysage 
dont je pense que Breughel a donné le dessein; elle est de 
l'année 1639, et il y est marqué qu'Henry Hondius étoit pour 
lors âgé de 66 ans. Il avoit appris à graver de Jean Wierx; 
mais il ne fut jamais qu'un graveur médiocre. Lorsque Van 
Dyck fit le voyage de Hollande, il y trouva à La Haye un 
graveur nommé Guillaume Hondius, dont il fil le portrait; 
ayant été gravé par celui qui y étoit représenté, il fut jugé di- 
gne d'occuper une plaie dans la suite des cent portraits que 
Van Dyck publia dans la suite, et c'est, en effet, un très-beau 
morceau. On ignore quelles furent les raisons qui lui firent 
quitter La Haye, lieu de sa naissance, pour se retirer à Dant- 
zîck, où il est mort et oti il alla enfouir ses heureux talens. 
C'est ce qu'il fit depuis 1637 jusqu'en 1645,qui est la dernière 
de ses pièces avec une date; elle est, il est vrai, assez médio- 
cre. Je ne l'en crois pas moins fils de Henry Hondius. H avoit 
embrassé la même profession ; il étoit né à La Haye, où Henry 
faisoit sa résidence ; il portoit le nom de Guillaume, qui étoit 
celui de son ayeul. Si tout cela ne forme pas de preuves, ce 
sont pour le moins des présomptions dont il est permis de ti- 
rer avantage. Rien de pareil ne milite pour Abraham Hon- 
dius, et j'ay peine à croire qu'il ait été effectivement fils de 
Henry. S'il l'eût été, les auteurs hollandais, qui ont parlé de 
lui, en auroient certainement fait la remarque ; leur silence 



376 

sur UD fait qui tourneroit autant à la gloire d'Abraham qu'à 
celle de Henry, prouve, ce me semble, qu'il ne lui éloil de 
rien. Il pouvoit porterie même nom sans être de sa famille, 
le nom de Hondius ou de Hondt, qui répond au mot françois 
cAi>n, étant très-commun aux Pays Bas. (Noies sur Walpole.) 
nONDT (JEAN Dh), fils de Gui de Hondl, éloit, dit-on, élève 
de Rubens, et réussissoît dans le genre des batailles; il est 
mort fort jeune. 11 promettoit beaucoup. Sa trop grande ap- 
plicalion au travail le fit périr. Il tomba dans Téthisie. llétoit 
principalement occupé à peindre des cartons pour les tapis- 
siers des Pays-Bas. Le Peintre-Amat., 1. 1, p. 33. 

HOOGHE (romain de) — Extrait d'une lettre qui m'a été 
écrite de la Haye, au sujet de Romain de Hooghe. On assure 
en Hollande que cet artiste fut banni d'Amsterdam, pour 
avoir gravé les figures de l'Arétin, que de là il fut demeurer 
à Harlem; que ses sentimeots n'ont été rien moins qu'ortho- 
doxes, menant une vie fort débordée, jusqu'au point de ré- 
pondre à un homme qui vouloit faire la cour à sa fille, que ce 
seroil bien lui-même qui auroit soin de cueillir cette rose, et 
Fon dit même qu'il grava sa tille aux susdites figures obscènes. 
On dit encore qu'il croyoit la métempsycose, et qu'un mi- 
nistre, qui étoit venu pour l'exhorter, quand il fut au lit de 
la mort, lui reprochant l'énormité de cette opinion, et lui 
demandant en quelle sorte d'animal il croyoit qu'il seroit 
changé: «Jen'ensaisrien,» lui dit-il; «mais pour vous, savez- 
vous ceque vous serez après votre mort? Une cigogne, » ajou- 
ta-t-il, « parce qu'ayant trompé durant votre vie l'Église en 
dedans, vous pourrezy chier dessus après votre mort.i>Comme 
il n'étoit pas du parti du prioce d'Orange, il s'avisa de faire 
des satyres sur les affaires de ce temps-là, entre autres la 
vache hoUandoise, le mors aux dents. Mais ce prince, voyant 
que les satyres de cette nature lui faisoient du tort dans le 



877 

public, eut la prudence de gagner R. de Hoogbe par des bien- 
faits, et lui donna des appointements. C*est tout ce qu*on 
a pu me dire sur ce graveur. On m'avoil lait espérer de 
plus grands détails; mais Ton n*a pas tenu parole; Ton 
s*est excusé sur i'énormité des mœurs de celui qu il falloit 
faire connoître, et qui auroit formé un trop vilain tableau. 

— Romain de Hooglie, dessinateur et graveur d'Amster- 
dam. Ce que nous connoissons d'estampes gravées par Ro- 
main de Hoogbe, en françois le Grand, ne fait point soup- 
çonner qu'il ait jamais manié le pinceau, ou, si cela lui est 
arrivé, ainsi qu'il est écrit par Houbraken, il a dû faire de 
bien mauvais tableaux. Pour peu que les Ggures qui entrent 
dans ses gravures soient un peu grandes et dans le genre de 
celles que les peintres d'histoire employent dans leurs com- 
positions, elles sont mal ensemble, pauvrement drappées» 
sans caractère, et d'un goût de dessein si pitoyable, qu'il 
n'est guères possible de faire pis. Il n'en est pas ainsi des su- 
jets qui n'admettent que des petites figures. Romain de 
Hoogbe, n'ayant pas I)esoin d'y mettre de la correction, se 
contente de leur donner de l'action, et presque toujours il le 
fait avec un esprit et un feu qui lui sont particuliers, et qui 
lui ont acquis une réputation méritée. S'il a connu la juste 
mesure de ses talents, il a dû se borner à la gravure, qui le 
mettoit à portée de les exercer avec le plus grand avantage. 
Sans être obligé de faire des études, pour lesquelles il n'é- 
toit point né, il se vit maître» la pointe à la main, de graver 
sur le cuivre ce qu'une imagination extrêmement féconde et 
brillante lui faisoit concevoir sur-le-champ. L'exécution sui- 
voit de près la pensée, et celle-ci, nullement affaiblie, pou- 
voit se montrer telle qu'elle avoit été conçue. J'ai toujours 
ouï dire que sa pointe lui tenoit lieu de plume et de crayon, 
et que, sans presqu'aucune préparation, sans être obligé de 
se recueillir et de méditer sur ce qu'il avoit à produire, il 



87S 

traçoit du premier coup sur son cuivre tout ce qui lui venoit 
dans l'espril. Il étoit surtout excellent dans les sujets où il 
étoit question d'exprimer le Irouble, de mettre beaucoup de 
figures en action et de jeter de la terreur et de la surprise 
dans rame des spectateurs. Voilà pourquoi il a si bien réussi 
de présenter des sièges, des batailles, des fêtes et des réjouis- 
sances publiques. Mais je le trouve encore supérieur quand 
il se charge de mettre sous les yeux des sujets sanglants et 
remplis d'horreur. Tel est celui qui représente, dans une de 
ses estampes, la rupture de la digue de Coeverden, en 1673, 
et les ravages qu'elle entraîne avec elle. Telles sont les plan- 
ches où, pour rendre 5 jamais les François odieux à ses com- 
patriotes, Romain de Hooghe leur fait exercer les plus 
horribles cruautés dans les villages de Bodgrave et de Swa- 
merdam, et fait de leur irruption en Hollande, en 1672, h 
tableau le plus horrible. On frémit à la seule veue de ces 
estampes; il reste un noir dans l'âme, qui y demeure impri- 
mé pendant longtemps. Je ne doute point que Tauteur, en 
les composant, n'ait reçu la même impression, et que ce ne 
soit une des causes de son inimitié contre la France, et de 
son acharnement à répandre sur elle, toutes les lois qu'il le 
peut, son fiel amer. 

L'on a prétendu que, dans cette conduite, son principal 
objet étoit de faire sa cour au prince d'Orange et de servir 
son ressentiment; et, en effet, lorsque ce prince lut monté 
sur le trône de la Grande-Bretagne, et qu'il en eut chassé 
son beau-père, l'on vit Romain de Hooghe multiplier ses sa- 
tyres, publier une infinité de pièces plus insultantes les unes 
que les autres, et où, sans respect pour le caractère sacré de 
la royauté, il s'étudioit à tourner en ridicule Louis XIV, 
l'infortuné Jacquo second et tous les ministres de leurs vo- 
lontés. Mais il s'y prit presque toujours si grossièrement qu'il 
ne parott pas vraysemblable qu'un prince grand et généreux, 



879 

tel qu'étoil Guillaume III, ait pu voir sans dégoût ces misé- 
rables pasquinades et les autoriser en honorant l'auteur de 
sa protection et le mettant au nombre de ses pensionnaires. 
Il est plus probable qu'il ne lui accorda de pareilles grâces, 
qu'en considération de ce qu'il avoil gravé quelques-uns de 
ses exploits militaires, les principaux événements de son 
avènement à la couronne, les veues de ses maisons de plai- 
sance, et d'autres morceaux qui pouvoient le flatter et n'of- 
fensoient personne. C'est à quoi il eut été à désirer que Ro- 
main de Hooghe eût employé ses talens, qu'il se fût unique- 
ment occupé à enrichir l'histoire moderne des représenta- 
tions fidèles de tout ce qu'elle juge digne d'entrer dans ses 
fastes. Mais pouvoit-on l'attendre d'un homme sans pudeur 
et sans retenue, qui, après avoir déchiré la France, osa satjr- 
riser encore le gouvernement hollandois, et attaqua jusqu'à 
son propre bienfaiteur dans une gravure qui parut en 1690, 
et qui étoit intitulée : la Vache hollandoiseje mors aux dents. 
Il la désavoua; sans cela il étoit perdu (1). Mais ce ne fut pas 
là le plus grand mal qu'on ait à lui reprocher. Il fut accusé 
d'avoir gravé Jes images obscènes, de les avoir répandues 
dans le public, et d'avoir, à l'imitation de l'Arélin, donné à 
la jeunesse des leçons de débauche dignes de la plus grande 
repréhension. Ses mœurs perverses ne réalisoient que trop 
de tels bruits; le magistrat en prit connoissance et ordonna 
que l'accusé quitteroit Amsterdam, et que, banni pour tou- 
jours, il chercheroit ailleurs un autre domicile. Il se trans- 
porta à Harlem, dont il nous a donné, en 1688, de si belles 



(1) Quelques-uns prétendent que le roi Guillaume craignant que 
cette satyre, à laquelle le public prenoit fifoût, ne fût suivie de 
quelquVutre qui auroit pu nuire à son parti, dissimula TiDjure, «t 
crut devoir gagner R. de Hooghe par sçs bienfaits. J'ai peine à me 
le persuader. (Note de Matietta.) 



380 

veues et un si beau plan. Il y étoit en 1691, lorsque le roi 
Guillaume III passa d'ÀDgleterre en Hollande et vint à La 
Haye, où les états-généraux lui firent une magnifique récep- 
tion. Romain de Hooghe, qui avoil trouvé le secret de s'insi- 
nuer dans la faveur du prince, fut chargé de donner les des- 
seins des décorations et des arcs de triomphe qui furent em- 
ployés dans cette fête, il en fournit les sujets; il les anima 
d'inscriptions latines de sa composition , et, lorsqu'il les grava 
pour être insérées dans la description imprimée qui les de- 
voit accompagner, il apprit par une inscription particulière, 
étant au commencement du livre, qu'il étoit employé au ser- 
vice de Sa Majesté britannique en qualité de commissaire, et 
il se para en mesme temps de la qualité de docteur en droit. 
Cela suppose qu'il avoit des lettres; aussi lit-on sur quelques- 
unes de ses pièces des vers latins tirés de son cerveau qui ne 
sont pas trop mal tournés. 

Il vivoit en 1705 et peut-être encore plus tard ; mais il étoit 
pour lors extrêmement déchu. Ce n'étoit plus cet artiste qui 
avoit gravé avec tant de goût, en 1667, la paix de Bréda, et, 
dans une autre planche, l'expédition des HoUandois dans la 
rivière de Rochester ; qui, étant en France, car il y étoit venu 
dans sa jeunesse, avoil exécuté si excellemment pour Vander- 
meulen l'entrée de Louis XIV dans Dunkerque, et, sur son 
propre dessein, la cérémonie du baptême du Dauphin, fils de 
Louis XIV, qui s'étoit faite à Saint-Germain-en-Laye , en 
1668, et dont il avoit été le témoin ; qui avoit donné, en 1673, 
une image si frappante de la digue de Coeverden ; qui avoit 
représenté d'une façon si riche et si vraye les différentes oc- 
cupations de ceux qu'attire la foire d'Anhem ; de qui sont en- 
fin une infinité d'autres morceaux de la mesme force, qu'on 
ne voit point sans s'y intéresser ni sans y prendre à chaque 
fois un nouveau plaisir. 

Ceux qui aiment la belle graveure et qui cherchent dans 



381 

un arrangement régulier de tailles ces tons doux et harmo- 
nieux, si propres à fasciner les yeui, je les avertis que les es- 
tampes de Romain de Hooghe seront fort peu de leur goût. 
Elles leur paroîlront gravées grossièrement et sans effet. Sa 
pointe est trop égale, et c'est un défaut; si elle étoit plus lé- 
gère et que le travail en fût plus varié, avec ce qu'elle est 
expressive et spirituelle, il n'y auroit rien à y désirer ; mais 
cela auroit demandé plus de temps et plus de soins, et l'hu- 
meur bouillante du graveur n'auroit pu y fournir. Il ne pou- 
voil se résoudre à terminer ses planches; il les faisoit paroître 
telles à peu près qu'elles étoient sorties de l'eau-forte. S'il y 
donnoit quelques coups de burin, c'étoil uniquement pour 
suppléer à des manques d'eau-forte et nullement pour ap- 
proprier son travail et y mettre une intelligence de clair-obs- 
cur qu'il n'a jamais connu. Il a très-bien traité les terrains, 
les fabriques et les paysages, et, à en juger par quelques ani- 
maux qui accompagnent une suite de figures vêtues à la 
mode de son temps, lesquelles ont été gravées dans sa plus 
grande force, on regrette qu'il n'en ait pas fait son talent. 
On y voit surtout une chose qu'on croiroit gravée par Ber- 
chem. A la tête de cette suite de modes, R. de Hooghe a mis 
une planche où il s'est représenté lui-même ayant une pa- 
lette à la main. Il paroît dans cette gravure un homme de 
25 à 30 ans, et, comme ces planches ont paru vers l'an 1667, 
on peut fixer la naissance de notre artiste aux environs de 
1640. Quelques perquisitions que j'aye faites en Hollande, je 
n'ai pu être informé du temps de sa mort. Je n'ai rien appris 
non plus sur les circonstances d'une vie qui, se trouvant liée 
avec les principaux événements du siècle, pou voit devenir cu- 
rieuse. J'ai cru entrevoir qu'on se faisoit un scrupule de ser- 
vir à perpétuer la mémoire d'un homme qui, par sa vie 
scandaleuse, s'en étoit rendu indigne, que ses mœurs licen- 
tieuses avoient fait bannir de sa patrie , qu'on pouvoit soup« 



çonner des désordres les plus atroces, qui ne craiguoit ni 
Dieu ni les hommes, et qui, en conséquence, ne tenoit à au- 
cune religion. On assure qu*il avoit poussé Feitravagânce 
jusqu'à donner dans les erreurs de la métempsicose, et que 
le ministre^ qui Texhortoit au lit de la mort, tâchant de lui 
représenter l'absurdité de cette opinion, et lui demandant en 
quelle sorte d'animal il croyoit qu'il seroit changé : a Je l'i- 
gnore, » lui répondit le mourant ; a mais pour vous, savez-vous 
ce qui vous est destiné? vous passerez dans le corps d'une ci- 
gogne, et rien ne vous convient mieux, car ayant empesté 
l'intérieur des églises durant votre vie, il est juste que vous 
ayez la liberté d'y déposer sur le toit vos ordures après votre 
mort. » 

Il ne fit jamais une tête gracieuse en sa vie. En qualité de 
poète, il se permettoit les allégories et il s'y perdoit; les 
siennes sont obscures et trop compliquées, témoin celles qu'il 
a insérées dans un livre hoHandois de sa composition, où il 
a prétendu faire le tableau de l'état où se trouvoit la Hollande 
en 1672, etc. — 11 a eu pour disciple A. Schoenbeck, et je 
crois encore Harrewyn et Decker. 

HOPFFER. Marques diverses dont se sont servis les Hopf- 
fer. D. H. Je l'interprète Dieterich Hopffer, au lieu que Le 
Comte veut que ce graveur se nomme David Hopffer. Je 
trouve la date à deux de ses estampes; l'une de 1527, l'autre 
de 1534. 

I. H. est celle de Jérosme; son nom se trouve écrit tout au 
long sur trois de ces pièces en cette manière : Hierunimus 
Hopffer, et j'en ay veu une avec la date 1523. 

L. H. ou H. qui est celle de Lambert Hopffer. Celuy-cy a 
encore écrit son nom tout au long sur une de ses pièces, de 
cette manière : Lambrecht Hopfer. Le Comte dit que c'es- 
toient trois frères et qu'ils estoient d'Ausbourg. Je le cjrois 



888 

comme luy, mais j*en voudrois pourtant des preuves» 
C 6 1531 ou C B [en monogramme avec la figure que les Hopf" 
fer ajoutent à la marque). Je ne counois point le nom du gra- 
veur de cette marque; il fdut pourtant que ce soit celle d'un 
Hopffer. 

L'abbé de Marolles et les curieux les nomment tous indif- 
féremment les maistres aux chandeliers fleuris, prenant la 
marque^ qui accompagne les premières lettres de leurs noms, 
pour un chandelier, mais ce n'en a pourtant jamais été un. 
Ces graveurs ont voulu figurer un pied d'où sort du hou- 
blon pour faire allusion à leurs noms; car Hopffer en alle- 
mand signifie du houblon, et j'ay remarqué que la pluspart 
de ces vieux maistres se sont souvent désignéspar des choses 
dont le nom avoil de la conformité avec le leur. Au reste, ces 
graveurs sont fort peu habiles et n'ont fait presque autre 
chose que copier les estampes des bons maistres; encore les 
ont-ils furieusement déguisés, ils n'ont jamais mis de noms 
de peintres sur leurs estampes, et n'ont jamais manqué à y 
mettre leur marque; quelquefois ils ont substitué leur nom 
à la place de celuy des auteurs originaux qu'ils copioient; 
entre ce qu'ils ont fait de meilleur, ce que j'estime le plus 
sont les portraits et quelques morceaux d'ornements qu'ils ont 
fait en manière de clair-obscur ; ils méritent qu'on y fasse 
attention et qu'on les examine. 

HOPFFER (BARTHELEMY], peintre de portraits à Augsbourg; 
l'inscription au bas de son portrait, gravé par G.-C. Kilian, 
n'en dit pas davantage. 

HOPFFER (Jérôme). L'armée de France, rangée en bataille, 
en présence de celle des princes confédérés, gravé par Jérôme 
Hopffer, d'après le maître à la Ratière. J'avais cru que ce 
pouvoit être la fameuse journée de Fornoue^ HaiSi quand je 



38& 

suis venu \ examiner la pièce de plus prës, et que j'ai remar- 
qué, sur les étendards de l'armée italienne, les armes de Bor- 
gia, celles du roi de Naples, celles de la Rovère, et celles 
d'Espagne, f ai reconnu que je me trompois. Il faut donc 
chercher un autre instant où les armes de France ont eu à se 
montrer en Italie avec celles de ces différentes puissances , et 
c'est ce que je n'ai pu trouver encore. La même composition 
a non-seulement été gravée en 1530 par le maître à la Ra- 
tière, elle Tavoit été dès 1528 par Augustin Veniten, et c'est 
cette dernière estampe qui doit être regardée comme l'ori- 
ginale. 

HOPFFER (THIERRY). Divers desseins d'ornements pour des 
trises ou pour des panneaux en travers, en huit planches, 
gravées par Thierry Hoplfer ; il y en a une parmy qui repré- 
sente la sainte face de Jésus-Christ, soutenue par deux anges; 
elle est imprimée en clair-obscur. Le fonds ou les tailles sont 
gravés à l'eau-forte; les dernières teintes sont de la même 
couleur que l'encre de l'impression, mais un peu plus pâle, 
et elles laissent paroistre les rehauts de blanc fort éclatants, 
d'autant que c'est le papier qui les exprime. Le travail est ex- 
traordinaire et mérite d'estre examinée Car il y a grande ap- 
parence que, le cuivre ayant été saly, à peu près comme on 
le fait pour graver en manière noire, on a bruny les endroits 
que l'on vouloit qui restassent blancs et qui exprimassent les 
rehauts. 11 est certain que les hacheures et les demies teintes 
sont exprimées par une seule planche; j'auroiscru, par la 
difficulté qui se trouve à avoir épargné, en taillant le cuivre, 
tous ces rehauts, que les demies teintes avoient été données 
depuis au pinceau; mais je Tay examiné avec un grand soin 
et reconfronté ces épreuves avec de semblables qui nous sont 
restées, je ne peux plus douter que ces demies teintes ne 
soient imprimées et qu'elles ne se trouvent sur la planche. 11 



385 

y a encore deux pièces traitées de la même manière, et ce 
sont celles qui nous restent. 

HORREBOUT (susanne). Le Vasari, que cite M. Walpole, 
parle d'elle à la fin de son ouvrage dans l'endroit où il a re- 
cueilli tout ce qu'il avoit pu apprendre au sujel des artistes 
des Pays-Bas, et il nomme le frère de Suzanne, Luc Urem- 
bout de Gand. Celle observation a échappé à M. Walpole. 
(Noies sur Walpole.) 

HORTEMËLS ( marie-madeleu^e ] , femme de Gochin le 
père. 

HOUASSE (michel-ange), Michel-Angelo Ouasse (il falloit 
écrire Houasse). Après avoir demeuré assez longtemps en Es- 
pagne, il vint à Paris avec la permission du roi, en 1730, 
pour y régler quelques affaires de famille, et dans la même 
année il mourut en s'en retournant à Madrid. G'étoit un 
homme-de bien et de fort bon sens. Je n'ay jamais veu de ses 
tableaux, j'^y seulement eu occasion de voir un de ses des- 
seins, qui m'a beaucoup plu ; il Tavoit fait pour M. Crozat, 
d'après un excellent tableau du Corrége, qui est à l'Escurial, 
et qui représente un Noli me tangere. 

HOUEL (jean) est de Rouen et a appris les éléments du 
dessein chez Descamps; depuis, étant venu à Paris, il s'est 
perfectionné sous Gasanove. Il s'est fait connoître, et Dazin- 
court l'a reçu chez lui, et il a fait nombre de desseins qui ont 
fait parler de lui. M. le duc de Choiseul l'a fait venir à Chan- 
telou où il a peint des veues de ce château (1), et cela n'a pas 



(1) Ces vues, qui sont de charmants tableaux du pinceau le plus 
fin, font aujourd'hui partie du musée de Tours, où ils ont été ap- 

T. n. « z 



S86 

peu contribué à lui ménager un logement dans le palais de 
l'Académie de France à Rome où il ne pouvoit pas avoir de 
place en qualité de pensionnaire ; c'éloit, je pense, en 1769. 
n a trouvé à Rome des Anglois qui lui ont fait faire le voyage 
de Naples, et d'autres qui tout de suite l'ont conduit en Si- 
cile, et, dans ces contrées, il a fait, à ce que j'entends, quan- 
tité d'études qui servirent à améliorer sa manière qui est 
agréable, et qui rend assez parfaitement les effets de la na- 
ture. Car c'est au genre de paysage qu'il s'est consacré. Eo 
1770, il m'a envoyé de Rome un morceau de sa façon, peint 
à gouazze, qui a reçu des éloges de tous ceux à qui je l'ai 
fait voir. U est de retour à Paris au commencement de 1773. 

HOUT, amateur, commissionnaire du prince Guill. de Cas- 
sel à la vente Tallard, — N® 574. Quatre dessins de Carie Ma- 
ratte, dont T Alliance de Bacchus, Yénus et Cérès. 90 liv. 
Bout. Excellent et plus parfait que celui du même sujet que 
j'ay eu. Ce M. Hout, qui a acheplé ce lot-ci, a de bons yeux, 
et je ne le vois se tromper sur rien. [Catalogue Tallard.) 

HOWARD (UGo). Ce peintre s'étoit acquis en Angleterre la 
réputation d'un excellent connoisseur de tableaux, de des^ 



portés du château de M. de Clioiseul par la révolution. L'un repré- 
sente la vue de Paradis près Cbanteloup; un autre, la vue de St- 
Ouen près Chanteloup ; un troisième, la vue de l'entrée du petit 
bois nommé le Chatelier, près de MoQtlouis ; un autre encore, une 
vue de Paris. Tous sont signés : J, Houel f. 1769. Ce ne serait donc 
pas cette année-là, mais peut-être la suivante, que Mariette eût 
dû fixer comme date de l'arrivée de Houel dans le palais de rAca-^ 
demie de France à Rome. Voyez, au reste, sur Jean-Pierre-Louis- 
Laurent Houel, né à Rouen en juin 1735, et mort le 14 novembre 
1813, la notice lue par C. Lecarpentier, le 1" décembre 1813, à la 
Société libre d'émulation de Rouen. (Rouen, impr. Baudry, 1813, 
in-8°.) M. Çouel, mort récemment et qui avait fait sur la famille 
des JoQveiiet ces belles recherches dont tout le monde a profité, 
était nevett de Thabile paysagiste. 



S87 

seins et de médailles. Le duc de Deyonshire et le comte de 
Pembroke, qui avoient beaucoup de goût pour ces sortes de 
curiosités, avoient souvent recours à lui; c'étoit leur conseil. 
Ils le récompensèrent bien noblement de ses soins, car ils lui 
firent avoir deux employs considérables, celui de garde des 
archives et de trésorier général des bâtiments du roy, qui to 
mirent en estai de faire une très-grosse fortune, et de ras-» 
sembler pour lui-même une très-belle suite de livres, de des- 
seins, d'estampes et de médailles qui, à sa mort, ont passé 
avec sa succession, montant à 80,000 livres sterling, à son 
frère unique, le Dr RobertHoward, évêque d'Ëlpbineû Irlande* 
Les vingt dernières années de sa vie Howard ne s'occupa guère 
de la peinture, et il fît bien, car il n'en savoit pas assez pour 
y briller, llavoit cependant voyagé comme la pluspartdeseï 
compatriotes en Italie. Mais ce voyage, si utile pour ceux qui 
sont nés avec des talents, ne profite point à ceux à qui la na- 
ture en a refusé ; notre peintre s'y rendit seulement habile 
dans la connoissance des tableaux, etc. Il partit de Londres, en 
1697, avec le comte de Pembroke, qui alloit en Hollande en 
qualité de ministre plénipotentiaire à la paix deRyswick; de 
Hollande, il alla en Italie et repassa par la France, où il étoit 
en 1700. Il est mort à Londres, le 17 mars 1737, âgé de 
63 ans , étant né à Dublin, le 7 février 1675, de Ralph Howard, 
D»* en médecine. Son principal talent étoit, ce me semble, de 
peindre des portraits, qui est à Londres un moyen sûr et 
prompt de s'enrichir. — Mémoires Mss. communiqués par 
M. son frère. 

HUBER (jban-rodolphe), né à Basle, en 1668, se fit peintre 
en dépit de sa famille, qui, étant patricienne, s'imaginoit qu'il 
dérogeoit en embrassant cette profession. Il se mit sous la 
conduite de Joseph Werner, et, étant parvenu à l'âge de dix- 
neul ans» il entreprit le voyage d'Italie, s'arréUi à Mantoue, 



S88 

où il étudia d'après les ouTragesde Jules Romain, et à Yeoise 
d'après œux du Titien, n devint en même temps un parfait 
imitateur du Tintoret et de Michel-Ânge Caravage, dont le 
fidre le séduisit, n fit connaissance avec Pierre Tempesta qui 
le prit chez lui , et qui souvent l'employa à meubler de figures 
ses tableaux de paysage. Après six années de séjour en Italie, 
il revit sa patrie et passa auparavant par Paris. G'étoit aux 
environs de 1692. Peu après, il peignit dans un même tableau 
la famille entière du margrave de Bade-Dourlach, et, en 1696, 
le duc de Wurtemberg le déclara son peintre, le fit travail- 
ler et tâcha de le retenir à son service ; mais il ne put l'obte- 
nir. Huber mourut à Basle, en 1700. Fort occupé à peindre 
les portraits de personnes distinguées, le comte de Luc, am- 
bassadeur de France en Suède, lui fit peindre, dans un même 
tableau, tous les ministres plénipotentiaires au congrès qui 
se tint pour la paix à Baden. 11 fut élu membre du petit con- 
seil en 1740, et huit années après, en 1748, il cessa de vivre. 
Un de ses talents c'étoit encore de dessiner toutes sortes d'a- 
nimaux dans la plus grande perfection, et surtout des che- 
vaux dans la manière de Rugendas. — Fuessli, Vies des Pein- 
tres suisses, t. II, p. 212. 

HUBERT, élève de Beauvarlet, né à Âbbeville. 

HUBERTI (ADRIEN). AH (en monog.] eœc.^ marque de Adrien 
Huberti, marchand d'estampes, qui avoit sa boutique à An- 
vers, et y vivoit dans le xw siècle. 

HULSDONCE (j.), médiocre peintre de fleurs, des Pays-Bas, 
dont tout le mérite consiste dans un grand fini , mais qui 
peint sec et n'a pas la moindre intelligence. 

HUMBEIX)T (DIDIER). Jésus-Christ, l'homme de douleurs, 



389 
vêtu d*ua manteau de pourpre, et la sainte Vierge en regard ; 
ces deux pièces gravées au burin, par Gilles Rousselet, sur 
des desseins de Laurent de la Hyre, faits par ce peintre d'a- 
près des tableaux exécutés par Didier Humbelol. Sans le nom 
du peintre ; seulement à FEcce homo : Desiderius Humbelot 
invenit. P. Mariette, ex (1). 

— Jésus-Christ , Thomme de douleurs , vêtu d*un man- 
teau de pourpre, et la sainte Vierge en regard. Dédiée par 
Charles Humbelot au cardinal de la Rochefoucauld. A 
YEcce homo, il y a : Desiderius Humbelot invenit ; mais il 



(i) A cette note de Mariette, nous joindrons l'indication d*une 
plaquette, certainement rarissime, relative à Didier Humbelot, et 
dont voici le titre : Mélange de poésie sur le chef-d'œuvre de feu 
Didier Humbelot, maître peintre et sculpteur à Paris, représentant 
en bosse la figure d'un Ecce Homo, et présenté à Mgr l'éminentis^ 
sime cardinal de la Rochefoucauld (François), A Paiis, de l'impri^ 
merie de Jean Laquehatfy contre le coUége de Boncour, devant la rue 
des Prestres, 1636, in-4<> de 20 pages. L'éditeur de ce fatras, est 
Charles Humblot, son neveu, qui a signé de ce titre une pièce de 
vers latins. On met la pièce principale dans la bouche de ses en- 
fants : 

Le plus précieux héritage 

Que vous nous laissez en partage 

(0 ! père très-cher) en mourant, 

Est celte figure admirable. 

Et le tout a certainement été fait pour que le cardinal, quiparatt 
avoir été le protecteur de Humbelot, achetât cette figure admirable. 
A la suite, dans l'exemplaire inséré à la Bibliothèque impériale, se 
trouvent huit ff. sans titre : Sur un portrait du cardinal en bosse et 
en basse taille par le même. Les autres vers sont d'un C. Humbelot, 
qui paraît avoir été le frère de Didier ; car, dans la pièce qui ter- 
mine, on voit ces vers : 

Combien tos œuvres sont artistes 
(Mon frère) en la dévotion ; 
Les quatre saints évangéhstes, 
Que l'immortelle affection 
De mon grand cardinal vous commanda défaire, etc. 

Ces évangélistes et deux anges de tabernacle étaient, d'après le 
titre de la pièce, à St-Etienne-du-Hont, et ne sont pas cités dans 
les descriptions de cette église. 



390 

est pourtant sûr que c'est de la Hyre qui en a donné le des- 
sein (1). 

HURET (GRÉGOIRE). Lorsque Grégoire Huret vint s'établir 
à Paris, il y avoit déjà du temps qu'il exerçoil la gravure à 
LyoD, lieu de sa naissance. L'on ignore le nom de celuy qui 
luy en donna les principes; Ton sçail seulement qu'il avoit 
commencé dès sa plus tendre jeunesse à embrasser cette pro- 
fession. 11 s'étoit aussy particulièrement appliqué au dessein, 
et il se vit par là dans la suite toujours en estât d'inventer et 
de faire luy-même les desseins des morceaux qu'il devoit gra- 
ver, qualité si peu ordinaire dans ceux de sa profession. Aussy 
avoitp-il plus tost étudié en peintre qu'en graveur; il n'avoit 
négligé aucune des parties de la peinture; la composition, 
Tintelligence de clair-obscur, la perspective, l'architecture 
furent celles où il réussit le mieux; l'on peut dire même qu'il 
y fut très-étendu. Il avoit le génie facile et assez orné, ce qui 
paroist surtout par la suite de sujets de la passion de Nostre- 
Seigneur, et dans la pluspart des pièces allégoriques qu'il a 
faites pour desconclusions.Car,pour les autres sujets de piété, 
ils sont presque tous composés avec trop de simplicité, ce 
qu'il affectoit de faire pour se conformer au goût des person- 
nes pieuses qui le faisoient travailler. C'étoit dans cette mesme 
veue qu'il avoit si fort recherché de rendre ses airs de testes 
gracieux et de répandre sur ses images un caractère de dou- 
ceur et de modestie, si propre à entretenir la piété, mais qui 
avoit dégénéré chez luy en une habitude vicieuse, qui luy 
faisoit répéter partout les mesmes airs de testes, sans qu'il 



(1) On sait que le père de Laurent de la Hyre avait épousé « une 
fille très-estimable, nommée Philippe Humblot, » dit Guillet de 
Saint-Georges (Mémoire:» inédits des académiciens, I, 104), sans 
doute la parente, sinon même la sœur do Didier Humbelot. 



89i 

luy fût en quelque façon possible de les varier: A l'égard de 
sa manière de graver, elle luy est propre et tout à fait nou- 
velle; elle est harmonieuse et sans roideur; elle fait de Tef- 
fet ; Ton pourroit seulement y trouver à redire d'eslre presque 
toujours trop ouvragée et toujours du mesme travail. Huret 
étoit de l'Académie royale de peinture et de sculpture; il se 
figuroit d*estre savant dans la perspective et dans la géomé- 
trie sur laquelle est fondée cette autre science; mais ce qu'il 
en a écrit fait connoistre que, quand ses sentiments auroient 
été excellents, il n'avoit pas l'esprit assez net pour les expli- 
quer et se faire entendre. Il n'y a guère eu de graveur au 
burin qui aye autant travaillé d'après ses propres desseins. 
A l'exception de quelques portraits, l'on ne sache pas mesme 
qu'il aye rien gravé d'après d'autres desseins que les sieûs. 

— La passion de Jésus-Christ, représentée en 32 sujets, in- 
ventés et gravés par Grégoire Huret, en 1664; cette suite est 
parfaitement bien gravée, et les compositions en sont aussy 
belles qu'elles sont nouvelles. L'on conjecture que l'autheur 
y a représenté son portrait dans la trente et unième pièce 
dont le sujet est l'Ascension de J.-G. — J'y trouve bien de 
l'apparence, et cela est exactement vrai. J'ai son portrait des- 
siné par lui-même dans un âge moins avancé et où il s'est 
représenté dessinant, qui réalise ma conjecture. 

HURTREL (simon), et non pas Hurtrelle. Il fut admis dans 
l'Académie de Saint-Luc, le 9 juillet 1678. Son nom est ins- 
crit dans le catalogue imprimé des membres de cette acadé- 
mie, depuis son institution jusqu'en 16 . 

HUTIN (CHARLES), directeur de l'Académie de Dresde, né à 
Paris en 1715 (1). 

(1) V. sur Charles Hutin, les Artistes français à L'étranger^ par 
M. L. Bussieux (Paris, 1852), p. 40. 



892 
HUTIN (pierre] son frère, mort en Saxe, en 1763, 

HUYSMANS (fiORNEiLLE) d'Anvers, peintre établi à Malines, 
qui touche très-bien le paysage et peint les chevaux dans la 
manière de Wauvermans. il étoit à Malines, en 1721, lorsque 
M. Crozat y passa allant en Hollande, et il donna à ce curieux 
deux de ses desseins qui m'ont appris à connoître plusieurs 
desseins de ce maître que j'ai. M. Crozat le vit le 8 mars 1721. 
Huysmans étoit alors âgé de 66 ans. Dans la table, qui se 
trouve à la fin du catalogue des tableaux de la galerie de 
Dresde, il est nommé Nicolas ; mais c'est une faute à rectifier. 
n est fait mention de ce peintre dans l'ouvrage de Descamps. 
. — Comme Walpole parle d'un peintre de paysages qu'il 
appelle Michel Buysman^ de Malines^ Mariette ajoute : Il y 
a eu de nos jours un peintre de paysages établi à Malines, 
qui est mort en 1727, âgé de 79 ans. Il se nommoit Cor- 
eille et étoit né à Anvers en 1648. 11 faut croire que c'est de 
lui qu'on a voulu parler ici, et qu'on s'est trompé sur son 
nom de baptême et sur le temps de sa mort. Il éloit disciple 
de Jacques Van Artois. Voyez ce qu'en a écrit Descamps, 
t. III, p. 241. M. Crozat, qui l'avoit vu à Malines, en disoil 
beaucoup de bien. 

HUYSUM (jEAN van),. excellent peintre de fleurs est mort à 
Amsterdam, le 8 février en 1749. 11 étoit né le 5 avril 1682. 
11 est, dans les fleurs, ce que Vanderwerlf a élé dans la figure. 
L'un et l'autre se sont signalés par le plus grand terminé, et 
l'un et l'autre ont eu la satisfaction de voir vendre leurs ta- 
bleaux de leur vivant des prix excessifs. On a pourtant beau 
dire; le plus parfait tableau de fleurs de Van Huysum n'ap- 
proche jamais de ce que Baptiste a fait dans son meilleur 
temps. Van Huysum avoit, dit-on, la folie de peindre des 
paysages, et, quand ses occupations le lui permettoient, il y 



393 

sacrifioit volontiers son temps. G'étoit bien de pure perte, car 
il ne faisoit alors rien que de mauvais. M. de Voyer a apporté 
de son voyage de Hollande quelques desseins de ce peintre , 
et entre autres des études de fleurs coloriées légèrement avec 
des couleurs à Teau. J'y trouve plus de vérité que dans ses 
tableaux. Il y a moins d'ouvrage et de peine, deux choses qui 
m'ont engagé à donner la préférence à Baptiste, indépendam- 
ment de ce que ce dernier compose en plus grand maître, et 
met plus d'intelligence dans son clair-obscur et dans la dis- 
tribution de ses masses. Les deux tableaux de fleurs, que M. de 
Morville avoit apportés en France au retour de son ambassade 
en Hollande,et qui sont des plus beaux de Van Huysum, sont 
présentement chez M. le marquis de Gouvernet. Il étoit fils 
d'un peintre médiocre, nommé Juste Van Huysum, qui lui- 
même peignoit des fleurs, et qui mourut en 1716, âgé de 
57 ans. 

IGNACIO (ooN FRANÇOIS), peintre qui travailloit à la cour 
de Charles II, roy d'Espagne, et dans le même temps que 
François Ribalta, François Ricci et François de Herrera. Joseph 
Garcia en fait mention, dans la préface, à la tête d'un livre de 
principes du dessein. 

IMBERT (Frère joseph-gabriel) naquit à Marseille en mars 
1666, et après avoir reçu dans sa patrie les premiers élémens 
du dessein et de la peinture, il fut envoyé à Paris, où, de l'é- 
cole de Vanderraeulen, dans laquelle il s'exerça pendant 
quelque temps, il passa dans celle de Le Brun ; Une s'y fit pas 
regarder comme un de ses moindres disciples. M. le duc de 
Nevers ayant désiré un peintre qui lui fût attaché, Imbert 
lui fut donné par Le Brun, et il demeura constamment au- 
près de ce seigneur, jusqu'au moment que, se sentant appelé 
à Dieu, et voulant lui consacrer dans la retraite et la péni- 



S9& 

lence le reste de ses jours, il prit la résolution de retourner 
dans sa patrie. Là, après s'être suffisamment éprouvé, il de- 
manda à être reçu frère chartreux , et il le fut dans la char- 
treuse de Villeneuve, où il fil sa profession et ses vœux le 29 
septembre 1703. Il croyoit, en prenant Thabit religieux, 
faire pour toujours divorce avec la peinture; mais ses supé- 
rieurs en disposèrent autrement. Ils ne lui permirent pas de 
quitter le pinceau, et, sentant au contraire combien il leur 
étoit avantageux de le tenir continuellement occupé, ils lui 
firent faire pour leurs maisons quantité d'ouvragés dont les 
principaux sont à la grande chartreuse et à celles de Ville- 
neuve et de Marseille. Un voyage qu'il fit à Rome , à la suite 
de dom Berger, son prieur , lui fit connaître les plus ha- 
biles peintres qui fussent alors en Italie, et sa manière ne fit 
que se bonnifier. Il revit la France, et. ce fut alors qu'il fit, 
pour l'église de la chartreuse de Marseille , ce grand tableau 
qui en occupe tout le fond du sanctuaire, et qui représente la 
mort de Jésus-Christ avec toutes les circonstances effrayantes 
qui l'accompagnèrent. Ce fut son chef-d'œuvre. Le frère Im- 
bert joignoit à ses heureux talents une politesse, une pureté 
de mœurs, et une exactitude à remplir les devoirs austères et 
les plus pénibles de son état, qui l'ont rendu respectable et 
qui en ont fait un saint. Il mourut à Villeneuve, le 25 avril 
1749, chargé d'années et le corps épuisé de pénitence. Etienne 
Parrocel, peintre d'histoire, et Manglard, peintre de marines, 
ont été ses principaux disciples. 

— Cette note n'est que le résumé d'un excellent mémoire sur 
la vie de frère Imbert, peintre et religieux chartreux, ouvragé 
de M. de Moulinneuf, auteur de la notice sur Michel Serre, 
mise par nous dans le second volume des Mémoires inédits sur 
les membres de t Académie de peinture, II, 243-9, e^ copiée aussi 
par Mariette. Nous sommes heureux de publier ici celle d'Im- 
hirtf en marge de laquelle Mariette a mis la note iuivanie : 



995 

a Dressé par Jlf. Motdinneuf, secrétaire de F Académie des 
(c Arts relatifs au dessein et communiqué par M. Dandré- 
(( Bardon. d 

Joseph-Gabriel Imbert naquit à Marseille au mois de mars 
1666. Son père éloit tailleur d'habits de femmes. Il donna 
une bonne éducation à son fils. Lui ayant remarqué du goût 
pour la peinture, il le mit chez un peintre du pays, sous le- 
quel il fit quelques progrès dans le dessein et dans la pein- 
ture. Mais, non content de ce premier succès, son père crut 
devoir l'envoyer à Paris pour qu'il se perfectionnât dans un 
art dont il ne connaissoit que les premiers principes. Imbert 
travailla pendant quelque temps dans Tatelier de M. Vander- 
meulen, et ensuite sous le fameux Le Brun, qui le plaça bien- 
tôt auprès de M. le duc de Nevers, qui le reçut en qualité de 
son peintre. Il demeura assez longtemps dans la maison de ce 
seigneur. Mais, désabusé du monde et ne pouvant souffrir la 
vue de ses déréglemens, le jeune Imbert songea sérieusement 
à travailler à son salut et à se retirer, pour cela, dans quelque 
solitude. Il prit le parti de regagner la maison paternelle, et, 
rendu à Marseille, il crut devoir consulter quelqu'habile di- 
recteur pour lui indiquer la route qu'il devoit tenir. Le reli- 
gieux, auquel il s'adressa, voulant peut-être éprouver sa vo- 
cation, fit tout ce qu'il put pour lui inspirer une horreur ex- 
trême de la vie des chartreux, dans laquelle le jeune homme 
s*éloit déterminé de consacrer à Dieu le reste de ses jours. 
Mais, plus on vouloit l'en éloigner, plus le jeune Imbert de- 
meuroit persuadé que le désir qu'il avoit d'embrasser cet état 
étoit une inspiration qui lui venoit du ciel. 11 eut recours à 
un autre directeur, qui, plus éclairé, examina de plus près 
les dispositions du jeune postulant, et qui, ayant remarqué 
en lui une vocation solide, des intentions pures et une bonne 
volonté, lui déclara sans balancer qu'il croyoit que Dieu Tap- 
peloit véritablement à l'état de chartreux. Il lui fit mém« une 



396 

• 

peinture assez vive de Tinstitution de ce saint ordre, et des 
charmes qu'une âme pure et maîtresse de ses passions y goû- 
toit; de sorte, qu'encouragé par les conseils et la décision de 
son directeur, notre jeune peintre ne pensa plus qu'à exécu- 
ter incessamment son pieux dessein. Il apprit que dom Ber- 
ger, alors prieur de la chartreuse de Villeneuve , se rencon- 
troit à Marseille ; il fut le voir et lui demanda une place en 
qualité de simple frère. Dom Berger, Tun des plus grands 
hommes que Tordre des Chartreux ait produit , l'interrogea 
sur sa vocation et sur ses talens, et, ayant sçu qu'il étoit pein- 
tre, il demanda à voir de ses ouvrages, et, comme il ne man- 
quoit pas de connoissances, il lui fut aisé de découvrir, dans 
les morceaux de peinture qui lui furent présentés, un fond de 
sçavoir qui montroit dans le postulant de grandes disposi- 
tions pour devenir, dans la suite, un excellent artiste; et, 
charmé d'en faire l'acquisition, il lui promit de le recevoir, 
ce qu il fit, en effet, peu de temps après, à la chartreuse de 
Villeneuve, où il eut ordre de se rendre et où il passa par 
toutes les épreuves qui sont en usage dans cet ordre ; ensuite 
de quoi il fit sa profession le 29 septembre 1703, et, ce qui 
le surprit extrêmement, ainsi qu'il l'a avoué lui-même dans 
la suite, ce lut l'ordre qu'il reçut de ne point abandonner la 
peinture et de s'y appliquer même de tout son pouvoir. 
Comme il n'avoit eu d'autre motif, en se faisant religieux, que 
de travailler efficacement à son salut par la pratique des ac- 
tions les plus pénibles et les plus humiliantes , il s'étoit ima- 
giné qu'avec et sous l'habit des chartreux, il avoit renonce 
pour toujours à la peinture. Cependant, comme il se faisoit 
un devoir de n'avoir d'autres volontés que celles de ses supé- 
rieurs, qu'il regardoit comme tenir la place de Dieu, il se 
soumit aveuglement et sans réserve à tout ce qu'on exigeoit 
de lui. 11 reprit donc le pinceau et fit ces magnifiques ta- 
bleaux qui font encore aujourd'hui l'ornement de la char- 



897 

treuse de Villeneuve. On en compte trois, dont le premier re- 
présente la Fuite en Egypte , le second, une Descente de Croix, 
et le troisième, qui est très-cstimé et plus petit que les autres, 
est une copie d'une Annonciation du Guide qui se trouve dans 
la chapelle de dom Prieur, et passe pour un chef-d'œuvre de 
Tart. Dom Berger, qui avoit reçu le frère Imbert et qui con- 
noissoit ses talens, le conduisit quelque temps après à Rome, 
où il eut occasion de faire connoissance avec tout ce qu'il y 
avoit alors de plus habiles peintres dans cette capitale du 
monde chrétien. 

De retour d'Italie, et dom Berger ayant reçu ordre de se 
rendre à Castres et ensuite à Marseille, le frère Imbert le sui- 
vit, et la chartreuse de cette dernière ville lui est redevable 
de six grands tableaux, entr'autres, d'un Christ mourant sur 
la croix et dans les ténèbres , aux pieds duquel on voit la 
Madelaine et plusieurs autres figures. Ce tableau, d'une gran- 
deur prodigieuse, occupe aujourd'hui le fond du sanctuaire 
dans l'église de la chartreuse de Marseille. 11 fait l'admiration 
des meilleurs connoisseurs et passe pour le chef-d'œuvre de 
son auteur. On en a refusé, dit-on, quarante mille livres (1). 

Il y a aussi un tableau du frère Imbert à la grande char- 
treuse de Grenoble, représentant saint Antoine anachorète , 
qui est aussi beau qu'il est estimé. Le cardinal de Janson, vou- 
lant l'avoir, en offrit six mille livres, et s'engagea d'en four- 
nir une copie faite par un des meilleurs peintres de Paris ; 
mais le R. P. Général ne voulut point y consentir. 

Après la mort de dom Berger, arrivée à Marseille en 1719, 
le frère Imbert fut rappelé à la chartreuse de Villeneuve, et 



(1) Quelqu'un, qui connoît ce tableau et qui est capable d'en ju- 
ger, dit qu'il a si fort noirci, qu'on a de la peine à distinguer les 
objets qui y sont représentés. (Note de Mariette.) 



8»8 

là, chargé de l'emploi pénible de maître des frères novices, 
il s'en acquitta pendant longtemps avec autant de zèle 
que de succès. Malgré les devoirs indispensables de cette 
place, et quoique tout à fait livré à des exercices spirituels, 
il trouvoit encore assez de temps pour peindre , soit que ce 
fût dans l'intention de faire plaisir à ses amis, soit qu'il lui 
fallût obéir à ses supérieurs. Dans le nombre de tableaux qu'il 
fit alors, il y en a deux fort beaux qui sont dans l'église de la 
chartreuse de Marseille : l'un est une Résurrection, qui a été 
copiée et recopiée ; et l'autre a pour sujet les disciples d'Em- 
maùs; il perfectionna ce dernier peu de temps avant sa mort; 
dans tous les deux^ les figures sont représentées de grandeur 
naturelle. 

Enfin, chargé d'années, de fatigues, et le corps épuisé de 
pénitences, le frère Imbert tomba malade et sentit lui-même 
que sa fin approchoit. Il reçut les secours de l'Eglise avec une 
piété et une présence d'esprit admirables, et, le jour de Saint- 
Marc, 25 avril de l'année 1749, il consomma ce sacrifice, et 
mourut en paix dans la chartreuse de Villeneuve, dont il étoit 
profès. 

Le frère Imbert étoit d'une taille un peu au-dessous de la 
médiocre. 11 avoit l'air vénérable, des manières simples et 
beaucoup de politesse. 11 étoit doué d'un talent singulier pour 
enseigner le dessein ; aussi a-t-il eu un grand nombre d'é- 
lèves qui se sont distingués dans la suite ; entr'autres , 
M. Etienne Parrossel, qui excelle pour l'histoire, et M. Man- 
glard, qui se distingue dans les grandes marines. M. Duparc, 
habile sculpteur, mort depuis quelques années à Paris, se glo- 
rifioit d'avoir appris à dessiner sous le frère Imbert. Il étoit 
aussi fort consulté pour juger des ouvrages, et on lui rend 
cette justice, qu'il a principalement excellé dans le dessein et 
dans le coloris. Et c'est ce qui a fait la réputation dont il 
jouity par rapport à Tart qu'il professoit, tandis que, par son 



899 

exactitude à remplir les devoirs de son état et sa longue per- 
sévérance dans le bien, dout il ne s'est jamais démenti jus* 
qu'au dernier soupir de sa vie, il s'est préparé une gloire 
beaucoup plus solide et qui ne finira jamais. 

Mariette ajoute ici la note suivante : Ce Mémoire a été dressé 
sur les indications qu'ont fournies les RR. PP. Chartreux, 
avec lesquels le frère Imbert a vécu ; ainsi, il ne faut pas pren- 
dre tout à fait à la lettre les éloges qu'on y fait de ses talens 
supérieurs. Le frère Imbert ne manquoit pas de mérite ; sa 
manière vise même assez au grand; mais, avec cela, il ne 
sera jamais compté parmi les peintres de premier ordre , ni 
ses tableaux ne seront payés ce qu'on les estime ici. 

INDIA (bernardino), de Vérone. Palladio en parle comme 
d'un des meilleurs peintres de son temps, et il cite de ses ou* 
\rages dans plusieurs palais bâtis par Palladio à... (1). 

INTERNARl (jean-baptiste), né à Rome et disciple de 
Marc Benefiale, fut un des artistes qui lurent appelés à Dresde 
en 1750, et auxquels on commit le soin de faire des desseins 
des principaux tableaux de la galerie électorale, pour servir 
de guide aux graveurs qui les dévoient mettre en estampes. 



(1) Il en est question dans ces deux passages du second livre : «Le 
stanze di quesla fabrica (del Conte Oltavio dei Thieni, in Vicenza) 
sono State ornate di bellissimistucchidamesser Alessandro Viltoria 
et messer Bartolomeo Ridolfi, e di pitture da messer Anselme Ca- 
nera e messer Bernardino India veronesi, non second! ad alcuno 
de' noslri tempi. » Et plus loin : « In Pogliana, villa del Vicenlino, 
è la fabrica del cavalier Pogliana ; le sue stanze sono ornate di pit- 
ture e slucchi bellissimi da messer Bernardino ludia e messer An- 
selme Canera pillori veronesi et da messer Bartolomeo Ridolfi 
scultore veronese. » DelF archileitura di And. Palladio, Venetia, 
Bart. Corampello, 1S81, f», lib. 2,p. 12,58. — Cf sur India Vasari, 
dans la vie de rarchitecte Yeronais Michèle San Micheli. 



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Aussi froid que tous les autres dessinateurs qui furent em- 
ployés au môme travail, il se ^tente de faire des desseins 
peines, et les graveiirs, enrichissant encore et n'ayant rien 
qui les animât, ne produisirent^ que des copies assez impar- 
faites d'excellens originaux, -qui perdirent ainsi beaucoup 
dans cette transmutation de forme* Cet. ouvrage achevé, ou 
plustost interrompu par la malheureuse guerre qui désola la 
Saxe, Intemari passa à Varsovie en 1756, et, y ayant trouvé 
de quoi exercer son pinceau, qui étoit fait pour peindre le 
portrait au gré de ceux qui désirent de Téclat et de la res- 
semblance, mais se livrant trop à la chymie et même à la re- 
cherche de la pierre philosophale,il ne fut que très-rarement 
occupé de sa profession et mourut à Varsovie en 1761. Il 
avoit un talent particulier pour dessiner des caricatures dans 
le style du Ghezzi. Math. Ostereich et Joseph Canale en ont 
gravé plusieurs, et Ton a même la sienne réunie à celle d'Os- 
tereich, tous deux vêtus en moines, qui a été gravée en 1749, 
Mémoires recueillis par M.deHeinecken, t. I,p. 217. 

INGRAM (jean), graveur et dessinateur de l'Académie 
royale des sciences, ne me paroît pas , dans ce poste, à sa 
place. 11 pouvoit prétendre à quelque chose de mieux. Il eût 
continué à graver des morceaux de composition, car il a une 
assez belle pointe ; mais il a préféré un état sûr et tranquille 
et y fait bien ce qu'il y fait. U est né à Londres. 

ISAC (GASPARD), le père ; Claude, son fils, graveurs. 



FIN DU DEUXIEME VOLUME. 



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