Skip to main content

Full text of "Abrégé de l'Histoire générale des Voyages continué par Comeiras"

See other formats


Google 


This  is  a  digital  copy  of  a  book  thaï  was  prcscrvod  for  générations  on  library  shelves  before  it  was  carefully  scanned  by  Google  as  part  of  a  project 

to  make  the  world's  bocks  discoverablc  online. 

It  has  survived  long  enough  for  the  copyright  to  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subject 

to  copyright  or  whose  légal  copyright  term  has  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 

are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  culture  and  knowledge  that's  often  difficult  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  maiginalia  présent  in  the  original  volume  will  appear  in  this  file  -  a  reminder  of  this  book's  long  journcy  from  the 

publisher  to  a  library  and  finally  to  you. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  we  are  merely  their  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  this  resource,  we  hâve  taken  steps  to 
prcvcnt  abuse  by  commercial  parties,  including  placing  lechnical  restrictions  on  automated  querying. 
We  also  ask  that  you: 

+  Make  non-commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals,  and  we  request  that  you  use  thèse  files  for 
Personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrain  fivm  automated  querying  Do  nol  send  automated  queries  of  any  sort  to  Google's  System:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  character  récognition  or  other  areas  where  access  to  a  laige  amount  of  text  is  helpful,  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  materials  for  thèse  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attributionTht  GoogX'S  "watermark"  you  see  on  each  file  is essential  for  informingpcoplcabout  this  project  and  helping  them  find 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  légal  Whatever  your  use,  remember  that  you  are  lesponsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  légal.  Do  not  assume  that  just 
because  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countiies.  Whether  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  we  can'l  offer  guidance  on  whether  any  spécifie  use  of 
any  spécifie  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
anywhere  in  the  world.  Copyright  infringement  liabili^  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google's  mission  is  to  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.   Google  Book  Search  helps  rcaders 
discover  the  world's  books  while  helping  authors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  can  search  through  the  full  icxi  of  ihis  book  on  the  web 

at|http: //books.  google  .com/l 


Google 


A  propos  de  ce  livre 

Ceci  est  une  copie  numérique  d'un  ouvrage  conservé  depuis  des  générations  dans  les  rayonnages  d'une  bibliothèque  avant  d'être  numérisé  avec 

précaution  par  Google  dans  le  cadre  d'un  projet  visant  à  permettre  aux  internautes  de  découvrir  l'ensemble  du  patrimoine  littéraire  mondial  en 

ligne. 

Ce  livre  étant  relativement  ancien,  il  n'est  plus  protégé  par  la  loi  sur  les  droits  d'auteur  et  appartient  à  présent  au  domaine  public.  L'expression 

"appartenir  au  domaine  public"  signifie  que  le  livre  en  question  n'a  jamais  été  soumis  aux  droits  d'auteur  ou  que  ses  droits  légaux  sont  arrivés  à 

expiration.  Les  conditions  requises  pour  qu'un  livre  tombe  dans  le  domaine  public  peuvent  varier  d'un  pays  à  l'autre.  Les  livres  libres  de  droit  sont 

autant  de  liens  avec  le  passé.  Ils  sont  les  témoins  de  la  richesse  de  notre  histoire,  de  notre  patrimoine  culturel  et  de  la  connaissance  humaine  et  sont 

trop  souvent  difficilement  accessibles  au  public. 

Les  notes  de  bas  de  page  et  autres  annotations  en  maige  du  texte  présentes  dans  le  volume  original  sont  reprises  dans  ce  fichier,  comme  un  souvenir 

du  long  chemin  parcouru  par  l'ouvrage  depuis  la  maison  d'édition  en  passant  par  la  bibliothèque  pour  finalement  se  retrouver  entre  vos  mains. 

Consignes  d'utilisation 

Google  est  fier  de  travailler  en  partenariat  avec  des  bibliothèques  à  la  numérisation  des  ouvrages  apparienani  au  domaine  public  et  de  les  rendre 
ainsi  accessibles  à  tous.  Ces  livres  sont  en  effet  la  propriété  de  tous  et  de  toutes  et  nous  sommes  tout  simplement  les  gardiens  de  ce  patrimoine. 
Il  s'agit  toutefois  d'un  projet  coûteux.  Par  conséquent  et  en  vue  de  poursuivre  la  diffusion  de  ces  ressources  inépuisables,  nous  avons  pris  les 
dispositions  nécessaires  afin  de  prévenir  les  éventuels  abus  auxquels  pourraient  se  livrer  des  sites  marchands  tiers,  notamment  en  instaurant  des 
contraintes  techniques  relatives  aux  requêtes  automatisées. 
Nous  vous  demandons  également  de: 

+  Ne  pas  utiliser  les  fichiers  à  des  fins  commerciales  Nous  avons  conçu  le  programme  Google  Recherche  de  Livres  à  l'usage  des  particuliers. 
Nous  vous  demandons  donc  d'utiliser  uniquement  ces  fichiers  à  des  fins  personnelles.  Ils  ne  sauraient  en  effet  être  employés  dans  un 
quelconque  but  commercial. 

+  Ne  pas  procéder  à  des  requêtes  automatisées  N'envoyez  aucune  requête  automatisée  quelle  qu'elle  soit  au  système  Google.  Si  vous  effectuez 
des  recherches  concernant  les  logiciels  de  traduction,  la  reconnaissance  optique  de  caractères  ou  tout  autre  domaine  nécessitant  de  disposer 
d'importantes  quantités  de  texte,  n'hésitez  pas  à  nous  contacter  Nous  encourageons  pour  la  réalisation  de  ce  type  de  travaux  l'utilisation  des 
ouvrages  et  documents  appartenant  au  domaine  public  et  serions  heureux  de  vous  être  utile. 

+  Ne  pas  supprimer  l'attribution  Le  filigrane  Google  contenu  dans  chaque  fichier  est  indispensable  pour  informer  les  internautes  de  notre  projet 
et  leur  permettre  d'accéder  à  davantage  de  documents  par  l'intermédiaire  du  Programme  Google  Recherche  de  Livres.  Ne  le  supprimez  en 
aucun  cas. 

+  Rester  dans  la  légalité  Quelle  que  soit  l'utilisation  que  vous  comptez  faire  des  fichiers,  n'oubliez  pas  qu'il  est  de  votre  responsabilité  de 
veiller  à  respecter  la  loi.  Si  un  ouvrage  appartient  au  domaine  public  américain,  n'en  déduisez  pas  pour  autant  qu'il  en  va  de  même  dans 
les  autres  pays.  La  durée  légale  des  droits  d'auteur  d'un  livre  varie  d'un  pays  à  l'autre.  Nous  ne  sommes  donc  pas  en  mesure  de  répertorier 
les  ouvrages  dont  l'utilisation  est  autorisée  et  ceux  dont  elle  ne  l'est  pas.  Ne  croyez  pas  que  le  simple  fait  d'afficher  un  livre  sur  Google 
Recherche  de  Livres  signifie  que  celui-ci  peut  être  utilisé  de  quelque  façon  que  ce  soit  dans  le  monde  entier.  La  condamnation  à  laquelle  vous 
vous  exposeriez  en  cas  de  violation  des  droits  d'auteur  peut  être  sévère. 

A  propos  du  service  Google  Recherche  de  Livres 

En  favorisant  la  recherche  et  l'accès  à  un  nombre  croissant  de  livres  disponibles  dans  de  nombreuses  langues,  dont  le  français,  Google  souhaite 
contribuer  à  promouvoir  la  diversité  culturelle  grâce  à  Google  Recherche  de  Livres.  En  effet,  le  Programme  Google  Recherche  de  Livres  permet 
aux  internautes  de  découvrir  le  patrimoine  littéraire  mondial,  tout  en  aidant  les  auteurs  et  les  éditeurs  à  élargir  leur  public.  Vous  pouvez  effectuer 
des  recherches  en  ligne  dans  le  texte  intégral  de  cet  ouvrage  à  l'adressefhttp:  //book  s  .google .  coïrïl 


L 


<.\.. 


!) 
h. 


S 


»«>  t  «. 


w* 


ABRÉGÉ 


DE 


L^HISTOIRE  GENERALE 

DES    VOYAGES 


FAITS    EN    EUROPE. 


TOME   II. 


y 


A  B  R  E  G  E 

D  E 

L'HISTOIRE  GÉNÉRALE 

DES    VOYAGES 

FAITS    EN    EUROPE, 


\.\ 


CONTENANT 


Ce  ^û^il  y  a  dt  plus  remarquable  y  de  plus 
utile  et  de  mieux  ai^éré  dans  les  Pays  où 
les  Voyageurs  ont  pénétré  j  les  Mœurs  des 
Habitans y  la  Religion ^  les  Usages,  Arts  et 
Sciences  ,  Commerce  y  Manufactures  j  enri^ 
cilié,  de  Cartes  géographiques  et  dejigures. 

Par  ]e'  Continuateur  de  TAbregé  de  THistoire 
générafe  des  Voyages  fait  par  La  Harpe. 


•  « 

•  t      • 


TOME    DEUXIEME. 


/»  If 
A    P  A  R  I  S  , 

Chez    MOUTARDIER,  'Libraire, 

Quai  des  Augustid8,n°..a8.  ,     .  ,  _. 

*  •-•'•,      '    •  •  *  '  î  '  ^^  • 

■  ^  'I  ■  U     B»     g  .•  ■     5 


( 


/r>- -M'A  '"    • 


^nv^Y  <  >  ^ 


Tvi^V: 


i 


>. 


■ .  .1 


<•• 


r       •  *    ^  «       • 


.   •       ♦    .      s     '    , 


1*\ 


• 

.    *           i   * 

m 

• 

», 

♦ 

t 

» 

.      /    • 

•'.'  »  • 

:.         • 

.'. 

.  .  » 

x».*. 

* 

xi\  . 

A. 

• 


••1  ■.-.' 


♦  •     ». 


r.':  • 


t  •  •      • 


•  •  • 


•  ••  •• 


•  •       •• 


•         •  * 


mmm^ém^^mmmàiÊéi^mk^mMidàKàÊm^ÊÊ^mÊit^^^ 


ABREGE 


t  *       '  tj 


•  '     f      » 


DE  • 

L'HISTOIRE  GÉNÉRALE 


D  ES  jV  O/X*  A  G  ES 


I 
'  I  .  I .'  ( 


FAITS    E  N    E  U  R  O  P  E. 
VOYAGES  AU  NORD  DE  L'EUROPE^ 

•     •  I 

SUITE ,  PU  jLIVRÉ  QUATRIÈME.  ! 


Chapitre  il 

/ 

Usages  y    mœurs  ^    coutumes    et  supers^' 

titions, 

* 

JLjê  peuple  russe  ,  malgré  sa  dispersion  «-ssss 
Sur  la  vaste  étendue  de  T empire  ,  la  dîver-  •Russi». 
sîté  des  pays ',  dés  climats' et  du  éol  ,  a  con- 
serve  son  cafactèrç  national  et  ses  mœurs. 
Sa  manière  de  yivfe  sîmjilë'^  t^Àiforme'  et 
naturelle  ;  uh  ,ieô:prit  exempt  d'inquiétji'ïdél 
L'identité  de  religion  ^t  la  même  nodri^r- 
Tome  IL  A 


^     HISTOIRE  GÉNÉRALE 

ture  ,  paraisjsent  être  les  principales  causes 
de  ce  peu  d'aiteration. 

Les  Russes  sont  de  différente  stature  ; 
les  uns  sont  très-grands  ;  on  en  trouve  peu 
au-dessous  de  la  taiUe  comnnune.  Plusieurs 
sont  remarquables  par  la  force  de  leurs 
membres.  Ils  soutien  général ,  maigres  ; 
mais  bien  faits.  On  voit  ici  rarement  les 
difformités  que  le  raffnement  de  la  mollesse 
ont  introduites  dans  les  autres  parties  de 
l^uropê.  Leur  bouche  et  leurs  yeux  sont 
petits ,  leurs  lèvres  minces ,  leurs  dents 
unies  et  très-belles  ;  leur  nez  v^rie  comme 
partout  ailleurs ,  il  n^st  ni  grand  ni  trop 
aquilin;  leur  front  est  communément  petit 
et  leur  aspect  grave.  Us  ont  la  barbe  fdrie 
et  épaise  ,  les  cheveux  droits,  bruns  , 
blonds  ou  rouges.  Leur  vue  et  leurs  oreilles 
sont  rairemept  bonnes  et  fines.  Les  organes 
du  tact ,  de  Todorat  et  du  goût  sont  en- 
durcis ,  ainsi  que  le  reste  du  corps ,  par  la 
dureté  du  climat  et  leur  manière  de  Vivre. 
Ils  sont  communément  d'un  tempérament 
sanguin  et  colère,  ou  d'un  tempérament 
opposé ,  mêlé  de  plus  ou  de  moins  de  mé- 
lancolie. Ils  montrent  beaucoup  d'agilité  , 
de  feu  et  de  vivacité  dans  leurs  démarche* 
#t  dans  leurs  actions. 


DES    VOYAGE  s.         3 

Les  femmes  ont  le  teint  brun  et  la  peau 
fine.  On  en  ijoit  de  trës-belles ,  elles  ont  le  R««^** 
sein  et  les  pieds  larges  ,  parce  que  rîen  ne 
gêne  leur  accroissement.  Les  filles  devien- 
nent nubiles  à  douze  h  treize  ans.  Quel* 
ques-unes  perdent  leur  beauté  après  deux 
ans  de  mariage.  Le  fréquent  usage  des  bains 
chauds  les  développe  de  bonne  heure  ;  it 
contribue  à  les  vieillii^^  et  encore  plus  la 
hideuse  pratique  de  se  peindre  la  peau.  Les 
femmes  des  classes  inférieures  étant  char-* 
gées  des  travaux  les  plos  pénibles  ,ety  étant 
plus  accoutumées  que  les  filles ,  négligent 
ajUssi  plus  leurs  personnes. 

Les  Russes  sont  généralement  gais  ,  né- 
gligeains,  légers  ,  très^sensuels,  vifs  à  saî-' 
sir  ce  qu'on  leur  propose ,  et  encore  plus 
prompts  h  Teieécuter.  Violens  dans  leui*si 
passons  ^  ils  sont  rarement  maîtres  d'eux* 
mêmes  ,  et  ils  passent  fréquemment  d'une 
extrémité  à  l'autre.  Ils  sont  attentifs,  réso- 
lus ,  hardis  et  entreprenans.  Ils  ont  une 
grande  inclination  pour  le  commerce  et 
le  négoce  ;  ils  sont  hospitaliers  et  sî  confians 
qu'ils  se  ruinent  quelquefois  ;  les^înquîètes 
sollicitudes  de  l'avenir  ,  font  ici  rarement 
blanchiriez  cheveux.  Les  Russes  sont  com- 
plai^ans ,  afièctueûx  et  obligeans  dans  leur 

A  a 


4      HISTOIRE  GÉNÉRAXE 

commonication  ;  ils  s;ârdent  paHàiteineot 
^«••^  on: secret;  îj»  oe  sont  point  earieux,  mé- 
dftsans  ni  ceDâeurs;.ilsmèaeoriiiie  vietrès* 
sîqjple,  ont  fort  peo  de  besoins,  sont  fa- 
cSîement  satisfaits;  ils  ont  tout  le  temps  de 
se  livrer  au  plaisir  et  au  repos.  Leur  cons-' 
tante  ^aite  leur  conserve  la  santé  et  les 
jbrces;  contens  et  enjoués,  ils  parviennent 
à  uq  âge  très-avancé*    . 

Le  eommerce  intérieur  parait  être  peu 
conséquent,  ce  soni  ordinairement  de» 
marchands  tenant  boutique  qui  le  Ibnt ,  etle 
principal  transport  par  terre  de  ces  mar* 
chandises  se  fait  par  caravanes.  Il  est  très* 
important ,  parce  qu'il  occupe  une  grande 
quantité  de  peuple ,  lui  fournit  la  subsis-- 
tance ,  procure  la  vente  d'une  grande  quan* 
tité  de  productions  de  la  nature  et  des  arts  , 
conserve  le  numéraire  dans  le  pays ,  et  le 
iàit  circuler  prompt ement.  Les  petits  mar- 
chand^ commercent  de  place  en  place  ;  c'est 
pourquoi  ,  dans  toutes  les  occasions ,,  ils 
font  circuler  prdmptement  et  fi'équemraent 
leur  argent.  Leur  frugalité  et  l'hospitàiité 
qu'exercent  partout  les  paysans ,  diminuent 
beaucottp  les  frais  de-leurs  grands  voyages. 
L^  A'ommerce  était!  borné  autrefois  aux 
lutces  annuelles}  lés  négociaus  s'y  rendaient; 


-P'E'S   y  O  Y  A'6  Ë  sr       3^ 

avec  r.Wuçsi  marcbanxii«es/  ^  Depuis  •  '  loof^**  ^==! 
temp$,ft< chaque.. 'cité  ;.ehai|ue' ville  sl6febd#   ftûssïe.^ 
et  pljutiieurs'graad» villages,  ont  leursrharn 
cbésjçégu liera.  Lesiliefttitf  où  ils  se  iiefontnV 
soût,  |)A^tOât  Tem^keivIjCDnstnïths  6iir  \& 
BiêmeyldQ  etuni(i)rmë»;Ké  oonsistefit  tfâtiV 
^n  (î^rQ'j^^cbîirpenûc  cjudèibriéi^ieg  V'diVis'é 
en  boi4lîq:weî5  ^  avee  wji.porrtqiicf  aiir'lé^tfe^ 
vaut  pQur  la;  comtricKÎiréuleKniarchiirfrfs.  Cei 
sqnt  fréquemment  âç'beiiuK  et  'vas tes-  édi- 
fices-I.e;s   mftfchaaiiises  ne'i^etiVent  'êft»é 
vendues  que  dans  c^iHeui  or  ncHV  daWs  1^ 
mâiâpiiS'particuKères.   Ces   bâtimcrtfe  Sont 
ordînai'renyent  consiriiit9  ptu*  le  gouverne- 
ment >lou  par  les  mçigis'tràtfe  du  îieu.  Les  foi- 
re§  ïiF|pudle&,d'Irbifc,/€«i  Sibérie  ,  etd'Eka-^ 
tasinbourg  ,!  et  sûrtdut  relie  de  Makarief  ^ 
sur  le  yplgà,  peuvÊrtt,le  disputer  aux  foires 
les  piu§  célèbres  dé  TEiiroj^e  pour  fei  qudh- 
lité;  d^^  Eriarchandises  qui-  s^y  vemlènt-oir 
s'éc^ffigeiit.     i'  I  » 

H  Le  eorajueFce  avec  .  Tétranger  fut  peu 
consîd^Jrablé  ju«qu!à.la..)fia  du  trëiî^îfemc^ 
sî^Je,:  Jl  était  presqii  enlifei*ement  bofné  k 
Nqyoï^aFod  quî  fiis^alt-  pai^Ue  de  ht  ligiitf 
an§éa^vie.  Les  Russbsrne  connaissaient  pà^ 
la  v^ÇM^j  dç  leurs»  pibprç^ : piodudtioas  ! 
y ^  ^ya^t,  demi  la^aiœpliciiéid^s  enfinsVi* 


6      HISTOIRE  GÉNÉRALE 

la  nature ,  et  iU  avaient  peu  besoin  deé 
EMsiifl*  objets  étrangers.  Insensiblement  et  par  de- 
grés les  productions  de  la  Russie  fîirent 
connues.  Un  rafinement  dans  la  manière 
de  vivre  sjr  introduisit ,  et  Qt  faire  des  de- 
mandesdes  marchandises  étrangëres.Pierre 
le  Grand  établit  des  manufactures.  Alor^ 
les  ouvrages  des  mines  et  de  tous  les  ob- 
jets de  commerce  tournèrent  au  profit  de 
l'Etat.  Les  réglemens ,  les  droits  etc. ,  don- 
nèrent au  commerce  un  cours  qui  assura 
la  balance  en  sa  faveur. 

Les  marchands  Russes  ontTusage  de  faire 
paj^er  d'avance  la  moitié  du  prix  des  mar- 
chandises de  Tintérieur  qu'ils  ont  achetées 
et  qu'ils  vendent  aux  étrangers  pour  Tex* 
portation  ,  avant  de  les  leur  livrer  »  con- 
formément aux  contrats  ;  mais  ils  né  pren* 
nent  les  marchandises  étrangères  qu'à  un 
an  de  crédit.  Les  étrangers  ne  bénéficient 
donc  que  lorsque  leur  commerce  prosfière  ^ 
tandis  que  les  Russes  gagnent  toujours* 
Ils  n'ont  que  peu  de  vaisseaux  à  la  mer.  Le 
commerce  maritime  le  pliis  considérable 
fe  fait  par  la  Baltique  ,  à  St.  Pétersbourg 
,  et  à  Riga  ;  h  Archangel  par  l'Océan  septen« 
trional  ;  k  Tangarok  »  par  le  Pont-Euxin  ; 
à  Aatracan ,  srur  la  mer  Caspienne  et  au 


El  E  s    V  O  Y  A  G  E  s.         7 

KamchaïkaV  sur  TOcéan  septentrional.  Les 
principaux endroitadu  commerce  înlérîcur  Russîr. 
sont  FUkraîne ,  d  où  les  marchands  russes 
vont  visiter  les  nïarchés  ile  la  Pologne  et 
les  foires  de  TAllemagne  :  XJrembourjg  oïl 
il  se  fait  un  commerce  considérable  àveô 
plusieurs  nations  asiatique  et  Kîakhta  en 
Daoïîrîe  ,  où  se  tait  le  grand  commerce: 
avec  la  Chine. 

Les  manufactures  de*  faîne  ,  ae  coton  > 
de  soie  ,  de  chanvre ,  ïeè  fbi'ges  etc.  ,  le^ 
moulins  à  papier,  les  blanchisseries  de  cîreV 
les  verreries,  les  fabriqués  tîfe  tapis  et  A& 
porcelaine ,  et  plusieurs.  àWlre^  cfiablissé'« 
mens  semblables  ,  appartiennent  en  partie 
à  la  coufotihe  ,  mais  plus  ôrdîaafrémentci 
des  particuliers. 

Ils  occupent  et  surtout  les  '  ntines,  ùnèr 
grande  quantité  de  paysaAs ,  d'Artisans  ctr 
de  comtaérçâhs ,  tant  dav^  lés  Villes  que 
daùs  ]ds  campagnes.  Lé-  pt*6dètiit  dé  ces 
man\!É  factures  ne  le  cédé  tobînt  feux  meîl- 
feures  dés  autres  pa^rs ,  c^ûbi'i^n'bil  né  j^trissb 
pas  toujours  eh  dire  àtiVant  éés  otivr^ges- 
des  artisans  russes. 

Les  hoïttm^s  libres  dé  Ta  céiïij^hé  payant 
«ne  taxe  pour  leurs  terres  et  là  éapitation^» 
s  adOûii«nt  k  L'àgricukùtè  âVée  liberté:  pltt^ 

A  4 


8      HISTOIRE  GÉNÉRALE 

sieursd'enCr'euxnéglig'cantla  culture  delà 
.lçj:re ,  se  livrent  entîèrenieÂX  au  commerce 
et  aux  aHhires-  Les  seigneurs  occupent  leurs 
j^aysaus  v^sîjaux ,  selou  [Ipui)^  ho\\  piaisîr  -, 
fii^x  travaux^dx?.  la  ville  ou  4^ila  ç^^Qipagne, 
QXhidUûf^  les  map^facturesr^jesî  fablûques  » 
/sqit  aides  pfotia^ians:  mécaniques  «ou  aux 
mines.  L'agriculture  n'çstdonc.  pas  autant 
l'occupation  générale  des  paysans  de  la  Rus- 
sie que  dans  le^;  autres  paj$.  .Klle  fournit 
cçfpendant  non;  seqiement  a  la  •  epp^Ooima- 
lion  de  Ttempire.^  à  celle  nécessaire!  à  la 
iabrlcatioa  .de^c;a;ux*de-vj;e^  i^aU  encore 
iiux  grandes,  .exportations    dans  le$   pays 

^trangersy.  ^f-n-:...  ...         *'  ' 

,;  .£n  Riissiç,,^  .chaque  village  a  gon  proprfe 

territoire  et  une  terre  sujette  a  corvées, 
enclose.,  Dai^deS"  plaines  cultiviées  de  la 
Sibérie I  çl\aque  honan^e^i^euf.  pr^pdrq.  d«^ 
terrain  à  vglonté».  Quand  ,cette  portion  de 
terre  est  ;^MJ;sée.  ;  le  paysan,  la  laisse  en 
.irichepepdMnt  ui^çqm  deux  c^npéesjen  prend 
et  laboure  i^UiÇjaqtre  ,  etr  continue  ainsi, 

Ofi  exerqç  0ftV, jt<^M^  Ven?pii:c  ^^u  différene 
villages  ,  les  arts  mécaiiiques  des  villes.  U 
,est  rare  dç^  A^fp^^.troi|ver.daQ3  mp  village , 
un  forgerç^t  ;^p  .taille,ur  «  p a  cordonnier-, 
ua  tànneqrs^Wi  lajâçUr  d^  savoQu  utt  ma^ 


D  ES    V  O  Y  A  SE  &-     -ft 

çon^  un;  charpentier  ;  ud  :  barbouilleur  dd 
maisons  /etc.  Beaucoup 4^  paysans  «xercea^    ^^••'•* 
ces  professions  et  en  iom  leur  principale 
occupation.  .      i 

On  e&t  libre  d'exercer  ces  dîifërens  arU 
et  professions.  Ils  se  tran3metfaeat.de  père 
en  (ils.  Personne  n'a  besojii  de  taire  kî'ap^ 
prentissage  pouraqcun  tûétàev,  ou.de  dom 
ner  des  prquves  de  sa  capacité  et  dé  soa 
adresse.  Qa,  n'est  point  exposé  à  être  puni 
pour  de  mauvais  ouvrages  >  à  moins  quod 
ne  découvre  utie  fraude  manifeste..  On  s« 
procure  aussi  Facilement  des  ouvriers,. et 
on  a  leurs  ouvrages  à  un  prix  raisonna'ble» 
Maïs  au$sjl.;Vagriculture.'.QSt  .privée  d'un 
grand  nombre  'de  bras.         .  î  '       '. 

.  Les  occupations  des  personnes  du^sexe» 
sont  peu  différentes  de  celles  des  pays 
voisins*  Elles  veillent  àla  propreté  de-U 
/liaison  ,'  filent  ,  tissent  des  toiles  et  {4e 
grosses  étoffes  d'une  qualité  peu  inférieure 
ii  cellt!$  .d'Allemagne,  j  Ka  génér^il  ;cUeè 
travaillent  d'avantage  ,  et  leur  travail,  esf 
plus  périj.We  !qu'il  'u'a-coutotoe  do  Tâtre 
parâii  les  feiiimes  des  p^tys  de^  l'Europe 
qui  les- avpîsinetU-    .  :.)>>.        '     ^      i 

Les  villcsi^et  ks  ytUa^d  sûHt^onâîudirft- 
ùient  cdécQUvaHs^v .ils  &àotiXûaïmunément 


TC   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

bâtis  en  mes  irrëgulières  ,  avec  de  petits 
fardins  potagers  attenant  aux  maisons  »  cY 
des  grandes  cours.  Ils  sont  situés  sur  le 
bord  des  rivières  ,  parce  qu'on  n'a  pas  Tu- 
sage  de  creuser  des  puits.  Comme  les 
pierres  manquent  souvent  dans  le  pays , 
les  chemins  et  les  rues  sont  souvent  faits 
depoutres.de  bois  de  charpente  et  unies 
avec  ta  hache.  Ils  renferment  plusieurs 
petites  églises ,  ordinairement  bâties  ea 
briques  et  en  plâtre»  Les  monastères  qui 
sont  dans  les  villes  et  dans  leur  voisinage^ 
paraissent  être  des  châteaux ,  k  cause  des 
murailles  épaisses  qui  les  entourent  ,  du 
massif  de  leurs  portes  et  de  leurs  nombreux 
ses  tours  qui  leur  servent  de  clocher. 

Les  paroisses  ou  villages  qui  ont  des- 
églises  9  sont  quelquefois  très-étendus.  lï 
y  a  des  marchés  et  des  places  de  trafic  :  on 
appelé  ordinairement  Slobodes  ,  les  grands 
villages  ;  les  maisons  y  sont  alignées  el 
les  rues  souvent  pavées  de  bois  de  char- 
pente» 

L'architecture  russe  est  la  même  dans 
les  villes  et  les  eampagnes.  Toute  Thabita^ 
tion  consiste  dans  le  logement,  des  petits 
magasins,  des  étables,  un  bain  chaud,  qui» 
reniërment  toute  la  cour»  Tous  ces 


DES   VOYAGES.       n 

mens  sont  faits  de  poutres  non  équaiies^ 
mises  les  unes  sur  les  aqtres  et  attachées    Hhmî^ 
aux  quatre  coins.  Ces  maisons  sont  côuyer** 
tes  de  planches  et  de  lattes  de  chêne ,  lors- 
<]ue  le  propriétaire  le  peut. 

Les  ameublemens  des  maisons  dé  ville 
et  de  campagne ,  même  chez  les  riches  p 
tont  très-simples  ;  lachambï^e  sert  presque 
toujours  de  cuisine  :  elle  contient  une  table, 
des  bancs  et  des  planches  ab  lieu  de  lit  ; 
une  ou  plusieurs  images  de  saints»  sont- 
placés  d^âs  un  des  angles  :  les  riches  eu 
ont  une  très-grande  quantité ,  et  quelques- 
unes  sont  entourées  de  plaques  d'argent. 
On  tient  devant  ces  images  ,  des  lampes 
continuellement  allumées  ,  au  moins  tous 
les  jours  de  fôtes.  Pour  éclairer  la  cham- 
bre pendant  la  nuit  ,  oh  se  sert  commu- 
nément de  morceaux  de  sapin  fendu  comme 
des  lattes  au  lieu  de  chandelles. 

Comme  les  villes  de  province  veulent 
imiter  par  degré  Pétersbourg ,  on  y  voit 
déjà  des  maisons  de  bois  ou  de  hriques  plus 
élevées  et  d'un  meilleur  goût ,  dont  les 
ameublemens  Sont  à  la  mode  et  avec  des 
fardins  symétriquement  arrangés. 

La  nourriture  des  Russes  eit  si  simple; 
que  les  étrangers  ne  peuvent  s*j  accoutu* 


lâ    HLSTOJRE  tjtfNjERAL  E 

mer  fkcîjemtjnt.  Ils  opt^içcuiservë  Tapidea 
Russie,  usage  de  préparer  leurs  iniels  :  il^  coosîst 
tent  daDS  de  la  viande  frakhe  avec  une 
sauce  à  J'eau  «  des  croutes.de  painoraioaU 
res  cuites  au  tour  avec  de  Ift  vi^pde  bâchée  • 
ou  du  poîsspa  cuit  à  l'cAU  pt  au  seK,  .des 
choux  et  des  racines  coupéî>.  enseip^Iej^dç 
la  soupe  aux  choux  qud  .ne  manquent  Ja* 
mais  j  du  )ait  tourné  avec  de.  ja  farine. ef 
du  lait  aigre ,  etc.  Ces  .i;nets,  ^^nt  pr^squ^ 
toujours  assaisonnés. avec,  desroiguops^  «^ef 
porreaux  ,  de  l'ail  et  quel^ijietbîs|jdii ,  pi» 
iiient.      '         .  .  _  -      .,  .    \ 

La  boisson  la  plus  ordinaire  pt  iQ^è^cfis, 
dont  on  brasse  deux  çspèc.ç?  ^.  Jj^  ^'^^S^r  ?( 
le  blaiic.  On  prépare  leà'pyge  aycc  pqr(ie^ 
égales  de  malt  et.  de  TariaQ  4'pi:^e  ^  et^le 
blanc,  avec  six  livres  du  inêtnc;  malt  ejt'jen» 
Viron  soixante  livres  Je.fc^rîne.dWge.  Celle 
boisson  est  rafraîchissante  et  agréable.  L/eau: 
de-vie  de  grain  remplace  Iç  yin;  les.  bon^ics 
maisons  font  usage  dcivin  de.fruixç^  )e 
th^  est  d*ua  usage  genéf al' en  Russie  ;  le^ 
personnes  de  distinction  fontseryir  leur§ 
tables  dans  le  goût  étrangejr  ;^^lle$  ont  des 
cuisiniers  français  comme  dans  les  autre$ 
pa^s;  on  prend  fort  r  peu.  ^çti^bacv  ,  { 
•   Les'habitaps  des  ViUç's,  de.moviucc.  et 


Ô-E^    VOYAGES.         i3 

fles'  Villages  t>nt  conservé  aussi  fidèlement 
la  manîère -idlé  s'habiller  de  leurs  pères,  ^^^^* 
que  leur  nouri-iture  et  leur  logement.  La 
noblesse  j  tous  Fcs  officiers  des  départemens 
fcîvils,  les  troupes  légères,  les  soldats  dans 
tout  reinpîre ,  les  marchands  des  princi- 
pales villes,  tt  ceux  qui  commercent  avec 
eux,  lei  prbpnétàîres  des  mines  et  presque 
tous  ies  gens  de  qualité  de  l'empire  sont 
habillés  comme  les  Allemands.  Les  dames 
même  des  'lieux  lès  plus  éloignés  suivent 
les  modes  plus  qu'on  ne  peut  se  l'imaginer* 
Les  bourgeois  ,  la  classe  des  marchands, 
ne  sont  pas  'moins  attachés  à  la  manière 
dé  s^abillér  de  Ma  nation  que  les  paysans. 
•  L'es  hommes  laissent  croître  leur  barbe  ^ 
qui  est  communément  longue  et  épaisse. 
Leurs  cheveu  j^  sont  wupés  et  peignés ,  leurs 
chemises  sont  tourtes ,  sans  collet  ;  leurs' 
culottes  Sont  larges  et  attachées  sur  les 
genoiix  ;  la  chemise  pend  ordinairement  sur 
lés  culottés ,  et  est  attachée  autour  du  corps 
far  tin  cordon. 

Ce  peuple  porte  sur  la  chemise  iin  pou-^ 
point  court ,  ou  une  veste  garnie  de  bou- 
tons. L^habit  fait  avec  une  étoflfè  de  laine 
grosse  ;  est  si  large  qu'un  côté  croise  sur 
l^autre.  Il  est  lié  avec  une  ceinture  qui  Serre 


Esisic 


14    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

deyx  fois  le  tour  du  corps.  A  la  cetoturct 
pend  ordinairement  une  longue  lame  de 
couteau  dans  une  gaine.  La  matière  des 
hjttbits  varie  selon  les  rangs  et  les  eircons- 
tances.  Les  riches  portent  des  habits  dà 
beau  drap  ,  quelquefois  bordés  de  galons 
d'or  :  un  Russe  bien  habillé  a  très- bonne 
grâce.  En  hiver ,  le  peuple  porte  des  peaux 
4^  mouton  ;  les  personnes  de  la  haute  classe 
ont  des  fourrures  de  grand  prix. 

Les  femmes  portent  des  bas  et  des  sou- 
liers semblables  à  ceux  des  hommes ,  quel- 
quefois des  pantoufles  pointues  ;  celles  du 
bas  peuple  vont  souvent  pieds  nus  ;  Thabit 
des  paysannes  est  fermé  autour  du  cou  ^ 
et  serre  le  corps  jusqu^aux  hanches  ;  de  là» 
il  descend  sans  plis  jusques  sur  les  souliers; 
il  est  en  outre  attaché  avec  une  ceinture  k 
laquelle  sont  sus[)endues  les  clefs* 

Dans  rhiver, elles  portent  des  iburrure% 
faites  à  la  Polonaise ,  avec  des  manches  poin* 
tues  ;  celles  du  peuple  se  parent  avec  leurs 
pelisses  même  en  été  ,  lorsqu'elles  vont  à 
leglisp  et  font  des  ventes  ;  elles  se  parent 
avec  des  colliers  de  corail  ^  de  perles  ;  des 
chaînes  d'or ,  des  pendans  d  oreilles  de  pier* 
res  précieuses  «  et  elles  s  ornent  les  doigts 
^t  les  poignet;  de  bagues  et  de  bracelets. 


DES    VOYAGES.         id 

XiacoifKire  varie  de  difiërentes  manières; 
]es  filles  ont  ^énëralement  leurs  cheveux  RumU. 
plus  découverts  que  les  femmes.  Les  ppe« 
mières  en  font  trois  tresses  avec  des  ra« 
bans ,  et  attachent  des  perles  à  leurs  extré- 
mités. Les  personnes  de  conséquence  dans 
les  Villes ,  tournent  des  pièces  de  soie  autour 
de  leur  tête ,  de  manière  a  laisser  pendre 
au-dessous  leurs  cheveux  bouclés.  Cette 
espèce  de  coiffure  ressemble  beaucoup  à  un 
turban  élevé.  L'ajustement  d'une  femmq 
est  très-cher  et  fort  beau. 

Le  fard  est  aussi  nécessaire  dans  Thabil- 
lement  d'une  dame  Russe  que  le  linge.  Les 
îexines  dames  de  qualité  les  plus  fraîches 
et  les  plus  «vermeilles  emploient  le  rouge 
çt  le  blanc.  Comme  cet  usage  est  préjudi*» 
ciable  à  la  beauté ,  les  dames  plus  âgées  , 
qui  ne  veulent  pas  paraître  hideuses  ^  sont 
obligées  dje  continuer  à  s'en  servir. 

Les  Russes  sont  très^endurcis  par  le  cli« 
mat ,  l'éducation  et  leur  manière  de  vivre. 
Leurs  usages  se  rapprochent  plus  des  Asia- 
tiques que  des  Européens  ,  h  l'exceptioa  de 
la  mollesse.  Ils  dorment  sur  des  planches^ 
sur  des  bancs  durs,  ou  des  tablettes  de  bois 
placées  à  cet  effet.  En  été,  ils  couchent? 
tranquillement  en  plein  air  sur  la  te>Tey 


^ 


t6    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

dans  les  champs  ou  dans  la  coiù*  de  la 
Eussie.    ]i>ai«oD  ,  et  en  hiver ,  au-dessus  de  leurs 
fours  ,  sans  Kls.  Apres  avoir  achevé  leurs 
prières  du  soir  accompagnées  de  proster- 
nations et  de  signes  de  croix  devant  les 
images  des  saints;  ils  se  couchent  de  bonne 
heure  et  se  lèvent  de  bon  matin  ;  ils  pren- 
nent le  bain ,  récitent  leurs  prières  et  vont 
avec  joie  à  leurs  travaux.  Uusage   de  se 
coucher  tard  ^  celui  des  lits  de  plumes,  et 
plusi^eurs  autres  objets  de  luxe  se  sont  in- 
troduits depuis  long-temps  dans  les  mai- 
sons des  grands  et  des   riches  ,  même  à 
une  grande  distance  des  principales  villes. 
Lorsque  deux*personnes  de  connaissance 
se  rencontrent 9 elles  se  saluent; en  disant , 
Dieu  vQus  f garde  yi on  quelquefois  ,  por- 
tez -  ^yous  bien  ;  on  se  prend  ensuite   les 
Diains  ,  la  têtie ,  et  Ton   s'embrasse.  Cette 
manière  de  se  saluer  est  fort  usitée  par 
les  deux  sexes.  Les  gens  même  du  plus 
bas  étage  se  traitent  avec    beaucoup  de 
civilité  ;  les  inférieurs  embrassent  les  su- 
périeurs sur  la  poitrine  ;  ils   baisi^nt    les 
bords  des  vêtemens  des    personnes  d*un 
rang  beaucoup  élevés  ;  ils  se  prosternent 
et  frappent  leur  front  contre  les  souliers 
4es  gi^ands.  Lorsqu'ils  sollicitent/ ils  pren- 
nent 


DES    VO  Y  A  G  ES.         17 

■eot  wi  ton  de  Yoix  et  font  des  gestes  ^ 
iÈovame  s'ils  ddoaodaieot  pardon  ou  misé- 
ricorde. Il  est  indf^cent  de  parler  haat  en 
ia  inrësence  d'un  supérieur* 

Quand  un. Russe  veut  faire  honneur  à 
ses  hôtes  ,  il  fait  paraître  sa  femme  et  ses 
fiUes  bien  parées  ;  elles  enibrassent  les 
conviyes  et  les  servent  pendant  le  repas. 
Ils  semblent  se  disputer  à  Tenvi  le  plai- 
sir de  l'hospitalité^  qu'ils  exercent  avec 
provision.  Les  vieillards  sont  universelle- 
ment honorés.  Lorsque  la  compagnie  se  sé- 
pare ,  ils  ne  manquent  jamais  de  s'embras- 
ser à  la  moindre  interruption  ou  change- 
ment d'occupation ,  lorsqu'ils  veulent  man- 
ger ,  boire  ,  ou  éternuer  avec  tressail- 
lement subit ,  à  la  vue  d'une  place  parti- 
culière ,  d'une  église ,  etc. ,  ils  font  le  signe 
de  la  croix  et  s'incUnent  plusieurs  fois  en 
disant  avec  un  profond  soupir  :  Seigneur 
aye*  pUié  de  moi. 

Ils  font  ordinairement  deux  repas  par 
}Our  9  sur  les  neuf  heures  du  matin ,  et  après 
midi  à  trois  heures.  La  famille  se  réunit 
pour  manger,  et  quand  elle  est  nombreuse^ 
les  hommes  mangent  les  premiers  et  les 
femmes  ensuite  ;  ils  restent  peu  à  table , 
et  sont  gais  et  joyeiuc.  Le  linge  de  table , 

Tome  IL  B 


i8   HISTOIRE'OÉNÉRALE 

les  plats  et  \éB  vases  sont  tenus  avec  'Une 
Auiiiô.  grande  prc^reté  ^  même  chez  le  bas  peuple. 
S'H:i*or^t  quelques  'ëtrangei*s  à  table  avec 
eux ,  on  boit  beaucoup }  il  n'est  pas  indëceni 
de  s'enivrer,  et  même  parmi  les  geos  de 
condition.  Si  une  dame  est  un  peu  ivre, 
ce  nVst  point  un  motif  de  repi^oches  ;  ils 
ne  se  querellent  jamais ,  et  ne  disent  au* 
eu  ne  injure  dans  ces  parties  ;  ils  sont  doux 
^t  konnêtes. 

'  Les  jours  de  fête  fte  passent  à  s'amuser 
et  à  folâtrer.  Personne  ne  néglige  d'obser^ 
ver  le  jour  de  sa  naissance  et  de  son  bap« 
tême^  et  ceux  de  sa  famille.  On  commence 
ce  jour  en  entendant  dévotement  la  messe* 
La  personne  dont  on  célèbre  la  fête  traite 
le  mieux  possible  ses  amis.  Les  pauvres 
font  à  leurs  maîtres  et  patrons ,  un  pi^ësent 
d'un  pain,  de  quelques  pommes  ou  'autres 
"bagatelles  de.  cette  espèce,  afin  d'obtenir^ 
par  reconnaissance  de  leur  attention  ,  quel* 
qu'argent  pour  les  mettre  en  état  de  trai- 
ter leurs  amis,  ce  qu'ils  exécutent  avec  fi* 
délité ,  et  le  jour  se  termine  par  une  or* 
gîe. 

Ils  sont  si  accoutumés,  dès  leur  plus  ten- 
dre enfance  aux  bains  chauds  et  froids,  que 
^l'usage  leur  en  est  indispensable.  Ils  pren* 


:dës  voyages.       19- 

ordiiiairMHeiit  v&  haiu  tbâild  ^ùe  fois  -  __ 
k  semaine  ;  ils  ot>t  de  ft^uences  oecasioos  ^^^^'^ 
de  les  répéter  ;  ils  se  baigfieat^près  uoe 
légère  indisposition ,  un  ouvrage  pénible  ; 
un  retour  de  voyage ,  eto.  Ils  prennent  le 
bain  très-<;haud  ^  en  éohauffiitit  ta  chambre 
avec  de  grandes  pierres  rougir  au  feu; 
sur  lesquelles  ils  versent  du  1  eau  k  difl^- 
rentee  fois  ;  il  s'élève  une  forte  vapeur; 
la  chambre  est  tellement  close  ,  que  là  va- 
peur ne  se  perd  point.  La  ^jersoniie  qui 
prend  le  bain  s'étend  sur  une  des  planches 
de  V^cbafaud.  Plus  elle  s'élève  >  plus  elle 
ressent  de  chaleur.  Quand  elle  a  ainsi  trans^ 
pire  quelque  temps ,  il  vient  ordinairement 
ttne  femme  qui  lui  lave  le  corps  avec  dé 
Teau  chaude  ,  le  nettoie^  le  bat  avec  des 
branches  de  bouleau  qui  ont  leurs  feuilles; 
l'essuie  avec  des  linges ,  le  laisse  reposer 
et  suer  tant  qu'elle  juge  à  propos. 

Les  Russes  sortant  du  bain  chand ,  vont 
se  jeter  dans  un  ruisseau ^  en  hiver,  ils  se 
roulent  sur  la  n^ige  sans  éprouver  la  moin- 
dre  incommodité. 

Le  cùtomeree  entre  les  deux  se:xes  est  plus 
libre ,  particulièrement  dans  la  campagne  , 
que  partout  ailleurs  ,  à  raison  de  l'espace 
resserré  de  leurs  masions^  de  leurs  cham- 

B  2 


jo    HISTOÎIVE  GÉWÉ-RAUE 

bres  à  coucher  »  de  leurs  bases ,  de  la  sSm* 
A>^«*  pliciié  de  leturs  conversations  et  de  leurs 
chaospns  naîiyfs».  La.  conduite  des  maris  en* 
vers  leurs-  fëmoies  ,  comparée  à.  celle  des 
Européens  ,  est  ^  en  général ,  dure  et  aus- 
tère; lesiemmes  tbnt  les  ouvrages  pénibles 
et  sont  souvent  obligées  d'être  les  paisibles 
spectatrices  de  Tinteaipérance  et.  de  Tin» 
conduite  d^  leurs  maris ,  sans  oser  se  plain* 
dre  ;  mai^  elles  y:  sont  aceoutumées  de  si 
bonne  heure ^  que.  rarement  on  les  entend 
murmurer  9  lors  même  qu'elle^  épix>uvent 
les  traiteme/is  les  plus  tjraoiiriques.  Dans 
les  grandes  villes  et  parmi  les  gens  de  con* 
dition  4  les  dames  sont  dans  une  position 
bien  différente  »  et  si  on  ne  les  calomnie 
pas  9  plus  d'un  mari  i^eçoit  par  .fois  un  coup 
de  pantoufle. 

'  Le  contrat  de  mariage  des  riches  ^  se  fajt 
avec  la  plusgrande  solennité  ;  U  classe com* 
roune  ,  ne  se  proposant  que  la  fia  pai*ticu- 
lière  du  mariage  »  entre  dans  cet  état  aussi 
|eune  qu'elle  le  peut ,  le  mariage  n'étant 
pas  coûteux  ,  l'éducation  n'entrainan.t  ni 
peine,  ni  dépenses.,  les  jeunes  époux  vi- 
vent aussi  à  leur  manière ,  et  aussi  heu- 
reux  qu'auparavant. 
Les  divertissenoien^  des  Russes ,  les  joua 


DES    VOYAGES.         «r 

de  ^es ,  de  noces  et  dans  les  autres  occa- 
fions  de  rëjoaîssance ,  sont  fons  variés  ;  ils  Aossm. 
ont  beancoap  de  rapport  avec  les  usages 
des  Perses ,  des  Arabes  et  des  É^çyptiens. 
lis  pt^fèrent  la  niBSique  vocale  à  Tinstra* 
mentale.  Nous  trouverions  difficilement  sur 
legldbe  unpajsoùily  ait  plus  de  gailé,  et 
un  cbaot  plus  uniforme  que  dans  cet  em- 
pire :  les  Russes  chantent  tous ,  depuis  les 
en&as  jusqu'aux  têtes  à  cheveux  blancs', 
et  en  toutes  les  occasions,  les  chemins  re- 
tentissent '  du  chant  des  volthriers  ;  les 
mes  des  villages ,  des  v#ix  agréables  des 
filles  ^  et  il  y  a  toujours  des  concerts  dans 
les  cabarets.  Leurs  chansons  sont  de  sim^ 
pies  récits  des  tkits  anciens  on  modernes , 
des  sujets  d'amour  ,  d'histoires  de  cheva^ 
lerie ,  des  géans  ,  des  Jiéros.  Les  hommes 
chantent  detoute  la  plénitude  de  leur  cœur, 
les  exploits  des  soldats,  ou  des  Conques  en 
temps  de.  guerre,  ou  mille  autres  sujets 
qui  peuvent  s'accomoder  à  leur  caractère, 
à  leurs  propres  airs  et  à  leurs  dispositions 
burlesques  et  gaies. 

Lfinstrument  le  plus  commun ,  qui  est 
particulier  à  la  nation ,  est  la  corne  à  bou- 
quin; c'est  un  cornet  d'un  à  quatre  pouces 
de  longueur  ^  fait'  de   bois  ou  d'écorces- 


sti   HISTOIRE  GENERALE 

d  arbres.  Les  vigoureux  poumoBs  d'on  pay* 
.^<»^^-    san'  en  tireot   des   9on»   qui  imiteat   ea 
quelque  sorte ,  la  voixhuiriaine* 

La  daase  est  partout  un  objet  d'amusé- 
ment  ;  le  peuple  qui  ne  perd  peint  m  sou- 
plesse ,  malgré  ses  travaux ,  danse  parfaite- 
ment f  et  généralement  au  son  de  la  voix.  La 
dan^e  russe  universelle  consiste  dans  de  fré- 
quentes génuflexions  pour  les  hommes  »  et 
des  pas  cadencés  ,  légers  de  la  part  des  len^ 
mes  ;c'est  ime  pantomime  très-engageante  ; 
la  femme  tient  ses  bras  crois€*s  sur  la  poi- 
trine ,  fait  des  signes  à  Thomme  avee  ses 
doigts ,  levé  les  épaules ,  gUsse  vers  lui 
en  baissant  la  tète,  lui  jette  quelque» oril- 
lages  sans  lui  donner  les  mains*  Dans  une 
autre  danse ,  l'homme  et  la  femme  parais- 
sent se  dédaigner ,  et  se  regarder  récipro- 
quement en  passant  avec  aversion  et  fierté; 
ils  affectent  un  air  moqueur  quand  ils  se 
tournent  le  dos  ;  ils  tournent  autour  l'un 
de  r<iutre  ,  et  par  leurs  regards  et  leurs 
gestes ,  ils  font  paraître  une.aversicm  équi^ 
voquè.  La  danse  de  la  colombe  ^  présente 
une  image  de  la  tendrese  des  colombes  et 
des  amans  ;  les  deux  danseurs  se  tiennent 
toujours  Tun  à  l'autre  «  Thomme  danse  avec 
Ixraucoup  d'at^îtation^  tandis  (|.uc  la  (emm^ 


--DES    VOYAGES.         sZ 

s'avanee  d'un  pas  léger  et  avec  des  mouve- 
mens  délicats.  Bussk. 

Ils  s'adonoent  beaucoup  a  la  gymnas- 
tique. Dan^  les  nuits  d'un  hiver  rude  ,  lea 
dames  fbot  des  parties  de  traîneaux ,  dans 
lesquelles  on  chante  beaucoup  et  très^haut. 
Les  filles  se  divertissent  en  été  y  en  sautant 
rar  une  plamçhe  dont  le  milieu  repose  sur 
un  bloc  de  bois,  sur  chaque  extrémité  de 
cette  planche ,  se  place  une  fille.  Elles  s'é- 
lèvent alternativement  à  une  hauteur  sur- 
prenante. Les.  Russes  aiment  beaucoup  à 
sonner  les  cloches  des  églises,  les  jours  de 
fêtes  et  de  réjouissances  publiques;  mais 
ils  iiOBt  tirent  aucune  harmonie  ;  ils  excel« 
lent  à  faire  frapper  le .  battant  avec  une 
extvéme  vitesse. 

Dans  les  campagnes ,  les  femmes  accouf 
chent  généralement  dans  la  chambre  da 
bain  ;  el  les  couches  sont  la  plupart  beu^ 
reuses  et  faciles.  Tous  ceux  qui  visitent 
l'accouchée  ,  l'embrassent ,  et  glissent  douf 
cément  sous  son  oreiller  un  présent  ca  ath  / 

gent. 

La  nonchalance  de  ce  peuple^  sa.  liaar 
Aière  dô  vivre  austère  ,1  exemption  de$ 
travaux  pénibles ,  Tusage  des  bains.i'.ifâ^iif 
surtout  l'atmosphère  pureetsainç  prqpif^ 


i4   HISTOIRE  GÉNéRALE 

à  la  Rassie  et  k  la  Sibérie  »  le  iàit  }omr 
d'ane  saoté  constamment  bonne ,  et  parve- 
nir généralement  à  une  âge  avancé*  Les 
malades  ont  même  rarement  recours  à  la 
médecine.  U  r^^  peu  de  maladies  en  Rus* 
aie ,  on  en  sonnait  peo  de  violentes  qui  loi 
soient  particnliëres. 

Plusieurs  de  leurs  remèdes  domestiques 
exigent  une  patience  extrême  et  vraiment 
héroïque.  Un  mélange  d*ail ,  d'oignons  et 
de  poivre  d*£spagne  avec  de  Teau^de^vie , 
e$i  un  remède  universeK  Les  Russes  pieu* 
rent  sincèrement  et  long  •  temps  leurs  pa- 
rens  et  amis  ;  mais  Thorreur  qu'ils  ont  de 
la  mort  est  si  forte,  qu^ls  traitent  leur 
corps  avec  peu  de  cérémonie.  Ils  les  con* 
dnisent  à  la  fosse  ,  accompagnés  de  prêtres 
qui  chantent  des  hjmnes,  portent  des  croix 
et  des  flambeaux.  Lorsqu'ils  sont  arrivés 
au  cimetière ,  ceux  qui  ont  suivi  le  mort , 
prennent  congé  de  lui  par  un  baiser ,  lui 
souhaitant  toute  sorte  de  bénédictions  ;  ils 
-ferment  ensuite  le  cer^rueil ,  le  mettent  dans 
le  tombeau  et  le  couvrent  de  terre.  Les 
nobles  et  les  riches   portent  Tbabit  iKnr , 
les  antres ,  leur  habit  de  couleur.  Les  foné* 
railles  des  seigneurs,  dans  les  grandes 
Viiks^  ressemUsnt  h  celles  des  autres  pays» 


DES    V.O  Y  A  GES.     .    »ft 

L^ancienne  religion  grecque ,  à  laquelle 
toute  la  nation  est  attachée»  est  unirei^ 
sellement  reconnue  dans  sa  doctrine  et  sa 
discipline.  Le  peuple  est  généralement  très- 
observateur  de  la  ferme  extérieure  duculte; 
c'est-à-dire,  pour  entendre  la  messe  ,  ob* 
server  les  jeûnes  qui  emportent  le  tiers  de 
l'année^»  ou  remplir  les  devoirs  religieux 
domestiques  du  matin  au. soir ,  aller  à  cou- 
fesse  ,  recevoir  les  sacremens ,  etc.  Cest 
une  oeuvre  méritoire  que  de  bâtir  des  égiises, 
aussi  e»ste>t*il  dans  les  plus  petites  villes  , 
un  grand  nombre  de  ces  édifices ,  dont 
quelques-uns  sont  assez  beaux.  Les  grands 
froids  obligent  de  chauffer  les  églises  en  hi« 
ver  ;  c'est  pour  cette  raison,  que  beaucoup 
de  cimetières  ont  deux  églises ,  une  pour 
l'hiver  et  l'autre  pour  l'été  ;  d'autres  ont 
deux  étages  destinés  aux  mêmes  usages.  Le 
clergé  est  très -respecté  9  il  est  très-tolë* 
rant  pour  les  autres  professions  de  foi  :  les 
titres  de  métropolitains  et  d'archevêques 
ne  sont  pas  attachés  aux  sièges  ;  ils  nesoi^t 
plus  que  des  distinctions  purement  person* 
nelles  conférées  par  le  souverain  ;  ceux  à 
qui  on  les  confèi*e  n'ont  aucun  pouvoir  addi« 
tionnel,  ils  obtiennent  à  peine  quelque 
préséance.. Lorsqu'un  russe  rencontre  ui| 


»é    HISXaiRE  GÉNÉRALE 

ftétre,  it  lutbaYselamàm»  et  le  prèli^d^Iuî 
RimSr.  donne  sa .  bënëdietion  en  faisant  un  signe 
de  croix*  ;  cet  usage  cependant  n'est  près* 
^n^  plus  usité  que  dans  les  campagnes. 
:  Chacun  passe  la  semaine  de  la  paseiôB 
daos.un  grand  extérieur  de  solennité,  o)> 
servant  plusieurs  cérëmonres  de  dévotion  , 
auxquelles  il  est  invité  par  le  son  triste  et 
lugubre  des  cloches  des  ^lises.  Mais  la  se- 
«laine  de  pâques  se  passe  comme  dans  les 
autres  pays  ,  en  divertissemens ,  en  ivro- 
gneries,  en  débauches.  Cestune  coutume 
universelle  dans  tout  Fempire,  de  se  donner 
réciproquement  le  )oor  de  pâques,  im 
cenFen  présent. 

'  Les  Russes  sont  aussi  superstitieux  que 
leurs  voisins;  plusieurs  parmi  eux  croyant 
aux  esprits ,  aux  apparitions  ,  aux  spectres  ; 
et  n'aiment  pas  habiter  les  maisons  ok 
sont  morts  leurs  proches  parens.  Le  jeudi 
avant  la  pentecûtc  ,  les  filles  célèbrent  la 
fête  de  la  déesse  Slave  Lada  ^  et  de  son  fils 
liiduj  par  des  chants,  des  danses ,  et  en 
ornant  de  guirlandes  de  rubans ,  un  jeune 
bouleau  ;  elles  le  jettent  ensuite  avec  beau- 
4roup  de  pompe  dans  la  rivière ,  poursavoir 
par  les  figures  que  ibrmentles  rubans  dans 
le  courant ,  quel  sera  celui  qu'elles  épouse- 


DBS    V  O  Y  AC  ES.         97 
root  4  et  le  sort  de  leur  oiaclage.  Now»  ne  tss 


fînirians  pas ,.  si  nous  rapporti<}iis  toutes    ^"*^ 
les  idées  superstitieuses  de  cette  nature. 

L^  chose  la  plus  comuvune,  et  celle  doat 
on  se  formalise  le  moins  en  Russie^  c'est 
d!^YoiF  des  po^^c.  Cette  vermine,  y  abonde  ^ 
et  un  étranger  esta  peine  débar<)^ué  à  Crons* 
tadt^  qu'il  s'en  voit  couvert.  On  doit  at- 
tribuer cet  inconvénient  au  cliinat  ^  à.  la. 
nourriture  des  Russes  et  à  leur  babille* 
iRent. 

Le  paysan ,  le  spUl^t  et  le  matelot  pas-^ 
sent  une  partie  de  Tannée  dans  le  nord  ^ 
couverts  d'une  peau  de  mouton  k  peine 
préparée^  qui  leur  sert  en  même  temp& 
de  linge  ,  d'iiabit  et  de  couverture  de  lit, 
La  manière  de  vivre  des  nobles  les  exposa 
à  partager  avec  le  peuple  cette  incommo-^ 
dite.  Ils  sont  toujours  envirbtuaés  d'une) 
foule  d'esclaves  malp^'oprest ,  qui  couchent 
salement  sur  le  plancher  ou  sur  les  ,meu*f 
bles^de  l'appartement;  car  il  y  a  peu  de^ 
maisons  où  l'on  pense  à  leur  assigner  une^ 
chambre ,  et  moins  encore  des  Irfs.  S'i^ 
TOUS  arrive  de  traverser  tin  peu, tard  les 
appairtemens  du  palais  pu  les  saloqs  de  quel- 
ques hôtels  >vouft  êtjes^  obligés  de  vous  dé-t 
tourne^  pour  ne  pas  |baler  ^u^n^  pieds  les. 


EoMÎe. 


18    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

domestiques  ronflant  sur  les  parquets ,  en« 
veloppës  dans  Jeur  inexpugnable  peau  de 
mouton.  Cest laïque  ces  parasites  impor- 
tuns se  retranchent  et  st  propagent  en 
sûreté* 

Les  dames  de  Russie ,  allant  en  visite  , 
remettent  en  entrant  leurs  belles  pelissetr 
de  renard  bleu  ou  noir ,  d'hermine  ou  de 
martre<*zibeline I  à  leurs  laquais^  qui  se 
eouchent  dessus  en  attendant  leurs  mal* 
tresses  dans  Tantichambre.  Ils  leur  remet* 
tent  en  sortant  la  précieuse  fourrure ,  jieu* 
7>léeet  fourmillante.  Aussi  Yoit<<>n  quelque- 
Ibts  une  jolie  femme ,  durant  une  partie  dit 
wisk  ^  tirer  une  riche  tabatière  d'or  pour 
prendre  une  prise  ,  puis  se  grater  élégam- 
ment les  tempes  ,  pincer  légèrement  la 
petite  béte  entre  les  doigts  ^  la  poser  sur 
le  couvercle  émaillé^  et  la  faire  craquer 
sous  Tongle.  Il  est  plus  ordinaire  encore  de 
voir  des  officiers  et  d'autres  personnes 
comme  il  faut ,  se  débarrasser  de  cette  ver- 
mipe  et  la  jeter  sur  le  plancher  5  tout  en 
causant. 

Je  me  rappelerai  toujours  &  ce  sujet , 
l'histoire  que  racontait  un  vieux  officier  qui 
lut  présenté  au  général  Mellessino.  Ce  gé- 
nérià  était  occupé  à  faire  l'épreuve  d'un 


©ES    VOYAGES.        s^ 

beau  microscope  anglais  dont  il  venait  de 
&ire  emplette;  et  environné  de  pluaiean 
officiers  de  acm  corps ,  il  appela  son  valet 
de  chambre  pour  lui  demander  un  insecte  ^ 
afin  de  le  placer  dans  le  foyer  du  verre  ; 
niais  à  peine  eût-il  exprimé  ce  désir  ,  que 
trois  ou  quatre  de  ces  officiers  poudrés  à 
blanc  ,  s'empressèrent  de  prévenir  le  do- 
mestique et  présentèrent  à  la  fois*  leur 
capture  ,  de  manière  que  le  général ,  em- 
barrassé du  choix  ,  donna  la  préférence  au 
domestique  ,  qui  avait  été  aussi  prompt 
que  les  officiers  à  saisir  une  proie  derrière 
$on  oreille. 

On  ne  rap)X)rte  point  ces  pairticulariiés 
pour  jeter  du  ridicule  ou  da  mépris  sur 
les  Russes.  Ces  exemples^  depuis  plusieurs 
années ,  sont  devenus  plus  rares  ;  mais  il 
est  certain  que  les  poux  nq  répugnent  pas 
encore  autant  à  lenr  délicatesse  qu'à  cell# 
des  peuples  oh  Tusage  du  linge  et  Taban- 
don  des  fourrures  sont  d'ancienne  diite.Les 
Russes  ont  en^^re  un  jeu  natiooal ,  digne 
pendant  des  courses  de  Neu^tnarket ,  où 
l'on  se  sert  de.  poux  au  Iteu  de  coursiers. 
On  voit  sur  quelques  marchés  de  Péters* 
bourg  et  de  M09COW  ^  des  revendeurs  ti* 
jrer  un  cercle  sur  un  banc,  et  placer  aha«^ 


3«    HISTOIRE  G^Ë'^ÉRALE 

» 

ft.cun  un  pou  au  centre';  ceîuî  dont  îé  petit 
fttt^Me.  coureur  parvient  le  premier  du  centre  k 
k  la  circonférence  ,  gapne  Tenjeu.  Pierre 
le  Grand  jouait  quelqueFors  lui-même  à  ce 
jeu-là ,  dans  les  cabarets  et  autres  Vieux 
qu*tl  ahnait  à  fréquenfei*  incognito.  On  as- 
sure que  ce  pnnce  célébré  n*était  pas  lé 
dernier  à  trouver  dans  sa  superbe  che^ 
•v^lure  ,  ranimai  nécessaire  pour  participer 
au  jeu.  ,    .  ^ 

Qui  dirait  que  le  bouleau,  Tai-breen  ap- 
parence le  plus  stérile,  et  l'un  des  plui 
tnéprisës  dan^  les  pays  heureux  oh  les  ar-^ 
bres  fruitiers  peuplent  les  forêts,  soit  dani 
le  tiord  de  la  Russie  Tarbre  le  plus  utile  et 
le  plus  pi^cieux?  Sans  le  bouleau,  la  Fin^ 
lande,  Tlngrie  et  TËsthonie  seraient  pcut^^ 
être  désertes;  car  il  est  aux  habitans  de 
ces  provinces  ;  de  la  ittêrtite  tressoui^^e  que 
le  cocotier  aux  Indes.  Le  Finnois  surtout 
subsiste*  presque  par  cet  wbre  bienfaisant. 
De-  son  bois  il  fabrique  son  chariot  et  ses 
itiëtrumens  agraires  ;  soh  étbtce  supérieure, 
impénétr&ble à  l'humidité.  Sert  à  couvrir 
ses  cabanes^.  De  la  seconde'  écorce,  le  Fin- 
nois ^ktt'des  cordes  ,  des  nattes  et  des  cou- 
vertures, qui  lui  servent  de  manteau  pen- 
dant ta  pl^i^;  il  en  tressé  del  paniers,  été 


DES    VOYAGES.         3i 

brodeqttuis  et  des  sabots  très^légers  ec  très- 
commodes  ;  il  en  fabrique  toiUes  sortes  dsi  ftwitâ 
vases  de  cuisinent  d'^steosiles  de  raéiuige. 
Les  boui^eoas  de  bouleau  le  nourrisarat' 
dass  ia  disette^  et  il  en  mêle  souvent  dan» 
son  pain  de  seigie.  11  fait  anssi  de  la. farine 
avec  Fécorce  tendra  et  l'aubier.  Les  botir-^. 
geoQs- de  bouleau  sonf  d|ailleui*sJa  aouirt*» 
ribtre. ordinaire  des  coqs  de  bruyère  ,  des<' 
gelinottes  ,  et  de  tous  les  oiseaux  qui  .pàs«^ 
sent  i'-hiver  dans  le  nord.  De  la  sév&  ^fe 
cet  arbre,  le  Finnois  fait  un  vinaigre  «lisra 
9gcéable  ;  ses  feuilles  lui  servent  à  teindrez 
plusieurs  étofl^s  en  ^aune  ;  sa  racine  est 
pour  lui  une  friandise  ,  et  il  la  reoommandei 
en  pliKsieûrs  occasions  comme  un  remédia  ; 
ses  .rameaux  enfin  .lui  fournissent  des^ 
corbeilles  et  des  balaisi  Une  dep»me  se* 
va  point  au  bain  qu!elle  nait  à  la  main 
une  branche  de  boôileau  pour  se  flageller^ 
et   pour   couvrir    sa:.  >nudité  .^  lorsqu'elle 

sort.  .^     :.i*^ ...  J 

Le  sensible  et  ravissant  auteur  des  Etudes 
de  la  nature ,  qui  à  si  bien  observé  le  con- 
traste admirable  que  finement  le  bouleau 
et  le  sapin  dans  les  vosies  forêts  de  Fîa^ 
lande  >  devait  quelques:  coups  >  de  pineooii 
de  plus  à .  cet^  arbi*e^ncycirricier  ^  qui  remé 


k .  j 


22    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

*place  dans  le  nord  le  chêne  bienfaisant  déi- 
Bank,    fié  par  nos  ancêtres. 

Le  caractère  russe  ,  a*tK>n  dit ,  est  de 
n'en  avoir  aucun  »  mais  de  savoir  merveil* 
leosement  s'adapter  celui  des  autres  na«- 
tions*  Si  Ton  ne  veut  parler  que  des  Russes 
de  la  classe,  supérieure  ^  on  a  raison  ;  mais 
etia  pourrait  s'appliquer  également  à  tous 
les  peuples  à  demi  policés ,  et  même  aux 
liab^tane  de  toutes  les  grandes  villes ,  dont  les 
physionomies  se  confondent  aussi  bien  que 
les  mœurs ,  parce  qu'ils  tirent  leurs  inten- 
tions et  leurs  alimens  des  mêmes  sources  ^ 
que  leur  race  est  mélangée  »  et  leur  genre 
de  vie  le  même.  ^    . 

Le  noble' russe ,  le  seul  Russe  qu'on  puisse 
toir  chez  l'étranger  et  bien  connaître  dans* 
•on  pays  »  a  eflfectivement  une  grande  ap- 
titude à  s'identifier  avec  les  opinions,  les 
mœurs  j  les  manières  et  les  langues  des  au* 
très  nations  ;  et  cette  souplesse  d'organes 
et  d'esprit  est  sûrement  un  trait  qui  le 
distingue. 

L'on  ne  s'étonnera  point  de  cette  grande 
mobilité ,  si  Ton  se  souvient  que  le  Russe 
est  un  |)euple  nouveau ,  sur  lequel  toutes 
les  nations  ont  plus  ou  moins  influé.  Il  a 
Mçn  de  l'étranger ,  des  arts ,  des  sciences  ; 

det 


BE.S    VOYAGES.     :    33 

àei  vîces  et  pfeu  de  vertus.  On  peut  àWe - 

du  Russe  >  que  son  gouvernement  l'avilît  ^    ^^^* 
et  que  sa  prétendue  civilisation  la  plutôt 
corronapu  que  policd 

Çè  n'est  donc  quà  travers  toutes  ces 
institutions  vicieuses ,  que  l'on  peut  re- 
monter au  caractère  primiti  Fde  cette  grande 
nation.  MiUe  ans.  d'esclavage  sous  leè  Fa- 
regues  y  sous  les  Tar tares  ^  et  sous  ses  pro- 
pres czars,  n'ont  pu  Teffâcer.  Et  que  ne 
doit  pas  avoir  été  ce  peuple  qui  ^  dans  sa 
misère  et  sqs  chaînes  ^  nous,  montre  encore 
tant  de  belles  qualités?  Le  pajsan  russe ^ 
sans  propriété ,  sans  véritable  religion ,  sans 
morale^  sans  honneur,  est  hospitalier,  hu-* 
main^  serviable,  gai,  fidèle  et  courageux. 
Plus  on  s'enfonce  loin  des  villes ,  plus  on  le 
trouve  bon.  Le  plus  sauvage  est  toujours 
le  meilleur  ;  le  plus  éloigné  dé  son  tyran  , 
est  le  plus  près  de  la  vertu.  Il  a ,  en  un 
mot ,  toutes  ces  vertus  innées ,  qui  nous 
rappellent  les  mœurs  patriarchales  ;  et  ses 
vices  ne  sont  que  ceux  de  la  servitude.    . 

Le  Russe ,  en  général ,  aime  à  s'instruire 
et  honore  les  étrangers  ;  il  n'y  a  que  ceux 
qui  manquent  absolument  d'éducation, qui 
les  haïssent  ou. qui  en  soient  jaloux,  lors-* 
qu'ils  se  trouvent  en  rivalité  avec  eux.  Un© 

Tome  IL  "^  C 


$4    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

dxftcKjui  leur  fait  moitis  d'Ivoftveur,  di«- 
^iis»io.  tin^ue  ^ncoi-e  les  Russes  :  c'est  une  espèce 
olc  fi>olitcs8e  basse  et  servile  ,  qui  s'exhale 
an  compliniens  ,  des  |||;estes  ram|>ttQS»  rne 
i*un(eiwiu<.*e  humbie  et  soumise  devant  leurs 
sii))or»turs,  rappdJeot  ieur servitude  orien<> 
laie.  Ils  ne  savent  pas  être  polis  sans  bas- 
s^tôsc  »  ni  flatteurs  saas  flagornerie  ;  e^esc 
i|m^  ^Hïur  être  vraiment  poii,  il  faut  ètt>e 
vr»ûnient  inoonéte  ;  il  ne  laut  paséaire  par 
contrainte ,  par  intérêt  et  par  devoir  f  ce 
qu'on  ne  doit  faii'e  que  par  sentiment  ou 
par  bienséance 

On  trouve  en  Russie,  dans  la  caste  op- 
primante ,  deux  sortes  de  gens  <|ui  dill%« 
i*ent  absolument  de  mœurs  et  d'opinions; 
des  siècles  les  sé|)arent«  A  peine  s'imugioe* 
t-on  qu'ils  sont  du  même  )>euple  »  quoi- 
qu'ils soient  souvent  de  la  même  famille» 
Les  uns  sont  les  frondeurs  de  toute  réfor- 
me »  de  toute  instruction  ,  de  toute  amélio- 
ration. Us  voudraient  ihire  reculer  la  na- 
tion vers  la  barbarie  et  la  séquestrer  du 
reste  de  l'Europe.  Ils  regardent  toute  ci- 
viKsaiion  comnie  pei*versive;  et  Pierre  !.•' 
est  |Kjur  eux  ,  noik  le  législateur ,  mais  le 
corrupteur  de  son  empire.  Il  sont  pétris 
de  superstitions  »  d'ignorance  et  de  préju- 


f^  ^vh^reB^mêSis  îls  ont  eouvent  des  mœurs 
et  des  vertus  dome^iques  ,  et  les  ec^dès 
ée  la  nevoltition  fmuçatse  fe^nt  triemjiher 
iem-  "Système. 

Lés  autres  sont  ceux  qui  >  adoptant  le» 
mœurs  et  les  usages  de  l'Europe  s'efforcent 
de  marcher  de  niveau  avec  leurs  contém-^ 
poraîas  ,  et  les  devancent  trop  souveni: 
pour  la.  coi?ruption  et  les  ridicules,  lis  se 
font  gloire  de  mépriser  ou  d'ignorer  les 
anciens  usages  de  leurs  pays  ;  ils  ont  ^ 
Te^rit^  ils  sont  sociables  et  acquièrent  des 
connaissances  et  des  talens.  C'est  parmi  eux 
cpie  l*oii  trouve  des  hommes  d'un  grand 
mérite  et  aimables  |î1us  que  partout  ail»* 
lears  :  mais,  pour  la |>lupart ,  ils  sont  plus 
polis  qu  honnêtes .,  plus  xlepravés  qu'ins* 
truits,,  et  plus  vains  qu'orgueilleux. 

Au  mliieu  de  cette  discordance ,  la  na- 
tion russe  est  demeurée  exempte  de  trois 
erreurs  Cufiestes ,  qui  ont  souiHé  le  rest« 
de  PEurope  de  crimes  et  d'abus.  Jamais 
les  disses  ne  se  firent  un  faux  point  d'hon- 
"Beur  de  se  venger  d'un  démenti  par  iid 
meurtre.  Leur  histoire  ne  fait  mentioa 
d'aucune  g«erre ,  d'aucun  massacre.,  occa- 
sionnés par  un  tanatisme  religieux ,  et  ils 


36    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

n'ont  jamais  regardé  la  naissaoce  comme 
^iMti9.     supérieure  au  mérite. 

.    Après  riyrogperie  ,  le  vice  le  plus  pro* 
nonce  et  le  plus  commun  parmi  les  Russes» 
c'est  le  vol.  Je  doute  qu'aucun  peuple  de 
la  terre  soit  plus   naturellement  enclin  à 
s'approprier  le  bien  d'autrui.  Du  premier 
ministre  ad  général  d*armée  ,  du  domes- 
tique au  soldat  y  tout  vole,  tout  pille  et 
tout  friponne.  On  n'a  point  en  Russie  pour 
le  voleur  ce  mépris  avilissant  qui  le  couvre 
d'infamie ,  même  parmi  la  dernière  popu- 
lace ;   ce  qu'il  craint  le  plus  eu  volant  , 
c'est  d'êlfe  obligé  de  rendre  ce  qu'il  a  pris  , 
car  il  compte  pour  rien  quelques  coups  de 
bâton  ,  et  lorsque  vous  le  prenez  sur  le 
fait,  il  s'écrie  en  ricanant,  je  suis  fautif, 
monsieur ,  et  il  vous  rend  son  butin  comme 
une  rançon  suffisante.  Ce  vice  honteux  , 
répandu  dans  toutes  les  classes ,  est  h  peine 
blâmé.  Il  arrive  quelquefois  que  dans  les 
appartemens  de  la  cour  où  les  personnes 
qualifiées  et   les  officiers    supérieurs  ont 
seuls  entrée ,  l'on  vous  enlève  votre  porte- 
feuille ,  comme  dans  une  foire.  Un  étran- 
ger qui  loge  avec  un  Russe ,  apprendra  à 
ses  dépens  qu'il  ne  faut'  rien  laisser  sur  S4 
toilette  ou  son  bureau,  et  c'est  même  u-j 


D1ES    Y  O  Y  A  G^  S.         87 

dicton  russe  que  ^  ce  qui  n  est  pas  enfermé , 
appartient  à  qui  veut  le  prendre.  K^wî». 

Si  vous  êtes  en  Russie  plus  qu'ailleurs 
exposé  à  être  volé  en  détail ,  vous  y  ris- 
quez moins  d'y  être  aesasiné.  On  parcourir 
avec  plus  de  sécurité  les  places  vides  de 
Pétersbourg  et  les  déserts  de  Russie ,  que 
les  rues   populaires    de   Londres  et    lest 
routes  fréquentées  de  France.  Partout  où 
on  rencontre  une  cabane.,  on  est  sûr  de 
trouver  sur  son  seuil  riiospitalité ,  et  qui* 
conque  porte  une  cocarde  à  son  chapeau , 
se  &it  respecter  et  craindre  des  mal  in* 
tentîonnés.  Un   passant   entrant   dans   la 
cabane  d'un  paysan  ,    sàlye  l'image  d'urï 
signe  de  croix ,  et  •  ensuite  son  hôte  ^  en 
disant,  pain  et  sel  ^  puis  il  s'assied  sur  le 
band,  et  mange  avec  la  famille  ,  comme 
s'il  en  était.  En  Russie,  les  parasites  ne  sont 
point  encore  méprisés.  Le  général ,  le  riche 
négociant,  tout  homme  un  peu  à  son  aise , 
Xient  une  espèce  de    table  ouverte  ,   où 
l'officier,  les  amis ,  les  connaissances  de  la 
maison ,  et  ôette  foule  de  jeunes  gens  et 
d'étrangers  qui  n'ont  ni  feu,  ni  lieu,  sont 
journellement  reçus. 

Le  génie  dû  peuple  Russe  se  tourne  avi- 
dement vers  le   commerce  ^   il  y   parait 

C3 


88    HISTOIRE.  GÉfîÉRAE.B 

wmmm  suftout  propre*  Lorsqu'un  paysaii  peut  ob- 
BmêêU.  tenir  un  passieport  de  90Q  maiti^  »  il  fte 
bâte  de  q^îuor  ses  îogratd'  sfillons  pciur 
exi(ibr4is$er  quelquie  geoire  d'industrie  $ 
4ao^  ]'es])éran<:je:  d'amasser  de  quoi*  ache- 
ter* sa.  liberté;;  mai^  il  est  en  cela  sou^vent 
trompée  Les  marrhands  russes  »  poisr  la 
plupart  esclaves ,  et  encore  enlmvés  par  le 
go^Yernenient  le.  plus  absuixle  ^  peuvent 
yaremeiH:  »  malgré  toute  leur  industrie 
s'élever  à  d^  grandes  spéculations  :  ils  se 
bornent  au  trafic  intérieur  ;  et  au  lîeu:  d'ètra 
les  négocians  dans  leur  propre  pajrs  ».  ils  ny 
sont  que  les  conunifisioanaine&des  Anglais» 
et  se  voient  obligés  d^  se  rabattre  »  comme 
ailleurs  les  îuifs,  sur  un  petit  commerce  de 
détail  3  de  merciers  ou  de  colporteurs. 

Mii^abeau  Ta  dit ,  le  peuple  Russe  est  le 
plus  malléaUe  de^tous  les  peuples  Un  jeune 
paysan  sauvage  «  brute ,  timide ,  arraché 
à  son  hameau^  est».ett  moinad'ua  mois, 
métamorphosé  en  laquaisélégantet  adroit, 
ou  en  soldat  leste  ei  hardi«  Son  maître  en 
fait  en  peu  de  temps  son^  tailleuir  ,  ton 
musicien ,  mêflfts  aoa  chirurgien  et  son 
avocat. 

On  m'avait  irfpété  cent  ibia  que  le  aseil- 
ïbut  moyen  de.  leur  apprendra  quelque 


DBS    VOYAGES.        % 

chose ,  c'étart  de  }es  betdire  :  )e  qe  poimais 
le  croire  ,  )e  i'aroue.  LôrsqaW  délivre  *"«^- 
quelque  centaine  de  ivcroesi  à  un  oiïtcier; 
pour  en  former  ua  nofcrveair  bauMIemii^;  oii 
]uî  fofumtt  aus&B  le  drap  et  léa  coïts  oécei^ 
saîret  pour  le»  halnlier*  .  Ayaût  raogié^  ce» 
KtaUiêureax  à  k  file  ^  ik  ieiur  dit  :  «  Tor^, 
«  to  aéras  le  tailîcttr  ;  toi  ^  le  cordaoiiîcr; 
«  et  tôt  ^  le  mustcien  de  la  compagnie^  h 
S'ils  murnràfenty  oo  cooinieiice  par  di;»- 
tribuer  quelque  coup  de  bâton  à  ces  élus  ,  ^ 

et  on  leur  donne  quelques  mauvais  instru- 
mens  pour  aller  s'essayer  dans  leur  art 
respectîF.  On  renouvelle  la  bastonnade  ^ 
jusqu'à  ce  qu'ils  rapportent  une  botte  ovt 
un  habit  passablement  faits  ,  et  qu'ils  sa- 
chent Jouer  la  marche  du  réjçîment. 

Soit  en  'Ctentint  fey art^ ,  sait  en*  guidant 
la  charrue  nourricière ,  soit  en  m^miant  le 
fusil  destructeur»  le  Russe  est  enchaîné  et 
tremblant  sous  le  bras  d'un  maître  :  toutes- 
les  qualités  de  son  ame  sont  flétries  ,  et  les 
plus  doux  sentimens  du  cœur  outragés. 
Chose  étonnante ,  c'est  avec  ces  hommes^ 
avilis  ^  arrachés^  de  force  à  leurs  lamilles  ^ 
et  dont  la  plupart  meurent  de  douleur  et 
d'effroi  avant  d'arriver  à  Tarmée  où  ih  sont 
coaduits  à  coup  de  gaules;  c'est  ,  dîs-je  j^ 

C4 


40    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

avec  de  pareils  guerriers  que  la  Russie  a 
jiiMfk.  remporté  tant  de  victoires  sur  ses  voisins. 
Si ,  pour  être  bon  soldat,  il  ne  fallait  qu'être 
la  plus  exacte  machine ,  ainsi  qu'on  Ta  cru 
long^-temps ,  le  Russe  serait  à  coup  sûr  le 
meilleur  soldat  du  monde  entier.  Sa  valeur 
est  si  machinale  et  si  ^docile  qu'il  craint  da* 
vantage  la  canne  de  son  officier  que  le  ca- 
non de  l'ennemi.  Uon  pourrait  dire  de  lui 
qu'il  est  brave  à  force  de  lâcheté. 


©ES    V  O  Y  A  G  E  8.         41 


I 


l'A. 


CHAPITRE    III. 

Service  dwin  en  langue  .  SelmiHmm  ;  et 
Grecque.  -~  Bénédiction  de  i'eait.  — 
«^  Fête  publique  donnée  à  la  populaces. 
—  Descriptions  des  Bains,  de  vapeurs. 
-^  Départ  de  Pétersbourg.  —  Voyage 
dans  la  Finlande  russe* . 

Jl  E  N  D  A  N  T  que  nous  étions  à  Pëtersfoourg  ♦, 
BOUS  nous  rendîmes  un  dimanche  matin  Rugjie, 
avec  le  chevalier  Harris  et  le  prince 
Potenkin  chez  l'archevêque  de  Moscow  , 
pour  assistera  un  service  en  langue  sclavone 
et  grecque,  pendant  lequel  il  devait  offi- 
cier. Ce  savant  prélat  ,  nommé  Platon  , 
nous  reçut  avec  beaucoup  de  politesse ,  et 
nous  conduisit  à  Téglise.  Lorsqu'iLentra ,  les 
choristes  entonnèrent  une  hjmne:  qu'ils  fi-^ 
nirent  au  moment  ou  iKs'ayançanvers  le 
sanctuaire.  Il  y  recita  une  courte  prière  , 
et  alla  se  placer  sur  un  .siège  élevé  dans  le 
milieu  de  Féglise.  Il  y  quitta)  son  vêtement 
ordinaire ,  et  à  mesure  que  les.  prêtres  qui 
l'environnaient  lui  remettaient  les  ditfê- 
tentes  pièces  qui  composaient  ses*  riches 


4#    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

habits  pontificaux ,  ils  lui  baisaient  la  main, 
AiiMîe.  g^  jg  prélat  portait  ces  vêtemens  à  sa  bouche 
pour  baiper  la  croix  qui  y  était  brodée  par- 
tout. Il  posa  aussi  sur  sa  tète  une  couronne 
^niricfaie  de  perles  et  de  pierres  précieuses. 
On  Boos  apprit  €|0e  eet  habillement  est  le 
même  quek  robe  impériale  dont  les  em- 
pereurs*  grecs  iâisëiient  autrefois  uaage  ^  et 
>dDnt  ils  permettaient  aux  grands  digoitaires 
de  Téglise  de  se  vêtir  quaad  \H  ofiietaient  : 
cette  même  robe  sert  encore  aujourd'hui  à 
distinguer  les  pvéiats  russes  des  prêtres 
d'un  ordre  idDiférieur.  Ainsi  vêtu ,  Tarche* 
Tèque  passa  dan»  le  sanctoarre  «  et  alors 

.  commença  l'office ,  dont  une  partie  fut  ré* 
citée  par  diffërens  prêtres  en  langue  scia* 
vone ,  et  Tautre  partie  par  Tarcfaevêque 
en  hmgue  grecque  ,  qu'il  prononeak  avec 
Faccent  des  grecs  modemesv  Gontormément 
aux  ordonnances  de  Tégljse  ,  il  n^y  a¥^  ni 
orgues,  ni  aucun  autre  insCrument  de  mu- 
sique ;  mais  <m  chantait  des  kjmnes  et  cette 
mëèodie  était  extrêmement  agréable.  Les 
cierges  et  Feneeiis  ne  sont  paa  dana  l'église 
russe  meiae  en  usage  qur  cfaex  kes  taiins. 
Quand  les  prières  fiireBt  sur  le  poLntde finir» 
TarcheTèque  et  le  dergé  j)assètent  dans  le 

^nctuaire  pour  y  recevoir  la  commiwioo  ; 


©ES   V  o  r  A  G  E  $•        43 

Ifift  graodea  portes  cjui  sottt  au -devant  se 
ièrotèrettl  au^sitôli^  et  awMii'  laSqae  ne  par>- 
ûckpa  &  M<te  cértfoMUne.  S^.qtmKié  d'ë^ 
tmDgjjtr  ao«ae«une»  kpermfsaiiMi  dk  ta  voùr 
par.  ttoe  pnctei  cia^'OO.  a^^i-  laissée  our^rM 
dans  cette  intentioa.  LeS'  CMamumans  stf 
tenaient  dsboa^  éc  fm  leur  présentait  du 
vifl  m^  anfioc  :  de.  Teau  chaude  :  le  par tt 
coupé  \mv  petiistDOEoeaux  était  tt^empé  dans 
le  via ,'  cm*  leur  servait  les  ileux  élément  i 
Ufo»avec«aecarillèr«.. 

Le  aeDviced»i*aiiuie  heure  :  l^aretievéqu^ 
ayant  doaaë  ku  bénédi^^iîon  fttiale  ,  s^asstt 
cb'  nouveajui. au  .milieu  de  l'église,  quitta 
ses  habits  pont ifvûoux  et  reprit  sa  roSie  or*» 
dînaire.  Noos  le  suivîmes  chess^  Iw  eu  noué 
trouvanesi  uil  bon.  déje-ufié.  Api*ës  avoir 
)onix  quelque  temps  4e  la*  conversation  spi-» 
rituelle  et  agréable  du  prélat  qui  parlait 
cotu-auMumtr  le*  français  .  notis  Mmes  nos 
Femerciemens- et  nous-  ikm9S  Fetrrâmes. 

Avmt  de  quitter  Péterebou?^  noiU  eûmes 
occasion  d'assisser  à  «ne  autre  eérétûonie 
ru%ieuse ,  nvais  plus  publique,  c'est4^-dite  , 
k  \âi  fête  de  la  bénédiction  de  l'eau  :  eHe  eût 
lieu  le* sijaBème  janvier  (vîeujr  st^fle),  mais 
aoa  pas  avec  toute  la  pompe  et  ta  mag^ni-* 
ficence  qui  était  ^usage  ancieouemeot.  La 


44    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

Neva  est  le  lieu  de  la  cérémonie.  Le  sou*- 
^w»if«  veraia  se  rend  aldts  en  personne  sur  ce 
fleuve  alors  gelé;  et  tous  les  régimens  des 
gardes  y  paraissent  en  grande  pompe.  Ce- 
pendant on  ^n  a  beauco(i{^  >  rabattu  depuis 
quelques  années* 

,    On  avait  él^evé  un  bâtiment  octogone  en 
bois  sur  la  glace  d'un  petit  eanal  qui  «st 
entre   Tamirauté .  et  le  palais.  On  l'avait 
décoré  de  branches  de  sapin.  Il  était  ouvert 
par  les  côtés  ^  et  couronné  d'un  dôme  sup- 
porté p^r  huit  piliers.  Sur  le  faite  était  une 
figure  de .  saint   Jean  tehaot  une   croix  , 
quatre  tableaux  autour  de*  lui  j  représen* 
taient  des  miracles  de  notre  Sauveur,  Dans 
riniérieur  .était   suspendue  une  colombe 
sculptée  en   bois  9  emblème  du  Saint-Es- 
prit ,  comme  c'est  Tusage  dans  les  sanc* 
tuaires    des   églises    grecques.    On    avait 
étendu  des  tapis  sur  tout  le  parquet ,  à  la 
réserve  d'une  place  carrée  au  milieu  de  la-* 
quelle  on  avait  fait  un  trou  et  rompu  la 
glace  pour  y  placer  une  éciielle ,  au  moyen 
de  laquelle  on  pouvait  descendre  dans  l'eau. 
Ce  bâtiment  était  environné  d'une  palis- 
sade ornée  de  branches  de  sapin  ^  et  l'es- 
pace entre  la  palissade  et  le. pavillon  était 
t^ulement  couvert  de  ta^is.  Un  échaikud 


P.E  s   VOYAGES.    '    45 

était  dre^  devant  le  palais ,  k  la  hauteur  s 


■r        • 


d'une  des  fenêtres ,  et  couvert  de  drap    R'»»*^ 
rouge  ;  il  s'étendak  jusques  à  ua  des  bouts 
du  canal> , A  l'heure  fixée  rimperatrice  pa- 
rut à  cette  fenêtre  du  palais.  L'archevêque 
qui  devait  faire  la  cérémoie  de  la  bénédic* 
tion  ,  passa  ^  suivi  d'une  nombreuse  procès*     ' 
sion  ^  le  long  de  l'ëchafaud  jusques  à  l'oc- 
togone. Après   avoir  prononcé   quelques 
prières ,  il  descendit  par  l'échelle  jusques 
au  bout  de  l'eau  dans  laquelle  il  plongea 
une  croix  avec  laquelle  il  fit  une  aspersioa 
sur  les  drapeaux  de  chacun  des  régimens 
qui   étaient  en    garnison   à   Pétersbourg* 
Après  cette  cérémonie  l'archevêque  se  re- 
tira^ et  le  peuple  se  jeta  sur  le  pavillon 
octogone ,  but  de  Teauavec  avidité,  en  as- 
pergea ses  habits ,  et  en  emporta  pour  pu- 
rifier les  maisons. 

Le  6  de  décembre  nous  fâmes  aussi  té- 
moins d'un  divertissement  singulier  que 
donnait  au  public  un  russe  qui  avait  ac- 
quis une  grande  fortune  en  prenant  à  ferme , 
pour  quatre  ans  seulement,  le  droit  de 
vendre  des  liqueurs  spiritueuses.  A  l'é- 
chéance de  son  bail  il  voulut  témoigner 
sa  reconnaissance  à  la  classe  du  peuple  qui 
avait  le  plus  ccnatribué  à  l'enrichir.  Pour 


4^    fîlS.rOÏRE  GlÉKÉ»AtÊ 

icc^A  U  hn'Awma^atte  ffiterpvi»  «du  jardin ^ii 
Rmw«  palais  <tV?téii  et  il  la  fit  jaofiODcer  par  âes 
)>illet5  ^i^tfl^ibnés  dam  la  ^Jfte«  i&ëairaiit  de 
cûonûîtoe  le^  mb&ura  et  let^  lu^agtes  de  la 
cation  5  M>t)#  ne  iM^g^eâmës  (pa»  trne  oo- 
CêBïOB  isi  favorable.  ÉtMiC  arrivés  «ur  la 
place ,»  à  fdeux  (hem'ea  apt^  midi ,  nous  en 
fines  le  ^tour  «et  nous  examinitnesles.pTé* 
parati*&  de  jk  iète.  Une  gisande  ta%le  en 
fiai*  à  <iieViail  -était  tcouwrte  de  toute  sorte 
de  pi^OYlsiottS  ^  entassées  airec  ime  extrênrie 
profiMÎoo  ;  c'était  de  '^andèa  tranches  et 
ptfiî«  et  de«cavîar  ^  des  esturgeons  secs^  des 
carpes  et  autres  poissons  en  grandes  piles, 
qui  (iguTAioot  des  maîsocis,  "des  pyramides , 
des  liftiigards  ;  ces  bâtimens  '  étaient  coa- 
verts  ^'écnevisses  ^  d'oîgnc«s>  deicen^ures 
att  sel  ec  au  'vîoaigre.  En  divers  endroits 
du  jardin ,  il  y  avait  des  rangs  de  barils 
d'f  att«^de-vîe  et  de  liqueurs  et  de  tonneaux 
de  vtn ,  de  bière  et  de  quass.  Une  im* 
mense  baldae  de  pdle^  cmiverte  d'une 
étofie  d  or  et  d'argent ,  attira  mon  atteo'* 
tîon  ;  elle  létait  remplie  de  pain  ,  de  pois- 
son sec  et  de  tout  ce  q«i  se  mange  en  ca« 
réme. 

,Or  avait  aussi  pourvu  i  ramusement  (h 
peuple  au  mojea  de  tovie  espèce  de  jeui 


DE3    VO  Y  A  GE  s,         47. 
et  éè  diverUssemeos.  Le  spectacle  de  cette 
iete  était  anime  et  fort  gai.  Plus  de  qua*    Vxmiift 
raote   mille  persooiies  des  deux  sexes  y 
prenaient  part. 

Notre  curiosité  étant  satisfaite ,  fious  pas-* 
sâmesdans  un  pavillon  du  jardin  où  étaient 
assemblés  celui  qui  donnait  la  fète  et  plu- 
sieurs personnes  jde  la  noblesse  qui  pre* 
naient  des  rafraicliisseniens* 

Oa  était  convenu. d'un  signal  auquel  le 
repas  devoit  comro^icer ,  mais  rimpatience 
du  peuple  ne  lui  permit  pas  de  1  attendre  ; 
il  se  mit  en  mouvement^  et  la  baleine  fut 
le  {H-emier  dbjet  sur  lequel  ii  se  jeta.  Elle 
fot  dépecée,  en  quelques  minutes  avec  tout 
ce  qu'elle  contenait  ;  d'abord  on  mit  en 
lambeaux  la  riche  éloflPë  qui  la  couvrait  ; 
et  on  s'en  empara  ;  ensuite  les  vivres  qu'elle 
contenait  lurent  au  pillage.  Le  reste  du 
peuple  renversait  les  hangards ,  les  mai- 
sons ,  les  pyramides ,  en  mangeait  les  dé- 
bris et  les  mettait  en  poche  en  même  temps. 
D'autres  s'attachaient  aux  barils  et  aux 
tonneaux ,  ei  armés  de  grandes  cueljilères 
de  bois ,  ils  avalaient  à  grands  traits  le 
vin ,  la  bière  et  Teau^de-vie.  La  confusion 
et  le  tumulte  qui  suivirent  peuvent  être 
mieux  imaginés  que  décrits.  Nous  jugeâmes 


48    HISTOIRE  GENERALE 

■  qu'il  était  de  la  prudence  de  nous  retirer* 


Rtuii*^  Le  soir  les  jardins  furent  magnifiqueraent 
illuminés  ,  et  on  tira  un  superbe  feu  d  ar- 
tifice. 

Les  bains  de  Tapeurs  ont  été  décrits  par 
tous  les  voyageurs  qui  ont  publié  des  re« 
lations  de  la  Russie.  Au  lieu  de  les  copier , 
)e  vais  rapporter  ce  que  j'ai  vu  moi^i-mènie, 

Nous  trouvant  un  jour  dans  un  village  , 
nous  entrâmes  dans  une  maison  de  bains  ^ 
et  nous  rexaminâmes  avec  autant  d'atten- 
tion que  Textrême  chaleur  qu'on  y  éprou- 
vait pût  nous  le  permettre.  C'était  un:  bâ- 
timent de  bois  d'une  seule  chambre  av«c 
de  petites  fenêtres  ^  comme  celles  d'une 
chaumière  ordinaire.  Une  vieille  femme 
préparait  te  bain  ;  et  comme  une  chaleur 
et  une  fumée  insupportables  ne  nous  per- 
mirent pas  de  rester  dans  la  chambre  une 
minute  ,  nous  nous  tînmes  à  la  porte , 
d'où  nous  obsei*vâmes  tout  le  procédé  : 
elle  fit  d'abord  du  feu  soùs  une  arcade  de 
.grandes  pierres  de  granit^qui  pouvait  avoir 
quatre  pieds  de  hauteur ,  et  quand  ces 
pierres  furent  assez  échauffées  ,  elle  jeta 
plusieurs  fois  de  l'eau  dessus ,  ce  qui  for- 
mait au  même  instant  une  abondante  va- 
peur i  alors  elle   retira  avec  deux   petits 

biïtuns 


•  I 


DÊâ    VOYAGES.         45 

l^atons  plusieurs  petitis  cailloux  rougis  au: 
feu,  et  les  jeta  dans  des  auges  pleines  d'eau  ^^•*** 
qui  s'échauflFerent  ainsi  h  differens  degrés. 
Une  demî-héure  après  -,  trois  hommes  en- 
trèrent dans  le  bain  où  ils  restèrent  pen- 
dant que  la  vieille  femme  continuait  à  je- 
ter de  Teau  sur  Tarche  de  pierre  >  ce  qui 
i-échauffk  la  chambre  à  un  degré  prodigieux* 
Alors  les  hommes  se  couchèrent  sur  une 
espèce  de  table  ,  et  la  femme  les  ayant  sa- 
vonnés >  les  frotta  légèrenient  avec  un  fais- 
ceau de  branches  garnies  de  leurs  feuilles. 
La  cUaleur  excessive  nous  avait  fait  sortir 
de  la  chambre,  et  bientôt  après  nous 
vîmes  les  trois  hommes ,  le  corps  couvert 
d'une  écume  d'un  cramoisi  très-vif,  qui 
était  l'effet  de  la  vapeur ,  se  jeter  hors  de 
la  ckambre  pour  aller  sur-le-champ  se  plon- 
ger dans  la  rivière. 

Nous  entrâmes  aussi  une  fois  dans  une 
maison  de  bains  à  Novogorod  ;  celle-là 
était  plus  large  et  plus  commode  ,  et  nous  ' 
pûmes  y  restei*  quelque  temps.  La  chambre 
était  garnie  d'un  rang  de  bancs  larges  et 
placés  comme  des  degrés  l'un  sur  l'autre  ^ 
presque  jusqu'au  plancher.  Il  y  avait  dans 
cette  chambre  environ  vingt  personnes 
nues  :  les  uns  étaient  couchés  sur  les  bancs  j 
Tome.  IL  D 


5o   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

il'autres  étaient  assis ,  d'autces  deboat.  H 
y  ea  avait  qui  se  frottaient  le  corps  avec 
Jin  savon  ou  avec  de  petites  branches  de 
chêne  dont  les  feuilles  étaient  liées  eosem* 
Ue  comme  une  verge:  quelques-uns  se 
•versaient  de  l'eau  chaude  sur  la  tète ,  d'au* 
4res  de  l'eau  froide;  un  petit  nombre  épuisé 
.par  la  chaleur,  se  tenait  en  plein  air  ou 
ae  plongeait  à  diverses  reprises  dans  le 
Volcof. 

C'est  avec  raison  qu*on  a  attribué  géné- 
ralement la  ibi*ce  et ,  ai  je  puis  ainsi  par- 
ler,  la  dureté  du.  tempérament  des  Russes 
à  cet  usage  où  ils  sont  de  passer  subite- 
ment d'une  chaleur  extrême  a  un  froid  ex- 
trême ,  lorsqu'ils  se  baignent  :  cependant 
d'autres  causes  concourent  à  produire  le 
méqie  e^t.  Les  paj^sans  changent  d'habits 
sans  faire  la  moindre  attention  au  change- 
\BAent  de  la  température  ;  on  les  voit  le 
même  jour  vêtus  d'une  simple  diemlse  et 
de  calcons ,  ou  enveloppés  dans  les  habil- 
iemeos  les  plus  chauds.  Les  Jits  sont  pour 
eux  un  luxe  absolument  inconnu  ;  ils  dor- 
ment quelquefois  sur  le  haut  de  leur  poile, 
quelquefois  sur  le  plancher,  habillés  ou 
presque  nuds  ;  leurs  chaumières  sont  d'une 
êhaleur  excessive  k  causie  du  grand  nooi- 


DES    VOYAGES.        5i 

bre  de  personnes  qui  y  sont  rassemblées 
dans  un  petit  espace ,  et  parce  qu'ils  chauF-  auuig^ 
lent  leur  poile  continuellement ,  même  au 
milieu  de  l'été  ;  de  jnanière  que  quand  ils 
sortent,  c'est  presque  comme  s'ils  passaient 
d'un  bain  chau4  en  plein  air.  Les  encans 
«ont  élevés  k  la  dure ,  et  dès  le  plus  bas 
âge  accoutumés  aux  extrêmes  opposés.  Il 
nous  arrivait  rarement  de  passer  dahis  un 
village  sans  y  voir  des  enfkns  courir  dans 
les  vues  y  ou  s'ils  ne  pouvaient  encore  mar- 
cher ,  se  tenir  à  la  porte  de  leur  maison  , 
sans  autre  habUlemept  que  leur  chemise , 
/nême  lorsqu'il  plçuvait  ou  qu'il  gelait, 
d'est  ainsi  que  le^  Russes  s'endurcissent  à 
supporter  toutes  les  vicissitudes  du  chaud 
«t  du  froid. 

Le  trois  février  1779  nous  partîmes  dp 
Pétersbburg  vers  le  soir ,  et  ayant  marché 
toute  la  puit ,  nous  arrivâmes  le  jour  sui* 
vant  à  Wibourg.  Voici  les  précautions  que 
l'avais  prises  contre  te  froid.  J'avais'  un 
habit  complet  de  droguet  de  Bath  doublé 
de  flanelle  ^  deux  paires  d(}  bas  de  laine 
d'Angleterre, des  pantoufles  que  je  mettais 
dans  des  botte^  doublées  de  flanelle  ,  lors- 
que j'étais  en  route ,  et  que  j'ôtais  en  arrî- 
vant.  Si  le  froid  -avait  été  extrêmement  ri- 

D  % 


5i    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

S555-5&  gciureux  ,  je  me  sei'aîs  servi  d'une  leipëce 
Rustie;  d'étiii  de  peau  de  mouton  tourné  en  de- 
dans f  dont  je  m'étais  pourvu  pour  cha* 
cune  de  mes  jandbes  ^  et  qui  était  assez 
large  pour  les  loger  avec  mes  bottes ,  et 
assez  long  pour  atteindre  jusqu'à  ma  veste. 
Je  m'enveloppais  de  plus  d'un  grand  man- 
teau doublé  de  peau  de  mouton  ,  sur  le- 
quel je  plaçais  encore  au  besoin  une  large 
pelisse.  J'avais. un  manchon  de  peau  d'ours, 
et  ma  tête  était  couverte  d'un  bonnet  de 
velours  piqué  de  soie  et  de  coton  -,  qui 
descendait  sur  mes  joues ,  s'attachait  sous 
Je  menton  ,  et  pouvait,  s'il  en  était  besoin, 
me  couvrir  tout  le  visage.  Avec  cet  accou- 
trement j'aurais  pu  défier  tous  les  climats 
de  la  Laponie ,  vers  laquelle  nous  diri- 
gions notre  course. 

Notre  équipage  était  composé  de  huit 
trainaux, en  j^  comprenant  ceux  qui  étaient 
destinés  au  bagage.  Les  chemins  étant  fort 
étroits  ,  chacun  de  nous  avait  son  traîneau 
particulier.  Nos  traîneaux  étaient  en  partie 
ouverts  ,  en  partie  fermés.  Ils  avaient  la 
forme  d'un  berceau.-  La  hanne  qui  les  cou* 
vrait.et  projetait  de  deux  pieds  sur  le  de- 
-Vant ,  était  ouverte  au  Bout ,  et  pourvue 
âe  rideaux  qu'oa  pouvait  fermer. daos  It 


•   D  E  s    V  O  Y  AGES.         6S 

mauvais  temps.  Elle  était  couverte  en  de- 
hors de  nattes  et  de  peaux  huilées.  Au  *"•«•• 
dedans  c'était  une  grosse  toile.  Dans  Finté** 
rieur  était  un  matelas  ,  un  lit  de  plumés  ^ 
une  couverture.  Je  m'y  couchais  quelque 
fois  entièrement ,  quelquefois  je  m'y  tenait 
jissis  les  jambes  croisées  comme  un  ture« 
D'autrefois  je  pouvaîîj  m  élever  sur  un  siégé 
ibrmé  par. deux  coussins.  Cliaque  traîneau 
était  tiré  par  deux  chevaux  ,que  le  peu  de 
largeur  du  chemin  obligeait  à  atteler  Tua 
devant  l  autre*  On  fait  ordinairement  dans 
ces  voitures  six  à  huit  milles  par  heure; 
àpeînes^pperçoit-on  d'aucun  mouvement 
sur  la  neige  battue  qui  forme  les  chemins  ^ 
et  jamais  je  n'ai  vojagé  avec  autant  de 
commodité. 

Quoique  nous  allassions  la  nuit ,  et  qu'il 
n'y  eut  point  de  clair.de  lune  »  une  aurore 
boréale  ^  et  la  blancheur  de  la  neige  notis 
procuraient  une  espèce  de  crépuscule  font 
agréable.  Le  sentier  que  nou«  suivions 
n'avait  guère  plus  d'une  verge  de  lar- 
geur, (i)  Le  sol  en  était  deux  ou  trois 
pieds  plus  bus  que  la  neige  des  deux  coté», 
et  il  était  durci  par  les  traineauac   et  les 


^    I  II  I  I    ■      I»       I        ■  ■   I   mmm^mmmm 


(il  La  yecgc  p$t  une  mesure  égale  à  troi&piedi^ 

D  3 


64    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

1»  chevaux  qui  nous  avaient  j)récédés.  Quand 
Jteuie;    deux  trainaux  se  rencontrent ,  les  cfievàux 
qui   sortent   du    chemin   s'enfoncent  ju$* 
qu'aux  sanglei. 

Lfe  4  février  nous  arrivâmes  à  Wlbourg 
à  midi.  La  Finlande  russiënne  qui  appar- 
tenait ci-devant  aux  Suédois  ^  fût  cédée  à 
la  Russie ,  en  partie  par  la  paix  de  Nys- 
tadt  en  172 1 ,  et  en  partie  par  \t  traité 
d'Abo  en  1743.  Cette  province  jouit  encore 
de  la  plupart  de  ses  privilèges.  EHé  {)r6- 
duit  de  bons  pâturages ,  du  seigle  ^  cl^ 
J  avoine  et  de  Torge.  La  religion  du  pîflys 
est  la  luthérienne.  Cependant  lès  Ru^es 
y  ont  tdtroduit  leur  culte. 

Wibourg  qui  est  la  capitale  de  la  Finlande 
russe  est  une  place  forte  ,  etTon;^  cddipte 
environ  lieuf  milles  habitans.  Il  J  ^  quel* 
ques  maisons  de  briques  ^  tnais  k  |)liipai't 
sont  de  bois.  C'est  là  qu'est  le  ptineipàl 
commerce  de  la  province. 

Le  pays  que  nous  traversâmes  le  tende- 
-mâiaoffi'ait  une  succession  de  cdllineé  et 
de  vallées  ,  couverte  de  fdrêt^  dé  ^pid^» 
et  de  hêtres^  interrompues  fréquemment 
par  des  lacs  et  parsemées  d'àrie  gr^knilb 
<}uantité  de  rochers  de  granits  brisés  ,  et 
qui  avaient  Tasr  de  débris  et  de  ruined  de 


DES    VOYAGES.         55 

montagnes.  Il  n'y  arait  cette  nuit  ,m  elaîr 

de  lune  ni  aurore  boréale ,  cependant  la    V^êtSu 

neige  Suffisait  pour  répandre  une  grande 

clarté.  Nos  traîneaux  Faisaient  l'eSet  të  plu» 

pittoresque   lorsqu'ils    tournaient    autour 

d'une  colline  de  neige  ou  se  suivaient  en 

droite  Hgne  sur  la  surface  des  lacs  gelé^* 

Le  silence  de  k  huit  était  i^itérrompu  do 

ten>ps  en  temps  par  les  cantiques  que  lio» 

postillonà    cirantaiént    sol*   àe9   airs    fort 

simples  ,  mais  agréables.  Je  charmai»  Ten^ 

nui  d'une    longue  route  en  écoutant  ce* 

«hdnts    répétés  au  loin  par  le»   écbo»  àe» 

forets ,  en  admirant  ce  spectacle  noôturn» 

et  singiilier  ^  ou  en  sommeillant  dans  mol» 

iraîneàu  ansÈî  bien  c|ue  j'eusse  pu  le  ïatif9 

^  dans  un  lit.  LVir  était  fort  Abvix  pcmr  la 

saison  ,  le  mercure  était  à  peine  h  minuit 

à  trois  dégrés  au  -*  dessous  du  point  de  1» 

congellatiôn. 

Le  6  février  ^  nous  arrîVômei»  le  ntatiii  Jr 
Ftederiihamrt.  Quand  celte  ville  apparte- 
nait aux  Suédois  ^  ce  n'était  qu'un  pelit 
village.  Lek  russes  Tont  foriifiécf  pour  atti- 
rer les  frontières  de  la  partie  de  la  Fin^ 
lande  qui  leur  a  été  cédée  par  la  paix 
d'Abo.  La  ville  est  petite  et  régulière*. 
Toutes  bê  maisdns  ^à  la  iéserte  (Tune  seule  ^ 


56    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

qui  est  de  briques ,  sont  bâties  de  bois ,  mai» 
FuMie.  très-proprement.  Les  habitans  font  un  pe- 
tit commerce  avec  les  anglais  et  les  hollan- 
dais. Ils  leur  vendent  des  planches  et  du 
suif,  et  en  reçoivent  du  sel  et  du  tabac. 

Le  gouverneur  de  Wibourg  nous  ayant 
déjà  recomandé  au  commandant  de  celle 
place  ^  celui-ci  vint  aussitôt  nous  rendre 
visite  avec  les  ofTiciers  de  sa  troupe  et 
nous  invita  à  dîner.  Ces  attentions  sont 
toujours  fort  agréables  aux  vo^^ageurs.Mais 
l'aflireuse  saison  dans  laquelle  nous  éiion» 
rehaussait  encor  le  ])rix  des  soins  qu'on 
avait  de  nous.  Notre  hAte  était  un  viel  offi« 
cier  allemand  qui  avait  beaucoup  de  ser* 
vice ,  homme  plein  de  cette  franchise  qui 
caractérise  les  ancrens  militaires,  et  qui  en 
nous  régalant  a  merveille  ,  égayait  le  repas 
par  la  vivacité  de  sa  conversation.  Le  plan- 
cher de  l'appartement  au  lieu  d'être  cou- 
vert de  tapis ,  l'était  ,  suivant  l'usage  da 
p«ys  ,  de  petites  branches  de  sapin  qui  , 
quand  on  les  broie  répandent  une  agréable 
odeur  et  donnent  k  une  chambre  an  air 
de  propreté. 

Le  7  février,  de  Frederishamn  nous 
continuâmes  notre  voyage  à  travers  un 
pays  rempli  de  collines,  de  forêts  et  dp 


/ 


DES    V  O  Y  AGE  S.         67 

lacs ,  et  après  avoir  fait  trente-quatre  mi  lies ,  < 
nous    nous  trouvâmes  aux   frontières  de    Ru"«. 
l'empire  de  Russie* 

Les  paysans  de  Finlande  diffèrent  extrê- 
mement des  Russes  par   leur  air  et  par 
leur  habillement.  Us  sont  blonds  pour  la 
plupart,  et  plusieurs  ont  les  cheveux  rou;c  ; 
ils  se  rasent ,  portent  leurs  cheveux  qui  se^ 
)>artagent  au  sommet  de^la  tête  et  des- 
cendent de  là  fort  bas  sur  leurs  épaules  ; . 
au  lieu  que  les  Russes  ,  ont  en  général  le 
teint  brun ,  les  clieveux  noirsqu'ils  coupent 
fort  court  et  portent  la  barbe.  Us  sont  aussi 
en  général   plus  civilisés  que   les  Russes., 
Dans  les   plus  petits  villages  de  Finlande 
nous,  pouvions  plus  aisément  nous  procu**. 
rcr  des  commodités  que  nous  ne  l'avions» 
pu  dans  les  plus  grandes  villes  de  Russie.     > 


•         « 


/ 


fie    HISTOIRE  GÉNÉRALE 


CHAPITRE    IV^ 

Précis  du  règnb  de$  Sonuétains ,  depuis 
Pierre  /.*'  Ju$^u^à  Catherine  II  p  in* 
elusiuement. 


n 


èu»  )aiMcH>nfl  le*  prédécesveui*»  de 
BttMif.  Pieri'e  I>'  dan»  rdtibli  oil  ils  Mut  plbng^^ 
\iO\xt  ndUK  oeeupet*  d6  c^lui  qui  tirant  «oit 
pays  de  Id  barbarie  t  a  donné  les  n\6yenÈ^ 
de  Tëleter  à  <*e  A^f^té  de  puissance  ofa 
neus  )é  voyons  aujouM'hul. 

Pleure  Alexfowitst ,  hé  en  i^^t  i  était 
de  la  maison  de  Romande;  Le  premier  de 
cette  tahnillei  (çfand  père  dtt  casaf  Pi<<rre, 
était  Mkhel  Féderwit^yélùen  tôi^lf  Tiigo 
de  i5  ans.  Pierre  fut  nommé  C/ar  en  16U2, 
mais  son  frère  Ivan  lui  fut  bicnlAt  associé 
par  les  intrigues  de  Sophie  leur  sœur;  elle 
porta  à  la  révolte  leBStrelit^iet  après  qu'ils 
eurent  commis  toutes  les  horreurs  dont  est 
capable  une  soldatesque  sans  frein ,  elle  se 
fit  nommer  co-régente avec  les  deux  princes. 
Lorsqu'elle  eût  tiré  de  cette  révolte  tou» 
les  fruits  qu'elle  se  promettait ,  qu'elle  eût 
sacrifié  tous  ceux  qui  lui  taisaient  ombrage. 


DES    VOYAGES.        69 

elle  osa  louer  publiquement  et  rtfcbiiipeii^ 
eer  les  complices  de  ses  forfaits.  Péadâtit    tiUiS. 
plusieurs  années  elle  régna  i*éellement^ 
son  ëfBgie  était  sur  les  monnaies  areè  celU 
des  deux  princes  1  sa  signature  partout 
Une  nouvelle  révolte  des  Strelltz  eut  lieu 
en  1684  ;  elle  avait  pour  but  de  détruira 
la  maison  régnante  :  on  croie  qu'elle  fut 
excitéfe  par  lé  chef  des  Strelitz  ;  quoi  qu'il 
en  soit ,  elle  fdt  étouffée  et  lés  coupableé 
punis.  Le  prince  Bazile  Oatitzin ,  favori  dft 
Sophie, fut  nommé  général  contre  les Tix^ 
tares  ;  il  ne  fit  rien  >  Veut  aucun  sucfcès, 
ce  qui  ne  Tempècha  pas  ^  âu  retour  dé  se§ 
canipagnes  1  d'être  applaudi  par  Sophie  et 
ses  partisans ,  mais  nullement  par  le  Qzatr 
Pierre  qui  avait  toujours  désapprouvé  Ife 
choix  de  ce  général.  Une  troisième  révoltto 
excitée  par  Sophie  fut  aussi  afrètée  ;  lék 
chefs  furent  punis  avec  là  dernière  rigueur; 
le  prince  Gdiitzin ,  amant  de  Sophie ,  dbtint 
la  vie  I  et  mourut  en  e^lt  du  6out  de  H 
ans.  Sophie  fat  enfermée  ddns  utf  monas^ 
tère  ;  Pierre  alors  régna  seul  i  Ivan  ajrank 
mené  jusqu'à  sa  mort  ube  vie  privée.  Nous 
ne  parlerons  pas  des  soins  que  se  donna 
Pierre  pour  créer  une  armée,  de  sa  guerr» 
contre  les^  Turcs  >  de  la  prise  d'Azoph^  WK 


Kiusie. 


60    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

Le. Fort,  son  ami,  général  et  grand  amU 
rai  lui  fut  d'un  grand  secours  ,  mais  il  ne 
}aida  pas  long-témps  ,  et  la  mort  de  ce 
grand  homme  arrivée  en   1699 ,  fut  une 
perte  réelle  pour  le  prince  et  pour  TEtat. 
Il  mourut  pauvre,  malgré  le  rôle  qu'il  avait 
)Oué  :  c'est  un  grand  éloge, 
;   Pierre  allait  .partir  pour  ses  voyages  ^ 
lorsqu'en  rôgy  ,  l'implacable  Sophie  trouva 
]e  moyen  ,  dans  sa  prison,  d'entretenir  une 
.cor>*espondance  criminelle  avec  des  Boyars 
^t.  des  officiers  des  Strelitz  ,  le  Czar  dé- 
dirait être  assassiné.  Ce  complot  fut  décou- 
;Vert ,  les  coupables  furent  livrés  au  sup» 
plice ,  et  Sophie  ^  par  un  nouvel  effet  de 
•)a  clémence  du  czar ,  fut  seulement  renfer- 
inée  plus  étroitement.  Rien  ne  s'opposant 
•plus  au  projet  de  Pierre ,  îJ  partit  en  1697  , 
rvi&ita   la  Hollande  et  l'Angleterre ,  où  il 
^'it  des  notions  les  plus  étendues  sur  la 
5)pnstruction  des  vaisseaux.   Personne  n'i- 
^ore  qu'il  travailla,  lui-même   dans    les 
4fhantiers  de  Saardam  ,  et  00  .y  voit  encore 
Ja  maison  qu'il  a  occupée  ;  uj\e  nouvelle 
révolte  des  Strelitz  lui    fit-  abréger    son 
A^^yage  ;  il  revint  à  Moscow  en  1698.  Son 
^mi  Lfe  Fort  eut. assez  de  pouvoir  sur  son 
jeiprit  pour  sauyer  la  cr  imîneU^  Sophie  que 


DES    V  Ô  Y  AGES.        6f 

la  clémente  de  -son  frère  semblait  enhar^^i 
diràdenouveaiixcrimes.  La  juste  vengeance  ftasiiel 
da  czar  se  borna  aux  sëditieiix ,  elle  fut 
terrible  ,  après  quoi  le  corps  des  Strelltz 
iîit  cassé  à  perpétuité.  Cette  milice  aurait 
mérité  ce  traitement  beaucoup  plutôt       ^ 

Enfin  f  en  1700 ,  le  c:^r  s'unit  aux  rois  de 
Danemark  et  de  Pologne  »  contre  Charles 
XII  à  peine  sorti  de  l'enfance ,  et  ils  enta-' 
mèrent  cette  guerre  qui  ruina  la  Suède  ; 
détrôna  Auguste  ,  mit  la  Russie  à  deux 
doigts  de  sa  perte.  Cette  guerre  souverai-  '  > 
Dément  injuste  dans  son  principe ,  valut 
au  czar  plusieurs  provinces  sur  le  goite  de 
Finlande ,  et  lui  donna  les  moyens  d'élever 
cette  nouvelle  cité  aujourd'hui  capitale  de 
Fempire,  où  il  n'y  avait  au^ommeocement 
du  dix  •  huitième  siècle ,  qu'un  marais  et 
quelques  cabanes  de  pêcheurs.  On  voit  dans 
les  différentes  actions  de  cette  guerre ,  que 
les  Russes  en  agissaient  avec  les  Suédois  / 
comme  ils  faisaient  avec  les  Tartares ,  brû* 
lant  et  saccageant  tous  les  pays  par  où  il^ 
passaient.  Cette  cruelle  méthode  ne  les  a 
pas  tout'à'fait  abandonné  y  et  c'est  là  une 
des  parties  dans  lesquelles  ils  sont  .encore 
excessivement  reculés.  ^ 

Après  Pultava ,  le  czar  fut  délivré  d'ua 


^«    HI^TQîRE  GENERALE 

ennrmi  dangereux  dans  la  personne  de 
^^'  Ckarleç  XII  :  mais  ^a  171  ï  ,  les  Turcs  , 
poussés  pjir  Charles  ,  lui  déclarereot  la 
guerre.  L^  czar  ayant  manqué  de  pré- 
YOy^nice ,  sjr  trouva  enfermé  afi  Pruth  par 
une  armée  formidable  ;  il  eut  la  prudence 
de  capituler ,  et  le  bonheur  de  faire  là  paix, 
ee  qu^îl  dut  à  cç  que  les  avis  de  Charles 
ne  forent  p^s  écoutés.  Beaucoup  d'auteurs 
i^e  conviennent  pas  que  cette  heureuse  ca- 
pitulation soit  due  àu%  conseils  de  Cathe* 
rine ,  et  ils  s^^ppuient  avec  raison  sur  le 
'  journal  du  c^ar  qui  n'en  dit  rien.  Il  parait 
constant  que  si  le  grand  visir  eût  connu 
V^at  de  détc^ss^  de  larmée Russe , Pierre 
le  s'en  fut  pas  tiré  à  si  bon  marché.  Il  per* 
dit  la  plus  grande  partie  de  son  arméis  dans 
cette  campagne,  s^ns  avoir  livré  de  bataille 
»ngée.  Le  c«ar  profita  de  l'absence  de 
Cb^^rjes  X\l  et  de  la  faiblesse  de  la  ^ède 
pour  semp^rer  de  la  Finlande  et  de  plu- 
sieurs îles  :  mais  en  17)6  ,  il  fit  la  paix  avec 
Charles  par  l'entremise  du  baron  de  Gœriz. 
]L.'année  suivante  ,  Pierre  par^t  pour  la 
France  ,  où  il  fut  reçu  comme  il  devait 
Fétre  ,  et  où  il  continua  de  satistaire  soa 
goût  pour  les  arts  et  pour  toutes  les  con* 
MÎWani^fSt  miles  4  son  pajs* 


p  E  8    VOYAGES.         68 

Nous  yoicj  arrivés  k  use  époque  terri** 
We.  En  1718  ,  Pierre  préyov«iut  qu'après    *«•»• 
lui  son  fils  annullerait  tout  ce  qu'il  avait 
fait  pour  le  bonheur  de  ses  pepples ,  le  fil: 
juger  sur  de  prétendus  crim^  c|ui  n'ont 
jamais  été  claineqaetit  prouvés  ,  nnalgré  le 
^raod  nombre  de  victimes  in?molées  comme 
ses  coipplices.  Alexis  n'avait  sans  doute  au- 
cun des  talens  nécessaires  à  l'administra- 
tioo  d'iio  grand  empire.  L'amour  bien  na- 
turel du  çzfir  pour  son  ouvrage  ,  lui  mon- 
trait danf  ^ofi  fils  up  successeur  indigne 
4e  Iffi  ;  et  ^ oçs  ce  point  dp  yue ,  il  est  dif- 
ficile ^e  blfoier  ]e  czar ,  mais  il  était  sur 
«in  trône  pvi  la  succession  n'était  fixée  par 
aucune  lui ,  et  conséqiicnunent  3a  volonté 
suffisait  pour  en  écarter  celui  dont  il  con- 
nai^ait  l'inaptitude.  Il  devait  donc  se  cou- 
lenffsr  4^  (a  renoncia^on  fprmejle  de  ep 
iiial|ipureiix  prince ,  et  ep  assurer  l'e^Kécii- 
tjop  par  ^es  moyens  qui  Qopt  toujours  daiis 
les  m^ns  d'un  ^Quvisrain  absolu.  Les  ail- 
leurs qui  ont  vpulu  jusiifier  Pierre ,  4)^^^^ 
,qu'il  nç  ft'e$t  porté  à  cette  ^xfrjéi^îté,  que 
par  la  pri^inte  qu'après  s^  iport  son  fils  n^ 
se  fit  ijn  parti ,  quoiqu'élqigpé  du  tr^Rp, 
et  ne  livrât  l'empire  aux  iiprretir^  d'une 
i;j}ÇCfFiftfÊSÎW?-Gç^te?#î>Pfl  9M*  %t  liij»ule 


754    HISTOIRE  GÉNÉÉAtË 

admissible^ peut  paraître  plausible  au  pre-« 
Russie,    niîer  coup  d'œîl  ;  mais  on  la  trouvera  bieh 
"faible  si  Ton  considère  combien  il  eût  été 
important  à  celui  qui  eût  régné  à  sa  place  , 
et  surtout  combien  il  lui  eût  été  Facile  d*ar- 
jrêter  un  pareil  complot.  D'ailleurs ,  en  le 
iaisant  moine,  il  n  j  avait  plus  rien  à  crain- 
dre et  plus  d'excuse  pour  Pierre.  Les  règnes 
suivans  ne  peuvent  laisser  aucun  doute  sur 
notre  assertion.  Ils  ont  clairement  prouvé 
-que  les  légitimes  souverains  de  Russie  n'é- 
taient plus  à   cralndi*e   quand  ils   étaient 
remplacés.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  malheureux 
•Alexis  fut  condamné  à  mort,  et  mourut  ou 
de  douleur  ou  de  toute  autre  cause ,  avant 
que  Tarrôt  fût  exécuté.  Quoique  plusieurs 
relations  le  disent,  malgré  la  férocité  coa« 
nue  du  caractère  de  Pierre ,  nous  ne  croyons 
pas  qu'il  ait  été  lui-même  le  bourreau  de 
son  fils.  Nous  le  disons  à  regret ,  mais  cette 
époque  de  la  vie  du  czar  est  une  tache  éter- 
nelle à  sa  mémoire  ,  et  dont  rien  ne  peut , 
le  laver  aux  yeux  de   la  postérité.  M,  Le 
Clerc  ,  dans  son  histoire  de  Russie  ,  s'est 
fort  étendu  sur  cet  événement  ;  ses  détails 
•sont  précieux,  mais  atroces  :  qu'on  les  lise 
et  qu'on  juge  d'après  soi. 
>    Le  czar  ayant  recommencé  la  guerre  coii- 

tre 


D  E  S'VO  Y  A  GE  s.-;     65 

tre  la  Suè^de^  quelque  teoips. après  la  mort 
«de  Charles  XJI ,  la  termina,  en  1721 ,  par    !&«•«•• 
le  traité  d'Âbo^en  giavdant  plusieurs  pro* 
vinces.  Cette  même  année  ^  il  fut  reconnu 
empereur  par  3es  sujets  et  p^r  les  puis* 
sances   de  l'E^urope,  le  Danemarck  excep*  • 
té.  Depuis  1716,1!  s'occupa  des  affaires  in? 
térieures  de  son  empire  ;  il  étal^lit  des  ipa? 
nuFactures ,  il  créa  des  lois ,  fit  des  règje? 
mens   sur.  tous   les  objets ^  et  fonda  i)ne 
multitude  incroyable  d'établissemens  ,  I^ 
diflPérens  collèges  ou  conseils ,  les  chancel- 
leries, les  tribunaux,  etc.  Il  augmenta  pror 
gi^ssivement  sa  capitale,  il  creusa  le  canal 
de  Ladoga,  conquit  plusieurs  provinces  de 
Perse,  où  il  se  transporta  en  personne  à  la 
tête  de  son  armée  :  mais  le  climat  le  força 
dy  renoncer.  U   institua    l'académie    des 
sciences  et  mit  ses  armées  et.  sa  marine 
créées  par  lui ,  sur  un  pied  respectable.  En 
17^4,  ce  prince  fit  couronner  Catherine  à 
Moscow  ;  mais  peu  après  ayant  eu  à  P^ter- 
hoff ,  des  preuves  de  son  infidélité,  il  ^'ea 
repentit  sans  doute.  Soa  épouse  fut  épar- 
gnée ,  mais  le  malheureux  amant  Moens 
eut  la  tête  tranchée  sous  un  autre  prétexte. 
Pierre  mourut  en  ijs.b,k  Y  âge  4e  cinquaur 
te-deux  ans.  .  : 

tTomc  IL  E 


Il  faflait  bie»  €\tle  la  tîàttite  é&t  fyriné 
Ple^rré  L«'  pott  èli^e  te  ci^ateor  ,   le  i-é* 
Hàittïàteuv ,  U  té^^hteW  dé  goa  empire , 
ptiièqd'en.rtdÂtcCtit  $ur  lé  tt^ône  «  il  ëentit 
que   la  ciVilfeaUon   était  son  Outragé^  et 

'  ^'«'il  Fefit  loi-tiièrfté  soù  éducation,  il  s*eû 
fyïlsh  beaucotriyqaé  celle  qtfil  avait  reçue, 
eât  été  dfgùé  de  sôd  géhie^  Sot)hié  aVait 
tklt.  toiis  dei  efforts  pour  rérouffef. 

H  trouta  la  Russie  pritée  dei  sciences  ei 
d^afts,  qiff  éclairaient  et  enibellisslaient 
lé  l'éste  dé  FEufôpè.  Elle  avait  btesoîn  d'uri 
t^édteur  qui  fetat  danrs  son  èetn  les  foa- 
dêmfeh^  d'»n  ùouvel  empire  ;  elle  avait  be- 
Idiô  d'uii  Pi-drtïethée  qtii  alliirtiat  et  nour- 
Ht  le  Feu  des  ai^s  dans  un  sol  ingl-at;  elle 
âVait  besoin  de  nouvelles  mœurs  ,  de  nou- 
velles lois  ;  il  lui  fallait  un  rëformatéur  et 
un  légîslâtedr.  Ses  troupes ,  Sans  ordre  et 
tiatis  discipline ,  devaient  êf  re  soumises  aui 
tèglès  d'une  savstûte  tactique,  et  formées 
Il  Ta  tictôire  par  leurs  défaites.  Ses  mers 
*|jré^que  dés'ertes  devaient  se  couvrir  de 
îaisâeatix;  et  leirr  construction  était  igno- 
Téê.  U  fallait  dotrc  que  le  créàteuF  et  le 
•promethéè ,  qui  voulait  chàtigcr  la  face  du 

'î^oùveraertient  et  polîcer  sçs  ^jels  ^  en 
leur  dçnnant  l'exemple^  se  soumit  lè  pré- 


litefe   t  dV  A(J  ES.        ^' 

mitt  âUk  ë()i'ëiivéè  lông^ties  «t  fàti^dutes 
d'tilie  âiscipflinè  séTèré;  tt^à'ilât)pfrit  à  coiiè^  Bî^it, 
ti-uîre  des  vài^seatix^  qu'à  fui  gnéMët^^ 
màtia  /pôlkiqiié  habile»  pour  «^sUirei'lè^ 
foùdétnëiis  de  ià  puîssanbé  'ti  là  faiihé  iréi^^ 
pecter  dé^é^  Voisitis;  \Jû  séUl  IiditiAlè  dé^ 
vaît  p^odWi^  cette  etôùn^nte  rëVoïuHtW; 
Où  i^tàii  péiùè  II  lé  croire  ,  si  6tnï^  hWiùïïi 
pài  Vkrknlkgë  dé  cite^  dés  faits  qtri  té  totttf 
J^as^'^  pdiii^  àitiéî  dire  »  dé  nos  fbdirè^  tét' 
qûë  pék-kfotf né  tté  pëiit  cotitè^fét*. 

Piéi^re  le  GtànA  ,  d'dik  èéptit  tfôp  périé-^ 
trànt  jfîdnr  Âe  pas  àpfercévôîi*  &  U  fbîs  é£ 
te  àkid  et  ëés  cduéeè ,  prit  toUs  le^  scAûH 
imaginables,  et  adopta  les mesitF^ lés  j^ltilÉf 
&ges  pour  améIiol*er  Te  tort  d'un  éntt)^re 
iï  puissant  pài^  tdùi  d'ititré^  élrcbriètairbék  i 
pour  diéliVrét"  gfâdtiéltérhéût  èë^  sujété  dtf 
joug  dé  lâ  barbarie  ;  ponr  i^pandi^è  dé  ftitli^ 
tàtéi  la.Iuoiièk-e  vivifiahié  dés  sciences  éf 
des  arts;  pour  découvrir  les  ti'ëSors  es- 
ches daAB  ses.  dolniîdès»'  et  ptiut^.ibiirnir  à 
l'agriculture  les  instructions  et  les  secours 
propl^es  à  là.  faire  Âeurii*.  On  §dit  c^û'il, 
tbyagea  daii^  plttsîenrs  pays  dé  l*Ëufo^ë; 
pour  acquërîr  lés  dontiai^sàtités  doht  Vaph 
plicatioA  pôutait  êtt-e  là  plus  utile  à  iëi 
États.  .  :        .       i^ 


•  •  •         k     •& 


,v  )|En  supposât  que  ce  prince  eût^p^ise  se% 
îdççç  de  fjérprme)  daqs.  ses  en|Lr€;tj^^^s  fyé^ 
oi^ens  ave.c*lé3  étrangers,. on  ^^ra  ïpricé^^o 

^PJ^^^m/i^'A  .ffll^ir*  Piçr^e  I;erje  fçnds 
de.  toxif  les  jvy^is,.Jt9len«,.via  esprit  juste» 
une  x^once;ptiqn  ai^é^  ,.une  harçUesse,  une 
fe^*meté  et  une  activité  surprenantes ,  pour 
sentir  la  nécessité. et  TuitilLté  desxonseiis 
îf?j\  depaap^dai^  ,  qi?  que  .lui  doni^i^j^t  les 
étraagers^  ses  fayorjsi  Pierre  possédait  en- 
core deux  qualités  énainente^daxisuxi  prince, 
un  grapd  amour  pqur  la  ji^ce  ,.;et  pn 
tact  assiu*é  pour  juger  les.  j^oxan^es»  et 
distinguer  ceux, ;ei^ qui  il.dçyaj^t  metitrie  sa 
QOflfianc^^  ,  .  •;.'   '  ' 

^,, Ce, prince  avait  un  tempéramment  ro- 
buste  ,  qui  .Iç  rei^daiç  prppi^f;,,^  tous  les 
^ii^rcîces^à  tous  les  ti^avaux;  sa'.^illq  était 
«vai;itafi;euse  et  bien  ibrmée  :  sa  figure  :  maie 
c^  noble  ;  et  rénejçgie^e  spn  ame  Repeignait 
daijis  ses  y  çux.  ».  : 

C  A  THE  RÎKE  J^«.: 


f        I  «     • 


r  '     • 


Pierre  J.«^ ,  poussant  Iç  despotisme  aussi 
loin  qu'il  pouvait  aller  ,. avait, fart  .upe  loî 
qui  jaytorisait  le  souverain,  a^ désigner  son 
successeur  à  sa  volonté.  Cette  loi  était  fa- 
«ile  k  éluder  dahs  un  paj$  où  le  monai*que 


DES-  y  0'rÂ\f^ÉSJ  ^  <& 

estant  né  rëgaii^e  tpu?  ce  ()ti*çJiiï*faît'%%^ 


le  cas  où  son  intérêt  1^  eti^gagè ,  ott  lar  fr^ffi- 
tîfutîon  Aia1î)4%c^  du  ^b^ 
garantfe  jikt  rtéri. '  Cepefidaii<?Tâ^8?^ëtaA 
faite,  adopteV;  et* îl  semblé*qrf^^;ie^liYt«** 
pas  au  îégîslâmjf  à  j  liiattVinéf  lè'^MAÎéW. 
Pierre    méif A 'éàtn^  ^'ésfi^nt^* Hà^  snccéfe- 
seur ,  saris  sav6îi*'qttî. occ*tij5«^'a  son^  trÔHK. 
Ce  ibo^tqiie  faft!pé^îf;sôfa\!fl,V;'j^ 
son  sceptre  ne  tombe  pas  ÉiaTî's*'flft' ferlons 
qui  en  étaient  îndigties.-H*ëtnuffè^|uKqu'âdk 
sentîmens  pât€fi*il€is,  par'!aÂîdut']Sotif  s^oh 
ouvragé.  îl  craîbtiqïré  âiiS'X^àvduic  glorîetf- 
sèment  pénîbléf  né  soient  pas  doriHnû^s  ;  èk 
ce  prince»  au  KéÙ  de   nommée*,  dé  f&îre 
connaître  à  s^6' peiiptes',  ceTnî  sur  qui  fl' 
fonde  SCS  espérances  ,  meurt  sans  prévofr 
les  troublés  ,  les  maTheurs  îtiévïtabTes  que 
peut  produire  un  pareil  ovibti.  Quelle  faute 
pour  un  législateur  !  quelle  inconséquence 
dans    la  conduite  de  Pierréf!  Tant  îl  est 
vrai  que  le  pIusî^ancl'Fiohiïhe commet  quel^- 
quefois  des  faTîtes  qu'un  honime  ôr^naîrfe 
ne  commëttraSt^pas.  Revenons  à  Catherine. 
Quoique "cfette   princesse  ait  vécu  dan» 
notre  siècle ,  ara  naissance  e^t  enveloppée^ 
^un  voile  ^  qùf  probablement' rfe  sera  pur 


.^— » 


•  «^«  ••  M«     »  ^. 


79    HUTtCHBLÊ  ÇÉ^^$R^,^E 

jtp?î^;  ^cyitr/J^.  paraît    ççpçn4i^nt  \w%  4« 
j^ijjfcç^fl^'eïl^ pétait  d  »n.ç  ,Qr'igîflÇ  très^pbçr 

-#Yinï  ^p?pupppy.  Il  vécut  #.vp(:  elle   jwsr 
^ppc^ewçnj^  ,fttt  le  préte^fi. jiç, ri"?  pîa^îblç 

.^p^t.  $p§.paftî^^$  ^e  jçfîyî^içiïf  .pp»r  I4 

j^laçCT  SWf  le  jrqnjB  à  I4  i»PFt  île,»ap  éponge, 
4^ps  hf^tocj^o^  nçi  s'oiccordept.  p^§  sur  .1» 
:in^(ûère  dpDt  ^lle  fut.  prpç]a(née  §04 ve- 
•fainp,  n  paraît  ç^pend^nt  »ycjr^  que  NJen- 
ji^pf  cootribua  beaucoup  à  sop  élévation  ; 
4e  fnue^pi^  que  l'iijteût^Qn  de  fie^fç  mou- 
rant était  4'i} voir  Pierrç  IJ[  ,  et.  ppn.  son 
^poflse.^  pour  su.ccesse.un 
...  Ment^icpf  xé^Tff^  pendant  le  court je$pace 
que  Catlierîpe  pccupa  le  ti^ôiie.  U  qc  lui 
^94uqQ4  quje  le  titre  de  souy^ra^n.  Tout  Ip 
O^xondç  coqDait  rçtppnai^e  ^rtuaç  4e  ce 
&V01I  y  pfirvqpv  di;  plu»  \^\  étage  aii  comble 
^?  ^njiçun  pjt  4e  rppRlçRÇp  \  et ,  par  u^ 


t  k . 


t^er^  bien  comffifln  ,.  ^W'tQpt  eq  JB^p^fie, 
pepvt  Pft^  4e  jboFDp^  à;  ^ 'te<H)iHiai^49^p  ( 

pierre  imif îk  ef  ^g^ndSçww,  J[*«T«fe 
Pîerrrç  J.^t  jiVfit  yofaJ»  cQuecntî* .  à  ut 
traite;  (^  i|  *vait  ^u  ri^î4(>P.  A  k  fin  dbp 

,1^  6  ^ai ,  17*7  ,  Çatlierioe  ,  qui  depuis 
iluB  fin  é|#î£  lgiigiiîm»ite  5  i^Qvrut  à  l:rrJKkt&- 
)tui|:  ^ijoa,  «t  ,  «ieloi)  qaelqwps  personncfi  , 
à  quarante  -  cinq.  Oïl  soupçQiini  MeszJitif 
de  l'avoir  eippoisQprv^e^  ^  ppur  régner 
avec  plus  'd'émpîré  /'sous  Te  nom  d'un 
•prinisei  ^aa&Qt  ;;  mais  cette  'assèiTtlon'est 
iotal^mesut:.  denuiâr  :<ie  prexLVes*  Elle  goti>> 
verna  la  Rti;Bsie  avee  sagesse,  et  suivit  Jœ 
^ans  de  son  ppour.  :Soniiègn^  fut  eour^j; 
maîs^'ll  fatasisez.  long  pour  qu'on  puisse  la 
éempter  ajU  rang,  des  sèyveraîns  qui^oxit 
îH»$irë  la  Russie.  Efes  l'^nëe  préçé^ç ntô  -, 
elle  anrail3&ijt  recûmidtre  pouff  ^a^d  doôv 

E  .4. 


7»    HISTOIRE  (GÉNÉRALE 

c'est-à-dire,  héritier  du  ttfôlië,' Pierre,  fiT» 
•»*»*•  du  malheureux  Tzârowîtz  ,  condamné  à 
mort  en  1718.  Dans  son  testament,  et  d'a- 
près la  loi  établie  .jxif  Pierre  L«*,  elle  le 
fiomma  son  snece^eur  ;'  tnaîs  eflè  outfe- 
passa  son  pouvoir  en  désignant  le  succes- 
seur de  Pierre  If ,-  s*îl  mourait  sans  pos- 
térité ;  c'était  à  lui  à  le  choisir ,  Qu'à  la  na- 
tion, s'il  mourait  mineur,  comme  céîa  est 
arrivé.  On  a  dit  que  Catherine  ne  sut  ni  lire 
ni  écrire:  on  peut  en  douter ,  ce  qu'il  y  ai  de 
*ur,  c'est  qu'elle  sut  penser  et  agir;  elle 
eut  cinq  enPans  ,  dont  deux  seulement  lui 
survécurent.  Atine  mariée  en  17 16'  âti  duc 
de  Hbistein  -Gottôp  ,  et  morte  en  ^718, 
dont  le  fils  régna  dans  la  suite  sous  le  nom 
de  Pierre  III ,  et  Elisabeth  qui  occupa  le 
le  de  Russie. 


tfbni 


PIERRE    II. 


Ce  prince  monta  sur  le  trône  âgé  de 
moins  de  douze  ans;  il  devait  être. majeur 
à  seize,  et  un  conseil  de  régence  devait 
gouverner  jusqu'à  cette  époque.  Mais  Men- 
zicoif' voulant  continuera  jouir  de  sa  souve- 
raine puissance ,  logea  le  jeune  prince  daqs 
Mon  propre  palais ,  s'empara  exclusivement 
^de  sa  personne^  et  la  première  assemblée 


D«:'S   VJO  Y  A  G  Ê  s...     78 

du  conseil  :dè  régence  fut  la  dernière.  Men- 
i(coflptou'chait:aa  ipomeût  de  fiier  pour  )a-t   itnssit: 
mais  la  fbctàne  eix  sa  faveur*^  tetUf  devenant 
beau*pèi^^:  l^enafpereur;  3mais>oe  prince 
dédaigna  sa  fiancée ,  etqvierque  temps  après 
la  cérémonie  des  fiançailleSi^'Mexzicolt  fut 
arrêté ,  dépouillé  de  ses  biens  g  etenvojé  en 
Sibérie  avec,  sa  famille  ^  où  il.mppirDt  deux 
ans^après; Un  revers  aussi' apreux  ,  àuliéqi 
d'abattre  Menzîcoff,  dévlslopim' au  contraire 
en  lui  une  philosophie  ,  une  foi*cé  dé  carac- 
tère ,  dont .  où'  était  loin  de  le  «croire  doué. 
C'est  dans  ton  exil  qu'il  fût  véritablement 
^rand.  Quel  .cbute  pourFhomme  qui  avait 
gouverriédespotiquémcntla'Russie  ;  cène 
«era  pas  le  seol  év^ement  de  ce  genre  que 
nousaiirons^  à  offrir  à  nos  lecteurs.  Le  jeune 
prince  Ivan  Dolgorouki  contribua  le  plus  à 
la  disgrâce  de  MénzicbfF;  l'empereur  avait 
en  lui  une^  confiance  sans  bornes  i  et  la 
sœur  dece favori  était  prêtei  moritcr  sur  le 
trône  quand  Pierre  II  mourut  eh  iy'6o,âgé 
de  1 5  ans ,  le  jour  même  fixépdur  larcélébra- 
tion  du  mariage.  On  voit  sous  le  règne  sui- 
vant ,1a  famille,  des  Dôlgoroijtki ,  bien  cruel-  -       -    ' 
lement  punie  de  cette  laveur  passagère. 

Le  règne  de  Pierre  II  fût  «très-court 
e$  n'offre  pas  d'événemens  remarquables. 


76     HISTOIRE  GÉNÉRALE 

périrent  de  divers  supplices  ,  sous  des  prë^ 
ELif:îe:    textes  frî voies  saos'crimes  prouvés,  et  sans^ 
/     qu'il  leur  fut  permis  de  se  justifier. 

Anne  créa  la  première  année  dç  son 
règne ,  le  régiment  de  la  garde  à  che^l 
et. celui  d'Ismailoftl  Les  années  1786  jus- 
qu'à 1789  ,  furent  remarquables  par  la 
guerre  contre  les  Turcs.  Le  maréchal  Mu- 
nich s'y  couvrît  de  gloire;  mais  cette  'guerre 
était  inutile.  Sans  procurer  aucun  avantage 
à  la  Russie^  elle  coûta  beaucoup  d'hommes 
et  d'argent.  Biren  seul  voulut  cette  guerre^ 
pour  éloigner  un  rival  aussi  à  craindre  et 
aussi  ambitieux  que  Munich.  A  quoi  tient 
le  sort  des  peuples?  Anne,  qui  en  173& 
s'était  opposée  à  ce  que  Stanislas  remontât 
sur  le  ti'ône  de  Pologne ,  fit  nommer  par 
la  force ,  en  1786 ,  son  favori ,  duc  de  Cour- 
lande  ,  par  ces  mêmes  gentilshommes  qui 
n'avaient  jamais  voulu,  avec  raison  ,  l'a^ 
.  rnettre  parmi  eux.  Le  nouveau  duc  gou^ 
vcrna  son  pajs  sans  quitter  Pétersbourg^  ^ 
comme  il  gouvernait  la  Russie  :  les  emprt^ 
sonnemens,  les  enlèvemens.,  y  devinrent 
aussi  commnnseiA  789;  l'impératrice  conclut 
le  mariage  de  la  princesse  Anne  de  Meck- 
lenbourg  sa  nièce ,  avec  le  prince  Antoine- 
Uhric  de  Brunswick  :  cette  alliance  fut  sao» 


DES    V  O  Y  A.-G  E  S.         77 

doute  formée  sous  de  bien  funestes  aus- 
pices^   puisqu'elle,  don 04  .Ij^  naissance  ^u    ^«tifo* 
malheureiix  Ivan.  La  paix  avec  les  Turcs 
fiit  conclue  par  la  ώdiatjan  de  la  Fi-ance* 

En  1740  5  la  Suède  jusitement  indignée 
^e  l'assassinat  commis  sur  Sinclair  ^  cour- 
rier Suédois  ,  par  ordre  dç  Biren,.et  à 
Finçu  d'Anne ,  voulût  faire  la  guerre  à  la 
Eiussie  :  une  faction  contraire  s'j.  opposait , 
mais  la  guei:re  fût  résolue  ,. et  comme  il 
arrive  toujours  dans  les  Etats  divisés ,  el]# 
fût  désastreusepour  la  Suède^  et  se  termina 
par  la  paix  d'Âbo  ^  et  la  cession  d'une  parti» 
•d^  la  Finlande.  # 

.  .]E<a princesse  Anne  étaqt  accouç^iéje  d'Ivan, 
riippérairice  pour  le  malheur  dç  ce  prince  , 
le  tit  reconnaître  ^'rand  duc  de  Russie  et 
successeur  au  trône  ^  en  donnant  formel  le* 
ment  l'exclusion  à  sa  mère.  II  fallait  en- 
core, pour  contente r'Biren ',  qu'il  s'assurât 
la  régence  j  c'est  à  quoi  il  parvint^  en  fai- 
sant signer  l'impératrice ,  au  lit  delà  mort  » 
un  jtestament.  fabriqué  ,par  Qsterman  et 
lui.  Anne  çiourûf  le  i8  obtobre  1740 ,  et  le 
prince  Ivan  âgé  de  deux  mois. fut  proclamé 
empereur* 

,0a  a  dit  de  cette  souveraine  qu'elle  fut 
douce  et  compatissante;  mais  elle  permjit que 


t  lé  fërckré  Bifén  iùoticlÀt  là  Ruéèle  dé  éhûp;. 


AhiAt:.  qxl'il  fit  périt  àix  exiint  éti  ÉlbéViè  plus  â« 
fidgt  ifiillè  péréoiitiés  ^  et  dës'-lorè  eitë 
est  etiiièremetit  iùéxcudàblé.  I)  éèt!  égél  aAiit 
peuples  d'être  gôiiVef tiéS  pàt  tia  tjràn ,  ou 
par  un  ptince  faible  qn*uh  t^i^àh  ^oavetnè. 
Quelques  histûiiéûs  ,  àppbUeût  ce  règnti 
hèureua^j  ûotis  nbMi  pérfnettroûs  d'êtte 
d'ùti  à  VIS  directetfiettt  ôppostl.  Nous  pêù- 
^6ns  que  dette  é[lithète  est  loih  dé  coUveàil^ 
i  uû  rëgûë ,  dobt  chdqûé  dbhéè  a  été  itlâN 
qtrée  par  {)lds  de  deux  itillle  |^t*oè(;ripticms 
arbltfaitéS^.  Le  fkvdi'i  qûî  oéé  éothtnettt^e  dfe 
pareffles  atrocités ,  et  la  souvei*<iiné  qui  \ék 
t^lèt-e ,  hoiis  pardissetit  être  lés  seuls  ib- 
dividus  qui  ^ufssedt  rëèllemeiit  s'estiiner 
hculTux  d'^Vorr  échappé  à  la  jtl^té  Véa-' 
gcunce  des  peuples. 

IVAN    III. 

Ivàki  m  Hit  réconnu  éàipel-éur  h  la  fnort 
de;  la  reine  Anne  ^  et  Bireh  régnent  :  mais 
ce  haut  degi^é  de  puissance  devatt  être 
biehtôt  suivi  d'une  chuté  ilf!>eusé.  Lé  pète 
et  la  mètre  du  jeutie  empei'eur  étaient  ttié-> 
contens  de  se  voir  exclus  de  la  régence. 
Einsolence  de  Bircn  à  leur  égyd  aagmedta 
encore  leur  haîne.  MaftU*h ,  dé  toh  tùtâ. 


DES    V  O  Y  A  G  E  §.         75 

Tculut  avoir  le  tenip3  d'fifÏPfmir  ^  ay^jdt  fOï) 

4:  T  îvëc ,  h  ^ystenje  dp  gOMYçrpep^^eiit  qu  01)    Hhh»*- 

•ANNE.  ' 

Ce«c  prîpcçs^se  ^  à  rarrîycï'e  d?3  4.ëputé$ 

rcii^*i  ^^a^  sags  ayciine  djffic^lté,  (003 

'e^  ar:>!€S  cjugq  lui  pvésppt4  ,  bipq  rm- 

l^e  £e  £iirr  300  pos3iWe  po»r  jp;e  p*6  jenir 

se-i  es:p;Aesnens  :  eo  effet  cou  favori  l^rei^ 

^rzjiii   L   Moscow  peu  ^p^^^  elle  ,  quof- 

r  -/*.-ir*'u"  promis  formellement  de  le  lais- 

é-:r  i  IfL^r^u,  £lle  s'occupa  Mos  relâche  à 

ixTiHi'/  an  P'irti,  a  décrier  \c  coosfiil  soa- 

^*'/...i,   ic  anrè3  douze  jours,  3e  $ei?tant 

*.  ;  tniLR  ,  par  190  ^sse?  ^rand  nombre  de 

Zij^^i^ai»  tt.  p^i*  les  rétiniens  des  garde$  , 

<  t»   a*"  «ti'x  qu  elle  voijilaît  rogner  corBinc 

vi  :i— 'U":*sseuri5.  Le  8  nnar<;  (vieux  style) , 

Ui  -  .'»'ix^T  !:u»n  suhordonnée ,  elle  dcviijt 

v..*'"-.ini»  is:fM,i\ie  :  le  conseil  commit  de 

l^.*:.:.'-.   -.îri'-. .  Pt  lâifua  achever  une  r^'vo- 

.:.*  a    •*:   »     ":  ::%'  if    jîsi-nient   f>m',/r  ^r»»-, 

•» ■    •  « .  #•      »♦  '  » 


So    HISTOIRE:  GÉNÉRALE 

iBxtraorâinaîre,  regretté  de  son  peuple  qu'il 
Jiiiuife.    avait  tyrtamisé.'  ■ 

^    La  nouvelle  régente  ne  jouît  que  pea-- 
xlantun  andu  succès  de  son  entreprise ,  la 
nuit  du  u.b:àu  26  novembre  (vieux  stjle)  , 
I4  princesse  Elizabeth ,  fille  de  Pierre  l.«^ 
let  de  Catlierlne ,  soutenue  àt  trois  cents 
•soldats^  régiment  des  gardes,  fit  enlever 
Tempeceur,  la  régeûte  et  son  mari,  et  se 
plaça  sur  le  trône.  Quoique  dans  son  ma- 
nifeste elle  prétendit  avoir  chassé  les  usur- 
pateurs, îl  est  cei'tain  qu'elle  fût  elle  même 
l'usurpatrice  ^  et  que  ses  iseûls  droits  furent 
«on  adresse  et  lu  négligence  de  ses  victimes. 
Le  malheureux  Ivan,  arraehé  du  trône  à 
quinze  mois,  fut  enfermé  successivement 
dans   plusieurs    forteresses  ,   et    enfin  à 
Schlussel bourg.  En  1764  ,  un  officier  su- 
balterne,.  ayant  fait  une  tentative  pour  le 
«•      ^irer  de  sa  prison,  se  voyant  sur  le  point 
de  réussir,  lorsque  ses  gardes  n'ayant  plus 
d'autres,  ressources ,  le  poignadèrent.  Mu- 
nich ,  Osterman  et  plusieurs  autres  furent 
arrêtés  en  même  temps,  jugé^sur  des  crimes 
imaginaires,  et  selon  l'ui^ge,  condamnés 
à  mort  :  la  peine  fût  commuée  en  un  exil 
en  Sibérie.  Muoich  occupa  à  Pelim  ,  jus- 
qu'en 176:»  qu'il  fût  raj^pelé  par  Pierre  111 , 

la 


:   DE  s   y  Ô>Y  A  O  B8.        8i 

la  nhisii^n  dont  il'  avait  Idi-niêine.  tnaeé  le^ 
pliuft  pour  Bîrenu'Lepère  et  I^  mère  àt  "Rtoàn. 
rèmpereuf ,  qui  «  d'après  le  tnaûifëstç  d'Éli^* 
zabeih  et  ^'àprès  U  justioe  devaient  ètvt , 
rem^^èé  en  AUemagqie ,  fiJirciit.  ôafbrmés 
tùfccnm«eiiient  à  Riga ,  à  Duaaiiionde>  et 
BtAn  k  Koltnôgof  i  prèk  d'Archai^gel ,  où  la 
priaœsse  moùnrt  en  17^.  U  t^  difficile 
de  coBeUier  là  cènduite  d^Elizabeth  eii  t'ette 
oecasiofi  âveo  la  «doiieeur  et  la  booté  que 
toua  les  4iiat!Q»iiefas  Ini  aeeordent  ;  et  ce  n'est 
pas  la  Mule  fois  qu^oa  trouve  ses  actions 
en  cefitradietkiii  avec  sa  renommée^ 

ELISABETH 

€ette  pi^îiioesse  était  née  en  Tyo^  :  p«a 
après  son  avènement  au  ttùne^  roulant  dter 
aux  mécontent  tout  prétexte  de  cabale  ^  ^Ué 
se  nomma  un  éuccèssi^ur  dans  la  personne 
du  d«e  de  lIoliteiinGottorp ,  ne  en  tysiè^ 
fils  de  «a  sâiror  aSnëé.  Il  fut  instm^it  dans 
la  religion  gwcque  j  et  reconnu  grpnd  duo 
de  Bpofsit ,  prébieémtnft  là  veille  dû  jour 
qm  les  ambassadeurs  suédois  vinrent  lui 
eftrjr  la  couronne  de  Siiède,  comme  desA> 
oendant  de  la  «laiso^n  de  Gustage  Yasa.  La 
fataiité  de  son  étoile  J'empècka  d'açceptoi* 
In  offres  dte  la.  3uède^  en  le  foroasit  de 

Tome  IL  F 


te    HISTOIRE- G^É/NÉR^AXE 

régiDeiT t  sur  la-  Rtissie.  Lf année  >  i^lfStfîit 
Russie,  marquée  ;pai?  'la  découVejrte  d^une^'Canju'^ 
ratlbn-/ tendante  a /rc^me tire  Ivan  sur  le 
trôae::  ies  '  coupafalejs  i  l  parmi  lesquels  !qq 
comptait  plusieurs  ^persoobages  îllustnes^ 
furent  condamnés  à  mort;  Cette  peioe  fixt 
commuée  en  un  exU. en  .Sibérie»  Elîsabèth 
avait  tait  le  vœu  de  ne.  punir  personne  .de 
mort  pendant  son  règ^nèi*  £Ilé  a .  tenu  pa« 
rôle.  C'est  là  sans  doute  ce  qui  lui  a  valu 
le  nom  de  clémente  que  :les. historiens. se 
sont  plu  k  lui.  donnev.  Mais  quelle,  clé^ 
mence.,  de  faire  grâce, aux  comtesses  La-^ 
poukin  et  Bestucheff ,  pour  les  livrer  au 
supplice  du  knoùt^  suivi  dé  '  l'amputation 
de  la  langue.  Il  n'y  a  dans  cette  conduite 
ni  clémënee  ^-ni  humanité*  Puisque  Elisa-r 
beth.  voulait  .faire  grâce  de  la  vie ,  elle  de> 
vait  se  contenter  de  Texil ,  et  proscrire 
toutes  les  horreurs  dont  il  fut  précédé.  Les 
contemporains  de  cet  événenfient  prétendent 
que  la  jalousie  entra/ pour  beaucoup  dans 
ie  traitement  fait  à  Tintortuiiée  Lapoukin» 
Cétait  .là  plus  belle,  .femme  de  la. cour. 
L'impératricç  voulait  reine.:/ la  jalousie  ne 
éonnait  poijit  de  bornes  dans  ie  cœur  d'une 
femme  i^vètue  du  pouvoir  suprême  ;  et 
maUneuretisebieot  pour  i£lisibetii  ^  ce  juge* 


A 


DES    V  OY  A  G  E'$.;    :    83 

ftient  semble  dictç:par  la  Vengeance  >  Beau- 1 

coup  plus  que  pc^r  U,  justice^  .    .  \   Ruttie^. 

Pierre  de  Holsteia»,  déclfiré ,  grandi  du<5 
depuis  quelques  années.^  ëpoUsavi  fcn.  if/^b, 
Catherine  d'Anhalt  Zfsrb^t ,  que  l'Europe 
à  vu  pendant  pki$  4e .'trente  ans  gouvernef 
k  Russie  avec  tant  do.  gloire.      ; 

Encore  un  e>(eaiplQ  des  vicjssitudesidu 
sort  ;  le  comte  de  Le^stçc.^  orjginairemeDt 
chirurgien ,  avait  gagné  la  confiance  intime 
d'EUsabeth  >  avant  qu'elle  moatât  jBur Je 
trône  :  il  avait  même  beaucoup  contribué 
à  l'y  placer,  soit  par  ses  conseilë ,  soit  pat 
ses  intrigues.  Comblé  de  grâces  de  toute 
espèce,  directeur^géoéral  de  tous  |eç  éta** 
blissemens  de  médecine  de  l'empire  y  jouisf 
sant  d'une  fortune  très-considérable,  cet 
homme  accusé,  de  corr0$pondances  crîmi« 
nelles  ,  fut  exilé  ^u  Kamchatka.        . 

Pendant  le  cours  de  ce  règne  ,  plusieûi^ 
nations  indépendantes  se  donnèrent  k  la 
Russie,  ou  se  mirent  sous  sa  protection 
L'impératrice  établit  une  banque  pour  ser 
courir  les  commerçans;  elle  fit  travaillier  à 
un  code  de  lois ,  et  accorda  sa  pro^^ctioik 
aux  arts  et  aux  sciences.. .  ;  •.  j-     " 

Les  dernières  anQéeç  se  son  règne  vir^i^t 
éciore  une  guerre  qui  embrasa  la  moiiié 

F  a 


«4    HlSTOIilÉ  GÉNÉttALE 

die  HSu«)pê  j  et  doiit  k  É^ssie  aufuit  évité 
de  se  mêler  »  M»»  le  t^aicë  d'âiliânee  con- 
du  bf e*  grattïiteflieiit  aVec  la  maîsôû  d*Au- 
triche ,  dont  le»  IntérèH  dé  la  Russie  au- 
raient àJtmAûàé  U  raptaré^.  Leé  ârméM 
Russes  se  inesurtçreiit  ^yttftbt  hvet  ecMea 
de  Frédéric ,  et  prôttV*teht  <pi'elttf8  n'étaient 
point  indignes  d\in  pâfdi  adversaire.  Si 
Yoù  excepte  1m  ciiiantéB  ^  les  korr èilrs  cèin« 
nîsM  daÂs  les  États  prttssiéns ,  selon  Ttlsage 
eàcDK  tiMf  totùîtiûn  èe  cette  nation^  la 
^«rrb  ftit  tfès^glèiiiéwse  pôM*  les  ai«M« 
d%lfoabeth.  Cette  priaces^  »  ditH^tl ,  ar<t>* 
sdit  4e  ses  iârrines  les  lâu^iei^s  dé  s«s  gé*é* 
ratiit  5  dëjplofait  la  ^tie  d»k  Tietiîttfes  ^n*«fl^ 
irotnaievt  \eafs  victoires  :  mais  àvëc  un 
tueur  aKfssl  sensible ,  j^our^ùoi  fit-elle  taM 
gotms  ^  pKô^VâftC  f éviter ,  et  svrrtout  tM>ur* 
quoi  refusa-t-elte  k  pait  q\i6  FVédërié  lui 
efltit  en  1760.  SaM  doute  que  ta  haine 
pbnr  le  fo4  de  Ptussé  remporta  sur  sa  clé- 
HKetlce  natuf die ,  et  dans  ée  cas  ést-cfe  bien 
le  iVûtt  de  clémfente  qui  lui  ôonvient. 

Elisabeth  mourut  ^  5  janvier  1761 ,  à 
i^âge  dse  di*quante*trois  ans  :  elle  était  dis- 
posée à  continuer  la  gtiei*fe  avec  la  Aer- 
Hièi-e  vigueur.  Cette  mort  eut  les  suites 
Uié  feus  htureuMB  pour  FVédéile. 


»ES    VOYAGE?.        «H^ 

L'impératrice  9  peu  avant  sa  mort^  re- 
mit ea  liberté  plusieurs  milliers  de  pn-  Esuia. 
sonoî^rs^  et  «Qul^gp»  «oji  pei^p)^  4p  fl»çl- 
ques  impôts.  Elle  ne  fbt  point  mariée  » 
tùjaâ^  elle  eut  le  hesoîn  iTaimer  ,  et  ceux 
qui  eurent  le  bonheur  de  li^i  plairç^  ,çe 
connurent  point  de  bornes  à  leur  fortune , 
même  k  leur  avaacei|)ent  militaîrei^  ^f\9ir 
que  dans  un  état  {|(|^i«iqi««i(  dîflgpfçpt. 


'^ 


F3 


r'- 


•  «/^  w 


I*-. 

i    • 

I 


iB6    HiêtOiRE  GÉNÉRAlL 


1       <■——»♦-   «II-   Il     i   ■  I j      ■  I > ■  I m 


LI  VRE    C  tN.QUI  ÈmI 


•a,J-.    ■'^ 


,  «  'f  ■     •       •  «  < 


C  H  À  P  I  T  R  E>  :  P H.  E  M  I  Ej 

t 

Entrée  dans  la  Finjandç  suédoisi 
Inouïs  a  y  antle  et  port  de  mer. — 
singfors  y  Abo.  —  Voyage  en  trat 
sur  la  glace  dans  le  golfe  de  Bothi 
—  L^île  d^Aland,  —  Trajet  de  cette 
à  la  côté  de  Suède.  -^  Voyage  à  Stc 
holm^ 

JLjEs  limites  étabKes  par  \e  traité  d'Al 
Suède,  entre  la  Russie  et  la  Suède ,  sont  ta  ri 
yiëre  de  Kimen ,  au  raidi  de  laquelle  il  yi 
une  maison  de  bois^  un  rempart  de  terre 
et  une  petite  batterie.  Une  barrière  que  gar 
dait  un  soldat  russe ,  s^étant  ouverte ,  noui 
passâmes  sur  un  poqt  dans  une  petite  ile 
d'où  un  auti^  pont  nous  conduisit  à  un( 
seconde  barrière  à  laquelle  était  une  sen 
tinelle  suédoise^  En  sortant  de  Russie  ncx 
bagages  furent  visités  légèrement;  la  mêmi 
cérémonie  eut  lieu  en  entrant  en  Suède 
Assez  près  de  la  frontière  nous  primes  de 


i 


I 


!;aux  à  Lilia  -  ^iÉors  p  et  Aine  heure 
S'DOùs  noti^trouMâffies  à  Louîea:  ^"^*^' 

I  Ê  /aborà  après  ii<^redf^part  de Wiboui^ , 
rôîd  étak  de^elApdç.^  plugvift;  le  rner* 
ti  étaitiîde^eti^u^aTÎng^ -deux- degrés 


ptachës«Nou&étK»vs  Têtus  de  manière 
suéJM6èr  le  froîd  |e'.  plus  .rigoureux ,  et  je 
77^/-.-|vaîs  pas  ëié  daa$  te  cas  de  Fajre  usage 
n  trâ  toutes  Je$  couvertures  dont  je  mëtais 
^e  ^^icirv4].  Le  yisagè  seul  était  difficile  à  dé« 
^e  ceP^^  »  surtout  de  nuit ,  et  quand  je  vou- 
càîi"^  -dormir;  alor^  je  m'enveloppais  de 
ftoÉ  bonnet,  ne  laissant  libre  <]ue  la  bouche 
i  le  nifz  pour  respit*en  Je  Içs  couvrais 
e({Jiêine  de  temps  ôiv  temps  de  mon  maacbon 
nt  '#a  d'un  mouchoir  ;  n^is  la  respinatioo  sy 
];e|[elaiit  bientôt ,  il  fallait  sans  cesse  les  chan- 
je  il^er  de  place  pour  n'avoir  pas  ces  parties 
loe.'^^ollées  sur  des  glaçons. 

Louisa  est  une  ville  ouverte  sur  une  baie 
f:  du  golfe  de  Finlande.  Elle  est  défeodue du 
i  côté  de  la  mer  par  un  petit  fort.  Les  mai- 
sons sont  toutes  de  bois  et  a  deux  étages  , 
))eintes  en  rouge  et  beaucoup  plus  jolies 
que  celles  des  petites  villes  et  des  villages 
russes.  Nous  nous  rendîmes  d'abord  ea 
arrivant  che;&  le  gouveraeur  ^  et  nous  lut 

F4 


âuède. 


88    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

5  dematdémes  hh  ordre  pour  avoir  dits  cbe-^ 
vaux  et  dea  informations  sur  jaotre  rolil^ 
£In  été ,  les  voyageurs  qui  vont  de  Péters- 
bourg  à  Siockholm  >  vont  d'abord  par  terré 
à  Abô  ;  ila  s'y  embarquent  »  passent  ao 
travers  dé  quantité  de  petites  lises  fiM^es 
à  celle  d'Aland  ;  traveirsent  cette  ilê  et  se 
rembarquent  pour  aller  jusqu'à  Stockbolm 
par  une  mer  plus  ouverte.  En  hiver  oa  ne 
peut  pas  toujours  traverser  le  golCb  de 
Bothnie*  Lés  canaux  entre  ces  ilea,  sont 
la  plupart  pris  par  les  places ,  et  sis  ne 
sont  pas  asses  gelés  pour  supporter  lès 
tures  ;  s'ils  l'étaient  même  ^  il  resterait 
)ours  le  trajet  de  File  d'Alaod  aux^Atea  de 
Suède  ^  que  des  glaces  flottantes  rendraieai 
très -dangereux.  Ainsi  »  dans  cette  saison  « 
on  fiût  ordinairement  par  terre  le  tour  du 
golfe  de  Bothnie  par  Tomeo  et  la  Lapooie 
suédoise.  C'était  aussi  notre  projet,  et  nous 
nous  réjouissions  d'avance  de  passer  quel- 
ques )oars  dans  cette  ville  aii  le  célèbre 
Maupertuis  a  mesuré  un  degré  de  la  terre; 
de  passer  le  cercle  arctique  ;  de  fiûre  une 
excursion  ches  les  Lapons  ,  d'observer  les 
moeurs  de  ce  peuple  et  de  nous  &ire  trsi<* 
ner  par  des  Rennes.  Mais ,  à  notre  grand 
regret  ^  notre  curiosité  ne  put  être  satts^ 


^D  E  S^   VOîY  A  G  ES;  89 

r^îi/e.  Lis  icpayew^w^f:  (^o|ds^::qi«(*  ndus 

^t4^  tl*op  avaiicée  foUv  «lier  «n  LafMiiiie; 
qiwprîliWfrViep^it  un  dégel  gMéra)  ^  (e^iqu* 
8^«i^lail)a8wa  probable >.noi}à«^'|>ourrionft 
f90  fi^tim^ev  tioHeHoy^jggi  eft  trahiawi  «^ 
çt^ite*tie  iraci^|iiil(  p4iiot  de-'vohurQë  'dans 
je  :p9$^9  i^  «oms  8ÇFtdn9  obUg^  d-aUcr  par 
mer  i  Stockholm  :  iktYîgiitMm  dAQi^ereus»       , 
et  in^Tm^taiae  a«k  fartnteidps.  Il  ajoute  qu» 
le  passage  au  travers  du  golfe  de  BQihai# 
était 'li9tiiwu$6imnt'  pratkasUè  daaa  oe  nko-^ 
mtmt;  ios  ça«9ux  eitpélea  peiîtes  llesiétanl 
«»içz  gelés  pour  porUi:  des  trainèauv  ^  et 
Ff iHIre  partie  du  ^fe  fi*éU«A  pas  embar-* 
mssée  die  glaow  floUaalea.  Le  gouverneur 
voyant  que  ces  raimiia*  ne  pooVaieAc  pafi 
■oua  délo«riier  de  BOtre  expédition  ^m  La*- 
ponîe  I  iosista  avee  111110  aonfVeUfl  ibrae  et 
atnis  Migea.  eti  quelque  sorte  k .  lui  pvo- 
mettre  q^ie  nious  dirigeriMiS  Aotre   ranite 
par  Ahok  LofBeîer  à  qui  Aeua  eûmes  l'o*> 
bligatkiu  de  oe  boo  avis,  était  un  vieiUard 
sensé  et  instruit ,  de  famille  éçossa«B^,  qui/ 
avait  servi  plusieurs  années  en  Fraoïee. 
Dans  la  ««îte  de  la  converBatlon  que  nonsi 
eûmes  avec  lui ,  «  Voua  avez  sans  jdoute  ^' 
M  dit-^iii  9  pris  une  mauvaise  iéée  de  la  Fin«« 


90    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

«  lande  sur  ce  que  vous  en  avez  déjà  ni; 
Suède.  <,  mnîs  je  vous  assure  que  ce- sont  les  eau- 
«  tonsies  plus  stériles  de  la  province;  à 
«c  quelques  milles  de  la  côte  ,  c'estun  pajs 
et  fôrt  agréable ,  et  qui  abonde  e^n  •  patu- 
u  rages ,  en  seîgle  ;  '«n  avoine  et  ett  orge  ; 
*  il  s*y  trouve  tarir  "de  rtvières  et  de  lacs  , 
é(  qu'on  pourrait  y  établir,  à  peu  de  frais , 
«  une  navigation  intérieure  qui  facilit*eraic 
«  la  communication  entre  les  diflfërens  dis* 
«  tritsts*  » 

En  conséquence  de  cet  avis  ^  nous  renon- 
çâmes au  voyage  de  Laponie  ,  et  nous 
primes ,  le  9  février,- le  chemin  d*Abo.  Nous 
partime&àhuit  heuresdusoir, et  nous fïkmes 
éclairés  toute  la  nuit  par  une  belle  aurore 
boréale.  Le  thermomëtre'était  à  peine  au* 
dessous  du  point  de  la  congélation';  nous 
suivions  les  côtes  du  goite  de  Finlande,  au 
travers  d'un  pays  rempli  de  collines ,  de 
rochers  et  de  bois.  J'observai  que  la'  terre 
était  comme  )onchée  d'une  quantité  de 
masses  de  granit  qui  semblaient  avoir  été 
rompues  par  quelque  violente  secousse. 
Nous  voyions  souvent  des  vols  de  coqs  de 
bruyère  et  d'autres  oiseaux  de  ce  genre. 
L'espèce  nommée  coq  des  bois  n'y  est  pa» 
rare,  et  est  ici  de  la  grosseur  d'un  petk  eo^ 


DES    VOYAGES.         91 

d'iode.  Tous  les  oiseaux  de  ce  jg^enre  jr  abon- 
dent tellement,  qu'on  nous  en  régalait  tous 
les  jours  à  dîné  ,  même  dans  les  plus  ché- 
tîves  auberges. 

Après  avoir  passe  plusieurs  grands  lacs 
dont  ce  pajs  est  rempli ,  et  traversé  sur  la 
glace  une  baie  du  golfe  de  Finlande  ,  nous 
arrivâmes  le  matin  à  Helsingfors ,  vlUe 
dont  la  situation  est  vraiement  romantique, 
sur  un  rivage  élevé,  environné  de  rochers 

et  de  masses  énormes  de  granit.  A  une  pe- 
tite distance  de  la  ville ,  et  près  du  bord  de 
la  mer  ,  on  a  construit  une  forteresse  qui 
est  la  meilleure  dû  pays  ;  le  port  est  le  plus 
commode  qu'il  y  ait  en  Finlande. 

Nous  nous  adressâmes  au  gouverneur 
dUelsingfbrs  pour  avoir  des  plus  grands 
éclai'rcissemenssur  notre  passage  au  travers 
du  golfe;  il  nous  invita  à  un  bal  auquel  nous 
nous  rendîmes  ,  les  hommes  et  les  femmes 
y  portaient  tous  le  nouvel  habit  suédois  ; 
la  compagnie  était  fort  bien  composée  ,  et 
nous  témoigna  beaucoup  d'attention  ,  plu- 
sieurs personnes  nous  adressèrent  la  parole 
en  français. 

Le  II  février,  nous  partîmes  d'Helsîng- 
fors  le  matin,. et  nous  arrivâmes  à  Abo  le 
lendemain  au  soir  ;  il  y  a  cent  cinquante 


Sllèd6« 


9a    HISTOIRE  GÉNÉRALE 
V-        "  milles  d'qoe  de  ce?  TÎlles  à  l'autre  ,  le  fayt 
*"*^    paraît  plus  peaplé  et  présente  onç  agréabk 
diversité  de  colliaes  et  de  vallées. 

Abo, capitale  de  la  Finlande  soédoise^est 
sitaée  daps  l'endroit  9Ù  tes  golfes  de  Fin- 
lande et  de  Bothnie  s'aoisseot.LaTUlcD'est  . 
pas  ma!  bâtie  »  il  y  a  qnelqaes  maisons  de 
briques  ;  maîsia  plus  grande  partie  c'est qne 
de  bois  peint  en  rouge.  Les  haUtans  font 
un  commerce  de  ttûles  ,  de  grains  et  de 
planches.  Hy  a  à  Abo  une  unÎTersité  Rtaàéç 
en  1640  par  la  reine  Chriatîae  ;  ony  comp- 
tait alors  environ  trois  cents  étudions. 

Le  )3  Kvrier  ,  à  quarante  milles  d'Abo, 
nous  arrivâmes  sur  le  bord  du  golfe  ;  dans 
l'endroit  où  dous  devions  le  passer,  la  mer 
était  gelée ,  et  le  chemin  marqué  par  deu; 
rangs  de  perches  plantées  dans  la  glacr. 
Nous  suivîmes  cette  route,  laissant  de  côhI 
plusieurs  petites  Iles  et  rochers  séparés 
par  des  bras  de  mer  de  largeur  trèsHoégalr. 
A  minuit ,  nous  nous  arrétloKS  daps  Itlc 
Varisala  jusqu'au  jour.  Nous  avions  h  cniiD* 
dre  de  grands  trous  qui  se  trouvept  qpel- 
quefois  dans  la  glace ,  et  qui  repdCVt  J* 
rliemin  très-périlleux  pendant  U  nuit,  rt 
d'ailleurs  nous  aurions  t'i  v  dans  le  plgs|pw) 
danget-  si  nous  nous  étions  écïrifffM*'^ 


D.ËiS  VOYAGES.  93 
l(et  trace  j  comme  cela  manqua  d'arriver  au 
colonel  Flogd ,  notre  compagnon  de  vojage.  Sio^a*. 
A  Varisâla  >  nons  trouvâmes  un  assez  bon 
vilk^  dùnt  les  habitans  ne  parlaient  que  la 
langue  finlandaise.  Le  14  février,  nous  re« 
pareilles  de  boù  matin ,  le  temps  était  cou* 
verl  et  un  vent  frais  soufflait  avec  force.  La 
poMe  étbtit  de  dix  "-  huit  milles  ,  nous  pas« 
simes  plusieurs  petites  îles  et  écueils ,  queU 
^ue»HQnsconvérts  de  broussailles ,  entre  les* 
quelles  Ml  distinguait  nombre  de  villages; 
d'autreè  déserts  et  sânsarbt*es  et  jonchés  de 
granit  ;  dans  quelques  endroits  ,  la  glace 
se  brisait  en  petits  feuillets  ;  mais  dans  le 
^kis  grand  nombre ,  elle  était  raboteuse , 
et  formait  des  masses  comme  des  vagues 
gelées.  Là  grande  mer  de  glaces  était  sou- 
vent Mupée  par  des  lignes  de  glaçons  rom^ 
pus  et  escarpés ,  et  la  route  qui  n'était  mar- 
quée que  par  des  branches  d'arbre  et  b^dée 
bfost  de  l^ochers  qui  semblaient  s'élancer  àt 
d^niil  cdeés,  présentait  un  des  spectades 
\e%  plus  aifVeux  qtii'cm  pbisi^e  imaginer. 

Nous  changeâmes  de  chevaux  à  Brando  , 
lie  dans  laquelle  il  y  a  sept  villages ,  une 
église ,  des  terres  labourables  et  de  petiti 
bois.  Veilles  troisheureS,tiousarrivanTes 
à  nie  de  Cumiin  ^  à  trente-six  milles  de  Va*- 


94   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

risala^  et  comme  la  première  poste  était  à 
Suëiïo.  trente  milles  de  là ,  nous  restâmes  prudem- 
ment dans  la  chaumière  d'un  paysan ,  piutât 
aue  de  nous  exposer  au  danger  de  voyager 
de  nuit.  Les  paysans  étaient  bien  habillés; 
ils  portaient  de  longs  manteaux  de  toile , 
doublés  de  peaux  de  moutons  ;  les  femmes» 
uneétortë  de  laine  rayée  de  différentes  cou- 
leurs ,  ordinairement  verte ,  blanche  et  rou- 
ge. Ils  paraissaient  tous  fort  honnêtes ,  et  nos 
domestiques  n'avaient  pas  besoin  de  garder 
le  bagage  avec  la  même  vigilance  qui  était 
nécessaire  en  Russie.  Leurs  maisons  sont  bâ- 
ties comme  celles  des  paysans  russes  ;  c'est- 
à-dire  ,  d'arbres  entiers  entassés  Tun  sur 
Tautre.  Dans  quelques-unes  de  ces  maisons , 
ces  arbj'cs  étaient  sciés  en  dehors  en  forme 
de  planches  ;  on  y  trouve  ordinairement 
deux  ou  trois  chambres  petites,  mais  fort 
propres  ;  elles  ont  toutes  des  cheminées  de 
briques  avec  un  foyer  en  demi-cercle ,  élevé 
et  étroit  ;  on  y  place  le  bois  debout ,  et  on 
Tallume  dans  un  instant  avec  des  écorces 
de  bouleau.  On  trouve  chez  ces  villageois 
beaucoup  de  commodités  que  nous  n'avions 
pas  vues  chez  les  paysans  russes ,  et  en  par- 
ticulier des  lits  et  une  grande  variété  d'us- 
tensiles. 


rîD.E5    V  O^YfA  G  E  S.     .    95 

Outr^  Ja  chaumière  dins  laquelle  nous 
logions,  il j  en  avait  un  petit  nombre  d'au^  S"^*' 
tres^  et  ,une  église ,  lés .  babitans  parlent 
suédois.  Au  froid  aîgù,  du  jour  précédent  ^ 
wecèda  un  dégel  subit  accompagné  de 
pluie;  mêlée  de  neige  ,  et  le  soir  il  j  eut 
une  yiolente  tempête.;  nous  entendions  de 
touâ  côtés  les  craquemens  de  la  glace  ;  qui 
ressenptblaient  à  des  coups  de  tonnerre,  et 
qui  nous  faisaient  craindre;. que  nous  ne 
fuyions  arrêtés  dans  ce  triste  séjour.  En 
eflet,  si  la  glace  s'était  rompue,  nousn'au* 
rions  pu  passer  en  traîneau.,  et  il  eut  fallu 
au  moins,  quinze  jours  de  dégel  avant  que 
de  pouvoir  en  sortir.  . 

Le  ventcroissantài^baqueinstantlusqu'à 
minuityet  Jes.craqueméns  delà  glace  aug? 
mentant ,  nods  noue,  persuadâmes  qu'un 
long  séjour  dans  cette  île  était  inévitable ,  < 
et  nous,  commençâmes  à.  hous  informer  si 
les  babitans  avaient  de§  pirovisions  suffi- 
santes pour  nous  et  pour. eux.  Nous  nous 
touvâmes  î (heureux  qupnd  U  .nous , dirent 
qu'ils  avaient  quatre,  vacbes ,  quelques  cor 
chons ,  deJa  volaiUe.etunegtande  provision 
de  pain  dur ,.  qu'ils  foà^  4^ux  ï6\i  dan^  l'an- 
née i  ipais  nous  fûmes  plus  heureux  encore 
de  n'avoir  jpas  bi^soi^  d^  toujtes  ces  ressources* 


9^    HISTOIRE  CENéUALÉ 

Vcn  k  maiio  ^  le  vrat  n'appoîM ,  lét  <A*ep 
4«èA#.  vMses  de*  la  glace  tte  parurent  pas  éange- 
rewes;  et  aous  pûmeg  noua  omettre  «a 
chemin  au  lerer  ào  aolail»  La  journée iîit  éet 
plus  bellna  ;  au  tnatm  »  \e  thernfomèiM 
lDaii*qtuiit  deux  degrés  au-<lesaus  de  la'^eon^ 
gélatîon  ;  à  midi  »  il  était  k  v\n^  \  le  eoleil 
était  %i  brillant ,  le  temps  si  clair  ecel  dont 
iiue  Aevs  aurioDS  cru  être  en  «été ,  ai  nous 
n'avioDSipaseu  imemer  gelée  sous  timyenx* 
La  neigeeyant  (bndu  »  toute  la  stirlace  était 
deven«e  une  ee«le  glace  unie.  Nous  avions 
trente  «-cinq  miilea  k  faite  pour  {gagner  le 
premier  relais (  cette  rouu^étafo  bien  «oins 
diversifiée  que  celle  que  neui  avions  taite 
pour  arriver  à  Qninlin.  Nous  traversâmes 
une  flm  sur  une  glace  parfaiieinittU'tioie  » 
nn  «eppaee  de  dix  tpiHes  de  4onguevr  sans 
rocher  et  sans  Me;  muis  comme ie  (damier 
orage  orrait  l^ait  diverses  çnavasaw  et  q«e  le 
dégel  anfgmentait  inou*«'avancioneqa^vm 
préeentiefi;  un  habimqt  de  Cumlln  nqtiefic^ 
eédait ,  muni  d^une  hache  et  d'nne  eeeide , 
avee  ^b  iastramens ,  il  eoupait  la  glace 
quand  id  le  Mkitt  et  en  mieeuiiEili  l'tfpnis* 
senr  {  qneiqneiWs  ^  U  nous  ihisait  ftûre  on 
grand  détour  fioar  éviter  dea  teooa  ^  on  «1 
eiiail  «m  pantillans  de  ae  tenir  ^  «ynelqne 

distance 


ttËS    VOYAGE  â.        97 

distance  les  uns  des  antres  ,  et  les  avertis- 
sait de  suivre  la  trace  de  ses  pas  ;  de  cette    Sîi4d#. 
taianière  ,  il  nous  conduisit  pendant  huit 
heures ,  et  nous  fît  arriver  sans  le  plus  lé- 
ger accident  à  Tile  d'Aknd. 

Cette  ile  donne  aussi  son  nom  à  toutes 
les  petites  iles  qui  Tavoisinetit.  Ëllê  peut 
avoir  quarante  milles  de  longueur  et  douze 
h  seize  de  largeur  ;  ôb  y  compte  quinze 
villages  et  environ  neuf  mille  habitans;  on 
y  parle  la  langue  suédoise ,  quoiqu'elle  re- 
lève du  gouvernement  de  Finlande.  Le 
terrain  parait  avoir  pour  fondement  déd 
rocs  de  granit  de  la  même  espèce  que  ceux 
des  côtes  de  Finlande  et  des  lies  que  noud 
avions  traversées.  Il  semble  qu'il  y  ait  eut 
autrefois  une  chaîne  de  rochers  qui  joignait 
ces  tles  et  le  continent  sans  intei'ruption , 
et  qui  a  été  minée  et  rompue  par  les  efforts 
de  la  mer.  Nous  changeâmes  de  chevaux  à 
Varyat.  Entre  Scarpats  et  Haroisby  ,  nous 
descendîmes  dans  une  plaine  large  et  mieux! 
cultivée  qu'aucune  que  nous  eussions  vue  ^ 
depuis  que  nous  avions  quitté  la  Finlande* 
H  y  avait  des  champs ,  des  prairies  ,  un  lac, 
une  rivière  ;  au  milieu  de  cette  rivière  ^  on 
voit  sur  un  rocher  de  granit  rouge  isolé  , 
les  ruines  d'un  ancien  château  appelé  Cas- 
Tome  IL  G 


9B    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

lelholm  y  dont  il  est  question  dans  This* 
Suède,  toire;  lious  nous  arrêtâmes  par  cette  raison 
pour  le  considérer.  La  vue ,  quoique  bor- 
née, en  est  agréable  ;  elle  oilre  deux  petits 
lacs  dont  les  bords  s'élèvent  doucement  et 
sont  couronnés  d'un  bois.  Le  château  est 
bâti  en  partie  d'un  beau  granit  rouge ,  e» 
partie  de  briques:  C'est  sur  ce  rocher  soli- 
taire qu'Eric  XIV  ,  fils  et  successeur  de 
Gustave  Vasa  ,  fut  enfermé  en  1671  par 
son  frère  «  Jean  III  ;  on  y  voit  encore  dans 
le  dongeon  un  appartement  qu'oo  nomme 
la  chambre  d'Eric. 

Après  avoir  vue  Castelholm ,  nous  conti* 
nuâmes  notre  route  pendant  la  nuit.  Nos 
traîneaux  ne  pouvaient  avancer  que  lente- 
ment sur  un  chemin  plein  de  sable  et  de 
rocs  ;  ainsi ,  nous  n'arrivâmes  qu'à  cinq 
heuresdu  matin  à  la  côtedeTouest  où  nous 
devions  nous  embarquer.  Le  vent  étant  di- 
rectement contraire ,  nous  allâmes  loger 
à  la  poste ,  où  nous  nous  reposâmes  à  re- 
gret; mais  à  dix  heures  du  matin»  on  nous 
reveillaavec  l'agréable  nouvelle  que  le  vent 
avait  changé  ,  et  que  nous  pouvions  tra- 
verser le  golië  ;  le  seul  vaisseau  qu'il  y  eût 
dans  ce  lieu^  était  pris  par  les  glaces.  Il  ne 
nous  resta  d'autres  ressources  que  deux 


-    DES    VOYAGES.         99 

l>ateaux  ouverts  montés   d'un  pilote,  de 
cinq  ou  8Îx  pêcheurs,  et  d'enviroàdix  pay-    Suède. 
sans  j  mais  le  temps  était  beau ,  nous  n'hési- 
tâmes pas  à  nous  embarquer  à  midi.  Nous 
avions  quarante  -  neuf  milles  à  faire  pour 
gagner  la  côte  opposée  ;  d'abord,  nous  vîmes 
plusieurs    écueils ,  dont  un  parut  habité^ 
^ais ,  depuis  la  dernière  de  ces  îles  qui  est 
à  trente-cinq  milles  environ  de  la  côte  de 
Suède  ,  la  mer  est  entièrement  libre  et  ou- 
verte. Le  vent  ayant  varié,  la  mer  devint 
trè^-agitée ,  la  côte  couverte  d'écueils.  Notre 
barque  n'était  qu'un  misésable  bateau  de 
pêcheur  découvert;  nous  ramâmes  long- 
temps sans  pouvoir  trouver  iin  endroit  pro- 
pre à  débarquer  h  cause  des  brisans  dont 
cette  côte  est  hérissée.  Après  plusieurs  ten- 
tatives inutiles ,  nous  poussâmes  enfin  le 
bateau  contre  la  côte,  et  débarquant  avec 
beaucoup  de  peine  sur  une  éminence  de 
glace  voûtée,  nous  nous  traînâmes  sur  les 
mains  avec  une  extrême  difficulté  jusqu'à 
la  terre.  Nous  nous  trouvions  très-heureux 
d'y  être,  car  le  vent  soufflait  avec  violence, 
et  la  mer  mugissait  avec  furie  entre  les  ro- 
chers de   la  côte.  Nos  matelots  n'avaient 
presque  cessé  de  pousser  des  cris ,,  tant  leur 
frayeur  était  grande  ,  et  notre  courrier  de 


100    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

«  taire  des  signes  de  croix  et  de  s'écrier: 
Suhdt.     ^  Domine  ,  non  sum  dignus  morL  » 

.  Le  i8  fêvrier  \  la  neige  ayant  totale-* 
ment  disparu ,  il  fallut  avec  nos  traîneaux 
voyager  sur  la  terre ,  ce  qui  rendit  notre 
marche  si  pénible  et  si  lente  que  depuis 
dix  heures  du  matin  jusqu'à  la  nuit  nous 
ne  pûmes  qu'à  peine  faire  les  vingt  milles 
qu'il  y  a  entre  Grishharen  et  Staby  , 
'  quoique  nous  passassions  sur  des  lacs  et 

des  marais  qui  étaient  encore  assez  geléis 
pour  nous  porter. 

Nous  passâmes  la  nuit  à  Staby,  ne  pou« 
vant  aller  plus  loin  en  tratneau  ;  nous 
primes  descharîots  découverts  faute  d'autres 
voitures  pour  continuer  notre  route  ,  et 
c'est  ainsi  que  nous  arrivâmes  le  lende- 
main au  soir  à  Stockholm. 

De  Grislehaven  où  nous  débarquâmes , 
jusqu'à  Stockholm,  ily^  plus  de  quatre-vingt 
milles;  cependant  le  pays  est  si  mal  peuplé 
que  nous  ne  vîmes  pas  une  Sfule  ville.  Les 
villages  sont  petits  et  en  petit  nombre: 
iU  ont  quelque  chose  de  pittoresque  à  cause 
de  leur  situation  sur  des  rochers  escarpés  » 
le  plus  souvent  suspendus  sur  le  bord  d'un 
lac.  L'œil  s'y  promène  sur  des  cabanes  et 
des  maisons  éparses  çà  et  là  et  sur  un  pays 


:    D  E  s    VOYAGES.       loi 

|»1ein  de  collines ,  de  rochers  et  de  forêts ,  J*^"^^ 
entremêlés  de  champs  et  de  prairies.  Après  * 

avoir  été  si  longtemps  fixé  sur  des  glaces 
et  des  neiges,  la  verdure  ne  pouvait  que 
le  surprendre  agréablement  ,  quoique 
rherbe  et  le  blé  eussent  pris  une  teinte 
faunâtre  sous*  la  neige  où  ils  avaient  été 
si  long-temps  ensevelis  ,  comme  s'ils  eus- 
sent été  exposés  à  un  soleil  brûlant. 

En  approchant  de  la  capital'e ,  le  pays 
devenait  plus  sauvage ,  plus  rempli  de  ro- 
chers  et  moins  peuplé.  Je  ne  crois  pas 
avoir  vu  une  région  plus  sauvage  et  plus 
pittoresque  en  même-temps  que  les  envi- 
rons dé  Stockholm.  Nous  y  an-rvâmes  le 
20  février  vers  le  soir  ,  et  nous  allâmes  lo- 
ger au  centre  de  la  ville  >  dans  une  excel- 
lente auberge  ,  où  nous  trouvâmes  tout 
ce  que  nous  pouvions  désirer  pour  nou» 
renaettre  des  fatigues  de  notre  voyage. 


az 


101    HISTOIRE  GÉNÉRALE 


* 


CHAPITRE    n. 

Description  de  Stockholm.^  Cour.—Nou' 
çel  habit  suédois.  ^Spectacles.  — Eglise 
de  Ritterholm.  —  Tombeaux  et  caractère 
de  quel ff  lies  rois  de  Suède  et  de  tfueU 
ques  généraux.  —  Arsenal.  -^  Digres* 
sion  sur  la  mort  de  Charles  XII. -^ 
Maisons  des  nobles.  —  Statue  équestre 
d&  Gustave  Adolphe. 

Ljes  meilleurs  historiens.placetit  la  îon^ 
Suëdf.  dation  de  Stockholm  dans  le  milieu *du  trei- 
Kiëme  siècle ,  mais  ce  n'est  que  dans  fe  roi- 
lieu  du  dix-septième  que  la  résidence  des 
rois  y  a  été  transportée  ,  d'Upsal  où  elle 
avait  été  jusqu'alors. 

Je  n'ai  vu  dans  tout  le  cours  de  mes 
voyages  aucune  ville  dont  la  situation  sin- 
gulière et  romantique  m'ait  autant  frappé 
que  celle  de  Stockholm.  Cette  capitale  lon- 
gue et  de  forme  irrégulîère  occupe  deux 
presqu'îles  ,  plusieurs  iles  qui  ne  sont  que 
des  rochers  épars  dans  le  lac  Mêler ,  dans 
le  courant  par  lequel  ce  lac  se  décharge  , 
et  dans  une  baie  de  la  mer  Baltique  :  on  y 


DES    VOYAGES.        io3 

découvre  par  tout  des  points  de  vue  variés 
et  charmans^  formés  par  une  multitude  Sukàt. 
de  rochers  de  granit  qui  s'élèvent  du  sein 
des  eaux ,  les  uns  nus  et  escarpés  ,  les 
autres  couverts  de  maisons ,  d'autrs  ornés' 
de  forêts.  Le  port  communique  avec  la' 
mer  Baltique  ,  Teau  en  est  claire  cbmme 
du  cristal,  et  si  profonde  que  les  vaîsseaujt 
peuvent  aborder  jusqu'au  quai  qui  estspa-r 
cieux  et  bordé  de  grandes  maisons  et  dé 
vastes  magasins.  A  Textrémîté  du  port  plri-^ 
sieurs  rues  s'élèvent  Tune  sur  l'autre  en 
amphithéètre^  et  le  sommet  de  la  colline 
est  couronné  par  le  palais  royal  qui  est  txti 
bâtiment  magnifique.  Du  côté  de  la  mer , 
à  deux  ôu  trois  milles  de  la  ville  ,  le  port 
se  rétrécit, et  n'est  pîus  qu'un  détroit  qui 
se  courbant  entre  des  rochers  échappe  à  la!' 
vue  bornée  au  loin  par  des  collines  et  des 
forêts.  Il  est  bien  au-dessus  dès  paroles  oci 
même  du  pinceau ,  de  décrire  ce  beau  et 
singulier  spectacle  ;  l'île  du  milieu  (  pro*' 
prement  Stockholm  )et  celle  deRîtterholr^ 
sont  les  plus  belles,  parties  de  la  ville. 

La  plus  grande  partie  des  maisons  sontf 
de  pierres  ou  de  briques ,  excepté  danô  }ei^ 
faubourgs,  où  il  yen  a  plusieurs  de  hbïè 
peintes  en  rouge.  Le  palais  qui  est  au  ccn^ 

G.  4. 


104  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
tre  de  Stockholm  et  dans  le  lieu  le  pla» 
6uWc,  élevé  fut  commencé  par  Charles  XI.  C'est 
un  des  plus  jolis  palais  qui  existent.  Cest 
un  grand  bâtiment  de  pierre  ,  ^de  forme 
carrée,  dont  ^architecture est  élégante  tout 
h  la  fois  et  magniBque* 

Le  port  est  beau,  grand  et  sûr,  mais  d'ua 
accès  difficile  :  il  faut  souvent  plusieurs 
jours  pour  parvenir  à  la  pleine  mer ,  ou 
pour  arriver  de  la  mer  à  Stockholm ,  à  cause 
des  passages  qu'on  doit  franchir  ,  au  tra- 
vers d'écueils  sans  nombre  et  pour  lesquels 
il  faut  un  vent  à  souhait*  Les  quais  sont 
d'une  largeur  étonnante. 

Les  faubourgs  du  Nord  et  du  Sud  sont 
très-grands ,  mais  une  partie  des  rues  n'a 
point  de  maisons  ,  ou  elles  n'ont  souvent 
qne  le  rez-de-chaussée  ,  ce  qui  fait  que 
malgré  le  grand  espace  qu'occupe  Stoc« 
]eholm  ,  il  est  certain  qu'il  n'y  a  pas  au-delà 
de  soixante-quinze  mille  âmes.  La  ville  est 
assez  mal  éclairée.  La  police  y  est  passa- 
blement faite  ,  ce  qui  vient  plutôt  de  la 
tranquillité  naturelle  aux  habitans  ,  que 
des  soins  qu'on  se  donne.  La  société  j^  est 
triste  et  se  borne  à  aller  prendre  du  thé  à  , 
cinq  heures.  Les  femmes  ont  chacune  leur 
|Our»et  h  sept  heures  toutes  les  maisons 


DES    VOYAGES.        io5 

sont  fermées ,  à  l'exception  de  celles  des  s 
nëgocians  ,  où  il  est  encore  d'usage  de 
§ouper  ,  et  où  l'invitation  du  dîné  est 
pour  la  journée  entière  :  ce  qui  a  beaucoup 
diminué  la  société,  de  cette  ville  ,  est  le 
mécontentement  de  la  noblesse  ,  dont  une 
grande  partie  s'est  retirée  en  province. 

L'étiquette  est  observée  très  scrupuleu- 
sement a  la  cour  de  Suède.  Pendant  que 
plusieurs  souverains  de  l'Europe  ont  re- 
tranché du  cérémonial  et  de  la  pompe  de  la 
royauté,  Gustave  trois  au  contraire  a  intro- 
duit dans  sa  cour  l'étiquette  de  celle  de 
iVersailles,  et  une  pompe  jusqu'alors  incon- 
nue aux  Suédois.  Ce  prince  avait  sûrement 
trop  d'esprit  pour  n'avoir  eu  en  vue  que 
d'imiter  une  cour  étrangère  :  il  est  donc 
plus  probable  qu'il  faut  chercher  ses  motifs 
dans  des  considérations  politiques ,  et  que 
l'accroissement    des  prérogatives    royales 
lui  a  paru  devoir  être  suivi  d'un  nouveau 
degré  de  splendeur  qui  relevât  la  majesté 
du  trône.  L'habit  de  cour  pour  les  hommes, 
ressemble  à  l'ancien  habit  espagnol;  c'est 
un  justaucorps,  une  veste  ,  un  manteau, 
un  chapeau  à  la  Henri  IV  ,  une  ceinture 
autour  de  la  veste  ,  une  épée,  de  grandes 
et  amples  culottes  ,  des  nœuds  de  ruhaa 


Su^de. 


Suède. 


106    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

aux  souliers.  Le  justaucorps  et  le  bauf 
de  chausse  noirs  ,  ornés  de  raies  rouges 
et  de  boutons  de  même  couleur.  La  veste, 
la  ceinture ,  les  boutonnières  aux  genoux 
et  les  neuds  des  souliers  de  satin  rouge. 
L'habillement  des  femmes  est  une  robe 
de  soie  noire  avec  des  manches  ouvertes  et 
bouffantes  de  gaze  blanche  ,  une  ceinture 
et  des  rubans  de  couleur.  Tel  est  l'habit 
de  cour  ordinaire.  Dans  les  grandes  fêtes 
les  hommes  portent  l'habit  de  satin  ou  de 
drap  blanc  double  de  satin  rouge  ;  les 
femmes  ime  robe  de  s<Me  ou  de  satin  blanc , 
avec  des  rubans  et  une  ceinture  de  cou- 
leur. Les  hommes  qui  n'ont  pas  été  pré- 
sentés sont  vêtus  de  noir  sans  doublure 
rouge  et  sans  parure  ,  et  les  femmes  qui 
sont  dans  ce  cas  ne  peuvent  pas  paraître 
avec  les  manches  de  gaze  blanche ,  à  d'au- 
tres égards  elles  sont  vêtues  comme  je 
viens  de  le  dire.  Une  anecdote  peu  connue 
c'est  que  Charles  XII  écrivît  de  Bender 
pour  avoir  le  cérémonial  exact  de  la  cour 
de  Louis  XIV  ,  et  il  lui  fut  envoyé.  Un 
prince  fugitif  ,  ruiné  ^  qui  ne  pensait  qu  a 
la  guerre ,  demander  le  cérémonial  de  la 
cour  de  l'Europe  la  plus  brillante  ,  quelle 
singularité  ! 


DES    VOYAGE  S.       107 

Les  présentations  ont  lieu  le  dimanche  ^ 
de  quinze  jours  en  quinze  jours ,  au  mbtnéht  SttW«. 
où  le  roi  sort  de  ^son  appartement  ;  c'est 
ordinairement  vers  les  sept  heures  du  soir!. 
Le  roi  est  toujours  précédé  de  ses  grandà 
officiers.  Il  fait  le  tour  du  cercle ,  erilbraséè 
les  sénatrices  et  parie  indistlnctemèiit  à  toui 
le  monde  ;  il  s'attache  de  préfêi*ënce  aui 
ministres  et  aux  étrangers.  La  reine  em- 
brasse les  sénatrices  au  moment  qu'eTleft 
lui  baisent  la  main.  Les  dames  étrangères 
baisent  la  main  de  la  feihe  et  des  prin- 
cesses. Il  y  a  quelques  années  que  la:  Femme 
d'an  ministre' de  Tempereur  se  retusa  à  cet 
usage  et  s'exposa  à  une  scène  désagréable 
au  bal  de  la  bourse ,  où  était  la  cour.  Sans 
entrer  dans  le  détail  de  ses  motifs^  bpn^ 
ou  mauvais  ,  nous  pensons  qu'il  faut  sui- 
vre les  usagés  du  pays  où  Ton  se  trouvé', 
et  surtout  ne  pas  s'attirer  par  sa  mauvaise 
tête ,  des  désagrémens  publics.  Quoi  qu*?l 
en  soit ,  depuis  cette  époque ,  les  ministre* 
de  Tempereur  ne  présetitent  plus  leurs 
femmes  à  la  cour.  ^' 

Les  spectacles  sont  nombreux ,  il  y  en  à 
quatre.  L'opéra  suédois  est  passablement 
monté  ;  les  habiltemens  sorit  d'une  grande 
richesse ,  et  les  costumes  sont  serupuleusd* 


io8    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

ment  observés.  Quant  aux  décorations ,  elles 
"ITT      sont  comparables  à  celles  du  théâtre  le  plus 
renqmmé.,  et  le  service  des  machines  ne 
laisse  rien  à  désirer  au  spectateur  le  plus 
difficile.  L'opéra  de  Gustave  Vasa  ,  sur- 
tout ,  est  extrêmement  curieux  ;  la  décora- 
tion du  premier  acte  représentant  la  cour 
de  Christiern ,  est  de  la  plus  grande  'beauté  ; 
le  sujet  est. très-intéressant  pour  la  nation; 
il  j  a  aussi  une  autre  décoration  d'un  genre 
neuf  et  extrêmement  riche  dans  Thetis  et 
pelée ,  opéra  assez  ancien  ,  et   médiocre 
pour  la  musique ,  quoique  d'un  Italien  ; 
mais  remarquable ,  en  ce  qu'il  était  à  Té* 
tude  lors  de  la  révolution  de  1772 ,  et  que 
la  veille  de  cette  journée  mémorable  ,  le 
roi  passa  jusqu'à  onze  heures  du  soir  à  la 
répétition  avec  la  plus  grande  tranquillité^ 
et  paraissant  ne  penser  qu'à  l'opéra  ,  an 
point  que  plusieurs  personnes  qui  avaient 
vent  de  la  chose ,  ne  purent  se  persuader 
que  ce  fût  pour  le  lendemain. 

La  salle  est  belle ,  et  le  coup  d'oeil  en 
est  fort  agréable  ;  le  théâtre  assez  grand. 
Ce  bâtiment  forme  un  des  côtés  de  la  place 
du  nord  et  fait  un  très«bel  effet.  La  corné* 
die  française  ne  peut  se  comparer  qu'à  une 
jde  nos  comédies  de  pt'ovince  ;  mais  il  est 


D  E  s    V  0  Y  A  G  E  s.       îo^ 

fort  agréable  pour  un  Français ,  de  trouver  ■■ 
au  fond  du  nord ,  un  spectacle  de  sa  na-    ^^^à9. 
don. 

Les  églises  de  Stockholm  ne  méritent , 
comme  édifices ,  aucune  attention  ;  Ton  n'au- 
ra à  visiter  que  les  deux  suivantes. 

L'église  de  Hidderholm ,  n'est  point  belle, 
mais  c'est  celle  où  on  enterre   les  rois , 
plusieurs  grandes  familles   de  Suède   et 
tous  les  chevaliers  de  Tordre  des  séraphins. 
Le  premier  des  monarques  qui  y  sont  en- 
terrés est  Magnus  Ladulas  qui  commença 
à  régner  en  1774  ;  sa  tombe  est  de  pierre, 
vis-à-vis  de  Tautel.  A  ses  côtés  est  celle 
de  Charles  Canutson  qui  fut  élu  roi  lors- 
que les  Suédois  rompirent  l'union  de  Cal- 
mar qui  devait  mettre  les  trois  couronnes 
du  nord  sur  une  même  tète.  Charles  ne 
put  jouir  un  moment  de  celle  qu'il  avait 
acquise.  Les  rois  de  Danemarck  la  reven- 
diquaient sans  cesse  à  main  armée  et  avec 
le  secours  du  parti  qu'ils  avaient  en  Suède. 
Charles  était  roi  pendant  un  moment  «  et 
ie  moment  d'après ,  un  proscrit.  C'est  vyie 
question  desavoir  s'il  fut  jamais  plus  qu'un 
roi  titulaire. 

La  plupart  de  ses  successeurs  ont  été 
^0 terres  à  Upsal,  jusques  à  Gustave  Adol- 


iio   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

phe  I  dont  les  restes  fuient  apportés  dans 
Suède,  çgi^ç  ëgUse.  Cest  ce  monarque  dont  les 
grandes  qualités  civiles  et  militaires  élevé- 
rçnt  la  Suède  a,u  plus  haut  degré  de  gloire, 
et  qui  par  une  vertu  rare  chez  les  plus 
grands  héros  «  ne  fit  jamais  que  des  guerres 
justes.  Il  fut  le  plus  grand  général  d*un 
siècle  fertile  en  grands  généraux,  le  défen- 
seur de  la  liberté  et  de  la  tolérance  con- 
tre la  tj^rannie  des  despotes  et  la  tyrannie 
bien  plus  redoutable  des  religions  intolé- 
rantes. C'est  lui  qui  jeta  les  premiers  fbn- 
demens  de  cet  équilibre  de  pouvoirs  que 
la  paix  de  Westphalie  régla  et  attèrmit 
après  sa  mort.  Il  termina  sa  glorieuse  car- 
rière à  la  bataille  de  Lutzen ,  en  i63a  ,  âgé 
seulement  de  38  ans. 

Il  y  a  quelques  années  que  le  prince 
Henri  de  Prusse  étant  a  Stockholm ,  descen- 
dit dans  la  voûte  où  est  le  cercueil  de 
Gustave,  et  qu'il  le  fît  ouvrir.  Un  gentil- 
homme Suédois  qui  l'accompagnait  m'a  as* 
sure  que  son  corps  était  très-bien  conservé, 
qu'il  ressemblait  encore  parfaitement  aux 
peintures  et  aux  médailles  qu'on  a  de  lui, 
et  qu'on  reconnaissait  très-bien  les  mou:»^ 
taches  et  la  petite  barbe  pointue  que  ro 
prince  portait  suivant  la  mode  du  temps. 


DES    VOYAGES.        in 

Sî  un  observateur  ordînaire'est  frappé  d'un  f 
sentiment  d'admiration  et  de  respect  à  la  ^^^^ 
seule  vue  du  portrait  d'un  héros  renommé , 
quel  ne  dut  pas  être  celui  qu'éprouva  le 
prince  Henri ,  en  considérant  les  restes  de 
Gustave  Adolphe  lui  -  même ,  dont  il  est 
l'admirateur  et  l'émule. 

Avec  ce  monarque  finit  la  ligne  mascu- 
line de  la  maison  de  Vasa.  Tous  ceux  de 
la  ligne  féminine  sont  enterrés  dans  cette 
église ,  à  la  réserve  de  Christine  qui  ternit 
l'éclat  des  talens  et  du  savoir  dont  elle 
était  douée  à  un  degré  extraordinaire ,  par 
une  vaine  aJBfèctation  de  singularité ,  qui 
abandonna  sa  religion  pour  en  adopter  une 
qu'elle  tournait  sans  cesse  en  ridicule  ,  qui 
désirait  sur  le  trône  le  sort  d'un  particu- 
lier^ et  qui  après  avoir  abdiqué  sans  néces- 
sité la  couronne ,  n'eut  plus  que  le  regret 
d'en  être  privée,  et  le  désir  de  recouvrer, 
même  aux  conditions  lesplus  humiliantes, 
ce  qu'elle  n'avait  cédé  que  par  caprice  , 
et  peut-être  par  vanité. 

Charles  Gustave  en  faveur  duquel  elle 
avait  abdiqué  ,  était  fils  d'une  sœur  de 
Gustave  Adolphe  mariée  à  un  prince  Pa- 
latin. Sa  conduite  avec  Christine  fut  ,ua 
chef-d'ceuvre  de  politique ,  il  lui  proposa 


îia    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

de  Tépouser ,  dans  Tespérance  d'être  r^ 
LSufcdf.  fusé.  Il  lui  fit  de»  remontrances  publiques 
contre  le  projet  de  son  abdication ,  et  sut 
Vy  affermir  en  secret  ^  paraissant  toujours 
moins  rechercher  la  couronne  lorsqu'il  la 
désirait  le  plus.  Élevë  dans  les  camps  en 
Allemagne ,  il  hérita  plutôt  du  génie  guer- 
rier de  son  oncle  Gustave  que  de  ses  ver- 
tus civiles.  Il  fut  un  de  ces  grands  hommes 
ennemis  du  repos  qui  croient  que  la  guerre 
doit  être  la  seule  occupation  des  rois  ,  et 
qui  ne  songeant  qu'à  cueillir  des  lauriers , 
détournent  leurs  regards  de  la  misère  et 
des  souffrances  de  leur  peuple.  Sous  son 
administration  ,  la  Suède  parvint  au  plus 
haut  degré  de  gloire  ,  et  il  ne  fallut  pas 
moins  que  la  ])ré8ence  des  flottes  anglaises 
et  hollandaises  dans  la  mer  Baltique^ pour 
arrêter  les  progrès  de  ses  armes ,  pour  sau- 
ver le  Danemark  qu'il  avait  presqu'entiè* 
rement  conquis ,  et  pour  rétablir  un  ëqui* 
libre  convenable  entre  les  puissances  du 
nord.  Frappé  par  une  mort  prématurée  , 
il  expira  h  Eptembourg,  le  2S  février  1660» 
après  un  règne  de  6  ans  seulement. 

Auprès  du  tombcnu  de  ce  prince  est  celui 
de  Charles  XI  son  fils  et  son  successeur. 
Plusieurs  historiens  étrangers  se  sont  plu 

a 


\ 


:  pçç   y  0  Y  AG  ES.       u3 

à  l<ç  représenter  çornmç  un  tyran  ;*mal8«i; 
oa  ^xaif^ne  cçtjte  accusation  sans  préjugés,.  Suhà»* 
qii  troi|iv/era  que  bien  ioin  de  la  mériter ,, 
H  pl^tint  l'amour  et  Testîme  de  son  peuple»; 
Motlgré  Tardeur  qui  le  partait  à  désirer  la 
gloire  df;$  armiçs ,  il  persista^  invariablement 
dans  ud  sjystême  (pacifique  «  et  pejjiidant  qu'il 
pr^seryjLÎt  §oa  pays  des  horreurs  de  la 
gue^-çe  ,  il  était  le  médiateur  de  la  paix  de 
rEurope. 

Dax^9  soa  administration  intérieure  Char- 
les XI  se  ^lontra  un  des  rois  les  plus  sa** 
ge&  qu'ait;  eu  la  Suède.  Le  royaump  lui  doit 
d'ex^ell^ns  ét^Uissemens  qui  subsistent  enr 
çore.  Il  fut  pour  son  fils  ce  que  Philippe 
fi]|t  pour  Alexandre  9  il  î^^à,  les  fondemens 
de  sa  graiïdeur ,  et  sans  les  armées  nom* 
breuses  et  bien  disciplinées  et  les  trésors 
qil'il  lui  laissa ,  ce  prince  n'eût  jamais  pu 
résister  itux  eiîForts  combinés  de  toutes  les 
pviissaQces  du  nord  et  jouer  le  rôle  brillant 
qui  )etft  toute  l'Europe  dans  TétonnemenU 
Charles  XI  mourut  en  1697, âgé  seulement 
de  42  ans  ,  regrettant  dans  ses  derniers 
monieQSf  de  n'avoir  pu  se  rendre  assez  mai- 
ire  de  spn  humeur  violente ,  et  ne  se  faî- 
faat  que  ce  seul  reproche. 
.  Charles  XII  a  dans  cette  église  une  tombe 
Tome  il.  H 


Adolphe  avait  cou  (bine  de  l-apl^eiër  son 
^•**^*  savant  généraK  II  n'ëlaît  encore  qu'un  en- 
fant lorsque  son'  courage  attira  Tattention 
de  ce  prîhce  qui  prédît  ses  grands  succès , 
et  qui  Teniptdya  avant  qu^l  eût  atteint  sa 
vingtième  année  dans  plusieurs  entreprises 
difficiles  qui  n'exigeaient  pas  moins  d'ha- 
bileté que  de  valeur.  Après  la  mort  de 
Custave,  i)  soutint  comme  généralissime 
des  airmée  suédoises  /toute  la  gloire  qu'elles 
s'étaient  acquises^,  e^  l'augmenta  même  par 
ime  suit^  de  victoires  qui  le  firent  regar* 
der  coni&è  te  plus  graiid  capitaine  de  son 
siècle.  Craint  et  chéi*i  du  soldat»  il  avait 
Su  lui  inspii*er  une  confTahce  sans  bornes. 
Humain  avec  les  vaincus ,  très-attentif  k 
ne  point  exposer  ses  troupes  sans  nécessité  , 
il  condamnait  les  généraux*  qtiî' prodiguent 
le  sang  des  soldats  pour  se  faire  un  nom. 
A  la  tête  d'une  armée,  il  agissait  selon  ses 
.  idées  et  avec  une  entière  indépendance  , 
et  aurait  plutôt  résigné  le  commandement 
que  d'être  contraint  à  suivi*e  les  ordres  du 
cabinet,  «e  Pourquoi ,  disait -ri  h  ses  amis  , 
M  Galles  et  Piccolomini  ,  n'ont -ils  aucun 
«  avantage  sur  moî  ?  c'est  parce  (pfUs  n'o- 
«c  sent  agir  sans  être  airtorisés  par  les  mi- 
'ic  nistres  de  l'empereur.  » 


DESVOYAG  ES.-    ,117 

•  Dans  les  Tisit€j8  que  aouft  eûmes  occasioD 
ide  faire  a  des  persQooes  de  :1a:  noblesse.^ 
nous  •  tiK>n vîmes  ep .  Suède  *  autant  de  ppU- 
tesaeet^dliQspit^Uté.que  cfaezJes  .sergneurs 
polonaÎ9  et  russes ,  .quoiqu'il  y  eât  dans 
Jeurs  maisons  beaucoup  moins  de. magnifi- 
eeiice  et  de  luxe  daqs  leur  «train  et  dans 
leurs  assemblées.  Cette  diffërence  tient  k 
'WlQ'eaiiAe  qni'ne  peut  qû  être  ^réaUe  aux 
amis  de  l'bmnaiâtë^  Le  droit  .de  posséder 
des4ïerres  n'jrppat tenant  pas^exclusivement 
en  Suède  r  a  auicttD'  ordre ,  de  la  société  , 
comme  en^PoIogne  êt.en  Russie,  elles  sont 
plus  également  ipaY^gées  ;  et  on  n'y  voit 
pas  de  si  vastes  domaines  et  de  sigr^indes^ 
richesses  s'aoeumuleret  se  concentrer  entre 
un  petit  nombre  de  personnes. 

Pendant  notre  séfour  à  Stockholm  ^  à  lar 
réserve  d^m  seul  ..jour  de  neige,  nons^ 
eûmes  un  aussi  beau  temps  que  j'en  ajre^ 
jamais  vu  en  Angleterre  pendant:  le  prin- 
temps. C'est  un  phénomène  bien,  rare  dans 
la  .saison  et  sous  le  climat  où  nous  étions,, 
e'est^-dire ,  à  la  fin  de  février  et  au  69.^ 
d^ré  2e  minutes  de  latitude.  Souvent  les 

•  neiges  ny  fondent  qu'au  mois  d'avril.  Nous- 
étiqàs  d'autant  plus  satisfaits  de  ce  beau^ 
temps  >  q^u'il  nous  donna  la  facilité  de  faire^ 

H  Z 


Suède. 


n8    HtSTOlIlE   GÉNIÉHALE 

quelques  excursions  dans  le'  pajs  qui  ^  tout 
Suède,  sauvage  et  stérile  qu'il  est;  îans  la  plupart 
des  envh'OtiS'  de  Stockholm  ,  a  toujours 
.  quelque  chose  de  singulier.  Au  milieu  d'un 
magnifique  entassement  -de  rochers,  od  y 
rencontre  sonveût  des  lacs  ,•  des  -  forêts  » 
d^agréablés  prairies /des  champs^  des  ter- 
mes, des  villages. 

Uarseoal  de  Stockholm  contient  un  nombre 
immense  de  drapeaux  etde  trophées  de  tout 
genre ,  fruit  des  victoires  des  Suédois  sur 
les  Impériaux ,  les  Polonais  ,  lés  Russei ,  les 
Danois,  et  dûs  pour  la^* plupart  à  Gustave 
Adolphe  ,  à  Bannier  ;  ToiiBtenson ,  Wran- 
gel ,  Charles-  Gustave  ,•  mais  surtout  à 
Charles  XII  qui  illustra  et  ruina  si  bien  son 
pays.  Je  ne  pouvais  m'empêcher  de  remar- 
quer ,  lorsqu'on  me  montrait  les  trophées 
de  Narva ,  qu'aujourd'hui  les  Russes  pos- 
sèdent Narva  même ,  avec  toute  la  LÎTonie 
et  bien  d'autres  paj^s  qui  appartenaient  à 
la  Suède. 

Enir'autres  choses  curieuses,  j'observai 
la  peau  du  cheval  que  montait  Gustave 
Adolphe  à  la  bataille  de  Lutzen ,  au  mo- 
ment où  il  reçut  le  coup  mortel  ;  un  ba- 
teau construit  à  Sardam  par  Pierre  le  Grand , 
et  pris  par  un  vaisseau  suédois  comme  ou 


DES    VOYAGES.       119 

le  conduisit  par  mer  à  Pëtersbourg ,  et  les 
habî  u^t  le  chapeau  que  portai  t  Charles  XII  ^  Suèdi. 
lorsqu^U  f|it  tué  à  la  tratichée  devant  Fre- 
dericshalL  On  a  voulu  tirer  de  rétatob 
sont  cet  habit  et  ce  chapeau  des  icondusions^ 
sur  Içiigeore  de  mort  |d^  ce  :princé  ,  qui 
m'engagèrent  à  les  examiner  avec  une  âth 
tentioa  particulière.  '    .  • 

L'h^bijt  est  un  uniforme  bleu;  semblahte 
à  celui  d'un  simple  soldat^  les  bottes  sont 
épaisses  et. grandes,  Ijes^antsrjd'une  j/eau 
de  buffle,  très -forte.,  ft  montant  presque 
jusques  au  coude.  Celui  de  la  main  droifie 
^&t  fort  taché  ^  de  saqg^^,  le  gauche  n'en  a 
que  quelques  gouttes»  Le  ceinturon  qu'il 
portait  autour  de  sa  veste  est  aussi  ensan- 
glanté. Ces  .  circonstanoes.  peuvent  faire, 
croire  ce  qu'on  a  dit  >/ qu'en  recevant:.!© 
coup-  &tfll ,  le  roi  porta-  dans  l'instant,  la 
main  droite  à  la  tempe  où  il  était  blessé, 
et  enisuite  à  son  épée. . 

Le  chapeau  parait  avoir  été  légèremeilt 
eflleuré  par,  la  balle.»  dans  l'endroit  qMi 
couvi*|Lit'  la  tempe:  «Quelqu'un  quia-eiï  ' 
souvent  occaMon  de  l'examiner ,  m'a  dtlque 
cette;  parque  était  .d'^bprd  peu  senatblei  V 
mais  qu'il  tbrpe  de  k  toucher  «  les  curieux 
l'ayaiei^it  (;on9idérabl«m6iit  aggrapdie  ;  tsais^ 

H4 


.rflo    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

oèâime  le  cha^jeati-  ti'est  que  lëgérèirtent 
«étfléuré  et  miUeniêht  ^ercé  ^  an  n'en  peut 
-piéii  condnre  strr  la'grosseui^  de  -lui  balle 
iqnî  a  servi  d(s  ^  fondem'etilt  k  bedotbup  de 
(vaisonnemetis.  Il  dt)i^  de  cette  description 
iâont  )'ai -pris- durées  lieux  leÈ  dëtaiîs^  que 
-ai  les  habits  m' le: >eha peau  ûe  fburiiissent 
absolument  aucune  lumière  sur  la  ques- 
"àèa,  Bi^àtlèi  a  été  tue,  par  tih  â^assia 
jcn^^pai!  lefe  baUéries  des  Danois. 
n:  AfotcK  àn^'^anecdiote  relative  tx  ce  sujet 
xiïPÎeu^  y  qui-  pourra  y  répandre  plus  de 

nL'rSo  norviembrcf;  i7r8  ,  Chai^lfes  ^îsîtaît 
•la  tranchée  de  F^dericshall  en  bîôrvVège. 
'Il  s'approch^i  d'mi  ôUvrage  sur  lequel  i! 
monta,  et  s'ac^tMidant  sur  le  parapet,  il 
'patnt  occupé  k  {examiner  les  pfogfès  des 
îravaux  qu'il  «raie  ordonnés.  Lés  batferies 
.deS'Danois  Ikisaîen^  un  feu  continuel  de 
grosse  et  de  petite^artillerie  ^tk^ud'le  roi 
s^eacposait ,  suivant'  sa  coutume,   sans  la 
moindre  précaution.  Etant  dans  eélte  at- 
titude ,  il  reçut  nhë  balle  dans  la« tempe, 
tomba  sur  te  parapet  et  expira  dans -Uns* 
«tant.  Il  avait  avec-  liiii  deux  officiers  Fran- 
çais ;  Maigret  y  ingénieur ,  qui  dirigeait  la 
«'^iégej  et  Si^uier  son  aide-de-camp.  Der* 


•      DES    V  O  Y  A  g:êS.       lal 

tien  hii  y  kqxKiiiçae  diêtuûcê ,  l^taî^t  avec 
4Wtres  oj8kicrtiy:le  comté  8ehwenn't\}ïi  ^^^^' 
CQiàmaiûiahila:.ti;aitchée;  letôhlte  Pqfe, 
oapttaîae  des  gardée  ^  el'Cûî^én'àiàe'àé» 
jQaÀpi  .Sulvantik!  réei  t  de  boitai  j^b^  ;  les  dèu t 
officiers  françaiStVôyatttllé  ^<M  tbtober'cii  . 
]xxu68aiDit  iHvpf(kft»!id  'é^^ti^ir  ;é*a!fy^rbchèt^eat 
d0  luiet  le-trpttvè^éilt  «i^rt.  Lîa  Mtitràyè 
raconte  qnç  Maigret  .  arâit  tiititileMeiit 
tenté  de  ^toiipnet-'té.  f6î  de  reétet*  dané 
ua  '^idrbit  isi  dàfa^tieiÀ ,  et  'qtt\f  àrft  dé- 
libéré là^desQtis^^âVéfcSchweHn  et  Gulfcert.  n 
retourna. pôut^és^ajrér  par  ttn  stratagètné 
de  faire  retirer  le  roî.  L'ayant  trtJuVé  ap- 
puyé sur  Ib.  parapet, il  crut  iqu'îl^tait  ën- 
dotmi.  y  mai^  ettfiû  'voyàiit  qu'il'  restait  tou- 
)ours  8an«  moiive^i^nt  v  îî  dionna  l'alarmé  , 
aux  officiers  qui ,  'S'àpjpi'ochânt  aVefc  une 
lumière  ,'s'àpeMUretit  qu'il  était  ibort. 

Le  récit/  du  ôbàpelain  No^bei^  s'àccordë 
en'génémi  a*^fec  celui  de  la  Motfkyc-  VÔidî 
comment' il  S'exptîttÉe  :  «  La  i'ésofution  de 
k<  eacter  ce  fatal  accident  ajàtlt»été  ptise 
M  i^T  ces  offièî^r ,  Siquier  qui'  étalt**attaèhé 
«eau  prince' de  Hesse,  ôta  le  chapeau  du 
M:^ihlyWi  couvrit  la  tête  de  sa  perruque 
-le  £t^e$oï>propi^tibâpeau,ététr9éIoppant 
«  b  corps  d'un  iaïaateau  gris^  le  fit  traa«^ 


xs^    HISTOIRE  GÉNÉRALET 

«  porter  dans  son  quartier  comme  cefàl 

Su^e*  ^  à'un  officier  qui  vefnait  d'être  tué.*  SU 
5<  quier  yola  ensuite  au  quartier  du  prince 
«  de  Hesse  qui  était  à  plus  d'une  lieu  de  .U14 
«  Philgren,  page  de  ce.pi^ince ,  qui  ëiait 
jK.  de . service  ce  jour  là^  raconte  que  le 
f<  princje  soupait  avec  quelques  gënërapuy 
M,  et  officiers  ;  que  Siquier,  sans  se  faille 
M  annoigicer  ^.  s'approcha  du  prince  et  lui 
4<  parla  à  l'oreille  i  que  oelui-<;i  en  fit  autant 
<c  à  son.  voisin  ^  et  que  la  nouvelle  aj^anC 
|K  ainsi  passé  à  tous  ceux  qui  étaient  à 
jK  .  table  f  le  prince  se  leva  et  denumda  àa 
m  chevaux. 

«  .Je  suivis^  ajoute  le  page,  les  officiers 
«  jusqu'il  l'endroit  où  le  roi  avait  été  tué. 
«  Le  prince  ordonna  aux  officiers  et  aux 
5  géo^f (iux  qui  étaient  présens ,  de  metti*e 
4c  le..cQx:ps  dans  une  litière  et  de  le  ikire 
«  porter  au  quartier  général  avec  une  es- 
M  corte  de  vingt -un  soldats  tenant  des 
«  cierges  à  la  main  :  nous  observâmes  que 
M  le  roi.  au  moment  de  sa  mort,  avait 
M  tiré  \  moitié  son  épée  hors  du  fourreau, 
^  et  qu'il  l'empoignait  avec  tant  de  force 
K  qu'on  eût  de  Ja  peine  à  la  dégager.  Au»- 
M  8il,ô,t;que  le  corps  eût  été  transporté^  le 
f<  prlpi^e  tint  cooicil  ^a^vec  des  officiers  ;.  oa 


i   -D  E  S    V  O  Y  A^  G  E  SI       ia8 

• 

«  résolut:  dé  lever  le  siège  et  d'envoyer  le 
«  feld  maréchal  Ducker  à  Sansdkorg  pour  Suède, 
«  empêcher  que  personne!  ne  passât  chei 
<r  renaeini  et  ny  portât  la  nouvelle  dé  la 
«  mort  du  roi.  Mai^  cette  précaution  était 
«  tardive-,  et  cette. nuit  même ,  un  lieute- 
«  nant  suédois,  suivi  d'un  tambour,  passa  le 
«  Grlomnta  et  en  informa  i'ennemi.:»!  Ces 
circonstances  éloignent  toute  idée  que  le 
roi  ait  été  assassiné.'    :> 

La  relation  de  la  niort  de  Charles ,  pii^ 
Wiée  par  ordre  de  là  cour,  d'abord  après 
cet  évéïïement ,  n'entre  dans  aucun  détail, 
elle  l'attribue  seulement  à  une  balle  partît 
d'un  fauconneau.  La  Motraye  assure  que 
cette  relation  est  probablement  vraie ,  parce 
que  )la  blessure  était  large  de  quatre  doigts; 
Voltaire ,  d'après  Sîquier ,  prétend  que  Fa 
blessure  du  roî  avait  été  faite  par  une  balle 
du  poids  de»  demi-livre ,  et  qu'on  pourait 
y  enfoncer  trois  doigts.  Tous  les  decrx'sont 
d'accord  que  l-œil  gauche  avait  été  emporté 
et  que  le  droit  avait  éiëdéplacé.  Cependant , 
deux  personnes  qui  ont  vu  le  jcorps!  afïÎN 
ment  positivement  que  la  blessure  était 
trop  petite  pour  avoSr  été  causée  par  une 
balle  de  ihuconneau  ou  de  demi-fauconneay. 
L'une  de  ces  personnes  est  le  comte  Licoen 


y 


%a4   HISTOIRE  GÉNÉRAXE 

qui  avait  été  page  du  roi  [et  de  service  I9 
M^Meé  nuit  de  6a  mort  ;  l'autre  est  un  capitaine 
Garhberg  qui  aida,  à  emporter  le  eorps  da 
rbi  hors  de  :Ia  tranchée  ,  et  qui  aflfirma 
iconstamment  comme  le  comte  Licoen^que* 
•le  rot  avait  été  tué^  d'un  coup  de  mousquet 
'du  de  pistolet.  .  .    > 

/Mais  on  peut  demander  si  ces  devjt  per* 
sonnes  ont  eu  occadion  d'examiner"  la  blés- 
sure  avec  l'attention  nécessaire  ,  et  si  lé 
•plus  ou  le  moins 'de  grandeur  d'une  pa- 
.reille  blessure- .ne>  dépend  pas  beaucoup 
de  la  vitesse  de  là  balle  et  de  la  place  qu'elle 
frappe*  Il  pat*alt  pav  le  récit  de  La  Mo- 
traj^e  qui  avait  .vfsité  la  forteresse  de  Fre* 
dericshall ,  que  le  roi  n'était  qu'à  iBover- 
.ges  du  rempart  et  &  environ  800 'de  la 
batterie ,  d*oii  il  conjecture  qu'est  parti  le 
coup  qui  Ta  tué.  Or,  une  balle  de  mous- 
quet pouvant  atteindre  à  800  et  même  1000 
verges ,  le  roi  peut  avoir  été  tué  de  cette 
manière,  ou  ce  qui  est  bien  plus. probable 
encore ,  par  une  balle  de  eanon  tiré  à  car- 
touche. 

Il  paraît  cependant  par  un  |  passage 
des  .mémoires  de  Bruce  ,  que  :  l'opinion 
générale  a  été  pendant  quelque  tt^ps  que 
le  roi  avait  jété  assassiné ,  et  que  c  elait  par 


»E;S    VO  Y  A  G  E  S.        raS 
lar^mâîn  dés  Suédois.  Mais  après  avoir  la  m 


tout  ce  qui  a  été  dit  à  ce  sujet ,  c'est-à-dire  ;  Suèdb. 
beaucoup  de  coojectuneSy  de  bruits  vagues 
et  incertains ,  et  de  raisonnemens  peu  dé^ 
monstratife ,  on  est  forcé  de  conclure  due 
la  cause  de  la  mort  de  Charles  XII  ne 
pourra  jamais  être  connue  avec  une  par-^ 
faite  certitude^  mais  qu'il  n y  a  en  même* 
temps  aucune  raison  solide  de  Tattribuer 
k  un  assassinat. 

Les  btniits  qiii  favorisent  cette  opinion 
^t  qui  ont  été  pendant  quelque  temps  fort 
accrédités  ^  ne  doivent  pas  surprendre.  A 
la  mort. de  Charles  XII ,  il  se  forma  deux 
partis  en  Suède.  L'animosité  de  ces  deux 
partis  devint  bientôt  extrême  ,  celui  qui 
rsuccomba  subsista  tou}oura ,  se  vengea , 
comme  c'est  l'ordinaire ,  en  chargeant  des 
imputations  les  plus  odieuses  ses  principaux 
adversaires.  Il  faut  avoir  vécu  dans  des  Etats 
déchirés  par  des  factions ,  pour  comprendre 
avec  quel^art  et  quel  activité  la  haine  et 
la  vengeance  savent .  inventer  ,  accréditer 
et  rendre  vraisemblables  les  faits  les  plus 
étranges  et  les  plus  calomnieux.  Cest  ainsi 
qu'en  Suède ,  tous  ceux  à  qui  la  mort  de 
Charles  XII  fut  utile  eh  furent  accusés , 
sans  qu'on  épargnât  les  personnes-  les  plus 


m6  histoire  générale 

respectables ,  et  son  successeur  luinnème; 
^.^lOUb»:  prince  rempli  d'honneur,  de  probité  et 
"  de  vertu ,  qui  avait  tant  de  fois  exposé  sa 
vie  au  service  de  Charles  XII ,  qui  ne  pou- 
vait avoir  presqu'aucune  espérance  de  lui 
succéder ,  et  dont  toute  la  vie  atteste  la 
modération  et  la  droitunet» 

L'église  de  la  reineChristine  est  en  forme 
de  croix  avec  une  rotonde  au  milieu  ,  assez 
jolie ,  fort  propre.  On  j  voit  un  moDument 
en  plomb,  élevé  en  lyyoà  la  mémoire  de 
Descartes.  On  montre  dans  le  cimetière 
Tendroit  où  son  corps  fut  d  abord' déposé 
avant  qu'on  le  renvoj^at  en  France. 

L'édifice  de  la  maison  des  nobles  est.  sur 
uue  grande  place;  il  est  beau  ,  la  salle  où 
s'assemblent  Jes  nobles ,  n'a  pour  toute  dé- 
coration que  les  écussons  de  la  noblesse  qui 
couvrent  ses  murs.  La  statue  pédestre  de 
Gustave  Yasa  est  sur  la  place  des  nobles;  ce 
n'est  qu'après  deux  siècles  qu'on  a  donné 
à  ce  grand  homme  cette  marque  de  véné* 
ration.  U Archeuéf/ue  y  artiste  français  ^  en 
est  l'auteur  ;  elle  n'a  rien  de  saillant. 

La  statueéquestre  de  Gustave  Adolphe  est 
devant  l'Opéra ,  sur  la  place  du  Nord  ;  elle 
n'a  été  fondue  qu'en  lySi.  Les  proportions 
du  cheval  et  de  la  statue  i  sont  absolument 


DES    VOYAGES.       «7 

les  mêmes  que  celles  de  la  statue  renversée 
d'Henri  lY ,  à  Paris.  Derrière ,  au  bas  de  la  ^   Snkdei 
statue  ,  sera  un  grand  trophée  dans  lequel 
cfti  distinguera  les  boucliers  et  les  écussons 
des  difierens  peuples  vaincus  par  Adolphe; 
autour ,  seront  les  bustes  en  médailles  des 
cinq    principaux  généraux  de  ce  prince, 
Bannier  y  Tortenson  ,  Jacques  La  garde  ^ 
HometSaxe-Veintar.  Au  bas  sera  la  statue 
d'Oxenstiern  ,  dictant  à  Thistoire  la  v!e  da 
roi ,  ce  qui  fera  un  très-bel  effet  lorsque  le 
tout  sera  en  place. 

L'arsenal  est  à  la  porte  du  parc  :  ce  bâti- 
ment a  vingt-neuf  croisées  sur  quatre  seu- 
lement de  profondeur*    En    entrant  '  au 
deuxième  étage ,  on  trouve  une  salle  oîi 
sont  les  rois  de  Suède  à  cheval  avec  leur 
armure,  le  casque  du  Gustave  Adolphe, 
d'un  poids  énorme  ;  de  petites  pièces  d'ar- 
tillerie avec  lesquelles  Charles  XII  enfant 
s'exerçait.  Dans  une  seconde  salle .  une 
grande  quantité  de  drapeaux  pris  sur  les 
Russes  et  les  Saxons.  Une  chaloupe  faite 
par  Pierre  le  Grand,  prise  lorsqu'on  la 
transportait  de  Sardam.  Dans  une  galerie 
communiquant  à  cette  salle  ,  sont  tous  les 
I  objets  servant  au  couronnement ,  la  quan- 
tité d'armes  de  diflfërentes  espèce ,  ancien- 


ia8    HISTQIR^  (SJl^N^RALE 

oes  et  modçrnes  ,  ainsi  que  celle  des  dra* 
ëttède.  peaux  quj|  j  a,  h  cet  arsenal  est  iniquense. 
L'etaBli^SçmeQtpour  les  veuves  des  bour* 
Çeois  estle.pLus  i:efnarqji9able.de^ux  de  ce 
genre  ^  qui  spjptà.  Stockholm,  p^cç  quip  )e 
pense  qu^i]  n,^  pas  été  imité  i^ilienirs  ,  quoi- 
qu'il soit  bien  fait  pour  Têtre.  Les  maîtres 
dans  les  corpsi  et  métiers^pajent  nne  cer- 
taine somme  par  an,  et  le^i:s.v<euYe& seules 
y  sont  reç^es  r  '^  ^^^  qu  elle  soiept  %ées 
de  5o  ans* 

Les  fondations  de  cette  sorte  ne  sont  pas 
rares  à  Stpcl^olm ,  presqqe  tous  ceç  établis* 
semens  laissent  quelque  chose  à  désirer  ; 
mai^  on  sait  que  le  bien  s'ppère  lentement. 
Cette  partie  a  beaucoup  ga^né  depuis  quel- 
ques années ,  et  tout  porte  à.  croire  qu  on 
neperdi'a  p^  de  yue  un  objet  aussi  iropor* 
portant.  Le  peu  de  richesses  du  pays  s  op- 
pose à  ce  que  les  progrès  en  bien  soient 
aussi  rapides  que  l'humanité  le  c(enwinde;  et 
si  \fi  gouvernement  fait  tout  ce  qu'il  peut 
faire ,  personne  ne  sera  en  droit  de  le  blâ- 
mer. 


-^n 


CHAPITRE  ni- 


/ 

DES    VOYAGES.       1 


2f 


CHAPITRE    III. 

Châteaux  du  roi.— Environs  de  S tockholrri. 
— Ordres  de  chevalerie.-^  État  des  trou^ 
pes  Suédoises.  —  Esprit  des  soldats. 

JLiE  rdî  de  Suéde  a  quelque^  châteaux  aux 
environs  de  Stockholm;  Drottningholm  est-.  5^^^^ 
le  plus  grand  de  tous  ,  et  celui  que  la  cour 
habité  le  plus.  îl  est  dans  une  île  du  laô 
Mêler  ;  et ,  à  tous  égards ,  on  Fera  bien  de 
le  voir  en  détail.  Le  château  est  sur  le  bord 
du  lac ^  c\v\y  est  superbe, dans  une  situa- 
tion charmante  en  été.  11  s^annonce  très-bien; 
il  a  sur  chacune  des  deux  façades  ,  qui  sont 
régulières  ,  trente-une  croisées  ;  il  j  â  au- 
près beaucoup  d'autres  bâtimens  où  Ton 
peut  loger  jusqu^à  cent  soixante-dix  maî- 
tres- Les  jardins  sont  agréables.  Il  faut 
voir  Tîle  d'Apollon  et  la  maison  chinoise , 
où  tout  est  d'après  ce  nom;  ony  dîne  quel- 
quefois ,  on  l'appelle  aussi  Canton  y  ce  qui 
a  donné  le  nom  à  une  espèce  de  village  ;  à 
un  quart  de  lieue  du  château ,  ce  ne  sont  quéf 
des  maisons  de  campagne.  Ce  séjour  est 
Tome  ÎL  \ 


iSô    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

scliarmant  ;  on  s  j  rendait  moins  volontiers 
autrefois  ,  parce  qu'il  laliait  en  venant  de 
Stockhohn  traverser  le  lac  qui  est  tort  large: 
ce  passage  était  toujours  incommode  et 
tjuelquelbtl  dangereux.  Aujoi^-d'hui  ,  le 
chemin  ne  laisse  rien  à  désirer;  il  est  su- 
perbe d'un  bout  à  J'<iuti-e  ,  souvent  taillé 
d^ns  le  roc,  et  a  coûté  des  sommes  éoor- 
mes.  On  traverse  trois  ponts. pour  venir 

:  de  Stockholm  ;  le  premier  a  5oo  pîeds;  le 
second  ,  1400  et  le  troisième,  700.  C'est  au- 
près de  ce  pont  qu'on  doit  ériger,  sur  la 
druiteen  avant  de  Stockholm  ,ao  obélisque 
de  granit  de  ôo  pieds  de  haut,  pour  con- 
sacrer les  travaux  qu'a  nécessité  la  confec- 
tion de  ce  beau  chemin  d'un  mille  de  lon):- 
Carlberg,  près  du  iac,au  nord-est,  est 
pour  ainsi  dire  ,  dans  les'  faubourgs  de 
Stockholm,  d'où  on  y  va  par  une  longue 
allée.  Celle  maison  a  été  destinée  à  fétudc 
des  cadets  nouvellement  établie. 

liai:."  .  |Hhi  [>j\illon  j  un  t]uarï  de  lieue 
de  la  juM  U'  lin  Nord;  il  «l  trés-agrtablt- 
inent  f\Uiv  ,  <éu  iiiilicn  dçs  boÎ8  et  ptfe»  j 
lac  ;  il  csl  ituMilik'  entièiv'^ 
grande  (K^.uui'  ,  et  c* 

pi^éiiT..;!  (;\j>i.ivo  irl;i 

dc's  SCiii.uncs  entière»'? 


^D  E  s    VO  Y  A  G  ES.       i3i 

t|ui  ajoutait  peut^tre  hiu  goût  du  roi  pou?  _  , 

cette  riatraite ,  c'est  c\vt^  in  révolution   dç    Suèd«« 
î 77Û  ^  y  avait  .élé  prép4i|^ée  dans  un  pe^it 
coin  du'jardÂq^  q^e  Ton  vijsite  avec  grand  in-» 
térêt.  Uy^ ua  juûifornÎQ aSêcté  à  cette  n>ai-  ^ 

son,  qj^e.  Içf.ri)]  ne  donnequ'adee  gensde 
marque,        j 

Le  'pidrc  est  lendr^ît;  des  environs  de. 
Stockholm  le  plus  fréquenté,  à.cause  de  s^ 
proxih^t^  ;  il  esft  çitué.à  Test;  hors  de  la 
vîUe  9  du  côté  de  la  mer.  Le  premier  dâ 
mai  >  il  est  d'usage  de  s'y  montrer  comm0 
à  Long  -  Chanïp  las  )owrs,3ftints  ;  le  roi ,  la 
fàûiille  royale  et  toute  la.  cour  s'y  rendent 
ordinairemçtit;  cette  céréncjonie  3  si  on  peut 
appeler  aiaeî  u^[>e  simple  promenade  ,  cqn-^ 
sistp  à  fbire  unç  ou  deux  fois  le  tour  dn 
partî  e^  voiture.  Un  ambassadeur  d'Ëspa^ 
gne  y  a  fait  bâtir  une  nviisOndiEi  campiigne 
dans  un^  sit^Ufitîon  unique.  C'fC^t  un  petit 
pronaontoire  au  milieu  d^.  la  mer ,  â^e  ma^ 
wière  que  l'on  croit  de  son  sallon,  éiresur* 
un  vaisseau.  Ce^t  le  passage  de  tous  les  bâ-' 
timens  qui  entrent  à  Stock holip  et  qui  eti 
sortent,  et  il.  est  tellement  resserré  ,  qu!on. 
peut  leiir  parlgr  ,  souvent  sans  porte*vQix. 
Cette  position  est  sans  pareille  pour  Vété.  • 
.   Le  SLi^'y^m  M  jour  de  Saiçt  Jean^  on  pLonfa 

1^  ' 


î3^    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

-  un  mai  devant  le»  portes  des  châteaux  et 
Sn^àe.  maisons  de  campagne  ,  comme  en  France  le 
premier  mai  ;  le  roi  et  la  famille  royale  vont 
encore  au  parc  >  et  s'arrêtent  au  campqu^on 
y  a  dressé.  Ce  camp  ^  qui  durer  tout  le  mois 
de  juin , est  composé  delà  gafnisoi^  de  Stoc- 
kholm ;  c'est-à-dire ,  des  deux  régimens  des 
gardes%  du  corps  d'artillerie  ^  d'un  bataillon 
de  la  reine  douairière  et  des  dragons  deU 
garde.  On  plante  ce  jour-là  dans  le»  lignes 
ducamp  de  grandes  perches  ornées  de  feuil-» 
lages  avec  des  chiffres  ,  et  quelquefois  des 
écussons  avec  des  devises.  Au  bas  de  cha- 
cune ,  soqt  des  tonneaux  de  bière  sur  des 
traiteaux.  Vers  les  six  ou  sept  heures ,  à  un 
certain  signal^  on  fait  rf>uvet*ttire  des  ton- 
neaux, on  distribue  à  chaque  soldat  une 
pipe  ,  un  pain  >  deux  harengs  et  quelqu^a^- 
gent;.ce  'sont  les  capitaines <|ui  fontt^te 
dépense.  La  musique  de  chaque  riment 
joue,  et  les  soldats  commencent  à  borre  et 
h  danser;  sur  chaque  tonneau  est  tin  soldat 
déguisé ,  soit  en  bacchus,  soit  autrement; 
mais  toujours  d^une  manière  plus  on  moins 
grotesque  ;  c'est  lui  qui  boit  le  premier  et 
qui  porte  lessantés,  elles  sont  nombreuses, 
et  à  chacune,  on  crie  ^yii^at:  quand -il  passe 
quelqu'un <leU  famille  royale»  ouquel^ttes 


DES    VOYAGES.        i33 

généraux ,  oa  porte  leurs  santés  et  on  crie 
toujours  ifii>at.'  On  promène  sur  des  brant- 
<sards ,  le  long  de  la  ^  ligne  y  les  soldats  déi- 
guisés;  ils  cherchent  à  aniuser  le  peuplç 
qui  se  porte  en  foule  autour  d'eu]^  par  des 
«fozzis  ou  <ie$  dhansoQs  ^  ils  se  permettent 
■spuyeiit  des  choses  fort  iadécei|tes  ;  la  re^ 
traite  battue  ,  tout  rentre  dans  Tordre  ;  lu 
tamille.royalc  soupe  ordinairement  au  camp 
dans  la  tente  du  roi  ^  qui  y  couche  souvent 
sous  la  toile, 

Il  y  a  quatre  ordres  en  Suède ,  doot  ua 
civil  et  militaire,  un  purement  militaire  ^ 
et  deux  civ41ar 

l/erdre  des  séraphins  ^  c'est  le  premier , 
]e  nombre  des  chevaliers  est  de  vi  ngt-quat re» 
le  roi ,  les  princes  suédois  ou  étrangers  non 
compris.  Les  marques  de  cet  ordre  sont  un 
large  cordon  bleu  clair  moiré  ^  de  droite  à 
gauche  j  et  une  plaqiie  en  argent  sur  le  côté 
gauche  où  sont  ces  lettres  ,  I.  H,  S.  sur- 
montées d'une  croix  ,  et  entourées  des 
trois  couronnes  de  Suède  ;  la  chaîne  qu  on 
porte  au  cou  est  alternativement  formée 
de  croix  et  de  tête  de  chérubins/ 

Ordre  de  Vépée  :  cet  ordre  purement 
militaire ,  est  divisé  en  trois  classes ,  préci*> 
sèment  comme  Tordre  de  Saint-Louts  Téc 

13 


Suéde. 


i34  HISTÔtRE  GÉNÉRALE 
tâît  en  France.  Le  cordon  estijoune,  à  bords 
Suède,  -Meus  ,  et  se  porte  de  droUé'figautjbe,  là 
•plaque  en  or  à  gauche;  Ist-tr^x repcdi«nte 
d'un  côrë  l'e^  arnaes*  de  Suède ,  et  au  milieu 
une  ëpée  droite;  de  Tautre^,  nne<^ée  pas- 
sée dans  tihe  couronne  de  -laurier,  avec 
•ces  mois  ,  pro  patriâ-.  Le  roi  Të^nant  a  ins*- 
tïtué\ine  cjuatrièmè  classe  qui  nei  peut  8*ob- 
♦tenir  qu'en-  temps  de  guen*e  ;  H  ftftK  ponr 
^ela  aVoîF  refrtpoi*té  sur  tevre  oo'  sur  mer 
un  avanta2:e  en  commandant  en  chef.  Le 
¥ôi  luîrm^me  ne  peut  Pobtenir  que  d'après 
Jâ  décîsîèn-  de  rartnée,  C4:  Gusfave  III  ne 
voulut  se  décorer  de  cet  ordre  honorable 
quala  troisième  campagne,  quoiqu'il  l'eût 
mérité  bien  avant.  Il  était  à  sou  rang  de 
Réception-  dans  la  liste, 
î*  Ordre  de  fétoiltr polaire,  Ç!e%t  un  ordre 
cîvîl  desrtîné  aux  ministres  ,  ambassadeurs 
et  autres  personnes  employées  par  le  gou- 
vernement. Il  est  divisé  en  deux  classes, 
le&cammandeursetles  chevaliers.  Les  pre- 
miers portent'  une  grande  cfrolx  blanche 
pectorale*  attachée  à  un  cordon  uoir  ,  et 
une  étoile  brodée  en  argent  surle  côté  gau- 
che ;  les  chevaliers  ont  seulement  la  petite 
croix!at<tachéeàla  boutonnière  avec  un  ru* 
ban  ooîr  \  le  nombre  n'est  pas  fixé. 


D  E  s  V  O  Y  A  G  E  s.  i35 
Ordre  de  Fasa  ,  établi  par  Gustave  III- 
en  1772;  il  est  destiiiéaux  artistes  habiles, 
aux  .Dc'gocian):  dislîngXK'S,  aux  persponcs 
einployée<4  aux  mîne3,aiix  inanuiacturç^  , 
e(c.  Les  chevaliers  portent  une  jijerbe  d'or , 
armes  de  Gustave  Viisa ,  suspeudueau 
riju  avec  un  corduq  vert  ,  ^pour  raarquer 
()iie  celte  retonipcnsccBtspécialemçul  des- 
tinée à  encourager  le*  projj;rès  de^l'a^ritMi^ 
lure.  Les,  grands-croix  ,  fjui  suiit  au  numVp 
(le  quatre;  et  les  ioniii;aiideurs,  de  huit» 
l'iirteut  un  large  c'urdun  vert  de  droite  4 
gauche  ,  et  la  pUque  à  gauche  ,  o.u  Iccior- 
(1,10  seul.  Le  niar<|uisde  Mirabeau  aeuun9 
(ifs  giyindes  croix  de  l'ordre. 

(Iliaque  ordre  a  «Mt  Ivnbît  de  ccii-monie. 
L'iiabit  des  sér«ptûus  est  blanc  avct  des 
lt.iiidcs  noires  ,  le^  souliers  blancs  et  uoirG^ 
Ir  cKapeau  roudcouvertd'un  pathiihc  bltmc*. 
L'habit  de  l'ordre  de  l'é|»ee  est  bleu  céleste; 
i'iiabit  de  t'étoîle  .polaire  est  cramoisi  ù. 
bjodes blanche»;  ct;lat  de  Va»a.,vt'rt  luâc^. 
avec  des  bandes  blanches.  Tous  cet). baMt^ 
^)nttX)U))esci)iiiiiic  riialiil  U'itional  .clilifuir 
Jiversitc  iâlt  im  cliirt  .••i^l^uiÉÇ^;^  j 
agréable.  L'iKibii ,  hi  vc^te,  U 
mdDleau ,  sont  iIc  la  même  1 
iliacua  des  la^Ucii.  Tous  ifS  4 


i34  HISTÔÏRÉ  GIÊNÉRA'LE 
làît  en  France.  Le  cordon  estjjftuae,  à  bord» 
Sufede.  -bleus  ,  et  se  portcdédroU^^Jl  gawohe,  là 
•plac|ue  en  or  à  gauche;-  ]n'X:x^0ix'vef}Bié8entt 
d'un  côté  leA  armes-  de  Suède ,  et  au  milifeu 
xine  ëpée  droite;  de  rautré^ivne'éfée  pas- 
%ée  dans  tihe  couWnne  dfe  -ra^i^rer,  avec 
'Ces  moh  ,  î)ro /fàfrfà-.  Le  rôi 'régnant  aîn^*- 
tîtué'»une  quatrième  dâs»ecjui  ne  f>dut  8'ob- 
♦tenir  qu*fen-  témp^  dft  gu0n>e  }  i4J(Mi:  pour 
^fela  îaVotYî^éW pointé  siir  t^^'re  bu*  swr  mer 
un  avantage  en  commandant  en  chîeE' Le 
^6\  li^îrmtï'me  ne  peut  Tobteni'r  t^M^d'après 
iêk  àéc}\iiéii''A^' fumée,  dt-Gmffive  III  ne 
voulut  se  décorer  de  cet  ordre' honorable 
quala  troisième  carripcigne,  quoiqu'il  Teât 
mérité  blie^n  avant.  It  éiaît  h  non  rang  de 
Véeeption:  dans  la  liste. 
''  Otiire  lie  Pétôî/e'pofaire.  (u'ef^tun  qràre 
crvîl  desrtîné'aùx'Winistres  ,  ambassadeur^^ 
et  autres  persronneg  employée^" par  le  gou- 
vernement. IL  est  divisé  en  deux  classes, 
ies^commandeur^  etlea  chevaUers-Les  pre- 
miers portent'  une  grande  c^oix  blanche 
pectorale  attachée  à  un  coi'-don  Doir  ,  et 
une  étoile-brodée  en  argent  surle  côté  gau* 
the  ;  les'chevaliers  ont  seulement  la  petite 
tiroixi  attachée  h  la  boutonnière  avec  .'un  ru* 
ban  rioir  i  le  nonihl'e  n'est  pas  fixé. 


D  E  s    Y  0  Y.A  G  E  S.  .     r35 

Ordre  de  Vasu  ,  établi  par  Gustave  III 
ea  1772  ;  il  est  destiné  aux  altistes  habiles»  Suèd«v 
aux  .négocians  distingiués  ,  aux  perspQjies 
employées  auX)  miBe$v  aux  iiianufà<^tu>rç$  , 
etc.  Lpç  cbevaliejPs  portet^t  une  gerbe  d'or, 
armes  de  Gustave  Vasa,  suspendue:  aii 
cou  avec  un  cordp4  ye^rt  ,  ^pour  rotarquef 
que  cçtte  récom  pense  est  spécialeni^ntdesT 
tiqée  à;  encourager  les  progrès  dexl'agr j^iji- 
ture-  Les,  grands-crojjç  ,  qui  sont  au  nornb^^ 
de  quatre;  et  les.  commandeurs^  de  buit> 
portent  un,  large  dord^n.  verç  de  dcoîte  à. 
gauche ,  et  la  pUque  à  gauche  ,  qu  le;,€pi:- 
don  seul.  Le  n^arquisde  Mirabeau  a  eu  UQ^ 
des  glandes  croix  de  Tordre. 

Chaqne  ordre  a  son  .habi^t  de  cérémolne^ 
L'babi^.des  sér^phin^S:  est  blanc  avec  d^* 
bander  noîrés  ,  lesr  souliers  blancs  et  noîr$^» 
le  chapeau  ronçLcou  vert  d'un  pan(icb^  bl^nc». 
L'i^bit  de  Tordre  de  Tépée  est  bleu  céleste; 
Tbabit  de  Tét^Qîle.^poIaire  est  cramoisi  à 
baodeS(feianchegr;;oç]w de.  Y.asa ,  vert  loûcé^ 
avec  des  bandes  bla-nch.es.  Tous- ces. habits 
scMoit  coupés  Gomijne  Thabit  nationc^l  ,'et:kur 
divet^ité  fait  un  çffë^  ^si^igulier  et  fort 
agréable.  L'habit ,  Ia  veste ,  la  culotte  et  \^ 
manteau.,  sont  dfc.la  même  couleur,  poi^r, 
chacua  .des  ordxes-.  TottS  les  cbev^liersk 


i36    HISTOIRE   GÉNÉRALE 

portent  des  bas  blancs  et  des  rosettes  blan** 
^"^^«-     ches  aux  souliers. 

li  est  temps  de  dire  quelque  chose  de 
cette  multitude  d'ordres  qui  existe  dans 
\es  Etatd  du  nord  ,  on  la  Jblâme  et  nous 
l'approuvons.  Il  est  trop  heureux  pour  un 
paj^s  pauvre  ,  que  quelques  cordons  ,  quel* 
ques  plaques  distribuées  h  propos  »  conten- 
tent teux  qui  ont  bien  mérité  de  la  patrie, 
et  dont  on  serait  fort  embarrassé  de  recon- 
naître autrement  les  services.  Nous  ajou- 
terons que  les  ordres  ,  les  emplois  honori-r 
fiques  donnent  plus  d'émulation  que  des  ré- 
compenses pécuniaires  ^  et  le  peuple  chez qui 
l'argent  seul  est  le  mobile  de  toutes  leê  belles 
actions  ^  doit  en  avoir  peu  à  récompenser*  II 
serait  encore  plus  beau,  sans  doute  ,  que 
l'homme  qui  a  des  droits  réelsàla  reconnais- 
sance de  ses  concitoyens  «  se  trouvât  payé 
avec  une  couronne  de  chêne  ,  et  Tinscrip- 
tion publique  5 i/  à  bien'mérûé  de  Ih patrie. 
Mais  l'homme  d'aujourd^hui  est  trop  éloi- 
gné de  cette  simplicité  noble ,  il  est  gou- 
Verùé  par  des  préjugés  trop  puissans  pour 
ne  pas  regarder  ce  prix  de  ses  travaux 
comme  imaginaire.  Jusqu'à  ce  que  l'univers 
soit  éclairé  par  ce  grand  peuple ,  qui  s'est 
(iéclaré  son  flambeau  et  son  modèle  ;  jusqu  ar 


DES    VOYAGES.        1S7 

ee  que  la  bieoFaisante  philosophie  ait  ré^ 
panda  sa  lumière  dans  toutes  les  classes  Sa^de. 
delà  société;  peuples  du  nord  et  dun^idi, 
chez  qui  des  cordons  et  des  croix  payent 
les  services  ,  garde2;-les ,  bénissez-les^  rap-*. 
pçlez*vous  que  l'homme  sauvage  connaît 
les  ordres ,  que  le  capitaine  Dixon  a  trouvé 
l'or^^e  de  lois  ,  établi  dans  les  iles  Pelew. 
Insensés  que  nous  sommes  ,  nous  voulons 
ramener  Thomme  policé  au-delà  même  dç 
l'homme  de  la  nature.  Ah  !  ne  soyons  pas 
plus  savans  qu'elle  :  ne  songeons  pas  à 
passer  le  but»  contentons-nous  de  l-atten^ 
dre  ;  hélësl  combien  nous  en  sommes  en- 
core éloignés. 

L'armée  suédoise  est  divisée  en  milice 
nationale  et  troupes  réglées  ou  régimens 
de  garnisons.  Ces  derniers  qui  sont  sup 
le  pied  allemand  »  sont  composés  de  sué- 
dois et  d'étrangers  enrôlés  suivant  l'usage; 
ils  sont  dans  diverses  garnisons  et  payés 
en  aident,  A  l'égard  de  la  milice  nationale» 
son  établissement  fixe  est  dû  à  Charles  XL 
Ce  prince  s'éfant  remis  en  possessipn  des 
domaines  de  la  couronne  prodigués  par 
ses  prédécesseurs»  il  en  restîtuaquelques-ims 
à  condition  que  ceux  qui  posséderaient 
line  certaine  étendue  de  terres  fourniraient 


i38    HISTOIRE   GÉNÉRALE 

ua  soldat.  Il  assigna  d  autres  terrés ù  Ten- 
Aièdc.  tretien  dés  officiers.  Il  fut  réglé  par  une 
loi  que  les  terres  assignée)^  ainsi  à  l'entre^ 
tien  de  la  milice  resteraient  à  per()étuité 
affectées  à  cet  tisage  ,  et  ces  r^^letnens 
furent  encore  confirmés  et  étendus  en  1723» 
avec  la  clause  qu'ils  seraient  censés  faire 
une  partie  fondamentale  de  i a  constitution , 
et  qu'ils  ne  pourraient  jamais  être  révo- 
qués. 

'  Pour  comprendre  la  nature  de  cet  éta- 
blissement ,  il' est  oëccssaire  d'observer  que 
le  roj^aume  est  divisé  en  districts  qui  sont 
tenus'à»  fournie  et  à  entretenii^  uH  nombre 
déterminé  de  soldats.  Tout  homme  qui 
tient  une  certaine  étendue  de -terri»  de  la 
ccoronne ,  appelée  hemman  y  entretient  un 
soldat  au  moyen  d'une  jwrtion  do  terre 
qu'il  lui  assigne  avec  une  petite*  inaison 
et  une  grange  am  éiable  1  outrer  iHie  paye 
de  100  dollars  de  cuivre  ,  un  habit  complet 
d'étoife  grossière  et  deux  pa^ires  de  souliers. 
Quand  le  soldat  est  absent,  ou*  parce  ^u'il 
est  à  Karmée  en  temps  de  guerre  ,  ou  i 
Tocccision  des  revues  ftnnuellm^,  le  lenan^ 
ci0^doit  cultiver  sa  terre  h  ses  frais  pour 
^entretien  de  sa  femme  et  de  s»  famille. 
Quand  il  est  présent  il  peut  roccoperpoui* 


-    «DES    y  O  Y  AXE  s.:.    î39 

son  compte^  en  lui  payant  sa  jowBëé  comme, 
à  un  autre .  loboui^ear  on  jonrnalier.  A  la  Snkdt, 
mort  du  scHcLit  y  sa  femme  et  ses  enfcms 
sont  obligés  de  céder  la  terre  et  la  maisoa 
à  son  successeur  que  le  tenancier  doit  sous 
peine  d'ameinfe  ,  j  établir  dans  Fespace  de 
trois    mois. 


«  ■  I 


On  réunît  un  certain  nombre  de  //e//ï- 
ma/:s  pour  l'entretien  d'un  cavalier  et  de 
son    cheval, 

•         *  * 

De  même;  ks  officiens  de. ces;  troupes ,  au 
lîeu  de  3old«  ea-iargent ,  aont  entretenus 
au  moy^a\d^  .cej^tatnes  tenres  ,  nommées 
Bostelicy  qu'on  )eiir  assigne  dans  les  pro^ 
vjnces  auxquelies  le  régiment  appartient; 
on  leur  accorde  de  pins  uod  certaino 
(juautité  de  grains  provenant  des  dixmes 
navales.  Chaque  province  contient  le  nom- 
'  rede^ey7?/w/i/7^8uflisans  pour  l'entretien 
(î  un  régiment.  Les  petites  provinces  tien- 
nent un  régiment  d'infanterie,  les  grandes 
lin  régiment  de  cavalerie.  La  terre  assi- 
f^vreà  urv  colonel  est  située. au  centre  de 
Jt  province, et  des  terres  de. son  régiment. 
^  c*lic  d'un  capltaine.au.  milieu  des  teiT.es 
(;  ji  ap|>artiennent  à  sa  compagnie  ,  et  ainsi 
ûcsiii le  jusqu'au  caporal. 


140    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

Tous  les  ans  avant  ou  après  la  moisson'  » 
^«>^e*  lorsque  les  paysans  sont  le  moins  occupes  ^ 
les  compagnies  de  chaque  régiment  sont 
assemblées  séparément  pendant  quinze 
jours  ou  trois  semaines.  Le  tenancier  est 
obligé  de  faire  aller  à  ses  frais  le  soldat  et 
son  bagage  au  lieu  du  rendez-voufr^  et  de 
Vy  entretenir  pendant  le  temps  de  la  re- 
vue. Il  y  a  outre  cela  une  revue  générale 
de  tout  le  régiment  tous  les  trois  ans.  Oo 
exerce  aussi  les  soldats  par  petits  pelotons 
tous  les  dimanches  après  le  service  divin. 
En  temps  de  guerre ,  si  ces  troupes  mar« 
chent ,  la  couronne  se  charge  de  recevoir 
les  contributions  ordinaires  des  tenanciers, 
et  pourvoit  le  soldat  d'habit  et  de  tout  ce 
qui  lui  est  nécessaire. 

Au  printemps  de  1779»  Tarmé  suédoise 
était  composée  comme  il  suit: 

Troupes  régulières. 

Hommes. 

Neufs  régimens  d'infanterie.  -  9»ooc 
Deux  de  cavalerie.  ....  800 
Artillerie ^«900 

^       Total    ....  iz^QQ 


P  E  s    VOYAGES.       141 

V 

Milice  national^. 

Vîngt-un  régiment  d'infanterie 

envir<Mi.  •...•.  ^  a4,coo 
Sept  de  cavalerie.  *  *  .  .  . ,  7,400 
DragMis.    ........    3,40b 

.    • .    

Total  de  la  lïif  lic6  nationale.  84,800 

Total  des  troupes  régulières 

et  nationales  .     .    •    .     I  47,60^ 

L'esprit  des  troupes  suédoises  est  excel^^ 
lent: 4 officier  est  généralement brave^^  le 
soldat  a  beaucoup  de  ressemblance  avec  le 
soldât  français.  Il  se  sert  volontiers  de  la 
baïonette,  et  les  Russes  ont  éprouvé  plu*^ 
sieurs  fois  dans  Ja  guelre  de  mer  com- 
bien il  est  redoutable  avec  cette  arme« 
L'officier  doit  être  absolument  à  la  tête 
de  sa  trbupe  ,  souvent  quelque  pas  en 
avant,  sans  quoi  elle  refuserait  peut  -  être 
de  marcher  :  mais  cette  formalité  remplie  , 
on  mène  les  Suédoisoù  l'on  veut  ;  pendant 
la  guerre  de  Finlandje  ,  un  régiment  d'in« 
fanterie  eut  Kordre  de  charger  l'ennemi , 
il  demande  son  colonel  qui  éiait  de  service 
auprès  du  roi ,  comme  aide-de-^cam'p  géné- 
ral ;  malgré  l'observation  que  Voa  çn  fit  à 


Suède.' 


/ 


î4a    HISTOIRE  GÉ'NÉRALE 

sa  troupe^  elle  persista  ^  et  il  fallut  que  S. 
S«bd0«  M.  renvoyât  son  aicle-de-oamp  h  la  tête  de 
sop  réglfoent/oii  il  fut  fiiênve  bledsé  dans 
cette  ailàire*  Le  Suédois  tire  Jioutement , 
maisii  ajuste  (brt  bien..  Il  est.  rel^çieax ,  la 
prtère  se  Fait  exactement  tous;  les  jours 
dans  chaque  régiment  :  il  est  honnête 
homme,  incapable  d'une 4^afB6él)de ,  et  étran- 
ger à  Ces  vices,  qui  deshonorent. le  nom  de 
soldat  dans  presque  toute  ^Europe.  Nous 
ne  parlons  que  dès  troupes  nationales.  Les 
végîtnem^  levés  ou  de^girmîsoti  .scmt  cokn- 
pos^s  coriune  'paHout.ll  laut  jc^ue  le  soMaC 
soit  bjcn  nottd^rîi  il  6up|K>rCedifIîctlemeDt 
qu'on  le  pvivti  d'une  partie- de  sa  ration  i 
ou  même  qu'où  retardieJc  xtioment  de  la 
distribution.  'Ceitt  une  ^attention  que  ne 
peuvent  trop  avoir  les  géoiéraux  suiklois* 
L'administration  militaire  jôiFre  de  nom" 
breux  alms  :  les  emploi»  se  veod/ent  pres- 
que publiquement, quoique ]e;roj  ait  donné 
des  ordres  très-sévères  jKiur.  i^éprimer  ce 
honteux  traHc.  IL  sait  à  n  êa  pouvoir  douter, 
que  ses  ordres  ne  sont'  point  exécutés» 
mais  il  ne  peut  en  faire  davantafçe  :  la 
chose  est  conduite  avec  tant  àÀaaX  ^  quelle 
ne  peut  jamaié  être  prouvée  »  étt|ue.  les  eu* 
looels  eux-mêmes  l'ignorent  ordioairenieot* 


DES    V  0  Y  A;G  E  S.       143 

L*armée  est  toujours  très -bien  dîscipH^ 
née  çt  suffit  pour  la  défense  du  rajaume. 
La  Suède  n'a  rien  à  craindre  que  de  la 
Russâùe.  Taâit  qu'elle  laissera  les  provinces 
conquises  entre  les  mains,  des  Moscovites , 
ce  qu'elle  oe  manquera  pas  certainement 
de  faire ,  il  n'j  a  pas  de  danger  qu'ils  la 
trcablent  dans  la  posseasioa  du  reste. 

La  ilotle  Suédoise  :  se  montait  autrefois 
àqaaraQtie  vaisseaux  de  ligne  ;  mais  ce  nom- 
bre est  bien  diminué ,  on.  ne  pourrait  au- 
jomii'hui  naettre  en  mer  que  vingt  voiles, 
et  en  conséquence  les  forces  maritimes  de 
ce  pajs  sont  bien  intérieures  a  celles  de  la 
Russie  et  du  Danemark. 

On  me  permettra  de  ne  rendre  aucun 
compte  des  partis  qui  divisent  maintenant 
le  royaume.  L'agriculture  ,  le  commerce , 
les  manufactures  et  les  arts ,  voilà  ce  qui 
doi  t  intéresser  un  voyageur ,  tout  cela  reste , 
les  partis  passent. 

J'ai  pris  aussi  des  informations  sur  les 
revenus  de  l'Etat  ;  ils  dérivent  principale- 
ment des  domaines  de  la  couronne, et  en- 
suite des  revenus  de  la  capitation ,  des  droits 
d'entrée  et  de  sortie  sur  les  marchandises^ 
sur  les  mines  et  les  forges ,  sur  les  liqueurs 
distillées.^  des  impôts  sur  les  pensions, ap- 


Suëde« 


144   HISTOIRE  GÉNÉRALE 
pointemens  et  emplois,  de  la  taxe  sur  le» 
StMêé     cheminées  et  du  monopole  du  salpêtre. 

Le  revenu  net^en  1772  -,  avant  la  révo- 
lution se  montait  à  908,484  livres  sterUngs , 
et  par  le  mojen  de  quelques  rëglemens 
faits  ensuite  avec  le  consentement  de  la 
diète  ,  à  l'époque  de  la  i*évolutioo  ^  ce  re-' 
venu  est  monté  à  environ  un  million  ster- 
Isngs  ;  mais  il  faut  bien  observer  que  les  dé* 
penses  publiques  ne  sont  pas  toutes  prises 
sur  cette  somme ,  parce  que  la  plus  grande 
partie  de  Tarmée  et  une  petite  partie  de 
^a  flotte ,  objets  des  plus  x>néreux  dans  les 
autres  États  ,  sont  entretenus  en  Suède, 
sans  qu'il  en  coûte  rien  au  trésor  public^ 


CHAPITRE  IV. 


DES   VOYAGES.       145 


CH  API  TRE    I  V. 


.1 


Forme   ancienne    du    Goupernethent  de 
Suède.  '—  Observations  sur  ta  nature  dû  ' 
celui  fui  a  été  établi  par  la  révolution 
de  177a — Sa  Constitution  actuelle.  \^^ 
Diète  composée  du  roi  et  des  Etats. 
—  De  J' Ordre  de  la  noblesse  y  du  clergé,: 
des  bourgeois.  —  Des  paysans.  ^  Formai 
de  la  législation^ 

X-jÊ    sort  de  la  Suède  a  sîttgulîërementL 

varié ,  soît  par  ses  révolutions  intérieures^  S^W^. 
soit  par  le  rôle  qu'elle  a  rempli  au  dehors 
à  différentes  époques.  Le  gouvernement 
des  robustes  habitaus  de  cette  région  du 
nord  9  a  comme  leur  climat  ^  toujours  ad-, 
mis  les  extrêmes»  Tantôt  on  la  vu  libre 
jusqu'à  la  licence, et  tantôt  voisin  du  des* 
potisme.  Dans  un  temps  ,  Tamour  de  la 
liberté  semble  être  le  caractère  distinctif 
des  Suédois  \  dans  d!autres  circonstances  ^. 
ils  ne  sont  pas  moins  remarquables  par 
leur  soumission  servîle  envers  leur  monar* 
^ue.  Ennemis  de  la  contrainte  ,  jaloux  k 
Tome  IL  K 


/" 


1^5-  HlBTOïHB  e^ÉNÉr^ALE 
;  l'excès  de  Tautorité  royale  »  attachée  avec 


*'*^^**  force  à  leurs  propres  droits ,  nous  les  voyons 
.  i]uelquefaiss'clevertunittltuairemeQt, sem- 
blables à  un  torrent 9  abattre  tout  ce  qui 
s'opposait  à  eux  et  renverser  à  la  fois  leur 
souverain  et  toutes  les  barrières  élevées 
pour  défendre  le  peu  de  pouvoir  qu'ils  lui 
avaient  laissée 

.  Dans  un  autre  temps  ^  comme  si  la  vio- 
lence de  ieurs  efforts  les  eût  épuisé  ^  toute 
étincelle  de  patriotisme  semble  éteinte  par* 
mi  eux  ;  ils  se  soumettent  patiemment  à 
toute  espèce  d'oppression  ,  et  paraissent 
aussi  résignés  à  l'esclavage  que  s'ils  n'a* 
vaient  jamais  goûté  les  douceurs  de  la  li* 
•  berté. 

En  un  mot ,  parmi  ceux  qui  examineront 
leur  histoire  ,  il  n'est  personne  qui,  sur 
ces  contradictions  appareilles  dans  leur  ca- 
ractère national ,  ne  soit  tenté  de  croire 
que  deux  races  d'hommes  distinctes  ont 
habité  le  même  pays  tour-à-tour. 

On  ne  sera  pas  moins  frappé  dé  )a  va- 
riation qu'oh  observe  dans  les  dégrés  d'im- 
portance et  de  considération  dont  ont  joui 
les  Suédois  à  différentes  époques  parmi  les 
puissances  étrangères;  tantôt  on  les  voit^ 


DES  VOYAGES.  147 
sortis  tout -à -coup  de  Tobscunté  ^  pres- 
crire des  lois  aux  premiers  potentats  ,  k  ^^^^ 
rîmitation  des  Goths  leurs  ancêtres; leurs 
armées  parcourent  les  royaumes  et  les  em- 
pires ;  on  les  voit  déposer  les  monai-quès , 
et  donner  des  couronnes  :  bientôt  ils  tom-  ' 
bent ,  sinpn  dans  le  mépris ,  au  moins  dans 
Toublî  ;  leurs  conquêtes  leur  échappent , 
leurs  forces  disparaissent ,  et  Timportance 
qu'ils  avaieot  acquise  devient  aussi  momenr 
taonée  que  leurs  progrès  avaient  été  rai- 

Le  génie  supérieur  de  quelques-uns  des 
monarques  de  la  Suède  ,  la  bravoure ,  Ten- 
durciss^ment  aux  fatigues  ,  et  surtout  la 
discipline  de  ses  soldats ,  ont  assuré  à  sçs 
armets ,  dans  plusieurs  occasions ,  des  suc- 
cès dont  on  connaît  peu  d'exemples  dans 
les  histoires  des  autres  pays.  Ses  efForts , 
dans  les  époques  que  nous  citons ,  ont  été 
violensét  souvent  irrésistibles;  mais  comme 
ils  excédaient  ses  ressources ,  ils  ont  plus 
servi  à  répuiçeraent  de  ses  forces  au  de- 
dans 9  qu*à  1  accroissement  de  son  empire 
au  dehors. 

Elle  n*a  presque  recueilli  dés  plus  brîl- 
.  lantes  victoires ,  que  la  gloire  qui  les  a  sui- 
vies ;  çt  après  les  plus  importantes  conque*^ 


148    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

tes  ,  elle  a  été  souvent  obligëé  de  se  bor- 
Svhà€.     ner  h  la  possession  de  ses  rochers% 

Dans  le  temps  où  la  plupart  des  gouver* 
nemens  de  TEurôpe  avaient  commencé  à 
acquërir  un  certain  degré  de  stabilité ,  ce- 
lui de  la  Suède  n'en  avait  aucune.  Le 
royaume  déchiré  par  des  dissentions  ci- 
viles,  dévasté  par  des  guerres  intérieures^ 
était  successivement  en  proie  aux  usurpa- 
tions des  étrangers  ,  à  l'ambition  de  ses 
nobles  et  à  la  tjrrannie  de  ses  souverains. 

Les  abus  du  sj^stême  féodal  avaient  été 
corrigés  ou  supprimés  dans  d'autres  pays. 
La  naissance  et  les  progrès  du  commerce 
y  avaient  procuré  k  la  masse  du  peuple 
une  importance  et  une  considération  qui 
leur  donnait  la  facilité  de  secouer  le  joug 
des  barons  féodaux ,  et  d'acquérir  dans  la 
société,  le  rang  dont  ils  ont  été  si  long- 
temps et  si  injustement  privés.  A  mesure 
<|ue  les  droits  furent  assurés  ,  l'autorité 
rojale  s'aflfërmit  sur  un  fondement  plu^ 
solide  }  d'élective ,  la  couronne  devint  hé- 
réditaire ,  et  les  esprits  contin^iant  de  s'é- 
cjairer ,  les  idées  du  bien  public ,  le  senti- 
ment de  la  justice  et  Tamour  de  Tondre 
commencèi^nt  à  prendre  le  dessus. 

Mais  ces  grands  changemens  qui ,  dès  1« 


r    DES    VOYAGES.        149 

eommenceixiçnt  du  douzième  siècle  ,  s^é*- 
taient  introduits  dad$  la  politique  et  lej  Sufedcv 
imç^rs  de  la  plupart  des  nations  de  ^Eu- 
rope ^,  ne  furent  ,adniis  en  Suède  que  vers 
le  milieu  du  seizième,;  de  sorte  que  même 
à, cette  époque  si  tardfve  ,  elle  n'offrait  au 
reste  de  l'Europe  qu'une  peinture*  frap- 
pante des  desordres  ,  de  la  confusion  et 
de  l'anarchie  auxquels  tous  les  habitant 
de  cette  partie  du  monde  avaient  été  an- 
ciennement  exposes. 

Cependant  lorsqu'on  jette  les  jeux  sur 
la  forme  d*u  e^ouvernenient  de  la  Suède  k 
répoqûe  dont  nous  parlons  ,  on  est  dis- 
posera, lui.  donner  à  la  première  vue  ,  la 
préférence  sur  tous  les  gpuvernemens  alors^ 
*connù».  '  '  "         : 

'Au'^MfeU'de  la  rigueur  d'une  aristocraf- 

•tîé   opfefifbss'îve'  qui  se  montre  partout  où 

r^tfiiPlêisystème  féodal,  nous  y  vojoni 

une  èîftft'tîïutîoiî  dansr  laqueHe  le  corps  du 

•peiipléf-A'iaH  une  'autorité  assez  consîdéraV 

*ble  polir ^lé^îf^ehdre'eii  grande  partie  îhdé* 

•pendaîit^  de  ses  s\iperieurs.  ,  » 

Nous  j- vpyons  que  te. pouvoir  su prêmè^ 

.ne  .résijfj^itrpas  dans  le^  iB^îns^  d'iïn  séul^ 

-Ct  qu'ils  n'était  point  divî;sé  entre  le  souvo-- 

raia  et  pn  pj^iitïnomfetee:  de  barons  Uau- 


«     t 


160    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

tains  5  ponr  ne  laisser  en  partage  au  resté 
Suède,     de  la  nation  que  la  dépendance  la  plus  ab- 
jecte. Il  y  était  placé ,  comme  il  doit  Ykirt, 
dans  les  États-Généraux  do  royaume. 

Tous  les  rangs  étaient  admis  dans  ces 
Etats ,  et  le  dernier  paysan ,  par  son  repré- 
sentant 9  participait  à  la  législation  comme 
le  n^Ie  le  plus  fier.  Ils  étaient  composés 
de  quatre  ordres  ^  de  la  noblesse ,  dii  clergé , 
des  bourgeois  et  des  paysans.  Tandis  qu'ils 
étaientassembléSi  le  pouvoir  souverain  était 
comme  suspendu ,  ou  paraissait  confondu 
da.ns  le  leur.  Après  leur  séparation^ un  sé- 
nat revêtu  d'une  grande  autorité ,  restait 
commis  à  la  garde  de  la  liberté  publique. 

Telles  étaient  les  dehors  de  cette  cons- 
titution qui, vue  dans  réloi^qen^ent, pré* 
sente  la  plus  belle  perspective  «.  maïs .  qui , 
examinée  de  plus  près  ^  oe  répopd.plu^  à 
ce  que  promettaient  le^  «pparem^  ;  cair 
comme  je  Tai  déjà  observé  ,  le  gouverne- 
ment intérieur  de  I4  Suède  était  pjug  tur- 
bulent ,  plus  exposé  au  désordre  que  celui 
de  toui*  autre  pays  de  l'Europe. 

Plusieurs  circonstance»  cobëduraietat  a 
produire  ces  eflets  ea  Suède ,  et  y  (empêchè- 
rent les  mœurs  de  m  c»vUi<er  k  ée  point 


D  E  5    VO  Y  A  CE  S.       t5t 

.  ^nî   doit   n^cf g^if:Çment .  .pFecéder   toute 
améliora tîpn  4^5  le  gç>uy,tr^iiîQnt/ 

I?.^Ava^t  rdtajilîssenicnt  de  la  côipaau- 
DÎ'Tition  qu'ouvre  le  coqwwrije  .entre  le^ 
nations  Iqç  plus  doîgpéiQS ^  la.Siiëde  »  par 
sa  situation. ^u  Dord^^tail  Qçiin;x\Q  séparée, 
du  resie  .du  ,^pn4^  v^^  ^'  ^prfr  igette . raîsoa 
les  Suédoîsiétaient  ej^çnftpfs4i9  pçfrudre  part 

aux  quereljes  qui  iâgi  trient  ça^lPiÇiB/^f^  lè  reste 
de  VEurope:^  ils  étaient  également  privés 
des  avantages  qu'ils  auraient  pu>tir-er  de 
la  fréquentation  des  autres  naiiaos  (f^t  ,  en 
se  poiiçant ,  les  .avaient  ^i^  fbiit  devancé» 
dabs  leurs  progrès.  D'un  côté ,  les  Russes 
ne  pouvaient  cerlaînenaeBt pas  contribuer 
à  les  civiliser  ;^t  de  Tautcé  ^îWursguerrts 
conttniieUes  avec  les  I>aBois ,  pâplc' aussi 
barbare  qu'eux ,  ne  servaieni  qù'à&âugmBn- 
ter  leur  fi^rôcjté  ;natumlle.'Jt^-Xa  nature 
du  pays  qu'habitent  leerSuédii^îs,^  aussi  bièii^ 
que  celle,  de  fk^jr.  climat  ,'iéftmeot  d'autues 
causes  .seesibks  *dn  c^tMctèiie  JBauvage  et 
indisciplinable  qui  les  distingui^. 

Lot^qoele.di'îmat  éstit«nxpéré  et  le  ;spl 

.fertîifi  >  ils  iqvitent  à  Uagnènkure  par  Jas 

agrémeos  et  Inutilité  > de^la  >  vie  i ej^a mpâtce*. 

L'agriWture  contribue  bea^Idonp^ài^'ad«)lI- 

«rcissement  iks  lïlQdurs  ;  jalle  ^fttUe  natu- 

li4      • 


< 

/ 


i5a    HISTOIRE  GÉNÉRALE 
=  rellement  parmi  les  hommes  l'amour 
l'ordre  et  de  la  tranquitritéjcjle  les  di 
pose  à  la  paix,  sans  laquelle  ceax  <)ui  cull 
tiveot  la  terre  ne  peuvent  espérer  de  rel 

*  cueillir  les-frutts  de  leurs  travaux  ;  ell^ 
doit  par  la  nlêibe  raison  introduire  parmt 

'  eux  toutes  les  idées  relatives  à  la  sûreté 

■  des  propriétés  particulières  et  aux  droîis 
des  individus  qui  font  la    base  des  so<'ié-i 

:  tés  civiles.  La  lenteur  des  progrès  d'une! 

-  nation  qui  commence  à  se  civiKser  ,  sera 
idonc,  comme  en  Suède, «n  raison  de  la 
.rigueur  .du  climat  et  de  la  stérilité  du 
;  sol. 

Ces  deux  causes  au  contraire  endarriS' 
rsaient  lesâàédoisanx  fatîgaBS.et  leur  l'ur- 
.  maieot  des  ames  hardies  et  des  corps  vigoi- 

-  reux.  De  la  hardiesse  naissait  leur  amour 
'.  pour  T'indépeadànce  ,  et  de  la  Vigueur  d'- 
i  leurs  tempéramens  résultaient  les  moyens 

de  la  coDservèt-.  Découragés  par  la  pâture 
jdu  climat  ,  ils   rir^!li;.-jl(-nt  Tagrii  itîtiii' 

et  les  immenses  lurctâ  cpii  rouvFUfmtjIct) 
'paysabondant  cn(<ibi(;r,leur 

des  moyens  de  subsislance  p' 

à  leur  génie  que  l'occupafî 

cultiver' la  terre. 
Ûa  s«ot  L-ombico  ceti 


L-ombico  cettadA 


r  .  D  .E  s    y  .0  TA:  G  e  s.       r53 

• 

ëtaît  propre  à  les  retenir  dans  leur  bar- 
barie primitive;  Cet  amour  du  changement  ?»^^*- 
et  cette  inquiétude  d'esprit  qui  en  sont  leè 
suites  natui^ellès  ,  s*y  font  remarquer  dans 
la  conduite  des  suédois  dèss>  le  premier 
temps  de  leur  histoire,  et  n'ont  pas  été  la 
moindre  cause  des  convulsions  qui  ébra^j- 

lèrent  si  souvent  rÉtat;^        /.  '      j  ; 

* 

Si  nàuB  jugeons'  ccmaparativement  [  de 
Tétat  de  lai.société  en  , Europe'  avant  fies 
treizième  et  quatorzîcane: .'  siècles  ,  i  nous 
trouvons  que  la  condition  des  paysans,  en 
Suède  était  totalement  différente  de  ceUe 
du  même  ordre  d'hommes  dans  tous  les 
-autres  pays  de  l'Europe ,  où  nbn-seulement 
ils  n'avaient' ni  poids ,^ ai  influence  dans 
Je  gouvernement  ,  mais  où  la  plupart 
étaient  dépouillés  des  drpits.  naturels  .  de 
l'homme.  '  .       »         »v 

•En  Suède,  au  coritraii^e,  les  paysans  ne 

se  contentaient,  pas  de  leur  indépendance 

'et  du  privilèges  particulier  d'envoj^er  des 

-députés  de  leur. corps  auiiic  ét^ts-généraux 

•  du  royaume i.iîfe  prenaieot  encore  souvent 

la  direction   des  affaires  publiques ,  ils  se 

mettaient  à  la  tête  de  toutes  les  révolu- 

'tions  :  ils  parai^saîent  a^i;r)  dans  tputcs  les 

coccasîoiia;  comme,  un  .coir^^\.diâtt»ct.,,  qui 


i54   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

avait  des  vues  et  des  intérêts  à  part  otf 
fiuèd«.     séparéb  de  ceux  de  tous  les  autres  membre» 
de  rÉtat« 

Il  est  nature!  de  demander  ici  d'oii  ve- 

'oatt  aiors   la  supéiîonté  singulière  de  la 

condition  des  paysans  suédois  sur  celle  du 

-grand  corps  du  peuple  dans  tous  les  autrea^ 

pays  de  l'Europe? 

La  nature  du  sol  et  du  climat  de  Suède 
en  rend  en  partie  raison  ;  mais  ell^  o'ea 
«était  ni  la  seule.,  ni  la  principale  cause. 

Après  la  <lestroction  de  l'empire  romain 
par  l'invasion  des  barbares  du  nord ,  ceux-ci 
s'érant  établis  sur^ses  ruines^  et  ayant  pris 
possession  des  p£vys  qu'ils  avaient  subji:^ 
gués^  s'assurèrent  les  anciens  habitaus  au 
lieu  de  les  exterminer ,  et  partagèrent 
^  '  -même  dans  certaines  proportions' les  terres 
avec  eux. 

Mat^  les  pays  situés  au  nord  ou  étaient 

'nés  ces  barbares  ^  étaient  encore  habités  par 

^leurs  compatriotes  sans  mélange  d'aucun 

«autre  peuple  :  au  lieu  que  les  parties  mé«^ 

ridionales  de  TEurope  qui  «avaient  été  au* 

paravant  sous 4a  domination  des  romains, 

-étaient  occupées  conjointement  par  les  na«^ 

étions  barbares  let  leur  anciens  Habitans.  On 

découvre  dono  4àBB  Mlles<i  idsiK  peopiss 


D  È  s    V  O  Y  A  G  E  s.       i65 

distincts  ,  les.  vainqueurs  et  les  vaincus  : 
au  lieu  que  dans  les  autres  nous  ne  troti-  SuWt. 
vons  que.  le  restant  des  haintans  ,  qxfi 
peut-être  moins  entrepreneurs  que  cêut 
qui  en  sortirent  pour  ailler .  ciierchc**  db 
nouveaux  établissemens  ,  se  contentèreiït 
de  vivre  dans  leut^s  forêts  xotome  ils 
avaient   fait   auparavant. 

Gétte  importante  dîstî  nctîofi^  'c^cpRîqtrert , 
je  pense  ,  suffisamment  pourquoi  le  grd« 
du  peuple  en  Suède  continua  d'ètte  Rbre,. 
tandis  que  dans  'les  autres  p^s  les  blasses 
d^bommes  îhfërîenrcs  tomt/èrérft  dans  la 
servitude.  Mais  plus  les  piiysarrs  stiédo!» 
avaîént  d'influence tdans  l'Etat  >  plus  ils  ont 
dû  apporter  dans  le  gouvernement  de 
'troubles  et  de  désordres.  Lettr  conduite ,  eu 
qualité  de  législèïteurs ,  devak  èe  ressentir 
«dtePîtidîsciplîne  et  deresprîtti^îttdépendance 
qt^î  les  distinguaient  dans*  tbutfes  les  autres 
occasions.'  '   "  ^ \ 

Voilà  pôui^quôi  les  motiàf^tiès  'Bûédoîs , 
non-^èuletnient  ,  '  ne  se  désïstët^ent  jamais, 
de  leurs  éfïbrts  'pour  s'empstl^èrdii  pouvoir 
absolu  f  mais  y  persistèrent  ebcofé  ouver- 
tement ,  teanè  qtf aucun  exempWfut^capâbl* 
'demies  en  drétourfaer,  sans  qif^àùctin  danger 
put  les  intiiàiider  Mn&  être  xdèùsb  effrayés 


,i56   HISTOIRE  GENERALE 

^^^  la  destinée  de  leurs  prédécesseurs  qui 
^"^y^     peut-être  venaient  dj  perdre  la  couroDne^ 
OiU  même  U  vie.  Lorsque  la  couronne  est 
élective,  î.1  est  impossible  de  suivre. long- 
temps un  sj&têmé  régulier  ,  pour  tenjdrç 
jSes  prérogatives  et  hiunilier  une  noblesse 
.turbulente.  Les  suédois  étaient  si  jaloux  de 
la  puissance  royale  ,  qu'ils  croyaient   ne 
pouvoir  trop  la  limiter;  politique  fausse, 
.qui  va  contre  son  but.  Car,  si  les  limita- 
tions du  pouvoir  excèdent  un  cçrtain  point, 
.elles  deviennent  insuportables  ;  elles  por,- 
jtent  bientôt  ceux  même  qu'on  avait  pr^- 
^tendu  lier  ,  à  aspirer  à  Tobjet  qu'on, avait 
voulu  éloigner  d'eux  par  des  précautions 
,  outrée^.  .         ' 

Quelque  déplorable  que  fût  la  silua^tion 
.dç.la  Suède^  elle  le  devint  bien. davantage 
.  par  les  suites  du  fameux  «traité  de  (îalmai* , 
^qui,  destiné, à.  établir  l'fu^îpn  la  pluf  .du- 
rable entre  les  trois  nations' du  nord,  de- 
vint  au  contraire  la  fSQurce  funeste  des 
^plus  sajnglantçs  guerrç9 ,  cÇ  de?  plus  tra- 
..fijicjues.  éVjéjaenaens  dont  ^1  spjt  parlé  dans 
^  rh^stoî^'jç  d'un  .peuple. 

:  Il  serait  inutile  de  s'arrêter  plus  lopg- 
..tempfi  sur  des  scènes  siiiorribles  :  il  suffit 
^d  observer,  qu'excepté  quelques,  in  ter  vaUes, 


,v 


r  D  Ë  S    V  O  Y  A  G  E  s.   '    167 

ces  dësordre»  continuèrent  à  désoler  la 
Suède  jusqu'à  ce  que  Tborrible  massacre  de  Snfede*. 
la  noblesse  a  Stockhofm ,  sous  Christîern  ÏI, 
en  i5oo  vînt  mettre  le  comble  aux  mal- 
heurs de  ce  pays.  Cependant  c'est  à  ce  mas- 
sacre qu'est  due  en  grande  partie  la  célèbre 
révolution  qui  mit  Gustave  Yasa  sur  le 
trône. 

A  la  première  nouvelle  de  la'  révolte  de 
ce  prince,  Christiern  donna  ordre  k  tous 
les  ofEciers  danois  qui  étaient  en  Suède  de 
tuer  indifféremment  tous  les  gentilshom- 
mes suédois  qui  seraient  à  leur  portée , 
amis  bu  ennemis.  Le  prince  danois  ne  pen- 
sait guère  que  les  mesures  qu^il  prenait 
pour  s'assurer  le  trône  de  Suède ,  servi- 
raient elles  -  mêmes  à  préparer  les  voies 
aux  succès  de  son  ennemi.  Elles  laissèrent 
Gustave  sans  rivaux  pour  la  couronne  ,  et 
le  peuple  sai^s  chef  pour  les  factions  ;  elles 
donnèrent  au  prince  la  possession  tran- 
quille du  royaume,  et  k  la  nation  cette  upa- 
nîmité  sans  laquelle  elle  n'aurait  jamais  pu 
secouer  le  joug  des  danois. 

Ainsi  le  crime  le  plus  noir  qui  ait  ja- 
mais souillé  les  annales^  d'un  monarque'^ 
produisit  les  conséquences  les  plus  avaV 


*ô«    HISTOIRE  GÉNÉRALE 
Itageuses^à  ceux  même  dont  ce  tyran  avait 

&èd«.    juré  la  destruction.  « 

Tout  ce  qui  jusqu'alors  avait  empêché 
rétablissement  de  la  monarchie  absolue  en 
Suède  y  disparût  ainsi  ait  moment  où  Gus« 
tave  monta  sur  le  trône  ;  ce  n'est  pas  tout. 

•  Les  suédois  voyaient  dans  ce  prince ,  non- 

seulement  leur  souverain  ,.mais  le  libérateur 
d^  la  patrie  :  c'était  lui  qui  au  moment  où 
ils  succiombaient  sous  le  poids  d'un  joug 
étranger ,  les  avait  affranchis  de  ce  jou^  et 
des  màu^  qu'ils  avaient  souffert  ;  c'était  lui 
qui  ;  par  la  douceur  et  la  sagesse  de  son 
gôUverbeïïient ,  prévenait  le  retour  de  ces 
disSBeûtiôns  civiles  qui  avaient  si  souvent 
déchit^ë  la  tyation.  Les  Suédois  renoncèrent 
en  fiiVeUr  de  sa  postérité,  au  droit  d'élire 
leur  souverain ,  et  par  là  ils  s'ôtèrent  après 
la  mort  de  Gustave  la  liberté  de  stipuler 
àv^  son  successeur  des  conditions  qui 
|>uSSetit  ramener  la  constitution  à  ses  an- 
ciens pirincipes. 

On  ne  peut  pas  proprement  dire  que 
Oustave  ait  changé  le  gouvernement  de  son 
pay%;  dans  le  fait,  lorsqu'il  monta  sur  le 
4rônè ,  ses  compatrrotes  n'en  avait  aucun  : 
0Bi  ne  saurait  l'accuser  d'avoir  détruit  la 
iHMBték  Le»  Suédois  à  cette  époque  ne  k 


DE  5    VOYAGES.       169 

4X>nnai8$aîent  pas  ^  çt  peut*  être  n'étaient 
pas   susceptibles  de   la   connaître.    IL  est    SuU«« 
très-possible  qu'un  peuple  ait  accideotelle- 
ment  des  maîtres  et  qu'il  soit  en  même 
temps  sans  gouvernement. 

On  observe  cependant  que  Gustave  ne 
remplit  pas  tous  ses  projets  sans  opposi«> 
tion.  La  plus  vive  qu'il  eut  à  soutenir  dç 
la.  part  de  ses  sujets,  vînt  précisément  de^ 
ces  mêmes  Daiécarliens  qui  avaient  été  son 
premier  et  son  plus  ferme  appui. 

Gustave  traita  ce  peuple  généreux ,  mai» 
simple  et  crédule,  avec  toute  la  tendresse 
qu'exigeaient  la  tranquillité  de  son  ro^^aume 
et  la^sûreté  de  sa  couronne  :  sa  sagesse  eût 
le  succès  qut  devait  en  être  la  récompense* 
Vers  la  fin  de  son  règne,  il  eût  la  satisfac- 
tion de  les  voir  approuver  toutes  ses  me- 
sures et  lui  rendre  la  même  justice  que 
tous  ses  autres  sujets. 

Ce  pouvoir  de  la  couronne  lui  resta  1^ 
peu  près  en  entier,  ainsi  qu'à  ses  succes- 
seurs jusqu'à  Gustave  Adolphe  qui  l'accrût 
encore. 

'  La  guerre  de  trente  ans  qui  suivit  l'in- 
vasion de  ce  prince  dans  l'empire  lui  ea 
fournit  toifê  les  moyens.  La  passion  des 
exploits  loilttaires  qui  aniipait  le  maiti'e  « 


léo    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

s'empara  de  la  nation.  Certainement  une 
StïWe.  passion  de  cette  espèce  n'est  pas  favorable 
à  la  Uberté  lorsqu'elle  gagne  la  masse  du 
peuple  :  elle  lui  devieilt  funeste  quand  le 
monarque  se  met  à  la  tête  de  ses  troupes. 
La  subordination  et  la  discipline  d'une  ar- 
mée ne  font  que  trop  perdre  la  liberté  de 
vue.  Le  depotisme  militairç  indispensable 
dans  tous  les  points  qui  concernent  lés  de- 
voirs de  soldat,  fait  contracter  l'habitude 
de  rendre  aux  personnes  cette  sorte  d'o- 
béissance que  les  hommes  libres  ne  croient 
devoir  qu'aux  lois.  Accoutumés  à  suivre 
aveuglément  les  ordres  du  général ,  ils  se 
disposent  à  avoir  bientôt  la  même  défé- 
rence pour  les  commandemens  du  roî  ;  lui 
obéir  dans  une  qualité  et  non  dans  une 
autre ,  est  peut-être  une  distinction  trop  dé- 
licate pour  un  soldat.  Une  guerre  aussi 
longue  que  celle  qui  fut  commencée  par 
Gustave  et  continuée  par  son  successeur  » 
dût  donc  avoir  un  grand  effet  sur  les  dispo- 
sitions de  ceux  qui  y  avaient  consume  la 
plus  grande  partie  de  leur  vie*  D'ailleurs, 
la  nation  étonnée  et  charmée  dés  Succès  de 
ce  prince  ,  fière  de  se  voir  sortir  tout  à 
boup  de  ^obscurité  ,  tenir  le  premier 
tang  aux^yeuxde  l'Europe,  était  enivriée 

de 


DES    VOYAGES.       i6i 

de  ses  progrès.  Aussi  Gustave  profita-t-ii 
habitemeut  de  cet  enthousiasme  pour  faire    ^"*^ 
assurer  sa  succession  à  sa  fille  Christine. 

Mais  pendant  la  minorilé  de  cetle  prin- 
eesse  ,  le  sénat  ayant  réussi  à  étendre  son 
autorité,  la  balance  commença  à  pencher 
du  côté  de  Taristocratie ,  ou  du  pouvoir  de 
la  noblesse  ;  et  par  des  usur|)aljons  succes- 
sives, ce  pouvoir  devint  si  exhor.biUnt,  que 
les  trois  autres  ordres  du  clergé ,  des  bour- 
geois et  des  paysans ,  en  furent  alarmés  et 
indignés.  EnHn  Charles  XI  se  servant  habi- 
lement de  leurs  dispositions ,  obtint  des 
Etats,  que  la  souveraineté  absolue  lui  fût 
expressément  déférée  ,  et  il  la  transmit 
sans  aucun  'trouble  a  son  fils ,  Charles  XII. 

On  connaît  assez  le  règne  de  ce  prince  et 
les  calamités  qu'il  attira  sur  son  peuple; 
mauvais  prince  ,  chez  qui  Tambition  fut  dé* 
mence  ;  le  courage ,  sévérité  ;  et  dont  le 
principal  titre  à  I  admiration  publique  se 
^nde  sur  la  singularité  de  son  orgaajpation, 
et  sur  le  défaut  de  cette  sensibilité  qui  est 
la  mère  de  toutes  les  vertus  sociales. 

Rien  de  plus  déplorable  que  l'état  oit 
lambition  sauvage  et  le  caractère  inflexible 
-de  Charles  XII  avait  réduit  la  Suède.  Outre 
la  plus  grande  paftife  d^  la  Finlande  ,  elle- 

Tome  IL  h 


i6îL    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

avait  perdu  ses  meilleures  provinces,  celle» 
5û(de'  qui  sont  situées  au  midi  de  la  mer  Balatique  ; 
son  commerce  était  anéanti ,  ses  années  et 
ses  flottes  dëtimites  ;  également  épuisée 
d'hommes  et  d'argent ,  elle  eût  été  incapa* 
ble  de  soutenir  les  guerres  que  Fobstinatioa 
de  Charles  avait  persisté  à  renouveler ,  à 
moins  d'employer  ces  expédiens  que  le 
génie  fertile  de  Goërtz  pouvait  seul  trou* 
vei%  et  que  le  cœur  impifojrable  de  Charles 
Xir  pouvait  seul  adopterr 

Toutes  tes  ressources  de  Toppression  , 
toutes    lès^  ^extorsions    qu'une     industrie 
crueHe  avait  pu  inventer  ,  ou  que  la  vio- 
lence'd'dh  despote  avait  pu  metfreà  exécu* 
tion  ,  furent  employées  contre  le»  Suédois 
pour  procurer  à  Charles  les  moyensde  pour- 
suivre ^es  chimériques  projets^  inutiles  à 
son  pavS'9  s'ils  réussissaient  ;  capable»  d'en- 
trateei^' sa  mine  certaine^  s'ils  venaient  à 
ftïkTk\(i!tf  dQ  succès.  ïl  serait  inutile  d'en 
eritt*ept<èUdre  le  détail ,  il  sufRt  d'observer 
que  \ti  Suédois  admirateurs  insensés  des 
qualitésnïèmes  de  Charles ,  qui  avaient  été 
]a  sevrée  de  tous  leurs  maux ,  étaient  pi'éts 
&  voir  échapper  leur  patience ,  loraque  la 
mort:  de  ce  prince  le  mit  horsd'état  de  l'exer- 
cer'pi  ù^  long- temps*  L'ex^utioti  de  TiD** 


k  ^ 


r 


DES    VOYAGES.        i63 

ibrtUBë  Goërtz  ,  condamné  à  perdre  la  vie  «-«m|n 
pour  avoirpervi  trop  fidèlement  son  maître,     SuWe, 
prouye  assez  le  ressentiment  caché  dé  la 
nation  ^  et  les  mécontentemens  que  le  peu** 
pie  avait  été  forcé  de  dissimuler. 

A  la, mort  de  Charles  XII  ,  Frédéric  , 
duc  de  Hoistein  ,  fils  de  .sa  sœur  ainée  ^ 
aurait  dû  monter  sur  le  trône  ,  en  vertu  de 
Tordre,  de  succession  établi  par  Charles  XI  ; 
maïs  les  Suédois ,  au  mépris  de  cette  loi , 
donnèrent  l'exclusion  à  ce  duc  ,  et  courons* 
aèrent  Ulrlque-Ëléonore  ,  &œur  cadette  de 
Charles  XII,  qui  ayant  le  plusbeau  titre  dans 
la  volonté,  de  la  nation  ,  P^y^  cette  faveur 
de  l'abandon  de  Taptorité  absolue  ;.  et  en 
confirmant  toutes  les  limitations  qu'il  plu4: 
aux  Etats  d'apporterà  la  prérogative  royale  ; 
son  épQux ,  Frédéric  I^^ ,  ^eaiaveur  duquql 
elle  résigna  la  couronne  ,  s'assura  J'appror- 
bation  des  Etats  par  un  semblable  sacrifice. 

La  nouvelle  forme  du  gouvernemei^t 
établie  à  cette  occasion ,  était  coin  posée  de 
cinquante-un  articles,  qui  tendaient  tous 
à  restrein^i'^  1^  pouvoir* 'du  roi ,  et  ea  faire 
le  souverain  le  plus  limité  de  rEuvope. 

Uautorité  suprême  >  législative  apparte- 
nait exclusivement  ib  la  diète  sieule^  qui  de- 
vait s'assembler  ,  soit  que  le  roi  la  oonvo- 

L  a 


i64    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

rquât  ou  noD,  tous  lés  trois  ans;  et  ne  pou» 
Suède,  vait  êire  dissoute  que  quand  elle  y  consen- 
tait. Pendant  qu'elle  était  assemblée  ^  l'au- 
torité du  roi  et  celle  du  sénat  restaient 
suspendues.  Dans  Tintervalle  d'une  diète  k 
«l'autre  ,  le  pouvoirexëcutif appartenait  au 
ix)i  et  au  sénat;  mais  le  roi  était  obligé  de 
souscrire  à  la  pluralité  des  voix  des  séna- 
teurs.  Il  n'avait  qiale  deux  voix  dans  le  sénatt 
et  il  en  dépendait  tellement,  qultue  pou- 
vait en  être  considéré  que  comme  le  prési- 
*  dent.  En  même  temps  le  sénat  lui  -*  même 
dépendait  des  Etats  ;  car  ,  quoique  les  séna- 
teurs fussent. élus  pour  leur  vie ,  ils  étaient 
tenus  de  rendre  compte  à  cette  assemblée, 
^ui  pouvait  à  son  ^é  les  continuer  dansleui^s 
offices  ou  les  destituer;  ainsi  l'autorité  su- 
prême résidait  dans  une  assemblée  tumul- 
tueuse ,  composée  des  quatre  ordres ,  dans 
lesquels  on  admettait  des  nobles  qui  ne 
possédaient  rien ,  des  marchands- et  des  pay- 
sans du  plus  bas  état.  Par  cela  même  , 
plusieurs  de  ces  gen»«là  étaient  sujets  à  la 
corruption  ou  aux  préventions  que  la  pau- 
vretéet  l'indigence  rendent  inévitables.  Le 
roi  ne  pouvait  s  opposer  à  rien ,  quoiqu'il  si- 
gnât toutes  les^expéditions.>Pour  qu'il  ne  pût 
user  de  ce  droit  contre  la  volonté  du  sénats 


DES    VOYAGES.       i65 

la  diète  de  1756  avait  ordonné  que  sa  signa* 
tare  y  serait  mise  au  moyen  d'une  estam*>  ^"^^^ 
pîlie  quand  il  b  refuserait;  en  un  nK)t,  le 
roi  n'en  avait  presque  que  le  nom  ;  il  n  e- 
tait  qu'un  instrument  ostensible  entre  les 
mains  des  chefs  de  Tun  ou  Tautre  parti 
qui  se  .partageait  alors  l'autorité  «  et  qui 
gouvernait  le  royaume  suivant  que  l'un  ou 
l'autre  avait  la  supériorité  dans  la  diète. 

Les  vices  de  cette  nouvelle  forme  dé 
gouvernement  firent  naître  des  débats ,  des 
contestations  perpétuelles  entre  les  rois 
de  Suède  et  leurs  sujets  ;  les  uns  voulant 
accroître  leur  pouvoir  ;  les  autres  ,  le  res- 
traindre  encore  ,  jusqu'à  la  révolution  opé- 
rée en  177J2  par  Gustave  IIL  En  rappelant 
un  événement  si  mémorable ,  et  pour  ainsi 
dire  d'un  genre  nouveau,  le  lecteur  sera 
bien  aise  d'en  trouver  ici  le  précis. 

Ce  prince  était  âgé  d  environ  vingt-cinq 

ans ,  lors  qu'il  fut  proclamé  roi  de  Suède; 

Sa  mère  reine  douairière  ,  sœur  du  roi  de 

Prusse  le  grand  Frédéric,  sembla  lui  avoir 

transmis  le  courage  et   les  grandes  quali^* 

tés  de  son  oncle  ,  comme  il  parait  tenir 

de  soi>  père  cette  bonté  de  cœur  qui  rend 

encore  chère  aux  Suédois  la  mémoire  dcr 

f  rédéric  Adolphe. 

L3^ 


i66    HISTOIRE  GENERALE 

Les  talens  qu'il  reçut  de  la  nature  ,  ca« 
Suède,  pables  d'illustrer  quelque  rang  que  ce  fut, 
semblèrent  s'adapter  plus  particulièrement 
à  celui  qu'il  devait  occuper  :  ses  qualitéê 
naturelles  acquirent ,  en  se  développant 
tout  ce  qu'on  pouvait  attendre  de  l'ëduca* 
tion  la  mieux  entendue.  La  douceur  et  la 
force  de  son  éloquence ,  ses  manières  en- 
gageantes et  une  adresse  insinuante  lui 
gagnaient  les  cœurs  de  ceux  qui  ne  le 
voj^aient  qu'en  public  ;  l'étendue  de  sei 
connaissances  et  la  profondeur  de  son  juge^ 
ment^  captivaient  l'admiration  de  ceux  qui 
avaient  occasion  de  l'approcher  de  plus 
près  :  mais  ni  les  uns  ni  les  autres  ne  soup- 
çonnaient encore  re  génie  pour  la  politi- 
que ,  cet  esprit  courageux  et  entreprenant 
qui  l'ont  distingué  depuis. 

Tel  était  ce  prince ,  destiné  à  porter  un 
sceptre  qui  oe  devait  ni  satisfaire  son  am- 
bition ,  ni  ouvrir  à  ses  talens  une  carrière 
digne  de  liii  ;  et  qui ,  doué  de  toutes  les 
qualités  qui  pouvaient  le  faire  chérir  dans 
un  gouvernement  populaire  ,  devait  se 
soumettre  aux  caprices  d'un  sénat ,  ou  aut 
suggestions  impérieuses  d'un  ministre 
étranger  ;  qui  ca|)able  de  gouverner  les 
autres  y  ne  devait  point  avoir  de  volonté  ; 


DE«    VOYAGES.        167 

«t  qui  possédant  le  coeur  de  ses  sujets ,  ne  m 
devait  être  leur  roi  que  de  nom,  obligé  de    ^^i^ 
1     se  contenter  de.  la  pompe  extérieure  de  la 
f     royauté  qu'il  savait  dédaigner ,  et   de  se 
garder  d*aspirer  au  pouvoir  qui  faisait  le 
grand  objet  de  ses  désirs. 

Trois  fois  par  semaine  il  donnait  régu^ 
lièrement  audience   à   tous   ceux    qui   se 
présentaient.  Ni  le  rang ,  ni  la  fortune',  ni 
le  crédit,  n'étaient  nécessaires  pour  avoir 
accès   auprès,  de  lui.  Il  suffisait  d'être  op- 
primé ,  ou  d'avoir  quelque   sujet  légitime 
de  se  plaindre.  Il  écoutait  les  derniers  de 
3es  sujets  avec  la  dignité  d'un  souveraîil 
et  avec  la  tendresse  d'un  père.  îl  entrait 
dans  les  détails  les  plus  minutieux  sur  ce 
qui  les  regardait  ,  et  paraissait  prendre  à 
leur    bonheur  cet  intérêt  qui  flatte  tant 
les  infortunés  ,  et  qu'on  rencontre  si  rare- 
ment dans^  ceux    que  1a  9upériot*ité   dm 
raag  et  de  la  fortune  a  mis  hors  de  portent 
de  sentir  ou  même  de  connaître  les  sou& 
frances  des  dernières  elasâes  de  la  société» 
A  peine  assis  sur  le  trône  ^  u^ayant  point 
«ncor^  éprouvé  Tailèction  ée   se$  sujets  « 
Ignorant  les  dispositions  des  gens  de  guerre 
dans  ud  moment  où  ses  projets  pouvaient 
a^avoir  pas  eocore  mûri  dans  toutes  leur* 

L  4* 


i68    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

parties,  ce  prince  était  astreint  dans  toutM 
SoWe.     5es  démarches  à   toute  la  circonspection 
qu'exigeait  une  situation  si  délicate. 

Ce  n'était  point  assez  pour  les  desseins 
du  roi ,  que  le  gros  du  peuple  eut  vu  de- 
puis long-temps  la  conduite  de  ceux  qui 
le  gouvernaient  y  avec  un  mécontentement 
sombre  et  muet  ;  il  fallait  que  leur  indi- 
gnation s'allumât  au  point  de  se  soulever  en 
faveur  du  monarque,  dans  le  cas  où  sa 
première  tentative  viendrait  à  échouer.  Sa 
sûreté  dépendait  de  leur  attachement  ,  si 
ses  premiers  efforts  étaient  sans  succès. 
Ce  n'était  qu'en  excitant  leur  courage  et 
^n  mettant  leur  zèle  en  action  ,  qu'il  pou- 
vait espérer  les  moyens  de  ne  pas  renou- 
veler ses  tentatives  en  vain. 

La  patience  et  la  soumission  avaient  été 
depuis  long-temps  le  partage  des  classes 
inférieures  du  peuple.  Il  eut  été  difficile 
de  les  porter  à  la  résistance  ,  et  quoiqu'on 
ne  dut  pas  présumer  de  l'opposition  de 
leur  part  au  changement  de  la  constitu- 
tion ,  l'on  ne  devait  pas  s'attendre  qu'elles 
y  contribuassent ,  a  moins  que  les  esprits 
n'eusi^ent  été  préparés  d'avance  à  l'exécu* 
tiOQ.  d'un  projet  dont  la  réussite  deman* 


DES    VOYAGES.       169 

dait  tout  à  la  fois  du  temps  et  des  ména- 
geinens  infii^îs.  .  fiuW»., 

La  conduhe;de  Gu,<;tave  répondit  a  tout 
ce  qu'on  pouvait  attendre  de  sa  prudence, 
de  son  jugement  et  de  sa  prostration.  Elle 
sut  en  impo$er  à  touslçs  pairtjs.et  les  con« 
duire.  imperceptiblement  à  se6  fins,  autant, 
qu'à  r^nyerser  les  projets  de  ses  adver- 
saires.    .  . 

Enfin,  Je  n^poient  critique  était  arrive  ,' 
où  toute  espèce  de.del(ii ,  loin  d'être  encoro» 
nécessaire  aux  desseins  dii  ptrince,  ne  pou- 
vait au  contraire  que  leur  être  fiital. 

Le  19  4oût  179&  au  matin.  Gustave  se 
décida  k  lever  le  masque  ^  et  à  s'emparer . 
par  la  Force ,  d'un  pouvoir  dont  les  Etats» 
avaient  si  long^temps  abusé,  ou  a  périr > 
dans  cette  tentative.  Nombre  d'ofEciers  et 
d'autres  personnes  attachés  à  la  cause  du. 
roi  ,  avaient  été  avertis  de  se  rendre  le 
mati^n  au  .près  de  lui.  Avant  dix  heures  , 
il  monta  à  cheval  ,  il  se  montra  dcins  les 
rues  ,  encore  plus  civil  qu'à   l'ordinaire  , 
saluant  familièrement  jusqu'au  bas  peuple. 
A  son  retour  au  palais,  le  détachement  qui 
devait   monter  la  garde  .ce  jour  là  s'étant 
mis'soiiis  les  armes  j  ainsi  que  celui  qu'il 
venait  relever,  le  roi  fit  entrer  tous   les 


170    HIStOiRE  GÉNÉfeALE 

■r'oâiciers  dans  sa  salle  des  gardes ,  et  leur 
^•Me.  adressa  la  parole  en  leur  faisant  entrevoir 
^ue'sa  vie  était  ed  danger  :  il  leur  peignit, 
de  la  manière  la  plus  vive  ,  le  malheureux 
état  du  royaume.  Il  les  assura  que  son 
unique  but  était  de  mettre  fin  à  ces  dé* 
sbrdres ,  de  bannir  la  corruption  ,  de  ré« 
teblir  la  vrai  liberté  ,  et  dé  faire  revivre 
l'ancien  éclat  du  nom  suédois  si  long-temps 
terni  par  une  vénalité  aussi '  publique  que 
déshonorante  ;  enfin  en  leur  protestant 
dans  les  termes  les  plus  forts  qu'il  renon- 
çait à  tout  pouvoir  absolu  oti  à  ce  que  les 
Suédois  stppeWetïtSout^eraineté.  H  finit  par 
ces  paroles.  «  Je  suis  obligé  de  défendre 
4t  ma  propre  liberté  et  celle  du  royaume 
4(  contre  Taristocratie  qui  régime  ;  voulez* 
4€  vous  m'être  .fidèles  ,  comme  vos  ancêtres 
«é  l'ont' été  a  Gustave  Vasa  et  à  Gustave 
44  Adolphe  second.  Alors  je  risquerai 
u  ma  vie  pour  votre  bien  et  celui  de  mon 
H  pays.  « 

'  Les  officiers  qui  potrt:  la  plupart  étaient 
de  jeunes  gens  dont  le  roi  «aonnaissait  de- 
puis long-temps  l'attachement  ^  qui  peut* 
être  ne  virent  pas  toute  Tétendue  de  ce 
qu'on  leur  proposait ,  et  à  qui  on  ne  lais- 
suit  pas  le  temps  de  la  réflexion^  consen- 


D  Ê  S^'V  0  Y  AG  Ë  S.       !7t 

tirent  à  vont ,  iU  jurèrenc  de  lui  être  fidë^ 

léB  /  tfoîs  cepeûdùnt  refusèrent.  ^^***^' 

Len  offi(^iéfB  reçurent  alors  du  roi  Tordre 
d'éis^mbler  sur-lé-cliamp  les  deux  régî- 
fnens  des  garnies  et  de  TartHleHe ,  et  dé 
poster  un  détachement  de  trente-sîx  gre* 
tiadsersà  la  porte  delà  chambre  du  conseil, 
pour  empédhét  qu'aucun  des  sénateurs  né 
sortit. 

Mais  avant  l'etécutîon  de  ces  ordres  ^ 
il  fallait  c|ue  le  roi  fit  une  autre  démarche  ; 
dont  tout  le  s\iccfes  de  Tentreprise  allait 
dépendre  :  c^étaît  celle  de  haranguer  lui* 
ttïètùt  les  soldats  qui  ignoraient  entièrement 
ses  desseins  ,  tt  qui  étaient  depuis  long*^ 
temps  accoutumés  à  obéir  aux  ordres  du 
sénat ,  qu'on  leur  avait  appris  à  recevoir 
avec  le  plus  grand  respect.  Le  roi  se  ren- 
dît dans  cette  vue  de  la  salle  des  gardes 
a  ia  parade ,  et  s'adres&ant  aux  soldats  , 
il  leur  tint  à  peu  près  le  même  discours 
qu'aux  officiers  et  avec  autant  de  succès; 
11b  lui  répondirent  par  de  grandes  acclama^ 
lions.  Une  seule  voî  s'écria ,  iVo^^  maison 
n'y  fit  pas  attention.  > 

On  s'assura  dans  le  même  instant  den 
sénateurs.  Ils  avaient  vu  des  fenêtres  de  la 
chambre  du  conseil  ce  qui  st  passait  k  la 


17*    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

parade  devant  le  palais  ;  et  curieux  de  ood* 
^^^^^'  naître  la  cause  de  ces  acclamations  ,  iU 
descendaient  pour  s'ea  ëdaireir^  lorsque 
trente  grenadiers ,  la  ha'ionette  au  bout  an 
fusil  «  leur  notifièrent  que  le  bon  plaisirde 
M  majesté  était  qu'ils  demeurassent  où  ils 
étaient  Ils  commencèrent  à  se  plaindre 
fort  hautement.  .On  ne  leur  répondit  qu*en 
poussant  et  en  fermant  la  porte  sur  eux« 
Alors  le  roi  monta  à  cheval  »  et  suivi 
de  ses  officiers ,  d'un  gros  corps  de  soldats 
et  d'une  nombreuse  populace ,  il  se  rendit 
aux  autres  quartiers  de  la  ville  ou  étaient 
postées  IfNS  troupes  qu'il  avait  ordonné  de 
rassembler.  Il  les  trouva  toutes  également 
disposées  à  embrasser  sa  cause  et  prit  leur 
serment  de  fidélité.  A  mesure  qu'il  passait 
dans  les  rues  ,  il  assurait  le  peuple  qu'il 
n'avait  d'autre  but  que  celui  de  les  défendre 
et  de  sauver  son  paj^s^et  que  s'ils  ne  vou* 
laient  pas  lui  donner  leur  confiance  il  quit« 
terait  le  sceptrcet  abdiquerait  la  royauté.  Il 
était  tellement  chéri  du  peuple  qu'ils  le 
conjuraient  les  larmes  aux  yeux  ,  et  quel* 
ques*uns  même  à  genoux  ,  de  ne  pas  les 
abandonner. 

Le  roi  poursuivit  l'exécution  de  son  des- 
sein ,  et  en  moins  d'une  heure  il  se  i^eadit 


D  E  s    V  O  Y  A  G  E  s.       17S 

maître  de  toutes  les  forces  militaires  de 
Stockholm.  Toute  communication  au  dehors  Stiède. 
fat  fermée ,  et  il  ne  fût  plus  permis  à  per- 
sonne de  sortir  de  la  ville  sans  un  passe-* 
poft  *de  sa  majesté. 

«c  On  afficha  dans  toutes  les  rues ,  une 
déclaration  du  roi  à  ses  fidèles  sujets  ;  elle 
portait,  <r  que  par  ces  présentes,  sa  majesté 
«r  exhortait  tous  ses  fidèles  sujets  et  habi- 
«  tans  de  la  yille  capitale  à  demeurer  tran- 
«  quilles  et  respectueux  spectateurs  de 
^  toutes  les  mesures  qu'exigeaient  la  con- 
«  servation  de  la  sûreté  publique ,  Tindé* 
m  pendance  du  royaume  et  sa  vraie  liberté  , 
«  attendu  qlie  sa  majesté  avait  été  obligée 
m  d'user  du  pouvoir  qui  lui  restait  encore 
m  pou  r  s'afiîranchi  r  elle-même ,  et  le  rojau me 
«  du  gouvernement  aristocratique ,  dispo- 
«  se  plus  que  jamais  à  opprimer  tous  ses 
«  fidèles  sujets. 

«  Sa  majesté  enjoint  aussi  très-expressé- 
«  ment  aux  habitans  de  cette  ville ,  de 
«  rester  dans  leurs  maisons  ,  et  d'en  tenir 
#f  les  poi*tes  fermées  pour  prévenir  les 
^  désordres;  déclarant  que  toute  personne, 
«  île  quelqu'état  ou  rang  qu'elle  puisse 
«  être  qui  s'opposerait  à  son  roi  légitimé  ^ 
«  on  transgresserait  son  serment^  ou  de- 


174  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
e«  voir  de  sujet  sera  punie  à  rinstant  »  ou 
«  seloD  les  circonstances-  Sa  majesté  enjoint 
«  également  de  n'obéir  à  aucun  ordre 
«  autres  que  ceux  qui  seront  donnés  par 
«  sa  majesté  ,  sous  peine  d'être  traité 
«  comme  sujet  infidèle.  « 

Outre  les  sénateurs  qu'on  avait  conBoés 
dans  des  apparteroens  séparés  du  palais, 
plusieurs  généraux  et  chefs  de  parti  furent 
mis  aux  arrêts.  Aucun  ne  tenta  de  résiiSler, 
de  se  plaindre  ou  d'échapper ,  et  le  roi  qui 
le  matin  s'était  levé  le  prince  le  plus  limité 
de  l'Europe  ,  se  rendit  en  deux  heurec 
aussi  absolu  à  Stockholm ,  que  le  roi  de 
Prusse  peut  l'être  à  Berlin  >  ou  le  grand 
seigneur  à  Coostantinople. 

Le  reste  du  jour  fut  employé  par  le  roi 
à  visiter  les  difît^rens  quartiers  de  la  ville , 
à  recevoir  les  sermens  des  magistrats,  des 
collèges  et  de  la  milice.  Son  cortège  gros- 
sissait à  chaque  instant,  les  officiera  des 
deux  partis  se  réunissant  à  sa  suite.  Us 
lièrent  tous  un  mouchoir  blanc  au  tuur 
de  leur  bras  gauche  ,  à  l'imitation  ù»  sa 
majesté  ,  qui ,  du  commenceoieut  d^  .l'en- 
treprise en  avaitfaitai)i,i:ii  et  .ivait^uluii*' 
<|uesespariisans  se  difiiii^Li>:.-^»cntjuv4|U^c_ 
marque  de  ceux  qui   ne   lcUiaiMt4||^l|v 


DUS    VOYAGES,       i7§ 

passa  toutp  ]a.nnit  suivante  à  faire  sa  ronde 

dans  la  ville  où  les  troupes  restèrent  90U9    ^'^^ 

les  armes* 

Plusie^s  nailliers  d'habitans  s'assembler 
rent  le  20  dans  une  gratide  place.  Lorsque 
le  roi  y  arriva  Jl  s'y  fit  un  profond  silenc(9* 
Sa  majesté  à  cheval  et  l'ëpee  nue  à  la  main  ^ 
s'avança  quelques  pas  en  avant  de  son  cor-i 
té§e  :  elle  fit  au  peuple  un  long  et  p^ché^ 
tique  discours  ,  d'une  voix  si  claire  et  si 
distijicte  j  que  l'auditoire  n'en  perdit  paii 
une  sj^Uabe.  Il  déclara  que  son  unique  but 
était  de  rendre  la  tranquillité  à  sa  patrie 4 
de  réprimer  la  licence  ^  d'abolir  la  forme 
ari&toctatique  du  gouvernement ,  de  faire 
revivre  l'ancienne  liberté  suédoise  et  les 
anciennes  loix  telles  qu'elles  étaient  avant 
168a.  «^  Je  renonce  dans  ce  moment  ^  a  jouf^ 
ta*t-eU^  ,  comme  je  l'ai  déjà  fait ,  k  touto 
idéed'iw  despotisme  abhorré ,  ou  à  ce  qu'o» 
^pp»]]^  ;$Qii4^eraineié  ,  faisant  confiiisler  k 
présent  9  comme  je  l'ai  fait  ci^devant,  jcâA 
plus  grande  gloire,  h  ètv<^'  le  premier  «ci- 
toyen d'un  peuple  vraiment  libre* 

La  populace  ,  qui  depuis  Charles  XII  ^ 
n'aVaii  pas  entendu  son  souverain  parler 
Siisdois  i  Técouta  avec  toute  l'admiratioit 
que  devait  Jul  caufsec  naturellement  un« 


176    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

démarche  aussi  nouvelle.  Le  roi  fut  sou- 
Suèdt,  yen^  interrompu  par  les  plus  vives  accla- 
mations ,  et  plusieurs  d'en tr'eur  versèrent 
des  larmes  de  joie.  Le  roi  lut  ensuite  le 
arment  qu'il  faisait  au  peuple  «  après  avoir 
lu  celui  que  le  peuple  devait  lui  prêter, 
c  Les  héraults  se  rendirent  dans  les  dffie- 
rens  quartiers  de  la  ville  ,  pour  y  procla- 
mer une  assemblée  des  Etats  pour  le  Im- 
demain.  Cette  proclamation  menaçait  tout 
membre  de  la  diète  qui  oserait  s'absenter, 
d'être  regardé  et  puni  comme  tl*a!tt*e  à  sa 
patrie. 

Tandis  que  le  roi  accomplissait  Texécn* 
tion  de  ses  desseins ,  à  btockholm ,  il  n'ou- 
bliait rien  de  ce  qui  pouvait  en  assurer  le 
succès  dans  les  provinces  ;  il  eut  la  sagesse  de 
ne  leur' en  laisser  pai^enir  aucune  nouvelle 
authentique,  avant  que  les  États  a8sem4>lés 
en  diète  eussent  ratifié  de  la  manière  la 
plus  solennelle  ^  les  changemens  qu'il  avait 


•  Le  AI  au  matin  ,  un  détachement  consi- 
dérable des  gardes  reçut  ordre  d'occuper 
la  chambre  où  est  la  salle  des  nobles.  Le 
palais  fut  investi  de  tous  câtés  par.  des 
troupes.  On  ne  permit  point  dans  cette 
occasion  aux  difierens  ordres  des  Etats  de 

s'assembler 


DU$   VOJAGES.       t^7 

«réassembler  dans  leuW'  chambres  i^espêcti- 
ves.  Chacun  des  membres  se  rendît  domme* 
il  put  au  parlais  où  ils  entrèrent  tous  sans 
observer:  aucune  forme  de  cérémonie.  On 
remarqua,  que  le  maréchal  de  la  diète  en^^' 
tra  dans  la  salle  des  Etats  sans  le  Mtoti* 
qui  ^ttik  la  marcfue  de  son  office^        ;   ^^^^ 

Le  roi  assis  sur  son  irâne^  environné'ilBl> 
ses  gardes  et  d^une  troupe  nombreuse  d'ôf^ 
ficiers ,  adressa  aux  Etats  une  i^arangue  daW 
laquelle  il  peignit  des  plus  vives  couleurs 
les  excès  ,  les  désordres  et  les  malheurs 
dans  lesquels  avait  été  plongée  la  natioa 
par  les  divisions  des  partis  ;  il  leur  rap^ 
pela  les  peines  <{u^il  s'était  données  pour 
les  accorder  et  l'ingratitude  dont  ils  IV 
vaient  payée.  Il  insista  sur  Tini^amie  dont 
ils  s'étaient  couverts  par  leur  vénalité  pu-* 
blique  ,  par  la  bassesse  qu'ils  avaient  eu 
de  sacrifier  à  l'or  étranger  les  intérêts  ks 
plus  chers  de  la  patrie  ;  et  se  levant  tout-* 
à>-coup  au  milieu  de  son  discours^  il  s'écrra: 
si  ^iÈel(fi£nn  de  vous  ptut  nier  ce  que  f  ai 
aisance  y  <fuUl  se  lèue  et  qu'il  parle. 

On  s'étonnera  peut-être  que  dans  la  sî*. 
tuation  oùsetrouvaitrussemblée^  perâountt 
n^'osat  répondre  au  roi  :^d'ailleurs  ^  il  jr  avait 
tant  de  vérité  ,daQ8  c«  qu^il  avançai t^.qut 

Tome  IL  M 


Su^Ae« 


X7«  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
2 1^  bonté,  put  avpîr  autftiil  de  part  que  la 


Suède.    crajJDte*,  ap  silence  que  gardèrent  unani* 
ipeme^t  tous  jçs,  membres  des.  Etais. 

jb'OrsquQ .  le  rm  eût.  fini ,  il  ordonna,  à  un 
seiççétaire  de  lirie  la  nouvelle  forme  de  gou« 
Vfurneik^eiit  qu'il  proposait  pour  être  accep* 
tée  par  les  Elats.  Elle  consistait  en  cin* 
qiftiUehsept  articles. 

..Là  forme.de  gouvernement  ajant  été 
lube  i  le  roi  demanda  aux.  Etats  s'ils  Tap* 
prpuvaient.  Forcés  par  les  circpnstanccs , 
ibiOerëponditrent  que  par  des  acclamations, 
lue  maréchal,  de  Ja  diète  et  les  orateurs  des 
autres X)rdres  signèrent  cet  acte^etjes  Etats 
pràt^rentau  r>oi  le  serment  que  leroi-  leur 
dicta,  luî^nême.  Cette  scène  ejttraordinaire 
a&.  termina,  d'une  nlaoière.  qui  nç  l'était 
pas;  moinsi.  Le.  roi  tira  de  sa  poebe  un 
livre  de  prières :,  et  ôlant  sa  couronne  il 
entonna  le  Te  Deunt,  qui  fut  trè&«rttlt|fieu- 
sèment  chanté  par  l^assemblée.  Le  roi  ne 
prétendait  pas^  certainenient.  en  .impoeer 
aux  Ktats^pac.une  dévotion  aHfëctée ,  mais 
cette  cérémonie  devait  nécessairement  faire 
iihe:vive  impression  snr*le  peuple;  dont  te 
tour  d'esprit,  est  fort,  religieux  en  Saède. 

La  révolution  fut.  alors  accomplie  à  Stoc- 
thçAxù^  elle  avait  été  i'oavrage.  de  quelque* 


* 


DES    VOYAGES.       179 

heures  ;  elle  d'opéra  dans  tout  le  royaume 
dans  Tespace  de  quelques  jours ,  sans  op-^  Suède* 
position  et  sans  murmure.  Les  sénateurs 
et  tous-  ceux  qui  avaient  été  arrêtés ,  à  la 
reserve  de  deux  officiers  généraux ,  furent 
mie  en  liberté' dès  qu'ils  eurent  prêté  ser* 
meut  de  fidélité,  La  plus  profonde  tran* 
quitti^  et  Tunanimité  la  plus  entière ,  sent-- 
bièrent  régner  parmi  les  habitans  d'un  pays 
qui  peu  de  jours  auparavant  était  en  proie 
aux  dissetfttoBs  civiles  et  k  toute  l'animo-^ 
site  des- partis*  L'acquiescement  fut  donc 
général  ,  et-  la  plus  grande  partie  de  la 
nation  vit  avec  plaisir ,  avec  reconnaissance 
même  la  conduite  du  roi  ;  elle  faisait  au*- 
tant  d'honneur  k  son  humanité  qu'à  son 
génie  etk  ses  talens.  (r) 

Peu  de'  temps  après  que  les  Etats  eurent 
donné  leur  consentetnent  à  la  nouvelle 
forme  de  goirvertiement ,  ils  s^assemblèrent 
de  nouveau  et  résolurent  de  présenter  une 
adresse  au  roi',  pour  le  remercier  de  ce 


(i)  Lcf  discours  que  le  roi  prononça  dans  ces 
momeos  où  il  s'agissait  de  préparer  et  d'affermii| 
la  révolution  ,  sont  trop  remarquables  pour  n'être 
pas  ici'rapportés«  On  les  trouvera  à  la  fin  de  ee 
chapitre. 

Ma 


i8o    HISTOIRE  GÉN1ÉRA-LE 

qu'il  avait  exposé  sa  pcrsoane  pour  dëli* 
Suède,  yi^er  ]q  royaume  de  1  anarchie  et  de  la 
confusion.  La  chambre  des  nobles  fit  frap^^ 
per  une  médaille  en  mémoiredecet.événe- 
^  ment^  et  les  trois  autres  ordres  voulurent 
contri-buer  à  cette  dépense.  La  diète  finît  le 
9  septembre  suivant  ;  et  sa  majesté  pré- 
vint les  Etals  qu'elle  les  rassemblerait  dans 
six  ans. 

,  Je  me  bornerai  k  remarquer  que  cette 
révolution  nous  iournit  un  exeipple  frap- 
pant et  je  puis'dire  encore,  utile,  des  fu* 
pestes  eHets  de  la  corruption»  Cet  exemple 
preuve  qu'il  est  également  dangereux  de 
trop  restreindre  le  pouvoir  exécutif  dans 
une  monarchie ,  et  de  refuser  aux  classes 
inférieures  du  peuple  la  jouissance  légitime 
des  avantages  que  doit  procurer  une  cons- 
titution libre  ;  que  quand  on  éloigne  la  na- 
tion de  toute  influence  dans  Ja  législation  , 
çt  qu'on  la  porte  à  se  méfier  de  sesreprésen- 
tans  I  on  sape  le  gouvernement  ;  et  enfin  que 
la  célérité  et  la  facilité  avec  lesquelles  cette 
révolution  s'est  faite  »  doivent  apprendre 
à  un  peuple  libre  »  à  ne  jamais  trop  se 
reposer  sur  l'opinion  qu'il  peut  avoir  ha- 
bituellement de  la  sûreté  de  ses  libertés , 
et  à  ne  pas  se  livrer  k  Tidée  qu'il  n'y  a 


DES    VOYAGES.        i9t 

pûîot  de  danger  prochain  ,  par<!e  qu'il  uy 

en  a  point  d'apparent-  SiiWet- 

Par  rapport  au  roi  de  Suède,  je  mebor-i^ 
nera»  de  remarquer  que  si  jamais  monarque 
a  pu  être  justifié  d'avoir  renversé  fa  cons- 
titution de  son  pays  ;  îl  se  trouve  partîcu** 
lîèrement  datis  ce  cas.  En  eflfet ,  îl  n'a  ôté 
aux  Suédois  qu'une  forme  degouvernement, 
nicapable  pa-r  sa  nature  d'être  bien  adminis- 
trée pour  lui  en  substituer  une  qui  peut 
l'être  bien  ;  car  cette  constitution  ne  ser- 
vait depuis  long- temps  qu'à  assujettir  la 
Suède  aux  vues  de  ses  ambitieux  voisins,  oir 
de  ses  prétendus  amis  ;  et  à  la  vénalité  im« 
pudente  de  ceux  qui  en  tenaient  les  rênes 

Si  TcHi  examine  la  constitution  actuelle 
de  ITEtat ,  00  se  convaincra  que  le  roi  de 
Suède  ne  jouit  dans  plusieurs  points  im* 
portans  que  d'une  autorilé  limitée,  quoi- 
qu'il possède  les  plus  grandes  prérogatives* 
"Tout  le  pouvoir  exécutvFappartiefit  effecti- 
vement au  roi ,  car ,  quoiqu'on  dise  qu'il 
ne  hri  est  confié  que  conjointement  avec  le 
sénat ,  comme  le  roi  nomme  et  destitue  à 
son  gré  tous  les  sénateurs,  et  que  dan& 
l'administration  des  affaires,  il  leur  de* 
mande  leur  avis  sans  être  obligé  de  le  sui^ 
vre  ,  00  peut  dire  qu'il  est  le  maître  abçolii 


i8a    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

du  sénat.  Par  Tarticle  4  de  la  nouvelle  ïbrrae 
Suktk.  jy  gouTernement ,  lorsqu'il  eut  question  de 
oëgociations  pour  la  paix ,  des  trêves  ou  des 
alliances,  le  roi  .est  obligé  de  se  conformera 
Tavis  des  séiiateurs  s'il  sont  ùnaoiiyes; 
mais  comme  il  n^est  guère  possible  que  dix- 
sept  sénateurs  choisis  par  le  roi  et  jqui  dé- 
pendent de  lui  ,  s'opposent  unanimement 
k  ses  volontés  ;  il  faut  convenir  que  cette 
restriction  ne  le  gène  pas  beaucoup* 

Le  roi  a  le  commandement  de  l'armés 
et  de  la  flotte,  il  en  nomme  tous  lea  ofS« 
eiers,  il  a  seul  le  pouvoir  de  convoquer  et 
de  dissoudre  les  diètes,  et  il  n'est  pas  obligé 
de  les  assembler  en  aucun  tempsfiKé;  il  a  ren* 
du  les  imp<&is  ordinaires  perpétuels*;  il  jouit 
d'un  revenu  fixé ,  et  il  dispose  entièrement 
du  trésor  pubic.  Telles  sont  les  prérogatives 
attacl)(?esà  lacouronne  ;  mais  ,  quelqu'énor- 
mesqu'elles  puissent  paraitre^suriouiquand 
on  les  compare  avec  celles  dont  il  jouiisaît 
av^nt  la  ré.olution  ,  je  ne  crois  pas  cef^eo^ 
daot  qu'on  puisse  en  aucune  manière  regar» 
der  le  gouvernement  comme  despotique. 

Ce  qui  caractérise  principalement  cette 
espèce  de  gouvernement  ;  c'est  sans  doute 
un  droit  illimité  de  faire  et  d'abroger  les 
lois  »  et  celui  d'établir  des  impûts  san|  ie 


ÛES    VOYAGES.       i8? 

consentement  des  sujets.  Or  ^  ni  Tun  nî 
l'autre  de  ces  pouvoirs  n'appartient  ûu  rdi    Suëdê. 
de  Suède.  L'autorité  législative  est  partagée 
entre  ce  prince  et  les  États  ;  et  par  le  qurf- 
rantième  article  ,  ileste^prefsséràent  statut 
que  le  roi  n'a  aucun  pouvoir  de  faiî*e  de'noû- 
velles  lois^  ni  d'abroger  lesltnclennes'&ànfs  la 
connaissance  et  lé  coûSén^eàlent  'des  Etats. 
A  1  cgard  des  impdts  ,  î^  *e9l  ScïnêAe  oi^- 
donné  que  le  roi  ne  potirt^à  €n  établir  ati^ 
cun  sans  le  consentement  dés  mêtacs  Etat^^ 
excepté  dans  le  cas  où  le  royaume  serait  dct 
tuellemeut  attaqué  par  un  tnnemiy  et  alork 
à  la  fin  de  la  guerre ,  le  roi  est  obligé  de 
convoquer  les  États ,  et  les  nouveaux  im- 
pôts sont   abolis.  A  ces  dèùi  'restriction^!' 
importantes  ,  il  faut    ajouter  cclïé  'de  Vife 
pouvoir  déclarer  la  gtretre  ^  nî  àîtérèf  lè^ 
monnaies  sans  te  concours  des  États ,  e% 
d'être  obligé  de  leur  rendr^compte  îsî  les- 
Etats  assemblés  sont  d'àvîs  de  l*exîger. 

Il  n'est  )>as  qûestîoii  d'examiner  ici  sî  la 
fbrttt^  actuelle  dé  ce  gouvernement  sera 
de  longue  durée,  sî  elle  ne  j^eut  pas  être  réh- 
verfcée  aussi  subitement  qu'elle  a  été  étaolîé'; 
^i  avéé  le  temps  ^  elle  ne  ^e  résoudra  pas  éri 
tine  monarchie  ârbî traite  ,o\i  sî  elle  ne  tom- 
bera pas  dans  raharcfaîe  â  laqifélle  elle  à  stîc- 

M4 


I 


i84    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

cédé.  Il  s'agit  uniquement  de  ce  qu'elle  eft 
***^^''  aujourd'hui  ;  et  cet  examen  ,  quand  il  sera 
approfondi^  nous  fournira  des  raisons  de  pro- 
noncer sans  crainte  que  le  roi  de  Suède  ne 
Jouit  que  d'une  autorité  limitée ,  et  nul- 
lement d'un  pouvoir  despotique. 

La  diète  h  laquelle  appartient  l'autorité 
législative ,  est  composée  du  roi  dont  on  a 
fait  ctonnaitre  ci-dessus  les  prérogatives, 
et  des  Etats  que  le  roi  seul  peut  convoquePi 
et  qui  se  forment  par  la  réunion  des  quatre 
ordres,  de  la  noblesse ,  du  clergé ,  des  bour* 
geois  et  des  paj^sans. 

i.o  De  l'Ordre  des  Nobles. 

II  y  a  dans  cet  ordre ,  des  comtes ,  des 
baronset  des  gentilshommes  non  titrés.  Une 
famille  qui  a  été  une  fois  admise  dans  l'or- 
dre de  la  noblesse ,  reste  noble  à  perpétuité, 
non  seulement  dans  la  ligne  directe,  mais 
encore  dans  toutes  les  branches  collatérales 
dont  les  individus  possèdent  tous  également 
les  mêmes  privilèges  généraux ,  comme  de 
pouvoir  être  sénateurs,  chambellans,  etc.  , 
d'être  exempts  delà  capitation.  Le  roi  seul 
peut  créer  de  nouveaux  nobles,  mais  le 
nombre  est  limité.  Sous  le  père  du  Gustave 
m  j  la  diète  fit  une  loi  qui  ne  permettait 


DES    VOYAGES.       i85 

pas  au  roi  de  conférer  la  noblesse  jusqu'à 
ce  que  le  nombre  des  familles  nobles  fut  ré-  Suëie-. 
duità  douze  cents^  et  en  1772  le  roi  obtint  le 
privilège  de  porter  ce  nombre  ai 5o  de  plus. 
Le  chef  de  chaque  famille  noble  en  lignp 
directe^  est  par  sa  naissance  .membre  de 
Tordre  ;  il  représente  tous  les  cadets  de  sa 
branche  et  toutes  les  branches  collatérale^. 
S'il  ne  peut  être  chargé  de  cette  représen- 
tation ,  ou  s  j  refuse ,  le  premier  après  'Iqi 
dans  l'ordre  de  la  succession.,  prend,  sa 
place  dans  les  séances  de  l'ordre.  Puisqu'il 
y  Si  environ  douze  cents  familles  nobles,  si 
chaque  chef  y  assistait ,  les  membres  de 
l'ordre  seraient  au  nombre  de  douze  cent^  ; 
mais  rien  ne  les  obligea  y  être  tous  préseps, 
le  nombre  des  représentans  varie«  Dans  la 
diète  de  1778 ,  on  n'en  compta  que  sept 
cents. 

a.«  De  V Ordre  du  Clergé. 

Les  représentans  de  cet  ordre  ,  sont 
les  quatoze  évêques  et  un  certain  nombre 
d'ecclésiastiques  élus  de  la  manière  suivante. 
Les  lettres  du  roi  pour  la  convocation  étant 
parvenues  au  consistoire  de  chaque  diocèse, 
il  adresse  une  lettre  circulaire  à  l'archidiacre 
.des  districts  qui  ont  droit  d'élection;  il  les&it 


î86    HISTOItlÈ  GÉNÉRALE 

5  passer  aux  ecclésiastiques  de  ses  diverse^ 


SuWc.  pafreMSsés.  Toute  personne  qui  possède  ua 
bénéfice  ^  tout  maître  on  sous-ntaitre  d'une 
école  royale ,  a  droit  d*élîrc  et  peut  être 
élu  pour  représenter  ce  district.  Les  élec- 
teurs s'assemblent  dans  quelqu'endroit  yoi* 
lifnàe  rarehidiaconat  ;  et  1^  représentant  on 
le  député  à  la  diète  y  e^t  élu  à  la  pluralité 
tles  voix.  Les  évéques  sont  chargés  de  leur 
propre  dépense  ;  les  antres  sont  défrayés 
par  leurs  commettans  ;  leur  nombre  n'est 
fiaH  fixé ,  yiarte  que  chaque  arcbidiaconat 
peut  envoyer  im  seul  député,  oa  lui  en 
associer  un  second.  Rarement  ils  sont  moins 
de  cinquante ,  et  jamais  ils  n'ont  passé  ce- 
lui de  quatre-vingt. 

3.®  De  l'Ordre  des  Bourgeois. 

La  Suède  a  cent  quatre  villes  qui  ont  le 
droit  de  députer  aux  diètes.  Tout  bourgeois 
de  ces  villes  qui  est  marchand  ouconuner- 
<çant,  homme  lib^e  payant  les  charges  de  U 
villeetagédevint-unans^a  droit  de  suffrage 
dans  lelection  des  députés. Dans  quelques 
villes»  ceux  qui  contribuent  aux  charges 
publiques  pour  dé  plus  grandes  sommes , 
i^nt  mén^e  plusieurs  suflfîrages.  A  Gotben- 
^tii*g  f  par  eicemple^  il  j  a  environ  mille 


DES    V  O  Y  A  GES.       187 

électeurs ,  et  quelques  riches  marchands  y 
ont  à  eux  seuls .  quelques  centaines  de  suf-  ^^^^* 
f rages..  Tout  bourgeois ,  fut*il  le  plus  petk 
marchand  possible ,  s'il  a  été  libre  depuis 
sept  ans,  ou  alderman  durant  trois  a«is,  et 
qu'il  ait  Vàge  de  vingt-quatre  ans ,  peut  être 
ëlu  député.  Les  gouverneurs  des  provinces 
£(Mt  passer  l'ordre  d'élire  aux  maires  etattc 
aldermans  de  chaque  ville  de  leur  pro* 
vînoe  ,  qui  a  droit  de  douter  à  la  diète.  Le 
maire  assemble  les  électeurs  dans  la  maison 
de  ville  où  l'élection  se  fait  à  la  pluralitë. 
LeSfdéputés  reçoivent  pour  leurs  dépenses 
^M  petite  contribution  ^ui  varie  «vivant 
la  faculté  des  oonsiit'uafis. 

Le  nombre  des  députés  de  cet  ordre  a 
toujours  varié  ;  chaqtie  ville  de  commerce 
a  droit  d'envoyer  deux  dépités  ;  les  plus 
grandes,  comme Gothenboui^g,  en  envoient 
trois  ,  et  Stockholm  dix.  Mais  quelquefois 
deux  petites  villes  nomment  le  même  dé- 
puté pour  éviter  1^  dépeç^.'  Ëin  général 
cet  ordre  n'a  pis  moins  décent  députés»  ni 
plus  de  deux  cent$> 

L,e  quatrième  ordrç  ,  est  oelâi  des  pay- 
sans ou  cultivateurs  ;  ce  qtit  caractérise 
les  personnes  de  cet  ordre  ,.  c'est  d'être 
employées   à  l'agriculture  ^  -de  posséder 


i88  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
une  certaine  étendue  de  terre  ,  de  n'avoFr 
Suède,  janiaisi  fait  aucun  commerce  ,  nî  exercé  au- 
cun emploi  civil .  On  ny  comprend  que  ceux 
dont  leB  ancêtres  ont  vécu  dans  le  même 
état  et  ne  prennent  aucun  titre  de  nobles» 
ni  de  bourgeois  :  on  n'y  admet  pas  même 
des  hommes  aisés, ^vivant  noblement  dans 
des  terres  qu'ils  auraient  achetées  d'un 
paysan. 

Le  gouverneur  de  la  province  ayant  re- 
çu Tordre  d'élire  ,  l'adresse  aux  juges  des 
divers  districts  qui  le  Jiotifient  aux  paysans 
de  leur  juridiction  et  les  assemblent  à  un 
.  )0ur  dxé^  L'élection  se  fait  à  la  pluralité 
des  voix,  et  les  électeurs  se  cotisent  pour 
défrayer  ceux  qu'ils  ont  élus  députés.  Ra- 
rement il  y  a  dans  chaque  district  plus  dé 
cent  électeurs  et  moins  de  trente.  Quant 
au  nombre  des  députés  il  varie  beaucoup 
parce  que  quelquefois  deux  districts  se 
réunissent  pour  élire  le  même  ,  mais  le 
nombre  ordiùaire  peut  se  monter  à  envi- 
ron cent. 

Les  possesseurs  des  terres  vivant  noble- 
ment  ,  mais  qui  ne  sont  ni  nobles  ni  pay- 
sans ne  sont  point  représentés  aux  diètes; 
.  et  cela  est  singulier  dans  une  constitution 
aussi  tifcp*e  que  celle  de  Suède  ;  mais  quand 


.    D  ES    V  O  Y  AGES.  :     i% 

elle,  fut  formée  ;  cet  ordre  de  personnes 
n'existait  pas,  et  comme  dans  la  plupart  Su^de^ 
des  autres  États  de  TEurope ,  on  n  y  con- 
naissait que  des  nobles,  des  bourgeois  et 
des'paysant.  Il  n'en  doit  pas  moins  paraître 
extraordinaire  aujo^i'd'hui  que  cette  partie 
la  plus  saine  peut-être  et  la  plus  respecta- 
ble du  corps  politique  n'ait  pas  la  moindre 
part  à  la  législation  ,  pendant  que  des 
artisans  et  des  fermiers ignorans  et  corrup- 
tibles jouissent  de  cet  important  privilège. 
En  ijao  Torsqu'on  établit  une  nouvelle 
forme  de  gouverneaient ,  les  personnes  de 
cette  classe  s'adressèrent  à  la  diète  pour 
demander  d'j  avoir  entrée  ,  mais  la  légis- 
lation nouvelle  venait  d'être  consommée  et 
on  se  contenta  d'en  gratifier  un  certaîii 
nombre  des  privilèges  de  la  nqblesse.. 

Les  Etats  du  royaume ,  composés  comme 
on  vient  de  le  voir. s'assemblent  à  Stoc- 
kholm dans  diiïérens  lieux.  Quand  ils  ont^ 
ouvert  leurs  ^séances  et  choisi  leurs  ora- 
teurs  respectifs,  les  quatre  ordres  se  ren- 
dent à  la  salle  du  palais  où  le  roi  ,<la|)s  ses 
habita  royaux^  assis  sur  son  trôpe,  leur, 
communique  par  une  courtp  harangue  Ifes 
motifs  de  leur  convocation  j  en  le)»  invitant 
à  l'aider  de  leurs^  conseils  et  à  s'occupe^r. 


ï9ô    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

du   bien  du    royaume.  En  réponse  à  ce 
fttècle.     discours  ,  les  quatre  orateurs  complimen- 
tent S.  M.  au  nom  de  leurs  ordres  respec- 
tifs. Et  les  députés  se  retirent. 

Voici  de  quelle  manière  se  font  lés  lois. 
Pendant  les  séances  de  la  diète  chaque 
député  a  le  droit  de  faire  à  Tordre  dont 
31  est  membre  une  proposition  sur  laquelle 
©n*  délibère.  Cette  proposition  est  acceptée 
ou*  rejetée  à  la  pluralité.  Si  elle  est  agréée. 
Tordre  envoie  une  députation  aux  trois 
autres  pour  la  leur  présenter.  Et  si  trois 
eirlres  Tapprouvent,  les  quatre  orateurs 
vonttla  présenter  au  roi  qui ,  après  quelque 
délais  appelle  les  quatre  ordres  au  palais  et 
leur  communique  sa  résolution  sur  cette 
proposîtiou.  Si  elle  est  négative ,  la  pro» 
position  tombe  ;  si  le  roi  Tapprouve  ,  elle 
devient  une  loi  de  TEtat. 
•  9î  la*^  proposition  vient  du  roi  ,  S.  M. 
«ommenee  par  Tadresser  aux  sénateurs  qui 
donnent  leur  avis  par  écrit.  Du  sénat  ,  elle 
est  portée  à  la  délibération  dès  États.  S'ils 
T^pprowrent ,  les  quatre  ordres  se  rendent 
au  pakis  pour  Tannoncer  au  roi.  S'ils  la 
rejettent ,  ils  chargent  leurs  orateurs  de 
lui  remettre  un  mémoire  dans  lequel  ils 
earposefir-les  motifs  de  leur  dissentiment. 


DES    VOYAGES.       191 

.  Lorsque  le  roi  juge  h  propos  de  ixie.ttre  fia 
à  Ia.dîète ,  il  appelle  les  Etats  au  palais  et  lea^    Suède* 
coDJédie  par  uo  discours  qu'il  l^ur^^dresse^ 

Discours  du  roi  à  T ouverture  de  la  dicte  , 

le  28  juin  1771. 

Tout  ^  dans  ce.momeot:  jusqu'à  la  place 
que  j'occupe ,  me  rappelle  notre  grande  et 
tloma^une  perte.  Lorsque  les  ËCata  di» 
royaumeterminèrent  leur  dernière  assena- 
blée,jla  virent  dans  ce  palais, un  roi  éga- 
lenient  respecté  et  ohéti  >  environné  de 
sujets  fidèles ,  et  de  trois:  fil&  qui  leur  dis«> 
putaieut  Tavantage  de  Ini  donner  les  plus' 
^rtes  pneuvies:  de:  leur  vénération >  et  de 
leur:  amour.  Au  lieu  de  ce  spectacle  impo^. 
sant  ^  vous  ne  voyez  aujourd'hui  que  trois^ 
fils  privés  d'un  pèi>e  chéri,  et  plongés  dans 
lac  douleur*:,  qut  mêlent: leurs  Urœes  aux 
vôtfiBS.,  et  qui.senlienit  leurs'iplaies.se  rou- 
vrir à  la  Viue  dé  celles. dont: V09  ooBuns.  pa* 
rais^etnt;  déchirés. 

'  Les-Jarmes  desi. sujets rsent  lé  plus  glo^ 
rieux  monument  qu'on  puisse  élever  à  la- 
mémoire  S^wxl  bcin  roL  Gelies  .que  vau&>  ré-r 
pandez  aujourd'hui  ^  sont  pour  mei  ua.ai-- 
'  guillon  qui  m'anime  encore. à. là  vertu ^  eti 
tta  encoi^irageqiçjiit  pour  méf  iter  ^  A  Jjexem* . 


»$4    ttlStOiRÉ  CÊNÉRALE 

S  pie  d'un  père  si  sincèrement  regretté  ,  Va* 
Suède,    tre  attachement  et  votre  confiance  par  Isi 
clëmence  et  la  bonté. 

Je  ne  vous  parlerai  pas  ici  des  change- 
ttiens  arrivés  dans  le  gouvernement  depuis 
votre  dernière  assemblée  ;  vous  en  serez 
informés  par  les  pièces  qui  vous  seront 
communiquées.  Mon  absence  m'a  empê^ 
ché  de  rien  faire  pour  le  bien  public*  Si 
nous  avons  aujourd'hui  le  bonheur  de  voir 
régner  la  paix  au  dedans  et  au  dehors , 
Famitié  et  la  confiance  bien  établies  avec 
nos  voisins  et  les  plus  anciens  alliés  de  ce 
ix>yaume,  ce  sont  les  fruits  de  la  prudence 
et  de  la  sagesse  d'une  administration  pour 
laquelle  je  suis  bien  aise  de  témoigner  ici 
publiquement  ma  reconnaissance. 

Quant  à  l'objet  qui  vous  rassemble  aa-> 
jourd'hui  f  je  ne  crois  pas  qu'il  soit  besoin 
de  vous  en  parler.  Vous  savez  ce  que  le 
grand  changement  arrivé  dans  l'État  exige 
de  vous.  Vous  connaissez  vos  droits ,  et 
c'est  pour  les  exercer  que  vous  avez  été 
convoqués.  Je  vous  souhaite  pour  cela  la 
bénédiction  du  ciel ,  afin  que  la  paix  et  l'u* 
nion  président  à  vos  conseils  et, leur  pré- 
parent  un  heureux  succès. 

Né  et  élevé  parmi  vous,  fai  appris  dès 

ma 


:    DES    VOYAGES.        193 

ma  tendre  jeunesse  à  aimer  la  patrie ,kt 
regarder  comme  mon  plus  grand  bonheur  Snbde. 
d'être  Suédois,  et  comme  ma  plus  graâde 
gloire  d'être  le  premier  citoyen  d'un  peu- 
ple lil^re*  Tous  mes  désirs  seront  remplis 
$i  les  résolutions  que  vous. allez  prendre 
contribuent  à  affermir  la  félicité^  la  gloire 
et  Tindépendance  de  la  Suède.  Mon  pre- 
mier objet  est  de  la  voir  heureuse  ;  le  der«^ 
nier  terme  de  mon  ambition  est  de  gou* 
verner  un  peuple  libre  et  indépendant.  Ne 
croyez  pas  que  ce  soient  là  de  vaines  pa- 
roles 9.dén>enties  peut-être  par  les  mouve* 
mens  secrets  de  mon  cœur ,  elles  sont  la 
fidèle  expression  des  sentimens  de  ce  cœur 
qui  brûle  du  plus  ardent  amour  de  la  gloire 
et  de  sa  patrie  ;  d'un  cœur  trop  sincère 
pour  n'être  pas  de  bonne  foi  dans  ses  pro* 
messes»  et  trop  fier  pour  manquer  jamais 
à  ses  engagemens. 

J'ai  vu  plusieurs  pays  ,  jVi  tâché  d'en 
connaître  les  mœurs  et  le  gouvernement , 
et  de  m'instruire  des  avantages  et  des  dé- 
savantages de  la  situation  du  peuple.  J'ai 
trouvé  que  ce  n'est  ni  le  pouvoir  absolu  , 
ni  le  luxe ,  ni  la  magnificence  ,  ni  les  tré- 
sors aflba^sés  par  l'économie  qui  font  le 
bonheur  des  sujets ,  mais  l'humanité  et  l'a- 

Tome  IL  N 


1^   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

xDour  de  la  patrie.  Il  ne  dépend  donc  que 
Sirtde,  ^1^  noua  d'être  la  plus  hem*eu9e  nation  de 
k.  terre.  Paiwe  cette  diète  être  à  îamaii^ 
didtijiguée  dam  nos  annales ,  par  le  sacri^ 
fiée  de  toute  Tue  parfîeuUëre ,  de  toutes 
haines  et  de  toutes  jalousies  personneHes^ 
au  ^rand  inlérén  du  bren  pubKc.  Je  cor* 
trilDuerai  de  mon  côté  autant  qu'il  dépen- 
dra de  moi ,  k  rapprocher  )es  esprits  dîvi-^ 
«es ,,  à  réunir  les  cœurs  aliéties  les  nns 
éea  autres ,  afi  n  que  cette  assemblée  puisse  ^ 
avec  Ta i de  du  tout  puissant ,  devenir  Té^ 
poque  de  la  tiélicitë  de  ce  roj^aame* 

Discours  du  roi  aux  Etats  ^à  la  cJôlur^ 
de  la  diète  ^  le  9  septembre  177a* 

En  termisf^nt  cette  assemblée  de»EIlatSr 
l'une  des  pkis  mémorables  entre  celles. qui 
disiinguevont  nos.  aonales,  je  me  sui»  pé^ 
nétré  de  la  reconnaissance  lar  plus  viveen« 
verS)  le  Tauthpuissont  qw  a  daigné  proie- 
gei*  ûotre-pAtrie  et  dissiper  Toi^e  dcateno* 
leur  qui  menaçait  nos  libertés  et  mm»^ 
mêfaoes. 

L!oui^Bture  de  ta  diète  a  été  'marqués 
pan  le&  regcels  qu'excitait  en  nous  la  pei'Mi 
d'bn.  bon  roi  en  d'un  poincc  chtH^.  La  dis«« 
•onde*  et  L'aaMMoaluikde^  pai;tis  ont  souiîcDfl 


DES    VOYAGES.        i^ 

ihiértàYàpû  vb^  (ïélîbêratîohs.  On  (Ifràit  que 
la  Prdtîdé'nte  t/a  permis  aux  maux  ^lii  ont  Suèdt, 
oppfîméé  rioé  ancêtres  de  pàrv'eriîr  à  léiir 
comble ,  que  pour  mieux  montrer  la  force 
de  Set  {iuissahcé  dans' lé  cbàrigemèht  q[ui 
leùt  â  succéda. 

Hëtté  h^ùtéMe  révolution  est  dbvehue 
sBés  lefe  àuSpices  du  Tout-pùîss.nt*,  ce  rè- 
ràhdé  îrfiTti^dîat  desr  niaux  qui  désolaTent 
lé  royaume  depuis  plus  d'un  siècle'.  D^ûne 
uatidà  Kvrëe  aùparlvant  àùx  oisséntiôns 
lêfe  pîué  érùdlfes,  elle  en  a  tait  uii  peuplé 
iftijf  ,fi6vé ,  pûîsèant ,  Indépendant ,  brûlant 
dé  zièfc  pbùi'  le  bi^n  public.  Cesf  dans  de 
pareilles  Cîtcotistances  qùelé  gouverne'ment 
d^i  royaurfié  passe  dé  vos  mains  dans  les 
mîéntféà.  La  liberté  est  assurée ,  lés  ld|s  soiit 
fixées  ,  Ici  concorde  renaît.  Concevez ,  s'il 
se  jiêut ,  aVec  quels  senlimehs  dé  tendresse 
et  dé  sâfi^Paction  je  vôiis  vois  aujourd'hui 
r^tssémblés  autour  du  trône. 

tié  peu  de  temps  qui  s'est  écoule' depuis 
Ce  thaû^eràent  împortanC  a  suffi  pour  m  of- 
frir les  preuves  les  plus  certaines  de  votre 
aflfectîon  et  de  votre  confiance.  J'ai  vii  ce» 
vertus ,  ces  grandes  qualités*  par  lesquelles 
yoi  ancêtres  sut'ent  illustrer  leur  slfeclé , 
irermer  dabs  vos  cœurii  et  se  mablfesier 


196    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

dans  vos  actions.  Ëlle^  n'oat  pas  cessé  d'y 
Sukdé.    exister ,  elles  n'attendaient  que  les  circons- 
tances actuelles  pour  se  manifester  avec 
éclat. 

J  aï  vu  renaître  ce  courage ,  cet  attache* 
ment  pour  le  roi  et  la  patrie  dont  s'hono- 
raient jadis  les  aobles  Suédois  «  et  leurs 
efforts  puissans  m'ont  soutenu.  On  a  vu 
reparaître  âans  le  clergé  la  soumission  aux 
décrets  de  la  Providence ,  le  zèle  pour  la 
gloire  de  Dieu ,  Tobéissance  à  leurs  supé- 
rieurs ,  l'amour  de  la  paix  et  du  bien  pu- 
blic; so^ez  attentifs  à  inspirer  les  mêmes 
sentimens  a  vos  frères  absens.  Le  zèle  de 
l'ordre  des  bourgeois  pour  le  commerce 
du  royaume  s'est  montré  dès.  qu'ils  oat 
acquis  des  idées  justes  sur  leurs  véritables 
intérêts  et  sur  leur  prospérité  réelle.  Le 
respect  de  l'ordre  des  paj^sans  envers  Dieu 
et  le  gouvernement  a  paru  complètement^ 
en  ce  qu'aussi-tôt  qu'ils  ont  été  li  vrésii  eux- 
mêmes  ,  ils  n'ont  plus  consulté  que  l'amour 
de  la  patrie ,  qui ,  dans  tous  les  temps  a 
caractérisé  le  peuple  Suédois. 

Je  ne  vous  quitte  donc  aujourd'hui  qu'a- 
vec un  cœur  plein  de  reconnaissance  et  de 
joie.  Après  avoir  concouru  avec  moi  à  ré- 
tablir l'ancienne  liberté ,  et  a  lui  donner 


\     D  E  s    V  O  Y  A  G  E  s.        197 

les  fondemens  les  plus  solides  ;  après  avoir 
donné  la  sanction  à  une  forme  de  gouver- 
nement qu'il  a  favorisé  ;  après  vous  être 
tinis  à  moi  par  les  liens  les  plus  puissans^ 
des  temps  plus  heureux  vont  remplir  vos 
espérances. 

• 

Soyez  assurés  X]ue  mes  soins  et  mon  at- 
tention à  mériter  là  confiance  que  vous  avez 
placée  en  moi  ^  seront  sans  bornes.  Si  par 
votre  unfon  mutuelle ,  votre  économie  et 
votre  modération ,  vous  seeondez  mes  e£- 
forts  poiMT  le  bien  dé  TEtat ,  je  regarderai 
sa  prospérité  comme  certaine  ;,  je  verrai 
mes  espérances  comblées ,  en  vous  recevant 
dans  six  ans  copime  ua  peuple  fidèle  j  heup 
reux. ,,  uni  ,  libre  et  indépendant.. 

Discoiirs^  du  rot  au  sénat  assemblé^  îk 

•21  août  iyy2^ 

Pénétré  de  la  plus  vive  douleur ,  à  lar 
vue*  de*  la:  situation  malheureuse  de  la  pa- 
irie, je  me  trouve  obligé  d'exposer  au  grand 
jour  des  vérités  amëres,  Lorsque  le  royaume 
est  à  deux  doigts  de  sa  perte ,  vous  ne  de- 
vez pas  être  surjiris  si  je  ne  vous  reçoiis 
f^as  avec  les  mêmes  senti  mens  de  joie  donrt 
mon -cœur  était  rempli  lorsque  vous  vou* 

N  3 


Suëde«. 


5u^e< 


19^    HISTOIRE  GÉN^^ALE 

^8$ei7iblii?7  devant  le  trânc.  ^^  p'ai  paf  4 
Wff  r/eproçbiçr  de  vous  i^vyir  ^Vf/aA^  r4^ 
4éjsui3.é.  peu;jf  £013  )^  Vftuf  j^i  p^rlé  avfçç  )« 
ff^flicb^^sç  fjif'çxjgfeait  ip»  dignitp ,  p|  «VW 

sincérité  ,  la  même  franchise.  ifQ§%  199 
guider  dans  ce  discours.  Il  faut  vous  cf p- 
peler  le  passé  ,  pour  porter  reipèdp  aa 
J^resent. 

C'est  une  vérité  bien  triste,  njaîs  «féoé- 
ralement  reconnue,  que  la  hain^  et  la  dis- 
corde ont  déchiré  le  royaume.  I^epuis  lonc^- 
temps*  la  nation  est  en  proie  aux  fissent  ions 
de  deux  partis  ,  qui  en  ont  fait,  pour  ainsi 
dire  deux  peuples  distincts ,  mai%  conspi- 
rant ensemble  à  la  ruine  de  |a  patrie.  La 
division  a  produit  la  haine  ,  la  haine  à  ins« 
iré  J^  vengeance  ^  la  venzeapce  4  ^piif 
a  persécution  :  de  ]à  ces  nçi^velles  «  ces  fré- 
quentes révolutions. 

Ces  çpfîou^çeii  pr()4uUes  pflr  i'^Ji^Vitton 
4'i^n,  petit  i^fl^Ue  dç  pef «opflçp  p9t  ^ajiM 
le  fRyfi?n3LÇ.  \/m\  ^%  Y^W^  pftfii  Pftt  (mI 
çp^Jçr  4e^  fjqts  4q  **W  ,  «4  le  jmnM  ^ 

ÇfiWt  qVf  Bft''  fe^  «ïflllMÎHVS  qp'elie  f  Mr 
^Wipé?  m^i  ^\^  i  ^  4«nt  a  c»j  a9G4kltf  W 
pr^nûf^p.  L'uuKiue  bt|4  ck  oeiu  aui  dorniv 


£ 


DES    V  OTAGES.       rçp^ 

«aient ,  était  d'affi^rmir  leur  pouvoir  Tout  t 
devait  «'j  rapporter  ,  eouveat  aui  dépens    feM^ 
'des  eitayeos»  et  toujours  au  détriment  àte 
l'Etat*   La  loi  était -elle  claire,  ils  en  ai^^ 
téraieat  Je  texte  ?  ét^t  *  elle  évidemmeist 
cootraÎFe  à  leurs  vues  ?  ils  la  dëtruisaient 
eatâèremeiit.   Rien  n'éuit  sacré  pour  des^ 
faooiaies  ^idés  par  la  liaine  et  par  la  veo* 
geaoce.  La  licence  enfin  a  cte  portée  si  loin^   ^ 
qo0  ciselait  une  opinion  presque  générale- 
ment reçue ,  que  la  pluralité  des  sufiragee^^ 
^tait  aa-«dessus  des  lois  ,  et  qu^^lle  n'atait 
d'autres  bornes  que  eéllef  qu'on  voulait  j 
mettre. 

C'est  ainsi  que  la  liberté ,  le  droit  le  plU» 
^loble  de  l'humanité  ,  a  été  chan^  en  not 
despotisme  aristocratÂqi^e  dans  le  parti  do- 
minant t  qui  é^it^  bient^  terrassé  par  le 
parti  of^peeé  »  lequel  était  subjugué   \m- 
-Mène  par  un  petit  nombre  de  particuliers. 
On  tremblait  aux  appiK>cbes  d'une  diète. 
Au  lieu  de  penser  aux   tnoyens  les  plus 
propres  pour  dirigw  les  aflfarns  du  ro^urae^ 
toute  Tiatteotion  d'un  parti  se  portait  k  s'as- 
surer une  pluralité  de  Tola  qui  pût  lis  ga- 
rantir de  k  supériorité  et  de  la  violenoe 
de  rautM.  Si  la  situattoit  intérieure  du 
royaume  éuit  périlleuse.^  «ombien  lïe  dp- 


doo   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

vait-elle  pas  être  humiliante  au  dehors? 
9ukd».  j'ai  honte  de  le  dire.  Né  Suédois  et  roi  de 
Suède  ,  il  devrait  m'étre  impossible  de 
croire  que  des  vues  étrangères  aient  pa 
entrer  dans  le  cœur  d'un  Suédois  ,  encore 
moins  que  leur  influence  ait  été  préparée 
par  les  moyens  les  plus  vils  et  les  plut 
bas.  Vous  m'entendez  ,  et  ma  rougeur 
suffit  pour  vous  faire  sentir  k  quel  degré 
d'ignominie  vos  dissentions  ont  rédutt  le 
roj^aume. 

Cest  dans  cette  funeste  situation  que 
)'ai  trouvé  rÉtat^  lorsque  par  les  décrets 
de  la  providence ,  j'ai  été  élevé  au  trône. 
:Vous  savez  que  je  n'ai  rien  épargné  pour 
vous  réunir.  J'ai  toujours  insisté  lorsque 
je  vous  ai  parlé  comme  votre  roi ,  et  dans 
d'autres  occasions  ^  sur  l'union  nécesMire 
entre  vous ,  et  sur  l'obéissance  aux  lois. 
J'ai  sacrifié  tout  ce  qui  pouvait  me  toucher 
personnellement ,  tout  ce  qui  pouvait  être 
cher  h  un  roi.  Je  ne  me  suis  refusé  k  an* 
cun  engagement ,  k  aucune  démarche , 
quelque  pénible  qu'elle  fût ,  pour  parvenir 
à  un  but  si  salutaire  à  la  nation/  S'il  y  a 
quelqu'un  parmi  vous  qui  ose  nier  cette 
vérité,  qu'il  se  lève  hardiment  et  qu'il  dé- 
pose contre  moi. 


DES    VOYAGES.       201 

J^espëmis  que  meB  eflfbrts  rompraient  les 
liens  que  Tor  étranger,  les  haines  mu-  i^"^- 
tuelles»  la  licence  voulaient  vous  imposer; 
que  Texemple  des  autres  nations  serait 
pour  vous  un  avertissentient  menaçant. 
Tout  a  élé  inutile.  Tantôt  vous  avez  été 
séduils  par  vos  chefs)  tantôt  vous  aveai 
été  «otralnés  par  votre  propre  vengeance. 
Toutes  les  barrières  ont  été  renversées v 
toutes  les  conventions  enri*eiiiteat  toutes 
les  promesses  oubliées.  La  licence*  a  franchi 
toutes  les  digties,  les  plus  grands  eilurts 
n'ont  pu  la  réprimer;  les  citoyens  les  plus 
vertueux  et  les  plus  édairés  ont  été  sacri»- 
fiés  i  d'anciens  ofRciers ,  recommandablef 
par  leur  zèle  et. leur  fidélité^  ont  été  désho- 
norés ,  des  corps  entiers  de  magistrats  dé- 
posés; le  peuple  même,  oui,  le  peuple  a 
été  foulé I  sa  voix  étouffée ,  ses  plaintes  trai- 
tées de  sédition  ,  et  la  liberté  a  dégénéré 
en  un  joug  aristocratique ,  odieux  à  tout 
citoyen  suédois. 

Le  Tout-Puissant  a  manifesté  sa  colère 
contre  l'injustice  de  ceux  qui  avaient  usur- 
pé la  domination  :  la  terre  a  fermé  son 
sein  ,  elle  a  refusé  ses  dons  :  la  cherté,  la 
famine  ont  répandu  la  calamité  dans  tout 
le  pajrs  ;  et  vous ,  bien  loi^  de  reoom*ir.att:if 


fttdA    HISTOIRE  GlÉNlêRALBr 

remèdes  dam  le  temps  qne  je  vous  en 
Si^k^pt  pressais,  vous  ne  pensiez  qu'à  satisAfre 
vos  vengesBoes  parclcaliëres  ,  tandis  que 
youB  devicB  voler  au  secours  ide  ceux  qm 
vous  avaient  confié  leurs  intifrècs.  Lorsque 
la  n^*ess lié  vous  a  forcés  enfin ,  de  prendre 
iles  mesures  pour  secourir  un  pMiple  maW 
Jseareiioc  ,  le  r^n^^&  ost  v^mi  trop  tard* 
jC'est  ainsi  que  vous  avets  pix^longë  pendant 
«loe  année  entière ,  une  dièse  onéreuse  fc 
l'État ,  et  que  faisant  tout  pour  vous ,  vous 
4i'avez  titn  iÀic  pour  la  nation*  Mes  repré' 
eeatations  ayant  été  inutiles ,  mes  eflKMis 
euperflus  y  f  aï  gémi  sur  U  sort  de  ma  ebère 
patrie;  y^ai  attendu  dsfis  \e  silence  ce  que 
la  nation  penserait  de  ses  députés,  t^nt 
^nvoTsmoi  qu'envers  elle-même.  Une  pai^ 
aie  |de  pefite  nation  a  «porfé  patiemment 
le  joug  ea  soupirant  )  ne  sachant  oà  trou<» 
ver  ^n  secours  contre  tant  de  maux ,  et 
quel  parti  aile  devait  prendre  pour  sau- 
ver la  patrie.  Le  désespoir  a  éclate  dans 
un  coin  du  rojBwne  ,  et  Ton  j  a  pris  les 
armes.      ' 

Dans  eette  otitxinstanee  ,  le  royaume  , 
la  vraie  liberté  ,  et  la  sAi'eté  publique  , 
sans  parler  de  ma  proprs  vie ,  étaient  ex- 
posés nâplos  gr^  danger.  Je  n'ai  uqwifép 


»es    VOYAGES,      «08 

^qprès  i'asfittstànce  4ii  Trèe  -  Haut  ^  iTatttrie 
remèdb  à  dos  aiaax ,  ([ue  celui  de  i^eeourir  SuM*. 
aux  moyens  dont  toutes  les  nallofis  coura«- 
gaufi03  se  sont  servies  >  ^  <)ue  }a  Suède 
fife-mème  mit  autrefois  en  usagé ,  lorsque» 
^ua  les  ^h?apftai|x  de  Gustave  Vasa ,  eHe 
brisa  le  joug  de  la  tyrannie  et  dé  Toppre»- 
«ion  ;  Dieu  a  béni  mpo  entreprise.  J^ai  v* 
toui^-àrfioup^e  ranimer  dans  l'esprit  de  mei 
peuples  ce  zèle  popr  la  patrie  qui  enflam^ 
pa  EageHiraobt  et  Çustave  Ericson  t  tout 
a  beureusement  roussi  :  j'ai  sauvé  ma  per- 
sonne et  le  royaupfie  ,  sans  qu'auetm  de 
mes  sujets  ait  essuyé  le  moindre  pré)u«> 
dice. 

Vous  êtes  daM  l'erreur ,  si  vous  me  sup^ 
posez  d'autres  vues  que  ^  faire  régner  là 
libellé  et  les  lois.  J'ai  promis  de  gouverner 
un  peuple  libre  ;  cette  promesse  est  d^aâ* 
tant  plus  sacrée  qu^elle  était  volontaire  ^ 
fet  ce  qui  arrive  aujourd'hui  ne  me  fera 
point  désister  d^ne  résolution  qui  n*est 
pas  (bndéif  sur  la  nécessité ,  mais  sur  ma 
conviction  entière.  Loin  de  porter  atteint^ 
à  la  libené,  je  ne  veux  qu'abolir  la  Kcence^ 
et  sabstitiser  k  I^ai4>i«raire  ,  qui  jusque 
a  gou-vepaé  le  re^^ume  ,  une  forme  de 
gottveiwepiea» sag#  et  régulière^  ttHb  que 


toi    HISTOIRE  GÉN^ÉRyiLE 

]a  preaerivent  les  anciennes  lois  de  Suède; 
Sti^ide.     ^  qu'elle  était  établie  sous  mes  glorieux 
prédécesseurs. 

La ,  seule  fin  que  )e  nte  suis-  proposée , 
6'est  de  rétablir  une  vraie  liberté   :  elle 

r 

seule,  mes  cbers  sujets ,  peut  vous  rendre 
iieureux  :  les^  lois  étant  immuables  ,  vos 
jprqpriétés  en-  sçiront  plus  assurées ,  Tradus- 
drle  honnête  n'aura  plus  aucune  entrave  , 
j'administration  de  la  justice  sera  impar* 
tiale  I  le  bon  ordre  régnera  dans  les  villes 
jet  dans  les  campagoea ,  tout  concourra  à 
J  augmentation  de.  l'opulence  générale  , 
i^hacun  jouira  de  la  sienne  sans  tix>uble; 
enfin  ,  nous  verrons  renaître  une  piélë 
pure ,  dégagée  de  toute  hypocrisie  et  de 
toute  superstition. 

Pour  parvenir  à  ce  bonheur  p  il  faut  que 
lef  rQjaume  soit  gouverné  par  une  loi  in* 
variable  dont  la  lettrob  claire  et  précise  ut 
laisse  point  lieu  à  de  fausses  interpréutioos; 
£ui  lie ,  non-seulemenjt  le  roi ,  mais  récî* 
proquement  les  États  ;  qui  ne  puisse  êtn 
abrogée ,  ni  changée  saps  le  consentement 
hbre  du  roi  et  des  États»  qui  peroiette  s 
pjp  roi  zélé  pour  la  patrie  de  coasdier 
avec  les  États  ,  sans  que  ces  derniers  s'es 
lassent  un  sujet  d'aUrme  et  d'épouvante; 


DÉS    V  O  Y  A  G  Ê  S.       %6S 

tf^i  réunisse  enfin  le  foi  et  les  États  dans 
un  même  intérêt  ,   le  bien  commun   du    ^^^^' 
royaume.  Cette  loi  qui  doit  nous  lier  res^ 
pecti  veillent  y.  est  celle  qu'on  va  vous  lire. 

Vous  remar<|uerez  par  tout  ce  que  je' 
tiens  de  vous  dire ,  que  je  n'ai  aucune  vue 
particulière ,  et  que  je  rapporte  tout  au 
bien  de  l'État.  Si  j'ai  été  forcé  de  vous  mon- 
trer la  vérité  dans  son  plus  grand  jour  ^  je 
fie  l'ai  pas  fait  par  des  motifs  de  ressenti- 
ment^ mais  uniquement  par 'amour  pour 
votre  bien.  Je  ne  doute  point  que  vous  ne 
Teceviez  avec  reconnaissance  ces  nouvelles 
dispositions ,  et  que  vous  ne  sojez  prêts  a 
concourir  avec  moi,  pour  assurer  sur  un  fon- 
dement solide  et  inébranlable ,  l'édiRce  de 
la  félicité  publique  et  de  la  vraie  liberté. 

Des  rois  illustres  /dont  la  mémoire  sera 
immortelle ,  ont  porté  le  sceptre  que  j'ai 
dans  les  mains.*  Je  n'ai  pas  la  présomption  - 
de  me  comparer  à  eux  ;  mais  je  leur  dis- 
pute à  tous  de  zèle  et  d'amour  pour  mon 
peuple. 

Si  vos  cœurs  sont  également  bien  dispo- 
sés pour  la  patrie  ,  j'espère  que  le  nom 
suédois  acquerra  bientôt  la  considération 
et  la  gloire  dont  il  jouissait  du  temps  do 
nos  ancêtres. 


sod   HISTOIRR  C^ÉNÉBfAlE 

Le  Diea'  tout  puissaot  4  devant  <p«i  HM 

Saëd0.     jj»^gj  cacW  ,^  lil  dalns  mprf  cq?nr  Iw»  Whtî- 

mens  dont  je  rais^  piéiiélirë  :  cfoe^  w  bdof^ 

daigne  répa«dr6f  m  bi^fiédietida  iW  Yotf 

conseiU  et  sup  vee  déoiemov; 


DB$    voyages:      107 

« 

CHAPITRE    V. 

fabri^uôÉ  et  manufactures ,  màruhànd^ 
et  oui^fiefS  de  Stockholm  ;  cOffimérê gé^ 
néral  de  la  Suéde  ^population  et  împôtsi 

lu  ES  manu&ctures  suédoises  sont  eiurora 
bien  loi  a  de  la  perfection.  Les.  ouvriers  Suèd«. 
sont  nëgligens  ^  paresseux ,  n'ont  aucune 
^ulation;ils  commencent  quelquefois  leur 
semaine  le  mercredi  et  )amai&  avant  le 
mardi.  Gela  n'empêche  pas  qu'ils  ne*  sa 
fassent  payer  très-cher  ;.  plus  ilsi  gjaynant 
plus  ils  boivent ,  et  le  manque  seml  dfargeoB 
les  ramène  à  Fouvrage. 

Il  n'y  a  qplxmt  seule  irerreria  n  elle  Ml 
située  à  Kongshcd'm  et  appiaitieet  à  cbé 
actionnaiMS.  On*  y  &it  des  terre»  deitoitie 
espèce ,  deis  bocaux ,  des  alambics  \.  peu  de^ 
bouCeiUes^  La  poCasse  vieilit  de  Saaoi^  ,  1« 
caillou  de  Pomëranie. 

Il  y  a  daes  le  faubourgs  du  nord  à  SSM^ 
khelot  ^  Uhè-  mamifacture  dfactei*.  C'est  utip 
^U>listemeBt  nouveae  oà  Yçm  Mt  peti' 
d'ompragpea  d'une  c^taine  impoKtMc^i  k« 


so8  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
F^"^  fabrique  dite  de  porcelaine  est  tout  sîm- 
SuM*.  pletnent  une  fabrique  de  tàïance  assez  mé- 
diocre situéà  KoDgsholoi.  L'emplacement 
est  fort  grand  ;  une  partie  de  la  terre  vient 
d'Upsal  ,  et  même  plusieurs  pièce»  y  re- 
çoivent la  première  cuisson.  Il  vient  aussi 
de  la  terre  de  France  et  d'Angleterre.  La 
fabrique  des  draps  n'est  pas  considérable. 
Elle  ne  renferme  qu'environ  de  cinquante 
Ji  soixante  métiers  faisant  chacun  seize 
pièces  environ  de  quatre-vingt  à  quatre- 
Tingt>dix  aunes. 

Il  y  a  dans  chaque  fabrique  un  certain 
nombre  de  métiers  réservés  pour  la  coa- 
ronne,  où  on  fait  des  draps  pour  les  trou- 
pes. La  laine  vient  de  Pologne  et  de 
Hollande.  Il  en  vient  aussi  d'Espagne.  La 
fiibrique  des  bas  de  soie  a  seulement  vingt- 
quatre  métiers.  Elle  pourrait  en  avoir 
davantage  si  les  ouvriers  ne  manquaient 
pas.  Ils  pourraient  faire  une  paire  de  bas 
par  |oar ,  mais  ils  ne  l'a  Ibnt  jamaM.  La 
plus  grande  partie  de  soie  qu'on  emploie 
vient  de  Bursc  y  presque  loujourf  par 
Marseille  où  elle  arrive  dn  li 
soies  qui  s'emploient  d''  Il 
d'étoffes ,  mouchoirs  et 
partie  des  orgjnciiiâ  et 


-| 


DES    V  O  Y  A  G,E  S.       S09 

%fA  se  tirent ,  pour  U  plupart  ,  deBazano 

•C  de  Livoorne.  Suèd«. 

-  Les  fers  sont  la  partie  la  pins  importante 
da  commerce  de  Suède.  Elle  en  exporte 
an  moins  les  trois  '  quarts  du  produit  des 
mines.  ;  ^  ;..|<3. 

Le  magazin  ties  fers  'est  à  Stockholm  ,  k 
rendÎDft  où  est  la  communication  entre  la 
mer  et  le  lac  Mceler.  Il  est  immense ,  et 
on  conçoit  que  cela  doit  être  ',  quand  on 
soBjçe  que  tout  le  fer- qui  s'embarque- ei» 
Suède  j  est  déposé.  Ceux  qui  se  trouvent 
pressés  d'argent ,  penyent  en  emprunter  à 
la  banque  9  sur  leur  fer.  Alors  les  barres 
engagées  sont  liées  avec  une  ficelle  scellée , 
et  on  ne  peut  plus  y  toucher  jusqu'au. dé- 
gagement. 

Tly  a  on^  raffineries  de  sucre  ^  dont 
une  a  quatre  chaudières  et  les  autres  en 
ont  deux  et  trois.  La  main  d'œuvre  étant 
extrêtnement  chère  à  Stockholm,* les  mar-* 
cbands  sont  obligés  de  vendre  à  un  pfix 
fort  élevé.  En  génial ,  la  marchandise  f^ 
bonne ,  mais  il  faut  souvent  1  atteo)|re.  J^ffft 
ouvriers  exigent  quelquefois  d  av<^M;e^  f{t 
foarpiswnt  la  marchandise  quand  il  (çiMTt 
fig^,J\u  reste>  ils  ne  nient  jan^ais  Vfrge^t 

Tome  JI.  O 


»i«    HtSTOtilS  OéNÉftALfi 

(fu'iit  ont  reçu  |  et  Iw  marchands  ne  tubi" 
Svldi.     ti tuent  pas  une  pièce  d'étoffe  k  teW^  qu'on 

lis  4os  tourna* 

Dans  presqtie  totitei  les  professions  Jes 
ouvriers  ont  une  caisse  où  ils  mettent 
çjiaqui?  mois  une  cei'taine  somme»  Loraqulls 
sont  malades  et  borS'  d'état  de  travailler , 
Mtte  caisse  leur  fburjtiic  S4  scii^Uinga  par 
semaine  1  et  k  leur  mort^  ao  rixdaln  po«r 
l^ar  ent^*f  emen  t.  N'es^il  pas  plaisant  qu'ua 
Qiivriei*  dépense  ao  rixdales  pour  ae  fair^ 
enterrer  ?  et  cette  somme  pe  serait-  elle  paa 
miwx  placée  entre  les  mains  de  sa  famille? 
Qiais  ie  iHxe  des  enterremens  est  la  pnmioo 
du  peuple  Suédois  :  oe  fautp-il  pa^  que  cha- 
cun ait  sa  folie.  Rien  de  plus  curieux  quo 
les  inagiisiQS  ciie  bières  i  îl  jr  çn  a  de  4o- 
rées  «  ^^  sculptées  ^  de  pçiQtes;  il  sçmble 
en  vérité  qu'^n  soit,  ^aas  un  magaski  4» 
nii^ubles  ppur  décorer  ua  appartf^meat. 

11  y  avais  k  Stookiiotm ,  en  1790 ,  66^ 
fMtrl^aee  d^ouvrages  en  soie  ;  t>oion  , 
hAôe  ,  M  ^  Ksr  tî  acier  ;  elles  occupaient 
enx  vMMe  deux  cents  cinquante  ,  tant 
limtlres  ffue  compagnons ,  et  fabriqtrakiit 
pMT  lÂoo  mHle  mdalita  de  màlréhandise. 


DÊSVOVAGfiâ;      au 

l^avHl^  de  Stockholm  fait  les  8ef>t  ti*eizȏfne$ 
du  commerce  d'exportation  de  la  Suède;  S«è4«< 
Golheinbourg  ,  les  deax  treiaièmes ,  et  let 
9Dtve&ville8  quatre  treizièmes.  Dans  le  con- 
meiTe, d'importation  ,  Stockholm  esi  pour 
lambîlié^Gothembourg  pour  un  qiMirt^et 
les  autre»  villes  pour  l^autre  quart. 

Le  commerce  >  en  Suède  ,  et  toutes  les 
aiMre^  parties  de  Tadministration  du 
Iroyaume^  étaient  dans  Tëtat  le  plus  dépkn 
irable  k  la  fin  de  la  guerre  avec  la  Russie^ 
iMBsediatement  après  la  mort  deChaïf  les  XIL 
lien  résulta  une  telle  langueur^ que,  sans 
tibe  grande  attention  et  un  changement 
daoe  la-  constitution  ^  il  eût  faliu  un  siècla 
Mb  moins  pour,  réparer  tant  de  pertes* 
plusieurs  des  blessures  qœ  l'Etat  reçut 
alors  >  ne  sont  pas  encore  entièrement  ci« 
catrisées.  Il  j  a  dans  beaucoup  de  pirovincea 
des  cantons  considérables  qui  ^  jadis.,  étaient 
très^peupfés  y  et  qui  sont  aujoard'hui  dé* 
terts*.  Depuis  vingt  ans  on  a  beaucoup  fait 
pour  Tamélioration  générale  du  vo^^unie; 
Les  owdernes  réformateurs  oM  pron^ulgué 
des  h>is  dont  le  but,  très^louable  ^  était  de 
forcer  les  Suédois  h  se  priver,  des  objets 
de  luiûr  qa'its  tiraient  de  .l'étranger,,  où 
di'eti  fabriquer  etix-mêmea  c^  semblables.  Om 

O  2 


m    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

finit  par  prohiber  toute  importation.  L'in* 
Snhàê.  tention  sans  doute  était  bonne,  mais  l'exé- 
cution fut  poussée  trop  loin%  Plusieurs  ma- 
niifactures  ,  il  est  vrai  ,  turent  établies 
dans  différentes  parties  du  ix>yaume  ,  et 
quelques-unes  réussirent  fort  bien.  Mais 
ce  n'est  pas  l'affaire  d'un  moment  que  de 
rendre  tout  un  peuple  manufacturier.  On 
le  voulut  cependant,  et  le  succès  non-seu- 
kment  n'y  répondit  pas,  mais  au  contraire 
il  en  résulta  plusieurs  inconvéniens  pour 
l'Etat.  Si  la  Suède  importait  une  grande 
quantité  de  marchandises  étrangères,  elles 
les  payait  toutes  ,  ou  du  moins  ,  pour  la 
plus  grande  partie ,  avec  ses  propres  pro* 
ductions  ,  avec  du  cuivre  ,  du  fer,  du  boî« 
de  construction ,  des  vaisseaux ,  du  chanvre  , 
du  goudron,  des  fourrures.,  des  peaux, etc. 
Ainsi  donc,  le  noble  qui  portait  des  étoffes 
d'Italie,  de  Frcince  ou  d'Angleteri-e ,  en- 
courageait, par  là  même,  la  classe  inté- 
rieure du  peuple*  Le  législateur  crut  ,  à 
tort,  que  les  étrangers  ne  pourraient  point 
«e  passer  des > productions. .de. ce  pays;  il 
crut  qu'on  leur  en  vendrait  tout  autant , 
et  qu'ils  paieraient  en  argent  :  mais  les 
autres  nations,  ft]ui  connaissent  leur  inté* 
râl  aussi  bien  4^^  ^^  Snède ,  eqiteot  alurs 


DES    VOYAGES.       ai3 

t  n    recours  à  la  Nqvwège  et  à  la  Russie.  En 

cooséquence  ,  les  anciennes  demandes  Suëd««. 
n'ajant  plus  lieu ,  les  ouvrages  en  fer  et 
en  cuivre  sont  discontinués  dans  toutes 
Jes  provinces  du  royaume,  et  un  grand 
nombre  de  bras  ,  occupés  ti  abattre  les.  bois 
de  construction^  sont  privés  aujourd'hui  de 
cette  ressource»  lye  législateur  a  senti  ces 
înconvéniens  et  a  révoqué  une  partie  de 
ses  édits  :  mais  le  mal  était  fait  et  il  n'y 
avait  plus  de  remède  ;  le  commerce  s'était 
enfui ,,  et  cette  révocation  partielle  ne  fut 

'^     d'aucune  utilité.  11  faudra  bien  du  temps 

avant  qu'on  puisse  réparer  un  si  fâcheux 

échec. 

Depuis  quelques  années   le   commerce 

extérieur   prospère   assez    en  Saède.  Les 

eocouragemens  qu'on. lui  adonnés  ont  pro« 

duit  de  bons   efïèts..  La  construction  des 

navires  s'est  accrue.  Jadis  les  Français  ache- 

> 

taient  aux  Suédois  une  flotte  à  la  fois ,  et 
les  Hollandais  allaient  constamment  cher- 
cher dans  les  ports  de  Suède  des  vaisseaux 
marchands.. Cette  ressource  ^'existe  plus, 
ni  pour  les  uns  ni  pour  les  autres. 

L'établissement  d.'une  compagnie  desIn- 
des ,  en  Suède,  a  été  très -avantageuse  à 
ce  roj^aume.  Un  tel  projet  ,.pour  ce  pay8.> 

OS 


is  h 

ursc 
îtafc 
me, 
1.  E- 
lue: 

n-sft 

w 

pot 

'a  ni' 

elfe 

iri 

fï 

bûii 

re, 

% 

les 

eii' 

à- 


SI4   HISTOIRE  GÉNÉRALE 
avait  été  cependant  condamné  dans  tôutt 
lnèéf,     l'Europe ,  maî«  Tcxpérience  a  prouyé  qiia 
c'était  à  tort. 

Les  manufactures  de  lainçs  ,  sent  eelki 
qu'on  s'est  empressé  le  plus  d'étaWîr,  On 
commence  à  y  fabriquer  d'assez  beaux  draps, 
ce  qu'on  doit  au  changement  des  taines.  On 
a  fait  venir  des  moutons  d'Angleterre  dont 
on  a  répandu  l'espèce  dans  tout  le  royauffie* 
«La  laine  du  paysétah  si  mauvaise  et  si  groè« 
isière  que,  pour  s'en  servir ,  il  fallait  la  mé« 
1er  avec  celle  qu'on  tirait  de  Pologne. 

La  population  de  ce  ro^^aume  est  connue 
avec  plus  de  certitude  peut-4tre  qiie  celle 
d'aucun  autre  État  de  l'Europe.  C'evt  une 
suite  du  soin  particulier  qu'a  pris  le  gouver- 
nement de  se  procurer  des  registres  exacts 
des  mariages ^  naissances  et'  morts.  Pour 
cet  effet  9  on  a  établi  à  Stockholm  en  174^ 
une  commission  nommée  commission  dta 
iabettes ,  chargée  du  soin  de  ces  regrstreSi^ 
et  qui  est  en  correspondance  avec  toutes 
les  villes  et  les  paroisses  du  royame.  Elle 
distribue  a  tous  les  magistrats  et  cm*és  « 
des  modèles  de  registres  dans  lesquels  ils 
doivent  inscrire  les  naissances  ,  les  ma* 
Tiages  et  les  morts  de  leurs  districts ,  et 

<n«r^uçr  h  aamlnx  dc«  h^bitans  (yii  ttj 


'    J>Mt    V  t)  T  A  G  E  s.       m5 

IfeniffM  i  0t  o»  ptetké  de»  prcisautîons 
exirewâit^rM  pour  qv'it  n».  ^'y  glîs«4}  pdiiU   ^^^^. 

Le  célè W  a^fooiMae  Wargentm  ^  qiart 
f t&it.i^^mbre  d#  cette  itïtW  €(Hniiii8Aioii^ 
a  filiUk^  i  d^ns  tes  mén»Orreâ  «de  Tacadémie 
de$v  s^îence^^k  ¥ioe  ifelati^N»  «laire  et  exacte 
de  la  a^aaièf e  dont  1^  eemitlpsaîô*  reinpKc 
«On  ob^ett^ei  se.  procmrir  toolte  ïwmforwmr 
tiood  néces9air«t  ;  et  il  a  f ro«ve  >  en  dé- 
pouillant, ces  regUftre&  qVen  ^781  ^  I# 
noppkbre  dciS  ^aJÈ^iiaos  de  Suède  éuh  d'elfe 
TÎron  2,j6j,oQo  sur  neuf  années  ean^ecU^ 
tàYt9é  II  a  eaiculé  tfa'^  la  eamp^^^^>  la  pt'o- 
pcMrtîôn  de*  naîssaqce^  at^ie  merts  est  aamaur 
1  à  3&.  »  Hti  si  ranflëè  e^  extrëqfieniertt: 
saine  ^  à  36ét  mêfBeà >i^;  ei <)u^  Scodk^lnv 
cette  proportion  eit  de  t  à  ^a 

La  na^nre  du  sol  ^  go^vai)*  ineiitiev  de- 
MombP^iê^Si  ^èrèts  ^  la  dUi'Clé  du  cltuiae 
dans  les  prdvioeca  septeeti'îuoales  ^s'of^po- 
sent  à  la  popuîatio»  de  U  Sil^c  ^  Tusafce  ^î*é^ 
qoekit  de  Teau  <- de  -  vie  ^  est  aus^  une  das*  . 
causes  qui  la  dîaninuanl^^psr  le  grand  nônir- 
'  lire  de  YÎeltnies  cp»  stt^cesnbent  avant  Tage- 
«mr  »  tm  qui ,  m  elfes  ni  vent ,.  sont  foraées^ 
de  se  vouer  au  céKbal^  ;  maîse'èsi4à  ua-maï- 
keuf  9ur  laquai  u^uadevoiis  rioue  cc^t^Rtcls^ 


âi6    HISTOIRE  GÉNlÉllALE 

de  gëmir.  Noue  riegardons*  comme 4mpos« 
Saèdn.  êible  de  déraciner-  cette  funeste  Kabitude , 
elle  est  trop  invétérée  chez  les  peuplée  du 
Nord.  On  a  ni  k  ^xiéW  dësôrdf-es  se  porta 
lepêuple  de  Suède  y  lorsque  le  roi  dëfehdit 
aux  paysans  de  distiller  eux-mêmes  leur 
eau^de-vie;  personne  ne  pourra  nier  que 
ton  motjfne  tôt  bon  ^  et  que  dans  un  pays 
qui  manque  de  graiïis  ,  il  ne  soit  absurde 
d'en  consommer  une*  partie  en  eau-de-vie. 
Cependant  il  n'a  pu  réussir ,  et  il  s'est  vu 
ibrcé  de  remmettre  les  choses  sur  Tancien 
pied. 

Les'  impâ(s  Sont  multipliés  et  même 
onéreux  dans  les  villes  ;  cependant  itspro* 
-duisent  une  somme  peu  considérable;  le 
revenu  total  de  TÉtat  ne  s'élève  pas  au- 
delà  de  trente-trois  millions  de  livres.  * 

Chaque  charge  à  une  taxe  particulière; 
ceux  qui  réunissent  plusieurs  emplois  ne 
paient  que  pour  un,  mais  toujours  pour  le 
plus  considérable.  Les  personnes  qui  ont  le 
titre  sans  la  charge  ,  paient  le  double  de  ce 
qu'ils  paieraient  s'ils  avaient  la  charge. 

Les  impôts  consistent:  i.^  dans  la  taxe 
personnelle  ;  a.»  celle  sur  les  appointe' 
mens ,  revenus ,  propriétés  foncières;  3.^  sur 
les  fenêtres^  le  luxe^  les  chevaux ^  les  équip 


:     DES    VOYAGE  S/       ±ij 

pages ,  les  domestiques  superflus  ;  les  inëu^  é 
blés '  de  soie  •,  les  dorures,  les  montres;  Snè^. 
4*^  sur  les  habits  de  'Soie ,  le  tabac  en'pou^ 
dre  et  à  fumer.  Les  lois  somptuairéâ  dé- 
fendent les  étofïës  de  soie  de  couleur  celles 
sont -exécutées.  L'habit  ordinaire  est  noir,  ef: 
on  ajoute  à  celui  de  cour  de6  bandes  cou^ 
leur.dç  Feu.  Les  lois  somptuaires  sur  les  re- 
pas,' qui  fixent  le  nombre  des  plats  qu'on 
peut*  servir  -sur  sa  table ,  sont  obdervées 
moins  rigoureusement.  '  < 

Les  manutàctures  de  (er  et  de  'cuivre  , 

sonî  celles  qui    ont  le  plus  d'activité  en 

Suède.  On  y  lait  beaucoup  d'instrùmens  et 

d'outils ,  des  canons'  et  tous  les  diflfërens 

aiittcles  de  fonte.  Le  nombre  des  mines  de 

fer  et  de  cuivre  dans  tout  le  royaume ,  esft 

très-grand  ;  celles  des  forges  >  malgré  leur 

état  de  décadence ,  travaillent  toujours  et 

font  la  plus  grande  occupation  de  la  nation. 

Le  commerce  dé.  Suède  est  peu  considé* 

rable  ;  et  depuis  bien  des  années,  îl^st  à  soa 

désavantage.  Il  consiste  en  fer ,  qui  en  est  U 

partie  la  plus  rmportante,  cuivre ,  planches, 

goudron ,  harengs ,  alun ,  etc.  Elle  reçok 

en  échange  des  grains ,  des  vins ,  du  café, 

des  1  soies  de  couleur.  L'importation  a»- 

nuelie  du  sucre  brut  et  terré ,  se  monte  à 


Ai8    HISTOIRE  GÉNÉRALE 
[y^— ^  deux  od  trois  niillioosdd  livres  pcsaat,  tt 
SiAie.     jg  ppij(  gg  régie  d'après  celui  de  Bordeatu  , 
aiuBÎ  que  le  prix  du  suere  rafiot  d'après  ea- 
Jui  qu'oD  fixe  à  Hambouk-g. 

Un  très-graod  abus  qui  existe  daoft  ce 
pays  .  c'est  la  tàc»lité  qu'l>Dt  les  geai  de 
jDoauvaise  toi  ,  et  de  tout,  état ,  de  Ciirv  ban* 
i)uer0ut«.  Une  lois  le  billaa  donné  ,  >ls  d« 
sontplusinquiétéfl.  Oaseat  ccunbîen  cela  est 
«DcfMirageaiit  pour  certaiae  classe  d'hom- 
mes ,  et  ou  06  conçnt  pas  commeat  ua 
abus  si  criant  subsiste  encor». 
.  AucuB  |>ays  peut-être  na  épnmvé  àna 
plus  haut  degr^  tous  les  maux  attachés  an 
mauque  d'espèces  d'or  et  d'argent ,  à  la  ra- 
reté  des  espèces  mêmes  de  cuivre  ,  et  à 
une  fluctuatioD  perpéluâlle  d«*s  U  valeur 
des  tùlleta  de  banque  cfut,  pendant  nn  cer- 
tain temps  tétaient  leseuleffistqnt  eût  cours. 
Ces  niaux  qui  meosçaient  l'Etat  d'une  ba»- 
^ueroute  totale  ,  n'existent  plus  au^ur- 
td'hui'v  le  roi  ^  a  entièrement  remédié  ,  coo- 
formément  au  vœu  des  États  qnt  loi  crwent 
oontié  en  177A ,  cette  tâche  difficile ,  a^aot 
«mpruaté  en  Hollande  760,000  livres  ster- 
.)ings.Usupprima  uii  ^^alJU  aumbredalàilen 
.4e  banque,  et  fit  ci  irulcr  une  telles  ~^  " 
dnaanoMea  d'or  et  d'or^eoi  d'i 


DES    V  or  A  G  É«.       it^ 

pxuecté  et  trè&>CQio  modes  »  que  œaîate&aat 
en  voyageant  en  Suéde  ^  on  n'a  aucune  Saède. 
peine  à  changer  Vof  ef  l^s  bîHets  àt  banque 
contre  'de  la  monnaie  d'argent  ^  même  dans 
les  ]>rovibees  ëloigii^es^  et  dans  les  petites 
villes.  Le  FO»a  aiiGdî  aboii ,  eft  grande  partie, 
les  diverses  méthodes  compliquées  et  emhaF- 
rassântm'd»  compter  Târgeat  qai  variaient  • 
dans  les  divers  lieux  et  dans  les  di^Béreoèet 
eîroonstanoes.,  et  il  a  pnrsphit  une  manière 
fort  mnpli^^deeoaipter^  qui  doit^tre  géné^ 
raie  daBStout  le  royaume ,  et  être  observe^ 
dans  toutes  les  oeeasions* 

Oa  sVdt  occupe  depuis  peu  des  grandes 
routée  ^  et  de  la  navigûtî<dn  intérieure  dis 
royau0ie«  Oia  a  même  donné  des  eneour»» 
gemens  a«nc  artistes  ;  lee  toutes  nëatmitMii$> 
sont  très^aawaises ,  surtout  •oeDes  de  cofttM 
municati^m  i  il  n'y  a  qu'aux  environs  dtf 
Stockholm  oit  elles  soat  passabiemeotea* 


tretesraes. 

• 

•    • 

1 

1   •  " 

4 

i 

t  « 

-y     V 

•) 


MQ   HISTOIRE  GÉNÉRALE 


C  H  A  P  I  T  RE    V  I.  • 

Jdaurs  et  venus  des  Suédois.  ~  Code  des 
hais.  —  Sage  QonstiiuUon  des  Etals. 


^B  toutes  lea  nniions  de  FEui^ope ,  celle 
Sttèdf.  qui  ^  p^y  ses  mœurs,  mérite  d'être  regar* 
dée  comme  la  première  ,  est,  sans  cofilrc* 
dit  9  la  nation  suédoise.  Le  peuple  €•€  es- 
sentiellement bon ,  vertueux ,  attaché  k  sa 
religion  et  h  son  souveraki  :  la  probité  lui 
est  naturelle.  Noua  reikcon trames  ^o  voya- 
géant  >  des  voitures  chargées  des  havre- 
sacs  des  soldats  morts  en  Finlande  ;  elles 
étaient  escortées  par  tm  certain  nombre  de 
paj^soRS  qui  cbongeaient  à  toutes  les  sta- 
tions :  on  les.coAduiaait  juaqu'ea  Scanie, 
c'est  ««À- dire  f  à  Textrémilé  du  rojiaume» 
pour  rendre  aux  parens  les  efiets  de  ceux 
qui  avaient  péri.  Nous  avons  laissé  très* 
souvent  notre  voiture  ouverte ,  sur  le  grand 
chemin ,  pendant  plusieuirs  jours  et  de  nuit , 
jamais  il  ne  nous  a  manqué  la  moindre  chose. 
Si  le  Suédois  est  quelquefois  tenté  du  bien 
d'autrui ,  ce  n'est  que  de  l'eau-de-vie ,  dont 
la  passion  est  au  comble  chez  lui  ;  il  y  a 


'     D  E  s    V  D  V  A  G  E  S.^     lii 

cle  rîmprudenee  à  en  laisser  à  sa  portée;- 
couvent  il  succonîbe  à  la  tentation  de' s'en    Suèds. 
approprier  une  partie.  NoUts  ne  parlons  ici 
que  des  campagnes ,  les  villes  étant  cor- 
rompues conoime  elles  le  sont  partout. 

Le  Suédois  n'est  pas  •  avide  y  il  est  tou^ 
)ours  contint  de  ce  qu'on  lui  donne ,  et 
souvent  ^nè  demande  rien  pour  paiement 
de  ses  peines  :  il  est  sobre  sur  tous  ]e$ 
points  ,  à  l'exception  de  Teau-de-vie  :  cett^ 
funeste  habitude  commence  dès  l'enfance, 
«t  doit  être  regardée 'Comme  une  des  causes 
de  la  dépopulation  de  laSùède.  Nous  ayons 
vu  des  entans  de  neuf  à  dix  ans ,  boire  de 
grands  verres  d'eau-de-vie,  dont  nous  ne 
^serions  jamais  veatis  à' bout. : 

Le  sexe  est  généralement  froid  en  Suède  ; 
cependant  il  y  a  beaucoup  de  libertinage 
dans  les  grandes  villes  :  il  commence  quel*- 
queibis  avant  l'âge  dedouise  ans,  et  il  est 
poussé  a  l'excès  j  usqu'k  l!âge  de  dix-'huit^oxt 
vingt  ans.' Alors  les  jeunes  personnes  de^ 
viennent,  sages  ,  c'est-à-dire  qu'elles  n'otit 
plus  qu'un  amant,  et  après  quelques  an^ 
nées,  ell^  se  marient ,  fort  avantageuse- 
ment pour  l'ordinaire.  Les  hommes  ne 
font  2iutie/attiention  à  la  vie*antérieutx;.  , 
,  I^'hdbitttde-  de  boire ,  .loiq  d'cti'c  j^arti- 


curi&re  m  peuple^  cet -eomomne  anii  pre« 
Suède,  mîères  elasêe»  de  b  Société.  Nous  sommef 
fôchës  d'avouei'  qu'il-  09it  ordmaire  de  Toir 
de  griiads  seigneurs  i\pÀ  s^oecuperaienl  diffi* 
cilemeot  de  chose»  8ériet]ses<  eft  soruai  de 
iable^  Ce  défaut  ne  diminuiei  eA  rJen  ce 
qu'ils  ont  dailleuiH  de  bonnes  ^«lUriés  «  et 
doit  être  regard  (H)mme  tenant  phitut  at 
paysqiit^aux  personnes,  Quel^uesi  voyageurs 
wxt  prétendu  qtia  kis  femmeH  ainai  .q«e  les 
jiommes  «  buvaient  31  avafUt  te  rdpas  »  des 
verres  d'eaiMle^vie }  oek  esc  faui»  :  en  Suède 
comme,  ailleurs,  reaii<4e-^ie  ii*cat  la  boisson 
que  d'une  certasue  clasae  desi  ftnnaes ,  et 
nullement  dks  fcmiDM  de  la  société. 

La  religion  dominante  en  Suède,  est  U 
coofessioft  d'Augsbourg,  noa  Tariée.  La 
liberté  des  culte»  y  a  lieu  par  tout.  Os 
tonapte  à  Stockholnt  prêt  de  2,000  catbo 
fiques  où  ils  ont  une  église,,  et  au. moins 
6^000  dansla  totalité  du  royaume  s  ploaîeors 
fioniiles  sosl  établies  en  Finlande  ,  et  viro- 
nent  k  Stockholm  teu&  les  ans  ou  tous  les 
deux  ans  faire  leursj  dévotions.  - 

Noos  dévoua  dire  uamot  àa^SUet^iharef 
qui  habitent  la.  petite  Ile  de  Wcfrindmunj 
près  de  Stockholm.  C'est  uû  reste  de  ces 
aectaires  qui  >  par  une^  cDoscieiice  timo«ee , 


DES  VOYAGES.  a&3 
le  loht  «ëparés  en  1738,  de  régti«e  sné' ^ssêsSS 
dois*.  DiRS  le*  cooimencemens  ,  comme  Suid«. 
ils  affectaient  de  mëpriter  le  cuhe  dÎTÎa 
public ,  les  Bacremeos ,  et  particulièrement 
les  pr£crr«,  ïIb  ne  pouvaient  que  s'attirer 
des  pcrtécutioDs.iusqu'kdtrfl  même  bannis 
du  royaume;  maiscn  1746,  on  leur  dooBA 
la  peratiHioD  de  s'établir  dans  Itle  fV^erin* 
ditun,  où  ils  achetèrent  la  terre  Skevik, 
d'où  vient  qu'on  les  appelle  communément 
Sk€vikar€.  Il  y  a  dans  leurs  dogmes  beau- 
ixMip  d*  bizarrerie ,  mais  leur  conduite  esc 
vertueuse. 

Les  Suédois  ont  un  degré  d'instmctioa 
supérieur  k  celui  des  autres  nations  :  tous 
les  paysans ,  sans  execption  ,  savent  lire. 
Au»  Gustave  III ,  k  qui  rien  n'échappait , 
et  qui  redoutait  avec  raison  Tefièt  que 
poorraient  produire  parmi  le  penpie  les 
ruurelles  de  France ,  avait  défendu  c[U'ob 
f>arMt  soit  ea  bien ,  soit  en  mal ,  de  notre 
i-erolution  ,  dans  les  gazettes  suédoises  :  il 
ToyaiC  lui  rendre  ua  sn-viee  reci  ,  en  con- 
inb«MBt  )>  U'  lui  laisser  ignorer. 

Le  code  des  lois  que  l'on  suit  aujour- 
(i'baâ  a  éié  rédigé  sous  le  r^nc  de  Frédé- 
I  ic  I«'.  Le*  loie  sont  claires ,  sa^o»  et  pré- 
b(«#«  :  en  BMtikre  cmla ,  !•■  deux  paitits 


ftâ4    HISTOIRE  GÉNÉRALE 
9  paient  chacune  leurs  frais  ;  le  perdant  n*etl 


SuHe.  jamais  condamné  aux  dépens.  Les  lots  cri- 
minellçs  sont  humaines ,  comme  elles  doi- 
vent l'être  dans  un  pay$  où  les  grands  crimes 
9ont  extrêmement  rares.  Uji  accusé  ne  peut- 
étve  condamné  à  une  peine  capitale  ,  s'il 
ne,  fait  l'aveu  de  son  crime.  Les  criminels 
dignes  de  mort ,  ont  la  tète  tranchée  :  h 
question  a  été  abolie  par  Gustave  III  ;  c'est 
enpore  un  des  bienfaits  de.  ce  prince»- 

Il  n'entre  point  dans  notre  plan  de  par- 
ler en  détciil  des  gouvernemens  :  nous  di- 
rons seulement  que  celui  de  Suède  nous 
parait  plus  parfait;  que  ceux  même  qu'oa 
.vav^te  le  plus ,  par  la  manière  dont  la  na- 
tion estr,eprésentée  aux  diètes.:. les  paysans 
forment  le  quatrième  Ordre  de  l'État  ;  c'est 
le  seul  grand  pays  de  l'Europe  où  le  cul* 
tivateur  soit  compté  pour  quelque  chose. 
Il  ferait  peut-être  possible  de  réformer 
quelques  abus  qui  existent;  dans  le  mode 
d'élection  des  paysans ,  au  nombre;  des  dé- 
putés h  l{t  diète  :  mais  .c'est  ici  le  cas  d'ap- 
pliquer l'adage  :  le  mieux  est  V ennemi  da 
iienyhe^.  Suédois  contrits  de  jouii^  d'une 
eo/isthutiop  préférable  à  celle  des  ..outres 
peuples  y  tplèrent  le>  |>elit  Dombr^  d'abus 
i\vt  r#c5?oa)pagne  i  iUcf^i^çn^flt^t^ep  tou* 

chant 


ci  ES   VÔVÂGË&:      ftaS 

etiant  aux  branches ^  d'attaquer  le  trouas 


Le  véritable,  et  pour  mieux  dire,  le  seul  ^**^** 
abus  di^ns  U  constitution  suédoise  >  c'est 
qu'il  est  impossible  que  le  roi  demçure  au 
point  où  elle  Ta  placé  ;  mais  c'est-là  Un  mal 
«ans  remède  :  le  souverain ,  dans  un  Etat 
monarchique  et  héréditaire,  doit  toujours > 
à  la  longue,  prendre  Tascendant  sur  tpua 
les^  pouvoirs  existans  ,  dé  quelque  nature 
quMls  soient.  Or ,  comme  ce  mal  est  înBni-^  . 
tnent  moindre  que  celui  d'être  gouverné 
î>ar  ud  toi  électif*,  nous  préférons  la  cbnis^ 
litutidn  suédoise  ,  que  nous  regardons 
comme  ayant  le  moins  de  défauts ,  de  touteê 
celles  que  nous  connaissons. 

La  diète  à  laquelle  appartient  l^aùtdrlté 
isuprême  législative  >  est  composée  du  roi 
dont  la  constitution  de  1772  a  fixé  lés  pré<» 
rogati ves  ^  et  des  Etats  que  le  roi  seul  peut 
convoquer,  et  qur  se  forment  parla  réunioil 
des  quatre  ordres  de  la  noblesse ,  du  clergé  j 
de»  bourgeois  et  des  paysans*  -  "*  * 


f 

#  ■  

I 


.1 


#  •    •  . 


Tome  IL 


926    HISTOIRE  ÇÈNÉRALE 


CHAPITRE    VIL 

I 

Etat  des  sciences  et  des  arts.  —  Acadé^ 

-I  mies*  —  Universités.  —  Ecoles  publi" 

çues.  —  Nodce  sur  un  saluant  Lapon. 

(o/n  ne  peut  se  dissimuler  que  le  nom- 
fittèdc.*"  ^^^  ^^®  savans  Suédois  ne  soit  peu  consi- 
liérable.  En  général ,  on  lit  peu  en  Suède  » 
et  Vflti  n'y  cherche  pas  à  s'instruire.  La 
poblesse  surtout /peut  y  passer  pour  igno- 
irante  ;  le  clergé  y  est  comme  presque  par* 
tout ,  la  classe  la  plus  instruite ,  cependant 
on  jr  trouve  très-peu  de  personnes  à  citer, 
^çs^ye  m  a  pourtant  laissé  les  sciences 
dans,  un.  meilleur  état  qu'il  ne  les  avait 
|.rpuvées.  Les  académies ,  les  gymnases ,  les 
jéjcofes  f  tout  s'est  ressenti  du  goût  éclairé 
dp  ce  prince. 

Les  académies  de  StocUiolm  sont  au  nom* 
bre  de  trois  ^  sans  compter  celle  de  pein* 
ture. 

L'académie. rgjaliS  des  sciences  de  Stoc- 
kholm doit  son  établissement  à  six  hom- 
mes d'un  savoir  distingué^  au  nombre  des- 
quels était  le  célèbre  Linnaeus.  Us  s'asaem- 


;     D  E  s   y  O  Y  A  G  E  a       %^j 

lièrent  d'abord  en  juin  1789,61  formèrent 
une  socîëté  particulière  où  on  lisait  des  ^"^^ 
dissertations  qu'ils  publièrent  à  la  fin  de 
]a  même  année* Cette  société  s'étant  accrue, 
le  roi  en  fit  un  corps  en  1741  ,  sous  le 
jpom  d'académie  royale.  Elle  a  cent  mem- 
bres Suédois  et  un  nombre  considérable 
d'associés  étrangers.  Tous  les  trois  mois 
elle  publie  se:s  mémoires  en  langue  sué- 
doise. Son  président  est  aussi  nommé  par 
trimestre;  elle  n'a  point  de  membres  ho- 
jioraîres , c'est-à-dire ,  inutiles.  Le  seut  fonds 
qu'elle  tienne  du . gouvernement  ,  consiste 
dans  la  vente  exclusive  des  almanachs , 
qui  produit  environ  deux  mille  rixdales; 
9it%  autres  revenus  proviennent  de  la  gé- 
nérosité de  plusieurs  citoyens  aisés.  Sa  bi- 
bliothèque n'est  pas  considérable.  On  pré- 
tend que  tôiis  les  ouvrages  imprimés  ea 
langue  suédoise  sy  trouvent. 

Le  cabinet  d'histoire  naturelle  est  confié 
aux  soins,  de  M.  Sparmann  ,  docteur  en 
médecine  9  cdrfnu  par  son  voyage  en  Afri- 
que et  par  ses  recherches  sur  l'histoire 
naturelle.  11  a  enrichi  ce  cabinet  de  beau* 
coup  d'objets  curieux  qu'il  a  recueilli  dans 
ses* voyages  ,  soit  seul,  soit  avec  le  capi- 
taine CobL  Le  roi  assiste  quelquefois  aux 


29aèdle* 


«8    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

assemblées  ordinaires,  et  particulièrement 
h  rassemblée  annuelle  (jui  se  tient  en  avril 
pour  rélectlon  des  membres.  Toute  per- 
sonne qui  envoie  un  traité  qu'on  juge  di- 
gne de  rimpression,reçoît  en  présent  les 
mémoires  de  l'académie  et  une  médaille 
d'argent.  L'académie  distribue'  aussi  des 
prix  toutes  les  années, consistant  en  sommes 
d'argent  ou  en  médailles  d'or  }>our  l'encou- 
ragement de  ragriculture  et  du  coitoteerce 
intérieur.  '   ' 

L'observatoire  est  fort  reculé  dans  le 
faubourg  du  niDrd ,  et  placé  sur  une  hau- 
teur peu  considérable.  L'hbrîzony  est  fort 
peu  étendu  ,. et  l'on  ne  voit  guère  au*dett 
d'un  mille  de  Suède ,  à  cause  des  rochers  dont 
tous  les  environs  sont  remplis.  Lès  instrur 
mens  sont  au  rez-de-chaiisséé  '  ils  sont  eii 
petit  nombre ,  et  il  n'y  en  a  aucun  de  par- 
ticulier. Les  nuits  d'hiver  sont  les  meilleures 
pour  observer ,  le  temps  étant  rarement 
clair  dans  les  autres  saisons;  mais  le  grahà 
froid  est  un  obstacle  qui  empêche  souvent 
de  suivre  les  observations  avec, l'attentïdri 
nécessaire,  vu  qu'on  ne  peut  faire  du  feu.  ' 

Académie  des  htUeS'lfittres  y  histoire  tt 
antiquités.  D'après  son  nom  \  cette  acadér 
toîe  devrai^  êt/e  fort  occupée  ;  cependant 


DES    VOYAGES.       219 

die  passe  pour  ne  Tètre  que  médiocrement. 
Elle  répond  à  notre  académie  des  inscrip*-    Smhàm. 
tjons. 

.  Académie  des  diohuît ,  fondée  par  Gus- 
tave III  ^  en  1786  ,  sur  le  modèle  de  1  a«- 
cadémie  française.  Cette  académie  est  corn* 
posée  comme  elles  devraient  Fêtre  toutes*. 
11  D jr  a  pas  un  de  ses  membres  qui  nait 
de  Tesppt  et  de  TinstructioB. 

II  j  a  trois  universités  en  Suède  ^  celle 
d'Upsal ,  celle  de  Lunden  en  Scanie  ,  et 
celle  d^Abo  en  Finlande.  Les  gymnases  otr 
collèges  sont  établis  dans  presque  toute^^ 
les  provinces  ,  oi^dioairement  dans  la  capi- 
tale. Ce  sont  les  éveques  qui  ont  Tinspec*» 
tîon  des  gymnases  et  autres  écoles  subaU 
ternes.  On  appelle  lecteur  ce  que  nous  nonv» 
mons  professeur  dans  les  universités.  11^^ 
soot  payés  en  blé  que  la  couronne  reçoit 
par  la  dime  des  paysans. 

Chaque  église  paroissiale  a  son  école  piK 
bisque.  On  y  apprend  la  religion  ^  la  géo- 
graphie^ l'histoire  grecque  et  latine ,  et  le 
français.,  il  y  a  une  loi  générale  pour  toutes 
les  écoles  su^4^lses ,  i*elati ve  a  rinstructioo. 
On  y  indique  la  marche  qu'op  doit  suivre- 
dans  le  cours.de  cette  éducation.  Le  prix 
eu  £xé  par  les  lois^  mais  il  varîç.  seloa  lom 

P  2. 


^akdg. 


â3o    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

écoles.  Les  écoliers  sont  reçus  à  Yà^e  de 
liuit  ou  neuf  ans,  et  ils  restent  jusqu'à  disc« 
huit  ou  dix-neuK 

L^académie  de  peinture  a  été  fondée  par 
le  confite  de  Tessin  ;  les  règles  de  cette 
académie  sont ,  à  peu  de  chose  près  les 
inêmes  qu'à  Paris  ;  il  y  a  une  distribution 
de  prix  ;  l'école  est  gratuite  ;  racadémie  a 
une  des  plus  belles  collections  de  plâtres 
d'après  l'antique ,  donnée  à  Charles  XI , 
par  Louis  XIV.  Quelques  amateurs  ont 
fondé  à  Stockholm  une  académie  de  musr- 
qùe ,  elle  donne  un  concert  par  semaine  » 
pendant  quelques  mois  d'hiver ,  et  c'est 
tout  ce  qu'on  peut  en  dire.  La  société  pa- 
triotique a  été  formée  par  des  particuliers 
et  ne  s'occupe  guère  que  de  matières  éco- 
nomiques* 

Avant  de  quitter  Stockholm ,  on  me  fit 
connaître  M.  Œhrling,  né  en  Laponie  dans 
le  village  d'Arreploi^à  l'ouest  du  golfe  de 
Finlande.  Il  a  été  élevé  à  l'université  d'Up- 
sal,  et  c'est  un  homme  très-instruit.  Il  s'oc- 
cèpait  alors  à  composer  un  dictionnaiiie 
Lapon ,  Suédois  et  Latin ,  qui  a  été  imprimé 
h  Stockholm  ,  en  1780 ,  avec  une  savante 
préface  du  célèbre  professeur  Thre ,  et  une 
^grammaire  laponne  de  Lîndahl.  C'est  un 


f 


DES    VOYAGES.       ï3î 

ouvrage  fort  utile  et  extrêmement  curieux 
pour  tous  ceux  qui  s'appTîquent  à  Tétudef  SûVdir 
des  langues.  M.  Œhrling  parle  latin  et 
français  très-couramment;  j'ai  eu  le  plaisir 
de  m'entrefenîr  avec  lui  3  et  c*est  de  lui 
que  je  tiens  Tes  dëtaiU  suivans  sur  les  La«* 
pons  et  le  pays  qu'ils  habitent. 

Les  Lapons  se  nomment  eux-mêmes  Sal^ 
me-sames  j  ceux  qui  sont  sous  la  domina- 
tion des  Suédois  et  des  Danois  sont  lu- 
thériens ;  un  grand  nombre  de  Lapons  qur 
relèvent  de  la  Russie  sont  encore  payens.' 
La  Laponie  suédoise  contient  environ  huitt 
églises  qui  sont  pour  la  plupart  si  éloignée^ 
les  unes  des  autres ,  qu*îl  faut  quelquefois^ 
qu'un  Lapon  soit  trois  jours  j)Our  alïei*  en* 
tendre  le  service  divin.  La  Laponie  en  gé- 
néral est  un  vaste  pays  mais  peu  peuplée 
Autom*  du  golfe  de  Finlande ,  ce  ne  sont 
presque  que  des  rochers  de  granit  ou  desf 
fragmens  détachés  dés  roches.  Llhtérîéu'i^ 
du  pays  est  couvert  d'immenses  ^forêts  â& 
pins,  de  sapins  et  'de  petits  Bouleaux,' 
coupées  par  un* grand  nombre  de  lacs  très- 
poissonneux.  On  y  trouve  d'assez  bons  péî- 
turages  et  on  y  cultive  un  peu  de  seigle^ 
et  de  blé  sarrasin  ,  et  on  eh  recueillerait. 
bien  davantage  si  on  ^-pouvait  engager  le^ 

P4 


I 


^3a  HISTOIRE  GIÉNÉRAJ^E 
habitaas  à  renoncer  h  leur  vie  errante  et 
^l^.^.?":  i  cultiver  la  terre.  Uhîver  y  dure  près  de 
neuf  mois  ;  la  neige  commence  souvent  à 
tomber  vers  la  fin  du  mois  d^août  ^  et  cou-' 
vre  la  terre  jusqu'au  milieu  de  mai.  Une 
partie  des  Lapons  a  des  demeui*es  fixes, 
une  autre  est  sauvage  et  errante.  Ceyx-ci 
vivent  dans  des  tentes  faites  de  grosse 
toile  ;  les  premiers  habitent  dans  de  pe« 
tits  villages  au  bord  des  lacs  et  vivent  prin- 
cipalement de  leur  pècbe«  Leurs  huttes 
ont  la  forme  d'un  cOne  ;  elles  sont  formées 
par  un  cercle  de  grands  arbres  ou  de  pieux 
enfoncés  dans  la  terre ,  très-près  les  uns  des 
autres. et  inclinés  de  manière  à  laisser  au 
fomijoetupe  issue  pojur  la  fumée.  Ils  étendent 
sur  la  terre  des  branches  d'arbres  ;  en  été  ils 
sont  vêtus  d'une  étoflfe  grossière  ;  en  hiver  ^ 
4e  peaux  de  rennes.  Au  printemps  ^  \h  se 
i^ourrissent  princi  paiement  d'œufsdoiseaYix 
aquatiques  qui  sont  très^abondans  dans  le 
pays  ;  eu  été  et  en  automne  ,  ils  prannent 
ces  oiseaux  mémyes  et  plusieurs  autres  du 
genre  des  perdrix.  En  hiver,  le  lait  et  U 
chair  d^  leurs  rennes  et  le  poisson  sec  sont 
leur  nourriture^  Le  pain ,  depuis  cfuelque 
temps,  lejav  est  connu  et  en  lait  partie^ 
En  hiver  »  ils  vojogçjat  :  dans  des   pçtits 


DESVOYAGES.       jf33 

■  • 

traîneaux ,  ijn  forme  de  bateau ,  traînés  par  i 
leurs  rennes.  Ces  animaux  marchent  près*  ^  ** 
que  tout  le  jour  sans  manger;  ils  humec- 
lept  de  tenjps  en  temps  leur  bouche  avec 
de  la  neîg^  ;  ma,îs  c.e  qu  on  a  dît  de  leur 
vitesse  est  exajç.éré.  Ils  ne  font  à  l'ordinaire 
que  quçitrp  mîjles  par  heure.  La  pluparÇ 
des  rennes  dpstînéesH  traîi>er  sont  châtrées 
quand  elles  sont  fbt't  jeunes ,  alors  elles  §pnt 
plus  grandes  et  plus  grasses  qy'un  che- 
vreuil. En  hiver,  les  lapons  s'en  servent 
pour  aller  en  traîneaux  ay  moyen  d'une 
bride  attachée  à  leurs  cornes.  Une  renne 
ne  peut  traîner  pj]gi$.  d'une  personne  ;  si  on 
Ja  presse beauc'Gup,ieUiB  fera  70  et  80  milles 
par  jour,  mais  up^  parçijle  fatigue  la  fera 
bientôt  périr.  Il  ai:rive  souYen.t  cependant 
qu'elle"  marche  Sa  rpîHes  sai^s  s'arrê.ter  e^ 
sans  n>anger.  Elle  a  les  reins  faibles,  et  le 
poids  d'une  selle  8ufKt  pour  la  lasser. 

En  été,  les  rennes  sç  nourrissent  d'her- 
bes et  de  plantes  du  genre  de  celles  qui 
croissent  dans  Ips  Alpes,  ;  ^n  hiver  ,  d'une 
sorte  de  lichen  quj  est  propre  au  pays  ,  et 
qui  abonde  tellement  ,  <\\xq  quelquefois 
on  trouve.une  étendue  de  terrain  de  plu? 
sieurs  milles  qui  en  est  absolument  cou** 
verte.  Cet  animal  sait  le  découvrir  sous  la 


Suède. 


â34    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

neige  au  Aïoyen  'de  son  odorat  q.ui  est  très^ 
fin. 

Mon  auteur  ajoutait  que  les  Lapons, 
avant  que  d'avoir  été  obligés  d'embrasser  le 
christianisme  ^  qu'ils  ne  connaissent  qu^ 
depuis  peu  de  temps ^ n^avaient  ni  livres, 
ni  nianuscits  j  quoiqu'il  se  fût  conservé  par- 
mi eux  des  traditions  et  des  chansons  de 
leurs  anciens  livres  ^  et  des  princes  qui  les 
avaient  gouvernés  ;  niais  ces  traditions 
étaient  mêlées  de  beaucoup  de  relations  fa- 
buleuses. Aujourd'hui ,  ils  ont  le  Nouveau 
Testament  dans  leur  langue ,  et  plusieurs 
savent  lire  et  écrire.  Il  croj^ait  très-vraîsem- 
blable  que  la  langue  finlandaise  et  la  langue 
laponne  avaient  la  même  origine  ;  mais  ce 
qui  est  bien  plus  digne  d'attention  ;  c'est 
que ,  selon  lui ,  la  langue  lapone  ^vait  une 
affinité  incontestable  avec  le  hongrois;  et  le 
përeSainowitz ,  hongrois  de  naissance  ,  qui 
accompagna  le  père  Helly  lorsque  celui-ci 
alla  en  Laponie  observer  le  passage  de  Vé- 
nus ,  prouva  que  ces  deux  langues  sont  les 
mêmes  ,  et  a  écrit  sur  ce  sujet  une  disser- 
tation qui  a  été  imprimée.  J'eus  beaucoup 
de  regrets  de  ce  que  le  tenips  ne  permit  pas 
au  savant  lapon  de  me  faire  connaître  les 
raisons  qui  lui  ont  fait  embrasser  cette  bj- 


DES    VOYAGES,       a«5 

pothëse;  mais  le  tëmotgnâ|;e  de* ces  deux 
8avan8^tou8  les  deux  très -profonde  dan*  SuWtj 
la  connaissance  de  la  langue  de  leurjpajs, 
et  qui  f  sans  s^ètre  communiqué  leurs^  idées/ 
tombent  d'accord  de  la  même  chose  ^  nd 
peut  être  que  d'un  très-grand  poids.  -  ^ 

Je  ne  terminerai  pas  cet  article  sans  r^p^ 
porter  une  observation  de  M.  Linnaus.  OW 
peut  être  étonné ,  djt«il^^  de  ce  que  le  Lapoa 
peut  soutenir  le  froid  affireux  de  Thiver^ 
pendant  que  la  plupart  des  oiseaux  et  même 
des  bêtes  sauvages  ,  sont  obligés  de  le  quît-* 
ter  dans  cette  saison.  Cependant  le  Lapon 
est  obligé  d'errer  jour  et  nuit  dans  c6 
temps-là  de  forêts  en  forêts  pour  conduire 
8es  troupeaux  de  rennes  ;  car  les  rennes  ne 
peuvent  souffrir  aucune'étable ,  elles  ne  font 
usage  d'aucun  fourrage ,  et  ne  vivent  que 
d'une  espèce  de  mousse.  Il  faut  donc  que  le 
Lapon  les  suive  et  les  garde  pour  les  em- 
pêcher d'être  dévorées  par  les  bêtes  sauva- 
ges. Pour  se  préserver  du  froid,  il  porte 
des  culottes  de  ])eaux  de  rennes  dont  le  poil 
est  tourné  en-dehors ,  qui  tombent  jusques 
8ur  8C8  talon8,  et  des  souliers  de  la  même 
peau.  Il  remplit  ses  souliers  d'une,  espèce 
d'herbe  coupée  et  séchée  en  été  ;  il  en  cou* 
vre  8€8  pieds  et  ses  jambes  ;  et  avec  ce^té 


236    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

précaution  ^  il  brave  le  froid.  II  n'est  pas 
Suède.,  m^ip©  sujet,  comme  nous  ,  aux  engelures , 
il  remplit  ses  gants  de  la  même  herbe  »  et 
elle  le  tient  chaud  dans  l'hiver  ;  en  été  ,  elle 
tient  ses  pieds  au  Frais  ,  et  le  garantit  de 
l'impression  des  pierres,  qui  serait  dangct* 
ceuse  avec  des  souliers  d'une  simple  peau 
crue. 

L'idée  générale  que  les  livres  ou  la  con- 
yersatipn  donnent  des  Suédois  ,  est  qu'ils 
sont  bons  soldats  ,  actife  ,  intrépides  et 
braves  ;  mais  qu'ils  nç  possèdent  pas  au 
foême  degré  les  talens  de  l'esprit ,  et  ne 
9ont  pas  ep  état  de  se  faire  remarquer  dans 
les  arts  et  dans  Içs  sciences.  Les  actions  par 
lesquelles  ilsse  signalèrent  sous  Charles  XII, 
donnèrent  peut*être  cette  idée ,  et  per- 
suadèrent qu'ils  n'étaient  propres  qu'à  la 
guerre. C'est  une  erreur:  les  Suédois  sont, 
i)  est  vrai  ,  de  bons  soldats  ;  mais  ils  sont 
Qipabies  d'exercer  tout  autre  état.  Je  les  ai 
bien  observé ,  autant  du  moins  que  je  Toi 
|)u ,  et  j'ai  remarqué  qu'ils  étaient  aussi 
bien  partagés  que  toute  autre  nation  de 
l'Europe  ,  et  mâme  supérieurs  k  quelques- 
unes,  ils  ont  la  conception  facile,  et  sont 
toujours  prêts  à  réppndre  s.ur  les  sujets  qu'on 
hiW:  propp^ci.    Leur  caractère   n'est  po^ 


DES    VOYAGES.       %^ 

|>M^gipalic|ue ,  et  ils  sofnt|  cfnjoués ,  $aiis  se 
livrer  à  de  Iwruyans  éclats  de  gaîté,  et  sânt  ^^^* 
éprouvais  le0  transitions  rapides  de  l^^*  trié^ 
tesse  à  la  )oie,  ils  ont  moins  de  viVâcilë 
que  les  Français;  mais  antant,  jeci'difif ,  due 
les  Anglais  ;  en  général  ^  industrieux  ^  pà^ 
tiens ,  ils  peuvent  à  l'aide  d'encouragé-^ 
menff  accordés  par  le  ^oinvernement  ',  feiré 
de  grandi  progrès  daps'les»  seienced/dai!is 
les  arts  9  dans  les  manulacttires  et  ledoftn*^ 
roerce., Toutes  ces  qualités,  sans  don  te' y  sont 
des  plus  recommanda bies^ ,  surtot^'alëi^ 
qu'elles,  se  trouvent  réupi^  dans  uac' Mh 
tion  dont  la  biiavoure  est  gétféfaletaëiift  t^^ 
connue.. .  :    ,  .     .  i  '>f:   J 

QuautàJa religion'^  Im  Sti^orS  scHif^-» 
dés  surtdét  p(ar  le  simple'  ik)ifi  ^fa^.  'Lieu^ 
P*y*  5  qiaoîqwe' Jibré'^'^è^t  pÔTut  dîvM^âr 
les  sectes  /  et  la  ci*oyanee  établie  fié  ^iSÂièH 
point  du>tbat  Tintoiél^âfKîe  :  malgré*  1'^*-* 
trême  ignorance  dé  la  plus  grande  pstrtlé 
des  habitans ,  j'ai  moins  vu  des  signée  êë 
superstition-  en  Suède  ;  qii)'aîftéuris  ^  \â  £tol- 
lande  et  l'Angleterre  «etilcfif 'éxceptéési  •' *' 
.  il  y  A.  beaucoup,  de  sar^ôiif^  dans  lés'ffèf^-^ 
soDiœsaiBéeS'er  d'tfn  rangéiété  ;  une  b(^é 
éducation.  ^^iw'Suède,  rend  un  homme  ea^ 

r 

pable  dc:;brifUei3  dans  tout  pays  A^xnà^. 
Qa  j^  apprend  dans  les  collèges  ^  le  grec  ^  lo 


Suhdê. 


aS8    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

latia  ,  le  français ,  l'anglais ,  rallemaDd.  H 
y  a  peu  d'exemples  ou'un  jeune  homme  qui 
a  fait  ses  études ,  ^outre  les  langues  mortes, 
n'ensache  deux  ou  trois  vivûtes. 
.  On  compte  dans  ce  royaume  plusieurs 
universités  avec  d'habiles  profissseurs.  Les 
sciences  qu'on  y  enseigne  de  préférence  , 
sont  l'histoire  naturelle  et  les  mathémati- 
q^e^  ;  c'est ,  je  crois  ^  preuve  de  lx)n  sens  » 
ces  mêmes  sciences  étant  les  plus  utiles  de 
fcmljes.  Plusieurs  mathématiciens  suédois 
^i|t;tiiè$*estimés  et  leurs  voyages  célèbres 
d^s. toute  l'£^urope4.quantà  l^histoîre  na- 
tuf*ellej  ce  peuple  n'a  point  de  rivaux  ;  mais 
il  ne  doit  pas  sa  réputation  dans  cette 
scieivce»  seulement!  k  Linnée;  car,  avant 
«j^u'iHût  né;9  ç^ette  toience  étart  cultiva  avec 
ardeur  di^ns  les  .uni  VQi'si  tés  du  soyamne ,  où 
plusieurs  sayaos  s'étaient  déjà  fait  par  leur> 
ouvrages* 5. uive- réputation,  qui  depuis  fut 
qçlipsée  par  Liqnée .  el  ses  nombi*eux  dis- 
ciples» •  \:^  \.  '  .  '  \ 
j  I^S  Spédoii^i;  il  est  vrjii  »*  ne  sont  pa> 
avancés  daQsJ?s.!l;)ea,ux*aris!;  v^neoient  un 
chercherait, ç)iQi;  ç^j^  un  poète,  ikb  peintre  » 
U^  sculpteur  oi(  un  «musicien.  Si  le  systènit:^ 
4e;  l'abbé  D^^s  est  juste,  jaJauAe  en  e^c 
au  climat:  mais  sans  ra(tribuèur'aux.caases 


DESVOYA6ES.a39 

physiques ,  /on  en  peut  trouver  la  raison 
dans  les  causes  morales.  Les  beaux-arts  ne  Sn^^t. 
font  pas  de  grands  progrès  dans  un  pajs 
qui  ne  soit  immensément  riche  ^  et  fort  ' 
adonné  au  luxe.  Â  moins  d'une  grande  dé- 
pense qui  circule  dans  les  difierentes  classes 
du  peuple ,  nous  pouvons  prononcer  qu'une 
nation  n'est  pas  assez  riche  pour  que  les 
arts  se  fixent  chez  elle ,  les  artistes  qui 
excellent  doivent  être  assurés  de  quelque 
chose  de  plus  que  le  nécessaire ,  il  leur 
faut  du  superflu.  En  général^  ils  sont  hom- 
mes d'une  ardente  imagination  et  fort  pas- 
sionnés pour  le  pla?sir  ;  il  faut  qu'ils  satis- 
fissent leurs  fantaisies  ,  et  qu'ils  ne  lan- 
guissent pas  dans  la  misère ,  tandis  qu'ils 
s'efforcent  de  produire  des  ouvrages  qui 
doivent  être  l'admiration  de  la  postérité. 
Delà  y  tous  les  siècles  fameux  dans  lesquels 
les  arts  se  sont  élevés  aune  grande  hauteur, 
par  les  travaux  de  plusieurs  grands  hom- 
mes qui  étaient  contemporains;  ces  siècles, 
dis-je  j  ont  été  l'époque  de  la  plus  grande 
richesse  et  du  plus  grand  luxe. 

Les  Suédois  n'ont  point  dé  poètes  ,  ou 
du  moins  les  leurs  ne  composent  qu'en 
latin  ,  et  leur  mérite  n'est  pas  grand.  Les 
peintres  ny  font  que  de  mauvais  portraits  ; 


>>«<.y>«    / 


£46    ttîStOlllÊ  GÈNÊftALË 

m^  il  n'y  en  a  pas  d'autres ,  fauté  d'encouragé* 
Saëa«.  ment.  On  peut  entendre  de  bons  musiciens 
à  Stochkolm  ^  mais  les  musiciens  sont  tous 
alleniaiicfs.  Celui  qui ,  pour  amusement  re- 
cherche les  beaux-arts,  ne  doit  pas  choisir 
le  roj^aume  de  Suède  pour  y  fixer  son  sé- 
jour. 

La  capitale  offre,  toutefois  un  théâtre, 
où  i  pendant  une  partie  de  Tannée  on  joue 
des  comédies  françaises  ,  où  Ton  exécute 
quelquefois  des  oratorio  et  des  concerts  ; 
mais  il  n'est  pas  ouvert  régulièrement  mcrr.c 
en  hiver.  La  cour  n'est  pas  brillante  :  la 
modicité  des  revenus  du  roi  en  est  en  partie 
cause,  et  la  situation  actuelle  des  différent 
parties,  fait  que  la  principale  noblesse  s'é- 
loigne d^.elTe ,  même  de  la  résidence  du 
roi. 

Les  manières  des  personnes  de  tous  les 
rangs,  en  Suède,  sont  très-agréables.  Le» 
classes  supérieures  ont  ime  politesse  qui 
prévient  en  leur  faveur  au  premier  abord  :  la 
conversation  des  gentilshommes  est  char- 
çiante  ;  ils  ont  beaucoup  d'égards  pour  Ic> 
étrangers,  sans  les  importuner  par  des  ec- 
rémonies  et  des  coutumes  natiopales.  Li  > 
duels  sont  rares  à  Stochkolm  :  les  hooimes , 
cependant,  y  entretiennent  de  justes  idiv^ 


bëë    VOYAGES.       241 

de  Phonncur  ,  et  ne  voudraient  pas  plus 
supporter  un  affront  que  ne  font  les  na-    Suède, 
dons  les  plus  querelleuses  et  les  plus  opi-    ^ 
niâti*es. 

La  dépense  principale  ,  en  Suède ,  est 
celle  de  la  table,  des  équipages  et  des  ha- 
bits. Les  personnes  riches  y  donnent  des 
repas  servis  avec  cette  magnificence  qu'on 
trouve  en  France  et  en  Angleterre ,  et  la 
variété  des  vins  est  extrême  ;  un  luxe  ou- 
tré paraît  suï*  les  habits  •"  les  équipages  ,  ea 
raison  d'un  n'ombre  prodigieux  des  valets, 
sont  tfès-coûleux  ;  ces  dépenses  excessives, 
toutefois,  ne  sont  Faites  que  par  quelques 
familles  dont  l'opulence  est  considérable, 
car ,  en  général  ,  les  nobles  ne  sont  pas 
riches. 

Voyageant  ,coriime  je  l'ai  fait,  à  travers 
les  provinces  les  plus  reculées  de  la  Suède , 
et  logëané  très -souvent  chez  de  simples 
paysans,  j'ai  eu  la  facilité  d'examiner  très-  ^ 
minutieusement  leur  situation ,  et  j'ai  re- 
marqué qu^lls  sont  généralement  conténs  : 
ï\y  a  |)eu  dfe  cabanes  qui  né  soient  entou- 
rées de  quelques  terres  :  chaque  proprié- 
taire ou  possesseur  y  fait  venir  beaucoup 
âe  pUiites  très-utiles  à  tout  son  ménage. 
Je  n'ai  pas'  vu  trdiâ  paysans,  dans  toute 
Tome  IL  Q 


M2   HISTOIRE  GENÉRAÏ.E 

la  Suède ,  qui  n'eût  au  moins  trente  acres 
'Suhie.  cle  terres  et  plusieurs  têtes  de  bétail.  Ils 
ont  encore  un  autre  avantage  dont  ils  pro* 
fitent  presque  tous;  ils  travaillent  à  cou* 
per  Ail  bois  de  construction  dans  les  Forêts, 
tan<lis  que  leurs  femnnes  et  leurs  filles 
prennent  le  soin  de  Içur  petite  ferme. 

Les  remarques  que  j'ai  faites  dans  difle- 
rentes  occasions  sur  leur  agriculture ,  m'ont 
appris  que  les  Suédois  l'entendent  tous 
très-bien.  Us  ont  aussi  de  nombreux  trou- 
peaux^ et  ils  font  en  été^  d'abondantes  pro- 
visions pour  les  nourrir  en  l)iver.  La  Suède 
a  des  forêts  très-étendues,  remplies  du  plus 
beau  bois,  dont  il  est  impossible  de  riea 
tirer,  à  défaut  de  moyens  de  transport. 
Plusieurs  rivières  même  les  traversent,  et 
ne  s'égarent  point  dans  leurs  cours  ;  il  ne 
faudrait  que  peu  de  dépense  pour  les  rea- 
dre  navigables  :  d'autres  le  sont  naturelle- 
ment. 

Quant  aux  manut^ictures ,  je  puis  avan- 
cer ,  d'après  ce  que  j'ai  vu  moi  -  même  , 
qu'elles  ne  sont  pas  considérables.  On  fa- 
brique toutefois  d'assez  belles  toiles  de 
chanvre  et  de  lin ,  mais  pas  assez  pour  tous 
les  habitans  du  roj^aume  :  on  importe  |)eu 
de  verres  et  de  papiers  en  Syède  :  la  clia- 


Ï>E  s    V  O  Y  A  G  ES.       S43 

talllene  y  fait  un  article  de  commerce  con- 
«rdérable  :  on  coule  aussi  beaucoup  (ie  câ-  RumI^ 
nons  et  de  cloches ,  qu'on  appointe  en  quan- 
tité dans  )e  reste  de  l'Europe.  La  Suède  n'a 
point  d^  rivale  qu^int  à  ses  mines  de  cuivre 
et  de  fer  2  on  y  emploie  le  premier  de  ces 
métaux  à. beaucoup  d'usages  :  on  Te  i&it 
servir  à  couvrir  des  églises  et  des  édifices 
J>ublic8  et  particuliers^ 

Il  est  fort  difficile  de  voj^ager  en  Suède  >. 
dès  qu^on  quitte  les  grandes  ^utes ,  et 
elles  ne  sont  pas  nombreuses  >  on  éprouve 
beaucoup  de  difficultés  :  les  postes  sont  très- 
éloignées  lés  uns  des  autres  dans  les  che-^ 
tnins  de  traverse  :  «i  l^on  porte  son  lit  avec 
soi ,  on  peut  entrer  le  soir  dans  la  maison 
d*un  paysâh  chez  qui  l'on  est  bien  reçu> 
et  qui  pour  quelques  bagatelles  vous  sert 
aveic  zèle  :  on  est, sûr  d'y  trouver  du  gi- 
bier 9  de  la  volaille  et  du  poisson ,  touê 
excellens  dans  leur  espèce. 


.  é 


Qa 


â44    HISTÔltlE  GÉNÉRALE 


Subde. 


CHAPITRE    VIII. 

Vojage  nux  mines.  —  Sahla  y  Afbestad^ 
Saster-Fahlun^Mora ,  Rîfdah  —  Carrière 
de  Porphyre  de  la  Dalécarlie. 

\lu  a  tournée  dont  nous  allons  rendre 
aompte  ,  est  fort  intéressante  :  elle  de- 
mande une  quinzaine  de  jours ,  si  Ton  ne 
vent  rien  négliger  :  nous  conseillons  de  la 
faire  dans  le  mois  de  mai  ^  époque  à  la- 
quelle le  dégel  est  fini  ;  car  si  Ton  n*a  pas  la 
précaution  d'attendre  que  les  neiges  soient 
ibndues  entièrement,  on  sera  privé  de  la 
vue  de  plusieurs  endroits  intéressans  dont 
lu  communication  est  souvent  interrompue 
aux  approches  du  dégel. 

On  va  de  Stockholm  i  Sahla  qui  en  est 
distante  d'environ  douze  milles  :  le  cite- 
min  est  beau  :  la  ville  de  Sahla  est  petite, 
les  rues  en  sont  tirées  au  cordeau  :  toutes 
les  maisons  consjU*uite8''en  bois  sont  fort 
basses  ,  n'ayant  presque  jamais  plus  d'ua 
étage  :  elle  peut  contenir  deux  mille  quatre 
cent  hahitans  ,  dont  la  plus  grande  partie 
tient  aux  mines* 


DES    voyage:  s.       24^ 

Sahlahutta  ,  est  le  nom  de  Tendroit  où  i  

est  la  fonderie,-  à  un  quart  de lîeu'Ç  de;  1^    S«èdç. 
vîlle.  On  voit  en  3?  allant  beaucoup  de  maîr 
soQS  isolées  à  cause  du  feu  :  elles  sont  toutes 
occupées^^par  des  honimes  attachés  à  lafonT 
derie  ;  il  y  a  une  égljse  à  Sahlahutta  ^  uno* 
rivière  la,traverse,ctsert.à  faire  aller  plu- 
sieurs l'eues  :  près  ^ç  .deux  cents  ouv-rîer$^^ 
sont  employés  à  la  fonderie  s>  et  le  mêiq^ 
nombre  dans  les  mines*,  . 

La\minie.de  Sahlherg  y  située  à  unje  de*- 
mi-lieue  de  Sahla,  est  e^cploîtée  depuis  ua= 
temps  immémorial  :  elle  a  été  beaucoup  plus- 
abondante  ;  mais  les  galeries  les  plus  riches 
se  sont  é^croulées  :  le  premier  fond  de  la: 
mine  a.  de  106  à  109  toises  der  profondeur  ^^ 
et  le  dernier  i5o. 

Les.  travaux  de  cette  n^ine  sont  admira^ 
râbles,  et  méritent»  toute;  Tattention  d'ua 
voyageur.  On  descend  par  le  puits ,  dit  de' 
la  reine  Christine  ,  dont  1  ouverture  a  5;^ 
pieds  sur  19,  il  coad^uit  au  premier  fond  : 
îa.  manière  de  descçndve  (pftr  des  seaux  )' 
déplaît  à  bien  dès  gen^:;  cependant  ce  cjut 
doit  rassurer ,  c'est  qu'il  p'j  a  pas  dexem^ 
pie  que  la  corde  ait  casw^ér  II  règne  ici  un 
.singulier  préjugé  sur  les  femmes  :  les- ou- 
vriers prétendent;  que  lorsqu'il  en  descewi 
*  ^  Q  3 


p* 


?46    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

une  ,  cette  visite  est  l*avalit- coureur  de 
SuWe»  quelque  malheur.  Une  femme  y  étant  des- 
cendue W  y  a  quelques  années  ji  Un  ouvrier 
se  tua  deux  jours  après  ,  ce  qui  n*a  pas 
contribué  à  alïàîblîr  le  préjugé  ;  aussi  les 
ouvriers  en  voîent-îls  descendre  avec  beau- 
c*oup  de  pcîne,  et  cela  est-il  fort  rare. 

Le  seau  dans  lequel  on  descend ,  est  atta- 
ché par  trois  chaînes  de  fer  à  une  corde 
qu*on'  change    tous  les  dix  mois  ;  on  peut 
être  cinq  dans  le  seau  >  mais  ordînaîrërnent 
on  s'y  met  trois  >  et  au  plus  qutltre.  Nous 
avons  éié  six  minutes  à  descendre,  parce 
qu'on  ralentît   le    mouvement  '  lorsque  le 
seau  approche  du  haut  :  en  même  temps 
que  le  seau  descend  ou'monte,  un  autre  , 
à  côté,  monte  ou  descend  pour  le  mine- 
Taî  :  c'est^ toujours  le  même  qui  sert  pour 
les  hommes  ,   ils  vont  tous  deux  jour  et 
nuit.  On  se  munit  de  flambeauxen  descen- 
dant ,  afin  de  voir  en  passant  les  galeries 
pratiquées  dans  le  puits  :  on  s^ensert  aussi 
pour  diriger  le  seau  ,  et  empêcher  qu*îl  ne 
donne  contre  les  parties  saillantes  du  ro- 
xher.  Les  deux  ix)ue8  quî  font  monter  le 
seau ,  vont  par  le  moyen  de  Teau  ;  elles 
sont  doubles  ,  on  peut  les  tourner  et  re* 
tourner  dans  les  deux  seas  ^  ainsi  ^u'aug;^ 


D  E  s    V  O  Y  A  G  E  s.       347 

menter  ou  diminuer  leur  mouvement  :  cela 
dépend. de  bondes  qu'on  levé  plus  ou  moins  ^ 
pour  dbnner  passage  à  la  quaqdtë  d'eau 
qu'on  veut  :  on  les  arrête  aussi  à  volonté*: 
tour  cela  dépend  de  Thomme  chargé  de  là 
direction  des  cordes ,  et  qu'on  avertit  par 
uncfrî-,  du  haut  de  la  mrne.  Son  métier  de^ 
mande  beaucoup  d'attention ,  car  une  im*- 
prudénce  ou  un'  oubli  de  sa-  part  pourrait 
avoir  des  suites  très  -  fâcheuses.  Ces  deux 
roues   ont  quarante  pieds   de  diamètre  ,. 
ainsi    que    tes   deux   employées   pour   les 
pompes.  L'eau  qui  fait  ^mouvoir  les  diflfe- 
ren tes  machines,  vient  par  un  canal  qui  se 
plus  de  trors  milles  de  Jong.  Il-  y  a  trois 
pompes  à  la  machine  hydraulique  ,  pour 
pomper  Teau  de  la  mine.  A  côté  est  un 
puits ,  par  lequel  on  peut  descendre  dans 
k  mine  par  des  échelles  jusqu'à   quatre- 
vingt  toises  de   profondem*  :   ensuite  on 
trouve  plusiéui^  divisions-  pour  descendre 
plus  bas  et  Jusqu'au  tond ,  oii  l-ou'  a  encore 
fe  choix  des  seaux  ou  des  échelles  ,  pour 
arriver  au  pliis  profond.  M  y  a  plusieurs^ 
marques  à  lu  corde ,  pour  qu'on  puisse  arrê- 
ter le  seau  aux  galeries  pratiquées  dans. 
Jfe  puits  de  la  reine  Christine.  On  se  sei^t 
beaucoup  de- bois  dans  cette  mine  pour  ira*- 


Suède» 


/  > 


m8  histoire  génjêralë 

yailler  la  pierre  :  il  s'en  fait  u|ie  coDSom^ 
Suède,  niation  énorme  ;  on  trouve  dans  dtfîërenç 
endroits  de  la  mine,  des  feux  alluoiéa  qui 
font  un  effet  superbe.  Toutes  les  voûter 
sont  de  la  plus  grande  hardiesse,  les  coai<- 
xnunications  très 'larges  ,  et  surtout  d'une 
propreté  bien  extraordinaire  :  ou  pourrai^ 
parcourir  en  voiture  tout  ce  premier  fond: 
il  y  a  une  petîie  chambre  où  Ton  se  repose 
et  où  est  le  registre  sur  lequel  le&  curieux 
Inscrivent  leur  nopn. 

Dans  Tintcrieur  de  la  mine,  les  signes 
qu'il  y  a  de  l'argent ,  dépendent  d'une  sorte 
^e  pierre  calcaire  mêlée  avec,  du  mica*  Les 
jnineurs  appellent  cette  pierre  , /lierre /lo- 
i/e.  Quand  elle  se  rencontre^  il  y  a  tou- 
jours un  peu  d'argent  ;  c'est  4^ns  cette 
recherche  que  consiste  l'habileté  du  mi- 
neur. Ce  qu'il  j  a  de  particMliçr  daqs  cette 
mine  ^  c'est  que  les  Bloqs  sont  irrégulier$, 
et  que  rarement  on  y  trouve  du  minerai. 
On  n'y  voit  point  de  veines  de  métal ,  tout 
y  est  masses  métalliques.  Les  ouvriers  tra- 
vaillent comme  à  la  fonderie^  un  jour  sur 
deux }  sur  24  heures ,  ils  eq  ont  huit  de 
repos. 

De  Sahia  à  Afoestad ,  on  compte  ^atre 
milles  et  demi*  L'affinage  du  cuîvr^  est  1^ 


DES    VOYAGES.       249 

seul  objet  intéressant  de  cette  petite  ville 
dont  cet  établissement  forme  un  quartier  fivMi* 
réparé ,  et  assez  considérable.  Oo  ne  peut 
en  sortir  sans  présenter  à  la  porte  un  bil- 
let de  Tinspecteur.  Nous  vithes.  ks  fouiv- 
neaux  où  l'on  fond  le  cgivre  ;  ils  sont  par- 
tagés en  troif»  ateliers  dont  cbucuo  a  qua* 
tre  ouvriers.  Quand  le  cuivre  est  en  fusion, 
•on  laisse  refroidir  à  .l'air  la  première  cou- 
che ,  puis  on  jette  de  l'eau  dessus. ,  et  an 
le  retire  en  totailiié  par  coui'hes  <|ui  de- 
viennent plus  petites  à  cause  fde  la-  forme 
du  creuset  ;  .ou  les  pose  en  IM  l'une  sur 
l'autre.  Les  creusets  contiennent  environ 
40  couches ,  plus  ou  moins.  Lea  fourneaux 
ont  chacun  un  soufflet  immense. qui  va  . 
par  le  moyen  de  l'eau.- On  ne  se  sert  que 
de  charbon  de  bois. 

Il  y  a  un  batinient  où  sont  six  marteaux 
pour  les  planches  en  cuivre  ;  il  j  a  des 
marteaux  plus  petits  pour  celles  dont  on 
fait  des  casseroles  et  autres  ustensiles.  Dans 
Tendroit  où  soat  les  marteaux  pour  les 
planches ,  il  y  a  aussi  deux  fourneaux  dont 
l'un  est  une  cuve  où  l'on  fond  le  métal, 
puis  ,  avec  une  grande  cuillère,  on  le  verse 
dans  des  moules  faits  avec  du  fer  ,  de  Tar* 
gile  et  du  charbon  mêlés  ensemble.  Là,  il 


2&0   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

se  refroidit,  et  quand  il  est  enoore  roug;e> 
-6ttMe.  on  le  retire  de  ces  mouks  et  on  le  met 
80118  le  marteau.  On  le  tait  rëchauifer  en- 
suite plusieurs  ibis  jusqu'à  ce  que  la  plan*- 
ohe  soit  achevée.  Le  second  fourneau  est 
destine  à  cet  usage  ;  les  plus  grandes  plan- 
ches ^nt  trois  aunes  et  demie  de  long*  sur 
:deux  de  large  ;  les  moules  sont  plus  ou 
*m'oins^  grands  selon  la  grandeur  des  plai>- 
ches.  Les  planches  pour  les  vaisseaux  ont 
cinq  pieds  de  long  sur  dix4iuit  pouces  de 
large;  on  les  arrange  comme  des  glaces 
pour  les  trans|M>rter  près  du  bcitiment;Tl 
'y  a  un  bureau  où  on  écrit  ^son  nom  et  où 
il  est  d'usage  de  se  faire  peser ,  c'est  une 
petite  contribution  dont  on  est  quitte  avec 
une.  demi -ri X date.  H  y  a  cent  ouvriers 
employés.  Nous  y  avons  vu  un  enfant  qui 
avait  les  *  cheveux  absolument  verts  »  ce 
qu'on  nous  a  dit  provenir  de  la  vapeur  da 
.cuivre.  La  ville  contient  environ  sept  cents 
habitans. 

D'Afoestad ,  nous  sommes  allés  à  Soe- 
ter.' Cette  ville  est  extrêmement  petite, et 
.n'a  que  3oo  à  400  habitans  et  ne  mérite 
d'être  vantée  qu'à*  cause  de  la  mine  de 
Bipsberg  qui  en  est  voisine.  Cette  mine  est 
iUrt  riche,  sa  profondeur  totale  est  de  8«^ 


-•    '      r    "  r 


'^    D  E  S    VOYAGES.        aSr 

toiws.  Le  miâerai  s  y'  tronve  en  très-grandes  » 
masses  métalHques  ;  les  voûtes  souterraines    ^^^'' 
soiitibëlies  et  fort  larges  ;  nulle  pa(i*t  on 
n'est,  obligé  de   se  baisser  ,  la  montagne 
où  est  cette   mine  n'est  pas  fort  élevée; 
cependant  la  vue  y  est  charmante. 

De  Scjéter-  on  peut'  faire  une  petite  ex-^ 
cursion  à'Zéç/ci^'où'est  une  mine  d'argent 
et  de  cuivre,  petite  ;  mais  intéressante.  Il 
y  a  plusieurs  autres  mines  soit  de  fer ,  soit 
de  cuivre  ,  dans  les  environs.  On  voit  de  . 
tous  côtés  des  crevasses  qui  paraissent  de 
sûrs  indices  d'un  bouleversement  considé- 
rable. Dans  cette  partie  près  de  Soétcr/est* 
Gagnef ,  où  l'on  a  trouvé  des  pierres  d'ai- 
mant très-fortes  ,  mais  il  n'j  en  a'  plus. 
Après  avoir  traversé  ^a  Dalh  dans  un  lieu 
appelé  Ornœs\  et  côtoyé  quelques  minutes 
un  lac  fort  agréable  ^  on  arrive  à  la  maison 
où  fut  caché  en  lôao,  Gustave- Vasa  /pour- 
suivi par  les  satellites  de  Christiern. 

Cette  maison  dont  la  structure  est  sin- 
gulière ,  a  été  conservée  dans  le  même  elat; 
lescalier  est  en  dehors  ;  au  second  étage 
est  la  chambre  que  Gustave  a  occupée  ;  elle 
est  assez  grande  et  forme  presque  un  quarré 
parfait.  Aux  deux  côtés  de  la  porte  en  de-' 
daii$  j  sont  les  deux  fidèles  Dali  car  Uèns^ 


^ 


Joue  ce  ^y  ««*«/  ^l'^e  C^l"  ««"che 
*'^''"'«  Gul^'"-^its  £î^'^^^^''^  e^^***- 

*«'««  «.rm-l    ^""'00 ou'   *"*'■' «ri  ^* 


•  ly^S    VÔ  t  A  GESl       453 

fte  peut  se  dispenser  de  la  visiter,  et  il  la 
trouvera  sûrement  d'un  grand  intérêt ,  puis- 
qu'elle a  servi  d'asile  à  l'un  des  plus  grande 
homnoes  qu'aient  honoré  le  trône  et  l'hu-^ 
manjttf. 

Falsbtn ,  capitale  de  la  Dalécarlie  ,est  foré 
peu  considérable,  n'ayant  guère  que  4006 
habîtans.  L'église  construite  en  i65o,e8t 
couverte  de  cuivre ,  et  l'a  déjà  été  trois 
fois.  La  fameuse  mine  de  Kopparberg  est 
À  5oo  torses  de  la  ville  ;  elle  a  éprouvé  en 
diflF<éirens  temps  des  éboulemens  considéra- 
bles ,  celui  de  1789  dura  deux  jours.  La 
profondeur  totale  de  la  mine  est  de  189 
toises.  La  grande  ouverture^  a  200  toises 
de  loi^g  sur  120  de  large.  On  y  deéd^end 
par  un  escalier  en  bois  pratiqué  sur  le  roc , 
€t  c'est  au  fond  de  cette  grande  ouverture 
qu'est  l'entrée  de  la  mine  ;  il  n'y  en  a  peut-' 
être  pM  au  monde  où  il  soit  si  peu  fati- 
gant et  descendre ,  on  a  des  ei$caTiei*s  jus-^ 
ques  au  fond  ,  à  l'exception  d^^  \±  derniè- 
res toises ,  où  on  se  sei*t  d'une  éthelle  de* 
fer.  Cesf  le  passage  le  plus  incommodé  ôu 
pour  mieux  dîr*  le  seul  qui  le  soit.  Il  mène' 
au  plu«  profond ,  appelé  trou  à'Jrmfttt: 
Les  escallel^  sohtteUëmerit  commodes ,  cjcib^ 
ks  chevôû*  employés  dans  riritérîcur ,  au* 


Suèdf. 


ft54    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

nombre  de  'vingt-deux ,  les  montent  et  let 
Su^de»  descendent.  A  iiB  pieds  de  profondeur ^ 
on  trouve  le  sallon  du  conseil  où  sont  des 
tables  et  un  luslre.  C'est  où  le  roi  s'est  ar-* 
rèié  et  a  écrit  son  nom  en  1788.,  le  âo 
septembre  ^  sur  une  pierre  de  pyrite  tirée 
de  la  mine ,  qu'on  a  encadrée  et  misesoos 
verre.  Il  était  descendu  dans  la  mine  en 
1755  et  en  1768. 

Mora ,  est  une  paroisse  très  -  ooiisidé» 
rable^  puisqu'elle  contient  environ  i5ooo 
habitans.  Mais  ce  qui  rend  cet  endroit  très^ 
remarquable  ;  c'est  que  Gustave  Vasa  y  a 
harangué  les  Dalécarliens  sur  une  pierre 
qu'on  y  voit  encore ,  et  qu'il  y  a  assemblé 
les  troupes  avec  lesquelles  il  a  chassé  Chris^ 
tiern  II  de  Stockholm.  Ce  qui  ajoute  encore 
4  l'intérêt  de  ce  lieu  ^  c'est  que  Gustave  III  ^ 
en  1788  f  a  harangué  le  même  peuple  8ur 
la  même  pierre  ,  qu'il  l'a  persuadé  de 
même  ,  et  qu'il  en  a  obtenu  les  mêmes 
succès  ;  mais  une  différence  bien  remar- 
quable ,  c'est  que  les  ennemis  du  Gustave 
III  ^  qui  se  trouvaient  dans  sa  capitale  ^n'é« 
taient  pas  des  Danois.  Mora  est  sur  le  che« 
min  d^Elfdal ,  où  sont  les  fameuses  car^ 
rières  de  porphj^re>  dignes  de  toute  Tatten-* 
tion  d'un  voyageur  curieux*  On  en  trouve 


DES    VOYAGES.       255 

clans  plusieurs  montagnes  ,  toujours  par 
couches  et  de  plusieurs  couleurs  ,  comme  S«M** 
noir  y  gris  y  rouge  et  brun  ,  avec  des  tache» 
blanches ,  rouges  et  vertes.  Ce  porphyre  est 
très-dur ,  et  prend  le  plus  beau  poli.  Iljrest 
en  grande  abondance;  les  carrières  sont  au 
nombre  de  cinq.  En  lySo  ,  on  commença  à 
se  douter  qu'il  y  avait  des  carrières  de  por* 
phjre  en  Dalëcarlie.  On  écrivit  pour  et  con- 
tre. E{i  1786,  on  s'en  assura,  le  projet  de 
les  ouvrir  fut  adopté  »  et  on  commença  à  tra- 
v^ller  à  Texploitation  desdites  carrières  en 
mai  1788.  La  façon  de  détacher  le  porphyre, 
est  la  même  dont  on  se  sert  en  Italie.  On 
trace  les  pièces  tout  à  Tentour  avec  des  ou- 
tils d'acier,  taits  en  pointe,  et  on  les  dé- 
tache ensuite  avec  des  coins  qu*on  enfonce 
à  coups  de  masse.  On  fait  à  cette  fabrique 
toutes  sortes  d'ustensiles ,  des  tables ,  de» 
vases  9  des  mortiers.  Cet  établissement  mé- 
rite d'être  vu  en  détail.  On  s'arrangera 
pour  faire  cette  course  dans  la  belle  saison  ^ 
ou  quand  le  traînage  est  tout  à  fait  établi , 
mais  alors  la  neige  dérobe  beaucoup  d'ob^ 
jets  intéressans. 

11  tant  revenir  à  Fahlun^diV  le  même  che- 
min«  Voici  le  moment  d'entrer  dans  quelques' 
détails  sur  la  Dalécarlie  et  sur  ses  habitana. 


a56    HISTOIRE  GÉNÉRALE 
^^^=9     La  Dalécarlie  est    une  grande  province 
SaUe.     de  plus  de  quatre-vingt  lîeucs  sur  soixaote 
aa  moios;  elle  manque  de  terres  laboura- 
bles ;  aussi  est-elle  bien  loin  d'être  peuplée 
h  proportion  de  son  étendue.  On  n'y  compte 
gùëre  au-delà  de  cent  vingt  mille  habitant; 
les  mines  et  les  forges  en  sont  la  principale , 
et  l'on  peut  dîrel'unique  richesse  ;  mais  dao^ 
ce  pays  entrecoupé  de  lacs,  de  forêts  ,  de 
torrens;  habite  un  peuple  brave,  loyal;  at- 
taché de  tout  temps  à  ses  souverains  et  ï 
la  liberté  ;car, il  ne  regarde  pascesdeuxclic- 
ses  comme  incompatibles.  Ce5t  surtout  en 
Dalécarlie  que  s'est  conservé  le  souvenir  d-j 
libérateur  de  ta  Suède.  L'habitant  des  c-um- 1 
pagnes,  Tartisan,  le  peuple,  tous  enfin  t-un-  ' 
naissent  Gustave  Vasa  ;  ils  se  rappellent  que  i 
c'est  k  leurs  ancêtres  qu'il  a  dû  la  couron- 
ne; leur  ame  en  est  exaltée,  ils  en  itarten:  i 
avec  complaisance  et  avec  fierté.  Ce  pou|ile . 
presqn'anssi  sauvage  que  ses  montagne* , 
a  encore  la  même  rudesse  dans  les  msur- . 
la  même  teinte  de  caractère;  libre  comiv 
■utretuîâ ,  il  ne  pourrait  supporter  lachair 
de  l'esclavage.  Attad:.    .-   son  roi,  il  v 
uû  roi ,  et  non  un  m-inv  :  imifourspr' 
le  défendre  ,  le  Da]r^  itlim  d'aufourdlm;  *i 
prouvé  à  Gustave  lii  ,  qu'il  n'avnlt-l^'"     ^' 


I 


^ivfhé.  Lm  DaJëearlien$  soDt  dans  i*^aaage 
de  toaclifr  là  main  au|:  princes  ec  npéme 
au  rcp  lorsqu'ils  le  reocûtitrenc  ;  nous  en 
fômes témoins  un  four  à  Haga  ennous  pro- 
«nesanc  avec  6*  M. ,  x{ui  eut  la  boatë  de 
Aous oonfirnier  la  réaiké.de  celte  coulumir. 
Les  Dcdtfcarliens  sont  divisés  ea  gris  et 
ooiffs  ;  cette  déoepmisiaiioB  yieot  de  leur  b^ 
bit  ,  qui  est  trou  jours  d'une  de  ces  deux 
coulefirs. 

En  allant  de  FabUn  à  Gefle ,  oa  fait 
treize  inSljef  à  la  tj>oisîè«ie  {joste  ^  onipasse 
deux  fois  la  Dabi  sur  ^n  pont  flottant  ;  et 
on  trayerse  beaucoup  de  ibrèts.  Avant  Sar> 
^$ad ,  on  troiiVê  lia  barrière  qui  sépare  la 
Dcdécaifliede  la  Gestricie.  A  un  demi-miiie^ 
maie  hors  du  chemin  ,  sont  les  raines  de 
1er  de  Torsœier  y  ^les  sonft  considérables^ 
A  un  denaî-^mille  desuMAes,  est  une  mon- 
tagne nommée  KierJ^rgy  qui  fournit  dte 
grenats  noirs  grenelés  de  blaac ,  ce  .qyi  fait 
des  pièces  assee  jolies-,  mais  itni?srfi:jables» 
Les  travaux  de  cette  mine  ^sont  auperb^s^^ 
les  galeries  admirables  et  méritent  d'ittne 
Vues.  De  Sarstad  ^"Qefle  >  les  villages  sont 
plus  fréquens,  aMfmque  les  habitations 
éparses  dans  la  campagne  «  ce  qui  vient  de 
la  quantité  Aç  mlMi  et  dr ibrgas  ;  iaa  ishê* 
Tome  II.  R 


aB8  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
mins  sont  aussi  meilleurs  ^  et  Toa  voit  de 
flfl^d*.  temps  en  temps  quelques  champs  de  blé. 
Au  commencement  de  la  dernière  poste, 
on  passeun  pont,  et  un  second  avant  d'être 
k  Gefle  :  ce  dernier  est  en  pierres  avec  uae 
balustrade  de  fer,  et  une  inscription  qui 
porte  qu'ila  ëtë  construit  en  177a ,  sous  le 
|>;ouvernementdeM.  deSparre»  en  mémoire 
<iela  révolution* 

Gefle,  petite  ville  d'environ  cinq  à  six 
mille  habitans  ;  ainsi ,  elle  est  plus  consi- 
dérable que  Falhun,  et  beaucoup  plus  agréa- 
ble par  sa  tituation  sur  le  golfe  de  Bothnie. 
Le  port  est  formé  par  une  longue  jetée  au 
bout  de  laquelle  on  a  un  joli  point  de  vue  ; 
.il  y  a  un  canal  qui  entre  dans  la  ville  :  le 
commerce  y  est  considérable  ;  on  en  ex- 
porte beaucoup  de  fer;  elle  est  regardée 
pour  Texportation  comme  la  troisième  ville 
du  royaume,  et  au  plus  la  quatrième  pour 
l'importa  tion« 

Il  y  a  un  gymnase  à  Gefle ,  Tbôtel  de 
ville  es^un  joli  bâtiment.  On  trouve  à  quel- 
ques milles  aux  environs  de  Gefle  une  quao* 
tité  étonnante  de  forges.  Si  Ton  suit  sa  route 
vers  Torneo ,  00  traversera  la  fbrét  Tjrn- 
Mèbro  -  Hedên  qui  sépare  la  Gestricie  de 
THelsengie.  Cette  dernière  province  a  1«» 


DES    VOYAGES.       aôç 

Tilles  de  Seuderfiamn  et  de  HudifisksualL 
La  preyiière  a  une  manufacture  d'armes  ;  au  SoM*» 
bourg  de  Berge  y  on  voit  une  machine  cons* 
truite  selon  la  méthode  hollandaise,  qui 
coupe  les  pièces  de  monnaie  par  le  moyen 
de  Teau. 

L'Aogermanie  a  pour  capitale  Hemosand, 
résidence  du  gouverneur  et  de  Tévéque  ;  il 
y  a  aussi  un  consistoire  ecclésiastique  et 
un  gymnase.  Celte  province  produit  beau- 
coup de  lin  ;  elle  est  renomma  pour  la  ma- 
nière de  le  filer  et  de  le  travailler. 

La  Westrobothnie  a  les  villes  àHJmeOy 
où  réside  le  gouverneur ,  et  Torneo.  Cette 
dernière  est  connue  par  le  séjour  qu'y  ont 
fait  les  académiciens  français  envoyés  en 
1736  pour  déterminer  la  figure  de  la  terre; 
c'est-là  qu'on  devra  se  rendre ,  si  Ton  est 
curieux  de  voir  le  soleil  pendant  plusieurs 
}ours  ,  mais  ce  plaisir  sera  bien  acheté  par 
les  fatigues  de  la  route ,  et  surtout  par 
celles-  qu'on  essuiera  si  Ton  gagne  la  Russie 
par  le  côté  oriental  du  golfe  ;  od  traversera 
une  étendue  immense  de  pays  ;  et  du  mo* 
ment  qu'on  s'éloignera  de  la  mer ,  on  ne 
trouvera  plus  aucune  ressource.  Un  autre 
désagrément  très-majeur  ,  est  la  quantité 
prodidigieuse  d'insectes  qui  désolent  ce  pays 

R  %' 


fi6o    HïStOlfeE  GéfNÉRALE 

pcnclantles  deux  ou  trois  mois  que  dure  Vété. 
SvM:  Il  y  a  uue  espèce  particulière  de  mouche 
dont  cliaqtic  pîquf e  Tait  sortir  le  sang.  Les 
habftans  qui  sont  obligés  d'aller  sur  les  ri- 
Vières,  n'ofnt  d'autre  moyen  de  «'en  garao-» 
tir,  que  de  se  couvrir  le  visage  d'une  sorte 
de  mastic  ;  du  reste ,  toute  la  rente  depuis 
<Jefle  est  belle;  elle  est  cependant  triste , 
'  en  ce  que  Ton  travei-se  souvent  de  grandes 
forêts;  mais  on  y  est  en  sûreté  de  nuit 
comme  de  jour ,  et  l'on  voyage  dans  la 
partie  de  TEuropc  dont,  jusqu'à  présent, 
ia  corruption  a  le  moins  approché. 

De  Gefle  à  Sudersfbrs  et  avant  d'être  i 
ETfscatieby  y  on  passe  la  Dahl  dans  un  bae 
à  rames.  Un  quart  de  mille  après  Elfsear- 
îeby ,  on  prend  un  petit  chemin  à  droite 
qui  conduit  à  la  cataracte.  On  la  voit  conn 
modément  d'un  moulin  à  scie  qui  esta  e6té. 
Cette  cataracte  est  très -curieuse  ,  et  plus 
considérable  par  la  masse  d*eau  ,  que  celle 
de  Ttolhœtia ,  mais  elle  est  peut-être 
moins  pittoresque  par  les  alentours. 

Sudtrsfors  est  une  forge  considérable  , 
c'est  la  seule  forge  d'ancres  qu'il  y  aiteo 
Suède ,  et  ce  qui  la  rend  encore  plus  inté- 
ressante ,  c'est  qu*on  y  procède  tout  autre» 
Ynent  qti'ailleurs ,,  où  les  ancres  se  f&nt  ém 


DE^    VOYAGE  S.       A6f 

l>arres  ou  de  fer  forgé  ;  au  lieu  qu^cî ,  elles^ 
se  font  imnaédÀateEneot  avec  la  gueuse  ou  ^^^^ 
le  fer  ibadu^  Oo  as^iireque  les  ancres  faites 
de  cette  inaoïère^  sont:  au.  moin^  au^3i 
bonnes  que  les  autres.  Ce  qu'il  y  a  de  sûr^ 
c'est  qu'elles  sont  infînimeat  naoïns  ooùr^ 
.teuses  y  puisqu'on  forge  le  1er  UJae  fois  de 
moins.  Ou  en  a.i^it  jusqu'à  ^4ooet3nâuie 
Sooc  par  an  ,  pendant  la  guei-re  entre  U 
Fr^ice  et  rAngleterre  ;  nuâs  c'est  le  plus, 
qu'il  soit  possible  de  faire. 

Le  minerai  vieutdeDannemQrai  et.c'esi; 
ce  qui  rend  le  fer  de  celte  forge  si  bo<i,^ 
aiusi  que  tout  celui  qui  se  tire  de  la  mêoie 
mine.  Ce  minerai  «m  arrivant  est  d'aîborâ 
<assë ,  et  porté  ensuite  jrusfcju'^i  four  ou- 
vert où  il  doit  être  jeté.  Uy-à  deux  de  «ces 
fours  en  plein  air ,  Tua  à  4a  pîed$  sur  ub,, 
Vautre  de  la  même  forme  est  moins^grand; 
tous  les  deux  ont  sept  pieds  de  pr-ofondegr  : 
oa  met  u»e  couche  de  bois  de  tou4C  le^teA- 
due  du  Ibod  »  il  brûle  p^^ès;  die  «quatre  se- 
maines. Le  mii3N?r<ii  soi*iani:  delii  lest  piie 
sous  un  ,gres  marteau  &t  |eté  dc^is  >uia  crible 
doiit  la  plus  *fîne  parue  est  porfce^  dan.s  fWs^ 
grands  fouraçaux.  Ce  gr-^taà  tourfieau  ime^ 
Ibis  allumé,  Te^t  pendaot 36. semaines  ©u^ 
enviroUj,  plusou. moins  g,  sans  ««tUerri^^tio^: 


a6i    HÏSTOIRE  GÉNÉRALE 

ony  jette  fchaque  heure  un  last  de  charbon^ et 
*"**••    un  schî^ppund  et  demi  de  minerai ,  divise  en 
onze  portions  égales  :  il  faut  entiron  quinze 
heures  pour  que  le  fer  «devienne  en  ftision. 
Cette  opération  rend  peu  de  chose  dans  les 
commencemens ,  jusqu'à  ce  que  le  fourneau 
soit  bien  allumé ,  mais  cela  augmente  pro- 
gressivement. Les   soufflets  vont  par  le 
moyen  d'une  roue  de  20  pieds  de  diamètre. 
Il  faut  avoir  la  plus  grande  attention  en 
jetant  le  minerai  sur  le  charbon ,  une  très- 
ipetite  quantité  de  plus  ou  de  moins  pour- 
•ralt  nuire  à  la  fonte ,  et  avoir  une  très- 
grande  influence  sur  la  bonté  du  fer  :  on 
le  fait  couler  toute^fe  les  onze  heures  :  le 
fourneau  rend  par  écoulement  sept  à  huit 
schippunds  :  un  très -petit  quart  d'heure 
après ,  le  fer  ayant  pris  une  certaine  soli- 
dité p  on  le  soulève  et  on  le  déplace  ^  pour 
qu'il  refroidisse  plutôt ,  peu  après  on  h 
jette  dans  une  cuve  qu'on  remplit  d'eau 
froide  à  plusieurs  reprises ,  parce  qu'elle 
devient  bouillante  tout  de  suite  les  pre- 
mières fois  :  il  s'élève  de  cette  cuve  une 
fumée  prodigieusç ,  et  à  câté  on  sent  une 
espèce  de  tremblement  sous  les  pieds. 

Dans  un  autre  bâtiment  sont  huit  four- 
neaux ,  dont  six  pour  fondre  la  gueuse  et 


DES    VOYAGES.       â63 

deux  pour  les  grosses  ancres.  Pendant  la 
guerre  entre  la  France  et  l'Angleterre  on 
ne  suffisait  pas  aux  demandes.  Ou  est  obligé 
de  transporter,  par  terré  les  ancres ,  jus* 
<|u'à  Elfscarleby  ^  à  cause  de  la  cataracte  : 
les  plus  grosses,  qui  sont  de  trente  schip^ 
punds ,  demandent  huit  chevaux  ^  et  il  faut 
absolument  le  traînage. 


R4 


SuèdAb 


i64  HLBTOïEB  OÉ'NÉHALE 


««  • 

^  •  <  •.  • 

«4'^        ^           «U^^wIC^J^           trf./W'rf*^ 

•  ^<      4»^é 

^*^^^^ 

■■ 

^ 

• 

• 

* 

11  VKE 

• 
« 

,'  T.  111 

■;■-  '■-!  ) 

«CHAPITRE    PREMIER. 

Départ  de  Stochholm.  —  Desûription 
d^UpsaL  •—  Ancien  palais  de  cette 
^ille.  —  Cathédrale.  —  Tombeau  et  ca'^ 
ractère  de  Gustave  Vasa.  —  Vnit^er^ 
site  d^Upsal ,  Bibliothèque.  -^  Codex 
argenteus.  ^  Morastétn  y  lieu  où  l'on 
proclamait  anciennement  les  rois  de 
Suéde.  —  Jardin  de  botanique.  —  De 
Linnœus  ^  de  Wallerius  y  de  Cronstedt 
et  de  Bergman  y  célèbres  Chimistes 
Suédois^ 


Q 


uoiQUB  le  temps  de  mon  8(^jour  en 
Suèdt.  Suède  fut  limite,  je  ne  voulais  pas  quitter 
ce  pays  sans  voir  Gothenbourg  ,  la  ville 
du  royaume  la  plus  commerçante  après 
Stockholm,  et  le  canal  de  Trolhetta  qu'on 
m'avait  représente  comme  un  ouvrage 
dtounant.  MVtant  pourvu  d'un  chariot 
ouvert  qu)  est  la  voiture  ordinaire  du  paj^s^ 


DBS    VOTA  G  ES/       %X>b 

et  l'aidât  reûdu  plus  Goilimode  par  le  ttmyQïï  t 
de  àtuK  fauteuils  du^pendus  èulr  des  rc5-  ^^^^ 
sorts  ^  je  partis  le  qùatHëme  tnars  de  bon 
matiD  I  accompagaé  d'un  domestiqué  sti^é^ 
dois  qi!ii  parlait  Frailçais^  et  j'arrivai  le  même 
jour  à  Upsal ,  qui  est  à  4&  ihiUes  enytroil  de 
Stockholm. 

.  Cette  ville f  située  à  Tentlrée  d\ine  platkie 
ouverte ,  fertile  en  grains  et  en  pâturages  ^ 
esc  petite  ^  mais  ïùt%  jolie  ^  eC  contient  en^ 
viron  trois  mille  haMtao^^  x>dtre  les  étu<» 
dians.  Le  plan  en  est  fort  i-égulîer  i  elle  est  ' 
partagée  en  deux  pai^ttés  ^resquV^ales  par 
un  ruisseau  >  et  ies  rues  se  coupent  à  an«- 
gles  droits  :  a^  Wilieu  est  une  grande  place  : 
ie  plus  petit  nonlbi^  des  maisons  «st  dé 
briques»  les  autres  î^nt  fo^rméesdegrètidel 
pièct^s  de  bois  taillées  eè  formé  de  pdancfaes 
peintes  en  rouge  :  les  toits  sont  cicnflvtèr m  dfe 
gazon  «posé  sur  des  écchrces  ^de  .botikean  -: 
chaque  maison  à  une  cour  oit  ira  jardin. 

Le  vieux  U^sal  c|ui/est  d'une  fpnande  an- 
tiquité >  et  doDt  il  est  làît  itieetioA  Hikifis  les 
plus  anciennes  annales  <lu  noi^»  AefA  avoir 
été  à  peu  de  distance  de  la  vî-He  <^\  jporte 
à  présent  ce  nom.  Cétait-la  y  qu^  dalns  ie 
temps  du  paganisiBae  en  voyait  nn  temple 
célèbre  par  les  «ik^Hficéi  q^ié  £^  fiUsalieut 


«66    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

et  par  la  résidence  du  grand  prêtre  d'Odin; 
SuMr.  Le  nouvel  Upsal  a  été  fondé  bien  long* 
temps,  avant  Stockholm.  On  ne  sait  ^  à  lir 
vérité ,  par  aucune  autorité  certaine  Té* 
poque  précise  de  son  origine  ;  mais  la  plu« 
part  des  antiquaires  Suédois  ont  conjecturé 
avec  beaucoup  de  vraisemblance  que  cette 
ville  n'avait  d'abord  été  qu'un  faubourg  de 
l'ancien  Upsal ,  et  qu'elle  s'était  élevée  sur 
ses  ruines,  lorsque  celle-ci  tomba  en  dé- 
cadence et  fut  abandonnée. 

Upsal  était  autrefois  la  cq)itale  de  la  Suède 
et  la  résidence  de  ses  rois.  Le  palais  fut 
commencé  en  1Ô49,  P^^  Gustave  Vasa,  et 
achevé  par  son  fils  Éric  XIV  :  c'était  un 
bâtiment  vaste  et  magnifique ,  mais  il  a  été 
brûlé  en  170a  :  ce  qui  en  reste  est  élevé 
sur  un6  colline  d'où  la  vue  est  fort  belle  et 
fort  étendue  :  une  ancienne  entrée ,  beau- 
coup  de  ruines  5  des  arcades ,  des  voûtes , 
sont  des  preuves  et  des  restes  de  son  an- 
cienne magnificence.  La  salle  où  la  diète 
s'assemblait  a  été  convertie  en  grenier ,  et 
sa  vaste  étendue  est  la  seule  chose  qui 
réponde  encore  à  la  dignité  de  son  ancienne 
destination  :  car  elle  a  140  pieds  de  lon- 
gueur sur  90  de  largeur. 
Upsal  eat  le  siège  d'ua  archevêque  ^  et 


DES    VOYAGES.        ^(fj 

Tun  des  plus  anciens  établissemens  chré-  s 
tiens  qu'il  j  ait  eu  en  Suède.  C'est  dans  le  SiAdt. 
centre  de  la  ville  qu'est  la  cathédrale ,  grand 
bâtiment  de  briques  d'une  architecture 
gothique  :  elle  a  été  commencée  dans  le 
milieu  du  treizième  siècle  sous  la  direction 
d'un  architecte  français  qui  prit  pour  mo-' 
dèle  l'église  de  Notre-Dame  de  Paris  ;  elle 
a  souvent  été  endommagée  par  le  feu  ^ 
mais  on  Ta  toujours  réparée  avec  soin. 

En  entrant  dans  cette  cathédrale ,  je  con- 
templai avec  le  plus  grand  respect^  et  même 
avec  une  admiration  qui  tenait  de  l'en- 
thousiasme 9  le  sépulcre  où  sont  déposés 
les  restes  vénérables  de  Gustave  Vasa  :  il 
est  dans  une  chapelle  particulière  construite 
en  marbre  y  avec  quatre  pyramides  de  bois 
à  chaque  angle  ^  mais  il  en  manque  une 
aujourd'hui.  La  statue  en  marbre  est  sur 
sa  tombe  entre  celles  de  ses  deux  premières 
femmes  qui  sont  enterrées  avec  lui. 

Né  simple  particulier  et  élevé  k  l'école 
de  l'adversité^  Gustave  obtint  la  couronne 
au  premier  de  tous  les  titres  ^  celui  de  la 
reconaissance  de  ses  concitoyens ,  pour  de 
longs  et  fidèles  services.  La  Suède  lui  dût 
d'être  délivrée  d'un  joug  étranger  et  de 
l'oppression  d'un  tj^ran  ^  l'abolition  de  la 


fi68    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

moilarchie  élective,  rétablissemeat  de  la 
SM».     succession  héréditaire ,  et  riatroductîoo  de 
la  religion  protestante. 

L'inscription  qui  est  sur  sa  tombe  nous 
apprend  qu'il  naquit  en   1490  »   qull  fut 
sommé  administrateur  de  Suède  «n  i5io, 
élu  roi  en  iÔ23  ,  couronné  en  1Ô28  et  quil 
mourût  en  i56o»  après  un  règ:ne  glorieux 
de  quarante  ans.  Egalement  grand  ^  soît 
qu'on  le  considère  comme  législateur  ^  guer- 
rier    ou   politique  ^    il  se  disûngua  dans 
toutes  les  stations  de  la  vie  ,  par  sa  froide 
intrépidité  ,  par    son   activité  ,    par   son 
int^rité  9  par  sa  pi*évoyance ,  par  s&on  ha- 
bileté dans  la  législation ,  par  la  |3rocectioo 
qu'il  accorda  aux  lettres  et  aux  sciences  » 
par  son  affabilité  pour  les  personnes  de  tout 
rang ,  par  sa  piété  solide  et  éclairée.  Ces 
grandes  qualités  étaient  relevées  par  un  air 
majestueux  et  plein  de  gi*aces  ,  et  surtout 
par  une  éloquence  irrésistible  qui  lui  at- 
rirait  l'admiration  et  la  confiance  de  fout 
le  monde.  On  peut  dire  de  lui  avec  justice, 
que  le  monarque  le  ^his  arbitraire  a'exerca 
îamais  une  plus  grande  autorité  sur  se» 
tôclaves ,  que  celle  que  Gustave  devait  4 
Tâffêction  volontaire  de   ses  concitoyens. 
£n  uii  mot,  il  fliit  estimé  par  1m étrangers > 


DES    V  O  V  A  G  E  S.       fi69 

autant  que  par  son  peuple,  par  ses  con- 
temporains aussi  bien  quepar  la  postérité,  et 
regardé  comme  le  plus  sage  et  le  meilleur 
des  princiSs  qui  ont  jamais  orné  le  trône. 

Outre  plusieurs  inscriptions  et  épitaphe^ 
en  vers  dont  la  tombe  de  ce  prince  est 
chargée,  on  y  trouve  deux  tables  généa-»- 
logiques  qui  le  font  descendre  des  anciens 
rois  de  Suède ,  comme  si  la  gloire  de  Gus-^ 
tave  n'illustrait  pas  plutôt  ses  anciens  rois, 
qu'elle  ne  peut  emprunter  de  Téclat  de 
cette  descendance  équivoque.  Sa  postérité 
a  occupé  le  trône  de  Suède  de  mâle  ea 
mâie  -jusqu'à  Gustave  Adolphe. 

Dans  la  chaplle  voisine ,  est  le  tombeau 
de  Jean  lïl  qui  monta  sur  le  trône  de 
Suède  en  i568.  Ce  fut  un  fils  du  grand 
Gustave  peu  digne  d'un  tel  père.  Dévoua 
servHement  a*  sa  femme  ,  il  perdît  bientôt 
Taffection  de  ses  sujets  par  sa  faiblesse  et 
son  imprudence,  et  surtout  par  les  efforts 
qu'il  fit  pour  rétablir  la  i-elîgîon  catholique 
en  Suède.  »  Quoiqu'il  n'eut  pas  été  assez 
scrupuleux  pour  craindre  d'empoisonner 
son  frère  Eric  ,  il  se  fit  une  religion  dé 
jeûner  un  jour  de  le  semaine ,  parce  que 
le  pape  l'avait  condamné  à  expier  par  cette 
pénitence  le  meurtre  de  $on  frère.  Bigot 


Sa^cU». 


ayo  HISTOIRE  GÉNÉRALE 

dans  toutes  les  sectes  »  il  n'avait  aucua 
Sttèdf.  principe  sur  la  religion  ,  et  il  se  montra 
tour  k  tour  protestant  ou  catholique  »  sui- 
vant la  croyance  des  personnes  qui  le  gou* 
vernaient. 

Un  monument  superbe  est  ëlevë  près  d« 
là  à  Catherme  Jagellon  , princesse  polonaise 
aussi  belle  qu'aimable ,  et  qui  sut  prendre 
un  ascendant  absolu  sur  le  roi  Jean  Illson 
ëpoux ,  ascendant  funeste  qui  fut  la  source 
des  guerres  civiles  et  religieuses  qui  des- 
honorèrent le  règne  de  ce  prince^  et  firent 
le  malheur  de  ses  peuples  et  le  sien.  Gou- 
vernée elle-même  par  des  moines  ambi« 
tjeux  et  fanatiques ,  Catherine  voulut  par 
leurs  conseils  forcer  les  Suédois  à  embras- 
ser la  religion  catholique  et  ce  ne  fut 
qu'après  sa  mort ,  en  iô83  que  ce  projet 
étant  abandonné  par  son  époux  ,  le  calme 
fut  rétabli  en  Suède, 

La  sacristie  de  cette  cathédrale  contient 
diverses  reliques  etmonumens  de  l'antiqui- 
té. Dans  ce  dernier  genre  on  remarque  un 
vieux  tronc  d'arbre  grossièrement  sculpté 
en  forme  de  tète  à  peu  près  humaine.  On 
lui  donne  le  nom  d'image  du  dieu  Thor, 
autrefois  adoré  dans  ces  contrées  et  au- 
quel on  ollrait  des  sacrifices  humains  au 


DES    VOYAGES.       tLjt 

Tîeux  Upsal.  La  grossièreté  de  cet  ouvrage^ 
né  permet  pas  de  douter  de  ^  haute  antî-  *»uW#. 
quité^  et  il  a  été  probablement  uoe  de 
ces  idoles  auxquelles  les  peuples  s^persti^- 
tîeux  de  ces  temps  rendaient  un  culte  pu- 
blic ,  puisqu'en  général  dans  ces  âges  re<iu- 
Jés  et  chez  les  peuples  barbares  ^  les  idoles 
sont  ordinairement  des  statues  aussi  infor- 
mes et  aussi  mal  travaillées. 

Une  pierre  à  aiguiser  qui  a  plusieurs 
pieds  de  longueur  attira  ensuite  toute 
mon  attention.  La  tradition  porte  qu'Albert 
de  Mecklenbourg  ,  roi  de  Suède  en  1484  , 
envoya  cette  pierre  par  dérision  à  Margue- 
rite de  Yaldemar ,  en  lui  recommandant 
de  s'en  servir  pour  aiguiser  son  épée  et 
toutes  celles  de  son  armée  :  mauvaise  plai-. 
ganterie  à  laquelle  il  eût  sans  doute  regret^ 
puisqu'il  fut  battu  et  fait  prisonnier  par 
cette  même  femme  qu'il  avait  voulu  tour-* 
lier  en  ridicule. 

La  troisième  curiosité  est  un  lambeau  dé« 
jchiré  d'une  chemise  de  femme  attachée  à 
un  bâton  en  guise  de  drapeau ,  qu'on  nomme 
la  chemise  de  Marguerite.  Ce  singulier 
etendart  fut ,  dit-on  ,  déployé  dans  un  jour 
de  bataille  pour  ranimer  le  courage  de 
l'armée  (  danoise  apparemment.  )  On  nt 


éya    HÎSTÔIRË  CÉNÉftALË 

nous  dit  d'aiUeurft  aucune  circonstance  dé 
SuW«.  cet  événement  qui  est  assez  incertaia  ,  et 
méric»  peu  d'être  approtbndî. 

Les^^ôis  d^  Suède  étaient  anciennement 

<!oviroufiés  dacis     la   cathédrale    d'Upsal  ; 

Ulrique  Eléonore  est  la  derrière  qui  y  ait 

reçu   la  couronne*  Cette  cérémonie    sW 

faîte  à  Stockholm  depuis  ce  temps-là. 

L'université  d'Upsal  est  ce  qui  fait  le 
plus  grand  lustre  de  cette  ville.  C'est  la 
plus  ancienne  de  Suède.  En  1476  S  tenon- 
Sture  en  jeta  les  fondemens.  On  adopta 
les  réglemefis  de  l^unrversîté  de  Paris  ,  et 
les  Etats  du  royaume  Jeur  donnèrent  force 
de  loi  1»  même  année.  Gustave  Vasa  l'a 
protégea  avec  zèle  ,  et  la  dota  si  richement 
qu'il  peut  en  être  regardé  comme  le  se- 
cond, fondateur.  Elle  souffrit  beaucoup 
durant  les  guerres  de  Charles  IX  ,  mais 
elle  fut  de  nouveau  rétablie  par  -Gustave 
Adolphe  ,  prince  très-éclaîré  et  ami  des 
lettres ,  qui  serait  plus  célèbre  a  ce  litre 
si  son  mérite  comme  protecteur  des  scien- 
ces ne  se  perdait  en  quelque  sorte  dans 
f  éclat  de  ses  graftds  exploits  guerriers. 

A  la  tête  de  Tuniversîié,  est  un  chan- 
celier élu  par  les  professeurs  et  confirmé 
par  le  roi.  C'est  toujours  un  homme  da 

premier 


.    D  E  s  T  o  Y  A  G  E  s:      %^^ 

premier  rang  et  dès  plus  considérables  du 
royaume.  En  son  absence ,  c'est  Tarche-i  Suède. 
vêque  d'Upsal  qui  en  Fait  les  fonctions. 
II  y  a  vibgt-quatré  professeurs  à  Upsal  , 
quand  une  chaire  vientà  vaquer ,  le  corps 
présente  trois  candidats  au  roi  qui  en  - 
choisit   un. 

Cette  université  a  été  appelée  avec  jus- 
tice ,  la  grande  ,  la  première  des  écoles 
pour  r histoire  naturelle.  C'est  en  effet  la 
meilleure  des  académies  du  nord;  et  dès  le 
temps  de  son    institution  ,  elle  a  produit 
des   hommes  distingués    dans  toutes    les 
sciences.   Les  savans  ouvrages  que  divers 
de   ses  membres  ont  publié   depuis  peu  , 
prouvent  assez  avec  quel  succès  on  y  cultive 
en  particulier  les  sciences  naturelles.  Le  re- 
cueil intitulé  d^/7ze/iiVé;.y/3f£?û//e'/w/yz/e.ç  est  un 
de  ceux  qui  ont  le  plus  étendu  la  réputation 
de  cette  savante  société.  C'est  un  choix  de 
thèses  sûr  des    sujets    d'histoire  naturelle 
soutenus    «ous    la   présidence  du    céfèbre 
Linnœus.  On  peut  les  regarder  comme  des 
ouvrages  approuvés  par  ce  savant  profes- 
seur ,  at  ayant  la  même   autorité  que  les 
siens  ;  ils  sont  même  .souvent  destinés  à  les 
eclaircir  et  à  çn  confirmer  diverses  pro- 
positions. 

Tome  11.  S 


474    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

La  bibliothèque  de  l'université  contient 
Suèdf.  plusieurs  manuscrits  et  livres  de  prix. 
Olaus  Celsius  qui  a  écrit  sur  cette  collec- 
tion ,  nous  apprend  qu'elle  doit  son  origine 
à  la  libéralité  de  Gustave  Adolphe  qui 
donna  à  l'université  sa  propre  bibliothèque, 
.  très-considérable  pour  le  temps  ;  et  plu- 
sieurs autres  bibliothèques  qui  faisaient 
partie  des  dépouilles  des  pays  où  il  avait 
porté  ses  armes  victorieuses.  II  s'était  ré- 
servé toujours  pour  sa  part  du  butin  dans 
les  villes-  prises  d'assaut  les  livres  qui 
pouvaient  s'}»^  trouver  :  c*est  ainsi  qu'il  fit 
passer  à  Upsal  la  bibliothèque  des  Jésuites 
de  Riga  ,  et  celle  de  plusieurs  autres  villes 
de  Pologne  et  d'Allemagne.  Ses  successeurs 
suivirent  cet  exemple^  ainsi  les  armées  sué- 
doises enrichissaient  par  leurs  conquêtes 
les  bibliothèques  de  leur  pays. 

Le  morceau  le  plus  précieux  de  cette 
bibliothèque  »  est  le  manuscrit  gothique  , 
connu  sous  le  nom  de  Codex  argenuus. 
Ce  sont  les  quatre  évangiles  ^  écrits  en 
lettres  or  et  argent ,  toutes  les  lignes  in- 
terlignées ,  in-^o,  incomplet  au  commence- 
ment età  la  fin ,  en  tout ,  cent  quatre-vingt* 
sept  feuillets  ;  à  la  marge  quelques  traduc- 
tions de  passages  en  latin.  On  suppose  que 


DES    VOYAGES.       ijh, 

c^est  une  copie  de  la  traduction  que  fît  des 
évangiles  en  langue  gothique  ,  Tévêque  Sukd^^ 
Vphihs y  Tapôtre  des  goths  ,  au  quatrième 
siècle.  J'ai  examiné  ce  curieux  manuscrit 
avec  beaucoup  d'attention*  Je  ne  sais  si  je 
dois  dire  qu'il  est  écrit  sur  du  yélin  ^  du 
parchemin  ou  du  papyrus.  On  diffère  sur 
ce  point.  Les  feuilles  sont  d'une  couleur 
violette ,  et  c'est  sur  ce  fond  que  les  lettres, 
qui  sont  toutes  capitales ,  ont  été  ensuite 
peintes  en  couleur  d'argent,  excepté  les 
initiales  et  quelques  passages  qui  sont  de  ^ 
couleur  d'or.  Je  me  suis  convaincu,  par  un 
examen  attentif, quechaque lettre  est  peinte^ 
et  iton  imprimée^  comme  quelques  auteurs 
l'ont  assuré  ,  au  moyen  d'un  fer  chaud  ap* 
pliqué  sur  des  feuilles  d'or  ou  d'argent; 
Plusieurs  lettres  •  d'argent  sont  devenues 
vertes  avec  le  temps  :  mais  les  lettres  d'or 
sont  bien  conservées.  Ce  manuscrit  est  gâté 
en  plusieurs  endroits,  mais  ce  qui  ne  Test 
pas  est  presque  toujours  parfaitement  li« 
sible» 

Ce  manuscrit  fut  découvert  en  1 697  , 
dans  la  bibliothèque  de  l'abbaye  des  béné- 
dictins de  Verden  en  Westphalie,  par  An- 
toine Morillon  qui  le  fit  connaître  le  pre- 
inier  au  monde  savant.  De  l'abbaye  de  Ver* 

S  %  ' 


i^S  HISTOIRE  iGÊNÈRALE 
den  îl  fut  transporté  à  Prague  pendant  le 
SùWe.  peu  de  temps  que  cette  ville  appartînt  a 
l'électeur  palatin.  Prague  ayant  été  prise 
d'assaut  par  les  Suédois  en  164^,  îl  fit 
partie  du  butin  du  général  Kœnîsmarck 
qui  <în  fit  présent  à  la  reine  Christine.  On 
dît  qu'elle  le  donna  à  Isaac  Vossius;  mais 
îl  est  bien  plus  probable  que  le  rusé  hol- 
landais le  prît  sans  permission  avec  beau- 
coup d'autres  livres  et  manuscrits  rares 
de  la  bibliothèque  de  la  reine,  dont  îl  s'em- 
para à  la  faveur  de  la  confusion  qui  pré- 
céda l'abdication  de  cette  princesse.  A  k 
mort  dfe  ce  savant ,  Texéculeur  de  ses 
dernières  volontés ,  le  comte  Magnus  de 
Ja  Gardie  ,  acheta  ce  manuscrit  quSI  paja 
a5o  livres  sterlings ,  et  il  en  fît  présent  à 
runiversité  d'Upsal,  où  il  est  encore  au- 
jourd'hui. 

Ajant  prié  le  bibliothécaire  de  ittè  mon- 
trer le  premier  livre  imprimé  ert  Suède, 
îl  me  fit  voir  h  dialogus  creaturarum  mo- 
ralisatus ,  publié  k  Stockholm  en  1483, 
par  Jean  Snell ,  imprimeur  Allemand  ,  que 
l'administrateur  Stenon  Sture  tivaié  taît  ve- 
nir en  Suède. 

Avant  que  de  terminer  ma  relation  de 
cette  bibliothèque  ,  je  dois  faire  meatioa 


-.tde;?:-  y  oy:AGE  s..    ^77 

d'un  bçam  cabinet  de.t^pe  et  de  cyprès.^ 
ornq  de  .pierifs  précieuses  ,  dont  la  ville 
d'Augsbourg.fit  présent  eji  i632  à  Gustave 
Adolphe,  Entre  autres  curiosités  qu'il  coi^- 
tientr^P  rçai,ai:que  une  agathe'qui  a  dçi^fc 
empans  dç  Ipngûeur  çt  un  et  demi  de" 
largeur..  Sur  Tun  des  côtés  on  a  peint  le 
jugement  dernier ,  et  syr  j^i^Çre  le  passage 
de  la  mer  rouge.  Les  .figures,  sont  d'np 
très-be^u  coloris  ^  semblable  à  cel^î  dej& 
peintrçs  A.U^i^ands  qui  ont  succédé  immé^- 
diatement  a  Albert  Dqrer.  L'ariiste  s*eat 
servi  avechçaucoup  d'art. des  teintes  et  des^ 
ombrer  de  Ifi  pierre  pour,  jçpcprimer  l'eau 
et  lest  nuages,  et  il  a  ^e^du  a^ec.autaat 
de  naturel  que  de  h?rçliç?st; ,  les  eaux  s'é- 
levant  tîorame  un  mur  ipf^nv  ouvrir  un  pas- 
sage aux  Israélites ,  et  se  jetant  avec  furie 
derrière  -eux  pour  epgloutir  l^armée  d^ 
Pharaon.  Cet  artîstç  quj  3f  nommait  Jeau 
King.sl^st; peint  luj-iDême  aux  pieds  d^ 
pape  au  milieu  des  saints  dai^s  le  ciejl. 

Avant  de  <|uîtter  Uprsal^  J^'allair  visiter  le 
lieu  cil  se  faisait  anpienaement  rélection 
des  rois  de  Suède.  IJ  e§t  h  .sept  milles  de 
cette- ville  dans  le  mi lîftu  .d'une  plaine  ap- 
pelée J^ora  jet  il  est  encore  remarquable 
par  plusieurs  des  pîerres^ brisées  dont  Tune 

S  3      ' 


Suëia; 


A78    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

est  conuue  dam  Thistoire  de  Suède  sous 
SuMc.  le  nom  de  Morastétn ,  ou  pierre  de  Mora. 
Cëtait  sur  cette  pierre  comme  sur  un 
trône  que  les  souverains  qui  venaient  d'é- 
,  tre  élus  recevaient  les  hommages  de  leurs 
sujets  et  les  marques  de  la  rojrautë.  On 
gravait  sur  une  autre  pierre  leur  nom  et 
Tannée  oii  cette  cérémonie  s'était  faite; 
c'était-là  un  titre  et  un  monument  de  leur 
élection,  y  y  remarquai  dix  pierres  dont 
la  pramiëre  n'avait  que  six  empans  de  loo- 
guèur  9  deux  dc^  largeur  et  deux  d'épais- 
seur t  et  que  la  tradition  prétend  être  le 
Morastéeriy  les  autres  sont  extrêmement 
petites*  J'obsei*vai ,  sur  plusieurs  de  ces 
pierres,  une  croix  et  un  globe  gravés  gros- 
sièrement ,  et  sur  une  en  particulier  qui 
était  fort  ^cienne ,  les  trois  couronnes  qui 
Sont  les  armoiries  de  la  Suède.  J'y  décou- 
vris aussi  quelques  traces  d'inscriptions 
qui  paraissaient  être  en  langue  gothique, 
ipais  elles  étaient  trop  imparfaites  pour 
que  j'essayasse  de  les  déchiffrer.  Ces  anti- 
quités suédoises  n'étalent  couvertes  »  il  v 
a  quelques  années  que  d^me  hutte  de  bois , 
mais  \i  présent  elles  sont  renfermées  dans 
un  bâtiment  de  briques  que  le  roi  régnant 
^  fait  construire'^  ses  frais  à  l'honneur  de$ 


DES    VOYAGES.       ^79 

rois  ses  prédéGesseurs.  Une  inscription  en^ 
langue  suédoise  gravée  sur  les  murs  in->    Suède. 
teneurs  fait  mention  des  rois  qui  ont  été 
élevés  sur  le  trône  dans  ee  Heu. 

Olaus  Magnus,  historien  de  la  Suède  as- 
sure que  le  morastéen  ou  la  pierre  sur 
laquelle  on  élevait  le  roi  nouvellement  élu  , 
était  au  milieu  de  douze  autres  pierres 
rangées  en  cercle.  Càmden  décrit  un  sem- 
blable monument  trouvé  près  le  village  de 
Saint  -  Buricus  ^  dans  le  pays  de  Cor- 
nouailles. 

Toutes  les  nations  Germaniques  et ■  Gel-» 
tiques  ont  eu  dans  les  temps  anciens  la^ 
coutume  d'élire  et  de  proclamer  leurs  A'ois 
QU  leurs  chefs  dans  les  assemblées  des 
hommes  libres  de  la  nation  qui  se-  tenaient 
en  plein  air ,  comme  cela  se  pratiquait  i } 
n'y  a  pas  long-temps  en  Pologne.  On  sait 
quelle  répugnance  ces  peuples  avaient  pour 
les  lieux  fermés^  qu'ils  regardaient  comme 
dangereux  pour  leur  liberté  et  de  vérita- 
bles prisons.  D'ailleurs,  il  leur  eût  été  dif-  ^ 
iicile  d'assenabler  tant  de  monde  dans  qne* 
enceinte  couverte  et  n>ême  dans  une  ville  ^ 
puisqu'ils  n'avaient  point  de  villes  propre* 
ment  dites.  Il  serait  aisé  de  trouver  des 
traces  de  cet  usage  dans  l'histoire  ahcienne 

S4 


ftSo    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

de  toutes  ces  nat!oas>.  Je  me  bornerai  k 
Soède.  observer  qu'on  trouve  aussi  en  Danemarck 
,  les  lieux  où  se  taisaient  les  électiong  des 
rois  f  et  que  ces  moniimens  préserves  des 
ravages  du  temps  par  leurs  masses  et  leur 
grossièreté  ,  sont  de  grands  rochers  ordi* 
xiairement  au  nombre  de  douze  rangés  en 
cercle  ,  et  dressés  sur  une  des  extrémités, 
au  milieu  desquels  s'élève  un  autre  rocher 
qui  servait  de  trône  au  roi. 
•  Le  jardin  de  botanique  d'Upsal  ,  que 
î'ai  eu  le  plaisir  de  visiter ,  accompagné 
du  fils  de  Linnœus  y  est  petit  ^  maïs  dis- 
t/ibué  avec  intelligence  ^  et  les  plantes  f 
particulièrement  les  exotiques ,  y  sont  en 
très-grand"  nombre.  Je  lîe  pouvais  m'em- 
pêcher  de  considérer  avec  une  sorte  d*eo* 
thousiasme  ce  petit  nK>rceau  de  terrain 
rendu  si  célèbre  par  Li nnseus ^  d^nt  on  peut 
dire  sans  exagération  qu'il  a  fait  de  toutes 
lesj  parties  de  l'histoire  naturelle  le  sujet 
^  de  ses  profondes  recherches.  Son  înclioa- 
tion  pour  les  sciences  ^  dans  lesquelles  il 
s'acquit  un  sir  grand  nom  se  manifesta 
de  bonne  heure  ^  et  ce  fut  à  roccasion 
suivante.  Son  père  s'amusait  à  cohiver 
des  plantes  et  des  fleurs  dans  )e  jardin 
de  sa  cure  f  Linnaeus  encore  ealâiit  prit 


DES    VOYAGE  S/.     i8i 

part  k  cet  amusement,  et  il  pouvait  à  peiné  ^ 
marcher ,  qu^il  témoignait  une  grande  jbîè  SùW*; 
lorsqu'on  le  laissait  entrer  dans  le  jardin. 
A  mesure  qu'il  prenait  des  forces,  il  pre- 
nait, plus  de  goût  à  remuer  la  terre,  et  ob- 
tint ensuite  une  petite  portion  de  terrain 
pour  lui  seul ,  qui  fut  appelée  la  maison  de 
Charles. 

Après  de  longues  études  et  plusieurs 
vojrages  tous  consacrés  à  la  botanique ,  il 
obtint  enfin  ce  qui  faisait  l'objet  de  toute 
son  anibition  ,  la  chaire  de  botanique  de 
Tuniversîté  d'Upsal ,  et  la  charge  d'inten- 
dant du  jardin  des  plantes.  Il  ouvrit  des 
cours  de  botanique  ,  d'histoire  naturelle, 
de  médecine ,  et  passa  le  reste  de-  sa  vie  à 
Upsal.  Il  avait  toùjoure  un  nombi*^eu3(  au- 
ditoire ,  beaucoup  d'étrangers  accourarent 
pour  l'entendre.  On  trouvait  dans  ses  le- 
çons la  précision  et  Texaclitude  qui  rendent 
ses  ouvrages  si  recommandables. 

Fondant  les  pi*emières  années  de  son  sé« 
)oar  à  Upsal  il  donnait  des  leçons^  publiques 
sur  les  plantes ,  et  allait  herboriser  au  prin- 
temps et  en  automne  dans  le  Voisinage  de 
cette  ville.  Dans  ses  promenades  savantes, 
jLëtait  suivi  de  deux  à  trois  cents  étudians 
divisés  en  différentes  compagnies^,  et  de 


a8a    HISTOIRE  GÉNÉRA4.E 

■  trompettes  et  de  cors  de  chasse.  Liorsque 
Saëdt.  Linnaeus  avait  quelque  plante  curieuse  ou 
quelqu'oiseau  ou  insecte  à  faire  voir,  ou 
quelque  remarque  i  m  portante  à  communi- 
quer ,  il  faisait  appeler  ses  gens  épars ,  par 
le  moyen  de  cette  musique  bruyante ,  et  iU 
couraient  en  foule  se  ranger  autour  de  lui 
pour  Tëcouter  avec  un  respectueux  silence. 
C'est  ainsi  qu'il  répandit  de  plus  en  plus 
l'esprit  de  recherches  et  le  goût  de  Tbis* 
toire  naturelle  dans  sa  patrie. 

Son  nom  doit  être  inscrit  dans  la  liste 
des  grands  philosophes  qui  ont  ët^  amis 
de  la  religion  ,  avec  ceux  de  Newton  ,  de 
Boyle ,  de  Locke  ,  de  Halier  ,  d'Euler.  Il 
témoigna  toujours  le  plus  grand  respect 
pour  TèCre  suprême  ,  et  il  avait  Ikit  met* 
tre  sur  la  porte  de  son  cabinet  ce  vers 
connu. 

■ 

Intiocui  vitfite  ,  numen  aâest. 

• 

Le  grand  mérite  de  Linnœus  ^  comme 
naturaliste  ,  est  d'avoir  tiré  lliistoire  na- 
turelle, de  Tétat  d'imperfection  où  elle  était 
avant  lui  «  et  d'y  avoir  répandu  la  lumière, 
l'ordre  et  la  précision.  Le  seul  catalogue 
de  ses  ouvrages  ferait  un  petit  volume» 
et  il  en  faudrait  beaucoup  pour  tracer  se»* 


DES    VOYAGES.       a83 

letnent  une  esquisse  ^e  son  sytènde ,  connu 
aujourd'hui  partout  sous  le  nom  de  sjrs-  ^^^àe. 
xéme  de  Linnœus  9  qui  embrasse  dans  un 
nouvel  ordre  toutes  les  branches  de  Thîs- 
toire  naturelle.  En  lisant  ses  ouvrages ,  on 
ne  sait  ce  qu'on  doit  le  plus  adn^irer ,  ou 
de  ses  profondes  connaissances ,  ou  de  son 
génie  fécond  et  inventif,  pu  de  son  appli- 
cation infatigable  ^  ou  de  son  exactitude 
étonnante  dans  les  descriptions  et  les  clas- 
sifications des  objets  qui  paraissent  se  res-» 
sembler  le  plus. 

\jes  revenus  publics  et  la  prospérité  de 
la  Suède* étant  principalement  fondés  sur 
le  produit  de  ses  mines  et  surtout  de  celles 
de  fer ,  la  minéralogie  a  été  soigneusement 
cultivée  et  encouragée  dans  ce  royaume. 
Cest  à  cette  cause  que  nous  devons  prin- 
cipalement attribuer  la  supériorité  des  chi- 
mistes Suédois  sur  ceux  des  autres  nations. 
Car  quoique  les  Allemands  se  soient  aussi 
distingués  dans  cette  science  /  c'est  aux  ^ 

Suédois  qu'est  dû  le  premier  système  rai- 
sonné de  minéralogie.  Linnœus  est  un  des 
premiers  qui  nous  a  appris  la  méthode  de 
classer  ces  corps  inorganisés.  Il  a  jeté  les 
fondemens  de  cette  distribution  qu'il  4  cher- 
ché dans  leur  analyse  chimique.  Ce  sys- 


a84    HÏSTOIRE  GENERALE 

^tème  a  été  en  grande  partie  adopté  par 


S^uède.  Vallerîus  ,  mais  c'est  surtout  à  Cronstedt 
que  Von  doit  un  arrangement  plus  com- 
plet et  plus  précis  de  ces  objets ,  contbr^ 
ménient  à  leurs  principes  cpnstitutife  ,  et 
îl  faut  avouer  que  les  découvertes  des  mi- 
néralogistes et  chimistes  suédois  ont  fait 
faire  en  peu  d'années  de  grands  progrès 
à  cette  branche  des  connaissances  humaines* 

Wallerîus  fit  imprimer  à  Stockholm  en 
1747 ,  la  première  esquisse  de  son  système. 
Les  nombreux  ouvrages  qu'il  a  publié  de» 
puis ,  l'ont  étendu  ,  développé  et  confirmé* 
Sa  minéralogie  traduite  dans  la  plupart 
des  langues  de  l'Europe ,  *est  un  des  meil- 
leurs ouvrages  qu'on  ait  sur  cette  science. 

Cronstedt  se  fit  connaître  de  bonne  heure 
par  la  découverte  d'un  nouveau  demi-mé- 
tal ,  liotTimé  nicheL  Son  essai  sur  un  sys- 
tèmede  minéralogie  est  entre  les  mains  de 
tou»  ceux  qui  «ultîvent  cette  science  ;  îl  y 
classé  les  minéraux  suivant  leurs  prineipes 
constitutifs  ,  et  s'est  distingué  dans  ce  tra» 
vail.  Ce  fut  une  grande  perte  pour  la 
science  ,  que  la  mort  prématurée  de  cet 
habile  homme ,  îl  mourut  en  1766  ,  à  Tâge 
de  quarante-trois  ans. 
Le  professeur  Bergman  se  distingua  dès  sji 


DES   VOYAGES.       28^ 

feunesse  par  Mm  gtmad  amour  pour  les  ^cien-  « 


ces ,  et  il  fut  pourvu  de  très-bonne  heure  ^'*^^•• 
d'Qnechatredef)rQtèsseuFenmattiém»tiques 
-et  en  histoire  naturelle  ^  à  UpsaK  Diflfërens 
iB^Dpoîres  qu'ilf>àblia  sur  dîvers^ujets  inté- 
reasaos  de  physique  et  d'histoire  naturelle , 
féleodirent  sa  réputation.  11  succéda  à  Val- 
Jérîus  en  1767  dans  la  chaire  de  chimie  et 
de  métallurgie.  Le.principal  ouvrage  de  ce 
savant 5  est  son  esquisse  du  règne  minéral; 
ee  traité  abrégé  mais  excellent ,  a  été  sôu- 
'Vent  rétmprîmé  et  traduit  en  plusieurs 
langues.  / 

La  socîélé  royale  d'Upsel  est  la  plus  an* 
iAenme  acâdéinie  de  cette  espèce  qu'il  y  ait 
4la&s  le  Nord;  -elle  fut  formée  en  17:20  à 
l'occasion  suivaiKe^  Benzélius.^  d'abord  bi- 
bliothécaire de  l'université  et  «osuîte  pro^  - 
^esjsietir  de  théologie ,  évêque  de  Gothen^- 
bomig  tt  enfin  arêhevéque  -dfUpsal  ^  entre- 
prît «vec  quek|.nes  *  autres  saVàiiSyiVii  exa- 
«neo  de  tous  les  livres  pabtiés  en  Suède ,  de 
ceuix  que  tes  .Suédois  «vaîent  faitJn^prîmer 
dans  les  pajs  étrang|ers  ^  et  de  tolis  ceuz^ 
qui  y  avaient  été  publiés,  et  qui  avaient 
quelque  relation  avec  la  Suède.  Cet-examen 
contenait,  outre  une  notice  de  ce^ livres, 
quelques  actes  originaux,  ce  qui  lui  fit  don- 


286  HISTOIRE  GÉNÉRALE 

==ssner  le  nom  dîActa  liiieraria  Sueciœ  j  et  os 
Suède,  suivît  Texëcution  de  ce  plan  pendant  dix 
ans.  Alors,  c'est-à-dire  en  1780,  les  au- 
teurs ne  se  bornèrent  pas  à  rendre  compte 
des  ouvrages  d'autrui  ^  leur  travail  n'eut 
plus  pour  objet  que  des  actes  originaux  et 
des  dissertations.  On  substitua  ensuite  en 
1740^  au  mot  àtSueciœ,  celui  Upsulien- 
sis  y  pour  distinguer  cette  société  de  celle 
de  Stockholm. 

Elle  cessa  en  1750  de  publier  ses  transac- 
tions sur  le  même  plan;  mais  en  1778 ,  elle 
les  publia  de  nouveau  sous  le  titre  de  Nopa 
acta  regiœ  societatis  scientiarum  Upsa* 
liensis.  Ils  ne  paraissent  pas  régulièrement^ 
mais  seulement  quand  il  y  a  des  mémoires 
en  suffisante  quantité  ^  et  que  la  société 
veut  en  faire  la  dépense ,  car  elle  n'a  point 
de  fonds.  Ces  mémoires  sont  tous  en  latin  , 
et  imprimés  in-^'^  ;  plusieurs  sont  fort  es- 
timés et  méritent  de  l'être.  Ony  traite  une 
grande  variété  de  sujets  d'histioire  »  d'anti- 
quités «  de  littérature  du  nord  et  d'histoire 
naturelle  ;  il  j  en  a  plusieurs  de  Linnseus 
et  de  Bergman. 


DES    VOYAGE  S.  :   % 


CHAPITRE    IL 

Départ  d^UpsaL  —  Description  générale 
du  pays.  —  Tombeau  d^ Eric  XIV,  —  Ar- 
boga.  —  Oerebro.  —  Mariestad  y  Tro- 
Ihaetta.  —  De  la  rit^iere  Gotha.  —  Tenta-  ' 
tiue  pour  joindre  le  golfe  de  Bothnie 
ui^ec  l'Océan  par  des  canaux 

X-4ES  provinces  d'Uplande  ,  de  Westmânie 
et  de  Nerîcie ,  que  je  traversai  en  allant  à  suèd». 
Gothenbourg ,  sont  regardées  comme  la 
partie  la  plus  riche  et  la  plus  belle  de  la* 
Suède;  et  en  effet ,  je  ne  saurais  me  repré- 
senter uripajsageplus  varié  ni  plus  agréable 
que  celui  que  présente  toute  cette  contrée; 
c'est  un  mélange  toujours'charmant  de  col* 
lines  9  de  vallées ,  de  plaines ,  de  lacs  ,  de  fo- 
rêts ,  de  champs  et  de  prairies,  interrompu 
fréquemment  par  un  grand  nombre  de  vil^ 
les,  de  villages  et  de  fermes  éparses.  Les 
voyageurs  qui ,  d'après  quelques  districts 
qu'ils  en  orït  vu  en  courant ,  prononcent  que 
la  Suède  n'est  qu'une  terre  ingrate  et  sté- 
rile, ne  rendent  certainement  pas  justice  à 
ses  beautés  champêtres  ,  et  aux  sites  pit- 
toresques qu'elle  offre  en  grande  quantité* 


a88    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

T5  Le  6  mars  ,  je  partis  d'Upsal ,  et  je  tra« 
versai  un  pajs  plus  ouvert  et  plus  fertile 
que  tout  ce  que  j'avais  vu  jusqu'alors  en 
Suède  ,  et  j  arrivai  à  Endkioping  ^  petite 
vîlle  située  sur  le  lac  Mœler,  et  presque 
toute  composée  de  maisons  de  bois ,  peintes 
en  couleur  rouge.  Deux  postes  plus  loin ,  je 
me  trouvai  à  ^e^/ero^,  ville  très-ancienne, 
selon  la  tradition  des  habitans.  Cette  ville 
fait  un  commerce  considérable  avec  Stoc- 
kholm par  le  moyen  du  lac  Mœler ,  particu- 
lièrement en  cuivre  et  en  fer  des  mines 
voisines ,  dont  la  province  de  Westmanie 
abonde. 

C'est  une  ville  grande  et  irrégulière, 
composée  de  maisons  de  bois  ;  on  y  voit  les 
ruines  d'un  ancien  palais,  habité  autreibis 
par  les  rois  de  Suède  ;  c'est  aussi  le  siège  d*un 
évêque ,  et  la  cathédrale  qui  est  eu  briques, 
est  renommée  pour  avoir  la  plus  haute  tour 
qu'il  y  ait  en  Suède. 

Dans  cette  cathédrale ,  est  la  tombe  du  roi 
Eric  XIV.  L'égarement  de  sa  raison  ne  sau- 
rait le  mettre  à  l'abri  de  tout  reproche,  cl 
ce  fut  sans  doute  un  prince  indigne  du 
trône.  Sa  perte  fut  préparée  par  la  déli- 
vrance de  son  frère  Jean  ,  qu'il  avait  tenu 
prisonnier  pendant  quatre  ans ,  et  par  i'im- 

prudentc 


D  E  s    V  O  Y  A  G  E  s*       aS^ 

prudence  qu'il  eut  d'épouser  publiquementi 
une  femme  de  la  plus  basse  extraction ,  qui  suède. 
avait  été  sa  maîtresse  ;  il  en  avait  eu  un  fils^ 
et  il  avait  forcé  ses  frères  à  le  reconnaître 
comme  Thériticr  de  la  couronne.  Ceux-ci 
se  voyant  ainsi  déchus  de  l'espérance  de 
lui  succéder  ,  se  prévalurent  du  mécon* 
tentement  général  que  la  conduite  déré-* 
glée  et  les  excès  du  roi  avaient  excité  dans 
tous  les  ordres  de  la  nation;  ils  se  mirent  à 
la  tête  d^un  parti  qui ,  grossissant  tous  les 
jours  ^  fut  en  état  d'assiéger  le  roi  dans 
sa  capitale  ,  et  de  le  forcer  à  capituler  et  à 
abdiquer  la  couronne  en  faveur  de  Jean* 
Le  monarque  détrôné  fut  aussitôt  enfermé 
dans  le  château  de  Stockholm  où  on  le  traita 
indignement.  Le  détail  des  cruautés  exer- 
cées-contre lui ,  et  la  description  qu'il  nous 
a  laissée  de  ses  $ofti*ances  ,  ne  peuvent  que 
causer  autant  d'horreur  que  de  pitié. 

Le  7  mars ,  ayant  changé  de  chevaux 
entre  Vesteros  et  Arboga  dans  le  petit  vil- 
lage de  Kungsoer,]eïus  engagea  m'j  ar- 
rêter par  la  beauté  de  la  situation,  et  je 
me  promenai  dans  les  environs  et  sur  le 
bord  du  lac  M<el€r.Ce  lac  est  extrêmement 
beau  ;  il  renferme  plusieurs  îles  couvertes 
de  bois  et  de  prairies  très-aboodantes;  ses 

Tome  IL  T 


igo  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
^^^—  bords  sont  élevés ,  bien  plantés  ,  et  diver- 
Sfiie.  sifiés  par  un  mélange  de  châteaux  et  de 
maisons  de  paysans.  Toute  la  partie  du  lac 
flue  je  voyais  ,  était  couverte  de  glaces, 
niais  elles'  ne  pouvaient  plus  porter  de 
voitures.  Ce  n'est  ordinairement  que  pen- 
dant quelques  semaines  que  la  glace  est 
assez  forte  pour  cela ,  et  qu'on  peut  aller 
en  traîneaux  jusqu'à  Stockholm. 

Ne  trouvant  rien  de  renaarquable  à  Ar- 
bt>ga ,  je  me  hâtai  d'arriver  à  OerebrOj 
rapitale  de  la  Néricie  ,  où  je  passai  la  nuit. 
Cette  ville  ,  la  plus  grande  que  j'eusse  vu 
depuis  que  j'avais  quitté  Stockholm,  est  si- 
tuée à  l'extrémiléoccidcntale  du  lacHielnier. 
Les  maisons  sont  presque  toutes  de  bois; 
les  habilans  fournissent  Stockholm  de  fer  , 
de  vitriol  et  de  couleur  rouge.  Leur  com- 
merce favorisé  par  les  deux  lacs  que  joint  L- 
canal  d'Arboga  ,  est  lort  considérable;  il 
Y  a  aussi  une  fabrique  d'armes  à  tèu.de 
draps  et  de  tapis. 

Le  9  mars,  j'arriviii  à  Marteitii4t,^i\\e 
bâtie  sur  le  lac  Venncr,  par  CharlnlX  , 
qui  lui  donna  le  nom  dtr  smi  ép 
Mariestadt  ,  je  sui\  îs  |>cndAat 
temps  les  bords  du  lu  W-atv 
graud  de  la  Suède  ;  il  a  près  4 


DES    VOYAGES.       ^91 

TÎDgt-dîx  milles  anglais  de  longueur ,  sur 
quarante   de  largeur.  Ses  bords,  dans  le    ^^^^' 
pajs  où  î'étaîs,  sont  bas  et  unis ,  en  sorte 
que  la  surface  de  ce  lac  parait  sans  bornes 
comme  celle  delà  mer. 

Je  traversai  ensuite  LindJàœping  dont 
les  habitans  fbnt  un  commerce  considérable 
par  le  mojcn  du  lac  Venner  et  de  la  rivière 
Gotba  ,  qu'ils  descendent  jusqu'à  Gothen- 
bourg.  Je  passai  la  nuit  dans  le  petit  village 
de  Malby  y  et  le  lendemain  matin,  j'arrivai 
à  TrolhœUa.  Le  pays  que  je  traversai  est 
extrêmement  sauvage  :  ce  ne  sont  que  des 
bruyères  stériles  ,  coupées  par  des  chaînes^ 
de  rochers  où  Fon  n'aperçoit  presque  au- 
cune trace  de  végétation. 

Ce  village  ne  contient  qu'une  douzaine 
de  maisons  ^  près  des  cataractes  du  fleuve 
Gotha.  Mais  il  est  bien  connu  par  les  pro- 
digieux travaux  qu'on  y  a  faits ,  pour  ou- 
vrir un  passage  aux  vaisseaux  ^  par  le  moyen 
du  canal  qui  porte  son  nom. 

Ce  canal  fait  partie  d'un  vaste  plan  for- 
mé depuis  long-temps ,  pour  établir  entre 
la  mer  Baltique  et  l'Océan  une  navigation 
au  travers  des  terres  qui  ,  en  augmentant 
le  commercé  intérieur  d'un  grand  nonw' 
bre  de  provinces^  aurait  dispensé  de  faire 

T  % 


19^  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
passer  par  le  Sund  une  partie  des  mar- 
^''^'^'-  chandises  de  la  Suède.  Gustave  Vasa  fui  le 
premier  roi  de  Suède  qui  comprit  rutilité 
de  cette  navigation  intérieure ,  lorsqu'il  fit 
de  LodèiCy  aujourd'hui  Gothenbourg  ,  un 
port  et  une  ville  de  commerce  $  afin  que 
les  vaisseaux  marchands  ne  furent  pas 
toujours  obligés  de  passer  le  Sund.  Il  se 
flatta  qu'un  jour  les  marchandises  que  la 
Suède  importe  ou  exporte  »  pourraient 
passer  pafr  les  lacs  Venner ,  Hielmer  et 
Mœleri  jusqu'à  Stockholm,  si  Ton  réus- 
sissait à  rendre  navigables  les  rivières  et 
'les  lacs  qui  les  unissent. 

Éric  XIV  voulant  exécuter  le  plan  tracé 
par  son  père ,  donna  ordre  qu'on  s'en  occu- 
pât sérieusement  9  mais  les  troubles  dont 
son  règne  fut  agité  ,  ne  permirent  pas 
d'aller  plus  loin. 

Plusieurs  de  ses  successeurs  reprirent 
ce  grand  projeta  Charles  IX  fit  dant  cette 
vue  creuser  le  canal  de  Cahgraw  »  et  Charles 
XI  celui  d'Arboga.  On  s'aperçut  cependant 
bientôt  des  grandes  difficultés  qu'on  trou- 
verait dans  son  exécution.  Gusuve  Adolphe 
ne  put  trouver  en  Suède  personne  qui  osit 
a'en  chai*ger,  et  Charles  XI  y  envoya  des 
ingénieurs  hollandais  qui  le  jugèrent  im* 


:      D  E  s    V  O  Y  A  G  E  S.        2gS 

praticable.  La  Motraye  ,  qui  raconte  ces 
£iits  ,  ajoute  que  Charles  XII  ^  loîa  de  se  ^^*®^ 
rebuter  par  ces  difficulté^  ,  envoya  sur  les 
Jiew:^  Polhçim  ,  ingéqîeur  célèbre ,  <{\i\  lui 
rej(nit  un  plan  pour  rendre  ^lavigables  )p^ 
cataracte^  de  TrqlbaetU ,  et  pour  ouyrif 
entre  Gotheqhourg  et  Stockholm ,  ef  menq^ 
45ntre  les.lacj^  Yenner  et  Y^tter  et  U  vill? 
de  Nor^k^piog,  une  ^layigation  pour  dç 
grande  vaisseau^.  Charles  XII  (approuva  ce^ 
plans  et  ordonnai  qu'on  travaillât  à  leuf 
exécution;  maîsi  sa  mort -fit  îptcrrampr^ 
ces  travaux ,  qui  ne  furent  repris  que  sous 
Aldolphc  Frédéric  ,  père  dû  roi  régnant. 

Ce  plan  renfermait  trois  grands  objets; 
i.^  Ja  lonctiori  (Jes  lacs  Mœler  et  Hîejmer  ; 
2..^  celle  du  lac  Hieflmei^  avec  lé  lac  Ypnner  ^ 
3.0  celle  du  lac  Venner  avec  l'Océan.  ' 

Le  premier  objet  a  été  rempli  au  mqyeii 
ctu  canal  d'Arboga,  îl  est  large  et  à  huit 
pieds  de  prolbrideur  :  oh  y  con^pte  huit 
écluses  et  il  est  navigable  pour  les  mêmeî 
vaisseaux  qui  naviguent  sur  teé  lacs.  Ce  sont 
des  vaisseaux  du  pori  de  quarante  -  trois 
tonneaux I  couverts,  à  un,  «eul  niât,  qm 
ont  soixaa^e-seize  pieds  de  longueur ,  et  qm 
turent  six  à  sept  pieds*  d'eau. 

Le  second  objet,,  c'est-àrdipe ,  la  jonctlolà 

Ta 


\ 


I 

294  histoire:  générale 

des  lacs  Hielmer  et  Venner,  a  rencontra 
Suède,     jusqu'ici  des  difficultés  insurmontable»  qui 
laissent  peu  d'e&pérance  de  succès. 

Le  troîsîèmç  objet  serait  de  joindre  le 
lac  Venner  avec  TOcéan  germanique  par 
le  moyen  du  fleuve  Gotha  qui  sort  de  ce 
;lac  ,  et  se  jette  dans  l'Océan  près  de  Go- 
thenbourg.  Mais  le  cours  de  ce  fleuve  étant 
embarrassé  par  des  bas  fonds  et  des  cata- 
ractes, on  a  tenté  de  faciliter  la  commu- 
nication par  le  ihojen  du  canal  de  Cabgraf^ 
et  du  canal  de  Trolhaètta. 

Les  travaux  entrepris  dans  cette  vue  ont 
souffert  plusieurs  accidens  :  pour  y  remé- 
dier on  a  construit  un  écluse  par  ordre  du 
roi  rcgoant ,  et  qui  porte  Je  nom  de  Gus- 
»  tave.  C'est  un  canal  magnifique  de  quatre 
cents  pieds  de  longueur,  dont  la  moitié  est 
taillée  dans  le. roc,  et  où  des  barques  de 
quatre- vingt  tonneaux  et  plus  ,,  peuvent 
passer  aîsément- 

Des  '  cataractes  au  lieu  ou  le  fleuve  re- 
devient navigables  ,  il  y  a  environ  deux 
milles.  On  compte  quatre  principales  cata- 
ractes sép^irées  par  dea  touroans,  où  leau 
violemment  agitée  présente  un  afireux  et 
sublime  aspect.  La  hauteur  totale  de  ces 


*  .  DES,  y  Oy  A.GE  s.  âpô 
quatre  cataractes  €St  d'^ptiron  cent  pieds,  i 
Je  n'entrerai  point  dçtns  Je /détail  de.  ce^  Sukte 
immenses  ouvrages  ;  on  les  a  abandonnéa- 
comme  inutiles  ^  et  on  &  forme  le  desseidt 
de  creuser  un  nouveau  caiial  dans  le  roc 
cpii  forme. les  bords  du  fleuve;  il  doit  avoi^ 
quatre  mille  sept  cents  pieds  dCflongueur  , 
trente-six  de  largeur ,  et  en  quelques  ent 
droits^. plus  de  cinquante  pieds  de  profon* 
deur  :  il  aura  neuf  écluses  ^  ;et -si  l'on  ré^ 
fléchit  .qu^ij  faudra  perçei*  yii.  rocher  de 
granit  rouge  qui.  s'étend  dans 'tout  cet  es^ 
pace,  pp. conviendra  qu/e;cç  nouveçj^u  plan 
ne  doit  pas  rencontrer  moins  de  difficulté^ 
que  YàxjÂfe  :  cependant  il  ne  faut  pas  pro-^ 
noucer  qu'il  esç.  impraticable.  D'autres  ou^ 
vrages,  comme  le  canal  du  (Jac  de  Brîdgf-^ 
water,  en  Angleterre  ;  celui  de^ta^nguedoc, 
le  chçmîn  creusé  dans  l.e  mont  Gemniâ  P^^ 
^uiss^ ,  .pvouycnt  que  tout  jeét  j)ossibIe  à» 
ri)idvisti?îij*  humaine.  ^  .  *     -  :      ... 

L'aspect  du  pays. depuis. TrplhaBt ta.  jus- 
quà  GotUenbpurg  est  sauvage  et  romanr 
tique.*. D'innoqfxbMlîl^^  chaînes. de  rocs  stér 
riles  4*étendeat  dans  tpus  lc€i  sens  ,  et  dans 
l'î  nteryalle.ee  sOint  des  jplaines' trèfe-feiuiles 
d'unimïUe^tt-  plus  de  largeur  qu'arrpe^  Je 
fleuw  Golh*'  ifies  montagnes  sont  4e  granit 

T4 


îLi^    HISTOIRE  GÉ^TÉRALE 

?  et  dépourvues  d'arbres ,  et  prévue  de  toute 


3tt^de.     espèce  de  Y^gétatîon, 

Le  fleuve  forme  en  que)qtieft  endroits  ua 
beau  courant <*t  ui^odnal  as^ez  ëtrolt  :  à  dix 
ïhîlles  de  (îothenbôurjç ,  îl  ee  partage  en 
trois  bras  y  dont  deux  se  réunissent  après 
avoir  form^  une  petite  île  de  roc  vlF.  Cet 
deux  bras  réunis  forment  ce  qu'on  ap^^elle 
la  rivière  du  Nord  *  qui  se  perd  dans  la  mer 
à  A\x  milles  de  là.  Le  troisième  bra«,  que  je 
suivis  fusiqu'à  Goibenbourg  ,  conserve  le 
nom  de  Gotha.  Le*  terrain  enffermé  jxir  ces 
deux  bras  du  même  fleuve^  se  nonanie  III0 
de  Hizingen. 

Gothenbourg  ^  qu^  la  commodité  de  Md 
port  a  rendu  une  ville  considérable  ;  occupe 
la  place  où  était  une  ville  ancienne  nom- 
iftée  Lodëst^  y  bâtie  par  Gustave  -Vaôa  qoî 
lui  accorda  de  grands  privMégea.  La  ville 
ayant  été  bixllée  en  16 ti  pftr  leii  Danois  « 
Gustave  Adolphe  la  fit  rebâtir  telle  Wéile 
est  aujourd'hui  :  ga  situation  est^très^siogu- 
iière.  A  peu  de  distance  de  la^M^er  est  une 
plaine  marécageuse  qui  petit  avoii^  au  plus 
un  mille  de  largeur  ,  bovdéè  par  Jes  rî* 
vières  de  Gotha  et  Moeldal'^  et  pi^esque 
partout  entoùri'ée  de  rochers  élevés  si  nuds, 
c^u'à  peine  ^  aperçoit  «on  ua  briiv  d'herbe* 


DES    V  O  Y  A  G  E  SL       ^^ 

Gothenbourg  est  bâtîe  en  partie  sur  ces 

rcxrhérs ,  en  partie  dans  b  plaine ,  ce  qui  ^^^«^ 
la  feit  diviser  en  ville  bas^  et  ville  haute. 
La  première  est  toute  unie ,  coupée  par  de$ 
canaux  comme  les  villes  de  Hollande,  et 
bâtie  sur  pilotis.  La  ville  haute  est  bâtie 
%xiT  la  pente,  de»  rochers^  et  les  maisons 
s'élèvent  les  unes  sur  les  auti^es  en  amphi- 
théâtre :  Tune  ei  l'autre  sont  fortifiées  ré- 
guHèrement.  La  ville  peut  avoir  trois  milles 
de  tour  sa  as  éomi>ter  le  faubourg  de  Haga  , 
qui  est  piiës  du  port. 

Les  rues'sront  droites  et  régulières  :  uii 
petit  nombre  de  maisons  est  en  bnques } 
la  plupart  sont  de  bois  peint  en  rouge.  Lie 
port  est  fermé  par  deux  chaînes  de  rochers^ 
et  il  peut  avoir  un  quart  de  mille  de  lar-^ 
geur.  La  pô)3ulâtioii  de  cette  ville  s'esi 
eonsidérabl^a>ent  acei*ue  depais  quelque^ 
années  :  elle  contient  aujourd'hui  enviroii 
dix  huit  mille  habitant.  Les  progrès  sorit 
dus,  sans  douté',  à  cçux  de  son  commerce; 
à  la  compagnie  des  Indes  qui  y  est  établie  , 
et  k  la  pèche  du  hafeng  qui  s'j^  fait  avec 
beaucoup  de  succès.  » 

En  1781  ,  on  y  forma  wne  compagnie  de 
marchands ,  à  laquelle  on  accorda  un  pri- 
vilège exclusif  potir  faire  le  commerce  d^ 


S!» 


5^98    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

rinde   pendant  quinze    ans.  Le  port  dé 

Suhiù^     Stockholm  étant  ferme  trop  long* temps 

V  par  les  glaces  pour  qu'on  putôse  en  faire 

partir  à  temps  tes  vaisseaux  destinés  au 

voyage  de  FIndé  ,  cette  compagnie  s'est 

fixée  à  Gothenbourg  ,  dont  le  port  situé 

^     8ur  rOcéan  germanique  est  presque  tou- 

jours  ouvert. 

.  Le  pays  que  j'ai  traversé  ea  venant  de 
Stockholm  à  Trolhaetta  est  estimé  la  par- 
tie de  la  Suède  la  plus  belle  et  la  plus  peu- 
plée. Celui  que  je  devais  voir  en  allant  de 
Gothenbourg  a  Carlscrona^  c'est- à-dire, 
la  province  de  Smolande ,  est  au  contraire 
le  plus  sauvage ,  le  moins  habité  et  le  plus 
inculte  du  royaume.  La  dislance  de  Go* 
thenboug  à  Carlscrona  est  de  38  milles  de 
Suède  qui  font  247  milles  d'Angleterre ,  ec 
dans  toute  cette  étendue,  il  n'y  a  qu'uo 
$eul  lieu  qui  soit  honoré  du  noip  de  ville  : 
les  villages  ne  contiennent  poUr  la  plupart 
que  six  ou  sept  maisons  ,  et  souvent  ).e  ne 
trouvais  qu'une  humble  chaumière  solitaire, 
là  où  je  changeais  de  ehevaux  ;  cependant 
dans  tout  ce  pays  si  désert,  et  enapparence  si 
abandonné  »  il  y  avait  partout  de  bons  che- 
mins, d'assez  bons  logemens,  les  paysaos 
gontens  et  da  bonne  humeur. 


DES    VOYAGES.       199 

Le  mardi  16  mars,  je  partis  de  Gotlienr- 
faourg  et  ]e  passai  au  travers  des  rochers  CftA  SuWe. 
«e  succédaient  presque  sans  interruption  et 
sans  mélange  d'arbres  et  de  plantes.  Le  payii 
que  )e  parcourus  ce  jour- là  et  le  suivant, 
quoique  èauvage  et  peu  susceptible  de  cul- 
ture, était  infiniment  diversifié.  C'était  deè 
collines  couvertes  çà  et  là  de  forêts  de  pins  ; 
de  bouleaux  et  de  chênes  entremêlées  de 
prairies  et  de  quelques  champs  ,  ornés  de 
plusieurs  lacs  ,  dont  la  vue  était  trës-pitto^- 
resque ,  arrosés  d'un  nombre  infini  de  ruis« 
seaux  limpides  comme  du  cristal^  ^^î  mur- 
muraient en  s'eafuyant  dans  un  lit  de 
cailloux. 

n  y  eut  ce  jour-là  une  poste- dans  laquelle 
mon  postillon  était  la  fille  d'un  pajsan  : 
le  chemin  étant  très-drflfîcile  et  escarpé  , 
il  fallait  heandùùp  dé  ferbe  et  d'adresse 
pour  conduire>lè8  <;bevaux  et  éviter  d'être 
versé. 'Je  lui  proposai  de  laisser  les  rênes 
k  mon  domestique  qui  était  bon  cocher  , 
mais  cette  fille  choquée  de  ce  que  je  dou-» 
tais  de  sôo  habileté  rejeta  bien  loin  cette 
offre. et  montant  sur  le  siège ,  me  mena  très- 
bon  train  et  gouverna  ses  chevaux  avec 
tant  d'adresse  que  mes  craintifs  cessèrent 
bientôt,  et  que  nous  arrivâmes  à  la  posté 


Zqp  histoire  giênérale 

sans  avoir  couri|  le  moindre  dMgier*  De- 
^"^dç,    puis  ce  temps  là ,  ]e  nie  $uisi  ^ouf^uv»  laissé 
icpoduire  sans  àé^nœ  par  *  hs  paj^saones 
suédoises. 

Je  passai  la  im\t  à  Jlf^nt^rid  datas  la 
€|;iaumière  d'un  pajrsaii  et. je  ptartis  le  hor 
jdapain  de  boQ.  inftia*  Bieotôt  après.,  je 
quittai  la  partie  ^lontagoeMâ^,  etdcecen-* 
iî^nt  insei^ibleoient  je  nise^  trouvai  dans 
aiue  partie  sabloni^euse,  entremêlée  de  bois» 
^elacs  et  de  cbaipopsi  A  septiaiUes  environ 
jdç  Varnimo  ,  pv.  je  pi^ss^î  h  nut<,  je  re- 
Jtrouvai  ^e  petit/e^  moaU^pi^y  et  ff arriva 
à  Vexiacy  ville  ^xx:^^  ^ûrlébord  d'iiô  beau 
lac,  d'où  s'élève  un  groupe  d'îles  couvertes 
4e  bois.  Quoique  cette  viHe  ^eît  ie  siège 
d'un  évêché  ^  eUe  est  extr^n^i^enC  petite. 
L^  plupart  de§  qiajso|3d  spnt  de  bois  ,  les 
babitans  viyej^i);  r^xx  coaimeree  de  leurs 
bçstiaux  qui  s'eDgi:4M48eo{!  duas  les  beaux 
pâturages  qu'091  trpi)v^  dé  temp^en  temps 
entre  des  rochevs  stériJks .  et  de  vastes 
forêts.  ,  . 

.  Dans  le  cours  de  ce  voy^^e  ,  je  preBais 
constamment  mes  repas  pe<ida«U  le  jour , 
et  je  passais  toutes  les.jauits  .dans  des 
maisons  de  paysaos,e#  s^rte  qise  j'eus  de 
fréquentes  occasions  d'observer  leinrs  cou* 


DEàVOrACÊS.  3oi 
tûmes  ,  leurs  moemis  et  leur  manière  de  se 
nourrir.  Lorsque  j'entrais  chez  eux ,  je  Sù*^. 
trouvais  ordiôairement  toute  la  famille  oc-» 
cupée  à  carder  du  lin  ,  à  filer ,  à  taire  de 
la  grosse  toile  an  métier  ou  quelquefois  du 
drap.  Les  paysans  sont  fort  inventifs ,  et 
savent  faire  servir  les  plus  grossiers  ma- 
tériaujc  à  quelque  chose  d  utile.  Ils  savent 
fciire  des  cordes  avec  des  soies  de  cochon ,  • 
des  crins  de  cheval ,  de  Técorce  d'arbre  , 
ils  font  des  brides  avec  des  peaux  d*an- 
o^illes.  Ils  se  nourrissent  principalement 
de  viande  salée ,  de  poisson  ,  d'œufe,  de  lait  ^ 
de  pain  dur.  Ils  tuent  leurs  bœufs  à  la  S» 
Michel  ,et  les  salent  pour  Tusage  de  Thiver 
et  du  printemps  suivant.  Ils  font  du  pain 
deux  fois  Tannée ,  auquel  ils  donnent  la 
forme  de  grands  gâteaux  ronds  ,  et  les 
enfilant  à  des  bâtons  ,  ils  les  tiennent  ainsi 
suspendtis  au  plancher  de  leurs  maisons. 
Ce  pain  est  si  dur  quil  faut  quelquefois  le 
couper  avec  une  hache ,  mais  il  n'est  pas 
désagréable.  La  bière  est  leur  boisson  ordi- 
naire ,  mais  ils  aiment  beaucoup  Teau- 
de-vîe. 

Les  paysans  sont  bien  habillés ,  d'un  gros 
drap  qu'ils  fonteux-mêm^s  ;  leurs  maisons^ 
quoique  de  b€>is  et  k  un  seul  étage  ,  sont 


3oa     HISTOIRE  GÉNÉRALE 

bonnes  et  commodes.  La  chambre  où  cou* 
^"^^•'  che  la  famille^  renferme  un  rang  de  lits 
élevés  les  uns  sur  les  autres.  Au-dessus  du 
ciel  des  lits  où  couchent  les  femmes,  ily 
en  a  d'autres  à  Tusage  des  hommes ,  sur 
lesquels  ils  montent  avec  des  échelles. 

Les  voyageurs  qui  viennent  d'Allemagne 
et  qui  ont  été  accoutumés  à  de  passables 
auberges ,  peuvent  trouver  ces  habitations 
de  paysans  suédois  de  misérables  chau- 
mières ;  pour  moi  qui  depuis  long-temps 
m'étais  trouvé  logé  beaucoup  plus  mal , 
)e  croyais  être  dans  des  palais.  En  eWet, 
\e  pouvais  my  procurer  bien  des  commo- 
dités, et  en  particulier  celle  d'une  cham- 
bre séparée  ,  chose  qu'on  chercherait  en 
vain  dans  les  villages  de  Pologne  et  de 
Russie.  Dans  ces  pays-là,  un  lit  était  une 
rareté  ,  excepté  dans  les  grandes  villes , 
et  même  dans  ces  villes  les  lits  n'étaient 
le  plus  souvent  garnis  qu'à  demi  ,  mais 
dans  les  plus  chétives  cabannes  de  la  Suède, 
on  ne  manquait  jamais  de  lits  ,  preuve 
évidente  que  le  paysan  suédois  est  bien 
'  plus  civilisé   que  le  paysan    polonais  ou 

russe. 

Après  avoir  été  témoin  de  l'état  de  ser- 
vitude et  d'abjection  où  sont  ces  paysans^ 


DES    VOYAGES.       3o3 

e'iétait  pour  moi  un  grand  plaisir  de  me 
trouver  parmi  des  hommes  libres,  dans  SuMe. 
un  pays  où  les  propriétés  sont  moins  iné- 
galement partagées  ,  où  il  n  j  a  point  d'es- 
clavage, où  les  personnes  de  Tordre  infé- 
rieur jouissent  comme  les  autres  d'une 
pleine  sûreté  pour  leurs  personnes  et  pour 
leurs  propriétés  ,  et  où  tous  les  avantages 
qui  résultent  de  l'état  de  choses  sont  si 
visibles  que  l'observateur  le  moins  attentif 
CD  est  frappé. 

Le  i8  mars  ,  je  passai  vers  midi  de  la 
^province  de  Smolande  dans  celle  de  Ble- 
kinge.  En  approchant  des  côtes  de  la  mer 
Baltique  vers  Carlscrona ,  les  lonques  chai- 
nés  de  collines  graniteuses  reparurent  , 
quelquefois  toutes  nues  ,  quelquefois  re- 
couvertes de  bruyères  ou  de  bois.  A  demi- 
mille  environ  de  Carlscrona ,  on  découvre 
cette  ville  située  dans  une  ile ,  ce  qui  forme 
un  très-beau  point  de  vue. 

Pendant  les  quinze  joui^  que  je  fus  en 
route  de  Stockholm  à  Carlscrona ,  c'est-à- 
dire  ,  dans  un  voyage  d'environ  cinq  cents 
milles  d'Angleterre ,  le  temps  fut  toujours 
sec  ,  clair  et  très-agréable  ;  en  sorte  que  je 
pus  être  toujours  sans  inconvénient  dans 
un  chariot  découvert.  Il  gelait  un  peu  la' 


5o4   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

nuit  et  le  matin,  mais  le  reste  du  jour  le 
SaMe.  soleil  brillait  dans,  tout  ton  éclat.  Le  prin- 
temps de  c<;tte  année  était  très  -  avancé , 
et  d'une  douceur  extraordinaire.  Le  port 
de  Carlscrona  qui  est  ordinairement  fermé 
parles  places  jusqu'au  mois  d'avril,  était 
déjà  ouvert  au  mois  de  mars.  Rarement 
les  paysans  d'Uplande  et  de  Westmaaîe 
labourent  leurs  terres  avant  le  mois  d'avrih 
Mais  j'observai  en  traversant  ces  provinces 
au  commencement  de  mars  que  Ton  avait 
déjà  commencé  à  labouter  et  a  semer  Toi^e 
et  l'avoine.  On  pouvait  juger  de  la  promp-' 
tîtude  de  la  végétation  dans  ces  pays  sep- 
tentrionaux par  les  progrès  rapides  qu'a- 
vaient déjà  tait  l'herbe  et  le  blé  ,  quoiqu'il 
n'y  eût  pas  plus  de  trois  semaines  que  la 
Beige  était  fondue*  ^ 

Je  fus  ^rès-surpris  en  appi^nant  et  en 
voyant  que  la  Suède  pourrait  fournir  assez 
de  grain  pour  le  l^esoin  de  ses  habitans  , 
si  l'on  n'en  employait  pas  une  si  grande 
quantité  à  distiller  des  eauxde*vie«  La 
partie  septentrionale  de  la  Suède  et  de  la 
Finlande  produit  d'excellent  seigle ,  et  les 
provinces  du  midi ,  du  froment ,  de  l'avoine 
et  de  l'orge.  Le  froment  et  le  seigle  se 
sèment  au  milieu  du  mois  d'août .  et  on  les 

recueille 


DES    VOYAGES.       So5 

recueille  au  mois  d'août  de  Tanoee  suivante,  s 
L  orge  et  Tavoîne  sont  semés  au  printemps,    Suèdt, 
d'abord  après  la  fonte  des  neiges.  On  re- 
ceuille  Torge  vers  la  fin  d^août^etl'avoino 
au  milieu  de  septembre. 


•    •  .> 


«  «   > 


*  • 


4    k 


a  •«••  >•  *    ' 


»  ■ 


Tome  IL 


•V 


>>$  HIST0IR1$  GÉNÉRALE 


^^^  W  -A^ 


E5H 


CHAPITRE    IH. 


i      ;  .  '       ' 


Carhcrona.  —  Notjvtétatc  hùs'sinS ,  Jlfo//« 
suédoise.  —  Christiansdadt.  —  ffelsin- 
bourg.  —  Remarques  générales  sur  la 
manière  de  yojager  en  Suéde. 

v^ARLSCRONA  ,  (  couroDne  de  Charles ,  ) 
^ukdc.  doit  son  nom  et  son  origine  à  Charles  XI , 
qui  posa  léB  PouftPfllVilSi  t!ê  celte  ville  eo 
1680,  et  y  tfansporta  la  flotte  royale ,  à 
eause  de  sa  situation  avantageuse  dans  le 
centre  des  mers  de  Suède ,  et  de  la  sûreté 
de  son  port.  La  plus  grande  pactie  de  cette 
ville  est  bâtie  sur  une  petite  ile  qui  n'eél 
qu'un  xoàxex  peu  escarpé ,  sortant  du  mi- 
lieu d'une  baie  de  la  mer  Baltique  :  \t% 
faubourgs  s'étendent  sur  un  autre  petit 
rocher ,  et  le  long  du  mole  qui  ferme  le 
bassin  où  est  la  flotte.  On  va  du  Continent 
à  la  ville  par  Je  moyen  d'une  digue  qui 
le  joint  à  une  ile  ;  et  de  cette  ile  y  par  deux 
longs  ponts  de  bois  joints  par  An  autre 
rocher.  La  ville  est  grande  et  contient  en- 
viron dix-huit  mille  habitans;  «lie  est  or« 


^ 
\ 


D  E  s    V  OTAGE  S.       3o7 

née  d'une  ou  deux  }oIîeg  ^lises  et  de  quel-< 
que^  miûspug  dé  briques  passables;  inais    Sakéa^ 
le   plus  gTfEind  nonibi^e   d^s  bâtimess  e^% 
dé  bois.  Les  lanbourgs  dont  déteiKlus«  di4 
côté  de  terre  I  par  uq  mue  de  pîerriç.    . 

L'eotrée  du  {>ort  «  qui  e^t  Baturellenaent 
ti*ès-dî  facile  à  cause  du  .gr^pd  uombra 
de  b^  fbnds  et  de  rochers  ,  fst  encore 
défendue  par  deux  forts  bâtis  S)Ur  deux  iles 
et  très-hîeiji  £brtîliés  ^.sous  les  batteries  des* 
quek  tpus.  les  vaisseaux  dçHve^t  passer. 

Autrefois  ,  quant  on  carej^alt'  pu  radour 
bail  h^  y^is^eamx  «  on  le^  couciiait  sur  le 
côte,  daes J(& ; {)ort.  Depuis,  on  a  creusa 
dons  Je  iofi:  yii^  un  bassin  ,  et  i\  peut  con^ 
tenir  des  v^içîsseaux  4u  premier  rang.  li 
a  Gencquf(tr4^yM2gt-dîx  pîeds  <le  S^ède  d9 
looguefir  ^  ^pfMroid  de  profondeur,  ef 
quarante-six  de  largeur^  Le  pii^d  sué^oif 
diSèr^  très^p^i^  4^  cf]ui  d'Ai^^teterre,  iCe 
bassin  çpntîcfnt^trois  cent  mille  pied^  exxbfi» 
d'eau;  qn  p^t  i^  yider  «»  dix  birure^  do 
temp$  pjcpiasui  9^  emploie  quatrervingt^dix 
hommp^  k  h  ^pps  à  ppi^H^ei: ,  et  qu'on  Im 
relève  y^iftfip  If^;  à^mi-hi^^m  ppr  un  pu*» 

Ce  }i)^n.^iflt  le  ^vX  qi>'U  y «it  eu  ju49 

V* 


Sôg    HISTOIKK  GÉNÉRALE 

commencé  à  en  faire  d'autres  sur  un  plan 
SiiM«.>  immense  ,  digne  deis  anciens  Romains.  Sui- 
vant ce  plan  ^  on  construisait  trente  bas- 
èiàs  pour  la  construction  des  vaisseaux ,  à 
une  des  ektrémitës  du  port. 
'  Le  premier  objet  qu'on  se  proposait  par 
ce  vaste  plan  ,  était  d'avoir  des  bassins 
dans  lesqitek  toute  la  ftotte  pût  être  te- 
nùe  à  sec  et  a  couvert,  pour  une  plus 
parfaite  conservation.  Mais  on  a  depuis 
beaucomp  disputé  en  Suède  sur  la  ques- 
tion ,  si  de  grands  vaisseaux  ne  se  coq- 
^rvaient  pas  -mieux  dans  l'eau  que  quand 
ils  sont  a  sec  ;  question  qui  ne  peut  être 
décidée  que  par  des  personnes  d'une  grande 
expérience  en  ces  matières;  mais  quoi  qu'on 
en  penise/ces  bassins  seront  toujours  très- 
utiles  pour  la  construction  ei  la  répara- 
tion des  vaisseaux.  ^   •.    - 

Les  Suédois  trouvent  cheÉ  eux  dés  mâts, 
des  planches  ,  de  la  poix',  du  goudron , 
'  et  la  plus  grande  partie  du  lin  qu'ils  em- 
ploient pour  la  marine.  Ils  travaillent  eux- 
mêmes  leurs  çor4âgas  et  les  toiles  à  voile 
avec  du  chjihvre  apporté  eà  '  grande  partie 
de  Riga.  Ils  fondent  leurs  canons  et  font 
de  la  poudre  avec  du  salpêtre  du  pays. 

Le  port  de  Carlscrona  oit  est^U  flottf 


Suède. 


DES    VOYAGES.        309 

suédoise,  est.  grand,  commode,  et  a8sez,esssssa5 
profond  pour  des  vaisseaux  du  premier 
rang.  Les  forces  navales  de  Suède  en  177^ 
se  montaient  dans  les  états  ^^u'on  en  don- 
nait ,  à  trente  vaisseaux  de  ligne  ,  y  cpra- 
pris  ceux  de  quarante  canons  ,  et  à  quinze^ 
frégates,  outre  les  galères,  les  prames 
et  les  chebecs.  Maîs'plusîeurs  de  ces  vais- 
seaux étant  très-vieux,  et  hors  d'état  d'être 
réparés  „on.ne  doit  pas  compter  qu'il  y  eût 
alora  plas  de  vingt  vaisseaux  de  ligne  en 
état  de  service  ,  et  envi  ton  dîr  frégates. 
Les  matelots  de  la  flotte  rojale  sont  en- 
registrés ,  et  se  montent  à  dix-huit  mîUev 
Une  partie  est  payée  en  argent,  les  autres 
sont  sur  le  même  pied  que  la  milice  na- 
tionale, c'est-à-dire^  qu'on  leur  a  assigné 
de  petites  portions  de  terres  dans  les  îles 
et  sur  les  côiCcS  pour  leur  subsistance.  Sui- 
vant les  calculs  les  plus  favorables  de  ces 
dix-huit  mille  matelots,  il  peut  y  en  avoir 
environ  six  mille  qui  ont  du  service  et 
de  l'expérience  ,  le  reste  n'est  que  de 
simples  paysans.  Dans^  un  cas  pressant ,.  le 
roi  a  le  pouvoir  de  presser  les  équipage^s 
des  vaisseaux  marchands  ,  mais  seulement 
en  les  remplaçant  pa^  dçs  rafitelots  enre- 
gistrés. 

•y  1    .     * 


Siô    HISTOIRE  CËNÉkALE 

Je  retrouvai  à  Carïscrona  mes  iompa- 
Suède-  ^nons  de  voyage  que  j'avais  quittés  à  Stoc* 
kliulm.  Je  passai  ainsi  de  mon  chariot  dé* 
couvert  dairs  une  voiture  plus  commode, 
avec  laquelle  fallaî  jusqti'à  Helsinbourg, 
qui  fijt  le  terme  de  mon  voyage  en  Suède. 
Nous  traversâmes ,  eh  nous  y  rendant ,  les 
provinces  de  Blekinge  et  dé  Scanîe.  D'a- 
bord le  pays  était  plein  de  collines  et  de 
rochers  ,  et  couvert  de  bois  ;  ensuite  il 
devînt  une  plaine  unie  et  fertile.  I^ous 
suivions  les  bords  de  la  mer^  d'oà  nous 
avions  de  beaux  points  de  vue  ornés  par 
les  rochers  et  les  îles  éparses sur  les  côtes.  A 
douze  milles  en  vîron  du  village  de  Felkîngc, 
où  nous  passâmes  la  nuit,  nou$  entrâmes 
dans  la  Scanie ,  la  plus  unie ,  la  plus  sa- 
blonneuse ,  et  cependant  la  plus  fertile  des 
provînces  de  Suède.  Nous.  traverSilmes 
ïa  ville  de  Christianstadt  qui  est  bien  for- 
tifiée ;  elle  est  petite,  mais  bien  bStîe.et 
on  la  regarde  comme  la  meilleure  forte- 
resse de  la  Suède.  Les  malsons  sont  toiite> 
de  briques  et  blanchies  ;  elle  est  située 
dans'  une  plaine  marécageuse  près  de  la 
.  rivière  ffe/gea  ;  qui  se  décharge  dans  Ij 
mer  Baltique  ,  et  est  navigable  pour  de 
petites  barques  de  sept  tonneaux.  Les  h^ 


/ 


DES.  V  O  Y  A  G  ESI       Sii 

bitan^  ont  des  manufactures  de  drâps^  ek 
d'étoffë«  de  soie,  et  font  quelque commercei. 

En  approchant  des  bords  du  Sund,  mm^ 
trouvâmes  le  pays  moins  uni^  descomn^s 
s'élevaient  plantées  d'arbres  la  plupart.  L0 
sol  était  mêlé  de  sable  et  de  bonne  terrf 
végétale.  Ncms  arrivâmes  le  si  mars  au 
soir  à  Helsinboui'g  ,  ou  Ton  s^embarque 
pour  «traverser  le  Sund  et  passer  en  Da- 
nemarck. 

Avant  que  de  ternoiner  ma  relation  avée 
la  Suède ,  je  placerai  ici  un  petit  ncHubror 
de  remarquas  que  je  n'ai  pas  eu  oceasion 
de  faire  jusqu'ici  sur  la  naaaièi^e  de  yoys^* 
ger  dans  ce  pajfs  ,  et  sur  quelques  autrui 
sujets. 

Les  voyances  en  Suèiie  se  ibnt  très-con^^ 
modément  lofsquV>n  est  instruit  de  la  ma** 
nière  de  se  procurer  j&os  dievmix»  Il  n'y 
en  a  pas  toujours  de  prêts  dans  les  viHe# 
et  les  villages  qui  se  trouvent  sur  les  grandet 
rouies  i  nutis  si  on  envoie  d'avance  u» 
paysan  pour  en  ordonner ,  eo  fixant  le  lie» 
et  le  temps ,  ces  ordrM  sont  poiictuellement 
exécutés.  Les  voyageurs  qui  ne  sont  pa# 
prévenus  ,  sont  exposés  à  die  fréquens  dé«i 
îais  g  et  c^e6t  ce  qui  nous  arriva  quand 
90US  eiatrâmes  en  Suède  ^  car  il  nous  fû^ 

V4    • 


3%Mm* 


Suhàe, 


8iâ   HISTOIHE  GÉNÉRALE 

lait  attendre  a  chaque  poste  ^  qu'on  eut 
pu  amener  des  chevaux  des  villages  voi-»| 
«jct3*  LVtdblîsseaieiit  des. relais  est  ici  sur 
uu.pied  très^ avantageux  poUr  les  voya- 
geurs f  mais  extrêmement  k  charge  aux 
^ei>s  du  pays. 

Toutes  personnes  possédant  une  certai- 
ne  étendue  de  terres  sont  obligées  d'en- 
voyer un  ou  plusieurs  chevaux  deux  ou 
trois  fois  par  mois  à  la  poste  voisine.  S'ils 
oè  sont  pas  employés  ;  ils  s'en  retournent 
après  avoir  attendu  vingt-quatre  heures  , 
sans  aucun  dédommagement  pour  le  temps 
qu'ils  ont.  perdu  ;  et  s'ils  sont  employés , 
ce  dédommagement  est  très  -  insuffisant. 
Pendant  un  voyage  de  cinq  cents  milles 
c|ueje  fis  de  Stockholm  k  Carlscrona ,  toute 
ma.  dépense  j  y  compris  l'achat  de  mon 
chariot,  les  chevaux  de  poste;  ce  que  je 
donnai  aux  postillons  ^  et  les  frais  dans  les 
auberges ,  ne  se  monta  pas  à  vingt  livres 
aterllngs  ,  et  cependant  mon  domestique 
suédois  me  reprochait  souvent  mon  peu  d'é< 
conomie.  Les  postillons  étant  les  paysans 
qui  attendent  à  la  poste  avee  leurs 
propres  chevaux ,  se  contentent  d'un  pe- 
tit présent  de  deux  ou  trois  deniers  par 
chaque^  poste.   Les   chevaux  sont  petits , 


-DE  S    yt)  Y  A  G  E  s.  :     3i3 

tnais  vifs  et  yijg^oureux,  et  deux  suffisaient  s 
ordinairement  poqr  ma  voiture.  Ils  font    Suëde. 
Je  plys  souvent  six  ou. sept  mille  par  heure. 
Le  postillon  ne .  monte  jamais  à  cheval , 
mais  il  est  assi^  sur  un  petit  banc  sur  le 
devant  du  chariot. 

Les  grands  chemins  en  Suède  ne  sont 
pas  en  ligne  droite  ^  ils  serpentent  agr^a- 
blen^ent  dans  le  pays  ;  }es  pierres  et  le 
gravier  en  sont  la  bas<9.  Chaque  tenancier 
est  obligé  d'entretenij!*  une  certaine  éten- 
due de  chemin  à. proportion  de  celle  de  sa 
propriété  ,  et  cette  étendue  est  marquée 
par  un  piquet  ou  une  pierre  placée  à  di- 
verses distances  sur  le  bord  du  chemin* 

Depuis  que  j*ai  quitté  TAngleterre ,  je 
n'ai  vu  en  aucun  pays  un  4ussi  grand  nom- 
bre d'habitatkms  éparsesdanslacampagne^ 
que  j*en  ai  trouvé  en  Suède  ;  c'est -là  que 
des  gentilshommes  ou  autres  propriétaires 
dont  la  fortune  est  bornée ,  font  leur  séjour 
ordinaire;  ils  j  jouissent  de  l'aisance  qu'on 
se  procure  aisément  quand  on  passe  sa  yie 
dans  son  domaine.  Ces  b^^bitations  sont  un 
assemblage  de  bâtimens'  de  bois  peints  en. 
couleur  rouge  et  fort  propres;  comme  ils 
occupent  beaucoup  de  terrain  ,  ils  ressem- 
blent de  loin  à  de  petits  villages,  et  ils  sont 


5uècLe» 


3i4    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

un  grand  ornement  pour  ]e  payé.  On  les 
trouve  le  plus  souvent  près  des  lacs ,  ctïî 
y  en  a  pKnieurs  qui  sont  situes  au  milieu 
d'un^  forêt  ,  sur  des  rocs  escarpes  qui 
semblent  milpeodus  au-dessus  de  la  surface 
d'un  lac. 

En  voyngesnten  Suède ,  on  ne  petit  qu'ê- 
tre frappe  de  la  grande  ressemblance  qu'il 
y  a  entre  ia^  langue  dû  pays  et  l'anglaise.  Ce 
ne  sont  pas  seulement  des  mots  qui  sont  les 
mêmes  »  ce  sont  des  phrases  entières  ,  en* 
Mrte  qu'on  anglais  qui  a  de  la  pénétration, 
peut  aisément  comprendi*e  bien  des  choses 
dans  la  conversation  ordinaire.  Les  langues 
suédoise  et  anglaise  sont  l'une  et  l'afltre  des 
dialectes  de  l'ancienne  langue  tentonique 
ou  germanique ,  et  si  elles  ont  plus  d'affi- 
nité entr'elles  qu'avec  la  langue  dont  elles 
dérivent ,  cela  est  dâ  de  ce  que  les  Anglais 
sont  certainement  descendus  des  Suédois  et 
des  Danois ,  dont  les  langues  ne  sont  que  des 
dialectes  diflferens.  L'ancien  saxon  dont  l'an- 
glais est  formé,  a  été  porté  en  Agieterre 
par  des  colonies.,' ou  des  conquérans  venus 
de  ces  royaumes  du  nord. 


DES    VOYAGES.       3i5 

=9. 


^        1 


k 


C  H  A  t»  I  T  R  E    IV. 

• 

'Abrégé d^ un  voyage  de  Munkail  dans  Pin^ 
lérieur  delà  Suéde.  —  Villes  de  Laholm^ 
—  De  Balms.  —  D^Oregmnd  ♦  d'Hede^ 
mora.  ---Traversée  de  la  Daléearlie.^-^ 
Arrwée  à  Mernasand  y  capitale  de  la 
ffroi^ince  d* AngermarUe.  —  Voyage  à 
Piûia ,  à  Lulay  à  ToméOy  à  Wassay^ 
*—  Club  établi  dans  cette  dernière  villem 

JLé'auteur  du  voyage  précédent  étant 
venu  *de  Russie  en  Suède  ,  n*en  a  parcouru  Suèd«. 
qu'une  partie ,  désirant  completter  entiè- 
rement ici  un  voyage  au  nord,  j'ai  eu  recours 
au  récit  de  Josepti  Marshall,  qui  a  visité 
cette  autre  partie  ,  et  qui  a  même  traversé 
fa  Dalécarlie.  Ce  voyageur  était  fort  îrts- 
truît  en  agriculture  et  voyageait  pour  e>^a- 
miner  celle  des  contrées  septentrionales  de 
l'Europe. 

Je- revins,  dit  MarshctU,  à 'Copenhague 
au  mois  de  mai  1769;  j'arrivai  le  %\y  et 
me  rendis  deux  jours  après  à  Elseneur,  eC 
le  iaô,  je  débarquai  à  Efsinbourg  ,  ville  sué- 
doise de  la  province  de  Schonen.  D'Elsin- 


3i6    HISTOIRE  GENERALE 

bourg ,  je  me  rendis  à  Laholm  ;  le  pays  que 
Suède,  je  parcourus  ,  en  général ,  est  plat ,  le  sol 
riche  et  bien  cultivé ,  mieux,  ie  croîs, 
qu'en  Danemarck.  Le  peupley  est  dans  un 
état  plus  heureux*;  ce  que  T'attribue  à  sou 
indépendaQce  y  à  l'aisancevdans  laquelle  il 
vît,  et  à  cet  esprit  de  lîfceT té  qui  attire  toute 
êon  attention.  On  ne  trouve  pas'icî  U  naêcne 
honnêteté  qu'au-delà  du  détroit;  le^  pay- 
sans comme  ceux  d'Angleterre  ,  s'y  croient 
d'aussi  grands  personnages  qu'un  duc  et 
pair  de  France.  Pai*tQut..  où' j'aperçois  un 
tel  signe  ,  je  me  dis  que  je  suis  dans  un 
paj's  libre.  L'agriculture  ici  me  parait  en 
bon  état. 

Laholm  n'offre  rien  de  remarquable.  Le 
lendemain  28,  j'allai  à  Helmstadt,  qui  en 
est  éloignée  d'environ  douze  mi  Iles.  Jevoj^a- 
geais  toujours  dans  un  pays  plat  ^  qui  me 
sembla  très-fertile  ;  tout  était  en  raouve- 
ment  dans  les  campagnes  ,  c'était  le  temps 
de5  semailles  pour  l'orge  et  pour  l'avoine. 
Helmstadt  aunport  dans  lequel  je  vis  quel* 
ques  vaisseaux  ;  la  ville  toutefois  n'est  pas 
considérable.  J'allai  le  même  jour  à  Rage- 
lin  ;  le  pays  que  je  traversai  est  assez  sem- 
blable au  précédent,  il  avoisine  la  cuie.  Je 
vis  aussi  des  marécages  dans  lesquels  on  xdm 


dîtquon  engraissait  les  bœufs  qui  vrèrinent 
des  montagaes.  -  Su^de« 

•  yïiy^dôxvze  milles  dé  Rageiîtir^Gdthen- 
bourg,  et  je  les  fis  dans  1  après  dîné.  J'eu^ 
stirtoute  cette  route  à  me  Jouer  de  l'boriaê- 
teté ,  de  l'exactitude  et  de  la  propreté  des 
aubergistes  suédois*.  Les  postes  y  sont  aussi 
très -bien  Servies;  on  uy^itiiendpH'l^ 
cBeyaûx ,  et  les  postillons  sont'  fort-  obli- 
géans ,  quoiqu'ils  vivent  dans  ufl  pays  libre. 

Gothenbourg  «^st  iin  port  cotisidërable  , 
qui^  par  sa  situation ,  tait  un  grand  corn- 
lôerce.  Le  3a  au  tnâtin ,  je  pàftîîs;  ^ur. 
Balms',  ville ^  distante  de  Gothefibôtir^  de 
huit  milles  ;  etle  ebt  siir'uneiledituée  dan^ 
une  rivière.  L'aspect  qu'elle  offre  est  très^ 
romantique ,  ses  fortifications  ne  sont*  'pas 
mauvaises  pour  la;  Suède,  qui  à'en'a  pîis 
beaucoup  de  fort  régulières;     '  ^  ••' •  -    '^     ^ 

En  sortant  de  Balms ,  je  fus  fei^*ë'de  'coii- 
'ehi^r  dans  irn  village  sur  la  rdute^^  ou-  je-  fus 
reçu  fort  honnêtement  dans  une  aubei'ge  1 
dont  rhôte  '^'occupait  principatement  de 
l'agriculture,  et  terïak  une  fériée  considé^ 
rable  ;  sa  maison  e^' bâtie  sur  ttî^ttertn  qui 
commande  le  lac  ff^ener.Ce  Isie  d'aras 'de 
quatre-VHigt  milles  de  long ,  €t;daM  quel- 
ques ettdn)îts  qi}«ra^t«de  lat^gd,  -^     ,     .  ;  . 


3âô    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

Bairement  bâtis  8ur  le'penchant  d'une  col« 
Sutde.  jîne^  et  au  »ud  :  Iciir  construction  annonce 
du  goût  5  et  il  paraît  qu'en  générai  on  a 
cherché  la  vue  du  lac. 
'  Stockholm^  la  capitale  «du  rojamne  est 
une  ville  plus  belle  que  -je  ne  le  croyais  : 
elle  est  bâtie  sur  sept  ou  huit  îles  ou  ro- 
chers du  grand  lac  Mœler^  ce  qui  rend  sa 
position  très  -  pittoresque  ^  et  lui  donne 
quelque  ressemblance  avec  Valise.  Comme 
c^te  dernière  ville  ^  :  sa  sttuatioii  fait'  sa 
sâreté^  et^l'on  n'a  pas  cni  qu'il  fût  débes* 
saire  dfy  ajouter  des  fortifications.  'SiM  mes  , 
en  générai  sont  n%ulières  ^  droites  et  lar« 
ges.«  ses. maisons ' bibles 9  et  la  plupaM  des 
édifices  publics  ia.décorent  infiniment. 

Après  avoir  parcouru  la  .viHe  ,  je  fus 
rendre  visite  au  baron/  de  -  Mistler  ^  pour 
qui  j'avais  des  lettcm  de  reoc^mmandation. 
Je.  trouvai  en  lui  un  homme  de  mojren  tfge  , 
aimable  1^  enjoué  ^  qui  connaissait  parfaite- 
méat: toutes  les  cours  de  l'Europe  et  avait 
passé  plasieurs  amiées  à  voyager  :>  A  |Mkr* 
lait  oouummeot  anglais  V  et  il  s'exprimait 
très-bién/ea  firançais ':  sa  maison  était  vaste 
^t  meublée  à.raDj^tiie  et  à  la  française  : 
ptesque  tout,  en  véirifOéy  Mit  pour  IHitîKté , 
toit  pootr  l'agrément i;  Vf«qt  d*Ai%I^MMe , 

de 


D  E  s  V  O  Y  AG  E&  Sm 
de  Fraope  ou  à'ïtal\f.  |^  baron  regrettait 
que  le$  airtiMe^  suédois  o'ewgeot  que  bleu  Sukàe. 
peu  de  t4itect  :  mais  il  espérait  que^  dans  la 
«uite ,  iU  en  acquéreraiefii  aulaat  qve'ceux 
des  autres  wtiottê. 

Je  quittai.  StocKholm  I0  1 1  «  et  pn'd  la 
route  d'Oregr^qd  ;  route  qui  sur  uoe  éien* 
due  de  quai-9afe«fept  miU^^ ,  traverse  un 
p^s  ïA^jfl  ç\k\ùyép  où  je  YM  UQ  gr«nd  nombre 
de  cbatfs^ux*  La  ville  d'Oregr«od  possède 
un  pont  VWf  U  golfe  de  Botknle^.et:  con« 
vepabUmefiit  ait^é  pour  le  eonmierce,  sur- 
tout celyl  de  bois  de  construction.  Du  haut 
d'uiM»  mantagne  ^  près  de  la  ville ,  00  jouit 
d'une  superbe  ¥ue  sur  ]e  golfe.et  sur  une 
grande  partît  de  h  Finla^e  :  les  îles  d'A- 
)and  panaistent  au  loin  et  font  ToSet  le  plus 
pittoresque- 

D'OregruAd»  j'alia»  à  Hedemora  »  qui  ep 
est  élpigAié  de  cent  milles  :  la  route  est 
très  ^  m^(ttvaise«  Ce  pa^s  est  sauvage  et 
ooupé  p^r  des  ÇQUioes  et  des  vallons,  des 
•montafCMS  et  de^  rochers  9  des  marais ,  des 
rivières  ei^des  Ut»  qui  im  laissent  que  peu 
de  terres  -prépares  à  la  eulture.  Tous  les 
pajsaee  ici  sept  fermiers  :  kurs  maisons 
de  bois  sottt  bien  construites  :  les  meubles 
aussi  sQot  de  boî»^  9%  f^fft  ^ouvrage  de  cfs 

Tome  IL  X 


8âs    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

paysans  qui  manient  très -bien  la  hache  et 
S^hde.  la  sqîe.  Ils  paraissent  vivre  heureux  et  con- 
tens  ;  chacun  a  sa  petite  ferme ,  dont  les 
terres  divisées  par  des  clôtures ,  entourent 
la  maison.  Ce  sont  les  femmes  qui  s'occu- 
pent principalement  de  la  culture  ,  les 
hommes  s'occupent  daas  les  forêts. 

Hedemora  est  une  petite  ville  bien  située 
6ur  une  rivière  au  moyen  de  laquelle  oa 
exporte  beaucoup  de  fer  et  de  bois  de  cods-> 
truction.  Le  ï6  ,  je  ne  fis  que  vîn^  milles 
pour  gagner  Jaktun,  Le  mattre  d'une  au- 
berge fort  propre ,  où  je  logeai ,  me  dît 
qu'il  n'était  pas  possible  d'aller  en  chaise 
à  travers  les  montagnes  de  la  Dalécarlie , 
pays  qu'on  m'avait  représenté  comme  ex- 
^trêmement  digne  d'être  vu.'  Je  renvoyai 
dono  la  mienne  k  Stockholm  :  des  paysans 
tae  procurèrent  d'autres  chevaux. 

Le  18  au  matin  ,  je  m'acheminai  vers 
Grengty  petit  village  de  la  Dalécarlie ,  éloi- 
gné de  quarante  milles  du  lieu  d'oii  je  par- 
tais. Le  village  de  Grenge  est  situé  d'une 
manière  très -romantique  dans^une  petite 
vallée  j  au  pied  d'une  chaîne  de  montagnes 
et  en  face  d'un  superbe  lac.  Toutes  ces 
montagnes  et  généralement  les  neuf  di- 
xièmes du  pays  étaient  couverts  de  forêts  ; 


D  E  s    V  O  Y  A  G  E  S;       8*3 

>  • 

mais  les  habitans  ont  des  fermes  dans  les 
vallées ,  dont  ie  sol  est  bien  noir ,  léger.     :    SuW«, 
.    Le  1 9 ,  j'allai  jusqu'à  Eplebdde >  autre  pe*» 
tit  village  à  quarante  milles  deGrenge.  Le 
pays  devenait  toujours  plus  montagneux^ 
plus  sauvage  et  plus  couvert  de  forêts.  Il 
semble  d'abord  qu'il  iij^  a  point  de,  pro-, 
priétés  particulières  dans  toute  cette  con-^ 
trée»   Mais  j'appris  que  ces  Q;)rêts  et  ces 
déserts  ont  des  propriétaires  tout  comme, 
les  provinces  les  mieuk  cultivées.  La  Da-» 
lécarlie   renferme  quelques    châteaux    de 
gentilshommes  >  dont  les  agens  font  tra«. 
vailler  les  paj^sans  à  couper  les  bois  de 
construction^  a  tirer  la  poix  etie.goudron 
et  à  faire  du  charbon.  Je  n'ai  point  vu  dé 
peuple  qui  ait  l'air  plus  content.  Les  Da-<: 
îécarliens  jouissent  constament  d'une  bonne 
santé ^  qu'ils  doivent  a  leurs  travaux  et  à 
leurs  alimenSé  Je  ne  crois  pas^  qu'il  existe 
une  race  d'hommes  plus  hardis  j  ni  plus 
braves é. Certes,  on  jie  trouve  guères  cette  . 
vigueur  active  ^  d'un  courage  indomptable  ^ 
unie  à  la  force  du  corps  ,  que  parmi  les 
habitans  des  montagnes  :  ceux  des  plaides 
fertiles    sont   eiïéminés    en.  comparais<}A. 
Cette  idée  est  parfaitement  développée  par 
Montesquieu.  SU  eut  voyagé .  d,ans  cettii 

X  a 


ga4    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

province,  chaque  paysan  qu'il  eut  rencoo- 
Suède,  jré^  Veut  pleinement  convaincu  de  la  vé- 
rité de  ses  observations  et  des  inductions 
qu'il  a  tirées  de  l'histoire  des  natiotos. 
.  Les  Dalécarliens  que  j'ai  rencontrés  pa- 
raissent aussi  simples  qu'honnêtes,  et  ea 
outrç,  ils  sont;  trè^-intelUgens  :  Thospita* 
Kté^  est  une  de  leurs  grandes  vertus.  Si 
j'eusse  voulu  tirer  avantage  de  ces  heu- 
reuses dispositions  ,  il  ne  m'en  eût  coûté 

I  que  de  belles^'  paroles  pour  voyager  dans 
leurs  pays.  L'argent  y  est  tellement  rare  , 
que  tout  en  payant  .au-delà  de  ce  quf'om 
me  demandait ,  ma  dépense  pe  réduisait 
presque  à  rien  :  je  me  nourrissais  à  la  yé^ 
rite  ,  de  même  que  les  paysans  ;  je  m'as* 
seyais  à  leur  table ,  et  toute  la  di^tincHoa 
que  je  mettais  avec  eux ,  était  de  me  cou- 

•  cher  dans  mon  propre  lit«  C'est  une  exceU 
lente  manière  ^e  voyager  dans  une  cooirée 
auss^  sauvage ,  où  les  paysans  sont  seuls 
dignes  d'attention.  Quiconque  y«ut  voir 
les  diSërences  marquées  qui  existent  dans 
les^sage$  des  hoipmes  ,  acceptera  avec 
plaisir  la  compagnie  d'un  Dalécarlien. 

Xie  21  f  j'arrivai  à  Lymay  village  éloigné 
de  quarAi^te  milles  de  Gema.  Le  pays, en 
avançant  f  devenait  des  plus  romantiques. 


DES    V  O  Y  A  G  E  S.       8a5 

Aussi  loin  que  la  vue  pouvait  porter ,  oii 
apercevait  de  vastes  montagnes  ,  pressées  6ukat>. 
les  unes  contre  les  autres ,  se  terminant  à 
cette  ckaine  qui  sépare  la  Suède  de  la  Nor- 
wége ,  et  qui  se  perdait  elle-mèmô  dans  les 
Auages.  Toute  cette  immense  étendue  de 
terrain  étdit  couverte  de  bois  épais  >  cou- 
pés en  plusieurs  endroits  par  de  grands 
lacs  de  quelques  milles ,  en  longueur  et  ea 
largeur.  Rien  n'est  plus  terrible  et  plus 
sublime  que  des  scènes  aussi  étondantes.  * 
La  situation  du  village  dé  Lydia  est  des 
plus  extratordiaaire  j  il  est  placé  près  d'une 
rivière  qui  ^  dans  le  fait  ^  n'est  qu'ude  cas- 
cade* continuelle  et  tombe  de  rocfaer  e» 
rocher  avec  un  tel  rugissement ,  qu'à  peine 
on  peut  s'entendre  dans  tout  le  village* 
Derrière  cette  cascade  s'élève  une  autre 
chaîne  de  moàtagnes  dont  les  nuages ,  dans 
un  temps  sombre  ^  dérobent  le  Sommet  ; 
mais  heureusement  pour  moi  ,  le  ciel  fut 
constamment  seYein.  L'aspect  de  ces  terri- 
bles masses  et  de  ce  torrent  qui  è'en  échappe 
pour  se  précipiter  à  leurs  pieds  est  dès 
plus  magni(k|ues.  On  voit  àflieurs  des  mon-' 
tagnes  ,  des  rochers  ,  des  chutes  d'eau  ^ 
maià  ils  semblent  n'être  qu'artificiels ,  en 
comparaison  de  tout  ce  qui  frappe  l'œil  ici«< 


3a6    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

L'impression  que  produisent  de  telles  scë- 
Suède,     nés ,  répand  une  sorte  d'effroi  dans  l'arae 
dé  ceux  qui  les  observent.  • 

Le  ^Z  au  matin ,  je  pris  le  chemin  de 
Serha  où  j'arrivai  après  avoir  fait  trente- 
deiix  milles  ,  je  ne  vis  rien  digne  de  re- 
"riiarque.  Sema  est  un  petit  village  où  les 
•paysans  ne  cultivent  que  des  jardins.  Les 
environs  toutefois  offrent  un  aspect  éton- 
nant. L'œil  s'égare  sur  d'épaisses  forêts  qui 
semblent  n'avoir  point  de  bornes.  J'arrivai 
je  26  à  Linsdal  dans  la  province  d'Helsin- 
gia  ;  cette  route  me  prit  ti*ois  jours.  Elle 
est  de  quarante  milles  et  à  travers  le 
paj^s  le  plus  romantique  y  le  plus  monta- 
gneux et  le  plus  sauvage  que  j'aie  vu  de 
•ma  vie. 

Ici  se  termina  mon  vojage  dans  la  Da- 
lécarlie  ,  et  je  le  fis  avec  le  plus  grand 
plaisir.  La  simplicité, Thonnèteté  deshabî- 
tans  ,  tous  villageois  ,  me  procurèrent  au- 
tant de  satisfaction  que  l'aspect  imposant 
et  sublime  du  pays  me  causa  d'étonnement. 
On  peut  dire  que  la  nature  règne  dans 
tout&  sa  majesté  au  milieu  de  ces  déserts 
sauvages.  Ils  sont  dignes  ,  sans  doute ,  de 
l'attention  des  esprits  les  mieux  cultivés. 
On  y.  trouve  de^  leçons  aussi  frappantes 


DES    VOYAGES.       Z^y 

et  d'un  întërét  aussi  grand  que  dans  les 

pajs  les  plus  policés.  Sq^^. 

Je  n'arrivai  que  le  28  au  soir  à  Linsdal, 
et  le  premier  juillet ,  je  vins  à  Dilsbo.  Le 
pays  que  ^e  parcourus  était  aussi  noonta- 
gneux  ,  aussi  sauvage  que  la  Dalécarlie  ejt 
pas  mieux  cultivé,  Dilsbo  est  sur  une  ri- 
vière près  de  la  Baltique^ et  jouit  d'un  port 
qui  reçoit  des  batimens  de  deux  cents  ton*» 
neaux.  Cependant  il  existe  un  bien  faible 
commerce  dans  ce  lieu. 

La  route  de  Dibbo  à  Hudou  hswald  e%t 
au  milieu  d'un  pajs  bien  cultivé  et  dont 
les  habitans  paraiseiit  avoir  beaucoup  d'ia- 
dustrie.  Je  \js  deux  ou  trois  châteaux  de 
gentilshommes  ^entourés  de  fermes  consir 
dérables ,  en  très-Bon  état.  Hudou  kswfild 
est  bien  situé  pour  le  commerce  de  la 
Baltique.  Son  port  est  spacieux  ^  sûr  ,  et 
reçoit  les  plus  grands  vaisseaux.  Quelques 
riches  marchands  habitent  cette  ville  où 
)e  vis  un  assez  bon  quai. 

Je  fus  le  £  à  Horsten  où  je  m'informai 
de  la  demeure  de  M.  de  Verspot.  On  .me 
«'épondit  qu'elle  n'était  éloignée  que  de  huit 
milles.  Le  S  au  matin ,  je  me  mis  en  route 
pour  le  château  de  ce  gentilhomme  ^  où 
j'arrivai  à  l'heure  du  déjeuner  et  je  le  trou-t 

'       X4 


' 


3^8    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

vai  avec  sa  femme  et  six  à  sept  entans, 
Suèdt.  il  me  reçut  très-pdiment.  Pendant  que 
Dôus  clëjeunâmes  ,  ce  respectable  seigneur 
m'apprit  qu'il  avait  été  pendant  vingt  ans 
sénateur  de  Suède  ,  et  qu'il  s'était  opposé 
constamment  à  un  parti  qui  semblait  pren- 
dre plaisir  à  ruiner  le  royaume  ,  et  que 
voja^t ,  après  de  longs  efforts  ,  oombieâ 
peu  ia  voix  de  la  prudence  était  écoutée , 
il  avait  pris  le  parti  de  se  retirer  dans  seft 
terres  et  de  s'y  occuper  de  Tagricultore  ; 
qu'on  Tavait  tbrtemetit  tourné  en  rïdteule 
d'avoir  pris  sur  lui  TadminisfrÀtioQ  de  se* 
biens  et  de  songer  à  vivre  avec  des  villa- 
geois ;  mais  Texpérience  m'a  appris  que  j'ai 
fait  sagement ,  ajouta  M.  Vcrspot ,  car  |'ai 
augmenté  ma  fortund,en  même-teraps  que 
)'ai  coulé  des  jour&  heureux. 

Après  le  déjeuné,  nous  fûmes  lious  pro- 
mener ,  M.  Verspot  et  moi ,  jusqu'il  l'heure 
du  dîné.  Dans  cette  promenade ,  )(^  vistles 
terres  qui  environnent  son  château  ,  dont 
la  situation  est  des  plus  romantiques.  Des 
terres  en  pente  séparent  la  maison  d'un 
superbe  lac  de  quatre  milieu  de  loDg ,  ef 
d!un  mille  et  demi  de  lai^  ,  au  milieti 
duquel  s'élèvent  plusieui*s  tles  couverte* 
de  bois,  et  dans  l'une  d'elles,  M.  Verspot 


DÉS    VOYAGES.       8^9 

a  faSc  construite  une  maisoit  ^^iiéêékklm^ 
sèment  pktée.  De  l'autre  côte  dtl  lûd  >  iC 
pays  est  extrêmement  varié  ;  et  t^ùt  éet 
vallées  irr^nlières ,  des  montlSigùëlt  à  plo  1 
couvertes  d'épaisses  forêts*  Toute  eetté  eon^ 
trée^  à  la  distance  de  plusieurs  milles  de 
chaque  cô^é ,  appartient  à  M«  Ydrspot  ;  il  a 
bâti  sur  le  penchant  de  Tunêf  de  eés  mon-» 
tâgnes  un  village  de  soixaùte-dit  maisons  i 
qui  étant  en  pierres  biândbeë ,  offrent  un 
agréable  point  de  vue*  Un  petit  vaisseau, 
à  deux  mâts  et  de  dix  canons  Vogue  sur 
le  lac ,  ainsi  que  difiërens  autres  batteaux  » 
ce  qui  ajoute  infiniment  à  la  beadté  de  la 
scène. 

M.  Verspot  vît  d'une  manière  très-no- 
ble et  même  recherchée.  Sa  table  est  cou- 
verte de  tous  les  mets  que  Tart  peut  pro« 
curer  dans  ces  contrées  du  nord. 

Le  4  au  matin  ^  nons  montâmes  a  c^heval  ^ 
M.  Verspot  et  moi ,  pont^  aller  voir  cette 
partie  de  ces  terres  qu-il  cultive  lui-^même. 
Ce  terrain  était  entrecoupé  de  collines  et 
de  plaines  entièrement  en  rapport.  Tous 
ces  champs  étaient  ensenlèn^és  ou  plantés 
de  blé  >  d'orge,  d'avoine  ,  de  sarrasin  «  de 
navets  j  de  carottes  ^  de  trèfle  ^  de  pois  et  ^ 


«hM»'. 


33o    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

r 

de  fèves.  Ces  diverses  plantes  avaient  une 
Sttëde.  telle  vigueur ,  que  je  crûs  n'en  avoir  ja- 
mais remarque  d'aussi  fortes  ,  même  en 
Angleterrie  ;  j'étais  extrêijnement  ëlonoé 
d'en  voir  de  semblables ,  et  j'en  témoignai 
ma  surpi:is€^  à  M..  Verspot.  Il  me  répondit 
f(  que  riçp;  li'était  si  commun,  que  de  lire 
«  ou  d'eqtQt^dre  dire  qu'un  pays  est  si  froid 
<c  que  ses  h^bitans  ne  peuvent  subsister  que 
«  du  pi^oduit  dé  leur  pêche  ,  de  leur  cbasse 
.«c  et  de/  qtielqqes,  misérables  récoltes  d'à- 
«  voine.  il^ai  vingt  <  ouvrages  dans  ma  bi- 
«  bliotbèlqu^:  ;  où  l'on  dit  que  le  blé  ne 
'  «  réussit  pKs^en  Suqde,  passé  le  soixan* 
«  tième  degré  de  latitude.  Je  suis  çepen- 
«  dant  convaincu  que  la  bonté  de  la  pro- 
ie videÀcé  est  si  grande  ,  que  toutes  les  es- 
«  pèceé  de  grains ,  de  racines  et  de  légumes 
i<  que  je  recueille  maintenant  sur  mes  ter- 
«  res  ,  peuvent  également  croître  partout. 
«  La  difficulté  ne  consiste  qu^'à  bien  connai- 
«  tre  le  gonre  de  culture  qu'exige  la  oa- 
«  ture  du  climat.  » 

Le  6  ,  je  quittai  Bavesbourg  ,   enchanté 

de  ses. maîtres,  et  pris  la  t^oute  d'Herno- 

sand  sur  la  Baltique  et  dans  la  province 

-  d'Angermanie.  Hernosand  en  est  la  capitale 

et  occupé  yne  petite  ije  du  golfe  de.Both* 


DES    VOYAGES.        35i 

nie.  Elle  fait  un  faible  commerce  en  fer  et  ~ 
en  bois  de  construction.  ^"^  *' 

Le  8,  je  gagnai  Scensio  petit  village  ,  sur 
une  baie  ^  dont  les  habitans  vivent  de  leur 
pêche  ;  en  conséquence  ,  ils  font  sécher 
une  grande  quantité  de  poissons  pour  passer 
leur  hiver.  Les' '  paysans  ^  dans  toute  la 
Suède,  n'ont  besoin  d'argent  que  pour  peu 
d'objets.  Leur  récolte ,  leur  chasse  ,  leur 
pêche  les  noiu^rissent*,  et  ils  fabriquent  eux-« 
mêmes  les  étoflfes  dont  ils  s'habillent.  Le 
sel  et  l'eau-de-vie  sont  donc  les  principaux* 
articles  qu'ils  sont  forcés  d'acheter. 

Le  9,  je  fis  à  peu  près  quarante  milles  pour 
gagnei*  Grunsundj  je  logeai  dans  la  maison 
d'un  paysan  qui  possède  en  propre  une' 
petite  ferme,  et  qui  je  crois, est  Thomme: 
le  plus  heureux  et  le  plus  conteni  du  mon- 
de. Il  refusa  Targent  que  je  lui  offris  en 
paiement,  et  me  répondit  qu'il  était  çon-, 
vaincu  que  s'il  voyageait  dins  mon  pays  y 
)e  ne  lui  refuserais  pas  quelques  alimens 
et  le  couvert  pour  une  nuit.  L'iioijnête 
homme  agissait  ainsi  par  principe  d'hos-, 
pitalité.  L'argent  n'a  r|\ïe  bien  peu  deva- 
ledfr  pour  moi  ,  me  dit  il  ,  ma  ferme  suffit 
à  mes  besoins  et  à  ceux  de  ma  famille.  Ce. 
cultivateur  avait  upe  femme.,  .deux  fils  et. 


38i   HISTOIRE  OÉT^ÉRALE 

deux  filie§  qui  tous  semblaient  animes  da 
^w«.  même  esprit  que  lui.  L'emploi  des  trois 
hommes  était  la  chasse  ^lii  pèche  et  la  par- 
^  tie k  plus  pémblc  du  labourage.  Les  femmes 
ocNtdUfsdieht  Ijbcharrue  et  s'occupaient  dans 
leur  ferme  de  tous  les  travaux  auxquels 
leur  fbr^e  pei^mettait  qu'elles  se  livrassent. 
Elles  tiibrrqnaient ,  en  outfd  ,  les  étoffes 
|iour  toute  la  famille.  Ce  fut  arec  bien  do 
plaisir  que  î'éutrai  dans  toutes  les  particu- 
larités qui  la  doneerfeaiént  ,e€  qtie  je  trouvai 
eette  cabaise  dû  résident  ccnarstammMt  le 
bonheur  et  Id  pAix. 

La  ville  d'Una  dans  laquelle  j'arrivai  le 
£1  ,  est  uae  des  f>lus  considérables  de  la 
Westbothnie.  Elle  est  situéi^  sur  utfê  très- 
belle  et  itk9-\»ffi  rivière  qui  se  fett^dans 
le  golfe*  Soii  port  'peut  reœvoir  d'assez 
grands  vaisseaux  qui  vrnytient  y  prendre 
des  bois  de  eonstNKtiott ,  du  f#r  /  du  gou- 
dron de  la  poix  >  etOé 

Je  fus  deux  jours  pour  arriver  à  SdW^n- 
fûjr  y  distant  d'Una  de  quàtrd-Vîfi^t  milles. 
Je  passai  la  nuit  dans  un  village  ^  oif  ^  pour 
)a«  prenMère  fois ,  je  ne  trouvai  que  des 
barbares.  Personne  ne  voulut  nï'ouvrfr  , 
chacun  étadt  persuadé  que  j'étaie  un  espion 
de  la  Russie*  Je  irappai  donc  de  porte  eo 


DE  s    Y  O  Y  A  GES.       333 

)!iorte  :  mais  tons  les  babitstiis  eurent  U 
même  idée ,  de  sorte  que  nul  ne  Voulut  exer^    s^kà». 
eer  envers  moi  l'hospital'ité.  A  force   de 
chercher  ,  je  parvins. cepeddant  à  une  ca^ 
bane  iBolitairei  J'étais  décidé  à  eiiti*er  de 
force  ou  de  gré ,  et  à  prendre  la  ^Mrteressé 
d'assaut  en  eas*de  relus.Me|B  prières  turenf 
yaîftes.  XI  nj^ avait  pas  4e  place  pqi^r  nous, 
qufliîque  pmismiasicmspiiDmbde  bien  payer 
tout  ce  cpie  joéus  pnendiiloas.  Je  fis  doa<} 
3Îgne  à  inèft  '.  geiisi .  d^cstourer  la  maison  ; 
p^ndaqt  b^,  j'attaicpieraif  ;'  mi^  |dan  fat 
esxé9yA€  dans  un  iasÉaat, .  Je  ^issrfsenia»  |it6S 
pistolets  au  pajsan.  Mes  gens  lui  lièrent  \^i 
pieda  et  Jbsâuqfis,  Movs  aous  «ssnyÀme»^e 
la.  fenune  et  deaîeafaaa  à  qtii  'nous  atta* 
ebdosM  les  mainrderiîère  le  dos ,  nous  te< 
fSiiMft en^uitei  p|ssér  dans  une  a^tre  cbamt 
bi'e  >  où  Usfuiitiil»  èiili^Aiés-       f^  chargeai 
le  pos^Hop  de  veâli^  sur  ^x  ?  9A&f%  nous 
primes  possession  lie  nMt-^  4o»quéto  ;  et 
noue-  iuaiigeiâ|ne|s^  lusii  «nets  ^^réss^ere  que 
nott^  trouriaoïesi  Apta^  quoif  fe  fis  dresseï^ 
mon  lit.  Je  passai  'ti4s-biea  k  ntiH  >  et  «mis 
que  les  priaQnnîevs  noua  fissent  e«fSujer  Iji: 
m^^indpe  allaiptt)^.  Le  lendenia?»  maf^n  je 
continuai  ma;^  rpute ,  kissaut  ks  maîtres 
ioospitaliers  da  la  çabani^.  l|és< ,  jusqu^à  et 


334    HISTOIRE  GÉNÉRALB 

que  leurs  voisins  dont  la  maison  était  visa 
^hd»,     vis  vinssent  les  délivrer. 

La  ville  de  Scornfay  est  par  65  degrés 
de  latitude ,  et  toutefois  je  ne  m'aperças 
d'aucun  changement  dans  le  cKmat  ni  dans 
la  culture.  Je  vis  les  mêmes  plantes  qne 
plus  au  sud  et  probablement  elleç  ont  un 
succès  égal.  La  longueur  du  jour  ,  en  été» 
dans  ces  latitudes  septentrionales ,  permet 
peut-être  d!y. cultiver  les  même»  espèces  de 
grains  que  dans: les.  climats  méridionaux. 
C'estainsi  que  la  providence  rend  les  plantes 
les  plus  utiles ,  communes  à  toutes  les  con* 
trées. 

J'arrivai  le  té  k  Pitha ,  après  tme  route 
de  trente  :n)illes.  Je  crois  a'avoir  vu  nulle 
part  plus  d'industrie  qu'ici.  La  richesse  des 
paysans  de  cette  contrée  parait,  consister 
en  cochons  qu'ils  engraissent  avec  des  ra- 
ciales bouillies  et  des  pois  ;  lorsque  le  froid 
les  pblige  de  les  tenir  renfermés» 

Pitha  est  une  fort  jolie  petite  ville  ,  l»en 
bâtie ,  qui  a  l'avantage  d'un  port«  Il  s'y  fait 
un  peu  de  commerce ,  je  trouvai  dans  cette 
ville  une  assez  bonne  auberge  ,  dont  le 
maître  était  à  la  tbis  intelligent  et  poli  ;  cet 
honnête  homme  me. dit  que  la  ville  était 
pauvre ,  et  le  pajs  adjacent  encore  .plus  : 


'    D  E9>  VOYAGE  S:       335 

que  $1  Ton  ne  voyait  pas  de  teiop^.en  temps 
quelques  vaisseaux  ,  on  ne  sauitiix  ce  que  Saëd».- 
c'est  que  l'argent.  La  politique,  du  temps 
lui. iburnit  un  texte  à  beaucoup  de  corn* 
mentaires  ,  et  il  me  parut  ford  au  courant 
de  la  gazette!  de  Stockholm. 

J'allai  le  lendemaîa^^y  à  Lulay antre  ville 
avec  un  port  ^  à'  l'embouchure,  d'une  très-  , 
belle  rivière  /doat  le  cours  èsdlDnjg-^temps 
navigable ,  et  quf  je  crois  prdod  sa  source 
dans  l'intérieur  de  la  Laponîe.  Je  partis 
le  %8  ,  pour  Tornco ,  et  pris  ma  route  à 
travers  un  pays  montagneux  ^t  sauvage 
dans  lequel  on  ne  rencontrait  que  très** 
rarement  un  village.  Depuis  plusieurs  jouré 
je  ne  voyais  plus  de  châteaux.  Quelques 
terres  uniquement  cultivées  poUr  la  subsis- 
tance des  hdbitansj  entouraient  leurs  ca-^ 
foanes  ;  on  pouvait  cependaxft^aûgurer  que 
cette  contrée  ,  quoique  par  66- degrés  de 
latitude  ^fournissait  abondamment  aux  be- 
soins d'une  nombreuse  pôpulirtion. 

Torneo  est  uîieux  placé  que  toute  autre 
ville  située  sur  le  golfe  de  Bothifie  ,  pour 
commercer  avec  Ja  Laponie  qui  y  fait  pas« 
ser  des  fourures ,  dont  quelques-unes  sont 
de  grand  prix.  Trois  belles  rivières  qui 
traversent  la  Laponie  suédoise^  et  ouvrent 


336    HISTOIRE  GÉNIÉHALE 

upc  «omimmieatian  avec  celle  de  Norwège 
Saè40,  et  de  Russie  eooient  près  de  Torneo.  J  y 
vis  donc  pliAS  de  navires  qu'ailleurs.  La  ville 
est  bien  bâtie  ^  les  rues  sont  lau*ges  ,  droites 
et  pavées.  Le  nombre  des  sëgocians  qui 
l'habitent  est  asseas  grand ,  et  Von  en  compte 
quelques-^uns  de  riches.  Us  fontoonstruire 
des  vaisseaux  pour  les  louer.  Mais  tonm  lenrs 
efforts  ahoiitissefit  a  peu  de  chose ,  faute  de 
population  et  de  richesses  naturelles  dans 
rinlérieur  du  pitys. 

Le3i  jviUet,  )e  quittai  Torneo  et  gagnai 
Coymnnwn^  petite  ville  située  sur  la  côte, 
et  dont  les  babitans  svhfiistent  de  la  pèche. 
Cenx  des  piurtiM  les  phis  septentrionales 
des  deuj:  Bothnies  ne  maiembleDt  poiot 
aux  Suédois  ides  provinces  1m  plus  mtfridîo- 
iiales  du  rfçravme.  Ils  sont  plus  petits» 
mwo$  iatelljgeiis  et  moin*  instruits.  Plu- 
sieurs d'optr'f  not  cousent  envmdble  >  et  fort 
grossîireiMot  dw  posnx  de  renards  et 
d'autres  bâtes  fmves  ,  powr  s'e»  faire  dei 
bsbits  assee  bisarres.  Je  ks  trouvai  d'oa 
csvsetèv0  psiAiblA.j  flionple  et  fort  humai  a 
Levirtondiakeest  f  rès  respeetoeuse  et  très- 
poUe*  lia  ne  saluent  pas  comme  les  autres 
^«édoisnlsvom  prennent  la  naain  droite  , 
Vspf^iqufn^  sur  leur    main  gauche  ,  et 

ibnt 


î)  Ë  S^  VOYAGES.       3*7 

font  en  même^-temps  de  fort  étranges  gri- 
ibaccs*  Suèi«4 

Le  s,  août  ,'jé  vîris  à  Salo  ,  le  pays  qtîé 
je  traversai  n'est  point  montagneux  ,  il  est 
plat  et  entrecoupé  de  petites  collines.  J'allai 
ensuite  à  Nicarlby  ^  petite  ville  avec  un 
port.  Elle  est  éloignée  de  quatre-vingt- 
dix  milles  de  Sàlo^  où  jen^arrlvai  que  le5« 

J'allai  le  6  à  Vero,  autre  petite  ville  «ur 
le  golfe  avec  un  bon  -port  et  un  quai  bien* 
bâti  >  qui  forme  la  plus  belle  rue  du  lieu  $ 
la  population  de  cette  ville ,  qui  est  assez 
pauvre  »  ne  parait  pas  s'élever  au-dessus  dé 
sept  à  huit  cents  âmes.  Wassay^  où  j'arrivai 
le  7  ,e8t  plus  considérable,  ainsi  que  son 
commerce;  la  ville  est  habitée  par  des  mar- 
chands à  l'aise,  qui  exportent  sur  leurs  ba- 
timéns  une  grande  quantité  de  bois  de  cons'- 
truction  ;  mais  malheureusement   ils  re- 
viennent  à  vide  ^  car  le  pays  adjacent  n'esta 
au-delà  de  quelques  milles  ,  qu'une  forêt 
continuelle  ^  sans  hameaux,  ni  villages ,  qui 
aboutit  presque  à  la  Russie  blanche ,  et  par- 
court plusieurs  provinces  russes^  sur  un 
espace  d'environ  sept  cents  milles  sans  un 
seul  habitant.  Je  ne  le  su^  que  par  hasard  ; 
car  aussitôtque  j'eus  commencé  mon  soupe, 
l'hôte  entra  dans  ma  chambre^  etm'an-* 

Tome  II.  Y 


338^  HISTOIRE  GÉNÉRALE 

nonca  qu'il  y  av4ic  dîins  la  chambre  voisine 
5uè4c«     une  assemblée  de  plusieurs  messieurs  de  la 
ville  qui  tenaient  un  club»  et  qui ,  ajaot 
apf}pris  qu'il  se  trouvait  un  étranger  dans 
ratiberge»  le  faisaient  saluer,  et  Tiovitaient 
à  passer  avec  eux  la  soirée.  Je  leur  fis  ré- 
pondre que  j'accepterais  leur  prop<)sition 
avec  plaisir  ^  m^ais  que  malbeureuaeitieQt  je 
ne  savais  pas  la  langue  du  pays ,  et  cj^e  mon 
domestique  était  mon  seul  intei'prëte.  Ces 
messieurs  me  firent  dire  que  si  je  parlais  le 
français  ,  l'un   d'eux  pourraii   ciiiMaverser 
avec  moi  ;  sinon  »  qu'ils  me  priaient  d'âme- 
Àet*  «noiA  domestique.  Xy  allai  seul  »  ef^  dès 
que  je  parus  ^  ils  se  levèrent  tous  pour  me 
saluer  à  la  mode  du  pays  ;  ils  étaient  oeuf» 
Tua  d'eux  paraissait  être  le  personiia^  le 
plus  important ,  c'était  celui  qui  savait  le 
iraAv'Ats  :  il  était  ^ôrt  gros  et  se  :plaig4iait 
extrêmement  de  la  goutte.   Je  docouvrii^ 
qu'il  était  marchand  dans  cetie  ville  «  et 
qu'il  «vait  été  caspitainfe  de  vaisseau  { sci» 
compagnoBS,  pour  lui  faire  honneur  ,  l'ap* 
pelaient    toujour  monsieur  h  Cé^^tmine. 
Agé  d'environ  cinquante  a;as,  il  étai tasses 
enjtNié,  gra^nd  parleur, et  il  avait  yoyagé 
dans  presque  toutes  les  parties  du  monde. 
Rarement  on  trouve  un  tel  honcune  dans 


DES    V  O  Y  A  G  E  8.       389 

ces  provinces  éloignées  de  la  Suède.  II  me  ■- 
dsmaoâa  fort  poliment  qUel  était  mon  nom.  Suède. 
moQ  pajs,  et  quelle  aJBPairem'amenaiten  Suè- 
de ;  je  le  satisfis.  Après  cette  confidence ,  je 
9) 'aperçus  que  je  gagnais  beaucoup  dans 
leur  esprit ,  eX  qu'ils  étaient  en  quelque 
sorte  i  r^cpnnaissans  que  j'eusse  jugé  leur 
pays  digne  d'être  vu.  Tout  le  reste  de  cette 
société  paraissait  être  composée  de  mar- 
chands ,  de  commerçans  et  de  capitaines 
de  vaisseaux ,  les  uns  et  les  autres  tort  pro- 
prement vêtus  ,  et  paraissant  des  hommes 
de  poids  ;  le  seul  désagrément  que  j'éprou- 
vai dans  leur  compagnie  ,  fut  causé  par 
leurs  pipes  ;  ils  fumaient  tous  et  sans  cesse. 
Ces  messieurs  me  firent  plusieurs  questions 
sur  les  usages  et  les  coutumes  d'Angleterre , 
et  mes  réponses  parurent  leur  plaire  infi- 
niment. 

Nous  continuâmes  à  causer  ,  et  le  soupe 
vint  me  débarrasser  pour  un  temps  des 
nuages  de  fumée  qui  sortaient  des  pipes  de 
cesmessieuss.  Le  repasétait  composé  de  tout 
ce  que  la  ville  ofiî'ait  de  meilleur;  le  pois- 
son en  taisait  la  principale  partie;  les  vins 
étaient  passables ,  il  y  en  avait  quelques-uns 
d'Espagne  -,  et  l^aucoup  de  Champagne. 
X)eux  ou  trois  personnes  de  la  compagnie 

Y  a 


340  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
Bcependant  buvaient  de  l'ean-de-vie  de  pré-* 
fërence  à  toute  autre  liqueur  et  aussi  abon- 
damment que  si  c'étaitla  boisson  la  plus  lé- 
gère. Après  le  soupe ,  tous  les  convives  re- 
prirent leurs  pipes, à  mon  grand  déplaisir; 
enfin  nous  nous  séparâmes  fort  contens  les 
uns  des  autres;  et  le  lendemain  ,  Je  repris 
la  route  de  Stockboljn. 


DES    VOYAGES.       341 


■ 


L I  V  K  E    VIL 


jL 


CHAPITRE    PREMIER, 

Voyage  de  William  Coxe  en  Danemarck, 
—  Passage  du  Sund.  —  Entrée  en  Da^' 
nemarck.  —  Elueneur.  —  Douane  du 
Sund.  —  Château  et  palais  de  Cronenb' 
bourg.  —  Anecdote  sur  la  reine  Mor 
thilde.  —  Jardin  de  Hamlet.  —  Copçr 
nhague.  -.  Ile  d^Amac. 

X1.PRËS  quelques  jours  de  repos  à  Stoc- 
kholm ^  continue  Coxe  ^  le  22  mars  ^  nous  Danemarok. 
nous  embarquâmes  à  Helsinbourg  pour 
passer  en  Danemarck  ^  et  nous  traver- 
sâmes le  détroit  de  Sund  qui  sépare  kt 
Suède  de  ce  royaume.  Le  vent  était  frais 
et  directement  contraire  y  mais  en  louvoyant 
nous  gagnâmes  Elseneur  dans  une  heure 
et  demie.  La  distance  en  ligne  droite  entre 
les  deux  points  les  plus  avancés  des  deux 
côtés  est  d'environ  trois  milles.  A  moitié 
•hemin  nous  jouîmes  de  la  vue  qu'ofFreot 

Y  3 


34a    HISTOIRE  GÉNÉHALE 

mmmmmm  le»  dcux  côtcs ,  et  cellc  dcs  vîlles  d'Hclsîn- 
Dancmarck.  bourg  et  dl^îseneur.  La  première  qui  est 
en  Suède  est  ornée  d'une  ancienne  tour; 
la  seconde  ptéfltute  le  palais  de  Cronem- 
bourg  ,  objet  moins  pittoresque  ,  mais 
beaucoup  plus  beau.  Les  côte  de  la  Suède 
dik  Hbrd  de  Helsii^boMrg  sbnt  l^ordées  de 
rochers  escarpés  qui  s'abaissent  vers  le 
sud  ;  celles  de  111e  de  Sélartde  bU  de  Da- 
nttnhtcV.  sotit  des  oollines  sablotineiises. 

Elseneur  est  une  vîllé  assez  bien  bâtie  : 
li^s  hiaisons  ^ont  de  briques  6t  ressemblent 
à  eellëè  à^  là  Hollande  :  elle  est  une  des 
plft^  anciennes  Villes  de  Ddnemàiicîk  ,  et 
après  Copenhague  ,  la  plus*  î^ôittrtt^rçabtc 
de  l'île  de  Sélande  :  elle  contient  environ 
j.Sfàto  habitaBS^'  y  compris  la  {garnison  ,  et 
ies  personoes  qui  habitent  ie  château  de 
Cronem bourg.  Toutes  les  natioDS  com- 
merçantes dans  la  Baltique  y  ont  des  omi>* 
«uh. 

Le  passage  do  Sund  est  défem^a  par  h 
forteresse  de  Cronemtourg  qui  tmt  bitte 
k  l'extrémité  de  la  langue  de  terre  ia  phis 
avancée  dans  la  itoer.  C'est  un  château  prei^ 
que  carfcié ,  de  deux  cent  trente^^deux  pteës  > 
anr  deux  cetit  quatorze;  très-bi^n  ibnp- 
fié  du  cdté  de  terre  par  des  fossés  ,  dm 


DÉS    V  O^  Y'  À'  G  -  E  S.       343 

l^astlons  et  d^autres   ouvrages  régulîer» , 
et  défendu  an  eàté  de  la  mer  par  plvisietirs  i>»»«n»«*^ 
batteries;  Tout  vaîsseati  «jtfî  passe  le  dé- 
troit est  ebligé  de  baisser  ses  Toifes  et  d'aé- 
quîtter  lêÈ  droits  de  la  douane  d'Efseneur. 
Cest^Popînlon  générale  que  cette  forte- 
resse commande  le  passage  du  Sund,  et 
que  les  vaisseaux  ne  peuvent  se  dispenser 
de  pafsser  smis  ses  battetfes ,  à  cause  de* 
bas  fonds'  et  des  courans  qui  sô  tronvètft 
sur  ïà'  côte  opposée  ;  maïs  cette  oprnîoti 
n'est  pas  ^fondée:  Il  est  vrai  qu'il  est  plus 
sûr  pour  les  vaisseaux  de  passer  près  de 
la  forteresse  ,  à  cause  des  ùourans  noiri» 
bi^eux  et  tofitraîres  qui  sont  dans  ce  dé- 
troit :  hiaîs  il  a  assez  de  profondeur  partoirt 
pouf  que  lé»  vaisseaux  puissent  passer  loin 
des  batteries ,  et  que  tnême  les  plus  grands 
puissent  ranger  de  près  la  câfte  de  Suèdr;. 
Ainsi  rassujettîssement  au  péage  du  Sund 
est  bien  moins  dû  à  la  crainte  qu'on  a  de 
cette  forteresse^  qu'à  une  reconnaissance 
de  ce  droit  établi  par  u«e  loi  générale. 

Tous  les  vaisseaux  sont  donc  obligés  de- 
payer ,  outre  tin  léger  impôt,  le  quart  pour 
cent  de  leur  cargaison ,  -excepté  les  Anglais  ^ 
les  Français  ,  les  Hollandais,,  et  les  Suédois* 
tjuî  ne  payent  qu'un  pour  cent  :  de  son  côté  ^ 

Y4   ■ 


844  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
le  Danemarck  a  établi  des  faaaux  dans  tous 
,  |>iiiicianrok,  les  endroits  dangereux  ;  d'autres  feux  bril* 
lent  sur  la  cAte ,  en  ditf'érens  endroits  pour 
^i^iider  les  vaisseaux  dans  les  nuits  obs- 
cures et  orageuses.  Ce  sont  même  ces  seules 
précautions  qui  forment  véritablement  le 
titre  primitif  du  péage  qu'il  lève  sur  les 
vaisseaux  étrangers  qui  passent  par  ce  bras 
de  mer.  D'abord  les  commerçans  commen* 
cèrent  à  payer  une  somme  modique. pour 
Tentretien  des  fanaux  qui  leur  étaient 
^utiles.  Cette  contribution  libre  e(  iadéter* 
minée  dans  le  principe ,  est  enfin  devenue  uo 
.droit  réeL  Les  rois  de  Danemarck  ont  en- 
suite fait  diverses  conventions  pour  la  taxe 
de  ce  droit,  avec  chaque  nation  en  par* 
ticulier,  Cette  taxe  a  d'abord  varie  selon 
les  temps  et  les  circonstances ,  elle  a  été 
chaussée  ou  diminuée.  L'acquiescement 
qu'ont  donné  toutes  les  nations  commer* 
çautes  de  l'Europe,  par  diffërens  traités, 
au  péage  du  Sund,  fait  qu'il  est  impossible 
de  se  refuser  au  paiement  exigé,  et  il  est 
devenu  un  droit  inconstestable  ,  jusqu'à  ce 
que  toutes  les  puissances  européennes 
s'accordent  pour  le  faire  cesser. 

Le  péagd  du  Sund  est  une  branche  de 
revenu  considérable  pour* le  Daaeoiarck: 


.      DES    V  0  Y  AGE  S;       345 

bn  est  obligé  et  payer  eo  espèce.  Les  droits  . 
se  perçoivent  tani  siiries  înavires  séparé- ^^°®™°'^^^' 
ment  que  sur  les  marchandises  qui  y  sont 
embarquées.  On  ,nou8:a:  assuré' que  >1<  an  née 
1789^  a  valu  SiOQOjOoo  de  Hvre&èt  atH4elli* 
Les-  vaisseaux  aie, sont  poiqt  visîeés^  on  s^en 
rapporte  uniquement  à  la  déclarâtkmwdu 
capitaine',  à  qiui  la  douane  paie  quatre  pour 
cent  déblai  contrjbvftioif  levée  sur  les  mar- 
chandises qu'il  .a  déclarées.  On  a  Imaginé 
ce  moyen  poxïr .  edgâger  les  .  capitaines  à 
déclarer  au  juste  la  quantité. de  marchan- 
dises qu'ils  ont  (avec  eux.  On  met  une  grande 
célérité  dans  T^xp^dition  des  papiers  d'un 
vaisseau.;  en  1790,  il  a  passé  dansle^Sund 
au'^delà  de  neuf  mille  bâtimens«. 

Le  château  de  CroiieÉibourg  qui  est  dans 
la  forteresse ,  est  un  grand  édifice  carré', 
dans  le  goût  gothique  ,  bâti  de  belles 
pierres  dp  taille.  Une  inscription  placée 
sur  le  portail  ,  apprend  qu'il  a  été  com- 
mencé par  le  roi  Frédéric  II  en  1677  ,  et 
achevé  au  bout  de  huit  ans.  Ce  grand  prince 
le  bâtit  tout  de  son  trésor  particulier,  quoi- 
qu'il lui  coûtât  de  grandes  dépenses.  Il 
avait  accoutumé  de  dire  çu'il  ne  voulait 
pas  qu'on  y  mît  une  pierre  qui  eût  coûté 
de  l'argent  à  ses  sujets.  Ce  ehât^au  était 


346    HÎSTOtRE  GÉNÉRALE 

oertàioQiteirf:   trè»  *  magufflqtte    pciaf  '  le 
^  ,  teGQ0»  eii:  il  fut  bâtîé.  La  saUe  dite  de» 

Ckei^aliersj  peut-^re  eBcore  aofoofd'hui 
Adjauît1ée:'^'lèa  ornemenff,  les  taUeaox  de 
J^é^^e  ^  leer  vaétee  souteiraina  de  la  forte- 
resse ne  «ont  pas  non  plus  indigoea  de 
Ifatliention  des  voyageurs. 

Ij^'infertiioée  reine  Caroline  Mathilde» 
passa^  quelque  tempe  dâeé>  «e  clWiteau  ,  oh 
elfe  occupait  l'appertemeift  di»  gùturei^oeur 
Elle  atàit  la  permission  de  se  promener 
surleremplart  et  eur  la  terrasse  de  la  tour, 
qw  est  couverte  de  plemb.  Ignorant  le  sort 
qui  Tattenddit ,  et  en  proie  à  tonte  sorte 
deOraiittes^  elle  ne  pût  recevoir  qu^avec 
autant  de  foie  qtM  de  surprise  Tordre  de 
sa  débvranca  que  kil*<avait  obtenu  et  que-l 
lui  apportait  Idmitvisfre  d'Angleterre  ;  elle  1 
fondit  en  Umes  ^  t^ettibrassa  dans  un  trans- 
port de  joie  et  le  nomma  soti  libérateur. 
Après  une  courte  conversation ,  ee  toroistre 
proposa  à'  la  reine  de  passer  sur^e-champ 
à  bord  d'un  vaisseau  qui  l'attendait.  Mais 
ridée  d'abandonner  la  princesse  sa  fille, 
énfaM  de  ^inq  mois  ,  qu'elle  nourrissait 
elle^fflétne  et  qui  'fiiisait  toute  sa  consola* 
tion ,  vint  mêler  k  sa  satisfkction  le  senti* 
ment  de  la  plus  cru^lè  neine*  Cet  enfant 


D  ES    VOTA  GKS/     847 

alors  maJad^  ^  ayait  bBSotto  p)u9  ^u^  jamais 

des  aolcis  d'u9&.'«iore  si  tendl*e#  On  ae  KinémâieL 
poUTaU  obceair  d'elie  ,  qu'elle  fan  dit  un 
éternel  adieu.  Enfin  ^  af>rès  mille  âîrretlM 
interrompues  par  lea  expréssioas  du  |iitt^ 
violent  .dés6sp(>ir ,  elle  Ibt  obligée  de  «(en 
séparer.  Elle  restil  sûr  irn-  pont  ainsi  loo|^ 
temps  que  sa  vue  put  démêler  «ntore  le  lieft 
qui  le  retenait ,  et  privée  de  oeite*  IviKe 
comolation  ^  elle  «e  livra  dès  ee  mmiient 
à  une  .mélancolie  pvolbnde  qu'elle*  eêSâjlaît 
en  vain  de  disaîmiiler,  et  qui  iaeoèMiâià 
jusqu'à  ce  quuné  fièvre  scarlatine  la  ton^ 
duisSt  au  toipbeâûddns  le  chiteau  de  2eU 
où  ellf^  avait  fiié  sa  régence. 

d'une  mflâseni  rojttle  qvi  n'est  4|u'à 
Eli  -mille  de  Crotoembourg  y  ^  liil 
jardin  que  Aous  eâmes  la  curiesité  «d'aUer 
voir,  parce  qu'on  le  ndsime  le  jai^ki  de 
ffamlôi  y  et  que  suivant  là  tradition ,  éVst 
dans  ee  même  Heu  que  le  p6re  de  'Oe  prince 
lut  assassiné.  La  maison  est  tt^ès-môderne  > 
et  située  au  pied  d'une  côlHne  Mbkmmêuife 
au  lM9rd  de  la  mer  :  c'est  un  trèi-teAn  IkM , 
et  remarquable  surtout  pav  la  Vâtt  sllpl^rbe 
dont  on  y  jouit  ^  et  qui  s'étend  Ml'  )e  Cate-^ 
^ade ,  sur  le  détroit  du  Sund  et  les  eâttt 
de  Sélande  et  de  Suède. 


348    HïS.TOÈRE  GÉNÉRALE 

DADa*  la  trugédie  à^Hamlet^  de  Shaker 
Paûcmarok.  ppa,. ^  le  lîeu^de>.la  soëner'est  à  Elseneur; 

oetjajateur  a,ieraprunté  Tes  principaux  ioci- 
âta^itbtaAipièce'^e  rkistoire,  mais  d'une 
liî)s|oîife  81  aîicieime  qu^il  nV^t  pad'  aise  d'y 
idéméke  le  vrai  d'arec  le  fabuleux.  Saxon , 
l^e^iiaimnairien'qm  vivait  dans  le  douzième 
eiè^le,  est  le  plus  ancteq  historien  du  Da- 
nemark qui  lasse  rnentioa  dé  Ham-let  et  de 
«es  aventures.  BelleForest ,  auteur  français , 
a  pr;îs:  de  lui  ce  trait  d'histoire  et  l'a  en> 
bellî.À  sa  manière.:  vmanglais  Ta*  traduit 
de  BelleForest  ^  et  Ta  publié  soua  le  titre, 
A'JSisUoire  d'Hamlei.  Enfin  ,    Shakespear 
s'est  servi  de  cette-  traduction  pour  faire  de 
cette  aventure  le  sujet  de  sa  tragédie,  mai^en 
l'altéran^t  encore  »  etea  y  ajoutant  beaucoup 
4'incidônft  de  sob.  invention.  L'admiratioo 
quel'0s,angkiis  ont  voué  à. Shakespear,  eten 
particulier  à  la  .tragédie  de  Hamlet ,  peut 
Iquî  faîce  trouver  de  i'intérèt  dans  celte 
histoire  ,   ou  plutôt  dans  cette  romance 
bi?^rre  et  pleine  de  circonstances  absurdes , 
c]A^e.SMi;Qn  a  insénée  avec  tant  d'autres  dans 
SftSiWX^lçs  et  racontéedans  son  style  fleuri 
et  ^oipoulé.  Mais  ce  très-long  et  très-mer* 
vçiUj^ux  récit  ne  peut  avoir  ce  même  mé- 
'      rite  pour  les  lecteurs  des  autres  nations. 


DES    V  OTA  G  Ê&.  Il   S40 

• 

distance  d'Elseneur  à  Copëtihagué , 
est  .d'environ  vingt  mtlItSi  On  *  suit  quel- I^*û«»™*^' 
quefois  le  bord  de  la  mer ,  quelquefois  oh' 
traverse  de  petits  bois  de  bêtpes  et  de  chêh 
nés  ;  souvent  on,  parcburt  un  pajs  ouvert ^ 
parsemé  de  collines.  Le  sol  est  mêlé  de 
sable  et  de  bonne  terre  végétale  bito  cul- 
tivée et  fertile  en  grains.  Les  maisons  der 
paj^sans  sont  en  grand  nombre:^  propres  ^ 
bâties  de  briques ,  et  plusieurs  sDnt  blan- 
chies. Le  chemin  était  excellent^  mais  il 
fallait  payer  cet  avantage  à  plusieurs  bar- 
rières ;  nous  avons  été  exempts  de  cette 
taxe  en  Pologne ,  en  Russie  et  en  Suède. , 
Vers  le  soir ,  nous  arrivâmes  dans  la  capi-* 
taie. 

Copenhague  est  située  sur  uu  petit  pro- 
montoire de  la  côte  orientale  de  111e  de  , 
Sélande.  Le  sol  en  est  tout  uni ,  bas  et  un 
peu .  marécageux.  Le  nombre  moyen  des 
naissances ,  à  Copenhague  ,  pris  sur  plu-' 
si euré  années  ^  peut  être  estimée  de  283o 
annuellendent  ^  celui  des  morts  de  sâbb, 
d'où  Ton  peut  conclure  que  la  totalité  des 
habitans  est  d'environ  90000  habitans. 

Copenhague  est  la  ville  la  mieux  b£-' 
tie  de  tout  le  nord  ,  car  si  on  voit  à  Pé-  * 
tersbourg  de  plus  superbes  édifices;  d'un' 


^«   HISTOIILB  GÉNÉRALE 

4Utr9  côté ,  on  ne  trouve  point  ici  de  che^ 
^9uemml*^^^^  maitong  de  boî»;  Vm\  n'y  est  point 
cfaoqoé  pai^  le  contraste  de  la  misère  et  de 
la  magoificenee  ,  et  il  y  i*ègne  plus  d'ëga- 
l}té  et  d'uniformité.  La  ville  est  environ- 
nëe  du  tAti  de  terre  d'ouvrages  rëfpiliers. 
Ce  foftt  des  bastions ,  un  large  fossé  plein 
d'eau  p  et  quelques  ouvrages  extérieurs; 
elle  a  qipatre  à  cinq  mille»  de  tour.  Les 
rues  sMit  bien  pavées  ,-  avec  un  trotoir 
de  ehaqu^  côté ,  mais  le  plus  souvent  trop 
étroit  pour  être  d'un  usage  commode.  La 
plus  grande  partie  des  maisons  est  bâtie  de 
briques ,  un  petit  nombre  Teft  de  pierres 
de  taille  qu'on  apporte  d'Allemagne.  Les 
Bûtels  où  demeure  la  noblesse  sont  en  gé- 
néra} «plendidea  et  bids  dans  le  goût  de 
oeux  d'Italie.  Le  palais  construit  sous  le 
règne  de  Chrétien  VI  est  un  grand  et 
vaate  bitiment  ;  la  façade  est  de  pierres , 
et. Us  AJles  de  briques  enduites  de  pUfre. 
Les  appartemens  sont  dignes  du  maître  et 
l'eictérieur  est  plus  grand  qu'él^ant. 

Le  mouvement  qu'on  observe  a  Copen- 
hague aunonce  une  ville  commerçante;  le 
port  eet  toujours  rempli  de  vaisseaux  mar- 
chands) les  rues  sont  occupées  par  pla- 
9mirê  Itfges  canaux  an  inann  desquels  oa 


pent  4^tian^r  lés  inarchandiges  devant 
les  magasins  qui  ^rdeni;  les  quaîs.  Cette  i>aAemarck, 
YiJl«  doit  prinoîpîaleRient'  sa  beauté  aii  ter- 
rible incendierai  y  consuma "eo  17118 ,  cinq 
^lises  >et  soixaiKe-sept  mes  qui  ont  été 
hâties  4dâ06  le  goût  moderae;  La  partie  de.  . 
la  ville  qiû  a  été  bâtie  par  les  ordres  da 
deiMiier  roi  Frédéric  V  ,  est  extrêmement 
hcà\e,}^  le  cède  à  petfte  à  ia  ville  de  Bath. 
On  y  voit  ttoe  place  octogone  fbrmée  par 
quatne  •beaux  bâtimens  uatformes<te  pi«i*re9 
de  taille  ,  à  laqnetie  aboutissent  quatre 
grandes  rues.  Au  milieu  de  cette  place  est 
la  etatoe  léqueetrBdie  Frédéric  V ,  en  bronse , 
de  {prandeor  oaturelle.  Elle  «  é#é  érigée 
en  rboMieur  de  cf  prince  ,  par  4a  compa- 
gnie des  IndeSp  Cestun  ouv^rage  4e  Sàly,  . 
céièbre  acuipÉeub  français. 

Aucune  des -églises  ne  mérite  al^emioa. 
On  iSMÎt  encore  ici  la  pcriricieMM  ^CMrtwn^ 
d^enterser  dans  la  ville.  On  transporte  le^ 
morts  dans  un  cbiu*  plos*€«  moins  briJtani  ^ 
escorté  de  plusieurs  voitut^es  ;  i4  y  a  un 
g^andlnxe  dans  les  enter  remens.  \k\  iiomme 
da  peuple  est  souvent  accompagné  par  cki^ 
Ml  six  voitures  ;  il  y  a  deiu  église^  de  vé^ 
formes  ,  où  Ton  fMiéclie  en  allemand  «t 
en  finançais. 


35«    HISTOIRE  6ËNÉRAL1S 

,La  cour  a  lieu  tous  les  quinze  jours  i 
Pa&«maxck.  j^^  étrangers  sont  présentés  par  leurs  mi- 
nistres. Les  jours  de  cour  ,  il  y  a  8oupé  ; 
les  étrangers  doivent  avoir  le  grade  de  co- 
lonel poury  être  in  vi  té  ;Ie  nombre  d'hommes 
y  est  toujours  égal  à  celui  des  femmes;  la 
préséance  des  rangs  en  est  bannie  ;  les  places^ 
à  l'exception  de  celles  de  la  famille  royale 
sont  tirées  au  sort  indistinctement  i  deux 
chapeaux  circulent  ,  contenant   le  même 
nombre  de   numiéros   correspondans  ;  les 
hommes  prennent  dans  Tun  et  les  femmes 
dans  l'autre ,  après  quoi  un  officier  de  la 
chambre  appelle  les  numéros ,  et  chaque 
homme  donne  la  main  à  la  dame  que  le 
sort  lui  a  destinée  Jl  se  place  à  côté  d'elle» 
et  la  ramène.  La  partie  de  Copenhague  nom' 
mée  Chris lianS'Hat^en  ^  du  nom  de  Chré- 
tien IV ,  qui  la  fit  b£tiren.i6i8«  est  dans  Tile 
diAmac  y  séparée  de  celle  de  Sélande  par  un 
petit  bras  de  mer  qu'on  passe  sur  deux  ponts. 
Amac  oflfre  quelques'singularités  qui  atti* 
rent  l'attention  des  étrangers. 

Cette  Ile  a  quatre  milles  de  longueur 
sur  deux  de  largeur,  et  elle  est  principa- 
lement peuplée  par  une  colonie  de  paysans 
de  la  Frise  que  le  roi  Chrétien  II  établît 
dans  cette  île  en  i5i5 ,  à  la  prière  de  la 

reine 


»ES  VOYAGÉ  i     sas 

rcîiîe  Elîzabeth  son  épouse ,  sœur  de  Char- 
les-Quint. Celte  princesse  ayant  été  élevée  Da&emucki 
dans  les Pays*-ba8, désirait  de  retrouver  en 
Daaemarck  les  atiitiens  auxquels  elle  était 
accoutumée ,  et  particulièrement  les  plantes 
potagères  ,  le  beurre  et  le  fromage  qui  n'é* 
taient  pas  apparemment  alors  d'une  si  bonne 
qualité  en  Danemarck  que  dans  son  paj^s* 
Quoique  ces  colons  se  soient  mêlés  avec 
les  Danois^  ils  s'en  distinguent  encore  par 
un  habillement  particulier  >  et  ils  jouissent 
de  divers  privilèges  précieux.  On  y  compte 
fieuP  villages ,  huit  cents  familles ,  et  trois 
à  quatre  mille  habitans.  Un  de  ces  villages 
nommé  Drager  peut  même  être  regardé 
comme  une  petite  ville;  il  fournît  des  pi« 
lotes  et  d'êxcellens  matelots.  Les  habitans 
ne  parlent  plus  la  langue  fk'mmande  pure^ 
mais  un  mélange  de  flammand  ^  de  bas  aU 
lemand  et  de  danois.  Un  de  leurs  ministres 
prêche  dans  la  langue  de  la  basse  allema-» 
g^ne  ,  vulgairement  nommé  le  plat  allemand  ^ 
l'autre  en  danois.  Leurs  privilèges  ont  été 
soigneusement  respectés  ^  et  tout  ce  petit 
peuple  n'a  qu'à  se  louer  de  la  protec- 
tion et  de  la  prospérité  constante  dont  il  a 
îoui.  Les  habitans  ont  leurs  propres  cours, 
inférieures  de  justice  \  mais  les  cas  impor- 
Tome  IL  Z 


:3Ô4  HISTQI.RE  GÉNÉRALE 
.tans  sont  portes  devant  le  tribunal  du  roi 
^««cinarok.à  Copenhague.  Ils  font  encore  usage  de 
Jeur  ancien  habit  national  qu'ils  apporté* 
refit  des  Pajrs-bas  dans  cette  ile.  Il  ne  re»- 
«eoible  pas  mal  à-  Tbabit  des  ancieos  Qua- 
^LerÀ  p  tel  qu'il  çst  représenté  dans  les  u- 
l)leaux  des  pei  ntres  hoi landais  et  flaromands. 
JLes  hommes  portent  des  chapeaux  k  larges 
'bor<l8 ,  un6  jaquette  noire ,  des  hauts  de 
•chausses  fort  amples ,  de  même  <:ouleur, 
<|ui  ne  sont  point  attachés  au  genou  ^  maii 
en  haut  9n(our  de  la  veste*  Les  femmes 
4pgrtept  des  jaqupttes  noires  et  un  cotilloo, 
•et  u^e  pièce  de  drop  de  couleur  bleue  au* 
toyr  de  la  tète.  Les  jardins  et  les  prairies 
occupent  toute  Tile ,  et  suivant  la  première 
.^destination  Àe  la  4;olonie  ,  elle  fournit  )a 
capitale  de  lait  y  de  beurre  et  de  végétaux. 


DES    VOYAGES.       356 


CHAPITRE    II. 

Qualités  géographiifues.ùt  phy.siquAS  du 
Xerritoiré^  -^  Descriptioifi  dek  la.merBuh 
tique.  —  ClimM  et  temfierature. 

'  )   :  •  '      '•        ■  » 

X-^EPUis  les  limities  méridionales  du  HbW^  «i....... 

teîn  ,  ]xi^qu-à  rcxtrémît^  -SfeptëhtrionaledfeDtmciiiarok, 
la  Norw^e,te  ^ddmaîfle  dâbéîâ  présente 
une  étendue  d'eijVîron  trois'éëèt»  inilks  ed 
îongTueùi^j  swiy^^iiiquante  à^dfeàntecn'l-ar* 
geur.  Cette  vaste  étendue  est  cependant 
couplée  de  plàsïétfpsbrâ's  ^infer ,  dont-t:e- 
luî  dui  feépâre  le  DaneriiàY*'ck'  dé  la  Nér* 
w^ège  erft'lte^plus  considérable.  Le  tout 
forme  ufté^aîrè-de  près  de'  hùîl?  iîents  milles 

carrés.  Ofi*  iié -^^éut  étcndxe  Je  calcul  aux 
posses^ons^iointaines  disséminées  sur  des 
points très-distanSw  ^        ...    / 

Le  Dànnema^ck  propTenseat'dit-,  «ion 
compris  leSleswîek  ^  est  situé '««tre  lè:54*.f 
degi*é  âOHiiniites:,  etlé*âçc.ç  Jù^gté  ^o  tùir 
nutes  latitude,  nord.  La  longâ^ii^ô'  prise  à 
l'île  de  Eepv  estiejitre  lelsâl^  ilégré  3&  mi-" 
nutes ,.  et  le.'  2â>j  deg^né  4^^  aamutes*  ^  Lès 
ii:oDtièr^  4>«înt  ;Wii^  çaidi^.k  i8if&wi*ki  m 


356    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

nord  le  Categat ,  à  Test  la  Baltique ,  et  ï 
J^onaawk.  ]['oue8t  cette  partie  de  la  mer  du  nord  que 
les  Danoiii  désignent  soui  )e  nom  de  mer 
Occidenlale.  Le  Jutland  et  plusieurs  ilei 
constituent  le  Danemarck.  Les  plus  grau- 
des  de  ces  Iles  sont  celles  de  Séland ,  Fîo« 
nie ,  Laaland ,  Langeland  ,  Falster  et  Bor- 
nholm.  Cette  dernière ,  assez  éloignée  de 
TArchippl ,  se  rapproche  dp  la  côte  sué- 
doise. Les  diflfërentes .  tçrrf^  dont  le  Da- 
nemarck est  composé  «  ont  une  étendue  de 
^46  milles  carrés  «  dcMlt  quatre  cent  trois 
^our  \f  jutland  j  «t  deux  cept  trois  pour 
içs  lies. 

.  Les  l)es  danoises  offrent  généralement 
un  asppG(  gracieux  et  riant.  Ce  sont  des 
plaines  coupées  de  collines ,  tantôt  isolées, 
tantôt  con^igu^s^  et  formait  d'agréables 
vallons,  La  plupart  des  hauteurs  sont  re* 
têtues  de  gazon ,  ou  ombragées  par  des 
touffes  d'arbres  ;  quelques  eatix  trèe<lairei 
et  d'un  hel  aaur  animent  le  tableau.  La 
IM'Ovince  *  de  Jutland  présente  des  traits 
plus  Sfiuivi^gés  /.mais,  en  même  temps  plus 
variés  .et  plus  imposans  :  on  voit  sur  Ja  câte 
orientale  dès  forêts  majestueuses,  et  co 
plusieurs  endroits  ce^e  côte  est  bordée  de 
pittoresques  I  eMré  lesquels  s'ea* 


B  E  s  VOYAGES.  367 
fenceht  les  eaux  de  ]a  raer.  Lès  montagnes ,  -  —  — 
proprement  dites  ,  manquedt  partout ,  et  Banematck. 
les  hauieui^s  les  plus  considérables  n'ojtit 
îamais  au-delà  de  quelques  cehtainès  dé 
pieds  ;  elles  frappent  néanmoins  ^  pàfcé 
qu'elles  dominent  toujours  une  étendue 
très-vaste.  Elles  sont  de  gravîei'  ott  de  sa^ 
ble  mêlé  de  cailloux  Dans  TMe  de  Moen  > 
elles  offi*ent  dé  la  craie ,  dans  celle  de  Bom« 
holm ,  du  marbre  ;  cette  dl?rnièré  rferiJêrmé 
aussi  du  charbon  de  terre.   ^ 

Tout  atteste  en  Dàriemarck  le  travail 
prodigieux  des  eaux ,  et  les  i^voluttons  qui 
en  ont  été  Teifët.  Au  sud  est  la  Baltique, 
(entraînée  par  lès  corirans  qui  se  précipi- 
tent des  plages  septentrionales  ,  se  fVaie 
un  passage  pour  porter  h  TOcéajn  le  tribut 
de  ses  eaux.  Elle  cou(>e  les  terrés  >  Tes 
ëcarte,  et  tait  naître  plusieufrs  détroits  dont 
les  plus  remarquables  sont  les  deux  bêlt^ 
et  le  Sund.  Le  petit  Belt  ayant  d'un  côté^ 
le  Sleswrck  et  le  Juttand ,  dé  l'autre  la  Fïô- 
nie,  occu|>e  dans  sa  plus  grande  largeur v 
entre  Arroe  et  As^eus ^  environ  deux  milles. 
Il  n'en  occupe  pais  un  quart  entre  Sûohoe- 
et  Middelfart.  Le  grand  Bek  sépare  llle 
de  Fioniè  de  celte  de  Sélànd.  La  largeur 
qui  est  de  quatre  milles  au  passage  ordi*- 

Z  3 


358    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

naîre  entre  Nyborget  Coorsoery  se  rétr^ 
pauemarck.  cit  un  peu  en  d'autres  endroits.  Le  Sood 
sépare.  Tile  de  Séland  de  la  Scanie  ,  pro- 
vince de  Suède  ;  il  a  dans  sa  plus  grande 
largeur  un  espace  de  cinq  milles.  Le  pas* 
sage  le  plus  étroit  entre  Elseneur  en  Da- 
nemarck ,  et  Elsinborg  en  Suède ,  est  de 
;33i  toises  mesurées  sur  la  glace.  C'est* 
là  <]u'est  la  principale  clef  du  commerce 
de  la  Baltique ,  et  que  le  roi  de  Danemarck 
lève  sur  les  navires  des  peuples  commer- 
çans  ,  ce  droit  qui  fait  un  des  plus  riches 
fleurons  de  sa  couronne. 

En  remontant  aux  £ges  recalés  où  se 
firent  les  grandes  révolutions  physiques^ 
on  voit  la  nature  ouvrant  par  un  long  tra* 
vail  ces  canaux  de  communication.  On  voit 
les  eaux  de  la  Baltique  amoncelées  par  les 
tributs  de  cent  rivières  et  de  mille  rais* 
jeaux ,  s'agiter  dans  leur  étroit  bassin  ,  lut* 
ter  contre  les  barrières  qui  les  arrêtent . 
se  retirer ,  lutter  encore ,  triompher  enfin 
de  l'obstacle  ^  et  se  précipiter  dans  l'O 


Le  flux  et  le  reflux  de  la  mer  Baltique 
•ont  peu  sensibles  ,  on-  s'en  aperçoit  aox 
eourans  du  Sund,  à  Télévation  et  à  la  dimi* 
station  continuelle  des  taux  le  long  des 


DES    V  O  Y  AGES.    '  35^ 

^côtes,  à  Fa  profondeyr  toujours  variable  du 

port  de  Daazick  relativement  à  Tembou-^^**'*'^^^* 

chure  de  la  Vîstule. 

La  Baltique  présente  une  cbose  remar- 
quable^ c'est  que  ses  eaux  se  désalent  et 
deviennent  propres  à  la  cuisson  dfes  viandes 
lorsque  le  vent  dirnord  souffle  ;  en  général; 
ses  eaux  sont  peu  salées  ,  à  cause  des  nom» 
bréi|ses  rivières  qui  s'y  jettent.  On  sait  que 
Teau  des  différentes  mers  est  plus  ou  moins' 
chargée  çte  sel  ;  que  dans  la-  mer  du  Sud  , 
sous  Féquateur  et  dans  les  pays  méridio- 
naux, il  y  a  plus  de  sel  en  pleine  mer,  et* 
queFeau  y  estpFus  froide  que  vers  les  pays*' 
du  nord  et  les  pôles  de  la  terre.  La  mer  de»^ 
côtes  de' la  Hollande  contient  un  neuvième  , 
de  sel;  celle  des  côtQS  c^Espagne  et  de.  la- 
Méditerranée  ,~  en  porte  davaatage  ;  eiv. 
Suède  ,  près  de  Garlscrone  au  56 .<^  degré  * 
de  latitude  ,.  Tâaa  de  la  mer  ne  CQntient. 
qu'ua>  trentième  de  sel.,  Le: savant  Waller  > 
assure  qye  la  matière,  saline  ne  fait  que  la^ 
trentième ,  et  la  quarantième  partie  des 
eaux  du  golfe  de  Bothnie.,  Voilà  pourquoi*. 
la  mer  du  Groenland  et  du  Spitsberg  est 
presque  tbir te  couverte  ae  glaces. 

La  profondeur  de  la  Baltique,^  d'aprèr' 
les-  diilëfenles  cartes  marine»  des  Suédoisi;.* 

Z-4 


36o    HISTOIRE  GJÉNÉRALE 

varie  beaucoup  ;  elle  e8t  moindre  depuis  le 
pwewck.Sund  jusqu'à  l'île  de  Gotland ,  où  sa  plu8 
grande  profondeur  n'est  que  de  60  brasses, 
tandis  que  depuis  cette  île  jusqu'au  détroit 
d'AIand  ,  on  la  trouve  de  60  à  100  brasses. 
Les  eaux  de  cette  mer  décroissent  de  siècle 
en  siècle.  André  Celsius  a  inséré  dans  l'his» 
toire  de  l'académie  de  Stockholm  un  mé- 
moire très*curjeux  h  ce  sujet.  Il  résulte  de 
ses  observations ,  que  l'eau  de  la  Baltique 
baisse  en  un  an  de  quatre  lignes  et  demie  ;  en 
dix-huit  ans ,  de  quatre  pouces  cinq  lignes  ; 
en  cent  ans  ,  de  quatre  pieds  cinq  pouces  ; 
en  mille  ans,  de  quarante-cinq  pieds  géo- 
métriques. 

'  La  mer  Baltique  est  dangereuse  dans  les 
nWiuvais  temps  ;  ses  vagues  ne  sont  ni  si 
hautes  ni  si  longues  que  celles  de  la  mer 
Germanique ,  mais  leur  chute  est  plus  ser- 
rée ,  plus  raccourcie,  plus  précipitée  ;  ses 
rivages ,  surtout  du  côté  de  la  Suède  et  de 
la  Finlande ,  sont  bordés  d'écueils  ,  et  son 
bassin  présente  tin  grand  nombre  de  bancs 
de  sable,  les  rades  y  sont  nombreuses 

L'ile  d'Anholt ,  située  dans  le  golfe  de 
l^attegat ,  à  huit  npilt&s  de  la  côte  de  Ja- 
tiand  i  et  k  dix ,  de  cçlle  de  Séland  «  est  dao- 


D  E  s    V  a  Y  A  G  E  s.       36i  ^ 
gereuse  à  cause  de  la  multitude  dw  baoos  s 


de  sable  qui  renvironnent  j  aussi  y  entre- D*ft«n*»k, 
tient-on  des  fanaux  pendant  Thiverj  ily  en 
a  deux  autres  sur  un  banc  de  sable  près  > 
d'une  petite  île  sur  la  côte  de  Suède  pour 
diriger  les  navigateurs  qui  veulent  aller  à 
Gothenbourg.  Il  j  a  plusieurs  autres  pbareg 
placés  le  long  de  la  côte  de  la  Baltique  , 
presque  tous  entretenus  aux  frais  du  roi 
de  Danemarck. 

'  La  côte  de  Halland  est  redoutable  aux 
navigateurs,  parce  qu'elle  s'élève  à  plorob 
sur  la  mer ,  et  qu'elle  n'offre  ni  bord  ni  ' 
mouillage.  Le  détroit  du  Suhd  diff'ëre  de 
tous  les  autres ,  en  ce  qu'on  n'y  remaf que 
aucun  courant,  à  moiM  qiie^és  vênrts  du 
nord  et  du  sud  ne  Pagitéât.  En  t'èvancbé ,  ' 
ne  trouvant  point  de  résistance  ,  ils  en 
forment  un  très  -  rapide  ,  suivant  leur  îm- 
ptil^ion. 

Les  côtes  de  la  Suède  sont  sauvages, 
celles  de  Danemarck^  au  contraire  ,  sont 
riantes,  bien  cultivées;  leurs  bosquets  touf- 
fus ,  la  pente  molle  de  leurs  collines,,  leurs  - 
prairies  qui  descendent  jusqu'au  bord  dç  ^ 
la  mer ,  et  le  vert  d'émeraudeqiii  nuance 
Iç  tout,  font  le  plus  grand  plaisir  à  la  YJi?^., 


26t    HIStOÏRE'  GÉNÉRALE 

Le  efaâténù  de  Cronenbourg  s'ëleve  pitto- 
^^•""«■■•«>^^*  resquemcnt  sur  le  rivage. 

La  situation  de  THe  d'Huen ,  placée  pré» 
crsément  à  Téntrëe  du  Sund ,  la  rend  d*une 
grande  rmportancë.  EHe  est  célèbre  par  le 
fameux  observatoire  où  Ticho  -  B'rahé  fit 
dès  observations  qui ,  quoiqu'antérieures 
au  télescope  9  font  époque  dans  l'histoire 
de  Tastronomie  ,  il  n'en  reste  plus  que 
quelques  vestiges.  Tous  les  écueils  du  dé« 
troit  sont  marqués  par.  des  tonneanx  flot^ 
t^ns.  Il  est  .néoessaire  en.  traversant  ces  pa« 
rifges  d'avoir, tou}onrs  la  sonde  à  la  main;. 
•urtout  dans  le  temps  des  broiûHards  qaij^ 
•ont  fréqnens  ;  heureusement  que  dans  ce 
climat  ^  vers  le  solstice  d'été  y  le  degré  de 
clarté  à  minuit  répond  k  celui  d'Italie  dans 
la  même  saison  ,  un  quart  d'heure  après  le 
csoueher  du  soleil.  Sans  ces  longs  ci*épus« 
cules  ,  il  serait  presque  impossible  de  na* 
viguer  dans  ces  mers  étroites. 

Lorsque  la  mer  Baltique  est  agitée  ,  elle 
rejette  sur  les  rivages  de  la  Prusse  et  de  la 
Poméranie  une  grande  quantité  d'ambre 
|aune  ou  succiti.  On  en  trouve  des  mor- 
ceaux qui  sont. très -nets  i  d^autres  renfer- 
ment des  insectes  bien  conservés  «  ou  diA 
£érentes  espèces»  de  mousses.  Oa  trouve 


DES    VOYAGES.       36Ï 

pendant  en  Prusse  et  dans  quelques  autres 
endroits  94les  mines  de  succin  dstns  ie  seinî 
de  la  terre.      4  '    ' 

Près  de  la  Suède ,  la  mer  Bàltiqtie  se  par- 
tage  en    deux  golfes.  Le  prenûer^  celui 
de  Bothnie  ;   le  second  qui  s'étend  vers 
Torient ,  est  celui  de  Finlande.  Le  golfe  de. 
Bothnie  forme  la  partie  la  plus  septentrion, 
nale  de  la  mer  Baltique ,  son  entrée  est  fort 
retrécie    par  l'Upland  qui   s'avance  vert 
l'orient  ,   et  par  les  îles  ^Aland  qui  se 
trouvent  au  milieu  ;  il  a  ô6o  vçrstes  ou  1 12^ 
lieues  de  long ,  et  sa  largeur  est  de  20^ 
verstes  ou  Sa  lieues ,  il  est  très-étroit  vis-à- 
vis  les  îles  de  Ferhenj  mais  il  s'élargit  dé 
nouveau  ^  et  il  a  environ  vingt^inq  lieues 
marines  vis-à-vis  d'Ulabôurg.. 

Le  golfe  de  Finlande  s'étend  d^occident 
en  orient,  il  a  480  verstes  de  long,  160 
verstes  de  large  et  124  à  son  entrée,  il 
^communique  au  lac  Ladoga  par  la  Neva  ; 
sa  plus  grande  profondeur  est  de  quarante- 
cinq  brasses.  Les  côtes  de  '  ce  golfe  sont 
pleines  de  bancs  de  sable ,  de  roches,  dilots, 
surtout  du  côté  septentrional.  Certains 
passages  sont  extrêmement  étroits;  et  dans 
plusieurs  endroits,  ils  n'ont  pas  plus  de  huit 
•u  dix  toises  de  large  entre  les  rocher^  »  àm 


A 


364   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

sorte  qu'on  ne  peut  y  naviguer  qn'avec  dct 
^''^'"■^Vg^lèrffs  ^  encore  e8t*on  obligé  de  les  fiiire 
défiler  Tune  après  Tautre  %  et  d'avoir  de 
très-bons  pilpies  pour  pe  pas  échouer. 

Tous  les  écueils  du  golfe  de  Finlande 
^ont  marqués  par  des  banderoles  de  diverses 
couleurs  4  elles  tiennent  à  de  grandes  croix 
de  bois  plantées  au  milieu  des  rochers. 
Deux  galiotes  russes  visitent  continuelle* 
taetit  ces  parages  pour  voir  si  fes  bande- 
roles sont  à  leurs  places ,  et  pour  découvrir 
les  nouveaux  écuéils. 

.  Pour  entrer  dans  le  pprt  de  Cronstadt, 
il  faut  passer  le  château  de  Krouslot  et  une 
batterie  appelée  Saint  -  Pierre ,  garnie  de 
plus  de  cent  pièces  de  canon.  Pour  reanon- 
ter  le  canal  qui  conduit  au  pof  t ,  il  faut  un 
venc  déterminé  9  tant  il  est  étroit.  Un  grand 
qombre  de  signaux  indiquent  lès  écueils.ec 
les  bas  fonds;  une  fois  enlevés ,  il  serait 
impossible  aux  plus  habiles  pilotes  de  les 
«viter^  il  n'y  a  pas  cependant  d'autres  toutes 
9  prendre.  Hors  du  canal ,  on  ne  trouve 
sui^  la  CAte  d'Ingrie  qne  cinq  pieds  d'eau , 
et  sur  celte  dé  Finlande  ^  ri  n  jr  eo  a  pas 
suffisamment  pour  |K>rier  des  vaisseaux 
4t  gneri'e*  Pour  sortir  de  ces  parages  ^  U 


DES    V  0  Y  A  G  É  Si       âéS 

faut  précisément  un^vent  d'est ,  et  les  vents 
d'ouest  sont  presque  les  seuls  qui  y  r%nent  *^ 
pendant  Tété.  Il  se  fait  une  péché  consî^ 
dérable  sur  les  côtes  de  la  mer  BaUiijùei^ 
les  goUes  de  Riga ,  de  Finlande  contiennent^ 
généralement  les  mêmes  espèces  de  pois« 
sons ,  parmi  lesquels  le  sâuipon  ,  le  brochet^ 
et  la  lamproje  ^  sont  les  plus  importantes, 
sinpn  pouria  consommation, du  moins  pour 
l'exportation* 

Les  trois  détroits  delà  Baltique  dont  il' 
a  été  question ,  se  déchargent  dans  le  Càie^' 
gat  ;  on  nomme  ainsi  cette  étendue  d'éàu' 
qui,  aii  nord  de  la  Baltique,  se  prolonge 
entre  les  côtes  du  Danemarck  et  de  Suèdie ,- 
et  qui  dans  sa  situation  plus  septentrionale, -^ 
se  joint  à  Pocéan.  Le  Càtegat  est  fameux 
par  les  difficultés  qu'il  présenté  îi  latiavîjgÈh-^ 
iion  ;  il  est  rempli  de  couràns  rapides  et  ' 
de  bancs  qui ,  changeant  de  placé ,  trompent 
la  vigilaiicedu  navigateur  ;  les  tempêtes  y 
sont  violentes ,  et  dans  1 -arrière  saison  sur-, 
tout,  les   vaisiseaux  courent   souvent  lés'' 
plus  grands  dangers ,  niais  quel  obstacle  ' 
peut  arrêter  l'hommedaris  ses  hardis  éffbrtS!  ^ 
Comment  enchaîner    sort    courage  quand  ' 
rintérêtraiguillonne;  envaîri  Tohde  ihugîï,;- 
en  vain ràbtme  s'entrouvre ,  41htrépîde  ifiéi-^ 


366   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

vigateur  ,  porté  sur  un  frêle  édifice ,  avance 
au  milieu  des  écueils^  à  travers  lefracàs  .des 
élémens.  Ainsi  se  sont  formées  les  commu- 
nications qui  lient  maintenant  les  peoples 
d'un  pôle  à  l'autre  ;  ainsi  sont  nés  les 
échanges  qui  alimentent  l'industrie ,  et  sou- 
tiennent la  prospérité  des  États.  Mais  d'un 
autre  côté ,  c'est  ainsi  que  les  flots  sont  de- 
venus le  théâtre  des  combats  et  du  carnage, 
que  des  sources  nouvelles  de  jalousie  ,  ont 
^endu  l'empire  delà  discorde;  que  l'honune 
a  pourri  celte  ardente  soif  de  l'or  qui  le 
xonge  et  l'av^lix  ;  que  l'indépendance  et  le 
bonheur  ont  été .  ravis  à  des  mortels  pai- 
Âbles ,  vivant  sous  les  auspices:  d^  la  bien- 
faisante nature^ 

.  Les  rivières  sont  en  petit  noa^bre  en  Da- 
nemarck  et  pe^  considérables  ;  celle  de 
Gude,  en  Jutland»  a  une  longueur  de  dix 
milles  et  se  jette  ds(ns  le  Catf gat.  Les  au- 
tres ne  sont  qi)e<  de  grande  rwisseaux  dont 
qiielques^ins.pqrtent  des  bajrques  »  et  dont 
l^jembpuchurçs  servent  de  ports  e%  d'an- 
crage. Il  faut  .cependant  débM'r4sser  sou- 
vent ces  eipbpiichures  du  limOtl  qui  sy  en- 
ti|S8e«  Lfis  lacç  .peu.  noaibreut^  fàç  sQQt  pas 
d'une  grande  ^fendue.  Plusif^ir^.  isaorces 
dflwientuqe.fap  U^s-&aSçhe«|,«^^       à 


D  i:  s    V  O  Y  A  G  E  s.  •     367 

3)oi.re;  ou  n'en  a  pas  découvert  jusqu^icii  4^. 
Jxiinérale.  ??^?^??**^ 

Le  climat  du  Danemarck  est ,  générale* 
jsient  parlant ,  humide  »  à&%  brouill,ard$  épais 
obscurcissent  sojavent  rhorizoq.  Les  veût^ 
les  plus  fréquens  ^  ceux  d'ouest  <^t  de  sudr 
ouest  4  a^mènent  ordinairement  la  pluie^ 
c'^st  pendant  les  mois  d'octobre  et  de  no* 
membre  qu'il  en  tombe  le  plus.  D'après  une 
jnQioyenne  prise  sur  vingt<-sixaqnéesv  il  a  pla 
imiiuellemexit  cent  trente  jours ^/çt  le  too» 
nçrre  s'est  &î t. entendre  treize^ fois. dont 
quatre  en  juillf^tV.  trois  en  août^  deux  en 
juin  et.  mai  ,.ûpç,,çja  avril  et  septembre.  Le 
thermomètre  e^t  raremei;it  a  plus.de  douze 
ou. treize  degrés. au-dessous  de  laglace^  il 
Indique  quelquefois  au-delà  de  vingjt:  degrés 
de  chaleur  .  mais  le  terme  ordinaire  est  de 
^quinzeou  seize.Siles  détroits.delaBaltique 
jse  grêlent  quelquefois  i  c'est  :  moins .  par  un 
effet  de  la.rigu<?ur  dp  froid,. que.  par  une 
jsuite  de  l'entâMtseipent  des  glaces  que  cha- 
riçnt  les  grands  courans  »  qui  viennent  du 
liord.  Les  chaleurs  ne  commenc^ntguère  k 
5ç  faire  sentir  qu'au  mois  deni^^i^  ou  au 
commencement  de  iuin  >  et. les  nuits  sont 
fraîches  à  peu  près  pendant;  tout  Y  été  ;  le 
îvoïà  se  fait  sentir  dès  la  fin  de  septembre  ,     ^ 


566   ttîSTÔÏRÉ  GÉNÉRALE 

et  il  gèle  souvent  au  mois  d'octobre  ;  les 
DtaoBvct*  mois  de  décembre,  janvier  et  fëvrier  ,  sont 
les  plus  froids  ;  en  mars  et  avril ,  Vair  s'a- 
doucit ;  mais  il  est  en  même  temps  sujet  à 
des  variations  continuelles;  le  calme ^  un 
ciel  serein  et  un  atmosphère  chargé  de 
vapeurs ,  sont  assez  rarement  le  partage 
des  habitans  du  Danemarck  ;  mais  rhum!-» 
dite  dont  Tair  est  imprégné,  favorise  la 
végétation.  Les  prîdcipales  plantes  gi*amî- 
nées  et  céréales  réussissent  très-bien.  Les 
animaux  tant  sauvages  que  domestiques, 
ne  prospèrent  pas  moins;  il  y  a  peu  d'ani- 
maux malfaisans ,  et  les  loups  ont  été  entiè- 
rement extirpés  dans  les  îles.  Les  forces 
del'homme  se  développent  et  se  soutiennent 
comme  ailleurs; on  cite  ipéme  des  exemples 
de  vieillesse  très-avancée.  Les  douleurs  rhu- 
matismales  et  les  fièvres  catharales  sont  les 
maladies  les  plus  dominanteSé  Les  habitans 
du  Jutlandont  la  taille  haute  et  bien  prise; 
ceux  desiles,  sont  plus  effilés  et  leur  corps 
semble  être  d'une  structure  moins  com- 
pacte. V^î'  ^^^  généralement  d'un  bleu 
èlair,  lebloiid  des  cheveux  frappe  surtout 
dans  les  lies  ;  les  femmeè  se  distinguent 
par  la  beauté  de  leur  teint ,  les  visages  à 
traits  marqués  sont  assez  rares. 

Les 


DES    VOYAGES.       869 

Les  bàbitans  des  duchés  sont  des  hommes 
forts  et  robustes;  leurs  épaules  sont  larges.  ^°*"'"^^v 
ils  ont  dans  les  terres  basses  plus  d'ampleur 
et  de  caractère ,  mais  moins  d'agilité  et  de 
vigueur;  vers  la  frontière  septentrionale  / 
du  Sleswick ,  surtout  dans  les  terres  hautes, 
la  race  $ubit  des  modifications,  le  maintien 
se  dégage ,  la  taille  moins  large  et  le  jet 
plus  effilé  ;  le  teint  est  généralement  plus 
blanc  ^  et  les  femmes  surtout  sont  rarement 
brunes.  Au  calme  qui  se  peint  sur  les  vi- 
^ges,  se  mêle  une  certaine  douceur  in- 
sinuante. 

L'est  ainsi  qu'aux  graùds  traits  qui  diver- 
sifient les  productions  de  la  nature  ,  et  qui 
souvent  les  font  contraster ,  se  joignent  les 
nuances  qui  servent  de  passage  insensible. 
Quoique  ces  nuances  échappent  à  plus  d'un 
observateur  ,  elles  n'en  sont  pas  moins 
réelles  ;  mais  il  faut  comparer  souvent  pour 
obtenir  des  résultats. 

Le  climat  deNorwège  ,quelqu'âpre  qu'il 
soit ,  convient  à  l'homme  ;  c'est  de  la  grande 
pureté  de  l'air  que  provient  cette  salubrité. 
On  cite  dans  le  pays  des  exemples  nombreux 
et  frappans  de  vigueur  et  de  longévité. 
Chrétien* Jacob  Drakenberg  ^  né  en  1 62.6  , 
mourut  en  1772  ^  âgé  de  146  ans  ;  sa  car- 
Tome  II.  A  a 


S70    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

riëre  avait  été  trës-pénibte  ;  engagé  comme 
3^^*B«B>*'*^*  matek)!  ,  il  tomba  entre  les  nuiiM  des  Bar- 
baresques ,  et  passa  près  de  seize  années 
dans  l'esclavage  ;  il  se  maria  dans  sa  patrie 
^  à  Tige  de  cent  onze  ans.  La  plupart  des 
Norwégiens  ont  la  taille  haute  et  bien 
prise ,  quoiqu'un  peu  effilée  ;  sans  être  d'un 
brun  prononcé ,  les  homn>es  ni  les  femmes 
n'ont  le  blond  qu'on  voit  en  Danemarck; 
Tceil  est  souvent  très  ^  vif  et  les  traits  in* 
diquent  de  l'énergie. 


DES    VOYAGES.       37» 

'■  ■ 

CHAPITRE    ni. 

Forme  du  Goui^ernement  ancien  et  ma* 
derne.  —  Administration. 

X^ES  lois  constitutionnelles  des  peuples  du 
Nord  ^  portèrent  longtemps  ce  caractère  Danemarck' 
de  simplicité  et  de  franchise  ^  si  Ton  peut 
s'exprimer  ainsi  ^  que  font  naître  des  ha-^ 
bitudes  morales  ^  auxquelles  le  raffinement 
de  la  civilisation  n'a  point  encore  porté 
d'atteinte.  En  Danemarck^  comme  en  Nor- 
wège  et  en  Suède,  ces  lois  régnèrent  à 
peu  près  jusqu'au  onzième  siècle.  L'assem^ 
btée  de  la  nation,  composée  de  tous  les 
cultivateurs  propriétaires ,  promulguait  de$ 
décrets ,  que  faisait  jexécuter  un  roi  éleo* 
tif ,  choisi  cependant  d'ordinaire  dans  la 
même  famille.  Entre  lui  et  la  nation ,  se 
trouvaient  placés  des  citoyens  qui  ren- 
daient la  justice  ,  et  qui  présidaient  les 
assemblées  nationales.  Mais  cette  constitu-» 
tîon  subît  peu  à  peu  de  grands  changc- 
mens.  La  révolution  fut  surtout  très-sen- 
sible en  Danemarck.  Les  juges  isolèrent 
leurs   intérêts  et  leurs   vues.  L'in<%alité 

Aa  ^ 


372    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

des  fortunes  fit  sentir  son  influence ,  et  lec 
Daaemarok.  distinctions  naquirent.  Des  expéditions  loin- 
taines et  des  guerres  non  interrompues  , 
désorganisèrent  l'administration  intérieu- 
re ,  et  firent  alors  des  institutions  dont 
l'orgueil  et  la  cupidité  profitèrent  pour 
exécuter  leurs  projets.  Le  service  à  che- 
val et  l'inspection  des  services  maritimes 
furent  dotés  de  prérogatives  et  d'immu- 
nités ,  qu'on  peut  envisager  comme  l'ori- 
gine des  fiefs ,  et  comme  la  première  base 
du  pouvoir  des  grandes  familles  du  pajs. 
Ces  familles  ^e  distinguèrent  par  des  ar- 
moiries et  des  titres.  Des  châteaux  furent 
construits  près  des  cabanes  ;  d'un  auti*e 
c6té  s'éleva  le  colosse  imposant  de  la  puis- 
sance ecclésiastique;  le  clergé  acquit  des 
privilèges  importans ,  et  s'environna  d'im- 
menses richesses.  Les  rois  eux-mêmes , 
tantôt  faibles ,  tantôt  superstitieux  ,  favo- 
risèrent par  de  funestes  concessions  le  dé- 
veloppement des  vues  ambitieuses  de  ces 
deux  corps.  Les  nobles  et  le  clergé ,  élevés 
ainsi  à  la  considération  et  à  la  fortune , 
dominèrent  bientôt  dans  les  assemblées  na- 
tionales ,  un  sénat  dont  les  membres  tirés 
de  leur  sein  ,  faisaient  cause  commune 
avec  eux ,  partagea  le  pouvoir  exéeutiF  ; 


D  E  s    V  O  Y  A  G  E  s.       ^7% 

le  peuple  perdît  insensiblement  réner^ie  s 


qui  l'avait  caractérisé  autrefois;  les  villes ^*'^^'^'**' 
ne  purent  avancer  le  développement  de 
l'industrie  naissante ,  et  dans  les  campagnes 
le"  joug  de  la  servitude  opprima  \er  labou- 
reur, 

Il  s'en  fallut  peu  que  Chrîstiern  ne  fk 
au  commencement  du  seisnème  siècle  une 
révolution  importante  :  jaloux  du  pouvoir  , 
et  voyant  partout  les  monarques  lutter  avee 
plus  ou  moins  de  suceës  contre  le  système 
féodal ,  il  résolut  d'abaisser  également  ea 
Danemarck^  ces  hommes  qui  par  leurs  pré- 
rogatives et  leurs  richesses  ,  entravaient 
l'autorité  royale;  mais  il-  n'était  pas  doué 
des  qualités  que  demandait  l'exécution  d'un 
pareil  plan.  La  violence  et  l'emportement 
se  manifestaient  dans  toute  sa  conduite  r 
sa  marche  au  lieu  d'être  lente  et  circons- 
pecte ,  était   toujours   brusque,   inconsé- 
quente ,  souvent  barbare  et  cruelle  :  cou- 
vert de  la  lionte  du  massacre  de  Stockholui», 
humilié  et  vaincu  par  Gustave  Vasa ,  chassé 
du  trône  de  Suède ,  il  hasarda  une  entre- 
prise qui  n'eut  pu  réussir  qu'à  un  prince, 
dont  les  vertus  et  les   talens  eussent  en- 
chaîné  la  jalousie  ,  réprimé    l'orgueil  et 
contbnda  Tintrigue  :  les  ordres  priviiégiés^ 

Aa:i 


374    HISTOIRE  GÉNÉRALE 
surent  parer  le  coup  dont  ils  étaient  me* 
DaAetBajrek.nacés,  et  Frédéric  qui  remplace  Christiern, 
confirma  solennellement  toutes  les  ancien* 
nés  institutions. 

Pendant  l'espace  de  tenops  qui  précéda 
immédiatement  la  révolution  de  1660,  le 
gouvernement  eut  la  forme  que  nous  dUons 
indiquer.  Il  y  avait  des  Etats  composés  de 
Ja  noblesse  ,  du  clergé,  de  la  bourgeoisie 
et  des  laboureurs.  Mais  les  Etats  étaient 
rarement  convoqués ,  la  noblesse  aimant 
mieux  abandonner  au  sénat  la  décision  des 
affaires  importantes.  Le  sénat ,  dont  les 
membres  étaient  dispersés  dans  les  pro- 
vinces, qu'ils  administraient  comme  gon* 
vemeurs  ,  s'assemblait  une  fois  l'année , 
pour  exercer ,  de  concert  avec  les  princi- 
paux personnages  de  la  noblesse ,  le  |xhj* 
voir  législatif.  Le  trône  n'en  restait  pas 
moins  électif,  suivant  les  lois  fondamen* 
taies,  et  à  chaque  nouveau  rè^e ,  on  dres- 
sait une  capitulation ,  que  le  prince  était 
obligé  de  signer. 

Les  institutions  vicieuses  se  détruisent 
d'elles-mêmes  par  les  effets  qui  en  résultent. 
Le  temps  prépare  lentement  la  chute  de 
l'cdifice;  déjà  il  chancelle,  lorsqu'un  évcv 
nement  fortuit^  ou  leHort  hardi  d'un  la- 


D  B  s    V  O  Y  A  G  E  s.        SyS 

lent  supérieur ,  le  renverse  et  le  fait  dis- 
parsâ^re-  Uautoritë  du  sénat  commença  à  DMe»»«*f 
perdre  par  sa  mauvaise  administration 
quelque  chose  de  ce  caractère  imposant  que 
leur  avait  imprimé  l'habitude  de  plusieurs 
siècles.  Une  guerre  fut  entreprise  contre 
la  Suède»  dont  les  armées  combattaient  ea 
Pologne ,  sous  l'intrépide  Charles  Gilstave^ 
Cette  guerre  devint,  sinon  le  moyen,  da 
moins  l'occasion  du  changement  total  que 
subirent  bientôt  après  les  lois  constitutîo- 
nelles  de  l'État. 

Au  bruit  de  la  déclaration  de  guerre  du 
Danemarck ,  Charles  Gustave  accourut  àvt 
fond  de  la  Pologne ,  et  parut  dans  le  Hols- 
teîn  avant  que  l'ennemi  eût  rassemblé  ses 
forces  :  passant  à  la  laveur  d'un  froid  ri- 
goureux tous  les  détroits  ,  il  s'empara  des 
iles  et  menaça  Copenhague. 

La  paix  ayant  été  conclue,  on  sonda  les 
plaies  de  l'État  ;  les  troupes  sollicitaient 
leur  solde  ,  la  flotte  devait  être  renouvelée  : 
ce  n'était  pas  assez  d'avoir  perdu  des  pro- 
vinces entières  ;  celles  qui  avaient  été  con- 
servées offraient  le  tableau  de  la  dévasta- 
tion ,  et  le  tiers  des  terres  labourables 
restait  sans  culture  ,  faute  de  bras  et  de 
moyen  s.  L'industrie  et  le  commerce  »  t^ 

Aa  4 


376    HISTOIRE  GÉNÉRALE 
^s=^vaienC  pas  moins  souffert;  Tame  s'émenl'; 
Duanatck.  |'(eil  sc  remplît  de  larmes  quand  od  lit  let 
doléances  que  les  habitans  des  villes  et  de* 
campagnes  firent  i-emettre  au  roi. 

Ce  tut  au  milieu  de  ces  ruines  eotwre 
fumantes ,  et  dans  cette  capitale  qui  ve- 
nait d'éprouver  les  angoisses  d'un  siëge* 
que  les  Euts  s'assemblèrent  vers  la  fia  de 
l'année  1660.  On  invita  tous  les  membres 
de  la  noblesse  :  le  clergé  fut  reprëseoté 
par  les  évêques  ,  deux  archidiacres  de  du- 
que  diocèse  et  le  recteur  de  ruoiversiié 
-  de  Copenhague  :  la  bourgeoisie  par  cinq 
députés  de  la  capitale  ,  deux  des  villes  les 
plus  considérables,  et  une  des  moindres. 
La  classe  des  laboureurs  n'eut  point  de 
représentant ,  la  Norwège  hit  également 
omise  dans  la  représentation. 

Les  Ltats  s'étaient  rendus  à  Copenhague, 
et  la  diète  avait  été  ouverte.  La  noblesse 
conservait  ses  antiques  prétentions  et  se 
préparait  à  dominer.  Le  clergé  et  la  bour- 
geoisie irrités  contre  elle,  méditaient  des 
projets  de  vengeance.  Les  souvenirs  de  U 
dernière  guerre,  pciul.int  l,u|i)t_'!lc-  U-b  nublc* 
s'étaient  soustraits  .iu\  rliar^^cs  qu'ilsJOâ 
raient  dû  supporter  ,  f-e  reti-ariiienl 
prits  et  les  aigri  tiraient.  Les  bum 


DES    VOYAGES.       877 

Copenhague  sensibles  aux  faveurs  qu'ilsi 
avaient  obtenues,  manifestaient  leur  dé- 1^*^^*"*»"^ 
vouement  pour  la  cour.  Le  roi  était  tran- 
quille et  paraissait  même  inactif;  mais 
l'extrémité  désolante  où  il  s'était  vu  réduitt 
pendant  le  siège  de  la  capitale  ^  et  l'espèce 
de  courage  d'esprit  joint  à  une  grande  po- 
pularité ,  qu'il  s'était  efforcé  de  montrer 
dans  cette  occasion  /  avait  intéressé  forte- 
ment la  multitude  en  sa  faveur.  D'ailleurs 
la  reine  agissait ,  elle  augmentait  habile- 
ment le  nombre  des  partisans  de  la  cour ,  ^ 
et  enchaînait  à  cette  cause  des  amis  zélés  ^ 
capables  des  plus  grands  efforts. 

Entre  ceux  qui  prirent  une  part  active 
à  cette  scène  politique  j  et  qui  la  dirigèrent 
vers  le  dénouement  ,  il  faut  remarquer 
Swane,  évêque  de  Séland,  homme  souple, 
rusé  et  doué  du  don  de  la  parole  ;  Nansen,  , 
bourgmestre  de  Copenhague,  très-consi^* 
déré  de  la  bourgeoisie ,  ferme  et  prudent 
à  la  fois,  versé  dans  les  affaires  et  connais- 
sant les  hommes;  Gabel ,  allemand,  se- 
crétaire du  cabinet,  homme  de  confiance 
de  la  cour ,  et  en  rapport  très-intime  avec 
l'évêqueet  le  bourgmestre;  Leuthe,  autre 
allemand ,  au  service  du  roi  en  qualité  de 
secrétaire;  on  le  consultait  avec  fruit  et  il 


378   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

travailUit  en  silence  k  la  rédaction  ded  plans* 
Danemaiok. Qi^  parvînt  à  s'attacher  dans  la  noblesse» 
Je  feld«maréchal ,  Jean  Schack  et  Annib^il 

Sehtsbed. 

» 

Là  manière  de  procurer  au  (çouveroemeot 
les  ressources  dans  l'embarrras  où  il  se 
trouvait  ^  et  de  le  mettre  en  état  de  remé- 
dier aux  maux  qu'accablait  le  pays»  fut  le 
premier  objet  des  délibérations  de  la  diète. 
La  noblesse  proposa  une  taxe  sur  les  con* 
«omroations  ,  et  oiiirit  d'jr  prendre  part , 
^  maisârèetantdc  réserves  et  de  restrictions^ 
que  le  poids  principal  du  nouvel  impôt  al- 
lait reposer  sur  les  autres  citoyens  :  alors 
les  deux  partis  entrèfent  en  lice  »  et  le  com- 
bat i'éngafçea.  Les  amis  de  la  cour  profi- 
tèrent de  la  disposition  des  esprits*  L'ex- 
«tension  de  la  prérogative  royale  fut  repré- 
sentée comme  le  ressort  le  plus  propre  h 
produire  le  bonheur  général  ,  par  Tunisé 
de  vues  et  de  plans  qui  en  résulterait* 

Tandis  que  la  noblesse  et  le  sénat  qui 
éaisailt  cause  commune  avec  elle»  discutaitea- 
core  le  projet  de  la  nouvelle  taxe ,  et  faisait 
des  remontrances  aussi  vagues  que  dépla- 
cées y  Je  clergé  et  la  bourgeoisie  rédigeaient 
des  mémoires  dont  les  idées  et  lea  ex|)res- 
sions annonçaient  le  cliangemcot  qui  avait 


DES    VOYAGES,       379 

eu  Heu  dans  la  manière  de  voir  du  phis  ■  » 
j^rand  nombre  des  habitans,  et  les  préten- i^anemarck» 
tiens  qui  allaient  en  résulter  :  le  mot  dç 
rojauté  héréditaire?  avait  déjà  été  prononcé 
plus  d'une  fois  dans  les  clubs.  Il  paraît  que 
ce  turent  les  membres  du  clergé  qui  se  dé- 
cidèrent les  premiers.  Les  chefs  des  deux 
ordres  n'attendaient  qu'un  assentiment  par 
^crit  du  roi  ,  qui  depuis  plusieurs  ^ours 
était  informé  du  projet.  Ils  Tobtiurent^  et 
tout  fut  préparé  pour  une  motion  formelle 
en  faveur  de  la  succession  héréditaire. 

Le  B  octobre  ,  JVausea  convoqua  tous  les 
députés  de  la  bourgeoisie  pour  s'occuper 
d'un  édit  du  timbre.  L'édit  présenté  par  le 
sénat  ayant  été  présenté  ,  on  trouva  qu'il  .  , 

s'éloignait  en  plusieurs  points  du  plan  donc 
on  était  convenu  dans  .l^s  conf^frences  pré- 
liminaires^ et  le  murmure  du  mécotenten 
ment  se  Ht  entendre.  Nausen  profita  d^ 
moment ,  et  fit  avec  succès  la  motion  de 
rendre  la  couronne  héi^éditaire,  en  ajoutant, 
afin  <jue  le  rai  soit  muilre.  Le  cJergé  était 
assemblé  en  même  temps.  Swane  fit  la  même 
motion  ,  lut  le  projet  qui  fi^t  approuvé  una*» 
nîmement  et  «igné.  Cofamunîqué  à  l'as- 
6cmWée  de  la  bourgeoisie  ,  cet  acte ,  qui 
exprimait  ia  concession  dit  droit l^éréditpdre   ' 


38o  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
— —  à  la  couronne,  en  ligne  masculine  et  féroî- 
DaDcmuck-nine  ,  devint  un  ari'êté  des  deux  ordres. 
Le  sénat,  la  noblesse  en  curent  communi- 
cation le  même  jour  ,  et  les  sénateurs  se 
rénnirent  aussitôt  pour  délibérer  :  maisca 
avait  été  pris  à  l'improviste  et  l'on  ne  put 
convenir  de  rien. 

Le  lendemain  matin  ,  la  réponse  de  U 
noblesse  n'était  pas  encore  arrivée ,  le  clergé 
et  labourgeoisiese  rendirent  en  processii'o 
au  sénat  ;  ils  n'y  trouvèrent  que  quatre  st*- 
nateurs.  Etant  retournés  l'après  midi  , 
Kragg  leur  dit  que  le  sénat ,  qui  d'ailleurs 
n'était  pas  complet  ,  ne  pouvait  donner 
Son  assentiment. 

Le  refus  du  sénat  produisit  cependatit 
une  grande  sensation  dans  le  public.  On  or 
ménagea  plus  ce  corps,  ni  la  noblesse  en 
général  ,  et  îl  fut  même  remis  au  roi  ua 
mémoire  dans  lequel  les  prérogatives  du 
premier  ordre  étaient  attaquées  à  décou- 
yert  ,  et  dans  les  termes  les  plus  éner- 
giques. Le  roi  conservait  son  calme.  11  r 
eut  entre  lui  et  la  noblesse  des  négocia- 
lions  qui  furent  infructueuses.  Pendant  ce« 
retarfls,  plusieurs  députés  nobles  aTaicot 
quitté  la  ville,  et  le  itn  Tut  averti  fjni!  <^. 
qui  restaient ,  se  proposaient  de  suivre jcei 


ÏTE  s    VOYAGES,       38i 

exemple,  et  de  paralyser  aînsî  Tactivîté  de 
latlîète.  Aussitôt  Tordre  fut  donné  de  fer- D»Mn»rck. 
mer    toutes    les  portes    de  la  ville  et  de 
faire  des  préparatifs  militaires. 

Le  12.  octobre,  le  sénat  qui  avait  délibéré 
avec  quelques  députés  de  la  noblesse  fit 
savoir  au  roi  qu'il  consentait  à  l'hérédité  ' 
du  trône  en  ligne  masculine.  Cet  offre  fut 
rejetée  et  les  conférences  recommencèrent 
le  lendemain.  Les  Etats  en  corps  portèrent 
au  roi  le  vœu  unanime  de  rendre  la  cou- 
ronne héréditaire  en  ligne  masculine  et 
féminine.  •  • 

On  avait  fait  un  grand  pas ,  mais  il  restait 
encore  à  déterminer  ,  quels  seraient  les 
nouveaux  rapports  du  roi  devenu  hérédi- 
taire ,  avec  la  nation  3  quelle  capitulation 
remplacerait  cellequ'il  avait  signée  aupara- 
vant ;  ce  qu'il  fallait  faire  pour  les  ordres 
inférieurs ,  qui  manifestaient  un  désir  très- 
prononcé  de  sortir  de  la  nullité  politique, 
où  ils  avaient  langui  si  long-temps.  II  était 
difficile  de  discuter  ces  questions  avec  suc- 
cès en  assemblée  générale  ,  surtout  dans  un 
moment  où  les  esprits  se  ressentaient  for- 
tement de  la  commotion  qu'ils  avaient  re- 
çue. On  vota  donc  pour  un  comité, et  le 
choix  des  membres  fut  abandonné  au  roi. 


382    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

■  Ce  comité  s'assembla  sans  délai.  Oti  convînt 

I)aoemarck.  assez  facilement  que  la  capitulation  ,  remise 
par  le  roi  lors  de  son  avènement  au  trône, 
serait  annullée  ,  ainsi  que  le  serment  qui 
s'j  rapportait.  Il  fut  plus  difficile  de  tomber 
d'accord  sur  le  second  point ,  savoir  quel 
serait  le  nouveau  pacte  entre  le  prince  et 
les  États  ,  ou  la  nouvelle  capitulation. 

Comme  le  rapprochement  devenait  plus 
difficile  à  mesure  que  les  débats  avançaient, 
f évêque  de  Seland  fit  la  motion  désaccorder 
au  roi  le  gouvernement  héréditaire  ,  sans 
condition  ,  ni  réserve,  et  d'abandonner  à 
son  impartialité  la  décision  d*un  objet  sur 
lequel  les  intéressés  eux-mêmes  avaient  tant 
de  peine  a  s'accorder.  Etait-ce  une  dicta- 
ture momentannée ,  nécessitée  par  les  cir- 
constances ,  ou  était-ce  déjà  la  concessica 
formelle  du  pouvoir  absolu  ,  et  la  renoo- 
ciation  à  tous  les  droits  des  États  ?  le  temps 
et  diverses  mesures ,  dévelop|)ërent  peu  i 
peu  les  idées  ,  et  fixèrent  le  vague  qu'elle» 
pouvaient  encore  otirir  dans  ce  momeot. 
Le  i6  octobre,  les  trois  ordres,  compo- 
sarnt  les  États ,  firent  un  décret  par  lequel 
ils  déclaraient  le  gouvernement  héréditaire 
en  ligne  masculine  et  féminine ,  donnant 
au  roi  la  prérogative  de  fixer  Tordre   de 


^  15  É  s    VOYAGES.       383 

Succession  comme  bon  lui  .semblerait  -,  et 

ne  stipulant  que  la  prîmogénîture  <ét  rin-       *"    • 

divisibilité  du  royaume. 

Le  même  }our  où  le  décret  desÉtatd  fut 
expédié,  on  cassa  Fancienne  capitulation.  Le 
18  ,  le  sénat  et  les  députés  prêtèrent  le 
nouveau  serment  a  Frédéric ,  en  sa  qualité 
de  roi  héréditaire.  Cette  cérémonie  se  fitr 
avec  une  solennité  imposante. 

Les  laboureurs, comme  nous  FavoDS  déjà, 
abservé  ,  n'avaient  pas  été  appelés  à  la 
diète.  Le  s,6  octobre ,  il  fut  expédié  des 
lettres  patentes  par  lesquelles  deux  paysans 
de  chaque  district  au  choix  des  préposés  , 
étaient  appelés  à  se  rendre  au  congrès  na- 
tional ,  pour  y  représenter  leur  ordre  , 
pendant  la  révolution  que  subissait  le  gou- 
vernement. Ils  prêtèrent  avec  plusieurs 
membres  de  la  noblesse  et  du  clergé  qu'on 
avait  invités  également  de  se  rendre  à 
Copenhague  ,  le  nouveau  serment. 

Les  délibérations  continuèrent,  mais  les 
intérêts  se  croisaient  et  se  heurtaient ,  et 
Tîncertitude ,  Tincohérence  et  Taigreur  en- 
travaient toutes  les  résolutions.  Plusieurs 
semaines  s'écoulèrent  dans  cette  funeste 
situation.  Enfin  il  parut  un  acte  sofennel , 
exprimant  clairement  que  le  pouvoir  absolu 


384    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

=?  était  remis  pour  toujours  entre  les  maîoi 
.  DancB&aro^.  du  roi  ,'et  que  le  sort  des  diifërentes  clas- 
ses des  citoyens  dépendrait  de  la  volonté 
de  celui  qui ,  seul  désormais ,  exercerait  la 
tpuveraîncté.  Cet  acte  du  lo  janvier  1761  , 
est  composé  de  trois  arrêtés  ,  IHin  de  la 
noblesse  ^  Tautre  du  clergé ,  le  troisième  de 
la  bourgeoisie.  Ces  trois  arrêtés  portent  en 
substance,  que  le  droit  de  succession  bérédi* 
taire  ,  tant  pour  le  Danemarck  que  pour  la 
Norwège  ,  est  accordé  au  rai  avec  le  pou- 
voir  absolu  ,  ainsi  qu*à  tous  ses  héritiers  lé- 
gitimes  ,  en  ligne  masculine  et  féminine  : 
que  les  capitulations ,  recez  et  autres  actes 
qui  pourraient  lier  le  roi  ou  son  fils,  sont 
annullés  et  cassés  ;  que  le  roi  ayant  voulu 
introduire  dans  la  succession  l'ordre  de  la 
primogéniture,  et  mantenir  Tindivisibilité 
de  l'État,  il  dépendait  du  reste  de  lui  de 
régler  la  forme  de  l'administration  ,  la  suc- 
cession tant  en  ligne  masculine  que  fëmi- 
nine ,  et  la  régence  en  cas  de  minorité  , 
selon  son  bon  plaisir  ;  que  les  présentes  dis- 
positions seraient  regardées  comme  noe 
loi  fondamentale,  liant  les  habitans  actuels 
et  leur  postérité. 

Le  24  juillet  1761 ,  on  expédia  les  char- 
tes ou  prérogatives  accordées  par  le  roi  ï 

b 


DES    VOYAGES.       385 

la  noblesse  ,  au  clergé  et  à  la  bourgeoisie. 
Quatre  ans  après  fîit  dressé  la  charte  rojrale,^^™*'*^^* 
qui  fixe  le  mode  de  gouvernement  absolu 
et  celui  de  la  succession.  Cette  charte  ou 
loi  royale ,  signée  par  le  roi  le  14  novem- 
bre 1765  j  resta  dans  les  archives  pendant 
le  règne  de  Frédéric  III.  Ceneiut  qu'au  cou- 
ronnement de  Chrétien  V  en  1670,  qu'on  la 
promulgua  par  une  lecture  publique.  Frédé- 
ric IV  la  fit  graver  en  17Q9  et  1  accompa- 
gna d'une  introduction. 

Par  un'eflfet  de  cette  forme  de  gouver- 
nement j  que  vit  naître  le  mojen  âge  ^  et 
que  développèrent  les  siècles  subséquens  , 
f  administration  devint  le  domaine  du  sénat. 
Le  grand  maître  ,  le  grand  sénéchal  ,  le 
grand  chancelier ,  le  grand  maréchal  et  le 
grand  amiral  ,  ibrmaient  essentiellement 
le  consfâl'.du  roi  ,  et  dirigeaient  chacan 
dans  son  départemeat  ,  l'expédition  des 
affaires.  Xes  autres  sénateurs  étaient  la 
plupart  répandus  dans  les  provinces ,  pour 
surveiller  en  qualité  de  gouverneurs ,  les 
objets  administratifs,  quand  par  la  marche 
des  choses  ,  le  pouvoir  illimité  fut  devenu 
le  partage  du  roi ,  le  mode  d'administra- 
tion subît  des  changemens  analogues  à  ce 
nouvel  ordre  politique.  Lés  grands  officiers 

Tome  IL  B  b 


386    HISTOIÏIE  GÉNÉRALE 

de  la  couronne  et  les  sénateurs  disparareot 
Bcneiuurek. peu  à  peu;  le  grand  conseil  d'État  tomba 
en  désuétude ,  et  il  ne  resta  que  le  conseil 
privé  du    monarque;  La  discussion   et  le 
rapport  des  affaires  furent  remis  à  diffé- 
rentes chambres.   L'administration    de  U 
justice  devint  une  branche  séparée  ,  et  le 
roi  créa  un  tribunal  suprême  où  toutes  les 
causes  seraient  évoquées  en  dernier  ressort 
Le  conseil  privé  du  roi ,  est  le  centre  oà 
vont  aboutir   tous  les  travaux  des  corps 
chargés  de  l'administration  intérieure.  C'est 
là  que  sont  prononcées  les  i^ésolutions ,  et 
que  les  loix  reçoivent  la  sanction  qtii  son* 
met   les  habitans  à  leur  empire.  Le  roi 
nomme  pour  assister  à  ce  conseil ,  les  per- 
sonnes  qu'il  juge  les  plus  dignes  de  sa  con- 
fiance. L'héritier  du  trône  et  les  princes 
du  sang,  ont  le  droit  d'y  siéger.  Lesaffii- 
res  sont  préparées  dans  les  difiërens  collè- 
ges qui  en  font  le  rapport.  Il  est  défendu 
de  solliciter  immédiatement  au  conseil  ,cc 
il  faut  s'adresser  aux  collèges.  Le  roi  donne 
ses  résolutions  séance  tenante.  Nous  allom 
faire  connaître  les  collèges  ou  chambres 
administratives  dans  un  plus  grand  détail, 
i.o  Chancellerie  de  Danemarck   et  it 
^Norw^ge.  La  sphère  de  ses  travaux  ,  dV 


DES   VOYAGES.       38; 

bord  très^vaste,  a  été  circonscrite  à  mesure 
:ju'on  a  mieux  connu  Vàvx  de  classer  les  D«»emM^ 
objets  de  Tadministration.  Dans  les  der- 
aîers  temps  son  ressort  s'est  étendu  sur' 
l'interprétation  des  loix ,  sur  les  privilèges 
litigieux^  sur  les  conflits  d'autorité  ,  sur 
l'éducation  publique ,  sur  la  police  ecclé- 
siastique et  sur  celle  des  pauvres.  Elle 
dresse  les  expéditions  des  édits  et  patentes  g 
les  sauf-conduits  et  les  passeports  pour 
pays  étrangers.  Les  archives  de  l'Ét^rt  sont 
sous  son  inspection  et  sa  garde.  Ce  collège 
est  réparti  en  plusieurs  chambres  ,  ayant 
chacune  ses  attributions  particulières. 

a.o  Département;  des  affaires  étrangères^ 
Il  a  un  dépôt  particulier  d'archives.  De« 
puis  l'année  1800 ,  il  y  a  un  bureau  séparé 
pour  les  relations  avec  les  puissances  bar- 
baresques. 

3.0  Collège  ou  chambre  des  rentes.  Il 
s'occupe  essentiellement  de  la  rentrée  des 
impôts ,  et  des  mesures  qui  s'y  rapportent; 
il  correspond  avec  les  autorités  constituées 
qui  président  à  la  perception  et  soumet 
leurs  comptes  à  une  révision  annuelle.  Il 
dirige  aussi  l'administration  des  domaines 
du  roi  ^  la  police  territoriale /celle  des  bois 
et  des  grandes  routes.  Ce  collège  est  char^ 

Bb  % 


386    HISTOIRE  GÉNÉRALE 
gé  en  outre  de  la  direction  générale  des 
^«iMiMrok.  mines. 

4<'.  Chambre  générale  des  douanes.  Elle 
€8t  chargée  de  faire  passer  dans  le  trésor 
de  rÉtat  tous  les  revenus  provenans  des 
douanes  et  péage?  ;  elle  surveille  les  ageos 
et  préposés  ;  elle  a  de  plus  la  direction  des 
affaires  relatives  aux  îles  d'Amérique  et 
aux  possessions  à  la  côte  de  Guinée* 

5o«  Collège  des  fir^ances.  Il  dresse  les 
états  des  revenus  et  dqs  dépenses^  fait  les 
représentations  y  relatives,  il  préseQte  les 
plans  qu'exigent  les  circonssances  ;  il  a 
aussi  la  direction  des  monnaies. 

60.  Collège  de  V économie  générale  et  du 
commerce.  Son  ressort  est  étendu  &ur  tous 
les  établissemens  relatiis  à  rindusti'te  na* 
tîonale. 

7^.  Collège  de  la  guerre.  Le  dernier  ré- 
glenient  attribue  à  ce  collège  tout  ce  qui 
concerne  l'administration  de  larmée  de 
terre  »  la  levée  des  recrues  1  les  magasins, 
les  forteresses ,  les  écoles  des  cadets  de  terre. 
Lei(  mêmes  objets  ,  relativement  à  la  Nor- 
wége ,  sont  du  ressort  d'un  collège  parti- 
.culier. 

8o.  Collège  de  îamirauti.  Il  dirige  le 
coipmandement  de  la  flotte  ^  et  Téconomie 


•     DES    V  OY  A  GES/      3^5> 

de  la  marine*  Il  a  de  plus  rinspection  des  '  J  ■'        ^ 
pilotes  côtîers  ,  des  ports  de  guerre ,  des^"******^ 
hôpitaux  de  la  marine^  et  la  juridiction  sur 
les  marins  attachés  au  service  de  la  flotte» 
Outre  ces  corps  qui  résident  tous  à  Co^- 
penhague,  il  y  a  des  directions  et  des  com- 
missions  en  Danemarck  ,  en  Norwège  et 
dans  les  duchés,  pour  dîffërens  objets  par* 
ticuliers.  Le  nombre  des  employés  de  tout 
rang ,  des  collèges  et  autres  corps  admir 
nistratifs ,  se  monte  à  environ  quatre  cents. 
Apres  avoir  fait  connaître  le  mécanisme 
de  l'administration  ,  nous  allons  en  indi*- 
quer  Fesprît. 

Les  règnes  de  Chrétien  IV  et  de  Fré- 
déric IV  oflh-ent ,  à  des  époques  moins  mo- 
dernes ,  plusieurs  traits  d'ordre  ^  d'ensem* 
ble  et  de  vigueur ,  dans  le  système  admî-- 
nîstratif.  Sous  Frédéric  "V  ,  le  comte  Er- 
nest de  Bernstorff ,  secondé  par  le  monarque 
et  par  plusieurs  hommes  d'un  mérite  dis^» 
tingué,  introduisit  des  réformes  dont  plu- 
sieurs ont  été  d'un  effet  permanent.  S'il  lui 
échappa  de  fausses  mesures ,  elles  tenaient 
plutôt  aux  temps  et  aux  circonstances ,  qu'à 
son  esprit  ou  à  son  cœur.  Struensé  parut 
au  moment  où  les  grands  principes  de  TaA-- 
œinistration  économique  et  civile  étaient 


Spo    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

discutés  par  le  génie  dans  plusieurs  pays 
PancBwxok*  de  l'Europe.  Il  gagna  un  ascendant  qui  fit 
de  ses  volontés  autant  d'arrêts*  Riche  ea 
conceptions  neuves  et  hardies ,  mais  n*ayant 
ni  l'habitude  des  hommes ,  ni  une  eonnais- 
sance  suffisante  du  pays ,  il  devint  l'ob- 
jet d'une  jalousie  puissante  qui  surveilla 
toutes  ses  démarches.  La  prudence  et  h 
modération  ne  présidèrent  point  à  ses 
plans ,  et  il  creusa  lui-même  sous  ses  pieds 
le  précipice  qui  l'engloutit.  Sa  mort  fut  le 
terme  des  changemens  qu'il  avait  intro* 
duits. 

Entre  ces  changemens  ,\\y  en  avait  néan- 
moins dont  l'esprit  était  analogue  aux  vœux 
du  public^  et  dont  le  souvenir  se  conserva. 
Xa  liberté  de  la  presse ,  accordée  sous  le 
ministère  de  Struensé  ,  avait  produit  un 
eflfet  qu'on  ne  put  anéantir  en  la  restrei- 
gnant. 

Quelques  mesures  utiles  marquèrent  l'ad- 
ministration subséquente  dirigée  principa- 
lement par  Ove  Guidberg  ;  mais  le  système 
général  n'eut  pas  cette  fermeté ,  cette  éner- 
gie qu'exigent  les  intérêts  d'une  nation  de 
la  part  de  l'administrateur  qui  veut  les  la* 
voriser  efficacement.  Le  roi  dont  la  sanlë 
avait  souffert  depuis  quelque  temps  ,  une 


DES    VOYAGES.       Zgt 
revolutioD  funeste  ^continuaat  (d'être  hors^- 


d'état  de  s'occuper  des  affaires  ,  le  prince ^*^™^^ 
royal  jH^it  la  direction^  du  gouvernement,, 
l'année  1784,  et  le  comte  André  de  Berns- 
torff,  neveu  d'Ernest  entra  dioins  le  minis- 
tèiie.  Dautres  citojrens  aussi  estimables  par 
leurs  talens  c^e  par  leur  caractère, obtin- 
rent des  places  importantes  etune  confiance 
méritée.  La  faveur  de  gouf  disparut ,  et    *  ^ 
l'on  UKit  un  frein  aux  coupables  eff<H*ts  de 
l'intérêt  personnel.  La  liberté  de  la  presse 
prit  de  nouveau  son  essor  ,,  et  plusieurs 
écrivains  publièrent  des  vérités  utiles.  IL 
fut  nommé  des  commissions  pour  répan- 
dre le  jour  de  la  discussion  sur  les  diHe* 
rens  objets  de  l'ordre  économique,  civil  et 
moral ,  qui  avaient  été  négligés,  ou  dirigés 
sur  de  faux  principes.  Les  résultats  de  leurs- 
travaux  ont  servi  4^  base  aux  réfbrmes^ 
introduites  insensiblement  ,  et  avec  une 
modération  propre  à  en  assurer  le  succès. 
Heureux  les  peuples  qui  sont  conduits  au^ 
perfectionnement  de  l'existence  sociale,  par 
des  gradations  sagement  calculées ,  et  des 
développemens  successifs  !  En  voulant  fran- 
chir les  intervalles,  on  rencontre  l'abîme 
et  l'on  s'y  précipite. 

En  4788^  les  troubles  du  nord  furent 

Bb  4 


39â    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

sur  le  point  d'entraîner  les  peuples  Dan 
lîanemaïck.  dans  Une  guerre ,  et  déjà  Tëpée  était  ti 
mais  tel  fut  le  cours  des  événemens  ,  q 
le  calme  se  rétablit  immédiatement  aprc 
et  que  le  gouvernement  pût  rentrer 
la  carrière  pacifique  d'une  administratif^ 
bienfaisante.  Occupé  de  ce  gtand  oh\elÊêOj^^ 
refusa  constamment  de  prendre  part  ^ke/y 
guerre    sanglante  qui   a  désolé   I*Eu4 
pendant  dix  années.  Ni  les  insinuafi#>y^ 
ni  les  provocations  ne  purent  ¥ébn$j^     ^  ^ 
Une  sagesse  profonde ,  accompagnée  4ii#w^^  ^' 
noble  fermeté ,  dicte  toutes  ses  démaA^-   ^'^ 


pour/,    ^^ 


DES    VOYAGES.       SpS 


CHAPITRE    IV. 

'Armée  et  marine.  —  Ordres  de  chevalerie  ( 
règlement  du  rang.  ~  Loi  de  Vindigénat. 
—  Ordre  judiciaire  ^  lois  cii^iles  et  cri* 

'    minelles. 


Q 


uoiQUB  les  Danois  aient  perâu  une 


partie  de  cet  esprit  guerrier  qui  les  caracté- j^^^j^jj^^^^^ 
risait  autrefois  >  leurs  trois  derniers  roià 
eurent  toujours  sur  pied  des  forces  très-res- 
pectables ,  au  moyen  de  la  grande  disci- 
pline qu'ils  maintinrent  soigneusement 
dans  leurs  armées.  Les  forces  niilitaies  du 
Danemarck  sont  aujourd'hui  composées 
d'environ  70,000  bôminê^  de  cavalerie  ou 
infanterie ,  dont  la  plus  g^randë  partie  con- 
siste dans  une  milice  qui  ne  reçoit  point 
de  paye  ;  mais  elle  est  inscrite  sur  la  liste 
des  corps  armés  ,  et  exercée  tous  les  dî-» 
manches.  Les  troupes  de  ligne  sont  au  nom- 
bre d'environ  io,ooo,  et  composées  en  plus 
grande  partie  d'étrangers,  et  particuliè- 
rement les  officiers.  Cette  armée  est  un  pe- 
sant fardeau  pour  la  nation  ^  mais  elle  coûte 
peu  à  la  couronne.  La  plupart  des  régimens 


394  HISTOIRE  CÉNÉRALE 
■  d'infaatesie  restent  constamment  en  Nor« 
Dwwnawk' wège  où  elle  vît  chez  les  paysans  à  discré- 
tion ;  et  dans  le  Danemarck ,  ils  sont  tenw 
de  fournir  à  la  cavalerie  le  logement  ,  des 
yjvres  et  même  de  Targent. 

La  flotte  du  Danemarck  consiste  en  36 
vaisseaux  de  ligne  et  18  frégates  ;  mais 
comme  plusieurs  sont  très -vieux  et  exige- 
raient  de  fortes  réparations  ^  il  ne  serait 
possible  d'en  équiper  dans  un  cas  de  néces- 
sité^ que  vingt-cinq  au  plus.  Cette  flotte 
est  habituellement  stationnée  à  Copenha- 
^e  9  où  sont  tous  les  arsenaux  ^  les  ma- 
gasins et  tous  les  matériaux  nécessaires  à 
la  marine  ;  âôjOOO  matelots  sont  enregis- 
trés^ et  ne  peuvent  sortir  du  royaume  sans 
permission  ^  ni  servir  sur  un  vaisseau  mar- 
chand sans  le  consentement  de  Tamiranté. 
Quatre  mille  reçoivent  régulièrement  une 

{>aye  ,  et  travaillent  dans  les  arsenaux  ds 
a  marine  ^  leur  paye  monte  toutefois  à 
peine  à  onze  francs  par  mois  ;  mais  on  leur 
donne  une  espèce  d'unifbrme»  quelques 
subsistances  et  un  logement  pour  eux  et 
pour  leur  famille. 

Il  y  a  deux  ordre;  de  chevalerie  en  Da- 
nemarck; celui  de  Téléphant  et  celui  de 
danebroge.  Le  premier ,  considéré  conms 


DES    V  O  Y  AGE  S.       395 

le  plus  honorable^fut  institué  par  Christiern 
I.^"^;  son  symbole  est  un  éléphant  surmonté l^«»«™»'®^' 
d'un  casque  décoré  de  diamans  et  suspendu 
à  un  ruban  onde  de  bleu  céleste;  on  le 
porte  comme  en  Angleterre  sur  Tépaule 
droite  ;  les  chevaliers  sont ,  sans  compter 
le  roi ,  au  nombre  de  trente ,  et  on  leur 
donne  le  titre  d'excellence.  Les  signes  ou 
marques  de  Tordre  de  danebroge  ,  qui  est, 
dit-on ,  de  très-ancienne  date ,  consiste  dans 
un  large  ruba^  blanc  lizeré  de  rouge  ,  passé 
sur  l'épaule  en  forme  d'écharpe  ,  il  suspend 
sur  la  poitrine  une  petite  croix  de  diamans, 
et  survie  devant  de  son  habit,  du  côté  gauche, 
le  chevalier  porte  une  étoile  en  broderie , 
autour  de  laquelle  sont  inscrits  ces  mots  : 
de  pieiate  et  justiciâ.  Le  symbole  est  une 
croix  pâtée  émaillée  de  blanc  ;  au  centre ,  la 
lettre  C  et  un  5  sont  surmontés  d'une  cou- 
ronne royale  ,  le  mot  restitutor  sevtt6.e  lé- 
gende.  Le  nombre  des  chevaliers  est  grand 
sans  être  limité. 

Les  places  émînentes  dans  la  carrière  ci- 
vile ,  ecclésiastique  et  militaire,  donnent 
aux  roturiers  ime  sorte  de  noblesse  person- 
nelle ,  lorsqu'elles  leur  tombent  en  partage; 
Le  gentilhomme  sans  titre,  est  obligé  de 
leur  céder  le  pas  ;  de  plus ,  dans  chaque 


S96    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

carrière ,  le  rang  est  fixé  par  cette  grada* 
Dftnçmaxok.  i\q^  ^  q^g  Fimportance  réelleou  imaginaire, 

des  emplois  ,  établit  entre  les  employés  ; 
mais  quel  sera  l'ordre  de  préséance  entre 
un  militaire,  un  magistrat,  un  ecclésias- 
tique ,  un  officier  de  la  cour?  et  de  quelles 
distinctions  jouiront-ils?  C'est  cet  objet  qui 
a  donné  lieu  à  ce  qu'on  nomme  eu  Dane- 
xnarck,  Y  ordonnance  ou  le  règlement  du 
rang.  La  première  parut  en  1671  ^  il  naquit 
dès-lors  un  goût  décidé'pour  les  titres.  Deux 
sayaûs  professeurs   de  l'univesité  de  Cope- 
nhague ,  Bartholin  et  Worm ,  s'adressèrent 
à  Griffënfeld^  alors  ministre  tout  puissant, 
pour  obtenir  une  place  sur  le  tableau  du 
rang,  le  ministre  leur  répondit  :  «  Vous  avez 
«  acquis  par  votre  mérite  en  Daneroarck 
«  etailleurs  ,  une  réputation  dont  vous  ayez 
«  lieu  d'être  satisfait ,  le  roi  ne  peut  vous 
4<  conférer  des  honneurs  d'un  tel  prix.  Je 
M  VOUS    accueillerai     toujours     beaucoup 
«  mieux  que  d'autres  revêtus  de  plus  grands 
«  titres;  mais  si  vous  demandez  un  rang, 
«  je  ne  ne  puis  vous  servir  ».  On  s'est  de- 
puis souvenu  des  professeurs.  Depuis  le  rè- 
glement de  1671  ,  il  en  a  paru    six  au- 
tres à  diiïërentes  époques.  Celui  de  1746 , 
Sert  encore  de  règle  ^  à  de  légers  chan- 


D  E  s    V  O  Y  A  G  E  s.       S97 

geinens  près ,  qui  occasionnent  quelquefois 

des  lacunes  dans  lé  tableau  ;  on  admet  en  Danraiarck. 

tout  neuf  classes. 

La  chaîne  descend  graduellement  jus- 
qu'aux enseignes  et  aux  secrétaires  des  bu- 
reaux. Lorsque  plusieurs  titres  donnent  le 
même  rang  ;  c'est  la  date  du  brevet  qui  dé- 
cidera préséance.  Ceiixqui  entrent  dans  un 
collège  ou  dans  un  dicastère,  y  prennent 
leur  place  ,  non  d'après  leurs  litres ,  mais 
d'après  la  date  de  leur  entrée  et  le  rang  de 
leur  charge  ;  en  général ,  les  titres  et  les 
décorations  des  ordres  ne  doivent  donner 
de  préséance  qu'à  la  cour  et  dans  les  céré- 
monies publiques.  Les  personnes  de  la  pre- 
mière et  de  la  secognde  classes  ,  ont  les  gran- 
des entrées  de  la  cour ,  et  peuvent  être  ad- 
mises  à  la  table  du  roi  ;  on  donne  de  phis  Vex- 
eellence  à  celles  de  la  première  classe.  Les 
dignités  de  conseiller  d'état ,  de  conseiller 
privé  hors  du  conseil  ,  et  de  conseiller  de 
conférence  et  de  justice ,  sont  purement  ti- 
tulaires ,  Tépithète  ^effectif  ne  suppose 
point  de  fonction ,  et  n'est  que  pour  la  gra^ 
dation. 

Tous  ceux  qui  sont  compris  dans  le  ta- 
bleau du  rang  ^  étant  censés  supérieurs  à 
ceux  qui  n'ont  point  de  charge  ^  ou  dont  la 


898    HISTOIRE  GÉNÉRALE 
charge  n'est  point  classée  et  la  gradation 
Danimirck.  établie ,  influant  SU r  les  honneurs  et  les  dis- 
tinctions^ il  a  régné  une  passion  violente 

pour  les  titres;  ces  titres  ou  caractères , 
comme  on  les  appelle  dans  le  nord ,  ont  été 

recherchés  et  achelés  avidement.  On  a  de- 
mandé ceux  d*un  office  qu'on  ne  pouvait  ja- 
mais exercer  «  et  les  personnes  qui  avaient 
des  emplois  «  ont  sollicité  des  caracières  su- 
périeurs à  ces  emplois* 

Tous  les  titres  ont  été  chargés  d'unim* 
pôt  ;  on  a  dit  que  c'était  dans  la  vue  de  di- 
minuer le  nombre  des  aspirans.  Poar  ga- 
gner le  même  but ,  il  a  été  publié  des  res* 
crits  portant  que  les  grades  du  rang  nese» 
raient  accordés  qu'aux  personnes  qui  les 
auraient  mérité  par  leurs  services  et  leurs 
talens ,  ces  mesures  sont  restées  long-temps 
sans  effet.  La  révolution  que  subit  req)rit 
public ,  les  progrès  des  lumières  de  la  rai- 
son «  ont  eu  une  influence  plus  marquée. 

Le  premier  janvier*  1776 ,  le  gouverne- 
ment  donna  une  loi ,  en  vertu  de  laquelle 
les  seuls  nationaux  des  Etat»  \nois ,  sont 
admissibles  aux  emplois  et  aux  chaires» 
excepté  les  cas  d'un  mérite  rare  qui  puisse 
justifier  l'exception.  Cette  loi  promulgée 
solennellement ,  fut  reçue  avec  des  applau* 


D  E  s    V  O  Y  A  G  E  s.       899 

dissémens  universels ,  un   grand  nombre 
d'étrangers  n'apportant  souvent  que  de  la  Danenwcfc 
jactance  ou  de  la  souplesse  ^  avaient  ëté  ad« 
mi$  aux  places^  et  les  plaintes  des  natio- 
naux s'étaient  fait  entendre  plus  d'une  fois. 
Le  législateur  déclare  nationaux  ou  indi- 
gènes,  tous  ceux  qui  sont  nés  dans  les  Etats 
danois ,  y  compris  les  colonies ,  ou  de  pa* 
rens  danois  pendant  l'absence  de  ceux-ci , 
-tant  pour  cause  de  voyage  que  pour  le  ser« 
vice  du  roi.  11  assimile  aux  nationaux  les 
étrangers  en  place  lors  de  la  'publicatioa 
de  la  loi  ;  ceux  qui  ,  à  la  même  époque  ^ 
possèdent  dans  les  États  danois ,  en  capi-* 
taux  on  en   biens  fonds ,  une  valeur  '  de 
So^ooo  rixdales  ;  ceux  qui  s'établissent  dans 
les  États  danois  et  qui  font  circuler  dans  Id 
commerce  une  somme  de  âo^ooo  rixdales  ; 
ceux  qui  sont  appelés  pouç  desservir  l'égUso 
allemande  de  Saint -Pierre  à  Copenhague ^ 
et  les  églises  réformées ,  ceux  qui  sont  em* 
ployés  à  l'amirauté  ;  à  l'université  de  Kiel, 
et  à  la  mission  de  Tranquebar  ;  enfin  ,  les 
artistes  et  frabriquans  qu'on  fait  venir  poui* 
les  entreprises  utiles.  Tous  ces  étrangers 
seront  cependant  tenus  à  se  procurer  des 
lettres  de  naturalîté.  La  loi  de  l'indigénat 
«loit  être  >  suivit  les  expressions  dutexte^ 


400  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
■■■!■■  "i"  une  loi  fondamentale  ;  etle  roi  recommande 
J^aemaxek.  ^  (qus  ses  successeurs  de  j'eDvïsager  comme 
un  dépôt  sacré  que  leur  transmet  sa  •olli- 
citude  royale.  Le  prince  Frédéric,  trtre  de 
Christiern  VU,  a  promis  solenaelleroeot 
pour  lui  et  ses  desceodaDS,  delà  maintenir, 
au  cas  que  sa  branche  dût  parvenir  au  trdoe; 
c'est  en  considération  de  ces  clauses ,  que 
plusieurs  écrivains ,  tant  danois  qu'étran- 
gers ,  ont  placé  la  loi  de  l'iodigénat  à  côté 
de  la  charte  royale  ;  mais  en  l'examinaint  de 
plus  près,  on  verra  qu'elle  ne  doit  être 
envisagée  que  comme  un  déci-et  du  chef 
sanctionné  d'une  manièreplus  solennelle. 

Des  anciennes  annales  du  Daoemarck.  et 
de  la  Norwège  ,  présentent  l'iotéressant 
tableau  d'une  administrationde  la  justice 
simple,  unilbrme  et  fondée  sur  la  libcne 
personnelle  et  sur  le  respect  pour  la  pro- 
priété. Plusieurs  révolutions  dans  le  sys- 
tème ^néral  ,  et  des  abus  de  pouvoir  £h 
vorisés  par  les  gueires  lointaines  et  par  les 
troubles  domestiques,  amenèrent  une  le^ 
gislatïon  plus  compliquée  et  souvent  cod- 
traire  aux  grande  [uiHi])is{le  l'ordreio- 
cîal.  Les  justices  s^-i;;[K'iii'ialeh  ,  néek^fV* 
le  moyen  âge  ,  tiLiuliiLiit  riofluenoftkdBt 
graads,et  leur  soumirent  Icsialûrèud^tri' 
parti* 


I 


DES    V  0  Y  A  GES,       4ot 

partie  considérable  de  la  nation;  lestrrbuî-i 


fiaux  çcolëeiastiques  se  trouvèreirt  en  con-D^ûtjmattfci 
ilit  avec  Tadministration  temporelle.  LeS' 
deux  royaumes  ayant  été  partagés  pltfs 
d'une  fois  entre  plusieurs  princes  /*il  se 
forma  des  codés  particuliers  ^  ei  Tuniformité 
devint  difficile  à  rétablir.  Avant  la  publica-* 
tion  de  Chrétien  V  5  il  j  avait  en  Dane-^ 
marck  trois  codes  principaux,  ceux  deSc»4 
nie  ,  de  Séland  et  de  Jutland*  >  > 
•  Parvenu  à  la  souveraineté ,  Frédéric  III 
entreprit  ditiKérens  changemens-  dans  Tor- 
dre judiciaire.  Il  ordonna  en  même-temps 
une  révision  des  lois  danoises ,  et;  ce  travail 
était  près  de  sa  fin,  lorsque. Œrélien  Y, 
successeur  de  Frédéric,  en ^fitebmmencer 
un  autre  qui  fut  achevé  en -1679.  Danser 
nouveau  (5ode  ,  tout  est'  déternliné  d'une 
ananière  uniforme  pour  les  diverses  jitgn 
vinces  composant  le  rojputne»  de  Dàne» 
marck.  Le/droit  romain  n'y  à  pas  été^adi 
Biis  f  et  les  bases,  principales  dei-  ancien» 
recueils  y  sont. conservées..^  •  r';:fy 

,  Quoique  le  législatSeur^èutett  égard. anic^ 
progrès  des  peuples,  dans^  leà  orts  »  danft 
Tindustrieet  dans  le  coramecèet  5  ^quoiqu'il 
eût  rempUfles .lacunes^  corrigé:  des  er^^ 
revrs^on  s'aperçut  \^e»tCA^^à'iàm(lïUW» 
Tome  IL  C^ 


40».  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
mmmmm  des  DDUVe^uJC  çsdvi ,  «t  dans  les  deroirn 
%9«mf-S^-  temps  ,  oe  U  eentî  encore  davantage.  U 
a  doDC  paru  un  grand  nombre  de  rescriu 
Qt  d'ordoonai|ices  servant  de  cooiplémeat 
ou  de  com  nommai re.  Au  con^menceneoi 
an  dix-hnitiitne  siècle  il  fut  nomme  une 
eommiseion  pour  la  révision  et  la  rélànoe 
des  lois;  Cette  commïssîoa  a  travaillé  long- 
temps  ,  mais  il  n'a  jamais  rien  paru  de  soa 
travail ,  et  on  peut  la  regarder  cofone 
A'exislaDt.'pU»  ,  les  membres  qui  la  com- 
posaient étant  morts  peu  à  peu  ,  sans  être 
remptgcés  :  il  parait  qu'on  a  adopté  uo 
Autre  plan:,  coDÀstant  à  revoir  successive- 
ment Jes  dIRérentes  parties  des  codes .  et 
à  pubJier  l«s  changemens  dans  les  circons- 
tances Les  pius  canvenables.  Les  corps  «!• 
ministratils  sont  consultés  à  ccc-eflèt  ,  k 
it  vient  d'être  noiamé  un  certain  oombre 
de. jurisconsultes  pour  indiqusr  les  hasrî 
d'une  réforme  de  lois  criminelles.  Quaott 
•n  aura  aînn  parcouru  les  diffërrBtes  braa- 
ches  de  la  législation,  on  titra  suis  dame 
deccsmoiTcaux  dc-taclics  un  cascmjiix^  . 
avec  Les  anciens  matél 
tfbngervés  ,  tbrmera 
est  d'autant  plus 
terme  de  U  rél 


DBS    VOYAGES.'    40^ 

Ibrmes  partielles  5  quelque  sages  qu^elles 
8oient ,  peuvent  laisser  du  vague  et  de  rin-»^^*®^* 
certaio  dans  leur  rapport  avec  d'aociennes 
dispçsjtions  subsistantes ,  et  embarrasser  1« 
)uge  daus  Tappllcatiop  de  la  \o\. 

Depuis  long-temps ,  les  eitojeps  instruits 
des  vrais  intérêts  de  leur  patrie ,  gémis* 
paient  de  rexisteqce  de  cette  loi  inique  et 
de  ce  système  oppressif  par  lequel  les  pro;- 
priétaires  des  seigneuries  disposaient  des 
paj^aps  en  maîtres  absolus  ,  et  poi^vaient 
dicter  toutes  les  clauses  des  contrats  qu'ils 
gisaient  avec  eux.  Uopinion  publique  ayant 
icquis  U  maturité  nécessaire  par  lesinflueur 
ces  heureuses  delà  liberté  Jç  penser  et  d*é<- 
<;rire ,  le  gouvernement  nomma  une  corn** 
mission  chargée  de  recueillir  des  rensei^ 
gnemens  exacts  sur  Tétat  des  laboureurs ^ 
et  de  présenter  des  projets  de  réforme» 
noalogue  aux  grands  princi^ies  de  Tordre 
et  de  la  justice.  La  commission  fit  deux 
rapports  qui  sont  des  modèles  de  clarté  et 
de  précision ,  et  dont  l'un  a  servi  de  base 
à  redit  public  en  1780.  Conformément  à 
cet  édit ,  la  loi  réglant  la  formation  de  U 
milice  a  été  anéantie ,  et  r^ftV^nchissement 
des  paysans  s'est  fait  peu  à  peu  /après 
l'expiration  d^s  années  d^  leur  service.;  il 

C  c  â 


\ 


4o4    HISTOIRE  GÉNÉRALE 
ODt  ious  dû  être  libres  le  premier  jaovler 

Pour  conserver  le  souvenir  de  cette  r(f- 
volution  ^  il  a  été  érigé  un  obélisque ,  non 
loin  de  Copenhague ,  sur  la  route  qui  mène 
à  Roskild ,  route  la  plus  fréquentée  par  les 
paysans,  qui  se  rendent  à  la  capitale.  Sur 
îes  faces  de  Tobélisque  ,  on  lit  ces  mots: 
léC  roi  sapait  que  la  liberté  cii^ile ,  déier- 
minée  par  des  lois  justes  y  donne  t amour 
de  la  patrie  ,  et  le  courage  pour  la  défen- 
dre y  le  désir  de  V instruction ,  le  goût  du 
trat^ail  ^  et  V espérance  du  bien-être  ;  il  a 
donc  ordonné  que  la  servitude  cessât  y  que 
ï ordre  et  la  promptitude  présidassent  à 
V exécution  des  lois  rurales  y  afin  que  le 
iaboureur  libre  y  courageux  y  éclairé  y  la-^ 
porieux  et  bon  puisse  dePeair  un  citoyen 
/estimable  et  heureux.  La  base  de  Tobélis- 
que  est  ornée  d'emblèmes  et  d'inscriptionii, 
et  porte  quatre  figures  en  marbre  repré- 
sentant la  fidélité ,  Tindustrie  agricole ,  le 
courage  et  Tamour  de  la  patrie.  Le  prince 
royal  posa  lui-même  la  première  pierre 
en  1792*  Linscription  \ appelle  Jils  du  roi 
et  ami  du  peuple.  Le  monument  a  une 
.hauteur  de  24  aunes  «et  a  coûté  14000  rix* 
liales  rassemblés  par  souscription.  Le  vojat 


:  DES  VOYAGES..  40$ 
^eur  s'àrrètaot  pour  contempler  ce  monu- 
ment^ bénira  les  noms  du  prince  ^  des  mi-DuienitwL 
njstres  et  des  citoyens  qui ,  en  dépit  des 
préjugés  et  de  l'intérêt ,  ont  exécuté  une 
réforme  bienfaisante.  Tout  ce  qui  concerne 
]  existence  du  laboureurest  intéressant  pour 
rhomme  qui  pense.  O  toi  que  Vaube  du 
jour  voit  au  travail ,  et  que  souvent  les 
ombres  de  la  nuit  y  rencontrent  encore, 
toi  ,  dont  les  bras  vigoureux  ouvrent  le 
sein  de  la  terre  et  lul.atrdehent  ded  trésors 
précieux  ;  toi  qui  entretiens  les  canaux  de 
la  prospérité  publique ,  mon  a  me  t'honore 
et  te  respecte.  Je  ne  te  souhaite  pas  le 
bonheur  imaginaire ,  les  plaisirs  trompeurs^ 
que  donne  le  luxe  des  villes  ;  reste  sous 
rhumble  toit  de  ta  cabane ,  qu'un  ruisseair 
te  désaltère  rqu'un  frais  garifon  Soît  le  théâ^ 
tre  de  tes  jeux  ;  je  forme  d'autres  vœux 
pour  ton  sort.  Que  l'orgueil  et  la  cupidité 
cessent  de  t'écraser  impunément  ;  qu'en 
procurant  des  jouissances  aux  autres ,  tu  ne 
sois  pas  accablé  de  privations  ;  que  la  mi- 
sère et  l'esclavage  ne  te  plongent  point 
dans  un  abrutissement  stupide  ;  que  sur 
ton  front  puisse  habiter  l'assurance  avec  le 
contentement  ;  et  que  Testime  publique^ 
courone  tes  utiles  efforts* 


406   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

En  Daaemarck  ^  comme  daûs  pliisieuti; 
Panenatck.  Autres  paj8 ,  le  roi  est  censé  présent  dans 
toutes  tés  cours  suprêmes  de  son  royaume. 
E.D  conséquence  ,  it  y  a  dans  cfaacnne  un 
trône  auquel  les  avocats  semblent  adres- 
ser, en  plaidant ,  leur  discours  ;  et  les  ju- 
ges 9  en  donnant  leur  opinion  ,  en  font  d^ 
même.  Le  roi  assiste  tous  les  ans  à  la  pre- 
mière séance  ,  et  une  sentence  de  mort 
ne  peut  îamais  être  «uivié  de  son  exéoi* 
tion  ^  si  elle  n'est  pas  signée  par  lui. 


D  E  s    V  O  Y  A  tî  E  s.       '^ 

« 

■   :.  ; 

C  H  A  P  ï  Tîi  E    V. 

w 

t    .  » 

t 

Industrie  prdductipe.  -*-  G^ainii  —  Ééèàtf. 

du^trihïà;ttHUfc£€tù.nèf^. 

* 

Lés  tMlVtiili*  qiiî  ont  l^tttti-  bUt  de  pfrcfcu- 
tcf  lé8  é*bàl«fciicè«  iet  léB  ttiatiërës  t>^elnîéi.  DMematck, 
Tes  ,  kt^xn  tthbràèèèné  l'a^i'ictihùrè  ,  là 
^cbe  ,  la  ^fchâSsë  fet  rfekïrattlott  des  sfabs- 
tances  HAftiéWléé  i  dôiyeal  être,  fetfvisà^ 
côMitié  lë^^tiëifteht  ëè^btiél  dé Id  Kèhë'éi^ 
•ées  kiati^àXé  û%i\.  <^j)étidÀnt  ^dé  dëj^blb 
le  dferiliër  Slëéle ,  que  ëè3  t*»vàUx  oHt  dl!>- 
i«nd  une  âïMtitioïk^  ànàlé^^tkë  H  leui-  iiil^btf- 
tïticè,  et  t)b'btt!  ai^tquii  dëi  é)6t(ohé  jdât^ 
^tir  fa  Mâdi^r«  de  leë  diri^ëf.  Lb  {^buvëi*- 
nement  sentit  que  l'industrie  prbfdiictIVé  ll6> 
vdit  êt*e  fett<jt)u*agëe ,  fet  |«<it  jjïuëitedt-i  \xxe- 
Aur^  podr'  en  éëéoridèr  i^s  til'og;rë8.  L^s 
ëffbftis  <]^'bn  A  Mi  dfe{)dtii  «oMt  été  dirt^s 
d'apt-ès  des  Vtf<6s  pltis  vaèteket  uii  it^ëtêMe 
jilus  àppfofoadf.  L'athélhM*bflbn  de  l'exîè- 
<ien«e  «ivltè  âë3  Mbitabsi  iét  lëptidci^è  iûle 
ïie'  point  feûlt-aver  <>ii  eotot4*eâlbé  leuf  at?fî- 
tité , fof Iiieftt4à haie  dd  i^U'Adié  faddilbii- 

Cc  4 


*^ 


4q8    histoire  générale 

tration.  Les  lois  économiques  sont  réfur- 
Danexnarck.  xnées  et  changées  peu  à  peu. 

Le  zèle  des  administrateurs  et  celai  de 
plusieurs  particuliers ,  ont  fait  naître  des 
ëtabli^semens  qui  ont  pour  but  de  guider 
..et  d'encotif ager  le  développement  des  di:- 
férentes  branches  de  Tindustrie  produc- 
tive. 
_^  .La  société' économique  de  Copenhagur, 
projetée  dès  lanaée  lySy»  commença  ki 
travaux  en  1768.  l^'agriculturç  ^  les  pêcLr- 
ries  et  l'^xploitafion  des.  mines'  sont  K» 
.objets  du  perF^ctîonnement  desquels  ,  cette 
.association  de  •cito3^ens  estiouibles  et  de 
^patriotes  éclairés  s'occupe  essentiellement. 
II.  se  tient  annuellement  une  assembKe 
publique^  pi:4^sidée  par  le  prince  royal ,  trt 
destinée  h  la,  distribution  des  prix,  accur- 
..4és  aux  mémoires  utiles ,  k  l'industrie  tt 
.4Ux  î^ventiopSr 

.  ;;  Depuis  Tannée  .  1786 ,  il  s'est  formé  a 

Copenhague  ,  par  les  sçins  du  gouverc.- 

.  mi^nt,  une  caî^sç^^e  crédit:,  destinée  à  fou  - 

'  iiir  pour  la •culti^rie  du  sol  et  pour  lexpi  '.- 

tilt  ion  .de$,jp,^Ae,Sj  des  avances  qu'il  serait 

d'ailleurs  di(H.cj1e;  de*  se  procurer*  Il  a  tu 

:peq(>mn^an4é'à:l^.directio;i  de.  la  caisse  de 

.  faire  une  s^U^ntien  particuUèr^  aux  demat* 


DES    VOYAGES.       40^ 

des  des  laboureurs  qui  voudront  se  mettre 

en  état  d'acquérir  des  propriétés  ou  des  D«ii«BMiok4i 

baux  héréditaires. 

Par  un  eSet  du  climat  et  de  la  nature 
du  sol ,  il  règne  une  grande  diversité  dan$ 
les  ressources  naturelles  des  pays  danois , 
et  dans  la  manière  de  les  faire  valoir.  ^    .' 

Depuis  le  milieu  du  dernier  siècle ,  et 
surtout  depuis  quinze  à  vingt  ans ,  les  proV 
fçrès  de  l'industrie  agricole  ont  été  sen^îr 
bies  dans  toutes  ses  branches.  Les  réforme^ 
qui  ont  eu  Ueu  dans  la  législation  civile 
et  dans  le  système  administratifiont  pror 
curé  un  changement  avantageux  à  Texis^ 
tence  des  laboureurs.  Plusieurs  proprié>' 
taires  se  sont,  distingués  par  un  zélé  louar 
ble.  Déjà  en  176 1  ,  la  reine  Sophie  Magr 
deleine  affranchit  les  paysans  du  domainç 
«qu'elle  possédait ,  leur  accorda  la  propriété 
.usufruitière^  et  abolit  les  communes.  Ua 

* 

obélisqtie  qu'on  voit  sur  la  route  de  Co- 
penhague à  Ëlseneur ,  conserve  le  souv^ 
.  nir  de  ce  qu'a  fait  pour  le  laboureur  de 
.  ses  terres ,  le  comte  Ernest  BernstorfféXe^ 
vé  par  les  vassaux  eux-mêmes  ,  pénétrés 
de  reconnaissance  envers  leur  bienfaiteUf. 
Les  corvées  et  les  redevances  vagues  se 
.  «onvertissent  peu  à  peu  en  cens  fixes ,  qa« 


4iô    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

lie  labourear  peut  Acqtiittei*  a^ec  moites  'de 
Pwwiwk.  peinte  et  d'embarras. 

Les  encouragemens  accordes  par  Tadifi^ 
nisthsitioii  et  les  efforts  des  pâtrioties  ëclai- 
rés ,  ont  répandu  le  goût  de  l'agriculture 
dans  tous  les  états.  L'influence  <|u'G»t  en 
les  conjonctures  de  la  dernière  ftuerit 
ktsr  les  progrès  de  Tindustie  agritote  dans 
le  nord ,  a  surtout  été  très-settsibie  eh  Da- 
fiemarck.  Pendant  plusieurs  années  ,  Tet- 
^riatioti  eii  blés  et  en  bétaii  a  fkit  entrer 
àa^B  cte  pays  dés  somme»  eodSidérafalM  ; 
let  leè  pit)priétaireB  ont  feit  des  g^AfM  r«- 
pldies  /qui  ont  (avtdrisé  leurs  êntrepHbeê. 
On  a  essayé  deui:  fois  d'augltiëntei*  la  eu)* 
tUre  et  la  popuiatiou  dli  DànteMIrt^ck  par 
•des  colonies ,  en  lyto.  Frédéile  IV  fit  prd- 
fioscr  i  d^s  familles  de  Finançais  réftigiés 
tsn  Brandebourg ,  de  s'établir  dans  ià  ville 
idè  Frédéi*icia  en  Jutland  pour  tp)cp)oiter  les 
-te^rei  qile  œttb  ville  avait  obtenues  à  fë- 
-poqge  db  lia  fondation  ,  et  f\ùe  lea  habitant 
'Avaient  njégligées.  Plusieurs  familles  accep- 
-tèi*èbt  lapi*o()o)sition.  Ces  colons  étaient  des 
liomrnes  laborieux  et  ibrméys  k  l'école  de 
•l^advelnsitéi.  Qubique  peu  favtvHsés  par  les 
•  iticligènes ,  quoique  tratcl-sés  dan«  pliisiMirs 
j^  iQm*4ei;i  (reprises  par  ii  faioruile  et  la 


DKÎB  VOYÀÔË  â.  4î^ 
enjiîditë  ^  ils  ont  pi*6Bpéré  au  point  que  le 
»ombte  des  fdmilteË  s'e^t  ftccrù  de  Vingt  Dànemarcl! 
à  eent  doute ,  foritiattt  utte  t)Opti!àtioii  de 
plus  de  cinq  cents  personnes.  Les  travaux 
de  cette  colonie  ont  côkiVét*ti  eti  Ùta  riant 
)ârdin.  les  eu  virons  de  F^édérieià  qui  kùr 
paravant  tie  présentaient  qtié  du  SÀble  éï 
des  bru^rères.  Maii  il  est  des  Mtryienis  plus 
simples ,  plus  iMitûtréïs  et  beauedup  moin^ 
dispendieuse  qu'Aii^  tolohisatibn.  Là  sagesse 
les  v^t  dans  un  i^ystéxhe  d'adtninistt*ation 
^Ui' laisse  à  r&ùtivUé  de  Itïômine  lé  libre 
usage  des  rei^sonrces  que  Fournit  la  nature  ^ 
et  qui  vient  ^u  seco^irs  de  dette  activité 
en  encourageant  le^  inHrehtjon^  et  les  dé- 
cèa^ri^s  utiles.' 

ta  tenVpléràtùi^  du  Danèiiîartk  ^dfhei 
lu  culture  de  wntéà  les  espèfees  de  'gralnis  t 
ii^eA  là  taatui^  d*  i<A  que  Ton  trotilsûhq 
pour  le  ctK!>îx.  Llle  dé  Séfànd  donne  te 
pkis  d'orge  'et  d'âvoîne  ,  ctellé  'dé  î^'onie  , 
le  ptris  de  blé  sat^à^sin.  Le  frortie'nt  pi-ôs- 
père  ]silrt<Mit  danà  l^s  Mes  dé  Laâland  et 

d6  Exister.  De  Jutland  est  propre  à  la  cu!« 
ture  du  seigle.  Les  poisjeé  fëves  ;  leis  len- 
tille» vi«nnei!i't  dani -la  pltrs  grande  partie 
du  pa>'S.Le^  ftùrrérgfes  sont  6i^îtiaîVerhent 
fA>ondans  i^  et  les  ^iHek  xitat  b^atkebàp  ga- 


4i£    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

^  goé  par,  la  suppression  des  communes.  Les 


Danemarck.  0ouyélles  méthodes  de  labour  ,  les  irriga- 
tions ,  les  clôtures  ont  fixé  Tattention  des 
cultivateurs. 

La  pomme  de  terre ,  ce  fruit  modeste  » 
qui  ne  rivalise  point  avec  les  blés  ^  mais 
qui  oflTre  un  supplément  très -utile  à  la 
culture  principale  j  a  été  long-temps  dé* 
-daignée  en  Danemarck  ,  comme  dans 
beaucoup  d'autres  pays  ;  mais  ,  depuis 
quelque  temps ,  elle  est  mieux  appréciée , 
çt  Ton  consacre  des  champs  entiers  à  la 
produire.  Ce  n'est  que  très-récemment  que 
le  lin  et  le  chanv^r®  ont  obtenu  quelques 
soins  de  la  part  du  grand  nombre  des  cuU 
tivateurs.  Cette  culture  très  -  importaole 
pour  un  pajs  qui  doit  entretenir  une  ma- 
rine »  s'étendra  probablement  à  mesure  que 
les  lumières  et  l'aisance  se  répandront  daos 
la  masse  des  habitans  d^  la  campagne. 

L'éducation  du  bétail  est  en  Danemarck 
un  objet  important  de  l'économie  rurale; 
il  y  a  mêm^  des  provinces  où  des  ciroons^ 
tances  locales  lui  ont  fait  obtenir  une  at- 
tention  trèa-suivie.  Plusieurs  mesures  ad* 
ministratives  concernant  cet  objet  »  ont 
éprouvé  des  réformes  ayantjageuses. 

Les  chevaux  danois^  sont  cofmus  eo 


DES    VOYAGE  S.       418 

rope  depuis  très-long-temps.  Ceux  que  pro-  ne 


duît  le  Jutland  passent  pour  les  plus  forts;  Danemark, 
mais  ils  sont  moins  dégages  que  ceux  de 
Séland  et  de  Fionîe.  Les  uns  et  les  autres 
se  distinguent  par  la  beauté  de  la  cuoupe, 
la  fierté  de  Vencolure  et  la  vivacité   de 
rœîl.  Les  pâturages  secs  et  courts  leur  con- 
TÎennent  le  mieux.  Ils  ne  parvîenrtent  pas 
à  la  vraie  maturité  avant  Tage  de  six  ans, 
et  servent  jusqu'à  vingt  et  au-delà,  si  Ton 
a  soin  de  les  ménager  dans  leur  jeunesse. 
On  ne  doit  cependant  pas  s'imaginer  qu'il 
n'y  ait  en  Danemarck  que  de  beaux  che- 
vaux ,  ceux  des  paysans  sont  assez  généra- 
lement d'uhe  race  très-infërieure. 
-  L'éducation  des  moutons  est  un  autre 
objet  important  de  l'économie   rurale  du 
Danemarck.  Leur  laine,  sans  avoir  les  qua- 
lités  supérieures  de  celles    d'Espagne  et 
d'Angleterre  ,  n'en  est  piis  moins  un  objet 
pfécîeux  pour  le  pays.  Un  écrivain  Danois 
porte  le  nombre  des  moutons  de  tout  le 
Danemarck  à  877,000 ,  dont  8o5,ooo  en- 
tretenus par  les  paysans. 

Avant  l'usasse  du  sucre  et  avant  l'aboli - 
tion  du  culte  catholique ,  qui  occasionnait 
une  grande  consiommation  de  cire,  l'éduca- 
tion des  abeilles  obtenait  beacoup  de  soin; 


4hu    HISTQIÎIB  ÇéNéRAl-E 

cIIq  a'a  cependant  jamaisi  été  n^ligée  eo* 
Dancmaick  ti^reipent  ,et  en  dernier  lieu  on  a  pri«  plu- 
sieurs metsures  pour  )a  perfectionner. 

Il  y  a  déjà  long-terups  qqe  les  bois  doot 
le  Danemarck  était  CQUvert  autrefois  »  ont 
disparu  assez  généralement.  Une  maiivaise 
écononpiie  est  la  cause  principale  de  cette 
révolution.  On  a  CQup^  et  détruit  sans  son* 
ger  à  la  réproduction  et  sans  se  rappeler 
(jue  le  chauffage  est  un  objet  essentiel  dans 
un  paya  $itué  entre  le  cinquante-quatre  et 
la  cinquante  -  sçptièoie  degré  de  latitude 
septentrionale. 

Les  tourbières  r^papdues  ^w  le  pajt 
sont  une  ressource  essentielle  ;  leqr  ei« 
ploitatioa  forme  une  branche  de  Técono- 
ipie  rurale  et  donne  des  profits  aux  laboo* 
reurs.  Il  se  trouve  en  Jutland  une  espèce 
de  tourbe  si  grasse  qu*0Q  pourrait  s'en  Kr* 
vir  à  la  campagne  au  lieu  de  chandelle. 

Dans  ces  temps  où  des  vastes  foriu 
ombrageaient  une  grande  partie  des  terres 
danoises  j  la  chasse  pouvait  offrir  aux  ha- 
bitans  une  richesse  importante.  A  mesure 
que  les  forêts  ont  été  éclaircies ,  une  grande 
partie  du  gibier  a  disparu.  Les  sangliers 
ne  se  trouvent  plus  que  dans  quelques 
chasse^  du  roi  j  ks  4;erfs  ,  les  daims ,  ici 


^    DPS    V  O  ¥  A  G  JE  g.       41^ 

ç^yv^Viîls  sont  moios  ^arçs.  Daos  qyi^l(]|qçs  s 
eoiJi-Qits  Qn  rencontre  des  lapîoç  ^  p^ai^  €Q(  i^aatmank^ 
nqimal  nç  parait  pa$  êtr^  îndîgèo^  ça  Da^ 

]Lia  pêçbç  est  d'un  rapport  cqn^idér£(ble<i, 
De  toutes  lç$  eaux  qui  biaigixeut  le  D^pe- 
mavck ,  ç'f  3t  Iç  Lemfrqrd  ,  avçc  ses  braa^ 
pombrçu^  qui  rend  ie  plus*  ï-es  produis 
^up  ^ojxw  la  mer  poi|rr#iept  encore  ^tr^ 
i>lus  ii^portaos ,  si  )a  police  des  p^cberieq 
parvea^it  au  degré  de  pçrfectioq  donc  elle 
^t  susceptible^  quiç  la  pêche  se  fit  en  grand, 
çt  qM'pn  offrit  aux  habitans  di^s  côtes  queit 
qiie$  encqjurageipenç  propres  à   |*a|iipsLÇC^ 

L  e^ploitaCloq  de^  spb^ti^nces  min^r^lç ç  ^ 

e^t  uqe  biraQcbç  peu  împprt^qtç  len  J>2m?n 

marck.  L'Jle  de  Bornhoim  fournît  mm 
bonne  terre  à  porcelaine  »  4u  m|irbrQ  §t  ua^ 
wpèce  dQ  diaioant. 

Lorsque  l'industrie  prodiictive  a  fourni 
içs  subsistances  et  les  matières  premières ,, 
d'autres  travaux  doivent  se  développer- H 
s'agit  dabord  de  s'occuper  d,e^  fabrication^ 
élémentaires  ,  et  de  ces  métiers  qui  pour* 
voient  aux  besoins  essentiels;  p)us  cett^ 
snarcbe.edt  graduelle  et  calculée  sur  les  cii*-- 
constances  locales  >  pi.u$  la   ricl^e&^e  pu**: 


4i6    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

blîque  est  soliide  et  durable.  Plusieurs  per- 
piajiemtxoi»  gQQiiQg  ëclairées  ont  publié  dans  les  der- 
niers temps  en  Danemarck ,  des  réflexions 
utiles  sur  l'éducation  de  ceux  qui  se  livrent 
.  à  l'industrie  manufacturière.  11  en  est  ré* 
suite ,  qu'on  s'occupe  des  moyens  de  pro- 
cureràcette  classe^  les  connaissances  d'his^ 
toire  naturelle  et  de  chimie,  et  les  notions 
du  dessin  et  de  la  mécanique,  dont  elle  a 
besoin  pour  perfectionner  ses  travaux. 

On  voit  par  la  manière  dont  les  maî- 
trises sont  organisées  en  Danemarck ,  que 
les  métiers  ont  été  introduits  ,  ou  du  moins 
perfectionnés  par  les  Allemands  »  même 
esprit  y  mêmes  usages  dans  cette  partie 
qu'en  Allemagne ,  à  peu  de  chose  près  j  et 
en  eflfët ,  c'est  de  Lùbcck  ,  de  Hambourg ,  de 
Bremen  que  la  connaissance  des  arts  mé- 
canique?  a  passé  ,  non-seulement  en  Dane- 
marck »  mais  en  Suède  ,  en  Norwège  et 
dans  une  partie  de  la  Russie. 
.  Plusieurs  écrivains  danois  avouent  que 
les  métiers  ont  besoin  d'être  perfectionnés 
à  Copenhague ,  et  surtout  dans  les  villes  de 
province;  car  c'est  le  Danemarck  propre- 
lïient  dit  »  qui  est  devenu  le  centre  de  toutes 
}es  fabriques  des  États  danois  ^  tant  par  sa 
situation ,  que  pur  la  direction  des  efforts 

qus 


DES    VOYAGES.       417 
que  fit  le  gouvernement  lorsqu'il  donna  son  2; 


affbctîûQ  au  sjstême  manufacturier.  Danemarok; 

La  fabrication  des  draps  convient  a  un 
pays  où  cet  article  Fait  une  partie  essen- 
tielle de  riiabillement,  et  qui  peut  en  même 
temps  se  livrer  avec  succès  à  l'éducation  des 
moutons.  Le  Daneniarck  fournit  depuis  plu- 
sieurs  siècles  la  laine  pour  les  gros  draps 
dont  s'habille  l'habitant  de  la  campagne  ,çt 
qu'il  fabrique  souvent  lui-m'ême;  mais, il 
faut  encore  faire  venir  de  l'étranger  une 
bonne  partie  de  la  matière  première  des 
draps  plus  Bns.  La  grande  manufacture  des 
drapis  pour  l'usage  de  l'armée  ,  est  actuelle** 
ment  à  Copenhague  ;  le  nombre  des  ou- 
vriers est  d'environ  douze  cents ,  cette  ma- 
n^ufacture  livre  annuellement  entre  cent 
quarante  et  cent  cinquante  mille  aunes. 

il  y  a  dans  la  capitale  soixante  -  quinze 
métiers  fournissant  des  bas ,  des  bonnets  j^ 
des  gants  et  autres  objets  de  bonneterie  en 
laine.  Dans  plusieurs  cantons  du  Jutland^ 
les  habitans  de  la  campagne  s'appliquent 
depuis  long-temps  à  tirer  partie  de  la  laine, 
la  seule  commune  de  Hceringsholm  a  vendu 
dans  une  année  jusqu'à  vingt  mille  paires 
de  bas  ;-le  père  ,  la  mère,  les  enfans  ,  le^ 
domestiques   travaillent  k   l'çnvi  pendant 

Tome  IL  D  d 


4i8    HISTOIRE  GÉKÉRALE 

les  soirées  d'hiver ,  souvent  on  ap(>elle  les 
Daaemarek.  yolsins  quî  apportent  leur  ouvrage ,  -et  il  $e 
ibrme  une  veillée  dont  le  travail  fait  Ta- 
musement. 

Aux  portes  de  Copenhague ,  est  une  fa- 
brique de  Manchester  ^  elle  a  été  montée 
à  la  manière  anglaise  ;  ce  vaste  atelier 
est  bien  entretenu  et  fait  subsister  deux 
cents  personnes.  Il  n'a  été  permis  pendant 
assez  longtemps  d'imprimer  des- indiennes 
qu'à  une  seule  manufacture ,  depuis  l'an- 
uée  17Ô4  5  cette  industrie  est  libre  »  et  il 
s'est  formé  à  Copenhague  plusieurs  ate- 
liers où  elle  s'exerce  avec  succès. 

Il  a  été  difficile  jusqu'à  présent  de  faire 
réussir  les  fabriques  qui  travaillent  le  lia 
et  le  chanvre;  ;  elles  fi^  pourront  prospérer 
que  lorsque. le  pays  fournira  lui-même  une 
quantité  plus  considérable  de  la  matière 
première. 

Il  y  avait,  vers  Ijan  1798,  dix-huit  raffi- 
neries à  Copenhague  :  elles  sont  montées 
de  manière  à  pouvoir  tenir  en  activité  soi- 
xante-huit chaudières.  Chaque  chaudière  a 
besoin  de  cinq  ouvriers: les  soixante-huit 
occupent  donc  trois  cent  quarante  ou- 
vriers. 

La  distillation  de  l'eau-de-vie  de  grains  « 


* 


::  1>.BS    V  O  Y  Atî,ES.       419 

lest  vo  objet  important  pour  tous  les  pays 

ijv  ^i:dj  0»  trouve  des  distilleries,  dans  i>«ac»«ck, 

plu^jours^villes  du  Danemarck ,  mais  celles 

d^  jCppf^i^h^g,i;ie  sont  les  plus  considérables. 

On  ûQpipte.  actuellement  six  à  sept  savo« 

2]ei7g%,4^p.s  cette  villç. 

.  Ep  j774^.0pi  a  établi  à  Copenhague  une 
manufacture  de  porcelaine:  les  produits  de 
cçttef  j^rbfl^qve  peuvent  rivaliser  ,  pour  la  ^ 

légèf^té  du  .biscuit  »  1-écIat  du  vernis  et  la 
be.^fUç  4!ÇS  couleurs ,  avec  ceux  de  Saxe, 
Xia..^€\vre,ies$. prise  à  Bornholm,;  la  Nor- 
.'W^ge,ltQqr,ipft,le> cobalt^  etTile  de  Sélandles 
il[^eiv)f}9(»i>fPAi^  lie  plâtre  pour  les  meules 
vient  4^;Francei, 

][Jp.ya6fiei  .atelier  établi  àFrédrîcswacerk, 
eu  Sélapd  3  procure  les  canons  de  bronze , 
les  ol>us,  ;)es  mortiers  ,  les  bumbes ,  les 
boulets  et  la  poudre  nécessaire  à  l'armée  et 
à  la  m^rj^e^  En  janvier  1772^  le  nombre 
des  9uvri^*s  s'élevait  k  neuFcent  vingts  un 
autre  atelier  placé  dans  le  voisinage  d*El* 
seneur  y- fabrique  annuellement  trois  mille 
cinq  cents  fusils  et  un  grand  nombre  de 
baïonnettes  ,  de  pistolets  j  de  lames   de 

sabre..  .        ,     . 

Depuis, r^nnéè  1743  ^  il  existe  à  Copen- 
hague u0e.' fonderie  de  caractères  d'impri- 
I  .  Dda 


4^0   HISTOIRE  GÉTNÉRALE 

merîe;  elle  pourvoit  les  imprimeries  do 
pûocnmck.p^y^  ^  et  fait  quelquefois  des    envois  en 

Suède  et  en  Russie.  Nous  ne  parlons  point  de 
plusieurs  autres  établissemens  d'industrftr 
manufacturière,  ,soit  parce  qu'ils  sont  peu 
împortans,  soit  parce  qu'ils  ne  peuvent 
être  appréciés  exactement  faute  de  dcu- 
nées  suffisantes. 

Les  duchés  de  SIeswick  et  de  Holsteîn 
sont  essentiellement  agricoles,  Tindu^trif 
manufacturière  n'a  pu  y  faire  de  gran.'* 
progrès  ,  les  maîtrises  sont  or^aniséi  < 
comme  dans  la  plupart  des  contirées  de  TA!- 
lemagne.  Quelques  villes  y  Ahona,-  surtcjî 
et  Cristiansfeld  ,  ont  des  fabriques  dont 
l'effet  sur  leur  prospérité  est  seiïsîble.  Ce-: 
dans  ces  deux  villes  qu'on  trouve  les  artî- 
sanslesplus  habiles.  Les  Hei'nhuîteSyfbndi- 
leur  de  (^hristians(ëld  et  seuls  habitans  cf 
cette  ville  ,  y  ont  réuni  des  ateliers  i> 
toute  espèce  ,  qui  fleurissent  et  attire:  t 
de  nouveaux  cotons. 

L'industrie  manutacturière  se  préser'-r 
en  Norwège  sous  des  rapports  part ictilier- 
que  produisent  les  circonstaoceé  foeale^. 
les  métiers  introduits  depuis  très  -  lerj- 
temps ,  à  peu  près  sur  le  même  pied  qnV  . 
Danemarck  ,  n'ont  pu  arriver  à  un  gtMr  : 


\ 


;D  gS    VOYAGES.        4M 

développement.  On  conserve  assez  généra- 
lement dans  les  villes  Tbabitude  de  faire  Danemarck-' 
chez-soi  une  bonne  partiedes  objets  de  con- 
sommation domestique.  Les  habitations  de 
Ja  campag^ne  étant  à  dès  grandes  distances  , 
et  ne  consistant  guère  qu'en  deux  ou  trois 
feux ,  le  paysan  est  obligé  de  faire  lui-même 
Jes  ustensiles  dont  il  a  besoin  ^  et  les  vête-  ^ 
mens  qui  le  couvrent  ;  l'Actî vite  de  rartisaa 
proprement  dit ,  est  donc  très  circonscrite, 
et  laconcurrence  nécess^irene  peut  exister^ 
£a  1793^  ilj  avait  dans  la  ville  deChris- 
tiansfeld  ^  ajant  une  population  d'envirpa 
dix  mille  âmes, faisant  un  commerce  avan*' 
tageux  j  et  formant  un  centre  d  adminip*  '  v  - 
tratjon ,  d^ux  cent  quarante  et  un  individus^ 
occupés  aux  travaux  des  diSerens  métierSî»: 


DdS 


4aa    HISTOIRE  GÉNÉftALE 


CHAPITRE    VI. 

Population.  —  Commerce  intérieur  et  «x- 
térieur  du  Dancmarch. 


N  chercherait  en  vain  à  connnaitre 
Danemarck  Tétat  de  la  population  des  pajs  DaDois  , 
avant  le  siècle  qui  vient  de  8*écouIer.  Les 
données  manquant  ^  on  s'égarerait  dans  le 
vague  des  conjectures.  En  lyao,  le  gou- 
vernement ordonna  de  dresser*  aonueNe- 
ment  le  tableau  des  naissances ,  des  morts 
et  des  mariages.  Mais  ces  tableaux  sont 
restés  long-temps  imparfaits ,  et  ce  n  est 
que  depuis  Tannée  1776  qu'on  peut  les 
consulter  avec  confiance. 

En  1769  9  on  fit  un  recensement  général 
des  habitans  de  tous  les  Etats  Danois  situes 
en  Europe.  Suivant  ce  recensement  ^  il  v 
avait  ^,017,127  âmes. 

Mais  il  faut  observer  que  TEtat  militaire 
ne  fut  point  compté  ^  et  que  le  dénombre- 
ment eut  lieu  pendant  Tété,  saison  où  beau- 
coup d'individus  et  les  maris  surtout  , 
sont  abseas  de  leurs  domiciles.  D'ailleurs 
la  crainte  que  ce  dénombrement  ne  fût  le 


DES    VOYAGES.       4a3 

N. 

Iwécurseur  d'un  nouvel  impôt,  fit  chercher  ï 
lea  moyens  de  s  y  soustraire.  En  recourant  Dancmarck. 
aux  approximations  pouF-compléter  les  ré- 
sultats, on  trouve  un  nombre  d'habitans 
d'environ  deux  millions  centcinquante-deux 
mifle  ,  non  couvris  Tes  possessions  colo- 
niales. 

Un  second  dénombrement  eut  Ireu  en 
1787,  maïs  il  ne  s'étendit  que  sur  le  Da- 
nemarck,  et  comme  le  premier,  il  fut  fait 
pendant  Tété.. 

Sr  prenant  pour  base  lès  resuUats  des 
deux  dénombremens,  avec  ies  complëmens 
dont  ils  onf  besoin  ^  on  fait  ensuite  usage 
des^  tableaux  des  naissances,  des  morts 
et  des  mariages  ,  d'après  la  méthode  la 
plus  reçue  ,  il  se  trouvera  que  la  popu- 
lation des  Etats  Danois  en  Europe-  a  été 
à  la  fin  dû  dix -huitième  siècle  comme 
suit. 

0anemarct.  ..,.••.  -^ ...  •  890,000 

Nôrwège. .  ^  .  * 900^000 

Duchés. . -  .  *  6oo,ooa 

Islande.  .....*►.......  5o,ooo 

Iles  Fœreœ ^  .  •  .  5,ooo 

Total.  ...  .- .  .-  2,445,opa 

Dà  4 


r 


4M    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

En  donnant  au  Groenland.   .  .  6^oco 

Baïuïmarck.     Aux  étabiissemens  dans  l'Inde.        5o,ooc 

Aux  îles  d'Amérique 36,693 

On  obtient  pour  les  possessions  coloniale? 
le  nombre  de  cent  deux  mille  six  cent  quatre- 
vingt-treize ,  et  en  ajoutant  celte  ôomire 
à  celle  indiquée  ci -dessus,  il  se  présente 
un  total  de  deux  millions  cinq  cent  qua- 
rante-sept mille  six  cent  quatre-vingt-treize 
âmes. 

D'après  les  observations  faites  sur  uce 
suite  d'années ,  le  rapport  des  naissances  aux 
viyans  a  été  long -temps  comme  ,  i  à  3- 
ou  33  :  celui  des  mariagel^ ,  comme ,  i  à  11: 
ou  i3o.  Cbdque  mariage  produisait  eovir  n 
trois  enFans  ,  par  un  effet  de  la  salubri:. 
de  l'air  et  la  simplicité  de  mœurs  conservt  ca 
dans  les  classes  les  plus  nombreuses,  il  .:i* 
mourrait  qu'un  individu  sur  trente-huit. 

En  1797  ,  dans  le  diocèse  de  Viborg ,  5  :' 
pille  trois  cent  cinquante -six   pcrsonu*  ^ 
mortes ,  on  en  comptait  cent ,  ayant  d  • 
delà  de  quatre-vingt-dix  ans,  et  une  .'." 
de  cent.  Ce  sont  d'ordinaire  les  femmes  ; 
atteignent  Tage  le  plus  avancé. 

La  population  de  Copenhague  sele^..* 
en  1798  à  quatre-vingt-trois  mille  soixante  • 


DES    VOYAGES.       4a5 

trois  individus^  dont  quartante-un  mille 
quatre  cent  dîx*neuf  maies ,  et  quarante-  '^^**^**^ 
un  mille  six  cent  quai-ante-qualre  femelles. 
A  Copenhague ,  ainsi  que  dans  toutes  les 
grandes  cités ,  le  nombre  àe%  mort«  rem- 
porte, la  plupart  du  temps\  sur  celui  des 
naissances.  L'excédent  n'est  cependant  pas 
aussi  frappant  que  dans  plusieurs  autres 
endroits. 

Les  autres  villes  du  Danemarck  ne  pré-' 
sentent  pas*  une  masse*  de  population  bien 
considérable  sur  les  tableaux  des  dénom- 
bremens.  Cependant  elle  doit  avoir  fait  des 
progrès  marqués  depuis  une  dixai ne  d'an- 
nées :  on  peut  le  dire  au  moins  avec  cer^ 
titude  de  toutes  celles  dont  la  situation  fa** 
vorîse  îe  commerce. 

Quoîqu'en  envisageant  le  Danemarck  en 
général ,  on  ne  puisse  compter  que  treize 
cents  personnes  paV  mille  carré,  ce  rapport 
diffère  beaucoup  suivant  les  districts.  L'Ile 
de  Séland  a  deux  mille  cinq  cents  habitans 
par  mille  carré  ;  celle  de  Essoni ,  mille  huit 
cents  ;  celle  de  Laaland ,  raille  sept  cents  ; 
mais  le  Jutland  n'en  a  que  huit  à  neuf 
cents. 

La  nature  a  donné  aux  duchés  de  Sleswig 
«t  de  Holsiein  de  plus  grands  moyens  po^ir 


4â6   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

le  développement  de  la  population  j  qu'ad 
Pft&enwrQk. ]32inêmarck  :  le  climat  est  plus  tempéré, 
le  sol  plus  productif,  et  ce  dernier  avan- 
tage compense  bien  les  effets  de  rhùmi- 
dité  dans  les  terres  basses.  L-abolition  da 
servage  et  les  cbangemens  qu'on  introduit 
dans  le  système  de  Téconomie'  rurale ,  se- 
couderont  les  vues  de  la  nature^  souvent 
contredites  par  le  régime  précédent*  Il  esi 
cependant  probable  que  lé  grand  goufire 
de  Hambourg  engloutira  toujours  une  par- 
tîe  de  la  population  des  districts  qui  Ta- 
voisinent  ;  mais  l'inconvénient  est  peut- 
être  balancé  par  les  eflfèts  avantageux  de 
ce  voisinage  sur  l'industrie  agricole  et  sur 
l'augmentation  des  produits. 

On  n'a  pas  des  données  bien  exactes  sur 
^  la  population  aux  grandes  Indes.  Celle  des 
établissemens  à  la  côte  de  Guinée  est  en- 
core moins  connue  ;  mais  cet  objet  n'est 
ici  d'aucune  importance. 

Suivant  les  derniers  renseignemens ,  la 
population  des  lies  d'Amérique ,  du  moins 
celle  de  Sainte-Croix  et  de  Saint-Tliomas 

« 

's'est  accrue. 

En  rendant  compte  de  la  population  des 
tleSi  nous  aurons  réveillé  chez  plus  d'un 
lecteur  des  sentimens  pénibles  et  doulou* 


DES    V  O  Y  AGE  S.       427 

teiix.Xe  déplorable  sort  des  nègres  se  sera 
retracé  à  leur  souvenir.  Maïs  bous  Jeur^***"****^- 
rappeler ons  en  même  temps ,  que  le  gou- 
vernement Danois  s'occupe  des  moyens  de 
conduire  ces^  hommes  infortunés  à  une 
existence  plus  honorable  et  plus  douce ,  et 
d'abolir  Tadieux  commerce  contre  lequel 
les  âmes  sensibles  n^  cesseront  de  récls^ 
mer. 

Les  différentes  parties  dont  se  forine  le 
Danemarck,  proprement  dit,  communi- 
quent généralement  entr'elles  avec  une 
grande  facilité  ^  au  moyen  d'une  navigation 
intérieure  qui  n'est  interrompue  que  pen- 
dant quelque  mois  d'hiver.  Les  golfes  en- 
trent souvent  si  avant  dans  les  terres  , 
que  des  canaux  construits  par  la  main  de 
l'homme,  ne  pourraient  offirir  plus  d'avan- 
tages. Ce  bienfait  de  la  nature  n'ayant  pas 
obtenu  les  soins  nécessaires,  on  ne  peut 
depuis  quelque  temps  ,  en  tirer  partout 
autant  de  parti  qu'autrefois.  Les  embou- 
chures et  les  ports  rarement  débarassés  du 
sable  et  du  limon  que  les  années  y  estas- 
sent ,  se  sont  en  partie  obstrués  et  encom- 
brés. 

.    Les  grandes  l'outes  du  Danemàrck  ont 
long-temps  étonné  le  voyageur ,  par  l'état 


4â«  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
déplorable  où  elles  se  trouvaient ,.  et  \e§ 
^^•"««"k- chemins  de  traverse  étaient  encore  plus 
mal  entretenus*  On  commença  vers  le  mi* 
lieu  du  dernier  siècle  à  s'occuper  de  cet 
objet.  Depuis  1778,  il  existe  un  plan  gé- 
néral qu'on  exécute  peu  à  peu  ,  et  <]u  on 
perfectionne  à  mesure  que  Texpërience 
instrnitsur  les  détails.  Le  propriétaire  dont 
le  fond  est  entamé  reçoit  une  indenmité  ; 
des  chemins  sont  construits  autant  que 
possible  en  ligne  droite ,  et  ont  tous  une 
largeur  de  vingt  aunes.'On  va  maintenant 
d'Ëlseneur  à  Copenhague ,  et  de  Copen- 
faague  à  Corster ,  au  bord  du  grand  Beit , 
sur  une  chaussée  comparable  à  ce  que 
d'autres  pays  oflfîrent  de  plus  solide  et  de 
plus  beau  dans  ce  genre.  On  voyage  avec 
.  sûreté  et  commodité  dans  tout  le  pays. 
•  Le  commerce  intérieur  appartient  prin« 
cipalement  aux  villes  ;  elles  ont  seules  le 
.  droit  d'entretenir  des  établissemens  pour 
les  échanges  que  demande  la  consommation 
du  pays ,  d'avoir  des  magasins  ,  des  bou- 
tiques ^  et  de  tenir  des  foires  à  des  époques 
fixées.  On  compte  en  Danemarck  soixante- 
huit  endroits  décorés  du  nom  de  villes,  à 
l'exception  de  G>penhague  ,  Elseneur  , 
Odensé  j   Aalbprg  ,   Ribe  ,  Frédéricta  , 


DES    VO  Y  A  G  ES.       419 

Aarhies,  toutes  ces  villes  sont  languissantes^ 
dénuées  d'industrie ,  et  peu  en  état  d-^influer^^*^"**^ 
sur  la  prospérité  générale.  * 

En  Norwège ,  le  commerce  intérieur  est 
parvenu  à  une  assez  grande  activité  le  long 
des  côtes.  On  est  surtout  frappé  des  avan-» 
tages  du  golfe  de  Christiania  et  des  baîcf 
voisines  ,  en  parcourant  les  distiicts  qui 
touchent  à  ces  canaux  naturels.  C'est  Ik 
qu'on  rencontre  le  plus  grand  nombre  dd 
villes  et  de  tK>urgs  ,  l'aisance  la  plus  gé- 
nérale et  l'industrie  la  plus  animée.  Mais 
dans  Tintérieur  du  pays ,  les  communica- 
tions languissent  :  elles  sont  entravées  pat* 
les  hautes  montagnes^  souvent  très  difficiles^ 
à  franchir ,  par  des  bois  împétiétrabl^sf  ^^ 
par  des   marais  sans  fond.  On  a  cherché  à 
lever  ces  obstacles  ,  et  les  grandes  routes^  ^ 

ont  été*  considérablement  amélioyée»  de^ 
puis  quelque  temps.  Il  y  a  dans  tôUt  le 
pays ,  vingt  deux  villes ,  qui  étant  la  plupart 
des  ports  de  mer ,  prospèrent  à  un  certain 
point.  Bergen,  Drontheim,  Christiania ,  Fré**^ 
dérictaid ,  Christîansand  ,  ont  même  ac- 
quis des  richesses  qui  les  mettent  en  état 
de  contribuer  efficacement  aux  progrès  du 
bien-être  général. 
•  Plusieurs  rivières  navigables,  PElbe,  la- 


48o    HISTOIRE  GÉNÉiTALE 

Trave ,  la  Stoer  ,  TEyer  facilitent  lescom- 
•>Mw»«»k«  munîcatioDS  extérieures  des  duchés  .de 
SIeswig  et  de  Holstein.  Il  se  tient  annuel- 
lement ou  mois  de  janvier  dans  la  ville  de 
Kiel ,  une  grande  foire  «  pendant  laquelle 
cette  ville  devient  le  rendez-vous  de  ce  qu'il 
y  a  de  plus  riche  et  de  plus  coosidéraUe 
dans  l'une  et  l'autre  province.  Les  mar- 
chands y  font  des  échanges  ^  et  les  proprié- 
taires des  viremens  de  capitaux. 

On  avait  eu  depuis  longtemps  le  projet 
d'établir  dans  le  Holstein ,  un  canal  pour 
.  ,  la  fonction  de  la  Baltique  et  de  l'Océan.  Le 
gouvernement  s'étant  chargé  de  l'entre- 
prise^ les  travaux  commencèrent  en  1777, 
ils  furent  achevés  en  1784;  et  le  canal  ilit 
ouvert  la  même  année.  Le  canal  commence 
non  loin  de  Kiel.  Sur  sa  route  il  touche  Tex- 
trémité  septentrionale  du  lac  de  Flemhud, 
qui  lui  sert  de  réservoir  »  et  ensuite  il  se 
îoint  à  la  haute  Eyder  ,  qui  passe  à  Rens- 
bourg.  Au*de)à  de  cette  ville  ,  est  la  basse 
Eyder  5  qui  se  décharge  dans  l'océan  ger* 
manique.La  longueur  du  canal  proprement 
dit  I  est  de  quatre  milles  et  un  quart  ;  la 
profondeur  est  partout  de  dix  pieds  ^  la 
largeur  du  fond  de  cinquante-quatre ,  et 
celle  de  la  surface  de  cent.  Il  peut  passer 


DES    VO  Y  AGE&  '    43i 

Ses  navires  de  soixante-dix  lastes.  Les  bâti- 
mens  venant  de  Kiel  doivent  être  tirés  par  ^^*^«°^^^' 
des  chevaux  jusqu^à  Rendsbourg ,  de  Rends-» 
bourg  k  rocéan  on  emploie  des  voiies. 

Depuis  que  le  canal  existe  5  on  est  dis- 
pensé de  faire  la  navigation  toujo^urs  lon- 
gue et  souvent  dangereuse  autour  du  Jut* 
land  ,  '  pour  passer  ^'une  mer  à  l'autre.  Il 
règne  plus  d'activité  dans  rintérienr  du  ^ 
Holstein  et  du  Sleswîg ,  plus  de  prompti- 
tude et  de  sûreté  dans  le  commerce  de  ceç 
provinces  avec  le  Danemarck  et  la  Nor- 
wège. 

Une  autre  espèce  de  commerce  intérieur , 
c'est  celui  que  font  les  pays  ,  constituant 
essentiellement  la  puissance  danoise  avec  les 
possessions  lointaines  et  coloniales  ,  entre 
lesquelles  il  faut  comprendre  sous  ce  point 
de  vue  le  Finmarken  ou  la  Laponie  danoise* 
Il  est  permis  actuellement  à  tous  les  ports 
du  Danemarck ,  de  la  Nor  wège  et  des  du- , 
chés ,  d'expédier  des  navires  à  Steervix  ; 
mais  les  retours  doivent  être  déchargés  à 
Copenhague ,  à  moins  qu'ils  ne  soient  pour 
Je  compte  des  villes^  qui  ont  des  raffineries 

de  sucre. 

Le  commerce  extérieur  des  Etats  danois 
9  été  longtemps  au  pouvoir  des  villes  an- 


43*  HISTOIRE  G^NJÉRALE 
sëatlques  et  surtout  de  Lubeck.  Déstrant 
^«*^"""^' secouer  le  joug  des Lubeckois ,  qui  sortaient 
souvent  de  la  sphère  de  leur  industrie  com« 
merciale ,  pour  s'immiscer  d^ns  les  întërèts 
politiques  du  nord ,  les  roi,»  de  Danémarck 
favorisèrent'  les  Hollandais ,  qui  depuis  le 
milieu  du  seizième  siècle ,  jusque  vers  la  fin 
du  dix-septiènte  ,  recueillirent  les  princi- 
paux profits  du  commerce  de  ces  pajs.  Le 
(gouvernement  et  la  nation  aj^ant  senti  quil 
ftait  temp&  de  sortir  de  cette  dépendance 
étrangère ,  on  créa ,  peu  à  pçu  une  marine 
marchande ,  et  les  expéditions  bornées d  a* 
bçrd  à  l'Espagne  et  k  la  France  ,  furent 
assez  heureuses  pour  en  taire  naître  de  plus 
étendues.  Mais  ces  efforts  naissans  rencon- 
trèrept  un  obstacle  qui  en  suspendit  le  dé- 
veloppement. Au  commencement  du  dix- 
iiuitième  siècle  s'alluma  cette  guerre  fu« 
neste  qui  dévasta  le  tlord  pendant  vingt 
années*  La  paix  réCablie  en  17^0  ,  a  élé 
conservée  en  Danémarck  presque  sans  in- 
terruption jusqu'à  nos  jours.  Pendant  cet 
espace  de  temps  plusieurs  guerres  ont  eu 
lieu  en  Europe.  A  la  laveur  de  la  neutra- 
lité ,  le  pavillon  danois  s'est  répandu  sor 
toutes  les  mers.  On  a  pu  multiplier  les 
échanges  ,  accroître  la  marine  marchande, 

rt 


t^t  faire  de^  >  pitifite  eotisidérablés  paF  le 
fret.. 

Les  rëglemens  relalirs  à  la  marcKe  un 
opérations  *  cDthmérôiales  s'étaient  loxig  - 
letaips.  f'èssehtie  de  rinfltiéheé  de  m  ^rfstèmf 
qui  arrête  F^sor  de  rindustrie  >  en  t^irf 
cctisorivfibt  te  cerete  dé  ion  abtivtié^  L^ 
vrais  ptiinfci^s  dût  été  reconnus  ,  là  aniiti» 
plîci le idet  droits  n'existe  pliis%  La  matliërt 
'de  les  përeeroir  à  été  k*ecti(iée  et  Sim|ilifiédl 
On  addpte  les  amendeihéns  que  recoin» 
mande  rexpérience ,  et  la  partie  du  détaX 
•ë  perfectionne  avec  lès  annéfes^ 

Les  habîiàns  du  Danemarck ,  des  duchérf 
•t  delà  Noi^^ge  ,  se  ti*oiiYent«n  relalidri 
Êi^Q  la  plupart  des  pcupiies  cotAm^Èr^aas  4 
3()ft  p<Akir  (es  échanges  des  produits  deleui^ 
i(ol  et  de  ce'u)t  des  colotiies  i  ainsi  que  des 
marchandises  qu'ils  tirent  de  l'Inde  et  dé 
la  Chine  i  ioii  par  le  cdmm^rcef  de  tréniisU 
et  le  fret  de  leurs  navireis  ^  tdniât  pbur  tsti 
ekpéditionsi  Ibtntaines  4  taûtét  p(»UT  lecabD^ 
.tage«'   '  •  •    '» 

ht  coninier^e  A^rtt  rAlléâi«^n«  e&t  >nî<( 
poHâni  L<^s  Bticbës  et  ia  IfforAHge^  0ii( 
depuis  long-iemps  àti  ^appm*{s  mm^t^ 
tiàut  trës-intîmes  avee  les  HoUaâfiàis  4*^ 
^^gnçi^dienfc  p^u  à  ee  0Mfihiti*lc« ^  li  k  f  tMf 

Tome  IL  £  « 


'434    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

des  capitaux  y  qufils  font  valoir  dans  les 
D«juauuefc« états  danois  »  ne  contribuait  à  solder  leurs 
comptes. 

'  Le  commerce  avec  l'Angleterre ,  peu  im« 
|K)rtant  pour  le  Danemarck  et  les  Duchés , 
Vest  d'autant  plus  pour  la  Norwège.  Les 
Anglais  achètent  dans  ce  pa^s ,  du  poisson 
.  séché  et  une  grande  quantité  de  bois.  Quel- 
qu'ils  y  placent  avantageusemeot  du  char* 
bon  de  terre  ,  et  plusieurs  produits  djs 
manufactures,  labalance  n'est  point  en  leur 

faveur.   . 

La  plupart  des  villes  commerçantes  de 
la  France  connaissent  le  pavillon  danois. 
Et  le  commerce  de  la .  méditérannée ,  y 
^  compris  les  rèlatioiis  avec  les  ports  de 
France  et  d'Espagne ,  situés  sur  cetle  mer, 
occupe  annuellement  un  assez  {j^raodnoni- 
bre  de  vaisseaux.    ^ 

'\  Plusieurs  parages,  de  la  Baltique  ,  da 
Categat  et  de  I4  wcr  du  nord  p  présentant 
vers  les  côtes  de  grandes  difficultés  à  \x 
navigation  ,  sui*tout  dans  l'arrière  saisoo  , 
il  A  été  esseQtiie)  de; prendre  des  mesuns 
pour  prévenir  lefs  accidens.  Tous  les  di>* 
tri^ts  msritimes  ont  des  pilotes  cdtiers  qui 
iubissent  un  exankeo  et  qui  reçoivent  di  i 
^tcûtes.roj^idc^t.Geux  de  Tile  d'Écelgobcu 


DES    VO  Y  AiGÇ  S.   .    435 

sont  célèbres  par  leur  adresse  et  leur  intré-  s" 
pîdîté!'Lesrânât|xoat  été  augmentés ,  prin- ^■»®®*'*^^ 
ci  paiement  le  long  des  >cdtes  de  ^a  Norwège 
où  îl  en  manquait  sur  plusieurs  points.  II 
y  a  des  écoles  de  navigation  dans  la  f^lu* 
part  des.port's,  et  depuis  xjuelxjuc  temps  îl 
a  été  formé  à  Copenhague  un  dépôt  d^ 
cartes  marines  à  Tusage  des  i^^vigateurs^         .  . 


^^  «^     A   > 


.    .       .••" 


I  ' 


M     -i-y: 


»    r- 


1      t 


I 


^         .        ' 


•   •  •        >  I  I  ,  I  » 

•  •  •  ' 

t  •  f      V  •    t  •'i' 

fOa».  t     k      l      i     ■*  ' 

•    t  ■  <  '1     1 

,  I  .  ... 


f     •  1 


r* 


1 


>  >  p         ■  '• 


y     •  /       •  <  -  r     -  . 


I     %  .      -  '       I  • 


J 


)  -J 


I       •  » 

•  t  . 


* 

^ 


\^% 


43«  Hl^tÔ'lIlfi  3£NÊJ[iALE 

. A       

—■——•■— -*^^P—    I    I    II         P  I    fc^— ^n— IP— —    I    I     I     I  I  IM— I— >fcl^»» 

dlîAPlTRË  Vit. 

f 

Scibnni  etnris.  -^Scaldes.  -^  Acuitmitj 
imprifkeriei  ei  èibUoihiftteSi 

•taomnok.  de  Norwëge  et  de  Suède  ,  représentent  les 
anciens  hahitans  de  ces  pays  comme  très- 
avancés  dans  plusieurs  genres  de  connais- 
sances. Ces  écrivains  ont  sans  doute  doooé 
dans  l'exagération  ;  mais  il  ne  s^ensuît  pas 
que  les  Scandinaves  fussent  un  peuple  igno- 
rant^ sauvaj^e  et  dénué  de  culture;  leur 
langue  était  mSTé ,  énergique  et  riche , 
comme  le  prouvent  les  inscriptions  ru- 
niques ,  échappées  aux  ravages  du  temp 
et  au  zèle  des  missionnaires.  Us  avaient  les 
notions  du  calcul  que  Texistence  sociale 
rend  nécessaire;  ainsi  que  les  Grecs  ,  ils 
se  servaient  des  lettres  de  Talphabet  pour 
compter.  Placés  dans  un  pays  élevé  et  voi- 
sin du  pâle  I  où  les  nuits  d'été  sont  très- 
courtes  ,  et  celles  de  Thiver  éclairées  par  la 
neige  »  par  un  firmament  serein ,  par  les 
aurores  boréales^  ils  observaient  sans  peine 
les  révolutions  du  ciel ,  et  les  grands  traiu 


^'appliqw^rppt  À  P9n».^?^rP  !»P.ÇP;)9t!pil§tions 
et  II  leur  ^qnçr  4e$  norpg  jçj^pre§§ifç,  Qb| 

qptipiî§  48tro»oroiqBPS  îwr  so  firwf  9fiq»é- 

rir  çur  Içs  ^n»p§  :  ils  «yaleqfflef  çA|e.n4rif  jr| 
tracée  ?ur  4ç9  Mtpns  iioti)iD(é§  rugt(|H^^  i  fl 
dont  wo  ^?$ez  gf?n4  flPPïbrÇ  ej^iste  çncor.*, 
mais  c'^tpif  Ja  poç'gjç  qui  Iç»  iptérewaljt  1^ 
p]up  ;  Jp^rj  ppètjp?  npfDméç  f  P<|/f^e^,  )ou»ien$ 
fUj  rôle  diatipgvié.ils  suiy^ipqf:  le?  priwicç§  ?| 
ftiPtaiçnt  l'prperoent  ^e  ^ejjr  CQ»r  *  }\»  ^m^- 
t^iept  #vx  cp|nb4t?  poBfr  le?  chant?}?  ayçf 

pli?8  4'én?rgip  I  et  leur  h»m§<î  pç  plaisait  s^jr- 

tP»P  h  iwfP9rJ3!i8pr  les  \iéyçm,  3puygp|: 
f  uçsj ,  inlerprèt??  de  ]à  ver^ji  çt  ^p  Ig  ftir 
0e8Se ,  les  solides  en  çélebrajeiit  )e^  char- 
mes ,  et  ep  prpropigpaiept  \efi  praçle§  ;  il^ 
ippseigpaiept  «pu  rois  à  ççlç'lîcçr  U  jwH'C®^ 
e$  k  repdre  les  peppjes  heuj*eyx^  ilf  epjtr^- 
t^pfiitep;  cbe?i  1^9  peppleç  rapio^r  4e  la  pa- 
trie et  le?  vertus  des  preipj?r§  â^ej , 

Il  existe  PPcoFÇ  qwelqp^e^  poulies  jd^ 
?c«l.deiS  ,  op  y  vpit  (il^ps  tPPtç  leuf  glpjre  1q» 
héro?  de  la  Scandinavie ,  jéjjr  fougue  mar- 
tiale *t  rjBtr^pidité  de  jepj-  cpurage^  sont 
peipteç  ep  traits  ^nergjqi???  ,;  ^t  oue  l'o» 
croirait  voisins    de  rhypçpbole-.  s  ilf  V^'f' 

£e  a 


-na^,; 


l' n. 


:    DES    VOYAGES.       489 

»  Pendant  que  les  Islandais  cultivaient 
ainsi  leur  esfMrit,  et  s'ocenpaient  à  Fé-nuwmaMS. 
pandre  des  connaissances  utiles.  Le  Dane* 
marck  et  la  Norwège  étaient  couverts  ^ 
comme  le  reste  de  l'Europe ,  des  ténèhres 
de  Tignorance  et  de  la  barbarie.  A  Tëpoqui^ 
de  la  renaissance  des  lettres  ,  ces  àewc 
pays  étaient  agités  par  des  troubles  dor 
mestiques  et  des  guerres .  étrangères  qui 
retardèrent  les  progrès  de  tous  les  arts  que 
la  paix  fait  fleurir.  Sous  le  règne  de  Cbré*' 
tien  III 9  le  calme  fut  rétabli  et  l'ordre  sor 
cial  reprit  la  consistance  qu'il  avait  perduf 
au  milieu  des  dissentions  et  des  combats» 
I.es  premiers  efibrts  des  esprits  se  portèrent 
vers  les  discussions  tbéôlogiqiièsau)kqtteUes 
Tintroduction  de  la  réforme  donnait  un 
haut  degré  d'knportance.  Lorsque  cette 
ferveur  eut  eu  le  temps  de  se  passer  ,  d'au-^ 
très  objets  fixèrent  l'atientioQ ,  et  la  sphère 
des  travaux  consacrée  k  l'étude  ^  s'étendi|: 
peu  à  peu.. 

Les  États  danois  ont  produit  des  hommes 
distingués  dans  plusieurs  genres  ;  les 
sciences  et  les  arts  y  ont  éfé  cultivés  weç 
ardeur,  et  sont  parvenus  ^i|  développement 
dont  la  population  et  les.  autres  moyens  les 

xmt  rendus  susceptibles»-  ;  ; 

Ee  4 


44*    HI15T0I11  GÉNÉH^iXB 

Pavnii  c€S  noias  les  pluscëlèliret,  eM  celai 
D^u9m^c}^s  ^^  j^oO'BPnhé ,  cet  homme  remarquable 

parut  sous  le  t^gne  de  Prédërio  II  ;  aé 
d'une  des  fiimUles  les  plus  illustres  et  lea 
plus  riohes  du  pays  t  "  refionç a  aux  hoo<« 
Mitrsetaû» titres  pour  se  reuev  àimacien* 
ees)  Tastronômie  devint  sen  étude  princi* 
paie.  Ayant  perlëctionnë  les  '  instrument 
astrononijC|ues ,  il  observa  te  eiel  av^e  use 
exactitude  inconnue  jusqu^alors^  et  il  par* 
'  vint  à  tracer  sur  un  globe  la  position  des 
^étoiles  fixes  ;  son  génie  prenant  «in  essor 
hardi  ^  fit  des  d^ouvertes  lumineuses  ,  et 
ouvrit  cette  route  qu'ont  parcouru  depnis 
Kepler  et  Newton.  La  petite  ile  de  Fb^ken , 
située  dans  le  Sund  ^  entre  le  Séland  et  la 
Scanie  ,  et  que  le  Danemarok  céda  k  la 
fiuëde  en  1660 /fdt  long-temps  Vtsyie  où 
Tyco-Brahé  lie  livrait  k  ses  travaux  et  à  ses 
taiëditatioos«  Il  y  fit  construire  un  édifice 
de  soixante  •  qulnae  pieds  d^éMvatioo  »  et 
surmonté  de  deux  tours  qui  servaientd^ob- 
servatoire*  Cet  édifice  reçut  le  nom  à^Ura- 
nibourg ,  ou  ckiteaudu  cf^;et  contenait , 
outres  les  instrumens. astronomiques,  une 
imprimerie  et  un  laboratoire  de  chimie; 
il  était  entonré  d'un  jardin ,  et  daas  les  en« 
virons  se  truuvaieot  quelques  cabanes  de 


'  »  1  s   V  O  ?  A  G  E  9.      |4k 

pavgan^.  Frédéric  II  a^ak  cédé  k  Uvahé 
rtle  deWhen  pour  M  vie  »  et  e^  pfa}kMeplie 
eo  eMrissatt  le  séjonr ,  maisTintrigue  et 
h  jalousie  parviareat  à  Pen  baaair  ;  H  fut 
obligé  M  cjaltter  le  Daaeoiarek,  et  de 
chercber  aae  retraite  ehez  l'étranger  ;  dë9- 
ion,  Uraoiboorg  tint  a^ligé^  et  il  n^en 
reste  pla?  maiatenant  que  des  meaeeanic 
de  pierres.  Le  voyageur  contemple  ces 
ruines  avec  respect ,  et  croît  voir  errer  au* 
tour  jd^Ues  Terabre  de  ce  graad  homme , 
qui  fiit  arraché  de  sa  demeure  »  objet  de 
son  aflfection. 

Depuis  le  milieu  du  dix-huitième  siècle 
jusqu'au  moment  actuel ,  plusieurs  circons- 
tances se  sont  réunies  pourtiomier  un  nou- 
vel essor  au  talent ,  et  pour  étendre  le  do- 
maine des  sciences  et  des  lettres  ;  plusieurs 
hommes  d'un  mérite  distingué  ont  été  mis 
en  état  par  le  gouvernement  ,  d^entre- 
prendre  des  voyages  pour  augmenter  leurs 
eonnaissanees^  et  pour  fliire  des  recherches 
utiles  )  il  s'esifbrmédes  sociétés  savantes  et 
littéraires  ;  les  bibliothèques  publiques  ont 
reçu  des  accroissemens  considérables.  L'af- 
«ance  ëtantdevenu^  plus  gébéralè^  le  goût 
de  la  lecture  et  de  Ptnstruetion  a  pu  se 
rendre,  daas  toutes  les  classes  ;  le  eom- 


44*    HISTOIRi;  «éNÉRALE 

merce  de:  la  librairie  encourage .  par  def 
Dui«iiuxek.  demandes  plus  fréquentes  >  a  étendu  les 
relations;  les  journfiux  se  sont  multiplies  et 
ont  établi  la  circulation  des  connaîssaoceSb 
Les  nombreuses  réroi*mès  entreprises  par 
le  gouverneq9ent ,  ont  donné  occasioa  de 
^  discuter  les  grandes  questions  d'économie 
politique  et  de  législation;  les  principes 
adoptés  relativement  à  lalibertédela  presse^ 
ont  été  mis  à  profit  par  des  hommes  éclairés 
et  sages,  pour  présenter  des  idés  philosor 
pbiques  ,  pour  détruire  des  erreurs  et 
pour  former  la  raison. 

On  compte  dans  la  capitale  quatroee  k 
quinze  libraires,  dont  cinq  à  six  fbat  un 
commerce  important  en  livres  étrangers  ; 
les  imprimeries  sont  au  nombre  de  dix-sept , 
elles  ont  encore  à  lutter  conte  plusieurs  ob^ 
tacles  qui  les  empêchent  de  se  perfection 
ner.  La  main  d'œuvre  est  trës-chëre ,  il  faut 
tirer  dé  1  étranger  la  plus  grande  partie  du 
papier  et  des  caractères.  Il  s'est  formé  dans  la 
plupart  des  autres  villes  ,  d^  librairies  et 
des  imprimeries  dont  Tactivité  est  cepen** 
dant  encore  assez  4>ornée. 

Le  zèle  de  quelques,  sa  vans  fit  nattre  la 
société  rojale  des  sciencef ,  sous  le  règn^ 
de  Chrétien  VI  ;  depuis  ce  temps  ^  elle  a 


DES    VOYAGES.       443 

étendu  ses  travaux  sur  Thistoii^e  naturelle,  ■■ 

sur  la  physique  et  sur  les  mathématiques  ;  Danematck; 
elle  s'est  aussi  chargée  de  publier  les  cartes 
du  pays. Ses  mémoii*es  sont  écrits  en  danois 
et  forment  une  collection  considérable. 

La  soeiété  des  belles-lettres  a  contribué* 
beaucoup  à  répandre  »  tant  à  Copenhague' 
où  elle rî^side, que  dans  les  provinces,  les 
principes  et  le  goût  de  la  saine  littérature.- 

Il  j  a  de  plus  à  Copenhague  des  sociétés 
de  médecine  et  de  chirurgie ,  de  théologie/ 
de  jurisprudence  ^  d'héraldique  et  une  so-^ 
ciété  nommée  islandaise.  Celle-ci  s'occupe^ 
desmojens  de  répandre  en  Islande  lescdta*- 
naissances  utiles  ;  elle  fait  imprimer  des 
mémoires  dans  la  langue  de  ce  pays,  et 
admet  dans  son  sein  les  jeunes  Islandais 
qui  se  rendent  à  la  capitale  pour  faire  leurs 
études. 

•  La  tour  de  l'église  de  la  Trinité  forme 
l'observatoire  de  la  capitale  ;  cette  tour 
dont  leiâmeux  astronome  Longomontan 
donna  le  plan ,  et  qui  fut  construite  en  1637, 
est  ronde,  surmontée  d'une  plate-formA 
et  entourée  d'un  grillage  de  fer ,  elle  a  un 
diamètr,e  de  soixante  pieds  et  une  'élévation 
décent  cinquante  ;  on  y  monte  en  grande 
partie  par  une  rampe  et  un  limaçon.  L'ob* 


444   HîÇTOIJl^  aÉ^'iRAÏ^E 

serv^toire  9  tovjoifr^  é^  fwvnt  ^p  )hV% 
ÇwowKk'instruraens  qui ,  tbpwi»  plu«ii^))r«  »pinë^, 
le  font  k  Çopeohagup  vp^émPt 

C«  fut  4»R§  le  8çi?iiip?  Bipç)« ,  q»»e  V«* 
comm«iaç«  k  forwfr  U  biW«?tb^i)f  â^ 
wai  ,  dWFf ni*P  pw  k  pf»>  «np  4ei  pîus 

«f mim^  te  plw  ri?b«-  Oa  fait  «(^oïJtfr  Kf 
tll^lUmiBplt  1«  nqmbfp  4p8  vp)»pi«p  à  dsux 

vpt  t  l«  priçuipM  8aW.#  .  4ivi«4  p^r  hw 
$À9v[». ,  ♦  d?«x  cpa«  pip4§  d^  |q»g«j^ai 

U  partie  lii.stçfi(}ti«  qqi  %ei  4i»tingiK  le  f,\»%t 
par  te  paml)r«  «t  p^r  te  <^hoix  4«it  puvr«gw> 

Dans  la  coUection  des  anciennes  é^itipsff, 
«R  GJ)9erYfi  «pe  grascte  qvi94tit4  4»  biblfs» 

p«r  wnTitfhUvf  du  diitifeins  »iW«.p<ippl>ir 

f i9Uro  *HrOPiq\>e»  ^  et  pjkv  )p9  OQyragfff 

•r«b$9 ,  qtt'pa(  rafts^mt^  tef>  «avAn»  »  «bt 

¥^«  par  TfréMm  y»  «p  Ali*. 

tidéia^m»  tant  44Pf  teçapiliite  q^'ailte|l^^ 


VMir  tréfite  à  qiidfiBté  ittillè   ifoiÛrûH. 


Eàtft  l«ft  èàhiÈdl*  A'hiitolté  B&ttfHëllt,  èe  Du«iii*tef « 
«ÉMtij^e  ôéltti  d«!  TtiàiveMité  lâè  £éfpeh- 
fea^«i  DëpUi»  qtièk)iBi<i  ânfiééi  bfl  ft'd(^(*tipfe 
4m  prd)et  d'jr  lèlMk-  lin  tntiftë«fii  ttétiénil. 
UttU  cfbifliriiMkift  11  été  ttomtfié»  ^  fUt  te 

gétjf«fitfiHe6t  ^ui>  diriger  «tt  ^ai». 

Lîd  ftlinldt  ée»  paft  eu  Adri  >  Uïitf  10- 

i>iiâ{}6h  «c  tel  fe68t>«»<«»  éfii^vtelk»  le» 

fe0l-d«  b  ttAtfife  >   nfe  fétûiettent  pài  fltfx 

Ci  d'y  fMrtétfk-  à  iitt  gtsad  dét«te^^«fii«fit. 

il»  fefetèKlli  «u  bèf CMU  i  dié(fc«  daâè  la 
édpitale  )  ftasqU^atl  VkgWt  <ùe  tféêëtic  W. 
.Qiff\»<ie^  péiiitat  Mh  ie)mt  «û  UàWë, 
fut  frappé  de«'eh«^WYi«fc  «|tti  k'iêtkiteAt 
h  Ù8  yanx  t  et  ëft  Rip)>èHà  j^tÀètëufs  ea 
'ÛaUttâtAfcll»  ii^tfcéMtrâirft^i'éeiflMéttMs 
itabil«tr  te»  ëhdtétftIM  de  f>e«itèiflft^Mi^  et 
de  rfëdé<-eesfcël>gf,  et  lëé  e&Héblt  àë  ^è- 

dftètfëns ,  des  ët-ts  jfi^ëj^res  i  iefvir  de  mo- 
dèles. En  ijMf  il  tVif  «â^H  ^Bft  la  ek- 
.^tèlé  tiHè  éêèlë  àe  dètsid  >  ^  ietilH  le 
èèKéëat  dé  fïifaAéMe  de»  4Mtftet  ttfts 
<^i  mwfét»i  ^«Éfdè  piffit'âe  TBttdtn 
ë|âl»ftifi  dé  Gbafhmétt^r^;  Is«»  •fcllf- 
tëëtes ,  lei  p^iiMi^  dè«  pdirlAH»  et  lès 


446    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

de  la  part  du  public  ,  mais  les  peintres 
^'^■'■«"*^^*  d'histoire  et  les  statuaires  subsisteraient 
avec  peine ,  si  la  cour  ne  leur  tburnissaît 
l'occasion  de  tirer  parti  de  leur  talent.  Les 
flammes  qui  en  1784  ont  dévas^të  le  palais 
consumèrent  ces  productions  précieuses 
qui  attestaient  le  génie  des  artistes  et  les 
progrès  de  Fait  dans  la  capitale  du  Dane- 
marck.  L'incendie  se  répandit  avec. tant  de 
célérité,  que  bientôt  on  ne  vit  plus  que 

,  des  ruines  et.  des  cendres.  On  (parvint  ce- 
pendant à  sauver  plusieurs  monumens  des 
arts  y  et  toute  la  nouvelle  galerie,  compo» 

.sée  des  chef  -  d'œuvres.  des  pli|S  grands 
iqaitres.,  teliS que Rubens,  Paul^  Vérofièse, 
Nicolas  pQussin  et  Wandick. 

Le  cabinet  des  curiosités  est  placé  dans 
le  bâtiment  de  la  bibliothèque  royale*  Il 
renferme  des  collections  ,d'animiaux  ,  de 

.coquillages  et  de  minéraux  ,  d'ouvrages 
curieux  en  divers  genres  de  restes  de  Tan- 

.  tiquité^  d'armes,  de  vétemens  etjd'usten* 
silea  fies  Indiens ,  des  Chinois  »  des  Lapons  » 
des  Groeplandais  et  de  quelques  autres 
peuples*  Entre  les  ouvrages  curieux ,  on 
remarque  des  sculptures  ep  bois  faites  par 
des  paysans  Norwégiens  et  plusieurs  pièces 

;  .en  ivoire  ^  de  la  plus  gr^^pde  pcrfectioot 


DES    VOYAGES.       447 

La  collection  des  tal)leaux  en  présente  du 
Corrige  ,  de  Jules  Romain ,  de  Raphaël^ 
d^rbain  ^  de  TAlbane ,  de  Caravag;e ,  de 
l'Espagnolet ,  deSalvator  Rosa ,  de  Holbeîn^ 
de  Rubens ,  de  Retnbrand  ^  de  Jacob  Jot- 
-dans  f  de  Pierre  Wouvermann;r  Le«  resten 
de  l'antiquité  les  plus  remarquables^  sont 
un  buste  de  Lucrus  Verres ,  un  autre  de 
MârctAurèle  ^  une  léte  de  femoie  en  ivoire^ 
morceau  du  travail  le  plus  achevé. 

Les  habiians  du  nord  ne  sont  pas  insen* 
siUes  aux  charmes  de  Tharmome  :  ils  ont 
snêtnc  quelques  airs  pationaux^  et  dtt 
^nses  de  leur  invention  ;  mais  on  ne  trouva 
point  chez  eux  ce  goût  et  cet  entfaoïisiasme 
de  la  musique^  dont  la  nature  rend  sus- 
ceptibles le^  habitans  de  la  plupart  des 
pajs  méridionaux. 

La  musique  ,  dit  un  écrivain  danois  ; 
est  un  objet  inirnaan  pour  hu  plus  grande 
partie  du  peuple  en  Danemarck  et  en 
Norwège*  L'étude  de  la  musique  fait  ce- 
pendant partie  de  Téducation  parmi  les 
citoyens  aisés.  On  rencontre  dans  la  capi^ 
taie  et  dans  quelques  autres  ^villes  des 
amateurs,  qui  par  une  application  suivie 
4t  avec  le  secours  de  bons  maîtres ,  sont 
parveiiijf  à  acquérir  un  taknt  distinguée 


c 


44$  HISTOIRE  C^NËRALC 

Le»  concerts  forment  un  des  amusemem 
public8  i  recherchés  par  ton  4  si  ce  n'est 
par  goât*  Il  s'en  donne;  souvent  pendant 
l'hiver  dans  les  salles  des  clubs  ,  et  dans 
d'4utTes  endroits  qui  foivrnî#seat  un  local 

eonvenabie* 

II  y  a  depuis  quelque  -  temps  à  CopeiH 
^gue  une  imprimerie  de  notes.  Le  projet 
d'une  acadénaie  de  miisiqu^  donné  par  ob 
amateur  n'ii  pu  être  exéoii^é.  jusqu'ici*  D'un 
e^U  le^^oût  de  la  iii«*iq%e  n'est  ||aa  assez 
général  i  et  de  l'uutrA^  des.  obi^to  d'une  fim 
gifaqde  importanee  ^  fiae»t  l'àttentiM  de 
eeuji:  qui  peiffreai  seimider  ke  iBétttattett 
^ubtiqwl» 


•  1 


ÔUPITRE 


DES    VOYAGES.       449 


m    I  ■!  ■  -    i«*J« 


CHAPITRE    VIII. 

X 

Education.  _  Langue  y  Caractère,  Mœurs 
*    et  usages.  —  Religion  y  Eglise  et  clergé 
de  Danemarck. 


L 


ORSQUB  le  christianisme  se  fut  répan- 


du dans  le  pays  du  nord,  les  prêtres  fon- DanciMrck. 
dèrent  dans  le  chef-lieu  de  chaque  diocèse, 
des  établissemens  pour  Tinstruction  de  la 
jeunesise  ;  mais  cette  instruction  se  bornait 
à  quelques  articles  du  christianisme,  et' à 
la  connaissance  du  rit  ecclésiastique.  Les 
jeunes  gens ,  destinés  à  remplir  les  charges 
de  ITEtat  étaient  obligés  de  chercher ,  hors 
de  leur  pays,  les  connaissances  *  dont  ils 
avaient  besoin.  Lies  universités  de  Paris , 
de  Cologne  et  de  Bolc^ne,  comptaient  entre 
leurs  élèves,  des  Danois ,  des  Suédois ,  des 
Norwégiens  et  même  des  Islandais. 

Il  ne  dépendait  ni  des  princes  ,  ni 
des  peuples  de  créer  des  institutions ,  ou 
l'enseignement  embrassât  les  sciences  , 
les  lettres  et  les  arts ,  et  qui  servissent  à 
répandre ,  dans  toutes  les  classes  de  la 
société,  tine  masse  de  connaissances  utiles* - 

Tome  II.  Ff 


46o    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

C'était  une  prérogative  qu'il  fallait  sollU 
ï^**«»««**cîtei'  à  la  cour  de  Rome. 

Chrétien  I.«^  y  aj^ant  fait  un  voyage  , 
donna  des  marques  de  déférence  qui  cap- 
tivèrent le  pape.  Le  roi  de  Danemarck  em- 
porta de  la  capitale  du  monde  chrétien  , 
des  bénédictions  y  des  reliques^  et  la  per- 
mission d'établir  une  université  a  Copen- 
hague; en  général,  cette  université  est  ri- 
chement dotée  ;  mais  plusieurs  réformes 
seraient  nécessaires  pour  qu'elle  pût  rem- 
plir le  but  de  son  établissement  :  elles  de- 
vraient se  porter  sur  la  méthode  de  ren- 
seignement i  sur  le  choix  des  objets  qu'on 
enseigne  et  sur  les  exercices  publics. 

Le  nombre  des  écoliers  est  ordinaire- 
ment de  sept  cents  :  il  en  vient  non-seu- 
lement de  Danemarck ,  mais  aussi  de  Nor- 
wège  et  d'Islande.  Ces  derniers  se  distin- 
guent par  une  grande  application  et  de> 
mœurs  très-réglées.  L'université  a  une  bi- 
bliothèque de  soixante  milles  volumes ,  un 
laboratoire  de  chimie ,  un  cabinet  d'histoire 
naturelle  ,  un  jardin  de  botanique  et  un 
théâtre  anatomique. 

Lorsque  le  système  religieux  du  Dane« 
marck ,  fut  changé  par  l'admission  du  lu- 
théranisme^ on  conserva  les  titres  ti  itt 


DES    VOYAGES.       ^hi 

révenus  des  canonîcats  pour  servir  de  ré- 
compense aux  professeurs  ,  et  plusieurs  Danexnarck. 
villes  où  il  y  avait  des  cathédrales  obtinrent 
des  collèges  ou  Gymnases.  De  ces  collèges^ 
il  ny  a  que  celui  d'Odensé  qui  subsiste 
encore.  , 

*  Les  villes  les  plus  considérables  du  Da- 
nemarck  ont  des  écoles  nommées  latines  ^ 
où  Ton  enseigne  outre  le  latin  ,  rhisloîre, 
la  géographie  ,  le  grec  et  l'Hébreu.  Comme 
l'origine  de  ces  écoles  remonte  à  des  temps 
où  l'ignorance  et  la  superstitioà  confon- 
daient toutes-  les  idées  ,  elles  ont  besoin 
d'une  réforme  totale.  Cet  ouvrage  a  été 
commencé  à  Copenhague  ,  et  depuis  quel- 
ques années  on  fait  Tessai  d'une  méthode 
nouvelle  qui  sera  introduite  dans  les  autres 
villes  ,♦  si  elle  est  sanctionnée  par  l'expé- 
rience. 

Mais  ce  n'est  pas  le  tout  d'avoir  des 
Ijcées  pour  former  les  jeunes  gens  des 
classes  supérieures,  ou  ceux  qui  se  vouent 
aux  études.  11  faut  des  instituts  pour  le 
premier  développement  des  facultés  in- 
tellectuelles ;   il  en   faut   d'autres ,   où  la 

»  f         * 

jeunesse  destinée  aux  arts  mécaniques,,  k    ' 
l'agriculture,  au  commerce,  puisse  acqué- 
rir les  principes  et  les  connaissances  doat 

Ff  a 


45a    HISTOIRE  GENERALE 
■m        I    elle  aura  besoin  pour  se  diriger  dans  U 
**"'°"*^' carrière    des'  devoirs    et  les  travaux   qui 
l'attendent. 

Tous  le«  écrivains  Danois  convieDoent 
que  les  (écoles  élémentaires  établies  dans 
les  villes  pour  les  enfans  des  deux  sexec, 
sont  encore  très-éloignées  de  l'organisatico 
C[ue  sollicite  le  progrès  des  lumières  et 
l'intérêt  national.  Oay  enseigne  gratuite- 
ment ou  pour  une  rétribution  modique , 
la  loi  prescrit  aux  parens  à'y  envoyer  le» 
entàns ,  et  ceux  qui  oégUgenc  ce  devoir 
sont  mis  à  l'amende.  Mais  i'iostructioo  te 
borne  à  peu  près  aux  élémens  de  la  nature- 
La  méthode  des  maîtres  est  souvent  en 
contradiction  avec  le  bon  sens,  et  l'art  de 
captiver  la  jeunesse  leur  est  iuconou  ou 
îndiRéreut.  On  espère  que  la  rég^oératica 
des  écol^  primaires  ,  sera  tàcililée  pir 
rétablissement  des  séminaires,  destiné?  4 
former  des  maîtres.  Le  séminaire  prioii- 
pal  a  été  établi  prèsi  de  Copeuhague  :  i. 
y  existe  depuis  quelques  années  un  éta- 
blissement nomme  iji:i>lc  de  dmiauilti'.  plu- 
sieurs maîtres  y  doniR'iu  gr.itiuieqm(dr> 
instructions  aux  jrtiisjn»  et  aux  dfeijitot'- 
ques.  L'éducaLiiui  dumcstique  «iC  «bc-  . 
en  usage  daas  k-i  tamilles  aifeccv 


DE  s    V  O  Y  A  G  E  s.        453 

des  instituteurs,  et  surtout  celui  de^  insti- 
tutrices, n'obtient  pas  toujours  l'attention  Paoemaick* 
nécessaire ,    et  Ton    fait   quelquefois  une 
grande  dépense,  sans  obtenir  aucun  avan- 
tage réel. 

.  Plusieurs  villes  de  Norwëge  pnt  des 
écoles  latines  semblables  à  celles  dès  villes 
danoises.  Les  écoles  primaires  ont  le  phu 
grand  besoin  d'être  réformées  ,  à  la  cam- 
pagne  surtout.  Quelques  districts  sont  en- 
tièrement dépourvus  d'écoles  ,  et  il  n'y  a 
que  des  maîtres  ambulans ,  qui  vont  d'une 
habitation  h  l'autre.  L'amélioration  de  cet 
objet  est  un  de  ceux  dont  s'occupent  les 
sociétés  patriotiques  qui  se  sont  formées  de- 
puis quelque  temps  en  Norvvëge. 

Les  possessions  éloignées  ont  encore  peu 
d'établissemens  publics  pour  l'éducation  de 
la  jeunesse.  En  Islande  ,   les  parens  ins- 
truisent eux-mêmes  leurs  eqfans.  Le  jeune 
homme  qui  veut  entrer  dans  la  carrièi'e 
ecclésiastique  n'a    besoin   que  d'un  certi^ 
ficat   des   écoles   latines  ,   mais  celui   qui 
aspire  aux   emplois  civils  est  tenu  de  se 
rendre  h  l'université  de  Copenhague.  Les 
habitans   des  Iles    danoises  ont  été  long- 
temps  obligés  ii'cnvaycr  leurs  enfans  en 
Angleterre,  en  Hollande  ou  en  Danemavok 

Ff3 


454    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

pour  leur  faire  donner  une  éducation  con- 
p^^ç^^^ygj  venable.  En  1788,  le  gouvernement  a  fait 
établir  deux  écoles ,  Tune  à  Sainte  r  Croix 
et  l'antre  à  Saint -Thomas. 

Aux  époques  assez  reculées  ,  plusieurs 
peuplades  du  nord  envahirent  cette  con- 
trée ,  qui  s'étend  des  rives  de  l'Elbe  à  celle 
de  l'Egder ,  et  qui  forme  le  duché  de  Hols- 
tein.  Chacune  de  ces  peuplades  avait  un 
diàfecte ,  un  caractère  et  des  usages  parti* 
culîers.  Le  temps  a  effacé  peu  à  peu  ces 
différences,  et  il  n'en  reste  plus  de  traces 
sensibles  quQ  dans  quelques  districts  des 
terres  basses  ,  et  surtout  parmi  les  Dit- 
marses.  Cette  tribu  se  souvient  encore  de 
son  indépendance  ;  elle  a  conservé  plusieurs 
privilèges  qui  l'attachent  aux  lieux  qu'elle 
habite  ,  et  qui  donnent  à  son  caractère  une 
empreinte  de  fierté.  Les  Ditmarses  se  re- 
gardent comme  supérieurs  à  leurs  voisins, 
et  ne  cherchent  pointa  s'allier  avec  eux  ;  ils 
s'appliquent  peu  aux  métiers,  et  préfèrent 
l'agriculture  à  la  navigation.  Il  n'y  a  dans 
le  canton  qu'ils  habitent  aucune  ville;  mais 
les  villages  et  les  bourgs  se  touchent,  et 
annoncent  la  plus  forte  population.  Cest 
en  général  dans  les  terres  basses  que  les 
bdbitans  du  Holsteiu  se  pré^eatent  sous 


DES    VOYAGES.        4^5 

les  traits  Tes  plus  remarquables.  Il  règne 
dans  cette  partie  de  la  province  une  aisance ^«^emarck. 
générale  :  les  habitations  sont  vastes,  bien 
entretenues,  et  Ton  y  trouve  des  meubles 
aussi  propres  que  commodes ,  souvent  des  ^ 

tapisseries  de  prix,  de  la  porcelaine  et  de 
l'argenterie  :  l'hospitalité  va  au  devant  de 
Tarai  et  du  voyageur  :  ils  sont  reçus  avec  * 
cordialité ,  et  l'on  prodigue  les  soins  pour 
leur  exprimer  la  satisfaction  qu'on  éprouve 
à  les  voir.  L'hôtesse  sert  du  café,  du  thé, 
du  très- beau  pain  de  froment,  du  jamban, 
du  rôti,  du  vin  :  l'hôte  présente  la  plus 
belle  pipe  et  le  meilleur  tabac  :  l'habitude 
de  fumer  est  générale  dans  toute  la  pro- 
vince ,  et  il  j  a  des  districts  où  elle  s'est 
même  répandue  parmi  les  femmes.  Dans 
quelques  paroisses  ,  on  a  l'usage  de  présen- 
'  ter  aux  jeunes  mariées ,  à^leur  retour  à  l'é- 
glîse  ,  une  pipe  qu'elles  remplissent,  et 
allument  elles- même's,  et  qu'elles  conser- 
vent précieusement.  11  règne  peu  de  gaîté 
dans  les  entretiens  des  habitans  du  Hols- 
tein  :  mais  on  y  remarque  de  la  confiance, 
de  la  franchise,  et  l'épanchement  du  cœur. 
L'allemand  vulgaire  ,  nommé  plat  alle- 
mand ^  est  la  langue  générale;  mais  les: 
rafinemens  du  luxe ,  les  caprices  de  la  modei 

Ff4 


' 


456    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

et  de  Télégânce  moderne  s'ëtabli«8ent  peu 
Dancmarck.^  pcu  dans  les  villes,  surtout  à  Attona  et 

k  KieL  La  première  de  ces  villes  a  un 
'  théâtre  allemand,  une  promenade  publi- 
ques^ et  de  beaux  jardins,  placés  le  long 
de  TElbe,  ses  rues  sont  larges  ,  bien  alî* 
gnées  et  la  plupart  plantées  d'arbres.  Les 
Hambourgeois  se  portent  en  foule  k  Attona 
les  dimanches  et  les  jours  de  fêtes ,  pour 
assister  au  spectacle,  ou  pour  jouir  de  Tair 
pur  des  jardins  et  de  la  beautd  des  sites 
que  présentent  les  bords  de  TElbe. 

Des  diflërentes  peuplades  établies  dans 
le  Sleswig ,  frontière  du  Holstein  :  ce  sont 
les  Frisons  qui  ont  conservé  le  plus  de 
traits  de  leur  ancien  caractère.  Ils  ont  des 
mœurs  rudes  ,  un  ton  indépendant  et  un 
orgueuil  national  ,  qui  leur  inspire  pour 
les  autres  habitans  de  la  province  une  sorte 
de  dédain.  Ces  Frisons  habitent  une  grande 
partie  des  terres  basses  et  plusieurs  des 
voisines.  L'établissement  qu'ils  ont  fait  à 
Helgoland  mérite  une  attention  particu- 
lière. 


Helgoland est  une  ile  située  dans  Vi 
germanique ,  à  six  milles  de  l'Ëlbe  et  de 
l'Hgder.  Les  vagues  de  la  mer  ont  détaché 


DES    VOYAGES.       457 

de  cette  terre  des  morceatix  considérables  ^ 
qui  forment  maintenant  des  rédtb  et  des    ^^'^^ 
dunes.  Ce  qui  reste  de  l'île  consiste  en  ro- 
chers et  en  sables  mêlés  de  glaise.  Les  ro- 
chers s'élèvent  à  une  hauteur  considérable, 
et  forment  un  point  de  vue  majestueux  sur 
la  vaste  étendue  des  eaux.  On  descerld  des 
hauteurs  dans  la  partie  inférieure  de  Tîle 
par  un  escalier  qui' a  cent  quatre-vingts 
marches ,  et  qui  est  pourvu  d'une  rampe 
très-solide.  Les  habitans  d'Helgoland  Sont 
au   nombre  d'environ  deux  mille.  Descen- 
dans  des  Frisons ,  ils  conservent  la  langue 
et  les  usages  de  ce  peuple  avec  un  scru- 
pule religieux.  Les    hommes  ne  quittent 
presque  jamais  la  mer;  ils  sont  pilotes-cô- 
tiers ,  ou  s'adonnent  à  la  pèche.  Les  femmes 
sont  chargées  de  tous  les  autres  travaux  ; 
elles  labourent   la'  terre  ^  renôemencent , 
font  la  récolte  et  battent  les  grains.  Ces 
travaux  sont  d'autant  plus  pénibles  qu'ils 
doivent  tous  être  faits  à  la  main.  Il  n'y  a 
dans  l'île  ni  chevaux ,  ni  voitures ,  ni  char- 
rues. Les  Helgolandaîs  ne  s'expatrient  ja-. 
mais  ,  les  travaux  de  la  pêche  et  de  la  na-^ 
vigation  les  endurcissent  ;  l'îsolemerit  où  ils 
se  trouvent  conserve  la  simplicité  et  la  pu-» 
xeté  de  leurs  mœurs.  Le  vol ,  l'assassinat 


468    HISTOIRE  GÉNÉRALE 
^et  le  libertinage  sont  encore  sans  exemple 


Paacmaiclc^pgpj^^  eux 


Plusieurs  autres  parties  du  Slîswîg  pré- 
sentent le  tableau  des*  vertus  antiques  ^  et 
celui  du  bonheur  qui  en  résulte.  L'aisance 
des  habitans  frappe  surtout  dans  les  terres 
basses;  elle  paraît  dans  le  logement,  dans 
les  habits  et  dans  la  nourriture.  Le  ton 
est  généralement  sérieux  ,  mais  accompa- 
gné de  douceur  et  de  bienveillance.  C'est 
dans  la  ville  de  Sleswîg,  résidence  du  gou- 
verneur général  des  duchés ,  que  se  rassem- 
ble la  société. la  plus  brillante.  Flensbourg 
a  depuis  plusieurs  années  des  concerts  pu- 
blics et  un  théâtre  allemand.  Cette  ville 
avait  conservé  long  -  temps  ,  malgré  son 
commerce  étendu  et  ses  richesses,  la  sim- 
plicité des  anciens  usages.  Puissent  ses  es- 
timables habitans,  en  cherchant  le  plaisir, 
ne  pas  perdre  le  bonheur. 

L'histoire  représente  les  anciens  habitans 
du Danemarck  comme  des  hommes  féroces, 
inquiels  ,  rougissant  du  repos ,  ne  voulant 
mourir  que  sur  le  champ  de  bataille  ,  et 
faisant  consister  le  bonheur  suprême  de 
Jeur  paradis  à  boire  de  Thydromel  dans  le 
cnlne  de  leurs  ennemis.  Les  progrès  de  la 
civilisation  enEurope,et  les  principes  d'une 


DES    VOYAGE  S.       469 
relîgîpn    moins   martiale  ont  produit  un  • 


grand  changement  dans  ce  caractère.  Les '^®°®"'"**^' 
Danois  forment  actuellement  un  peuple 
tranquille  et  Iîtin*4m.  Ils  ont  donné  des 
preuves  de  leur  aptitude  aux  arts  mécanw 
ques,  au  commerce  et  aux  sciences.  Le  vol, 
le  brigandage  et  le  meurtre  souillent  ra- 
rement le  sol  qu'ils  habitent  ;  leurs  mœurs 
et  leur  ton  ont  encore  souvent  de  la  sim- 
plicité, et  la  rudesse  en  a  disparu  peu  à  ^ 
peu. 

Dirigéparlesloisetles  institutions  qu'ont 
vu  naître  les  dernières  années,  l'esprit  pu- 
blic se  porte  vers  l'utile- et  le  vrai  ;  l'amour 
de  la  patrie  s'est  ranimé  et  il  se  manifeste 
dans  les  discours  et  dans  les  actions.  Plu- 
sieurs écrivains  danois  ont  reproché  h  leurs 
compatriotes  la  manie  des  titres  et  des  dis- 
tinctions. 

On  rencontre  en  parcourant  le  Dane- 
marck,  des  habitations  seigneuriales  vastes 
et  bien  entretenues,  mais  peu  de  villages 
qui  puissent  rappeler  ceux  du  Holstein  et 
du  Sleswick.  Les  habitations  du  laboureur, 
composées  d'ordinaire  de  plusieurs  bâti- 
mens  sont  construites  en  torchis  et  se  dé- 
frradcnt  facilement.  Dans  les  villes ,  on  cons- 
tTyit  ^n  charpente  et  en  briques;  l'aspect 


46o    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

des  Yillages  et  des  villes  annonce  que  Pai* 
Panemtrok.g^jjçç  n'est  pas  cncore  générale,  que  l'in- 
dustrie a  besoin  de  faire  des  progrès ,  et 
que  la  population  n'a  pas  atteint  tout  la 
développement  doiit  elle  serait  susceptible. 
,  Du  sein  des  cités  où  régnent  Téclat  et 
les  jouissances  du  luxe  ,  où  l'opulence  a 
élevé  des  édifices  brillans  ,  où  l'intérêt  et 
le  plaisir  entretiennent  un  mouvement  tu- 
multueux >  transportons-nous  dans  une  mon- 
trée solitaire  ,  asyle  des  mœurs  antiques, 
séjour  paisible  où  l'homme  livre  à  la  na- 
ture ,  civilisé  mais  non  corrompu  ,  a  con- 
servé la  vigueur  ,  l'indépendance  et  le 
contentement.  Ce  sont-là  les  images  que 
retrace  la  Norwège  k  celui  qui  l'a  parcou- 
rue. 

Loin  du  centre  des  communications ,  a 
l'extrémité  septentrionale  de  l'Europe,  au 
sein  des  montagnes  ,  les  Norwégiens  sont 
restés  ce  qu'étaient  leurs  ancêtres.  Ce  n'est 
que  sur  les  eûtes  et  dans  quelques  cités  li- 
vrées au  commerce ,  que  des  mœurs  étran- 
gères ont  pu  se  mêler  à  celles  du  pajrs, 
et  altérer  le  caractère  national. 

La  générosité  du  cœur  et  l'élévation  de 
j'ame  donneat  au  Norwégien  le  ton  de  la 
franchise  et  de  la  fermotc.  Il  pense  et  s'eic- 


DES    VOYAGES.       461 

prime  en  homme  libre  qui  n'a  jamais  connu 
le  joug  de  Tesclavage.  Il  se  montre  en  même  I>ancmarckrf 
temps  officieux  ^  prévenant  ,  hospitalier; 
mais  on  lui   reproche  d'être  lent  à  la  ré- 
conciliation. Quand  la  fortune  lui  en  tbur- 
nit  les  moyens  ,  il  se  livre  à  l'éclat  et  à 
la  représentation.  De  tous  les  étrangers^ 
ce  sont  les  Anglais  qu'il  préfère ,  et  c'est 
dans  leur  pays  qu'il  aime  le  p^us  à  vojager*. 
Oo    trouverait    difficilement  une    race 
d'hommes  plus  saine  et  plus  vigoureuse  que  , 
celle  des  cantons  montueux  de  la  Norwège , 
situés  à  l'Est  de  ce  pays.  C'est  là  qu'un  air 
pur^  une  grande  simplicité  de  mœurs  et 
l'habitude  du   travail  donnent  à  tous  les 
visages  l'empreinte  de  la  santé  et  du  con- 
tentement. C'est  -  là  qu'on  rencontre  les 
traits  de  physionomie  les  plus  marqués,  la 
taille  la  plus  haute  ,  les  formes  les  plus 
avantageuses*  Les  habitans  de  ces  cantons 
parviennent    d'ordinaire  à    une   vieillesse 
très- avancée.  En  lySS  ,  on  présenta  à  Chré- 
tien VI ,  pendant  son  séjour  en  Norwège, 
quatre  hommes  et  quatre  femmes  mariés,  ' 
dont  Tage  total  faisait  plus  de  huit  cents 
années ,  chacun  de  ces  époux  ayant  au-delà 
de  cent  ans.  Ils  se  portaient  si  bien  qu'ils 
exécutèrent  une  danse  nationale  en  pré- 


46a     HISTOIRE  GÉNÉRALE 
sence  du  roi.  Les  pajsans  des  montagnes 


/    • 


BàmtmMtek. j^^  craignent ^aucii ne  Intempérie,  aucune 
fatigue.  Au  cœur  de  l'hiver ,  ils  vont  tra- 
vailicr  dans  les  bois  la  poitrine  nue  et  cou- 
verte de  neige.  Je  les  ai  vu ,  dit  Pontojv 
pidan  ^  lorsque  Texçës  de  la  Fatigue  les  avait 
mis  en  sueur  ,  se  jeter  sur  la  neige  toutes 
les  demi-heures  pour  se  reposer ,  et  faire 
des  boules  de  neige  pour  s'essuyer  le  visage 
ou  pour  les  mettre  dans  la  bouche.  En 
nnème  temps,  ils  chantaient  des  chansons 
qui  les  égayaient ,  et  après  neuF  heures  de 
travaux  incroyables  ,  ils  s'en  allaiefnt  chez 
eux  en  courant ,  et  avec  un  air  de  gaUé 
et  de  satisfaction  dont  je  n'ai  jamais  vir^ 
d'exeitïple. 

.  Quoique  les  habitans  des  côtes  soient  en 
généra^  moins  grands  et  moins  vigoureux 
que  ceux  des  montagnes  ,  ils  Forment  un 
peuple  de  navigateurs  et  de  pêcheurs ,  plein 
de  courage  et  de  constance.  Souvent  au 
mois  de  janvier,  lorsqu'ils  peuvent  comp- 
ter sur  le  clair  de  la  lune ,  ils  se  réunissent 
pour  la  pêche  par  centaines  ,  hommes  et 
Femmes,  et  passent  les  jours  et  les  nuits 
sur  la  mer  dans  des  bateaux  ouverts.  Quand 
ils  qilittent  ces  bateaux  pendant  une  nuit , 
c'est  pour  aller  coucher  dans  de  mauvaises 


DES    VOYAGES.       468 

cabanes  avec  des  habits  mouillés,  et  le  len-' 
demain  ils  retournent  au  travail  d'un  aî^TDanemarok. 

jojeux  et  content. 

Les  paysans  Norwégîens  ont  beaucoup 
d'aptitude  pour  les  arts  mécaniques  ;  ils 
ji'en  ont  pas  moins  à  développier  leur  rai- 
son ,  à  penser  ,  à  réfléchir.  En  s'cntrete- 
nant  avec  eux ,  on  trouve  leurs  questions 
sensées,  leurs  réponses  justes,  et  leurs  ré- 
flei^ions  quelquefois  si  profondes  qu'on  est 
étonné  de  voir  que  la  nature  fait  plus 
chez  eux  ,  que  chez  d'autres  l'étude  et 
l'éducation. 

La  langue  danoise  est  aussi  celle  des  ha-        * 

bitans  de  la  Norwège.  Elle  prend  dans  leur 

bouche  une  rapidité  et  une  force  qu'elle 

n'a  point  en   Danemarck.  Dans  plusieurs 

districts  septentrionaux ,  on  conserve  des 

tournures  et  des  expressions  de  l'ancienne 

langue  gothique  qui  était  autrefois  celle  de 
toute  la  Scandinavie. 

En  quittant  ces  Norwégiens  aussi  dis- 
tingués par  leur  taille  et  leur  force  que 
par  leur  intelligence  ,  leurs  talens  et  leur 
courage,  on  trouve  les  Lapons,  petits  et 
laids  ,  bornés  et  timides.  Il  est  apparem- 
ment un  degré  de  froid  dont  les  eflèts  sont 
contraires  au  développement  de  l'espèce 


464    HISTOIRE   GÉNÉRALE 
::  humaine.  Dailleurs ,  le$  LapoDS  n'ont  pas 


i)4&einar«k.]^  même  Origine  que  les  Norwégieos.  Il 

est  indubitable  que  depuis  les   tem]>s  les 

plus  reculés  ,  il  y  a  eu  deux  races  prioci- 

pales  en  Europe  /  la  race  Celtique  qui  a 

peuplé  l'occident ,  le  midi  et  une  grande 

partie  du  nord ,  et  la  race  Tartare  qui  sVt 

répandue  sous  divers  noms  dans  le  reste 

du  nord  et  vers  Test.  Le  Norwëgîen  est 

de  la  première  de  ces  races  ;  le  Lapon ,  de 

la  seconde.  La  langue  laponne  a  beaucoup 

de  rapport  avec  celle  des  Frisons  et  des 

Hongrois ,  les  uns  et  les  autres  d'origine 

tartare. 
Un  homme  à  la  fois  conquérant ,  I^sla* 

teuret  prophète  ,  le  célèbre  Odin,  répan- 
dit dans  le  nord  de  l'Europe  un  système 
religieux  ,  dont  il  emprunta  les  principes 
des  mjthologies  de  Torient,  mais  qu'il  sut 
adapter  au  caractère  général  des  peuples 
septentrionaux.  Dans  le  neuvième  siècie 
}es  Scandinaves  apprirent,  à  connaître  If 
christianisme.  Les  armées  de  Charlemagoe 
avaient  arboré  la  croix  sur  les  rives  de 
TElbe ,  et  la  conversion  des  payens  dn  nord 
fixa  l'attention  des  peuples  chrétiens.  Le 
nombre  des  prélats  s'accrut  dans  ce  pa\  > 
ainsi  qu'en  Norwège  et  en  Islande  à  mesure 

qiic 


DES  VOYAGE  S.  465 
que  la  foi  prit  racÎDé  ,'et  leurpôuveil*  aug*  « 
meata  avec  les  richesses  qu'ils  surent  ac*  Daiieinaick4 
«]uërir.  Les  évêques  de  Uoskild  jouèrent 
longlemps  le  premier  rôle  et  parvinrent  a 
une  autorité  que  le  trône  même  crctigiiait 
de  braver. 

■  «  *  *  '  ■ 

Les  principes  de  là  réformation  ayant 
pasté  ep  t)Âiieiiiarck  sous  le  règne  de  Chris- 
4iern ,  lé  clergé  fit  des  efforts  pour  en  ar- 
rêter tes  progrès.  Cei8  principes  se  répan- 
dirent; cependant  de  plus  en  plus^  sous  le 
règne  dé  Frédéric  prenÉieiret  rétablrssement 
ibrmet  de  la  rélormâtioà  eut  lieu  bientôt 
après.  Pendant  la  diète  de  Ïb26  ,  tous  les 
évêques  de  Danèmarck  furent  arrètés^  et 
Ton  déclara  les  biens  du  ètergé  dévolus  à 
la' couronne..  Cette  entreprise  ne  fit  éprou- 
ver aucune  crise  k  l'Etat.  Le  peuple  resta 
tranquille  et  les  évêques  se  soumirent. 

Le^  luthérianisme  ayant  été  établi  ,  on 
veilla  soigneusement  aumaintien  de  cette 
religion.  Elle  seule  devait  donner  rexî»- 
fence  civile  ',  et  le  droit  de  pai^véntr  aux 
charges.  Quiconque  manifestait  des  opi- 
nions contraires  aux  dogmes  que  prescri"- 
vaient  les  HVres  syihboliqUes  ,  encourait  la 
censure  ^  et  quelquefois  des  punitions  plu^ 
^aves;  Sôus  le  oègne  de  F^édérièlV^là 

Tome  JI.  Gg 


46$    HISTOIRE  GÉNÉBALE 
I,  toléranee  fit  quelque  progrès.  Pendant  le 

pancjBarci  .(emps  qui  s'cst  écoulé  depuis  ,  la  raisoo  tt 
rbi;imaiiité  ont  remportéuibe  victoire  com- 
plète sor  le  taux  zèiç  des  ec'clésiastique>  ; 
ceux  quiont voulu  provoquer  des  aDatlu-nni 
contre  des  prétendus  liérctJques,  ont  c;i 
l'épriiqés  et  raêine  nlis  à  l'amaDde.  La  ..• 
bertéde  culte  s'çst  cteodue  ,  et  la  plup4." 
des  gênçs  imposée;  ^u»  non  conibrinistes  , 
ontété  supprimt^sou- adoucies.  On  peut  t  :- 
tenir  dcsdignïtéaet  des  emplois  saos  prurti- 
séria fai  de Lutlier,  et  le  gouvernemcot  ar~ 
precie  les  citoyens ,  non  d'après  leurs  o(.i- 
nions  religieuses ,  jnats  d'après  leur  merile . 
leurs  talens  et  leurs,  vertus.  Le  cierge  s'<.- 
çlajre  de  plusea  plus  et  renferme  danss^a 
sç'm  des  liommes, estimables  par  leurs  lu- 
mières et  leur  .  mpftéra liun.  C'est  de  !-■ 
pluqie  d'un  pasteur  de'  la  ville  de  G>nju-r 
qu'est  sorti  l'ouvrage  sur  la  liberté  de  a 
presse,  qui  a  fait  le  )>Ius  de  bcii&alioa  ca 
J^anemarck. 

l^S  évêques  sont  à  U  it'tc  de  l^ttSaàm 
regardée  comme  celle  de  l'État.  Prifi^  éf 
.tt>ute. juridiction  teitipinellc  ,  ilfrD*op^rf|§ 
(jue  l'autorité  nécc-.s.j(ic  }Miur 
dans  l'église  l'ordre  ii  l.i  dct:en<»e( 
ièrênt^les  ordres  s^i^rca  ^  et  ont  -ua 


DES    VOYAGES.       467 

d'inspection  sur  tous  les  prêtres  de  leur 
diocèse.  Ik  le  visitent  au  moins  une  fois  Danwnwiok. 
dans,  trois  ans  ,  pour  examiner  l'état  des 
écoles  9  pour  se  faire  rendre  compte  des 
deniers  des  pauvres  ,  et  pour  voir  si  les 
temples  et  les  presbytères  sont  entretenus 
convenablement,  ils  doivent  en  même  - 
temps  s'informer  de  la  conduite  des  pas'- 
teurs ,  les  encourager ,  les  exhorter  ,  et  les 
suspendre  s'il  y  a  des  plaintes  graves  contre 
eux. 

On  conxpte  en  tout  treize  évêques ,  deux 
surintendanâ  ,  deux  cent  vingt-sept  arcfaî* 
prêtres  et' deux  mille  quatre  cent  soixante 
deux  prêtres*  Sur  ce  nombre ,  deux  mille 
deux  cent  soixante-sept  sont  curés, et  cent 
quatre-vingt-quinze  chapelains  ou  vicaires. 
Uu  curé  dessert  quelquefois  plusieoi's  pa- 
roisses 9  et  celles-ci  sont  en  tout  au  nombre 
de  trois  mille  deux  cent  soixante-douze. 

Les  revenus  du  clergé  proviennent  pria*- 
cipalement  de  la  part  des  dixmes  qui  a  été 
conservée  pour  cet  usage  depuis  la  réfbr- 
xnation.  Il  y  a  en  outre  des  terres  plus  ou 
moins  étendues  attachées  aux  presbytères. 
JL»es  évèques  ont  un  revenu  de  deux  k  trais 
xnille  risdales^  Plusieurs  cures  rendent  k 
peu  près  autant ,  mais  d'autres  ne  donoent 

G  g  a 


\ 


468    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

pas  au-delà  de  cent  risdales.  Les  Ticaîre^ 
•  sont  généralement  mal  rentes.  On  ne  ren- 
contre dans  les  Etats  danois  qae  des  tem- 
ples construits.assez  simplement  et  décorée 
sans  faste. 

Des  divers  non-con(brmistes  »  tolérés  àc- 
tnellement  dans  les  Etats  danois  ,  ce  Si>::c 
les  disciples  de  Calvin ,  qui  ont  été  adic:^ 
les  premiers.  Il  était  arrivé  plusieurs  te i^ 
depuis  l'introduction  du  luthérianisme  en 
Danemarck  ^que  les  rois  de  ce  pays  avaien: 
choisi  leurs  é|)Ouses  dans  des  maisons  atu- 
chées  à  la  doctrine  de  Calvin.  MaiseespriiH 
presses  avaient  été  obligées  de  renoncer  i 
leur  religion  ,  pour  embrasser  celle  du 
xoi. 

Les  catholiques  deCopenfaague  fréquen- 
tent les  chapelles  des  ministres  étrangers . 
et  surtout  celle  qui  a  été  construite  cxprt  ^ 
pour  eux ,  sous  la  protection  de  remperevr 
d'Allemagne. 

Il  j  a  un  petit  nombre  de  mennonites  ^  ' 
•de  remontrans  dans  les  villes  d'AItona  t. 
de  Frédéristadt.  Les  hernhutes»  qu'on  pe::: 
regarder  comme  les  quakers  de  rAUemairt? 
et  du  Nord  ,  se  sont  répandus  dans  plu- 
sieurs parties  des  Etats  danois.  Leur  cbc:- 
lieu  est  à  Christianofeld ,  sur  les  frontirrr> 


DES  VOYAGES.  46^ 
du  Sleswick  et  du  Juliand  ,  cette  ville  dont 
îU  jetèrent  les  fondemens  en  1771  ,  a  feit^*"^^'^ 
des  progrès  assez  rapides^  et  Ton  y  comp- 
tait ,  i\  y  a  quelques  années  ,  à  peu  près 
sept  cents  habitans  ,  non  attachés  au  her- 
nhutisme.  Lesrues  au  nombre  de  trois  sont 
larges  ,  bien  alignées  et  {plantés  d'arbres  , 
}es  maisons  construites  dans  le  goût  hollan- 
dais, ont  des  tours  spacieuses  et  des  jardins:* 
cet  endroit ,  comme  tous  ceux  qu'habitent"^ 
les  bernhutes ,  est  le  "séjour  du  recueille* 
ment  et  de  la  .dévotion.  Les  frères  et  les^ 
sœurs  qu'oa  rencontre ,  mi^rchent  les  jeux 
baissés  et  paraissent  ensevelis  dans  le^ mé- 
ditations religieuses.  Le  voyageur  qui  des* 
cend  à  lauberge,  en  admire  la  propreté  et 
te  service ,  mais  le  silence  et  la  tranquilitté- 
qu'il  y. observe  le  frappent  encore  davan- 
tage. Les  réponses  aux  questions  qu'il  peut 
faire, consistent  en  signes  de  tête  et  en 
monosyllabes  prononcées  à  voix  basse.  Les 
habitans  de  Cbristiansfeld  sont  la  plupart 
des  Allemands, ou  desDanons^;  mais  pli»« 
sieurs  Suédois^et  Norwégiensy  vont  en  pè- 
lerinage »  ou  y  eavoient  leurs  enfans  pour* 
fréquenter  les  écoles  de  la.  ville  qui  sont 
toujours  pourvues  de  maitres'  habiles.  A'  ^ 

une  extrémité  de  la  ville  est  le  lieu  du  culte 

GgS 


470    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

pyblic^  qu'on  n'appelle  point  église  mats 
•  salle  ,  et  auquel  un  carré  planté  d'arbres , 
sert  d'avenue*  A  l'autre  extrémité  est  le 
cimetière  qu'une  allée  divîse  en  deux  par- 
ties ^  l'une  pour  les  personnes  âgées,  l'autre 
pour  les  jeunes  gens  et  les  enfans.  Une 
seconde  division  de  ces  deux  parties  sé- 
pare les  tombeaux  des  hommes  de  cens 
des  femmes.  Les  épitaphes  atlnonceot  que 
les  hernhutcs  envisagent  la  tombe  comme 
Tazile  du  repos  et  la 'mort  comme  un  som- 
meil. Non  loin  de  la  ville ,  est  un  petit 
bois  servant  de  promenade  et  embellissant 
les  environs* 

La  haine  aveugle  dont  les  sectateurs  de 
moines  ^  ont  été  si  long-temps  les  obje^ 
dans  laplupart  des  pays  de  l'Europe  ,a  cédé 
peu  à  peu  aux  influences  de  la  raison  et  au 
cri  de  Thumanité*  Les  loix  sévères  portées 
contre  les  JuiFs  n'existent  plus.  Tout  indi- 
vidu de  cette  nation  jouit  de  la  protection 
du  gouvernement  et  peut  se  livrer  h  h 
branche  de  d'industrie  qui  lui  convient.  Les 
principales  synagogues  sont  h  Copenha- 
gue où  il  y  a  à  peu  près  deux  mille  Juifs , 
et  à  Altona  où  il  y  en  a  au  moins  deux  mille 
cinq  cents.  Ceux  de  Copenbaque  peuvent 
outrer  dans  les  maîtrises* 


DES  V  o  Y  Age  s.     471 

Dans  4e8  SIes  danoises  d^Amérique  on 
trouve  des  disciples  de  la  plupai*t  des  reli- ^»"«"'"^^' 
gions.  Sainte  Croix  a  deux  églises  luthé- 
riennes et  Saint  Thomas  une.  Les  trois  îles 
ont  chacune  une  église  hollandaise  t'éfor-» 
mée.  Les  catholiques  y  ont  bâti  un  temple 
Les  hernhutes  ont  dans  les  trois  fleis^  de» 
établissemens  d'où  ils  envoient  des  mission- 
naires, en  plusieurs  contrées  d*Arrtériquer 
Il  y  a  aussi  un  petit  nombre  de  Mcntto-  . 
nites  ,  de  Quakers  et  de  Juifs, tant  à  Sainte 
Croix  que  dans  les  deux  autres  îles.  Tous 
ces  hommes  vivent  en  paix  et  en  harmonie 
malgré  la  différence  qui  règne  dans  leur» 
opinions  religieuses.  Le  temps  est  Vénuoât 
partout  va  se  présenter  le  même  8pettAcle.< 
La  terre  ne  sera  plus  ensanglantée  au  nom 
d'un  être,  dont  la  nature  annonce  la  clé-' 
mence.  Regrettons  nos  |lotigs  égàréme.tis  , 
et  réparons -les  par  l'exercice  de  ées  ifeviMi^ 
bienfaisantes  que  prêchent  toutes  les  relî-' 
gioM ,  et  qui  font  le  bonheur  de  la  terré.  * 


< .  t  » 


«  ♦ 


•      I 


» 


•  «  i  I      -     '    I 

i       •         I  »  •  •      V    / 

;  \      . 


Gg4 


47»    HISTOIRE  GÉNÉRALE 


CHAPITRE    IX. 

» 

Départ  de  Copenhague.  —  Voyage  dans 
.  nie  de  Sélande.  —  Roschild ,  tombeaux 
des  rois  de  Danemarch.  —  lie  de  Fio- 
nie.  —  Odensée.  —  Voyage  dans  les  du- 
chés de  Sieswick  et  de  Hqlstein.  —  Ca- 
naldeKiel.  -—  Remar^fues  sur  d'ar.ciens 
monumens  qu^on  trompe  souutnt  en 
Suéde  et  en  Danemarck. 

Lj  E  5  avril ,  en  partant  de  G>penhague , 
Danemarck.  nous  trouvâmed  un  excellent  chemin  qui 
nous  conduisît  jusque»  à  Rosckild  ,  an- 
oienne  résidence  des  rois  et  capitale  de 
Danemarck.  Cette  ville  était  autrefois  flo* 
r.lss^nte  et  d'une  gr^de  étendue  ;  elle  ne 
OQntîent  aujourd'hui  qu'environ  1600  ha- 
bitans^et  n'a  qu'un  demi  mille  de  circon- 
férence }  les  maisons  soi;it  jolies  et  de  bri- 
ques;  il  ne  lui  reste  de  son  ancienne  ma- 
gnificence, que  les  ruines  d'un  palais  et  la 
cathédrale  dans  laquelle  sont  les  tombeaux 
des  rois  de  Danemarck. 

On  voit  dans  une  chapelle  les  tombeaux 
de  Chrétien  111  ^  et  de  Frédéric  IL  Ces  mo- 


DES    VOYAGES.       478 

immeiis  $uperbe^  ont  été  faits  en  Italie» 
ec  on  les  regarde  comme  des  chefs-d'œu- Danemarck. 
vre  de  sculpture.  Les  statues  de  ces  deux 
princes  sont  de  grandeur  naturelle  ,  sous 
un  dais  de  marbre  supporté  par  des  piliers 
corinthiens.  Les  bas^reliefs  qui  sont  autour 
du  mausolée  de  Frédéric  II  et  qui  repré- 
sentent les  batailles  de  ce  prince  sont  jus* 
t€|nent  admirés. 

Le  6  avril  nous  poursuivîmes  notre  route 
jusqu'à  Corsoer ,  où  Ton  s'embarque  pour 
passer  le  grand  Belt  qui  sépare  Tile  de 
Sélande  de  celle  de  Fionie.  Corsoer  est 
située  sur  une  petite  éminence  de  la  côte 
occidentale  de  la  Sélande.  Cette  ville,  a  un 
bon  port  pour  les  petits  vaisseaux.  La  Se* 
lande  que  nous  avions  traversée  de  G)pen- 
hague  à  Corsover  est  '  la  plus  grande  des 
SIes  danoises  ;  elle  a  environ  sept  cent  milles 
decirconférence.*La  partie  que  nous  avons 
ipie  est  un  pays  ouvert ,  entremêlé  de  jo- 
lies colines  ,  de  petits  bois  de  hêtres  et  de 
chênes  et  de  plusieurs  beaux  lacs.  Cette 
Sle  est  extrêmement  fertile  ,  elle  produit 
abondamment  toute  sorte  de  grains;  on  y 
trouve  d'excellens  pâturages  ,  et  elle  est 
surtout  fameuse  par  sa  belle  race  de  che- 
vaux. 


474  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
La  distance  entre  les  deux  caps  les  plus 
DaaMMna. voisins  des  deux  côtes  est  d'environ  iB 
raillés.  Vers  midi ,  nous  passâmes  le  8  avril 
la  petite  tie  de  Spro  près  de  laquelle  est 
im  vaisseau  de  garde  destiné  à  exiger  le 
péage  de  tous  les  vaisseaux  qui  passent 
dans  ce  bras  de  mer.  Spro  ne  contient  que 
deux  bâtimens  »  une  jolie  ferme  et  une  pe- 
tite auberge  à  l'usage  de  l'équipage  da 
vaisseau  de  garde. 

Apres  un  passage  fort  heureux  d'environ 
quatre  heures  ,  nous  débarquâmes  a  Big- 
bourg  petite  ville  bien  bâtie  sur  le  bord 
d'une  baie  commode ,  dans  Tile  de  Fionie. 
Près  des  rempavts  de  la  ville ,  on  voit  les 
restes  d'un  vieux  palais  dans  lequel  naquit 
Chrétien  II.  Un  historien  de  ce  prince  nous 
apprend  que  ce  fut  là  qu'étant  encore  en- 
fant ,  il  fut  porté  sur  le  toit  de  ce  château 
par  un  singe  qui  le  rapporta  peu  de  temps 
après ,  sans  qu'il  lui  arrivât  aucun  accident. 
Dans  l'après  -*  midi  ,  nous   arrivâmes  à 
Odensée  capitale  de  la  Fionie  ;  c'est  une 
ville  si  ancienne  que  des  auteurs  Danois 
croient  qu'elle  a  été  fondée  par  Odin ,  le 
héros  et  la  divinité  des  nations  gothiques. 
Une  partie  de  la  ville  est  nouvellement 
bâtie  »  on  y  compte  environ  cinq  mille  deux 


DES    VOYAGES.       476 

eents  habitans  qui  font  quelque  commerce 

en  grains  et  en  cuîrs.  Ces  cuirs  sont  fort  ï)ane»»«îk« 

estimes ,  et  Ton  croît  que  leur  bonne  t(ua- 

lîté  est  due  à  celle  de  Teau  de  la  rivière 

qui  sert  à  les  préparer. 

Odensée  est  le  sîége  d*un  évoque  ,  et 
c'est  le  plus  riche  du  Danemarck  ,  après 
celui  de  Copenhague.  La  cathédrale  est  un 
grand  et  vieux  bâliment  qui  n'a  rîen  de 
remarquable  que  quelques  tombeaux. 

Le  9  avril  nous  arrivâmes  à  Assens  ville 
située  sur  le  petit  Belt,  c'est-àdîre  sur  le 
bras  de  mer  qui  sépare  l'île  de  Fionîe  du 
continent.  Cette  île,  qui  a  trois  cent  qua- 
rante milles  détour,  est  d'une  grande  fer- 
tilité ;  on  en  exporte  annuellement  pour 
la  Norwège  de  l'orge ,  de  l'avome  ,  du  sei- 
gle et  des  pois.  Le  pays  est  ouvert ,  et 
présente  partout  de  petites  collines  fort 
agréables  ;  les  câtes  sont  en  général  basses 
et  sablonneuses. 

L'endroit  où  l'on  passe  le  pietit  Belt  peut 
avoir  neuf  milles  de  largeur.  Nous  y  res- 
tâmes cinq  heures  à  cause  du  vent  con-* 
traire  ,  et  nous  descendîmes  à  Arroé-Sund 
dans  le  duché  de  Sleswick  près  de  la  pe^ 
tite  lie  d'Arroé. 

Le  j  t  nous  tr^^f^l^sâme&ptiisreQrs  petitet 


476    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

villes  ,  mais  jolies  et  bien  situées  sur  des 
i>uifinatek.  b^îes  dc  la  mer  Baltique.  La  plus  remar' 
qual)|e  était  Flembourg  ^  viUe  qui  fait  qo> 
grand  commerce ,  surtout  avee  les  Indes 
occidentales. 

Le  duché  de  SIeswick  qui  fait  partie  du 
royaume  de  Danemarck  est  séparé  du  Hols- 
tein  qui  est  nne  province  de;  l'empire.  La 
ville  de  SIeswick,  capitale  de  ce  duché  ,  est 
bâtie  irrégulièrement  et  fort  longue  ,ony 
compte  près  de  6ooq  habitans.  Tout  auprès 
de  la  ville  est  le  vieux  château  de  Gottorpoè 
demeuraient  autrefois  les  ducs  de  HolstetD. 
La  partie  de  ce  duché  que  nous  traver- 
sâmes parait  bien  cultivée.  Cest  un  pays 
en  général  uni  et  ouvert ,  mais  qui  offre 
de  temps  en  temps  des  paysages  variés 
par  des. champs  et  des  prairies  ,  et  entre* 
mêlés  de  forêts  ,  de  hêtres  et  de  chênes. 
I^es  maisons  des  p^sans  ont  Tair  fort  pro- 
pre. Nous  vîmes  aussi  en  passant  des  rangs 
de  maison  bâties'  dernièt^emeot  aux  tarais 
du  roi ,  pour  recevoir  des  colons  qu'on  y 
a  appelé.  Ces  maisons  sont  spacieuses ,  elles 
contiennent  sous  le  même  toit  une  grange 
ibrt  vaste  et  des  érables  des  deux  côtés.  A 
une  extrémité  est  le  logement  de  la  famille; 
oa  donnf»  à  ch^icune  ,  uae  pharriie  «  des 


i>E  s,  V  0  Y  AG  ES.  *    477 
chariots  ,  et  les  autres  îtistrtimens  liéces- 
saîres  à  l'agriculture ,  deux  chevaux  et  une      *****  ' 
paie  en  argent  pendant  trois  ans. 

A  vingt  ^milles  environ  de  la  ville  de 
Sleswôck  noqs  Sortîmes  de  ce  duché*;  et 
ayant  passé  l'Ëyder  à  Rendsbourg  ,  notis 
nous  trouvâmes  dans  le  diiiché'dé  Holstein. 
Le  vers  latin 

Cydora  roniani  terminus  imperii  j    ' 

gravé  sur  une  porte  de  là  vîUè  est  relatif 
à  cette  limite  qui  est  très-ancienne ,  quoîJ 
qu'il  n'y  soit  question  que  de.  l'empire 
germaniquequ'il  plaît  aiix  Alfemands  d'ap- 
peler Romain.  .      .    i:     :     I        .  i 

On  regarde  Rendsbourg  comme  la  meil- 
leure forteresse  qu'il  y  aït  dans  les  États 
du*  roi  de  Danemarck.  Il  n*y  a  qu^ènviron 
trois  mille  six  cents  habîtans  dans  la  ville ,^ 
ih^ais  elle  deviendra  bientôt  importante,' 
parce  que  le  canal  dé  Rid  ne  peut  man- 
quer de  lui  procurer  un  'grand  cotnmertre. 

Les  environs  de  Rendsbourg  ne  sont 
presque  que  des  landes  saris Vukure ,  mais 
en  approchant  de  Riel,  Inouïs  trouvâmes 
vers  la  mer  des  collines  et  un  tértaîn  plus' 
fèrtile.  Cette  ville  et  le  pays  qtiî  en  relève 
a  été 'cédée  en  tyy^  ,  pair  f  impératrice  de  . 
Russie  axt  roi  de  Danemarok  en  échange 


478    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

des  comtés  d'Oldenbourg  et  d^  Delineii* 
■«•«awttt.  borst.  Par  Je  moyen  de  cet  échange  très- 
avantageux  au  Danemarck ,  le  t*oî  possède 
aujourd'hui  tout  le  duché  de  Holstein  et 
l^e  canal  par  lequel  on  se  prQpo9e  de  join- 
dre la  mer  Baltique  avec  l'Océan^  sera  tout 
entier  dans  ses  Etats. 

Kiel  est  bâti  dans  une  petite  presqu'île 
à  l'extrémité  d'une  baie  delà  mer  Baltique, 
et.son  port  est  des  plus  commodes  pour  les 
plus  grands  vaisseaux;  c'est  dé)à  une  des 
villes  les  plus  commerçantes  du  Holstein , 
et.  elle  le  sera  bien  davantage  quand  le  ca- 
nal qui  doit  joindre  les  deux  mers ,  sera 
achevé. 

Il  suffit  de.  jete^  les  yeux  sur  une  carte  du 
P^^nemarck  poursie  convaincre  de  l'utilité 
de  cette  entreprise.  Jusqu'ici^,  les  plus  petits 
vaisseaux  qui  .partent  de  quelque  port  du 
ï)anemarck  pour  aller  dans  l'océan,  doivent 
faire  le  tour  de  U  presqu'île  de  Juthinde, 
et  peuvent  être  long-temps  retenus  par  des 
vents  contraire^  ;  cette  navigation  est  su- 
jette k  tant  d'inconvéniens ,  que  les  mar- 
chandises qu'on  embarque  à  Copenhague 
pour  Hambourg  ,.  sont  ordinairement  en- 
.  voyées  seulement  jusqu'à  Lu^beck  ;  d'où  on 
'    les  transporte  par  terre  jusqu'à  Hambourg. 


DES    VOYAGES.       479 

Au  moyen  du  canal ,  les  vaisseaux  d'un  cer- 
tain port,  pourront  passer  îmmédîatemenlD«memar«k. 

de  la  mer  Baltiquedans  l'océan ,  et  arriver 
avec  leur  charge  dans  le  port  de  Hambourg, 
DU  même  dans  les  ports  de  la  Hollande.  - 

Le  12  avrils  après  avoir  examiné  le  ca- 
nal et  la  ville  de  Kiel ,  nous  continuâmes 
Aotre  route ,  et  nous  nous  trouvâmes  sur 
le  lac  de  P/o'e/z  «  dont  les  bords  sont  ornés  : 

de  la  ville  de  Plo^^.  C'est  la  capitale  da 
duclxé  de  même  nom;  le  château  sîtùé  au 
milieu  de  la  ville  sur  un  terrain  élevé  qui 
dominp  le  l^c,^  fof'Qie  l'aspect  le  plu»  pit- 
toresque. •    / 

Le  lendemain  »  nous  traversâmes,  dam  U 
nj^itinée . un,  payR, iqégal ,  varié ,  iabpndkint 
en  pâturage ,  en  c|iamps  et  eh  hpi^j^-  â^prè$ 
une  route  de  quelques  milles^  nQu9  QWlimQ3 
des  Etats  du  roi  de  Dan.êmArç|â  ^r  ^  .liQus 
arrivâmes  à  midi  à.  Lubeck.  .  > 


•  « 


48o   HISTOIRE  GÉNÉRALE 


CHAPITRE    X. 

Abrégé  d'un  vojage  dans  V intérieur  ia 
Dunemarck  ,  par  Joseph  MarshaL 

J^iîsiRAKT  compléter  entièrement  un 
Oteaoïuiok. voyage  au  Nord;  j'ai  eu  recours  au  récil 
de  Joseph  Marsbal  ^  qui  a  parcouru  la  par- 
tie du  Daoemarck ,  que  Villîam  Coxe  n  a 
•point  visitée.  Marchai  était  fort  instruit  en 
agriculture  i  on  s'est  effbreé  dans  cet  ex- 
trait de  donner  la  substance  de  ses  obser- 
vations. Son  voyage  contient  trois  volumes; 
le  premier  seul  a  été  traduit,  en  français, 
et  renferme  de  riches  détails  :  voici  comme 
il*  s'exprime  en  pariant  du  Danemarck. 

En  quittant  Hambourg  ^  îe  pris  la  route 
de  terre  qui  conduit  en  Danemarck.  La  vue 
de  la  chute  de  TElbe  à  Altona  est  assez 
agréable  ;  cette  ville ,  la  première  des  Etats 
danois ,  après  la  capitale  ^  est  à  une  petite 
lieue  de  Hambourg  ,  le  commerce  y  est 
assez  considérable  ^  mais  il  est  encore  bien 
'  éloigné  de  porter  ateinte  à  celui  de  Ham- 
bourg f  comme  çà  été  Je  projet  du  gouver- 
neaient  danois ,  en  facilitant  tous  les  rnoyem 

de 


•    DES    V  Q.V-A  G  ES.       481 

s*y  ètahliv  ,  le  chemin  qui  y  conduit  est 
bordé  d'arbres  et  de  côtes  de  baleine  plan-  ^ 
tées  en  tevre ,  elles   sont  fort  cçmmunes 
dans  le  paj^s. 

Les  édifices  d'Âltona  ont  plue  daparence 
que  ceux  de  Hambourg  ,  ses  rues  sont. 
Jarges ,  alignées  et  bien  pavées  ,  les  mai* 
sons  des  marchands,  sont  placées  sur  le  bord 
de  la  rivière,  l^s  vaisseaux  vîenncntàleurs 
portes  décharger  ou  recevoir  leur  cargai- 
son ,  cette  ville  reinferme  une  jolie  prQme- 
nade , environ,  trente  mill^  habitajus,  dpnt 
un  sixième  de  juifs.  

D'Altona,  le  me  rendis  à  Lubeck,  duî 
en  est  éloigné  d  envirq  solîeues  ;  le  pajfs  que 
le  traversai  est,  en  .général ,  sablonneujc  ^ 
et  couvert  de  rochers  et  dq  Forêts. 

Lubeck  est  située  sur. une  rivière  qui,  à 
quelques  miUips.  delà  ,  se  jette  dans  U  Bal-* 
tique  ;  le  port  est  près  d'un  village  à  Tenà- 
bouchure  de  la  rivière,  et  de  petites  bar- 
ques  seules  peuvent  remontez^  jusqu  à  la 
ville;  elle  est  bizarrement  placée  .3pr  .les 
deux  flancs  d^une  montagne  ;  et  par-l&  , 
même,  elle  offi:e  un  aspect  irès-romaittîq^uei 
Les  maison^,  de  Lubeck  sont  ^ussi.  plVi9 
belles ,  plus  régulière?  ,^  plus  larges  qut 
celles  de  Hambourg  ^  et  les  niaiaons  ^  en.  gé« 

Tome  IL  H  h^         ^ 


^a   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

s  Béral ,  agréables  et  bien  bâties.  Lubeck  est 
orné  de  quelques  édifices  publics  qu^oo  fait 
voir  aux  étr«tngers ,  mais  qui  ne  renferme 
rien  de  remarquable. 

L^'église  de  S^int-Marc  est  un  édj6ce 
élevé ,  placé  au  milieu  de  la  ville  ,  noté- 
rieur  est  rempli  de  piliers  et  d'ornemeas 
coofusément  entasses»  et  qui  ne  mériteot 
pas  une  grande  attention  :  on  y  voit  une 
fameuse  horloge  qui  est  lé  morceaa  le  plas. 
curieux  de  Liîbeck ,  eHe  ifionti^e  TécKp- 
tîqufev  îe  ^d^aque  ;  Véqùàtëur ,  les  tro- 
piques et  les  planètes  darnsleufs  dîfl^reûtes 
courses  ;  Pçtécutîon  eii  est  si  préctse,  'qu'ba 
y  peut  distinguer  leur  état  plient  à  toutes 
tes  heures  du  jour  :  les  mouvemens  r^a* 
liers  des  corps  célestes ,  le  lever  et  ïê  tfoudier 
du  'sdleTl  ,  îei  éclipses  et  le  jours  de  fêtes 
«yfbAt  aussî  remorquer,  ce  qui  continuera 
Jusqu'à  Faûtiéè  t'S'fS.  CJette  même  horloge 
offre  uiife fi^urie  de  JéstiS-Christ^quî  ouvre, 
tous  les  joufs  à  mldî,  iriiTô  ^petite  porte  pla- 
cée à  &-oîte ,  d'où  ifôît  en  procession  ,ï  em- 

*  peur  èt%s  ^ept  ^ûcîéns  élèctfeurs  :  c^ui-cî , 
se  Fétôtffnef) t  du  càté  dé  la  statue ,  hii  font 
We  jJfôftfndte  térêteùce ,  et  éWe  letnr  rend  J 
U{)otitesSé  par  un  mouvement  de  sa  main; 
après  qtiûi  ^bitroopè  rentre  dans  le  mèmt 


1>Ê  S   V  O  Y  AGES/      483 

ordre  par  une  autre  porte  à  gauche^  et 
toutes  les  deux  se  referment  à  rînstant.Daaemarck, 
L'une,  des  tours  de  cette  église;  cotntîent  un 
agréable  carillon  qui  se  fait  entendre  avec 
beaucoup  d'exactitude  à  toutes  les  heures 
du  jour  :  aurdeseous  est  une  cloche  ^  près  de 
laquelle  se  tveatvufie  figure  qui  repitésente 
le  temps  ;  de  rauti'C  côtéj  se  tncTUve  une 
sHitre  %;ure  pluSs  petite  »  qui  &k  souvenir 
de  la  mort^  et  détourne  la  léte  à  chaque 
soupdonoé  par  k  première.  Tout  l''ouvrage 
est  estotimé  >  pomr  sê,  cons^vivtioti ,  d\ia 
raiaeau  de  fil^d^aMbal:  îl  parak  par  soa 
inscription  qu'il  date  de  Ysm  r4o5.  La  danse 
deU  mort  ^  tableaui  ibmeux  dan»  tout^  les 
centrées  de  cette  partie  de  ^Allemagne ,,  ^ 
se  montre  aussi  dans  >cette  galei^ie  ,  il  «st 
plus  curieux  qu'in^ressant. 

La  Cathédrale  dé  Lùbeck  est  un  ^drfice 
d'une  tr^  •-  grande  anîeîenneté  :  elle  fut  b£« 
tîe  en  1 170  par  le  duc  Henri ,  surnomi:né  le 
Liiofa  ;  rtin  de  ^dnccjtres  de  réieotcur  d'Ha- 
aovFC'd'aujôm^'hùî.  Cet  HeaiH  *  duc  de 
ysixe  ,  diassadt ,  dîfKHi ,  d&Rsles  environs , 
::i*oiiva  «in  Mif  qui  pon?»it  iln  oôlliet  d'or, 
l'oà  pendait  injie  croix  ,  et  'Sur  lequel  était 
écrits  c«8  «k)tî5:  àvc  meCtesar  donmntp 
Lvec  la  diaie  cdev.i'aDHée  qui  se   rapportail^ 

H  h  a 


484    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

au  règoe  de  Cbarlemagoe  :  le  duc  surprit 
]^«iMnk.d'uae  telle  aventure  ,  fit  coastruire  cette 
église  sur  Je  lieu  même  :  au  -  dessus  du 
portail  ,  oo  voit  la  6gure  d'un  cerf. 

L'histoire  nous  apprend  que  Lubeck  iiit 
la  tête  de  la  fameuse  ligue  anséatique. 
L'origine  de  cette  confédération  qui  fit  tant 
de  bruit  en  Europe^  eut  de  très-iaible$ 
commencemens.  Lubeoket  Hambourg  s'en- 
gagèrent en  1241  à  joindre  leurs  forces  con- 
tre des  brigands  qui  infestaient  les  romtes 
^  et  les  i^ers  ;  d'autres  villes  se  réunirentà  cel- 
les-ci ,  et  bientôt  elles. fareat  toutes  au  nom- 
bre de  quati'e  •  viagt  -  cinq.  Leur  puissance 
donna  de  l'ambrageauii  princes  voisins  ;  ils 
attaqèreat  plusieurs  de  ces  villes,  et  ils 
les  contr4iQgirent  à  sedétacher  de  la  ligue» 
qui  ne  compte  plus  actuellement  que  Lu- 
beck,  Hambourg  ,  Brème  et  Rostoch  ,  car 
Dan^i<;k  es|:  :maintei)ai2t  à  la  Prusse  ^  et  Co- 
logne à  la  France.     ;    u  .  • 

En  quittant  Lubeck ,  je  pris  ma  route  par 
Travemupd  ,  quiten  e9t  distant  d'environ 
buit  milles  ;  je  didai,  }e  mâme)our  à  Eutjn , 
petite  ville  située  sur  un  terrain  bas  et  en- 
tourée de  qyelquçs  riches. iprai^es.  D'Eu- 
tyn ,  j'allai  cpucher  à  PJoen  :  le  pays  que 
traverse  la  route  est  très-varié ,  \l  renferme 


DE  s    V  O  Y  A  G  ES.       486 

des  marais  considérables  qui  nourrissent 
une  grande  quantité  de  bétail ,  et  qui  ne 
sont  entièrement  à  sec  qu'au  mois  de  juin. 
Ploen  est  située  sur  le  revers  d'une  mon- 
tagne ,  et  au-dessus  d*un  beau  lac ,  entouré 
de  plusieurs  côtés  par  des  collines  cou- 
vertes de  forêts. 

Je  me  rendis  ensuite  à  Kiel  par  un  pays 
très-dî versifié  qui  ,  en  quelques  endroits, 
est  bien  cultivé ,  mais  où  Von  trouve  beai>- 
coup  de  marais  yde  rochers  etde  forêts.  Kiel 
est  entouré  d'un  lac  qu'il  faut  suivre  poirr 
j^  arriver;  cette  ville  fait  quelque  commerce 
lu  moyen  d'^io^  baie  de  la  Baltique  dont 
les  eaux  se  confondent  avec  ceux  du  lac  ; 
slle  est  assez  bien  bâtie,  les  rues  en  sont 
larges  et  droites. 

Après  Kiel ,  on  trouve  Rendsbourg  ,  ville 
Porte-  De  Rendsbourg ,  j'allai  à  Slesv^îck  , 
capitale  du  duché  ile  même  nom;  la  distance 
le  l'une  à  l'autre  ville,  est  de  vingt  milles, 
ît  l'on  traverse  un  pays  bien  cultivé  ;  Sles* 
Vick  est  située  sur  la  rivière  de  Slie,  qui  se 
ette  à  cinq  milles  de  là  dans  la  Baltique;  sa 
copulation  est  assez  forte  en  raison  de  son 
tendue.  Parmi  les  édifices  publics  ,  on  voit 
m  palais  qui  n'a  rien  de  remarquable 
u  une  bibliothèque ,  où  l'on  montre  quel- 


486    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

ques  anciens  mamiscrîts  ,  îly  a  dans  les  jar- 
j^nuBaick.  jji^  quelques  jets  et  des  bosquets  dans  le 
vieux  goût  ,  que  les  simples  haWlans  de 
ces  contrées,  regardent  comme  des  signes 
d'une  grande  magnificence. 

De  Sleswick ,  je  gagnai Fleusbourg, situé 
au  fond  d'une  baie  de  la  Baltique ,  les  mai- 
sons en  sont  bien  bâties  en  briques  ;  le  port 
qui  est  bon ,  reçoit  des  batiraens  de  quatre 
cents  tonneaux. 

J'allai  de  Fleusbourg  à  Ripen.  Entre  ces 
deux  villes  ,  j'aperçus  plusieurs  châteaux 
anciens  ,  entourés  de  lacs  et  de  forêts ,  qw 
servent  de   demeure  aux-  gentilshomnwe 
danois ,  occupés  de  la  culture  des  terres . 
cette  dernière  ville  estaubordde  la  NIpsn, 
qui  forme  trois  canaux  ,  et  se  jette  dans  !: 
mer  du  Nord,  à  quelques   milles  de  d' • 
tance.  Le  port  de  Ripen  est  un  des  meil- 
leurs du  Danemarck.  La  cathédrale  est  bi* 
tics  en  pierres  de  taille  ;  son  clocher  e>i 
si  élev"é ,  qu'il  sert  à  diriger  les  pilotes  ^ 
cette  côte  ,  que  généralement  on  rcgar(k 
comme  trèfindangiereuse. 

A  vrngt  milles  de  Rîpen ,  on  ittHive  U 
petite  ville  de  Wardt ,  sur  une  rivière  tSr\ 
Combe  dan<$  la  mer  d'Allemagne ,  et  fijuroJ 
à  Tentretien  de  quelques  pêckeurt.  Le  p*}^ 


DES    VOYAGES.       487 

iqué  je  parcourus  contient  de  vastespaturag;^^ 
couverts  d'un  nombreux  bétail  ;  je  passai  Danemwc^ 
sur  les  terres  de  deux  fi;entilsbonimeSj»  ils 
cultivaient  eux-mêmes  jéurs  domaines^  au 
moyen  des  paysans  qui  ^  généralemc^nt  ici , 
sont  serfs.  Un  des  propriétaires  ^  le  comte 
de  RoBcellen  se  promenait  à  cheval ,  i\ 
galopa  vers  nous  et  m'adressa  la  parojiÇ 
en  danois  et  en  allemand;  mais  mpn  pos; 
tillon  lui  ayant  dit  que  je  i},'entepdais  paf 
ces  deux  langues^  il  me  parla  en  fran* 
çais.  Ce.  gentilhomme  me  den^anda  très^ 
polinient  d'où  je  venais  et  oii  j'allais.  Jjs  |u^ 
répondis  que  je  voyageais  par  curiosité 
pour  voir  les  ditferens  royatimes  du  nprd  p 
que  j'étais  anglais ,  que  jç  venais  dM'ecte- 
ment  d'Hambourg  ;  alors  i\  me  pxh  d'une 
manière  aussi  honnête  qu'engageim te  >  de 
me  rendre  à  son  château;  cette  po^^tçs^ç 
me  fit  grand  plaisir  ^  je  repopdi^  en  con- 
séquence à  l'invitation  du  comte. 

Chemin  faisant  il  s'informa  du  motif  4^ 
mon  voyage..  Cette  contrée  9  dîf-il  >  est  içH 
négligée  :  iplle  ne  cçi^tienl  p^s  b^aifcoup 
d'objets  dignes  dç  rçmarqup ,  let  les  voya^ 
geuv^  la  visitent  r^eipe^t.  La  plupart  yont 
direct;içj;nent  à  Copenhague  ,  et  nous  n^ 
sommes  pas  sur  la  rome.  Je   répondis  ai^ 

Hh4 


488    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

comté ,  que  j'avais  parcouru  il  j  a  quelques 
Danemarclc.  années  ,  la  France ,  l'Italie  et  la  plus  grande 
partie  derAllemagnc  :  mais  qu'à  mon  retour 
en  Angleterre  ,  je  trouvai  que  je  n'avais 
fait  qu'Hun  Vojyage  ordinaire  dont  on  avait 
mille  descriptions  ;  qu'^alors  je  conçus  )e 
désir  de  voir  les  États  du  nord  de  TEu- 
rope  j  rarement  observés  par  les  voyageurs 
de  mon  pays  :  j'ajoutai  qu'ayant  mis  depuis 
peu  mon  projet  à  exécution  ,  j'avais  passé 
par  la  Hollande ,  la  Flandre  ,  la  Westphalîe 
et  l'électorat  d'Hanovre  ,  pour  me  rendre 
en  Danemarck  dont  je  faisais  maintenant 
le  tour.  Le  comte  me  répondît  que  la 
Flandre  et  la  Hollande  pouvaient  procurer 
quelque  amusement;  mais  que  la  Westpba- 
lie  ,  l'électorat  d'Hanovre  et  les  duchés  de 
Holsteîn  et  de  Sleswick ,  ne  devaient  offrir 
que  peu  d'agrément  à  un  homme  qui  avait 
voyagé  en  France  et  en  Italie  et  qui  habi- 
tait l'Angleterre.  Je  répliquai ,  que  je  ne 
venais  point  dans  le  nord  pour  admirer 
cfes  tableaux  et  des  statues ,  ou  pour  en- 
tendre des  opéras;  mais  pour  observer  les 
usages ,  l'état  de  l'agriculture,  le  genre  des 
manufactures  ,  et  voir  enfin  le  pays  en  dé- 
tail. Oh  !  oh  !  dit  le  comte ,  vous  voyagez 
çn  philosophe  j  j'ai  parcouru  l'Angleterre  , 


DES    VOYAGES.        489 

la  France,  ritalîe et  toute  rAIlemagne^ mais 
malheureusement  je  n'avais  pas  les  mêmes ^^^^"*"*'^* 
motifs  que  ceux  qui  vous  on  fait  entrepren- 
dre votre  vojage. 

Cette  conversation  nous  conduisit  aux  . 
portes  du  château  ,1e  comte  me  fit  traverser 
plusieurs  appartemens  à  la  suite  desquels 
nous  trouvâmes  une  pièce  où  Ton  avait 
servi  lé  déjeuné:  Aussitôt  parût  une  dame 
de  mojen  âge ,  suivie  d'un  jeune  gentil-^ 
homme.  La  dame  était  sa  sœur  et  le  jeune 
homme  son  neveu.  Celui-ci  se  disposait  à 
faire  un  vojage  d'agrément  en  Angleterre. 
L'un  et  l'autre  me  reçurent  poliment  et 
causèrent  avec  moi  en  français  sur  mes 
vo^^ages.  Nous  déjeunâmes  simplement  en 
p4l)ant  du  café  au  lait.  Le  comte  me  pria 
de  lui  développer  mes.  idées  sur  le  Dane- 
marck.  Il  ajouta  que  j'y  devais  trouver 
tine  grande  différence  avec  l'Angleterre  , 
tant  par  rapport  au  climat  qu'à  l'industrie 
et  a  la  population.  Je  répondis  que  nos 
pajsant  étant  bien  plus  à  l'aise,  il  devait 
en  résulter  nécessairement  une  plus  gran- 
de population  ,  et  que  Tusage  dans  lequel 
nous  étions  d'affermer  nos  terres  ,  était 
cause  que  notre  agriculture  prospérait 
bien  plus  que  celle  du  Danemarck.  Cela  est 


490    HISTOIRE   GÉNÉRALE 
5  très-vrai  ^  répliqua  le  comte ,  mais  d'autres 


Banemarek.  circonstances  nous   donnent  à  notre  tour 
l'avantage  sur  vous.  La  noblesse  et  les  per- 
sonnes riches  chez  nous  ^  cultivent  elles- 
mêmes  leurs  terres ,  quelle  que  soit  leur 
étendue  ,  ce  qui   certainement   occasionne 
un  plus  grand  produit   que  si  la  culture 
était  abandonnée  à  de  misérables  paysans. 
Il  est  vrai  ^  monsieur  ,  répondis-je ,  mais  ce 
n'est  pas  ici  le  cas.  Nos  terres  ne  sont  poiot 
confiées  à  de  misérables  paysans.  Les  fer- 
miers sont  à  l'aise  en.  Angleterre  ,  et  nous 
en  avons  mèn^  plusieurs  de  fort  riches. 
S'ils  étaient  tous  aussi  pauvres  que  les  vil- 
lageois du  Danemarck  ^  je  tomberais  d'ac- 
cord avec  vous. 

Le  comte  m'observa  que  j'étais  dans  Ijkr- 
reur.  Si  je  croyais  qu'il  n'y  eut  pas  de  véri- 
tables fi^rmiers  dans  son  pays.  Je  veux  pour 
vous  convaincre  de  cette  vérité  ,  vous  mon- 
trer ,  avant  le  dîner  >  quelques  fermes  que 
)'ai  laissées  à  bail ,  presque  de  la  même 
manière  qu'en  Angleterre. 

Nous  partîmes  ,  et  tout  en  marchant  Je 
comte  s'exprima  de  la  sorte.  D'après  tout  ce 
que  j'ai  vi?  en  France ,  ^^  Angleterre ,  en 
Hollande  ,  la  valeur  des  terres  ou  plutôt 
leur  revenu  dépend  exactement  du  voisi- 


DES    VOYAGES.       491 

nage  des  manufactures  ,  car  on  ne  loue 
nulle  part  aussi  bien  les  terres  qu^aux  en-^*'**'"**"''^' 
virons  d'une  grande  ville.  Ce  qui  nous 
manque  le  plus  en  Danemarck  ,  ce  sont  les 
marches.  Nous  avons  plusieurs  ëdits  en  fa- 
veur de  l'agriculture  ,  mais  qu'on  nous 
donne  des  débouches  pour  nos  productions 
cela  vaudra  mieux  que  cent  édits.  Ma  plus 
g^rande  sollicitude  s'est  donc  tournée  du 
côté  de  l'accroissement  de  la  population 
sur  mes  terres  ,  afiriv,  par  là ,  d'augmenter 
la  consommation  ,  bien  convaincu  que  si 
je  puis  Hxer  une  colonie  de  manufacturiers 
industrieux  9  l'amélioration  de  l'agriculture 
s'en  suivra  nécessairement.  J'ai  eu  la  satis- 
faction de  voir  que  l'expérience  et  le  succès 
ont  justifié  mon  opinion  ^  car  je  ne  me  suis 
pas  plutôt  livré  à  l'exécution  de  monplan  , 
que  j'en  ai  ressenti  les  plus  heureux  effets. 

Nous  arrivâmes  alors  aux  portes  d'une 
petite  ville  d'un  aspect  agréable  ,  située  au 
milieu  d'un  terrain  fertile ,  et  sur  le  revers 
d'une  montagne  dont  une  rivière  arrosait 
le  pied. 

11  n'est  pas  une  seule  maison  de  cette 
bourgade  ,  me  dît  le  comte  que  je  n'aie  bâ- 
tie  moi-même  et  remplie  d'ouvriers  >  noui 
entrâmes  et  nous  visitâmes  les  atteliers  , 


49*    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

ik  étaient  la  plupart  destinés  à  des  ouvrages 
de  laine.  J'y  vis  ungrand  nombre  de  fileurs , 
de  cardeurs ,  de  tisserans  ;  ils  fabriquaient 
une  étoffe  grossière  ^  dont  les  gens  du  peu- 
ple ,  dans  les  environs ,  font  leur  vêcemens. 
Le  comte  m'informa  qu'il  occupait  quatre 
cent  brasà  des  ouvrages  de  laine  seulement , 
que  ses  ouvriers  taisaient  toute  sortes  d'é- 
toffes ,  et  qu'elles  trouvaient  un  débit  sur 
dans  les  environs*  Plusieurs  tanneries  occo' 
paient  trois  cents  ouvriers^  et  une  petite  ma- 
nufacture de  grosse  toile  plus  de  quarante. 

Mais  rien  ne  plaisait  tant  à  ce  gentil- 
homme ,  vraiement  patriote ,  que  ses  ma« 
nufactures  de  fer.  Elles  fournissaient  des 
outils  de  toutes  les  espèces ,  des  ustensiles 
de  ménage ,  tout  ce  qui  est  nécessaire  en 
ce  genre  au  labourage.  Deux  cents  hommes 
y  étaient  employés. 

Le  succès  dans  ces  divers  établissemens 
était  tel ,  au  moment  où  je  les  visitai ,  que 
le  nombre  des  habitans  de  cette  petite  ville 
se  montait  à  deux  milles.  Elle  renferme 
trois  cents  maisons  ;  le  comte  en  k  tait  bâtir 
une  grande  partie  entièrement  à  ses  frais , 
et  il  a  accordé  plusieurs  privilèges  a  ceux 
qui  en  ont  fait  construire  aux  leurs.  Les 
ruessout régulières  ^coupées  à  angles  droits 


DES    VOYAGES.    .   993 

et  bien  pavées.  Au  centre  de  la  ville  est 

une  gray  de  place  de  marché,  et  ^u  milieu  BaBemarek. 

de  celle-ci ,  une  église  petite  »  mais  propre. 

Je  ne  me  souviens  pas  d'avoir  éprouvé' 
jamais  autant  de  plaisir  que  m'en  procura 
la  vue  de  ces  établissemêns  dignes  d'ua 
prince^et  bien  préférables  «ans  doute ,  à  ces 
vains  ornemens  qui  ,  dans  quelques  con- 
trées, décorent  les  châteaux  des  grands. 
Ils  font  rejaillir  une  gloire  immortelle  sur 
ce  digne  gentilhomme  qui  poursuit  avec 
constance  une  si  noble  entreprise*.  D'autres 
seigneurs  en  Danemarck  ont  une  fortune 
égale  à  la  sienne  ;  en  Angleterre  ,  on  en 
compte  de  doubles  et  de  triples  ;  mais  où 
trouver  un  emploi  de  revenu  qui  réfléchisse 
un  aussi  grand  éclat  sur  son  possesseur. 

Le  jour  se  passa  à  visiter  les  manufactures 
et  les  différentes  parties  de  cette  petite 
ville.  Nous  retournâmes  assez  tard  pour 
dîner  au  château.  Chemin  faisant ,  voici  ce 
qu'il  me  dit  : 

Les  progrès  de  la  pcpr.iation  de  maviile 
et  ceux  de  Tagriculture  vont  parfaitement 
bien.  La  dernière  cependant ,  s'améliorer 
avec  plus  de  rapidité;  mais  pour  mainte- 
nir  le  prix  du  marché  ,  et  empêcher  que 
la  trop  grande  abondance  des  denrées  ne 


494   HISTOIRE  GÉNÉRALE 

le  fasse  baisser  ,  inconvénient  que  je  croi$ 
DMn^mmk.  jIjq^  plus  graves  dans  une  entreprise  telle 
que  la  mienne ,  j'exporte  sur  mes  sloops  » 
en  Hollande  du  bled ,  du  beurre  ,  du  fro- 
mage ,  du  bœuf  salé ,  et  généralement  toute 
sorte  de  productions. 

En  louant  des  fermes  à  mes  pajrsaos ,  )a\ 
toujours  suivi  la  méthode  contraire  de  celle 
pratiquée  par  les  neufs  dixièmes  de  la  no- 
blesse du  royaume.  Le  seigneurs ,  en  géné- 
ral ,  ont  soin  de  tenir  leurs   serfs  dans  la 
dépendance  et  la  pauvreté..  Mcm  ,  je  tadie , 
au  contraire ,  de  mettre  les  miens  à  même 
de  s'enrichir,  et  je  leur  iûspire  cette  sorte 
de  hardiesse   de  la  classe  indigente  dans 
votre  pays.  Nous  avons  un  grand  pouvoir 
sur  eux.  Us  sont  soumis  à  beaucoup  de  re* 
devailees  en  personne  et  avec  leur  attelage, 
de4orte  qu'il  leur  reste  fort  peu  de  temps 
povr  ^ox-mémes ,  s'ils  ont  un  maître  dur. 
Des  éti^s  taiusm  malheuruex  ne  me  seraient 
aucunement  utiles  pour  mes  plans  d'amé- 
Iknratiôii.  Tous  ceux  à  qui  je  loue  des  terres , 
jbuiesent  du  droit  de  vaine  pâture,  et  me 
paient  «ne  simple  rente  ,  sans   aucun  ser^ 
vide  personnel.  Cette  règle  générale  de  ne 
pomt  i«lerrompre  leurs  travaux  ,  fait  que 
^s  ;&faMèrs  préfèrent  me  payer  de  bon- 


DE  S  Voyages.     495 

lies  rentes ,  et  disposer  du  surplus  de  leurs  ^ 
économies  ,  de  la  manière  la  plus  indus-  •"*"■*" 
trieuse  9  et  dont  ils  retirent  seuls  le  profit. 
Je  remarque  tous  les  jours  les  suites  heu* 
reuses  d'une  telle  conduite.  Mes  paysans 
deviennent  des  riches  fermiers  ,  ou  du 
moins  ^  ils  sont  tous  fort  à  leur  aiso.Dans 
une  telle  situation  il  n'est  pas  étotinant  que 
les  mariages  soient  nombreux ,  et  la  popu- 
lation qui  en  est  là  suite ,  s'augmente  au 
points  qu'il  n'en  est,  je  crois  aucun  autre 
exemple  en  Europe.  Personne  chez  moi  n'est 
à  charge  au  public.  Le  laboureur  oulë  paysan 
avant  de  devenir  vieux, a  toujours aàkaissé 
de  quoi  suffire  au^  besoins  de  ses  dernières, 
années  ,  et  d'ailleurs  se^  proches  regat*de- 
raient  comme  une  honte  de  le  laisser  lan* 
guîr  dans  la  misère. 

Le  comte  me  ramena  chez  lui  par  un 
circuit  d'environ  -cinq  milles,  àù  milïeu 
d'un  teri*àîn  sans  culture.  Vous  voyez ,  me 
dit-il ,  qu'il  me  reste  encore  beaucoup  à 
faire.  Tout  ceci  se  trouve  dans  l'Etat  tÀ 
mon  père  me  la  laissé  ;  mais  comme  nos 
progrès  sont  rapides,  j'espète  ^Iju'un  jotiroù 
l'autre  je  le  verrai  en  rapport  :  en  âtteAdanl: 
il  n'est  point  entièrement  inutile  :  des  ber* 
Çers  y  font  paître  de  nombreux  troupeatnc 


496    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

de  moatoos  de  race  d'Angleterre  et  de 
Flandre^  dont  la  laine  sert,  à  mes  manu- 
factures^ 

.  De  retour  au  château ,  le  comte  me  tint 
le  discours  suivant  :  J'ai  prouvé  ^  par  moa 
exemple ,  que  pour  bien  peupler  ua  pays  , 
et  con^équemment  le  rendre  riche  ^  il  faut 
procurer  du  travail  au  peuple  ;  le  plus  pa- 
resseux changera  bientôt,  si  son  industrie 
ne  profite  qu'à  lui ,  et  s'il  ne  dépend  de 
personne*  Je  ne  connais  pas  de  peuple  qui 
soit  plus  indolent,  par  nature,  que  celui 
du  Danemarck.  Mais  dans  les  parties  les 
plus  peuplées  de  U  Hollande ,  on  ne  trouve 
pas  plus  d'industrie  et  d'activité  que  dans 
ma  terre.  Il  n'a  fallu  pour  cela  qu'inspi- 
rer l'amour  du  travail  p  en  le  rendant  pro- 
fitable à'Celui  qui  s'y  livre.  L'accroissement 
de  la  population  est  prodigieux  ,  lorsque 
le  mariage  n'est  point  à  charge  ;  et  que 
les  parens  peuvent  élever  leurs  en&ns. 

Le  succès  de  mon  entreprise  m'a  fait 
réftéchîr  aux  rapports  qui  existent  entre 
l'agriculture  et  le  commerce.  En  établissant 
des  manufactures ,  je  n'avais  d'autre  vue 
que  celle  dé  former  un  marché  pour  la 
vente  des  denrées.  Sans  cet  avantage ,  les 
cultivateurs  ne  trouvant  aucun  débouché 

pour 


DES    VOYAGES.       497 

pour  le  surplus  de  leur  coasommation  ,  ils 
n'ont  point  d'intérêt  à  se  livrer  à  de  plus  ^*»*»"*^^ 
grands  travaux  qu'il  ne  leur  en  faut  pour 
vivre. 

Un  atitre  question  se  présente  :  le  com- 
merce doit- il  faire  l'objet  principal,  ou 
faut-il  qu'il  soit  subordonné  à  l'agriculture? 
les  politiques  ont  beaucoup  raisonné  là- 
dessus.  Voici  mon  avis  :  le  commerce  et 
l'agriculture  ne  doivent  être  poussés  qu'au- 
tant que  l'augmentation  de  l'agriculture  le 
permet.  Ces  établissemens  ne  sont  plus 
que  précaires  ,  lorsqu'ils  surpassent  dé 
beaucoup  les  besoins  des  peuples  qui  les 
avoisinent.  On  a  lieu  de  craindre  la  riva- 
lité d'autres  places  commerçantes  ,  et  Tin-" 
troduction  du  luxe.  D'aHleurs',  les  manu- 
factures ,  dans  leur  enfance ,  rie  s'occupent 
que  des  objets  dé  première  nécessité  dont 
le  débit  est  sûr. 

Je  ne  doute  nullement  qu'en  tournant 
toute  mon  attention  vers  les  manufactures  , 
je  n'eusse  augmenté  le  commerce  de  mon 
port,  et  que  je  ne  mè  fusse  fait  un  grand 
revenu  par  les  rentes  que  j'eusse  perçues 
sur  les  maisons  et  par  d'autres  profits  ; 
mais  la  raison  me  dit  de  m'attacher  priii<> 
ci  paiement  à  la  stabilité ,  et  je  suis  conV 

Tomù  IL  I  i 


49?  HISTOIRE  GÉNÉRALE 
■^^^■^f^  vaincu  que  je  ne  d,p}S  Tattçnçlre  qu'ei^  fbn- 
î?'*.!.™*"^;  dapi  1q  conimerfe  çur  I/agriculturç.  Lors- 
que  tous  mes  dérriçheinens  seroi^^  termi- 
nes,'j'arrêterai  raccroîssement  de  mayille» 
et  je  ne  bâtirai  plus  de.malçQiis  ,  ni  ne 
constifuîraî  plus,  de  vaîss^^i^x  ,  qy'i^utant 
qu'ir  en  laudra  pour  la  conservation  de 
mon.  commerce.  .    , 

Je  passai  tr^s  7 ajçrea|)leqient  quelques 
jours  avec  ré  concile,  qui  niçi  çrioixtralt  les 
merveilles,  de  son  industrie,  ou  m'entre- 
téi^ait  c(é  cliscours  phiipsop]biq^e8^  J9  trou- 
vai ses  maximes  fondées  .sur  l*exi)érjcnce, 
si  pai'f'aitement  iustek ,  que'  tous  les  s(oîrs , 
après  être  rentré  dfins  mon  appartement, 
ie  lès  mettais  en  écrit.  Ces  discours  eussent 
fait  honneur  aux  plus  beaux  â^énies  de  la 
France ,  de  rAnèieterrë  et  de  l'Italie.  Le  ' 
comte,  h  mon  départ,  me  donna  quelques 
lettres  de  recommandation  ,.  et  je  le  sup- 
pliai,  au  cas  où  il  vien(^ait  jamais  en  An- 
içleterre  ,  dé  m'honoreir  de  sa  visite  ea 
Northamptorisîuré.      , 

■  Je  partFs  le  matinvéi  m'arrêtai  à  Hodsed- 
hburg:  c'est  une  petite  ville  située  près 
a  une  agréable  rivière  :  les  environs  sont 
passablement  cultivés. .  J^allai  coucher  le 
joienié  jour  à  Lemwig  :  c'est  une  ville  peu 


» 


Ei  E  s    V  6  Y  AGES.       499 

grande,  br^arreniérit  placée  sur  une  petite  s 

baîe  ,  à  dix  milles  ehvîroh  de  là  rtieK;  etDancmarck' 

<juî  fait  la  pécHè  pour  tout  coiilmercé. 

Le  quatrième  jour  après  mon  départ  , 
jé  vins  à  Aalbou't-g y  ville  située  sur  le 
golfe  de  Lîmfbrd ,  et  dans  liniieu  où  il 
.  parait  n'être  plus  qu'une  belle  rîvîèrie.  Je 
èohtîniiaî  mon  Voyage  par  eau ,  il  n'eri  fiït 
que  plus  agréable.  Le  golfe  tra Versé  une 
asôe?  gt-ande  étendue  de  pajs  ,  ïaritôt  cul- 
tive; tantôt  sauvage  ;  îl  renferme  plustéùr» 
îles  ;,li'abitées  par  des  pêcheurs  :  elles  sont 
li^[  plupart  couvertes  de  bois ,  ce  qui  em- 
.iéllît  la  perspective.  • 

'  j'émplojaî   tô'u^è   une  jouï^née   à  -  âlleiJ 
.  d^Aalbourg  à  Wlloùr^ ,  qui  îi'eù  est  ce-» 
pendant  éloigné  que  de  trente  milles.  Lrf 
route  est  extrêmement  dîffi<:îîiè  ,  elle  ti^aJ 
verse  des  marais ,  des  montagnes  et  àei 
forêts.  Wibourg  est  le  siège  d*un  évêcHé 
et  d'une  cour  dé'  justice ,  et  tout  cela  né 
;  rérid  paé'  cette  vîlfe  importante.  J'allai  cou- 
cher à  ÎJorsens,  tilk  qui,  au  moyen  d'uA 
'port,  fait  un  période  commerce.  Le  roi  a  de 
>  grands  domaines  çle  ce  côté  :  il  jr  a  planté 
\  des  colcMîies    d'Allemands    qui    cultivent 
^  i  mieux  la:^  wrre  qûé  lés  Danois. 

^  'Après  avoir  quitté  Horsenô ,  Wéîle  est 

I.  ,*. 
1  % 


5oo    HISTOIRE  GÉNÉRALE 

s  la  première  ville  que  je  rencontrai  :  elle  est 
^nemarck. petite,  maîs  bien  bâtie  :  son  port  est  com- 
mode ,  il  est  au  fond    d'une  baie  de  la 
Baltique ,  ce  qui  facilite  son  commerce. 

De  Weile  ,  je  gagnai  Kolding ,  fort  jolie 
Tille,  très-bien  située  ;  elle  fait  aussi  quel- 
que commerce ,  et  renferme  un  des  palais 
du  roi ,  qui  n'offre  rien  de  propre  à  sa- 
tisfaire un  voyageur  ,  quoique  les  habitans 
le  regardent  comme  le  Versailles  du  nord. 

De  Kolding,  je  vins  à  Ferstède ^  ville 
située  sur  le  petit  Beit,  vis-à-vis  Tîle  de 
Fanm.  Après  avoir  déjeuné  à  Fersiède  et 
demandé  une  flotte,  selon  l'expression  du 
pays  ,  je  m'embarquai  poiu*  AssenSy  petit 
port  de  l'ile  de  Funen.  Je  me  rendis  en- 
suite à  Odensée ,  ville  située  dans  le  centre 
de  rtle.  Les  terres  étaient  meilleures  que 
tx)utes  celles  que  j'avais  vu  en  Danemarck, 
et  cultivées  comme  dans  la  plupart  des 
provinces  d'Angleterre. 
.  L'îje  de,  Funen  n'a  ni  rochers  ni  mon- 
tagnes :  on  n'y  voit  que  de  charmans  co- 
teaux et  d'agréables  vallées.  Quelques-uns 
des  tertres,  les  plus  élevés  sont  couronnés 
de  bois  ,,et  des  ruisseaux  limpides,  arrosent 
ce  beau  pays.  La  plupart  des '«paysans  y 
j^ont  libres  :  on  le  reconnaît  à  la  dîHëreoce 


DES    VOYAGES.       5ot 

de  la  -culture  :  les  terres  des  serfs  ne  sont  sï 
pas-  en  aussi  bon  état.  Cette  île  renferme  ^^^*""*'*^ 
aussi  de  belles  prairies  et  de  bons  pâtu- 
rages. De  nombreux  troupeaux  de  bêtes 
à  cornes  les  couvrent  :  les  chevaux  que  je 
vis  me  parurent  plus  beaux  qu'ailleurs^ 

Le  3  septembre  ,  de  bon  matin ,  je  me 
rendis  à  Nubourg ,  où  Ton  s'embarque  pour 
traverser. le  grand  Belt^  et  passer  dans  la 
Sélande.  Quelques  retards  et  le  vent  forent 
cause  que  nous  n'abordâmes  que  dans  Ta* 
près  midi  »  et  je  ne  puis  aller  plus  loin  que 
Stagel ,\\\\e  fort  triste^  où  je  fus  fort  mal 
de  toutes  manièi'es. 

Le  lendemain  lo,  je  fis  vingt-deux  milles 
pour  gagner  Roschild,  ville  sur  la  route 
de  Copenhague  :  tout  le  pays  était  sem- 
blable à  celui  de  File  de  Funen  ;  il  était 
bien  cultivé  et  coupé  par  d'agréables  co- 
teaux et  des  vallées.  On  me  montra ,  dans 
l'église  principale  de  Roschild ,  les  tom- 
beaux de  plusieurs  rois  de  Danemarck: 
c'étaît-là  le  lieu  de  leur  sépulture.  Henri  VI^ 
roi  de  Danemarck  ,  d'Angleterre  et  de 
Norwège ,  est  déposé  dans  l'un  de  ces  tom- 
beaux. Celui  de  la  fameuse  reine  Margue- 
rite est  en  marbre  noir.  On  fait  remar- 
quer  aussi   dans  la  même   église  ,   une 

li  3 


$04  HISTOIRE  GÉNÉRALE,etc. 
grande  pierre  à  aiguiser  ,  qu^ Albert»  roi 
fiaaewuek.^^  SwèdjB  j  eovoya.  par  dérI$ioii  k  cette 
reine ,  eateodant  par-là ,  que  les  femmeft 
devaient  plutôt  amenuiser  en  pointe  leurs 
aiguilles ,  que  de  songer  à  la  guerre.  La 
reiae  répondit  à  cette  mauvaiee  plaisao- 
terie,  que  cette  pierre  servirait  à  ses  sol- 
dats ,  pour  y  aigui^^r  leurs  arômes*  Elle  tint 
parole»  elle  Ijvr^  bataillfs  au  roi  de  Suède, 
|e  vainquit  ,  lie  fit  prisonnier  »  et  ne  lui 
rendit  1a  liberté  qu'au  bout  de  sept  ans» 
et  à  diss  conditions  très*dures.  De  Roschild, 
j'allai  dîner  à  Copenhague  ,  après  avoir 
fait  quatorze  milles  et  traversé  le  plus  beau 
pays  du  DanentïarclL» 


Fin  du  deuxième  Volume* 


ti  II      '    l<      ■!    'Il 


^E5 


TABLE 

DES    CHAPITRES 

Contenus  dans  le  devkxième  Volume. 

SUITE  DU  LIVRE  QUATRIÈME. 


Vjhapitre  II.  Usages  p  mœurs ^  coutumes 
et  superstitions  ^  page  K 

Chap.  IIL  Seri^ice  diuin  en  langue  scla^ 
pone  et  grecque.  —  Bénédiction  de  Veau. 

—  Fête  publique  donnée  à  la  populace* 
-^  Descriptions  des  Bains  de  yapeurs. 

—  Départ  de  Pétersbourg.   —  Voyage 
dans  la  Finlande  russe  y  41 

Chap.  IV.  Précis  du  règne  des  Soupe* 
rains  y  depuis  Pierre  J.«'  jusqu'à  CéS^* 
èkerine  II  ^  exclusivement ^  68 

L  I  V  R  E    V. 

Chapitre  premier.  Entrée  dans  la  Fin^ 
lande  suédoise  —  Louisa  ^  n^ille  et  port 
de  mer.  —  Uthingfors  y  Aho .  —  Vojage 


6o4  TABLE 

«  en  traîneau  sur  la  glace  dans  le  golfe 
de  Bothnie.  —  L'île  d'Aland.  —  Trajet 
4e  cette  île  à  la  côte  de  Suède.  —  Voyaffi 
à  Stockholm  ,  86 

Chap.  il  Description  de  Stockholm.— 
Cour,  ~  Nouvel  habit  suédois.  —  Spec- 
tacles.  —  Eglise  de  Ritterholm.  —  Tom- 
beaux  et  caractère  de  (quelques  rois  de 
Suède  et  de  quelques  généraux.  ^-  Ar- 
senal. —  Digression  sur  la  mort  de 
Charles  XII.  —  Maisons  des  nobles.  — 
Statue  équestre  de  Gustave  Adolphe , 

101 

Chap.  III.  Châteaux  du  roi.  —  Empirons 
de  Stockholm.  —  Ordres  de  chet^alerie. 
— Etat  des  troupes  Suédoises.  —  Esprit 
des  soldats  ^  1 29 

Chap.  IV.  Forme  ancienne  du  Gouuernc'^ 
ment  de  Suède.  —  Obseri^ations  sur  la 
nature  de  celui  qui  a  été  établi  par  la 
.  résolution  de  177a.  —  Sa  Constitution 
actuelle.  —  Diète  composée  du  roi  et  des 
Etats. —De  r  Ordre  delà  "noblesse  y  du 
clergé  y  des  bourgeois.  —  Des  paysans. 
—  Forme  de  la  législation  ^  14D 

Chap.  y.  Fabriques  et  manufactures , 
marchands  et  ouvriers  de  Stockholm  S 


DES    CHAPITRES.     5o5 

commère  général  de  la  Suède  ^  popula" 

lion  et  impôts  y  âor 

Chap  VI.  Mœurs  et  alertas  des  Suédois. 

—  Code  des  Lois.  —  Sage  Constitution 
des  Etats  y  2L20 

Chap.  VII.  Etat  des  sciences  et  des  arts^ 

—  Académies.  —  Uniuer sites.  —  Ecoles 
publiques.  —  Notice  sur  un  sapant  La- 
pon y  2.26 

Chap.  VIIL  Vojrage  aux  mines»  —  Sakla  , 
Afoestad-Sœter^Fahlun-Mora  y  ElfdaL 

—  Carrière  de  Porphyre  de  la  Dalé* 
^arlie  y  ^44 

L  I  V  R  E    V  I. 

Chapitre  premier.  Départ  de  Stockholm. 

—  Description  d'Upsal.  —  Ancien  palais 
de  cette  ^ille.  —  Cathédrale.  —Tombeau 
et  caractère  de  Gustai^e  Vasa.  —  Uni-- 
^ersité  d^Upsaly  Bibliothèque.  —Codex 
argenteûs.  —  Morastéen  y  lieu  ou  Von 
proclamait  anciennement  les  rois  de 
Suède.  —  Jardin  de  Botanique.  —  De 
LinruBus  y  de  Wallerius  y  de  Cronstedc 
et  de  Bergman  y  célèbres  Chimistes 
suédois  y  s,6± 

Chap.  II.  Départ  d'Upsal.  —  Description 
générale  du  pays.  —  Tombeau  d^Eric 


6o6  tABLE 

Xlf^.  —  Arhoga.  ~  Oerebro.  —  Marie- 
stad  y  Trolhaetta.  —  Bt  la  ripiere  Go- 
tha. —  Tentative  poHr  joindre  le  golfe 
de  Bothnie  avec  VOcéan  par  des  ca- 
naux  y  287 

Chap.  III.  Carlscrona.  —  Noiweaum  bas- 
sins ^  flotte  suédoise.  —  Christiansdadt. 
—  Helsinboùrg.  —  l^emarques  générales 
sur  la  manière  de  ^yojager  en  Suède  ^ 

Chap.  ly .  Abrégé d^ un  "poy âge  de  Marshall 
dans  V intérieur  de  la  Suède.  —  Villes  de 
léàholm.  —  De  Balms.  —  D'Oregrund , 
d'Hedemora,  —  Traversée  de  la  Dalé- 
carlie.  — '  Artivée  à  Hernosand  y  capi- 
laie  de  la  province  d^ Angermanie.  — 
Voyage  à  Pitha ,  à  Lula  y  à  Tornéo  y  à 
VTassay.  —  Club  établi  dans  ceUe  der- 
nière "yillê  y  3i5 

LIVRE    VII. 

Chapitre  premich.  Voyage  de  William 
Cox€  en  Dartemarch.  *-  Passage  du 
Sund.  "^  Entrée  en  Danemarûk.  —  Ehe- 
neur.  —  Douane  du  Sund.  —  Château  et 
palais  de  Cronembourg.  —  Anecdote  sut 
la  reine  Mathilde.  —  Jardin  de  Hamlet. 
^  Copenhague,  —  Jle  d^Amac y       Z^\ 


D  E  s    C  H  A  P  ï  T  R  E  s.     607 

Chap.  II.  Qualités  géographiques  c^  phy- 
siques du  territoire,  r^  Descripiian  .  de 
la  mer  Baltique.  -^  Climat  et  tempéra'^ 
tare  y  .  355 

JChap.  III.  Forme  du  Gouvernement  an- 
cien  et  moderne — Administration  y  871 

Chap.  IV.  Armée  et  marine.  —  Ordres  de 
chei^alerie  y  règlement  du  rang.  —  Loi  de 
Vindigénat.  —  Ordre  judiciaire  y  lois 
ciuiles  et  criminelles  ,  3q3 

Chap.  V.  Industrie  productit^e.^-^  Grains. 

—  Bétail.  —  Bois:  —  Chevaux. — Pêche. 

—  Industrie  manufacturière  ,  407 

Chap.  VI.  Population.  —  Commerce  inté" 
rieur  et  extérieur  du  Danemarck  y     42a 

Chap.  VII.  Sciences  et  arts.  —  Scaldes.  — 
Académie  y  imprimeries  et  hibliothe- 
ques  y  436 

Chap.  VIH.  Education. --  Langue  y  Carac- 
tère y  Mœurs  et  usages.  —  Religion  y 
Eglise  et  clergé  de  Danemarck  y        449 

Chap.  YH.  Départ  de  Copenhague. — Voya- 
ge dans  rîle  de  Sélande.  —  Roschildy 
tombeaux  des  rois  de  Danemarck.  — 
Ile  de  Fionie.  —  Odensée.  —  Voyage 
dans  les  duchés  de  Sleswick  et  de  Hels- 
tein.  *-  Canal  de  Kiel.  —  Remarques  sur 


5o8       TABI-E  DES  CHAPITRES. 

d'anciens  monumens  qu'on  trouue  son* 
T^ent  en  Suède  et  enDanemarck,       47a 

CsAP.  X.  Abrégé  d*un  voyage  dans  Vin- 
iérieur  du  Danemarck  ,  par  Joseph 
Marshat,  48^ 


Fin  de  la  Table  des  Chapitres  da  deuxième 

.Yolume* 


I        « 


:/ 


THE   NEW 

REF 

TtaU  book  il 
tak 

YUHX  PUItUC  LIBffii^^l 
ERSNCE  DEPARTMENT                ^H 

under  ao  aîrcamitaneca  ta  l>*^V 
en  from  di>  Buildini                            1 

M 

■ 

■ 

m 

-  m 

m 

....<« 

t 


'.     t 


''/ 


iZ