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ABRÉGÉ
DE
L^HISTOIRE GENERALE
DES VOYAGES
FAITS EN EUROPE.
TOME II.
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A B R E G E
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L'HISTOIRE GÉNÉRALE
DES VOYAGES
FAITS EN EUROPE,
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CONTENANT
Ce ^û^il y a dt plus remarquable y de plus
utile et de mieux ai^éré dans les Pays où
les Voyageurs ont pénétré j les Mœurs des
Habitans y la Religion ^ les Usages, Arts et
Sciences , Commerce y Manufactures j enri^
cilié, de Cartes géographiques et dejigures.
Par ]e' Continuateur de TAbregé de THistoire
générafe des Voyages fait par La Harpe.
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TOME DEUXIEME.
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A P A R I S ,
Chez MOUTARDIER, 'Libraire,
Quai des Augustid8,n°..a8. , . , _.
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L'HISTOIRE GÉNÉRALE
D ES jV O/X* A G ES
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FAITS E N E U R O P E.
VOYAGES AU NORD DE L'EUROPE^
• • I
SUITE , PU jLIVRÉ QUATRIÈME. !
Chapitre il
/
Usages y mœurs ^ coutumes et supers^'
titions,
*
JLjê peuple russe , malgré sa dispersion «-ssss
Sur la vaste étendue de T empire , la dîver- •Russi».
sîté des pays ', dés climats' et du éol , a con-
serve son cafactèrç national et ses mœurs.
Sa manière de yivfe sîmjilë'^ t^Àiforme' et
naturelle ; uh ,ieô:prit exempt d'inquiétji'ïdél
L'identité de religion ^t la même nodri^r-
Tome IL A
^ HISTOIRE GÉNÉRALE
ture , paraisjsent être les principales causes
de ce peu d'aiteration.
Les Russes sont de différente stature ;
les uns sont très-grands ; on en trouve peu
au-dessous de la taiUe comnnune. Plusieurs
sont remarquables par la force de leurs
membres. Ils soutien général , maigres ;
mais bien faits. On voit ici rarement les
difformités que le raffnement de la mollesse
ont introduites dans les autres parties de
l^uropê. Leur bouche et leurs yeux sont
petits , leurs lèvres minces , leurs dents
unies et très-belles ; leur nez v^rie comme
partout ailleurs , il n^st ni grand ni trop
aquilin; leur front est communément petit
et leur aspect grave. Us ont la barbe fdrie
et épaise , les cheveux droits, bruns ,
blonds ou rouges. Leur vue et leurs oreilles
sont rairemept bonnes et fines. Les organes
du tact , de Todorat et du goût sont en-
durcis , ainsi que le reste du corps , par la
dureté du climat et leur manière de Vivre.
Ils sont communément d'un tempérament
sanguin et colère, ou d'un tempérament
opposé , mêlé de plus ou de moins de mé-
lancolie. Ils montrent beaucoup d'agilité ,
de feu et de vivacité dans leurs démarche*
#t dans leurs actions.
DES VOYAGE s. 3
Les femmes ont le teint brun et la peau
fine. On en ijoit de trës-belles , elles ont le R««^**
sein et les pieds larges , parce que rîen ne
gêne leur accroissement. Les filles devien-
nent nubiles à douze h treize ans. Quel*
ques-unes perdent leur beauté après deux
ans de mariage. Le fréquent usage des bains
chauds les développe de bonne heure ; it
contribue à les vieillii^^ et encore plus la
hideuse pratique de se peindre la peau. Les
femmes des classes inférieures étant char-*
gées des travaux les plos pénibles ,ety étant
plus accoutumées que les filles , négligent
ajUssi plus leurs personnes.
Les Russes sont généralement gais , né-
gligeains, légers , très^sensuels, vifs à saî-'
sir ce qu'on leur propose , et encore plus
prompts h Teieécuter. Violens dans leui*si
passons ^ ils sont rarement maîtres d'eux*
mêmes , et ils passent fréquemment d'une
extrémité à l'autre. Ils sont attentifs, réso-
lus , hardis et entreprenans. Ils ont une
grande inclination pour le commerce et
le négoce ; ils sont hospitaliers et sî confians
qu'ils se ruinent quelquefois ; les^înquîètes
sollicitudes de l'avenir , font ici rarement
blanchiriez cheveux. Les Russes sont com-
plai^ans , afièctueûx et obligeans dans leur
A a
4 HISTOIRE GÉNÉRAXE
commonication ; ils s;ârdent paHàiteineot
^«••^ on: secret; îj» oe sont point earieux, mé-
dftsans ni ceDâeurs;.ilsmèaeoriiiie vietrès*
sîqjple, ont fort peo de besoins, sont fa-
cSîement satisfaits; ils ont tout le temps de
se livrer au plaisir et au repos. Leur cons-'
tante ^aite leur conserve la santé et les
jbrces; contens et enjoués, ils parviennent
à uq âge très-avancé* .
Le eommerce intérieur parait être peu
conséquent, ce soni ordinairement de»
marchands tenant boutique qui le Ibnt , etle
principal transport par terre de ces mar*
chandises se fait par caravanes. Il est très*
important , parce qu'il occupe une grande
quantité de peuple , lui fournit la subsis--
tance , procure la vente d'une grande quan*
tité de productions de la nature et des arts ,
conserve le numéraire dans le pays , et le
iàit circuler prompt ement. Les petits mar-
chand^ commercent de place en place ; c'est
pourquoi , dans toutes les occasions ,, ils
font circuler prdmptement et fi'équemraent
leur argent. Leur frugalité et l'hospitàiité
qu'exercent partout les paysans , diminuent
beaucottp les frais de-leurs grands voyages.
L^ A'ommerce était! borné autrefois aux
lutces annuelles} lés négociaus s'y rendaient;
-P'E'S y O Y A'6 Ë sr 3^
avec r.Wuçsi marcbanxii«es/ ^ Depuis • ' loof^** ^==!
temp$,ft< chaque.. 'cité ;.ehai|ue' ville sl6febd# ftûssïe.^
et pljutiieurs'graad» villages, ont leursrharn
cbésjçégu liera. Lesiliefttitf où ils se iiefontnV
soût, |)A^tOât Tem^keivIjCDnstnïths 6iir \&
BiêmeyldQ etuni(i)rmë»;Ké oonsistefit tfâtiV
^n (î^rQ'j^^cbîirpenûc cjudèibriéi^ieg V'diVis'é
en boi4lîq:weî5 ^ avee wji.porrtqiicf aiir'lé^tfe^
vaut pQur la; comtricKÎiréuleKniarchiirfrfs. Cei
sqnt fréquemment âç'beiiuK et 'vas tes- édi-
fices-I.e;s mftfchaaiiises ne'i^etiVent 'êft»é
vendues que dans c^iHeui or ncHV daWs 1^
mâiâpiiS'particuKères. Ces bâtimcrtfe Sont
ordînai'renyent consiriiit9 ptu* le gouverne-
ment >lou par les mçigis'tràtfe du îieu. Les foi-
re§ ïiF|pudle&,d'Irbifc,/€«i Sibérie , etd'Eka-^
tasinbourg ,! et sûrtdut relie de Makarief ^
sur le yplgà, peuvÊrtt,le disputer aux foires
les piu§ célèbres dé TEiiroj^e pour fei qudh-
lité; d^^ Eriarchandises qui- s^y vemlènt-oir
s'éc^ffigeiit. i' I »
H Le eorajueFce avec . Tétranger fut peu
consîd^Jrablé ju«qu!à.la..)fia du trëiî^îfemc^
sî^Je,: Jl était presqii enlifei*ement bofné k
Nqyoï^aFod quî fiis^alt- pai^Ue de ht ligiitf
an§éa^vie. Les Russbsrne connaissaient pà^
la v^ÇM^j dç leurs» pibprç^ : piodudtioas !
y ^ ^ya^t, demi la^aiœpliciiéid^s enfinsVi*
6 HISTOIRE GÉNÉRALE
la nature , et iU avaient peu besoin deé
EMsiifl* objets étrangers. Insensiblement et par de-
grés les productions de la Russie fîirent
connues. Un rafinement dans la manière
de vivre sjr introduisit , et Qt faire des de-
mandesdes marchandises étrangëres.Pierre
le Grand établit des manufactures. Alor^
les ouvrages des mines et de tous les ob-
jets de commerce tournèrent au profit de
l'Etat. Les réglemens , les droits etc. , don-
nèrent au commerce un cours qui assura
la balance en sa faveur.
Les marchands Russes ontTusage de faire
paj^er d'avance la moitié du prix des mar-
chandises de Tintérieur qu'ils ont achetées
et qu'ils vendent aux étrangers pour Tex*
portation , avant de les leur livrer » con-
formément aux contrats ; mais ils né pren*
nent les marchandises étrangères qu'à un
an de crédit. Les étrangers ne bénéficient
donc que lorsque leur commerce prosfière ^
tandis que les Russes gagnent toujours*
Ils n'ont que peu de vaisseaux à la mer. Le
commerce maritime le pliis considérable
fe fait par la Baltique , à St. Pétersbourg
, et à Riga ; h Archangel par l'Océan septen«
trional ; k Tangarok » par le Pont-Euxin ;
à Aatracan , srur la mer Caspienne et au
El E s V O Y A G E s. 7
KamchaïkaV sur TOcéan septentrional. Les
principaux endroitadu commerce înlérîcur Russîr.
sont FUkraîne , d où les marchands russes
vont visiter les nïarchés ile la Pologne et
les foires de TAllemagne : XJrembourjg oïl
il se fait un commerce considérable àveô
plusieurs nations asiatique et Kîakhta en
Daoïîrîe , où se tait le grand commerce:
avec la Chine.
Les manufactures de* faîne , ae coton >
de soie , de chanvre , ïeè fbi'ges etc. , le^
moulins à papier, les blanchisseries de cîreV
les verreries, les fabriqués tîfe tapis et A&
porcelaine , et plusieurs. àWlre^ cfiablissé'«
mens semblables , appartiennent en partie
à la coufotihe , mais plus ôrdîaafrémentci
des particuliers.
Ils occupent et surtout les ' ntines, ùnèr
grande quantité de paysaAs , d'Artisans ctr
de comtaérçâhs , tant dav^ lés Villes que
daùs ]ds campagnes. Lé- pt*6dètiit dé ces
man\!É factures ne le cédé tobînt feux meîl-
feures dés autres pa^rs , c^ûbi'i^n'bil né j^trissb
pas toujours eh dire àtiVant éés otivr^ges-
des artisans russes.
Les hoïttm^s libres dé Ta céiïij^hé payant
«ne taxe pour leurs terres et là éapitation^»
s adOûii«nt k L'àgricukùtè âVée liberté: pltt^
A 4
8 HISTOIRE GÉNÉRALE
sieursd'enCr'euxnéglig'cantla culture delà
.lçj:re , se livrent entîèrenieÂX au commerce
et aux aHhires- Les seigneurs occupent leurs
j^aysaus v^sîjaux , selou [Ipui)^ ho\\ piaisîr -,
fii^x travaux^dx?. la ville ou 4^ila ç^^Qipagne,
QXhidUûf^ les map^facturesr^jesî fablûques »
/sqit aides pfotia^ians: mécaniques «ou aux
mines. L'agriculture n'çstdonc. pas autant
l'occupation générale des paysans de la Rus-
sie que dans le^; autres paj$. .Klle fournit
cçfpendant non; seqiement a la • epp^Ooima-
lion de Ttempire.^ à celle nécessaire! à la
iabrlcatioa .de^c;a;ux*de-vj;e^ i^aU encore
iiux grandes, .exportations dans le$ pays
^trangersy. ^f-n-:... ... *' '
,; .£n Riissiç,,^ .chaque village a gon proprfe
territoire et une terre sujette a corvées,
enclose., Dai^deS" plaines cultiviées de la
Sibérie I çl\aque honan^e^i^euf. pr^pdrq. d«^
terrain à vglonté». Quand ,cette portion de
terre est ;^MJ;sée. ; le paysan, la laisse en
.irichepepdMnt ui^çqm deux c^npéesjen prend
et laboure i^UiÇjaqtre , etr continue ainsi,
Ofi exerqç 0ftV, jt<^M^ Ven?pii:c ^^u différene
villages , les arts mécaiiiques des villes. U
,est rare dç^ A^fp^^.troi|ver.daQ3 mp village ,
un forgerç^t ;^p .taille,ur « p a cordonnier-,
ua tànneqrs^Wi lajâçUr d^ savoQu utt ma^
D ES V O Y A SE &- -ft
çon^ un; charpentier ; ud : barbouilleur dd
maisons /etc. Beaucoup 4^ paysans «xercea^ ^^••'•*
ces professions et en iom leur principale
occupation. . i
On e&t libre d'exercer ces dîifërens arU
et professions. Ils se tran3metfaeat.de père
en (ils. Personne n'a besojii de taire kî'ap^
prentissage pouraqcun tûétàev, ou.de dom
ner des prquves de sa capacité et dé soa
adresse. Qa, n'est point exposé à être puni
pour de mauvais ouvrages > à moins quod
ne découvre utie fraude manifeste.. On s«
procure aussi Facilement des ouvriers,. et
on a leurs ouvrages à un prix raisonna'ble»
Maïs au$sjl.;Vagriculture.'.QSt .privée d'un
grand nombre 'de bras. . î ' '.
. Les occupations des personnes du^sexe»
sont peu différentes de celles des pays
voisins* Elles veillent àla propreté de-U
/liaison ,' filent , tissent des toiles et {4e
grosses étoffes d'une qualité peu inférieure
ii cellt!$ .d'Allemagne, j Ka génér^il ;cUeè
travaillent d'avantage , et leur travail, esf
plus périj.We !qu'il 'u'a-coutotoe do Tâtre
parâii les feiiimes des p^tys de^ l'Europe
qui les- avpîsinetU- . :.)>>. ' ^ i
Les villcsi^et ks ytUa^d sûHt^onâîudirft-
ùient cdécQUvaHs^v .ils &àotiXûaïmunément
TC HISTOIRE GÉNÉRALE
bâtis en mes irrëgulières , avec de petits
fardins potagers attenant aux maisons » cY
des grandes cours. Ils sont situés sur le
bord des rivières , parce qu'on n'a pas Tu-
sage de creuser des puits. Comme les
pierres manquent souvent dans le pays ,
les chemins et les rues sont souvent faits
depoutres.de bois de charpente et unies
avec ta hache. Ils renferment plusieurs
petites églises , ordinairement bâties ea
briques et en plâtre» Les monastères qui
sont dans les villes et dans leur voisinage^
paraissent être des châteaux , k cause des
murailles épaisses qui les entourent , du
massif de leurs portes et de leurs nombreux
ses tours qui leur servent de clocher.
Les paroisses ou villages qui ont des-
églises 9 sont quelquefois très-étendus. lï
y a des marchés et des places de trafic : on
appelé ordinairement Slobodes , les grands
villages ; les maisons y sont alignées el
les rues souvent pavées de bois de char-
pente»
L'architecture russe est la même dans
les villes et les eampagnes. Toute Thabita^
tion consiste dans le logement, des petits
magasins, des étables, un bain chaud, qui»
reniërment toute la cour» Tous ces
DES VOYAGES. n
mens sont faits de poutres non équaiies^
mises les unes sur les aqtres et attachées Hhmî^
aux quatre coins. Ces maisons sont côuyer**
tes de planches et de lattes de chêne , lors-
<]ue le propriétaire le peut.
Les ameublemens des maisons dé ville
et de campagne , même chez les riches p
tont très-simples ; lachambï^e sert presque
toujours de cuisine : elle contient une table,
des bancs et des planches ab lieu de lit ;
une ou plusieurs images de saints» sont-
placés d^âs un des angles : les riches eu
ont une très-grande quantité , et quelques-
unes sont entourées de plaques d'argent.
On tient devant ces images , des lampes
continuellement allumées , au moins tous
les jours de fôtes. Pour éclairer la cham-
bre pendant la nuit , oh se sert commu-
nément de morceaux de sapin fendu comme
des lattes au lieu de chandelles.
Comme les villes de province veulent
imiter par degré Pétersbourg , on y voit
déjà des maisons de bois ou de hriques plus
élevées et d'un meilleur goût , dont les
ameublemens Sont à la mode et avec des
fardins symétriquement arrangés.
La nourriture des Russes eit si simple;
que les étrangers ne peuvent s*j accoutu*
lâ HLSTOJRE tjtfNjERAL E
mer fkcîjemtjnt. Ils opt^içcuiservë Tapidea
Russie, usage de préparer leurs iniels : il^ coosîst
tent daDS de la viande frakhe avec une
sauce à J'eau « des croutes.de painoraioaU
res cuites au tour avec de Ift vi^pde bâchée •
ou du poîsspa cuit à l'cAU pt au seK, .des
choux et des racines coupéî>. enseip^Iej^dç
la soupe aux choux qud .ne manquent Ja*
mais j du )ait tourné avec de. ja farine. ef
du lait aigre , etc. Ces .i;nets, ^^nt pr^squ^
toujours assaisonnés. avec, desroiguops^ «^ef
porreaux , de l'ail et quel^ijietbîs|jdii , pi»
iiient. ' . . _ - ., . \
La boisson la plus ordinaire pt iQ^è^cfis,
dont on brasse deux çspèc.ç? ^. Jj^ ^'^^S^r ?(
le blaiic. On prépare leà'pyge aycc pqr(ie^
égales de malt et. de TariaQ 4'pi:^e ^ et^le
blanc, avec six livres du inêtnc; malt ejt'jen»
Viron soixante livres Je.fc^rîne.dWge. Celle
boisson est rafraîchissante et agréable. L/eau:
de-vie de grain remplace Iç yin; les. bon^ics
maisons font usage dcivin de.fruixç^ )e
th^ est d*ua usage genéf al' en Russie ; le^
personnes de distinction fontseryir leur§
tables dans le goût étrangejr ;^^lle$ ont des
cuisiniers français comme dans les autre$
pa^s; on prend fort r peu. ^çti^bacv , {
• Les'habitaps des ViUç's, de.moviucc. et
Ô-E^ VOYAGES. i3
fles' Villages t>nt conservé aussi fidèlement
la manîère -idlé s'habiller de leurs pères, ^^^^*
que leur nouri-iture et leur logement. La
noblesse j tous Fcs officiers des départemens
fcîvils, les troupes légères, les soldats dans
tout reinpîre , les marchands des princi-
pales villes, tt ceux qui commercent avec
eux, lei prbpnétàîres des mines et presque
tous ies gens de qualité de l'empire sont
habillés comme les Allemands. Les dames
même des 'lieux lès plus éloignés suivent
les modes plus qu'on ne peut se l'imaginer*
Les bourgeois , la classe des marchands,
ne sont pas 'moins attachés à la manière
dé s^abillér de Ma nation que les paysans.
• L'es hommes laissent croître leur barbe ^
qui est communément longue et épaisse.
Leurs cheveu j^ sont wupés et peignés , leurs
chemises sont tourtes , sans collet ; leurs'
culottes Sont larges et attachées sur les
genoiix ; la chemise pend ordinairement sur
lés culottés , et est attachée autour du corps
far tin cordon.
Ce peuple porte sur la chemise iin pou-^
point court , ou une veste garnie de bou-
tons. L^habit fait avec une étoflfè de laine
grosse ; est si large qu'un côté croise sur
l^autre. Il est lié avec une ceinture qui Serre
Esisic
14 HISTOIRE GÉNÉRALE
deyx fois le tour du corps. A la cetoturct
pend ordinairement une longue lame de
couteau dans une gaine. La matière des
hjttbits varie selon les rangs et les eircons-
tances. Les riches portent des habits dà
beau drap , quelquefois bordés de galons
d'or : un Russe bien habillé a très- bonne
grâce. En hiver , le peuple porte des peaux
4^ mouton ; les personnes de la haute classe
ont des fourrures de grand prix.
Les femmes portent des bas et des sou-
liers semblables à ceux des hommes , quel-
quefois des pantoufles pointues ; celles du
bas peuple vont souvent pieds nus ; Thabit
des paysannes est fermé autour du cou ^
et serre le corps jusqu^aux hanches ; de là»
il descend sans plis jusques sur les souliers;
il est en outre attaché avec une ceinture k
laquelle sont sus[)endues les clefs*
Dans rhiver, elles portent des iburrure%
faites à la Polonaise , avec des manches poin*
tues ; celles du peuple se parent avec leurs
pelisses même en été , lorsqu'elles vont à
leglisp et font des ventes ; elles se parent
avec des colliers de corail ^ de perles ; des
chaînes d'or , des pendans d oreilles de pier*
res précieuses « et elles s ornent les doigts
^t les poignet; de bagues et de bracelets.
DES VOYAGES. id
XiacoifKire varie de difiërentes manières;
]es filles ont ^énëralement leurs cheveux RumU.
plus découverts que les femmes. Les ppe«
mières en font trois tresses avec des ra«
bans , et attachent des perles à leurs extré-
mités. Les personnes de conséquence dans
les Villes , tournent des pièces de soie autour
de leur tête , de manière a laisser pendre
au-dessous leurs cheveux bouclés. Cette
espèce de coiffure ressemble beaucoup à un
turban élevé. L'ajustement d'une femmq
est très-cher et fort beau.
Le fard est aussi nécessaire dans Thabil-
lement d'une dame Russe que le linge. Les
îexines dames de qualité les plus fraîches
et les plus «vermeilles emploient le rouge
çt le blanc. Comme cet usage est préjudi*»
ciable à la beauté , les dames plus âgées ,
qui ne veulent pas paraître hideuses ^ sont
obligées dje continuer à s'en servir.
Les Russes sont très^endurcis par le cli«
mat , l'éducation et leur manière de vivre.
Leurs usages se rapprochent plus des Asia-
tiques que des Européens , h l'exceptioa de
la mollesse. Ils dorment sur des planches^
sur des bancs durs, ou des tablettes de bois
placées à cet effet. En été, ils couchent?
tranquillement en plein air sur la te>Tey
^
t6 HISTOIRE GÉNÉRALE
dans les champs ou dans la coiù* de la
Eussie. ]i>ai«oD , et en hiver , au-dessus de leurs
fours , sans Kls. Apres avoir achevé leurs
prières du soir accompagnées de proster-
nations et de signes de croix devant les
images des saints; ils se couchent de bonne
heure et se lèvent de bon matin ; ils pren-
nent le bain , récitent leurs prières et vont
avec joie à leurs travaux. Uusage de se
coucher tard ^ celui des lits de plumes, et
plusi^eurs autres objets de luxe se sont in-
troduits depuis long-temps dans les mai-
sons des grands et des riches , même à
une grande distance des principales villes.
Lorsque deux*personnes de connaissance
se rencontrent 9 elles se saluent; en disant ,
Dieu vQus f garde yi on quelquefois , por-
tez - ^yous bien ; on se prend ensuite les
Diains , la têtie , et Ton s'embrasse. Cette
manière de se saluer est fort usitée par
les deux sexes. Les gens même du plus
bas étage se traitent avec beaucoup de
civilité ; les inférieurs embrassent les su-
périeurs sur la poitrine ; ils baisi^nt les
bords des vêtemens des personnes d*un
rang beaucoup élevés ; ils se prosternent
et frappent leur front contre les souliers
4es gi^ands. Lorsqu'ils sollicitent/ ils pren-
nent
DES VO Y A G ES. 17
■eot wi ton de Yoix et font des gestes ^
iÈovame s'ils ddoaodaieot pardon ou misé-
ricorde. Il est indf^cent de parler haat en
ia inrësence d'un supérieur*
Quand un. Russe veut faire honneur à
ses hôtes , il fait paraître sa femme et ses
fiUes bien parées ; elles enibrassent les
conviyes et les servent pendant le repas.
Ils semblent se disputer à Tenvi le plai-
sir de l'hospitalité^ qu'ils exercent avec
provision. Les vieillards sont universelle-
ment honorés. Lorsque la compagnie se sé-
pare , ils ne manquent jamais de s'embras-
ser à la moindre interruption ou change-
ment d'occupation , lorsqu'ils veulent man-
ger , boire , ou éternuer avec tressail-
lement subit , à la vue d'une place parti-
culière , d'une église , etc. , ils font le signe
de la croix et s'incUnent plusieurs fois en
disant avec un profond soupir : Seigneur
aye* pUié de moi.
Ils font ordinairement deux repas par
}Our 9 sur les neuf heures du matin , et après
midi à trois heures. La famille se réunit
pour manger, et quand elle est nombreuse^
les hommes mangent les premiers et les
femmes ensuite ; ils restent peu à table ,
et sont gais et joyeiuc. Le linge de table ,
Tome IL B
i8 HISTOIRE'OÉNÉRALE
les plats et \éB vases sont tenus avec 'Une
Auiiiô. grande prc^reté ^ même chez le bas peuple.
S'H:i*or^t quelques 'ëtrangei*s à table avec
eux , on boit beaucoup } il n'est pas indëceni
de s'enivrer, et même parmi les geos de
condition. Si une dame est un peu ivre,
ce nVst point un motif de repi^oches ; ils
ne se querellent jamais , et ne disent au*
eu ne injure dans ces parties ; ils sont doux
^t konnêtes.
' Les jours de fête fte passent à s'amuser
et à folâtrer. Personne ne néglige d'obser^
ver le jour de sa naissance et de son bap«
tême^ et ceux de sa famille. On commence
ce jour en entendant dévotement la messe*
La personne dont on célèbre la fête traite
le mieux possible ses amis. Les pauvres
font à leurs maîtres et patrons , un pi^ësent
d'un pain, de quelques pommes ou 'autres
"bagatelles de. cette espèce, afin d'obtenir^
par reconnaissance de leur attention , quel*
qu'argent pour les mettre en état de trai-
ter leurs amis, ce qu'ils exécutent avec fi*
délité , et le jour se termine par une or*
gîe.
Ils sont si accoutumés, dès leur plus ten-
dre enfance aux bains chauds et froids, que
^l'usage leur en est indispensable. Ils pren*
:dës voyages. 19-
ordiiiairMHeiit v& haiu tbâild ^ùe fois - __
k semaine ; ils ot>t de ft^uences oecasioos ^^^^'^
de les répéter ; ils se baigfieat^près uoe
légère indisposition , un ouvrage pénible ;
un retour de voyage , eto. Ils prennent le
bain très-<;haud ^ en éohauffiitit ta chambre
avec de grandes pierres rougir au feu;
sur lesquelles ils versent du 1 eau k difl^-
rentee fois ; il s'élève une forte vapeur;
la chambre est tellement close , que là va-
peur ne se perd point. La ^jersoniie qui
prend le bain s'étend sur une des planches
de V^cbafaud. Plus elle s'élève > plus elle
ressent de chaleur. Quand elle a ainsi trans^
pire quelque temps , il vient ordinairement
ttne femme qui lui lave le corps avec dé
Teau chaude , le nettoie^ le bat avec des
branches de bouleau qui ont leurs feuilles;
l'essuie avec des linges , le laisse reposer
et suer tant qu'elle juge à propos.
Les Russes sortant du bain chand , vont
se jeter dans un ruisseau ^ en hiver, ils se
roulent sur la n^ige sans éprouver la moin-
dre incommodité.
Le cùtomeree entre les deux se:xes est plus
libre , particulièrement dans la campagne ,
que partout ailleurs , à raison de l'espace
resserré de leurs masions^ de leurs cham-
B 2
jo HISTOÎIVE GÉWÉ-RAUE
bres à coucher » de leurs bases , de la sSm*
A>^«* pliciié de leturs conversations et de leurs
chaospns naîiyfs». La. conduite des maris en*
vers leurs- fëmoies , comparée à. celle des
Européens , est ^ en général , dure et aus-
tère; lesiemmes tbnt les ouvrages pénibles
et sont souvent obligées d'être les paisibles
spectatrices de Tinteaipérance et. de Tin»
conduite d^ leurs maris , sans oser se plain*
dre ; mai^ elles y: sont aceoutumées de si
bonne heure ^ que. rarement on les entend
murmurer 9 lors même qu'elle^ épix>uvent
les traiteme/is les plus tjraoiiriques. Dans
les grandes villes et parmi les gens de con*
dition 4 les dames sont dans une position
bien différente » et si on ne les calomnie
pas 9 plus d'un mari i^eçoit par .fois un coup
de pantoufle.
' Le contrat de mariage des riches ^ se fajt
avec la plusgrande solennité ; U classe com*
roune , ne se proposant que la fia pai*ticu-
lière du mariage » entre dans cet état aussi
|eune qu'elle le peut , le mariage n'étant
pas coûteux , l'éducation n'entrainan.t ni
peine, ni dépenses., les jeunes époux vi-
vent aussi à leur manière , et aussi heu-
reux qu'auparavant.
Les divertissenoien^ des Russes , les joua
DES VOYAGES. «r
de ^es , de noces et dans les autres occa-
fions de rëjoaîssance , sont fons variés ; ils Aossm.
ont beancoap de rapport avec les usages
des Perses , des Arabes et des É^çyptiens.
lis pt^fèrent la niBSique vocale à Tinstra*
mentale. Nous trouverions difficilement sur
legldbe unpajsoùily ait plus de gailé, et
un cbaot plus uniforme que dans cet em-
pire : les Russes chantent tous , depuis les
en&as jusqu'aux têtes à cheveux blancs',
et en toutes les occasions, les chemins re-
tentissent ' du chant des volthriers ; les
mes des villages , des v#ix agréables des
filles ^ et il y a toujours des concerts dans
les cabarets. Leurs chansons sont de sim^
pies récits des tkits anciens on modernes ,
des sujets d'amour , d'histoires de cheva^
lerie , des géans , des Jiéros. Les hommes
chantent detoute la plénitude de leur cœur,
les exploits des soldats, ou des Conques en
temps de. guerre, ou mille autres sujets
qui peuvent s'accomoder à leur caractère,
à leurs propres airs et à leurs dispositions
burlesques et gaies.
Lfinstrument le plus commun , qui est
particulier à la nation , est la corne à bou-
quin; c'est un cornet d'un à quatre pouces
de longueur ^ fait' de bois ou d'écorces-
sti HISTOIRE GENERALE
d arbres. Les vigoureux poumoBs d'on pay*
.^<»^^- san' en tireot des 9on» qui imiteat ea
quelque sorte , la voixhuiriaine*
La daase est partout un objet d'amusé-
ment ; le peuple qui ne perd peint m sou-
plesse , malgré ses travaux , danse parfaite-
ment f et généralement au son de la voix. La
dan^e russe universelle consiste dans de fré-
quentes génuflexions pour les hommes » et
des pas cadencés , légers de la part des len^
mes ;c'est ime pantomime très-engageante ;
la femme tient ses bras crois€*s sur la poi-
trine , fait des signes à Thomme avee ses
doigts , levé les épaules , gUsse vers lui
en baissant la tète, lui jette quelque» oril-
lages sans lui donner les mains* Dans une
autre danse , l'homme et la femme parais-
sent se dédaigner , et se regarder récipro-
quement en passant avec aversion et fierté;
ils affectent un air moqueur quand ils se
tournent le dos ; ils tournent autour l'un
de r<iutre , et par leurs regards et leurs
gestes , ils font paraître une.aversicm équi^
voquè. La danse de la colombe ^ présente
une image de la tendrese des colombes et
des amans ; les deux danseurs se tiennent
toujours Tun à l'autre « Thomme danse avec
Ixraucoup d'at^îtation^ tandis (|.uc la (emm^
--DES VOYAGES. sZ
s'avanee d'un pas léger et avec des mouve-
mens délicats. Bussk.
Ils s'adonoent beaucoup a la gymnas-
tique. Dan^ les nuits d'un hiver rude , lea
dames fbot des parties de traîneaux , dans
lesquelles on chante beaucoup et très^haut.
Les filles se divertissent en été y en sautant
rar une plamçhe dont le milieu repose sur
un bloc de bois, sur chaque extrémité de
cette planche , se place une fille. Elles s'é-
lèvent alternativement à une hauteur sur-
prenante. Les. Russes aiment beaucoup à
sonner les cloches des églises, les jours de
fêtes et de réjouissances publiques; mais
ils iiOBt tirent aucune harmonie ; ils excel«
lent à faire frapper le . battant avec une
extvéme vitesse.
Dans les campagnes , les femmes accouf
chent généralement dans la chambre da
bain ; el les couches sont la plupart beu^
reuses et faciles. Tous ceux qui visitent
l'accouchée , l'embrassent , et glissent douf
cément sous son oreiller un présent ca ath /
gent.
La nonchalance de ce peuple^ sa. liaar
Aière dô vivre austère ,1 exemption de$
travaux pénibles , Tusage des bains.i'.ifâ^iif
surtout l'atmosphère pureetsainç prqpif^
i4 HISTOIRE GÉNéRALE
à la Rassie et k la Sibérie » le iàit }omr
d'ane saoté constamment bonne , et parve-
nir généralement à une âge avancé* Les
malades ont même rarement recours à la
médecine. U r^^ peu de maladies en Rus*
aie , on en sonnait peo de violentes qui loi
soient particnliëres.
Plusieurs de leurs remèdes domestiques
exigent une patience extrême et vraiment
héroïque. Un mélange d*ail , d'oignons et
de poivre d*£spagne avec de Teau^de^vie ,
e$i un remède universeK Les Russes pieu*
rent sincèrement et long • temps leurs pa-
rens et amis ; mais Thorreur qu'ils ont de
la mort est si forte, qu^ls traitent leur
corps avec peu de cérémonie. Ils les con*
dnisent à la fosse , accompagnés de prêtres
qui chantent des hjmnes, portent des croix
et des flambeaux. Lorsqu'ils sont arrivés
au cimetière , ceux qui ont suivi le mort ,
prennent congé de lui par un baiser , lui
souhaitant toute sorte de bénédictions ; ils
-ferment ensuite le cer^rueil , le mettent dans
le tombeau et le couvrent de terre. Les
nobles et les riches portent Tbabit iKnr ,
les antres , leur habit de couleur. Les foné*
railles des seigneurs, dans les grandes
Viiks^ ressemUsnt h celles des autres pays»
DES V.O Y A GES. . »ft
L^ancienne religion grecque , à laquelle
toute la nation est attachée» est unirei^
sellement reconnue dans sa doctrine et sa
discipline. Le peuple est généralement très-
observateur de la ferme extérieure duculte;
c'est-à-dire, pour entendre la messe , ob*
server les jeûnes qui emportent le tiers de
l'année^» ou remplir les devoirs religieux
domestiques du matin au. soir , aller à cou-
fesse , recevoir les sacremens , etc. Cest
une oeuvre méritoire que de bâtir des égiises,
aussi e»ste>t*il dans les plus petites villes ,
un grand nombre de ces édifices , dont
quelques-uns sont assez beaux. Les grands
froids obligent de chauffer les églises en hi«
ver ; c'est pour cette raison, que beaucoup
de cimetières ont deux églises , une pour
l'hiver et l'autre pour l'été ; d'autres ont
deux étages destinés aux mêmes usages. Le
clergé est très -respecté 9 il est très-tolë*
rant pour les autres professions de foi : les
titres de métropolitains et d'archevêques
ne sont pas attachés aux sièges ; ils nesoi^t
plus que des distinctions purement person*
nelles conférées par le souverain ; ceux à
qui on les confèi*e n'ont aucun pouvoir addi«
tionnel, ils obtiennent à peine quelque
préséance.. Lorsqu'un russe rencontre ui|
»é HISXaiRE GÉNÉRALE
ftétre, it lutbaYselamàm» et le prèli^d^Iuî
RimSr. donne sa . bënëdietion en faisant un signe
de croix* ; cet usage cependant n'est près*
^n^ plus usité que dans les campagnes.
: Chacun passe la semaine de la paseiôB
daos.un grand extérieur de solennité, o)>
servant plusieurs cérëmonres de dévotion ,
auxquelles il est invité par le son triste et
lugubre des cloches des ^lises. Mais la se-
«laine de pâques se passe comme dans les
autres pays , en divertissemens , en ivro-
gneries, en débauches. Cestune coutume
universelle dans tout Fempire, de se donner
réciproquement le )oor de pâques, im
cenFen présent.
' Les Russes sont aussi superstitieux que
leurs voisins; plusieurs parmi eux croyant
aux esprits , aux apparitions , aux spectres ;
et n'aiment pas habiter les maisons ok
sont morts leurs proches parens. Le jeudi
avant la pentecûtc , les filles célèbrent la
fête de la déesse Slave Lada ^ et de son fils
liiduj par des chants, des danses , et en
ornant de guirlandes de rubans , un jeune
bouleau ; elles le jettent ensuite avec beau-
4roup de pompe dans la rivière , poursavoir
par les figures que ibrmentles rubans dans
le courant , quel sera celui qu'elles épouse-
DBS V O Y AC ES. 97
root 4 et le sort de leur oiaclage. Now» ne tss
fînirians pas ,. si nous rapporti<}iis toutes ^"*^
les idées superstitieuses de cette nature.
L^ chose la plus comuvune, et celle doat
on se formalise le moins en Russie^ c'est
d!^YoiF des po^^c. Cette vermine, y abonde ^
et un étranger esta peine débar<)^ué à Crons*
tadt^ qu'il s'en voit couvert. On doit at-
tribuer cet inconvénient au cliinat ^ à. la.
nourriture des Russes et à leur babille*
iRent.
Le paysan , le spUl^t et le matelot pas-^
sent une partie de Tannée dans le nord ^
couverts d'une peau de mouton k peine
préparée^ qui leur sert en même temp&
de linge , d'iiabit et de couverture de lit,
La manière de vivre des nobles les exposa
à partager avec le peuple cette incommo-^
dite. Ils sont toujours envirbtuaés d'une)
foule d'esclaves malp^'oprest , qui couchent
salement sur le plancher ou sur les ,meu*f
bles^de l'appartement; car il y a peu de^
maisons où l'on pense à leur assigner une^
chambre , et moins encore des Irfs. S'i^
TOUS arrive de traverser tin peu, tard les
appairtemens du palais pu les saloqs de quel-
ques hôtels >vouft êtjes^ obligés de vous dé-t
tourne^ pour ne pas |baler ^u^n^ pieds les.
EoMÎe.
18 HISTOIRE GÉNÉRALE
domestiques ronflant sur les parquets , en«
veloppës dans Jeur inexpugnable peau de
mouton. Cest laïque ces parasites impor-
tuns se retranchent et st propagent en
sûreté*
Les dames de Russie , allant en visite ,
remettent en entrant leurs belles pelissetr
de renard bleu ou noir , d'hermine ou de
martre<*zibeline I à leurs laquais^ qui se
eouchent dessus en attendant leurs mal*
tresses dans Tantichambre. Ils leur remet*
tent en sortant la précieuse fourrure , jieu*
7>léeet fourmillante. Aussi Yoit<<>n quelque-
Ibts une jolie femme , durant une partie dit
wisk ^ tirer une riche tabatière d'or pour
prendre une prise , puis se grater élégam-
ment les tempes , pincer légèrement la
petite béte entre les doigts ^ la poser sur
le couvercle émaillé^ et la faire craquer
sous Tongle. Il est plus ordinaire encore de
voir des officiers et d'autres personnes
comme il faut , se débarrasser de cette ver-
mipe et la jeter sur le plancher 5 tout en
causant.
Je me rappelerai toujours & ce sujet ,
l'histoire que racontait un vieux officier qui
lut présenté au général Mellessino. Ce gé-
nérià était occupé à faire l'épreuve d'un
©ES VOYAGES. s^
beau microscope anglais dont il venait de
&ire emplette; et environné de pluaiean
officiers de acm corps , il appela son valet
de chambre pour lui demander un insecte ^
afin de le placer dans le foyer du verre ;
niais à peine eût-il exprimé ce désir , que
trois ou quatre de ces officiers poudrés à
blanc , s'empressèrent de prévenir le do-
mestique et présentèrent à la fois* leur
capture , de manière que le général , em-
barrassé du choix , donna la préférence au
domestique , qui avait été aussi prompt
que les officiers à saisir une proie derrière
$on oreille.
On ne rap)X)rte point ces pairticulariiés
pour jeter du ridicule ou da mépris sur
les Russes. Ces exemples^ depuis plusieurs
années , sont devenus plus rares ; mais il
est certain que les poux nq répugnent pas
encore autant à lenr délicatesse qu'à cell#
des peuples oh Tusage du linge et Taban-
don des fourrures sont d'ancienne diite.Les
Russes ont en^^re un jeu natiooal , digne
pendant des courses de Neu^tnarket , où
l'on se sert de. poux au Iteu de coursiers.
On voit sur quelques marchés de Péters*
bourg et de M09COW ^ des revendeurs ti*
jrer un cercle sur un banc, et placer aha«^
3« HISTOIRE G^Ë'^ÉRALE
»
ft.cun un pou au centre'; ceîuî dont îé petit
fttt^Me. coureur parvient le premier du centre k
k la circonférence , gapne Tenjeu. Pierre
le Grand jouait quelqueFors lui-même à ce
jeu-là , dans les cabarets et autres Vieux
qu*tl ahnait à fréquenfei* incognito. On as-
sure que ce pnnce célébré n*était pas lé
dernier à trouver dans sa superbe che^
•v^lure , ranimai nécessaire pour participer
au jeu. , . ^
Qui dirait que le bouleau, Tai-breen ap-
parence le plus stérile, et l'un des plui
tnéprisës dan^ les pays heureux oh les ar-^
bres fruitiers peuplent les forêts, soit dani
le tiord de la Russie Tarbre le plus utile et
le plus pi^cieux? Sans le bouleau, la Fin^
lande, Tlngrie et TËsthonie seraient pcut^^
être désertes; car il est aux habitans de
ces provinces ; de la ittêrtite tressoui^^e que
le cocotier aux Indes. Le Finnois surtout
subsiste* presque par cet wbre bienfaisant.
De- son bois il fabrique son chariot et ses
itiëtrumens agraires ; soh étbtce supérieure,
impénétr&ble à l'humidité. Sert à couvrir
ses cabanes^. De la seconde' écorce, le Fin-
nois ^ktt'des cordes , des nattes et des cou-
vertures, qui lui servent de manteau pen-
dant ta pl^i^; il en tressé del paniers, été
DES VOYAGES. 3i
brodeqttuis et des sabots très^légers ec très-
commodes ; il en fabrique toiUes sortes dsi ftwitâ
vases de cuisinent d'^steosiles de raéiuige.
Les boui^eoas de bouleau le nourrisarat'
dass ia disette^ et il en mêle souvent dan»
son pain de seigie. 11 fait anssi de la. farine
avec Fécorce tendra et l'aubier. Les botir-^.
geoQs- de bouleau sonf d|ailleui*sJa aouirt*»
ribtre. ordinaire des coqs de bruyère , des<'
gelinottes , et de tous les oiseaux qui .pàs«^
sent i'-hiver dans le nord. De la sév& ^fe
cet arbre, le Finnois fait un vinaigre «lisra
9gcéable ; ses feuilles lui servent à teindrez
plusieurs étofl^s en ^aune ; sa racine est
pour lui une friandise , et il la reoommandei
en pliKsieûrs occasions comme un remédia ;
ses .rameaux enfin .lui fournissent des^
corbeilles et des balaisi Une dep»me se*
va point au bain qu!elle nait à la main
une branche de boôileau pour se flageller^
et pour couvrir sa:. >nudité .^ lorsqu'elle
sort. .^ :.i*^ ... J
Le sensible et ravissant auteur des Etudes
de la nature , qui à si bien observé le con-
traste admirable que finement le bouleau
et le sapin dans les vosies forêts de Fîa^
lande > devait quelques: coups > de pineooii
de plus à . cet^ arbi*e^ncycirricier ^ qui remé
k . j
22 HISTOIRE GÉNÉRALE
*place dans le nord le chêne bienfaisant déi-
Bank, fié par nos ancêtres.
Le caractère russe , a*tK>n dit , est de
n'en avoir aucun » mais de savoir merveil*
leosement s'adapter celui des autres na«-
tions* Si Ton ne veut parler que des Russes
de la classe, supérieure ^ on a raison ; mais
etia pourrait s'appliquer également à tous
les peuples à demi policés , et même aux
liab^tane de toutes les grandes villes , dont les
physionomies se confondent aussi bien que
les mœurs , parce qu'ils tirent leurs inten-
tions et leurs alimens des mêmes sources ^
que leur race est mélangée » et leur genre
de vie le même. ^ .
Le noble' russe , le seul Russe qu'on puisse
toir chez l'étranger et bien connaître dans*
•on pays » a eflfectivement une grande ap-
titude à s'identifier avec les opinions, les
mœurs j les manières et les langues des au*
très nations ; et cette souplesse d'organes
et d'esprit est sûrement un trait qui le
distingue.
L'on ne s'étonnera point de cette grande
mobilité , si Ton se souvient que le Russe
est un |)euple nouveau , sur lequel toutes
les nations ont plus ou moins influé. Il a
Mçn de l'étranger , des arts , des sciences ;
det
BE.S VOYAGES. : 33
àei vîces et pfeu de vertus. On peut àWe -
du Russe > que son gouvernement l'avilît ^ ^^^*
et que sa prétendue civilisation la plutôt
corronapu que policd
Çè n'est donc quà travers toutes ces
institutions vicieuses , que l'on peut re-
monter au caractère primiti Fde cette grande
nation. MiUe ans. d'esclavage sous leè Fa-
regues y sous les Tar tares ^ et sous ses pro-
pres czars, n'ont pu Teffâcer. Et que ne
doit pas avoir été ce peuple qui ^ dans sa
misère et sqs chaînes ^ nous, montre encore
tant de belles qualités? Le pajsan russe ^
sans propriété , sans véritable religion , sans
morale^ sans honneur, est hospitalier, hu-*
main^ serviable, gai, fidèle et courageux.
Plus on s'enfonce loin des villes , plus on le
trouve bon. Le plus sauvage est toujours
le meilleur ; le plus éloigné dé son tyran ,
est le plus près de la vertu. Il a , en un
mot , toutes ces vertus innées , qui nous
rappellent les mœurs patriarchales ; et ses
vices ne sont que ceux de la servitude. .
Le Russe , en général , aime à s'instruire
et honore les étrangers ; il n'y a que ceux
qui manquent absolument d'éducation, qui
les haïssent ou. qui en soient jaloux, lors-*
qu'ils se trouvent en rivalité avec eux. Un©
Tome IL "^ C
$4 HISTOIRE GÉNÉRALE
dxftcKjui leur fait moitis d'Ivoftveur, di«-
^iis»io. tin^ue ^ncoi-e les Russes : c'est une espèce
olc fi>olitcs8e basse et servile , qui s'exhale
an compliniens , des |||;estes ram|>ttQS» rne
i*un(eiwiu<.*e humbie et soumise devant leurs
sii))or»turs, rappdJeot ieur servitude orien<>
laie. Ils ne savent pas être polis sans bas-
s^tôsc » ni flatteurs saas flagornerie ; e^esc
i|m^ ^Hïur être vraiment poii, il faut ètt>e
vr»ûnient inoonéte ; il ne laut paséaire par
contrainte , par intérêt et par devoir f ce
qu'on ne doit faii'e que par sentiment ou
par bienséance
On trouve en Russie, dans la caste op-
primante , deux sortes de gens <|ui dill%«
i*ent absolument de mœurs et d'opinions;
des siècles les sé|)arent« A peine s'imugioe*
t-on qu'ils sont du même )>euple » quoi-
qu'ils soient souvent de la même famille»
Les uns sont les frondeurs de toute réfor-
me » de toute instruction , de toute amélio-
ration. Us voudraient ihire reculer la na-
tion vers la barbarie et la séquestrer du
reste de l'Europe. Ils regardent toute ci-
viKsaiion comnie pei*versive; et Pierre !.•'
est |Kjur eux , noik le législateur , mais le
corrupteur de son empire. Il sont pétris
de superstitions » d'ignorance et de préju-
f^ ^vh^reB^mêSis îls ont eouvent des mœurs
et des vertus dome^iques , et les ec^dès
ée la nevoltition fmuçatse fe^nt triemjiher
iem- "Système.
Lés autres sont ceux qui > adoptant le»
mœurs et les usages de l'Europe s'efforcent
de marcher de niveau avec leurs contém-^
poraîas , et les devancent trop souveni:
pour la. coi?ruption et les ridicules, lis se
font gloire de mépriser ou d'ignorer les
anciens usages de leurs pays ; ils ont ^
Te^rit^ ils sont sociables et acquièrent des
connaissances et des talens. C'est parmi eux
cpie l*oii trouve des hommes d'un grand
mérite et aimables |î1us que partout ail»*
lears : mais, pour la |>lupart , ils sont plus
polis qu honnêtes ., plus xlepravés qu'ins*
truits,, et plus vains qu'orgueilleux.
Au mliieu de cette discordance , la na-
tion russe est demeurée exempte de trois
erreurs Cufiestes , qui ont souiHé le rest«
de PEurope de crimes et d'abus. Jamais
les disses ne se firent un faux point d'hon-
"Beur de se venger d'un démenti par iid
meurtre. Leur histoire ne fait mentioa
d'aucune g«erre , d'aucun massacre., occa-
sionnés par un tanatisme religieux , et ils
36 HISTOIRE GÉNÉRALE
n'ont jamais regardé la naissaoce comme
^iMti9. supérieure au mérite.
. Après riyrogperie , le vice le plus pro*
nonce et le plus commun parmi les Russes»
c'est le vol. Je doute qu'aucun peuple de
la terre soit plus naturellement enclin à
s'approprier le bien d'autrui. Du premier
ministre ad général d*armée , du domes-
tique au soldat y tout vole, tout pille et
tout friponne. On n'a point en Russie pour
le voleur ce mépris avilissant qui le couvre
d'infamie , même parmi la dernière popu-
lace ; ce qu'il craint le plus eu volant ,
c'est d'êlfe obligé de rendre ce qu'il a pris ,
car il compte pour rien quelques coups de
bâton , et lorsque vous le prenez sur le
fait, il s'écrie en ricanant, je suis fautif,
monsieur , et il vous rend son butin comme
une rançon suffisante. Ce vice honteux ,
répandu dans toutes les classes , est h peine
blâmé. Il arrive quelquefois que dans les
appartemens de la cour où les personnes
qualifiées et les officiers supérieurs ont
seuls entrée , l'on vous enlève votre porte-
feuille , comme dans une foire. Un étran-
ger qui loge avec un Russe , apprendra à
ses dépens qu'il ne faut' rien laisser sur S4
toilette ou son bureau, et c'est même u-j
D1ES Y O Y A G^ S. 87
dicton russe que ^ ce qui n est pas enfermé ,
appartient à qui veut le prendre. K^wî».
Si vous êtes en Russie plus qu'ailleurs
exposé à être volé en détail , vous y ris-
quez moins d'y être aesasiné. On parcourir
avec plus de sécurité les places vides de
Pétersbourg et les déserts de Russie , que
les rues populaires de Londres et lest
routes fréquentées de France. Partout où
on rencontre une cabane., on est sûr de
trouver sur son seuil riiospitalité , et qui*
conque porte une cocarde à son chapeau ,
se &it respecter et craindre des mal in*
tentîonnés. Un passant entrant dans la
cabane d'un paysan , sàlye l'image d'urï
signe de croix , et • ensuite son hôte ^ en
disant, pain et sel ^ puis il s'assied sur le
band, et mange avec la famille , comme
s'il en était. En Russie, les parasites ne sont
point encore méprisés. Le général , le riche
négociant, tout homme un peu à son aise ,
Xient une espèce de table ouverte , où
l'officier, les amis , les connaissances de la
maison , et ôette foule de jeunes gens et
d'étrangers qui n'ont ni feu, ni lieu, sont
journellement reçus.
Le génie dû peuple Russe se tourne avi-
dement vers le commerce ^ il y parait
C3
88 HISTOIRE. GÉfîÉRAE.B
wmmm suftout propre* Lorsqu'un paysaii peut ob-
BmêêU. tenir un passieport de 90Q maiti^ » il fte
bâte de q^îuor ses îogratd' sfillons pciur
exi(ibr4is$er quelquie geoire d'industrie $
4ao^ ]'es])éran<:je: d'amasser de quoi* ache-
ter* sa. liberté;; mai^ il est en cela sou^vent
trompée Les marrhands russes » poisr la
plupart esclaves , et encore enlmvés par le
go^Yernenient le. plus absuixle ^ peuvent
yaremeiH: » malgré toute leur industrie
s'élever à d^ grandes spéculations : ils se
bornent au trafic intérieur ; et au lîeu: d'ètra
les négocians dans leur propre pajrs ». ils ny
sont que les conunifisioanaine&des Anglais»
et se voient obligés d^ se rabattre » comme
ailleurs les îuifs, sur un petit commerce de
détail 3 de merciers ou de colporteurs.
Mii^abeau Ta dit , le peuple Russe est le
plus malléaUe de^tous les peuples Un jeune
paysan sauvage « brute , timide , arraché
à son hameau^ est».ett moinad'ua mois,
métamorphosé en laquaisélégantet adroit,
ou en soldat leste ei hardi« Son maître en
fait en peu de temps son^ tailleuir , ton
musicien , mêflfts aoa chirurgien et son
avocat.
On m'avait irfpété cent ibia que le aseil-
ïbut moyen de. leur apprendra quelque
DBS VOYAGES. %
chose , c'étart de }es betdire : )e qe poimais
le croire , )e i'aroue. LôrsqaW délivre *"«^-
quelque centaine de ivcroesi à un oiïtcier;
pour en former ua nofcrveair bauMIemii^; oii
]uî fofumtt aus&B le drap et léa coïts oécei^
saîret pour le» halnlier* . Ayaût raogié^ ce»
KtaUiêureax à k file ^ ik ieiur dit : « Tor^,
« to aéras le tailîcttr ; toi ^ le cordaoiiîcr;
« et tôt ^ le mustcien de la compagnie^ h
S'ils murnràfenty oo cooinieiice par di;»-
tribuer quelque coup de bâton à ces élus , ^
et on leur donne quelques mauvais instru-
mens pour aller s'essayer dans leur art
respectîF. On renouvelle la bastonnade ^
jusqu'à ce qu'ils rapportent une botte ovt
un habit passablement faits , et qu'ils sa-
chent Jouer la marche du réjçîment.
Soit en 'Ctentint fey art^ , sait en* guidant
la charrue nourricière , soit en m^miant le
fusil destructeur» le Russe est enchaîné et
tremblant sous le bras d'un maître : toutes-
les qualités de son ame sont flétries , et les
plus doux sentimens du cœur outragés.
Chose étonnante , c'est avec ces hommes^
avilis ^ arrachés^ de force à leurs lamilles ^
et dont la plupart meurent de douleur et
d'effroi avant d'arriver à Tarmée où ih sont
coaduits à coup de gaules; c'est , dîs-je j^
C4
40 HISTOIRE GÉNÉRALE
avec de pareils guerriers que la Russie a
jiiMfk. remporté tant de victoires sur ses voisins.
Si , pour être bon soldat, il ne fallait qu'être
la plus exacte machine , ainsi qu'on Ta cru
long^-temps , le Russe serait à coup sûr le
meilleur soldat du monde entier. Sa valeur
est si machinale et si ^docile qu'il craint da*
vantage la canne de son officier que le ca-
non de l'ennemi. Uon pourrait dire de lui
qu'il est brave à force de lâcheté.
©ES V O Y A G E 8. 41
I
l'A.
CHAPITRE III.
Service dwin en langue . SelmiHmm ; et
Grecque. -~ Bénédiction de i'eait. —
«^ Fête publique donnée à la populaces.
— Descriptions des Bains, de vapeurs.
-^ Départ de Pétersbourg. — Voyage
dans la Finlande russe* .
Jl E N D A N T que nous étions à Pëtersfoourg ♦,
BOUS nous rendîmes un dimanche matin Rugjie,
avec le chevalier Harris et le prince
Potenkin chez l'archevêque de Moscow ,
pour assistera un service en langue sclavone
et grecque, pendant lequel il devait offi-
cier. Ce savant prélat , nommé Platon ,
nous reçut avec beaucoup de politesse , et
nous conduisit à Téglise. Lorsqu'iLentra , les
choristes entonnèrent une hjmne: qu'ils fi-^
nirent au moment ou iKs'ayançanvers le
sanctuaire. Il y recita une courte prière ,
et alla se placer sur un .siège élevé dans le
milieu de Féglise. Il y quitta) son vêtement
ordinaire , et à mesure que les. prêtres qui
l'environnaient lui remettaient les ditfê-
tentes pièces qui composaient ses* riches
4# HISTOIRE GÉNÉRALE
habits pontificaux , ils lui baisaient la main,
AiiMîe. g^ jg prélat portait ces vêtemens à sa bouche
pour baiper la croix qui y était brodée par-
tout. Il posa aussi sur sa tète une couronne
^niricfaie de perles et de pierres précieuses.
On Boos apprit €|0e eet habillement est le
même quek robe impériale dont les em-
pereurs* grecs iâisëiient autrefois uaage ^ et
>dDnt ils permettaient aux grands digoitaires
de Téglise de se vêtir quaad \H ofiietaient :
cette même robe sert encore aujourd'hui à
distinguer les pvéiats russes des prêtres
d'un ordre idDiférieur. Ainsi vêtu , Tarche*
Tèque passa dan» le sanctoarre « et alors
. commença l'office , dont une partie fut ré*
citée par diffërens prêtres en langue scia*
vone , et Tautre partie par Tarcfaevêque
en hmgue grecque , qu'il prononeak avec
Faccent des grecs modemesv Gontormément
aux ordonnances de Tégljse , il n^y a¥^ ni
orgues, ni aucun autre insCrument de mu-
sique ; mais <m chantait des kjmnes et cette
mëèodie était extrêmement agréable. Les
cierges et Feneeiis ne sont paa dana l'église
russe meiae en usage qur cfaex kes taiins.
Quand les prières fiireBt sur le poLntde finir»
TarcheTèque et le dergé j)assètent dans le
^nctuaire pour y recevoir la commiwioo ;
©ES V o r A G E $• 43
Ifift graodea portes cjui sottt au -devant se
ièrotèrettl au^sitôli^ et awMii' laSqae ne par>-
ûckpa & M<te cértfoMUne. S^.qtmKié d'ë^
tmDgjjtr ao«ae«une» kpermfsaiiMi dk ta voùr
par. ttoe pnctei cia^'OO. a^^i- laissée our^rM
dans cette intentioa. LeS' CMamumans stf
tenaient dsboa^ éc fm leur présentait du
vifl m^ anfioc : de. Teau chaude : le par tt
coupé \mv petiistDOEoeaux était tt^empé dans
le via ,' cm* leur servait les ileux élément i
Ufo»avec«aecarillèr«..
Le aeDviced»i*aiiuie heure : l^aretievéqu^
ayant doaaë ku bénédi^^iîon fttiale , s^asstt
cb' nouveajui. au .milieu de l'église, quitta
ses habits pont ifvûoux et reprit sa roSie or*»
dînaire. Noos le suivîmes chess^ Iw eu noué
trouvanesi uil bon. déje-ufié. Api*ës avoir
)onix quelque temps 4e la* conversation spi-»
rituelle et agréable du prélat qui parlait
cotu-auMumtr le* français . notis Mmes nos
Femerciemens- et nous- ikm9S Fetrrâmes.
Avmt de quitter Péterebou?^ noiU eûmes
occasion d'assisser à «ne autre eérétûonie
ru%ieuse , nvais plus publique, c'est4^-dite ,
k \âi fête de la bénédiction de l'eau : eHe eût
lieu le* sijaBème janvier (vîeujr st^fle), mais
aoa pas avec toute la pompe et ta mag^ni-*
ficence qui était ^usage ancieouemeot. La
44 HISTOIRE GÉNÉRALE
Neva est le lieu de la cérémonie. Le sou*-
^w»if« veraia se rend aldts en personne sur ce
fleuve alors gelé; et tous les régimens des
gardes y paraissent en grande pompe. Ce-
pendant on ^n a beauco(i{^ > rabattu depuis
quelques années*
, On avait él^evé un bâtiment octogone en
bois sur la glace d'un petit eanal qui «st
entre Tamirauté . et le palais. On l'avait
décoré de branches de sapin. Il était ouvert
par les côtés ^ et couronné d'un dôme sup-
porté p^r huit piliers. Sur le faite était une
figure de . saint Jean tehaot une croix ,
quatre tableaux autour de* lui j représen*
taient des miracles de notre Sauveur, Dans
riniérieur .était suspendue une colombe
sculptée en bois 9 emblème du Saint-Es-
prit , comme c'est Tusage dans les sanc*
tuaires des églises grecques. On avait
étendu des tapis sur tout le parquet , à la
réserve d'une place carrée au milieu de la-*
quelle on avait fait un trou et rompu la
glace pour y placer une éciielle , au moyen
de laquelle on pouvait descendre dans l'eau.
Ce bâtiment était environné d'une palis-
sade ornée de branches de sapin ^ et l'es-
pace entre la palissade et le. pavillon était
t^ulement couvert de ta^is. Un échaikud
P.E s VOYAGES. ' 45
était dre^ devant le palais , k la hauteur s
■r •
d'une des fenêtres , et couvert de drap R'»»*^
rouge ; il s'étendak jusques à ua des bouts
du canal> , A l'heure fixée rimperatrice pa-
rut à cette fenêtre du palais. L'archevêque
qui devait faire la cérémoie de la bénédic*
tion , passa ^ suivi d'une nombreuse procès* '
sion ^ le long de l'ëchafaud jusques à l'oc-
togone. Après avoir prononcé quelques
prières , il descendit par l'échelle jusques
au bout de l'eau dans laquelle il plongea
une croix avec laquelle il fit une aspersioa
sur les drapeaux de chacun des régimens
qui étaient en garnison à Pétersbourg*
Après cette cérémonie l'archevêque se re-
tira^ et le peuple se jeta sur le pavillon
octogone , but de Teauavec avidité, en as-
pergea ses habits , et en emporta pour pu-
rifier les maisons.
Le 6 de décembre nous fâmes aussi té-
moins d'un divertissement singulier que
donnait au public un russe qui avait ac-
quis une grande fortune en prenant à ferme ,
pour quatre ans seulement, le droit de
vendre des liqueurs spiritueuses. A l'é-
chéance de son bail il voulut témoigner
sa reconnaissance à la classe du peuple qui
avait le plus ccnatribué à l'enrichir. Pour
4^ fîlS.rOÏRE GlÉKÉ»AtÊ
icc^A U hn'Awma^atte ffiterpvi» «du jardin ^ii
Rmw« palais <tV?téii et il la fit jaofiODcer par âes
)>illet5 ^i^tfl^ibnés dam la ^Jfte« i&ëairaiit de
cûonûîtoe le^ mb&ura et let^ lu^agtes de la
cation 5 M>t)# ne iM^g^eâmës (pa» trne oo-
CêBïOB isi favorable. ÉtMiC arrivés «ur la
place ,» à fdeux (hem'ea apt^ midi , nous en
fines le ^tour «et nous examinitnesles.pTé*
parati*& de jk iète. Une gisande ta%le en
fiai* à <iieViail -était tcouwrte de toute sorte
de pi^OYlsiottS ^ entassées airec ime extrênrie
profiMÎoo ; c'était de '^andèa tranches et
ptfiî« et de«cavîar ^ des esturgeons secs^ des
carpes et autres poissons en grandes piles,
qui (iguTAioot des maîsocis, "des pyramides ,
des liftiigards ; ces bâtimens ' étaient coa-
verts ^'écnevisses ^ d'oîgnc«s> deicen^ures
att sel ec au 'vîoaigre. En divers endroits
du jardin , il y avait des rangs de barils
d'f att«^de-vîe et de liqueurs et de tonneaux
de vtn , de bière et de quass. Une im*
mense baldae de pdle^ cmiverte d'une
étofie d or et d'argent , attira mon atteo'*
tîon ; elle létait remplie de pain , de pois-
son sec et de tout ce q«i se mange en ca«
réme.
,Or avait aussi pourvu i ramusement (h
peuple au mojea de tovie espèce de jeui
DE3 VO Y A GE s, 47.
et éè diverUssemeos. Le spectacle de cette
iete était anime et fort gai. Plus de qua* Vxmiift
raote mille persooiies des deux sexes y
prenaient part.
Notre curiosité étant satisfaite , fious pas-*
sâmesdans un pavillon du jardin où étaient
assemblés celui qui donnait la fète et plu-
sieurs personnes jde la noblesse qui pre*
naient des rafraicliisseniens*
Oa était convenu. d'un signal auquel le
repas devoit comro^icer , mais rimpatience
du peuple ne lui permit pas de 1 attendre ;
il se mit en mouvement^ et la baleine fut
le {H-emier dbjet sur lequel ii se jeta. Elle
fot dépecée, en quelques minutes avec tout
ce qu'elle contenait ; d'abord on mit en
lambeaux la riche éloflPë qui la couvrait ;
et on s'en empara ; ensuite les vivres qu'elle
contenait lurent au pillage. Le reste du
peuple renversait les hangards , les mai-
sons , les pyramides , en mangeait les dé-
bris et les mettait en poche en même temps.
D'autres s'attachaient aux barils et aux
tonneaux , ei armés de grandes cueljilères
de bois , ils avalaient à grands traits le
vin , la bière et Teau^de-vie. La confusion
et le tumulte qui suivirent peuvent être
mieux imaginés que décrits. Nous jugeâmes
48 HISTOIRE GENERALE
■ qu'il était de la prudence de nous retirer*
Rtuii*^ Le soir les jardins furent magnifiqueraent
illuminés , et on tira un superbe feu d ar-
tifice.
Les bains de Tapeurs ont été décrits par
tous les voyageurs qui ont publié des re«
lations de la Russie. Au lieu de les copier ,
)e vais rapporter ce que j'ai vu moi^i-mènie,
Nous trouvant un jour dans un village ,
nous entrâmes dans une maison de bains ^
et nous rexaminâmes avec autant d'atten-
tion que Textrême chaleur qu'on y éprou-
vait pût nous le permettre. C'était un: bâ-
timent de bois d'une seule chambre av«c
de petites fenêtres ^ comme celles d'une
chaumière ordinaire. Une vieille femme
préparait te bain ; et comme une chaleur
et une fumée insupportables ne nous per-
mirent pas de rester dans la chambre une
minute , nous nous tînmes à la porte ,
d'où nous obsei*vâmes tout le procédé :
elle fit d'abord du feu soùs une arcade de
.grandes pierres de granit^qui pouvait avoir
quatre pieds de hauteur , et quand ces
pierres furent assez échauffées , elle jeta
plusieurs fois de l'eau dessus , ce qui for-
mait au même instant une abondante va-
peur i alors elle retira avec deux petits
biïtuns
• I
DÊâ VOYAGES. 45
l^atons plusieurs petitis cailloux rougis au:
feu, et les jeta dans des auges pleines d'eau ^^•***
qui s'échauflFerent ainsi h differens degrés.
Une demî-héure après -, trois hommes en-
trèrent dans le bain où ils restèrent pen-
dant que la vieille femme continuait à je-
ter de Teau sur Tarche de pierre > ce qui
i-échauffk la chambre à un degré prodigieux*
Alors les hommes se couchèrent sur une
espèce de table , et la femme les ayant sa-
vonnés > les frotta légèrenient avec un fais-
ceau de branches garnies de leurs feuilles.
La cUaleur excessive nous avait fait sortir
de la chambre, et bientôt après nous
vîmes les trois hommes , le corps couvert
d'une écume d'un cramoisi très-vif, qui
était l'effet de la vapeur , se jeter hors de
la ckambre pour aller sur-le-champ se plon-
ger dans la rivière.
Nous entrâmes aussi une fois dans une
maison de bains à Novogorod ; celle-là
était plus large et plus commode , et nous '
pûmes y restei* quelque temps. La chambre
était garnie d'un rang de bancs larges et
placés comme des degrés l'un sur l'autre ^
presque jusqu'au plancher. Il y avait dans
cette chambre environ vingt personnes
nues : les uns étaient couchés sur les bancs j
Tome. IL D
5o HISTOIRE GÉNÉRALE
il'autres étaient assis , d'autces deboat. H
y ea avait qui se frottaient le corps avec
Jin savon ou avec de petites branches de
chêne dont les feuilles étaient liées eosem*
Ue comme une verge: quelques-uns se
•versaient de l'eau chaude sur la tète , d'au*
4res de l'eau froide; un petit nombre épuisé
.par la chaleur, se tenait en plein air ou
ae plongeait à diverses reprises dans le
Volcof.
C'est avec raison qu*on a attribué géné-
ralement la ibi*ce et , ai je puis ainsi par-
ler, la dureté du. tempérament des Russes
à cet usage où ils sont de passer subite-
ment d'une chaleur extrême a un froid ex-
trême , lorsqu'ils se baignent : cependant
d'autres causes concourent à produire le
méqie e^t. Les paj^sans changent d'habits
sans faire la moindre attention au change-
\BAent de la température ; on les voit le
même jour vêtus d'une simple diemlse et
de calcons , ou enveloppés dans les habil-
iemeos les plus chauds. Les Jits sont pour
eux un luxe absolument inconnu ; ils dor-
ment quelquefois sur le haut de leur poile,
quelquefois sur le plancher, habillés ou
presque nuds ; leurs chaumières sont d'une
êhaleur excessive k causie du grand nooi-
DES VOYAGES. 5i
bre de personnes qui y sont rassemblées
dans un petit espace , et parce qu'ils chauF- auuig^
lent leur poile continuellement , même au
milieu de l'été ; de jnanière que quand ils
sortent, c'est presque comme s'ils passaient
d'un bain chau4 en plein air. Les encans
«ont élevés k la dure , et dès le plus bas
âge accoutumés aux extrêmes opposés. Il
nous arrivait rarement de passer dahis un
village sans y voir des enfkns courir dans
les vues y ou s'ils ne pouvaient encore mar-
cher , se tenir à la porte de leur maison ,
sans autre habUlemept que leur chemise ,
/nême lorsqu'il plçuvait ou qu'il gelait,
d'est ainsi que le^ Russes s'endurcissent à
supporter toutes les vicissitudes du chaud
«t du froid.
Le trois février 1779 nous partîmes dp
Pétersbburg vers le soir , et ayant marché
toute la puit , nous arrivâmes le jour sui*
vant à Wibourg. Voici les précautions que
l'avais prises contre te froid. J'avais' un
habit complet de droguet de Bath doublé
de flanelle ^ deux paires d(} bas de laine
d'Angleterre, des pantoufles que je mettais
dans des botte^ doublées de flanelle , lors-
que j'étais en route , et que j'ôtais en arrî-
vant. Si le froid -avait été extrêmement ri-
D %
5i HISTOIRE GÉNÉRALE
S555-5& gciureux , je me sei'aîs servi d'une leipëce
Rustie; d'étiii de peau de mouton tourné en de-
dans f dont je m'étais pourvu pour cha*
cune de mes jandbes ^ et qui était assez
large pour les loger avec mes bottes , et
assez long pour atteindre jusqu'à ma veste.
Je m'enveloppais de plus d'un grand man-
teau doublé de peau de mouton , sur le-
quel je plaçais encore au besoin une large
pelisse. J'avais. un manchon de peau d'ours,
et ma tête était couverte d'un bonnet de
velours piqué de soie et de coton -, qui
descendait sur mes joues , s'attachait sous
Je menton , et pouvait, s'il en était besoin,
me couvrir tout le visage. Avec cet accou-
trement j'aurais pu défier tous les climats
de la Laponie , vers laquelle nous diri-
gions notre course.
Notre équipage était composé de huit
trainaux, en j^ comprenant ceux qui étaient
destinés au bagage. Les chemins étant fort
étroits , chacun de nous avait son traîneau
particulier. Nos traîneaux étaient en partie
ouverts , en partie fermés. Ils avaient la
forme d'un berceau.- La hanne qui les cou*
vrait.et projetait de deux pieds sur le de-
-Vant , était ouverte au Bout , et pourvue
âe rideaux qu'oa pouvait fermer. daos It
• D E s V O Y AGES. 6S
mauvais temps. Elle était couverte en de-
hors de nattes et de peaux huilées. Au *"•«••
dedans c'était une grosse toile. Dans Finté**
rieur était un matelas , un lit de plumés ^
une couverture. Je m'y couchais quelque
fois entièrement , quelquefois je m'y tenait
jissis les jambes croisées comme un ture«
D'autrefois je pouvaîîj m élever sur un siégé
ibrmé par. deux coussins. Cliaque traîneau
était tiré par deux chevaux ,que le peu de
largeur du chemin obligeait à atteler Tua
devant l autre* On fait ordinairement dans
ces voitures six à huit milles par heure;
àpeînes^pperçoit-on d'aucun mouvement
sur la neige battue qui forme les chemins ^
et jamais je n'ai vojagé avec autant de
commodité.
Quoique nous allassions la nuit , et qu'il
n'y eut point de clair.de lune » une aurore
boréale ^ et la blancheur de la neige notis
procuraient une espèce de crépuscule font
agréable. Le sentier que nou« suivions
n'avait guère plus d'une verge de lar-
geur, (i) Le sol en était deux ou trois
pieds plus bus que la neige des deux coté»,
et il était durci par les traineauac et les
^ I II I I ■ I» I ■ ■ I mmm^mmmm
(il La yecgc p$t une mesure égale à troi&piedi^
D 3
64 HISTOIRE GÉNÉRALE
1» chevaux qui nous avaient j)récédés. Quand
Jteuie; deux trainaux se rencontrent , les cfievàux
qui sortent du chemin s'enfoncent ju$*
qu'aux sanglei.
Lfe 4 février nous arrivâmes à Wlbourg
à midi. La Finlande russiënne qui appar-
tenait ci-devant aux Suédois ^ fût cédée à
la Russie , en partie par la paix de Nys-
tadt en 172 1 , et en partie par \t traité
d'Abo en 1743. Cette province jouit encore
de la plupart de ses privilèges. EHé {)r6-
duit de bons pâturages , du seigle ^ cl^
J avoine et de Torge. La religion du pîflys
est la luthérienne. Cependant lès Ru^es
y ont tdtroduit leur culte.
Wibourg qui est la capitale de la Finlande
russe est une place forte , etTon;^ cddipte
environ lieuf milles habitans. Il J ^ quel*
ques maisons de briques ^ tnais k |)liipai't
sont de bois. C'est là qu'est le ptineipàl
commerce de la province.
Le pays que nous traversâmes le tende-
-mâiaoffi'ait une succession de cdllineé et
de vallées , couverte de fdrêt^ dé ^pid^»
et de hêtres^ interrompues fréquemment
par des lacs et parsemées d'àrie gr^knilb
<}uantité de rochers de granits brisés , et
qui avaient Tasr de débris et de ruined de
DES VOYAGES. 55
montagnes. Il n'y arait cette nuit ,m elaîr
de lune ni aurore boréale , cependant la V^êtSu
neige Suffisait pour répandre une grande
clarté. Nos traîneaux Faisaient l'eSet të plu»
pittoresque lorsqu'ils tournaient autour
d'une colline de neige ou se suivaient en
droite Hgne sur la surface des lacs gelé^*
Le silence de k huit était i^itérrompu do
ten>ps en temps par les cantiques que lio»
postillonà cirantaiént sol* àe9 airs fort
simples , mais agréables. Je charmai» Ten^
nui d'une longue route en écoutant ce*
«hdnts répétés au loin par le» écbo» àe»
forets , en admirant ce spectacle noôturn»
et singiilier ^ ou en sommeillant dans mol»
iraîneàu ansÈî bien c|ue j'eusse pu le ïatif9
^ dans un lit. LVir était fort Abvix pcmr la
saison , le mercure était à peine h minuit
à trois dégrés au -* dessous du point de 1»
congellatiôn.
Le 6 février ^ nous arrîVômei» le ntatiii Jr
Ftederiihamrt. Quand celte ville apparte-
nait aux Suédois ^ ce n'était qu'un pelit
village. Lek russes Tont foriifiécf pour atti-
rer les frontières de la partie de la Fin^
lande qui leur a été cédée par la paix
d'Abo. La ville est petite et régulière*.
Toutes bê maisdns ^à la iéserte (Tune seule ^
56 HISTOIRE GÉNÉRALE
qui est de briques , sont bâties de bois , mai»
FuMie. très-proprement. Les habitans font un pe-
tit commerce avec les anglais et les hollan-
dais. Ils leur vendent des planches et du
suif, et en reçoivent du sel et du tabac.
Le gouverneur de Wibourg nous ayant
déjà recomandé au commandant de celle
place ^ celui-ci vint aussitôt nous rendre
visite avec les ofTiciers de sa troupe et
nous invita à dîner. Ces attentions sont
toujours fort agréables aux vo^^ageurs.Mais
l'aflireuse saison dans laquelle nous éiion»
rehaussait encor le ])rix des soins qu'on
avait de nous. Notre hAte était un viel offi«
cier allemand qui avait beaucoup de ser*
vice , homme plein de cette franchise qui
caractérise les ancrens militaires, et qui en
nous régalant a merveille , égayait le repas
par la vivacité de sa conversation. Le plan-
cher de l'appartement au lieu d'être cou-
vert de tapis , l'était , suivant l'usage da
p«ys , de petites branches de sapin qui ,
quand on les broie répandent une agréable
odeur et donnent k une chambre an air
de propreté.
Le 7 février, de Frederishamn nous
continuâmes notre voyage à travers un
pays rempli de collines, de forêts et dp
/
DES V O Y AGE S. 67
lacs , et après avoir fait trente-quatre mi lies , <
nous nous trouvâmes aux frontières de Ru"«.
l'empire de Russie*
Les paysans de Finlande diffèrent extrê-
mement des Russes par leur air et par
leur habillement. Us sont blonds pour la
plupart, et plusieurs ont les cheveux rou;c ;
ils se rasent , portent leurs cheveux qui se^
)>artagent au sommet de^la tête et des-
cendent de là fort bas sur leurs épaules ; .
au lieu que les Russes , ont en général le
teint brun , les clieveux noirsqu'ils coupent
fort court et portent la barbe. Us sont aussi
en général plus civilisés que les Russes.,
Dans les plus petits villages de Finlande
nous, pouvions plus aisément nous procu**.
rcr des commodités que nous ne l'avions»
pu dans les plus grandes villes de Russie. >
• «
/
fie HISTOIRE GÉNÉRALE
CHAPITRE IV^
Précis du règnb de$ Sonuétains , depuis
Pierre /.*' Ju$^u^à Catherine II p in*
elusiuement.
n
èu» )aiMcH>nfl le* prédécesveui*» de
BttMif. Pieri'e I>' dan» rdtibli oil ils Mut plbng^^
\iO\xt ndUK oeeupet* d6 c^lui qui tirant «oit
pays de Id barbarie t a donné les n\6yenÈ^
de Tëleter à <*e A^f^té de puissance ofa
neus )é voyons aujouM'hul.
Pleure Alexfowitst , hé en i^^t i était
de la maison de Romande; Le premier de
cette tahnillei (çfand père dtt casaf Pi<<rre,
était Mkhel Féderwit^yélùen tôi^lf Tiigo
de i5 ans. Pierre fut nommé C/ar en 16U2,
mais son frère Ivan lui fut bicnlAt associé
par les intrigues de Sophie leur sœur; elle
porta à la révolte leBStrelit^iet après qu'ils
eurent commis toutes les horreurs dont est
capable une soldatesque sans frein , elle se
fit nommer co-régente avec les deux princes.
Lorsqu'elle eût tiré de cette révolte tou»
les fruits qu'elle se promettait , qu'elle eût
sacrifié tous ceux qui lui taisaient ombrage.
DES VOYAGES. 69
elle osa louer publiquement et rtfcbiiipeii^
eer les complices de ses forfaits. Péadâtit tiUiS.
plusieurs années elle régna i*éellement^
son ëfBgie était sur les monnaies areè celU
des deux princes 1 sa signature partout
Une nouvelle révolte des Strelltz eut lieu
en 1684 ; elle avait pour but de détruira
la maison régnante : on croie qu'elle fut
excitéfe par lé chef des Strelitz ; quoi qu'il
en soit , elle fdt étouffée et lés coupableé
punis. Le prince Bazile Oatitzin , favori dft
Sophie, fut nommé général contre les Tix^
tares ; il ne fit rien > Veut aucun sucfcès,
ce qui ne Tempècha pas ^ âu retour dé se§
canipagnes 1 d'être applaudi par Sophie et
ses partisans , mais nullement par le Qzatr
Pierre qui avait toujours désapprouvé Ife
choix de ce général. Une troisième révoltto
excitée par Sophie fut aussi afrètée ; lék
chefs furent punis avec là dernière rigueur;
le prince Gdiitzin , amant de Sophie , dbtint
la vie I et mourut en e^lt du 6out de H
ans. Sophie fat enfermée ddns utf monas^
tère ; Pierre alors régna seul i Ivan ajrank
mené jusqu'à sa mort ube vie privée. Nous
ne parlerons pas des soins que se donna
Pierre pour créer une armée, de sa guerr»
contre les^ Turcs > de la prise d'Azoph^ WK
Kiusie.
60 HISTOIRE GÉNÉRALE
Le. Fort, son ami, général et grand amU
rai lui fut d'un grand secours , mais il ne
}aida pas long-témps , et la mort de ce
grand homme arrivée en 1699 , fut une
perte réelle pour le prince et pour TEtat.
Il mourut pauvre, malgré le rôle qu'il avait
)Oué : c'est un grand éloge,
; Pierre allait .partir pour ses voyages ^
lorsqu'en rôgy , l'implacable Sophie trouva
]e moyen , dans sa prison, d'entretenir une
.cor>*espondance criminelle avec des Boyars
^t. des officiers des Strelitz , le Czar dé-
dirait être assassiné. Ce complot fut décou-
;Vert , les coupables furent livrés au sup»
plice , et Sophie ^ par un nouvel effet de
•)a clémence du czar , fut seulement renfer-
inée plus étroitement. Rien ne s'opposant
•plus au projet de Pierre , îJ partit en 1697 ,
rvi&ita la Hollande et l'Angleterre , où il
^'it des notions les plus étendues sur la
5)pnstruction des vaisseaux. Personne n'i-
^ore qu'il travailla, lui-même dans les
4fhantiers de Saardam , et 00 .y voit encore
Ja maison qu'il a occupée ; uj\e nouvelle
révolte des Strelitz lui fit- abréger son
A^^yage ; il revint à Moscow en 1698. Son
^mi Lfe Fort eut. assez de pouvoir sur son
jeiprit pour sauyer la cr imîneU^ Sophie que
DES V Ô Y AGES. 6f
la clémente de -son frère semblait enhar^^i
diràdenouveaiixcrimes. La juste vengeance ftasiiel
da czar se borna aux sëditieiix , elle fut
terrible , après quoi le corps des Strelltz
iîit cassé à perpétuité. Cette milice aurait
mérité ce traitement beaucoup plutôt ^
Enfin f en 1700 , le c:^r s'unit aux rois de
Danemark et de Pologne » contre Charles
XII à peine sorti de l'enfance , et ils enta-'
mèrent cette guerre qui ruina la Suède ;
détrôna Auguste , mit la Russie à deux
doigts de sa perte. Cette guerre souverai- ' >
Dément injuste dans son principe , valut
au czar plusieurs provinces sur le goite de
Finlande , et lui donna les moyens d'élever
cette nouvelle cité aujourd'hui capitale de
Fempire, où il n'y avait au^ommeocement
du dix • huitième siècle , qu'un marais et
quelques cabanes de pêcheurs. On voit dans
les différentes actions de cette guerre , que
les Russes en agissaient avec les Suédois /
comme ils faisaient avec les Tartares , brû*
lant et saccageant tous les pays par où il^
passaient. Cette cruelle méthode ne les a
pas tout'à'fait abandonné y et c'est là une
des parties dans lesquelles ils sont .encore
excessivement reculés. ^
Après Pultava , le czar fut délivré d'ua
^« HI^TQîRE GENERALE
ennrmi dangereux dans la personne de
^^' Ckarleç XII : mais ^a 171 ï , les Turcs ,
poussés pjir Charles , lui déclarereot la
guerre. L^ czar ayant manqué de pré-
YOy^nice , sjr trouva enfermé afi Pruth par
une armée formidable ; il eut la prudence
de capituler , et le bonheur de faire là paix,
ee qu^îl dut à cç que les avis de Charles
ne forent p^s écoutés. Beaucoup d'auteurs
i^e conviennent pas que cette heureuse ca-
pitulation soit due àu% conseils de Cathe*
rine , et ils s^^ppuient avec raison sur le
' journal du c^ar qui n'en dit rien. Il parait
constant que si le grand visir eût connu
V^at de détc^ss^ de larmée Russe , Pierre
le s'en fut pas tiré à si bon marché. Il per*
dit la plus grande partie de son arméis dans
cette campagne, s^ns avoir livré de bataille
»ngée. Le c«ar profita de l'absence de
Cb^^rjes X\l et de la faiblesse de la ^ède
pour semp^rer de la Finlande et de plu-
sieurs îles : mais en 17)6 , il fit la paix avec
Charles par l'entremise du baron de Gœriz.
]L.'année suivante , Pierre par^t pour la
France , où il fut reçu comme il devait
Fétre , et où il continua de satistaire soa
goût pour les arts et pour toutes les con*
MÎWani^fSt miles 4 son pajs*
p E 8 VOYAGES. 68
Nous yoicj arrivés k use époque terri**
We. En 1718 , Pierre préyov«iut qu'après *«•»•
lui son fils annullerait tout ce qu'il avait
fait pour le bonheur de ses pepples , le fil:
juger sur de prétendus crim^ c|ui n'ont
jamais été claineqaetit prouvés , nnalgré le
^raod nombre de victimes in?molées comme
ses coipplices. Alexis n'avait sans doute au-
cun des talens nécessaires à l'administra-
tioo d'iio grand empire. L'amour bien na-
turel du çzfir pour son ouvrage , lui mon-
trait danf ^ofi fils up successeur indigne
4e Iffi ; et ^ oçs ce point dp yue , il est dif-
ficile ^e blfoier ]e czar , mais il était sur
«in trône pvi la succession n'était fixée par
aucune lui , et conséqiicnunent 3a volonté
suffisait pour en écarter celui dont il con-
nai^ait l'inaptitude. Il devait donc se cou-
lenffsr 4^ (a renoncia^on fprmejle de ep
iiial|ipureiix prince , et ep assurer l'e^Kécii-
tjop par ^es moyens qui Qopt toujours daiis
les m^ns d'un ^Quvisrain absolu. Les ail-
leurs qui ont vpulu jusiifier Pierre , 4)^^^^
,qu'il nç ft'e$t porté à cette ^xfrjéi^îté, que
par la pri^inte qu'après s^ iport son fils n^
se fit ijn parti , quoiqu'élqigpé du tr^Rp,
et ne livrât l'empire aux iiprretir^ d'une
i;j}ÇCfFiftfÊSÎW?-Gç^te?#î>Pfl 9M* %t liij»ule
754 HISTOIRE GÉNÉÉAtË
admissible^ peut paraître plausible au pre-«
Russie, niîer coup d'œîl ; mais on la trouvera bieh
"faible si Ton considère combien il eût été
important à celui qui eût régné à sa place ,
et surtout combien il lui eût été Facile d*ar-
jrêter un pareil complot. D'ailleurs , en le
iaisant moine, il n j avait plus rien à crain-
dre et plus d'excuse pour Pierre. Les règnes
suivans ne peuvent laisser aucun doute sur
notre assertion. Ils ont clairement prouvé
-que les légitimes souverains de Russie n'é-
taient plus à cralndi*e quand ils étaient
remplacés. Quoi qu'il en soit, le malheureux
•Alexis fut condamné à mort, et mourut ou
de douleur ou de toute autre cause , avant
que Tarrôt fût exécuté. Quoique plusieurs
relations le disent, malgré la férocité coa«
nue du caractère de Pierre , nous ne croyons
pas qu'il ait été lui-même le bourreau de
son fils. Nous le disons à regret , mais cette
époque de la vie du czar est une tache éter-
nelle à sa mémoire , et dont rien ne peut ,
le laver aux yeux de la postérité. M, Le
Clerc , dans son histoire de Russie , s'est
fort étendu sur cet événement ; ses détails
•sont précieux, mais atroces : qu'on les lise
et qu'on juge d'après soi.
> Le czar ayant recommencé la guerre coii-
tre
D E S'VO Y A GE s.-; 65
tre la Suè^de^ quelque teoips. après la mort
«de Charles XJI , la termina, en 1721 , par !&«•«••
le traité d'Âbo^en giavdant plusieurs pro*
vinces. Cette même année ^ il fut reconnu
empereur par 3es sujets et p^r les puis*
sances de l'E^urope, le Danemarck excep* •
té. Depuis 1716,1! s'occupa des affaires in?
térieures de son empire ; il étal^lit des ipa?
nuFactures , il créa des lois , fit des règje?
mens sur. tous les objets ^ et fonda i)ne
multitude incroyable d'établissemens , I^
diflPérens collèges ou conseils , les chancel-
leries, les tribunaux, etc. Il augmenta pror
gi^ssivement sa capitale, il creusa le canal
de Ladoga, conquit plusieurs provinces de
Perse, où il se transporta en personne à la
tête de son armée : mais le climat le força
dy renoncer. U institua l'académie des
sciences et mit ses armées et. sa marine
créées par lui , sur un pied respectable. En
17^4, ce prince fit couronner Catherine à
Moscow ; mais peu après ayant eu à P^ter-
hoff , des preuves de son infidélité, il ^'ea
repentit sans doute. Soa épouse fut épar-
gnée , mais le malheureux amant Moens
eut la tête tranchée sous un autre prétexte.
Pierre mourut en ijs.b,k Y âge 4e cinquaur
te-deux ans. . :
tTomc IL E
Il faflait bie» €\tle la tîàttite é&t fyriné
Ple^rré L«' pott èli^e te ci^ateor , le i-é*
Hàittïàteuv , U té^^hteW dé goa empire ,
ptiièqd'en.rtdÂtcCtit $ur lé tt^ône « il ëentit
que la ciVilfeaUon était son Outragé^ et
' ^'«'il Fefit loi-tiièrfté soù éducation, il s*eû
fyïlsh beaucotriyqaé celle qtfil avait reçue,
eât été dfgùé de sôd géhie^ Sot)hié aVait
tklt. toiis dei efforts pour rérouffef.
H trouta la Russie pritée dei sciences ei
d^afts, qiff éclairaient et enibellisslaient
lé l'éste dé FEufôpè. Elle avait btesoîn d'uri
t^édteur qui fetat danrs son èetn les foa-
dêmfeh^ d'»n ùouvel empire ; elle avait be-
Idiô d'uii Pi-drtïethée qtii alliirtiat et nour-
Ht le Feu des ai^s dans un sol ingl-at; elle
âVait besoin de nouvelles mœurs , de nou-
velles lois ; il lui fallait un rëformatéur et
un légîslâtedr. Ses troupes , Sans ordre et
tiatis discipline , devaient êf re soumises aui
tèglès d'une savstûte tactique, et formées
Il Ta tictôire par leurs défaites. Ses mers
*|jré^que dés'ertes devaient se couvrir de
îaisâeatix; et leirr construction était igno-
Téê. U fallait dotrc que le créàteuF et le
•promethéè , qui voulait chàtigcr la face du
'î^oùveraertient et polîcer sçs ^jels ^ en
leur dçnnant l'exemple^ se soumit lè pré-
litefe t dV A(J ES. ^'
mitt âUk ë()i'ëiivéè lông^ties «t fàti^dutes
d'tilie âiscipflinè séTèré; tt^à'ilât)pfrit à coiiè^ Bî^it,
ti-uîre des vài^seatix^ qu'à fui gnéMët^^
màtia /pôlkiqiié habile» pour «^sUirei'lè^
foùdétnëiis de ià puîssanbé 'ti là faiihé iréi^^
pecter dé^é^ Voisitis; \Jû séUl IiditiAlè dé^
vaît p^odWi^ cette etôùn^nte rëVoïuHtW;
Où i^tàii péiùè II lé croire , si 6tnï^ hWiùïïi
pài Vkrknlkgë dé cite^ dés faits qtri té totttf
J^as^'^ pdiii^ àitiéî dire » dé nos fbdirè^ tét'
qûë pék-kfotf né tté pëiit cotitè^fét*.
Piéi^re le GtànA , d'dik èéptit tfôp périé-^
trànt jfîdnr Âe pas àpfercévôîi* & U fbîs é£
te àkid et ëés cduéeè , prit toUs le^ scAûH
imaginables, et adopta les mesitF^ lés j^ltilÉf
&ges pour améIiol*er Te tort d'un éntt)^re
iï puissant pài^ tdùi d'ititré^ élrcbriètairbék i
pour diéliVrét" gfâdtiéltérhéût èë^ sujété dtf
joug dé lâ barbarie ; ponr i^pandi^è dé ftitli^
tàtéi la.Iuoiièk-e vivifiahié dés sciences éf
des arts; pour découvrir les ti'ëSors es-
ches daAB ses. dolniîdès»' et ptiut^.ibiirnir à
l'agriculture les instructions et les secours
propl^es à là. faire Âeurii*. On §dit c^û'il,
tbyagea daii^ plttsîenrs pays dé l*Ëufo^ë;
pour acquërîr lés dontiai^sàtités doht Vaph
plicatioA pôutait êtt-e là plus utile à iëi
États. . : . i^
• • • k •&
,v )|En supposât que ce prince eût^p^ise se%
îdççç de fjérprme) daqs. ses en|Lr€;tj^^^s fyé^
oi^ens ave.c*lé3 étrangers,. on ^^ra ïpricé^^o
^PJ^^^m/i^'A .ffll^ir* Piçr^e I;erje fçnds
de. toxif les jvy^is,.Jt9len«,.via esprit juste»
une x^once;ptiqn ai^é^ ,.une harçUesse, une
fe^*meté et une activité surprenantes , pour
sentir la nécessité. et TuitilLté desxonseiis
îf?j\ depaap^dai^ , qi? que .lui doni^i^j^t les
étraagers^ ses fayorjsi Pierre possédait en-
core deux qualités énainente^daxisuxi prince,
un grapd amour pqur la ji^ce ,.;et pn
tact assiu*é pour juger les. j^oxan^es» et
distinguer ceux, ;ei^ qui il.dçyaj^t metitrie sa
QOflfianc^^ , . •;.' ' '
^,, Ce, prince avait un tempéramment ro-
buste , qui .Iç rei^daiç prppi^f;,,^ tous les
^ii^rcîces^à tous les ti^avaux; sa'.^illq était
«vai;itafi;euse et bien ibrmée : sa figure : maie
c^ noble ; et rénejçgie^e spn ame Repeignait
daijis ses y çux. ». :
C A THE RÎKE J^«.:
f I « •
r ' •
Pierre J.«^ , poussant Iç despotisme aussi
loin qu'il pouvait aller ,. avait, fart .upe loî
qui jaytorisait le souverain, a^ désigner son
successeur à sa volonté. Cette loi était fa-
«ile k éluder dahs un paj$ où le monai*que
DES- y 0'rÂ\f^ÉSJ ^ <&
estant né rëgaii^e tpu? ce ()ti*çJiiï*faît'%%^
le cas où son intérêt 1^ eti^gagè , ott lar fr^ffi-
tîfutîon Aia1î)4%c^ du ^b^
garantfe jikt rtéri. ' Cepefidaii<?Tâ^8?^ëtaA
faite, adopteV; et* îl semblé*qrf^^;ie^liYt«**
pas au îégîslâmjf à j liiattVinéf lè'^MAÎéW.
Pierre méif A 'éàtn^ ^'ésfi^nt^* Hà^ snccéfe-
seur , saris sav6îi*'qttî. occ*tij5«^'a son^ trÔHK.
Ce ibo^tqiie faft!pé^îf;sôfa\!fl,V;'j^
son sceptre ne tombe pas ÉiaTî's*'flft' ferlons
qui en étaient îndigties.-H*ëtnuffè^|uKqu'âdk
sentîmens pât€fi*il€is, par'!aÂîdut']Sotif s^oh
ouvragé. îl craîbtiqïré âiiS'X^àvduic glorîetf-
sèment pénîbléf né soient pas doriHnû^s ; èk
ce prince» au KéÙ de nommée*, dé f&îre
connaître à s^6' peiiptes', ceTnî sur qui fl'
fonde SCS espérances , meurt sans prévofr
les troublés , les maTheurs îtiévïtabTes que
peut produire un pareil ovibti. Quelle faute
pour un législateur ! quelle inconséquence
dans la conduite de Pierréf! Tant îl est
vrai que le pIusî^ancl'Fiohiïhe commet quel^-
quefois des faTîtes qu'un honime ôr^naîrfe
ne commëttraSt^pas. Revenons à Catherine.
Quoique "cfette princesse ait vécu dan»
notre siècle , ara naissance e^t enveloppée^
^un voile ^ qùf probablement' rfe sera pur
.^— »
• «^« •• M« » ^.
79 HUTtCHBLÊ ÇÉ^^$R^,^E
jtp?î^; ^cyitr/J^. paraît ççpçn4i^nt \w% 4«
j^ijjfcç^fl^'eïl^ pétait d »n.ç ,Qr'igîflÇ très^pbçr
-#Yinï ^p?pupppy. Il vécut #.vp(: elle jwsr
^ppc^ewçnj^ ,fttt le préte^fi. jiç, ri"? pîa^îblç
.^p^t. $p§.paftî^^$ ^e jçfîyî^içiïf .pp»r I4
j^laçCT SWf le jrqnjB à I4 i»PFt île,»ap éponge,
4^ps hf^tocj^o^ nçi s'oiccordept. p^§ sur .1»
:in^(ûère dpDt ^lle fut. prpç]a(née §04 ve-
•fainp, n paraît ç^pend^nt »ycjr^ que NJen-
ji^pf cootribua beaucoup à sop élévation ;
4e fnue^pi^ que l'iijteût^Qn de fie^fç mou-
rant était 4'i} voir Pierrç IJ[ , et. ppn. son
^poflse.^ pour su.ccesse.un
... Ment^icpf xé^Tff^ pendant le court je$pace
que Catlierîpe pccupa le ti^ôiie. U qc lui
^94uqQ4 quje le titre de souy^ra^n. Tout Ip
O^xondç coqDait rçtppnai^e ^rtuaç 4e ce
&V01I y pfirvqpv di; plu» \^\ étage aii comble
^? ^njiçun pjt 4e rppRlçRÇp \ et , par u^
t k .
t^er^ bien comffifln ,. ^W'tQpt eq JB^p^fie,
pepvt Pft^ 4e jboFDp^ à; ^ 'te<H)iHiai^49^p (
pierre imif îk ef ^g^ndSçww, J[*«T«fe
Pîerrrç J.^t jiVfit yofaJ» cQuecntî* . à ut
traite; (^ i| *vait ^u ri^î4(>P. A k fin dbp
,1^ 6 ^ai , 17*7 , Çatlierioe , qui depuis
iluB fin é|#î£ lgiigiiîm»ite 5 i^Qvrut à l:rrJKkt&-
)tui|: ^ijoa, «t , «ieloi) qaelqwps personncfi ,
à quarante - cinq. Oïl soupçQiini MeszJitif
de l'avoir eippoisQprv^e^ ^ ppur régner
avec plus 'd'émpîré /'sous Te nom d'un
•prinisei ^aa&Qt ;; mais cette 'assèiTtlon'est
iotal^mesut:. denuiâr :<ie prexLVes* Elle goti>>
verna la Rti;Bsie avee sagesse, et suivit Jœ
^ans de son ppour. :Soniiègn^ fut eour^j;
maîs^'ll fatasisez. long pour qu'on puisse la
éempter ajU rang, des sèyveraîns qui^oxit
îH»$irë la Russie. Efes l'^nëe préçé^ç ntô -,
elle anrail3&ijt recûmidtre pouff ^a^d doôv
E .4.
7» HISTOIRE (GÉNÉRALE
c'est-à-dire, héritier du ttfôlië,' Pierre, fiT»
•»*»*• du malheureux Tzârowîtz , condamné à
mort en 1718. Dans son testament, et d'a-
près la loi établie .jxif Pierre L«*, elle le
fiomma son snece^eur ;' tnaîs eflè outfe-
passa son pouvoir en désignant le succes-
seur de Pierre If ,- s*îl mourait sans pos-
térité ; c'était à lui à le choisir , Qu'à la na-
tion, s'il mourait mineur, comme céîa est
arrivé. On a dit que Catherine ne sut ni lire
ni écrire: on peut en douter , ce qu'il y ai de
*ur, c'est qu'elle sut penser et agir; elle
eut cinq enPans , dont deux seulement lui
survécurent. Atine mariée en 17 16' âti duc
de Hbistein -Gottôp , et morte en ^718,
dont le fils régna dans la suite sous le nom
de Pierre III , et Elisabeth qui occupa le
le de Russie.
tfbni
PIERRE II.
Ce prince monta sur le trône âgé de
moins de douze ans; il devait être. majeur
à seize, et un conseil de régence devait
gouverner jusqu'à cette époque. Mais Men-
zicoif' voulant continuera jouir de sa souve-
raine puissance , logea le jeune prince daqs
Mon propre palais , s'empara exclusivement
^de sa personne^ et la première assemblée
D«:'S VJO Y A G Ê s... 78
du conseil :dè régence fut la dernière. Men-
i(coflptou'chait:aa ipomeût de fiier pour )a-t itnssit:
mais la fbctàne eix sa faveur*^ tetUf devenant
beau*pèi^^: l^enafpereur; 3mais>oe prince
dédaigna sa fiancée , etqvierque temps après
la cérémonie des fiançailleSi^'Mexzicolt fut
arrêté , dépouillé de ses biens g etenvojé en
Sibérie avec, sa famille ^ où il.mppirDt deux
ans^après; Un revers aussi' apreux , àuliéqi
d'abattre Menzîcoff, dévlslopim' au contraire
en lui une philosophie , une foi*cé dé carac-
tère , dont . où' était loin de le «croire doué.
C'est dans ton exil qu'il fût véritablement
^rand. Quel .cbute pourFhomme qui avait
gouverriédespotiquémcntla'Russie ; cène
«era pas le seol év^ement de ce genre que
nousaiirons^ à offrir à nos lecteurs. Le jeune
prince Ivan Dolgorouki contribua le plus à
la disgrâce de MénzicbfF; l'empereur avait
en lui une^ confiance sans bornes i et la
sœur dece favori était prêtei moritcr sur le
trône quand Pierre II mourut eh iy'6o,âgé
de 1 5 ans , le jour même fixépdur larcélébra-
tion du mariage. On voit sous le règne sui-
vant ,1a famille, des Dôlgoroijtki , bien cruel- - - '
lement punie de cette laveur passagère.
Le règne de Pierre II fût «très-court
e$ n'offre pas d'événemens remarquables.
76 HISTOIRE GÉNÉRALE
périrent de divers supplices , sous des prë^
ELif:îe: textes frî voies saos'crimes prouvés, et sans^
/ qu'il leur fut permis de se justifier.
Anne créa la première année dç son
règne , le régiment de la garde à che^l
et. celui d'Ismailoftl Les années 1786 jus-
qu'à 1789 , furent remarquables par la
guerre contre les Turcs. Le maréchal Mu-
nich s'y couvrît de gloire; mais cette 'guerre
était inutile. Sans procurer aucun avantage
à la Russie^ elle coûta beaucoup d'hommes
et d'argent. Biren seul voulut cette guerre^
pour éloigner un rival aussi à craindre et
aussi ambitieux que Munich. A quoi tient
le sort des peuples? Anne, qui en 173&
s'était opposée à ce que Stanislas remontât
sur le ti'ône de Pologne , fit nommer par
la force , en 1786 , son favori , duc de Cour-
lande , par ces mêmes gentilshommes qui
n'avaient jamais voulu, avec raison , l'a^
. rnettre parmi eux. Le nouveau duc gou^
vcrna son pajs sans quitter Pétersbourg^ ^
comme il gouvernait la Russie : les emprt^
sonnemens, les enlèvemens., y devinrent
aussi commnnseiA 789; l'impératrice conclut
le mariage de la princesse Anne de Meck-
lenbourg sa nièce , avec le prince Antoine-
Uhric de Brunswick : cette alliance fut sao»
DES V O Y A.-G E S. 77
doute formée sous de bien funestes aus-
pices^ puisqu'elle, don 04 .Ij^ naissance ^u ^«tifo*
malheureiix Ivan. La paix avec les Turcs
fiit conclue par la ώdiatjan de la Fi-ance*
En 1740 5 la Suède jusitement indignée
^e l'assassinat commis sur Sinclair ^ cour-
rier Suédois , par ordre dç Biren,.et à
Finçu d'Anne , voulût faire la guerre à la
Eiussie : une faction contraire s'j. opposait ,
mais la guei:re fût résolue ,. et comme il
arrive toujours dans les Etats divisés , el]#
fût désastreusepour la Suède^ et se termina
par la paix d'Âbo ^ et la cession d'une parti»
•d^ la Finlande. #
. .]E<a princesse Anne étaqt accouç^iéje d'Ivan,
riippérairice pour le malheur dç ce prince ,
le tit reconnaître ^'rand duc de Russie et
successeur au trône ^ en donnant formel le*
ment l'exclusion à sa mère. II fallait en-
core, pour contente r'Biren ', qu'il s'assurât
la régence j c'est à quoi il parvint^ en fai-
sant signer l'impératrice , au lit delà mort »
un jtestament. fabriqué ,par Qsterman et
lui. Anne çiourûf le i8 obtobre 1740 , et le
prince Ivan âgé de deux mois. fut proclamé
empereur*
,0a a dit de cette souveraine qu'elle fut
douce et compatissante; mais elle permjit que
t lé fërckré Bifén iùoticlÀt là Ruéèle dé éhûp;.
AhiAt:. qxl'il fit périt àix exiint éti ÉlbéViè plus â«
fidgt ifiillè péréoiitiés ^ et dës'-lorè eitë
est etiiièremetit iùéxcudàblé. I) éèt! égél aAiit
peuples d'être gôiiVef tiéS pàt tia tjràn , ou
par un ptince faible qn*uh t^i^àh ^oavetnè.
Quelques histûiiéûs , àppbUeût ce règnti
hèureua^j ûotis nbMi pérfnettroûs d'êtte
d'ùti à VIS directetfiettt ôppostl. Nous pêù-
^6ns que dette é[lithète est loih dé coUveàil^
i uû rëgûë , dobt chdqûé dbhéè a été itlâN
qtrée par {)lds de deux itillle |^t*oè(;ripticms
arbltfaitéS^. Le fkvdi'i qûî oéé éothtnettt^e dfe
pareffles atrocités , et la souvei*<iiné qui \ék
t^lèt-e , hoiis pardissetit être lés seuls ib-
dividus qui ^ufssedt rëèllemeiit s'estiiner
hculTux d'^Vorr échappé à la jtl^té Véa-'
gcunce des peuples.
IVAN III.
Ivàki m Hit réconnu éàipel-éur h la fnort
de; la reine Anne ^ et Bireh régnent : mais
ce haut degi^é de puissance devatt être
biehtôt suivi d'une chuté ilf!>eusé. Lé pète
et la mètre du jeutie empei'eur étaient ttié->
contens de se voir exclus de la régence.
Einsolence de Bircn à leur égyd aagmedta
encore leur haîne. MaftU*h , dé toh tùtâ.
DES V O Y A G E §. 75
Tculut avoir le tenip3 d'fifÏPfmir ^ ay^jdt fOï)
4: T îvëc , h ^ystenje dp gOMYçrpep^^eiit qu 01) Hhh»*-
•ANNE. '
Ce«c prîpcçs^se ^ à rarrîycï'e d?3 4.ëputé$
rcii^*i ^^a^ sags ayciine djffic^lté, (003
'e^ ar:>!€S cjugq lui pvésppt4 , bipq rm-
l^e £e £iirr 300 pos3iWe po»r jp;e p*6 jenir
se-i es:p;Aesnens : eo effet cou favori l^rei^
^rzjiii L Moscow peu ^p^^^ elle , quof-
r -/*.-ir*'u" promis formellement de le lais-
é-:r i IfL^r^u, £lle s'occupa Mos relâche à
ixTiHi'/ an P'irti, a décrier \c coosfiil soa-
^*'/...i, ic anrè3 douze jours, 3e $ei?tant
*. ; tniLR , par 190 ^sse? ^rand nombre de
Zij^^i^ai» tt. p^i* les rétiniens des garde$ ,
< t» a*" «ti'x qu elle voijilaît rogner corBinc
vi :i— 'U":*sseuri5. Le 8 nnar<; (vieux style) ,
Ui - .'»'ix^T !:u»n suhordonnée , elle dcviijt
v..*'"-.ini» is:fM,i\ie : le conseil commit de
l^.*:.:.'-. -.îri'-. . Pt lâifua achever une r^'vo-
.:.* a •*: » ": ::%' if jîsi-nient f>m',/r ^r»»-,
•» ■ • « . #• »♦ ' »
So HISTOIRE: GÉNÉRALE
iBxtraorâinaîre, regretté de son peuple qu'il
Jiiiuife. avait tyrtamisé.' ■
^ La nouvelle régente ne jouît que pea--
xlantun andu succès de son entreprise , la
nuit du u.b:àu 26 novembre (vieux stjle) ,
I4 princesse Elizabeth , fille de Pierre l.«^
let de Catlierlne , soutenue àt trois cents
•soldats^ régiment des gardes, fit enlever
Tempeceur, la régeûte et son mari, et se
plaça sur le trône. Quoique dans son ma-
nifeste elle prétendit avoir chassé les usur-
pateurs, îl est cei'tain qu'elle fût elle même
l'usurpatrice ^ et que ses iseûls droits furent
«on adresse et lu négligence de ses victimes.
Le malheureux Ivan, arraehé du trône à
quinze mois, fut enfermé successivement
dans plusieurs forteresses , et enfin à
Schlussel bourg. En 1764 , un officier su-
balterne,. ayant fait une tentative pour le
«• ^irer de sa prison, se voyant sur le point
de réussir, lorsque ses gardes n'ayant plus
d'autres, ressources , le poignadèrent. Mu-
nich , Osterman et plusieurs autres furent
arrêtés en même temps, jugé^sur des crimes
imaginaires, et selon l'ui^ge, condamnés
à mort : la peine fût commuée en un exil
en Sibérie. Muoich occupa à Pelim , jus-
qu'en 176:» qu'il fût raj^pelé par Pierre 111 ,
la
: DE s y Ô>Y A O B8. 8i
la nhisii^n dont il' avait Idi-niêine. tnaeé le^
pliuft pour Bîrenu'Lepère et I^ mère àt "Rtoàn.
rèmpereuf , qui « d'après le tnaûifëstç d'Éli^*
zabeih et ^'àprès U justioe devaient ètvt ,
rem^^èé en AUemagqie , fiJirciit. ôafbrmés
tùfccnm«eiiient à Riga , à Duaaiiionde> et
BtAn k Koltnôgof i prèk d'Archai^gel , où la
priaœsse moùnrt en 17^. U t^ difficile
de coBeUier là cènduite d^Elizabeth eii t'ette
oecasiofi âveo la «doiieeur et la booté que
toua les 4iiat!Q»iiefas Ini aeeordent ; et ce n'est
pas la Mule fois qu^oa trouve ses actions
en cefitradietkiii avec sa renommée^
ELISABETH
€ette pi^îiioesse était née en Tyo^ : p«a
après son avènement au ttùne^ roulant dter
aux mécontent tout prétexte de cabale ^ ^Ué
se nomma un éuccèssi^ur dans la personne
du d«e de lIoliteiinGottorp , ne en tysiè^
fils de «a sâiror aSnëé. Il fut instm^it dans
la religion gwcque j et reconnu grpnd duo
de Bpofsit , prébieémtnft là veille dû jour
qm les ambassadeurs suédois vinrent lui
eftrjr la couronne de Siiède, comme desA>
oendant de la «laiso^n de Gustage Yasa. La
fataiité de son étoile J'empècka d'açceptoi*
In offres dte la. 3uède^ en le foroasit de
Tome IL F
te HISTOIRE- G^É/NÉR^AXE
régiDeiT t sur la- Rtissie. Lf année > i^lfStfîit
Russie, marquée ;pai? 'la découVejrte d^une^'Canju'^
ratlbn-/ tendante a /rc^me tire Ivan sur le
trôae:: ies ' coupafalejs i l parmi lesquels !qq
comptait plusieurs ^persoobages îllustnes^
furent condamnés à mort; Cette peioe fixt
commuée en un exU. en .Sibérie» Elîsabèth
avait tait le vœu de ne. punir personne .de
mort pendant son règ^nèi* £Ilé a . tenu pa«
rôle. C'est là sans doute ce qui lui a valu
le nom de clémente que :les. historiens. se
sont plu k lui. donnev. Mais quelle, clé^
mence., de faire grâce, aux comtesses La-^
poukin et Bestucheff , pour les livrer au
supplice du knoùt^ suivi dé ' l'amputation
de la langue. Il n'y a dans cette conduite
ni clémënee ^-ni humanité* Puisque Elisa-r
beth. voulait .faire grâce de la vie , elle de>
vait se contenter de Texil , et proscrire
toutes les horreurs dont il fut précédé. Les
contemporains de cet événenfient prétendent
que la jalousie entra/ pour beaucoup dans
ie traitement fait à Tintortuiiée Lapoukin»
Cétait .là plus belle, .femme de la. cour.
L'impératricç voulait reine.:/ la jalousie ne
éonnait poijit de bornes dans ie cœur d'une
femme i^vètue du pouvoir suprême ; et
maUneuretisebieot pour i£lisibetii ^ ce juge*
A
DES V OY A G E'$.; : 83
ftient semble dictç:par la Vengeance > Beau- 1
coup plus que pc^r U, justice^ . . \ Ruttie^.
Pierre de Holsteia», déclfiré , grandi du<5
depuis quelques années.^ ëpoUsavi fcn. if/^b,
Catherine d'Anhalt Zfsrb^t , que l'Europe
à vu pendant pki$ 4e .'trente ans gouvernef
k Russie avec tant do. gloire. ;
Encore un e>(eaiplQ des vicjssitudesidu
sort ; le comte de Le^stçc.^ orjginairemeDt
chirurgien , avait gagné la confiance intime
d'EUsabeth > avant qu'elle moatât jBur Je
trône : il avait même beaucoup contribué
à l'y placer, soit par ses conseilë , soit pat
ses intrigues. Comblé de grâces de toute
espèce, directeur^géoéral de tous |eç éta**
blissemens de médecine de l'empire y jouisf
sant d'une fortune très-considérable, cet
homme accusé, de corr0$pondances crîmi«
nelles , fut exilé ^u Kamchatka. .
Pendant le cours de ce règne , plusieûi^
nations indépendantes se donnèrent k la
Russie, ou se mirent sous sa protection
L'impératrice établit une banque pour ser
courir les commerçans; elle fit travaillier à
un code de lois , et accorda sa pro^^ctioik
aux arts et aux sciences.. . ; •. j- "
Les dernières anQéeç se son règne vir^i^t
éciore une guerre qui embrasa la moiiié
F a
«4 HlSTOIilÉ GÉNÉttALE
die HSu«)pê j et doiit k É^ssie aufuit évité
de se mêler » M»» le t^aicë d'âiliânee con-
du bf e* grattïiteflieiit aVec la maîsôû d*Au-
triche , dont le» IntérèH dé la Russie au-
raient àJtmAûàé U raptaré^. Leé ârméM
Russes se inesurtçreiit ^yttftbt hvet ecMea
de Frédéric , et prôttV*teht <pi'elttf8 n'étaient
point indignes d\in pâfdi adversaire. Si
Yoù excepte 1m ciiiantéB ^ les korr èilrs cèin«
nîsM daÂs les États prttssiéns , selon Ttlsage
eàcDK tiMf totùîtiûn èe cette nation^ la
^«rrb ftit tfès^glèiiiéwse pôM* les ai«M«
d%lfoabeth. Cette priaces^ » ditH^tl , ar<t>*
sdit 4e ses iârrines les lâu^iei^s dé s«s gé*é*
ratiit 5 dëjplofait la ^tie d»k Tietiîttfes ^n*«fl^
irotnaievt \eafs victoires : mais àvëc un
tueur aKfssl sensible , j^our^ùoi fit-elle taM
gotms ^ pKô^VâftC f éviter , et svrrtout tM>ur*
quoi refusa-t-elte k pait q\i6 FVédërié lui
efltit en 1760. SaM doute que ta haine
pbnr le fo4 de Ptussé remporta sur sa clé-
HKetlce natuf die , et dans ée cas ést-cfe bien
le iVûtt de clémfente qui lui ôonvient.
Elisabeth mourut ^ 5 janvier 1761 , à
i^âge dse di*quante*trois ans : elle était dis-
posée à continuer la gtiei*fe avec la Aer-
Hièi-e vigueur. Cette mort eut les suites
Uié feus htureuMB pour FVédéile.
»ES VOYAGE?. «H^
L'impératrice 9 peu avant sa mort^ re-
mit ea liberté plusieurs milliers de pn- Esuia.
sonoî^rs^ et «Qul^gp» «oji pei^p)^ 4p fl»çl-
ques impôts. Elle ne fbt point mariée »
tùjaâ^ elle eut le hesoîn iTaimer , et ceux
qui eurent le bonheur de li^i plairç^ ,çe
connurent point de bornes à leur fortune ,
même k leur avaacei|)ent militaîrei^ ^f\9ir
que dans un état {|(|^i«iqi««i( dîflgpfçpt.
'^
F3
r'-
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I*-.
i •
I
iB6 HiêtOiRE GÉNÉRAlL
1 <■——»♦- «II- Il i ■ I j ■ I > ■ I m
LI VRE C tN.QUI ÈmI
•a,J-. ■'^
, « 'f ■ • • « <
C H À P I T R E> : P H. E M I Ej
t
Entrée dans la Finjandç suédoisi
Inouïs a y antle et port de mer. —
singfors y Abo. — Voyage en trat
sur la glace dans le golfe de Bothi
— L^île d^Aland, — Trajet de cette
à la côté de Suède. -^ Voyage à Stc
holm^
JLjEs limites étabKes par \e traité d'Al
Suède, entre la Russie et la Suède , sont ta ri
yiëre de Kimen , au raidi de laquelle il yi
une maison de bois^ un rempart de terre
et une petite batterie. Une barrière que gar
dait un soldat russe , s^étant ouverte , noui
passâmes sur un poqt dans une petite ile
d'où un auti^ pont nous conduisit à un(
seconde barrière à laquelle était une sen
tinelle suédoise^ En sortant de Russie ncx
bagages furent visités légèrement; la mêmi
cérémonie eut lieu en entrant en Suède
Assez près de la frontière nous primes de
i
I
!;aux à Lilia - ^iÉors p et Aine heure
S'DOùs noti^trouMâffies à Louîea: ^"^*^'
I Ê /aborà après ii<^redf^part de Wiboui^ ,
rôîd étak de^elApdç.^ plugvift; le rner*
ti étaitiîde^eti^u^aTÎng^ -deux- degrés
ptachës«Nou&étK»vs Têtus de manière
suéJM6èr le froîd |e'. plus .rigoureux , et je
77^/-.-|vaîs pas ëié daa$ te cas de Fajre usage
n trâ toutes Je$ couvertures dont je mëtais
^e ^^icirv4]. Le yisagè seul était difficile à dé«
^e ceP^^ » surtout de nuit , et quand je vou-
càîi"^ -dormir; alor^ je m'enveloppais de
ftoÉ bonnet, ne laissant libre <]ue la bouche
i le nifz pour respit*en Je Içs couvrais
e({Jiêine de temps ôiv temps de mon maacbon
nt '#a d'un mouchoir ; n^is la respinatioo sy
];e|[elaiit bientôt , il fallait sans cesse les chan-
je il^er de place pour n'avoir pas ces parties
loe.'^^ollées sur des glaçons.
Louisa est une ville ouverte sur une baie
f: du golfe de Finlande. Elle est défeodue du
i côté de la mer par un petit fort. Les mai-
sons sont toutes de bois et a deux étages ,
))eintes en rouge et beaucoup plus jolies
que celles des petites villes et des villages
russes. Nous nous rendîmes d'abord ea
arrivant che;& le gouveraeur ^ et nous lut
F4
âuède.
88 HISTOIRE GÉNÉRALE
5 dematdémes hh ordre pour avoir dits cbe-^
vaux et dea informations sur jaotre rolil^
£In été , les voyageurs qui vont de Péters-
bourg à Siockholm > vont d'abord par terré
à Abô ; ila s'y embarquent » passent ao
travers dé quantité de petites lises fiM^es
à celle d'Aland ; traveirsent cette ilê et se
rembarquent pour aller jusqu'à Stockbolm
par une mer plus ouverte. En hiver oa ne
peut pas toujours traverser le golCb de
Bothnie* Lés canaux entre ces ilea, sont
la plupart pris par les places , et sis ne
sont pas asses gelés pour supporter lès
tures ; s'ils l'étaient même ^ il resterait
)ours le trajet de File d'Alaod aux^Atea de
Suède ^ que des glaces flottantes rendraieai
très -dangereux. Ainsi » dans cette saison «
on fiût ordinairement par terre le tour du
golfe de Bothnie par Tomeo et la Lapooie
suédoise. C'était aussi notre projet, et nous
nous réjouissions d'avance de passer quel-
ques )oars dans cette ville aii le célèbre
Maupertuis a mesuré un degré de la terre;
de passer le cercle arctique ; de fiûre une
excursion ches les Lapons , d'observer les
moeurs de ce peuple et de nous &ire trsi<*
ner par des Rennes. Mais , à notre grand
regret ^ notre curiosité ne put être satts^
^D E S^ VOîY A G ES; 89
r^îi/e. Lis icpayew^w^f: (^o|ds^::qi«(* ndus
^t4^ tl*op avaiicée foUv «lier «n LafMiiiie;
qiwprîliWfrViep^it un dégel gMéra) ^ (e^iqu*
8^«i^lail)a8wa probable >.noi}à«^'|>ourrionft
f90 fi^tim^ev tioHeHoy^jggi eft trahiawi «^
çt^ite*tie iraci^|iiil( p4iiot de-'vohurQë 'dans
je :p9$^9 i^ «oms 8ÇFtdn9 obUg^ d-aUcr par
mer i Stockholm : iktYîgiitMm dAQi^ereus» ,
et in^Tm^taiae a«k fartnteidps. Il ajoute qu»
le passage au travers du golfe de BQihai#
était 'li9tiiwu$6imnt' pratkasUè daaa oe nko-^
mtmt; ios ça«9ux eitpélea peiîtes llesiétanl
«»içz gelés pour porUi: des trainèauv ^ et
Ff iHIre partie du ^fe fi*éU«A pas embar-*
mssée die glaow floUaalea. Le gouverneur
voyant que ces raimiia* ne pooVaieAc pafi
■oua délo«riier de BOtre expédition ^m La*-
ponîe I iosista avee 111110 aonfVeUfl ibrae et
atnis Migea. eti quelque sorte k . lui pvo-
mettre q^ie nious dirigeriMiS Aotre ranite
par Ahok LofBeîer à qui Aeua eûmes l'o*>
bligatkiu de oe boo avis, était un vieiUard
sensé et instruit , de famille éçossa«B^, qui/
avait servi plusieurs années en Fraoïee.
Dans la ««îte de la converBatlon que nonsi
eûmes avec lui , « Voua avez sans jdoute ^'
M dit-^iii 9 pris une mauvaise iéée de la Fin««
90 HISTOIRE GÉNÉRALE
« lande sur ce que vous en avez déjà ni;
Suède. <, mnîs je vous assure que ce- sont les eau-
« tonsies plus stériles de la province; à
«c quelques milles de la côte , c'estun pajs
et fôrt agréable , et qui abonde e^n • patu-
u rages , en seîgle ; '«n avoine et ett orge ;
* il s*y trouve tarir "de rtvières et de lacs ,
é( qu'on pourrait y établir, à peu de frais ,
« une navigation intérieure qui facilit*eraic
« la communication entre les diflfërens dis*
« tritsts* »
En conséquence de cet avis ^ nous renon-
çâmes au voyage de Laponie , et nous
primes , le 9 février,- le chemin d*Abo. Nous
partime&àhuit heuresdusoir, et nous fïkmes
éclairés toute la nuit par une belle aurore
boréale. Le thermomëtre'était à peine au*
dessous du point de la congélation'; nous
suivions les côtes du goite de Finlande, au
travers d'un pays rempli de collines , de
rochers et de bois. J'observai que la' terre
était comme )onchée d'une quantité de
masses de granit qui semblaient avoir été
rompues par quelque violente secousse.
Nous voyions souvent des vols de coqs de
bruyère et d'autres oiseaux de ce genre.
L'espèce nommée coq des bois n'y est pa»
rare, et est ici de la grosseur d'un petk eo^
DES VOYAGES. 91
d'iode. Tous les oiseaux de ce jg^enre jr abon-
dent tellement, qu'on nous en régalait tous
les jours à dîné , même dans les plus ché-
tîves auberges.
Après avoir passe plusieurs grands lacs
dont ce pajs est rempli , et traversé sur la
glace une baie du golfe de Finlande , nous
arrivâmes le matin à Helsingfors , vlUe
dont la situation est vraiement romantique,
sur un rivage élevé, environné de rochers
et de masses énormes de granit. A une pe-
tite distance de la ville , et près du bord de
la mer , on a construit une forteresse qui
est la meilleure dû pays ; le port est le plus
commode qu'il y ait en Finlande.
Nous nous adressâmes au gouverneur
dUelsingfbrs pour avoir des plus grands
éclai'rcissemenssur notre passage au travers
du golfe; il nous invita à un bal auquel nous
nous rendîmes , les hommes et les femmes
y portaient tous le nouvel habit suédois ;
la compagnie était fort bien composée , et
nous témoigna beaucoup d'attention , plu-
sieurs personnes nous adressèrent la parole
en français.
Le II février, nous partîmes d'Helsîng-
fors le matin,. et nous arrivâmes à Abo le
lendemain au soir ; il y a cent cinquante
Sllèd6«
9a HISTOIRE GÉNÉRALE
V- " milles d'qoe de ce? TÎlles à l'autre , le fayt
*"*^ paraît plus peaplé et présente onç agréabk
diversité de colliaes et de vallées.
Abo, capitale de la Finlande soédoise^est
sitaée daps l'endroit 9Ù tes golfes de Fin-
lande et de Bothnie s'aoisseot.LaTUlcD'est .
pas ma! bâtie » il y a qnelqaes maisons de
briques ; maîsia plus grande partie c'est qne
de bois peint en rouge. Les haUtans font
un commerce de ttûles , de grains et de
planches. Hy a à Abo une unÎTersité Rtaàéç
en 1640 par la reine Chriatîae ; ony comp-
tait alors environ trois cents étudions.
Le )3 Kvrier , à quarante milles d'Abo,
nous arrivâmes sur le bord du golfe ; dans
l'endroit où dous devions le passer, la mer
était gelée , et le chemin marqué par deu;
rangs de perches plantées dans la glacr.
Nous suivîmes cette route, laissant de côhI
plusieurs petites Iles et rochers séparés
par des bras de mer de largeur trèsHoégalr.
A minuit , nous nous arrétloKS daps Itlc
Varisala jusqu'au jour. Nous avions h cniiD*
dre de grands trous qui se trouvept qpel-
quefois dans la glace , et qui repdCVt J*
rliemin très-périlleux pendant U nuit, rt
d'ailleurs nous aurions t'i v dans le plgs|pw)
danget- si nous nous étions écïrifffM*'^
D.ËiS VOYAGES. 93
l(et trace j comme cela manqua d'arriver au
colonel Flogd , notre compagnon de vojage. Sio^a*.
A Varisâla > nons trouvâmes un assez bon
vilk^ dùnt les habitans ne parlaient que la
langue finlandaise. Le 14 février, nous re«
pareilles de boù matin , le temps était cou*
verl et un vent frais soufflait avec force. La
poMe étbtit de dix "- huit milles , nous pas«
simes plusieurs petites îles et écueils , queU
^ue»HQnsconvérts de broussailles , entre les*
quelles Ml distinguait nombre de villages;
d'autreè déserts et sânsarbt*es et jonchés de
granit ; dans quelques endroits , la glace
se brisait en petits feuillets ; mais dans le
^kis grand nombre , elle était raboteuse ,
et formait des masses comme des vagues
gelées. Là grande mer de glaces était sou-
vent Mupée par des lignes de glaçons rom^
pus et escarpés , et la route qui n'était mar-
quée que par des branches d'arbre et b^dée
bfost de l^ochers qui semblaient s'élancer àt
d^niil cdeés, présentait un des spectades
\e% plus aifVeux qtii'cm pbisi^e imaginer.
Nous changeâmes de chevaux à Brando ,
lie dans laquelle il y a sept villages , une
église , des terres labourables et de petiti
bois. Veilles troisheureS,tiousarrivanTes
à nie de Cumiin ^ à trente-six milles de Va*-
94 HISTOIRE GÉNÉRALE
risala^ et comme la première poste était à
Suëiïo. trente milles de là , nous restâmes prudem-
ment dans la chaumière d'un paysan , piutât
aue de nous exposer au danger de voyager
de nuit. Les paysans étaient bien habillés;
ils portaient de longs manteaux de toile ,
doublés de peaux de moutons ; les femmes»
uneétortë de laine rayée de différentes cou-
leurs , ordinairement verte , blanche et rou-
ge. Ils paraissaient tous fort honnêtes , et nos
domestiques n'avaient pas besoin de garder
le bagage avec la même vigilance qui était
nécessaire en Russie. Leurs maisons sont bâ-
ties comme celles des paysans russes ; c'est-
à-dire , d'arbres entiers entassés Tun sur
Tautre. Dans quelques-unes de ces maisons ,
ces arbj'cs étaient sciés en dehors en forme
de planches ; on y trouve ordinairement
deux ou trois chambres petites, mais fort
propres ; elles ont toutes des cheminées de
briques avec un foyer en demi-cercle , élevé
et étroit ; on y place le bois debout , et on
Tallume dans un instant avec des écorces
de bouleau. On trouve chez ces villageois
beaucoup de commodités que nous n'avions
pas vues chez les paysans russes , et en par-
ticulier des lits et une grande variété d'us-
tensiles.
rîD.E5 V O^YfA G E S. . 95
Outr^ Ja chaumière dins laquelle nous
logions, il j en avait un petit nombre d'au^ S"^*'
tres^ et ,une église , lés . babitans parlent
suédois. Au froid aîgù, du jour précédent ^
wecèda un dégel subit accompagné de
pluie; mêlée de neige , et le soir il j eut
une yiolente tempête.; nous entendions de
touâ côtés les craquemens de la glace ; qui
ressenptblaient à des coups de tonnerre, et
qui nous faisaient craindre;. que nous ne
fuyions arrêtés dans ce triste séjour. En
eflet, si la glace s'était rompue, nousn'au*
rions pu passer en traîneau., et il eut fallu
au moins, quinze jours de dégel avant que
de pouvoir en sortir. .
Le ventcroissantài^baqueinstantlusqu'à
minuityet Jes.craqueméns delà glace aug?
mentant , nods noue, persuadâmes qu'un
long séjour dans cette île était inévitable , <
et nous, commençâmes à. hous informer si
les babitans avaient de§ pirovisions suffi-
santes pour nous et pour. eux. Nous nous
touvâmes î (heureux qupnd U .nous , dirent
qu'ils avaient quatre, vacbes , quelques cor
chons , deJa volaiUe.etunegtande provision
de pain dur ,. qu'ils foà^ 4^ux ï6\i dan^ l'an-
née i ipais nous fûmes plus heureux encore
de n'avoir jpas bi^soi^ d^ toujtes ces ressources*
9^ HISTOIRE CENéUALÉ
Vcn k maiio ^ le vrat n'appoîM , lét <A*ep
4«èA#. vMses de* la glace tte parurent pas éange-
rewes; et aous pûmeg noua omettre «a
chemin au lerer ào aolail» La journée iîit éet
plus bellna ; au tnatm » \e thernfomèiM
lDaii*qtuiit deux degrés au-<lesaus de la'^eon^
gélatîon ; à midi » il était k v\n^ \ le eoleil
était %i brillant , le temps si clair ecel dont
iiue Aevs aurioDS cru être en «été , ai nous
n'avioDSipaseu imemer gelée sous timyenx*
La neigeeyant (bndu » toute la stirlace était
deven«e une ee«le glace unie. Nous avions
trente «-cinq miilea k faite pour {gagner le
premier relais ( cette rouu^étafo bien «oins
diversifiée que celle que neui avions taite
pour arriver à Qninlin. Nous traversâmes
une flm sur une glace parfaiieinittU'tioie »
nn «eppaee de dix tpiHes de 4onguevr sans
rocher et sans Me; muis comme ie (damier
orage orrait l^ait diverses çnavasaw et q«e le
dégel anfgmentait inou*«'avancioneqa^vm
préeentiefi; un habimqt de Cumlln nqtiefic^
eédait , muni d^une hache et d'nne eeeide ,
avee ^b iastramens , il eoupait la glace
quand id le Mkitt et en mieeuiiEili l'tfpnis*
senr { qneiqneiWs ^ U nous ihisait ftûre on
grand détour fioar éviter dea teooa ^ on «1
eiiail «m pantillans de ae tenir ^ «ynelqne
distance
ttËS VOYAGE â. 97
distance les uns des antres , et les avertis-
sait de suivre la trace de ses pas ; de cette Sîi4d#.
taianière , il nous conduisit pendant huit
heures , et nous fît arriver sans le plus lé-
ger accident à Tile d'Aknd.
Cette ile donne aussi son nom à toutes
les petites iles qui Tavoisinetit. Ëllê peut
avoir quarante milles de longueur et douze
h seize de largeur ; ôb y compte quinze
villages et environ neuf mille habitans; on
y parle la langue suédoise , quoiqu'elle re-
lève du gouvernement de Finlande. Le
terrain parait avoir pour fondement déd
rocs de granit de la même espèce que ceux
des côtes de Finlande et des lies que noud
avions traversées. Il semble qu'il y ait eut
autrefois une chaîne de rochers qui joignait
ces tles et le continent sans intei'ruption ,
et qui a été minée et rompue par les efforts
de la mer. Nous changeâmes de chevaux à
Varyat. Entre Scarpats et Haroisby , nous
descendîmes dans une plaine large et mieux!
cultivée qu'aucune que nous eussions vue ^
depuis que nous avions quitté la Finlande*
H y avait des champs , des prairies , un lac,
une rivière ; au milieu de cette rivière ^ on
voit sur un rocher de granit rouge isolé ,
les ruines d'un ancien château appelé Cas-
Tome IL G
9B HISTOIRE GÉNÉRALE
lelholm y dont il est question dans This*
Suède, toire; lious nous arrêtâmes par cette raison
pour le considérer. La vue , quoique bor-
née, en est agréable ; elle oilre deux petits
lacs dont les bords s'élèvent doucement et
sont couronnés d'un bois. Le château est
bâti en partie d'un beau granit rouge , e»
partie de briques: C'est sur ce rocher soli-
taire qu'Eric XIV , fils et successeur de
Gustave Vasa , fut enfermé en 1671 par
son frère « Jean III ; on y voit encore dans
le dongeon un appartement qu'oo nomme
la chambre d'Eric.
Après avoir vue Castelholm , nous conti*
nuâmes notre route pendant la nuit. Nos
traîneaux ne pouvaient avancer que lente-
ment sur un chemin plein de sable et de
rocs ; ainsi , nous n'arrivâmes qu'à cinq
heuresdu matin à la côtedeTouest où nous
devions nous embarquer. Le vent étant di-
rectement contraire , nous allâmes loger
à la poste , où nous nous reposâmes à re-
gret; mais à dix heures du matin» on nous
reveillaavec l'agréable nouvelle que le vent
avait changé , et que nous pouvions tra-
verser le golië ; le seul vaisseau qu'il y eût
dans ce lieu^ était pris par les glaces. Il ne
nous resta d'autres ressources que deux
- DES VOYAGES. 99
l>ateaux ouverts montés d'un pilote, de
cinq ou 8Îx pêcheurs, et d'enviroàdix pay- Suède.
sans j mais le temps était beau , nous n'hési-
tâmes pas à nous embarquer à midi. Nous
avions quarante - neuf milles à faire pour
gagner la côte opposée ; d'abord, nous vîmes
plusieurs écueils , dont un parut habité^
^ais , depuis la dernière de ces îles qui est
à trente-cinq milles environ de la côte de
Suède , la mer est entièrement libre et ou-
verte. Le vent ayant varié, la mer devint
trè^-agitée , la côte couverte d'écueils. Notre
barque n'était qu'un misésable bateau de
pêcheur découvert; nous ramâmes long-
temps sans pouvoir trouver iin endroit pro-
pre à débarquer h cause des brisans dont
cette côte est hérissée. Après plusieurs ten-
tatives inutiles , nous poussâmes enfin le
bateau contre la côte, et débarquant avec
beaucoup de peine sur une éminence de
glace voûtée, nous nous traînâmes sur les
mains avec une extrême difficulté jusqu'à
la terre. Nous nous trouvions très-heureux
d'y être, car le vent soufflait avec violence,
et la mer mugissait avec furie entre les ro-
chers de la côte. Nos matelots n'avaient
presque cessé de pousser des cris ,, tant leur
frayeur était grande , et notre courrier de
100 HISTOIRE GÉNÉRALE
« taire des signes de croix et de s'écrier:
Suhdt. ^ Domine , non sum dignus morL »
. Le i8 fêvrier \ la neige ayant totale-*
ment disparu , il fallut avec nos traîneaux
voyager sur la terre , ce qui rendit notre
marche si pénible et si lente que depuis
dix heures du matin jusqu'à la nuit nous
ne pûmes qu'à peine faire les vingt milles
qu'il y a entre Grishharen et Staby ,
' quoique nous passassions sur des lacs et
des marais qui étaient encore assez geléis
pour nous porter.
Nous passâmes la nuit à Staby, ne pou«
vant aller plus loin en tratneau ; nous
primes descharîots découverts faute d'autres
voitures pour continuer notre route , et
c'est ainsi que nous arrivâmes le lende-
main au soir à Stockholm.
De Grislehaven où nous débarquâmes ,
jusqu'à Stockholm, ily^ plus de quatre-vingt
milles; cependant le pays est si mal peuplé
que nous ne vîmes pas une Sfule ville. Les
villages sont petits et en petit nombre:
iU ont quelque chose de pittoresque à cause
de leur situation sur des rochers escarpés »
le plus souvent suspendus sur le bord d'un
lac. L'œil s'y promène sur des cabanes et
des maisons éparses çà et là et sur un pays
: D E s VOYAGES. loi
|»1ein de collines , de rochers et de forêts , J*^"^^
entremêlés de champs et de prairies. Après *
avoir été si longtemps fixé sur des glaces
et des neiges, la verdure ne pouvait que
le surprendre agréablement , quoique
rherbe et le blé eussent pris une teinte
faunâtre sous* la neige où ils avaient été
si long-temps ensevelis , comme s'ils eus-
sent été exposés à un soleil brûlant.
En approchant de la capital'e , le pays
devenait plus sauvage , plus rempli de ro-
chers et moins peuplé. Je ne crois pas
avoir vu une région plus sauvage et plus
pittoresque en même-temps que les envi-
rons dé Stockholm. Nous y an-rvâmes le
20 février vers le soir , et nous allâmes lo-
ger au centre de la ville > dans une excel-
lente auberge , où nous trouvâmes tout
ce que nous pouvions désirer pour nou»
renaettre des fatigues de notre voyage.
az
101 HISTOIRE GÉNÉRALE
*
CHAPITRE n.
Description de Stockholm.^ Cour.—Nou'
çel habit suédois. ^Spectacles. — Eglise
de Ritterholm. — Tombeaux et caractère
de quel ff lies rois de Suède et de tfueU
ques généraux. — Arsenal. -^ Digres*
sion sur la mort de Charles XII. -^
Maisons des nobles. — Statue équestre
d& Gustave Adolphe.
Ljes meilleurs historiens.placetit la îon^
Suëdf. dation de Stockholm dans le milieu *du trei-
Kiëme siècle , mais ce n'est que dans fe roi-
lieu du dix-septième que la résidence des
rois y a été transportée , d'Upsal où elle
avait été jusqu'alors.
Je n'ai vu dans tout le cours de mes
voyages aucune ville dont la situation sin-
gulière et romantique m'ait autant frappé
que celle de Stockholm. Cette capitale lon-
gue et de forme irrégulîère occupe deux
presqu'îles , plusieurs iles qui ne sont que
des rochers épars dans le lac Mêler , dans
le courant par lequel ce lac se décharge ,
et dans une baie de la mer Baltique : on y
DES VOYAGES. io3
découvre par tout des points de vue variés
et charmans^ formés par une multitude Sukàt.
de rochers de granit qui s'élèvent du sein
des eaux , les uns nus et escarpés , les
autres couverts de maisons , d'autrs ornés'
de forêts. Le port communique avec la'
mer Baltique , Teau en est claire cbmme
du cristal, et si profonde que les vaîsseaujt
peuvent aborder jusqu'au quai qui estspa-r
cieux et bordé de grandes maisons et dé
vastes magasins. A Textrémîté du port plri-^
sieurs rues s'élèvent Tune sur l'autre en
amphithéètre^ et le sommet de la colline
est couronné par le palais royal qui est txti
bâtiment magnifique. Du côté de la mer ,
à deux ôu trois milles de la ville , le port
se rétrécit, et n'est pîus qu'un détroit qui
se courbant entre des rochers échappe à la!'
vue bornée au loin par des collines et des
forêts. Il est bien au-dessus dès paroles oci
même du pinceau , de décrire ce beau et
singulier spectacle ; l'île du milieu ( pro*'
prement Stockholm )et celle deRîtterholr^
sont les plus belles, parties de la ville.
La plus grande partie des maisons sontf
de pierres ou de briques , excepté danô }ei^
faubourgs, où il yen a plusieurs de hbïè
peintes en rouge. Le palais qui est au ccn^
G. 4.
104 HISTOIRE GÉNÉRALE
tre de Stockholm et dans le lieu le pla»
6uWc, élevé fut commencé par Charles XI. C'est
un des plus jolis palais qui existent. Cest
un grand bâtiment de pierre , ^de forme
carrée, dont ^architecture est élégante tout
h la fois et magniBque*
Le port est beau, grand et sûr, mais d'ua
accès difficile : il faut souvent plusieurs
jours pour parvenir à la pleine mer , ou
pour arriver de la mer à Stockholm , à cause
des passages qu'on doit franchir , au tra-
vers d'écueils sans nombre et pour lesquels
il faut un vent à souhait* Les quais sont
d'une largeur étonnante.
Les faubourgs du Nord et du Sud sont
très-grands , mais une partie des rues n'a
point de maisons , ou elles n'ont souvent
qne le rez-de-chaussée , ce qui fait que
malgré le grand espace qu'occupe Stoc«
]eholm , il est certain qu'il n'y a pas au-delà
de soixante-quinze mille âmes. La ville est
assez mal éclairée. La police y est passa-
blement faite , ce qui vient plutôt de la
tranquillité naturelle aux habitans , que
des soins qu'on se donne. La société j^ est
triste et se borne à aller prendre du thé à ,
cinq heures. Les femmes ont chacune leur
|Our»et h sept heures toutes les maisons
DES VOYAGES. io5
sont fermées , à l'exception de celles des s
nëgocians , où il est encore d'usage de
§ouper , et où l'invitation du dîné est
pour la journée entière : ce qui a beaucoup
diminué la société, de cette ville , est le
mécontentement de la noblesse , dont une
grande partie s'est retirée en province.
L'étiquette est observée très scrupuleu-
sement a la cour de Suède. Pendant que
plusieurs souverains de l'Europe ont re-
tranché du cérémonial et de la pompe de la
royauté, Gustave trois au contraire a intro-
duit dans sa cour l'étiquette de celle de
iVersailles, et une pompe jusqu'alors incon-
nue aux Suédois. Ce prince avait sûrement
trop d'esprit pour n'avoir eu en vue que
d'imiter une cour étrangère : il est donc
plus probable qu'il faut chercher ses motifs
dans des considérations politiques , et que
l'accroissement des prérogatives royales
lui a paru devoir être suivi d'un nouveau
degré de splendeur qui relevât la majesté
du trône. L'habit de cour pour les hommes,
ressemble à l'ancien habit espagnol; c'est
un justaucorps, une veste , un manteau,
un chapeau à la Henri IV , une ceinture
autour de la veste , une épée, de grandes
et amples culottes , des nœuds de ruhaa
Su^de.
Suède.
106 HISTOIRE GÉNÉRALE
aux souliers. Le justaucorps et le bauf
de chausse noirs , ornés de raies rouges
et de boutons de même couleur. La veste,
la ceinture , les boutonnières aux genoux
et les neuds des souliers de satin rouge.
L'habillement des femmes est une robe
de soie noire avec des manches ouvertes et
bouffantes de gaze blanche , une ceinture
et des rubans de couleur. Tel est l'habit
de cour ordinaire. Dans les grandes fêtes
les hommes portent l'habit de satin ou de
drap blanc double de satin rouge ; les
femmes ime robe de s<Me ou de satin blanc ,
avec des rubans et une ceinture de cou-
leur. Les hommes qui n'ont pas été pré-
sentés sont vêtus de noir sans doublure
rouge et sans parure , et les femmes qui
sont dans ce cas ne peuvent pas paraître
avec les manches de gaze blanche , à d'au-
tres égards elles sont vêtues comme je
viens de le dire. Une anecdote peu connue
c'est que Charles XII écrivît de Bender
pour avoir le cérémonial exact de la cour
de Louis XIV , et il lui fut envoyé. Un
prince fugitif , ruiné ^ qui ne pensait qu a
la guerre , demander le cérémonial de la
cour de l'Europe la plus brillante , quelle
singularité !
DES VOYAGE S. 107
Les présentations ont lieu le dimanche ^
de quinze jours en quinze jours , au mbtnéht SttW«.
où le roi sort de ^son appartement ; c'est
ordinairement vers les sept heures du soir!.
Le roi est toujours précédé de ses grandà
officiers. Il fait le tour du cercle , erilbraséè
les sénatrices et parie indistlnctemèiit à toui
le monde ; il s'attache de préfêi*ënce aui
ministres et aux étrangers. La reine em-
brasse les sénatrices au moment qu'eTleft
lui baisent la main. Les dames étrangères
baisent la main de la feihe et des prin-
cesses. Il y a quelques années que la: Femme
d'an ministre' de Tempereur se retusa à cet
usage et s'exposa à une scène désagréable
au bal de la bourse , où était la cour. Sans
entrer dans le détail de ses motifs^ bpn^
ou mauvais , nous pensons qu'il faut sui-
vre les usagés du pays où Ton se trouvé',
et surtout ne pas s'attirer par sa mauvaise
tête , des désagrémens publics. Quoi qu*?l
en soit , depuis cette époque , les ministre*
de Tempereur ne présetitent plus leurs
femmes à la cour. ^'
Les spectacles sont nombreux , il y en à
quatre. L'opéra suédois est passablement
monté ; les habiltemens sorit d'une grande
richesse , et les costumes sont serupuleusd*
io8 HISTOIRE GÉNÉRALE
ment observés. Quant aux décorations , elles
"ITT sont comparables à celles du théâtre le plus
renqmmé., et le service des machines ne
laisse rien à désirer au spectateur le plus
difficile. L'opéra de Gustave Vasa , sur-
tout , est extrêmement curieux ; la décora-
tion du premier acte représentant la cour
de Christiern , est de la plus grande 'beauté ;
le sujet est. très-intéressant pour la nation;
il j a aussi une autre décoration d'un genre
neuf et extrêmement riche dans Thetis et
pelée , opéra assez ancien , et médiocre
pour la musique , quoique d'un Italien ;
mais remarquable , en ce qu'il était à Té*
tude lors de la révolution de 1772 , et que
la veille de cette journée mémorable , le
roi passa jusqu'à onze heures du soir à la
répétition avec la plus grande tranquillité^
et paraissant ne penser qu'à l'opéra , an
point que plusieurs personnes qui avaient
vent de la chose , ne purent se persuader
que ce fût pour le lendemain.
La salle est belle , et le coup d'oeil en
est fort agréable ; le théâtre assez grand.
Ce bâtiment forme un des côtés de la place
du nord et fait un très«bel effet. La corné*
die française ne peut se comparer qu'à une
jde nos comédies de pt'ovince ; mais il est
D E s V 0 Y A G E s. îo^
fort agréable pour un Français , de trouver ■■
au fond du nord , un spectacle de sa na- ^^^à9.
don.
Les églises de Stockholm ne méritent ,
comme édifices , aucune attention ; Ton n'au-
ra à visiter que les deux suivantes.
L'église de Hidderholm , n'est point belle,
mais c'est celle où on enterre les rois ,
plusieurs grandes familles de Suède et
tous les chevaliers de Tordre des séraphins.
Le premier des monarques qui y sont en-
terrés est Magnus Ladulas qui commença
à régner en 1774 ; sa tombe est de pierre,
vis-à-vis de Tautel. A ses côtés est celle
de Charles Canutson qui fut élu roi lors-
que les Suédois rompirent l'union de Cal-
mar qui devait mettre les trois couronnes
du nord sur une même tète. Charles ne
put jouir un moment de celle qu'il avait
acquise. Les rois de Danemarck la reven-
diquaient sans cesse à main armée et avec
le secours du parti qu'ils avaient en Suède.
Charles était roi pendant un moment « et
ie moment d'après , un proscrit. C'est vyie
question desavoir s'il fut jamais plus qu'un
roi titulaire.
La plupart de ses successeurs ont été
^0 terres à Upsal, jusques à Gustave Adol-
iio HISTOIRE GÉNÉRALE
phe I dont les restes fuient apportés dans
Suède, çgi^ç ëgUse. Cest ce monarque dont les
grandes qualités civiles et militaires élevé-
rçnt la Suède a,u plus haut degré de gloire,
et qui par une vertu rare chez les plus
grands héros « ne fit jamais que des guerres
justes. Il fut le plus grand général d*un
siècle fertile en grands généraux, le défen-
seur de la liberté et de la tolérance con-
tre la tj^rannie des despotes et la tyrannie
bien plus redoutable des religions intolé-
rantes. C'est lui qui jeta les premiers fbn-
demens de cet équilibre de pouvoirs que
la paix de Westphalie régla et attèrmit
après sa mort. Il termina sa glorieuse car-
rière à la bataille de Lutzen , en i63a , âgé
seulement de 38 ans.
Il y a quelques années que le prince
Henri de Prusse étant a Stockholm , descen-
dit dans la voûte où est le cercueil de
Gustave, et qu'il le fît ouvrir. Un gentil-
homme Suédois qui l'accompagnait m'a as*
sure que son corps était très-bien conservé,
qu'il ressemblait encore parfaitement aux
peintures et aux médailles qu'on a de lui,
et qu'on reconnaissait très-bien les mou:»^
taches et la petite barbe pointue que ro
prince portait suivant la mode du temps.
DES VOYAGES. in
Sî un observateur ordînaire'est frappé d'un f
sentiment d'admiration et de respect à la ^^^^
seule vue du portrait d'un héros renommé ,
quel ne dut pas être celui qu'éprouva le
prince Henri , en considérant les restes de
Gustave Adolphe lui - même , dont il est
l'admirateur et l'émule.
Avec ce monarque finit la ligne mascu-
line de la maison de Vasa. Tous ceux de
la ligne féminine sont enterrés dans cette
église , à la réserve de Christine qui ternit
l'éclat des talens et du savoir dont elle
était douée à un degré extraordinaire , par
une vaine aJBfèctation de singularité , qui
abandonna sa religion pour en adopter une
qu'elle tournait sans cesse en ridicule , qui
désirait sur le trône le sort d'un particu-
lier^ et qui après avoir abdiqué sans néces-
sité la couronne , n'eut plus que le regret
d'en être privée, et le désir de recouvrer,
même aux conditions lesplus humiliantes,
ce qu'elle n'avait cédé que par caprice ,
et peut-être par vanité.
Charles Gustave en faveur duquel elle
avait abdiqué , était fils d'une sœur de
Gustave Adolphe mariée à un prince Pa-
latin. Sa conduite avec Christine fut ,ua
chef-d'ceuvre de politique , il lui proposa
îia HISTOIRE GÉNÉRALE
de Tépouser , dans Tespérance d'être r^
LSufcdf. fusé. Il lui fit de» remontrances publiques
contre le projet de son abdication , et sut
Vy affermir en secret ^ paraissant toujours
moins rechercher la couronne lorsqu'il la
désirait le plus. Élevë dans les camps en
Allemagne , il hérita plutôt du génie guer-
rier de son oncle Gustave que de ses ver-
tus civiles. Il fut un de ces grands hommes
ennemis du repos qui croient que la guerre
doit être la seule occupation des rois , et
qui ne songeant qu'à cueillir des lauriers ,
détournent leurs regards de la misère et
des souffrances de leur peuple. Sous son
administration , la Suède parvint au plus
haut degré de gloire , et il ne fallut pas
moins que la ])ré8ence des flottes anglaises
et hollandaises dans la mer Baltique^ pour
arrêter les progrès de ses armes , pour sau-
ver le Danemark qu'il avait presqu'entiè*
rement conquis , et pour rétablir un ëqui*
libre convenable entre les puissances du
nord. Frappé par une mort prématurée ,
il expira h Eptembourg, le 2S février 1660»
après un règne de 6 ans seulement.
Auprès du tombcnu de ce prince est celui
de Charles XI son fils et son successeur.
Plusieurs historiens étrangers se sont plu
a
\
: pçç y 0 Y AG ES. u3
à l<ç représenter çornmç un tyran ;*mal8«i;
oa ^xaif^ne cçtjte accusation sans préjugés,. Suhà»*
qii troi|iv/era que bien ioin de la mériter ,,
H pl^tint l'amour et Testîme de son peuple»;
Motlgré Tardeur qui le partait à désirer la
gloire df;$ armiçs , il persista^ invariablement
dans ud sjystême (pacifique « et pejjiidant qu'il
pr^seryjLÎt §oa pays des horreurs de la
gue^-çe , il était le médiateur de la paix de
rEurope.
Dax^9 soa administration intérieure Char-
les XI se ^lontra un des rois les plus sa**
ge& qu'ait; eu la Suède. Le royaump lui doit
d'ex^ell^ns ét^Uissemens qui subsistent enr
çore. Il fut pour son fils ce que Philippe
fi]|t pour Alexandre 9 il î^^à, les fondemens
de sa graiïdeur , et sans les armées nom*
breuses et bien disciplinées et les trésors
qil'il lui laissa , ce prince n'eût jamais pu
résister itux eiîForts combinés de toutes les
pviissaQces du nord et jouer le rôle brillant
qui )etft toute l'Europe dans TétonnemenU
Charles XI mourut en 1697, âgé seulement
de 42 ans , regrettant dans ses derniers
monieQSf de n'avoir pu se rendre assez mai-
ire de spn humeur violente , et ne se faî-
faat que ce seul reproche.
. Charles XII a dans cette église une tombe
Tome il. H
Adolphe avait cou (bine de l-apl^eiër son
^•**^* savant généraK II n'ëlaît encore qu'un en-
fant lorsque son' courage attira Tattention
de ce prîhce qui prédît ses grands succès ,
et qui Teniptdya avant qu^l eût atteint sa
vingtième année dans plusieurs entreprises
difficiles qui n'exigeaient pas moins d'ha-
bileté que de valeur. Après la mort de
Custave, i) soutint comme généralissime
des airmée suédoises /toute la gloire qu'elles
s'étaient acquises^, e^ l'augmenta même par
ime suit^ de victoires qui le firent regar*
der coni&è te plus graiid capitaine de son
siècle. Craint et chéi*i du soldat» il avait
Su lui inspii*er une confTahce sans bornes.
Humain avec les vaincus , très-attentif k
ne point exposer ses troupes sans nécessité ,
il condamnait les généraux* qtiî' prodiguent
le sang des soldats pour se faire un nom.
A la tête d'une armée, il agissait selon ses
. idées et avec une entière indépendance ,
et aurait plutôt résigné le commandement
que d'être contraint à suivi*e les ordres du
cabinet, «e Pourquoi , disait -ri h ses amis ,
M Galles et Piccolomini , n'ont -ils aucun
« avantage sur moî ? c'est parce (pfUs n'o-
«c sent agir sans être airtorisés par les mi-
'ic nistres de l'empereur. »
DESVOYAG ES.- ,117
• Dans les Tisit€j8 que aouft eûmes occasioD
ide faire a des persQooes de :1a: noblesse.^
nous • tiK>n vîmes ep . Suède * autant de ppU-
tesaeet^dliQspit^Uté.que cfaezJes .sergneurs
polonaÎ9 et russes , .quoiqu'il y eât dans
Jeurs maisons beaucoup moins de. magnifi-
eeiice et de luxe daqs leur «train et dans
leurs assemblées. Cette diffërence tient k
'WlQ'eaiiAe qni'ne peut qû être ^réaUe aux
amis de l'bmnaiâtë^ Le droit .de posséder
des4ïerres n'jrppat tenant pas^exclusivement
en Suède r a auicttD' ordre , de la société ,
comme en^PoIogne êt.en Russie, elles sont
plus également ipaY^gées ; et on n'y voit
pas de si vastes domaines et de sigr^indes^
richesses s'aoeumuleret se concentrer entre
un petit nombre de personnes.
Pendant notre séfour à Stockholm ^ à lar
réserve d^m seul ..jour de neige, nons^
eûmes un aussi beau temps que j'en ajre^
jamais vu en Angleterre pendant: le prin-
temps. C'est un phénomène bien, rare dans
la .saison et sous le climat où nous étions,,
e'est^-dire , à la fin de février et au 69.^
d^ré 2e minutes de latitude. Souvent les
• neiges ny fondent qu'au mois d'avril. Nous-
étiqàs d'autant plus satisfaits de ce beau^
temps > q^u'il nous donna la facilité de faire^
H Z
Suède.
n8 HtSTOlIlE GÉNIÉHALE
quelques excursions dans le' pajs qui ^ tout
Suède, sauvage et stérile qu'il est; îans la plupart
des envh'OtiS' de Stockholm , a toujours
. quelque chose de singulier. Au milieu d'un
magnifique entassement -de rochers, od y
rencontre sonveût des lacs ,• des - forêts »
d^agréablés prairies /des champs^ des ter-
mes, des villages.
Uarseoal de Stockholm contient un nombre
immense de drapeaux etde trophées de tout
genre , fruit des victoires des Suédois sur
les Impériaux , les Polonais , lés Russei , les
Danois, et dûs pour la^* plupart à Gustave
Adolphe , à Bannier ; ToiiBtenson , Wran-
gel , Charles- Gustave ,• mais surtout à
Charles XII qui illustra et ruina si bien son
pays. Je ne pouvais m'empêcher de remar-
quer , lorsqu'on me montrait les trophées
de Narva , qu'aujourd'hui les Russes pos-
sèdent Narva même , avec toute la LÎTonie
et bien d'autres paj^s qui appartenaient à
la Suède.
Enir'autres choses curieuses, j'observai
la peau du cheval que montait Gustave
Adolphe à la bataille de Lutzen , au mo-
ment où il reçut le coup mortel ; un ba-
teau construit à Sardam par Pierre le Grand ,
et pris par un vaisseau suédois comme ou
DES VOYAGES. 119
le conduisit par mer à Pëtersbourg , et les
habî u^t le chapeau que portai t Charles XII ^ Suèdi.
lorsqu^U f|it tué à la tratichée devant Fre-
dericshalL On a voulu tirer de rétatob
sont cet habit et ce chapeau des icondusions^
sur Içiigeore de mort |d^ ce :princé , qui
m'engagèrent à les examiner avec une âth
tentioa particulière. ' . •
L'h^bijt est un uniforme bleu; semblahte
à celui d'un simple soldat^ les bottes sont
épaisses et. grandes, Ijes^antsrjd'une j/eau
de buffle, très -forte., ft montant presque
jusques au coude. Celui de la main droifie
^&t fort taché ^ de saqg^^, le gauche n'en a
que quelques gouttes» Le ceinturon qu'il
portait autour de sa veste est aussi ensan-
glanté. Ces . circonstanoes. peuvent faire,
croire ce qu'on a dit >/ qu'en recevant:.!©
coup- &tfll , le roi porta- dans l'instant, la
main droite à la tempe où il était blessé,
et enisuite à son épée. .
Le chapeau parait avoir été légèremeilt
eflleuré par, la balle.» dans l'endroit qMi
couvi*|Lit' la tempe: «Quelqu'un quia-eiï '
souvent occaMon de l'examiner , m'a dtlque
cette; parque était .d'^bprd peu senatblei V
mais qu'il tbrpe de k toucher « les curieux
l'ayaiei^it (;on9idérabl«m6iit aggrapdie ; tsais^
H4
.rflo HISTOIRE GÉNÉRALE
oèâime le cha^jeati- ti'est que lëgérèirtent
«étfléuré et miUeniêht ^ercé ^ an n'en peut
-piéii condnre strr la'grosseui^ de -lui balle
iqnî a servi d(s ^ fondem'etilt k bedotbup de
(vaisonnemetis. Il dt)i^ de cette description
iâont )'ai -pris- durées lieux leÈ dëtaiîs^ que
-ai les habits m' le: >eha peau ûe fburiiissent
absolument aucune lumière sur la ques-
"àèa, Bi^àtlèi a été tue, par tih â^assia
jcn^^pai! lefe baUéries des Danois.
n: AfotcK àn^'^anecdiote relative tx ce sujet
xiïPÎeu^ y qui- pourra y répandre plus de
nL'rSo norviembrcf; i7r8 , Chai^lfes ^îsîtaît
•la tranchée de F^dericshall en bîôrvVège.
'Il s'approch^i d'mi ôUvrage sur lequel i!
monta, et s'ac^tMidant sur le parapet, il
'patnt occupé k {examiner les pfogfès des
îravaux qu'il «raie ordonnés. Lés batferies
.deS'Danois Ikisaîen^ un feu continuel de
grosse et de petite^artillerie ^tk^ud'le roi
s^eacposait , suivant' sa coutume, sans la
moindre précaution. Etant dans eélte at-
titude , il reçut nhë balle dans la« tempe,
tomba sur te parapet et expira dans -Uns*
«tant. Il avait avec- liiii deux officiers Fran-
çais ; Maigret y ingénieur , qui dirigeait la
«'^iégej et Si^uier son aide-de-camp. Der*
• DES V O Y A g:êS. lal
tien hii y kqxKiiiçae diêtuûcê , l^taî^t avec
4Wtres oj8kicrtiy:le comté 8ehwenn't\}ïi ^^^^'
CQiàmaiûiahila:.ti;aitchée; letôhlte Pqfe,
oapttaîae des gardée ^ el'Cûî^én'àiàe'àé»
jQaÀpi .Sulvantik! réei t de boitai j^b^ ; les dèu t
officiers françaiStVôyatttllé ^<M tbtober'cii .
]xxu68aiDit iHvpf(kft»!id 'é^^ti^ir ;é*a!fy^rbchèt^eat
d0 luiet le-trpttvè^éilt «i^rt. Lîa Mtitràyè
raconte qnç Maigret . arâit tiititileMeiit
tenté de ^toiipnet-'té. f6î de reétet* dané
ua '^idrbit isi dàfa^tieiÀ , et 'qtt\f àrft dé-
libéré là^desQtis^^âVéfcSchweHn et Gulfcert. n
retourna. pôut^és^ajrér par ttn stratagètné
de faire retirer le roî. L'ayant trtJuVé ap-
puyé sur Ib. parapet, il crut iqu'îl^tait ën-
dotmi. y mai^ ettfiû 'voyàiit qu'il' restait tou-
)ours 8an« moiive^i^nt v îî dionna l'alarmé ,
aux officiers qui , 'S'àpjpi'ochânt aVefc une
lumière ,'s'àpeMUretit qu'il était ibort.
Le récit/ du ôbàpelain No^bei^ s'àccordë
en'génémi a*^fec celui de la Motfkyc- VÔidî
comment' il S'exptîttÉe : « La i'ésofution de
k< eacter ce fatal accident ajàtlt»été ptise
M i^T ces offièî^r , Siquier qui' étalt**attaèhé
«eau prince' de Hesse, ôta le chapeau du
M:^ihlyWi couvrit la tête de sa perruque
-le £t^e$oï>propi^tibâpeau,ététr9éIoppant
« b corps d'un iaïaateau gris^ le fit traa«^
xs^ HISTOIRE GÉNÉRALET
« porter dans son quartier comme cefàl
Su^e* ^ à'un officier qui vefnait d'être tué.* SU
5< quier yola ensuite au quartier du prince
« de Hesse qui était à plus d'une lieu de .U14
« Philgren, page de ce.pi^ince , qui ëiait
jK. de . service ce jour là^ raconte que le
f< princje soupait avec quelques gënërapuy
M, et officiers ; que Siquier, sans se faille
M annoigicer ^. s'approcha du prince et lui
4< parla à l'oreille i que oelui-<;i en fit autant
<c à son. voisin ^ et que la nouvelle aj^anC
|K ainsi passé à tous ceux qui étaient à
jK . table f le prince se leva et denumda àa
m chevaux.
« .Je suivis^ ajoute le page, les officiers
« jusqu'il l'endroit où le roi avait été tué.
« Le prince ordonna aux officiers et aux
5 géo^f (iux qui étaient présens , de metti*e
4c le..cQx:ps dans une litière et de le ikire
« porter au quartier général avec une es-
M corte de vingt -un soldats tenant des
« cierges à la main : nous observâmes que
M le roi. au moment de sa mort, avait
M tiré \ moitié son épée hors du fourreau,
^ et qu'il l'empoignait avec tant de force
K qu'on eût de Ja peine à la dégager. Au»-
M 8il,ô,t;que le corps eût été transporté^ le
f< prlpi^e tint cooicil ^a^vec des officiers ;. oa
i -D E S V O Y A^ G E SI ia8
•
« résolut: dé lever le siège et d'envoyer le
« feld maréchal Ducker à Sansdkorg pour Suède,
« empêcher que personne! ne passât chei
<r renaeini et ny portât la nouvelle dé la
« mort du roi. Mai^ cette précaution était
« tardive-, et cette. nuit même , un lieute-
« nant suédois, suivi d'un tambour, passa le
« Grlomnta et en informa i'ennemi.:»! Ces
circonstances éloignent toute idée que le
roi ait été assassiné.' :>
La relation de la niort de Charles , pii^
Wiée par ordre de là cour, d'abord après
cet évéïïement , n'entre dans aucun détail,
elle l'attribue seulement à une balle partît
d'un fauconneau. La Motraye assure que
cette relation est probablement vraie , parce
que )la blessure était large de quatre doigts;
Voltaire , d'après Sîquier , prétend que Fa
blessure du roî avait été faite par une balle
du poids de» demi-livre , et qu'on pourait
y enfoncer trois doigts. Tous les decrx'sont
d'accord que l-œil gauche avait été emporté
et que le droit avait éiëdéplacé. Cependant ,
deux personnes qui ont vu le jcorps! afïÎN
ment positivement que la blessure était
trop petite pour avoSr été causée par une
balle de ihuconneau ou de demi-fauconneay.
L'une de ces personnes est le comte Licoen
y
%a4 HISTOIRE GÉNÉRAXE
qui avait été page du roi [et de service I9
M^Meé nuit de 6a mort ; l'autre est un capitaine
Garhberg qui aida, à emporter le eorps da
rbi hors de :Ia tranchée , et qui aflfirma
iconstamment comme le comte Licoen^que*
•le rot avait été tué^ d'un coup de mousquet
'du de pistolet. . . >
/Mais on peut demander si ces devjt per*
sonnes ont eu occadion d'examiner" la blés-
sure avec l'attention nécessaire , et si lé
•plus ou le moins 'de grandeur d'une pa-
.reille blessure- .ne> dépend pas beaucoup
de la vitesse de là balle et de la place qu'elle
frappe* Il pat*alt pav le récit de La Mo-
traj^e qui avait .vfsité la forteresse de Fre*
dericshall , que le roi n'était qu'à iBover-
.ges du rempart et & environ 800 'de la
batterie , d*oii il conjecture qu'est parti le
coup qui Ta tué. Or, une balle de mous-
quet pouvant atteindre à 800 et même 1000
verges , le roi peut avoir été tué de cette
manière, ou ce qui est bien plus. probable
encore , par une balle de eanon tiré à car-
touche.
Il paraît cependant par un | passage
des .mémoires de Bruce , que : l'opinion
générale a été pendant quelque tt^ps que
le roi avait jété assassiné , et que c elait par
»E;S VO Y A G E S. raS
lar^mâîn dés Suédois. Mais après avoir la m
tout ce qui a été dit à ce sujet , c'est-à-dire ; Suèdb.
beaucoup de coojectuneSy de bruits vagues
et incertains , et de raisonnemens peu dé^
monstratife , on est forcé de conclure due
la cause de la mort de Charles XII ne
pourra jamais être connue avec une par-^
faite certitude^ mais qu'il n y a en même*
temps aucune raison solide de Tattribuer
k un assassinat.
Les btniits qiii favorisent cette opinion
^t qui ont été pendant quelque temps fort
accrédités ^ ne doivent pas surprendre. A
la mort. de Charles XII , il se forma deux
partis en Suède. L'animosité de ces deux
partis devint bientôt extrême , celui qui
rsuccomba subsista tou}oura , se vengea ,
comme c'est l'ordinaire , en chargeant des
imputations les plus odieuses ses principaux
adversaires. Il faut avoir vécu dans des Etats
déchirés par des factions , pour comprendre
avec quel^art et quel activité la haine et
la vengeance savent . inventer , accréditer
et rendre vraisemblables les faits les plus
étranges et les plus calomnieux. Cest ainsi
qu'en Suède , tous ceux à qui la mort de
Charles XII fut utile eh furent accusés ,
sans qu'on épargnât les personnes- les plus
m6 histoire générale
respectables , et son successeur luinnème;
^.^lOUb»: prince rempli d'honneur, de probité et
" de vertu , qui avait tant de fois exposé sa
vie au service de Charles XII , qui ne pou-
vait avoir presqu'aucune espérance de lui
succéder , et dont toute la vie atteste la
modération et la droitunet»
L'église de la reineChristine est en forme
de croix avec une rotonde au milieu , assez
jolie , fort propre. On j voit un moDument
en plomb, élevé en lyyoà la mémoire de
Descartes. On montre dans le cimetière
Tendroit où son corps fut d abord' déposé
avant qu'on le renvoj^at en France.
L'édifice de la maison des nobles est. sur
uue grande place; il est beau , la salle où
s'assemblent Jes nobles , n'a pour toute dé-
coration que les écussons de la noblesse qui
couvrent ses murs. La statue pédestre de
Gustave Yasa est sur la place des nobles; ce
n'est qu'après deux siècles qu'on a donné
à ce grand homme cette marque de véné*
ration. U Archeuéf/ue y artiste français ^ en
est l'auteur ; elle n'a rien de saillant.
La statueéquestre de Gustave Adolphe est
devant l'Opéra , sur la place du Nord ; elle
n'a été fondue qu'en lySi. Les proportions
du cheval et de la statue i sont absolument
DES VOYAGES. «7
les mêmes que celles de la statue renversée
d'Henri lY , à Paris. Derrière , au bas de la ^ Snkdei
statue , sera un grand trophée dans lequel
cfti distinguera les boucliers et les écussons
des difierens peuples vaincus par Adolphe;
autour , seront les bustes en médailles des
cinq principaux généraux de ce prince,
Bannier y Tortenson , Jacques La garde ^
HometSaxe-Veintar. Au bas sera la statue
d'Oxenstiern , dictant à Thistoire la v!e da
roi , ce qui fera un très-bel effet lorsque le
tout sera en place.
L'arsenal est à la porte du parc : ce bâti-
ment a vingt-neuf croisées sur quatre seu-
lement de profondeur* En entrant ' au
deuxième étage , on trouve une salle oîi
sont les rois de Suède à cheval avec leur
armure, le casque du Gustave Adolphe,
d'un poids énorme ; de petites pièces d'ar-
tillerie avec lesquelles Charles XII enfant
s'exerçait. Dans une seconde salle . une
grande quantité de drapeaux pris sur les
Russes et les Saxons. Une chaloupe faite
par Pierre le Grand, prise lorsqu'on la
transportait de Sardam. Dans une galerie
communiquant à cette salle , sont tous les
I objets servant au couronnement , la quan-
tité d'armes de diflfërentes espèce , ancien-
ia8 HISTQIR^ (SJl^N^RALE
oes et modçrnes , ainsi que celle des dra*
ëttède. peaux quj| j a, h cet arsenal est iniquense.
L'etaBli^SçmeQtpour les veuves des bour*
Çeois estle.pLus i:efnarqji9able.de^ux de ce
genre ^ qui spjptà. Stockholm, p^cç quip )e
pense qu^i] n,^ pas été imité i^ilienirs , quoi-
qu'il soit bien fait pour Têtre. Les maîtres
dans les corpsi et métiers^pajent nne cer-
taine somme par an, et le^i:s.v<euYe& seules
y sont reç^es r '^ ^^^ qu elle soiept %ées
de 5o ans*
Les fondations de cette sorte ne sont pas
rares à Stpcl^olm , presqqe tous ceç établis*
semens laissent quelque chose à désirer ;
mai^ on sait que le bien s'ppère lentement.
Cette partie a beaucoup ga^né depuis quel-
ques années , et tout porte à. croire qu on
neperdi'a p^ de yue un objet aussi iropor*
portant. Le peu de richesses du pays s op-
pose à ce que les progrès en bien soient
aussi rapides que l'humanité le c(enwinde; et
si \fi gouvernement fait tout ce qu'il peut
faire , personne ne sera en droit de le blâ-
mer.
-^n
CHAPITRE ni-
/
DES VOYAGES. 1
2f
CHAPITRE III.
Châteaux du roi.— Environs de S tockholrri.
— Ordres de chevalerie.-^ État des trou^
pes Suédoises. — Esprit des soldats.
JLiE rdî de Suéde a quelque^ châteaux aux
environs de Stockholm; Drottningholm est-. 5^^^^
le plus grand de tous , et celui que la cour
habité le plus. îl est dans une île du laô
Mêler ; et , à tous égards , on Fera bien de
le voir en détail. Le château est sur le bord
du lac ^ c\v\y est superbe, dans une situa-
tion charmante en été. 11 s^annonce très-bien;
il a sur chacune des deux façades , qui sont
régulières , trente-une croisées ; il j â au-
près beaucoup d'autres bâtimens où Ton
peut loger jusqu^à cent soixante-dix maî-
tres- Les jardins sont agréables. Il faut
voir Tîle d'Apollon et la maison chinoise ,
où tout est d'après ce nom; ony dîne quel-
quefois , on l'appelle aussi Canton y ce qui
a donné le nom à une espèce de village ; à
un quart de lieue du château , ce ne sont quéf
des maisons de campagne. Ce séjour est
Tome ÎL \
iSô HISTOIRE GÉNÉRALE
scliarmant ; on s j rendait moins volontiers
autrefois , parce qu'il laliait en venant de
Stockhohn traverser le lac qui est tort large:
ce passage était toujours incommode et
tjuelquelbtl dangereux. Aujoi^-d'hui , le
chemin ne laisse rien à désirer; il est su-
perbe d'un bout à J'<iuti-e , souvent taillé
d^ns le roc, et a coûté des sommes éoor-
mes. On traverse trois ponts. pour venir
: de Stockholm ; le premier a 5oo pîeds; le
second , 1400 et le troisième, 700. C'est au-
près de ce pont qu'on doit ériger, sur la
druiteen avant de Stockholm ,ao obélisque
de granit de ôo pieds de haut, pour con-
sacrer les travaux qu'a nécessité la confec-
tion de ce beau chemin d'un mille de lon):-
Carlberg, près du iac,au nord-est, est
pour ainsi dire , dans les' faubourgs de
Stockholm, d'où on y va par une longue
allée. Celle maison a été destinée à fétudc
des cadets nouvellement établie.
liai:." . |Hhi [>j\illon j un t]uarï de lieue
de la juM U' lin Nord; il «l trés-agrtablt-
inent f\Uiv , <éu iiiilicn dçs boÎ8 et ptfe» j
lac ; il csl ituMilik' entièiv'^
grande (K^.uui' , et c*
pi^éiiT..;! (;\j>i.ivo irl;i
dc's SCiii.uncs entière»'?
^D E s VO Y A G ES. i3i
t|ui ajoutait peut^tre hiu goût du roi pou? _ ,
cette riatraite , c'est c\vt^ in révolution dç Suèd««
î 77Û ^ y avait .élé prép4i|^ée dans un pe^it
coin du'jardÂq^ q^e Ton vijsite avec grand in-»
térêt. Uy^ ua juûifornÎQ aSêcté à cette n>ai- ^
son, qj^e. Içf.ri)] ne donnequ'adee gensde
marque, j
Le 'pidrc est lendr^ît; des environs de.
Stockholm le plus fréquenté, à.cause de s^
proxih^t^ ; il esft çitué.à Test; hors de la
vîUe 9 du côté de la mer. Le premier dâ
mai > il est d'usage de s'y montrer comm0
à Long - Chanïp las )owrs,3ftints ; le roi , la
fàûiille royale et toute la. cour s'y rendent
ordinairemçtit; cette céréncjonie 3 si on peut
appeler aiaeî u^[>e simple promenade , cqn-^
sistp à fbire unç ou deux fois le tour dn
partî e^ voiture. Un ambassadeur d'Ëspa^
gne y a fait bâtir une nviisOndiEi campiigne
dans un^ sit^Ufitîon unique. C'fC^t un petit
pronaontoire au milieu d^. la mer , â^e ma^
wière que l'on croit de son sallon, éiresur*
un vaisseau. Ce^t le passage de tous les bâ-'
timens qui entrent à Stock holip et qui eti
sortent, et il. est tellement resserré , qu!on.
peut leiir parlgr , souvent sans porte*vQix.
Cette position est sans pareille pour Vété. •
. Le SLi^'y^m M jour de Saiçt Jean^ on pLonfa
1^ '
î3^ HISTOIRE GÉNÉRALE
- un mai devant le» portes des châteaux et
Sn^àe. maisons de campagne , comme en France le
premier mai ; le roi et la famille royale vont
encore au parc > et s'arrêtent au campqu^on
y a dressé. Ce camp ^ qui durer tout le mois
de juin , est composé delà gafnisoi^ de Stoc-
kholm ; c'est-à-dire , des deux régimens des
gardes% du corps d'artillerie ^ d'un bataillon
de la reine douairière et des dragons deU
garde. On plante ce jour-là dans le» lignes
ducamp de grandes perches ornées de feuil-»
lages avec des chiffres , et quelquefois des
écussons avec des devises. Au bas de cha-
cune , soqt des tonneaux de bière sur des
traiteaux. Vers les six ou sept heures , à un
certain signal^ on fait rf>uvet*ttire des ton-
neaux, on distribue à chaque soldat une
pipe , un pain > deux harengs et quelqu^a^-
gent;.ce 'sont les capitaines <|ui fontt^te
dépense. La musique de chaque riment
joue, et les soldats commencent à borre et
h danser; sur chaque tonneau est tin soldat
déguisé , soit en bacchus, soit autrement;
mais toujours d^une manière plus on moins
grotesque ; c'est lui qui boit le premier et
qui porte lessantés, elles sont nombreuses,
et à chacune, on crie ^yii^at: quand -il passe
quelqu'un <leU famille royale» ouquel^ttes
DES VOYAGES. i33
généraux , oa porte leurs santés et on crie
toujours ifii>at.' On promène sur des brant-
<sards , le long de la ^ ligne y les soldats déi-
guisés; ils cherchent à aniuser le peuplç
qui se porte en foule autour d'eu]^ par des
«fozzis ou <ie$ dhansoQs ^ ils se permettent
■spuyeiit des choses fort iadécei|tes ; la re^
traite battue , tout rentre dans Tordre ; lu
tamille.royalc soupe ordinairement au camp
dans la tente du roi ^ qui y couche souvent
sous la toile,
Il y a quatre ordres en Suède , doot ua
civil et militaire, un purement militaire ^
et deux civ41ar
l/erdre des séraphins ^ c'est le premier ,
]e nombre des chevaliers est de vi ngt-quat re»
le roi , les princes suédois ou étrangers non
compris. Les marques de cet ordre sont un
large cordon bleu clair moiré ^ de droite à
gauche j et une plaqiie en argent sur le côté
gauche où sont ces lettres , I. H, S. sur-
montées d'une croix , et entourées des
trois couronnes de Suède ; la chaîne qu on
porte au cou est alternativement formée
de croix et de tête de chérubins/
Ordre de Vépée : cet ordre purement
militaire , est divisé en trois classes , préci*>
sèment comme Tordre de Saint-Louts Téc
13
Suéde.
i34 HISTÔtRE GÉNÉRALE
tâît en France. Le cordon estijoune, à bords
Suède, -Meus , et se porte de droUé'figautjbe, là
•plaque en or à gauche; Ist-tr^x repcdi«nte
d'un côrë l'e^ arnaes* de Suède , et au milieu
une ëpée droite; de Tautre^, nne<^ée pas-
sée dans tihe couronne de -laurier, avec
•ces mois , pro patriâ-. Le roi Të^nant a ins*-
tïtué\ine cjuatrièmè classe qui nei peut 8*ob-
♦tenir qu'en- temps de guen*e ; H ftftK ponr
^ela aVoîF refrtpoi*té sur tevre oo' sur mer
un avanta2:e en commandant en chef. Le
¥ôi luîrm^me ne peut Pobtenir que d'après
Jâ décîsîèn- de rartnée, C4: Gusfave III ne
voulut se décorer de cet ordre honorable
quala troisième campagne, quoiqu'il l'eût
mérité bien avant. Il était à sou rang de
Réception- dans la liste,
î* Ordre de fétoiltr polaire, Ç!e%t un ordre
cîvîl desrtîné aux ministres , ambassadeurs
et autres personnes employées par le gou-
vernement. Il est divisé en deux classes,
le&cammandeursetles chevaliers. Les pre-
miers portent' une grande cfrolx blanche
pectorale* attachée à un cordon uoir , et
une étoile brodée en argent surle côté gau-
che ; les chevaliers ont seulement la petite
croix!at<tachéeàla boutonnière avec un ru*
ban ooîr \ le nombre n'est pas fixé.
D E s V O Y A G E s. i35
Ordre de Fasa , établi par Gustave III-
en 1772; il est destiiiéaux artistes habiles,
aux .Dc'gocian): dislîngXK'S, aux persponcs
einployée<4 aux mîne3,aiix inanuiacturç^ ,
e(c. Les chevaliers portent une jijerbe d'or ,
armes de Gustave Viisa , suspeudueau
riju avec un corduq vert , ^pour raarquer
()iie celte retonipcnsccBtspécialemçul des-
tinée à encourager le* projj;rès de^l'a^ritMi^
lure. Les, grands-croix , fjui suiit au numVp
(le quatre; et les ioniii;aiideurs, de huit»
l'iirteut un large c'urdun vert de droite 4
gauche , et la pUque à gauche , o.u Iccior-
(1,10 seul. Le niar<|uisde Mirabeau aeuun9
(ifs giyindes croix de l'ordre.
(Iliaque ordre a «Mt Ivnbît de ccii-monie.
L'iiabit des sér«ptûus est blanc avct des
lt.iiidcs noires , le^ souliers blancs et uoirG^
Ir cKapeau roudcouvertd'un pathiihc bltmc*.
L'habit de l'ordre de l'é|»ee est bleu céleste;
i'iiabit de t'étoîle .polaire est cramoisi ù.
bjodes blanche»; ct;lat de Va»a.,vt'rt luâc^.
avec des bandes blanches. Tous cet). baMt^
^)nttX)U))esci)iiiiiic riialiil U'itional .clilifuir
Jiversitc iâlt im cliirt .••i^l^uiÉÇ^;^ j
agréable. L'iKibii , hi vc^te, U
mdDleau , sont iIc la même 1
iliacua des la^Ucii. Tous ifS 4
i34 HISTÔÏRÉ GIÊNÉRA'LE
làît en France. Le cordon estjjftuae, à bord»
Sufede. -bleus , et se portcdédroU^^Jl gawohe, là
•plac|ue en or à gauche;- ]n'X:x^0ix'vef}Bié8entt
d'un côté leA armes- de Suède , et au milifeu
xine ëpée droite; de rautré^ivne'éfée pas-
%ée dans tihe couWnne dfe -ra^i^rer, avec
'Ces moh , î)ro /fàfrfà-. Le rôi 'régnant aîn^*-
tîtué'»une quatrième dâs»ecjui ne f>dut 8'ob-
♦tenir qu*fen- témp^ dft gu0n>e } i4J(Mi: pour
^fela îaVotYî^éW pointé siir t^^'re bu* swr mer
un avantage en commandant en chîeE' Le
^6\ li^îrmtï'me ne peut Tobteni'r t^M^d'après
iêk àéc}\iiéii''A^' fumée, dt-Gmffive III ne
voulut se décorer de cet ordre' honorable
quala troisième carripcigne, quoiqu'il Teât
mérité blie^n avant. It éiaît h non rang de
Véeeption: dans la liste.
'' Otiire lie Pétôî/e'pofaire. (u'ef^tun qràre
crvîl desrtîné'aùx'Winistres , ambassadeur^^
et autres persronneg employée^" par le gou-
vernement. IL est divisé en deux classes,
ies^commandeur^ etlea chevaUers-Les pre-
miers portent' une grande c^oix blanche
pectorale attachée à un coi'-don Doir , et
une étoile-brodée en argent surle côté gau*
the ; les'chevaliers ont seulement la petite
tiroixi attachée h la boutonnière avec .'un ru*
ban rioir i le nonihl'e n'est pas fixé.
D E s Y 0 Y.A G E S. . r35
Ordre de Vasu , établi par Gustave III
ea 1772 ; il est destiné aux altistes habiles» Suèd«v
aux .négocians distingiués , aux perspQjies
employées auX) miBe$v aux iiianufà<^tu>rç$ ,
etc. Lpç cbevaliejPs portet^t une gerbe d'or,
armes de Gustave Vasa, suspendue: aii
cou avec un cordp4 ye^rt , ^pour rotarquef
que cçtte récom pense est spécialeni^ntdesT
tiqée à; encourager les progrès dexl'agr j^iji-
ture- Les, grands-crojjç , qui sont au nornb^^
de quatre; et les. commandeurs^ de buit>
portent un, large dord^n. verç de dcoîte à.
gauche , et la pUque à gauche , qu le;,€pi:-
don seul. Le n^arquisde Mirabeau a eu UQ^
des glandes croix de Tordre.
Chaqne ordre a son .habi^t de cérémolne^
L'babi^.des sér^phin^S: est blanc avec d^*
bander noîrés , lesr souliers blancs et noîr$^»
le chapeau ronçLcou vert d'un pan(icb^ bl^nc».
L'i^bit de Tordre de Tépée est bleu céleste;
Tbabit de Tét^Qîle.^poIaire est cramoisi à
baodeS(feianchegr;;oç]w de. Y.asa , vert loûcé^
avec des bandes bla-nch.es. Tous- ces. habits
scMoit coupés Gomijne Thabit nationc^l ,'et:kur
divet^ité fait un çffë^ ^si^igulier et fort
agréable. L'habit , Ia veste , la culotte et \^
manteau., sont dfc.la même couleur, poi^r,
chacua .des ordxes-. TottS les cbev^liersk
i36 HISTOIRE GÉNÉRALE
portent des bas blancs et des rosettes blan**
^"^^«- ches aux souliers.
li est temps de dire quelque chose de
cette multitude d'ordres qui existe dans
\es Etatd du nord , on la Jblâme et nous
l'approuvons. Il est trop heureux pour un
paj^s pauvre , que quelques cordons , quel*
ques plaques distribuées h propos » conten-
tent teux qui ont bien mérité de la patrie,
et dont on serait fort embarrassé de recon-
naître autrement les services. Nous ajou-
terons que les ordres , les emplois honori-r
fiques donnent plus d'émulation que des ré-
compenses pécuniaires ^ et le peuple chez qui
l'argent seul est le mobile de toutes leê belles
actions ^ doit en avoir peu à récompenser* II
serait encore plus beau, sans doute , que
l'homme qui a des droits réelsàla reconnais-
sance de ses concitoyens « se trouvât payé
avec une couronne de chêne , et Tinscrip-
tion publique 5 i/ à bien'mérûé de Ih patrie.
Mais l'homme d'aujourd^hui est trop éloi-
gné de cette simplicité noble , il est gou-
Verùé par des préjugés trop puissans pour
ne pas regarder ce prix de ses travaux
comme imaginaire. Jusqu'à ce que l'univers
soit éclairé par ce grand peuple , qui s'est
(iéclaré son flambeau et son modèle ; jusqu ar
DES VOYAGES. 1S7
ee que la bieoFaisante philosophie ait ré^
panda sa lumière dans toutes les classes Sa^de.
delà société; peuples du nord et dun^idi,
chez qui des cordons et des croix payent
les services , garde2;-les , bénissez-les^ rap-*.
pçlez*vous que l'homme sauvage connaît
les ordres , que le capitaine Dixon a trouvé
l'or^^e de lois , établi dans les iles Pelew.
Insensés que nous sommes , nous voulons
ramener Thomme policé au-delà même dç
l'homme de la nature. Ah ! ne soyons pas
plus savans qu'elle : ne songeons pas à
passer le but» contentons-nous de l-atten^
dre ; hélësl combien nous en sommes en-
core éloignés.
L'armée suédoise est divisée en milice
nationale et troupes réglées ou régimens
de garnisons. Ces derniers qui sont sup
le pied allemand » sont composés de sué-
dois et d'étrangers enrôlés suivant l'usage;
ils sont dans diverses garnisons et payés
en aident, A l'égard de la milice nationale»
son établissement fixe est dû à Charles XL
Ce prince s'éfant remis en possessipn des
domaines de la couronne prodigués par
ses prédécesseurs» il en restîtuaquelques-ims
à condition que ceux qui posséderaient
line certaine étendue de terres fourniraient
i38 HISTOIRE GÉNÉRALE
ua soldat. Il assigna d autres terrés ù Ten-
Aièdc. tretien dés officiers. Il fut réglé par une
loi que les terres assignée)^ ainsi à l'entre^
tien de la milice resteraient à per()étuité
affectées à cet tisage , et ces r^^letnens
furent encore confirmés et étendus en 1723»
avec la clause qu'ils seraient censés faire
une partie fondamentale de i a constitution ,
et qu'ils ne pourraient jamais être révo-
qués.
' Pour comprendre la nature de cet éta-
blissement , il' est oëccssaire d'observer que
le roj^aume est divisé en districts qui sont
tenus'à» fournie et à entretenii^ uH nombre
déterminé de soldats. Tout homme qui
tient une certaine étendue de -terri» de la
ccoronne , appelée hemman y entretient un
soldat au moyen d'une jwrtion do terre
qu'il lui assigne avec une petite* inaison
et une grange am éiable 1 outrer iHie paye
de 100 dollars de cuivre , un habit complet
d'étoife grossière et deux pa^ires de souliers.
Quand le soldat est absent, ou* parce ^u'il
est à Karmée en temps de guerre , ou i
Tocccision des revues ftnnuellm^, le lenan^
ci0^doit cultiver sa terre h ses frais pour
^entretien de sa femme et de s» famille.
Quand il est présent il peut roccoperpoui*
- «DES y O Y AXE s.:. î39
son compte^ en lui payant sa jowBëé comme,
à un autre . loboui^ear on jonrnalier. A la Snkdt,
mort du scHcLit y sa femme et ses enfcms
sont obligés de céder la terre et la maisoa
à son successeur que le tenancier doit sous
peine d'ameinfe , j établir dans Fespace de
trois mois.
« ■ I
On réunît un certain nombre de //e//ï-
ma/:s pour l'entretien d'un cavalier et de
son cheval,
• * *
De même; ks officiens de. ces; troupes , au
lîeu de 3old« ea-iargent , aont entretenus
au moy^a\d^ .cej^tatnes tenres , nommées
Bostelicy qu'on )eiir assigne dans les pro^
vjnces auxquelies le régiment appartient;
on leur accorde de pins uod certaino
(juautité de grains provenant des dixmes
navales. Chaque province contient le nom-
' rede^ey7?/w/i/7^8uflisans pour l'entretien
(î un régiment. Les petites provinces tien-
nent un régiment d'infanterie, les grandes
lin régiment de cavalerie. La terre assi-
f^vreà urv colonel est située. au centre de
Jt province, et des terres de. son régiment.
^ c*lic d'un capltaine.au. milieu des teiT.es
(; ji ap|>artiennent à sa compagnie , et ainsi
ûcsiii le jusqu'au caporal.
140 HISTOIRE GÉNÉRALE
Tous les ans avant ou après la moisson' »
^«>^e* lorsque les paysans sont le moins occupes ^
les compagnies de chaque régiment sont
assemblées séparément pendant quinze
jours ou trois semaines. Le tenancier est
obligé de faire aller à ses frais le soldat et
son bagage au lieu du rendez-voufr^ et de
Vy entretenir pendant le temps de la re-
vue. Il y a outre cela une revue générale
de tout le régiment tous les trois ans. Oo
exerce aussi les soldats par petits pelotons
tous les dimanches après le service divin.
En temps de guerre , si ces troupes mar«
chent , la couronne se charge de recevoir
les contributions ordinaires des tenanciers,
et pourvoit le soldat d'habit et de tout ce
qui lui est nécessaire.
Au printemps de 1779» Tarmé suédoise
était composée comme il suit:
Troupes régulières.
Hommes.
Neufs régimens d'infanterie. - 9»ooc
Deux de cavalerie. .... 800
Artillerie ^«900
^ Total .... iz^QQ
P E s VOYAGES. 141
V
Milice national^.
Vîngt-un régiment d'infanterie
envir<Mi. •...•. ^ a4,coo
Sept de cavalerie. * * . . . , 7,400
DragMis. ........ 3,40b
. • .
Total de la lïif lic6 nationale. 84,800
Total des troupes régulières
et nationales . . • . I 47,60^
L'esprit des troupes suédoises est excel^^
lent: 4 officier est généralement brave^^ le
soldat a beaucoup de ressemblance avec le
soldât français. Il se sert volontiers de la
baïonette, et les Russes ont éprouvé plu*^
sieurs fois dans Ja guelre de mer com-
bien il est redoutable avec cette arme«
L'officier doit être absolument à la tête
de sa trbupe , souvent quelque pas en
avant, sans quoi elle refuserait peut - être
de marcher : mais cette formalité remplie ,
on mène les Suédoisoù l'on veut ; pendant
la guerre de Finlandje , un régiment d'in«
fanterie eut Kordre de charger l'ennemi ,
il demande son colonel qui éiait de service
auprès du roi , comme aide-de-^cam'p géné-
ral ; malgré l'observation que Voa çn fit à
Suède.'
/
î4a HISTOIRE GÉ'NÉRALE
sa troupe^ elle persista ^ et il fallut que S.
S«bd0« M. renvoyât son aicle-de-oamp h la tête de
sop réglfoent/oii il fut fiiênve bledsé dans
cette ailàire* Le Suédois tire Jioutement ,
maisii ajuste (brt bien.. Il est. rel^çieax , la
prtère se Fait exactement tous; les jours
dans chaque régiment : il est honnête
homme, incapable d'une 4^afB6él)de , et étran-
ger à Ces vices, qui deshonorent. le nom de
soldat dans presque toute ^Europe. Nous
ne parlons que dès troupes nationales. Les
végîtnem^ levés ou de^girmîsoti .scmt cokn-
pos^s coriune 'paHout.ll laut jc^ue le soMaC
soit bjcn nottd^rîi il 6up|K>rCedifIîctlemeDt
qu'on le pvivti d'une partie- de sa ration i
ou même qu'où retardieJc xtioment de la
distribution. 'Ceitt une ^attention que ne
peuvent trop avoir les géoiéraux suiklois*
L'administration militaire jôiFre de nom"
breux alms : les emploi» se veod/ent pres-
que publiquement, quoique ]e;roj ait donné
des ordres très-sévères jKiur. i^éprimer ce
honteux traHc. IL sait à n êa pouvoir douter,
que ses ordres ne sont' point exécutés»
mais il ne peut en faire davantafçe : la
chose est conduite avec tant àÀaaX ^ quelle
ne peut jamaié être prouvée » étt|ue. les eu*
looels eux-mêmes l'ignorent ordioairenieot*
DES V 0 Y A;G E S. 143
L*armée est toujours très -bien dîscipH^
née çt suffit pour la défense du rajaume.
La Suède n'a rien à craindre que de la
Russâùe. Taâit qu'elle laissera les provinces
conquises entre les mains, des Moscovites ,
ce qu'elle oe manquera pas certainement
de faire , il n'j a pas de danger qu'ils la
trcablent dans la posseasioa du reste.
La ilotle Suédoise : se montait autrefois
àqaaraQtie vaisseaux de ligne ; mais ce nom-
bre est bien diminué , on. ne pourrait au-
jomii'hui naettre en mer que vingt voiles,
et en conséquence les forces maritimes de
ce pajs sont bien intérieures a celles de la
Russie et du Danemark.
On me permettra de ne rendre aucun
compte des partis qui divisent maintenant
le royaume. L'agriculture , le commerce ,
les manufactures et les arts , voilà ce qui
doi t intéresser un voyageur , tout cela reste ,
les partis passent.
J'ai pris aussi des informations sur les
revenus de l'Etat ; ils dérivent principale-
ment des domaines de la couronne, et en-
suite des revenus de la capitation , des droits
d'entrée et de sortie sur les marchandises^
sur les mines et les forges , sur les liqueurs
distillées.^ des impôts sur les pensions, ap-
Suëde«
144 HISTOIRE GÉNÉRALE
pointemens et emplois, de la taxe sur le»
StMêé cheminées et du monopole du salpêtre.
Le revenu net^en 1772 -, avant la révo-
lution se montait à 908,484 livres sterUngs ,
et par le mojen de quelques rëglemens
faits ensuite avec le consentement de la
diète , à l'époque de la i*évolutioo ^ ce re-'
venu est monté à environ un million ster-
Isngs ; mais il faut bien observer que les dé*
penses publiques ne sont pas toutes prises
sur cette somme , parce que la plus grande
partie de Tarmée et une petite partie de
^a flotte , objets des plus x>néreux dans les
autres États , sont entretenus en Suède,
sans qu'il en coûte rien au trésor public^
CHAPITRE IV.
DES VOYAGES. 145
CH API TRE I V.
.1
Forme ancienne du Goupernethent de
Suède. '— Observations sur ta nature dû '
celui fui a été établi par la révolution
de 177a — Sa Constitution actuelle. \^^
Diète composée du roi et des Etats.
— De J' Ordre de la noblesse y du clergé,:
des bourgeois. — Des paysans. ^ Formai
de la législation^
X-jÊ sort de la Suède a sîttgulîërementL
varié , soît par ses révolutions intérieures^ S^W^.
soit par le rôle qu'elle a rempli au dehors
à différentes époques. Le gouvernement
des robustes habitaus de cette région du
nord 9 a comme leur climat ^ toujours ad-,
mis les extrêmes» Tantôt on la vu libre
jusqu'à la licence, et tantôt voisin du des*
potisme. Dans un temps , Tamour de la
liberté semble être le caractère distinctif
des Suédois \ dans d!autres circonstances ^.
ils ne sont pas moins remarquables par
leur soumission servîle envers leur monar*
^ue. Ennemis de la contrainte , jaloux k
Tome IL K
/"
1^5- HlBTOïHB e^ÉNÉr^ALE
; l'excès de Tautorité royale » attachée avec
*'*^^** force à leurs propres droits , nous les voyons
. i]uelquefaiss'clevertunittltuairemeQt, sem-
blables à un torrent 9 abattre tout ce qui
s'opposait à eux et renverser à la fois leur
souverain et toutes les barrières élevées
pour défendre le peu de pouvoir qu'ils lui
avaient laissée
. Dans un autre temps ^ comme si la vio-
lence de ieurs efforts les eût épuisé ^ toute
étincelle de patriotisme semble éteinte par*
mi eux ; ils se soumettent patiemment à
toute espèce d'oppression , et paraissent
aussi résignés à l'esclavage que s'ils n'a*
vaient jamais goûté les douceurs de la li*
• berté.
En un mot , parmi ceux qui examineront
leur histoire , il n'est personne qui, sur
ces contradictions appareilles dans leur ca-
ractère national , ne soit tenté de croire
que deux races d'hommes distinctes ont
habité le même pays tour-à-tour.
On ne sera pas moins frappé dé )a va-
riation qu'oh observe dans les dégrés d'im-
portance et de considération dont ont joui
les Suédois à différentes époques parmi les
puissances étrangères; tantôt on les voit^
DES VOYAGES. 147
sortis tout -à -coup de Tobscunté ^ pres-
crire des lois aux premiers potentats , k ^^^^
rîmitation des Goths leurs ancêtres; leurs
armées parcourent les royaumes et les em-
pires ; on les voit déposer les monai-quès ,
et donner des couronnes : bientôt ils tom- '
bent , sinpn dans le mépris , au moins dans
Toublî ; leurs conquêtes leur échappent ,
leurs forces disparaissent , et Timportance
qu'ils avaieot acquise devient aussi momenr
taonée que leurs progrès avaient été rai-
Le génie supérieur de quelques-uns des
monarques de la Suède , la bravoure , Ten-
durciss^ment aux fatigues , et surtout la
discipline de ses soldats , ont assuré à sçs
armets , dans plusieurs occasions , des suc-
cès dont on connaît peu d'exemples dans
les histoires des autres pays. Ses efForts ,
dans les époques que nous citons , ont été
violensét souvent irrésistibles; mais comme
ils excédaient ses ressources , ils ont plus
servi à répuiçeraent de ses forces au de-
dans 9 qu*à 1 accroissement de son empire
au dehors.
Elle n*a presque recueilli dés plus brîl-
. lantes victoires , que la gloire qui les a sui-
vies ; çt après les plus importantes conque*^
148 HISTOIRE GÉNÉRALE
tes , elle a été souvent obligëé de se bor-
Svhà€. ner h la possession de ses rochers%
Dans le temps où la plupart des gouver*
nemens de TEurôpe avaient commencé à
acquërir un certain degré de stabilité , ce-
lui de la Suède n'en avait aucune. Le
royaume déchiré par des dissentions ci-
viles, dévasté par des guerres intérieures^
était successivement en proie aux usurpa-
tions des étrangers , à l'ambition de ses
nobles et à la tjrrannie de ses souverains.
Les abus du sj^stême féodal avaient été
corrigés ou supprimés dans d'autres pays.
La naissance et les progrès du commerce
y avaient procuré k la masse du peuple
une importance et une considération qui
leur donnait la facilité de secouer le joug
des barons féodaux , et d'acquérir dans la
société, le rang dont ils ont été si long-
temps et si injustement privés. A mesure
<|ue les droits furent assurés , l'autorité
rojale s'aflfërmit sur un fondement plu^
solide } d'élective , la couronne devint hé-
réditaire , et les esprits contin^iant de s'é-
cjairer , les idées du bien public , le senti-
ment de la justice et Tamour de Tondre
commencèi^nt à prendre le dessus.
Mais ces grands changemens qui , dès 1«
r DES VOYAGES. 149
eommenceixiçnt du douzième siècle , s^é*-
taient introduits dad$ la politique et lej Sufedcv
imç^rs de la plupart des nations de ^Eu-
rope ^, ne furent ,adniis en Suède que vers
le milieu du seizième,; de sorte que même
à, cette époque si tardfve , elle n'offrait au
reste de l'Europe qu'une peinture* frap-
pante des desordres , de la confusion et
de l'anarchie auxquels tous les habitant
de cette partie du monde avaient été an-
ciennement exposes.
Cependant lorsqu'on jette les jeux sur
la forme d*u e^ouvernenient de la Suède k
répoqûe dont nous parlons , on est dis-
posera, lui. donner à la première vue , la
préférence sur tous les gpuvernemens alors^
*connù». ' ' " :
'Au'^MfeU'de la rigueur d'une aristocraf-
•tîé opfefifbss'îve' qui se montre partout où
r^tfiiPlêisystème féodal, nous y vojoni
une èîftft'tîïutîoiî dansr laqueHe le corps du
•peiipléf-A'iaH une 'autorité assez consîdéraV
*ble polir ^lé^îf^ehdre'eii grande partie îhdé*
•pendaîit^ de ses s\iperieurs. , »
Nous j- vpyons que te. pouvoir su prêmè^
.ne .résijfj^itrpas dans le^ iB^îns^ d'iïn séul^
-Ct qu'ils n'était point divî;sé entre le souvo--
raia et pn pj^iitïnomfetee: de barons Uau-
« t
160 HISTOIRE GÉNÉRALE
tains 5 ponr ne laisser en partage au resté
Suède, de la nation que la dépendance la plus ab-
jecte. Il y était placé , comme il doit Ykirt,
dans les États-Généraux do royaume.
Tous les rangs étaient admis dans ces
Etats , et le dernier paysan , par son repré-
sentant 9 participait à la législation comme
le n^Ie le plus fier. Ils étaient composés
de quatre ordres ^ de la noblesse , dii clergé ,
des bourgeois et des paysans. Tandis qu'ils
étaientassembléSi le pouvoir souverain était
comme suspendu , ou paraissait confondu
da.ns le leur. Après leur séparation^ un sé-
nat revêtu d'une grande autorité , restait
commis à la garde de la liberté publique.
Telles étaient les dehors de cette cons-
titution qui, vue dans réloi^qen^ent, pré*
sente la plus belle perspective «. maïs . qui ,
examinée de plus près ^ oe répopd.plu^ à
ce que promettaient le^ «pparem^ ; cair
comme je Tai déjà observé , le gouverne-
ment intérieur de I4 Suède était pjug tur-
bulent , plus exposé au désordre que celui
de toui* autre pays de l'Europe.
Plusieurs circonstance» cobëduraietat a
produire ces eflets ea Suède , et y (empêchè-
rent les mœurs de m c»vUi<er k ée point
D E 5 VO Y A CE S. t5t
. ^nî doit n^cf g^if:Çment . .pFecéder toute
améliora tîpn 4^5 le gç>uy,tr^iiîQnt/
I?.^Ava^t rdtajilîssenicnt de la côipaau-
DÎ'Tition qu'ouvre le coqwwrije .entre le^
nations Iqç plus doîgpéiQS ^ la.Siiëde » par
sa situation. ^u Dord^^tail Qçiin;x\Q séparée,
du resie .du ,^pn4^ v^^ ^' ^prfr igette . raîsoa
les Suédoîsiétaient ej^çnftpfs4i9 pçfrudre part
aux quereljes qui iâgi trient ça^lPiÇiB/^f^ lè reste
de VEurope:^ ils étaient également privés
des avantages qu'ils auraient pu>tir-er de
la fréquentation des autres naiiaos (f^t , en
se poiiçant , les .avaient ^i^ fbiit devancé»
dabs leurs progrès. D'un côté , les Russes
ne pouvaient cerlaînenaeBt pas contribuer
à les civiliser ;^t de Tautcé ^îWursguerrts
conttniieUes avec les I>aBois , pâplc' aussi
barbare qu'eux , ne servaieni qù'à&âugmBn-
ter leur fi^rôcjté ;natumlle.'Jt^-Xa nature
du pays qu'habitent leerSuédii^îs,^ aussi bièii^
que celle, de fk^jr. climat ,'iéftmeot d'autues
causes .seesibks *dn c^tMctèiie JBauvage et
indisciplinable qui les distingui^.
Lot^qoele.di'îmat éstit«nxpéré et le ;spl
.fertîifi > ils iqvitent à Uagnènkure par Jas
agrémeos et Inutilité > de^la > vie i ej^a mpâtce*.
L'agriWture contribue bea^Idonp^ài^'ad«)lI-
«rcissement iks lïlQdurs ; jalle ^fttUe natu-
li4 •
<
/
i5a HISTOIRE GÉNÉRALE
= rellement parmi les hommes l'amour
l'ordre et de la tranquitritéjcjle les di
pose à la paix, sans laquelle ceax <)ui cull
tiveot la terre ne peuvent espérer de rel
* cueillir les-frutts de leurs travaux ; ell^
doit par la nlêibe raison introduire parmt
' eux toutes les idées relatives à la sûreté
■ des propriétés particulières et aux droîis
des individus qui font la base des so<'ié-i
: tés civiles. La lenteur des progrès d'une!
- nation qui commence à se civiKser , sera
idonc, comme en Suède, «n raison de la
.rigueur .du climat et de la stérilité du
; sol.
Ces deux causes au contraire endarriS'
rsaient lesâàédoisanx fatîgaBS.et leur l'ur-
. maieot des ames hardies et des corps vigoi-
- reux. De la hardiesse naissait leur amour
'. pour T'indépeadànce , et de la Vigueur d'-
i leurs tempéramens résultaient les moyens
de la coDservèt-. Découragés par la pâture
jdu climat , ils rir^!li;.-jl(-nt Tagrii itîtiii'
et les immenses lurctâ cpii rouvFUfmtjIct)
'paysabondant cn(<ibi(;r,leur
des moyens de subsislance p'
à leur génie que l'occupafî
cultiver' la terre.
Ûa s«ot L-ombico ceti
L-ombico cettadA
r . D .E s y .0 TA: G e s. r53
•
ëtaît propre à les retenir dans leur bar-
barie primitive; Cet amour du changement ?»^^*-
et cette inquiétude d'esprit qui en sont leè
suites natui^ellès , s*y font remarquer dans
la conduite des suédois dèss> le premier
temps de leur histoire, et n'ont pas été la
moindre cause des convulsions qui ébra^j-
lèrent si souvent rÉtat;^ /. ' j ;
*
Si nàuB jugeons' ccmaparativement [ de
Tétat de lai.société en , Europe' avant fies
treizième et quatorzîcane: .' siècles , i nous
trouvons que la condition des paysans, en
Suède était totalement différente de ceUe
du même ordre d'hommes dans tous les
-autres pays de l'Europe , où nbn-seulement
ils n'avaient' ni poids ,^ ai influence dans
Je gouvernement , mais où la plupart
étaient dépouillés des drpits. naturels . de
l'homme. ' . » »v
•En Suède, au coritraii^e, les paysans ne
se contentaient, pas de leur indépendance
'et du privilèges particulier d'envoj^er des
-députés de leur. corps auiiic ét^ts-généraux
• du royaume i.iîfe prenaieot encore souvent
la direction des affaires publiques , ils se
mettaient à la tête de toutes les révolu-
'tions : ils parai^saîent a^i;r) dans tputcs les
coccasîoiia; comme, un .coir^^\.diâtt»ct.,, qui
i54 HISTOIRE GÉNÉRALE
avait des vues et des intérêts à part otf
fiuèd«. séparéb de ceux de tous les autres membre»
de rÉtat«
Il est nature! de demander ici d'oii ve-
'oatt aiors la supéiîonté singulière de la
condition des paysans suédois sur celle du
-grand corps du peuple dans tous les autrea^
pays de l'Europe?
La nature du sol et du climat de Suède
en rend en partie raison ; mais ell^ o'ea
«était ni la seule., ni la principale cause.
Après la <lestroction de l'empire romain
par l'invasion des barbares du nord , ceux-ci
s'érant établis sur^ses ruines^ et ayant pris
possession des p£vys qu'ils avaient subji:^
gués^ s'assurèrent les anciens habitaus au
lieu de les exterminer , et partagèrent
^ ' -même dans certaines proportions' les terres
avec eux.
Mat^ les pays situés au nord ou étaient
'nés ces barbares ^ étaient encore habités par
^leurs compatriotes sans mélange d'aucun
«autre peuple : au lieu que les parties mé«^
ridionales de TEurope qui «avaient été au*
paravant sous 4a domination des romains,
-étaient occupées conjointement par les na«^
étions barbares let leur anciens Habitans. On
découvre dono 4àBB Mlles<i idsiK peopiss
D È s V O Y A G E s. i65
distincts , les. vainqueurs et les vaincus :
au lieu que dans les autres nous ne troti- SuWt.
vons que. le restant des haintans , qxfi
peut-être moins entrepreneurs que cêut
qui en sortirent pour ailler . ciierchc** db
nouveaux établissemens , se contentèreiït
de vivre dans leut^s forêts xotome ils
avaient fait auparavant.
Gétte importante dîstî nctîofi^ 'c^cpRîqtrert ,
je pense , suffisamment pourquoi le grd«
du peuple en Suède continua d'ètte Rbre,.
tandis que dans 'les autres p^s les blasses
d^bommes îhfërîenrcs tomt/èrérft dans la
servitude. Mais plus les piiysarrs stiédo!»
avaîént d'influence tdans l'Etat > plus ils ont
dû apporter dans le gouvernement de
'troubles et de désordres. Lettr conduite , eu
qualité de législèïteurs , devak èe ressentir
«dtePîtidîsciplîne et deresprîtti^îttdépendance
qt^î les distinguaient dans* tbutfes les autres
occasions.' ' " ^ \
Voilà pôui^quôi les motiàf^tiès 'Bûédoîs ,
non-^èuletnient , ' ne se désïstët^ent jamais,
de leurs éfïbrts 'pour s'empstl^èrdii pouvoir
absolu f mais y persistèrent ebcofé ouver-
tement , teanè qtf aucun exempWfut^capâbl*
'demies en drétourfaer, sans qif^àùctin danger
put les intiiàiider Mn& être xdèùsb effrayés
,i56 HISTOIRE GENERALE
^^^ la destinée de leurs prédécesseurs qui
^"^y^ peut-être venaient dj perdre la couroDne^
OiU même U vie. Lorsque la couronne est
élective, î.1 est impossible de suivre. long-
temps un sj&têmé régulier , pour tenjdrç
jSes prérogatives et hiunilier une noblesse
.turbulente. Les suédois étaient si jaloux de
la puissance royale , qu'ils croyaient ne
pouvoir trop la limiter; politique fausse,
.qui va contre son but. Car, si les limita-
tions du pouvoir excèdent un cçrtain point,
.elles deviennent insuportables ; elles por,-
jtent bientôt ceux même qu'on avait pr^-
^tendu lier , à aspirer à Tobjet qu'on, avait
voulu éloigner d'eux par des précautions
, outrée^. . '
Quelque déplorable que fût la silua^tion
.dç.la Suède^ elle le devint bien. davantage
. par les suites du fameux «traité de (îalmai* ,
^qui, destiné, à. établir l'fu^îpn la pluf .du-
rable entre les trois nations' du nord, de-
vint au contraire la fSQurce funeste des
^plus sajnglantçs guerrç9 , cÇ de? plus tra-
..fijicjues. éVjéjaenaens dont ^1 spjt parlé dans
^ rh^stoî^'jç d'un .peuple.
: Il serait inutile de s'arrêter plus lopg-
..tempfi sur des scènes siiiorribles : il suffit
^d observer, qu'excepté quelques, in ter vaUes,
,v
r D Ë S V O Y A G E s. ' 167
ces dësordre» continuèrent à désoler la
Suède jusqu'à ce que Tborrible massacre de Snfede*.
la noblesse a Stockhofm , sous Christîern ÏI,
en i5oo vînt mettre le comble aux mal-
heurs de ce pays. Cependant c'est à ce mas-
sacre qu'est due en grande partie la célèbre
révolution qui mit Gustave Yasa sur le
trône.
A la première nouvelle de la' révolte de
ce prince, Christiern donna ordre k tous
les ofEciers danois qui étaient en Suède de
tuer indifféremment tous les gentilshom-
mes suédois qui seraient à leur portée ,
amis bu ennemis. Le prince danois ne pen-
sait guère que les mesures qu^il prenait
pour s'assurer le trône de Suède , servi-
raient elles - mêmes à préparer les voies
aux succès de son ennemi. Elles laissèrent
Gustave sans rivaux pour la couronne , et
le peuple sai^s chef pour les factions ; elles
donnèrent au prince la possession tran-
quille du royaume, et k la nation cette upa-
nîmité sans laquelle elle n'aurait jamais pu
secouer le joug des danois.
Ainsi le crime le plus noir qui ait ja-
mais souillé les annales^ d'un monarque'^
produisit les conséquences les plus avaV
*ô« HISTOIRE GÉNÉRALE
Itageuses^à ceux même dont ce tyran avait
&èd«. juré la destruction. «
Tout ce qui jusqu'alors avait empêché
rétablissement de la monarchie absolue en
Suède y disparût ainsi ait moment où Gus«
tave monta sur le trône ; ce n'est pas tout.
• Les suédois voyaient dans ce prince , non-
seulement leur souverain ,.mais le libérateur
d^ la patrie : c'était lui qui au moment où
ils succiombaient sous le poids d'un joug
étranger , les avait affranchis de ce jou^ et
des màu^ qu'ils avaient souffert ; c'était lui
qui ; par la douceur et la sagesse de son
gôUverbeïïient , prévenait le retour de ces
disSBeûtiôns civiles qui avaient si souvent
déchit^ë la tyation. Les Suédois renoncèrent
en fiiVeUr de sa postérité, au droit d'élire
leur souverain , et par là ils s'ôtèrent après
la mort de Gustave la liberté de stipuler
àv^ son successeur des conditions qui
|>uSSetit ramener la constitution à ses an-
ciens pirincipes.
On ne peut pas proprement dire que
Oustave ait changé le gouvernement de son
pay%; dans le fait, lorsqu'il monta sur le
4rônè , ses compatrrotes n'en avait aucun :
0Bi ne saurait l'accuser d'avoir détruit la
iHMBték Le» Suédois à cette époque ne k
DE 5 VOYAGES. 169
4X>nnai8$aîent pas ^ çt peut* être n'étaient
pas susceptibles de la connaître. IL est SuU««
très-possible qu'un peuple ait accideotelle-
ment des maîtres et qu'il soit en même
temps sans gouvernement.
On observe cependant que Gustave ne
remplit pas tous ses projets sans opposi«>
tion. La plus vive qu'il eut à soutenir dç
la. part de ses sujets, vînt précisément de^
ces mêmes Daiécarliens qui avaient été son
premier et son plus ferme appui.
Gustave traita ce peuple généreux , mai»
simple et crédule, avec toute la tendresse
qu'exigeaient la tranquillité de son ro^^aume
et la^sûreté de sa couronne : sa sagesse eût
le succès qut devait en être la récompense*
Vers la fin de son règne, il eût la satisfac-
tion de les voir approuver toutes ses me-
sures et lui rendre la même justice que
tous ses autres sujets.
Ce pouvoir de la couronne lui resta 1^
peu près en entier, ainsi qu'à ses succes-
seurs jusqu'à Gustave Adolphe qui l'accrût
encore.
' La guerre de trente ans qui suivit l'in-
vasion de ce prince dans l'empire lui ea
fournit toifê les moyens. La passion des
exploits loilttaires qui aniipait le maiti'e «
léo HISTOIRE GÉNÉRALE
s'empara de la nation. Certainement une
StïWe. passion de cette espèce n'est pas favorable
à la Uberté lorsqu'elle gagne la masse du
peuple : elle lui devieilt funeste quand le
monarque se met à la tête de ses troupes.
La subordination et la discipline d'une ar-
mée ne font que trop perdre la liberté de
vue. Le depotisme militairç indispensable
dans tous les points qui concernent lés de-
voirs de soldat, fait contracter l'habitude
de rendre aux personnes cette sorte d'o-
béissance que les hommes libres ne croient
devoir qu'aux lois. Accoutumés à suivre
aveuglément les ordres du général , ils se
disposent à avoir bientôt la même défé-
rence pour les commandemens du roî ; lui
obéir dans une qualité et non dans une
autre , est peut-être une distinction trop dé-
licate pour un soldat. Une guerre aussi
longue que celle qui fut commencée par
Gustave et continuée par son successeur »
dût donc avoir un grand effet sur les dispo-
sitions de ceux qui y avaient consume la
plus grande partie de leur vie* D'ailleurs,
la nation étonnée et charmée dés Succès de
ce prince , fière de se voir sortir tout à
boup de ^obscurité , tenir le premier
tang aux^yeuxde l'Europe, était enivriée
de
DES VOYAGES. i6i
de ses progrès. Aussi Gustave profita-t-ii
habitemeut de cet enthousiasme pour faire ^"*^
assurer sa succession à sa fille Christine.
Mais pendant la minorilé de cetle prin-
eesse , le sénat ayant réussi à étendre son
autorité, la balance commença à pencher
du côté de Taristocratie , ou du pouvoir de
la noblesse ; et par des usur|)aljons succes-
sives, ce pouvoir devint si exhor.biUnt, que
les trois autres ordres du clergé , des bour-
geois et des paysans , en furent alarmés et
indignés. EnHn Charles XI se servant habi-
lement de leurs dispositions , obtint des
Etats, que la souveraineté absolue lui fût
expressément déférée , et il la transmit
sans aucun 'trouble a son fils , Charles XII.
On connaît assez le règne de ce prince et
les calamités qu'il attira sur son peuple;
mauvais prince , chez qui Tambition fut dé*
mence ; le courage , sévérité ; et dont le
principal titre à I admiration publique se
^nde sur la singularité de son orgaajpation,
et sur le défaut de cette sensibilité qui est
la mère de toutes les vertus sociales.
Rien de plus déplorable que l'état oit
lambition sauvage et le caractère inflexible
-de Charles XII avait réduit la Suède. Outre
la plus grande paftife d^ la Finlande , elle-
Tome IL h
i6îL HISTOIRE GÉNÉRALE
avait perdu ses meilleures provinces, celle»
5û(de' qui sont situées au midi de la mer Balatique ;
son commerce était anéanti , ses années et
ses flottes dëtimites ; également épuisée
d'hommes et d'argent , elle eût été incapa*
ble de soutenir les guerres que Fobstinatioa
de Charles avait persisté à renouveler , à
moins d'employer ces expédiens que le
génie fertile de Goërtz pouvait seul trou*
vei% et que le cœur impifojrable de Charles
Xir pouvait seul adopterr
Toutes tes ressources de Toppression ,
toutes lès^ ^extorsions qu'une industrie
crueHe avait pu inventer , ou que la vio-
lence'd'dh despote avait pu metfreà exécu*
tion , furent employées contre le» Suédois
pour procurer à Charles les moyensde pour-
suivre ^es chimériques projets^ inutiles à
son pavS'9 s'ils réussissaient ; capable» d'en-
trateei^' sa mine certaine^ s'ils venaient à
ftïkTk\(i!tf dQ succès. ïl serait inutile d'en
eritt*ept<èUdre le détail , il sufRt d'observer
que \ti Suédois admirateurs insensés des
qualitésnïèmes de Charles , qui avaient été
]a sevrée de tous leurs maux , étaient pi'éts
& voir échapper leur patience , loraque la
mort: de ce prince le mit horsd'état de l'exer-
cer'pi ù^ long- temps* L'ex^utioti de TiD**
k ^
r
DES VOYAGES. i63
ibrtUBë Goërtz , condamné à perdre la vie «-«m|n
pour avoirpervi trop fidèlement son maître, SuWe,
prouye assez le ressentiment caché dé la
nation ^ et les mécontentemens que le peu**
pie avait été forcé de dissimuler.
A la, mort de Charles XII , Frédéric ,
duc de Hoistein , fils de .sa sœur ainée ^
aurait dû monter sur le trône , en vertu de
Tordre, de succession établi par Charles XI ;
maïs les Suédois , au mépris de cette loi ,
donnèrent l'exclusion à ce duc , et courons*
aèrent Ulrlque-Ëléonore , &œur cadette de
Charles XII, qui ayant le plusbeau titre dans
la volonté, de la nation , P^y^ cette faveur
de l'abandon de Taptorité absolue ;. et en
confirmant toutes les limitations qu'il plu4:
aux Etats d'apporterà la prérogative royale ;
son épQux , Frédéric I^^ , ^eaiaveur duquql
elle résigna la couronne , s'assura J'appror-
bation des Etats par un semblable sacrifice.
La nouvelle forme du gouvernemei^t
établie à cette occasion , était coin posée de
cinquante-un articles, qui tendaient tous
à restrein^i'^ 1^ pouvoir* 'du roi , et ea faire
le souverain le plus limité de rEuvope.
Uautorité suprême > législative apparte-
nait exclusivement ib la diète sieule^ qui de-
vait s'assembler , soit que le roi la oonvo-
L a
i64 HISTOIRE GÉNÉRALE
rquât ou noD, tous lés trois ans; et ne pou»
Suède, vait êire dissoute que quand elle y consen-
tait. Pendant qu'elle était assemblée ^ l'au-
torité du roi et celle du sénat restaient
suspendues. Dans Tintervalle d'une diète k
«l'autre , le pouvoirexëcutif appartenait au
ix)i et au sénat; mais le roi était obligé de
souscrire à la pluralité des voix des séna-
teurs. Il n'avait qiale deux voix dans le sénatt
et il en dépendait tellement, qultue pou-
vait en être considéré que comme le prési-
* dent. En même temps le sénat lui -* même
dépendait des Etats ; car , quoique les séna-
teurs fussent. élus pour leur vie , ils étaient
tenus de rendre compte à cette assemblée,
^ui pouvait à son ^é les continuer dansleui^s
offices ou les destituer; ainsi l'autorité su-
prême résidait dans une assemblée tumul-
tueuse , composée des quatre ordres , dans
lesquels on admettait des nobles qui ne
possédaient rien , des marchands- et des pay-
sans du plus bas état. Par cela même ,
plusieurs de ces gen»«là étaient sujets à la
corruption ou aux préventions que la pau-
vretéet l'indigence rendent inévitables. Le
roi ne pouvait s opposer à rien , quoiqu'il si-
gnât toutes les^expéditions.>Pour qu'il ne pût
user de ce droit contre la volonté du sénats
DES VOYAGES. i65
la diète de 1756 avait ordonné que sa signa*
tare y serait mise au moyen d'une estam*> ^"^^^
pîlie quand il b refuserait; en un nK)t, le
roi n'en avait presque que le nom ; il n e-
tait qu'un instrument ostensible entre les
mains des chefs de Tun ou Tautre parti
qui se .partageait alors l'autorité « et qui
gouvernait le royaume suivant que l'un ou
l'autre avait la supériorité dans la diète.
Les vices de cette nouvelle forme dé
gouvernement firent naître des débats , des
contestations perpétuelles entre les rois
de Suède et leurs sujets ; les uns voulant
accroître leur pouvoir ; les autres , le res-
traindre encore , jusqu'à la révolution opé-
rée en 177J2 par Gustave IIL En rappelant
un événement si mémorable , et pour ainsi
dire d'un genre nouveau, le lecteur sera
bien aise d'en trouver ici le précis.
Ce prince était âgé d environ vingt-cinq
ans , lors qu'il fut proclamé roi de Suède;
Sa mère reine douairière , sœur du roi de
Prusse le grand Frédéric, sembla lui avoir
transmis le courage et les grandes quali^*
tés de son oncle , comme il parait tenir
de soi> père cette bonté de cœur qui rend
encore chère aux Suédois la mémoire dcr
f rédéric Adolphe.
L3^
i66 HISTOIRE GENERALE
Les talens qu'il reçut de la nature , ca«
Suède, pables d'illustrer quelque rang que ce fut,
semblèrent s'adapter plus particulièrement
à celui qu'il devait occuper : ses qualitéê
naturelles acquirent , en se développant
tout ce qu'on pouvait attendre de l'ëduca*
tion la mieux entendue. La douceur et la
force de son éloquence , ses manières en-
gageantes et une adresse insinuante lui
gagnaient les cœurs de ceux qui ne le
voj^aient qu'en public ; l'étendue de sei
connaissances et la profondeur de son juge^
ment^ captivaient l'admiration de ceux qui
avaient occasion de l'approcher de plus
près : mais ni les uns ni les autres ne soup-
çonnaient encore re génie pour la politi-
que , cet esprit courageux et entreprenant
qui l'ont distingué depuis.
Tel était ce prince , destiné à porter un
sceptre qui oe devait ni satisfaire son am-
bition , ni ouvrir à ses talens une carrière
digne de liii ; et qui , doué de toutes les
qualités qui pouvaient le faire chérir dans
un gouvernement populaire , devait se
soumettre aux caprices d'un sénat , ou aut
suggestions impérieuses d'un ministre
étranger ; qui ca|)able de gouverner les
autres y ne devait point avoir de volonté ;
DE« VOYAGES. 167
«t qui possédant le coeur de ses sujets , ne m
devait être leur roi que de nom, obligé de ^^i^
1 se contenter de. la pompe extérieure de la
f royauté qu'il savait dédaigner , et de se
garder d*aspirer au pouvoir qui faisait le
grand objet de ses désirs.
Trois fois par semaine il donnait régu^
lièrement audience à tous ceux qui se
présentaient. Ni le rang , ni la fortune', ni
le crédit, n'étaient nécessaires pour avoir
accès auprès, de lui. Il suffisait d'être op-
primé , ou d'avoir quelque sujet légitime
de se plaindre. Il écoutait les derniers de
3es sujets avec la dignité d'un souveraîil
et avec la tendresse d'un père. îl entrait
dans les détails les plus minutieux sur ce
qui les regardait , et paraissait prendre à
leur bonheur cet intérêt qui flatte tant
les infortunés , et qu'on rencontre si rare-
ment dans^ ceux que 1a 9upériot*ité dm
raag et de la fortune a mis hors de portent
de sentir ou même de connaître les sou&
frances des dernières elasâes de la société»
A peine assis sur le trône ^ u^ayant point
«ncor^ éprouvé Tailèction ée se$ sujets «
Ignorant les dispositions des gens de guerre
dans ud moment où ses projets pouvaient
a^avoir pas eocore mûri dans toutes leur*
L 4*
i68 HISTOIRE GÉNÉRALE
parties, ce prince était astreint dans toutM
SoWe. 5es démarches à toute la circonspection
qu'exigeait une situation si délicate.
Ce n'était point assez pour les desseins
du roi , que le gros du peuple eut vu de-
puis long-temps la conduite de ceux qui
le gouvernaient y avec un mécontentement
sombre et muet ; il fallait que leur indi-
gnation s'allumât au point de se soulever en
faveur du monarque, dans le cas où sa
première tentative viendrait à échouer. Sa
sûreté dépendait de leur attachement , si
ses premiers efforts étaient sans succès.
Ce n'était qu'en excitant leur courage et
^n mettant leur zèle en action , qu'il pou-
vait espérer les moyens de ne pas renou-
veler ses tentatives en vain.
La patience et la soumission avaient été
depuis long-temps le partage des classes
inférieures du peuple. Il eut été difficile
de les porter à la résistance , et quoiqu'on
ne dut pas présumer de l'opposition de
leur part au changement de la constitu-
tion , l'on ne devait pas s'attendre qu'elles
y contribuassent , a moins que les esprits
n'eusi^ent été préparés d'avance à l'exécu*
tiOQ. d'un projet dont la réussite deman*
DES VOYAGES. 169
dait tout à la fois du temps et des ména-
geinens infii^îs. . fiuW».,
La conduhe;de Gu,<;tave répondit a tout
ce qu'on pouvait attendre de sa prudence,
de son jugement et de sa prostration. Elle
sut en impo$er à touslçs pairtjs.et les con«
duire. imperceptiblement à se6 fins, autant,
qu'à r^nyerser les projets de ses adver-
saires. . .
Enfin, Je n^poient critique était arrive ,'
où toute espèce de.del(ii , loin d'être encoro»
nécessaire aux desseins dii ptrince, ne pou-
vait au contraire que leur être fiital.
Le 19 4oût 179& au matin. Gustave se
décida k lever le masque ^ et à s'emparer .
par la Force , d'un pouvoir dont les Etats»
avaient si long^temps abusé, ou a périr >
dans cette tentative. Nombre d'ofEciers et
d'autres personnes attachés à la cause du.
roi , avaient été avertis de se rendre le
mati^n au .près de lui. Avant dix heures ,
il monta à cheval , il se montra dcins les
rues , encore plus civil qu'à l'ordinaire ,
saluant familièrement jusqu'au bas peuple.
A son retour au palais, le détachement qui
devait monter la garde .ce jour là s'étant
mis'soiiis les armes j ainsi que celui qu'il
venait relever, le roi fit entrer tous les
170 HIStOiRE GÉNÉfeALE
■r'oâiciers dans sa salle des gardes , et leur
^•Me. adressa la parole en leur faisant entrevoir
^ue'sa vie était ed danger : il leur peignit,
de la manière la plus vive , le malheureux
état du royaume. Il les assura que son
unique but était de mettre fin à ces dé*
sbrdres , de bannir la corruption , de ré«
teblir la vrai liberté , et dé faire revivre
l'ancien éclat du nom suédois si long-temps
terni par une vénalité aussi ' publique que
déshonorante ; enfin en leur protestant
dans les termes les plus forts qu'il renon-
çait à tout pouvoir absolu oti à ce que les
Suédois stppeWetïtSout^eraineté. H finit par
ces paroles. « Je suis obligé de défendre
4t ma propre liberté et celle du royaume
4( contre Taristocratie qui régime ; voulez*
4€ vous m'être .fidèles , comme vos ancêtres
«é l'ont' été a Gustave Vasa et à Gustave
44 Adolphe second. Alors je risquerai
u ma vie pour votre bien et celui de mon
H pays. «
' Les officiers qui potrt: la plupart étaient
de jeunes gens dont le roi «aonnaissait de-
puis long-temps l'attachement ^ qui peut*
être ne virent pas toute Tétendue de ce
qu'on leur proposait , et à qui on ne lais-
suit pas le temps de la réflexion^ consen-
D Ê S^'V 0 Y AG Ë S. !7t
tirent à vont , iU jurèrenc de lui être fidë^
léB / tfoîs cepeûdùnt refusèrent. ^^***^'
Len offi(^iéfB reçurent alors du roi Tordre
d'éis^mbler sur-lé-cliamp les deux régî-
fnens des garnies et de TartHleHe , et dé
poster un détachement de trente-sîx gre*
tiadsersà la porte delà chambre du conseil,
pour empédhét qu'aucun des sénateurs né
sortit.
Mais avant l'etécutîon de ces ordres ^
il fallait c|ue le roi fit une autre démarche ;
dont tout le s\iccfes de Tentreprise allait
dépendre : c^étaît celle de haranguer lui*
ttïètùt les soldats qui ignoraient entièrement
ses desseins , tt qui étaient depuis long*^
temps accoutumés à obéir aux ordres du
sénat , qu'on leur avait appris à recevoir
avec le plus grand respect. Le roi se ren-
dît dans cette vue de la salle des gardes
a ia parade , et s'adres&ant aux soldats ,
il leur tint à peu près le même discours
qu'aux officiers et avec autant de succès;
11b lui répondirent par de grandes acclama^
lions. Une seule voî s'écria , iVo^^ maison
n'y fit pas attention. >
On s'assura dans le même instant den
sénateurs. Ils avaient vu des fenêtres de la
chambre du conseil ce qui st passait k la
17* HISTOIRE GÉNÉRALE
parade devant le palais ; et curieux de ood*
^^^^^' naître la cause de ces acclamations , iU
descendaient pour s'ea ëdaireir^ lorsque
trente grenadiers , la ha'ionette au bout an
fusil « leur notifièrent que le bon plaisirde
M majesté était qu'ils demeurassent où ils
étaient Ils commencèrent à se plaindre
fort hautement. .On ne leur répondit qu*en
poussant et en fermant la porte sur eux«
Alors le roi monta à cheval » et suivi
de ses officiers , d'un gros corps de soldats
et d'une nombreuse populace , il se rendit
aux autres quartiers de la ville ou étaient
postées IfNS troupes qu'il avait ordonné de
rassembler. Il les trouva toutes également
disposées à embrasser sa cause et prit leur
serment de fidélité. A mesure qu'il passait
dans les rues , il assurait le peuple qu'il
n'avait d'autre but que celui de les défendre
et de sauver son paj^s^et que s'ils ne vou*
laient pas lui donner leur confiance il quit«
terait le sceptrcet abdiquerait la royauté. Il
était tellement chéri du peuple qu'ils le
conjuraient les larmes aux yeux , et quel*
ques*uns même à genoux , de ne pas les
abandonner.
Le roi poursuivit l'exécution de son des-
sein , et en moins d'une heure il se i^eadit
D E s V O Y A G E s. 17S
maître de toutes les forces militaires de
Stockholm. Toute communication au dehors Stiède.
fat fermée , et il ne fût plus permis à per-
sonne de sortir de la ville sans un passe-*
poft *de sa majesté.
«c On afficha dans toutes les rues , une
déclaration du roi à ses fidèles sujets ; elle
portait, <r que par ces présentes, sa majesté
«r exhortait tous ses fidèles sujets et habi-
« tans de la yille capitale à demeurer tran-
« quilles et respectueux spectateurs de
^ toutes les mesures qu'exigeaient la con-
« servation de la sûreté publique , Tindé*
m pendance du royaume et sa vraie liberté ,
« attendu qlie sa majesté avait été obligée
m d'user du pouvoir qui lui restait encore
m pou r s'afiîranchi r elle-même , et le rojau me
« du gouvernement aristocratique , dispo-
« se plus que jamais à opprimer tous ses
« fidèles sujets.
« Sa majesté enjoint aussi très-expressé-
« ment aux habitans de cette ville , de
« rester dans leurs maisons , et d'en tenir
#f les poi*tes fermées pour prévenir les
^ désordres; déclarant que toute personne,
« île quelqu'état ou rang qu'elle puisse
« être qui s'opposerait à son roi légitimé ^
« on transgresserait son serment^ ou de-
174 HISTOIRE GÉNÉRALE
e« voir de sujet sera punie à rinstant » ou
« seloD les circonstances- Sa majesté enjoint
« également de n'obéir à aucun ordre
« autres que ceux qui seront donnés par
« sa majesté , sous peine d'être traité
« comme sujet infidèle. «
Outre les sénateurs qu'on avait conBoés
dans des apparteroens séparés du palais,
plusieurs généraux et chefs de parti furent
mis aux arrêts. Aucun ne tenta de résiiSler,
de se plaindre ou d'échapper , et le roi qui
le matin s'était levé le prince le plus limité
de l'Europe , se rendit en deux heurec
aussi absolu à Stockholm , que le roi de
Prusse peut l'être à Berlin > ou le grand
seigneur à Coostantinople.
Le reste du jour fut employé par le roi
à visiter les difît^rens quartiers de la ville ,
à recevoir les sermens des magistrats, des
collèges et de la milice. Son cortège gros-
sissait à chaque instant, les officiera des
deux partis se réunissant à sa suite. Us
lièrent tous un mouchoir blanc au tuur
de leur bras gauche , à l'imitation ù» sa
majesté , qui , du commenceoieut d^ .l'en-
treprise en avaitfaitai)i,i:ii et .ivait^uluii*'
<|uesespariisans se difiiii^Li>:.-^»cntjuv4|U^c_
marque de ceux qui ne lcUiaiMt4||^l|v
DUS VOYAGES, i7§
passa toutp ]a.nnit suivante à faire sa ronde
dans la ville où les troupes restèrent 90U9 ^'^^
les armes*
Plusie^s nailliers d'habitans s'assembler
rent le 20 dans une gratide place. Lorsque
le roi y arriva Jl s'y fit un profond silenc(9*
Sa majesté à cheval et l'ëpee nue à la main ^
s'avança quelques pas en avant de son cor-i
té§e : elle fit au peuple un long et p^ché^
tique discours , d'une voix si claire et si
distijicte j que l'auditoire n'en perdit paii
une sj^Uabe. Il déclara que son unique but
était de rendre la tranquillité à sa patrie 4
de réprimer la licence ^ d'abolir la forme
ari&toctatique du gouvernement , de faire
revivre l'ancienne liberté suédoise et les
anciennes loix telles qu'elles étaient avant
168a. «^ Je renonce dans ce moment ^ a jouf^
ta*t-eU^ , comme je l'ai déjà fait , k touto
idéed'iw despotisme abhorré , ou à ce qu'o»
^pp»]]^ ;$Qii4^eraineié , faisant confiiisler k
présent 9 comme je l'ai fait ci^devant, jcâA
plus grande gloire, h ètv<^' le premier «ci-
toyen d'un peuple vraiment libre*
La populace , qui depuis Charles XII ^
n'aVaii pas entendu son souverain parler
Siisdois i Técouta avec toute l'admiratioit
que devait Jul caufsec naturellement un«
176 HISTOIRE GÉNÉRALE
démarche aussi nouvelle. Le roi fut sou-
Suèdt, yen^ interrompu par les plus vives accla-
mations , et plusieurs d'en tr'eur versèrent
des larmes de joie. Le roi lut ensuite le
arment qu'il faisait au peuple « après avoir
lu celui que le peuple devait lui prêter,
c Les héraults se rendirent dans les dffie-
rens quartiers de la ville , pour y procla-
mer une assemblée des Etats pour le Im-
demain. Cette proclamation menaçait tout
membre de la diète qui oserait s'absenter,
d'être regardé et puni comme tl*a!tt*e à sa
patrie.
Tandis que le roi accomplissait Texécn*
tion de ses desseins , à btockholm , il n'ou-
bliait rien de ce qui pouvait en assurer le
succès dans les provinces ; il eut la sagesse de
ne leur' en laisser pai^enir aucune nouvelle
authentique, avant que les États a8sem4>lés
en diète eussent ratifié de la manière la
plus solennelle ^ les changemens qu'il avait
• Le AI au matin , un détachement consi-
dérable des gardes reçut ordre d'occuper
la chambre où est la salle des nobles. Le
palais fut investi de tous câtés par. des
troupes. On ne permit point dans cette
occasion aux difierens ordres des Etats de
s'assembler
DU$ VOJAGES. t^7
«réassembler dans leuW' chambres i^espêcti-
ves. Chacun des membres se rendît domme*
il put au parlais où ils entrèrent tous sans
observer: aucune forme de cérémonie. On
remarqua, que le maréchal de la diète en^^'
tra dans la salle des Etats sans le Mtoti*
qui ^ttik la marcfue de son office^ ; ^^^^
Le roi assis sur son irâne^ environné'ilBl>
ses gardes et d^une troupe nombreuse d'ôf^
ficiers , adressa aux Etats une i^arangue daW
laquelle il peignit des plus vives couleurs
les excès , les désordres et les malheurs
dans lesquels avait été plongée la natioa
par les divisions des partis ; il leur rap^
pela les peines <{u^il s'était données pour
les accorder et l'ingratitude dont ils IV
vaient payée. Il insista sur Tini^amie dont
ils s'étaient couverts par leur vénalité pu-*
blique , par la bassesse qu'ils avaient eu
de sacrifier à l'or étranger les intérêts ks
plus chers de la patrie ; et se levant tout-*
à>-coup au milieu de son discours^ il s'écrra:
si ^iÈel(fi£nn de vous ptut nier ce que f ai
aisance y <fuUl se lèue et qu'il parle.
On s'étonnera peut-être que dans la sî*.
tuation oùsetrouvaitrussemblée^ perâountt
n^'osat répondre au roi :^d'ailleurs ^ il jr avait
tant de vérité ,daQ8 c« qu^il avançai t^.qut
Tome IL M
Su^Ae«
X7« HISTOIRE GÉNÉRALE
2 1^ bonté, put avpîr autftiil de part que la
Suède. crajJDte*, ap silence que gardèrent unani*
ipeme^t tous jçs, membres des. Etais.
jb'OrsquQ . le rm eût. fini , il ordonna, à un
seiççétaire de lirie la nouvelle forme de gou«
Vfurneik^eiit qu'il proposait pour être accep*
tée par les Elats. Elle consistait en cin*
qiftiUehsept articles.
..Là forme.de gouvernement ajant été
lube i le roi demanda aux. Etats s'ils Tap*
prpuvaient. Forcés par les circpnstanccs ,
ibiOerëponditrent que par des acclamations,
lue maréchal, de Ja diète et les orateurs des
autres X)rdres signèrent cet acte^etjes Etats
pràt^rentau r>oi le serment que leroi- leur
dicta, luî^nême. Cette scène ejttraordinaire
a&. termina, d'une nlaoière. qui nç l'était
pas; moinsi. Le. roi tira de sa poebe un
livre de prières :, et ôlant sa couronne il
entonna le Te Deunt, qui fut trè&«rttlt|fieu-
sèment chanté par l^assemblée. Le roi ne
prétendait pas^ certainenient. en .impoeer
aux Ktats^pac.une dévotion aHfëctée , mais
cette cérémonie devait nécessairement faire
iihe:vive impression snr*le peuple; dont te
tour d'esprit, est fort, religieux en Saède.
La révolution fut. alors accomplie à Stoc-
thçAxù^ elle avait été i'oavrage. de quelque*
*
DES VOYAGES. 179
heures ; elle d'opéra dans tout le royaume
dans Tespace de quelques jours , sans op-^ Suède*
position et sans murmure. Les sénateurs
et tous- ceux qui avaient été arrêtés , à la
reserve de deux officiers généraux , furent
mie en liberté' dès qu'ils eurent prêté ser*
meut de fidélité, La plus profonde tran*
quitti^ et Tunanimité la plus entière , sent--
bièrent régner parmi les habitans d'un pays
qui peu de jours auparavant était en proie
aux dissetfttoBs civiles et k toute l'animo-^
site des- partis* L'acquiescement fut donc
général , et- la plus grande partie de la
nation vit avec plaisir , avec reconnaissance
même la conduite du roi ; elle faisait au*-
tant d'honneur k son humanité qu'à son
génie etk ses talens. (r)
Peu de' temps après que les Etats eurent
donné leur consentetnent à la nouvelle
forme de goirvertiement , ils s^assemblèrent
de nouveau et résolurent de présenter une
adresse au roi', pour le remercier de ce
(i) Lcf discours que le roi prononça dans ces
momeos où il s'agissait de préparer et d'affermii|
la révolution , sont trop remarquables pour n'être
pas ici'rapportés« On les trouvera à la fin de ee
chapitre.
Ma
i8o HISTOIRE GÉN1ÉRA-LE
qu'il avait exposé sa pcrsoane pour dëli*
Suède, yi^er ]q royaume de 1 anarchie et de la
confusion. La chambre des nobles fit frap^^
per une médaille en mémoiredecet.événe-
^ ment^ et les trois autres ordres voulurent
contri-buer à cette dépense. La diète finît le
9 septembre suivant ; et sa majesté pré-
vint les Etals qu'elle les rassemblerait dans
six ans.
, Je me bornerai k remarquer que cette
révolution nous iournit un exeipple frap-
pant et je puis'dire encore, utile, des fu*
pestes eHets de la corruption» Cet exemple
preuve qu'il est également dangereux de
trop restreindre le pouvoir exécutif dans
une monarchie , et de refuser aux classes
inférieures du peuple la jouissance légitime
des avantages que doit procurer une cons-
titution libre ; que quand on éloigne la na-
tion de toute influence dans Ja législation ,
çt qu'on la porte à se méfier de sesreprésen-
tans I on sape le gouvernement ; et enfin que
la célérité et la facilité avec lesquelles cette
révolution s'est faite » doivent apprendre
à un peuple libre » à ne jamais trop se
reposer sur l'opinion qu'il peut avoir ha-
bituellement de la sûreté de ses libertés ,
et à ne pas se livrer k Tidée qu'il n'y a
DES VOYAGES. i9t
pûîot de danger prochain , par<!e qu'il uy
en a point d'apparent- SiiWet-
Par rapport au roi de Suède, je mebor-i^
nera» de remarquer que si jamais monarque
a pu être justifié d'avoir renversé fa cons-
titution de son pays ; îl se trouve partîcu**
lîèrement datis ce cas. En eflfet , îl n'a ôté
aux Suédois qu'une forme degouvernement,
nicapable pa-r sa nature d'être bien adminis-
trée pour lui en substituer une qui peut
l'être bien ; car cette constitution ne ser-
vait depuis long- temps qu'à assujettir la
Suède aux vues de ses ambitieux voisins, oir
de ses prétendus amis ; et à la vénalité im«
pudente de ceux qui en tenaient les rênes
Si TcHi examine la constitution actuelle
de ITEtat , 00 se convaincra que le roi de
Suède ne jouit dans plusieurs points im*
portans que d'une autorilé limitée, quoi-
qu'il possède les plus grandes prérogatives*
"Tout le pouvoir exécutvFappartiefit effecti-
vement au roi , car , quoiqu'on dise qu'il
ne hri est confié que conjointement avec le
sénat , comme le roi nomme et destitue à
son gré tous les sénateurs, et que dan&
l'administration des affaires, il leur de*
mande leur avis sans être obligé de le sui^
vre , 00 peut dire qu'il est le maître abçolii
i8a HISTOIRE GÉNÉRALE
du sénat. Par Tarticle 4 de la nouvelle ïbrrae
Suktk. jy gouTernement , lorsqu'il eut question de
oëgociations pour la paix , des trêves ou des
alliances, le roi .est obligé de se conformera
Tavis des séiiateurs s'il sont ùnaoiiyes;
mais comme il n^est guère possible que dix-
sept sénateurs choisis par le roi et jqui dé-
pendent de lui , s'opposent unanimement
k ses volontés ; il faut convenir que cette
restriction ne le gène pas beaucoup*
Le roi a le commandement de l'armés
et de la flotte, il en nomme tous lea ofS«
eiers, il a seul le pouvoir de convoquer et
de dissoudre les diètes, et il n'est pas obligé
de les assembler en aucun tempsfiKé; il a ren*
du les imp<&is ordinaires perpétuels*; il jouit
d'un revenu fixé , et il dispose entièrement
du trésor pubic. Telles sont les prérogatives
attacl)(?esà lacouronne ; mais , quelqu'énor-
mesqu'elles puissent paraitre^suriouiquand
on les compare avec celles dont il jouiisaît
av^nt la ré.olution , je ne crois pas cef^eo^
daot qu'on puisse en aucune manière regar»
der le gouvernement comme despotique.
Ce qui caractérise principalement cette
espèce de gouvernement ; c'est sans doute
un droit illimité de faire et d'abroger les
lois » et celui d'établir des impûts san| ie
ÛES VOYAGES. i8?
consentement des sujets. Or ^ ni Tun nî
l'autre de ces pouvoirs n'appartient ûu rdi Suëdê.
de Suède. L'autorité législative est partagée
entre ce prince et les États ; et par le qurf-
rantième article , ileste^prefsséràent statut
que le roi n'a aucun pouvoir de faiî*e de'noû-
velles lois^ ni d'abroger lesltnclennes'&ànfs la
connaissance et lé coûSén^eàlent 'des Etats.
A 1 cgard des impdts , î^ *e9l ScïnêAe oi^-
donné que le roi ne potirt^à €n établir ati^
cun sans le consentement dés mêtacs Etat^^
excepté dans le cas où le royaume serait dct
tuellemeut attaqué par un tnnemiy et alork
à la fin de la guerre , le roi est obligé de
convoquer les États , et les nouveaux im-
pôts sont abolis. A ces dèùi 'restriction^!'
importantes , il faut ajouter cclïé 'de Vife
pouvoir déclarer la gtretre ^ nî àîtérèf lè^
monnaies sans te concours des États , e%
d'être obligé de leur rendr^compte îsî les-
Etats assemblés sont d'àvîs de l*exîger.
Il n'est )>as qûestîoii d'examiner ici sî la
fbrttt^ actuelle dé ce gouvernement sera
de longue durée, sî elle ne j^eut pas être réh-
verfcée aussi subitement qu'elle a été étaolîé';
^i avéé le temps ^ elle ne ^e résoudra pas éri
tine monarchie ârbî traite ,o\i sî elle ne tom-
bera pas dans raharcfaîe â laqifélle elle à stîc-
M4
I
i84 HISTOIRE GÉNÉRALE
cédé. Il s'agit uniquement de ce qu'elle eft
***^^'' aujourd'hui ; et cet examen , quand il sera
approfondi^ nous fournira des raisons de pro-
noncer sans crainte que le roi de Suède ne
Jouit que d'une autorité limitée , et nul-
lement d'un pouvoir despotique.
La diète h laquelle appartient l'autorité
législative , est composée du roi dont on a
fait ctonnaitre ci-dessus les prérogatives,
et des Etats que le roi seul peut convoquePi
et qui se forment par la réunion des quatre
ordres, de la noblesse , du clergé , des bour*
geois et des paj^sans.
i.o De l'Ordre des Nobles.
II y a dans cet ordre , des comtes , des
baronset des gentilshommes non titrés. Une
famille qui a été une fois admise dans l'or-
dre de la noblesse , reste noble à perpétuité,
non seulement dans la ligne directe, mais
encore dans toutes les branches collatérales
dont les individus possèdent tous également
les mêmes privilèges généraux , comme de
pouvoir être sénateurs, chambellans, etc. ,
d'être exempts delà capitation. Le roi seul
peut créer de nouveaux nobles, mais le
nombre est limité. Sous le père du Gustave
m j la diète fit une loi qui ne permettait
DES VOYAGES. i85
pas au roi de conférer la noblesse jusqu'à
ce que le nombre des familles nobles fut ré- Suëie-.
duità douze cents^ et en 1772 le roi obtint le
privilège de porter ce nombre ai 5o de plus.
Le chef de chaque famille noble en lignp
directe^ est par sa naissance .membre de
Tordre ; il représente tous les cadets de sa
branche et toutes les branches collatérale^.
S'il ne peut être chargé de cette représen-
tation , ou s j refuse , le premier après 'Iqi
dans l'ordre de la succession., prend, sa
place dans les séances de l'ordre. Puisqu'il
y Si environ douze cents familles nobles, si
chaque chef y assistait , les membres de
l'ordre seraient au nombre de douze cent^ ;
mais rien ne les obligea y être tous préseps,
le nombre des représentans varie« Dans la
diète de 1778 , on n'en compta que sept
cents.
a.« De V Ordre du Clergé.
Les représentans de cet ordre , sont
les quatoze évêques et un certain nombre
d'ecclésiastiques élus de la manière suivante.
Les lettres du roi pour la convocation étant
parvenues au consistoire de chaque diocèse,
il adresse une lettre circulaire à l'archidiacre
.des districts qui ont droit d'élection; il les&it
î86 HISTOItlÈ GÉNÉRALE
5 passer aux ecclésiastiques de ses diverse^
SuWc. pafreMSsés. Toute personne qui possède ua
bénéfice ^ tout maître on sous-ntaitre d'une
école royale , a droit d*élîrc et peut être
élu pour représenter ce district. Les élec-
teurs s'assemblent dans quelqu'endroit yoi*
lifnàe rarehidiaconat ; et 1^ représentant on
le député à la diète y e^t élu à la pluralité
tles voix. Les évéques sont chargés de leur
propre dépense ; les antres sont défrayés
par leurs commettans ; leur nombre n'est
fiaH fixé , yiarte que chaque arcbidiaconat
peut envoyer im seul député, oa lui en
associer un second. Rarement ils sont moins
de cinquante , et jamais ils n'ont passé ce-
lui de quatre-vingt.
3.® De l'Ordre des Bourgeois.
La Suède a cent quatre villes qui ont le
droit de députer aux diètes. Tout bourgeois
de ces villes qui est marchand ouconuner-
<çant, homme lib^e payant les charges de U
villeetagédevint-unans^a droit de suffrage
dans lelection des députés. Dans quelques
villes» ceux qui contribuent aux charges
publiques pour dé plus grandes sommes ,
i^nt mén^e plusieurs suflfîrages. A Gotben-
^tii*g f par eicemple^ il j a environ mille
DES V O Y A GES. 187
électeurs , et quelques riches marchands y
ont à eux seuls . quelques centaines de suf- ^^^^*
f rages.. Tout bourgeois , fut*il le plus petk
marchand possible , s'il a été libre depuis
sept ans, ou alderman durant trois a«is, et
qu'il ait Vàge de vingt-quatre ans , peut être
ëlu député. Les gouverneurs des provinces
£(Mt passer l'ordre d'élire aux maires etattc
aldermans de chaque ville de leur pro*
vînoe , qui a droit de douter à la diète. Le
maire assemble les électeurs dans la maison
de ville où l'élection se fait à la pluralitë.
LeSfdéputés reçoivent pour leurs dépenses
^M petite contribution ^ui varie «vivant
la faculté des oonsiit'uafis.
Le nombre des députés de cet ordre a
toujours varié ; chaqtie ville de commerce
a droit d'envoyer deux dépités ; les plus
grandes, comme Gothenboui^g, en envoient
trois , et Stockholm dix. Mais quelquefois
deux petites villes nomment le même dé-
puté pour éviter 1^ dépeç^.' Ëin général
cet ordre n'a pis moins décent députés» ni
plus de deux cent$>
L,e quatrième ordrç , est oelâi des pay-
sans ou cultivateurs ; ce qtit caractérise
les personnes de cet ordre ,. c'est d'être
employées à l'agriculture ^ -de posséder
i88 HISTOIRE GÉNÉRALE
une certaine étendue de terre , de n'avoFr
Suède, janiaisi fait aucun commerce , nî exercé au-
cun emploi civil . On ny comprend que ceux
dont leB ancêtres ont vécu dans le même
état et ne prennent aucun titre de nobles»
ni de bourgeois : on n'y admet pas même
des hommes aisés, ^vivant noblement dans
des terres qu'ils auraient achetées d'un
paysan.
Le gouverneur de la province ayant re-
çu Tordre d'élire , l'adresse aux juges des
divers districts qui le Jiotifient aux paysans
de leur juridiction et les assemblent à un
. )0ur dxé^ L'élection se fait à la pluralité
des voix, et les électeurs se cotisent pour
défrayer ceux qu'ils ont élus députés. Ra-
rement il y a dans chaque district plus dé
cent électeurs et moins de trente. Quant
au nombre des députés il varie beaucoup
parce que quelquefois deux districts se
réunissent pour élire le même , mais le
nombre ordiùaire peut se monter à envi-
ron cent.
Les possesseurs des terres vivant noble-
ment , mais qui ne sont ni nobles ni pay-
sans ne sont point représentés aux diètes;
. et cela est singulier dans une constitution
aussi tifcp*e que celle de Suède ; mais quand
. D ES V O Y AGES. : i%
elle, fut formée ; cet ordre de personnes
n'existait pas, et comme dans la plupart Su^de^
des autres États de TEurope , on n y con-
naissait que des nobles, des bourgeois et
des'paysant. Il n'en doit pas moins paraître
extraordinaire aujo^i'd'hui que cette partie
la plus saine peut-être et la plus respecta-
ble du corps politique n'ait pas la moindre
part à la législation , pendant que des
artisans et des fermiers ignorans et corrup-
tibles jouissent de cet important privilège.
En ijao Torsqu'on établit une nouvelle
forme de gouverneaient , les personnes de
cette classe s'adressèrent à la diète pour
demander d'j avoir entrée , mais la légis-
lation nouvelle venait d'être consommée et
on se contenta d'en gratifier un certaîii
nombre des privilèges de la nqblesse..
Les Etats du royaume , composés comme
on vient de le voir. s'assemblent à Stoc-
kholm dans diiïérens lieux. Quand ils ont^
ouvert leurs ^séances et choisi leurs ora-
teurs respectifs, les quatre ordres se ren-
dent à la salle du palais où le roi ,<la|)s ses
habita royaux^ assis sur son trôpe, leur,
communique par une courtp harangue Ifes
motifs de leur convocation j en le)» invitant
à l'aider de leurs^ conseils et à s'occupe^r.
ï9ô HISTOIRE GÉNÉRALE
du bien du royaume. En réponse à ce
fttècle. discours , les quatre orateurs complimen-
tent S. M. au nom de leurs ordres respec-
tifs. Et les députés se retirent.
Voici de quelle manière se font lés lois.
Pendant les séances de la diète chaque
député a le droit de faire à Tordre dont
31 est membre une proposition sur laquelle
©n* délibère. Cette proposition est acceptée
ou* rejetée à la pluralité. Si elle est agréée.
Tordre envoie une députation aux trois
autres pour la leur présenter. Et si trois
eirlres Tapprouvent, les quatre orateurs
vonttla présenter au roi qui , après quelque
délais appelle les quatre ordres au palais et
leur communique sa résolution sur cette
proposîtiou. Si elle est négative , la pro»
position tombe ; si le roi Tapprouve , elle
devient une loi de TEtat.
• 9î la*^ proposition vient du roi , S. M.
«ommenee par Tadresser aux sénateurs qui
donnent leur avis par écrit. Du sénat , elle
est portée à la délibération dès États. S'ils
T^pprowrent , les quatre ordres se rendent
au pakis pour Tannoncer au roi. S'ils la
rejettent , ils chargent leurs orateurs de
lui remettre un mémoire dans lequel ils
earposefir-les motifs de leur dissentiment.
DES VOYAGES. 191
. Lorsque le roi juge h propos de ixie.ttre fia
à Ia.dîète , il appelle les Etats au palais et lea^ Suède*
coDJédie par uo discours qu'il l^ur^^dresse^
Discours du roi à T ouverture de la dicte ,
le 28 juin 1771.
Tout ^ dans ce.momeot: jusqu'à la place
que j'occupe , me rappelle notre grande et
tloma^une perte. Lorsque les ËCata di»
royaumeterminèrent leur dernière assena-
blée,jla virent dans ce palais, un roi éga-
lenient respecté et ohéti > environné de
sujets fidèles , et de trois: fil& qui leur dis«>
putaieut Tavantage de Ini donner les plus'
^rtes pneuvies: de: leur vénération > et de
leur: amour. Au lieu de ce spectacle impo^.
sant ^ vous ne voyez aujourd'hui que trois^
fils privés d'un pèi>e chéri, et plongés dans
lac douleur*:, qut mêlent: leurs Urœes aux
vôtfiBS., et qui.senlienit leurs'iplaies.se rou-
vrir à la Viue dé celles. dont: V09 ooBuns. pa*
rais^etnt; déchirés.
' Les-Jarmes desi. sujets rsent lé plus glo^
rieux monument qu'on puisse élever à la-
mémoire S^wxl bcin roL Gelies .que vau&> ré-r
pandez aujourd'hui ^ sont pour mei ua.ai--
' guillon qui m'anime encore. à. là vertu ^ eti
tta encoi^irageqiçjiit pour méf iter ^ A Jjexem* .
»$4 ttlStOiRÉ CÊNÉRALE
S pie d'un père si sincèrement regretté , Va*
Suède, tre attachement et votre confiance par Isi
clëmence et la bonté.
Je ne vous parlerai pas ici des change-
ttiens arrivés dans le gouvernement depuis
votre dernière assemblée ; vous en serez
informés par les pièces qui vous seront
communiquées. Mon absence m'a empê^
ché de rien faire pour le bien public* Si
nous avons aujourd'hui le bonheur de voir
régner la paix au dedans et au dehors ,
Famitié et la confiance bien établies avec
nos voisins et les plus anciens alliés de ce
ix>yaume, ce sont les fruits de la prudence
et de la sagesse d'une administration pour
laquelle je suis bien aise de témoigner ici
publiquement ma reconnaissance.
Quant à l'objet qui vous rassemble aa->
jourd'hui f je ne crois pas qu'il soit besoin
de vous en parler. Vous savez ce que le
grand changement arrivé dans l'État exige
de vous. Vous connaissez vos droits , et
c'est pour les exercer que vous avez été
convoqués. Je vous souhaite pour cela la
bénédiction du ciel , afin que la paix et l'u*
nion président à vos conseils et, leur pré-
parent un heureux succès.
Né et élevé parmi vous, fai appris dès
ma
: DES VOYAGES. 193
ma tendre jeunesse à aimer la patrie ,kt
regarder comme mon plus grand bonheur Snbde.
d'être Suédois, et comme ma plus graâde
gloire d'être le premier citoyen d'un peu-
ple lil^re* Tous mes désirs seront remplis
$i les résolutions que vous. allez prendre
contribuent à affermir la félicité^ la gloire
et Tindépendance de la Suède. Mon pre-
mier objet est de la voir heureuse ; le der«^
nier terme de mon ambition est de gou*
verner un peuple libre et indépendant. Ne
croyez pas que ce soient là de vaines pa-
roles 9.dén>enties peut-être par les mouve*
mens secrets de mon cœur , elles sont la
fidèle expression des sentimens de ce cœur
qui brûle du plus ardent amour de la gloire
et de sa patrie ; d'un cœur trop sincère
pour n'être pas de bonne foi dans ses pro*
messes» et trop fier pour manquer jamais
à ses engagemens.
J'ai vu plusieurs pays , jVi tâché d'en
connaître les mœurs et le gouvernement ,
et de m'instruire des avantages et des dé-
savantages de la situation du peuple. J'ai
trouvé que ce n'est ni le pouvoir absolu ,
ni le luxe , ni la magnificence , ni les tré-
sors aflba^sés par l'économie qui font le
bonheur des sujets , mais l'humanité et l'a-
Tome IL N
1^ HISTOIRE GÉNÉRALE
xDour de la patrie. Il ne dépend donc que
Sirtde, ^1^ noua d'être la plus hem*eu9e nation de
k. terre. Paiwe cette diète être à îamaii^
didtijiguée dam nos annales , par le sacri^
fiée de toute Tue parfîeuUëre , de toutes
haines et de toutes jalousies personneHes^
au ^rand inlérén du bren pubKc. Je cor*
trilDuerai de mon côté autant qu'il dépen-
dra de moi , k rapprocher )es esprits dîvi-^
«es ,, à réunir les cœurs aliéties les nns
éea autres , afi n que cette assemblée puisse ^
avec Ta i de du tout puissant , devenir Té^
poque de la tiélicitë de ce roj^aame*
Discours du roi aux Etats ^à la cJôlur^
de la diète ^ le 9 septembre 177a*
En termisf^nt cette assemblée de»EIlatSr
l'une des pkis mémorables entre celles. qui
disiinguevont nos. aonales, je me sui» pé^
nétré de la reconnaissance lar plus viveen«
verS) le Tauthpuissont qw a daigné proie-
gei* ûotre-pAtrie et dissiper Toi^e dcateno*
leur qui menaçait nos libertés et mm»^
mêfaoes.
L!oui^Bture de ta diète a été 'marqués
pan le& regcels qu'excitait en nous la pei'Mi
d'bn. bon roi en d'un poincc chtH^. La dis««
•onde* et L'aaMMoaluikde^ pai;tis ont souiîcDfl
DES VOYAGES. i^
ihiértàYàpû vb^ (ïélîbêratîohs. On (Ifràit que
la Prdtîdé'nte t/a permis aux maux ^lii ont Suèdt,
oppfîméé rioé ancêtres de pàrv'eriîr à léiir
comble , que pour mieux montrer la force
de Set {iuissahcé dans' lé cbàrigemèht q[ui
leùt â succéda.
Hëtté h^ùtéMe révolution est dbvehue
sBés lefe àuSpices du Tout-pùîss.nt*, ce rè-
ràhdé îrfiTti^dîat desr niaux qui désolaTent
lé royaume depuis plus d'un siècle'. D^ûne
uatidà Kvrëe aùparlvant àùx oisséntiôns
lêfe pîué érùdlfes, elle en a tait uii peuplé
iftijf ,fi6vé , pûîsèant , Indépendant , brûlant
dé zièfc pbùi' le bi^n public. Cesf dans de
pareilles Cîtcotistances qùelé gouverne'ment
d^i royaurfié passe dé vos mains dans les
mîéntféà. La liberté est assurée , lés ld|s soiit
fixées , Ici concorde renaît. Concevez , s'il
se jiêut , aVec quels senlimehs dé tendresse
et dé sâfi^Paction je vôiis vois aujourd'hui
r^tssémblés autour du trône.
tié peu de temps qui s'est écoule' depuis
Ce thaû^eràent împortanC a suffi pour m of-
frir les preuves les plus certaines de votre
aflfectîon et de votre confiance. J'ai vii ce»
vertus , ces grandes qualités* par lesquelles
yoi ancêtres sut'ent illustrer leur slfeclé ,
irermer dabs vos cœurii et se mablfesier
196 HISTOIRE GÉNÉRALE
dans vos actions. Ëlle^ n'oat pas cessé d'y
Sukdé. exister , elles n'attendaient que les circons-
tances actuelles pour se manifester avec
éclat.
J aï vu renaître ce courage , cet attache*
ment pour le roi et la patrie dont s'hono-
raient jadis les aobles Suédois « et leurs
efforts puissans m'ont soutenu. On a vu
reparaître âans le clergé la soumission aux
décrets de la Providence , le zèle pour la
gloire de Dieu , Tobéissance à leurs supé-
rieurs , l'amour de la paix et du bien pu-
blic; so^ez attentifs à inspirer les mêmes
sentimens a vos frères absens. Le zèle de
l'ordre des bourgeois pour le commerce
du royaume s'est montré dès. qu'ils oat
acquis des idées justes sur leurs véritables
intérêts et sur leur prospérité réelle. Le
respect de l'ordre des paj^sans envers Dieu
et le gouvernement a paru complètement^
en ce qu'aussi-tôt qu'ils ont été li vrésii eux-
mêmes , ils n'ont plus consulté que l'amour
de la patrie , qui , dans tous les temps a
caractérisé le peuple Suédois.
Je ne vous quitte donc aujourd'hui qu'a-
vec un cœur plein de reconnaissance et de
joie. Après avoir concouru avec moi à ré-
tablir l'ancienne liberté , et a lui donner
\ D E s V O Y A G E s. 197
les fondemens les plus solides ; après avoir
donné la sanction à une forme de gouver-
nement qu'il a favorisé ; après vous être
tinis à moi par les liens les plus puissans^
des temps plus heureux vont remplir vos
espérances.
•
Soyez assurés X]ue mes soins et mon at-
tention à mériter là confiance que vous avez
placée en moi ^ seront sans bornes. Si par
votre unfon mutuelle , votre économie et
votre modération , vous seeondez mes e£-
forts poiMT le bien dé TEtat , je regarderai
sa prospérité comme certaine ;, je verrai
mes espérances comblées , en vous recevant
dans six ans copime ua peuple fidèle j heup
reux. ,, uni , libre et indépendant..
Discoiirs^ du rot au sénat assemblé^ îk
•21 août iyy2^
Pénétré de la plus vive douleur , à lar
vue* de* la: situation malheureuse de la pa-
irie, je me trouve obligé d'exposer au grand
jour des vérités amëres, Lorsque le royaume
est à deux doigts de sa perte , vous ne de-
vez pas être surjiris si je ne vous reçoiis
f^as avec les mêmes senti mens de joie donrt
mon -cœur était rempli lorsque vous vou*
N 3
Suëde«.
5u^e<
19^ HISTOIRE GÉN^^ALE
^8$ei7iblii?7 devant le trânc. ^^ p'ai paf 4
Wff r/eproçbiçr de vous i^vyir ^Vf/aA^ r4^
4éjsui3.é. peu;jf £013 )^ Vftuf j^i p^rlé avfçç )«
ff^flicb^^sç fjif'çxjgfeait ip» dignitp , p| «VW
sincérité , la même franchise. ifQ§% 199
guider dans ce discours. Il faut vous cf p-
peler le passé , pour porter reipèdp aa
J^resent.
C'est une vérité bien triste, njaîs «féoé-
ralement reconnue, que la hain^ et la dis-
corde ont déchiré le royaume. I^epuis lonc^-
temps* la nation est en proie aux fissent ions
de deux partis , qui en ont fait, pour ainsi
dire deux peuples distincts , mai% conspi-
rant ensemble à la ruine de |a patrie. La
division a produit la haine , la haine à ins«
iré J^ vengeance ^ la venzeapce 4 ^piif
a persécution : de ]à ces nçi^velles « ces fré-
quentes révolutions.
Ces çpfîou^çeii pr()4uUes pflr i'^Ji^Vitton
4'i^n, petit i^fl^Ue dç pef «opflçp p9t ^ajiM
le fRyfi?n3LÇ. \/m\ ^% Y^W^ pftfii Pftt (mI
çp^Jçr 4e^ fjqts 4q **W , «4 le jmnM ^
ÇfiWt qVf Bft'' fe^ «ïflllMÎHVS qp'elie f Mr
^Wipé? m^i ^\^ i ^ 4«nt a c»j a9G4kltf W
pr^nûf^p. L'uuKiue bt|4 ck oeiu aui dorniv
£
DES V OTAGES. rçp^
«aient , était d'affi^rmir leur pouvoir Tout t
devait «'j rapporter , eouveat aui dépens feM^
'des eitayeos» et toujours au détriment àte
l'Etat* La loi était -elle claire, ils en ai^^
téraieat Je texte ? ét^t * elle évidemmeist
cootraÎFe à leurs vues ? ils la dëtruisaient
eatâèremeiit. Rien n'éuit sacré pour des^
faooiaies ^idés par la liaine et par la veo*
geaoce. La licence enfin a cte portée si loin^ ^
qo0 ciselait une opinion presque générale-
ment reçue , que la pluralité des sufiragee^^
^tait aa-«dessus des lois , et qu^^lle n'atait
d'autres bornes que eéllef qu'on voulait j
mettre.
C'est ainsi que la liberté , le droit le plU»
^loble de l'humanité , a été chan^ en not
despotisme aristocratÂqi^e dans le parti do-
minant t qui é^it^ bient^ terrassé par le
parti of^peeé » lequel était subjugué \m-
-Mène par un petit nombre de particuliers.
On tremblait aux appiK>cbes d'une diète.
Au lieu de penser aux tnoyens les plus
propres pour dirigw les aflfarns du ro^urae^
toute Tiatteotion d'un parti se portait k s'as-
surer une pluralité de Tola qui pût lis ga-
rantir de k supériorité et de la violenoe
de rautM. Si la situattoit intérieure du
royaume éuit périlleuse.^ «ombien lïe dp-
doo HISTOIRE GÉNÉRALE
vait-elle pas être humiliante au dehors?
9ukd». j'ai honte de le dire. Né Suédois et roi de
Suède , il devrait m'étre impossible de
croire que des vues étrangères aient pa
entrer dans le cœur d'un Suédois , encore
moins que leur influence ait été préparée
par les moyens les plus vils et les plut
bas. Vous m'entendez , et ma rougeur
suffit pour vous faire sentir k quel degré
d'ignominie vos dissentions ont rédutt le
roj^aume.
Cest dans cette funeste situation que
)'ai trouvé rÉtat^ lorsque par les décrets
de la providence , j'ai été élevé au trône.
:Vous savez que je n'ai rien épargné pour
vous réunir. J'ai toujours insisté lorsque
je vous ai parlé comme votre roi , et dans
d'autres occasions ^ sur l'union nécesMire
entre vous , et sur l'obéissance aux lois.
J'ai sacrifié tout ce qui pouvait me toucher
personnellement , tout ce qui pouvait être
cher h un roi. Je ne me suis refusé k an*
cun engagement , k aucune démarche ,
quelque pénible qu'elle fût , pour parvenir
à un but si salutaire à la nation/ S'il y a
quelqu'un parmi vous qui ose nier cette
vérité, qu'il se lève hardiment et qu'il dé-
pose contre moi.
DES VOYAGES. 201
J^espëmis que meB eflfbrts rompraient les
liens que Tor étranger, les haines mu- i^"^-
tuelles» la licence voulaient vous imposer;
que Texemple des autres nations serait
pour vous un avertissentient menaçant.
Tout a élé inutile. Tantôt vous avez été
séduils par vos chefs) tantôt vous aveai
été «otralnés par votre propre vengeance.
Toutes les barrières ont été renversées v
toutes les conventions enri*eiiiteat toutes
les promesses oubliées. La licence* a franchi
toutes les digties, les plus grands eilurts
n'ont pu la réprimer; les citoyens les plus
vertueux et les plus édairés ont été sacri»-
fiés i d'anciens ofRciers , recommandablef
par leur zèle et. leur fidélité^ ont été désho-
norés , des corps entiers de magistrats dé-
posés; le peuple même, oui, le peuple a
été foulé I sa voix étouffée , ses plaintes trai-
tées de sédition , et la liberté a dégénéré
en un joug aristocratique , odieux à tout
citoyen suédois.
Le Tout-Puissant a manifesté sa colère
contre l'injustice de ceux qui avaient usur-
pé la domination : la terre a fermé son
sein , elle a refusé ses dons : la cherté, la
famine ont répandu la calamité dans tout
le pajrs ; et vous , bien loi^ de reoom*ir.att:if
fttdA HISTOIRE GlÉNlêRALBr
remèdes dam le temps qne je vous en
Si^k^pt pressais, vous ne pensiez qu'à satisAfre
vos vengesBoes parclcaliëres , tandis que
youB devicB voler au secours ide ceux qm
vous avaient confié leurs intifrècs. Lorsque
la n^*ess lié vous a forcés enfin , de prendre
iles mesures pour secourir un pMiple maW
Jseareiioc , le r^n^^& ost v^mi trop tard*
jC'est ainsi que vous avets pix^longë pendant
«loe année entière , une dièse onéreuse fc
l'État , et que faisant tout pour vous , vous
4i'avez titn iÀic pour la nation* Mes repré'
eeatations ayant été inutiles , mes eflKMis
euperflus y f aï gémi sur U sort de ma ebère
patrie; y^ai attendu dsfis \e silence ce que
la nation penserait de ses députés, t^nt
^nvoTsmoi qu'envers elle-même. Une pai^
aie |de pefite nation a «porfé patiemment
le joug ea soupirant ) ne sachant oà trou<»
ver ^n secours contre tant de maux , et
quel parti aile devait prendre pour sau-
ver la patrie. Le désespoir a éclate dans
un coin du rojBwne , et Ton j a pris les
armes. '
Dans eette otitxinstanee , le royaume ,
la vraie liberté , et la sAi'eté publique ,
sans parler de ma proprs vie , étaient ex-
posés nâplos gr^ danger. Je n'ai uqwifép
»es VOYAGES, «08
^qprès i'asfittstànce 4ii Trèe - Haut ^ iTatttrie
remèdb à dos aiaax , ([ue celui de i^eeourir SuM*.
aux moyens dont toutes les nallofis coura«-
gaufi03 se sont servies > ^ <)ue }a Suède
fife-mème mit autrefois en usagé , lorsque»
^ua les ^h?apftai|x de Gustave Vasa , eHe
brisa le joug de la tyrannie et dé Toppre»-
«ion ; Dieu a béni mpo entreprise. J^ai v*
toui^-àrfioup^e ranimer dans l'esprit de mei
peuples ce zèle popr la patrie qui enflam^
pa EageHiraobt et Çustave Ericson t tout
a beureusement roussi : j'ai sauvé ma per-
sonne et le royaupfie , sans qu'auetm de
mes sujets ait essuyé le moindre pré)u«>
dice.
Vous êtes daM l'erreur , si vous me sup^
posez d'autres vues que ^ faire régner là
libellé et les lois. J'ai promis de gouverner
un peuple libre ; cette promesse est d^aâ*
tant plus sacrée qu^elle était volontaire ^
fet ce qui arrive aujourd'hui ne me fera
point désister d^ne résolution qui n*est
pas (bndéif sur la nécessité , mais sur ma
conviction entière. Loin de porter atteint^
à la libené, je ne veux qu'abolir la Kcence^
et sabstitiser k I^ai4>i«raire , qui jusque
a gou-vepaé le re^^ume , une forme de
gottveiwepiea» sag# et régulière^ ttHb que
toi HISTOIRE GÉN^ÉRyiLE
]a preaerivent les anciennes lois de Suède;
Sti^ide. ^ qu'elle était établie sous mes glorieux
prédécesseurs.
La , seule fin que )e nte suis- proposée ,
6'est de rétablir une vraie liberté : elle
r
seule, mes cbers sujets , peut vous rendre
iieureux : les^ lois étant immuables , vos
jprqpriétés en- sçiront plus assurées , Tradus-
drle honnête n'aura plus aucune entrave ,
j'administration de la justice sera impar*
tiale I le bon ordre régnera dans les villes
jet dans les campagoea , tout concourra à
J augmentation de. l'opulence générale ,
i^hacun jouira de la sienne sans tix>uble;
enfin , nous verrons renaître une piélë
pure , dégagée de toute hypocrisie et de
toute superstition.
Pour parvenir à ce bonheur p il faut que
lef rQjaume soit gouverné par une loi in*
variable dont la lettrob claire et précise ut
laisse point lieu à de fausses interpréutioos;
£ui lie , non-seulemenjt le roi , mais récî*
proquement les États ; qui ne puisse êtn
abrogée , ni changée saps le consentement
hbre du roi et des États» qui peroiette s
pjp roi zélé pour la patrie de coasdier
avec les États , sans que ces derniers s'es
lassent un sujet d'aUrme et d'épouvante;
DÉS V O Y A G Ê S. %6S
tf^i réunisse enfin le foi et les États dans
un même intérêt , le bien commun du ^^^^'
royaume. Cette loi qui doit nous lier res^
pecti veillent y. est celle qu'on va vous lire.
Vous remar<|uerez par tout ce que je'
tiens de vous dire , que je n'ai aucune vue
particulière , et que je rapporte tout au
bien de l'État. Si j'ai été forcé de vous mon-
trer la vérité dans son plus grand jour ^ je
fie l'ai pas fait par des motifs de ressenti-
ment^ mais uniquement par 'amour pour
votre bien. Je ne doute point que vous ne
Teceviez avec reconnaissance ces nouvelles
dispositions , et que vous ne sojez prêts a
concourir avec moi, pour assurer sur un fon-
dement solide et inébranlable , l'édiRce de
la félicité publique et de la vraie liberté.
Des rois illustres /dont la mémoire sera
immortelle , ont porté le sceptre que j'ai
dans les mains.* Je n'ai pas la présomption -
de me comparer à eux ; mais je leur dis-
pute à tous de zèle et d'amour pour mon
peuple.
Si vos cœurs sont également bien dispo-
sés pour la patrie , j'espère que le nom
suédois acquerra bientôt la considération
et la gloire dont il jouissait du temps do
nos ancêtres.
sod HISTOIRR C^ÉNÉBfAlE
Le Diea' tout puissaot 4 devant <p«i HM
Saëd0. jj»^gj cacW ,^ lil dalns mprf cq?nr Iw» Whtî-
mens dont je rais^ piéiiélirë : cfoe^ w bdof^
daigne répa«dr6f m bi^fiédietida iW Yotf
conseiU et sup vee déoiemov;
DB$ voyages: 107
«
CHAPITRE V.
fabri^uôÉ et manufactures , màruhànd^
et oui^fiefS de Stockholm ; cOffimérê gé^
néral de la Suéde ^population et împôtsi
lu ES manu&ctures suédoises sont eiurora
bien loi a de la perfection. Les. ouvriers Suèd«.
sont nëgligens ^ paresseux , n'ont aucune
^ulation;ils commencent quelquefois leur
semaine le mercredi et )amai& avant le
mardi. Gela n'empêche pas qu'ils ne* sa
fassent payer très-cher ;. plus ilsi gjaynant
plus ils boivent , et le manque seml dfargeoB
les ramène à Fouvrage.
Il n'y a qplxmt seule irerreria n elle Ml
située à Kongshcd'm et appiaitieet à cbé
actionnaiMS. On* y &it des terre» deitoitie
espèce , deis bocaux , des alambics \. peu de^
bouCeiUes^ La poCasse vieilit de Saaoi^ , 1«
caillou de Pomëranie.
Il y a daes le faubourgs du nord à SSM^
khelot ^ Uhè- mamifacture dfactei*. C'est utip
^U>listemeBt nouveae oà Yçm Mt peti'
d'ompragpea d'une c^taine impoKtMc^i k«
so8 HISTOIRE GÉNÉRALE
F^"^ fabrique dite de porcelaine est tout sîm-
SuM*. pletnent une fabrique de tàïance assez mé-
diocre situéà KoDgsholoi. L'emplacement
est fort grand ; une partie de la terre vient
d'Upsal , et même plusieurs pièce» y re-
çoivent la première cuisson. Il vient aussi
de la terre de France et d'Angleterre. La
fabrique des draps n'est pas considérable.
Elle ne renferme qu'environ de cinquante
Ji soixante métiers faisant chacun seize
pièces environ de quatre-vingt à quatre-
Tingt>dix aunes.
Il y a dans chaque fabrique un certain
nombre de métiers réservés pour la coa-
ronne, où on fait des draps pour les trou-
pes. La laine vient de Pologne et de
Hollande. Il en vient aussi d'Espagne. La
fiibrique des bas de soie a seulement vingt-
quatre métiers. Elle pourrait en avoir
davantage si les ouvriers ne manquaient
pas. Ils pourraient faire une paire de bas
par |oar , mais ils ne l'a Ibnt jamaM. La
plus grande partie de soie qu'on emploie
vient de Bursc y presque loujourf par
Marseille où elle arrive dn li
soies qui s'emploient d'' Il
d'étoffes , mouchoirs et
partie des orgjnciiiâ et
-|
DES V O Y A G,E S. S09
%fA se tirent , pour U plupart , deBazano
•C de Livoorne. Suèd«.
- Les fers sont la partie la pins importante
da commerce de Suède. Elle en exporte
an moins les trois ' quarts du produit des
mines. ; ^ ;..|<3.
Le magazin ties fers 'est à Stockholm , k
rendÎDft où est la communication entre la
mer et le lac Mceler. Il est immense , et
on conçoit que cela doit être ', quand on
soBjçe que tout le fer- qui s'embarque- ei»
Suède j est déposé. Ceux qui se trouvent
pressés d'argent , penyent en emprunter à
la banque 9 sur leur fer. Alors les barres
engagées sont liées avec une ficelle scellée ,
et on ne peut plus y toucher jusqu'au. dé-
gagement.
Tly a on^ raffineries de sucre ^ dont
une a quatre chaudières et les autres en
ont deux et trois. La main d'œuvre étant
extrêtnement chère à Stockholm,* les mar-*
cbands sont obligés de vendre à un pfix
fort élevé. En génial , la marchandise f^
bonne , mais il faut souvent 1 atteo)|re. J^ffft
ouvriers exigent quelquefois d av<^M;e^ f{t
foarpiswnt la marchandise quand il (çiMTt
fig^,J\u reste> ils ne nient jan^ais Vfrge^t
Tome JI. O
»i« HtSTOtilS OéNÉftALfi
(fu'iit ont reçu | et Iw marchands ne tubi"
Svldi. ti tuent pas une pièce d'étoffe k teW^ qu'on
lis 4os tourna*
Dans presqtie totitei les professions Jes
ouvriers ont une caisse où ils mettent
çjiaqui? mois une cei'taine somme» Loraqulls
sont malades et borS' d'état de travailler ,
Mtte caisse leur fburjtiic S4 scii^Uinga par
semaine 1 et k leur mort^ ao rixdaln po«r
l^ar ent^*f emen t. N'es^il pas plaisant qu'ua
Qiivriei* dépense ao rixdales pour ae fair^
enterrer ? et cette somme pe serait- elle paa
miwx placée entre les mains de sa famille?
Qiais ie iHxe des enterremens est la pnmioo
du peuple Suédois : oe fautp-il pa^ que cha-
cun ait sa folie. Rien de plus curieux quo
les inagiisiQS ciie bières i îl jr çn a de 4o-
rées « ^^ sculptées ^ de pçiQtes; il sçmble
en vérité qu'^n soit, ^aas un magaski 4»
nii^ubles ppur décorer ua appartf^meat.
11 y avais k Stookiiotm , en 1790 , 66^
fMtrl^aee d^ouvrages en soie ; t>oion ,
hAôe , M ^ Ksr tî acier ; elles occupaient
enx vMMe deux cents cinquante , tant
limtlres ffue compagnons , et fabriqtrakiit
pMT lÂoo mHle mdalita de màlréhandise.
DÊSVOVAGfiâ; au
l^avHl^ de Stockholm fait les 8ef>t ti*eizȏfne$
du commerce d'exportation de la Suède; S«è4«<
Golheinbourg , les deax treiaièmes , et let
9Dtve&ville8 quatre treizièmes. Dans le con-
meiTe, d'importation , Stockholm esi pour
lambîlié^Gothembourg pour un qiMirt^et
les autre» villes pour l^autre quart.
Le commerce > en Suède , et toutes les
aiMre^ parties de Tadministration du
Iroyaume^ étaient dans Tëtat le plus dépkn
irable k la fin de la guerre avec la Russie^
iMBsediatement après la mort deChaïf les XIL
lien résulta une telle langueur^ que, sans
tibe grande attention et un changement
daoe la- constitution ^ il eût faliu un siècla
Mb moins pour, réparer tant de pertes*
plusieurs des blessures qœ l'Etat reçut
alors > ne sont pas encore entièrement ci«
catrisées. Il j a dans beaucoup de pirovincea
des cantons considérables qui ^ jadis., étaient
très^peupfés y et qui sont aujoard'hui dé*
terts*. Depuis vingt ans on a beaucoup fait
pour Tamélioration générale du vo^^unie;
Les owdernes réformateurs oM pron^ulgué
des h>is dont le but, très^louable ^ était de
forcer les Suédois h se priver, des objets
de luiûr qa'its tiraient de .l'étranger,, où
di'eti fabriquer etix-mêmea c^ semblables. Om
O 2
m HISTOIRE GÉNÉRALE
finit par prohiber toute importation. L'in*
Snhàê. tention sans doute était bonne, mais l'exé-
cution fut poussée trop loin% Plusieurs ma-
niifactures , il est vrai , turent établies
dans différentes parties du ix>yaume , et
quelques-unes réussirent fort bien. Mais
ce n'est pas l'affaire d'un moment que de
rendre tout un peuple manufacturier. On
le voulut cependant, et le succès non-seu-
kment n'y répondit pas, mais au contraire
il en résulta plusieurs inconvéniens pour
l'Etat. Si la Suède importait une grande
quantité de marchandises étrangères, elles
les payait toutes , ou du moins , pour la
plus grande partie , avec ses propres pro*
ductions , avec du cuivre , du fer, du boî«
de construction , des vaisseaux , du chanvre ,
du goudron, des fourrures., des peaux, etc.
Ainsi donc, le noble qui portait des étoffes
d'Italie, de Frcince ou d'Angleteri-e , en-
courageait, par là même, la classe inté-
rieure du peuple* Le législateur crut , à
tort, que les étrangers ne pourraient point
«e passer des > productions. .de. ce pays; il
crut qu'on leur en vendrait tout autant ,
et qu'ils paieraient en argent : mais les
autres nations, ft]ui connaissent leur inté*
râl aussi bien 4^^ ^^ Snède , eqiteot alurs
DES VOYAGES. ai3
t n recours à la Nqvwège et à la Russie. En
cooséquence , les anciennes demandes Suëd««.
n'ajant plus lieu , les ouvrages en fer et
en cuivre sont discontinués dans toutes
Jes provinces du royaume, et un grand
nombre de bras , occupés ti abattre les. bois
de construction^ sont privés aujourd'hui de
cette ressource» lye législateur a senti ces
înconvéniens et a révoqué une partie de
ses édits : mais le mal était fait et il n'y
avait plus de remède ; le commerce s'était
enfui ,, et cette révocation partielle ne fut
'^ d'aucune utilité. 11 faudra bien du temps
avant qu'on puisse réparer un si fâcheux
échec.
Depuis quelques années le commerce
extérieur prospère assez en Saède. Les
eocouragemens qu'on. lui adonnés ont pro«
duit de bons efïèts.. La construction des
navires s'est accrue. Jadis les Français ache-
>
taient aux Suédois une flotte à la fois , et
les Hollandais allaient constamment cher-
cher dans les ports de Suède des vaisseaux
marchands.. Cette ressource ^'existe plus,
ni pour les uns ni pour les autres.
L'établissement d.'une compagnie desIn-
des , en Suède, a été très -avantageuse à
ce roj^aume. Un tel projet ,.pour ce pay8.>
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à-
SI4 HISTOIRE GÉNÉRALE
avait été cependant condamné dans tôutt
lnèéf, l'Europe , maî« Tcxpérience a prouyé qiia
c'était à tort.
Les manufactures de lainçs , sent eelki
qu'on s'est empressé le plus d'étaWîr, On
commence à y fabriquer d'assez beaux draps,
ce qu'on doit au changement des taines. On
a fait venir des moutons d'Angleterre dont
on a répandu l'espèce dans tout le royauffie*
«La laine du paysétah si mauvaise et si groè«
isière que, pour s'en servir , il fallait la mé«
1er avec celle qu'on tirait de Pologne.
La population de ce ro^^aume est connue
avec plus de certitude peut-4tre qiie celle
d'aucun autre État de l'Europe. C'evt une
suite du soin particulier qu'a pris le gouver-
nement de se procurer des registres exacts
des mariages ^ naissances et' morts. Pour
cet effet 9 on a établi à Stockholm en 174^
une commission nommée commission dta
iabettes , chargée du soin de ces regrstreSi^
et qui est en correspondance avec toutes
les villes et les paroisses du royame. Elle
distribue a tous les magistrats et cm*és «
des modèles de registres dans lesquels ils
doivent inscrire les naissances , les ma*
Tiages et les morts de leurs districts , et
<n«r^uçr h aamlnx dc« h^bitans (yii ttj
' J>Mt V t) T A G E s. m5
IfeniffM i 0t o» ptetké de» prcisautîons
exirewâit^rM pour qv'it n». ^'y glîs«4} pdiiU ^^^^.
Le célè W a^fooiMae Wargentm ^ qiart
f t&it.i^^mbre d# cette itïtW €(Hniiii8Aioii^
a filiUk^ i d^ns tes mén»Orreâ «de Tacadémie
de$v s^îence^^k ¥ioe ifelati^N» «laire et exacte
de la a^aaièf e dont 1^ eemitlpsaîô* reinpKc
«On ob^ett^ei se. procmrir toolte ïwmforwmr
tiood néces9air«t ; et il a f ro«ve > en dé-
pouillant, ces regUftre& qVen ^781 ^ I#
noppkbre dciS ^aJÈ^iiaos de Suède éuh d'elfe
TÎron 2,j6j,oQo sur neuf années ean^ecU^
tàYt9é II a eaiculé tfa'^ la eamp^^^^> la pt'o-
pcMrtîôn de* naîssaqce^ at^ie merts est aamaur
1 à 3&. » Hti si ranflëè e^ extrëqfieniertt:
saine ^ à 36ét mêfBeà >i^; ei <)u^ Scodk^lnv
cette proportion eit de t à ^a
La na^nre du sol ^ go^vai)* ineiitiev de-
MombP^iê^Si ^èrèts ^ la dUi'Clé du cltuiae
dans les prdvioeca septeeti'îuoales ^s'of^po-
sent à la popuîatio» de U Sil^c ^ Tusafce ^î*é^
qoekit de Teau <- de - vie ^ est aus^ une das* .
causes qui la dîaninuanl^^psr le grand nônir-
' lire de YÎeltnies cp» stt^cesnbent avant Tage-
«mr » tm qui , m elfes ni vent ,. sont foraées^
de se vouer au céKbal^ ; maîse'èsi4à ua-maï-
keuf 9ur laquai u^uadevoiis rioue cc^t^Rtcls^
âi6 HISTOIRE GÉNlÉllALE
de gëmir. Noue riegardons* comme 4mpos«
Saèdn. êible de déraciner- cette funeste Kabitude ,
elle est trop invétérée chez les peuplée du
Nord. On a ni k ^xiéW dësôrdf-es se porta
lepêuple de Suède y lorsque le roi dëfehdit
aux paysans de distiller eux-mêmes leur
eau^de-vie; personne ne pourra nier que
ton motjfne tôt bon ^ et que dans un pays
qui manque de graiïis , il ne soit absurde
d'en consommer une* partie en eau-de-vie.
Cependant il n'a pu réussir , et il s'est vu
ibrcé de remmettre les choses sur Tancien
pied.
Les' impâ(s Sont multipliés et même
onéreux dans les villes ; cependant itspro*
-duisent une somme peu considérable; le
revenu total de TÉtat ne s'élève pas au-
delà de trente-trois millions de livres. *
Chaque charge à une taxe particulière;
ceux qui réunissent plusieurs emplois ne
paient que pour un, mais toujours pour le
plus considérable. Les personnes qui ont le
titre sans la charge , paient le double de ce
qu'ils paieraient s'ils avaient la charge.
Les impôts consistent: i.^ dans la taxe
personnelle ; a.» celle sur les appointe'
mens , revenus , propriétés foncières; 3.^ sur
les fenêtres^ le luxe^ les chevaux ^ les équip
: DES VOYAGE S/ ±ij
pages , les domestiques superflus ; les inëu^ é
blés ' de soie •, les dorures, les montres; Snè^.
4*^ sur les habits de 'Soie , le tabac en'pou^
dre et à fumer. Les lois somptuairéâ dé-
fendent les étofïës de soie de couleur celles
sont -exécutées. L'habit ordinaire est noir, ef:
on ajoute à celui de cour de6 bandes cou^
leur.dç Feu. Les lois somptuaires sur les re-
pas,' qui fixent le nombre des plats qu'on
peut* servir -sur sa table , sont obdervées
moins rigoureusement. ' <
Les manutàctures de (er et de 'cuivre ,
sonî celles qui ont le plus d'activité en
Suède. On y lait beaucoup d'instrùmens et
d'outils , des canons' et tous les diflfërens
aiittcles de fonte. Le nombre des mines de
fer et de cuivre dans tout le royaume , esft
très-grand ; celles des forges > malgré leur
état de décadence , travaillent toujours et
font la plus grande occupation de la nation.
Le commerce dé. Suède est peu considé*
rable ; et depuis bien des années, îl^st à soa
désavantage. Il consiste en fer , qui en est U
partie la plus rmportante, cuivre , planches,
goudron , harengs , alun , etc. Elle reçok
en échange des grains , des vins , du café,
des 1 soies de couleur. L'importation a»-
nuelie du sucre brut et terré , se monte à
Ai8 HISTOIRE GÉNÉRALE
[y^— ^ deux od trois niillioosdd livres pcsaat, tt
SiAie. jg ppij( gg régie d'après celui de Bordeatu ,
aiuBÎ que le prix du suere rafiot d'après ea-
Jui qu'oD fixe à Hambouk-g.
Un très-graod abus qui existe daoft ce
pays . c'est la tàc»lité qu'l>Dt les geai de
jDoauvaise toi , et de tout, état , de Ciirv ban*
i)uer0ut«. Une lois le billaa donné , >ls d«
sontplusinquiétéfl. Oaseat ccunbîen cela est
«DcfMirageaiit pour certaiae classe d'hom-
mes , et ou 06 conçnt pas commeat ua
abus si criant subsiste encor».
. AucuB |>ays peut-être na épnmvé àna
plus haut degr^ tous les maux attachés an
mauque d'espèces d'or et d'argent , à la ra-
reté des espèces mêmes de cuivre , et à
une fluctuatioD perpéluâlle d«*s U valeur
des tùlleta de banque cfut, pendant nn cer-
tain temps tétaient leseuleffistqnt eût cours.
Ces niaux qui meosçaient l'Etat d'une ba»-
^ueroute totale , n'existent plus au^ur-
td'hui'v le roi ^ a entièrement remédié , coo-
formément au vœu des États qnt loi crwent
oontié en 177A , cette tâche difficile , a^aot
«mpruaté en Hollande 760,000 livres ster-
.)ings.Usupprima uii ^^alJU aumbredalàilen
.4e banque, et fit ci irulcr une telles ~^ "
dnaanoMea d'or et d'or^eoi d'i
DES V or A G É«. it^
pxuecté et trè&>CQio modes » que œaîate&aat
en voyageant en Suéde ^ on n'a aucune Saède.
peine à changer Vof ef l^s bîHets àt banque
contre 'de la monnaie d'argent ^ même dans
les ]>rovibees ëloigii^es^ et dans les petites
villes. Le FO»a aiiGdî aboii , eft grande partie,
les diverses méthodes compliquées et emhaF-
rassântm'd» compter Târgeat qai variaient •
dans les divers lieux et dans les di^Béreoèet
eîroonstanoes., et il a pnrsphit une manière
fort mnpli^^deeoaipter^ qui doit^tre géné^
raie daBStout le royaume , et être observe^
dans toutes les oeeasions*
Oa sVdt occupe depuis peu des grandes
routée ^ et de la navigûtî<dn intérieure dis
royau0ie« Oia a même donné des eneour»»
gemens a«nc artistes ; lee toutes nëatmitMii$>
sont très^aawaises , surtout •oeDes de cofttM
municati^m i il n'y a qu'aux environs dtf
Stockholm oit elles soat passabiemeotea*
tretesraes.
•
• •
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1 • "
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MQ HISTOIRE GÉNÉRALE
C H A P I T RE V I. •
Jdaurs et venus des Suédois. ~ Code des
hais. — Sage QonstiiuUon des Etals.
^B toutes lea nniions de FEui^ope , celle
Sttèdf. qui ^ p^y ses mœurs, mérite d'être regar*
dée comme la première , est, sans cofilrc*
dit 9 la nation suédoise. Le peuple €•€ es-
sentiellement bon , vertueux , attaché k sa
religion et h son souveraki : la probité lui
est naturelle. Noua reikcon trames ^o voya-
géant > des voitures chargées des havre-
sacs des soldats morts en Finlande ; elles
étaient escortées par tm certain nombre de
paj^soRS qui cbongeaient à toutes les sta-
tions : on les.coAduiaait juaqu'ea Scanie,
c'est ««À- dire f à Textrémilé du rojiaume»
pour rendre aux parens les efiets de ceux
qui avaient péri. Nous avons laissé très*
souvent notre voiture ouverte , sur le grand
chemin , pendant plusieuirs jours et de nuit ,
jamais il ne nous a manqué la moindre chose.
Si le Suédois est quelquefois tenté du bien
d'autrui , ce n'est que de l'eau-de-vie , dont
la passion est au comble chez lui ; il y a
' D E s V D V A G E S.^ lii
cle rîmprudenee à en laisser à sa portée;-
couvent il succonîbe à la tentation de' s'en Suèds.
approprier une partie. NoUts ne parlons ici
que des campagnes , les villes étant cor-
rompues conoime elles le sont partout.
Le Suédois n'est pas • avide y il est tou^
)ours contint de ce qu'on lui donne , et
souvent ^nè demande rien pour paiement
de ses peines : il est sobre sur tous ]e$
points , à l'exception de Teau-de-vie : cett^
funeste habitude commence dès l'enfance,
«t doit être regardée 'Comme une des causes
de la dépopulation de laSùède. Nous ayons
vu des entans de neuf à dix ans , boire de
grands verres d'eau-de-vie, dont nous ne
^serions jamais veatis à' bout. :
Le sexe est généralement froid en Suède ;
cependant il y a beaucoup de libertinage
dans les grandes villes : il commence quel*-
queibis avant l'âge dedouise ans, et il est
poussé a l'excès j usqu'k l!âge de dix-'huit^oxt
vingt ans.' Alors les jeunes personnes de^
viennent, sages , c'est-à-dire qu'elles n'otit
plus qu'un amant, et après quelques an^
nées, ell^ se marient , fort avantageuse-
ment pour l'ordinaire. Les hommes ne
font 2iutie/attiention à la vie*antérieutx;. ,
, I^'hdbitttde- de boire , .loiq d'cti'c j^arti-
curi&re m peuple^ cet -eomomne anii pre«
Suède, mîères elasêe» de b Société. Nous sommef
fôchës d'avouei' qu'il- 09it ordmaire de Toir
de griiads seigneurs i\pÀ s^oecuperaienl diffi*
cilemeot de chose» 8ériet]ses< eft soruai de
iable^ Ce défaut ne diminuiei eA rJen ce
qu'ils ont dailleuiH de bonnes ^«lUriés « et
doit être regard (H)mme tenant phitut at
paysqiit^aux personnes, Quel^uesi voyageurs
wxt prétendu qtia kis femmeH ainai .q«e les
jiommes « buvaient 31 avafUt te rdpas » des
verres d'eaiMle^vie } oek esc faui» : en Suède
comme, ailleurs, reaii<4e-^ie ii*cat la boisson
que d'une certasue clasae desi ftnnaes , et
nullement dks fcmiDM de la société.
La religion dominante en Suède, est U
coofessioft d'Augsbourg, noa Tariée. La
liberté des culte» y a lieu par tout. Os
tonapte à Stockholnt prêt de 2,000 catbo
fiques où ils ont une église,, et au. moins
6^000 dansla totalité du royaume s ploaîeors
fioniiles sosl établies en Finlande , et viro-
nent k Stockholm teu& les ans ou tous les
deux ans faire leursj dévotions. -
Noos dévoua dire uamot àa^SUet^iharef
qui habitent la. petite Ile de Wcfrindmunj
près de Stockholm. C'est uû reste de ces
aectaires qui > par une^ cDoscieiice timo«ee ,
DES VOYAGES. a&3
le loht «ëparés en 1738, de régti«e sné' ^ssêsSS
dois*. DiRS le* cooimencemens , comme Suid«.
ils affectaient de mëpriter le cuhe dÎTÎa
public , les Bacremeos , et particulièrement
les pr£crr«, ïIb ne pouvaient que s'attirer
des pcrtécutioDs.iusqu'kdtrfl même bannis
du royaume; maiscn 1746, on leur dooBA
la peratiHioD de s'établir dans Itle fV^erin*
ditun, où ils achetèrent la terre Skevik,
d'où vient qu'on les appelle communément
Sk€vikar€. Il y a dans leurs dogmes beau-
ixMip d* bizarrerie , mais leur conduite esc
vertueuse.
Les Suédois ont un degré d'instmctioa
supérieur k celui des autres nations : tous
les paysans , sans execption , savent lire.
Au» Gustave III , k qui rien n'échappait ,
et qui redoutait avec raison Tefièt que
poorraient produire parmi le penpie les
ruurelles de France , avait défendu c[U'ob
f>arMt soit ea bien , soit en mal , de notre
i-erolution , dans les gazettes suédoises : il
ToyaiC lui rendre ua sn-viee reci , en con-
inb«MBt )> U' lui laisser ignorer.
Le code des lois que l'on suit aujour-
(i'baâ a éié rédigé sous le r^nc de Frédé-
I ic I«'. Le* loie sont claires , sa^o» et pré-
b(«#« : en BMtikre cmla , !•■ deux paitits
ftâ4 HISTOIRE GÉNÉRALE
9 paient chacune leurs frais ; le perdant n*etl
SuHe. jamais condamné aux dépens. Les lots cri-
minellçs sont humaines , comme elles doi-
vent l'être dans un pay$ où les grands crimes
9ont extrêmement rares. Uji accusé ne peut-
étve condamné à une peine capitale , s'il
ne, fait l'aveu de son crime. Les criminels
dignes de mort , ont la tète tranchée : h
question a été abolie par Gustave III ; c'est
enpore un des bienfaits de. ce prince»-
Il n'entre point dans notre plan de par-
ler en détciil des gouvernemens : nous di-
rons seulement que celui de Suède nous
parait plus parfait; que ceux même qu'oa
.vav^te le plus , par la manière dont la na-
tion estr,eprésentée aux diètes.:. les paysans
forment le quatrième Ordre de l'État ; c'est
le seul grand pays de l'Europe où le cul*
tivateur soit compté pour quelque chose.
Il ferait peut-être possible de réformer
quelques abus qui existent; dans le mode
d'élection des paysans , au nombre; des dé-
putés h l{t diète : mais .c'est ici le cas d'ap-
pliquer l'adage : le mieux est V ennemi da
iienyhe^. Suédois contrits de jouii^ d'une
eo/isthutiop préférable à celle des ..outres
peuples y tplèrent le> |>elit Dombr^ d'abus
i\vt r#c5?oa)pagne i iUcf^i^çn^flt^t^ep tou*
chant
ci ES VÔVÂGË&: ftaS
etiant aux branches ^ d'attaquer le trouas
Le véritable, et pour mieux dire, le seul ^**^**
abus di^ns U constitution suédoise > c'est
qu'il est impossible que le roi demçure au
point où elle Ta placé ; mais c'est-là Un mal
«ans remède : le souverain , dans un Etat
monarchique et héréditaire, doit toujours >
à la longue, prendre Tascendant sur tpua
les^ pouvoirs existans , dé quelque nature
quMls soient. Or , comme ce mal est înBni-^ .
tnent moindre que celui d'être gouverné
î>ar ud toi électif*, nous préférons la cbnis^
litutidn suédoise , que nous regardons
comme ayant le moins de défauts , de touteê
celles que nous connaissons.
La diète à laquelle appartient l^aùtdrlté
isuprême législative > est composée du roi
dont la constitution de 1772 a fixé lés pré<»
rogati ves ^ et des Etats que le roi seul peut
convoquer, et qur se forment parla réunioil
des quatre ordres de la noblesse , du clergé j
de» bourgeois et des paysans* - "* *
f
# ■
I
.1
# • • .
Tome IL
926 HISTOIRE ÇÈNÉRALE
CHAPITRE VIL
I
Etat des sciences et des arts. — Acadé^
-I mies* — Universités. — Ecoles publi"
çues. — Nodce sur un saluant Lapon.
(o/n ne peut se dissimuler que le nom-
fittèdc.*" ^^^ ^^® savans Suédois ne soit peu consi-
liérable. En général , on lit peu en Suède »
et Vflti n'y cherche pas à s'instruire. La
poblesse surtout /peut y passer pour igno-
irante ; le clergé y est comme presque par*
tout , la classe la plus instruite , cependant
on jr trouve très-peu de personnes à citer,
^çs^ye m a pourtant laissé les sciences
dans, un. meilleur état qu'il ne les avait
|.rpuvées. Les académies , les gymnases , les
jéjcofes f tout s'est ressenti du goût éclairé
dp ce prince.
Les académies de StocUiolm sont au nom*
bre de trois ^ sans compter celle de pein*
ture.
L'académie. rgjaliS des sciences de Stoc-
kholm doit son établissement à six hom-
mes d'un savoir distingué^ au nombre des-
quels était le célèbre Linnaeus. Us s'asaem-
; D E s y O Y A G E a %^j
lièrent d'abord en juin 1789,61 formèrent
une socîëté particulière où on lisait des ^"^^
dissertations qu'ils publièrent à la fin de
]a même année* Cette société s'étant accrue,
le roi en fit un corps en 1741 , sous le
jpom d'académie royale. Elle a cent mem-
bres Suédois et un nombre considérable
d'associés étrangers. Tous les trois mois
elle publie se:s mémoires en langue sué-
doise. Son président est aussi nommé par
trimestre; elle n'a point de membres ho-
jioraîres , c'est-à-dire , inutiles. Le seut fonds
qu'elle tienne du . gouvernement , consiste
dans la vente exclusive des almanachs ,
qui produit environ deux mille rixdales;
9it% autres revenus proviennent de la gé-
nérosité de plusieurs citoyens aisés. Sa bi-
bliothèque n'est pas considérable. On pré-
tend que tôiis les ouvrages imprimés ea
langue suédoise sy trouvent.
Le cabinet d'histoire naturelle est confié
aux soins, de M. Sparmann , docteur en
médecine 9 cdrfnu par son voyage en Afri-
que et par ses recherches sur l'histoire
naturelle. 11 a enrichi ce cabinet de beau*
coup d'objets curieux qu'il a recueilli dans
ses* voyages , soit seul, soit avec le capi-
taine CobL Le roi assiste quelquefois aux
29aèdle*
«8 HISTOIRE GÉNÉRALE
assemblées ordinaires, et particulièrement
h rassemblée annuelle (jui se tient en avril
pour rélectlon des membres. Toute per-
sonne qui envoie un traité qu'on juge di-
gne de rimpression,reçoît en présent les
mémoires de l'académie et une médaille
d'argent. L'académie distribue' aussi des
prix toutes les années, consistant en sommes
d'argent ou en médailles d'or }>our l'encou-
ragement de ragriculture et du coitoteerce
intérieur. ' '
L'observatoire est fort reculé dans le
faubourg du niDrd , et placé sur une hau-
teur peu considérable. L'hbrîzony est fort
peu étendu ,. et l'on ne voit guère au*dett
d'un mille de Suède , à cause des rochers dont
tous les environs sont remplis. Lès instrur
mens sont au rez-de-chaiisséé ' ils sont eii
petit nombre , et il n'y en a aucun de par-
ticulier. Les nuits d'hiver sont les meilleures
pour observer , le temps étant rarement
clair dans les autres saisons; mais le grahà
froid est un obstacle qui empêche souvent
de suivre les observations avec, l'attentïdri
nécessaire, vu qu'on ne peut faire du feu. '
Académie des htUeS'lfittres y histoire tt
antiquités. D'après son nom \ cette acadér
toîe devrai^ êt/e fort occupée ; cependant
DES VOYAGES. 219
die passe pour ne Tètre que médiocrement.
Elle répond à notre académie des inscrip*- Smhàm.
tjons.
. Académie des diohuît , fondée par Gus-
tave III ^ en 1786 , sur le modèle de 1 a«-
cadémie française. Cette académie est corn*
posée comme elles devraient Fêtre toutes*.
11 D jr a pas un de ses membres qui nait
de Tesppt et de TinstructioB.
II j a trois universités en Suède ^ celle
d'Upsal , celle de Lunden en Scanie , et
celle d^Abo en Finlande. Les gymnases otr
collèges sont établis dans presque toute^^
les provinces , oi^dioairement dans la capi-
tale. Ce sont les éveques qui ont Tinspec*»
tîon des gymnases et autres écoles subaU
ternes. On appelle lecteur ce que nous nonv»
mons professeur dans les universités. 11^^
soot payés en blé que la couronne reçoit
par la dime des paysans.
Chaque église paroissiale a son école piK
bisque. On y apprend la religion ^ la géo-
graphie^ l'histoire grecque et latine , et le
français., il y a une loi générale pour toutes
les écoles su^4^lses , i*elati ve a rinstructioo.
On y indique la marche qu'op doit suivre-
dans le cours.de cette éducation. Le prix
eu £xé par les lois^ mais il varîç. seloa lom
P 2.
^akdg.
â3o HISTOIRE GÉNÉRALE
écoles. Les écoliers sont reçus à Yà^e de
liuit ou neuf ans, et ils restent jusqu'à disc«
huit ou dix-neuK
L^académie de peinture a été fondée par
le confite de Tessin ; les règles de cette
académie sont , à peu de chose près les
inêmes qu'à Paris ; il y a une distribution
de prix ; l'école est gratuite ; racadémie a
une des plus belles collections de plâtres
d'après l'antique , donnée à Charles XI ,
par Louis XIV. Quelques amateurs ont
fondé à Stockholm une académie de musr-
qùe , elle donne un concert par semaine »
pendant quelques mois d'hiver , et c'est
tout ce qu'on peut en dire. La société pa-
triotique a été formée par des particuliers
et ne s'occupe guère que de matières éco-
nomiques*
Avant de quitter Stockholm , on me fit
connaître M. Œhrling, né en Laponie dans
le village d'Arreploi^à l'ouest du golfe de
Finlande. Il a été élevé à l'université d'Up-
sal, et c'est un homme très-instruit. Il s'oc-
cèpait alors à composer un dictionnaiiie
Lapon , Suédois et Latin , qui a été imprimé
h Stockholm , en 1780 , avec une savante
préface du célèbre professeur Thre , et une
^grammaire laponne de Lîndahl. C'est un
f
DES VOYAGES. ï3î
ouvrage fort utile et extrêmement curieux
pour tous ceux qui s'appTîquent à Tétudef SûVdir
des langues. M. Œhrling parle latin et
français très-couramment; j'ai eu le plaisir
de m'entrefenîr avec lui 3 et c*est de lui
que je tiens Tes dëtaiU suivans sur les La«*
pons et le pays qu'ils habitent.
Les Lapons se nomment eux-mêmes Sal^
me-sames j ceux qui sont sous la domina-
tion des Suédois et des Danois sont lu-
thériens ; un grand nombre de Lapons qur
relèvent de la Russie sont encore payens.'
La Laponie suédoise contient environ huitt
églises qui sont pour la plupart si éloignée^
les unes des autres , qu*îl faut quelquefois^
qu'un Lapon soit trois jours j)Our alïei* en*
tendre le service divin. La Laponie en gé-
néral est un vaste pays mais peu peuplée
Autom* du golfe de Finlande , ce ne sont
presque que des rochers de granit ou desf
fragmens détachés dés roches. Llhtérîéu'i^
du pays est couvert d'immenses ^forêts â&
pins, de sapins et 'de petits Bouleaux,'
coupées par un* grand nombre de lacs très-
poissonneux. On y trouve d'assez bons péî-
turages et on y cultive un peu de seigle^
et de blé sarrasin , et on eh recueillerait.
bien davantage si on ^-pouvait engager le^
P4
I
^3a HISTOIRE GIÉNÉRAJ^E
habitaas à renoncer h leur vie errante et
^l^.^.?": i cultiver la terre. Uhîver y dure près de
neuf mois ; la neige commence souvent à
tomber vers la fin du mois d^août ^ et cou-'
vre la terre jusqu'au milieu de mai. Une
partie des Lapons a des demeui*es fixes,
une autre est sauvage et errante. Ceyx-ci
vivent dans des tentes faites de grosse
toile ; les premiers habitent dans de pe«
tits villages au bord des lacs et vivent prin-
cipalement de leur pècbe« Leurs huttes
ont la forme d'un cOne ; elles sont formées
par un cercle de grands arbres ou de pieux
enfoncés dans la terre , très-près les uns des
autres. et inclinés de manière à laisser au
fomijoetupe issue pojur la fumée. Ils étendent
sur la terre des branches d'arbres ; en été ils
sont vêtus d'une étoflfe grossière ; en hiver ^
4e peaux de rennes. Au printemps ^ \h se
i^ourrissent princi paiement d'œufsdoiseaYix
aquatiques qui sont très^abondans dans le
pays ; eu été et en automne , ils prannent
ces oiseaux mémyes et plusieurs autres du
genre des perdrix. En hiver, le lait et U
chair d^ leurs rennes et le poisson sec sont
leur nourriture^ Le pain , depuis cfuelque
temps, lejav est connu et en lait partie^
En hiver » ils vojogçjat : dans des pçtits
DESVOYAGES. jf33
■ •
traîneaux , ijn forme de bateau , traînés par i
leurs rennes. Ces animaux marchent près* ^ **
que tout le jour sans manger; ils humec-
lept de tenjps en temps leur bouche avec
de la neîg^ ; ma,îs c.e qu on a dît de leur
vitesse est exajç.éré. Ils ne font à l'ordinaire
que quçitrp mîjles par heure. La pluparÇ
des rennes dpstînéesH traîi>er sont châtrées
quand elles sont fbt't jeunes , alors elles §pnt
plus grandes et plus grasses qy'un che-
vreuil. En hiver, les lapons s'en servent
pour aller en traîneaux ay moyen d'une
bride attachée à leurs cornes. Une renne
ne peut traîner pj]gi$. d'une personne ; si on
Ja presse beauc'Gup,ieUiB fera 70 et 80 milles
par jour, mais up^ parçijle fatigue la fera
bientôt périr. Il ai:rive souYen.t cependant
qu'elle" marche Sa rpîHes sai^s s'arrê.ter e^
sans n>anger. Elle a les reins faibles, et le
poids d'une selle 8ufKt pour la lasser.
En été, les rennes sç nourrissent d'her-
bes et de plantes du genre de celles qui
croissent dans Ips Alpes, ; ^n hiver , d'une
sorte de lichen quj est propre au pays , et
qui abonde tellement , <\\xq quelquefois
on trouve.une étendue de terrain de plu?
sieurs milles qui en est absolument cou**
verte. Cet animal sait le découvrir sous la
Suède.
â34 HISTOIRE GÉNÉRALE
neige au Aïoyen 'de son odorat q.ui est très^
fin.
Mon auteur ajoutait que les Lapons,
avant que d'avoir été obligés d'embrasser le
christianisme ^ qu'ils ne connaissent qu^
depuis peu de temps ^ n^avaient ni livres,
ni nianuscits j quoiqu'il se fût conservé par-
mi eux des traditions et des chansons de
leurs anciens livres ^ et des princes qui les
avaient gouvernés ; niais ces traditions
étaient mêlées de beaucoup de relations fa-
buleuses. Aujourd'hui , ils ont le Nouveau
Testament dans leur langue , et plusieurs
savent lire et écrire. Il croj^ait très-vraîsem-
blable que la langue finlandaise et la langue
laponne avaient la même origine ; mais ce
qui est bien plus digne d'attention ; c'est
que , selon lui , la langue lapone ^vait une
affinité incontestable avec le hongrois; et le
përeSainowitz , hongrois de naissance , qui
accompagna le père Helly lorsque celui-ci
alla en Laponie observer le passage de Vé-
nus , prouva que ces deux langues sont les
mêmes , et a écrit sur ce sujet une disser-
tation qui a été imprimée. J'eus beaucoup
de regrets de ce que le tenips ne permit pas
au savant lapon de me faire connaître les
raisons qui lui ont fait embrasser cette bj-
DES VOYAGES, a«5
pothëse; mais le tëmotgnâ|;e de* ces deux
8avan8^tou8 les deux très -profonde dan* SuWtj
la connaissance de la langue de leurjpajs,
et qui f sans s^ètre communiqué leurs^ idées/
tombent d'accord de la même chose ^ nd
peut être que d'un très-grand poids. - ^
Je ne terminerai pas cet article sans r^p^
porter une observation de M. Linnaus. OW
peut être étonné , djt«il^^ de ce que le Lapoa
peut soutenir le froid affireux de Thiver^
pendant que la plupart des oiseaux et même
des bêtes sauvages , sont obligés de le quît-*
ter dans cette saison. Cependant le Lapon
est obligé d'errer jour et nuit dans c6
temps-là de forêts en forêts pour conduire
8es troupeaux de rennes ; car les rennes ne
peuvent souffrir aucune'étable , elles ne font
usage d'aucun fourrage , et ne vivent que
d'une espèce de mousse. Il faut donc que le
Lapon les suive et les garde pour les em-
pêcher d'être dévorées par les bêtes sauva-
ges. Pour se préserver du froid, il porte
des culottes de ])eaux de rennes dont le poil
est tourné en-dehors , qui tombent jusques
8ur 8C8 talon8, et des souliers de la même
peau. Il remplit ses souliers d'une, espèce
d'herbe coupée et séchée en été ; il en cou*
vre 8€8 pieds et ses jambes ; et avec ce^té
236 HISTOIRE GÉNÉRALE
précaution ^ il brave le froid. II n'est pas
Suède., m^ip© sujet, comme nous , aux engelures ,
il remplit ses gants de la même herbe » et
elle le tient chaud dans l'hiver ; en été , elle
tient ses pieds au Frais , et le garantit de
l'impression des pierres, qui serait dangct*
ceuse avec des souliers d'une simple peau
crue.
L'idée générale que les livres ou la con-
yersatipn donnent des Suédois , est qu'ils
sont bons soldats , actife , intrépides et
braves ; mais qu'ils nç possèdent pas au
foême degré les talens de l'esprit , et ne
9ont pas ep état de se faire remarquer dans
les arts et dans Içs sciences. Les actions par
lesquelles ilsse signalèrent sous Charles XII,
donnèrent peut*être cette idée , et per-
suadèrent qu'ils n'étaient propres qu'à la
guerre. C'est une erreur: les Suédois sont,
i) est vrai , de bons soldats ; mais ils sont
Qipabies d'exercer tout autre état. Je les ai
bien observé , autant du moins que je Toi
|)u , et j'ai remarqué qu'ils étaient aussi
bien partagés que toute autre nation de
l'Europe , et mâme supérieurs k quelques-
unes, ils ont la conception facile, et sont
toujours prêts à réppndre s.ur les sujets qu'on
hiW: propp^ci. Leur caractère n'est po^
DES VOYAGES. %^
|>M^gipalic|ue , et ils sofnt| cfnjoués , $aiis se
livrer à de Iwruyans éclats de gaîté, et sânt ^^^*
éprouvais le0 transitions rapides de l^^* trié^
tesse à la )oie, ils ont moins de viVâcilë
que les Français; mais antant, jeci'difif , due
les Anglais ; en général ^ industrieux ^ pà^
tiens , ils peuvent à l'aide d'encouragé-^
menff accordés par le ^oinvernement ', feiré
de grandi progrès daps'les» seienced/dai!is
les arts 9 dans les manulacttires et ledoftn*^
roerce., Toutes ces qualités, sans don te' y sont
des plus recommanda bies^ , surtot^'alëi^
qu'elles, se trouvent réupi^ dans uac' Mh
tion dont la biiavoure est gétféfaletaëiift t^^
connue.. . : , . . i '>f: J
QuautàJa religion'^ Im Sti^orS scHif^-»
dés surtdét p(ar le simple' ik)ifi ^fa^. 'Lieu^
P*y* 5 qiaoîqwe' Jibré'^'^è^t pÔTut dîvM^âr
les sectes / et la ci*oyanee établie fié ^iSÂièH
point du>tbat Tintoiél^âfKîe : malgré* 1'^*-*
trême ignorance dé la plus grande pstrtlé
des habitans , j'ai moins vu des signée êë
superstition- en Suède ; qii)'aîftéuris ^ \â £tol-
lande et l'Angleterre «etilcfif 'éxceptéési •' *'
. il y A. beaucoup, de sar^ôiif^ dans lés'ffèf^-^
soDiœsaiBéeS'er d'tfn rangéiété ; une b(^é
éducation. ^^iw'Suède, rend un homme ea^
r
pable dc:;brifUei3 dans tout pays A^xnà^.
Qa j^ apprend dans les collèges ^ le grec ^ lo
Suhdê.
aS8 HISTOIRE GÉNÉRALE
latia , le français , l'anglais , rallemaDd. H
y a peu d'exemples ou'un jeune homme qui
a fait ses études , ^outre les langues mortes,
n'ensache deux ou trois vivûtes.
. On compte dans ce royaume plusieurs
universités avec d'habiles profissseurs. Les
sciences qu'on y enseigne de préférence ,
sont l'histoire naturelle et les mathémati-
q^e^ ; c'est , je crois ^ preuve de lx)n sens »
ces mêmes sciences étant les plus utiles de
fcmljes. Plusieurs mathématiciens suédois
^i|t;tiiè$*estimés et leurs voyages célèbres
d^s. toute l'£^urope4.quantà l^histoîre na-
tuf*ellej ce peuple n'a point de rivaux ; mais
il ne doit pas sa réputation dans cette
scieivce» seulement! k Linnée; car, avant
«j^u'iHût né;9 ç^ette toience étart cultiva avec
ardeur di^ns les .uni VQi'si tés du soyamne , où
plusieurs sayaos s'étaient déjà fait par leur>
ouvrages* 5. uive- réputation, qui depuis fut
qçlipsée par Liqnée . el ses nombi*eux dis-
ciples» • \:^ \. ' . ' \
j I^S Spédoii^i; il est vrjii »* ne sont pa>
avancés daQsJ?s.!l;)ea,ux*aris!; v^neoient un
chercherait, ç)iQi; ç^j^ un poète, ikb peintre »
U^ sculpteur oi( un «musicien. Si le systènit:^
4e; l'abbé D^^s est juste, jaJauAe en e^c
au climat: mais sans ra(tribuèur'aux.caases
DESVOYA6ES.a39
physiques , /on en peut trouver la raison
dans les causes morales. Les beaux-arts ne Sn^^t.
font pas de grands progrès dans un pajs
qui ne soit immensément riche ^ et fort '
adonné au luxe. Â moins d'une grande dé-
pense qui circule dans les difierentes classes
du peuple , nous pouvons prononcer qu'une
nation n'est pas assez riche pour que les
arts se fixent chez elle , les artistes qui
excellent doivent être assurés de quelque
chose de plus que le nécessaire , il leur
faut du superflu. En général^ ils sont hom-
mes d'une ardente imagination et fort pas-
sionnés pour le pla?sir ; il faut qu'ils satis-
fissent leurs fantaisies , et qu'ils ne lan-
guissent pas dans la misère , tandis qu'ils
s'efforcent de produire des ouvrages qui
doivent être l'admiration de la postérité.
Delà y tous les siècles fameux dans lesquels
les arts se sont élevés aune grande hauteur,
par les travaux de plusieurs grands hom-
mes qui étaient contemporains; ces siècles,
dis-je j ont été l'époque de la plus grande
richesse et du plus grand luxe.
Les Suédois n'ont point dé poètes , ou
du moins les leurs ne composent qu'en
latin , et leur mérite n'est pas grand. Les
peintres ny font que de mauvais portraits ;
>>«<.y>« /
£46 ttîStOlllÊ GÈNÊftALË
m^ il n'y en a pas d'autres , fauté d'encouragé*
Saëa«. ment. On peut entendre de bons musiciens
à Stochkolm ^ mais les musiciens sont tous
alleniaiicfs. Celui qui , pour amusement re-
cherche les beaux-arts, ne doit pas choisir
le roj^aume de Suède pour y fixer son sé-
jour.
La capitale offre, toutefois un théâtre,
où i pendant une partie de Tannée on joue
des comédies françaises , où Ton exécute
quelquefois des oratorio et des concerts ;
mais il n'est pas ouvert régulièrement mcrr.c
en hiver. La cour n'est pas brillante : la
modicité des revenus du roi en est en partie
cause, et la situation actuelle des différent
parties, fait que la principale noblesse s'é-
loigne d^.elTe , même de la résidence du
roi.
Les manières des personnes de tous les
rangs, en Suède, sont très-agréables. Le»
classes supérieures ont ime politesse qui
prévient en leur faveur au premier abord : la
conversation des gentilshommes est char-
çiante ; ils ont beaucoup d'égards pour Ic>
étrangers, sans les importuner par des ec-
rémonies et des coutumes natiopales. Li >
duels sont rares à Stochkolm : les hooimes ,
cependant, y entretiennent de justes idiv^
bëë VOYAGES. 241
de Phonncur , et ne voudraient pas plus
supporter un affront que ne font les na- Suède,
dons les plus querelleuses et les plus opi- ^
niâti*es.
La dépense principale , en Suède , est
celle de la table, des équipages et des ha-
bits. Les personnes riches y donnent des
repas servis avec cette magnificence qu'on
trouve en France et en Angleterre , et la
variété des vins est extrême ; un luxe ou-
tré paraît suï* les habits •" les équipages , ea
raison d'un n'ombre prodigieux des valets,
sont tfès-coûleux ; ces dépenses excessives,
toutefois, ne sont Faites que par quelques
familles dont l'opulence est considérable,
car , en général , les nobles ne sont pas
riches.
Voyageant ,coriime je l'ai fait, à travers
les provinces les plus reculées de la Suède ,
et logëané très -souvent chez de simples
paysans, j'ai eu la facilité d'examiner très- ^
minutieusement leur situation , et j'ai re-
marqué qu^lls sont généralement conténs :
ï\y a |)eu dfe cabanes qui né soient entou-
rées de quelques terres : chaque proprié-
taire ou possesseur y fait venir beaucoup
âe pUiites très-utiles à tout son ménage.
Je n'ai pas' vu trdiâ paysans, dans toute
Tome IL Q
M2 HISTOIRE GENÉRAÏ.E
la Suède , qui n'eût au moins trente acres
'Suhie. cle terres et plusieurs têtes de bétail. Ils
ont encore un autre avantage dont ils pro*
fitent presque tous; ils travaillent à cou*
per Ail bois de construction dans les Forêts,
tan<lis que leurs femnnes et leurs filles
prennent le soin de Içur petite ferme.
Les remarques que j'ai faites dans difle-
rentes occasions sur leur agriculture , m'ont
appris que les Suédois l'entendent tous
très-bien. Us ont aussi de nombreux trou-
peaux^ et ils font en été^ d'abondantes pro-
visions pour les nourrir en l)iver. La Suède
a des forêts très-étendues, remplies du plus
beau bois, dont il est impossible de riea
tirer, à défaut de moyens de transport.
Plusieurs rivières même les traversent, et
ne s'égarent point dans leurs cours ; il ne
faudrait que peu de dépense pour les rea-
dre navigables : d'autres le sont naturelle-
ment.
Quant aux manut^ictures , je puis avan-
cer , d'après ce que j'ai vu moi - même ,
qu'elles ne sont pas considérables. On fa-
brique toutefois d'assez belles toiles de
chanvre et de lin , mais pas assez pour tous
les habitans du roj^aume : on importe |)eu
de verres et de papiers en Syède : la clia-
Ï>E s V O Y A G ES. S43
talllene y fait un article de commerce con-
«rdérable : on coule aussi beaucoup (ie câ- RumI^
nons et de cloches , qu'on appointe en quan-
tité dans )e reste de l'Europe. La Suède n'a
point d^ rivale qu^int à ses mines de cuivre
et de fer 2 on y emploie le premier de ces
métaux à. beaucoup d'usages : on Te i&it
servir à couvrir des églises et des édifices
J>ublic8 et particuliers^
Il est fort difficile de voj^ager en Suède >.
dès qu^on quitte les grandes ^utes , et
elles ne sont pas nombreuses > on éprouve
beaucoup de difficultés : les postes sont très-
éloignées lés uns des autres dans les che-^
tnins de traverse : «i l^on porte son lit avec
soi , on peut entrer le soir dans la maison
d*un paysâh chez qui l'on est bien reçu>
et qui pour quelques bagatelles vous sert
aveic zèle : on est, sûr d'y trouver du gi-
bier 9 de la volaille et du poisson , touê
excellens dans leur espèce.
. é
Qa
â44 HISTÔltlE GÉNÉRALE
Subde.
CHAPITRE VIII.
Vojage nux mines. — Sahla y Afbestad^
Saster-Fahlun^Mora , Rîfdah — Carrière
de Porphyre de la Dalécarlie.
\lu a tournée dont nous allons rendre
aompte , est fort intéressante : elle de-
mande une quinzaine de jours , si Ton ne
vent rien négliger : nous conseillons de la
faire dans le mois de mai ^ époque à la-
quelle le dégel est fini ; car si Ton n*a pas la
précaution d'attendre que les neiges soient
ibndues entièrement, on sera privé de la
vue de plusieurs endroits intéressans dont
lu communication est souvent interrompue
aux approches du dégel.
On va de Stockholm i Sahla qui en est
distante d'environ douze milles : le cite-
min est beau : la ville de Sahla est petite,
les rues en sont tirées au cordeau : toutes
les maisons consjU*uite8''en bois sont fort
basses , n'ayant presque jamais plus d'ua
étage : elle peut contenir deux mille quatre
cent hahitans , dont la plus grande partie
tient aux mines*
DES voyage: s. 24^
Sahlahutta , est le nom de Tendroit où i
est la fonderie,- à un quart de lîeu'Ç de; 1^ S«èdç.
vîlle. On voit en 3? allant beaucoup de maîr
soQS isolées à cause du feu : elles sont toutes
occupées^^par des honimes attachés à lafonT
derie ; il y a une égljse à Sahlahutta ^ uno*
rivière la,traverse,ctsert.à faire aller plu-
sieurs l'eues : près ^ç .deux cents ouv-rîer$^^
sont employés à la fonderie s> et le mêiq^
nombre dans les mines*, .
La\minie.de Sahlherg y située à unje de*-
mi-lieue de Sahla, est e^cploîtée depuis ua=
temps immémorial : elle a été beaucoup plus-
abondante ; mais les galeries les plus riches
se sont é^croulées : le premier fond de la:
mine a. de 106 à 109 toises der profondeur ^^
et le dernier i5o.
Les. travaux de cette n^ine sont admira^
râbles, et méritent» toute; Tattention d'ua
voyageur. On descend par le puits , dit de'
la reine Christine , dont 1 ouverture a 5;^
pieds sur 19, il coad^uit au premier fond :
îa. manière de descçndve (pftr des seaux )'
déplaît à bien dès gen^:; cependant ce cjut
doit rassurer , c'est qu'il p'j a pas dexem^
pie que la corde ait casw^ér II règne ici un
.singulier préjugé sur les femmes : les- ou-
vriers prétendent; que lorsqu'il en descewi
* ^ Q 3
p*
?46 HISTOIRE GÉNÉRALE
une , cette visite est l*avalit- coureur de
SuWe» quelque malheur. Une femme y étant des-
cendue W y a quelques années ji Un ouvrier
se tua deux jours après , ce qui n*a pas
contribué à alïàîblîr le préjugé ; aussi les
ouvriers en voîent-îls descendre avec beau-
c*oup de pcîne, et cela est-il fort rare.
Le seau dans lequel on descend , est atta-
ché par trois chaînes de fer à une corde
qu*on' change tous les dix mois ; on peut
être cinq dans le seau > mais ordînaîrërnent
on s'y met trois > et au plus qutltre. Nous
avons éié six minutes à descendre, parce
qu'on ralentît le mouvement ' lorsque le
seau approche du haut : en même temps
que le seau descend ou'monte, un autre ,
à côté, monte ou descend pour le mine-
Taî : c'est^ toujours le même qui sert pour
les hommes , ils vont tous deux jour et
nuit. On se munit de flambeauxen descen-
dant , afin de voir en passant les galeries
pratiquées dans le puits : on s^ensert aussi
pour diriger le seau , et empêcher qu*îl ne
donne contre les parties saillantes du ro-
xher. Les deux ix)ue8 quî font monter le
seau , vont par le moyen de Teau ; elles
sont doubles , on peut les tourner et re*
tourner dans les deux seas ^ ainsi ^u'aug;^
D E s V O Y A G E s. 347
menter ou diminuer leur mouvement : cela
dépend. de bondes qu'on levé plus ou moins ^
pour dbnner passage à la quaqdtë d'eau
qu'on veut : on les arrête aussi à volonté*:
tour cela dépend de Thomme chargé de là
direction des cordes , et qu'on avertit par
uncfrî-, du haut de la mrne. Son métier de^
mande beaucoup d'attention , car une im*-
prudénce ou un' oubli de sa- part pourrait
avoir des suites très - fâcheuses. Ces deux
roues ont quarante pieds de diamètre ,.
ainsi que tes deux employées pour les
pompes. L'eau qui fait ^mouvoir les diflfe-
ren tes machines, vient par un canal qui se
plus de trors milles de Jong. Il- y a trois
pompes à la machine hydraulique , pour
pomper Teau de la mine. A côté est un
puits , par lequel on peut descendre dans
k mine par des échelles jusqu'à quatre-
vingt toises de profondem* : ensuite on
trouve plusiéui^ divisions- pour descendre
plus bas et Jusqu'au tond , oii l-ou' a encore
fe choix des seaux ou des échelles , pour
arriver au pliis profond. M y a plusieurs^
marques à lu corde , pour qu'on puisse arrê-
ter le seau aux galeries pratiquées dans.
Jfe puits de la reine Christine. On se sei^t
beaucoup de- bois dans cette mine pour ira*-
Suède»
/ >
m8 histoire génjêralë
yailler la pierre : il s'en fait u|ie coDSom^
Suède, niation énorme ; on trouve dans dtfîërenç
endroits de la mine, des feux alluoiéa qui
font un effet superbe. Toutes les voûter
sont de la plus grande hardiesse, les coai<-
xnunications très 'larges , et surtout d'une
propreté bien extraordinaire : ou pourrai^
parcourir en voiture tout ce premier fond:
il y a une petîie chambre où Ton se repose
et où est le registre sur lequel le& curieux
Inscrivent leur nopn.
Dans Tintcrieur de la mine, les signes
qu'il y a de l'argent , dépendent d'une sorte
^e pierre calcaire mêlée avec, du mica* Les
jnineurs appellent cette pierre , /lierre /lo-
i/e. Quand elle se rencontre^ il y a tou-
jours un peu d'argent ; c'est 4^ns cette
recherche que consiste l'habileté du mi-
neur. Ce qu'il j a de particMliçr daqs cette
mine ^ c'est que les Bloqs sont irrégulier$,
et que rarement on y trouve du minerai.
On n'y voit point de veines de métal , tout
y est masses métalliques. Les ouvriers tra-
vaillent comme à la fonderie^ un jour sur
deux } sur 24 heures , ils eq ont huit de
repos.
De Sahia à Afoestad , on compte ^atre
milles et demi* L'affinage du cuîvr^ est 1^
DES VOYAGES. 249
seul objet intéressant de cette petite ville
dont cet établissement forme un quartier fivMi*
réparé , et assez considérable. Oo ne peut
en sortir sans présenter à la porte un bil-
let de Tinspecteur. Nous vithes. ks fouiv-
neaux où l'on fond le cgivre ; ils sont par-
tagés en troif» ateliers dont cbucuo a qua*
tre ouvriers. Quand le cuivre est en fusion,
•on laisse refroidir à .l'air la première cou-
che , puis on jette de l'eau dessus. , et an
le retire en totailiié par coui'hes <|ui de-
viennent plus petites à cause fde la- forme
du creuset ; .ou les pose en IM l'une sur
l'autre. Les creusets contiennent environ
40 couches , plus ou moins. Lea fourneaux
ont chacun un soufflet immense. qui va .
par le moyen de l'eau.- On ne se sert que
de charbon de bois.
Il y a un batinient où sont six marteaux
pour les planches en cuivre ; il j a des
marteaux plus petits pour celles dont on
fait des casseroles et autres ustensiles. Dans
Tendroit où soat les marteaux pour les
planches , il y a aussi deux fourneaux dont
l'un est une cuve où l'on fond le métal,
puis , avec une grande cuillère, on le verse
dans des moules faits avec du fer , de Tar*
gile et du charbon mêlés ensemble. Là, il
2&0 HISTOIRE GÉNÉRALE
se refroidit, et quand il est enoore roug;e>
-6ttMe. on le retire de ces mouks et on le met
80118 le marteau. On le tait rëchauifer en-
suite plusieurs ibis jusqu'à ce que la plan*-
ohe soit achevée. Le second fourneau est
destine à cet usage ; les plus grandes plan-
ches ^nt trois aunes et demie de long* sur
:deux de large ; les moules sont plus ou
*m'oins^ grands selon la grandeur des plai>-
ches. Les planches pour les vaisseaux ont
cinq pieds de long sur dix4iuit pouces de
large; on les arrange comme des glaces
pour les trans|M>rter près du bcitiment;Tl
'y a un bureau où on écrit ^son nom et où
il est d'usage de se faire peser , c'est une
petite contribution dont on est quitte avec
une. demi -ri X date. H y a cent ouvriers
employés. Nous y avons vu un enfant qui
avait les * cheveux absolument verts » ce
qu'on nous a dit provenir de la vapeur da
.cuivre. La ville contient environ sept cents
habitans.
D'Afoestad , nous sommes allés à Soe-
ter.' Cette ville est extrêmement petite, et
.n'a que 3oo à 400 habitans et ne mérite
d'être vantée qu'à* cause de la mine de
Bipsberg qui en est voisine. Cette mine est
iUrt riche, sa profondeur totale est de 8«^
-• ' r " r
'^ D E S VOYAGES. aSr
toiws. Le miâerai s y' tronve en très-grandes »
masses métalHques ; les voûtes souterraines ^^^''
soiitibëlies et fort larges ; nulle pa(i*t on
n'est, obligé de se baisser , la montagne
où est cette mine n'est pas fort élevée;
cependant la vue y est charmante.
De Scjéter- on peut' faire une petite ex-^
cursion à'Zéç/ci^'où'est une mine d'argent
et de cuivre, petite ; mais intéressante. Il
y a plusieurs autres mines soit de fer , soit
de cuivre , dans les environs. On voit de .
tous côtés des crevasses qui paraissent de
sûrs indices d'un bouleversement considé-
rable. Dans cette partie près de Soétcr/est*
Gagnef , où l'on a trouvé des pierres d'ai-
mant très-fortes , mais il n'j en a' plus.
Après avoir traversé ^a Dalh dans un lieu
appelé Ornœs\ et côtoyé quelques minutes
un lac fort agréable ^ on arrive à la maison
où fut caché en lôao, Gustave- Vasa /pour-
suivi par les satellites de Christiern.
Cette maison dont la structure est sin-
gulière , a été conservée dans le même elat;
lescalier est en dehors ; au second étage
est la chambre que Gustave a occupée ; elle
est assez grande et forme presque un quarré
parfait. Aux deux côtés de la porte en de-'
daii$ j sont les deux fidèles Dali car Uèns^
^
Joue ce ^y ««*«/ ^l'^e C^l" ««"che
*'^''"'« Gul^'"-^its £î^'^^^^''^ e^^***-
*«'«« «.rm-l ^""'00 ou' *"*'■' «ri ^*
• ly^S VÔ t A GESl 453
fte peut se dispenser de la visiter, et il la
trouvera sûrement d'un grand intérêt , puis-
qu'elle a servi d'asile à l'un des plus grande
homnoes qu'aient honoré le trône et l'hu-^
manjttf.
Falsbtn , capitale de la Dalécarlie ,est foré
peu considérable, n'ayant guère que 4006
habîtans. L'église construite en i65o,e8t
couverte de cuivre , et l'a déjà été trois
fois. La fameuse mine de Kopparberg est
À 5oo torses de la ville ; elle a éprouvé en
diflF<éirens temps des éboulemens considéra-
bles , celui de 1789 dura deux jours. La
profondeur totale de la mine est de 189
toises. La grande ouverture^ a 200 toises
de loi^g sur 120 de large. On y deéd^end
par un escalier en bois pratiqué sur le roc ,
€t c'est au fond de cette grande ouverture
qu'est l'entrée de la mine ; il n'y en a peut-'
être pM au monde où il soit si peu fati-
gant et descendre , on a des ei$caTiei*s jus-^
ques au fond , à l'exception d^^ \± derniè-
res toises , où on se sei*t d'une éthelle de*
fer. Cesf le passage le plus incommodé ôu
pour mieux dîr* le seul qui le soit. Il mène'
au plu« profond , appelé trou à'Jrmfttt:
Les escallel^ sohtteUëmerit commodes , cjcib^
ks chevôû* employés dans riritérîcur , au*
Suèdf.
ft54 HISTOIRE GÉNÉRALE
nombre de 'vingt-deux , les montent et let
Su^de» descendent. A iiB pieds de profondeur ^
on trouve le sallon du conseil où sont des
tables et un luslre. C'est où le roi s'est ar-*
rèié et a écrit son nom en 1788., le âo
septembre ^ sur une pierre de pyrite tirée
de la mine , qu'on a encadrée et misesoos
verre. Il était descendu dans la mine en
1755 et en 1768.
Mora , est une paroisse très - ooiisidé»
rable^ puisqu'elle contient environ i5ooo
habitans. Mais ce qui rend cet endroit très^
remarquable ; c'est que Gustave Vasa y a
harangué les Dalécarliens sur une pierre
qu'on y voit encore , et qu'il y a assemblé
les troupes avec lesquelles il a chassé Chris^
tiern II de Stockholm. Ce qui ajoute encore
4 l'intérêt de ce lieu ^ c'est que Gustave III ^
en 1788 f a harangué le même peuple 8ur
la même pierre , qu'il l'a persuadé de
même , et qu'il en a obtenu les mêmes
succès ; mais une différence bien remar-
quable , c'est que les ennemis du Gustave
III ^ qui se trouvaient dans sa capitale ^n'é«
taient pas des Danois. Mora est sur le che«
min d^Elfdal , où sont les fameuses car^
rières de porphj^re> dignes de toute Tatten-*
tion d'un voyageur curieux* On en trouve
DES VOYAGES. 255
clans plusieurs montagnes , toujours par
couches et de plusieurs couleurs , comme S«M**
noir y gris y rouge et brun , avec des tache»
blanches , rouges et vertes. Ce porphyre est
très-dur , et prend le plus beau poli. Iljrest
en grande abondance; les carrières sont au
nombre de cinq. En lySo , on commença à
se douter qu'il y avait des carrières de por*
phjre en Dalëcarlie. On écrivit pour et con-
tre. E{i 1786, on s'en assura, le projet de
les ouvrir fut adopté » et on commença à tra-
v^ller à Texploitation desdites carrières en
mai 1788. La façon de détacher le porphyre,
est la même dont on se sert en Italie. On
trace les pièces tout à Tentour avec des ou-
tils d'acier, taits en pointe, et on les dé-
tache ensuite avec des coins qu*on enfonce
à coups de masse. On fait à cette fabrique
toutes sortes d'ustensiles , des tables , de»
vases 9 des mortiers. Cet établissement mé-
rite d'être vu en détail. On s'arrangera
pour faire cette course dans la belle saison ^
ou quand le traînage est tout à fait établi ,
mais alors la neige dérobe beaucoup d'ob^
jets intéressans.
11 tant revenir à Fahlun^diV le même che-
min« Voici le moment d'entrer dans quelques'
détails sur la Dalécarlie et sur ses habitana.
a56 HISTOIRE GÉNÉRALE
^^^=9 La Dalécarlie est une grande province
SaUe. de plus de quatre-vingt lîeucs sur soixaote
aa moios; elle manque de terres laboura-
bles ; aussi est-elle bien loin d'être peuplée
h proportion de son étendue. On n'y compte
gùëre au-delà de cent vingt mille habitant;
les mines et les forges en sont la principale ,
et l'on peut dîrel'unique richesse ; mais dao^
ce pays entrecoupé de lacs, de forêts , de
torrens; habite un peuple brave, loyal; at-
taché de tout temps à ses souverains et ï
la liberté ;car, il ne regarde pascesdeuxclic-
ses comme incompatibles. Ce5t surtout en
Dalécarlie que s'est conservé le souvenir d-j
libérateur de ta Suède. L'habitant des c-um- 1
pagnes, Tartisan, le peuple, tous enfin t-un- '
naissent Gustave Vasa ; ils se rappellent que i
c'est k leurs ancêtres qu'il a dû la couron-
ne; leur ame en est exaltée, ils en itarten: i
avec complaisance et avec fierté. Ce pou|ile .
presqn'anssi sauvage que ses montagne* ,
a encore la même rudesse dans les msur- .
la même teinte de caractère; libre comiv
■utretuîâ , il ne pourrait supporter lachair
de l'esclavage. Attad:. .- son roi, il v
uû roi , et non un m-inv : imifourspr'
le défendre , le Da]r^ itlim d'aufourdlm; *i
prouvé à Gustave lii , qu'il n'avnlt-l^'" ^'
I
^ivfhé. Lm DaJëearlien$ soDt dans i*^aaage
de toaclifr là main au|: princes ec npéme
au rcp lorsqu'ils le reocûtitrenc ; nous en
fômes témoins un four à Haga ennous pro-
«nesanc avec 6* M. , x{ui eut la boatë de
Aous oonfirnier la réaiké.de celte coulumir.
Les Dcdtfcarliens sont divisés ea gris et
ooiffs ; cette déoepmisiaiioB yieot de leur b^
bit , qui est trou jours d'une de ces deux
coulefirs.
En allant de FabUn à Gefle , oa fait
treize inSljef à la tj>oisîè«ie {joste ^ onipasse
deux fois la Dabi sur ^n pont flottant ; et
on trayerse beaucoup de ibrèts. Avant Sar>
^$ad , on troiiVê lia barrière qui sépare la
Dcdécaifliede la Gestricie. A un demi-miiie^
maie hors du chemin , sont les raines de
1er de Torsœier y ^les sonft considérables^
A un denaî-^mille desuMAes, est une mon-
tagne nommée KierJ^rgy qui fournit dte
grenats noirs grenelés de blaac , ce .qyi fait
des pièces assee jolies-, mais itni?srfi:jables»
Les travaux de cette mine ^sont auperb^s^^
les galeries admirables et méritent d'ittne
Vues. De Sarstad ^"Qefle > les villages sont
plus fréquens, aMfmque les habitations
éparses dans la campagne « ce qui vient de
la quantité Aç mlMi et dr ibrgas ; iaa ishê*
Tome II. R
aB8 HISTOIRE GÉNÉRALE
mins sont aussi meilleurs ^ et Toa voit de
flfl^d*. temps en temps quelques champs de blé.
Au commencement de la dernière poste,
on passeun pont, et un second avant d'être
k Gefle : ce dernier est en pierres avec uae
balustrade de fer, et une inscription qui
porte qu'ila ëtë construit en 177a , sous le
|>;ouvernementdeM. deSparre» en mémoire
<iela révolution*
Gefle, petite ville d'environ cinq à six
mille habitans ; ainsi , elle est plus consi-
dérable que Falhun, et beaucoup plus agréa-
ble par sa tituation sur le golfe de Bothnie.
Le port est formé par une longue jetée au
bout de laquelle on a un joli point de vue ;
.il y a un canal qui entre dans la ville : le
commerce y est considérable ; on en ex-
porte beaucoup de fer; elle est regardée
pour Texportation comme la troisième ville
du royaume, et au plus la quatrième pour
l'importa tion«
Il y a un gymnase à Gefle , Tbôtel de
ville es^un joli bâtiment. On trouve à quel-
ques milles aux environs de Gefle une quao*
tité étonnante de forges. Si Ton suit sa route
vers Torneo , 00 traversera la fbrét Tjrn-
Mèbro - Hedên qui sépare la Gestricie de
THelsengie. Cette dernière province a 1«»
DES VOYAGES. aôç
Tilles de Seuderfiamn et de HudifisksualL
La preyiière a une manufacture d'armes ; au SoM*»
bourg de Berge y on voit une machine cons*
truite selon la méthode hollandaise, qui
coupe les pièces de monnaie par le moyen
de Teau.
L'Aogermanie a pour capitale Hemosand,
résidence du gouverneur et de Tévéque ; il
y a aussi un consistoire ecclésiastique et
un gymnase. Celte province produit beau-
coup de lin ; elle est renomma pour la ma-
nière de le filer et de le travailler.
La Westrobothnie a les villes àHJmeOy
où réside le gouverneur , et Torneo. Cette
dernière est connue par le séjour qu'y ont
fait les académiciens français envoyés en
1736 pour déterminer la figure de la terre;
c'est-là qu'on devra se rendre , si Ton est
curieux de voir le soleil pendant plusieurs
}ours , mais ce plaisir sera bien acheté par
les fatigues de la route , et surtout par
celles- qu'on essuiera si Ton gagne la Russie
par le côté oriental du golfe ; od traversera
une étendue immense de pays ; et du mo*
ment qu'on s'éloignera de la mer , on ne
trouvera plus aucune ressource. Un autre
désagrément très-majeur , est la quantité
prodidigieuse d'insectes qui désolent ce pays
R %'
fi6o HïStOlfeE GéfNÉRALE
pcnclantles deux ou trois mois que dure Vété.
SvM: Il y a uue espèce particulière de mouche
dont cliaqtic pîquf e Tait sortir le sang. Les
habftans qui sont obligés d'aller sur les ri-
Vières, n'ofnt d'autre moyen de «'en garao-»
tir, que de se couvrir le visage d'une sorte
de mastic ; du reste , toute la rente depuis
<Jefle est belle; elle est cependant triste ,
' en ce que Ton travei-se souvent de grandes
forêts; mais on y est en sûreté de nuit
comme de jour , et l'on voyage dans la
partie de TEuropc dont, jusqu'à présent,
ia corruption a le moins approché.
De Gefle à Sudersfbrs et avant d'être i
ETfscatieby y on passe la Dahl dans un bae
à rames. Un quart de mille après Elfsear-
îeby , on prend un petit chemin à droite
qui conduit à la cataracte. On la voit conn
modément d'un moulin à scie qui esta e6té.
Cette cataracte est très -curieuse , et plus
considérable par la masse d*eau , que celle
de Ttolhœtia , mais elle est peut-être
moins pittoresque par les alentours.
Sudtrsfors est une forge considérable ,
c'est la seule forge d'ancres qu'il y aiteo
Suède , et ce qui la rend encore plus inté-
ressante , c'est qu*on y procède tout autre»
Ynent qti'ailleurs ,, où les ancres se f&nt ém
DE^ VOYAGE S. A6f
l>arres ou de fer forgé ; au lieu qu^cî , elles^
se font imnaédÀateEneot avec la gueuse ou ^^^^
le fer ibadu^ Oo as^iireque les ancres faites
de cette inaoïère^ sont: au. moin^ au^3i
bonnes que les autres. Ce qu'il y a de sûr^
c'est qu'elles sont infînimeat naoïns ooùr^
.teuses y puisqu'on forge le 1er UJae fois de
moins. Ou en a.i^it jusqu'à ^4ooet3nâuie
Sooc par an , pendant la guei-re entre U
Fr^ice et rAngleterre ; nuâs c'est le plus,
qu'il soit possible de faire.
Le minerai vieutdeDannemQrai et.c'esi;
ce qui rend le fer de celte forge si bo<i,^
aiusi que tout celui qui se tire de la mêoie
mine. Ce minerai «m arrivant est d'aîborâ
<assë , et porté ensuite jrusfcju'^i four ou-
vert où il doit être jeté. Uy-à deux de «ces
fours en plein air , Tua à 4a pîed$ sur ub,,
Vautre de la même forme est moins^grand;
tous les deux ont sept pieds de pr-ofondegr :
oa met u»e couche de bois de tou4C le^teA-
due du Ibod » il brûle p^^ès; die «quatre se-
maines. Le mii3N?r<ii soi*iani: delii lest piie
sous un ,gres marteau &t |eté dc^is >uia crible
doiit la plus *fîne parue est porfce^ dan.s fWs^
grands fouraçaux. Ce gr-^taà tourfieau ime^
Ibis allumé, Te^t pendaot 36. semaines ©u^
enviroUj, plusou. moins g, sans ««tUerri^^tio^:
a6i HÏSTOIRE GÉNÉRALE
ony jette fchaque heure un last de charbon^ et
*"**•• un schî^ppund et demi de minerai , divise en
onze portions égales : il faut entiron quinze
heures pour que le fer «devienne en ftision.
Cette opération rend peu de chose dans les
commencemens , jusqu'à ce que le fourneau
soit bien allumé , mais cela augmente pro-
gressivement. Les soufflets vont par le
moyen d'une roue de 20 pieds de diamètre.
Il faut avoir la plus grande attention en
jetant le minerai sur le charbon , une très-
ipetite quantité de plus ou de moins pour-
•ralt nuire à la fonte , et avoir une très-
grande influence sur la bonté du fer : on
le fait couler toute^fe les onze heures : le
fourneau rend par écoulement sept à huit
schippunds : un très -petit quart d'heure
après , le fer ayant pris une certaine soli-
dité p on le soulève et on le déplace ^ pour
qu'il refroidisse plutôt , peu après on h
jette dans une cuve qu'on remplit d'eau
froide à plusieurs reprises , parce qu'elle
devient bouillante tout de suite les pre-
mières fois : il s'élève de cette cuve une
fumée prodigieusç , et à câté on sent une
espèce de tremblement sous les pieds.
Dans un autre bâtiment sont huit four-
neaux , dont six pour fondre la gueuse et
DES VOYAGES. â63
deux pour les grosses ancres. Pendant la
guerre entre la France et l'Angleterre on
ne suffisait pas aux demandes. Ou est obligé
de transporter, par terré les ancres , jus*
<|u'à Elfscarleby ^ à cause de la cataracte :
les plus grosses, qui sont de trente schip^
punds , demandent huit chevaux ^ et il faut
absolument le traînage.
R4
SuèdAb
i64 HLBTOïEB OÉ'NÉHALE
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«CHAPITRE PREMIER.
Départ de Stochholm. — Desûription
d^UpsaL •— Ancien palais de cette
^ille. — Cathédrale. — Tombeau et ca'^
ractère de Gustave Vasa. — Vnit^er^
site d^Upsal , Bibliothèque. -^ Codex
argenteus. ^ Morastétn y lieu où l'on
proclamait anciennement les rois de
Suéde. — Jardin de botanique. — De
Linnœus ^ de Wallerius y de Cronstedt
et de Bergman y célèbres Chimistes
Suédois^
Q
uoiQUB le temps de mon 8(^jour en
Suèdt. Suède fut limite, je ne voulais pas quitter
ce pays sans voir Gothenbourg , la ville
du royaume la plus commerçante après
Stockholm, et le canal de Trolhetta qu'on
m'avait représente comme un ouvrage
dtounant. MVtant pourvu d'un chariot
ouvert qu) est la voiture ordinaire du paj^s^
DBS VOTA G ES/ %X>b
et l'aidât reûdu plus Goilimode par le ttmyQïï t
de àtuK fauteuils du^pendus èulr des rc5- ^^^^
sorts ^ je partis le qùatHëme tnars de bon
matiD I accompagaé d'un domestiqué sti^é^
dois qi!ii parlait Frailçais^ et j'arrivai le même
jour à Upsal , qui est à 4& ihiUes enytroil de
Stockholm.
. Cette ville f située à Tentlrée d\ine platkie
ouverte , fertile en grains et en pâturages ^
esc petite ^ mais ïùt% jolie ^ eC contient en^
viron trois mille haMtao^^ x>dtre les étu<»
dians. Le plan en est fort i-égulîer i elle est '
partagée en deux pai^ttés ^resquV^ales par
un ruisseau > et ies rues se coupent à an«-
gles droits : a^ Wilieu est une grande place :
ie plus petit nonlbi^ des maisons «st dé
briques» les autres î^nt fo^rméesdegrètidel
pièct^s de bois taillées eè formé de pdancfaes
peintes en rouge : les toits sont cicnflvtèr m dfe
gazon «posé sur des écchrces ^de .botikean -:
chaque maison à une cour oit ira jardin.
Le vieux U^sal c|ui/est d'une fpnande an-
tiquité > et doDt il est làît itieetioA Hikifis les
plus anciennes annales <lu noi^» AefA avoir
été à peu de distance de la vî-He <^\ jporte
à présent ce nom. Cétait-la y qu^ dalns ie
temps du paganisiBae en voyait nn temple
célèbre par les «ik^Hficéi q^ié £^ fiUsalieut
«66 HISTOIRE GÉNÉRALE
et par la résidence du grand prêtre d'Odin;
SuMr. Le nouvel Upsal a été fondé bien long*
temps, avant Stockholm. On ne sait ^ à lir
vérité , par aucune autorité certaine Té*
poque précise de son origine ; mais la plu«
part des antiquaires Suédois ont conjecturé
avec beaucoup de vraisemblance que cette
ville n'avait d'abord été qu'un faubourg de
l'ancien Upsal , et qu'elle s'était élevée sur
ses ruines, lorsque celle-ci tomba en dé-
cadence et fut abandonnée.
Upsal était autrefois la cq)itale de la Suède
et la résidence de ses rois. Le palais fut
commencé en 1Ô49, P^^ Gustave Vasa, et
achevé par son fils Éric XIV : c'était un
bâtiment vaste et magnifique , mais il a été
brûlé en 170a : ce qui en reste est élevé
sur un6 colline d'où la vue est fort belle et
fort étendue : une ancienne entrée , beau-
coup de ruines 5 des arcades , des voûtes ,
sont des preuves et des restes de son an-
cienne magnificence. La salle où la diète
s'assemblait a été convertie en grenier , et
sa vaste étendue est la seule chose qui
réponde encore à la dignité de son ancienne
destination : car elle a 140 pieds de lon-
gueur sur 90 de largeur.
Upsal eat le siège d'ua archevêque ^ et
DES VOYAGES. ^(fj
Tun des plus anciens établissemens chré- s
tiens qu'il j ait eu en Suède. C'est dans le SiAdt.
centre de la ville qu'est la cathédrale , grand
bâtiment de briques d'une architecture
gothique : elle a été commencée dans le
milieu du treizième siècle sous la direction
d'un architecte français qui prit pour mo-'
dèle l'église de Notre-Dame de Paris ; elle
a souvent été endommagée par le feu ^
mais on Ta toujours réparée avec soin.
En entrant dans cette cathédrale , je con-
templai avec le plus grand respect^ et même
avec une admiration qui tenait de l'en-
thousiasme 9 le sépulcre où sont déposés
les restes vénérables de Gustave Vasa : il
est dans une chapelle particulière construite
en marbre y avec quatre pyramides de bois
à chaque angle ^ mais il en manque une
aujourd'hui. La statue en marbre est sur
sa tombe entre celles de ses deux premières
femmes qui sont enterrées avec lui.
Né simple particulier et élevé k l'école
de l'adversité^ Gustave obtint la couronne
au premier de tous les titres ^ celui de la
reconaissance de ses concitoyens , pour de
longs et fidèles services. La Suède lui dût
d'être délivrée d'un joug étranger et de
l'oppression d'un tj^ran ^ l'abolition de la
fi68 HISTOIRE GÉNÉRALE
moilarchie élective, rétablissemeat de la
SM». succession héréditaire , et riatroductîoo de
la religion protestante.
L'inscription qui est sur sa tombe nous
apprend qu'il naquit en 1490 » qull fut
sommé administrateur de Suède «n i5io,
élu roi en iÔ23 , couronné en 1Ô28 et quil
mourût en i56o» après un règ:ne glorieux
de quarante ans. Egalement grand ^ soît
qu'on le considère comme législateur ^ guer-
rier ou politique ^ il se disûngua dans
toutes les stations de la vie , par sa froide
intrépidité , par son activité , par son
int^rité 9 par sa pi*évoyance , par s&on ha-
bileté dans la législation , par la |3rocectioo
qu'il accorda aux lettres et aux sciences »
par son affabilité pour les personnes de tout
rang , par sa piété solide et éclairée. Ces
grandes qualités étaient relevées par un air
majestueux et plein de gi*aces , et surtout
par une éloquence irrésistible qui lui at-
rirait l'admiration et la confiance de fout
le monde. On peut dire de lui avec justice,
que le monarque le ^his arbitraire a'exerca
îamais une plus grande autorité sur se»
tôclaves , que celle que Gustave devait 4
Tâffêction volontaire de ses concitoyens.
£n uii mot, il fliit estimé par 1m étrangers >
DES V O V A G E S. fi69
autant que par son peuple, par ses con-
temporains aussi bien quepar la postérité, et
regardé comme le plus sage et le meilleur
des princiSs qui ont jamais orné le trône.
Outre plusieurs inscriptions et épitaphe^
en vers dont la tombe de ce prince est
chargée, on y trouve deux tables généa-»-
logiques qui le font descendre des anciens
rois de Suède , comme si la gloire de Gus-^
tave n'illustrait pas plutôt ses anciens rois,
qu'elle ne peut emprunter de Téclat de
cette descendance équivoque. Sa postérité
a occupé le trône de Suède de mâle ea
mâie -jusqu'à Gustave Adolphe.
Dans la chaplle voisine , est le tombeau
de Jean lïl qui monta sur le trône de
Suède en i568. Ce fut un fils du grand
Gustave peu digne d'un tel père. Dévoua
servHement a* sa femme , il perdît bientôt
Taffection de ses sujets par sa faiblesse et
son imprudence, et surtout par les efforts
qu'il fit pour rétablir la i-elîgîon catholique
en Suède. » Quoiqu'il n'eut pas été assez
scrupuleux pour craindre d'empoisonner
son frère Eric , il se fit une religion dé
jeûner un jour de le semaine , parce que
le pape l'avait condamné à expier par cette
pénitence le meurtre de $on frère. Bigot
Sa^cU».
ayo HISTOIRE GÉNÉRALE
dans toutes les sectes » il n'avait aucua
Sttèdf. principe sur la religion , et il se montra
tour k tour protestant ou catholique » sui-
vant la croyance des personnes qui le gou*
vernaient.
Un monument superbe est ëlevë près d«
là à Catherme Jagellon , princesse polonaise
aussi belle qu'aimable , et qui sut prendre
un ascendant absolu sur le roi Jean Illson
ëpoux , ascendant funeste qui fut la source
des guerres civiles et religieuses qui des-
honorèrent le règne de ce prince^ et firent
le malheur de ses peuples et le sien. Gou-
vernée elle-même par des moines ambi«
tjeux et fanatiques , Catherine voulut par
leurs conseils forcer les Suédois à embras-
ser la religion catholique et ce ne fut
qu'après sa mort , en iô83 que ce projet
étant abandonné par son époux , le calme
fut rétabli en Suède,
La sacristie de cette cathédrale contient
diverses reliques etmonumens de l'antiqui-
té. Dans ce dernier genre on remarque un
vieux tronc d'arbre grossièrement sculpté
en forme de tète à peu près humaine. On
lui donne le nom d'image du dieu Thor,
autrefois adoré dans ces contrées et au-
quel on ollrait des sacrifices humains au
DES VOYAGES. tLjt
Tîeux Upsal. La grossièreté de cet ouvrage^
né permet pas de douter de ^ haute antî- *»uW#.
quité^ et il a été probablement uoe de
ces idoles auxquelles les peuples s^persti^-
tîeux de ces temps rendaient un culte pu-
blic , puisqu'en général dans ces âges re<iu-
Jés et chez les peuples barbares ^ les idoles
sont ordinairement des statues aussi infor-
mes et aussi mal travaillées.
Une pierre à aiguiser qui a plusieurs
pieds de longueur attira ensuite toute
mon attention. La tradition porte qu'Albert
de Mecklenbourg , roi de Suède en 1484 ,
envoya cette pierre par dérision à Margue-
rite de Yaldemar , en lui recommandant
de s'en servir pour aiguiser son épée et
toutes celles de son armée : mauvaise plai-.
ganterie à laquelle il eût sans doute regret^
puisqu'il fut battu et fait prisonnier par
cette même femme qu'il avait voulu tour-*
lier en ridicule.
La troisième curiosité est un lambeau dé«
jchiré d'une chemise de femme attachée à
un bâton en guise de drapeau , qu'on nomme
la chemise de Marguerite. Ce singulier
etendart fut , dit-on , déployé dans un jour
de bataille pour ranimer le courage de
l'armée ( danoise apparemment. ) On nt
éya HÎSTÔIRË CÉNÉftALË
nous dit d'aiUeurft aucune circonstance dé
SuW«. cet événement qui est assez incertaia , et
méric» peu d'être approtbndî.
Les^^ôis d^ Suède étaient anciennement
<!oviroufiés dacis la cathédrale d'Upsal ;
Ulrique Eléonore est la derrière qui y ait
reçu la couronne* Cette cérémonie sW
faîte à Stockholm depuis ce temps-là.
L'université d'Upsal est ce qui fait le
plus grand lustre de cette ville. C'est la
plus ancienne de Suède. En 1476 S tenon-
Sture en jeta les fondemens. On adopta
les réglemefis de l^unrversîté de Paris , et
les Etats du royaume Jeur donnèrent force
de loi 1» même année. Gustave Vasa l'a
protégea avec zèle , et la dota si richement
qu'il peut en être regardé comme le se-
cond, fondateur. Elle souffrit beaucoup
durant les guerres de Charles IX , mais
elle fut de nouveau rétablie par -Gustave
Adolphe , prince très-éclaîré et ami des
lettres , qui serait plus célèbre a ce litre
si son mérite comme protecteur des scien-
ces ne se perdait en quelque sorte dans
f éclat de ses graftds exploits guerriers.
A la tête de Tuniversîié, est un chan-
celier élu par les professeurs et confirmé
par le roi. C'est toujours un homme da
premier
. D E s T o Y A G E s: %^^
premier rang et dès plus considérables du
royaume. En son absence , c'est Tarche-i Suède.
vêque d'Upsal qui en Fait les fonctions.
II y a vibgt-quatré professeurs à Upsal ,
quand une chaire vientà vaquer , le corps
présente trois candidats au roi qui en -
choisit un.
Cette université a été appelée avec jus-
tice , la grande , la première des écoles
pour r histoire naturelle. C'est en effet la
meilleure des académies du nord; et dès le
temps de son institution , elle a produit
des hommes distingués dans toutes les
sciences. Les savans ouvrages que divers
de ses membres ont publié depuis peu ,
prouvent assez avec quel succès on y cultive
en particulier les sciences naturelles. Le re-
cueil intitulé d^/7ze/iiVé;.y/3f£?û//e'/w/yz/e.ç est un
de ceux qui ont le plus étendu la réputation
de cette savante société. C'est un choix de
thèses sûr des sujets d'histoire naturelle
soutenus «ous la présidence du céfèbre
Linnœus. On peut les regarder comme des
ouvrages approuvés par ce savant profes-
seur , at ayant la même autorité que les
siens ; ils sont même .souvent destinés à les
eclaircir et à çn confirmer diverses pro-
positions.
Tome 11. S
474 HISTOIRE GÉNÉRALE
La bibliothèque de l'université contient
Suèdf. plusieurs manuscrits et livres de prix.
Olaus Celsius qui a écrit sur cette collec-
tion , nous apprend qu'elle doit son origine
à la libéralité de Gustave Adolphe qui
donna à l'université sa propre bibliothèque,
. très-considérable pour le temps ; et plu-
sieurs autres bibliothèques qui faisaient
partie des dépouilles des pays où il avait
porté ses armes victorieuses. II s'était ré-
servé toujours pour sa part du butin dans
les villes- prises d'assaut les livres qui
pouvaient s'}»^ trouver : c*est ainsi qu'il fit
passer à Upsal la bibliothèque des Jésuites
de Riga , et celle de plusieurs autres villes
de Pologne et d'Allemagne. Ses successeurs
suivirent cet exemple^ ainsi les armées sué-
doises enrichissaient par leurs conquêtes
les bibliothèques de leur pays.
Le morceau le plus précieux de cette
bibliothèque » est le manuscrit gothique ,
connu sous le nom de Codex argenuus.
Ce sont les quatre évangiles ^ écrits en
lettres or et argent , toutes les lignes in-
terlignées , in-^o, incomplet au commence-
ment età la fin , en tout , cent quatre-vingt*
sept feuillets ; à la marge quelques traduc-
tions de passages en latin. On suppose que
DES VOYAGES. ijh,
c^est une copie de la traduction que fît des
évangiles en langue gothique , Tévêque Sukd^^
Vphihs y Tapôtre des goths , au quatrième
siècle. J'ai examiné ce curieux manuscrit
avec beaucoup d'attention* Je ne sais si je
dois dire qu'il est écrit sur du yélin ^ du
parchemin ou du papyrus. On diffère sur
ce point. Les feuilles sont d'une couleur
violette , et c'est sur ce fond que les lettres,
qui sont toutes capitales , ont été ensuite
peintes en couleur d'argent, excepté les
initiales et quelques passages qui sont de ^
couleur d'or. Je me suis convaincu, par un
examen attentif, quechaque lettre est peinte^
et iton imprimée^ comme quelques auteurs
l'ont assuré , au moyen d'un fer chaud ap*
pliqué sur des feuilles d'or ou d'argent;
Plusieurs lettres • d'argent sont devenues
vertes avec le temps : mais les lettres d'or
sont bien conservées. Ce manuscrit est gâté
en plusieurs endroits, mais ce qui ne Test
pas est presque toujours parfaitement li«
sible»
Ce manuscrit fut découvert en 1 697 ,
dans la bibliothèque de l'abbaye des béné-
dictins de Verden en Westphalie, par An-
toine Morillon qui le fit connaître le pre-
inier au monde savant. De l'abbaye de Ver*
S % '
i^S HISTOIRE iGÊNÈRALE
den îl fut transporté à Prague pendant le
SùWe. peu de temps que cette ville appartînt a
l'électeur palatin. Prague ayant été prise
d'assaut par les Suédois en 164^, îl fit
partie du butin du général Kœnîsmarck
qui <în fit présent à la reine Christine. On
dît qu'elle le donna à Isaac Vossius; mais
îl est bien plus probable que le rusé hol-
landais le prît sans permission avec beau-
coup d'autres livres et manuscrits rares
de la bibliothèque de la reine, dont îl s'em-
para à la faveur de la confusion qui pré-
céda l'abdication de cette princesse. A k
mort dfe ce savant , Texéculeur de ses
dernières volontés , le comte Magnus de
Ja Gardie , acheta ce manuscrit quSI paja
a5o livres sterlings , et il en fît présent à
runiversité d'Upsal, où il est encore au-
jourd'hui.
Ajant prié le bibliothécaire de ittè mon-
trer le premier livre imprimé ert Suède,
îl me fit voir h dialogus creaturarum mo-
ralisatus , publié k Stockholm en 1483,
par Jean Snell , imprimeur Allemand , que
l'administrateur Stenon Sture tivaié taît ve-
nir en Suède.
Avant que de terminer ma relation de
cette bibliothèque , je dois faire meatioa
-.tde;?:- y oy:AGE s.. ^77
d'un bçam cabinet de.t^pe et de cyprès.^
ornq de .pierifs précieuses , dont la ville
d'Augsbourg.fit présent eji i632 à Gustave
Adolphe, Entre autres curiosités qu'il coi^-
tientr^P rçai,ai:que une agathe'qui a dçi^fc
empans dç Ipngûeur çt un et demi de"
largeur.. Sur Tun des côtés on a peint le
jugement dernier , et syr j^i^Çre le passage
de la mer rouge. Les .figures, sont d'np
très-be^u coloris ^ semblable à cel^î dej&
peintrçs A.U^i^ands qui ont succédé immé^-
diatement a Albert Dqrer. L'ariiste s*eat
servi avechçaucoup d'art. des teintes et des^
ombrer de Ifi pierre pour, jçpcprimer l'eau
et lest nuages, et il a ^e^du a^ec.autaat
de naturel que de h?rçliç?st; , les eaux s'é-
levant tîorame un mur ipf^nv ouvrir un pas-
sage aux Israélites , et se jetant avec furie
derrière -eux pour epgloutir l^armée d^
Pharaon. Cet artîstç quj 3f nommait Jeau
King.sl^st; peint luj-iDême aux pieds d^
pape au milieu des saints dai^s le ciejl.
Avant de <|uîtter Uprsal^ J^'allair visiter le
lieu cil se faisait anpienaement rélection
des rois de Suède. IJ e§t h .sept milles de
cette- ville dans le mi lîftu .d'une plaine ap-
pelée J^ora jet il est encore remarquable
par plusieurs des pîerres^ brisées dont Tune
S 3 '
Suëia;
A78 HISTOIRE GÉNÉRALE
est conuue dam Thistoire de Suède sous
SuMc. le nom de Morastétn , ou pierre de Mora.
Cëtait sur cette pierre comme sur un
trône que les souverains qui venaient d'é-
, tre élus recevaient les hommages de leurs
sujets et les marques de la rojrautë. On
gravait sur une autre pierre leur nom et
Tannée oii cette cérémonie s'était faite;
c'était-là un titre et un monument de leur
élection, y y remarquai dix pierres dont
la pramiëre n'avait que six empans de loo-
guèur 9 deux dc^ largeur et deux d'épais-
seur t et que la tradition prétend être le
Morastéeriy les autres sont extrêmement
petites* J'obsei*vai , sur plusieurs de ces
pierres, une croix et un globe gravés gros-
sièrement , et sur une en particulier qui
était fort ^cienne , les trois couronnes qui
Sont les armoiries de la Suède. J'y décou-
vris aussi quelques traces d'inscriptions
qui paraissaient être en langue gothique,
ipais elles étaient trop imparfaites pour
que j'essayasse de les déchiffrer. Ces anti-
quités suédoises n'étalent couvertes » il v
a quelques années que d^me hutte de bois ,
mais \i présent elles sont renfermées dans
un bâtiment de briques que le roi régnant
^ fait construire'^ ses frais à l'honneur de$
DES VOYAGES. ^79
rois ses prédéGesseurs. Une inscription en^
langue suédoise gravée sur les murs in-> Suède.
teneurs fait mention des rois qui ont été
élevés sur le trône dans ee Heu.
Olaus Magnus, historien de la Suède as-
sure que le morastéen ou la pierre sur
laquelle on élevait le roi nouvellement élu ,
était au milieu de douze autres pierres
rangées en cercle. Càmden décrit un sem-
blable monument trouvé près le village de
Saint - Buricus ^ dans le pays de Cor-
nouailles.
Toutes les nations Germaniques et ■ Gel-»
tiques ont eu dans les temps anciens la^
coutume d'élire et de proclamer leurs A'ois
QU leurs chefs dans les assemblées des
hommes libres de la nation qui se- tenaient
en plein air , comme cela se pratiquait i }
n'y a pas long-temps en Pologne. On sait
quelle répugnance ces peuples avaient pour
les lieux fermés^ qu'ils regardaient comme
dangereux pour leur liberté et de vérita-
bles prisons. D'ailleurs, il leur eût été dif- ^
iicile d'assenabler tant de monde dans qne*
enceinte couverte et n>ême dans une ville ^
puisqu'ils n'avaient point de villes propre*
ment dites. Il serait aisé de trouver des
traces de cet usage dans l'histoire ahcienne
S4
ftSo HISTOIRE GÉNÉRALE
de toutes ces nat!oas>. Je me bornerai k
Soède. observer qu'on trouve aussi en Danemarck
, les lieux où se taisaient les électiong des
rois f et que ces moniimens préserves des
ravages du temps par leurs masses et leur
grossièreté , sont de grands rochers ordi*
xiairement au nombre de douze rangés en
cercle , et dressés sur une des extrémités,
au milieu desquels s'élève un autre rocher
qui servait de trône au roi.
• Le jardin de botanique d'Upsal , que
î'ai eu le plaisir de visiter , accompagné
du fils de Linnœus y est petit ^ maïs dis-
t/ibué avec intelligence ^ et les plantes f
particulièrement les exotiques , y sont en
très-grand" nombre. Je lîe pouvais m'em-
pêcher de considérer avec une sorte d*eo*
thousiasme ce petit nK>rceau de terrain
rendu si célèbre par Li nnseus ^ d^nt on peut
dire sans exagération qu'il a fait de toutes
lesj parties de l'histoire naturelle le sujet
^ de ses profondes recherches. Son înclioa-
tion pour les sciences ^ dans lesquelles il
s'acquit un sir grand nom se manifesta
de bonne heure ^ et ce fut à roccasion
suivante. Son père s'amusait à cohiver
des plantes et des fleurs dans )e jardin
de sa cure f Linnaeus encore ealâiit prit
DES VOYAGE S/. i8i
part k cet amusement, et il pouvait à peiné ^
marcher , qu^il témoignait une grande jbîè SùW*;
lorsqu'on le laissait entrer dans le jardin.
A mesure qu'il prenait des forces, il pre-
nait, plus de goût à remuer la terre, et ob-
tint ensuite une petite portion de terrain
pour lui seul , qui fut appelée la maison de
Charles.
Après de longues études et plusieurs
vojrages tous consacrés à la botanique , il
obtint enfin ce qui faisait l'objet de toute
son anibition , la chaire de botanique de
Tuniversîté d'Upsal , et la charge d'inten-
dant du jardin des plantes. Il ouvrit des
cours de botanique , d'histoire naturelle,
de médecine , et passa le reste de- sa vie à
Upsal. Il avait toùjoure un nombi*^eu3( au-
ditoire , beaucoup d'étrangers accourarent
pour l'entendre. On trouvait dans ses le-
çons la précision et Texaclitude qui rendent
ses ouvrages si recommandables.
Fondant les pi*emières années de son sé«
)oar à Upsal il donnait des leçons^ publiques
sur les plantes , et allait herboriser au prin-
temps et en automne dans le Voisinage de
cette ville. Dans ses promenades savantes,
jLëtait suivi de deux à trois cents étudians
divisés en différentes compagnies^, et de
a8a HISTOIRE GÉNÉRA4.E
■ trompettes et de cors de chasse. Liorsque
Saëdt. Linnaeus avait quelque plante curieuse ou
quelqu'oiseau ou insecte à faire voir, ou
quelque remarque i m portante à communi-
quer , il faisait appeler ses gens épars , par
le moyen de cette musique bruyante , et iU
couraient en foule se ranger autour de lui
pour Tëcouter avec un respectueux silence.
C'est ainsi qu'il répandit de plus en plus
l'esprit de recherches et le goût de Tbis*
toire naturelle dans sa patrie.
Son nom doit être inscrit dans la liste
des grands philosophes qui ont ët^ amis
de la religion , avec ceux de Newton , de
Boyle , de Locke , de Halier , d'Euler. Il
témoigna toujours le plus grand respect
pour TèCre suprême , et il avait Ikit met*
tre sur la porte de son cabinet ce vers
connu.
■
Intiocui vitfite , numen aâest.
•
Le grand mérite de Linnœus ^ comme
naturaliste , est d'avoir tiré lliistoire na-
turelle, de Tétat d'imperfection où elle était
avant lui « et d'y avoir répandu la lumière,
l'ordre et la précision. Le seul catalogue
de ses ouvrages ferait un petit volume»
et il en faudrait beaucoup pour tracer se»*
DES VOYAGES. a83
letnent une esquisse ^e son sytènde , connu
aujourd'hui partout sous le nom de sjrs- ^^^àe.
xéme de Linnœus 9 qui embrasse dans un
nouvel ordre toutes les branches de Thîs-
toire naturelle. En lisant ses ouvrages , on
ne sait ce qu'on doit le plus adn^irer , ou
de ses profondes connaissances , ou de son
génie fécond et inventif, pu de son appli-
cation infatigable ^ ou de son exactitude
étonnante dans les descriptions et les clas-
sifications des objets qui paraissent se res-»
sembler le plus.
\jes revenus publics et la prospérité de
la Suède* étant principalement fondés sur
le produit de ses mines et surtout de celles
de fer , la minéralogie a été soigneusement
cultivée et encouragée dans ce royaume.
Cest à cette cause que nous devons prin-
cipalement attribuer la supériorité des chi-
mistes Suédois sur ceux des autres nations.
Car quoique les Allemands se soient aussi
distingués dans cette science / c'est aux ^
Suédois qu'est dû le premier système rai-
sonné de minéralogie. Linnœus est un des
premiers qui nous a appris la méthode de
classer ces corps inorganisés. Il a jeté les
fondemens de cette distribution qu'il 4 cher-
ché dans leur analyse chimique. Ce sys-
a84 HÏSTOIRE GENERALE
^tème a été en grande partie adopté par
S^uède. Vallerîus , mais c'est surtout à Cronstedt
que Von doit un arrangement plus com-
plet et plus précis de ces objets , contbr^
ménient à leurs principes cpnstitutife , et
îl faut avouer que les découvertes des mi-
néralogistes et chimistes suédois ont fait
faire en peu d'années de grands progrès
à cette branche des connaissances humaines*
Wallerîus fit imprimer à Stockholm en
1747 , la première esquisse de son système.
Les nombreux ouvrages qu'il a publié de»
puis , l'ont étendu , développé et confirmé*
Sa minéralogie traduite dans la plupart
des langues de l'Europe , *est un des meil-
leurs ouvrages qu'on ait sur cette science.
Cronstedt se fit connaître de bonne heure
par la découverte d'un nouveau demi-mé-
tal , liotTimé nicheL Son essai sur un sys-
tèmede minéralogie est entre les mains de
tou» ceux qui «ultîvent cette science ; îl y
classé les minéraux suivant leurs prineipes
constitutifs , et s'est distingué dans ce tra»
vail. Ce fut une grande perte pour la
science , que la mort prématurée de cet
habile homme , îl mourut en 1766 , à Tâge
de quarante-trois ans.
Le professeur Bergman se distingua dès sji
DES VOYAGES. 28^
feunesse par Mm gtmad amour pour les ^cien- «
ces , et il fut pourvu de très-bonne heure ^'*^^••
d'Qnechatredef)rQtèsseuFenmattiém»tiques
-et en histoire naturelle ^ à UpsaK Diflfërens
iB^Dpoîres qu'ilf>àblia sur dîvers^ujets inté-
reasaos de physique et d'histoire naturelle ,
féleodirent sa réputation. 11 succéda à Val-
Jérîus en 1767 dans la chaire de chimie et
de métallurgie. Le.principal ouvrage de ce
savant 5 est son esquisse du règne minéral;
ee traité abrégé mais excellent , a été sôu-
'Vent rétmprîmé et traduit en plusieurs
langues. /
La socîélé royale d'Upsel est la plus an*
iAenme acâdéinie de cette espèce qu'il y ait
4la&s le Nord; -elle fut formée en 17:20 à
l'occasion suivaiKe^ Benzélius.^ d'abord bi-
bliothécaire de l'université et «osuîte pro^ -
^esjsietir de théologie , évêque de Gothen^-
bomig tt enfin arêhevéque -dfUpsal ^ entre-
prît «vec quek|.nes * autres saVàiiSyiVii exa-
«neo de tous les livres pabtiés en Suède , de
ceuix que tes .Suédois «vaîent faitJn^prîmer
dans les pajs étrang|ers ^ et de tolis ceuz^
qui y avaient été publiés, et qui avaient
quelque relation avec la Suède. Cet-examen
contenait, outre une notice de ce^ livres,
quelques actes originaux, ce qui lui fit don-
286 HISTOIRE GÉNÉRALE
==ssner le nom dîActa liiieraria Sueciœ j et os
Suède, suivît Texëcution de ce plan pendant dix
ans. Alors, c'est-à-dire en 1780, les au-
teurs ne se bornèrent pas à rendre compte
des ouvrages d'autrui ^ leur travail n'eut
plus pour objet que des actes originaux et
des dissertations. On substitua ensuite en
1740^ au mot àtSueciœ, celui Upsulien-
sis y pour distinguer cette société de celle
de Stockholm.
Elle cessa en 1750 de publier ses transac-
tions sur le même plan; mais en 1778 , elle
les publia de nouveau sous le titre de Nopa
acta regiœ societatis scientiarum Upsa*
liensis. Ils ne paraissent pas régulièrement^
mais seulement quand il y a des mémoires
en suffisante quantité ^ et que la société
veut en faire la dépense , car elle n'a point
de fonds. Ces mémoires sont tous en latin ,
et imprimés in-^'^ ; plusieurs sont fort es-
timés et méritent de l'être. Ony traite une
grande variété de sujets d'histioire » d'anti-
quités « de littérature du nord et d'histoire
naturelle ; il j en a plusieurs de Linnseus
et de Bergman.
DES VOYAGE S. : %
CHAPITRE IL
Départ d^UpsaL — Description générale
du pays. — Tombeau d^ Eric XIV, — Ar-
boga. — Oerebro. — Mariestad y Tro-
Ihaetta. — De la rit^iere Gotha. — Tenta- '
tiue pour joindre le golfe de Bothnie
ui^ec l'Océan par des canaux
X-4ES provinces d'Uplande , de Westmânie
et de Nerîcie , que je traversai en allant à suèd».
Gothenbourg , sont regardées comme la
partie la plus riche et la plus belle de la*
Suède; et en effet , je ne saurais me repré-
senter uripajsageplus varié ni plus agréable
que celui que présente toute cette contrée;
c'est un mélange toujours'charmant de col*
lines 9 de vallées , de plaines , de lacs , de fo-
rêts , de champs et de prairies, interrompu
fréquemment par un grand nombre de vil^
les, de villages et de fermes éparses. Les
voyageurs qui , d'après quelques districts
qu'ils en orït vu en courant , prononcent que
la Suède n'est qu'une terre ingrate et sté-
rile, ne rendent certainement pas justice à
ses beautés champêtres , et aux sites pit-
toresques qu'elle offre en grande quantité*
a88 HISTOIRE GÉNÉRALE
T5 Le 6 mars , je partis d'Upsal , et je tra«
versai un pajs plus ouvert et plus fertile
que tout ce que j'avais vu jusqu'alors en
Suède , et j arrivai à Endkioping ^ petite
vîlle située sur le lac Mœler, et presque
toute composée de maisons de bois , peintes
en couleur rouge. Deux postes plus loin , je
me trouvai à ^e^/ero^, ville très-ancienne,
selon la tradition des habitans. Cette ville
fait un commerce considérable avec Stoc-
kholm par le moyen du lac Mœler , particu-
lièrement en cuivre et en fer des mines
voisines , dont la province de Westmanie
abonde.
C'est une ville grande et irrégulière,
composée de maisons de bois ; on y voit les
ruines d'un ancien palais, habité autreibis
par les rois de Suède ; c'est aussi le siège d*un
évêque , et la cathédrale qui est eu briques,
est renommée pour avoir la plus haute tour
qu'il y ait en Suède.
Dans cette cathédrale , est la tombe du roi
Eric XIV. L'égarement de sa raison ne sau-
rait le mettre à l'abri de tout reproche, cl
ce fut sans doute un prince indigne du
trône. Sa perte fut préparée par la déli-
vrance de son frère Jean , qu'il avait tenu
prisonnier pendant quatre ans , et par i'im-
prudentc
D E s V O Y A G E s* aS^
prudence qu'il eut d'épouser publiquementi
une femme de la plus basse extraction , qui suède.
avait été sa maîtresse ; il en avait eu un fils^
et il avait forcé ses frères à le reconnaître
comme Thériticr de la couronne. Ceux-ci
se voyant ainsi déchus de l'espérance de
lui succéder , se prévalurent du mécon*
tentement général que la conduite déré-*
glée et les excès du roi avaient excité dans
tous les ordres de la nation; ils se mirent à
la tête d^un parti qui , grossissant tous les
jours ^ fut en état d'assiéger le roi dans
sa capitale , et de le forcer à capituler et à
abdiquer la couronne en faveur de Jean*
Le monarque détrôné fut aussitôt enfermé
dans le château de Stockholm où on le traita
indignement. Le détail des cruautés exer-
cées-contre lui , et la description qu'il nous
a laissée de ses $ofti*ances , ne peuvent que
causer autant d'horreur que de pitié.
Le 7 mars , ayant changé de chevaux
entre Vesteros et Arboga dans le petit vil-
lage de Kungsoer,]eïus engagea m'j ar-
rêter par la beauté de la situation, et je
me promenai dans les environs et sur le
bord du lac M<el€r.Ce lac est extrêmement
beau ; il renferme plusieurs îles couvertes
de bois et de prairies très-aboodantes; ses
Tome IL T
igo HISTOIRE GÉNÉRALE
^^^— bords sont élevés , bien plantés , et diver-
Sfiie. sifiés par un mélange de châteaux et de
maisons de paysans. Toute la partie du lac
flue je voyais , était couverte de glaces,
niais elles' ne pouvaient plus porter de
voitures. Ce n'est ordinairement que pen-
dant quelques semaines que la glace est
assez forte pour cela , et qu'on peut aller
en traîneaux jusqu'à Stockholm.
Ne trouvant rien de renaarquable à Ar-
bt>ga , je me hâtai d'arriver à OerebrOj
rapitale de la Néricie , où je passai la nuit.
Cette ville , la plus grande que j'eusse vu
depuis que j'avais quitté Stockholm, est si-
tuée à l'extrémiléoccidcntale du lacHielnier.
Les maisons sont presque toutes de bois;
les habilans fournissent Stockholm de fer ,
de vitriol et de couleur rouge. Leur com-
merce favorisé par les deux lacs que joint L-
canal d'Arboga , est lort considérable; il
Y a aussi une fabrique d'armes à tèu.de
draps et de tapis.
Le 9 mars, j'arriviii à Marteitii4t,^i\\e
bâtie sur le lac Venncr, par CharlnlX ,
qui lui donna le nom dtr smi ép
Mariestadt , je sui\ îs |>cndAat
temps les bords du lu W-atv
graud de la Suède ; il a près 4
DES VOYAGES. ^91
TÎDgt-dîx milles anglais de longueur , sur
quarante de largeur. Ses bords, dans le ^^^^'
pajs où î'étaîs, sont bas et unis , en sorte
que la surface de ce lac parait sans bornes
comme celle delà mer.
Je traversai ensuite LindJàœping dont
les habitans fbnt un commerce considérable
par le mojcn du lac Venner et de la rivière
Gotba , qu'ils descendent jusqu'à Gothen-
bourg. Je passai la nuit dans le petit village
de Malby y et le lendemain matin, j'arrivai
à TrolhœUa. Le pays que je traversai est
extrêmement sauvage : ce ne sont que des
bruyères stériles , coupées par des chaînes^
de rochers où Fon n'aperçoit presque au-
cune trace de végétation.
Ce village ne contient qu'une douzaine
de maisons ^ près des cataractes du fleuve
Gotha. Mais il est bien connu par les pro-
digieux travaux qu'on y a faits , pour ou-
vrir un passage aux vaisseaux ^ par le moyen
du canal qui porte son nom.
Ce canal fait partie d'un vaste plan for-
mé depuis long-temps , pour établir entre
la mer Baltique et l'Océan une navigation
au travers des terres qui , en augmentant
le commercé intérieur d'un grand nonw'
bre de provinces^ aurait dispensé de faire
T %
19^ HISTOIRE GÉNÉRALE
passer par le Sund une partie des mar-
^''^'^'- chandises de la Suède. Gustave Vasa fui le
premier roi de Suède qui comprit rutilité
de cette navigation intérieure , lorsqu'il fit
de LodèiCy aujourd'hui Gothenbourg , un
port et une ville de commerce $ afin que
les vaisseaux marchands ne furent pas
toujours obligés de passer le Sund. Il se
flatta qu'un jour les marchandises que la
Suède importe ou exporte » pourraient
passer pafr les lacs Venner , Hielmer et
Mœleri jusqu'à Stockholm, si Ton réus-
sissait à rendre navigables les rivières et
'les lacs qui les unissent.
Éric XIV voulant exécuter le plan tracé
par son père , donna ordre qu'on s'en occu-
pât sérieusement 9 mais les troubles dont
son règne fut agité , ne permirent pas
d'aller plus loin.
Plusieurs de ses successeurs reprirent
ce grand projeta Charles IX fit dant cette
vue creuser le canal de Cahgraw » et Charles
XI celui d'Arboga. On s'aperçut cependant
bientôt des grandes difficultés qu'on trou-
verait dans son exécution. Gusuve Adolphe
ne put trouver en Suède personne qui osit
a'en chai*ger, et Charles XI y envoya des
ingénieurs hollandais qui le jugèrent im*
: D E s V O Y A G E S. 2gS
praticable. La Motraye , qui raconte ces
£iits , ajoute que Charles XII ^ loîa de se ^^*®^
rebuter par ces difficulté^ , envoya sur les
Jiew:^ Polhçim , ingéqîeur célèbre , <{\i\ lui
rej(nit un plan pour rendre ^lavigables )p^
cataracte^ de TrqlbaetU , et pour ouyrif
entre Gotheqhourg et Stockholm , ef menq^
45ntre les.lacj^ Yenner et Y^tter et U vill?
de Nor^k^piog, une ^layigation pour dç
grande vaisseau^. Charles XII (approuva ce^
plans et ordonnai qu'on travaillât à leuf
exécution; maîsi sa mort -fit îptcrrampr^
ces travaux , qui ne furent repris que sous
Aldolphc Frédéric , père dû roi régnant.
Ce plan renfermait trois grands objets;
i.^ Ja lonctiori (Jes lacs Mœler et Hîejmer ;
2..^ celle du lac Hieflmei^ avec lé lac Ypnner ^
3.0 celle du lac Venner avec l'Océan. '
Le premier objet a été rempli au mqyeii
ctu canal d'Arboga, îl est large et à huit
pieds de prolbrideur : oh y con^pte huit
écluses et il est navigable pour les mêmeî
vaisseaux qui naviguent sur teé lacs. Ce sont
des vaisseaux du pori de quarante - trois
tonneaux I couverts, à un, «eul niât, qm
ont soixaa^e-seize pieds de longueur , et qm
turent six à sept pieds* d'eau.
Le second objet,, c'est-àrdipe , la jonctlolà
Ta
\
I
294 histoire: générale
des lacs Hielmer et Venner, a rencontra
Suède, jusqu'ici des difficultés insurmontable» qui
laissent peu d'e&pérance de succès.
Le troîsîèmç objet serait de joindre le
lac Venner avec TOcéan germanique par
le moyen du fleuve Gotha qui sort de ce
;lac , et se jette dans l'Océan près de Go-
thenbourg. Mais le cours de ce fleuve étant
embarrassé par des bas fonds et des cata-
ractes, on a tenté de faciliter la commu-
nication par le ihojen du canal de Cabgraf^
et du canal de Trolhaètta.
Les travaux entrepris dans cette vue ont
souffert plusieurs accidens : pour y remé-
dier on a construit un écluse par ordre du
roi rcgoant , et qui porte Je nom de Gus-
» tave. C'est un canal magnifique de quatre
cents pieds de longueur, dont la moitié est
taillée dans le. roc, et où des barques de
quatre- vingt tonneaux et plus ,, peuvent
passer aîsément-
Des ' cataractes au lieu ou le fleuve re-
devient navigables , il y a environ deux
milles. On compte quatre principales cata-
ractes sép^irées par dea touroans, où leau
violemment agitée présente un afireux et
sublime aspect. La hauteur totale de ces
* . DES, y Oy A.GE s. âpô
quatre cataractes €St d'^ptiron cent pieds, i
Je n'entrerai point dçtns Je /détail de. ce^ Sukte
immenses ouvrages ; on les a abandonnéa-
comme inutiles ^ et on & forme le desseidt
de creuser un nouveau caiial dans le roc
cpii forme. les bords du fleuve; il doit avoi^
quatre mille sept cents pieds dCflongueur ,
trente-six de largeur , et en quelques ent
droits^. plus de cinquante pieds de profon*
deur : il aura neuf écluses ^ ;et -si l'on ré^
fléchit .qu^ij faudra perçei* yii. rocher de
granit rouge qui. s'étend dans 'tout cet es^
pace, pp. conviendra qu/e;cç nouveçj^u plan
ne doit pas rencontrer moins de difficulté^
que YàxjÂfe : cependant il ne faut pas pro-^
noucer qu'il esç. impraticable. D'autres ou^
vrages, comme le canal du (Jac de Brîdgf-^
water, en Angleterre ; celui de^ta^nguedoc,
le chçmîn creusé dans l.e mont Gemniâ P^^
^uiss^ , .pvouycnt que tout jeét j)ossibIe à»
ri)idvisti?îij* humaine. ^ . * - : ...
L'aspect du pays. depuis. TrplhaBt ta. jus-
quà GotUenbpurg est sauvage et romanr
tique.*. D'innoqfxbMlîl^^ chaînes. de rocs stér
riles 4*étendeat dans tpus lc€i sens , et dans
l'î nteryalle.ee sOint des jplaines' trèfe-feiuiles
d'unimïUe^tt- plus de largeur qu'arrpe^ Je
fleuw Golh*' ifies montagnes sont 4e granit
T4
îLi^ HISTOIRE GÉ^TÉRALE
? et dépourvues d'arbres , et prévue de toute
3tt^de. espèce de Y^gétatîon,
Le fleuve forme en que)qtieft endroits ua
beau courant <*t ui^odnal as^ez ëtrolt : à dix
ïhîlles de (îothenbôurjç , îl ee partage en
trois bras y dont deux se réunissent après
avoir form^ une petite île de roc vlF. Cet
deux bras réunis forment ce qu'on ap^^elle
la rivière du Nord * qui se perd dans la mer
à A\x milles de là. Le troisième bra«, que je
suivis fusiqu'à Goibenbourg , conserve le
nom de Gotha. Le* terrain enffermé jxir ces
deux bras du même fleuve^ se nonanie III0
de Hizingen.
Gothenbourg ^ qu^ la commodité de Md
port a rendu une ville considérable ; occupe
la place où était une ville ancienne nom-
iftée Lodëst^ y bâtie par Gustave -Vaôa qoî
lui accorda de grands privMégea. La ville
ayant été bixllée en 16 ti pftr leii Danois «
Gustave Adolphe la fit rebâtir telle Wéile
est aujourd'hui : ga situation est^très^siogu-
iière. A peu de distance de la^M^er est une
plaine marécageuse qui petit avoii^ au plus
un mille de largeur , bovdéè par Jes rî*
vières de Gotha et Moeldal'^ et pi^esque
partout entoùri'ée de rochers élevés si nuds,
c^u'à peine ^ aperçoit «on ua briiv d'herbe*
DES V O Y A G E SL ^^
Gothenbourg est bâtîe en partie sur ces
rcxrhérs , en partie dans b plaine , ce qui ^^^«^
la feit diviser en ville bas^ et ville haute.
La première est toute unie , coupée par de$
canaux comme les villes de Hollande, et
bâtie sur pilotis. La ville haute est bâtie
%xiT la pente, de» rochers^ et les maisons
s'élèvent les unes sur les auti^es en amphi-
théâtre : Tune ei l'autre sont fortifiées ré-
guHèrement. La ville peut avoir trois milles
de tour sa as éomi>ter le faubourg de Haga ,
qui est piiës du port.
Les rues'sront droites et régulières : uii
petit nombre de maisons est en bnques }
la plupart sont de bois peint en rouge. Lie
port est fermé par deux chaînes de rochers^
et il peut avoir un quart de mille de lar-^
geur. La pô)3ulâtioii de cette ville s'esi
eonsidérabl^a>ent acei*ue depais quelque^
années : elle contient aujourd'hui enviroii
dix huit mille habitant. Les progrès sorit
dus, sans douté', à cçux de son commerce;
à la compagnie des Indes qui y est établie ,
et k la pèche du hafeng qui s'j^ fait avec
beaucoup de succès. »
En 1781 , on y forma wne compagnie de
marchands , à laquelle on accorda un pri-
vilège exclusif potir faire le commerce d^
S!»
5^98 HISTOIRE GÉNÉRALE
rinde pendant quinze ans. Le port dé
Suhiù^ Stockholm étant ferme trop long* temps
V par les glaces pour qu'on putôse en faire
partir à temps tes vaisseaux destinés au
voyage de FIndé , cette compagnie s'est
fixée à Gothenbourg , dont le port situé
^ 8ur rOcéan germanique est presque tou-
jours ouvert.
. Le pays que j'ai traversé ea venant de
Stockholm à Trolhaetta est estimé la par-
tie de la Suède la plus belle et la plus peu-
plée. Celui que je devais voir en allant de
Gothenbourg a Carlscrona^ c'est- à-dire,
la province de Smolande , est au contraire
le plus sauvage , le moins habité et le plus
inculte du royaume. La dislance de Go*
thenboug à Carlscrona est de 38 milles de
Suède qui font 247 milles d'Angleterre , ec
dans toute cette étendue, il n'y a qu'uo
$eul lieu qui soit honoré du noip de ville :
les villages ne contiennent poUr la plupart
que six ou sept maisons , et souvent ).e ne
trouvais qu'une humble chaumière solitaire,
là où je changeais de ehevaux ; cependant
dans tout ce pays si désert, et enapparence si
abandonné » il y avait partout de bons che-
mins, d'assez bons logemens, les paysaos
gontens et da bonne humeur.
DES VOYAGES. 199
Le mardi 16 mars, je partis de Gotlienr-
faourg et ]e passai au travers des rochers CftA SuWe.
«e succédaient presque sans interruption et
sans mélange d'arbres et de plantes. Le payii
que )e parcourus ce jour- là et le suivant,
quoique èauvage et peu susceptible de cul-
ture, était infiniment diversifié. C'était deè
collines couvertes çà et là de forêts de pins ;
de bouleaux et de chênes entremêlées de
prairies et de quelques champs , ornés de
plusieurs lacs , dont la vue était trës-pitto^-
resque , arrosés d'un nombre infini de ruis«
seaux limpides comme du cristal^ ^^î mur-
muraient en s'eafuyant dans un lit de
cailloux.
n y eut ce jour-là une poste- dans laquelle
mon postillon était la fille d'un pajsan :
le chemin étant très-drflfîcile et escarpé ,
il fallait heandùùp dé ferbe et d'adresse
pour conduire>lè8 <;bevaux et éviter d'être
versé. 'Je lui proposai de laisser les rênes
k mon domestique qui était bon cocher ,
mais cette fille choquée de ce que je dou-»
tais de sôo habileté rejeta bien loin cette
offre. et montant sur le siège , me mena très-
bon train et gouverna ses chevaux avec
tant d'adresse que mes craintifs cessèrent
bientôt, et que nous arrivâmes à la posté
Zqp histoire giênérale
sans avoir couri| le moindre dMgier* De-
^"^dç, puis ce temps là , ]e nie $uisi ^ouf^uv» laissé
icpoduire sans àé^nœ par * hs paj^saones
suédoises.
Je passai la im\t à Jlf^nt^rid datas la
€|;iaumière d'un pajrsaii et. je ptartis le hor
jdapain de boQ. inftia* Bieotôt après., je
quittai la partie ^lontagoeMâ^, etdcecen-*
iî^nt insei^ibleoient je nise^ trouvai dans
aiue partie sabloni^euse, entremêlée de bois»
^elacs et de cbaipopsi A septiaiUes environ
jdç Varnimo , pv. je pi^ss^î h nut<, je re-
Jtrouvai ^e petit/e^ moaU^pi^y et ff arriva
à Vexiacy ville ^xx:^^ ^ûrlébord d'iiô beau
lac, d'où s'élève un groupe d'îles couvertes
4e bois. Quoique cette viHe ^eît ie siège
d'un évêché ^ eUe est extr^n^i^enC petite.
L^ plupart de§ qiajso|3d spnt de bois , les
babitans viyej^i); r^xx coaimeree de leurs
bçstiaux qui s'eDgi:4M48eo{! duas les beaux
pâturages qu'091 trpi)v^ dé temp^en temps
entre des rochevs stériJks . et de vastes
forêts. , .
. Dans le cours de ce voy^^e , je preBais
constamment mes repas pe<ida«U le jour ,
et je passais toutes les.jauits .dans des
maisons de paysaos,e# s^rte qise j'eus de
fréquentes occasions d'observer leinrs cou*
DEàVOrACÊS. 3oi
tûmes , leurs moemis et leur manière de se
nourrir. Lorsque j'entrais chez eux , je Sù*^.
trouvais ordiôairement toute la famille oc-»
cupée à carder du lin , à filer , à taire de
la grosse toile an métier ou quelquefois du
drap. Les paysans sont fort inventifs , et
savent faire servir les plus grossiers ma-
tériaujc à quelque chose d utile. Ils savent
fciire des cordes avec des soies de cochon , •
des crins de cheval , de Técorce d'arbre ,
ils font des brides avec des peaux d*an-
o^illes. Ils se nourrissent principalement
de viande salée , de poisson , d'œufe, de lait ^
de pain dur. Ils tuent leurs bœufs à la S»
Michel ,et les salent pour Tusage de Thiver
et du printemps suivant. Ils font du pain
deux fois Tannée , auquel ils donnent la
forme de grands gâteaux ronds , et les
enfilant à des bâtons , ils les tiennent ainsi
suspendtis au plancher de leurs maisons.
Ce pain est si dur quil faut quelquefois le
couper avec une hache , mais il n'est pas
désagréable. La bière est leur boisson ordi-
naire , mais ils aiment beaucoup Teau-
de-vîe.
Les paysans sont bien habillés , d'un gros
drap qu'ils fonteux-mêm^s ; leurs maisons^
quoique de b€>is et k un seul étage , sont
3oa HISTOIRE GÉNÉRALE
bonnes et commodes. La chambre où cou*
^"^^•' che la famille^ renferme un rang de lits
élevés les uns sur les autres. Au-dessus du
ciel des lits où couchent les femmes, ily
en a d'autres à Tusage des hommes , sur
lesquels ils montent avec des échelles.
Les voyageurs qui viennent d'Allemagne
et qui ont été accoutumés à de passables
auberges , peuvent trouver ces habitations
de paysans suédois de misérables chau-
mières ; pour moi qui depuis long-temps
m'étais trouvé logé beaucoup plus mal ,
)e croyais être dans des palais. En eWet,
\e pouvais my procurer bien des commo-
dités, et en particulier celle d'une cham-
bre séparée , chose qu'on chercherait en
vain dans les villages de Pologne et de
Russie. Dans ces pays-là, un lit était une
rareté , excepté dans les grandes villes ,
et même dans ces villes les lits n'étaient
le plus souvent garnis qu'à demi , mais
dans les plus chétives cabannes de la Suède,
on ne manquait jamais de lits , preuve
évidente que le paysan suédois est bien
' plus civilisé que le paysan polonais ou
russe.
Après avoir été témoin de l'état de ser-
vitude et d'abjection où sont ces paysans^
DES VOYAGES. 3o3
e'iétait pour moi un grand plaisir de me
trouver parmi des hommes libres, dans SuMe.
un pays où les propriétés sont moins iné-
galement partagées , où il n j a point d'es-
clavage, où les personnes de Tordre infé-
rieur jouissent comme les autres d'une
pleine sûreté pour leurs personnes et pour
leurs propriétés , et où tous les avantages
qui résultent de l'état de choses sont si
visibles que l'observateur le moins attentif
CD est frappé.
Le i8 mars , je passai vers midi de la
^province de Smolande dans celle de Ble-
kinge. En approchant des côtes de la mer
Baltique vers Carlscrona , les lonques chai-
nés de collines graniteuses reparurent ,
quelquefois toutes nues , quelquefois re-
couvertes de bruyères ou de bois. A demi-
mille environ de Carlscrona , on découvre
cette ville située dans une ile , ce qui forme
un très-beau point de vue.
Pendant les quinze joui^ que je fus en
route de Stockholm à Carlscrona , c'est-à-
dire , dans un voyage d'environ cinq cents
milles d'Angleterre , le temps fut toujours
sec , clair et très-agréable ; en sorte que je
pus être toujours sans inconvénient dans
un chariot découvert. Il gelait un peu la'
5o4 HISTOIRE GÉNÉRALE
nuit et le matin, mais le reste du jour le
SaMe. soleil brillait dans, tout ton éclat. Le prin-
temps de c<;tte année était très - avancé ,
et d'une douceur extraordinaire. Le port
de Carlscrona qui est ordinairement fermé
parles places jusqu'au mois d'avril, était
déjà ouvert au mois de mars. Rarement
les paysans d'Uplande et de Westmaaîe
labourent leurs terres avant le mois d'avrih
Mais j'observai en traversant ces provinces
au commencement de mars que Ton avait
déjà commencé à labouter et a semer Toi^e
et l'avoine. On pouvait juger de la promp-'
tîtude de la végétation dans ces pays sep-
tentrionaux par les progrès rapides qu'a-
vaient déjà tait l'herbe et le blé , quoiqu'il
n'y eût pas plus de trois semaines que la
Beige était fondue* ^
Je fus ^rès-surpris en appi^nant et en
voyant que la Suède pourrait fournir assez
de grain pour le l^esoin de ses habitans ,
si l'on n'en employait pas une si grande
quantité à distiller des eauxde*vie« La
partie septentrionale de la Suède et de la
Finlande produit d'excellent seigle , et les
provinces du midi , du froment , de l'avoine
et de l'orge. Le froment et le seigle se
sèment au milieu du mois d'août . et on les
recueille
DES VOYAGES. So5
recueille au mois d'août de Tanoee suivante, s
L orge et Tavoîne sont semés au printemps, Suèdt,
d'abord après la fonte des neiges. On re-
ceuille Torge vers la fin d^août^etl'avoino
au milieu de septembre.
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Tome IL
•V
>>$ HIST0IR1$ GÉNÉRALE
^^^ W -A^
E5H
CHAPITRE IH.
i ; . ' '
Carhcrona. — Notjvtétatc hùs'sinS , Jlfo//«
suédoise. — Christiansdadt. — ffelsin-
bourg. — Remarques générales sur la
manière de yojager en Suéde.
v^ARLSCRONA , ( couroDne de Charles , )
^ukdc. doit son nom et son origine à Charles XI ,
qui posa léB PouftPfllVilSi t!ê celte ville eo
1680, et y tfansporta la flotte royale , à
eause de sa situation avantageuse dans le
centre des mers de Suède , et de la sûreté
de son port. La plus grande pactie de cette
ville est bâtie sur une petite ile qui n'eél
qu'un xoàxex peu escarpé , sortant du mi-
lieu d'une baie de la mer Baltique : \t%
faubourgs s'étendent sur un autre petit
rocher , et le long du mole qui ferme le
bassin où est la flotte. On va du Continent
à la ville par Je moyen d'une digue qui
le joint à une ile ; et de cette ile y par deux
longs ponts de bois joints par An autre
rocher. La ville est grande et contient en-
viron dix-huit mille habitans; «lie est or«
^
\
D E s V OTAGE S. 3o7
née d'une ou deux }oIîeg ^lises et de quel-<
que^ miûspug dé briques passables; inais Sakéa^
le plus gTfEind nonibi^e d^s bâtimess e^%
dé bois. Les lanbourgs dont déteiKlus« di4
côté de terre I par uq mue de pîerriç. .
L'eotrée du {>ort « qui e^t Baturellenaent
ti*ès-dî facile à cause du .gr^pd uombra
de b^ fbnds et de rochers , fst encore
défendue par deux forts bâtis S)Ur deux iles
et très-hîeiji £brtîliés ^.sous les batteries des*
quek tpus. les vaisseaux dçHve^t passer.
Autrefois , quant on carej^alt' pu radour
bail h^ y^is^eamx « on le^ couciiait sur le
côte, daes J(& ; {)ort. Depuis, on a creusa
dons Je iofi: yii^ un bassin , et i\ peut con^
tenir des v^içîsseaux 4u premier rang. li
a Gencquf(tr4^yM2gt-dîx pîeds <le S^ède d9
looguefir ^ ^pfMroid de profondeur, ef
quarante-six de largeur^ Le pii^d sué^oif
diSèr^ très^p^i^ 4^ cf]ui d'Ai^^teterre, iCe
bassin çpntîcfnt^trois cent mille pied^ exxbfi»
d'eau; qn p^t i^ yider «» dix birure^ do
temp$ pjcpiasui 9^ emploie quatrervingt^dix
hommp^ k h ^pps à ppi^H^ei: , et qu'on Im
relève y^iftfip If^; à^mi-hi^^m ppr un pu*»
Ce }i)^n.^iflt le ^vX qi>'U y «it eu ju49
V*
Sôg HISTOIKK GÉNÉRALE
commencé à en faire d'autres sur un plan
SiiM«.> immense , digne deis anciens Romains. Sui-
vant ce plan ^ on construisait trente bas-
èiàs pour la construction des vaisseaux , à
une des ektrémitës du port.
' Le premier objet qu'on se proposait par
ce vaste plan , était d'avoir des bassins
dans lesqitek toute la ftotte pût être te-
nùe à sec et a couvert, pour une plus
parfaite conservation. Mais on a depuis
beaucomp disputé en Suède sur la ques-
tion , si de grands vaisseaux ne se coq-
^rvaient pas -mieux dans l'eau que quand
ils sont a sec ; question qui ne peut être
décidée que par des personnes d'une grande
expérience en ces matières; mais quoi qu'on
en penise/ces bassins seront toujours très-
utiles pour la construction ei la répara-
tion des vaisseaux. ^ •. -
Les Suédois trouvent cheÉ eux dés mâts,
des planches , de la poix', du goudron ,
' et la plus grande partie du lin qu'ils em-
ploient pour la marine. Ils travaillent eux-
mêmes leurs çor4âgas et les toiles à voile
avec du chjihvre apporté eà ' grande partie
de Riga. Ils fondent leurs canons et font
de la poudre avec du salpêtre du pays.
Le port de Carlscrona oit est^U flottf
Suède.
DES VOYAGES. 309
suédoise, est. grand, commode, et a8sez,esssssa5
profond pour des vaisseaux du premier
rang. Les forces navales de Suède en 177^
se montaient dans les états ^^u'on en don-
nait , à trente vaisseaux de ligne , y cpra-
pris ceux de quarante canons , et à quinze^
frégates, outre les galères, les prames
et les chebecs. Maîs'plusîeurs de ces vais-
seaux étant très-vieux, et hors d'état d'être
réparés „on.ne doit pas compter qu'il y eût
alora plas de vingt vaisseaux de ligne en
état de service , et envi ton dîr frégates.
Les matelots de la flotte rojale sont en-
registrés , et se montent à dix-huit mîUev
Une partie est payée en argent, les autres
sont sur le même pied que la milice na-
tionale, c'est-à-dire^ qu'on leur a assigné
de petites portions de terres dans les îles
et sur les côiCcS pour leur subsistance. Sui-
vant les calculs les plus favorables de ces
dix-huit mille matelots, il peut y en avoir
environ six mille qui ont du service et
de l'expérience , le reste n'est que de
simples paysans. Dans^ un cas pressant ,. le
roi a le pouvoir de presser les équipage^s
des vaisseaux marchands , mais seulement
en les remplaçant pa^ dçs rafitelots enre-
gistrés.
•y 1 . *
Siô HISTOIRE CËNÉkALE
Je retrouvai à Carïscrona mes iompa-
Suède- ^nons de voyage que j'avais quittés à Stoc*
kliulm. Je passai ainsi de mon chariot dé*
couvert dairs une voiture plus commode,
avec laquelle fallaî jusqti'à Helsinbourg,
qui fijt le terme de mon voyage en Suède.
Nous traversâmes , eh nous y rendant , les
provinces de Blekinge et dé Scanîe. D'a-
bord le pays était plein de collines et de
rochers , et couvert de bois ; ensuite il
devînt une plaine unie et fertile. I^ous
suivions les bords de la mer^ d'oà nous
avions de beaux points de vue ornés par
les rochers et les îles éparses sur les côtes. A
douze milles en vîron du village de Felkîngc,
où nous passâmes la nuit, nou$ entrâmes
dans la Scanie , la plus unie , la plus sa-
blonneuse , et cependant la plus fertile des
provînces de Suède. Nous. traverSilmes
ïa ville de Christianstadt qui est bien for-
tifiée ; elle est petite, mais bien bStîe.et
on la regarde comme la meilleure forte-
resse de la Suède. Les malsons sont toiite>
de briques et blanchies ; elle est située
dans' une plaine marécageuse près de la
. rivière ffe/gea ; qui se décharge dans Ij
mer Baltique , et est navigable pour de
petites barques de sept tonneaux. Les h^
/
DES. V O Y A G ESI Sii
bitan^ ont des manufactures de drâps^ ek
d'étoffë« de soie, et font quelque commercei.
En approchant des bords du Sund, mm^
trouvâmes le pays moins uni^ descomn^s
s'élevaient plantées d'arbres la plupart. L0
sol était mêlé de sable et de bonne terrf
végétale. Ncms arrivâmes le si mars au
soir à Helsinboui'g , ou Ton s^embarque
pour «traverser le Sund et passer en Da-
nemarck.
Avant que de ternoiner ma relation avée
la Suède , je placerai ici un petit ncHubror
de remarquas que je n'ai pas eu oceasion
de faire jusqu'ici sur la naaaièi^e de yoys^*
ger dans ce pajfs , et sur quelques autrui
sujets.
Les voyances en Suèiie se ibnt très-con^^
modément lofsquV>n est instruit de la ma**
nière de se procurer j&os dievmix» Il n'y
en a pas toujours de prêts dans les viHe#
et les villages qui se trouvent sur les grandet
rouies i nutis si on envoie d'avance u»
paysan pour en ordonner , eo fixant le lie»
et le temps , ces ordrM sont poiictuellement
exécutés. Les voyageurs qui ne sont pa#
prévenus , sont exposés à die fréquens dé«i
îais g et c^e6t ce qui nous arriva quand
90US eiatrâmes en Suède ^ car il nous fû^
V4 •
3%Mm*
Suhàe,
8iâ HISTOIHE GÉNÉRALE
lait attendre a chaque poste ^ qu'on eut
pu amener des chevaux des villages voi-»|
«jct3* LVtdblîsseaieiit des. relais est ici sur
uu.pied très^ avantageux poUr les voya-
geurs f mais extrêmement k charge aux
^ei>s du pays.
Toutes personnes possédant une certai-
ne étendue de terres sont obligées d'en-
voyer un ou plusieurs chevaux deux ou
trois fois par mois à la poste voisine. S'ils
oè sont pas employés ; ils s'en retournent
après avoir attendu vingt-quatre heures ,
sans aucun dédommagement pour le temps
qu'ils ont. perdu ; et s'ils sont employés ,
ce dédommagement est très - insuffisant.
Pendant un voyage de cinq cents milles
c|ueje fis de Stockholm k Carlscrona , toute
ma. dépense j y compris l'achat de mon
chariot, les chevaux de poste; ce que je
donnai aux postillons ^ et les frais dans les
auberges , ne se monta pas à vingt livres
aterllngs , et cependant mon domestique
suédois me reprochait souvent mon peu d'é<
conomie. Les postillons étant les paysans
qui attendent à la poste avee leurs
propres chevaux , se contentent d'un pe-
tit présent de deux ou trois deniers par
chaque^ poste. Les chevaux sont petits ,
-DE S yt) Y A G E s. : 3i3
tnais vifs et yijg^oureux, et deux suffisaient s
ordinairement poqr ma voiture. Ils font Suëde.
Je plys souvent six ou. sept mille par heure.
Le postillon ne . monte jamais à cheval ,
mais il est assi^ sur un petit banc sur le
devant du chariot.
Les grands chemins en Suède ne sont
pas en ligne droite ^ ils serpentent agr^a-
blen^ent dans le pays ; }es pierres et le
gravier en sont la bas<9. Chaque tenancier
est obligé d'entretenij!* une certaine éten-
due de chemin à. proportion de celle de sa
propriété , et cette étendue est marquée
par un piquet ou une pierre placée à di-
verses distances sur le bord du chemin*
Depuis que j*ai quitté TAngleterre , je
n'ai vu en aucun pays un 4ussi grand nom-
bre d'habitatkms éparsesdanslacampagne^
que j*en ai trouvé en Suède ; c'est -là que
des gentilshommes ou autres propriétaires
dont la fortune est bornée , font leur séjour
ordinaire; ils j jouissent de l'aisance qu'on
se procure aisément quand on passe sa yie
dans son domaine. Ces b^^bitations sont un
assemblage de bâtimens' de bois peints en.
couleur rouge et fort propres; comme ils
occupent beaucoup de terrain , ils ressem-
blent de loin à de petits villages, et ils sont
5uècLe»
3i4 HISTOIRE GÉNÉRALE
un grand ornement pour ]e payé. On les
trouve le plus souvent près des lacs , ctïî
y en a pKnieurs qui sont situes au milieu
d'un^ forêt , sur des rocs escarpes qui
semblent milpeodus au-dessus de la surface
d'un lac.
En voyngesnten Suède , on ne petit qu'ê-
tre frappe de la grande ressemblance qu'il
y a entre ia^ langue dû pays et l'anglaise. Ce
ne sont pas seulement des mots qui sont les
mêmes » ce sont des phrases entières , en*
Mrte qu'on anglais qui a de la pénétration,
peut aisément comprendi*e bien des choses
dans la conversation ordinaire. Les langues
suédoise et anglaise sont l'une et l'afltre des
dialectes de l'ancienne langue tentonique
ou germanique , et si elles ont plus d'affi-
nité entr'elles qu'avec la langue dont elles
dérivent , cela est dâ de ce que les Anglais
sont certainement descendus des Suédois et
des Danois , dont les langues ne sont que des
dialectes diflferens. L'ancien saxon dont l'an-
glais est formé, a été porté en Agieterre
par des colonies.,' ou des conquérans venus
de ces royaumes du nord.
DES VOYAGES. 3i5
=9.
^ 1
k
C H A t» I T R E IV.
•
'Abrégé d^ un voyage de Munkail dans Pin^
lérieur delà Suéde. — Villes de Laholm^
— De Balms. — D^Oregmnd ♦ d'Hede^
mora. ---Traversée de la Daléearlie.^-^
Arrwée à Mernasand y capitale de la
ffroi^ince d* AngermarUe. — Voyage à
Piûia , à Lulay à ToméOy à Wassay^
*— Club établi dans cette dernière villem
JLé'auteur du voyage précédent étant
venu *de Russie en Suède , n*en a parcouru Suèd«.
qu'une partie , désirant completter entiè-
rement ici un voyage au nord, j'ai eu recours
au récit de Josepti Marshall, qui a visité
cette autre partie , et qui a même traversé
fa Dalécarlie. Ce voyageur était fort îrts-
truît en agriculture et voyageait pour e>^a-
miner celle des contrées septentrionales de
l'Europe.
Je- revins, dit MarshctU, à 'Copenhague
au mois de mai 1769; j'arrivai le %\y et
me rendis deux jours après à Elseneur, eC
le iaô, je débarquai à Efsinbourg , ville sué-
doise de la province de Schonen. D'Elsin-
3i6 HISTOIRE GENERALE
bourg , je me rendis à Laholm ; le pays que
Suède, je parcourus , en général , est plat , le sol
riche et bien cultivé , mieux, ie croîs,
qu'en Danemarck. Le peupley est dans un
état plus heureux*; ce que T'attribue à sou
indépendaQce y à l'aisancevdans laquelle il
vît, et à cet esprit de lîfceT té qui attire toute
êon attention. On ne trouve pas'icî U naêcne
honnêteté qu'au-delà du détroit; le^ pay-
sans comme ceux d'Angleterre , s'y croient
d'aussi grands personnages qu'un duc et
pair de France. Pai*tQut.. où' j'aperçois un
tel signe , je me dis que je suis dans un
paj's libre. L'agriculture ici me parait en
bon état.
Laholm n'offre rien de remarquable. Le
lendemain 28, j'allai à Helmstadt, qui en
est éloignée d'environ douze mi Iles. Jevoj^a-
geais toujours dans un pays plat ^ qui me
sembla très-fertile ; tout était en raouve-
ment dans les campagnes , c'était le temps
de5 semailles pour l'orge et pour l'avoine.
Helmstadt aunport dans lequel je vis quel*
ques vaisseaux ; la ville toutefois n'est pas
considérable. J'allai le même jour à Rage-
lin ; le pays que je traversai est assez sem-
blable au précédent, il avoisine la cuie. Je
vis aussi des marécages dans lesquels on xdm
dîtquon engraissait les bœufs qui vrèrinent
des montagaes. - Su^de«
• yïiy^dôxvze milles dé Rageiîtir^Gdthen-
bourg, et je les fis dans 1 après dîné. J'eu^
stirtoute cette route à me Jouer de l'boriaê-
teté , de l'exactitude et de la propreté des
aubergistes suédois*. Les postes y sont aussi
très -bien Servies; on uy^itiiendpH'l^
cBeyaûx , et les postillons sont' fort- obli-
géans , quoiqu'ils vivent dans ufl pays libre.
Gothenbourg «^st iin port cotisidërable ,
qui^ par sa situation , tait un grand corn-
lôerce. Le 3a au tnâtin , je pàftîîs; ^ur.
Balms', ville ^ distante de Gothefibôtir^ de
huit milles ; etle ebt siir'uneiledituée dan^
une rivière. L'aspect qu'elle offre est très^
romantique , ses fortifications ne sont* 'pas
mauvaises pour la; Suède, qui à'en'a pîis
beaucoup de fort régulières; ' ^ ••' • - '^ ^
En sortant de Balms , je fus fei^*ë'de 'coii-
'ehi^r dans irn village sur la rdute^^ ou- je- fus
reçu fort honnêtement dans une aubei'ge 1
dont rhôte '^'occupait principatement de
l'agriculture, et terïak une fériée considé^
rable ; sa maison e^' bâtie sur ttî^ttertn qui
commande le lac ff^ener.Ce Isie d'aras 'de
quatre-VHigt milles de long , €t;daM quel-
ques ettdn)îts qi}«ra^t«de lat^gd, -^ , . ; .
3âô HISTOIRE GÉNÉRALE
Bairement bâtis 8ur le'penchant d'une col«
Sutde. jîne^ et au »ud : Iciir construction annonce
du goût 5 et il paraît qu'en générai on a
cherché la vue du lac.
' Stockholm^ la capitale «du rojamne est
une ville plus belle que -je ne le croyais :
elle est bâtie sur sept ou huit îles ou ro-
chers du grand lac Mœler^ ce qui rend sa
position très - pittoresque ^ et lui donne
quelque ressemblance avec Valise. Comme
c^te dernière ville ^ : sa sttuatioii fait' sa
sâreté^ et^l'on n'a pas cni qu'il fût débes*
saire dfy ajouter des fortifications. 'SiM mes ,
en générai sont n%ulières ^ droites et lar«
ges.« ses. maisons ' bibles 9 et la plupaM des
édifices publics ia.décorent infiniment.
Après avoir parcouru la .viHe , je fus
rendre visite au baron/ de - Mistler ^ pour
qui j'avais des lettcm de reoc^mmandation.
Je. trouvai en lui un homme de mojren tfge ,
aimable 1^ enjoué ^ qui connaissait parfaite-
méat: toutes les cours de l'Europe et avait
passé plasieurs amiées à voyager :> A |Mkr*
lait oouummeot anglais V et il s'exprimait
très-bién/ea firançais ': sa maison était vaste
^t meublée à.raDj^tiie et à la française :
ptesque tout, en véirifOéy Mit pour IHitîKté ,
toit pootr l'agrément i; Vf«qt d*Ai%I^MMe ,
de
D E s V O Y AG E& Sm
de Fraope ou à'ïtal\f. |^ baron regrettait
que le$ airtiMe^ suédois o'ewgeot que bleu Sukàe.
peu de t4itect : mais il espérait que^ dans la
«uite , iU en acquéreraiefii aulaat qve'ceux
des autres wtiottê.
Je quittai. StocKholm I0 1 1 « et pn'd la
route d'Oregr^qd ; route qui sur uoe éien*
due de quai-9afe«fept miU^^ , traverse un
p^s ïA^jfl ç\k\ùyép où je YM UQ gr«nd nombre
de cbatfs^ux* La ville d'Oregr«od possède
un pont VWf U golfe de Botknle^.et: con«
vepabUmefiit ait^é pour le eonmierce, sur-
tout celyl de bois de construction. Du haut
d'uiM» mantagne ^ près de la ville , 00 jouit
d'une superbe ¥ue sur ]e golfe.et sur une
grande partît de h Finla^e : les îles d'A-
)and panaistent au loin et font ToSet le plus
pittoresque-
D'OregruAd» j'alia» à Hedemora » qui ep
est élpigAié de cent milles : la route est
très ^ m^(ttvaise« Ce pa^s est sauvage et
ooupé p^r des ÇQUioes et des vallons, des
•montafCMS et de^ rochers 9 des marais , des
rivières ei^des Ut» qui im laissent que peu
de terres -prépares à la eulture. Tous les
pajsaee ici sept fermiers : kurs maisons
de bois sottt bien construites : les meubles
aussi sQot de boî»^ 9% f^fft ^ouvrage de cfs
Tome IL X
8âs HISTOIRE GÉNÉRALE
paysans qui manient très -bien la hache et
S^hde. la sqîe. Ils paraissent vivre heureux et con-
tens ; chacun a sa petite ferme , dont les
terres divisées par des clôtures , entourent
la maison. Ce sont les femmes qui s'occu-
pent principalement de la culture , les
hommes s'occupent daas les forêts.
Hedemora est une petite ville bien située
6ur une rivière au moyen de laquelle oa
exporte beaucoup de fer et de bois de cods->
truction. Le ï6 , je ne fis que vîn^ milles
pour gagner Jaktun, Le mattre d'une au-
berge fort propre , où je logeai , me dît
qu'il n'était pas possible d'aller en chaise
à travers les montagnes de la Dalécarlie ,
pays qu'on m'avait représenté comme ex-
^trêmement digne d'être vu.' Je renvoyai
dono la mienne k Stockholm : des paysans
tae procurèrent d'autres chevaux.
Le 18 au matin , je m'acheminai vers
Grengty petit village de la Dalécarlie , éloi-
gné de quarante milles du lieu d'oii je par-
tais. Le village de Grenge est situé d'une
manière très -romantique dans^une petite
vallée j au pied d'une chaîne de montagnes
et en face d'un superbe lac. Toutes ces
montagnes et généralement les neuf di-
xièmes du pays étaient couverts de forêts ;
D E s V O Y A G E S; 8*3
> •
mais les habitans ont des fermes dans les
vallées , dont ie sol est bien noir , léger. : SuW«,
. Le 1 9 , j'allai jusqu'à Eplebdde > autre pe*»
tit village à quarante milles deGrenge. Le
pays devenait toujours plus montagneux^
plus sauvage et plus couvert de forêts. Il
semble d'abord qu'il iij^ a point de, pro-,
priétés particulières dans toute cette con-^
trée» Mais j'appris que ces Q;)rêts et ces
déserts ont des propriétaires tout comme,
les provinces les mieuk cultivées. La Da-»
lécarlie renferme quelques châteaux de
gentilshommes > dont les agens font tra«.
vailler les paj^sans à couper les bois de
construction^ a tirer la poix etie.goudron
et à faire du charbon. Je n'ai point vu dé
peuple qui ait l'air plus content. Les Da-<:
îécarliens jouissent constament d'une bonne
santé ^ qu'ils doivent a leurs travaux et à
leurs alimenSé Je ne crois pas^ qu'il existe
une race d'hommes plus hardis j ni plus
braves é. Certes, on jie trouve guères cette .
vigueur active ^ d'un courage indomptable ^
unie à la force du corps , que parmi les
habitans des montagnes : ceux des plaides
fertiles sont eiïéminés en. comparais<}A.
Cette idée est parfaitement développée par
Montesquieu. SU eut voyagé . d,ans cettii
X a
ga4 HISTOIRE GÉNÉRALE
province, chaque paysan qu'il eut rencoo-
Suède, jré^ Veut pleinement convaincu de la vé-
rité de ses observations et des inductions
qu'il a tirées de l'histoire des natiotos.
. Les Dalécarliens que j'ai rencontrés pa-
raissent aussi simples qu'honnêtes, et ea
outrç, ils sont; trè^-intelUgens : Thospita*
Kté^ est une de leurs grandes vertus. Si
j'eusse voulu tirer avantage de ces heu-
reuses dispositions , il ne m'en eût coûté
I que de belles^' paroles pour voyager dans
leurs pays. L'argent y est tellement rare ,
que tout en payant .au-delà de ce quf'om
me demandait , ma dépense pe réduisait
presque à rien : je me nourrissais à la yé^
rite , de même que les paysans ; je m'as*
seyais à leur table , et toute la di^tincHoa
que je mettais avec eux , était de me cou-
• cher dans mon propre lit« C'est une exceU
lente manière ^e voyager dans une cooirée
auss^ sauvage , où les paysans sont seuls
dignes d'attention. Quiconque y«ut voir
les diSërences marquées qui existent dans
les^sage$ des hoipmes , acceptera avec
plaisir la compagnie d'un Dalécarlien.
Xie 21 f j'arrivai à Lymay village éloigné
de quarAi^te milles de Gema. Le pays, en
avançant f devenait des plus romantiques.
DES V O Y A G E S. 8a5
Aussi loin que la vue pouvait porter , oii
apercevait de vastes montagnes , pressées 6ukat>.
les unes contre les autres , se terminant à
cette ckaine qui sépare la Suède de la Nor-
wége , et qui se perdait elle-mèmô dans les
Auages. Toute cette immense étendue de
terrain étdit couverte de bois épais > cou-
pés en plusieurs endroits par de grands
lacs de quelques milles , en longueur et ea
largeur. Rien n'est plus terrible et plus
sublime que des scènes aussi étondantes. *
La situation du village dé Lydia est des
plus extratordiaaire j il est placé près d'une
rivière qui ^ dans le fait ^ n'est qu'ude cas-
cade* continuelle et tombe de rocfaer e»
rocher avec un tel rugissement , qu'à peine
on peut s'entendre dans tout le village*
Derrière cette cascade s'élève une autre
chaîne de moàtagnes dont les nuages , dans
un temps sombre ^ dérobent le Sommet ;
mais heureusement pour moi , le ciel fut
constamment seYein. L'aspect de ces terri-
bles masses et de ce torrent qui è'en échappe
pour se précipiter à leurs pieds est dès
plus magni(k|ues. On voit àflieurs des mon-'
tagnes , des rochers , des chutes d'eau ^
maià ils semblent n'être qu'artificiels , en
comparaison de tout ce qui frappe l'œil ici«<
3a6 HISTOIRE GÉNÉRALE
L'impression que produisent de telles scë-
Suède, nés , répand une sorte d'effroi dans l'arae
dé ceux qui les observent. •
Le ^Z au matin , je pris le chemin de
Serha où j'arrivai après avoir fait trente-
deiix milles , je ne vis rien digne de re-
"riiarque. Sema est un petit village où les
•paysans ne cultivent que des jardins. Les
environs toutefois offrent un aspect éton-
nant. L'œil s'égare sur d'épaisses forêts qui
semblent n'avoir point de bornes. J'arrivai
je 26 à Linsdal dans la province d'Helsin-
gia ; cette route me prit ti*ois jours. Elle
est de quarante milles et à travers le
paj^s le plus romantique y le plus monta-
gneux et le plus sauvage que j'aie vu de
•ma vie.
Ici se termina mon vojage dans la Da-
lécarlie , et je le fis avec le plus grand
plaisir. La simplicité, Thonnèteté deshabî-
tans , tous villageois , me procurèrent au-
tant de satisfaction que l'aspect imposant
et sublime du pays me causa d'étonnement.
On peut dire que la nature règne dans
tout& sa majesté au milieu de ces déserts
sauvages. Ils sont dignes , sans doute , de
l'attention des esprits les mieux cultivés.
On y. trouve de^ leçons aussi frappantes
DES VOYAGES. Z^y
et d'un întërét aussi grand que dans les
pajs les plus policés. Sq^^.
Je n'arrivai que le 28 au soir à Linsdal,
et le premier juillet , je vins à Dilsbo. Le
pays que ^e parcourus était aussi noonta-
gneux , aussi sauvage que la Dalécarlie ejt
pas mieux cultivé, Dilsbo est sur une ri-
vière près de la Baltique^ et jouit d'un port
qui reçoit des batimens de deux cents ton*»
neaux. Cependant il existe un bien faible
commerce dans ce lieu.
La route de Dibbo à Hudou hswald e%t
au milieu d'un pajs bien cultivé et dont
les habitans paraiseiit avoir beaucoup d'ia-
dustrie. Je \js deux ou trois châteaux de
gentilshommes ^entourés de fermes consir
dérables , en très-Bon état. Hudou kswfild
est bien situé pour le commerce de la
Baltique. Son port est spacieux ^ sûr , et
reçoit les plus grands vaisseaux. Quelques
riches marchands habitent cette ville où
)e vis un assez bon quai.
Je fus le £ à Horsten où je m'informai
de la demeure de M. de Verspot. On .me
«'épondit qu'elle n'était éloignée que de huit
milles. Le S au matin , je me mis en route
pour le château de ce gentilhomme ^ où
j'arrivai à l'heure du déjeuner et je le trou-t
' X4
'
3^8 HISTOIRE GÉNÉRALE
vai avec sa femme et six à sept entans,
Suèdt. il me reçut très-pdiment. Pendant que
Dôus clëjeunâmes , ce respectable seigneur
m'apprit qu'il avait été pendant vingt ans
sénateur de Suède , et qu'il s'était opposé
constamment à un parti qui semblait pren-
dre plaisir à ruiner le royaume , et que
voja^t , après de longs efforts , oombieâ
peu ia voix de la prudence était écoutée ,
il avait pris le parti de se retirer dans seft
terres et de s'y occuper de Tagricultore ;
qu'on Tavait tbrtemetit tourné en rïdteule
d'avoir pris sur lui TadminisfrÀtioQ de se*
biens et de songer à vivre avec des villa-
geois ; mais Texpérience m'a appris que j'ai
fait sagement , ajouta M. Vcrspot , car |'ai
augmenté ma fortund,en même-teraps que
)'ai coulé des jour& heureux.
Après le déjeuné, nous fûmes lious pro-
mener , M. Verspot et moi , jusqu'il l'heure
du dîné. Dans cette promenade , )(^ vistles
terres qui environnent son château , dont
la situation est des plus romantiques. Des
terres en pente séparent la maison d'un
superbe lac de quatre milieu de loDg , ef
d!un mille et demi de lai^ , au milieti
duquel s'élèvent plusieui*s tles couverte*
de bois, et dans l'une d'elles, M. Verspot
DÉS VOYAGES. 8^9
a faSc construite une maisoit ^^iiéêékklm^
sèment pktée. De l'autre côte dtl lûd > iC
pays est extrêmement varié ; et t^ùt éet
vallées irr^nlières , des montlSigùëlt à plo 1
couvertes d'épaisses forêts* Toute eetté eon^
trée^ à la distance de plusieurs milles de
chaque cô^é , appartient à M« Ydrspot ; il a
bâti sur le penchant de Tunêf de eés mon-»
tâgnes un village de soixaùte-dit maisons i
qui étant en pierres biândbeë , offrent un
agréable point de vue* Un petit vaisseau,
à deux mâts et de dix canons Vogue sur
le lac , ainsi que difiërens autres batteaux »
ce qui ajoute infiniment à la beadté de la
scène.
M. Verspot vît d'une manière très-no-
ble et même recherchée. Sa table est cou-
verte de tous les mets que Tart peut pro«
curer dans ces contrées du nord.
Le 4 au matin ^ nons montâmes a c^heval ^
M. Verspot et moi , pont^ aller voir cette
partie de ces terres qu-il cultive lui-^même.
Ce terrain était entrecoupé de collines et
de plaines entièrement en rapport. Tous
ces champs étaient ensenlèn^és ou plantés
de blé > d'orge, d'avoine , de sarrasin « de
navets j de carottes ^ de trèfle ^ de pois et ^
«hM»'.
33o HISTOIRE GÉNÉRALE
r
de fèves. Ces diverses plantes avaient une
Sttëde. telle vigueur , que je crûs n'en avoir ja-
mais remarque d'aussi fortes , même en
Angleterrie ; j'étais extrêijnement ëlonoé
d'en voir de semblables , et j'en témoignai
ma surpi:is€^ à M.. Verspot. Il me répondit
f( que riçp; li'était si commun, que de lire
« ou d'eqtQt^dre dire qu'un pays est si froid
<c que ses h^bitans ne peuvent subsister que
« du pi^oduit dé leur pêche , de leur cbasse
.«c et de/ qtielqqes, misérables récoltes d'à-
« voine. il^ai vingt < ouvrages dans ma bi-
« bliotbèlqu^: ; où l'on dit que le blé ne
' « réussit pKs^en Suqde, passé le soixan*
« tième degré de latitude. Je suis çepen-
« dant convaincu que la bonté de la pro-
ie videÀcé est si grande , que toutes les es-
« pèceé de grains , de racines et de légumes
i< que je recueille maintenant sur mes ter-
« res , peuvent également croître partout.
« La difficulté ne consiste qu^'à bien connai-
« tre le gonre de culture qu'exige la oa-
« ture du climat. »
Le 6 , je quittai Bavesbourg , enchanté
de ses. maîtres, et pris la t^oute d'Herno-
sand sur la Baltique et dans la province
- d'Angermanie. Hernosand en est la capitale
et occupé yne petite ije du golfe de.Both*
DES VOYAGES. 35i
nie. Elle fait un faible commerce en fer et ~
en bois de construction. ^"^ *'
Le 8, je gagnai Scensio petit village , sur
une baie ^ dont les habitans vivent de leur
pêche ; en conséquence , ils font sécher
une grande quantité de poissons pour passer
leur hiver. Les' ' paysans ^ dans toute la
Suède, n'ont besoin d'argent que pour peu
d'objets. Leur récolte , leur chasse , leur
pêche les noiu^rissent*, et ils fabriquent eux-«
mêmes les étoflfes dont ils s'habillent. Le
sel et l'eau-de-vie sont donc les principaux*
articles qu'ils sont forcés d'acheter.
Le 9, je fis à peu près quarante milles pour
gagnei* Grunsundj je logeai dans la maison
d'un paysan qui possède en propre une'
petite ferme, et qui je crois, est Thomme:
le plus heureux et le plus conteni du mon-
de. Il refusa Targent que je lui offris en
paiement, et me répondit qu'il était çon-,
vaincu que s'il voyageait dins mon pays y
)e ne lui refuserais pas quelques alimens
et le couvert pour une nuit. L'iioijnête
homme agissait ainsi par principe d'hos-,
pitalité. L'argent n'a r|\ïe bien peu deva-
ledfr pour moi , me dit il , ma ferme suffit
à mes besoins et à ceux de ma famille. Ce.
cultivateur avait upe femme., .deux fils et.
38i HISTOIRE OÉT^ÉRALE
deux filie§ qui tous semblaient animes da
^w«. même esprit que lui. L'emploi des trois
hommes était la chasse ^lii pèche et la par-
^ tie k plus pémblc du labourage. Les femmes
ocNtdUfsdieht Ijbcharrue et s'occupaient dans
leur ferme de tous les travaux auxquels
leur fbr^e pei^mettait qu'elles se livrassent.
Elles tiibrrqnaient , en outfd , les étoffes
|iour toute la famille. Ce fut arec bien do
plaisir que î'éutrai dans toutes les particu-
larités qui la doneerfeaiént ,e€ qtie je trouvai
eette cabaise dû résident ccnarstammMt le
bonheur et Id pAix.
La ville d'Una dans laquelle j'arrivai le
£1 , est uae des f>lus considérables de la
Westbothnie. Elle est situéi^ sur utfê très-
belle et itk9-\»ffi rivière qui se fett^dans
le golfe* Soii port 'peut reœvoir d'assez
grands vaisseaux qui vrnytient y prendre
des bois de eonstNKtiott , du f#r / du gou-
dron de la poix > etOé
Je fus deux jours pour arriver à SdW^n-
fûjr y distant d'Una de quàtrd-Vîfi^t milles.
Je passai la nuit dans un village ^ oif ^ pour
)a« prenMère fois , je ne trouvai que des
barbares. Personne ne voulut nï'ouvrfr ,
chacun étadt persuadé que j'étaie un espion
de la Russie* Je irappai donc de porte eo
DE s Y O Y A GES. 333
)!iorte : mais tons les babitstiis eurent U
même idée , de sorte que nul ne Voulut exer^ s^kà».
eer envers moi l'hospital'ité. A force de
chercher , je parvins. cepeddant à une ca^
bane iBolitairei J'étais décidé à eiiti*er de
force ou de gré , et à prendre la ^Mrteressé
d'assaut en eas*de relus.Me|B prières turenf
yaîftes. XI nj^ avait pas 4e place pqi^r nous,
qufliîque pmismiasicmspiiDmbde bien payer
tout ce cpie joéus pnendiiloas. Je fis doa<}
3Îgne à inèft '. geiisi . d^cstourer la maison ;
p^ndaqt b^, j'attaicpieraif ;' mi^ |dan fat
esxé9yA€ dans un iasÉaat, . Je ^issrfsenia» |it6S
pistolets au pajsan. Mes gens lui lièrent \^i
pieda et Jbsâuqfis, Movs aous «ssnyÀme»^e
la. fenune et deaîeafaaa à qtii 'nous atta*
ebdosM les mainrderiîère le dos , nous te<
fSiiMft en^uitei p|ssér dans une a^tre cbamt
bi'e > où Usfuiitiil» èiili^Aiés- f^ chargeai
le pos^Hop de veâli^ sur ^x ? 9A&f% nous
primes possession lie nMt-^ 4o»quéto ; et
noue- iuaiigeiâ|ne|s^ lusii «nets ^^réss^ere que
nott^ trouriaoïesi Apta^ quoif fe fis dresseï^
mon lit. Je passai 'ti4s-biea k ntiH > et «mis
que les priaQnnîevs noua fissent e«fSujer Iji:
m^^indpe allaiptt)^. Le lendenia?» maf^n je
continuai ma;^ rpute , kissaut ks maîtres
ioospitaliers da la çabani^. l|és< , jusqu^à et
334 HISTOIRE GÉNÉRALB
que leurs voisins dont la maison était visa
^hd», vis vinssent les délivrer.
La ville de Scornfay est par 65 degrés
de latitude , et toutefois je ne m'aperças
d'aucun changement dans le cKmat ni dans
la culture. Je vis les mêmes plantes qne
plus au sud et probablement elleç ont un
succès égal. La longueur du jour , en été»
dans ces latitudes septentrionales , permet
peut-être d!y. cultiver les même» espèces de
grains que dans: les. climats méridionaux.
C'estainsi que la providence rend les plantes
les plus utiles , communes à toutes les con*
trées.
J'arrivai le té k Pitha , après tme route
de trente :n)illes. Je crois a'avoir vu nulle
part plus d'industrie qu'ici. La richesse des
paysans de cette contrée parait, consister
en cochons qu'ils engraissent avec des ra-
ciales bouillies et des pois ; lorsque le froid
les pblige de les tenir renfermés»
Pitha est une fort jolie petite ville , l»en
bâtie , qui a l'avantage d'un port« Il s'y fait
un peu de commerce , je trouvai dans cette
ville une assez bonne auberge , dont le
maître était à la tbis intelligent et poli ; cet
honnête homme me. dit que la ville était
pauvre , et le pajs adjacent encore .plus :
' D E9> VOYAGE S: 335
que $1 Ton ne voyait pas de teiop^.en temps
quelques vaisseaux , on ne sauitiix ce que Saëd».-
c'est que l'argent. La politique, du temps
lui. iburnit un texte à beaucoup de corn*
mentaires , et il me parut ford au courant
de la gazette! de Stockholm.
J'allai le lendemaîa^^y à Lulay antre ville
avec un port ^ à' l'embouchure, d'une très- ,
belle rivière /doat le cours èsdlDnjg-^temps
navigable , et quf je crois prdod sa source
dans l'intérieur de la Laponîe. Je partis
le %8 , pour Tornco , et pris ma route à
travers un pays montagneux ^t sauvage
dans lequel on ne rencontrait que très**
rarement un village. Depuis plusieurs jouré
je ne voyais plus de châteaux. Quelques
terres uniquement cultivées poUr la subsis-
tance des hdbitansj entouraient leurs ca-^
foanes ; on pouvait cependaxft^aûgurer que
cette contrée , quoique par 66- degrés de
latitude ^fournissait abondamment aux be-
soins d'une nombreuse pôpulirtion.
Torneo est uîieux placé que toute autre
ville située sur le golfe de Bothifie , pour
commercer avec Ja Laponie qui y fait pas«
ser des fourures , dont quelques-unes sont
de grand prix. Trois belles rivières qui
traversent la Laponie suédoise^ et ouvrent
336 HISTOIRE GÉNIÉHALE
upc «omimmieatian avec celle de Norwège
Saè40, et de Russie eooient près de Torneo. J y
vis donc pliAS de navires qu'ailleurs. La ville
est bien bâtie ^ les rues sont lau*ges , droites
et pavées. Le nombre des sëgocians qui
l'habitent est asseas grand , et Von en compte
quelques-^uns de riches. Us fontoonstruire
des vaisseaux pour les louer. Mais tonm lenrs
efforts ahoiitissefit a peu de chose , faute de
population et de richesses naturelles dans
rinlérieur du pitys.
Le3i jviUet, )e quittai Torneo et gagnai
Coymnnwn^ petite ville située sur la côte,
et dont les babitans svhfiistent de la pèche.
Cenx des piurtiM les phis septentrionales
des deuj: Bothnies ne maiembleDt poiot
aux Suédois ides provinces 1m plus mtfridîo-
iiales du rfçravme. Ils sont plus petits»
mwo$ iatelljgeiis et moin* instruits. Plu-
sieurs d'optr'f not cousent envmdble > et fort
grossîireiMot dw posnx de renards et
d'autres bâtes fmves , powr s'e» faire dei
bsbits assee bisarres. Je ks trouvai d'oa
csvsetèv0 psiAiblA.j flionple et fort humai a
Levirtondiakeest f rès respeetoeuse et très-
poUe* lia ne saluent pas comme les autres
^«édoisnlsvom prennent la naain droite ,
Vspf^iqufn^ sur leur main gauche , et
ibnt
î) Ë S^ VOYAGES. 3*7
font en même^-temps de fort étranges gri-
ibaccs* Suèi«4
Le s, août ,'jé vîris à Salo , le pays qtîé
je traversai n'est point montagneux , il est
plat et entrecoupé de petites collines. J'allai
ensuite à Nicarlby ^ petite ville avec un
port. Elle est éloignée de quatre-vingt-
dix milles de Sàlo^ où jen^arrlvai que le5«
J'allai le 6 à Vero, autre petite ville «ur
le golfe avec un bon -port et un quai bien*
bâti > qui forme la plus belle rue du lieu $
la population de cette ville , qui est assez
pauvre » ne parait pas s'élever au-dessus dé
sept à huit cents âmes. Wassay^ où j'arrivai
le 7 ,e8t plus considérable, ainsi que son
commerce; la ville est habitée par des mar-
chands à l'aise, qui exportent sur leurs ba-
timéns une grande quantité de bois de cons'-
truction ; mais malheureusement ils re-
viennent à vide ^ car le pays adjacent n'esta
au-delà de quelques milles , qu'une forêt
continuelle ^ sans hameaux, ni villages , qui
aboutit presque à la Russie blanche , et par-
court plusieurs provinces russes^ sur un
espace d'environ sept cents milles sans un
seul habitant. Je ne le su^ que par hasard ;
car aussitôtque j'eus commencé mon soupe,
l'hôte entra dans ma chambre^ etm'an-*
Tome II. Y
338^ HISTOIRE GÉNÉRALE
nonca qu'il y av4ic dîins la chambre voisine
5uè4c« une assemblée de plusieurs messieurs de la
ville qui tenaient un club» et qui , ajaot
apf}pris qu'il se trouvait un étranger dans
ratiberge» le faisaient saluer, et Tiovitaient
à passer avec eux la soirée. Je leur fis ré-
pondre que j'accepterais leur prop<)sition
avec plaisir ^ m^ais que malbeureuaeitieQt je
ne savais pas la langue du pays , et cj^e mon
domestique était mon seul intei'prëte. Ces
messieurs me firent dire que si je parlais le
français , l'un d'eux pourraii ciiiMaverser
avec moi ; sinon » qu'ils me priaient d'âme-
Àet* «noiA domestique. Xy allai seul » ef^ dès
que je parus ^ ils se levèrent tous pour me
saluer à la mode du pays ; ils étaient oeuf»
Tua d'eux paraissait être le personiia^ le
plus important , c'était celui qui savait le
iraAv'Ats : il était ^ôrt gros et se :plaig4iait
extrêmement de la goutte. Je docouvrii^
qu'il était marchand dans cetie ville « et
qu'il «vait été caspitainfe de vaisseau { sci»
compagnoBS, pour lui faire honneur , l'ap*
pelaient toujour monsieur h Cé^^tmine.
Agé d'environ cinquante a;as, il étai tasses
enjtNié, gra^nd parleur, et il avait yoyagé
dans presque toutes les parties du monde.
Rarement on trouve un tel honcune dans
DES V O Y A G E 8. 389
ces provinces éloignées de la Suède. II me ■-
dsmaoâa fort poliment qUel était mon nom. Suède.
moQ pajs, et quelle aJBPairem'amenaiten Suè-
de ; je le satisfis. Après cette confidence , je
9) 'aperçus que je gagnais beaucoup dans
leur esprit , eX qu'ils étaient en quelque
sorte i r^cpnnaissans que j'eusse jugé leur
pays digne d'être vu. Tout le reste de cette
société paraissait être composée de mar-
chands , de commerçans et de capitaines
de vaisseaux , les uns et les autres tort pro-
prement vêtus , et paraissant des hommes
de poids ; le seul désagrément que j'éprou-
vai dans leur compagnie , fut causé par
leurs pipes ; ils fumaient tous et sans cesse.
Ces messieurs me firent plusieurs questions
sur les usages et les coutumes d'Angleterre ,
et mes réponses parurent leur plaire infi-
niment.
Nous continuâmes à causer , et le soupe
vint me débarrasser pour un temps des
nuages de fumée qui sortaient des pipes de
cesmessieuss. Le repasétait composé de tout
ce que la ville ofiî'ait de meilleur; le pois-
son en taisait la principale partie; les vins
étaient passables , il y en avait quelques-uns
d'Espagne -, et l^aucoup de Champagne.
X)eux ou trois personnes de la compagnie
Y a
340 HISTOIRE GÉNÉRALE
Bcependant buvaient de l'ean-de-vie de pré-*
fërence à toute autre liqueur et aussi abon-
damment que si c'étaitla boisson la plus lé-
gère. Après le soupe , tous les convives re-
prirent leurs pipes, à mon grand déplaisir;
enfin nous nous séparâmes fort contens les
uns des autres; et le lendemain , Je repris
la route de Stockboljn.
DES VOYAGES. 341
■
L I V K E VIL
jL
CHAPITRE PREMIER,
Voyage de William Coxe en Danemarck,
— Passage du Sund. — Entrée en Da^'
nemarck. — Elueneur. — Douane du
Sund. — Château et palais de Cronenb'
bourg. — Anecdote sur la reine Mor
thilde. — Jardin de Hamlet. — Copçr
nhague. -. Ile d^Amac.
X1.PRËS quelques jours de repos à Stoc-
kholm ^ continue Coxe ^ le 22 mars ^ nous Danemarok.
nous embarquâmes à Helsinbourg pour
passer en Danemarck ^ et nous traver-
sâmes le détroit de Sund qui sépare kt
Suède de ce royaume. Le vent était frais
et directement contraire y mais en louvoyant
nous gagnâmes Elseneur dans une heure
et demie. La distance en ligne droite entre
les deux points les plus avancés des deux
côtés est d'environ trois milles. A moitié
•hemin nous jouîmes de la vue qu'ofFreot
Y 3
34a HISTOIRE GÉNÉHALE
mmmmmm le» dcux côtcs , et cellc dcs vîlles d'Hclsîn-
Dancmarck. bourg et dl^îseneur. La première qui est
en Suède est ornée d'une ancienne tour;
la seconde ptéfltute le palais de Cronem-
bourg , objet moins pittoresque , mais
beaucoup plus beau. Les côte de la Suède
dik Hbrd de Helsii^boMrg sbnt l^ordées de
rochers escarpés qui s'abaissent vers le
sud ; celles de 111e de Sélartde bU de Da-
nttnhtcV. sotit des oollines sablotineiises.
Elseneur est une vîllé assez bien bâtie :
li^s hiaisons ^ont de briques 6t ressemblent
à eellëè à^ là Hollande : elle est une des
plft^ anciennes Villes de Ddnemàiicîk , et
après Copenhague , la plus* î^ôittrtt^rçabtc
de l'île de Sélande : elle contient environ
j.Sfàto habitaBS^' y compris la {garnison , et
ies personoes qui habitent ie château de
Cronem bourg. Toutes les natioDS com-
merçantes dans la Baltique y ont des omi>*
«uh.
Le passage do Sund est défem^a par h
forteresse de Cronemtourg qui tmt bitte
k l'extrémité de la langue de terre ia phis
avancée dans la itoer. C'est un château prei^
que carfcié , de deux cent trente^^deux pteës >
anr deux cetit quatorze; très-bi^n ibnp-
fié du cdté de terre par des fossés , dm
DÉS V O^ Y' À' G - E S. 343
l^astlons et d^autres ouvrages régulîer» ,
et défendu an eàté de la mer par plvisietirs i>»»«n»«*^
batteries; Tout vaîsseati «jtfî passe le dé-
troit est ebligé de baisser ses Toifes et d'aé-
quîtter lêÈ droits de la douane d'Efseneur.
Cest^Popînlon générale que cette forte-
resse commande le passage du Sund, et
que les vaisseaux ne peuvent se dispenser
de pafsser smis ses battetfes , à cause de*
bas fonds' et des courans qui sô tronvètft
sur ïà' côte opposée ; maïs cette oprnîoti
n'est pas ^fondée: Il est vrai qu'il est plus
sûr pour les vaisseaux de passer près de
la forteresse , à cause des ùourans noiri»
bi^eux et tofitraîres qui sont dans ce dé-
troit : hiaîs il a assez de profondeur partoirt
pouf que lé» vaisseaux puissent passer loin
des batteries , et que tnême les plus grands
puissent ranger de près la câfte de Suèdr;.
Ainsi rassujettîssement au péage du Sund
est bien moins dû à la crainte qu'on a de
cette forteresse^ qu'à une reconnaissance
de ce droit établi par u«e loi générale.
Tous les vaisseaux sont donc obligés de-
payer , outre tin léger impôt, le quart pour
cent de leur cargaison , -excepté les Anglais ^
les Français , les Hollandais,, et les Suédois*
tjuî ne payent qu'un pour cent : de son côté ^
Y4 ■
844 HISTOIRE GÉNÉRALE
le Danemarck a établi des faaaux dans tous
, |>iiiicianrok, les endroits dangereux ; d'autres feux bril*
lent sur la cAte , en ditf'érens endroits pour
^i^iider les vaisseaux dans les nuits obs-
cures et orageuses. Ce sont même ces seules
précautions qui forment véritablement le
titre primitif du péage qu'il lève sur les
vaisseaux étrangers qui passent par ce bras
de mer. D'abord les commerçans commen*
cèrent à payer une somme modique. pour
Tentretien des fanaux qui leur étaient
^utiles. Cette contribution libre e( iadéter*
minée dans le principe , est enfin devenue uo
.droit réeL Les rois de Danemarck ont en-
suite fait diverses conventions pour la taxe
de ce droit, avec chaque nation en par*
ticulier, Cette taxe a d'abord varie selon
les temps et les circonstances , elle a été
chaussée ou diminuée. L'acquiescement
qu'ont donné toutes les nations commer*
çautes de l'Europe, par diffërens traités,
au péage du Sund, fait qu'il est impossible
de se refuser au paiement exigé, et il est
devenu un droit inconstestable , jusqu'à ce
que toutes les puissances européennes
s'accordent pour le faire cesser.
Le péagd du Sund est une branche de
revenu considérable pour* le Daaeoiarck:
. DES V 0 Y AGE S; 345
bn est obligé et payer eo espèce. Les droits .
se perçoivent tani siiries înavires séparé- ^^°®™°'^^^'
ment que sur les marchandises qui y sont
embarquées. On ,nou8:a: assuré' que >1< an née
1789^ a valu SiOQOjOoo de Hvre&èt atH4elli*
Les- vaisseaux aie, sont poiqt visîeés^ on s^en
rapporte uniquement à la déclarâtkmwdu
capitaine', à qiui la douane paie quatre pour
cent déblai contrjbvftioif levée sur les mar-
chandises qu'il .a déclarées. On a Imaginé
ce moyen poxïr . edgâger les . capitaines à
déclarer au juste la quantité. de marchan-
dises qu'ils ont (avec eux. On met une grande
célérité dans T^xp^dition des papiers d'un
vaisseau.; en 1790, il a passé dansle^Sund
au'^delà de neuf mille bâtimens«.
Le château de CroiieÉibourg qui est dans
la forteresse , est un grand édifice carré',
dans le goût gothique , bâti de belles
pierres dp taille. Une inscription placée
sur le portail , apprend qu'il a été com-
mencé par le roi Frédéric II en 1677 , et
achevé au bout de huit ans. Ce grand prince
le bâtit tout de son trésor particulier, quoi-
qu'il lui coûtât de grandes dépenses. Il
avait accoutumé de dire çu'il ne voulait
pas qu'on y mît une pierre qui eût coûté
de l'argent à ses sujets. Ce ehât^au était
346 HÎSTOtRE GÉNÉRALE
oertàioQiteirf: trè» * magufflqtte pciaf ' le
^ , teGQ0» eii: il fut bâtîé. La saUe dite de»
Ckei^aliersj peut-^re eBcore aofoofd'hui
Adjauît1ée:'^'lèa ornemenff, les taUeaox de
J^é^^e ^ leer vaétee souteiraina de la forte-
resse ne «ont pas non plus indigoea de
Ifatliention des voyageurs.
Ij^'infertiioée reine Caroline Mathilde»
passa^ quelque tempe dâeé> «e clWiteau , oh
elfe occupait l'appertemeift di» gùturei^oeur
Elle atàit la permission de se promener
surleremplart et eur la terrasse de la tour,
qw est couverte de plemb. Ignorant le sort
qui Tattenddit , et en proie à tonte sorte
deOraiittes^ elle ne pût recevoir qu^avec
autant de foie qtM de surprise Tordre de
sa débvranca que kil*<avait obtenu et que-l
lui apportait Idmitvisfre d'Angleterre ; elle 1
fondit en Umes ^ t^ettibrassa dans un trans-
port de joie et le nomma soti libérateur.
Après une courte conversation , ee toroistre
proposa à' la reine de passer sur^e-champ
à bord d'un vaisseau qui l'attendait. Mais
ridée d'abandonner la princesse sa fille,
énfaM de ^inq mois , qu'elle nourrissait
elle^fflétne et qui 'fiiisait toute sa consola*
tion , vint mêler k sa satisfkction le senti*
ment de la plus cru^lè neine* Cet enfant
D ES VOTA GKS/ 847
alors maJad^ ^ ayait bBSotto p)u9 ^u^ jamais
des aolcis d'u9&.'«iore si tendl*e# On ae KinémâieL
poUTaU obceair d'elie , qu'elle fan dit un
éternel adieu. Enfin ^ af>rès mille âîrretlM
interrompues par lea expréssioas du |iitt^
violent .dés6sp(>ir , elle Ibt obligée de «(en
séparer. Elle restil sûr irn- pont ainsi loo|^
temps que sa vue put démêler «ntore le lieft
qui le retenait , et privée de oeite* IviKe
comolation ^ elle «e livra dès ee mmiient
à une .mélancolie pvolbnde qu'elle* eêSâjlaît
en vain de disaîmiiler, et qui iaeoèMiâià
jusqu'à ce quuné fièvre scarlatine la ton^
duisSt au toipbeâûddns le chiteau de 2eU
où ellf^ avait fiié sa régence.
d'une mflâseni rojttle qvi n'est 4|u'à
Eli -mille de Crotoembourg y ^ liil
jardin que Aous eâmes la curiesité «d'aUer
voir, parce qu'on le ndsime le jai^ki de
ffamlôi y et que suivant là tradition , éVst
dans ee même Heu que le p6re de 'Oe prince
lut assassiné. La maison est tt^ès-môderne >
et située au pied d'une côlHne Mbkmmêuife
au lM9rd de la mer : c'est un trèi-teAn IkM ,
et remarquable surtout pav la Vâtt sllpl^rbe
dont on y jouit ^ et qui s'étend Ml' )e Cate-^
^ade , sur le détroit du Sund et les eâttt
de Sélande et de Suède.
348 HïS.TOÈRE GÉNÉRALE
DADa* la trugédie à^Hamlet^ de Shaker
Paûcmarok. ppa,. ^ le lîeu^de>.la soëner'est à Elseneur;
oetjajateur a,ieraprunté Tes principaux ioci-
âta^itbtaAipièce'^e rkistoire, mais d'une
liî)s|oîife 81 aîicieime qu^il nV^t pad' aise d'y
idéméke le vrai d'arec le fabuleux. Saxon ,
l^e^iiaimnairien'qm vivait dans le douzième
eiè^le, est le plus ancteq historien du Da-
nemark qui lasse rnentioa dé Ham-let et de
«es aventures. BelleForest , auteur français ,
a pr;îs: de lui ce trait d'histoire et l'a en>
bellî.À sa manière.: vmanglais Ta* traduit
de BelleForest ^ et Ta publié soua le titre,
A'JSisUoire d'Hamlei. Enfin , Shakespear
s'est servi de cette- traduction pour faire de
cette aventure le sujet de sa tragédie, mai^en
l'altéran^t encore » etea y ajoutant beaucoup
4'incidônft de sob. invention. L'admiratioo
quel'0s,angkiis ont voué à. Shakespear, eten
particulier à la .tragédie de Hamlet , peut
Iquî faîce trouver de i'intérèt dans celte
histoire , ou plutôt dans cette romance
bi?^rre et pleine de circonstances absurdes ,
c]A^e.SMi;Qn a insénée avec tant d'autres dans
SftSiWX^lçs et racontéedans son style fleuri
et ^oipoulé. Mais ce très-long et très-mer*
vçiUj^ux récit ne peut avoir ce même mé-
' rite pour les lecteurs des autres nations.
DES V OTA G Ê&. Il S40
•
distance d'Elseneur à Copëtihagué ,
est .d'environ vingt mtlItSi On * suit quel- I^*û«»™*^'
quefois le bord de la mer , quelquefois oh'
traverse de petits bois de bêtpes et de chêh
nés ; souvent on, parcburt un pajs ouvert ^
parsemé de collines. Le sol est mêlé de
sable et de bonne terre végétale bito cul-
tivée et fertile en grains. Les maisons der
paj^sans sont en grand nombre:^ propres ^
bâties de briques , et plusieurs sDnt blan-
chies. Le chemin était excellent^ mais il
fallait payer cet avantage à plusieurs bar-
rières ; nous avons été exempts de cette
taxe en Pologne , en Russie et en Suède. ,
Vers le soir , nous arrivâmes dans la capi-*
taie.
Copenhague est située sur uu petit pro-
montoire de la côte orientale de 111e de ,
Sélande. Le sol en est tout uni , bas et un
peu . marécageux. Le nombre moyen des
naissances , à Copenhague , pris sur plu-'
si euré années ^ peut être estimée de 283o
annuellendent ^ celui des morts de sâbb,
d'où Ton peut conclure que la totalité des
habitans est d'environ 90000 habitans.
Copenhague est la ville la mieux b£-'
tie de tout le nord , car si on voit à Pé- *
tersbourg de plus superbes édifices; d'un'
^« HISTOIILB GÉNÉRALE
4Utr9 côté , on ne trouve point ici de che^
^9uemml*^^^^ maitong de boî»; Vm\ n'y est point
cfaoqoé pai^ le contraste de la misère et de
la magoificenee , et il y i*ègne plus d'ëga-
l}té et d'uniformité. La ville est environ-
nëe du tAti de terre d'ouvrages rëfpiliers.
Ce foftt des bastions , un large fossé plein
d'eau p et quelques ouvrages extérieurs;
elle a qipatre à cinq mille» de tour. Les
rues sMit bien pavées ,- avec un trotoir
de ehaqu^ côté , mais le plus souvent trop
étroit pour être d'un usage commode. La
plus grande partie des maisons est bâtie de
briques , un petit nombre Teft de pierres
de taille qu'on apporte d'Allemagne. Les
Bûtels où demeure la noblesse sont en gé-
néra} «plendidea et bids dans le goût de
oeux d'Italie. Le palais construit sous le
règne de Chrétien VI est un grand et
vaate bitiment ; la façade est de pierres ,
et. Us AJles de briques enduites de pUfre.
Les appartemens sont dignes du maître et
l'eictérieur est plus grand qu'él^ant.
Le mouvement qu'on observe a Copen-
hague aunonce une ville commerçante; le
port eet toujours rempli de vaisseaux mar-
chands) les rues sont occupées par pla-
9mirê Itfges canaux an inann desquels oa
pent 4^tian^r lés inarchandiges devant
les magasins qui ^rdeni; les quaîs. Cette i>aAemarck,
YiJl« doit prinoîpîaleRient' sa beauté aii ter-
rible incendierai y consuma "eo 17118 , cinq
^lises >et soixaiKe-sept mes qui ont été
hâties 4dâ06 le goût moderae; La partie de. .
la ville qiû a été bâtie par les ordres da
deiMiier roi Frédéric V , est extrêmement
hcà\e,}^ le cède à petfte à ia ville de Bath.
On y voit ttoe place octogone fbrmée par
quatne •beaux bâtimens uatformes<te pi«i*re9
de taille , à laqnetie aboutissent quatre
grandes rues. Au milieu de cette place est
la etatoe léqueetrBdie Frédéric V , en bronse ,
de {prandeor oaturelle. Elle « é#é érigée
en rboMieur de cf prince , par 4a compa-
gnie des IndeSp Cestun ouv^rage 4e Sàly, .
céièbre acuipÉeub français.
Aucune des -églises ne mérite al^emioa.
On iSMÎt encore ici la pcriricieMM ^CMrtwn^
d^enterser dans la ville. On transporte le^
morts dans un cbiu* plos*€« moins briJtani ^
escorté de plusieurs voitut^es ; i4 y a un
g^andlnxe dans les enter remens. \k\ iiomme
da peuple est souvent accompagné par cki^
Ml six voitures ; il y a deiu église^ de vé^
formes , où Ton fMiéclie en allemand «t
en finançais.
35« HISTOIRE 6ËNÉRAL1S
,La cour a lieu tous les quinze jours i
Pa&«maxck. j^^ étrangers sont présentés par leurs mi-
nistres. Les jours de cour , il y a 8oupé ;
les étrangers doivent avoir le grade de co-
lonel poury être in vi té ;Ie nombre d'hommes
y est toujours égal à celui des femmes; la
préséance des rangs en est bannie ; les places^
à l'exception de celles de la famille royale
sont tirées au sort indistinctement i deux
chapeaux circulent , contenant le même
nombre de numiéros correspondans ; les
hommes prennent dans Tun et les femmes
dans l'autre , après quoi un officier de la
chambre appelle les numéros , et chaque
homme donne la main à la dame que le
sort lui a destinée Jl se place à côté d'elle»
et la ramène. La partie de Copenhague nom'
mée Chris lianS'Hat^en ^ du nom de Chré-
tien IV , qui la fit b£tiren.i6i8« est dans Tile
diAmac y séparée de celle de Sélande par un
petit bras de mer qu'on passe sur deux ponts.
Amac oflfre quelques'singularités qui atti*
rent l'attention des étrangers.
Cette Ile a quatre milles de longueur
sur deux de largeur, et elle est principa-
lement peuplée par une colonie de paysans
de la Frise que le roi Chrétien II établît
dans cette île en i5i5 , à la prière de la
reine
»ES VOYAGÉ i sas
rcîiîe Elîzabeth son épouse , sœur de Char-
les-Quint. Celte princesse ayant été élevée Da&emucki
dans les Pays*-ba8, désirait de retrouver en
Daaemarck les atiitiens auxquels elle était
accoutumée , et particulièrement les plantes
potagères , le beurre et le fromage qui n'é*
taient pas apparemment alors d'une si bonne
qualité en Danemarck que dans son paj^s*
Quoique ces colons se soient mêlés avec
les Danois^ ils s'en distinguent encore par
un habillement particulier > et ils jouissent
de divers privilèges précieux. On y compte
fieuP villages , huit cents familles , et trois
à quatre mille habitans. Un de ces villages
nommé Drager peut même être regardé
comme une petite ville; il fournît des pi«
lotes et d'êxcellens matelots. Les habitans
ne parlent plus la langue fk'mmande pure^
mais un mélange de flammand ^ de bas aU
lemand et de danois. Un de leurs ministres
prêche dans la langue de la basse allema-»
g^ne , vulgairement nommé le plat allemand ^
l'autre en danois. Leurs privilèges ont été
soigneusement respectés ^ et tout ce petit
peuple n'a qu'à se louer de la protec-
tion et de la prospérité constante dont il a
îoui. Les habitans ont leurs propres cours,
inférieures de justice \ mais les cas impor-
Tome IL Z
:3Ô4 HISTQI.RE GÉNÉRALE
.tans sont portes devant le tribunal du roi
^««cinarok.à Copenhague. Ils font encore usage de
Jeur ancien habit national qu'ils apporté*
refit des Pajrs-bas dans cette ile. Il ne re»-
«eoible pas mal à- Tbabit des ancieos Qua-
^LerÀ p tel qu'il çst représenté dans les u-
l)leaux des pei ntres hoi landais et flaromands.
JLes hommes portent des chapeaux k larges
'bor<l8 , un6 jaquette noire , des hauts de
•chausses fort amples , de même <:ouleur,
<|ui ne sont point attachés au genou ^ maii
en haut 9n(our de la veste* Les femmes
4pgrtept des jaqupttes noires et un cotilloo,
•et u^e pièce de drop de couleur bleue au*
toyr de la tète. Les jardins et les prairies
occupent toute Tile , et suivant la première
.^destination Àe la 4;olonie , elle fournit )a
capitale de lait y de beurre et de végétaux.
DES VOYAGES. 356
CHAPITRE II.
Qualités géographiifues.ùt phy.siquAS du
Xerritoiré^ -^ Descriptioifi dek la.merBuh
tique. — ClimM et temfierature.
' ) : • ' '• ■ »
X-^EPUis les limities méridionales du HbW^ «i.......
teîn , ]xi^qu-à rcxtrémît^ -SfeptëhtrionaledfeDtmciiiarok,
la Norw^e,te ^ddmaîfle dâbéîâ présente
une étendue d'eijVîron trois'éëèt» inilks ed
îongTueùi^j swiy^^iiiquante à^dfeàntecn'l-ar*
geur. Cette vaste étendue est cependant
couplée de plàsïétfpsbrâ's ^infer , dont-t:e-
luî dui feépâre le DaneriiàY*'ck' dé la Nér*
w^ège erft'lte^plus considérable. Le tout
forme ufté^aîrè-de près de' hùîl? iîents milles
carrés. Ofi* iié -^^éut étcndxe Je calcul aux
posses^ons^iointaines disséminées sur des
points très-distanSw ^ ... /
Le Dànnema^ck propTenseat'dit-, «ion
compris leSleswîek ^ est situé '««tre lè:54*.f
degi*é âOHiiniites:, etlé*âçc.ç Jù^gté ^o tùir
nutes latitude, nord. La longâ^ii^ô' prise à
l'île de Eepv estiejitre lelsâl^ ilégré 3& mi-"
nutes ,. et le.' 2â>j deg^né 4^^ aamutes* ^ Lès
ii:oDtièr^ 4>«înt ;Wii^ çaidi^.k i8if&wi*ki m
356 HISTOIRE GÉNÉRALE
nord le Categat , à Test la Baltique , et ï
J^onaawk. ]['oue8t cette partie de la mer du nord que
les Danoiii désignent soui )e nom de mer
Occidenlale. Le Jutland et plusieurs ilei
constituent le Danemarck. Les plus grau-
des de ces Iles sont celles de Séland , Fîo«
nie , Laaland , Langeland , Falster et Bor-
nholm. Cette dernière , assez éloignée de
TArchippl , se rapproche dp la côte sué-
doise. Les diflfërentes . tçrrf^ dont le Da-
nemarck est composé « ont une étendue de
^46 milles carrés « dcMlt quatre cent trois
^our \f jutland j «t deux cept trois pour
içs lies.
. Les l)es danoises offrent généralement
un asppG( gracieux et riant. Ce sont des
plaines coupées de collines , tantôt isolées,
tantôt con^igu^s^ et formait d'agréables
vallons, La plupart des hauteurs sont re*
têtues de gazon , ou ombragées par des
touffes d'arbres ; quelques eatix trèe<lairei
et d'un hel aaur animent le tableau. La
IM'Ovince * de Jutland présente des traits
plus Sfiuivi^gés /.mais, en même temps plus
variés .et plus imposans : on voit sur Ja câte
orientale dès forêts majestueuses, et co
plusieurs endroits ce^e côte est bordée de
pittoresques I eMré lesquels s'ea*
B E s VOYAGES. 367
fenceht les eaux de ]a raer. Lès montagnes , - — —
proprement dites , manquedt partout , et Banematck.
les hauieui^s les plus considérables n'ojtit
îamais au-delà de quelques cehtainès dé
pieds ; elles frappent néanmoins ^ pàfcé
qu'elles dominent toujours une étendue
très-vaste. Elles sont de gravîei' ott de sa^
ble mêlé de cailloux Dans TMe de Moen >
elles offi*ent dé la craie , dans celle de Bom«
holm , du marbre ; cette dl?rnièré rferiJêrmé
aussi du charbon de terre. ^
Tout atteste en Dàriemarck le travail
prodigieux des eaux , et les i^voluttons qui
en ont été Teifët. Au sud est la Baltique,
(entraînée par lès corirans qui se précipi-
tent des plages septentrionales , se fVaie
un passage pour porter h TOcéajn le tribut
de ses eaux. Elle cou(>e les terrés > Tes
ëcarte, et tait naître plusieufrs détroits dont
les plus remarquables sont les deux bêlt^
et le Sund. Le petit Belt ayant d'un côté^
le Sleswrck et le Juttand , dé l'autre la Fïô-
nie, occu|>e dans sa plus grande largeur v
entre Arroe et As^eus ^ environ deux milles.
Il n'en occupe pais un quart entre Sûohoe-
et Middelfart. Le grand Bek sépare llle
de Fioniè de celte de Sélànd. La largeur
qui est de quatre milles au passage ordi*-
Z 3
358 HISTOIRE GÉNÉRALE
naîre entre Nyborget Coorsoery se rétr^
pauemarck. cit un peu en d'autres endroits. Le Sood
sépare. Tile de Séland de la Scanie , pro-
vince de Suède ; il a dans sa plus grande
largeur un espace de cinq milles. Le pas*
sage le plus étroit entre Elseneur en Da-
nemarck , et Elsinborg en Suède , est de
;33i toises mesurées sur la glace. C'est*
là <]u'est la principale clef du commerce
de la Baltique , et que le roi de Danemarck
lève sur les navires des peuples commer-
çans , ce droit qui fait un des plus riches
fleurons de sa couronne.
En remontant aux £ges recalés où se
firent les grandes révolutions physiques^
on voit la nature ouvrant par un long tra*
vail ces canaux de communication. On voit
les eaux de la Baltique amoncelées par les
tributs de cent rivières et de mille rais*
jeaux , s'agiter dans leur étroit bassin , lut*
ter contre les barrières qui les arrêtent .
se retirer , lutter encore , triompher enfin
de l'obstacle ^ et se précipiter dans l'O
Le flux et le reflux de la mer Baltique
•ont peu sensibles , on- s'en aperçoit aox
eourans du Sund, à Télévation et à la dimi*
station continuelle des taux le long des
DES V O Y AGES. ' 35^
^côtes, à Fa profondeyr toujours variable du
port de Daazick relativement à Tembou-^^**'*'^^^*
chure de la Vîstule.
La Baltique présente une cbose remar-
quable^ c'est que ses eaux se désalent et
deviennent propres à la cuisson dfes viandes
lorsque le vent dirnord souffle ; en général;
ses eaux sont peu salées , à cause des nom»
bréi|ses rivières qui s'y jettent. On sait que
Teau des différentes mers est plus ou moins'
chargée çte sel ; que dans la- mer du Sud ,
sous Féquateur et dans les pays méridio-
naux, il y a plus de sel en pleine mer, et*
queFeau y estpFus froide que vers les pays*'
du nord et les pôles de la terre. La mer de»^
côtes de' la Hollande contient un neuvième ,
de sel; celle des côtQS c^Espagne et de. la-
Méditerranée ,~ en porte davaatage ; eiv.
Suède , près de Garlscrone au 56 .<^ degré *
de latitude ,. Tâaa de la mer ne CQntient.
qu'ua> trentième de sel., Le: savant Waller >
assure qye la matière, saline ne fait que la^
trentième , et la quarantième partie des
eaux du golfe de Bothnie., Voilà pourquoi*.
la mer du Groenland et du Spitsberg est
presque tbir te couverte ae glaces.
La profondeur de la Baltique,^ d'aprèr'
les- diilëfenles cartes marine» des Suédoisi;.*
Z-4
36o HISTOIRE GJÉNÉRALE
varie beaucoup ; elle e8t moindre depuis le
pwewck.Sund jusqu'à l'île de Gotland , où sa plu8
grande profondeur n'est que de 60 brasses,
tandis que depuis cette île jusqu'au détroit
d'AIand , on la trouve de 60 à 100 brasses.
Les eaux de cette mer décroissent de siècle
en siècle. André Celsius a inséré dans l'his»
toire de l'académie de Stockholm un mé-
moire très*curjeux h ce sujet. Il résulte de
ses observations , que l'eau de la Baltique
baisse en un an de quatre lignes et demie ; en
dix-huit ans , de quatre pouces cinq lignes ;
en cent ans , de quatre pieds cinq pouces ;
en mille ans, de quarante-cinq pieds géo-
métriques.
' La mer Baltique est dangereuse dans les
nWiuvais temps ; ses vagues ne sont ni si
hautes ni si longues que celles de la mer
Germanique , mais leur chute est plus ser-
rée , plus raccourcie, plus précipitée ; ses
rivages , surtout du côté de la Suède et de
la Finlande , sont bordés d'écueils , et son
bassin présente tin grand nombre de bancs
de sable, les rades y sont nombreuses
L'ile d'Anholt , située dans le golfe de
l^attegat , à huit npilt&s de la côte de Ja-
tiand i et k dix , de cçlle de Séland « est dao-
D E s V a Y A G E s. 36i ^
gereuse à cause de la multitude dw baoos s
de sable qui renvironnent j aussi y entre- D*ft«n*»k,
tient-on des fanaux pendant Thiverj ily en
a deux autres sur un banc de sable près >
d'une petite île sur la côte de Suède pour
diriger les navigateurs qui veulent aller à
Gothenbourg. Il j a plusieurs autres pbareg
placés le long de la côte de la Baltique ,
presque tous entretenus aux frais du roi
de Danemarck.
' La côte de Halland est redoutable aux
navigateurs, parce qu'elle s'élève à plorob
sur la mer , et qu'elle n'offre ni bord ni '
mouillage. Le détroit du Suhd diff'ëre de
tous les autres , en ce qu'on n'y remaf que
aucun courant, à moiM qiie^és vênrts du
nord et du sud ne Pagitéât. En t'èvancbé , '
ne trouvant point de résistance , ils en
forment un très - rapide , suivant leur îm-
ptil^ion.
Les côtes de la Suède sont sauvages,
celles de Danemarck^ au contraire , sont
riantes, bien cultivées; leurs bosquets touf-
fus , la pente molle de leurs collines,, leurs -
prairies qui descendent jusqu'au bord dç ^
la mer , et le vert d'émeraudeqiii nuance
Iç tout, font le plus grand plaisir à la YJi?^.,
26t HIStOÏRE' GÉNÉRALE
Le efaâténù de Cronenbourg s'ëleve pitto-
^^•""«■■•«>^^* resquemcnt sur le rivage.
La situation de THe d'Huen , placée pré»
crsément à Téntrëe du Sund , la rend d*une
grande rmportancë. EHe est célèbre par le
fameux observatoire où Ticho - B'rahé fit
dès observations qui , quoiqu'antérieures
au télescope 9 font époque dans l'histoire
de Tastronomie , il n'en reste plus que
quelques vestiges. Tous les écueils du dé«
troit sont marqués par. des tonneanx flot^
t^ns. Il est .néoessaire en. traversant ces pa«
rifges d'avoir, tou}onrs la sonde à la main;.
•urtout dans le temps des broiûHards qaij^
•ont fréqnens ; heureusement que dans ce
climat ^ vers le solstice d'été y le degré de
clarté à minuit répond k celui d'Italie dans
la même saison , un quart d'heure après le
csoueher du soleil. Sans ces longs ci*épus«
cules , il serait presque impossible de na*
viguer dans ces mers étroites.
Lorsque la mer Baltique est agitée , elle
rejette sur les rivages de la Prusse et de la
Poméranie une grande quantité d'ambre
|aune ou succiti. On en trouve des mor-
ceaux qui sont. très -nets i d^autres renfer-
ment des insectes bien conservés « ou diA
£érentes espèces» de mousses. Oa trouve
DES VOYAGES. 36Ï
pendant en Prusse et dans quelques autres
endroits 94les mines de succin dstns ie seinî
de la terre. 4 ' '
Près de la Suède , la mer Bàltiqtie se par-
tage en deux golfes. Le prenûer^ celui
de Bothnie ; le second qui s'étend vers
Torient , est celui de Finlande. Le golfe de.
Bothnie forme la partie la plus septentrion,
nale de la mer Baltique , son entrée est fort
retrécie par l'Upland qui s'avance vert
l'orient , et par les îles ^Aland qui se
trouvent au milieu ; il a ô6o vçrstes ou 1 12^
lieues de long , et sa largeur est de 20^
verstes ou Sa lieues , il est très-étroit vis-à-
vis les îles de Ferhenj mais il s'élargit dé
nouveau ^ et il a environ vingt^inq lieues
marines vis-à-vis d'Ulabôurg..
Le golfe de Finlande s'étend d^occident
en orient, il a 480 verstes de long, 160
verstes de large et 124 à son entrée, il
^communique au lac Ladoga par la Neva ;
sa plus grande profondeur est de quarante-
cinq brasses. Les côtes de ' ce golfe sont
pleines de bancs de sable , de roches, dilots,
surtout du côté septentrional. Certains
passages sont extrêmement étroits; et dans
plusieurs endroits, ils n'ont pas plus de huit
•u dix toises de large entre les rocher^ » àm
A
364 HISTOIRE GÉNÉRALE
sorte qu'on ne peut y naviguer qn'avec dct
^''^'"■^Vg^lèrffs ^ encore e8t*on obligé de les fiiire
défiler Tune après Tautre % et d'avoir de
très-bons pilpies pour pe pas échouer.
Tous les écueils du golfe de Finlande
^ont marqués par des banderoles de diverses
couleurs 4 elles tiennent à de grandes croix
de bois plantées au milieu des rochers.
Deux galiotes russes visitent continuelle*
taetit ces parages pour voir si fes bande-
roles sont à leurs places , et pour découvrir
les nouveaux écuéils.
. Pour entrer dans le pprt de Cronstadt,
il faut passer le château de Krouslot et une
batterie appelée Saint - Pierre , garnie de
plus de cent pièces de canon. Pour reanon-
ter le canal qui conduit au pof t , il faut un
venc déterminé 9 tant il est étroit. Un grand
qombre de signaux indiquent lès écueils.ec
les bas fonds; une fois enlevés , il serait
impossible aux plus habiles pilotes de les
«viter^ il n'y a pas cependant d'autres toutes
9 prendre. Hors du canal , on ne trouve
sui^ la CAte d'Ingrie qne cinq pieds d'eau ,
et sur celte dé Finlande ^ ri n jr eo a pas
suffisamment pour |K>rier des vaisseaux
4t gneri'e* Pour sortir de ces parages ^ U
DES V 0 Y A G É Si âéS
faut précisément un^vent d'est , et les vents
d'ouest sont presque les seuls qui y r%nent *^
pendant Tété. Il se fait une péché consî^
dérable sur les côtes de la mer BaUiijùei^
les goUes de Riga , de Finlande contiennent^
généralement les mêmes espèces de pois«
sons , parmi lesquels le sâuipon , le brochet^
et la lamproje ^ sont les plus importantes,
sinpn pouria consommation, du moins pour
l'exportation*
Les trois détroits delà Baltique dont il'
a été question , se déchargent dans le Càie^'
gat ; on nomme ainsi cette étendue d'éàu'
qui, aii nord de la Baltique, se prolonge
entre les côtes du Danemarck et de Suèdie ,-
et qui dans sa situation plus septentrionale, -^
se joint à Pocéan. Le Càtegat est fameux
par les difficultés qu'il présenté îi latiavîjgÈh-^
iion ; il est rempli de couràns rapides et '
de bancs qui , changeant de placé , trompent
la vigilaiicedu navigateur ; les tempêtes y
sont violentes , et dans 1 -arrière saison sur-,
tout, les vaisiseaux courent souvent lés''
plus grands dangers , niais quel obstacle '
peut arrêter l'hommedaris ses hardis éffbrtS! ^
Comment enchaîner sort courage quand '
rintérêtraiguillonne; envaîri Tohde ihugîï,;-
en vain ràbtme s'entrouvre , 41htrépîde ifiéi-^
366 HISTOIRE GÉNÉRALE
vigateur , porté sur un frêle édifice , avance
au milieu des écueils^ à travers lefracàs .des
élémens. Ainsi se sont formées les commu-
nications qui lient maintenant les peoples
d'un pôle à l'autre ; ainsi sont nés les
échanges qui alimentent l'industrie , et sou-
tiennent la prospérité des États. Mais d'un
autre côté , c'est ainsi que les flots sont de-
venus le théâtre des combats et du carnage,
que des sources nouvelles de jalousie , ont
^endu l'empire delà discorde; que l'honune
a pourri celte ardente soif de l'or qui le
xonge et l'av^lix ; que l'indépendance et le
bonheur ont été . ravis à des mortels pai-
Âbles , vivant sous les auspices: d^ la bien-
faisante nature^
. Les rivières sont en petit noa^bre en Da-
nemarck et pe^ considérables ; celle de
Gude, en Jutland» a une longueur de dix
milles et se jette ds(ns le Catf gat. Les au-
tres ne sont qi)e< de grande rwisseaux dont
qiielques^ins.pqrtent des bajrques » et dont
l^jembpuchurçs servent de ports e% d'an-
crage. Il faut .cependant débM'r4sser sou-
vent ces eipbpiichures du limOtl qui sy en-
ti|S8e« Lfis lacç .peu. noaibreut^ fàç sQQt pas
d'une grande ^fendue. Plusif^ir^. isaorces
dflwientuqe.fap U^s-&aSçhe«|,«^^ à
D i: s V O Y A G E s. • 367
3)oi.re; ou n'en a pas découvert jusqu^icii 4^.
Jxiinérale. ??^?^??**^
Le climat du Danemarck est , générale*
jsient parlant , humide » à&% brouill,ard$ épais
obscurcissent sojavent rhorizoq. Les veût^
les plus fréquens ^ ceux d'ouest <^t de sudr
ouest 4 a^mènent ordinairement la pluie^
c'^st pendant les mois d'octobre et de no*
membre qu'il en tombe le plus. D'après une
jnQioyenne prise sur vingt<-sixaqnéesv il a pla
imiiuellemexit cent trente jours ^/çt le too»
nçrre s'est &î t. entendre treize^ fois. dont
quatre en juillf^tV. trois en août^ deux en
juin et. mai ,.ûpç,,çja avril et septembre. Le
thermomètre e^t raremei;it a plus.de douze
ou. treize degrés. au-dessous de laglace^ il
Indique quelquefois au-delà de vingjt: degrés
de chaleur . mais le terme ordinaire est de
^quinzeou seize.Siles détroits.delaBaltique
jse grêlent quelquefois i c'est : moins . par un
effet de la.rigu<?ur dp froid,. que. par une
jsuite de l'entâMtseipent des glaces que cha-
riçnt les grands courans » qui viennent du
liord. Les chaleurs ne commenc^ntguère k
5ç faire sentir qu'au mois deni^^i^ ou au
commencement de iuin > et. les nuits sont
fraîches à peu près pendant; tout Y été ; le
îvoïà se fait sentir dès la fin de septembre , ^
566 ttîSTÔÏRÉ GÉNÉRALE
et il gèle souvent au mois d'octobre ; les
DtaoBvct* mois de décembre, janvier et fëvrier , sont
les plus froids ; en mars et avril , Vair s'a-
doucit ; mais il est en même temps sujet à
des variations continuelles; le calme ^ un
ciel serein et un atmosphère chargé de
vapeurs , sont assez rarement le partage
des habitans du Danemarck ; mais rhum!-»
dite dont Tair est imprégné, favorise la
végétation. Les prîdcipales plantes gi*amî-
nées et céréales réussissent très-bien. Les
animaux tant sauvages que domestiques,
ne prospèrent pas moins; il y a peu d'ani-
maux malfaisans , et les loups ont été entiè-
rement extirpés dans les îles. Les forces
del'homme se développent et se soutiennent
comme ailleurs; on cite ipéme des exemples
de vieillesse très-avancée. Les douleurs rhu-
matismales et les fièvres catharales sont les
maladies les plus dominanteSé Les habitans
du Jutlandont la taille haute et bien prise;
ceux desiles, sont plus effilés et leur corps
semble être d'une structure moins com-
pacte. V^î' ^^^ généralement d'un bleu
èlair, lebloiid des cheveux frappe surtout
dans les lies ; les femmeè se distinguent
par la beauté de leur teint , les visages à
traits marqués sont assez rares.
Les
DES VOYAGES. 869
Les bàbitans des duchés sont des hommes
forts et robustes; leurs épaules sont larges. ^°*"'"^^v
ils ont dans les terres basses plus d'ampleur
et de caractère , mais moins d'agilité et de
vigueur; vers la frontière septentrionale /
du Sleswick , surtout dans les terres hautes,
la race $ubit des modifications, le maintien
se dégage , la taille moins large et le jet
plus effilé ; le teint est généralement plus
blanc ^ et les femmes surtout sont rarement
brunes. Au calme qui se peint sur les vi-
^ges, se mêle une certaine douceur in-
sinuante.
L'est ainsi qu'aux graùds traits qui diver-
sifient les productions de la nature , et qui
souvent les font contraster , se joignent les
nuances qui servent de passage insensible.
Quoique ces nuances échappent à plus d'un
observateur , elles n'en sont pas moins
réelles ; mais il faut comparer souvent pour
obtenir des résultats.
Le climat deNorwège ,quelqu'âpre qu'il
soit , convient à l'homme ; c'est de la grande
pureté de l'air que provient cette salubrité.
On cite dans le pays des exemples nombreux
et frappans de vigueur et de longévité.
Chrétien* Jacob Drakenberg ^ né en 1 62.6 ,
mourut en 1772 ^ âgé de 146 ans ; sa car-
Tome II. A a
S70 HISTOIRE GÉNÉRALE
riëre avait été trës-pénibte ; engagé comme
3^^*B«B>*'*^* matek)! , il tomba entre les nuiiM des Bar-
baresques , et passa près de seize années
dans l'esclavage ; il se maria dans sa patrie
^ à Tige de cent onze ans. La plupart des
Norwégiens ont la taille haute et bien
prise , quoiqu'un peu effilée ; sans être d'un
brun prononcé , les homn>es ni les femmes
n'ont le blond qu'on voit en Danemarck;
Tceil est souvent très ^ vif et les traits in*
diquent de l'énergie.
DES VOYAGES. 37»
'■ ■
CHAPITRE ni.
Forme du Goui^ernement ancien et ma*
derne. — Administration.
X^ES lois constitutionnelles des peuples du
Nord ^ portèrent longtemps ce caractère Danemarck'
de simplicité et de franchise ^ si Ton peut
s'exprimer ainsi ^ que font naître des ha-^
bitudes morales ^ auxquelles le raffinement
de la civilisation n'a point encore porté
d'atteinte. En Danemarck^ comme en Nor-
wège et en Suède, ces lois régnèrent à
peu près jusqu'au onzième siècle. L'assem^
btée de la nation, composée de tous les
cultivateurs propriétaires , promulguait de$
décrets , que faisait jexécuter un roi éleo*
tif , choisi cependant d'ordinaire dans la
même famille. Entre lui et la nation , se
trouvaient placés des citoyens qui ren-
daient la justice , et qui présidaient les
assemblées nationales. Mais cette constitu-»
tîon subît peu à peu de grands changc-
mens. La révolution fut surtout très-sen-
sible en Danemarck. Les juges isolèrent
leurs intérêts et leurs vues. L'in<%alité
Aa ^
372 HISTOIRE GÉNÉRALE
des fortunes fit sentir son influence , et lec
Daaemarok. distinctions naquirent. Des expéditions loin-
taines et des guerres non interrompues ,
désorganisèrent l'administration intérieu-
re , et firent alors des institutions dont
l'orgueil et la cupidité profitèrent pour
exécuter leurs projets. Le service à che-
val et l'inspection des services maritimes
furent dotés de prérogatives et d'immu-
nités , qu'on peut envisager comme l'ori-
gine des fiefs , et comme la première base
du pouvoir des grandes familles du pajs.
Ces familles ^e distinguèrent par des ar-
moiries et des titres. Des châteaux furent
construits près des cabanes ; d'un auti*e
c6té s'éleva le colosse imposant de la puis-
sance ecclésiastique; le clergé acquit des
privilèges importans , et s'environna d'im-
menses richesses. Les rois eux-mêmes ,
tantôt faibles , tantôt superstitieux , favo-
risèrent par de funestes concessions le dé-
veloppement des vues ambitieuses de ces
deux corps. Les nobles et le clergé , élevés
ainsi à la considération et à la fortune ,
dominèrent bientôt dans les assemblées na-
tionales , un sénat dont les membres tirés
de leur sein , faisaient cause commune
avec eux , partagea le pouvoir exéeutiF ;
D E s V O Y A G E s. ^7%
le peuple perdît insensiblement réner^ie s
qui l'avait caractérisé autrefois; les villes ^*'^^'^'**'
ne purent avancer le développement de
l'industrie naissante , et dans les campagnes
le" joug de la servitude opprima \er labou-
reur,
Il s'en fallut peu que Chrîstiern ne fk
au commencement du seisnème siècle une
révolution importante : jaloux du pouvoir ,
et voyant partout les monarques lutter avee
plus ou moins de suceës contre le système
féodal , il résolut d'abaisser également ea
Danemarck^ ces hommes qui par leurs pré-
rogatives et leurs richesses , entravaient
l'autorité royale; mais il- n'était pas doué
des qualités que demandait l'exécution d'un
pareil plan. La violence et l'emportement
se manifestaient dans toute sa conduite r
sa marche au lieu d'être lente et circons-
pecte , était toujours brusque, inconsé-
quente , souvent barbare et cruelle : cou-
vert de la lionte du massacre de Stockholui»,
humilié et vaincu par Gustave Vasa , chassé
du trône de Suède , il hasarda une entre-
prise qui n'eut pu réussir qu'à un prince,
dont les vertus et les talens eussent en-
chaîné la jalousie , réprimé l'orgueil et
contbnda Tintrigue : les ordres priviiégiés^
Aa:i
374 HISTOIRE GÉNÉRALE
surent parer le coup dont ils étaient me*
DaAetBajrek.nacés, et Frédéric qui remplace Christiern,
confirma solennellement toutes les ancien*
nés institutions.
Pendant l'espace de tenops qui précéda
immédiatement la révolution de 1660, le
gouvernement eut la forme que nous dUons
indiquer. Il y avait des Etats composés de
Ja noblesse , du clergé, de la bourgeoisie
et des laboureurs. Mais les Etats étaient
rarement convoqués , la noblesse aimant
mieux abandonner au sénat la décision des
affaires importantes. Le sénat , dont les
membres étaient dispersés dans les pro-
vinces, qu'ils administraient comme gon*
vemeurs , s'assemblait une fois l'année ,
pour exercer , de concert avec les princi-
paux personnages de la noblesse , le |xhj*
voir législatif. Le trône n'en restait pas
moins électif, suivant les lois fondamen*
taies, et à chaque nouveau rè^e , on dres-
sait une capitulation , que le prince était
obligé de signer.
Les institutions vicieuses se détruisent
d'elles-mêmes par les effets qui en résultent.
Le temps prépare lentement la chute de
l'cdifice; déjà il chancelle, lorsqu'un évcv
nement fortuit^ ou leHort hardi d'un la-
D B s V O Y A G E s. SyS
lent supérieur , le renverse et le fait dis-
parsâ^re- Uautoritë du sénat commença à DMe»»«*f
perdre par sa mauvaise administration
quelque chose de ce caractère imposant que
leur avait imprimé l'habitude de plusieurs
siècles. Une guerre fut entreprise contre
la Suède» dont les armées combattaient ea
Pologne , sous l'intrépide Charles Gilstave^
Cette guerre devint, sinon le moyen, da
moins l'occasion du changement total que
subirent bientôt après les lois constitutîo-
nelles de l'État.
Au bruit de la déclaration de guerre du
Danemarck , Charles Gustave accourut àvt
fond de la Pologne , et parut dans le Hols-
teîn avant que l'ennemi eût rassemblé ses
forces : passant à la laveur d'un froid ri-
goureux tous les détroits , il s'empara des
iles et menaça Copenhague.
La paix ayant été conclue, on sonda les
plaies de l'État ; les troupes sollicitaient
leur solde , la flotte devait être renouvelée :
ce n'était pas assez d'avoir perdu des pro-
vinces entières ; celles qui avaient été con-
servées offraient le tableau de la dévasta-
tion , et le tiers des terres labourables
restait sans culture , faute de bras et de
moyen s. L'industrie et le commerce » t^
Aa 4
376 HISTOIRE GÉNÉRALE
^s=^vaienC pas moins souffert; Tame s'émenl';
Duanatck. |'(eil sc remplît de larmes quand od lit let
doléances que les habitans des villes et de*
campagnes firent i-emettre au roi.
Ce tut au milieu de ces ruines eotwre
fumantes , et dans cette capitale qui ve-
nait d'éprouver les angoisses d'un siëge*
que les Euts s'assemblèrent vers la fia de
l'année 1660. On invita tous les membres
de la noblesse : le clergé fut reprëseoté
par les évêques , deux archidiacres de du-
que diocèse et le recteur de ruoiversiié
- de Copenhague : la bourgeoisie par cinq
députés de la capitale , deux des villes les
plus considérables, et une des moindres.
La classe des laboureurs n'eut point de
représentant , la Norwège hit également
omise dans la représentation.
Les Ltats s'étaient rendus à Copenhague,
et la diète avait été ouverte. La noblesse
conservait ses antiques prétentions et se
préparait à dominer. Le clergé et la bour-
geoisie irrités contre elle, méditaient des
projets de vengeance. Les souvenirs de U
dernière guerre, pciul.int l,u|i)t_'!lc- U-b nublc*
s'étaient soustraits .iu\ rliar^^cs qu'ilsJOâ
raient dû supporter , f-e reti-ariiienl
prits et les aigri tiraient. Les bum
DES VOYAGES. 877
Copenhague sensibles aux faveurs qu'ilsi
avaient obtenues, manifestaient leur dé- 1^*^^*"*»"^
vouement pour la cour. Le roi était tran-
quille et paraissait même inactif; mais
l'extrémité désolante où il s'était vu réduitt
pendant le siège de la capitale ^ et l'espèce
de courage d'esprit joint à une grande po-
pularité , qu'il s'était efforcé de montrer
dans cette occasion / avait intéressé forte-
ment la multitude en sa faveur. D'ailleurs
la reine agissait , elle augmentait habile-
ment le nombre des partisans de la cour , ^
et enchaînait à cette cause des amis zélés ^
capables des plus grands efforts.
Entre ceux qui prirent une part active
à cette scène politique j et qui la dirigèrent
vers le dénouement , il faut remarquer
Swane, évêque de Séland, homme souple,
rusé et doué du don de la parole ; Nansen, ,
bourgmestre de Copenhague, très-consi^*
déré de la bourgeoisie , ferme et prudent
à la fois, versé dans les affaires et connais-
sant les hommes; Gabel , allemand, se-
crétaire du cabinet, homme de confiance
de la cour , et en rapport très-intime avec
l'évêqueet le bourgmestre; Leuthe, autre
allemand , au service du roi en qualité de
secrétaire; on le consultait avec fruit et il
378 HISTOIRE GÉNÉRALE
travailUit en silence k la rédaction ded plans*
Danemaiok. Qi^ parvînt à s'attacher dans la noblesse»
Je feld«maréchal , Jean Schack et Annib^il
Sehtsbed.
»
Là manière de procurer au (çouveroemeot
les ressources dans l'embarrras où il se
trouvait ^ et de le mettre en état de remé-
dier aux maux qu'accablait le pays» fut le
premier objet des délibérations de la diète.
La noblesse proposa une taxe sur les con*
«omroations , et oiiirit d'jr prendre part ,
^ maisârèetantdc réserves et de restrictions^
que le poids principal du nouvel impôt al-
lait reposer sur les autres citoyens : alors
les deux partis entrèfent en lice » et le com-
bat i'éngafçea. Les amis de la cour profi-
tèrent de la disposition des esprits* L'ex-
«tension de la prérogative royale fut repré-
sentée comme le ressort le plus propre h
produire le bonheur général , par Tunisé
de vues et de plans qui en résulterait*
Tandis que la noblesse et le sénat qui
éaisailt cause commune avec elle» discutaitea-
core le projet de la nouvelle taxe , et faisait
des remontrances aussi vagues que dépla-
cées y Je clergé et la bourgeoisie rédigeaient
des mémoires dont les idées et lea ex|)res-
sions annonçaient le cliangemcot qui avait
DES VOYAGES, 379
eu Heu dans la manière de voir du phis ■ »
j^rand nombre des habitans, et les préten- i^anemarck»
tiens qui allaient en résulter : le mot dç
rojauté héréditaire? avait déjà été prononcé
plus d'une fois dans les clubs. Il paraît que
ce turent les membres du clergé qui se dé-
cidèrent les premiers. Les chefs des deux
ordres n'attendaient qu'un assentiment par
^crit du roi , qui depuis plusieurs ^ours
était informé du projet. Ils Tobtiurent^ et
tout fut préparé pour une motion formelle
en faveur de la succession héréditaire.
Le B octobre , JVausea convoqua tous les
députés de la bourgeoisie pour s'occuper
d'un édit du timbre. L'édit présenté par le
sénat ayant été présenté , on trouva qu'il . ,
s'éloignait en plusieurs points du plan donc
on était convenu dans .l^s conf^frences pré-
liminaires^ et le murmure du mécotenten
ment se Ht entendre. Nausen profita d^
moment , et fit avec succès la motion de
rendre la couronne héi^éditaire, en ajoutant,
afin <jue le rai soit muilre. Le cJergé était
assemblé en même temps. Swane fit la même
motion , lut le projet qui fi^t approuvé una*»
nîmement et «igné. Cofamunîqué à l'as-
6cmWée de la bourgeoisie , cet acte , qui
exprimait ia concession dit droit l^éréditpdre '
38o HISTOIRE GÉNÉRALE
— — à la couronne, en ligne masculine et féroî-
DaDcmuck-nine , devint un ari'êté des deux ordres.
Le sénat, la noblesse en curent communi-
cation le même jour , et les sénateurs se
rénnirent aussitôt pour délibérer : maisca
avait été pris à l'improviste et l'on ne put
convenir de rien.
Le lendemain matin , la réponse de U
noblesse n'était pas encore arrivée , le clergé
et labourgeoisiese rendirent en processii'o
au sénat ; ils n'y trouvèrent que quatre st*-
nateurs. Etant retournés l'après midi ,
Kragg leur dit que le sénat , qui d'ailleurs
n'était pas complet , ne pouvait donner
Son assentiment.
Le refus du sénat produisit cependatit
une grande sensation dans le public. On or
ménagea plus ce corps, ni la noblesse en
général , et îl fut même remis au roi ua
mémoire dans lequel les prérogatives du
premier ordre étaient attaquées à décou-
yert , et dans les termes les plus éner-
giques. Le roi conservait son calme. 11 r
eut entre lui et la noblesse des négocia-
lions qui furent infructueuses. Pendant ce«
retarfls, plusieurs députés nobles aTaicot
quitté la ville, et le itn Tut averti fjni! <^.
qui restaient , se proposaient de suivre jcei
ÏTE s VOYAGES, 38i
exemple, et de paralyser aînsî Tactivîté de
latlîète. Aussitôt Tordre fut donné de fer- D»Mn»rck.
mer toutes les portes de la ville et de
faire des préparatifs militaires.
Le 12. octobre, le sénat qui avait délibéré
avec quelques députés de la noblesse fit
savoir au roi qu'il consentait à l'hérédité '
du trône en ligne masculine. Cet offre fut
rejetée et les conférences recommencèrent
le lendemain. Les Etats en corps portèrent
au roi le vœu unanime de rendre la cou-
ronne héréditaire en ligne masculine et
féminine. • •
On avait fait un grand pas , mais il restait
encore à déterminer , quels seraient les
nouveaux rapports du roi devenu hérédi-
taire , avec la nation 3 quelle capitulation
remplacerait cellequ'il avait signée aupara-
vant ; ce qu'il fallait faire pour les ordres
inférieurs , qui manifestaient un désir très-
prononcé de sortir de la nullité politique,
où ils avaient langui si long-temps. II était
difficile de discuter ces questions avec suc-
cès en assemblée générale , surtout dans un
moment où les esprits se ressentaient for-
tement de la commotion qu'ils avaient re-
çue. On vota donc pour un comité, et le
choix des membres fut abandonné au roi.
382 HISTOIRE GÉNÉRALE
■ Ce comité s'assembla sans délai. Oti convînt
I)aoemarck. assez facilement que la capitulation , remise
par le roi lors de son avènement au trône,
serait annullée , ainsi que le serment qui
s'j rapportait. Il fut plus difficile de tomber
d'accord sur le second point , savoir quel
serait le nouveau pacte entre le prince et
les États , ou la nouvelle capitulation.
Comme le rapprochement devenait plus
difficile à mesure que les débats avançaient,
f évêque de Seland fit la motion désaccorder
au roi le gouvernement héréditaire , sans
condition , ni réserve, et d'abandonner à
son impartialité la décision d*un objet sur
lequel les intéressés eux-mêmes avaient tant
de peine a s'accorder. Etait-ce une dicta-
ture momentannée , nécessitée par les cir-
constances , ou était-ce déjà la concessica
formelle du pouvoir absolu , et la renoo-
ciation à tous les droits des États ? le temps
et diverses mesures , dévelop|)ërent peu i
peu les idées , et fixèrent le vague qu'elle»
pouvaient encore otirir dans ce momeot.
Le i6 octobre, les trois ordres, compo-
sarnt les États , firent un décret par lequel
ils déclaraient le gouvernement héréditaire
en ligne masculine et féminine , donnant
au roi la prérogative de fixer Tordre de
^ 15 É s VOYAGES. 383
Succession comme bon lui .semblerait -, et
ne stipulant que la prîmogénîture <ét rin- *" •
divisibilité du royaume.
Le même }our où le décret desÉtatd fut
expédié, on cassa Fancienne capitulation. Le
18 , le sénat et les députés prêtèrent le
nouveau serment a Frédéric , en sa qualité
de roi héréditaire. Cette cérémonie se fitr
avec une solennité imposante.
Les laboureurs, comme nous FavoDS déjà,
abservé , n'avaient pas été appelés à la
diète. Le s,6 octobre , il fut expédié des
lettres patentes par lesquelles deux paysans
de chaque district au choix des préposés ,
étaient appelés à se rendre au congrès na-
tional , pour y représenter leur ordre ,
pendant la révolution que subissait le gou-
vernement. Ils prêtèrent avec plusieurs
membres de la noblesse et du clergé qu'on
avait invités également de se rendre à
Copenhague , le nouveau serment.
Les délibérations continuèrent, mais les
intérêts se croisaient et se heurtaient , et
Tîncertitude , Tincohérence et Taigreur en-
travaient toutes les résolutions. Plusieurs
semaines s'écoulèrent dans cette funeste
situation. Enfin il parut un acte sofennel ,
exprimant clairement que le pouvoir absolu
384 HISTOIRE GÉNÉRALE
=? était remis pour toujours entre les maîoi
. DancB&aro^. du roi ,'et que le sort des diifërentes clas-
ses des citoyens dépendrait de la volonté
de celui qui , seul désormais , exercerait la
tpuveraîncté. Cet acte du lo janvier 1761 ,
est composé de trois arrêtés , IHin de la
noblesse ^ Tautre du clergé , le troisième de
la bourgeoisie. Ces trois arrêtés portent en
substance, que le droit de succession bérédi*
taire , tant pour le Danemarck que pour la
Norwège , est accordé au rai avec le pou-
voir absolu , ainsi qu*à tous ses héritiers lé-
gitimes , en ligne masculine et féminine :
que les capitulations , recez et autres actes
qui pourraient lier le roi ou son fils, sont
annullés et cassés ; que le roi ayant voulu
introduire dans la succession l'ordre de la
primogéniture, et mantenir Tindivisibilité
de l'État, il dépendait du reste de lui de
régler la forme de l'administration , la suc-
cession tant en ligne masculine que fëmi-
nine , et la régence en cas de minorité ,
selon son bon plaisir ; que les présentes dis-
positions seraient regardées comme noe
loi fondamentale, liant les habitans actuels
et leur postérité.
Le 24 juillet 1761 , on expédia les char-
tes ou prérogatives accordées par le roi ï
b
DES VOYAGES. 385
la noblesse , au clergé et à la bourgeoisie.
Quatre ans après fîit dressé la charte rojrale,^^™*'*^^*
qui fixe le mode de gouvernement absolu
et celui de la succession. Cette charte ou
loi royale , signée par le roi le 14 novem-
bre 1765 j resta dans les archives pendant
le règne de Frédéric III. Ceneiut qu'au cou-
ronnement de Chrétien V en 1670, qu'on la
promulgua par une lecture publique. Frédé-
ric IV la fit graver en 17Q9 et 1 accompa-
gna d'une introduction.
Par un'eflfet de cette forme de gouver-
nement j que vit naître le mojen âge ^ et
que développèrent les siècles subséquens ,
f administration devint le domaine du sénat.
Le grand maître , le grand sénéchal , le
grand chancelier , le grand maréchal et le
grand amiral , ibrmaient essentiellement
le consfâl'.du roi , et dirigeaient chacan
dans son départemeat , l'expédition des
affaires. Xes autres sénateurs étaient la
plupart répandus dans les provinces , pour
surveiller en qualité de gouverneurs , les
objets administratifs, quand par la marche
des choses , le pouvoir illimité fut devenu
le partage du roi , le mode d'administra-
tion subît des changemens analogues à ce
nouvel ordre politique. Lés grands officiers
Tome IL B b
386 HISTOIÏIE GÉNÉRALE
de la couronne et les sénateurs disparareot
Bcneiuurek. peu à peu; le grand conseil d'État tomba
en désuétude , et il ne resta que le conseil
privé du monarque; La discussion et le
rapport des affaires furent remis à diffé-
rentes chambres. L'administration de U
justice devint une branche séparée , et le
roi créa un tribunal suprême où toutes les
causes seraient évoquées en dernier ressort
Le conseil privé du roi , est le centre oà
vont aboutir tous les travaux des corps
chargés de l'administration intérieure. C'est
là que sont prononcées les i^ésolutions , et
que les loix reçoivent la sanction qtii son*
met les habitans à leur empire. Le roi
nomme pour assister à ce conseil , les per-
sonnes qu'il juge les plus dignes de sa con-
fiance. L'héritier du trône et les princes
du sang, ont le droit d'y siéger. Lesaffii-
res sont préparées dans les difiërens collè-
ges qui en font le rapport. Il est défendu
de solliciter immédiatement au conseil ,cc
il faut s'adresser aux collèges. Le roi donne
ses résolutions séance tenante. Nous allom
faire connaître les collèges ou chambres
administratives dans un plus grand détail,
i.o Chancellerie de Danemarck et it
^Norw^ge. La sphère de ses travaux , dV
DES VOYAGES. 38;
bord très^vaste, a été circonscrite à mesure
:ju'on a mieux connu Vàvx de classer les D«»emM^
objets de Tadministration. Dans les der-
aîers temps son ressort s'est étendu sur'
l'interprétation des loix , sur les privilèges
litigieux^ sur les conflits d'autorité , sur
l'éducation publique , sur la police ecclé-
siastique et sur celle des pauvres. Elle
dresse les expéditions des édits et patentes g
les sauf-conduits et les passeports pour
pays étrangers. Les archives de l'Ét^rt sont
sous son inspection et sa garde. Ce collège
est réparti en plusieurs chambres , ayant
chacune ses attributions particulières.
a.o Département; des affaires étrangères^
Il a un dépôt particulier d'archives. De«
puis l'année 1800 , il y a un bureau séparé
pour les relations avec les puissances bar-
baresques.
3.0 Collège ou chambre des rentes. Il
s'occupe essentiellement de la rentrée des
impôts , et des mesures qui s'y rapportent;
il correspond avec les autorités constituées
qui président à la perception et soumet
leurs comptes à une révision annuelle. Il
dirige aussi l'administration des domaines
du roi ^ la police territoriale /celle des bois
et des grandes routes. Ce collège est char^
Bb %
386 HISTOIRE GÉNÉRALE
gé en outre de la direction générale des
^«iMiMrok. mines.
4<'. Chambre générale des douanes. Elle
€8t chargée de faire passer dans le trésor
de rÉtat tous les revenus provenans des
douanes et péage? ; elle surveille les ageos
et préposés ; elle a de plus la direction des
affaires relatives aux îles d'Amérique et
aux possessions à la côte de Guinée*
5o« Collège des fir^ances. Il dresse les
états des revenus et dqs dépenses^ fait les
représentations y relatives, il préseQte les
plans qu'exigent les circonssances ; il a
aussi la direction des monnaies.
60. Collège de V économie générale et du
commerce. Son ressort est étendu &ur tous
les établissemens relatiis à rindusti'te na*
tîonale.
7^. Collège de la guerre. Le dernier ré-
glenient attribue à ce collège tout ce qui
concerne l'administration de larmée de
terre » la levée des recrues 1 les magasins,
les forteresses , les écoles des cadets de terre.
Lei( mêmes objets , relativement à la Nor-
wége , sont du ressort d'un collège parti-
.culier.
8o. Collège de îamirauti. Il dirige le
coipmandement de la flotte ^ et Téconomie
• DES V OY A GES/ 3^5>
de la marine* Il a de plus rinspection des ' J ■' ^
pilotes côtîers , des ports de guerre , des^"******^
hôpitaux de la marine^ et la juridiction sur
les marins attachés au service de la flotte»
Outre ces corps qui résident tous à Co^-
penhague, il y a des directions et des com-
missions en Danemarck , en Norwège et
dans les duchés, pour dîffërens objets par*
ticuliers. Le nombre des employés de tout
rang , des collèges et autres corps admir
nistratifs , se monte à environ quatre cents.
Apres avoir fait connaître le mécanisme
de l'administration , nous allons en indi*-
quer Fesprît.
Les règnes de Chrétien IV et de Fré-
déric IV oflh-ent , à des époques moins mo-
dernes , plusieurs traits d'ordre ^ d'ensem*
ble et de vigueur , dans le système admî--
nîstratif. Sous Frédéric "V , le comte Er-
nest de Bernstorff , secondé par le monarque
et par plusieurs hommes d'un mérite dis^»
tingué, introduisit des réformes dont plu-
sieurs ont été d'un effet permanent. S'il lui
échappa de fausses mesures , elles tenaient
plutôt aux temps et aux circonstances , qu'à
son esprit ou à son cœur. Struensé parut
au moment où les grands principes de TaA--
œinistration économique et civile étaient
Spo HISTOIRE GÉNÉRALE
discutés par le génie dans plusieurs pays
PancBwxok* de l'Europe. Il gagna un ascendant qui fit
de ses volontés autant d'arrêts* Riche ea
conceptions neuves et hardies , mais n*ayant
ni l'habitude des hommes , ni une eonnais-
sance suffisante du pays , il devint l'ob-
jet d'une jalousie puissante qui surveilla
toutes ses démarches. La prudence et h
modération ne présidèrent point à ses
plans , et il creusa lui-même sous ses pieds
le précipice qui l'engloutit. Sa mort fut le
terme des changemens qu'il avait intro*
duits.
Entre ces changemens ,\\y en avait néan-
moins dont l'esprit était analogue aux vœux
du public^ et dont le souvenir se conserva.
Xa liberté de la presse , accordée sous le
ministère de Struensé , avait produit un
eflfet qu'on ne put anéantir en la restrei-
gnant.
Quelques mesures utiles marquèrent l'ad-
ministration subséquente dirigée principa-
lement par Ove Guidberg ; mais le système
général n'eut pas cette fermeté , cette éner-
gie qu'exigent les intérêts d'une nation de
la part de l'administrateur qui veut les la*
voriser efficacement. Le roi dont la sanlë
avait souffert depuis quelque temps , une
DES VOYAGES. Zgt
revolutioD funeste ^continuaat (d'être hors^-
d'état de s'occuper des affaires , le prince ^*^™^^
royal jH^it la direction^ du gouvernement,,
l'année 1784, et le comte André de Berns-
torff, neveu d'Ernest entra dioins le minis-
tèiie. Dautres citojrens aussi estimables par
leurs talens c^e par leur caractère, obtin-
rent des places importantes etune confiance
méritée. La faveur de gouf disparut , et * ^
l'on UKit un frein aux coupables eff<H*ts de
l'intérêt personnel. La liberté de la presse
prit de nouveau son essor ,, et plusieurs
écrivains publièrent des vérités utiles. IL
fut nommé des commissions pour répan-
dre le jour de la discussion sur les diHe*
rens objets de l'ordre économique, civil et
moral , qui avaient été négligés, ou dirigés
sur de faux principes. Les résultats de leurs-
travaux ont servi 4^ base aux réfbrmes^
introduites insensiblement , et avec une
modération propre à en assurer le succès.
Heureux les peuples qui sont conduits au^
perfectionnement de l'existence sociale, par
des gradations sagement calculées , et des
développemens successifs ! En voulant fran-
chir les intervalles, on rencontre l'abîme
et l'on s'y précipite.
En 4788^ les troubles du nord furent
Bb 4
39â HISTOIRE GÉNÉRALE
sur le point d'entraîner les peuples Dan
lîanemaïck. dans Une guerre , et déjà Tëpée était ti
mais tel fut le cours des événemens , q
le calme se rétablit immédiatement aprc
et que le gouvernement pût rentrer
la carrière pacifique d'une administratif^
bienfaisante. Occupé de ce gtand oh\elÊêOj^^
refusa constamment de prendre part ^ke/y
guerre sanglante qui a désolé I*Eu4
pendant dix années. Ni les insinuafi#>y^
ni les provocations ne purent ¥ébn$j^ ^ ^
Une sagesse profonde , accompagnée 4ii#w^^ ^'
noble fermeté , dicte toutes ses démaA^- ^'^
pour/, ^^
DES VOYAGES. SpS
CHAPITRE IV.
'Armée et marine. — Ordres de chevalerie (
règlement du rang. ~ Loi de Vindigénat.
— Ordre judiciaire ^ lois cii^iles et cri*
' minelles.
Q
uoiQUB les Danois aient perâu une
partie de cet esprit guerrier qui les caracté- j^^^j^jj^^^^^
risait autrefois > leurs trois derniers roià
eurent toujours sur pied des forces très-res-
pectables , au moyen de la grande disci-
pline qu'ils maintinrent soigneusement
dans leurs armées. Les forces niilitaies du
Danemarck sont aujourd'hui composées
d'environ 70,000 bôminê^ de cavalerie ou
infanterie , dont la plus g^randë partie con-
siste dans une milice qui ne reçoit point
de paye ; mais elle est inscrite sur la liste
des corps armés , et exercée tous les dî-»
manches. Les troupes de ligne sont au nom-
bre d'environ io,ooo, et composées en plus
grande partie d'étrangers, et particuliè-
rement les officiers. Cette armée est un pe-
sant fardeau pour la nation ^ mais elle coûte
peu à la couronne. La plupart des régimens
394 HISTOIRE CÉNÉRALE
■ d'infaatesie restent constamment en Nor«
Dwwnawk' wège où elle vît chez les paysans à discré-
tion ; et dans le Danemarck , ils sont tenw
de fournir à la cavalerie le logement , des
yjvres et même de Targent.
La flotte du Danemarck consiste en 36
vaisseaux de ligne et 18 frégates ; mais
comme plusieurs sont très -vieux et exige-
raient de fortes réparations ^ il ne serait
possible d'en équiper dans un cas de néces-
sité^ que vingt-cinq au plus. Cette flotte
est habituellement stationnée à Copenha-
^e 9 où sont tous les arsenaux ^ les ma-
gasins et tous les matériaux nécessaires à
la marine ; âôjOOO matelots sont enregis-
trés^ et ne peuvent sortir du royaume sans
permission ^ ni servir sur un vaisseau mar-
chand sans le consentement de Tamiranté.
Quatre mille reçoivent régulièrement une
{>aye , et travaillent dans les arsenaux ds
a marine ^ leur paye monte toutefois à
peine à onze francs par mois ; mais on leur
donne une espèce d'unifbrme» quelques
subsistances et un logement pour eux et
pour leur famille.
Il y a deux ordre; de chevalerie en Da-
nemarck; celui de Téléphant et celui de
danebroge. Le premier , considéré conms
DES V O Y AGE S. 395
le plus honorable^fut institué par Christiern
I.^"^; son symbole est un éléphant surmonté l^«»«™»'®^'
d'un casque décoré de diamans et suspendu
à un ruban onde de bleu céleste; on le
porte comme en Angleterre sur Tépaule
droite ; les chevaliers sont , sans compter
le roi , au nombre de trente , et on leur
donne le titre d'excellence. Les signes ou
marques de Tordre de danebroge , qui est,
dit-on , de très-ancienne date , consiste dans
un large ruba^ blanc lizeré de rouge , passé
sur l'épaule en forme d'écharpe , il suspend
sur la poitrine une petite croix de diamans,
et survie devant de son habit, du côté gauche,
le chevalier porte une étoile en broderie ,
autour de laquelle sont inscrits ces mots :
de pieiate et justiciâ. Le symbole est une
croix pâtée émaillée de blanc ; au centre , la
lettre C et un 5 sont surmontés d'une cou-
ronne royale , le mot restitutor sevtt6.e lé-
gende. Le nombre des chevaliers est grand
sans être limité.
Les places émînentes dans la carrière ci-
vile , ecclésiastique et militaire, donnent
aux roturiers ime sorte de noblesse person-
nelle , lorsqu'elles leur tombent en partage;
Le gentilhomme sans titre, est obligé de
leur céder le pas ; de plus , dans chaque
S96 HISTOIRE GÉNÉRALE
carrière , le rang est fixé par cette grada*
Dftnçmaxok. i\q^ ^ q^g Fimportance réelleou imaginaire,
des emplois , établit entre les employés ;
mais quel sera l'ordre de préséance entre
un militaire, un magistrat, un ecclésias-
tique , un officier de la cour? et de quelles
distinctions jouiront-ils? C'est cet objet qui
a donné lieu à ce qu'on nomme eu Dane-
xnarck, Y ordonnance ou le règlement du
rang. La première parut en 1671 ^ il naquit
dès-lors un goût décidé'pour les titres. Deux
sayaûs professeurs de l'univesité de Cope-
nhague , Bartholin et Worm , s'adressèrent
à Griffënfeld^ alors ministre tout puissant,
pour obtenir une place sur le tableau du
rang, le ministre leur répondit : « Vous avez
« acquis par votre mérite en Daneroarck
« etailleurs , une réputation dont vous ayez
« lieu d'être satisfait , le roi ne peut vous
4< conférer des honneurs d'un tel prix. Je
M VOUS accueillerai toujours beaucoup
« mieux que d'autres revêtus de plus grands
« titres; mais si vous demandez un rang,
« je ne ne puis vous servir ». On s'est de-
puis souvenu des professeurs. Depuis le rè-
glement de 1671 , il en a paru six au-
tres à diiïërentes époques. Celui de 1746 ,
Sert encore de règle ^ à de légers chan-
D E s V O Y A G E s. S97
geinens près , qui occasionnent quelquefois
des lacunes dans lé tableau ; on admet en Danraiarck.
tout neuf classes.
La chaîne descend graduellement jus-
qu'aux enseignes et aux secrétaires des bu-
reaux. Lorsque plusieurs titres donnent le
même rang ; c'est la date du brevet qui dé-
cidera préséance. Ceiixqui entrent dans un
collège ou dans un dicastère, y prennent
leur place , non d'après leurs litres , mais
d'après la date de leur entrée et le rang de
leur charge ; en général , les titres et les
décorations des ordres ne doivent donner
de préséance qu'à la cour et dans les céré-
monies publiques. Les personnes de la pre-
mière et de la secognde classes , ont les gran-
des entrées de la cour , et peuvent être ad-
mises à la table du roi ; on donne de phis Vex-
eellence à celles de la première classe. Les
dignités de conseiller d'état , de conseiller
privé hors du conseil , et de conseiller de
conférence et de justice , sont purement ti-
tulaires , Tépithète ^effectif ne suppose
point de fonction , et n'est que pour la gra^
dation.
Tous ceux qui sont compris dans le ta-
bleau du rang ^ étant censés supérieurs à
ceux qui n'ont point de charge ^ ou dont la
898 HISTOIRE GÉNÉRALE
charge n'est point classée et la gradation
Danimirck. établie , influant SU r les honneurs et les dis-
tinctions^ il a régné une passion violente
pour les titres; ces titres ou caractères ,
comme on les appelle dans le nord , ont été
recherchés et achelés avidement. On a de-
mandé ceux d*un office qu'on ne pouvait ja-
mais exercer « et les personnes qui avaient
des emplois « ont sollicité des caracières su-
périeurs à ces emplois*
Tous les titres ont été chargés d'unim*
pôt ; on a dit que c'était dans la vue de di-
minuer le nombre des aspirans. Poar ga-
gner le même but , il a été publié des res*
crits portant que les grades du rang nese»
raient accordés qu'aux personnes qui les
auraient mérité par leurs services et leurs
talens , ces mesures sont restées long-temps
sans effet. La révolution que subit req)rit
public , les progrès des lumières de la rai-
son « ont eu une influence plus marquée.
Le premier janvier* 1776 , le gouverne-
ment donna une loi , en vertu de laquelle
les seuls nationaux des Etat» \nois , sont
admissibles aux emplois et aux chaires»
excepté les cas d'un mérite rare qui puisse
justifier l'exception. Cette loi promulgée
solennellement , fut reçue avec des applau*
D E s V O Y A G E s. 899
dissémens universels , un grand nombre
d'étrangers n'apportant souvent que de la Danenwcfc
jactance ou de la souplesse ^ avaient ëté ad«
mi$ aux places^ et les plaintes des natio-
naux s'étaient fait entendre plus d'une fois.
Le législateur déclare nationaux ou indi-
gènes, tous ceux qui sont nés dans les Etats
danois , y compris les colonies , ou de pa*
rens danois pendant l'absence de ceux-ci ,
-tant pour cause de voyage que pour le ser«
vice du roi. 11 assimile aux nationaux les
étrangers en place lors de la 'publicatioa
de la loi ; ceux qui , à la même époque ^
possèdent dans les États danois , en capi-*
taux on en biens fonds , une valeur ' de
So^ooo rixdales ; ceux qui s'établissent dans
les États danois et qui font circuler dans Id
commerce une somme de âo^ooo rixdales ;
ceux qui sont appelés pouç desservir l'égUso
allemande de Saint -Pierre à Copenhague ^
et les églises réformées , ceux qui sont em*
ployés à l'amirauté ; à l'université de Kiel,
et à la mission de Tranquebar ; enfin , les
artistes et frabriquans qu'on fait venir poui*
les entreprises utiles. Tous ces étrangers
seront cependant tenus à se procurer des
lettres de naturalîté. La loi de l'indigénat
«loit être > suivit les expressions dutexte^
400 HISTOIRE GÉNÉRALE
■■■!■■ "i" une loi fondamentale ; etle roi recommande
J^aemaxek. ^ (qus ses successeurs de j'eDvïsager comme
un dépôt sacré que leur transmet sa •olli-
citude royale. Le prince Frédéric, trtre de
Christiern VU, a promis solenaelleroeot
pour lui et ses desceodaDS, delà maintenir,
au cas que sa branche dût parvenir au trdoe;
c'est en considération de ces clauses , que
plusieurs écrivains , tant danois qu'étran-
gers , ont placé la loi de l'iodigénat à côté
de la charte royale ; mais en l'examinaint de
plus près, on verra qu'elle ne doit être
envisagée que comme un déci-et du chef
sanctionné d'une manièreplus solennelle.
Des anciennes annales du Daoemarck. et
de la Norwège , présentent l'iotéressant
tableau d'une administrationde la justice
simple, unilbrme et fondée sur la libcne
personnelle et sur le respect pour la pro-
priété. Plusieurs révolutions dans le sys-
tème ^néral , et des abus de pouvoir £h
vorisés par les gueires lointaines et par les
troubles domestiques, amenèrent une le^
gislatïon plus compliquée et souvent cod-
traire aux grande [uiHi])is{le l'ordreio-
cîal. Les justices s^-i;;[K'iii'ialeh , néek^fV*
le moyen âge , tiLiuliiLiit riofluenoftkdBt
graads,et leur soumirent Icsialûrèud^tri'
parti*
I
DES V 0 Y A GES, 4ot
partie considérable de la nation; lestrrbuî-i
fiaux çcolëeiastiques se trouvèreirt en con-D^ûtjmattfci
ilit avec Tadministration temporelle. LeS'
deux royaumes ayant été partagés pltfs
d'une fois entre plusieurs princes /*il se
forma des codés particuliers ^ ei Tuniformité
devint difficile à rétablir. Avant la publica-*
tion de Chrétien V 5 il j avait en Dane-^
marck trois codes principaux, ceux deSc»4
nie , de Séland et de Jutland* > >
• Parvenu à la souveraineté , Frédéric III
entreprit ditiKérens changemens- dans Tor-
dre judiciaire. Il ordonna en même-temps
une révision des lois danoises , et; ce travail
était près de sa fin, lorsque. Œrélien Y,
successeur de Frédéric, en ^fitebmmencer
un autre qui fut achevé en -1679. Danser
nouveau (5ode , tout est' déternliné d'une
ananière uniforme pour les diverses jitgn
vinces composant le rojputne» de Dàne»
marck. Le/droit romain n'y à pas été^adi
Biis f et les bases, principales dei- ancien»
recueils y sont. conservées..^ • r';:fy
, Quoique le législatSeur^èutett égard. anic^
progrès des peuples, dans^ leà orts » danft
Tindustrieet dans le coramecèet 5 ^quoiqu'il
eût rempUfles .lacunes^ corrigé: des er^^
revrs^on s'aperçut \^e»tCA^^à'iàm(lïUW»
Tome IL C^
40». HISTOIRE GÉNÉRALE
mmmmm des DDUVe^uJC çsdvi , «t dans les deroirn
%9«mf-S^- temps , oe U eentî encore davantage. U
a doDC paru un grand nombre de rescriu
Qt d'ordoonai|ices servant de cooiplémeat
ou de com nommai re. Au con^menceneoi
an dix-hnitiitne siècle il fut nomme une
eommiseion pour la révision et la rélànoe
des lois; Cette commïssîoa a travaillé long-
temps , mais il n'a jamais rien paru de soa
travail , et on peut la regarder cofone
A'exislaDt.'pU» , les membres qui la com-
posaient étant morts peu à peu , sans être
remptgcés : il parait qu'on a adopté uo
Autre plan:, coDÀstant à revoir successive-
ment Jes dIRérentes parties des codes . et
à pubJier l«s changemens dans les circons-
tances Les pius canvenables. Les corps «!•
ministratils sont consultés à ccc-eflèt , k
it vient d'être noiamé un certain oombre
de. jurisconsultes pour indiqusr les hasrî
d'une réforme de lois criminelles. Quaott
•n aura aînn parcouru les diffërrBtes braa-
ches de la législation, on titra suis dame
deccsmoiTcaux dc-taclics un cascmjiix^ .
avec Les anciens matél
tfbngervés , tbrmera
est d'autant plus
terme de U rél
DBS VOYAGES.' 40^
Ibrmes partielles 5 quelque sages qu^elles
8oient , peuvent laisser du vague et de rin-»^^*®^*
certaio dans leur rapport avec d'aociennes
dispçsjtions subsistantes , et embarrasser 1«
)uge daus Tappllcatiop de la \o\.
Depuis long-temps , les eitojeps instruits
des vrais intérêts de leur patrie , gémis*
paient de rexisteqce de cette loi inique et
de ce système oppressif par lequel les pro;-
priétaires des seigneuries disposaient des
paj^aps en maîtres absolus , et poi^vaient
dicter toutes les clauses des contrats qu'ils
gisaient avec eux. Uopinion publique ayant
icquis U maturité nécessaire par lesinflueur
ces heureuses delà liberté Jç penser et d*é<-
<;rire , le gouvernement nomma une corn**
mission chargée de recueillir des rensei^
gnemens exacts sur Tétat des laboureurs ^
et de présenter des projets de réforme»
noalogue aux grands princi^ies de Tordre
et de la justice. La commission fit deux
rapports qui sont des modèles de clarté et
de précision , et dont l'un a servi de base
à redit public en 1780. Conformément à
cet édit , la loi réglant la formation de U
milice a été anéantie , et r^ftV^nchissement
des paysans s'est fait peu à peu /après
l'expiration d^s années d^ leur service.; il
C c â
\
4o4 HISTOIRE GÉNÉRALE
ODt ious dû être libres le premier jaovler
Pour conserver le souvenir de cette r(f-
volution ^ il a été érigé un obélisque , non
loin de Copenhague , sur la route qui mène
à Roskild , route la plus fréquentée par les
paysans, qui se rendent à la capitale. Sur
îes faces de Tobélisque , on lit ces mots:
léC roi sapait que la liberté cii^ile , déier-
minée par des lois justes y donne t amour
de la patrie , et le courage pour la défen-
dre y le désir de V instruction , le goût du
trat^ail ^ et V espérance du bien-être ; il a
donc ordonné que la servitude cessât y que
ï ordre et la promptitude présidassent à
V exécution des lois rurales y afin que le
iaboureur libre y courageux y éclairé y la-^
porieux et bon puisse dePeair un citoyen
/estimable et heureux. La base de Tobélis-
que est ornée d'emblèmes et d'inscriptionii,
et porte quatre figures en marbre repré-
sentant la fidélité , Tindustrie agricole , le
courage et Tamour de la patrie. Le prince
royal posa lui-même la première pierre
en 1792* Linscription \ appelle Jils du roi
et ami du peuple. Le monument a une
.hauteur de 24 aunes «et a coûté 14000 rix*
liales rassemblés par souscription. Le vojat
: DES VOYAGES.. 40$
^eur s'àrrètaot pour contempler ce monu-
ment^ bénira les noms du prince ^ des mi-DuienitwL
njstres et des citoyens qui , en dépit des
préjugés et de l'intérêt , ont exécuté une
réforme bienfaisante. Tout ce qui concerne
] existence du laboureurest intéressant pour
rhomme qui pense. O toi que Vaube du
jour voit au travail , et que souvent les
ombres de la nuit y rencontrent encore,
toi , dont les bras vigoureux ouvrent le
sein de la terre et lul.atrdehent ded trésors
précieux ; toi qui entretiens les canaux de
la prospérité publique , mon a me t'honore
et te respecte. Je ne te souhaite pas le
bonheur imaginaire , les plaisirs trompeurs^
que donne le luxe des villes ; reste sous
rhumble toit de ta cabane , qu'un ruisseair
te désaltère rqu'un frais garifon Soît le théâ^
tre de tes jeux ; je forme d'autres vœux
pour ton sort. Que l'orgueil et la cupidité
cessent de t'écraser impunément ; qu'en
procurant des jouissances aux autres , tu ne
sois pas accablé de privations ; que la mi-
sère et l'esclavage ne te plongent point
dans un abrutissement stupide ; que sur
ton front puisse habiter l'assurance avec le
contentement ; et que Testime publique^
courone tes utiles efforts*
406 HISTOIRE GÉNÉRALE
En Daaemarck ^ comme daûs pliisieuti;
Panenatck. Autres paj8 , le roi est censé présent dans
toutes tés cours suprêmes de son royaume.
E.D conséquence , it y a dans cfaacnne un
trône auquel les avocats semblent adres-
ser, en plaidant , leur discours ; et les ju-
ges 9 en donnant leur opinion , en font d^
même. Le roi assiste tous les ans à la pre-
mière séance , et une sentence de mort
ne peut îamais être «uivié de son exéoi*
tion ^ si elle n'est pas signée par lui.
D E s V O Y A tî E s. '^
«
■ :. ;
C H A P ï Tîi E V.
w
t . »
t
Industrie prdductipe. -*- G^ainii — Ééèàtf.
du^trihïà;ttHUfc£€tù.nèf^.
*
Lés tMlVtiili* qiiî ont l^tttti- bUt de pfrcfcu-
tcf lé8 é*bàl«fciicè« iet léB ttiatiërës t>^elnîéi. DMematck,
Tes , kt^xn tthbràèèèné l'a^i'ictihùrè , là
^cbe , la ^fchâSsë fet rfekïrattlott des sfabs-
tances HAftiéWléé i dôiyeal être, fetfvisà^
côMitié lë^^tiëifteht ëè^btiél dé Id Kèhë'éi^
•ées kiati^àXé û%i\. <^j)étidÀnt ^dé dëj^blb
le dferiliër Slëéle , que ëè3 t*»vàUx oHt dl!>-
i«nd une âïMtitioïk^ ànàlé^^tkë H leui- iiil^btf-
tïticè, et t)b'btt! ai^tquii dëi é)6t(ohé jdât^
^tir fa Mâdi^r« de leë diri^ëf. Lb {^buvëi*-
nement sentit que l'industrie prbfdiictIVé ll6>
vdit êt*e fett<jt)u*agëe , fet |«<it jjïuëitedt-i \xxe-
Aur^ podr' en éëéoridèr i^s til'og;rë8. L^s
ëffbftis <]^'bn A Mi dfe{)dtii «oMt été dirt^s
d'apt-ès des Vtf<6s pltis vaèteket uii it^ëtêMe
jilus àppfofoadf. L'athélhM*bflbn de l'exîè-
<ien«e «ivltè âë3 Mbitabsi iét lëptidci^è iûle
ïie' point feûlt-aver <>ii eotot4*eâlbé leuf at?fî-
tité , fof Iiieftt4à haie dd i^U'Adié faddilbii-
Cc 4
*^
4q8 histoire générale
tration. Les lois économiques sont réfur-
Danexnarck. xnées et changées peu à peu.
Le zèle des administrateurs et celai de
plusieurs particuliers , ont fait naître des
ëtabli^semens qui ont pour but de guider
..et d'encotif ager le développement des di:-
férentes branches de Tindustrie produc-
tive.
_^ .La société' économique de Copenhagur,
projetée dès lanaée lySy» commença ki
travaux en 1768. l^'agriculturç ^ les pêcLr-
ries et l'^xploitafion des. mines' sont K»
.objets du perF^ctîonnement desquels , cette
.association de •cito3^ens estiouibles et de
^patriotes éclairés s'occupe essentiellement.
II. se tient annuellement une assembKe
publique^ pi:4^sidée par le prince royal , trt
destinée h la, distribution des prix, accur-
..4és aux mémoires utiles , k l'industrie tt
.4Ux î^ventiopSr
. ;; Depuis Tannée . 1786 , il s'est formé a
Copenhague , par les sçins du gouverc.-
. mi^nt, une caî^sç^^e crédit:, destinée à fou -
' iiir pour la •culti^rie du sol et pour lexpi '.-
tilt ion .de$,jp,^Ae,Sj des avances qu'il serait
d'ailleurs di(H.cj1e; de* se procurer* Il a tu
:peq(>mn^an4é'à:l^.directio;i de. la caisse de
. faire une s^U^ntien particuUèr^ aux demat*
DES VOYAGES. 40^
des des laboureurs qui voudront se mettre
en état d'acquérir des propriétés ou des D«ii«BMiok4i
baux héréditaires.
Par un eSet du climat et de la nature
du sol , il règne une grande diversité dan$
les ressources naturelles des pays danois ,
et dans la manière de les faire valoir. ^ .'
Depuis le milieu du dernier siècle , et
surtout depuis quinze à vingt ans , les proV
fçrès de l'industrie agricole ont été sen^îr
bies dans toutes ses branches. Les réforme^
qui ont eu Ueu dans la législation civile
et dans le système administratifiont pror
curé un changement avantageux à Texis^
tence des laboureurs. Plusieurs proprié>'
taires se sont, distingués par un zélé louar
ble. Déjà en 176 1 , la reine Sophie Magr
deleine affranchit les paysans du domainç
«qu'elle possédait , leur accorda la propriété
.usufruitière^ et abolit les communes. Ua
*
obélisqtie qu'on voit sur la route de Co-
penhague à Ëlseneur , conserve le souv^
. nir de ce qu'a fait pour le laboureur de
. ses terres , le comte Ernest BernstorfféXe^
vé par les vassaux eux-mêmes , pénétrés
de reconnaissance envers leur bienfaiteUf.
Les corvées et les redevances vagues se
. «onvertissent peu à peu en cens fixes , qa«
4iô HISTOIRE GÉNÉRALE
lie labourear peut Acqtiittei* a^ec moites 'de
Pwwiwk. peinte et d'embarras.
Les encouragemens accordes par Tadifi^
nisthsitioii et les efforts des pâtrioties ëclai-
rés , ont répandu le goût de l'agriculture
dans tous les états. L'influence <|u'G»t en
les conjonctures de la dernière ftuerit
ktsr les progrès de Tindustie agritote dans
le nord , a surtout été très-settsibie eh Da-
fiemarck. Pendant plusieurs années , Tet-
^riatioti eii blés et en bétaii a fkit entrer
àa^B cte pays dés somme» eodSidérafalM ;
let leè pit)priétaireB ont feit des g^AfM r«-
pldies /qui ont (avtdrisé leurs êntrepHbeê.
On a essayé deui: fois d'augltiëntei* la eu)*
tUre et la popuiatiou dli DànteMIrt^ck par
•des colonies , en lyto. Frédéile IV fit prd-
fioscr i d^s familles de Finançais réftigiés
tsn Brandebourg , de s'établir dans ià ville
idè Frédéi*icia en Jutland pour tp)cp)oiter les
-te^rei qile œttb ville avait obtenues à fë-
-poqge db lia fondation , et f\ùe lea habitant
'Avaient njégligées. Plusieurs familles accep-
-tèi*èbt lapi*o()o)sition. Ces colons étaient des
liomrnes laborieux et ibrméys k l'école de
•l^advelnsitéi. Qubique peu favtvHsés par les
• iticligènes , quoique tratcl-sés dan« pliisiMirs
j^ iQm*4ei;i (reprises par ii faioruile et la
DKÎB VOYÀÔË â. 4î^
enjiîditë ^ ils ont pi*6Bpéré au point que le
»ombte des fdmilteË s'e^t ftccrù de Vingt Dànemarcl!
à eent doute , foritiattt utte t)Opti!àtioii de
plus de cinq cents personnes. Les travaux
de cette colonie ont côkiVét*ti eti Ùta riant
)ârdin. les eu virons de F^édérieià qui kùr
paravant tie présentaient qtié du SÀble éï
des bru^rères. Maii il est des Mtryienis plus
simples , plus iMitûtréïs et beauedup moin^
dispendieuse qu'Aii^ tolohisatibn. Là sagesse
les v^t dans un i^ystéxhe d'adtninistt*ation
^Ui' laisse à r&ùtivUé de Itïômine lé libre
usage des rei^sonrces que Fournit la nature ^
et qui vient ^u seco^irs de dette activité
en encourageant le^ inHrehtjon^ et les dé-
cèa^ri^s utiles.'
ta tenVpléràtùi^ du Danèiiîartk ^dfhei
lu culture de wntéà les espèfees de 'gralnis t
ii^eA là taatui^ d* i<A que Ton trotilsûhq
pour le ctK!>îx. Llle dé Séfànd donne te
pkis d'orge 'et d'âvoîne , ctellé 'dé î^'onie ,
le ptris de blé sat^à^sin. Le frortie'nt pi-ôs-
père ]silrt<Mit danà l^s Mes dé Laâland et
d6 Exister. De Jutland est propre à la cu!«
ture du seigle. Les poisjeé fëves ; leis len-
tille» vi«nnei!i't dani -la pltrs grande partie
du pa>'S.Le^ ftùrrérgfes sont 6i^îtiaîVerhent
fA>ondans i^ et les ^iHek xitat b^atkebàp ga-
4i£ HISTOIRE GÉNÉRALE
^ goé par, la suppression des communes. Les
Danemarck. 0ouyélles méthodes de labour , les irriga-
tions , les clôtures ont fixé Tattention des
cultivateurs.
La pomme de terre , ce fruit modeste »
qui ne rivalise point avec les blés ^ mais
qui oflTre un supplément très -utile à la
culture principale j a été long-temps dé*
-daignée en Danemarck , comme dans
beaucoup d'autres pays ; mais , depuis
quelque temps , elle est mieux appréciée ,
çt Ton consacre des champs entiers à la
produire. Ce n'est que très-récemment que
le lin et le chanv^r® ont obtenu quelques
soins de la part du grand nombre des cuU
tivateurs. Cette culture très - importaole
pour un pajs qui doit entretenir une ma-
rine » s'étendra probablement à mesure que
les lumières et l'aisance se répandront daos
la masse des habitans d^ la campagne.
L'éducation du bétail est en Danemarck
un objet important de l'économie rurale;
il y a mêm^ des provinces où des ciroons^
tances locales lui ont fait obtenir une at-
tention trèa-suivie. Plusieurs mesures ad*
ministratives concernant cet objet » ont
éprouvé des réformes ayantjageuses.
Les chevaux danois^ sont cofmus eo
DES VOYAGE S. 418
rope depuis très-long-temps. Ceux que pro- ne
duît le Jutland passent pour les plus forts; Danemark,
mais ils sont moins dégages que ceux de
Séland et de Fionîe. Les uns et les autres
se distinguent par la beauté de la cuoupe,
la fierté de Vencolure et la vivacité de
rœîl. Les pâturages secs et courts leur con-
TÎennent le mieux. Ils ne parvîenrtent pas
à la vraie maturité avant Tage de six ans,
et servent jusqu'à vingt et au-delà, si Ton
a soin de les ménager dans leur jeunesse.
On ne doit cependant pas s'imaginer qu'il
n'y ait en Danemarck que de beaux che-
vaux , ceux des paysans sont assez généra-
lement d'uhe race très-infërieure.
- L'éducation des moutons est un autre
objet important de l'économie rurale du
Danemarck. Leur laine, sans avoir les qua-
lités supérieures de celles d'Espagne et
d'Angleterre , n'en est piis moins un objet
pfécîeux pour le pays. Un écrivain Danois
porte le nombre des moutons de tout le
Danemarck à 877,000 , dont 8o5,ooo en-
tretenus par les paysans.
Avant l'usasse du sucre et avant l'aboli -
tion du culte catholique , qui occasionnait
une grande consiommation de cire, l'éduca-
tion des abeilles obtenait beacoup de soin;
4hu HISTQIÎIB ÇéNéRAl-E
cIIq a'a cependant jamaisi été n^ligée eo*
Dancmaick ti^reipent ,et en dernier lieu on a pri« plu-
sieurs metsures pour )a perfectionner.
Il y a déjà long-terups qqe les bois doot
le Danemarck était CQUvert autrefois » ont
disparu assez généralement. Une maiivaise
écononpiie est la cause principale de cette
révolution. On a CQup^ et détruit sans son*
ger à la réproduction et sans se rappeler
(jue le chauffage est un objet essentiel dans
un paya $itué entre le cinquante-quatre et
la cinquante - sçptièoie degré de latitude
septentrionale.
Les tourbières r^papdues ^w le pajt
sont une ressource essentielle ; leqr ei«
ploitatioa forme une branche de Técono-
ipie rurale et donne des profits aux laboo*
reurs. Il se trouve en Jutland une espèce
de tourbe si grasse qu*0Q pourrait s'en Kr*
vir à la campagne au lieu de chandelle.
Dans ces temps où des vastes foriu
ombrageaient une grande partie des terres
danoises j la chasse pouvait offrir aux ha-
bitans une richesse importante. A mesure
que les forêts ont été éclaircies , une grande
partie du gibier a disparu. Les sangliers
ne se trouvent plus que dans quelques
chasse^ du roi j ks 4;erfs , les daims , ici
^ DPS V O ¥ A G JE g. 41^
ç^yv^Viîls sont moios ^arçs. Daos qyi^l(]|qçs s
eoiJi-Qits Qn rencontre des lapîoç ^ p^ai^ €Q( i^aatmank^
nqimal nç parait pa$ êtr^ îndîgèo^ ça Da^
]Lia pêçbç est d'un rapport cqn^idér£(ble<i,
De toutes lç$ eaux qui biaigixeut le D^pe-
mavck , ç'f 3t Iç Lemfrqrd , avçc ses braa^
pombrçu^ qui rend ie plus* ï-es produis
^up ^ojxw la mer poi|rr#iept encore ^tr^
i>lus ii^portaos , si )a police des p^cberieq
parvea^it au degré de pçrfectioq donc elle
^t susceptible^ quiç la pêche se fit en grand,
çt qM'pn offrit aux habitans di^s côtes queit
qiie$ encqjurageipenç propres à |*a|iipsLÇC^
L e^ploitaCloq de^ spb^ti^nces min^r^lç ç ^
e^t uqe biraQcbç peu împprt^qtç len J>2m?n
marck. L'Jle de Bornhoim fournît mm
bonne terre à porcelaine » 4u m|irbrQ §t ua^
wpèce dQ diaioant.
Lorsque l'industrie prodiictive a fourni
içs subsistances et les matières premières ,,
d'autres travaux doivent se développer- H
s'agit dabord de s'occuper d,e^ fabrication^
élémentaires , et de ces métiers qui pour*
voient aux besoins essentiels; p)us cett^
snarcbe.edt graduelle et calculée sur les cii*--
constances locales > pi.u$ la ricl^e&^e pu**:
4i6 HISTOIRE GÉNÉRALE
blîque est soliide et durable. Plusieurs per-
piajiemtxoi» gQQiiQg ëclairées ont publié dans les der-
niers temps en Danemarck , des réflexions
utiles sur l'éducation de ceux qui se livrent
. à l'industrie manufacturière. 11 en est ré*
suite , qu'on s'occupe des moyens de pro-
cureràcette classe^ les connaissances d'his^
toire naturelle et de chimie, et les notions
du dessin et de la mécanique, dont elle a
besoin pour perfectionner ses travaux.
On voit par la manière dont les maî-
trises sont organisées en Danemarck , que
les métiers ont été introduits , ou du moins
perfectionnés par les Allemands » même
esprit y mêmes usages dans cette partie
qu'en Allemagne , à peu de chose près j et
en eflfët , c'est de Lùbcck , de Hambourg , de
Bremen que la connaissance des arts mé-
canique? a passé , non-seulement en Dane-
marck » mais en Suède , en Norwège et
dans une partie de la Russie.
. Plusieurs écrivains danois avouent que
les métiers ont besoin d'être perfectionnés
à Copenhague , et surtout dans les villes de
province; car c'est le Danemarck propre-
lïient dit » qui est devenu le centre de toutes
}es fabriques des États danois ^ tant par sa
situation , que pur la direction des efforts
qus
DES VOYAGES. 417
que fit le gouvernement lorsqu'il donna son 2;
affbctîûQ au sjstême manufacturier. Danemarok;
La fabrication des draps convient a un
pays où cet article Fait une partie essen-
tielle de riiabillement, et qui peut en même
temps se livrer avec succès à l'éducation des
moutons. Le Daneniarck fournit depuis plu-
sieurs siècles la laine pour les gros draps
dont s'habille l'habitant de la campagne ,çt
qu'il fabrique souvent lui-m'ême; mais, il
faut encore faire venir de l'étranger une
bonne partie de la matière première des
draps plus Bns. La grande manufacture des
drapis pour l'usage de l'armée , est actuelle**
ment à Copenhague ; le nombre des ou-
vriers est d'environ douze cents , cette ma-
n^ufacture livre annuellement entre cent
quarante et cent cinquante mille aunes.
il y a dans la capitale soixante - quinze
métiers fournissant des bas , des bonnets j^
des gants et autres objets de bonneterie en
laine. Dans plusieurs cantons du Jutland^
les habitans de la campagne s'appliquent
depuis long-temps à tirer partie de la laine,
la seule commune de Hceringsholm a vendu
dans une année jusqu'à vingt mille paires
de bas ;-le père , la mère, les enfans , le^
domestiques travaillent k l'çnvi pendant
Tome IL D d
4i8 HISTOIRE GÉKÉRALE
les soirées d'hiver , souvent on ap(>elle les
Daaemarek. yolsins quî apportent leur ouvrage , -et il $e
ibrme une veillée dont le travail fait Ta-
musement.
Aux portes de Copenhague , est une fa-
brique de Manchester ^ elle a été montée
à la manière anglaise ; ce vaste atelier
est bien entretenu et fait subsister deux
cents personnes. Il n'a été permis pendant
assez longtemps d'imprimer des- indiennes
qu'à une seule manufacture , depuis l'an-
uée 17Ô4 5 cette industrie est libre » et il
s'est formé à Copenhague plusieurs ate-
liers où elle s'exerce avec succès.
Il a été difficile jusqu'à présent de faire
réussir les fabriques qui travaillent le lia
et le chanvre; ; elles fi^ pourront prospérer
que lorsque. le pays fournira lui-même une
quantité plus considérable de la matière
première.
Il y avait, vers Ijan 1798, dix-huit raffi-
neries à Copenhague : elles sont montées
de manière à pouvoir tenir en activité soi-
xante-huit chaudières. Chaque chaudière a
besoin de cinq ouvriers: les soixante-huit
occupent donc trois cent quarante ou-
vriers.
La distillation de l'eau-de-vie de grains «
*
:: 1>.BS V O Y Atî,ES. 419
lest vo objet important pour tous les pays
ijv ^i:dj 0» trouve des distilleries, dans i>«ac»«ck,
plu^jours^villes du Danemarck , mais celles
d^ jCppf^i^h^g,i;ie sont les plus considérables.
On ûQpipte. actuellement six à sept savo«
2]ei7g%,4^p.s cette villç.
. Ep j774^.0pi a établi à Copenhague une
manufacture de porcelaine: les produits de
cçttef j^rbfl^qve peuvent rivaliser , pour la ^
légèf^té du .biscuit » 1-écIat du vernis et la
be.^fUç 4!ÇS couleurs , avec ceux de Saxe,
Xia..^€\vre,ies$. prise à Bornholm,; la Nor-
.'W^ge,ltQqr,ipft,le> cobalt^ etTile de Sélandles
il[^eiv)f}9(»i>fPAi^ lie plâtre pour les meules
vient 4^;Francei,
][Jp.ya6fiei .atelier établi àFrédrîcswacerk,
eu Sélapd 3 procure les canons de bronze ,
les ol>us, ;)es mortiers , les bumbes , les
boulets et la poudre nécessaire à l'armée et
à la m^rj^e^ En janvier 1772^ le nombre
des 9uvri^*s s'élevait k neuFcent vingts un
autre atelier placé dans le voisinage d*El*
seneur y- fabrique annuellement trois mille
cinq cents fusils et un grand nombre de
baïonnettes , de pistolets j de lames de
sabre.. . , .
Depuis, r^nnéè 1743 ^ il existe à Copen-
hague u0e.' fonderie de caractères d'impri-
I . Dda
4^0 HISTOIRE GÉTNÉRALE
merîe; elle pourvoit les imprimeries do
pûocnmck.p^y^ ^ et fait quelquefois des envois en
Suède et en Russie. Nous ne parlons point de
plusieurs autres établissemens d'industrftr
manufacturière, ,soit parce qu'ils sont peu
împortans, soit parce qu'ils ne peuvent
être appréciés exactement faute de dcu-
nées suffisantes.
Les duchés de SIeswick et de Holsteîn
sont essentiellement agricoles, Tindu^trif
manufacturière n'a pu y faire de gran.'*
progrès , les maîtrises sont or^aniséi <
comme dans la plupart des contirées de TA!-
lemagne. Quelques villes y Ahona,- surtcjî
et Cristiansfeld , ont des fabriques dont
l'effet sur leur prospérité est seiïsîble. Ce-:
dans ces deux villes qu'on trouve les artî-
sanslesplus habiles. Les Hei'nhuîteSyfbndi-
leur de (^hristians(ëld et seuls habitans cf
cette ville , y ont réuni des ateliers i>
toute espèce , qui fleurissent et attire: t
de nouveaux cotons.
L'industrie manutacturière se préser'-r
en Norwège sous des rapports part ictilier-
que produisent les circonstaoceé foeale^.
les métiers introduits depuis très - lerj-
temps , à peu près sur le même pied qnV .
Danemarck , n'ont pu arriver à un gtMr :
\
;D gS VOYAGES. 4M
développement. On conserve assez généra-
lement dans les villes Tbabitude de faire Danemarck-'
chez-soi une bonne partiedes objets de con-
sommation domestique. Les habitations de
Ja campag^ne étant à dès grandes distances ,
et ne consistant guère qu'en deux ou trois
feux , le paysan est obligé de faire lui-même
Jes ustensiles dont il a besoin ^ et les vête- ^
mens qui le couvrent ; l'Actî vite de rartisaa
proprement dit , est donc très circonscrite,
et laconcurrence nécess^irene peut exister^
£a 1793^ ilj avait dans la ville deChris-
tiansfeld ^ ajant une population d'envirpa
dix mille âmes, faisant un commerce avan*'
tageux j et formant un centre d adminip* ' v -
tratjon , d^ux cent quarante et un individus^
occupés aux travaux des diSerens métierSî»:
DdS
4aa HISTOIRE GÉNÉftALE
CHAPITRE VI.
Population. — Commerce intérieur et «x-
térieur du Dancmarch.
N chercherait en vain à connnaitre
Danemarck Tétat de la population des pajs DaDois ,
avant le siècle qui vient de 8*écouIer. Les
données manquant ^ on s'égarerait dans le
vague des conjectures. En lyao, le gou-
vernement ordonna de dresser* aonueNe-
ment le tableau des naissances , des morts
et des mariages. Mais ces tableaux sont
restés long-temps imparfaits , et ce n est
que depuis Tannée 1776 qu'on peut les
consulter avec confiance.
En 1769 9 on fit un recensement général
des habitans de tous les Etats Danois situes
en Europe. Suivant ce recensement ^ il v
avait ^,017,127 âmes.
Mais il faut observer que TEtat militaire
ne fut point compté ^ et que le dénombre-
ment eut lieu pendant Tété, saison où beau-
coup d'individus et les maris surtout ,
sont abseas de leurs domiciles. D'ailleurs
la crainte que ce dénombrement ne fût le
DES VOYAGES. 4a3
N.
Iwécurseur d'un nouvel impôt, fit chercher ï
lea moyens de s y soustraire. En recourant Dancmarck.
aux approximations pouF-compléter les ré-
sultats, on trouve un nombre d'habitans
d'environ deux millions centcinquante-deux
mifle , non couvris Tes possessions colo-
niales.
Un second dénombrement eut Ireu en
1787, maïs il ne s'étendit que sur le Da-
nemarck, et comme le premier, il fut fait
pendant Tété..
Sr prenant pour base lès resuUats des
deux dénombremens, avec ies complëmens
dont ils onf besoin ^ on fait ensuite usage
des^ tableaux des naissances, des morts
et des mariages , d'après la méthode la
plus reçue , il se trouvera que la popu-
lation des Etats Danois en Europe- a été
à la fin dû dix -huitième siècle comme
suit.
0anemarct. ..,.••. -^ ... • 890,000
Nôrwège. . ^ . * 900^000
Duchés. . - . * 6oo,ooa
Islande. .....*►....... 5o,ooo
Iles Fœreœ ^ . • . 5,ooo
Total. ... .- . .- 2,445,opa
Dà 4
r
4M HISTOIRE GÉNÉRALE
En donnant au Groenland. . . 6^oco
Baïuïmarck. Aux étabiissemens dans l'Inde. 5o,ooc
Aux îles d'Amérique 36,693
On obtient pour les possessions coloniale?
le nombre de cent deux mille six cent quatre-
vingt-treize , et en ajoutant celte ôomire
à celle indiquée ci -dessus, il se présente
un total de deux millions cinq cent qua-
rante-sept mille six cent quatre-vingt-treize
âmes.
D'après les observations faites sur uce
suite d'années , le rapport des naissances aux
viyans a été long -temps comme , i à 3-
ou 33 : celui des mariagel^ , comme , i à 11:
ou i3o. Cbdque mariage produisait eovir n
trois enFans , par un effet de la salubri:.
de l'air et la simplicité de mœurs conservt ca
dans les classes les plus nombreuses, il .:i*
mourrait qu'un individu sur trente-huit.
En 1797 , dans le diocèse de Viborg , 5 :'
pille trois cent cinquante -six pcrsonu* ^
mortes , on en comptait cent , ayant d •
delà de quatre-vingt-dix ans, et une .'."
de cent. Ce sont d'ordinaire les femmes ;
atteignent Tage le plus avancé.
La population de Copenhague sele^..*
en 1798 à quatre-vingt-trois mille soixante •
DES VOYAGES. 4a5
trois individus^ dont quartante-un mille
quatre cent dîx*neuf maies , et quarante- '^^**^**^
un mille six cent quai-ante-qualre femelles.
A Copenhague , ainsi que dans toutes les
grandes cités , le nombre àe% mort« rem-
porte, la plupart du temps\ sur celui des
naissances. L'excédent n'est cependant pas
aussi frappant que dans plusieurs autres
endroits.
Les autres villes du Danemarck ne pré-'
sentent pas* une masse* de population bien
considérable sur les tableaux des dénom-
bremens. Cependant elle doit avoir fait des
progrès marqués depuis une dixai ne d'an-
nées : on peut le dire au moins avec cer^
titude de toutes celles dont la situation fa**
vorîse îe commerce.
Quoîqu'en envisageant le Danemarck en
général , on ne puisse compter que treize
cents personnes paV mille carré, ce rapport
diffère beaucoup suivant les districts. L'Ile
de Séland a deux mille cinq cents habitans
par mille carré ; celle de Essoni , mille huit
cents ; celle de Laaland , raille sept cents ;
mais le Jutland n'en a que huit à neuf
cents.
La nature a donné aux duchés de Sleswig
«t de Holsiein de plus grands moyens po^ir
4â6 HISTOIRE GÉNÉRALE
le développement de la population j qu'ad
Pft&enwrQk. ]32inêmarck : le climat est plus tempéré,
le sol plus productif, et ce dernier avan-
tage compense bien les effets de rhùmi-
dité dans les terres basses. L-abolition da
servage et les cbangemens qu'on introduit
dans le système de Téconomie' rurale , se-
couderont les vues de la nature^ souvent
contredites par le régime précédent* Il esi
cependant probable que lé grand goufire
de Hambourg engloutira toujours une par-
tîe de la population des districts qui Ta-
voisinent ; mais l'inconvénient est peut-
être balancé par les eflfèts avantageux de
ce voisinage sur l'industrie agricole et sur
l'augmentation des produits.
On n'a pas des données bien exactes sur
^ la population aux grandes Indes. Celle des
établissemens à la côte de Guinée est en-
core moins connue ; mais cet objet n'est
ici d'aucune importance.
Suivant les derniers renseignemens , la
population des lies d'Amérique , du moins
celle de Sainte-Croix et de Saint-Tliomas
«
's'est accrue.
En rendant compte de la population des
tleSi nous aurons réveillé chez plus d'un
lecteur des sentimens pénibles et doulou*
DES V O Y AGE S. 427
teiix.Xe déplorable sort des nègres se sera
retracé à leur souvenir. Maïs bous Jeur^***"****^-
rappeler ons en même temps , que le gou-
vernement Danois s'occupe des moyens de
conduire ces^ hommes infortunés à une
existence plus honorable et plus douce , et
d'abolir Tadieux commerce contre lequel
les âmes sensibles n^ cesseront de récls^
mer.
Les différentes parties dont se forine le
Danemarck, proprement dit, communi-
quent généralement entr'elles avec une
grande facilité ^ au moyen d'une navigation
intérieure qui n'est interrompue que pen-
dant quelque mois d'hiver. Les golfes en-
trent souvent si avant dans les terres ,
que des canaux construits par la main de
l'homme, ne pourraient offirir plus d'avan-
tages. Ce bienfait de la nature n'ayant pas
obtenu les soins nécessaires, on ne peut
depuis quelque temps , en tirer partout
autant de parti qu'autrefois. Les embou-
chures et les ports rarement débarassés du
sable et du limon que les années y estas-
sent , se sont en partie obstrués et encom-
brés.
. Les grandes l'outes du Danemàrck ont
long-temps étonné le voyageur , par l'état
4â« HISTOIRE GÉNÉRALE
déplorable où elles se trouvaient ,. et \e§
^^•"««"k- chemins de traverse étaient encore plus
mal entretenus* On commença vers le mi*
lieu du dernier siècle à s'occuper de cet
objet. Depuis 1778, il existe un plan gé-
néral qu'on exécute peu à peu , et <]u on
perfectionne à mesure que Texpërience
instrnitsur les détails. Le propriétaire dont
le fond est entamé reçoit une indenmité ;
des chemins sont construits autant que
possible en ligne droite , et ont tous une
largeur de vingt aunes.'On va maintenant
d'Ëlseneur à Copenhague , et de Copen-
faague à Corster , au bord du grand Beit ,
sur une chaussée comparable à ce que
d'autres pays oflfîrent de plus solide et de
plus beau dans ce genre. On voyage avec
. sûreté et commodité dans tout le pays.
• Le commerce intérieur appartient prin«
cipalement aux villes ; elles ont seules le
. droit d'entretenir des établissemens pour
les échanges que demande la consommation
du pays , d'avoir des magasins , des bou-
tiques ^ et de tenir des foires à des époques
fixées. On compte en Danemarck soixante-
huit endroits décorés du nom de villes, à
l'exception de G>penhague , Elseneur ,
Odensé j Aalbprg , Ribe , Frédéricta ,
DES VO Y A G ES. 419
Aarhies, toutes ces villes sont languissantes^
dénuées d'industrie , et peu en état d-^influer^^*^"**^
sur la prospérité générale. *
En Norwège , le commerce intérieur est
parvenu à une assez grande activité le long
des côtes. On est surtout frappé des avan-»
tages du golfe de Christiania et des baîcf
voisines , en parcourant les distiicts qui
touchent à ces canaux naturels. C'est Ik
qu'on rencontre le plus grand nombre dd
villes et de tK>urgs , l'aisance la plus gé-
nérale et l'industrie la plus animée. Mais
dans Tintérieur du pays , les communica-
tions languissent : elles sont entravées pat*
les hautes montagnes^ souvent très difficiles^
à franchir , par des bois împétiétrabl^sf ^^
par des marais sans fond. On a cherché à
lever ces obstacles , et les grandes routes^ ^
ont été* considérablement amélioyée» de^
puis quelque temps. Il y a dans tôUt le
pays , vingt deux villes , qui étant la plupart
des ports de mer , prospèrent à un certain
point. Bergen, Drontheim, Christiania , Fré**^
dérictaid , Christîansand , ont même ac-
quis des richesses qui les mettent en état
de contribuer efficacement aux progrès du
bien-être général.
• Plusieurs rivières navigables, PElbe, la-
48o HISTOIRE GÉNÉiTALE
Trave , la Stoer , TEyer facilitent lescom-
•>Mw»«»k« munîcatioDS extérieures des duchés .de
SIeswig et de Holstein. Il se tient annuel-
lement ou mois de janvier dans la ville de
Kiel , une grande foire « pendant laquelle
cette ville devient le rendez-vous de ce qu'il
y a de plus riche et de plus coosidéraUe
dans l'une et l'autre province. Les mar-
chands y font des échanges ^ et les proprié-
taires des viremens de capitaux.
On avait eu depuis longtemps le projet
d'établir dans le Holstein , un canal pour
. , la fonction de la Baltique et de l'Océan. Le
gouvernement s'étant chargé de l'entre-
prise^ les travaux commencèrent en 1777,
ils furent achevés en 1784; et le canal ilit
ouvert la même année. Le canal commence
non loin de Kiel. Sur sa route il touche Tex-
trémité septentrionale du lac de Flemhud,
qui lui sert de réservoir » et ensuite il se
îoint à la haute Eyder , qui passe à Rens-
bourg. Au*de)à de cette ville , est la basse
Eyder 5 qui se décharge dans l'océan ger*
manique.La longueur du canal proprement
dit I est de quatre milles et un quart ; la
profondeur est partout de dix pieds ^ la
largeur du fond de cinquante-quatre , et
celle de la surface de cent. Il peut passer
DES VO Y AGE& ' 43i
Ses navires de soixante-dix lastes. Les bâti-
mens venant de Kiel doivent être tirés par ^^*^«°^^^'
des chevaux jusqu^à Rendsbourg , de Rends-»
bourg k rocéan on emploie des voiies.
Depuis que le canal existe 5 on est dis-
pensé de faire la navigation toujo^urs lon-
gue et souvent dangereuse autour du Jut*
land , ' pour passer ^'une mer à l'autre. Il
règne plus d'activité dans rintérienr du ^
Holstein et du Sleswîg , plus de prompti-
tude et de sûreté dans le commerce de ceç
provinces avec le Danemarck et la Nor-
wège.
Une autre espèce de commerce intérieur ,
c'est celui que font les pays , constituant
essentiellement la puissance danoise avec les
possessions lointaines et coloniales , entre
lesquelles il faut comprendre sous ce point
de vue le Finmarken ou la Laponie danoise*
Il est permis actuellement à tous les ports
du Danemarck , de la Nor wège et des du- ,
chés , d'expédier des navires à Steervix ;
mais les retours doivent être déchargés à
Copenhague , à moins qu'ils ne soient pour
Je compte des villes^ qui ont des raffineries
de sucre.
Le commerce extérieur des Etats danois
9 été longtemps au pouvoir des villes an-
43* HISTOIRE G^NJÉRALE
sëatlques et surtout de Lubeck. Déstrant
^«*^"""^' secouer le joug des Lubeckois , qui sortaient
souvent de la sphère de leur industrie com«
merciale , pour s'immiscer d^ns les întërèts
politiques du nord , les roi,» de Danémarck
favorisèrent' les Hollandais , qui depuis le
milieu du seizième siècle , jusque vers la fin
du dix-septiènte , recueillirent les princi-
paux profits du commerce de ces pajs. Le
(gouvernement et la nation aj^ant senti quil
ftait temp& de sortir de cette dépendance
étrangère , on créa , peu à pçu une marine
marchande , et les expéditions bornées d a*
bçrd à l'Espagne et k la France , furent
assez heureuses pour en taire naître de plus
étendues. Mais ces efforts naissans rencon-
trèrept un obstacle qui en suspendit le dé-
veloppement. Au commencement du dix-
iiuitième siècle s'alluma cette guerre fu«
neste qui dévasta le tlord pendant vingt
années* La paix réCablie en 17^0 , a élé
conservée en Danémarck presque sans in-
terruption jusqu'à nos jours. Pendant cet
espace de temps plusieurs guerres ont eu
lieu en Europe. A la laveur de la neutra-
lité , le pavillon danois s'est répandu sor
toutes les mers. On a pu multiplier les
échanges , accroître la marine marchande,
rt
t^t faire de^ > pitifite eotisidérablés paF le
fret..
Les rëglemens relalirs à la marcKe un
opérations * cDthmérôiales s'étaient loxig -
letaips. f'èssehtie de rinfltiéheé de m ^rfstèmf
qui arrête F^sor de rindustrie > en t^irf
cctisorivfibt te cerete dé ion abtivtié^ L^
vrais ptiinfci^s dût été reconnus , là aniiti»
plîci le idet droits n'existe pliis% La matliërt
'de les përeeroir à été k*ecti(iée et Sim|ilifiédl
On addpte les amendeihéns que recoin»
mande rexpérience , et la partie du détaX
•ë perfectionne avec lès annéfes^
Les habîiàns du Danemarck , des duchérf
•t delà Noi^^ge , se ti*oiiYent«n relalidri
Êi^Q la plupart des pcupiies cotAm^Èr^aas 4
3()ft p<Akir (es échanges des produits deleui^
i(ol et de ce'u)t des colotiies i ainsi que des
marchandises qu'ils tirent de l'Inde et dé
la Chine i ioii par le cdmm^rcef de tréniisU
et le fret de leurs navireis ^ tdniât pbur tsti
ekpéditionsi Ibtntaines 4 taûtét p(»UT lecabD^
.tage«' ' • • '»
ht coninier^e A^rtt rAlléâi«^n« e&t >nî<(
poHâni L<^s Bticbës et ia IfforAHge^ 0ii(
depuis long-iemps àti ^appm*{s mm^t^
tiàut trës-intîmes avee les HoUaâfiàis 4*^
^^gnçi^dienfc p^u à ee 0Mfihiti*lc« ^ li k f tMf
Tome IL £ «
'434 HISTOIRE GÉNÉRALE
des capitaux y qufils font valoir dans les
D«juauuefc« états danois » ne contribuait à solder leurs
comptes.
' Le commerce avec l'Angleterre , peu im«
|K)rtant pour le Danemarck et les Duchés ,
Vest d'autant plus pour la Norwège. Les
Anglais achètent dans ce pa^s , du poisson
. séché et une grande quantité de bois. Quel-
qu'ils y placent avantageusemeot du char*
bon de terre , et plusieurs produits djs
manufactures, labalance n'est point en leur
faveur. .
La plupart des villes commerçantes de
la France connaissent le pavillon danois.
Et le commerce de la . méditérannée , y
^ compris les rèlatioiis avec les ports de
France et d'Espagne , situés sur cetle mer,
occupe annuellement un assez {j^raodnoni-
bre de vaisseaux. ^
'\ Plusieurs parages, de la Baltique , da
Categat et de I4 wcr du nord p présentant
vers les côtes de grandes difficultés à \x
navigation , sui*tout dans l'arrière saisoo ,
il A été esseQtiie) de; prendre des mesuns
pour prévenir lefs accidens. Tous les di>*
tri^ts msritimes ont des pilotes cdtiers qui
iubissent un exankeo et qui reçoivent di i
^tcûtes.roj^idc^t.Geux de Tile d'Écelgobcu
DES VO Y AiGÇ S. . 435
sont célèbres par leur adresse et leur intré- s"
pîdîté!'Lesrânât|xoat été augmentés , prin- ^■»®®*'*^^
ci paiement le long des >cdtes de ^a Norwège
où îl en manquait sur plusieurs points. II
y a des écoles de navigation dans la f^lu*
part des.port's, et depuis xjuelxjuc temps îl
a été formé à Copenhague un dépôt d^
cartes marines à Tusage des i^^vigateurs^ . .
^^ «^ A >
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43« Hl^tÔ'lIlfi 3£NÊJ[iALE
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dlîAPlTRË Vit.
f
Scibnni etnris. -^Scaldes. -^ Acuitmitj
imprifkeriei ei èibUoihiftteSi
•taomnok. de Norwëge et de Suède , représentent les
anciens hahitans de ces pays comme très-
avancés dans plusieurs genres de connais-
sances. Ces écrivains ont sans doute doooé
dans l'exagération ; mais il ne s^ensuît pas
que les Scandinaves fussent un peuple igno-
rant^ sauvaj^e et dénué de culture; leur
langue était mSTé , énergique et riche ,
comme le prouvent les inscriptions ru-
niques , échappées aux ravages du temp
et au zèle des missionnaires. Us avaient les
notions du calcul que Texistence sociale
rend nécessaire; ainsi que les Grecs , ils
se servaient des lettres de Talphabet pour
compter. Placés dans un pays élevé et voi-
sin du pâle I où les nuits d'été sont très-
courtes , et celles de Thiver éclairées par la
neige » par un firmament serein , par les
aurores boréales^ ils observaient sans peine
les révolutions du ciel , et les grands traiu
^'appliqw^rppt À P9n».^?^rP !»P.ÇP;)9t!pil§tions
et II leur ^qnçr 4e$ norpg jçj^pre§§ifç, Qb|
qptipiî§ 48tro»oroiqBPS îwr so firwf 9fiq»é-
rir çur Içs ^n»p§ : ils «yaleqfflef çA|e.n4rif jr|
tracée ?ur 4ç9 Mtpns iioti)iD(é§ rugt(|H^^ i fl
dont wo ^?$ez gf?n4 flPPïbrÇ ej^iste çncor.*,
mais c'^tpif Ja poç'gjç qui Iç» iptérewaljt 1^
p]up ; Jp^rj ppètjp? npfDméç f P<|/f^e^, )ou»ien$
fUj rôle diatipgvié.ils suiy^ipqf: le? priwicç§ ?|
ftiPtaiçnt l'prperoent ^e ^ejjr CQ»r * }\» ^m^-
t^iept #vx cp|nb4t? poBfr le? chant?}? ayçf
pli?8 4'én?rgip I et leur h»m§<î pç plaisait s^jr-
tP»P h iwfP9rJ3!i8pr les \iéyçm, 3puygp|:
f uçsj , inlerprèt?? de ]à ver^ji çt ^p Ig ftir
0e8Se , les solides en çélebrajeiit )e^ char-
mes , et ep prpropigpaiept \efi praçle§ ; il^
ippseigpaiept «pu rois à ççlç'lîcçr U jwH'C®^
e$ k repdre les peppjes heuj*eyx^ ilf epjtr^-
t^pfiitep; cbe?i 1^9 peppleç rapio^r 4e la pa-
trie et le? vertus des preipj?r§ â^ej ,
Il existe PPcoFÇ qwelqp^e^ poulies jd^
?c«l.deiS , op y vpit (il^ps tPPtç leuf glpjre 1q»
héro? de la Scandinavie , jéjjr fougue mar-
tiale *t rjBtr^pidité de jepj- cpurage^ sont
peipteç ep traits ^nergjqi??? ,; ^t oue l'o»
croirait voisins de rhypçpbole-. s ilf V^'f'
£e a
-na^,;
l' n.
: DES VOYAGES. 489
» Pendant que les Islandais cultivaient
ainsi leur esfMrit, et s'ocenpaient à Fé-nuwmaMS.
pandre des connaissances utiles. Le Dane*
marck et la Norwège étaient couverts ^
comme le reste de l'Europe , des ténèhres
de Tignorance et de la barbarie. A Tëpoqui^
de la renaissance des lettres , ces àewc
pays étaient agités par des troubles dor
mestiques et des guerres . étrangères qui
retardèrent les progrès de tous les arts que
la paix fait fleurir. Sous le règne de Cbré*'
tien III 9 le calme fut rétabli et l'ordre sor
cial reprit la consistance qu'il avait perduf
au milieu des dissentions et des combats»
I.es premiers efibrts des esprits se portèrent
vers les discussions tbéôlogiqiièsau)kqtteUes
Tintroduction de la réforme donnait un
haut degré d'knportance. Lorsque cette
ferveur eut eu le temps de se passer , d'au-^
très objets fixèrent l'atientioQ , et la sphère
des travaux consacrée k l'étude ^ s'étendi|:
peu à peu..
Les États danois ont produit des hommes
distingués dans plusieurs genres ; les
sciences et les arts y ont éfé cultivés weç
ardeur, et sont parvenus ^i| développement
dont la population et les. autres moyens les
xmt rendus susceptibles»- ; ;
Ee 4
44* HI15T0I11 GÉNÉH^iXB
Pavnii c€S noias les pluscëlèliret, eM celai
D^u9m^c}^s ^^ j^oO'BPnhé , cet homme remarquable
parut sous le t^gne de Prédërio II ; aé
d'une des fiimUles les plus illustres et lea
plus riohes du pays t " refionç a aux hoo<«
Mitrsetaû» titres pour se reuev àimacien*
ees) Tastronômie devint sen étude princi*
paie. Ayant perlëctionnë les ' instrument
astrononijC|ues , il observa te eiel av^e use
exactitude inconnue jusqu^alors^ et il par*
' vint à tracer sur un globe la position des
^étoiles fixes ; son génie prenant «in essor
hardi ^ fit des d^ouvertes lumineuses , et
ouvrit cette route qu'ont parcouru depnis
Kepler et Newton. La petite ile de Fb^ken ,
située dans le Sund ^ entre le Séland et la
Scanie , et que le Danemarok céda k la
fiuëde en 1660 /fdt long-temps Vtsyie où
Tyco-Brahé lie livrait k ses travaux et à ses
taiëditatioos« Il y fit construire un édifice
de soixante • qulnae pieds d^éMvatioo » et
surmonté de deux tours qui servaientd^ob-
servatoire* Cet édifice reçut le nom à^Ura-
nibourg , ou ckiteaudu cf^;et contenait ,
outres les instrumens. astronomiques, une
imprimerie et un laboratoire de chimie;
il était entonré d'un jardin , et daas les en«
virons se truuvaieot quelques cabanes de
' » 1 s V O ? A G E 9. |4k
pavgan^. Frédéric II a^ak cédé k Uvahé
rtle deWhen pour M vie » et e^ pfa}kMeplie
eo eMrissatt le séjonr , maisTintrigue et
h jalousie parviareat à Pen baaair ; H fut
obligé M cjaltter le Daaeoiarek, et de
chercber aae retraite ehez l'étranger ; dë9-
ion, Uraoiboorg tint a^ligé^ et il n^en
reste pla? maiatenant que des meaeeanic
de pierres. Le voyageur contemple ces
ruines avec respect , et croît voir errer au*
tour jd^Ues Terabre de ce graad homme ,
qui fiit arraché de sa demeure » objet de
son aflfection.
Depuis le milieu du dix-huitième siècle
jusqu'au moment actuel , plusieurs circons-
tances se sont réunies pourtiomier un nou-
vel essor au talent , et pour étendre le do-
maine des sciences et des lettres ; plusieurs
hommes d'un mérite distingué ont été mis
en état par le gouvernement , d^entre-
prendre des voyages pour augmenter leurs
eonnaissanees^ et pour fliire des recherches
utiles ) il s'esifbrmédes sociétés savantes et
littéraires ; les bibliothèques publiques ont
reçu des accroissemens considérables. L'af-
«ance ëtantdevenu^ plus gébéralè^ le goût
de la lecture et de Ptnstruetion a pu se
rendre, daas toutes les classes ; le eom-
44* HISTOIRi; «éNÉRALE
merce de: la librairie encourage . par def
Dui«iiuxek. demandes plus fréquentes > a étendu les
relations; les journfiux se sont multiplies et
ont établi la circulation des connaîssaoceSb
Les nombreuses réroi*mès entreprises par
le gouverneq9ent , ont donné occasioa de
^ discuter les grandes questions d'économie
politique et de législation; les principes
adoptés relativement à lalibertédela presse^
ont été mis à profit par des hommes éclairés
et sages, pour présenter des idés philosor
pbiques , pour détruire des erreurs et
pour former la raison.
On compte dans la capitale quatroee k
quinze libraires, dont cinq à six fbat un
commerce important en livres étrangers ;
les imprimeries sont au nombre de dix-sept ,
elles ont encore à lutter conte plusieurs ob^
tacles qui les empêchent de se perfection
ner. La main d'œuvre est trës-chëre , il faut
tirer dé 1 étranger la plus grande partie du
papier et des caractères. Il s'est formé dans la
plupart des autres villes , d^ librairies et
des imprimeries dont Tactivité est cepen**
dant encore assez 4>ornée.
Le zèle de quelques, sa vans fit nattre la
société rojale des sciencef , sous le règn^
de Chrétien VI ; depuis ce temps ^ elle a
DES VOYAGES. 443
étendu ses travaux sur Thistoii^e naturelle, ■■
sur la physique et sur les mathématiques ; Danematck;
elle s'est aussi chargée de publier les cartes
du pays. Ses mémoii*es sont écrits en danois
et forment une collection considérable.
La soeiété des belles-lettres a contribué*
beaucoup à répandre » tant à Copenhague'
où elle rî^side, que dans les provinces, les
principes et le goût de la saine littérature.-
Il j a de plus à Copenhague des sociétés
de médecine et de chirurgie , de théologie/
de jurisprudence ^ d'héraldique et une so-^
ciété nommée islandaise. Celle-ci s'occupe^
desmojens de répandre en Islande lescdta*-
naissances utiles ; elle fait imprimer des
mémoires dans la langue de ce pays, et
admet dans son sein les jeunes Islandais
qui se rendent à la capitale pour faire leurs
études.
• La tour de l'église de la Trinité forme
l'observatoire de la capitale ; cette tour
dont leiâmeux astronome Longomontan
donna le plan , et qui fut construite en 1637,
est ronde, surmontée d'une plate-formA
et entourée d'un grillage de fer , elle a un
diamètr,e de soixante pieds et une 'élévation
décent cinquante ; on y monte en grande
partie par une rampe et un limaçon. L'ob*
444 HîÇTOIJl^ aÉ^'iRAÏ^E
serv^toire 9 tovjoifr^ é^ fwvnt ^p )hV%
ÇwowKk'instruraens qui , tbpwi» plu«ii^))r« »pinë^,
le font k Çopeohagup vp^émPt
C« fut 4»R§ le 8çi?iiip? Bipç)« , q»»e V«*
comm«iaç« k forwfr U biW«?tb^i)f â^
wai , dWFf ni*P pw k pf»> «np 4ei pîus
«f mim^ te plw ri?b«- Oa fait «(^oïJtfr Kf
tll^lUmiBplt 1« nqmbfp 4p8 vp)»pi«p à dsux
vpt t l« priçuipM 8aW.# . 4ivi«4 p^r hw
$À9v[». , ♦ d?«x cpa« pip4§ d^ |q»g«j^ai
U partie lii.stçfi(}ti« qqi %ei 4i»tingiK le f,\»%t
par te paml)r« «t p^r te <^hoix 4«it puvr«gw>
Dans la coUection des anciennes é^itipsff,
«R GJ)9erYfi «pe grascte qvi94tit4 4» biblfs»
p«r wnTitfhUvf du diitifeins »iW«.p<ippl>ir
f i9Uro *HrOPiq\>e» ^ et pjkv )p9 OQyragfff
•r«b$9 , qtt'pa( rafts^mt^ tef> «avAn» » «bt
¥^« par TfréMm y» «p Ali*.
tidéia^m» tant 44Pf teçapiliite q^'ailte|l^^
VMir tréfite à qiidfiBté ittillè ifoiÛrûH.
Eàtft l«ft èàhiÈdl* A'hiitolté B&ttfHëllt, èe Du«iii*tef «
«ÉMtij^e ôéltti d«! TtiàiveMité lâè £éfpeh-
fea^«i DëpUi» qtièk)iBi<i ânfiééi bfl ft'd(^(*tipfe
4m prd)et d'jr lèlMk- lin tntiftë«fii ttétiénil.
UttU cfbifliriiMkift 11 été ttomtfié» ^ fUt te
gétjf«fitfiHe6t ^ui> diriger «tt ^ai».
Lîd ftlinldt ée» paft eu Adri > Uïitf 10-
i>iiâ{}6h «c tel fe68t>«»<«» éfii^vtelk» le»
fe0l-d« b ttAtfife > nfe fétûiettent pài fltfx
Ci d'y fMrtétfk- à iitt gtsad dét«te^^«fii«fit.
il» fefetèKlli «u bèf CMU i dié(fc« daâè la
édpitale ) ftasqU^atl VkgWt <ùe tféêëtic W.
.Qiff\»<ie^ péiiitat Mh ie)mt «û UàWë,
fut frappé de«'eh«^WYi«fc «|tti k'iêtkiteAt
h Ù8 yanx t et ëft Rip)>èHà j^tÀètëufs ea
'ÛaUttâtAfcll» ii^tfcéMtrâirft^i'éeiflMéttMs
itabil«tr te» ëhdtétftIM de f>e«itèiflft^Mi^ et
de rfëdé<-eesfcël>gf, et lëé e&Héblt àë ^è-
dftètfëns , des ët-ts jfi^ëj^res i iefvir de mo-
dèles. En ijMf il tVif «â^H ^Bft la ek-
.^tèlé tiHè éêèlë àe dètsid > ^ ietilH le
èèKéëat dé fïifaAéMe de» 4Mtftet ttfts
<^i mwfét»i ^«Éfdè piffit'âe TBttdtn
ë|âl»ftifi dé Gbafhmétt^r^; Is«» •fcllf-
tëëtes , lei p^iiMi^ dè« pdirlAH» et lès
446 HISTOIRE GÉNÉRALE
de la part du public , mais les peintres
^'^■'■«"*^^* d'histoire et les statuaires subsisteraient
avec peine , si la cour ne leur tburnissaît
l'occasion de tirer parti de leur talent. Les
flammes qui en 1784 ont dévas^të le palais
consumèrent ces productions précieuses
qui attestaient le génie des artistes et les
progrès de Fait dans la capitale du Dane-
marck. L'incendie se répandit avec. tant de
célérité, que bientôt on ne vit plus que
, des ruines et. des cendres. On (parvint ce-
pendant à sauver plusieurs monumens des
arts y et toute la nouvelle galerie, compo»
.sée des chef - d'œuvres. des pli|S grands
iqaitres., teliS que Rubens, Paul^ Vérofièse,
Nicolas pQussin et Wandick.
Le cabinet des curiosités est placé dans
le bâtiment de la bibliothèque royale* Il
renferme des collections ,d'animiaux , de
.coquillages et de minéraux , d'ouvrages
curieux en divers genres de restes de Tan-
. tiquité^ d'armes, de vétemens etjd'usten*
silea fies Indiens , des Chinois » des Lapons »
des Groeplandais et de quelques autres
peuples* Entre les ouvrages curieux , on
remarque des sculptures ep bois faites par
des paysans Norwégiens et plusieurs pièces
; .en ivoire ^ de la plus gr^^pde pcrfectioot
DES VOYAGES. 447
La collection des tal)leaux en présente du
Corrige , de Jules Romain , de Raphaël^
d^rbain ^ de TAlbane , de Caravag;e , de
l'Espagnolet , deSalvator Rosa , de Holbeîn^
de Rubens , de Retnbrand ^ de Jacob Jot-
-dans f de Pierre Wouvermann;r Le« resten
de l'antiquité les plus remarquables^ sont
un buste de Lucrus Verres , un autre de
MârctAurèle ^ une léte de femoie en ivoire^
morceau du travail le plus achevé.
Les habiians du nord ne sont pas insen*
siUes aux charmes de Tharmome : ils ont
snêtnc quelques airs pationaux^ et dtt
^nses de leur invention ; mais on ne trouva
point chez eux ce goût et cet entfaoïisiasme
de la musique^ dont la nature rend sus-
ceptibles le^ habitans de la plupart des
pajs méridionaux.
La musique , dit un écrivain danois ;
est un objet inirnaan pour hu plus grande
partie du peuple en Danemarck et en
Norwège* L'étude de la musique fait ce-
pendant partie de Téducation parmi les
citoyens aisés. On rencontre dans la capi^
taie et dans quelques autres ^villes des
amateurs, qui par une application suivie
4t avec le secours de bons maîtres , sont
parveiiijf à acquérir un taknt distinguée
c
44$ HISTOIRE C^NËRALC
Le» concerts forment un des amusemem
public8 i recherchés par ton 4 si ce n'est
par goât* Il s'en donne; souvent pendant
l'hiver dans les salles des clubs , et dans
d'4utTes endroits qui foivrnî#seat un local
eonvenabie*
II y a depuis quelque - temps à CopeiH
^gue une imprimerie de notes. Le projet
d'une acadénaie de miisiqu^ donné par ob
amateur n'ii pu être exéoii^é. jusqu'ici* D'un
e^U le^^oût de la iii«*iq%e n'est ||aa assez
général i et de l'uutrA^ des. obi^to d'une fim
gifaqde importanee ^ fiae»t l'àttentiM de
eeuji: qui peiffreai seimider ke iBétttattett
^ubtiqwl»
• 1
ÔUPITRE
DES VOYAGES. 449
m I ■! ■ - i«*J«
CHAPITRE VIII.
X
Education. _ Langue y Caractère, Mœurs
* et usages. — Religion y Eglise et clergé
de Danemarck.
L
ORSQUB le christianisme se fut répan-
du dans le pays du nord, les prêtres fon- DanciMrck.
dèrent dans le chef-lieu de chaque diocèse,
des établissemens pour Tinstruction de la
jeunesise ; mais cette instruction se bornait
à quelques articles du christianisme, et' à
la connaissance du rit ecclésiastique. Les
jeunes gens , destinés à remplir les charges
de ITEtat étaient obligés de chercher , hors
de leur pays, les connaissances * dont ils
avaient besoin. Lies universités de Paris ,
de Cologne et de Bolc^ne, comptaient entre
leurs élèves, des Danois , des Suédois , des
Norwégiens et même des Islandais.
Il ne dépendait ni des princes , ni
des peuples de créer des institutions , ou
l'enseignement embrassât les sciences ,
les lettres et les arts , et qui servissent à
répandre , dans toutes les classes de la
société, tine masse de connaissances utiles* -
Tome II. Ff
46o HISTOIRE GÉNÉRALE
C'était une prérogative qu'il fallait sollU
ï^**«»««**cîtei' à la cour de Rome.
Chrétien I.«^ y aj^ant fait un voyage ,
donna des marques de déférence qui cap-
tivèrent le pape. Le roi de Danemarck em-
porta de la capitale du monde chrétien ,
des bénédictions y des reliques^ et la per-
mission d'établir une université a Copen-
hague; en général, cette université est ri-
chement dotée ; mais plusieurs réformes
seraient nécessaires pour qu'elle pût rem-
plir le but de son établissement : elles de-
vraient se porter sur la méthode de ren-
seignement i sur le choix des objets qu'on
enseigne et sur les exercices publics.
Le nombre des écoliers est ordinaire-
ment de sept cents : il en vient non-seu-
lement de Danemarck , mais aussi de Nor-
wège et d'Islande. Ces derniers se distin-
guent par une grande application et de>
mœurs très-réglées. L'université a une bi-
bliothèque de soixante milles volumes , un
laboratoire de chimie , un cabinet d'histoire
naturelle , un jardin de botanique et un
théâtre anatomique.
Lorsque le système religieux du Dane«
marck , fut changé par l'admission du lu-
théranisme^ on conserva les titres ti itt
DES VOYAGES. ^hi
révenus des canonîcats pour servir de ré-
compense aux professeurs , et plusieurs Danexnarck.
villes où il y avait des cathédrales obtinrent
des collèges ou Gymnases. De ces collèges^
il ny a que celui d'Odensé qui subsiste
encore. ,
* Les villes les plus considérables du Da-
nemarck ont des écoles nommées latines ^
où Ton enseigne outre le latin , rhisloîre,
la géographie , le grec et l'Hébreu. Comme
l'origine de ces écoles remonte à des temps
où l'ignorance et la superstitioà confon-
daient toutes- les idées , elles ont besoin
d'une réforme totale. Cet ouvrage a été
commencé à Copenhague , et depuis quel-
ques années on fait Tessai d'une méthode
nouvelle qui sera introduite dans les autres
villes ,♦ si elle est sanctionnée par l'expé-
rience.
Mais ce n'est pas le tout d'avoir des
Ijcées pour former les jeunes gens des
classes supérieures, ou ceux qui se vouent
aux études. 11 faut des instituts pour le
premier développement des facultés in-
tellectuelles ; il en faut d'autres , où la
» f *
jeunesse destinée aux arts mécaniques,, k '
l'agriculture, au commerce, puisse acqué-
rir les principes et les connaissances doat
Ff a
45a HISTOIRE GENERALE
■m I elle aura besoin pour se diriger dans U
**"'°"*^' carrière des' devoirs et les travaux qui
l'attendent.
Tous le« écrivains Danois convieDoent
que les (écoles élémentaires établies dans
les villes pour les enfans des deux sexec,
sont encore très-éloignées de l'organisatico
C[ue sollicite le progrès des lumières et
l'intérêt national. Oay enseigne gratuite-
ment ou pour une rétribution modique ,
la loi prescrit aux parens à'y envoyer le»
entàns , et ceux qui oégUgenc ce devoir
sont mis à l'amende. Mais i'iostructioo te
borne à peu près aux élémens de la nature-
La méthode des maîtres est souvent en
contradiction avec le bon sens, et l'art de
captiver la jeunesse leur est iuconou ou
îndiRéreut. On espère que la rég^oératica
des écol^ primaires , sera tàcililée pir
rétablissement des séminaires, destiné? 4
former des maîtres. Le séminaire prioii-
pal a été établi prèsi de Copeuhague : i.
y existe depuis quelques années un éta-
blissement nomme iji:i>lc de dmiauilti'. plu-
sieurs maîtres y doniR'iu gr.itiuieqm(dr>
instructions aux jrtiisjn» et aux dfeijitot'-
ques. L'éducaLiiui dumcstique «iC «bc- .
en usage daas k-i tamilles aifeccv
DE s V O Y A G E s. 453
des instituteurs, et surtout celui de^ insti-
tutrices, n'obtient pas toujours l'attention Paoemaick*
nécessaire , et Ton fait quelquefois une
grande dépense, sans obtenir aucun avan-
tage réel.
. Plusieurs villes de Norwëge pnt des
écoles latines semblables à celles dès villes
danoises. Les écoles primaires ont le phu
grand besoin d'être réformées , à la cam-
pagne surtout. Quelques districts sont en-
tièrement dépourvus d'écoles , et il n'y a
que des maîtres ambulans , qui vont d'une
habitation h l'autre. L'amélioration de cet
objet est un de ceux dont s'occupent les
sociétés patriotiques qui se sont formées de-
puis quelque temps en Norvvëge.
Les possessions éloignées ont encore peu
d'établissemens publics pour l'éducation de
la jeunesse. En Islande , les parens ins-
truisent eux-mêmes leurs eqfans. Le jeune
homme qui veut entrer dans la carrièi'e
ecclésiastique n'a besoin que d'un certi^
ficat des écoles latines , mais celui qui
aspire aux emplois civils est tenu de se
rendre h l'université de Copenhague. Les
habitans des Iles danoises ont été long-
temps obligés ii'cnvaycr leurs enfans en
Angleterre, en Hollande ou en Danemavok
Ff3
454 HISTOIRE GÉNÉRALE
pour leur faire donner une éducation con-
p^^ç^^^ygj venable. En 1788, le gouvernement a fait
établir deux écoles , Tune à Sainte r Croix
et l'antre à Saint -Thomas.
Aux époques assez reculées , plusieurs
peuplades du nord envahirent cette con-
trée , qui s'étend des rives de l'Elbe à celle
de l'Egder , et qui forme le duché de Hols-
tein. Chacune de ces peuplades avait un
diàfecte , un caractère et des usages parti*
culîers. Le temps a effacé peu à peu ces
différences, et il n'en reste plus de traces
sensibles quQ dans quelques districts des
terres basses , et surtout parmi les Dit-
marses. Cette tribu se souvient encore de
son indépendance ; elle a conservé plusieurs
privilèges qui l'attachent aux lieux qu'elle
habite , et qui donnent à son caractère une
empreinte de fierté. Les Ditmarses se re-
gardent comme supérieurs à leurs voisins,
et ne cherchent pointa s'allier avec eux ; ils
s'appliquent peu aux métiers, et préfèrent
l'agriculture à la navigation. Il n'y a dans
le canton qu'ils habitent aucune ville; mais
les villages et les bourgs se touchent, et
annoncent la plus forte population. Cest
en général dans les terres basses que les
bdbitans du Holsteiu se pré^eatent sous
DES VOYAGES. 4^5
les traits Tes plus remarquables. Il règne
dans cette partie de la province une aisance ^«^emarck.
générale : les habitations sont vastes, bien
entretenues, et Ton y trouve des meubles
aussi propres que commodes , souvent des ^
tapisseries de prix, de la porcelaine et de
l'argenterie : l'hospitalité va au devant de
Tarai et du voyageur : ils sont reçus avec *
cordialité , et l'on prodigue les soins pour
leur exprimer la satisfaction qu'on éprouve
à les voir. L'hôtesse sert du café, du thé,
du très- beau pain de froment, du jamban,
du rôti, du vin : l'hôte présente la plus
belle pipe et le meilleur tabac : l'habitude
de fumer est générale dans toute la pro-
vince , et il j a des districts où elle s'est
même répandue parmi les femmes. Dans
quelques paroisses , on a l'usage de présen-
' ter aux jeunes mariées , à^leur retour à l'é-
glîse , une pipe qu'elles remplissent, et
allument elles- même's, et qu'elles conser-
vent précieusement. 11 règne peu de gaîté
dans les entretiens des habitans du Hols-
tein : mais on y remarque de la confiance,
de la franchise, et l'épanchement du cœur.
L'allemand vulgaire , nommé plat alle-
mand ^ est la langue générale; mais les:
rafinemens du luxe , les caprices de la modei
Ff4
'
456 HISTOIRE GÉNÉRALE
et de Télégânce moderne s'ëtabli«8ent peu
Dancmarck.^ pcu dans les villes, surtout à Attona et
k KieL La première de ces villes a un
' théâtre allemand, une promenade publi-
ques^ et de beaux jardins, placés le long
de TElbe, ses rues sont larges , bien alî*
gnées et la plupart plantées d'arbres. Les
Hambourgeois se portent en foule k Attona
les dimanches et les jours de fêtes , pour
assister au spectacle, ou pour jouir de Tair
pur des jardins et de la beautd des sites
que présentent les bords de TElbe.
Des diflërentes peuplades établies dans
le Sleswig , frontière du Holstein : ce sont
les Frisons qui ont conservé le plus de
traits de leur ancien caractère. Ils ont des
mœurs rudes , un ton indépendant et un
orgueuil national , qui leur inspire pour
les autres habitans de la province une sorte
de dédain. Ces Frisons habitent une grande
partie des terres basses et plusieurs des
voisines. L'établissement qu'ils ont fait à
Helgoland mérite une attention particu-
lière.
Helgoland est une ile située dans Vi
germanique , à six milles de l'Ëlbe et de
l'Hgder. Les vagues de la mer ont détaché
DES VOYAGES. 457
de cette terre des morceatix considérables ^
qui forment maintenant des rédtb et des ^^'^^
dunes. Ce qui reste de l'île consiste en ro-
chers et en sables mêlés de glaise. Les ro-
chers s'élèvent à une hauteur considérable,
et forment un point de vue majestueux sur
la vaste étendue des eaux. On descerld des
hauteurs dans la partie inférieure de Tîle
par un escalier qui' a cent quatre-vingts
marches , et qui est pourvu d'une rampe
très-solide. Les habitans d'Helgoland Sont
au nombre d'environ deux mille. Descen-
dans des Frisons , ils conservent la langue
et les usages de ce peuple avec un scru-
pule religieux. Les hommes ne quittent
presque jamais la mer; ils sont pilotes-cô-
tiers , ou s'adonnent à la pèche. Les femmes
sont chargées de tous les autres travaux ;
elles labourent la' terre ^ renôemencent ,
font la récolte et battent les grains. Ces
travaux sont d'autant plus pénibles qu'ils
doivent tous être faits à la main. Il n'y a
dans l'île ni chevaux , ni voitures , ni char-
rues. Les Helgolandaîs ne s'expatrient ja-.
mais , les travaux de la pêche et de la na-^
vigation les endurcissent ; l'îsolemerit où ils
se trouvent conserve la simplicité et la pu-»
xeté de leurs mœurs. Le vol , l'assassinat
468 HISTOIRE GÉNÉRALE
^et le libertinage sont encore sans exemple
Paacmaiclc^pgpj^^ eux
Plusieurs autres parties du Slîswîg pré-
sentent le tableau des* vertus antiques ^ et
celui du bonheur qui en résulte. L'aisance
des habitans frappe surtout dans les terres
basses; elle paraît dans le logement, dans
les habits et dans la nourriture. Le ton
est généralement sérieux , mais accompa-
gné de douceur et de bienveillance. C'est
dans la ville de Sleswîg, résidence du gou-
verneur général des duchés , que se rassem-
ble la société. la plus brillante. Flensbourg
a depuis plusieurs années des concerts pu-
blics et un théâtre allemand. Cette ville
avait conservé long - temps , malgré son
commerce étendu et ses richesses, la sim-
plicité des anciens usages. Puissent ses es-
timables habitans, en cherchant le plaisir,
ne pas perdre le bonheur.
L'histoire représente les anciens habitans
du Danemarck comme des hommes féroces,
inquiels , rougissant du repos , ne voulant
mourir que sur le champ de bataille , et
faisant consister le bonheur suprême de
Jeur paradis à boire de Thydromel dans le
cnlne de leurs ennemis. Les progrès de la
civilisation enEurope,et les principes d'une
DES VOYAGE S. 469
relîgîpn moins martiale ont produit un •
grand changement dans ce caractère. Les '^®°®"'"**^'
Danois forment actuellement un peuple
tranquille et Iîtin*4m. Ils ont donné des
preuves de leur aptitude aux arts mécanw
ques, au commerce et aux sciences. Le vol,
le brigandage et le meurtre souillent ra-
rement le sol qu'ils habitent ; leurs mœurs
et leur ton ont encore souvent de la sim-
plicité, et la rudesse en a disparu peu à ^
peu.
Dirigéparlesloisetles institutions qu'ont
vu naître les dernières années, l'esprit pu-
blic se porte vers l'utile- et le vrai ; l'amour
de la patrie s'est ranimé et il se manifeste
dans les discours et dans les actions. Plu-
sieurs écrivains danois ont reproché h leurs
compatriotes la manie des titres et des dis-
tinctions.
On rencontre en parcourant le Dane-
marck, des habitations seigneuriales vastes
et bien entretenues, mais peu de villages
qui puissent rappeler ceux du Holstein et
du Sleswick. Les habitations du laboureur,
composées d'ordinaire de plusieurs bâti-
mens sont construites en torchis et se dé-
frradcnt facilement. Dans les villes , on cons-
tTyit ^n charpente et en briques; l'aspect
46o HISTOIRE GÉNÉRALE
des Yillages et des villes annonce que Pai*
Panemtrok.g^jjçç n'est pas cncore générale, que l'in-
dustrie a besoin de faire des progrès , et
que la population n'a pas atteint tout la
développement doiit elle serait susceptible.
, Du sein des cités où régnent Téclat et
les jouissances du luxe , où l'opulence a
élevé des édifices brillans , où l'intérêt et
le plaisir entretiennent un mouvement tu-
multueux > transportons-nous dans une mon-
trée solitaire , asyle des mœurs antiques,
séjour paisible où l'homme livre à la na-
ture , civilisé mais non corrompu , a con-
servé la vigueur , l'indépendance et le
contentement. Ce sont-là les images que
retrace la Norwège k celui qui l'a parcou-
rue.
Loin du centre des communications , a
l'extrémité septentrionale de l'Europe, au
sein des montagnes , les Norwégiens sont
restés ce qu'étaient leurs ancêtres. Ce n'est
que sur les eûtes et dans quelques cités li-
vrées au commerce , que des mœurs étran-
gères ont pu se mêler à celles du pajrs,
et altérer le caractère national.
La générosité du cœur et l'élévation de
j'ame donneat au Norwégien le ton de la
franchise et de la fermotc. Il pense et s'eic-
DES VOYAGES. 461
prime en homme libre qui n'a jamais connu
le joug de Tesclavage. Il se montre en même I>ancmarckrf
temps officieux ^ prévenant , hospitalier;
mais on lui reproche d'être lent à la ré-
conciliation. Quand la fortune lui en tbur-
nit les moyens , il se livre à l'éclat et à
la représentation. De tous les étrangers^
ce sont les Anglais qu'il préfère , et c'est
dans leur pays qu'il aime le p^us à vojager*.
Oo trouverait difficilement une race
d'hommes plus saine et plus vigoureuse que ,
celle des cantons montueux de la Norwège ,
situés à l'Est de ce pays. C'est là qu'un air
pur^ une grande simplicité de mœurs et
l'habitude du travail donnent à tous les
visages l'empreinte de la santé et du con-
tentement. C'est - là qu'on rencontre les
traits de physionomie les plus marqués, la
taille la plus haute , les formes les plus
avantageuses* Les habitans de ces cantons
parviennent d'ordinaire à une vieillesse
très- avancée. En lySS , on présenta à Chré-
tien VI , pendant son séjour en Norwège,
quatre hommes et quatre femmes mariés, '
dont Tage total faisait plus de huit cents
années , chacun de ces époux ayant au-delà
de cent ans. Ils se portaient si bien qu'ils
exécutèrent une danse nationale en pré-
46a HISTOIRE GÉNÉRALE
sence du roi. Les pajsans des montagnes
/ •
BàmtmMtek. j^^ craignent ^aucii ne Intempérie, aucune
fatigue. Au cœur de l'hiver , ils vont tra-
vailicr dans les bois la poitrine nue et cou-
verte de neige. Je les ai vu , dit Pontojv
pidan ^ lorsque Texçës de la Fatigue les avait
mis en sueur , se jeter sur la neige toutes
les demi-heures pour se reposer , et faire
des boules de neige pour s'essuyer le visage
ou pour les mettre dans la bouche. En
nnème temps, ils chantaient des chansons
qui les égayaient , et après neuF heures de
travaux incroyables , ils s'en allaiefnt chez
eux en courant , et avec un air de gaUé
et de satisfaction dont je n'ai jamais vir^
d'exeitïple.
. Quoique les habitans des côtes soient en
généra^ moins grands et moins vigoureux
que ceux des montagnes , ils Forment un
peuple de navigateurs et de pêcheurs , plein
de courage et de constance. Souvent au
mois de janvier, lorsqu'ils peuvent comp-
ter sur le clair de la lune , ils se réunissent
pour la pêche par centaines , hommes et
Femmes, et passent les jours et les nuits
sur la mer dans des bateaux ouverts. Quand
ils qilittent ces bateaux pendant une nuit ,
c'est pour aller coucher dans de mauvaises
DES VOYAGES. 468
cabanes avec des habits mouillés, et le len-'
demain ils retournent au travail d'un aî^TDanemarok.
jojeux et content.
Les paysans Norwégîens ont beaucoup
d'aptitude pour les arts mécaniques ; ils
ji'en ont pas moins à développier leur rai-
son , à penser , à réfléchir. En s'cntrete-
nant avec eux , on trouve leurs questions
sensées, leurs réponses justes, et leurs ré-
flei^ions quelquefois si profondes qu'on est
étonné de voir que la nature fait plus
chez eux , que chez d'autres l'étude et
l'éducation.
La langue danoise est aussi celle des ha- *
bitans de la Norwège. Elle prend dans leur
bouche une rapidité et une force qu'elle
n'a point en Danemarck. Dans plusieurs
districts septentrionaux , on conserve des
tournures et des expressions de l'ancienne
langue gothique qui était autrefois celle de
toute la Scandinavie.
En quittant ces Norwégiens aussi dis-
tingués par leur taille et leur force que
par leur intelligence , leurs talens et leur
courage, on trouve les Lapons, petits et
laids , bornés et timides. Il est apparem-
ment un degré de froid dont les eflèts sont
contraires au développement de l'espèce
464 HISTOIRE GÉNÉRALE
:: humaine. Dailleurs , le$ LapoDS n'ont pas
i)4&einar«k.]^ même Origine que les Norwégieos. Il
est indubitable que depuis les tem]>s les
plus reculés , il y a eu deux races prioci-
pales en Europe / la race Celtique qui a
peuplé l'occident , le midi et une grande
partie du nord , et la race Tartare qui sVt
répandue sous divers noms dans le reste
du nord et vers Test. Le Norwëgîen est
de la première de ces races ; le Lapon , de
la seconde. La langue laponne a beaucoup
de rapport avec celle des Frisons et des
Hongrois , les uns et les autres d'origine
tartare.
Un homme à la fois conquérant , I^sla*
teuret prophète , le célèbre Odin, répan-
dit dans le nord de l'Europe un système
religieux , dont il emprunta les principes
des mjthologies de Torient, mais qu'il sut
adapter au caractère général des peuples
septentrionaux. Dans le neuvième siècie
}es Scandinaves apprirent, à connaître If
christianisme. Les armées de Charlemagoe
avaient arboré la croix sur les rives de
TElbe , et la conversion des payens dn nord
fixa l'attention des peuples chrétiens. Le
nombre des prélats s'accrut dans ce pa\ >
ainsi qu'en Norwège et en Islande à mesure
qiic
DES VOYAGE S. 465
que la foi prit racÎDé ,'et leurpôuveil* aug* «
meata avec les richesses qu'ils surent ac* Daiieinaick4
«]uërir. Les évêques de Uoskild jouèrent
longlemps le premier rôle et parvinrent a
une autorité que le trône même crctigiiait
de braver.
■ « * * ' ■
Les principes de là réformation ayant
pasté ep t)Âiieiiiarck sous le règne de Chris-
4iern , lé clergé fit des efforts pour en ar-
rêter tes progrès. Cei8 principes se répan-
dirent; cependant de plus en plus^ sous le
règne dé Frédéric prenÉieiret rétablrssement
ibrmet de la rélormâtioà eut lieu bientôt
après. Pendant la diète de Ïb26 , tous les
évêques de Danèmarck furent arrètés^ et
Ton déclara les biens du ètergé dévolus à
la' couronne.. Cette entreprise ne fit éprou-
ver aucune crise k l'Etat. Le peuple resta
tranquille et les évêques se soumirent.
Le^ luthérianisme ayant été établi , on
veilla soigneusement aumaintien de cette
religion. Elle seule devait donner rexî»-
fence civile ', et le droit de pai^véntr aux
charges. Quiconque manifestait des opi-
nions contraires aux dogmes que prescri"-
vaient les HVres syihboliqUes , encourait la
censure ^ et quelquefois des punitions plu^
^aves; Sôus le oègne de F^édérièlV^là
Tome JI. Gg
46$ HISTOIRE GÉNÉBALE
I, toléranee fit quelque progrès. Pendant le
pancjBarci .(emps qui s'cst écoulé depuis , la raisoo tt
rbi;imaiiité ont remportéuibe victoire com-
plète sor le taux zèiç des ec'clésiastique> ;
ceux quiont voulu provoquer des aDatlu-nni
contre des prétendus liérctJques, ont c;i
l'épriiqés et raêine nlis à l'amaDde. La ..•
bertéde culte s'çst cteodue , et la plup4."
des gênçs imposée; ^u» non conibrinistes ,
ontété supprimt^sou- adoucies. On peut t :-
tenir dcsdignïtéaet des emplois saos prurti-
séria fai de Lutlier, et le gouvernemcot ar~
precie les citoyens , non d'après leurs o(.i-
nions religieuses , jnats d'après leur merile .
leurs talens et leurs, vertus. Le cierge s'<.-
çlajre de plusea plus et renferme danss^a
sç'm des liommes, estimables par leurs lu-
mières et leur . mpftéra liun. C'est de !-■
pluqie d'un pasteur de' la ville de G>nju-r
qu'est sorti l'ouvrage sur la liberté de a
presse, qui a fait le )>Ius de bcii&alioa ca
J^anemarck.
l^S évêques sont à U it'tc de l^ttSaàm
regardée comme celle de l'État. Prifi^ éf
.tt>ute. juridiction teitipinellc , ilfrD*op^rf|§
(jue l'autorité nécc-.s.j(ic }Miur
dans l'église l'ordre ii l.i dct:en<»e(
ièrênt^les ordres s^i^rca ^ et ont -ua
DES VOYAGES. 467
d'inspection sur tous les prêtres de leur
diocèse. Ik le visitent au moins une fois Danwnwiok.
dans, trois ans , pour examiner l'état des
écoles 9 pour se faire rendre compte des
deniers des pauvres , et pour voir si les
temples et les presbytères sont entretenus
convenablement, ils doivent en même -
temps s'informer de la conduite des pas'-
teurs , les encourager , les exhorter , et les
suspendre s'il y a des plaintes graves contre
eux.
On conxpte en tout treize évêques , deux
surintendanâ , deux cent vingt-sept arcfaî*
prêtres et' deux mille quatre cent soixante
deux prêtres* Sur ce nombre , deux mille
deux cent soixante-sept sont curés, et cent
quatre-vingt-quinze chapelains ou vicaires.
Uu curé dessert quelquefois plusieoi's pa-
roisses 9 et celles-ci sont en tout au nombre
de trois mille deux cent soixante-douze.
Les revenus du clergé proviennent pria*-
cipalement de la part des dixmes qui a été
conservée pour cet usage depuis la réfbr-
xnation. Il y a en outre des terres plus ou
moins étendues attachées aux presbytères.
JL»es évèques ont un revenu de deux k trais
xnille risdales^ Plusieurs cures rendent k
peu près autant , mais d'autres ne donoent
G g a
\
468 HISTOIRE GÉNÉRALE
pas au-delà de cent risdales. Les Ticaîre^
• sont généralement mal rentes. On ne ren-
contre dans les Etats danois qae des tem-
ples construits.assez simplement et décorée
sans faste.
Des divers non-con(brmistes » tolérés àc-
tnellement dans les Etats danois , ce Si>::c
les disciples de Calvin , qui ont été adic:^
les premiers. Il était arrivé plusieurs te i^
depuis l'introduction du luthérianisme en
Danemarck ^que les rois de ce pays avaien:
choisi leurs é|)Ouses dans des maisons atu-
chées à la doctrine de Calvin. MaiseespriiH
presses avaient été obligées de renoncer i
leur religion , pour embrasser celle du
xoi.
Les catholiques deCopenfaague fréquen-
tent les chapelles des ministres étrangers .
et surtout celle qui a été construite cxprt ^
pour eux , sous la protection de remperevr
d'Allemagne.
Il j a un petit nombre de mennonites ^ '
•de remontrans dans les villes d'AItona t.
de Frédéristadt. Les hernhutes» qu'on pe:::
regarder comme les quakers de rAUemairt?
et du Nord , se sont répandus dans plu-
sieurs parties des Etats danois. Leur cbc:-
lieu est à Christianofeld , sur les frontirrr>
DES VOYAGES. 46^
du Sleswick et du Juliand , cette ville dont
îU jetèrent les fondemens en 1771 , a feit^*"^^'^
des progrès assez rapides^ et Ton y comp-
tait , i\ y a quelques années , à peu près
sept cents habitans , non attachés au her-
nhutisme. Lesrues au nombre de trois sont
larges , bien alignées et {plantés d'arbres ,
}es maisons construites dans le goût hollan-
dais, ont des tours spacieuses et des jardins:*
cet endroit , comme tous ceux qu'habitent"^
les bernhutes , est le "séjour du recueille*
ment et de la .dévotion. Les frères et les^
sœurs qu'oa rencontre , mi^rchent les jeux
baissés et paraissent ensevelis dans le^ mé-
ditations religieuses. Le voyageur qui des*
cend à lauberge, en admire la propreté et
te service , mais le silence et la tranquilitté-
qu'il y. observe le frappent encore davan-
tage. Les réponses aux questions qu'il peut
faire, consistent en signes de tête et en
monosyllabes prononcées à voix basse. Les
habitans de Cbristiansfeld sont la plupart
des Allemands, ou desDanons^; mais pli»«
sieurs Suédois^et Norwégiensy vont en pè-
lerinage » ou y eavoient leurs enfans pour*
fréquenter les écoles de la. ville qui sont
toujours pourvues de maitres' habiles. A' ^
une extrémité de la ville est le lieu du culte
GgS
470 HISTOIRE GÉNÉRALE
pyblic^ qu'on n'appelle point église mats
• salle , et auquel un carré planté d'arbres ,
sert d'avenue* A l'autre extrémité est le
cimetière qu'une allée divîse en deux par-
ties ^ l'une pour les personnes âgées, l'autre
pour les jeunes gens et les enfans. Une
seconde division de ces deux parties sé-
pare les tombeaux des hommes de cens
des femmes. Les épitaphes atlnonceot que
les hernhutcs envisagent la tombe comme
Tazile du repos et la 'mort comme un som-
meil. Non loin de la ville , est un petit
bois servant de promenade et embellissant
les environs*
La haine aveugle dont les sectateurs de
moines ^ ont été si long-temps les obje^
dans laplupart des pays de l'Europe ,a cédé
peu à peu aux influences de la raison et au
cri de Thumanité* Les loix sévères portées
contre les JuiFs n'existent plus. Tout indi-
vidu de cette nation jouit de la protection
du gouvernement et peut se livrer h h
branche de d'industrie qui lui convient. Les
principales synagogues sont h Copenha-
gue où il y a à peu près deux mille Juifs ,
et à Altona où il y en a au moins deux mille
cinq cents. Ceux de Copenbaque peuvent
outrer dans les maîtrises*
DES V o Y Age s. 471
Dans 4e8 SIes danoises d^Amérique on
trouve des disciples de la plupai*t des reli- ^»"«"'"^^'
gions. Sainte Croix a deux églises luthé-
riennes et Saint Thomas une. Les trois îles
ont chacune une église hollandaise t'éfor-»
mée. Les catholiques y ont bâti un temple
Les hernhutes ont dans les trois fleis^ de»
établissemens d'où ils envoient des mission-
naires, en plusieurs contrées d*Arrtériquer
Il y a aussi un petit nombre de Mcntto- .
nites , de Quakers et de Juifs, tant à Sainte
Croix que dans les deux autres îles. Tous
ces hommes vivent en paix et en harmonie
malgré la différence qui règne dans leur»
opinions religieuses. Le temps est Vénuoât
partout va se présenter le même 8pettAcle.<
La terre ne sera plus ensanglantée au nom
d'un être, dont la nature annonce la clé-'
mence. Regrettons nos |lotigs égàréme.tis ,
et réparons -les par l'exercice de ées ifeviMi^
bienfaisantes que prêchent toutes les relî-'
gioM , et qui font le bonheur de la terré. *
< . t »
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Gg4
47» HISTOIRE GÉNÉRALE
CHAPITRE IX.
»
Départ de Copenhague. — Voyage dans
. nie de Sélande. — Roschild , tombeaux
des rois de Danemarch. — lie de Fio-
nie. — Odensée. — Voyage dans les du-
chés de Sieswick et de Hqlstein. — Ca-
naldeKiel. -— Remar^fues sur d'ar.ciens
monumens qu^on trompe souutnt en
Suéde et en Danemarck.
Lj E 5 avril , en partant de G>penhague ,
Danemarck. nous trouvâmed un excellent chemin qui
nous conduisît jusque» à Rosckild , an-
oienne résidence des rois et capitale de
Danemarck. Cette ville était autrefois flo*
r.lss^nte et d'une gr^de étendue ; elle ne
OQntîent aujourd'hui qu'environ 1600 ha-
bitans^et n'a qu'un demi mille de circon-
férence } les maisons soi;it jolies et de bri-
ques; il ne lui reste de son ancienne ma-
gnificence, que les ruines d'un palais et la
cathédrale dans laquelle sont les tombeaux
des rois de Danemarck.
On voit dans une chapelle les tombeaux
de Chrétien 111 ^ et de Frédéric IL Ces mo-
DES VOYAGES. 478
immeiis $uperbe^ ont été faits en Italie»
ec on les regarde comme des chefs-d'œu- Danemarck.
vre de sculpture. Les statues de ces deux
princes sont de grandeur naturelle , sous
un dais de marbre supporté par des piliers
corinthiens. Les bas^reliefs qui sont autour
du mausolée de Frédéric II et qui repré-
sentent les batailles de ce prince sont jus*
t€|nent admirés.
Le 6 avril nous poursuivîmes notre route
jusqu'à Corsoer , où Ton s'embarque pour
passer le grand Belt qui sépare Tile de
Sélande de celle de Fionie. Corsoer est
située sur une petite éminence de la côte
occidentale de la Sélande. Cette ville, a un
bon port pour les petits vaisseaux. La Se*
lande que nous avions traversée de G)pen-
hague à Corsover est ' la plus grande des
SIes danoises ; elle a environ sept cent milles
decirconférence.*La partie que nous avons
ipie est un pays ouvert , entremêlé de jo-
lies colines , de petits bois de hêtres et de
chênes et de plusieurs beaux lacs. Cette
Sle est extrêmement fertile , elle produit
abondamment toute sorte de grains; on y
trouve d'excellens pâturages , et elle est
surtout fameuse par sa belle race de che-
vaux.
474 HISTOIRE GÉNÉRALE
La distance entre les deux caps les plus
DaaMMna. voisins des deux côtes est d'environ iB
raillés. Vers midi , nous passâmes le 8 avril
la petite tie de Spro près de laquelle est
im vaisseau de garde destiné à exiger le
péage de tous les vaisseaux qui passent
dans ce bras de mer. Spro ne contient que
deux bâtimens » une jolie ferme et une pe-
tite auberge à l'usage de l'équipage da
vaisseau de garde.
Apres un passage fort heureux d'environ
quatre heures , nous débarquâmes a Big-
bourg petite ville bien bâtie sur le bord
d'une baie commode , dans Tile de Fionie.
Près des rempavts de la ville , on voit les
restes d'un vieux palais dans lequel naquit
Chrétien II. Un historien de ce prince nous
apprend que ce fut là qu'étant encore en-
fant , il fut porté sur le toit de ce château
par un singe qui le rapporta peu de temps
après , sans qu'il lui arrivât aucun accident.
Dans l'après -* midi , nous arrivâmes à
Odensée capitale de la Fionie ; c'est une
ville si ancienne que des auteurs Danois
croient qu'elle a été fondée par Odin , le
héros et la divinité des nations gothiques.
Une partie de la ville est nouvellement
bâtie » on y compte environ cinq mille deux
DES VOYAGES. 476
eents habitans qui font quelque commerce
en grains et en cuîrs. Ces cuirs sont fort ï)ane»»«îk«
estimes , et Ton croît que leur bonne t(ua-
lîté est due à celle de Teau de la rivière
qui sert à les préparer.
Odensée est le sîége d*un évoque , et
c'est le plus riche du Danemarck , après
celui de Copenhague. La cathédrale est un
grand et vieux bâliment qui n'a rîen de
remarquable que quelques tombeaux.
Le 9 avril nous arrivâmes à Assens ville
située sur le petit Belt, c'est-àdîre sur le
bras de mer qui sépare l'île de Fionîe du
continent. Cette île, qui a trois cent qua-
rante milles détour, est d'une grande fer-
tilité ; on en exporte annuellement pour
la Norwège de l'orge , de l'avome , du sei-
gle et des pois. Le pays est ouvert , et
présente partout de petites collines fort
agréables ; les câtes sont en général basses
et sablonneuses.
L'endroit où l'on passe le pietit Belt peut
avoir neuf milles de largeur. Nous y res-
tâmes cinq heures à cause du vent con-*
traire , et nous descendîmes à Arroé-Sund
dans le duché de Sleswick près de la pe^
tite lie d'Arroé.
Le j t nous tr^^f^l^sâme&ptiisreQrs petitet
476 HISTOIRE GÉNÉRALE
villes , mais jolies et bien situées sur des
i>uifinatek. b^îes dc la mer Baltique. La plus remar'
qual)|e était Flembourg ^ viUe qui fait qo>
grand commerce , surtout avee les Indes
occidentales.
Le duché de SIeswick qui fait partie du
royaume de Danemarck est séparé du Hols-
tein qui est nne province de; l'empire. La
ville de SIeswick, capitale de ce duché , est
bâtie irrégulièrement et fort longue ,ony
compte près de 6ooq habitans. Tout auprès
de la ville est le vieux château de Gottorpoè
demeuraient autrefois les ducs de HolstetD.
La partie de ce duché que nous traver-
sâmes parait bien cultivée. Cest un pays
en général uni et ouvert , mais qui offre
de temps en temps des paysages variés
par des. champs et des prairies , et entre*
mêlés de forêts , de hêtres et de chênes.
I^es maisons des p^sans ont Tair fort pro-
pre. Nous vîmes aussi en passant des rangs
de maison bâties' dernièt^emeot aux tarais
du roi , pour recevoir des colons qu'on y
a appelé. Ces maisons sont spacieuses , elles
contiennent sous le même toit une grange
ibrt vaste et des érables des deux côtés. A
une extrémité est le logement de la famille;
oa donnf» à ch^icune , uae pharriie « des
i>E s, V 0 Y AG ES. * 477
chariots , et les autres îtistrtimens liéces-
saîres à l'agriculture , deux chevaux et une ***** '
paie en argent pendant trois ans.
A vingt ^milles environ de la ville de
Sleswôck noqs Sortîmes de ce duché*; et
ayant passé l'Ëyder à Rendsbourg , notis
nous trouvâmes dans le diiiché'dé Holstein.
Le vers latin
Cydora roniani terminus imperii j '
gravé sur une porte de là vîUè est relatif
à cette limite qui est très-ancienne , quoîJ
qu'il n'y soit question que de. l'empire
germaniquequ'il plaît aiix Alfemands d'ap-
peler Romain. . . i: : I . i
On regarde Rendsbourg comme la meil-
leure forteresse qu'il y aït dans les États
du* roi de Danemarck. Il n*y a qu^ènviron
trois mille six cents habîtans dans la ville ,^
ih^ais elle deviendra bientôt importante,'
parce que le canal dé Rid ne peut man-
quer de lui procurer un 'grand cotnmertre.
Les environs de Rendsbourg ne sont
presque que des landes saris Vukure , mais
en approchant de Riel, Inouïs trouvâmes
vers la mer des collines et un tértaîn plus'
fèrtile. Cette ville et le pays qtiî en relève
a été 'cédée en tyy^ , pair f impératrice de .
Russie axt roi de Danemarok en échange
478 HISTOIRE GÉNÉRALE
des comtés d'Oldenbourg et d^ Delineii*
■«•«awttt. borst. Par Je moyen de cet échange très-
avantageux au Danemarck , le t*oî possède
aujourd'hui tout le duché de Holstein et
l^e canal par lequel on se prQpo9e de join-
dre la mer Baltique avec l'Océan^ sera tout
entier dans ses Etats.
Kiel est bâti dans une petite presqu'île
à l'extrémité d'une baie delà mer Baltique,
et.son port est des plus commodes pour les
plus grands vaisseaux; c'est dé)à une des
villes les plus commerçantes du Holstein ,
et. elle le sera bien davantage quand le ca-
nal qui doit joindre les deux mers , sera
achevé.
Il suffit de. jete^ les yeux sur une carte du
P^^nemarck poursie convaincre de l'utilité
de cette entreprise. Jusqu'ici^, les plus petits
vaisseaux qui .partent de quelque port du
ï)anemarck pour aller dans l'océan, doivent
faire le tour de U presqu'île de Juthinde,
et peuvent être long-temps retenus par des
vents contraire^ ; cette navigation est su-
jette k tant d'inconvéniens , que les mar-
chandises qu'on embarque à Copenhague
pour Hambourg ,. sont ordinairement en-
. voyées seulement jusqu'à Lu^beck ; d'où on
' les transporte par terre jusqu'à Hambourg.
DES VOYAGES. 479
Au moyen du canal , les vaisseaux d'un cer-
tain port, pourront passer îmmédîatemenlD«memar«k.
de la mer Baltiquedans l'océan , et arriver
avec leur charge dans le port de Hambourg,
DU même dans les ports de la Hollande. -
Le 12 avrils après avoir examiné le ca-
nal et la ville de Kiel , nous continuâmes
Aotre route , et nous nous trouvâmes sur
le lac de P/o'e/z « dont les bords sont ornés :
de la ville de Plo^^. C'est la capitale da
duclxé de même nom; le château sîtùé au
milieu de la ville sur un terrain élevé qui
dominp le l^c,^ fof'Qie l'aspect le plu» pit-
toresque. • /
Le lendemain » nous traversâmes, dam U
nj^itinée . un, payR, iqégal , varié , iabpndkint
en pâturage , en c|iamps et eh hpi^j^- â^prè$
une route de quelques milles^ nQu9 QWlimQ3
des Etats du roi de Dan.êmArç|â ^r ^ .liQus
arrivâmes à midi à. Lubeck. . >
• «
48o HISTOIRE GÉNÉRALE
CHAPITRE X.
Abrégé d'un vojage dans V intérieur ia
Dunemarck , par Joseph MarshaL
J^iîsiRAKT compléter entièrement un
Oteaoïuiok. voyage au Nord; j'ai eu recours au récil
de Joseph Marsbal ^ qui a parcouru la par-
tie du Daoemarck , que Villîam Coxe n a
•point visitée. Marchai était fort instruit en
agriculture i on s'est effbreé dans cet ex-
trait de donner la substance de ses obser-
vations. Son voyage contient trois volumes;
le premier seul a été traduit, en français,
et renferme de riches détails : voici comme
il* s'exprime en pariant du Danemarck.
En quittant Hambourg ^ îe pris la route
de terre qui conduit en Danemarck. La vue
de la chute de TElbe à Altona est assez
agréable ; cette ville , la première des Etats
danois , après la capitale ^ est à une petite
lieue de Hambourg , le commerce y est
assez considérable ^ mais il est encore bien
' éloigné de porter ateinte à celui de Ham-
bourg f comme çà été Je projet du gouver-
neaient danois , en facilitant tous les rnoyem
de
• DES V Q.V-A G ES. 481
s*y ètahliv , le chemin qui y conduit est
bordé d'arbres et de côtes de baleine plan- ^
tées en tevre , elles sont fort cçmmunes
dans le paj^s.
Les édifices d'Âltona ont plue daparence
que ceux de Hambourg , ses rues sont.
Jarges , alignées et bien pavées , les mai*
sons des marchands, sont placées sur le bord
de la rivière, l^s vaisseaux vîenncntàleurs
portes décharger ou recevoir leur cargai-
son , cette ville reinferme une jolie prQme-
nade , environ, trente mill^ habitajus, dpnt
un sixième de juifs.
D'Altona, le me rendis à Lubeck, duî
en est éloigné d envirq solîeues ; le pajfs que
le traversai est, en .général , sablonneujc ^
et couvert de rochers et dq Forêts.
Lubeck est située sur. une rivière qui, à
quelques miUips. delà , se jette dans U Bal-*
tique ; le port est près d'un village à Tenà-
bouchure de la rivière, et de petites bar-
ques seules peuvent remontez^ jusqu à la
ville; elle est bizarrement placée .3pr .les
deux flancs d^une montagne ; et par-l& ,
même, elle offi:e un aspect irès-romaittîq^uei
Les maison^, de Lubeck sont ^ussi. plVi9
belles , plus régulière? ,^ plus larges qut
celles de Hambourg ^ et les niaiaons ^ en. gé«
Tome IL H h^ ^
^a HISTOIRE GÉNÉRALE
s Béral , agréables et bien bâties. Lubeck est
orné de quelques édifices publics qu^oo fait
voir aux étr«tngers , mais qui ne renferme
rien de remarquable.
L^'église de S^int-Marc est un édj6ce
élevé , placé au milieu de la ville , noté-
rieur est rempli de piliers et d'ornemeas
coofusément entasses» et qui ne mériteot
pas une grande attention : on y voit une
fameuse horloge qui est lé morceaa le plas.
curieux de Liîbeck , eHe ifionti^e TécKp-
tîqufev îe ^d^aque ; Véqùàtëur , les tro-
piques et les planètes darnsleufs dîfl^reûtes
courses ; Pçtécutîon eii est si préctse, 'qu'ba
y peut distinguer leur état plient à toutes
tes heures du jour : les mouvemens r^a*
liers des corps célestes , le lever et ïê tfoudier
du 'sdleTl , îei éclipses et le jours de fêtes
«yfbAt aussî remorquer, ce qui continuera
Jusqu'à Faûtiéè t'S'fS. CJette même horloge
offre uiife fi^urie de JéstiS-Christ^quî ouvre,
tous les joufs à mldî, iriiTô ^petite porte pla-
cée à &-oîte , d'où ifôît en procession ,ï em-
* peur èt%s ^ept ^ûcîéns élèctfeurs : c^ui-cî ,
se Fétôtffnef) t du càté dé la statue , hii font
We jJfôftfndte térêteùce , et éWe letnr rend J
U{)otitesSé par un mouvement de sa main;
après qtiûi ^bitroopè rentre dans le mèmt
1>Ê S V O Y AGES/ 483
ordre par une autre porte à gauche^ et
toutes les deux se referment à rînstant.Daaemarck,
L'une, des tours de cette église; cotntîent un
agréable carillon qui se fait entendre avec
beaucoup d'exactitude à toutes les heures
du jour : aurdeseous est une cloche ^ près de
laquelle se tveatvufie figure qui repitésente
le temps ; de rauti'C côtéj se tncTUve une
sHitre %;ure pluSs petite » qui &k souvenir
de la mort^ et détourne la léte à chaque
soupdonoé par k première. Tout l''ouvrage
est estotimé > pomr sê, cons^vivtioti , d\ia
raiaeau de fil^d^aMbal: îl parak par soa
inscription qu'il date de Ysm r4o5. La danse
deU mort ^ tableaui ibmeux dan» tout^ les
centrées de cette partie de ^Allemagne ,, ^
se montre aussi dans >cette galei^ie , il «st
plus curieux qu'in^ressant.
La Cathédrale dé Lùbeck est un ^drfice
d'une tr^ •- grande anîeîenneté : elle fut b£«
tîe en 1 170 par le duc Henri , surnomi:né le
Liiofa ; rtin de ^dnccjtres de réieotcur d'Ha-
aovFC'd'aujôm^'hùî. Cet HeaiH * duc de
ysixe , diassadt , dîfKHi , d&Rsles environs ,
::i*oiiva «in Mif qui pon?»it iln oôlliet d'or,
l'oà pendait injie croix , et 'Sur lequel était
écrits c«8 «k)tî5: àvc meCtesar donmntp
Lvec la diaie cdev.i'aDHée qui se rapportail^
H h a
484 HISTOIRE GÉNÉRALE
au règoe de Cbarlemagoe : le duc surprit
]^«iMnk.d'uae telle aventure , fit coastruire cette
église sur Je lieu même : au - dessus du
portail , oo voit la 6gure d'un cerf.
L'histoire nous apprend que Lubeck iiit
la tête de la fameuse ligue anséatique.
L'origine de cette confédération qui fit tant
de bruit en Europe^ eut de très-iaible$
commencemens. Lubeoket Hambourg s'en-
gagèrent en 1241 à joindre leurs forces con-
tre des brigands qui infestaient les romtes
^ et les i^ers ; d'autres villes se réunirentà cel-
les-ci , et bientôt elles. fareat toutes au nom-
bre de quati'e • viagt - cinq. Leur puissance
donna de l'ambrageauii princes voisins ; ils
attaqèreat plusieurs de ces villes, et ils
les contr4iQgirent à sedétacher de la ligue»
qui ne compte plus actuellement que Lu-
beck, Hambourg , Brème et Rostoch , car
Dan^i<;k es|: :maintei)ai2t à la Prusse ^ et Co-
logne à la France. ; u . •
En quittant Lubeck , je pris ma route par
Travemupd , quiten e9t distant d'environ
buit milles ; je didai, }e mâme)our à Eutjn ,
petite ville située sur un terrain bas et en-
tourée de qyelquçs riches. iprai^es. D'Eu-
tyn , j'allai cpucher à PJoen : le pays que
traverse la route est très-varié , \l renferme
DE s V O Y A G ES. 486
des marais considérables qui nourrissent
une grande quantité de bétail , et qui ne
sont entièrement à sec qu'au mois de juin.
Ploen est située sur le revers d'une mon-
tagne , et au-dessus d*un beau lac , entouré
de plusieurs côtés par des collines cou-
vertes de forêts.
Je me rendis ensuite à Kiel par un pays
très-dî versifié qui , en quelques endroits,
est bien cultivé , mais où Von trouve beai>-
coup de marais yde rochers etde forêts. Kiel
est entouré d'un lac qu'il faut suivre poirr
j^ arriver; cette ville fait quelque commerce
lu moyen d'^io^ baie de la Baltique dont
les eaux se confondent avec ceux du lac ;
slle est assez bien bâtie, les rues en sont
larges et droites.
Après Kiel , on trouve Rendsbourg , ville
Porte- De Rendsbourg , j'allai à Slesv^îck ,
capitale du duché ile même nom; la distance
le l'une à l'autre ville, est de vingt milles,
ît l'on traverse un pays bien cultivé ; Sles*
Vick est située sur la rivière de Slie, qui se
ette à cinq milles de là dans la Baltique; sa
copulation est assez forte en raison de son
tendue. Parmi les édifices publics , on voit
m palais qui n'a rien de remarquable
u une bibliothèque , où l'on montre quel-
486 HISTOIRE GÉNÉRALE
ques anciens mamiscrîts , îly a dans les jar-
j^nuBaick. jji^ quelques jets et des bosquets dans le
vieux goût , que les simples haWlans de
ces contrées, regardent comme des signes
d'une grande magnificence.
De Sleswick , je gagnai Fleusbourg, situé
au fond d'une baie de la Baltique , les mai-
sons en sont bien bâties en briques ; le port
qui est bon , reçoit des batiraens de quatre
cents tonneaux.
J'allai de Fleusbourg à Ripen. Entre ces
deux villes , j'aperçus plusieurs châteaux
anciens , entourés de lacs et de forêts , qw
servent de demeure aux- gentilshomnwe
danois , occupés de la culture des terres .
cette dernière ville estaubordde la NIpsn,
qui forme trois canaux , et se jette dans !:
mer du Nord, à quelques milles de d' •
tance. Le port de Ripen est un des meil-
leurs du Danemarck. La cathédrale est bi*
tics en pierres de taille ; son clocher e>i
si élev"é , qu'il sert à diriger les pilotes ^
cette côte , que généralement on rcgar(k
comme trèfindangiereuse.
A vrngt milles de Rîpen , on ittHive U
petite ville de Wardt , sur une rivière tSr\
Combe dan<$ la mer d'Allemagne , et fijuroJ
à Tentretien de quelques pêckeurt. Le p*}^
DES VOYAGES. 487
iqué je parcourus contient de vastespaturag;^^
couverts d'un nombreux bétail ; je passai Danemwc^
sur les terres de deux fi;entilsbonimeSj» ils
cultivaient eux-mêmes jéurs domaines^ au
moyen des paysans qui ^ généralemc^nt ici ,
sont serfs. Un des propriétaires ^ le comte
de RoBcellen se promenait à cheval , i\
galopa vers nous et m'adressa la parojiÇ
en danois et en allemand; mais mpn pos;
tillon lui ayant dit que je i},'entepdais paf
ces deux langues^ il me parla en fran*
çais. Ce. gentilhomme me den^anda très^
polinient d'où je venais et oii j'allais. Jjs |u^
répondis que je voyageais par curiosité
pour voir les ditferens royatimes du nprd p
que j'étais anglais , que jç venais dM'ecte-
ment d'Hambourg ; alors i\ me pxh d'une
manière aussi honnête qu'engageim te > de
me rendre à son château; cette po^^tçs^ç
me fit grand plaisir ^ je repopdi^ en con-
séquence à l'invitation du comte.
Chemin faisant il s'informa du motif 4^
mon voyage.. Cette contrée 9 dîf-il > est içH
négligée : iplle ne cçi^tienl p^s b^aifcoup
d'objets dignes dç rçmarqup , let les voya^
geuv^ la visitent r^eipe^t. La plupart yont
direct;içj;nent à Copenhague , et nous n^
sommes pas sur la rome. Je répondis ai^
Hh4
488 HISTOIRE GÉNÉRALE
comté , que j'avais parcouru il j a quelques
Danemarclc. années , la France , l'Italie et la plus grande
partie derAllemagnc : mais qu'à mon retour
en Angleterre , je trouvai que je n'avais
fait qu'Hun Vojyage ordinaire dont on avait
mille descriptions ; qu'^alors je conçus )e
désir de voir les États du nord de TEu-
rope j rarement observés par les voyageurs
de mon pays : j'ajoutai qu'ayant mis depuis
peu mon projet à exécution , j'avais passé
par la Hollande , la Flandre , la Westphalîe
et l'électorat d'Hanovre , pour me rendre
en Danemarck dont je faisais maintenant
le tour. Le comte me répondît que la
Flandre et la Hollande pouvaient procurer
quelque amusement; mais que la Westpba-
lie , l'électorat d'Hanovre et les duchés de
Holsteîn et de Sleswick , ne devaient offrir
que peu d'agrément à un homme qui avait
voyagé en France et en Italie et qui habi-
tait l'Angleterre. Je répliquai , que je ne
venais point dans le nord pour admirer
cfes tableaux et des statues , ou pour en-
tendre des opéras; mais pour observer les
usages , l'état de l'agriculture, le genre des
manufactures , et voir enfin le pays en dé-
tail. Oh ! oh ! dit le comte , vous voyagez
çn philosophe j j'ai parcouru l'Angleterre ,
DES VOYAGES. 489
la France, ritalîe et toute rAIlemagne^ mais
malheureusement je n'avais pas les mêmes ^^^^"*"*'^*
motifs que ceux qui vous on fait entrepren-
dre votre vojage.
Cette conversation nous conduisit aux .
portes du château ,1e comte me fit traverser
plusieurs appartemens à la suite desquels
nous trouvâmes une pièce où Ton avait
servi lé déjeuné: Aussitôt parût une dame
de mojen âge , suivie d'un jeune gentil-^
homme. La dame était sa sœur et le jeune
homme son neveu. Celui-ci se disposait à
faire un vojage d'agrément en Angleterre.
L'un et l'autre me reçurent poliment et
causèrent avec moi en français sur mes
vo^^ages. Nous déjeunâmes simplement en
p4l)ant du café au lait. Le comte me pria
de lui développer mes. idées sur le Dane-
marck. Il ajouta que j'y devais trouver
tine grande différence avec l'Angleterre ,
tant par rapport au climat qu'à l'industrie
et a la population. Je répondis que nos
pajsant étant bien plus à l'aise, il devait
en résulter nécessairement une plus gran-
de population , et que Tusage dans lequel
nous étions d'affermer nos terres , était
cause que notre agriculture prospérait
bien plus que celle du Danemarck. Cela est
490 HISTOIRE GÉNÉRALE
5 très-vrai ^ répliqua le comte , mais d'autres
Banemarek. circonstances nous donnent à notre tour
l'avantage sur vous. La noblesse et les per-
sonnes riches chez nous ^ cultivent elles-
mêmes leurs terres , quelle que soit leur
étendue , ce qui certainement occasionne
un plus grand produit que si la culture
était abandonnée à de misérables paysans.
Il est vrai ^ monsieur , répondis-je , mais ce
n'est pas ici le cas. Nos terres ne sont poiot
confiées à de misérables paysans. Les fer-
miers sont à l'aise en. Angleterre , et nous
en avons mèn^ plusieurs de fort riches.
S'ils étaient tous aussi pauvres que les vil-
lageois du Danemarck ^ je tomberais d'ac-
cord avec vous.
Le comte m'observa que j'étais dans Ijkr-
reur. Si je croyais qu'il n'y eut pas de véri-
tables fi^rmiers dans son pays. Je veux pour
vous convaincre de cette vérité , vous mon-
trer , avant le dîner > quelques fermes que
)'ai laissées à bail , presque de la même
manière qu'en Angleterre.
Nous partîmes , et tout en marchant Je
comte s'exprima de la sorte. D'après tout ce
que j'ai vi? en France , ^^ Angleterre , en
Hollande , la valeur des terres ou plutôt
leur revenu dépend exactement du voisi-
DES VOYAGES. 491
nage des manufactures , car on ne loue
nulle part aussi bien les terres qu^aux en-^*'**'"**"''^'
virons d'une grande ville. Ce qui nous
manque le plus en Danemarck , ce sont les
marches. Nous avons plusieurs ëdits en fa-
veur de l'agriculture , mais qu'on nous
donne des débouches pour nos productions
cela vaudra mieux que cent édits. Ma plus
g^rande sollicitude s'est donc tournée du
côté de l'accroissement de la population
sur mes terres , afiriv, par là , d'augmenter
la consommation , bien convaincu que si
je puis Hxer une colonie de manufacturiers
industrieux 9 l'amélioration de l'agriculture
s'en suivra nécessairement. J'ai eu la satis-
faction de voir que l'expérience et le succès
ont justifié mon opinion ^ car je ne me suis
pas plutôt livré à l'exécution de monplan ,
que j'en ai ressenti les plus heureux effets.
Nous arrivâmes alors aux portes d'une
petite ville d'un aspect agréable , située au
milieu d'un terrain fertile , et sur le revers
d'une montagne dont une rivière arrosait
le pied.
11 n'est pas une seule maison de cette
bourgade , me dît le comte que je n'aie bâ-
tie moi-même et remplie d'ouvriers > noui
entrâmes et nous visitâmes les atteliers ,
49* HISTOIRE GÉNÉRALE
ik étaient la plupart destinés à des ouvrages
de laine. J'y vis ungrand nombre de fileurs ,
de cardeurs , de tisserans ; ils fabriquaient
une étoffe grossière ^ dont les gens du peu-
ple , dans les environs , font leur vêcemens.
Le comte m'informa qu'il occupait quatre
cent brasà des ouvrages de laine seulement ,
que ses ouvriers taisaient toute sortes d'é-
toffes , et qu'elles trouvaient un débit sur
dans les environs* Plusieurs tanneries occo'
paient trois cents ouvriers^ et une petite ma-
nufacture de grosse toile plus de quarante.
Mais rien ne plaisait tant à ce gentil-
homme , vraiement patriote , que ses ma«
nufactures de fer. Elles fournissaient des
outils de toutes les espèces , des ustensiles
de ménage , tout ce qui est nécessaire en
ce genre au labourage. Deux cents hommes
y étaient employés.
Le succès dans ces divers établissemens
était tel , au moment où je les visitai , que
le nombre des habitans de cette petite ville
se montait à deux milles. Elle renferme
trois cents maisons ; le comte en k tait bâtir
une grande partie entièrement à ses frais ,
et il a accordé plusieurs privilèges a ceux
qui en ont fait construire aux leurs. Les
ruessout régulières ^coupées à angles droits
DES VOYAGES. . 993
et bien pavées. Au centre de la ville est
une gray de place de marché, et ^u milieu BaBemarek.
de celle-ci , une église petite » mais propre.
Je ne me souviens pas d'avoir éprouvé'
jamais autant de plaisir que m'en procura
la vue de ces établissemêns dignes d'ua
prince^et bien préférables «ans doute , à ces
vains ornemens qui , dans quelques con-
trées, décorent les châteaux des grands.
Ils font rejaillir une gloire immortelle sur
ce digne gentilhomme qui poursuit avec
constance une si noble entreprise*. D'autres
seigneurs en Danemarck ont une fortune
égale à la sienne ; en Angleterre , on en
compte de doubles et de triples ; mais où
trouver un emploi de revenu qui réfléchisse
un aussi grand éclat sur son possesseur.
Le jour se passa à visiter les manufactures
et les différentes parties de cette petite
ville. Nous retournâmes assez tard pour
dîner au château. Chemin faisant , voici ce
qu'il me dit :
Les progrès de la pcpr.iation de maviile
et ceux de Tagriculture vont parfaitement
bien. La dernière cependant , s'améliorer
avec plus de rapidité; mais pour mainte-
nir le prix du marché , et empêcher que
la trop grande abondance des denrées ne
494 HISTOIRE GÉNÉRALE
le fasse baisser , inconvénient que je croi$
DMn^mmk. jIjq^ plus graves dans une entreprise telle
que la mienne , j'exporte sur mes sloops »
en Hollande du bled , du beurre , du fro-
mage , du bœuf salé , et généralement toute
sorte de productions.
En louant des fermes à mes pajrsaos , )a\
toujours suivi la méthode contraire de celle
pratiquée par les neufs dixièmes de la no-
blesse du royaume. Le seigneurs , en géné-
ral , ont soin de tenir leurs serfs dans la
dépendance et la pauvreté.. Mcm , je tadie ,
au contraire , de mettre les miens à même
de s'enrichir, et je leur iûspire cette sorte
de hardiesse de la classe indigente dans
votre pays. Nous avons un grand pouvoir
sur eux. Us sont soumis à beaucoup de re*
devailees en personne et avec leur attelage,
de4orte qu'il leur reste fort peu de temps
povr ^ox-mémes , s'ils ont un maître dur.
Des éti^s taiusm malheuruex ne me seraient
aucunement utiles pour mes plans d'amé-
Iknratiôii. Tous ceux à qui je loue des terres ,
jbuiesent du droit de vaine pâture, et me
paient «ne simple rente , sans aucun ser^
vide personnel. Cette règle générale de ne
pomt i«lerrompre leurs travaux , fait que
^s ;&faMèrs préfèrent me payer de bon-
DE S Voyages. 495
lies rentes , et disposer du surplus de leurs ^
économies , de la manière la plus indus- •"*"■*"
trieuse 9 et dont ils retirent seuls le profit.
Je remarque tous les jours les suites heu*
reuses d'une telle conduite. Mes paysans
deviennent des riches fermiers , ou du
moins ^ ils sont tous fort à leur aiso.Dans
une telle situation il n'est pas étotinant que
les mariages soient nombreux , et la popu-
lation qui en est là suite , s'augmente au
points qu'il n'en est, je crois aucun autre
exemple en Europe. Personne chez moi n'est
à charge au public. Le laboureur oulë paysan
avant de devenir vieux, a toujours aàkaissé
de quoi suffire au^ besoins de ses dernières,
années , et d'ailleurs se^ proches regat*de-
raient comme une honte de le laisser lan*
guîr dans la misère.
Le comte me ramena chez lui par un
circuit d'environ -cinq milles, àù milïeu
d'un teri*àîn sans culture. Vous voyez , me
dit-il , qu'il me reste encore beaucoup à
faire. Tout ceci se trouve dans l'Etat tÀ
mon père me la laissé ; mais comme nos
progrès sont rapides, j'espète ^Iju'un jotiroù
l'autre je le verrai en rapport : en âtteAdanl:
il n'est point entièrement inutile : des ber*
Çers y font paître de nombreux troupeatnc
496 HISTOIRE GÉNÉRALE
de moatoos de race d'Angleterre et de
Flandre^ dont la laine sert, à mes manu-
factures^
. De retour au château , le comte me tint
le discours suivant : J'ai prouvé ^ par moa
exemple , que pour bien peupler ua pays ,
et con^équemment le rendre riche ^ il faut
procurer du travail au peuple ; le plus pa-
resseux changera bientôt, si son industrie
ne profite qu'à lui , et s'il ne dépend de
personne* Je ne connais pas de peuple qui
soit plus indolent, par nature, que celui
du Danemarck. Mais dans les parties les
plus peuplées de U Hollande , on ne trouve
pas plus d'industrie et d'activité que dans
ma terre. Il n'a fallu pour cela qu'inspi-
rer l'amour du travail p en le rendant pro-
fitable à'Celui qui s'y livre. L'accroissement
de la population est prodigieux , lorsque
le mariage n'est point à charge ; et que
les parens peuvent élever leurs en&ns.
Le succès de mon entreprise m'a fait
réftéchîr aux rapports qui existent entre
l'agriculture et le commerce. En établissant
des manufactures , je n'avais d'autre vue
que celle dé former un marché pour la
vente des denrées. Sans cet avantage , les
cultivateurs ne trouvant aucun débouché
pour
DES VOYAGES. 497
pour le surplus de leur coasommation , ils
n'ont point d'intérêt à se livrer à de plus ^*»*»"*^^
grands travaux qu'il ne leur en faut pour
vivre.
Un atitre question se présente : le com-
merce doit- il faire l'objet principal, ou
faut-il qu'il soit subordonné à l'agriculture?
les politiques ont beaucoup raisonné là-
dessus. Voici mon avis : le commerce et
l'agriculture ne doivent être poussés qu'au-
tant que l'augmentation de l'agriculture le
permet. Ces établissemens ne sont plus
que précaires , lorsqu'ils surpassent dé
beaucoup les besoins des peuples qui les
avoisinent. On a lieu de craindre la riva-
lité d'autres places commerçantes , et Tin-"
troduction du luxe. D'aHleurs', les manu-
factures , dans leur enfance , rie s'occupent
que des objets dé première nécessité dont
le débit est sûr.
Je ne doute nullement qu'en tournant
toute mon attention vers les manufactures ,
je n'eusse augmenté le commerce de mon
port, et que je ne mè fusse fait un grand
revenu par les rentes que j'eusse perçues
sur les maisons et par d'autres profits ;
mais la raison me dit de m'attacher priii<>
ci paiement à la stabilité , et je suis conV
Tomù IL I i
49? HISTOIRE GÉNÉRALE
■^^^■^f^ vaincu que je ne d,p}S Tattçnçlre qu'ei^ fbn-
î?'*.!.™*"^; dapi 1q conimerfe çur I/agriculturç. Lors-
que tous mes dérriçheinens seroi^^ termi-
nes,'j'arrêterai raccroîssement de mayille»
et je ne bâtirai plus de.malçQiis , ni ne
constifuîraî plus, de vaîss^^i^x , qy'i^utant
qu'ir en laudra pour la conservation de
mon. commerce. . ,
Je passai tr^s 7 ajçrea|)leqient quelques
jours avec ré concile, qui niçi çrioixtralt les
merveilles, de son industrie, ou m'entre-
téi^ait c(é cliscours phiipsop]biq^e8^ J9 trou-
vai ses maximes fondées .sur l*exi)érjcnce,
si pai'f'aitement iustek , que' tous les s(oîrs ,
après être rentré dfins mon appartement,
ie lès mettais en écrit. Ces discours eussent
fait honneur aux plus beaux â^énies de la
France , de rAnèieterrë et de l'Italie. Le '
comte, h mon départ, me donna quelques
lettres de recommandation ,. et je le sup-
pliai, au cas où il vien(^ait jamais en An-
içleterre , dé m'honoreir de sa visite ea
Northamptorisîuré. ,
■ Je partFs le matinvéi m'arrêtai à Hodsed-
hburg: c'est une petite ville située près
a une agréable rivière : les environs sont
passablement cultivés. . J^allai coucher le
joienié jour à Lemwig : c'est une ville peu
»
Ei E s V 6 Y AGES. 499
grande, br^arreniérit placée sur une petite s
baîe , à dix milles ehvîroh de là rtieK; etDancmarck'
<juî fait la pécHè pour tout coiilmercé.
Le quatrième jour après mon départ ,
jé vins à Aalbou't-g y ville située sur le
golfe de Lîmfbrd , et dans liniieu où il
. parait n'être plus qu'une belle rîvîèrie. Je
èohtîniiaî mon Voyage par eau , il n'eri fiït
que plus agréable. Le golfe tra Versé une
asôe? gt-ande étendue de pajs , ïaritôt cul-
tive; tantôt sauvage ; îl renferme plustéùr»
îles ;,li'abitées par des pêcheurs : elles sont
li^[ plupart couvertes de bois , ce qui em-
.iéllît la perspective. •
' j'émplojaî tô'u^è une jouï^née à - âlleiJ
. d^Aalbourg à Wlloùr^ , qui îi'eù est ce-»
pendant éloigné que de trente milles. Lrf
route est extrêmement dîffi<:îîiè , elle ti^aJ
verse des marais , des montagnes et àei
forêts. Wibourg est le siège d*un évêcHé
et d'une cour dé' justice , et tout cela né
; rérid paé' cette vîlfe importante. J'allai cou-
cher à ÎJorsens, tilk qui, au moyen d'uA
'port, fait un période commerce. Le roi a de
> grands domaines çle ce côté : il jr a planté
\ des colcMîies d'Allemands qui cultivent
^ i mieux la:^ wrre qûé lés Danois.
^ 'Après avoir quitté Horsenô , Wéîle est
I. ,*.
1 %
5oo HISTOIRE GÉNÉRALE
s la première ville que je rencontrai : elle est
^nemarck. petite, maîs bien bâtie : son port est com-
mode , il est au fond d'une baie de la
Baltique , ce qui facilite son commerce.
De Weile , je gagnai Kolding , fort jolie
Tille, très-bien située ; elle fait aussi quel-
que commerce , et renferme un des palais
du roi , qui n'offre rien de propre à sa-
tisfaire un voyageur , quoique les habitans
le regardent comme le Versailles du nord.
De Kolding, je vins à Ferstède ^ ville
située sur le petit Beit, vis-à-vis Tîle de
Fanm. Après avoir déjeuné à Fersiède et
demandé une flotte, selon l'expression du
pays , je m'embarquai poiu* AssenSy petit
port de l'ile de Funen. Je me rendis en-
suite à Odensée , ville située dans le centre
de rtle. Les terres étaient meilleures que
tx)utes celles que j'avais vu en Danemarck,
et cultivées comme dans la plupart des
provinces d'Angleterre.
. L'îje de, Funen n'a ni rochers ni mon-
tagnes : on n'y voit que de charmans co-
teaux et d'agréables vallées. Quelques-uns
des tertres, les plus élevés sont couronnés
de bois ,,et des ruisseaux limpides, arrosent
ce beau pays. La plupart des '«paysans y
j^ont libres : on le reconnaît à la dîHëreoce
DES VOYAGES. 5ot
de la -culture : les terres des serfs ne sont sï
pas- en aussi bon état. Cette île renferme ^^^*""*'*^
aussi de belles prairies et de bons pâtu-
rages. De nombreux troupeaux de bêtes
à cornes les couvrent : les chevaux que je
vis me parurent plus beaux qu'ailleurs^
Le 3 septembre , de bon matin , je me
rendis à Nubourg , où Ton s'embarque pour
traverser. le grand Belt^ et passer dans la
Sélande. Quelques retards et le vent forent
cause que nous n'abordâmes que dans Ta*
près midi » et je ne puis aller plus loin que
Stagel ,\\\\e fort triste^ où je fus fort mal
de toutes manièi'es.
Le lendemain lo, je fis vingt-deux milles
pour gagner Roschild, ville sur la route
de Copenhague : tout le pays était sem-
blable à celui de File de Funen ; il était
bien cultivé et coupé par d'agréables co-
teaux et des vallées. On me montra , dans
l'église principale de Roschild , les tom-
beaux de plusieurs rois de Danemarck:
c'étaît-là le lieu de leur sépulture. Henri VI^
roi de Danemarck , d'Angleterre et de
Norwège , est déposé dans l'un de ces tom-
beaux. Celui de la fameuse reine Margue-
rite est en marbre noir. On fait remar-
quer aussi dans la même église , une
li 3
$04 HISTOIRE GÉNÉRALE,etc.
grande pierre à aiguiser , qu^ Albert» roi
fiaaewuek.^^ SwèdjB j eovoya. par dérI$ioii k cette
reine , eateodant par-là , que les femmeft
devaient plutôt amenuiser en pointe leurs
aiguilles , que de songer à la guerre. La
reiae répondit à cette mauvaiee plaisao-
terie, que cette pierre servirait à ses sol-
dats , pour y aigui^^r leurs arômes* Elle tint
parole» elle Ijvr^ bataillfs au roi de Suède,
|e vainquit , lie fit prisonnier » et ne lui
rendit 1a liberté qu'au bout de sept ans»
et à diss conditions très*dures. De Roschild,
j'allai dîner à Copenhague , après avoir
fait quatorze milles et traversé le plus beau
pays du DanentïarclL»
Fin du deuxième Volume*
ti II ' l< ■! 'Il
^E5
TABLE
DES CHAPITRES
Contenus dans le devkxième Volume.
SUITE DU LIVRE QUATRIÈME.
Vjhapitre II. Usages p mœurs ^ coutumes
et superstitions ^ page K
Chap. IIL Seri^ice diuin en langue scla^
pone et grecque. — Bénédiction de Veau.
— Fête publique donnée à la populace*
-^ Descriptions des Bains de yapeurs.
— Départ de Pétersbourg. — Voyage
dans la Finlande russe y 41
Chap. IV. Précis du règne des Soupe*
rains y depuis Pierre J.«' jusqu'à CéS^*
èkerine II ^ exclusivement ^ 68
L I V R E V.
Chapitre premier. Entrée dans la Fin^
lande suédoise — Louisa ^ n^ille et port
de mer. — Uthingfors y Aho . — Vojage
6o4 TABLE
« en traîneau sur la glace dans le golfe
de Bothnie. — L'île d'Aland. — Trajet
4e cette île à la côte de Suède. — Voyaffi
à Stockholm , 86
Chap. il Description de Stockholm.—
Cour, ~ Nouvel habit suédois. — Spec-
tacles. — Eglise de Ritterholm. — Tom-
beaux et caractère de (quelques rois de
Suède et de quelques généraux. ^- Ar-
senal. — Digression sur la mort de
Charles XII. — Maisons des nobles. —
Statue équestre de Gustave Adolphe ,
101
Chap. III. Châteaux du roi. — Empirons
de Stockholm. — Ordres de chet^alerie.
— Etat des troupes Suédoises. — Esprit
des soldats ^ 1 29
Chap. IV. Forme ancienne du Gouuernc'^
ment de Suède. — Obseri^ations sur la
nature de celui qui a été établi par la
. résolution de 177a. — Sa Constitution
actuelle. — Diète composée du roi et des
Etats. —De r Ordre delà "noblesse y du
clergé y des bourgeois. — Des paysans.
— Forme de la législation ^ 14D
Chap. y. Fabriques et manufactures ,
marchands et ouvriers de Stockholm S
DES CHAPITRES. 5o5
commère général de la Suède ^ popula"
lion et impôts y âor
Chap VI. Mœurs et alertas des Suédois.
— Code des Lois. — Sage Constitution
des Etats y 2L20
Chap. VII. Etat des sciences et des arts^
— Académies. — Uniuer sites. — Ecoles
publiques. — Notice sur un sapant La-
pon y 2.26
Chap. VIIL Vojrage aux mines» — Sakla ,
Afoestad-Sœter^Fahlun-Mora y ElfdaL
— Carrière de Porphyre de la Dalé*
^arlie y ^44
L I V R E V I.
Chapitre premier. Départ de Stockholm.
— Description d'Upsal. — Ancien palais
de cette ^ille. — Cathédrale. —Tombeau
et caractère de Gustai^e Vasa. — Uni--
^ersité d^Upsaly Bibliothèque. —Codex
argenteûs. — Morastéen y lieu ou Von
proclamait anciennement les rois de
Suède. — Jardin de Botanique. — De
LinruBus y de Wallerius y de Cronstedc
et de Bergman y célèbres Chimistes
suédois y s,6±
Chap. II. Départ d'Upsal. — Description
générale du pays. — Tombeau d^Eric
6o6 tABLE
Xlf^. — Arhoga. ~ Oerebro. — Marie-
stad y Trolhaetta. — Bt la ripiere Go-
tha. — Tentative poHr joindre le golfe
de Bothnie avec VOcéan par des ca-
naux y 287
Chap. III. Carlscrona. — Noiweaum bas-
sins ^ flotte suédoise. — Christiansdadt.
— Helsinboùrg. — l^emarques générales
sur la manière de ^yojager en Suède ^
Chap. ly . Abrégé d^ un "poy âge de Marshall
dans V intérieur de la Suède. — Villes de
léàholm. — De Balms. — D'Oregrund ,
d'Hedemora, — Traversée de la Dalé-
carlie. — ' Artivée à Hernosand y capi-
laie de la province d^ Angermanie. —
Voyage à Pitha , à Lula y à Tornéo y à
VTassay. — Club établi dans ceUe der-
nière "yillê y 3i5
LIVRE VII.
Chapitre premich. Voyage de William
Cox€ en Dartemarch. *- Passage du
Sund. "^ Entrée en Danemarûk. — Ehe-
neur. — Douane du Sund. — Château et
palais de Cronembourg. — Anecdote sut
la reine Mathilde. — Jardin de Hamlet.
^ Copenhague, — Jle d^Amac y Z^\
D E s C H A P ï T R E s. 607
Chap. II. Qualités géographiques c^ phy-
siques du territoire, r^ Descripiian . de
la mer Baltique. -^ Climat et tempéra'^
tare y . 355
JChap. III. Forme du Gouvernement an-
cien et moderne — Administration y 871
Chap. IV. Armée et marine. — Ordres de
chei^alerie y règlement du rang. — Loi de
Vindigénat. — Ordre judiciaire y lois
ciuiles et criminelles , 3q3
Chap. V. Industrie productit^e.^-^ Grains.
— Bétail. — Bois: — Chevaux. — Pêche.
— Industrie manufacturière , 407
Chap. VI. Population. — Commerce inté"
rieur et extérieur du Danemarck y 42a
Chap. VII. Sciences et arts. — Scaldes. —
Académie y imprimeries et hibliothe-
ques y 436
Chap. VIH. Education. -- Langue y Carac-
tère y Mœurs et usages. — Religion y
Eglise et clergé de Danemarck y 449
Chap. YH. Départ de Copenhague. — Voya-
ge dans rîle de Sélande. — Roschildy
tombeaux des rois de Danemarck. —
Ile de Fionie. — Odensée. — Voyage
dans les duchés de Sleswick et de Hels-
tein. *- Canal de Kiel. — Remarques sur
5o8 TABI-E DES CHAPITRES.
d'anciens monumens qu'on trouue son*
T^ent en Suède et enDanemarck, 47a
CsAP. X. Abrégé d*un voyage dans Vin-
iérieur du Danemarck , par Joseph
Marshat, 48^
Fin de la Table des Chapitres da deuxième
.Yolume*
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