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ABRÉGÉ
DES
VIES DES SAINTS
ASTOIN NE* ' •**-
■♦o-
1 YPOGRAPHIB DE B. FIRMIN DIDOT. — M ESN IL (BURE).
ABRÉGÉ
DES
VIES DES SAINTS
POUR
TOUS LES JOURS DE L'ANNÉE
(Davrojc rtott tl amsiWrabltmtnt augmenté
t.V^^ Ç > fwX-- a j *V "!!
-oMc^
TOME SECOND
roMfrz-; —
PARIS
■»-"«. j ,o ' JJ «»
** /. . .-.;:v v
LIBRAIRIE DE FIRMIN D1DOT FRERES
IMPRIMEURS DE L'iNSTITUT DE FRANCE
RUE JACOB, 36.
1854
6.
il.
1
CALENDRIER DES FÊTES,
S*"™ L'OKDRE ROMAIN.
Mois de Juillet.
( Saint Calais, abbé dans le Maine,
f*. j Saint Gai l*r, évoque de Ctermont.
' Saint Rumold ou Rombaut, martyr, patron de Matines.
{ Visitation de la sainte Vierge Marie.
' Saints Processe et Martinien, martyrs.
Le bienheureux Lan franc, archevêque de Cantorbéry (du 28
mai).
i Saint Sisoès ou Sisoy, anachorète.
f Sainte Bertlie, abbesse de Blangy en Artois.
Saint Pierre de Luxembourg, cardinal, évêque de Metz.
f Saint Pallade, apôtre des Scots.
/ Saint Goar, prêtre et solitaire.
. | Saint Pantcue, docteur.
• » Le bienheureux Benoit XI, pape et confesseur.
/ Saint Procope, martyr.
8. | Saint Thibaud, abbé des Vaux de Cernay.
( Sainte Elisabeth, reine de Portugal.
I Saint Éphrem, diacre d'Édesse, docteur, (du 1er février ).
s. -. Les bienheureux martyrs de Gorcum, et parmi eux le bien-
heureux Jean de Cologne.
| Les Sept Frères, (ils de sainte Félicité, martyrs.
lo- i Saintes Rufine et Seconde, vierges et martyres.
t Saint Pie 1er, pape et martyr,
f Saint Hidulphe, évoque et abbé.
I Saint Jean Gualbert, abbé, fondateur de Vallombreuse , et
*2, f confesseur.
Saint Anaclet, pape et martyr,
i Saint Eugène, évêque de Cartilage, et ses compagnons, con-
. -. * fesseurs.
' ' \ Saintes Maure et Brigitte, vierges et martyres.
I Le bienheureux Jacques de Voragine, archevêque de Gênes,
\ et confesseur.
j Saint Bonaventure, cardinal, évêque d'Albano confesseui et
'*• i docteur de l'Église.
i Saint Jacques, évêque de Nisibe.
j Saint Henri II, empereur d'Allemagne, eonfesseur.
t. n< "
31.
1
*r
lî ** CALEKDHIft 018 VÊTES.
Notre-Dame du mont Carmel.
ig. Saint Fulrad, abbé de SaimVDetys.
Le bienheureux Ceslas, confesseur.
f . | Saint Spérat et set compagnons, dits les Martyrs Scillitains.
I Saint Alexis, confesseur.
j Sainte Symphorose avec ses sept fils, martyrs.
18. j Saint Camille de Lelbs, coufesseur, fondateur de l'ordre des
' Clercs réguliers pour le service des malades.
! Sainte Macrine, sœur de saint Basile, vierge.
Saint Arsène, solitaire.
Saint Vincent de Paul, confesseur, fondateur de la Congré-
gation des prêtres de la Mission, appelés Lazaristes.
/ Saint Joseph Barsabas, dit le Juste.
20. J Sainte Marguerite, vierge et martyre.
( Saint Jérôme vEroiliani, confesseur.
_. ( Sainte Praxède, vierge.
' ( Saint Victor de Marseille et ses compagnons, martyrs.
22 | Sainte Marie- Magdeleine.
f Saint Vandrille, abbé de Fontenelle.
j Saint Apollinaire, premier évêque de Ravçnne, et martyr.
( La bienheureuse Jeanne d'Orvieto, vierge.
24. Sainte Christine, vierge et martyre.
( Saint Jacques le Majeur 9 apôtre,
25. J Saint Christophe, martyr.
' Saintes Tbée et Valentine, vierges, et saint Paul, u.artyr*.
20. Sainte Anne, mère de la sainte Vierge Marie.
i Les sept Dormants, martyrs.
27. ) Saint Pantaléon, martyr.
( Saint Anrèle et sainte Natalie, martyrs.
?8 ) Saints Nazaire et Celse, et Victor, pape, martyrs.
( Saint Innocent I' r, pape et confesseur.
«Q ( Saint Lazare, sainte Marthe, vierge, et sain te Marie de Bétlrmie.
f Saint Loup, évoque de Troyes, et confesseur.
,.A ( Saints Abdon ei Sennen, martyrs.
,iU* ' Sainte Julitte, martyre.
/ Saint Germain, évéqne d'Auxerre. confesseur.
i Saint Jean CoJombini, fondateur de Tordre des Jésuates.
i Saint Ignace de Loyola, confesseur, fondateur de la Compa-
• gnie de Jésus.
Mol» d'août.
Les frères Machabées avec leur mère, martyrs de l'ancienne
Loi.
Saint Pierre aux Liens.
Saintes Foi, Espérance et Charité, vierges et martyres avec
leur mère, sainte Sophie.
x Saint Friard, solitaire.
mois d'août. m
(Saint Etienne, pape et martyr.
Saint Alphonse Marie de Liguori, évoque de Sain te- Agathe
des Golhs, et confesseur.
3 | Invention du corps de saint Etienne, Protomartyr.
' | Saintes Maranne et Cyre, vierges.
, ( Saint Dominique, confesseur, fondateur de Tordre des Frc-
* \ res prêcheurs.
\ Dédicace de sainte Marie des Neiges, à Rome.
5# ( Sainte Afre et ses compagnes, martyres.
! Transfiguration de Notre-Seigneur.
Saiiits Sixte 11, pape, Félicissime et Agapit, martyrs.
Saints Just et Pasteur, martyrs.
Saint Donat, évoque et martyr.
Saint Viclrice, évéque de Rouen.
Saint Gaétan de Thienne, confesseur, instituteur de la Con-
grégation des Clercs réguliers dits Théatins.
. ( Saints Cyriaque, Large et Smaragde, et leurs compagnons,
8. { martyrs.
' Le bienheureux Augustin de Lucère, évoque et confesseur.
~ f Saint Romain, soldat, disciple de saint Laurent, et martyr.
• • f Le bienheureux Jean de Saferne, confesseur.
10. Saint Laurent, diacre et martyr.
/ Saint Alexandre le Charbonnier, évéque de Coraane, et mar-
1 1 tvr-
j Saints Tiburce, Chromace, et sainte Suzanne, vierge, mar-
( ty«.
12. Sainte Claire, vierge.
I Saint Hippolyle, soldat, disciple de saint Laurent, et ses
compagnons, martyrs.
Saint Cassien, martyr.
Sainte Radégonde, reine de France.
14. Saint Émygdius, évoque et martyr.
, ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE.
J ( Dimanche dans Poclave. ) — Saiw* Joachim, confesseu r.
15* j Saint Napoléon, martyr.
' Saint Alype, disciple de saint Augustin, évéque de Tagaste.
< Saint Hyacinthe, confesseur.
( Saint Roch, confesseur.
17. Saint Libérât, abbé, et ses compagnons, martyrs.
. Saint Agapet, martyr.*
18. ) Sainte Hélène, impératrice et veuve.
( La bienheureuse Claire de Monte- Fa Ico, vierge.
t9. Saint Louis, évéque de Toulouse, et confesseur.
/ Saint Maxime ou saint Mesme, solitaire à Chinon, en Toti.aimv
•20. Saint Bernard, abbé de Clairvaux, confesseur et docteur <lo
( l'Église.
IT CÀLBWDHIEE DES FÊTES.
ISaraUBonose et Maiimilien, mirtyrs.
Saint Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont.
Sainte Jeanne-Françoise Frémiot de Chanlaf, veuve, fonda-
trice de l'ordre 4e la Visitation de Sainte-Marie.
/ Saint Symphorien, martyr.
22. J Saint Hippolyte, évêque, docteur et martyr.
( Saint Timothée, martyr.
23. Saint Philippe Renizi on Benili, confesseur.
24 f Saint Barthélémy, apôtre.
t Saint Ouen, évêque de Rouen.
2â. Saint Louis, roi de France, confesseur.
26 j Saint Zéphyrin, pape et martyr.
' i Saint Génès le Comédien, martyr.
/ Saint Césaire, évêque d'Arles et docteur.
27. J Saint Joseph Calasànz ou Casalanz, fondateur de la Congré-
t galion des Clercs Réguliers des Écoles Pies.
I Saint HermèJ, martyr.
Saint Augustin, évêque d*Hippone, confesseur et docteur de
l'Église.
/ Décollation de saint Jean- Baptiste.
29. J Sainte Sabine, veuve et martyre.
( Saint Merry ou Méderic, abbé.
/ Saints Félix et Adaucle, martyrs.
30. J Saint Fiacre, solitaire.
( Sainte Rosette Sainte-Marie de Lima, vierge.
/Saint Raymond Nonnat, cardinal, confesseur.
31. j La bienheureuse Isabelle de France, sœur de saint Louis,
' vierge, et fondatrice du monastère de Longchamp.
Mois de septembre.
I Sainte Philomène, vierge et martyre.
Saint Gilles, abbé.
Saint Lou, archevêque de Sens.
2. Saint Etienne, premier roi de Hongrie, confesseur.
3 Saint Ayou ou Aigulphe, abbé de Lérins, martyr.
| Saint Marin, maçon et diacre.
, \ Sainte Ide, veuve.
j Sainte Rosalie, vierge, patronne de Palerme.
( Sainte Rose de Viterbe, vierge.
( Saint Bertin, abbé de Sithiu, à Saiut-Omer.
I Saint Laurent Justin ien, patriarche de Venise, confesseur.
6. Saint Dorothée le Thébain, ( du 5 juin ).
i Saint Mesmin et ses compagnons, martyrs.
'• ( Saint Cloud, prêtre et solitaire.
! Nativité de la sainte Vierge.
Saint Adrien et sainte Nathalie, sa femme, martyrs.
( Dimanche dans l'octave après la Nativité de la sainte Vierge,
Fête du saint Nom de la bienheureuse Vierge Marie. )
5.
16.
MOIS DE SBPTEMBBE.
g j Saints Gorgonius et Dorothée et leurs compagnons, martyrs.
i Saint Orner, évéque de Téronanne.
(Sainte Pulchérie, impératrice, vierge.
Saint Patient, évéque de Lyon.
Saint Nicolas de Tolenlino, confesseur.
. . i Saints Proie et Hyacinthe, martyrs.
( Saint Paphnuce, évéque dans la Thébaïde.
12. Saint Guy ou Guidon, bedeau.
13 s Saint Amat ou Araé, £vè<\ue de Siou en Valais, et patron de
' Douai.
14 \ Exaltation de la Sainte- Croix.
( Sainte Catherine de Géues, veuve.
/ Saint Nicomède, prélre et martyr.
|. ) Saint Jean le Nain, anachorète de Scété.
' j ( Troitjème dimanche de septembre. — Fête des Sept-Dou-
■ leurs de la bienheureuse Vierge Marie.)
/ Saint Corneille, pape et martyr.
| Saint Cyprien, évéque de Carthage, martyr.
) Saintes Ëuphémie, vierge, Lucie, veuve, et saint Géminien,
' martyrs.
Î Saint Lambert ou Landebert, évéque de Maestrictit et mar-
tyr, patron de Liège.
Sainte Hildegarde, vierge et abbesse.
Impression des Stigmates de saint François d'Assise.
/ Saint Méthode, évéque de Tyr, docteur et marly. .
18. J .Saint Ferréol ( Forge t ou Fergeu), martyr.
' Le bienheureux Ponce de Laraze, pénitent.
j Saint Janvier, évéque de Bénévent et ses compagnons, mar-
' tyrs.
| Saint Seine, abbé.
! Sainte Pompose, vierge et martyre.
20. Saint Eustache et ses compagnons, martyrs.
2, I Saint Matthieu, apôtre et évangéliste.
' < Sainte Maure, vierge.
( Saint Maurice et ses compagnons, martyrs.
22. I Saint Thomas de Villeneuve, archevêque de Valence,, et con-
' fesseur.
/ Saint Lin, pape et martyr.
23. ' Sainte Thècle, vierge, et protomartyre des femmes.
! Saint Constance, sacristaiu.
v \ Saint Germer, premier abbé de Flay en Beauvoisis.
*' ( Xotre-Dame de ta Merci pour la Rédemption des captifs .
2 >. Saint Firmin, premier évéque d'Amiens et martyr.
; Saint Cyprien, surnommé tÔ Magicien, et sainte Justine, mar-
2f.. tyrs.
' Saint Nil le Jeune, abbé.
a.
I!)
TI CALENDRIER DES FÊTES.
/ Sainte Côme et Damien, frères, martyrs.
27. [Saint Elzéar de Sabran , confesseur, et sainte Delphine, sa
( femme, épouse-vierge.
Sainte Eostochie, fille de sainte PauJe, vierge.
2g | Saint Céraune ou Céran, évéque de Paris.
Sainte Lioba, abbesse en Allemagne.
Saint Wenceslas, duc de Bohème, martyr.
29 j Dédicace de saint Michel, archange, et de tous les saints
' | Anges.
3q ( Saint Grégoire l'HIuminateur, évéque et apôtre de l'Arménie.
' | Saint Jérôme, prêtre, confesseur et docteur de l'Église.
Mol» d'octobre*
( Premier dimanche d'octobre, Noire-Dame de la Victoire,
fête du saint Rosaire.)
, cr , Saint Rémi, évéque de Reims, confesseur et apôtre des
Francs.
Saint Alowin ou Ravon, anachorète et confesseur, patron de
Gand.
2 | Les saints Anges gardiens.
' ( Saint Léger, évéque d'Autun et martyr.
3. Saint Gérard, abbé de Rrogne.
Saint Pétrone, évéque de Rologne.
Sainte Aure ou Aurée, vierge et abbesse de Saint-Martial,
4. I dans Paris.
Sainl François d1 Assise, confesseur, instituteur de Tordre des
Frères-Mineurs.
| Sainte Galla, veuve.
( Saint Placide et ses compagnons, martyrs.
r | Saint Pardou, abbé de Guéret.
(Saint Bruno, confesseur, fondateur de Tordre des Chartreux.
{ Sainte Justine, vierge et martyre, patronne de Padone.
( Saint Marc, pape 'et confesseur.
Sainte Thaïs, pénitente.
8. Sainte Pélagie, pén'teuiv'.
Sainte Brigitte, veuve.
/ Saint Denys l'Aréopagite, apôtre des Gaules, premier évêque
9. I d'Athènes et de Paris, et ses compagnons, saints Rustique
( et Éleuthère, martyrs.
10. Saint François de Borgia, confesseur.
1 1 . Saint Louis Bertrand, confesseur.
Les martyrs d'Afrique.
12. Saint Wilïrid, éfêque d'York, confesseur
Le bienheureux Jacques d'Ulm, confesseur.
13. Saint Edouard le Confesseur, roi d'Angleterre.
b.
n.
MOIS D OCTOBRE. Vif
/ Saint Calixte ou Calliste, pape et martyr.
14. { Sainte Angadrème, vierge, patronne de Beauvais.
( Saint Dominique l'Encuirassé, solitaire.
u. Sainte Thérèse, vierge, fondatrice des Carmélites déchaussées.
16. Saint Gai, abbé en Suisse.
r j Sainte Hedwidge ou A voie, duchesse de Pologne, veuve.
' " I La vénérable Marguerite-Marie Alacoque,«HPe. y j £ ^ a £
18. Saint Luc, évangéliste.
ISaiut Savioieu, premier évêque de Sens, saints Potentien,
Altin , et lours compagnons, martyrs.
Saint Pierre d'Alcantara, confesseur.
20 i Saint SinduHe ou Sendou, prêtre et solitaire.
I Saint Jean de Kenty, confesseur.
Îi Saint Hilarion, abbé.
Saint Malc, moine captif, confesseur.
Sainte Ursule et ses onze mille compagnes, vierges et mar-
tyres.
2?. Le bienheureux Pierre de Tiferne, confesseur.
i Saint Théodore!, prêtre et martyr.
23. ! Saint Romain, archevêque de Rouen, confesseur.
' Saint Jean de Capistran, confesseur.
24. Saint Magloire, évêque régionnaire, abbé de Dol.
' Saint Chrysante et sainte Darie, martyrs.
2- | Saints Crcpin et Crépinien, martyrs.
' | Saint Front, premier évCque de Périgueux.
Saint Boni face lar, pape, confesseur.
2£ ) Saint Évariste, pape et martyr.
l Saints Lucien et Marcien, martyrs.
.. • Saint Frumence, évêque ri'Axum ou Auxuiue, apôtre da Vt-
L" \ thiopie.
28 j Saint Simon et saint Jude, apôtres.
* ( Saint Faron, évêque de Meaux.
?9. Saiut Narcisse, évêque de Jérusalem.
Saiut Marcel le Centurion et suint Cassien, martyrs.
30. ' Saint A stère, métropolitain tVAmasée, dans le Pont, et docteur.
' Le bienheureux Alphonse Rodrigucz, confesseur.
3i. Saint Quentin, martyr.
Mole rte novembre.
1". FÊTE DE TOUS LES SAINTS.
2. Commémoration de tous tes fidèles défunts.
. \ Saint Marcel, évêque de Paris.
! Saint Hubert, évêque de Maestrirhl et de Lie^'.
vm
CALENDRIER DBS FETOS.
4.
5.
6.
20
Saints Vital et Agricole, martyrs.
Saint Charles Borromée, cardinal et archevêque de Milans
confesseur.
Sainte Bertille, vierge et première abbesse de Chelles.
Saint Léonard ou Liénard, solitaire et confesseur.
m j Sainte Marie, esclave et martyre.
I Saint Willibrord, premier évéque d'Utrecht et confesseur.
Octave de la Toussaint et fête des saintes Reliques.
Les saints Quatre- Couronnés, frères, et martyrs.
Saint Clair, prêtre.
Dédicace de la basilique du Sauveur ( dite de Saint-Jean de
Latran. )
Saint Théodore, surnommé Tyron, martyr.
[ Saint Mathurin, prêtre et confesseur.
f Saints Tryphon, Respice et leurs comparons, martyrs.
I Saint André Avellino, confesseur.
j Saint Mennas, soldat, martyr.
I Saint Martin, évéque de Tours, confesseur.
| Saint Nil l'Ancien, solitaire et docteur.
) Saint Martin, pape et martyr.
/ Saint Brice, évéque de Tours, et confesseur.
| Saint Abbou, abbé de Flenry, et martyr.
(Saint Hommebon, confesseur.
Saint Didace ou Diego, confesseur.
Saint Stanislas Koslka, confesseur.
Le bienheureux Albert le Grand, archevêque de Ratisbonno,
et confesseur.
Saint Eugène, martyr.
Saint Léopold 111, marquis d'Autriche.
Sainte Gertrude d'Eisleben, vierge et abbesse.
| Saint Eucher, évéque de Lyon,
f La bienheureuse Lucie de Narni, vierge.
Saint Grégoire Thaumaturge, évéque de Néocésar ée et con-
fesseur.
Saint Agnan, évéque d'Orléans, confesseur.
Saint Malo ou Maclou, évéque d'Aleth en Bretagne.
Saint Grégoire, évéque de Tours, confesseur.
Dédicace des basiliques de Saint-Pierre et de Saint-Paul, à
Rome.
Saint Frigidian ou Frediano, évéque deLucques et confesseur.
Saint Pontien, pape et martyr.
Saint Odon, abbé de Cluny.
Saint Elisabeth de Hongrie, veuve.
Saint Barlaam, martyr.
Sainte Maxence, vierge et martyre.
Saint Edmond, roi d'Angleterre, et martyr.
Saint Félix de Valois, confesseur, instituteur (avec saint Jean
de Matlia ) de l'ordre de la Sainte-Trinité pour la rédemp-
tion des captifs.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
MOIS DE DECEMBRE. 4X
(Présentation de la sainte Vierge Marie.
Saint Gélase Ier, pape.
Saint Colomban, fondateur et abbé de Luxeuil.
22. Sainte Cécile, vierge et martyre.
23 f Saint Clément, pape et martyr,
f Saint Amphiloque, évoque d Icône.
I Saint Bénigne, évêque de Dijon, martyr.
Saint Chrysogoue, martyr.
Saint Séverin, solitaire.
Sainte Flore, vierge et martyre.
Saiut Jean de la Croix, confesseur.
25. Sainte Catherine d'Alexandrie, vierge et martyre.
26. Saint Pierre, patriarche d'Alexandrie, martyr.
27 | Saint Jacques J'Jntercis, martyr.
* i La bienheureuse Marguerite de Savoie, veuve.
28. Saint Etienne le Jeune, martyr.
29. Saint Saturnin, ou Sernin, évêque de Toulouse, martyr.
îO. Saint André, apôtre.
Mol» de décembre.
I" Saint Éloi , évêque de Noyon .
a. Sainte Bibiane, vierge et martyre.
q i Saint François Xavier, confesseur, apôtre des Inde* et du Ja-
J' I pon.
(Saint Clément d'Alexandrie, docteur.
Sainte Barbe, vierge et martyre.
„. . Saint Pierre Chrysologue , archevêque de Ravennc , contes-
| seur et docteur de I Église.
I Saint Réparât et ses compagnons , martyrs.
s Saint Sabas, abbé en Palestine.
6. Saint Nicolas, évêque de Myre , confesseur .
t Saint Ambroise , archevêque de Milan , confesseur et docteur
7. \ de l'Église. .
f Sainte Fare, vierge, et abbesse de Faremoutiers.
8. Conception de la sainte Vierce Marie.
(Sainte Léocadie , vierge et martyre.
Sainte Gorgouie, sœur de saint Grégoire de Nazianxe, vierge.
Le bienheureux Pierre Fourrier, confesseur.
I Sainte Eulalie de Mérida, vierge et martyre.
Saint Melchiade , pape.
Translation de la sainte Maison de Lorette.
H. Saint Dauiase, pape et confesseur.
|? j Saint Paul, premier évêque de Narbonne.
' Saint Valéry, abbé en Picardie.
j CALESDRIEU DES FÎTES.
13. Saiiiîe Lucie uu Luce, vierge et martyre.
J SainLSpiridion, évéque <lc Trimylh.iiile.
li. [saint Miciise, ci^ue Jetti'iiii», sainte Entropie , sa sœur,
' et leurs compilions mariyis.
15. Saint Maxtmtn ou Mm m in ,-iUI'éde Mict.
i Saint Enclin, l'iu^m? de Vcrceil et marier.
Saiol Ailon.jirclievoqued.s Vienne.
Sainte Ad.slaiJc, impératrice.
|7 | Sainte Olympiade veuve
' i Saiolc Beggue , veuve et afabesae.
,, i Saint Gatien, premier «veque de Xoura.
( Saint l'an I lu simple , aiuclmiele ( du 7 mars ).
Saint Némésion , martyr.
Saint Dominique de S; lus , conlesseur.
Saint Thomas , apôtre.
îî. 6a''!>t Isctiyrion, martyr.
| Les Dix martyrs de Crète.
!3. J Sainte Vie Lui™ . * ierge et martyre.
' Saint Serval ou Serval, mendiaot et paralytique.
24. Saintes Tlirasille «t Émilienne, vierges.
(NATIVITÉ DE HOTilE SlilCMX'h JESUS-CHRIST, >ul-
2i. 1 gaireniÉ-nl n|ipclist! Fête de NOËL.
I Saintu Ariâ [,i-ii- , veui-is luiuaine vt martyre.
:a. Saint Etienne diacre, Protomarlyr,
Saint Jean apd/rr et icangiliste.
( Les Saints Innocents.
I Saint Théodore , ablxi de TabeniM.
! Saint Trophime, é venue d'Arles.
Saint Ursîn, premier éi c que de Bourgs.
Saint Lviu.il, nh'M. il"Our-.l.f en IKnsmnis.
Saiut Thomas, archevêque de Canioiïn'ry, martyr.
Translation de l 'apôtre saint Jacques le Majeur.
16
MOIS M SEPTEMABE.
« j Saints Gorgonius et Dorothée et leurs compagnons, martyrs.
t Saint Orner, évéque de Téronanoe.
(Sainte Polchérie, impératrice, vierge.
Saint Patient, évéque de Lyon.
Saint Nicolas de ToJentino, confesseur.
. . < Saints Proie et Hyacinthe, martyrs.
( Saint Paphuuce, évoque dans la Thébaïde.
f 2. Saint Guy on Guidon, bedeau .
t «, » Saint Amat ou Amé, cvêque de Sion en Valais, et patron de
lô' ' Douai,
,4 ) Exaltation de la Sainte- Croix,
' Sainte Catherine de Gênes, veuve.
/ Saint Nicomède, prôlre et martyr.
. . I Saint Jean le Nain* anachorète de Scété.
° j ( Troteième dimanche de septembre. — Fêle des Sept-DoK-
• leurs de la bienheureuse Vierge Marie.)
Î' Saint Corneille, pape et martyr.
Saint Cyprien, évéque de Carihage, martyr.
Saintes Ëupbémie, vierge, Lucie, veuve, et saint Géminien,
martyrs.
Î Saint Lambert ou Landebert, évoque de MaestricUt et mar-
tyr, patron de Liège.
Sainte Hildegarde, vierge et abbesse.
Impression des Stigmates de saint François d'Assise.
,' Saint Méthode, évoque de Tyr, docteur et marty. .
18. ) .Saint Ferréol (Forget ou Fergeu), martyr.
' Le bienheureux Ponce de Laraze, pénitent.
/ Saint Janvier, évéque de Bénévent et ses compagnons, mar-
in ■ l>rs-
J' (Saint Seine, abbé.
1 Sainte Pompose, vierge et martyre.
20. Saint Eustache et ses compagnons, martyrs.
2l J Saint Matthieu, apôtre et évangéliste.
' ' Sainte Maure, vierge.
i Saint Maurice et ses compagnons, martyrs.
22. J Saint Thomas de Villeneuve, archevêque de Valence, et con-
' fesseur.
/ Saint Lin, pape et martyr.
23. * Sainte Thècle, vierge, et protomartyre des femmes.
( Saint Constance, sacristaiu.
9, i Saint Germer, premier abbé de Flay en Beauvoisis.
( Sot re- Dame de la Merci pour la Rédemption des captifs .
2>. Saint Firmin, premier évéque d'Amiens et martyr.
: Saint Cyprien, surnommé rê Magicien, et sainte Justine, mar-
26. • tyrs.
. Saint Nil le Jeune, abbé.
a.
ABRÉGÉ
DES
VIES DES SAINTS
ASTOiN NE* '•**-
i Saiiils Crtmeiil Dniiwu. frère», martyrs.
Suint Diéarde Sabran, coareatenr, «t Mb
femme, éj «use- vierge.
£ Saillie Ratiocine, fille deaalnte. PiuJa, fiatat,
ï8 I Saint Céraune ou Cflran, éf eque de Paris.
| Sainte l.ioba, «libense m Allemagne.
1 Samt Vfancesla*, due de Bobème, martyr.
~> I Dédicace de saint Michel, archange, et de tous la sainli
! Anges.
30 | Saint Grégoire l'Illumina leur, évéque et apOtre de l'Arménie.
i Saint Jérôme, prêtre, confesseur et docttur de l'Église.
Miila d'octobre.
I ( Premier dimanche d'ortohre, noire- Dame de la Victoire,
l fêle du saint Rosaire.)
„ j Saint Rémi, éveque de Reims, confesseur et apôtre de*
I Saint Alowin ou Bavon, anachorète et confesseur, patron de
\ Gand.
, ) f*' saints JMaj gardiens.
' (Saint Léger, év&iue d'Aulun et raartjr.
J. Saint (levant, alibu (te Brogne.
I Saint rélrotic. . . de Bolu[{iie.
Siiinli! Ami' ml Auree, vierge et abbesse de Sainl-Marlial,
dm» Paris,
s.'iinl !-Viiiii;i>ii d'AshUi!, confesseur, instiluleur de l'ordre dits
i Sainte Tli.ii'. (.(■niti'nLiv
Sainle lvl,n;ii', pfn Ici. ;.
Sainte lini'illc, veuve.
(Saint Denvs l'AréopaRile,
il'*tl s.idcl'aris, e
Saint IriTii'iis i]>' tliir^i.i. confesseur.
Saint Louis lli'rtraitd, confesseur
ILea mari v n d'Afrique.
Saint Wiilrid. ('.venue iï i otk. confesseur
Le lucnlieureux J.in|n>'-. Il lui. confesseur.
Saint Edouard le Confesseur, roi d'Angleterre.
17.
MOIS d'octobre. Vif
/ Saint Calixte ou Calliste, papa et martyr.
14. } Sainte Angadrème, Tierce, patronne de Beauvais.
( Saint Dominique PEncuirassé, solitaire.
là. Sainte Thérèse, vierge, fondatrice des Carmélites déchaussées.
16. Saint Gai, abbé en Suisse.
S Sainte Hedwidge ou A voie, dacbesse de Pologne, veuve.
i La vénérable marguerite-Marie Alaeoque9VHme. \ \&rC\l
1 8. Saint Luc, évangéUste.
! Saint Savinieu, premier évêque de Sens, saints Potentien,
Altin , et leurs compagnons, martyrs.
Saint Pierre d*Alcantara9 confesseur.
_ i Saint Sindulfe ou Sendou, prêtre et solitaire.
f Saint Jean de Kenty, confesseur.
/ Saint Hilarion, abbé.
J Saint Malc, moine captif, confesseur.
| Sainte Ursule et ses onze mille compagnes, vierges et mar-
' tyres.
22. Le bienheureux Pierre de Tlferne, confesseur.
i Saint Théodoret, prêtre et martyr.
23. ! Saint Romain, archevêque de Rouen, confesseur.
' Saint Jean de Capistran, confesseur.
I 24. Saint Magloire, évêque régionnaire, abbé de Dol.
21
23
' Saint Chrysante et sainte Darie, martyrs.
) Saints Crépi n et Crépinieii, martyrs.
j Saint Front, premier évoque de Périgueux.
Saint Boniface 1er, pape, confesseur.
2Ë ) Saint Évariste, pape et martyr.
( Saints Lucien et Marcien, martyrs.
., i Saint Frumence, évêque d'Axum ou Aux urne, apôtre du l'É-
2" \ thiopie.
•o j Saint Simon et saint Jude, apôtres.
' < Saint Faron, évêque de Meaux.
29. Saint Narcisse, évêque de Jérusalem.
; Saint Marcel le Centurion et saint Cassien, martyrs.
30. ' Saint Astère, métropolitain d'Amasée, dans le Pont, et docteur.
' Le bienheureux Alphouse Rodriguoz, confesseur.
3 1 . Saint Quentin, martyr.
Mois de novembre.
1er. FÊTE DE TOUS LES SAINTS.
2. Commémoration de tous les fidèles défunts,
\ Saint Marcel, évêque de Paris.
! Saint Hubert, évêque de Maestriehl et de Lit^e.
J.
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CALENDRIER DBS
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Saints Vital et Agricole, martyrs*
Saint Charles Borromée, cardinal et archevêque de Milan*
confesseur.
Sainte Bertille, vierge et première abbesse 4e Chelles.
Saint Léonard ou Liénard, solitaire et confesseur.
Sainte Marie, esclave et martyre.
Saint Willibrord, premier évoque d'Utrecht et confesseur.
Octave de la Toussaint et fête des saintes Reliques.
Les saints Quatre-Couronnés, frères, et martyrs.
Saint Clair, prêtre.
Dédicace de la basilique du Sauveur ( dite de Saint- Jean île
Latran. )
Saint Théodore, surnommé Tyron, martyr.
Saint Mathurin, prêtre et confesseur.
Saints Tryphon, Respice et leurs compaguons, martyrs.
Saint André Avellino, confesseur.
Saint Mennas, soldat, martyr.
Saint Martin, évéque de Tours, confesseur.
Saint Nil l'Ancien, solitaire et docteur.
Saint Martin, pape et martyr.
Saint Brice, évéque de Tours, et confesseur.
Saint Abbon, abbé de Flenry, et martyr.
Saint Hommebon, confesseur.
Saint Didace ou Diego, confesseur.
Saint Stanislas Koslka, confesseur.
Le bienheureux Albert le Grand, archevêque de Ratisbonne,
et confesseur.
Saint Eugène, martyr.
Saint Léopold 111, marquis d'Autriche.
Sainte Gertrude d'Eisleben, vierge et abbesse.
Saint Eiicher, évéque de Lyon.
La bienheureuse Lucie de Narni, vierge.
Saint Grégoire Thaumaturge, évéque de Néocésarée et con-
fesseur.
Saint Agnan, évéque d'Orléans, confesseur.
Saint Malo ou Macloti, évéque d'Alelh en Bretagne.
Saint Grégoire, évéque de Tours, confesseur.
Dédicace des basiliques de Saint-Pierre et de Saint-Paul, à
Rome.
Saint Frigidian ou Frediano, évéque de Lucques et confesseur.
Saint Pontien, pape et martyr.
Saint Odon, abbé de Cluny.
Saint Elisabeth de Hongrie, veuve.
Saint Barlaam, martyr.
Sainte Maxence, vierge et martyre.
Saint Edmond, roi d'Angleterre, et martyr.
Saint Félix de Valois, confesseur, instituteur (avec saint Jean
de Matha ) de l'ordre de la Sainte-Trinité pour la rédemp-
tion des captifs.
MOIS »B DECEMBRE.
I Présentation de la sainte Vierge Marie.
Saint Gelase 1", pape.
Saint Coloniban, fondateur et abbé de Lux eu il.
Sainte Cécile, vierge el martyre.
I Saint Jii riijne, évèque Je Dijon, nwlyr.
Saint dryiogoue, martyr.
Saint .SL'Vefin, solitaire.
Sainte Flore, vierge et martyre.
Saint Jean de la Croix, cofllesaenr.
>. Sainte Catherine d'Alexandrie, vierge et martyre.
;. Saint pierre, patriarc.be d'Alexandiie, martyr.
I Saint Jacques l'Jnlcrds. martyr.
La bienheureuse Marguerite dé Savoie, veuve.
Saint Etienne le Jeune, martyr.
Saint Saturnin, ou Sernin, évéque de Toulouse, martyr.
Saint André, apôtre.
Kola de décembre.
1 Saint ftloi , éveque de Noyoo .
Sainte Bibiane, vierge el martyre.
{ Sainl François Xavier, confesseur, apitre des Indes et du Ja-
( Saint Clament d'Alexandrie . docteur.
S.iinlt1 li.iiW, Tit'i-^eet marlyre.
, .Saint Pierre Ciirysoliigiie, arclieiê^ue de Ravenne, eonfes-
I Retire! docteur de l'Élise.
\ Sainl Kénarat et ses cumpagnons , martyrs.
Saint abbé en Palestine.
Saint Nicolas, éveqoe de Myre,confessei'r.
[Saint Ambroise, archevêque de Milan , coolesseur et docteur
. I de L'Église. .
I Sainte l'are , vierge , et abbesse de Faremoutiers.
Conception oe h sainte Vierge Marie.
(Sainte Léocadîe vierge et martyre.
Sainte Gorgonie, tueur de saint Grégaire de Naiianï.e , vierge.
Le bienheureux Pierre Fourrier, confesseur.
! Sainte Eulalie de Mérida, vierge et martyre.
Sainl Mekliiadu , pape.
Trantlation de la sainte Maison de Loretle.
Saint Damase, pape et confesseur,
j Sainl Paul, premier évêque de Karboniie.
' Saint Valéry, abbé en Picardie.
CALKBMIIft DM FITES.
Sainte Lotie nu l.oce, vierajiet martyr».
IS-iin; S|>ici.|iori, énV|Ui: île TrirnyUii.ule.
Mini Nicaîu , éifqji* de Rein.*, saillie taHropit , ta an
«I leur* coinpagmint, martyrs. -,
Stiut Y, /. ;ii!]i UQ •iL-i'iiin ni i. ■d> Mie».
i Saint Emilie, éïêqne de Vercril «t martyr.
Saint Adon, archevêque ■}<■ Vienne.
Saint* .\.].-luu..-. impératrice.
{Sainte olympiade veuve
! Sainte Beggue , veuve et abbeaee.
( Saint Gatitn , premier ovèque de Tour*.
' f Stiut l'a ni II- Simple, aincLureie (du ' mari).
Saint Kémèw» , martyr.
Saint Dnininiqne de S;lus , conletaeur.
Saint Thomas, apôtre.
Ban! Jwuyrion , martyr.
i Le* i >i ■■ martyrs de Crète.
Sainte VmU.iic, vierge et martyre.
' Salut Scrvul ou Serrât, mendiant et paralytique.
Saintes Thf mille et Êmilienn* vierge*.
I NATIVITÉ DE HOTfiK-SI'IG^K.UIt JÉSUS -CHRIST, -
I gairemeiit appelée fête de NOËL.
I Sainio Ana.lasie , veine romaine et martyre.
Saint Etienne diacre, Protomarti/T.
Saint Jean apàtre <i( ieangiliste,
i Lti Saints Innocents.
I Smiifiliéuiloïc, abbe deTabenne.
! Saint Tropliime, évêqiied'Arlr*.
Sailli Uriîn, premier éi Cque de BouWS.
Saint twi.il, a lit»; .l 'Om .lit eu HvsnMllS.
Saiut Tliowa*. ardieiÉque de Caiilarliéry, roarljr.
Translation de l'apotre saint Jacquet le Majeur.
VIES
DES SAINTS
POUR TOUS LES JOURS DE L'ANNÉE.
1er juillet. — S. CALAIS, abbé.— 6e siècle.
Saint Calais, né en Auvergne, était d'une famille où la vertu se
trouvait jointe à la noblesse. Ses parents le mirent, dès son enfance,
dans le monastère de Menât, au diocèse de Clermont, pour qu'il y
fût élevé dans la science et dans la religion. Plus tard il y fit pro-
fession, et y pratiqua tout ce que prescrivait la règle avec une •
grande ferveur. Quelque temps après, ayant quitté le monastère
avec saint Avi, ils se retirèrent l'un et l'autre dans l'abbaye de
Micy, près d'Orléans. L'évêque de cette ville les éleva tous deux
au sacerdoce. Les deux fervents religieux, qui voulaient mener la
vie érémitique, sortirent encore du monastère de Micy ; arrivés
dans le Perche, ils se séparèrent l'un de l'autre.
Saint Calais, suivi de deux compagnons déterminés à ne le point
abandonner, s'en alla dans le Maine, où il retraça la vie des anciens
anachorètes de l'Orient; mais comme il lui venait tous les jours un
grand nombre de disciples, il fut à la fin obligé de les recevoir.
Le roi Childebert lui ayant donné un emplacement, il fit bâtir
un monastère qui s'appela Anisole ou Anille, de la rivière sur la-
quelle il était situé, et qui pendant longtemps porta le nom de
Saint-Calais, ainsi que la petite ville qui s'est formée autour.
La vie du saint fondateur fut un parfait modèle de pénitence et
de prière. 11 montrait une grande exactitude à observer les pra-
tiques qu'il prescrivait aux autres. Il refusa de voir Ultrogothe,
femme de Childebert, parce qu'un des statuts de la règle inter-
disait aux femmes l'entrée du monastère. Il mourut en l'an 542.
VIES DES SAINTS. — T. 11. 1
2 \tr juillet — S. GAL, ÉV. DE CLEBlfONT.
1er juillet. — SAINT GAI., pbemieb évéque db Clbrmont,
Bif Auvergne. — 6' siècle.
Saint Gai, né vers Tan 489, eut pour patrie la ville d'Auver-
gne, connue depuis sous le nom de Clermont. George, son père,
sortait d'une des meilleures maisons de la province. Léocadie, sa
mère, descendait de la famille de Vettius Epagatus, célèbre Ro-
main, qui versa son sang à Lyon pour la gloire de Jésus-Christ.
Ils prirent l'un et l'autre beaucoup de soin de l'éducation de leur
fils, et lorsqu'il fut en âge d'être marié, ils pensèrent à lui faire
épouser la G lie d'un sénateur, qui était un parti fort honorable.
Mais le saint ne se prêta point à leurs arrangements ; animé du
désir ardent de ne vivre que pour Dieu, dans la retraite, il s'en-
fuit secrètement de la maison paternelle. Il pria l'abbé du mo-
nastère de Tournon de le recevoir parmi ses religieux ; ce qui
lui fut accordé, lorsqu'il eut obtenu le consentement de son
père. Il vit arriver avec joie le jour où il renonça à toutes les
vanités mondaines pour embrasser la pauvreté monastique.
On le remarqua bientôt, entre tous les autres, à son zèle pour
la mortification et à sa ferveur dans tous les exercices de la
communauté. Sa piété et la douceur de sa voix dans le chant des
psaumes charmaient tous ceux qui le voyaient et l'entendaient
au chœur. Saint Quintien, évéque d'Auvergne, voulut se l'atta-
cher, et l'ordonna diacre.
Quelque temps après Thierri, roi d'Austrasie, obligea Quintien
à le lui céder. Il le fit venir à sa cour, et l'y retint jusqu'à Tau
527. Le saint évéque d'Auvergne étant mort cette année, le peu-
ple demanda au roi saint Gai pour pasteur, et il eut enfin la sa-
tisfaction de l'obtenir. L'humilité, la douceur, la charité et le sèle
du nouvel évéque brillèrent du plus vif éclat.
On admirait surtout sa patience à supporter les injures. Un homme
brutal lui ayant déchargé un coup sur la tête, il n'en témoigna
pas la moindre émotion ; il souffrit en silence l'affront qu'on lui
faisait, et il désarma par sa douceur celui qui l'avait insulté. Évode,
qui de sénateur était devenu prêtre, s'oublia un jour au point de
lui parler de la manière la plus indigne : le saint se leva tranquil-
lement sans lui rien répondre; il traita son ennemi avec bonté, et
s'en alla visiter les églises de la ville. Ëvode fut si touché d'une
telle conduite, qull se jeta aux pieds du saint au milieu de la me,
1er juillet. — S. RUMOLD. 3
et lui demanda pardon. Depuis ce temps-là, ils vécurent toujours
l'un et l'autre dans une parfaite intelligence.
Saint Gai fut favorisé du don des miracles. Il arrêta, par ses
prières, les flammes d'un incendie qui naturellement devait réduire
toute la ville en cendres. Une autre fois il délivra, par le même
moyen, son troupeau d'une maladie épidémique qui causait de
grands ravages dans les provinces voisines. 11 mourut vers l'an
553, plein de bonnes œuvres et de mérites. On honore à Clermont,
le 1er de novembre, un autre saint Gai appelé le second, et qui fut
fait évéque de cette ville en 650.
1er juillet — SAINT RUMOLD, évéque, martyr, et
PATRON DE MALINES. —8e siècle.
Rumold, appelé vulgairement Rombaut, né en Irlande , aban-
donna sa patrie, dans le dessein de visiter les tombeaux des Apô-
tres, et de vénérer, aux lieux où ils existent, les monuments sacrés
de notre religion. Dans la route, il ne laissa jamais échapper l'oc-
casion de prêcher la parole de Dieu, et quelquefois même il ob-
tint du ciel la grâce de faire des miracles pour la conversion des
infidèles. Pendant son séjour à Rome, il allait prier sans cesse aux
tombeaux des Apôtres et des martyrs. Averti par une révélation di-
vine de se rendre dans la Gaule, il obtint la permission du souverain-
pontife, et vint à Malines. 11 fut reçu dans cette ville avec toutes
sortes d'égards par le comte Adon, à l'épouse duquel il prédit bien-
tôt après une heureuse fécondité, et dont il baptisa lui-même le fils
qu'il appela Libert. Dans la suite cet enfant s'étant noyé, Rumold
le rappela à la vie. Lorsque les Slaves et les Danois dévastèrent
T Allemagne, depuis la mer jusqu'à Cologne, Libert s'enfuit dans
le comté d'Hasbain, afin de se dérober au péril ; mais il fut tué
devant l'autel même de saint Trond. Quant à Rumold, il im-
planta la foi catholique à Malines et dans les environs avec un tel
zèle et un tel succès, qu'il est regardé à bon droit comme l'apôtre
de ces contrées. 11 s'associa aux travaux apostoliques de saint
Willibrord, et fut sacré évéque régionnaire sans avoir de siège fixe.
Souvent il interrompait les fonctions extérieures du ministère
pour aller se recueillir dans la solitude. Tandis qu'il s'appliquait à
propager la vraie religion dans une partie de la Gaule Relgique, il
fut attaqué par deux assassins, à l'un desquels il reprochait un
4 2 juillet. — VISITATION DE LA. SAINTE VIEBGE.
adultère. Ayant reçu à la tête une blessure considérable, il ter-
mina sa vie par le martyre en Tan 775. Les meurtriers, pour ca-
cher leur crime, jetèrent le corps dans l'eau , mais réotet d'an*
lumière miraculeuse Payant manifesté au comte Adon , celui-ci
le fit retirer des flots et enterrer dans l'église de Saint-Étienne ,
d'où il fut transporté à l'église de Malines, qui est aujourd'hui
l'église métropolitaine.
2 juillet. — LA VISITATION DE LA SAINTE VIERGE.
I. L'ange Gabriel, envoyé du ciel à Marie pour lui annoncer
qu'elle allait devenir la mère du Fils de Dieu sans cesser d'être
vierge, lui montra que rien n'est impossible au Tout-Puissant, en
lui apprenant qu'il avait donné un fils à sa cousine Elisabeth,
femme du prêtre Zacharie, qui était non-seulement stérile, mais
encore fort avancée en âge, et qui était déjà dans le sixième mois
de sa grossesse. Marie, pleine de grâce et animée de l'esprit de
Jésus-Christ qu'elle portait déjà dans son sein, partit en mémo
temps et se hâta de traverser une grande partie de la Judée, et
d'aller à la ville d'Ilébron, dans la tribu de Juda, pour voir elle-
même cette merveille de Dieu, pour s'en réjouir avec Elisabeth
%et pour lui rendre en cette occasion les assistances dont elle pou-
vait avoir besoin. On ne doit pas craindre de quitter la retraite et
de rompre le silence, quand on suit les mouvements de la charité,
qui est la première marque d'une véritable dévotion.
II. Marie, étant entrée dans la maison de Zacharie, salua Elisa-
beth, qui n'eut pas plutôt entendu sa voix, qu'elle sentit sou en-
fant remuer dans ses entrailles ; et elle-même fut aussitôt remplie
du Saint-Esprit ; puis elle dit à Marie : Vous êtes bénie entre les
femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. Et cToù me vient
ce bonheur que la mère de mon Seigneur me rende visite? Car,
dés le moment que votre voix m'a frappé l'oreille , lorsque
vous m'avez saluée, mon enfant a tressailli de joie dans mes
entrailles. Vous êtes heureuse d'avoir cru, parce que ce qui
vous a été dit de la part du Seigneur s'accomplira. Marie, pour
lui répondre et pour célébrer les grandeurs de Dieu, prononça
l'excellent cantique qu'on a d'elle dans l'Evangile, et qu'on doit
regarder comme le triomphe de l'humilité sur l'orgueil du siècle.
III. Marie et Elisabeth, dit saint Augustin, prophétisent toutes
2 juillet. — ss. processe et martinien. 5
deux par l'Esprit-Saint, dont elles étaient remplies ; et, par le
mérite des enfants qu'elles portaient dans leur sein ; Elisabeth con-
nut le mystère de l'Incarnation, que la modestie de la sainte
Vierge lui cachait dans le commencement : elle apprit par une
inspiration soudaine ce que signifiait ce tressaillement extraordi-
naire qu'elle avait senti dans ses entrailles. Le Sauveur du monde
lui fit connaître dès lors le ministère auquel était appelé l'enfant
qu'elle portait dans son sein. S'estimant heureuse de recevoir chez
elle la mère de son Seigneur, elle publia le bonheur de cette sainte
Mère, dont elle rapporta la cause à sa foi. La sainte Vierge passa
trois mois chez elle, et retourna à Nazareth»
IV. On doit regarder la conduite de la sainte Vierge, dans ce
mystère, comme un modèle parfait de la conduite des chrétiens
dans les visites qu'Os se rendent. C'est une action des plus ordi-
naires, et qui peut être la source de beaucoup de biens ou de
beaucoup de maux selon la manière dont on la fait. Marie ne
quitte sa cellule que pour aller se réjouir avec sa cousine de la
grâce qu'elle a reçue de Dieu, et pour lui communiquer la grâce
qu'elle a reçue elle-même. Marie porte Jésus-Christ avec elle, et
le communique à toute la famille qu'elle visite : dans nos visites,
nous devons porter la bonne odeur de Jésus-Christ, et le faire
glorifier de tout le monde par la sainteté de notre conduite. Ma-
rie et Elisabeth ne s'entretinrent que de la grandeur de Dieu et
de leur propre bassesse : malheur à nous, si nos conversations,
au lieu d'être édifiantes et de porter les autres à la piété, servent
au contraire à leur inspirer l'esprit du siècle et ses maximes em-
poisonnées ! Enfin , Marie s'en retourne après qu'elle s'est ac-
quittée chez Elisabeth de ce que Dieu demandait d'elle : nous
devons aussi rentrer dans notre retraite, lorsque nous avons fait
ce que la charité exige de nous.
2 juillet. — SS. PROCESSE ET MARTINIEN, martyrs.
— 1er siècle.
Au temps où saint Pierre et saint Paul étaient enfermés dans
la prison Mamertine, sur le mont Tarpéien, deux de leurs gardes
qui s'appelaient Processe et Martinien, ébranlés en même temps
lue quarante autres personnes par la prédication et les miracles
tes Apôtres, se convertirent à la foi de Jésus-Christ. Comme une
1.
2
6 ZjUWet. — LE B. LANFRANC, ARCH. DE CAÏÏT.
source avait jailli tout à coup d'une roche de la prison, c'est avec
cette eau qu'ils forent baptisés, et ils permirent alors aux Apôtres
de s'en aller, s'ils le voulaient. Mais Paulin, préfet des soldais,
ayant eu connaissance de ce fait, s'efforça d'abord de faire revenir
Processe et Martinien sur la détermination qu'ils avaient prise*
Gomme il y perdait son temps et faisait de vains efforts, il or-
donna de leur frapper le visage et de leur briser les dents à coups
de pierre. On les traîna ensuite devant une statue de Jupiter;
mais parce qu'ils refusèrent avec la même constance d'adorer les
idoles, il donna l'ordre de les torturer sur le chevalet, en leur ap-
pliquant sur le corps des lames chauffées à blanc, et de les ac-
cabler de coups de bâton. Au milieu de ces tourments, on ne les
entendait proférer que ces mots : Que le nom du Seigneur soit
béni! On les jeta de nouveau en prison et peu de temps après ils
eurent la tête tranchée hors de Rome, sur la voie Aurélia. Une
femme, nommée Lucine, donna la sépulture à leurs corps dans
son héritage, le 2 juillet ; mais depuis, transportés à Rome, on les
plaça dans la basilique du prince des Apôtres.
3 juillet.— LE BIENHEUREUX LANFRANC, archevêque
de Cantorbéry. — 11e siècle.
Lanfranc naquit, à Pavie, d'une famille de sénateurs : son père
était au nombre des conservateurs des lois de la ville. Lanfranc
le perdit en bas âge ; et, comme il devait lui succéder dans sa di-
gnité, il quitta Pavie pour aller faire ses études au dehors. Après
y avoir donné beaucoup de temps, il revint parfaitement instruit
des lettres humaines, mais très-ignorant dans la science du salut,
semblable à la plupart de ceux qui se livrent à l'étude des sciences
profanes. L'envie qu'il avait de s'avancer dans le monde avait
occupé tout son esprit, et il n'avait pas fait réflexion que l'unique
étude importante pour un chrétien est celle de la religion.
Lanfranc, estimé dans sa patrie pour son esprit et ses autres
qualités extérieures, ne vit point avec indifférence la considération
qu'on lui accordait, et ne cherchait même qu'à l'augmenter. Plein
du désir d'étendre sa réputation, il quitta son pays, passa les
Alpes, vint en France du temps du roi Henri 1er et de Guillaume,
duc de Normandie, suivi de plusieurs écoliers <jéjà très-instruits.
Allant à Rouen, et passant sur la fin du jour dans une forêt, il
$ juillet. — LE B. LANFJEUNC, ÀHCH. DE CANT. 7
rencontra des voleurs qui le dépouillèrent, lui lièrent les mains
derrière le dos, lui couvrirent les yeux, et le laissèrent en cet
état, loin du grand chemin, dans les broussailles épaisses. En cette
extrémité, ne sachant que devenir, il plaignait son infortune.
Quand la nuit fut venue, il voulut chanter les louanges de Dieu ;
mais, ne l'ayant point appris, il ne put se donner cette conso-
lation. Honteux et confus de cette ignorance, il dit avec amer-
tume : Seigneur, j'ai tant employé de temps à l'étude, j'ai usé mon
corps et mon esprit, et je ne sais pas encore comment je dois
vous prier. Délivrez-moi du péril où je suis, et avec votre grâce
je réglerai ma vie de telle sorte que je pourrai vous servir. Au
point du jour, des voyageurs qui passaient le délièrent et le re-
mirent dans le chemin. 11 les pria de lui enseigner le plus pauvre
monastère qui fût dans le pays. Ils lui répondirent qu'ils n'en con-
naissaient point de plus pauvre que celui qu'un homme de Dieu
bâtissait près de là ; et, lui en ayant montré le chemin, ils se
retirèrent. C'était l'abbaye du Bec, commencée sept ans aupara-
vant par le vénérable Hellouin.
Quand Lanfranc y arriva, il trouva ce bon abbé occupé à bâtir
un four de ses propres mains. Lui ayant appris ce qui l'amenait,
l'abbé dit à un de ses moines de donner à Lanfranc le livre de la
règle. Lanfranc le lut tout entier, et dit à Hellouin qu'il espérait
qu'avec le secours de Dieu il observerait tout ce qu'elle contenait.
L'abbé, croyant apercevoir des marques d'une vocation certaine,
le reçut au nombre de ses religieux. Lanfranc passa trois ans dans
une entière solitude, s'instruisant des devoirs de la vie du cloître.
Il parlait à peu de personnes, et était peu connu même dans le
monastère. On ne le voyait qu'aux emplois dont on le chargeait,
et à l'église; et on l'y voyait toujours modeste, recueilli, édifiant
tout le monde par sa piété.
Guillaume duc de Normandie, étant devenu roi d'Angleterre,
voulut faire monter Lanfranc'sur le siège de Cantorbéry ; mais,
comme il avait déjà refusé l'archevêché de Rouen, il fit assembler
un concile de la province de Normandie, dont la résolution fut
que Lanfranc accepterait la dignité que le roi d'Angleterre lui
proposait. Ce saint religieux en fut fort affligé. Il n'y eut point de
raison qu'il n'employât pour se dispenser de se charger du joug
qu'on voulait lui imposer ; mais on ne l'écouta point; le roi avait
si bien gagné tous ses amis, que chacun lui conseilla de consentir
a son élection. Ce fut en lui faisant pratiquer toutes les vertus épis-
S 4 JuiUet. — 8. SIS0BS OU SISOT.
copaies que Dieu acheva de le sanctifier. Il mourut le JS oui et
Faut 1089 de Jésus-Christ
4 ./KiJfef. — S. SISOÈS OU S1SOY, solitaire. — 4e siècle.
Saint Sisoy ou Sisoès fut un des plus grands modèles de la vie
solitaire après saint Antoine. Ayant été touché de Dieu dès sa jeu-
nesse, il quitta tout pour suivre Jésus-Christ, pauvre et humilié.
Il se retira d'abord dans le désert de Scété avec saint Macaire. Un
jour qu'il allait scier les blés avec lui, il fut témoin d'un miracle
de ce saint, qui fit parler inVmort pour savoir où il avait mis un
dépôt.
Trouvant le désert de Scété trop fréquenté, et peu favorable à
son amour pour le silence et la retraite, il alla s'établir au mont
Saint- Antoine, à une journée de la mer Rouge. 11 y arriva peu de
temps après la mort du patriarche des solitaires, c'est-à-dire en Tan
de Jésus-Christ 356, et il y trouva la mémoire de ses instructions
et de ses exemples si récente, qu'il se considéra comme l'un de
ses disciples, et ne pensa qu'à marcher sur ses traces.
Sisoy ne mangeait que de deux jours l'un. Ordinairement même
il ne mangeait pas de pain, à moins que la condescendance pour
les autres ne l'y engageât. 11 avait pour maxime qu'un solitaire ne
doit point choisir le genre de travail qui lui plaît le plus. Très-
souvent il s'occupait à faire des paniers.
Un séculier vint un jour avec son fils encore enfant pour rece-
voir sa bénédiction. L'enfant étant mort en chemin, le père, sans
se troubler, le prit entre ses bras. Dès qu'il fut dans la cellule du
saint vieillard, il se jeta à terre avec son fils, pour lui demander le
secours de ses prières. 11 sortit ensuite, et laissa son fils aux pieds
île Sisoy, qui, ne sachant pas qu'il fût mort, lui dit : Levez-vous,
mon fils, suivez votre père. En même temps l'enfant se leva et alla
trouver son père. Celui-ci, vivement touché de cette merveille,
revint à la cellule de Sisoy, et lui dit tout simplement que sa joie
était égale à l'affliction qu'il avait ressentie en perdant son fils. Le
solitaire, qui craignait extrêmement de perdre l'humilité, fit dire
à cet homme, par son disciple, qu'il se gardât bien de parler avant
sa mort de ce qui venait de se passer. t
Comme le mont Saint- Antoine était exposé aux courses des Sar-
rasins, ils pillèrent un jour le peu que possédaient Sisoy et son
disciple ; ils emportèrent même leurs habits. Ils se trouvèrent
^ 4 juillet. — SAINTE BERTHE. 9
'< ainsi réduits l'un et l'autre à aller chacun de leur côté chercher
dans le désert de quoi se nourrir, et à manger des choses dont à
pane des bêtes eussent voulu. Ce fut après cet accident qu'un
frère vint faire cette question à Sisoy : Si des voleurs viennent à
moi pour m'attaquer, et que je me trouve le plus fort, me con-
seillez-vous de les tuer? — Gardez- vous-en bien, lui dit-il, car
vous seriez homicide. Abandonnez tout à la providence de Dieu :
si vous êtes maltraité, reconnaissez que c'est une pénitence de vos
péchés; si, au contraire, il ne vous arrive rien de fâcheux, re-
merciez-en la bonté du Tout-Puissant,
Étant devenu fort vieux, Abraham son disciple lui dit un jour :
Allons-nous-en, mon père, auprès de quelque lieu habité, où vous
puissiez plus aisément trouver ce qui est nécessaire à votre âge. —
Allons où vous voudrez, répondit Sisoy, pourvu qu'on n'y trouve
point de femme. — Et où n'y en a-t-il point, repartit Abraham, si
ce n'est dans le désert ? — Menez-moi donc dans le désert, dit
Sisoy. II paraît cependant qu'il fut obligé de céder aux besoins de
son corps. Il vint à Clysma, ville d'Egypte, sur le bord de la mer
Rouge, où il mourut l'an de Jésus-Christ 420.
4 juillet. — SA1JSTE BERTHE, veuve et abbesse. —
8e siècle.
Sainte Berthe était fille du comte Rigobert et d'Ursane, pa-
rente d'un roi de Kent en Angleterre. A l'âge de vingt ans, elle fut
mariée à Sigefroi, dont elle eut cinq filles, entre autres sainte Ger-
trude et sainte Déotile. Après la mort de son mari, elle prit le voile
dans le monastère qu'elle avait fait bâtir à Blangy, en Artois, à
peu de distance d'Hesdin. Ses filles Gertrude et Déotile imitèrent
son exemple. Elle fut persécutée par le comte Roger, ou Rotgar,
qui tâcha de la noircir auprès du roi Thierry III. La haine que
lui portait ce seigneur venait de ce qu'il n'avait pu parvenir à
épouser Gertrude ; mais le prince, ayant connu l'innocence de
Berthe, qui gouvernait son monastère en qualité d'abbesse, la
reçut favorablement et la mit sous sa protection.
De retour à Blangy, Berthe acheva son monastère, et fit cons-
truire trois églises, l'une en l'honneur de saint Omer, l'autre sous
le nom de saint Vaast, et la troisième sous l'invocation de saint
Martin de Tours. Ayant ensuite mis un bon ordre dans sa coin-
JO 5 juillet. — SAINT PIERRE DE LUXEMBOURG.
munauté, elle établit abbesse sainte Déotile, et se re&ienna 4an$
une cdïule pour ne plus s'occuper que de la prière. Stiateltarfbt
mourut vers l'an 725. Le monastère de Blangy, qu'elle avait fofiriç
Vers Tan 682, fut détruit et brûlé par les Normands, ad imh
vième siècle. Hersende, qui en était alors abbesse, se retira avec
ses religieuses en Alsace, et elles y furent reçues, en 895, «fanç
l'abbaye des chanoinesses d'Erstein ; on y porta aussi les reliques
de sainte Berthe et de ses deux filles, et cette translation fut si-
gnalée par plusieurs miracles. Les reliques de sainte Berthe furent
rapportées à Blangy, dans le onzième siècle. Ce dernier monas-
tère fut alors rebâti, et donné à des religieux de Tordre de Saint-
Benoit.
5 juillet. — SAINT PIERRE DE LUXEMBOURG ,
CARDINAL, ÉVÊQUE DE METZ. — 14e siècle.
Pierre, fils de Gui de Luxembourg, comte de Ligny, et de
Mathilde, comtesse de Saint-Pol , naquit en 1369, à Ligny , petite
ville de Lorraine, au diocèse de Toul. 11 perdit son père et sa mère
dans son enfance. La comtesse dOrgières , sa tante , se chargea
du soin de son éducation. 11 seconda parfaitement ses vues et celles
de ses maîtres; les exemples qu'il avait sans cesse sous les yeux,
et les instructions qu'il recevait tous les jours, firent sur lui de
vives impressions et fortifièrent le goût naturel qu'il avait pour la
vertu. On regardait comme un miracle de la grâce sa ferveur et
son assiduité à la prière , son zèle pour la mortification et surtout
son amour pour l'humilité et pour les pauvres.
A Tâge de dix ans , on l'envoya à Paris pour y achever se&
études. Le comte de Saint-Pol, son frère aîné, ayant été fait
prisonnier par les Anglais , il interrompit le cours de ses études
et se rendit à Londres , où il resta en otage jusqu'à ce que son
frère eût payé sa rançon. Sa vertu lui gagna l'estime et l'affec-
tion des Anglais ; ils lui accordèrent la liberté au bout d'un an,
en lui disant que sa parole leur suffisait pour le payement de la
somme stipulée. De retour à Paris, il reprit ses études.
11 ne visitait que les personnes pieuses. 11 voyait souvent Phi-
lippe de Maizières , qui possédait dans un haut degré l'esprit de
prière et de pénitence. Philippe avait été chancelier des royaumes
de Jérusalem et de Chypre. 11 menait depuis vingt-cinq ans une
vie retirée chez les Célestins de Paris , sans avoir embrassé ce-
»
5 juillet. — S. PIEBBK DE LUXEMBOURG. il
pendant l'institut de ces religieux. Les avis que Pierre reçut de ce
grand* serviteur de Dieu devinrent pour lui une source de nou-
velles lumières , et le firent merveilleusement avancer dans les
voies intérieures de la perfection.
En 1383 , il fut nommé à un canonicat de la cathédrale de
Pari s. Toute la ville rot singulièrement édifiée de son assiduité
au choeur, de sa charité pour tous les hommes , de l'innocence
de sa vie , de sa douceur et de son amour pour les mortifications
de la pénitence. Il avait une haute idée des moindres fonctions
cléricales , et il saisissait avec empressement l'occasion, de les
exercer dans l'église.
Clément VII , qui résidait à Avignon , et que la France recon-
naissait pour pape légitime durant le grand schisme, nomma Pierre
de Luxembourg archidiacre de Dreux, au diocèse de Chartres.
11 le nomma ensuite à Févéché de Metz. Il crut que sa prudence
et sa sainteté étaient une raisonsuffisante pour le dispenser du défaut
d'âge. Il n'acquiesça à son élection que par la crainte d'offenser
Dieu , s'il persistait avec opiniâtreté dans son rems. Il fit son en-
trée à Metz , nu-pieds et monté sur un âne , imitant en ceTa l'hu-
milité de Jésus-Christ. Toute sa suite ne respirait que la modestie
et la piété. Quand il eut pris possession de son église , il entre-
prit la visite de son diocèse , accompagné d'un religieux domini-
cain, qui avait été sacré évêque pour être son suffragant. Partout
il réforma les abus et donna des preuves étonnantes de zèle et de
prudence. B divisa son revenu en trois parts : l'une pour l'église ,
l'autre pour les pauvres , et la troisième pour l'entretien de sa
maison. 11 ménageait encore sur cette troisième part, pour
grossir celle des pauvres. Les jours déjeune, il ne vivait que de
pain et d'eau. Il faisait la même chose en Avent , ainsi que les
mercredis, les vendredis et les samedis de toute l'année.
Clément VII, l'ayant créé cardinal, le fit venir à Avignon et
l'obligea de rester auprès de sa personne. Pierre ne diminua rien
de ses austérités. Ce pape lui ordonna de ménager davantage sa
santé et de retrancher une partie de ses pratiques de pénitence.
Il obéit ; mais il redoubla ses aumônes , pour lui tenir lieu de
compensation de ce qui lui avait été retranché de ses mortifi-
cations ordinaires.
Peu de temps après sa promotion au cardinalat , il fut attaqué
d'une fièvre violente qui altéra tout à fait son tempérament. Sa
santé parut d'abord vouloir se rétablir ; mais ce n'était qu'une
12 & juillet. -— S. PALLADE.
guérison imparfaite qui fut suivie dune langueur dont on cra^gaJ
bientôt les suites. On lui conseilla de se retirer à Villeneuve?
petite ville fort agréable, située de l'autre côté du Rhône* TO-à-
vis d'Avignon. André , son frère , étant venu le voir , fl lui parla
avec tant de force des vanités du monde , qu'il se donna tout en-
tier au service de Dieu. André reçut les ordres sacrés, devint évé-
que de Cambray, et fut un des plus saints prélats de son temps.
Pierre, sentant que ses forces l'abandonnaient, demanda les
derniers sacrements. Il Gt venir ses domestiques , auxquels il de-
manda pardon du scandale qu'il leur avait donné , en ne les édi-
fiant pas par ses exemples, comme il aurait dû. Il mourut le 2 juillet
1387 , n'ayant point encore soixante-dix-huit ans accomplis. D'a-
près l'examen juridique des miracles opérés par son intercession,
il fut mis au nombre des saints en 1527.
6 juillet. — S. PALLADE, apôtre des Scots. — 5e siècle.
Ce saint, dont le nom montre qu'il était Romain , est vraisem-
blablement le même Pallade que le pape saint Célestin envoya de
Rome dans les îles Britanniques en 431, et qui fut établi premier
évêque des Scots, lesquels croyaient en J. C. C'étaient ceux éta-
blis en Irlande, mais où le nombre des fidèles était encore fort res-
treint. Pallade, selon la chronique de saint Prosper, arriva en Ir-
lande sous le consulat de Bassus et d'Antiochus , Fan 431 de l'ère
chrétienne; mais en ayant été chassé par le roi de Leinster, il re-
tourna dans le nord de la Grande-Bretagne , où il avait d'abord
commencé sa mission. Les Scots, à cette époque, peuple grossier
et barbare, ayant été s'établir dans le nord de la Bretagne vers le
temps où les Romains commencèrent à abandonner le pays, le
saint les y suivit. 11 prêcha parmi eux, et forma une église fort nom-
breuse. Les historiens d'Ecosse disent que la foi fut implantée
dans le nord de la Grande-Bretagne vers Tan 200 de J. C, sous le
règne de Donald , et sous le pontificat de Victor ; mais ils con-
viennent unanimement que saint Pallade, qu'ils appellent saint Pa-
dic, fut le premier évêque du pays ; ils lui donnent même le titre
de premier apôtre d'Ecosse; peut-être fut-il le premier qui prêcha
la foi à la nation particulière des Scots. Il mourut vers l'an 450 ,
à Fordun , capitale du petit territoire de Mernis , située au midi
et à quinze milles d'Aberdecn. Ses reliques se gardaient autrefois
dans le monastère de Fordun.
7 juillet. — S. PANTÈNE. 13
6 juillet. — S. GOAR, prêtre et solitaire. — 6e siècle.
Saint Goar, appelé depuis en Allemagne saint Gowers et Gewers,
sortait d'une famille illustre de F Aquitaine. Une extrême fidélité
à tous les devoirs de la religion le fit parvenir de bonne heure à
une haute perfection. Ayant été ordonné prêtre, il travailla effi-
cacement au salut des âmes. 11 quitta depuis sa patrie, et passa en
Allemagne dans Tannée 519. Il s'établit dans le territoire de
Trêves , et s'y renferma dans une cellule. 11 y vécut plusieurs an-
nées dans l'exercice de la prière , et dans la pratique de toutes
les mortifications de la pénitence. Par une suite de son amour
pour J. C, il annonça la foi aux idolâtres qui habitaient le long
du Rhin , et en convertit un grand nombre. Quelques personnes,
ennemies de tout bien , lui suscitèrent une persécution ; mais
son innocence fut reconnue , et sa vertu n'on brilla qu'avec plus
d'éclat. Dieu rendit lui-même témoignage à la sainteté de son ser-
viteur , en l'honorant du don des miracles. On lui offrit l'éveVhé
de Trêves , mais il fut impossible de le déterminer à l'accepter.
Il mourut en 575. 11 s'est formé une ville portant son nom
{ Saint -Guuer ou Goar) , autour du lieu où était sa cellule. Elle
est située sur la rive gauche du Rhin , entre Wesel et Boppard.
7 juillet. —S. PANTÈNE, père de l'Église — 3e siècle.
Pantène, digne des temps apostoliques, florissait dans le second
siècle de l'Église. 11 était Sicilien de naissance et faisait profession
de la philosophie stoïcienne. Son éloquence l'a fait appeler, par
Qément d'Alexandrie, V Abeille de Sicile. L'amour qu'il avait
pour la vertu lui inspira de l'estime pour les chrétiens, et il
se lia étroitement avec quelques-uns d'entre eux. Frappé de l'in-
nocence et de la sainteté de leur vie, il se désabusa des su-
perstitions du paganisme et ouvrit les yeux à la lumière de
1 Evangile.
Après sa conversion, il étudia les livres saints, sous les disciples
des Apôtres. Pour en acquérir une plus parfaite intelligence , il
alla fixer sa demeure à Alexandrie, en Egypte. 11 y avait dans cette
ville une célèbre école où l'on enseignait la doctrine chrétienne ,
et qui devait son établissement aux disciples de saint Marc.
2
14 7 juillet — LE B. BEPfOIt XI, PAPE.
Pantène fit de rapides progrès dans la science des saintes let-
tres; mais il cachait par humilité ses rares talents. On les décou-
vrit bientôt malgré lui , et on le tira de l'obscurité dans laquelle
il avait cherché à vivre inconnu. Il fut mis à la tête de l'école des
chrétiens, quelque temps avant Tan 1 79 de Jésus-Christ, qui était la
première du règne de l'empereur Commode. Sa capacité, jointe
à l'excellente méthode qu'il suivait en enseignant, lui acquit une
réputation dont ne jouirent jamais les plus fameux philosophes.
Ses leçons, qui étaient un composé du suc des fleurs qu'il ramas-
sait dans les écrits des prophètes et dans ceux des Apôtres, por-
taient la lumière de la science et l'amour de la vertu dans les âmes
de tous ceux qui venaient l'entendre. C'est le témoignage que lui
rend Clément d'Alexandrie , un de ses disciples.
Les Indiens que le commerce attirait à Alexandrie, eurent oc-
casion de connaître saint Pantène. Us le prièrent de passer dans
leur pays pour y combattre la doctrine des brachmanes par celle
de Jésus-Christ. Il se rendit à leurs instances, quitta son école»
et partit pour les Indes , avec la permission de son évéque , qui
l'établit prédicateur de l'Évangile pour les nations orientales. En ar-
rivant dans les Indes , il y trouva quelques semences de la foi
qui y avaient été jetées précédemment. 11 y vit aussi un livre de
l'Évangile de saint Matthieu, en hébreu, qui avait été laissé dans le
pays par saint Barthélemi. Étant revenu à Alexandrie quelques
années après, il y apporta ce livre avec lui.
L'école de cette ville était alors gouvernée par le célèbre Clé-
ment. Saint Pantène continua toujours d'enseigner; mais il ne le
lit plus qu'en particulier. 11 exerça cet emploi jusqu'au règne de
Caracalla , et , par conséquent, jusqu'avant l'année 216. On lit
son nom sous le 7 de juillet dans tous les martyrologes d'Occident.
7 juillet. — LE BIENHEUREUX BENOIT XI , pape kt
confesseur. — 13e et 14e siècle.
Benoît XI, né à Trévise de l'honorable famille des Boccasini,
entra à l'âge de quatorze ans dans l'ordre des Frères prêcheurs.
Jusqu'à vingt-huit ans il s'y adonna complètement à l'étude des
sciences divines et humaines, et durant autant d'années il les en-
seigna tant en public qu'en particulier, avec la plus grande répu-
tation de savoir. Aussi distingué par le renom de sa sainteté et de
7 juillet. LE B. BENOIT XI, PAPE 15
sa prudence , il fut élevé , en passant par les divers degrés et les
dignités de son ordre, à en occuper la maîtrise générale. Faisant
briller dans cette charge devant tous les autres l'exemple de ses
propres vertus , il entretint merveilleusement la discipline dans
son ordre, et en fort peu de temps lui donna de l'extension. Bo-
niface VIII ayant employé avec succès ses services pour rétablir la
paix entre les rois de France et d'Angleterre, le créa cardinal de
la sainte Église romaine pendant qu'il voyageait en France dans
des provinces qu'on l'avait chargé de parcourir. Il le fit ensuite
revenir à Rome pour le désigner comme son légat en Pannonie ,
où trois princes étaient en différend pour la succession de ce
royaume ; et, en usant d'une adresse admirable, Benoît vint à bout
de les mettre d'accord.
De retour à Rome après avoir pacifié la Hongrie, il retrouva
Boaiface assiégé dans Anagni, et malgré les menaces des ennemis
qui avaient fiait invasion en ces lieux , il se maintint courageuse-
ment, et s'attacha au pape sans qu'on pût l'en séparer, tandis que
presque tons les autres avaient pris la fuite en l'abandonnant. Le
même pontife étant bientôt exempt des tribulations de ce monde,
par un consentement extraordinaire des cardinaux Benoît fut mis
à sa place sur la chaire de saint Pierre. Dans l'élévation de cette
dignité suprême , entièrement éloigné de tout faste , il pratiqua
tellement l'amour de l'abaissement, qu'il renvoya, comme s'il ne la
reconnaissait pas sa propre mère, qui vivait encore et qu'on lui avait
amenée parée un peu plus magnifiquement qu'il ne lui semblait
convenir à l'humilité : mais il l'embrassa affectueusement aussitôt
qu'elle revint avec la toilette plus simple qu'elle avait toujours
portée, et il la traita avec honneur. Il frappa d'aoathème ceux
qui avaient osé violer la dignité pontificale dans son prédécesseur ;
mais la plupart de ceux qu'il avait traités avec le plus de sévé-
rité , il les rétablit dans les honneurs dont ils avaient joui précé-
demment, leur pardonna, et les fit rentrer en grâce. Pour paci-
fier les diverses contrées de l'Italie, désolées très-malheureuse-
ment par les factions des Guelfes et des Gibelins , des Blancs et
des Noirs, il créa légat à lalere Nicolas de Grato , qui était car-
dinal et de Tordre des Frères prêcheurs. Plus tard, il lui donna
pour mission d'aller en Angleterre , en Ecosse et en Irlande, afin
d'y réconcilier les rois et les princes , qui y étaient devenus en-
nemis les uns des autres.
Très-désireux de la paix, il en fut le promoteur actif non-seule-
16 % Juillet. — s. Pfiocops.
ment on Allemagne que déchiraient de? divisions intestines et pour
l'avantage de laquelle il se trouva là forte propos, maisaurôdm
la Sicile qu'il rétablit dans sa communion après avoir levé l'iota»
dit qui pesait sur elle. De plus, il fut l'heureux restaurateur, en-
tre le siège apostolique et le royaume de France, de la concorde à
laquelle peu de temps auparavant il avait été porté de graves at-
teintes. Il fit sentir la sollicitude de son esprit apostolique, même
en Orient et dans les autres contrées schismatiques. 11 recom-
manda aussi avec instance à Martin, archevêque d'Antivare, le ré-
tablissement de la discipline ecclésiastique. Par des lettres que
la charité rendait pressantes, il excita Orose, roi de Servie, à aban-
donner le schisme. Enfin pendant qu'il était occupé à recouvrer la
Syrie et la Palestine, et qu'il songeait à d'autres choses qu'il pré-
parait de tous ses efforts pour l'accroissement de la religion, la né-
cessité commune le prévint, et il mourut à Pérouse en l'an 1304,
avant que le neuvième mois de son pontificat ne fût terminé. On
le plaça, selon l'ordre qu'il en avait donné dans un endroit fort hum-
ble, chez ses Frères les prêcheurs. Illustré par des miracles aussitôt
son décès, Clément Xll approuva le culte qu'on lui rendait depuis
un temps indéterminé.
8 juillet. — S. PROCOPE, martyr. — 3e siècle.
Procope eut l'honneur d'être le premier martyr de la persécu-
tion de Dioctétien. Il naquit à Jérusalem, et fut élevé dans la re-
ligion de Jésus-Christ. Dès l'enfance il menait une vie très-morti-
fiée : le pain et l'eau faisaient toute sa nourriture, et son corps était
tellement abattu par la pénitence, dit l'auteur de sa vie, qu'il res-
semblait à un cadavre.
Ayant quitté le lieu de sa naissance pour aller demeurer à Scy-
thople , près du Jourdain, il servait l'Eglise en qualité de lecteur,
d'interprète de langue syriaque et d'exorciste , lorsque l'édit des
empereurs contre les chrétiens y Hit publié. Procope fut arrêté
des premiers et conduit à Césarée, où était le siège du gouver-
neur, appelé Flavien. Ayant été cité pour comparaître devant le
juge , celui-ci commença par lui proposer de sacrifier aux dieux.
Je ne reconnais qu'un Dieu, répondit Procope, et ce nom n'est dû
qu'à celui qui a créé l'univers, qui le gouverne seul , et qui en est
l'unique maître. Flavien, touché de cette réponse, fut obligé de
8 juillet. — S* THIBÀUD, ABBE. 17
convenir qu'elle était très-sensée. Mais au moins, lui dit-il, offrez
de Fencens aux empereurs. — Un État est chancelant dès qu'il a
plusieurs maîtres, répondit Procope ; il est bien plus avantageux de
n'avoir qu'un seigneur et qu'un roi. Cette répartie était d'autant
plus hardie qu'elle pouvait regarder le gouvernement présent de
l'empire, qui avait alors quatre maîtres. Aussi Flavien s'en trouva
si choqué , qu'il porta sur-le-champ une sentence de mort contre
Procope , en disant qu'on ne manquait pas impunément de res-
pect aux empereurs. Il eut la tête tranchée le 8 juillet, l'an de
Jésus-Christ 303.
8 juillet. — S. THIBAUD , abbé des Vaux de Cebnay.
— 13e siècle.
Thibaud, né et élevé au château de Marly, a été, par les vertus
qâ l'ont fait considérer comme saint, peut-être le principal orne-
ment de l'illustre maison de Montmorency. 11 était fils de Bou-
chard, baron de Marly, qui avait épousé Hildegarde. Comme il était
Famé, son pèreje fit élever avec un soin particulier, et l'engagea de-
puis dans la profession des armes , où il se distingua dans tous les
exercices qu'on y exigeait alors d'un gentilhomme, tels que de bien
monter à cheval, courir la bague, et se servir d'une épée. Cependant
il ne négligeait pas la piété, et surtout il avait une singulière dévotion
envers la sainte Vierge, qu'il honorait comme sa bonne Mère et sa
chère Maîtresse ; ce fut aussi cette dévotion qui l'amena à son en-
tière conversion, c'est-à-dire à renoncer pour Dieu seul à toutes
les grandeurs que le siècle lui promettait. Avant même que de
prendre cette sainte résolution, il donnait un temps considérable
à la prière , et allait souvent visiter l'église de l'abbaye de Port-
Royal-des-Champs, fondée en 1204, dans le diocèse de Paris, par
Matthieu de Montmorency, et libéralement dotée par Bouchard,
père de Thibaud , ce qui l'en a fait regarder comme le second
fondateur.
Cest aussi dans un monastère de l'ordre de Citeaux, non loin
du premier, et situé dans le même diocèse, c'est-à-dire à l'abbaye
des Vaux de Cernay, que se retira Thibaud, et qu'il prit l'habit re-
ligieux en 1220. Il y avait peu de monastères où l'observance mo-
nastique fut gardée avec plus d'exactitude et d'austérité, mais ce fut
justement pour cela que notre saint choisit cette maison. Du pre-
18 S juillet. — S. THIBAUD, ABBÉ.
mier coup il s'y distingua par une pratique très-parfaite des vertus
religieuses, et surtout par son esprit doux et maniable, fui était
comme une eiremoUe entre tes mains de ses supérieurs. Counmeiifes
s'était presque point livré jusqu'alors aux études littéraires, on lui
donna un maître qui lui apprit en peu de temps ce que Ton enseigne
dans les écoles publiques. Savcrtu s'accroissant toujours avec Tâge,
on Télut prieur du monastère. Quelque temps après, en 1234,
Richard, qui était abbé de ce lieu, et sous lequel Thibaud avait
exercé sa charge de prieur avec une prudence très-remarquable,
étant venu à décéder, il fut mis à sa place. 11 résista d'abord à ce
que ses confrères désiraient de lui ; mais il fut obligé de se ren-
dre à leurs instantes prières. Comme ils ne l'avaient élu qu'après
une longue épreuve de sa sagesse , de sa justice et de sa charité,
ils n'eurent pas sujet de se repentir de leur choix. Ils eurent en lui
un supérieur prudent, vigilant, rempli de compassion pour les
besoins de ses frères, et toujours prêt à les secourir. Thibaud ne
crut pas qu'un abbé dût avoir d'autres droits et d'autres privilè-
ges que d'être l'exemple de sa maison, et de surpasser autant les
autres religieux dans toutes les vertus monastiques qu'il les sur-
passait en dignité. Son humilité était si prodigieuse, qu'il n'y avait
point d'emploi dans le monastère, quelque vil qu'il fût, auquel H
ne s'abaissât avec joie. Enfui , il était si pauvrement vêtu , quHI
l'emportait en cela sur le dernier des frères convers. Ces prati-
ques d'humilité étant connues dans l'ordre de Citeaux. les abbés
lui en firent un jour reproche au chapitre général, ou sa qualité
l'obligeait de se trouver ; mais il leur ferma aussitôt la bouche, en
leur disant qu'ils ne le reprendraient pas, et ne trouveraient rien à
redire à sa conduite, s'il était venu richement monté et équipé, et
s'ils lui voyaient un habit précieux et éclatant. Ce qui le rendait
surtout admirable , c'était sa piété et sa tendresse envers la sainte
Vierge : il pensait continuellement à elle et rapportait à sa gloire
tout ce qu'il disait et ce qu'il faisait. On lui dit un jour qu'il pou-
vait y avoir de l'excès dans cette affection pour la sainte Vierge,
parce qu'il semblait partager son cœur entre elle et Dieu , et
que Jésus-Christn'en avait pas l'entière possession -, à quoi il répon-
dit, d'une manière aussi chrétienne que modeste, qu'il n'aimait au-
tant la sainte Vierge que parce qu'elle était la Mère de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ, et que sans cela il ne lui préférerait pas les au-
tres vierges saintes ; qu'ainsi c'était donc Jésur;~Christ lui-même
qu'il aimait, qu'il honorait, et qu'il révérait en elle. Il ajoutait
8 juillet. — SAINTE ELISABETH DE PORTUGAL. 19
qu'il ne doutait nullement qu'elle ne fût élevée au-dessus de tous
les anges et de tous les saints, et qu'elle ne méritât par conséquent
d'être aimée par-dessus toutes choses après Dieu.
Il fut tout particulièrement estimé du roi saint Louis , du cé-
lèbre Guillaume, évoque de Paris, et de plusieurs personnages il-
lustres. La renommée qu'il s'était acquise par le gouvernement de
son abbaye , le fit choisir comme supérieur général de Port*
Royal-des-Champs, du Trésor dans le Vexin , et de Brueil-Benoît,
au diocèse d'Évreux. Ce fut à la vertu de ses prières que la France
attribua la fécondité de la reine Marguerite , femme de saint
Louis. Sa bienheureuse mort arriva le 8 décembre 1247. Il était
honoré le 8 juillet à l'abbaye des Vaux de Cernay, où l'on allait vi-
siter sa châsse pendant les fêtes de la Pentecôte. Aujourd'hui l'on
montre encore, au milieu des prairies qui environnent les ruines
de cet antique monastère, une fontaine d'une eau claire et limpide
qui porte le nom de saint Thibaud. Elle reste là comme un tou-
chant symbole de la pureté de son âme sainte et de l'éclat de ses
célestes vertus.
* juillet. — SAINTE ELISABETH, bbine de Portugal
— 14e siècle.
Elisabeth était fille de Pierre III, roi d'Aragon, et de Constance,
fille de Mninfroi , roi de Sicile. Elle naquit l'an 1271 , et fut nom-
mée Elisabeth , en l'honneur de sainte Elisabeth de Hongrie , sa
grand' tan te. \a\ roi Jacques, son grand-père , surnommé le Saint
à cause de sa piété, et le Conquérant à cause de sa valeur, voulut
le charger de son éducation , et il reconnut bientôt que Dieu lui
avait confié un dépôt qui lui était cher, et sur qui il devait ré-
pandre les dons les plus précieux de sa grâce. Dès l'âge de huit
ans, Elisabeth avait tant d'ardeur pour la prière, qu'elle s'imposa
l'heureuse obligation de réciter tous les jours le grand office de
l'Église, ce qu'elle continua toute sa vie.
Elisabeth porta ce goût pour la prière dans le mariage, où ses
parents rengagèrent dès Page de douze ans , et le changement
d'état ne put rien changer dans ses mœurs. ])enys,roide Portu-
gal , qui lui fut donné pour mari , avait plus cherché en elle sa
beauté et les avantages de sa naissance que la vertu et la piété ;
mais il lui laissa la liberté de se satisfaire dans tout ce que sa dé-
2© S juillet — SAINTE ELISABETH DE ] TOÀJL.
votion loi prescri ; se p ai
«Tune grande vertu, u 1 s écher d'admirer et d'estimer
celle d'Elisabeth. La ] r profitant de la tiberlé mm le
roi lui laissait, se fit au milieu ae cour une règle de conduite
qui approchait fort de la vie des rei euses les plus exactes.
Elle se fit une loi de s'astreindre a certains exercices réglés qui
partageaient tout son temps, espérant que la fidélité avec laquelle
elle s'y assujettirait servirait à honorer le Créateur, qui a établi
un ordre parfait dans l'univers. Par l'arrangement qu'elle avait
pris pour toutes ses actions et ses différents exercices , elle ne
faisait rien par fantaisie et par humeur, défauts assez ordinaires
aux personnes mêmes qui veulent vivre dans la piété.
Outre les jeûnes prescrits par l'Église, elle jeûnait encore trois
fois la semaine, l'Avent tout entier et depuis la fête de Saint- Jean-
Baptiste jusqu'à l'Assomption. Quelques jours après , elle com-
mençait un carême qu'elle ne finissait qu'au jour de Saint-Michel :
lors même qu'elle ne jeûnait pas, elle était très-sobre dans le
boire et le manger, de peur qu'en nourrissant trop bien son corps
elle ne rendit son esprit moins propre à la méditation des choses
saintes.
Elle se levait tous les jours de grand matin; et, après plusieurs
prières qu'elle récitait avec beaucoup de ferveur, elle passait
quelque temps en méditation ; ensuite elle récitait matines, laudes
et prime ; puis elle assistait au saint sacrifice de la messe, où
elle communiait très-souvent. Toutes les autres heures de la
journée étaient aussi saintement remplies : ou elle réglait son
domestique et s'acquittait des devoirs de son état, auxquels elle
était très-fidèle, comme étant le point capital de la dévotion ; ou
elle lisait des livres de piété, ou elle travaillait des mains. On ne
voyait point de moments dévides dans la journée, et elle n'en rem-
plissait aucun par les jeux et les divertissements. Quand on lui re-
présentait qu'une vie si austère ne convenait point à son rang,
elle répondait : La mortification est d'autant plus nécessaire sur
le trône, que les passions y sont plus vives et les dangers plus
grands. Elle mourut l'an 1336, âgée de 65 ans.
9 juillet. — 6. ÉPHfiEM d'édesse. 31
9 juillet. — SAINT ÉPHREM D'ÉDESSE, docteur
de l'Église. — 4e siècle.
Saint Éphrem, un des plus illustres docteurs qui brillèrent dans
FÉglise de Syrie, naquit à Nisibe, dans la Mésopotamie, de parents
qui vivaient à la campagne et gagnaient de quoi subsister à la sueur
de leur front. Une reçut le baptême qu'à l'âge de dix-huit ans. Il
avait avant ce temps-là commis certaines fautes que la délicatesse
de sa conscience lui grossissait extrêmement et qu'il ne cessa ja-
mais de pleurer. Dans un voyage qu'il fit, il se trouva surpris par
la nuit au milieu de la campagne ; il fut obligé de rester avec un
berger qui avait perdu, dans le désert, le troupeau confié à ses
soins. Le maître du berger, les ayant vus ensemble l'un et l'autre,
les arrêta et les fit conduire en prison, sous prétexte qu'ils lui
avaient volé son troupeau. Dans la même prison étaient sept au-
tres personnes coupables de crimes différents de ceux dont on
les accusait. L'innocence d'Éphrem ayant été connue, il fut élargi.
Vivement frappé de la crainte des jugements de Dieu, il avait tou-
jours présent à l'esprit le compte rigoureux que nous rendrons de
toutes nos actions, et cette pensée tirait de ses yeux des larmes
continuelles. Il prit l'habit monastique, pour ne plus s'occuper
que des vérités éternelles. 11 couchait sur la terre nue, passait une
partie considérable de la nuit en prière, et restait quelquefois
plusieurs jours sans manger. Il travaillait des mains, selon la cou-
tume des moines d'Egypte et de la Mésopotamie, et son travail
consistait à faire des voiles de navire. Naturellement il était porté
à la colère ; mais il avait si parfaitement vaincu cette passion, que
la vertu opposée était devenue une de celles qui brillaient le plus
en lui. Jamais on ne le vit contester ou disputer avec personne. Il
se regardait comme indigne d'être compté parmi les créatures.
Son humilité le fit principalement remarquer dans ses écrits, et
surtout dans ses deux Confessions. 11 fait l'aveu des manquements
qu'il découvrait dans ses affections ; il s'accuse surtout d'orgueil.
11 n'y a point, dit-il, de péché plus funeste que celui-là ; il détruit
même les dons de Dieu ; il brûle en quelque sorte toutes les vertus
et en fait une abomination.
Dans sa seconde Confession , le saint démontre d'abord que la
Providence embrasse le gouvernement de toutes les créatures,
qu'elle préside à tous les événements et qu'elle eu règle les plus
petites circonstances. Il déplore ensuite le malheur qu*u a eu dfaft
douter dans son enfance. Entre autres péchés dont il s'oocink* B
nomme la vaine gloire, l'immortiflcation, la lâcheté, le défaut de
respect dans l'église, la démangeaison de parler. « Otcz, dit-il à
« ceux qui l'estimaient, otcz ce masque qui me couvre, et vous
« ne verrez en moi que puanteur et infection.... Le vice, quand
« on le cache sous l'extérieur imposant de la vertu, acquiert un
« nouveau degré d'abomination.... IHiissiez-vous voir l'abîme de
« misères qui est en moi? Il ne manquerait pas d'exciter votre
* compassion si toutefois vous étiez capables d'en soutenir la vue. »
Ayant appris qu'une ville voulait le choisir pour évoque, il con-
trefit l'insensé, pour échapper plus sûrement à la violence qu'on
aurait pu employer pour obtenir son consentement.
Saint Kphrem possédait au plus baut degré l'esprit de com-
ponction. « Nous ne pouvons, dit saint Grégoire de Kysse,
« penser a ses larmes continuelles, sans y mêler les nôtres. Il lui
« était aussi naturel de pleurer, qu'il l'est aux autres hommes
« de respirer. Nuit et jour ses yeux étaieut baignés do larmes. Ja-
« mais on ne le rencontrait qu'on ne vit ses joues mouillées. » De
là cette énergie qui accompagnait toutes ses paroles et qui se re-
marque dans ses écrits.
Durant son séjour à ftdcssc, il y fut universellement estimé et
respecté. Ayant été ordonné diacre, il y devint l'apôtre de la |>éni-
tence, qu'il prêcha avec autant de fruit que de zèle. La nature lui
avait donné un talent rare pour la parole. Il avait une. éloquence
naturelle qui enchantait. Comme il concevait les choses avec net-
teté, sa diction était pure et agréable ; ses pensées, pour être su-
blimes, n'en étaient pas moins faciles à saisir. Il était si vivement
pénétré de ce qu'il disait, qu'on ne pouvait résistera ses discours;
ses paroles impriment dans les Ames les sentiments dont elles sont
l'image ; elles y portent tout à la fois la lumière et la conviction.
« Quel est l'orgueilleux, dit saint Grégoire de Nyssc, qui ne devien-
• drait le plus humble des hommes, en lisant ses discours sur
« l'humilité ? Qui ne serait enflammé d'un feu divin, en lisant son
« traité de la charité ? Qui ne désirerait d'être chaste de cœur et
« d'esprit, en lisant les éloges qu'il donne à la chasteté ? » Quoi-
qu'il fut dur à lui-même, il montrait beaucoup de douceur et de
condescendance envers les autres. Il ne voulait point que les nou-
veaux convertis s'abandonnassent à l'impétuosité de leur zèle, ni
9 juillet. — S. ÉPHREM d'édesse. 23
que, par une ferveur mal entendue, ils pratiquassent d'abord de
grandes mortifications ; il leur conseillait de ne rien faire sans
Taris des personnes sages. Ses exhortations à la ferveur étaient
fort touchantes. « Puisse la tiédeur, disait-il, être à jamais bannie
« de mon âme ! » Puis, il ajoute, en parlant de celui qui n'a de la
ferveur que par accès : « Ce qu'il édifie aujourd'hui d'une main
■ par la mortification, il le détruit le lendemain par le relâche-
■ ment. » Il observe que le démon, vaincu par les âmes ferventes,
\ a coutume de dire : « J'irai trouver les tièdes, qui sont mes amis,
• et avec lesquels je n'ai pas besoin d'user de stratagèmes ; il me
| « suffit de les tenir dans les chaînes qu'ils aiment. » Il veut que
nous nous animions, en nous disant souvent à nous-mêmes : « Il
« ne reste plus qu'une petite partie de la course que tu avais à
< parcourir, et tu arriveras dans le lieu du repos ; ne t'arrête donc
« pas sur la route. »
Lesaint docteur amena plusieurs idolâtres à la connaissance de
la vérité. Il convertit aussi un grand nombre d'hérétiques. Les
manichéens ayant répandu leurs erreurs à Édesse par le moyen de
certains vers que le peuple avait appris à chanter, Éphrem, pour
remédier au mal, fit apprendre aux habitants de la ville et de la
campagne d'autres vers qu'il avait composés et qui contenaient la
doctrine catholique.
Vers l'an 372, il fit une visite à saint Basile, archevêque de
Césarée. « O mon père ! s'écria-t-il en l'abordant, ayez pitié d'un
« misérable pécheur et daignez le conduire dans la véritable voie. »
Saint Basile lui donna, conformément à ses désirs, des règles pour
mener une vie sainte. Avant de le laisser partir, il éleva son com-
pagnon au sacerdoce ; mais, pour lui, il ne voulut jamais per-
mettre qu'on lui conférât cette dignité.
De retour à Edesse, il se renferma dans une petite cellule, où
il composa la dernière partie de ses ouvrages. Il sortit de sa re-
traite à l'occasion des ravages que causait une grande famine, pour
voler au secours du prochain et surtout pour assister les pauvres.
Il engagea les riches à ouvrir leurs bourses ; il fit mettre des lits
dans les places publiques; il visitait chaque jour les malades et les
servait de ses propres mains. Après la cessation du fléau, il re-
tourna dans sa solitude, où il fut bientôt pris de la fièvre. Du-
rant sa maladie, il donna de nouvelles preuves de sa ferveur et sur-
tout de son humilité. Il mourut vers l'an 378, dans un âge fort
avancé.
24 9 juillet. — LES BIENHEUREUX MART. DE GORCUM.
9 juillet. — LES BIENHEUREUX MARTYRS DE GORCUM,
— PARMI LESQUELS LE B. JEAN DE COLOGNE. — 16° siècle.
Le seizième siècle, mémorable par les troubles qu'y suscita la
perversité des calvinistes, fournit, en Belgique, un exemple si-
gnalé du courage chrétien. L'an 1572, dix-neuf martyrs, appelés
communément les Martyrs de Gorcum, du lieu où ils souffrirent
en Hollande, combattirent glorieusement pour affirmer la pré-
sence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie , et pour défendre
la primauté du Pontife romain. Parmi eux brilla Jean de Cologne
ou de Germanie, qui était de Tordre des Frères prêcheurs, et recom-
mandable par la sainteté de sa vie et son talent littéraire. Comme
pour obéir à ses supérieurs il administrait la paroisse d'Horaar,
en Hollande, et que, pour remplir son devoir pastoral, il visitait
les fidèles confiés à ses soins , laïques , religieux et autres que
Ton avait jetés en prison à cause de la foi , il y fut enfermé lui-
même pendant qu'il leur administrait les sacrements. La constance
de ce saint religieux fut, ainsi que celle de ses compagnons dans
la foi et la piété , éprouvée très-cruellement pendant plusieurs
jours et plusieurs nuits par toutes sortes d'insultes , de tourments
et de blessures. Malgré ces traitements barbares, leurs persécu-
teurs ne purent les amener à rejeter principalement le dogme de
la présence réelle du Sauveur dans l'Eucharistie, ni à refuser d'une
manière sacrilège l'obéissance au Pontife romain. Ils furent donc,
après avoir été dépouillés de leurs vêtements , menés à la Brille ,
pour y consommer leur martyre dans le dernier supplice. Pendant
le trajet , Jean souffrit, comme ses compagnons, des traitements
inimaginables de la part des soldats , des matelots , et de toute
cette populace hérétique. Enfin pendu à une solive, il mérita de
rester glorieusement vainqueur dans ce combat où il s'offrait
comme victime a J. C.
C'est le 9 juillet vers minuit, en Tan 1572, que ces nobles
martyrs subirent leur dernier supplice. La rage de leurs bourreaux
n'étant pas encore assouvie, ils exercèrent leur fureur sur ces corps
sans vie, qu'ils coupèrent par morceaux, fouillèrent dans tous
leurs replis, et dont ils dispersèrent les entrailles. Mais le ciel
récompensa par des miracles le noble triomphe des martyrs qui
étaient morts pour lui. Entre autres eut lieu celui-ci tout à fait re-
marquable : c'est que, sur le lieu de leur supplice, poussa tout à
10 juillet. — SAINTE FÉLICITÉ ET SES SEPT EN F. 25
coup un bel arbrisseau qui fut bientôt chargé d'autant de fleure
d'un blanc éclatant qu'il y avait eu de martyrs qui avaient combattu
pour mériter la couronne de la Foi. Le pape Clément X, après
avoir examiné leurs actes suivant les formalités ordinaires, les
inscrivit au catalogue des saints.
10 juillet. — SAINTE FÉLICITÉ et ses sept enfants,
martyrs. — 2e siècle.
Sainte Félicité est une des plus illustres martyres qui aient souf-
fert dans la ville de Rome. Après la mort de son mari , elle vécut
dans la retraite, occupée de la prière et de l'éducation de ses en*
fiants. Elle avait sept garçons, à qui la grandeur de la naissance
pouvait faire espérer les premières dignités de l'État ; mais Féli-
cité leur inspira de bonne heure du dégoût pour tous les vains
honneurs du siècle ; elle demandait sans cesse à Dieu d'en faire
des citoyens du ciel plutôt que des hommes distingués dans le
monde.
L'exemple de sa piété servait à affermir plusieurs chrétiens et
portait un grand nombre de païens à renoncer aux idoles. Les
prêtres des faux dieux en portèrent leurs plaintes à l'empereur
Antonin ; ils disaient dans leurs requêtes : Cette femme veuve
et ses enfants attentent à votre propre vie en insultant nos dieux :
que, si elle tarde plus longtemps à adorer les divinités de l'empire,
votre piété doit savoir qu'elles seront irritées de manière à ne pou-
voir plus être apaisées. Sur cette requête, Félicité fut arrêtée avec
ses sept fils, et l'empereur chargea de cette affaire le préfet de
Rome, nommé Publius, à qui il commanda de faire en sorte que
les dieux fussent apaisés , et les pontifes satisfaits. Publius voulut
voir Félicité ; il la fit venir chez lui pour lui parler en particulier.
H employa d'abord les voies de civilité et de douceur pour la
porter à sacrifier aux dieux de l'empire ; mais voyant qu'il ne pou-
vait en venir à bout , il eut recours aux menaces , et lui fit en-
tendre qu'il s'agissait de la mort si elle n'obéissait pas. Félicité ,
soutenue par la grâce de Jésus-Christ et animée d'une foi vive ,
répondit au préfet : Vos menaces ne sauraient m'abattre , et vos
promesses ne peuvent me séduire. L'Esprit-Saint, qui est en moi,
me rend invincible au démon ; ainsi je ne crains rien , sachant
que , si Dieu me conserve la vie , je demeurerai victorieuse dans
3
26 10 juillet. — SAINTE FÉLICITÉ et ses sept enf.
le combat que vous me livrez ; mais s'il vous permet de me l'ôter,
je remporterai sur vous , en mourant , une victoire encore plus
glorieuse. — Misérable que vous êtes, lui dit Publius , si la mort
a pour vous des charmes, au moins ne cherchez pas à exposer
vos enfants à être privés de la vie. — Ils vivront, répondit Féli-
cité, pourvu qu'ils ne sacrifient point aux idoles; au lieu que, s'ils
commettent un si grand crime, ils ne peuvent attendre qu'une
mort éternelle.
Le lendemain il parut sur son tribunal dans la place de Mars,
et il fit comparaître Félicité avec ses enfants. Il dit à la sainte en
leur présence : Ayez pitié de vos enfants, dont la jeunesse floris-
sante promet tant au public. — La pitié à laquelle vous me porte?,
répondit Félicité , est une véritable impiété , et la compassion à
laquelle vous m'exhortez me rendrait la plus cruelle de toutes
les mères. Puis, se tournant vers ses enfants, elle leur dit : Re-
gardez en haut , mes enfants , voyez le ciel ; c'est là que Jésus-
Christ vous attend avec ses saints. Demeurez fidèles dans son
amour, et combattez pour vos âmes . Publius, irrité de son courage,
lui fit donner des soufflets , en disant : Vous êtes bien hardie de
leur donner, en ma présence, de tels avis, au mépris des ordres
de nos princes.
Alors il appela, l'un après l'autre, les sept fils de la sainte
veuve. Il tâcha de gagner le premier, nommé Janvier, tantôt
en lui promettant de grands biens , tantôt en le menaçant des plus
rigoureux supplices. Ce jeune homme lui répondit : Vous nie
conseillez des choses insensées; mais la sagesse de mon Dieu me
conserve, et elle me rendra victorieux. Le préfet, voyant sa fer-
meté , le fit battre de verges et l'envoya en prison. Il fit appro-
cher le second, nommé Félix, et l'exhorta de même à sacrifier aux
dieux. Il n'y a qu'un seul Dieu, répondit Félix , et à lui seul nous
devons le sacrifice de nos cœurs. Publius le renvoya après cette
réponse, et fit venir le troisième, nommé Philippe, et lui dit :
L'empereur Antonin , mon maître et le vôtre , vous commande
d'honorer les dieux tout-puissants. — Ceux dont vous me parlez,
dit Philippe , ne sont ni dieux ni tout-puissants : ce ne sont que
de vaines idoles , et ceux qui les honorent périront éternellement.
Publius commanda qu'on lui amenât le quatrième, nommé Syl-
vain, et lui dit : Je vois bien que vous avez concerté avec la plus
méchante de toutes les mères le dessein de vous perdre par votre
désobéissance aux ordres des empereurs. Sylvain répondit : Si
10 juillet. — SAINTES BUFINE ET SECONDE. 27
nous étions assez faibles pour craindre une mort passagère , nous
tomberions dans un supplice éternel ; mais , parce que nous con-
naissons les récompenses qui attendent les justes et la peine qui
est réservée aux pécheurs, nous méprisons les menaces des
hommes , et nous demeurerons constants dans la fidélité que nous
devons à Dieu. Le cinquième, nommé Alexandre , ayant com-
paru ensuite , Publius lui dit : Ayez pitié de votre jeunesse, obéis-
sez aux empereurs, afin de mériter leur faveur et de conserver
votre vie. — Je suis serviteur de Jésus-Christ, répondit Alexandre ;
je le confesse de bouche, je le possède dans mon cœur, et je l'adore
sans cesse. Publius fit venir le sixième , nommé Vital, et lui dit :
Pour vous, vous souhaitez peut-être de vivre. — Qui est-ce, ré-
pondît Vital , qui souhaite une meilleure vie , ou de celui qui adore
le véritable Dieu , ou de celui qui sert les démons? — Et qu'est-
ce que les démons? reprit Publius. — Les démons, reprit Vital ,
sont les dieux des nations avec ceux qui les adorent. Enfin Publius
ayant fait approcher le dernier, nommé Martial , lui dit : Vous
êtes vous-mêmes les auteurs des cruels supplices qui vous attendent
en méprisant les ordres des empereurs. — Oh ! si vous saviez,
répondit Martial, quels sont les tourments que Dieu prépare aux
adorateurs des idoles ! Il veut bien différer encore de faire éclater
sa juste colère contre vous et vos idoles , mais sachez que tous
ceux qui ne confessent pas que Jésus-Christ est le vrai Dieu seront
précipités dans les flammes éternelles.
Le préfet le renvoya , et rapporta à l'empereur le procès-verbal
de cet interrogatoire. Antonin , l'ayant vu , prononça une sen-
tence de mort contre Félicité et ses enfants , et en renvoya l'exé-
cution à quatre différents juges. On fit mourir le premier des
sept frères à coups de lanières plombées , c'est-à-dire garnies de
balles de plomb par les bouts. Le second et le troisième furent
assommés à coups de bâton. Le quatrième fut précipité dans le
Tibre. Les trois derniers eurent la tête tranchée, ainsi que leur
mère, Tan de Jésus-Christ 164.
\0 juillet. — SAINTES RUFINE et SECONDE, viebges et
MARTYRES. — 3* siècle.
Rufine et Seconde, vierges romaines, étaient sœurs. Comme
elles rejetèrent l'alliance d'Armentarius et de Vérinus, auxquels
28 It jtliUet. — S. PIB Ier, PAPE BT MAAT.
leurs parentsjes avaient fiancées, parce <ni ar Jectcoasacréà
Dieu leur virginité, elles furent arrêtées sous les emperafrs Va-
lérie* et fiallien. Le préfet Junius Donatus n'ayant pu les détour-
ner de leur résolution, et n'y réussissant pas plus par les promesses
que par la terreur , ordonne de battre de verges d'abord Rufine.
Mais pendant qu'on la frappait, Seconde interpelle ainsi le juge :
« Qu'est-ce quijait que tu traites ma sœur avec tant (T honneur,
et moi avec ignominie ? Donne Pordre qiCon nous jrappe en-
semble toutes deux , puisque ensemble nous confessons que Jésus-
Christ est Dieu. » Enflammé de colère par ces paroles , le ma-
gistrat commande de les jeter l'une et l'autre dans un cachot
infect et ténébreux, qui se trouva aussitôt éclairé de la plus vive lu-
mière et parfumé de l'odeur la plus suave. On les en retira donc pour
les enfermer dans une salle de bain dont la chaleur était insup-
portable ; mais comme elles en sortirent encore saines et sauves ,
on leur attacha une pierre au cou, et on les précipita dans le Ti-
bre. Un ange les en délivra, mais elles eurent la tête tranchée hors
des murs, sur la voie Aurélia, à dix milles de Rome. Une dame
romaine, nommée Plautille, leur domia la sépulture dans son do-
maine. On bâtit sur leur tombeau une chapelle, à laquelle le pape
Damase substitua une grande église. Il se forma en ce lieu une ville
qui fut appelée Sylva-Candida, et qui devint un siège épîscopal ;
mais l'église ayant été détruite par les barbares dans le douzième
siècle. Tévêché fut uni à celui de Porto. En 1120, on transporta
les reliques des saintes martyres dans la basilique de Latran, près
du baptistère de Constantin.
11 juillet. — S. PIE Ier, papk et martyr. — 2e siècle.
Pie, natif d'Aquilée, créé souverain pontife sous l'empereur An-
tonin le Pieux , établit une peine contre le prêtre qui par négli-
gence aurait laissé tomber quelques gouttes du sang du Seigneur.
Que Ton fasse pénitence pendant quarante jours, dit-il , si le sang
sacré est tombé jusqu'à terre ; si c'est sur l'autel, seulement pen-
dant trois jours. Partout où sera tombé le sang du Seigneur* s'il
est possible de le reprendre , que ce soit avec la langue. Autre-
ment on lavera l'endroit, et on le raclera , et le résidu sera jeté
au feu, pour que la cendre soit ensuite déposée dans ta piscine.
Après avoir fait d'autres décrets pleins d'utilité pour l'Église, le
11 juiikL — S. HIDULPHE, 29
pape Pie reçut la couronne du martyre, et fut enseveli dans le Va-
tican en Tannée 142, après plus de neuf années de pontificat.
Il juillet. — S. HIDULPHE, archevêque de Trêves, et
abbé. — 7e siècle.
Hidulphe naquit en Bavière. Le désir de la retraite lui fit aban-
donner son pays pour se retirer, au diocèse de Trêves, dans la so-
litude. Sa vertu l'ayant fait connaître, il fut élevé sur le siège de
Trêves. 11 y travailla, non en mercenaire qui ne cherche que ses
propres intérêts, mais en pasteur vigilant qui aime véritablement
son troupeau. Les grandes occupations inséparables du ministère
pastoral, les dangers qui raccompagnent et le souvenir des déli-
ces spirituelles qu'il avait goûtées dans la retraite le déterminèrent
à reprendre le chemin de la solitude.
On a vu, dans les différents siècles de l'Église, des évéques quit-
ter leurs sièges pour embrasser la profession monastique. Il faut
avouer cependant que Ton a toujours cru que les liens qui atta-
chent les pasteurs à leurs églises ne pouvaient être rompus sans
de très-graves raisons. Hidulphe fit part de son dessein à févéque
de Toul , nommé Jacob ; et il se retira dans les montagnes des
Vosges, où il y avait déjà un grand nombre de serviteurs de Dieu
qui y vivaient loin du commerce et de la société des hommes.
Il n'y fut pas longtemps sans se voir environné d'une foule de
gens que l'odeur de sa vertu attirait auprès de lui. La peine qu'il
eut de renvoyer ceux qui venaient chercher Dieu avec lui l'obligea
de pourvoir aux moyens de les mettre à couvert de l'injure de l'air
et de l'insulte des bêtes. C'est ce qui a donné naissance au mo-
nastère de Moyen-Moutier, abbaye de bénédictins de la congré-
gation de Saint- Vannes.
Hidulphe était très-lié avec saint Dédodat, appelé vulgairement
saint DU y qui avait bûîi le monastère de Jointures. Comme ils
n'habitaient qu'à deux lieues l'un de l'autre , ils se visitaient une
fois l'année, pour s'éclairer et se soutenir mutuellement dans la
carrière delà vie spirituelle où ils étaient entrés. Au jour convenu
pour cette visite , ils partaient à la même heure pour venir l'un
au-devant de l'autre. Dèsqu'ils s'étaient rejoints, ils semettaientà
genoux à l'endroit même où ils se rencontraient , et, après avoir
fait leur prière, ils se donnaient le baiser de paix, et s'entretenaient
ensuite du bonheur de la vie future. Ce saint commerce dura
3.
30 12 juillet. — s. jean gualbert, abbé.
jusqu'à la mort de saint Dié. Hidulphe vécut toujours dans les
exercices de la plus austère pénitence. Dans un âge trèHmncé ,
il s'occupait encore du travail des mains, et ne cessait de gqper
ce qui lui était nécessaire pour sa nourriture et ses vêtements. Il
mourut Tau 707.
12 juillet. — SAINT JKAN GUALRERT, abbé, fondateur
de l'ordre de Vallombbeuse . — 11e siècle.
Saint Jean Gualbert sortait d'une famille riche et noble établie
à Florence. Il fut élevé avec soin dans les maximes de la piété et
dans la connaissance des lettres. Mais à peine fut-il entré dans
le monde, qu'il en prit l'esprit avec le goût des vanités. L'amour
des plaisirs le subjugua tellement, que ce qui lui avait paru crimi-
nel ne lui offrit plus rien que de légitime et d'innocent ; il s'ima-
gina que la dissipation et le faste devaient être un privilège de la
naissance. La doctrine évangélique ne s'accordant point avec sa
conduite , il chercha à s'étourdir sur ce point, et bientôt les plus
puissants motifs de vertu perdirent toute leur force à son égard.
C'en était fait de lui, si Dieu n'eût ménagé une circonstance pour
le tirer de l'état déplorable où il était réduit.
Hugues Gualbert avait été tué par un gentilhomme du pays.
Jean , son frère , forma le projet de venger sa mort en étant la
vie au meurtrier. Animé de plus par les discours de son propre
père, il devint entièrement sourd à la voix de la raison et de laore-
ligion. Aveuglé par sa passion , il se persuada qu'il se couvrirait
de honte en laissant impuni l'outrage qu'il avait reçu dans la per-
sonne de son frère. Revenant de la campagne, à Florence, un
jour de vendredi-saint , il rencontra le gentilhomme dans un pas-
sage si étroit , qu'ils ne pouvaient se détourner ni l'un ni l'autre.
La vue de son ennemi rallume sa vengeance ; il met l'épée à la
main et se prépare à la lui passer au travers du corps ; mais le
gentilhomme se jette à ses pieds, et là, les bras étendus en forme
de croix, il le conjure, par la passion de Jésus-Christ dont on cé-
lébrait la mémoire en ce jour, de ne pas lui ôter la vie. Jean Gual-
bert fut singulièrement frappé de ce qu'il voyait et entendait.
L'exemple du Sauveur priant pour ses propres bourreaux amol-
lit la dureté de son cœur ; il tend la main au gentilhomme , puis
lui dit avec douceur : « Je ne puis vous refuser ce que vous de-
12 juillet. — S. JEAN G U ALBERT, ABBÉ. 31
« mandez au nom de Jésus-Christ; je vous accorde non-seule-
« ment la vie , mais même mon amitié. Priez Dieu de me par-
« donner mon péché. » S' étant ensuite embrassés l'un et l'autre,
ils se séparèrent.
Jean continua sa route jusqu'à l'abbaye de San-Miniato , qui
appartenait a Tordre de Saint-Benoit. Étant entré dans l'église ,
il pria devant un crucifix avec une ferveur extraordinaire. Au
sortir de l'église, il va trouver l'abbé et lui demande l'habit. On
lui refusa ce qu'il demandait , parce qu'on craignait son père. On
lui permit seulement de suivre en habit séculier les exercices de
la communauté. Quelques jours après , il se coupa lui-même les
cheveux et se revêtit d'un habit de moine qu'il avait emprunté. Son
père devint furieux ; il s'adoucit cependant à la fin. Touché des
motifs qui avaient déterminé son fils à quitter le monde , il lui
donna sa bénédiction et l'exhorta lui-même à persévérer dans les
bons sentiments où il était.
Le jeune religieux se livra tout entier aux austères pratiques
de la pénitence. Il eut bientôt trouvé le secret important de ren-
dre sa prière continuelle. U joignait aux macérations corporelles
de vifs sentiments de componction , afin d'expier ses fautes pas-
sées, et de se faciliter les moyens de remporter une victoire com-
plète sur les penchants corrompus de la nature. Par son extrême
fidélité à tous les exercices de la pénitence , il établit en lui , de
la manière la plus solide, le règne de la douceur et de l'humilité,
et devint en peu de temps un modèle accompli de toutes les
vertus.
L'abbé du monastère étant mort, les religieux voulurent l'élire
en sa place ; mais il fut impossible d'obtenir sou consentement.
Peu de temps après, il quitta le monastère avec un autre religieux
et se retira dans la vallée dite Falhmbreuse, au diocèse de Fié-
soli. Il y trouva deux ermites auxquels il se joignit avec son com-
pagnon. Ils conçurent tous ensemble le projet de bâtir un petit
monastère et d'y former une communauté où l'on suivrait la rè-
gle de saint Benoit, selon son austérité primitive. Le nouvel or-
dre fut depuis approuvé par le pape Alexandre U , ainsi que les
constitutions particulières qu'y ajouta saint Jean Gualbert , qui
en fut fait premier abbé. Il établit parmi ses frères l'amour de la
retraite et du silence , le détachement de toutes les choses de la
terre , la pratique de l'humilité , les austérités de la pénitence et
de la charité la plus universelle. Il était rempli de tendresse et
32 13 juillet. — S. EUGÈNE, ÉV. DE ca&tbage.
très-compatissant envers ses frères, surtout envers ceux qri
étaient malades. Il ne voulut points par humilité, recevoir marne
les ordres mineurs.
Le nouvel ordre prit bientôt des accroissements considérable*.
Gualbert aimait singulièrement les pauvres, et H n'en renvoyait au-
cun sans lui donner l'aumône. Souvent il lui arriva de vider kl
magasins du monastère pour soulager les indigents. Ayant été
pris d'une grosse fièvre, il fit assembler les supérieurs de son or-
dre; il leur annonça qu'il allait être séparé d'eux ; puis il les exhorta
fortement à veiller pour qu'on observât la règle avec exactitude,
et à maintenir la paix et la charité fraternelle. Il demanda ensuite
les derniers sacrements , qu'il reçut avec de grands sentiments de
piété. 11 mourut le 12 juillet 1073 , à l'âge de soixante-quatorze
ans, et fut canonisé en 1 1 93 par le pape Célestin III.
\3 juillet. — S. ANACLET, pape et mabtyb. — Vr siècle.
Anaclet, Athénien de naissance, gouverna l'Église au temps de
l'empereur Trajan. Il décréta qu'il faudrait trois évêques, et pas
un de moins, pour en consacrer un autre; que les clercs ne se-
raient élevés publiquement aux ordres sacrés que par leur propre
évêque, et qu'à la messe les assistants ne communieraient qu'a-
près la consécration. Il décora le tombeau du bienheureux Pierre,
et assigna un lieu à la sépulture des papes. Après avoir siégé
plus de six ans, il reçut la couronne du martyre, et fut enseveli
dans le Vatican.
13 juillet. — S. EUGÈNE, évêque de Cabthage, et ses
COMPAGNONS , CONFESSEURS SOUS LES VANDALES. —
5e siècle.
Eugène fut élu évêque de Carthage dans un temps où cette
Église était persécutée par les Ariens, qu'Hunéric soutenait. Ce
prélat se rendit bientôt vénérable à ceux mêmes qui n'étaient pas
de la communion de l'Église. Pour les catholiques, il gagna leurs
eœurs à un tel point, que chacun se fût estimé heureux de donner
sa vie pour lui. Sa charité se répandait sur tous avec tant d'a-
bondance, qu'on était surpris qu'il pût faire d'aussi grandes et
\Z juillet. — S. EUGÈNE, ÉV. DE CABTHAGE. 33
d'aussi nombreuses aumônes. Il trouvait ses ressources dans les
cœurs qu'il conciliait par sa douceur et dans l'austérité de sa vie ;
car il se refusait tout pour donner davantage aux autres. Quand
on rai représentait qu'il devait du moins se réserver de quoi pour-
voir à ses propres besoins : Le bon pasteur, répondait- il, doit
être prêt à donner sa vie pour son troupeau : serait-il excusable de
s'inquiéter de ce qui concerne son corps ?
Tant de vertus l'exposèrent à l'envie et à la haine des évéques
ariens. Chaque jour ils inventaient de nouvelles calomnies contre
lui; et enfin ils portèrent le roi Uunéric à lui défendre de s'as-
seoir sur le siège épiscopal, de prêcher la parole de Dieu au peu-
ple, et de souffrir dans son église ni hommes, ni femmes qui
fussent habillés à la vandale. Le saint ût une réponse conforme à
son caractèrejet dit, à l'occasion du troisième article de la dé-
fense , que la maison de Dieu devant être ouverte à tout le
monde, il ne lui était pas permis de la fermer à ceux qui voulaieut
v entrer, ni de les en chasser.
Hunéric, irrité de cette réponse, fit placer à la porte de l'église
des bourreaux qui, dès qu'ils voyaient un homme ou une femme
y entrer avec l'habit de leur nation, leur jetaient sur la tête de
petits bâtons dentelés dont ils leur entortillaient les cheveux, et
les tirant avec force, ils arrachaient la chevelure avec la peau.
Quelques-uns en perdirent les yeux ; d'autres en moururent après
avoir longtemps souffert ; plusieurs expirèrent à la porte même
de l'église. On menait par la ville des femmes avec leur tête ainsi
écorchée, précédées d'un crieur, pour les montrer à tout le peu-
ple. Hunéric ôta toutes les pensions aux catholiques qui étaient à
sa cour, et les condamna aux travaux les plus rudes de la cam-
pagne. Ce prince barbare, croyant abattre les catholiques à force
de cruauté, ne se contenta pas de ces premiers coups ; il chassa
les laïques de leurs maisons, les dépouilla de leurs biens et les
relégua dans nie de Sardaigne. 11 lit assembler les vierges, et les
traita indignement, pour les obliger à déposer contre les ecclé-
siastiques, comme s'ils eussent été coupables dlmpudicité. Il fit
prendre près de cinq mille évêques, prêtres, diacres et autres
ecclésiastiques, et les relégua dans les déserts. Eugène ne fut
point enveloppé dans cette première proscription; mais plus
tard, la persécution étant devenue plus générale , il fut exilé dans
les déserts de la province de Tripoli , et mis sous la garde d'un
nommé Antoine, qui exerça contre lui toutes sortes de cruautés.
34 13 jutfkL — SAINTES M AGIS ET BIKtlTT*.
Hunértc sentit enfin le poids de la colère du S
Victor de Vite dît qu'à fut rongé par des vers qui sortaient de
toutes les parties de son corps ; et qu'il mourut aàûidaasJfoàiw*
pour en vidant ses intestins.
L'Église respira un peu sous Gontamond, qui lui succéda. Saint
Eugène eut la liberté de revenir à Carthage, Tan 487, et il obtint
du nouveau roi que ce prince rappelât tous les évéques ; mais ee
calme dura peu. Ce roi mourut Tan 496 ; et sous Trasemond,
successeur, recommença la persécution. Dès la même année,
tout au plus dans le cours de Tannée suivante, saint Eugène fol
enlevé tout à coup, et conduit au roi pour disputer en sa présence
avec le patriarche des Ariens, qu'il confondit et réduisit au silence.
Après avoir été condamné, à la suite de ce triomphe, à perdre la
tête avec deux personnes qui Pavaient accompagné, et qui eurent
en effet la tête tranchée, Eugène eut seulement la gloire de montrer
que Dieu lui avait donné le courage et la constance d'un généreux
martyr : car Trasemond lui en envia l'honneur. Le bourreau avait
déjà l'épée tirée, lorsqu'on lui demanda encore quelle était sa ré-
solution. C'est, dit-il, de perdre la vie plutôt que d'abandonner
la foi. Le roi sembla avoir honte de faire mourir un homme au»'
respectable par sa science et sa vertu, et il exila Eugène dans le
I jtnguedoc. 11 se retira à Alby, où on le laissa en paix, quoique
Alaric, roi des Visigoths, qui était arien comme les Vandales, fût
maître de cette province. Le saint prélat y fut aussi respecté qu'à
Carthage ; et Ton dit que le grand nombre des catholiques qui vou-
lurent se mettre sous sa conduite l'obligea à bâtir un monastère
dans le lieu de son exil. Il y finit sa glorieuse carrière Tan 50&.
13 juillet. — SAINTE MAURE et SAINTE BRIGITTE,
VIERGES ET MARTYRES. — 6e siècle.
Maure et Brigitte, qui étaient sœurs jumelles, eurent pour père
Ella, roi d'Ecosse, et pour mère Pantilomène. Leur naissance et
leur première éducation furent accompagnées de circonstances
merveilleuses. A l'âge de treize ans, N. S. ayant inspiré à ces jeunes
princesses d'être ses épouses, elles firent ensemble vœu de virgi-
nité. Elles y persistèrent courageusement en refusant les partis
que le roi leur père leur offrit, et qui devaient les rendre sou-
veraines. Après la mort de leur père , craignant , ainsi que leur
13 juillet, — SAINTES MAURE ET BRIGITTE. 3a
Hispade ou Espain, qu'on ne les obligeât à lui succéder sur
le trône, tous les trois s'enfuirent pendant la nuit d'Edimbourg et
passèrent en France. Quant aux deux vierges, elles furent plu-
sieurs fois protégées dans leur fuite , et de la manière la plus
magne, par leur céleste Ëpoux. Il en fut de même pendant le long
pèlerinage qu'elles firent d'abord à Rome, aux tombeaux des saints
apôtres Pierre et Paul. Ensuite elles en repartirent, avec leur
frère et leur hôte à Rome, nommé Ursicin, qu'elles avaient dé-
terré par leurs prières de l'obsession d'un démon qui le tour-
mentait. Us firent tous les quatre le voyage de Jérusalem, re-
passèrent en Italie, et ensuite en France, où Dieu préparait un
glorieux martyre aux deux vierges. Après s'être rendues dans
l'Anjou, elles vinrent dans le Beauvoisis. Près d'un bourg appelé
Baiagni, elles furent attaquées par des voleurs qui voulurent aussi
leur faire violence. Lear frère Espain, ayant voulu les défendre
pour sauver leur pureté, reçut d'un des assassins un coup d'épée
qui lui coupa la tète, le rendant martyr de la chasteté, ainsi que
ses deux sœurs, que ces scélérats massacrèrent ensuite. Sur l'a-
vis dTJrsicm, présent à tout ce qui s'était passé, les habitants
de Baiagni donnèrent aux saintes martyres les honneurs de la
sépulture, et plus tard l'évéque de Beauvais, ayant fait les informa-
tions nécessaires, permit d'honorer Maure et Brigitte ou Brigide
comme deux saintes vierges et martyres.
Dans le siècle suivant, sainte Bathilde, reine de France, ayant
voulu faire transporter leurs corps sacrés dans l'abbaye de Chelles
qu'elle bâtissait auprès de Lagny, on les chargea sur des chariots
qui prirent d'abord la route de Paris. Mais quand ces précieuses
dépouilles furent au carrefour de Nogent, près Creil, les bœufs qui
les traînaient refusèrent d'aller plus avant. On fut donc contraint
de les laisser où l'instinct les conduirait, et aussitôt ils tournè-
rent dç leur propre mouvement vers le lieu que l'on appelle
la Croix SU Maure, et de là allèrent à l'église de Nogent, dans la-
quelle Urbain III fit cinq siècles plus tard déposer les reliques de nos
saintes. C'est à l'occasion de ces vierges martyres que le bourg qui
a eu l'honneur de posséder leurs précieux restes a pris le nom de
Xogent-les-Fierges. En Tan 1242 le roi saint Louis, par une dévo-
tion particulière envers sainte Maure et sainte Brigide, visita leur
église, et aussitôt après la fit agrandir de tout le chœur, et trans-
férer les reliques des saintes dans de nouvelles châsses.
3G 13 juillet. — LE B. JACQUES DE VORXgINE.
13 juillet. — LE BIENHEUREUX JACQUES DE VORAGIN1
ARCHEVÊQUE DE GÈNES ET CONFESSEUR. — 13e Siècle.
Jacques qu'on appela de Voragine , du lieu de sa naissano
lequel est un bourg nommé Varaggio , situé dans la rivière <
Gènes, et du diocèse de Savone, y naquit vers Tan 1230, d'ut
ancienne famille. Dès l'âge de quinze ans, il entra à Gènes dai
Tordre des Frères prêcheurs. 11 y fit promptcment de gram
progrès dans la piété, et joignit à la sainteté de sa vie une scien<
peu commune; aussi devint-il pour tout le monde un suj<
d'admiration parce qu'il avait cultivé avec distinction les étudk
libérales et purement humaines', mais encore plus les letdn
divines et ecclésiastiques. Il faisait ses délices de la lecture assidu
des saints Pères, et principalement de saint, Augustin, dont il n
tenait de mémoire les pensées les plus remarquables. 11 fit le plu
souvent profiter les autres de son savoir, car dans l'intérieur d
couvent il enseigna la théologie, et remplit les fonctions de pn
dicateur dans les principales villes d'Italie. Avec le secours de Die
il amena parmi le peuple qui l'écoutait un changement notabl
dans les mœurs, et enflamma de l'amour de la vertu beaucoup d
personnes adonnées* aux plaisirs du monde.
Lorsqu'on 1267 Jacques eut été chargé du gouvernement de s
province, celle d>. Lombardie, il s'y comporta d'une manier
tellement satisfaisante que, par une rare exception, cette fouetta
lui fut continuée pendant plusieurs années ; il la conserva dix-hui
ans, ne la quittant que pour celle de déflniteur. C'est lorsqu'il n
fut plus provincial qu'il se rendit à Gènes, chargé par le pap
Honorais IV de lever l'interdit lancé quelque temps auparavan
contre les Génois, commission honorable qu'il accomplit de faço
à s'attirer leur reconnaissance. Aussi est-ce à leur demande qu e
1292 Nicolas IV, successeur dHonorius, le nomma à l'archevéch
de Gènes. Il n'y eut rien de plus pressé pour lui ni de plus impoi
tant que de remplir dans leur intégrité tous les devoirs d'un pas
teur accompli. Pour mieux y parvenir, ayant réuni en concile le
évoques de sa province, il y rétablit la discipline, que le désordi
des temps antérieurs avait relâchée. 11 donna avec beaucoup d
zèle du développement au culte des saints, et veilla à ce que lcui
saintes reliques fussent conservées avec l'honneur qui leur est dil
14 juillet. — SAINT BON AVENTURE. 37
C'est cette même dévotion envers les saints qui lui fit composer
le célèbre recueil de Vies des Saints intitulé : Jjegenda aurea,
titre que l'on a traduit inexactement par celui de Légende dorée.
(Tétait pour mieux marquer la haute opinion qu'ils en avaient con-
çue que les contemporains de Jacques de Voragine, imités en cela
par tous les chrétiens qui leur ont succédé durant le moyen âge,
avaient appelé ce recueil hagiographique la Légende cTor, ou la
Vie des Saints par excellence. Elle a été réimprimée plus de cin-
quante fois dans les 15 et 16e siècles, et a été traduite dans pres-
que toutes les langues de l'Europe On doit encore à Jacques de
Voragine, outre des Sermons, une Chronique qui ne manque point
dlntérét, surtout en ce qui concerne l'histoire ecclésiastique de
Gènes jusqu'à l'an 1277. Enfin, il avait aussi écrit un ouvrage sur
les prérogatives et les perfections de la sainte Vierge.
Far son éloquence, sa sollicitude pastorale, son habileté à réta-
blir la concorde, et à l'affermir par l'intervention de la religion
du serment, il la ramena parmi les Génois qui, depuis cinquante
ans, demeuraient divisés en deux factions. Simple pour lui-
même, et plein de sobriété, il distribuait aux pauvres les revenus
de l'Église, surtout lorsqu'il y avait une grande disette, de ma-
nière à faire subsister les indigents, et aussi pour subvenir
aux besoins de l'hôpital public. C'est après avoir passé , au mi-
lieu de ces bonnes œuvres et d'autres offices de charité et de
religion, plus de six années dans l'épiscopat, qu'il mourut de la
précieuse mort des justes, le 15 juillet 1298, étant presque
septuagénaire. Ses saintes dépouilles furent déposées sous l'autel
principal de l'église de Saint-Dominique, à Gênes, et elles y furent
conservées jusqu'à ce qu'en 1798 on en fit la translation à l'église-
de Sainte-Marie de Castello, appartenant à Tordre des Frères
prêcheurs, et où elles sont encore aujourd'hui tenues en grande
vénération par les fidèles. Le pape Pie VII, après les informa-
tions canoniques, approuva le culte religieux et le titre de Bien-
heureux dont le serviteur de Dieu jouissait depuis sa mort.
14 juillet. —S. BONAVENTURE, cardin\l-évéque d'Al-
BANO, CONFESSEUR ET DOCTEUR DE L'ÉGLISE. — 13e Siècle
Bonaventure naquit l'an 1221 àBagnarea, en Toscane. En 1243,
Agé de vingt-deux ans, il entra dans l'ordre des Frères Mineurs. Les
TIES DES SAHTS. — T. II. 4
38 14 juillet. — SAINT BONÀYBÏITUM*.
secoure qu'il trouva dans oe nouvel e s* acbemrat «k
raffermir dans le bien. Son ordre, plein d'estime pour a vertu,
cire IV confirma cette élection. Bonaventure fit valoir sa jeunesse
etson peu d'expérience dans la conduite des autres pour être dis-
pensé d'obéir; mais il y fut obligé. Chef d'un ordre si célèbre,
il n'en fut que plus humble : les embarras inséparables de si
place ne l'empêchèrent point de pratiquer toujours ce qu'A y avait
dans le cloître de plus difficile et de plus humiliant.
Grégoire X, ayant été élevé sur la chaire de saint Pierre, trouva
tant d'affaires à régler, tant d'abus à réformer, qu'il crut devoir
convoquer un concile général. Il jeta les yeux sur diverses per-
sonnes qui étaient le plus en réputation de science et de piété;
et, afin de leur donner plus d'autorité, il les éleva aux prélatures
et au cardinalat de l'Église romaine, qui était dès lors en grande
considération. Bonaventure, ayant appris qu'il était de ce nom-
bre, sortit secrètement de l'Italie, et se réfugia au grand cou-
vent de Paris ; mais un ordre bien précis le fit retourner promp-
tement. Il était dans le couvent de Mugello, à quatre ou cinq
lieues de Florence, lorsque deux nonces du pape vinrent lui ap-
4>orter le chapeau. Ils trouvèrent ce cardinal occupé aux plus
Uns offices de la cuisine, et ils se contraignirent pour ne point
faire paraître la peine que leur causait ce spectacle. Bonaventure
ne rougit point de continuer devant eux un des plus bas minis-
tères de la communauté (1). Quand il eut achevé, il prit le bonnet
en soupirant, et témoigna à ses frères, en présence des nonces, le
regret qu'il avait de rechange qu'on lui faisait faire des obliga-
tions paisibles du cloître contre les nouvelles fonctions qu'on
lui imposait.
L'ouverture du concile se fit le 7 mai de Tan 1274, dans la
ville de Lyon. Bonaventure y prêcha à la seconde et à la troisième
session. Après la quatrième, qui se tint le 6 juillet, il tomba
dans une défaillance qui fut suivie d'un vomissement continuel.
Cet accident, qui lui lit perdre toutes ses forces, le fit passer de
cette vie à l'éternité bienheureuse le 14 du même mois.
Saint Bonaventure a laissé un grand nombre d'écrits également
remplis d'érudition et de sentiments de piété. Saint Thomas d'A-
quin, avec qui il était fort lié, étant venu le voir dans le temps
( f -. Il «Haït occupe à laver la va:R8cllc.
15 juillet. — SAINT JACQUES DE NISIBE. 39
qu'il composait la vie de saint François, ne voulut pas le- dé-
tourner : Laissons un saint, dit-il v travailler pour un saint : ce se-
rait une indiscrétion de l'interrompre. Une autre fois ce saint
docteur pria saint Bonaventure de lui dire dans quelles sources
1 puisait Fonction qu'on trouvait dans ses écrits, et cette élo-
quence toute divine qui les faisait rechercher. Saint Bonaventure
lui montra son crucifix, et lui dit : Voilà le grand livre où j'ap-
prends tout ce que j'enseigne. Un frère lui disait un jour : Dieu
vous a donné de grands talents à vous autres savants, avec les-
quels vous pouvez le louer et le servir ; mais nous autres igno-
rants, que pouvons-nous faire pour lui plaire ? — Vous pouvez
aimer Dieu, répondit le saint, c'est par là qu'on lui est véritable-
ment agréable.
I* juillet. — S. JACQUES, Éveqcb db Nisibe. — 4e siècle.
Saint Jacques, un des plus célèbres docteurs de l'Église syria-
que, était de Nisibe , en Mésopotamie , pays qui faisait partie de
Tempire d'Orient. La nature lui avait donné un beau génie , qu'il
cultiva par une application infatigable au travail. Lorsqu'il se fut
suffisamment instruit des sciences humaines , il tourna ses études
du côté de l'Écriture sainte. La vue des dangers qu'on court dans
le monde le pénétra d'une vive frayeur ; il résolut d'assurer son
saint par la fuite, ou du moins d'aller se fortifier dans la solitude,
pour être ensuite plus en état de résister aux efforts de ses enne-
mis. 11 choisit pour sa demeure de hautes montagnes. Il joignait
de grandes austérités à l'exercice de la prière. Des racines et des
herbes crues faisaient toute sa nourriture. Malgré le soin qu'il pre-
nait de se cacher, il fut à la fin découvert ; plusieurs personnes
grimpaient sur les rochers escarpés qu'il habitait , pour se re-
commander à ses prières , et le consulter sur les affaires de leur
D fit un voyage en Perse , pour visiter les églises qui
d'y être fondées , et pour fortifier les nouveaux convertis,
alors cruellement persécutés par les ennemis du christianisme. Sa
présence ranima le courage de ceux qui chancelaient et leur inspira
un désir ardent de mourir pour la défense de la foi. Il amena aussi
les idolâtres à la connaissance de la vérité.
Sa grande réputation de sainteté le fit élever sur le siège épis-
copal de Nisibe; la conversion des pécheurs et la persévérance
40 15 juillet. — SAINT JACQUES DE NISIBE.
des justes étaient deux objets qui l'occupaient continuellement.
Sa charité pour les pauvres était sans bornes. Il flt bâtir une
belle église à Nisibe. Dieu lui accorda le don des miracles. Le plus
célèbre de ses miracles est celui par lequel il délivra sa ville épis-
copale de la fureur des barbares. Sapor II, roi de Perse, assiégea
cette ville deux fois. On met le premier de ces sièges en 338. L'ar-
mée des Perses était extrêmement nombreuse; mais, après
soixante-trois jours de siège , Sapor fut forcé de se retirer et de
retourner dans ses États. Son armée, fréquemment harcelée par
l'ennemi , et épuisée de fatigues, périt à la fin par la famine et par
des maladies épidémiques. Dix ans après , les Perses tombèrent
de nouveau sur les terres des Romains et mirent encore le siège
devant Nisibe. Tout leur annonçait la victoire , et leurs mesures
étaient si bien prises, qu'ils ne doutaient point du succès. Le saint
évêque, par ses prières, conserva encore la ville ; il renouvela le
prodige autrefois opéré par Moïse. Un horrible essaim de mou-
ches vint s'attacher aux trompes des éléphants, ainsi qu'aux oreilles
et aux narines des chevaux. L'aiguillon de ces insectes rendit ces
animaux furieux ; ils renversèrent par terre ceux qui les montaient
et les mirent en désordre. Une grande partie de ces peuples
fut emportée par la famine et par la peste qui survint bientôt
après. Le même prince reçut un troisième échec devant Nisibe
en 369.
Selon l'opinion la plus probable , saint Jacques mourut vers
l'an 350. Les fidèles de Nisibe avaient tant de confiance en son
intercession, qu'ils crurent que sa dépouille mortelle les mettrait
à l'abri de la fureur des barbares; ils voulurent donc qu'il
fût enterré dans l'enceinte de leur ville. Ses reliques furent depuis
transportées à Constantinople.
Saint Jacques , quoique Syrien de naissance , composa divers
traités dans la langue des Arméniens , pour l'instruction de ces
peuples, à la prière d'un saint évéque nommé Grégoire. « Daignez ,
« lui disait cet évéque, me donner quelques courtes instructions et
« m 'apprendre quel est le véritable fondement de la vie spirituelle
« de la foi. Enseignez-moi par quels moyens nous devons élever
« l'édifice de nos âmes ; par quelles bonnes œuvres et quelles
« vertus on doit l'achever et le porter à la perfection. » Nous
avons encore les beaux discours ou instructions que composa no-
tre saint docteur.
15 juillet. — S. HENRI II , EMP. DALL. 41
15 juillet. — SAINT HENRI II, empereur d'Allemagne,
confesseur. — llesiècle.
Saint Henri, surnommé le Pieux et le Boiteux, naquit en 972. Il
eut pour père Henri , duc de Bavière , et pour mère Giselle , fille
de Conrad, roi de Bourgogne. 11 fut élevé par saint Wolfgang,
évêque de Ratisbonne, et fit de rapides progrès dans les sciences et
la piété. En 995, il succéda à son père dans le duché de Bavière.
Étant depuis parvenu à l'empire, il justifia la haute idée qu'on avait
conçue de lui, par l'assemblage des vertus chrétiennes , royales
et militaires. Il priait, il méditait la loi de Dieu et s'exerçait à la
pratique de l'humilité, afin de se prémunir contre l'orgueil , et de
ne point se laisser éblouir par l'éclat des honneurs. Toujours il
avait devant les yeux la fin que Dieu s'était proposée en l'élevant
à une dignité si éminente. De là son zèle à procurer la gloire du
Seigneur, l'exaltation de l'Église, à entretenir la paix dans ses États
et à chercher en tout le bonheur de ses sujets.
En 1005, il fit assembler un concile national à Dortmund , en
Westphalie, pour régler divers points de discipline et pour main-
tenir plus sûrement l'observation des canons de l'Église. Il pro-
cura aussi la convocation de plusieurs synodes provinciaux qui s'as-
semblèrent pour le même objet. Jamais il n'entreprit de guerres
que dans la vue de défendre ses peuples. H apaisa quelques révol-
tes qui s'étaient élevées au commencement de son règne , et par-
donna à ceux qui en avaient été les auteurs.
Après une victoire remportée en Italie, il se rendit à Rome, ac-
compagné de la reine sainte Cunégonde. Le pape Benoît VIII l'y
couronna empereur avec son épouse, en 1014. Henri confirma
et renouvela les donations que ses prédécesseurs avaient faites au
saint-siége , de la ville de Rome , de l'exarchat de Ravenne et de
plusieurs autres domaines en Italie. Après avoir apaisé les trou-
bles de la Lombardie, il reprit le chemin des Alpes pour retourner
en Germanie. Il visita ensuite le monastère de Cluny, auquel il
donna le globe et la couronne d'or, enrichie de pierres précieuses,
dont le pape lui avait fait présent. Divers autres monastères re-
çurent aussi des marques de ses pieuses libéralités. Quelques
princes mêmes de sa famille , désapprouvant, l'usage qu'il faisait
de ses revenus, prireut les armes contre lui ; il les fit rentrer dans
le devoir et leur pardonna.
4.
43 tb juillet. — S. BEÎfBI II, EMP. d'aLL.
Quelque temps auparavant, les idolâtres qui habitaient fa Ak
logne et rEsdavonie avaient ravagé le diocèse de Metaofcourg et
détruit plusieurs églises. Il les soumit, ainsi que les pences 4»
Bohême , qui s'étaient également révoltés. Par ce moyen, te Po-
logne, la Bohême et la Moravie devinrent tributaires de rempire.
Henri répara les églises et rétablit les sièges épiscopaux qu'on avait
détruits. Il envoya dans la Pologne et la Bohème des prédicateurs
zélés pour instruire les idolâtres.
Quand il eut terminé les nouvelles affaires qui Pavaient rappelé
en Italie, il revint dans ses États. Dans le duché de Luxembourg,
il eut une entrevue avec Robert, roi de France ; les deux princes
s'entretinrent d'affaires concernant l'Église et le gouvernement,
ainsi que de la meilleure manière d'accroître le règne de la piété
et de rendre leurs sujets heureux. Ils ne se séparèrent qu'après
s'être donné des preuves de la plus sincère amitié.
De retour dans ses Etats, Henri s'appliqua à faire fleurir par-
tout la religion. Il enrichissait les églises, soulageait les pauvres,
remédiait aux abus et aux désordres , prévenait les injustices et
garantissait le peuple de l'oppression. Malgré la multiplicité des af-
faires dont il était accablé, il ne négligeait pas pour cela les dé-
tails. 11 n'oubliait pas surtout le soin de son âme. Sans cesse il se
rappelait les dangers auxquels il était exposé. Plus il était élevé
dans le monde, plus il cherchait à s'abaisser, et on ne vit jamais
une humilité plus grande sous le diadème. Il aimait qu'on lui dit
naïvement la vérité, et il chassa les flatteurs qu'il regardait comme
les plus grandes pestt>s de la cour et des rois. La prière, et surtout
la prière publique, faisait ses plus chères délices. Il était si édifié
de la conduite des chanoines de la cathédrale de Strasbourg, qu'il
avait dessein de se retirer auprès d'eux , après avoir renoncé à
la couronne ; mais il fut empêché de l'exécuter par les remon-
trances des seigneurs de sa cour et surtout par celle de l'évêque
Wériuhaire, qui lui fit comprendre que sa véritable vocation était
de régner avec sagesse et de se sanctifier sur le trône.
Henri assistait au sacrifice de la messe avec beaucoup de dévo-
tion et participait souvent à l'auguste sacrement de l'autel. 11 ho-
norait la Mère de Dieu comme sa patronne. Il avait une tendre
dévotion pour les Anges-Gardiens et généralement pour tous les
saints Toujours il persistait dans le dessein de quitter le monde,
et il voulait se retirer dans l'abbaye de Saint- Vannes, à Verdun
niais le pieux Richard, abbé de cette maison, lui conseilla de ne
\% juillet. — N. D. DU MOSI-CAftMEL. 43
point exécuter ce projet. Le saint empereur fit constamment pré-
la religion à ses conseils, la bonne foi à ses traités, le zèle à
entreprises. Il conserva la chasteté au milieu des périls de la
cour; on assure même qu'il garda la continence dans le mariage,
de concert avec sainte Cunégonde, son épouse. Il mourut au châ-
teau de Grône, près d'Halberstadt , le 14 juillet 1024, dans la
cinquante-deuxième année de son âge, et la vingt-deuxième de son
règne. Son corps fut porté dans la cathédrale de Bamberg. Les
miracles qui s'opérèrent à son tombeau changèrent bientôt les re-
grets en une vénération singulière. Il fut canonisé en 1152, par
le pape Eugène III
16 juillet — NOTRE-DAME DU MONT-CARMEL.
Lorsque, le saint jour de la Pentecôte, les Apôtres, inspirés d'en
haut, parlèrent plusieurs langues, et opérèrent beaucoup de
miracles en invoquant le très-auguste nom de Jésus, Ton rapporte
qu'un grand nombre d'hommes qui marchaient sur les traces des
saints prophètes Élie et Elisée, et qui avaient été préparés par la
prédication de saint Jean-Baptiste à la venue de Jésus-Christ,
avant aperçu la vérité de tout ce qui s'était passé et en ayant re-
connu la certitude, embrassèrent aussitôt la foi évangélique. En
même temps ils commencèrent a vénérer d'un amour tout parti-
culier la bienheureuse Vierge de la société et des entretiens de la-
quelle ils purent jouir avec bonheur. Ce fut à tel point que les pre-
miers de tous ils bâtirent une chapelle à la pureté virginale de
Marie, dans cet endroit du mont Carmel où £lie avait jadis aperçu
s'élever un nuage qui représentait la figure très-sainte de la Mère
de Dieu. Se réunissant tous les jours dans cette nouvelle chapelle,
ils y honoraient par de pieuses cérémonies , des prières et des
hymnes la bienheureuse Vierge comme la patronne spéciale de leur
ordre. Cestpour cette raison qu'on commença à les appeler indis-
tinctement les Frères de la bienheureuse Marie du Mont-Carmel,
dénomination que les souverains pontifes non-seulement confir-
mèrent, mais pour laquelle ils accordèrent des indulgences parti-
culières à ceux qui désigneraient de ce nom l'ordre ou les frères
individuellement Mais la Vierge, dans sa générosité, n'accorda pas
seulement ce nom et son patronage à ses serviteurs, mais aussi le
apne du saint Scapulaire qu'elle donna elle-même au bienheureux
44 iH juillet. — S. FULRAD, AMI.
Simon Stock, d'Angleterre, afin qu'on distinguât l'ordreà cet habit
venu du ciel., et qu'il le protégeât contre les maux qui poisrwBt
l'assaillir. Enfin, comme Tordre du Mont-Carmel était ntfriftWp
ment inconnu en Europe, et qu'à cause de cela beaucoup flaypfr
sonnes insistaient auprès du pape Ilonorius III pour qu'il le sup-
primât, la très-pieuse Vierge Marie apparut pendant la nuit à Ho-
norius, et lui ordonna formellement d'accueillir avec bienveillance
l'institut lui-même et tous ceux qui en faisaient partie.
Ce n'est pas seulement dans ce monde-ci que la bienheureuse
Vierge a décoré de nombreuses prérogatives un ordre qui hn
est si agréable. Dans l'autre monde ( puisqu'elle exerce partout
d'une manière admirable sa puissance et sa miséricorde), on
croit que ceux de ses enfants qui, ayant fait partie de l'association
du Scapulaire, ont pratiqué quelques abstinences, récité les courte!
prières qui leur ont été prescrites , et gardé la chasteté en rap-
port avec leur état , on croit donc pieusement que dans sa cha-
rité maternelle elle les fait entrer plus promptcment à l'ombre de
sa protection dans la patrie céleste , après les avoir soulagés au
milieu des flammes du Purgatoire, où ils expient leurs péchés.
L'Ordre, qu'elle a comblé de tant de bienfaits, à cause de cela a ins-
titué à perpétuité une commémoration solennelle pour célébrer
chaque année, sous l'invocation du Mont-Carmel, la gloire de la
bienheureuse Vierge Marie.
16 juillet. — SAINT FULRAD, abbé de Saint-Denys
en France . — 8e siècle.
Fulrad, quatorzième abbé de Saint-Denys en France, était
d'Alsace, ou du moins originaire de cette province , où il possé-
dait de grands biens , et où il fonda des monastères. Cest sans
preuves que quelques historiens le font neveu ou petit-fils de
Charlemagne. Ceux qui le font oncle de ce prince , le confondent
avec Fulrad, abbé de Saint- Quentin en Vermandois. Riculphe,
son père, et Ermangarde, sa mère, jouissaient en Alsace de la con-
sidération due à leur haute naissance. Fulrad ne se rendit pas
moins illustre par sa piété que par la supériorité de son génie, et
par ses dignités et ses emplois. Ses négociations, et les services
qu'il rendit à l'Église et à l'État , doivent le faire regarder comme
un des hommes les plus célèbres de son temps. Les rois et les papes
17 juillet. — LE B. CESLAS. 45
l'honorèrent de leur confiance. Ce fut lui que Pépin chargea , en
751 , d'aller consulter le pape Zacharie sur la disposition qu'on
devait faire du trône. Quatre ans après, il lit au nom du roi la do-
nation de l'Exarchat et de la Pentapole au même pontife. Nous ap-
prenons des anciens monuments qu'il fut abbé de Saint-Denys ,
conseiller du roi Pépin , chapelain de son palais , archiprêtre des
royaumes d'Austrasie, de Neustrie et de Bourgogne, et archicha-
pelain, ou, comme on dit aujourd'hui, grand aumônier de France.
n exerça aussi cette charge sous Carloman et sous Charlemague.
11 fonda plusieurs monastères, entre autres ceux de Lièvre et de
Saint-Hippolyte dans le diocèse de Strasbourg, et le prieuré de
Salone dans celui de Metz. Il soumit ces maisons à l'abbaye de
Saint-Denys par son testament de l'an 777. Il mourut le 16 juillet
734. On lit son nom parmi les saints dans plusieurs martyrologes,
quoique d'autres ne lui donnent que le titre de vénérable. On
l'enterra dans l'église de Saint-Denys, d'où son corps fut depuis
porté au monastère de Lièvre. On a longtemps fait sa fête le 1 7
février, qui fut peut-être le jour de sa translation.
\§ juillet. — LE BIENHEUREUX CESLAS , confesseur.
— 13e siècle.
Ceslas, frère de saint Hyacinthe, naquit de la très-noble
maison des comtes d'Odrovans , dans le diocèse de Varsovie. Dès
son plus bas âge il donna des signes de sa future sainteté , et des
marques des vertus chrétiennes. Après qu'il eut fait ses premières
études, Yves,évêque de Cracovie, et (qui était son oncle paternel,
l'envoya en Italie, où il passa sa première jeunesse à étudier la
théologie et la jurisprudence. De retour en Pologne , son oncle
Yves le fit chanoine et gardien de l'église Sainte-Marie , à Sando-
mir. Dans cette place , il ne songea qu'à mener une vie pure et
irréprochable , et sur laquelle on ne pût pas même concevoir le
moindre soupçon du mal, cherchant à gagner les cœurs par
l'exemple de toutes les vertus. Pendant qu'il accomplissait ses de-
voirs avec une constante sollicitude , l'évêque Yves , qui devait
partir pour Rome , le fit venir pour l'accompagner pendant ce
voyage. Arrivé à Rome , Ceslas ayant entendu parler de la sain-
teté et des miracles du serviteur de Dieu , saint Dominique , fon-
dateur de Frères prêcheurs, sans différer, renonça au monde
4G 17 juillet. — LES MARTYRS SC1LLITA1NS.
par une inspiration de l'Esprit-Saint , et reçut l1 abit* religieux
du saint patriarche. Sous sa discipline, il fit de tels progrès
dans la perfection, qu'on le proposait à tous tes aotraeoaaag
un modèle de retenue, de frugalité et d'obéissance. Dans ta
veilles, les jeûnes, les mortiGcations , la prière et toutes les
observances de son Ordre, il se montra tellement exercé , qu'on
le considérait complètement comme un fils véritable de saint Do-
minique. Après avoir accompli son noviciat , le zèle dont il brû-
lait pour le salut des âmes lui fit demander instamment au saint
patriarche de renvoyer dans les régions du Nord, que l'erreur de
I infidélité ainsi que 1 ignorance retenaient dans les ténèbres et tel
ombres de la mort. Ayant fait ses vœux , il se rendit d'abord à
Prague , capitale de la Bohême , et il y prêcha la parole de Dieu
en y gagnant beaucoup dames , et il ravit toute cette ville d'ad-
miration. Il parcourut ensuite a pied toute la Silésie , et il y ob-
tint tous les succès auxquels il aspirait uniquement pour la
gloire de Dieu. Ou dit que, par ses prières et les larmes qu'il ré-
pandit devant Dieu, il sauva Varsovie des attaques des Tartares, qu
ravageaient alors la Pologne et la Silésie. Enfin plein de mérites,
il mourut dans cette ville que sa vertu venait de protéger, dans
un couvent de son ordre, en Tan 1242.
17 juillet. — LES MARTYRS SCILLITAINS. — 2e siècle.
Les plus anciens martyrs d'Afrique dont nous ayons connais-
sance sont ceux qu'on nomme Scillitains , peut-être parée qu'Us
étaient de Scillisi , ville de la métropole de Carthage. Ils furent ar-
rêtés comme chrétiens Tan 200, sous le règne de rempereur.Sévère,
et conduits à Carthage pour y être jugés par le proconsul Saturnin.
Ce proconsul leur fit subir un interrogatoire , et les ayant trouvés
tous inébranlables dans la confession du nom de Jésus-Christ, fl
les envoya en prison. Ils comparurent de nouveau le 16 juillet. Las
archers de la garde de la ville lui en amenèrent six : trois homme*,
Spérat, Narzale et Gittin, et trois femmes, qui s'appelaient
Donate, Seconde et t'est ine.
Saturnin commença par les assurer du pardon de tout ee qui
s'était passé, s'ils voulaient se soumettre à ce que Ton demandait
d'eux, et adorer les dieux des Romains. Spérat, qui paraissait
partout comme le chef des autres , répondit : Nous n'avons pas
Iiesoin de pardon , puisque nous n'avons offensé personne : quel-
17 fuUlet. — LES MARTYRS SCILL1TAINS. 47
auvais traitement que nous ayons reçu , nous en avons
ps rendu grâces à Dieu ; toujours nous avons prié pour nos
iiteurs, selon Tordre que nous avons reçu du Seigneur que
dorons comme notre véritable roi Saturnin, voulant à son
dever sa religion, lui dit que la religion des Romains por-
$si à la douceur et à la modération ; mais qu'on n'y faisait
ïïcuJté d'y jurer par le génie des empereurs ; qu'on y faisait
eux pour leur salut et leur conservation , et qu'on ne dé-
lit point autre chose aux chrétiens. Spérat offrit de lui ex-
* en peu de mots tout le mystère de la douceur et de la
âté chrétienne , mais Saturnin répondit qu'il ne voulait point
re parler contre ses dieux , et il le pressa de jurer par le
le l'empereur., — Je ne connais point le génie de l'empereur,
la Spérat. Je sers le Dieu du ciel , que nul homme n'a vu
eut voir ; je le sers par la foi, par l'espérance et la charité,
jamais commis de crime qui puisse être puni par les lois ;
î le tribut de tout ce que j'achète , parce que je reconnais
reur comme mon seigneur : jamais je ne fais de tort à per-
: ainsi l'on ne peut me faire aucune peine sans violer les
la justice.
es cette réponse , Saturnin les envoya tous en prison, et les
tre dans des ceps de bois. Le lendemain , s'adressant de
iu à Spérat, il lui demanda s'il continuait encore à faire
âon de la religion chrétienne. — Oui , répondit Spérat ;
ut le monde l'entende :je suis chrétien. J'en ai reçu la
et j'espère la conserver jusqu'à la fin , non par mes pro-
crées , mais par la bonté de Dieu. Si vous voulez donc
ma dernière résolution , je suis chrétien. Tous les autres
a même protestation. — Mais, dit Saturnin, ne voulez-
as que je vous accorde un délai pour délibérer sur ce que
rez à faire ? — Il ne faut point de délai , répondit Spérat ;
ne chose où la justice est évidente, il n'y a point à délibérer.
>consul demanda ensuite à Spérat quels étaient les livres
isaient avec tant de respect. Ce sont, dit Spérat, les quatre
les de Notre-Seigneur Jésus-Christ , les lettres de l'a-
lintPaul, et toute l'Écriture inspirée de Dieu. Après cette
e, Saturnin, parlant à tous, leur dit : Je vous donne trois
our réfléchir sur le parti que vous avez à prendre. — Quand
onneriez trente jours, dit Spérat , nous ne changerions point
48 18 jkilltt — SAINTE SI l< IB.
Le proconsul, voy. ibles, dicta m
greffier la sentence i h les condamna à avoir la tét
tranchée, comme c uni In rrlîgînn rhrfîinrno nf nawMj)
n'ayant pas rendu a 1 empereur l'honneur et le respect qu'Us tu
devaient.
Après avoir écrit cette sentence , on la lut devant 1rs saints
qui en remercièrent Dieu , témoignant beaucoup de joie de e
qu'ils avaient été jugés dignes de souffrir pour son nom. Ils allé
rent avec un religieux empressement au lieu destiné pour l'exécu
tion , comme à celui d'où ils devaient monter au ciel par m
glorieux martyre ; et , après avoir prié quelque temps a genoux
ils eurent la tête tranchée le 17 juillet de Fan 200.
1 7 juillet. — SAINT ALEXIS , confesseur. — 5e siècle.
Saint Alexis était de Rome, et fils du sénateur Euphémieo
Ayant reçu dans la maison paternelle une éducation pieuse et li
bérale , il s'adonna avec ardeur à la pratique des vertus chré
tiennes , et brûla d'un tel amour pour Jésus-Christ, qu'il résolu
de marcher sur ses traces , en méprisant la noblesse de son sang
ses richesses, les vanités et les plaisirs du monde. Pour obéii
aux vœux de sa famille, il se maria ; mais dès la première nuit à
ses noces, sur un avertissement qu'il reçut de Dieu secrètement
laissant là son épouse dans sa virginité , il entreprit un pèlerinagi
aux Églises les plus illustres de l'univers chrétien. Il avait pas*
dix-sept aimées en voyages et sans être reconnu, quand son non
fut divulgue à Kdessc de Syrie par une image de la sainte Viergi
Mario, aussi s'embarqua-t-il aussitôt. Ayant abordé an port à
Home, il reçut de son père lui-même l'hospitalité comme s'i
était un étranger pauvre. Il vécut encore chez lui dix-sept an
sans être reconnu de personne , et s'en alla au ciel sous le pontr
ficat de saint Innocent 1er , après avoir laissé un écrit qui faisar
connaître son nom , sa famille et toutes les aventures de sa vie
1 8 juillet. — SAINTE SYMPflOROSE et SES SEPT FILS
martyrs. — 3' siècle.
Symphorose avait sept fils qu'elle élevait chrétiennement à Ti
voli , où elle avait de grands biens, dont elle se servait pour sou
} 18 juillet. — SAINTE SYMPHOROSE. 49
' teger tous ceux qui étaient dans le besoin , principalement les
fidèles persécutés. Elle était veuve de Gétule , qui avait déjà eu le
bonheur de mourir pour Jésus-Christ, avec un de ses frères nommé
Amance; et elle désirait d'avoir le même sort , si c'était la volonté
de Dieu. Ayant été dénoncée comme chrétienne , et conduite de-
vant l'empereur Adrien avec ses enfants , ce prince les traita d'a-
bord fort civilement et les exhorta doucement à sacrifier. Sym-
phorose répondit : Mon mari Gétule et Amance son frère , qui
étaient vos tribuns , ont souffert divers tourments pour le nom
de Jésus-Christ plutôt que de sacrifier aux idoles ; et , aimant
mieux être décollés que de se laisser vaincre par l'abus des biens
terrestres, ils ont eux-mêmes vaincu vos démons en mourant. La
mort qu'ils ont soufferte a pu leur attirer de l'ignominie devant
les hommes ; mais elle leur a procuré une gloire réelle aux yeux de
Dieu, et maintenant ils jouissent dans le ciel de la vie éternelle.
L'empereur dit à Symphorose : Sacrifiez avec vos enfants aux dieux
tout-puissants que nous adorons , ou je vous ferai immoler vous-
même à eux , avec vos fils. — D'où me vient ce bonheur, dit
Symphorose , que je sois trouvée digne d'être offerte en sacrifice
avec mes enfants, au Dieu vivant et éternel ? — C'est à mes dieux
que je vous sacrifierai , répliqua l'empereur. — A vos dieux I ré-
partit Symphorose ; ils ne peuvent me recevoir en sacrifice. —
Choisissez , dit Adrien , ou de sacrifier à mes dieux , ou de finir
votre vie malheureusement. Symphorose répondit : Vous croyez
donc que la crainte me fera changer , moi qui n'ai d'autre désir
que de reposer avec mon mari , que vous avez fait mourir pour
le nom de Jésus-Christ.
L'empereur, voyant qu'il ne pouvait rien obtenir de Sympho-
rose , la fit conduire au temple d'Hercule , où on lui donna des
soufflets ; ensuite on la suspendit par les cheveux ; mais, comme
rien n'ébranlait sa fermeté , Adrien commanda qu'on lui attachât
une grosse pierre au cou , et qu'on la précipitât dans le fleuve. Le
lendemain il fit venir les sept fils de cette martyre , et les exhorta
encore à sacrifier aux dieux et à ne pas imiter leur mère. Voyant
que les exhortations étaient inutiles, il les menaça de les faire
tourmenter cruellement s'ils n'obéissaient à ce qu'il demandait ;
mais ses promesses et ses menaces furent inutiles. L'empereur,
irrité de leur courage , fit planter sept pieux autour du temple
d'Hercule , auxquels on les attacha pour leur tirer les membres
avec des poulies. Après ce premier supplice, Adrien les fit mourir
6
50 18 juillet, — s. Camille de lellis.
diversement. Crescens, l'aîné de tous, fut égorgé; Julien 9 le
second, reçut un coup de poignard dans l'estomac ; Némétluê^ le
troisième , eut le cœur percé d'une lance ; Primitif, le ffrifiM.
fut frappé au ventre ; on rompit les reins à Justin, le cinquième;
on ouvrit le côté à Stactée, le sixième; et Eugène, le plus jeune,
fut fendu du haut en bas. Le lendemain , l'empereur retourna au
temple d'Hercule , et fit jeter les corps dans une grande fosse.
Leur mort glorieuse eut lieu en Fan du salut 120 ou 125.
18 juillet. — SAINT CAMILLE DE LELLIS, fondateur de
l'ordre des Clercs réguliers pour le service des
malades. — 17e siècle.
Saint Camille de Lellis naquit en 1550 à Bacchianico, petite
ville de l' Abruzzc, dans le royaume de Naples. A peine fut-il né, qu'il
perdit sa mère. Il n'avait encore que six ans lorsque la mort lui
enleva son père, qui avait servi en qualité d'officier dans les guer-
res d'Italie. Ayant appris à lire et à écrire , il embrassa aussi la
profession des armes , à laquelle il renonça pour toujours en 1574.
11 avait contracté une violente passion pour le jeu, et il fit des per-
tes fort considérables. Bientôt il fut ruiné et réduit à une telle
misère , qu'il se vit obligé, pour avoir de quoi subsister, de se
mettre au service d'autrui , et de travailler à un bâtiment que Cau-
saient faire les capucins.
Malgré ses égarements , Dieu ne l'abandonna point ; il le visita
même d'une manière spéciale par sa grâce , qui l'invitait inté-
rieurement à la pénitence. Une exhortation touchante que lui fit
un jour le gardien des capucins , acheva sa conversion. Éclairé
par la lumière qui venait de briller à ses yeux, il fond en larmes,
déteste tous les crimes de sa vie passée , et demande au Ciel mi-
séricorde. Cet heureux changement arriva au mois de février de
l'année 1575. Camille avait alors vingt-cinq ans. Il entra succes-
sivement au noviciat chez les capucins et les cordeliers ; mais ces
religieux ne voulurent point le recevoir à cause d'un ulcère qu'il
avait à la jambe , et que les médecins jugèrent incurable.
Ayant quitté sa patrie, il se rendit à Rome, et y servit, l'es-
pace de quatre ans , les malades renfermés dans l'hôpital de Saint-
Jacques. Il portait divers instruments de pénitence , et veillait nuit
et jour auprès des pauvres , s'attachant surtout aux moribonds.
18 juillet. — S. CAMILLE DE LELLIS. 6/
11 tachait de leur procurer tous les secours corporels et spirituels,
et de leur suggérer tous les actes de vertu relatifs à leur situa-
tion. Sa prière était continuelle. Il choisit pour confesseur saint
Philippe de Néri ; il communiait tous les dimanches et toutes les
fêtes. Sa charité, jointe à une rare prudence , le fit élire directeur
de l'hôpital.
Camille était pénétré de douleur à la vue du peu de zèle des do-
mestiques que Ton employait au service des malades. Il forma le
projet d'instituer une société de personnes de piété qui se dévouas-
sent avec lui , par le seul motif de la charité , à cette bonne œuvre.
Il trouva des compagnons tels qu'il les désirait ; mais il rencon-
tra de grands obstacles dans l'exécution de son dessein. Pour se
mettre en état d'assister plus utilement les malades , il résolut de
se préparer à recevoir les saints ordres. Il étudia donc la théologie
avec une ardeur incroyable , et il ne tarda pas à acquérir le degré
de science qui lui était nécessaire. Il fut ordonné par Thomas
Galdwell, évéque de Saint- Asaph, suffragant du cardinal Savelli ,
évéque vice-gérant à Rome sous le pape Grégoire Xlll. Ayant été
chargé, en 1584, de desservir la chapelle de Notre-Dame aux Mi-
racles, il fut obligé de quitter la direction de l'hôpital.
Ce fut dans la même année qu'il institua sa congrégation pour le
service des malades. Il fit porter à ceux qui y furent admis un ha-
bit noir, avec un manteau de même couleur. Les règles qu'il leur
donna étaient en petit nombre. Ils allaient tous les jours à l'hô-
pital du Saint-Esprit , où ils servaient les pauvres avec autant de
zèle et de ferveur que si c'eût été Jésus-Christ en personne. Us fai-
saient les lits des malades, et exerçaient, par rapport à eux , les
fonctions les plus dégoûtantes ; ils les exhortaient encore , par
des discours touchants , à se bien préparer à la réception des der-
niers sacrements, pour obtenir de Dieu la grâce d'une bonne
mort.
Le saint trouva des adversaires puissants, qui voulurent le tra-
verser dans ses bons desseins, et qui lui suscitèrent de grandes dif-
ficultés ; mais, par sa confiance en Dieu, il vint à bout de surmon-
ter tous les obstacles. En 1585 , ses amis lui procurèrent une
maison commode pour loger sa congrégation. Encouragé par ces
premiers succès, il porta plus loin ses vues ; il voulut que ses frè-
res s'engageassent à servir les pestiférés, les prisonniers et ceux
même qui mouraient dans leurs propres maisons. Leur principal
soin était de secourir les âmes , en suggérant aux malades des actes
52 18 juillet, — s. Camille de lellis.
de religion convenables à l'état où Us se trouvaient. Camille pro-
cura aux prêtres de son ordre les meilleurs livres de piété qui trai-
taient de la pénitence et de la passion de Jésus-Christ, et leur re-
commanda de se faire , d'après les psaumes, un recueil de ces prières
touchantes que Ton appelle jaculatoires , pour qu'ils s'en servis-
sent dans le besoin. Il leur ordonna d'assister surtout les moribonds;
de leur faire régler de bonne heure leurs affaires temporelles, afin
qu'ils ne s'occupassent plus que de celle de leur salut ; de ne.point les
laisser trop longtemps avec des amis ou des parents qui pourraient
les troubler par un excès de tendresse ; de les faire entrer dans
de vifs sentiments de pénitence, de résignation , de foi , d'espérance
et de charité ; de leur apprendre à accepter la mort en esprit de
sacrifice et en expiation de leurs péchés; de les exhorter à deman-
der miséricorde par les mérites du Sauveur agonisant , à le con-
jurer de leur appliquer le fruit de cette prière qu'il fit sur la croix,
de leur accorder la grâce de lui offrir leur mort en union avec la
sienne, et de vouloir bien recevoir leur âme dans le sein de la
gloire. Il forma un recueil de prières qu'on devait réciter pour les
personnes qui étaient à l'agonie.
11 n'y avait personne qui ne fût charmé d'un établissement qui
avait eu la charité pour principe. Le projet en paraissait d'autant
plus admirable qu'il avait été formé et exécuté par un homme
sans lettres et sans crédit. Le pape Sixte V le confirma en 1586, et
ordonna que la nouvelle congrégation serait gouvernée par un su-
périeur triennal. Camille fut le premier. On lui donna l'église de
Sainte-Marie-Magdeleine pour son usage et pour celui de ses frè-
res. On l'invita, en 1588 , à venir à Naples, afin d'y fonder une
maison de sonordre. 11 s'y rendit avec douze de ses compagnons
et fit ce qu'on lui demandait. Ces pieux serviteurs des malades
( c'était le nom qu'ils prenaient) volèrent au secours des pestiférés
qui étaient dans les galères qu'on n'avait point voulu laisser abor-
der. Deux d'entre eux moururent victimes de leur charité. Camille
montra le même zèle à Rome, en deux différentes circonstances où
cette ville fut affligée par une maladie contagieuse.
En 1591 , Grégoire XIV érigea la nouvelle congrégation en or-
dre religieux , et lui accorda tous les privilèges des ordres mendiants,
sous l'obligation toutefois d'ajouter, aux vœux de pauvreté, do
chasteté et d'obéissance , celui de servir les malades, même ceux
qui seraient attaqués de la peste. Il leur défendit de passer dans
d'autres communautés religieuses, excepté chez les chartreux. En
18 juillet. — S. CAMILLE DE LELLIS. 63
1593 et en 1600, Clément VIII confirma le même ordre, et lui
accorda de nouveaux privilèges.
Saint Camille ne négligea rien pour prévenir les abus qui se
glissaient jusque dans les lieux consacrés par la charité. Son zèle
devint d'autant plus ardent, qu'il découvrit que dans les hôpitaux
on enterrait quelquefois des personnes qui n'étaient point mortes.
Il ordonna à ses religieux de continuer les prières pour les ago-
nisants quelque temps encore après qu'ils paraîtraient avoir rendu
le dernier soupir, et de ne pas permettre qu'on leur couvrît le vi-
sage sur-le-champ, comme il s'était toujours pratiqué; mais son
attention à assister les âmes l'emportait de beaucoup sur celle qu'il
avait à soulager les corps. 11 parlait aux malades avec une onction
à laquelle il était impossible de résister; il leur apprenait à répa-
rer les défauts de leurs confessions passées et à entrer dans les
dispositions où doivent être des moribonds. Tous ses discours
roulaient sur l'amour de Dieu, même dans les conversations or-
dinaires, et s'il lui arrivait d'entendre un sermon où il n'en fût
point parlé, il disait que c'était un anneau auquel il manquait
un diamant.
Le serviteur de Dieu fut lui-même affligé de diverses infirmi-
tés dont la complication le fit beaucoup souffrir. Ce qui le touchait
le plus était de ne pouvoir servir les malades comme auparavant;
du moins il les recommandait fortement à la charité de ses reli-
gieux. 11 se traînait encore de lit en lit pourvoir si rien ne leur
manquait, et pour leur suggérer plusieurs actes de vertu. Souvent
ou l'entendait répéter ces paroles de saint François : « Le bonheur
« que j'espère est si grand, que toutes les peines et toutes les souf-
« frances deviennent pour moi un sujet de joie. »
Saint Camille n'obligea point ses religieux à réciter le bréviaire,
à moins qu'ils ne fussent dans les ordres sacrés ; mais il leur était
enjoint de se confesser et de communier tous les dimanches et
toutes les grandes fêtes, de faire chaque jour une heure de médi-
tation, d'entendre la messe, de dire le chapelet et quelques autres
prières.
L'humilité du saint fondateur était extraordinaire : il se mépri-
sait lui-même, au point que ceux qui le coinraissaient en étaient
dans l'étonnement. Ce fut par un effet de cette vertu qu'il se dé-
mit du généralat en ! 607 , il voulait encore, par cette démission,
se donner plus de temps pour servir les pauvres. 11 fonda des
maisons do son ordre dans plusieurs villes, comme à Bologne, à
5.
51 18 juillet. — S. CAMILLE DE LELLIS.
Milan, à Gènes, à Florence, à Ferrare, à Messine, à Mantour,
etc. ; il envoya aussi quelques-uns de ses frères en Hongrie, et
dans d'autres lieux qui étaient affligés de la peste. Nota ayant été
attaquée de ce fléau en 1600, l'évéque delà ville établit Camille
son vicaire général. Le saint se dévoua généreusement au service
des pestiférés. Ses compagnons imitèrent son exemple. Il y en
eut cinq d'entre eux auxquels il en coûta la vie. Dieu récompensa
le zèle de son serviteur par l'esprit de prophétie, par le don des
miracles, et par plusieurs autres grâces extraordinaires.
Saint Camille assista au cinquième chapitre de son ordre, qui
se tint à Rome en 1613; il alla ensuite visiter, avec le nouveau
général, les maisons de Lombardie, faisant partout des exhor-
tations fort touchantes. Étant à Gênes, il fut extrêmement mal.
S'étant trouvé un peu mieux, il s'embarqua pour Civita-Vecchia,
d'où il se rendit à Rome. Sa santé se rétablit, et il se vit en état
de faire la visite de ses hôpitaux ; mais il retomba peu de temps
après, et les médecins destspérèrent de sa vie. En ayant été
averti, il s'écria : Je me réjouis de ce que F on m'a dit : Nous !
irons dans la maison du Seigneur. Il reçut le saint viatique
des mains du cardinal Ginnasio, protecteur de son ordre. Lorsque
le saint sacrement fut dans sa chambre, il dit les larmes ans '
yeux : « Je reconnais, Seigneur, que je suis le plus grand des i]
« pécheurs, et que je ne mérite pas de recevoir la faveur que vota
« daignez me faire ; mais sauvez-moi par votre infinie miséricorde. *
« Je mets toute ma confiance dans les mérites de votre précisas ^
« sang. » Quoiqu'il eût purifié sa conscience par la confession, 1 '*
craignait encore de n'être pas assez bien disposé. 11 avait eepen- *
dant mené une vie très-sainte, et il s'était confessé tous les jours *'
avec les plus vifs sentiments de componction. Lorsqu'on lui ad- !*
ministra le sacrement de l'extréme-onction, il fit un discours **
fort touchant à ses religieux. Il mourut le 14 de juillet 1614, à l'âge ^
de soixante-cinq ans comme il l'avait prédit. On l'enterra auprès dta "*
grand autel de l'église de Sainte-Marie-Magdeleine. Plusieurs mi* *
racles s'étant opérés à son tombeau, on leva son corps de terre, *
et on le mit sous l'autel même. On l'a depuis renfermé dans ^
une châsse. Benoît XIV béatifia le serviteur de Dieu en 1743, et )e
le canonisa en 1746. 'ta
te
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3
19 juillet. — SAINTE HACB1NE.
19 juillet. — SAINTE MACRINE, viebge. — 4e siècle.
Macrine, fille de saint Basile et de sainte Emmélie, fut l'aînée
de dix enfants que Dieu regarda dans sa miséricorde , et qui vé-
curent tous dans une grande sainteté. Saint Basile, évêque de Cé-
sarée , saint Pierre de Sébaste et saint Grégoire de Nysse sont les
plus connus. Macrine fiit élevée avec beaucoup de soins. Sainte
Emmélie , sa mère , veillait exactement sur sa conduite et tâcha
de ne lui inspirer du goût que pour le ciel. Quoiqu'elle lui eût
donné une nourrice qui , selon l'usage ordinaire de ce temps-là,
était également chargée de l'éducation et de la nourriture de l'en-
fant, elle la retenait le plus qu'elle pouvait auprès d'elle , exami-
nait ses inclinations et s'efforçait de les régler sur la sagesse et la
vertu. Emmélie ne souffrit point que Ton suivit dans l'éducation
de sa fiDe la méthode ordinaire, qui était de commencer l'instruc-
tion des enfants par la lecture des poètes profanes ; mais elle lui
faisait apprendre les parties de l'Écriture sainte les plus propor-
tionnées à son âge , principalement les livres de Salomon et les
psaumes. Les psaumes surtout lui devinrent si familiers , qu'elle
les chantait en toute occasion, en sortant de son lit, en travaillant,
en se reposant, en prenant ses repas, en sortant, en se couchant.
Sa mère l'appliqua au travail des mains, comme il convient à une
personne de son sexe, et la jeune Macrine y réussit aussi bien que
dans les exercices de l'esprit. Elle excellait surtout dans les ouvra-
ges en laine , qui étaient l'occupation ordinaire des femmes : elle
n'en faisait point pour la vanité ni pour la parure; et, dans un
âge où les jeunes personnes même les plus sages sont ordinaire-
ment recherchées dans leurs ajustements, elle ne voulait rien que
de simple et de bas prix.
Dès l'âge de douze ans, sa beauté, que l'on dit avoir été si grande
que les peintres les plus habiles ne pouvaient la représenter, la no-
blesse de sa famille et ses grands biens la firent rechercher par les
jeunes gens les plus qualifiés de la province. Basile, son père , en
choisit un dont il connaissait particulièrement la parenté et les
bonnes mœurs, et il lui promit sa fille lorsqu'elle serait en âge
d'être mariée. Mais, Dieu ayant appelé à lui ce jeune homme ayant
l accomplissement du mariage, Macrine en prit occasion de décla-
rera son père que son dessein était de domeurrr vierge. Celui que
66 M juillet. — SAINTE MACMIKB.
vous m'aviez destiné, lui dit-elle, n'en sera pas moins mou époux,
sa mort n'est qu'un voyage; je ie verrai après la résurrection. Ba-
sile ne voulut point s'opposer à une si sainte résolution, oe qui
donna à Macrine la liberté de refuser tous les partis qui se pré-
sentèrent depuis. Elle demeura donc auprès de sa mère, à qui elle
rendait toutes sortes de services, jusqu'à vouloir s'assujettir à lui
faire son pain et la nourrir du travail de ses mains , afin qu'elle
eût davantage à donner aux pauvres.
Macrine perdit saint Basile, son frère, le premier jour de l'an
379, et onze mois après elle tomba dans la maladie qui devait la
délivrer des misères de cette vie. Saint Grégoire de Nysse vint la
visiter. Elle couchait sur des planches. L'entretien tomba surit
mort de leur illustre frère , saint Basile. Gomme saint Grégoire
en était extrêmement attendri , Macrine entreprit de le consoler
par un excellent discours qu'elle fit sur la Providence, sur l'état
de l'âme et sur le bonheur de la vie future. Jamais, dit saint Gré-
goire de Nysse , sa foi et son courage ne parurent plus que dans
ces tristes moments où elle nous dit adieu. — Consolez-vous,
mon cher frère , me dit-elle en me voyant pleurer ; ces larmes
conviennent peu à votre dignité. Souvenez-vous qu'en recevant
le caractère d'évéque , vous avez dû vous dépouiller de ces fai-
blesses pardonnables aux autres hommes : le seul amour de l'É-
glise et de votre troupeau doit remplir votre cœur. N'est-il pas
temps d'ailleurs que mon sacrifice s'achève? Si vous m'aimes
véritablement, réjouissez-vous de me voir si près de l'heureuse
éternité.
Sur le soir elle se sentit beaucoup plus faible. Cessant alors de
parler à son frère, elle se mit à prier, mais d'une voix si faible,
qu'à peine pouvait-on l'entendre. Néanmoins elle joignait les mains
et faisait le signe de la croix sur ses yeux , sur sa bouche et sur
son cœur. Lorsqu'on eut apporté de la lumière, on reconnut aux
mouvements de ses lèvres qu'elle s'acquittait, autant qu'elle pou-
vait, de la prière du soir, dont elle marqua la Gn par un signe
de croix qu'elle fit sur son visage. Aussitôt elle rendit l'esprit par
un long soupir, et le saint évëquc, son frère, lui ferma les yeux et
la bouche, comme elle l'en avait prié.
19 juillet. — S. ARSÈNE. 57
19 juillet. — S ARSÈNE, solitaire en Egypte. —
5e siècle.
Saint Arsène, d'une famille distinguée dans Rome , fut élevé
arec soin , et étudia les lettres grecques et latines, dans lesquelles
Q fit beaucoup de progrès L'empereur Théodose lui confia l'édu-
cation de son fils Arcadius ; et, en le lui mettant entre les mains, il
lui dit : Je Yeux désormais que vous soyez plus son père que moi-
même. Ce prince, étant entré un jour dans la chambre où Arsène
donnait leçon à son fils, et ayant vu le disciple assis et le maître
debout, s'en plaignit au dernier, et lui fit entendre qu'A était en-
core trop tôt de faire connaître à Arcadius ce qu'il serait un jour.
Les honneurs qu'il recevait à la cour de Théodose le touchèrent
peu ; les dégoûts inséparables de son emploi lui firent naître, au
contraire, le désir de la solitude. Dieu, qui l'y appelait, lui en
fournit l'occasion , et il se retira dans le désert de Scété.
La vertu qui éclata le plus dans Arsène fut F amour de la re-
traite. S'il avait besoin de quelque chose , il aimait mieux le rece-
voir par les mains des autres solitaires que de sortir pour le cher-
cher lui-même. Quand il était à l'Église , il se mettait derrière un
pilier, afin que personne ne vît son visage, et qu'il ne vît personne.
L'abbé Marc lui dit un jour : Pourquoi me fuyez-vous ? Arsène
lui répondit : Dieu sait combien je vous aime ; mais je ne puis
être avec Dieu et avec les hommes. Théophile , archevêque d'A-
lexandrie, accompagné d'un magistrat, alla lui rendre visite
dans le dessein d'entendre de lui quelques paroles d'édification.
Le saint garda quelque temps le silence , et leur dit ensuite : Si
je vous dis quelque chose, Tobserverez-vous ? Ils répondirent qu'ils
feraient ce qu'il leur dirait. Eh bien ! dit le solitaire, partout où
vous saurez que sera Arsène , n'en approchez pas. Théophile ,
voulant revenir une autre fois , envoya savoir auparavant si le
saint ouvrirait sa porte. Arsène répondit : Si vous venez, je vous
ouvrirai ; et si je vous ouvre, j'ouvrirai à tout le monde ; après
quoi je ne demeurerai plus ici. Théophile , instruit de cette ré-
ponse, n'y voulut point aller, et dit : J'aime mieux me retirer que
de le chasser. Ce saint homme avait toujours à la bouche ces pa-
roles tant de fois répétées depuis par saint Bernard : Arsène ,
pourquoi as-tu quitté le monde? et ces autres paroles : J'ai tou-
58 19 juillet. — s. Vincent de paul.
jours eu regret d'avoir parlé, je n'en ai jamais eu d'avoir gardé
le silence.
Un solitaire lui dit, en le consultant sur les tentations eprtl éfttth j
vait : Que dois-je faire, mon père ? mon esprit est toujours agité
par des pensées d'impureté ; elles ne me laissent point de repos.
Arsène lui répondit : Quand vous vous apercevrez que le démon
répand dans votre cœur les semences de ces pensées, ne vous en
entretenez pas vous-même. Les démons peuvent bien nous les
suggérer, mais ils ne peuvent point nous y faire consentir. Lors
donc que vous sentez ces pensées s'élever et comme parler dans
le cœur, ne les écoutez point, ne leur répondez point; mais levez-
vous, priez, gémissez, et dites > Jésus-Christ, Fils de Dieu, ayez
pitié de moi.
Quand Arsène vit sa (in approcher, il dit aux autres solitaires :
Ne vous mettez point en peine d'avoir de quoi faire des aumônes
pour moi quand je serai mort ; c'est assez qu'on se souvienne de
mon âme en offrant le sacrifice : si j'ai fait quelque bonne oeuvre
pendant ma vie, je la trouverai alors. Étant près de rendre l'es-
prit, il se. mit à pleurer, et ses frères lui dirent : Pourquoi pleurez-
vous? Avez- vous donc peur de la mort comme les autres? — Peu
ai grand'peur, répondit-il; et cette peur ne m'a pas quitté depuis
que je suis solitaire C'est ainsi que les vrais serviteurs de Dieu re-
doutent ses jugements, mais ce sentiment est toujours accompagné
d'une douce confiance en la miséricorde divine. Cette crainte n'em-
pêcha pas Arsène d'expirer dans une grande paix. Sa bienheu-
reuse mort arriva vers l'an 449 ; il était Agé de quatre-vingt-quatorze
ans, et avait passé quinze ans dans le désert. L'abbé Pémcn,
l'ayant vu expirer, s'écria, les larmes aux yeux : Que vous été*
heureux, Arsène , d'avoir tant pleuré sur vous-même pendant
votre vie ! car ceux qui iï auront pas pleuré sur eux en ce
monde , seront condamnés en l'autre à des larmes éternelles.
19 juillet. — S. VINCKINT 1)K PAUL, confesseub. —
171' siècle.
Vincent de Paul naquit, le 24 août 1576, dans la paroisse de Poy,
au diocèse do Dax. Son père se nommait Guillaume de Paul , et
sa mère Bertrande de. Mo ras. Ils avaient six enfants, qu'ils éle-
vaient dans la piété, et qui les aidaient à cultiver une petite ferme
qu'ils |>ossédaient en propre. Vincent, qui était le troisième , fut
19 juillet. — S. VINCENT DE PAUL. . 59
employé à garder tes troupeaux. On remarqua dès lors en lui le
germe de cet amour pour les pauvres qui devait être un jour sa
vertu dominante . Ayant une fois ramassé jusqu'à trente sous ,
somme considérable pour lui , il la donna au malheureux qui lui
parut le plus délaissé.
Guillaume de Paul, qui aperçut bientôt dans son fils de rares
dispositions pour les sciences et la piété, résolut de le faire étu-
dier, et il l'envoya chez les cordeliers de Dax , qui tenaient un
collège.
A Tâge de vingt ans, Vincent se rendit à Toulouse pour faire un
cours de théologie. Dans cette ville , de même qu'à Dax, les soins
qu'il donna à quelques jeunes gens fournirent un supplément
à son peu de fortune. 11 Ait fait prêtre en 1600 et nommé presque
aussitôt à la cure de Thil, dans le diocèse de Dax ; il abandonna
sans regret ce bénéfice pour ne point plaider contre un compéti-
teur qui le lui disputait. Son désistement lui laissa la liberté de
continuer ses études : il prit le degré de bachelier en 1604.
L'année suivante, Vincent fut obligé d'aller à Marseille rece-
voir un legs que lui avait fait un de ses amis, mort dans cette ville.
Étant sur le point de retourner à Toulouse, il accepta la propo-
sition qu'on lui fit de prendre la voie de la mer jusqu'à Narbonne ;
mais il fut pris par des pirates, blessé, enchaîné, mené à Tunis,
et vendu d'abord à un pécheur, puis à un médecin, après la
mort duquel on le revendit à un renégat natif de Nice en Pro-
vence. Vincent fut exposé à toutes sortes d'épreuves durant
cette captivité : promesses, menaces, mauvais traitements, rien ne
fut épargné pour ébranler sa foi. Le médecin , qui fut son second
maître, alla jusqu'à lui offrir de le faire son héritier s'il voulait
abandonner sa religion. Vincent implora le secours du Ciel par
l'intercession de la sainte Vierge , et il se crut toute sa vie rede-
vable à la Mère de Dieu d'avoir échappé à ces tentations. Le Sei-
gneur récompensa cette constance : une des femmes du renégat
voulut un jour que son esclave chantât les louanges du Dieu
qu'il adorait : Vincent chanta le psaume Super flumina Babylo-
nis et l'antienne Salve, Regina, avec tant d'onction et de grâce,
que cette femme en fut vivement touchée. Elle dit à son mari
qu'il avait eu grand tort de quitter sa religion. Ce reproche ne
fut pas vain ; dès le jour suivant, le renégat s'ouvrit à son esclave,
et lui dit qu'il n'attendait , pour revenir à la religion de ses pè-
res, que la commodité de se sauver en Europe ; il la trouva au
60 19 juillet. — S. VINCENT DS PÀUl.
bout de dix mois : le 38 juin 1607, ils abordèrent «a France, oà le
renégat fut réconcilié par le vice-légat d'Avignon. De là , Vioert
de Paul alla à Rome, où il visita avec une grande déiotmle tm-
beau des saints Apôtres. Vers la fin de 1608 il quitta Fltalie, chargé
par le cardinal d'Ossat de rendre compte de vive voix , au roi
Henri IV, d'une affaire très-importante qu'il n'avait pas voulu ha-
sarder dans une lettre.
Arrivé en France, Vincent remplit sa commission auprèi
d'Henri IV; mais quoiqu'il eût eu, dit son historien (1), une a
favorable entrée auprès d'un grand roi, qui savait très-bien faire
le discernement des esprits , et de qui, par conséquent, étant
connu, il pouvait espérer un avancement très-considérable selon
le siècle, il ne voulut pas se prévaloir de cette occasion que d'au-
tres eussent recherchée et ménagée avec tant de soin; et fer-
mant les yeux aux premières lueurs de la fortune, il alla se loger
dans le voisinage de l'hôpital de la Charité, où il passait une par-
tie de ses journées à instruire et à soigner les malades.
Deux ans après, par le conseil du cardinal de Bérulle, il ac-
cepta la cure de Clichy, près Paris. Les aumônes qu'il recueillit
dans la capitale lui fournirent le moyen de rebâtir en entier et
d'orner l'église de cette paroisse : il y nourrit les pauvres et y fit
fleurir la piété. Mais la Providence, qui destinait le saint prêtre i
parcourir une carrière plus vaste, se servit encore de AI. de Bénite
pour le déterminer à se charger de l'éducation des enfants du
comte de Gondi, général des galères de France , qui , par sa piété
et son zèle, eut tant de part, ainsi que la comtesse son épouse,
à presque tout le bien que fit depuis Vincent de Paul.
En 1616, Vincent accompagna madame de Gondi au châtflM
de Folleville, dans le diocèse d'Amiens. On vint un jour le prier
de confesser un paysan dangereusement malade. Vincent, lui
ayant proposé de faire une confession générale, s'aperçut bientôt
que son pénitent ne s'était jamais confessé avec les dispositioni
nécessaires. Le paysan, fondant en larmes, s'accusa de tous sa
péchés et reçut l'absolution. 11 ressentit ensuite une joie extraor-
dinaire, et il s'écriait qu'il eût été perdu s'il n'eût pas eu le bon-
heur de rencontrer Vincent. Madame de Gondi , craignant qui
plusieurs de ses vassaux ne fussent dans le même cas , le pria de
(I) Abelly, êvêqiie de Rodez. Il publia la Vie de saint Vincent dePiul qp»
tre ans aprîs sa mort 'Paris, 1664, in-*0) : et il déJia cet ouvrage a la rein*
19 juillet. — s. vinceut de pall. 61
percher dans I église de Folleville le jour de la conversion de saint
Paul, afin d'instruire le peuple sur le caractère de la vraie péni-
tence. Son discours produisit le plus grand fruit.
Toute sa vie le saint en célébra la mémoire : c'est aussi pour
cela que les prêtres de la congrégation de la Mission datent leur
premier établissement du jour de la conversion de saint Paul,
25 janvier 1617. L'année suivante, toujours par le conseil de
IL de Bertille, Vincent, accompagné de cinq prêtres , se chargea
eu soin d'aller prêcher l'Évangile dans les villages de la Bresse ,
où régnait une ignorance grossière des premières vérités du chris-
tianisme. Madame de Gondi apprit avec une joie singulière les
travaux de Vincent: ce fut alors qu'elle résolut, de concert avec
son mari, d'établir une compagnie de missionnaires qui s'emploie-
raient à l'instruction de leurs fermiers et de leurs vassaux. Ce
projet fat proposé à J. F. de Gondi, frère du comte, premier ar-
chevêque de Paris, qui l'approuva et donna le collège des Bons-
Enfents pour loger la nouvelle communauté.
Vers le même temps , Vincent, secondé par M. de Gondi , par-
vint à porter quelques soulagements aux forçats qui étaient en
dépôt à Paris, et qu'il trouva dans la plus affreuse situation; il
les rassembla dans une seule maison , leur donna des secours
pour le corps et pour l'âme, et établit pour eux un ordre si admi-
rable, que, M. de Gondi en ayant parlé au roi, Vincent fut nommé
aumônier général des galères. Il ne tarda pas à se rendre à Mar-
seille ; et là , se trouvant au milieu des galériens , qui par leurs
imprécations ne faisaient qu'aggraver leur horrible état, il allait
de rang en rang, écoutait leurs plaintes et compatissait à leurs
peines ; fl joignait, autant qu'il était possible, l'aumône aux pa-
roles, et par là il s'ouvrit le chemin de tous les cœurs ; il engagea
aussi tes officiers à les traiter avec plus de ménagement. Ses soins
ne furent point inutiles; on eut plus d'humanité d'un côté, plus
de docilité de l'autre : l'esprit de paix commença à dominer ; les
murmures s'apaisèrent; les aumôniers purent parler de Dieu
sans être interrompus. Mais le plus grand service qu'il rendit aux
forçats fut d'obtenir qu'on bâtirait pour les malades un hôpital ,
que M. de Gondi commença dès lors, et qui fut depuis achevé
par le cardinal de Richelieu.
En 1624, après la mort de madame de Gondi, que Vincent as-
sista dans ses derniers moments, il alla demeurer avec ses prêtres
au collège des Bons-Enfants, et leur donna des règles ou cons-
6
T>2 \§ juillet. — S. VINCENT DB PAUL.
titutions qui fureut approuvées par le pape Urbam VIII, ea 1631.
L'année suivante, les chanoines réguliers de Saint- Yktor cédè-
rent à Vincent le prieuré de Lazare, qui devint le rihrf Imdflia
congrégation, et Gt donner aux Pères de la Mission le nom de
Ijazaristes.
Cet établissement ne suffisait pas encore au zèle de Vincent, il
travailla à former cette société devenue depuis si célèbre sous le
nom de Filles de la Charité. Les premières personnes qui se
réunirent furent logées chez mademoiselle Legras(l), qui pourvut à
leur entretien. On leur apprit à servir les malades, et on les forma
aux exercices de la vie spirituelle. Leur zèle à remplir leurs de-
voirs, la sainteté de leur vie, charmèrent tous ceux qui eurent
occasion de les voir : leur nombre augmenta si rapidement, non-
seulement en France, mais dans les Pays-Bas, l'Autriche, la Si-
lésic et la Pologne, qu'il y eut trois cents maisons du vivant même
du fondateur. La vocation des Filles de Saint-Vincent est de pren-
dre soin des pauvres dans les paroisses, d'élever les enfants trou-
vés, d'instruire les jeunes filles privées de leurs parents, de soigner
les malades dans les hôpitaux, et même les criminels condamnés
aux galères.
Saint François de Sales, dans un des voyages qu'il fit à Paris,
eut occasion de connaître Vincent de Paul. Une tendre charité
unit bientôt ces deux grandes âmes. Vincent disait que la dou-
ceur, la majesté, la modestie et tout l'extérieur de François de
Sales lui retraçaient une vive image du Fils de Dieu conversant
parmi les hommes. Ktant tombé malade peu de temps après un
entretien qu'il avait eu avec ce saint prélat, il s'écriait tout na-
turel lement : Puisque Cévéque de Genève est si bon, il faut, 6
mon Dieu! que vous soyez bien bon vous-même.
Vincent de Paul fut aussi fait supérieur de plusieurs autres
(I) Madame, ou, comme on parlait alors, mademoiselle Legras était fille de
Louis de Marillac, frère de Michel de Marillac, garde des sceaux, et du ma»
réchaldc Marillac. Elle épousa Antoine Legras, secrétaire des commandement!
de la reine Marie de Médicis, qu'elle perdit en 1625 après douze ans de ma- ,
riage. S'étant mise sous la conduite de saint Vincent de Paul, te grand servi-
teur de Dieu l'employa dans les établissements de charité qu'il fil , surtout à
Parts. Elle mourut le 15 mars 1G60. Voici ce que saint Vincent de Paul dit
d'elle, dans une lettre datée du samedi saint 1060 : « Je recommande son Ion
à vos prières , quoique peut-être elle n'ait [tas besoin de ce secours , car nom
ivons grand sujet de croire qu'elle jouit maintenant de la gloire promise à
ceux qui servent Dieu et les pauvres de la manière qu'elle l'a fait. »
19 juillet. — S. VINCENT DE PAUL. 63
communautés religieuses, entre autres celle des Filles de la Pro-
vidence, qui avait été établie, en 1643, par madame de Pollation.
Cette pieuse femme, formée par Vincent de Paul, voulut procu-
rer an asile aux jeunes personnes de son sexe que l'indigence,
l'abandon ou la mauvaise conduite de leurs parents exposent sou-
vent au danger de perdre leur honneur et leur âme. Il coopéra
aussi à rétablissement de la maison des Orphelins, fondée par
madame de l'Étang, de celledesFilles de Sainte-Geneviève, appe-
lées Miramiones, du nom de madame de Miramion , leur fon-
datrice; de celle des Filles de la Croix, fondée par madame de
Villeneuve : institutions toutes destinées à l'éducation des enfants
de la classe indigente, ou au soin des pauvres malades.
La charité de Vincent de Paul ne se bornait point aux soins de
ces précieuses communautés. La Lorraine, la Champagne, la Pi-
cardie, ravagées par la guerre, la famine et les épidémies, trou-
vèrent en lui des ressources inespérées. Les aumônes qu'il ramassa
pour la Lorraine seule s'élevèrent à 1,600,000 livres.
Lps étrangers participèrent aussi aux fruits de sa charité. Un
grand nombre de royalistes anglais ayant été obligés de fuir leur
pays sous Cromwell, Vincent de Paul parla de la triste position de
ceux qui s'étaient retirés à Paris, dans une assemblée de seigneurs
qu'il avait formée en association de charité. On y résolut qu'il
serait fait une pension à ces étrangers, et chaque mois elle était
portée chez eux par le baron de Renti.
Ce n'est pas le seul service dont les catholiques des îles Bri-
tanniques fussent redevables à Vincent de Paul ; d'après un bref
du pape Innocent, il envoya huit de ses prêtres en Irlande, qui y
firent toutes sortes de bien , selon que l'écrivirent à Vincent les
évêques du pays. Il en euvoya aussi en Ecosse et dans les îles
Hébrides, qui fortifièrent les catholiques dans la foi et y rame-
nèrent un grand nombre de ceux qui l'avaient abandonnée.
Les regards de Vincent se portèrent encore plus loin que l'Eu-
rope. Se ressouvenant des maux qu'il avait soufferts daus son es-
clavage d'Afrique, il envoya de ses missionnaires à Tunis, à
Tripoli et à Alger.
Enfin, sur l'invitation de la congrégation établie à Rome pour
la propagation de la foi , il fit partir vingt de ses prêtres pour
prêcher l'Évangile aux peuples idolâtres et presque sauvages de
nie de Madagascar. Son regret était de ne pouvoir aller lui-même
prêcher la foi aux infidèles. Ah ! malheureux que je suis, disait-
64 iQ juillet. — S. VINCENT tiE PAUL.
il quelquefois dans l'ardeur de son zèle, j* me suis rendu i« •
digne par mes péchés d'aller rendre service à Dieu parmi Ses
peuples qui ne le connaissent pas. O qu'heureuse, «jottfait<-il,c4
ta condition d'un missionnaire qui n'a point d'autres bornes de
ses travaux pour Jésus-Christ que toute ta terre habitable l
Pourquoi donc nous restreindre à un point et nous prescrire
des limites, puisque Dieu nous a donné tant d'étendue pour
exercer notre zélé?
Les enfants trouvés étaient alors à Paris dans un état «Tan-
bandon qu'il est impossible de décrire. Vincent rassembla une so-
ciété de dames charitables qui se chargèrent de ces infortunés ;
mais bientôt la dépense de cet établissement devint si énorme»
et elle épuisa à un tel point toutes les ressources , qu'on fut au
moment de l'abandonner. Dans cette extrémité, Vincent con-
voqua une assemblée générale de ces dames pieuses, où il mit en
délibération si la compagnie devait cesser ou continuer ses pre-
miers soins. Il leur proposa, dit Abelly, les raisons qui pouvaient Ici
dissuader ou persuader; il leur fit voir que jusqu'alors elles avaient
fait vivre jusqu'à cinq à six cents de ces enfants, qui fussent
morts sans leur assistance, et dont plusieurs apprenaient des mé-
tiers, d'autres étaient en état d'en apprendre, et que parleur moyen
tous ces pauvres enfants avaient appris à connaître et à servir
Dieu ; puis, élevant un peu la voix, il conclut par ces paroles : « Or
sus, Mesdames, la compassion et la charité vous ont fait adopter
ces petites créatures pour vos enfants : vous'avez été leurs mères
selon la grâce, depuis que leurs mères selon la nature les ont aban-
donnés ; voyez maintenant si vous voulez aussi les abandonner.
Cessez d'être leurs mères pour devenir à présent leurs juges; leur
vie et leur mort sont entre vos mains : je m'en vais prendre la
voix et les suffrages ; il est temps de prononcer leur arrêt et de
savoir si vous ne voulez plus avoir de miséricorde pour eux. Ils
vivront si vous continuez d'en prendre un charitable soin; et an
contraire, ils mourront infailliblement si vous les abandonnez. »Ca
dames furent si fort touchées, que toutes unanimement conclurai
qu'il fallait soutenir, à quelque prix que ce fût, cette entreprâe
de charité ; et pour cela elles délibérèrent entre elles sur les moyens
de la faire subsister. A la suite de cette délibération on obtint Al
roi le château de Bicétre, pour loger ces enfants, et une somme
considérable qui suppléa à l'insufûsancc des aumônes particu-
lières.
19 juillet. — S. VINCENT DE PAUL. G5
La vénération dont jouissait Vincent de Paul lui donnait
le moyen de faire réussir les plus grands projets. Il assista
Louis XIII à la mort et le disposa, par ses exhortations, à finir
sa vie dans les parfaits sentiments de piété. Ce fut dans ses derniers
moments que le roi, repassant dans son esprit les devoirs de
la royauté, s'écria : O monsieur rincent, si Dieu me rendait la
santé, je ne nommerais personne à répiscopat qu'il n'eût passé
trois ans avec vous.
La reine Anne d'Autriche, qui fut régente pendant la minorité
de Louis XIV, appela Vincent au conseil de conscience. Il y
rendit de très-grands services à l'Église , malgré les contradictions
qu'il y éprouva; et Fléchier, évéque de Nîmes, dans la lettre
qu'il écrivit au pape, quarante-cinq ans après % pour demander
là béatification de Vincent de Paul, témoigne que le clergé de
France lui devait en grande partie l'éclat dont il brillait depuis
ce temps.
Pendant les troubles de la Fronde , prévoyant la disette qui
devait s'en suivre, il avait renvoyé en province tous les élèves de
ses séminaires ; et il put ainsi nourrir pendant quelque temps
deux mille pauvres, soit avec les subsistances destinées à 'ces
ecclésiastiques , soit avec les aumônes dont la charité le rendait
toujours dépositaire. Enfin le saint termina le cours de ses grands
bienfaits publics en procurant la fondation de l'Hopital-Général ,
où tous les pauvres de Paris trouvèrent un asile.
En 1658, Vincent , âgé de quatre-vingt-trois ans, convoqua , à
Saint-Lazare, l'assemblée générale des membres de sa congréga-
tion. Il les exhorta tous de la manière la plus touchante à observer
avec la plus parfaite exactitude les règles qu'il leur avait données.
Sa santé dès lors était bien altérée ; on la voyait dépérir de jour
en jour -, mais , malgré son extrême affaiblissement et ses souf-
frances , il ne diminua rien de ses exercices de piété : il continua
de se lever à quatre heures du matin , de dire la messe, de faire
trois heures d'oraison; à ses prières accoutumées il ajoutait
encore, vers la fin de sa vie, les recommandations de l'âme et les
divers actes par lesquels l'Église prépare les fidèles à paraître
devant Dieu. 11 mourut le 27 septembre 1660, âgé de quatre-vingt-
cinq ans.
On l'enterra dans l'église de Saint-Lazare : il y eut un concours
prodigieux à ses funérailles ; le nonce du pape, plusieurs évêques,
le prince de Conti, y assistèrent. Il s'opéra , par l'intercession
6.
06 20 juillet. — saintiï marguerite.
de Vincent, divers miracles dont la vérité fut juridiquement
reconnue.
M juillet. — SAINT JOSEPH BARSABAS, dit le Juste. -
1er siècle „
Ce saint, qui était un des soixante-douze disciples du Sauveur,
fut mis sur les rangs avec saint Mathias, quand les Apôtres
voulurent donner un successeur dans l'Apostolat au traître Judas.
Saint Chry sos tome observe que, loin de s'attrister de n'avoir
point été choisi , il se réjouit dans le Seigneur d'avoir vu donner
la préférence à un autre. Après la dispersion des disciples, H
alla prêcher l'Évangile à plusieurs nations, confirmant, par
divers prodiges , la doctrine qu'il annonçait. Entre autres mi-
racles qu'il opéra , il but du poison qui ne lui fit aucun mal.
C'est ce que rapporte Eusèbe, d'après Papias, qui avait vécu avec
les Apôtres. C'est sa piété extraordinaire qui lui mérita le sur*
nom de Juste.
20 juillet. —SAINTE MARGUERITE, vierge et màhtyhb. —
3° siècle.
On lit dans les anciens martyrologes que cette sainte souffrit à
Antiocbe de Pisidie durant la dernière persécution générale. On dît
qu'elle fut instruite par sa nourrice dans la religion chrétienne ;
que son propre père, qui était prêtre des idoles, devint son accu-
sateur, et qu'après avoir passé par diverses tortures, elle con-
somma son sacrifice par le glaive. Elle est nommée dans les
litanies qui ont été insérées dans l'ancien ordre romain , atosi
que dans les plus anciens calendriers des Grecs. Ce fut dans le
onzième siècle , et durant les croisades, que son culte passa
d'Orient en Occident II y devint bientôt très-célèbre , surtout en
France, en Angleterre et en Allemagne. On assure que, pendant
qu'elle était dans la prison où l'avait fait jeter le préfet Oly-
brius , elle y fut attaquée par le démon qui avait pris en appa-
rence la forme d'un horrible dragon , mais qu'à un signe de
croix que fit la sainte, toute sa puissance diabolique fut détruite.
On conserve le corps de la sainte à Montcfiaseone en Toscane .
20 juillet. — S. JEROME ALMILIANI. 67
20 juillet. — SAINT JÉRÔME jEMILIANï, confesseur. -
16e siècle.
Jérôme, né à Venise, de la famille patricienne des jEmiliani,
porta les armes au temps de sa première jeunesse. Choisi plus
tard pour gouverner Cas tel -No vo, sur les frontières de Trévise,
il fut jeté dans un affreux cachot par les ennemis qui avaient pris
cette place. Destitué de tout secours humain, il implora la
Vierge Marie, qui lui apparut pleine de miséricorde , le délivra ,
et le conduisit à travers les troupes ennemies jusqu'à Trévise sans
qtffl eût reçu aucun mal. Étant entré dans la ville , il alla se
présenter devant l'autel de la Mère de Dieu, à laquelle il s'était
voué, et étant retourné à Venise , il s'adonna plus complètement
aux exercices de piété. Montrant une libéralité admirable envers
les pauvres, il ressentait surtout une tendre compassion pour les
orphelins sans ressources. 11 loua des maisons pour les recevoir,
les nourrit à ses frais , et s'occupa de leur donner une éducation
chrétienne. Le bienheureux Gaétan et Jean-Pierre Caraffa, de-
puis pape sous le nom de Paul IV , non-seulement approuvèrent
les bonnes œuvres de Jérôme et l'esprit qui les animait, mais ils
lui persuadèrent de fonder d'autres maisons pour ses chers or-
phelins, d'abord à Brescia, ensuite à Corne, puis à Bergame où
il ouvrit en outre , chose nouvelle dans ces contrées , une maison
de refuge pour les femmes qui, après une vie de désordre , em-
brasseraient la pénitence. Enfin, s'arrêtant à Somasque, petit
village du pays de Bergame, il s'y fixa lui et les siens, et donna
en cet endroit une forme régulière à sa congrégation , qui prit le
nom de la Somasque. Cet institut, que saint Pie V mit ultérieu-
rement au nombre des ordres religieux, ne bornant plus son
zèle aux soins des orphelins et à l'entretien des églises , se dévoua
à l'éducation chrétienne de la jeunesse daus des écoles de toutes
les espèces. Quant à son saint fondateur^ ayant découvert une
caverne sur la montagne qui domine Somasque, il y ajouta, à
toutes les œuvres que lui inspirait sa charité ardente pour le pro-
chain, la pratique de mortifications fort rigoureuses. Enfin, dans
une contagion qui exerçait ses ravages parmi les habitants de la
vallée, Jérôme se dévoua à servir les malades et à porter les
morts sur ses propres épaules jusqu'au lieu de leur sépulture. îl fut
lui-même atteint par le fléau, et après avoir annoncé sa fin pm-
dS 21 juillet . — - S. V1CT0B BE MARSEILLE.
chaîne, il fit, âgé de cinquante-six ans, une mort précieuse devant
Dieu, Tan 1537. Illustre par de nombreux miracles, opérés pea-
dant sa vie et après sa mort, il fut béatifié par Beofitt.X|V* et
solennellement inscrit par Clément XIII au nombre des saints.
21 Juillet. — SAINTE PRAXÈDE, vierge. — 2e siècle.
Praxède, vierge romaine, sœur de Pudentienne, vierge comme
elle, accomplissait toutes les œuvres de la charité envers les
chrétiens que persécuta l'empereur Marc-Antonin. Elle les se-
courait de ses biens, de sa peine, tout en les consolant ; elle
cachait les uns dans sa propre maison , exhortait les autres a
persévérer dans la foi, et donnait la sépulture aux corps de ceux
qui succombaient. Elle veillait aussi à ce que rien ne manquât aux
prisonniers, et à ceux qu'on faisait souffrir dans des bagnes.
Toutefois, comme elle ne pouvait supporter qu'avec la plus vite
douleur d'assister à un aussi affreux carnage des chrétiens, cBe
pria Dieu, s'il lui était avantageux de mourir, de la retirer du
milieu de tant de maux. C'est pourquoi le Seigneur l'appela an
ciel le 21 juillet, pour y récompenser sa piété. Son corps lut
apporté par le prêtre Pastor dans le sépulcre de son père et de
sa sœur Pudentienne, au cimetière de Priscille, sur la voie Salaria.
21 juillet. —SAINT VICTOR DE MARSEILLE et sis
COMPAGNONS, MARTYRS. — 3e Siècle.
L'empereur Maximien, après avoir laissé dans différentes
villes des Gaules des marques de son inhumanité envers les chré-
tiens , vint aussi , vers l'an 290 , rendre la ville de Marseille té-
moin de ses excès. Ce prince trouva du courage dans tous les
sexes , parce qu'il trouva partout des hommes pleins de foi et
animés de la grâce de Jésus-Christ. Un des plus célèbres fut
Victor. C'était un officier de l'armée, Adèle à son devoir, mais
plus fidèle encore à la religion chrétienne qu'il professait. Dès
que la persécution fut commencée , il alla encourager les fidèles
à souffrir avec constance , et les exhorter à plutôt mourir pour
Jésus-Christ que de se laisser vaincre par des tourments passagers
qui leur mériteraient une gloire éternelle. Il parcourait ainsi
toutes les nuits les maisons des particuliers, et allait même dans
22 juillet. — SAINTE MARIE-MAGDELEINE 69
amps animer les militaires à se montrer en cette occasion
soldats de Jésus-Christ que de l'empereur.
i zèle si ardent ne pouvait manquer d'être connu des païens.
s saisit de Victor : on l'amena aux préfets Astèse et Eutyque,
l'accusa devant eux de se révolter contre les ordres du prince.
préfets , qui auraient voulu le gagner , l'exhortèrent à sacrifier
lieux , afin de ne pas perdre le fruit de ses services et la faveur
rince. Je n'ai rien fait , dit Victor, contre l'honneur ni contre
rét de l'empereur et de l'État : je n'ai jamais refusé de dé-
re l'un et l'autre quand mon devoir m'y a obligé. Tous les
; même j'offre à Dieu des vœux pour le salut de l'un et de
re; tous les jours je sacrifie des victimes spirituelles pour at-
sur euxles bénédictions célestes. Mais peut-on me condamner
> que je préfère aux biens présents ceux de l'éternité ? Ne
i-je pas insensé de m'attacher à ce qui est de peu de valeur,
ant que je puis avoir des biens d'un prix infini ? La faveur des
es, les plaisirs de la vie , la gloire , les honneurs , la santé ,
5 même , qu'est-ce que tout cela ? N'est-il pas juste de leur
rer une vie éternelle et la faveur de Celui qui a créé toutes
», et qui rend parfaitement heureux ceux qui le possèdent?
les biens dont vous me parlez , pour des avantages de quel-
moments, j'acquiers une éternité de délices. A l'égard des
nents, je les regarde comme des rafraîchissements plutôt que
ne des peines : ils éteindront pour moi des supplices éternels.
rais bien insensé , ayant la connaissance que j'ai de vos dieux
mien , de préférer les vôtres , qui ne sont rien ou qui ne
que des démons, à mon Dieu , qui est le Dieu vivant et vé-
e. Sa fermeté fut couronnée par le martyre Tan 303.
Met. — SAINTE MARIE-MAGDELEINE — Ier siècle.
inte Marie-Magdeleine, célèbre dans l'Église par son attache-
pour Jésus-Christ , était Galiléenne de naissance. Lorsque
3-Seigneur commença à prêcher l'Évangile , elle était pos-
\ de sept démons. Les miracles du Sauveur rengagèrent à re-
r à lui pour obtenir sa guérison. Jésus la guérit , et la sainte
te, pleine de reconnaissance, s'attacha pour toujours à sa
«ne , le suivant partout afin de profiter des instructions qui
ient de sa bouche sacrée , et de saisir toutes les occasions de
70 32 juillet. — s. vandbille.
le servir et de partager avec lui ses biens t t reis. ljefeie4fa&oar
l>our son Sauveur, elle raccompagna durant sa pasaoa jaqpfa*
Heu de son suppliée et se tint au pied de la croix avec i» arittt
Vierge.
Magdeleine n'abandonna pas le Sauveur après sa mort; die vit
mettre son corps dans le tombeau , et elle alla aussitôt préparer
des parfums pour l'embaumer, parce qu'elle n'avait pas encore
compris le mystère de la Résurrection. C'est ce qui la jeta dans
l'étonnement , lorsqu'ayant été au tombeau le lendemain du sabbat
avec plusieurs saintes femmes , elle ne trouva plus le corps de
celui qu'elle cherchait. L'ardeur de son amour, jointe à la sur-
prise, lui fît verser des larmes et la retint auprès du sépulcre.
Jésus-Christ récompensa sa persévérance. Deux Anges lui appa-
rurent, et ensuite Jésus-Christ se montra à elle; mais elle ne le
connut pas d'abord. Jésus lui dit : Femme, que cherchez-vous?
Madeleine , pensant que c'était le jardinier du lieu où était le
tombeau , et croyant que tout le monde devait être instruit de ce
qui l'occupait beaucoup , lui dit : Si cent vous qui Cavez enlevé,
dites-moi où vous rarez mis , et je remporterai. Jésus lui dit :
Marie. A ces mots, ses yeux furent ouverts ; elle reconnut Jésus»
et voulut embrasser ses genoux. Jésus lui dit : Ne me touche*
point, car je ne suis pas encore monté vers mon Père; mal»
allez trouver mes frères (c'est ainsi qu'il appelait ses disciples)»
et dites-leur de ma part : Je monte rers mon Père et votre Père,
mon Dieu et votre Dieu. Magdeleinc courut avec empressement
annoncer aux disciples que Jésus était ressuscité d'entre les morts.
C'est tout ce que l'Evangile nous en apprend. On lit dans quel-
ques auteurs grecs qu'après l'ascension de Jésus-Christ, elle suivit
la sainte Vierge à Éphèsc , et qu'après la mort de cette auguste
mère du Sauveur, elle demeura avec saint Jean l'Évangéliste.
On ajoute qu'elle obtint la couronne du martyre. Elle mourut
a Éphèse et y fut enterrée.
22 juillet. - SAIYr VANDIULLE, abbé dk Fontenellb
en Normandie. — V siècle.
Vandrille , issu d'une des premières familles du royaume d' Ans»
trasie, était proche parent de Pépin de T^anden et d'Erchinoald,
tous deux maires du palais, l'un en Austrasie, l'autre enNeus*
23 juillet. — - S. APOLLINAIRE. 71
trie. Il parut dans sa jeunesse à la cour de Dagobert Ier. Le prince,
qui l'estimait , lui donna des emplois considérables et le flt comte
du palais. Quoique au faîte des honneurs et au sein.des plaisirs,
le jeune Vandrille sut en se préservant du poison de l'orgueil
mener une vie mortifiée et intérieure. Ce fut par complaisance
pour sa famille qu'il s'engagea dans le mariage ; mais le jour même
de ses noces , il proposa à sa femme , dont la vertu ne cédait
point à la sienne , de vivre dans la continence , ce à quoi elle
consentît.
Libre de tout engagement, Vandrille quitta la cour et les charges
qu'il y possédait, et se retira dans l'abbaye de Montfaucon en
Champagne, où saint Baudri l'avait fondée depuis peu, et il y prit
l'habit en 629. Plus tard il fit deux voyages, l'un à Bobbio, et
l'autre à Rome, pour se perfectionner dans les exercices de la vie
monastique , en acquérant la connaissance des règles les plus ap-
prouvées en Italie. Après avoir passé dix ans, après son retour en
France, dans l'abbaye de Romans sur l'Isère , et avoir reçu de
saint Ouen, archevêque de Rouen, les ordres sacrés, il fonda en
648, dans le pays de Caux, le célèbre monastère de Fontenelle ,
qui depuis a pris son nom , et qui produisit un si grand nombre
de saints. Il s'y vit en peu de temps ù la tête de trois cents religieux
qu'il édifiait par son austérité et son exactitude parfaite à remplir
les diverses observances de la communauté. Il fit bâtir plusieurs
monastères en différents lieux, et malgré la sollicitude qu'exi-
geait la sanctification de tant de personnes confiées à ses soins , il
trouvait encore le temps d'instruire le peuple. Il prêcha l'Évangile
dans tout le pays de Caux , où Jésus-Christ était presque généra-
lement méconnu. 11 réforma les abus, et fit fleurir la piété là où
le désordre avait régné auparavant. Il mourut le 22 juillet 666.
23 juillet. — SAINT APOLLINAIRE, premier évêque
de Ravenne et martyr. — 1er siècle.
Apollinaire vint d'Antiocheà Rome avec le prince des Apôtres,
qui le consacra évêque et l'envoya prêcher à Ravenne l'Évangile
de Jésus-Christ. Comme il y convertit beaucoup de monde , il
fut arrêté par les prêtres des idoles, et cruellement maltraité.
Lorsque ensuite, grâce à ses prières, un personnage noble nommé
Boniface, qui était muet depuis longtemps, recouvra la parole,
72 23 juillet. — LA B. JSAHKB D'OftVIBTO.
lorsque aussi sa fille possédée du démon en fut damée, 3 s'éfefi
contre le saint une nouvelle sédition. On le frappa dé verges < A l
on l'obligea à marcher nu-pieds sur des charbons aaitattBfc ï#j
feu sur lequel on l'avait placé ne lui ayant fait aucun mal, on
le chassa de la ville. Le saint évoque demeura alors caché un peu
de temps avec quelques chrétiens ; puis il partit ensuite pour l'E-
milie, où il rappela à la vie la fille du patrice Rufin, laquelle Tenait
de mourir. Il en résulta que toute la famille de Rufin crut en
Jésus-Christ .A cette nouvelle le préfet, enflammé décolère, cita
devant lui Apollinaire, et le traita fort durement pour qu'il cessât
de répandre dans la ville la foi à Jésus-Christ. Le serviteur de
Dieu s'inquiéta fort peu de cette injonction , et fut mis à la
torture sur le chevalet. On versa de l'eau bouillante sur ses plaies,
on lui meurtrit le visage à coups de pierre , puis on l'emprisonna
tout chargé de chaînes. Au bout de quatre jours , il fut mis sur
un vaisseau pour l'envoyer en exil ; mais, ayant fait naufrage, fl
aborda en Mysic, gagna les rives du Danube, puis la Thrace. Mais
dans cette contrée, comme le démon qu'on y adorait au temple de
Sérapis , refusait de rendre des oracles tant que le disciple de l'a-
pôtre Pierre demeurerait dans le pays , on finit par trouver celui-
ci après de longues recherches. On lui donna l'ordre de se rem-
barquer ; mais de retour à Ravenne , accusé de nouveau par les
prêtres des idoles , il fut remis à la garde d'un centurion qui, pra-
tiquant en secret le christianisme, laissa Apollinaire s'en aller
dant la nuit. Lorsqu'on en eut connaissance, des satellites
mirent ù sa poursuite , l'accablèrent de coups , et le laissèrent
pour mort sur le chemin. Des chrétiens l'enlevèrent de là à la dé-
robée, et le septième jour il quitta ce monde en les exhortant i
conserver la constance dans la foi , et étant devenu illustre parla
gloire du martyre. Son corps fut enseveli près des murs de la ville.
23 juillet. — LA BIENHEUREUSE JEANNE D'ORVIKTO,
vierge, du tiers ordre de S -Dominique. — 14e siècle.
Jeanne naquit d'une famille honorable à Carnajola, qui est tm
bourg du territoire d'Orviéto, de l'ancienne Étrurie. Devenue or-
pheline dès ses premières années, elle montrait habituellement à
ses jeunes compagnes la figure d'un ange qu 'on avait peint dam
l'église du lieu où elle habitait, et qu'elle avait choisi pour protee-
23 juillet. — LA B. JEANNE d'OHVIÉTO. 73
tecteur en place de ses parents. .Elle ne venait que d'entrer dans
l'adolescence, quand, faisant peu de cas de la beauté remarquable
dont elle était douée, et même la méprisant, elle se sentit embrasée
d'un ardent amour pour la virginité, et prit la résolution de la
garder toujours précieusement. Elle triompha par un secours
divin des pièges dangereux que l'on dressa contre elle pour la faire
renoncer à son pieux projet. Ainsi , non-seulement elle refusa
constamment des propositions de mariage, et malgré tous les pré-
paratifs que Ton en faisait déjà ; et s'enfuyant de la maison ,
die accourut chez les vierges du Tiers ordre de Saint-Dominique,
qui l'admirent dans leur maison d'Orviéto , où elle commença
aussitôt à briller par l'éclat des dons célestes, et celui de toutes les
vertus. Elle se préparait continuellement à la contemplation des
choses divines par les jeûnes , les veilles , et par d'autres sortes
de mortifications corporelles. Assidue à la prière , elle s'entrete-
nait tous les jours plusieurs heures avec Dieu, et alors on la voyait
immobile et comme ravie hors de ses sens. Quand dans les con-
versations ordinaires, on venait à parler de la charité du Christ et
de ses souffrances , tout à coup elle répandait d'abondantes larmes
et tombait en extase. Elle enflammait la plupart des personnes
qui l'approchaient de l'ardeur qui la consumait elle-même ; aussi
en amena-t-elle beaucoup, par ses exhortations et son exemple,
à mépriser les choses de la terre , et à embrasser la vie religieuse.
Elle s'appliquait néanmoins avec autant de soins à cacher par une
extrême humilité les grâces que Dieu lui prodiguait. Elle eut à
supporter de la part du démon divers tourments et peines , ainsi
que de longues maladies qu'elle souffrit avec une patience admi-
rable, et en conservant toujours sur son visage une douce gaieté,
qui ne laissait jamais soupçonner qu'elle ressentît la moindre dou-
leur. Ayant enfin annoncé que la vie allait lui échapper, elle reçut
les sacrements de l'Église, et alla s'unir au divin Époux des âmes,
l'an 1306, à l'âge de quarante-deux ans. C'est Benoit XIV qui
approuva le culte qu'on lui rendait , conformément aux lois de
l'Église, et en observant les formalités qu'elles prescrivent.
VIES DES SAINTS. — T. II.
74 36 juUiet. — sAirrr Jacques lb Xàjcut.
21 /*iflW. — SAINTE CHRISTINE, viRMt M skamtfc, {
— 3e siècle.
Sainte Christine souffrit diverses tortures pour la foi, et fet
condamnée à une mort cruelle durant la persécution de Diodéuea.
On l'exécuta à Tyro , ville située dans une Ile formée par le lac de
Bolsène en Toscane , laquelle a été depuis engloutie par les eau.
Ses reliques se gardent présentement à Païenne en Sicile. La
mémoire de cette sainte est en grande vénération chez les Grec*
et lcsT«atins. On trouve son nom dans le martyrologe ditdesant
Jérôme , dans celui de Bède, etc.
25 juillet. — SAINT JACQUES LE MAJEUR, apAtu,
— 1er siècle.
Saint Jacques , que Ton nomme le Majeur pour le distinguer
do l'évéque de Jérusalem, était frère de saint Jean , apôtre et évan»
géliste , tous deux fils de Zébédée et de Salomé , et parents de
Jésus-Christ. Us étaient pécheurs et vivaient du produit de
état. Ils suivirent le Sauveur dès qu'il les appela près de lui,
donnant leur famille , leur barque et leurs filets. Quoiqu'ils
perdissent rien de ses divines instructions , ils le quittaient
de temps en temps , afin d'aller pécher pour fournir à leur
sistence ; mais ils ne se séparèrent plus de lui lorsqu'il eut
festé sa puissance dans cette pêche miraculeuse où Pierre et AnM
les appelèrent pour aider à tirer leurs filets , qu'ils avaient jelét
par ordre de Jésus-Christ , et qui se trouvèrent remplis «Tune si
prodigieuse quantité de poissons.
En Fan 31 , ils assistèrent à la guérison de la belle-mère de saint
Pierre et à la résurrection de la fille de Jaîre , chef de synagogue.
\ax même année Jésus mit Jacques au nombre de ses Apitoies,
c'est-à-dire de ceux qu'il devait envoyer annoncer son Évangle
aux Juifs et aux Gentils. Il donna à Jacques et à Jean le nom de
Boancrgès, c'est-à-dire enfants du tonnerre. Ce nom marquait
leur naturel ardent et plein de zèle. Ils en donnèrent une preuve
bien sensible peu de temps après la Transfiguration du Sauveur.
Les Samaritains ayant refusé de recevoir Jésus-Christ dans un
de leurs villages, ces deux Apôtres indignes lui demandèrent s'il
25 juilkt. — SAINT JACQUES LE MAJEUR. 75
voulait qu'ils fissent descendre le feu du ciel pour consumer le
Ken et les habitants; mais il arrêta leur zèle , et leur dit qu'ils
ne connaissaient pas l'esprit qui les animait, parce que ce qu'ils
croyaient faire par un zèle de justice était accompagné de quelque
Mouvement de colère. Il voulut donc leur apprendre que F esprit
de l'Évangile , qu'il venait faire connaître au monde , est un es-
prit de charité qui cherche à sauver les âmes , et non à venger les
Jacques et son frère Jean furent , avec saint Pierre, les seuls
jpeetateurs de la glorieuse TransGguration de Jésus-Christ, et les
tfmniiK de son agonie dans le Jardin des Oliviers; mais , malgré
rexemple et les instructions qu'ils avaient reçus , leurs esprits n'é-
taient pas encore parfaitement éclairés , ni leurs cœurs entièrement
purifiés : aussi demandèrent-ils au Sauveur , par la bouche de leur
mère , d'être assis , l'un à sa droite , l'autre à sa gauche , dans son
royaume. Ce fut à eux-mêmes qu'il adressa sa réponse : Pouvez-
cous boire le calice que je boirai ? ce qu'il entendait de sa passion ;
3s lui répondirent : Nous le pouvons. Jésus leur dit : Vous boirez
en effet le calice que je bois dès à présent, et vous serez baptisés
dm même baptême dont je suis baptisé. Par là il faisait entendre
qu'ils souffriraient ie martyre , ce qu'ils ne comprirent pas alors.
Après l'Ascension de Jésus-Christ et la descente du Saint-Es-
prit , saint Jacques , de concert avec tous les Apôtres , travailla à
répandre la doctrine évangélique. On croit qu'il sortit delà Judée
après le martyre de saint Etienne, pour aller prêcher les Juifs
répandas dans la Perse. La tradition de r Église d'Espagne , ap-
puyée sur l'autorité de saint Isidore et de saint Jérôme , est que
le saint , en quittant la Perse , vint en Espagne , où son zèle et ses
miracles opérèrent, avec la grâce rîj l' Esprit-Saint, un grand
nombre de conversions.
11 fut le premier des Apôtres martyrisés pour la foi à Jérusalem,
où il retourna la onzième année après l'Ascension. Ce martyre
arriva sous Hérode Agrippa , roi des Juifs , et petit-GIs du grand
Hérode- C'était un prince politique , et qui voulait plaire aux Juifs.
Un sàr moyen d'y réussir était de servir de ministre à la haine
que ceux-ci portaient aux disciples du Sauveur. Il jugea que la
mort de Jacques serait agréable à ce peuple ; ainsi il le lit mourir
par Tépée, onze ans ou environ après la mort de Jésus-Christ ,
c'est-à-dire l'an 43 , un peu avant Pâques.
76 35 juillet. — S. CHBtSTOPH.
25 juillet. — SAINT CHRISTOPHE, marttb. —
Le nom et le culte de ce saiiit sont aussi célèbres que 1m
actes de sou martyre présentent de différences. Les Orientaux, qâ
célèbrent sa fête le 0 de mai, ont toujours eu pour lui beaucoup
de vénération. L'opinion la plus commune est qu'il fut martyiaé
eu Lycie dans la persécution de l'empereur Dèce. Dans une hvm-
me très-ancienne du bréviaire mozarabe dressé par saint Isidore,
il est dit que ses reliques furent d'abord apportées à Tolède. Ou
les transporta ensuite à l'abbaye de Saint-Denis en France, où
ont été conservées. La préface de saint Ambroise pour la
de saint Christophe, rapportée par Surius, fournit encore
ques renseignements sur ce saint martyr. Mais quelle que soit h
diversité des circonstances de son martyre, il n'en est pas moo
certain que nos ancêtres avaient pour lui une dévotion toute
particulière.
De même que saint Ignace d'Antiocbe avait pris le surnom <k
Théophore (celui qui porte Dieu en lui), pour exprimer plus
sensiblement son amour envers J.-C., on croit aussi que le
martyr dont nous parlons prit, par le même motif, le
cie Christophore ou Christophe, qui, en langue grecque,
celui qui porte le Christ. Mais, pour mieux en comprendre le
sens, nous allons emprunter à la Légende dorée du bienheureux
Jacques de Voragine, le récit naïf qui en explique l'origine.
Christophe, qui avant sa conversion portait le nom de Htprotm^
c'est-à-dire de réprouvé ou de méchant, était Chananéen de
nation. Il avait une stature gigantesque, un visage redoutable;
vt doué d'une force prodigieuse, il estimait au-dessus de tout la
puissance qu'elle donne, et la domination qu'elle permet d'exercer
sur autrui. Possédé par ce sentiment orgueilleux, il avait résolt
de chercher le prince le plus puissant du monde afin de n'obéir
qu'à lui, lorsqu'il le rencontrerait. Il s'en alla donc trouver m
très-grand roi qui avait la réputation de l'emporter en puissance
sur tous les autres souverains. Accueilli par lui avec bienveil-
lance, il demeura à sa cour ; mais il arriva au bout de queJqof
temps qu'un bouffon pour divertir le monarque , lui chanta une
ballade où le nom du diable revenait souvent. Le roi , qui avait de
la foi parce qu'il était chrétien, faisait le signe de la croix chaqirt
25 juillet. — S. CHRISTOPHE. 77
fois qu'il entendait nommer le diable , ce qui étonna beaucoup
Christophe. Ne pouvant pas résister aux instances de ce dernier qui
le pressait de questions, le monarque finit par lui avouer qu'au
nom du diable U se signait parce qu'il avait peur de tomber en sa
puissance, et qu'il ne lui causât du mal. A quoi Christophe
répondit que, si le roi redoutait Faction du diable, c'est qif appa-
remment celui-ci était au-dessus de lui, et avait plus de puissance.
Frustré dans l'espoir qu'il avait cru réaliser en s'imaginant avoir
rencontré le seigneur le plus puissant du monde, il se mit en
quête du diable afin de le prendre pour son maître, et de se
déclarer son serviteur. Comme il traversait un endroit fort dé-
sert, il aperçut une grande multitude de soldats, et l'un d'eux ,
homme d'un aspect farouche et terrible, vint à lui, et lui de-
manda où il se rendait. Christophe lui ayant répondu qu'il
cherchait le seigneur Diable pour se mettre à son service, l'autre
lui dit qu'il était celui-là même qu'il désirait rencontrer. Alors,
Christophe, tout rempli de joie, s'engagea à le servir à perpétuité.
Us s'en allaient donc tous les deux , quand dans un chemin ils
trouvèrent une croix. Aussitôt que le diable l'aperçut, il prit la
fuite épouvanté, quittant le chemin frayé pour des passages so-
litaires et raboteux où il emmena avec lui Christophe. Celui-ci,
surpris, lui demanda pourquoi il s'était écarté du bon chemin
avec tant de frayeur, et cela pour les mener à travers un désert
aussi âpre. Le démon ne voulait pas lui en dire la raison, et ce
ne fut que sur la menace que lui fit Christophe de le laisser là,
qu'il se décida à lui apprendre que , toutes les fois qu'il voyait
une croix qui lui rappelait celle sur laquelle un certain homme
nommé Jésus Christ avait été attaché, il éprouvait beaucoup de
crainte, et fuyait épouvanté. <• Mais, lui répliqua Christophe , c'est
donc que ce Jésus-Christ est plus grand et plus puissant que toi,
puisque tu as si peur de co qui le rappelle. C'est donc eucore
inutilement que je nie sais mis en peine pour rencontrer le
prince qui domine le monde sans exception. Va-t'en donc, parce
que dorénavant, après t'avoir abandonné, je veux me mettre à la
recherche du Christ. » Après avoir longtemps demandé qui
pourrait lui eu donner des nouvelles, il finit par rencontrer un
ermite qui lui fit connaître Notre-Seigneur Jésus-Christ et l'instrui-
sit avec soin de sa doctrine. Comme Christophe était parfaitement
disposé à le servir comme son véritable Seigneur et Maître, l'ermite
lîii en indiqua un moven : c'était de s'établir sur les bords ^\\\\
7,
78 iàjuiUel. — s. CHftisTorai.
fleuve dont le passage était dangereux pour ceux qui fouhicat le
traverser, et grâce à sa haute taille et à sa force peaoanaMDB,4t
le leur faciliter en les portant sur ses épaules. « De cette
lui dit-il, tu ne peux manquer de te rendre agréable au rot X
dont tu désires devenir le serviteur, et j'espère qu'il finira par
f apparaître dans le lieu même où tu le serviras. » Christophe suivit
ce conseil, et après s'être bâti une cabane sur les bords du fleuve
dont on lui avait parlé, il le faisait passer continuellement à tous
ceux qui se présentaient, tenant seulement à la main pour se
soutenir dans l'eau une longue perche dont il se servait en place
de bâton. Il y avait déjà longtemps qu'il accomplissait cette
bonne œuvre, lorsqu'un jour qu'il se reposait dans sa maisonnette,
il entendit du dehors la voix d'un enfant qui rappelait pour qu'il
lui fit traverser le fleuve. Il sortit et ne vit personne, ce qui se
renouvela une seconde fois, aussi inutilement. Enfin une troisième,
appelé par la même voix, il alla à la rive, et y trouva un enfant
qui lui demanda instamment de le faire passer. Christophe le mit
sur ses épaules, et ayant pris son bâton, il entra dans les eaux du
fleuve dont le courant grossissait peu a peu, pendant que de son
côté le poids de l'enfant augmentait comme s'il devenait de plomb.
Mus il avançait, plus les eaux croissaient, et l'enfant de plus en
plus accablait les épaules de Christophe d'un poids intolérable, à
tel point qu'il éprouvait une angoisse extrême et qu'il appréhen-
dait d'être en danger. A peiue y eut-il échappé et traversé le
fleuve, qu'il déposa l'enfant sur l'autre rive en lui disant :
« Sais-tu, mon enfant, que tu nt'as mis dans un grand danger, et
que tu as pesé sur moi d'un poids tel que, quand j'aurais porté le
monde entier, c'est à peine s'il m'eût paru plus lourd . » A quoi Ten-
tant répondit : Ne t'en étonne pas, Christophe, car tu as porté sur
tes épaules non pas seulement le monde entier, mais aussi Cehé
qui a créé le monde. C'est moi qui suis le Christ, ton Roi, que tu
sers par cette bonne œuvre, et pour te prouver que je db II
vérité, lorsque tu seras repassé sur l'autre rive, enfonce en terre
ton bâton auprès de ta cabane, et tu verras que demain il portera
des fleurs et des fruits. » A>ant dit ces mots, l'enfant disparut;
mais Christophe, ayant fait de son bâton ce qu'il lui avait dit. If
revit le lendemain matin chargé de palmes et de datte*. (Test
alors qu'il partit pour la Lveie, où il trouva le martyre.
On a toujours représenté Christophe d'une taille gigantesque,
portaut l'enfant Jésus sur ses épaules, et traversant la mer:
25 juillet. — S,cs VALENTINE KT TBÉE , ET S. PAUL 7i)
mais tout cela est allégorique, et comme Ta remarqué Bar oui as,
ces statues colossales que Ton voit encore aujourd'hui dans plu-
sieurs églises gothiques, font allusion au nom de Christophe, et ù
la mer de tribulations par laquelle doivent passer tous les fidèles
pour parvenir au ciel, leur port et leur patrie.
Les fidèles eurent souvent recours à l'intercession de saint
Christophe pendant le temps de peste , et Ton croyait aussi au-
trefois qu'on ne pouvait mourir subitement dès que Ton avait
vu la figure du saint martyr. L'on en trouve , en effet, des repré-
sentations au bas desquelles on lit ces deux vers :
Christophori sancti specîem quicumque tuetur,
Mo namque die nuUo languore gravetur.
Il paraît aussi que l'on a souvent figuré saint Christophe sur
des endroits élevés, pour signifier le pouvoir qu'on lui suppose
sur les météores de l'air, tonnerres, grêles, vents et tempêtes, con-
tre lesquels on invoque son nom.
25 juillet. — SAINTE VALENTINE et SAINTE THÉE,
VIEftGES ET SAINT PAUL, MABTYfiS. — 4e siècle.
Ces saints martyrs souffrirent et furent mis à mort le même
jour, à Césarée de Palestine, en l'an du Seigneur S08, pendant la
sanglante persécution de Dioclétien, et sous le gouvernement de
Galère Maximal , qui exerçait le pouvoir en Egypte et en Syrie.
Nous rapportons ici le récit authentique donné sur ces trois saints
dans Y Histoire des martyrs de Palestine, écrite par Éusèbe,
qui tut évêque du même lieu où Valentine, Thée et Paul mou-
rurent glorieusement pour la foi.
« On se saisit, dit-il , dans la ville de Gaza de plusieurs fidèles lors-
qu'ils étaient assemblés pour entendre la lecturede l'Écriture sainte.
On coupa aux uns le jarret gauche, et on leur arracha l'œil droit;
puis on fit endurer de vives souffrances aux autres en leur déchirant
les côtés avec des peignes de fer. Parmi ces derniers, une femme se
signala par îme action qui aurait pu faire honneur même à un
homme décourage. On avait pris une vierge qui, se sentant outrée
de ce qu'on la menaçait de la faire conduire dans un lieu de prostitu-
tion, accablait de reproches le tyran Maximin. parce qu'il avait livré
le gouvernement des provinces à des magistrats aussi cruels. On la
fouetta d'abord, puis après l'avoir suspeudue très-haut sur un
il
90 M juillet. — s. Mux. * 11
chevalet, on la fit souffrir en lui déchirant les c&J* Tta&oji
que les bourreaux, pour obéir au juge, la tOTtunfatf Meo m. \
acharnement et des efforts qui ne leur laissaient point imiÉM^ ï
une autre femme qui, comme la première, avait fait voeu de virgi- -
uité, et qui , sous un extérieur vil et misérable, portait un cœur
grand, intrépide, au-dessus de son sexe, et bien supérieur à ces
guerriers dont on vante tant chez les Grecs la généreuse liberté;
cette vierge, dis-je, ne pouvant supporter de voir une barbarie
aussi atroce, se mit à crier au juge du milieu de la foule : « Jus-
qu'à quand, cruel bourreau, feras-tu souffrir ma sœur? » Exas-
péré par ces paroles, le juge ordonna d'arrêter sur l'heure celle
qui les avait dites. Amenée devant lui, comme elle s'armait de
l'auguste nom du Sauveur qu'elle prononça, il tenta par des
paroles flatteuses de la déterminer à sacrifier. Mais comme ëk \
refusa hardiment, on la traîna de force à l'autel. Alors , toujours
la même, et sans se relâcher en rien de sa première ardeur, cBe
s'avança avec assurance en donnant du pied contre l'autel, et le
mit tout eu désordre avec le feu sacré qui était dessus. Le juge
ne se possédant plus, et devenu furieux comme une bête sau-
vage, la fit déchirer si longtemps avec des ongles de fer, et plus
qu'il ne Pavait fait auparavant pour personne, qu'il semblât vou-
loir pnr la vue se repaître de ces chairs sanglantes. Après pour-
tant que sa méclianeeté commença à se lasser, il commanda
qu'on les liât ensemble, c'est-à-dire la première avec celle qu
l'avait appelée sa sueur, et qu'on les jetât au milieu des flammes.
J/on disait que la première, ou Tliée, était uée dans le pays de
Gaza ; quant à l'autre, nommée Valeuline, bien connue d'un grand
nombre de personnes, elle eut Césarée pour patrie.»
Un autre chrétien, nommé Paul, fut condamné h avoir la tte
tranchée. Lorsqu'on allait l'exécuter, il éleva la voix, et pria avec
ferveur devant tout le monde. Il pria en particulier pour tou»
ceux qui allaient être témoins de sa mort, afin que cette vue ani-
mât les fidèles, touchât les idolâtres, et encourageât les lâches:
imitant ensuite Jésus-Christ, le modèle du vrai chrétien, il pria
pour le juge qui l'avait condamné à la mort ; pour l'empereur,
qui était l'auteur de la persécution : pour l'État, et enfin pour te
bourreau qui allait l'exécuter. Il demanda à Dieu de ne point im-
puter sa mort à ceux qui ne lui ravissaient la vie temporelle que
pour lui eu procurer une éternelle, quoique ce fut coutre leur in-
26 juillet. — SAINTE ANNE. 8!
ation. Il n'y eut presque personne qui, pendant qu'il faisait cette
rîère, ne fût attendri jusqu'à verser des larmes sur le sacrifice
9 cette innocente victime. Dès qu'il eut cessé de prier, il pré-
sita sa tête avec un courage étonnant, et reçut ainsi la cou-
nme du martyre le même jour 25 juillet, qui fut celui de la mort
es deux saintes dont nous venons déparier.
6 juillet. — SAINTE ANNE, mèbe de la très-sainte
VIERGE.
I/Évangflene nous apprend rien de personnel sur sainte Anne,
tout le nom hébraïque signifie gracieuse. La tradition la plus
Are nous apprend seulement qu'elle eut pour époux saint Joa-
faîm ; mais le Seigneur, par le choix qu'il fit de l'un et de l'autre
nrant le temps, pour donner au monde celle de qui devait naître
e Messie, le Saint des saints, nous fait assez connaître le haut
legré de grâces et de vertus du père et de la mère de la sainte
Vierge, dans le sein de laquelle le Verbe éternel devait s'incarner
xmr le salut du monde. L'auguste qualité de Mère de Dieu dit
ai effet tout sur l'excellence et la richesse des dons spirituels dont
sainte Anne et saint Joachim, son père et sa mère, furent com-
blés par le Saint-Esprit, l'auteur de toute perfection.
Les saints Pères, et spécialement saint Èpiphane, qui vivait en
320, et après lui saint Jean Damascène, ont célébré, avec autant
de piété que d'éloquence, les vertus de sainte Anne, et porté les
fidèles à réclamer avec confiance sa puissante protection auprès
de Dieu. Les monuments ecclésiastiques les plus anciens prouvent
qu'elle fut honorée, ainsi que saint Joachim, dès les premiers
siècles, par le culte des vrais enfants de l'Église. On sait aussi,
par l'histoire de l'empereur Justinien Ier, que ce prince fit bâtir à
Constantinople, en 540, une basilique dédiée à sainte Anne, et
que le corps de cette grande sainte ayant été apporté de la Pales-
tine, en 710, à Constantinople, plusieurs églises d'Occident furent
enrichies de quelque portion de ses reliques.
£■
82 27 juilUL — LES SEPT DOftUAKTS.
27 juillet. — LES SEPT DORMANTS» juiTYlft. -
Ces saints, qui étaient tous frères et encore fort jeunes, con-
fessèrent la foi à ftphèse en Pan 250, devant le proconsul qui
persécutait les chrétiens par ordre de l'empereur Dècc. Pour ne
poiut s'exposer sans nécessité, aux violences et aux cruautés qui
les menaçaient, ils sortirent de la ville d'ftphèse après avoir dis-
tribué aux pauvres une partie de l'argent que leurs parents leur
avaient donné. Ils n'en réservèrent que ce qu'il Unir fallait pour
pourvoir à leurs plus pressants besoins, et se cadrèrent dans une
caverne où Ton pénétrait par un des cotés d'une montagne voi-
sine. Us y demeurèrent plusieurs jours priant continuellement Dieu
de les remplir de l'esprit de force pour confesser généreusement
sou nom jusqu'à la mort. Mais pour ne pas périr d'inanition en ce
lieu, ils envoyaient de temps en temps le plus jeune d'entre eux i
la ville pour leur apporter des aliments ; ce qu'il faisait avee
autant d'adresse que de prudence, ayant la précaution de ae dé-
guiser en pauvre. Cependant l'empereur Dècc lui-même était re-
venu à fiphèse, ce <pû ne fit que rendre encore plus cruelle et flh
rieuse la persécution contre les serviteurs de Jésus-Christ. Les sept
frères en ayant été informés, et craignant dV:tro enfin découverts
dans leur retraite, se mirent après leur repas du soir à faire leur
prière avec une ferveur toute nouvelle. S'étant ensuite endormis
aussi paisiblement que s'ils n'avaient rien à redouter, ce sommeil fut
pour eux tous celui de la mort dans le Seigneur, puisqu'il mit leun
Âmes dans un lieu de repos, pendant (pie leurs corps demeuraient
étendus dans la caverne dans le même état que lorsqu'ils s'y
endormirent. L'empereur, ayant fini par découvrir le lieu de leur
retraite, résolut de les y faire ensevelir tout vivants, afin qu'Os y
mourussent de faim et de désespoir, et pour cela il fit murer l'en-
trée de la caverne. Mais une tradition très-respectable rapporte
qu'on les retrouva en vie dans cette caverne, en 479, sous le règne
de Théodnsc le Jeune, é|>oque où il est certain qu'on découvrit au
moins leurs reliques. Dieu permit qu'ils se réveillassent alors de
leur long sommeil de plus de deux siècles, pour prouver une fois
de plus aux incrédules et aux impies la vérité de la résurrection
des morts. Kn effet, peu d'instants après, ayant fait leurs prières
au Seigneur, ils s'endormirent de nouveau dans son sein miséri-
27 juillet. — S. AURÈLE ET SAINTE iNATALIE. 83
rdieux, pour régner éternellement avec lui dans le ciel. Quel-
e opinion qu'on adopte au sujet de la pieuse tradition que
os venons de rapporter ici, ces saints martyrs n'en furent pas
mds bien nommés les sept Dormants, selon la manière de parler
l'Écriture qui appelle la mort des justes un sommeil. C'est aussi
œ ce sens que les lieux consacrés par l'Église à la sépulture
i fidèles ont reçu le nom de cimetière (cœmeterium ), qui veut
c dortoir, parce que les corps des chrétiens y reposent jus-
Via résurrection.
Voici les noms des sept martyrs tels que le plus communément
nous les a conservés : ils s'appelaient Maximilien, Malchus,
itimen, Denys, Jean, Sérapion et Constantin. Leur mémoire
grande vénération chez les Grecs, les Syriens et tous les
d'Orient La caverne située près d'Éphèse, et où leurs
1» furent retrouvés, devint célèbre par la dévotion des fidèles.
la montre encore aux voyageurs qui vont dans le Levant.
\7 juillet. —SAINT PANTALÉON, martyr. —4e siècle.
>antaléon, de Nicomédie, médecin renommé, reçut le baptême
es avoir été instruit dans la foi par le prêtre Hermolaùs. Au
it de quelque temps, il persuada à son père, Eustorge, de de-
ir chrétien. Ensuite, comme il prêchait librement à Nicomédie
foi de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et qu'il exhortait tout le
ode à embrasser la doctrine qu'il annonçait, et cela sous l'em-
b de Dioctétien, il fut mis à la torture sur le chevalet, et
irmenté avec des lames rougies au feu qu'on lui appliquait sur
MMTps. 11 supporta avec égalité et force d'âme la violence de ces
tplices, jusqu'à ce que, frappé par le glaive, il eût remporté la
ironne du martyre, en l'an 303.
juillet. — S. AURÈLE et SAINTE NATALIE, martyrs.
— 9e siècle.
Les mahométans connus sous le nom de Maures, qui s'étaient
parés de l'Espagne, y firent un grand nombre de martyrs
is le 9e siècle. L'Eglise en honore plusieurs aujourd'hui, dont
istoire est très-célèbre. Le premier fut Aurèle, né à Cordoue,
ine famille noble et riche. Il était fils d'un père mahométan et
"^
84 27 jutiict. — S. AUBBLB ET SAINTE KAT4U*. ||
d'une mère chrétienne. Étant en âge de et w&fàaBk ■]
le pressant de prendre cet engagement» il demanda à Dits, par \\
de ferventes prières, de lui donner une femme arec qui A pût)» jj
servir librement. Il en trouva une nommée Natalîe on Iffoête. "
Aurèle remercia Dieu de ce qu'il lui avait accordé une femme
chrétienne comme lui : ils vécurent ensemble dans les exeretcei
de la piété, mais sans oser d'abord se déclarer publiquement.
Un jour Aurèle, étant allé à la place publique, vit un marchand,
nommé Jean, qu'on venait de battre de verges, comme chrétien,
et que Ton promenait par la ville, monté sur un âne. Aurèle, tou-
ché de ce spectacle, crut que Dieu avait permis qu'il fût témoin
de cette action afin d'animer sa foi. Étant donc rentré dam a
maison, il dit à sa femme : Il y a longtemps que vous m'exhor-
tez à mépriser le monde et que vous me parlez de la vie
tique ; je crois que l'heure est venue d'aspirer à une plus
perfection. Vivons désormais comme frère et sœur ; appliquant-
nous à la prière, et préparons-nous au martyre par la pureté et par
le détachement de toutes les créatures. Natalie reçut cette propo-
sition comme venant du ciel. Depuis ce moment leur vie dette
un modèle de vraie pénitence. Ils couchaient séparément à terre
sur des ciliées ; ils jeûnaient souvent, priaient sans cesse, médhaiaC
pendant la nuit les psaumes qu'ils savaient, et prenaient un grand
soin des pauvres.
Aurèle et Natalie furent cités devant le juge, qui leur demanda,
avec des paroles pleines de douceur, pourquoi ils quittaient leur
religion et couraient à la mort, et il leur fit de magnifiques pro-
messes s'ils voulaient renoncer à la religion chrétienne; mais il
répondirent : Vos promesses sont vaines et ne nous touchent point
Nous méprisons cette vie passagère, parce que nous espérons ci
obtenir une meilleure. Nous n'avons qu'une foi; nous ne croyoai
qu'un baptême ; nous adorons un seul Dieu en trois personnes,
et nous avons toute autre religion en horreur. Le juge, voyant
leur fermeté, les lit conduire en prison, chargés de chaînes. Onf
jours après, on les en tira pour les amener une seconde fois datant
1? juge, qui, les voyant inébranlables, les condamna à la mort
Pendant qu'on les conduisait au martyre, Natalie encouragent
son mari. Ce zèle irritant les soldats, ils se jetèrent sur elle.
et l'accablèrent de coups de pieds et de poings jusqu'au lieu du sup- .
pliee. Leur martyre arriva le 27 juillet, l'an de Jésus-Christ 852.
28 juillet. — SS. NAZAIRE, CELSE ET VICTOR. 85
S juillet— SS. NAZAIRE et CELSE; S. VICTOR, pape,
martyrs. — ter et 3e siècle.
[azaire, baptisé par le bienheureux Lin, pape, partit pour la
le, où lui-même donna le baptême au jeune Celse après l'avoir
mît des vérités de la religion chrétienne. Ils allèrent ensemble
■èves, et pendant la persécution de Néron, ils furent tous deux
I dans la mer, d'où ils échappèrent miraculeusement. Étant
nie venus à Milan, comme ils y répandirent la foi, Os furent
I devant le préfet Anolin, confessèrent avec constance devant
a divinité de Jésus-Christ, et subirent la peine capitale. On en-
Kt leurs corps hors de la porte Romaine. Ils y demeurèrent
pemps ignorés, jusqu'à ce que , sur une révélation divine, le
heureux Ambroise les retrouva arrosés d'un sang encore
; frais, et comme s'ils ne venaient que de souffrir le martyre.
les transporta alors dans Milan, et on les plaça dans un sé-
re magnifique. Ces deux saints, qui avaient visité Embrun,
ropole des Alpes maritimes, où leur prédication fut si fê-
le, sont à cause de cela considérés comme les apôtres de
e la contrée voisine des Alpes.
ictor, né en Afrique, gouverna l'Église au temps de l'empe-
' Sévère. II confirma le décret de Pie Ier, ordonnant que la sainte
de Pâques serait célébrée le dimanche. Plusieurs conciles
été tenus dans la suite pour que ce rite devînt un usage cons-
. Enfin, au premier concile de Nicée, il fut réglé que l'on célé-
ait la fête de Pâques au dimanche qui suit le 14e jour de la
i de Mars, afin que les chrétiens ne parussent point imiter les
i. Victor établit que toute personne pourrait, en cas denéces-
baptiser avec une eau quelconque, pourvu qu'elle fût natu-
?. Il excommunia Théodote, corroyeur de Byzance, qui ensei-
t que Jésus-Christ a été seulement homme. Il écrivit sur la
»tkm de la Pâque, et sur plusieurs autres sujets. Couronné
le martyre, il fut enseveli le 28 juillet de l'an 202, après avoir
; sur la chaire de saint Pierre uu peu plus de neuf ans.
3
£€ 28 juillet. — s. innocent, pà*i.
28 juillet. — S. INNOCENT, pape et confesser*.
Innocent était de la ville d'Albano, près Rome. Son mérite et
sa rare vertu relevèrent au saint-siége à l'âge de 42 ans. In-
nocent, qui n'avait point brigué cet honneur et qui n'avait fait
([iio céder aux instances du clergé de Rome, fut saisi de frayeur
à la vue des obligations importantes qui sont attachée» à cette
éminente dignité.
Rome renfermait encore des idolâtres dans son enceinte, et
Innocent fit tout ce qui était en lui pour les détromper et les
amener à la connaissance de Jésus-Christ. 11 ne bornait pas sob
zèle à Y Église de Rome : tous les maux qui arrivaient dans tel
autres Églises le touchaient également, et il cherchait à y rem*
(lier. Ayant appris qu'il y avait un schisme entre les évéques d'Es-
pagne, et que les canons étaient ouvertement violés dans plusienri
lieux de ce royaume, il écrivit à ces prélats pour les exhorter i
la concorde et à l'observation de la discipline, et il leur donna
des règles sages pour leur servir selon les occasions. Il était encore
plus affligé des maux de l'Église d'Orient, et particulièrement
de la persécution qu'on faisait souffrir à saint Jean Chrysostome,
patriarche de Constantinople. Quand il apprit que ce saint éré-
que avait été déposé par la cabale de ses ennemis, il ressentit
cette injustice comme si elle eût été faite à lui-même. Il ordonna
un jeune public dans la ville de Rome, pour demander à Dieu
qu'il lui plût d'empêcher le schisme dont l'Église était menacée;
et il ne se laissa point prévenir contre saint Chrysostome, mal-
gré les artifices et les mensonges des ennemis de cette grande
lumière de l'Église. Ne pouvant remédier entièrement a un fl
grand mal, il fit ce qu'il put pour en empocher les progrès.
Il semble que le Ciel eût du* favoriser un zèle si pur et lui ou-
vrir tous les moyens propres à le faire réussir; mais Dieu, dont
les pensées sont bien différentes de celles des nommes, se plut,
pour ainsi dire, à multiplier ses travaux sur la terre. En effet,
dans le temps que ce saint pape tâchait de mettre partout Tordre
et la régularité, Alaric répandit la terreur dans Rome même,
par le siège qu'il mit devant cette ville , Tan 409. Ce qui affligea
davantage Innocent fut. de voir que , pendant que les fldèles im-
ploraient le secours de Dieu , les païens consultaient les devins et
28 juillet. — S. INNOCENT, PAPE. 87
eut des sacrifices aux faux dieux pour empêcher la prise de
le. Il prévit bien que cet encens sacrilège ne pouvait qu'ir-
le Ciel , et que les désordres publics avaient attiré l'état dé-
Me où Ton était réduit. Il fallut acheter la levée du siège par
somme immense d'or et d'argent qu'on ne put former qu'en
nllant les particuliers et les temples. Le siège fut donc levé;
Alaric ne voulut point faire de paix avec l'empereur Hono-
dont il était mécontent ; et par là Rome demeurait toujours
ée au mal qu'elle venait d'éloigner. Le sénat députa Inno-
rers Alaric , et ensuite vers l'empereur , pour les engager à
rider. Ces deux négociations furent infructueuses. Innocent ,
yant ce qui devait arriver à la ville de Rome , s'arrêta à
me auprès d'Honorius. Bientôt il parut que Dieu avait
retirer son fidèle serviteur d'une ville dont il allait per-
e la ruine : en effet , Alaric remit le siège devant Rome ,
t Tan 410 , et l'abandonna au pillage, à l'exception de l'é-
de Saint-Pierre. L'année suivante , elle fut encore ravagée
Jtolphe , beau-frère d' Alaric.
and fétat de cette ville parut un peu plus tranquille, Inno-
r revînt, et causa par son retour une grande joie au peuple,
int pasteur lui apprit à faire un bon usage des maux qu'il
raît. Il s'en servit même pour détruire les restes de l'idolâ-
sngageant les chrétiens à se montrer dans leur adversité plus
its que les païens. Ceux-ci , voyant la résignation et le cou-
les chrétiens qui souffraient , sans se plaindre , la perte de
biens , demandaient à entrer dans une religion qui inspire
grand mépris des richesses temporelles et une si grande ré-
ion dans les adversités. Au bout de quelque temps, la tran-
:é se rétablit , et le saint pape en profita pour faire refleurir
cipline et la régularité , et pour tâcher de former un peupje
et adonné aux bonnes œuvres. Il se servit aussi de son au-
pour chasser les donatistes de Rome. 11 condamna Pelage
; sectateurs. Après cette dernière marque de son zèle , il alla
dît dans le ciel la récompense de ses travaux. Il mourut le
ars 417, après avoir occupé le siège apostolique 14 ans 9 mois
urs.
88 X) juillet. — S. LAZARE, SAINTE tUMTU*
19j*MeL — S. LAZARE, SAINTES MARTHE EX MAHIK
DB BBTHANIB. — Ier Siècle^ -.i^.^i,
Lazare, ainsi que Marthe et Marie, ses sœurs, demeurait à
Béthanie , petite ville qui était à deux nulles de Jérusalem , et
un peu au delà de la montagne des Oliviers. Le Sauveur, qui «fa-
bord avait fait sa résidence ordinaire dans la Galilée, s'étant fixé
principalement en Judée à la troisième année de sa mission pu*
blique, honora plusieurs fois de sa présence la maison de cette
sainte famille. On croit que Marthe était plus âgée que Marie et
Lazare , et que c'était elle qui prenait soin des affaires domesti-
ques. 11 parait, par l'histoire de la résurrection de Lazare, que
cette famille était une des plus distinguées du pays.
Dans la première visite de Jésus-Christ, Marthe fit paraître un
grand empressement pour le bien recevoir et le servir de ses pro-
pres mains. Elle voulut se charger elle-même du soin de tous les
préparatifs nécessaires en cette circonstance. Cependant Marie
restait assise aux pieds de Jésus , écoutant les discours qui sor-
taient de sa bouche divine. Elle y trouvait une telle douceur,
qu'elle n était occupée d'aucune autre pensée. Tous les mo-
ments lui paraissaient précieux , et rien ne pouvait la distraire.
Elle sentait son cœur s'enflammer de plus en plus, et elle était
en état de dire avec l'épouse du Cantique : Mon bien-aimé nt •
moi y et je suis à lui , lui qui se nourrit au milieu des lis ; c'est-
à-dire avec les âmes chastes , ou parmi les fleurs odoriférantes
des vertus.
Cette maison, suivant la remarque de saint Augustin, est li-
mage de la famille de Dieu sur la terre. Personne n'y est oisif,
chacun y a son emploi. Les uns, comme les solitaires , vaquent
uniquement aux exercices de la contemplation; les autres se eon»
sacrent à la vie active : tels sont ceux qui travaillent au salut èi
prochain dans les fonctions extérieures du ministère; ceux qui,
par un principe de charité , servent les pauvres et les malades;
ceux enfin qui , occupant une place dans le monde , remplissent
fidèlement les devoirs de leur état, et agissent toujours dans 11
vue de plaire à Dieu , lui rapportant toutes leurs démarches, et
se proposant l'accomplissement de sa volonté. Celui-là est le ptai
grand saint qui , dans quelque état qu'il soit, tend à la perfection
avec le plus d'ardeur, et montre le plus d'amour pour Dieu et le
2% juillet. — S. LAZARE, SAINTE MARTHE. 89
prochain : car la charité est l'âme et comme le sceau de la per-
fection chrétienne.
On a souvent demandé laquelle de la vie active ou de la vie con-
templative était la plus parfaite. Saint Thomas répond que la
vie mixte, qui est en partie active et en partie contemplative , est
la plus excellente. Ce fut celle de Jésus-Christ et de ses apôtres ;
c'a été celle de tous les saints qui, dans tous les siècles , se sont oc-
cupés du soin d'instruire, de consoler et de servir le prochain. Un
pareil genre de vie suppose une grande ardeur de charité , et est
bien méritoire lorsqu'il est joint à l'esprit de prière et de recueil-
lement; mais cet esprit ne peut subsister longtemps, à moins qu'on
ne rentretienne et ne le nourrisse par la retraite , par de fréquents
retours sur soi-même, et par la pratique continuelle de la médi-
tation des vérités saintes. On sait que Jésus-Christ se retirait sou-
vent sur les montagnes pour prier. Un pasteur, par exemple , qui
laisserait éteindre en lui l'esprit de prière , aurait, selon l'expres-
sion de saint Bonaventure , une âme morte dans im corps vivant.
Il en est de même de ceux qui vivent dans le monde , ou qui se
sont dévoués aux œuvres de charité. S'ils ne prennent de sembla-
bles précautions , ils s'exposent à une perte certaine.
Marthe ne croyait pas pouvoir assez témoigner à Jésus le vif
empressement dont elle était animée. Elle eût souhaité que toutes
les créatures se fussent réunies à elle pour servir l'hôte adorable
qui avait daigné venir dans sa maison ; elle se plaignit donc à lui
de ce que sa sœur ne venait pas l'aider. Le Sauveur ne désapprouva
pas le principe de sa sollicitude ; mais il lui fit comprendre qu'elle
ne devait pas condamner sa sœur, qui s'attachait à ce qu'il y
avait de plus important, à l'avancement spirituel de son âme.
Marthe , Marthe y lui dit-il , vous vous empressez, et vous vous
troublez dans le soin de beaucoup de choses : une seule chose
cependant est nécessaire. Ce n'était pas qu'il voulût donner à
entendre qu'on doit négliger les devoirs qui se terminent aux corps ;
il voulait seulement que nous apprissions de là que les fonctions
spirituelles méritent la préférence sur les corporelles , même sanc-
tifiées pour la pureté du motif , lorsque les unes et les autres se
trouvent en concurrence. Les secondes , à la vérité , changent de
nature quand la gloire de Dieu en est l'objet; mais l'âme y est
souvent exposée à être distraite , surtout dans le cours de l'action.
Ce qui prouve surtout combien Jésus-Christ aimait la famille ,
de Marthe, c'est la résurrection de Lazare. Lorsque Lazare fut
8.
90 29 fltUkt. — S. LA2ABB , SÂIRTB MABTM1-
tombé dans la maladie dont ii mourut , ses sœurs en mfonnforaf
le Sauveur qui était alors en Galilée. Elles ne lui firent dire qoe ces
paroles •* Celui que vous aimez est malade. EUea savatatt Jfes
qu'il n'en faudrait pas darantageponr exciter sa compaarfwrH*
pour l'attendrir sur leur malheur.
Ce n'était point pour nous délivrer de nos infirmitéscorporeUei
que Jésus-Christ était descendu du ciel sur la terre. Il guérissait
cependant les malades, et ressuscitait les morts, afin de nom
faire comprendre jusqu'à quel point il désirait de sauver nos âmes.
Il connaissait toute l'étendue de nos misères spirituelles, mais il
voulait aussi que nous la connussions nous-mêmes , pour nous
porter à implorer son assistance ; de là ces différents miracles
qu'il opérait, et dont la fin était de nous réveiller, et de
les ténèbres qui nous dérobent cette précieuse connaissance.
Jésus n'eut pas plutôt appris le sujet de la douleur de Marthe
et de Marie , que son cœur fut ému de compassion. Cependant i
différa quelques jours de venir, tant pour éprouver la vertu des
sœurs de Lazare, que pour manifester sa gloire avec plus d'éclat
Comme il approchait de Béthanie , Marthe, instruite de son arrivée,
s'empressa d'aller au-devant lui, et lui dit: Seigneur, si vous
eussiez été ici, mon frère ne serait point mort. Jésus la rassura,
et lui fit espérer que son frère ressusciterait. Marthe ne voulut
pas profiter seule du bonheur qu'elle avait eu d'entretenir en par-
ticulier le Sauveur ; elle alla avertir sa sœur que Jésus était arrivé,
et qu'il la demandait. Celle-ci courut aussitôt au-devant de
divin Maître , et se jeta à ses pieds fondant en larmes. Elle
accompagnée d'un grand nombre de Juifs qui étaient venus con-
soler les deux sœurs de la mort de leur frère , et qui versaient
aussi des larmes.
Ce triste spectacle toucha tellement le Sauveur, que, se las-
sant aller à la douleur , il voulut montrer qu'il était homme a
faisant paraître du trouble et de l'altération sur son visage et
dans tout son extérieur. Il demanda où l'on avait mis le corps
de Lazare. On lui répondit : Seigneur^ venez et voyez. D aHa
donc au tombeau avec eux , et commanda qu'on ôtât la pierre
qui le fermait. Marthe lui représenta qu'il y avait déjà quatre jours
que le corps était dans le tombeau, et qu'il devait sentir mau-
vais. Se vous ai-jepas dit, répliqua Jésus, que, si vous croyez,
vous verrez la gloire de Dieu? Ensuite , ayant adressé une prière
a son Père, il cria à haute voix : Lazare, sortez dehors. A
2& juillet — S. LAZARE, SAINTE MARTHE, 91
Instant Lazare se leva. les pieds et les mains liés avec des
ondes, et la tête enveloppée d'un suaire. Jésus commanda qu'on
e déliât, et qu'on le laissât aller. Plusieurs d'entre les Juifs, qui
étaient venus voir Marthe et Marie , ayant été témoins d'un mi-
rade aussi éclatant, crurent en Jésus, et se mirent au nombre
des disciples; mais les princes des prêtres et les pharisiens, en
ayant été informés, s'assemblèrent, et résolurent de faire mourir
non-seulement le Sauveur, mais même Lazare , afin que la pré-
sence de ce dernier ne rappelât plus le miracle opéré en sa per-
sonne. Il ne parait pas cependant qu'ils aient exécuté le dessein
formé contre Lazare.
Peu de temps après, et six jours avant Pâques , Jésus étant re-
venu à Béthanie , on lui donna un grand souper. Lazare était à
table avec lui; et Marthe le servait. Marie saisit cette occasion
pour donner au Sauveur une marque de la profonde vénération
qu'elle avait pour lui : elle prit un vase rempli d'excellents par-
fums qu'elle lui versa sur les pieds , les essuyant avec ses cheveux.
Judas Iscariote , qui était présent , regarda ces parfums comme
perdus , et prétendit qu'il eut mieux valu les vendre , et en donner
le prix aux pauvres Ce n'était pas qu'il s'intéressât beaucoup
au sort des malheureux ; mais c'est que , portant la bourse , il
convertissait quelquefois à son usage les biens communs , parce
qu'il était un voleur. On voit par là avec combien de facilité l'a-
varice se glisse dans le cœur, et combien l'avare est ingénieux à
trouver des excuses pour se tromper lui-même. Au lieu que la
charité interprète en bonne part les actions du prochain , la pas-
sion entraîne toujours dans des jugements téméraires. Judas, en
condamnant ce que Marie venait de faire , condamnait un acte
de religion très-héroïque : mais Jésus prit la défense de cette
sainte femme ; il considérait non les parfums en eux-mêmes , mais
le motif qui les avait fait répandre. Il les reçut comme un gage de
l'amour dont Marie était embrasée pour lui , et comme un em-
baumement anticipé de son corps , qui devait être bientôt livré à
la fureur des Juifs; il déclara même que cette action , condamnée
par Judas , serait un sujet d'édification dans tous les lieux où Ton
prêcherait l'Évangile.
Depuis ce temps-là , l'Évangile ne nous apprend ni ce que firent
ni ce que devinrent Lazare et ses sœurs. Les Provençaux préten-
dent , d'après une tradition populaire , qu'ils furent chassés par
les Juifs après l'Ascension du Sauveur, et que, s'étant embar-
92 * & jtÊilkt . — S. LOUP, BV. DE TlOYMi
qués, ils vinrent abordera Marseille, où ils Ame
ils ajoutent que cette église eut saint Lazare pour prottter è
On crut découvrir les reliques de ces saints dam I*
siècle; celles de sainte Marie étaient dans le lieu dit
Saint-Maximin ; colles de sainte Marthe , à Tarascon , sur le
llhôue , et celles des autres saints , à Saint-Victor de Marseille.
*2iï juillet. — S. LOUP, BVÉQUB de Tboybs et confes-
seur. — b* siècle.
Saint I <oup, l'un des principaux ornements de l'Église de Francs
au 5° siècfe , naquit à Toul de parents distingués dans la pro-
vince. Quand il fut en âge de se marier, il épousa Piméniols,
sœur de saint Uilaire, évêque d'Arles. La septième année de leur
mariage, ils se séparèrent d'un consentement mutuel, pour mener
une vie plus parfaite. On ne sait pas ce que devint Piménnle;
pour saint Loup , il se retira dans le célèbre monastère de Lé-
rins, sous la conduite de saint Honorât, qui fut depuis évéqna
d'Arles. Il y demeura un an, occupé de la prière et des diffé-
rentes pratiques de la pénitence.
Apres cette épreuve, il fit un voyage ùMûcou, pour vendre quel-
ques héritages et en distribuer le prix aux pauvres. Ayant fin*
cette affaire, il se préparait à retourner à Lérins, lorsque des dé-
putés de la ville de Troves vinrent le demander pour évéque. Si
résistance fut sans effet ; on l'emmena à Troycs malgré lui, et kl
évêques de la province de Sens lui imposèrent les mains. Sa nou-
velle dignité ne lui lit rieit diminuer de la vie pénitente qu'il avait
menée dans le monastère de I^érins. On vit toujours en lui ta
même humilité, le même esprit de mortification, et, ce qui etf
remarquable, le même esprit de pauvreté.
Quoique les évéques ses prédécesseurs eussent beaucoup tra-
vaillé à mettre le bon ordre dans le diocèse de Troyes, il trouva
néanmoins encore beaucoup de dérèglement et de corruption
parmi le peuple et le clergé. Il entreprit de déraciner le vice avec
une vigueur digue d'un apôtre de Jésus-Christ; mais son zèle fut
toujours accompagné de prudence.
Il y avait longtemps que l'on était menacé dans les Gaules do
l'arrivée du fameux Attila , roi des Huns, qui s'était jeté dans les
provinces de l'empire romain avec une multitude innombrable de
80 juillet — SS. ABDON ET SENNEIf. 93
res. Après avoir ravagé la Thrace, la plus grande partie de
ie et de la Grèce, il passa enfin le Rhin à la tétc de plus de
» cent mille hommes, qui se répandirent dans tous les pays
à la Seine et à la Loire, pillant et brûlant tout ce qui se
lit sur leur chemin. Après une infinité de massacres et le
cément des villes les plus fortes, entre autres de Reims, Cara-
Sesançon, Langres et Auxerre, les barbares se dirigèrent sur
s, pour la détruire et massacrer ses habitants , qui furent
rot plus alarmés que leur ville n'était point fortifiée et qu'ils
ent point d'armes. Toutefois le saint évêque , dont le crédit
s de Dieu valait bien mieux que les boulevards les plus
ssflHes, loin de s'effrayer comme les autres, assembla son
3, et le portant à la pénitence pour apaiser la colère de Dieu,
ta un jeûne et des prières publiques. De son coté, il se cou-
tan sac, et se prosterna contre terre pour conjurer le ciel
ourner la tempête de dessus son troupeau. Il demeura en
rt jusqu'à la nouvelle qu'on eut de l'approche des ennemis.
il se releva plein de confiance en la bonté divine , se revêtit
habits pontificaux , se fit accompagner de tout son clergé ,
rcha en procession , précédé de la croix , au-devant d'Attila,
wnrla le premier , selon plusieurs modernes, et lui demanda
nent qui il était : Je suis le fléau de Dieu ! répondit ce roi
re. Respectons ce qui nous vient de Dieu , répliqua le saint
e; mais , si vous êtes le fléau dont le Ciel veut nous châtier ,
z que vous ne devez faire que ce qui vous est permis par
in toute-puissante qui vous fait mouvoir et qui vous gou-
. Attila , frappé d'un discours auquel il était si peu accou-
, s'adoucit et promit à saint Loup d'épargner sa ville. En
il fit remonter toute son armée dans les plaines du territoiro
lâlons, où il fut défait peu de temps après par les Romains.
Loup mourut le 29 juillet de Tan 477 , après cinquante-
ansd'épiscopat.
juillet. —SAINTS ABDON ET SENNEN, martyrs. -
3e siècle.
Jon et Sennen, Perses de nation , accusés sous le règne de
ereur Dèce, parce qu'ils enterraient dans leur domaine les
des chrétiens qu'on abandonnait sans sépulture , furent ar-
94 30 juillet. — sainte julitte, hait.
rêtés par ordre de l'empereur, et on leur signifia de sacrifier aux
faux dieux. Comme ils ne lé voulurent pas, et qu'au contraire as
continuèrent avec la même constance de prêcher la divinité dp
Jésus-Christ, on les jeta dans une étroite prison, et Décius, en es*
venant plus tard à Rome, les fit marcher enchaînés et Élisant par*
tie de son triomphe. Lorsqu'on les traîna dans Rome devant kr
images des faux dieux, ils ne marquèrent en leur présence que di,
Thorreur et du mépris. En conséquence, on les exposa aux ours et
aux lions, mais ces bêtes féroces n'osaient pas les toucher. Ob
finit par les massacrer, et attachés par les pieds, on les traîna de»
vant la statue du soleil. Le diacre Quirinus enleva secrètement
leurs corps et les ensevelit dans sa maison, en Tan 250.
30 juillet - SAINTE JULITTE, mabtyhe.— 3e siècle.
Julitte, de Césarée, en Cappadoce, était fort élevée au-desM
des personnes ordinaires de son sexe par sa vertu, son esprit ff .
son courage. Elle eut à souffrir diverses injustices de la part d*Uf
des principaux habitants de la ville, qui avait fait saisir la piupa£
de ses terres et lui avait enlevé ses domestiques et même ses trofte:
peaux. Le peu d'attache qu'elle avait aux biens de la terre luiMr
rait sans doute fait supporter patiemment toutes ces pertes * tiU*
méchant homme n'eût encore entrepris de la dépouiller de Ht'
meubles et des choses les plus nécessaires à la vie. Pour tâcher <f if*
rêter le cours de tant d'injustices, elle se vit obligée d'en porter èj|,
plaintes au magistrat. L'usurpateur avait gagné de faux témoin*
pour déclarer que tout ce que demandait Julitte lui appartenait, A
il avait eu la précaution de faire au juge des présents considérables^
qui le lui avaient rendu favorable. .^"v
Le jour de l'audience étant venu, Julitte, qui n'avait d'auU$'
appui que la bonté de sa cause , se contenta d'exposer clairement
les faits. L'usurpateur, au lieu de prouver que les biens qu'on lui,
redemandait étaient à lui, dit que Julitte n'était pas recevableà
se plaindre et à demander justice, parce qu'elle était chrétienne,
et que selon les lois (1) elle ne pouvait pas même être écoutée. Le
juge qui était bien aise d'avoir un prétexte pour ne point rendre
(I) Dioctétien avait fait un édit qui déclarait les chrétiens infâmes, indignai
d*i secoure des lois et déchus de tous les privilèges des citoyens.
30 juillet. — SAINTE JLLITTE, M ART. 95
Julitte, dit que, si elle voulait qu'il examinât sou af-
filiait auparavant qu'elle renonçât publiquement à la re-
irétienne. Aussitôt il fit apporter un autel et de l'encens,
donna de sacrifier aux dieux et de reconnaître leur puis-
ulitte, qui savait que le plus grand bien est de conserver
ire et sans tache, et qu'on gagne tout en perdant tout
sus-Christ, répondit avec courage : Que toutes mes ri-
et que mon corps même périssent, mais ma bouche ne
era jamais un blasphème contre le Dieu qui m'a créée !
ressa , on la menaça, on employa toutes sortes d'artifices
gagner; elle fit toujours la même réponse, elle montra
l'avait que de l'horreur pour ceux qui voulaient la porter à
r au vrai Dieu.
constance vraiment chrétienne irrita le juge ; mais plus
e voyait prêt à se porter contre elle aux dernières extré-
lus elle bénissait Dieu, qui, en la privant des biens de la
i avait ouvert le chemin pour arriver à ceux du ciel. Enfin
inique, non-seulement la déclara déchue de la demande
avait faite de ses biens , mais la condamna encore à être
Julitte entendit prononcer cet arrêt avec une joie qui se
t sur son visage, et qu'elle témoigna jusqu'au dernier
Ayant aperçu auprès d'elle plusieurs femmes chrétiennes,
se contenta pas de les prêcher par son exemple, elle les
encore par ses paroles à souffrir avec courage tout ce que
i Jésus-Christ pourrait leur présenter de dur à la nature,
ens eux-mêmes étaient dans l'admiration de voir une
riche et en état de plaire au monde mépriser tous ses avan-
; la vie même, avec une constance héroïque. Dieu fit à
dans son supplice , la même faveur qu'il avait faite à saint
pe. Les flammes du bûcher formèrent comme une voûte
i'elle, en sorte qu'elles ne servirent qu'à dégager son âme
s du corps, et laissèrent celui-ci sans aucune altération.
Basile, qui a rapporté son histoire, dit que, près de l'en-
i Ton déposa son corps , on voyait une fontaine d'eau
ït très-salutaire aux malades, quoique toutes les eaux
irons fussent amères et salées. On ne sait point l'année
tyre de cette sainte, mais il n'eut lieu qu'après l'an 303.
96 31 juillet. — S. GI1MAIH L'àUUlftOa}.
ïljliUttt. — S. GERMAIS, ÊVHÊQtTB D%AUXKMtB. —
Saint Germain naquit à Auxerre , vers Tan 380, de parents no-
bles, qui l'instruisirent avec soin dans les lettres humaines. Sa
mérite le Ht élever à des places fort honorables ; il parvint
à celle de duc ou général de troupe de son pays. Germain la
plit avec toute l'intégrité et toute la sagesse que Ton pouvait at-
tendre d'un honnête homme du monde. Content d'être très-
probe, il s'embarrassait fort peu d'être chrétien, et mettait UmM
sa religion , comme le plus grand nombre, à éviter les vices gro»
siers et à briller par des vertus humaines. Quand il avait pcii
quelque bête a la chasse, il se plaisait à en suspendre la ttei
un poirier qui était au milieu de la ville, aOn qu'on vit qu'A étal
un habile chasseur. Son amour-propre se repaissait de cette fa-
mée de vanité, et l'on ne pouvait lui faire apercevoir la
de cette action sans le révolter.
Mais Dieu lit connaître à saint Amateur, évêque d'Amené,
qu'il changerait l'esprit et le cœur de Germain, et qu*Q en ftnft
un saint évêque et une des plus grandes lumières de r£g)fe
Amateur, plein de joie de ce que la miséricorde du Seigneur ri-
lait s'exercer sur celui qui jusque-là avait paru très-âoipé di
la voie qui conduit au ciel, lui donna l'habit ecclésiastique, •
lui disant : Travaillez, mon cher et vénérable frère, à
pur et sans tache l'honneur que vous venez de recevoir. Dieu
que vous occupiez, en qualité de pasteur, le siège épiscopal que jt
vais quitter. Ce saint évêque mourut peu de jours après, le pro- f
mier de mai , l'an de Jésus-Christ 418. Aussitôt le clergé, la wt
blesse et le peuple d'Auxcrre demandèrent tout d'une voix Ger-
main pour leur évêque. Il résista de toute sa force , et soUWb
diverses personnes pour l'aidera faire échouer cette affaire;
ceux mêmes qu'il croyait avoir gagnés l'abandonnèrent et
rent avec les autres pour le faire évêque : de sorte qu'il fut oUfi
de céder et de se laisser imposer les mains par les évêques de tt
province, le 7 juillet de Tan 418. On reconnut bientôt que a
résistance ne venait que de la connaissance qu'il avait des obSp-
tions attachées «à un ministère si redoutable : il fit juger, dèsH
commencement de son gouvernement, que Dieu l'avait choisi po*
eu faire l'exemple des bons évêques.
31 juillet. — S. GERMAIN l'aUXEBROIS. fff
11 se fît eu lui un changement universel : foulant aux pieds les
mneurs et les richesses du siècle, il renonça en même temps à
us les plaisirs de la vie. Il distribua tous ses biens aux pauvres,
ne chercha plus qu'à suivre Jésus-Christ dans sa pauvreté et
s humiliations de sa croix. Depuis son épiscopat jusqu'à sa mort,
ne mangea jamais de pain de froment ; il ne buvait pas de vin
rdiiiairement , n'usait ni d'huile , ni de vinaigre , ni de sel ; les
«irs de jeûne, il ne mangeait que le soir. En hiver comme en
é, il avait toujours le même habit, d'une étoffe grossière tel que
portaient les gens peu aisés delà campagne pour travailler aux
ns ou aux champs ; il ne le quittait que quand il tombait par
ièees, ou que la misère des autres l'engageait à le leur donner.
ras son habit il avait un rude cilice qu'il n'ôtait jamais. Il exer-
il l'hospitalité envers ceux qui se présentaient, sans choix et
ms exception : il leur lavait les pieds, et prenait soin qu'ils ne
lanquassent de rien; mais il ne mangeait point avec eux, afin
s ne point rompre son jeûne.
Le pélagianisme faisait de grands progrès en Angleterre ; les ca-
loliques députèrent aux évêques de France pour leur représen-
sr l'état où ils étaient et leur demander du secours. Les évéques
b France tinrent à ce sujet une assemblée, et prièrent Loup de
royes de se réunir à Germain , désigné par le pape , afin de l'ai-
er dans l'importante mission dont il était chargé. Dieu bénit
urs travaux, et les deux saints rentrèrent en France, emportant
s regrets de la Grande-Bretagne.
Il n'y avait pas longtemps que saint Germain était de retour à
uxerre, lorsqu'il fut. obligé de passer en Italie pour aller trouver
«mpereur Valentinien , qui était à Ravennc. Au sortir de Milan,
s pauvres l'abordèrent pour le prier de leur faire quelque au-
lône. H demanda à son diacre qui l'accompagnait s'il lui restait
aeique argent. Trois écus , répondit le diacre. — Donnez-les à
s pauvres gens, lui dit Germain. — Et de quoi vivrons-nous ?
•prit le diacre. — Dieu aura soin lui-même, répliqua Germain,
l nourrir ceux qui se seront rendus pauvres pour l'amour de lui ;
nsi donnez aux pauvres ce que vous avez. Le diacre n'obéit
i*en partie , et réserva un écu. Peu de jours après , un seigneur
i pays , nommé Lépore , qui était très-malade , l'envoya prier
stamment de le venir voir, ou du moins de l'assister de ses
•ières, en cas qu'il ne voulût pas se détourner de son chemin,
'homme de Dieu, qui regarde toujours comme le meilleur che-
9
9ft 31 juillet. — SAINT JSAN COLOIUTNL
min celui qui conduit à quelque bonne WUfi«, stia Croaref li*
pore, demeura trois jours chez lui, et obtint sa guérisoou Lépeft*.
plein de reconnaissance, l'obligea de recevoir deux vmâàémèftlËL
la dépense de son voyage. Germain les mit entre les mains de ;
diacre , et lui dit que, s'il avait donné les trois écus qui ha
taient, comme il le lui avait commandé , ce seigneur, dont Diea
avait voulu se servir pour les récompenser de leur aumône , leur
aurait donné trois cents écus au lieu de deux cents. Le diacre,
qui croyait s'être bien caché, vit par la que Dieu avait Sut con-
naître au saint la faute qu'il avait faite.
Après que Germain eut obtenu de l'empereur la grâce qu'il es*
mandait, Dieu termina ses travaux par une sainte mort. Un Jour,
après l'office du matin, comme il s'entretenait des matières de ra» !
ligîon avec les évéques qui l'accompagnaient, il leur dit : lia
chers frères, je vous recommande mon passage. J'ai cru voir eetts
nuit Jésus-Christ qui me donnait la provision pour un voyage, il
il m'a dit que c'était pour aller dans ma patrie y recevoir le repu
éternel. Peu de jours après il tomba malade. Toute la ville en Al
alarmée. L'impératrice l'alla voir, et Germain lui demanda m
grâce de renvoyer son corps dans son pays, ce qu'elle lui accordiè
regret. Le saint évéque mourut en 448 ou 449, le septième jour de«
maladie, après avoir gouverné son église pendant 30 ans et 25 joua.
31 juillet. — SAINT JKAN COLOMBINI, FONDATEUR M
l'ordre des Jésihtes. — 14e siècle.
Jean Colombini , issu d'une des plus anciennes maisons dl
Sienne, ayant été élu premier magistrat de cette ville, s'attira
l'estime de ses concitoyens par la manière dont il remplit les dft1
voirs de sa place. Malheureusement l'honneur dont il jouisuk ;
dans le monde, ainsi que la probité dont il se piquait, n'étaujt
point en lui sanctifiées par la religion ; il vivait dans un oufal
continuel de Dieu et de l'éternité .
Revenant un jour à midi très-fatigué parce qu'il avait été ac-
cablé d'affaires tout le matin , il se mit en colère parce qu'il ne
trouva point le dîner prêt Sa femme, pour le faire patienter, lui
donne un livre qu'il repousse d'abord avec violence ; mais le mo-
ment d'après, honteux de son emportement , il le prend, l'ou-
vre, et comme c'était une / /> des Saints, il tombe sur l'histoire de
31 juillet. — S. JEA3 COLOMBIM. 99
ite Marie d'Egypte. Il la lit, et y trouve tant de plaisir qu'il
songe plus à son dîner. Insensiblement son cœur s'attendrit; il
içoit de la douleur de ses péchés passés, et forme la résolution de
nger de conduite et de renoncer à ce monde qui l'avait séduit.
1 commença par quitter sa charge , et par donner aux pauvres
plus grande partie de ses biens. Les pratiques de la plus rigou-
oe pénitence ne lui parurent point austères. Il passait presque
nuits entières à prier et à gémir sur ses péchés. Le peu de
ios qu'il accordait à la nature , il le prenait sur deux planches.
Gt de sa maison un hôpital où il recevait les pauvres et les ma-
ies. Un autre serviteur de Dieu , nommé François Vincent ,
ffirit à partager les œuvres de miséricorde qu'il exerçait. Tous
dl couraient à Fenvi dans la carrière de la perfection.
léanCclombini avait un fils et une fille. L'un étant mort , et l'au-
t sëtant faite religieuse, il vendit le reste de son bien pour le dis-
aux pauvres et aux églises. Il lui fut très-aisé d'obtenir le
de sa femme , qui était fort vertueuse, et qui déjà
engagée, ainsi que lui, à passer le reste de sa vie danslacon-
. Après s'être réduit à une pauvreté semblable à celle des
, il se livra tout entier au service des indigents dans les hc-
,aui exercices de piété, et aux mortifications de la pénitence.
Plusieurs hommes, touchés de ses exemples, se joignirent à
i, et marchèrent sur ses traces. Us se consacraient ainsi que lui
x soins des pauvres et des malades, s' occupant de leur procurer
s secours spirituels , et aussi corporels, et les leur apportaient
ec une charité admirable. Comme ils avaient continuellement le
m sacré de Jésus dans la bouche , le peuple les appela Jésuales.
? nombre des disciples de Jean Colombiui s'étant augmenté con-
lérabiement, il en forma une congrégation religieuse qui embrassa
règle de saint Augustin, et qui prit saint Jérôme pour patron. Le
pe Urbain V approuva cet institut en 1367 ; mais, à cause du rè-
glement qui s'y introduisit plus tard, Clément IX la supprima en
Quant à son saint fondateur, il mourut le 31 juillet 1367.
31 juillet. — SAENT IGNACE DE LOYOLA, fondateur
DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS.— 15esiècle.
Ignace de Loyola naquit Tan 1491 dans cette partie de la Bis-
ve qui porte le nom de Guipuscoa. Sa famille était noble et
100 31 juillet. — S. IGNACE DE LOYOLA.
distinguée dans la province. Il fut élevé à la cour d'Espagne, parmi
les pages du Roi Catholique , et prit le parti des armes.
11 se distingua par sa valeur en plusieurs rencontres, et ne son- *
geait qu'à acquérir de la gloire et à vivre conformément aux idées f
du monde. Mais le moment marqué par la Providence pour sa '■'
conversion ne tarda pas d'arriver. Il se trouva assiégé dans la ci* J
tadelle de Pampelune , où il parut plus d'une fois sur la brèche, »
soutenant avec un courage intrépide plusieurs assauts dans un »1
desquels.!! eut la jambe cassée d'un coup de cauoi*. Ce malheur ii
hâta la prise de cette citadelle , où il commandait. Ignace se fit i
transporter au château de Loyola, qui appartenait à son père, il
Comme sa guérison fut longue et difficile , il demanda quelques i
romans pour se désennuyer ; il ne s'en trouva point dans le dit* ;i
teau ; on lui apporta les f les des Saints , et il aima mieux les lire *
que de passer ses jours dans une ennuyeuse oisiveté II fut frappé )(
de tout ce que ces héros du christianisme avaient fait pour sauver. *
leur âme, et il prit la résolution de les imiter. Il eut le temps 4s. q
former à loisir le projet de sa conversion, et on peut dire qu'elle n
fut héroïque et digne de son grand cœur. $
Dès qu'il fut parfaitement guéri , il se rendit à Akmt-Serrai , lîea i,
célèbre par le concours des pèlerins et par la dévotion des fidèles $
qui y accouraient en foule pour implorer la protection de la Mèw ^
de Dieu. Il fit une confession générale de tous les péchés de sa %j| i(
avec tant de componction et de larmes , que son confesseur en fit
vivement touehé. Il veilla une nuit devant une image de la fflèft ,.
de Dieu , et suspendit son épée à un des piliers de l'église. Il doona '
ensuite aux pauvres les riches liabits qu'il portait , se rendit à Hi4- .
pital de Manrèze, dans l'équipage le plus pauvre et le plus huAH .
liant, et s'attacha au service des malades.
Malgré son déguisement, on s'aperçut que cet homme n'était pas '
de la condition des pauvres. Voyant que l'on commençait à leres- '
pecter, il alla se cacher dans une grotte proche de la ville, où il fut ;
uniquement occupé delà prière et des exercices de la pénitence. Ce j
fut là qu'il composa le livre des Exercices spirituels , qui a donné '
la première idée de ces retraites où l'on ne s'applique qu'à méditer
les vérités du salut, et qui ont fait tant de fruit, dans les âmes.
Il désira de visiter les lieux saints, et fit le voyage de Jérusalem.
A son retour, il résolut de se consacrer aux travaux de l'apostolat.
Il vint à Paris, l'an 1528 , pour y faire ses études. Ce fut là qu'il
s'associa quelques compagnons qui étudiaient comme lui dans.
31 juillet. — S. IGNACE DE LOYOLA. 401
Université, et qu'il jeta les fondements d'une compagnie d'hommes
postoliques, destinés à faire une guerre éternelle aux ennemis
e Jésus-Christ et de l'Église. L'an 1534, ils firent vœu, dans
église de* Montmartre , de se rendre dans la Palestine , pour y
ravailler à la conversion des infidèles , ou , si ce voyage ne pou-
ait avoir lieu, d'aller se présenter au pape pour lui offrir de tra-
ailler sous ses ordres partout où il lui plairait de les envoyer.
Le pape Paul III reçut avec plaisir les offres de ces nouveaux
uvriers, et les employa utilement pour le service de l'Église,
ui était alors déchirée par l'hérésie dans toutes les parties de
Europe. Us étaient habiles et formés par un grand maître dans
i Menée des saints. Ce fut Tan 1540 que le pape donna son ap-
robation à la compagnie établie par saint Ignace , qui en fut
ki le premier général. Ce ne fut pas sans répugnance qu'il ac-
epta cette dignité, et quelques années après il résolut de s'en
émettre ; mais aueun de ses disciples n'y voulant consentir, il les
ouverna jusqu'à sa mort avec une profonde sagesse et un zèle en-
oreplus grand pour la gloire de Dieu et pour les intérêts de l'Église.
Cette compagnie fit par ses soins de rapides progrès. Il ne cher •
hait dans son établissement que l'utilité du prochain , la gloire
« Dieu et l'avantage de la religion ; et tout le temps qu'il pouvait
érober au gouvernement de son ordre , il le donnait aux bonnes
•uvres. Ce corps religieux a rendu d'importants services à la ré-
gion et à la société, particulièrement dans la direction des scien*
es et pour l'éducation de la jeunesse.
Saint Ignace fut favorisé d'un grand nombre d'extases et d'ap-
aritions miraculeuses, qui marquaient la pureté de son âme et son
mon intime avec Dieu , et on pouvait le regarder comme un
arfait modèle de toutes les vertus religieuses dont il donnait des
èges aux autres.
H mourut à Rome, l'an 1556 , et fut canonisé l'an 1609 par le
ape Grégoire XV, à la prière de la plupart des princes catholi-
ues de l'Europe.
Fin du mois de juillet.
9.
103 i" août. — us mpt vains uausm.
■■ i ■ ii « ii i — — — — — — >■«— i ■ !■■■ i—————— 'mn>> ii • . [
l" août — LES SEPT FRÈRES MACHÀBÉES, ATltf îgg§
MÈBE , MABTYBS.
Quoique ces illustres martyrs aient souffert près de deux
avaut la naissance de Jésus-Christ , on les regarde néanmoM
comme appartenant à l'Église du Nouveau Testament , parce que
la foi dans le Médiateur, sans laquelle il n'y a point de vrai mer»
tyre, les vivifiait et les animait : aussi l'Église les a-t-elle honorés
d'un culte public dès les premiers siècles, et nous les propose
t-elle aujourd'hui pour les objets de notre vénération et de nottt
imitation.
Après que le saint vieillard Éléazar eut , par sa fin glorieuse ai
milieu des tourments , laissé à toute sa nation un grand exemple
de générosité et de mépris do la mort , on présenta à Antioehai,
surnommé Épiphane, cruel persécuteur des Juifs, sept fieras
avec leur mère, qui témoignèrent la même constance et le méflM
courage. Antiochus, voyant leur jeunesse, crut en triompher pla
aisément, et on leur fit présenter des viandes défendues par la M»
espérant qu'ils en mangeraient ; mais , voyant qu'il ne pouvat
les engager par ses promesses , ni les intimider par ses menaces,
il les lit tourmenter cruellement. Pendant ce supplice, le premier
des sept dit au roi : Que demandez-vous de nous ? Mous somma
prêts à mourir, plutôt que de violer les lois de Dieu et dénotas
pays. Alors Antiochus commanda que Ton fit chauffer despote
et des chaudières d'airain , et, lorsqu'elles furent toutes brûlantes.
il ordonna qu'on coupât la langue a celui qui avait parlé le pie*
mier , qu'on lui arrachât la peau de la tête , qu'on lui coupât ks
extrémités diis mains et des pieds, en présence de ses frères et de
sa mère , et ensuite on le fit rôtir dans la poêle tandis qu'il rapv
rait encore. Sa mère et ses frères , au lieu de se laisser abattis à
la vue de ces tourments inouïs , s'encourageaient , disant : Le
gneur décharge à présent sur notre nation sa juste colère;
il s'apaisera , et nous traitera un jour dans sa miséricorde.
Après la mort du premier des sept frères, on prit le second, et
on lui arracha la peau de la tête avec les cheveux. Ceux qui le
tourmentaient, lui disaient : Mangez des viandes qu'on vous pli*
sente, et nous cesserons de vous faire du mal. Mais il répondît :
Je ne puis faire ce que vous me demandez. On le traita donc
lri août. — LES SEPT FBERES WACHABÉES. 103
e son frère. Étant près de rendre l'esprit , il dit au roi : Vous
aites perdre la vie présente , mais le Roi du monde nous
Citera un jour pour la vie éternelle. On se saisit ensuite du
me , on lui dit de présenter sa langue , qu'il donna aussitôt
ant : J'ai reçu de Dieu les membres de mon corps; mais je
sprise maintenant pour la défense de ses lois , parce que
:e qu'A me les rendra un jour dans une autre vie. On ne lui
pas dire davantage ; on lui coupa la langue, et ensuite
; et le roi et tous les assistants étaient surpris de voir ce
homme qui regardait sans émotion les plus affreux supplices.
irtrième fut tourmenté comme ses trois frères ; et étant
'expirer, il dit : Il vaut mieux souffrir la mort de la part
animes, que de vivre en violant la loi de Dieu , puisqu'un
)ieu nous rendra la vie en nous ressuscitant. Car pour vous,
t-t-il en parlant à Antiochus , vous ne ressusciterez pas pour
. Le cinquième, étant appliqué aux mêmes tourments, re-
Antiochus, et lui dit : Vous faites à présent ce que vous
e, parce que vous avez reçu la puissance parmi les hommes,
ne vous ne soyez vous-même qu'un homme mortel; mais
osez pas que Dieu ait abandonné notre nation ; attendez un
vous verrez quelle est la force de Celui que nous adorons ;
connaîtrez l'étendue de sa puissance, et vous sentirez corn-
il vous accablera , vous et votre race. La constance de ces
wremiers redoubla le courage des deux autres. Le sixième ,
ntque la violence des tourments allait lui ôter la vie présente,
ussi au roi : Ne vous trompez pas en voyant les maux que
souffrons ; ils sont la juste peine des péchés que nous avons
ois contre. Dieu ; mais ne vous flattez pas non plus de de-
er impuni, après avoir entrepris de combattre contre le
•Puissant.
ftiochus, confus de se voir vaincu par des jeunes gens , voulut
de nouveaux efforts pour tâcher au moins de séduire le
ïme et de le faire tomber. Il lui promit avec serment qu'il le
•ait riche et heureux ; qu'il le mettrait au rang de ses favoris,
"il le comblerait d'honneurs, s'il voulait abandonner les lois
s pères. Biais le jeune enfant témoigna qu'il ne voulait point
re sort que celui de ses frères. Antiochus, avant d'en
• aux tourments , dit à la mère d'inspirer à son fils d'autres
ments , et de l'empêcher de courir à une mort prompte et
le. Mais cette généreuse mère, au lieu de faire ce que le roi
4 s-,1
1*4 Ier août. — s. piuuub jujx tmm*
attendait d'elle, s'approcha de sonfHs,ethn dit hébreu,
que les assistants ne l'entendissent point, car cerf ae
Antioche, où Ton parlait grec : Mon fils, ayez pitié dr
vous ai porté neuf mois dans mon sein , qui vous ai nourri de
mon lait pendant trois ans , et qui vous ai élevé jusqu'à l'âge où
vous êtes. Considérez le ciel et la terre , qui sont les ouvrages de
Dieu, aussi bien que tous les hommes : souffrez courageusemevt
les tourments de la mort , comme Font fait vos frères , afin que Je
reçoive de nouveau la vie avec eux dans la résurrection que nom
attendons. Lorsqu'elle parlait encore, ce jeune homme s'écn:
Qu'attendez-vous de moi ? Je n'obéis point au commandement .
du roi , mais à la loi de Dieu qui a été donnée par Moïse. Pour
vous , qui êtes la cause de tous les supplices dont on nous accabla,
vous n'éviterez pas la vengeance de Dieu. Si nous souffrons à
présent, c'est la main de Dieu qui nous frappe à cause de DM
péchés. Si ce Dieu nous châtie , c'est pour nous rendre maltais
et pour nous corriger ; mais ensuite il répandra de nouveau ta
grâces et ses bienfaits sur ses serviteurs. Pour vous encore
fois, ne vous flattez pas d'une vaine espérance de pardon;1
n'éviterez point le jugement de Dieu , qui peut tout et qui vot
tout. Mes frères , que vous avez fait mourir, sont entrés dans h
vie éternelle. J'abandonne volontiers , comme eux, mon corps et
ma vie pour la défense des lois de mes pères : je conjure sente-
ment le Seigneur de regarder enfin notre nation d'un œfl 4b
pitié , et de vous contraindre par la force de son bras vengeur à
reconnaître qu'il est le seul vrai Dieu. J'espère que sa coite,
qui est justement tombée sur son peuple, finira à ma mort et i
celle de mes frères.
Le roi , irrité du courage et de la sainte hardiesse de ce Jea*
homme , ordonna qu'on le traitât encore plus cruellement que sa
frères , et il mourut comme eux au milieu des supplices , qui
supporta avec une constance admirable. La mère suivît eUe-mone
le même jour ceux qu'elle avait envoyés à Dieu devant elle, et
mêla son sang à celui de ses enfants.
1er août. - SAINT PIERRE AUX LIENS. — 1er siècle.
La fête de ce jour est depuis longtemps célébrée dans l'Égpse
grecque et dans l'Église latine, pour remercier Dieu du miracle
1er août. — S. PIEBRE AUX LIENS. 10 j
de la délivrance de saint Pierre, des chaînes dont il fut chargé à
Jérusalem pour le nom de Jésus-Christ. C'est du texte sacré des
Actes des Apôtres que nous allons extraire le récit de ce prodi-
gieux événement.
Après la descente du Saint-Esprit sur l'Église naissante, les
Apôtres , et saint Pierre le premier , ayant prêché aux Juifs l'É-
vangile de Jésus-Christ , plusieurs milliers de personnes deman-
dèrent et reçurent le baptême. La synagogue, alarmée, excita
contre les nouveaux fidèles une persécution. Saint Pierre et ses
collègues furent maltraités et emprisonnés ; mais un ange les dé-
livra de leurs chaînes , et ils continuèrent les fonctions de leur
mission divine . Peu de temps après , Hérode Agrippa , roi des
Juifs, ayant condamné à mort saint Jacques le Majeur, fit encore
emprisonner saint Pierre, et, pour se rendre toujours plus agréable
aux Juifs f il se proposait de le faire exécuter publiquement après
la fête de Pâques, qui était proche. L'Église se mit en prières pour
obtenir la délivrance de son premier pasteur, et ses prières fu-
rent exaucées.
I> prince des Apôtres était gardé par seize soldats , dont quatre
faisaient sentinelle tour à tour dans sa prison auprès de lui ; les
autres gardaient les portes ; il était lié de chaînes et dormait au
milieu de ses gardes. Vers minuit de la nuit qui précédait le jour
auquel devait se faire son exécution, la prison fut éclairée par une
grande lumière ; un ange éveilla saint Pierre , lui dit de se lever,
de mettre sa ceinture, d'attacher ses souliers, de prendre son
vêtement et de le suivre. Au même moment, ses chaînes tombent;
il obéit et marche à la suite de l'ange. Après avoir passé le pre-
mier et le second corps de garde , ils viennent à la porte de fer
par où Ton allait à la ville; cette porte s'ouvre d'elle-même : ils
sortent et marchent ensemble jusqu'au bout de La rue , après
quoi Tange disparaît tout à coup.
Saint Pierre, à qui jusqu'à ce moment tout paraissait n'être
qu'un songe, reconnaît et bénit Dieu du miracle de sa délivrance.
Il va chez Marie, mère de Jean , surnommé Marc, où plusieurs
disciples réunis priaient pour lui , frappe à la porte ; une jeune
fille nommée Rhodé vient , reconnaît sa voix et court , transportée
de joie, dire aux disciples que Pierre est à la porte. On ne la
crut pas , et Ton dit que c'était sans doute son ange gardien en-
voyé de Dieu pour quelque événement extraordinaire. Cependant
Werre continue de frapper ; on lui ouvre enfin. Lorsqu'il fut entré .
L
106 1er août. — sns. foi, xsp: net st < urri.
il raconta comment le Seigneur Fa ré de i prison-, a^|
commanda d'en instruire Jacqi : et ses frères, ec sertit -éHlj
ville pour se mettre en lieu de : été. Le lrnilrmrin NÉfe^ÉR
évasion causa le plus grand trouble parmi les soldats ; on nesanà
ce que le prisonnier était devenu. Hérode fît mettre à mort ks
gardes , sous prétexte qu'ils avaient favorisé son évasion.
Eudoxie , femme de l'empereur Théodose le Jeune , ayant ap-
porté de Jérusalem, en 439, les deux chaînes dont saint Kent
avait été lié dans cette ville , en retint une , qu'elle donna à MB
église de Constantinople , et envoya l'autre à Rome , à sa flfc
Eudoxie, épouse de l'empereur Valeutinien 111. Cette princes» Il
déposa dans une église de Rome , dont la dédicace se fit le pre-
mier août , sous l'invocation de Saint-Pierre-aux-Liens. On
serve aussi dans la même ville, suivant le témoignage de
Césaire, les chaînes dont saint Pierre avait été lié dans son der-
nier emprisonnement , qui précéda son martyre.
Ier août. — SAINTK FOI, SAINTE ESPÉRANCE ET SAHtTE
CHARITE, VIERGES ET MARTYRES AVEC LEUK Wt*
SAINTE SOPHIE. — 2e ou 3e siècle.
Malgré l'illustration de ces saintes martyres et le cuit» qrta
leur a rendu dans les églises d'Occident comme dans celles ffr»
rient, il ne nous a rien été transmis d'authentique sur elles
cette variété iutinie de légendes qui nous sont parvenues,
noms eux-mêmes, ce qui est rare, et même sans exemple*
exprimés chez les Latins avec la forme latine ( F ides, Spes,
ritas ), comme chez les Grecs avec la forme hellénique (Pbfft
KlpiSy Agapè ), de manière qu'ils semblent être plutôt des MF»
noms que des noms propres. Il est assez probable qu'ils sont SU*
lement appellatifs, et qu'on a voulu désigner par les vertus théo-
logales de saintes martyres dont les noms étaient restés il
C'est ce que Ton fait encore aujourd'hui à Rome, où Ton
fréquemment des noms de vertus chrétiennes à des saints martyrs
dont on a recueilli les reliques dans les catacombes, et dont da
ignore le nom réel. Voici toutefois en abrégé la légende la ptas
accréditée relativement à nos saintes.
I/on dit que sainte Sophie vint à Rome avec ses trois HUet
pour y propager la religion chrétienne, sous le règne do l'empereur ^
l*r août — S. FBIÂRD. 107
ien; mais que celui-ci fit arrêter les trois jeunes vierges, et les
aourir après les avoir livrées à des tourments cruels pour les
traîndre à renoncer à leur foi. Quant à leur mère, qui les avait
-même exhortées à confesser généreusement le nom de Jésus-
îst» elle rassembla leurs restes > aidée dans ce pieux office par
dunes de Rome ; puis les enterra à trois milles de cette ville.
note elle n'émit plus qu'un vœu : celui de rejoindre au ciel ses
s, et de mourir en Jésus-Christ, quand elle aurait achevé sa
sre. Elle y remercia Dieu de la grâce du martyre qu'il avait
e à ses enfants ; puis s'affaissant tout en larmes sur leur tom-
u, elle y expira.
1er août. — S. FRIARD, solitaire. — 6e siècle.
Ze saint naquit en Bretagne, de parents pauvres; il fut labou-
ir comme son père ; mais, semblable aux solitaires d'Egypte,
tensaft sans cesse à son origine en remuant la terre ; il s'occu-
t de la méditation de la mort, qui fait rentrer l'homme dans la
re d'où il a été tiré , et il soupirait continuellement après la
re du ciel, où l'on ne sème plus et où l'on ne laboure plus,
îs où l'on recueille éternellement ce qu'on a semé dans le
(îps. Sa piété lui attira bien des railleries de la part de ceux qui
pouvaient goûter sa vertu, parce qu'ils n'avaient pas assez de
irage pour l'imiter. Un jour, comme Friard liait des gerbes
« ses compagnons, ceux-ci furent assaillis par un essaim de
Spesf et dirent à Friard : Que ce dévot vienne, lui qui prie Dieu
s cesse et qui fait à tout moment le signe de la croix, et qu'il
us délivre de ces animaux. Friard, peu sensible à ces insultes,
songea qu'a secourir ses compagnons ; et, plein de confiance
la bonté de Celui qu'il adorait, il fit le signe de la croix, en
aat ces paroles qu'il répétait sans cesse : Notre secours est dans
10m du Seigneur, qui a fait le ciel et la terre. Ces paroles chas*
«nt les guêpes , et ce miracle remplit de confusion ceux qui
talent raillés du saint. Pour lui. animé du désir de mépriser
fièrement le monde, il se retira dans une île du diocèse de
ntes, où il ne s'occupa plus que delà prière et de la méditation
ciel. Il mourut dans cette retraite en l'an 566 ou 567.
il
1
108 2 août. — S. ALPHONSE- M À RIK DB UGMËT.
Mm*
2 ao&7. — SAINT ÉTÏENîfE, pàfe et mabttk. —
Etienne, Romain, exerça le souverain pontificat sou les empe-
reurs Valérien et Gallien. Il régla que les prêtres et les
ne se serviraient des ornements sacrés que dans l'église. Il
dit de rebaptiser ceux qui avaient reçu le baptême des hérétiqaei,
écrivant en cette occasion à saint Cyprien de ne rien innover,
mais de s'attacher à ta tradition. Il convertit à
beaucoup d'infidèles , entre autres le tribun CHympius,
épouse Exupérie et son fils Théodule, puis le tribun
avec toute sa maison, après qu'Etienne eut rendu la vue à
Lurile. Tous moururent martyrs pour la foi. A mesure que b
persécution que suscitaient les empereurs devenait plus violet*,
Ktienne, après avoir convoqué son clergé, l'exhortait au martyre,
et ne cessait d'offrir le sacrifice de la messe et de célébrer des
conciles dans les catacombes. Un jour que les infidèles ravamt
entraîné au temple de Mars, pour y sacrifier, il refusa genéreo-
sèment de rendre aux démons l'honneur qui n est dû qu'au vrai
J)ieu. A ces mots, la statue de Mars fut renversée par un trerabfo-
ment de terre qui ébranla aussi le temple. Tous ceux qui tenais*
Ktienne s'enfuirent, de manière que le saint pontife revint auprès
«les siens dans le cimetière de Lutine. Il leur fit quelques instruD-
tious sur les divins commandements, et leur donna la comas*
nion sacramentelle du corps du Sauveur. Tandis qu'a achevai
le saint sacrifice, les satellites des empereurs arrivèrent de nos-
veau, et lui coupèrent la tête sur son siège. Le corps du martyr,
ainsi que son siège tout arrosé de son sang, fut enseveli par les
clercs dans le cimetière de Callixte, le 2 du mois d'août, en Vm
257. Etienne vécut dans le pontificat trois ans trois mois et
vingt-deux jours.
2 août. — S. ALPHONSE-MARIE DE LIGUORI, évkqul-
18e siècle.
Alphonse-Marie de Liguori naquit à tapies, d'une famille no-
ble, le 2G septembre 1690. Dès ses plus tendres années, H annonça
d'heureuses dispositions pour la piété et pour l'étude, et, dans
2 août. — i. ALPHONSE-MABIE DE LlGUOBr. 100
son adolescence, il deviut le modèle de tous ceux do son âge, par
sa ferveur, sa charité et ses autres vertus.
Il était encore dans la première enfance, lorsque le B. François
Hiéronimo prédit, en le voyant, qu'il ne mourrait pas avant l'âge
de quatre-vingt-dix ans, qu'il deviendrait évêque et rendrait de
très-grands services à l'Église Toutefois il entra dans le barreau
dès Tâge de seize ans, après avoir fait ses études avec un admirable
et fut reçu docteur en droit civil et canonique. Il suivait
distinction cette carrière, lorsqu'un accident imprévu, qui lui
arriva dans une cause, et dont il fut vivement affligé , le décida,
malgré les brillants avantages qu'on lui offrait» à se consacrer au
service des autels. Liguori prit l'habit ecclésiastique le 31 août
1732, et dès lors ses plus chères délices furent de séjourner à
féglise et à l'hôpital, de porter le cilice et de pratiquer les plus
rudes austérités.
Ordonné prêtre en 1726, il devint presque aussitôt un homme
vraiment apostolique. Son temps se partageait entre le confes-
sionnal et la chaire, et ses prédications fréquentes étaient suivies
des fruits les plus abondants. Quand il allait donner une mission,
sa réputation de sainteté et ses miracles attiraient une multitude
d'auditeurs qui -ne pouvaient, en l'écoutant, retenir leurs larmes
et leurs sanglots.
Enflammé de zèle pour le salut des âmes et affligé de l'igno-
rance des gens de la campagne, il jeta, en 1742, les fondements
de son institut, sous le titre de la congrégation du Très-saint Ré-
dempteur ; et, malgré de nombreuses contradictions, cette nou-
velle société se répandit en peu de temps dans beaucoup de pays ,
et fut approuvée par Benoit XIV , dans son bref du 25 février
1749.
Au milieu de tant de travaux et des pratiques multipliées de la
dévotion et de la pénitence1; Alphonse, qui avait fait le vœu, nou-
veau peut-être dans l'Église, de ne jamais perdre de temps, con-
sacrait tous ses moments libres à composer un grand nombre
d'ouvrages de théologie et de piété. L'âge et les maladies ne dimi-
nuèrent rien de son zèle. Clément XIII le fit évêque de Sainte-
Agathc-des-Goths, siège suffragant de Bénévent. 1/ humble Li-
guori, qui connaissait les devoirs de cette dignité, lavait refusée
plus d'une fois, et il ne fallut rien moins qu'un commandement
exprès du pape pour le déterminer à l'accepter. Il y fut promu le
14 juin 1702. Il n'adoucit pas néanmoins la vie dure et mortifiée
\I11S UES SAI.YTS. — T. II. 10
.".V
110 2 WrtU. — 8. ALVHOI AIE M III «AflL
qu'il avait menée jusqu'alors ; il « <k _ %mt jtaMfe 1
gueurs de la pauvreté, redoi d efforts pour satisfit Jp^jfei
deux vertus favorites, le ; alutdes test ^FlMniHii
pauvres ; affermit la discipline ec Mastique, fonda de nouveau
établissements de charité, et eu ia enfia ses discours pars*
aumônes et ses vertus. Au bouc de treize ans de gouvememest,
affaibli par les travaux , les pénitences et les maladies, il obtint
enfin de se démettre de son évéché, faveur qu'A avait mutanm^
sollicitée de Clément X11I et Clément XIV, et que Pie VI ne M
accorda qu'à regret en juillet 1775.
Agé alors de soixante-dix ans, il se retira dans une maison il
sa chère congrégation, à Nocera-de-Pagani , où îl paon leraH
de ses jours dans la méditation et les exercices de la pénfaaoa
Il y mourut en odeur de sainteté le 1er août 1787, âgé de
vingt-dix ans.
11 serait trop long de donner ici le détail de toutes les
rations par lesquelles ce grand serviteur de Dieu avait InmiMlé
son corps, des privations sans nombre qu'il s'était imposées, soi
par esprit de piété, soit aussi pour répandre plus d'aumdnes dàpi
le sein des pauvres, ù qui, dans une année de disette, il avait sa-
crifié son argenterie, les boucles d'argent de ses souliers, et jpfr
qu'à son anneau et sa croix pastorale , qu'il remplaça par aaf
croix en laiton.
Mais rien ne peut donner une idée plus juste de l'émmaaH
sainteté de Liguori que le témoignage de ses confesseurs, qrf
ont attesté qu'il avait conservé non-seulement l'innocenoe hf*'
tismale, mais qu'il ne commit jamais un péché véniel de prop#
délibéré.
Ce qui contribua surtout à lui faire conserver jusqu'à la ma$;
cet état d'innocence, c'est, dit l'auteur des HéflexUms mut kf-
.sainteté et ia doctrine de saint Liguori, « sa tendre dévâtki)
envers la sainte Vierge , à laquelle il s'était consacré (Tu*?
manière spéciale. Plein pour Marie d'un amour filial et (Tuai
confiance sans bornes, il s'adressait à elle dans tous set beseàp% .-
et se tenait assuré d'obtenir tout ce qu'il demandait par saâ'
intercession , crovant avec raison et affirmant en toute rencontl»
qu'elle était la dispensatrice de toutes les grâces. Cette Vieqi
sainte, dont il ne pouvait se lasser de publier les louanges m
chaire et dans ses écrits, le comblait des faveurs les plus signalées; . \
elle lui apparaissait souvent dès sa plus tendre enfance, et daignai
2 août. — S. ALPHONSE-MABIE DE LIGUORI. 1 1 1
re elle-même son institutrice. Elle me disait des choses
ratles, avoua-t-il la veille de sa mort à son confesseur. »
galait Alphonse à saint Bernard , dit plus loin le même
% « pour la douceur d<* expressions et l'abondance des sen-
ti avec lesquels il célébrait Marie de bouche ou par écrit.
1 il prêchait en son honneur . on courait en foule pour
idre; les plus endurcisse convertissaient; et plusieurs fois
va , transporté par son sujet, ravi en extase jusqu'à s'élever
Te. »
ci, au rapport du même auteur, quelles étaient ses pratiques
sté les plus familières pour honorer la Mère de Dieu : il ne
sait jamais de la prier chaque jour, prosterné devant une
i images; il jeûnait, la veille de ses fêtes et le samedi, au
it à l'eau : il portait le scapulaire, un rosaire au cou, un
à la ceinture ; Ù récitait très-souvent la Salutation angélique,
Bommandait beaucoup la dévotion au chapelet. Ce fut
8 sous la protection de Marie et en son honneur qu'il fit le
pie nous avons rapporté, de ne jamais perdre de temps, et
le prêcher les grandeurs de la Mère de Dieu, de réciter le
b et d'approcher du tribunal de la pénitence tous les sa-
, de secourir au besoin les pestiférés, et de faire toujours
'il croirait le plus parfait.
is ces faits étaient si connus, et la réputation du saint était
étalement répandue, si solidement établie, qu'une foule de
mes de la plus haute considération, un souverain, des
s de l'Église, s'empressèrent, aussitôt après sa mort, de solli-
*ie VI pour qu'il fît commencer les procès de sa béatifîca-
. de sa canonisation. Le saint-père lui-même, dans son bref
[mblia sans délai pour ordonner le commencement des
hures, dit qu'il avait aimé Liguori dans sa vie, et qu'il avait
6 en rai la plus rare piété.
marée congrégation des rites s'occupa d'abord de l'examen
gkrae le plus rigoureux des ouvrages imprimés ou manus-
e saint Liguori, au nombre de plus de cent ; et, par sen-
que Pie VII approuva en 1 803, elle jugea que rien dans ses
ne méritait censure : Nlhil censura diynum repertum
•
>ape Benoît XIV avait la plus grande opinion du savoir de
saint. Consulté un jour sur uue question délicate par le
: Jorio, ce grand pape ne voulut pas décider et répondit en
112 2 aotêt. — S. ALPnONSE-MARIE DE LIGUOIU.
propres termes : Voua avez votre Liguorl, consultez-le (1)!
Malgré ces éclatants témoignages de la sainte Église romaine
sur l'orthodoxie et la catholicité de la théologie de saint Iiguori,
il se trouve cependant quelques théologiens assez hypocrites ou
ignorants pour dire que sa théologie est relâchée.
Notre saint-père le pape Léon XII a adressé, le 19 février 1826,
au libraire-éditeur des ouvrages de Liguori, un bref dans lequel
Sa Sainteté fait l'éloge des ouvrages de notre saint. Ce bref était
accompagné d'une médaille d'or.
A l'examen de ses ouvrages succéda celui de se» vertus ; et la
bonté de la cause parut si évidente, que le souverain pontife vou-
lut bien lui accorder la dispense des écrits dTJrbain VIII, en >
vertu desquels on ne doit commencer cet examen spécial que
cinquante ans après la mort de celui qui en est l'objet ; ot il ne s'é* ,
tait écoulé que seize ans depuis celle de Liguori.
La sainte congrégation des rites s'occupa, suivant les règles,
dans trois examens où les moindres objections furent discutées \
n fond, de la réputation de sainteté que notre saint s'était oc- :
quise dans sa conduite privée et dans sa vie publique. Au troi- j
sième examen, qui eut lieu dans une assemblée générale, en pré-
sence du saint-père, les cardinaux et les consulteurs proclamè-
rent d'une voix vnanime que les vertus du serviteur de Dieu
avaient atteint le degré héroïque : unanimité très-rare dans ces
sortes de eas ; et le souverain pontife accéda de- cœur à cette-
décision avant de la conûrmer par son décret solennel du 7 mai '
1807.
Enfin, après l'examen le plus scrupulenx, l'assemblée décida •
encore d'un consentement unanime que les miracles requis pour
In béatification étaient dûment constatés. Le décret du pape est \
du 17 septembre 1815. \
Outre ces miracles, le procès de la béatification en spécifie plut t
de cent que saint Liguori a faits pendant sa vie, et il résulte en ■ i
core des informations prises que, pendant plusieurs années, on :
mettait chaque jour sur son passage, ou bien l'on amenait dans sa i
chambre, des enfants infirmes et des malades de tout âge, et il
leur rendait In santé en les unissant. Le nombre de ses guéri- *
sons est incalculable; de plus, on compte vingt-huit miracles
qu'il n faits depuis sa mort.
(I) Voi atrlr il vo»trn l.ignorin, romugliiitrii con rwo.
3 août. — INVENTION DU COUPS DE S. ETIENNE 113
Ensuite de ces décrets, le saint-père signa, le 6 septembre 1816,
le bref delà béatification qui, en conférant à l'illustre évéque le
titre de Bienheureux, déclare qu'il est très-certainement en pos-
session de la gloire céleste. Ce bref autorise le diocèse de Nocera
et de Sainte- Agathe à célébrer tous les ans , en l'honneur de
Liguori, une messe pour laquelle le pape a prescrit des oraisons
propres.
Cette déclaration du chef de l'Église produisit une joie univer-
selle. Sur les nombreuses et illustres sollicitations qui lui furent
adressées et l'assentiment de la congrégation des rites, le saint-
père signa, le 28 février 1818, le décret qui introduisit la cause
du Bienheureux pour la canonisation. Enfin, le 8 décembre de
Tannée 1819, notre saint-père le pape Pie VIII prononça le dé-
cret de sa canonisation et inscrivit, dans le catalogue des saints,
le nom de celui qui éclaira le monde chrétien par ses écrits, l'é-
difia par ses vertus et l'instruisit par ses exemples ; ainsi les fi-
dèles serviteurs de Marie pourront honorer d'un culte plus so-
lennel celui qu'ils invoquaient déjà comme un puissant interces-
seur auprès de la Reine de saints.
3 août. — INVENTION DU CORPS DE S ÉT1ENNK, proto-
martyr. — 5e siècle.
Les corps de saint Etienne, protomartyr, et des saints Ga-
maliel , Nicodème et Abibon, qui étaient longtemps demeurés
dans un lieu obscur et indigne de leur mémoire, furent trouvés
près de Jérusalem, du temps de l'empereur Honorius, sur un
avertissement reçu du ciel par le prêtre Lucien. Gamaliel, qui lui
était apparu en songe sous l'aspect d'un vieillard vénérable et
d'une belle figure, lui indiqua le lieu où gisaient ces corps, lui
ordonnant d'aller trouver Jean , patriarche de Jérusalem , et de
s'entendre avec lui pour donner à ces corps une sépulture plus
honorable. A cette nouvelle, le patriarche convoqua les évêques
et les prêtres des villes voisines, se rendit avec eux à l'endroit
désigné, et y ayant fait creuser, y trouva des cercueils d'où s'ex-
halait une odeur très-suave. J^e bruit de cette découverte, qui
eut lieu en l'an de Jésus-Christ 415, émut une grande multitude
d'hommes qui se rendirent à l'endroit où elle avait été faite.
Beaucoup de ceux qui étaient venus , souffrant de diverses maladies
10.
114 3 août. — SAINTES MARANHK ET GYBB.
et affaiblis, s'en retournèrent chez eux en pleine santé. Le pre»
deux corps de saint Etienne , qu'on porta avec une grande so-
lennité dans la sainte église de Sion, en fut transféré à Constanti-
nople, sous Théodose le Jeune, et puis à Rome, sous le pontificat
de Pelage Ier. On le plaça au champ Véran, dans le tombeau du-
martyr saint Laurent. Quelques-uns des miracles opérés par la
vertu des reliques de saint Etienne sont rapportés par saint
Augustin, au livre vingt- deuxième de sa Cité de Dieu. Il y parle
entre autres d'une femme aveugle qui recouvra la vue en appro-
chant de ses yeux des fleurs qui avaient touché aux reliques <ta
saint martyr.
3 août. —SAINTES MARANNE et CYRE, vierges. — ■
5e siècle.
Le célèbre Théodoret, évêque de Cyr, dont la piété et les lu-
mières sont très-connues, rapporte ce qu'on va lire ; et ce qull dit,
il le rapporte comme témoin oculaire. Sainte Maranne et sainte
Cyre étaient deux sœurs, nées vers le commencement du 5e aède»
à Bérée en Syrie, d'une famille illustre dans le pays, laquelle leur
fit donner une éducation convenable à leur naissance. Occupées de
la grande affaire du salut, elles mirent toute leur gloire à mépri-
ser le siècle présent et à ne vivre que pour l'éternité. Pour s'en
rendre la voie plus facile, elles quittèrent la maison paternelle» et
allèrent s'enfermer dans un enclos situé hors les portes de la
ville de Bérée. Elles en firent boucher l'entrée, afin que personne
ne fût tenté de les visiter et que leurs exercices ne pussent être
interrompus par une conversation inutile. Ce fut dans ce lien si
ressemblant à l'étable de Bethléhem que ces victimes innocentes
de la pénitence commencèrent un sacrifice qui dura autant que
leur vie. Elles firent bâtir à côté une petite maison pour celles de
leurs servantes qui voulurent les suivre et marcher sur leurs tneée
dans la carrière d'une mortification si rigoureuse. Il y avait à.
cette petite maison une fenêtre qui donnait sur l'enclos des deux
sœurs, et c'était par là qu'elles examinaient les actions de celles
qui avaient voulu les imiter, qu'elles les animaient au service de
Dieu, et qu'elles les encourageaient dans la voie où elles étaient
entrées.
Il n'est guère possible de pousser plus loin les rigueurs de la
3 août. — SAINTES MABANNE ET CYfiE. ltô
ritence, que le firent ces deux sœurs, et Ton aurait peine ù
aire ce que Ton en rapporte, si on ne le tenait d'un témoin
oâ digne de foi que Théodoret. Elles n'avaient ni cellule, ni
il en leur enclos : elles demeuraient tout le jour exposées aux
jures de l'air sans pouvoir s'en garantir, ni en diminuer même
• incommodités Elles recevaient seulement un peu de nourri-
ire par la fenêtre dont on a parlé; et ce peu paraissait encore trop
leur ardeur pour la pénitence. Elles ne recevaient de visites
ne dans le temps de Pâques : tout le reste de Tannée elles gar-
aient un silence très-rigoureux. Pendant que le cœur de ces
[eux saintes jouissait de la liberté que donne la victoire sur toil-
es les passions, et que leur esprit, dégagé de tous les désirs ter-
estres, pénétrait déjà jusque dans le ciel, elles accablaient leur
xnrps par des chaînes si pesantes, qu'un homme fort aurait eu
le la peine à les soutenir. Elles les avaient au cou, à la ceinture
ft aux mains ; en sorte que Cyre, qui était plus délicate, ne pou-
rait presque marcher, et qu'elle était courbée vers la terre. Ce
l'est pas qu'elles regardassent ces chaînes comme nécessaires
jXMir les arrêter dans leur retraite : l'amour de Dieu qui les em-
brasait était un lien plus fort pour les y retenir. Elles savaient
bien d'ailleurs que c'est en vain que le corps est dans la solitude
lorsqu'on est de cœur dans le monde ; mais elles se chargeaient
ainsi pour augmenter par cette rigueur l'austérité de leur péni-
tence. Elles étaient couvertes d'un grand voile, qui descendait d'un
côté jusqu'aux talons, et par devant jusqu'à la ceinture.
« J'ai souvent eu le bonheur de les voir, dit Théodoret ; et ,
comme elles respectaient en moi l'honneur du caractère que je
porte, quoique j'en sois très-indigne, elles voulurent bien m'ac-
corder la grâce d'entrer dans leur enclos. Je vis avec surprise et
avec confusion les chaînes pesantes dont elles étaient chargées, et
dont les hommes robustes auraient eu peine à soutenir le poids.
Elles résistèrent longtemps lorsque je les priai de les ôter ; mais
aussitôt que je fus sorti, elles reprirent par esprit de pénitence ce
que l'obéissance ou la complaisance leur avait fait quitter. Voilà
U manière dont elles vivent , ajoute-t-il , et dans laquelle elles
ont passé non-seulement cinq, dix ou quinze ans, mais quarante-
èeux ans, et opéré de si longs et de si pénibles travaux; elles
n'aiment pas moins les souffrances, et ne les embrassent pas avec
moins de joie et d'ardeur, que si elles ne faisaient que de com-
mencer. Occupées continuellement de Jésus attaché en croix,
116 4 août. — s. noMiifiQt'E.
qu'elles ont pris pour époux, tout ce que ces pénitences ont de
plus rigoureux leur semble léger. 11 n'y a point d'austérités qu'elles la
ne veuillent pratiquer, point d'efforts qu'elles ne veuillent foira fe
pour arriver au terme où elles voient leur Sauveur, tenant entra
ses mains la couronne qu'il doit mettre sur leur tête, quand elles ir
seront arrivées jusqu'à lui. fM
« Une vie si admirable, dit Théodorct en finissant leur histoire, 4
les a rendues l'ornement de leur sexe et l'exemple de celles qui M *
proposent d'arriver au comble de la perfection. Il ne leur reste m
plus qu'à recevoir de la main de Dieu les couronnes dont Q ié- *
compense les travaux de ceux qu'il a rondus victorieux en oom- 5fc
battant pour son service. Pour moi, continue-t-il, je m'estimerai !s
trop heureux , si, après avoir fait admirer au public ce que peut *>
la grâce dans des personnes si faibles et si délicates, je puii ptb- k
flter d'un si grand exemple, et avoir part à la récompense qui les \%
attend. » Théodorct écrivait ceci en l'an 444 : on voit par ce dis* £
cours que ces saintes vivaient encore. On ne sait pas combien ||
elles survécurent de temps. ïj.
i- ts
4 août. — SAINT DOMINIQUE, CONFESSBUB, FONDATKU1 ^
de l'ordre des Frères-Prêcheurs. — 13e siècle. i,*
Dominique naquit, en 1170, au bourg de Calahorra, dans le *
diocèse d'Osma, en Castille, de l'illustre famille de Gusmas. Il *
achevait son cours de théologie , en 1191, lorsqu'il eut ocoasta :
de faire paraître la compassion que Dieu lui avait inspirée pev *
les pauvres et les affligés. L'Espagne fut alors tourmentée <Twra *
cruelle famine qui se fit sentir surtout dans les royaumes de
tille et de T^éon. Dominique, en cette triste conjoncture,
contenta pas de donner aux pauvres ce qu'il avait d'argent, I
vendit encore tous ses meubles, et jusqu'à ses livres pour lésa»
sister. Une pauvre femme le pria un jour, de la manière la jÊm
pressante, de lui faire quelque aumône, pour l'aider h racheter
son frère d'entre les mains des Maures, qui l'avaient fait esclave.
Dominique n'avait alors ni meubles, ni argent , et n'espérait pas
de pouvoir trouver si tôt de quoi satisfaire aux désirs de cette
femme ; il jugea néanmoins , par ses larmes et son impatience,
que le capt if souffrait beaucoup, et que la chose pressait; il s'of-
frit lui-même de très-bon cœur pour ftre donné en échange de
4 aOÛi. — S. DOMINIQUE. m 117
toi qui ctait dans l'esclavage La femme n'eut garde d'accepter
&te proposition : elle se retira saisie d'étonnement et d'admira-
Alphonse , roi de Castille , ayant envoyé l'évéque d'Osma en
tssxe pour quelque affaire d'État, celui-ci voulut avoir Domina
ne pour raccompagner dans ce voyage. L'hérésie des Albigeois
ni, en attaquant ouvertement le culte extérieur et les sacrements
te FÉglise, enseignaient secrètement les erreurs les plus mons-
, fusait alors de grands ravages dans le Languedoc. Le
prélat et Dominique furent accablés de douleur à la vue de
, et résolurent de défendre la vérité aux dépens de leur
je même, si c'était la volonté de Dieu. Dès que l'évéque eut ter-
■né les affaires dont il était chargé, et qu'il en eut rendu compte
■ roi par un courrier qu'il lui dépécha, il alla à Rome demander
■ pape la permission de se démettre de son évéché, afin de s' oc-
uniquement à faire des missions dans le Languedoc. Le
ayant refusé de décharger l'évéque d'Osma du gouverne*
nent de son diocèse, limita à deux ans son séjour en Languedoc,
m lui permettant d'y laisser Dominique et les autres missionnai-
res qui seraient nécessaires pour travailler à la conversion des
hérétiques. S'étant joint pour cette œuvre à douze abbés de For-
ire de Cfteaux, ils parcoururent tout le Languedoc, instruisant les
peuples avec autant de zèle que de solidité.
deux ans que le pape avait permis à l'évéque d'Osma de
à convertir les hérétiques étant expirés, il partit pour aller
la visite de son diocèse ; mais à peine fut-il arrivé, qu'il alla
«revoir de Dieu le fruit de ses travaux. 11 avait laissé la conduite
le la mission à Dominique, qu'il avait ordonné prêtre. Dieu avait
choisi ce vertueux ecclésiastique pour travailler à la conversion
les hérétiques , et pour établir un ordre de saints religieux des-
Haés particulièrement à prêcher l'Évangile par toute la terre , et
ï défendre la doctrine de l'Église contre de profanes nouveautés.
■ avait auprès de lui de fidèles coopérateurs , que l'exemple de
s» vertus avait gagnés à Jésus-Christ : ce fut avec eux qu'il com-
mença rétablissement de son ordre.
Foulques, évéque de Toulouse, étant allé à Rome en 1215, pour
assister au concile que le pape Innocent III y avait assemblé, vou-
lut que Dominique l'y accompagnât. T^e pape, qui savait combien
ses prédicateurs faisaient de fruit, lui ordonna de retourner vers
?es disciples , et de choisir avec eux une rôgle approuvée ; et il
118 „ 4 août, — S. DOMINIQUE.
lui promit de confirmer ce nouvel établissement. Dominique %
étant revenu à Toulouse, exposa à ses frères les ordres qu'il avait
reçus du pape. Comme leur principale intention était de se eon~
sacrer à l'instruction des peuples par la prédication, ils crurent
qu'ils devaient prendre saint Augustin pour modèle ; c'est pour*
quoi ils choisirent sa règle, dont ils firent profession. Le pape
Honorais approuva cette règle en 1216. L'année suivante, Domi-
nique envoya plusieurs de ses disciples en différents pays pour y
prêcher et défendre la pureté de la foi contre les hérétiques. D
en vint sept à Paris, qui louèrent d'abord une maison entre Fé-
vêché etl'Hôtel-Dieu. En 1218 , le docteur Jean, doyen de Saûttn
Quentin , et l'Université de Paris leur donnèrent la maison de
Saint- Jacques : c'est de là qu'ils ont été appelés Jacobine. La fit
édifiante de ces premiers disciples de saint Dominique attira ma
grande vénération à son ordre. On venait en foule écouter tant
instructions, leur demander des avis, et beaucoup de penonms
se placèrent sous leur direction.
Dieu lui fit connaître le temps de sa mort : la seule pensée de
la voir approcher le comblait de joie. Étant à Bologne , où â rs>
sidait le plus ordinairement, il dit à quelques frères avec qui iL
venait de s'entretenir du mépris du monde et de la vanité ds la.
vie présente : Vous me voyez en bonne santé, mais j'irai à Dit*
avant l'Assomption de Notre-Dame. En effet, il tomba danMMk
grand épuisement à la fin du mois de juillet; il n'en oontmosH
pas moins d'assister aux offices, même aux matines. Un jour, m
sortant de l'office de la nuit , il dit au prieur qu'il avait mal à la
tête, et dès ce jour-là il tomba dans la maladie dont il mourut
Il ne voulut pour lit que le sac sur lequel il avait coutume da
coucher. Voyant que sa fin approchait , il fit venir les novice**
et leur recommanda d'aimer Dieu plus que toutes choses, et da
suivre exactement la règle par amour de Dieu. Il fit ensuite appe*
1er le prieur et plusieurs prêtres, devant qui il se confessa de tous
ses péchés ; puis il les exhorta dans les termes les plus vifs à vivra
dons la chasteté et dans la pauvreté , ajoutant qu'avec ces vertus
ils seraient agréables à Dieu et utiles au prochain par la bonne
odeur de leur réputation , et qu'il ne pouvait trop leur recom-
mander de suivre Dieu avec une grande ferveur et de ne point
introduire dans Tordre des personnes temporelles qui y renverse-
raient l'esprit de l'humilité chrétienne et de la pauvreté évangélique,
sur lequel il devait être établi. Après ces instructions, Dominique
5 août. — DÉDICACE DE S. MARIE DES NEIGES. 119
\ mourut le 6 d'août de Tan 1221, âgé de 41 ans. L'Église honore
n mémoire le 4 du mois, à cause de la fête de la Transûguration ,
qui tombe le 6.
iàoût — DÉDICACE DE SAINTE MARIE DES NEIGES. —
4e siècle.
Sous le pontificat de Libère, Jean, patricien romain, et son
épouse, qui était d'une noblesse égale à la sienne, n'ayant pas eu
fartants auxquels ils pussent laisser leurs biens en héritage, firent
m de consacrer toute leur fortune à la très-sainte Vierge, Mère
éeDieu. Ils lui demandèrent conticuellement par d'instantes prières
es leur faire connaître d'une manière quelconque à quelle œuvre
pieuse fls devaient employer leur argent. La bienheureuse Vierge
Marie écouta avec béniguité ces prières et ces vœux qui partaient
éa cœur, et fit voir par un miracle combien elle les agréait. Le
S août, moment de Tannée où les chaleurs à Rome sont les
plot fortes, la neige couvrit pendant la nuit une partie du mont
Eiquâm. La même nuit, la Mère de Dieu avertit en songe Jean et
an épouse, chacun de leur côté, de faire bâtir une église sur l'em-
placement qu'ils verraient couvert de neige, et de la consacrer
tous le nom de la Vierge Marie, puisque c'était ainsi qu'elle vou-
brit devenir leur héritière. Jean rapporta sa vision au pape Libère,
fri affirma qu'il avait eu la même apparition en songe. C'est pour-
quoi le pontife vint solennellement en procession , avec un cor-
tège de prêtres et de peuple, à la colline qui était couverte de
seige, et- il y désigna l'emplacement de l'église que Jean et sa
femme élevèrent à leurs frais. Plus tard Sixte III la rebâtit. Elle
fat d'abord appelée basilique Libérienne, et aussi Sainte-Marie-de-
h-Cièche. Mais comme il y avait beaucoup d'églises à Rome sous
l'invocation de la sainte Vierge Marie, et que la nouvelle basilique
remportait sur toutes celles du même nom, tant pour le miracle qui
M avait donné origine que pour la dignité de la sainte Vierge qui
ea était cause , afin que cette supériorité fut marquée par celle du
Mm, on la nomma l'église de Sainte-Marie-Majeure. La commé-
noration de la dédicace de ce monument sacré se fait tous les ans
wee solennité à l'anniversaire du jour où tomba la neige miracu-
leuse.
140 â aOi'U. — KAÏNTK AFRK, MARTYRE.
5 août. — SAINTE AFRK, mabtyre. — 3« liècle.
Afrc, née dans l'idolâtrie, ne se fit connaître d'abord dam kl
ville d'Augsbourg, sa patrie, que par ses débauches : sa raaisoq
était la perte de la ville, trois servantes l'aidaient à corrompre to
jeunesse. Dieu fait rarement des saints de ces sortes de pécheurs*
parce que la vérité entre difficilement dans un cœur livré
passions honteuses. La grâce du Tout-Puissant les arracite
moins quelquefois au démon , afin que personne ne s'abandoos*
au désespoir a la vue de ses péchés, quelque énormes qu'ils puisses!
être. r
Af re fut du petit nombre que Dieu excepte dans sa miséricofldfc
car d'une prostituée il fit non-seulement une pénitente, mais ea»
core une martyre. On croit qu'elle fut convertie à la vraie religiaft
par un saint évéque nommé Narcisse , avec sa mère et toute M
maison. On voit, par les actes de son martyre, qu'elle avait nu
cesse devant les yeux la grandeur de ses péchés, et qu'elle en étsj|
pénétrée de douleur. Pour les richesses que ces crimes lui avales*
acquises, elle s'en déchargea le plus promptemeut qu'elle
comme d'un fardeau également pesant et honteux. Elle •*<
pour assister les indigents ; quelques chrétiens refusant dans
pauvreté même de les accepter, elle les conjurait avec larrata^f
vouloir bien lui faire cette grâce , et de prier pour elle » aitt que
ses péchés lui fussent pardonnes. »"».
L'empereur Dioctétien, qui servait, sans le savoir, d'inetpK
ment à Dieu pour manifester sa gloire et sa puissance dans le
rage de ses serviteurs , persécutait cruellement les chrétiens
tout où s'étendait son empire. La persécution ayant
jusqu'à Augsbourg, on se saisit d'Afre, et on la présenta au jsjp
nommé Gaïus, qui , après les interrogations ordinaires pour et*
voir d'elle-même qui elle était et ce qu'elle faisait, l'exhorta JÎ
honorer les dieux des païens : Sacrifiez à nos dieux , lui dit-ty
ce parti vous sera avantageux : vous éviterez , en le prenant, \m
tourments qui vous attendent, si vous résistez. Afre répondit*
J'ai commis assez de péchés avant de connaître Dieu , sans faire
encore celui que vous me proposez. — J'apprends, lui dit le juge,
que vous êtes une prostituée ; ne faites donc pas de difficulté de
sacrifier à nos dieux , car vous n'avez rien a attendre du Dieu des
5 août. — SAINTE AFRE, MARTYRE. 121
eus. Afre répondit : Mon Seigneur Jésus-Christ a dit qu'il
lescendu du ciel pour les pécheurs, et je vois dans l'Évangile
b femme qui avait été de mauvaise vie avait arrosé ses
de ses larmes , et avait obtenu la rémission de ses péchés.
iu même endroit que Jésus n'a pas rejeté les femmes débau*
m les publicains, et qu'il avait même souffert qu'ils mana-
nt avec lui» lie juge n'eut point de honte de l'exhorter à ren-
ans sa première vie, en lui représentant le gain qu'elle y ferait
b. Je renonce à ces gains infâmes, dit Afre, je les ai en hor*
j'ai rejeté loin de moi ceux que j'avais faits , parce que je
i avais pas acquis légitimement : je les ai abandonnés aux
es, et j'ai prié ceux qui n'en voulaient pas de les recevoir
prier pour moi. Pourrais-je après cela chercher encore de
richesses? Gaïus lui dit : Votre Christ ne vous juge point
de lui ; c'est à tort que vous rappelez votre Dieu , puis-
se vous connaît pas pour être à lui , car on ne peut regarder
le chrétienne celle qui s'est livrée au désordre. Afre ré-
t : U est vrai , je ne mérite pas d'être regardée comme chré-
t, je suis indigne d'en porter le nom; mais la miséricorde
bu, qui ne regarde pas nos mérites , m'a fait la grâce de
(lettre à cette religion sainte. — D'où savez- vous , dit Gaïus,
eus permet d'en faire profession ? — Je connais , répondit-
ju'il ne m'a pas rejetée , puisqu'il me permet aujourd'hui
ûfesser son saint nom, et qu'il me donne la confiance que
action m'obtiendra le pardon de tous mes péchés. — Vous
ntez des fables , dit le juge ; sacrifiez aux dieux : ce sont
ai vous sauveront. — Mon salut, répliqua la sainte, vient
us-Christ , qui étant attaché à la croix promit son paradis
larron qui avoua sa faute. Gaïus repartit : Sacrifiez , ou je
ous faire tourmenter , et ensuite brûler vive. Afre répondit :
a corps par lequel j'ai tant péché souffre mille tourments ;
fouillerai pas mon âme en sacrifiant aux démons. Le juge
nça alors la sentence en ces termes : Nous ordonnons
re , cette femme prostituée qui s'est déclarée chrétienne ,
i a refusé de sacrifier aux dieux , soit brûlée vive. Son mar-
irriva l'an de Jésus-Cbrist 304.
U
122 6 août. — TRANSFIGURATION DE N. 8.
6 août. — LA TRANSFIGURATION DE NOTRE-SEIGNEUR.
Jésus-Christ était dans la seconde année de sa prédication , kw£
qu'il alla aux environs de Césarée de Philippe. Il demanda m
jour à ses disciples ce que les hommes pensaient de lui , et ai
qu'ils en pensaient eux-mêmes. Simon Pierre , prenant la paroi*!
lui dit : Vous êtes le Christ , le Fils du Dieu vivant Jésus-Cbrtt
déclara Pierre heureux parce que ce n'était ni la chair, ni le sang,
mais le Père céleste qui lui avait révélé cette vérité ; et après M
avoir déclaré qu'il établirait son Eglise sur cette pierre , il km.
défendit de dire à personne qu'il était le Christ. C'est pour noua
apprendre avec quel soin nous devons nous humilier, lors mima
que Dieu nous élève, qu'il découvrit à ses disciples ce qu'il datait
souffrir à Jérusalem. *
Quelque temps après, il prit Pierre, Jacques et Jean, et Mi
mena seuls avec lui sur une montagne pour prier. Saint Jéréw
dit que c'est sur la montagne du Thabor. Pendant que Jésus priai!*
il fut transfiguré devant ses disciples : son visage parut briHaai
comme le soleil , et ses habits devinrent blancs comme la nefgfc
On vit alors deux hommes qui s'entretenaient avec lui : (Mata
Moïse et Élie. Ces deux prophètes étaient pleins de majesté M
de gloire : ils lui parlaient de sa sortie du monde, qui datait ar-
river à Jérusalem. Cependant Pierre et les deux autres étalais
accablés de sommeil : en se réveillant , ils virent Jésus dans II
gloire , et les deux hommes qui s'entretenaient avec lui.
ils se séparaient de Jésus , Pierre lui dit : Seigneur, nous
bien ici : faisons-y, s'il vous plaît, trois tentes, une pour
une pour Moïse et une pour Elie ; car il ne savait ce qu'il
tant il était effrayé.
Lorsque Pierre parlait encore , une nuée lumineuse les couvrit,
et les trois disciples furent saisis de frayeur, en voyant Jésus en*
trer dans cette nuée. Il sortit aussitôt de la nuée une voix qui flt
entendre ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé , en qui
j'ai mis toute mon affection ; écoutez-le. Les disciples, ayant oui
ces paroles , tombèrent le visage contre terre , et furent saisis de
frayeur. Mais Jésus, s'approchant , les toucha et leur dit : Levez-
vous , et ne craignez pas. Alors levant les yeux et regardant de
tous côtés, ils ne virent plus que Jésus, qui était resté seul avec
eux. Eu descendant de la montagne, Jésus leur commanda de ne
6 août. — SS. JDST ET PÀSTEUB. 123
à personne de ee qu'ils avaient vu , jusqu'après sa résur-
i.
te transfiguration, toute pleine de mystère, fut un des
is dont Jésus-Christ se servit pour fortifier la foi de ses
es et pour les convaincre de sa divinité. 11 voulut leur donner
une idée de ce qu'ils seraient un jour eux-mêmes à la ré-
don des morts , et leur faire connaître qu'après les travaux
souffrances de cette vie , ils participeraient à la gloire dont
rvait rendus témoins sur cette montagne.
U — SAINT SIXTE II, pape, ET SS. FÉLICISS1ME
ET AGAPIT , mabtybs. — 3e siècle.
a II % né à Athènes , de philosophe devint disciple de Jésus-
. Accusé dans la persécution de Valérien de prêcher publi-
ât la foi chrétienne , il fut saisi et traîné au temple de Mars,
le menaça de la peine capitale , s'il ne sacrifiait à l'idole.
te on conduisait au martyre le saint pontife qui s'était cou-
icment refusé à cette impiété , saint Laurent le rencontra ,
demanda d'un ton plein de douleur : OU allez-vous sans
Mis, 6 mon père? Prêtre saint, où vous hâtez-vous d'aller
eiui qui doit vous servir. — Mon fils, répondit le pontife,
tous abandonne pas. De plus grands combats à soutenir
la foi chrétienne vous sont réservés : dans trois jours
ne suivrez ; après le prêtre viendra le lévite. & ici-là ,
t avez quelque chose dans le trésor de V Église , distri~
e aux pauvres. Le même jour, il fut mis à mort, et en
temps que lui moururent pour la foi les diacres Félicis-
!t Agapit , et les sous-diacres Janvier , Magnus , Vincent
ame. Sixte fut enseveli dans le cimetière de Calixte, le
; de Tan 257 , après avoir siégé près d'une année. On donna
ulture aux autres martyrs dans le cimetière de Prétextât.
r. — SAINT JTJST ET SAINT PASTEUR, martyrs.
— 3e siècle.
t et Pasteur étaient deux frères, nés à Alcala , en Espagne.
anier avait treize ans , et l'autre sept , lorsqu'on publia dans
ce publique un édit de persécution contre les chrétiens :
194 7 août. — S. DON AT, ÉV. ET MAETYB.
ils allaient alors ensemble aux écoles. Quand ils surent qi
gouverneur de la province était arrivé à Alcalapour faire exéc
Tédit, ils se sentirent enflammés d'une ardeur subite pot
martyre. A la première nouvelle qui parvint jusqu'à eux , ifc
tèrent leurs livres et leurs cahiers , sortirent brusquement <k
cole , et allèrent à la place publique , où Ton avait dressé le
bunal , pour être témoins du courage de ceux qui faisaient pn
sion du christianisme.
A la vue de ceux que Ton conduisait au supplice , ils ne pc
s'empêcher de faire connaître qu'ils aspiraient à la même gl
Des gens rapportèrent au gouverneur que, dans la foule
spectateurs, il y avait deux enfants qui , par leur geste et leur
cours, faisaient voir qu'ils étaient chrétiens. Le gouverneu
les fit amener. Just et Pasteur parurent devant lui avec une >
tenance assurée. Au lieu de les interroger, il ordonna qu'oi
fouettât , affectant de les traiter comme des enfants qu'il fi
corriger, sans employer contre eux le raisonnement ni les il
rogations. Les deux frères allèrent avec joie aux tourments
mirent d'eux-mêmes entre les mains des bourreaux , en déek
qu'ils étaient chrétiens et qu'ils étaient prêts à répandre jus
la dernière goutte de leur sang pour le Dieu qu'ils adora
Avant de passer du fouet à d'autres supplices, on alla aven
gouverneur qu'il ne fallait pas espérer de gagner ces deux enfi
Il répondit en ordonnant qu'on leur coupât la tête : ils reçu
la couronne du martyre au mois d'août l'an 304.
7 août. — SAINT DONAT , évêque et martyr. — 4e si-
Donat , après la mort de ses parents , qui furent tués pot
foi de Jésus-Christ, se réfugia avec le moine llilarinusà Arezzo,
d'Étrurie dont il fut ensuite fait évêque. Le préfet Quadn
ordonna en cette même ville à ces deux chrétiens /et peu
la persécution de Julien l'Apostat, de sacrifier aux idoles. Coi
ils refusèrent de commettre un crime aussi abominable, Hilai
fut frappé de coups de bâton sous les yeux de Quadratien
qu'à ce qu'il rendît l'âme. Quant à Donat , après avoir égaler
subi de cruels supplices, il fut frappé par le glaive, en l'an
lies chrétiens donnèrent aux deux martyrs une sépulture h
rahle auprès de leur ville.
rf*^-»»V
7 QOÛt. — S. YICTBICE, ÉV. DE ROUEN. *2to
7 août. — SAINT VICTRICE , éyêque de Rouen. — 5e siècle.
Saint Victrice était né dans les Gaules, sur les frontières de
l'empire romain, du temps de Constantin le Grand; mais on
igpore le lieu. Il était plus jeune que saint Martin de Tours, et il
paraît n'être venu au monde que quelques années après le concile
de Hicée. Dans sa jeunesse, il serrait dans les troupes de rem-
pire; mais, craignant les dangers de l'État où il était engagé,
1 résolut d'abandonner la carrière militaire. Un jour que les
troupes étaient rassemblées pour une revue générale, il se prê-
ta devant le tribun , et, se dépouillant de ses armes en sa pré-
, il lui déclara qu'il renonçait au service et lui demanda son
eongé. Le tribun , irrité de cette action, ût déchirer Victrice à coups
de fouet et de bâton, puis le fit mettre en prison. On ne le tira de
lieu que pour le faire paraître devant l'intendant de l'armée ,
i semblait être venu au camp pour le juger. Victrice lui déclara
n'étant devenu soldat de Jésus-Christ , il croyait devoir se retirer
de Tannée pour le servir plus librement. L'intendant , peu satis-
fait de cette réponse, le fit tourmenter pour l'obliger à reprendre
les armes; mais, voyant ses efforts inutiles, il le condamna à
perdre la tête. Si nous en croyons saint Paulin , auteur très-digne
de foi , Dieu fit plusieurs miracles pour délivrer son serviteur. Ce
saint rapporte que le bourreau qui menait Victrice au supplice ,
ayant mis la main sur son cou, comme pour marquer l'endroit
où il devait frapper, perdit subitement la vue. Cet accident l'em-
pêcha de poursuivre son action. On conduisit Victrice en prison ,
et Dieu fit encore un second miracle en sa faveur. On lui avait
attaché aux mains des fers qu'on avait serrés jusqu'aux os; il
pria ses gardes de les relâcher un peu ; et sur leur refus, il adressa
sa prière à Jésus-Christ , et ils virent ses chaînes tomber d'elles-
mêmes. Ses gardes n'osèrent les remettre; mais ils coururent ,
épouvantés, raconter cette merveille à l'intendant, qui rendit
la liberté à Victrice.
On ne sait pas en quel lieu il se retira , ni combien de temps il
passa dans les exercices des vertus chrétiennes , avant d'être élevé
à Tépiscopat. Il était déjà évéque avant Tan 390 , lorsque saint
Paulin le vit à Vienne chez saint Martin , et qu'il se recommanda
a ses prières comme à un homme favorisé du ciel cl estimé des
11.
120 7 août. — 8. GAÉTAN DB T III EN NE.
plus saints personnages de son temps. Dieu le rendit Adèle à
ministère, en sorte qu'il n'instruisait pas moins par son exempb
que par ses discours. Il rassembla autour de lui un grand nombp
de personnes des deux sexes , à qui il fit goûter la pureté de kl
religion , qu'il soutenait dans la vertu en leur servant de modèle,
en priant pour elles et en les instruisant. Aussi, dit saint Pantin*
l'Église de Rouen devint-elle, sous saint Victrice, une noufsëe
Jérusalem : on y voyait fleurir toutes les vertus; on y ^fa^n^t
un grand nombre de vierges dignes de Jésus-Christ , et beaucoup
de veuves qui surmontaient toutes les attaques du démon par tal
œuvres de piété , par le ministère saint auquel elles s'appliquaient
et par les services qu'elles rendaient à l'Église; on y voyait beatt»
coup de personnes mariées qui vivaient comme frère et eonftt
et qui invitaient Jésus-Christ, par leurs prières, à visiter et. à
bénir leur chasteté ; on y trouvait partout des entrailles de mfct*
ricorde. Le nom de Jésus-Christ y était loué le jour et la
On chantait tous les jours de saints cantiques dans un
nombre d'églises et de monastères, et la pureté du coeur, jotato
à l'harmonie des voix , formait un concert agréable aux saints da
ciel et à ceux de la terre. Ainsi la ville de Rouen, qui juaqÉV
lors avait été un peu connue , même dans les provinces voisinas,
devint, grâce à saint Victrice, célèbre jusque dans les paye les
plus éloignés. On croit que saint Victrice mourut en Tan de Jém+
Christ 417 : on le compte pour le premier évéque de Rouen.
7 août. — SAINT GAÉTAN DE TH1ENNE ,
INSTITUTEUR BK LA CONGRÉGATION DES CLERCS BBGULHIS
dits Théatins. — 10e siècle.
Gaétan, fils de Gaspar, seigneur de Thienne, et de Mflk
Porta , tous deux de familles distinguées par la noblesse et il
piété, naquit en 1480, à Vicence, en Lombardie. T>ès ta mfe
sance, sa mère le mit sous la protection de la sainte Vierge, si
l'accoutuma à la pratique de l'humilité , de la douceur et de ta
pureté. Le fils fut si docile aux leçons de sa mère, que,
son enfance même, on le surnommait le Saint. Occupé sans
de la méditation des vérités éternelles , il fuyait |es amusemetfta
et les conversations inutiles. On admirait en lui une tendre eha-
rité pour tous les hommes, et en particulier pour les pauvres si
1rs malheureux. Malgré le temps qu'il donnait chaque jour à la
7 aOÛi. — S. GAÉTAN DE TH1EXXE. 127
9 n'en avait pas moins d'ardeur pour l'étude; il la sancti-
r les exercices de la religion. Il fit de grands progrès dans
iloape, le droit civil et canonique. Pour se consacrer à Dieu
plus spéciale , il embrassa l'état ecclésiastique.
de mener une vie obscure et cachée le fit décider
à Rome; mais, malgré les précautions de son humilité ,
técourert, et le pape Jules 11 l'obligea d'exercer l'office de
otam apostolique. Le dé de croître dans la perfection
pin le dessein d'entrer dai confrérie dite de X Amour
Celait une association de | unes pieuses qui , par cer-
ssorcices , travaillaient de * 1 • pouvoir à procurer la
ie Dieu. Après la mort de j 11, Gaétan quitta la place
(notaire apostolique et rei na à Yicence. 11 s'y associa
■frériede Saint-Jérôme, < ivait été instituée sur le plan
• de rAmour divin. Ses ar jugeant des choses d'après
véjusjés, raccosaient de d< norer sa le. Biais loin
■^per de résolution, fl sedà lat r aux plus humi-
pratiquesdela charité. Les ex les pauvres
Ipital des Incurables de la e, aevc u l'objet de sa
ne et de ses soins. Il les se vait de n $t augmenta
les revenus de cet hôpital.
confesseur lui ayant conseillé de se retirer à Venise , il
délai et se logea dans l'hôpital qu'on venait de bâtir ;
au service des malades. U se montra si zélé pour
ftaison, qu'il en est regardé comme le principal fondateur.
lit communément de lui à Venise , à Vicence et à Rome ,
ait ic* séraphin à l'autel et un apôtre en chaire. Quelque
après, il quitta Venise pour aller à Rome, dans le dessein
réger de nouveau à la confrérie de l'Amour divin. Parmi
mbres de cette association , il y en avait plusieurs qui joi-
t une rare prudence et un savoir profond à une piété extra-
ire. Gaétan conféra avec ces personnes sur les moyens les
Bcaces de réformer les mœurs des chrétiens. Tous con-
;que cette réforme ne serait possible qu'en faisant revivre
? clergé cet esprit et ce zèle dont furent animés ceux qui
mîers annoncèrent l'Évangile. Ils résolurent donc d'insti-
i ordre de clercs réguliers qui se proposeraient en tout les
s pour modèles. Les premiers auteurs de ce dessein furent
Gaétan, Jean- Pierre Caraffo, archevêque de Téate ou
dans TAbruzzc , et depuis pape sous le nom de Paul IV ;
128 7 août. — S. GAÉTAN DE THlEHItE.
Paul tonsigliari et Boni face de Colle, gentilhomme de Siîtaf.
(joix qui possédaient des biens ecclésiastiques demandèrent A
Clément VII la permission de les quitter, dans la vue de travailler
efficacement à l'exécution du projet qu'ils méditaient. Le
ue leur accorda son consentement qu'avec beaucoup de peine.
Tout étant ainsi disposé , les serviteurs de Dieu dressèrent le
plan de leur institut, qu'ils présentèrent au pape, et qui fut exa-
miné dans un consistoire de cardinaux en 1524. Après quelques
difficultés , le nouvel ordre fut approuvé par dément VII. Ce-
raffa en fut fait premier supérieur ; et , comme il portait toujours
le titre d'archevêque de.Téate, les clercs réguliers reçurent le
nom de Théatins. T^es fins principales que se proposèrent lu
Théatins, furent d'instruire le peuple, d'assister les malades »dr
combattre les erreurs dans la foi , de rétablir parmi les laïques
l'usage fréquent des sacrements, de faire revivre dans le demi
l'esprit de désintéressement, l'amour de l'étude delà religion-* M
respect pour les choses saintes et surtout pour ce qui arappett
aux sacrements et aux cérémonies du culte divin. On s'apera*
bientôt à Rome des heureux effets produits par le zèle de Gâtai
et de ses associés, ta sainteté de leur vie multipliait tous les Jours
lu nombre de leurs coopérateurs. ;
La ville de Rome ayant été prise d'assaut par l'armée de ffrarioi
Quint, le G mai 1527, les soldats, la plupart luthériens, jtilty-
rent la ville et commirent plus de cruautés que n'avaient faftbi
Cotlis mille ans auparavant, ta maison des Théatins fut preeqee
entièrement démolie. Un soldat qui avait connu Gaétan à Vieenee,
s'imaginant qu'il possédait des richesses, le représenta comme tel
n son officier. On arrêta sur-le-champ le serviteur de Dieu, et on
lui fit souffrir mille tortures pour l'obliger à livrer un trésor qu'il
n'avait pas. A. la fin cependant on le mit en liberté , tout meurtri
des coups qu'il avait reçus. Il sortit de Rome avec ses compa-
gnons , n'emportant tous que leurs bréviaires et les habits qâ
les couvraient. lisse retirèrent à Venise, où ils furent bien reçus,
et ils s'établirent dans le couvent de Saint-Nicolas-Tolentin. Ott
élut Gaétan supérieur de cette maison. Sa sainteté et son zèle i ,
procurer la gloire de Dieu firent universellement estimer
ordre. Cette estime s'accrut encore par la charité dont le
parut anime durant la peste qui affligea Venise. .
De Venise, Gaétan fut envoyé à Vérone pour réconcilier lï-
veque de cette ville avec une partie de ses diocésains qui s'oppe- ,.
8 août. — SS. CYRIAQUE, LARGE ET SMARAGDE, M. 129
à certains règlements que le prélat venait de faire par rap-
Mvrt an rétablissement de la discipline. Le saint , après avoir
admé les esprits à Vérone , fut appelé à Naples , pour y fonder
ne maison de son ordre. Le comte d'Oppido lui donna un bâ-
iment pour loger sa communauté ; mais il ne put lui faire accepter
m donation d'un fonds de terre qu'il avait dessein de lui faire.
Les exemples et les prédications de Gaétan produisirent bientôt
■& changement général dans les mœurs de cette grande ville.
Malgré les travaux du ministère , notre saint ne perdait jamais de
rue le soin de sa propre sanctification. Toujours humble , tou-
jours pénitent , il donnait souvent plusieurs heures de suite à la
méditation, et il y était souvent favorisé de grâces extraordinaires.
Ëtant retourné à Venise en 1537 , Gaétan y fut fait une seconde
fofi supérieur. Après avoir gouverné sa communauté pendant
trais ans , il retourna à Naples , où il gouverna la maison de son
onfcre jusqu'à sa bienheureuse mort. Ses austérités, jointes à ses
continuels , lui causèrent une maladie de langueur. Les
hii conseillant de renoncer à la coutume qu'il avait de
sur des planches , il leur répondit : « Mon Sauveur est
« mort sur la croix ; laissez-moi du moins mourir sur la cendre. »
11 voulut qu'on le couchât sur uncilice , étendu par terre et cou-
vert de cendres. Ce fut en cet état qu'il reçut les derniers sacre-
ments. 11 expira dans de vifs sentiments de componction, le 7 août
1547; il s'opéra plusieurs miracles par son intercession, et il fut
béatifié en 1629 et canonisé en 1691.
8 août —SAINTS CYRIAQUE , LARGE , SMARAGDE , et
LEURS COMPAGNONS , MARTYRS. — 4e siècle.
Le diacre Cyriaque fut longtemps renfermé en prison avec
Sînnius, Large et Smaragde. 11 y fit beaucoup de miracles, et
éms le nombre, par ses prières, il délivra d'un démon Arthémie ,
file de Dioctétien. Envoyé à Sapor, roi de Perse , il arracha aussi
au pouvoir de l'esprit malin Jobie , qui était fille de ce prince.
Après avoir baptisé le roi lui-même avec quatre cent trente per-
lonnes, il revint à Rome, où l'empereur Maximien le fit arrêter
et marcher devant son char tout enchaîné. Quatre jours après ,
on le fit sortir de prison, on l'arrosa de poix fondue, et on re-
tendit sur l'instrument de torture. 11 fut enfin frappé de la hache
130 8 aOÛi. — LE B. AUGUSTIN DE LUCEBE.
avec Large et Smaragde, et vingt autres chrétiens, sur la vûie.
Salaria, près des jardins de Salluste, en Tan 303. Leurs corps, 1
ensevelis près de la même voie, le 16 mars, par le prêtre Jean, fih. !'
rent, le 8 du mois d'août, enveloppés dans des voiles de lin , et '
embaumés avec des parfums précieux par les soins du pape Mit- '
cel et de la noble femme Lutine, puis transportés dans une terre *
de la même dame, sur la voie d'Ostie, à sept milles de Rome.
8 août. — LE BIENHEUREUX AUGUSTIN DE LUCÈRE, t
ÉVÊQUB ET CONFESSEUR. — 14e Siècle. : i
" t
Augustin naquit à Trau en Dalmatie, dans le diocèse ardue* |
piscopal deSpalatro, de parents nobles, renommés par leur flttft^ ||
chement à la foi orthodoxe. Dès sa jeunesse, pour se mettre m£ |
tièrement au service de Dieu, il abandonna le patrimoine qrfCij
possédait dans la Sicile , et se présenta pour entrer dans l'on**: 4
des Frères prêcheurs. Ayant accompli son noviciat avec le phfi j
grand zèle et le plus complet dévouement à la règle qu'il avjflft t,
embrassée, il fut envoyé à Paris avec Jacques Orsini pour y étahi ù
dier, et il eut pour maître saint Thomas d'Aquin, sous lequel If
lit des progrès merveilleux tant dans la science et la piété que, N
dans les autres vertus. Lorsqu'il fut revenu dans sa patrie, ne .
supérieurs le destinèrent à prêcher la parole de Dieu , et I y
montra aussi tout le dévouement ardent dont il brûlait pour-ie
salut des âmes. Assidu à la prière , il y passait les nuits , et té* (
pétait souvent ce mot de saint Augustin : «// apprend à MM '
vivre, celui qui apprend à bien prier. » Benoit XI l'appelaàlAft1
vêché de Zagrab ou Agram, et il y brilla tellement par totfMr
les verlus pastorales, que, sur la renommée qu'elles luiattirèreflÉ*1
Robert, roi de Naples, obtint par ses instances du pape Jean TCÊÊt- '
qu'il le mît à la tête de l'église de Lucera , pour la purgerai! '
erreurs dont elle avait été infectée par le séjour des SarrMitfflJM
Pour atteindre ce but , on ne pourrait dire combien de peine» #(
de fatigues il endura ; mais à la fin, la ferveur de ses prières, Vm [
ficacité de sa prédication, la sainteté de ses mœurs, lui méritMlf
de voir tout son troupeau redevenu catholique. Pour le préeerlIP1
à l'avenir et le maintenir exempt de toute souillure , il mit tefe*
son diocèse sous la protection puissante de la sainte Vierge , 1
de Dieu , et principalement la ville de Lucera , dont il v<
9 août. — LE B. JEAN DE SALERNE. 131
nger le nom ut celui de cité de Sainte-Marie. Enfin, plein de
itèt, et devenu illustre par le renom des miracles auxquels
rait donné lieu, il rendit son âme à son Créateur le 3 août 1 323,
Ige de soixante-dix ans. C'est le pape Jean XXII qui le mit
«ombre des saints.
9 août. — S. ROMAIN, martyr. — 3e siècle.
Lomam était soldat à Rome, du temps de saint Laurent.
ppé de la constance et de la joie avec lesquelles ce saint
rtyr souffrait les tortures inventées par la fureur des bour-
n, il embrassa la religion chrétienne; il s'adressa à saint
■eut loi-méme, qui l'instruisit et le baptisa dans sa prison.
wêl déclaré sa conversion, il fut arrêté et décapité la veille
martyre de saint Laurent. Ainsi il reçut la couronne avant
i grade et son maître. On l'enterra sur le chemin de Tibur ;
reliques furent depuis transférées à Lucques. Saint
est nommé sous ce jour dans Tantiphonaire de saint
Sgotre et dans les anciens martyrologes.
août. — LE BIENHEUREUX JEAN DE SALERNE ,
confesseur. — 13e siècle.
fean, issu à Salerne de la famille Quarna, qui descendait des
sens Normands, fut admis à Bologne dans l'ordre des Frères
eheurs, et reçut l'habit de la main même de saint Dominique.
■ sa direction et son enseignement, il fit tant de progrès dans
entier de la vertu et de la perfection religieuse , que le saint
dateur des Frères prêcheurs ayant envoyé douze religieux
oavés pour propager son ordre en Toscane , il mit à leur tête
n, malgré son âge peu avancé. Se conformant aux comman-
arnfi du saint patriarche, Jean se dirigea vers Florence avec
compagnons. A Ripoli, qui se trouve à trois milles de cette
s, fl s'arrêta avec eux dans une maison qu'im pieux Florentin
* avait préparée auprès d'une chapelle qu'il avait pris soin de
e construire. C'est de là que tous les jours ce saint homme
ait à Florence pour prêcher la parole de Dieu, ce qui avec
■oeence de ses mœurs lui attacha très-étroitement le cœur
Florentins, qui voyaient, grâce à ses exhortations , des gens
132 10 août. — S. LAURENT, MARTYR.
perdus revenir dans la voie du salut, et les autres y persévérer
Aussi ceux qui avaient alors en main le gouvernement de la ré
publique, remarquant combien il était incommode à ce zélé ieti
gieux de devoir se rendre tous les jours de grand matin à Flo
rence et de s'en retourner le soir chez son hôte de Ripoti, il
songèrent à le pourvoir d'un endroit où il pourrait habiter ave
ses compagnons en dedans des murs de la ville. C'est ce qui fu
cause qu'ils habitèrent d'abord à Saint-Pancrace, ensuite à Saint
Paul, enfin à Santa-Maria Novella, ou aux Vignes. C'est dans e
dernier endroit où, au moyen des libéralités Eûtes par des per
sonnes pieuses, l'église fut agrandie, et un couvent bâti , que le
nouveaux Frères prêcheurs commencèrent à vivre à Florence, ej
observant avec beaucoup d'exactitude les règles de leur ordre
Jean leur donnait à tous l'exemple des vertus et de la perfectioj
dans la vie religieuse. Lorsque saint Dominique fut sur le poin
de mourir, il alla à Bologne pour lui rendre les derniers devoirs
ainsi que le fait un fils soumis et tendre au meilleur des pères. Di
retour à Florence, il s'occupa de ce que lui avait demandé le pap
Grégoire IX, c'est-à-dire de combattre l'hérésie des Patarins 01
Catharins, descendance pernicieuse des Manichéens, qui portaien
le trouble dans l'Église comme dans l'État. Il parvint à réprime
leur audace, et en endurant avec courage les insultes et les ou
trages par lesquels ils s'efforçaient de le détourner de son entre
prise, il défendit avec une grande supériorité la foi catholique
Enfin , après avoir accompli des bonnes œuvres sans nombr
pour l'avantage de l'Église et l'accroissement de la foi, et aprè
avoir gouverné pendant bien des années le couvent de Santa
Maria Novella avec un grand profit, tant pour les siens que pod
les citoyens de Florence, il atteignit avec joie son dernier jour e
mourut muni des sacrements de l'Église , et en exhortant se
frères à la sainteté.
10 août. — SAINT LAURENT, martyr. — 3e siècle.
On ignore le lieu de la naissance et les commencements de l
vie de saint Laurent. Saint Pierre Chrvsologue dit qu'il était auss
pauvre des biens de la terre que riche de ceux du ciel. Ses vertu
le firent connaître à saint Xiste, qui lui donna tous les avis qui
crut nécessaires pour le porter à la perfection. Disciple d'w
10 août. — S. LAURENT, MARTYR. 133
homme si plein de l'esprit de Dieu, et prévenu lui-même des
grâces du Ciel, taurent devint en peu de temps parfait dans In
vertu, quoiqu'il fût encore dans un âge peu avancé. Quand saint
Xiste fut élevé sur la chaire de saint Pierre, Tan de J. C. Î57, il
appela près de lui son cher disciple pour porter une partie du mi-
nistère, et Féleva au diaconat. Il n'y avait alors que sept diacres
dans l'Église de Rome, et saint Laurent était le premier : ce qui
lui a fait donner par les Pères le nom d'Archidiacre. C'était lui
qui avait soin des richesses de l'Église et qui en était le distri-
buteur.
L'empereur Valérien, qui croyait pouvoir détruire l'Église, qu'il
ignorait être l'ouvrage du Tout-Puissant, persécutait les chrétiens
les plus connus, et surtout le clergé, afin qu'en frappant les pas-
teurs il pût disperser et détruire le troupeau. Le pape Xiste fut
une des premières victimes de cette persécution. Il fut arrêté avec
quelques-uns de son clergé, lorsqu'il était au cimetière de Calixte
pour y célébrer les saints mystères. Saint Laurent , animé du
désir de donner aussi sa vie pour Jésus-Christ, voyant qu'on
menait Xiste au supplice, le suivit en versant des larmes et lui
dit : Où allez-vous, mon père, sans votre fils ? Prêtre saint, où
allez- vous sans votre diacre? En quoi vous ai-je déplu? Éprou-
vez si je suis digne du choix que vous avez fait de moi pour me
confier la dispensation du sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ
( car c'était alors l'office des diacres ). Saint Xiste lui répondit :
Je ne vous abandonne pas , mon fils : un plus grand combat vous
est réservé ; vous me suivrez dans trois jours. Laurent, consolé
par ses paroles, se prépara au martyre : ayant fait assembler les
pauvres, il leur distribua l'argent de l'Église qu'il avait entre les
mains, et vendit même les vases sacrés pour augmenter la somme.
La nouvelle de ces libéralités ayant été portée au préfet de Rome,
il crut que les chrétiens avaient de grands trésors en réserve, et
il résolut de s'en emparer. Il fit venir saint Laurent pour l'enga-
ger à lui découvrir le lieu où ces prétendus trésors étaient gardés,
et pour l'y contraindre par la violence s'il refusait de faire cet
aveu. Vous vous plaignez souvent, dit ce préfet au saint diacre,
que nous vous traitons cruellement ; je ne veux point agir ainsi
envers vous , je vous demande seulement ce qui dépend de vous
de m'accorder. On dit que, dans vos cérémonies, vous vous ser-
vez de vases d'or et d'argent, et que, pour éclairer vos sacrifices
nocturnes, vous avez des cierges dans des chandeliers d'or. On
12
13-1 10 août. — S LAURENT, MALTVft.
ajoute que, pour fournir ces offrandes, les frères vendent leurs
héritages et dépouillent leurs familles afin de vous enrichir ; mettes
ces trésors au jour : 4e prince en a besoin pour l'entretien de
ses troupes.
Saint Laurent répondit sans s'émouvoir : J'avoue que notre
Église est riche : l'empereur n'a pas de si grands trésors. Je tous
ferai voir ce qu'elle a de plus précieux , donnez-moi du temps
pour mettre tout en ordre. Le préfet, content de cette réponse,
lui accorda trois jours de délai. Pendant cet espace, saint Laurent
rassembla tous les pauvres que l'Église nourrissait , les aveugles,
les boiteux, les estropiés; et, après avoir pris leurs noms, U les
rangea devant le temple. Le jour marqué étant venu, il vint trou-
ver le préfet, et lui dit : Venez voir les trésors de notre Dieu,
vous verrez une grande cour pleine de vases d'or et de talents
entassés sous des galeries. Le préfet le suivit, et voyant cette
troupe de pauvres, il se retourna vers saint Laurent avec des yeux
troublés et menaçants. — De quoi vous fâchez-vous? lui dît le
saint diacre. L'or que vous désirez si ardemment n'est qu'un vi
métal tiré de la terre, et c'est la source de bien des crimes ; For
véritable est la lumière divine dont ces pauvres sont les disciples :
voilà les trésors que je vous ai promis : profitez de ces richesses
pour l'empereur, pour vous-même. — C'est donc ainsi que tu
me joues ! lui dit le préfet. Comme je sais que vous vous piquez,
vous autres chrétiens, de mépriser la mort, je ne te ferai pas
mourir promptement.
Laurent fut jeté dans une noire prison, et on lui déchira le
corps de coups de fouet. Le juge, voyant cette première attaque
inutile, le fit étendre sur un gril tout rouge, sous lequel il fit
mettre de la braise à demi éteinte. La ferveur de sa foi rendit le
martyr insensible à la violence du feu qui consumait son corps et
ne s'occupant au milieu de ce tourment que de la loi du Seigneur,
son supplice lui devenait un rafraîchissement ; son visage parut
aux fidèles environné de lumière, et son corps exhalait une odeur
agréable : mais les païens ne virent point cette lumière, et ne sen-
tirent point cette odeur. Laurent possédait son âme dans une si
grande paix au milieu des cruelles douleurs que le feu devait lui
causer, qu'il dit tranquillement au préfet : J'ai été assez long*
temps sur ce côté ; faites-moi retourner pour rôtir l'autre. Et,
quelques moments après, il ajouta : Ma chair est assez rôtie; vous
pouvez en manger, si vous voulez. Puis regardant au ciel, il pria
11 août. — S. ALEXANDRE LE CHARBONNIER. 135
Dieu pour la conservation de Rome, et rendit l'esprit. Des séna-
teurs, convertis par l'exemple de sa constance, emportèrent son
corps sur leurs épaules. Il fut enterré dans une grotte à Véran,
près le chemin de Tibur, le 10 août de Tan 258. Il se fit aussitôt de
grands miracles par son intercession, et Dieu a souvent accordé
là même faveur, dans la suite des siècles, à ceux qui ont imploré
sa protection.
11 août. — S. ALEXAMDRE LE CHARBONNIER, Évêquk
ET MARTYR. — 3e siècle.
Saint Giégoire de Nysse rapporte lui-même ce qu'on sait de
saint Alexandre le Charbonnier, dans la Vie de saint Grégoire de
Néocésarée, surnommé le Thaumaturge. Voici ce qu'il apprend:
La ville de Comanes, connaissant le zèle et la sagesse de saint
Grégoire Thaumaturge, lui envoya ses députés pour lui deman-
der on évêque. Grégoire, qui savait de quelle importance il est
de choisir un pasteur digne de gouverner le peuple de Dieu, se
rendit au* désirs de ceux de Comanes. Les principaux de la ville
lui témoignèrent que leur intention était qu'il ne leur choisît pour
pasteur qu'un homme distingué par sa noblesse et par ses talents.
Grégoire, qui avait appris de l'Écriture qu'on ne doit mettre dans
des places si importantes que ceux qui sont remplis de l'esprit de
Dieu et de la doctrine des saints , ne consulta point leurs désirs,
mais l'esprit de l'Église pour faire ce choix. Après qu'ils lui eu-
rent eux-mêmes présenté plusieurs personnes qui n'avaient d'au-
tre mérite que celui qui flatte l'amour-propre, et qui est l'objet
de la cupidité, il leur dit : Je ne puis approuver vos vues; pour-
quoi ne cherchez-vous que ceux qui sont grands selon le siècle ?
Dieu cache souvent, dans des hommes qui ne paraissent rien aux
yeux du monde, des trésors de grâces qui les rendent dignes des
plus hautes places et des emplois les plus importants. Un de ceux
qui présidaient à l'élection, voulant tourner ce discours en rail-
lerie, dit : Si vous êtes si peu attaché aux personnes de considé-
ration, fautes évêque Alexandre le Charbonnier. Vous n'avez
point à craindre en lui une éloquence trop humaine ; et assuré-
ment la chair et le sang ne présideront point à cette élection. —
Quel est cet Alexandre ? dit saint Grégoire. La demande fit rire
ses hommes tout mondains ; et l'un d'eux, pour se divertir, pré-
13* It «Oft. — S. AUMUNAIB LB < JRB01
senta Alexandre h l'évéque. ( bo — j „
(kbaiUoossriesetdèchfrét.on i «ait ion oie^erAfe apiÉto^
demi visage et à eette de aei . Grégoire m.^ia^kfÊmM
à ces dehors, et, apercevant dans sa physionomie quelque çhoa*
de plus relevé que son état, il le retira à l'écart, et lui ^™n%
qui il était. Alexandre eût bien voulu avoir la liberté de ae retirer;
mais, ne pouvant ni échapper ni se taire, il avoua que ce n'était
point par nécessité qu'il faisait le métier de charbonnier ; mas
par le seul désir de vivre inconnu et d'éviter, s'il le pouvait,
tous les pièges de Famour-propre. Je regarde, dit-il, cette pous-
sière de charbon, qui me défigure, comme un masque qui m'em-
pêche d'être connu. Je suis jeune : Dieu m'avait donné quelques
talents, j'aurais pu plaire au monde et peut-être que j'eusse per- j
du la vertu, et que la chasteté surtout en eût beaucoup souffert.
J'ai voulu éviter ces dangers : le métier que j'exerce est d'ailleurs
un moyen qui me procure de quoi subsister innocemment et as-
sister ceux qui sont dans le besoin.
Saint Grégoire , admirant cette divine sagesse , qui miipanrit
sans comparaison la science que le peuple de Comanes cherchait
dans celui qu'il voulait pour évêque , fit sortir Alexandre , et do—a
ordre à quelques personnes affidées de prendre soin de cet homme*
en leur prescrivant ce qu'elles avaient à faire. Pour lui ^.fl
dans l'assemblée ; il y parla des devoirs d'un évêque et de
qui étaient soumis à sa conduite ; et il les entretint jusqu'i
tour d'Alexandre. Saint Grégoire avait ordonné qu'on le
au bain , et qu'on lui donnât des habits décents. En cet état»
Alexandre parut un autre homme , et ne tut plus regardé qu'ares
admiration. Le saint prélat , profitant de la surprise , dit : Ne
vous étonnez pas si vous vous étiez trompés en jugeant selon Isa
sens : le démon voulait rendre inutile ce vase d'élection en le te-
nant caché. Toute l'assemblée applaudit à la sagesse de Grégoire,
et connut bien que l'esprit du Seigneur le conduisait : chacal
consentit à l'élection d'Alexandre. Le saint évêque le consacra sp»
lennellement avec les cérémonies accoutumées. Après la censfc
cration , il pria le nouveau prélat de faire , selon la coutume, un
discours pour instruire l'assemblée : Alexandre s'en acquitta si
bien, que tout le monde applaudit avec transport.
Alexandre fut véritablement le père de son peuple , et fl ne le
conduisit que dans les voies droites. Son zèle infatigable le por-
tait à examiner tous les besoins de son troupeau , et son ardente
12 août. — SAINTE CLAIRE, VIERGE. 137
parité l'excitait à y pourvoir promptement. Comme il se trou-
rôt dans des temps difficiles, où le christianisme était en butte
i la contradiction des hommes, et que l'enfer s'armait sans cesse
par persécuter les fidèles , ce saint pasteur animait son troupeau
i la constance et au désir du ciel , et le préparait à confesser
léns-Christ devant les tyrans. Il montra lui-même la sincérité de
» discours par son exemple , car il souffrit le martyre dans
la persécution de Dèce. On dit qu'il fut brûlé vers l'an 251 .
11 août. — SAINT TIBURCE ET SAINTE SUSANNE.
— 3e siècle.
TOmrce , fils de Cbromace , préfet de Rome , fut converti au
Aristianisme par saint Sébastien. Comme on l'avait amené pour
selle raison devant le juge Fabien, et qu'il dit hautement en sa
présence beaucoup de choses sur la foi à Jésus-Christ , le ma-
gjatrat, échauffé par la colère, ordonna de répandre sur le pavé
les charbons ardents , puis s'adressant à Tiburce : « Il faut sur-
Mkamp, lui dit-il, ou sacrifier à nos dieux ou marcher les
pieds nus sur ces charbons. » Le martyr fit le signe de la croix
pour affermir sa constance , et marchant avec confiance sur la
braise enflammée : « Apprends par cette épreuve que le seul
Dieu est celui qu'adorent les chrétiens , car ces charbons me
paraissent être des fleurs. » Les infidèles attribuèrent ce miracle
à un art magique , et Tiburce fut conduit hors de la ville , sur la
voie Lavicane , à trois milles de Rome , et on le frappa du glaive
i rendroit où il fut enseveli par les chrétiens , en l'an 286. — Le
même jour mourut aussi la très-noble vierge Susanne, qui avait
«fusé d'épouser Valère Maximien, fils de l'empereur Dioclétien,
Mffce qu'elle avait voué à Dieu sa virginité. Après toutes sortes de
ourments qu'on employa pour éprouver sa sainte résolution ,
lie fut, par ordre de l'empereur, frappée du glaive dans sa
iropre maison, et alla recevoir dans le ciel la double récompense
le la virginité et du martyre.
12 août - SAINTE CLAIRE, vierge. — 13e siècle.
Cette sainte, née à Assise, l'an 1191 , d'une famille noble , fut
levée dans la piété, et renonça au monde dès sa jeunesse. Ce
1*.
138 13 août. — S. HIPPOLYTE, MÀRTYB.
furent les instructions de saint François qui contribuèrent à lui |
faire prendre ce parti; et, comme il craignait que sa famille ni K
s'y opposât, elle se retira secrètement, et se rendit avec quel- *
ques compagnes à l'église de la Portioncule, où saint François et i,
ses religieux la reçurent avec des cierges à la main. S'étant revêtue %
en ce lieu d'habits pauvres et convenables à l'austère pénitence !f
qu'elle voulait pratiquer, saint François lui procura un lieu pour 4
se retirer. La famille de Claire , irritée de son éloignement , voulut î0
la faire enlever par violence; mais, voyant sa fermeté, on fut ^
contraint de la laisser tranquille. %
La vertu de Claire et de ses compagnes attira beaucoup de per- ^
sonnes de leur sexe, et les porta à se joindre à elles , pour vivre '
dans la pénitence. Tel fut le commencement de cet ordre qui , en ^
l>eu de temps, prit des accroissements considérables; dont h *
l>énitence extraordinaire édiûe l'Église , confond la lâcheté des per- ^
sonnes du siècle, et sert d'aiguillon à la vertu même des Justes.
Ce fut aux prières ferventes de sainte Claire que les habitants ^
d'Assise attribuèrent leur délivrance, lorsque les Sarrasins et Tir- l
mée de l'empereur Frédéric H ravagèrent le duché de Spolette.
Elle avait un profond respect pour l'Eucharistie , et une dévo-
tion singulière pour la passion de Jésus-Christ, à laquelle elle ne
pensait jamais sans verser des larmes. Elle instruisait soigneMS .
ment ses filles de la pratique de toutes les vertus , et elle leur re- J
commandait de joindre la prière au travail des mains, afin que,
pendant que le corps était occupé extérieurement , l'esprit ne se *
laissât pas aller a la dissipation. Elle était humble , charitable en- jj
vers tout le monde , et ne faisait jamais rien que dans la vue de
plaire à Dieu. Elle eut de fréquentes maladies ; pendant les vingt*
huit dernières années de sa vie, elle fut toujours souffrante, et,
ce que la grâce seule peut donner, elle fut toujours très-patiente
et contente de souffrir. Elle mourut en 1253, âgée d'environ
soixante ans.
13 août. — SAINT HIPPOLYTE, soldat, disciple
DE SAINT LAURENT. — 3e siècle.
Il y a eu plusieurs martyrs illustres du nom d'Hîppolyte ,
mot grec qui signifie conducteur de chevaux. Celui dont on cé-
lèbre en ce jour la mémoire était soldat à Rome. Ayant été chargé
13 août. — S. HIPPOLYTE , MARTYR. 139
de garder saint Laurent, il fut converti et baptisé par ce saint
dans la prison. Sa conversion ayant été connue des païens, leur
rage n'eut point de bornes quand ils l'entendirent rendre témoi-
gnage à la foi chrétienne , qu'il venait d'embrasser. Après lui avoir
M souffrir diverses tortures, on l'attacha à des chevaux furieux,
qui mirent son corps en pièces. C'est ainsi que s'expriment sur
BOtre saint les actes du martyre de saint Laurent.
Le même jour que saint Hippolyte reçut la couronne du mar-
tyre , sainte Concorde fut frappée jusqu'à la mort avec des bâtons
garnis de plomb , et dix-sept autres personnes de sa maison eu-
rent la tête tranchée. Ils sont tous nommés le 13 d'août dans le
martyrologe romain. Saint Hippolyte fut enterré aux Catacombes,
sur le chemin de Tivoli , dans le champ Véran, près de saint Lau-
rent, dans le cimetière de Cyriaque. Sainte Concorde fut enterrée
an même endroit avec ses compagnons vers l'an 253.
Il y a un autre Hippolyte qui était prêtre de l'Église de Rome et
dont" le poète Prudence a décrit le martyre , et sur le tombeau
duquel il dit avoir prié plusieurs fois.
Hippolyte eut le malheur de se laisser entraîner dans le schisme
de Novatien , qui , après avoir refusé de reconnaître le pape Cor-
neille , vint à bout de se faire élire à sa place ; mais Dieu fit la
grâce à Hippolyte de sentir sa faute , et de l'expier par le mar-
tyre, vers l'an 251. 11 fut pris et appliqué à la question. Le préfet
de Rome , étant allé à Ostie le jour fixé pour le jugement , donna
ordre qu'on y conduisît Hippolyte avec les autres prisonniers qui
étaient arrêtés pour la foi de Jésus-Christ. Sur le chemin de Rome
à Ostie , le peuple, dont il avait eu soin, le consulta sur le parti
qu'il devait prendre entre Corneille et Novatien : Fuyez, leur dit-
il, fuyez le malheureux Novatien; quittez le schisme , et revenez
à l'Église catholique : je vois maintenant les choses tout autrement,
et je me repens de ce que j'ai enseigné.
Quand il fut arrivé à Ostie , il comparut devant le préfet. Ce
juge était sur son tribunal , environné de bourreaux et de toutes
sortes d'instruments de supplices. Devant lui on voyait des bandes
de fidèles et des confesseurs, dont les vêtements en lambeaux et
les longs cheveux montraient qu'ils avaient déjà souffert longtemps
dans les prisons. Après les avoir condamnés tous à mort, et or-
donné qu'on fît souffrir à chacun un supplice différent , il passa
au vieillard Hippolyte , qui était chargé de chaînes et qui attendait
sa sentence. Une foule de gens se mirent à crier que c'était le
140 13 août. — 8. GASSlfiX, MARTYR.
chef des chrétiens , et qu'il fallait le faire périr |>ar quelque non-,
veau genre de supplice. Le préfet lui demanda son nom , il ré-
pondit qu'il s'appelait Ilippolyte. — Qu'il soit donc traité comme
Uippolyte, dit le juge ; et qu'il soit traîné par dos chevaux in-
domptés. C'était une allusion à cet Ilippolyte , ûls de Thésée, fa-
meux dans les poètes profanes , qui , fuyant la colère de son père,
rencontra un monstre dont les chevaux furent épouvantés, eà
sorte qu'étant tombé de son chariot, et s'étant embarrassé dans
les rênes , il fut traîné pendant longtemps et mis en pièces.
Les exécuteurs de la sentence prononcée contre saint Ilippo-
lyte allèrent prendre deux chevaux des plus fougueux : on kl
joignit ensemble avec beaucoup de peine , et Ton passa entre eu
au lieu de timon une longue corde , au bout de laquelle on at-
tacha les pieds du saint martyr En môme temps les chevaux, ex-
cités à coups de fouet et par les cris des idolâtres , partirent avec fu-
rie. Les dernières paroles qu'on lui entendit prononcer furent
celles-ci : Seigneur, on déchire; mon corps, mais sauvez mon Ame!
tas chevaux courant à travers les champs, et passant sur les épines,
les ronces et les cailloux, marquèrent leur route par le sans dn
saint martyr, dont ou trouva les membres épars de tous cotés.
Les fidèles eurent grand soin de les ramasser; ils recueillirent
aussi le sang avec des éponges.
13 août. — SAINT ÉASS1EN , martyr . — 3e siècle.
Saint Cassien était maître d'école ; il enseignait à lire et i
écrire aux enfants de la ville d'Imola , qui est à vingt-sept mfllf»
do Kavennc. Une violente persécution s'étant élevée contre l'É-
glise , sous Dècc ou Valérien, il fut arrêté comme chrétien, et
interrogé par le gouverneur de la province. Ayant refusé cont»
tammeut de sacrifier aux idoles , le juge eut la barbarie d'ordonner
crue se* écoliers lui perceraient et déchireraient le corps avec des
stylets, jusqu'à ce qu'il en mourût. H fut donc livré tout nu, et
les mains attachées derrière le dos, à une troupe d'enfants qui
le martyrisèrent d'une manière affreuse. La faiblesse même de
ceux qu'on avait armés contre lui aggrava, en les prolongeant, les
tourments de son martyre et rendit sa palme plus glorieuse. Après
sa mort, les chrétiens l'enterrèrent à Iniola, et renfermèrent plus
tard ses reliques dans un riche mausolée. Prudence dit que, dans
13 aOÛi. — SAINTE RADEGONDE, REINE DE FR. 141
m voyage de Rome, il visita le tombaau du saiot martyr, et
ne, g'étant prosterné devant, il implora la miséricorde divine
mot m» péchés avec beaucoup de larmes.
I août. — SAINTE R ADÉGONDE , rbiîie de France. —
6e siècle.
Radégonde était fille de Berthier, roi d'une partie de la Thu-
nge. Thierry, roi d'Austrasie, et Clotaire son frère, ayant rem-
nrié une grande victoire sur Hermanfroy , successeur de Ber-
', ces deux princes revinrent en France , chargés d'un riche
Radégonde, encore très-jeune, fut du nombre des captifs.
Ile échut à Clotaire, qui lui donna des maîtres habiles dans les
âenees. Elle y fit des progrès rapides et brillants , en sorte
■'«Ile était en état de lire les Pères grecs et latins dans leur lan-
ue. Mais ce fut surtout pour la science de la religion qu'elle mon-
ta le plus de goût et de talents. Née dans les ténèbres de l'idolâ-
K, elle ne connaissait ni Dieu ni les devoirs prescrits à l'homme
onr parvenir au vrai bonheur pour lequel nous sommes créés.
le reçut avidement les mystères que la foi nous enseigne et la
ablime morale que l'Évangile nous présente.
Dès ses premières années , ravie d'appartenir à Jésus-Christ ,
qui elle s'était consacrée sans réserve, elle résolut de le suivre
ir la pratique de toutes les vertus. Son cœur tendre et inuo-
int ne se plaisait que dans l'accomplissement de tous ses de-
Mrs.
L'édat fastueux des honneurs et des richesses de la cour, les
oges que les mondains donnaient à sa vertu , à sa beauté peu
minime que relevaient ses aimables qualités , ne firent point
impression sur son cœur. Se regardant comme étrangère sur
terre , elle montra constamment un entier détachement du
onde , une obéissance parfaite à ses supérieurs , une humilité
t>fonde, enfin un respect inaltérable pour tout ce que la religion
romande. Sa patience dans les peines , ses aumônes , ses austé-
tés, son amour extraordinaire pour la croix, présentèrent à une
«r mondaine un spectacle surprenant, qui édifiait la piété et con-
ndaît l'irréligion.
Cette jeune et innocente vierge avait formé le projet de vivre
une virginité perpétuelle ; mais la Providence, qui avait sans
142 13 août. — SAINTE RADÉGONDE, BEINE DE FK.
doute le dessein de montrer sa vertu avec plus d'éclat , no lui
]H*rmit pas d'exécuter cette résolution. j
Sa rare beauté, ses grandes vertus, charmèrent le cœur du ro*t
aussitôt qu'elle s'en aperçut, elle prit les moyens de s'évader, EQt
partit secrètement pour se cacher dans quelque ville du royaume
Mais que pourra-t-elle, dans un âge timide et sans expérience
contre la puissance d'un roi formidable et ferme dans ses volon-
tés ? Poursuivie par des gens du prince, elle fut bientôt atteinte
et ramenée dans le palais. Elle ne put refuser son ( iiniii nUnnial
aux ordres du monarque. Son élévation ne changea pas ses pi**'
miers sentiments ni sa conduite ordinaire : à l'accomplissemeat
<k*s devoirs généreux du christianisme, elle ajouta une fidélité tf '
violable aux engagements qu'elle avait contractés par le mariagf!
Knnemie de la mollesse et supérieure aux atteintes de la vanfté'tff
de l'ambition , elle partageait son temps entre la prière , ttf
devoirs de son état et le soin des pauvres. Ses jeûnes étalai
rigoureux ; elle portait pendant le carême un cilice sous ses ha*
bits.
Clotaire fut d'abord édifié de la voir dans de semblables dispo-'
sitions , et il la laissait vaquer en liberté à tous ses pieux exerri*'
ces ; mais diverses passions altérèrent peu à peu ses sentiments)
11 conçut de l'aversion pour sa sainte épouse. Les courtisans, Jaf*
loux de l'estime, du respect que la sainteté de Radégonde lui ma-
ciliait , se plaisaient à entretenir et augmenter les injustes pvfr»
ventions du roi. C'est alors qu'on vit la sublime vertu de
généreuse reine. Loin de se plaindre et de se décourager, elle
plus attentive à remplir ses devoirs auprès de son époux,
priait pour ses persécuteurs , elle leur pardonnait et se montrait
supérieure à toutes ces tribulations. Enfin Clotaire fit assassiner la
frère de cette malheureuse princesse, dans le dessein de se rendra
maître de ses États. Un tel acte d'inhumanité saisit Radégonde
d'indignation et d'horreur. Elle demanda la permission de quitter
la cour ; elle lui fut aisément accordée.
Elle se retira d'abord dans la terre de Sais, en Poitou, que le
roi lui avait donnée. La vie qu'elle y mena fut extrêmement dnra.
Elle ne mangeait que du pain d'orge ou de seigle, auquel elle Joi-
gnait des racines et des légumes. Jamais elle ne buvait de vin. Un
cilice étendu sur la cendre lui servait de lit. Elle employait tort
«on revenu en aumônes, aimant les pauvres comme elle eût aimé
ses propres enfants.
14 aoùl. — SAINT EMYGbIUS, EY. ET MARTYR. 143
Quelque temps après, elle arriva à Poitiers par une protectiou
îale et merveilleuse de la Providence. Elle y fonda un monas-
du consentement du roi. Elle en donna le gouvernement à
remplie de vertus, qui se nommait Agnès. Elle ne voulut
terrer la moindre autorité. Elle se livrait aux travaux les
de la maison, et suivait son goût pour exercer continuel-
ni toute sorte de pénitence.
e grand amour qu'elle sentait pour la croix lui inspira le désir
air une portion de la vraie Croix. Pour se la procurer, elle dé-
i quelques ecclésiastiques distingués vers Justin, empereur de
ttantmople. Ce prince seconda les pieuses intentions de Rade-
le; 9 lui envoya un morceau considérable de la vraie Croix,
ûmé dans de For et enrichi de pierres précieuses. Cette au-
* relique lut transportée dans la communauté avec une grande
et reçue avec la plus vive joie par la pieuse reine. Depuis
son monastère a porté le nom de Sainte-Croix,
avoir édifié la cour, le monde et le cloître par ses gran-
vertus , sainte Radégonde fut favorisée d'une visite de sou
i Maître, qui lui annonça sa mort prochaine et la gloire qui
servée. Elle mourut en effet dix jours après, le 13 août
les sentiments de l'amour le plus pur et le plus ardent.
corps, comme elle l'avait demandé, fut porté dans l'église
a paroisse, pour être déposé dans la chapelle souterraine
le y avait fait bâtir.
i ville de Poitiers reconnaît cette sainte pour sa patronne.
habitants, ainsi que les Gdèles du diocèse et des diocèses voi-
acrourent en grand nombre à son tombeau , surtout dans le
. d'août , les uns pour implorer sa protection , et les autres
remercier Dieu des grâces et des guérisons merveilleuses
s ont obtenues par la puissante intercession de cette illustre
août. -SAINT EMYGDIUS, évèqie et martyr —
3e siècle.
pygdius.né à Trêves d'une famille noble parmi les Francs, em-
a a vingt-trois ans la foi chrétienne, malgré l'oppositiou de
vents qui étaient idolâtres, et il y demeura attaché avec beau-
de constance. 11 associa a son genre de vie trois disciples :
js. Germain et Valnjtiu. N'ayant que du mépris pour les
Ml M août. — S. ÉMVGDIDS, EV. ET MARTYR.
agréments du monde, il s'appliquait entièrement aux chose
vines. Brûlant de l'ardeur de la charité envers le prochain ,
rendit à Rome pour contribuer au salut d'un plus grand noi
d'àmcs. 11 reçut l'hospitalité dans l'île du Tibre , et guérit p
baptême la fille de son hôte, qui languissait depuis cinq an!
suite d'une maladie incurable. Bientôt, ayant à l'aide du sigo
la croix ouvert les yeux à un aveugle en présence du peuple, la
titude le prit pour le Gis d'Apollon, et l'entraîna dans le tel
d'Esculape. Là, s'étant déclaré le serviteur du Christ, en 1
quant son nom, il rendit la santé à un grand nombre de mal
qui imploraient vainement le secours de l'idole qu'on adorait
ce temple. Puis il y renversa les autels, et mit en pièces la si
d'Esculape, dont il jeta les débris dans le Tibre. Ces faits, et ©
en fut la conséquence , c'est-à-dire la conversion de treize c
gentils, sans compter les prêtres d'Esculape, irritèrent fort»
Posthumius Titianus, préfet de Rome. MaisÉmygdius, averti
un ange de se soustraire à l'effet de ses menaces, alla trouver le ]
saint Marcel, qui l'ordonna évêque et l'envoya à Ascoli. Pen
son voyage, il convertit beaucoup de personnes à Jésus-Cb
en faisant de nombreux miracles. Aussitôt qu'Êmygdius fui
rivé à Ascoli, les démons, en poussant dans tous les temples
cris lamentables qui semblaient sortir des statues des idoles, fl
connaître que l'étranger était la cause de leur chagrin. Lorsqi
peuple ameuté cherchait le saint pontife pour le tuer. Polyrr
gouverneur de la ville , que ce tumulte avait attiré , fit v
Kmygdius devant lui , et l'exhorta longuement, mais inutilero
à adorer Jupiter et la déesse Angaria, patronne d1 Ascoli. 1
promit même en récompense de lui donner en mariage sa pu
fille Polisia. Kmygdius eut au contraire le bonheur de la conw
à Jésus-Christ , de la baptiser, et après elle aussi mille soix.
hommes avec une eau miraculeuse , qui sortit en abondance <
rocher. Alors Polymius, tombant dans une espèce de rage, ce
la tête au saint évêque. Le tronc, par un nouveau prodige, si
dressa aussitôt, et relevant dans ses mains la propre tête du i
abattue par terre, il la porta pendant l'espace de trois cents pas
qu'à un oratoire. De là le corps du martyr fut transporté à l'éj
principale, où il est honoré jusqu'à ce jour par le peuple d'Asi
qui le tient en grande dévotion, et par les étrangers, dont le «
cours est très-nombreux. Cette bienheureuse mort arriva di:
•la persécution de Dioclétien.
15 août. — ASSOMPTION DE LA SAINTE YIEBGE. Mo
15 août. — L'ASSOMPTION DE LA SALNTE VIERGE.
Comme l'Eglise remet devant les yeux des Gdèies les actions
saints le jour de leur mort , afin de les porter à imiter les
exemples qu'elle leur propose, il parait qu'on ne peut rien faire
de plus conforme à son -esprit dans cette fête de l'Assomption,
c'est-à-dire du triomphe de la sainte Vierge, que de s'occuper
principales circonstances de la vie de cette divine Mère du
; afin qu'en l'imitant autant qu'il est possible, les chré-
méritent d'entrer dans la gloire où elle les a précédés.
la sainte Vierge ayant été choisie et destinée de toute éternité
pour être la mère du Fils de Dieu, on ne peut douter qu'elle n'ait
été prévenue de la grâce, et sanctifiée avant même de naître. Elle
était de la tribu de Juda, et de la famille de David. Elle s'appe-
lait Marie, et eut pour époux un homme de la même race, appelé
Joseph. Us vécurent ensemble dans une parfaite continence : de
aorte qu'elle trouva dans Joseph un témoin et un gardien fidèle
de sa pureté. Elle demeurait dans une ville de Galilée, nommée
Nazareth. Ce fut là que, le temps fixé par le Tout-Puissant étant
arrivé, un ange vint annoncer à Marie le mystère de l'Incarna-
tion et la part qu'elle devait y avoir, comme on Ta vu au 25 de
nars. Le 2 de juillet, on a fait le récit de la visite quelle rendit à
sainte Elisabeth, sa cousine. Le 25 de décembre, on parlera du
miracle ineffable de la naissance du Fils de Dieu. Le 2 de février, on
a décrit Thistoire de sa purification et de l'oblation qu'elle fit de
■on Fils au temple. On va maintenant rapporter le peu que Ton
ait de ses autres actions.
On croit que les Mages n'arrivèrent à Bethléem qu'après que
b sainte Vierge eut exécuté ponctuellement ce que la loi ordon-
nait pour la purification des femmes nouvellement accouchées,
et pour l'oblation qu'elles doivent faire de leur premier enfant.
Après que les Mages furent partis, Marie fut obligée de s'enfuir
«n Egypte avec Jésus et Joseph, et d'y demeurer jusqu à la mort
dUcrode. Ce prince étant mort, Joseph les amena à Nazareth
pour y faire leur demeure ordinaire Marie allait de là tous les
ans à Jérusalem, à la fête de Pâques. Lorsque Jésus eut atteint
Tâge de douze ans, elle l'v mena avec elle. Jésus v demeura
après la fête, sans que Joseph et Marie s'en aperçussent. >"c le
VIES DES SAIYTS. — T. Il- 13
H6 15 août — ASSOMPTION Dl LA 8AUITB .TUM*.
voyant plus avec eux, ni parmi ceux de leur i apnoe, jb agy.
tournèrent le chercher à Jéri Trois jours iprfn fli fr trmijp
reat assis au milieu des do m, j séeitotatttlssjsjljggj^^
et faisant admirer sa sagesse et ses réponses. La sainte YiergosT :
saint Joseph furent remplis d'étonnement; et sa mère hn ayant
représenté la douleur qu'ils avaient ressentie , lorsqu'ils l'avaiaft
perdu, et la peine qu'ils avaient eue à le chercher, elle ajouta : Mm
fil*, pourquoi agissiez-vous ainsi f — Pourquoi me cherchiez
vous? répondit Jésus. Ne saviez-vous pas qu'il faut que Je sets
occupé de ce qui regarde te service de mon Père t Ils ne
rent rien à cette réponse de Jésus, ce qui n'empêcha pas la
Vierge d'en conserver toutes les paroles dans son coeur. lésas
s'en retourna à Nazareth avec eux : l'Évangile remarqua quH
leur était soumis.
Depuis ce temps-là, la sainte Vierge ne parait plus qu'au pre-
mier miracle de Jésus-Christ aux noces de Cana, où elle se trouva,
ta vin venant à manquer, Marie dit à son Fils : Ils n'ont plus de
vin ; mais Jésus, voulant nous apprendre qu'il ne faut avoir au-
cun égard humain dans les fonctions qui regardent le service et la
gloire de Dieu, et qu'on doit alors considérer les plus proches pa-
rents comme des étrangers, répondit : Femme, qu'avons-només
commun ensemble ? Mon heure n'est pas encore venue. La
Vierge ne fut point troublée de cette réponse, et elle dit à
qui servaient : Faites tout ce qu'il vous ordonnera.
Il est encore fait mention de la sainte Vierge lorsque , JeflBJ
parlant au peuple, on l'avertit que sa mère et ses frères, c'
dire ses parents, étaient dehors, parce qu'ils n'avaient pu
à cause de la foule, et qu'ils demandaient à lui parler ; mais 1
répondit : Qui est ma mère, et qui sont mes frères f Puis regar-
dant ceux qui étaient autour de lui, et étendant les mains sur M
disciples : Foici, dit-il, ma mère et mes frères, car ma mère et
mes frères sont ceux qui entendent la parole de Dieu et qui k
pratiquent. Et en ce sens, la sainte Vierge était encore mèredi
Jésus-Christ plus qu'une autre créature.
On ne trouve plus la sainte Vierge, dans l'Évangile, qu'au pies*
de la croix. Elle s'en tenait fort près avee Marie-Magdeleine et vsm
autre Marie; et Jean, fils de Zébédée, était auprès de la sainte,
Vierge. Le Sauveur, ayant vu sa mère et auprès d'elle le dncipll
qu'il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà votre fils; et au (fis*
ciple : Foilà votre mère. Depuis ce temps-là cette Vierge-Mèn
15 août. — DtM. DANS L'OCT. S. JOAGH1M. 147
i, selon les saints Pères, avec le disciple vierge, aux soins
duquel son Fils l'avait recommandée. « Il ne faut pas s'étonner,
dft sût Augustin, si cet apôtre nous a parlé si divinement des
mystères de ta religion, puisqu'il avait auprès de lui le
auguste où avait été conçu Fauteur de tous les mys-
Après F Ascension de Jésus-Christ,' il est rapporté, dans les Ac-
tes, que les apôtres, animés du même esprit , persévéraient dans
h prière avec les femmes, et Marie, mère de Jésus, et ses frères,
c'est-à-dire ses parents. Elle se trouva le jour de la Pentecôte
dms on même lieu avec les fidèles, lorsque le Saint-Esprit des*
tendit sur eux. L'Écriture ne dit plus rien de la vie de la sainte
Vierge, et la tradition n'en a rien conservé de certain. 11 y a bien
de Fapparence qu'elle a demeuré à Éphèse avec saint Jean : des
auteurs disent même qu'elle y est morte, âgée de soixante-douze
L'Écriture ne parle pas de sa mort; mais on doit en juger par
h sainteté de sa vie. Que les fidèles se représentent donc aujour-
d'hui toutes les vertus de la Mère de Dieu, appliquée, tout le temps
qu'elle a vécu, à servir son Fils, à coopérer à ses mystères , à
prendre part à ses travaux , et à profiter de sa parole et de son
exemple; qu'ils considèrent quelle mort a dû suivre une vie si
sainte, et quelle gloire a suivi une mort si heureuse ; qu'ils fas-
sent enfin un retour sur eux-mêmes, pour se demander ce qu'ils
feront à leur mort. Ils ne peuvent mieux faire que de prier Dieu
de leur accorder la grâce d'une bonne vie par les mérites de celle
à qui ils demandent avec F Église d'intercéder pour eux mainte-
nant et à Fheure de leur mort.
i 5 août. — Le niM anche dans l'octave r»E l'Assomption,
S. JOACHIM, pèbe de la SAINTE VIERGE MARIE,
CONFESSEUB.
Le père de la sainte Vierge Marie, lequel descendait des Pa-
triarches, des Prophètes et des Rois du peuple de Dieu, fut nom-
mé en sa circoncision Joachirn, qui signifie, en hébreu, Prépara-
tion du Seigneur : ce fut par un divin pronostic qu'il préparerait
on jour le temple au Roi des rois, c'est-à-dire par la divine
Marie, sa très-sainte Fille, im sanctuaire vivant au Verbe divin. A
14* 16 août. — s. m w, mr ■ : i
l'âge de vingt-quatre ilépoi Anne, teMtatT'
Léri, et U vécut avec c *fté conjuras la fia*
Il s'écoula plusieurs i tleur uniai
bénédiction de la féconcuce , grâce jui était estimée à un
degré dans la loi de Moïse, et dont la privation fut pour
véritable épreuve. Marie, qui devait être la 011e de Joachim,
désirée pendant le cours de quelques années, parce que,
réflexion de saint Jean Damascène, la très-sainte Vierge
être iin ouvrage de la grâce plutôt qu'une production de la
ture. Aussi Joachim et Anne, pour obtenir un enfant* n*
rent pas les prières à Dieu, en y ajoutant le jeûne et la
de toutes les vertus. A la fin d'une retraite que Joachim
plit en jeûnant pendant quarante jours, l'ange Gabriel lui
la nouvelle de son bonheur, et l'assura, de la part de Dieu*
sa femme Anne concevrait et donnerait au monde une file ami
apporterait la paix sur la terre , et causerait de la joie à tout
le ciel. Anne, de son côté, reçut aussi secrètement du Ciel une ré-
vélation de sa fécondité future. Pour accomplir le vœu qui*
avaient fait en commun de consacrer à Dieu l'enfant qu'ut
vraient de sa main, Joachim offrit au temple, à l'âge de trot
sa très-sainte Fille, et la laissa au service du Très-Haut,
songer à la retirer du temple dans la suite, ainsi que la loi le
permettait à certaines conditions. Après ce sacrifice quH
à Dieu, étant arrivé à l'âge de cinquante ans, il ne lui
plus rien qu'une heureuse sortie de ce monde, sachant
Marie ne devait point avoir de frère ni de sœur. Le temps ni le
jour de la mort de saint Joachim ne sont certains dans rfcn>
toire, quoique l'Église ait mis sa fête au 20 mars, jour où le mar-
tyrologe romain en parle en ces termes : « Le Père de la finir-
heureuse y verge Marie, Mère de Dieu, » qualité la plus angaell
dont une créature mortelle puisse être honorée. Son tombeau sa
montre encore aujourd'hui aux pèlerins de la Terre sainte,
l'Église du sépulcre de Notre-Dame, en la vallée de Josaphat,
ceux de sainte Anne et de saint Joseph, époux de la
Vierge.
lïaoàt. — S. NAPOLÉON, mabtyb. — 3e siècle.
Néopol ou Néopolus, nommé Sapoléon selon la manière dft
prononcer qui s'introduisit en Italie au moyen âge, était fllusu*
15 août. — S. ALYPE, BV. DE TAGASTI. 1-19
par sa naissance que par ses vertus, ce qui l'avait fait éle-
à une charge éminente. Lors de la cruelle persécution des
Dioctétien et Maxiniien, qui surpassa en violence toutes
In précédentes, il se distingua par son zèle et sa constance à
coalnBerKa foi, et surtout par sa fermeté dans les tourments. C'est
à Alexandrie qu'après avoir été déchiré et torturé de la manière
h plus horrible, il fut jeté dans une affreuse prison. Ainsi accablé
é& souffrances, et après avoir perdu tout son sang pour Jésus-
fl rendit en paix son âme à Dieu et alla recevoir dans le
la juste récompense que lui avaient méritée sa foi et son mar-
tyre.
Ces* le pape Pie Vil qui a fixé au jour de l'Assomption de la
Vierge la fête du saint martyr Napoléon , par reconnais-
pour les services que rendit, en France, à l'Eglise l'empereur
Napoléon 1er, lequel était né le 15 du mois d'août 1769.
\*août. — S. ALYPE, évêqub db Tagaste. — 5e siècle.
Alype, issu d'une bonne famille, était de Tagaste en Afrique.
Il étudia la grammaire et la rhétorique, d'abord dans sa patrie,
pois à Cartnage, sous saint Augustin. S'il cessa quelque temps de
recevoir ses leçons, il conserva cependant pour son maître beau-
coup de respect et d'affection; et celui-ci aimait aussi tendrement
disciple, parce qu'il remarquait en lui une inclination singu-
à la vertu. Pendant qu' Alype était à Cartnage, oubliant les
principes de sagesse d'après lesquels il avait jusque-là réglé sa
conduite, il se laissa aller à l'amour des divertissements du cirque,
pour lesquels les habitants de cette ville étaient passionnés. Saint
Augustin en fut vivement affligé, et lui en fit indirectement des
reproches qu' Alype reçut avec reconnaissance et profit, car il
d'assister à ces jeux. Ayant obtenu de son père de retourner
l'école de saint Augustin, il embrassa depuis avec son maître
les superstitions des manichéens, mais plus tard également avec
lui fl se convertit à la vraie religion. Pour complaire à ses pa-
rents, Alype alla étudier le droit à Rome , et pendant son sé-
jour dans cette ville, il devint passionné pour les combats de gla-
diateurs. Mais Dieu finit par le tirer de ce nouvel abîme par un
effet de sa miséricorde , et lui apprit à craindre sa propre fai-
S à ne se confier que dans le secours du Ciel. Après avoir
13.
150 1« août. — 8AIHX HYAC , 000V.. ï]
tenniné ses études, et pris la b J kii _ riwmiinMj"
il Ait fait assesseur de justice m cour in Irise liât "-- *
Il ètana, dans l'exereiee de < arge,dstpNn*fi
de son amour pour la justice, et ae non désintéressement,
Augustin étant venu à Rome, Alype s'unit à lui par l'amitié I* : '
plus intime, et le suivit à Milan. Ils se convertirent l'un et Pi
dans cette ville, et y furent baptisés par saint Ambroise, la
de Pâques de Tannée 387. Quelque temps après, ils retournant»
à Rome, où ils passèrent un an dans la retraite. Ils partirent en*
suite pour l'Afrique . Arrivés à Tagaste, ils y formèrent une eom* -
munauté de personnes pieuses, où ils vécurent dans la prauqati *
de toutes sortes de bonnes œuvres. Ils se préparèrent ainsi pas-
dant trois ans à la vie apostolique à laquelle Dieu les destiMÉa
Saint Augustin ayant été fait évéque d'Hippone, toute la .conte
munauté l'y suivit, et se fixa dans le monastère qu'il fit bâtir.
Alype alla visiter la Palestine. Il y vit saint Jérôme, avec leqad
il contracta une étroite amitié. A son retour en Afrique, fl firf ;
fait évéque de Tagaste, vers Tan 393. 11 aida beaucoup saint An*
gustin dans tout ce qu'il fit ou écrivit contre les dona listes et ki
pélagiens. Il assista à plusieurs conciles, entreprit divers voyager
et travailla avec un zèle infatigable pour la gloire de Dieu et i*
l'Église. On croit qu'il mourut peu de temps après, Tan 439.
16 août. —SAINT HYACINTHE, confbssbuh, di l'oubS .
DES FBÈBES PfiÉCHEURS. — 13e Siècle.
Saint Hyacinthe, appelé par l'histoire ecclésiastique de
siècle TA pâtre du Nord et le Thaumaturge de son temps, était
de la maison des comtes d'Oldrovans , une des plus illustres il
la Silésie, alors province de la Pologne. Son grand-père, qui
manda les armées avec gloire , laissa deux fils en
Eustache et Ives. Le second fut chancelier de Pologne et évéqai
de Cracovie. Le premier fut comte de Konski , et mena dans î|
monde une vie vertueuse. L'un de ses enfants fut saint Hyacinthe ;
il naquit en 1185, au château de Saxe, diocèse de Breslaw,en
Silésie, et montra de bonne heure de grandes dispositions pour
la vertu , que ses parents secondèrent par les soins de son édu-
cation ; aussi conservait-il son innocence au milieu des dangan
qu'il courut dans le cours de ses études à Cracovie, à Prague, à
16 août. — S. HYACINTHE, CONF. 15!
:, où il prit le degré de docteur. De retour dans sa patrie,
:ba à Vincent, évêque de Cracovie, qui lui donna un ca-
dras sa cathédrale et le fit son vicaire général. Hyacin-
, dès ce moment , un modèle de piété et de régularité ; il
lit des mortifications extraordinaires , visitait et servait les
i dans les hôpitaux , et distribuait ses revenus aux pau-
inrent, évéque de Cracovie, s'étant démis de sa dignité
» plus s'occuper que de son salut, eut pour successeur Ives
iski ; il alla à Rome peu de temps après, et y mena avec
neveu saint Hyacinthe et Ceslas , son frère. C'était en Tan
aint Dominique était pour lors à Rome.
îque de Cracovie et celui de Prague lui demandèrent des
maires pour leurs diocèses. Le saint fondateur s'excusa sur
gibflité de leur accorder ce qu'ils désiraient. 11 avait envoyé
rand nombre de ses disciples en mission , qu'il ne lui en
presque plus auprès de lui. Sur ces entrefaites, plusieurs
aes de la suite de l'évéque de Cracovie embrassèrent le
institut. Hyacinthe et Ceslas furent de ce nombre et re-
Fbabit des mains de saint Dominique , l'an 1218. Sous
prend maître, ils se formèrent aux vertus religieuses et à
de la vie apostolique , et ils obtinrent une dispense pour
airs vœux après six mois de noviciat. Hyacinthe , âgé de
trois ans, fut établi supérieur de la mission que saint Do-
le envoya en Pologne. Les missionnaires partirent à pied et
■avisions, selon leur règle ; ils allèrent dans la Haute-Carin-
ù ils restèrent six mois. Hyacinthe y fonda un couvent de
dre. Ils traversèrent la Styrie , l'Autriche, la Moravie, la
, annonçant partout la parole de Dieu avec succès. Ils arri-
en Pologne , où le zèle de saint Hyacinthe eut des succès
Aïeux pour le salut des âmes. Il fonda à Cracovie un cou-
e Dominicains , un à Sandomir et un troisième à Plocsko,
a Moravie , ou plus de quatre cents personnes le virent
er sur les eaux pour traverser la Vistule et aller prêcher à
ade, de l'autre côté du fleuve.
îtreprit ensuite de porter l'Évangile chez les peuples barba -
Nord. Il y convertit un grand nombre d'idolâtres et d'au-
écbeurs, fonda des couvents de son ordre en Prusse, en
anie et autres pays voisins. 11 alla aussi prêcher en Dane-
en Suède, dans la Gotbie , la Norwége , et fonda partout
onastères , pour y perpétuer le bien commencé. Toujours
I&2 16 août. — 8. BOCH , COWF. ï
humble et pénitent , ses jeûnes continuels , la fatigue et les dm» fc
gers auxquels il fut souvent exposé dans ses voyages , n'arrêté» iï|
rent jamais son ardeur pour la gloire de Dieu ; elle le conduit ifr
en Russie, de là il pénétra jusqu'à la mer Noire, dans lestles éê |R
l'Archipel , et entra dans le duché de Moscovie. Partout les kÊt ^
dèles, les schématiques, les pécheurs des différents États, frappa <^
de sa vertu et de ses miracles, accouraient à lui en- foule, et m.^
grand nombre se convertissaient. 11 revint à Gracovie en ÎMI^ ^
visita les couvents qu'il avait fondés , pénétra jusque chei la ^
Tartares et y gagna à Dieu une multitude d'infidèles. Enfin, aprèi ^
avoir parcouru environ quatre mille lieues , il revint en PoJopft ^
en 1257 ; il y reçut les témoignages de la vénération du piem ni |QP
Boleslas Y et de sa vertueuse épouse. Le saint , dans ce même ^
temps , ressuscita un jeune homme, que sa mère lui avait envoyé
pour le prier de venir instruire des peuples qui le désiraient; ce *-
jeune homme, en .passant une rivière pour retourner chez lui , m }
noya ; le saint, s'étant mis en prières, prit le mort par la main et kd
rendit la vie.
Dieu lui fit connaître que sa fin approchait; il tomba malais <fetf
le 14 août et mourut le lendemain, fête de F Assomption del *&
sainte Vierge, qu'il avait toujours honorée comme sa patronnait ^
son auguste mère; il assista ce même jour à matines et à'ji itj
messe, reçut le saint viatique et l'extrême-onction aux piedl f( *c
l'autel, exhorta ses religieux à la pratique de la douceur, de FM? kï
milité et de la pauvreté, et quelques heures après, il expira MÊ ^
la soixante-douzième année de son âge ; il fut canonisé par Ctt* \]*
ment VIII, en 1594. ^
- *
16 août — S. ROCH, confesseur. — 14e siècle. ^
Ce saint est plus connu par la dévotion des fidèles gai rnife* '
quent, dans les maladies contagieuses, que par l'histoire de sa ffe, ?
écrite pour le moins 108 ans après sa mort. On dit qu'il naqtf }
à Montpellier d'une famille noble , vers la fin du treizième siècle, '
et qu'ayant perdu son père et sa mère à l'Age de vingt ans, ilih ?
à Rome en pèlerinage. 11 s'arrêta en plusieurs villes d'Italie qà ?
étaient affligées de la peste, et s'employa à servir les malades dis JJ
les hôpitaux. Rome était attaquée du même mal ; il s'y rendit il J
s'y occupa de même pendant environ trois ans. A son retour, I .
17 août. — S. LIBÉRÂT ET SES COUP., M. 153
t'arrêta à Plafc— _ b , où cette maladie régnait alors. Saint Roch
m fut frappé lui-même, et fut réduit à sortir non-seulement de
(Mpftal, mais de la ville, pour ne pas infecter les autres. On ajoute
^■1 tut assisté par un seigneur nommé Gothard , auquel il ins-
pira le mépris du monde et l'amour de la retraite ; que saint Roch,
guéri , revint à Montpellier, où il vécut dans la pratique
austère pénitence et dans les exercices de la charité, et qu'il
le 16 d'août 1327.
Quelques auteurs reculent la mort de ce saint jusqu'à la fin du
quatorzième siècle, et mettent son voyage en Italie dans Tannée
t348,ce qui parait s'accorder avec ce que les historiens racontent
as la peste qui ravagea ce pays.
Le corps de saint Roch fut transporté en la ville d'Arles en 1 327.
17 août. — S. LIBÉRÂT ET SES COMPAGNONS,
habtybs. — 5e siècle.
U y avait près de sept ans qu Hunéric, roi des Vandales en Afri-
que, et successeur de Genséric , faisait gémir les fidèles sous une
persécution cruelle, lorsqu'il donna encore un nouvel édit pour en
redoubler la violence. Il l'accorda aux sollicitations de plusieurs
énéques ariens. Ce prince commença par envoyer plusieurs saints
prélats dans un lieu fort incommode, où il ne leur fit donner pour
nourriture que du blé pourri , le leur retranchant même quelque
temps après. Le courage de ceux qui persévérèrent dans la foi ca-
tholique augmenta sa colère : il s'emporta avec violence contre
tous les ordres religieux, et il donna leurs bâtiments aux Maures
avec tout ce qu'ils y trouveraient. On prit alors sept religieux d'un
monastère du territoire de Capse, dans la province de Byzance, et
on les amena à Carthage, qui était le principal théâtre de cette
sanglante persécution. Ces moines se nommaient, Libérât , qui
était abbé du monastère ; Bontface , diacre ; Serf et Rustique ,
tous-diacres; Rogat, Septime et Maxime, simples moines. On
tenta d'abord, par des promesses flatteuses, de les attirer dans le
parti des hérétiques ariens ; on leur proposa une grande fortune et
la faveur du roi ; mais ces saints religieux, accoutumés depuis long*
tmps à mépriser les vanités du siècle , répondirent tous : Nous
détestons ce que vous nous promettez: nous ne connaissons
qu'un Dieu , une foi et un baptême ; et nous espérons demeurer
154 17 août. — S. LIBÉRÂT ET SES COMP., H. \
toujours attachés à l'unité de l'Église. Faites de nos corps tout ce- _
que vous voudrez : nous souffrirons plutôt les peines temporelles """
que de nous attirer les peines éternelles. Après cette confession. u\
on les chargea de fers ; on les mit dans une obscure prison, et os
commanda de les traiter avec rigueur, de leur faire souffrir la ûrim M
et toutes sortes d'incommodités, afin de les obliger à céder. Mail i(i
le peuple fidèle de Cartilage , ayant gagné les gardes, les ratait ife
jour et nuit pour recevoir leurs instructions et s'encourager M iti
martyre, et leur donnait ce qui leur était nécessaire pour m >tc
Hunéric , ayant eu avis qu'on leur procurait des secours , les flfc ip
charger de fers plus pesants, et ordonna qu'on les resserrât dauo< 4
tage. Cette rigueur ne pouvant abattre leur constance , il résoUt i
de les faire mourir. Il commanda que Ton remplit un vaisseau éê n
menu bois sec ; qu'on y conduisît les sept religieux ; et , après les y t8
avoir attachés, qu'on mît le feu à ce vaisseau. Tout le peuple  t*
Carthage voulut voir ce spectacle. On tira les saints athlètes de U ^
prison. Ceux qui les conduisaient tâchèrent de persuader au Jeun» ^
Maxime de ne point imiter les autres , d'accepter les honneurs ^
qu'on lui promettait et dont son âge lui faisait espérer de jouir ^
longtemps : Vous êtes jeune , lui dirent-ils , ayez pitié de voufr ty
même. Toutes ces personnes que vous suivez aveuglement sont
des insensés ; ne les imitez pas. Mais Maxime, fortifié par la grâce v
du Tout-Puissant, répondit avec cette sagesse qui vient de l'opift ^
de Dieu, et qui rend éloquente la langue des enfants : Je ne tcux
point être séparé de Libérât, mon abbé , ni de mes autres frètes;
ils m'ont élevé dans leur monastère ; j'ai porté avec eux les tn- *
vaux de la vie pénitente, je souffrirai aussi avec eux le martyr» . *
Dieu aura pitié de nous tous ; et, comme on ne put détacher an- k
trefois un seul des sept frères Machabées, personne auai t-
ne sera capable de séparer aucun de nous. On fut obligé de le *
laisser suivre les autres. Étant entrés dans le vaisseau, ils furaft l
attachés sur le bois ; mais, lorsqu'on y eut mis le feu , il s'éteignit l
aussitôt, et, quoiqu'on essayât plusieurs fois de le rallumer, on m fc
put jamais y réussir. Ce miracle, au lieu d'adoucir le tyran, ne Al ^
que l'endurcir et l'irriter davantage. Il commanda qu'on anom- *«
mât les martyrs à coups de rame. Ensuite on jeta leurs corps d«s *
la mer, qui les repoussa sur le rivage, contre ce qui avait coutume l
d'arriver sur cette côte : le peuple qui était présent les ensevelit *
honorablement. Ces saints souffrirent l'an 483, le second Jour de ">
juillet ; mais l'Kglise honore leur mémoire le 17 août. *
18 août. — sainte héle^e, m p. f*S
f S moût. — SAINT AGAPET, maityi — 3e aède.
qui était de Préneste, montra dès l'âge de quinze ans,
le règne dTAnrâien , la plus vive ardeur pour le martyre.
de rattachement qu'il avait à la religion , par ordre de
, on le frappa longtemps à coups de nerfs de boeuf,
on le jeta dans une obscure prison où il demeura quatre
prendre. Ensuite on l'en tira pour lui mettre des
sur la tête, i il ne Élisait que rendre grâce
nûDra de ce supplice. Il fut de nouveau accablé de
tout nu , et sus ndu par les pieds au-dessus d'un
à ce qu'une furn* e épaisse l'étouffàt. Ensuite on lui
l'eau sur le ventre , et on lui brisa les mâchoires. Au
, le juge tomba de son tribunal, et mourut
. L'empereur, exaspéré fie ce châtiment, or-
fe saint jeune homme fût exposé aux bêtes, qui n'o-
ie toucher. Alors Agapet périt par le glaive, à Pré-
r an 273.
. — SAINTE HÉLÈNE, impératrice, et veuve.
— 4e siècle.
devenue si célèbre dans l'Église par son mérite et
de Constantin son fils, naquit à Drepane t en Bithynie, d'une
obscure; car on prétend que son père tenait une hôtel -
l L'empereur Constantin Chlore, n'étant encore que simple
?r, Tépousa par inclination. Hélène vécut avec Constance
293 , que ce prince, nouvellement associé à l'empire, la
pour épouser la belle-fille de Maximien Hercule. Cons-
la rappela à la cour. 11 lui donna le titre d'auguste et des
dans toute l'étendue de l'empire: il lui ouvrit même ses
pour en disposer comme il lui plairait,
jusqu'alors avait été dans l'ignorance de la religion de
: elle dut la connaissance de la vérité à Constantin,
m fis , qui , après avoir embrassé le culte du vrai Dieu , le fit
re à sa mère. Elle pouvait avoir 64 ans lorsqu'elle
la lumière de l'Évangile ; mais le zèle qu'elle fit paraître pour
dans les exercices de la piété . lui fit avantageusement
15G 18 août. — SAINTE CLAIRE DE MONTE-FALCO. ]|
réparer le temps qu'elle avait perdu pour l'éternité. Mattresse \%
des trésors de l'empire , elle n'en disposa que pour faire des libé- *g
ralités et des aumônes. Elle assistait aux offices divins avec une jv
assiduité exemplaire, confondue parmi le peuple, vêtue très-tim- ^
plement : elle ornait les églises de meubles riches et de vaseï pré- %
cieux; elle ne négligeait pas les oratoires des moindres bourgades |G
Après le concile de Nicée, qui se tint Tan 325, Constantin em-
ploya des sommes considérables à élever des temples au vni "~
Dieu, particulièrement dans la Terre sainte. Hélène se charges. u
de l'exécution de ce pieux dessein , et elle embrassa avec joie
cette occasion pour satisfaire la dévotion qu'elle avait de visiter '
les lieux consacrés par les mystères de Jésus-Christ. Elle partit ^
Fan 526. Lorsqu'elle fut arrivée a Jérusalem , elle découvrit le ^
sépulcre du Sauveur et le bois de la Croix où il avait souffert, ^
comme on Ta rapporté au troisième jour de mai. Elle donna ensuite ^
ses soins pour la construction de la superbe église du Saint-Sé* . s
pulcre. Avant de quitter la Palestine , elle voulut témoigner am .
vierges consacrées à Dieu , l'estime qu'elle faisait de la sainteté t
de leur état : elle les assembla toutes, les fit coucher sur des J"
nattes préparées pour les recevoir et les servir à table, tentât J
elle-même l'aiguière sur le bassin, pour leur donner à laver, ap- J
portant les viandes pour mettre devant elles , et leur présentant !/
à boire. Elle vécut jusqu'à près de 80 ans , dans une santé psr- J
faite de corps et d'esprit. Lorsqu'elle sentit que Dieu était prie J
de l'appeler à une meilleure vie, elle donna à son fils d'excellcnUp Jj
instructions, pour le portera se conduire d'une manière digne y
d'un empereur chrétien; et, après lui avoir dit adieu et à ses ^
petits-fils , elle mourut entre leurs bras , vers l'an 328. ^
. . x{
18 août. — LA BIENHEUREUSE CLAIRE DE MONTE- *
FALCO, vierge. — 13e et 14e siècle. *»
n
Claire naquit à Monte- Falco , près de Spolette, en Italie , vers ^
l'an 1275. Elle fut dès son enfance un modèle admirable de piété \\
et de pénitence. Ayant embrassé la règle des religieuses Augn*» V|
tines, elle se distingua bientôt par sa ferveur. On l'élut abbés») ^
étant encore fort jeune , et elle remplit les espérances que Ton w
avait conçues de son mérite. Tous ceux qui avaient le bonheur ^
de s'entretenir avec elle , se sentaient animés d'un ardent désir g
de tendre à la perfection. Son recueillement profond était reflet *
19 août. — S. LOUIS, BV. DE TOULOUSE. 157
e l'union constante de son âme avec Dieu. Lorsqu'il lui échap-
ait quelque parole qui semblait inutile, elle s'imposait une pé-
iteoce , qui consistait à réciter un certain nombre de prières.
Ile aimait surtout à méditer sur la passion du Sauveur. Elle
Munit le 18 août 1308. Jean XXII ordonna le procès de sa
■ionisation ; mais il fut interrompu par la mort de ce pape.
19 août. — SAINT LOUIS, évêque de Toulouse
ET CONFESSEUB. — 13e siècle.
Louis , encore plus célèbre par sa sainteté et par ses miracles
ne par soi illustre naissance , était fils de Charles le Boiteux , roi
e Sicile» petit-neveu de saint Louis , roi de France, et neveu ,
nr sa mère, de sainte Elisabeth de Hongrie. Il naquit en Tan 1 274,
Brignoles, en Provence. 11 n'avait que sept ans qu'il s'accoutu-
unt déjà à coucher parterre sur un simple tapis, et qu'il se rê-
vait la nuit pour prier. Quand il était à l'église, il ne pouvait
wrifirir qu'on le distinguât du reste des hommes , et qu'on lui
omiat les marques dues à son rang.
Dieu éprouva bientôt sa fidélité par le feu des tribulations. A
Ige de quatorze ans il fut donné en otage , avec deux de ses
ères, à Jacques, roi d'Aragon , pour la liberté du roi son père.
ouis passa sept ans dans cette prison , où la dureté du roi Al-
tionse donna beaucoup d'exercice à sa vertu. Ses maux ne l'abat-
rent point : il offrait à Dieu ses souffrances , et il s'en formait
a trésor qui devait l'enrichir pour l'éternité. Quelques personnes
i ayant fait connaître qu'elles étaient surprises de lui voir toujours
a esprit égal dans la triste situation où il était, il leur répondit :
.'adversité est une voie bien plus sûre pour le salut que les prospè-
res de cette vie : celles-ci nous font perdre la crainte et le sou-
snir de Dieu , au lieu que l'autre nous retient sous sa main toute-
mssante. Ceux qui le gardaient lui proposant, dans sa prison,
es plaisirs défendus par la loi de Dieu : Ne vous suffit-il pas ,
•ur dit-il , que mon corps soit prisonnier ; voulez-vous encore
ne mon âme devienne captive?
L'an 1296, Boniface VIII donna à ce jeune prince l'évéché de
'oulouse, et lui commanda de l'accepter. Louis ne voulut point
béir, qu'il n'eût accompli le vœu qu'il avait fait d'embrasser la
ègledc saint François. Il renonça alors, en faveur de son frère
14
4'
15* 19 moài. — s. logis, av. mm — ..
Robert, tu royaume de Kapk^ dont il < — * "~
Le jour de sa arofeatton, flfiit sacré par te papa
pat choquer le roi ion père, Boatiaoe loi
l'habit de saint François sous un habit ordinaire <T<
mais le jour de Sainte- Agathe , 5 février 1297, Louis
quement l'habit régulier en présence de deux cardinaux ,
chant ainsi dans Rome avec la ceinture de corde et les pieds nus,
depuis le Capitole jusqu'à Saint-Pierre , où il prêcha. Ensuite 1
se mit en chemin pour aller prendre possession de son église. A
Sienne, il logea chez les Frères-Mineurs, et voulut être
comme les autres , sans aucune distinction , jusqu'à laver la
selle avec eux après le dîner. A Florence , il refusa de
dans une chambre qu'on avait meublée pour le recevoir.
reçu à Toulouse avec une joie et une vénération extrêmes.
qu'il y fut établi , il chargea un secrétaire, en qui il avaaVt
fiance, de s'informer des revenus de cette église, et de ea
suffisait pour l'entretien raisonnable de sa maison, qui
une somme médiocre, voulant que tout le reste fut
pour la subsistance des pauvres. Tous les jours il
vingt-cinq dans sa maison , et les servait lui-même. D
tait avec un saint zèle de toutes les fonctions épiscopalei s
de pourvoir quelque clerc de bénéfice, il avait soin de l'i
exactement sur les mœurs et sur la doctrine. Pour
même dans la perfection , il chargea un Frère-Mineur, qui
compagnait toujours , de l'avertir de ses fautes. Ce
jour usé de cette permission en présence de plusieurs
qui en paraissaient mécontentes : C'est pour mon bien qui fa
fait , dit le saint évéque ; et je l'ai voulu aiusi. Comme Fananc'
ne doit rien taire , on doit prendre en bonne part tout ea aalca
vient; fermer l'oreille à la vérité, c'est se perdre.
La connaissance que Dieu lui avait donnée de retendue in
devoirs de l'épiscopat , le porta à faire tous ses efforspour
la permission de le quitter, et de se retirer dans un des
des Frères-Mineurs. Comme bien des gens désapprouvaient
résolution, il dit à ceux qui lui en parlaient : Que m'importe
l'on me traite d'insensé , pourvoi que je sois déchargé de ce
deau? Il vaut bien mieux quitter ce poids que de m'
accabler. Dieu accomplit enfin son désir en le retirant du
Ce saint prélat, étant allé en Provence pour des affaires
tomba malade à Brignoles ; il disait à ceux qui
30 août. — S. BEBNARD. 169
de lui : Je meurs enfin ; et , après une dangereuse navigation ,
Je vois le port tant désiré, ce port où je jouirai de la vue de
Dieu , que tant d'occupations diverses m'avaient ravie ; ce port
où je serai délivré du poids accablant de l'épiscopat. Il mourut
le 19 août 1297, étant âgé de vingt-trois ans et demi.
30 août. — S. MESME , solitaire. — 5e siècle.
Saint Maxime, vulgairement appelé Saint Mesme, fut élevé
dans le monastère que gouvernait saint Martin de Tours. 11 était
encore jeune, lorsqu'il perdit son bienheureux maître. Ayant été
flevé au sacerdoce, il se montra plus fervent que jamais. Le
dénr de vivre inconnu aux hommes lui fit quitter son pays. Il
se retira dans le monastère de File-Barbe, près de Lyon, et il y
lut depuis élu abbé. Mais il forma bientôt le projet de renoncer
à cette dignité , pour retourner dans sa patrie. Saint Eucher,
alors évêque de Lyon, essaya inutilement de le retenir ; il partit
pour la Touraine. Il pensa périr en passant la Saône, et sa conser-
vation fut regardée comme un miracle. De retour dans sa patrie ,
il reprit son premier genre de vie. Mais dans la suite il fut obligé
de prendre la conduite d'un monastère qu'il avait fondé dans la
petite ville de Chinon. 11 y mourut au cinquième siècle, dans un
âge fort avancé. Sa sainteté fut attestée par des miracles avant et
après sa mort. On garde une partie de ses reliques à Bar-Ie-Duc
en Lorraine, où il est connu, par le peuple, sous le nom de saint
Maxe.
20 août. — S. BERNARD, ABBÉ DE CLAIR VAUX, confes-
SEUB ET DOCTEUR DE L'ÉGLISE. — 12e siècle.
Bernard, le prodige du douzième siècle, premier abbé de Clair-
vaux, illustre par la sainteté de sa vie, par sa doctrine et par ses
miracles, et l'un des plus grands ornements de l'Église de France,
naquît en Bourgogne, au château de Fontaines, dont son père
était seigneur. Il n'avait guère que dix-neuf ans quand il perdit
sa mère. Bernard commença dès lors à être maître de ses actions :
son père, qui était presque toujours à Tannée, ou qui était con-
tinuellement occupé d'affaires pendant les courts séjours qu'il fai-
sait chez lui, ne pouvait veiller sur sa conduite. Comme Bernard
180 50 août, — S. BHKAU.
avait toutes les grécesextéri laco K . t _ t grand t#a|.
pour la parole, on le regan coin teim jeune •taBjnndft
espérance. Tout toi se a; x*tém\*vmmte*0k
que chemin qu'il suivît, il n'y avait aucun avantage qu'il ne
blât pouvoir se promettre. Il était entouré d'amis dangereux,
l'Esprit-Saint le couvrait de l'ombre de ses ailes, et le défenèil
de l'air empoisonné qu'on voulait lui faire respirer.
La nouvelle réforme de Ctteaux lui parut très-propre pour sa
consacrer à Dieu, et il résolut de l'embrasser. Ses frères et set
amis, s'étant aperçus de son dessein, firent tous leurs efforts
pour l'attacher au monde ; mais il leur parla avec tant de fosse.
du peu de solidité des biens d'ici-bas et de la grandeur des hisse
du ciel , qu'il vint à bout de les gagner eux-mêmes les unsaprls
les autres à Jésus-Christ. Le jour étant venu d'aceompfr tast
vœu , les frères sortirent ensemble de la maison de leur père*
qui avait eu beaucoup de peine à leur donner son co:
et dont ils étaient venus recevoir la bénédiction; et l'aîné,
rencontré le plus jeune , lui dit : Mon frère, c'est vous
regarde tout notre héritage Celui-ci répondit : Oui , le ciel
tous , et la terre pour moi : le partage n'est pas égal. H
pour lors avec son père ; mais il suivit ses frères peu de
après.
Bernard n'avait encore que vingt-quatre ans et un an deffs*
fession, lorsque l'abbé Etienne l'envoya à Clairvaux pour an eut
abbé. Les autres religieux furent étonnés de ce choix , sel
surtout , qui craignaient qu'il ne pût soutenir cette chargea
de sa jeunesse et de la faiblesse de sa santé. La maison de
vaux était extrêmement pauvre ; les moines étaient souvent ré-
duits à un pain mêlé d'orge et de millet. Bernard, peu touché,
par rapport à lui , de ces incommodités , exhorta ses reUsjsnt 1
les supporter en esprit de pénitence , et à s'occuper des Mens él
ciel qui les dédommageraient abondamment de ce qu'Os aurstest
souffert sur la terre. Ses exhortations firent beaucoup de fruit
On voyait à Clairvaux des hommes qui, après avoir été riches il
honorés dans le monde , se glorifiaient dans la pauvreté de Jéssfr
Christ, souffrant patiemment , et même avec joie , la fatigue éi
travail, la faim , la soif , le froid ; ne comptant pour rien tout et
qui leur manquait, pourvu qu'ils aimassent Dieu par-dessus trafts
choses, et qu'ils obtinssent la gloire céleste. Au premier aspect,
en descendant la montagne pour entrer à Clairvaux , on vessft
20 août. — S. BEHNARD. 161
eu habitait cette maison par la simplicité et la pauvreté des
nts. Dans cette vallée remplie d'hommes dont chacun était
: au travail , on trouvait au milieu du jour le silence de la
m n'y entendait pas d'autre bruit que celui des outils et
langes de Dieu, lorsque ces moines chantaient l'office. Ils
. solitaires malgré leur multitude , parce que l'unité d'esprit
oi du silence conservaient à chacun la solitude du cœur.
à Glairvaux jusqu'à cent religieux obéissant à leur abbé
e à un ange envoyé du ciel.
codant Técelin, père de Bernard, qui était demeuré seul
a maison, vint trouver ses enfants à Clairvaux, où il em-
, comme eux , la vie monastique ; il y mourut quelque
après dans une heureuse vieillesse. Sa fille Humbeline n'eut
i sort moins heureux. Etant venue voir son frère, elle fut
liée de ses entretiens , que , renonçant à tout , elle s'enferma
e monastère de Julli , qui avait été fondé depuis peu pour
limes.
yours occupé de la présence de Dieu , le saint abbé en était
lefois absorbé , au point qu'il ne voyait dans les villes, ni
i routes, rien de ce qui intéressait la curiosité des autres,
é son amour pour la retraite , son obéissance et le désir de
rer la gloire de Dieu le tiraient fréquemment de la solitude
ainsi qu'il en sortit pour fonder des monastères ou pour les
■ ; pour faire le voyage de Paris pour des affaires impor-
; pour assister à l'assemblée du clergé à Étampes, où il fut
î ; pour suivre en Italie le pape Innocent II , qu'il réconcilia
ss Génois et quelques autres peuples, etc. , etc.
it Bernard attaqua tous les novateurs qui parurent de son
. Le pape Eugène III lui demanda plusieurs fois les conseils
secours dont l'esprit de Dieu le rendait capable : aussi ne
t-il pas à l'employer. Informé de l'état où se trouvaient les
eus de la Palestine, qui demandaient les plus prompts secours,
« vint en France , et y tint plusieurs conciles à ce sujet.
é de Clairvaux fut chargé de prêcher une croisade. Les
les qu'il opéra dans ces circonstances, et l'éclat de sa vertu,
xent à ces prédications des succès extraordinaires. Une
«nombreuse partit bientôt après; mais elle fut détruite par
ihométans, dans les déserts , sur les frontières de la Cappa-
Ce fâcheux événement excita contre saint Bernard un orage
t : sa patience et son humilité brillèrent plus que jamais
U.
21 août — SS. B09< M X
dans cette triste droonstance. On i iajei.GpMk:
et plus encore l'indiscipline de l'armée dos croisés^
la principale cause de sa défaite. ^ -;< fw. ^ *
Pour porter saint Bernard à la perfection, Dieu raflligea
férentes maladies. 11 en fit une si considérable, environ deux apn
après son entrée à Clairvaux, qu'on n'en attendait que la mort,
ou une vie languissante pire que la mort. Guillaume de Chue-
peaux, évêque de Châlons, alla le visiter ; et, le voyant en est état,
il en fut affligé. Il dit cependant qu'il espérait que le père abbé
rétablirait sa santé, s'il voulait suivre ses conseils : c'était de di-
minuer ses austérités ; mais il n'était pas facile d'y faire combe-
tir Bernard. L'évéque, en sentant la difficulté, alla trouver lu
abbés de l'ordre de Ctteaux assemblés en chapitre, et obtint Spn
la permission de conduire le saint homme pendant un an. L'é-
véque, étant retourné à Clairvaux , fit mettre le pieux abbé ém
un logement séparé, et lui défendit de pratiquer aucune des ans- ■
tentés de Tordre, et aux religieux de lui parler d'aucune afiHn. {
Dieu bénit ses soins, et Bernard recouvra la santé.
Toute l'Église s'en réjouit comme d'un bien qui lui était cher.
et s'en servit pour son utilité propre dans les affaires les pin im-
portantes et les plus difficiles. Il ne s'est presque élevé aofloae
contestation de son temps, qu'on ne Tait pris pour arbitre, 4
qu'on n'ait adhéré à sa décision. Ce fidèle serviteur de Dieu :
son âme à son Créateur, le 20 août 1153.
■kM
21 août. — SAIJNT BOKOSE ET SAINT MAX1MIUEN,
habtybs. — 4e siècle.
Bonose et Maximilicn étaient deux officiers qui servaient
le corps des Herculiens : ils étaient chargés de la garde du prit*
cipal étendard , qui était orné d'une croix, avec les deux piemièwt
lettres du nom de Jésus-Christ , en caractères grecs. Julien l'A-
postat , qui voulait détruire tout ce qui pouvait donner l'idée èl
christianisme, commanda que l'on ôtât cette marque pour y
mettre celle des idoles. Bonose et Maximflien refusèrent d'obéir,
et ils exhortèrent tous leurs compagnons à ne rien faire déco*
traire à ce qu'ils devaient à Dieu. L'empereur chargea le comte
Julien, son oncle maternel, apostat comme lui, de faire exécuter
ses ordres, et lui permit d'employer les dernières rigueurs contre
les deux saints.
21 août. — SS. BONOSE ET MAXIMILIEN. 103
Le comte Julien leur dit : L'empereur vous ordonne d'ôter le
qui est sur votre étendard , et d'adorer les idoles. Bonose
répondit : Nous ne pouvons adorer des dieux qui ont été faits par
kshommes. — Obéissez, leur dit le comte, avant d'être exposés à
«offrir les tourments. — Nous sommes prêts à souffrir le martyre
■oor le nom de Jésus-Christ , répliquèrent les deux officiers. Ju-
Wfc fit approcher Bonose, et lui commanda d'adorer les dieux.
— Nous avons une loi que nous tenons de nos pères, répondit Bo-
rne , nous y obéissons ; mais nous ne connaissons pas vos dieux ;
je ne crains rien de ce que vous pouvez me faire souffrir. Julien,
outré de colère , lui fit donner plus de trois cents coups de la-
Hères plombées , sans que le saint , qui avait Dieu même pour
lootîen , fit autre chose que de sourire , ne daignant pas même
loi répondre. Le comte, qui ne pouvait vaincre le courage et la
résistance de Bonose , s'adressa à Maximilien , en disant : Ré-
pondez-moi, ne voulez-vous pas adorer les dieux que nous ado*
"ois , et changer votre étendard ? Maximilien répondit : Faites
pie ces dieux vous entendent et vous parlent, et après cela nous
Marrons les adorer avec vous ; mais , s'ils sont sourds et muets,
somment pouvez-vous vous-même vous résoudre à les adorer?
D n'en est pas de même du Dieu en qui nous mettons notre es-
lérance , et par la vertu duquel nous espérons consommer notre
martyre; vous savez vous-même qu'il nous défend d'adorer les
doles muettes et sourdes. — Qu'on les étende tous deux -sur le
îhevalet , dit le comte Julien , dès qu'un crieur les aura appelés
!>ar leur nom. Après cette formalité , il ajouta : On va vous placer
air le chevalet : obéissez, et cessez d'entraîner par votre exemple
ros compagnons dans le même crime. Otez de votre étendard les
ligures qui y sont, et mettez-y l'image des dieux immortels. — Nous
ne pouvons , à de telles conditions , obéir à l'empereur, répondi-
rent les deux martyrs, parce que nous avons devant les yeux le
Dieu vivant , invisible et immortel , en qui seul nous espérons.
Julien dit aux bourreaux : Frappez-les rudement et sans relâche.
Mais, comme Dieu rendait ses athlètes insensibles aux coups , le
somte ajouta : Si ces tourments ne peuvent encore fléchir votre
3pmiâtreté , je vous en réserve d'autres qui vous feront obéir. En
même temps il fit apporter une chaudière pleine de poix , dans
laquelle on les plongea. Comme ils n'en souffrirent point, les
juifs et les idolâtres s'écrièrent qu'ils étaient magiciens ; puis ou
les reconduisit en prison.
IG4 21 août. — S. SIDOINE APOLLINAIRE.
Après un second et un troisième interrogatoire, le comte Julien,
peu touché des merveilles dont il avait été témoin , condamna
Bonose , Maximilicn et les autres chrétiens à perdre la tête. Us
marchèrent au lieu du supplice pleins d'une sainte joie, à laqueUl
toute la ville d'Antioche prenait part; et ils furent accompagné!
dans leur triomphe par saint Mélèce et plusieurs autres évêquss.
Trois jours après, le comte Julien commença à vomir des tvs
sans discontinuation, et il expira dans ce tourment. Les saints
martyrs souffrirent Tau de Jésus-Christ 363.
21 août. — S. SIDOINE APOLLINAIRE, évÉQUB DE Guft-
mont. — 6e siècle.
Sidoine était fils d'Apollinaire, qui avait été préfet du prétoire.
C'était la première charge de l'empire romain dans les Gaules. D
naquit à Lyon vers Tan 415, et fut instruit dans les lettres, dans
les sciences, par les meilleurs maîtres ; en sorte qu'il devint un
des hommes les plus célèbres de son temps par l'éloquence et la
poésie. Il suivit d'abord la profession des armes, et il épousa Fh
pianille, fille d'Avit, qui, après avoir été quatre fois préfet des
Gaules et trois fois général d'armée, fut élevé à l'empire l'an 4M.
Avit fut contraint de quitter la pourpre, au bout de deux mok,
par une de ces révolutions qui renversent en un moment Iss
plus hautes fortunes. Sidoine se trouva enveloppé dans les mal-
heurs qui suivirent cette chute : Majorin le fit mettre en prison;
mais touché de ses vertus et de la résignation avec laquelle es
grand homme, qui adorait la main qui le frappait, supportait S»
disgrâce, il lui rendit la liberté et ses biens, et lui accorda
même le titre de comte.
Lorsque Sévère fut mis sur le tronc, Sidoine se retira en Au-
vergne, où il mena une vie fort retirée. Il partageait son temps
entre l'étude et les exercices de la religion. Dès qu'Anthémius
fut élu empereur, il appela Sidoine à Rome, et lui donna
des premières places dans l'État. Sidoine ne perdit rien de
piété dans son élévation : il ne se servait de son autorité que pour
procurer la gloire de Dieu et le bonheur des peuples.
Après la mort d'Kparque, évéque do Clermont en 473, le
peuple et les évéques du pays, qui ne l'avaient vu partir pour
Rome qu'avec un grand regret, le demandèrent pour remplir
21 août. — S. JBANNE-FB. DE CHANTAL. 165
vacant, Sidoine allégua sans succès qu'il était laïque, et
» même sa femme vivait encore : il n'acquiesça à son élection
b par la crainte de résister à la volonté du Ciel. Lui et Pa-
se séparèrent d'un consentement mutuel. Dès ce moment,
>nça à la poésie, qui avait longtemps fait ses délices, et
laquelle il avait une forte inclination et beaucoup de fa-
ite. 11 fut encore plus sévère sur le jeu ; il se l'interdit absolu-
ait, comme étant une occasion de perdre au moins quelques
vments d'un temps qui n'est jamais trop long pour remplir
as les devoirs du ministère épiscopal. Il se défit aussi d'un air
joué qu'il avait eu aussi dans le monde, mais qu'il croyait peu
«ivenable au sérieux et à la modestie qu'on attend d'un mi-
stre des autels. Justement avare de son temps, il employait tout
» qui lui en restait, après ses fonctions, à étudier l'Écriture
imte et la théologie, pour être en état d'instruire son peuple
las solidement.
Quoique d'une coinplexion délicate, il poussa l'austérité fort
Ht : toute sa vie fut une pénitence continuelle. Son amour envers
s pauvres, qui avait paru dans tous les temps de sa vie, prit de
cands accroissements dès qu'il fut évéque. Il manquait souvent
n nécessaire, parce qu'il donnait à tous ceux qui étaient dans le
. Dans un temps de famine, il nourrit avec le secours de
beau-frère Ecdice, qui était aussi très-charitable , non-seule-
oeut tout son troupeau, mais de plus environ quatre mille hom-
ks que la misère avait attirés dans son diocèse. Quand l'a-
tondance fut revenue, il fournit encore à cette nombreuse troupe
[Indigents des voitures pour retourner chez eux. Saint Sidoine
Dourut au milieu des fatigues que lui donnaient son zèle pour
'Église et son exactitude à remplir tous les devoirs d'un Yéri-
able évéque. On croit que sa mort arriva vers Tan 483.
*I août. — SAINTE JEANNE-FRANÇOISE FRÉMIOT DE
CHANTAL, veuve, fondatrice de l'ordre de la
Visitation de Sainte-Mabie. — 16e et 17e siècle.
Jeanne de Chantai était fille de Bénigne Frémiot, président
n parlement de Bourgogne ; il eut pour épouse Marguerite de
Berbisy, l'un et l'autre recommandantes par leur noblesse, et
mrtout par leur fidélité aux devoirs delà religion. De leur mariage
166 21 août. — S. JEAXNE-FR. DE CHANTAI.
naquirent trois enfants : Marguerite, qui épousa le comte
fran; Jeanne, dont nous écrivons la vie ; et André, qui m
archevêque de Bourges. Jeanne vint au monde , à Dijo
23 janvier 1572. Lorsqu'elle reçut le sacrement de la conf
tion, elle ajouta le nom de Françoise à celui de Jeanne qu'<
avait donné au baptême.
Son père devint veuf lorsque ses enfants étaient encore &
âge ; mais il ne négligea rien pour leur éducation, les élevant
de grands sentiments de piété et leur faisant apprendre te
qui devait un jour leur être nécessaire dans le monde. Jeani
celle qui répondit le mieux à ses vues ; aussi avait-il poui
une tendresse particulière. Elle montra, dès ses plus tendn
nées, un zèle ardent pour la religion catholique ; elle n'ava
core que cinq ans qu'elle eut le courage de reprendre un
tique , qui blasphémait contre le sacrement de l'Eucha
Quelques années après, elle préserva son innocence, sous h
tection delà sainte Vierge, d'un danger auquel l'avait expose
femme intrigante et sans mœurs. Ayant été passer quelque 1
chez sa sœur, on voulut (a marier à un gentilhomme fort i
mais ayant appris qu'il était calviniste, elle refusa de l'épc
Lorsqu'elle eut atteint sa vingtième année, son père la i
au baron de Chantai, l'aîné de la maison de llabutin; c'éfc
officier de vingt-sept ans, servant avec distinction, et que
Henri IV honorait de sa faveur. Le mariage fut célébré à £
et quelques jours après les nouveaux époux allèrent à Boui
dans une de leurs terres, pour y faire leur résidence ordii
Notre sainte, en entrant dans la maison de son mari, s'emplo
toutes ses forces pour y établir l'ordre et la régularité, à la pU
la dissipation et d'une négligence presque générale de la pai
gens attachés au baron , dont les absences fréquentes ai
comme autorisé la conduite. Son premier soin fut de veille
les domestiques , de leur faire pratiquer les devoirs de la
gion, en les obligeant d'assister tous les soirs à la prière comn
les jours de dimanches et de fêtes à la messe de paroisse,
plus souvent qu'ils le pouvaient, aux instructions chrétie
Elle assigna à chacun son emploi et le temps pour le remplir,
était chez elle comme prévu, efses qualités aimables lui
chèrent toutes les personnes de sa maison, où Tordre ne i
pas à paraître et à se maintenir par sa vigilance.
Quand son mari était obligé de s'absenter pour aller soii
21 aoAt. — S. JKANNE-FR. DE CHAWTAL. 167
>ît à l'armée, notre sainte se tenait renfermée dans sa mai-
i faisant et ne recevant que rarement des visites. Elle don-
it son temps à ses exercices de piété, aux soins que de-
ent ses enfants et ses affaires domestiques. Lorsque le
le Chantai était de retour, cette vertueuse épouse n'ou-
ien pour le prévenir et lui procurer des amusements in-
i; elle attirait pour cela les compagnies qui lui étaient
les, abrégeait même quelquefois ses exercices pieux pour
er à des complaisances qui ne sont pas contraires au ré-
b la vertu, quand on sait se contenir dans de justes bornes.
on de Chantai, plein d'honneur et de religion, aimait ten-
it son épouse, qui, de son coté, le payait de retour ; ils
ît ainsi leur bonheur réciproque.
> Dieu voulut, les éprouver pour leur salut commun, et
de la baronne de Chantai le plus sensible des sacrifices.
ari relevait de maladie; un de ses amis vint le voir au
a de Bourbilly et lui proposa, pour le récréer, une partie
sse. Le baron y consentit et s'habilla, pour sortir, d'un sur-
b couleur de biche. Son ami, qui était un peu éloigné de
s'aperçut point qu'il s'était placé derrière des broussailles;
é par un faux jour, il le prend pour une béte fauve et dé-
i sur lui son fusil. Le coup fut mortel ; le baron ne vécut
letques jours et reçut les derniers sacrements avec la plus
* piété, se soumettant à la volonté divine et consolant son
li s'abandonnait au désespoir ; il ne cessait de lui répéter
li pardonnait de tout son cœur, et ordonna que l'acte de
don fût inscrit sur les registres de la paroisse. Il expira dans
is de son épouse, qu'il laissa dans une désolation inexpri-
•
ive à vingt-huit ans, cette tendre épouse avait eu six enfants
{uatre vivaient encore, un ûls et trois filles. L'excès de sa
ir n'altéra ni sa résignation ni sa constance. Dieu la fortifia
e plus cruel des événements ; elle s'offrît à lai comme une
e, acceptant d'avance toutes les tribulations par où il vou-
Téprouver, et fit en même temps vœu de chasteté perpé-
Pour se conformer aux règles que saint Pnul et les Pères ont
i pour la sanctification des veuves, elle s'adonna à la pratique
aison la plus fréquente, augmenta ses aumônes, se défit en
des pauvres, et pour l'ornement des saints autels, de ce
î avait d'habits précieux, et s'obligea par un vœu de n'en
168 21 août. — S. JEANNE-PR. DE CHAUT AL.
plus porter que de laine. Elle renvoya le plus grand nombre é
ses domestiques, après les avoir libéralement récompensés ; m
jeûnes devinrent alors fréquents et rigoureux.
Retirée du monde, elle partageait son temps entre la prière
le travail et l'instruction de ses enfants. Dieu la préparait, pu
les lumières de sa grâce, à l'accomplissement de ses desseins;
en sorte qu'elle ne voyait plus, dans les peines et les souffrant»
de cette vie, que l'aliment de l'amour divin sur la terre , et le ga§
du bonheur éternel dans le ciel. Son deuil fini, elle se rendi
auprès de son père à Dijon ; elle y continua le même genre è
vie ; et, Tannée suivante, elle fut obligée de se rendre avec ta
enfants auprès du vieux baron de Chantai, son beau-père, à Mon
tholon, dans le diocèse d'Autun. Notre sainte eut beaucoup i
souffrir de la mauvaise humeur du baron de Chantai, ainsi qu
de celle d'une gouvernante qui avait pris un tel ascendant sur o
vieillard, que toute la maison était à ses ordres. La jeune baron»
supporta tout avec une patience héroïque, jusqu'à se conforme
à tout ce qui pouvait être agréable à son beau-père et à sa gov
vernante. Elle continua son assiduité aux exercices de la vie in-
térieure et aux devoirs que la religion prescrit.
Ayant appris que saint François de Sales devait prêcher, àDt
jon, le carême de l'année 1 60 1, elle résolut d'aller entendre e
grand serviteur de Dieu ; elle allégua pour raison de ce voyag
une visite qu'elle croyait devoir au président Frémiot, son père
et partit pour s'y rendre. La première fois qu'elle vît le nm
évéque de Genève, elle en fut si édifiée, qu'il lui semblait que ce
tait le directeur de sa conscience qu'elle cherchait, et ne
de demander à Dieu depuis longtemps Elle l'entretint pi
fois chez son père, où il venait souvent, et mit en lui une
confiance. Mais, se trouvant gênée par un voeu indiscret dene
sulter jamais sur sa conscience que son confesseur ordinaire» cil
découvrit à saint François de Sales la cause de ses perplexités. 1
lui déclara qu'elle pouvait être dispensée de ce vœu et qu'elle étai
Kbre de donner sa confiance pour la conduite de son Ame au mi
nistre du Seigneur à qui elle croirait, selon Dieu, devoir s'adm
ser pour la conduire dans ses voies.
Elle pria instamment saint François de Sales de la confes
ser, et lui fit une confession générale de toute sa vie. Il lui donn
tous les conseils de perfection et toutes les règles intérieures <
extérieures de conduite, pour l'unir à Dieu et l'élever à cet!
21 août. — STE. JEANNE-FB. DE CHANTAL. 169
i sainteté à laquelle elle était appelée. La baronne de Chantai,
à la grâce, se conforma à tout ; et le départ du saint évéque
le carême ne changea rien à sa ferveur dans l'oraison, et
srcice de l'humilité, de la charité et de la pénitence qu'elle
[uait par de fréquentes austérités. Elle allait de temps en
i à Annecy trouver le saint évéque, et ses entretiens avec lui,
jétachant toujours plus du monde, la portaient au désir de
» vivre que pour Dieu; et, pour s'y consacrer extérieure-
eile-méme, elle grava avec un fer chaud sur son cœur le
idorable de Jésus.
ssée plus que jamais de tout quitter pour briser d'un seul
tous les Uensqui rattachaient encore à la terre, elle flt con-
à saint François de Sales l'attrait qui la portait à renon-
toutpour Dieu. Le saint lui demanda du temps pour con-
la volonté divine. Enfin, il lui proposa d'entrer dans di-
rdres de religieuses. La baronne de Chantai lui répondit que
; à lui à décider ce choix, auquel elle s'en tiendrait comme
ioîx de Dieu même, dont elle ne se proposait que la plus
e gloire. Le saint évéque se décida alors à lui faire connaître
essein d'établir une nouvelle congrégation religieuse, sous
n de la Visitation de Sainte-Marie, dont il lui expliqua le
le l'institut et les obligations particulières. La pieuse veuve
laudit avec joie, mais l'exécution lui en parut difficile dans
•constances où elle se trouvait, ayant un père et un beau-
fort âgés qui avaient droit à ses soins, des enfants encore
s à élever et des biens de famille à administrer.
ot François de Sales, à qui elle fit part àp toutes les diffi-
qui pouvaient l'arrêter dans son désir pour embrasser le
il institut, répondit à tout et calma si bien ses inquiétudes et
de ses parents, qu'ils consentirent à sa retraite, après avoir
beaucoup de larmes. Leur douleur augmenta la sienne, et
ribilité de son cœur lui fit éprouver de rudes combats.
; de quitter le monde, elle maria l'aînée de ses filles au ba-
3 Thorens, neveu du saint évéque de Genève, et emmena
îlle ses deux autres filles. Le jeune baron de Chantai, son
gé de quinze ans, resta chez le président Frémiot, son
-père, qui se chargea d'achever son éducation.
fès avoir mis ordre aux affaires de sa famille, la pieuse veuve
ra tout pour son départ; mais, avant de partir, elle alla de-
er à son beau-père et à son oncle, l'archevêque de Bourges,
15
170 21 août. — STE JEANINK-FR. DE CHANT AL.
leur bénédiction, qui l'un et l'autre la baignèrent de leurs larmes
et lui témoignèrent le plus tendre attachement. Elle partit en-
suite pour Autun et Dijon, où elle remit son fils au président Fié»
miot, pour lui servir de père. Ce vertueux magistrat, en voyant sa
fille à ses pieds, s'écria : « O mon Dieu! Une m'est pas permis de
« m'opposer à vos desseins, quoiqu'il doive m'en coûter la vie.
« Je vous offre, Seigneur, cette chère enfant ; daignez la rece»
« voir et être ma consolation. » Pendant cette scène si touchante,
le jeune baron de Chantai, suffoqué par ses sanglots, court vers
sa mère, se jette à son cou et emploie les expressions les plus
tendres pour l'empêcher de partir; ne pouvant la retenir, il se
couche sur le seuil de la porte par où elle devait sortir. Sa sainte
mère, frappée d'un tel spectacle, s'arrête et fixe sur son fils ses
yeux fondant en larmes ; mais , bientôt soutenue par la grâce ,
elle passe sur le corps de son fils et franchit ainsi cette terrible
barrière pour aller consommer son sacrifice. Elle part pour la
ville d'Annecy, où elle arriva avec sa fille et son gendre le
baron de Thorens.
Le dimanche de la très-sainte Trinité de Tannée MUO , «lie
commença l'établissement du nouvel ordre de la Visitation. I*
première maison lui fut donnée à Annecy par saint Franco» de
Sales; elle y prit l'habit, avec deux femmes pieuses qui s'étaient
attachées à elle pour suivre la même vocation. Dix autres fi*"-— ,
d'une grande vertu, augmentèrent en peu de temps la commu-
nauté naissante. Le cardinal de Marquemont, archevêque de Lyon»
ayant connu le nouvel institut, conseilla à saint François de Sales
de faire ériger sa congrégation en ordre religieux, pour lui donner
plus de stabilité.
Le saint fondateur s'y décida, et la baronne de Chantai , quand
le temps fut venu , prononça , avec ses compagnes , les vœux so-
lennels de profession religieuse. Le saint évêque leur donna uns
règle qui, sans de grandes austérités extérieures, devait être, par
sa pratique exacte , l'exercice le plus continuel et le plus parfait de
la pénitence de l'esprit et du cœur. Cette pénitence, la plus
tielle, qui seule nous fait mourir à nous-mêmes pour ne vivre qu'<
Dieu et pour Dieu , devait être le caractère de la perfection du
nouvel ordre, où le saint fondateur se proposait de n'admettre
que les tempéraments les plus faibles et même les personnes déjà
avancées en Age.
Que le renoncement intérieur à tout ce qui peut flatter l'or-
3
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21 aOÛi. — STB JEATINB-FB. DE CHANTAI*. 171
peâ et les sais , leur disait saint François de Sales , dans ses en-
tretiens d'explications sur la règle , soit continuel et étudié en
lésas-Christ l'adorable modèle. 11 nous a dit à tous : Apprenez
4t moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le
repos de vos âmes. « Que l'humilité, continue saint François, soit
pour tous la source des vertus, qu'elle soit sans bornes, qu'elle
paraisse en toutes vos actions, et bientôt avec elle la charité et la
douceur envers le prochain vous deviendront comme naturelles à
force de les pratiquer. Car il faut mourir en espritpourque Dieu
vive en nous ; sans ce moyen unique, il est impossible que nous
parvenions en cette vie à nous unir à lui. Ne désirez rien> ne re-
fusez rien ; soyez soumises à l'obéissance et régulières dans l'or-
dre de vos exercices intérieurs et extérieurs; aimez le si-
lence et la prière , et , dans le souvenir habituel de la présence
de Dieu , recevez également tout ce qui arrivera par Tordre de
son adorable et très-aimable Providence. » C'était d'après ses
naximes d'une si haute perfection, et dans l'habitude d'une mor-
ineation continuelle de l'âme et des sens, que sainte Chantai réglait
a conduite et celle de ses sœurs, comme institutrice et première
upérieure de l'ordre ; veillant à tout pour les encourager, les sou-
tenir, et quand il le fallait, reprenant avec douceur et fermeté;
punissant même, par des actes d'humiliation ou de petites priva-
tions sensibles , les fautes qui le méritaient.
Quelque temps après sa profession , elle voulut s'engager par
on vœu à faire toujours ce qu'elle jugerait être le plus parfait. Saint
François de Sales, qu'elle consulta, le lui permit, parce qu'il con-
naissait sa ferveur et sa générosité pour accomplir avec fidélité l'en-
gagement qu'elle contractait, à l'exemple de plusieurs autres saints
d'une vertu héroïque. Dieu l'éprouva dans ces premières années
par des maladies fréquentes et douloureuses dont les médecins
ne connaissaient pas les causes naturelles ; elle souffrait avec
joie et avec la paix que donne l'amour divin , et parlait ainsi au
saint évêque dans une de ses lettres : « Le monde entier mourrait
« d'amour pour un Dieu si aimable , s'il connaissait la douceur
« que goûte une âme à l'aimer. » Après la mort de son père ,
elle fut obligée de faire un voyage à Dijon , pour arranger les af-
faires de son fils , qu'elle maria quelque temps après à Marie de
Coulanges, qui réunissait à une grande vertu la noblesse, les ri-
chesses et les autres avantages du caractère et de la beauté.
Revenue dans sa chère communauté t elle ne tarda pas à se
172 21 août. — STE JEANNE-FH. DE CHÀNTAL.
trouver forcée de partir d'Annecy pour aller fonder des maisons
de son ordre en différentes villes de France f spécialement à Paris
où elle eut à soutenir une sorte de persécution assez Violente , dont
elle triompha par sa patience , sa prudence et sa vive confiance
en Dieu. Elle gouverna la maison qu'elle avait fondée à Paris , de-
puis l'an 1619 jusqu'en 1622. Dieu lui enleva à cette époque son
bienheureux père , le saint évéque de Genève. Cette perte , sans
doute la plus sensible pour elle , la trouva dans le sentiment d'à-
doration et de soumission la plus entière à la volonté divine , qui
rendit sa constance encore plus admirable. Elle fit rendre tous
les honneurs au corps de saint François de Sales , qui fut enterré
dans l'église de la Visitation d'Annecy. Cette perte fut suivie
d'une autre. En 1627, le baron de Chantai , son fils, fut tué en
combattant contre les Huguenots dans l'Ile de Rhé, dans la
trente-et-unième année de son âge ; il s'était préparé à la bataille
par la réception des sacrements. Il laissait après lui une fille qui
n'avait pas encore un an (1). Notre sainte, à cette nouvelle,
montra un courage si héroïque , qu'il étonna les âmes les plus
fortes. « Seigneur, disait-elle , détruisez , coupez , brûlez tout ee
« qui s'oppose à votre sainte volonté. » La même résignation la
soutint en 1631 , en apprenant la mort de la baronne de Chantai, -
sa belle-fille, et celle du comte de Toulonjon, son gendre, gou-
verneur dePignerol.
Toutes ces épreuves , ainsi que celles des désolations intérieures
qui furent fréquentes dans l'intérieur de notre sainte, achevèrent
d'immoler en elle toute la nature au bon plaisir divin. De là ses
leçons à ses soeurs sur la nécessité de renoncer à tous les objets
créés. « Notre Seigneur, leur disait-elle , a attaché le prix de son
« amour et delà gloire éternelle à la victoire que nous remporte-
« rons sur nous-mêmes ; et votre intention, en entrant à la Visi-
« tation , a dû être de vous désunir de vous en entier, pour vous
« unir totalement à Dieu. » La mère de Chantai ajoutait souvent,
ù ses instructions sur la vie de sacrifice , des exhortations lumi-
neuses et touchantes sur la pratique essentielle et la meilleure
manière de faire l'oraison : « Suivez , leur disait-elle , la direction
( 4 ) Elle épousa depuis Henri , marquis de Sévigné. Elle s'est rendue cAèbn
par ses lettres , où l'on admire la délicatesse du goût , la solidité du Jugement,
un style naturel , facile, plein.d'esprit et de dignité..On distingue surtout celle*
qu'elle écrivit à la comtesse de Grignan , sa fille. On a dit qu'elle était le mo-
dule et 1e désespoir de ceux qui suivent la même carrière.
22 août. — S. SYMPHORIEX, MARTYR. 173
« du Saint-Esprit en vous; livrez-vous aux sentiments qu'il vous i ns-
« pire dans cet exercice, ne voulant et ne désirant que ce que Dieu
• vent. Sans vous troubler pour vos distractions et les sécheresses
« qui vous déplaisent et doivent toujours humilier, mais sans dé-
« couragement , priez le Seigneur, dans cet état pénible , d'être
« votre soutien et de vous donner la ferveur du désir de l'aimer,
■ de le prier et de le glorifier. »
La peste s'étant déclarée à Annecy, le duc et la duchesse de
Savoie voulurent engager notre sainte à quitter cette ville pour
mettre sa vie en sûreté ; mais rien ne put lui faire abandonner sa
chère communauté , qui fut préservée de la contagion. La sainte,
dans cette calamité publique , rendit mille bons soins à ses conci-
toyens par ses conseils, ses aumônes, ses services et ses prières.
Eue fut appelée par la duchesse de Savoie, en 1638, à Turin,
pour y établir une maison de son ordre. Anne d'Autriche l'invita
aussi à revenir à Paris , où elle fut reçue avec de grands honneurs ;
die visita plusieurs de ses monastères en retournant à Annecy.
A peine arrivée à Moulins en Bourbonnais, elle y tomba malade
d'une fluxion de poitrine ; l'inflammation so déclara si dangereuse-
ment, qu'on lui administra les derniers sacrements dans son mo-
nastère. Toute sa foi et sa piété parurent avec éclat dans ces der-
niers instants : elle donna les plus touchantes instructions à ses
fifles spirituelles , jusqu'au moment où elle s'endormit dans le
Seigneur, le 13 de décembre de l'an 1641. Son cœur fut laissé
à la communauté de la Visitation de Moulins, et son corps con-
duit honorablement au monastère d'Annecy. Elle fut béatifiée par
Benoît XIV, en 1751, après plusieurs miracles opérés par son
intercession. Clément Xlll la canonisa en 1767 et fixa sa fête au
21 d'août.
22 août. — SAINT SYMPHORIEN, martyr. — 2e siècle.
Saint Symphorien est regardé comme un des plus illustres mar-
tyrs que la France ait donnés à l'Eglise. 11 était. fils d'un homme
de qualité de la ville d'Autun r nommé Fauste , qui le fit baptiser.
dit-on , par Bénigne et Andoche, apôtres du pays. Fauste, ayant
eu le bonheur de les recevoir chez lui , profita de leurs lumières et
de leurs instructions pour r éducation de son iils. Ces précieuses
semences produisirent bientôt des fruits qui rendirent Symphorien
lô.
••'.1
174 » ami/. — s. bymmoaier» natftvn.
l'objet de l'estime et de ft
joignit à beaucoup de i
ttane;et,8efeaant i et
vangile, ii évita tous tes e aïs contre lesquels vont se
ceux qui se laissent aller aux charmes et aux vanités du
La ville d'Autun était alors une des premières des Ganlet,
en même temps une des plus attachées à l'idolâtrie. On y
principalement Cybèle , Apollon et Diane. Il y avait dans Fi
un jour où le peuple s'assemblait pour célébrer une
lière en l'honneur de Cybèle. On poi lit sa statue dans un
richement orné. Symphorien, lavo; ont un jour
s'empêcher d'en parler avec mépris. On le pressa d'adottr la
déesse ; et , sur le refus qu'A en fit , « n l'arrêta comme
et on le présenta à Héracle , gouverneur du pays , alors
faire la recherche des chrétiens. Hér< de, monté sur son
demande à Symphorien son nom ei sa condition. Je
tien , répondit le saint , et je m'appelle Symphorien. — Vous
chrétien , répliqua le juge : comment avez-vous pu nouséehafpcr?
<*ar il ne se trouve plus guère ici de ces sortes de gens. Dites «ai,.
pourquoi avez-vous refusé d'adorer Cybèle, la mère des dieux?
— Je vous l'ai déjà dit, repartit Symphorien ; c'est que je
chrétien. J'adore le vrai Dieu qui est dans le ciel ; mais je
point les images des démons : je suis prêt à les briser, si v*m
m'en donnez la permission. — Cet homme-ci , reprit Hérésie, ■*'
se contente pas d'être sacrilège, il joint la révolte à rimpiélif.
Kst-il citoyen de cette ville? Les officiers qui étaient présnfti à
l'interrogatoire l'en ayant assuré, en ajoutant qu'il était detrès*
honjie famille, le juge répliqua : C'est apparemment votre ne»*
sauce qui vous rend désobéissant; mais connaissez-vous ta or-
donnances des empereurs ? Qu'on les lui lise I Le greffier lot :
I /empereur Marc-Aurèlc à tous les gouverneurs, juges et ma-
gistrats de notre empire ; nous apprenons que certaines gens qsi
se disent chrétiens contreviennent aux lois de l'Etat; faites-les
arrêter, et s'ils refusent de sacrifier aux dieux , employez lestooar-
ments pour les y obliger ; en sorte néanmoins que la justice re-
tienne la sévérité dans de justes bornes, et qu'en retranchaat le
crime , on ne punisse pas trop sévèrement les criminels.
<vhf avez-vous à répondre à cette loi ? dit Héracle. Pouvons-nous
renverser les édils des princes. Si vous n'obéissez pas , vous sera
puni de mort. Symphosjfn répondit : L'image que vous voûta
22 mût, — S. H1PP0LYTE, BV. ET D. 175
an est une inv on du démon, qui s'en sert pour en-
m autres avec loi dans la perdition. Tout chrétien quitta-
nt 1* voie qui conduit au crime, tomba» infailliblement
«étipioe. Le Dieu que j'adore est libéral quand ilrécom-
Ïésébi aussi il est terrible quand il punit; Je n'arriverai au
la bienheureuse éternité qu'en persévérant dans la con-
êa son saint nom. Sur cett réponse, le juge le fit battre
s, et renvoya en prison.
pssjours après, Hérade le r. D le
b^'il lui dit que, s'il voulait aao es< u vu t
oçuerait des honneurs et d . »y moi *e-
rjfit ne connais d'autres bien ctu* sonto
lin de Jésus-Christ : les rien d u et
pttbsn. Pour vous, vos pl< etvosjo i
Pjèisan glacée, qui se dissout auprem rayon m
iên est le seul qui puisse donner aux i
vX'antiquhé la plus reculée n'a p> vu te c »-
n gloire, et les derniers n'en ven t pas lafin. — je
est à bout , s'écria le juge : ourez de l'encens à t*y-
je vous condamnerai à perdre la tête, après vous
h déchirer le corps à force de tourments. — Mon corps
otte pouvoir, répondit Symphorien. Il se moqua ensuite
Bsvtitions du paganisme avec autant de force que de soli-
■qn'à ce que le juge en fureur prononçât contre lui une
i de mort. Gomme on le conduisait hors de la ville pour
enté, sa mère, qui était sur les remparts, l'encourageait en
Mon fils , pensez au Dieu vivant , et armez votre coû-
te craignez pas une mort qui mène certainement à la vie
s» Élevez votre cœur, mon fils , et considérez Celui qui
ns le ciel. On ne vous dte point aujourd'hui la vie ; mais
tnge en une meilleure. Symphorien, animé par les discours
ère , consomma son sacrifice avec joie , vers l'an de Jésus-
7a.
net. — SAINT HIPPOLYTE, éveque, docteur
ET MABTYB. — 3e siècle.
lustre docteur florissait au commencement du troisième
Mot Jérôme dit qu'il n'avait pu savoir de quelle ville il
176 22 août. — - 8. T1M0THÉE, MARTYR.
était évêque; mais Gélase, dans son livre des Deux natures 4
Jésus-Christ, rappelle métropolitain de l'Arabie. Il fut, au rappel
de Photius, disciple de saint Irénée, ainsi que de saint Qémj
d'Alexandrie, et maître d'Origène. Nous apprenons d'Eusèbei
de saint Jérôme qu'il écrivit des commentaires sur plusieurs pu
ties de 1' Écriture, et que ce fut son exemple qui excita depuis Ori
gène à faire la même chose. On avait un recueil de ses homélie
du temps de Théodoret, qui en cite pkisieurs : on voit aussi un
lettre de lui à l'impératrice Sévéra , femme de Philippe , dans la
quelle il traitait du mystère de l'Incarnation et de la résurrectioi
des morts. Il composa une chronique qui unissait à Tan 222, mai
que Ton n'a pu encore découvrir dans aucun des manuscrits gréa
que Ton connaît. Son Cycle pascal, qui fixe le temps où l'on doi
célébrer la fête de Pâques, pour l'espace de seize ans, en comme»
çant à la première année d'Alexandre Sévère , est le plus anoia
ouvrage que nous ayons en ce genre. On regrette la perte de pi»
sieurs de ses ouvrages, et entre autres de celui où il avait réfu*
tente-deux des hérésies, d'après saint Irénée.
Comme on fouillait en 1551 près de l'église de Saint-Lauréat
hors des murs de Rome, sur le chemin de Tivoli, on trouva dm
les ruines d'une ancienne église de saint Hippolyte (autre que es
lui dont nous écrivons la vie ) une statue de marbre qui reprisai
tait notre saint, assis dans une chaire aux deux côtés de laque!
étaient gravés en caractères grecs deux cycles, chacun de huit ans
On trouva aussi une table des titres des ouvrages qui sont COUS
tamment attribués à saint Hippolyte. Cette statue est préseoteoMfl
dans la bibliothèque du Vatican.
Saint Jérôme , Eusèbc ec d'autres anciens auteurs le qualifiai
d'évêque et de martyr, le faisant fleurir sous le règne d'Alexandfl
Sévère; mais saint Grégoire de Tours dit qu'il reçut la couramM
du martyre durant la persécution de Dèce, en l'an 251.
22 août — SAINT TIMOTHKE, martyb. — 4e siècle.
Timothée, d'Antioche , vint à Rome sous le pontificat de Met
chiade. Après y avoir prêché la foi de Jésus-Christ, pendant un
année , il fut jeté dans les fers par Tarquin, préfet de la ville
Lorsqu'il eut longtemps enduré la peine de la prison, on le con
duisit auprès des idoles pour qu'il leur sacrifiât. Mais ayant mar-
qué avec une liberté héroïque toute son horreur pour cette impiété,
24 OttÛt. — S. PHILIPPE BENlZf. 177
fut accablé des traitements les plus cruels, et on le jeta dans la
iux_ après que son corps eut été déchiré par les bourreaux. Il
iffîrit ces supplices et d'autres encore avec une extrême cons-
ice, et ensuite on te décapita. Son corps fut enseveli sur la voie
Istie, auprès du tombeau du bienheureux apôtre Paul.
13 août. — SAINT PHILIPPE BEN1ZI, confesseur. —
13e siècle.
Philippe, né à Florence, de la famille noble des Benizi, donna
| le berceau une marque de sa future sainteté : car, à peine
ît-il entré dans son cinquième mois, que sa langue se délia mi-
uleusement pour émettre des sons , et qu'il exhorta sa mère
Eure l'aumône aux Servîtes de la Mère de Dieu. Tandis que
■s son adolescence il unissait à Paris l'étude des lettres avec Tar-
ir de la piété, il enflamma beaucoup de ses compagnons du
■r de la patrie céleste. De retour dans sa patrie , il fut appelé
r une vision extraordinaire dont le favorisa la bienheureuse
srge Marie, à entrer dans Tordre de ses serviteurs ou Servîtes,
semment institué. 11 se retira dans une grotte du mont Sénare,
il mena une vie austère par suite de sa continuelle mortifica-
n, mais qu'adoucissait pour lui la méditation des souffrances de
Are-Seigneur Jésus-Christ. Ensuite il alla dans presque toute
jourope, et dans une grande partie de TAsie pour y prêcher TÉ-
ngile. Il y institua de nombreuses confréries des Sept Douleurs
La Mère de Dieu, et propagea son ordre par Texemple admi-
se de ses vertus. Enflammé du désir le plus ardent de répan-
e la charité et la foi catholique, il fut nommé, malgré sa résis-
tée, général de son ordre. Alors il envoya de ses frères en
ythie pour y prêcher l'Évangile, et lui-même en parcourant plu-
urs villes d'Italie, y apaisa les discordes civiles, et ramena beau-
up de populations à Tobéissance au souverain pontife. Ne nc-
geant rien pour le salut d'aulrui, il retira de la fange des vices
hommes les plus dépravés , et les amena à la pénitence et à
mour de Jésus-Christ. Il s'était adonné au plus haut degré à
raison, et fut aperçu souvent ravi en extase. Il conserva telle-
ïïA sa virginité, qu'il la maintint sans tache jusqu'à son dernier
apir, en s'imposant les mortifications les plus rigoureuses. Une
arité extraordinaire envers les pauvres brilla continuellement
t/8 24 août, — S. BARTHELEMY, APOTRI.
en lui, mais surtout lorsque dans un bourg du territoire de Sienne '
il donna à un lépreux qui lui demandait l'aumône le vêtement que S
lui-même portait; et aussitôt que le mendiant s'en fut couvert, I "
fut guéri de la lèpre. Comme le bruit de ce miracle s'était répand? a
do tous côtés, quelques-uns des cardinaux qui s'étaient réunis à ?
Viterbe pour choisir un successeur à Clément IV, qui venait de '
mourir, pensèrent à Philippe, dont ils connaissaient la prudence *
toute céleste. Ce qu'ayant découvert, l'homme de Dieu, pour ne *
point risquer d'être contraint à subir le fardeau du gouvernement *
pastoral, se tint caché sur les montagnes, jusqu'à ce que Gré- .
goire X fût proclamé pape. Ce fut là qu'il obtint par ses priera»
pour les bains qui portent encore aujourd'hui le nom de Saint-
Philippe, la vertu de guérir les maladies. Enfin, en 1286, 9
mourut à Todî de la manière la plus sainte, en embrassant le Cru- t
cifix, qu'il appelaitson livre. Auprès de son tombeau, des aveugle! t
recouvrèrent la vue, des boiteux l'usage des jambes, et même fa ;
morts revinrent à la vie. C'est à cause de ces miracles et de beau*
coup d'autres que le pape Clément X mit Philippe au nombre M ;
saints.
i
24 aoilt. — S. BARTHÉLÉMY, APÔTBE. — 1er siècle.
Barthélémy est un nom patronymique, qui veut dire fUs de.
Tholomée. C'est le nom du saint apôtre que l'ÉgKsc honore en oé
jour. Plusieurs savants, anciens et modernes, pensent qu'il était
le même que Nathanaël, de Cana en Galilée, dont Jésus-Christ
loua l'innocence et la simplicité lorsqu'il fut présenté par saint
Philippe. Il est nommé avec les apôtres qui, avant et après la
résurrection du Sauveur, furent témoins de sa mission sur la
terre et de ses miracles 11 était dans le cénacle lorsque le Saint»
Esprit s'y communiqua avec la plénitude de ses dons, et la tra-
dition, constatée par les auteurs des premiers temps du chrb*
tianisme, apprend qu'il porta l'Évangile dans les contrées le*
plus barbares de l'Orient et jusqu'aux extrémités des Indes.
Saint Pantène, ayant été dans ces contrées au commeneemeot
du troisième siècle, y trouva des traces de la religion chrétienne
et en rapporta une copie de l'Évangile en hébreu selon saint Mal*
thieu, qu'on lui assura avoir été apportée dans ce pays par saint -
Barthélémy, quand il y avait planté la foi. Le saint apôtre-*
17!) 23 août. — S. OUEN, AHCII. DE KOIIEN.
aossi des courses évangéliques au nord-ouest de l'Asie et rencon-
tra saint Philippe Hiéraple, en Phrygie : de là il se rendit dam
ht Lycaonie, où saint Ghrysostome assure qu'il instruisit les peu-
ples de la loi de l'Évangile. On croit que ce fut dans la Grande-
Arménie que saint Barthélémy reçut la couronne du martyre,
ayant été condamné par le gouverneur d'Albanopolis à être écor-
ehé vif et ensuite crucifié. La réunion de ce cruel et double sup-
était en usage ches les Perses et les Arméniens. Ses pré-
reliques sont à Rome depuis 98S.
Uaoût. —SAINT OUEN, àbchevèquk de Rouen. —
7e siècle.
Ouen naquit Tan 609 aux environs de Soissons. Son père se
nommait Authaire, et sa mère Aigre, tous deux illustres par leur
nimuM , mais plus estimables encore par leur piété. Authaire
pbça de bonne heure son fils à la cour du roi Clotaire, où il se
ft beaucoup aimer du prince et même des courtisans.
Dagobert 1er, étant monté sur le trône , ne voulut point laisser
sortir de sa cour un homme qui pouvait lui être si utile , et il le
fit chancelier et lui confia ainsi les affaires les plus importan-
tes du royaume. 11 reste encore des actes originaux souscrits
de saint Ouen en cette qualité. Il fut un ministre aussi vertueux
qu'éclairé, et Tordre, qu'il tâchait de conserver et d'affermir dans
le royaume, régnait aussi dans sa conduite particulière.
Un royaume gouverné si sagement attira plusieurs grands hom-
mes à la cour de Dagobert , et saint Ouen lit amitié avec eux ,
afin d'étudier leurs bonnes qualités et de les imiter. Celui avec qui
Ose lia plus étroitement fut Kloi, dont il connaissait particulière-
ment le zèle et la vertu. Sous un habit séculier et au milieu de
la cour, ils vivaient tous deux comme de véritables moines. Ils
t'animaient mutuellement à mener une vie pénitente , à mépriser
le siècle présent et à ne tendre qu'à l'éternité.
Un hérétique chassé des pays étrangers vint dans les Gaules ; et
tétant arrêté à Autun, y débita ses erreurs. Saint Ouen, toujours
vigilant pour la foi, concerta avec saint Kloi et plusieurs autres
la moyens d'empêcher cette hérésie naissante. C'est à leurs soins
ffon doit le sixième concile d'Orléans , où l'hérétique fut con-
fanoé.
Après la mort de saint Romain, archevêque de Rouen, le roi,
180 25 août. — S. LOUIS, BOI 1>K PBANCE.
les grands et tout le peuple jetèrent les yeux sur saint Ouen, |
remplir le siège ; il fut élu d'une commune voix. Il eut beaux
de peine à s'y soumettre : se voyant forcé d'obéir, il ne pi
déterminer à se faire ordonner tout de suite ; il prit du te
pour s'y préparer. Il dit qu'il était juste qu'il menât la vie d
cale avant d'être élevé plus haut, et passa tout cet intervj
jusqu'à sa consécration, à prier, à jeûner et à demander à I
l'esprit de sagesse qui est si nécessaire pour bien conduire iesaul
et l'esprit de piété, si important pour ne point se perdre
même en les sauvant. Saint Éloi, son ami, ayant été élu en m
temps évéque de Noyon, imita sa sage conduite. Ils furent ord
nés tous deux à Reims le dimanche avant les Rogations l'an <
Cette dignité qui élève les autres, dit l'auteur de la Vie de s
Ouen, rendit au contraire le saint évéque de Rouen plus pu
et plus humble qu'il n'avait été avant son ordination. 11 red
bla ses austérités et ses mortifications. Affable envers ton
monde, il se plaisait pourtant davantage avec les pauvres, i
tâchait de leur apprendre à profiter de leur état en le souffi
avec patience. Il avait un grand zèle pour la conversion des
cheurs, et, afin d'y travailler plus efficacement, il forma de je*
ecclésiastiques à l'esprit de leur état, pour les associera ses
vaux. Dieu autorisa souvent son zèle par des miracles éclata
Il assista au troisième concile de Châlons, tenu par ordre de (
vjs 11 Tan 644, et il fut écouté avec le respect qui était dû ;
sainteté et à sa science. 11 vit avec joie approcher le mon
qu'il avait tant désiré, et il finit sa vie dans la prière, âgé d
viron soixante-quatorze ans, la quarante-troisième année de
épiscopat, le 24 août de l'an 683.
25 août. — S LOUIS, roi de France, confesseub.
13e siècle.
Louis, neuvième du nom , et le quarante-troisième roi
France , vint au monde le 15 avril 1215. Il fut baptisé à Poi
tous les historiens en conviennent ; mais il y a lieu de croire i
naquit à Neuville-en-Hez, village de Beauvoisis, dans un vi
château qui ne subsiste plus. 11 était fils de Louis VUI et
Blanche de Castille, princesse d'un grand courage, d'un gi
Sa août. — S. LOUIS, BOl DE FRANCE. 181
■it, digne de régner et capable de bien conduire un État. Dès
elle lui avait inspiré le goût de la piété et l'amour de la
u Plusieurs fois elle lui avait répété ces belles paroles dignes
d'une mère chrétienne : l'aimerais mieux, mon fils, vous voir
du trône et de la vie, que souillé d'aucun péché mortel!
Louis, formé par des mains que la sagesse conduisait, apprit de
heure que tout est grand dans le christianisme, et infi-
niment au-dessus de ce que le monde appelle grand. Réduisant
science divine en pratique, on le vit , à l'âge de vingt ans ,
sérieux et aussi appliqué à ses devoirs que s'il n'eût point
cd de passion; aussi pieux et aussi vertueux, que si la piété et la
vertu fassent nées avec lui. Simple dans ses habits, il ne cher-
cha pas à éblouir son peuple par des dehors fastueux, mais à
s'en faire aimer. Ami de la vérité, il ne connaissait point ces ru-
ses et ces déguisements que le monde appelle prudence et qu'à
la cour on appelle politique : il aimait mieux perdre quelque chose,
pour ne point blesser la vérité, que de gagner beaucoup par le
moindre mensonge. C'est ainsi qu'on forma le cœur de ce jeune
prince. A l'égard de son esprit, on le cultiva autant que Ton put
dans un siècle qui n'était pas celui des sciences. On lui apprit
néanmoins la langue latine, et il la possédait assez pour entendre
rEcriture et les écrits des Pères de l'Église, qu'il lisait avec goût,
et qu'il aimait à faire lire à ceux qui l'approchaient.
Quand Louis eut vingt et un ans accomplis, il fut déclaré ma-
jeur, selon la coutume du temps qui fixait la majorité à cet dge.
Ceux qui ne savaient pas combien on goûte de plaisir à vivre chré-
tiennement s'imaginaient que le roi, n'étant plus sous le joug de
la reine Blanche, sa mère, s'abandonnerait plus volontiers aux
plaisirs et au luxe; mais le saint roi trompa leur attente. Comme
il n'avait pas été pieux par contrainte, il continua de l'être quand
il eut toute sa liberté. Il regarda toujours sa mère avec le même
respect ; il l'écouta avec la même attention, et suivit ses conseils
avec la même docilité -, et, quoiqu'elle usât quelquefois dure-
ment de l'autorité qu'il lui laissait sur son esprit, il lui fut sou- .
mis dans tout ce qui ne pouvait nuire au bien de son État.
La reine flt épouser à son fils Marguerite, fille du comte de
Provence, dont la beauté, l'esprit et la piété étaient dignes d'un
tel époux. Louis alla la recevoir à Sens, où son mariage fut célé-
bré le 27 mai 1234. Dieu bénit cette union par une tendresse ré-
ciproque et constante, dont une nombreuse famille fut le gage*
\lfS DES SAINTS. — T. II. 1G
182 23 (lOÙt. — S. LOUIS, ItOl 1>K FHÂNCE.
I /observation des lois de Dieu et de son Église, la pratique
des conseils de perfection évangélique, furent toujours les exe
que les deux époux donnèrent dans toutes les circonstam
leur vie. \# saint roi, outre les aumônes immenses quï
tribuaît de tous côtés, nourrissait chaque jour une vingtai
pauvres, qu'il servait souvent lui-même. 11 fonda plusieui
pitaux, des monastères, des églises cathédrales et d'autre
blissements pieux.
Baudoin H , qui fut empereur de Constantinople, étant
en France implorer le secours des Latins contre les Grecs, <
manda au roi, et lui offrit la sainte Couronne d'épines qu
engagée aux Vénitiens, Louis charmé de posséder ce tré
rie trouver une occasion de faire plaisir à Baudoin, assû
prince de troupes et d'argent, retira la sainte Couronne d'<
des Vénitiens, et alla la recevoir à Sens, suivi de toute la
et du clergé. Ayant reçu encore depuis un morceau de U
croix et quelques autres reliques, il fit bâtir à Paris l'égli»
nue sous le nom delà Sainte- Chapelle, pour les y déposer.
la réception de ces reliques, ce prince montra une piété <
plaire, et tout son peuple bénit Dieu de lui avoir donné un
religieux, et que chacun pouvait se proposer pour modèle.
En 1244 le roi fut attaqué d'une grave maladie, et il en
Dieu lui avait inspiré de prendre la croix et de passer d
terre sainte pour y secourir les chrétiens. Sa santé rétab
s'occupa des préparatifs de cette guerre et de régler lesaffaii
son royaume, dont il laissa le gouvernement à la reine, sa i
Le 13 mai l 249, il s'embarqua à Aiguës-Mortes. Étant ami
vant Damiette, en Kgypte, et ayant vu tous les seigneurs
suivaient rassemblés autour de lui, il leur dit : Mes amis,
serons invincibles, si la charité nous rend inséparables. Abo:
hardiment, quelque grande que soit la résistance des ennem
considérez point ici ma personne : je ne suis qu'un seul hoi
dont Dieu, quand il lui plaira, emportera la vie d'un so
comme celle d'un autre. Tout événement nous est favorab
nous sommes vainqueurs, Dieu en sera gloriûé. Combattons
lui, et il triomphera pour nous, non pour notre gloire, mais
la sienne. La descente fut résolue ; mais comme on ne trom
assez d'eau pour aborder avec des bâtiments plats, le roi, su
son armée, sauta le premier dans la mer, tout armé. Les enn
surpris d'un tel courage, ne tinrent pas longtemps contre 1
25 août. — S. LOUIS, BOI DE FRANCE. 183
r de ceux qui les attaquaient. Damiette fut prise le 6 juin, et
roi y passa Tété, pendant lequel il fit venir de grands biens à
te ville et l'édifia beaucoup par sa piété.
Quelques mois après la prise de Damiette, Alphonse, comte do
tien, frère du roi, étant arrivé avec l'arrière-ban de France, il
résolu d'assiéger le Grand-Caire, capitale d'Egypte. Dans leur
rche, qui fut longue, ils furent souvent attaqués par les Sarra-
s ; mais la victoire demeura toujours aux Français. Le plus grand
nbat fut celui qui se donna auprès de la Massoure, ville d'É-
>te. Le roi y montra beaucoup de valeur. Mais une maladie
itagieuse semblable à la peste, causée par l'infection du grand
mbre des corps de ceux qui avaient été tués, ravagea l 'armée,
emporta une grande quantité des troupes qui la composaient.
Louis ne se laissa point abattre par cette disgrâce ; il adora
main de Dieu, qui le frappait* avec la même tranquillité qu'il
vait béni lorsqu'il l'avait comblé de biens. Il se montra en cette
casum le père de ses soldats par sa charité, comme il se mou-
lit dans l'action leur capitaine par sa valeur : il courait de
Dgen rang, soulageant, autant qu'il était en lui, ceux <jui souf-
dent, et les consolant de leur disgrâce par la vue des recoin-
oses éternelles que Dieu promet à ceux qui souffrent avec patience
arec soumission à sa volonté. Enfin le Seigneur mit le saint
i lui-même dans l'occasion de pratiquer la patience à laquelle il
bortait les autres : la maladie l'attaqua avec violence ; il fut ré-
la que l'armée retournerait à Damiette : on se mit en chemin;
ais les Sarrasins les surprirent et les désarmèrent. Le roi fut fait
isonnier avec les princes ses frères et toute la noblesse qui l'avait
ni. Le Soudan le traita avec tout l'honneur qui était dû à son
ng, et le mit entre les mains des médecins, qui, connaissant
teux sa maladie que les Français, la guérirent en peu de temps.
Louis parut tel dans la prison qu'il avait paru en toute autre
«anon. Privé de sa liberté, il se montra toujours roi chrétien,
i prison ne changea rien à sa manière de vivre dans tout ce qui
pendait de lui. Il n'interrompit ni ses jeûnes, ni ses austérités,
s gardes admiraient sa patience à souffrir les incommodités de
prison et leurs insultes, son égalité d'âme et sa fermeté à refu-
r tout ce qu'on lui proposa pour sa délivrance, et qu'il crut
raisonnable. ï^es Sarrasins lui dirent un jour : Tues notre pri-
nnîer et notre esclave, et tu nous traites comme si nous étions
ms-mémes tes prisonniers. Quand on lui eut demandé pour sa
""%..
'V!,
184 26 août. — $. LOUIS, MOI DB •] KGBL
rançon dix millions d'argent et la ville de ! .. . ,. . , _v 9
aux envoyés du Soudan : Allés dire à votre maÈt&HgÈto&pâ?
France ne se rachète point pour de l*argent. Je ' ' "
millions pour mes gens, et la ville de Damiettepour ma pêrionfiT1
Les Sarrasins lui ayant proposé, pour assurer le traité, une for-
mule de serment qui lui parut contraire au respect dû à Dm,
il refusa de le faire ; et comme ses parents et ses amis le presi
d'y acquiescer, il leur dit : Dieu m'est témoin que ]e vous
comme je le dois, et que je ne hais point ma vie; mais j'aime eneott
mieux Jésus-Christ et sa croix, et j'offenserais mon Dieu ù je
faisais ce qu'on me propose. Les Sarrasins, furieux de son isflhi,
lui portèrent le sabre à la gorge, et le menacèrent de le mettre es
croix ainsi que tous les autres Français. Vous le pouvez, leurdfc»
il, Dieu vous a rendus maîtres de mon corps ; mais mon âme etf
entre ses mains, vous ne pourrez rien sur elle. Enfin, on U
rendit la liberté, et il revint en France.
Quoique temps après son retour, le saint roi entreprit de fnto
ses États, et partout il laissa des marques de sa piété, de sa bonté,
de sa générosité. Il veillait avec soin pour faire rendre la jwtiee
a tous ses sujets ; et quand il était lui-même en cause, il se dépouil-
lait de tout intérêt propre, et voulait qu'on le jugeât n In ripnnr.
plutôt que de faire perdre la moindre chose à celui qui avait droit. .
Il donna des édits sévères contre les blasphémateurs, les
nant à avoir la langue percée d'un fer chaud, et il disait à.eette
occasion : Je souffrirais moi-même ce supplice avec plaisir, «je
pouvais parce moyen bannir les jurements et les blasphèmes de
mon royaume. Quelqu'un disait un jour à ce saint roi qu'il donnait
trop de temps à ses exercices de piété, il répondit : Si j'en em-
ployais encore plus à tous les divertissements que se permettes!
les personnes de mon rang, qui que c<e soit n'y trouverait à radis.
Le mauvais succès de son premier voyage en terra saints ne
lui ôta pas le désir d'y retourner. L'on jugea à propos d'aller es
Afrique et d'attaquer Tunis ; mais, avant que le siège. de cette
ville fût formé, les maladies se mirent dans le camp, et le ma»
gèrent plus que n'eût fait l'épée d'un ennemi victorieux. Jean,
comte de Nevers, surnommé Tristan, Gis atnédu roi, en mourut : le
joi en fut lui-même atteint : et comme le mal était contagieux,
il jugea bien qu'il n'en guérirait point. U employa ses dénierai
heures à dresser, en forme de testament, une longue instruction
pour son fils Philippe qui devait lui succéder. Voici entre autre!
26 août. — s. zéphyrin, Pape et martyr. 185
conseils les avis qu'il lui donne : Mon fils, la première chose que
je tous recommande, c'est d'aimer Dieu de tout votre cœur :
sans cela personne ne sera sauvé. Si Dieu vous envoie quelque
adversité, souffrez-la avec patience et actions de grâce : pensez
que vous l'avez toujours méritée, et qu'elle tournera à votre avan-
tage. S'il vous envoie de la prospérité, remerciez-le, ne vous en
attribuez rien, et n'en devenez point orgueilleux, car on ne doit
pas tourner les dons de Dieu contre lui. Chosissez des confesseurs
vertueux et savants, donnez-leur la liberté de vous avertir et de
vous reprendre. Entendez avec piété le service de l'Église, sans y
parler, ni regarder çà et là ; mais priez Dieu de bouche et de
cœur. Soyez plein de charité envers les pauvres , et consolez-les
selon votre pouvoir. Ne vous liez qu'avec des gens de bien. Que
personne ne soit assez hardi pour rien dire devant vous qui excite
au péché, ou pour médire d'autrui. Aimez tout ce qui est bien, et
haïssez tout mal. Punissez les blasphémateurs, rendez souvent
grâces à Dieu des biens que vous en avez reçus, et méritez par là
d'en recevoir davantage. Soyez équitable en tout, même contre
vous. Mettez votre application à faire régner la paix et la justice
parmi vos sujets.
La maladie continuant d'augmenter, le saint roi reçut les sa-
crements avec beaucoup de piété; et quand il se sentit près de sa
fin, H se fit mettre sur un lit couvert de cendres, où, les bras croi-
ses sur la poitrine et les yeux levés au ciel, il rendit l'esprit sur
les trois heures après midi, le 25 août 1270, ayant vécu cin-
quante-cinq ans, et en ayant régné près de quarante-quatre. Il
avait fondé beaucoup d'églises et de monastères, entre autres l'ab-
baye de Royaumont, où il se retirait souvent pour prier avec plus de
recueillement, et l'hôpital des Quinze-Vingts, pour y loger des
aveugles, au nombre de trois cents. Ce prince si religieux faisait
tant de cas de la qualité de chrétien, qu'il avait coutume de dire
que le lieu où il avait reçu le plus grand honneur n'était pas
Reims, où il avait été couronné, mais Poissy, où il avait été
baptisé. C'était pour cette raison que quelquefois il signait Louis
de Poissy.
26 août. — S. ZÉPHYRIN, pape et martyr. — 3e siècle.
Zéphyrin, né à Rome, fut élevé au gouvernement de l'Eglise
au temps de l'empereur Sévère. Il décréta que ceux qui de-
16.
186 26 août. -~ S. GENES LE COKBD1B9, lABTYft.
vaient être élevés aux saints ordres, lesrecevn.™, -efw.ftttti$i
en temps opportun, et en présence d'un grand nottâM 49.déwÉ
de laïques II recommanda aussi de ne ehofsfr ipoe* ftThdÉP
tère ecclésiastique que des hommes savants et d'une vie éprouvée.
Il ordonna en outre que tous les prêtres assisteraient Févéque
dans la célébration de l'Office divin. Il statua aussi qu'un patriarche,
un primat, un métropolitainne porteraientpointde sentence contre
un évéque, qu'en s'appuyant de l'autorité apostolique. Après
avoir occupé la chaire pontificale pendant dix-huit ans, il reçut la
couronne du martyre sous le règne d'Antonin Héliogabale, et 1a
sépulture sur la voie Appienne, près du cimetière de Calixte, en
Tan 219.
26 août. — SAINT GENES LE COMÉDIEN, mabtyb. —
3e siècle.
Genès était le chef d'une troupe de comédiens dans Rome,
lorsque l'empereur Dioctétien parvint à l'empire : fl avait eooçn
contre les chrétiens une aversion si étrange , qu'il ne pouvait pat
même en entendre prononcer le nom sans une espèce (Thoneur.
Il n'aimait à les voir que dans les supplices, afin d'avoir le pbWr
de leur insulter. Il entreprit un jour de jouer en plein théâtre
les mystères du christianisme pour divertir l'empereur et la ville.
11 tâcha , pour ce sujet, de s'instruire de ce qui s'y pratiquait ; et
il ne lui fut pas difficile de l'apprendre de quelque apostat, <m
do ses parents mêmes qui étalent chrétiens. Lorsqu'il eut dressé
tous les acteurs , et qu'il les vit prêts à bien remplir leurs rôles i
il parut sur le théâtre devant Dioctétien et le peuple romain. Il
contrefit le malade couché sur un lit, et demanda le baptême :
Mes amis , disait-il , je me sens bien pesant ; je voudrais être sou-
lagé. — Quel remède pourrions-nous apporter à votre mal?<B-
rent les autres; sommes-nous des menuisiers et gens à rabots?
Nous ne voyons pourtant que cet outil qui puisse vous rendra.
plus léger. Cette mauvaise plaisanterie ayant fait rire les
teurs, le malade bouffon s'écria : Lourdauds que vous êtes,
comprenez-vous pas que je veux mourir chrétien , et que par là
je serai bientôt déchargé du fardeau de cette vie? — Et pourquoi
vouloir être déchargé du fardeau de cette vie? dirent ses compa-
gnons. — Afin, ajouta Genès, que, paraissant devant Dieu
26 août. — S. GENES LE COMÉDIEN, MARTYR 18?
une fugitif, il me reçoive en ce jour terrible. Aussitôt ou en-
a chercher un prêtre et un exorciste. Il vint deux nouveaux
Bon pour jouer cette nouvelle scène. Ceux-ci, s'approchant du
lade , lui dirent : Que voulez-vous , mon fils , et pourquoi nous
trfuas fait venir? Genès, alors changé tout à coup par un
t miraculeux de la grâce , répondit très-sérieusement et de
t son cœur : Je veux recevoir la grâce de Jésus-Christ , afin
v renaissant en lui , je sois délivré du poids de mes péchés.
mue les autres croyaient que le prétendu malade continuait
jeu, on accomplit sur lui les cérémonies du baptême. Après
sn l'eut revêtu d'habits blancs, des comédiens habillés en
fcats se saisirent de lui comme chrétien, et le conduisirent
art l'empereur pour être interrogé sur la religion.
/empereur était charmé de voir représenter si naïvement ce
se passait à l'enlèvement des chrétiens ; mais sa joie ne fut
de longue durée. Genès lui fit bientôt connaître qu'il était en
g un de ceux qu'il avait dessein déjouer sur le théâtre. Jus-
iri, dit-il à l'empereur, je n'avais pu entendre nommer un
sans frémir d'horreur, et je n'ai jamais assisté à leurs
que pour les insulter. Cette aversion allait si loin, que
i avais pour ceux qui m'ont donné la naissance , parce qu'ils
it profession du christianisme ; je ne m'étais instruit des mys-
es des chrétiens que pour les tourner en ridicule. Mais dès le
ment que l'eau dans laquelle j'ai été baptisé a touché mon
ps , et que sur la demande qui m'a été faite , si je croyais , j'ai
tondu : Je crois, je me suis senti tout à coup un autre homme,
i vu une troupe d'anges tout éclatants de lumière , qui lisaient
b un livre tous les péchés que j'ai commis depuis l'enfance ;
après l'avoir plongé dans l'eau où j'étais encore, ils l'ont re-
\ aussi blanc que la neige , sans qu'il parût qu'il y eût eu ja-
is rien d'écrit. Vous donc , grand prince, et vous , peuple, qui
ex voulu vous faire un divertissement des mystères des chré-
ns , croyez maintenant avec moi que Jésus-Christ est le. vrai
igneur, qu'il est la lumière et la vérité , et que c'est par lui que
us pouvons obtenir la rémission de nos péchés.
Dioctétien v également surpris et indigné d'un tel discours, lui
donner des coups de bâton, et le mit entre les mains de Plau-
a, préfet du prétoire, pour l'obliger à sacrifier. Plautien lui fit
(tiquer les ongles de fer et les torches ardentes ; mais Genès
rsista dans la confession du nom de Jésus-Christ , en disant :
188 27 aoât. — S. CKSAlfiEï Év. d'arles.
Il n'y a pas d'autre roi que celui que j'ai vu : c'est lui que j'ai
adoré ; et , quand il faudrait endurer mille morts , jamais je oc
cesserai d'être à lui; jamais les tourments ne nïôteront Jésus de
la bouche, jamais ils ne l'arracheront de mon cœur. Je n'ai
d'autre regret que d'avoir commencé si tard à le connaître et à
l'adorer. Enfin , Plautien lui fit couper la tête le 26 août de l'i
de Jésus-Christ 303.
27 août. — SAINT CÉSAIRE, Évêque b' Arles,
docteur. — 6e siècle.
Césaire naquit l'an 470, au territoire de Châlons-sur-Saône,
d'une famille distinguée par sa piété. Il en reçut une éducation
chrétienne dont il profita si bien, que dès l'âge de sept ans 1
donnait aux pauvres tout ce dont il pouvait disposer, quelquefois
jusqu'à ses habits. L'aumône faite par un principe d'amour <k
Dieu attire de grandes grâces sur celui qui la fait : aussi le Sei-
gneur en versa -t-il d'abondantes sur Césaire. A dix-huit ans.
renonçant à toutes les espérances du siècle , il pria saint Sylvestre.
évêque de Châlons , de lui couper les cheveux , et de l'admett»
dans son clergé pour l'engager au service de Dieu. Mais dew
ans après le désir d'iuie grande perfection le porta à quitter a
famille et son pays, pour se retirer au monastère de Lérins
sous la conduite de l'abbé Porcaire. Césaire y devint un modëh
de régularité , d'obéissance , d'humilité et de douceur.
£one , évêque d'Arles , étaut prêt de mourir, déclara à
clergé et à son peuple qu'il désirait avoir Césaire pour
parce qu'il le connaissait pour un homme sage, zélé , instruite
ses devoirs , et propre à rétablir la discipline ecclésiastique dan
son diocèse. Césaire , ayant su qu'on voulait le faire évêque, a
cacha entre les tombeaux ; Dieu permit qu'il fût découvert : «
l'emmena à Arles , et il fut ordonné évêque l'an 603 , n'étml
âgé que de trente ans.
Forcé de se charger du pesant fardeau de l'épiscopat, il fis
clans une sollicitude continuelle de son troupeau. Il se décbargai
sur les diacres du soin des choses temporelles , afin de n'afW
(lue celui des Ames; et , à l'imitation des Apôtres, il ne s'occapi
plus que de la prédication. 11 faisait réciter publiquement tMÉ
les jours l'office de Tierce , de Sexte et de None, afin que lesf*
nitents et les autres séculiers pussent y assister Pour l'office <K
*7 août, — S. CÉSAIRE, BV. D' ARLES. 189
, on ne le disait en public que le dimanche , le samedi et
s solennelles. Pendant qu'on s'assemblait dans l'église, il
chanter des cantiques en langue vulgaire , afin que per-
n'edt occasion de se distraire dans un lieu où Ton ne doit
la bouche que pour les louanges de Dieu ; il avait grand
instruire son peuple de ce que le Seigneur demande de nous
t prière , et combien c'est une illusion grossière de croire
r Dieu par quelques prières vocales, auxquelles le cœur
at de part. On adore , dit-il dans un sermon que Ton a de
bjet auquel on pense pendant la prière; celui qui pense à
5 publique, à son commerce , ou à la maison qu'il bâtit,
îes objets et déplaît à Dieu. 11 avait aussi grand soin de
nander à son peuple la lecture de l'Écriture sainte, et il
Ne vous contentez pas de l'entendre lire à l'église : lisez-la
dans vos maisons. Il prêchait tous les dimanches et toutes
s. Quand il ne pouvait s'acquitter lui-même de ce devoir,
it lire par des prêtres ou par des diacres ses discours ou
b saint Ambroise et de saint Augustin.
permit que ce saint évêque fût éprouvé par la calomnie.
ses secrétaires l'accusa auprès d'Alaric , roi des Visigoths
agne, à qui la Provence était soumise, d'avoir voulu livrer
urguignons la ville et le territoire d'Arles. Sur cette accu-
Césaire fut exilé à Bordeaux. Il souffrit cette persécution
urniurer. Parfaitement soumis à son prince , quoiqu'il fût
il en prit occasion de recommander, comme il l'avait tou-
ait , l'obéissance qui lui était due dans tout ce qui n'était
îtraire à la loi de Dieu. Alaric , ayant reconnu son inno-
ordonna qu'il retournât à son église , et que son accusa-
it lapidé. Le peuple accourait déjà avec des pierres ; mais
ésaire obtint la grâce du coupable pour lui laisser le temps
s pénitence.
s quarante ans d'épiscopat , pendant lesquels il s'était rendu
èle d'un parfait évêque et d'un saint religieux , Dieu l'ap-
ui pour le faire jouir de la récompense qu'il prépare à ses
n jour qu'il sentait des douleurs très-aiguës * U dit qu'ayant
s eu une vénération particulière pour saint Augustin , il
t mourir vers sa fête. En effet, la veille de la fête de ce
aint , il rendit le dernier soupir entre les bras des évéques,
ftres et des diacres , âgé de soixante-treize ans , Tau de
:hrist 542.
190 27 août. — S. JOSEPH Calasanz.
27 août. — SAINT JOSEPH CALASANZ, fondateur i
Congrégation des Clercs réguliers des écoles
— 17e siècle.
Joseph Calasanz de la Mère de Dieu naquit à Pétraltc
Aragon, d'une famille noble. Dès ses plus tendres anné
donna des signes de sa future charité envers les enfants <
dévouement qu'il montrerait dans leur éducation. Car e
tout petit il instruisait déjà des mystères de la foi et des pi
chrétiennes ses jeunes compagnons, qu'il rassemblait auto
lui. Possédant un savoir remarquable dans les lettres hum
et divines , tandis qu'il s'appliquait à Valence aux études tb
giques , il triompha courageusement des séductions dont us
près de lui une femme noble et puissante , et par une insigne
toire il conserva sans atteinte sa virginité qu'il avait vouée à \
Devenu prêtre en exécution d'un vœu , il fut employé co
eoopérateur par plusieurs évéques, dans les royaumes de la
velle-Castille , de l' Aragon et de la Catalogne. Il surpassa
tente générale , corrigeant partout les mauvaises mœurs , rét
sant la discipline ecclésiastique , enfin mettant une merveil
habileté à étouffer les inimitiés et désarmer les factions qi
sanglantaient les villes. Mais, averti par une vision cèles
par la voix de Dieu, qui l'appelait fréquemment , il partit
Rome.
Dans cette ville il redoubla ses austérités , et se livra plu
jamais à la prière et à la contemplation des choses célestes. Il
serva même pendant plusieurs années l'habitude de visiter pn
toutes les nuits les sept basiliques de Rome. Enfin, il s'a<j
tellement à la pratique de la charité envers les pauvres, et
culièrement à l'égard de ceux qui étaient malades ou prisom
que pendant une peste qui dépeupla la ville de Rome , de
cert avec saint Camille de Lillis, il alla, en outre des secour
tribués généreusement aux pauvres atteints de la maladie, ju
transporter sur ses épaules les cadavres de ceux qui avaient
combé et à leur donner la sépulture. Toutefois, lorsqu'il eu
pris par révélation divine qu'il était destiné à former les eoi
principalement ceux dans la pauvreté, par l'esprit de piété
science, il fonda l'ordre des Pauvres Clercs réguliers de la
28 août. — S. AUGUSTIN, DOCTEUR. 191
lieu pour les écoles pies. Les religieux s'engageaient, d'après
régie , à s'appliquer avec un soin tout spécial à l'instruction
infants. Cette association fut hautement approuvée par Clé-
t VIII , Paul Y , et plusieurs autres souverains pontifes, et
ï6t son fondateur la propagea d'une manière surprenante
beaucoup de provinces et de royaumes de l'Europe. Dans
entreprise il eut à endurer tant de fatigues , et supporta avec
[Mirage invincible tant de tribulations, qu'il fut d'une voix
hne appelé un prodige de force d'âme et une copie du saint
me Job. Enfin , tout chargé qu'il était du gouvernement de
xdre, après avoir persévéré cinquante-deux ans dans cette
» de patience et d'humilité , où Dieu le glorifia par de nom-
k miracles, et où il fut souvent favorisé de l'apparition des
ants du ciel , et notamment de la sainte Vierge, Mère de
, arrivé à sa quatre-vingt-douzième année , il s'endormit
le Seigneur, à Rome, le 25 août de l'an 1648. D'abord ho-
par Benoit XIV du culte des bienheureux, Clément Xlll le
LaolenneUement au nombre des saints.
S août. —SAINT HERMÈS, mahtyB. — 2e siècle.
nnès reçut à Rome la couronne du martyre, vers l'an 132 ,
it la persécution de l'empereur Adrien. Son tombeau, qui
sur la voix Salaria , fut orné avec une grande magnificence
îpape Pelage II. Son nom est fort célèbre dans les anciens
vrologes de l'Occident,
tfl. — SAINT AUGUSTIN, évêque d'Hippone, confes-
seur ET DOCTEUR DE. L'ÉGLISE. — 4e siècle.
gustin naquit à Tagaste, ville de Numidie, en Afrique, le
tvembre de l'an 354. Ses parents étaient d'une condition non-
Son père se nommait Patrice , et sa mère Monique. Ils eu-
grand soin de le faire instruire des lettres humaines ; tout
ode remarquait en lui un esprit supérieur et des dispositions
lentes pour les sciences. Il y fit de grands progrès; mais,
ae ses études n'avaient d'autre but que sa propre satisfaction
nour de la gloire, il marcha dans la voie de l'erreur : il se
excès de la table et à l'amour des créatures , jusqu'à ce
193 28 août, — t. AUUUSTUf, MCttinL
qu'enfin Dieu, touché i e Monique sa
ranracba au monde p> le ire livre an vrai dbripk de
Cirât
Après avoir enseigné avec un grand succès la rbtorlqu
sa ville natale , à Carthage et même à Rome, Augustin fut <
à Milan par Symmaque , préteur de Rome, à qui Ton arc
demander, par une députation , un habile professeur. Il 1
cette dernière ville, lorsque le Tout-Puissant résolut de Tai
lui. Un jour qu'il était seul avec son ami Alype, un Africains
Pontitien , qui avait une charge considérable à la cour, '
trouver. Quand ils se furent assis pour s'entretenir, Po
aperçut un livre sur la table qui était devant eux ; Q Toun
trouva que c'étaient les Épitres de saint Paul , dans Kesqudl
gustin se plaisait à lire depuis quelque temps. Il en lut si
parce qu'il croyait rencontrer quelque ouvrage de belles-letj
regarda saint Augustin avec un sourire mêlé d'admiratiof
joie; car Pontitien était un chrétien Gdèle à sa religion. Au
lui dit qu'il s'appliquait beaucoup à ces sortes de lectures. 1
Pontitien leur raconta la vie de saint Antoine , comme très-*
des fidèles. Augustin et Alype n'en avaient jamais entendu p
ils étaient surpris d'apprendre des nouvelles aussi grandes e
récentes , et Pontitien n'était pas moins étonné qu'ils les e
ignorées jusqu'alors. Il leur parla ensuite de la multitude dt
nastères qui remplissaient les déserts, et enfin de la cour
de deux officiers de l'empereur, qui, se promenant arec
Trêves , et avant trouvé chez les solitaires la vie dont 0
de leur parler, en furent tellement touchés , qu'ils emfam
aussitôt la vie monastique.
Cet entretien de Pontitien fit sur le cœur d'Augustin un
impression ; et, quand cet officier se fut retiré, il se leva, i
dressant à son ami Alype, il dit avec émotion, le vîsagi
changé et d'un ton de voix extraordinaire : Qu'est-ce que
que faisons-nous? Des ignorants viennent ravir le ciel : et
avec nos sciences, nous voilà plongés dans la chair et le sauf
rions-nous honte de les suivre ? Alype, étonné de ce change
le regarda sans rien dire , et le suivit dans un jardin où Ta
tait le mouvement qui l'agitait. Ils s'y assirent ensemble à T
A près qu'une profonde méditation , dit lui-même saint Aug
eut exposé à la vue de mon esprit toutes mes misères et ton
égarements , je sentis s'élever dans mon cœur une grande
28 août. — S. AUGUSTIN, DOCTEUR. 193
péte, qui fut suivie d'un déluge de larmes. Je me levai pour pleurer
avec plus de liberté , et me retirai dans un lieu écarté ; je me
couchai par terre sous un figuier, et, ne pouvant retenir mes lar-
mes , j'en répandis un torrent , que vous reçûtes, Seigneur, comme
un sacrifice adorable. Je vous disais f Mon Dieu, jusques à quand
serez-vous en colère contre moi ? jusques à quand remettrai-je
toujours au lendemain? pourquoi ne sera-ce pas à cette heure?
J'entendis alors une voix comme celle d'un enfant, que je crus
sortir d'une maison voisine , qui répétait souvent ces deux mots :
Toile, lege , c'est-à-dire : Prends et lis. Je cherchai si les enfants
avaient coutume dans quelqu'un de leurs jeux de se servir de ces
paroles , et je ne me souviens point d'avoir entendu jamais rien de
semblable. Alors je cessai de pleurer; et pensant que Dieu me
commandait d'ouvrir les Épîtres de saint Paul que j'avais laissées
auprès démon ami Alype, et d'y lire le premier endroit que j'ou-
vrirais, je retournai vers Alype; j'ouvris le livre, et je tombai
sur ces paroles que je lus tout bas : J\e vivez pas dans les festins
et dans l 'ivrognerie , ni dans les impudicités et les débauches ,
ni dans les contestations et les envies , mais revêtez-vous de
Notre- Seigneur Jésus-Christ , et ne cherchez pas à contenter
votre chair en ses désirs. Augustin n'en lut pas davantage ; aus-
sitôt toutes ses incertitudes se dissipèrent. Il ferma le livre , après
avoir marqué l'endroit ; et d'un visage tranquille il dit à Alype ce
qui venait de se passer. Celui-ci voulut lire lui-même les paroles
qui avaient touché son ami, et il lui fit remarquer celles-ci qui
suivaient : Recevez celui qui est faible dans la foi , s'appliquant
à lui-même ces derniers mots. Ils entrèrent et vinrent dire cette
heureuse nouvelle à sa mère , qui en bénit Dieu.
Quelque temps après , Augustin se retira à la campagne avec
sainte Monique, Alype et plusieurs autres amis et parents , et
pendant cette retraite il composa divers ouvrages.
11 se rendit à Milan , au commencement du carême de l'année
187 , pour se faire inscrire parmi ceux qui se préparaient à la
régénération ; il fut baptisé , le 28 avril de la même année , par
saint Ambroise, archevêque de cette ville, dont il avait souvent
entendu les sermons , qui n'avaient pas peu servi à le ramener
de l'erreur.
Ayant résolu de retourner en Afrique pour se consacrer entiè-
rement au service de Dieu dans la solitude , il voulut, avant de
quitter l'Italie, voir de nouveau la ville de Rome : il y passa plu-
17
■9-
194 28 août, — S. AUGUSTIN , DOCÏ
sieurs ohms avec sa mère et tm petit nombre d ■ «tue dm*
pies qui le suivaient. Il perdît sainte Monique a Qatfs, e£ i>s*éi*|
rendu pour s'embarquer. U retourna encore « &°4^1&^*9fe
menca divers ouvrages qu'il acheva dans sa patrie, fl SinrrïW
Carthage que vers la fia de septembre 388. Son séjour dans cette
ville ne fut pas long ; il se retira avec ses amis , qui étaient animai
des mêmes sentiments que lui , dans une maison qu'il possédait à
la campagne. 11 y passa près de trois ans dans le détachement dn
choses de la terre , dans la pratique de l'oraison, du jeûne et dn
autres exercices de piété , méditant jour et nuit la loi du
et instruisant les autres par ses discours et ses ouvrages. H
son patrimoine à l'église de Tagaste , à condition qu'elle fourni-
rait à ses besoins et à ceux de son fils dans l'état qu'il avait em-
brassé. Tout était commun parmi les nouveaux religieui. "As-
gustin avait aliéné jusqu'à la maison dans laquelle il demeurait
Il fut ordonné prêtre comme malgré lui ; Une put se d'>ptrtr
de céder aux vives instances des habitants d'Hippoue. Admis aux
fonctions du sacerdoce , il vint habiter cette ville avec plufleun
religieux. U y fonda , avec le secours de l'évéque Valère , une nou-
velle communauté ; plus tard il y fonda aussi un monastère de
religieuses, dont il confia le gouvernement à sa sœur, devenue
veuve.
Augustin avait quarante-deux ans , et il y avait près de trois
ans qu'il vivait retiré dans les environs de Tagaste , lorsqu'à 396
Valère le demanda pour son coadjuteur, et l'obtint. Augustin
sentit toute sa vie le poids de la charge épiscopale. En même
temps, disait* il à son peuple, que nous vous parlons d'un lieu
eminent, comme élevé au-dessus de vous , notre crainte nous met
sous vos pieds , parce que nous savons que ce trône nous expose
à un grand danger à cause du compte qu'il faudra rendre.
On sait que ce saint évéque eut à combattre une hérésie qui atr
taqua le cœur et l'Ame de la religion, en détruisant la grâce du
Sauveur qui nous fait chrétiens. Pelage avait trouvé beaucoup/
de sectateurs. Augustin prêcha d'abord contre ces nouveaux hé-
rétiques , et il fut ensuite engagé à prendre la plume pour réfuter
leurs erreurs, en voyant les écrits qu'ils répandaient dans k?
public.
v Saint Augustin était regardé comme le plus savant évéque de*
son siècle et le docteur de toutes les Eglises. La sainteté de ses
mœurs le rendait aussi le modèle des plus saints. Ses meubles et
28 août. — S. AUGUSTIN, DOCTEUR. Itffr
ses habits étaient modestes , sans affectation rde propreté ni de
pauvreté. Sa table était frugale : on n'y serrait ordinairement que
des herbes et des légumes ; on y ajoutait quelquefois de la chair
pour les hôtes et les infirmes ; mais il y avait toujours du vin. Hors
les cuillers qui étaient d'argent, toute la vaisselle était de terre,
de bois ou de marbre.
On faisait la lecture pendant les repas : ses clercs vivaient et
mangeaient avec lui , et ils étaient vêtus et nourris à frais com-
muns. Aucune femme ne demeura jamais ni ne fréquenta sa
maison, pas même sa sœur; car, disait-il , quoique les femmes
que les conciles nous permettent d'avoir chez nous , comme sœurs,
nièces ou cousines germaines , soient hors de tout soupçon , elles
attirent nécessairement d'autres femmes dont la fréquentation
n'est pas sans péril on sans scandale. 11 ne faisait point d'autres
visites que celles des malades, et de ceux qui étaient dans l'af-
fliction. Il avait un grand soin des pauvres , et il exerçait l'hos-
pitalité avec joie. 11 laissait le soin du temporel à des économes
fidèles qui lui rendaient compte. Quand l'argent de l'Église man-
quait, il déclarait à son peuple le besoin des pauvres, et quel-
quefois , pour y subvenir ou pour racheter les captifs , il faisait
fondre les vases sacrés.
Ce saint docteur, se voyant âgé de près de soixante-douze ans,
voulut pourvoir au choix de son successeur. Il assembla donc son
peuple dans la grande église d'Hippône, le 26 de septembre 425,
et lui dit : Nous sommes tous mortels : dans la jeunesse, on es-
père un âge plus avancé; mais, lorsqu'on est parvenu à une grande
vieillesse, on ne peut plus espérer de nouvelles années. Je sais
combien les Églises sont ordinairement troublées après la mort de
leurs évéques , et je dois , autant que je le puis , empêcher qu_c ce
mal n'arrive parmi vous. Afin donc que personne ne se plaigne
de moi, je vous déclare ma volonté, que je crois être celle de Dieu :
je souhaite que le prêtre Éraclus soit mon successeur. Tous ap-
plaudirent à ce choix : et dès ce moment saint Augustin se dé-
chargea sur lui du poids de ses occupations ; mais il l'assistait
de ses conseils et se prêtait aux affaires qui le demandaient abso-
lument. 11 employa le reste de sa vie à méditer l'Écriture sainte ,
à prier, et à composer des ouvrages pour défendre la foi de l'É-
glise, et donner des règles de mœurs. Enfin, pendant que les
Vandales assiégeaient Hippône , il fut attaqué d'une fièvre vio-
lente qui le conduisit au tombeau.
196 29 août. — DÉCOLLATION DE S. JEAN-BAPTISTE.
Pendant sa maladie, il fit attacher contre le mur, près de sou
lit , les psaumes pénitentiaux, et il demandait sans cesse à Dieu
de pénétrer son cœur des sentiments qu'ils renferment. De peur
d'être détourné de ces pieux exercices , il défendait , environ dix
jours avant son décès, qu'on laissât entrer personne dans sa cham-
bre, excepté à certaines heures qu'il marqua. Il conserva une
entière connaissance jusqu'à sa mort , qui arriva le 28 août do
l'an 430.
Il a composé un grand nombre d'ouvrages, dont une partie a
été traduite en français. Les Gdèles ne peuvent trop lire son livre
des Confessions, monument éternel de l'humilité de ce grand
docteur, et qui jusqu'à présent a fait les délices et l'admiration
de toutes les personnes de piété. On a aussi ses lettres en fran-
çais , ses sennons , ses traités sur la grâce , ses commentaires
sur les psaumes ; il y a beaucoup à profiter à la lecture de
écrits.
29 août. — LA DÉCOLLATION DE SAINT JEAN-
BAPTISTE. — 1er siècle.
Jean-Baptiste, retiré dès son enfance dans le désert, y avait
passé plus de trente ans dans une austère pénitence. Son vêtement
était un cilicc fait de poil de chameau, qu'il tenait serré autour
de ses reins avec une ceinture de cuir. Pour nourriture, il n'avait
que des sauterelles et du miel sauvage , c'est-à-dire la nourriture
des plus pauvres, et il vivait inconnu au monde, dans l'exercice
continuel de la prière et de la méditation des choses saintes. Mail
enfin Dieu tira cette lumière des ténèbres qui la cachaient. L'ai
quinzième de l'empire de Tibère, c'est-à-dire vers l'an 30 de Jé-
sus-Christ , la parole du Seigneur se fit entendre à Jean dans le
désert, et il vint sur les bords du Jourdain, aux environs de Jéri-
cho. Il prêchait le baptême de, la pénitence et annonçait la venue
du Messie, disant qu'il était envoyé pour lui préparer les voies.
Tout le pays venait à lui, et les peuples, touchés de ses pré-
dications , confessaient leurs péchés et recevaient de lui le bap-
tême.
Pendant que saint Jean baptisait et instruisait ainsi les pécheurs,
le Sauveur même des pécheurs, le Juste et le Saint par excel-
lence, Jésus-Christ enfin, voulut aussi être baptisé par lui. Il vint
r'
29 août. — DÉCOLLATION DE S. JEAN-BAPTISTE. 15)7
te pour cela de Nazareth vers le Jourdain, et se présenta pour
) baptisé comme les autres. Saint Jean reçut en ce moment une
aère d'en haut, qui lui ût connaître que c'était le Messie. Saisi
•s de vénération et de respect, il s'excusa de baptiser celui qu'il
lit être son Sauveur et son Dieu, et qui venait ôter le pêche
monde; mais il fut obligé de céder à celui qui venait accomplir
g justice, c'est-à-dire toute humilité. Il le baptisa dans le Jour-
l, et, quand Jésus fut sorti de l'eau, les cieux s'ouvrirent, et le
it- Esprit descendit sur lui.
ean continua de baptiser jusqu'à son emprisonnement. La
se de sa détention fut la liberté avec laquelle il reprenait Hé-
) le Tétrarque de tous ses crimes, et particulièrement de ce
l avait épousé Hérodiade, femme de Philippe son frère , dont
avait une ûlle nommée Salomé. Jean représenta à Hérode l'é-
nité de ce crime , et lui dit que la loi de Dieu lui défendait
oir la femme de son frère ; ce prince, ne pouvant souffrir la
rté du saint Précurseur, l'envoya chargé de chaînes au château
dacheronte. Hérodiade, non contente de le voir en prison ,
ut le faire mourir ; mais la crainte du peuple retenait Hérode ;
ailleurs, comme il ne pouvait pas se dissimuler à lui-même
Jean était un juste et un saint , il avait du respect pour lui ,
iivait ses avis dans toutes les occasions où sa passion n'était
t intéressée. Ainsi Jean demeura prisonnier jusqu'à ce que
temps fût accompli.
s disciples avaient assez de générosité pour ne pas l'abandonner
► sa prison. Mais, comme il était venu pour préparer les voies
ieigneur, il ne pensa qu'à leur faire connaître celui qui seul
leur libérateur et leur maître. Ayant appris d'eux les miracles
ésus-Christ, il envoya deux de ses disciples lui demander s'il
celui qu'on attendait depuis le commencement du monde ;
s-Christ répondit par des miracles , qui étaient des preuves
a divinité et de sa mission. Jean ne doutait pas que Jésus ne
e Christ ; mais il voulait que ses disciples s'en convainquissent
eurs propres yeux.
îelque temps après, Hérodiade, ayant trouvé une occasion
rable pour satisfaire sa haine contre saint Jean, s'empressa
profiter. Hérode célébrait le jour de sa naissance, et donnait
rand festin à ceux de sa cour, dans le château même de Maehe-
?, où Jean était en prison. Pendant que les convives étaient
iés par le plaisir qui les avait assemblés, Salomé, fille d'Ilé-
17.
198 29 août. — SAINTE SABINE, MARTYRE.
rodiade et. de Philippe , son premier mari , oubliant la modes!
qui convenait à son sexe et à sa qualité , entra dans In salle i
festin, et dansa devant le roi d'une manière qui fit grand plaisii
ce prince. Hérode, dans la chaleur du vin et de la bonne chèi
dit à Salomé : Demandez-moi ce que vous voudrez, et je vo
raccorderai , quand ce serait la moitié de mon royaume ; et
confirma cette promesse par un serment. Salomé sortit de la sai
et alla rapporter à sa mère ce que le roi avait dit. Hérodiade, c
n'était occupée que de la perte de son prisonnier, fit demand
sa tête. Salomé rentra aussitôt, et dit à Hérode : Donnez-n
dans ce plat la tête de Jean-Baptiste. Le roi fut attristé de cet
demande , car il conservait toujours quelque respect pour sai
Jean ; mais , comme il s'était engagé par serment devant une
grande compagnie , il fut arrêté par une honte aussi crimine
que sa promesse avait été imprudente , et il n'osa se rétracti
Ainsi il envoya un de ses gardes pour couper la tête au saint Pi
curseur, dans la prison. On apporta ensuite cette tête à Salom
sur un plat ; celle-ci osa la prendre dans ses mains pour la mo
trcr à sa mère. Saint Jérôme dit que cette femme , voulant
venger de la liberté avec laquelle saint Jean lui avait reprocl
ses désordres, lui perça la langue avec un poinçon. La mort <
saint Jean eut lieu sur la fin de l'an 31, ou au commencement <
Tan 32 de Jésus-Christ. Ses disciples emportèrent son corps -
l'enterrèrent honorablement.
29 août. — S AINTE SABINE, martyre. — 2e siècle.
Sabine , dame de Ronie , épouse de Valentin, personnage trè
distingué , fut instruite par la vierge Séraphie dans les principi
de Ja foi chrétienne. Après le martyre de cette sainte fille, eil
donna la sépulture à ses restes qu'elle avait recueillis, et lui fit d
pieuses funérailles. C'est pour cette raison que peu de temps aprà
sous le règne de l'empereur Adrien, elle fut arrêtée, et citée d(
vant le juge Elpidius. « N es-tu pas, lui dit-il, cette Sabine j
illustrée par sa naissance et son mariage? C'est moi, dit-eJk
mais je rends grâce à Jésus- Christ, mon Seigneur, qui pfl
f intervention de sa servante Séraphie, m'a délivrée de feêcia
vage des démons. Après l'avoir éprouvée de différentes manièft
pour changer sa résolution ; mais sans pouvoir ébranler sa cott
99 OOÙt. — 8. MERfiY. 1WI
la foi, le préfet la condamna à mort comme coupable
Mil envers les dieux. Son corps fut placé par les chrétiens
wiflme tombeau où elle-même avait placé Séraphie, sa mal*
la foi.
— SAINT MÉDÉR1C ou MERRY , abbé. —
8e siècle.
£iç onlferry naquit à Autun dans le septième siècle. Dès
alinbe ans, Dieu lui inspira le ferme désir de renoncer au
L l'opposition que ses parents y apportèrent ne servit qu'à
éprouver sa vocation. Sa persévérance leur fit connaître la
f je Dieu : craignant de s'y opposer, ils allèrent eux-mé-
pir leur fils à l'un des monastères de la ville, que Ton croit
laide Saint-Martin. Merry y trouva cinquante-quatre re-
ijui vivaient fort régulièrement. Il les édifia par sa dou-
:son humilité, par son obéissance et sa charité.
fcala mort de l'abbé du monastère, il fut mis à sa place d'un
fanent unanime. Il eut beaucoup de peine à se déterminer
vtar cette dignité ; mais il fut obligé de se rendre aux vœux
igieux , des peuples voisins du monastère et même de l'é-
Dès qu'il se vit à la tête des autres, il ne songea plus qu'aux
s de remplir ses obligations. Il ne prescrivait rien à ses rc-
qu'il ne pratiquât le premier ; il marchait toujours devant
ur les conduire et leur aplanir les difficultés qui auraient
rebuter. Sa nouvelle dignité ayant fait connaître son nom
Ttu plus qu'auparavant, augmenta aussi l'opinion que l'on
s sa sainteté. On venait le consulter des endroits les plus
s de la Bourgogne ; et, quoique ce ne fût que sur des af-
anj ne regardaient que le spirituel , il craignit la vanité
i-méme, et de ne pouvoir plus vaquer aux exercices de sa
Haute : c'est ce qui le porta à quitter le cloître pour aller
«r dans un désert à cinq quarts de lieue d' Autun, que l'on
encore aujourd'hui la Celle de Saint- Merry.
lint trouva la solitude fort douce tant qu'il pût y demeurer
1. Les besoins du corps ne lui donnaient point d'inquié-
leeoutumé à une vie dure, il travaillait des mains, et ne
ât que ce qu'il apprêtait lui-même. Ses religieux l'ayant
attachèrent de lui persuader de revenir : ils lui repré-
nt qu'ayant été élu canoniquement , il ne dépendait pas de
200 30 août. — h. FÉLIX HT S. A1UUCTB, M.
lui d'abandonner la conduite do ceux dont Dieu même l'aV^
chargé, et qu'il devait craindre de se rendre coupable de dMffi
beissanco à la diviue volonté, s'il persistait à borner ses soins è m
seul. N'ayant rien pu gagner sur son esprit, ils eurent recotnM
révoque d'Autuu, qui alla voir Merry dans son ermitage, et qui b
menaça des censures de l'Église , s'il refusait plus longtemps fc
retourner à sa communauté. II obéit, et Ton vit éclater plus que
jamais la charité qui animait toutes ses actions.
Iax pensée de la retraite l'occupait toujours : prenant les mou-
vements de son cœur pour les marques d'une vocation certaine
à la solitude, il sortit encore de son monastère pour aller visiter
le tombeau de Saint-Denis, mais bien résolu de ne plus revenir à
Autun. S'étant mis en chemin avec un de ses religieux nommé
Frodulphe, saint Frau, il tomba malade dans le monastère de
(lhampeaux, à deux lieues et demie de Melun. 11 y ût un long sé-
jour pour y rétablir sa santé. Son mal ne l'empêchait pourtant
pas de vaquer à ses exercices ordinaires de piété dans l'église du
lieu, ni même d'aller de jour à autre à Melun visiter les prison-
niers et travailler à leur procurer la liberté.
Comme ses incommodités ne cessaient pas, il crut qu'A étsft
inutile de demeurer plus longtemps à Ghampeaux , et il continu
son voyage pour Paris , en chariot , parce qu'il ne pouvait le fi&l
à pied. Il alla, dit son historien , se loger au faubourg du nord,
dajis une petite cellule qui tenait à la chapelle de Saint-Pierre. D
n'y fit autre chose que prier et souffrir ; après avoir été malade
pendant deux ans et neuf mois, il fut délivré des misères deeettB
vie par une heureuse mort, que l'on croit avoir eu lieu au com-
mencement du huitième siècle. Au lieu de l'ancienne chapelle de
Saint- Pierre, on bAtit depuis une grande église sur le tombeau de
saint Merry. (Test celle qui porte aujourd'hui son nom. Les reli-
ques de saint Merry s'y conservent encore dans une châsse, as-
dessus du grand autel.
30 aoilt. — SAINTS FIÏUX kt ADAUCTE, MARTYRS. —
4° siècle.
Félix, arrêté sous les empereurs Dioclétien et Maximien , pour
avoir embrassé la foi de Jésus-Christ, fut amené dans le temple
de Sérapis. (louime on lui enjoignait de sacrifier à eo faux dieu,
30 août. — S. F1ACBE, SOLITAIRE. 20 1
1 «cracha au visage de- sa statue, qui bien que de bronze tomba aus-
latft par terre. L« même prodige s'étant renouvelé dans le temple
4a Mercure et dans celui de Diane, Félix fut accusé d'impiété et
le magie, et torturé sur le chevalet. Presque aussitôt on le con-
■anit sur la voie d'Ostie, à deux milles de Rome , pour qu'il y fût
décapité. Dans le trajet, il fut rencontré par un chrétien qui, en
reconnaissant Félix, vit qu'on le menait au martyre, et s'écria à
hante voix : « Et moi aussi je vis sous la même loi que celui-ci :
J'adore le même Jésus-Christ. » Aussi, après avoir embrassé Fé-
ak, il eut la tête tranchée en même temps que lui , le 30 du mois
èTaoût. Comme son nom était inconnu aux ûdèles , il fut célébré
aoos celui QïAdaucte qui veut dire adjoint, parce qu'il fut adjoint
à vaut Félix pour la couronne du martyre.
30 août. — SAINT FIACRE, solitaire. — 7e siècle
Saint Fiacre, anciennement appelé Saint Fêfre, sortait d'une
atastre famille d'Irlande. Il fut élevé sous la conduite d'un évêque
dîme grande sainteté que quelques auteurs prennent pour Conan ,
évêque de Soder, ou des îles Occidentales. Méprisant les avantages
qu'il pouvait se promettre dans le monde, il quitta sa patrie à la
fleur de l'âge, et, accompagné de quelques jeunes gens, qui, comme
ko, voulaient se consacrer au service de Dieu, il passa en France
pour y vivre dans la solitude. Étant arrivé dans le diocèse de
lfeaux, il alla trouver le saint évêque Faron, qui lui désigna
pour sa demeure un lieu écarté dans une iorêt qui lui appartenait.
C'était Breuil dans la Brie , qui est environ à deux lieues de
Meaux.
Le saint, après avoir défriché une certaine étendue de terrain ,
sV construisit une cellule, avec un oratoire en l'honneur de la
Mère de Dieu. Il s'y forma aussi un petit jardin qu'il cultivait de
tes propres mains. Sa vie étant extrêmement austère , il n'y avait
que la nécessité ou la charité qui pussent lui faire interrompre
l'exercice de la prière et de la contemplation. Il partageait avec
les pauvres le fruit de son travail. Plusieurs personnes venant le
consulter, il fit bâtir à quelque distance de sa cellule, une espèce
d'hôpital pour les étrangers. Il y servait les pauvres lui-même ,
et leur rendait souvent la santé par la vertu de ses prières. Mais
il ne permettait point aux femmes d'entrer dans l'enceinte de son
ermitage. Ce dernier article était une règle inviolable chez les
202 30 août. — SAINTS ROSE DE LIMA.
moines irlandais. Saint Fiacre avait une sœur, nommée Syra:, 1
qui mourut dans le diocèse de Meaux, où elle est honorée courtes '
vierge. Quant à lui, il mourut le 30 août, vers Tan 670, et futôF *
terré dans son oratoire. Il ne paraît pas qu'il ait jamais eu & *=
disciples. On transporta ses reliques à Meaux en 1568. Ce niÉ ''»
anachorète est depuis plus de mille ans le patron de la Brie. ' *•
:-ii
"k.
30 août. — SAINTE ROSE DE LIMA, yiergr, du Tiii* ^
Obdbe des Frères Prêcheurs. — 17e siècle. ■*
Première fleur de sainteté que vit s'épanouir r Amérique mé- ^
ridionale, en la vierge Rose, née, à Lima, de parents chrétien, *t
brillèrent dès le berceau des marques delà perfection qu'elle dé- %
vait posséder un jour ; car ce fut dans sa première enfonce que (ti
son visage, merveilleusement transfiguré, offrit la ressemblance Ht
d'une rose, et lui en ût donner le nom. Dans la suite la Vierge, la
Mère de Dieu, y ajouta un surnom, ordonnant qu'elle fût appe- ty
lée désormais Rose de Sainte-Marie A cinq ans, elle fit le vont
de virginité perpétuelle. Parvenue à la jeunesse, elle coupa se- ^
crètement sa chevelure qui était d'une grande beauté pour n'être ^
pas contrainte au mariage par ses parents. Se livrant à des jeûna
au-dessus des forces humaines, elle passa des carêmes entiers ,
sans manger même de pain, et ne se soutenant qu'avec cinq pé- *
pins de citron qu'elle prenait chaque jour. -. ^
Après avoir revêtu l'habit du Tiers-Ordre de Samt-DomimqtN, f*
elle redoubla ses premières austérités. Elle se couvrit le corps d'ut ^
cilice long et fort rude qu'elle avait parsemé d'aiguilles fines, et *
porta nuit et jour sous son voile une couronne hérissée «Ton ^
grand nombre de pointes aiguës. Marchant dans la voie ardue *!»
qu'avait suivie sainte Catherine de Sienne, elle se ceignit lee ?
reins d'une chaîne de fer qui faisait trois fois le tour de son corpi, j*
et se composa un lit de troncs noueux dont elle remplit kê ^
intervalles avec des morceaux de pots cassés. Elle se construiat *4
enfin une cellule très-étroite dans un angle, et tout au bout h
d'un jardin, où livrée à la contemplation des choses du Ciel, elle *i
exténuait son corps déjà si frêle en se donnant fréquemment la *\
discipline, et par le jeûne et les veilles. Fortifiée par la vie spîri-. >t
tuelle, elle fut victorieuse des attaques extérieures du démon, et ^
dans une lutte fréquente elle le terrassa avec intrépidité, et elle en ^
triompha. *:
31 août. — S. RAYMOND NONNAT. 20S
élément pers cutée par les souffrances des maladies, les
s des domestiques, et les morsures de la calomnie, elle
;nait de n'être pas encore aussi affligée qu'elle le méritait,
it quinze années, pendant bien des heures, ayant l'esprit
te à la désolation et à l'aridité la plus malheureuse, elle
ta avec courage des combats qui lui causaient plus d'â-
ne et de douleurs que toute espèce de mort. Ensuite, elle
nça à être inondée de délices célestes, à être favorisée par
ons et à se fondre dans des ardeurs séraphiques. Jouissant
eu d'apparitions continuelles d'une sainte familiarité avec
ce gardien, avec sainte Catherine de Sienne et la sainte
, Mère de Dieu, elle mérita d'entendre ces paroles que
Jésus- Christ : « Rose de mon cœur, sois mon épouse
« Enfin, transportée en l'année 1617 par une mort
muse dans le paradis de son divin Fiancé, et glorifiée par
ibreux miracles avant et après sa mort, le pape Clément X
rit solennellement sur le catalogue des saintes vierges.
tût. SAINT RAYMOND NONNAT, confesseur —
1 3e siècle.
nond fut surnommé Nonnat ou Non-né, parce que con-
tent aux lois ordinaires de la nature il ne vit le jour qu'à
le flanc séparé de sa mère qui venait de mourir. Il naquit à
en Catalogne, de parents pieux et nobles, et donna dès
ance des marques de sa future>sainteté. Il s'appliqua de
retire à l'étude des lettres, mais ensuite menant la vie de
»agne par Tordre de son père, il se rendait souvent à une
5 de Saint-Nicolas, située sur le territoire de Portel, pour y
me sainte image de la Mère de Dieu, qui maintenant en-
; en grande vénération pour les fidèles. Là, se répandant
res, il demandait à la Mère de Dieu de l'adopter pour son
de lui enseigner la voie du salut et la science des saints.
ne et miséricordieuse Vierge exauça ses vœux, et lui fit
ndre qu'il lui serait très-agréable s'il entrait dans l'ordre
x récemment fondé d'après son inspiration, sous le titre
erci, ou de la Miséricorde pour la Rédemption des captifs.
od, sur cet avertissement, partit aussitôt pour Barcelone,
•assa un institut si excellent pour la charité qu'on y exerce
le prochain. Il en accomplit toutes les règles, et en acquit
201 31 IWÙt. — LA. B. 1SA1IKM.K DE KRANCR
toutes les vertus. Knvoyé eu Afrique pour racheter des cap
après eu avoir délivré déjà beaucoup de l'esclavage, comme
argent était épuisé, et qu'il redoutait pour d'autres le péril proc
d'abjurer la foi, il se donna lui-même en gage. Mais comme
dent désir du salut des âmes dont il était consumé lui fit i
vertir à Jésus-Christ par ses instructions beaucoup de mahométa
l<*s Itarbarcsqucs le jetèrent dans une étroite prison où il soi
plusieurs tourments -, on lui perça les lèvres, et on lui ferai
bouche avec un cadenas ; ce qui lui fit endurer longtemps un <
martyre. Ces traits et d'autres preuves encore de son couragi
roïque, répandirent de toute part la renommée de sa sain
Grégoire IX en fut si touché, qu'il associa Raymond au co
des cardinaux ; dans cette dignité, il montra toujours un atb
meut extrême à l'humilité religieuse. Use rendait à Rome, q
il fut atteint à Cordoue de sa dernière maladie. 11 y mouru
l'an 1240.
31 août. LA RIKNIIKIJRKUSK ISARKLLK DE FRA*
viKitoK. — 13" siècle.
Isabelle était l'unique fille du roi de France, Louis VIII, >
Manche deCastille; elle naquit en 1125, environ dix anse
saint Louis, son frère. KUc fut riche des qualités du corps e
l'esprit : ces dons naturels furent perfectionnés par la grâce
baptême. Elle n'avait pas vingt-un mois, qu'elle perdit le ro
père. Blanche, sa mère, qui l'aimait tendrement, prit un
particulier de son éducation ; elle ne négligea pas de lui do
des maîtres pour les sciences, et, ce qui est étonnant dans
personne de son sexe, elle apprit si parfaitement le latin qi
corrigeait souvent les écritures des chapelains de la cour. I
qu'elle fut suffisamment instruite des sciences, elle apprit à
vailler aux différents ouvrages qui convenaient h son sexe.
Toute la vie d'Isabelle ne fut plus qu'une suite continuel]
prières, de lectures et de travail, surtout depuis l'âge de ti
ans, qu'elle prit une ferme résolution de se consacrer à Dieu.
renonça dès lors à tous les amusements de la cour qui occu
si sérieusement la plupart des personnes de son sexe et <!
qualité, et quoique, pour obéir à la reine sa mère, elle portai
habits convenables à son rang, elle ne cessait de marquer le
pris qu'elle faisait des ajustements et des parures..
1er septembre. — sainte philomkivk. 205
nies les affections de son cœur se tournèrent vers Dieu, et
aérant Jésus-Christ dans la personne des pauvres, ceux-ci
(t auprès d'elle en plus grande considération que tout le reste
mimes. Elle ne leur préféra pas le roi saint Louis même, ce
qui lui était si cher. Un jour ce bon prince, lui voyant
ner un bonnet qu'elle avait filé de sa main, la pria de lui en
présent, en l'assurant qu'il le regarderait comme un gage
xrx de son amitié, et qu'il s'en servirait pour l'amour d'elle.
rère, répondit-elle, comme c'est le premier ouvrage de cette
e que j'aie encore filé, je le destine à Jésus-Christ : les pré-
. hri appartiennent. Le roi le trouva bon ; mais il la pria d'en
im antre pour lui. Elle le lui promit, en cas qu'elle reprît
espèce de travail. En même temps elle envoya ce bonnet à
aurore malade dont elle prenait soin.
mort de la reine Blanche, arrivée l'an 1252, ayant rompu les
qui pouvaient retenir Isabelle à la cour, elle se retira dans le
stère de Longchamps, qu'elle avait fait bâtir. Ses fréquentes
rites, qui lui faisaient craindre d'être obligée de recourir à
jspenses qui auraient pu nuire à la régularité du monastère,
échèrent de faire profession ; mais elle n'en fut pas moins sc-
du monde, et elle n'en édifia pas moins le couvent par les
pies de retraite, de mortification et des autres vertus qu'elle
i à la communauté. Ses infirmités augmentèrent à un tel
, que les dernières années de sa vie se passèrent dans une
continuelle de divers maux. Elle y fit paraître une patience
3 soumission aux ordres de Dieu qui furent le sujet de l'ad-
ion publique. Dieu l'appela à lui le 22 février de l'an 1271,
le quarante-trois ans, moins quelques jours. Saint Louis as-
i ses funérailles, et paya le dernier tribut d'amitié à sa sœur
q discours plein d'onction d'amitié aux religieuses pour les
1er de la perte qu'elles faisaient.
Fin du mois d'août.
n septembre. — SAINTE PIIILOMÈNE , vierge et
MARTYRE. — 4e siècle.
•mi les tombeaux des martyrs qu'on trouve habituellement
e cimetière de Priscille, sur la voie Salaria, se rencontra
18
20« rr septembre. — saint gilles, abbé.
celui dans lequel avait été déposé le corps de sainte Philomj
comme on le lisait d'après l'inscription tumulaire apposée
trois briques. Quoique Ton y ait trouvé une fiole de sang , et
Ton y ait aussi aperçu sculptées d'autres marques du mart
Ton doit déplorer que la vie de cette sainte ainsi que les acte
son martyre et son genre de mort soient restés inconnus,
reste, aussitôt que ce corps sacré, don de la munificen©
Pie Vil , au commencement de son pontificat , eut été exp<
la vénération du peuple fidèle, à Mugnano, dans le diocès
INola , ce culte acquit tout à coup grand renom et célébrité
dévotion envers la sainte martyre se répandit de jour en j
principalement à l'occasion des miracles que Ton rapportai
tous côtés s'être accomplis par sa protection. 11 en arriva ty
pape Grégoire XVI, touché des demandes que lui adress
beaucoup d'évéques et de personnes dévouées au culte de s
Philomène , après avoir mûrement examiné toute cette affi
daigna permettre de célébrer sa fête avec l'office et la nw
dans le diocèse de JNola , et ailleurs.
1er septembre. — SAINT GILLES, abbé. — 6e ou 7e si
Gilles, Athénien, qui était de race royale, s'appliqua tellei
dès sa jeunesse aux lettres divines et aux devoirs de la clia
qu'il ne paraissait point se soucier d'autre chose. Aussi après lai
de ses parents distribua-t-il aux pauvres son patrimoine tou
tier. De plus il se dépouilla de sa propre tunique pour en
vrir un malade qui était dans le besoin, et ce dernier, s'en <
revêtu, recouvra la santé. Des miracles nombreux l'ayant r
encore plus célèbre, il craignit sa propre renommée , et se r
à Arles auprès du bienheureux Césaire. Au bout de deux ans
loignant de lui , il se retira dans une solitude où il vécut pei
longtemps de racines et du lait d'une biche qui venait le trou
de certaines heures. Un jour cette biche, que poursuivait la n
du roi qui régnait sur cette contrée , vint se réfugier dans la g
qu'habitait saint Gilles; ce qui porta le roi de cette partie
Gaule à supplier le solitaire de souffrir qu'on lui bâtît un m(
tère au lieu de cette caverne. Il en prit la direction malgré lu
cédant aux sollicitations du prince, et après avoir rempli les de
de supérieur pendant quelques années avec prudence et piéi
s'en alla au ciel.
Ier septembre. — g. leu. 207
septembre — SÀLNT LEU, archbvêqdb di Sens.
— 7e siècle.
■
Xea naquît vers le mîliea , dans le dio-
Wtett d'une famille alliée i l rois, sa e, nommée
(Ma, loi procura une éducai . cjle lui apprit
tfUe Jésus-Christ, et la grâce le iiunt ai
|et dévotions principales de saint Leu it de
pMfli martyrs : on sait que c'était i a m a
mêêiïim Pour imiter leurs soufiranc ai qu en
kkeaucoup, et domptait sa chair par p si .
Qttme les veilles, les longues prières eues nui
ÀMft de tout ce qui pouvait satisfaire ses sens.
•06* Dieu le plaça sur le siège de l'église de Sens. 11 vécut
tt» dignité en pasteur vigilant qui aime son troupeau , et
persuadé qu'il rendra compte à Dieu de la manière dont
geeverné. H l'instruisait souvent par ses exhortations et en
rç* par son exemple. Il s'informait des besoins de chacun,
tiquait à y pourvoir.
tèle et sa vertu lui suscitèrent des envieux , et , parce qu'il
éaWe à Dieu, les hommes le persécutèrent. Après la mort
rry, Qotaire II , voulant s'emparer de la Bourgogne , en-
•quer Sens. Le saint prélat , qui craignait pour son peuple
rires qui suivent ordinairement la guerre , entra dans son
tthédrale , sous l'invocation de saint Etienne, et sonna la
KHir appeler le peuple , qui vint se mettre en prières avec
l les exauça : l'ennemi fût saisi d'une épouvante subite et
u Cependant Qotaire, ayant réuni la monarchie française
sommation , envoya en Bourgogne un homme de confiance
Farulfe , en qualité de gouverneur. Cet officier, faisant
ée à Sens , trouva fort mauvais que saint Leu ne fût pas
•devant de lui et ne lui eût pas fait des présents comme il
dait. H crut que le pieux prélat n'avait manqué^ à lui ren-
lonneurs que par indifférence pour lui et par mépris pour
é. Il en fit d'assez vifs reproches à Leu , qui lui répondit :
tr d'un évéque est de gouverner le peuple et d'enseigner
nds du siècle les commandements de Dieu. Farulfe , en-
i irrité par cette réponse, déchira le saint auprès du roi,
208 2 septembre. — s. éxiknne, boi de Hongrie.
dans le dessein de le perdre Médigisile , abbé du monastère de
Saint-Rémi (faubourg de Sens) , se joignit au gouverneur, et ap-
puya ses calomnies, parce qu'il voulait être archevêque. Gotaira,
séduit par leurs mensonges artificieux , envoya saint Leu en exil à
Ausènc, village du Vimeux. Ixîs habitants de Sens, indignés de es
qu'on leur avait enlevé leur vénérable pasteur, au lieu de souffrir
cette affliction avec patience , comme l'Évangile l'ordonne , ou de
le redemander au roi avec respect , déchargèrent leur colère sur
l'abbé Médigisile , et le tuèrent dans son église de Saint-Rémi,
pour le punir de sa trahison et de son ambition. Cette nouvelle
affligea saint Leu , qui avait toujours enseigné à ce peuple que fa
vengeance n'appartient qu'à Dieu , et que le chrétien ne se venge
lui-même que par la patience et par les bienfaits ; et il pria le Sei-
gneur de leur pardonner cette faute. Le peuple de Sens, revenu de
son emportement , prit une voie plus douce et plus convenable
pour obtenir le retour de son pasteur ; il fit prier Vinebaud, abbé
de Saint-Loup de Troyes , d'aller demander son rappel au roi. Vi-
nebaud alla en effet trouver Clotaire , qui était auprès de Roueo
et fit si bien connaître à ce prince la fausseté des accusations for-
mées contre l'archevêque de Sens , et la sainteté de ce prélat, qui
obtint sa liberté. Quand le saint fut de retour, Vinebaud le pré-
senta au roi. Ce prince , le voyant maigre et défiguré, h cause <to
ses longs jeûnes et de ce qu'il avait souffert dans son exil , en ftt
touché , détesta ses calomniateurs , le lit manger h sa table, 16 <
prosterna pour lui demander pardon , et le renvoya à son égfee
comblé de présents. Saint Leu la gouverna , comme aupararaat, ;
avec zèle et avec édification. Étant près do mourir, îk fit venir lai
prêtres de son clergé et les exhorta à vivre dans la sainteté q*
leur ministère exigeait : ensuite il mourut en paix, vers l'an 631,
et fut enterré dans l'église de Sainte-Colombe.
2 septembre. — SAINT ETIENNE, pbemier boi de Honoaii,
CONFESSEUB. — tlc siècle.
Etienne introduisit en Hongrie la foi de J. C. et y porta le pre-
mier le nom de roi. Il obtint la couronne royale du Pontife it-
maiu , fut sacré par son ordre , et fit hommage de son royaume
au Siège apostolique. C'est avec un zèle admiral>le pour la retigfM
et avec munificence qu'il fonda différents établissements de piëti
2 septembre. — s. Etienne, roi de Hongrie 2rt!V
à Rome, à Jérusalem, à Constantinople et en Hongrie Tarchevè-
de Strigonie et dix évéchés. A l'amour de Dieu il joignait une
charité et libéralité envers les pauvres qui! accueillait et qu'il
affectionnait comme le Christ lui-même , et il n'en renvoya jamais
un seul le cœur triste et les mains vides. Après avoir dépensé des
ranources considérables pour soulager leur misère , il alla même
«meut, dans sa rare bonté, jusqu'à leur distribuer le mobilier de
wam. palais. En outre , il prit l'habitude de laver de ses propres
les pieds des pauvres, et de s'en aller seul la nuit et inconnu ,
les hôpitaux , d'y servir les malades, et d'y rendre tous les
de la charité. Ses vertus lui méritèrent que sa main droite
demeurât préservée de la corruption, après la dissolution du reste
4e son corps.
Son ardeur pour la prière lui faisait passer sans dormir les nuits
entières , tout attaché à la contemplation des choses cé-
i. Ravi quelquefois hors de ses sens , on le rit même élevé en
Tafr. Par le secours de la prière, il évita plus d'une fois, d'une
manière tout à fait miraculeuse , les conspirations d'ennemis de
rfitat , et les attaques d'adversaires puissants. Son fils Éméric
ajnH avait eu de Ghiselle de Bavière , sœur de l'empereur saint
Henri, à laquelle il s'était allié par mariage, il réleva avec une très-
grande discipline morale et une piété portée à ce point, tel que le mon-
ta dans la suite sa sainteté. Il arrangea ainsi les affaires de son
royaume de façon à ce que Ton n'entreprit jamais rien sans le
eooseil des hommes distingués par leur sainteté et leur prudence
qull avait fait venir de tous côtés. En même temps prosterné
sous la cendre et le ciliée , il demandait à Dieu , avec les prières
les plus humbles, de le rendre digne de voir avant de mourir tout
le royaume de Hongrie devenu catholique. 11 fut surnommé à bon
droit l'apôtre de cette nation à cause de la grandeur de son zèle
pour l'extension de la foi , et le Pontife romain lui permit, ainsi
qu'aux souverains ses descendants, de faire porter la croix de-
vant lui.
II constitua patronne de la Hongrie, la Mère de Dieu qu'il véné-
rait avec une ardente dévotion, et fit bâtir en son honneur une
église. En retour, la sainte Vierge le reçut au ciel le jour de
Assomption, que les Hongrois, par ordonnance du saint roi ,
appellent le jour de la Grande-Dame. Son saint corps , qui, entre
autres grands et divers miracles , exhalait une odeur très-suave,
** laissait couler une eau miraculeuse , fut , par ordre du Pontife
18.
210 3 .septembre . — s. ayou ou aigulfe
romain , transporté dans un lieu plus digne , et enseveli avec plus
d'honneur. 11 mourut en Tan du salut 1038. Le pape Innocent XI
lixa la célébration de sa fête au 2 septembre, à cause d'une insigne
victoire que ce jour-là l'armée do Léopold Ier, empereur élu des
Romains et roi de Hongrie, avait, avec le secours divin, remportée
sur les Turcs, au siège de Bude.
3 septembre. — SAINT AYOU, abbé et martyr. — 7e siècle. J
Ayou ou Aigulfe , était né a Blois d'une famille peu avantagée des t
biens de la fortune. Il fut élevé , dès l'enfance , parmi des ecclé- ;
siastiques , et Dieu lui inspira un si grand amour pour la piété, 4
que, lorsqu'il se vit en âge de prendre un parti, il renonça au ::
monde et résolut de servir Dieu dans un monastère. Il choisît 3
celui de Fleury, depuis nommé Saint-Benoît-sur-Loire, et fut u
reçu au nombre des religieux par l'abbé Mommol , recomman- ,,
dablc par sa piété. Ayou était devenu le modèle et l'exemple de ^
la communauté , lorsque Dieu le fit passer dans une autre maison, ^
où son zèle pour la régularité fut consommé par la gloire du x
martyre. ^
Après la mort de Vincent, abbé de Lérins, le relâchement s'a- ^
troduisit dans le monastère par la négligence de son successeur. ^
1x3 désordre y produisit la division et la mésintelligence : en pot -;
de temps on ne reconnaissait plus cette maison , d'où étaient sortis |1
tant de saints. Quelques religieux, en qui cet esprit de piété m îe
s'était pas encore éteint , portèrent leurs plaintes au roi Cfo» t
taire III, et lui demandèrent un nouvel abbé. Le roi fit choix .
d'Ayou , et le chargea de réformer le monastère. Arcade et Ce- ,
tombe, religieux de cette maison, ennemis de la paix et delà- .,
piété , résolurent de traverser l'abbé. Le désir de grossir leur parti 4
leur fit dissimuler quelque temps leur pernicieuse intention ; mais, ^
quand ils crurent leur cabale assez forte , ils firent éclater le» u
mauvaise volonté. Ils tentèrent d'assassiner Ayou et les plus pieux ^
d'entre les frères. Dieu permit néanmoins que ceux-ci échappas-
sent à leur fureur pour cette fois. Ils se réfugièrent dans l'égjiie ^
de Saint- Jean, où ils furent obligés de se retrancher. Le saint y.
abbé alla trouver ces deux rebelles , et leur dit : Si je suis la cause
de cet orage, prenez-moi seul, et comme un autre Jonas jetai- 1
moi dans la mer. Ce discours les adoucit, ils parurent touchés *"
de leur faute , ils demandèrent pardon , et demeurèrent eu rcjM* *"
4 septembre. — s. marin. 211
un an ; mais , ayant appris que le bruit de cette révolte s'é-
tait répandu dans le royaume , et craignant que le roi ne les punit,
li cherchèrent les moyens de se soustraire aux châtiments qu'ils
Méritaient. Arcade sortit du monastère pour se procurer plus
tellement la faveur des personnes puissantes du pays. Colombe
resta dans la maison, et tâcha de s'y former un parti. Arcade,
avoir été quelque temps hors du cloître , voulut y rentrer ;
le saint abbé, qui était assuré de sa perfidie , ne voulut pas
le recevoir. Ce misérable voulut y rentrer par la force , eut recours
i on seigneur nommé Mommol, homme cruel et avare, et lui
d'aller à Lérins , rassurant qu'il y trouverait de grandes
d'argent. Mommol , excité par l'avidité du gain , vint a
Lérins, et y fut bien reçu par saint Ayou , dont il était connu,
mû qui ignorait ses mauvais desseins. Quand tout fut disposé
pour faire éclater sa sédition , Ar.cade prit le temps où le véné-
afale abbé était à table avec Mommol , entra dans la salle avec
jeux de son parti , se saisit du saint , le fit battre à coups de bâton,
!t enfermer dans une prison avec les religieux fidèles à leurs de-
mirs. Le lendemain , on leur apporta à manger ; comme c'était
A jour de jeûne, ces saints religieux voulurent encore ajouter
rabstmence aux douleurs qu'ils souffraient , et ils ne prirent au-
cune nourriture qu'après trois heures du soir. Mommol , qui s'é-
tait retiré du monastère pour faire croire qu'il n'avait aucune part
* ces violences, y revint trois jours après et demanda à chaque
religieux où était leur argent. Tous lui répondirent : Nous n'en
wons point : notre règle nous défend de posséder en propre , pas
feéme notre volonté. Mommol , n'ayant pu tirer d'eux d'autre ré-
ponse, prit et emporta tout ce qu'il put des biens communs du
ttooastère. Saint Ayou et ses disciples furent dix jours en prison,
après quoi Arcade et Colombe leur firent couper la langue et
crever les yeux , et en cet état les mirent sur un vaisseau. On les
transporta dans une petite île, vers la Sardaigne, où l'on acheva
leur martyre en leur ôtant la vie vers l'an 675.
4 septembre. —SAINT MARIN, diacre. — 4e siècle.
On dit qu'il travailla , en qualité de maçon , à la reconstruc-
ioo des murailles de Rimini. Mais Dieu avant manifesté son émi-
lente sainteté, il fut ordonné diacre par saint Gaudence , évêque
è Brescia. Il se retira dans une petite cabane qu'il construisit
212 A septembre. — sainte ide, veuve. f
au milieu des bois sur le mont Titan, à dix milles de Rimini. Ur B
vécut plusieurs années dans la solitude , et mourut sur la fin db ï;
4e siècle. On bâtit depuis, sur le sommet du mont Titan, une t|
ville qui , du nom du saint, fut appelée San-Marlno. Cest un Si
petite république enclavée dans le territoire des Etats-Pontificaoi, r.
et qui , depuis Tan 600 , a toujours conservé sa liberté. On y *é- ~
nère avec une grande dévotion les reliques de saint Marin , qui !Ç
est encore honoré à Pavie, à Rimini, et dans plusieurs diocèâs &
de l'Italie.
_ tt>
4 septembre. — SAINTE IDE, veuve. —8* siècle. |:
Le comte Egbert, favori de Charlemagne , étant tombé malade **
de fatigue et des blessures reçues dans une guerre où il avait ac-
compagné ce prince, fut obligé'de se retirer pour prendredu repoi "
et se faire traiter. L'hôte chez qui était Egbert avait une fille V;
nommée Ide, qui, à l'imitation do son père et de sa mère, lui
rendait tous les services que la bienséance pouvait lui permettre.
Elle avait été élevée dans la piété , et avait appris des saintes Viergn *•
Odile et Gcrtrudc, filles de Pépin, à mépriser le monde, à servir t*
Dieu à leur exemple , et à n'aimer que lui seul. Egbert avait ad- ^
miré souvent sa modestie . son amour pour le silence., et la s* ^
gesse qui accompagnaient ses paroles quand elle était obligée di \i
parler. Ces vertus le charmèrent ; et , voulant s'engager dan le %
mariage , il crut ne pouvoir faire un meilleur choix que de prendre %
une femme qui eût appris à se soumettre à Dieu avant d'entrer ^
sous la dépendance d'un mari. Ce mariage fut heureux, parce qui ^
fut saint. L'union d'ide et d' Egbert resta toujours également forte, ^
parce qu'elle était fondée sur la charité. L'un et l'autre s'aimaient ^
pour le ciel , et s'excitaient à le mériter par des œuvres saintes* <.
Étant demeurée veuve assez jeune , elle ne pensa pas à un ie- ^
cond engagement ; mais elle profita de sa liberté pour suivre avee ^
plus d'ardeur l'attrait qu'elle avait pour la pénitence. On ne peut t
croire en combien de manières elle commença alors à se mortifier. ^
La maxime de saint Paul : Mortifiez vos membres, était sa règle, w
et, sans s'astreindre aux exercices de la vie religieuse, elle était .
sables, non par un esprit d'avarice et de cupidité, mais parce »
4 septembre. — saïnte Rosalie de palermb. 21$
îtf elle voulait suivre ia voie étroite qui mène à la vie éternelle.
Elle donnait aux pauvres tout ce qu'elle épargnait par ce retran-
ohement de dépense, et elle se dépouillait avec joie pour revêtir
lësos-Christ dans ses membres. Elle se fit bâtir une petite cha-
pelle dans une église qu'elle avait fait construire , et elle s'y ren-
fermait souvent pour y être recueillie dans la prière. Lorsque
■mt Ide eut passé plusieurs années dans une vie si pénitente ,
Dieu, content de son sacrifice, voulut la retirera lui ; mais, avant
de renlever à son exil , il lui envoya une maladie douloureuse et
longue^ pendant laquelle elle témoigna une si grande patience ,
qu'on ne lui entendit jamais exprimer la moindre plainte. Elle
nourat au milieu des douleurs, pour aller jouir du repos éternel,
an commencement du neuvième siècle.
4 septembre. — SAINTE ROSALIE, viebge, patronne
de Palerme. — 12e siècle.
La vierge Rosalie naquit à Palerme , d'une famille noble , par
laquelle elle descendait de Charlemagne. Dédaignant l'opulence de
la maison paternelle , ainsi que l'espérance de nouvelles grandeurs
fue lui promettaient Ta parenté et la faveur des rois de Sicile ,
elle se retira sur la montagne de Quisquina , éloignée d'environ
quarante milles du château de ses ancêtres , dont elle échangea
les agréments contre l'horreur d'une caverne ténébreuse. Elle des-
cendit courageusement dans cette grotte par l'unique et étroite
ouverture qui y donnait entrée par le haut , avec la résolution
d'y habiter désormais. Dans ce lieu souterrain , morte au monde
et à elle-même, ensevelie avec Jésus-Christ pour ne plus vivre
qu'en Dieu , Rosalie demeura cachée le jour et la nuit , prenant
bien garde qu'on ne put la découvrir sur ces montagnes qui dé-
pendaient de la principauté de sa famille , de peur d'être ramenée
migré elle à la ville et dans la maison de son père. Elle eut à se
défendre contre les pièges artificieux du démon , qui représentait
à son imagination l'ennui d'une vie toute de privations et l'hor-
reur de la solitude. Elle en triompha courageusement , en em-
ployant contre sa personne toutes les rigueurs de la mortifica-
tion. Lorsque , privée de secours humains , elle ne pouvait plus-
demander de la consolation qu'au ciel , Dieu , qui soutient et cou-
ronne les saints , la fortifiait souvent en la comblant de délires*
214 4 septembre. — saihts MO» ni Tffu
semblables à celles que goût tes 1 i !
avis qu'elle reçut d'en haut , > qunxa roanoi
et alla s'enfoncer dans une n plus affinas* «MM*:
mont ftsUegrino , à trois nrill mviron de VttontiêiKSb*
la solitaire passa un temps coi érable de sa vie, comme on
Ta appris par la révélation qu'elle en fit quand elle apparut à or
chasseur qui , ayant dirigé ses pas vers cet endroit, avait découvert
ses reliques. Là, gémissant comme la colombe dans les creux de
la pierre , abtmée dans la contemplation des choses célestes, eosr
formant sa vie à la règle parfaite du divin amour, elle passa ses
jours dans la solitude. Saintement couronnée des roses fanmor-a
telles de la charité, ainsi que des lis de la virginité, elle quitta es
monde le 4 septembre 1160. Sous le pontificat d'Urbain Vin, le
corps de cette sainte , retrouvée par la permission du ciel, rames
du Jubilé , aux applaudissements de toute la Sicile, délivra cette
lie d'une peste qui la ravageait.
4 septembre. — SAINTE ROSE DE VITERBE, VIB10I. —
13e siècle.
Rose, née à Viterbe de parents pieux, brilla dès son
par toutes sortes de vertus, car elle était déjà devenue
dans la perfection lorsqu'elle apprenait à peine à parier. Ayjtf
en aversion les vanités du monde, elle portait un voile gnafcf
et un cilice, allait nu-pieds, et mortifiant son faible corps pv la
jeûnes et d'autres austérités, elle se livrait continuellement i h
contemplation des choses divines. Dieu voulut que cette
sainteté fOt attestée par un miracle insigne ; car, n'étant
que jeune fille, elle rappela à la vie sa tante qui venait dènosrir.
Par son seul aspect, elle excitait ceux qui la considéraient h psitt
dans leurs cœurs cette virginité qu'elle conserva perpétueHeflMt
Pleine de charité envers les pauvres, lorsqu'une fois en hiver d»
leur apportait du pain qu'elle s'était retiré sur sa propre noorri-
ture, son père lui ordonna de montrer ce qu'elle portait de es-
che dans son sein, et le pain fut changé en roses.
Quand elle eut accompli sa septième année, brûlant do dWr
de vivre dans la solitude , elle choisit dans la maison qu'aie
habitait une chambre des plus étroites, et s'y renferma comme
dans une prison volontaire. Elle s'y appliquait avec ardeur à la
4 septembre. — sainte rose de viterbe. 215
prière, et à châtier son corps, puis elle invoquait la divine Clé-
mence pour la tranquillité de l'Eglise que l'empereur Frédéric II
tourmentait violemment par son impiété. Par suite de cette ma-
cération de longue durée, elle tomba malade mortellement; mais
visitée pendant cette maladie parla bienheureuse yierge Marie,
elle recouvra la santé, et elle reçut Tordre de revêtir F habit du
tiers ordre de saint François. À l'âge de dix ans, elle fut inspirée de
Dieu, et par de pieuses exhortations jointes à des arguments pleins
de force, elle ramena beaucoup d'hérétiques à la foi et à l'obéis-
sance du Pontife romain. Exilée pour cette cause avec toute sa
parenté, elle se rendit dans des villes voisines où douée du don
de prophétie, elle prédit la mort de Frédéric et la paix de l'Église.
Elle rendit la vue à une femme aveugle depuis sa naissance, et
pour affirmer la vérité de la foi, elle entra au milieu d'un brasier
tout en feu, et y demeura trois heures sans y recevoir aucun
mal. Par ce miracle, elle triompha de l'opiniâtreté d'une femme
hérétique, et elle la convertit à la foi véritable, ainsi que d'autres
personnes.
Revenue enfin à Viterbe pour la plus grande joie de ses con-
citoyens, qui l'en félicitèrent, elle demanda à faire partie de la
communauté des religieuses de Sainte-Marie des Roses. Les rc-
ligjbeiises lui ayant refusé cette admission à cause de sa pauvreté,
eUe prédit qu'elle demeurerait dans leur couvent après sa mort.
Eue rentra donc bientôt dans l'espèce de prison qu'elle avait an-
ôennement occupée dans sa propre maison, et lorsqu'elle y eut
passé deux ans, attaquée d'une maladie et soupirant pour la bien-
heureuse patrie, vers le milieu du treizième siècle, elle aîla rejoindre
ton divin Epoux, pleine de mérite et n'ayant pas encore accompli
sa dix-huitième année. Son corps, qui brillait d'un éclat merveil-
leux et qui répandait une odeur suave, fut enterré dans l'église
de Sainte-Marie de Podio, où il resta environ deux ans et demi,
jusqu'à ce qu'Alexandre IV, qui résidait alors à Viterbe, le fit dé-
terrer sur une révélation qu'il reçut par trois fois pendant son
sommeil. On le trouva exempt de corruption, et on le transporta
solennellement le 4 de septembre au monastère dont nous avons
parlé plus haut, et qui par la suite re<;ut le nom de Sainte-Rose.
Jusqu'à ce jour, on l'y conserve dans son intégrité, et avec sa
flexibilité, objet d'admiration pour tout le monde, et il y brille
toujours par de nouveaux miracles.
2IC 5 septembre. — s. DERTIff.
Un
5 septembre. — S. BKUTIN, abbé de Sithibu , à Saint-Omer. °
— 7e et 8e siècle. :fc
r
te
Saint Bertm, issu d'une famille noble, établie dans le
de Constance en Suisse, naquit vers le commencement du Hp- ^
tième siècle. Touché de l'exemple de saint Orner, son parent, m
qui fit profession de la règle de saint Colomban à Luxeuil en Bout- t
gogne, il alla se consacrer au Seigneur dans la même maison avec ^
deux de ses amis, Mommolin et Ebertran ou Bertran. Quoique alon ^
fort jeune, il ne s'en distingua pas moins par sa ferveur dans ton ,B
ses exercices. ^
M y avait alors à Luxcuil cinq cents religieux. Us étaient gou- ^
vernés par saint Eustase, qui succéda à saint Colomban lorsque y
celui-ci fut obligé, en 610, de se retirer à Bobbio en Lombardie. ^
('et te abbaye, fondée peu de temps auparavant, était uneexeèl- ^
lente école, où Ton enseignait tout ce qui a rapport h l'étude de -
la religion. On en vit bientôt sortir un grand nombre d'évéquei .
célèbres par leur vertu et leur savoir. Vers Fan 637, saint Orner ^
fut fait évoque de Térouanne en Artois, ancienne métropole dei J
Morins, et saint Walbert, alors abbé de Luxeuil, lui adjoignit, J
vers Tan 039, Rcrtin, Mommolin et Ebertran. Ces saints naÉ- .
sionnaires eurent beaucoup à souffrir pour déraciner l'idolâtrie , J
dans cette contrée, dont la population était alors presque entière- *
ment barbare. Ils se montrèrent puissants en paroi es et en œuvm, *
et Dieu béuit leurs travaux. j*
Ils se bâtirent un monastère sur une petite montagne, à aneKsae *
de Sitbieu, aujourd'hui Saint-Omer. C'était une solitude d'un m- *
ces difficile , et qui était environnée de marais et par la rivière J
d'Aa. Saint Mommolin, qui était plus Agé que saint Berlin, â* *
choisi par saint Orner pour être le premier abbé de ce mon»- * ;
tère. Le nombre des religieux augmentant, on fut obligé de sVfr £j
cuper des moyens de former un nouvel établissement, mail nos ?
saints ne quittèrent leur solitude que pour en chercher une autre. *
A une lieue de distance, ils trouvèrent nie de Sithieu, qu'ils choi- ^
sirent pour leur demeure bien qu'elle fut remplie de fondrièrei ^
et entourée de marais : toutefois, avec des efforts et de l'indu- *
5 septembre. — s. bertin. 217
célébrité qu'A acquit sous le gouvernement du saint abbé dont
nous racontons la vie, et qui succéda à saint Mommolin. Ou y
pratiquait de longs jeûnes et une abstinence rigoureuse. On n'y
virait que de racines, d'herbes et de pain, et Ton n'y buvait que de
r«au. La prière, qui y était presque continuelle, y sanctifiait le tra-
vail et les autres actions extérieures. Les moines, qui se relevaient
las uns les autres, chantaient nuit et jour à l'église les louanges
4u Seigneur. Les travaux les plus pénibles ne dispensaient per-
sonne des veilles et de la prière publique.
Plusieurs personnes d'un rang élevé, touchées de la vie édifiante
do ces pieux solitaires, leur firent des donations considérables, dé-
posant leurs biens entre leurs mains, pour qu'ils fussent lepatri-
pauvres. Bertûi entra parfaitement dans les vues des do-
La vie austère que menaient les religieux renfermait leurs
dans des bornes étroites. Un grand nombre de seigneurs
sjui avaient renoncé au paganisme pour se convertir, renoncèrent
également au monde pour vivre dans les exercices de la contempla-
tion et de la pénitence, sous les lois, et la discipline de Bertin.
Se sentant accablé par le poids des années, Bertin se fit rem-
placer en 700 par Rigobert, un de ses disciples, afin de passer
le reste de sa vie dans l'état de simple religieux ; il alla se renfer-
sser dans un petit ermitage, dédié sous l'invocation de la sainte
Vierge, et situé près du cimetière de ses moines. Il y passait les
jours et les nuits dans une prière presque contincllc, et y vaquait
aux exercices de la discipline régulière avec l'humilité et l'ar-
deur du novice le plus fervent. Comme il avait toujours eu une
dévotion particulière pour saint Martin, il voulut que Rigobert,
ion successeur, érigeât une chapelle sous l'invocation de ce saint.
Elle fut bâtie dans le lieu de l'église le plus honorable. Rigo-
bert s'étant aussi démis du gouvernement de son abbaye, saint
Bertin le confia à Erlefride, qu'il avait élevé dès l'enfance, et qui
était un religieux d'une grande vertu.
Saint Bertin, à l'exemple de saint Colomban, de saint Fursy,
de saint Fiacre, etc., ne permettait point aux femmes d'entrer
dans la clôture de son monastère, ni dans son église. Ce saint
abbé doit avoir vécu plus de cent ans ; il en avait trente lorsqu'il
vint pour la première fois à Saint-Omer. Sa mort arriva le 9 sep-
tembre 709 ; il fut enterré dans la chapelle de Saint-Martin,
que saint Rigobert avait fait bâtir par son ordre. Il y a eu plusieurs
translations de ses reliques.
VIES DES SA IMS. — t. 11. . 19
2(8 S septembre, — s. làurest ttJS/rtïfrtfc.
5 septembre. — SAINT LAURENT JUSTUflEft, f^^f^^
de Venise et confesseur. — 15e siècle. &"i4**KailiR*
taurent naquit à Venise en 1381 . Son père , nommé Bernard*
(Hait de la famille des Justiniani, une des plus anciennes et As
plus illustres de cette ville. Ayant été formé à la piété dès M plut
tendre enfance, il devint, en avançant en Age, «m fidèle dîsdpte
de Jésus-Christ. • J
Le pape Eugène IV, ayant été informe du rare mérite dt
rent, le nomma à l'évéché de Venise , et lui ordonna de IV
ter. Ce prélat fut un modèle pour tous ceux qui sont appelés à
conduire les âmes. 11 ne voulut avoir ni tapisseries, ni tapb.4an>
ble était très-frugale : pendant qu'il prenait ses repas, i
toujours une lecture utile. Sa vaisselle n'était que de terte.O
une très-petite chambre ; son lit se composait d'une pniltswn et
d'une grosse couverture. Quand on lui représentait qu"fl pouvait
accorder quelque chose de plus à sa dignité , il répondait qnl
avait, eu la personne des pauvres, une nombreuse famille à nour*
rir. Il leur faisait donner tout ce qu'il retranchait des dépota
qu'il aurait pu faire en menant une vie moins austère. 11 était &•
cret dans ses aumônes, et il n'en faisait aucune pour favoriser ftp*
bilion ou le luxe de qui que ce frit. Un de ses parents, dont lefcka
était médiocre, l'ayant prié de contribuer à la dot de sa fille, 114:
répondit : Si je vous donnais peu, vos désirs ne seraient pana»
plis ; si je vous donnais une somme considérable , il faodnft, .
pour la satisfaction d'un seul homme, priver un grand nombre éi
pauvres de ce qui leur est absolument nécessaire.
Il s'appliqua beaucoup à réformer le clergé et a établir
bonne discipline. 11 était ennemi du luxe pour les autres
pour lui-même. Sachant combien les femmes , par leurs fatal
parures , causent de scandales et de chutes , il fit une ordottNOI
pour les modérer et les réduire à la modestie chrétienne. GooMBl
les femmes ne souffrent guère patiemment qu'on retranche es fi
fait un des principaux objets de leur affection, elles excitèrent k
doge à se plaindre de cette ordonnance comme d4un attentat ûkt
disaient-elles, contre la juridiction séculière. Ce magistrat, an*
faible pour écouter ces plaintes ambitieuses, vint trouver Lauréat,
et voulut lui parler avec hauteur ; mais le saint évéque lui répoo-
6 septembre. — saist dorotiiée le' titëji£kn. 219
lit avec tant de charité et de solidité, que le doge s'en retourna
plein d'estime et de vénération pour lui, et lui laissa régler en paix
son diocèse comme il convenait.
Dieu, Payant assez purifié sur la terre, lui ouvrit la gloire éter-
nelle qu'il lui avait préparée de toute éternité Une maladie or-
y conduisit le saint prélat. Il eût pu, dans l'extrême fai-
où le mal le réduisit, relâcher quelque chose de son austé-
rité; mais il voulut mourir pénitent comme il avait vécu. H refusa
tant autre lit que la paillasse sur laquelle il avait coutume de
mener. Étant saisi de crainte à la vue des jugements de Dieu ,
les derniers moments de sa vie, on lui dit, pour le rassurer,
la couronne de gloire l'attendait. Cette couronne, dit-iT,
les hommes forts et courageux, et non les lâches comme
Mais, des mouvements de confiance ayant succédé à la
% y dit à ceux qui étaient auprès de lui : Pourquoi pleurez -
usa? c'est aujourd'hui un jour de joie, et non de larmes. 11 mou-
ces sentiments le 8 janvier, Tan de Jésus-Christ 1455.
i septembre. — SAINT DOROTHÉE, solitaire. — 4e siècle.
{du 5 juin.)
Dorothée, dit le Thébain, parce qu'il était deTlièbes, ville
capitale de la Thébaïde, quitta sa province pour venir dans les so-
Ktodes d'Egypte, apprendre à servir Dieu sous la discipline des
•sahres de la vie spirituelle. 11 passa d'abord quelques années dans
ki exercices cénobitiques, suivant les instructions et les exemples
4es antres : il se renferma ensuite dans une caverne, dans le dé-
■ert, à deux ou trois lieues d'Alexandrie, sur le chemin de Nitrie,
où il mena longtemps seul une vie des plus dures et des plus dif-
(aks, soit par le travail , soit par les abstinences.
Fendant presque tout le jour, et même en plein midi , il ra-
massait dans le désert , qui est le long de la mer, des pierres dont
4 bâtissait des cellules pour ceux qui n'en pouvaient pas bâtir
eu\-mêmes. Il en faisait une tous les ans sans négliger ses autres
pecupations. La nuit, avec des feuilles et des écorces de palmier.
Il faisait des paniers ou des cordes qu'il vendait pour avoir de quoi
*ûre. Il ne mangeait que six onces de pain par jour, et une petite
lioîznée d'herbes ou de légumes. Sa boisson était un peu d'eau.
SVtant accoutumé à cette sévère abstinence dès sa jeunesse, il
220 7 septembre. — s. mesw*.
l'observa sans interruption dans la vieillesse la plus avancée. "
Peudant soixante ans , les disciples qui vinrent étudier la vie 10- *
litairc sous lui ne le virent jamais couché sur un lit ou sur une "
natte, ni se mettre à son aise de quelque façon que ce fût, même
quand il avait besoin de repos ; la lassitude le contraignait quel- -
quefois de fermer les yeux en travaillant, et même en mangeant.
Un jour qu'il était accablé de sommeil, il tomba sur la natte *
qu'il faisait. Ses disciples le voulant obliger d'y rester quelque
temps, il leur dit : Vous persuaderiez plutôt de dormir à un ange
qu'à un solitaire qui veut s'avancer dans la vertu. — Riais à quoi
pensez -vous, mon père, lui dirent ses disciples, d'accabler ainsi
votre corps par tant de travaux dans une si grande vieillesse? ■
— Il veut me perdre, leur répondit-il, et moi je veux le prévenir. *
L'allade, un de ses disciples et l'historien de sa vie , étant allé .
au puits à l'heure de none , qui était le temps où Dorothée pie- &
nait son repas, aperçut dans Veau un aspic , et retourna promn- *
tement tout effrayé vers le saint homme , et lui dit : Mous sommes Y
perdus, mon père; il y a un aspic dans le puits; je l'ai vu. Saint J
Dorothée branla la tête, et, souriant doucement à son ordinaire, *
répondit : Eli quoi ! si le diable s'avisait de jeter dans tous lai
puits et dans toutes les fontaines des serpents, ne boiriez-voss *l
jamais? Vous laisseriez -vous donc mourir de soif? Après aster *
dit ces paroles , il sortit de sa cellule , fut au puits , tira de Pesa, *!
fit le signe delà croix, but, quoique à jeun, en disant : Toute la '*
malice du démon perd sa force en présence de la croix de Jésus- S
Christ. Ce saint anachorète mourut vers la fin du 4e siècle. *Q
w *
7 septembre. — SAINT MESMIN ET SES COMPAGNONS,
martybs. — 5e siècle.
Mesmin , archidiacre de saint Loup, fut envoyé par ce pontife ^
avec sept clercs à la rencontre d'Attila, lorsque ce roi barbare s'a- *
vançait vers Troyes. Pendant qu'il adressait au farouche conque- J|
rant d'humbles supplications , et qu'il s'efforçait de l'amener à *
des sentiments d'humanité, Attila le fit arrêter et le soumit, en N
haine du nom chrétien, à de cruels supplices. Enfin le serviteur de **
Jésus-Christ fut frappé du glaive à cinq milles de Troyes, sur les **|
bords de la Seine. Six d'entre les clercs qui étaient avec lui furent ^
mis à mort en même temps. Le septième échappa, par le secours **
de Dieu, et vint raconter à saint Loup ce qui s'était passé. I«e !*
7 septembre — s. cloud. 221
bienheureux évéque, aidé de la grâce d'en haut, apaisa le prince
persécuteur, et se transportant au lieu où les saints avaient ac-
compli leur martyre, il y ensevelit leurs corps en louant le Sei-
gneur.
7 septembre. — SAINT CLOUD, prêtas et solitaire. —
6e siècle.
Cloud était fils de Clodomir, roi d'Orléans , et petit-fils du
£mnd Clovis et de sainte Clotilde. Il naquit en Tan 422. Ayant
perdu son père environ trois ans après sa naissance, il fut élevé
avec Thibaut et Gontaire, ses deux frères, par sainte Clotilde, qui
leur donna une éducation très-chrétienne. Elle espérait de les
-voir on jour en possession du royaume de leur père ; mais l'ambi-
tion de Childebert, roi de Paris, et de Clotaire, roi de Soissons,
leurs ondes et fils de Clotilde, priva ces trois jeunes princes de
l'héritage qui leur appartenait, et fit même ôter la vie à Thibaut
et à Gontaire.
Le jeune Goud échappa à la fureur des meurtriers de ses frè-
res par une providence particulière , qui lui fit sentir que c'est
dans le repos de la solitude que Ton trouve Jésus-Christ. Ses on-
des le firent chercher, dans la crainte qu'il ne les dépouillât par
la suite de ce que leur injustice les avait portés à lui ravir ; mais
Dieu, qui se joue des desseins des hommes, sut si bien le sous-
traire à leur cruauté, qu'il ne leur fut pas possible de le trouver.
I^e jeune prince goûtait une joie trop grande dans le service de
Dieu pour penser à l'échanger avec les honneurs humains : le
jour et la nuit il rendait grâces au Sauveur, qui l'avait retiré de
Babylone avant qu'il eût pu en éprouver la corruption. Un ha-
billement rude et grossier lui donnait plus de satisfaction qu'il
n'en eût trouvé sous la pourpre. Jamais l'oubli de soi-même , qui
aocompagne si souvent les rois et tous ceux qui sont dans de
grandes places , ne put pénétrer dans le réduit obscur où il était
devenu vainqueur des démons.
Comme on augmente en mépris pour la terre à mesure qu'on
augmente en grâces et en lumières , saint Cloud , comblé des fa-
veurs du ciel dans cette première retraite , voulut la quitter pour
embrasser une vie encore plus parfaite ; dans ce dessein , il s'a-
dressa à un saint solitaire nommé Séverin , qui vivait dans une
cellule fort retirée , aux environs de Paris. On croit que c'était
19.
222 H septembre. — nativitk i>k L4 sainte vikbcs.
dans le lieu où est aujourd'hui la paroisse qui porte son nom. Se*
vérin, à qui une longue expérience dans la vie spirituelle avait,
appris les moyens les plus sûrs de parvenir à la perfection, douai
à saint Cloud les avis nécessaires pour le faire avancer de plus en
plus dans la voie de l'Évangile ; il le revêtit aussi de l'habit mo-
nastique, comme pour lui apprendre qu'étant consacrée Dieu
d'une manière particulière , il ne devait jamais- penser à retourner
dans le monde. Il demeura pondant quelque temps avec saint
Se vérin, s'exerçant sous sa conduite à toutes les pratiques de la
vie monastique, et s'efforçant d'arriver au ciel par la voie étroite
que Jésus-Christ a tracée. Mais, la proximité de Paris et la rén
putatiou de saint Sévcrin l'empêchant de demeurer aussi inconnu
qu'il désirait l'être , il se retira dans la Provence , après avoir
donné son bien aux pauvres On ne nomme point le lien où I
lha sa demeure; on sait seulement qu'il y resta longtemps v et '
qu'il y fit plusieurs miracles qui le lurent encore plus connattM *
qu'il ne l'avait été lorsqu'il demeurait avec saint Se ver in; ce oui
le détermina à retourner à Paris où on le vit avec une grande joie.
Il fut ordonné prêtre par l'évéque Eusèbe, vers l'an 65 i. Iljrem-
plit pendant quelque temps les fonctions de son ministère dans l'é-
glise de Paris; ensuite il se retira ù deux petites lieues de Paris»
à Notent , sur la rivière de Seine , où il fit bâtir un manastto
qu'il mit sous la dépendance de l'église cathédrale de Paris. Ce fat
la qu'il passa le reste de sa vie avec plusieurs personnes que Ift
crainte de se perdre dans le monde réunit auprès de lui. Le mo«
nastere qu'il avait hAti fut changé depuis on une église collégiale»
dans laquelle on conservait ses reliques : le lieu a pris son nom. Il
y mourut en l'an 5(10.
i
H septembre. — 1A NATIVITE J)K IA SAINTE VIERGE.
II n'est point parlé de la naissance de la sainte Vierge dans l'É-
criture ni dans les premiers écrivains de l'Église. Si sa généalogie
se trouve dans saint Luc , ce n'est que sous le nom de saint Jo-
seph et par rapport à Jésus-Christ, dont la naissance de la race
de David devait être vérifiée pour prouver l'accomplissement des
prophéties. C'est pour confondre la vanité des hommes dans leur
généalogie, pour leur apprendre à oublier tout ce qu'ils sont par
Adam , et à ne se souvenir que de ce qu'ils sont par Jésus-Christ,
le nouvel Adam. On passe, par le moyen du baptême, de la fa- *
S septembre. — nativité de la sainte vierge. 223
Me du premie s celle du second ; et tout ce qu'on espère
wr l'éternité n'est fondé que sur la naissance qu'on y a renie.
'ctfdoac une extrême folie à un chrétien de tirer vanité , comme
■ le £Ét souvent, d'une noblesse qui ne passe en lui que par le
hjob d'une naissance crimine Ile qui ne se communique qu'avec
s péché, et qui doit périr avec 1e monde d'Adam.
Ce que les fidèles doivent considérer d'abord dans la naissance
e Marie , c'est l'obscurité et le silence qui l'ont rendue alors in-
mue au monde , sans qu'il y ait rien paru qui la relevât aux
m des hommes. La terre possédait déjà celle par qui le salut
baût venir au monde , et elle ne la connaissait point. Il était juste
|K tout fût humble dans une vierge qui devait être la mère du
Meur de l'humilité; que Marie ressemblât à Jésus-Christ autant
|ÉH est possible à une créature de ressembler à un Dieu fait
>, et qu'elle annonçât par avance dans toute sa conduite les
que le fils de Dieu devait venir enseigner par son exemple
t par sa conduite.
Ces* encore pour faire apprécier aux fidèles les avantages de
ette vie cachée , que Dieu n'a pas permis qu'il y eût rien de cer-
mi sur le nom du père et de la mère de Marie. Il suffit de savoir
ne Marie avait été choisie de toute éternité pour être la mère du
Tb de Dieu selon la chair ; qu'elle est née dans le temps destine
or cette Providence qui a marqué tous les moments de la vie de
homme sur la terre ; qu'elle a été mère sans cesser d'être vierge,
t qu'elle a porté dans son chaste seiu celui qui était né en elle
pr une opération toute divine. Les chrétiens doivent adorer ces
mystères et honorer celle qui en a été l'instrument : mais ils doi-
vent l'honorer en l'imitant : comme son intercession peut leur
obtenir cette grâce, qu'ils la prient avec foi et avec ardeur, par
cette rie qu'elle commence, de leur obtenir de son Fils une
tourelle vie et une nouvelle naissance.
On ne peut douter que la sainte Vierge n'ait employé le pre-
mier usage de sa raison à se donner à Dieu , à se détacher des
choses sensibles qui l'environnaient, à rendre à son Créateur tous
les devoirs d'une fidèle créature. On peut croire qu'elle lui a dit
alors intérieurement ce que saint Paul nous apprend que Jésus-
(hrist a dit à son père en entrant dans le monde : Je viens , mon
Dieu, pour faire votre volonté et tout ce que vous avez ordonne
de moi dans le livre de votre sagesse. Ce qu'où n'a pu faire quand
w est venu au monde , ce qu'on n'a peut-être point l'ait quand on
224 S septembre. — f. du s. nom dk îul b. t. m.
est outré daus l'usage do la raison et do la volonté, il finit le foin '
au moins dans tout le reste de la vie , et en employer tous )q •
moments, comme Marie, à se préparer à recevoir les grâces A tt
Dieu et à le remercier. C'est ainsi que nous honorons Marie <T«i r
culte agréable à Jésus-Christ, son Fils, et qui nous méritera dl *"
nouvelles grâces par son intercession. .' !BÊ
55
8 septembre. — SAINT ADRIEN, martyr. — 4e aède, -i
Adrien persécutait à Mcomédie les chrétiens par ordre de Te»- /!
pereur Maximien. Comme il avait souvent admiré leur constan* ,
a confesser la foi et à endurer les tourments . il finit par en toi .,
si vivement touché qu'il se convertit au christianisme. Telle lut II ^
cause pour laquelle il fut jeté en prison avec vingt-trois autrsj l*
fidèles. Natalie sa femme, qui était déjà chrétienne, vint le tb>
ter, et l'enflamma d'ardeur pour le martyre. (Test pourquoi m
le fit sortir de prison, et on l'accabla de coups de fouet jusque ce
que les intestins lui sortissent du corps. Enfin on lui brisa les Joui-
l>es, on lui coupa les mains et les pieds ; c'est ainsi qu'avec béas- t%
coup d'autres il remporta heureusement la victoire par le mat- *
tvre , en Tan 306 environ. '
«
«
8 septembre — FÊTE DU SAINT NOM DE LA BIENHEU-
REUSE VIERGE MARIE.
t
i
( Dimanche dans Voctaue après la Xatiçité de la Mainte
ï'ierge. )
« Le nom de la Vierge était Marie, » dit rÉvangéliste. Par- *
Ions un peu sur ce nom , dit saint Bernard , sur ce nom qu'on '■
interprète par Etoile de la mer , et qui convient parfaitement à la '
Mère qui est restée vierge. On compare très-justement Marie a 1
un astre , parce que de mémo qu'un astre lance ses rayons sans '
altérer sa propre substance , ainsi la Vierge a enfanté son Fils sans *
léser en quelque chose, sa virginité. Pour l'astre le rayon ne de- r
minue rien de sa clarté , ni le Fils en la Vierge n'amoindrit rien '
de sa virginité. Marie est donc cette noble étoile issue de Jacob, *
dont le rayonnement éclaire tout l'univers, dont la splendeur *
brille dans les eieux , pénètre les enfers, et se répand aussi sur la (
terre , où , échauffant plus les esprits que les corps , elle fait nattre -
S septembre. — F. du s. nom j>e la b. y. m. 22*
lv vertus, et dessèche le germe des vices. Elle est, dfs-je, cette étoile
fcriHante et incomparable qui s'élève au-dessus de cette vaste mer
Àa-bas, pour y reluire par ses mérites, et y faire descendre la
^nûère de ses exemples. O vous , qui que vous soyez , qui corn-
• prenez que dans le courant de ce siècle vous êtes ballottés à tra-
vers les orages et les tempêtes , plutôt que vous ne marchez sur
là terre ferme , ne détournez pas les yeux de la lumière éclatante
de cet astre , si vous ne voulez point être submergés. Si les vents
des tentations s'élèvent contre vous, si vous vous jetez contre les
meus des tribulations , regardez rétoile, invoquez Marie. Si vous
éfcs agités par les flots de l'orgueil, de l'ambition , de la médi-
an , de la jalousie, tournez vos regards vers l'étoile, invoquez
Marie. Si la colère, si l'avarice , si les séductions de la chair ont
èranlé la nacelle où surnage votre âme, regardez du côté de Ma-
riai Si troublés par l'énormité de vos crimes , couverts de con-
fcskm à cause* des souillures de votre conscience, épouvantés
et rhorreur du jugement qui vous menace , vous commencez à
tous sentir engloutis dans le gouffre du découragement, dans l'a-
bîme du désespoir, songez à Marie. Dans les dangers , dans la
détresse et dans la perplexité des circonstances critiques , pensez à
Marie , et invoquez son nom. Qu'il soit toujours dans votre bou-
che, qu'il soit toujours dans votre cœur, et pour obtenir le secours
de sa prière, ne désertez pas l'imitation des exemples de sa vie.
En suivant Marie, vous ne pouvez vous égarer, ni en la priant
tomber dans le désespoir ; en pensant à elle , vous échappez à l'er-
reur. Lorsqu'elle vous soutient, vous ne pouvez courir à la
ruine, et ne rien redouter lorsqu'elle vous protège. Si elle devient
votre guide, vous ne sentez plus de fatigue , et si elle vous est
favorable , vous atteignez votre but. C'est ainsi que vous éprou-
verez en vous-même combien justement il a été dit : « Le nom
delà Pierge était Marie. »
Ce nom vénérable était depuis longtemps honoré d'un culte
spécial dans quelques parties du monde chrétien, lorsque le pape
Innocent XI , à l'occasion d'une insigne victoire , remportée à
Vienne en Autriche, parla protection de la sainte Vierge Marie,
sur le féroce sultan des Turcs qui insultait et menaçait toute la
chrétienté, ordonna que chaque année, en souvenir perpétuel d'un
si grand bienfait, l'on célébrât la fête du saint nom de Marie par
toute l'Église, le dimanche dans l'octave après la JNativité de la
sainte -Vierge.
22tt t> septembre, — s. oheb, év. de téhouanne.
î> septembre. — SAINT GORGONIUS, SAJNT DOROTHÉE ,
ET LEURS COMPAGNONS , mabtybs. — 4e siècle. ■ ,
Gorgonhis, né à Nicomédie, chambellan de l'empereur Dîèp ] -
rlétien, amena à ia foi chrétienne, avec l'aide de son collègue Do- ■
rothée , tous les autres officiers attachés comme lui à la chambre ]
du prince. Voyant un jour tourmenter très-cruellement un mar- '
tvr devant l'empereur, l'exemple de constance qu'il leur donna lès '
enflamma l'un et l'autre de l'amour du martyre. Tous les deux
s'écrièrent donc : « Pourquoi , Seigneur, pour celui-ci une sea-
tence de condamnation qui nous est commune avec lui, et ne le '
punissez-vous que lui seul ?■ Nous n'avons pourtant avec lui qu'un}
même foi, qu'une même résolution. » Après qu'on les eut enchaF
nés, l'empereur donna l'ordre de les mettre en pièces à coups de.
fouet, de manière à leur déehirer la peau sur tout le corps, d'ar-
roser ensuite leurs plaies avec du vinaigre où Ton ferait foudre du
sel , puis après les avoir attachés sur un gril , de les exposer a
la chaleur des charbons ardents qu'on, mettrait dessous. Après
avoir été torturés de toutes les manières , on les tua en les sus*
pendant en l'air, en Tan 304. Le corpsjde saint Gorgonius fut ap-
porté depuis à Rome, et enseveli entre deux lauriers sur la vote
Latine ; mais dans la suite le pape Grégoire IY le Ht transporter
dans la basilique du Prince des apôtres.
9 septembre, — S. OMER, évêqub de TÉaoUAjtfFTE. —
7e siècle.
Orner naquit vers la fin du sixième siècle. Dieu lui ayant frit
connaître là vanité du monde , il se retira au monastère de Luxeuil,
au diocèse de Besançon. Son humilité , son obéissance et ses au-
tres vertus édifiaient toute la communauté , qui ressentait une
grande joie d'avoir acquis un religieux d'un aussi grand mérite.
Quoiqu'il usât d'une grande sévérité envers lui-même , il avait
pour tous les autres une douceur qui le leur rendait singulière-
ment aimable. Il faisait paraître une pureté de mœurs admirable
et une grande vigilance à éviter et à écarter tout je qu'il croyait
capable de blesser cette vertu. Il employa les jeûnes, les veilles et
9 septembre. — s. omer, év. de TTÉftoUÀNKE 227
â'autres austérités pour mortifier ses passions et pour assujettir
k chair à la loi de -l'esprit.
L'éclat de sa vertu ne fut pas toujours renfermé dans son mo-
nastère. On parla avantageusement de lui au roi Dagobert ; et ce
prince jugeant, par ce qu'on lui en disait, qu'il était capable des
ihi£,grands emplois de l'Église , le demanda à l'abbé de Luxeuil.
fi&llut èure violence au saint pour le tirer de sa retraite. Quelle
éffirenoe , disait-il , entre le port où je suis et la mer orageuse où
Ton va m'embarquer sans expérience et contre ma propre volonté !
Mais on n'écouta point tout ce que son humilité lui dicta en cette
•eeasfon. On le tira donc de Luxeuil , et on le sacra évéque de
ïfrouanne , Fan 686.
Saint Orner trouva la plus grande partie de son peuple plongée
feus l'idolâtrie, et tous dans des vices grossiers. Il semblait que
Dira lui eût réservé cette moisson. Aussi ne s'épargna-t-il pas ;
1 travailla avec un zèle extrême à réformer les mœurs du peu de
ittétiens de son diocèse, et à leur faire observer la loi de Dieu.
1 s'appliqua ensuite à détruire l'idolâtrie par des prédications ;
*, avec le secours de la grâce du Tout-Puissant, il fit tant de
olides conversions , qu'il y avait peu de diocèses aussi bien cul*
ivés que le sien l'était à la tin de son épiscopat.
Dieu inspira à plusieurs de ses ouailles le désir de suivre ses
sonseils évangéliques en se dépouillant de tout et en se retirant
dans la solitude. Ce fut ce qui donna lieu à la fondation du mo-
nastère de Sithieu ou de Saint-Bertin , dont saint Mommolin
fut établi premier abbé par saint Omer, Ce saint prélat s'y re-
tirait lui-même quelquefois pour s'occuper de la contemplation ,
quand les fonctions épiscopales lui laissaient quelque loisir. Étant
parvenu à un âge avancé , il perdit la vue ; mais cette infirmité
ne lui arracha jamais aucune plainte. Son âme était trop éclai-
rée pour se plaindre d'un accident qui ne devait pas être de lon-
gue durée , et qui , après tout , lui laissait plus de liberté pour
méditer la loi du Seigneur. Lorsqu'il assista à la translation des
reliques de saint Vaast , quoiqu'il s'y fit plusieurs miracles, il ne
àemanda point à Dieu d'autres grâces que celle d'augmenter en
justice et de mourir dans son amour. Le Seigneur lui accorda
a demande : sa vertu devint de jour en jour plus parfaite , jus-
qu'à ce qu'enfin, ayant acquis le degré où elle devait s élever,
Dieu le récompensa par une mort sainte et par la gloire éternelle
ijui l'a suivie. Ce fut vers Tan 666 que le Seigneur retira ce saint
29* 10 Èêplembrt. — SAtftTft PI :fti*ML
prélat du monde. Ou I' a < > ou moral
Notre-Dame de Sithieu , ai ju il l'a vak ordonné. Cette i
, 10 septembre. — SAINTE PULCUfcRIE, impuatm
vierge. — 5ft siècle.
OElia-Pulchérie-Augusta , très-noble pour avoir compté
les empereurs romains son père , son aïeul, son frère et ton •
fut plus illustre encore à cause du zèle qu'elle déploya pou
battre l'hérésie et défendre le dogme catholique au sujet i
carnation et de la divine maternité de Marie. Elle parut i
enfance avoir reçu une si haute sagesse, que ceux qui, a;
mort d' Arcadius , devaient gouverner l'empire pendant la
rite de Théodose, fils de ce prince , ne faisaient rien sans
consultée. Elle élevait dans la pureté des mœurs et dans
tique de la vertu son frère Théodose et Eudoxie, qu'elle fit é
à ce jeune prince, ainsi que ses sœurs Flaccille, Aroadic
rine , qu'elle gouvernait bien qu'elles eussent presque son I
dont elle paraissait en quelque façon être la mère. Pour ni
combien cette éducation profitait aux princesses il sufi
dire qu'à l'exemple de leur pieuse institutrice, elles se dévo
a Dieu et lui consacrèrent leur virginité. Quant à Pulchérie
rendre plus invariable sa résolution de rester vierge en en p
a témoin tout le monde , elle plaça dans l'église de Gon
nople une table sacrée , toute d'or et ornée de pierreries, <
moire du vœu qu'elle avait fait.
Tant que Théodose suivit les conseils de sa sœur, il
meilleur des rois et le modèle d'un empereur chrétien. Mai
qu'il eut vécu longtemps en paix avec elle , des malveUlan
vont à bout , par le mensonge et des discours envenimés, de
la discorde à la cour. Pulchérie, pensant avoir trouvé le no
où elle pourrait enfin ne plus s'occuper que de Dieu et
salut , se retira donc à ïîebdome , faubourg de Constant!
et y demeura quelque temps , meuant presque la vie mona
Mais avec elle avait disparu la félicité de l'empire. Son i
fit revenir. Voyant alors qu'on manquait d'un homme cap*
défendre la religion , comme Débora elle s'avança armés
foi , et fit pour la maintenir dans son intégrité tout oe q
zèle pieux lui inspirait. Aussi se montra-t-elle digne de
" iê septembre* — s. pàtteht. 929
iééccrnèrent lés Pères du concile de Chateédoine en fap-
4tae commune yoîx la gardienne de la foi, l'auteur de la
In destructrice de l'hérésie, pieuse , orthodoxe et nonveëe
lu Polehérie mérita aussi que le pape saint Léon lui renaît
letionsde grâces, au nom de toute FËglise romaine ,
Dieu de l'avoir fait triompher d'abord de l'impiété de
lus, et ensuite des coupables erreurs d'Eutychès.
infinis que causèrent à Pulchérie tes conciles d'Êphèse
f convoqués par l'autorité des pontifes romains,
iflsjbèreut pas d'accomplir avec la même exactitude tes au*
de la piété chrétienne. Eue s'appliqua constamment
éclatant le culte que Ton rend aux reliques des
tout tes bienheureux , elle honora particulièrement
Vierge Marie, et lui donna la première te titre de
pour repousser les blasphèmes des Nestoriens. Bien
élevé à l'empire Marcien qu'elle en jugeait digne à
le sa piété et de ses autres qualités, et quoiqu'elle l'eut
mr époux , elle n'en garda pas moins dans le mariage la
é perpétuelle , imitant encore de cette manière la Mère
in-Cfarist. Elle avait pour les pauvres une charité incom-
*; les aimant comme ime mère tant qu'elle vécut, elle les
i, en mourant, héritiers de ce que lui avait laissé sa libé-
ras bornes de tous les jours. Pulchérie mourut en l'an 453 .
et causa un deuil général , et sa mémoire fut célébrée par
des saints Pères et des autres écrivains de 1 époque.
-**
iembre.— SAINT PATIENT, évêqub. — 5e siècle.
itoire n'apprend rien touchant la naissance, l'éducation et
Bien emplois de ce saint. Il fut choisi pour gouverner l'É-
rLyon, vers l'an de Jésus-Christ 468. Voici une partie de
epe saint Sidoine Apollinaire en a fait dans une lettre qu'il
vit : « Nous apprenons avec beaucoup de joie que vous ne
intentez pas de remédier aux maux que vous voyez de vos
mais que vous étendez vos libéralités jusqu'aux extrémités
rance. Les malades et les affligés n'ont point à se plaindre
Hi'is ne peuvent venir jusqu'à vous : votre charité va les
r jusque dans leurs maisons, dans leurs lits, et votre main
santé prévient la faiblesse de leurs pieds. Vous consolez
in ne connaissent pas votre nom , et vous essuyez souvent
20
930 10 septeBibre. — s» NICOLAS DE FPUHri'IWO»
les larmes de ceux dont v< p m 9ft»*QBaqf£
en tous une sainte inquiet < voua fait taqftaifr.
manquer à assister que îj vue. » SidatoÉM
sur l'austérité de sa vie, sur sou zèle pour la discipline , sur'
amour pour la pureté de la foi , sur la conversion des héiétifMBi
et des païens que ses discours et ses prières ont retirés de répri-
ment. . ■*•
Sa charité parut d'une manière particulière dans le ravage qas
les Goths firent dans une partie des Gaules, en 47S et 474. Cflt
tarbares avaient brûlé une très-grande partie des blés qui
sur terre ; ce qui causa une grande famine. Saint Patientât
des blés de tous côtés , et les lit distribuer gratuitement à
«taux environs : il en envoya jusqu'en Provence et e&Auragaey ■
et par ses soins on se sentit à peine de la disette. Ce fut
lui qui engagea le prêtre Constance à écrire la vie de
main d'Auxerre. L'opinion la plus commune est qu'A
vers Tan 491.
JO septembre. — SAINT MGOL.AS DE TOLENTINÛ, IMIjj
dk l'obdre de Saint- Augustin, cokfesscub. —11!
et 14e' siècle.
Saint Kicolas dit de Tolentino , parce qu'il a passé la inajet
partie de sa vie et qu'il est mort dans la ville de Totantina, sa
Italie, naquit vers Tan 1245 a Saint- Angelo, dans la marche d* A*
cône , de parents peu fortunes , mais riches en vertus chrétienne*;
ils crurent, après un pèlerinage qu'ils avaient fait a l'église dl
Saint-Nicolas de Bari , devoir a son intercession la naissance tf
leur fils, et voulurent qu'il en prit le nom au baptême. Hlaehay
dès son enfance, parut être un enfant de bénédiction par aiC
goiH pour la prière, sa modestie, sa charité pour les panvm*Hf
sa docilité à tout ce qu'on lui enseignait pour son éducatwoflft
lit de rapides progiês dans ses études, que la piété etlafW^
lence sanctifièrent habituellement. Son mérite fut bientôt eama,
et on le nomma chanoine de l'église de Saint-Sauveur k Tolaft£
tino. Sa régularité édifia tout le monde , mais il était dès ton**
tiré par la grAcc a se séparer totalement du moude , et priait Dm*
dans la retraite sans aucune interruption. Occupé de ce dessem,
il entendit un ermite de Tordre de Saint-Augustin prêcher sur
les vanités du monde , et crut devoir embrasser Tordre de ce pré-
11 septembre. — s. piote et s. hyacinthe. * 231
dont le discours avait fait eu lui une impression luiui-
et profonde ; il courut sans délai se présenter au couvent
fe TèfcntiDO , où il prit l'habit.
son noviciat, où sa ferveur fut toujours exemplaire , il
ses voeux à dix-huit ans. Depuis ce jour, le sacrifice d>
dans la pratique de l'humilité , de l'obéissance et de la
phi rigoureuse mortification de ses sens, ne cessa de le conduire
kbptas hante perfection religieuse. On l'envoya successivement
faneurs couvents de sou ordre , et partout il fut le modèle
frères et la bonne odeur de Jésus-Christ pour tous ceux
desquels il travailla , après avoir été ordonné prêtre au
de CîngoJe. Il recevait à l'autel des grâces extraordinaires ;
ait par ses larmes abondantes et son visage enflammé ,
i célébrait les saints mystères. Il passa les trente dernières
de sa vie à Tolentino, ou il prêchait presque tous les jours.
■ j convertit une multitude de pécheurs de tout état et de tout
pe. H fut favorisé de plusieurs visions et opéra divers miracles.
ne maladie longue et douloureuse acheva d'en faire la victime
i la divine volonté , à laquelle il n'avait cessé de s'offrir en sa-
Ifce. Il mourut le 10 septembre 1308. Eugène IV le canonisa
i 1446.
! septembre. — SAINT PROTE et SAINT HYACINTHE,
martyrs. — 3e siècle.
Prote et Hyacinthe étaient frères , et eunuques de la bienheu-
Eugénie. Us furent baptisés avec elle par Févêquc
, et s'étant adonnés à 1 étude des lettres divines , ils vé-
quelque temps dans un monastère d'Egypte dans la pra~
delà sainteté et d'une humilité admirable. Mais plus tard,
accompagné la sainte vierge Eugénie à Rome , iis y furent
sous Fempereur Galien, parce qu'ils professaient la foi
. Comme on ne put obtenir en eux d'aucune façon
abandonnassent la religion de Jésus-Christ pour adorer les
dieux, après les avoir cruellement frappés de verges, on
.v trancha la tête le 1 1 de septembre, en Fan 2->7.
332 11 septembre. — saint PAPnrçi.
«ÉHMWH ... .11 —
11 septembre. — SAINT PAPHNUCE, , ÉviQua. .-**4»'
Paphnuce était Égyptien de naissance. Prévenu des grâces dn
ciel dès sa jeunesse , il se retira dans le monastère de Pâpear, vers
les extrémités de la Haute-Egypte. Dieu l'en tira quelque temps
après pour l'élever à l'épiscopat.
Paphnuce donna , au peuple que la Providence avait mis sous
sa conduite , l'exemple des grandes vertus qu'il avait apprises et
pratiquées dans le désert , et il tâcha d'en former des suais sp-
pliqués aux bonnes œuvres et dignes du nom de chrétiens, dont
il se faisait gloire. Il gouvernait son troupeau depuis peu d'années,
quand il eut à soutenir la persécution de l'empereur Mai
Il fut du nombre des confesseurs à qui ce prince cruel fit
un œil et couper le jarret gauche , et qu'il envoya ensuite txavaflkr
aux mines, ne leur laissant la vie que pour leur faire endurerai
plus long martyre , et ne voulant pas hâter le moment de te
gloire en abrégeant celui de leurs souffrances. Paphnuce sonftfe
ce supplice et ces travaux sans murmurer. U s'offrit a Dieu i
une victime prête à lui être immolée, s'il le demandait : il
que l'homme ne doit vouloir que ce que Dieu veut , et compter
pour rien les peines qui lui obtiennent une félicité éternelle.
I*a mort des persécuteurs de l'Église et l'élévation de Goph
tantin à l'empire ayant rendu la paix et le calme an siècle, on
tira Paphnuce des travaux pénibles auxquels on l'avait condamné,
et on le rendit à son troupeau. Il reprit ses fonctions avec va
zèle si grand, qu'on ne s'aperçut pas de l'état d'infirmité où
ses souffrances l'avaient réduit. Il prit les intérêts de l'Église ans
ardeur, et, comme on est digne de défendre la foi quand ,001
souffert pour elle , lorsque Constantin eut assemblé le conçue gé-
néral de Nicée , le saint prélat y vint , tout estropié qu'il était,
et y parut avec beaucoup d'éclat au milieu de plusieurs autres sots
confesseurs de Jésus-Christ , restes précieux des persécutions Al
Dioclétien et de ses successeurs. Pendant la tenue du coooBe,
l'empereur Constantin faisait souvent venir Paphnuce dans son
palais , afin de s'entretenir avec lui des moyens de rétablir la p**
dans l'Église; et jamais ils ne se séparaient, que ce prince reli-
gieux ne baisât avec affection la place de l'œil que le saint avait
perdu pour la foi de Jésus-Christ. On ne connaît point le temps
J2 «q t. — 8. GUY OU GUIDON. 2S&
i mort; on t qu'il mourut dans une grande
»6 : saméflnnav aeie en bénédiction dans tous le* siècles
ma.
qptombre. — SAINT GUY ou GUIDON, bedeau.
— 12e siècle.
£„ surnommé le pauvre d'Anderlecht , est également connu
r ttom de Guidon, du mot latin Guido, qui veut dire Guy.
t tin monde sur la fin du 01 de, dans un village du
HtV&8 parents , qui étaie: n ion pauvres et de basse con-
l£jsB parent lui procurer ce que le monde appelle de l'éduca-
JÉÎÉBa, comme ils craignaient Dieu, ils apprirent à leur fils
MTtfr fidèlement. Us lui inculquèrent dès l'enfance cette
»e de Tobie à son fils : « Nous serons assez riches si nous
ions Dieu; » et ils lui donnèrent eux-mêmes l'exemple de
-crainte animée et vivifiée par la charité.
y étant allé un jour dans le village de Lacke , à une demi-
d£ Bruxelles y entra dans l'église pour y prier. Le curé,
tfepérçu dans cette sainte occupation, futctianné de sa modes-
te son recueillement : il l'appela et s'entretint avec lui. Encore
rappé de ses discours , qui ne respiraient que la prière , et
s surpris du bon sens avec lequel il parlait , le curé lui pro-
de l'attacher au service de son église. Guy accepta l'offre
d'autant plus de plaisir qu'A espérait trouver dans ce poste
oi contenter son amour pour la prière et son respect pour
ux saints. Il fut donc établi garde ou bedeau de Notre-Dame
cke. Gomme il n'agissait point en mercenaire , tout lui parut
l dans son emploi. On le voyait toujours également recueilli:
imiter ceux qui , regardant l'église comme un lieu ordinaire,
«fit souvent plus haut et plus grossièrement qu'ils ne feraient
In places publiques, il y était dans un religieux silence et
nodestie qui semblaient dire à tout le monde : C'est ici la
m du Seigneur; tremblez , vous qui approchez de son sanc-
i. La propreté, le bon ordre et sa ponctualité dans tout ce
avait à faire faisaient aisément juger de la pureté de son âme
la régularité de ses mœurs. C'était toujours au pied de
I qu'il se délassait de ses occupations extérieures , et souvent
sait une partie de la nuit en oraison. Tout le reste de sa
rite était aussi réglé. 11 ne donnait rieu au plaisir ni à la le-
20.
234 13 septembre. — s. amat ou amé.
^creté. 11 marchait toujours en la présence de Dieu et s'efforçait
de devenir parfait. Il vivait dans une très-grande pauvreté. lors-
qu'il n'avait pas de quoi faire l'aumône, il la demandait pour
ceux qu'il ne pouvait soulager par lui-même. Il affligeait son corps
par des jeûnes rigoureux , et prévenait ainsi par la pénitence le
jour de la colère future. Il tâchait de rendre la verni aimable par
des manières honnêtes et gracieuses.
Cependant , pour l'humilier et le rendre plus vigilant sur lui-
même, Dieu permit qu'il fit une faute qui lui fit répandre plus
tard bien des larmes. Un marchand de Bruxelles, voyant l'amour
qu'il avait pour les pauvres, lui persuada de se mettre dans le
commerce afin d'y gagner de quoi les soulager plus abondam-
ment. Guy, trompé par ce prétexte spécieux, ne fit point attention
que Dieu n'exige pas de nous le bien qu'on ne peut faire qu'en
quittant un état où sa providence nous a placés. Il écouta la pro-
position du marchand, et se mit de société avec lui, ce qui sur-
prit tous ceux qui le connaissaient. Dieu, qui n'avait permis cette
fausse démarche que pour apprendre à son serviteur que nos pro-
pres lumières sont souvent un mauvais guide, ne voulut pas qu'A.
demeurât longtemps dans l'illusion faite à sa simplicité. Guy' vit
périr, au moment d'entrer dans le port, le bâtiment de la cargai-
son duquel il comptait déjà retirer d'assez forts bénéfices pour
soulager les indigents. Il reconnut de suite que cet accident était
une punition de sa faute ; et, retournant aussitôt à Lacke, il re-
prit son premier emploi, et ne songea plus qu'à trafiquer pour le
Ciel, en avançant de vertus en vertus. Dieu l'appela à lui vers
Tan 1112.
13 septembre. — SAINT AMAT ou AMtë, évêque DE SlON ,
patron de Douai. — 7e siècle.
Dieu fit naître saint Amat, vulgairement appelé saint Amé,
dans une famille pieuse et favorisée des biens de la fortune. Formé
à la vertu dès sa jeunesse, l'étude des lettres humaines, à laquelle
on l'appliqua pendant quelque temps, ne lui fut pas préjudicia-
ble. Il mit des bornes à sa curiosité, de peur qu'elle ne l'égarât,
et il pratiqua à la lettre ce que dit saint Jérôme, qu'il ne faut
point apprendre ce qu'on ne peut savoir sans danger. H u'y eut
que dans la science des saints qu il voulut tout approfondir. S\-i|i-
pliquant à cette étude avec humilité et avec un cœur pur, il eu
11 septembre. — s. amat ou amk. 236
m mépris sa ère pour le ode et un désir ardent
les disposition a'Amé, lorsqu'il entra <
i, non que lui- ! s'en crût digne ( <
Teût plus été); mais p e qu'il e qu'il y se a
dangers qu'on court as le 1 i 11- <
peut garder la re* et se oe
* du siècle, i s qu y uve a î
Al pfc» m plus du désir d 1 ï e j tRm, tt se re-
iteddans le monastère d'Ag
at le peuple, témoins de: progrès et édifiés de son.
;y vers Tan 660, te siège épiseopal de Ston,
t efforts qu'il fit pour tore dispensé. La vocation
trop bien marquée, et ai aurait pu craindre de
désobéissant aux ordres oe Dieu , en voulant lui
bumiKté excessive, et qui dès lors cessait d'être une
• homlité , s'il eût persisté davantage dans son refus. De-
chef du troupeau, il le conduisit avec sagesse, et le ga-
sntant qu'il fat en lui, contre le vice qui corrompt le
* contre l'hérésie qui séduit l'esprit. Il prêcha, il instrui-
sit soin des malheureux et les soulagea : il fut, en un mot,
t pasteur, et il sanctifia tous ceux qui étaient sous sa con-
avait près de cinq ans qu'il gouvernait en paix son église ,
î de graves tribulations vinrent l'éprouver. Le démon , ja-
bs sa vertu et du bien qu'il faisait dans son diocèse, suscita
lui quelques-uns de ces hommes qui ne peuvent souffrir
s autres le bien qu'ils n'ont pas le courage de faire eux-
l Us l'accusèrent auprès de Thierry Ier, fils de Clovis II, de
« crimes qui n'avaient point de fondement. Le roi ne s'in-
point si ce qu'on lui rapportait contre le saint prélat était
e croyant coupable, parce qu'on lui disait qu'il l'était, il
à Paonne, dans le monastère de Saint-Fursy. Saint Ultan
t alors abbé : il ne tarda guère à reconnaître le mérite de
aoonier; il l'honora comme un serviteur de Dieu qui souf-
■raéeution pour la justice , et il aurait adouci encore plus
nés de son bannissement, si Amé n'avait voulu faire servit
race à la pénitence, dans laquelle il se proposait de passer
5 de ses jours.
avait environ douze ans qu'Ame était à Péronnc, lorsque
rhierry l'en fit sortir, nou pour le rendre a son peuple (ce
2:50 14 septembre. — exaltation de la stb croix.
prince ne voulait point éloigner celui qui le gouvernait ) , 'nu
pour renvoyer au monastère de Breuil ou de Mer ville , au di
cèsede Térouannc, en Flandre. Mauron, qui en était le fondateu
et qui avait été abbé de Saint-Fursy après saint Ultan, fut réjo
de posséder encore le saint prélat; et, soit qu'il en eût obtei
le consentement du roi, soit de son propre mouvement, il lui lais
le gouvernement de ce nouveau monastère. Amé prit grand soi
de ceux confiés à sa vigilance, et il s'efforça, par son exemple
par ses discours, de les porter à la pratique de l'humilité et i
la simplicité évangélique. Quand il avait donné ordre h tout,
se retirait dans une cellule qui était proche de l'église, et s'y a
cupait à la contemplation avec une telle ardeur, qu'il sembli
n'être plus sur la terre, mais dans le céleste séjour. 11 ne demetn
qu'environ quatre ans parmi ses religieux, qu'il ne quitta qi
pour être dans le ciel leur intercesseur, comme il avait été la
père et leur médiateur sur la terre. Il mourut l'an 690, et fut a
terré dans l'église de Breuil. On dit que Thierry reconnut qu
avait été trompé au sujet de ce saint prélat , et que pour rép
rcr, en quelque sorte , l'injustice avec laquelle il l'avait traiti
il fit plusieurs donations au monastère de Brueil : faible rép
ration de l'injuste traitement qu'il avait fait souffrir à un sai
évoque.
H septembre. — 1/ EXALTATION 1)K LA SAINTE CHOU
m Tan 029.
1 /exaltation de la sainte Croix est une fête instituée pour cél
brer la mémoire du jour auquel on rapporta à Jérusalem la Cro
sur laquelle le Sauveur du monde a opéré le grand ouvrage i
notre salut. Voici en peu de mots le détail de cet événement in
portant. Siroès , roi de Perse , ayant fait mourir Chosroès , m
père, le prince le plus cruel qu'on eût vu depuis longtemps, fit
paix avec l'empereur f Iéraclius , en 028 : il lui rendit tous I
chrétiens qui étaient captifs en Perse, entre autres Zacharie, p
triarche de Jérusalem , avec la vraie Croix qui avait été enlevée i
Jérusalem même , quatorze ans auparavant , quand la ville f
prise. Cette précieuse relique fut d'abord apportée à Constant
uople; mais l'année suivante, au commencement du printeni)i
Iléraclius s'embarqua pour la reporter a Jérusalem, et rond
14 septembre. — sainte Catherine de gênes. 237
à Dieu de ses victoires. Cette cérémonie se 6t avec beau-
de solennité et de piété : le patriarche Zacharie remit ce bois
la place qu'il occupait avant son enlèvement. Voilà quel
Fobjet de la fête que l'Église célèbre en ce jour. Elle a tou~
eu beaucoup de vénération pour la vraie Croix, à cause de
qui y a été attaché, et du sacrifice qu'il y a fait de
vie pour notre salut : elle en rappelle souvent la mé-
anx fidèles, afin que le souvenir de ce que leur salut a coûté
les porte à donner tout pour un Dieu qui s'est livré
anfc entier pour eux. La vraie Croix n'est honorée que parce
féHe a porté le corps sacré de Jésus-Christ et qu'elle a été teinte
son sang précieux. On n honore les images et les représen-
de cette Croix que parce qu'elles font souvenir du grand
qui a été opéré sur le Calvaire; et, quand on se prosterne
elles, c'est pour adorer Jésus-Christ, qui a voulu mourir
les hommes sur une croix. Ainsi les fidèles n'adorent point
bQroîx de ce culte et de cette adoration qui ne sont dus qu'à
comme les hérétiques les en accusent faussement : mais ils
l'honorent et la baisent même avec dévotion, parce
■Telle a été sanctifiée par la présence et par l'attouchement du
des saints, qui , pour nous racheter, s'est livré au plus hon-
teux supplice.
14 septembre. — SAINTE CATHERINE DE GÊNES,
veuve. — 15e et 16e siècle.
Catherine, native de Gènes, y eut pour père Jacques Fieschi, qui
nounit vice-roi de Naples, sous René d'Anjou , roi de Sicile. Sa
commençait à peine à so développer* qu'elle paraissait
un enfant de bénédiction. On était étonné de la voir joindre la
sté du cœur et l'obéissance à l'amour de la prière, à la mor-
et à la pratique des plus héroïques vertus. Elle nous ap-
eUe-méme qu'à l'âge de douze ans, Dieu la favorisait de plu-
grâces extraordinaires. Elle voulut, dans sa treizième année,
au Seigneur dans l'état religieux, mais les conseils de
auxquels elle s'en rapportait pour connaître la volonté di~
■ la détournèrent de ce dessein . Trois ans après, ses parents lui ti-
rent épouser un jeune seigneur de Gênes, nommé Julien Adorno. Son
ri. qui était passionné pour le plaisir et entraîné par l'ambition,
238 14 septembre. — sainte Catherine de gènes.
lui causa mille chagrins pendant les dix années qu'ils passèrent
ensemble. Elle les supporta avec une patience admirable et trouva- l
moyen de se sanctiiier de plus en plus. Adorno , par ses profil* *
sions, dissipa son bien et celui que sa vertueuse épouse lui avait. *
apporté en mariage. Catherine en était bien moins touchée qui' *
de la vie déréglée de son mari. Elle demandait tous les jours à *
Dieu sa conversion. Ses prières furent à la fui exaucées. Adorno, *
revenu de son égarement, en fit pénitence, entra dans le tien t
ordre de Saint-François , et mourut dans de vifs sentiments de
piété.
Catherine , étant affranchie des liens qui la retenaient dans le. -■
monde , résolut de ne plus vivre que pour son salut et pour DieuJ >
Pour mieux atteindre ce but , elle se décida à unir la vie active àjs *
vie contemplative. Elle s'attacha donc au grand hôpital de Gènes*:. *
où elle servit plusieurs années les malades avec une charité etuns^ *
tendresse incroyables. Son désir de plaire a Jésus-Christ, en le se*» '
vaut dans ses membres souffrants , l'empêchait de borner sa; *
charité à l'enceinte de l'hôpital. Elle se faisait sentir, au contraire,^
à tous les pauvres malades de la ville; car ils ne lui étaient pas pluï; *
tôt connus , qu'elle leur faisait procurer tous les secours dont isi;
avaient besoin. Son amour pour eux parut surtout pendant la pesff) *
qui lit à Gènes de terribles ravages dans les années 1407 et 1501.
Ses austérités avaient quelque chose d'effrayant. Elle s'était ,
tellement accoutumée à jeûner, qu'elle passa vingt-trois carêmes ,
et autant d'avents sans prendre aucune nourriture. Elle recevait
seulement la communion tous les jours, et buvait de temps en
temps un verre d'eau , où elle mêlait un peu de vinaigre et de '
sel. Elle avait un tel désir de s'unir au Sauveur parla participa-
tion à l'Eucharistie , qu'elle portait une sainte envie aux prêtres
qui pouvaient avoir ce bonheur tous les jours. Il lui arriva quel- :
quefois, après la communion, d'avoir des ravissements.
Sainte Catherine de Gènes ne cherchait jamais à s'excuser quand . ;
on lui faisait quelques reproches ; elle était au contraire toujours dis*. '
posée à se condamner elle-même. L'accomplissement de la volonté^. <
divine était l'unique objet de ses désirs : aussi elle avait pris pour de» .
vise cette demande de l'Oraison dominicale : « Que votre volonté -
soit faite sur la terre comme au ciel. Dans son traité du Pur- .
gatoire, et dans son Dialogue, ouvrages qui ne sont point à la,
portée de tous les lecteurs, elle insiste particulièrement sur la,'
nécessité de celte mortification universelle et de cette humilité.
15 septembre. — s. jean le nux. 230
nrfaite , qui «avait porté en elle l'amour de Dieu ù un degré si su-
kne. El le mourut le 14 septembre 1610, dans la soixante-deuxième
inée de son âge, après avoir beaucoup souffert d'une maladie
Dgue et douloureuse. C'est le pape Clément XII qui la canonisa
Jennelleinent en 1 737 .
'* Meptembre. — SAINT NÎCOMÈDE, prêtre et martyr.
— 1er siècle.
Le prêtre Nksomède fut arrêté pendant la persécution de l'cm-
reur Domitien, parce qu'il donnait la sépulture à la vierge Féli-
Ae que Flaccus Cornes avait fait mourir à cause de sa foi. On le
induisit devant les statues des faux dieux , et malgré Tordre
l'on lui en donna, il refusa courageusement de sacrifier aux idoles,
gant qu'on ne doit une pareille adoration qu'au seul vrai Dieu
il règne dans les cieux. Il fut alors assommé à coups de lanières
èmbées , et rendit son âme à Dieu par le martyre. Comme le
ifane Flaccus avait commandé de jeter son corps dans le courant
à Tibre, Just, qui était clerc de ISicomède, l'ayant recherché
ree soin, le trouva, et l'enterra honorablement sur la voie Nomen-
ine, près des murs de Rome , vers l'an 90.
15 septembre. — S. JEAN LE NAIN, solitaire. —
oe siècle.
Le nom de l'abbé Jean , surnommé le JSain, à cause de la peti-
ase de sa taille , est célèbre dans l'histoire des Solitaires et des
•ères des déserts. 11 avait un frère plus âgé que lui , et avec lequel
se retira à Scété.
Jean le Nain dit un jour à son frère aîné : Je voudrais bien être
omme les anges, qui n'ont point d'inquiétude , qui ne sont point
bligés de travailler , et qui sont sans cesse occupés à louer et à
tarir Dieu. En même temps il quitta son habit et s'en alla dans
5 désert. Après y avoir passé une semaine , il vint retrouver son
rère qui, l'entendant frapper à la porte, lui dit : Qui êtes-vous ?
- Je suis Jean votre frère, répondit- il. — Jean, répliqua l'autre ,
"est plus maintenant avec les hommes, il est devenu un ange. Jean
ontinua à frapper en protestant que c'était lui-même. Mais sou
rère le laissa toute la nuit sans vouloir lui ouvrir. Quand le jour
Jt venu, il ouvrit sa porte, et lui dit: Si vous êtes un ange,
340 15 septembre. — - s. jèan le nai*.
vous n'avez pas besoin de ma permission pour entrer dans n
Iule ; mais si vous n'êtes qu'un homme , ne faut-il pas qu
travailliez pour gagner votre vie ? Alors Jean, reconnaiss
faute , se jeta aux pieds de son frère , en lui disant : J'ai fi
faute ; pardonnez-la-moi. Depuis ce temps-là il ne s'occupa
que du travail et de la pratique dos différentes vertus qu
venaient à un solitaire. Un jour qu'on lui demandait ce qi
tait qu'un moine : Un moine , répondit-il , est un homme <
vail , ou plutôt le travail même , puisqu'il doit s'exercer à
sortes de peines et de travaux. Un autre frère lui demandait
servaient les veilles et les jeûnes ; Us servent, répondit-il, à i
et à humilier l'âme , afin que Dieu , la voyant abattue et ai
en ait compassion et la secoure.
Jean le Nain conseillait aux autres , pour être vainque
leurs passions , de se tenir dans un recueillement continue]
une vive attente des biens éternels , et dans une confiance p
en la bonté de Jésus-Christ : c'est ce qu'il pratiquait le pn
Il se comparait à un homme assis au pied d'un grand arbre
est attaqué par toutes sortes de bêtes : il leur résiste tant qu'il
mais, dès qu'il craint de succomber, il monte sur l'arbre.
n'a plus rien à craindre de tous leurs efforts. De même , de
je me tiens assis dans ma cellule, où je veille sur moi-méo»
me garantir des embûches des démons, et, comme par me
près forces , je ne serais pas en état de leur résister, j'ai ri
à Dieu , qui me fait terrasser par la prière toute la puissai
mon ennemi. Il répétait souvent cette maxime : La sûre
moine est de garder sa cellule , de veiller sur lui-même , et i
toujours Dieu présent à l'esprit.
Pour avoir Dieu toujours présent , il ne s'occupait jama
affaires du siècle : jamais il ne parlait de nouvelles , ni des c
de ce monde. Quelques frères, voulant un jour le mettre
preuve , lui dirent : Nous avons bien des grâces à rendre à
de ce qu'il a tant plu cette année. Les palmiers poussent à
veille : ainsi les frères qui s'occupent au travail des mains
veront aisément de quoi faire des nattes. Jean se contenta d
répondre : Il arrive la même chose quand l'esprit de Die
cend dans le cœur des saints : ils reverdissent , pour ainsi
ils se renouvellent et produisent comme de nouvelles feuille!
la crainte de Dieu. Cette réponse ne leur donna point on
pousser plus loin leurs entretiens sur de pareils sujets.
16 septembre, — • *. des sept d. de là b. v. m. 24 J
ht ne dit rien des circonstances de la mort du saint solitaire ;
ne peut toutefois douter qu'après urte vie si parfaite elle n'ait
très-précieuse devant Dieu,
{ Troisième dimanche de septembre. )
HE DES SEPT DOULEURS DE LA BIENHEUREUSE
VIERGE MARIE.
A martyre de la sainte Vierge se trouve exprimé autant par
nrophétie de Siméon que par l'histoire de la Passion du Sei-
ur. « Celui-ci , dit le saint vieillard en parlant de l'enfant Jé-
, celui-ci est établi pour être en butte à la contradiction,
joire âme, dit-il , s'adressant à Marie, sera percée par un
ive. » O heureuse mère ! il est bien vrai que le glaive a tra-
ie votre âme , car il lui a fallu la transpercer pour arriver à la
ir die votre Fils. La lance cruelle, qui a ouvert le coté de Jésus,
pefoé seulement après que le Sauveuf eut fendu le dernier sou-
; elle n'a point touché son âme, au lieu qu'elle a Vraiment percé
rdtre. L'âme de Jésus avait cessé d'être unie à son corps, tan-
que la vôtre n'en pouvait être arrachée. La violence de la
ileur qui a traversé votre âme, à Marie , bous fait dire avec vé-
\ que vous avez été plus que martyre , vous qui avez plus souf-
t par la compassion que vous n'auriez fait si vous aviez enduré
is votre corps les tourments de la Passion. Cette parole de Jé-
i : Femme y voilà votre fils! n'a-t-elle pas été pour vous plus
'uneépée, elle qui, traversant votre âme, a pénétré jusqu'au
bat qui unissait cette âme avec la vie ? Quel échange ! Jean au
u de Jésus , le serviteur à la place de son Seigneur, le disciple au
u du maître, le fils de Zébédée pour le Fils de Dieu : rien qu'un
mule pour remplacer un Dieu î Comment votre âme si affec-
eufle n'aurait-elle pas été transpercée par la parole qui vous a été
fe, quand il nous suffit de nous en souvenir pour en avoir le
sur tout déchiré? En effet, si , comme il est certain , la mort du
Is de Marie a été l'effet d'une charité que personne ne peut sur-
sser, la compassion de Marie a été produite par la plus grande
arité possible après celle de Jésus*
21
242 1G septembre. — s. cyprien.
IG septembre. — SAINT CORNEILLE, pape st mastyiv
— 3e siècle.
Corneille, Romain, fut souverain pontife sous les empereurs i
Gallus et Volusien. D'accord avec Lucine. dame très-pieuse, I i
retira des catacombes les corps des saints apôtres Pierre et Paul - 1
pour les transférer dans un lieu plus convenable. Lucine plaça le i
corps de saint Paul dans son domaine , situé sur la voie d'Ostie, >
près du lieu où le saint apôtre avait été frappé du glaive. Corneflle •
déposa le corps du Prince des apôtres non loin de l'endroit 6A
il avait été crucifié. Comme on dénonça ce fait aux empereurs , et i
aussi que le pontife était cause que beaucoup de gens étaient dèvè* i
nus chrétiens, il fut envoyé en exil à Centumcelles» alourdirai i
Cività-Vecchia , où saint Cyprien , évêque de Carthage, lui adrets
dos lettres de consolation. Mais comme ils s'acquittèrent fréquem» i
ment l'un envers l'autre de ce devoir de charité chrétienne, tes
empereurs, le prenant en mauvaise part, firent venir à Rome Cor*
neillo , et le traitèrent en coupable de lèse-majesté. Ils ordonnè-
rent donc de le battre à coups de verges plombées, et, après l'avoir
traîné devant la statue de Mars , de l'obliger à sacrifier à ce
faux dieu. Corneille, ayant manifesté une horreur extrême pour
une pareille impiété, eut la tête tranchée, le 14 septembre de
Tan 2*52. Il avait vécu dans le pontificat environ deux ans. La
bienheureuse Lucine «iterra son corps, avec l'aide des clercs,
dans une saisonnière d'un de ses domaines, près du cimetière de
Calixte.
16 septembre. — S. CYPRIEN , evèque de Cabthagb
ET MARTYR. — 3e Siècle.
Cyprien est né en Afrique , mais on ignore en quel Heu. Avant
qu'il eut le bonheur d'être converti à la religion chrétienne, il
enseigna la rhétorique avec beaucoup de réputation. Il ne quitta-
la religion païenne , dans laquelle il était né , qu'après avoir hésité
longtemps sur ce changement , et avoir mûrement délibéré s'il le
devait faire. Il me semblait très-difficile , dit-il , de renaître pour
mener une vie nouvelle , et de devenir un autre homme en gar-
dant le même corps. Comment peut-on , pensai s-je , se dépouiller
16 septembre. — s. cyprien. SIS
wt d'un coup d'habitudes enracinées et endurcies ? Comment
ratiqoer la frugalité , quand on est accoutumé à une table abon-
ante et délicate? Mais quand l'eau vivifiante eut lavé les taches
b ma vie passée , et que mon cœur purifié eut reçu la lumière
'en haut et l'esprit céleste , mes doutes s'évanouirent : tout fut
mrt, tout fut lumineux ; je trouvai facile ce qui m'avait paru
■possible.
La vertu de Cyprien , eneore néophyte, c'est-à-dire nouvelle-
test baptisé, le fit élever à la prêtrise. On ne se contenta pas
éme de le voir prêtre : Donat , évéque de Carthage , étant mort
vt peu de temps après , tout le peuple fidèle s'empressa de de-
qu'il fût remplacé par Cyprien. A cette nouvelle , le saint
prit la fuite , se croyant indigne d'un tel honneur ; mais ,
fc» que sa retraite fut connue, une foule nombreuse investit la
dans laquelle il s'était retiré : malgré toutes ses repré-
il fut obligé de se soumettre ; il fut sacré évéque de Car-
par Tordre de Dieu , parle jugement unanime des évéques v
tarée le consentement du peuple , l'an de Jésus-Christ 248.
Cyprien ne songeait qu'à bien conduire son diocèse , et à y faire
eorir la foi et la piété , lorsque le démon suscita dans l'Église
■e tempête qui obligea ce saint pasteur à se séparer pour quel-
ne temps de son troupeau. L'an 249 , l'empereur Dèce publia un
lit par lequel il ouvrait contre les fidèles une cruelle persécu-
m. H y eut beaucoup de personnes du clergé et du peuple de
arthage qui moururent pour la foi , et un plus grand nombre
n furent mis en prison et n'en sortirent qu'après avoir beaucoup
wffert. Mais il y en eut aussi , surtout parmi ceux qui étaient
icbes ou en place , qui s'offrirent d'eux-mêmes pour brûler de
encens en l'honneur des idoles ; d'autres qui confessèrent d'a-
ord le nom de Jésus-Christ au milieu d'affreux supplices , mais
ai, n'étant pas assez humbles , et n'ayant pas une foi assez vive >
; renoncèrent dans les tourments , et finirent par apostasier après
roir commencé à défendre la vérité.
Saint Cyprien , qui avait été obligé de prendre la fuite, fut cx-
taement affligé de ces tristes nouvelles , et il en témoigna sa
âne à son clergé. Je suis affligé , dit-il , aussi bien que vous ,
n malheur de nos frères qui , renversés par la violence de la per-
dition , ont entraîné avec eux une partie de nos entrailles , et
ws ont porté le même coup qu'ils ont reçu. . . Certes , il est plus
?soin de larmes que de paroles pour exprimer notre douleur*
2-14 \6 septembre. — saint CYPii&tf.
pour pleurer nos blessures , pour déplorer la mine d'un, peuple
autrefois si nombreux. Plusieurs de ceux qui étaient tombés fo»
rent sensibles à la charité de saint Cyprien, et demandèrent à
être admis à la pénitence. Saint Cyprien écrivit aussi aux confes-
seurs , c'est-à-dire à ceux qui avaient confessé Jésus^Ghrist de-
vant les magistrats, et au peuple : aux premiers, pour leur
remontrer que, s'ils ont gardé la foi au Seigneur avec tant de cou-
rage , ils doivent aussi être les plus zélés à garder sa loi et la
cipline de l'Église; aux seconds , pour les engager à exhorter
qui sont tombés et qui avouent leur faute , à en faire
et à attendre avec patience le moment de leur réconciliation, qui
ne peut être méritée que par des larmes et une longue épreuve.
Cette conduite dé saint Cyprien fut soutenue par le clergé es
Rome, qui écrivit à celui de Carthage de tenir ferme contra les
importunités des apostats qui s'avouaient coupables, et de ne les
réconcilier que suivant la rigueur salutaire de l'Évangile. H est
aussi nécessaire , dit le clergé de Rome, quand on est dans un
temps fâcheux , de tenir ferme à la discipline de l'Église , qu'il
important de ne point quitter le gouvernail d'un navire
la tempête. Dieu garde l'Église romaine, ajoute la lettre, de perdre
sa vigueur par une facilité profane, et de relâcher les nerfs de J*
sévérité en renversant la majesté de la foi !
L'empereur Valérien ayant renouvelé la persécution contre kl
chrétiens , saint Cyprien nit pris et condamné à perdre la télé. La
saint évéque , étant arrivé au lieu du supplice , se prosterna le
visage contre terre , et fît sa prière. Quand elle fut finie, M 6ta '
ses habitslqu'il donna à ses diacres. Il prit ensuite un manteau pour t
se couvrir les yeux ; et , comme il avait de la peine à le nouer par
derrière , un prêtre et un diacre lui rendirent ce dernier office.
Lorsque l'exécuteur parut, Cyprien lui fit donner vingt-cinq écoi «
d'or; puis il se mita genoux, et, les mains croisées sur lapoi- U
trine , il attendit le coup qui devait le faire passer de cette vie à fc
la glorieuse immortalité. Les fidèles avaient jeté , autour du ssist, te
des mouchoirs et des linges pour recueillir son sang. Il reçut h (p
couronne du martyre le 14 septembre, l'an de Jésus-Christ 158- <s
43
♦I
17 septembre. — saint lambert, évèq. 245
septembre. — S" EUPHËMIE , vierge ; Ste LUCIE ,
vxuvb , ET S. GÉMINIEN , martyrs. — 4e siècle.
Etaphémie, Lucie et Gémînîen reçurent la couronne du mar-
ie dans la persécution de Dioctétien, non dans le même lieu ,
■s le même jour, vers Tan 303. Sous le proconsulat de Priscus,
vierge Enphémie souffrit auprès de Chalcédoine diverses sortes
tourments. Après avoir enduré courageusement ceux des
rges, du chevalet , des roues et du feu , elle fut enfin exposée
x bêles dont une imprima une morsure à son corps sanctifié,
idii que les autres lui léchaient les pieds. Elle rendit ainsi son
m ans tache entre les mains de Dieu. Lucie , veuve romaine,
suée, par son propre fils Eutrope, d'adorer Jésus-Christ de-
is nombre d'années , fut jetée dans une chaudière pleine de poix
allante et de plomb fondu. Elle en ressortit sans en éprouver
mal , et comme on la conduisait à travers la ville de Rome
couverte de fer et de plomb , la constance qu'elle mon-
it dans la foi et dans le martyre convertit à Jésus-Christ Gé-
nial, homme de noble naissance. Elle l'eut pour compagnon
son glorieux martyre ; car, ainsi* qu'à plusieurs autres nouveaux
avertis, on lui trancha la tête après lui avoir fait endurer di-
ses toitures. Maxima , femme chrétienne , donna une sépul-
« honorable aux corps de ces saints martyrs.
septembre . — SAINT LAMBERT, ëvêque de Maes»
TBICHT ET MARTYR. — 8e Siècle.
Lambert naquit à Maestricht vers la fin du septième siècle,
n père, nommé Apre , qui avait du bien et de la naissance , lui
de bonne heure des maîtres habiles pour le former aux
et à la vertu. Coramp il trouvait dans son fils beaucoup
imour pour la religion , il le mit , après ses premières études ,
Ere les mains de Th^odart, évoque de Maestricht, afin que ce
9at le fît instruire avec les moines et les clercs qui desservaient
»rs la chapelle royale.
Lambert était assez jeune lorsque les habitants de Maestricht le
mandèrent pour succéder à saint Théodart , qui venait d'être
îassiué. Les premiers de la cour se joignirent à eux , et parlè-
21.
246 17 septembre. — s. làmbërî.
mit au roi Cliilpéric II du mérite de Lambert , en sorte que ce
prince consentit à son élection. Lambert regarda l'épiscopat comme
l'ont regardé tous les saints, c'est-à-dire comme un fardeau très-
pesant , et qui doit remplir de frayeur ceux qui en sont chargés.
Cette crainte salutaire le rendit toujours fort appliqué aux devoirs
de sa charge , et il s'en acquitta avec toute l'exactitude d'un zélé
pasteur.
Le roi Chilpéric ayant été tué , le cruel Ébroïn , maire du pa-
lais , et l'ennemi déclaré de tous les bons évéques , fit déposer
Lambert et quelques autres prélats. Lambert se retira dans le
monastère de Stavclot, où il vécut pendant sept ans dans l'obser-
vance exacte de la vie monastique. On rapportera un exemple re-
marquable de sa soumission à la règle et de son obéissance au su-
périeur de la maison. Lambert se levant la nuit, pendant l'hiver,
pour faire quelques prières en particulier, une de ses sandales
ou patins de bois vint à lui échapper des mains pendant qu'il se
chaussait , et tomba sur le plancher assez rudement pour éveiller
ceux des religieux qui reposaient dans le dortoir. L'abbé entendît
ce bruit, et, sans savoir qui en était l'auteur, il ordonna que
crelui qui l'avait fait allât prier Dieu au pied de la croix plantée
devant l'église. Le saint évéque obéit sans répliquer ; il alla prier
devant la croix, pieds nus, couvert seulement d'un rude duce,et
il y passa trois ou quatre heures en oraison, les bras étendus. Les re-
ligieux se chauffant après Matines, l'abbé demanda si tout le monde
était rassemblé. On lui rappela qu'il avait envoyé à la croix un
religieux qui n'avait pas été rappelé. Ayant ordonné qu'on le ftt
revenir, il fut fort surpris d'apprendre que c'était l'évéque Lam-
bert, et qu'il était gelé de froid et couvert de neige. Il l'envoya
prier de rentrer au plus tôt. Dès que le prélat parut, l'abbé et
ses religieux se prosternèrent à ses pieds pour lui demander pardon.
Que Dieu vous pardonne, dit-il, puisque vous croyez avoir be-
soin de pardon. Mais je n'ai pas sujet de me plaindre d'avoir été
réduit à souffrir la nudité et le froid, puisque, selon saint Paul,
c'est ainsi qu'il faut traiter son corps.
La mort d'Ébroiu ayant rendu le saint pasteur à son église, il
reprit ses fonctions avec une nouvelle application : brûlant de zèle
pour le salut des âmes confiées à ses soins , il les forma a la pra-
tique de la patience , de la pauvreté , de l'humilité et de toutes les
mitres vertus, dont il leur donna le premier l'exemple. Il convertit
beaucoup d'infidèles dans son diocèse, particulièrement dans le
17 septembre. — sainte uildegarm!. 217
t qui fait aujourd'hui partie du diocèse de Liège. I,c saint
\ mourut en Tan 708, victime de son zèle à faire observer les
anéements de Dieu.
tembre.— SAINTE HILDEGARDE, vierge et abbesse.
— 12e siècle.
Legarde naquit en Allemagne , où elle eut pour père Hildebert
r mère Mecthilde , tous deux illustres par leur noblesse et par
été.Le ciel la favorisa de visions miraculeuses dès l'enfance,
it ans environ on la vit, pleine de mépris pour les plaisirs de
ode, se retirer avec la bienheureuse Jutta sur la montagne
at-Désibode pour y vivre en solitude. Elle embrassa ensuite
nonastique, et brilla par les dons éclatants de la grâce di-
Soufîrant de douleurs très-vives, presque continuelles, qui
eaient fréquemment de garder le lit et ne lui permettaient
rement de marcher, elle donna au monde un exemple ad-
le de patience. Entièrement crucifiée avec Jésus-Christ, cUc
lait dans sa vie le spectacle d'un martyre presque conti-
nue avait environ quarante ans , quand elle fut éclairée mi-
usement par un globe de feu et de lumière qui descendit
L Elle reçut aussi du Seigneur le don d'intelligence et d'in-
tation des saintes Écritures. Elle composa des livres adnii-
qui font voir qu'elle fut instruite d'une manière surnatu-
par l'Esprit-Saint , qui l'avait également douée du don de
étie et de celui du discernement des esprits. Jamais personne
quitta sans avoir reçu de salutaires avertissements et sans
pris la résolution démener une vie meilleure. Poussée par
e apostolique , elle se transporta souvent à Cologne, a Trêves,
e , à Wurtzbourg , à Bamberg , et en diverses contrées , où
«Ire de Dieu elle annonça ce que le Ciel lui avait fait con-
. Elle parla et écrivit avec force contre les hérétiques , et sur-
contre les pernicieuses erreurs des Cathares , qui avaient
ies partisans dans quelques provinces de l'Allemagne. Elle
>sa aussi, contre les doctrines renaissantes de Bérenger, un
rès-savant, où elle les réfuta victorieusement. L'illustre abbé
drvaux , saint Bernard , marqua pour elle tant d'estime et
tération dans ses écrits , que c'est à ses instances principale-
que justice fut faite des calomnies de ceux qui les alta-
it ; et le pope Eugène III les approuva par une sentence pir-
348 17 teptembre* — impression des stigmates.
blique au concile de Trêves. L'illustre servante de Dieu
services importants à toute l'Église par ses travaux
par l'exemple de sa haute sainteté. Enfin, après des preuves fe*r
nombrables de vertu et d'une science divinement infuse, HOdb-
garde , glorifiée «par le don des révélations célestes et par mkf. y
des miracles , alla , dans la quatre-vingt-deuxième année dfe 1
son âge , se réunir à son divin Époux. Kilo avait prédit lisant V
de sa mort, que Dieu lui avait fait connaître, et qui arriva k
17 septembre de Tan du Seigneur 1181. . '
1 ■ ■ ■ »' *i
i 7 septembre. — IMPRYSSION DES STIGMATES DESAIRT ï
FRANÇOIS D'ASSISE.— 13e siècle. . ^
François, ce fidèle serviteur et ministre de Jésus-Christ, deup ^
ans avant do rendre son âme à Dieu , s'était retiré sur un MlB ^
élevé qu'on appelle Mont Alverne , et qui est situé en ToeewL ,L
Il y avait commencé un je Ane de quarante jours en l'honneur A ^
l'archange Michel , et il y était inondé avec plus d'abondance qÉ ^
«l'habitude par la douceur que (hit éprouver la contemplation M **
choses d'en haut. Enflammé plus ardemment du désir ta bifll *t
du Ciel , il commença à sentir avec plus de plénitude les dons m ^
en découlent. Tandis que l'ardeur toute séraphique de ses dtfl *
rélevait vers Dieu et que, pénétré d'une tendre compssskft^f *
était transformé en Celui à qui dans l'excès de sa eharitéMI ails ^
d'être crucifié , un matin , aux environs de la fête de l'EiattMi i\
de la sainte Croix, pendant qu'il était en prière sur le flâne d| U
la montagne, il eut une vision. Il lui sembla voir l'image d'un Si- U
raphin qui avait six ailes de feu tout étincelantes, et qui deeeenÉÉ I,
du haut des deux. En Rabaissant d'un vol rapide auprès de Te* ^
droit où se trouvait l'homme de Dieu, il ne lui parut plusseri* M
ment ailé , mais aussi crucifié. Il avait les mains et las pis|| )i
étendus et attachés à une croix, et quant aux ailes, elles étala* H
disposées de divers côtés d'une manière surprenante et tette* *fc
qu'il en élevait deux au-dessus de sa tête, qu'il en étendait dans tt
pour voler, et qu'enfin avec les deux autres, en les repliant, !•■ i|
couvrait son corps tout entier. A ce spectacle , François fut frapfji *»
(Tétonneitient , et son âme éprouva une joie mêlée de douleur t if
car en même temps qu'à l'aspect agréable de celui qui lui appa- ^
rabsait d'une façon aussi familière que miraculeuse il eu cenec» \
17 septembre. — impression des stigmates. 249
une extrême allégresse, d'un autre côté la vue de ce cruel
, en le pénétrant d'une douloureuse compassion , lui
Inversait Famé comme d'un glaive.
François , par l'effet de l'enseignement que lui donna au de-
eehnqui lui apparaissait extérieurement , comprit que, bien
fne l'infirmité de la passion ne pût nullement s'associer avec l'im-
mortalité d'un esprit séraphique , cependant une vision de cette
Mnrte avait été présentée à ses regards , afin qu'étant lui-même
l'ami de Jésus-Christ , il apprit à l'avance qu'il serait transformé
tout entier en une vive ressemblance de Jésus crucifié , non par
le martyre de la chair, mais par un feu qui consumerait son âme.
En effet la vision disparut, après un entretien secret et intime;
mais elle embrasa intérieurement le saint d'une ardeur séraphique,
tandis qu'au dehors elle marqua sa chair d'une empreinte sem-
blable au Dieu crucifié , et en conformité avec lui. Il en fut de
même que si , après avoir employé d'abord l'action puissante du
bu pour fondre et liquéfier, on en obtenait ensuite l'empreinte
f un sceau ou d'un cachet. Aussitôt, en effet, sur ses mains comme
aar ses pieds commencèrent à paraître les marques des clous dont
les têtes se montraient en dedans des mains et sur le dessus des
pieds , et dont les pointes se présentaient du côté opposé. Son
sêté droit aussi , comme s'il eût été percé d'une lance , demeura
marqué d'une cicatrice rouge. Il s'en écoulait souvent un sang
niraculeux qui pénétrait la tunique et les autres vêtements du saint.
Étant ainsi devenu un homme nouveau , François brilla par
'effet de ce miracle inconnu et étonnant ; il apparut signalé par
m privilège accordé à lui seul , car il ne l'avait point été dans les
aèdes passés , c'est-à-dire d'être décoré des sacrés Stigmates. Il
lescendit donc de la montagne portant avec lui l'image du Cru-
aie, non point figurée par la main de l'homme sur des tableaux
le pierre ou de bois, mais dans sa propre cheir, dans ses mem-
ires où l'avait tracée le doigt du Dieu vivant. Comme cet homme
lérapbique savait très-bien qu'il est bon de cacher le dépôt du roi,
xmfident qu'il était d'un secret du Roi du ciel, il s'efforçait de tenir
acbées ces empreintes sacrées. Mais parce qu'il importe à la gloire
le Dieu de révéler les merveilles que le Seigneur accomplit lui-
néme , lui qui avait imprimé en secret ces marques les mani-
festa ouvertement par des miracles , afin que la puissance ad-
DÎrable et cachée de ces stigmates devînt évidente par l'éclat
nanifesté des prodiges. De plus, le pape Benoît XI voulut honorer
250 I» septembre. — s. FftajitakV
par la célélï mi d i ufc fa* aswi
d'admir , < a ibtiuo p« «■» de témoignai
exaltée! lesc sp* Jficaaxpar tesbwmgii etteri
que l'on accorde te puis rarement. IXins In suite, le pape I
pour enflammer les cœurs des fidèles de l'amour de Jésus a
a étendu cette fétc à toute l'Église.
18 septembre. — S. MKTHODK, rvkque de Tyh, do
ET MARTYR. — 4e Siècle.
Méthode fut d abord évéque d'Olympe , qui était, au r
do saint Jérôme, une ville maritime de Lycie. 11 ruttransfâr
la suite à l'évéché de Tvr, et Ton pense communément qu'
céda à saint Tyranniou , qui souffrit le martyre sont Dm
\\\ reste, ces translations d'évéque étaient fort rares dans h
iniers tcmpsdii christianisme, et n'avaient lieu que dans les cm
externe nécessité. Siiint Méthode versa son sang pour b
Chalcidc, dans la Grèce. Saint Jérôme met sa mort vers b
la dernière persécution générale, et conséquemment yen 1
nées 311 ou 312. J,e mime Père dit qu'il était très-éloqu
Les ouvrages de saint Méthode étaient singulièrement «tin
anciens. Nous en avons des fragments considérables dtona
tius, saint Kpiphanc, saiut Jérôme et Théodoret. Ceux i
nous reste le plus sont le livre du Libre arbitre , contre I
tentiniens, et de la Résurrection des corps, contre Origène.
possédons encore en entier son Banquet des t'iergeê* oomj
l'imitation du Banquet de Platon. C'est un éloge de la vk|
Saint Méthode fut surnommé Kubulus ou Eubulkis, et 0
ces noms tant dans son Banquet des / ierges que dans ses;
ouvrages. Son style est peut-être trop chargé d'épkhètes e
rempli de comparaisons et d'allégories.
18 septembre. — S. FKKUKOL, martyr. — 4e siè
Ferréol, vulgairement Forget ou Fergeu, servait en quai
tribun dans les armées de l'empire. Il vivait à Vienne en
phiné et y professait secrètement la religion chrétienne. Il
chez lui saint Julien de Rrioude, qui était né. dans b mène
et qui se déclarait hautement pour disciple de Jésus-Christ. .
IS septembre. — le b. ponce bE lvraze îsi
le martyre de celui-ci, Crispin, gouverneur de la partie des Gaules
ma Vienne était située, fit arrêter Fcrréol sur le soupçon de son
éteigne ment pour les cérémonies religieioses de ses pères. Il vit
Vantât qu'il ne s'était pas trompé : le tribun refusa constamment
4e sacrifier, disant qu'il estimait peu les honneurs et les richesses
dont il jouissait, qu'il ne demandait que la vie et la liberté de
servir Dieu, et qu'il renoncerait plutôt à la vie elle-même que
Abandonner sa religion. Le gouverneur, après l'avoir fait frap-
de verges en sa présence, l'envoya en prison chargé de fers.
Le troisième jour de son emprisonnement, Ferréol se trouva
nûracuieusement débarrassé de ses fers ; et comme il vit les
endormis et la prison ouverte, il s'enfuit et sortit de la
la porte qui mène à Lyon. Il passa le Rhône à la nage,
la rivière de Gérés, qui tombe dans ce fleuve à deux lieues
de Vienne. Mais ceux qu'on avait chargés de le poursuivre, l'ayant
, lui lièrent les mains derrière le dos et l'emmenèrent
. Ils ne le conduisirent cependant pas jusqu'à Vienne ;
de fureur les saisissant tout à coup, ils lui coupèrent la
sur les bords du Rhône, vers l'an 304. Les chrétiens de la
enterrèrent le corps du saint martyr avec beaucoup de véné-
ration, et ils éprouvèrent plusieurs fois sensiblement les effets de
sa protection auprès de Dieu. L'église bâtie sur le tombeau du saint
hors de la ville ayant été rasée , saint Manière en fit construire
une nouvelle dans l'enceinte de Vienne, et y transféra ses reliques
rers Fan 474.
18 septembre. — LEB. PONCE DE LARAZE, pénitent.
— 11e siècle.
Ponce, surnommé de Laraze, d'un château qui lui appartenait
im environs de Lodève, vivait sous le règne de Louis le Gros. Il
rtak d'une naissance distinguée dans sa province. Ses grands biens,
sa valeur, la vivacité de son esprit et d'autres avantages tempo-
rels le jetèrent dès sa jeuuesse dans toutes sortes de dérèglements.
N'ayant pour règle de conduite que ses passions, il troublait tout
e p*ys. 11 s'appropriait les biens des uns par artifice et trompe-
ie; il les enlevait aux autres par violence; enfin , il ne s'occupait
our et nuit qu a excercer un infâme brigandage. C'était la son
ice dominant entre plusieurs autres qui ne le rendaient pas
«oins criminel aux veux de Dieu.
362 T8 septembre. — ut ». pose* ûMjmuib»
Le Seigneur, plein de lu & 1 t ot pas la nwr
cbeurmals sa conversion, pn^a « «wcnxr de Ponce de a
salutaire, et lui fit quitta lotîtes ses nunmint Untadei
cheur, rentrant en lui-même, commença à considérer V
qu'il avait faits et le jugement dont Q était menacé a
telles actions. Alors, touché jusqu'au fond du cœur, il
tout entier à la pénitence. Il versait jour et nuit des ton
larmes pour effacer les souillures de ses crimes. Après ai
rement examiné en lui-même par quelles satisfactions 11 |
apaiser la colère du Souverain juge et obtenir sa grade,
devoir renoncer entièrement au monde, pour passer le m
vie dans la pénitence. Quelque temps après, il fit pub!
voulait vendre tous ses biens. Il vint des acheteurs de toin
et, quand Targent leur manqua, il prit en payement des 1
et même des fruits. Son dessein était d'abord de donnera
pauvres; mais, croyant avec raison que ses aumônes ne !
point agréables à Dieu, s'il ne commençait par rendre i
avait pris, il envoya publier, par tous les marchés et pu
les églises de la province, que ceux à {pii Ponce de Larazc
quelque chose ou avait fait quelque tort se trouvassent à i
son de Péqueroles, les trois premiers jours de la f-ftwif
et que chacun y serait satisfait.
\a dimanche des Rameaux, à Lodève, a^rès la proeessM
lecture de l'Évangile, l'évéque étant avec tout son clergé i
échafaud dressé exprès dans la place pou? parler au périple,
uniquement occupé de son salut, vint percer la foule avec si
pngnons de sa pénitence. Il était en chemise et pieds nos,
une corde au cou comme un criminel. Il se fit conduire
état aux pieds de l'évéque , comme un esclave qui avait
donné son maître. S'étant jeté à ses genoux, il lui donna un
où étaient écrits tous ses péchés, le conjurant de le faire lira >
le peuple. L'évéque , voulant lui en épargner la hante* s'y
d'abord; mais Ponce l'en pressa tant, qu'il le permit. ft
qu'on lisait sa confession, il se faisait frapper de verges con!
lement, demandant toujours qu'on le frappât plus fort? i
rosant la terre de ses larmes, il criait qu'il était coupable d
ces crimes. Ce spectacle attendrissait les assistants : ils admi
Ponce, ils disaient que Dieu l'avait vraiment regardé dans :
séricorde, et priaient le Seigneur, qui lui avait donné la grâ
la conversion, de lui accorder «elle de la persévérance.
49 bre. — s. janvier. 358
et deux jouis suivants, plusieurs personnes
à Pequeroles pour demander ce qu'elles avaient
\f servant contre lui-même d'accusateur, de témoin
se jetait aux pieds de chacune d'elles, leur deman-
^ et leur rendait ce qu'il leur avait tait perdre, soit
sait en bestiaux, soit eu fruits ou autres choses né-
* à. la vie, en sorte qu'elles croyaient retrouver lescho-
* qu'elles avaient perdues. Après ces restitutions, Ponce
aux pauvres oe qui lui restait de bien : le jeudi saint, il
ift à manger, leur lava les pieds, les arrosa de ses lar-
jtftaasuya de ses cheveux. Ce saint pénitent mourut vers
— *~ douzième siècle.
Ul
gjjjjpftpiorc. — S. JANVIER, évêque de Bènévent,
^.BT SIS COMPAGNONS, MARTYRS. — 4e Siècle.
^m rdpinion la plus probable, saint Janvier naquit à Naples.
tréfûque de Bènévent , lorsque le feu de la persécution de
|Jti»s*aBuma. Draconce, gouverneur de la Campanie, avait
«mer à Pouzzoles Sosie et Proculus, diacres, l'un de
et l'autre de Pouzzoles, ainsi que plusieurs laïques de
de Terni. Ces généreux chrétiens parurent devant lui et con-
tait leur foi avec un grand courage. Saint Janvier, était lié
8 étroite amitié avec Sosie; et, depuis plusieurs années, il
tes hd une grande confiance, à cause de sa sagesse et de sa
pli. H le consultait , et il trouvait en lui autant de lumière
le consolation. Il n'eut pas plus tôt appris qu'il avait été ar-
plusieurs autres chrétiens, qu'il forma la résolution d'al-
pour les encourager et leur procurer les secours
dont ils avaient besoin. La crainte des tourments et la
AMmene purent ralentir l'activité de son zèle et de sa charité ;
le martyre en fut-il la récompense.
Hothée, successeur de Draconce, ne tarda pas à être informé
tf homme distingué était venu de Bènévent pour visiter les prison-
chrétiens. 11 ordonna d'arrêter cet homme, qui était Janvier,
le fit amènera Nola, lieu de sa résidence ordinaire. Festus,
e du saint évêque, et Didier, son lecteur, étant venus le voir,
t «usai arrêtés. On les interrogea avec lui , et ils partagèrent
nrments qu'on lui Gt souffrir à Nola. Quelque temps après,
jverneurse rendit à Pouzzoles, et Ton y conduisit aussi les
Y1ES BES 8AINTS. — T. II. 22
254 t9 septembre. — s. iAÉtttk.
trois confesseurs, qu'il fit rd à* ; son cftar a
chaînes dont Us étaient 1 ■. Lorsque y fuifemV-amvài
renferma dans la prison ou taient les quatre «BÉhWMi
nous avons parlé plus haut. <^eux-ci avaient été côntlainn
l'ordre de l'empereur, à être dévorés par les bêtes, et S
riaiVnt le moment où leur sentence serait exécutée. Le les
de l'arrivée de saint Janvier et de ses compagnons, on les
avec les autres chrétiens dans FaniplriUiéâtre ; mois les b
épargnèrent.
Le peuple, étonné de ce prodige, le regarda comme s
de la maure, et tous nos saints confesseurs lurent candi
perdre la télé. Sel un liède et l'auteur de leurs actes, is
exécutés à un mille de Pouzzoles, et on les enterra avech
a peu de distance de cette ville. On fit la translation dek
liqtus vers l'an 400. ta ville de Naples fut enricbîe des 1
de saint Janvier avant qu'on les portât à BénévenL Cette pi
translation parait s'être faite peu de temps après que Con
eut rendu la paix à PKpIise. Du moins est-8 certain que V
du saint évéque était dans une église de son nom, àNapte
les huitième et ueu vi>mc siècles. Cette ville attribua à llnteti
de ce saint le bonheur qu'elle eut d'être délivrée d'une é
violente du mont Vésuve et des armes des différents enus
avaient juré sa perte dans les mêmes siècles. Sicon, prince
ne vent, ayant assiégé .Napîes au commencement du no
siècle, en réduisit les habitants au point qu'ils ne purent
leur vie et leur liberté qu'en cédant le corps de saint Janrii
patron. Ix» vainqueur l'emporta en triomphe et le déposai
tueusement à Bénévent, vers l'an 825. L'église ou il v
tombant en ruines, on ie transporta dans une autre étfm
même ville en 1129. Il s'en fit depuis une translation as
l'abbaye de Monte- Verginc. On l'y cacha sous le grand as
ou ne l'y découvrit qu'en 1-180.
l'erdinand , roi de _\a[?les , désirant avoir ce précieux 1
obtint du pape Alexandre VI qu'on le rendrait à la ville q
vait possédé primitivement La translation s'en Ht avec bel
de solennité, et on le déposa dans la cathédrale de Napks,
janvier 1 197. Le jour même, la peste qui affligeait cgt
depuis longtemps cessa ses ravages. La ville de Naples fi
eore spécialement redevable de son salut à l'intercession de
Janvier, dans les éruptions du Vésuve, qui arrivèrent en
19 septembre. — s. janvier. 2o5
et 1707. la dernière de ces années, on porta procession-
■ttement la châsse du saint à une chapelle qui était au pied du
Nauve, et aussitôt l'éruption cessa.
Nous allons rapporter, d'après plusieurs graves auteurs, le célè-
Ém nûrade de la liquéfaction et de l'ébullition du sang de saint Jan-
ihr. On garde dans la chapelle du trésor de la cathédrale de Naples
Étête de ce saint, avec son sang renfermé dans deux fioles de verre
fart anciennes. On ne sait dans quel temps la tête du saint évëque
fat tirée de la châsse; l'opinion la plus vraisemblable est que ce fut
le huitième ou neuvième siècle. Le buste où est aujourd'hui
tête fut donné en 1306 par le roi Charles II , duc d'Anjou,
le sang est congelé et de couleur noirâtre. Voici de quelle manière
m /ait le miracle.
On met la tête sur l'autel du côté de l'Évangile et les fioles du
fitté de FËpître. On a quelquefois trouvé le sang liquide , mais ,
CB général, il est solide. Lorsque les fioles sont vis-à-vis de la tête,
fftiang se liquéfie, ou dans le moment, ou tout au plus en quel-
4NS minutes. Cette liquéfaction est suivie d'une ébullition. Quand
op a retiré le sang et qu'il n'est plus en présence de la tête, il re-
devient solide. Quoiqu'il y ait plusieurs cierges sur l'autel , on
trouve, en touchant les fioles, qu'elles sont presque entièrement
froides. On les fait baiser au peuple en certaines occasions. Quel-
quefois le sang s'est liquéfié dans les mains de ceux qui tenaient
les fioles ,, quelquefois aussi il est redevenu solide , de liquide qu'il
était, aussitôt qu'on y touchait. La liquéfaction a lieu également
lorsque les fioles sont en présence d'un ossement ou de quelque au-
lne partie du sang de saint Janvier. II est arrivé quelquefois que la
fifuéfaetion ne s'est pas faite , ce que Ton a regardé comme une
marque de la colère céleste. On met ensemble les deux fioles sur
raotel , et le sang se liquéfie dans l'une et l'autre en même temps
et dans le même degré, quoiqu'il y en ait peu dans la plut; petite
et qu'il soit attaché aux parois du verre.
Ce fait est donné pour incontestable par Baronius et par un grand
■ombre d'autres auteurs , qui assurent avoir vu ce qu'ils rappor-
tent et avoir attentivement examiné toutes les circonstances de ce
prodige. On cite entre autres les pères Henschénius et Papebrock,
deux des plus savants jésuites d'Anvers , envoyés exprès a Naples
fttr le père Bollandus. Ce prodige se fait également dans toute
Tannée, mais ordinairement à la fêle de saint Janvier, qui se cé-
Ifbre le 19 septembre; à celle de la translation de ses reliques de
356 19 septembre. — saistï POifoiii
Pouzzoles à Naples, le premier lanehe et mm ; le If
cembre, jour auquel on honore la mémoire 4e la détivrao
éruption du Vésuve , obtenue par son interoesBftOJi ça 11
fin, dans quelques autres circonstances extraordinaires.
19 septembre. — SAINT SEINE, abbé en Bourgc
— 6e siècle.
Saint Seine naquît dans la petite Mlle de Maymont,
l'extrémité de la Bourgogne. Ses parents, qui fondaient
toutes leurs espérances, lui firent étudier les lettres avec
furent enfin obligés de lui permettre d'embrasser Têtat ee
que, pour lequel il avait toujours montré beaucoup de penc
son enfance. Ayant reçu la tonsure cléricale, il ne pensa |
vivre pour Dieu. Ses vertus le firent bientôt connaître a
de Langres , qui l'ordonna diacre et prêtre avant l'âge pre
les canons. Ix? prélat enit avoir une raison légitime pou
penser de la règle générale.
Le saint profita des persécutions de quelques personnes
ses de son mérite , pour exécuter la résolution qu'il avait |
puis longtemps d'abandonner le monde. Il se retira a
l'abbé Jean, 4U1 gouvernait le monastère de Réomé dan
d' Auxois, lequel a depuis été nommé Moutier-Saînt-Jean. H
fectionna dans l'étude de l'Écriture sainte , et s'y forma à
tique de toutes les vertus propres à un religieux. Quelqu
après , il bâtit lui-même un monastère dans la forêt de S
vers les sources de la rivière de Seine. Il subsiste encore
d'hui et porte son nom , ainsi que la ville qui s'y est fou
régularité qu'il y établit le rendit célèbre, et lui attira u
nombre de disciples. Le don des miracles que Dieu lui i
niqua releva encore l'éclat de sa sainteté. L'opinion
probable est qu'il mourut le 19 septembre, vers Tan
1!) septembre. — SAINTE POMPOSE, yieb<»
ET MARTYBE. — 9e siède.
Pompose était de la ville de Cordoue, en Espagne,
y tenaient un rang assez considérable ; mais ils étaient
plus distingués par leur piété que par leurs richesses,
19 êeptembre. — ? saints pomposi. vn
kg charges de leur famille. Voyant que leurs enfants , formés par
exemples et leurs instructions , se portaient volontiers à re-
au monde , ils vendirent la majeure partie de leurs biens
pour bâtir un double monastère à deux ou trois lieues de Cor*
doue. Ils s'y retirèrent ensuite , avec toute leur famille et beaucoup
d'autres personnes de leur parenté.
Pompose , leur fille , était encore fort jeune lorsqu'elle y entra ;
mais on la vit bientôt s'élever au-dessus de la faiblesse de son âge
fax l'ardeur avec laquelle elle embrassa toutes les austérités de la
régulière, après qu'elle eut fait ses vœux entre les mains d'un
prêtre, nommé Félix, qu'on avait établi abbé du monastère
hommes et directeur de celui des religieuses. Elle se soutenait
rhmocence par ses jeûnes , ses veilles , son assiduité à la
et à la lecture de l'Écriture sainte. Quand elle sut que les
mfthométans , qui étaient les maîtres du pays , persécutaient les
chrétiens, elle porta une sainte jalousie à ceux qui souffraient pour
fa foi de Jésus-Christ, et elle crut pouvoir aspirer au même bon-
heur. Pour mériter d'avoir part à leur victoire , elle redoublait ses
prières et ses austérités, attendant avec quelque sorte d'impatience
40e Dieu lui en présentât l'occasion. Souvent elle essaya de rompre
les liens qui la retenaient dans son cloître, pour aller devant le tri-
bunal des persécuteurs rendre témoignage à la foi de Jésus-Christ.
Ses parents et ses supérieurs , voyant qu'après avoir arrêté ses
premiers efforts elle cherchait sans cesse les moyens de courir au
martyre , se crurent obligés de la faire garder, et ils renfermè-
rent dans le fond du monastère ; mais, ayant appris la nouvelle du
martyre de sainte Colombe , son amie, elle se sentit animée d'une
m vive ardeur, qu'elle résolut de tout tenter pour avoir la liberté
de se présenter devant les juges. Au nombre de ses gardes était
un de ses frères. Celui-ci était resté seul auprès de sa cellule, au
milieu de la nuit, pendant que les autres se reposaient. Ayant été
ouvrir la porte à quelqu'un du dehors , il s'était contenté de la
fermer au verrou. Pompose profita de cette inadvertance , se glissa
sans bruit pendant que son frère avait le dos tourné , s'échappa
du monastère , et se trouva avec le jour aux portes de Cordoue.
Dès que la salle des audiences fut ouverte , elle alla se présenter
au juge , lui fit sa profession de foi , et lui parla avec une hardiesse
surprenante contre les impostures de Mahomet. Ce juge , que la
conduite de plusieurs martyrs avait accoutumé a une pareille
liberté, comprit tout d'un coup ce qif elle demandait, et il la con-
22%
Ml 30 septembre. — saint KimtACftft.
damna à avoir la tête tranchée de | ortedo priai*.
sentence fut exécutée le même jour, îv tcpiembre , l'a» 8
Quoique la conduite de eette sainte et de plusieurs autres int
qui , dans la même persécution, se sont présentés aux juges s
être obligés, paraisse avoir quelque chose de blâmable, I*
uéanmoins, après l'apologie que saint Euloge ai a faite, n
cru devoir leur refuser les honneurs d'un culte public.
20 septembre. — SAINT EUSTACHE ET SES COM
GNONS, martyrs» — 2e siècle.
Eustache, qui fut aussi appelé Placide, se faisait remarque
mi les Romains par sa naissance, ses richesses et la gloire
taire qu'il avait acquise. Aussi, sous le règne de Trajan, m
t-il de recevoir le titre de Maître des soldats. Or, comme
livrait un jour à l'exercice de la chasse, et qu'il poursuivait m
d'une grandeur surprenante , lequel s'enfuyait devant lui ,
perçut entre les ramures de l'animal qui s'arrêta tout à eou|
image élevée et éclatante de Notre-Seigneur Jésus-Christ susf
sur la croix. Invité par la voix du Sauveur à continuer la vi
mène à l'immortalité bienheureuse , il s'enrôla dans la milice
tienne, et en même temps avec lui s'y associèrent sa femme, 1
pista , et ses deux fils encore en bas âge, Agapit et Théopii
Bientôt étant retourné au lieu de sa précédente vision, co
leSeigueur le lui avait prescrit , il l'entendit lui annoncer cou
il aurait a supporter par la suite de persécutions pour la f
de Dieu. Aussi, après avoir enduré avec une admirable pat
des calamités inimaginables , il fut promptement réduit a la
nière misère. Comme il était contraint de s'esquiver secrèten
il eut à gémir sur ce que, dans le chemin, sa femme d'abord.
ses enfants, lui furent enlevés de la manière la plus digne de
Enveloppé dans une telle succession d'infortunes , en se lin
la culture des champs dans une contrée éloignée, il se tint <
pendant longtemps et jusqu'à ce que, rassuré par une vois
vçnait du ciel , et rappelé par Trajan pour des événements
veaux , il fut mis à la tête des armées.
Dans le cours de cette expédition, il recouvra d'une ma
inespérée sa femme avec ses enfants, et rentra victorieux ait
aux applaudissements de tous les citoyens. Mais peu de temps a
31 septembre. — s. Matthieu. 2M>
reçu Tordre de sacrifier aux faux dieux pour la victoire qu'il
remportée, Eustache refusa avec uue fermeté inébranlable.
■'on eut essayé inutilement au moveu de divers artifices de
abandonner la foi de Jésus-Christ , on IVxposa aux lious
ctt même temps que sa femme et ses enfants. L'empereur, irrité de
éi que ces animaux féroces ne leur marquaient que de la douceur,
Affina Tordre de les jeter dans un taureau d'airain embrasé. Us y
eOBSommèrent leur martyre, en louant Dieu, et prirent leur essor
le séjour de l'éternelle félicité, le 20 septembre. Leurs corps,
i sans avoir reçu d'atteintes du feu, furent ensevelis reli-
par les fidèles. On les transféra ensuite avec honneur
Téglise qui a été érigée sous leur invocation.
31 septembre. — S. MATTHIEU, apôtke et évangélistk.
Matthieu, qui s'appelait Lévi avant sa conversion, était de
comme les autres apôtres et publicain de profession , c'est-
qull était receveur de quelque impôt. On prétend qu'il dc-
à Capliarnaum , mais qu'il avait son bureau hors de la
!, sur le bord de la mer de Galilée. Il y avait plus d'un au que
le Messie annonçait le royaume des deux par toute la province, et
1 venait de guérir un paralytique de Caphamaûm , lorsque , re-
tournant du côté de la nier, il passa par le lieu où était Matthieu.
Le voyant assis à son bureau, il lui dit de le suivre; en même
temps Matthieu se leva , quitta tout et le suivit , quoiqu'il sentit
bien que la démarche qu'il allait faire le plongerait dans la pau-
vreté; mais cette considération ne l'arrêta pas : déjà il connaissait
le Seigneur et sa doctrine, parce qu'il demeurait dans le voisinage
d? Caphamaûm, où Jésus-Christ avait prêché et opéré plusieurs
nrinetes. Ayant invité le Sauveur et ses disciples à manger avec
lui, il appela au même festin beaucoup de publicaius, espérant
sans doute que les entretiens du Sauveur pourraient leur procurer
fa même grâce. Les pharisiens et les scribes , déjà fort jaloux c!e
la gloire de Jésus-Christ, en firent du bruit , et , s'adressant à se$
disciples, ils leur dirent : Pourquoi votre maître se trouve-t-il
ainsi à table avec des gens de mauvaise vie? Jésus les entendit,
prit la parole et leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en santé
qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu
appeler les justes à la pénitence, mais les pécheurs.
360 21 septembre. — sAumt
Saint Matthieu fut élevé à Y I M* M
Torsion. D'anciens auteurs rappc * que cet aptes, j
quelque temps dans la Judée la les contrés*-)
la descente du Saint-Esprit, et ae mt quitter ce pays pouf
prêcher ailleurs, écrivit l'Évangile qui porte son nom, lonqaï
était encore à Jérusalem. U donna à son ouvrage le nom d*£f»
gile , c'est-à-dire bonne nouvelle. C'est à juste raison qnH pan
ce titre , puisqu'il annonce à tous les hommes , même ans phi
grands pécheurs , qu'ils peuvent espérer le pardon de leurs pécha,
la rémission des peines qu'ils ont méritées, et la gloire osî et
promise à ceux que Dieu a appelés à son héritage. Saint MattUai
tut le premier qui écrivit l'Évangile, et U le fit par rmsyiratMi
du Saint-Esprit. Comme il l'écrivait principalement pour kl
Juifs convertis , il fit usage de la langue qu'ils parlaient, état à
dire de l'hébreu.
Saint Matthieu , ayant laissé des copies de son Évangie an §■
dèles de son pays , partit pour ses missions apostoliques. Sent
Citaient d'Alexandrie, qui n'était pas éloigné du temps des aptact*
nous apprend que saint .Matthieu mena jusqu'à la mort
de vie fort austère ; qu'il ne vivait que d'herbes , d& traita et et
légumes. Saint Amhroise dît que Dieu lui ouvrit le pays des
ses. Selon Rufin et Socrate , il porta l'Évangile dam la
l'Ethiopie qui confine avec l'Egypte. Quelques auteurs
mourut à Luc , dans le pays de Sennar ; d'autres qu'il
martyre à >"addaver. Son corps transporté à Salerne, et
sous le pontificat de saint Grégoire VU , déposé dan
consacrée en cette ville sous l'invocation même de cet
est honoré par un grand concours de pieux fidèles.
21 septembre. — SAINTE MAURE, tiebgb. — 9*
Maure, fille de Marien et de Sédtilie, naquit à Troyes,
pagne, vers Tan 827, d'une des familles les plus coitsidéraHeséi
pays. Elle fut nourrie dans l'abondance, et élevée d'aborddamla
délicatesse ; mais Dieu lui fit comprendre de bonne heure le -pet
de solidité des plaisirs et des vanités du siècle ; en aorte qu'aïs
résolut de renoncer à tout pour suivre la voix qui rappelait a II
retraite. Elle eut bientôt occasion de faire connaître ai
les dispositions de son cœur. Lorsqu'ils lui proposèrent de
21 septembre. — sainte maure. 261
l, elle leur déclara qu'elle n'aurait jamais d'autre époux que
Jeans-Christ.
Après la mort de Marien , elle demeura auprès de Sédulie, sa
«ère, pour laquelle elle eut toujours beaucoup de respect et de
docilité. Tout son temps était employé à la prière , à des œuvres
dt charité et au travail des mains. Elle fournissait ce qui était
nécessaire pour la décoration des églises ; souvent elle y travaillait
et ses propres mains. Prudence parle d'une aube de lin qu'elle lui
amrit donnée après l'avoir filée , faite et blanchie elle-même : il la
portait avec joie, et il lui semblait que cette aube exhalait l'odeur
dft la piété qui rendait Maure si précieuse aux yeux du Seigneur.
Gomme l'ordre conduit à Dieu , selon saint Augustin , Maure
«fait réglé toutes les actions de sa journée. Tous les jours elle pas-
sait dans l'église la plus grande partie de la matinée. Il y avait,
dans celle où elle allait faire ses prières , trois tableaux , dont l'un
représentait Jésus-Christ enfant, entre les bras de Marie; le se-
cond, Jésus-Christ attaché sur la croix ; et le troisième , Jésus-
Christ revêtu de sa majesté, et assis sur son trône pour juger les
vivants et les morts. Ces trois états de Jésus-Christ la touchaient
vivement, et faisaient l'objet de ses méditations. Maure avait une
antre dévotion réglée : elle allait le mercredi et le vendredi de
chaque semaine, pieds nus et à jeun, au monastère de Mantenay,
à deux lieues de Troyes. Ces jours-là elle jeûnait au pain et à l'eau,
et priait longtemps.
La maladie dont Dieu voulut se servir pour retirer à lui cette
sainte fille , fut accompagnée de circonstances qui augmentèrent
encore la haute opinion qu'on avait de sa sainteté. Pendant que
le mal accablait son corps , nous lui vîmes un jour, dit saint Pru-
dence , lever la tête de dessus son lit avec beaucoup de difficulté ;
ensuite elle la pencha de quatre cotés différents, comme pour sa-
luer quelqu'un. L'abbé Léon , qui était présent, lui demanda pour-
quoi elle faisait cette salutation ; elle lui répondit : Je vois au coin
de mon lit saint Pierre et saint Paul , saint Gervais et saint Protais,
que j'ai toujours honorés d'une manière particulière pendant ma
vie : ils chassent aujourd'hui loin de moi les démons qui voudraient
ravir mon âme. Ensuite, se tournant du côté de saint Prudence ,
elle lui demanda le sacrement de l' Extrême-Onction et celui de
l'Eucharistie. Saint Prudenee les lui administra en présence de
tous les assistants. Peu de temps après, sainte Maure, en pronon-
çant ces paroles de l'oraison dominicale : Que votre régne arripe%
MM 99 scpUmtm. — s. iucéot. -
mourut dam la paix do Seigneur le 91 «çtonfete , vm Tên
l'âge de 93 ns.
71 septembre. — SAINT MAURICE ET SES COM1
GNONS, martyrs. — 3e siècle*
Entre les légions qui composaient les années romaines, db
des empereurs Maximilien et Dioctétien , il y en avait uni
mée la légion Thébaine , toute composée de chrétiens , quo
fut, comme les autres, de six mille six cents hommes.
Cette légion , ayant été mandée en Italie pour fortifier I
que Maximien devait conduire dans les Gaules contre un |
révoltés nommés Bagaudes, obéit avec promptitude, et se
au reste des troupes. Maurice, à la tête de cette légion qi
sous son commandement, passa les Alpes avec Tempereu
à verser son sang pour ses intérêts, tant qu'ils s'accorderaie
ceux de la vérité et de la justice.
Après avoir fait beaucoup de chemin, Maximien, fat}
la marche, s'arrêta dans un lieu nommé Octodure, aujot
Martigny, en Valais. Ayant rassemblé en ce lieu les troupe
suivaient, il ordonna des sacrifices auxquels il voulut que :
monde assistât, et il exigea des soldats de nouveaux senne
engageaient la conscience de ceux qui étaient chrétiens,
qu'ils tendaient à les faire servir contre leur religion.
La légion Thébaine, qui campait à trois lieues de la, fut ■
comme les autres ; et Maximien lui fit entendre qu'il vot
servir d'elle pour détruire les chrétiens qui étaient dans les (
Cette proposition lit horreur à Maurice et à ses soldats. Ils î
rent de faire le serment proposé et de prendre part à la a
nie sacrilège. Maximien, irrité de leur résistance, ordonna
légion fût décimée, afin que la crainte obligeât ceux qui
raient pas mis à mort à se soumettre. L'ordre de Maxim
exécuté, sans qu'aucun soldat ou officier, quoiqu'ils euae
leurs armes à la main, fit la moindre résistance. Quand l'a»
fut achevée , tous ceux qui restèrent protestèrent qu'ils ni
mettraient jamais les impiétés qu'on exigeait d'eux; cep
ils convinrent tous d'envoyer une remontrance à l'empereu
lui faire voir l'équité du refus qu'ils faisaient de lui obéJi
ce que cette remontrance portait : Nous sommes vos solda
22 septembre. — s. thomas de VIllEneuve. 2ÔS
gneur, niais nous sommes en même temps serviteurs du vrai Dieu :
mus nous en faisons gloire et nous le confessons volontiers.
Nous vous devons le service de guerre, mais nous devons à Dieu
l'innocence. Nous recevons de vous la paye, il nous a donné la
vie. Pions ne pouvons vous obéir en renonçant à Dieu notre créa*
teur et notre maître, comme il est aussi le vôtre dans le temps
même que vous le rejetez. Si Ton ne nous demande rien qui l'of-
fense, nous vous obéirons comme nous avons fait jusqu'à prê-
tait; autrement nous lui obéirons plutôt qu'à vous... Vous nous
commandez de chercher les chrétiens pour les punir, pourquoi
jeter les yeux sur des étrangers ? Nous voici : nous confessons
Dieu le Père, auteur de toutes choses, et son Fils Jésus-Christ.
Bous avons vu égorger nos compagnons sans les plaindre ; nous
Bous sommes réjouis de l'honneur qu'ils ont eu de souffrir pour
leur Dieu et pour le nôtre. Ni l'injustice avec laquelle on les a trai-
tés, ni les menaces qu'on a faites ne sont capables de nous inspi-
rer des sentiments de révolte : nous avons encore les armes à la
main, mais nous ne résisterons pas , parce que nous aimons mieux
mourir innocents que de vivre coupables.
Cette généreuse remontrance ne Gt qu'irriter Maximien. 11 eut
honte de céder à la force de la vérité, parce qu'elle sortait de la
bouche de ceux qu'il croyait obligés à une obéissance entière.
Désespérant de les abattre , il ordonna qu'on les fît mourir tous.
Il fit marcher des troupes pour les environner et les tailler en
pièces. Mais ces hommes pleins de foi, dont la piété avait arrêté
la main lorsqu'ils pouvaient facilement se défendre contre ceux
qui les avaient décimés, étaient bien éloignés de faire aucune ré-
sistance. Dès qu'ils virent leurs bourreaux arrivés, ils mirent
bas les armes, et se laissèrent égorger comme des agneaux, sans
ouvrir la bouche pour se plaindre, en l'an 286.
» septembre. — SAINT THOMAS DE VILLENEUVE, ar-
chevêque de Valence, eu Espagne, et confesseub. —
16* siècle.
Saint Thomas de Villeneuve naquit en 1488, à Fuenlana, eu
Castille. Il reçut le surnom de Villeneuve, de la petite ville où il
fut élevé, et dont son père Alphonse-Thomas Garcias et sa mère
Lucie Martinez étaient originaires. L'un et l'autre étaient recom-
mandables par leurs vertus et surtout par leur charité envers les
M4 n septembre. — s. ! s m i umcit.
pauvres, pour lesquels 1 , i cn&nce, un:
chementqui, < P ae >t ans, lui fusait trotter pav
tout ee dont il m* se p lui-même, «vA»aMWi
ses petits sacrifices. Il fit avec : gcès ses premières étufcsM
neuve, et fut envoyé à l'âge de quinze ans à l'université d* Al<
Ses progrès rapides et ses talents lui méritèrent une place au
lége de Saint-Ildefonse. Il fut reçu maître es arts et nommé
fesseur de philosophie. Après un cours de deux ans, on Ta
à Salamanque pour y remplir une chaire de philosophie dans*
université célèbre.
Pendant sa jeunesse, il fut toujours occupé de ses propres
des , ou de l'instruction de ses disciples dans les sciences. Sa |
fut toujouis fervente et exemplaire, et la pureté de ses mu
intacte. Il gagna à Dieu plusieurs de ses disciples, qui tous eu
pour lui Festime et la vénération la plus sincère. Il s'occupait,
puis deux ans, des moyens de suivre l'attrait qui le portait à
entièrement le monde ; et, après avoir longtemps prié et exai
la nature de différents ordres religieux, il se détermina pour e
des ermites de saint Augustin, il en prit l'habit à Salamanqn
commença son noviciat, pendant lequel son humilité, sa pénitc
et son assiduité à l'oraison Grent l'étonneraent de ses supérk
et de ses frères. Il fut ordonné prêtre en 1520 et dit sa premi
messe le jour de Noël, avec une dévotion si tendre, qu'il
obligé de faire une pause , étant comme ravi hors de liu-mf
et inondé de ses larmes. Il éprouva souvent dans la suite de se
hlables impressions. Ses supérieurs remployèrent bientôt à p
cher la parole de Dieu et à administrer le sacrement depémten
Dieu bénit tellement son zèle , qu'on le surnomma l'Apte*
l'Espagne. Il fut élu prieur de plusieurs couvents et deux i
provincial. Toujours uni à Dieu, il fut, dans ses emplois, eeai
par cette vraie sagesse dont la grâce seule est le principe.
L'empereur Charles-Quint le choisit pour un de ses prédi
tours; il le consulta souvent et se conduisit, dans plusieurs c
constances, par ses conseils et ses vues , qu'il préférait à ceux
son conseil et aux siens propres. Il le nomma à l'archevêché
Grenade. Le saint, ayant été informé de sa nomination, se MB
promptement à Tolède auprès de l'empereur, et lui fit agréer, ]
ses représentations, son refus à l'épiscopat. Quelque temps api
le siège de Valence étant devenu vacant, Charles-Quint ordcf
d'en expédier le brevet de nomination pour un religieux de Ton
2) septembre* — s. thomas de vijllenedvë. 26$,
aiaA- Jérôme; le brevet fut fait sous le nom de Thomas de
■eut* et présenté à l'empereur, qui demanda au secrétaire
jtpourguoi il avait mis un autre nom que celui qu'on avait
mit d'écrire. Le secrétaire répondit qu'il n'avait entendu que
ptde Thomas de Villeneuve, mais qu'A était aisé de rectifier
îéfrâe. « Non, non, dit le prince , je reconnais là un trait
I. Providence ; conformons-nous à sa volonté.' » Il signa le
It et l'envoya à notre saint, qui était alors prieur du couvent
■Biflrrlirl H fut consterné de cet événement et se hâtait d'em-
■r tous ses efforts pour ne point accepter, lorsque l'archevé-
de Tolède lui fit ordonner, par son provincial, sous peine de
et d'excommunication, de se soumettre à la volonté
l balles du pape Paul III arrivèrent bientôt, et Thomas fut
ifttr l'archevêque de Tolède. Il partit dès le lendemain matin
Valence, à pied, avec son habit religieux, accompagné
nligieux de son ordre et de deux domestiques, et ne voulut
e point s'arrêter sur la route pour voir sa mère qui vivait en-
J£n arrivant à Valence, il se logea chez les Augustins. il prit
■non de son siège le premier jour de l'an 1545. Son cha-
, qui connaissait sa pauvreté, lui ayant fait présent de quatre
ducats pour subvenir à ses premiers besoins, il lui en témoi-
la plus vive reconnaissance, mais donna cette somme à l'hô-
, dont la nécessité était presque extrême. Il se hâta d'aller
àer le palais archiépiscopal, pour être plus à portée de remplir
les devoirs de pasteurs ; mais il y fut toujours dans la sim~
té la plus pauvre et la plus religieuse : on ne voyait chez lui
eubles précieux, ni tapisseries ; sa table frugale n'avait jamais
ttfs extraordinaires ; il observait les jeûnes et les abstinences
i règle de saint Augustin. En Avent, en carême, les mercredis
ndredis, ainsi que les veilles des fêtes, il jeûnait au pain et
in jusqu'au soir, ne portait de linge qu'étant malade , cou-
t sur la paille ordinairement et continuait de porter son habit
astique. Il fut bientôt regardé comme l'apôtre et le père de
peuple, dans les visites régulières de son diocèse, après les-
tes il assembla un concile provincial, dont les sages règlements
rmérent plusieurs abus. Il passait souvent les nuits en prières;
t toutes les heures du jour, il voulait qu'on laissât entrer
; lui tous ceux de son diocèse qui demandaient à lui parler.
m assiduité à prêcher la parole divine avec Ponction du véri-
23
26C 23 septembre. — s. Liir.
fable zèle, eut les plus grands succès, potir ta conversion
chou» de tous les états. 11 ovalt tous les jours a sa porte ci
pauvres a qui Ton donnait, par ses ordres, le ttéemaire.
phelins, les enfants trouvés, les pauvres honteux', et aient 1c
de sa sollicitude pastorale. Quoique le revenu do l'archet
Valence fût annuellement de dix-huit mille ducats, le san
ne gardait pour son usage que le plus étroit nécessaire , en*
tout le reste aux besoins des églises et à ceux des pauvre
lesquels il ne cessait de solliciter la charité des riches. 1
vite, avec la distinction dont sa réputation le rendait dign
rendre au concile de Trente ; mais sa mauvaise santé i
permit pas. Dieu lui fît même connaître que la fin de sa
prochait et qu'il mourrait le jour de la fête de la Nativi
sainte Vierge, à laquelle il avait été toute sa vie dévoué.
Depuis qu'il eut eu cette connaissance d'une manière !
relie sur sa fin, son amour pour Dieu et son désir pour i
l'absorbaient tout entier. Il fut attaqué, le 29 d'août de Fi
d'une esquinancie, accompagnée de fièvre violente. 11 fit,
premiers jours, une confession générale , en versant des
et, après avoir reçu le saint viatique, avec les plus vifs sei
de respect, d'amour et de confiance , il fît distribuer aux
de sa ville tout ce qu'il lui restait d'argent, donna ses autr
pour le soutien de son collège , disposa du lit sur leque
couché en faveur des prisonniers, en priant leur geôlier <i
permettre l'usage jusqu'à sa mort. Le 8 septembre au mal
tint ses forces diminuer, il demanda qu'on lui lût la Pau
Notre- Seigneur Jésus-Christ, selon saint Jean; on célébra
la sainte messe dans sa chambre. Il récita le psaume 30 c
après la communion du prêtre, lorsqu'il eut prononcé ces
du psaume : Seigneur, je remets mon âme entre vos
11 était dans la soixante-septième année de son âge et la<
de son episcopat. Il fut enterré, selon son désir, dans Té]
Augristius de Valence, béatifié par Paul V en 1618 et cane
Alexandre VU eu 1G58.
23 septembre. — SAINT LIN, pape et martyh. — V
Le souverain pontife Lin , né à Volterra en Étrur»
verna l'Kglise le premier après saint Pierre. Sa foi et sa
furent si grandes, que non-seulement il chassait les démoi
1£ septembre. — s. constance. 26X
lilesm à la vie. Il écrivit les actes du bienheureux
et surtout tout ee qu'il a fait pour combattre Simon le Ma*
Il décréta qu'aucune femme n'entrerait dans une égUse
■t la tête voilée. On coupa la tête à ce saint pontife, à
lt aa constance dans la foi. Ce fut par Tordre de Saturnin,
titra en celaautant d'impiété que d'ingratitude, puisque le
r mât délivré sa fille de l'obsession du démon. Il fut ense-
Yatkan auprès du tombeau du Prince des apôtres , le 23
toede Fan 78, après avoir siégé plus de onze ans.
tembre. —SAINTE THÈCLEf vierge et protomar-
TtBB BES FEMMES. — 1er siècle.
îerge Thècle, née à Icône, de parents illustres, instruite
rftre saint Paul des enseignements de la foi, a été célébrée
saints Pères avec des éloges extraordinaires. A l'âge de
It ans, elle quitta son fiancé Thamyris parce qu'elle voulait
vierge, ce qui fit que ses parents l'accusèrent d'être ebré-
Un bûcher allumé fut préparé pour elle, et on la menaça-
ier, si elle ne renonçait à Jésus-Christ. Alors la sainte, s'é-
iparavant munie du signe de la croix , s'élança au milieu des
s; mais une pluie, qui survint subitement, éteignit le bu-
tai la mena ensuite à Antioche, où elle fut d'abord exposée
es, puis attachée sur des taureaux qu'on excitait en les pous-
tns des directions différentes ; ensuite on la jeta dans une
anplie de serpents, mais la grâce de Jésus-Christ la délivra
s ces supplices. L'ardeur de sa foi et la sainteté de sa vie
tirent un grand nombre d'infidèles. De retour dans sa patrie,
retira seule sur une montagne, et alla rejoindre le Seigneur
le quatre-vingt-dix ans, signalés par toutes sortes de vertus,
les miracles. Son corps fut enseveli à Séleucie.
)tembre. — SAINT CONSTANCE, sacbistain. —
6e siècle.
tance était sacristain dans une église dédiée à saint Etienne,
ville d'Ancône ; il se sanctifia dans cet emploi par la piété
le avec lesquels il remplissait ses devoirs et par la pratique
rtus chrétiennes. Il vécut parfaitement détaché de toutes
2G8 24 septembre. — s. gerueb, abbé.
les choses de la terre, faisant paraître un grand mépris pour tout
ce que les gens du monde estiment le plus : n'ayant d'affection
que pour le Ciel, il travaillait de toute sa force pour l'obtenir; :
aussi était-il regardé comme un saint dans tout le pays. La repu- ;
tation des miracles que Dieu accordait à ses prières lui attirait ta z
visite de personnes qui venaient de toutes parts pour le voir. i
Un paysan, entre autres, étant venu de fort loin, trouva ta "'
pieux sacristain monté sur une échelle, occupé à nettoyer les ;J
lampes de l'église ; et, n'apercevant qu'un homme d'une taille peu *
avantageuse et d'un extérieur fort ordinaire, il ne put croire que l-
ce fût là le fameux Constance. Comme on l'assura que c'était lui- '>
même, il s'en moqua et dit tout haut : Je pensais voir un homme H
parfait, et je ne vois pas même une figure d'homme. Le serviteur lt
de Dieu , l'ayant entendu parler ainsi , alla l'embrasser, en le re» 4
merciant du jugement qu'il faisait de lui, et en disant : Vous *|
êtes le seul qui ayez les yeux assez ouverts pour bien connaître Ht
ce que je vaux. On voit par cette action combien ce saint homme k
était humble. Il mourut dans le sixième siècle. ft
24 septembre. — SAINT GERMER , abbé. — 7e tiède. ,.
Germer naquit à Warde , près Gournai, sur la rivière d*Ejlgp *-
qui sépare le diocèse de Rouen de celui de Beauvais. Ses pareabJt fc
des plus considérables du pays par leur noblesse et leurs &mk *'
biens, et qui n'avaient que lui d'enfant, firent leur principale tf- !c
faire de son éducation. Ils le confièrent à d'habiles maîtres, à Ojri <
ils recommandèrent surtout de le former à la piété. '«
Il passa quelque temps à la cour du roi Dagobert, et épooM %
une fille d'un seigneur du Vexin , dont il eut deux filles et un fk. 1
La crainte qu'il eut de se laisser dominer par l'esprit dn tiède, <c
tant qu'il y demeurerait, lui Gt concevoir le dessein de cherche h
un asile pour travailler plus sûrement à son salut. Il alla dent i
trouver saint Oucn , et le pria de lui enseigner la conduite cjtfl ml
devait tenir. Ce pieux abbé lui conseilla de se retirer dans le cloftaUp
Avec l'agrément du roi et le consentement de sa femme, Germer'
quitta le monde ; après avoir reçu la tonsure et l'habit monas-
tique , il se retira au monastère de Pantale , entre Brionne et^
Pont-Audemer, et saint Ouen lui en donna la conduite. GenMs^
fut un modèle de pénitence , de veilles et de prières. Après avoir
passé la journée à chanter les louanges de Dieu , il ne prenaitjfa
24 septembre. — n. d. de là merci. 26tt*
•dît, pour toute nourriture , que du pain de matelot , avec quel*
qoes légumes et de l'eau salée.
La communauté de Pantale était fort nombreuse. Il y avait
^excellents moines qui suivaient avec joie l'exemple de leur saint
dbbé ; mais il y en eut aussi quelques-uns qui , ne pouvant souf-
frir son exactitude , résolurent de s'en défaire. Germer avait cou*
!ome de se lever la nuit pour aller prier à l'église , puis il revenait
le coucher. Ces malheureux , qui connaissaient cette habitude de
eur chef, cachèrent sous son lit un couteau la pointe en haut de
nànière que le saint devait se renfoncer dans le corps en se re-
ttuchant ; mais Germer, ayant , contre sa coutume , tâté le lit en
«venant , trouva le couteau. Il retourna à l'église, où il répandit
beaucoup de larmes devant le Seigneur. Le même jour, après la
sonférence qui se faisait à la suite de Tierce , il se prosterna en
jfcésence de toute la communauté, et, sans dire ce qui lui était
privé , il demanda d'être déchargé du gouvernement. Il se retira
bns une grotte, près du monastère. Il ne pensait qu'à s'y donner
mièrement à Dieu par les exercices de la pénitence et les œuvres
le charité envers les pauvres, lorsque saint Ouen le fît consentir
i recevoir la prêtrise. 11 continua la vie qu'il menait dans sa grotte,
iffirant tous les jours le sacrifice de nos autels : il était si pénétré
le la grandeur de cet auguste mystère , qu'il ne l'achevait presque
âmais sans verser des larmes.
Sur ces entrefaites il apprit la mort de son fils , qui le fit ren-
dansla possession de tous ses biens. Après en avoir distribué
bonne partie à des hôpitaux et à des églises , il résolut d'em-
cyer le reste à fonder un vaste monastère , où il put finir ses
: c'est celui qui a été connu sous le nom de Saint-Germer
» Flay, à cinq lieues de Béarnais , du côté de Gournai-sur-Epte.
Germer vécut trois ans dans ce monastère , toujours appliqué à
£fe devoirs , et servant de modèle de la perfection religieuse. Ce
ht ainsi qu'il se prépara à remettre son esprit entre les mains du
Seigneur, qu'il avait servi avec tant de fidélité. Il mourut vers
Pan 658.
Mseplembre. — NOTRE-DAME DE LA MERCI. — 13e siècle.
Au temps où la partie la plus étendue et la plus favorisée
In Espagnes était abattue sous le joug barbare des Sarrasins ,
23.
270 25 septembre. — * s. fibmin, év. d'aHie&s,
et que d'innombrables fidèles étaient retenus misérablement dans,
un esclavage inhumain , courant le risque d'abjurer la foi chré-
tienne , et de mettre en péril leur salut éternel , la bienheureuse
Reine des cieux voulut avec bonté porter secours à tant de maux,
et montrer sa charité sans bornes dans le rachat de ces pauvre»
captifs. Car, dans la même nuit, elle apparut à saint Pierre Nolasque,
au bienheureux Raymond de Pegnafort , puis à Jacques 1er, roi
d'Aragon, et leur apprenant à chacun en particulier que son
divin Fils et elle-même désiraient vivement qu'on instituât en "
son honneur un ordre de religieux qui se proposeraient de déli- -
i rer les captifs de la tyrannie des infidèles, elle leur recommanda de' .!
concourir, chacun autant qu'ils le pourraient, à une œuvre aussi '
importante. Pierre alla tout aussitôt se jeter aux pieds de Raymond, .
qui était son confesseur, lui découvrit ce qui lui était arrivé « et *
le trouvant déjà instruit de tout par une révélation céleste, se
soumit très-humblement à sa direction. Le roi d'Aragon survint ^
alors, qui résolut d'effectuer ce que la bienheureuse Vierge lui ,
avait révélé à lui-même. En ayant donc conféré ensemble , Us en- *
treprirent d'un commun accord d'instituer, en l'honneur de U
Vierge-Mère , un ordre religieux sous le titre de Sainte-Marie de .
la Merci pour la Rédemption des captifs. C'est le 1 2 du mois d*aodt
1218 que le roi Jacques d'Aragon résolut d'établir cet institut '
conçu depuis longtemps par les saints dont nous avons parié, fléts»
Mit que les frères qui en faisaient partie s'astreindraient, par m
quatrième vœu , à demeurer comme otage au pouvoir des mfldètae»
quand cela serait nécessaire pour la délivrance des chrétiens. Si -
même temps il accorda aux mêmes religieux le privilège de porter *
sur la poitrine ses armes royales , et prit soin de faire confirmer Jj
par Grégoire IX cet institut religieux qui se dévouait à l'exercice *
d'une charité envers le prochain qui surpassait tout. Dieu lui-même, •*
par l'intermédiaire de la Vierge-Mère, donna accroissement à cet *
ordre, et c'est pour que de dignes actions de grâces fussent rendue! ^
à Dieu et à sa sainte Mère, que le siège apostolique a accordé II *
célébration de cette fête particulière.
fe
«
25 septembre. — SAINT FIRMIN, pbemibb bvequ* " t
d'Amiens, et mabtyb. — 3e siècle. : *e
Saint Saturnin , qui était évéque de Toulouse vers lenriUeaife „
troisième siècle, eut entre autres disciples saint Ho it de NlMB*
96 septembre. — s. cypbiew et sainte Justine. 27 r
mi prêtre rempli de zèle, qui porta le flambeau de la foi
|ËHp Navarre, et qui se distinguait autant par son savoir que
wWn vertus ; H fut le maître de saint Firmin. Ce dernier, ayant1
MhtouC évéque, prêcha la foi dans le territoire d'Albi , à Agen,
|M en Auvergne , en Anjou , à Beauvais, et enfin à Amiens, dont
%<l regardé comme le premier évéque. Il versa son sang pour
ftt vers Fan 387.'
%ns apprenons de ses actes qu'il eut pour patrie la ville de
Mpdane, dans la Navarre , où il est honoré comme principal
■MB. Un chrétien nommé Faustinien l'enterra, et saint Firmin; :
W& Confih ,iMt, à l'endroit où était son corps, une église qui
ËMédtosow l'invocation de la sainte Vierge. On garde ses reli-
Ht tan la cathédrale d'Amiens , à l'exception d'une partie que
lestait Ier donna aux moines de Saint-Denis.
r-
¥*ptembre. — SAINT CYPRIEN ET SAINTE JUSTINE,
. . màbttbs. — 4e siècle.
qrifiit plus tard niartyr pour la foi, est surnommé le
parce qu'A avait d'abord exercé Fart diabolique de la
Au moyen des enchantements et des maléfices, il avait
; efforts pour amener Justine, vierge chrétienne, qu'un
homme aimait avec passion, à y consentir et à contenter
N'y pouvant réussir, il consulta le démon pour savoir
lËqacHe manière il pourrait parvenir à ses fins. Le démon lui
^pondit qu'aucun moyen ne lui réussirait contre les vrais adora*
tatsét Christ. Cyprien, troublé par cette réponse , commença à
hffiofer -vivement les errements de sa vie passée. En conséquence,
fm* abandonné la magie , il se convertit entièrement à la foi de
■Met-Seigneur Jésus-Christ.
tftonr cette raison il fut arrêté en même temps que la vierge
hatiae, et on les accabla de coups de poing et de coups de fouet. On
m mit ensuite en prison , pour voir s'ils ne changeraient point de
intiment. Mais comme après qu'ils en furent sortis , on les trouva
■ontrant toujours la même constance pour se maintenir dans
I religion chrétienne, on les jeta dans une chaudière remplie de
on, de graisse et de cire bouillantes. Ils furent enfin décapités
FMeomédie en l'an 304. Lorsque leurs corps, exposés suc la voie
■Mique, furent restés six jours sans sépulture , des matelots les
272 26 septembre. — s. ml le jeune.
m
placèrent secrètement pendant la nuit sur leur navire , et les trans-
portèrent à Rome. Ils furent d'abord enterrés dans le domaine
de Ru fi ne, noble dame, puis transférés plus tard dans Rome
pour les placer dans la basilique Constantinienne, près du bap-
tistère.
26 septembre. — SAINT NIL , le jeune , abbé. — 10e siècle. -
Nil , Grec d'origine , naquit en Italie vers Tan 906. Il fut engagé ?
dans le mariage et dans les charges du siècle ; mais, après la mort
de sa femme , il embrassa la vie monastique. On rapporte de lui
quelques paroles dignes de remarque. Des seigneurs , qui étaient
allés lui rendre visite, souhaitèrent d'entendre de lui quelques
t.
paroles d'édification. Si vous n'êtes ornés de vertus , leur dit-il, ^
et même de grandes vertus, personne ne vous délivrera des peines ^
de l'enfer. Un d'eux lui opposa cet endroit de l'Écriture, où Jésus* ,|
Christ dit à ses disciples qu'un verre d'eau froide donné en son j
nom ne demeurera pas sans récompense. « Ces paroles, répondît J
saint Nil , sont pour ôter tout prétexte d'excuse à ceux qui n'ont .'
pas même de quoi faire chauffer un verre d'eau ; mais vous qui ..
enlevez aux pauvres jusqu'à un verre d'eau froide, qu'aves-vouià '''
espérer ?» Un autre, qui vivait dans un adultère public, prenant U .
parole, dit au saint : Je voudrais savoir si le grand roi Salomoa },
est sauvé. — Et moi , dit le saint , je voudrais savoir ri vous le :
serez. C'est à vous plus qu'à Salomon qu'il a été dit : Ceiêd qd ':
regarde une femme avec un méchant désir a déjà commis ta
adultère dans son cœur. J
L'empereur Othon III l'ayant exhorté à lui demander quelque
4
grâce, il lui dit : La seule chose que j'aie à vous demander est que
vous sauviez votre âme. Tout empereur que vous êtes, il vous
faudra mourir comme le commun des hommes , et rendre compte *
de vos actions au jour redoutable du Seigneur. Le gouverneur -
Kuphraxc , étant tombé malade de débauche , fit prier saint Kï *
de venir le revêtir de l'habit monastique. Nil, étant venu, dît à *
Kuphraxe : Les vœux de votre baptême devraient vous suffire: le "
baptême de la pénitence ne demande point des vœux nouveaux, et *
il n'est pas nécessaire de changer d'habits pour changer de vie. *■
Cependant sur les instances réitérées d'Euphraxe , il lui coupa la *
cheveux et lui donna l'habit monastique. Euphraxe mourut dam *
de grands sentiments de pénitence. '*
27 septembre. — s. comb et s. damier. 17$
Les Sarrasins s'étant répandus dans la Calabre, où Nil demeu-
, ce saint moine se retira dans le monastère du Mont-Cassia,
#où il alla dans celui de Val-Luce; mais le relâchement s'étant
introduit dans cette dernière maison , il se retira avec quelques
disciples à Serperi , sur le bord de la mer, à cinq lieues de Rome,
•à il mourut en Tan 1005, âgé d'environ quatre-vingt-seize ans.
27 septembre. — SAINT COME ET SAINT D AMIEN ,
martyrs. — 4e siècle.
Gome et Damien étaient frères et Arabes de naissance ; mais ils
firent leur cours d'études en Syrie , et se rendirent fort habiles
dans la médecine. Comme ils professaient le christianisme , et
qu'As étaient animés de cet esprit de charité qu'il inspire, ils exer-
çaient leur profession aveu beaucoup de zèle et de désintéres-
sement. Ils sont appelés Anargyres par les Grecs, parce qu'ils ne
recevaient point d'argent de leurs malades. Us vivaient a Éges,
ai Cilicie, où ils étaient universellement aimés et respectés. Us
étaient surtout connus par leur attachement à la religion chré-
tienne, à laquelle ils s'efforçaient tous les jours de faire de nou-
veaux prosélytes.
La persécution de Dioclétien s'étant allumée , il était difficile
qu'ils ne fussent pas découverts des premiers. On les arrêta par
Tordre de Sysias , gouverneur de Cilicie , qui, après leur avoir fait
souffrir divers tourments, les condamna à perdre la tête vers 303.
Leurs corps furent portés en Syrie et enterrés à Cyr. Théodoret,
qui était évéque de cette ville au cinquième siècle, dit qu'on y gar-
dait leurs reliques dans une église de leur nom : il leur donne les
titres d'illustres athlètes et de généreux soldats de Jésus-Christ.
L'empereur Justinien, qui commença à régner en 527, fit agrandir,
orner et fortifier la ville de Cyr, par respect pour les saints mar-
tyrs, dont les ossements y reposaient. Voyant que l'église bâtie à
Constantinople sous leur invocation tombait en ruines, il eu fit
élever une magnifique eu reconnaissance de ce qu'il avait été
guéri d'une maladie dangereuse par leur intercession.
Pour satisfaire sa dévotion envers les mêmes saints , Justinien
fit construire et leur dédia une seconde église à Constantinople.
On trouve, dans la Chronique de Marcellin et de saint Grégoire de
Tours , le récit de plusieurs miracles opérés par leur intercession.
Une partie de leurs reliques est présentement à Rome, dansl'e>
374 27 septembre. — s. elzbàh et saints delpoui*.
glise de leur nom qui est un titre de cardinal-di *e. Cette part^^1
des reliques fut portée dans cette ville du temps du pape saint
bisaïeul de saint Grégoire le Grand. 11 y en a deux autres
a Venise. Une portion des reliques de ces saints martyrs fin
portée en France et divisée entre plusieurs églises , la coUégtata
de Luzarches , la cathédrale, et la paroisse de Saint-Câme il
Fans.
27 septembre. — SAINT ELZEAR DE S ABR AN, confesse»,
et SAINTE DELPHINE , épouse-vierge. — 14e siècle.
Elzéar, comte d'Arian et baron d'Ansois, était de rflhntn
maison de Sabran , et naquit à Ansois* en Provence. Dès son en-
fance , il annonça la sainteté qu'il aurait un jour, commençant
dès lors à mortilier sa chair par des jeûnes et d'autres abstinence*.;
Sous la direction de son oncle , Guillaume de Sabran , qui était
abbé de Saint- Victor de Marseille, et auquel on l'avait confié de*
Tâge de cinq ans , il fit de grands progrès dans la vertu. On U
fit épouser dans la suite Delphine de Glandèves, dame de Fui-Mi-
chel , dont la haute naissance égalait la fortune, mais chez laquelle
ces dons périssables disparaissaient devant la réputation di sain-
teté. Elle était née dans l'ancien diocèse de Riez , qui faitaujoaç*
d'hui partie de celui actuel de Digne. N'éprouvant dès son jeune
âge que de réloignement pour les parures mondâmes, elle ne sa
complaisait que dans la pratique continuelle de la prière, et dit
fit éclater un tel amour pour la vertu de chasteté, qu'elle excita
l'admiration des religieuses du couvent de sainte Catherine, à qui
elle avait été confiée. Ce fut donc contre son gré qu'elle consentit
à épouser à Marseille Elzéar, comte d'Arian. Elle n'obéit même
à la volonté de son oncle, en cette circonstance, que lorsque, for-
tifiée par une vision céleste , elle eut été assurée d'une assistance
toute particulière de la sainte Mère de Dieu pour protéger jus-
qu'au bout sa virginité. L'appareil solennel des noces avait été
disposé avec une pompe royale par Charles , roi de Sicile, qui
s'intéressait beaucoup à cette union. Mais au sortir du banquet
nuptial, Delphine se présenta suppliante à son mari, et lui décou-
vrit, fondant en larmes, le dessein qu'elle avait de garder sa vir-
ginité. Elle parla d'une manière si persuasive , qu'aidée de Dieu ,
qui touchait intérieurement son époux et agissait doucement
# septembre. — s. elzéar et sainte Delphine. 175
NÉreoHif , elle rengagea à partager son héroïque résolution
ftrér dans le mariage la chasteté qui convient à des vierges.
Virent l'un et l'autre par un vœu , et pendant vingt-sept an*
Joe dura leur union , ils conservèrent le lis de la virginité
ont son éclat, sans que jamais l'ardeur de l'amour conjugal
en altérer la fraîcheur. Afin de conserver sans tache dans
iage le lis de la virginité , Elzéar portait le jour un rude
sous ses riches vêtements , et la nuit il entourait son corps
le corde noueuse. Dieu fit connaître plus d'une fois com-
tte conduite lui était agréable. Ne pouvant jouir dans le châ-
Ansois de la tranquillité qu'il désirait , Elzéar obtint de ses
\ la permission de se retirer avec sa chaste épouse au châ-
! Pui-Michel, qui appartenait à Delphine. Il y vécut presque
jieux, ayant parfaitement réglé le temps pour toutes les
[MB de sa maison , de manière à ce que tous les instants du
Ment sanctifiés par les exercices de piété, U mit au rang de
miers devoirs de s'inquiéter des besoins des pauvres, afin
ager leur misère. Il visitait les prisonniers, servait les ma-
Laos les hôpitaux , et soignait les lépreux,
s la mort de son père , Elzéar alla en Italie pour prendre
Ion du comté d' Arian, que lui disputaient des rebelles. Aus-
t'il eut été reconnu, il rendit public son vœu de chasteté, et
ans le tiers- ordre de Saint-François avec sa pieuse épouse*
rès, Robert, roi de Sicile, lui confia le soin d'élever sou
)rince deCalabrc, ainsi que l'administration du royaume. U
nte envoyé au roi de France pour proposer le mariage de son
rec la fille de Charles de Valois. Pendant qu'il traitait de
[Taire à Paris, il y tomba malade de la fièvre, et mourut
ptembre 1325, en disant : Je bénirai le Seigneur en tout
Lorsqu'il eut rendu son âme à Dieu, il apparut à De!-
couronné de gloire , et hii adressa ces paroles du prophète
Le filet s'est rompu, et nous avons été délivrés. !
i au vœu de virginité perpétuelle la servante du Seigneur
;elui de pauvreté. Elle vendit les terres du comté d' Arian
hflteau de Pui-Michel , en distribua le prix aux pauvres ,
it à demander l'aumône , contente de souffrir des affronts
tais-Christ et de s'entendre souvent appeler une femme
hypocrite. En même temps elle s'appliquait à l'étude de
re sainte , et sous la lettre elle en pénétra l'esprit, et en
les pensées d'une si haute spiritualité, que le pape Clé-
270 28 septembre. — sainte eustocBik.
mont VI, siégeant a Avignon, dit à son sujet qu'il n'avait jnnws
entendu un théologien expliquer d'une manière si profonde Ses
mystères de la Trinité et de l'Incarnation , la pauvreté, l'humilité *
et les autres vertus chrétiennes. Enfin, comblée de mérites, et y
modèle des épouses, des veuves et des vierges, Delphine s'en- *
dormit dans le vSeigncur, le 26 novembre de l'an 1360, h Page de '
soixante-seize ans. C'est le pape Urbain Y qui, par un décret so- *
lennel , a inscrit Elzéar et Delphine au catalogue des saints. '
28 septembre. — SAINTE EUSTOCHIE, VIEBGE. — 5e siècle.
Eustochie, vierge romaine, fille de l'illustre sainte Paule, était*
entrée dans toutes les vues de sa mère et fit paraître un égal mé»
pris pour les vanités du monde. Elle s'engagea , par un vœu so-
lennel , à rester dans l'état de virginité, par les exhortations de
sainte Marcelle, qui semble avoir été la première de Rome à em-
brasser les austérités de la vie ascétique. Saint Jérôme rapporte
sur son sujet une chose remarquable : Lorsqu'elle était encore toute
jeune , une de ses tantes nommée Prétextate , par ordre de son "J
mari, la para un jour fort richement et lui fit peigner et friser les |J
cheveux , pour la mettre comme les personnes de son rang et lui ^
donner du goût pour les ajustements ; mais , la nuit même, elle v:
vit venir à elle un ange qui , d'une voix terrible et menaçante «M :':
fit entendre ces paroles : Vous avez donc mieux aimé obéir à fôtn *
mari qu'à Jésus-Christ ? Vous avez osé porter vos mains sacrilèges -i
sur la tête d'une vierge consacrée à Dieu ? Ces mains vont demis '*
sèches , et ce châtiment vous apprendra le mal que vous avez fait; *
au bout de cinq mois vous serez portée au tombeau. Si vous cou- ^
tinuez à inspirer la vanité à l'épouse de Jésus-Christ, vous perdra ^
eu même temps votre mari et vos enfants. Cette terrible
rut son effet. C'est ainsi , ajoute saint Jérôme , que
punit les violateurs de son temple. Eustochie eut le courage de V
fouler aux pieds tout ce que le monde a de plus grand, pour em-
brasser la pauvreté la plus absolue, et de mener une vie pénitente, iE
afin de conserver son innocence. Elle suivit sa mère sainte Paule *
dans la Palestine et passa vingt-trois ans dans la pratique des coOr u
seils évangéliques, sous la direction de saint Jérôme, qui s'était *
retiré dans un monastère d'hommes voisin du sien. Elle étudie *
sous lui l'écriture sainte, et s'y rendit très-habile par la connais- *■
sauce qu'elle acquit de la langue hébraïque. Après la mort de sa *
28 septembre. — sainte lioba, abbesse. 277
titre, elle fut obligée de se charger de la conduite du mpnastère
4e Bethléem. Dieu réprouva par la persécution. Une troupe de
QMS perdus, suscités par les Pélagiens, allèrent à Bethléem , mal-
tarifèrent les serviteurs de Dieu, aussi bien que les vierges , et
brûlèrent leurs monastères; en sorte qu'Eustochie eut beaucoup
4» peine à échapper au feu et aux armes qui l'environnaient. Trois
m après , c'est-à-dire vers Tan 419, elle alla recevoir la récom-
pense de ses travaux et de sa persévérance.
28 septembre. — SAINT CÊRAUNE OU CÉRAN, évéque
de Pabis. — 6e siècle.
Céraune, vulgairement' Céran , succéda à Simplice sur le siège
et Paris, et se rendit recommandable par sa piété, son zèle et
a charité. Sa dévotion envers les saints martyrs lui inspira le des*
hîd de recueillir leurs actes. Il écrivit pour ce sujet à Warnahaire,
derc de Langres , lequel lui envoya les actes de saint Didier,
évéque de la même ville , et ceux des saints Speusippe, Éleusippe
ft Méleusippe. Warnahaire accompagna cet envoi d'une lettre
tes laquelle il donnait de justes éloges aux vertus du saint pas-
teur. Ce fut sous Tépiscopat de saint Céran que se tint le cin-
quième concile de Paris dans l'église des Saints- Apôtres, appelée
plus tard Sainte-Geneviève. Ce concile, qu'on met en 614 ou 615,
est fort célèbre , et il s'y trouva soixante-dix -neuf évêques; aussi
fat-fl appelé général par celui de Reims en 625. Saint Céran était
mort alors. On l'enterra dans la chapelle souterraine , à la gauche
dn corps de sainte Geneviève.
28 septembre. — SAINTE LIOBA , abbesse. — 8e siècle.
Lioba ou Lieba , qui fut un modèle de perfection chrétienne
tywt en Angleterre qu'en Allemagne , sortait d'une illustre famille
anglo-saxonne , et naquit dans le pays des Saxons occidentaux.
Ebba, sa mère, était proche parente de saint Boniface , archevêque
de Mayence , apôtre de la Germanie. Une longue stérilité lui avait
fait perdre l'espérance d'avoir des enfants , lorsque Lioba vint au
monde. Elle l'offrit à Dieu dès qu'elle fut née , et Fêle va dans le
mépris du monde.
24
278 28 septembre. — s. Wenceslas*
Lioba fut mise ensuite dans le monastère de Winburn , que >
gouvernait la sainte abbesse Tettc , encore plus distinguée par u J
sagesse et ses vertus que par le titre auguste de sœur de roi. EUe 4
y fît de grands progrès dans la science du salut , et y prit depun u
le voile de religieuse. Elle avait des connaissances rares dans une *
personne de son sexe; elle entendait le latin, et faisait même «
des vers en cette langue , comme on le voit par ses lettres à saint l
Boniface, qui était en correspondance avec elle. Comme ce saint l
apôtre connaissait son mérite , il pria instamment son abbesse *
et son évéque de la lui envoyer avec quelques autres religieuses, ft
dans le but de les employer à établir en Allemagne des monas- i
tères pour les femmes. Tettc ne consentit qu'avec beaucoup de *
peine au départ de celle qu'elle regardait comme le plus précieux <
trésor de sa maison. 5
Lioba arriva en Allemagne vers Tan 748. Saint Boniface Téta* %
blit, ainsi que ses compagnes, dans le monastère qui a été appelé ?»
depuis Bischofstein. La prudence et le zèle de la sainte furent *
cause que la nouvelle communauté devint si nombreuse, qu'elle q
fut en état de fournir assez de religieuses pour peupler divers nu
nastères qu'on fonda en Allemagne. Quelque temps après le mar* *
tyre de saint Boniface , Lioba se retira dans un de ces nouveau! ^
monastères, appelé Slioneresheim , et situé à environ deuxlienes 4
de Mayence. Elle continua d'y vivre dans la pratique du jeûne et ;,
de la prière. Charlemagne, qui fut depuis empereur, était pénétré |
de vénération pour elle , et Hildegarde , femme de ce prince, la t|
fit venir à Aix-la-Chapelle pour la consulter sur plusieurs affaires ^
importantes. Lioba résista fortement aux sollicitations que Un ^
fît la reiue de rester à la cour ; elle retourna dans son monas-
tère, où elle mourut vers l'an 779. Elle fut enterrée à Fulde, au-
près de saint Boniface , et il se fît à son tombeau plusieurs mi-
racles.
i
28 septembre. —SAINT WENCESLAS, nue de BOHiao,
martyr. — 10e siècle.
1
il
■1
il:
Wenceslas, duc de Bohême, eut pour père Wratislas, qui
était chrétien, et pour mère Drahomire, qui était païenne. Elevé
pieusement par son aïeule Ludmille, femme d'une grande sainteté, *
il se distingua par toutes sortes de vertus , et conserva avec to *J
28 septembre. — s. wenceslis. 279
grand soi pendant toute sa vie sa virginité intacte. Sa mère,
r~, an moyen d'un meurtre abominable commis sur la personne
Lndmflle, était parvenue à s'emparer du gouvernement du
anjanme, et qui menait une vie criminelle avec son plus jeune
21 Botedas, excita contre elle-même l'indignation des grands
la nation. Fatigués de son gouvernement tvrannique et impie,
fc secouèrent le joug, et saluèrent roi Wenceslas dans la ville
«•Prague, où ils vinrent le trouver.
Ce prince, s'appliquant à régner plutôt par la clémence et la
fcanfé qu'en imposant sa domination, secourut avec tant de châ-
tiai les orphelins, les veuves, les pauvres , que quelquefois, pen-
«avt la nuit, il porta sur ses propres épaules du bois à ceux qui en
attaquaient. Il assistait fréquemment à l'enterrement des pau-
;, délivrait les captifs , visitait au milieu de la nuit les prison-
qu'A consolait le plus souvent de ses aumônes et de ses con-
Souverain plein d'humanité , il gémissait vivement lorsqu'un
coupable était condamné à mort. Vénérant les pré-
tas dn Seigneur avec un sentiment de respect religieux , il semait
àtaes mains le froment, et faisait le vin dont ils devaient se
pour le sacrifice de la Messe. La nuit, il parcourait les
, marchant nu-pieds sur la neige et la glace , et laissant
hii les traces de ses pas teintes de sang , et qui écliauffaient
le soi. Il eut des anges pour veiller à la garde de sa personne ;
, or lorsque dans un combat singulier qu'il engagea contre Ra-
: «lias, duc de Gurime , et auquel il n'avait consenti que dans le
ht de pourvoir au salut de son peuple , on vit des anges qui lui
Jaunissaient des armes, et qui dirent à son adversaire : Ne le
Aappe pas ! Son ennemi , épouvanté , se jeta avec respect aux
pieds de AVenceslas , et implora son pardon. Un jour qu'il s'était
tendu en Allemagne , l'empereur , ayant aperçu au moment où
te saint s'approchait de lui deux anges qui le décoraient d'une
croix d'or, descendit de son trône pour le recevoir dans ses
bras - ie revêtit des insignes de la royauté , et lui donna le bras
de saint Guy. Néanmoins son frère Boleslas, impie et scélérat
Somme sa mère qui le poussa à ce nouveau crime , s'étant adjoint
pieiques compagnons pour le commettre , le tua après l'avoir
«ça à sa table , et lorsqu'il s'était rendu dans une église pour y
«ïer, pressentant le sort qu'on lui préparait. On voit encore en
e lieu le sang qui rejaillit sur les murailles, quoique ce meurtre
bominable ait eu lieu en l'an 938. La vengeance de Dieu éclata
280 20 septembre. — s. miciiel et les ss. anges.
sur cette mère dénaturée, qui fut engloutie dans le sein de la ti
et sur les meurtriers, qui tous périrent misérablement.
20 septembre. — SAINT MICHEL archange, ET T(
LES SAINTS ANGES.
L'Écriture sainte nous apprend qu'il y a des anges que 1
a créés de purs esprits sans corps, et qu'il s'est souvent servi d
pour faire connaître aux hommes ses volontés , toujours just
raisonnables. On ne peut douter que Moïse n'ait connu ces esj
célestes : tous ses livres sont pleins de preuves de leur existe
On les trouve chez Abraham, à qui ils découvrent les secret
Seigneur, à qui ils font de sa part les promesses les plus ma
fiques ; ils arrêtent la main de ce patriarche près d'rigorgerson
Jacob en voit uni; multitude qui montent et qui descendent
une échelle mystérieuse que Dieu lui découvre.
On ne peut disconvenir que Dieu ne soit l'unique auteui
leur création. Aussi l'apôtre saint Paul enseigne-t-il netten
que Dieu a tout crée dans le ciel , que les choses visibles et 1
sibles, les Trônes et les Dominations, les Principautés, les I
sances, et généralement toutes choses , ont été créés par Je
Christ et en Jésus-Christ.
On ne sait pas combien Dieu a créé de ces esprits célestes; ï
nombre a dû être très-considérable, puisque Daniel, ne pari
que des anges qui ne sont point déchus de leur bonheur, dit :
million d'anges le servaient (il parle de Dieu, qu'il repré*
assis sur le trône de sa gloire), et mille millions assistaient dec
lui.
Outre ces bons anges , il y en avait encore un grand nom
qui avaient aussi été créés dans la justice et dans la vérité ; n
ils voulurent s'égaler à Dieu , et leur orgueil fut puni. Dieu
précipita dans l'abîme, et leur malheur sera éternel. Une pa
de ces anges rebelles s'est répandue dans l'air : leur occupai
est de tenter les hommes; mais ils n'ont de pouvoir sur eux qu
tant que Dieu leur en laisse , et cette puissance ne peut se ter
ncr qu'à faire du mal. Cette chute des mauvais anges est a
écrite dans l'Apocalypse de saint Jean : « Il se donna une gra
bataille dans le ciel. Michel et ses anges combattaient contre
dragon , et le dragon avec ses anges combattait contre lui ; n
29 septembre. — s. Michel et les ss. anges. û$î*
ce dragon , cet ancien serpent, qui est appelé le Diable et Satan ,
qui séduit tout le monde, fut précipité en terre, et ses anges
avec lui. »
L'état de ceux qui sont demeurés fidèles à Dieu est un état
bien différent des premiers : il est d'autant plus heureux qu'ils
ne peuvent plus pécher, par conséquent déchoir de leur bon-
heur.
Leur occupation n'est pas renfermée cependant dans Ta dora-1
tkm qu'ils rendent à la majesté suprême du Seigneur. L'Écriture
et la tradition donnent lieu de croire qu'ils ont beaucoup de part
au gouvernement du monde. 1° Us sont tous appelés esprits des-
tinés aux ministères , et envoyés pour servir ceux qui sont héri-
tiers du salut, et cette administration comprend une infinité d'of-
fices; 2° ils offrent à Dieu les prières des saints , comme il est
apporté dans le livre de Tobie et dans l'Apocalypse ; 3° ils ren-
dent aux fidèles chrétiens plusieurs assistances à l'égard des choses'
temporelles, comme il paraît par la prière par laquelle Tobie de-
manda que l'ange du Seigneur accompagnât son fils pendant te
voyage qu'il allait faire dans le pays des Mèdes. Saint Augustin a
fort bien prouvé que toutes les apparitions de Dieu dans l'Ancien
Testament se faisaient par le ministère des anges ; 4° c'est aussi :
la doctrine de l'Église catholique , que chaque homme a un ange
gardien qui veille sur lui, et dont la protection peut beaucoup le
défendre contre les pièges du démon.
On lit dans l'Ecriture les noms de trois de ces anges, Michel,
Gabriel et Raphaël, parce que ce sont ceux-là dont Dieu s'est
servi particulièrement pour faire connaître aux hommes ses vo-
lontés. On trouve dans l'Écriture plusieurs ordres d'esprits saints,
savoir : les Séraphins, les Chérubins, les Trônes, les Dominations,
les Principautés , les Puissances , les Vertus , les Archanges et
enfin les Anges. Ces différentes dénominations sont données à
ces esprits célestes, à raison sans doute de leurs différents minis-
tères, qui cependant n'ont tous qu'un même but et une même'
fin: la gloire de Dieu.
Il faut admirer ces merveilles du Seigneur , mais il convient de
ne pas s'en tenir à une stérile admiration. C'est un devoir d'imiter '
ceux que l'on honore. Comme les anges, les hommes doivent i
obéir à Dieu promptement, fidèlement , avec joie; comme eux ,
ils ne doivent faire que la volonté de Dieu, marcher toujours en:
sa présence , entrer dans toutes ses vues , ne vivre que pour lui ;
24.
9» 10 septembre. — ». gab&oub L'iuuBBliuwviMr
comme eux as doivent chanter . , •eeu§eBMDtr%
priant souvent et avec un cœur j > nw» ou» coûtas Aews.M*
vres, ai les faisant toutes pour lui. < hi ne peut trop
aux fidèles d'avoir un grand respect pour ces esprits
ils sont les premiers des saints, on doit donc les invoquer fréquent*
ment et avec foi , ne les contrister jamais en tombant dans quek
que péché volontaire. Dans l'état de faiblesse où les hommes soft
tombés , ils se garderont soigneusement d'éloigner d'eux des se-
cours qui peuvent leur être si salutaires.
30 septembre. — SAINT GRÉGOIRE L1LLUMIHATEUR,
ÉVÊQUE ET APÔTRE DE L* ARMÉNIE. — 4e SÎède.
Grégoire, surnommé niluminateur,étofcàe la Grande-Armé?!.
nie. 11 sortait de l'illustre maison de Parthie , dite des Jrsmd-
des. Ayant été porté dans son enfance à Césarée de Cappadm,.
il y fut élevé dans la religion chrétienne, et y reçut le baptême.
Son amour pour Dieu était si ardent , qu'A résolut de n'avoir pkui.
rien de commun avec le monde. Lorsqu'il se fut perfectionné
dans la science du salut, il se sentit enflammé d'un granèv
désir d'aller prêcher l'Evangile à ses compatriotes. H nvfc*V
donc en Arménie, après avoir imploré le secourt du. ciel par,
de ferventes prières. Ses discours, soutenus par une ihÇ.
sainte, opérèrent des conversions innombrables. On assert
que Dieu conGrma aussi par des miracles la vérité de la doctrine,
que son serviteur annonçait. On lit, dans l'auteur anonyme de si
vie donnée par Surius, qu'il eut beaucoup à souffrir dans m-
mission', de la part de Tiridate, roi du pays; mais que et;.
prince ouvrit enfin lui-même les yeux à la lumière , .et qu'il reçut*
le baptême
S. Grégoire fut sacré évéque par Léonce de Césarée en Gappadoes* '. '
Ce fut Tiridate lui-même qui l'envoya vers ce prélat pour qui»!
reçût de ses mains Fonction épiscopale. De retour dans sa patrsw
il y continua ses travaux apostoliques avec un nouveau xèle) 1 '«i
porta aussi le flambeau de la foi chez plusieurs nations bai
près la mer Caspienne , et pénétra jusqu'au mont Caucase.
Nous apprenons de Moïse de Chorène , historien à'A
nie, que, s'étant retiré dans une cellule à Mania, qui est ,
la province de la Haute- Arménie appelée Daranalia, il y finis]
1
30 septembre. — s. Jérôme. 283-
ars vers Tan 325. Son corps fut enterré dans le même lieu ,
m le porta depuis dans la ville de Thordane. Les méno»
des Grecs lui donnent le titre de martyr. Le saint évé-
ufrant l'auteur anonyme d'un panégyrique composé en son
or, et publié parmi tes ouvrages de saint Jean Chrysos-
écrivit plusieurs homélies remplies d'une sagesse toute di-
iiDSJ qu'une exposition de la foi qu'il donna à son troupeau.
septembre. — S. JÉRÔME, prêtre, confesseur
ET DOCTEUR DE L'ÉGLISE. — 4e siècle.
îme naquit à Stridon, en Dalmatie, vers Tan 340, de pa-
shrétiens et fort bien partagés des dons de la fortune. Ils
grand soin de son éducation , et tâchèrent de le former à
é, en même temps qu'ils lui firent étudier les lettres hu-
*. Jérôme devint très- habile, mais, comme l'estime des
es était plutôt l'objet de ses études que le désir de s'a-
dans la science du salut , Dieu permit qu'il tombât dans
ardre. Ses égarements ne durèrent pas longtemps. Vers l'an
se retira dans le désert de Chalcide , en Syrie. C'était une
lolitude , toute brûlée par les ardeurs du soleil et qui était
oins habitée par quelques solitaires, que l'amour de la pé-
*, y avait conduits. Jérôme, effrayé des jugements de Dieu,
tu sous le poids de la majesté du Seigneur , chercha dans
iffireuse retraite à se mettre à couvert de la colère future ,
revenir les rigueurs de la justice du Très-Haut. Livré aux
les plus austères et à des veilles continuelles , il lui sem-
atendre le son de la trompette qui doit faire sortir les morts
rs tombeaux et les faire paraître devant le juste Juge. Cette
lensée le saisissait d'effroi ; son imagination vive et les ten-
\ violentes qu'il éprouvait dans la chair ne servaient pas
lugmenter son trouble. Il redoublait ses jeûnes, et il adres-
Dieu de fréquentes prières. 11 demeura quatre ans dans
lert, et il fut attaqué de fréquentes maladies, causées par
lnes, par son application à l'étude et par ses autres austéri-
lais, regardant son corps comme son \,\us cruel ennemi,
torchait qu'à l'affliger pour sauver son âme. La persécution
uelques moines schismatiques exercèrent contre lui l'obli-
Brrer de solitude en solitude , visitant toujours ceux qu une
&f 30 septembre. — s. jébomb.
grande vertu rendait recommandables, et recueillant, pour
profiter , tout ce qu'il voyait ou entendait d'édifiant.
Étant à Antiochc , en Fan 377 , Paulin , qui en était évéque, J
l'ordonna prêtre malgré lui , à cause de sa vertu. Jérôme ne vou- '■•■
lut point demeurer dans cette ville , ni s'attacher à aucune église, E
parce que son dessein était de continuer à vivre dans la solitude. *!
Son humilité ne lui a jamais permis d'exercer les fonctions do *>
sacerdoce. Étant venu à Constantinople , il demeura quelque À
temps avec saint Grégoire de Nazianze , étudiant sous lui FÉcri- *
ture sainte , qui faisait de plus en plus ses chastes délices. Il ;
partit de Constantinople pour retourner à Rome, en 381 , où le ■
pape Damase le retint auprès de lui.
Saint Jérôme ne demeura pas longtemps dans cette ville après <
kl mort du pape Damase. La réputation de sa doctrine avait ex- :;
cité la jalousie de plusieurs membres du clergé , et sa liberté à ;ï
reprendre leurs vices lui avait attiré leur haine : c'est ce qui lui &
fit prendre la résolution de retourner en Palestine, où H avait n
déjà fait quelque séjour.
Sainte Paule, avec sa fille Eustochie et plusieurs autres vierges s
qui voulaient renoncer comme elle à toutes les espérances dir i>
siècle, afin de ne vivre que pour Dieu, suivit de près saint Je* *
rôme. Comme elle avait de grands biens, elle fit bâtir, près de yt
Bethléem , plusieurs monastères pour les deux sexes , et divers a
hospices pour recevoir les pèlerins qui venaient visiter les KetK ^
sanctifiés par la présence du Seigneur. Saint Jérôme avait le soin -,
du spirituel de ces communautés ; il instruisait aussi de jeunet ,
enfants qu'on lui avait donnés à élever dans la crainte de Dieu," .
et il s'occupait à des ouvrages qui l'ont fait regarder comme une :
des grandes lumières de l'Église. "
Malgré cette application continuelle, Jérôme éprouvait tou- r
jours les coups humiliants de l'esprit tentateur. Voici ce qu'il en
dit lui-même dans le traité qu'il a fait des dangers de la vie sofi- -
taire , pour prouver qu'on n'est pas à l'abri des obstacles du salut,
même dans le désert : « Combien de fois , dit-il , étant dans la plus -
profonde solitude, m'imaginais-jc néanmoins erre aux spectacles
des Romains. Mes membres secs et décharnés étaient couverts
d'un sac ; mes jours se passaient en gémissements , et , si le son- -
meil m'accablait quelquefois malgré moi, la terre dure sur laquelle
je me couchais était moins un repos pour moi qu'une espèce de '
tourment. Cependant je ne pouvais arrêter mon imagination vo*:
30 septembre. — s. jekômk. 28à
toge : mon visage était défiguré par le jeune, et mou cœur brûlait
moi de mauvais désirs : toute ma consolation était de me
aux pieds de Jésus-Christ sur la croix , et de l'arroser de
■m larmes. Combien de fois , pour dompter cette chair rebelle ,
I ai-je feuné des semaines entières au pain et à l'eau ! Combien de
Mi ai-je poussé des cris vers le ciel , le jour et la nuit , en frap-.
pmAmaBoitrmejusqu'àc^queleSeigiieurin'eiltrendulecalnie ! »•
fc Les écrits de saint Jérôme , qui sont en grand nombre , font
avez voir quels étaient son tempérament et le caractère de sou.
esprit. C'était un homme d'une imagination vive , d'un génie ar-
dent et élevé , d une érudition vaste et profonde. Une vertu solide
£ sublime relevait ses grandes qualités, mais il faut avouer
•belles n'étaient pas saus défaut. Il s est souvent laissé aller à
«a génie trop bouillant dans plusieurs de ses écrits v surtout dans
ts disputes. 11 a effacé ses défauts par une grande humililé , une
tenté ardente , une mortification qu'on pourrait appeler excès-
ave , sH y avait de l'excès à suivre les impressions de l'Esprit-
Saint, qui souffle où il veut et comme il veut. D'ailleurs, Dieu
fa purifié encore par de grandes maladies. 11 en fut surtout at-
taqué violemment les dernières années de sa vie , et il les accepta
arec le même esprit de pénitence et de foi qui l'avait soutenu dans
toutes ses autres fréquentes affections. Voici comment il parle
4e ses indispositions : « Jusques à quand, Seigneur* iaissercz-vous
souffrir votre serviteur sur la terre? Cependant, que votre saint
nooi soit béni! que votre volonté soit faite ! Quel droit ai-je de me
plaindre de mes maux ? La maladie et la santé ne sont-elles pas
les ouvrages du Seigneur? C'est lui qui blesse et qui guérit, et
qui vivifie. Hélas ï la douleur qu'il me fait sentir m'avertit à
toute heure de mon néant. 11 m'a pétri de limon sujet à se cor-
rompre , et je n'ai reçu la vie qu'à condition de souffrir depuis le
■Bornent de ma naissance jusqu'à ma mort. Souffrons tant qu'il
plaira au Seigneur , trop heureux s'il fait servir mes souffrances
à rexpiatiou de mes péchés. »
Saint Jérôme se consolait par ees réflexions, lorsqu'il fut atta-
qué d'une fièvre violente. Tous ses amis vinrent pour lui rendre
les derniers devoirs. Il les reçut avec un visage serein : Venez-
vous, mes amis , m'annoneer qu'il faut partir ? Que cette nouvelle
nfe&t agréable ! Prenez part à ma joie. Voici le précieux moment
qui va me rendre libre pour toujours. Que les hommes ont tort
de peindre la mort comme si affreuse ' Elle ne l'est que pour le*
286 1er octobre. — w. d. de la vict. f. du iosajbk. ,
mécliants. Depuis que Jésus-Christ l'a aimée , elle plaît même' k
dans l'horreur des tourments, parce qu'elle est toujours accorapa* ï.
gnée de l'espérance d'une éternité bicnlieureuse. Voulez-vous -,"!
trouver la mort telle que je vous la dépeins, faites pénitence»
mortifiez vos sens, méprisez la vie, haïssez- vous vous-mêmes,,
ne'vous attachez à rien, n'aimez que Jésus-Christ , et vous éprou-
verez un jour combien il est doux de mourir quand on a su faim
vivre. Tels furent les sentiments dans lesquels saint Jérôme remit
son âme à son Créateur, Tan 420.
Fin du mois de septembre*
Le 1er dimanche ^octobre. — NOTRE-DAME DE LA VIO
TOIRE, FÊTE SOLENNELLE DU S'-ROSAIRE. — 13e siècle.
Lorsque l'hérésie des Albigeois faisait faire des progrès à l'im-,
piété dans le pays de Toulouse, et qu'elle jetait de jour en jour,
plus profondément des racines, saint Dorainiçue, qui avait pofâ
récemment les fondements de Tordre des Frères prêcheurs, s'ap*
pliqua de toute son âme à l'extirper. Pour y mieux réussir, il inV
plora, pardes prières où il le demandait avec instance, le secours de
la bienheureuse Vierge Marie, dont la dignité était effrontément
attaquée par ces erreurs, et à laquelle il a été donné de détruhe
toutes les hérésies dans l'univers entier. La tradition nous apprend
qu'il fut averti par cette Reine du ciel de préchar aux populations
le Rosaire, comme une protection spéciale contre les hérésies et
les vices. 11 est surprenant de considérer avec quelie ferveur et quel
heureux succès il accomplit la tâche qui lui avait été prescrite.
Or, le Rosaire est uuc formule arrêtée de prière par laquelle on
divise, par le moyen de TOraisou dominicale qu'on y interpose»
quinze décades ou dizaines iïslve, Maria, eu y joignant à chacune,
par conséquent en nombre égal, la pieuse méditation des mystère*
de notre Rédemption. Depuis ce temps-là , cette sainte manière
de prier commença à être publiée et propagée par le zèle aposto-
lique de 'saint Dominique ; aussi les souverains pontifes ont-ils
aflirmé, dans divers endroits de leurs lettres apostoliques, qu'il était
l'auteur et l'instituteur de cette dévotion.
La chrétienté recueillit des fruits sans nombre de cette si sa-
lutaire institution. On y compte à bon droit cette victoire que le
très-saint pape Pic V, ainsi que les princes chrétiens, qu'il enflamma
•i
1er octobre. — n d. de ca vict. f. du bosâibb. 287
son zèle , remportèrent auprès des îles Échinades, à l'entrée do
£b de Lépante, sur le très-puissant sultan des Turcs. Cette vie-
n Ait en effet obtenue le jour même ou les confréries du Saint*
«aire faisaient leurs processions habituelles dans tout le monde
létfen et répandaient devant Dieu les prières établies par leur
gpNffléien; ce n'est donc pas sans raison qu'on leur attribue ce
fctfltKcès. Lors donc que Grégoire XIII en eut jugé en ce sens,
pontife voulut qu'en reconnaissance d'un bienfait si extraordi-
ie, on remerciât en tous lieux et à perpétuité la sainte Vierge
m l'invocation du Rosaire. Il ordonna donc que, dans toutes les
taes cà H y aurait un autel du Rosaire, on célébrât chaque an-
i, le premier dimanche d'octobre, l'office démette confrérie,
s le rite double majeur. Les autres pontifes , ses successeurs ,
ardèrent à ceux qui réciteraient le Rosaire, ainsi qu'aux con-
te instituées dans ce but, des indulgences innombrables. Dans
temps plus récent, Clément XI, considérant en lui-même que
îcAotre pareillement signalée qu'en 1716 Charles VI, empe-
rélu des Romains, avait remportée en Hongrie sur une armée
mbrablede Turcs, avait eu lieu le jour où l'on célèbre la fête
a dédicace de Sainte-Marie aux Neiges ; que ce fut presque dans
néme temps que les confrères du Saint-Rosaire, faisant avec
nde dévotion une procession publique et solennelle dans la
» de Rome, où elle fut accompagnée d'un grand concours de
pie, y avaient adressé à Dieu des prières ferventes pour obtenir
râsement des Turcs et avaient imploré humblement le secours
mut delà Vierge, Mère de Dieu , pour qu'elle vint en aide
.chrétiens, il pensa pieusement qu'il fallait attribuer cette glo-
tte victoire à la protection de la bienheureuse Vierge , ainsi
t la délivrance de l'île de Corfou qu'assiégeaient les infidèles.
St pourquoi, afin de perpétuer à toujours la mémoire et la re-
naissance d'un bienfait aussi signalé, le saint pontife étendit à
gMse universelle la fête du Saint-Rosaire pour le même jour et
m le même rit qu'avait réglé Grégoire XIII. (Test Benoît XIII
en dernier lieu fit consigner tous ces détails dans le Bréviaire
nain. Honorons donc perpétuellement la très-sainte "Mère de
n d'an culte qui lui est si agréable, afin que celle qui, implo-
i par la récitation du Saint-Rosaire, a tant de foi» accordé ami
Mes de Jésus-Christ d'abattre leurs ennemis terrestres , et de
détruire, nous accorde de vaincre également ceux de l'enfer,
i s'opposent à notre salut.
ns t« oetobrt, ~ s. m*an « bV. me wàm*.
«aa^Hh^
1» ot/oorv. — SAINT MOH, AffigM *» ■««
ET COM'F.SSEIÎE. — 6e SÎè
1 /opinion la plus probable sur la naissant* de saint
qu'il naquit en 439. Kmilius, son père, et GHinie, sa mère
par leur noblesse et leurs richesses, le furent encore
la pratique des vertus. Saint Rénii eut deux frères pins
lui : ils reçurent une éducation conforme à leur naiaaani
guée, au cha>au de I-aon, que possédaient leurs pat
jeune Hémi s*y était fait une petite solitude , où il se N
de temps eu temps pour vaquer plus librement à Upstt
de rapides progrès dans les sciences. On a appris, par
doine A|M>Uiiinire, qu'il fut regardé comme l'orateur le
queut de son temps. Rémi, n'ayant encore que vingt-d
fut élu malgré lui évèque de Ileims. Son mérite extra
ayant entraîné It-s suffrages et autorisé les évéques a loi
la diseuse de l'âge requis par les canons pour exercer Féj
il en commença les fonctions avec Je. zèle le plus éclairée
rite la plus ardente pour le saint drs âmes.
Son assiduité a méditer les saintes Ecritures et à prtet
rôle dmnt* eut bientôt les plus grand? succès pour la es
des |>écbeurs, des lu* reliques et des inQdèles; la saintft
diealeur, ses ferventes prières, auxquelles Dieu accorda
des miracles, son humilité , su douceur, tout en loi al
âmes a l>icu et le préparait à devenir l'apôtre desFra
avait «'iivirtMi cinq eents ans que les Gaules étaient sous
san<v des llomaius, lorsque les Fraucs s'en emporèR
d'en c lusse r ou d'eu tain1 périr les habitants subjugués, i
ivui un menu» peuple avec eux , et peu à peu en adopti
iiifiiirs et le langage. Uovis, encore très-jeune, était leu
fut le plus célchiv conquérant de sou siècle. Quoique |
traitait avec bonté les chrétiens, qui étaient en grand
parmi les Gaulois, et surtout les évéques; il épargnait le
i-t témoignait di»s égards distingués aux personnes d'un
plus connue. Saint Hemi fut de ce nombre; il lui litre
vases enlevés de son église p;ir un soldat païen, qu*9pu
tuant de sa propre main.
O prince epn:!<n. m i<i:j. cloiiluV, dont le zèle pour la
1er Octobre. — S. HKM1, KV. DE HKIMS. 2Si>
tienne et la sainteté ont mérité la vénération de l'Église. Klle tra-
vailla à adoucir la férocité de son mari, et vint à bout de lui ins-
pirer peu à peu du respect et même du goût pour la religion
chrétienne. Elle obtint de lui que son premier fils reçût le bap-
tême ; mais, cet enfant étant mort peu de temps après, Clovis en
fut vivement affligé, et s'en prit à Clotilde d'avoir irrité, disait-il .
les dieux, en leur préférant celui de l'Évangile. Clotilde eut un se-
cond fils; elle obtint encore qu'il fût baptisé : le Seigneur, pour
éprouver sa vertueuse mère , permit aussi qu'il fût malade. Il
exauça aussitôt la reine , et l'enfant recouvra la santé. Dans le
même temps, une armée nombreuse, sortie de la Germanie et
commandée par plusieurs rois, ayant passé le Rhin, parut sur les
frontières de la France dans l'intention de la piller et de s'en ren-
dre maîtresse. Clovisse hâta d'aller s'opposer à leurs efforts, et
leur livra bataille à Tolbiac, entre la Meuse et le Rhin. Il se mit
à la tête de sa cavalerie ; mais le choc de l'ennemi fut si terrible,
que l'armée de Clovis se débanda bientôt. Dans cet instant , il se
souvint que Clotilde lui avait dit : Si vous implorez le seul vrai
Dieu , qui est le Dieu des chrétiens , vous remporterez la victoire.
Plein d'espérance, il lève les yeux au ciel, et dit tout haut : O
Christ ! que Clotilde adore comme le Fils du Dieu vivant, j'implore
votre secours ; délivrez-moi de mes ennemis, et je me ferai baptiser
en votre nom.
Au même instant, sa cavalerie dispersée se rallie autour de lui :
le combat recommence ; les ennemis sont vaincus , et leur chef
tué. Il gagna cette célèbre victoire Tan 490. Depuis ce grand évé-
nement, Clovis se disposa à recevoir le baptême. Sainte Clotilde
partit avec saint Rémi pour aller au-devant du roi ; elle lui pré-
senta le saint évéque, qui dès ce moment commença à l'instruire
des mystères et des lois de la religion. Le prince, docile aux lu-
mières de la grâce , se distinguait des autres catéchumènes par
sa piété et son assiduité aux saints exercices. Il fut baptisé par
saint Rémi, avec la plus grande solennité, le jour de Noël, avec
une de ses sœurs et trois mille Francs.
Bientôt la loi de l'Évangile s'étendit par toute la France : les
miracles qu'opérait saint Rémi, son zèle pour le salut des âmes,
les gagnaient à Jésus-Christ. Il eut plusieurs disciples que l'Église
honore et qui le secondèrent dans ses travaux apostoliques. Il en
donna plusieurs pour pasteurs aux nouveaux fidèles, tant dans la
Bourgogne que dans la France, et plein de joirrs et de mérites, il
uh;.; nr.s saints. — t. u. 25
2U0 rr octobre. — s. bavon.
mourut le 1 3 janvier 534. 11 fut enterré dans l'église de Saint-Chris-
tophe, à Heims.
ltr octobre. — SAINT ALOWIN OU BAVON, solitatbe,
PATRON DE LA VILLE DE GAND. — 7e Siècle.
Alowin, qui n'est connu que sous le surnom de Bavon, vint an
monde vers Tan 589 , de parents distingués par leur noblesse ,
dans la partie du Brabant appelée Hnspain , et qui a été plus tard
renfermée dans le territoire de Liège. Le peu de soin que l'on
prit de son éducation le plongea de bonne heure dans la dé-
bauche ;lc mariage, qui met ordinairement un frein aux désordres
de la vie précédente, n'arrêta pas les siens ; mais après la mort de
sa femme, Dieu lui fit la grâce de le rappeler de ses égarements.
Ayant entendu prêcher saint Amand , il alla de suite trouver ee
zélé missionnaire, lui avoua les désordres de sa vie passée et le
pria de vouloir bien être son guide dans une affaire si importante.
Saint Amand, voyant la sincérité de sa douleur, ne l'effraya point
sur des crimes qu'il paraissait pleurer de tout son coeur; il no
pensa qu'à le porter à la reconnaissance envers Dieu, qui l'avait
regardé dans sa miséricorde ; mais en même temps il lui montra
les précautions qu'il devait prendre pour ne plus retomber dans
ses fautes et pour mener une vie digne d'un chrétien converti.
Pourquoi aimeriez-vous de nouveau ce que vous avez quitté, lui
disait ce guide éclairé ? La vie que nous menons sur la terre est
très-courte et ressemble aune vapeur qui se dissipe aussitôt qu'elle
paraît; les plaisirs qu'on go il te finissent souvent avant elle, et n'en-
fantent que des amertumes éternelles. Travaillons donc, con-
tinuait-il, à obtenir la vie éternelle, à laquelle Dieu a bien voulu
nous appeler : réjouissons-nous dans la confiance que nos noms
sont écrits au ciel. Il faut se revêtir des armes de la justice et de
la cuirasse de la foi , et éviter, avec le secours de Dieu, les pièges
du démon. Personne ne mérite mieux la qualité d'homme coura-
geux que celui qui surmonte cet ennemi des hommes , et nul
n'est si lâVhc que celui qui se laisse vaincre par les plaisirs de la
chair. D'autres fois il lui disait .- Voulez-vous repousser les atta-
ques du démon et empêcher qu'il ne vous perce de ses flèches
meurtrières , joignez à la prière et à la vigilance l'austérité des
jeûnes et des veilles : aimez votre prochain, soyez rempli de cha-
rité envers les pauvres et les étrangers. Ce qui abat et affaiblit la
2 octobre. — ss. anges gardiens. 291
chair, fortifie l'âme et la rend féconde en fruits spirituels et en
bonnes œuvres.
Bavon écoutait ces instructions avec joie et s'efforçait d'y con-
former sa vie. Il avançait chaque jour dans la piété et dans l'a-
mour de la pénitence ; il prit la résolution de mener la vie la plus
austère. Pour exécuter ce généreux dessein, il se retira dans une
forêt voisine ; et ayant trouvé un vieil hêtre où il y avait un creux
d'environ six pieds, il s'y logea ; mais, comme sa retraite n'avait
point été cachée , il se vit bientôt exposé aux visites du peuple, ce
qui l'obligea de quitter ce lieu pour se retirer durant la nuit dans
le bois de Malmedum, à une lieue de Gand. Il s'y fit une petite cel-
lule pour se mettre à l'abri des injures de l'air, et y vécut fort aus-
tèrement. Il se contentait des fruits que lui fournissait le bois où
il demeurait, et de l'eau de la rivière qui était proche. Ce saint pé-
■itent mourut vers l'an 653.
* octobre. — LES SAINTS ANGES GARDIENS.
Outre la fête de saint Michel et de tous les saints anges, l'K-
en a établi une particulière qu'elle célèbre en ce jour, pour '
remercier Dieu des grâces qu'il répand sur chaque âme par l'in-
tercession et le zèle du saint ange gardien. Nous devons à ce
prince de la cour céleste un hommage habituel de respect, de con-
fiance , de reconnaissance , dit saint Bernard , dont nous copions
ici presque mot à mot la doctrine. La présence de notre ange gar-
dien mérite de notre part un respect de vénération. Sa charité sou-
tenue pour nos véritables intérêts doit nous inspirer en lui la plus
vive confiance. Sa vigilance sur nous et les services qu'il nous
rend ont droit à notre reconnaissance. Aimons donc, continue le
saint docteur, les anges tutélaires ; ces esprits bienheureux seront
un jour nos compagnons et nos cohéritiers dans la gloire, après
avoir été en cette vie nos tuteurs et nos intercesseurs auprès de
Dieu. Que notre dévotion pour eux soit digne, autant qu'il est
possible, de leur puissante protection contre les ennemis visibles
et invisibles que nous avons à éviter ou à combattre
Quelque faibles que nous soyons , quelque misérable que soit
notre condition présente, quels que soient les dangers qui nous
environnent , dit toujours saint Bernard , avec la grâce de Dieu ,
nous ne devons rien craindre sous la protection du saint ange gar-
dien. Il nous assistera dans nos tribulations, il nous rendra vie-
292 3 octobre. — s. gébard , abbé.
torieux dans nos tentations , il nous fortifiera dans les angoisses
de la mort et conduira notre âme à Dieu, son principe et sa fia
éternelle.
2 octobre. — SAINT LÉGER, évkque d'Autun
ET MARTYR. — 7e siècle.
Le bienheureux Léger était évêque d'Autun lorsqu'il se distin-
guait déjà par sa sainteté et ses vertus. A la mort de Clotaire, roi
des Francs, les grands du royaume pensant accomplir en cela la
volonté du ciel, le chargèrent de diriger de ses conseils Childéric,
frère de Clotaire. Pendant ce temps-là, Ébroin qui avait été maire
du palais sous le roi Clotaire, et qui avait fait depuis tous ses
efforts pour mettre sur le trône Thierry, frère de Childéric, les
voyant inutiles, et redoutant le nouveau roi, se fit raser la chevelure
dans un monastère où il entra. Mais Childéric étant venu à mourir,
et Thierry étant monté sur le trône, aussitôt Ébroin apostasia et
devint sénéchal du nouveau monarque. Ce dernier ayant envoyé
des soldats contre le bieuheureux Léger, au moment où il sortait
de la ville d'Autun, revêtu de ses habits pontificaux, lui fit arracher
les yeux. Au bout de deux ans, il fit lapider son frère Garin, et
quant au bienheureux Léger, il donna Tordre de le faire descendre
pieds nus dans un vivier pavé de pierres pointues comme des
clous où il demeura toute une journée. Il lui fit encore couper la
langue et les lèvres. Mais n'en ayant pas moins recouvré l'usage
de la parole, le saint martyr s'occupait continuellement de célébrer
les louanges de Dieu et d'exhorter les (idèles, qui aperçurent quel-
quefois sur sa tête une couronne lumineuse. Enfin Ébroin envoya
pour le tuer quatre soldats dont trois, touchés de sa sainteté vi-
sible à tous les yeux , lui demandèrent pardon avec le sentiment
du repentir Au contraire, le quatrième lui coupa la tête ; mais le
diable s'étanl emparé de lui, il fut consumé par les flammes. Le
saint martyr, qui mourut en l'an 678, fut illustré par une mul-
titude de miracles.
3 octobre. — SAINT GÉRARD, abbé. — lu* siècle.
Gérard naquit sur la fin du neuvième siècle, au village de Sta-
ves , dans le comte de Namur. Il avait reçu de Dieu un esprit
3 octobre. — s. gehard, abbé. 293
doux, qui le fit aimer de tous ceux qui avaient des relations avec
foi, et une certaine inclination pour la piété, qui se manifesta dès
Tâge le plus tendre. On lui donna une éducation telle qu'on la pro-
curait alors aux enfants qu'on destinait à la profession des armes.
Après ses exercices militaires , il entra au service de Béranger,
comte de Namur, qui lui donna une charge dans ses troupes. La
cour, écueil assez ordinaire de l'innocence, ne servait qu'à faire
éclater davantage celle de Gérard. Comme un autre saint Martin,
il menait la vie d'un moine sous un habit militaire, et cependant
â ne gardait pas avec moins d'exactitude toutes les bienséances
de son état, qui pouvaient s'accorder avec une régularité vraiment
chrétienne. Possesseur de grands biens, il proportionnait ses au-'
mènes à ses richesses, et ne se créait point de besoins imaginaires
pour avoir un prétexte de diminuer ses charités. Il savait qu'on ne
gagne rien à se faire illusion à soi-même , puisque la vérité qui
bous jugera ne peut être altérée ni affaiblie par tous les préjugés
des hommes. Dieu bénit sa régularité en multipliant sur lui ses
grâces et ses bénédictions ; il lui donna surtout le don précieux de
la prière, avec lequel on obtient tous les autres, Gérard avait tant
d'amour pour ce saint exercice , qu'on pouvait dire qu'il priait
partout en tout temps. Revenant un jour de la chasse, où il avait
accompagné le comte Béranger, pendant que les autres s'étaient
retirés pour prendre quelques rafraîchissements , il entra dans la
chapelle de Brogue, et y demeura longtemps en prière. Il y trouva
tant de consolation, que ce ne fut qu'avec peine qu'il abandonna
son oraison. Que ceux-là sont heureux, dit-il, qui n'ont point
d'autre occupation que celle de louer le Seigneur et de le prier
le jour et la nuit!
Quelque temps après, le comte Béranger eut une affaire impor-
tante à négocier avec Robert, comte de Paris : il en chargea Gé-
rard, qu'il envoya à la cour de France. Dès que Gérard fut arrivé
à Paris, il y laissa ses gens, et fut visiter l'abbaye de Saint-De-
nis , avec l'intention d'y demeurer quelques jours en retraite Là ,
uniquement occupé de Dieu et de la considération des biens cé-
lestes , il fut touché d'un vif désir de quitter le monde, et. il prit
la résolution de l'exécuter. Il se hâta donc de terminer l'affaire
pour laquelle il avait été envoyé, et, après avoir uni heureuse-
ment sa négociation, il retourna eu rendre compte à Béranger.
Comme ce prince lui téuioignait combien il était satisfait de ses
services , Gérard saisit cette occasion pour lui dire qu'il lui de-
25.
2tM 4 octobre — s. I'Étbonk, év. de bologne.
mandait pour toute récompense la permission de renoncer au
monde, et de 8e consacrer ù Jésus-Christ dans l'humble profession
de moine. Il l'obtint avec peine, et reprit avec joie la route de
Saint- Denis.
ï^cs religieux, qui ne s'attendaient point a son retour, témoi-
gnèrent beaucoup de joie de le revoir, et l'admirent volontiers
parmi eux. Comme de son temps l'étude n'entrait pas ordinaire-
ment dans l'éducation qu'on procurait aux enfants qu'on devi-
nait aux armes, et que la plupart des gentilshommes ne savaicBt
pas lire, Gérard , qui avait été élevé de même, ne rougît point
de se mettre à apprendre à son âge les premiers éléments des
sciences. Il s'y appliqua avec tant d'ardeur, qu'en peu de temps
il apprit par cœur le psautier, et fut en état d'entendre l'Écriture
sainte et les Pères. Il fit des progrès encore plus grands dans
la piété et dans les vertus de son état. II parut dans le monastère
ce qu'il avait été à la cour , plein de mépris de lui-même et pour
le monde, et déjà habitant du ciel par ses désirs. Dieu l'appela à
la récompense des saints le 3 octobre de Tan 060.
4 octobre. — S. PËTRONK, kvkque de Bologne. —5e siècle.
Pétrone portait le me'me nom que son père, préfet du prétoire ,
qui se rendit aussi célèbre par sa piété que par son éloquence. H
fut élevé avec beaucoup de soin dans la maison paternelle , et fut
formé de bonne heure à tous les exercices de la vie ascétique.
lorsqu'il fut en âge de voyager, il passa en Orient , et visita les
solitaires qui habitaient les déserts de la Palestine et de l'Egypte,
afin de se perfectionner dans la sainteté. Il resta un temps consi-
dérable dans les lieux où il trouva un plus grand nombre de ser-
viteurs de Dieu , et parmi ceux dont il voulut être le disciple , on
compte surtout saint Jean de Lycopolis, saint Apollon et saint An>
mon. 11 fit une relation de ce qu'il avait vu de plus édifiant dans son
voyage, et nous l'avons encore dans le second livre des f/e« des
Përe*, que Gennade lui attribue. Il renonça dès lors pour tou-
jours à l'étude de l'éloquence et à la littérature profane. Son retour
en Italie concourut avec la mort de saint Félix, évéque de Bologne,
filant allé a Home, où il arriva en 430, le papeCélestin 1er le
choisit pour succéder à ce saint prélat.
Pétrone, qui avait traverse* nu-pieds les déserts de l'Orient, qui
avait joint aux fatigues du voyage les austérités de la |énitencr ,
4 o re . — SAINTE AURE, V1£BGE. 29»
§fâ s'était toa, s préservé de la dissipation par un amour
HMnt de la prière et du recueillement , ne voulut rien domi-
ner de ses exercices ordinaires quand il se vit revêtu de la
|pft6 épiscopale ; il redoubla même de ferveur dans la persua-
Sque sa sanctification et celle de son troupeau étaient insépa-
û rime de l'autre. En arrivant à Bologne, Pétrone trouva
Âto Tille qui avait été saccagée par Radagaise, roi des Germains,
plongée dans la misère et la désolation. Il commença par
tes semences d'arianisme que les Goths y avaient jetées,
ou répara aussi une partie des églises qu'avaient
à Bologne les païens qui composaient en grande par-
Radagaise. Il enrichit en outre la ville des reliques
martyrs, répara les ruines de cette malheureuse cité,
en faisant constru s autour de nouvelles murailles.
Et «n voyage à Constantino] 3 pour obtenir des secours rela-
1 4 cet objet de l'empereur i héodore le jeune. De retour en
lie* i finit saintement sa carrière avant Tan 450. Ses reliques
aa& été découvertes en 1 141 , et sa sainteté ayant été confirmée
r plusieurs miracles, la ville de Bologne fit bâtir sous son
m, en 1211 une église, qui appartient présentement aux
nites. En 1390, on en bâtit une autre, qui est beaucoup plus
Ile que la première , et qui est desservie par un chapitre de
aaomes séculiers. Saint Pétrone est honoré à Bologne comme un
s principaux patrons de cette ville.
octobre. — SAINT AURE, vierge et abbesse. — 7e siècle.
Saint Éloi, aidé des libéralités du roi Dagobert, fonda en 631
ns sa propre maison, près de l'église de Saint-Martial, à Paris ,
i monastère où il réunit trois cents religieuses. Aure ou Aurée,
le de Maurin et de Quirie, fut mise à la tête de la nouvelle
mmunauté. Saint Ouen a cru ne pouvoir mieux faire son éloge ,
l'en disant qu'elle était une fille digne de Dieu. Elle fut le
odèle de ses sœurs , qu'elle gouverna trente-trois ans avec autant
; prudence que de sainteté.
Un an avant la mort de la sainte abbesse, saint Éloi, qui lui-même
y était plus depuis plusieurs années , lui apparut pour l'avertir
Telle devait se préparer, ainsi que la plupart de ses religieuses ,
i passage de l'éternité. Elle en fut remplie de joie , et tâcha
inspirer les mêmes sentiments à ses filles , en leur faisant sentier
20G 4 octobre. — s. pjunçois d'assise. 4
la grandeur de la félicité dont elles jouiraient bientôt. Elle mouruL
le 4 octobre GG6 , avec cent soixante de ses religieuses, qui toutes^ J
furent enlevées par la peste. ^
■ «g*
4 octobre. — SAINT FRANÇOIS D'ASSISE, INSTITDTEU* %
DES FttÈAES MINEURS. — 13e siècle. %f\
Ce saint naquit à Assise, en Ombrie, dans les terres de TEtÉh^
ecclésiastique , Tan 1182. Son père, nommé Pierre BernardoMT
ftait marchand ; sa mère s'appelait Pique : tous deux étaient àçfëf.
honnêtes gens selon le monde , plus occupés de leur trafic 4*lfcîu
de l'éducation de leurs enfants. Celui dont on donne ici la "***
avait reçu au baptême le nom de Jean : il apprit si parfal
parler la langue française , qu'on le surnomma Franco)
sous lequel il est bien plus connu.
Dieu préserva François des désordres ordinaires à la je\i
il n'avait pas beaucoup de goût pour la piété, et il aimait \la
sipation ; mais il n'était pas débauché. Après des études st
ciel les, son père le mit dans le commerce. Quoiqu'il fût, o^- „
presque tous les marchands, sensible à l'intérêt, il aimanta^/
pauvres et se plaisait à leur faire du bien. Dès l'enfance il s'étaKi'
proposé de donner à tous ceux qui se présenteraient , surtmft
s'ils lui demandaient pour l'amour de Dieu, persuadé que ftp* ^
mdne est une voix qui pénètre jusqu'au trône de Dieu. Françoit Vl
attribuait à ses aumônes les grâces qui touchèrent son cœur. La *■
Seigneur en ajouta d'autres, en lui envoyant des maux corporels '-
qui lui apprirent combien on doit peu compter sur la vie, et que 7
!a jeunesse la plus robuste est un faible rempart contre la mort. '
Ke vemi d'une maladie dangereuse, il sortit dans la ville avec un "
habit fort propre, qu'il mettait pour la première fois, lorsquH
rencontra un gentilhomme très-pauvre et presque nu; François* *
touché de son état, lui donna cet habit. Un jour qu'il se promfr
nail à cheval dans la campagne , il rencontra un lépreux qui kf '
Ht horreur ; mais, faisant aussitôt réflexion que pour servir Jesufr
Christ il faut commencer par se vaincre soi-même, il descendit 4t
cheval , donna l'aumône à ce lépreux et le baisa ; depuis ce tcmpa»
là il cherchait ceux qui étaient attaqués du même mal et kl
visitait.
Dans le dessein de se livrer entièrement à la grande affaire dp,
-son salut, il renonça a rhérilng<> qu'il pouvait espérer après la
4 octobre. — s. François d'assise. 297
Ért de son père , et s'en alla, sans autre habit qu'un fort mau-
Ifc manteau, chercher une solitude, en chantant dans les che-
sjs les louanges de Dieu. Une ancienne église dédiée à saint
, située hors des murs de la ville , était souvent le lieu de
U fut un jour rencontré dans un bois par des voleurs ,
E, ne loi ayant rien trouvé, le battirent cruellement et le jeté-
g dans une fosse pleine de neige. Un habitant d'une ville voi-
B, Tayant reconnu, le conduisit chez lui, lui donna des habits et
imilit autant qu'il put , en lui témoignant toute son affection.
iflèff qu'A eut eût réparer l'église de Saint-Damien, avec les au-
Hes des fidèles an'il avait recueillies, il se retira auprès d'une
BJB appartenante une abbaye de Bénédictins , appelée par ces
Wptrf-Dame-des-Anges de la Portioncule, Cette église
niiée et presque entièrement ruinée. François entre-
de là réparer; il en vint à bout. U y priait souvent, et y
sjt des grâces extraordinaires , spécialement la fameuse indul-
* si connue sous le nom de la Portioncule. Deux ans après,
entendu dans l'église la lecture de l'Évangile où Jésus-
ses apôtres : Ne portez ni or, ni argent, ni provi-
pour le voyage, ni deux vêtements , ni des souliers, ni
, il prit ces conseils de la perfection pour sa règle, et , vou-
ât s'y conformer à la lettre , il jeta son argent , ôta sa chaus-
ire«, quitta son bâton, et se revêtit d'un habit pauvre qu'il lia
«e une corde , et donna Tannée suivante un habillement sem-
ante à ses disciples, en y ajoutant seulement un capuchon, pour
mvrir sa tête, et un petit manteau.
François, s'étant mis dans l'état que Jésus-Christ conseillait à
■s disciples pour la prédication de l'Évangile , alla prêcher la
enitence, et Ct, dès le commencement, des conversions écla-
tâtes. Quelques-uns de ceux que ses discours avaient touchés,
Milurent s'attacher a lui et mener le genre de vie qu'il avait
mbrassé. François les assembla, et, après leur avoir beaucoup
srlé du royaume de Dieu , du mépris du monde , du renoncement
sa propre volonté et de la mortification du corps , il leur donna
a règle. Entre autres choses, il y exhorte les frères au travail
tes mains; mais il veut qu'ils se contentent de recevoir, pour le
irix de leurs ouvrages, les choses nécessaires à la vie, pourvu
pie ce ne soit pas en argent. Il leur défend de prêcher sans la
lermission de 1 évêque, ni de rien posséder en propre. 11 veut
ifue leurs prédications soient courtes , mais exactes , appuyées
296 4 octobre. — s. François d'assise.
sur la parole de Dieu, et qu'ils ne disent rien qui ne porte vi
blement à l'édification.
Les peuples avaient pour lui une vénération extraordinaii
cependant il se regardait comme la dernière des créatures. I
ses religieux lui ayant demandé comment il pouvait se croire
il répondit : Si le plus scélérat de tous les hommes avait ref
la miséricorde de Dieu autant de grâces que moi , il en f
plus reconnaissant que je ne le suis !
U recommandait fréquemment à tous ses disciples cette h
lité comme une vertu fondamentale du christianisme , et pari
lièrement de l'état religieux. Le pape lui ayant demandé s'il
lait qu'on élevât ses religieux aux dignités ecclésiastiques : Le
qu'ils portent, répondit-il , avertit qu'ils ne doivent pas peu
s'élever. Si votre sainteté souhaite qu'ils soient utiles à FÉg
qu'elle les tienne toujours dans l'état humble auquel ils on
appelés. Comme ses disciples lui demandaient un jour laquel
toutes les vertus était la plus agréable à Dieu : La pauvreté
dit le saint : elle est la voie du salut , donne l'humilité, et coi
u la perfection. Ses fruits sont cachés , mais ils se multiplies
une infinité de manières.
Jamais, pour se retirer de cette pauvreté , ni pour en dimi
les rigueurs, il ne voulut consentir à retenir la moindre po:
des biens que les novices avaient dans le monde. Quelques
sonnes, qui connaissaient son exactitude. sur ce point, cru
l'en faire relâcher en lui remontrant que s'il voulait retenir d<
biens , il pourrait satisfaire aux devoirs de l'hospitalité. A '.
ne plaise, répondit-il, que pour quoi que ce soit nous donr
atteinte à la sainteté de notre règle : il vaut mieux être dans h
eessité de dépouiller l'autel de la sainte Vierge , qui nous s
plus de gré d'observer les conseils de son Fils, que de parei
autels. Ce fut dans le mémo esprit qu'il sedépouilla,dansunvoy
d'uu petit manteau qu'il portai t sur un ljabit , pour en revéti
pauvre presque nu. Ce manteau lui appartient, dit-il à son c
pagnon en se dépouillant; car Jésus-Christ me l'a prêté |
rendre à celui qui serait plus pauvre que moi. Rien ne fut c
ble d'affaiblir en lui l'amour de la pauvreté, et jamais , sous ;
texte du bien de son ordre , le voile ordinaire dont se couvi
cupidité , il ne voulut ni richesses ni distinctions. Dans le prei
chapitre qu'il fit tenir, plusieurs frères le prièrent d'obtenh
pape un privilège en vertu duquel ils pussent prêcher où il
& octobre. — saj.nte g alla, veuve. 299
même sans i lission des évéques. Cette proposition
mat homme, et il répondit avec indignation : Quoi !
, vous ne connaissez pas la volonté de Dieu ? 11 veut
; gagnions les supérieurs par l'humilité et le respect, afin
r par la parole et le bon exemple , ceux qui leur sont
Quand les évéques verront que vous vivez si saintement,
ne voulez point entreprendre sur leur autorité , ils vous
d'eux-mêmes de travailler au salut des âmes dont ils
[ fl sentit sa fin approcher , il redoubla les rigueurs de
oce. Le jour même de sa mort, il se fît lire le treizième
de l'Évangile de saint Jean, et récita le psaume 141.
oit dit ces dernières paroles : Les justes sont dans Pat-
la justice que vous me rendrez , il s'endormit dans le
, étant âgé de quarante-cinq ans, Tan de Jésus-Christ 1226.
fobre. — SAINTE G ALLA, veuve. — 6* siècle.
était fille du patriee Symmaque le jeune , un des pré-
vînmes de son siècle. Galla , qui fut mariée fort jeune ,
m mari avant la On de la première année de son mariage.
rs elle renonça généreusement au monde et à tous les
s d'une brillante fortune , pour ne plaire qu'à Dieu dans
d'une solitude qu'elle s'était faite auprès de la basilique
an. On voulut l'engager à se remarier , mais elle n'eut
imbition que de plaire à Jésus-Christ. Heureux celui qui
joug du Seigneur dans sa jeunesse ! se disait-elle à elle-
et, ne voulant point en porter d'autre , elle oublia si bien
e, que le monde enfin parvint à l'oublier comme elle le
ustéritésde la pénitence à laquelle elle se livra la rédui-
une maigreur extrême et à de fréquentes incommodités
ouffrit avec beaucoup de patience. Comme elle s'était ré-
isage des grands biens dont elle avait été héritière, elle
vit pour se faire des amis auprès de Dieu , en assistant
i étaient dans le besoin. Elle demandait continuellement
neur d'être véritablement une veuve chrétienne , qui ne
le sa liberté que pour vaquer davantage à la prière et aux
œuvres.
,-ïïl
5 octobre. — s. placide « i i
a lui oya ôtefe» à la ^
4e eo < peu à peu «tti sainte ffe
ss 38 sa vie, il permit flaNpeiftfMJ
ai uee a un ca er qui lui rongea le sein et lot é&tiSa. 1eT
leurs les plus vives. Le Seigneur finit sa pénitence par une I
mort , vers le milieu du sixième siècle.
5 octobre. — SAINT PLACIDE ET SES COMPAGlfC
martyrs. — 6e siècle.
Placide, né à Rome, eut pour père Tertullus, persoanagB
distingué. Il fut offert à Dieu dans son enfance; et, sons ta
duite de saint Benoît, auquel il fut confié, il fit tant de pn
dans l'observation des règles de la vie monastique, qu'A fut coi
au nombre des principaux disciples de cet illustre patriarcal
moines d'Occident. Un jour, dit saint Grégoire le Grand dan
Dialogues, le jeune Placide se laissa tomber dans le lac de Si
ou Subiaco, où il était allé puiser de Peau. Saint Benoit, renl
dans le monastère, eut aussitôt connaissance de cet accida
appelle Maur, plus A^é que Placide, et lui dit : « Courez fila,
frère, l'enfant est tombé dans l'eau. » Maur lui Hwnan^a g
nédiction , et s'empresse d'obéir. Il marche sur l'eau jusqu'à
droit où était Placide ; puis le prenant par les cheveux , il re
au bord du lac. Ce ne fut qu'alors qu'il s'aperçât qull
marché sur l'eau. Saint Benoît attribua le miracle à robe»
de son disciple ; mais le disciple l'attribua à Tordre et à la bén
tion de son bienheureux maître. Placide décida la dispute e
sant : « Lorsque j'ai été tiré de Peau, j'ai vu sur ma tête b
lote de l'abbé , et lui-même qui me secourait. * ( On apf
melote une peau de brebis que les moines avaient eoutum
porter sur leurs épaules. )
Placide, étant alors fort jeune, n'avait encore reçu, ni la ton
ni l'habit monastique. La conservation miraculeuse de sa vi
regardée comme l'emblème de ce qu'avait fait la grâce po
sauver de l'abîme du péché. Il faisait tous les jours de nom
progrès dans la vertu ; et il parvint à un tel degré de perlée
que saint Benoît eut toujours pour lui une tendresse parucul
et qu'il le mena avec lui au Mont-Cassin en 538. Tertullus,
était le principal fondateur de ce monastère, donna à saint
6 octobre. — s pardou, abbé de guéret. 301
Mil d'autres biens qu'il avait en Sicile , et le saint patriarche y
fonda un nouveau monastère près de Messine, et une église eu
1 ffconneur de saint Jean-Baptiste. Il y envoya pour en être l'abbé
Placide qui, bien qu'âgé seulement de vingt-six ans , devint par
hnnteté de sa vie un sujet d'admiration pour les religieux. Ses
frères Eutyche et Victoria, et sa sœur la vierge Flavie, vinrent le
visiter. Dans le même temps un farouche pirate nommé Manucha
«borda en cet endroit et s'empara du monastère. Ayant employé
■utilement tous les moyens pour obliger Placide et ses pareuts
à renier Jésus-Christ, il donna Tordre cruel de les mettre tous à
mort. Avec eux périrent aussi Donat, le diacre Firmat, Fauste
et trente autres moines. Ils remportèrent la victoire du martyre
le 5 octobre de Tan du salut 539.
• octobre. — SAINT PARDOU, abbé de Guéret. — 7e siècle.
Bardou naquit vers l'an 658, à Sardenne, village de la Haute-
Marche, près Guéret. Ses parents n'étaient point des gens consi-
dérables selon le monde : leur emploi était de cultiver la terre.
Contents de la médiocrité de leur fortune, ils ne pensèrent point
à donner à leur Gis une éducation propre à le conduire à un état
différent du leur. Le jeune Pardou suivait sans aucune pensée
d'ambition la profession de son père , et contemplait le Créateur
dans les productions de la nature, lorsqu'un accident imprévu le
rendit aveugle. Il ne s'attrista point de cet événement; il se soumit
à Dieu, qui règle tout pour le plus grand bien de ses élus. Le
Seigneur récompensa sa foi et sa patience : pendant que son corps
était privé de la lumière extérieure, le Saint-Esprit l'instruisait
lui-même et lui inspirait le mépris du monde et de tout ce qui ne
porte pas au Tout-Puissant.
Cependant la vue lui revint insensiblement. Il n'en profita que
pour se livrer à toutes les bonnes œuvres qu'il était en état de
faire. Poussé par le désir d'une plus grande retraite , il se sépara
de ses parents, et se fit une espèce d'ermitage où il continua avec
une nouvelle ardeur ses exercices de piété. Il y avait déjà quel»
que temps qu'il n'était plus occupé que de Dieu et de son propre
salut , lorsque Lanthaire , comte de Limoges , jeta les yeux sur
lui pour lui donner la conduite d'un monastère qu'il venait de faire
bâtir aux sources de la rivière de Gartempe. Après avoir consulté
Dieu dans la prière , il se rendit aux vœux de Lanthaire. Depuis
26
302 G OCtub)'t\ — S. BRUNO, FOND. DES CHAHTBKUX.
qu'il fut entré dans ce monastère il n'en sortit plus. Il se propos»
pour modèle les anachorètes les plus pénitents. Ses austérités
étaient incroyables , surtout en carême. Il donnait a la prière tous
les intervalles qui se trouvaient entre les différentes heures de
l'office divin. Après None il recevait les pauvres et les "V»M»dfff
qui venaient le voir, et il leur donnait tous les secours de rame
et du corps qui dépendaient de lui.
Pardou eut la consolation de voir la règle se maintenir sans
aucun affaiblissement pendant toute sa vie dans le monastère qu'il
conduisait. Les bâtiments faillirent fore détruits par les incur-
sions des Sarrasins. Ces peuples , sortis de l'Egypte pour venir
faire leurs ravages en France , après avoir été défaits en Poitou
par Charles-Martel , se rallièrent et se jetèrent dans la Marche.
A leur approche , les religieux de Guérct voulurent obliger leur
saint abbé de prendre la fuite , et déjà ils avaient préparé un cha-
riot pour le conduire en lieu de sûreté ; mais Pardou ne put con-
sentir à abandonner la maison , il leur conseilla de se retirer et
voulut rester seul. Il eut recours a Dieu par une prière fervente,
et il garantit sa maison de la fureur des ennemis. 11 s'endormit
dans le Seigneur à l'Age d'environ quatre-vingts ans, en l'année 7*7,
et fut enterré dans son monastère.
0 octobre. — SAINT JIHITNO, fondateur de l'oid»
des Chartreux. — 11e siècle.
Bruno , le restaurateur de la vie solitaire en Occident, naquit
à Cologne vers Tan 1000. Ses parents, distingués par leurs ri-
chesses, étaient encore plus recommandantes par leurs vertus.
Bruno passa sa jeunesse de manière à ne pas ressentir plus tard
des remords, souvent infructueux, sur des années précieuses
qu'on a données au inonde et à ses plaisirs. On le vit de bonne
heure élevé au-dessus des faiblesses ordinaires à ceux de son âge*
et le Seigneur, qui le conduisit comme par la main , mit son in-
nocence à couvert de tous les dangers qu'on court dans le siècle.
Après avoir excellé dans les bel les- lettres , il se distingua encore
plus dans la théologie et dans la science des Pères ; il s'y rendit
si habile, qu'il passa pour un des plus célèbres docteurs de son
temps. 11 était encore très-jeune lorsque saint Annon, son arche-
véque, le fit venir a Cologne, le pourvut d'un canonient dans l*é-
6 octobre. — s. bbdno, fond, des chaitbeux. 803
de Saint-Cunibert , et l'éleva aux premiers ordres sacrés.
Après la mort d'Annon , il fut chanoine et chancelier de l'église
de Reims.
Gomme Bruno s'entretenait un jour, avec quelques amis, des
dangers où le siècle nous expose , et particulièrement des trou-
bles qui divisaient alors l'église de Reims , ils prirent tous en-
semble la résolution d'abandonner au plus tôt les biens de cette
vie et d'embrasser l'état monastique. C'est ce qu'on lit dans une
lettre de saint Bruno. Ils s'adressèrent pour cela a saint Hugues.
évéque de Grenoble , qui les conduisit lui-même , en 1084 , dans
m affreux désert appelé Chartreuse. Voici ce que Guibert de No-
gent rapporte de la vie de ces premiers solitaires. « Chacun avait
une cellule séparée, mais ils passaient ensemble le saint jour du
dimanche. » En se séparant ils emportaient un pain et une seule
espèce de légumes pour toute la semaine. Tout était pauvre chez
eux, même dans leurs églises, où Ton ne voyait ni or ni argent,
excepté un calice : ils étaient riches en livres , et leur travail or-
dinaire était de les copier.
Le saint évéque de Grenoble, 'charmé de voir former auprès
de lui ce nouveau peuple de saints, allait souvent les visiter, sans
avoir égard à la difficulté des chemins; il ne faisait rien de consi-
dérable sans consulter Bruno. Le comte de Ne vers , seigneur
d'une grande piété , accourut comme les autres à cet asile de la
vertu, et, après y être resté quelque temps pour s'affermir par
leur exemple dans l'amour qu'il avait déjà pour le bien , il en
sortit en rendant grâces à Dieu des merveilles que sa droite sa-
vait opérer dans les cœurs où il daignait habiter. Quelque temps
après il leur envoya beaucoup de vaisselle d'argent, qu'il les priait
d'accepter de lui ; mais ces saints solitaires aimaient trop la pau-
vreté pour souffrir que l'on y donnât la moindre atteinte. Ils ren-
voyèrent donc au comte toute cette argenterie, en lui disant
qu'elle leur était inutile. Alors le comte leur envoya une grande
quantité de parchemin pour servir à leurs ouvrages.
Saint Bruno , se sentant près de sa (in , assembla la commu-
nauté, et leur raconta toute la suite de sa \ ie , depuis son enfance,
par forme de confession générale . Ensuite il fit sa confession de
foi qu'il conclut ainsi : « Je crois les sacrements que l'Église
croit , et nommément que le pain et le vin consacrés sur l'autel
sont le vrai corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ , sa vraie chair
et son vrai sang , que nous recevons pour la rémission de nos pé-
304 8 octobre. — sainte thaïs, pénitente.
chéset dans l'espérance du salut étemel. » Il mourut le dimanche
6 octobre 1101.
7 octobre. — SAINTE JUSTINE, vierge, hàbtybb
et patronne de Padoue. — 4e siècle.
Sainte Justine souffrit le martyre à Padoue vers l'an 804,
Dioctétien. Fortunat la met au nombre de ces illustres vierges
dont la sainteté et les triomphes ont fait l'honueur et l'édification
de rtiglisc. Elle fut, dit-il, la gloire de Padoue, comme sainte
Euphémie le fut de Chnlcédoinc, et sainte Eulalie, de Mérida en
Espagne. Dans son poëme sur saint Martin, il recommanda à
ceux qui vont visiter Padoue d'aller baiser respectueusement le
tombeau de la bienheureuse martyre. Vers le milieu du cinquième
siècle, Opilion , préfet du prétoire, et honoré de la dignité de
consul en 453, lit bAtir dans la mémo ville de Padoue une église
en l'honneur de sainte Justine. Les reliques qu'on avait perdues
durant les guerres d'Attila furent retrouvées en 1177, et on les
garde avec une grande véuération dans l'église de son nom. Cette
église fut rebâtie en 1501 ; elle est, avec le monastère des Béné-
dictins auxquels elle appartient, un des plus beaux édifiées qu'il y
ait en ce genre. Sainte Justiue est, conjointement avec saint Marc,
patronne de Venise , et son image était gravée sur la monnaie de
cette antique république.
7 octobre. — SAINT MARC, pape et confesseur. — 4e siècle.
Marc, né à Rome, souverain pontife sous le règne de l'empereur
Constantin le Grand, établit que l'évéque d'Ostie, qui a le privi-
lège de consacrer le pape , ferait usage du pallium. 11 éleva deux
basiliques à Rome , l'une dans la ville et l'autre sur la voie d'Ardée,
et Constantin les enrichit et les décora de ses présents. Une passa
c»ue huit mois dans l'exercice du pontificat, après quoi étant mort,
il reçut la sépulture dans le cimetière de Balbine, en Tan 836.
8 octobre. — SAINTE TUAIS, pénitente. — 4* siècle.
Vers le milieu du quatrième siècle, il y avait eu Egypte une
courtisane^ fameuse , nommée Thaïs , qui devint dans la suite un
8 octobre. — sainte tuais, pénitente 305
modèle de pénitence pour les pécheurs. Une grande beauté, de
l'esprit et une mauvaise éducation furent la cause de sa perte. Se
voyant recherchée par beaucoup de jeunes gens débauchés , elle
se livra au mal et y entratna une infinité de personnes. Elle avait
reçu les premiers principes de la religion ; elle croyait en Jésus-
Christ , et elle était très-persuadée d'une éternité de peines pour
les méchants , et du bonheur qui attend les justes ; mais ces vérités
se trouvaient étouffées en elle par l'amour du plaisir et le désir
du gain; de sorte qu'elle n'était chrétienne que de nom et qu'elle
n'avait qu'une foi stérile. Dieu eut pitié d'elle et lui envoya Pa-
phnuee , célèbre anachorète de la Thébaïde. Elle fut touchée de
ses discours; et, cédant aux impressions de la grâce, elle se jeta
à ses pieds, les yeux baignés de larmes, et lui dit : Mon père ,
ordonnez-moi telle pénitence que vous jugerez convenable, car
j'espère que Dieu me fera miséricorde par vos prières. Je vous
demande seulement trois heures de temps, et après cela je me ren-
drai où il vous plaira , et j'exécuterai tout ce que vous me com-
manderez. Paphnuce lui prescrivit tout ce qu'elle avait à faire, et
lui marqua le lieu qui devait lui servir de retraite aussitôt que le
terme qu'elle avait demandé serait expiré. Thaïs employa ces
trois heures à ramasser tout ce qu'elle avait acquis, par ses pé-
chés, d'or, d'argent, d'habits et de meubles ; puis, en ayant fait un
monceau au milieu de la ville, elle y mit elle-même le feu devant
tout le peuple , et invita ceux qui lui avaient fait ces présents , et
qui avaient été les complices de ses crimes , à l'imiter dans son
sacrifice et dans sa pénitence.
Quand tout fut consumé , elle partit à la hâte pour se rendre
au lieu que Paphnuce lui avait marqué, et, après avoir demandé
à Dieu la grâce de se sacrifier elle-même pour expier ses péchés,
elle suivit le saint homme , qui la conduisit dans un monastère
de filles. Thaïs y entra avec joie, et, docile à tout ce que Paphnuce
voulut lui prescrire, elle se laissa enfermer dans une cellule, dont
le saint vieillard scella la porte avec un sceau de plomb , comme
s'il en eût voulu faire son sépulcre. Convaincue de cette impor-
tante vérité, qu'il faut que le pécheur se juge et se condamne lui-
même pour prévenir un jugement plus rigoureux , elle ne de-
manda à Dieu que la grâce de satisfaire en ce monde à sa justice,
pour n'éprouver en l'autre que sa miséricorde. Paphnuce com-
manda aux sœurs du monastère de lui porter seulement chaque
jour un peu de pain et d'eau, durant tout le reste de sa vie. Avant
20.
J
306 8 octobre. — sainte Pélagie, pénitente.
que le saint homme se retirât, Thaïs lui dit : Mon père, ensei- j,
gnez-moi comment je dois prier Dieu. Paphnuce lui répondit: i
Vous n'êtes pas digne de proférer son saint nom , puisque vos le- H
vres sont pleines d'iniquités, ni d'élever vos mains vers le ciel, ,,
puisqu'elles sont souillées de tant d'impuretés ; mais content»- t
vous de regarder du coté de l'orient, et de répéter souvent cespa- .{
rôles : Fous qui m'avez formée, ayez pitié de moi /Thaïs ayant |
passé trois ans dans une vie pénitente, Paphnuce alla consulter t|
saint Antoine sur son sujet, et lui demanda s'il y avait lieu d'espérer v
que Dieu eût pardonné à cette pécheresse. C'est le Seigneur qu'il \
faut consulter, dit saint Antoine. Il passa la nuit en prière avec ,j
Paphnuce, Paul le Simple et ses autres disciples. Dieu, qui se ^
plaît à révéler ses secrets aux humbles , Gt connaître à Paul qu'il
avait destiné une place dans le ciel à Thaïs. Sur cette révélation,
Paphnuce accourut au monastère et la fit sortir de sa cellule. s
Thaïs, que la considération des jugements de Dieu et de ses ini- ^
quités alarmait encore malgré cette rigoureuse pénitence, pria
le saint vieillard de la laisser le reste de ses jours dans l'état où i
il l'avait mise ; mais Paphnuce lui dit : Sortez , ma Qlle ; Dieu ;
vous a fait miséricorde. Elle lui répondit : Je le prends à témoin 5
que, depuis que je suis entrée ici, j'ai mis tous mes péchés comme j
en un monceau devant mes yeux , et que je n'ai point cessé de *
les considérer et de les pleurer. — C'est pour cela , lui dit Paph- i;
nuce, que Dieu vous les a remis. Elle sortit donc de sa prison pour j
vivre avec les autres sœurs ; mais le Seigneur, satisfait de sa péni- ,
tenec , la retira du monde quinze jours après sa sortie.
8 octobre. — SAINTE PÉLAGIE, pénitente. — 5« siècle.
Pélagie était comédienne à Antioche, quoique inscrite parmi
les catéchumènes. Ayant été touchée d'une exhortation qu'elle
entendit faire à saint Nonne, évéque d'Héliopolis, elle écrivit au
saint pour lui demander la permission d'aller le trouver. Nonne
lui répondit : Je consens à ce que vous me demandez, mais pre-
nez garde dans quel esprit vous viendrez chez moi : songez que
vous ne pouvez tromper Dieu. Je vous parlerai, mais en présence
des autres évêques.
Pélagie courut se jeter aux pieds de saint Nonne, et le conjura
de lui donner le baptême. Comme sa résolution paraissait très-
8 OCfQb/t. — SAINTE liRKilTTK, VELVE. 34)7
, le saint évêque et les autres qui étaient présents crurent
■1 fallait lui accorder ce qu'elle demandait. Elle reçut donc le
qptéme et de suite les sacrements de confirmation et d'euelia-
tfie, qui se donnaient alors ensemble. Et le lendemain elle
ÉK aux pieds de saint Nonne tout ce qu'elle avait de biens et
fcriiitfT, et donna la liberté à ses esclaves. Le huitième jour après
m baptême, auquel elle devait quitter la robe blanche que les
baptisés portaient pendant huit jours, elle se revêtit
et d'un mauvais habit, et, étant partie la nuit même,
lé s'en alla secrètement à Jérusalem, se bâtit une cellule sur la
ontagne des Oliviers, et s'y enferma. Elle passa ainsi le reste
ft sa rie dans une pénitence extraordinaire. On croit qu'elle mou-
lt vers Tan 458.
8 octobre. — SAINTE BRIGITTE, veuve. — Mc sic de.
Brigitte, qu'on appelle communément Brigitte ou Brigide, était
Be de Birger, prince du sang royal de Suède ; sa mère se nom-
laît Sigride, et descendait des rois des Goths. Ils vivaient l'un et
autre dans la pratique la plus exacte du christianisme , et avaient
ne grande dévotion à la passion du Sauveur. Sigride étant morte
ers Tan 1302, et peu de temps après la naissance de notre sainte.
i jeune Brigitte fut élevée par une de ses tantes, qui était égale-
tient recommandablc par ses vertus Elle fut privée de l'usage
e la parole jusqu'à l'âge de trois ans ; mais elle ne sut pas plus
5t parler qu'elle se servit de sa langue pour louer Dieu. Dès son
niance, la grâce agissait si puissamment dans son cœur, qu'elle
'avait d'attrait que pour les exercices de piété.
A Fâge de dix ans, elle fut singulièrement touchée d'un sermon
ifelle entendit sur la passion, et la nuit suivante elle crut voir Jé-
us-Christ attaché sur la croix, tout couvert de plaies et de sang.
I lui sembla aussi qu'une voix lui disait : « Regardez-moi , ma
ûJle. — Eli ! qui vous a traité de la sorte, dit-elle ? — Ce sont, ré-
pondit la même voix, ceux qui me méprisent, et qui sont insen-
sibles à mon amour pour eux. » L'impression que fit sur elle
* songe mystérieux ne s'effaça jamais, et les souffrances de Jé-
us devinrent le sujet continuel de ses méditations. Lorsque Bri-
gitte eut atteint l'âge de seize ans, elle épousa par obéissance pour
«»n père Ulphon , prince de Néricie, en Suède. Ils passèrent
308 8 octobre. — sainte Brigitte, veuve
-i
dans la continence la première année de leur mariage, et ta ■•
maison devint une espèce de monastère où ils pratiquaient lesav-
térités de la pénitence. JJI
Après la naissance de huit enfants, qui moururent la plupart <
en bas âge, les deux époux s'engagèrent, par un vœu, à passer le **'
reste de leur vie dans la continence. Ils se regardèrent comme le-"**
refuge des malheureux; ils fondèrent un hôpital pour les malades, z¥
qu'ils servaient de leurs propres mains, ulphon fit avec sa vér- '^
tueuse épouse un pèlerinage à Compostelle. En passant par Ami, *S
il fut attaqué d'une maladie dangereuse ; Brigitte obtint sa guéri- *sfc
son par ses prières. Lorsque le prince fut rétabli, il partit pour Ji l*
Suède, où il mourut peu de temps après en odeur de sainteté, àam *?*
le monastère d'Alvastre, de Tordre de Clteaux . '*sl
Brigitte, devenue libre, renonça au rang de princesse, pour M ■'■■il
consacrer entièrement à la pénitence ; elle partagea les biens As fer
son mari entre ses enfants, et oublia ce qu'elle avait été dam le (3,
monde. Les austérités qu'elle pratiquait sont incroyables. Ayant '&
fait bâtir le monastère de Wastein, au diocèse de Iincopen en ta
Suède , elle y mit soixante religieuses ; elle y mit aussi, dans un
bâtiment séparé du même monastère , treize prêtres ; elle leur """
donna à tous la règle de saint Augustin, à laquelle elle ajouta quel- ^
q ucs constitutions particulières. cf|
ISotre sainte , après avoir passé deux ans dans le monastère ^
de Wastein, fit un pèlerinage à Rome, dans le dessein d'aller prier :^
sur le tombeau des apôtres. Elle s'y fit admirer par l'éclat deseï
vertus, et elle y vivait dans la retraite, visitait les églises et servait ;fe
les malades dans les hôpitaux. Dure à elle-même, elle était pleine *k
de douceur pour les autres. Klle fonda dans cette ville une mai- lèc
son pour les étudiants et les pèlerins suédois, laquelle fut rebâtie ^
sous Léon X. Pendant les trente dernières années de sa vie, b ko
sainte se confessa tous les jours, et elle participait plusieurs fbfr ia
la semaine à la divine eucharistie. *&
Rien n'est plus fameux, dans la vie de sainte Brigitte, que kl %
révélations dont elle fut favorisée, et qui eurent pour objet pria- fjg
cipal les souffrances du Sauveur, et les révolutions qui doivert >*
arriver en certains empires. Ces révélations furent écrites, d'aprie fy
ce qu'elle en avait dit, par Pierre, moine de Cîtcaux, par Mathiae, %
chanoine de Lincopen, qui, l'un et l'autre, avaient été les diree- **«
leurs de sa conscience. Ce qu'on admire le plus dans la sainte, *
c'est cette simplicité avec laquelle elle soumettait ses révélation Vs
<tobre — s. denys l'ahéopagitf , ev. dé paiis. &*9
jugement de l'Église. Elle ne se servit de ces faveurs si extra-
inaires que pour s'établir plus solidement dans la charité et
■ rhumilité ; de sorte qu'on peut dire que, si ses révélations ont
êm son nom célèbre, ses héroïques vertus l'ont rendue véné-
le à toute l'Église.
impossible de donner une juste idée de son ardent
pour Jésus-Christ crucifié. Ce fut cet amour qui lui inspira
de faire le pèlerinage de la terre sainte. Elle arrosa de
larmes les lieux qui avaient été sanctifiés par la présence du
•. Étant revenue à Rome, elle y fut attaquée de diverses
qu'elle souffrit avec une résignation admirable. Se sen-
t près de sa fin, elle donna des avis fort touchants à son fils
et à sa fille Catherine ; après quoi elle se fit étendre sur
pour recevoir les derniers sacrements. Elle mourut le
juillet 1373 , à l'âge de scixante-onze ans. On l'enterra dans
$êê& de Saint-Laurent in Panisperna, qui appartenait aux
ivres Clarisses. Boniface IX la canonisa le 7 octobre 1391.
octobre. — SAINT DENYS L'ÀRÉOP AGITE , apôtbe des
Saules, premier évêque d'Athènes et de Paris, et
ses compagnons RUSTIQUES et ELEUTHÈRE, mabtyrs.
— 2e siècle.
On lit, dans quelques auteurs, que la religion chrétienne avait
: prêchée dans une partie des Gaules par saint Luc, et surtout
r saint Crescent, disciple de saint Paul. Les églises de Marseille ,
Lyon et de Vienne furent redevables de la lumière de la foi
les prédicateurs grecs ou asiatiques, mais qui avaient reçu leur
ssion du siège apostolique de Rome. En effet, le pape Inno-
it Ier assure de la manière la plus expresse, dans une de ses épî-
s qui a été conservée, que las fondateurs des églises des Gaules,
l'Espagne et de l'Afrique avaient été ordonnés évéques par
nt Pierre et ses successeurs. L'histoire des martyrs de celles de
tmet de Vienne, qui souffrirent en 177, prouve qu'elles étaient
s-florissantes dans le second siècle.
Saint lrénée éteudit beaucoup le royaume de Jésus-Christ dans
; Gaules, et laissa plusieurs disciples célèbres, dont deux allé-
at exercer leur zèle en Italie et dans d'autres contrées éloignées.
» lumière de l'Évangile cependant ne pénétra pas sitôt à l'extré-
1
310 9 octobre. — s. denys l'arbopagitb, év. de paais J
■
mité des Gaules, comme nous l'apprenons de Sul i-Sévère et àmi
actes de saint Saturnin. Saint Germain de Paris et sept autres évé*i
ques français disent, dans une lettre à sainte Radégonde, qu'aie i
vérité la foi avait été implantée dans les Gaules dès la naissance éi \
christianisme, mais qu'elle n'y avait pas fait des progrès bien ah t
pides jusqu'à l'an 360, que la miséricorde divine y envoya nnti
Martin. Il n'en est pas moins certain qu'on y voyait en divers et- i
droits de nombreuses églises qui avaient été fondées par sept évé» j
ques envoyés par le saint-siége vers le commencement du *• sied*. .
Saint Grégoire de Tours dit que ces sept évéques furent SN|I <
Denys de Paris, saint Gatien de Tours, saint Trophime d'Arles,
saint Paul de Nar bonne, saint Saturnin de Toulouse, saint Ans- :
tremoine d'Auvergne, saint Martial de Limoges. On croit que SMt 3
Denys était le chef de cette mission. Ce qui est certain , c'est que ,
des sept évéques , ce fut lui qui porta le plus loin la prédication
de l'Evangile : il s'avança jusqu'à Paris, accompagné die plusieurs
saints ministres qui voulurent être associés à ses travaux pour
avoir part à sa récompense.
On rapporte de saint Denys qu'il était d'Athènes, et dans cette
ville célèbre un des juges de l'Aréopage, de plus fort versé dans
tous les genres de counaissances. Lorsqu'il partageait encore
les erreurs des Gentils, l'on dit que le jour que Nôtre-Seigneur
Jésus-Christ fut crucifié, remarquant que le soleil s'était échpsé
contrairement à l'ordre naturel, il s'écria : « Ou le Dieu de la
nature souffre, ou la machine du monde se détraque, « Mais
lorsque l'apôtre saint Paul, venant à Athènes , fut conduit devant
l'Aréopage pour y rendre compte de la doctrine qu'il prêchait,
et qu'il affirma que Jésus- Christ, le vrai Seigneur des hommes,
était ressuscité, et que tous les morts doivent également revenir y
un jour à la vie, alors Denys crut avec beaucoup d'autres en la ]
doctrine et la divinité de Jésus-Christ. En conséquence , il reçut ^
le baptême de la main même de saint Paul, qui le mit à la tête de »
l'église d'Athènes. Lorsque
pape Clément l'envoya dans
Le prêtre Rustique et le diacre Ëleuthère raccompagnèrent jus- ^
qu'à Lutèce, ville capitale des Parisiens, alors resserrée dans 11k .,
qu'on nomme aujourd'hui la Cité. Là, le préfet Fescennius fit !
battre de verges le saint apôtre, ainsi que ses compagnons, parce :
qu'il avait converti beaucoup de gens à la religion chrétienne.
Comme il persévérait très-courageusement dans la prédication de ;
11c tic suiiii JTiiui, ijut 10 uiiir a la www i|
e dans la suite il fut venu à Rome, le j
is la Gaule pour y prêcher l'Évangile. ^
1 9 *% *%tmr\ Ma I 4*9 a+im *««*% l'A A A M VM V%A A«w* AHMBVfeA V«BbL-
u.l'.'M UK:
10 octobre. — s. François de boagia. sit
h foi du Chris eeouc sur un gril sous lequel on avait mis
charbons ardents, et on lu it en outre endurer beaucoup d'au-
suppliées en même temps qu'à ses compagnons. Mais les mar-
tou ayant souffert tous ces divers tourments avec un courage et
aa* joie héroïques, Denys eut avec les autres la tête tranchée
kl • d'octobre, lorsqu'il avait déjà plus de cent ans. La tradi-
apprend que ce saint martyr, après avoir, ainsi que ses
, été décapité à Montmartre (nom qui signifie Monta-
des Martyrs, et qui précisément a été donné à ce lieu de-
ri le supplice qui y fut infligé à ceux dont nous racontons la
glorieuse), releva sa tête et la porta dans ses mains en fai-
■M déni nulle pas. L'on dit qu'il s'arrêta non loin des bords de
la Seine, dans l'endroit où depuis, en 638, a été fondée par Dago-
Ier Fabbaye de saint Denys, pour y conserver les reliques de
martyr et celles de ses deux compagnons ; car c'est aussi
qu'Os avaient d'ahord reçu la sépulture. Cette célèbre abbaye
aussi pendant plusieurs siècles de lieu de sépulture aux rois
de France. On attribue à Denys l'Aréopagite, premier évéque de
Paris, des écrits admirables et tout à fait célestes sur les Noms di-
vins, sor la Hiérarchie céleste et ecclésiastique, sur la Théologie
mystique et sur d'autres sujets. En admettant qu'il soit disciple
de saint Paul et qu'il ait vécu plus d'un siècle, on peut supposer
que sa mort , ainsi que celle de ses compagnons, a eu lieu dans la
première moitié du second siècle après Jésus-Christ.
10 octobre. — SAINT FRANÇOIS DE B0RG1A,
confesseur. — 16e siècle.
François de Borgia, fils de Jean Borgia, troisième duc de Gandie
et grand d'Espagne , naquit à Gandie , petite ville du royaume
de Valence, le 28 octobre 1510. On lui donna au baptême le
nom de François, parce que sa mère, s'étant trouvée en péril
lorsqu'elle le mit au monde , avait eu recours à l'intercession de
saint François d'Assise. Il passa une partie de sa première jeunesse
auprès de l'archevêque de Saragosse , son oncle ; ensuite on l'en-
voya à la cour. A l'âge de dix -huit ans , portant le titre de mar-
quis de Lombay, il épousa Éléonore de Castro , que l'impératrice
Isalielle avait amenée de Portugal , et il fut fait premier écuyer
de cette princesse.
François de Borgia avait eu, dès son enfance, un fonds de piété
312 10 octobre. — s François de borgià.
que l'air de la cour ne put altérer, et que divers événements con-
tribuèrent encore à augmenter. Isabelle étant morte à Tolède,
Tan 1 539, François fut chargé avec son épouse de conduire le corps
de l'impératrice à Grenade , où il devait être enterré. Au moment
où le cortège arriva dans cette ville , on ouvrit le cercueil pour
que le marquis jurât, selon l'usage , que le visage que Ton voyait
était celui de l'impératrice. La vue de ce visage défiguré, l'odeur
infecte qu'exhalait déjà le cadavre, tout fut pour lui un rayon de
lumière intérieure qui le dégoûta entièrement du monde et l'at-
tacha pour toujours au seul maître de toutes choses.
François, frappé du spectacle qu'il avait vu, voulut avoir des
entretiens particuliers avec l'homme de Dieu qui avait prononcé
l'oraison funèbre de l'impératrice. Il découvrit au père Avila l'état
de sa conscience , et par ses conseils il fit vœu d'embrasser l'état
religieux , s'il survivait à sa femme.
Dans ce temps-là , il fut fait vice-roi de Catalogne et comman-
deur de l'ordre de Saint- Jacques, mais ces nouvelles dignités n'af-
faiblirent point la résolution qu'il avait prise de vivre dans un par-
fait détachement du monde et de ne songer qu'à son salut. Tandis <
qu'il donnait tous ses soins aux affaires publiques, mortifiant sa i
chair par toutes les austérités qui sont en usage dans les cloîtres, s
et prenant sur son sommeil pour donner plus de temps à la médi- «
tation et à la prière , trois religieux, célèbres par leur vertu et par -
leur doctrine, dont deux étaient de l'ordre de Saint-Dominique, ~
et l'autre de Saint-François , l'aidaient de leurs conseils dans le»
pratiques de la piété. Ce fut par leurs avis qu'il fréquenta les sa- -i
crements avec plus d'assiduité qu'on ne le faisait pour l'ordinaire, -
de son temps : il se confessait toutes h» semaines, il communiait ^
en public à toutes les fêtes solennelles, et en particulier tous Je) w-
dimanches. Cette conduite donna lieu à la censure de quelque! .
zélés indiscrets qui s'imaginèrent que c'était manquer de respect ^
à Jésus-Christ, surtout pour un homme du grand monde, que r
d'en approcher si souvent. On tâcha de rendre suspecte au saint m
la méthode de ceux qui le conduisaient dans la voie du salut. Dam s
ces circonstances, il jugea convenable de consulter le père Ignace, c
qui était alors à Rome , occupé à l'établissement de sa corapi- &
gnie. Ignace , ayant connu le détail de sa vie et les dispositions de ç-
son cœur par les lettres qu'il lui écrivit , le confirma dans rhabt- f
tude où il était de communier tous les dimanches , et l'exhorta à .^
y persévérer. te
10 octobre. — s. François de borgia , conf 313
En 1542, François de Borgia perdit son père, et devint par cette
mort quatrième duc de Gandie. Il saisit cette occasion pour se
démettre de la vice-royauté de la Catalogne, et pour obtenir la
permission de se retirer dans ses terres.
/L'an 1546, François perdit sa femme, qui lui laissa huit enfants,
ehifl fils et trois filles. Cette mort lui imposa l'obligation d'accom-
plir le vœu qu'il avait fait d'embrasser l'état religieux, en cas que
•a femme mourût avant lui. Il n'avait alors que trente-six ans;
mais il ne balança pas un moment à prendre les mesures néces-
saires pour accomplir un engagement qui aurait paru pénible à
tout autre qu'à lui.
11 fit une retraite sous la conduite de Lefèvre, qui avait été le
premier compagnon du père Ignace, et il ajouta au vœu général
et indéterminé qu'il avait fait d'entrer dans quelque ordre reli-
gieux, le vœu particulier d'entrer dans la compagnie de Jésus. Il
en écrivit à saint Ignace , fondateur de cette compagnie, qui lui
prescrivit toutes les mesures qu'il avait à prendre pour exécuter
son dessein. Le même saint obtint un bref du pape, qui permettait
an duc de Gandie de faire secrètement les vœux de profès dans la
Compagnie de Jésus , et de rester dans le monde quatre ans après
rémission de ses vœux , pour régler toutes les affaires de sa fa-
mille et pourvoir à l'établissement de ses enfants.
L'an 1550, il se rendit à Rome, où il prit l'habit de jésuite,
après avoir authentiquement renoncé a toutes ses dignités et à
tous ses biens. 11 retourna ensuite en Espagne, dans la crainte
que le pape ne le fît cardinal. L'empereur sollicita vivement pour
lui cette dignité , et son éloignement précipité ne l'aurait pas em-
pêché d'être élevé au cardinalat , si le père Ignace n'eût fait au
pape de fortes représentations pour prévenir l'effet des sollicita-
tions de Charles-Quint. Cependant le pape ne put se dispenser
d'offrir le chapeau à François, mais il promit au père Ignace qu'il
laisserait ce religieux libre de refuser ou d'accepter cette dignité.
I^e saint ne balança pas et refusa , ainsi que le père Ignace , qui
connaissait les dispositions de son cœur, s'y était attendu.
François travaillait avec zèle ou salut des âmes en Espagne , se-
lon l'esprit du nouvel institut qu'il avait embrassé : il convertit un
grand nombre de pécheurs , qui n'étaient pas moins touchés de
ses exemples que de ses discours.
Saint Ignace nomma François visiteur dans les royaumes d'Es-
pagne et de Portugal. Tairiez , deuxième général delà Compagnie
27
314 11 octobre. — s. louis bebtband.
de Jésus, et successeur immédiat de saint Ignace, le choisît pour
un de ses quatre assistants , ce qui obligea le saint de se rendre
à Rome , où il fut élu lui-même général après la mort de Laines.
11 s'acquitta de cet emploi avec un zèle et une application extra-
ordinaires , et travailla avec succès à maintenir dans son ordre
l'esprit du saint fondateur. Il fut obligé d'accompagner en France
le légat Alexandrin , neveu du pape Pie V, et , à son retour à
Rome, il mourut en 1572, âgé de soixante-deux ans, et fut cano-
nisé par le pape Clément X, en 1661 .
11 octobre. — SAINT LOUIS BERTRAND, cozyfessbuh.
— 16e siècle.
Louis Rcrtrand naquit à Valence , dans l'Espagne Tarragonaise,
de parents pieux et honorables. Il commença presque dès la pre-
mière enfance l'apprentissage de la sainteté et de la pénitence.
lorsqu'il fut plus âgé , il couchait quelquefois sur la terre nue,
passait souvent les nuits sans dormir, el s'appliquait avec empresse-
ment à remplir les devoirs qu'inspirent la piété et la charité. Plein
de mépris pour le monde et rempli d'ardeur pour la vie reli-
gieuse , il triompha par une admirable constance des artifices au
moyen desquels ses parents s'efforçaient de le détourner de sa
sainte résolution. Étant enfin parvenu à ce qu'il désirait, il s'en-
rôla dans l'ordre des Frères prêcheurs. Il y fit tant de progrès
que, bien que novice , il devint un modèle pour de plus avancés
que lui dans la hiérarchie de son ordre. Ayant prononcé ses vœux,
il est merveilleux de penser par quel accroissement de toutes les
vertus il ajouta encore à sa première manière de vivre. Domptant
sa chair par les jeûnes, les disciplines, les cilices et les veilles,
il donnait continuellement à son âme la nourriture spirituelle de
l'oraison. Il y puisait tant de modestie, tant de pureté intérieure,
que ce sentiment se manifestait dans son regard , et sur les trahi
de son visage.
Bien jeune encore , ayant été institué préfet des novices, il les
formait à tout ce que se propose la sainteté, par sa parole comme
par ses exemples. Envoyé pour prêcher l'Évangile aux Indes oc-
cidentales, et quoiqu'il ne parlât que la langue espagnole, des na-
tions différentes entre elles et éloignées les unes des autres l'en-
tendaient chacune comme s'il parlait dans sa propre langue;
*m
e
«
.r»
12 octobre. — les mabtybs d'àfiuqiie. 315
b en amena-t-il une quantité innombrable à embrasser la foi
ée Jésus-Christ. Plus d'une fois sans en éprouver de mal, il avala
du poison que les sauvages de ces pays lui avaient offert comme
une boisson inoffensive. Un chef qui avait pris pour une attaque
personnelle des reproches que le zélé prédicateur adressait en
public à la généralité des vices , fut tout près, pour s'en venger
4e lui donner la mort , lorsque tout à coup l'arme, qu'il lui ap-
puyait sur le corps, se changea en un crucifix. Tout troublé d'un
pareil miracle , le criminel agresseur se jeta aux pieds du saint ,
et le supplia de lui pardonner un attentat aussi coupable.
Bien digne d'être remarqué pour son humilité comme pour sa
patience, le bienheureux répétait de temps en temps : « Seigneur!
ici brûlez, ici tranchez, ici ne m'épargnez pas, pourvu que vous
me fassiez grâce dans F éternité. » Inspiré de l'esprit prophé-
tique , il prédit beaucoup de choses. 11 éteignit un incendie avec
le signe de la croix , apaisa une tempête, arrêta des bêtes féroces
qui s'élançaient pour dévorer, et rendit la vie aux morts, la vue aux
aveugles, la marche aux boiteux, et l'ouïe aux sourds. Enfin, brisé
par les pratiques laborieuses dune dure pénitence , et ayant reçu
comme il convient les sacrements de l'Eglise , il s'en alla au ciel
le 9 octobre 1581 , à l'âge de cinquante-cinq ans. Illustré par de
nombreux miracles avant comme après sa mort , Paul Y le mit
au nombre des bienheureux , et Clément X le rangea parmi les
saints.
12 octobre. —LES MARTYRS D'AFRIQUE. —5e siècle.
Hunéric , roi des Vandales en Afrique , ayant résolu la ruine
totale de la foi catholique dans l'étendue de ses États , envoya en
une seule fois en exil , dans les déserts, quarante-neuf mille cent
soixante-seize évêques , prêtres , diacres et simples fidèles , mal-
gré les incommodités et les maladies d'un grand nombre , et l'âge
fort avancé des autres. Du nombre de ces derniers était l'évêque
Félix , à qui une paralysie avait fait perdre le sentiment et la
parole. Quelques-uns des principaux personnages de la cour re-
présentèrent au roi la situation de cet évêque , et le prièrent de le
laisser mourir à Cartilage , puisqu'il avait si peu de temps à vivre,
et que d'ailleurs il était comme impossible de l'emmener. Ce prince
cruel répondit avec fureur : S'il ne peut aller à cheval, qu'on l'at-
31 G 12 octobre. — les martyrs d'afriqu£.
tache avec des cordes à des bœufs qui le traîneront où je veux
qu'il aille. Amsi Ton fut contraint de le mettre de travers sur
mulet , comme Ton aurait fait d'un tronc d'arbre.
Tous ces confesseurs de la divinité de Jésus-Christ furent
semblés dans les villes de Sicque et de Lare , pour être mis sous
la garde des Maures, qui devaient les conduire dans les déserts.
Deux comtes des Vandales, qui étaient chargés de l'exécution des
ordres du roi , crurent qu'il leur serait aisé de ramener à la reli-
gion du prince cette troupe accablée d'infirmités et de fatigues :
aussi leur proposèrent-ils d'obéir à ce que la cour demandait d'eux.
Mais ils furent bien étonnés de trouver, parmi une grande quan-
tité de personnes, une confession unanime de la foi catholique.
Ils prirent donc le parti de les faire enfermer dans de vastes pri-
sons , où d'abord on les traita avec quelque ménagement.
Quand les exécuteurs de la persécution virent qu'ils ne gagnaient
rien sur eux , ils eurent recours aux mauvais traitements. Les
serviteurs de Jésus-Christ furent resserrés dansde très-petites cham-
bres, avec défense expresse aux gardes, de les laisser visiter; et
ceux qui , par argent ou par pitié , se laissaient gagner, étaient
chargés de coups de bâton dès qu'on le savait. Les saints confes-
seurs se trouvèrent réduits, par la petitesse des lieux, h demeurer
entassés les uns sur les autres comme les fagots d'un bûcher, ou
plutôt comme les grains d'un froment très-pur. Comme on ne
leur permettait pas de sortir pour satisfaire aux besoins de la
nature, il se forma dans ces tristes demeures une corruption
dont la puanteur surpassait tous les genres de supplices. L'infec-
tion en fit mourir plusieurs : ce qui obligea enfin les Maures à
faire sortir les autres pour achever leur voyage. Le bienheureux
Cyprien, évêque d'Unzibir, était celui qui avait le plus de talents
pour consoler tant d'illustres persécutés. Il n'était pas du nombre
des exilés ; mais son zèle l'attacha à cette généreuse troupe, dont
il enviait la gloire. Quelque temps après , il eut le bonheur d'a-
voir part à leurs souffrances et d'être banni pour la foi de Jésus-
Christ.
Les chemins par où passaient les confesseurs étaient couverts
d'une multitude de catholiques qui accouraient des villes et des
provinces voisines , la plupart un cierge à la main , pour honorer
leur triomphe. Ils faisaient baiser à leurs enfants la trace des
pas de ces saints martyrs, et demandaient, par leurs cris et leurs
plaintes, qu'on leur rendît quelques-uns de leurs évéques et de
IJ octobre. — s wîlfbid, êv. d'yorck. 317
leurs prêtres, pour les conduire et leur administrer les sacre*
mente; mais on n'eut égard ni à leurs prières , ni à leurs larmes.
On pressait durement les confesseurs de hâter le pas , afin de pou-
voir arriver plus promptement dans les déserts. Les vieillards et
les enfants ne pouvant plus se soutenir, on les piquait avec la
pointe des javelots , puis on leur jetait des pierres pour les faire
avancer. On s'aperçut que tous ces moyens ne servaient qu'à les
affaiblir davantage, et Ton ordonna aux Maures de les lier par
les pieds et de les traîner, comme des cadavres de bétes mortes,
à travers les cailloux et les épines. La plupart en eurent la tête et
les côtes brisées , et rendirent l'esprit entre les mains des barbares.
Ceux qui se trouvèrent plus forts arrivèrent enfin au lieu de leur
exil. (Tétait un endroit sec et aride , rempli de serpents et de
scorpions. Les serviteurs de Dieu y furent d'abord nourris d'orge
comme les autres , mais on leur ôta ce secours bientôt après.
Saint Victor de Vite, qui a laissé par écrit l'histoire de cette per-
sécution , était un de ceux qui suivirent les saints confesseurs
pour les consoler et leur donner tous les secours qui dépendaient
<Teux.
12 octobre — SAINT WILFRID, évêque d'Yobk. — 7e
et 8* siècle.
AVilfrid naquit en Angleterre, vers Tan 634 , dans le royaume
de Northumberland. Il fonda un si grand nombre d'églises, qu'il
semble que la Providence le donna à sa patrie pour en être l'a-
pôtre. Son éducation, partagée entre l'étude de la religion et celle
des sciences , eut des succès très-rapides , et annonça en lui un
modèle de vertu et de savoir. Il passa à Cantorbéry le temps né-
cessaire pour s'y former à la connaissance de la discipline et des
rites de l'Église romaine, qui y étaient en plein exercice. Il fit,
étant encore jeune , un voyage à Rome , et fut connu du pape
Martin et du savant Boniface , son secrétaire. De retour en An-
gleterre, il gouverna le monastère de Rippon , et y fut ordonné
prêtre deux ans après, puis sacré évêque de Northumberland.
Des circonstances critiques l'ayant empêché d'aller tout de suite
occuper ce siège , il se retira à son monastère de Rippon jusqu'à
l'année 669, qu'il fut nommé évêque d'York.
Sa vertu éminente et son éloquence persuasive renouvelèrent
27.
318 12 octobre. — le bienheur. jacques d'ulh.
la face de la religion dans ce diocèse. 11 ranima aussi la ferveur
dans les monastères. Il encourut la disgrâce du roi Egfrid , par
son zèle à défendre les droits de la religion. Ce fut alors qu'il
s'embarqua pour retourner à Rome ; mais des vents contraires
Tayaut jeté sur les côtes de la Frise, il s'y arrêta près d'un an,
y convertit un grand nombre d'idolâtres , fonda plusieurs églises,
et y établit des pasteurs. Il arriva enfin à Rome en 679, où le pape
Agathon lui témoigna la plus haute estime. Wilfrid , après avoir
assisté au concile de Latran, qui condamna l'hérésie des Mono-
théiites , crut devoir retourner en Angleterre pour y reprendre
ses fonctions. Mais ses ennemis y étaient encore si puissants, qu'ils
lui suscitèrent une nouvelle persécution soit de la part des grands,
soit de la part des personnages les plus distingués du clergé. Il
fut souvent victime de l'envie de ceux-ci et de la vengeance des
premiers.
Le pape Jean VI, s'étant déclaré en sa faveur, chargea l'évéque
de Cantorbéry de convoquer un synode , afin de rendre justice à
Wilfrid. L'assemblée fut composée d'évéques, d'abbés et de princes.
Le roi même s'y rendit. On reconnut tous les droits de notre saint,
et ses vertus, qui plus d'une fois, avaient été illustrées par des
miracles, changèrent pour lui en témoignages de vénération tous
les procédés injustes dont il avait longtemps éprouvé les excès.
11 mourut le 24 avril 709, à l'âge de soixante et quinze
12 octobre. — Le bienheureux JACQUES D'ULM,raÈHB
CONVERS DE LORDRE DE SàIiNT-DOMINIQUB, CONFESSEOB.
— 15e siècle.
Jacques, né à Ulm en Allemagne, d'une honnête famille, et
élevé pieusement et saintement par son père , trouvait le plus grand
plaisir à aller entendre les prédications et à assister aux divins
offices. Parvenu à l'adolescence , avec l'approbation paternelle il
se rendit à Rome , pour y contempler de plus près les lieux qu'ont
illustrés les combats du Prince des apôtres et ceux de tant d'au-
tres athlètes du Christ. En revenant dans sa patrie, dès qu'il ar-
riva à Bologne il advint, par une volonté de la Providence, qu'il
entra de préférence et principalement pour y prier dans une église
de Tordre des Frères prêcheurs. Là, oubliant peu à peu son père
et sa patrie , il résolut de prendre l'habit religieux de Saint-Do-
3 octobre. — s. Edouard le confesseur. 819
mpuqoe. Bîeo qu'A eût acquis quelque connaissance des lettres v
Î voulut, par suite de son extrême humilité, faire partie du nombre
Il Irères que Ton appelle convers.
^fatis en religion, il se donna sur-le-champ tout entier au
~^~t de Dieu , et n'omit rien de ce qui pouvait appartenir à un
véritables adorateurs. Il avait un tel sentiment de son abais-
quebien qu'il ne le cédât à personne dans la perfection,
t de prononcer ses vœux solennels , s' étant prosterné aux
MMJpt de chacun des religieux f il les supplia de ne point le re-
perde leur communauté, parce que tous ses crimes et ses péchés
Ijpïettt pu les offenser. U observa avec une telle constance et
pç Jiefle fidélité ce qu'il avait promis à sa profession, qu'il devint
4Jbr tous un modèle admirable d'obéissance, de pauvreté et de
gjfjpnce. Il garda perpétuellement intacte la chasteté au moyen
» jeûnes, des veilles et de la prière. C'était en répandant d'a-
mih***** larmes qu'il se livrait à la contemplation des tourments
lu Sauveur et de sa mort si cruelle. Continuellement il adres-
rit à Dieu de ferventes prières pour les vivants et pour les morts,
1 3 ne trouvait rien de plus agréable que de servir les malades
tons son couvent.
Pour accomplir exactement les règles de son ordre , il déclara
ne guerre continuelle à l'oisiveté ; aussi arriva-t-il à un si haut
legré de sainteté, qu'il mérita d'être comblé des dons célestes.
tafin, après avoir supporté patiemment des douleurs très-vio-
entes, et étant plus qu'octogénaire, il eut le pressentiment que
b terme de son pèlerinage vers l'éternité s'approchait. Après avoir
«ça très-pieusement les sacrements de l'Église , et s'être disposé
ni-méme les pieds et les mains conformément à la décence , il
ixhala son âme bienheureuse en l'année 1491 . Il se fit un grand
onoours de peuple pour vénérer son corps , qui fut enterré à
•art, et qu'on dit avoir été glorifié par de nombreux miracles.
I en résulta que le bienheureux fut honoré d'un culte qui n'a ja-
oois cessé jusqu'à nos jours , et que le pape Léon XII a approuvé
['après l'avis de la congrégation des Rites.
13 octobre. — SAINT EDOUARD le Confesseur,
boi d'Angleterre. — 11e siècle.
Saint Edouard , était fils d'Éthclred II, roi d'Angleterre, et
l'Kmme, fille de Richard Ier, duc de Normandie. Le règne du
320 13 octobre. -— s. ËDOtunu le cosfessbuh.
père d'Edouard fut malheureux , parce qu'il fut faible. Les Da* t
Dois, Payant détrôné, firent à ses sujets tous les maux que la t.
haine et la perfidie peuvent inspirer à des ennemis sans foi et ,,'
sans humanité. Ce prince, après avoir perdu ses Etats, se retira „
avec sa famille en Normandie. Suénon , roi des Danois, qui ft {-'
la conquête de l' Angleterre, mourut la même année. Canut, ^
son fils, devint roi d'Angleterre, et y régna dix-neuf ans. G* .;
prince étant mort en 1030, ses États furent partagés entre ses '\
enfants; Ilarold eut l'Angleterre, où il régna pendaut trois ans,
et mourut en 1039. Ce fut alors qu'Edouard quitta sa retraite de ï
Normandie pour passer en Angleterre. Les Anglais, las devin*
sous la domination des rois étrangers, résolurent de rétablir ','
saint Edouard, leur prince légitime, sur le trône de ses pères. .,
11 fut sacré le jour de Pâques 1012 , à l'âge d'environ quarante '
ans. *
Ses vertus lui gagnèrent bientôt tous les cœurs ; et malgré k$ '
circonstances critiques dans lesquelles il monta sur le trône, l
son règne fut un des plus heureux qu'on eût jamais vus, tanti "
cause de la piété , de la justice et de la bienfaisance du Jeans *
prince , que par la sagesse des lois, le zèle de la religion et le 4
maintien des bonnes mœurs, qu'il eut soin de faire observer.
Edouard n'entreprit qu'une seule guerre , qui eut pour objet le [
rétablissement de M «il col m, roi d'Ecosse, et elle fut terminée !
par une victoire glorieuse. Le pieux roi , dont le caractère était
composé de toutes les vertus morales et chrétiennes , avait une '
charité , une humilité et une délicatesse de conscience sur tout *
ce qui concernait la plus exacte pureté , qui , sans nuire à la di- ;*
gui té du sceptre , faisaient l'admiration générale.
Edouard se vit comme forcé par le vœu général de la nation ï
de prendre une épouse. Son choix se fixa sur Edith , qui Joh ^
gnait à une vertu éminente toutes les qualités du coeur et de ><(
l'esprit; elle était fille de Godwin, comte de Kent, prince k *
plus riche et le pi ils puissant du royaume. Le roi déclara à M ^
nouvelle épouse qu'il avait fait vœu de chasteté perpétuelle. *.(!
Edith entra dans ses vues, et ils convinrent qu'ils vivraient dans >>»
l'état du mariage comme frère et sœur. Le saint roi se moutra
plus que jamais le père des pauvres ; il fonda des églises , det
monastères et d'autres établissements utiles à son peuple. Les
revenus de stw domaines étaient si sagement administrés , qu'ils
suffisnient pour tout ce qu'il entreprenait Ses sujets n'eurent
IS octobre. — s. éuouabd le confesse». 321
Jms lieu de se plaindre des impôts pour les besoins de l'état.
Le code des lois de ce prince, respecté et usité encore en par-
la Grande-Bretagm , lui mérita le nom du plus sage
de son temps. 11 ce Ita le pape Léon IX, sur la pro-
gull avait faite, pendant s «il en Normandie , de visi-
tombeaux des saints A] sa Rome, si le Seigneur per-
qu*il rentrât dans les dn de son père sur l'Angleterre.
souverain pontife, perse e que le roi ne pouvait quitter
Etats sans exposer son peuple à de grands dangers, le dis-
de l'accomplissement de son vœu, à condition qu'il dis-
aux pauvres l'argent qu'il aurait dépensé en venant à
9 et qu'il bâtirait ou doterait un monastère en l'honneur
Pierre. Edouard , après avoir réparé et fait des donations
es au monastère qui était hors des murs et au cou-
de la ville de. Londres , voulut encore qu'il fût honoré de
On lui donna le nom de Westminster; il est devenu
célèbre par le sacre des rois et par la sépulture des grands
royaume.
"THi faisant la fondation dont nous venons de parler, Edouard
fjpfriiîr ériger un monument qui attesterait aux siècles futurs
\m tèle pour la gloire de Dieu, et sa dévotion pour le Prince
iiapdtres. S'étant trouvé mal avant la cérémonie delà dédi-
' ftee de 1 église de Westminster, il y assista cependant jusqu'à la
h; mais il fut obligé de se mettre au lit. Il ne pensa plus qu'à
• préparer à la mort , par des actes fervents de piété et par la
faction des sacrements. Voyant la reine fondre en larmes,
8 lui dît : « Ne pleurez plus; je ne mourrai point, mais je vi-
« vrai. Pespère , en quittant cette terre des morts , entrer dans
« la terre des vivants , pour y jouir du bonheur des saints. »
Il expira le 5 janvier 1066, dans la soixante-quatrième année
jfeson âge. Dieu le glorifia par plusieurs miracles. Il fut cano-
nisé en 1161, par Alexandre III. Saint Thomas, archevêque de
lantorbéry, fit la translation de ses reliques le 13 octobre, jour
«iquel on a depuis célébré sa principale fête.
322 M octobre. — s. callistb, pape et mahtyh.
14 octobre. — SAINT CALLISTE, pape et mabtyr.
— 3e siècle.
Calliste ou Calixte, Romain de naissance, gouverna l'Eglise
sous l'empire d'Antonin-IIéliogabale. Il établit qu'aux Quatre^
Temps le jeûne, qui était de tradition apostolique, serait ol
par tous les chrétiens. Il bâtit la basilique de Sainte-Marie
delà du Tibre , et agrandit sur la voie Appicnne l'ancien cil
dans lequel une multitude de saints prêtres et de martyrs
reçu la sépulture : c'est à cause de cela qu'on Ta appelé GtOÊJA
ticre de Callistc. Par un effet de la piété du même pootifitJ
il prit soin de rechercher attentivement dans le * Tibre « où V
avait été jeté , le corps du bienheureux prêtre et martyr Calj^
podius, et de l'ensevelir avec honneur lorsqu'il l'eut retroutf.'
lorsqu'il eut purifié par le baptême Palmatius, revêtu de la <&V
gnité consulaire, Simplicius, qui avait celle de sénateur, etFflt*
et Blanda, néophytes, qui tous plus tard souffrirent le mar-
tyre, il fut mis en prison. Là, il gagna à Jésus-Christ le sol»
(fat Privatus, après l'avoir merveilleusement guéri des ukètSf
dont il avait le corps rempli. Ce dernier, peu de temps apiii
avoir embrassé la foi , succomba pour elle sous les coups 4$
fouets plombés dont on le frappa jusqu'à ce qu'il en mourût, GftV
liste occupa Ici saint-siége cinq ans un mois et douze Joma.
Après qu'on lui eut fait endurer pendant longtemps la ftfan,
et qu'on l'eut fréquemment battu , on le précipita dans un poils. ,
C'est ainsi qu'il reçut la couronne du martyre en Tan 2*2, soûl ,
l'empereur Alexandre Sévère. Son corps, qui fut alors porté II t
14 octobre au cimetière de Calépodius, a trois milles de Rome, ,
sur la voie Aurélia , fut par la suite transféré dans la Basfliqi ^
Sainte- Marie au delà du Tibre , que le saint pape avait Mt bfttir, ^
et placé sous l'autel principal ; il y est l'objet de la plus grandi ^
vénération.
•i
i
14 octobre. — sainte angadrème, vierge. 323
ctobre. — SAINTE ANGADRÈME, vierge, patronne
de Beauvais. — 7e siècle.
gadrème était fille de Robert, garde du sceau de Clotaire III,
«tinte Batbilde. Elle eut le bonheur de connaître et d'ai-
Jétua-Ghrist : des son bas-âge, et de concevoir une grande
fion pour toutes les vanités du siècle : ce qui lui inspira de
mer à Dieu sa virginité. Robert son père, qui ne savait
les dispositions de sa fille, ne fît point de difficulté de la
«tiré à un puissant seigneur du Vexin , nonimé Siwin , qui
demandait pour son fils Ansbcrt. Ce jeune homme, qui dès
■lance avait été conduit par le même esprit qu' Angadrème ,
it pas moins d'éloignement qu'elle pour le mariage. L'un et
e néanmoins, accoutumés au respect et à l'obéissance qu'ils
eot à l'autorité paternelle , n'osèrent d'abord résister à la
Eté de leurs parents. On prit un jour pour les accorder et
foire Fentrevue. La première fois qu'ils se virent, ils se
auniquèrent leurs pensées et leurs résolutions , et convinrent
mander à Dieu que, si sa volonté était de les unir par le ma-
, il lui plût de préserver leur cœur du poison de la volupté
l'amour des créatures. Angadrème, étant en son particu-
offrit à Dieu le désir qu elle avait de ne vivre que pour lui ,
conjura de vouloir effacer en elle ce qui pouvait attirer les
des hommes. Dieu eut égard à l'ardeur de sa prière : elle
laquée d'une maladie dangereuse , et il lui resta une grande
mité après sa guérison.
a père, qui l'aimait tendrement , eut recours à l'art des mé-
s; mais la sainte pria pour que les remèdes fussent inutiles,
rte que les médecins déclarèrent à Robert que sa fille reste-
léfigurée. Le père voulut la consoler sur cette prétendue dis-
, et la sonder sur la rupture de son mariage. Angadrème
it s'empêcher d'avouer à son père qu'elle regardait comme
aveur du Ciel ce qu'il appelait disgrâce ; qu'elle avait tou-
souhaité de n'avoir point d'autre époux que Jésus-Christ ,
elle s'estimait fort heureuse de ce que Dieu , sans la mettre
nger de désobéir, avait empêché son mariage. Robert, vou-
econder ces saintes résolutions, la mena lui-même à Rouen,
e reçut le voile des mains de saint Ouen. On lui bâtit un
324 14 octobre. — saint dom inique l'encuibassé.
monastère près d'un lieu consacré à la retraite de quelques servi <
leurs de Dieu, que l'on nomme l'Oratoire , h cause d'une du i
pelle où ils s'assemblaient pour prier. Angadrème se vît bieutty
la tète d'une communauté de vierges et de veuves réunies pool ;
suivre Jésus-Christ. Après les avoir édifiées par une vie
plaire pendant près de trente ans, elle mourut le 16 octobre
Tan 098. Son corps fut transporté, au neuvième siècle, à
vais, pour le mettre à couvert des insultes des Normands. Cette;
ville s'est mise sous le patronage de sainte Angadrème.
14 octobre. — SAINT DOMINIQUE l'encuir assb , soli-
taire. — 11e siècle.
Dominique vivait dans le onzième siècle , où la simonie était
fort commune. Ayant passé par tous les degrés de la déricatun,
il fut élevé à la prêtrise ; en cette occasion ses parents firent des
présents à l'évoque pour qu'il conférât cet ordre à leur fils. Do-
minique était de bonnes mœurs et avait le cœur droit, mais ses
lumières étaient peu étendues. Il reconnut néanmoins dans la
suite la faute que ses parents avaient faite ; il en fut si touché»
qu'il résolut de renoncer pour toujours aux fonctions d'un ordre*
qu'il croyait avoir acquis par une voie illégitime. Voulant encore
porter plus loin la satisfaction qu'il croyait devoir à la justice , il
résolut de renoncer au monde et de se consacrer entièrement ans
exercices de la pénitence. Après avoir embrassé la profession re-
ligieuse, il se retira dans un ermitage de l'Apennin, sous la dis-
cipline d'un saint homme nommé Jean, supérieur de dix-huit
cellules. La vie que l'on menait dans cet ermitage était des plu '
austères : on n'y buvait point de vin, et l'on n'y mangâaft pi *
viande, ni graisse, ni beurre, ni laitage; on jeûnait au pain et '
à l'eau toute la semaine, hors le dimanche et le jeudi; on y par- .'
tageait tout son temps entre la prière et le travail des mains , cC '
on n'en laissait qu'une très-petite portion pour prendre le repoi *
gardait un silence exact pendant toute la semaine, et l'on
parlait que le dimanche au soir après le repas , c'est-à-dire entre x
vêpres et complies. On n'y portait point de chaussure, et l'on s'y *
macérait le corps par différentes austérités. '
16 octobre. — sainïk Thérèse, vierge. 325
Dominique, ayant passé plusieurs années de la sorte sous la
conduite de son supérieur Jean, se mit ensuite avec sa permission
celle du B. Pierre Damien, qui fut depuis cardinal et évéque
et qui était alors dans son ermitage de Fontevelle, au pied
. -de l'Apennin. Quand ils commencèrent à vivre ensemble, il y avait
V déjà longtemps que Dominique portait sur sa chair une cuirasse,
p de fer qui lui avait fait donner le surnom à" Encuirassé ; il ne la
j» fuittait que pour se déchirer le corps par les macérations les plus
extraordinaires.
Ses austérités ne l'empêchèrent pas d'arriver à une grande vieil-
lesse. Pierre Damien l'avait obligé pendant quelque temps à boire
on peu de vin, à cause d'une grande faiblesse d'estomac dont il
était incommodé ; mais sur la fin de sa vie il s'en priva entière-
ment. Lorsque Dieu voulut mettre fin à sa pénitence, ses douleurs
d'estomac augmentèrent de telle sorte qu'on le détermina à cher-
cher quelque soulagement dans la médecine. l>s remèdes ne ser-
virent qu'à augmenter le mal. La veille de sa mort, il récita Mati-
nes et Laudes avec ses frères , et , pendant qu'ils disaient Primes
auprès de son lit, il alla recevoir la récompense après laquelle il
soupirait depuis si longtemps. Ce fut le samedi 14 octobre , l'an
de Jésus-Christ 1062.
15 octobre. — SAINTE THÉRÈSE, vierge, fondatrice
des Carmélites déchaussées. — 1GP siècle.
Tlusrèse naquit à Avila , ville du royaume de Castille , en Es-
pagne , au mois de mars 1515. Elle était la seconde des trois filles
d'Alphonse San chez de Cépède et de Béatrix d'Abumade, tous
deux de familles nobles et anciennes, mais plus recommanda-
blés encore par leurs vertus. Alphonse faisait tous les jours la lec-
ture de la Vie des Saints dans sa famille. J^a petite Thérèse y
prit un goilt particulier, et souvent elle prenait le livre pour con-
tinuer cette lecture pendant plusieurs heures de suite, avec un
frère qu'elle aimait beaucoup. L'histoire des Martyrs leur plaisait
encore plus que les autres récits. En les lisant ils se disaient sou-
vent l'un à l'autre qu'ils voudraient bien aussi mourir pour Jésus-
Christ. A force de se le dire , ils crurent qu'ils pouvaient exécuter
ce dessein , et ils étaient déjà sortis pour passer chez les Maures
quand un de leurs parents, qui les rencontra, les ramena à la
yiks des saints. — t. ii. 28
320 \:> octobre. — sai.vtk tiikrkkk, vieuge
inoison paternelle. Ce qui les frappait davantage ot les portait à
prendre une telle résolution , c'était la crainte (le périr pour une
éternité en vivant plus longtemps sur la terre. Quoi! être toujours
séparés de Dieu ! Quoi ! toujours brûler dans les enfers , disait
Thérèse à son frère! Qui peut soutenir une telle pensée? Voyant
qu'ils ne pouvaient être martyrs , ils résolurent de vivre eu er-
mites; ils élevèrent dans cette intention, comme ils le purent,
de petites cellules avec des branches d'arbres , dans le jardin de
leur père , et ils s'y retiraient souvent pour prier. Ce n'étaient là
que des actions d'enfauts, mais elles marquaient la disposition
de leur cœur.
Thérèse surtout faisait paraître un ardent amour pour tout ee
qui tenait à la vertu ; mais la mort de sa mère, qu'elle perdit à
l'âge de douze ans, arrêta ces beaux commencements, et sus*
pendit , pour ainsi dire , le cours rapide de sa piété. Etant moins
surveillée , elle fut moins attentive à ne lire que ce qui pouvait
l'édifier, et ayant trouvé des romans dans sa propre maison, elle
les lut, et y apprit tout ce qu'on a coutume d'y apprendre, l'a-
mour delà vanité, la passion de briller et le désir d'être aimée.
Une liaison qu'elle lit d iu\ ans après avec une de ses parentes
d'un esprit volage et mondain lit croître les semences de mort
que la lecture des romans avait jetées dans son cœur. Thérèse,
auparavant simple dans ses manières, si pure dans ses mœurs,
devint, comme les autres filles de son âge, dissipée, n'aimant
plus (pie soi et le plaisir ; l'esprit de ferveur et de dévotion fut
bientôt éteint; ce dérangement serait allé plus loin si son père,
qui s'en aperçut, ne l'eut mise en prison dans un couvent des
Augustines. Elle y resta un an et demi , et y profita beaucoup par
les bons exemples qu'elle y reçut et par les solides instructions
de la maîtresse des pensionnaires, qui avait toutes les vertus de
son état. Thérèse, réfléchissant sérieusement sur les dangers
qu'elle avait courus, rendit grAces à Dieu , qui l'avait arrachée au
précipice où sa jeunesse et son imprudence l'eussent jetée sans
lui, et, pour éviter d'y tomber à l'avenir, elle résolut de s'engager
dans la vie religieuse.
Klle se retira dans le monastère de l'Incarnation, de Tordre du
MontrCarmel, à Avila, et y prit l'habit le 2 novembre 1*59, à YAgs
de vingt et un ans. « Dans le moment que je pris cet engagement,
dit-elle, j'éprouvai de quelle sorti! Dieu favorise ceux qui se font
violence pour le servir, (le souvenir fait encore sur mon esprit une
15 octobre. — sainte thébèse, vierge. 327
impression si forte qu'il n'y a rien, quelque difficile qu'il fût, que
Je craignisse d'entreprendre pour le service de Dieu : c'est pour-
quoi, si j'étais capable de donner un conseil, je ne serais jamais
caris, lorsque Dieu nous inspire de faire une bonne œuvre et
qu'il nous excite plusieurs fois, de manquer à l'entreprendre par
h crainte de ne pouvoir l'exécuter; car, si c'est son amour qui
y porte , et si c'est pour lui qu'on l'entreprend , elle réus-
certainement , rien n'étant impossible à l'amour de Dieu. »
Plus elle avançait dans la piété, plus elle apercevait en elle
d'imperfections et de taches -, ee qui servait beaucoup à l'humilier,
et par conséquent à rendre ses prières encore plus ferventes. Elle
ne s'en tint pas à une vue stérile de ses défauts, elle les combattit
tous, résolue de les détruire, afin d'être agréable aux yeux de
Dieu, qui ne souffre rien d'impur ni de souillé. Les progrès qu'elle
fit dans la vertu surprirent ses sœurs, qui n avaient ni le cou-
rage ni peut-être la volonté de l'imiter. Le couvent où elle vivait
était un de ces monastères mitigés où l'on trouve souvent plus de
commodités du siècle que dans le siècle même. Thérèse désirait
ardemment que ses soeurs embrassassent une réforme qui les ap-
prochât davantage de la perfection évangélique et de l'esprit de
leur institut. Plus elle y réfléchissait , plus elle déplorait le mal-
heur des monastères qui ne sont pas réformés.
Comme elle s'occupait de ces pensées, Dieu permit qu'une
personne lui parlât du dessein qu'elle avait de fonder un monas-
tère, si quelques religieuses voulaient entreprendre d'y observer
la règle de l'ordre du Mont-Carmel dans toute sa pureté. Thérèse
goûta ce projet et promit de seconder cette sainte entreprise de
tout son pouvoir. On ne peut dire à quelles persécutions elle se
vit exposée dès que son intention fut connue. On la traita de
visionnaire, d'extravagante; son ordre même fit tout ce qu'il
put pour la traverser; mais Thérèse, pleine de confiance en Dieu,
semblait s'encourager par les efforts mêmes qu'on faisait pour
l'empêcher d'exécuter ses résolutions. Enfin, victorieuse de tous
les combats qui lui furent livrés, elle eut la consolation de voir
le premier monastère de la réforme fondé dans Avila, sous le nom
de Saint- Joseph, en l'an lâ(>2. le nouvel institut s'accrut si rapi-
dement que sur la fin de la r;' formatrice on comptait seize cou-
vents de Carmélites. Elle eut la consolation de voir ses nombreux
établissements approuvé:» par l'Église, et ses efforts couronnés
par la vénération et lr» confiance des fidèles.
328 1C octobre. — s. g al, abbé.
Thérèse mit pour fondement de sa règle l'exercice de \\
et la mortification des sens; elle établit la clôture la plus exacte,
ferma les parloirs, défendît les entretiens du dehors, rendit les
conversations du dedans courtes et fort rares. Comme elle s'était
aperçue que le défaut de bons confesseurs était ce qui lui avait
fait à elle-même beaucoup de tort , elle eut soin d'en procurer
d'un grand mérite à chacune de ses maisons. Son zèle ne se borna
pas à la réforme dits religieuses de son ordre, elle voulait la faire
passer jusqu'aux religieux. Thérèse sentit les difficultés de ce nou-
veau projet ; mais elle eut recours à Dieu, son refuge ordinaire. Le
premier qui prit l'habit et la règle de la réforme parmi les hom-
mes fut le P. Jean, qui prit le surnom de la Croix ; son exemple
fut bientôt suivi par beaucoup d'autres. C'est cette réforme que
suivent les Carmes qu'on appelle Déchaussé*. Quatorze
nastères avaient été fondés lorsque Dieu appela Thérèse à loi.
Quoique son corps, naturellement faible et délicat, fût
plus épuisé par les maladies fréquentes, elle entreprenait ce qu'A y
avait de plus difficile avec une ardeur surprenante, et l'exécutait
avec un courage qui semblait au-dessus de ses forées. Rien ne pa-
raissait lui coûter; aussi avait-elle coutume de dire : Seigneur, ou
souffrir ou mourir. Elle mourut le 4 octobre 1582, âgée de plus
de soixante ans.
1G octobre. — SAINT GAI,, abbé en Suisse. — 7e siècle.
Saint Gai naquit en Irlande, vers le milieu du sixième siècle
11 sortait d'une famille noble et vertueuse, qui le consacra h Dieu
dès sa naissance, et le mit dans le monastère de Bencor, qui était
alors gouverné par les saints abbés Longal et Colomban. Ce mo-
nastère était très-renommé pour son école : saint Gai sV rendit
habile dans la grammaire, la poésie et surtout la connaissance de
l'Écriture Sainte. Lorsque saint Colomban quitta l'Irlande, il fut
un des douze qui le suivirent en Angleterre, et qui passèrent en
France avec lui, vers l'an 585. Ils furent reçus avec bonté par le
pieux Sigebert, roi d'Austrasie et de Bourgogne. Les libéralités
de ce prince mirent saint Colomban en état de fonder le monas-
tère d'Anegray, dans une forêt, au diocèse de Besancon, et celui
de Tiiixeiiil, deux ans après.
Jjc saint abbé ayaut été chassé de ce dernier monastère par le
roi Thierry, qu'il avait repris de ses désordres, il se retira avec
17 octobre. — sainte hedwige ou a voie, veuve. 329
saint Gai dans les États de Théodebert , alors roi d'Austrasie. Lé
pieux Vfllemar leur procura une retraite près du lac de Constance.
Les saints se construisirent des cellules, et convertirent les païens,
qm furent si pénétrés de leurs discours qu'ils brisèrent leurs
ilotes, et les jetèrent à l'eau. Théodebert ayant été tué par Thierry
-tes un combat, saint Golomban se retira en Italie. Saint Gai
roulait l'y suivre; mais une maladie grave l'en ayant empêché,
1 remonta le lac, bâtit quelques cellules, qui donnèrent naissance
an monastère connu depuis sous le nom du saint. Ayant appris
la langue du pays, il travailla à la conversion des idolâtres, qui
étaient en grand nombre, et il les convertit presque tous par ses
discours, ses miracles et ses exemples.
Son humilité l'empêcha d'accepter le siège épiscopal de Cons-
tance ; et pour se délivrer des instances du peuple et du clergé,
I leur proposa le diacre Jean, son disciple, qui fut élu d'une voix
unanime. Saint Gai ne quittait sa cellule que pour aller annoncer
les vérités de la foi ; il s'attachait surtout à l'instruction des hom-
mes les plus ignorants et les plus abandonnés. Il retournait en-
suite à son ermitage, où il passait les jours et les nuits dans la
prière et la contemplation. En G25, les moines de Luxeuil le choi-
sirent pour succéder à saint Eustase , leur abbé ; mais il refusa
cette dignité. Il était alarmé à la vue des dangers que court le su-
périeur d'une communauté nombreuse. II mourut Fan 646 , le 16
octobre, jour auquel il est honoré dans l'Eglise. L'abbaye de
Saint-Gai est célèbre par les grands hommes qu'elle a produits.
17 octobre. — SAINTE HEDWIGE ou AVOIE, veuve. —
13e siècle.
Hedwige, également connue sous le nom d'Avoie, fut élevée
dans le monastère de Lutzin, et formée dès son enfance à l'étude
des lettres saintes et à la piété. Elle porta cette vertu dans le ma-
riage, où elle fut engagée dès l'âge de douze ans, avec Henri, duc
de Silésie et de Pologne : elle fut véritablement cette femme
forte que l'Ecriture regarde comme un trésor d'un si grand prix,
mais qu'il faut souvent chercher jusqu'aux extrémités du monde.
Après que Dieu eut béni son mariage par la naissance de trois
fils et de trois filles, elle garda, du consentement de son mari ,
une exacte continence.
28.
330 17 octobre.— la v. mabgukritemibie alacoque.
* L'amour qu'elle avait pour la chasteté rengagea a foire bâtie
un monastère à Trelmitz, où elle établit des religieuses de Tordre
de Citcaux, dans lequel elle fit élever un grand nombre de Alla.
KUc s'y retira plus tard elle-même avec la permission de son
mari, mais sans s'y engager par des vœux. La mort de Jésus-
Clirist était gravée si profondément dans son coeur qu'elle tâchait
d'en porter toujours les marques sur son corps en le mortifiant
continuellement. Kilo no mangea plus de viande pendant qua-
rante ans, et à cette rigoureuse abstinence elle joignit des jeûnes
très-austères.
Jamais elle n'avait aimé la parure. Lorsqu'elle eut renoncé au
monde, elle ne porta plus que des habillements de grosse étoffé.
Elle avait toujours auprès d'elle un certain nombre de pauvres
qu'elle nourrissait : elle les servait elle-même à table et souvent
à genoux, avant de prendre ses repas. Elle employait tous ses
revenus à soulager les indigents.
Dans ses plus grandes afflictions elle ne se plaignait jamais, et
quand on voulait la consoler elle disait : Voudraîs-je résister à la
volonté do Dieu ? N'est-on pas assez consolé de savoir que le Créa-
teur fait ce qu'il veut de sa créature? Tout ce qui lui plaît doit
nous être agréable.
Son humilité fut récompensée du don des miracles. Elle ren-
dit la vue à une religieuse aveugle, en formant sur elle le signe
de la croix. On a rapporté dans sa vie plusieurs autres guérisons
miraculeuses dont elle fut l'instrument. Ëllo pénétrait auflridans
l'avenir, et prédit même sa propre mort. Pour achever de la sanc- "
tifier, le Seigneur lui envoya une grande maladie, après laquelle
elle alla se reposer dans son sein, l'an de Jésus-Christ 1343.
17 octobre. — L\ VfcNftRABLE MARGUERITE-MARIE
ALACOQUE, vierge. — 17e siècle.
Cette sainte fille vit le jour le 22 juillet 1647, à Laiithecourt,
paroisse de Véronde, dans le diocèse d'Autun. Son père, Claude
Alacoque, juge de plusieurs seigneuries, était un homme d'une
probité et d'une piété reconnues ; sa mère s'appelait Philiberte
T/amyn. On lui donna au bapténio le nom do Marguerite : elle y
ajouta celui de Marie lorsqu'elle, entra en religion A peine sa rai-
son commença- 1- elle à se développer qu'elle conçut la plus vive
17 octobre. — la y. marguerite-marie alacoque. 331
du péché : sa crainte d'offenser Dieu était si grande
an3! suffisait de lui dire qu'elle commettait une faute pour ré-
primer à l'instant les petites vivacités de son âge. On remarquait
■ ai «le l'amour de la pureté, le goût de la prière, une tendre
«talion envers la sainte Vierge, une affection particulière pour
dans le saint sacrement de l'autel. A huit ans elle
son père ; à cette époque, sa mère la plaça dans le couvent
■ es «lames de Sainte-Claire de Charolles, en qualité de pension-
tare. Édifiée de la vertu des religieuses, Marguerite se sentit
•es lors pressée de les imiter et d'entrer en religion. Elle y fit
rossée suivante sa première communion avec une ferveur qui
fat le prélude de l'ardeur qu'elle éprouva toute sa vie pour cette
cflesse BMMirriture.
Dieu la visita par les afflictions ; elle eut un rhumatisme et une
paralysie qui la retinrent pendant quatre ans sur un lit de dou-
leur. Sa confiance en la sainte Vierge lui obtint sa guérison.
Cette épreuve lui fit redoubler de zèle pour avancer dans la voie
spirituelle. A treize ans elle donnait chaque jour deux heures à
ta méditation, jeûnait trois jours de la semaine , portait le ci-
liée et couchait sur la dure : bientôt il lui vint aux jambes des
ulcères douloureux , les remèdes furent inutiles ; mais Margue-
rite, ayant joint ses prières à celles de sa mère, en fut heureuse-
ment délivrée.
Le rétablissement de sa santé excita dans Marguerite de l'at-
-traît pour le plaisir. Ses confessions devinrent plus rares ; l'affec-
tion que sa famille lui portait flatta sa vanité -, elle voulut même
prendre part aux divertisssements du carnaval, mais de nouvelles
afflictions la firent rentrer en elle-même.
Sa mère, devenue âgée et incapable d'agir, fut obligée de
remettre les soins de sa maison entre les mains de servantes qui
se rendirent maîtresses : elles refusaient à Marguerite les choses
les plus nécessaires , au point qu'il lui fallut plus d'une fois em-
prunter des vêtements propres pour aller à l'église. Ce refus était
d'ordinaire accompagné de manières grossières et de paroles
rudes. Ce fut en pleurant au pied d'un crucifix que cette ver-
tueuse fille trouva la consolation à ses maux. Le Seigneur lui
donna une patience si grande qu'elle en vint jusqu'à concevoir
une affection chrétienne pour ceux qui la tourmentaient. Il ac-
corda à la ferveur de sa prière la guérison de sa mère , atteinte
d'une infirmité qui faisait craindre pour ses jours.
332 17 octobre.— ljl v. nahguebite-mabie alacoqur. .,
I>a tendresse de Marguerite pour sa mère et ses soins assidus „
étaient connus de tout le monde : plusieurs partis avantageux 10
présentèrent et la recherchèrent en mariage ; elle semblait dispo-
sée à agréer cette proposition, dans le dessein d'être plus utile à SB
mère ; mais un vœu de chasteté qu'elle avait fait dans son enfants'
et la persuasion intime qu'elle était appelée à la vie religieuse
l'empêchèrent d *y consentir. Après une longue agitation, la grisa
triompha des sentiments naturels et du penchant pour les créa-
tures, et elle résolut de se consacrer à Dieu.
Elle obtint avec peine le consentement de sa famille, et lit
choix d'une maison religieuse où elle n'avait point de connais-
sance. Elle se sentit attirée vers l'institut de la Visitation de
Sainte-Marie, quoiqu'elle ne le connût pas, parce qu'il portait la
nom de la sainte Vierge. Elle se présenta au monastère de Parsy-
le-Monial , et , comme elle entrait au parloir, une voix ultérieure
lui dit : C'est là que je te veux. L'accueil favorable de la supérieure,
qui consentit à la recevoir, mit le comble à ses désirs. Elle entra
dans cette maison à l'âge de vingt-trois ans, le 25 mai 1671.
ta simplicité, la candeur, la docilité, l'ardeur pour la vertu,
l'amour de la mortification signalèrent le noviciat de la jeune pos-
tulante. Elle prononça, le 6 novembre 1672, les vœux qui l'atta-
chaient irrévocablement à Dieu. Elle devint le modèle de la com-
munauté par son humilité, son obéissance, son amour pour b
pauvreté et pour Jésus-Christ, par son goût constant pour l'o-
raison et pour les austérités. Ces vertus, qui auraient dû frapper
tous les yeux et édilicr tout le monde , lui attirèrent mille con-
tradictions ; le démon la tourmentait, les supérieures qui se sue- B
cédaient, prévenues contre les voies extraordinaires par lesqueJki
la sœur Marguerite était conduite , se déliaient d'elle et la trai-
taient rudement Pour l'éprouver, on la chargeait d'emploi! "
extérieurs qui l'exposaient à la dissipation; dans plusieurs rencon-
tres on exerça sa patience ; de douloureuses infirmités lui cau-
saient des maux presque continuels, le service de Dieu n'était
même pas toujours également accompagné de consolations; mail
cette sainte âme , insatiable de souffrances, montrait dans ses dé-
férentes peines un courage héroïque et une soumission parfaite
à la volonté du Seigneur. Elle puisait sa force dans la comma-
nion fréquente et dans la visite au saint Sacrement. Elle passait
dans ce pieux exercice tout le temps qu'elle pouvait , même 11
nuit tout entière, lorsque l'obéissance le permettait. C'était atoll r
H
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itmUkfÊ. — LA Y. M AJtGUBBtTE-M ABIB ÀLiCOQCS.. *3S
le Sauveur se communiquait à sa fidèle épouse. Un
■oins, qu'elle était au pied de l'autel tout absorbée
jpti considération de te tendresse immense du Fils de Dieu
hommes, Jésus Christ lui apparut? il lui âusait com-
r^pwl était son amour pour nous; il lui annonça qull IV
pour propager le culte de son Cœur adorable, mais
ftafj réussirait que par les souffrances et les humiliations
à supporter. Dans le moment, il lui fit ressentir
la côté droit du cœur une douleur qu'elle conserva toute
a*.
|iK supérieures exigèrent que la sœur Marguerite-Marie leur
taphÉtiQuat les foreurs extraordinaires qu'elle recevait , et IV
■sÉfc-saéme à les écrire. Son obéissance ne fit que lui procu-
MM contradictions, et pendant quelque temps on refusa même
quelque soulagement pour le mal qu'elle ressentait,
plusieurs années pour dissiper les préventions des filles
R*VlatCation contre leur sainte sœur. Elle remplit successive-
at la charge de maîtresse des pensionnaires et celle de mat-
ÉBècB novices. EBe s'appliqua à inspirer aux jeunes personnes
sous sa direction l'amour de Dieu une piété tendre et
, et surtout la dévotion au sacré Cœur de Jésus.
t cette époque, ce Cœur divin ne recevait pas d'honneurs du-
es dans PÈglîse. Les compagnes de Marguerite-Marie étaient
s 4b partager ses sentiments sur cette dévotion : on regarda
■H des nouveautés les pratiques qu'elle inspirait aux novices i
joignit les plaintes aux murmures; on cria même au scandale.
tguultt n'opposa que la patience à cette violente tempête. Le
fpneur hri envoya un guide éclairé et un consolateur dans la
Basane du P. de La Colombière, qui vint à Paray, en 1675,
qpsaMté de supérieur d'une maison de Jésuites. Il vit dans la
sr Marie une âme d'élite; il ne craignit pas de devenir son dis-
le dans la dévotion au sacré Cœur, dévotion qu'il commanda
étendit le reste de ses jours,. qu'il finit à Paray en 1682. Il avait
rtribué à dissiper les préventions que Ton avait contre Margue*
>-Marte ta communauté des filles de la Visitation de Scmur
nit à elle pour honorer le sacré Coeur de Jésus. La maison, de
ray suivit cet exemple le vendredi après l'octave de la Fête»
m, en 1686. Toute la communauté se consacra ce jour-là d'une
mière solennelle à ce Cœur adorable. On résolut d'élever une
vpelle eu son honneur; et ce projet fut exécuté dans la suite.
334 . 18 octobre. — s. luc, évaiwélistb. 4
La sainte religieuse, ravie de voir enfla ses. désirs accomplis, *V -t
cria avec transport : Je mourrai maintenant contente, puisque 1| ^
Cœur de mon Sauveur commence à être connu. ,%J] ^
Elle vécut encore quatre ans après cet événement, derangi ^
Pobjet de la vénération de ses sœurs. On songeait h la nommer! ^
supérieure lorsqu'elle mourut, à l'âge de quarante-trois ans, Ifv •
17 octobre 1690 , cousumée par les austérités , les peines qu'elle '
avait éprouvées, et plus encore par son amour pour Jésus-Christ,
La foule se porta à ses obsèques. On a réclamé plusieurs fois „
avec succès son intercession.
La cause de sa canonisation se poursuit à Rome, et le 23 mari
1834 elle a été déclarée vénérable par la congrégation des Rites.
I
18 octobre. — SAINT LUC, évàngbltste. — 1er siècle. •,
Luc était originaire d'Antioche, en Syrie, et païen de
avant que Dieu lui eût fait la grâce de l'éclairer des lumières de
la foi. II était médecin de profession , et son habileté le faisait
rechercher. Dès qu'il eut l'avantage d'être converti au christia-
nisme , il consacra ses talents et sa vie à la religion sainte dans
laquelle il était entré. Il s'attacha particulièrement à saint Paul,
et il fut le Adèle compagnon de ses voyages et de ses travaux. Il
passa avec lui de Troade en Macédoine , lors du premier voyage
que cet Apôtre fit en Grèce vers l'an 31 , après sa séparation
d'avec saint Barnabe, dont saint Luc prit la place, et depuis ee
temps-là il ne le quitta plus. Ayant demeuré quelque temps avec
lui à Philippes en Macédoine, et parcouru en sa compagnie
toutes les villes de la Grèce, où la moisson devenait de jour en
jour plus abondante, il eut la consolation de converser avec plu-
sieurs des apôtres et des disciples du Seigneur. Peu de temps
après, c'est-à-dire vers l'an 53, étant dans l'Adiaïe, il fut inspiré
par le Saint-Esprit d'écrire l'Évangile , c'est-à-dire l'exposé des
actions et de la doctrine de Jésus-Christ. Saint Matthieu et saint
Marc l'avaient déjà devancé dans une pareille entreprise; mau
ils avaient omis bien des faits, dout il était cependant utile de
laisser la connaissance aux iidèles , et c'est ce qu'on trouve dians
l'Évangile écrit par saint Luc. Toute l'Église y reconnut la voix
de l'Esprit-Saint qui l'avait dicté.
Environ dix ans après, saint Luc écrivit un autre ouvrage1 qu'il
i
i
ï
} octobre. — ss. savinien, potentien, altin. 335
: Les Actes des apôtres , parce qu'il renferme l'histoire
tctpales actions des apôtres et de ce qui s'est passé de
rveilleux et de plus édifiant dans la naissance de l'Église.
ne récrivît sur ee qu'il avait vu lui-même, et, après l'É-
qu'H publia, il ne pouvait laisser à l'Église un ouvrage
fût plus utile et qui fût plus capable de l'édifier : il nous
te, dît saint Chrysostome, l'accomplissement de plusieurs
xns importantes de Jésus-Christ, la descente du Saint -
e changement étonnant qu'il a opéré dans le cœur et dans
les apôtres. On y voit le modèle de la perfection dans la
premiers fidèles, qui ne faisaient qu'un corps et qu'une
r la charité qui les unissait, comme ils ne faisaient qu'un
> religion par la profession d'une même foi et la pratique
les vertus. Saint Chrysostome ajoute que saint Luc a in-
t ouvrage les Jetés des Apôtres, afin que nous y cher-
on les miracles qu'ils ont faits, et qu'il n'est pas donné
e foire, mais leurs actions qu'il est commandé d'imiter.
it dans l'Acbaïe, mais on ne sait si ce fut par le martyre.
ire. — SAINT SAVINIEN , premier évéque de Sens,
T POTENTIEN, ALTIN et leurs compagnons,
•yrs. — 3e siècle.
Savinien, saint Potentien et saint Altin furent envoyés de
ans les Gaules, au troisième siècle. Ils vinrent à Sens, et lo-
ans la maison de Victorio, un des principaux habitants de
Ils le convertirent avec plusieurs païens, entre autres
et Sérotin. On a attribué à saint Savinien la fondation
ise dite depuis de Saint-Pierre-le-Vif. On dit que saint
n et saint Sérotin allèrent prêcher à Troyes, et que saint
saint Eodald, après avoir passé quelque temps à Orléans,
rent à Chartres, et ensuite à Paris. Ils opérèrent partout
d nombre de conversions*, ils convertirent surtout saint
et saint Aglibert, à Créteil, près de Paris. Tous les
vinrent rejoindre saint Savinien à Sens. Us y furent mar-
ivec quelques-uns de leurs disciples, et on les honore en-
quoiqu'ils ne paraissent point avoir tous souffert le même
i 847, leurs corps furent exhumés, et portés dans l'é-
5aint-Pierre-le-Vif . On les cacha depuis pour les soustraire
336 19 octobre. — s, pierre d'alc4NTaba.
il
à la fureur des Normands. En 1031, le corps de saint Savbfttot jfl
fut renfermé dans une châsse précieuse, don de Constance, feu* ^(
du roi Robert. On mit dans la même châsse le corps de ssîb)^ ,
Eodald, qui s'était trouvé avec celui de saint Savinien. Teet^j
ces saints sont nommés, dans les anciens martyrologes, au II 4s> ^
cembre ; mais leur principale fête se célèbre le 19 d'octobni Z
Sens et à Paris. r fcI
19 octobre. — SAINT PIERRE DALCANTÀRA, REUGlnnl ^
de l'ordre de Saint-François , confesseur. — HPsièele.^ ' }'M
Le saint que l'Église honore en ce jour naquit en 1499 à âfr ^
cantara, petite ville de la province d'Estrartadure, en Ttfyg^ ^
Son père, nommé Alphonse Garavito, était magistrat de lit vttfc ^
Sa mère sortait d'une famille noble, et se distinguait, comme stM ^
mari, par ses vertus et sa piété. La fidélité du jeune Pierre à m* lt
plir ses devoirs , sa ferveur et son application à la prière le feV ^
saient admirer. La mort lui ayant enlevé son père lorsqu'il flnfip» j ,
sait son cours de philosophie à Alcantara , on l'envoya à Salami ^
que pour y étudier le droit canonique. Les deux ans qu'il y pan ^
furent employés à l'étude , à la prière et au service des pauvres. - J
En 1513, il fut rappelé dans sa patrie. Après avoir délibéré ^
sur le genre de vie qu'il embrasserait, il résolut d'entrer du» J
l'état religieux. Il fixa son choix sur Tordre de Saint-François,
et il en prit l'habit à seize ans , dans le couvent de Manjarez. On
le distingua bientôt de ses confrères par son goût pour les hu-
miliations, les veilles, les jeunes et pour toutes les pratiques di
la pénitence. On lui donna divers emplois dont il s'acquitta à II
plus grande satisfaction de ses supérieurs. Depuis son entrée dm
l'état religieux , il veillait sur ses sens avec tant d'attention que,
pendant trois ans qu'il passa dans une maison, il ne connaissait
ses frères que par leur voix. Il eut de violentes tentations, mafcj
il on triompha par la prière et l'humilité.
Quelques mois après sa profession , Pierre fut envoyé dans ne
couvent situé dans un lieu solitaire. Il s'y construisit, à quelque
distance de la communauté , une cellule avec des branches d'ar-
bres et de la terre : il y pratiqua des austérités
qui ne furent connues que de Dieu. Trois ans après, on le
périeur d'un petit couvent qui venait d'être fondé à Badajos,
quoiqu'il n'eût encore alors que vingt ans. Le ton i de sa supé- *
r
te
15
ta
1t «Mm*. — lAiirr fibme d'alcàhtàsà. SS7
Ifdbut expiré, son provmcial lui dit de se préparer àreœ-
l^umte ordres. Il fût ordonné prêtre en 1534, et, peu de
kNjpte, on le chargea d'annoncer la parole de Dieu. L'an-
hlMMB, fl fut fait gardien do courent de Placencta. Dans
Msa places qui lui lurent confiées, il se regarda toujours
nw la dernier de ses frères.
m amour pour la retraite l'engagea à demander à ses supé-
jfrlÉ permission d'aller vivre dans quelque couvent solitaire;
oe qu'il désirait. On le mit dans le couvent de Saint»
à tapa, près de Soriana. Cette maison était dans une
ftHreuse.Ce fut là qu'il composa son traité de V Oraison
Ce traité a été regardé comme un chef-d'oeuvre par
illustres. Nous avons de notre saint un autre
Ln est pas moins excellent que le premier; il est intitulé :
de îdme. Pierre d'Afoautara était un grand oontem-
f:«a union avec Dieu était habituelle. 11 célébrait la messe
dévotion exteaordinaire, et souvent avec des torrents de
H aimait surtout à méditer sur l'incarnation et sur le
de l'autel : le nom seul de ces mystères suffisait
lui causer des ravissements. Aussi Dieu le corn-
A de douceurs et de consolations dans l'oraison.
•a m, roi de Portugal, informé de la réputation de sainteté
[jouissait le serviteur de Dieu, voulut le consulter sur quelques
■Hé* relatives à sa conscience. Il pria donc son provincial
; lui envoyer à Lisbonne. Le roi fut si édifié de sa conduite
» «es discours qu'il le demanda une seconde fois. Dans ces
: fiâtes, le saint convertit un grand nombre de seigneurs de
Mr. L'infante Marie, sœur du roi, renonça aux pompes du
■Va, et fonda à Lisbonne un monastère de pauvres Clarisses,
dames de qualité. Elle se joignit au roi pour retenir le
il trouvait trop d'inconvénients à accepter cette pro-
grande discussion s'étant élevée parmi les habitants d'AI-
, il se rendit dans cette ville pour y rétablir la paix. Sa
_je fit cesser les troubles, et les semences de discorde fu-
«touffées. A peine cette affaire était-elle terminée qu'on
t , en 1358 , provincial de la province de Saint «Gabriel ou de
mmadure. Il ne fut pas plus tôt revêtu de cette dignité
profita de l'autorité que lui donnait sa place pour établir
réforme sévère. 11 dressa des réglemente relatifs à ce projet ,
29
338 19 octobre. — saint pieibê i>'alcantaba.
et ils furent reçus de toute sa province, dans un chapitra qnf
se tiut à Placencia , en 1540. Le temps de son provincialat étast
expiré, il retourna Tannée suivante à Lisbonne , .pour joindriez
P. Martin de Sainte-Marie, qui jetait les fondements d'une tkf0
forme austère, et qui était occupé à bûtir un ermitage sur épi »->
montagnes arides, appelées Arabida. Saint Pierre anima la ftih iW<
veur des religieux qui avaient embrassé la réforme, et leur pu* m
posa divers règlements, qu'ils adoptèrent. Le P. Jean Calai ,gb il
néral de Tordre, étant venu en Portugal, voulut voir Piens ifa
d'Alcantara; il lui ût une visite dans son ermitage. Il fut si éflH %<
de ce qu'il avait vu qu'il permit au P. Martin de Sainte-Abris *
de recevoir des novices. Le couvent de Palbaës fut désigné pour «
servir de noviciat. le
Pierre d'Alcantara fut chargé du noviciat pendant deux asf, «
c'est-à-dire jusqu'en 1544, que ses supérieurs le rappelèrent» i]
Espagne. Ses frères de la province de TEstramadure lui bémst» c
gnèrent la plus grande joie en le revoyant. Quatre ans après, fl h
fut rappelé en Portugal ; il s'y occupa de donner la dernière par- i(
faction à la réforme d' Arabida ; et, en 1550, il fonda un nouveau %
couvent près de Lisbonne. Dix ans après, la custodie fut érigée \)
en province de Tordre. Les vertus éminentes de Pierre lui attiré- i
rent beaucoup d'admirateurs; il se bûtade retourner en Espague, i
où il espérait être moins connu. 11 arriva à Placencia en 15if . i
Deux ans après, il fut élu custode dans un chapitre général {ri
se tint à Salamanque.
En 1554 , il forma le plan d'une congrégation qui suivrait une
réforme encore plus austère que celle qui existait déjà. Son projet
reçut l'approbation générale, l^e pape lui ayant accordé un bref
par lequel il lui permettait de bAtir un couvent conformément a
son plan, ce couvent fut bâti tel qu'il le désirait, près de Pé-
droso, dans le diocèse de Palencia. On en met la fondation eu
1555, et c'est de là que Ton date la réforme des Franciscains-.
déchaussés, ou de l'étroite observance de saint Pierre d'Alcantara.
Les cellules du couvent dont il s'agit étaient extrêmement pe-
tites ; le lit du religieux , qui consistait en trois planches , eu
occupait la moitié. Celle du saint était la plus petite et la plus in-
commode de toutes. 11 suflisait à chaque religieux , pour s'exciter
à la pénitence, de considérer sa cellule, qui ressemblait à un
vrai tombeau.
I*e comte d'Oropéza fit bâtir au saint deux nouveaux couvents
19 octobre. — s. piebbe dalcantaba. 339
terres; la réforme y fut établie. En 1561 , ces différentes
furent érigées en province. Pierre régla , par des statuts
■Utinilii n r les dimensions que devaient avoir les cellules, l'in-
pÉmerie et l'église de chaque maison. Notre saint était commis-
(pjjjre de l'ordre lorsqu'on le fit provincial de sa réforme. Il se
Ipftdît à Rome peu de temps après , pour demander la confirma-
JÏqd de son institut. Le pape Paul IV, par une bulle du mois
février 1562, affranchit la congrégation du saint de la juri-
des Franciscains Conventuels, et la soumit au ministre
des Observantins, avec la clause qu'elle suivrait toujours
ifèglements donnés par le saint réformateur.
/ L'empereur Charles-Quint, après son abdication, s'était re-
ine dans le monastère de Saint- Just. Il voulut avoir Pierre d'AE-
cantara pour son confesseur; mais le saint allégua diverses rai-
sons pour ne point accepter la place qui lui était offerte , et il
vint à bout d'obtenir le désistement de l'empereur. Il faisait la
visite de son ordre lorsqu'il arriva à Avila, en 1559. Sainte Thé-
lèie, qui demeurait dans cette ville, éprouvait alors une dure
persécution. Elle était aussi tourmentée par des scrupules et par
«tartres peines intérieures. Le saint eut bientôt connu son état ,
I dissipa ses inquiétudes , et l'assura que tout ce qui se passait
en elle venait de l'esprit de Dieu. Il se déclara hautement contre
ses calomniateurs , et parla en sa faveur au directeur de sa cons-
cience. Après lui avoir suggéré les plus puissants motifs de con-
solation, il l'exhorta fortement à établir sa réforme dans l'ordre
des Carmes. Pour augmenter la confiance qu'elle prenait en ses
conseils , il lui fit diverses confidences sur le genre de vie qu'il
menait depuis quarante-sept ans.
Tandis que le saint faisait la visite des maisons qui avaient em-
brassé la réforme, il tomba malade dans le couvent de Viciosa.
Le comte d'Oropéza n'en fut pas plus tôt instruit qu'il le força
de venir chez lui , afin de lui procurer les secours dont il avait
besoin; mais les remèdes qu'on lui donna ne servirent qu'à augmen-
ter sa maladie La fièvre redoubla , et il se forma un ulcère à une
de ses jambes. Le serviteur de Dieu, voyant que sa fin approchait,.
se fit porter au couvent d' Arénas , afin de mourir entre les bras de
ses frères. A peine y fut-il arrivé qu'il demanda les sacrements
de l'Église II ne cessa d'exhorter ses religieux à chérir les vertus
de leur état, et surtout la pauvreté. 11 expira tranquillement le
lî> octobre 1562 , dans la soixante-troisième année de son âge.
340 2Q octobre. — s. sindulphe ou sendou.
«0 octobre. — SAINT S1NDULPHE ou SENDOU > FAETBI
ET SOLITAIRE. — 6e siècle.
ïî
V.
m,
1
Le soin qu'a eu saint Sindulphe, plus connu sous lo nom de <i
Sendou, de mener une vie cachée a ôté aux fidèles la connais- «
sance de la plus grande partie de ses actions. Il était né dans l'A- • |
quitaine, et y avait passé une grande partie de sa jeunesse dam k
les exercices de la vie chrétienne ; mais le désir de s'avancer dam n
la perfection évangélique lui avait fait abandonner ses parents, ses i
amis et sa patrie, pour venir chercher dans le diocèse de Reims i
une retraite où il pût vivre inconnu, loin du commerce du monde w
et tout occupé de la méditation des biens du ciel. Il la choisit à .»
quatre lieues de Reims, près du village d'Aussance, parce que co* t
lieu était fort solitaire. Il s'y pratiqua une cellule, et y mena une g
vie très-pénitente, et qui approchait fort de celle des plus austères i
anachorètes.
Le désir qu'il avait de demeurer toujours inconnu ne put ftra \
satisfait jusqu'à la fi n de ses j ours. Son genre de vie extraordinaire ;
excita la curiosité de ses voisins. Sendou, voyant qu'on accourait i
à sa cellule pour le voir, crut qu'il devait profiter de l'occasion que
Dieu lui présentait d'instruire des vérités du salut ceux qui ne ve-
naient peut-être que par des motifs humains. La ferveur avec la-
quelle il marchait dans la carrière sainte de la pénitence prit tou-
jours de nouveaux accroissements. Dans sa vieillesse même il pra-
tiquait les plus grandes austérités. Comme il n'aimait point son
corps, il s'occupait peu de le voir détruire ; il regardait même la
mort comme un gain, l'envisageant comme un terme où Ton
commence à trouver la sûreté et la paix. Dieu * qui l'avait tou-
jours conduit durant sa vie, le fit arriver à une heureuse fin le 30
octobre, vers l'an 720. Son corps fut enterré dans le lieu de sa
pénitence ; mais, dans le neuvième siècle , on le transporta dans
l'abbaye de Haut-Villers, à quatre lieues de Reims, sur la Marne.
20 octobre. — SAINT JEAN DE KENTY, confesseub. —
15e siècle.
Jean naquit au diocèse de Cracovie, dans la ville de Kenty,
d'où il a tiré son surnom. Il y eut des parents pieux et honorables
30 octobre. — s. jein de kenty, conf. 34t
l'im s'appelait Stanislas, et l'autre Anne. Remarquable par la
djapear de ses mœurs, son innocence et sa gravité, il ût conce-
ÉiT dès l'enfance l'espoir qu'il s'élèverait à la plus haute vertu. Il
ta à runiversité de Cracovie, d'abord pour y étudier la philoso-
Mt-«t la théologie ; ensuite, y étant monté par tous les degrés
liltaiqties, et étant devenu professeur et docteur, la science
* , qu'il enseigna pendant plusieurs années , éclairait non-
les esprits de ses auditeurs , mais les enflammait pour
de toutes les choses pieuses, parce qu'il pratiquait son
en même temps qu'il le donnait.. Devenu prêtre,
rien de ses études, mais il y ajouta celle de la per-
chrétienne. Il gémissait principalement de voir offenser
r et il s'empressait de l'apaiser tant pour lui-même que
le peuple, en lui offrant tous les jours, non sans verser
tëfcilniniiient des larmes , le Sacrifice non sanglant. Il admi-
Èjfca parfaitement quelques années la paroisse d'Ukusie; mais,
Broyé du péril que couraient les âmes dont il s'était chargé, il
Hbmdonna dans la suite, et, à la demande de l'Académie, il
l|rit ses anciennes fonctions de professeur. Tout le temps que
i|- tarissait l'étude, il le consacrait en partie à procurer le salut
■ prochain, surtout par le moyen de là prédication, et en
Mie à l'oraison, pendant laquelle on rapporte qu'il fat jugé
igné d'avoir des visions et des entretiens célestes. La passion
e Jésus-Christ le touchait tellement que pour la contempler il
assait quelquefois des nuits entières sans dormir. Dans l'inten-
on de la mieux retracer dans son esprit , il fit le pèlerinage de
érusalem, où, brûlant du désir de recevoir le martyre , il n'hé-
la pas à prêcher Jésus crucifié aux Turcs eux-mêmes. Quatre
ms aussi il se rendit à Rome , pour y visiter les tombeaux des
pâtres, allant à pied et chargé de son bagage de route. C'était
'abord pour y honorer le Siège apostolique, pour lequel il fut
mjours plein de dévouement, puis afin d'y racheter, ainsi qu'il
i disait , les peines de son purgatoire , à l'aide des indulgences ,
nisque par ce moyen le pardon des péchés est journellement
roposé dans la capitale du monde chrétien. Dans un de ces
>yages, il fut un jour dépouillé par des voleurs, qui lui demande-
nt s'il n'avait pas autre chose : à quoi il avait répondu qu'il
avait rien. S'étant ensuite souvenu qu'il avait des pièces d'or
>usues dans son manteau, il rappela les voleurs, qui s'en-
lyaient , pour les leur offrir. Ceux-ci, ayant admiré à la fois la
29.
342 21 octobre. — s. hilabion, abbé.
candeur et la libéralité du saint homme , lui rendirent de leur
propre mouvement tout ce qu'ils lui avaient d'abord pris.
Pour empêcher autant que possible d'attaquer la réputatioi
d'autrui, à l'exemple de saint Augustin, il fit écrire sur le mur des
versets , voulant par là avertir perpétuellement lui et les autan
de ne pas blesser la charité. Il rassasiait ceux qui avaient faim en
prenant sur sa propre nourriture. Il donnait à ceux qui en mas-
quaient non-seulement des chaussures et des vêtements qu'A avait
achetés dans ce but, mais aussi quelquefois en se dépouillant U-
méme de ceux qu'il portait , et en même temps il laissait tratur
son manteau jusqu'à terre, pour qu'il ne parût pas qu'il rentrait
chez lui nu-pieds. Il ne dormait que peu de temps, et étendu par
terre ; ses vêtements n'étaient que pour le couvrir, de même que
les aliments qu'il prenait seulement pour lui soutenir l'existence.
Il préserva sa pureté virginale comme un lis au milieu des épines,
au moyen des jeûnes, des disciplines et de la rigueur d'un ciliée.
Pendant environ trente-cinq ans avant sa mort , il s'abstint per-
pétuellement de l'usage de la viande. Enfin, plein de jours et au-
tant rempli de mérites, après s'être préparé longtemps et soi-
gneusement à la mort qu'il pressentait s'approcher, pour n'être
retenu par rien de ce qui pourrait lui rester, il distribua entière-
ment aux pauvres le peu qu'il avait encore. Alors, muni comme
il convient des sacrements de l'Église , et ne désirant plus que
la dissolution de son corps, qui lui permettrait d'être avec
Christ , la veille de Noël il prit son vol vers le ciel , en F
1473, et illustré par des miracles avant et après sa mort. Ses
restes, transportés à l'église de Sainte- Anne, la plus voisine
de l'université, y furent ensevelis avec honneur. La dévotion et
l'affluence du peuple à son tombeau s'étant accrues de jour en
jour, Jean de Kenty fut rangé parmi les principaux patrons de
la Pologne et de la Lithuanie. L'éclat de nouveaux miracles
opérés par ce bienheureux l'ont fait mettre au nombre des
saints par le pape Clément Xlll.
21 octobre. — SAINT HILARION, abbé. — 4e siècle.
Hilarion naquit vers l'an 291, dans une bourgade de la Pales-
tine. Sa famille était païenne, mais Dieu le prévint de bonne heure
do ses bénédictions, et il était chrétien dès l'Age de dix ou douze
21 octobre. — s. hilarion, abbé. 343
11 fit ses c es à Alexandrie, et il y apprit le grec et le sy-
ce qui lui fut d'un grand secours dans les divers voyages
pS lt dans cette même ville.
r" 9 s'avait que quinze ans lorsqu'ayant ouï parler de saint
ImMm, dont le nom était déjà célèbre dans l'Egypte, il alla
iifimmei. Je ne suis pas venu dans le désert, dit Hilarion ,
Bj voir autant de monde que dans les villes. Antoine est
\ à la perfection évangélique , et moi je n'ai pas encore
fl revint dans son pays, et, comme son père et sa
étaient morts , il distribua aux pauvres tout ce qu'il put
de leur succession , et se retira ensuite avec quelques
dans la vaste solitude qui est entre Gaza et
Dès la première ou la deuxième année qu'il fut dans
, des voleurs étant entrés dans sa cellule , il les aborda
air assuré qui les surprit. Vous ne nous craignez donc
? lui dit l'un deux. — Hélas! dit Hilarion, n'ayant rien,
pouvez-vous m 'enlever? — Nous pouvons vous tuer, di-
voleurs. Le jeune solitaire répliqua : Celui qui ne craint
la mort temporelle ne redoute pas ceux qui la peuvent
Le genre de vie qu'il menait montrait bien en effet qu'il dé-
ferait plutôt la mort qu'il ne la craignait. Tout ce qu'il faisait sem-
blait devoir abréger le nombre de ses jours. Il ne mangea d'abord
Çne quinze figues par jour, sans prendre aucune autre nourriture.
On habit, le seul qui fût en sa possession, de l'étoffe la plus com-
iQune , le défendait des ardeurs du soleil et des injures de l'air.
La terre était le lit où il prenait son repos quand la nature le fai-
sait succomber à la nécessité du sommeil. Souvent il labourait la
erre. Il regardait comme un délassement de faire des corbeilles
le jonc, parce que ce travail était bien moins rude. 11 s'étudiait à
:bercber ce qui pouvait le mortifier davantage, et il s'y livrait avec
oie. Quinze figues lui ayant paru une nourriture trop forte et trop
ensuelle, il commença , à l'âge de vingt et un ans , à ne manger
|ifun peu de lentilles trempées dans de l'eau froide , et , s'étant
•ncore retranché ce mets trois ans après, il se contenta d'un peu
le pain d'orge avec du sel et de l'eau. Quand il se sentait trop
iaible et que quelque maladie attaquait son corps , il adoucissait
son jeûne par des herbes cuites ; il y ajoutait même quelquefois
Je Thuile , qu'il retranchait dès qu'il pouvait s'en passer.
Après avoir ainsi passe vingt-deux ans dans le désert, le Sei-
344 21 octobre. — s. màlc, moine.
gtieur, pour récompenser dès ce monde sa fidélité à le
lui donna le don des miracles : il y eut un grand nombre <
lades guéris par son intercession. Lorsqu'il en Venait qu
uns de la Palestine à saint Antoine, avec qui Hilarion é
commerce de lettres, il leur disait : Pourquoi tous êtes-v<
tigués à venir si loin, puisque vous avez là mon fils Hilarion
le saint solitaire était le premier à conseiller à ceux qui v
le trouver de s'adresser à saint Antoine, leur faisant entend
avait plus de sainteté et de vertu. Quand il croyait dev
mander lui-même la guérison de ceux qui venaient à lui, 0 j
toujours quelques mots d'instruction, et tâchait de leur fair
prendre que les maladies de l'âme sont infiniment plus à cr
et qu'on doit être bien plus empressé à en demander la gu
Quant on voulait lui faire quelque présent pour reconni
grâce qu'on avait reçue par son intercession , il s'y i
constamment, et exhortait à faire du bien aux pauvres qui î
vaient en gagner par le travail de leurs mains.
Hilarion étant sur le point de mourir, comme la frayi
jugements de Dieu le saisissait, quoique sa vie eût été si î
d'œuvres saintes et pénibles, il s'excitait à la confiance
paroles : Sors, mon âme, disait-il, sors; pourquoi cette
tude et cette crainte ? Tu as eu le bonheur de servir Jésus
pendant près de soixante-dix ans , et tu crains la mort ! Il i
dans sa quatre- vingtième année , sur la fin de l'an 871.
21 octobre. — SAINT MALC, moine captif, confe
— 4e siècle.
Cette histoire, tirée du livre premier des Vies des saints I
composées par saint Jérôme , fait voir le danger extrême
s'expose un religieux qui quitte son monastère pour ret
dans le monde , et de quelle protection extraordinaire <3
il a besoin pour ne point se perdre entièrement.
Malc était du bourg de Maronie en Syrie, distant de trente
de la célèbre ville d'Antioche. Fils unique de riches laboi
on voulait l'engager dans le mariage ; mais le désir de garde;
lablement la chasteté fit qu'il sortit secrètement de chez <
qu'il se retira au désert de Calcis, dans une communauté d<
religieux qui étaient sous la conduite d'un abbé. Après qi
passé quelques années à pratiquer avec ferveur la pénitenc*
2t octobre. — - saint malc, moire. *&
de la vie jue , l'envie lui prit de retourner
l paya. H avait en effet appris la mort de son père , et
it pour prétexte que ee voyage n'était que pour consoler
,'4t puis pour recueillir la succession paternelle, aûn
WÊt une partie aux pauvres et une autre à soa monas-
Iké fit tous ses efforts pour lut démontrer que cette fan-
ait qu'une tentation du diable, qui voulait par cette ruse
Midre l'esprit de sa vocation. Malgré les remontrances
■■t homme lui fit à ee sujet , et les larmes qu'il versa
de renoncer à sa dangereuse résolution, Malc.
jamais changer, et, sans écouter aucun conseil, il se
mwr de partir, en promettant toutefois de revenir au
i M allait passer par un désert fort dangereux en ce
sabes y faisaient des courses continuelles, les voya-
mr le traverser, se réunissaient plusieurs ensemble et
t des caravanes, pour être plus en état de résister à ces
Malc se joignit donc à une troupe d'environ soixante^
mues; mais, au bout d'un certain temps, une bande
tes montés sur des chevaux et des chameaux et armés
i et de flèches Jpndirent sur eux, et, sans qu'ils pus-
•fendre, les réduisirent tous en esclavage. Malc, qui était
m de ces Arabes en même temps qu'une femme qu'on
irée de son mari, fut attaché ainsi qu'elle sur un cha-
ir les mener à la maison du maître que leur mauvaise
mr avait imposé. Notre religieux, qu'on dépouilla de
ous ses vêtements, fut destiné à la garde des troupeaux,
1 s'acquitta avec- beaucoup de fidélité, parce qu'il savait
eigne saint Paul, qu'il faut honorer l'autorité de Dieu
maîtres temporels , et les servir comme Jésus-Christ.
oî même lui donna de la consolation dans son malheur;
ant sa vie au dehors et loin des habitations, ce genre
» hii donnait la liberté de se livrer à la prière, de
les psaumes , et de s'acquitter des autres exercices de
igieuse. H se persuadait donc avoir retrouvé dans sa
Tétat qu'il aurait perdu en retournant dans son pays;
repos ne dura pas longtemps; il allait même avoir à
• une épreuve bien autrement difficile.
Itre de Malc , voyant que son bien s'augmentait h vue
re les mains de son nouveau serviteur, voulut se l'atta*.
346 21 octobre. — s. malc, moini. \
cher plus fortement, et pour y parvenir il n'imagina pas de meib L
leur moyen que de lui faire épouser la femme mariée qui avril jj
été faite captive en mémo temps que lui. Malc eut beau lui 19» -»
présenter qu'étant chrétien il ne pouvait nullement épouser mat. ^
femme dont le mari était encore vivant; le barbare, tans em*.^
tendre raison, tira son épée, et le menaça de le tuer s'il ne ttr |R
sait sur l'heure môme sa volonté. Tout co que put faire le mah
heureux captif pour éviter la mort fut de tendre la mam à J
cette esclave comme s'il la prenait pour sa femme, avec la réso-
lution néanmoins de perdre plutôt la vie que de jamais cou*» ,
mettre avec elle rien de contraire à la loi de Dieu ni à la '
pureté.
La nuit étant venue, il la mena dans sa caverne, comme si ,.
elle eut été sa femme. Alors, se prosternant à terre, il commença '
à déplorer son malheur et à se reprocher la faute qu'il avait *
faite en voulant retourner dans le monde malgré toutes les re*
montrantes de son abbé. 11 ajouta qu'il aimerait mieux perdre- !
la vie que le trésor de sa virginité. Alors la femme avec laquelle J
il se trouvait , et à qui la captivité avait inspiré le désir de vivre '
désormais dans la chasteté, lui répondit qu'il n'était point néceft-» >
saire pour lui de perdre la vie, parce qu'autant que lui elle était ■
éloignée de consentir à ce faux mariage, et qu'ils pouvaient au, ;j
contraire vivre ensemble à l'insu de leur maître comme frère et '
sœur, en attendant qu'il plût nu Seigneur de les secourir et de les
délivrer. Malc fut bien surpris d'un tel langage, et, admirant la
prudence et la vertu de cette femme, il s'arrêta au conseil qu'elle '
venait de lui donner. Toutefois , craignant de perdre dans une
paix apparente ce qu'il avait conservé parmi les combats, il se
tint toujours extrêmement sur la réserve , considérant sa com-
pagne le moins possible, veillant sur lui-même, et priant sans
cesse , selon le conseil du Sauveur, pour ne point entrer en ten-
tation.
Après avoir ainsi passé beaucoup de temps dans les bonnes
grâces de leur maître, qui se persuadait que ce mariage leur off-
rait toute envie de s'enfuir, Malc n'en pensait pas moins conti-
nuellement à son monastère , et ne pouvait se consoler de l'avoir
quitté. Il résolut donc de tenter la fuite, puisque qu'après tout,
s'il n'y réussissait point, il ne risquait que la mort, dont la pensée
lui était moins insupportable que l'existence qu'il menait. Il m'
conféra avec son épouse prétendue , et, l'ayant trouvée dans les
Si octobre. — s. malc, moine. 347
dispositions que lui, ifs partirent fort secrètement la nuit
». Au moyen de peaux de boucs, ils avaient déjà traversé
mt d'une rivière, et se hâtaient le plus possible pour ren-
ie territoire de l'empire romain , lorsqu'au bout de trois
aperçurent derrière eux leur maître, qui, étant occompa-
1 serviteur monté comme lui sur un dromadaire, aceou-
mr poursuite. La crainte et l'effroi les saisirent , et ils se
entièrement perdus, d'autant plus que les vestiges qu'ils im-
rt sur le sable dans leur marche les trahissaient inévitable*
Cependant, rencontrant une caverne, ils s'y réfugièrent,
ir; toutefois y pénétrer trop avant, par la crainte d'y être
mu* des serpents venimeux, dont ces pays brûlants sont
Alors leur maître, qui suivait leurs pas, arriva furieux
rture de la caverne, et, l'épée à la main, tout prêt à les
il ordonna à son serviteur de pénétrer dans l'intérieur
; en faire sortir. Celui-ci, leur ayant crié à haute voix de
rrita par ce grand bruit une lionne qui était au fond de
Elle se jeta sur lui, et, l'ayant étranglé, elle l'entraîna tout
; pour servir de pâture à ses lionceaux. Le maître, ne
point sortir son esclave , et s'imaginant que les fugitifs
jetés sur lui , encore plus furieux qu'auparavant , entra
caverne pour se venger par lui-même de leur infidélité et
violence; mais à peine y eut-il mis le pied que la lionne
sur lui et le mit en pièces, comme elle avait fait du
r.
spectacle, les pauvres captifs éprouvèrent une vive joie
r délivrés de la rage de ces deux barbares; mais ils ressen-
i même temps presque autant de frayeur, à cause du
>resque inévitable qui les menaçait ; car ils s'attendaient
e la même manière que leurs persécuteurs, et s'abandon-
»lus que jamais, sans oser respirer, à la volonté de la
évidence. Mais la lionne, dont ils redoutaient la férocité,
rue découverte, prit ses petits-dans sa gueule, et les trans-
leurs, cédant ainsi la place aux chastes serviteurs de .Te-
st. Après qu'ils curent attendu quelque temps dans la
(u'elle ne revînt , ils sortirent de la caverne , montèrent
chameaux de leur maître, qu'ils trouvèrent chargés de
«s, et se rendirent, au bout de dix jours depuis le pre-
leur fuite, sur le territoire romain. Ayant vendu les cha-
>our avoir de quoi achever leur voyage, Malc apprenant,
848 21 octobre. — sainte ubsule et ses coup.
que son abbé était mort, se joignit à d'autres religieux. Il n
son épouse prétendue dans une communauté de vierges, etd
puis l'aima toujours comme sa sœur, tout en n'oubliant point
que prescrit la prudence. Il vécut avec tant de sainteté que ce*
qui le connaissaient en dirent des merveilles à saint Jérôme. I
saint docteur lui parla lui-même ainsi qu'à cette femme,
apprit de leur bouche ce qu'il en a écrit. On peut inférer de <
qu'en dit saint Jérôme que saint Malc mourut vers Tan 371
21 octobre. — SAINTE URSULE ET SES ONZE MILLI
COMPAGNES, vierges et martyres. — 5* siècle.
Il paraît que ces saintes martyres quittèrent la Grande-Br
tagne ou l'Angleterre vers le temps où les Saxons, encore païen
ravageaient ce pays , c'est-à-dire dans le cinquième siècle. U
grand nombre de Bretons s'enfuirent dans les Gaules, d'autn
passèrent dans les Pays-Bas et s'arrêtèrent au château de Bre
tenbourg, près de l'embouchure du Rhin : c'est ce que prouva
d'anciens monuments et le témoignage des historiens cités pi
Ussérius.
Les saintes martyres aimèrent mieux faire le sacrifice de lei
vie que de perdre leur virginité. Elles furent mises à mort ps
l'armée des Huns, qui ravagèrent alors le pays où elles s'étaiei
réfugiées. Ces barbares portèrent le fer et la flamme dans ton
les lieux où ils passèrent. On convient que ces saintes étaiei
venues originairement de la Grande-Bretagne, et qu'Ursule éta
à leur tête pour les encourager. Les auteurs sont partagés su
le nombre de ces illustres martyres. Quoiqu'on les désigne e
général sous le nom de vierges, il n'est pas hors de vraisem
blance que quelques-unes aient été engagées dans l'état di
mariage. La chronique de Sigebert met leur martyre en 453
Elles le souffrirent près du Bas-Rhin, et furent enterrées à Go
logne. On bâtit sur leur tombeau une église qui était fort eé
lèbre en 643.
Sainte Ursule, qui conduisit au ciel tant de saintes âme
qu'elle avait formées, est regardée comme le modèle des per
sonnes qui s'appliquent à donner une éducation chrétienne ;
la jeunesse; il s'est formé sous son invocation grand nombr
d'établissements religieux pour l'éducation des jeunes filles. L
premier établissement que les Ursulines aient eu en Franc
E
1
\
22 octobre. — le b. pieire de tifbbne. 3-19
A* tonde à Paris en 161 1 , par Madame L'Huillier de Sainte-
31 octobre. — LE BIOHEUREUX PIERRE DE TIFERNE,
coxfesseub. — 15e siècle.
Piètre , qui appartenait à la noble famille des Cappucci, naquit
à Tfferne, en 1390. Prévenu par les bénédictions du ciel, il mon-
tra tant d%éfoignement pour les amusements de l'enfance et tant
^rattachement aux choses divines qu'il laissa paraître en cela des
indices nullement équivoques de la rare sainteté à laquelle il de-
vait cm jour pan enir. Comme il éprouvait beaucoup d'aversion
pour les vanités du monde, lequel est tout entier livré au mal , et
qn*H craignait que son influence pernicieuse ne changeât sa dispo*
siHon d'esprit , fl entra avec empressement dès sa quinzième an-
née dans Tordre des Frères prêcheurs. Ayant pris l'habit de saint
Domotique dans le couvent de Tiferne , il y fit plus tard sa pro-
fession solennelle. On ne peut assez admirer l'innocence de mœurs
et toutes les qualités qu'il fit alors briller, avec quelle ferveur il
se portait à tout ce qui regarde le culte divin, quelle charité, quel
sentiment de mépris pour lui-même il montra à un haut degré ,
ainsi que l'exactitude qu'il mit dans l'observance de la règle.
Les supérieurs l'ayant envoyé à Cortone, il y tut bientôt
élevé au sacerdoce , et conquit l'admiration de tout le monde
par l'édat de ses vertus, li remporta tellement dans la pratique de
rhumflfté que , malgré la noblesse qu'il tenait de ses aïeux et la
, hante considération dont il jouissait auprès de tous ses conci-
toyens, il se portait avec promptitude au-devant de tous les offices
les plus bas, et qu'il fallait remplir tant au dedans qu'au dehors du
couvent. Aussi désirait-il principalement demander l'aumône par
la ville, et servir les pauvres et les malades. Enflammé de zèle pour
le salut des âmes, il ramena au bien un nombre considérable
d'hommes qui menaient une vie corrompue, deux entre autres,
qui étaient coupables de plusieurs crimes, plongés dans un cachot
où ils désespéraient de leur salut; il les convertit, les disposa à la
pénitence , et méme^ ce dont les monuments témoignent « les dé-
livra miraculeusement du supplice et de la mort, qu'ils étaient sur
le point de subir. Apprenant encore par une inspiration divine,
comme on ne le croit pieusement , qu'un jeune homme qui ne
concaîssait plus de frein roulait dans sa pensée des desseins cri-
30
350 23 octobre. — saint théodoret, UàRT.
mincis, qu'il voulait accomplir, il saisit une occasion favorable pour
le reprendre, et, Tayaut averti qu'il mourrait le lendemain, oc qui
arriva effectivement , il le réduisit à pleurer sincèrement ses po-
chés en versant beaucoup de larmes. Tout cela ne Gt qu'accroître
le renom de sainteté du bienheureux Pierre, qui brilla par le don
de prophétie, celui d'éprouver des extases et celui de faire des
miracles. Dans le nombre, on dit surtout qu'il guérit par le signe de
la croix le bras desséché d'une femme, et qu'un tonneau qui était
vide auparavant fut trouvé rempli de vin par l'effet de ses mérites
auprès de Dieu. Enfin, distingué par toutes ces grâces, il aperçut
avec joie la mort, sur laquelle il avait longtemps médité, et dont
il avait si souvent tenu à la main la représentation dans la prière
ou au milieu de ses prédications. Ayant reçu avec beaucoup de.
dévotion les sacrements de l'église , il prit son vol dans la céleste
patrie, du même couvent de Saint-Dominique, à Cortone, le SI
octobre de l'an I44ô.
23 octobre. — SAINT THÉODORET, prêter et martyr. — '
4e siècle.
Julien l'apostat, étant parvenu à l'empire, donna à son oncle
Julien la qualité de comte d'Orient. Ce dernier, qui était apostat
comme son neveu , ayant appris qu'il y avait des vases d'or et d'ar-
gent dans le trésor de l'église d'Antiochc, résolut de s'en empe»
ror, fit à cette fin fermer l'église, et chassa les ministres. Un saùit
prêtre nommé Théodoret, qui était chargé de la garde des vases
sacrés, ne voulant pas abandonner le dépôt qui lui était confié,
resta dans la ville , et tenait chez lui les assemblées des fidèles. Le^*
comte Julien, en ayant été averti, le fit prendre et amener devant
lui, les mains liées derrière le dos. « Tu es donc, lui dit-il, ce Théo-,
doret qui, sous le règne de Constance , empêchait que Ton servit
les dieux, abattait les autels et les temples pour bâtir des églises et
des tombeaux de morts? — Oui , répondit Théodoret ; autant que
j'ai pu j'ai contribué à élever des églises et des basiliques sous Tin-
vocation des martys, j'ai détruit les idoles et les autels des démons
pour sauver les Ames de ceux qui étaient dans l'erreur, — Puis-
que tu reconnais que tu l'as fait , dit Julien, rends donc honneur
aux dieux. — Je l'ai fait, dit Théodoret, du temps de Constance,
sans que Ton m'en ait empêché, et je suis étonné qu'un prévarica-
teur tel que vous, qui s'est rendu coupable de la plus crimiuellq
23 octobre — s. thbodoret, m art. 351
S soit deve itôt le vengeur des démons. » Alors Julien
frapper sous la plante des pieds et sur le visage ; ensuite il le
?mke sur le chevalet avec tant de violence qu'il semblait avoir
pieds de long. « Sens-tu les tourments ? dit le comte; quitte
la doctrine de ce mort, sacrifie aux dieux et continue de vi-
» Ttaéôdoret, parlant fort et d'un air plein de joie. « N'appelez
■eux les ouvrages des hommes ; mais reconnaisses le Dieu qui
; le ciel et la terre, et Jésus-Christ, son Fils, par le sang pré-
duquet vous aviez été délivré. — Quoi ! dit le comte, ce cru-
ce mort, cet homme mis dans le monde, tu rappelles créa-
du monde ? — Oui , répondit Théodoret ; celui qui a été cru-
qui est mort, qui a été mis dans le tombeau, qui est ressus-
lour notre salut, c'est lui qui a fait toutes choses, qui est le
e et la sagesse du Père, et que vous avez adoré lorsque
étiez sage, si cependant vous l'avez jamais été véritablement. »
mite, plein de colère, fît redoubler les tourments, et, pendant
e sang coulait des côtés du saint prêtre, son visage était rem-
e joie. « Je vois bien, dit le comte, que tu ne sens pas les
nents. — Non, répondit le saint, je ne les sens pas, parce
e Seigneur est avec moi. » Julien, faisant toujours continuer
rture, dit au saint ; « J'ai appris que tu dois une somme au
r de l'empereur : tu te hâtes de mourir pour ne pas payer;
sacrifie, je te ferai remettre la dette. — Que votre or et
! argent périssent avec vous» dit le saint martyr : je ne dois
Dieu seul ; et , en conservant ma conscience pure , j'espère
s promesses. » Julien commanda qu'on apportât les flam-
x pour lui brûler les côtés. Pendant qu'on le faisait , Théo-
:, levant les yeux au ciel , dit : « Seigneur, Dieu tout-puiu-
qui avez fait le ciel et la terre et tout ce qui y est contenu,
eur du monde , remplissez l'espérance de votre serviteur,
souffre pour votre nom , et faites voir votre puissance aux
lants , afin que tout le monde connaisse quelles grâces vous
; à ceux qui vous craignent , et quels tourments sont prépa-
ceux qui vous renoncent. » En même temps les bourreaux
èrent par terre. Julien , les ayant fait relever, leur ordonna
commencer ; mais ils répondirent qu'ils ne le pouvaient pas ;
; avaient été renversés par quatre anges, vêtus de robes
;hes, qui s'entretenaient avec le saint. Julien, en fureur,
nanda qu'on les jetât dans la mer. Comme on les y condui-
Théodoret leur dit : « Allez, mes frères, allez devant : pour
aôS 23 octobre. — s. bomain, abch. j>e mue*.
moi, en vainquant l'ennemi, je vous suivrai, et j'irai au Sei»
gneur* qui veut bien m'acoorder la victoire. » Julien le pressa de
sacrifier et lui offrit telle récompense qu'il voudrait $ mais le saint
lui répondit : « Pour vous, vous mourrez dans votre lit en souf»
frant d'horribles tourments; quant à l'empereur, qui se prépare i
la guerre, non-seulement il ne remportera pas la victoire, mail
H périra sans qu'on sache qui Ta frappé. »
Le comte, craignant que le saint n'en dît davantage, lui fit
trancher la tête : ce fut le 23 octobre de l'an 369.
Le comte Julien passa la nuit suivante dans des inquiétudes
mortelles. Le lendemain matin, il présenta à l'empereur l'inven-
taire des effets qu'il avait enlevés aux chrétiens , et il raconta ce
qu'il avait fait par rapport à Théodoret , s'imaginant par la frire
sa cour à son neveu. Mais le prince lui dit ouvertement qu'il
n'approuvait point que l'on mit à mort les chrétiens pour cause
de religion. Cest donner, dit-il, de l'avantage aux chrétiens, qui
ne manqueront pas de faire de Théodoret un saint et un martyr.
Le soir, le cornlc Julien ressentit une violente douleur d'entrail-
les; ses intestins se corrompirent ; il vomissait les excréments par
la bouche. Il se forma dans les parties corrompues une quantité
prodigieuse de vers ; et tout l'art des médecins fut inutile. Les trois
derniers jours de sa vie , il s'exhala une puanteur de son oorpt
qu'il ne pouvait supporter lui-même. L'empereur, ayant été
blessé mortellement, eu Perse, d'un trait lancé par une main in-
connue , expira dans la rage et le désespoir le 26 juin 363. Ainsi
s'accomplit la prédiction du bienheureux martyr.
93 octobre. — SAINT ROMAIN, abchevequb db Rouen,
CONFESSEUR. — 7e Siècle.
Romain sortait d'une famille où la naissance était jointe à la
vertu. Ses parents , qui le regardaient comme le fruit de leurs
prières et de leurs aumônes , prirent un grand soin de son édu-
cation. Ils le formèrent surtout à la piété. Quand il fût en Age
de paraître dans le monde, on l'envoya à la cour de Gotaire II,
le troisième roi France, qui réunissait toute la monarchie. Il mé-
rita l'estime et la confiance de ce prince , qui l'éleva depuis à la
dignité de référendaire ou de chancelier.
Après la mort d'Hidulphe , archevêque de Rouen, laquelle ar-
28 octobre. — s. bomain, abch. db rouen. 353
riva en 626 , on élut Romain pour le remplacer. Ce choix fut
unanimement approuvé. Le saint voulut inutilement faire des re-
présentations, on n'y eut aucun égard. A peine eut-il reçu
Fonction épiscopale qu'il employa tous les moyens propres à dé-
truire dans son diocèse les restes de l'idolâtrie. 11 fit abattre quatre
temples dédiés à Vénus , à Mercure, à Jupiter et Apollon. Le pre-
étaitdansla ville de Rouen,
affaires de son diocèse l'ayant appelé à la cour de Dagobert,
i y apprit qu'une inondation faisait de grands ravages dans sa
ville épiscopale. Il part aussitôt , et vole au secours de son trou-
peau. A son arrivée, il se met en prières, et, tenant un crucifix à
la main, il s'avance du côté de la rivière, qui rentre dans son lit.
Mais si les miracles du saint évêque excitent notre admiration,
tes éminentes vertus doivent encore plus particulièrement fixer
notre attention. Il macérait son corps par des austérités continuel-
les; et après avoir consacré les jours aux fonctions pénibles du
ministère , il donnait les nuits à l'oraison. Il bannit par son zèle
le vice et la superstition, et il veillait également au salut de son
âme et à la sanctification de son troupeau II y avait treize ans
qu'il gouvernait son diocèse lorsque Dieu lui fit connaître qu'il
approchait de sa fin. Comme sa vie avait été une préparation
continuelle à la mort , il ne fat point effrayé de cet avertisse-
ment; il redoubla de ferveur dans ses prières, et d'austérité dans
sa pénitence, afin de se rendre encore plus digue de paraître de-
vant Dieu. 11 mourut le 23 octobre 638 , et eut saint Ouen pour
successeur. Dans le onzième siècle , son corps , d'abord déposé
dans l'église de Saint-Godard , fut porté dans la cathédrale.
Le nom de saint Romain est célèbre en France à cause du
privilège dont l'église de Rouen était jadis en possession, et qui
consistait à délivrer tous les ans un criminel de la prison et de
la mort, le jour de l'Ascension. Selon la tradition populaire,
ce privilège tirait son origine de ce qae saint Romain aurait tué
un horrible dragon, avec l'aide d'un meurtrier qu'il avait envoyé
chercher en prison. Quant à la figure du serpent, nommé gar-
gouille, que l'on portait à la procession, elle paraît n'avoir été, à
Rouen comme dans quelques autres villes, qu'un symbole re-
présentatif de la victoire de Jésus-Christ sur le démon.
30.
&4 33 ociubre. — s. Jfiuf dk C4P»T«4H> ooaur.
— ii — i • — w^i— ^A-^jjji
* ■ " '-..■:.■■
2J octobre. - SAINT JEAN DE (^UMSTRAN > M ^«M^ j
m Saint François, confesseur. — tt* ntèale.-- '»'&*
Jean, né à Capistran, dans le pays des Marses , était fils d'un
soigneur allemand qui avait épousé une femme de cette contrée.
Envoyé à Pérouse pour y faire ses études , ses progrès dans In
sciences sacrées, profanes et juridiques furent tels que, d'après
sa réputation, le roi do Naples tadislas lui confia le gouverneront
de plusieurs villes , ce dont il s'acquitta très-dignement. Pendant
qu'il était à Pérouse, il s'y éleva des troubles qu'il s'efforça d'a-
paiser; mais il fut arrête et jeté dans une prison où lui apparut
un homme vêtu en franciscain , qui l'engagea à embrasser uw
plus sainte carrière. Ce fut par suite de cette vision que Jeta
reçut la tonsure cléricale, et qu'il fut admis, après un noviciat ri-
goureux, au nombre des Frères-Mineurs de l'Observance. Il eut
pour maître dans les lettres divines saint Bernardin de Sienne,
dont il imita les vertus. Sa profonde humilité lui fit refuser avtc
une constance inébranlable l'évcché d'Aquila. L'austérité de tarie,
non moins que les nombreux écrits qu'il composa pour la défor-
mation des mœurs , lui procura une grande célébrité. Il fut deux
fois supérieur des Observantins en qualité de vicaire, et il agit de
telle sorte par ses règlements et ses exemples que cette branche
de la famille de saint François devint la gloire de l'ordre entier,
et fit faire, beaucoup de progrès à la foi.
Son zèle à prêcher la parole de Dieu en parcourant toute l'Italie
ramena une multitude de personnes dans la voie du salut. L'heu-
reux succès de ses efforts pour éteindre l'hérésie des fratrieellea
lit que le pape Martin Y le nomma inquisiteur général contre
tous les hérétiques. Il vint à bout de faire cesser sur les terres
de 1'Kglisc Romaine la pratique impie de l'usure, que les juin)
exerçaient. En Orient, il rendit a la religion des services impor-
tants , en préparant la réunion des Arméniens à l'Église catho-
lique, réunion qui se consomma au concile de Florence. Nicolas Y
l'ayant nommé inquisiteur général contre les juifs et les Sarra-
sins dans toute l'Italie, Jean convertit à Rome le principal rabbin
avec quarante de ses coreligionnaires. 11 travailla aussi en Alle-
magne, en qualité de nonce , à la conversion des hérétiques et à
rétablir la concorde parmi les princes. Son zèle se déploya sur-
2-1 octobre. — s. màgloire , év. 355
it lorsque Calixte III , pressé par ses supplications , eut résolu
guerre sainte contre les Turcs. C'est principalement à son cou-
gs et à ses conseils qu'on doit d'avoir remporté la victoire de
Igrade, où douze mille < tttomans furent mis en fuite ou massa-
is. Enfin , succombant à tant de travaux et à d'autres fatigues
n moins glorieuses, Jean de Capistran tomba malade mortelle-
art, et fut transporté à Villack. Des princes étant venus le visi-
' sur son lit de douleur, il les exhorta à défendre la religion chrê-
me^ et rendit son âme à Dieu en Tan 1456, se montrant jusqu'à
In un homme vraiment apostolique, et martyr par les vœux
son cœur. C'est le pape Alexandre VIII qui, après un examen
torique, le mit au nombre des saints.
octobre. — SAINT MAGLOIRE, évêque bégionnaibe,
abbé de Dol. — 6e siècle.
Saint Màgloire naquit dans la Grande-Bertagne, sur la fin du
quième siècle. 11 fut mis, avec son cousin, saint Samson, sous
conduite de l'abbé Iltut, disciple de saint Germain d'Auxerre,
i prit on soin particulier de les former aux sciences et à la
té. Lorsqu'ils furent en âge de se décider sur le choix d'un
t de vie, Samson se retira dans un monastère, et Màgloire re-
irna chez ses parents , où il pratiqua toutes les vertus chrê-
mes. Quelque temps après, le père de Samson, ayant été at-
[ué d'une maladie dangereuse, envoya chercher son fils, et
umflia devant Dieu, dont il implora la miséricorde. La santé
ayant été rendue , il renonça à ses biens pour se consacrer au
gneur avec toute sa famille.
jet exemple eut des suites si heureuses que Màgloire et toute
famille résolurent de quitter le monde. Us distribuèrent leurs
os aux pauvres et aux églises ; après quoi , Màgloire et son
e prirent l'habit monastique dans la même maison que Samson.
rsque ce dernier eut été sacré évêque régionnaire , il s'associa
it Màgloire, qui avait été élevé au diaconat , et l'emmena avec
dans l'Armorique , pour l'aider dans ses travaux apostoliques
i la propagation de l'Evangile. Le roi Childebert appuya de
autorité les saints missionnaires, qui furent bientôt en état
fonder quelques monastères. Samson fit sa résidence dans co-
de Dol, et donna la conduite de celui de Kerfunt, ou Kerfuntée.
356 24 octobre. — s. magloire, bv.
à saint Magloire, qu'il ordonna prêtre, aQn qu'il pût lui succéder
dans les fonctions épiscopales.
Magloire, à l'exemple de son prédécesseur, prêcha l'Évangile
aux Bretons qui habitaient sur les côtes et dont la plupart étaient
chrétiens ; mais les malheurs des guerres avaient affaibli en eux ta
connaissance de Jésus-Christ, et l'avaient presque entièrement ef-
facée dans plusieurs. Le saint continua de vivre avec ses moînet
comme par le passé. 11 ne quittait point le ciliée et ne se nour-
rissait que de pain d'orge et de légumes. Après trois ans. d'épisco-
pat , il forma le projet d'aller vivre dans la solitude. Croyant
que Dieu exigeait de lui cette entière séparation du monde, il se
fit remplacer par Budoc, dont il connaissait le zèle, les lumières
et les vertus. Magloire redoubla ses austérités; et, brûlant du
désir d'être uni à Dieu de la manière la plus intime, îl évitait,
autant qu'il lui était possible , de converser avec les hommes;
mais la réputation de sa sainteté fit bientôt découvrir le lieu de
sa retraite. On s'y rendait de toutes parts pour trouver du sou-
lagement dans les besoins de l'âme et du corps.
Le saint, ne pouvant plus supporter cette affluence de peuple
qui venait le visiter, résolut de se retirer dans quelque sotitude,
où il pût être entièrement inconnu au monde; mais Budoe,
qu'il consulta , le rassura en lui faisant entendre que les bonMS
œuvres qu'il faisait devaient lui faire sacrifier son goût partie»
lier pour la retraite, il resta donc dans l'état où il était, et sa
miracles rendirent de jour en jour son nom plus célèbre. Le
comte Loiescon, qu'il avait guéri de la lèpre, lui ayant donné
une terre dans l'Ile de Jersey, il y bâtit une église, et fonda as
monastère, où il rassembla plus de soixante religieux. Durant ta
famine qui suivit la mort de Chilpéric, il pourvut à la subsistance
d'une infinité de personnes qui étaient dans le besoin. Quoique les
provisions du monastère fussent épuisées , il ne diminua point ta
nombre de ses religieux , ainsi qu'on le lui avait conseillé. H i
mit en Dieu sa confiance , et il en recueillit bientôt les fruits. ;
Un vaisseau chargé de vivres arriva dans 111e, et y apporta les se-
cours dont en manquait.
La nuit de Pâques de l'année suivante , le saint fut averti par *
le ciel de la proximité de sa mort. 11 ne sortit plus de l'église, à
moins qu'il n'y fût contraint par la nécessité ou par l'utilité dtf
prochain. Il répétait souvent ces paroles du Psalmiste : Je ne de- )
mande qu'une chose au Seigneur, c'est de demeurer dans M 1
16 octobre. — ss. cbepin et crspimbn. S67
tous le* jours de, ma vie. Il mourut six mois aprèt. On
mort au 24 octobre 57$. Il était âgé d'environ quatre-
Durant les guerres des Normands , ses reliques fu-
à Paris, et déposées dans l'Église de Saint-Barthé-
, pois dans la chapelle de Saint-Georges, située hors des
la Tille. On les transporta ensuite dans l'église de Saint-
dite depuis de Saint-Magloire,
m octobre. —SAINT CHRYSANTHE ET SAINTE DARIE,
MABTYBS. — 3e Siècle.
'Cfaysantheet Darie étaient deux époux d'une noble naissance,
■ris plus illustres encore à cause de la foi que Darie, par le zèle
il son mari, avait adoptée avec le baptême. Ils convertirent à
BlMI Clnist dans la ville de Rome une quantité innombrable de
;9 Darle instruisant les femmes , tandis que son époux
lommes \ ce qui fut cause que le préfet Célerin, après
fer avoir fait arrêter, les livra au tribun Claude. Celui-ci donna
tés}tp de torturer Chrysanthe, que des soldats avaient attaché;
tous les liens se rompirent, et bientôt les entraves dans les-
il avait été engagé se brisèrent également. On renferma
dans une peau de bœuf qu'on exposa à un soleil très-ar-
lent ; puis, après lui avoir garrotté les pieds et les mains avec une
àaine de fer, on le jeta dans un cachot obscur. Mais là ses fers se
ttmpirent encore une fois, et une lumière éclatante éclaira cet
Adroit. Quant à Darie , contrainte d'entrer dans un lieu de pros-
titaoon, la protection d'un lion l'y défendit miraculeusement de
tout outrage , pendant qu'elle était tout absorbée par sa prière.
Enfin conduits l'un et l'autre dans une sablonnière située sur la
laie Salaria, ils y tinrent lapidés dans une fosse qu'on avait creusée,
et 9s obtinrent tous deux une pareille couronne de martyre, en
Fan 237.
Î5 octobre. —SAINT CRÉPIN ET SAINT CRfcPINIEN,
habtybs. — 3e siècle.
Crépin et Crépinien furent du nombre des premiers apôtres de
France envoyés avec saint Denis pour y annoncer l'Évangile. Ceux
fui eurent le bonheur d'entendre les instructions de ces saints
358 25 octobre. — s. mont, év. de pébigueux.
apôtres furent plus soigneux de les mettre en pratique que d'écrire
leur histoire : aussi sait-on peu de choses de saint Crépin et de
saint Crépi ni en. On dit qu'ils étaient frères.
T/CS compagnons de saint Denis s'étant dispersés en différente
endroits des Gaules , Crépin et Crépinien s'arrêtèrent à Soissons,
où ils se servaient de toutes les occasions que Dieu leur donnait
pour attirer les peuples à la connaissance de la vérité. A l'exemple
de saint Paul , qui prêchait le jour et qui travaillait la nuit pour
n'être à charge a personne , ils tirent du lieu de leur retraite non-
seulement une école d'instruction , mais encore une boutique de
travail. Ils exerçaient le métier de cordonnier, occupation tran-
quille , propre à les entretenir dans l'humilité qui convient à des
ouvriers évangéliques, et qui leur donnait occasion de parler de
Jésus-Christ à ceux qui les employaient.
Il y avait longtemps qu'ils vivaient de la sorte , et qu'ils répon-
daient la lumière de l'Évangile , lorsqu'ils furent dénoncés à l'em-
pereur Maxime-Hercule , qui les envoya prendre aussitôt et Ici
interrogea; mais, n'ayant pu les gagner ni par promesses ni par
menaces , il les remit entre les mains du préfet du prétoire des
Gaules, nommé Ilictius Va rus. Ce préfet éprouva, sans pouvoir
les ébranler, la constance de ces deux missionnaires par tous les
moyens que la cruauté lui suggéra. Les deux frères , étant de-
meurés victorieux de toutes les attaques du persécuteur, cuvent
enfin la tête tranchée. Ou met leur martyre vers Fan 287.
25 atobre. — SA.IIST FRONT, premier évéque de Pbbi-
GUKLX , COR FESS EUE. — 3r OU 4e siècle.
Le bienheureux saint Front, ordonné évéque par des hommes
apostoliques , fut un de ceux qui , au rapport de la tradition , re-
çurent du saint-siège la mission de prêcher l'Evangile dans les
Gaules, et y répandirent la foi de Jésus-Christ en diverses pro-
vinces. Il parcourut plusieurs contrées avec le bienheureux George,
en annonçant la parole de Dieu , et il arracha à la superstition
tin grand nombre de païens. George étant passé dans le Vélay,
Front entreprit d'amener à la connaissance du vrai Dieu les ido-
lâtres du Périgord. Il entra donc à Périgucux , prêcha la foi chré-
tienne dans cette cité avec un zèle infatigable, une constance
inimaginable . et convertit à Jésus-Christ une multitude d'habt-
26 octobre. — s. évabiste» pape ist m. 3&B
Bfio, après av< îccompli d'innombrables travaux et opéré
p de mincies pour confirmer sa prédication* il s'endormit
paix du Seigneur. Son corps fut enseveli auprès de Péri-
•à l'endroit «fui prit le nom de Puy-Samt-Front , et qui
nUnéme une ville.
to.— SAINT BONIFACE 1er, pape, confesseur. — .
5e siècle.
, qui succéda à Zozime sur le Siège apostolique le
nbre 41 S, était un prêtre avancé en âge , d'une vertu émi»
; très-versé dans la connaissance de la discipline ecclésias»
on élection ayant été contestée par quelques évéques qui
àonaé leurs suffrages à un homme ambitieux et intrigant
Eutotius, Symmaque, préfet de Rome* en instruisit l'em*
Bonorius, qui faisait alors sa résidence à Ravenne» Ce
t assembler un synode, qui condamna Euialius, et con-
nection de Boniface.
nveratn pontife se fit principalement remarquer par sa
et son amour pour la paix. Mais il n'en montra pas moins
été contre les évéques de Constantinople, qui voulaient
eur juridiction jusque dans l'IIlyrie et dans certaines pro-
ui, quoique soumises alors à l'empire d'Orient, avaient tou-
; dépendantes du patriarcat d'Occident. 11 sut aussi main-
ts rigueur les droits de Ruftis, évêque de Thessalonique, son
ms la Thessalie et la Grèce ; et il exigea que les élections
s faites dans ces contrées fussent toujours confirmées
s et ses successeurs, conformément à l'ancienne discipline.
t encore les privilèges des métropoles de Nar bonne, et
icliit de la juridiction de la primatie d'Arles. 11 montra
l sèle contre les pélagiens, et témoigna une haute ès-
r saint Augustin , qui lui adressa quatre livres contre Pe-
ut Boniface mourut sur la fin de Tannée 422, et fut en-
s le cimetière de Sainte-Félicité , sur la voie Salaria.
re. — SAINT ÉVARISTE, pape et martyr. —
2r siècle.
:e, né en Grèce d'un père qui était juif, exerça le sou-
mtificat sous l'empereur Trajan. C'est lui qui divisa le-
300 26 vctoljre. — «s. lugien et marcien, m.
ville de Rome en titres ou paroisses , as un prêtre à eta*
cune d'elles. Il régla que sept diacres entoureraient Févéque loi»
qu'il s'acquitterait du devoir pastoral de la prédication évangéUfD».
11 établit aussi, d'après la tradition apostolique, que les mariagai
seraient célébrés et consacrés en public, et qu'on y joindrait h
bénédiction du prêtre. 11 gouverna l'Église neuf ans et trois mon,
et, couronné par le martyre en l'an 1 12 , il fut enseveli le 25 oc-
tobre, au Vatican, auprès du tombeau du Prince des apôtres.
20 octobre. - SAINT LUCIEN ET SAINT MARQEN,
martyrs. — 3e siècle.
Lucien etMarcien, élevés dans les ténèbres du pigaiûsme, s'é-
taient abandonnés à toutes sortes de désordres. Livrés à des pas-
sions honteuses, également contraires à la raison et à la piété, os
suivaient sans scrupule les désirs corrompus de leur cœur. Dm
le temps où ils ne pensaient qu'à multiplier leurs ingratitudes et
leurs crimes , Dieu les regarda dans sa miséricorde* N'ayant pu
engager une vierge chrétienne à consentir à leur infime pasriont
ils eurent recours à tout ce que la magie a de plus noir, à ce qu'il
regardaient comme le charme le plus infaillible? mais tous leurs
efforts ne purent rien contre celle qui opposait à leurs vains aru»
fices les armes puissantes de la prière et de l'humilité. Lucien et
Marcien eurent honte d'avoir été si longtemps séduits et de s'être
laissé égarer par des esprits de ténèbres. De la honte d'eux-mêmes
ils passèrent bientôt au mépris de ce qu'ils avaient aimé : ils aban-
donnèrent leurs biens et leurs familles, et se retirèrent dans un
lieu écarté et solitaire; ils ne sortaient de leur retraite que pour
venir de temps en temps à l'église, où Hs confessaient publique* •'
ment leurs crimes passés , afin de s'humilier* et s'en retournaiest &
ensuite pleurer dans leur solitude* *■
Après s'être ainsi fortifiés dans la grâce que le baptéVm M ■-
avait donnée , ils voulurent réparer autant qu'il était en eux In :
pertes qu'ils avaient fait faire à l'Église par la mort sptrttuele (
qu'ils avaient donnée à tant d'âmes entraînées par eux dans ■ <
désordre. Pour réussir dans ce dessein, ils* commencèrent à pré» a
cher Jésus-Christ avec autant de zèle qu'ils en avaient eu aupt- '
ravant à détruire son empire. Les ennemis du nom chrétien ni- e
rent 'tout en œuvre pour les empêcher de gagner des âmes à *
37 octobre. — saînt frûmence, év. b'AXUit. 361
jMmfc-C&rist , et ils en trouvèrent bientôt l'occasion. Dèce , qui
vivement l'Église, faisait chercher partout ceux qui
fidèles à Jésus-Christ, afin de les obligera sacrifier aux
ou pour les faire mourir. Dieu permit que Lucien et Mar-
iassent aussi arrêtés. Sabin, proconsul de Bithynte, leur dit:
quelle autorité annoncez-vous le Christ? — Tout homme qui
a4Q la charité, répondit Lucien, ne désire rien tant que de retirer
f» frères de Terreur. Martien, qu'il interrogea ensuite , lui fit la
taiqte réponse, et ajouta : Celui qui a rendu saint Paul un zélé
défenseur de cette Église, qu'il persécutait auparavant , nous a fait
aussi la même grâce. — Laissez là tous ces discours , dit Sabin;
retournez au culte des dieux que vous avez abandonnés : vous
A'avez que ce moyen ppur conserver une vie qui va vous être ôtée
/î vous n'obéissez pas. — Hélas ! dit Lucien , que nous avons de
Â&pfes à tendre à Jésus-Christ, qui nous délivre par sa puissance
y la mort éternelle ! Sabin , n'ayant pu les affaiblir ni par les pro-
Çeasesni par les menaces , les condamna à être brûlés. Lucien et
Jftnprien rendirent grâces à Dieu de ce qu'après avoir mérité , par
hors crimes, de brûler éternellement dans l'enfer, il les avait ar-
nehés à la puissance des ténèbres pour les faire passer dans sa
poire. Ils allèrent avec joie au bûcher, et consommèrent leur sa-
en louant et bénissant le Seigneur, en l'an 250 .
27 octobre. — SAINT FRUMENCE, évêque d'Axum,
apotrk de l'Ethiopie. — 4e siècle.
perles et des pierreries d'un grandprtx .
A son exemple, un autre philosophe tyrien nommé Mérojfè en-
treprit le même voyage par le même motif; mais Dieu, û^con-
àoit les pas des hommes, lors même qu'ils ne pensent pointVafaui,
permit ce voyage pour un dessein bien différent et d'un bien
plus haut intérêt que toutes les pierreries qu'on en pouvait rap-
porter. Mérope emmena avec lui deux jeunes neveux nommés
Frumence et Edèse , qu'il aimait beaucoup et qu'il instruisait. Il
espérait , en les faisant voyager, leur former l'esprit , et qu'ils
acquerraient des connaissances utiles. Le philosophe , ayant sa-
V1ES DES SAINTS. — T. 31
362 27 octobre, — saint fbumence, ÉV. d'AXUKo
tisfait sa curiosité , se mit en chemin pour revenir. Pendant le !
retour, le vaisseau qui les portait, ayant été obligé de prendre >
terre en un port de l'Ethiopie pour faire provision de rafraîchis- i
sements , fut attaqué par les barbares du pays , qui , ayant re- i
connu que l'équipage était composé de Romains, dont fls étaient i
les ennemis jurés, tuèrent tous ceux qu'ils purent attraper.
Mérope, n'ayant pu échapper à leur barbarie, subit le même sort : i
mais ses deux neveux, tranquilles pendant ce carnage, qu'As
ignoraient sans doute , étudiaient leurs leçons sous un arbre à
l'écart où ils s'étaient retirés jusqu'à ce qu'on les appelât pour ae
rembarquer. Les barbares , surpris de leur tranquillité et de leur
occupation qui les tenait si attachés , eurent assez d'humanité
pour ne leur faire aucun mal ; mais s'étant saisis d'eux ils les ame-
nèrent à leur roi. Dieu disposa le cœur de ce prince en laveur de
ces enfants, en sorte qu'il les fit élever avec soin, et quand H
eut éprouvé avec le temps les qualités excellentes de leur esprit,
il fit Edèse , qui était le plus jeune, son echanson. Pour Frumcnce,
comme il vit qu'il avait un génie peu commun et un grand esprit
d'ordre , il lui donna le soin de ses finances. Depuis ce temps-là ,
ils furent l'un et l'autre fort aimés de ce roi , qui les regarda tou-
jours comme deux hommes dignes de toute sa confiance, et sur
qui il pouvait se reposer sûrement d'une partie de son État Ce
prince, se voyant près de mourir , les remercia de leurs services,
et leur laissa la liberté de faire ce qu'ils voudraient. Edèse passa
à Tyr, lieu de sa naissance, et Frumence s'en alla à Alexandrie.
Dès que ce dernier y fut arrivé, il alla voir saint Atbanase , qui
venait d'être fait évêque, et, en lui rendant compte de ses voya-
ges , il lui fit connaître combien il serait facile de gagner toute
l'Ethiopie à Jésus-Christ si l'on y envoyait des ministres pru-
dents et éclairés. Il suffit de savoir avec quel zèle saint Atbanase
o défendu la divinité de Jésus-Christ pour comprendre quelle fut
sa joie de trouver cette occasion d'étendre le royaume de Dieu. À
Ayant donc assemblé son clergé, il leur fit le récit de ce qu? -
Frumence lui avait dit, et ensuite, s'adressant à Frumence lui- '<
même, qui était présent, il dit comme Pharaon à Joseph : Quel -
autre pourrions-nous trouver qui ait l'esprit de Dieu comme vous, s
et qui puisse exécuter de si grandes choses? Puis, sans attendre
un plus long délai , il l'ordonna évêque , et l'obligea de retourner, <
avec la grâce du Seigneur, dans le pays d'où il était venu. \
Frumence , obéissant a la voix de Dieu, qui se faisait entendre -
28 octobre. — s. simon et s. jude, àp. 363
celle de s : Athanase, retourna dans cette partie de l'É-
qn'on nomme Abyssinie, et fixa son siège à Axum. Les
le reçurent avec joie , et le secondèrent , autant qu'il fut
dans l'entreprise qu'il voulait exécuter. Jamais peuples
le christianisme avec plus de courage. L'empe-
Coostance, grand partisan des Ariens, voulut traverser les
que faisait la vérité dans ce pays en y introduisant, s'il
possible, les erreurs d'Arias; et, comme il était convaincu
Frumence s'opposerait avec ardeur à ce qu'il voulait entre-
, il écrivit aux rois Abcra et Asa , pour les engager à li-
ce saint évêque à Georges, que les Ariens avaient fait pa-
d' Alexandrie à la place de saint Athanase, qui avait été
d'abandonner son siège et de se cacher. Saint Athanase nous
lui-même cette lettre dans l'apologie qu'il a adressée
à Constance. Tous les efforts que fit cet empereur furent inutiles,
et ce digne pasteur continua de gouverner son troupeau , selon
I» justice et la vérité, jusqu'à ce qu'il plût au souverain pasteur
des âmes de le récompenser de sa fidélité et de ses travaux. On
igaore le temps de sa mort.
28 octobre. —SAINT SIMON et SAINT JUDE, apôtbes.
— 1er siècle.
Simon est l'un des apôtres de Jésus-Christ dont l'Évangile nous
apprend le moins de choses. 11 était Galiléen comme les autres, et
on le surnommait Cananéen , peut-être parce qu'il était de la
petite ville de Cana ; et le Zélé, mot qui exprime en grec ce que
celui de Cananéen signifie dans la langue vulgaire du pays , selon
la remarque de saint Jérôme. On ne dit rien de ce qu'a fait saint
Simon ni de ce qui lui est arrivé jusqu'à la descente du Saint-
Esprit qui ne lui soit commun avec les autres apôtres. Ce qu'il
a tait depuis leur séparation est encore moins connu.
On a quelque chose de plus certain et de plus détaillé touchant
saint Jude. C'est le même qui est surnommé Thaddée ou Lebbée.
Il était parent de Jésus-Christ selon la chair ; et c'est pour cela
qu'A est appelé son frère , parce qu'il était fils de Marie , sœur
de la sainte Vierge , et de Cloophas , frère de Joseph. 11 était aussi
frère de saint Jacques le M ineur. Jude fut marié , et eut des en-
fants; mais le Seigneur, en rappelant à l'apostolat, le destina
304 28 octobre. — s. fabox, év. de m eaux.
à être père d'un grand nombre d'enfants spirituels qu'il devait
enfanter à Jésus-Christ. Il en ût, pour ainsi dire, l'apprentissage
sous Jésus-Christ môme , qu'il accompagnait dans ses courses
évangéliques, et dont il voyait le zèle pour la gloire de son Père,
afin d'accomplir l'œuvre pour laquelle il avait été envoyé. Dans
la dernière cène, Jésus-Christ ayant dit qu'il se manifesterait à
ceux qui l'aiment , à ceux qui gardent ses commandements, et
non pas au monde , Jude lui dit : Seigneur , pourquoi vous
festeriez-vous à nous, et non pas au monde ? Jésus lui
Si quelqu'un m'aime , il gardera ma parole > et nous ferons en lui
notre demeure.
On dit que saint Jude , après avoir reçu le Saint-Esprit avec
les autres apôtres , alla porter la lumière de l'Évangile dans la
Judée, la Samarie, la Syrie, et surtout dans la Mésopotamie. Il
retourna à Jérusalem en Tan 62 de Jésus-Christ, après !a mort de
saint Jacques 1(5 Mineur, son frère, et fut du nombre de ceux qui
choisirent saint Simon, qui était également son frère, pour suc-
céder à saint Jacques dans le gouvernement de cette Église.
On a une lettre ou épître de saint Jude , qui est la dernière des
sept qu'on nomme catholiques ou universelles. Il écrivit princi-
palement pour les Juifs convertis au christianisme , et il attaqua
les hérétiques de ce temps-là , comme les Nicolaïtes , les Simo-
niens et les Gnostiques , qui combattaient la nécessité des bonnes
œuvres : on croit qu'il ne l'écrivit qu'après la ruine de Jéru-
salem. 11 y recommande avec instance qu'on se souvienne de ce
que les autres apôtres avaient écrit avant lui. On ignore letenns
et le genre de sa mort.
28 octobre. — SAINT FARON, évêque de Meaux.
— 7e siècle.
Faron sortait probablement, ainsi que sa soeur sainte Farç, d'une
famille noble de Bourgogne. Son père , nommé Agnértc, était un
des principaux officiers de Théodebert 11 , roi d'Austrasie , partie
de la Gaule dont dépendaient Meaux et la Brie. Agnéric épousa
Léodegonde, dont il eut quatre enfants : saint Cagnoald, qui se
fit religieux à Luxeuil sous saint Colomban , saint Faron , sainte
Fare et sainte Agnétrudc. 11 demeurait ordinairement à Piplmh
sium , dans la forêt de Brie , à deux lieues de Meaux , et ce fut là
qu'il reçut saint Colomban, en 010, et que le saint abbé lui donna
29 octobre. — s. narcisse, kv. 3G*
bénédiction, ainsi qu'à chacun de ses enfants. Saint Faron
ses premières années à la cour de Théodebert II ; et sa vie
y fut plutôt celle d'un reclus que celle d'un courtisan. Après
brmort de ce prince et celle de Thierri , son frère et son succès-
r, le saint passa, en 613 , à la cour de Clotaire II, qui réunit en
personne toute la monarchie française. Quoiqu'il fît un saint
du crédit que ses vertus et ses talents lui donnaient à la
% et qu'il y menât une vie édifiante ; à la suite d'un entre-
qu'il eut avec sa sœur, sainte Fare , il résolut de renoncer
à la vie mondaine. Il trouva Blidéchilde, sa femme, dans les
mêmes dispositions que lui, et ils se séparèrent d'un mutuel
consentement. Blidéchilde prit le voile , et mourut quelques an-
nées après en odeur de sainteté dans une solitude. Quant à Faron ,
i reçut la tonsure cléricale, devint l'ornement du clergé de Meaux,
et y fut choisi comme successeur de Gondoald , évêque de cette
vflle, vers l'an 626. Le saint prélat travailla avec un zèle infati-
gable au salut des âmes confiées à ses soins. 11 portait à la per-
fection ceux qui professaient déjà le christianisme , et retirait
des ténèbres de l'idolâtrie ceux qui y étaient encore plongés.
On lit dans sa vie, qu'il rendit la vue à un aveugle, en lui ad-
ministrant le sacrement de confirmation , et qu'il opéra plusieurs
autres miracles. Il assista au concile de Sens, en 650. 11 donna
une retraite dans son diocèse à saint Fiacre . et dirigea dans les
voies du salut un grand nombre d'âmes de l'un et de l'autre sexe.
Quelque temps avant sa mort , il fonda dans les faubourgs de
Meaux, où il avait une terre, le monastère de Sainte-Croix, où il
mit des religieux de Luxeuil , lesquels suivaient la règle de saint
Colora ban. On substitua plus tard à cette règle celle de saint
Ilenoît , et ce monastère appartint depuis à la congrégation de
Saint-Maur. Saint Faron alla dans le ciel recevoir la récompense
ie ses vertus , le 28 octobre 672 , à l'âge d'environ quatre-vingts
lus et après avoir gouverné pendant quarante-six ans le diocèse
le Meaux.
29 octobre. — SAINT NARCISSE, évêque. — 2e siècle.
Narcisse vint au monde vers la fin du premier siècle de l'K-
çlîse. Il avait plus de quatre-vingts ans lorsqu'il fut choisi pour
pouverner l'Église de Jésusalem. Vers l'an 185, il se trouva au
31.
366 29 octobre. — s. narcisse, et.
concile do Palestine , assemblé pour décider sur le jour de la célé-
bration de la Pi\que,
Eusèbc rapporte que les fidèles de son temps conservaient la
mémoire de beaucoup de merveilles que Dieu avait opérées par ce
saint évoque ; entre autres , il rapporte que l'huile avait manqué
aux ministres de l'église lorsqu'on était près de célébrer les so-
lennités de la veille de Pâques. Narcisse commanda à ceux qui
avaient soin des lampes d'aller tirer de Peau à un puits qui était
proche , et de la lui apporter ; et qu'après avoir fait sa prière sur
cette eau il leur dit de la mettre dans les lampes , et que Dieu
la changea en huile ; qu'on conserva longtemps de cette kufie
miraculeuse , et que l'on en voyait encore de son temps.
Mais, quelque éclat que les miracles donnassent à laréputa*
tion de Narcisse, rien ne le rendit si célèbre qu'une persécution
dont Dieu permit qu'il fut éprouvé. Trois scélérats, qui redou-
taient les châtiments que méritaient les crimes dont Us se sentaient
coupables, résolurent de prévenir l'effet de son exactitude à faire
observer la discipline ecclésiastique , et de l'accabler par leurs ca-
lomnies. Ils le chargèrent d'un crime atroce, et, pour donner
plus de poids à leur accusation , ils la fortifièrent par un serment
solennel , niais chacun sous différentes conditions. Le premier dit
qu'il demandait à périr par le feu ; le second, d'être couvert de
lèpre; le troisième, de perdre la vue si ce qu'ils avançaient n'é-
tait pas véritable. Malgré toutes ces protestations , leur accusa-
tion ne trouva point de croyance dans l'esprit des fidèles, prévenus
en faveur de leur évéque. Narcisse néanmoins no put supporter
l'indignité des calomnies dont on s'efforçait de le noircir; et,
comme d'un autre coté il y avait longtemps qu'il soupirait après
le repos et la solitude , il prit cette occasion pour se retirer dans
le désert : on ne put découvrir le lieu do sa retraite.
Cependant la justice divine éclata contre les calomniateurs, et
ces infâmes parjures tombèrent bientôt dans les malédictions
qu'ils avaient prononcées contre eux-mCmes. Le feu prit la nuit
à la maison du premier, et ce malheureux fut brûlé avec sa
famille. Le second fut attaqué d'une lèpre qui le rongea en peu de
temps. Le troisième, frappé de la punition de ses complices.
avoua publiquement le complot qu'ils avaient formé pour perdre
le saint évéque ; les larmes que le regret de sa faute lui lit ré-
pandre furent si abondantes et si continuelles qu'il en devint
aveugle. Après que Narcisse, se fut retiré, les évéqiies des villes
. 30 octobre. •— s. Marcel et. s. cassien , mart. 567
furent d'avis qu'on mît quelqu'un à sa place. Die fut
■r, mais 0 mourut quelque temps après : Germain lui succéda,
jraorâea ensuite.
reparut enfin comme s'il fût sorti du tombeau. La
que l'on avait toujours eue pour sa vertu , et qui s'é-
•acore augmentée par la manière dont Dieu avait pris soin de
eomtaftre son innocence, engagea les fidèles à le conjurer
l'administration de son église. Il rentra dans ses
pour quelque temps; mais son extrême vieillesse l'o-
ffteotôt de s'en décharger sur Alexandre. Eusèbe a écu-
me lettre où ce zélé coadjuteur parle en ces ternies : Nar-
rons salue , et vous conjure comme moi de conserver la paix
i raajan entre vous. C'est lui qui a gouverné l'Église de Jéru-
4pà avant moi , et qui la gouverne encore par ses prières. Il a
HÉjpnfctoinent cent seize ans accomplis.
H semble par cette lettre que Narcisse n'avait conservé que le
Ofa et la qualité d'évêque, et que saint Alexandre était plutôt
«successeur que son collègue. Eusèbe et saint Jérôme en par-
pt toujours comme de deux prélats qui gouvernaient ensemble.
fr ne sait point si Narcisse passa de plusieurs années l'âge de
snt seize ans.
30 octobre. — SAINT MARCEL et SAINT CASSIEN,
martyrs. — 3e siècle.
Marcel était centenier , ou capitaine d'une compagnie de cent
mimes dans la légion Trajanc,du temps des empereurs Dioclé-
»n et Maximien. 11 faisait publiquement profession du christia-
giae, et il en donna des preuves dans une réjouissance solen*
jlle prescrite aux troupes pour célébrer la naissance de Maxiroe-
ercule. La fête consistait principalement en festins , qui étaient
«ompagnés de sacrifices en l'honneur des faux dieux. Marcel,
qui la religion défendait de s'y trouver, prit cette occasion
Hir renoncer à la profession des armes. C'est ce qu'il fit dans
lieu le plus respecté du camp, où étaient les drapeaux de la
gion. Eu quittant le baudrier et l'épée , il dit à haute voix : .le
? veux plus combattre que pour Jésus-Christ et le Roi éternel.
îtant ensuite la baguette qui était le signe de sa charge, il ajouta :
? renonce dès ce moment au service des empereurs : je n'ai que
368 30 octobre. — s. màbcel et s. cassiên, kart.
du mépris pour vos dieux de bois et de pierre , et pour vos
sourdes et muettes. Si on ne peut porter les armes sans sa
aux dieux et aux empereurs, j'abandonne très-volontiers te
insignes militaires , et je dis adieu aux aigles et au camp.
Les soldats, fort surpris de ce qui venait d'arriver, se sa:
de Marcel, et le dénoncèrent à Anastase Fortunat, lieul
et juge de la légion , qui le fit mettre en prison. Après la
Fortunat assembla le conseil de guerre, et se fit amener M
Pourquoi , lui dit-il , avez-vous violé les règles de la dis<
militaire en jetant les armes et les marques de votre dij
— J'en ai suffisamment fait connaître la raison , répondit 1<
tenier, lorsqu'on a célébré la fête de l'empereur : j'ai décia
bliquement que j'étais chrétien, et qu'en cette qualité je ne
rais plus que Jésus-Christ, à qui je me suis lié par serment,
ne puis donc plus dissimuler votre témérité , repartit Fort
j'en informerai les empereurs. En attendant , je vais vous
conduire en sûreté à Aurélien Agricolaùs, vicaire du pré:
prétoire.
Ce ne fut que le 30 octobre suivant que Ton présenta Ma
Agricolaùs , avec la procédure commencée par Fortunat. A:
laiïs était à Tanger lorsque le chef de l'escorte lui présent
cusé en lui disant : Anastase Fortunat renvoie devant v<
centurion Marcel, qui est en votre présence. Voici la lettr»
m'a chargé de vous remettre, je la lirai si vous l'ordo
— Lisez, dit Agricolaùs. Le militaire lut ce qui suit : Mi
après avoir jeté les marques de sa dignité, a déclaré publique
qu'il était chrétien, et a proféré, en présence de toute l'ai
plusieurs blasphèmes contre les dieux et contre César. C<
qui nous a engagé à le renvoyer devant vous , afin que vo
ordonniez ce qu'il vous plaira. Après la lecture de cette l
Agricolaùs demanda à Marcel s'il avouait les charges p<
contre lui. Le saint convint des faits qu'on lui reprochait.
se soucier de rien expliquer et sans se plaindre des t<
odieux dans lesquels la lettre était conçue. H déclara seule
au vicaire du préfet du prétoire , qui le traitait de furieux , «
n'est point sujet à la fureur quand on craint Dieu. Si j*a
mes amies , ajouta-t-il , c'est qu'un chrétien , enrôlé dans I;
lice de Jésus-Christ, s'embarrasse peu de la milice et des
de ce monde. Agricolaiïs, apprenant par sa confession te
qu'il souhaitait, ne crut pas devoir le mettre à la queslio
30 octobre. — s. aster e, métropolitain. 369
4*MMfotnna à mort '-le-champ, non pas comme chrétien,
«e que l'Église était alors en paix , mais pour avoir prononcé
i paroles pleines de fureur devant le lieutenant de la légion.
raque Ton conduisait Marcel au supplice , il dit à son juge :
m Dieu vous comble de ses bienfaits ! C'est ainsi, disent les actes
fou martyre, qu'un serviteur de Jésus-Christ devait se venger
portant de ce monde. On lui trancha la tête le 30 octobre , à
Oger , en Mauritanie , vers Tan 298.
Celui ^ui tenait le registre de l'interrogatoire de saint Marcel
fpefaôt Cassien. En écrivant ce que disaient le juge et l'accusé ,
te sentit touché de la constance ue Marcel et des réponses qu'il
Mât à son juge. Lorsque le vicaire du préfet lui dicta la sen-
gse de mort , il eut horreur de cette iniquité ; il refusa d'écrire
jugement , et jeta à terre ses tablettes. Le juge , étonné de sa
iduitc, se leva de son siège tout ému , et demanda pourquoi il
osait ainsi. C'est, répondit le greffier , que vous avez prononcé
e sentence injuste. Agricolaùs, qui craignait encore d'entendre
dque réponse désagréable, sans lui faire d'autre question
âvoya sur-le-champ en prison. Cinq semaines après , il le fît
^paraître devant son tribunal. Cassien protesta , comme saint
ncel , qu'il ne voulait plus servir que Jésus-Christ. Cette confes-
n lui mérita la couronne du martyre : on lui coupa la tête le
lécembre de la même année. .
octobre. — SAINT ASTÈRE, métropolitain d'Amasée
dans le Pont, et docteub. — 5e siècle.
Saint Astère lui-même nous apprend qu'il s'appliqua dans sa
messe à l'étude de l'éloquence et du droit, et qu'il plaida quel-
e temps au barreau. Mais une voix intérieure lui criait conti-
eilement qu'il devait se consacrer au service spirituel du pro-
îin. Il obéit enfin; il quitta sa profession et renonça à tous les
intages du monde, pour entrer dans l'état ecclésiastique.
Vprès la mort d'Eulalius , archevêque d'Amasée , on le plaça
• le siège de cette église. Il se montra très-zélé pour la pureté
la foi , et tâcha d'inspirer à son peuple les sentiments dont il
it pénétré lui-même. On doit juger, à l'énergie avec laquelle
recommandait la charité envers les pauvres, qu'elle était sa
tu favorite. Il peint les vices avec (tes couleurs capables d'en
.170 30 octobre. — I.K n. ALPII. ftOMUOUEZ, conp.
inspirer la plus vive, horreur. Il mourut fort avancé ni
IKirlo de la persécution de .lu lion l'Apostat en homme
avait été témoin. Il paraît qu'on doit mettre sa inor
Tan '100. I, es anciens donnent à Asterelo titre do bicnhei
de docteur divin , qui , comme une étoile brillante , a répi
lumière sur tous les cœurs Los quatorze serinons mithc
qui nous restant de lui, quoiquVn petit nombre, sont un
ment éternel de son éloquence et de sa piété. Kntre nutr
homélie sur Daniel ctSusannc est un chef-d'œuvre. Celle
faite sur saint Pierre et saint Paul est également reninrqu
y enseigne (pie la juridiction spéciale qu'a reçue le Pril
;ipotres s'étend aussi bien sur les fidèles de l'Orient que 8
de l'Occident; que Jésus-( ihrist l'a établi sou vicaire, et <
constitué le |>ère, le pasteur et le maître do tous ceux qui <]
croire a rftvangile.
30 octobre — ï,k uikniikijhhiix ALPHONSE RODA H
coNKF.ssMin. — l(>r et 17" siècles.
Alphonse llodrigucz, fils d'un marchand de Ségovie,
pagne, montra dès sou enfance des indires de la sainteté à 1
il devait s'élever un jour. Soumis à ses parents, qui lui do
l'exemple de la piété , malgré son jeune âge il mettait m
heur à servir les prêtres à l'autel , et a honorer par un c
sidu la très-sainte Mère de Dieu. On l'envoya à Alcnla p
études ; mais la mort de son père , qui arriva presque ai
obligea sa mère à le rappeler, parce qu'elle voulut le char
affaires de sa maison Cédant, plus tard encore h ses inst
Alphonse contracta mariage avec une personne très- vit
Néanmoins, tout occupé de servir Dieu, il vivait dans
tique continuelle des œuvres de la piété. Ayant perdu st
veinent sa femme et ses deux enfants , il se sentit appel
vocation plus sublime, et résolut de quitter le monde, potu
<iaus la voie de la perfection. Il Ht doue avec le plu:* grand
30 octobre. — le b. alph. rodriguez, conf. 371
Bière plus étroite en embrassant un institut religieux , une sorte
le vision lui fit comprendre qu'il était appelé à la compagnie de
léqps. Mais comme il reconnaissait que ses études antérieures
mitent été très-incomplètes , il demanda instamment et obtint
fSÉtrç admis dans la société comme coadjuteur temporel. Une
Mi estré dans la carrière de la vie religieuse, le saint y brilla
ift Féclat de toutes les vertus, admirable surtout par la grandeur
f$ son humilité et de son obéissance. Après avoir, pendant plus
fe quarante années , souffert avec une patience invincible les in-
|p«%*n, les plus cruelles, il se vit en butte aux attaques violentes
Ét/urieuses des malins esprits. Mais, grâce au secours de la bien-
Vierge , il déjoua leurs ruses , et surmonta leurs at-
II ne bornait pas son zèle pour le salut du prochain à la prière,
mais il faisait de pieuses exhortations et donnait de salutaires avis
à ceux avec qui le mettait en rapport sa charge de portier, place
qu'il remplit pendant trente ans au collège de Majorque , et dans
laquelle il donna de grands exemples d'humilité, de patience et
de charité. Par ces moyens et surtout par une multitude d'écrits
pleins d'une sagesse vraiment céleste, Alphonse eut de grands suc-
cès en ce genre. Le saint religieux possédait à un très-haut degré
le don de la contemplation et celui des larmes. Son union conti-
nuelle avec le Seigneur était pour lui l'occasion de nombreux ra-
vissements. Il eut aussi l'esprit de prophétie , la puissance des
guérisons et beaucoup d'autres grâces extraordinaires. Les pra-
tiques de la péintencc et des infirmités continuelles ayant usé ses
forces, parvenu à un âge très-avancé, il comprit qu'il touchait au
terme de son pèlerinage. Il reçut donc les sacrements, et s'endor-
mit dans le Seigneur après avoir prononcé avec amour les noms
sacrés de Jésus et de Marie , l'a vaut- veille de la fête de tous les
saints, l'an du salut 16G7, à l'âge de quatre-vingt-seize ans, et étant
tans la quarante-sixième année de sa profession religieuse. Cette
icureuse mort arriva au collège de Palma , dans l'île de Majorque.
7est à la suite d'un examen canonique des miracles et des vertus
iu saint que le pape LéonXll inscrivit solennellement leur auteur
tu catalogue des bienheureux pendant le jubilé déPannéc 1825.
372 3! octobre. — S, QUENTIN, MABT.
31 octobre. — SAINT QUENTIN, mabtyb. — 3e i
Quentin était fils d'un sénateur romain nommé Zenon. (
qu'il vint en France vers l'an 245 , avec saint Lucien de E
Dieu lui inspira le dessein de s'arrêter à Amiens. Cet
champ qu'il devait défricher, afin de le rendre une portion
ritage du Seigneur, en y établissant la foi. Quentin s'applic
grand ouvrage avec tout le zèle qu'il demandait : ne désin
avec tant d'ardeur que de faire glorifier le nom de Dieu et
truire le règne du démon, il prêchait continuellement la c
évangélique , et demandait sans cesse à l'Auteur de tout bi
la gravât dans le cœur de ceux auquels il l'annonçait. Ses
apostoliques furent récompensés par la gloire du martyre,
persécution de Dioctétien et Maximien, et sous le préfet
vare , le plus cruel persécuteur des chrétiens dans les Gau
ennemi de la vraie religion courait de ville en ville, portant
la terreur et l'effroi , et inondant tous les lieux par où il
du sang des chrétiens. Étant arrivé à Amiens, et voyi
Jésus-Christ y avait un grand nombre d'adorateurs, il fit
Quentin, qu'il regardait comme le principal auteur des ]
qu'avait faits l'Évangile , et il l'envoya chargé de chaînes
son. Le lendemain il le fit amener en sa présence, et lu
magnifiques promesses pour l'engager à renoncer à Jésus-
N'ayant pu le séduire par ce langage trompeur, il s'effe
l'abattre par les menaces les plus terribles. Dieu fortifia (
contre la séduction , et le soutint contre toutes les mena
persécuteur, Rictiovare, irrité de le voir si constant, 1» fit f
cruellement et jeter ensuite dans un cachot obscur : il d
qu'on y laissât entrer aucun chrétien, de peur que le saint
çdt quelque consolation.
Ilictiovarc lo fit venir devant lui après quelques jours de
et employa do nouveau les promesses et les menaces f
vaincre; mais,pyant trouvé encore Quentin inflexible aux i
aux autres, il fit redoubler les tourments : on retendit ,
moyen de poulies , avec une telle violence qu'on déboîta t
membres; on le fouetta longtemps avec des chaînettes de fer
versa sur le dos de l'huile , de la poix et de la graisse bouil
ou lui appliqua des torches ardentes , afin qu'il n'y eut i
1er novembre. — féîe de tous les saints. 373
rtie de son corps qui ne souffrit les plus vives douleurs; mais le
i du Saint-Esprit , qui l'embrasait intérieurement , lui flt mé-
•er tous ces tourments. Il semble qu'on ne pouvait rien ajouter
* qu'on venait de lui faire souffrir; néanmoins la cruauté de
ettevare, ingénieuse à inventer de nouveaux supplices, lui flt
Mr encore dans la bouche du saint de la chaux, du vinaigre et
la moutarde, afin de lui ôter au moins la parole, s'il ne pouvait
•Biever le précieux trésor de la foi. Hictiovare n'y réussit pour-
Jtpas : le saint eut encore la parole assez libre pour confesser
M*Chrirtde bouche, comme il le confessait de coeur. Le bar-
re, honteux de se voir toujours confondu et voulant ôter de de-
£ tes yeux un objet qui lui reprochait sa cruauté et la fai-
Mede ges prétendues divinités, voulut envoyer Quentin à Rome
m être présenté aux empereurs. Dieu est à Rome aussi bien
'«Heurs, dit le saint , pourquoi craindrais-je d'y aller? Cepen-
Bt, ajouta-t-il, j'espère consommer ma course dans la province
Je suis maintenant.
Rktiovare devait partir d'Amiens pour aller dans le Verman-
is : il ordonna qu'on y conduisit le saint, pour achever son
ocès. Quentin fut mené chargé de chaînes dans la capitale de
te province Quand le préfet fut arrivé , il employa encore les
«messes et les menaces pour tâcher de vaincre son prisonnier ;
lis, voyant que sa foi était à l'épreuve de tout, il lui fit percer
corps depuis le cou jusqu'aux cuisses avec deux barres de fer,
lui fit entrer de grands clous entre les ongles et la chair, en
isieurs autres parties du corps, et jusque dans la cervelle. Ce
: ainsi que saint Quentin consomma son martyre probablement
w l'an 287.
Fin du mois d'octobre
1er novembre. — LA FÊTE DE TOUS LES SAINTS.
On rapporte au pape Boniface IV, qui vivait au commencement
septième siècle, la première origine de la fête de tous les Saints.
►ici quelle en fut l'occasion. Il y avait à Rome un temple appelé
Panthéon, bâti par Auguste quelques années avant la naissance
Jésus-Christ. Cet édifice était regardé comme un chef-d'œuvre
irchitecture, et sou auteur l'avait rendu comme le centre de
82
374 1er novembre. — fête du tous les saints.
l'idolâtrie en le consacrant à tous les dieux. Los empereurs ro-
mains , étant devenus chrétiens , portèrent des lois contre le culte
des idoles et firent abattre leurs temples. On en épargna pourtant
quelques-uns à cause de leur magnificence, mais ils forait fermés :
le Panthéon fut du nombre. On ne les regarda pendant longtemps
que comme des monuments propres à orner les villes où ils se trou-
vaient.
Lorsque la religion chrétienne fut bien affermie, et que l'Église
crut n'avoir plus rien à craindre de l'idolâtrie , elle ne fit point
do difficulté d'ouvrir ces temples pour les purifier et les foire
servir au culte du vrai Dieu. En 607, Boniface IV bénit le Pan-
théon, et le consacra à Dieu sous l'invocation de la sainte Vierge
et de tous les martyrs. On ne peut pas dire que ce fût encore la
fête de tous les Saints , puisqu'elle n'avait pour objet que la sainte
Vierge et tous les martyrs. Ce ne fut qu'en 837 que le pape Gré*
goirc IV lui donna toute l'étendue qu'elle a aujourd'hui en dé-
diant une chapelle, dans l'église de Saint-Pierre de Rome , en
l'honneur de tous les Saints. Cette fête bientôt après passa en
Allemagne. Louis le Débonnaire, à la prière du pape et du con-
sentement des évoques, en ordonna la célébration dans tous ses
fctats, et la fixa au 1er novembre.
L'objet principal de cette fête est Jésus-Christ, le chef et le
modèle de tous les Saints. Comme leur justice et leur sainteté ne
sont qu'une émanation de la justice et de la sainteté souveraines,
c'est à lui que se rapporte le culte que nous rendons à ceux qu'il
a bien voulu sanctifier. La foi nous apprend qu'ils n'ont rien mé-
rité pour eux qu'en vertu des mérites de Jésus-Christ; et nous
faisons profession de croire qu'ils ne peuvent rien pour nous que
par Jésus-Christ; mais nous savons que par lui ils sont très-puis-
sants ; ayons donc recours à leur intercession et à leurs prières.
IjCS protestants accusent l'Eglise catholique d'idolâtrie dans le
culte qu'elle rend aux Saints ; mais il est aisé de voir, par ce quo
nous venons de dire, que c'est une calomnie. Les Saints rappor-
tent tous leurs mérites à Jésus-Christ , et de notre côté nous fai-
sons profession de croire que les mérites sont effectivement des
dons de Jésus-Christ. C'est lui qui a donné aux Saints de tout âge,
de tout sexe et de toute condition la force de renoncer aux
maximes du monde pour suivre celles de l'Evangile.
L' Église a honoré les Saints dans tous les temps ; mais toujours
elle a prétondu honorer Jésus-Christ, même dans le culte qu'elle
1er novembre. — fête de tous les saints 375
îur a rendu. On invoque les Saints , G'est-à-dire que les fidèles
ss prient d'être leurs intercesseurs auprès de Dieu. Se croyant indi-
n«s d'être écoutés dans leurs prières , les hommes ont recours à
HÊt dont Us savent combien le crédit est grand auprès du Seigneur.
Oïl honore les reliques des Saints, parce qu'on considère leurs
ûtps comme ayant été les victimes de Dieu par le martyre pu
af la pénitence. C'est dans le même esprit qu'on rend honneur
"fcars images : les fidèles ne croient pas qu'elles aient aucune
Ijltu qui doivent les faire révérer; ils les regardent comme très-v
rgpres à faire penser plus souvent à ceux qu'elles représentent.
fetf dans ce même esprit que l'on visite leurs tombeaux et les
feftttt consacrés à Dieu sous leur nom.
Le dessein de l'Église , en célébrant les fêtes des Saints , en
onorant leurs reliques et leurs images , a toujours été d'honorer
lieu en eux , de les proposer aux chrétiens pour modèles , et de
s porter à les imiter en leur faisant voir la grande récompense
ui les attend s'ils ont le bonheur de les suivre.
En vain alléguerions-nous les obstacles que nous avons à sur-
lorifer; les Saints se trouvaient dans les mêmes circonstances,
f peut-être dans des circonstances plus délicates. Ils étaient pétris
u même limon que nous ; mais , connaissant leur faiblesse mieux
ue nous ne connaissons la nôtre , ils évitaient tout ce qui était
apable d'allumer le feu de leurs passions, ils fuyaient les occa-
ions du péché ; ils s'établissaient de plus en plus dans la pratique
e l'humilité; ils puisaient sans cesse de nouvelles forces dans la
réquentation des sacrements et dans l'exercice de la prière. Ce-
nt par la réunion de ces différents moyens qu'ils triomphaient
'eux-mêmes et des ennemis du dehors. Il ne tient qu'à nous
e faire usage des mêmes secours Le sang de Jésus-Christ fut
ersé pour nous comme pour eux. La grâce du Sauveur ne nous
îanque pas; c'est nous qui lui manquons. Si les difficultés nous
rrêtent , si les tentations nous effraient , si les ennemis se pré-
sntent sur la route, ne perdons point courage; au contraire,
^doublons d'ardeur, en nous écriant avec Josué : Le Seigneur
ti avec nous, que pourrions -nous craindre ? Si le monde nous
oursuit, souvenons-nous que les Saints l'ont combattu, et sont
>rtis victorieux de toutes ses attaques. Si nos passions sont vio-
intes, Jésus-Christ nous a fourni des armes pour les soumettre.
Si nous étions moins lâches , nous trouverions que les difficultés
ue nous alléguons ne sont qu'imaginaires ; nous ne redouterions
376 2 novembre. — com. de tous les fidèles déf.'
plus les voies laborieuses de la pénitence, nous ne balancerions
plus de faire ce que firent tant de Saints de L'un et de l'autre sexe,
des vierges délicates, des jeunes gens d'une faible complexion et
élevés dans la mollesse, des princes, des rois; nous nous écrie-
rions souvent avec saint Augustin : Pourquoi ne ferai*je pas ce
que tels ou telles ont eu la générosité de foire ? Ces exemples sont
bien propres à nous encourager, et à faire taire tous les pré-
textes. Il n'y a qu'un Dieu, qu'un Sauveur, qu'un Évangile * qu'un
paradis. Il n'y a qu'une loi, elle est invariable. C'est. une erreur
bien dangereuse que de s'imaginer que les chrétiens qui vivent
dans le monde ne sont point tenus de tendre à la perfection, ou
qu'ils peuvent se sauver eu suivant une autre route que les Saints.
2 novembre. — LA COMMÉMORATION DE TOUS LES
FIDÈLES DÉFUNTS.
1/ Église a fixé un jour pour faire mémoire générale de tous
(vux qui sont morts dans le Seigneur, c'est-à-dire avec sa grâce,
mais dont la vertu ne s'est pas trouvée assez pure, au sortir de
cette vie , pour qu'ils entrent tout d'un coup dans la jouissance
de l'héritage céleste. On en fait tous les jours mémoire dans le sa-
crifice de la messe. On y prie pour tous en général, et en par-
ticulier pour ses amis et pour ceux qui sont recommandés aux
prêtres. Mais l'Église a jugé à propos de choisir de plus un Jour
pour exciter ses enfants à prier spécialement pour tous Tes flooes
qui sont morts avec la grâce du Seigneur, et qui, ayant encore
quelque tache à expier, n'ont pu être admis au ciel, où rien de
souillé ne peut entrer.
Il est du devoir d'un chrétien de s'instruire soigneusement de
ce qu'il doit aux morts , qui peuvent recevoir par son moyen
quelque soulagement. (>. sont îles justes ; ce sont des âmes rem*
plies de l'amour de Dieu et de charité pour nous; ce sont des en-
fants de Dieu et des membres de Jésus-Christ : tous ces titres
méritent sans doute que nous fassions tout ce qui est en notre
pouvoir pour les soulager. Or il est constant, parla foi et la
croyance de l'Église, qu'unis avec eux par les liens d'une charité
sincère nous pouvons contribuer à leur bonheur. II n'est pas
moins certain que nous y sommes obligés, puisqu'ils sont dans
la même communion des saints que nous , et que chacun d'eu*
m 2 novembre. — co&f. de tous les fidèles déf. 377
m est ce prochain que nous devons aimer effectivement comme
m nous mêmes.
& Les moyens que l'Église nous propose pour secourir ces âmes
f que Dieu achève de purifier par les souffrances sont la prière, le
sacrifiée de la messe , le jeûne, les mortifications , les aumônes ,
toutes les bonnes œuvres faites dans l'esprit de la charité , et of-
fertes à Dieu à leur intention, et particulièrement les indulgences
que l'Église nous accorde en nous donnant la faculté de les ap-
pliquer à leur soulagement.
Eu les assistant de la manière qui dépend de nous , tâchons de
ranimer en ce jour notre foi et notre piété, et entretenons-nous de
ces importantes vérités : 1° Il faut que le péché soit un mal infini-
ment plus grand que la plupart des hommes ne se l'imaginent ,
puisqu'une faute, même légère , qui se trouve dans un juste mou-
rant , mérite de si terribles châtiments après sa mort ; 2° la pu-
reté et la sainteté de Dieu sont bien incompréhensibles, puisqu'il
est impossible d'approcher de lui avec la moindre tache dépêché;
3° Je temps de cette vie ne nous étant donné que pour nous
purifier et nous rendre dignes de posséder Dieu , il est très-im-
portant d'en ménager précieusement les moments , de peur que
l'ennemi ne nous l'enlève si nous négligeons de le bien remplir;
4° nous ignorons combien il plaira à Dieu de nous donner de temps
pour travailler à cette importante affaire, et pour achever en nous
son œuvre; 5° le dernier moment de notre vie, dont nous ignorons
le temps, décidera de notre sort pour l'éternité, et alors chacun
de nous sera jugé selon ses œuvres et sur l'état de sa conscience ;
l'éternité bienheureuse sera l'insigne récompense de ceux qui au-
ront persévéré jusqu'à la lin dans la fidélité qu'ils doivent à Dieu,
et l'éternité malheureuse le partage de ceux que la mort aura
surpris avec le péché et l'amour dominant de la créature ; 6° le
juste même , selon saint Pierre , sera sauvé avec peine , et rendra
compte de la moindre attache à la créature et à soi-même, d'une
parole, d'une pensée , d'une action inutile ; tout ce qui ne sera pas
parfaitement pur passera par le feu, et il n'en sortira paS qu'il n'ait
payé jusqu'à la moindre obole, comme dit l'Écriture; 7° sur ce
principe, la vie même des plus innocents doit être , comme l'Église
le déclare par le concile de Trente , une pénitence continuelle ,
aiin d'expier chaque jour les péchés légers qu'on commet chaque
j'eur. Voilà les réflexions que nous devons faire , et les vérités que
nous devons méditer continuellement.
32.
378 3 novembre. — s. MUBKitr, kv. de liegb.
3 novembre— SAINT MARCEL, évêque de Paris. —
4e siècle.
Marcel naquit à Paris , d'unu famille de condition médiocre.
Après avoir été élevé dès l'enfance dans une grande piété, il fut
fait lecteur. La manière dont il s'acquitta de cette fonction le fit
élever au diaconat , qu'il exerça sous l'évêque Prudence.
Après la mort de Prudence , Marcel fut élu en sa place. Comme
il n'avait accepté cette haute dignité qu'en tremblant, il ne eessa
de veiller sur lui-mlme avec la plus grande exactitude , et il s'ac-
quitta de toutes ses fonctions avec un zèle infatigable. On dit que
Marcel prouva en diverses occasions que Dieu l'avait favorisé du
don des miracles ; c'est ainsi qu'il délivra le pays d'un serpent qui
s'était retiré dans le tombeau d'une femme adultère. Le saint
évêque mourut vers le commencement du cinquième siècle, le
premier jour de novembre. Son corps fut enterré à un quart de
lieue de la ville, dans un village qui en fait aujourd'hui on fau-
bourg, et que Ton appelle le faubourg Saint-Marcel ou Saint-
Marceau. Ses reliques ont été dans la suite transférées dans l'église
cathédrale.
3 novembre. — SAINT HUBERT évêque de Mabstmcht
et de Liège. — 8e siècle.
Dieu, toujours admirable dans ses miséricordes, employa des
voies extraordinaires pour faire passer saint Hubert d'une vie toute
mondaine à une vie entièrement consacrée à son service. On ne
sait rien sur ce qui concerne ce saint jusqu'au temps où il se
mit sous la conduite de saint Lambert, évêque de Maestricht. On
dit qu'il sortait d'une famille noble de l'Aquitaine, qu'il passa sa
jeunesse à la cour de Thierry III , et que, selon toutes les appa-
rences , il fut quelque temps au service de Pépin de Héristal , qui
devint maire du palais d'Austrasio, en 681. On dit aussi qu'il ai-
mait la chasse avec passion, et qu'il se livrait aveuglément aux
vanités mondaines, quand, touché par la grâce, il prit la réso-
lution de ne plus vivre que pour Jésus-Christ.
Saint Lambert fut celui qu'il choisit pour le conduire dans les
voies du salut. Sa ferveur, ses progrès dans la perfection et dans
les sciences ecclésiastiques lui méritèrent l'honneur d'être élevé
3 novembre. — s. hubeht, év. de liège. 37D
icerdoee. Bientôt après , le saint évêque se l'associa au gem-
ment de son diocèse. Saint Lambert ayant été indignement
aéré , Hubert fut unanimement élu pour lui succéder en 708
d9. Hubert portait envie à son bienheureux maître; et il eût
â terminer sa vie de la même manière. Les injures les plus
m ne faisaient qu'enflammer son zèle pour le salut des pé-
c»; H leur rendait le bien pour le mal , mais sans jamais s'é-
r de la règle du devoir. Rempli de charité pour les pauvres,
t Attribuait tous ses revenus; sans cesse occupé à l'exercice
Ntttkms épiscopales, il travaillait avec une ardeur infatigable
cuire le vice et à extirper l'idolâtrie.
prêchait l'Évangile avec tant de force et d'onction que la
a de Dieu , dans sa bouche , était véritablement un glaive à
tranchants. Le peuple accourait à ses sermons de tous les
. Sa ferveur, loin de diminuer, augmentait de jour en jour,
manifestait par la continuité de ses jeûnes, de ses prières et de
sUles. 11 conserva toute sa vie une singulière vénération pour
Lambert. Il transféra son corps , en 720, de Maestricht à
s, et fit bâtir une église à l'endroit même où il avait répandu son
t et qui devint cathédrale lors de la translation du siège épis-
t de Maestricht à Liège , en 721. Depuis ce temps-là, la ville
iége, qui regarde saint Hubert comme son fondateur et son
der évêque , honore saint Lambert comme son patron,
t forêt d'Ardenne , si connue dans l'histoire , servait encore
traite aux païens en plusieurs endroits. Saint Hubert, animé
zèle ardent, pénétra jusque dans les lieux les plus éloignés
t plus sauvages , et détruisit les idoles. Comme il exerçait les
ions des apôtres, Dieu lui communiqua le don des miracles.
leur de sa vie rapporte le suivant, dont il avait été témoin
ire. Le saint évêque faisait la procession des Rogations avec
iergé ; on y portait la croix avec les reliques des saints , et
chantait les litanies , selon l'usage de l'Église. Cette pieuse
nonie fut troublée par une femme possédée du démon ; mais
ïrt lui imposa silence , et lui rendit la santé en formant sur
e signe de notre rédemption. Dans un temps de sécheresse,
int encore de la pluie par ses prières,
int Hubert , instruit de sa mort , par révélation , un an avant
le arrivât , mit ordre aux affaires de sa maison , et redoubla
rveur. Il allait surtout prier fréquemment au tombeau de
Lambert el à l'autel de saint Aubin, afin de recommander
380 4 novembre. — s. Charles borromée.
son âme à Dieu par l'intercession de ees saints. Ayant été con-
sacrer une église à Fur, il fit ses adieux à son peuple dans un dis-
cours qu'il prononça à l'occasion de cette cérémonie. Immédiate-
ment après , il fut pris de la fièvre, et mourut le sixième jour de
sa maladie, le 30 mai 727. Son corps fut déposé à liège, dans
l'église collégiale de Saint-Pierre. En 825 , on le transféra dans
les Ardennes , à l'abbaye d'Andain, qui porte aujourd'hui le nom
du saint. Un grand nombre de pèlerins vont visiter la châsse de
saint Hubert, qu'on invoque surtout contre la rage, et par l'in-
tercession duquel il s'est opéré plusieurs guérisons miraculeuses.
On célèbre la principale fête de saint Hubert le 3 novembre,
doute à cause de quelque translation de ses reliques.
4 novembre. — SAINTS VITAL et AGRICOLE ,
martyrs. — 4e siècle.
Vital et son maître Agricole furent arrêtés à Bologne vers
Tan 304, dans la persécution de Dioclétien et de Maximien, parée
qu'ils prêchaient la foi de Jésus-Christ. Or, comme Vital, plus
on essayait par des prières ou des menaces de le faire changer de
sentiment, plus il se déclarait l'adorateur et le serviteur du
Christ , on lui fit souffrir divers genres de tourments qu'il endura
avec une constance héroïque , et il rendit à Dieu son âme en l'n>
voquant. Quant à Agricole , on avait différé son supplice danfrla
pensée qu'il serait peut-être ébranlé par les souffrances de son
esclave, et qu'il voudrait renoncer à sa foi ; mais cet exemple de
courage ne fit qu'affermir le sien. C'est pourquoi il rut attaché a
une croix , et par là associé à un noble martyre, il en partagea
le triomphe avec son esclave Vital. Les corps de ces deux martyn
furent enterrés dans le lieu de sépulture destiné aux Juifs ; mais
plus tard, découverts par saint Ambroise, ils furent transférai
dans une église où ils sont devenus un objet de vénération.
j. .. . . _ . — .
4 novembre. — SAINT CHARLES BORROMÉE, cardinal,
ARCHEVÊQUE DE M IL AN, et CONFESSEUR. — 16e Siècle.
Charles naquit au château d'Arône, le 2 octobre 1588, de Gil-
bert Borromée et de Marguerite de Médicis. Il donna . dès son
enfance , des marques de la sainteté à laquelle il était appelé. Sa
4 novembre. — s. Charles bobbokée. 3£I
km à l'état ecclésiastique s'annonça d'une manière si pro-
§e qu'on n'hésita pas de lui laisser prendre la tonsure à l'âge
(ans.
rès avoir achevé les études que Ton nomme Humanités, on
qra étudier à Pavie le droit civil et canonique r mais à la
de son père, en ISôS , il fut obligé de revenir à Milan pour
Éûres de sa famille. À cette époque y le cardinal de Médicis,
ode, tut élevé sur la chaire de saint Pierre sous le nom de
V. Charles reçut les compliments qu'on lui en fit avec une
sur qui marquait combien il appréhendait les dangers aux-
cette élévation allait l'exposer.
pape ne tarda pas d'appeler . son neveu auprès de lui, et,
ant en lui une sagesse consommée, il le fit cardinal en 1560,
îhevéque de Milan peu de temps après , quoiqu'il n'eût en-
jue vingt-trois ans. Charles n'accepta ces dignités que par
sance ; mais il justifia bientôt le choix du Souverain Pontife»
11 fut la consolation et l'appui dans les affaires les plus difli-
tu gouvernement de l'Église, l'une des importantes alors était
du concile de Trente , qui durait depuis soixante-huit ans.
eux cardinal vint à bout , par son zèle et sa prudence , de
Miter les difficultés qui en avaient retardé la clôture. La der-
session eut lieu le 4 décembre 1593. Charles se hâta d'en
publier les décrets dans son diocèse , pour la réformatfon
i discipline. Sa conduite sur ce point fut du plus grand
pie ; il réforma sa maison , vendit ce qu'il y avait de pré-
dans ses meubles et équipages.
pendant le saint archevêque ne soupirait que pour se rendre
son diocèse, afin de travailler à la sanctification de son trou-
II se fit précéder par plusieurs prédicateurs de la Compa-
le Jésus, et leur donna une maison dans Milan, afin qu'elle
servit de point central pour donner des missions dans tout
iocèse. Il partit lui-même peu de temps après ; mais il fut à
à Milan qu'il apprit que le pape était tombé malade , et il
bligé de retourner à Rome. Pie IV mourut entre ses bras le
cembre 1565. Pie V, qui fut élu pape un mois après , fit tous
forts pour que Charles restât auprès de lui ; mais celui-ci in-
ant pour avoir la permission de se rendre dans son diocèse
obtint enfin l'agrément du Souverain Pontife.
îvé à Milan , dit l'historien de sa vie , il s'occupa avec le plus
zèle de la réformation de son diocèse , et commença par
382 4 novembre. — s. chaules borhomAb.
régler sa propre maison, où chacun eut son emploi et ta règle à
observer. Les exercices de la piété chrétienne y furent fixés pour
tous les jours. Ce fut alors que le saint prélat commença cette vis
d'oraison , de charité pastorale et d'austérités qu'il continua jus-
qu'à sa mort. Dès qu'il eut fixé sa résidence à Milan, il se réduisit
h n'avoir que le seul revenu de son archevêché, avec la pension
qu'il s'était réservée sur ses biens de famille et celle qu'il recevait
du roi d'Espagne. Il résigna ses autres bénéfices, ou les employa,
avec les formalités nécessaires, à fonder des séminaires , des col-
lèges , et à fournir aux besoins des pauvres et des malades dans
les hôpitaux, pour lesquels il vendit sa vaisselle d'argent, ses meu-
bles précieux et tout ce qui pouvait être d'un grand prix : il fit
disparaître de son palais les tapisseries , les décorations et les
mitres recherches du luxe, de la vanité ou de la sensibilité. H sa
confessait tous les jours avant de célébrer la sainte messe , ré-
citait son bréviaire tête nue et à genoux, ot assistait à l'office poitto
les jours de fête dans la cathédrale.
Ixi passion de Jésus-Christ était le plus cher objet de sa piété :
sa tendre dévotion pour la sainte Vierge et pour les saints ho-
norés dans son église lui fournissait habituellement des prières
auxquelles il était fidèle. Son jeûne était continuel, excepté les
jours de fête ; et d'ordinaire il l'observait en ne mangeant que
quelques légumes, du pain, ot ne buvant que de l'eau. Son
palais, toujours ouvert à ceux qui désiraient recevoir ses instruc-
tions, ou lui conGcr leurs peines, représentait l'image d'une
maison religieuse dont le chef et la communauté étaient des
saints, et dont le zèle et les exemples firent l'édification de Milan
et de tout son diocèse, où la piété se renouvela, et rendit à la
religion son autorité et son éclat, dans l'observation de ses lois
et les pratiques de son culte dans presque toutes les conditions.
Le saint archevêque eut souvent à souffrir de la part des
méchants : on attenta deux fois à sa vie , qui ne fut conservée
que par un miracle. Ou désapprouva souvent sa conduite , on
blâma jusqu'à ses aumônes; on lui prêta de mauvaises intentions
dans la sévérité qu'il mit en certaines occasions où elle était un
devoir. Saint Charles souffrit tout sans se plaindre, et força plu-
sieurs de ses ennemis à lui faire des satisfactions,- qu'il reçut
avec des affections de charité qui lui attachèrent souvent les
cœurs.
i! ét.-iit parti pour assister à la mort fl^in de ses suffragants,
S novembre. — sainte Bertille, y. et abb. 383
ogn'fl apprit que la peste s'était déclarée près de Milan , où
I* pénétra bientôt ; il se hâta de retourner dans sa ville ; et
ft^wrivast alla visiter le lieu où le magistrat avait ordonné de
mtoke les pestiférés. Il les consola , pourvut à leurs besoins
jfrpds et temporels, et déclara que, dans cette calamité ter-
Me*§ ne se séparerait pas de son peuple, et qu'il sacrifierait sa
ipk Igi rendre tous les soins d'un bon pasteur. Il ordonna des
(lires publiques pour tâcher de fléchir la justice divine, et s'of-
JL souvent à Dieu comme victime, spécialement dans une
où il parut la corde au cou et les pieds nus. Le ciel
les vœux de saint Charles par la cessation de ce terrible
ÉHl.
P& 1684, il se rendit avec le P. Adorno , jésuite, son confcs-
wr9 au mont Varalli ; il y fit une confession extraordinaire , et
fcà quelques personnes intimes que sa fin approchait; quelques
mm après, le 24 octobre, il fut pris d'une fièvre tierce. On le
caosporta à Milan le 2 novembre suivant; le redoublement de la
lèvre fut si violent qu'on désespéra de sa vie. Il demanda les sa-
mnents de l'Église, qu'il reçut avec cette tendre dévotion qui lui
4aît ordinaire , et expira au commencement de la nuit du 8 au
> novembre en prononçant ces mots : Ecce venio, voilà que je
iens. Paul V le canonisa neuf ans après sa mort.
> novembre. — SAINTE BERTILLE , vierge et abbesse.
— 7e siècle.
Bertille était d'une maison noble du Soissonnais ; mais elle ac-
quit par sa piété la noblesse des enfants de Dieu , qui est beau-
coup plus estimable que celle que Ton tire des hommes. Elle eut
dès l'enfance un attrait si grand pour la retraite qu'elle fuyait
toute espèce de compagnie pour vaquer plus librement et plus
longtemps à la prière. Ce goût pour la solitude croissant avec
l'âge, le siècle lui parut de plus en plus digne de mépris , et elle
résolut d'y renoncer entièrement. Comme elle n'osait s'en ouvrir à
ses parents , qui avaient dessein de l'élever pour le monde, elle en
)arla à saint Ouen , qui la fortifia dans sa résolution , et lui pro-
ûit de la secourir de ses avis et de prier Dieu pour elle , afin
u'elle pût connaître sa volonté. Bertille pria aussi -très ardem-
ment de son coté : toutes les fois qu'elle sortait de sa prière T
384 5 novembre — - sainte Bertille, v. m abb.
elle sentait une nouvelle ardeur pour la retraite. Ses d
furent enfin écoutés de ses parents. Édifiés de sa piété , chai
de sa modestie et pleins de vénération pour sa vertu, il ne leui
pas difficile de deviner le parti qui pouvait lui être le plus agré
Ils la conduisirent au monastère nouvellement fondé à Jou
par saint Adon, frère de saint Ouen. Bertille, au comble de
vœux, montra autant de joie en entrant dans cette commun
qu'un passager en a de se voir échappé aux fureurs de la i
Séparée du monde, elle s'étudia à faire de jour en jour de i
veaux progrès dans la vertu : elle s'humiliait sans cesse sot
main de Dieu , et se chargeait avec joie de tout ce qui poi
Fhumilier devant ses sœurs ; rien ne lui paraissait vil , parce
l'obéissance qui la guidait lui rendait tout précieux. L'abbe
qui reconnut en elle beaucoup de sagesse et de prudence
confia les emplois les plus importants. On la chargea du soin
hôtes, des infirmes et des enfants qu'on élevait dans le moi
tère. La manière dont Bertille s'acquitta de ces différents em|
la fit élire prieure : elle accepta avec peine cette dignité , p
qu'elle trouvait plus de sûreté à obéir qu'à commander. Une
choses dont elle eut le plus de soin dans cette charge fut de m
tenir la paix et la bonne intelligence parmi les sœurs, et d<
édifier par son humilité et par ses autres vertus.
La reine Bathilde, régente du royaume pendant la minorit
Clotaire III, son fils , ayant fait bâtir un monastère à Chel
près de la Marne, dans le diocèse de Paris, demanda à sa
Théchilde, abbesse de Jouarrc, de lui envoyer Bertille ;
quelques religieuses, pour établir la régularité de cette noui
maison. Bertille fut donc la première abbesse de Chelles , c
réputation de sainteté y attira un grand nombre de religieu
qui, répandant au loin l'odeur de leurs vertus, firent naître
étrangers même le désir de venir se consacrer à Dieu dan
nouveau monastère. Bathilde s'y retira dès que son fils Qol
fut en état de prendre l'administration de ses États, et elle r
Thabit des mains de Bertille, à qui elle fut soumise comm
elle eût été la dernière de la maison. Bertille fut abbesst
Chelles pendant quarante-six ans : loin de diminuer ses austéi
en avançant en âge, elle les redoublait même à mesure qu'ell
voyait plus proche de sa fin ; elle rendit son âme à Dieu
Taii G92.
6 novembre. — s. Léonard, solit. et cohf. 386
6 novembre. — SAINT LÉONARD, solitaire
ET CONFESSEUR. — 6e Siècle.
Léonard ou Liénard était d'une famille illustre , qui avait de
grands emplois à la cour de Cl o vis 1er. Ce prince , qui était son
parrain, avait beaucoup d'affection pour lui. Au milieu des
liens qui l'attachaient au monde , une voix plus forte lui disait de
se retirer dans la solitude. Renonçant donc au service d'un
prince de la terre pour entrer sous l'heureuse domination du
Roi des rois, il quitta la cour de Clovis, et alla trouver saint
Rémi pour vivre sous sa conduite. Un maître saint ne forme pas
toujours des disciples qui lui ressemblent ; mais il est bien rare qu'il
n'affermisse dans la sainteté ceux qui en sont déjà revêtus. C'est
ce qui arriva à Léonard. Il alla de vertu en vertu , et devint en
peu de temps un parfait chrétien. Sa réputation de sainteté s'é-
tendit jusqu'à la cour, et le roi lui proposa de venir auprès de
hn jusqu'à ce qu'il l'eût placé selon son mérite ; mais Léonard
aimait trop la retraite pour la quitter. 11 alla trouver saint Mesmin,
près d'Orléans, et demeura quelque temps avec lui, pour s'ani-
mer de plus en plus, par l'exemple de ce saint, au désir des biens
célestes. Étant passé ensuite dans le Limousin , et trouvant dans
ce pays une forêt abandonnée, il crut que ce lieu serait très-pro-
pre au dessein qu'il avait de vivre loin du commerce des hommes,
afin de n'être connu que de Dieu seul. Il y bâtit un oratoire et
quelques cellules, et ce fut dans cette forêt qu'il passa la plus
grande partie de sa vie avec quelques moines qui voulurent être
les compagnons et les imitateurs de ses jeûnes, de ses vertus et
de ses prières.
Léonard avait une grande charité pour les captifs et les prison-
niers : il mettait un zèle infatigable à leur procurer tous les secours
dont ils pouvaient avoir besoin, et surtout à les retirer du vice,
lorsqu'il était assez heureux pour en délivrer, il avait grand soin
de les avertir combien ils avaient à craindre une autre captivité ,
c'est-à-dire celle du péché, dont les hommes ne délivrent pas. Il
leur parlait avec tant de force et d'onction de la nécessité d'éviter
ce joug honteux , en quittant tout pour n'aimer que Dieu , que la
plupart demandaient à vivre sous sa direction. 11 forma un grand
nombre de disciples qui servirent Dieu avec ardeur. Quand il eut
33
380 1 novembre. — sainte marïe, esc. et habt.
rempli la mesure des bonnes œuvres que le Seigneur demandait
de lui, il mourut saintement vers le milieu du sixième siècle.
7 novembre. — SAINTE MARIE, esclave et marttbe.
— 8e siècle.
Le courage héroïque que Dieu a donné à la bienheureuse Marie
pour confesser le nom de Jésus-Christ doit nous convaincre qu'il
no distingue ni le sexe ni la condition dans la distribution de ses
grAccs. Cette fille était esclave d'un sénateur païen nommé Ter*
tulle, et la seule de la maison qui eût le bonheur de connaître Jésus*
Christ. Attentive à obéir à ses maîtres, exacte à les prévenir dans
tout ce qui pouvait leur être utile, elle faisait consister ressentie! de
sa piété dans l'accomplissement de toutes ses obligations. Ellerap»
portait à Dieu tout ce qu'elle faisait, et, contente d'un état qui lui
donnait lieu d'imiter Notrc-Scigncur Jésus-Christ, qui n'est pas
venu pour être servi , mais pour servir, elle ne pensait qu'à se
rendre agréable à ses yeux. Son exactitude à remplir tous ses de-
voirs la faisait chérir de son maître et des autres personnes de sa
maison. Comme elle vivait sous l'empire de Dioctétien , du temps
que les chrétiens étaient persécutés, elle demandait sans cesse pour
eux la fidélité et la persévérance. Elle mérita aussi pour elle-même
la gr/lce qu'elle avait implorée pour les autres : Tertullc , ayant
reconnu qu'elle était chrétienne , la fit fouetter cruellement dans
l'espérance qu'elle consentirait, par la crainte des tourments, à
changer de religion , et qu'il pourrait alors la garder à son ser-
vice; il la fit ensuite renfermer, par le nu1mc motif, dans un
endroit fort obscur, où on ne lui donna, pendant trente jours,
que la nourriture nécessaire pour qu'elle ne mourût pas de faim.
L'attente de son maître fut trompée; car, tandis qu'elle était
dans cette espèce de prison , elle se fortifiait de plus en plus dans
la vraie religion. On rapporta au gouverneur que Tertulle avait
chez lui une esclave chrétienne qu'il n'avait pas dénoncée, selon
que les édits des empereurs le commandaient. Le gouverneur en-
voya chercher aussitôt Tertulle, et lui lit un crime capital de son
silence ; mais, quand celui-ci eut dit toutes les raisons qui l'avaient
porté à agir ainsi , on le. renvoya absous à condition qu'il li-
vrerait son esclave. Marie fut donc conduite devanMe gouverneur,
qui voulut en vain la faire renoncer à la religion chrétienne. Tout
7 novembre. — s. wlllibbobd, ev. d utrecht. 387
le peuple qui était présent , voynnt la fermeté de cette 611e , et
traitant son courage d'opiniâtreté , s'écria qu'il fallait la brûler
u Pendant ces cris confus, Marie priait Dieu de lui donner la
qu'elle avait si souvent demandée pour les autres. Le
gouverneur ne put jamais lui persuader de renoncer à Jésus-
Christ. Le Dieu que je sers est avec moi , dit-elle ; je crains peu
vos menaces. Le juge voulut voir si elle serait aussi ferme qu'elle
kl paraissait quand elle sentirait de vives douleurs , et, l'ayant li-
ftée aux bourreaux , elle fut traitée si cruellement que le peuple ,
foi un moment auparavant demandait sa mort , touché de com-
passion , cria qu'on l'épargnât , et accusa le juge d'inhumanité. Ce
denier , voyant le peuple en émotion, fit cesser les tourments
dont on accablait le corps de Marie, et la laissa sous la garde d'un
soldat; mais cette sainte fille, craignant encore plus de voir sa
pudeur exposée sous un tel gardien que de mourir dans les tour-
ments, trouva moyen de s'échapper et d'aller se cacher dans les
foehers. On l'honore comme martyre, parce qu'on donnait sou-
vent ce titre à ceux qui avaient généreusement souffert pour
Jésus-Christ, comme l'apprennent saint Cyprien et quelques
autres écrivains de l'antiquité ecclésiastique.
7 novembre. — SAINT WILLIBRORD, premier évêque
d'Utrecht, confesseur. — 8e siècle.
Willibrord naquit au pays de Rippon, chez les Anglo-Saxons
du Northumberland. 11 était prêtre et âgé de trente-trois ans
lorsqu'il fut choisi avec onze autres missionnaires également il-
lustres par leur vertu et leur instruction pour aller convertir les
païens de la Frise et de la Saxe. Ayant reçu la bénédiction du vé-
nérable Egbert , leur évêque , ces douze nouveaux apôtres arri-
vèrent à Utrecht , où ils convertirent bientôt à la foi un grand
nombre d'idolâtres. Le duc Pépin envoya Willibrord à Rome,
vers le pape Sergius , qui le consacra archevêque des Frisons ,
dans l'église de Sainte-Cécile. Le nouveau pontife amena les chan-
gements les plus heureux pour la religion dans une partie des
provinces de la Hollande actuelle ainsi que dans la Flandre. Tant
de succès engagèrent Pépin d'Héristal et après lui son glorieux
fils Charles Martel à céder par une donation souveraine à Willi-
brord et à ses successeurs sur le siège d" Utrecht cette ville avec
383 8 novembre. — octave de Là Toussaint, s. bel.
ses dépendances, lil>éralité qu'imitèrent diversement plusieurs per-
sonnages dont la piété égalait la noblesse. Ce que VVillibrord en-
seignait par ses paroles et ses exemples , le Seigneur le confirmait
par des signes surnaturels et des miracles. Un jour entre autres
que le zélé missionnaire brisait une idole à Walcheren , le gar-
dien du temple lui déchargea sur la tête un coup de bûche qui ne
lui fit aucun mal grâce à la protection divine. Au même endroit,
VVillibrord fit sortir d'un terrain tout à fait aride une fontaine
d'eau douce pour soulager un peuple qui souffrait de la soif. Il
chassa aussi la peste en faisant une aspersion d'eau qu'il avait
bénite après avoir offert le saint sacrifice de la messe pour les
malades , et il obligea le démon à quitter les lieux qu'il infestait.
Rempli de zèle pour la gloire de Dieu, VVillibrord répandait de
tous côtés, et notamment sur le Brabant, les rayons de sa
et de sa sainteté. T^a ville d'Anvers elle-même ne put se
traire à la bienfaisante chaleur de sa charité, et die se glorifie
à bon droit d'avoir eu pour docteur un si grand saint. Enfin, cet
homme vénérable, qui ne respirait que l'amour de Dieu et du
prochain et qu'ornaient toutes les vertus, mourut à l'âge de
quatre-vingts ans , et alla recevoir la récompense céleste le 7 no-
vembre de l'an du Seigneur 938.
8 novembre. — OCTAVE DE LA TOUSSAINT, et FÊTE
DES SAINTES RELIQUES
ta Seigneur Jésus , dit saint Jean de Damas , nous offre dans
les Reliques des saints comme des sources salutaires d'où décou-
lent pour nous de nombreux bienfaits , et d'où s'exhalent les
plus suaves parfums. Que personne ne refuse d'ajouter foi a ce
que j'avance , car si , par la volonté de Dieu , l'eau a jailli dans
le désert d'une roche dure et solide, et encore, pour apaiser la
.soif de Samson , d'une mâchoire d'Âne , pourquoi paraltra-t-il in-
croyable à quelqu'un qu'une odeur suave puisse s'échapper des
Reliques des Martyrs ? Ce ne. sera assurément pas un de ceux
qui ont aperçu et qui ont reconnu quelle est la puissance de Dieu
«t de quel honneur il entoure ses saints. L'ancienne loi avait en
effet établi que quiconque aurait touché un mort serait réputé
immonde ; niais les saints ne peuvent en aucune façon être comp-
tés au nombre des morts. Car, depuis que (felui qui est la vie
8 novembre. — les ss. quàtre-couronnés. 389
clte-même et Fauteur de la vie a été Inscrit parmi les morts,
ne donnons nullement le nom de morts à ceux qui ont
leur vie dans l'espérance de la résurrection et dans la
foi en celui qui Fa promise. Car comment un corps mort pour-
rait-il produire des miracles ? Or, par les reliques des saints les
4friMM*« sont chassés, les causes des maladies sont détruites , les
naïades recouvrent la santé , les aveugles la vue , les lépreux sont
purifiés , les tentations et les afflictions sont dissipées , et enfin
ai vertu de leurs mérites tout don parfait descend du Père des
lumières à ceux qui dem<indent avec une foi inébranlable. Quelle
peine ne prenez-vous pas pour rencontrer quelque protecteur qui
vous présente à un roi mortel , et qui lui parle en votre nom ? Et
nota n'honorerions pas ceux qui se déclarent les patrons de tout
le genre humain , et qui intercèdent auprès de Dieu pour nous ?
H feut à coup sûr les honorer, et de telle sorte que nous éle-
vions des temples à Dieu sous leur invocation , que nous leur of-
frions des. dons , que nous honorions leur mémoire , et que le
jour de leur fête nous nous réjouissions d'une manière toute spi-
rituelle. Mais il faut que notre joie soit en conformité avec ceux
qui nous invitent à la manifester , de crainte que nous ne ris-
quions de les offenser et de les irriter alors que nous tâchons de
les honorer et de gagner leurs suffrages. Car ce qui honore Dieu
réjouit également ses serviteurs, mais ce qui l'offense déplaît
aussi à ses soldats victorieux. Ainsi honorons les saints par le
chant des psaumes > des hymnes, des cantiques spirituels, par
la componction du cœur et par la charité et la piété à l'égard
des pauvres , bonnes œuvres qui nous concilient le plus la faveur
de Dieu. Érigeons, en l'honneur des saints, des statues et des
images visibles, ou plutôt obtenons, en imitant leurs vertus, de
devenir leurs statues et leurs images vivantes.
8 novembre. — LES SAIJNTS QUATRE-COURONNÉS ,
martyrs. — 4e siècle.
Sévère , Sévérien , Carpophore et Victorîn , qui étaient frères
et qui furent battus avec des lanières plombées dans la persécu-
tion de Dioclétien, en raison de la liberté chrétienne avec laquelle
ils exprimaient leur aversion pour le culte des faux dieux , mou-
rurent sous les coups , vers Tan 304, pour le nom du Christ.
33.
o<j(> 8 novembre. — s. clair, prêtre,
Leurs corps jetés aux cliicns , quoique exposés pendant long*
temps à leurs atteintes, en furent respectés. Aussi les chrétiens,
les ayant emportés à trois milles de Rome , sur la voie Lavicane,
les ensevelirent dans un cimetière, près du tombeau des saints
martyrs Claude, Nicostrate, Symphorien, Castor et Simplice,
qui avaient souffert le martyre sous le même empereur. Ces
derniers étaient d'habiles sculpteurs, mais on n'avait pu les dé-
terminer par aucun moyen à faire des statues d'idoles; et, con-
duits devant l'image du soleil pour l'adorer, ils dirent qu'ils ne
se laisseraient jamais aller à adorer des oeuvres faites de la main
des hommes. Jetés en prison, comme ils y persistèrent dans la
mémo résolution pendant plusieurs jours, ils furent d'abord
battus avec des scorpions, c'est-à-dire des fouets garnis de
pointes de fer ; puis, enfermés tout vivants dans des cercueils de
plomb, ils furent précipités dans le courant d'un fleuve. H
existe à Rome une église sous l'invocation des Quatre-CouronnésT
dont les noms, qui avaient été longtemps inconnus, furent ma-
nifestés dans la suite par une révélation divine. L'église qui
porte leur nom possède, outre les corps de ces martyrs, les
restes des cinq autres dont nous avons parlé. On les y conserve
avec honneur, et Ton célèbre leur fête le 8 de novembre.
8 novembre. — SAINT CLAIR, prêtre. — 4e «ède.
Clair naquit , dans le quatrième siècle , de parents distingués
dans le monde par leur naissance et leurs richesses ; mais Dieu
lui fit la grâce de renoncer à tout pour ne chercher que la gloire
et les biens du ciel. La réputation de saint Martin attira auprès
de lui le jeune Clair , qui se forma à la piété dans le célèbre mo-
nastère de Marmoutier. Ixî saint évêque de Tours, ayant connu
par lui-même que Clair avait toutes les' qualités que Dieu de-
mande de ses ministres , l'éleva au sacerdoce. Saint Sulpice Sé-
vère, qui le connut très-particulièrement, dît qu'il s'éleva en
peu de temps à un très-haut degré de perfection dans la pra-
tique des vertus chrétiennes.
Au bout de quelques années , Clair bâtit un petit hospice pour
lui, assez près du monastère Saint-Martin , et il reçut plusieurs
des frères qui voulurent s'y retirer. On y vit, entre autres, un
jeune homme nommé Anatole , en qui Ton apercevait tous les de-
8 novembre. — s. cl&ib, pbétbe. 391
on d'un bon religieux , mais qui nourrissait dans son cœur
m tes sentiments de la plus vile hypocrisie. 11 ne laissa pa-
ître d'abord que ce qui pouvait persuader les autres de son hu-
" et de l'innocence de sa vie ; mais, quand il crut avoir ac-
de réputation et de crédit parmi les frères , il corn-
à se donner pour un homme particulièrement favorisé de
, qui voulait bien se communiquer à son serviteur par
F révélations. 11 se prétendit en commerce avec les anges, qui
aient souvent le visiter et converser familièrement avec lui.
I gens- sensés se moquèrent de ses révélations; mais il eut
m W les simples , qui ne doutèrent point qu'Anatole ne fût
flpAoMl prophète et qu'il n'eût avec Dieu un commerce extraor-
ftàre. Clair ne donna point dans l'illusion ; il déclara nettement
prétendu prophète qu'il le regardait comme un fourbe ou un
unitaire. Anatole le menaça de toute la colère de Dieu s'il
satinait à. rester dans Incrédulité; mais, voyant que de pa-
les menaces ne faisaient aucune impression sur Clair, et qu'il
tfmuait de prémunir les autres contre ses impostures, il dit
jour, en présence de tous ses frères : Cette nuit, Dieu doit
snroyer du ciel une robe blanche; vous m'en verrez revêtu
relier au milieu de vous.
rout le monde était attentif à ce qui allait arriver. Sur le minuit
entendit un grand bruit, et la cellule d'Anatole parut tout en
l Quand tout fut calme, Anatole appela l'un des frères nommé
twt, et lui montra la robe dont il avait parlé. Sabat, fort étonna,
îrtit tous les autres, qui accoururent promptement à la cellule ;
tir s'y rendit aussi ; chacun toucha la robe : on la trouva très-
le et d'un blanc admirable; elle parut même à plusieurs d'une
>ffe extraordinaire et qui marquait quelque chose de surna-
«I. Clair, qui s'aperçut de la disposition des esprits , dit à sa
nmunauté qu'il fallait prier Dieu de découvrir la vérité, et le
le de la nuit se passa à réciter des hymnes et à chanter des
tûmes. Quand le jour fut venu , il prit Anatole par la main , et
ulut le mener à saint Martin; mais cet hypocrite, résistant
toute sa force , se mit à crier qu'on lui avait défendu de se
mtrer à saint Martin. La crainte qu'il eut d'être confondu par
grand serviteur de Dieu mit fin à ses impostures, et il ne fut
is question de robe ni de révélation.
Clair, ayant toujours suivi avec beaucoup de zèle, d'exact i-
le et de fidélité les conseils de saint Martin , son maître , le
89) 9 novembre. — nio. bi ul a. ntnu
précéda de quelques jours dan» ta< , pr oae
digne da la sainteté de sa vie. C * saint Sutnje» Sévère,
ami, qui a laissé écrit œ qu'on tdee* ~
■ i ■ -.
9 itorcmar*. — DÉDICACE DE LA BASIUQUE DU
SAUVEUR, aussi appelée SAINT-JEAN DE LAXRAlf.
— 4e siècle.
C'est le bienheureux pape Syh stre Ier qui institua tas
qu'observe l'Eglise romaine dans a consécration des éfjhat
et des autels. Il y avait bien, depi les temps apostoliques, da>
endroits qui étaient consacrés à uieu, lieux que les nui app»
laient oratoires et d'autres églises, où se faisaient les céleste
le premier jour de la semaine, et où le peoptedirét» avait «»
tume de prier, d'écouter la parole de Dieu et de recevoir h
sainte Eucharistie. Cependant ces lieux de réunion n'éteetf
point consacrés avec autant de solennité qu'ils l'ont été depus,
et il n'y avait pas encore un autel érigé en titre, auquel on cet
fait des onctions avec le saint Chrême pour qu'il devint m
représentation de Notre -Soigneur Jésus-Christ, qui est à ta Mi
pour nous prêtre, autel et victime. Mais dès que Tempera*
Constantin eut obtenu par le sacrement de baptême la sente éi
corps et le salut de l'Ame, par une loi qu'il porta pour toutl'a-
nivers , il fut accordé aux chrétiens de bâtir des églises. Il toi
eiicnnragca à entreprendre ces constructions sacrées
ment par l'édit dont on vient de parler, mais aussi par T<
qu'il donna lui-hiéme. En effet, dans son palais de Latraml
dédia une église au .Sauveur , et il éleva, sous l'invocation de sent
Jcan-Baptistc, une basilique qui ten ta l'autre église, et danses
même lieu ou, baptisé par saint Sylvestre, il y avait été guéri .et
purifié de la lèpre. Le même pontife consacra l'édifiée ta 9 ns-
v ombre. I«n mémoire de cette consécration se célèbre en ee joua
qui est celui où , pour la première fois à Rome, une église lut
consacrée publiquement , et où l'image du Sauveur apparut an
peuple romain peinte miraculeusement sur une muraille.
Quoi que le bienheureux Sylvestre eût ordonné dans ta
lors de la consécration de l'autel du Prince des Àpdtres,
désormais l'on ne construirait que des autels de pierre,
dant celui de la basilique de Latran fut érigé en bois. Cela ne
doit point étonner , parce que depuis saint Pierre jusqu'à
- 9 novembre. — s. Théodore, martya. 393
trc, les souverains pontifes ne purent, à cause des persé-
i, se fixer dans aucun lieu déterminé, et que partout où
ssfté les y forçait , dans les cryptes, les cimetières, les
ts des pieux fidèles, ils accomplissaient le saint sacri-
r un autel de bois creusé et ressemblant à un coffre.
Sylvestre, lorsque la paix eut été rendue à l'Église, plaça
«1 dans Pégtise-mère de Latran, en l'honneur du Prince
pétres, que Ton dit avoir offert dessus le saint sacri-
t des autres pontifes qui s'en étaient également servis
a célébration des mystères, jusqu'au temps de Gons-
En même temps , il décréta que personne dorénavant
nait y célébrer la messe , à l'exception du Pontife ro-
L* même église , détruite et renversée par les incendies ,
«stations , les tremblements de terre , réparée par les soins
■es des souverains pontifes, et restaurée grâce à la cou-
de leurs efforts , fut consacrée solennellement par le pape
XIII, qui était de Tordre des Frères-Prêcheurs, le 28
796, et le même souverain pontife ordonna que la me-
tte cette dédicace serait célébrée chaque année le 9 de
bre.
mbre. — SAINT THÉODORE, mabtyr. — 4e siècle.
te sait pas précisément quelle était la patrie de Théodore ,
iméTyron. Il paraît, par le discours de saint Grégoire de.
ai son honneur, qu'il était originaire d'Orient , et que ses
s étaient peu favorisés des biens de la fortune et peu
i dans les charges. Théodore , ayant été engagé dès sa
e dans le parti des armes , ne pensa , tout en combat-
or les princes de la terre , qu'à être soldat de Jésus-Christ,
t de la paye qu'on lui donnait, il trouvait encore le
d'économiser pour secourir ses frères. Ayant ainsi l'esprit
sur occupés des biens célestes, il apprit sans frayeur,
n 306, que les édits de Maximien Galère et Maximin
aient que Ton continuât la persécution suscitée contre
fciens par l'empereur Dioctétien. Il mettait sa confiance
i , et lui demandait la force nécessaire pour vaincre les
$ de son nom. Telle était sa disposition quand on lui
Tordre de sacrifier. Déjà plusieurs de ses compagnons
obéi : pour lui , il déclara hautement qu'il était chrétien,
3!M 9 novembre. — s. théodobe, mabtyb.
et qu'il ne pouvait rien faire contre la religion. Sur ce
ration, on le mena au chef de ta légion, qui le pressa
le forcer de sacrifier aux faux dieux; mais Théodoi
lui avoir parlé succinctement des vérités du christiani
l'obligeaient de demeurer ferme dans ce qu'il ava
et à ne point obéir en cette occasion , ajouta : Telle est
gion , telle est ma foi : qu'on me coupe, qu'on me déchr
me brûle ; si tous mes membres souffrent pour Celui
créés , c'est un hommage, qu'ils lui doivent. Son chef
avoir pitié de lui , et le laissa en liberté en le renvoy
autre jour.
Théodore fit alors une action de grand éclat, et qui n
selon les règles de la justice et de la prudence chrétiei
avait au milieu de la ville d' Amasée un temple de la dées»
Théodore , ayant trouvé l'heure et le vent favorables, y i
pendant la nuit ; l'édifice fut réduit en cendres. Gomme il
chait point à se cacher, il avait été aperçu par quelques p<
qui apprirent en un moment à toute la ville quel était l'<
l'embrasement. On le traduisit aussitôt devant le goi
nommé Public, qui lui demanda pourquoi, au lieu d'
déesse, il avait incendié son temple. 11 est vrai, répond
c'est moi qui ai fait cette action. Votre déesse , ainsi qu<
vertu , s'est trouvée de pierre , et le feu Ta brûlée. Le goi
irrité d'une réponse qu'il prit pour une insulte faite à C
fouetter Théodore, et lui dit : Si vous ne m'obéissez tou
en sacrifiant aux dieux que vous semblez mépriser, je v
souffrir les tourments les plus cruels. — Je ne crains pas
plices , lui répondit Théodore ; pourrai-je les craindre , a;
moi Jésus, mon Seigneur et mon Roi? Publie, le voya
sible à ses menaces , tâcha de le gagner par des prome
gnifiques. Je vous comblerai d'honneurs, dit-il; je voui
aux plus hautes dignités. Théodore fut autant insensible
messes qu'aux menaces. Le gouverneur, voyant sa const
solut de le faire tourmenter. Alors le saint , levant les ;
ciel et faisant le signe de la croix sur tout son corps , dit
vous déchireriez mon corps dans toutes ses parties , j<
mon Seigneur et mon Dieu jusqu'au dernier soupir, et •
frirais tout ce que je souffrirais pour son nom. Publie , s
d'éprouver si Théodore serait aussi ferme qu'il le disa
mettre sur le chevalet : on lui déchira les côtes avec de
9 novembre. — s. màthurïn, pr. et cour. 395
r, et si cruellement , que les os furent découverts. Au milieu
supplice, Théodore montrait un visage aussi serein que si
été un autre qui eût souffert; et, pendant qu'on le tour-
ait avec le plus de fureur, il chantait un verset de psaume :
le Seigneur en tout temps ; ma bouche publiera tou-
kmanget. Publie , étonné d'une insensibilité si extraor-
!«* loi dit : N'as-tu point de h ; , misérable, de mettre ta
née dans cet homme que tt îles Christ , et qu'on a fait
frs ignominieusement? Mai i odore lui répondit ces belles
m r C'est un opprobre dont se couvrent avec joie tous ceux qui
(«ent le nom de Jésus-Christ. Le gouverneur, las de le faire
rir* le fit reconduire en prison. L'ayant fait venir quelques
après, et le voyant également ferme et constant, il le con-
ta à être brûlé. Théodore écouta la sentence avec joie. On le
i au lieu du supplice , et quand le feu fut allumé il Gt le signe
croix sur son front et sur tous ses membres , et il mourut
en louant Dieu , qui se rend admirable dans ses saints.
mmbre. — SAINT MATHURIN, frétée et confesseur.
— 4e siècle.
ithurin , né dans le diocèse de Sens , connut dès son enfance
nité des idoles , et embrassa le christianisme. A peine eut-il
eux ouverts à la lumière de l'Évangile qu'il abandonna tout
i*il possédait dans le monde pour s'attacher uniquement à
j-€hrist. Ayant été élevé au sacerdoce , il convertit un grand
jre d'idolâtres , parmi lesquels on comptait son père et sa
!. Rempli de mérite et de bonnes œuvres , il mourut quelque
s avant Tan 388- On porta son corps à Sens. On le transféra
is au village de Larchant , près de Nemours , dans le Gâti-
On bâtit en ce lieu , qui appartenait au chapitre de la catho-
de Paris, une église sous l'invocation du saint prêtre, où
royait une châsse qui renfermait une partie de ses reliques, le
ayant été brûlé par les huguenots en 1568. Il y avait aussi
is une ancienne église dédiée sous Tin vocation de saint Ma-
n. Le chapitre de Paris la donna , en 1228, aux religieux de
inte-Trinité pour la rédemption des captifs; c'est de là que les
taires ont été appelés Mathurins, surtout en France. Les
ants du Gâtiuais honorent saint Mathurin comme leur apôtre
ir patron.
3i,G 10 novembre. — s. tryphon et 8. bespice,
/=
10 novembre.— SAINT TRYPHON et SAINT RESPICE, >*
martyrs. — 3e liècle.
Tryphon et Respice étaient chrétiens , de même pays et peut- ____
être de même famille. Ils étaient d'un village appelé Sansore,
dans le territoire d'Apaméc, en Bithynie. Dès le berceau on la *-
éleva dans les principes de la foi et dans les sentiments de la piétf
chrétienne. On ne sait point s'ils eurent d'autre emploi que da 3
méditer les vérités éternelles; ce qu'il y a de bien certain, fort t
que Dieu les rendit clignes de lui offrir le sacriiiee de leur vie dan w
la persécution de Dèce. ^
Dès qu'ils curent été arrêtés, ils bénirent Dieu de la grâce qu'il K
leur faisait , et lui demandèrent celle de ne lui être point inudëes. .
On les chargea de chaînes, et on les mena à Nicée, devait le *
gouverneur Aquilin , qui leur demanda quels étaient leur état et !
leur fortune. Des chrétiens, répondirent-ils, ne connaissent point .
de fortune. Ils croient que c'est Dieu qui règle tout selon sa ro- „
lonté infiniment sage. Un officier, qui était présent , dit aux ;
saints : Ceux de votre religion doivent être brûlés vifs s'ils ne ',
sacrifient aux dieux : ainsi l'ont ordonné les empereurs. — Nous ~
ne craignons point de souffrir, dit Respice; nous le désirons même. Z
Aquiiiu , voulant tempérer en quelque sorte les menaces de l'of- ;
licier, leur dit : Vous paraissez avoir assez d'âge pour savoir ee \m
({ue vous devez faire. — Oui , dit Tryphon , nous sommes sages .
parce que nous suivons Jésus-Christ, et tout ce que nous défi- -
rons , c'est d'arriver à la perfection de cette sagesse : or, il n'y a ,'
pas de voie qui nous fasse arriver plus sûrement que celle dans ,
laquelle nous sommes entrés. Après cette réponse , Aquilin corn- '.
manda qu'on leur donnât la question. Tryphon et Respice se dé- .'
pouillèrent eux-mêmes de leurs habits ; et souffrirent ce tourment [
pendant trois jours entiers sans se plaindre. Ils n'ouvrirent la
bouche que pour invoquer le nom du Seigneur et pour faire con-
naître au juge à quels dangers il s'exposait en adorant les idoles.
Aquilin , peu touché de ces vérités , s'en alla à uuc partie dédiasse,
et commanda qu'on laissât jusqu'à son retour ces deux chrétiens
exposés à la rigueur de la saison. On était en hiver et le froid était \
excessif, de sorte que leurs pieds se fendirent en divers endroits.
Aquilin , de retour, recommença l'interrogatoire avec aussi peu
10 novembre. — s andre avellino, conf. . 397
de succès qu'auparavant. Quoi ! leur dit-il , ne voulez- vous pas
devenir plus sages? — Hélas! dit Tryphon , c'est à quoi nous ne
cessons de travailler par le culte continuel que nous rendons à
Dieu. Le gouverneur, voyant leur fermeté , les condamna à avoir
la tête tranchée, ce qui fut exécuté vers l'an 251 .
10 novembre. — SAINT ANDRE AVELLINO, confesseur.
— 16e siècle.
Saint André Avellino naquit en 1521, à Castro-Novo, petite
ville du royaume de Naples. 11 montra dès son enfance les plus
heureuses dispositions à la vertu , et en pratiqua de bonne heure
les exercices Une physionomie heureuse exposa sa chasteté à quel-
ques grands dangers; mais il en triompha par la prière, la morti-
fication, la vigilance sur lui-même et surtout par la fuite des
sociétés dangereuses. Son désir d'être tout à Dieu lui (it embrasser
l'état ecclésiastique. 11 (it à Naples , avec grand succès, les études
nécessaires , après lesquelles il entra dans l'exercice des fonctions
du saint ministère avec cet esprit de zèle , de pénitence et de cha-
rité qui fit de sa conduite un modèle de perfection. L'arche-
vêque de Naples le chargea de la direction spirituelle d'une com-
munauté religieuse , dorlt il ramena la ferveur en y rétablissant
une régularité soutenue, dans une séparation habituelle du monde,
mais dont la pratique rigoureuse excita contre notre saint, de la
part des mondains , une persécution qui lui attira des traitements
indignes, qu'il souffrit avec une patience héroïque.
Le désir de se retirer dans une retraite où il ne fut occupé que
de Dieu détermina saint André Avellino, en 1566, à embrasser
la règle des Clercs-Réguliers, appelés Th^atins, et il se retira
dans leur maison de Naples , ou , ayant été reçu , on admira
bientôt son humilité profond», sa mortification habituelle et une
charité pour le prochain si généreuse qu'il sollicita lui-même vive-
ment la grâce du meurtrier de l'un de ses neveux, qu'il aimait ten-
drement. Grand nombre de personnes de tout état , réguliers et
séculiers, lui donnèrent leur confiance , et, sous sa direction , ils
avancèrent à grands pas dans le chemin de la vertu. Le célèbre
cardinal Paul d'Arezzo et saint Charles Borromée, pénétrés
d'estime et de vénération pour notre saint, le consultèrent et rem-
ployèrent avec succès aux bonnes œuvres qu'ils lui confièrent.
Dans le temps où il s'appliquait à rétablir dans le clergé l'es-
VIFS DES SAIVTS. — T. Il- 3-1
398 11 novembre. — s. martin, kv. de toubs, cou F.
prit et les vertus des saints apôtres et de leurs premiers disciples,
il fut appelé en différents endroits pour y fonder des maisons de
«on ordre. Dieu bénit partout le zèle d'André Avellmo, et il l'ao-
lorisa plusieurs fois par le don de prophétie et l'éclat de plusieurs
miracles, notre saint était dans sa quatre-vingt-huitième année
lorsqu'il tomba frappé d'apoplexie au pied de l'autel, au moment
il commençait la messe , dont il ne put prononcer que ces paroles :
« J'entrerai à l'autel du Seigneur, Introibo ad altare Dei. » Il fut
administré, et expira le 10 novembre 1608. Clément XI l'a ca-
nonisé en 1712. 1-a Sicile et la ville de Naples l'ont choisi pour
un de leurs patrons.
Il novembre — SAINT MENNAS, màbtyh. — 3esiède.
Mennas, Égyptien, était un soldat chrétien qui, pendant la per-
sécution des empereurs Dioctétien et Maximien, s'était retiré dans
une solitude pour y faire pénitence. Mais le jour de la naissance
des empereurs , au moment où le peuple était occupé à la célébrer
i>u spectacle , s'élançant sur le théâtre , il se mit à reprocher aux
gentils leur superstition avec une liberté eourageuse. Arrêté pour
ce fait, le gouverneur Pyrrhus le fit garrotter et flageller cruelle-
ment à Cotyée , métropole de Phrygie. On le tortura ensuite sur
le chevalet en approchant de son corps des torches ardentes, puis
on irrita ses plaies en les frottant avec un tissu de crin. Pieds et
mains liés , on le tourmentait avec des cliardons et des verges de
fer ; puis, après l'avoir meurtri à coups de fouets plombés, on loi
donna la mort par le glaive , et on le jeta dans les flammes. Son
corps, en ayant été enlevé par les chrétiens, qui lui donnèrent la sé-
pulture, fut transféré dans la suite à Constantinoplc. Il fut mar-
tyrisé vers l'an 303 ou 304.
11 novembre. — SAI1NT MARTIN, RVÉQlfl DE Toi'RS,
confesse u n. — 4e siècle.
Martin naquit en 316 à Salarie, ville de Pannonie, dont on
voit aujourd'hui les ruines à deux lieues de Sarwar, en Hongrie.
Dès sa jeunesse il montra par toutes ses actions qu'il ne vivait
que pour Dieu. Il avait pour les pauvres un amour ardent : on le
vit une fois à la porte d'Amiens donner la moitié de sa casaque 9
11' novembre, — s. martin, év. de tours, conf.399
parce qu'il ne lui restait aucune autre chose qu'il pût donner.
Cette action ne manqua pas de lui attirer des railleries de la part
des libertins; mais, quand on ne veut plaire qu'à Jésus-Christ,
est peu sensible aux faux jugements des hommes, et souvent
reçoit de lui , dès ce monde même, l'approbation que ceux-
ci refusent : c'est ce qui arriva à Martin. La nuit suivante, pen-
dant qu'il donnait à ses membres fatigués un court repos, qu'il
avait coutume d'interrompre souvent par la prière , Jésus-Christ
se montra à lui revêtu de cette moitié de casaque qu'il avait donnée,
et environné d'une multitude d'anges à qui il dit : Martin , qui
n'est encore que catéchumène , m'a couvert de cet habit. Un
ordre de l'empereur obligeant les enfants des officiers et des sol-
dats vétérans à porter les armes , !e père de Martin découvrit lui-
même son fils , et le contraignit de suivre une profession qu'il
jugeait préférable à toute autre. Ainsi Martin entra à quinze ans
dans la cavalerie. Il sut se préserver des vices qui ne déshonorent
que trop la profession des armes , et gagna l'estime de ceux qui
vivaient avec lui. Il fut un soldat vraiment chrétien , exact à rem-
plir ses devoirs. A l'âge de dix-huit ans , il demanda et reçut le
baptême. Deux ans après , il se retira du service , malgré les
instances de son tribun, avec, lequel il vivait dans une étroite
amitié.
La haute réputation de saint Hilaire l'attira à Poitiers. Quand
ce grand homme eut été élevé sur le siège qu'il a tant illustré, il
voulut ordonner diacre Martin, qui refusa cet honneur par humi-
lité, et ne consentit qu'à être ordonné exorciste. Peu de temps
après, le désir de revoir sa famille le conduisit eu Pannonie. En
revenant, il apprit, comme il traversait l'Italie, que les Ariens op-
primaient l'Église des Gaules, et qu'ils avaient fait exiler saint Hi-
laire. Martin choisit alors une retraite près de Milan , et y pratiqua
tous les exercices de la vie monastique. Ayant appris, en 360,
que saint Hilaire retournait dans son diocèse, il se hâta de se
rendre auprès de lui. Ce grand évêque reçut avec joie son disciple,
et lui donna un terrain (1) pour bâtir un monastère (2), dans
lequel on vit bientôt des hommes de différents pays se réunir pour
servir Dieu sous une même discipline. Saint Martin s'y renferma
if) A tigugé, à déni petites limes de Poitiers.
{2| A peine reste-t-il aujourd'hui quelques vestiges de l'église de ce mo-
nastère, qui est détruit depuis un grand nombre d'années. L'église paroissiale
actuelle a été bâtie sur l'ancienne cellule de saint Martin.
4C0 11 novembre. — s. martin, év. de rouas, conf.
lui-mime pour se sanctifier et conduire les autres à Jésus-Christ,
Vers Tan 371, le peuple de Tours et des villes voisines le de-
manda pour évéque. Il fallut user d'artifice et employer la violence
pour l'arracher de sa solitude. 11 joignit toutes les vertus épisco-
pales à celles de la profession monastique, qu'il n'abandonna point.
Il conserva toujours la même humilité dans le cœur, la même
pauvreté dans ses habits et dans ses meubles. Il demeura quelque
temps dans une étroite cellule qui tenait à l'église; mais, ne pou-
vant souffrir les visites qu'il recevait fréquemment, il bâtit de
l'autre côté de la Loire le célèbre monastère de Marmoutier, que
l'on regarde comme la plus ancienne abbaye de France.
Saint Martin se vit à la tête de quatre-vingts moines qui rappe-
laient le temps des plus austères anachorètes et dont plusieurs
furent enlevés, à cause de leur sainteté , pour être évéques en dif-
férentes villes. Pour lui , il fut comme l'apôtre de toute la Gaule:
il dissipa l'incrédulité des gentils , détruisit les temples et fit bâtir
des églises en l'honneur du vrai Dieu dans les lioux où Ton ren-
dait auparavant aux fausses divinités un culte superstitieux. Par-
tout il établissait la piété sur la connaissance de Jésus-Christ Ce
<]u'il enseignait de vive voix, il le confirmait par des miracles sans
nombre, et le persuadait , pour ainsi dire , par sa fidélité à le pra-
tiquer le premier. Son zèle s'étendit jusqu'en Bourgogne, où il ar-
racha un grand nombre de victimes au démon pour les donner à
Jésus-Christ. Etant un jour dans un bourg rempli de païens, il
entreprit, comme il avait fait ailleurs, de les convertir au vrai
Dieu et de leur faire abandonner leurs vaines superstitions. Après
les avoir exhortés assez longtemps , il leur dit d'abattre un arbre
<tui était dans ce lieu et que le peuple regardait avec vénération.
Les païens dirent à saint Martin : Nous voulons bien le couper,
pourvu que vous consentiez à rester dessous. Il accepta la condi-
tion. On abattit l'arbre; il penchait du côté de saint Martin. Les
païens le crurent déjà écrasé ; mais, le saint ayant fait le signe de
la croix , l'arbre se redressa , et tomba du côté des païens ; plu-
sieurs auraient été tués s'ils n'eussent évité la mort par ujW
prompte fuite. Dieu se servit de ce miracle pour amollir le cœur
féroce des idolâtres et les porter à demander le baptême.
Quelquefois il sollicitait auprès des princes le pardon des cri-
minels, la liberté des captifs , le retour des exilés, ou le soula-
gement des personnes affligées. Ce fut pour obtenir quelques*
unes de ces grâces qu'il alla à Trêves , vers l'an 383 , trouver
f
12 novembre. — s. ml l'ancien, solitaire. -101
le tyran Maxime, qui, après s'être révolté contre l'empereur
Gratien, s'était emparé des Gaules, de l'Angleterre et de l'Es-
pagne. Martin demanda ces grâces en évéque , c'est-à-dire sans les
acheter par des bassesses. 11 faisait connaître au prince que c'é-
tait plaider pour ses propres intérêts que de prendre en main au-
près de hii la cause de la veuve, de l'orphelin ou du prisonnier ;
que sa gloire la plus solide était de faire du bien aux malheu-
reux , et qu'il devait remercier ceux qui lui montraient les ob-
jets sur qui devaient tomber ses faveurs. L'empereur Maxime,
loin de se choquer de cette sainte hardiesse, en conçut plus
d'estime pour le saint évêque, et il le pria plusieurs fois de
manger à sa table, Saint Martin refusa d'abord l'honneur que
lui faisait ce prince, mais dans la suite il crut devoir l'accepter.
Maxime convia les plus illustres de sa cour pour le jour où le
saint lui avait promis de dîner avec lui. Dans le repas , Martin
fut assis à la droite du prince, et un prêtre qui l'avait accom-
pagné fut placé entre le frère et l'oncle de l'empereur. Quand on
donna à boire , l'officier présenta la coupe ù Maxime , qui la fit
donner au saint évéque pour la recevoir lui-même de sa main ;
mais celui-ci la donna au prêtre dont on vient de parler. Cette
action fut admirée par l'empereur même et de tous lés assistants.
Vers l'an 400, saint Martin alla recevoir la récompense que Dieu
accorde à ses fidèles serviteurs.
12 novembre. — SAINT NIL L'ANCIEN, solitaire et
docteur. — 5e siècle.
Une naissance illustre et l'éclat des dignités distinguèrent
saint Nil aux yeux du monde ; mais il sacrifia tout à la seule
vmie gloire en quittant tout pour l'amour de Jésus-Christ. 11 se
cacha dans une retraite si profonde et si inconnue au monde
que nous ignorons le détail du genre de vie qu'il mena dans le
désert, et ne savons de l'histoire de ce grand serviteur de Dieu,
dont les pieux et savants écrits sont parvenus jusqu'à nous,
que quelques traits et quelques circonstances frappantes de sa
vie. 11 paraît qu'il était originaire d'Ancyrc en Galatie, et ses
ouvrages nous prouvent qu'une excellente éducation l'avait
formé aux sciences et à la vertu.
Saint Nil fut marié , et la Providence lui donna une épouse
digue de lui; il en eut deux enfants, un fils et une fille. Il
34
-102 12 novembre. — s. x\l l'ancien, solitaire.
vivait, dans les premières années de son établissement, d'une ma-
nière conforme à sa naissance. L'empereur Arcadius le flt gou-
verneur de Constantinople ; mais bientôt les vices qui régnaient
à la cour, et dont l'influence sur la capitale de l'empire lui faisait
craindre une corruption presque générale , le déterminèrent à
quitter sa charge pour suivre l'attrait de la grâce, qui, depuis
quelque temps, le portait intérieurement à quitter le monde
pour ne s'occuper que de Dieu. Son épouse, qui lui était chère
et dont il connaissait toute la tendresse pour lui , consentit à sa
retraite vers Tan 390 . H lui laissa sa fille , bien persuadé qu'elle
rélèverait dans la vertu. Saint Nil retira son fils avec lui, et
remmena dans le désert de Sinaï. Ils y pratiquèrent ensemble
les exercices les plus parfaits de la vie érémitique, et eurent de
grands combats à soutenir contre les ennemis du salut. C'est
dans cette solitude que Saint Nil composa les ouvrages qui sont
parvenus jusqu'à nous , dont les anciens faisaient le plus grand
cas , et qui mériteront toujours , par l'érudition et l'éloquence
qui leur sont propres, l'admiration des vrais savants.
La haute réputation de la sainteté du serviteur do Dieu le
faisait souvent consulter, et nous voyons , par ses lettres , qu'il
connaissait parfaitement la morale de l'Évangile et les maximes
de la vie intérieure. Dieu mit à une épreuve douloureuse la
vertu de notre saint. Les Sarrasins, ayant pénétré dans le désert
le fer et la flamme à la main , massacrèrent une multitude de
moines dans la solitude de Sinai , Ils enlevèrent aussi Théodule, fils
de saint Nil , qui vivait alors dans un mouastere séparé de son
père, et l'emmenèrent avec d'autres prisonniers. Le saint chercha
de toutes parts ce fils chéri , et dans ses courses il tomba lui-
même entre les mains des Barbares , qui cependant ne tardèrent
pas à lui rendre la liberté. Enfin il retrouva Théodule a Ëleusfc,
chez l'évoque de cette ville, qui avait eu la charité de le racheter.
Ce prélat le lui rendit avec joie ; mais, pénétré de vénération
et d'estime pour saint Nil, il l'exhorta et l'obligea même de se
laisser ordonner prêtre. Saint Nil avait alors cinquante ans. Il
mourut dans un Age fort avancé . sous le règne de l'empereur
(Marcien, vers l'an du salut 45!. On ignore les circonstances
de sa bienheureuse mort , ainsi que de celle de son fils Théodule.
Ses reliques furent portées du mont Sinai à («onstantinople , sous
le règne de Justin le Jeune , et déposées dans l'église des Apô-
tres, suivant Nicéphnre et les Menées.
12 novembre. — s. mautin, papk et m. 405
13 novembre. — SAINT MARTIN , pape et martyr —
7e siècle.
Martin naquit à Todi, ville de Toscane. Ses parents, pour ail-
ier l'esprit qu'il annonçait , lui donnèrent les meilleurs mai-
es du pays. Il fit de grands progrès dans les belles-lettres , l'é-
quence et la philosophie ; aussi aurait-il pu se distinguer dans
monde par ses talents ; mais il laissa bientôt toutes les sciences,
mr acquérir celle du salut. Il fut jugé digne d'entrer dans le
ergé, et fut admis dans celui de Rome , qu'il édifia de sa vertu
; dont il devint le modèle par sa sainteté.
Après la mort du pape Théodore , il fut choisi unanimement
dut remplir son siège. Les premières années de son pontificat
irent assez tranquilles ; mais la paix que Dieu lui avait accordée
it troublée par la suite par les hérétiques et les schismatiques
'Orient. Les défenseurs de l'hérésie avaient un grand crédit : ils
raient su mettre les puissances dans leurs intérêts La crainte
es hommes n'empêcha pas le saint pape de défendre la cause
e Dieu. 11 assembla à Rome, dans l'église de Latran, un cou-
rte nombreux qui condamna l'Ecthèse que l'empereur Héraclius
irait donné en faveur des hérétiques , et le Type de Constant ,
ui avait voulu imposer silence en même temps aux hérétiques
t aux catholiques.
L'empereur Constant, irrité de cette démarche, envoya à
tome un exarque nommé Théodore , qui se saisit du pape à
aain armée , dans l'église de Saint- Jean de Latran , où il s'était
étiré, l'emmena pendant la nuit hors de Rome, et le fit conduire
Constantinople. Pendant le chemin, il fut traité avec la dernière
ihumanité ; mais ce fut bien pis à Constantinople. Dès le soir
e son arrivée , on le jeta dans une prison obscure ; on ajouta des
ruautés inouïes aux infirmités ordinaires de ce saint Pontife , les-
uelles étaient la goutte et une grande faiblesse d'estomac. Après
avoir laissé en prison quatre-vingt-quinze jours, on se souvint
e lui comme d'un criminel qu'il fallait juger. On l'apporta en
haiseau sénat, parce qu'il ne pouvait pas marcher; on l'inter-
ogea sans suivre aucune règle, et l'on produisit des accusateurs
u nombre de vingt ; car ses ennemis , pour le perdre dans l'es-
rit de l'empereur, l'avaient chargé de calomnies, et l'avaient fait
asser pour un ennemi de l'État. Les accusateurs qu'on fit pa-
404 novembre. — s. martin, pape et m.
raître étaient la plupart des soldats et d'autres gens semblables,
gagnés par argent. Saint Martin, les voyant entrer, dit en sou-
riant : Sont-ce là les témoins? Kst-ce là votre procédure? On
ne lui répondit rien , mais on dit aux accusateurs de jurer sur
les Evangiles qu'ils diraient la vérité. Le saint pape , touché de
cette profanation , dit aux magistrats : Je vous en prie , au nom
de Dieu , ne les faites point jurer ; qu'ils disent tout ce qu'ils
voudront sans faire le serment ; et vous , faites ce que vous vou-
drez. Qu'est-il besoin qu'ils perdent ainsi leurs âmes?
Saint Martin voulut se justifier sur une des accusations, et
commença à parler de l'édit de Constantin ; mais le préfet l'in-
terrompit en criant * Ne nous parlez point ici de foi; il est
question de crime d'État. Nous sommes tous chrétiens et or-
thodoxes. Plût à Dieu que cela fût ! dit le pape ; mais, au jour
terrible du jugement , je rendrai témoignage contre vous sur
cet article. Quand on eut entendu toutes les dépositions , on fit
sortir Martin de la chambre du conseil , et on le conduisit dans
la cour, environné de gardes. Peu de temps après, on le lit ap-
porter sur une terrasse, afin qu'il pût être vu de l'empereur,
et on l'insulta d'une manière si indigne que les gardes même
et la plupart des spectateurs le trouvèrent mauvais. Quand on
eut déchiré son manteau, les bourreaux le prirent, le dépouil-
lèrent de ses habits, et ne lui laissèrent qu'une seule tunique sans
ceinture ; encore la déchirèrent-ils des deux côtés, depuis le haut
jusqu'en bas. Ils lui mirent un carcan de fer au cou , et le traî-
nèrent ainsi du palais au milieu de la ville, attaché avec le geôlier,
pour montrer qu'il était condamné à mort : on portait devant lui
î'épée avec laquelle il devait être exécuté. Malgré ses souffrances,
le saint pope conservait un visage serein qui montrait la joie de
son âme ; et , pendant que tous les gens de bien gémissaient , il
paraissait plus tranquille que lorsqu'il était en paix sur le siège
de Rome. Étant arrivé au prétoire , il fut chargé de chaînes , et
jeté dans une prison avec des meurtriers. On l'exila ensuite dans
la Chersonèse , au delà du Pont-Euxin , où il arriva le 15 mai de
5'an 655. Après y avoir beaucoup souffert pendant quatre mois,
il alla jouir du repos éternel.
13 novembre. — js. abbon, abbé de fleury, m. 4Q5
\. novembre. — SAINT BRICE, archevêque de Toubs,
confesseur. — 5e siècle.
, né à Tours, y fut élevé dans le monastère de Saint-
Htin et sous la direction de ce saint évéque. Mais il tomba de-
ws dans le relâchement et l'orgueil , et il exerça longtemps la
ftigooe de son maître. Malgré cela , saint Martin prédit qu'il se
avertirait, et même qu'il serait son successeur. Ce fut vers
n 400 qu'on l'élut évéque de Tours. Lorsqu'il eut reçu l'onc-
m sacrée , il mena la conduite la plus exemplaire. Mais Dieu
mlait lui faire expier ses fautes passées par les tribulations. Il
armit qu'on attaquât sa réputation par la calomnie. I^es choses
l vinrent au point que le peuple le chassa de la ville. Il se
adit à Rome, où il passa plusieurs années : il triompha cepen-
mt, par la patience, de la malice de ses ennemis. Il fat rétabli
ir son siège, qu'il gouverna avec une grande sainteté jusqu'à
i mort, arrivée en 444. Son culte était autrefois fort célèbre en
rance.
13 novembre. — SAIKT ABBON, abbé db Fleury, et
MARTYR. — 10e Siècle.
Abbon ou Albon était originaire de l'Orléanais. Il fut élevé
ins le monastère de Fleury ou de Saint-Benoit-sur-Loire , et y
t depuis profession. Il était savant pour son temps, mais il était
atout recommanda ble par ses vertus. Il passa en Angleterre,
la prière de saint Oswald , évéque de Worcester, qui avait été
oine de Fleury, et qui fut mis à la tête du monastère de
amsey. De retour à Fleury , il en fut fait abbé , et y établit
plus exacte discipline. La haute idée qiron avait de ses lumières
de sa sainteté le faisait consulter de toutes parts. Il défendit
•rtement les droits de son abbaye contre l'évêque d'Orléans,
il composa sur ce sujet une apologie qu'il adressa aux rois Hu-
îes Capet et Robert , son Ois. Le second de ces princes l'envoya
Rome pour traiter avec le pape d'affaires importantes à la
rance, et il eut à se féliciter du choix qu'il avait fait.
On rebâtit en 1003 le monastère de Squirs ou de la Réole , au
ocèse de Bazas , lequel avait été détruit par les incursions des
406 13 novembre. — s. uommbbo* , mabchand.
Normands. Comme il était de la dépendance de Fleury, safat L
Abbon y fit un voyage pour y mettre la discipline. Il y retourna ^
une seconde fois quelque temps après, toujours pour le mène it
motif. Une querelle qui s'éleva entre ses domestiques et les Ga* î;
cons lui coûta la vie. Pendant qu'il tâchait de calmer les esprit! ^
et de ramener la concorde, et même en donnant tort à ses do-
mestiques, un Gascon le perça d'un coup de lance dont il mourut
en 1004. Sa sainteté ayant été attestée par des miracles , on l'ho-
nora comme martyr. Sa fête est marquée en oe jour dans In
martyrologes de France et dans -celui des Bénédictins.
13 novembre. — SAINT HOMMEBON, marchand. —
12e siècle.
Hommebon était le fils de Tucinge, marchand à Crémone,
en Lombardic, lequel eut soin d'inspirer de bonne heure à soi
(ils les principes de la religion et la pratique des vertus chré-
tiennes. C'est au baptême qu'il reçut le nom dltomobonu* ou
de Hommebon : c'était le présage de ce qu'il devait être un
jour. Il fut appliqué fort jeune à l'état de marchand, et il
l'exerça avec une grande politesse et une extrême délicatesse.
Dès qu'il fut en âge de se marier, Tucinge lui chercha une
jeune personne bien née et de bonnes mœurs , avec laquelle il
vécut dans la crainte de Dieu.
Après la mort de son père, il résolut de s'occuper entière-
ment de l'affaire de son salut. Il considéra que les richesses
étaient un bien fragile et périssable , mais qu'elles pourraient lui
servir à acheter le ciel. Pour y réussir, il ne se regarda plus que
comme l'économe et le dispensateur de la fortune qu'il avait
amassée. N'attendant pas que les pauvres vinssent à sa porte,
il allait les chercher jusque dans leurs maisons. A ces charités
il joignait l'aumône spirituelle, c'est-à-dire qu'il consolait les
uns, qu'il instruisait les autres de leurs devoirs. Sa femme, moins
détachée que lui des choses de la terre , se plaignait souvent de
ses aumônes , et recourait quelquefois aux larmes pour l'obliger
à les modérer. Il se contentait de lui représenter avec douceur
que ce que l'on donne à Jésus-Christ profite au centuple, et que,
dans la nécessité où nous sommes tous de travailler pour
l'autre vie , il n'y a pas de moyen plus facile pour en acquérir
la félicite.
13 novembre. — s. didace ou diego, conf. 407
i frugalité et ses abstinences répondaient à son amour pour
Mtuvres. Il donnait beaucoup de temps à la prière. Sa bou-
a, sa chambre, tout était pour lui un lieu d'oraison; tous
Mrs, avant minuit, il allait à l'église de Saint-Gilles : il y en-
tait les matines, et n'en sortait qu'après la messe du choeur,
■■tait au saint sacrifice avec une ferveur et un recueillement
inspiraent de la dévotion à tous ceux qui le voyaient. 11 va-
il ensuite à ses aumônes et à ses œuvres de miséricorde,
ample d'une vie si sainte servit à retirer beaucoup de pé-
irs et d'hérétiques du vice de Terreur. Le 13 novembre de
1197, il assista à matines, à son ordinaire : il demeura en-
9 à genoux devant le crucifix jusqu'à la messe. Au Gloria
wceUis , il étendit les bras en croix, et tomba contre terre
oie s'il se fdt prosterné. Personne n'en fut étonné , parce
Ton était accoutumé à le voir dans cette posture pendant
Ksse. On fut surpris qu'il ne se levât pas à l'Évangile. Quel*
Hms crurent qu'il s'était endormi , et ils s'avancèrent pour
«lier ; mais ils reconnurent qu'il était mort. Le pape lnno-
; III , informé des vertus qui l'avaient sanctifié pendant sa
lui décerna un culte public l'an 1197.
13 novembre. —SAINT DIDACE ou DIEGO,
confesseur. — 15e siècle.
idace ou Diego était Espagnol, et de la ville de Saint-Nicolas
?ort, dans le diocèse de Séville. Confié dès son jeune âge à
aint prêtre qui le tint sous sa discipline, il fit l'apprentissage
a sainteté dans une église solitaire. Ensuite pour s'unir à
1 d'une manière plus stable, il embrassa en qualité de frère
rers la règle de saiut François dans le couvent d'Arizzafa,
ippartenait aux Mincurs-Observantins. Ce fut avec un joyeux
ressèment qu'il s'y soumit au joug d'une humble obéissance
l'observance de la règle. Adonné principalement à la con-
tfation, les lumières qu'il recevait de Dieu d'une manière
irable le remplissaient tellement que bien qu'illettré il
lit merveilleusement et d'une façon tout à fait divine des
«s du ciel.
eut beaucoup à souffrir aux îles Canaries, où il fut placé
me gardien ou supérieur dans un couvent de son ordre Tout
403 13 novembre. — s. Stanislas kostka.
brillant du désir du martyre, il convertit à la foi chrétienne, |
sa parole et ses exemples, un grand nombre d'infidèles. Ce 1
Tannée du Jubilé, sous le pontificat de Nicolas Y, que Didi
vint à Rome, étant destiné par ses supérieurs à soigner ies n
îades au couvent d'Ara-Gœli. Il remplit cette fonction avec u
charité si affectueuse que, pendant une disette dont soufl
la ville de Rome, rien de tout à fait nécessaire ne manq
à ceux qu'on lui avait confiés. H brilla tellement par la foi
par la grAce des guérisons qu'il rendit miraculeusement la sai
à beaucoup de malades en faisant sur eux le signe de croix
en les oignant avec l'huile de la lampe qui brûlait devant l'ima
de la bienheureuse Mère de Dieu, pour laquelle il montrait u
très-grande dévotion. Enfin , lorsqu'il se trouvait a Âlcala , coi
prenant que la fin de sa vie allait arriver, et n'étant revêtu q
d'une tunique usée et tout en lambeaux , c'est avec une dévoti»
singulière qu'il prononça ces paroles d'une hymne sacrée : «
bois aimable, clous bénis, qui soutenez un fardeau si précieuc
Arbre sacré, qui avez mérité de porter le Roi et le Seignei
des deux! » puis il rendit son âme à Dieu le 12 novemb
de l'an du salut 1403 Son corps, qui était resté plusieurs me
sans sépulture, dans le but de satisfaire le pieux désir <
ceux qui se rendaient de tous côtés pour le voir, exhala fodoi
fa plus suave, comme s'il eût déjà revêtu rincorruptibilit
Comme des miracles nombreux et éclatants illustrèrent le serv
teur de Dieu, le pape Sixte V l'inscrivit au nombre des saints.
13 norembre. — SAINT STANISLAS KOSTKA, novici
J)IÏ LA COMPAGNIE DE JÉSUS. — 1CC Siècle.
Stanislas, fils de Jean Kostka, sénateur de Pologne, et «
Marguerite Krischa, sœur du pafatin de Mazovic, naquit au ch
tenu de Roskou le 28 octobre 1550. Sa mère lui inspira <
bonne heure de tendres sentiments de piété. JjC premier usa]
quil fit de sa raison fur de se consacrer à Dieu avec une fervei
nu-dessus de son Age. On conlia son éducation et celle de Pau
son frère aîné, à un gouverneur nommé Jean Bilinski , qui l
eonduisit à Vienne pour faire leurs études , et logea les dei
frères dans la maison d'un luthérien de cette ville. Stanislas
tomba dangereusement malade, et il demanda à recevoir le saî
13 novembre. — s. Stanislas kostka. 409
viatique, mais le luthérien chez lequel il logeait ne voulut point
consentir qu'on le lui apportât ; en quoi il fut secondé par Bilinski
et Paul Kostha , qui , reprochant à Stanislas sa dévotion , qu'ils
disaient excessive pour un homme de sa qualité, en étaient
venus jusqu'à le prendre en aversion. Stanislas, pénétré de dou-
leur de ce refus , implora le secours du Ciel : sa prière fut exau-
eée. Il eut une vision où des anges lui apparurent lui donnant
là communion. Dans une seconde vision, la sainte Vierge lui dit
que l'heure de sa mort n'était pas encore venue, et qu'il devait
ee consacrer à Dieu dans la compagnie de Jésus A peine eut-il
recouvré la santé, qu'ayant trouvé des difficultés insurmon-
tables pour être reçu dans cette compagnie , en Allemagne , à
cause de l'opposition de son père, il alla à Rome se jeter aux
pieds de saint François de Borgia, alors général des jésuites,
•A le conjura avec beaucoup d'instance de l'admettre ; ce qui lui
lot accordé. Pendant son noviciat , il montra une piété si vive \
que tous ses compagnons étaient embrasés par son exemple d'a-
mour pour Dieu et de zèle pour leur état.
Vers le dixième mois, il fut averti intérieurement que sa der-
nière heure approchait. S'entreteuant avec un père de la compa-
gnie sur la fête de l'Assomption : Mon père, s'écria-t-il , que -ce
fut un jour heureux pour les saints que celui auquel la sainte
Vierge entra dans le paradis ! Je suis persuadé qu'ils en renou-
vellent tous les ans la mémoire , aussi bien que nous , par quel-
que réjouissance extraordinaire , et j'espère que je verrai la pre-
mière fête qu'ils en feront. Le bon état de sa santé empêcha
«ni'on ne remarquât cette prédiction ; cependant le 10 aoû*, jour
de saint Laurent, il tomba malade, et ne put contenir la joie
que lui causait déjà la vue de l'éternité bienheureuse. Le 14 août,
il dit le matin qu'il mourrait la nuit suivante. 11 reçut le saint
viatique et l'extrême-onction , couché sur la terre, comme il l'a-
vait désiré. Enfin, après avoir dit qu'il voyait la sainte Vierge
accompagnée d'une troupe d'anges, il expira tranquillement,
vers les trois heures du matin, le 15 août 15(>8, sur la f\u de
la dix-huitième année de son âge. Il a été béatifié par le pape
Clément VIII en 1604, et canonisé par Benoît XIII en 1729.
Saint Stanislas est, conjointement avec saint Casimir, patron de
la Pologne
35
410 M norembrc. — lk b. alhkiit lk na., aag. kt <:.
14 novembre. — LE BIENHEUREUX AM)EHT LE GRAND,
AHCIIKvAqUK I)K llATlSBONNK, KT CONFKB8KUB. — • 13*
siècle. ( Du I f> novembre. )
Albert, que son savoir extraordinaire fit surnommer le Grand,
était Souabc de nation. Dès son enfance, il fut rempli do dévo-
tion pour la sainte Vierge , More de Dieu , et ce fut par son ins-
piration qu'il se détermina à entrer dans l'ordre des Frères prê-
cheurs. Toutefois, différents artifices du démon l'avant fait clian-
ger de résolution les avertissements ainsi que les exhortations
du vénérable père Jourdain l'y ramenèrent. Envoyé ensuite à
Bologne pour travailler à la philosophie, comme à cause de la
lenteur de son esprit, il se trouvait inférieur ù ses condisciples,
ce qu'il supportait avec peine , il résolut d'abandonner l'ordre
des Dominicains, où il n'avait point encore fait profession. En-
couragé pourtant par une vision céleste, et ayant obtenu le se-
cours de la sainte INI ère de Dieu, il fit on peu de temps de tels
progrès dans la science de la philosophie, qu'on l'appelait com-
munément le Philosophe. En même temps, par les prières qu'il
lui adressait continuellement, il conjurait la Mère de Dieu de
lui obtenir d'être affermi dans la foi : craignant le risque de
douter des divins mystères , parce qu'il aurait pu être enlacé par
les raisonnements captieux des philosophes. Sa protectrice,
pleine de bonté, lui accorda ce qu'il désirait, et, lui étant ap-
parue : « Applique-toi, lui dit-elle, à l'étude de la sagesse; mais
pour qu'il ne t'arrive point de chanceler dans ta foi, tout ton
art syllogistiquc te, sera oté avant la mort. Ce qui te présagera
que cela doit bientôt avoir lieu , c'est lorsqu'un jour au milieu
d'une leçon publique, tu éprouveras la perte de la mémoire. »
Knvoyé dans la suite à Paris , il y exposa les livres des Sen-
tences au milieu d'un tel concours d'auditeurs, que l'école où il
professait ne pouvait contenir ses disciples ; ce qui l'obligea d'en-
seigner en plein air, sur une place publique de Paris qu'on ap-
pelle encore aujourd'hui, à cause de cette circonstance, place
Maubert, pour Maître Albert > par corruption et abréviation.
De retour a Bologne, il eut pour disciple saint Thomas <TA-
quindout, inspiré par un esprit prophétique, il annonça comme*
devant briller un jour l'incomparable doctrine. Quant à lui, il
15 novembre. — s. léopold iv, m. b-'autb. 411
remporta principalement par l'humilité et la pauvreté. Appelé
à Rome par Urbain IV, il fut fait évêque de Ratisbonne,
en 1209. D confondit Guillaume de Saint-Amour, qui attaquait
FéCat religieux , et réfuta diverses erreurs au concile de Lyon,
en 1274. Après s'être démis de l'épiscopat , lorsqu'il était dans sa
quatre-vingt-troisième année, il perdit la mémoire au milieu
dhme leçon qu'il faisait publiquement à Cologne. 11 en conclut
que le jour de sa mort approchait. Aussi, ayant accompli sa
qsatre-vingt-septième année, il alla rejoindre son Dieu en Tan
4m «dut 1280.
16 novembre. — SAINT EUGÈNE, martyr. — 3e siècle
Eugène, disciple de saint Denys , premier évêque de Paris ,
souffrit le martyre peu de temps après son bienheureux maître ,
à Deuil en Parisis, près Montmorency, et il y fut enterré. On
porta depuis son corps à l'abbaye de Saint-Denys. Il ne faut pas
le confondre avec le pieux et savant évéquc de Tolède , qui a
porté le même nom , et qui mourut en l'an 657.
là novembre. — SAINT LÉOPOLD IV, marquis d'Autriche.
— 12e siècle.
Léopold , quatrième du nom , surnommé le Pieux , était fils de
Léopold III, dit le Bel , et d'Itte, 011e de l'empereur Henri III. Ce
prince montra dès l'enfance un esprit facile et capable d'appro-
fondir les plus hautes sciences ; mais il fit voir en même temps
gu*Q avait encore plus de goût pour la vertu et plus d'attrait
jour tout ce qui fait le véritable chrétien. La lecture de l'Évan-
gile, qu'il avait toujours entre les mains, l'affermit dans
ses saintes dispositions ; c'était dans les divins oracles qu'il ap-
prenait qu'U n'y avait pas une autre morale pour les princes que
lour les autres particuliers, que l'Évangile est la règle com-
nune de tous les chrétiens , que c'est la source où chacun doit
miser la connaissance de ses devoirs , et que quiconque vit autre-
nent qu'il n'est ordonné par cette loi commune ne peut es-
lérer de parvenir au salut. Léopold goûta ces vérités , et les
net en pratique. 11 fut un prince sobre, modeste, chaste, porté
412 15 novembre. — s. lkopold iv, m. d'autr.
aux exercices de piété, aux œuvres de charité. 11 renonça à tout
plaisir, à toute satisfaction humaine . et mit sa joie et ses dé-
lices à mortifier ses sens et à ne vivre que pour l'éternité. Il
employait son revenu au soulagement des pauvres, et son temps
à la lecture des saintes fioritures.
Quoiqu'il se vît, dans un Age encore peu avancé, seigneur
d'une grande province , par la mort de son père , qui arriva l'an
101)6, il n'oublia point qu'il était engagé par son devoir à faire
le bonheur de tous ceux qui dépendaient de lui. Les peuples du
marquisat d'Autriche étaient grossiers, superstitieux, sans ins-
truction et sans mœurs. Léopold demanda à Dieu la sagesse qui
lui était nécessaire pour adoucir ces esprits, et pour en faire
des chrétiens après en avoir fait des hommes raisonnables. Cet
ouvrage fut long et difficile : s'il n'eut pas le bonheur de le con-
duire à sa perfection , il l'avança beaucoup. Il s'efforça de se
faire aimer en diminuant les impôts , en faisant du bien a tous ,
en se rendant d'un abord facile , en témoignant de la bonté à
chacun. Son palais semblait être le palais de la justice et le séjour
de la vertu. Il pardonnait souvent, mais toujours avec prudence;
et quand il était contraint d'en venir au châtiment, il tâchait de
le faire trouver juste par celui même sur qui il devait tomber, tant
il avait soin que la sagesse et la bonté accompagnassent toutes
ses actions. Il épousa, eu U06, Agnès, fille de l'empereur
Henri IV, princesse fort accomplie , dont il eut dix-huit enfants.
Le prince et la princesse vécurent ensemble dans une union par-
faite. Aguès voulut avoir part à toutes les bonnes œuvres de
son mari. Elle lisait avec lui l'ficriture sainte, même au milieu
de la nuit, interrompant avec joie son sommeil pour méditer
les vérités célestes. Ils firent bâtir une église magnifique à deux
lieues de Vienne sur le Danube , et y établirent des chanoines
réguliers de Saint- Augustin , afin, disait Léopold, que, ne pou-
vant vaquer aux services divins pendant qu'il était occupé aux
affaires de son fitat, il pût substituer eu sa place des per-
sonnes qui fissent le jour et la nuit ce qu'il eut fait lui-même
s'il en avait eu la liberté. 11 mourut de la mort des justes, le
15 novembre de l'an 1135. On assure que Dieu a attesté sa sain-
teté par plusieurs miracles.
\b novembre. — sainte gertruiie, v. et abb. 413
15 novembre. — SAINTE GERTRUDE, viekgk.et
abbesse. — 14e siècle.
Sainte Gcrtrude , issue d'une famille illustre , naquit à Eis-
leben, dans la Haute-Saxe. Elle était sœur de sainte Mel-
ehtilde. On la mit, à l'âge de cinq ans, chez les Bénédictines
de Rodersdorf. Elle prit l'habit religieux dans cette maison,
dont elle devint abbesse en 1294. L'année suivante , elle gou-
verna le monastère de Heldelrs, où elle se retira avec ses re-
ligieuses. Elle avait appris le latin dans sa jeunesse , et acquis
une connaissance peu commune de l'Écriture sainte et des
sciences qui ont la religion pour objet ; mais la prière , et sur-
tout la contemplation de la passion de Jésus-Christ et du
mystère ineffable de sa présence réelle dans l'adorable Eucha-
ristie, l'occupèrent plus habituellement. Elle fut favorisée de
Dieu de dons extraordinaires , tels que les ravissements et les
extases; et sa vie, crucifiée en lout dans f exercice d'une humi-
lité et d'une douceur inaltérables, réleva à la plus haute per-
fection. En gouvernant les autres, elle se montra toujours
comme la mère et le modèle de toutes ses sœurs. Son union
avec Dieu ne donnait que plus d'activité et de zèle à sa tendre
sollicitude pour les personnes de son monastère.
Elle écrivit le livre de ses Révélations, où elle a tracé le
vrai portrait de son âme, en faisant le récit de ses commu-
nications avec Dieu et des transports de son amour pour lui.
Cet ouvrage, si estimé par tant de saints, est, comme ceux de
sainte Thérèse, plein d'instructions sur les voies intérieures de
l'oraison et de la contemplation, et fait connaître les divers
exercices qui conduisent une âme à la perfection. Toute la vie
de sainte Gertrude retrace , dans l'exercice de la pénitence in-
térieure et extérieure , ce qu'elle avait écrit ; et l'habitude des
vertus les plus excellentes qu'elle pratiqua jusqu'à la fin, ainsi que
les grâces sensibles et les miracles qu'elle opéra , prouvèrent que
sa doctrine était celle du Dieu Sauveur, quand il assura dans son
Évangile que celui qui fera la volonté divine vivra de son esprit
et lui sera uni dès cette vie dans la charité , qui fait ici-bas le
mérite et le bonheur des saints. Sainte Gertrude mourut en
1334, après avoir été quarante ans abbesse. Sainte Melchtilde,
sa sœur, était morte quelque temps auparavant.
35.
414 16 novembre. — s. eucher, év. de lyon
16 novembre. — SAINT EUCHER, évêque de Lyon.
— 5e siècle.
L'fcgiise de Lyon n'a point eu, depuis saint ïrénée, d'évéque
plus célèbre en science et en piété que saint Eucher. Il joi-
gnait à la piété et à la noblesse de la naissance un esprit pé-
nétrant et élevé , une science peu commune , une éloquence qui
le faisait admirer des plus grands orateurs de son temps. Ayant
pris le parti du mariage dans un âge fort jeune , il épousa une
fille nommée Galla , dont il eut plusieurs enfants ; deux des-
quels , Solone et Véran , furent depuis évéques , même du vi-
vant de leur père. Eucher les avait lui-même formés , et avait
été après Dieu leur premier maître et leur directeur. Non
content de leur tracer par sa propre conduite un modèle de
la véritable piété , il employait ses talents et ce qu'il avait ac-
quis d'érudition et d'éloquence à leur donner par écrit les
conseils que la sagesse lui dictait et les maximes les plus pro-
pres à former leur cœur et à régler leurs mœurs. U les avait pla-
cés à Lérins , entre les mains des saints qui habitaient ce désert.
Lorsqu'il n'eut plus rien qui le retînt dans le monde , il le quitta
lui-même promptement pour aller dans la solitude.
Le lieu qu'il choisit fut aussi l'île de Lérins , où saint Honorât,
qui fut depuis évêque d'Arles , avait fondé le célèbre monastère
qui fut regardé comme le séminaire de l'école de l'Église de
France. Eucher y admira ces assemblées de justes qui répandaient
partout l'odeur de la piété. Rien n'est plus capable de satisfaire
un cœur qui aime Dieu , que de se trouver avec ceux qui sont
remplis de cet amour. Aussi Eucher go û ta- 1- il dans cette lie
ces joies pures et ces consolations solides que le Seigneur n'a
réservées que pour ceux qui le cherchent de tout leur cœur.
Cependant Eucher, se trouvant encore trop honoré à Lérins ,
et craignant que l'estime que les gens de bien faisaient de sa vertu
ne lui fut aussi nuisible que celle qu'il avait acquise dans le siècle,
se retira dans l'île de Léro, nommée aujourd'hui Sainte-Mar-
guerite. Elle était voisine do celle de Lérins, mais plus déserte,
et par conséquent plus propre au dessein qu'il avait de vivre dans
une grande retraite. On le tira malgré lui de son désert pour le
faire évêque de Lyon, vers Tan 424. Ce fut en cette qualité qu'il
16 novembre. — là b. lucie de nabni. 415
assista, en 431 , au premier concile d'Orange, où il donna des
marques de sa science et de sa sagesse. L'histoire n'a point con-
servé le récit de ce qu'il a fait pendant son épiscopat; mais Clau-
éien Mamert, prêtre de Vienne, frère et grand vicaire de l'évêque
saint Mamert, apprend qu'Eucher tenait souvent des conférences
à Lyon, dans lesquelles il donnait toujours des marques écla-
tantes de sa doctrine, de son esprit et de son jugement; il l'ap-
pelle le plus grand des prélats de son siècle. Eucher avait com-
posé sur les matières de la foi un grand nombre d'ouvrages , où
floo voyait l'élévation de son esprit , la profondeur de sa science
et la force de son éloquence. Ce fut au milieu de ces travaux qu'il
>mma sa course et alla jouir du repos éternel, vers l'an 454.
16 novembre. — LA BIENHEUREUSE LUCIE DE NARNI,
viebge. — 16e siècle.
Lueie de Narni, issue d'une noble famille, sembla avoir sucé
avec le lait la piété et le don de prophétie ; car encore petite en-
fant, elle prédit une multitude de choses qui devaient arriver.
Laissant là les jeux enfantins , et n'ayant que du mépris pour les
amusements de son âge , elle se plaisait uniquement à honorer
les saintes images et à répandre son cœur en prières pleines de
piété. Elle fut atteinte en grandissant de maladies très-graves ,
mais elle en fut miraculeusement guérie par l'apparition fréquente
des saints. Elle consacra pour toujours sa virginité à l'Époux des
Vierges, duquel, entre autres grâces et dons spirituels, elle avait
reçu en gage de son union future un anneau dont la trace était
visible. Elle refusa d'abord, avec la plus grande constance, un
mariage que ses parents lui proposaient ; mais elle y consentit
snr un avertissement qu'elle reçut du ciel , et après être convenue
avec son Gancé qu'il respecterait sa virginité. Les auteurs de sa
vie affirment qu'elle la conserva dans son intégrité jusqu'à la
mort, assertion qui a été confirmée par le Siège apostolique.
liée par le mariage, 'Lucie n'adoucit en rien la sévérité du
genre de vie qu'elle menait auparavant , et ne le discontinua pas
un seul instant. Par ses prières, par ses jeilnes , ses veilles et ses
autres mortifications , domptant en elle la chair d'une manière ad-
mirable, elle redonnait des forces à son âme par l'usage fréquent
de la communion eucharistique N'éprouvant que de l'aversion
410 17 novembre. — s. Grégoire thmjuatubge.
pour le luxe du siècle et ses vanités, elle distribuait le prix dos
riches vêtements qu'elle aurait pu se procurer, aux pauvres quelle
embrassait dans sou éminente charité , et portait des ajustements
plus communs. C'est en Rabaissant de plein gré et avec joie aux
fonctions les moins relevées , qu'elle endura avec une patience
extrême les peines longues et rigoureuses que lui suscita le démon,
et qu'elle les surmonta. Traitée avec dureté par son époux lui-
même , qui la renferma quelquefois dans une étroite; prison , l'in-
nocence de sa vie et la constance qu'elle montra dans les épreuves
lui firent enfin obtenir d'en être séparée. Ensuite Lucie, ayant
reçu avec dévotion l'habit du tiers-ordre de Saint- Dominique,
partit pour Home, d'où ses supérieurs l'envoyèrent à Viterbe.
JMotrc-Seigneur Jésus-Christ la marqua alors miraculeusement
en ce lieu des sacrés stigmates , qu'elle porta visibles et sanglants.
Après qu'elle eut rétabli, parmi les religieuses de son ordre à Vi-
terbe , la discipline régulière, pour obéir au commandement du
souverain pontife, elle se rendit à Fcrrare, sur la demande du
duc Hercule I<r. On construisit en ce lieu , sous l'invocation de
sainte Catheriue de Sienne, un monastère très-spacieux, et pen-
dant longtemps Ton y chargea Lucie d'élever des jeunes filles
nobles et d'y diriger les vierges consacrées à Dieu. Elle s'acquitta de
cette double tache avec la plus grande charité à laquelle elle unis-
sait la prudence et la vigilance. Pendant trente-huit ans , elle fut
éprouvée de la part des hommes par des calomnies, des injures,
des affronts et des moqueries. Elle eut aussi à souffrir diverses
maladies; mais, au milieu de ces afflictions, elle fut souvent for-
tifiée par des visions célestes. Enfin , elle alla trouver son divin
Époux l'an 1544, à l'âge de soixante ans. En 1710, son corps fut
retrouvé à Ferrare ; il était sans corruption, et les cicatrices des
sacrés stigmates v étaient encore bien visibles.
17 novembre. — SAINT GRÉGOIRE THAUMATURGE,
ÉVÊQUK DE JVÉOCÉSARKE ET CONFESSEUR. — 3* siècle.
Grégoire, éyêque de Néocésaréc, dans le Pont, devint illustre
par la sainteté de sa doctrine ; mais il le fut beaucoup plus par
ses prodiges et ses miracles, dont le nombre et l'importance l'ont
fait surnommer Thaumaturge. Digne, au témoignage de saint
Basile , d'être comparé à Moïse, aux Prophètes et aux Apôtres,
il transporta d'un lieu dans un autre , par la vertu de sa prière,
17 novembre. — s. agnan , év. d'orleans 417
montagne qui empêchait de construire une église. Il dessécha
i par la même invocation un marais qui était un sujet de
jltoorde entre des frères. En plantant sur la rive du Lycus , fleuve
les débordements dévastaient les campagnes, en plantant
iF&ftton qui lui servait de soutien, et qui aussitôt grandit et de-
'4* un arbre couvert de feuillage, il fit cesser ce fléau, si bien
tfKi depuis ce moment, les eaux ne dépassèrent point la limite qu'il
bar avait fixée. Dans bien des circonstances le saint évéque chassa
1m démons des statues des idoles, et en délivra des possédés. I)
apeomplit encore beaucoup d'autres choses merveilleuses, au
Moyen desquelles il attira à la foi chrétienne une multitude in-
aombrable d'infidèles. En même temps, doué de l'esprit pro-
phétique, il prédisait l'avenir. Sur le point de quitter la vie,
comme il demandait combien il restait d'infidèles dans la ville, de
Méocésarée, et comme on lui répondit qu'il en restait seulement
dix- sept, il rendit grâce à Dieu en disant : « Cest autant qu'il
gavait de chrétiens, lorsque f ai commencé à être évéque ici. »
Il est l'auteur de plusieurs écrits par lesquels, autant que par ses
miracles, il illustra l'Église de Dieu. 11 mourut en Tan du salut 270.
17 novembre. — SAINT AGNAN, évéque d'Obléans,
confesseub. — 5e siècle.
On croit qu' Agnan ou Anianus était originaire de Vienne dans
la Gaule, et qu'il vécut quelque temps reclus dans une cellule près
de cette ville. Il se rendit depuis à Orléans, où il fut attiré par
la réputation du saint évéque Euverte. Ayant été ordonné prêtre,
il eut la conduite du monastère de Saint- Laurent des Orgerils ,
situé dans le faubourg d'Orléans, et qui devint plus tard un prieuré
de Cluny. Saint Euverte, qui sentait sa fin approcher, le demanda
pour successeur, ce qui lui fut accordé ; il quitta l'administration
de son diocèse , et mourut peu de temps après , c'est-à-dire le
7 septembre 391. Agnan justifia par sa conduite le choix qu'on
avait fait de lui. Il fit rebâtir avec plus de magnificence l'église
de Sainte-Croix , fondée par son prédécesseur.
Il y avait près de soixante ans qu'il était évéque, lorsque les
Huns, conduits par Attila , vinrent mettre le siège devant Orléans.
Agnan avait prévu l'orage , et avait fait le voyage d'Arles pour
demander des secours au généra) Aétius. Cependant les Barbares
pressaient le siège ; Agnan encourageait son peuple , et l'exhor-
418 17 nocembre. — s. malo ou maclou, év.
tait à mettre en Dieu sa confiance. Tous s'adressèrent au ciel par
de ferventes prières, dans l'attente du secours qui leur avait été
promis. Enfin, lorsque tout semblait désespéré, les Romain,
auxquels s'étaient joints les Wisigoths, parurent, vainquirent et
dispersèrent les Barbares. On attribua cette victoire encore plut
aux prières et à la prudence du saint évéque qu'à la bravoure
d'Aétius, qui presque seul soutenait l'empire romain sur le pen-
chant de sa ruine.
On met la mort de saint Agnan au 17 novembre 453. On l'en-
terra dans l'église de Saint-Laurent des Orgerils, d'où son corps
fut depuis transféré dans celle de Saint-Pierre , qui a pris le nom
du saint. Il est nommé en ce jour dans les anciens martyrologes.
Les huguenots pillèrent sa châsse en 1562, et brûlèrent ses re-
liques avec celles de plusieurs antres saints qui reposaient dans le
même lieu.
17 novembre. — SAINT MALO OU MACLOU, évéque
d\Aleth , en Bretagne. — 6e siècle.
Malo fut élevé en Angleterre , où il était né d'une famille dis-
tinguée par sa piété et par sa noblesse. Pour se préserver de la
corruption du siècle , il embrassa de bonne heure la vie monas-
tique. Informé d'une manière certaine que l'on se proposait de
l'en tirer pour le placer sur le siège de "Winchester, et effrayé du
poids dont on voulait le charger, il s'embarqua secrètement avec
un petit nombre de personnes à qui il avait découvert son des-
sein, et aborda dans une île , sur les côtes de la Bretagne, où
un solitaire nommé Aaron, qui menait une vie pénitente, le reçut
avec beaucoup d'amitié sans le connaître.
Ces deux serviteurs de Dieu , après s'être observés mutuelle- j
ment pendant quelques jours, se trouvèrent dans une si grande \
conformité de mœurs et d'intentions, qu'ils firent entre eux un !
liaison très-étroite, pour s'animer et s'aider l'un l'autre à avancer '
dans le chemin de la perfection. Cette union, formée par b {■
charité, rendait douces les grandes austérités que l'esprit A g
pénitence leur faisait pratiquer. Leur nourriture était du pain et s
quelques racines , et leur boisson était de l'eau, dont ils buvaieit
fort modérément pour ne pas violer l'étroite abstinence dont II
faisaient profession.
Comme le lieu de leur retraite était fort prèsd'Aleth, lèsent*
17 novembre. — saint Grégoire, év. de tours. 419
jfcns de cette Tille , qui étaient en petit nombre , les venaient par-
JKsTBÎter. Ils engagèrent Malo à venir travaillera la conversion
A? leurs compatriotes. Là charité dont son cœur était embrasé,
Ht la crainte de résister à la volonté de Dieu, le déterminèrent à
4ë rendre à leur désir, quel que fût son amour pour la retraite.
tt alla donc faire connaître l'Évangile aux peuples voisins, sur-
tout à ceux d'Aleth. Ses prédications furent efficaces : le peuple
instruit demanda le baptême , et souhaita Malo pour évéque. Le
faint, voyant leur ardeur, et craignant que ces nouveaux fidèles ne
^égarassent bientôt s'ils étaient sans guide, se rendit à leurs vœux,
et le bien se multiplia au centuple entre ses mains; mais le démon
lai suscita des ennemis, qui, après l'avoir longtemps persécuté,
le contraignirent de se retirer. Saint Malo alla en Saintonge , où
0 comptait finir ses jours ; mais son peuple , ayant su qu'il y était,
l'obligea, par ses prières et par ses larmes, de revenir à Aleth , où
il demeura encore quelque temps. Enfin , croyant avoir assez fait
pour ses ouailles, il se retira de nouveau en Saintonge, où il acheva
sa course en Tan 565. Après la mort du saint évéque , à peu de
distance de la ville d'Aleth , a été bâtie une autre ville à qui les
peuples reconnaissants ont donné le nom de Saint-Malo.
17 novembre. — SAINT GREGOIRE, évéque de Tours,
CONFESSEUR. — 6e siècle.
George-Florentius Grégoire , issu d'une des plus riches et des
plus illustres familles d'Auvergne, où la piété fut comme héré-
ditaire , naquit le 30 novembre 539. 11 fut élevé sous la direction
ie saint Gai , son oncle , évéque de Clermont , et il acquit beau-
coup de savoir dans toutes les matières ecclésiastiques. Son oncle
lui conféra la tonsure cléricale , et saint Avit, successeur de saint
Gai , l'ordonna diacre. Quelques années après , ayant été guéri
d'une maladie dangereuse , il voulut , pour remercier Dieu , vi-
siter le tombeau de saint Martin, à Tours. On eut occasion, pen-
dant son séjour dans cette ville, d'admirer sa piété, son humilité
et son savoir ; et peu de temps après son départ, le clergé et le
peuple de Tours relevèrent pour successeur du saint évéque Eu-
phrone, qui venait de mourir.
Les députés chargés de lui annoncer son élection le trouvè-
rent à la cour de Sigebert , roi d'Austrasie. il se vit comme forcé
420 17 novembre. — s. Grégoire, év. de tours.
de si* rendre aux vœux du diocèse de Tours , et fut sacré le 22
août 573. Il avait alors trente-quatre ans. Son zèle et sa piété fi-
rent bientôt fleurir la religion avec un éclat digne, d'un successeur
de saint Martin. Il rebâtit sa cathédrale, répara plusieurs autres
églises, maintint avec une fermeté modeste les privilèges accordés
aux lieux saints. Il assista en 577 au concile qui se tint à Paris
contre Prétextât, évéque de Rouen, que la reine Frédégonde vou-
lait perdre. Le saint évéque de Tours prit hautement sa défense.
Frédégonde, pour s'en venger, engagea Lcudaste, comte de Tours,
à charger saint Grégoire de diverses accusations, qu'il tâcha de
rendre vraisemblables , et dont il se vanta de fournir les preuves
devant une assemblée d'évéques. Cette assemblée fut convoqué*1
à Berni, près deCompiègne, pour juger Tévêque de Tours; mais
son innocence y fut reconnue avec tant d'évidence , que ses accu-
sateurs furent couverts de honte , et Lcudaste , leur chef, périt
depuis misérablement.
Saint Grégoire eut occasion de défendre la divinité de Jésus-
Christ contre les juifs, les ariens et autres hérétiques répandus
ça et là dans les Gaules. Il les confondit, et en convertit plusieurs.
Son zèle éclairé convainquit le roi Chilpéric , qui se piquait d'être
théologien, d'être tombé dans l'erreur du sabellianisme , en con>
posant un écrit dont il prétendait faire une exposition de foi.
Notre saint sut toujours allier la douceur avec le zèle. Tous ses
diocésains étaient l'objet de sa sollicitude pastorale. Sa charité
était constante et si générale , que ses ennemis même en éprou-
vèrent les effets les plus sensibles. I^cs malheureux , ceux même
qui paraissaient les moins dignes de compassion, trouvaient en
lui un père et un défenseur. Les rois Childebert et Goutran lui
marquèrent leur vénération et leur confiance; il employa son
crédit auprès d'eux pour la gloire de la religion et le bien de l'Etat.
Ou peut en quelque sorte considérer saint Grégoire de Tours
comme le père de notre histoire nationale, car, parmi les ouvrages
qui nous restent de lui, on distingue principalement son Histoire
des Francs 9 divisée en seize livres, à la fois civile et ecclésiastique.
Ce saint, évéque opéra divers miracles de son vivant, qu'il attri-
buait toujours à saint .Martin, et mourut le 17 novembre 595,
après plus de vingt ans d'épiscopat.
18 novembre. — déd. des bas. des ss. pierbe et p. 421
18 novembre. — DÉDICACE DES BASILIQUES DE SAIKT-
PIERRE ET DE SAINT-PAUL, a Rome —4e siècle *
Parmi les lieux sacrés qm ont été autrefois en vénération chez
les chrétiens, les plus célèbres et les plus fréquentés furent ceux
où Ton déposa les corps des saints, ou bien dans lesquels se trou-
vait quelque vestige ou quelque monument des martyrs. Au
nombre de ces lieux saints fut toujours principalement vénérée
cette partie insigne du Vatican qu'on appelait la Confession de
saint Pierre. Car, y accourant de tous les endroits de l'univers,
tomme à la pierre où repose la foi et au fondement de l'Église,
les chrétiens visitaient avec tous les sentiments de profonde vé-
nération, de religion et de piété, le lieu qui fut consacré à la
sépulture du Prince des Apôtres.
Ccst là que vint l'empereur Constantin le Grand, huit jours
après avoir reçu le baptême. Ayant déposé le diadème , et pros-
terné sur le sol, il répandit un torrent de larmes. Ensuite il fouilla
la terre avec la bêche et le hoyau, et en ayant enlevé douze cor-
beilles en l'honneur des douze Apôtres, il désigna remplacement
de la basilique qu'il fit bâtir en l'honneur de saint Pierre. Le pape
saint Sylvestre, qui avait déjà consacré l'église de Latran le
9 novembre, dédia de la même manière celle du Prince des
Apôtres, le 18 du même mois. Il y éleva un autel de pierre qu'il
oignit du saint chrême, et c'est depuis ce moment qu'il décréta
que tous les autels devraient être de pierre. Cette même basilique,
que sa vétusté faisait depuis longtemps tomber en ruine , mais
que la piété de plusieurs souverains pontifes avait relevée depuis
ses fondements sur un plan plus vaste et plus magnifique , fut con-
sacrée solennellement par Urbain VIII, à pareil jour, ou le
18 novembre de Tan 1626.
Le bienheureux Sylvestre dédia encore la basilique de Papôtre
saint Paul , que l'empereur Constantin avait aussi fait bâtir avec
une extrême magnificence sur la voie d'Ostie. Cet empereur en-
richit ces basiliques en leur assignant une multitude de domaines,
et il pourvut à leur ornement par des présents considérables; Tel
fut le zèle ardent de ce prince pour la religion, que, des débris
des temples consacrés aux idoles qu'il fit détruire , il construisit
une multitude d'églises dans tout l'univers , et particulièrement
36
122 18 tiOWUlblY. — S. KltKDIANO, KV. DE LUCQUE8.
ù Rome. De ce nombre furent la basilique de Sainte-Croix-en-
Jérusalem, dans le champ de Sessorius; celle de Saint-Laurent-
hors-des-Murs, dans le champ Véran; celle des Saints-Pierre-et-
IWarcelIin, sur la voie Labicane, et enfin beaucoup d'autres
i* novembre. —SAINT FRIG1D1 AN ou FRÉDIÀNO, éyûqvk
DE LUCQUES, ET CONFESSEUR. — 6e siècle.
Frigidian , né en Irlande, où son père était roi d'Ulster, fut ins-
truit dès son enfance dans la religion chrétienne, et reçut le bap-
tême à l'insu de ses parents. Zélé pour la foi , il ne craignit pas do
se rendre à Rome comme un courageux pèlerin, et le pape Pe-
lage Ier l'y reçut avec honneur. Le pontife l'admit parmi les clercs,
et lui donna place parmi les chanoines de Latrau, dont il pratiqua
quelque temps la règle dans toute sa perfection. Frigidian re-
tourna ensuite dans sa patrie , où ses parents s'efforcèrent de le
ramener au culte des idoles, et l'engagèrent à se marier. Mais, se-
condé par la grâce divine , le saint eut, au contraire, le bonheur
de convertir sa famille à la foi véritable. Il affermit merveilleu-
sement tous les siens dans leur nouvelle croyance en ressuscitant
sous leurs yeux sa propre sœur. Quittant ensuite ses parents, il
fonda un monastère dans iequel il établit des chanoines pour vivre
suivant la règle qu'il avait lui-même pratiquée à Rome. Il passa
quelque temps avec eux , leur donnant l'exemple de la perfection
et de riiumilité. Mais sa réputation de sainteté et le bruit de ses
miracles s'étant répandus au loin, l'homme de Dieu voulut se dé-
rober aux applaudissements du monde. C'est pour cela qu'il re-
tourna on Italie , et se rendit à Lucques. La renommée que ses
vertus lui méritèrent aussi dans ce pays , la vénération profonde
que professèrent pour lui les habitants de la ville , furent cause
(jue d'une voix unanime on le demanda pour évéque. Dès qu'il
<>ut reçu la consécration épiscopale, il commença à donner un tel
.iccroisscment au culte divin , que, dans les vingt-huit années qu'il
gouverna son troupeau , il construisit vingt-huit églises baptis-
males. La principale est celle qui, dédiée d'abord aux Trois Saints
Lévites, porte aujourd'hui le titre de Saint- Frédiano. Pour la bâtir,
le saint évéque transporta sans aucune peine un bloc énorme de
pjerre , que plusieurs hommes n'avaient pu remuer, et que Ton
conserve encore aujourd'hui dans l'église comme un souvenir
19 novembre, — s. odon, abbé de cluny. 423
de ce miracle. Un autre encore plus signalé , dont parle le pape
saint Grégoire au livre de ses Dialogues, est bien capable aussi
de montrer quels étaient devant Dieu les mérites de saint Fré-
dtano. L'Arno , en inondant la campagne de Lucques , causait de
fréquents dommages aux laboureurs. L'évêque, après s'être mis
à prier, indiqua sur le sol un autre lit au fleuve, et aussitôt f pre-
nant une nouvelle direction , les eaux laissèrent à sec l'endroit où
elles coulaient auparavant. Enfin , après de nombreux travaux ,
le saint, riche en mérites et plein de jours, s'endormit dans le Sei-
gneur, vers Tan du salut 578. — Son corps, qui avait été enseveli
dans l'église des Trois Lévites, fut, au temps de Charlemagne ,
torehé par le cadavre d'une jeune fille qu'on enterrait au-dessus
de lui. Tout à coup la morte se ranima : Enlevez-moi d'ici, s'é-
cria-t-dle; vous m'avez mise auprès du corps du bienheureux
Frédiano! Après ces mots, elle rentra dans le sommeil de la
mort. Cest ainsi que les restes du serviteur de Dieu , après avoir
été ignorés pendant deux siècles environ , furent révélés miracu-
leusement, et commencèrent à devenir l'objet d'une très- grande
Ténération. La fête de cette invention est célébrée à Lucques le
18 novembre.
19 novembre. — SAINT PONTIEN, pape et mabtyb. —
3e siècle.
Ponticn, Romain, gouverna l'Église au temps de l'empereur
Alexandre, qui le relégua, à cause de la foi chrétienne qu'il confes-
sait-en toute occasion, dans l'île de Sardaigne, et avec lui le prêtre
Hippolytc. Affligé en ce lieu de toutes sortos de calamités pour ia
foi, il y quitta ce monde le 19 novembre , vers l'an 230. Son corps
fut apporté à Rome par le pape Fabien, entouré de son clergé, et
enseveli dans le cimetière de Calixte , sur la voie Appienne.
19 novembre. — SAINT ODON, abbé de Cluny. — 10e siècle.
Odon, né à Tours en 879, était fils d'Abbon, seigneur de
haute condition. 11 passa ses premières années auprès de Foul-
ques, comte d'Anjou, et auprès de Guillaume, comte d'Auvergne
et duc d'Aquitaine , lequel fonda depuis l'abbaye de Cluny, si-
tuée à cinq lieues de Mâcon, en Bourgogne. H montra dès son
424 19 novembre. — s. odon, abbé de cluny,
enfance beaucoup de goût pour la prière. Sa piété lui faisait re-
garder comme perdu le temps qu'il était forcé de donner à la
chasse et aux autres amusements du siècle. A l'âge de dix-neuf
ans , il reçut la tonsure et fut nommé à un canonicat de l'église de
Tours. Il renonça alors à l'étude des auteurs profanes, et ne
voulut plus lire que l'Écriture et les livres propres à entretenir
et augmenter dans son cœur la componction, la ferveur et l'a-
mour divin. Il vint passer quatre ans à Paris pour y faire un cours
de théologie. Étant retourné dans la ville de Tours, il se renferma
dans une cellule pour se livrer uniquement à la prière et à la mé-
ditation des livres saints. '
La lecture de la règle de Saint- Benoît acheva de le détacher du
inonde. Voyant combien sa vie était éloignée des maximes de
perfection qui y sont tracées , il résolut d'embrasser l'état monas-
tique ; mais le comte d'Anjou refusa d'y consentir. Il resta donc
encore près de trois ans dans sa cellule avec le compagnon qui
suivait les mêmes exercices. Knfin , lassé des obstacles qu'il ren-
contrait, il se démit de son canonicat , et se retira secrètement
dans le monastère de Heaume, au diocèse de Besançon. Saint
liernon, qui en était abbé, lui donna l'habit en 909. Il n'avait
emporté avec lui que sa bibliothèque , qui consistait en une cen-
taine; de volumes.
L'année suivante, l'abbaye de Cluny, qui venait d'être fonde»,
fut mise sous la conduite de saint Bernou , qui eut à la fois le
gouvernement de six monastères. Après la mort de ce saint abbé,
arrivée en 927 , les évoques du pays obligèrent saint Odon à di-
riger trois de ces monastères, savoir : Cluny, en Bourgogne;
IMassay et Déols, en Berry. Il fit sa résidence dans le premier,
qui devint bientôt célèbre par la régularité qui s'y observait, et
par la sainteté de ceux qui l'habitaierit. Il y établit l'observance
de la règle de Saint-Benoît dans toute son intégrité. 11 recomman-
dait surtout le silence;, et disait à ce sujet que c'était une condi-
tion nécessaire pour se soutenir dans la solitude intérieure et pour
converser avec Dieu. Après ce silence, il recommandait l'obéis-
sance, l'humilité et le renoncement à soi-même. Plusieurs mo-
nastères de différents pays embrassèrent sa réforme , et se sou-
mirent à sa juridiction; en sorte que la congrégation de Cluny
devint bientôt aussi florissante que nombreuse.
Les papes et les princes avaient une grande confiance dans le
saint abbé Odon. Ils le chargèrent de plusieurs négociations iin-
19 novembre. — s. Elisabeth de Hongrie, v. 42->
portantes, où sa prudence et sa piété lui assurèrent un heureux
succès. Odon avait une dévotion particulière à saint Martin : ce
qui lui fit désirer de mourir à Tours. Ayant été atteint d'une ma-
ladie dont il prévit qu'il ne guérirait point , il se fit porter dans
cette ville , où il mourut le 18 novembre 942. Il fut enterré dans
l'église de Saint- Julien , mais plus tard les Huguenots brillèrent
la plus grande partie de ses reliques.
19 novembre. — SAINTE ELISABETH DE HONGRIE, veuve.
— 13e siècle.
Elisabeth était fille d'André de Hongrie : la reine sa mère se
nommait Gertrude. Elle fut fiancée dès le berceau avec Louis,
fils (FHerman, landgrave de Thuringe. La petite princesse donna
bientôt des marques de la sainteté éminente à laquelle elle arri-
verait un jour. Peu curieuse de parures et d'ajustements, elle
donnait volontiers aux pauvres et priait Dieu avec un grand re-
cueillement. Lorsque Elisabeth eut atteint sa quatorzième année,
le mariage fut célébré avec les cérémonies ordinaires.
Le prince son mari , qui était plein d'admiration pour sa vertu,
lui laissa la liberté de suivre les mouvements de son cœur. Eli-
sabeth profita de cette liberté pour se prescrire différents exer-
cices de dévotion auxquels elle fut toujours fidèle. Elle voulut
même se livrer à des austérités qui pouvaient altérer sa santé;
mais son directeur, qui était un homme d'un vrai mérite, eut la
prudence de la retenir dans de justes bornes, en lui disant qu'il
fallait regagner par son humilité ce qu'elle perdait du côté des
mortifications. Docile à ces avis, elle demandait souvent à Dieu
la grâce de connaître son néant devant lui.
Elisabeth souffrait de tout ce qui relevait , et pendant qu'on
respectait son rang et sa vertu , elle s'abaissait aux pieds de Jésus-
Christ. Quand elle était à l'église, elle déposait autant qu'elle*
pouvait toutes les marques de sa dignité. Comme on lui deman-
dait pourquoi elle était sa couronne de dessus sa tête pendant l'of-
fice divin , elle répondait : A Dieu ne plaise que , n'étant qu'une
vile créature tirée du limon de la terre , j'ose paraître avec une
couronne superbe devant mon Dieu et mon Sauveur couronné
d'épines. Pour conserver dans son cœur les sentiments que Dieu
y avait mis, elle avait souvent recours à la prière; elle se levait
même toutes les nuits pour y donner un temps considérable. Elle
36.
426 20 novembre. — s. baulaam, martyr.
joignait à ce saint exercice le soin assidu des pauvres et des ma-
lades : presque tous les ouvrages qui sortaient de ses mains n'é-
taient que pour leur usage. Sa famille n'en était pas moins réglée.
Tout son palais paraissait plutôt un monastère que la cour dune
princesse1. Dieu y était servi fidèlement, chacuu se faisait un de-
voir de marcher sur les traces d'Klisabeth.
I^e landgrave , qui voyait que la sagesse avait été accordée a sn
femme , se faisait un plaisir de l'instruire des affaires de PÉtat ;
et quand il était absent, il lui en laissait le gouvernement; Eli-
sabeth ne se. servait de cette autorité que pour le bien public, et
de ceux surtout qui étaient dans le malheur. Pendant une famine
qui survint en Allemagne en 1225 , elle Ht donner aux pauvres le
blé qu'on avait recueilli dans ses terres , en l'absence do son mari
qui était en Italie , auprès de l'empereur Frédéric. Ce prince , à
son retour, approuva la conduite d'Elisabeth, sans écouter les
plaintes de ses intendants. Pour soulager les pauvres infirmes ,
qui ne pouvaient venir chercher l'aumône au château , qui était
sur une haute montagne, elle lit bAtir au bas un hôpital, où elle
allait les servir de ses propres mains ; elle prenait un soin parti-
culier de leurs enfants. Kilo nourrissait neuf cents indigents tous
les jours. Cette attention pour les pauvres, ainsi que le détail
dans lequel elle entrait en leur faveur, fut un jour traitée devant
(Ile de vertu qui ne convenait pas à la dignité royale : Ce qui vous
parait indigne de moi , répondit-elle , purifie mes fautes : gardons-
nous bien de mépriser les moyens que le Seigneur a établis pour
nous sanctifier.
Ce fut dans l'exercice de ces saintes pratiques que Dieu la
trouva lorsqu'il l'appela à lui pour la faire régner dans le ciel.
Elle mourut l'an 1231 , à l'Age de vingt-quatre ans.
20 novembre. —SAINT BAIILAAM, martyr. — 3e siècle.
Barlaam était Syrien de nation , et d'un village des environs
d'Antioche. La condition de ses parents n'avait rien que d'obscur
aux yeux des hommes. C'est souvent dans les conditions les plus
basses que Dieu se plaît à former des saints pour confondre l'or-
gueil humain, qui n'estime rieu que ce qui parait grand aux
yeux delà chair. Barlaam, dit saint Basile, était un simple paysau
qui n'avait reçu qu'une éducation grossière, et qui s'exprimait
d'une manière tout à fait barbare. Jésus-Christ, qui avak &it oV
20 novembre. — s. bablaam , habtyb. 427
apôtres, gens simples et sans lettres, des hommes capables
d'instruire l'univers, donna à Barlaam cette sagesse que Ton
n'acquiert ni dans le monde ni par les études ordinaires.
fl était déjà avancé en âge , lorsqu'il fut arrêté pour la foi : on
le mit en prison , et les peines qu'il y souffrit augmentèrent ses
tanières , et affermirent son amour pour la vérité qu'il avait le
bonheur de connaître. Il en sortit plus fort qu'il n'y était entré ,
et, ayant été amené devant le juge, toutes les paroles de son in-
terrogatoire furent comme autant de traits perçants qui mirent
en déroute les démons. On riait de sa façon de parler, on se mo-
§HÉt de son air simple et naïf; mais on était contraint de louer
ai constance ferme et modeste, qu'on admirait d'autant plus qu'on
fattendait moins d'une personne de sa condition. Le juge le fit
cruellement; mais jamais le saint martyr ne prononça au-
parole de murmure , il ne lui échappa jamais aucun mouve-
ment d'impatience. Les bourreaux se lassèrent plus tôt de fouetter
que lui de souffrir. On le mit ensuite sur le chevalet : on le dé-
chira arec des ongles de fer jusqu'à lui découvrir les côtes ; presque
tous ses membres furent disloqués, et, au milieu des douleurs
qu'il souffrait, il montrait plus de joie que s'il eût été assis à un
festin ou élevé aux plus grands honneurs de la terre.
Le juge , honteux de se voir vaincu par un paysan , et ne vou-
lant point avouer la puissance du Dieu des chrétiens, imagina un
nouveau tourment pour satisfaire en quelque sorte ses prétendues
divinités, qu'il croyait irritées par la constance du saint. Il obligea
Barlaam de tenir la main étendue sur l'autel profane où les païens
avaient allumé du feu; ensuite on lui mit de l'encens sur la main
avec des charbons ardents, afin que la douleur qu'il ressentirait
l'obligeât de secouer la main pour faire tomber l'encens avec le
feu , et qu'on eût quelque prétexte de dire qu'il avait offert de
l'encens aux idoles ; mais Barlaam ne voulut pas même donner
cette satisfaction aux païens. Comme il craignait jusqu'à l'ombre
du péché, et qu'il ne voulait pas donner aux fidèles faibles dans
la foi le moindre sujet de scandale, il aima mieux se laisser brûler
la main que de faire le moindre mouvement pour jeter les char-
bons qu'on avait mis dessus. Dieu , content du sacrifice de Bar-
laam , ne permit pas que les hommes pussent rien davantage
sur son corps, et le retira à lui aussitôt après le tourment qu'il
venait de souffrir, afin de lui donner le rafraîchissement éternel.
428 20 novembre. — sainte maxence, y. et m.
20 novembre. — SAINTE MAXENCE, vierge et martyre.
— Avant le 7e siècle.
Si ce n'est pas ici une victime du zèle pour la foi , c'en est
une au moins de la pureté virginale. En effet, sainte Maxeuce,
vulgairement appelée Maixencc ou Messencc , naquit en Ecosse,
où l'on croit qu'elle était issue d'un sang royal. Étant venue en
France pour accomplir plus facilement le vœu qu'elle avait fait
de garder la virginité, elle arriva sur les bords de la rivière
d'Oise , entre Oeil et Compiègnc. Comme elle ne trouvait point
de bateau pour la traverser, elle eut recours à son céleste Epoux,
et l'on assure qu'elle fut transportée de l'autre côté par le mi-
nistère des anges. Elle se crut alors en sûreté et à l'abri des
poursuites de ceux qui la recherchaient; aussi, s'étont retirée
dans un lieu solitaire, elle commença à mener une vie plus
angélique qu'humaine. Toutefois , lorsqu'elle y pensait le moins,
elle se vit environnée d'une troupe de soldats : c'était son fiancé,
accompagné de ses gens, qui l'avait poursuivie jusqu'en France,
sans s'inquiéter du vœu qu'elle désirait garder. Un autre auteur pré-
tend, au contraire , que c'était un de ces princes sarrasins qui
vinrent, au temps de Charles Martel , piller et saccager les pro-
> inces de France. Quoi qu'il en soit, il est certain que pour dé-
fendre sa virginité, par la résistance courageuse et constante
qu'elle opposa à ceux qui voulaient lui faire violence, die mé-
rita la palme du martyre. Celui qui ne put lui ravir la fidélité
qu'elle devait à son céleste Époux, lui trancha la této de son épée
ot s'ôta ainsi à lui-même le pouvoir de lui nuire, en lui procurant
l'immortalité bienheureuse.
L'cvêque de Senlis, qui était le plus voisin du lieu où Maxcnce
subit le martyre , en releva la précieuse dépouille et la plaça awc
honneur dans l'église du bourg, qui était peu éloigné du théâtre
de cette glorieuse victoire. Depuis , Ton a bâti une église plus
magnifique sous le nom de la sainte, et tout le bourg, qui se
trouve au passage de l'Oise , a été appelé Pont-Sainte Maxence.
I/on apprend d'un des continuateurs de Frédégaire, que le
culte de cette sainte était déjà établi nu septième siècle dans
cette partie du Beauvoisis.
20 novembre. — saint Edmond, roi et màbt. 429
20 novembre. — SAINT EDMOND, roi et martyr, en
Angleterre. — 9* siècle.
Edmond, suivant les historiens de sa vie, fut placé sur le troue
de ses ancêtres à l'âge de quinze ans, et couronné le jour de
Noâ 855, au château du Burum, sur le Stour. Ses qualités mo-
ndes et religieuses en firent le modèle des bons roïs. On admirait
Au» un prince si jeune l'aversion la plus décidée pour les flat-
teurs; il voulait voir de ses propres yeux et entendre de ses
jtopres oreilles, tant il craignait la surprise de ses jugements,
(Infidélité des rapports et les manœuvres des passions humaines.
Toute son ambition était de maintenir la paix et d'assurer le
bonheur de ses sujets ; de là ce zèle pour faire administrer la
justice avec intégrité, et pour faire fleurir la religion et les
bonnes mœurs dans ses États. Il fut le père de ses sujets , et
mrtout des pauvres, le protecteur des veuves et des orphelins, le
soutien et l'appui des faibles. Sa ferveur dans le service de Dieu
rehaussait l'éclat de ses autres vertus.
Il y avait quinze ans qu'Edmond régnait, lorsqu'il fut attaqué
par les Danois. Hinguar et Hubba , princes qui surpassaient en
barbarie tous les pirates danois, débarquèrent en Angleterre , et
[lassèrent l'hiver au milieu des Est-Angles. Ayant fait une trêve
ivec cette nation, ils partirent dans l'été pour le Word. Ils mirent
î feu et à sang les provinces où ils passèrent. Par un excès de
sage et de cruauté , et encore plus par la haine pour le nom
chrétien , ils détruisirent les églises , les monastères , et massa-
crèrent tout ce qu'ils trouvèrent de prêtres et de moines. Edmond,
comptant sur la foi des traités, avait cru ses sujets en sûreté,
■t ne s'était point préparé à la guerre. Mais comme il vit qu'il
f y avait rien de sacré pour les barbares , il rassembla ce qu'il
>ut de troupes, et marcha contre eux. 11 battit une partie de
eur armée , près de Thetford; mais cette perte fut bientôt ré-
>arée : l'armée des infidèles fut renforcée par de nouvelles troupes.
Edmond , qui était trop faible pour tenir la campagne , cl qui
îe voulait pas prodiguer en pure perte le sang de ses sujets, se
•étira vers son château , dans la province de Suffolk. Les bar-
jares lui firent diverses propositions, qu'il refusa d'accepter,
>arce qu'elles étaient opposées à la religion et à la justice qu'il
levait à son peuple II aima mieux s'exposer à la mort que de
430 20 norembre. — s. fêlix de yalois, coxf.
trahir sa conscience. Pendant qu'il fuyait, les inGdèles l'inves-
tirent à Hoxon, sur la Wavenay. Il voulut inutilement se cacher ;
sa retraite fut découverte ; on le chargea de chaînes , et on le
conduisit à la tente du général. On lui réitéra les propositions
qu'on lui avait faites ; mais il répondit avec fermeté que la religion
lui était plus chère que la vie , et qu'il ne consentirait jamais a
offenser le Dieu qu'il adorait.
Hinguar, furieux de la réponse d'Edmond, le fit battre cruel-
lement; après quoi, ayant ordonné de rattacher h un arbre,
il le Gt déchirer à coups de fouet. Le saint roi souffrit ce barbare
traitement avec une patience invincible, et en invoquant le nom
sacré de Jésus- Christ. Les infidèles, encore plus enflammés de
rage , le laissèrent attaché à l'arbre , et par un amusement digne
de leur férocité , ils lui décochèrent une grêle de flèches , dont
son corps fut bientôt tout hérissé. Enfin , il fut condamné par
Hinguar à perdre la tête. C'est ainsi qu'il finit son martyre le
20 novembre 870. Les historiens de la Grande-Bretagne font
réloge le plus complet de saint Edmond ; ils relèvent surtout sa
piété, sa douceur et son humilité.
20 novembre. — S. FELIX DE VALOIS, confesseur, insti-
tuteur ( avec S. JEAN DE MATHA ) DE l'ordhe oes
Tributaires. — 13e siècle.
Félix, qui s'appelait d'abord Hugues, était issu en France de
la royale famille des Valois. Dès son jeune âge, il ne donna pas
des marques de peu d'importance de sa sainteté future, et surtout
de sa charité compatissante envers les pauvres. Car, encore petit
enfant, il distribuait de sa propre main l'aumône aux indi-
gents, comme l'aurait fait une grande personne que la maturité du
jugement en rend capable. Un peu plus âgé, il avait coutume
d'envoyer aux malheureux quelque chose des mets qu'on servait
sur sa table , et pour l'ordinaire il régalait de ce qu'il y avait de
meilleur les enfants des pauvres familles. Arrivé à l'adolescence,
on le vit plus d'une fois se dépouiller de ses habits pour en
revêtir ceux qui en manquaient. Il obtint de son oncle Thibauld,
comte de Champagne et de Blois, la vie d'un condamné à mort,
prédisant que cet homme, qui avait été jusqu'alors un infâme
assassin , deviendrait bientôt un modèle pour la sainteté de s»
mœurs ; et l'événement prouva la vérité du témoignage.
20 novembre. — s. fklix de va loi s, conf. 4SI
Après une jeunesse passée de la manière la plus digne de
, poussé par le désir de se livrer à la contemplation des
du eid , Félix commença à songer à la solitude. Il voulut
oins auparavant recevoir les ordres sacrés , afin de s'ôter
«jpri toute espérance du trône, de la succession duquel il n'était pas
ptt éloigné par suite des dispositions de la loi salique. Une fois
Gfifé au sacerdoce, et après qu'il eut célébré sa première messe avec
taaneoup de dévotion, il se retira presque aussitôt dans un désert
flfc, pratiquant la plus rigoureuse abstinence, il se nourrissait de
tjjfcandance des délices célestes. C'est là qu'il vécut pendant quel-
années de la manière la plus sainte avec saint Jean deMatba,
de Paris , qui l'avait cherché et trouvé par l'effet d'une
divine. Cela dura jusqu'à ce que, tous deux ayant reçu
M ai ange un avertissement qui venait de Dieu , ils se rendirent
affame pour y obtenir du souverain pontife une règle de vie par-
ticulière. Le pape Innocent III, qui, au milieu de la célébration
àt i la messe, avait eu une révélation relative à un ordre religieux
à instituer pour le rachat des captifs , revêtit lui-même les deux
saints d'un habit blanc marqué d'une croix de deux couleurs, et de
■ même forme que celui porté par l'ange qui lui était apparu. De
plus , à cause de la triple couleur en laquelle consiste cet habit ,
le pontife voulut que le nouvel ordre fut décoré du titre de la
Très-sainte Trinité.
Félix , ayant obtenu la règle qu'il demandait ainsi que l'approba-
tion du pape Innocent 111 , retourna à Cerfroy dans le diocèse de
Uèatix, et y agrandit un monastère qu'il avait bâti peu de temps
auparavant avec son compagnon, et il le fit chef-lieu de l'ordre
nouveau. Là il rendit florissante la discipline régulière , donna
les soins à l'institut de la Rédemption des captifs , et le pro-
pagea avec une activité admirable dans les diverses contrées où
(Pénétrèrent ses disciples. Au milieu de tous ces travaux, Félix fat
feverti, par un ange, de sa mort prochaine. Ayant donc exhorté
ses disciples à la charité envers les pauvres et les captifs , plein
if années et de mérites , il rendit son âme à Dieu l'an de Jésus-
christ 1212, sous le pontificat d'Innocent III.
<\
—* -«.^,
21 novembre — LA PBËSEOTATHHf .Ht ^ vj >AtfTf •
VIERGE. ' ' **" **;"".
Les parents nlitpV-iix ne manquent jamais de consacrera»
entants an Seigneur avant et après leur naissance. Parmi la Jnei
on ne se contentait pas toujours de cette consécration
quelques-uns offraient leurs enfants à Dieu lorsqu'ils é_
( ;«*s (iifnut.s louaient dans des bâtiments dépendants dn
et sen aient les prêtres et les lévites dans les fonctions de
saint ministère. On a un exemple de cette consécration api
dans la personne de Samuel et de quelques antres Jobl 11 y
ai ait au>.si des appartements pour les femmes qui m
au si-i\iee divin dans le temple. Du nombre de
turent Josabcth, femme de JoTada, et Anne, fille de
c/i-st une aneienne tradition que la sainte Vierge,
enfarier. fut solennellement offerte à Dieu dans le temple. Cest «
qui a donné, lieu a la le te qu'on célèbre aujourd'hui. On Fap-
;,»||r l'rfseuiation, et les Grecs lui donnent sotrrent lenm
X l:nti*t fie ta sainte f'itrge dans te Temple. Il en atbà ,
mention dans les plus aneiens martvrologes, ainsi une dans aar /
eoiistitution de l'empereur Kmmanuel , rapportée par
On a plusieurs discours sur ertte fête, lesquels ont
teurs des hommes dignes de foi. Elle passa de la Gréée en Or
rident, et on la célébrait a .\\i2n011 en 1372. Trois ans aprèi.
il eu est fait mention dans une lettre de Qiartef V, roi de l*"
ï'rancc. si\te-Ouint ordonna, en 1585, qu'on en récitât TonVr «
l'aus toute l"Kjr!ise.
I.i eousé'-ration que In sainte Vierge flt d'elle-même à Din
lorsqu'elle fut capable de se servir de sa raison, nous rappoV
une de nos obligations les plus étroites et les plus importante
Tous les théologiens comienneiit que le premier usage an?
tout le monde doit faire de sa raison est de tourner son caar
vers Dieu par un mouvement d'amour ; en sorte que, â la fa
ditiuc lui est alors dûment proposée, comme il
enfants nés dans le christianisme, il est tenu d'y
surnaturel le meut, et de produire des actes de foi, d* ^
et de charité. Lïunc de Marie était ornée des grâces les pas
précieuses, et. en même temps qu'elle était Yr*^* fc l'étonné
2t novembre^ — MtÈSENTAttON de la s. V. 433
Inènt et des louanges de la cour céleste , elle était aussi l'objet
le plus distingué des complaisances de l'adorable Trinité, le
Père ta regardant comme sa fille bien-aimée , le Fils comme une
mère digne de lui , et le Saint-Esprit comme une épouse chérie,
Gomment donc le Seigneur n'aurait-il pas reçu comme le plus
agréable des sacrifices la première présentation de la sainte
Vferge , faite par les mains de ses parents et ratifiée par elle*
même F
Consacrons-nous à Dieu sous sa puissante protection, et on
union de ses mérites; veillons ensuite sur nous-mêmes pour
eposerver et augmenter la ferveur de notre consécration ; re-
■ouvelons-la chaque jour, et tâchons de la rendre parfaite de
,nlus en plus. En un mot , imitons Marie : elle fut la première
^qm ait levé, l'étendard de la virginité. De là tant de vierges
«jôi, à son exemple, se sont principalement consacrées au Sei-
gneur. Mais inutilement voudrait-on embrasser cet état, si Ton
n'agissait point par les mêmes motifs que Marie. Il faut encore
la prendre pour patronne, et, comme elle , aimer la prière , l'hu-
milité, la modestie, le silence et la retraite. « Marie, dit saint
Ambroise, ne désirait point converser même avec les autres
vierges: elle avait pour compagnie les saintes pensées; elle n'é-
tait jamais moins seule que quand elle paraissait l'être. Pour-
rait-on en effet regarder comme seule celle qui avait avec elle
tant de livres pieux , tant d'archanges , tant de prophètes ? Elle
fut troublée en voyant l'ange Gabriel, non pour n'être pas
accoutumée à converser avec les anges , mais parce qu'il se fai-
sait voir à elle sous la forme d'un homme... Nous pouvons
juger de là combien ses yeux et ses oreilles étaient chastes. »
Marie vécut dans la retraite jusqu'au temps où elle épousa
saint Joseph. Quelques-uns ont jensé qu'elle n'avait été que
fiancée ; mais on doit conclure , des raisons alléguées par les
Pères, qu'il y eut un véritable mariage. Voici, d'après saint Jé-
rôme , les principales de ces raisons : 1° Il était démontré, par la
généalogie de Josoph, que Marie descendait de la tribu de Juda ;
2° Marie, étant mariée, n'était plus exposée à être lapidée par
les Juifs, comme adultère, lorsqu'elle deviendrait mère; 3"
destinée à fuir en Egypte, elle trouvait dans un époux un con-
solateur et un appui. « Le martyr saint Ignace , dit saint Jé-
rôme, ajoute une quatrième raison : c'est que Dieu voulait que
la naissance de son Fils frit cachée au démon. » Voici comment
VILS DKS «\I.\TS. — T H. 37
4.14 i'I mwnnhrv — SAI>T (IKI.ask irr, PAP*.
s'ex prime ce l»èro apostolique : « Trois mystères que Oicu n
opérés (Lins le silence, ont c>lc'î cachés au prince du monde : In
virginité do Marie, l'enfantement de son Fils, la niort du
Soigneur. « Ce n'était pas que Dieu craignît des obstacle* à l'exé-
cution de ses desseins, mais il voulut que ces miracles s'opé-
rassent en silence, sans pompe et sans éclat, afin de triom-
pher plus efficacement de l'orgueil et de l'enfer, le démon
sYmprcssant lui-même de concourir au mystère do la Croix.
21 novembre - SAINT (itiLASK Ier, PAPE. — 5* siede.
(iélase, originaire d'Afrique, mais né à Rome, succéda en
402 , sur lu chaire de Saint-Pierre , au pape Félix II ou Félix III.
Jl gouverna l'figliso pendant quatre ans huit mois et dix-huit
jours , joignant au savoir et à une coiuiaissance parfaite des cou-
tumes et des usages ecclésiastiques une grande pureté de moeurs,
une humilité profonde , une vie austère et une libéralité peu
commune pour les pauvres, (le saint pontife fit encore paraître
autant de prudence que de fermeté pour le maintien ou le réta-
blissement de Tordre et de la discipline. 11 défendit avec force
la primauté du Siège apostolique dans plusieurs de ses lettres , *
et dans le concile qu'il tint à Home. Il Ut voir que, depuis l'éta-
blissement du christianisme, ce. siège «vait pris soiu de toutes
les églises du monde , et (prou n'appelait point de ses jugements
aune attire église. Sans cesse il rappelait les règles anciennes ,
celles surtout qui regardaient les ministres de la religion. 11 veut
qu'on fasse quatre parts des revenus de chaque église : une pour
l'évéquc, une pour le clergé, la troisième pour 11* pauvres, la
quatrième pour la fabrique. Ou voit par les lettres de «tint In-
nocent premier, de saint Ce lest in et de saint fjéon, que l'Église
romaine avait nu recueil de messes écrites avant (iélase. lie saint
pope en fit sans doute la Ikisc de son Sucramentalrt, recueil pré-
cieux où Ton retrouve une partie notable des cérémonies et des
prières encore eu usage dans l'ftglisc d'aujourd'hui. f«o fut en
■l!M (pie (iélase tint à Home un concile composé de soixante-dix
éwques, dans lequel il publia le célèbre décret qui contient le
catalogue des livres canoniques de rftcriltitv, avec un autre
catalogue des Pères orthodoxes et un troisième des livres apo-
cryphes des derniers sont de deux sorles : les uns sout entière*
21 novembre. — saint colombân, abbé. 43i
meut forgés; les autres contiennent des faits vrais, et sont
utiles en plusieurs choses ; mais il y a des choses fausses et des
erreurs. 11 faut en conséquence les lire avec précaution , ou du
moins les exclure du canon des saintes Écritures. — Saint Gélase
mourut en 496, le 21 novembre.
21 novembre. — SAINT COLOMBAN, abbé.
— 7e siècle.
dlomban, ou Colomb, naquit en Irlande. Sa mère, qui avait
beaucoup de piété , réleva avec un si grand soin , qu'elle ne le
perdait pas de vue , de peur que le démon ne se servît de détours
ou des exemples des autres pour lui corrompre le cœur. Co-
fomban s'appliqua aux sciences dès sa jeunesse, et y fit de grands
progrès ; mais , voyant que la volupté l'assiégeait de toutes parts
et lui dressait des pièges d'autant plus dangereux qu'il avait du
côté de l'esprit et du corps tout ce qui peut rendre un jeune
homme aimable, il quitta son pays, contre la volonté de sa
mère, et alla se mettre sous la discipline du vénérable Silène,
solitaire aussi recommandable par sa science que par sa piété.
A Tâge de treize ans , il vint en France avec quinze religieux ,
et se retira dans les déserts des Vosges avec ceux qui raccom-
pagnaient. Il s'arrêta d'abord dans un lieu nommé Anegrai,
et y pratiqua avec ardeur les exercices de ta vie monastique.
Comme le lieu était stérile , le saint et ses disciples y souf-
frirent beaucoup ; mais Dieu , qui n'abandonne jamais ceux
qui sont pleins de foi en sa providence, leur envoya des se-
cours qu'ils n'attendaient pas et qui rendirent leur vie un peu
pfïis commode sans la rendre moins pénitente. Il eut bientôt
un grand nombre de disciples qui suivirent avec zèle la sain-
teté de ses exemples, en sorte qu'outre le monastère d' Anegrai
il fut obligé d'en bâtir encore deux autres, celui de Luxeuil
et celui de Fontaines. Il composa une règle pour ses disciples ,
et voulut particulièrement qu'ils fussent assidus à la prière pu-
blique et qu'ils travaillassent des mains.
11 choisit Luxeuil pour sa demeure ordinaire ; mais de temps
en temps il se retirait dans le désert pour y vaquer plus libre-
ment à l'oraison, et s'animer avec plus d'ardeur au désir du
ciel.
'ir,(i 22 novembre. — b.unte ckcile, v. et M.
\à\ hardiesse avec laquelle il reprenait le roi Thierry de ses
déhanches, lui avait attira la haine de Brunehault, dont ce
prince était petit-tils I*c saint étant un jour allé à la cour pour
quelque affaire nécessaire, Bmnehault lui présenta les enfants
naturels de Thierry , afin qu'il leur donnât sa bénédiction ; mais ,
Colomban l'ayant refusée , cette princesse résolut de le perdre.
Pour le faire avec plus d'éclat , elle tâcha d'engager dans sa pas-
sion tous les grands du pays, et même les évéques. Colomban ,
obligé de céder à la persécution , traversa toute la France , et
passa dans les États de Théodehcrt , sur les bords du Rhin ,
Où il convertit beaucoup de peuples barbares. Il mourut à Bobbio
en Italie, Tan G15 do Jésus-Christ.
22 novembre. — SAINTE CÉCILE, vierge et martyre.
— 5e siècle.
Le nom de sainte Cécile a toujours été fort célèbre dans
l'Église ; il fut inséré dans le Canon de la messe dès les pre-
miers temps du christianisme. On le lit dans les sacramentaires
et les calendriers les plus anciens. Les mêmes monuments font
également mention des saints Valérien, Tiburce et Maxime, qui
souffrirent le martyre avec la servante de Dieu. Sainte Cécile
était Romaine et issue d'une famille noble. Elle fut élevée dans
les principes de la religion chrétienne , et elle en remplit tou-
jours les devoirs avec la plus parfaite fidélité. Elle fit vœu dans
sa jeunesse de rester vierge toute sa vie; mais ses parents l'o-
bligèrent a entrer dans l'état du mariage. Celui qu'on lui donna
pour époux était un jeune seigneur nommé Valérien, qu'elle
gagna à Jésus-Christ , en le faisant renoncer à l'idolâtrie. Peu de
temps après, elle convertit aussi Tiburce, son beau-frère, et uo
officier nommé Maxime. Valérien , Tiburce et Maxime furent
arrêtés , comme chrétiens , et condamnés à mort. Cécile rem-
porta la couronne du martyre quelques jours après.
Les actes de ces saints les font contemporains du pape Ur-
bain 1er, et mettent conséquemment leur martyre vers Tan 230,
sous Alexandre Sévère. A la vérité , cet empereur était favorable
aux chrétiens; mais cela n'empêcha pas que les païens n'en fissent
mourir un grand nombre sous son règne, soit dans des émeutes
populaires, soit par la minuté des premiers magistrats. IMpien,
22 novembre. — sainte Cécile, v. et m. 437
qui dans ce temps exerçait la fonction de premier ministre,
se montra l'ennemi déclaré du christianisme, et le persécuta
jusqu'à sa mort. Il fut assassiné par la garde prétorienne , qu'il
commandait. D'autres mettent le martyre de sainte Cécile et de
ses compagnons sous Marc-Aurcle, entre les années 176 et
180. Les corps de ces saints furent enterrés dans le cimetière
de Calixte, lequel prit depuis le nom de Sainte-Cécile.
Il y avait à Rome, dans le cinquième siècle, une église
dédiée sous l'invocation de cette sainte , et dans laquelle le pape
Symmaquc tint un concile en 500. Cette église tombant en
ruine, le pape Pascal Ier la fît rebâtir. 11 désespérait d'abord
de trouver le corps de la sainte. On pensait que les Lombards,
qui avaient enlevé plusieurs corps saints des cimetières de Rome
lorsqu'en 755 ils assiégèrent cette ville , n'avaient point épargné
celui de sainte Cécile; mais on rapporte que le 'pape, assistant
un dimanche à matines dans l'église de Saint- Pierre, s'en-
dormit et eut un songe dans lequel il apprit de sainte Cécile
elle-même que les Lombards avaient inutilement cherché son
corps , et qu'ils n'avaient pu le trouver. On le découvrit dans le
cimetière qui portait le nom de la sainte. Il était enveloppé dans
une robe d'un tissu d'or, et on trouva aux pieds des linges teints
de son sang. Le corps de Valérien était avec celui de sainte
Cécile. Le pape les transféra dans la nouvelle église avec ceux
de saint Tiburce , de saint Maxime et des saints papes Urbain
et Luce, qui reposaient dans le cimetière de Prétextât, atte-
nant à celui de notre sainte et également situé sur la voie Ap-
pienne. Cette translation se fît en 82 1 .
Le pape Pascal fonda en l'honneur de ces saints un mo-
nastère près de l'église de Sainte-Cécile , afin que l'office pût
s'y célébrer nuit et jour. Il orna cette église avec beaucoup de
magnificence , et y fit de riches présents. Sur un des ornements
était représenté un ange couronnant sainte Cécile , saint Valérien
et saint Tiburce. Cette église est un titre de cardinal-prêtre. Elle
fut rebâtie par le cardinal Paul-Émilc Sfondrate , neveu du pape
Grégoire XIV, et décorée avec une richesse qui étonne les spec-
tateurs. On retira les reliques de nos saints de dessous le grand
autel , pour les mettre dans* un magnifique caveau , connu au-
jourd'hui sous le nom de Confession de Sainte -Cécile. Outre
cette église, il y en a encore deux autres à Rome, qui sont
dédiées sous l'invocation de sainte Cécile.
37.
•138 23 novembre. — s. clément , p. et m.
Nous apprenons, des actes de sainte Cécile, qu'enchantant les
louanges du Seigneur, elle joignait souvent la musique instru-
mentale à la musique vocale. C'est pour cela que les musiciens
ont choisi cette sainte pour patronne. Il est certain qu'on peut
faire servir la musique au culte divin : les psaumes et les can-
liques répandus dans les livres saints, la pratique des Juifs, celle
des Chrétiens , ne permettent pas d'en douter.
23 nocemùre. — SAINT CLEMENT, pape et martyr.
— 1er siècle.
Clément, fils de Faustinus, du quartier du mont Cœtius,
cirait Romain et disciple de saint Pierre. C'est de lui que parle
saint Paul, quand il écrit dans son épltre aux Philippiens :
« Cher compagnon de mes travaux , je vous en prie , aidez
les personnes qui ont travaillé avec moi pour F Évangile, avec
Clément et les autres qui ont été mes coadju leurs, et dont les
noms sont écrits dans le livre de vie (1). » Celui-ci, devenu pape.
partagea les sept régions de la ville de Rome à sept notaires,
à chacun desquels il eu assigna une, pour qu'ils missent par
écrit les combats et les souffrances des martyrs ainsi quo tous leurs
actes , après avoir fait dans ce but avec le plus grand soin toutes
les recherches nécessaires. II a laissé lui-même beaucoup d'écrits
qui, par le soin qu'il y a mis, sont avantageux à la religion
chrétienne , que leur auteur a ainsi glorifiée. Aussi par son en-
seignement et la sainteté de sa vie, qui leur servait d'exemple,
comme il avait converti beaucoup de personnes à la foi chré-
tienne , il fut relégué par l'empereur Trajan au delà de la mer
du Pont, dans la ville abandonnée de Chersone, où il retrouva
deux mille chrétiens que le même empereur y avait exilés.
Pendant que ces derniers, condamnés en ces lieux à extraire et
à scier des marbres, souffraient du manque d'eau, Clément, ayant
fait sa prière, monta sur une colline voisine au sornmet de laquelle
il aperçut un agneau indiquant de son pied droit une fontaine
d'eau douce qui sortait de terre. Tous ceux qui se trouvaient
là y étanchèrent leur soif, et beaucoup d'infidèles, que ce mi-
racle convertît à la religion chrétienne , commencèrent à mon-
trer de la vénération pour la sainteté de Clément.
<«) Saint Paul, aux l'hilipp. . IV, s.
23 novembre. — s. amphiloqui , Év. 439
Troublé par le récit de pareils faits , Trajan envoya dans cette
contrée des bourreaux pour y jeter Clément à la mer, après lui
avoir attaché une ancre au cou. Mais lorsque cet ordre fut exé-
cuté , les chrétiens s'étant mis à prier sur le rivage , la mer se
retira à trois milles de là , et en s'approchant les fidèles trouvé'
rent une petite construction de marbre disposée en forme de
temple, et au dedans une pierre creusée qui renfermait le corps-
du martyr , puis tout auprès l'ancre avec laquelle il avait été
submergé. Les habitants du lieu , touchés de ce miracle , em-
brassèrent la foi de Jésus-Christ. Quant au corps de saint Clé-
ment, transporté dans la suite à Rome, sous le pontificat de
Nicolas Ier, il fut déposé dans la basilique qui porte le nom du
martyr. Une église fut bâtie sous son invocation à rendrait où
avait jailli la source miraculeuse. Saint Clément souffrit le mar-
tyre vers la fin du premier siècle, après avoir occupé plus de
neuf ans le suprême pontificat.
2* novembre. — SAINT AMPHILOQUE, évêqub d Icône.
— 4e siècle.
Amphiloque1 célèbre dans l'Église du quatrième siècle, était
originaire de Cappadoce. 11 étudia la rhétorique et le droit. Il
plaida depuis avec succès , et se fit estimer par sa grande probité.
Plus tard il exerça les fonctions de juge et se lia étroitement
avec saint Grégoire de Naziauze, lorsque celui-ci lui recom-
manda les affaires de plusieurs de ses amis. Ce fut sur ses avis
qu'il résolut de quitter le palais pour aller servir Dieu dans la
retraite. Il choisit pour sa demeure une solitude dans le quartier
d'Ozizale en Cappadoce, où , sans négliger les soins qu'il devait
à un père infirme et fort âgé , il s'occupait de la prière et de l'é-
tude. Il paraît qu'il cultivait aussi un jardin, car on voit qu'il en
envoyait des fruits et des légumes à saint Grégoire, qui, de son
coté , avait le soin de lui fournir du blé , parce qu'il n'en crois-
sait pas dans le canton d'Ozizale. Amphiloque était dès lors
étroitement uni à saint Basile, et, dès que ce saint eut été élevé
sur le siège de Césarée , il aurait été vivre avec lui sans deux
obstacles : le premier était le besoin continuel que son père avait
de sa présence, et l'autre, la crainte que son ami ne voulût
l'engager dans le ministère ecclésiastique.
Mais Dieu, qui l'y appelait, le conduisit à la dignité qu'il
4*0 23 novembre. — s. amphiloque, év.
minutait, par àvs voits contre lesquelles il ne s'avisa pas de
se précautionner. Il ne pensait à rien moins qu'à l'épiscopat,
lorsque la Providence l'attira à Iconc dans un temps que le
siège de cette ville était vacant. Ix; peuple et le clergé l'élurent
tout d'une voix pour remplir cette place. Àmplûloquc, étonné
de cet événement , ne pensait qu'à fuir pour éviter le fardeau
qu'on voulait. lui imposer ; mais Dieu lui <ka tous les moyens
(l'exécuter son dessein , et il fut obligé de prendre soin d'un
peuple qui le souhaitait si ardemment. Encouragé par les lettres
<le Basile , il se livra tout entier aux besoins de son diocèse et
de l'Eglise universelle.
L'an 381, il se. trouva un second concile œcuménique assemblé
il ( Constant innplc par les soins de Théodose, pour tâcher de ré-
tablir l'unité de la foi catholique, dans l'Orient. Deux ans après,
(>ct empereur, qui travaillait sérieusement à la paix de l'Église,
crut que le moyen le plus propre pour terminer les disputes sur
la religion était d'assembler encore à Constantinoplc les chefs des
différents partis qui divisaient l'Église. Il les convoqua pour le
mois de juin de l'an 383 : presque, tous répondirent à son appel.
Avant que celte assemblée commençAt, Amphiloque fit dans
Je palais de l'empereur une action d'éclat qui fut très-avantageuse
a la religion. Les Ariens, quoique privés de leurs églises à Cons-
tantinoplc, ne. laissaient pas d'y être en grand nombre et de-
voir de puissants prolecteurs à la cour de Théodose. Ce fut dans
cette conjoncture qu1 Amphiloque vint trouver l'empereur, pour
obtenir de lui qu'il fut défendu aux ennemis de la divinité de
.lésus-Christ de tenir des conciliabules en quelque endroit que
ce frit. I /empereur, qui, deux ans auparavant, avait fait des
lois pour les défendre dans les villes, trouva qu'il était trop'
dur de les défendre aussi à la campagne , et refusa d'abord la
demande d' Amphiloque. Le saint évéque, sans se rebuter, re-
vint au palais, quelques jours après , pour saluer l'empereur. Il
lui rendit, les respects ordinaires comme faisaient les évéques
ses confrères; mais il n'en rendit aucun au jeune Arcade, nou-
vellement associé à l'empire, quoique ce prince fut auprès de
son père et que tous les autres évoques fissent les cérémouics
accoutumées en pareille occasion : Théodose crut qu'il n'y pen-
sait pas, et l'avertit de saluer son fils. Amphiloque s'approcha
d'Arcade el lui fit quelques caresses, mais seulement du bout
du doigt, comme il aurait pu faire à un enfant ordinaire, et
24 novembre. — saint bénigne, kv. de du on, 441
se contenta de lui souhaiter le bonjour. Le père lui ayant fait
entendre qu'on devait avoir pour son Gis le respect dil à la di-
gnité royale , puisqu'il était déclaré auguste : Seigneur, lui dit
Amphiloque, c'est assez que je me sois acquitté de ce qui est
êû à l'empereur , sans qu'il soit nécessaire d'honorer encore son
fils. Théodose, irrité de l'injure qu'il croyait être faite à Ar-
cade, commanda qu'on chassât l'évêque de son palais. On le
poussait déjà pour le faire sortir, lorsque, se tournant vers l'em-
pereur, il lui dit d'un ton de voix fort élevé : Vous ne pouvez
souffrir qu'on méprise votre fils; vous vous emportez même
contre ceux qui ne rendent pas à son rang ce qui est dû : ne
doutez donc pas que Dieu n'ait en horreur ceux qui refusent de
rendre à son Fils unique les mêmes honneurs qu'à lui. Théodose
comprit aussitôt lés raisons de la conduite d' Amphiloque , et ,
pour marquer combien ee trait d'esprit faisait impression sur
lui, il fit , en la présence de toute sa cour, des excuses au saint
évêque , et porta une loi qui défendait aux hérétiques de tenir
des assemblées dans les lieux publics ou dans les maisons parti*
culières.
Amphiloque employa le reste de ses jours à instruire son
peuple et à combattre les hérétiques par ses prédications et par
ses écrits. On croit qu'il mourut vers l'an 394.
24 novembre. — S. BÉNIGNE, evêque de Dijon, martyr.
— 2e siècle.
Bénigne, apôtre de la Bourgogne, disciple du bienheureux
Polyearpe, évêque de Smyrne , fut ordonné prêtre par ce saint
pontife , et envoyé pour prêcher l'Évangile dans la Gaule avec
le prêtre saint Andoche et le diacre saint Thyrse. Étant arrivés
à Autun, ils furent reçus avec toutes sortes d'égards par Faustc,
frère de Léonille, dame de Langrcs. Ce Fauste était noble et
chrétien ; mais la crainte de la persécution l'empêchait de faire
profession publique de la foi. Ces saints missionnaires convertirent
à Autun beaucoup d'idolâtres , autant par l'exemple de leurs
vertus que par leurs instructions et leurs miracles. Entre ceux
qu'ils amenèrent à la foi il faut distinguer Symphorien, fils de
Fauste, qui avait alors seulement trois ans, et que depuis la
gloire du martyre a rendu célèbre. Bénigae l'enfanta à Jésus-
442 24 novembre* — saint béniunk, év. de zhjon.
Christ par In grâce du baptême; ensuite laissant ses compagnons.
à Autun, il se rendit à Langres. Il consacra cette ville au
Seigneur en lui offrant comme prémices les trois frères jumeaux
Speusippc, FJéosippe et Mélasippe, qu'il baptisa, secondé par les.
efforts de liéonille, leur aïeule. Enfhi, après avoir opéré dans la
ciré de L/mgrcs un grand nombre de conversions, Bénigne
vint à Dijon, à peu près dans le temps où l'empereur Marc* AurèJe
y arrivait pour examiner les nouveaux remparts qu'on avait
construits par ses ordres. Déjà le saint avait, par ses travaux as-
sidus, produit des fruits abondants et gagné bien des Ames à Dieu ;
déjà il avait rassemblé une église nombreuse qu'il éclairait de la
lumière évangélique, nourrissait de la parole divine , et formait
aux vertus chrétiennes. Tant de succès furent pour les païens la
cause d'une haine violente, et l'empereur ordonna qu'on re-
cherchât Bénigne. Il fut trouvé près de Dijon. On se saisît de lui,
on ramena enchaîné devant le tribunal, où il subit un interro-
gatoire. Tous les moyens furent employés pour le foire renoncer
h la foi, les douces paroles aussi bien que les menaces. Mais les
artifices des persécuteurs se trouvant inutiles, le généreux apôtre
fut condamne d'abord à être frappé avec des nerfs très-durs,
ensuite à être suspendu par des cordes et tiré violemment par
tous les membres. Au milieu de ces tourments, il priait Dieu en
ces termes : * Je cous rends grâce, Seigneur Jésus-Christ, de
ve que fai eu te bonheur de souffrir pour votre nom, *
? /empereur, irrité d'un tel courage, lit renfermer dans une tour
l'invincible athlète du Christ. Là des bourreaux s'armèrent contre
lui d'tme nouvelle fureur. Ils lui mirent les pieds dans une pierre
creusée et les scellèrent avec du plomb fondu. Ensuite ils l'expo-
sèrent à des chiens affamés, qui oublièrent alors la faim qui
les dévorait, et, respectant la sainteté du serviteur de Dieu, ne
lui firent aucun mal. Mare-Aurèle, qui en fut informé, ordonna
qu'on meurtrit la t<*te et le cou du martyr avec des barres de fer,
et qu'on pcrcAt son corps de part en part avec des lames enfon-
cées dans les flancs, ce qui fut exécuté vers Tau 179. L'illustre
liéonillc, qui survint par la permissiou de Dieu, embauma le
saint corps, et l'ensevelit non loin de la prison.
24 novembre. — s. sévebin , solitaire, 443
24 novembre. — S. CHRYSOGONE, ha&tyb. — 3e siècle.
Chrysogone, mis en prison a Rome sous le règne de Dioctétien,
y vécut, pendant l'espace de deux ans, des ressources que lui faisait
parvenir sainte Anastasie. Comme celle-ci était maltraitée elle-
même à cause de Jésus-Christ, par son mari nommé Publius,
et qu'elle demandait par lettres à Chrysogone le secours de ses
prières, il lui donna des consolations dans les réponses qu'il lui
adressait. Lorsque plus tard l'empereur eut écrit à Rome pour faire
mourir tous les chrétiens qui restaient dans les prisons, il en
excepta Chrysogone, qui, sur sa demande, lui fut amené à Aquflée.
Lorsqu'il fut en présence de Dioctétien : « Je far fait venir,
Chrysogone, lui dît-il, pour te combler d* honneurs, si toutefois
tu te décides à adorer les dieux. — Pour moi, répondit le
saint, j'adore intérieurement et je prie Celui qui est vraiment
Dieu; mais, quant aux dieux qui ne sont pas autre chose
que des images des démons ,/e les hais et je les exècre. » L'em-
pereur, exaspéré, par cette réponse, donna l'ordre de le tuer à
coups de hache à l'endroit qu'on appelle aujourd'hui la Lagune
de Grao *, ce qui eut lieu le 24 novembre, vers l'an 304. Le
prêtre Éoîle donna la sépulture dans sa propre maison1 au
corps du saint martyr, qu'on avait jeté dans la mer, mais qui,
peu de temps après fut retrouvé sur le rivage.
24 novembre. — S. SÉVER1N, solitaire — 6e siècle.
Tout ce qu'on peut savoir sur ce pieux solitaire, qui faisait sa
résidence ordinaire à Paris, c'est qu'étant touché de l'amour de
Dieu et du désir de la vie contemplative, il se retira dans une
petite cellule assez près de cette ville. Il y vécut dans une admi-
rable sainteté et dans un parfait détachement des choses du
monde. Sa réputation devint si grande, que saint Cloud, fils de
Clodomir et petit-fils de Clovis, se retira auprès de lui pour
être formé, dans une aussi sainte école, aux exercices de la vie
religieuse. Comme il n'avait dans son maître que des exemples
d'une vertu consommée, il devint lui-même accompli dans toutes
sortes de vertus. Enfin saiut Séverin, se trouvant mur pour le ciel,
y fut appelé par le Père de famille pour recevoir la réeom-
•JM 24 novembre — sainte flore , V. et H.
pense de ses travaux et de sa longue pénitence. Cette bienheu-
reuse fin eut lieu vers l'an du salut 555. Son corps fut enterré
dans la chapelle de son ermitage ; mais, dans la suite des temps, il
a été transféré dans la cathédrale, c'est-à-dire à l'église de Notre-
Dame de Paris, où on l'honore avec les reliques de plusieurs
autres saints du même diocèse.
24 novembre. — SAINTE FLORE, vierge et martyre.
— 9e siècle.
Flore naquit en Espagne, près de Cordoue, d'une mère chré-
tienne et d'un père mahométan, qui étaient venus de Sévflle pour
leurs affaires. Ayant perdu son père lorsqu'elle était encore en-
fant, sa mère put rélever dans l'amour de la vraie religion. Dieu,
parlant encore plus efficacement que les hommes au cœur de cette
jeune fille, lui fit regarder la vertu comme le seul bien solide et
digne de ses désirs : dès l'enfance, elle jeûnait le carême et don-
nait secrètement aux pauvres ce qu'elle recevait de sa mère pour
son dîner. On s'en aperçut dès le premier carême, mais il était
déjà bien avancé quand on reconnut cette pieuse industrie. Pour
se fortifier dans la pratique du christianisme, elle se rendait de
temps à autre aux assemblées de ceux qui professaient comme
elle cette divine religion; mais elle n'osait y venir aussi souvent
quVlle le désirait, parce qu'elle craignait son frère, qui était
mahométan et qui observait toutes ses démarches.
dépendant, sa foi devenant plus vive, elle quitta la maison à
l'insu de* sa mère, et se retira, avec une sœur qu'elle avait, chez
de saintes religieuses. Leur frère, ignorant le lieu où elles s'étaient
réfugiées, s'en vengea contre les chrétiens. Iaî roi et le magistrat
de Cordouc s'étaient déclarés contre les fidèles, la persécution
commençait à s'allumer en plusieurs lieux : cet homme profita
de cette conjoncture pour faire emprisonner quelques clercs et
persécuter les religieuses.
Flore, apprenant toutes ces vexations, dont elle croyait être
l'occasion, ne voulut pas que l'Église souffrît pour elle, et après
s'être offerte au Seigneur comme une victime prête à s'immoler
pour le salut de ses frères, elle revint h la maison de sa mère, et
dit à son frère : i\le voilà, puisque vous me cherchez ; je suis
chrétienne et prête à tout souffrir pour Jésus-Christ! Après avoir
rssnvé en vain de la pervertir par les caresses, son frère la mena
24 novembre. — s. jean de la croix, conf. 44»
devant le cadi ou juge du lieu, et dit : Ma jeune sœur que voici
observait comme moi notre religion, mais les chrétiens l'ont sé-
duite. Le cadi demanda à Flore si l'accusation était vraie.
Je sois chrétienne, dit-elle, et je l'ai toujours été ! Le juge irrité
la fit prendre par des soldats , et on lui donna tant de coups de
fouet, particulièrement sur la tête, que le crâne en fut découvert.
Le cadi chargea son frère delà faire instruire dans la religion de
Mahomet, et de la lui ramener plus tard. Celui-ci, pour exécuter
ses ordres, mit sa sœur entre les mains de deux femmes adroites
etartiGcieuses, et ne lui laissa pas la liberté de voir des chrétiens;
mais Dieu flt trouver à Flore les moyens de s'échapper pendant
la nuit. Elle passa par-dessus la muraille, quoique fort Haute,
et monta sur une maison voisine, d'où elle gagna la rue et se
retira, avant qu'il fit jour, chez une personne fidèle ; puis elle
sortît de Cordoue, et alla à Ossaria, près Tucci, où elle demeura
cachée avec sa sœur. Elle eut le bonheur d'y voir saint Euloge de
Cordoue, qui la fortifia dons ses saintes résolutions et l'encoura-
gea au martyre. Flore se repentait déjà d'avoir fui : elle s'accusait
de lâcheté, et réfléchissait en elle-même si elle ne devait pas re-
tourner à Cordoue, pour confesser de nouveau Jésus-Christ' de-
vant les infidèles. Cette pensée se changea bientôt en résolution ;
en sorte qu'elle vint à Cordoue, se présenta devant le cadi, et lui
dit avec une grande franchise : Je suis celle que vous avez fait
autrefois déchirer de coups, parce qu'étant de race de musul-
mans, j'ai embrassé la religion chrétienne. J'ai eu la faiblesse de
me cacher; mais aujourd'hui, me confiant en la puissance de mon
Dieu, je vous déclare que je reconnais Jésus-Christ pour Dieu,
et que je déteste votre faux prophète. Le juge irrité la condamna
à avoir la tête tranchée. Son martvre arriva îe 24 novembre 851.
24 novembre. — SAIÎST JEAN DE LA CROIX, confes-
seur, PREMIER CARME DÉCHAUSSÉ. — 16e Siècle.
Saint Jean de la Croix, le plus jeune des enfants de Gonzalès
d'Ycpez, naquit en 1642, à Fontibère, près d'Avila, dans la Vieille-
Castille, en Espagne. Sa mère, devenue veuve, resta sans secours,
chargée de trois jeunes enfants en bas âge* Elle se retira avec
eux à Médina, où Jean fut envoyé au collège, pour y apprendre
les premiers éléments de la grammaire. Sa piété, dont sa mère
lui avait inspiré logoùt, et surtout sa dévotion à la sainte Vierge,
38
410 24 novembre. — s. jean de la croix, coxf.
ayant été reinarqrées par l'administrateur de l'hôpital do cotte
ville, il le prit chez lui et l'employa au service des malades.
Jean s'acquitta de son office avec, un zèle et une charité au-dessus
de son Age. 11 pratiquait des lors les austérités les plus rigou-
reuses et ménageait son temps, de manière que le service des
malades, aux heures prescrites, n'empêchait pas qu'il s'appli-
quât à ses études, en continuant d'aller au collège des Jésuites.
lorsqu'il eut atteint sa vingt-unième année, il prit l'habit chez
les Carmes à Médina. Son dévouement pour, honorer la sainte
Vierge le détennina pour cet ordre religieux, qui lui est consa-
cré. 11 fut, pendant son noviciat, l'exemple de tous ses confrères;
et ses vœux étant faits, on l'envoya à Salamanque pour faire
son cours de théologie. 11 continua d'y pratiquer des austérités
extraordinaires. L'humilité la plus profonde, et son union avec
Dieu par La pratique de l'oraison, en firent dès lors un homme
mort au inonde et à lui-même. Son cours de théologie, qu'il
avait fait avec succès, étant achevé, il fut ordonné prêtre. Il
avait alors vingt-cinq ans. Il se prépara à la célébration de sa
première messe par de nouvelles mortifications, par de ferventes
prières , par de longues méditations et les actes intérieurs des
vertus.
Sainte Thérèse, qui travaillait alors à la réforme du Carme),
eut occasion de faire un voyage à Médina del Campo. Ce qu'elle
avait entendu dire de notre saint religieux lui inspira le désir
de le voir et do s'entretenir avec lui. Elle lui dit que Dieu l'ap-
pelait à se sanctifier dans l'ordre de Notre-Dame duCarmel,
qu'elle était autorisée par le général de Tordre à établir deux
maisons réformées pour les hommes, et qu'il devait être le pre-
mier instrument que le ciel emploierait à cet important ouvrage.
Peu de temps après, la sainte fonda, en effet, sou premier mo-
nastère d'hommes dans une maison pauvre du village de DurveJle.
Saint Jean de la Croix s'y retira, et deux mois après, quelques
autres religieux carmes vinrent l'y joindre. Ils renouvelèrent
tous leur profession, le premier dimanche de l'A vent , en 1568.
Telle fut l'origine des Carmes déchaussés , dont l'institut fut ap-
prouvé par Pie V, après bien des contradictions , et confirmé,
en 1580, par Grégoire XIII. Les austérités de ces premiers
carmes réformés étaient portées si loin , que sainte Thérèse,
si mortifiée elle-même, crut nécessaire de leur prescrire une ini-
tiation.
24 novembre. — s. jean de la choix , cowr. *I7
L'odeur de leur sainteté se répandit bientôt en Espagne , et
trois autres monastères furent successivement fondés en très-
peu d'années. L'exemple et les exhortations de saint Jean de la
Croix animaient tous ses religieux à tendre à la plus haute per-
fection ; et Dieu, pour le rendre encore plus conforme à Jésus*
Christ crucifié, réprouva par les plus rigoureuses peines, tant
intérieures qu'extérieures. Il éprouva souvent des sécheresses,
à» désolations, des inquiétudes sur lui-même. Les tentations
du démon furent longtemps violentes. Les hommes le calom-
nièrent plusieurs fois ; ses anciens confrères, irrités contre lui,
le firent arrêter comme apostat de l'ordre, et le renfermèrent
pendant plus de neuf mois dans une sorte de cachot, où la plus
mince nourriture et toutes les incommodités d'une situation si
triste lui Grent éprouver les plus dures souffrances.
Toute la vie de notre saint offre une vicissitude continuelle
de croix et de privations, auxquelles succédaient cependant des
grâces extraordinaires, des consolations même sensibles, et tou-
jours un surcroît de résignation et d'amour pour la divine vo-
lonté, en s'unissant au Dieu Sauveur obéissant jusqu'à la mort -de
la croix. Sainte Thérèse se servit utilement de saint Jean de la
Croix pour le succès de la réforme qu'elle établissait parmi les
religieuses carmélites. L'esprit de Dieu, qui le conduisait, le ren-
dait capable de suffire à toutes les bonnes œuvres pour lesquelles
on lui demandait du secours, en môme temps qu'il fondait ou
gouvernait les nouveaux monastères des Carmes réformés. Il fut
élu, en 1585, vicaire provincial d'Andalousie et premier définiteur.
Quelques années après, obligé d'assister au chapitre de l'ordre tenu
à Madrid, saint Jean de la Croix, ayant dit son avis sur les abus
introduits dans les monastères et parlé de la nécessité de la ré-
forme, fut censuré par le chapitre , dépouillé de ses emplois et
obligé de se retirer dans un de ses pauvres monastères, fort solitaire,
où il tomba malade. Voyant qu'il ne pouvait se procurer aucun
secours dans cette espèce de désert, son supérieur l'engagea à aller,
au couvent d'Ubéda. Le saint obéit; mais la fatigue du voyage
augmenta considérablement l'inflammation qu'il avait à une
jambe, et elle fut bientôt couverte d'ulcères, qui exigèrent des
opérations douloureuses, qu'il supporta sans pousser un soupir .
Au plus fort de ses peines, il baisait son crucifix et le pressait
sur son cœur. Le prieur de la maison où il était mourant, rempli
de préjugés et d'aversion pour notre saint, en agissait à sou
Jls 2.* novembre. — sai-stk Catherine, y. et m.
égard do In manière la plus indigne ; il défendit même aux autres
religieux d'aller le. voir. .Sur ces entrefaites, le proviucial, étant
arrivé , fut indigné de la conduite du prieur il Gt tirer Jean
de la Croix de la cellule incommode où il était mourant, et ren-
dit à ses vertus un témoignage qui toucha le prieur et lui fil
demander pardon à genoux, au saint, du traitement qu'il lui avait
fait éprouver. Les douleurs de saint Jean augmentant, il récita
tout haut le psaume Miserere, avec ses frères ; il se lit lire ensuite
une partie du livre du Cnntique des cantiques. A la (in, il s'écria :
Claire à Dieu! puis pressant le crucifix sur son coeur, il dit :
Seigneur, je remet* mon àme entre vos mains ! et expira le 1-1
décembre 1591, à l'âge de quarante-neuf ans. Il fut canonisé par
Benoît XIII, en 172G.
25 novembre. — SAINTE CATHERINE, viebge et
MARTYRE. — 4" Siècle.
Catherine, appelée par les Grecs Axatherine, glorifia Jésus-
Christ en confessant généreusement la foi à Alexandrie , sous
Maximien 11. On ne peut guère compter sur ses actes, parce qu'ils
ont été considérablement interpolés ou corrompus. On lit dans le
Ménologe de l'empereur Basile, qui les a suivis, que sainte Ca-
therine était née du sang royal, qu'elle avait de rares connais-
sances, qu'elle confondit une assemblée de philosophes païens
avec lesquels Maximien l'obligea de disputer, que ces philosophes
païens se convertirent, et que, persistant ensuite dans la profes-
sion du christianisme, ils furent brûlés tous ensemble. Les actes
de la sainte ajoutent qu'elle fut attachée sur une machine coin-
posée de plusieurs roues, garnies de pointes très-aiguës; mais
que, quand on voulut faire agir les roues, les cordes se brisèrent
miraculeusement, en sorte que la sainte fut délivrée, et qu'on l;i
condamna plus tard à perdre la tête.
Le savant Joseph Assemani pense que ce qu'Eusèbc rapporte
d'une vierge, que toutefois il ne nomme pas, convient à sainte
Catherine. « 11 y avait à Alexandrie, dit cet historien , une femme
chrétienne, distinguée par ses richesses et son illustre naissance1.
Elle eut le courage de résister à la brutalité du tyran Maximien,
qui se faisait un jeu de déshonorer les femmes de cette ville. Elle
joignait aux avantages dont elle jouissait dans le monde un savoir
26 novembre — s. pierre i> alexamd., ev et h. 440
peu commue, mais la vertu et la chasteté lui parurent préféra-
bles à tout. Quoique le tyran n'eût pu réussir à la séduire, il ne
voulut point la condamner à mort : il se contenta de la dépouiller •
àtnes biens et de l'envoyer en exil. » Maximien fut défait par Li-
riniffî, en 313, et s'enfuit à Tarse, où il périt malheureusement.
Les chrétiens, qui gémissaient en Egypte sous le joug cruel des
découvrirent le corps de sainte Catherine vers le huî-
siècle ; il fut porté dans le monastère que sainte Hélène avait
fait bâtir sur le mont Sinaï, en Arabie, et que l'empereur Justi-
nies avait considérablement augmenté et embelli. Falconius, ar-
chevêque de San-Severino parle ainsi de cette translation : « Il est
dft que le corps de la sainte fut porté par des anges sur le mont
Sinaï; ce qui signifie que le noines de Sinaï le portèrent dans
leur monastère pour Tenncnir de ce pieux trésor.... On sait
qu'on a souvent désigné l'h it monastique par un habit ange*
lique, et qu'anciennement i moines étaient appelés anges, a
cause de la sainteté de leurs i< tàons toutes célestes. » Depuis
ce temps-là, il est plus fréquemment parlé de la fête et des
retiques de sainte Catherine. Saint Paul de Latre , anachorète ,
célébrait la fête de cette sainte avec une dévotion et une solennité
extraordinaires.
Dans le onzième siècle, Siméon, moine de Sinaï, vint à Rouen
pour recevoir l'aumône annuelle de Richard, duc de Normandie.
Il apporta avec lui une portion des reliques de sainte Catherine,
qu'A laissa, dans cette ville. On conserve encore dans l'église du
monastère du mont Sinaï la plus grande partie de la dépouille
mortelle de la sainte martvre.
26 novembre. — SAINT PIERRE D'ALEXANDRIE, évêqlk
ET MARTYB- — 4e Siècle.
Ce saint succéda sur le siège d'Alexandrie à saint Thomas, en
Tan 300. Comme il vivait dans les temps où le christianisme
souffrait des contradictions de toutes parts, il exhortait conti-
nuellement son peuple à mourir à toutes ses passions, afin d'être
disposé à mourir pour Jésus-Christ quand l'occasion s'en pré-
senterait.
II y avait à peine trois ans que le saint évêque gouvernait l'É-
glise d'Alexandrie, lorsque la persécution s'alluma par tout l'em-
pire romain. Pierre redoubla de zèle pour ranimer, par son
38.
4.">0 27 novembre. — s. Jacques l'inteicis, w.
exemple et par »»s instructions, ceux qui étaient attaqués. Il eut
ta consolation d'en voir un grand nombre confesser hautement
Jésus-Christ et plusieurs mourir pour cette confession. Il y eut
aussi des lâches et des faibles dans lesquels l'amour du monde
prévalut, et qui , pour échapper aux tourments et à la mort,
trahirent leur religion. I^es diverses circonstances des chutes por-
tèrent le saint évéque à dresser quelques canons pour régler la
manière de les expier par pénitence. Mélèce, évéque d'une église
de la Thébaïdc, ayant été convaincu d'avoir sacrifié aux idoles,
saint Pierre le déposa dans une assemblée d'évéques. Mélèce,
qui avait le cœur corrompu par plusieurs panions, se souleva
contre ce jugement, se sépara de la communion de l'Église, et
eut recours à la calomnie pour tâcher de se venger du teint
évéque d'Alexandrie. Ce dernier passa, do ces épreuves qui pa*
raissent légères a la grandeur de sa foi, à des épreuves beau-
coup plus grandes, car, la persécution ayant commencé en 811,
il fut obligé de fuir, et, ayant été pris, il eut la tête tranchée avec
plusieurs évéquos d' Egypte.
L>7 novembre. — SAINT JACQUES L1NTEUC1S, XABTYB.
— 5" siècle.
I«i religion chrétienne, qui avait souffert plusieurs persécutions
clans la Perse, jouit d'une paix de vingt années sous le gouver-
nement du roi Isdegerde. (l'était un prince naturellement doux et
qui aurait laissé les chrétiens dans le repos qu'il leur avait ac-
cordé depuis qu'il était sur le trône , si un évéque nommé Abda
n'eut fait mettre le feu à un temple de faux dieux. Isdegerde or-
donna qu'il le rebâtît à ses dépens ; mais Abda n'en voulut rien
faire. Ce refus irrita tellement le roi païen, que, non content
d'avoir fait mourir l'évoque, il donna ordre de ruiner les églises
des chrétiens et de faire revenir à la religion du pays ceux qui
avaient embrassé le christianisme.
Jacques, que Ion a depuis surnommé rintercis, fut un de
ceux qui omirent aux ordres du prince par la crainte de perdre
ses biens et les charges considérables qui rattachaient à la cour.
Sa mère, sa femme, ayant appris son apostasie, lui écrivirent une
lettre tres-forlc, où, après l'avoir exhorté a réparer sa faute,
elles lui disaient : Si unis ne rentre/, dans la voie sainte que vous
37 novembre. — la b. maëgukrite de savoie, v 451
quitta , rous déclarons que nous allons nous séparer
de tous. B ne nous conviendrait pas de demeurer avec un homme
qui a quitté son Dieu pour servir un homme, afin de conserver #
è» biens qui doivent bientôt périr. Jacques, a qui la conscience
reprochait déjà son infidélit ;, fut vivement touché de cette lettre.
H reconnut sa faute , il la pleura amèrement, et , comme eHe
était publique, il chercha à la réparer publiquement. Isdegerde fut
extréBsement piqué de ce changement : (Test un affront , dit ce
prâce , que Jacques fait aux dieux que j'adore et à moi-même.
Anaçtta il ordonna qu'on se saisit de lui et qu'on le lui amenât.
Jacques, fortifie par l'esprit de Dieu, parut devant Isdegerde avec
un courage que rien ne put abattre. Le prince l'accusa de lé-
gèreté, le pressa de sacrifier aux dieux des Perses, et le menaça
de la mort la plus cruelle s'il ne lui obéissait promptement; mais
les promesses et les menaces furent inutiles : Jacques répondit
au prince qu'il était chrétien , et qu'il ne voulait plus devenir
infidèle. Isdegerde , naturel n porté à la douceur, força son
naturel, et condamna Jacqi i e coupé vif par morceaux, afin
que cet exemple arrêtât ceux qui auraient le dessein de se re-
pentir de leur apostasie. Le saint donna tous ses membres les
uns après lés autres avec une fermeté qui fit trembler l'exécuteur.
On lui coupa d'abord le pouce de la main droite , et le bourreau
lui dit qu'il en resterait là s'il voulait obéir au prince; mais
Jacques, qui mettait sa joie dans les souffrances, présenta chacun
de ses membres l'un après l'autre , et les vit tous couper sans se
plaindre et sans montrer la moindre faiblesse. A chaque ampu-
tation il se faisait des applications spirituelles de l'Écriture, qui
édifiaient les fidèles témoins de son supplice. Après qu'on lui eut
ainsi coupé tous les membres , un des gardes lui abattit la tête.
Son martyre arriva le 27 novembre de Fan 431. Le genre de
son supplice Ta fait surnommer V Intérêts , c'est-à-dire qui a été
coupé par morceaux.
27 novembre. — LA BIENHEUREUSE MARGUERITE
DE SAVOIE, veuve. — 15e siècle.
La bienheureuse Marguerite, issue de la maison royale des
ducs de Savoie, donna dès son enfance des marques de sa sainteté
future. Lorsqu'elle fut eu âge d'être mariée , elle épousa , pour
4o2 27 novembre, -lab. marguerite de savoie, v.
obéir à ses parents, Théodore, marquis de Mootferrat. Enflammée
par saint Vincent Ferrier du désir d'une perfection plus élevée,
% elle se dévoua à Dieu tout autant que l'état conjugal le lui per-
mettait. Quand plus tard , par la mort de son mari , elle fut dé-
livrée du joug nuptial, elle revêtit publiquement l'habit de saint
Dominique , tel que les sœurs de la Pénitence ont coutume de
le porter. Elle fit le vœu de rester toujours veuve, et de garder
ainsi la continence perpétuelle ; aussi refusa-t-elle modestement
par la suite de s'unir en secondes noces avec Philippe , duc de
Milan , et la dispense de son vœu , que le souverain pontife lui
offrait en cette circonstance. Elle brûlait d'une admirable charité
pour les pauvres et les malades , à tel point qu'elle sortait revêtue
de son habit du tiers ordre , pour consoler et secourir de toutes
les manières les indigents ; elle servait ceux qui étaient malades,
et nettoyait , en les pansant de ses propres mains , toutes leurs
plaies les plus repoussantes. Possédée du désir de s'éloigner da-
vantage de tout rapport avec le monde, elle bâtit à Alba Pompéja,
tant pour elle que pour des vierges consacrées à Dieu , un mo-
nastère qui fut confié pour la direction au soin des Frères prê-
cheurs. Elle y consacra au Très-Haut le reste de sa vie par des
vœux solennels. *
Ayant donc ainsi adopté un nouveau genre de vie , Marguerite
s'exerça avec une ardeur nouvelle aux pratiques delà piété et de la
vie religieuse. Elle observait avec une telle exactitude les règles et
les saintes constitutions qu'elle avait embrassées, qu'elle n'en
passait pas le moindre point. Elle pratiquait l'obéissance et l'hu-
milité comme si c'était en sortant des derniers rangs du peuple
qu'elle eût passé à l'état religieux, et c'était avec la soumission la
plus complète qu'elle recevait les ordres de ses supérieurs, et
principalement de son confesseur. Elle se portait d'elle-méiue
et avec promptitude pour remplir les offices les plus bas de la
maison, et Ton n'aurait pu trouver rien de superflu ni dans ses
habits ni dans son ameublement. N. S. Jésus-Christ lui ayant un
jour donné le choix entre trois épreuves des plus poignantes,
la calomnie , la maladie et la persécution , elle demanda à les
souffrir en même temps toutes les trois. Cette prière eut son effet;
mais elle supporta tout avec calme et patience , pour ressembler
le plus possible à Jésus crucifié.
Pendant qu'elle priait, elle était très-souvent ravie en extase, et
l'union divine la pénétrait tout entière de sa douceur. Ses prières
28 novembre. — s. Etienne le jeune, m art 46»
et sea larmes avaient tant de puissance devant Dieu , qu'elle ob-
tenait de lui tout ce qu'elle lui demandait. C'est ainsi qu'en priant,
ette rendit complètement la santé à sa nièce Araadée, dont les mé-
decins désespéraient. Elle releva et changea en abondante moisson,
une récoite qu'une grêle épaisse avait couchée et ravagée dans
le champ d'un pauvre homme. Elle mit en fuite, en les détournant
de leur entreprise , les démons qui s'efforçaient de détruire de
fond en comble le monastère d'Alba Pompéja. Pour rétablir la
paix au sein de l'Église universelle, de son propre mouvement elle
entreprit de grands travaux , qui furent suivis de succès. Enfin-
mare pour le ciel, elle s'y envola en l'an 1464 , après avoir porté,
pendant quarante-quatre ans l'habit de saint Dominique. Elle fut
illustrée de son vivant comme après sa mort par une multitude.
de miracles^ ce qui porta le pape Clément X, lorsqu'ils eurent été.
régulièrement reconnus et prouvés, à permettre à tout l'ordre des.
Frères prêcheurs la célébration, de la fête de la bienheureuse-
Marguerite,
28 novembre. — SAINT ETIENNE LE JEUNE, martyrv
-i- 8* siècle.
Etienne naquit à Constantinople en 714. Il fut élevé dans la,
piété et dans les lettres, et était placé, depuis l'âge de quinze ans,
en Bithynie, dans le monastère de Mont-Saint-Auxcnce, lorsqu'il'
fut obligé de prendre la fuite, pour ne pas s'exposer au danger de
succomber dans la persécution dirigée contre les catholiques par
Léon Tlsaurien. A trente ans, il fut choisi pour gouverner ce
monastère, qui n'était composé que de petites cellules éparses
sur la plus haute montagne de la province. Etienne se renferma,
dans une de ces cellules, où il s'occupait de la prière et du tra-
vail des mains. Il copiait des livres et faisait des filets , de sorte
qu'outre sa subsistance il gagnait encore de quoi faire l'aumône.
L'amour d'une plus grande retraite porta Etienne, à se dé-
charger du gouvernement de la communauté. Il passa aussitôt au
sommet de la montagne , où il se fit une cellule qui n'avait que
deux coudées de long sur une demie de large, et si peu haute,
qu'il n'y pouvait demeurer que couché. Pour tout habit, il n'avait
qu'une peau de mouton fort mince et fort courte, qu'il attachait
avec une chaîne de fer. L'odeur de sa vertu atiira souvent auprès
lô-l 28 novembre. — s. ktiennk lk jeune, iiart
de lui des |>ersonnes qui venaient pour l'entendre et l'admirer.
Il y avait près do \ iniit ans que l'empire était gouverne par Cens-
tantin Coprouyme, qui continuait avec une étrange fureur la
guerre que son père Léon avait déclarée aux imagos. Gopronyme
aurait bien voulu attirer dans son parti un homme td qu'Etienne,
(pli dirigeait une infinité de moines qui le consultaient sur la
manière dont ils devaient se conduire dans l'affaire des images.
Vprès avoir assemblé un grand nombre d'évéques dévoués a ses
\olontes, qui décidèrent que le culte des images n'était qu'uu
test? d'idolâtrie, et (pie pour la détruire entièrement il fallait dé-
rober à la vénération des fidèles ee qui la renouvelait, on proposa
à saint Ktienne de souscrire à cette division. Le patriee Çalliste,
qui était éloquent et très-adroit , fut député par l'empereur pour
cette commission , qu'il avait fort à cœur. Quand Calliste eut dît
tout ce qu'il croyait capable de faire impression sur l'esprit
d'Ktienne, celui-ci lui répondit : Je ne puis souscrire à la défini-
tion de ce taux com»ile, qui contient une doctrine hérétique. Je
ne veux pas attirer sur moi la malédiction prononcée parle pro-
phète lsaïe , en nommant doux ce qui est amer. Je suis prêt à
mourir pour le culte qui est dri aux saintes images, sans craindre
l 'empereur, qui a ose les condamner; puis, montrant sa main,
il ajouta : Quand je n'aurais de sang dans les veines qu'autant
qu'il en tiendrait dans le creux de ma main, je le répandrais vo-
lontiers pour l'image de Jésus-Christ. Comme l'empereur lui avait
envoyé des dattes et des ligues en présent, Ktienne ajouta, en
renvoyant Callistc : Remportez ces dons : f huile du pécheur ne
parfumera pas tua tMv. Constantin, irrité de ces réponses.
renvoya Callistc sur-le-champ a\ee des soldats chargés de tirer
Ktienne de sa cellule, et de le garder daus le monastère qui était
au bas de la montagne. On trouva un homme desséché par les
austérités , et dont les nerfs étaient si retirés , qu'il ne pouvait se
soutenir sur ses jambes ; en sorte qu'on fut obligé de le porter
au lieu où on avait ordre de le garder. lH'ndant que les soldats
taisaient sentinelle auprès de lui , ils l'entendirent qui disait à
Dieu : J'ai rencontré des voleurs de mes pensées, et ils m'ont dr-
pouillc ; voulant faire comprendre qu'on l'empêchait de s'ap-
pliquer à la méditation ). lii-dessus les gardes, en branlant la
tête, m1 dirent les uns aux autres . Ces moines que l'on maltraite
sans sujet ont bien raison de nous traiter de voleurs.
Il n'v eut point de tentative (pie l'on ne fit pour le gagner;
ii
38 novembre. — s. Etienne lb jeunk, maht. 455
s lutit AU inutile On le relégua dans une île delà Proponlide,
j rilellespuiu. Quand il fut débarqué, il se retira dans uuc
«rne , où M vécut des herbes et des racines qui croissaient
>nr de sa demeure. Les miracles qu'il opéra remplirent tout le
s de l'odeur de sis vertus et multiplièrent le nombre des dé-
purs des images, ce qui engagea l'empereur à le faire traus-
r dans une prison de Constantinople. On lui mit les fers au»
al , et on lui si-ri'i les pieds entre deux morceaux de bois.
Iques jours après, l'empereur le lit amener dans son palais,
h dit entre autres choses : Esprit bouché! est-ce qu'en fou-
nux pieds les images , nous foulons aux pieds Jésus-Christ ?
îieu ne plaise! Pourquoi donc nous traiter d'hérétiques?
nue , pour toute : épouse , prit une pièce de monnaie qu'il
itra aux assistants, en leur demandant quel traitement ou
it à celui qui fo» lirait aux pieds l'image des empereurs,
1 voyait empreinte sur cette pièce. Toute l'assemblée s'écria
itol qu'on punirait un tel homme sévèrement. Aveugles que
létes! reprit Etienne en poussant un profond soupir : c'est un
te digne du lupph'w de profaner l'image de l'empereur de la
s , et l'on ne punirait point celui qui jette au feu l'image du
du ciel! On ne put rien lui répliquer de raisonnable, mais
erte était résolue, l.o saint homme fut mené en prison, et
qnes jours après os le conduisit hors île la ville pour le faire
rir. On était près d'immoler par l'cpée celte sainte vie-
, lorsque l'empereur le lit ramener en prison, où H ordonna
il le déchirAt à coups de verges jusqu'à ce qu'il expirât. Cet
c parut si inhumain, que personne n'osa l'exécuter. Quand
pereur sut qu'K tienne respirait encore , il s'écria plein de fu-
: Est-ce qu'on ne me délivrera point de ce moine? A peine
I proféré ces mois qu'une troupe de. scélérats coururent à la
in. Ils tirèrent le saint homme par les pieds avec ses chaînes,
traînèrent, le long des rues , en l'accablant de coups et de
-es ; enfin, ils le iuerc.nl d'un coup de levier sur la tête. Selon
mhanc, saint i'.lietiue fut martyrisé en 757 ; Cadréuus, qui
It avoir été mieux instruit, place cet événement en 70-1.
1.70 29 novembre. — s. saturnin ou skrnin, év. de t.
29 novembre. — S. SATURNIN ou SERNIN, évêque
de Toulouse, martyr. — 1er siècle.
Saturnin, appelé Sernin en bien des contrées, a toujours été
regardé comme un des plus illustres martyrs de l'Église gallicane.
11 fut envoyé dans les Gaules avec saint Denis et les autres apôtres
de ce royaume. La religion chrétienne y était alors peu connue,
et Ton n'y voyait que peu d'églises. Saturnin et les compagnons
de sa mission répandirent partout la lumière de la foi. Saturnin
s'étant fixé à Toulouse, l'Évangile y fit bientôt de grands progrès,
parce que la vertu des miracles qui suivait le saint missionnaire
servait à confirmer la vérité de ses prédications. Il y avait dans la
ville de Toulouse une petite église où il rassemblait les fidèles
qu'il avait convertis, et où il exerçait les fonctions du sacré mi-
nistère. Pour y aller, il passait devant le Capitole, qui était le
temple des idoles. Comme Saturnin faisait souvent ce chemin,
sa présence fit taire les démons, et ils ne rendaient plus leurs
oracles ordinaires. Les prêtres des faux dieux étaient persuadés
que le silence de leurs idoles n'avait point d'autre cause, et,
comme leurs cœurs étaient endurcis , au lieu de reconnaître
leur faiblesse, ils ne pensèrent qu'à ôter la vie à celui qui rendait
inutiles ces idoles.
Un jour qu'ils délibéraient là-dessus, ils aperçurent Saturnin,
accompagné d'un prêtre et de deux diacres , qui passait à son
ordinaire pour aller à l'église. Ils profitèrent de cette occasion
pour arrêter le saint et pour le conduire devant le temple ; ils lui
déclarèrent qu'il fallait qu'il sacrifiât pour apaiser les dieux , ou
qu'il expiât son impiété dans son sang. Ceux qui raccompagnaient
prirent la fuite dès qu'ils virent qu'on l'arrêtait. Sur la proposi-
tion qu'on lui fit de sacrifier aux idoles pour conserver sa vie, il
répondit qu'il ne connaissait qu'un seul et véritable Dieu , à qui
il offrirait toujours des sacrifices de louanges, que les dieux qu'ils
adoraient n'étaient que des démons , et qu'en leur immolant des
bêtes ils donnaient la mort à leurs âmes. Voudricz-vous , ajouto-
t-il, que je craignisse et que je respectasse ceux qui ont peur de
moi? Cette réponse irrita extrêmement les prêtres des idoles et
tout le peuple qui était accouru pour être témoin de ce qui se
passait Ils firent souffrir à Saturnin toutes les indignités qu'un ,
I
30 novembre. — saint andré, apôtre. 457
zèle aveugle peut inspirer. Il y eut même un prêtre qui le perça
d'un coup d'épée. A la fin ils rattachèrent par les pieds avec
une corde à la queue d'un taureau indompté, que Ton avait
mené au temple pour être immolé. Le taureau traîna par les rues
le martyr avec tant de violence , qu'on vit bientôt la cervelle
jaillir de la tête et les entrailles sortir du corps. Saturnin entra
ainsi dans le royaume de Dieu , pour régner éternellement avec
Jésus-Christ. Son martyre arriva vers la fin du premier siècle.
30 novembre. — S. ANDRÉ, apôtre. — 1er siècle.
André était de Bethsaïde, petite ville de Galilée. Son père , pê-
cheur de profession, se nommait Jonas ou Jean : il était frère de
Simon-Pierre. On ne sait lequel des deux était faîne. Us avaient
une maison à Giphamaum. Le Sauveur logeait chez eux lorsqu'il
prêchait dans cette ville. Saint Jean Baptiste ayant commencé à
prêcher dans le désert, André courait avec une sainte avidité pour
entendre ses instructions , et il voulut devenir son disciple , sans
néanmoins s'engager à demeurer toujours avec lui. Un jour, ayant
entendu dire à saint Jean que Jésus-Christ, qui venait du désert
où il avait demeuré quarante jours , était l'Agneau de Dieu , et
sa foi lui faisant comprendre le sens de ces paroles mystérieuses,
il suivit ce divin Sauveur avec un autre disciple de saint Jean que
l'Évangile n'a point nommé. Us allèrent, pleins d'ardeur, au lieu
où Jésus logeait, et passèrent avec lui le reste du jour et toute la
nuit. Qui pourrait exprimer tout ce que produisit dans le cœur
d'André l'instruction qu'il reçut de Jésus? Il le reconnut pour lo
Messie et le Sauveur du monde, et s'attacha à lui pour toujours ;
il fut son premier disciple.
André, à son retour, rencontra Simon, son frère, et lui fit part
de la joie dont son cœur était rempli : nous avons trouvé le Messie,
lui dit-il , le Christ promis par les prophètes. Simon voulut aussi
avoir le bonheur de voir Jésus^Christ et de lui parler, et André
femmena au lieu où il l'avait trouvé. Alors Jésus admit Simon au
nombre de ses disciples, et lui donna le nom de Pierre. Cependant
les deux frères ne s'attachèrent point à lui entièrement : ils se
contentaient de se rendre souvent auprès de lui , et ils revenaient
ensuite à leur pêche. Comme ils étaient fréquemment à sa suite
39
458 SO novembre. — s. ahdrb , j
ils purent lieu d'admirer le . » tatnictioai
qu'il donnait en toutes rmcoi •. s se trouverait aHçcjtai au
noces de Cana. Ils Face rainai m aHiajf îjltflE* k
Paque .i Jérusalem. Vers la u» uo m mime année, Notre-Seigneur,
revenant de la Basse-Galilée, les rencontra tous deux, et leur dit
qu'il les ferait pécheurs d'hommes. Aussitôt ils quittèrent leuis
filets pour s'attacher uniquement à Jésus-Christ.
1 /année suhante, le Fils de Dieu forma le collège des Apôtres.
1 .es évangélisles mettent Pierre et André à la tête des autres.
Peu de temps après , le Sauveur alla en leur maison de O
pharnaiim , où ils lui demandèrent la guérison do la belle-nièrf
de Pierre, et il la leur accorda. Quelques mois après, Jésus»Christ,
louché de compassion pour cinq mille personnes qui l'avaient*
sui\i dans le désert et qui étaient pressées par la faim, ijHme1^
a ses disciples comment on pourrait leur donner a manger.
André, dont la loi était vive, répondit tout de suite qu'il se
trouvait là un jeune homme qui avait cinq pains d'orge et deux
petits poissons, en ajoutant toutefois que c'était peu pour une si
grande multitude; mais il ne doutait pas que Jésus, s'il le ju-
geait à propos, m» put faire éclater sa puissance en cette occa-
sion. Il sa \, -lit (prit et, lit hien supérieur à Klisée, qui avait nourri
cent hommes avec \ingt pains. Il fut donc l'un des nombreux
témoins du miracle (pie INotre -Soigneur opéra en cette circons*
lance. André , toujours zélé pour faire connaître Jésus-Christ,
lui présenta quelques gentils venus à Jérusalem pour avoir le
honheur de voir le Samcur. et qui s'étaient adressés à Philippe,
et il ohtint la grâce que ces étrangers désiraient.
On sait , pir les éeiits d'Origènc, de saint Jérôme, d'autres
Pères et de plusieurs anciens auteurs, qu'après l'Ascension de
iNotrc-Seigiicur et la descente, du Saint- Ksprit dans le cénacle,
André alla annoncer TKxangile dans la Seythic, le Pont ot beau-
coup d'autres contrées. I,a tradition la plus constante est qu'il
donna sa vie pour la foi à Pat ras, en Achaïe, où il fut crucifié.
On rapporte (pie le saint, voyant de loin la croix sur laquelle
il devait être attaché, s'écria : Je vous salue, croix précieuse,
qui ave/, été consacrée par le corps de mon Dieu et ornée de
ses inombres comme avec de ricins pierreries.... Je m'approche
«le vous a\oc de \ ifs transports de joie : recevez-moi dans vos
hras. O croix salutaire qui ave/ été embellie par les membres du
Soigneur ! je vous ai ardemment aimée. Il y a longtemps que le
Ier décembre. — ». éloi, év. de noyou . 4*&
tous désire , que je vous cherche. Mes vœux sont enfin ac-
complis; recevez-moi dans vos bras... Que celui qui s'est servi
de tous pour me racheter puisse me recevoir par vous!
L'amour de saint André pour la croix Ta fait choisir pour
protecteur et pour modèle par diverses associations religieuses
dont les écrivains de sa vie ont formé les listes nombreuses. (>u
peut j joindre ici un exemple récent , bien propre à édifier les
âmes, à montrer que la vertu de la croix ne s'est point affaiblie,
et que , si plus que jamais elle est devenue pour le monde un
objet de scandale et de folie , elle n en est pas moins toujours
fittslrument de la sagesse et de la puissance de Dieu,
En 1805, au bourg de Maillé, au diocèse de Poitiers, a été
lé Tordre des Filles de la Croix , autant connues sous le nom
île Sœurs de Saint-Jndrê , parce que ce saint est le patron de
la congrégation et celui du vénérable ecclésiastique qui en est le
fondateur. Cette nouvelle institution a pour but d'instruire gra-
tuitement les pauvres filles et de porter des secours aux malades
indigents. Les fruits produits par les vertueuses Filles de la Croix
sont si abondants, que l'institut s'étend avec une extrême rapidité
sur les différents points du royaume , et que les supérieurs géné-
raux ne peuvent envoyer des sœurs dans toutes les villes et dans
tous les bourgs qui en sollicitent. En juillet 1829, on comptait
ptns de soixante maisons , dont trois seulement reçoivent des
novices Au mois de mai 1820, le chef-lieu de cette congrégation
a été transféré au village de la Puye , même diocèse de Poitiers.
Comme le fondateur et la première supérieure générale , qui le
seconde avec tant de zèle , vivent encore , on ne peut parler plus
en détail du bien qu'ils font et des services que leur congrégation
rend à la religion et à la société.
Fin du mois de novembre.
1er décembre. — SAINT KLOI, évèque de Koyox. — 6e siècle.
Eloi vint au monde dans le village de Chatelac, près Limoges,
vers l'an 558. Son père s appelait Eucher, et sa mère Therrigie.
Quand ils crurent avoir donné à leur fils une connaissance suffi-
sante de ses devoirs et des pratiques de la religion , et qu'ils le vi-
rent en âge d'embrasser un état , ils consultèrent ses inclinations,
400 1er décembre. — s. eloi, ev. de isoyon.
et, remarquant eu lui beaucoup de goût et d'adresse pour les
ouvrages de la main , ils le confièrent à un orfèvre nommé Ab-
bon : c'était le maître de la monnaie à Limoges, qm jouissait d'une
grande réputation de probité et d'habileté dans sa profession , et
qui était fort religieux.
A l'âge de trente ans, quelques affaires obligèrent Éloi d'aller à
la cour de Clotaire 11 , qui était alors à Paris. Il y fut connu de
Bobon, trésorier du roi, qui le prit sous sa protection et le fit tra-
vailler à la monnaie et à des ouvrages d'orfèvrerie. Peu de temps
après , le roi voulut avoir un siège ou trône orné d'or et de pier-
reries; mais aucun de ses ouvriers ordinaires ne put saisir son
idée et l'exécuter. Bobon, qui avait déjà eu plusieurs preuves, de
l'habileté d'Eloi , crut que c'était l'occasion de le produire, et dit
au roi qu'il avait trouvé l'homme que Sa Majesté cherchait. Sur
son témoignage, le prince fit donner à Éloi la quantité d'or et de
pierreries qu'on jugeait nécessaire. Éloi se mit aussitôt à l'ou-
vrage , et bientôt après , au lieu d'un siège , il en présenta deux
au roi. A la vue du premier, Clotaire admira fort son talent,
mais il admira beaucoup plus sa probité quand on vit le seeond ,
et il lui dit qu'après une si grande preuve de son désintéressement,
on pouvait se fier à lui pour des choses d'une plus grande impor-
tance. 11 le retint à la cour, et lui donna dès lors une très-grande
part dans sa confiance. Il le logea même dans son palais, et se
faisait un plaisir singulier d'aller le voir travailler.
Plus Clotaire voyait Éloi , plus il était charmé de ses belles qua-
lités, et plus il estimait sa vertu. Croyant qu'un homme d'une
si rare probité était propre à autre chose qu'à façonner les mé-
taux , il résolut de l'employer aux affaires de l'État. Pour se l'at-
tacher plus sûrement , il lui proposa de prêter le serment de fidé-
lité ordinaire sur les saintes reliques. Éloi, assuré des dispositions
de son cœur, promettait bien de demeurer fidèle ; mais, craignant
de jurer en cette occasion sans nécessité contre la défense de
Jésus-Christ , il ne pouvait se résoudre à faire le serment que le
prince exigeait. Clotaire, ne sachant à quoi attribuer ce refus, in-
sista à demander le serment. Éloi s'en défendit avec toute l'hu-
milité possible, et tâcha de justifier sa répugnance à jurer. Le roi
fit d'abord difficulté de recevoir ses excuses ; mais jl reconnut
qu'il n'agissait que par délicatesse de conscience , et lui dit que
cette manière de faire l'assurait plus de sa fidélité que tous les
serments.
l€r décembre. — s. éloi, ev. de noyon. 461
Cette action d'Éloi fit tant d'impression sur l'esprit de saint
Ouen , tout jeune qu'il était alors , car il n'avait guère que onze
à douze ans, que, le regardant comme un grand serviteur de Dieu.
il rechercha son amitié et la cultiva toujours depuis avec un
grand soin.
Éloi, peu, content de ce qu'il avait fait jusqu'alors pour son
salut, entreprit de mener une vie plus réformée et plus spirituelle.
Il repassa dans l'amertume de soa cœur sa vie passée , et fit une
confession générale de ses péchés. Il s'imposa ensuite une sévère
pénitence, mortifia sa chair par des travaux, et par des jeûnes
fréquents, qu'il prolongeait quelquefois deux au trois jours. On ne
voyait chez lui d'autres tapisseries que des livres rangés par ordre
autour de sa chambre , entre lesquels l'Écriture sainte tenait le*
premier rang. Après avoir chanté des psaumes , il s'appliquait à*
la lecture , il lisait même en travaillant. Eu un mot , au milieu de
ta cour, et sous un habit séculier, il menait la vie des religieux-
les plus parfaits.
Après la mort de saint Acaire , évêque de Noyon , on le choisit
pour remplir sa place. Éloi , voyant qu'il ne pouvait se dispenser
de se laisser imposer le pesant et redoutable fardeau de l'épis-
eopat, demanda un temps suffisant pour se préparer à recevoir
les saints ordres sans précipitation ; et , après deux ans de prépa-
ration, il reçut la prêtrise et la consécration épiscopale à Rouen ,
en 640, étant âgé de cinquante-deux ans.
Éloi fit admirer son zèle et sa sollicitude pastorale dans la vigi-
lance et les soins qu'il apporta pour conduire au ciel le troupeau
qui lui avait été confié. Il trouva des peuples qui n'avaient ni hu-
manité , ni raison , et plus semblables , par leurs mœurs et par
leur manque de politesse, à des bêtes qu'à des hommes. Il les
instruisait avec une tendresse vraiment paternelle , les assistait
dans leurs besoins, prenait soin d'eux dans leurs maladies, et les
consolait dans leurs afflictions, Ces barbares étaient étonnés de sa
bonté, de sa douceur, de son désintéressement, de sa grande pa-
tience , et surtout de sa vie frugale et innocente. L'admiration
qu'ils conçurent pour lui leur donna envie de l'imiter, et plusieurs
se convertirent. Ceux-ci , par leur exemple , en entraînèrent d'au-
tres qui accoururent en foule écouter les prédications du saint
prélat. On les vit bientôt abattre eux-mêmes leurs temples , ren-
verser leurs autels, briser leurs idoles. Éloi les catéchisait exac-
tement , leur faisait comprendre la sainteté du Dieu qu'ils allaient
39.
4G* t"r décembre. — *. ftLOf, fcv. de m* àffc
servir, et la pureté des n * cro'ft rîteors. Il la
éprouvait pendant une e, ; la ooattUHe de^fareKifts
siècles du christianisme, ex u es i^ à Wqim^ i4tt^|tï*a
un grand nombre. l* r,-"^:-* '*■-
Un jour de fête de saint Pierre , qu'il prêchait dans une paroisse
près de Noyon , il parla fort contre les danses et les autres jeux ,
qui viennent du paganisme , et où les bonnes moeurs sont tant en
danger. Los habitants du lieu, ne pouvant souffrir qu'on interdit
des divertissements qu'ils avaient reçus de leurs pères, se muti-
ne mit et résolurent do faire plutôt périr leur évoque que de se
voir troublés dans ces malheureux plaisirs. Éloi en eut avis, et,
loin d'être épouvanté de leurs mauvais desseins, il y retourna et
pi'cYha encore avec plus de force contre ces désordres, résolu de
répandre son sang s'il le fallait. On paya son zèle d'injures et
d'outrages : on ne parlait que de le massacrer et de le mettre en
pièces , sans oser cependant en venir aux effets. Éloi, voyant qu'il
ne faisait rien par ses prédications, suivit l'exemple de saint Paul,
et les livra à Satan, Il y en eut cinquante en qui Ton vit des mar-
ques sensibles de la vengeance divine, jusqu'à Tannée suivante. Ces
mutins , devenus plus sages par cette punition , et les antres avec
eux , demandèrent pardon au prélat, et le conjurèrent de vouloir
bien prier Dieu de leur rendre la santé et la liberté. Leur repentir
et leur soumission les délivrèrent des maux qu'ils s'étaient attirés
par l'indocilité et l'impénitence.
Éloi s'appliqua aussi beaucoup à abolir les superstitions, qui
sont presque toujours ou les restes d'une idolâtrie grossière, ou
les compagnes d'une dévotion ignorante et intéressée. On voit,
dans ses instructions , que ces absurdités étaient à peu près les
mêmes que celles qui se pratiquent encore aujourd'hui, comme
de consulter les devins, les sorciers, les diseurs de bonne aven*
turc ; d'ajouter foi à leurs prédictions^ d'observer les étetiiuinents,
les saignements de nez, le chant et le vol des oiseaux, les jours
de la lune et de la semaine ; de passer le premier jour de jan-
vier dans des réjouissances toutes païennes, de Eure des masca-
rades, etc. De telles pratiques , dit saint Éloi , ne viennent pas de
Dieu , mais du démon.
Éloi passa près de vingt ans dans les exercices de Fépisoopat i
qu'il n'interrompait que pour travailler à des ouvrages de sa pro*
mière profession. Enfin Dieu, voulant le récompenser de toutes
ses bonnes œuvres , lui fit connaître que le moment après lequel
2 décembre. — sainte bibiane, v. et m 4G3
il avait tant soupiré arriverait bientôt. 11 fut attaqué d'une fièvre
qui l'affaiblit peu à peu. La veille de sa mort, il assembla son
cierge et ses disciples, et leur ût un long discours pour les exhorter
à demeurer fermes dans les sentiments de piété qu'il avait tâché
de leur inspirer : et le lendemain , premier jour de décembre de
Fan 659, après les avoir embrassés, il mourut en recommandant
son âme à Dieu. Il était âgé de soixante-dix ans et quelques mois.
2 décembre* — SAINTE BIBIANE, vierge et martyre.
— 4e siècle.
Nous apprenons d'Ammien Marcel lin , historien païen du qua*
trième siècle et attaché au service de Julien l'Apostat, que cet
empereur établit Apronien gouverneur de Rome, en 363, et
qu' Apronien, étant en route pour venir dans cette ville, eut le
malheur de perdre un œil. Il attribua cet accident au pouvoir de
la magie; et, dans cette folle persuasion, il résolut d'exterminer
les magiciens , pour satisfaire tout à la fois sa vengeance et sa su-
perstition. Sous le nom de magiciens on comprenait les chré**
tiens , à cause des miracles qu'ils opéraient dans les premiers
siècles de l'Église. On compte sainte Bibiane parmi les martyrs
qui souffrirent alors.
Cétait une vierge, native de Rome, qui vivait dans une grande
sainteté. Flavien, son père, chevalier romain, et Dafrose, sa
mère , étaient des chrétiens fort zélés. Flavien fut arrêté et dé-
pouillé d'un emploi considérable qu'il avait dans la ville. On lui
brilla le visage avec un fer rouge, et on le bannit à Acquapen-
dente , qu'on appelait alors Aqux Taurinx. Il y mourut peu de
temps après* des suites de ces tourments. Dafrose fut renfermée
quelque temps dans sa propre maison. On l'en tira par l'ordre
d* Apronien , et on la conduisit hors de la ville pour lui couper
la tête.
Bibiane et Démétrie sa soeur, ayant perdu ceux dont elles avaient
reçu le jour, se virent privées de tout ce qu'elles possédaient dans
le monde. Elles éprouvèrent pendant cinq mois toutes les rigueurs
de la pauvreté : mais elles firent un saint usage de cette épreuve.
Apronien s'était flatté de vaincre leur constance par la misère :
il se trompa ; il les fit donc comparaître devant lui. Dieu permit
que Démétrie , après avoir généreusement confessé sa foi , tombât
464 3 décembre. — s. frais cors xavhb, conp.
morte aux pieds du juge. Apronjen. fit remettre Bibianc entre
les mains d'une méditante femme, nommée Rufine. Cclle-iâ,
voyant l'inutilité des artifices qu'elle avait employés pour séduire
la sainte , eut recours aux plus indignes traitements. Ils n'eurent
pas plus de succès que les caresses. Apronien, confus et furieux
d'être vaincu par une jeune vierge , la condamna à mort. La sen-
tence portait que Bibianc serait attachée à un- pilier, et battue
avec des fouets garnis de plomb , jusqu'à ce qu'elle expirât. Elle
souffrit ce supplice avec joie et mourut sous les coups des bour-
reaux. On laissa son corps exposé pour que les botes le dévoras-
sent. Mais un saint prêtre, nommé Jean, l'enleva secrètement au
bout de deux jours , et l'enterra dans la nuit près du palais de
Licinius. J^es chrétiens érigèrent une chapelle sur son tombeau ,
lorsquMls curent la liberté de professer leur religion. En 465, le
pape Simplicc y fit construire une belle église , laquelle fut appelée
Olympina , du nom d'une dame pieuse qui avait payé les frais
de la construction. Honorius III la fit depuis réparer. Comme elle
tombait en ruines , dans la suite des temps on l'unit à Sainte-
Marie-Majeure. Urbain VIII la fit rebâtir en 1628, et il y plaça les
reliques des saintes Bibianc, Démétrie et Dafrose. Elles avaient
été découvertes dans le lieu qu'on a quelquefois appelé Cimetière
de Sainte-Bibiane.
3 décembre. — SAINT FRANÇOIS XAVIER, confesseur
apôtre des Indes et du Japon. — 16e siècle.
François Xavier, l'un des sujets les plus distingués qu'a pro-
duits la Compagnie de Jésus , naquit le 7 avril f60&, au château
de Xavier, près Pampelunc. I). Jean de Jasso, son père, était
un des principaux conseillers d'État de Jcau d'Albret, roi de Na-
varre ; sa mère était héritière des illustres maisons de d'AJspilcucta
et de Xavier. Leurs enfants embrassèrent presque tous l'état mi-
litaire. François, qui était le plus jeune, montrant une grande
ardeur pour apprendre, fut envoyé à l'Université de Paris, à l'âge
de dix-huit ans : il fut placé au collège de Sainte-Barbe. Il s'y d»
lingua bientôt par la rectitude de son jugement et la pénétration !
de son esprit, et après avoir pris le degré de makre es arts, il
enseigna la philosophie au collège de Beauvais. Ce fut dans celui
de Sainte-Barbe, qu'il continuait d'habiter, qu'il connut saint
$ décembre. — « s. fbançois xavieb, conf. 4G5
Ignace , qui eut de la peine à le retirer de la société de jeunes lu-
thériens envoyés d'Allemagne pour répandre secrètement leurs
erreurs parmi les étudiants de l'Université. Pendant longtemps
Xavier, dont la tête était remplie de pensées ambitieuses , n'écouta
pas Ignace et le tournait même en ridicule. Celui-ci supportait
avec douceur et avec un air gai les mépris de l'autre, et lui répé-
tait sans cesse cette parole de Jésus-Christ : Que sert à f homme
de gagner Cunivers entier, s'il vient à perdre son âme ? Tout
cela ne faisait rien sur Xavier, qui était ébloui du désir d'une
vaine gloire, et qui voulait concilier l'amour du monde avec le
christianisme. Ignace le prit par son faible : il loua ses talents, ap-
plaudit à ses leçons, et ayant su qu'il se trouvait dans le besoin, lui
offrit de l'argent. Xavier, qui avait l'âme généreuse, fut touché de
ce procédé, vit depuis Ignace avec d'autres yeux et l'écouta avec
attention. Ce ne fut qu'après de violents combats qu'il se rendit
aux impressions de la grâce et se mit sous la conduite d'Ignace,
qui le fit avancer à grands pas dans la voie de la perfection.
* Le jour de l'Assomption 1534, Ignace, avec ses six compa-
gnons,' du nombre desquels était Xavier, se rendit à Montmartre.
Ils y firent vœu de visiter la Terre sainte et de travailler à la
conversion des infidèles , ou , si cette entreprise ne pouvait avoir
lieu, d'aller se jeter aux pieds du pope et de lui offrir leurs serr
vices, pour qu'il les employât à telles bonnes œuvres qu'il jugerait
à propos. Le 15 novembre 1536, ils partirent de Paris, au nombre
de neuf, pour aller rejoindre Ignace, qui était alors à Venise. A
leur arrivée, ils se distribuèrent lej hôpitaux, pour servir les
pauvres tant qu'ils resteraient dans cette ville.
Xavier, qui-était un de ceux placés à l'hôpital des Incurables,
passait les nuits en prières , après avoir employé le jour à rendre
aux malades les services les plus humiliants. Il s'attachait de pré-
férence à ceux qui avaient des maladies contagieuses.
Après deux mois de séjour à Venise , Ignace envoya ses com-
pagnons à Rome se présenter au pape Paul 1UT et lui demander
sa bénédiction pour le voyage de la Terre sainte. Le souverain
pontife les reçut avec de grands témoignages de bouté, et accorda
à ceux de la compagnie qui n'étaient pas encore dans les ordres
sacrés la permission de les recevoir de tout évêque catholique.
Xavier fut ordonné prêtre le jour de la fête de saint Jean Bap-
tiste, en 1537, et tous firent vœu de chasteté, de pauvreté et
d'obéissance.
•106 3 déceMbre. — s. François xavIeb, cOftr.
Xavier voulut passer quarante jours daiis uue chaumière aban-
donnée pour se préparer à célébrer sa première messe ; couchant
sur la terre , et ne vivant que de ce qu'il mendiait. Pendant ce-
temps , Ignace envoya tous ses compagnons à Vicence, où Xavier
alla les rejoindre et dit sa première messe. De là il se rendit a
Bologne, où il se livra aux exercices de la charité et aux fonctions
du saint ministère : il serait difficile d'exprimer tout le bien qu'il
lit dans cette ville.
Ignace fit venir Xavier à Rome dans le courant de Tannée sui-
vante. Tous les pères de la Compagnie s'y étaient réunis pour dé-
libérer sur 1% fondation de leur ordre. Les délibérations furent
accompagnées de prières , de veilles et de pénitences austères.
Comme il s'était écoulé un an sans qu'ils eussent trouvé l'occa-
sion de passer en Palestine , et que la guerre qui était survenue
entre les Vénitiens et les Turcs rendait leur projet impraticable,
ils offrirent de nouveau leurs services au souverain pontife, en
le priant de les employer de la manière qu'il jugerait la plus utile
au service du prochain. Leurs offres furent acceptées : ils eurent
ordre de prêcher dans Rome, jusqu'à ce que Sa Sainteté en edt
autrement décidé. Xavier exerça son ministère dans l'église de
Saint-Laurent in D a maso : on admira tout à la fois son zèle et
sa charité.
Jean 111 , roi de Portugal , (U demander au pape des ouvriers
éwingeliques pour aller prêcher la foi aux Indes orientales. Govea,
Portugais , qui avait été principal du collège de Sainte-Barbe de
Paris pendant qu'Ignace et Xavier y demeuraient, se trouvait
alors à Rome. Frap|>é du bien que les compagnons de saint Ignace
faisaient dans cette ville , il écrivit au roi son maître que des
hommes si éclairés , si humbles , si zélés et si avides de croix ,
étaient plus propres que d'autres à aller prêcher la foi dans les
Indes. Jean III chargea son ambassadeur de faire les démarches
nécessaires. Comme les établissements des Portugais étaient con-
sidérables , le pape appuya même les demandes qu'on fit auprès
du supérieur. On demandait six de ses ouvriers apostoliques;
mais Ignace ne put en accorder que deux; il désigna Rodrigue*
et Robadilla. Ce dernier s'étaut trouvé malade, Xavier fut choisi
pour le remplacer. Use rendit en Portugal avec Rodrigués, que
le roi jugea à propos de retenir auprès de lui. Ainsi Xavier partit
seul pour les Indes, Tan 1541. Le pape lui avait donné le carac-
tère de lé#il apostolique; mais, loin de se prévaloir de cette di*
. 3 décembre, — s. François xàvier, cour. 467
gnité , il ne voulut avoir ni suite , ni domestique, ni aucune dis-
tinction particulière. En 1542, il arriva à Goa, et alla d'abord
prendre son logement parmi les pauvres à l'hôpital. II refusa
constamment les offres du vice-roi , qui voulait lui donner un ap-
partement dans son palais.
Avant de commencer ses fonctions de missionnaire apostolique,
il alla rendre ses devoirs à l'évêque de Goa. C'était don Jean
d'Albuquerque, religieux de Tordre de Saint-François, prélat
d'un grand mérite et plein de eèle pour la propagation de la foi.
Xavier lui montra les pouvoirs qu'il avait reçus du pape et du roi
de Portugal , et lui déclara qu'il ne voulait les exercer qu'avec sa
permission. Il se mit ensuite à genoux pour recevoir sa bénédic-
tion ; le prélat fut édifié de son humilité , et l'embrassa tendre-
ment. Il se forma entre eux une liaison très-étroite , et Xavier,
quoique autorisé par le saint-siége et par sa qualité de légat, n'en-
treprit jamais rien sans consulter l'évéque.
Le saint travailla quelque temps, à Goa, à la réformation des
mœurs , tant des Portugais que de quelques idolâtres mal instruits
et mal convertis, qui étaient fort déréglés. Ses soins furent cou-
ronnés d'heureux résultats. Il se rendit ensuite à la côte de la
Pêcherie, et se mit à prêcher l'Évangile aux gentils. Il parcourut
successivement toutes les Indes. Sa mission devint semblable a
celle des apôtres, par l'étendue et par la rapidité de ses succès :
il employait les moyens dont les apôtres s'étaient eux-mêmes servis
pour convertir le monde idolâtre : la prière , l'humilité , le désin-
téressement, la mortification et le don des miracles. Il pénétra
jusque dans le royaume du Japon, où il fit des conversions in-
nombrables.
Comme un seul homme ne pouvait suffire aux besoins de tant
de peuples, Xavier écrivit à Ignace, son général, pour demander
des missionnaires de sa Compagnie. Ce dernier, qui ne respirait
que le salut des âmes et les progrès de la religion, accueillit fa-
vorablement la demande de son fils en Jésus-Christ; et bientôt
on vit dans les Indes un grand nombre de chrétientés florissantes
gouvernées par des ouvriers formés par les soins d'Ignace et par
ceux de Xavier.
Quand il parut au Japon , sa figure étrangère lui attira d'abord
le mépris du monde ; mais sa vertu et ses miracles ne tardèrent
pas à le faire respecter. Il parlait à la fois plusieurs langues diffé-
rentes qu'il n'avait jamais apprises : il guérissait les malades par
4f>8 \ décembre. — saint clémknt d'Alexandrie, b.
le signe de. la croix, il ressuscitait les morts, et il se tendait maître
des esprits et des cœurs par la vertu du Saint-Esprit. Comme
un autre saint Paul, il se faisait tout à tous; il regardait comme
un gain les fatigues, les souffrances, les dangers. Lorsque le Sei-
gneur lui faisait connaître ce qu'il aurait à souffrir, il s'écriait:
/ùicore plus Seigneur, encore plus! A l'égard des consolations
dont il était souvent comblé , il disait : Seigneur, c'est astez , Je
ne mérite pas d'être tant consolé!
Il mourut âgé de quarante-six ans, le 2 décembre 1552, dans
nie do Sancian, en vue de la Chine, où il se disposait à passer
pour y établir le royaume de Jésus-Christ. Son corps fut ren-
fermé dans une. grande caisse, à la manière des Chinois, et cette
caisse fut remplie de chaux vive, afin que, les chairs étant plus
tôt consumées, ou pût transporteries os àCroa. Le 17 février 1558,
on ouvrit ta caisse , et on trouva le visage frais et vermeil comme
celui d'un homme qui repose.
François Xavier fut béatifié par Paul V, en 1619, et canonisé
par Grégoire XV, en 1021. Le roi de Portugal obtint de Be-
noît XIV, en 1747, un bref portant que le serviteur de Dieu se-
rait honoré comme patron et protecteur de toutes les contrées
dvm Indes orientales.
4 décembre. — SAINT GLfctlENT D'ALEXANDRIE,
docteur. — 3I! siècle
Titus Flavius Clément , que quelques auteurs font Athénien
de naissance , commença ses études en Grèce. Il les continua
en Italie, dans l'Asie Mineure, dans l'Assyrie et la Palestine, et
les acheva en Egypte. Un désir incroyable de s'instruire lui fit
ainsi parcourir les différentes parties du monde. 11 eut entre autres
cinq maîtres célèbres : un dans la Grèce, qui était de la secte
ionique , deux dans la Calabrc , et deux en Orient. Quoiqu'il
fût très-versé dans la philosophie de Platon , il donnait la
préférence aux principes des stoïciens. Toutefois il ne voulait
tenir a aucune secte en particulier, se contentant de choisir
ce qui lui semblait meilleur partout où il le trouvait. Un des
maîtres qu'il eut en Palestine était Juif d'extraction; il paraît
même qu'il était chrétien. l,v. dernier qu'il écouta, et qu'il met
lui-même au-dessus de tous les autres, fut le célèbre Pantènc ,
4 décembre. — s. clément d'alexandhie. 469
qui était à la tête de l'école des catéchèses d'Alexandrie.
Clément, dont les études avaient pour objet la recherche de
la vérité , découvrit les erreurs de l'idolâtrie , et vit briller à ses
yeux la lumière de la foi. Quelque versé qu'il fût dans les diffé-
rentes branches de la littérature profane, il vit qu'il lui manquait
la plus essentielle des connaissances , celle de laquelle dépend
le bonheur de l'homme , et qui ne peut se trouver que dans la
▼raie religion. Il se mit donc à étudier la théologie, science qui,
tdon lui, n'a a* autre but qu'une vie perfectionnée par toutes
Us vertus. II nous apprend que quelques-uns des successeurs
immédiats des apôtres, qui avaient conservé la vraie tradition
de la bienheureuse doctrine enseignée par saint Pierre, saint
Jacques, saint Jean et saint Paul, vivaient encore de son temps.
« Ils sèment, disait-il, dans nos cœurs la divine semence qu'ils
ont reçue des apôtres leurs prédécesseurs. »
Pantène ayant été envoyé dans les Indes par l'évêque Démé-
trius, en 189, Clément lui succéda dans la place de catéchiste
d'Alexandrie , qu'il remplit avec un grand succès. On compte
parmi ses principaux disciples Origène et saint Alexandre, de-
pois évéque de Jérusalem et martyr. Sa méthode était d'ins-
truire ceux qui venaient l'écouter, de ce qu'il y avait de bon
dans la philosophie païenne, afin de les conduire par degrés
à la connaissance du christianisme. Pour le leur faire aimer et
leur inspirer le désir de l'embrasser, il insistait sur certains points
de morale que découvrent les lumières naturelles , et qui se trou-
vent semés dans les écrits des philosophes. Il fut ordonné
prêtre vers le commencement du règne de Sévère ; car Eusèbe
lui donne ce titre en 195.
La persécution qu'excita cet empereur, en 202 , l'obligea d'a-
bandonner son école. Il se retira dans la Cappadoce. Nous le
voyons à Jérusalem peu de temps après, et nous apprenons par
une lettre de saint Alexandre, évéque de cette ville, qu'il y prê-
cha avec beaucoup de zèle et de succès. De Jérusalem il se
rendit à Antioche Dans tous les lieux par lesquels il passait,
il encourageait les disciples de Jésus-Christ, et tâchait d'en aug-
menter le nombre. D' Antioche il revint à Alexandrie.
Les anciens ont donné de grands éloges à sa vertu et à son
savoir, et ces éloges se trouvent justifiés par ce qui nous reste
de ses écrits que nous ferons connaître en peu de mots.
Son Exhortation aux gentils a pour objet de faire 'sentir
VIES DES SA IMS. — T. II. 40
470 4 décembre. — sainte barbe, T. BT M.
l'absurdité de l'idolâtrie; et cette absurdité devient singulière-
ment frappante par le précis historique que donne l'auteur de la
mythologie païenne. II composa ensuite ses Stromaiei ou
Tapisseries, recueil de mélanges, divisé en huit livres et où il y
a peu d'ordre, mais qu'il avait fiait pour lui servir de répertoire
dans sa vieillesse, lorsque la mémoire viendrait à lui manquer.
Il est aussi remarquable qu'intéressant par l'érudition qui y
règne , et par l'abondance et la variété des matériaux qu'il ren-
ferme. Enlin , le Pédagogue de notre saint docteur, divisé en
trois livres , est un excellent abrégé de morale , où Ton voit de
quelle manière les bons chrétiens vivaient dans ces premiers
temps.
Saint Jérôme appelle saint Clément d'Alexandrie le plus sa-
vant des écrivains ecclésiastiques. Théodoret dit qu'il surpassait
tous les autres par l'étendue de ses connaissances. Saint Alexan-
dre de Jérusalem et les anciens auteurs font de grands éloges
de la sainteté de sa vie.
Saint Clément mourut à Alexandrie, avant la fin du règne de
Caracalla, qui fut assassiné en l'an 217. On ne trouve point son
nom dans le martyrologe romain ; mais il est dans celui d'U-
guard , qui a été longtemps en usage dans la plupart des églises
de France.
4 décembre. — SAINTE BARBE, viebge et mabtybb. —
4e siècle.
Barbe, native de JNicomédie, était fille de Dioscore, moins dis-
tingué par sa noblesse que par son attachement a l'idolâtrie.
Cette vierge pieuse parvint bientôt, à l'aide de la grâce divine, ù
connaître les choses invisibles de Dieu par le moyen des choses
visibles. Dès lors die ne voulut plus penser qu'à Dieu et à l'é-
ternité. Son père, pour cacher aux regards des hommes sa rare
beauté, l'enferma dans une tour. Là, uniquement appliquée à b
méditation et à la prière , Barbe, qui n'avait d'autre désir que
de plaire à Dieu, refusa les alliances illustres que son père lui
proposa. Dioscore, dans l'espoir de triompher plus aisément de
i>a résistance, se décida à la quitter pour quelque temps; mais
afin que rien ne lui manquât, il fit construire une salle de foi»
dans la tour qu'elle habitait. Ensuite il partit pour une contrée
lointaine.
4 décembre. — sainte bjlkbe, v. et m. 471
En l'absence de son père, Barbe fit ajouter aux deux fenêtres
de sa tour une troisième ouverture en l'honneur de la divine
Trinité, et elle traça sur sa baignoire le signe vénéré de la croix.
Quand Dioscorc à son retour vit ces choses nouvelles et qu'il
ai apprit la signification , il s'emporta contre sa fille avec tant
de violence, qu'il se précipita sur elle l'épée à la main, et
mgnsrri de la tuer dans sa fureur. Mais Dieu vint au secours de
m servante. La chute d'un énorme rocher favorisa la fuite de
la vierge chrétienne , et lui procura un passage par où elle put
atteindre le sommet d'une montagne et se cacher ensuite dans
une caverne. Dioscore, l'y avant découverte, l'accabla inhumai-
nement de coups, la foula aux pieds; puis la saisissant par les
cheveux, il finit par la livrer au gouverneur Martien, qui devait
la punir à cause de sa foi.
Cet homme impie employa tous les moyens pour la séduire .
mais ce fut inutilement. Barbe , dépouillée de ses vêtements , fut
frappée par les ordres du tyran à coups de nerfs de bœuf. Bien-
tôt après on raviva ses blessures avec des têts de pots cassés ,
et on la jeta en prison. Jésus-Christ lur apparut avec une vive
lumière, et la remplit d'une force merveilleuse, afin de l'aider
à supporter les derniers tourments. A la vue de ce prodige,
une femme nommée Julienne se convertit et partagea avec la
sainte la palme du martyre. Quant à la vierge, elle eut les mem-
bres déchirés par des ongles de fer, les côtés brûlés avec des
torches , la tête brisée à coups de maillet. Au milieu de ees cruels
supplices , elle consolait sa compagne et l'exhortait à combattre
jusqu'à la mort. Enfin on leur coupa le sein à toutes deux, et on
les traîna nues sur les places publiques. Alors Dioscore agissant
comme le père le plus dénaturé, ou plutôt comme un monstre
étranger à l'humanité, trancha de sa propre main la tête de sa fille,
qui consomma ainsi son glorieux martyre en Tan de J. C. 306*
L'affreuse cruauté de Dioscore ne demeura pas longtemps im-
punie , car ce misérable périt sur le lieu même , frappé de la
foudre. Le corps de la bienheureuse vierge fut transféré de
Nicomédie à Constantinople par les soins de l'empereur Justin.
Dans la suite les Vénitiens obtinrent en don des empereurs grecs
ees saintes reliques, qu'ils placèrent solennellement dans la
basilique de Saint-Marc, à Venise. En dernier lieu ce précieux
corps fut transporté dans l'église des religieuses de Saint-Jean
TÉvangéliste , au diocèse de Torcellano.
472 4 décembre. — s. piebiie chrysologui, abch.
4 décembre. — SAINT PIKRRK CHRYSOLOGUE, 4BCHK-
YÊQUE DE RaYENNE, CONFESSEUR ET DOCTEUR DB l/f>
glisk. — 5e siècle.
Saint Pierre, surnommé Chrysologue ou Éloquent, est né à
Imola , ville épiscopale de l'État ecclésiastique. II fut instruit
dans les saintes lettres, et ordonné diacre par Corneille, évéque
de cette ville. Ce fut sous la conduite de ce savant et saûit prélat,
dont notre saint fait l'éloge dans ses ouvrages, eu l'appelant son
père, qu'il apprit à maîtriser ses passions, à tendre à la per-
fection par les exercices de la vie intérieure. Pour se revêtir enfin
de l'esprit de Jésus-Christ, il embrassa l'état monastique, et ne
sortit de la solitude que quand on le chargea du gouvernement
de l'église de Ravenne. Jean , archevêque de cette ville, étant
mort en 430 , le clergé et le peuple lui choisirent un successeur,
et prièrent Corneille, évêque d'Imola, de se joindre à leurs dé-
putés qui allaient à Rome demander la confirmation de l'élection
qu'ils avaient faite. Xiste III occupait alors le saint-siège; Cor-
neille prit avec lui Pierre Chrysologue , qui n'était encore que
diacre. Le pape refusa de ratifier l'élection faite pour le siège de
Ravenne, et proposa d'y placer le diacre Pierre, comme celui
que le ciel y destinait. Les députés de Ravenne, après quelques
difficultés de leur part T se rendirent au désir du pape. Pierre
fut sacré évêque.
On le conduisit à Ravenne , où il fut reçu avec des démons-
trations de respect et de joie. Le nouvel évêque implora d'abord,
par la prière et le jeûne , les grâces de Dieu sur son peuple «*t
sur lui-même; et soit par ses exemples, soit par -es discours,
il travailla à la réforme des abus qui s'étaieut introduits, à extir-
per les restes des superstitions païennes , et à sanctifier tous les
états par tous les moyens que le zèle pastoral peut inspirer. Il
recommandait surtout la prière , l'aumône , la mortification des
sens, et exhortait les fidèles à la fréquentation de l'adorable
sacrement de l'eucharistie. Son zèle pour l'extirpation des hé-
résies et le maintien de la paix de l'Église se manifesta par
la fermeté avec laquelle il répondit à l'hérésiarque Eutychès , qui
lui avait adressé une sorte d'apologie de ses erreurs. Notre saint
reçut à Ravenne, en 448, saint Germain d'Auxerre. Ces deux
grands évêques étaient liés d'une amitié étroite ; et quand saint
4 décembre. — s. réparât et ses comp. m. 475
Germain mourut, Pierre lui rendit les plus grands honneurs
funèbres, et regarda comme un bonheur pour lui d'hériter de
son capuchon et de son cilice. Il ne lui survécut pas longtemps.
Averti par ses infirmités , et sentant que sa mort approchait , il
voulut retourner à Imola , sa patrie. Il y mourut le 2 décembre
450, et fut enterré dans l'église de Saint-Cassien, à laquelle
il avait fait quelques riches présents.
4 décembre. — SAINT RÉPARÂT ET SES COMPAGNONS ,
martyrs. — 5e siècle.
L'an de Jésus-Christ 484 , Hunéric, roi des Vandales d'Afri-
que, renouvela la persécution qu'il avait déjà fait souffrir aux
catholiques de ses États, pour les obliger de confesser avec lui ,
selon les dogmes impies d'Arius, que Jésus-Christ n'était pas
Dieu ni de même substance que son Père. II bannit les évéques ,
et envoya en même temps des bourreaux par toute l'Afrique,
avec ordre de n'avoir égard ni à l'âge ni au sexe de ceux qui
refuseraient de lui obéir. On fit mourir les uns à coups de bâton ;
on pendit et on brûla les autres ; on dépouilla les femmes , prin-
cipalement celles des familles nobles, pour les fouetter publi-
quement.
A Typase , dans la Mauritanie , les catholiques , voyant qu'on
leur donnait un évêque arien des plus violents, prirent la réso-
lution de s'embarquer tous pour passer en Espagne. La plus
grande partie l'exécuta. Il n'en resta qu'un petit nombre, faute
de vaisseaux. L'évêque arien s'efforça de les pervertir; mais Dieu
les fortifia tellement, qu'ils ne furent ébranlés ni par ses caresses,
ni par ses menaces, et se séparèrent de lui pour célébrer les
saints mystères. Ce faux évêque, bien éloigné de la douceur qui
convient à son état et à un bon pasteur, écrivit contre eux à
Hunéric. Le roi , irrité de voir qu'on ne lui obéissait pas plutôt
qu'à Dieu, envoya des commissaires, avec ordre de faire assem-
bler tous les catholiques de la ville dans la place publique, et de
leur faire couper à tous la langue et la main droite. Cet ordre
cruel fut exécuté avec une extrême rigueur ; mais, par un effet
de la puissance de Dieu , qui voulait couvrir ces barbares de
confusion, quoiqu'on eût coupé aux fidèles la langue jusqu'à la
racine , ils ne laissèrent pas de parler aussi bien qu'auparavant.
Saiut Victor, évêque de Vite , qui vivait aiors , et qui a eu aussi
40,
474 6 décembre. — S SABAt * AM** ■ . il
:i souffrir de cette persécution, nui tr*snrûsjsasjii lis te mferack',
et assure que eus confesseurs de ta foi pariâttl sa**» lacsqu' 1
écrivît cette histoire, trois ou quatre ans apaè* sjaftj* johej* ;
fut arrivée. Si quelqu'un eu douta» ajouta l s% jnWjSslsÂàBftSjfr î
tantinople, et il trouvera entre autres un sous-diacre, noané
Rqnurat , qui parle nettement sans aucune peine , et qui, pour
cette raison, est singulièrement honoré dans le palais do fanse-
rcur Zenon, principalement de rimpératrice. Victor n'est pas le
seul témoin de ce miracle. Knée de Gaze, philosophe platonkin
qui ne doit être suspect de crédulité à personne , dit en termes
très-formels qu'il a vu et entendu parler ces victimes. L'historien
l>rocope en rend aussi un témoignage positif. Le comte Marcetia,
dans sa chronique, rapporte également qu'il a vu un de
confesseurs. I /empereur Justinien déclare aussi Farcir vu,
une loi qu'il fit depuis en faveur de l'Afrique.
IX1 sorte que voilà un miracle des plus avérés qu'on puisse
souhaiter, et contre la certitude duquel il n'y a pas d'incrédulité
qui puisse tenir. 11 est rapporté par cinq témoins contemporains
et oculaires. Ils disent tous qu'ils ont vu. Ils sont tous de dif-
férentes professions et de différents pays , nullement intéressés à
nous en imposer ; tous cinq sont personnages d'autorité et de
poids. C'est un évèque, c'est un philosophe, c'est un historien,
c'est un chroniqueur, c'est enfin un empereur qui en parle dans
une loi fuite pour le pays même où la chose était arrivée. Qui
pourrait en douter après des témoignages si authentiques et si
concordants?
5 décembre. — SAINT SABAS, ABBÉ. — e* siècle.
Sabas vint au monde vers Tan 439, à Mutalasqne près Cé-
snrée, en Cappadocc. Son père, nommé Jean, et sa mère,
nommée Sophie , étaient des plus considérables du pays par leur
noblesse et par leur vertu. Son père, qui était officier dans
l'armée , fut obligé d'aller en Egypte. Gomme il emmenait sa
femme avec lui, il mit son fils, âgé de cinq ans, et tous ses biens
entre les mains d'Hermias, frère de Sophie, pour en prendre son
pendant son absence. Il y avait à peine trois ans que le jeune
Sabas y était , que, ne pouvant plus supporter la mauvaise hu-
meur de sa tante , il se vit obligé de se retirer chez un onde pa-
ternel, nommé Ci regoire, qui demeurait dans un village voisir.
5 décembre, — s. sabas, abbé. 475
lire, étant chargé de l'éducation de l'enfant, voulut aussi
«foir l'administration des biens , ce qui occasionna de grandes
dtaputes entre lui et Hermias. Sabas, tout jeune qu'il était, fut
très-sensible à ce différend, dont un vil intérêt était la cause,
et H résolut de se retirer du monde. Il alla se présenter à un
monastère nommé Flavianne, à une lieue de sa patrie. Le
supérieur le reçut avec bienveillance, et le fit instruire avec soin
dans la science des saints et la pratique des observances monas-
tiques. Pendant quelque temps , les oncles de Sabas s'occupaient
peu de ce qu'il était devenu : à la fin, rougissant de leur conduite,
is lui proposèrent de quitter le monastère et de l'établir dans
te monde ; mais le jeune homme persista dans la résolution de
ne penser qu'aux biens éternels.
A Tâge de 18 ans, Sabas demanda et obtint la permission .
d'aller à Jérusalem pour y visiter les lieux sanctifiés par la pré*
sence corporelle de Jésus-Christ , et pour s'édifier par l'exemple
des solitaires des déserts voisins. L'abbé avait fait d'abord quel-
que difficulté; ensuite, persuadé que cette pensée venait de
Dieu, il lui donna sa bénédiction et le laissa partir. Sabas passa
l'hiver à Jérusalem dans le monastère de saint Passarion,
gouverné par un bon vieillard, nommé Elpide. On y fut si
charmé de ses vertus, qu'on ne désirait rien tant que de le gar-
der ; mais son amour pour la retraite et pour le silence lui fit
préférer de se placer sous la conduite de saint Euthyme. Il
alla le trouver ; et , s' étant jeté à ses pieds , il le conjura , les
larmes aux yeux, de le recevoir au nombre de ses disciples.
Euthyme, le trouvant trop jeune pour vivre dans sa laure (1) , le
fit entrer dans un monastère gouverné par Théochiste , qui lui
ordonna plus tard d'accompagner un des frères qui allait à
Alexandrie. Ses parents, qui étaient dans cette ville, le recon-
nurent et mirent tout en œuvre pour lui faire abandonner l'état
qu'il avait embrassé; mais Sabas s'y refusa absolument, ne
voulant pas se rendre coupable d'apostasie envers Dieu. Ils le
pressèrent ensuite d'accepter une somme considérable pour ses
besoins ; mais il ne voulut recevoir que trois pièces d'or, qu'il
remit à son supérieur lorsqu'il entra au monastère.
Il demanda, à trente-cinq ans, la permission de passer cinq
( I ) jOr appelait ainsi, en Orient, d'anciens monastères dont les cellules
ëparses rà et là formaient une sorte de village.
470 & décembre. — s. sabas, abdé.
jours de la semaine dans une caverne écartée : on la lui accorda,
de l'avis de saint Kuthyme. 11 y pratiquait un jeûne rigoureux,
et partageait tout son temps entre la prière et le travail des mains.
Il sortait du monastère le dimanche au soir, chargé de bran-
ches de palmier, et y rentrait le samedi au matin avec cinquante
corbeilles qu'il avait faites.
Après la mort de saint Euthymc, Sabas se retira dans un dé-
sert vers l'Orient, où demeurait saint Gérasime. Il y avait un peu
plus de quarante ans que Sabas vivait dans cet éloignement
luuverscl du commerce des hommes, lorsqu'il fixa sa demeure
dans une caverne au-dessous de laquelle coule le torrent de
Cédron. Les herbes qui croissaient sur la montagne faisaient
toute sa nourriture. Des paysans, ayant découvert sa retraite,
furent surpris de voir un homme habiter un tel lieu, et conçu-
' rent une si grande idée de sa sainteté, qu'ils s'estimèrent heureux
de pouvoir lui rendre quelques services. Ils convinrent entre
eux de lui apporter, à certains jours , du pain et du fromage , des
dattes et autres choses dont il pouvait avoir besoin.
Sabas passa cinq ans sans autre compagnie que celle de Dieu.
Il lui vint ensuite plusieurs disciples , amenés par le désir de
servir le Seigneur dans la solitude , sous la conduite d'un homme
si expérimente dans ce genre de vie. Il eut peine d'abord à s'en
charger; mais sa charité l'emporta sur son humilité et son
amour pour la contemplation. Il fut bientôt à la tête de soixante-
dix (>ersonnes entièrement dévouées à la pratique des préceptes
de Jésus-Christ, et, continuellement occupées à prier Dieu. Il
assigna à chacun un lieu propre à bâtir une cellule. Comme on
manquait de bonne eau , il demanda au Très-Haut qu'il lui plût
de découvrir une fontaine à une distance peu éloignée. Après sa
prière, il fit creuser au pied de la montagne, et on trouva une
source qui coule encore aujourd'hui. 11 ût bâtir auprès de sa laure
une petite chapelle. Quand un prêtre venait pour visiter ces
lieux, il le priait de célébrer les divins mystères. Il veillait sur
tous ses disciples , et avait grand soin de pourvoir à leurs divers
besoins, de leur ôter tout prétexte de quitter leur solitude. Il eut
néanmoins la douleur d'en voir quelques-uns se révolter contre
lui et porter même des plaintes à Salluste, patriarche de Jéru-
salem, qui, les trouvant sans fondement, et reconnaissant que
le défaut de prêtre était sujet à trop d'inconvénients pour n'y
pas remédier, éleva Sabas au sacerdoce. I^s mécmlcutemenls
S décembre. — s. sabas, abbé. 477
tout de suite , et la paix fut rétablie. Sabas avait alors
cinquante-cinq ans. L'éclat de sa sainteté augmentait tous les
: il lui venait des disciples des contrées les plus éloignées.
père étant mort, sa mère vint le trouver pour servir Dieu
Ms sa conduite. Il employa l'argent qu'elle avait apporté à
bâtir des hôpitaux et des monastères.
A rexemple de saint Euthyme, Sabas faisait tous les ans une
ntraite après l'Epiphanie. Pendant le carême, il ne prenait
f autre nourriture que la sainte communion qu'il recevait le sa-
mtài et le dimanche. Ce fut dans une de ces retraites qu'il trouva
■i saint anachorète qui vivait depuis trente-huit ans dans une
profonde solitude, sans autre nourriture que les herbes qui crois-
aient autour du lieu où il s'était retiré.
Après la mort du patriarche Salluste , Sabas fut informé que
quelques-uns de ses moines voulaient se révolter de nouveau : il
son monastère et se retira dans le désert de Scythopolis,
il entra dans une caverne dans laquelle un lion faisait sa de-
L'antmal ne rentra qu'à minuit, et, trouvant le saint en-
dormi, il le prit doucement avec ses dents, par sa robe , pour le
porter dehors. Sabas se réveilla et ne fut point effrayé ; il se mit
en prières , et le lion sortit de sa caverne et n'y reparut plus. Des
▼oleurs, qui trouvèrent le saint dans cet antre , furent si touchés
de ses discours, qu'ils embrassèrent la vie pénitente. D'autres per-
sonnes vinrent lui demander à servir Dieu sous sa conduite ; mais
les fréquentes visites qu'il recevait, et les distractious que lui causa
la direction de ses disciples, lui firent abandonner ce lieu, où il
se forma plus tard un monastère. Il se retira près de Mcopolis,
dans un champ, sous un arbre. Le maître du champ lui bâtit une
cellule et voulut fournir à ses besoins. Bientôt il se forma un nou-
veau monastère en ce lieu ; mais le patriarche Èlie ordonna à Sabas
île donner un supérieur à cet établissement et de retourner à sa
laure, et écrivit aux religieux qui l'habitaient de recevoir leur an-
cien chef. Les moines rebelles devinrent furieux et se retirèrent
dans les ruines d'un ancien monastère. Leur départ fit renaître
la paix. Leur abbé leur envoya des secours, et parvint, par sa
charité , à les faire rentrer en eux-mêmes et à les amener à con-
fesser leur crime.
L'empereur Anastase , favorisant Teutychianisme, le patriarche
£Uc jugea à propos d'envoyer à Constantinople une députation
d'abbés, à la tête desquels il plaça Sabas. Leur mission n'obtint
478 6 décembre, — s. KicoLts, *r. i* ftr.
pas une con te ré: >; «pwem Ai
marques pan es respect. B tentai fltas mm*
titude, et en aonn r le règne de JMte% «m*
seur d'Anastasc, pour ailer a l rite et en "ftramr Itaft.'l!
instruisait les moines et les fidèles qui s'étaient laissé séduire pen-
dant la persécution, et en porta un grand nombre à abjurer
Thérésie. Une sécheresse extrême, qui affligea la Palestine pen-
dant cinq ans, fut suivie d'une famine générale. Par ses priera,
Sabas obtint du ciel une pluie abondante, qui répandit une joie
universelle dans tout le pays.
11 entreprit, à l'Age de quatre-vingt-onze ans, à la prière de Pierre,
patriarche de Jérusalem, un second voyage de Constantmople,
pour justifier les chrétiens de la Palestine qu'on avait calom-
niés. Il fut reçu honorablement par Justinien, qui régnait alors,
et qui lui accorda tout ce qu'il lui demandait.
Peu de temps après son retour dans sa laure, il tomba malade
et souffrit avec, une résignation admirable les douleurs les plus
aiguës. Sentant sa fin approcher, il désigna pour son successeur
Militas de liéryte, auquel il donna d'excellentes instructions. Il
mourut le 5 décembre 532, dans sa quatre-vingt-quatonieme
année.
<i décembre. — SAINT NICOLAS, kvéqub DB Myib
ET CONFESSEUR. — 4e siède.
La vénération des Eglises grecque et latine pour saint Nicolas,
depuis tant de siècles, et la multitude des temples bfttia sous son
invocation , sont des témoignages authentiques de son éminente
sainteté, et la gloire dont il jouit dans le ciel est attestée, dans
presque tout l'univers , par les miracles innombrables accordés
à la confiance des fidèles, qui ont réclamé son intercession auprès
<)e Dieu. On ne rapportera de sa vie, dont l'histoire entière
n'est point parvenue jusqu'aux temps présents, que les faits sur
lesquels les différents auteurs de ses actes paraissent d'accord.
On apprend d'eux que saint Nicolas est né à Patare, en Ly rie, et
que dès son enfance il observait le jeûne du mercredi et du ven-
dredi prescrit par l'Église. 11 embrassa la vie religieuse dans un
monastère*, près Myre, en Lyeie, où ses progrès dans les plus
hautes vertus le firent admirer : la charité la plus tendre pour les
malheureux le distingua principalement. On rapporte spéciale-
7 décembre. — s ambuoise, arch. de milan. 479
ment que, trois jeunes Allés pauvres se trouvant en danger de
perdre leur innocence, il pourvut à leurs besoins et les mit en état
de s'établir honnêtement.
La Lycie est une ancienne province de l'Asie où saint Paul
avait prêché l'Évangile. La ville de Myre, située à peu de distance
de la mer, en était la capitale. Il y avait un archevêché qui ,
dans les siècles suivants, compta jusqu'à trente-six suffra gants.
Ce grand siège étant devenu vacant, on élut pour le remplir saint
Nicolas , alors abbé du monastère où il avait embrassé la vie re-
ligieuse. Le don des miracles que Dieu lui accorda dans un degré
éminent , une piété extraordinaire, un zèle ardent et infatigable,
rendirent partout son nom célèbre. Les historiens grecs de sa
vie s'accordent à dire qu'il fut emprisonné pour la foi, qu'il con-
fessa généreusement Jésus-Christ sur la fin de la persécution de
Dioctétien, et qu'il assista au concile général de Nicée où fut con-
damné l'arianisme. Ce saint mourut à Myre , et fut enterré dans
la cathédrale. L'Histoire de la translation de ses reliques en 1087
à Bari , ville maritime située sur un golfe de la mer Adriatique ,
met la mort de saint Nicolas en 342.
7 décembre. — SAINT AMBROISE, archevêque de Milan,
CONFESSEUR ET DOCTEUR DE L'ÉGLISE. — 4e Siècle.
Ambroise vint au monde vers l'an 340 , dans les Gaules, où son
père , du même nom que lui , était alors préfet du prétoire. Sa
mère , après la mort de son mari qu'elle perdit peu de temps
après la naissance de cet enfant, alla demeurer à Rome, où elle
lui fit faire de bonnes études sous d'habiles maîtres qui prenaient
un grand soin de cultiver son esprit, pendant qu'elle veillait sur
ses mœurs. Ayant fait beaucoup de progrès dans l'éloquence , il
se mit dans le barreau, et plaida quelque temps dans l'auditoire
de Probus, préfet du prétoire d'Italie. Ce préfet, charme des
belles qualités et de l'éloquence d' Ambroise, le ût son succes-
seur, et bientôt après , avec l'agrément de l'empereur Valenti-
nien Ier, il l'établit gouverneur de la Ligurie , et lui dit en l'en-
voyant dans la province : « Allez, agissez non en juge, mais en
évéque. » Milan était la capitale de ce gouvernement, et le séjour
assez ordinaire des empereurs en Occident. Fidèle à ce conseil,
Ambroise se fit admirer par sa douceur, sa vigilance et sa probité.
Il y avait depuis vingt ans dans cette ville un évéque arien ,
•!B0 7 décembre. — s. aubroise, auch. de 11ILAN.
nommé Auxence qui moumt en 374. Les évéques assemblés à
Milan, pour lui donner un successeur, se trouvèrent dans un grand
embarras : car les orthodoxes d'un côté, et les ariens de l'autre,
voulaient chacun un évéque de leur sentiment. Comme on était
près d'en venir aux mains , Ambroise , qui par sa charge devait
veiller à la tranquillité publique , alla à l'église , et parla au peuple
pour le porter à faire l'élection sans tumulte. Il parlait encore,
lorsque toute rassemblée , catholiques et ariens , s'écrièrent tout
d'une voix : ambroise évéque. On dit que ce fut un enfant qui
cria le premier trois fois : Ambroise évéque , et que le peuple
répéta avec joie : Ambroise évéque. Ce qui est certain, c'est que
tous les esprits se trouvèrent réunis comme par un miracle , et
s'accordèrent à le demander pour évéque.
Ce choix avait d'abord surpris tout le monde, Ambroise encore
plus que les autres; mais il fut le seul qui ne changeât pas tout de
suite de sentiment : il ne se croyait même pas digne du rang de
simple fidèle dans l'église , n'étant encore que catéchumène. Il
différait de se faire baptiser, parce qu'il appréhendait beaucoup
de perdre l'innocence du baptême. Il employa toutes sortes de
raisons pour porter le peuple à changer de résolution. Voyant que,
malgré ses remontrances, on persistait à vouloir qu'il fût évéque,
il sortit de la ville pendant la nuit pour se retirer à Pavie ; mais
Dieu permit qu'après avoir bien marché, il s'égarât et se trouvât
le lendemain matin à une porte de Milan. Le peuple lui donna
alors des gardes pour l'empêcher de s'échapper de nouveau. On
envoya à l'empereur Valentinien une relation de tout ce qui s'é-
tait passé , et on le pria de donner son consentement à l'élection
d' Ambroise; cette formalité était nécessaire, parce que l'élu était
un de ses officiers. L'empereur, qui était alors à Trêves, répondit
qu'il voyait avec plaisir qu'on eût jugé digne de l'épiscopatunde
ceux qu'il avait choisis pour gouverneurs et pour juges. Ambroise
s'enfuit encore, et fut se cacher dans la maison d'un sénateur de
ses intimes amis; mais, le gouverneur ayant publié un ordre sé-
vère contre ceux qui le cacheraient, il fut obligé de paraître, et,
bien qu'il fit valoir l'autorité des saints canons qui ne voulaient
pas qu'on élevât au sacerdoce un simple catéchumène comme lui,
il fut contraint de céder : après avoir reçu le baptême et succes-
sivement les saints ordres, il fut sacré évéque le 7 décembre 374,
à l'âge de trente-quatre ans.
Depuis son ordination jusqu'à sa mort , il vécut dans une absti-
7 décembre. -*• s. ambboise, arc», de milan. 481
Menée extraordinaire. Quoiqu'il travaillât beaucoup, il jeûnait
presque continuellement, ne dînant que le samedi (1), le dimanche
et tes jours de fêtes des plus célèbres martyrs. Il donnait quel-
quefois à manger aux grands de l'empire ; mais il n'allait jamais
manger hors de chez loi , quelque prière qu'on lui en fit. Il en
npporte la raison dans son Traité des Offices : Les festins, dit-il,
Occupent et amusent trop ; ils inspirent l'amour de la bonne chère,
ft obligent d'entendre des discours qui ne roulent le plus souvent
S sur les plaisirs et les maximes du monde. On ne peut pas
défendre : il faut les écouter malgré soi , ou Ton passe pour
lire trop rigide et trop sévère. On s'y laisse insensiblement aller
à boire comme les autres, quoique d'abord avec répugnance. Il
vaut bien mieux demeurer chez soi , et s'en excuser une fois pour
tfmtes, que de s'y embarquer mal à propos ; mais si l'on y va, il
finit quitter la table après avoir mangé sobrement , pour n'être
pas complice de l'intempérance des autres. Il avait encore pour
maxime de ne se mêler jamais de mariage, et de ne procurer à
personne aucune charge à la cour, pour n'être pas responsable
des suites. Son assiduité à la prière était si grande, que, sans
parler de l'office de l'église , où il ne manquait jamais , il y em-
ployait encore la meilleure partie de la nuit.
Les bornes dans lesquelles il faut se resserrer ne permettent
pas d'entrer dans le détail de tout ce qu'a fait et de tout ce qu'a
souffert saint Ambroise dans l'exercice de son ministère : il faut
se contenter de rapporter un trait éclatant de sa fermeté pour la
discipline de l'Église. L'empereur Théodose avait d'excellentes
qualités, mais se laissait aisément emporter contre ceux qui l'a-
vaient offensé. La ville de Th essai onique eut le malheur d'encourir
sa disgrâce pour une sédition excitée contre son gouverneur. Am-
broise et les autres évêques avaient intercédé pour ces séditieux
qui reconnaissaient leur faute, et ils avaient fait promettre à
l'empereur qu'il leur pardonnerait. Néanmoins, pressé par les
instances des principaux officiers de sa cour, qui lui représen-
taient qu'il était d'une dangereuse conséquence de laisser ces vio-
lences impunies , il prit la résolution d'en tirer une vengeance
éclatante , avant que l'évéquc de Milan sût rien de son dessein.
Sepfenrille personnes périrent dans le massacre qu'on fit dans cette
ville.
(1) On ne jeûnait point le samedi dans l'église de Milan.
41
•182 7 décembre. — s. ambboise , arch. de milan*
On fut étrangement surpris à Milan d'apprendre cette triste
nouvelle. Quand Ambroise sut que Théodose revenait, il en sortit
pour lui donner le temps de réfléchir sur cette cruelle expédition.
U jugea même à propos de lui écrire pour le reprendre fortement
de son crime, et l'exhorter à en faire pénitence , afin de pouvoir
ftre admis aux saints mystères comme auparavant. On lisait entre
autres choses dans cette lettre : Si le prêtre, dit Ezéchiel, n'a-
vertit pas le pécheur, celui-ci mourra dans son péché, et le prêtre
sera coupable de ne l'avoir pas averti. Le péché ne s'efface que
par des larmes, et le Seigneur ne pardonne qu'à ceux qui font
pénitence. Il finit par ces paroles : Je vous aime , je vous chéris,
je prie pour vous. Si vous le croyez , rendez-vous à mes conseils,
et reconnaissez la vérité de mes paroles : si vous no le croyez
pas , ne trouvez pas mauvais que je donne à Dieu la préférence.
Peu de temps après , le saint prélat , ayant su que l'empereur
venait à l'église, alla au-devant de lui et lui en refusa l'entrée,
lui disant : Il semble , Seigneur, que vous ne comprenez pas en-
core toute Ténormité de votre crime. Peut-être que la grandeur
de votre dignité vous éblouit , et vous empêche de connaître vos
faiblesses en aveuglant votre raison. Sachez que vous êtes homme
comme les autres -, ne vous laissez pas éblouir par la pourpre qui
vous couvre. Comment donc entreprenez-vous d'entrer dans le
temple du Seigneur? Oseriez-vous étendre vos mains encore
teintes du sang innocent que vous avez répandu , pour recevoir
le corps sacré de Jésus-Christ ? Oseriez-vous recevoir son sang
adorable dans cette bouche qui a commandé un si grand mas-
sacre? Retirez-vous, prince, et if ajoutez pas un nouveau crime
« celui que vous avez déjà commis. Théodose, sensiblement touché
de ce discours, resta quelque temps les yeux baissés, sans rien
dire ; après quoi il répondit d'un ton modeste qu'il reconnaissait
combien il était coupable , mais qu'il espérait que Dieu , qui avait
pardonné à David , aurait aussi égard à sa faiblesse. Puisque vous
l'avez imité dans son péché , repartit Ambroise , imitez-le donc
aussi dans sa pénitence. Théodose se soumit, accepta la pénitence
canonique qui lui fut imposée ; puis , les larmes aux yeux, se re-
tira dans son palais : il resta huit mois entiers éloigné des sa-
crements, et vivant dans les exercices propres aux pénitents
publics. Le jour de Noël, il pleura encore plus amèrement en
pensant qu'il était exclu de l'assemblée des fidèles. Ruûn, un de
ses officiers, l'avant trouvé dans cette affliction, lui en demanda
7 décembre. — s. ambroise, arch. de milan. 483
la cause. L'empereur lui répondit : Je pleure et je gémis en con-
sidérant que le temple de Dieu est ouvert au dernier de mes su-
jets, tandis qu'il est fermé pour moi. Ruûn, plus habile cour-
tisan que bon chrétien , tâcha de consoler son maître par des
raisons humaines et politiques, et d'affaiblir le repentir d'une
faute à laquelle il avait eu une grande part. Ne voyant pas d'ap-
parence de pouvoir ôter de l'esprit de l'empereur la crainte re-
ligieuse que les remontrances d'Ambroise y avaient fait naître ,
Rufin lui proposa d'aller de sa part trouver l'évéque, ajoutant
qu'il espérait lui persuader de l'absoudre. Vous ne réussirez pas,
dît Théodose ; je connais la justice de son jugement, et toute la
puissance impériale ne lui fera rien faire contre la loi de Dieu.
Néanmoins Théodose céda aux instances de Rufin, et se décida
même à le suivre. Dès que l'évéque aperçut le courtisan, il lui
dit qu'il n'était pas propre à être le médiateur de l'absolution d'un
crime dont il était un des premiers auteurs , et qu'il ne devait
pensera cette affaire que pour pleurer les mauvais conseils qu'il
avait donnés à son maître. Rufin fut insensible à ces reproches;
il fit tous ses efforts pour toucher le prélat, et l'avertit enfin que
l'empereur venait à l'église. Ambroise, sans s'étonner, lui dit :
Je vous déclare que je l'empêcherai bien d'y entrer. S'il veut em-
ployer la force et agir en tyran , je suis prêt à souffrir la mort.
Rufin donna aussitôt avis à Théodose de cette résolution de l'é-
véque , et lui conseilla de rentrer dans son palais ; mais , comme
ce prince était déjà au milieu de la place , il ne jugea pas à propos
de s'en retourner. J'irai, dit-il, et je recevrai l'affront que je mé-
rite. L'empereur, étant arrivé à l'église , n'y entra pas : il attendit
l'évéque dans la salle d'audience , et le pria de lui donner l'abso-
lution. Il lui dit : Je vous prie de me délivrer des liens de Pex-
communication, et de ne me pas fermer la porte du salut, que le
Seigneur a ouverte à ceux qui font pénitence. — Quelle pénitence
avez- vous donc faite? demanda Ambroise. — C'est à vous, dit
Théodose , à me prescrire ce que je dois faire ; je viens à vous
comme au médecin de mon âme. L'évéque le condamna à une pé-
nitence publique. L'empereur s'y soumit , et alors Ambroise leva
l'excommunication , et lui permit d'entrer dans l'église. Ce prince
ne fit pas sa prière debout, ni à genoux, comme les autres fidèles;
mais , ayant ôté ses ornements impériaux , qu'il ne reprit point
pendant tout le temps de sa pénitence , il se prosterna sur le pavé,
répétant ces paroles de David : Ma bouche est collée à la terre i
484 7 décembre. — sainte pàbe, v. et àbb.
rendez-moi la vie selon vos promesses. Il resta pendant le ser-
vice divin dans cette posture humiliante , arrosant le pavé de ses
larmes et demandant à Dieu miséricorde.
Saint Ambroise mourut le samedi 4 avril , Tan 397. 11 avait été
évêque vingt et un ans quatre mois, et avait vécu cinquante-sept
ans. Dieu fît connaître sa sainteté, avant et après sa mort, par plu-
sieurs miracles qui sont rapportés par des témoins oculaires.
7 décembre. — SAINTE FARE, vierge et âbbessb.
— 7e siècle.
Sainte Fare était fille d'Agnéric, un des principaux officiers de
la cour de Théodebert, roi d'Austrasie, et sa mère se nommait Léo-
degonde. Elle eut, outre une sœur appelée Agnétude, deux frères
qui méritèrent aussi d'être regardés comme saints : Gagnoald,
qui prit l'habit à Luxeuil sous saint Golomban, vers Tan 594;
et Faron, qui devint évéque de Meaux. Agnéric, leur père, ha»
bitait dans un lieu appelé Pipimisium, à deux lieues de Meaux.
Ce fut dans sa maison que logea saint Golomban, lorsque ses en-
nemis l'eurent fait chasser de Luxeuil, en 610. Saint Gagnoald»
qui suivit le saint abbé en Suisse , l'introduisit sans doute citez
son père. Colomban donna sa bénédiction à toute la famille d'A-
gnéric ; mais quand il fut venu à Fare, il la consacra au Seigneur
d'une manière particulière. Fare était encore fort jeune.
Lorsqu'elle fut en âge d'être mariée , on lui proposa un parti
digne d'elle ; mais elle déclara qu'elle voulait rester vierge. Son
père s'opposant à son dessein , elle en conçut une vive douleur :
elle tomba même dans une maladie de langueur qui Ût craindre
pour sa vie. Heureusement que saint Eustase passa chez son père.
11 venait rendre compte à Clotaire II du voyage qu'il avait fait
à Bobbio , en Italie , par l'ordre de ce prince. L'objet de ce voyage
avait été de presser saint Colomban de revenir en France. Eus*
tase était accompagné de Gagnoald, qui était retourné à Luxeuil
Lorsque son bienheureux maître quitta la Suisse. Fare lui décou-
vrit la résolution qu'elle avait prise de n'avoir jamais d'autre époux
que Jésus-Christ ; Eustase dit au père que la maladie de sa fille
venait de ce qu'il l'empêchait d'exécuter sa résolution, et qu'elle
iui mourrait s'il ne se rendait pas à ses pieux désirs. Il se mit
ensuite en prières , et lui rendit la santé en faisant sur elle le
8 décembre. — conception de la b. v. marie. 485
signe de la croix. Il la recommanda vivement à sa mère, et lui dit
de la préparer à recevoir le voile religieux, cérémonie qui se ferait
lorsqu'il reviendrait à la cour.
Mais à peine fut-il parti, qu'Agnéric persécuta de nouveau sa
fffie pour la faire consentir au mariage qu'il avait projeté. Fare
s'enfuit dans l'église ; et sur ce qu'on lui représentait que son père
la ferait tuer si elle n'obéissait, elle répondit généreusement :
« Pense-t-on m'eflrayer par la vue de la mort? Ce serait un grand
bonheur pour moi que de perdre la vie pour la cause que je dé-
fends , et pour ma fidélité à garder la promesse que j'ai faite à
Dieu. » Sur ces entrefaites arriva saint Eustase. Après avoir ré-
concilié le père et la fille, il engagea Gondoald, évêque de Meaux,
à- donner le voile à notre sainte. Ceci arriva en 614.
On met un an ou deux après la fondation du célèbre monas-
tère de Faremoutier. Agnéric donna l'emplacement, et fit cons-
truire les bâtiments. Le monastère étant double, saint Eustase
y envoya saint Gagnoald et saint Walbert. Quoique sainte Fare
fût encore fort jeune, elle fut élue abbesse du monastère, bâti
pour les personnes de son sexe. Aidée des conseils de Gagnoald
et de Walbert , elle y établit la règle de saint Colomban dans
toute sa pureté. Saint Faron , frère de sainte Fare, fut si touché
des exemples et des discours de sa sœur, qu'il abandonna le
monde pour se consacrer entièrement au service de Dieu. Il
fut depuis fort utile à l'abbesse de Faremoutiers dans les con-
tradictions qu'elle eut à essuyer.
La sainteté de Fare lui acquit une grande réputation jusque
dans les contrées les plus éloignées. Plusieurs princesses d'An-
gleterre passèrent la mer pour venir se mettre sous sa conduite.
Enfin elle alla recevoir dans le ciel la récompense de ses vertus,
le 3 avril, vers l'an 655. En 695 , on renferma dans une châsse
les reliques de sainte Fare, et il s'est opéré plusieurs miracles
par son intercession.
8 décembre. — LA CONCEPTION DE LA SAINTE VIKUGE.
Un Dieu fait homme , c'est-à-dire l'auteur et le maître de
toutes choses revêtu des infirmités de la nature humaine , et
abaissé jusqu'au raug de ses créatures pour les racheter par sa
mort, c'est un mystère si fort au-dessus de l'intelligence humaine,
rï qui renferme les preuves d'une si grande bonté, que tous les
41.
486 8 décembre. — conception de l\ b. v. uarie.
moments de la vie des chrétiens devraient être employés à lui
en témoigner leur reconnaissance.. Les patriarches, les prophètes
et les vrais Israélites soupiraient sans cesse après l'heureux mo-
ment où devait arriver un si grand prodige de miséricorde, et
les chrétiens ont commencé , dès le temps des apôtres, à con-
sacrer certains jours particuliers à la mémoire des principales
circonstances de cet ineffable bienfait.
On célébra d'abord les fêtes de la Résurrection de Jésus-Christ
et de la descente du Saint-Esprit , ensuite celle de la naissance de
Jésus-Christ, de sa manifestation aux Mages, de sa mort, de
son Ascension. Dans les siècles suivants, pour ranimer la fer-
veur des fidèles , à mesure qu'elle se ralentissait , on ajouta les
autres fêtes qui peuvent rappeler aux fidèles ce que le Verbe in-
carné a fait et souffert pour eux. Ce fut dans le même dessein
de multiplier les occasions de penser à la rédemption des hommes
et de les animer à mener une vie qui réponde à une si grande
grâce, que l'Église a jugé à propos d'instituer plusieurs fêtes en
l'honneur de la sainte Vierge Marie, que Dieu a remplie de grâces
pour la rendre digne d'être la Mère de Jésus-Christ. Après avoir
célébré pendant plusieurs siècles les fêtes de son Assomption et
de sa naissance , on commença aussi à faire celle de sa Concep-
tion, quia été sans tache, immaculée, selon le sentiment géné-
ralement reçu dans l'Église : sentiment qui n'a pas été défini
comme article de foi , mais qui est si respectable, que plusieurs
papes ont expressément défendu de l'attaquer dans les discus-
sions ou par des écrits. Cette fête a été confirmée par le concile
de Bâle.
Pour se conformer à l'esprit de l'Église dans l'institution de
cette fête , on doit ranimer aujourd'hui sa foi en considérant les
avantages qu'on a reçus de Dieu par le moyen de la sainte Vierge
en célébrant la mémoire de la Conception de celle que le Très-
1 laut avait destinée de toute éternité pour donner la naissance
temporelle à son Fils ; on doit travailler à imiter ses vertus, afin
que Jésus-Christ vienne aussi prendre naissance en nous.
La foi de la sainte Vierge n'était pas une foi morte. Elle était
remplie de grâce : elle vivait selon cette foi. Si les chrétiens veu
lent avoir part à son bonheur, ils doivent, à son exemple, ac-
complir les commandements de Dieu et les préceptes que son
divin Fils donne dans l'Évangile. C'est la sainte Vierge qui le re-
commande : « Faites ce qu'il vous dira. » Il est même certain
9 décembre. — sainte léocadie, y. et m. 487
que la dévotion que les Gdèles ont^pour son culte et que les hon-
neurs qu'on lui rend ne lui sont agréables qu'autant qu'on s'ef-
force en même temps d'obéir à Dieu. Elle veut bien servir de
médiatrice auprès du souverain médiateur des hommes, Jésus-
Christ; mais elle ne veut pas que la confiance qu'on a en son in-
tercession fasse négliger la grande et essentielle obligation , qui
est de servir Dieu en esprit et en vérité, et d'observer ses com-
mandements : on n'observe ses commandements qu'autant qu'on
«me Dieu et le prochain. Les fidèles doivent donc prier en ce
jour la sainte Vierge de leur obtenir cette grâce.
9 décembre. — SAINTE LÉOCADIE, vierge et martyre.
— 4e siècle.
•
Léocadie , vierge de Tolède , illustre par sa naissance et plus
encore par sa piété , souffrit le martyre sous le règne des em-
pereurs Dioctétien et Maximien , temps où s'exerçait contre l'É-
gjise de Dieu la plus cruelle des persécutions. Les chrétiens
étaient alors poursuivis dans tout l'univers et contraints de renier
la foi de Jésus-Christ, sous peine de subir la mort. Dacien ,
auquel les empereurs avaient remis le gouvernement de l'Es-
pagne , se rendit clans cette province pour y activer la persécu-
tion afin d'y abolir le culte du vrai Dieu. Il avait déjà par-
couru plusieurs villes, et ses ordres cruels les avaient consacrées
par le sang des martyrs. A Tolède , il fit venir Léocadie , et il
tâcha d'abord de la séduire par de douces paroles. Ensuite il
s'efforça de l'effrayer avec des menaces, afin de la faire re-
noncer à Jésus-Christ , mais la vierge ne témoigna que de l'hor-
reur pour ses discours impies. Alors on la jeta en prison , en ce
qu'elle était condamnée à changer de sentiments ou à souffrir
les plus affreux supplices. Pendant qu'on la menait à son cachot,
die rendait grâce à Dieu humblement de ce qu'il lui avait offert
l'occasion de verser son sang pour Jésus-Christ. Puis , tournant
un visage plein de sérénité vers ceux qui l'accompagnaient en
pleurant : Allons, leur dit-elle, soldats du Christ, félicitez-moi
d'avoir été jugée digne de soujfrir pour le nom de Jésus. Elle
languit longtemps dans une sombre prison. Mais enfin, ayant
appris quelle était l'atrocité des tourments que Dacien , dans sa
cruauté,- avait employés pour faire mourir une multitude de chrr-
488 9 décembre. — sainte gorgoxik, viebge.
tiens , elle fut touchée d'une pieuse douleur. S'inclinant devant
Dieu, elle le conjura pour que, s'il le jugeait convenable, il la
retirât de la prison de son corps pour la gloire du nom divin.
Klle fut exaucée ; car pendant qu'elle était appliquée à sa prière,
de sou corps , souillé par l'infection du cachot , son âme s'éleva
pure et sans tache vers le ciel. Cette bienheureuse fin eut lieu
vers Tan 304 Les restes de Léocadie furent ensevelis par les
chrétiens dans un faubourg de Tolède. Plus tard, trois églises,
qui existent encore, furent consacrées dans cette ville sous son
invocation. Ces églises ont été en si grand honneur, au temps des
(lOths, que ce fut principalement dans leur enceinte que se
tinrent les nombreux conciles de Tolède.
9 décembre. — SAINTE GORGONIE, viebge. — 4e siècle.
Gorgonie était fille de saint Grégoire , qui fut ensuite évéque
de Naziauze , et de sainte Nonne , et sœur de saint Grégoire de
Nazianze, patriarche de Constantinople, et de saint Césaire. Elle
fut élevée dans la piété par des parents éclairés et pleins de
religion. Elle était belle, spirituelle et instruite : elle parlait bien,
et avait beaucoup de discernement et une grande pénétration ;
mais toutes ces heureuses qualités extérieures ne lui servirent
que d'occasion pour pratiquer la vertu. L'exemple des autres
personnes de son sexe, entêtées des ajustements propres à
relever leur beauté , ne la porta point à prendre aucun soin de
la sienne. « Elle laissait , dit saint Grégoire de Nazianze , aux
comédiennes et aux femmes de mauvaise vie le fard , les cou-
leurs empruntées et les autres inventions de la vanité. Elle ne
voulait point d'autres ornements que ceux de l'âme. Loin de
fréquenter les lieux propres à se faire voir, elle se dérobait soi-
gneusement à la vue des hommes. Son génie vif et éélicat ne
paraissait qu'autant qu'elle y était forcée par les personnes qui
avaient recours à elle pour profiter de ses lumières et de ses
conseils. Ses avis et ses remontrances étaient accompagnés d'une
grande circonspection. Dès qu'elle n'était plus obligée de parler,
elle se renfermait en elle-même ; et , quoiqu'elle sût l'histoire
ancienne et l'histoire moderne, elle ne cherchait jamais l'occasion
d'eu parler. Elle avait grand soin de fermer les oreilles aux dis-
cours vains et inutiles; elle n'écoutait que ceux qui la portaient
9 décembre. — le b. pieebe fourbibr, conf. 48*
à Dieu 9 et n'en tenait elle-même que d'édifiants. Elle veillait
sur ses yeux, de peur que la curiosité ne les lui Ht
des objets capables d'exciter en elle des passions crimi-
Gorgonie n'était encore que catéchumène , lorsqu'elle menait
I* ne si chrétienne. La crainte qu'elle avait de ternir tant soit
peu la pureté de sa robe baptismale lui fit différer de recevoir
ce sacrement jusqu'aux dernières années de sa vie. Après avoir
ïeçu la grâce de la régénération , elle soupirait continuellement
après l'heureux moment qui la détacherait 'entièrement de ce
inonde pour la placer avec Jésus-Christ. Uniquement occupée
de l'éternité , elle se préparait à la mort comme à un jour de
fête , et rendit l'esprit en récitant ces paroles du prophète : « Je
dormirai et reposerai en paix. » Elle mourut entre les bras de sa
mère, vers l'an 372.
9 décembre. — LE BIENHEUREUX PIERRE FOURRIER,
confesseur. — 17e siècle.
Pierre Fourrier, dit le Père de Mattaincourt , parce qu'il fut
curé de la paroisse de ce nom , naquit à Mi recourt, ville du dio-
cèse de Toul, le 30 novembre 1565. Son père était médiocre-
ment favorisé des biens de la fortune , mais il avait une rare
piété. Pierre montra dès l 'enfance un amour extraordinaire
pour la pureté. On l'envoya à l'université de Pont-à-Mousson ,
pour y faire ses études , et il y obtint les plus grands succès. Il
avait une telle réputation de savoir et de sainteté, qu'on le
chargea de l'instruction de plusieurs enfants, quoiqu'il fût encore
jeune. Outre l'application au travail et la crainte du Seigneur ,
qu'il faisait en sorte de leur inspirer, il prenait un soin particu-
lier de la conservation de leur innocence.
Lorsqu'il eut atteint sa vingtième année, il entra dans l'abbaye
des chanoines réguliers de Chaumousey, peu éloignée de Mire-
court, laquelle avait été fondée en 1094. Ceux qui l'habitaient
alors étaient bien déchus de la ferveur de leurs premiers pères.
On fut d'abord étonné du choix de Pierre Fourrier ; mais on ne
douta pas ensuite qu'il n'eût été dirigé par des vues particulières
de la Providence. On le fit beaucoup souffrir dans son noviciat;
il ne se rebuta point, et fut admis à la profession Étant retourné
a Ponté-Mousson , pour y faire sa théologie , il s'y lia d'une
490 9 décembre. — le b. pierbe fourbie*, gonf.
étroite amitié avec deux hommes destinés comme lui à réformer
leur ordre : le père Servais de Lairuels et dom Didier de la Cour.
On dut au premier la réforme de Tordre de Prémontré, et au
second rétablissement de la congrégation de Saint- Vanne. Son
cours de théologie achevé, il retourna à Chaumousey, où sa
régularité et sa ferveur lui attirèrent toutes sortes de persécu-
tions de la part des plus relâchés de ses confrères, qui ne
voyaient dans sa conduite exemplaire que la censure secrète de
leurs dérèglements. Mais Pierre Fourrier souffrit sans se
plaindre, et avec une patience qui ne se démentit jamais. Enfin
on lui proposa de choisir entre trois cures. Il préféra celle de
Mattaincourt , parce qu'elle était plus pauvre , et qu'il y avait
plus de travail à y accomplir. Il en prit possession en 1597.
Cette paroisse était dans l'état le plus déplorable ; l'irréligion ou
l'hérésie en avait entièrement banni l'esprit de piété. Néanmoins
son zèle pastoral, qui était sans borne, parvint, avec l'aide de la
grâce divine, à la changer totalement , et à y faire régner dans
les cœurs la foi qui en était jadis absente. Il y établit même
plus tard la congrégation des filles de Notre-Dame , destinées à
l'instruction des enfants de leur sexe. Cet institut fut approuvé
par Paul V en 1615 et 1616.
Lorsque notre saint pasteur eut réglé tout ce qui concernait
ses filles spirituelles) il s'occupa de la réforme de sa propre
congrégation, afin de la mettre en état de rendre service à
l'Église par l'instruction de la jeunesse et par l'exercice des
fonctions du saint ministère. L'évéque de Toul , qui avait reçu
une commission du pape pour travailler à cette réforme, n'en
espéra de succès qu'autant que le Père de Mattaincourt l'aide-
rait de ses lumières et de ses exemples. Cette œuvre méritoire
réussit au delà de ses espérances. Les difficultés qu'on éprouva
d'abord s'aplanirent ; la reforme commença par quelques mai-
sons particulières, et devint bientôt générale. Ceux qui l'embras-
sèrent prirent le titre de Congrégation de Notre -Sauveur. On
on remit plus tard le gouvernement à Pierre Fourrier, qui
donna en cette occasion les plus grandes preuves de son humilité.
Sa douceur était inaltérable, et sa charité sans limites. Il rendait
le bien pour le mal , et ne se vengeait de ses ennemis que par
des services. Tant de vertus furent récompensées par le don de
prophétie et par celui des miracles.
La guerre qui troubla la Lorraine Payant obligé de fuir avec
10 décembre. — sahite eulalie de mébida. 431
une partie de ses enfants, il se retira à Gray en Bourgogne, où
fl passa deux ans. C'est dans cet intervalle de temps qu'il
mourut le 9 décembre 1636. Il fut béatifié le 29 janvier 1730,
rfaprès les preuves les plus authentiques de l'héroïsme de ses
vertus et de plusieurs miracles opérés par son intercession. On
conserve son corps à Mattaincourt.
10 décembre. — SAINTE EULALIE DE MÉRIDA, vierge
ET MARTYRE. — 4e Siècle.
Eulalie était d'une maison illustre de Mérida , en Espagne.
Dès l'eniance elle témoigna un grand amour pour l'état de
virginité; elle fit voir qu'elle était destinée pour le ciel , en
méprisant les jeux , les ornements et les plaisirs ordinaires des
enfants. Elle n'avait encore que douze ans , lorsqu'on publia à
Mérida les ordres de l'empereur Dioctétien pour forcer les chré-
tiens à sacrifier aux idoles. Eulalie, brûlant de zèle pour la
gloire de Dieu , ne souhaitait rien tant que de donner sa vie pour
Jésus-Christ ; mais les précautions de sa mère arrêtèrent pen-
dant quelque temps son ardeur, en la retenant cachée dans une
maison de campagne éloignée de la ville S'ennuyant d'un repos
qui lui paraissait indigne d'une chrétienne , cette jeune personne
parvint à ouvrir, la nuit , les portes de la maison et à s'évader.
Elle se mit en marche vers la ville à travers les champs, de peur
sans doute que, si elle suivait le chemin ordinaire, ceux qui
couraient après elle ne la rejoignissent et ne la ramenassent à
sa mère.
Elle arriva à Mérida avant le lever du soleil ; et dès le matin
elle se présenta hardiment devant le tribunal du gouverneur.
Elle lui reprocha la fureur qui le poussait à foire périr les âmes,
en les obligeant de renoncer au seul et véritable Dieu. Si vous
cherchez des chrétiens, dit-elle, me voici : ennemie de vos
sacrifices impies, je déteste vos idoles, et je confesse un seul Dieu
de cœur et de bouche. Vos divinités et vos empereurs même
ne sont rien , parce que les unes ne sont que les ouvrages des
hommes , et que les autres les adorent.
Le gouverneur, irrité de ce discours, essaya d'intimider Eula-
lie, en lui faisant voir les supplices horribles qui lui étaient pré-
parés , Fépée , les dents des bêtes et le fer, si elle persistait dans
*_*
491 10 décembre, — • 9. MMfcCMUM, ******
sa religion. Quelle difficulté, ajouta-t4t, de ftte* «açjfli «stnéwr
saire pour éviter ces malheurs? Vont eu wet «uuïgltf, ai ww
voûtes seulement toucher du bout des doigts sm ipsMJsYSjl *
d'encens. Cette feinte douceur fit sur elfe «s* lijtiftiaÊ
étrange ; et , n'écoutant que son zèle , elle eut la hardiesse ds
cracher au visage du juge , de renverser l'idole , et de fouler aux
pieds ce qu'on avait apprêté pour le sacrifice. Sur-le-champ
deux l>onrrcau\ lui déchirèrent les cotes jusqu'aux os avec des
ongles de fer, sans qu'elle fît autre chose que de compter loi
coups, disant que les plaies qu'on lui faisait étaient autant de
trophées de Jésus-Christ. Ou lui brûla ensuite la poitrine et
les flancs avec des torches ardentes. Au lieu des cris et des
gémissements, on n'entendait sortir de sa bouche que des actions
de grâces. Knlin le feu prit à ses cheveux épars, modal tantôt
à son visage et à sa tête, et en peu de temps die fut étouffe par
la flamme. Les chrétiens ensevelirent son corps près du Ksi de
son martyre , qui arriva vers Tan de J.C. 804.
10 décembre. — SAINT MKLCHIADE, pàpk. — 4e sjède.
IMclchiadc ou Miltiade succéda au saint pape Eusèbe le S juillet
31 1 , sous le règne de Maxencc. Constantin, ayant vaincu ce tyran
le 28 octobre de l'année suivante, publia des édita par lesquels
il permettait aux chrétiens le libre exercice de leur religion, et
leur accordait la liberté de b;\tir des églises. Parmi les lofa fa-
vorables au christianisme, il y on avait une qui exemptait le
clergé du fardeau des charges civiles. Kn outre , Constantin abolît
li s fêtes païennes et la célébration des mystères profanes qui
donnaient lieu à la corruption des mœurs.
Le saint pape Mclchiadc voyait avec joie se multiplier le nombre
des enfants de l'Kglise, et il travaillait avec zèle à étendre de
toutes parts le royaume de Jésus-Christ. Mais sa joie fut trou*
hlcc par les divisions intestines qu'excita le schisme des doua*
listes, qui avait pris naissance en Afrique. Dans un concile qui
rassembla dans le palais de Uitran, au mois d'octobre SIS,
J)onat, l'autour du schisme, en fut convaincu et condamne.
(Jjuaut aux évéques de son parti, il fut décidé qu'on leur laisse-
rait leurs sièges , s'ils revenaient à l'unité de PKglise. Saint Au-
gustin , parlant de la modération que le pape Ut paraître dans
10 décembre. — translat. de la s. macs, de lob. 498
»
cette circonstance, rappelle un homme excellent, un véritable
enfant de la paix , un vrai Père des chrétiens. Après sa mort
cependant , les donatistes essayèrent de noircir sa réputation par
b calomnie. Ils prétendirent qu'il avait livré les saintes Ecri-
tures aux persécuteurs. Saint Augustin le justifia, et Gt voir que
faccusation n'avait d'autre fondement que la méchanceté des
qnnemis du saint pape.
Melchiade mourut le 10 janvier 314, après avoir siégé deux
ans six mois et huit jours. Il fut enterré sur la voie Appienne
dans le cimetière de Calixte. On lit son nom dans le martyro-
ioge romain, et dans ceux de Bède , d'Adon, d'Usuard , etc. Quel-
ques calendriers lui donnent le titre de martyr, parce que sans
doute il avait souffert pour la foi dans les persécutions précédentes.
10 décembre — TRANSLATION DE LA SAINTE MAISON
DE LORETTE. — 13e siècle.
La maison où naquit la sainte Vierge, et que les mystères
divins avaient consacrée , pour qu'elle ne demeurât plus au pou-
voir des infidèles, fut transportée par le ministère des anges
d'abord en Dalmatie, ensuite sur le territoire de Lorette, dans
le Picentin , ou marche d'Ancônc. Ce miracle eut lieu sous le
pontificat de saint Cclestin V. C'est la même maison où le Verbe
s'est fait chair afin d'habiter parmi nous. On en a la preuve
non-seulement par le témoignage des bulles pontificales, et par
la vénération qui l'a rendue célèbre dans tout l'univers, mais
aussi par les miracles puissants qui s'y opèrent sans cesse , et la
grâce des bienfaits célestes qu'on y reçoit. Touché de toutes ces
choses, Innocent XII, pour accroître la ferveur des fidèles pour
le culte de la Mère de Dieu, laquelle mérite tant d'amour, or-
donna de célébrer chaque année dans toute la marche d'Ancône,
par une fête solennelle, l'anniversaire de la translation de la
sainte Maison de Nazareth, laquelle eut lieu successivement, en
Tan 1291 et en Tan 1204.
42
•194 11 décembre. — s. damase, pape et c.
1! décembre. — SAINT DAMASE, pape et confesseur.
— 4e siècle.
Damase, originaire d'Espagne , était fils d'un écrivain qui s'é-
tait établi à Rome, et y avait été lecteur, diacre et prêtre de
l'église de Saint-Laurent. Damase servit dan? l'église jusqu'à ce
qu'il fut promu à l'épiscopat. Il était diacre, lorsque l'empereur
Constance bannit de Rome le pape Libère. Damase s'engagea
par un serment solennel , ainsi que tout le clergé , à ne jamais
reconnaître d'autre évêque que lui. L'amour qu'il avait pour la
foi catholique lui fit prendre part aux persécutions de son pas-
teur. Il l'accompagna et resta quelque temps avec lui dans son
exil. Étant revenu à Rome, il continua de fortifier le peuple
dans la foi catholique par ses exemples et par ses discours. Il
eut aussi part au gouvernement de l'Église jusqu'à la mort
de Libère , arrivée en l'année 366. Damase avait alors plus de
soixante ans.
La plus grande et la plus sainte partie du clergé et du peuple
romain jeta les yeux sur lui pour en faire le conducteur de ce
grand troupeau. Cette élection fut traversée par l'ambition du
diacre Ursin ou Ursicin, qui, ne pouvant souffrir qu'on lui
eût préféré Damase, se fit élire par une troupe de séditieux;
mais Damase fut confirmé dans le siège de Rome, et Ursin
banni. Non-seulement il fut étranger à toutes les mesures de
l'autorité civile contre les schismatiques, mais encore il fit tous
ses efforts pour les ramener à l'unité. 11 ne se contenta pas
d'employer pour cela toutes les voies humaines, comme les
sollicitations, les remontrances, les prières; il s'adressa à celui
qui est le maître des cœurs. Il demanda l'intercession des saiols
martyrs auprès de Dieu , et obtint enfin ce qu'il souhaitait avec
tant d'ardeur.
Les troubles suscités par les schismatiques n'empêchaient pas
Damase de travailler à la conservation de la discipline ecclé-
siastique; il tint aussi à Rome un concile assez nombreux, pour
éteindre le reste de l'arianisme par la condamnation des évéques
nriens , et pour ramener à la foi catholique ceux que la crainte
en avait détachés sous l'empereur Constance.
Ce pape, plein d'humilité et très-charitable, s'occupait sans
2 décembre. — s. paul, év. de narbonre. 495
relâche de maintenir la pureté de la foi : les Ariens ont aussi
relevé l'innocence de ses mœurs et son savoir peu commun.
Celait, selon saint Jérôme, un docteur vierge d'une église
vierge. Théodore le met à la tête des docteurs qui ont illustre.
l'Église latine , et dit qu'il s'était rendu célèbre par sa vie si
saute, et qu'il ne négligea rien pour la défense de la doctrine
apostolique.
Oamase rendit un grand service à l'Église , en faisant connaître
Jérôme. Ce saint docteur était venu à Rome; l'évéque l'y
auprès de lui, et s'en servit pour répondre aux consul"
tarions des églises. Il profitait aussi avec plaisir de ses lumières
dans l'étude de l'Écriture.
Le samt pape, après avoir essuyé plusieurs combats pour la
foi, et avoir mené une vie pleine de bonnes oeuvres jusqu'à
l'âge de quatre-vingts ans , alla jouir de la récompense que Dieu
a promise à ses fidèles serviteurs , le 10 décembre 384.
12 décembre. — SAINT PAUL, 1er évéque de Narbonne.
— 1er siècle.
C'est en se fondant sur une ancienne tradition fort respectable
que l'on pense que Paul, premier évéque de Narbonne, et
disciple des Apôtres , est le même que le proconsul Serge-Paul ,
baptisé par l'apôtre saint Paul. Il appartenait à une des plus
illustres familles de Rome , et c'est lorsqu'il eut été envoyé dans
lUe de Chypre en qualité de proconsul, qu'il souhaita en-
tendre saint Paul , qui y prêchait l'Évangile. Le grand apôtre se
rencontra avec lui à Paphos, où Serge-Paul résidait. Ce ne fut pas
sans contradiction ni sans obstacle que cette entrevue eut lieu,
parce qu'il y avait auprès du proconsul un juif magicien,
nommé Élymas ou Bar-Jésu, qui faisait tout ce qui dépendait
de lui , pour l'empêcher d'embrasser la religion chrétienne. Ce-
pendant saint Paul, accompagné de saint Barnabe, son frère
dans l'apostolat, réussit à faire reconnaître au magistrat ro-
main la fausseté et la vanité du paganisme , et en même temps
il confondit Élymas, que Dieu rendit aveugle pour un certain
temps. On dit que ce fut par suite de la conversion de ce pro-
consul romain , que le grand Apôtre des Gentils prit le nom
d° Paul, puisque jusque-là il est toujours appelé Saul dans
4£6 1 * décembre. — 8. valïby , ASÉÉ. 4
les Actes des Apôtres, et que ce n'est que deptitt ttti* heureuse
conquête que saint Luc commence à rappeler FfeÉL ■ '■=■
Serge-Paul, après s'être dénuées fonctiefts liil<PSlsl|nliii<M,
et avoir mis ordre à toutes ses affaires, vint trouver saint Paul
a Rome. Ce grand apôtre, ayant été mis en liberté après deui
ans de prison, alla, à ce que Ton croit, porter la lumière de
l'Évangile dans les Gaules et en Espagne, ainsi qu'il l'avait
promis dans son Épîtrc aux Romains. Il emmena pour cet eflet
avec lui plusieurs saints missionnaires , du nombre desquels fut
rancira proconsul. Ce dernier fut laissé, en passant, à NarboDne,
illustre cité dont saint Paul le consacra évoque. Il prêcha l'É-
vangile dans son diocèse avec un zèle et une force véritablement
apostoliques, et fit beaucoup de miracles. Enfin, après avoir
travaillé pendant plusieurs années comme premier évêque de
cette contrée, à former l'Église de Jésus-Christ, passant à
une meilleure vie , il alla rejoindre le Seigneur.
Le corps de ce saint évêque repose au faubourg de Narbonne
dans une église collégiale dédiée sous son nom. Le poète chré-
tien Prudence en a fait un bel éloge en fort peu de mots, dans
une des hymnes qu'il a composées , et où il s'écrie : « Surget
et Pau/o pretiosa Narbo. »
12 décembre. — SAINT VALERY, ABBÉ. — 7* siècle.
Valéry naquit en Auvergne de parents peu aisés , et passa ses
premières années à garder les troupeaux de son père. II fit con-
naître, dès son enfance, qu'il serait un jour un grand serviteur
de Dieu : toutes ses inclinations étaient tournées vers le bien.
Son amour pour la prière et pour les exercices de piété lui
faisait souhaiter ardemment de savoir lire. 11 était difficile de
satisfaire des désirs aussi louables : le besoin que ses parents
avaient de lui ne lui laissait pas la faculté d'aller trouver ceux
qui auraient pu l'instruire ; néanmoins, ayant eu accès auprès
d'un précepteur d'enfants de qualité , il le pria de tracer un
alphabet et de lui en nommer les lettres. En peu de temps 9
sut lire et apprit le psautier par cœur.
Il avait un oncle maternel dans le monastère d'Autumon,
qui n'était pas fort éloigné du lieu de sa naissance. Il résolut
d'aller le voir et de s'y consacrer à Dieu à son exemple; mais
12 décembre. — s. vjlleby, abbé. 497
son père, qui avait besoin de ses services, empêcha qu'on ne
l'y reçut. Reconnaissant plus tard qu'il n'était pas possible de
foire changer Valéry de résolution , on ne crut pas devoir s'op-
poser plus longtemps à une vocation qui se déclarait par une
telle persévérance. L'abbé l'admit dans sa communauté , du con-
sentement du père, qui se soumit à la volonté de Dieu.
Dès qu'il eut reçu l'habit monastique, on le vit croître en
vertu de jour en jour, et bientôt il fut une règle vivante et un
modèle de perfection pour ses frères. Il était exact à tous ses
devoirs, et soumis à tout le monde, parce que son humilité lui
faisait croire qu'il était vraiment au-dessous de tous. Valéry, ne
croyant pas avoir encore assez fait, cherchait les moyens de
s'avancer davantage dans la perfection. Il crut pour cela devoir
quitter son pays et se retirer dans quelque monastère qui fût en
réputation d'une plus grande régularité. Ayant entendu parler
de celui de Saint-Germain à Auxerre, il y alla. Saint Aunaire,
qui était alors évêque de cette ville , le reçut avec beaucoup de
charité, et lui permit de demeurer dans ce monastère, où vi-
vaient des religieux d'une conduite très-édifiante. Valéry ne leur
était pas inférieur; l'austérité des jeunes qu'il pratiquait, ses
prières assidues et ses veilles leur faisaient dire qu'il menait une
vie angélique ; cependant il se regardait toujours comme un ser-
viteur inutile et comme un moine lâche qui avait besoin d'un
maître plus sévère pour avancer dans la vertu. Ces sentiments
-d'humilité, qui lui faisaient appréhender les suites d'une répu-
tation qui commençait à se répandre aux environs d' Auxerre ,
le firent penser à se retirer à Luxeuil , sous la conduite de saint
Colomban. 11 exécuta ce dessein avec un grand seigneur, qui
étant venu le voir pour recevoir ses instructions, en avait si
bien profité, qu'il renonça à tous ses biens pour embrasser là
voie étroite qui mène à la vie éternelle. Ils furent reçus tous
deux en qualité de novices.
Un des religieux de cette maison, nommé Waldolen, demanda
au saint abbé la permission d'aller prêcher la foi aux infidèles
et d'emmener avec lui Valéry. Colomban lui accorda l'un et
l'autre , et lui recommanda Valéry comme un grand serviteur de
Dieu. Ils s'acheminèrent vers la partie septentrionale de la
France, et allèrent en Neustrie trouver le roi Clotaire, qui leur
donna la terre do Leuconay, en Picardie , sur la Somme , assez
près de la mer. Ils y bâtiront une chapelle, avec l'agrément de
42.
49* 13 décembre. — saisis urcifioo W£ftt<v. wt x.
Bcniaid,évé^d*Ainians. Oncootfrtiirtaii^^aJ^fiHr f
dtacua. Ils y reçurent plus tari que^nesè^i^»^,* ^ ;
Valéry convertît un grand noaÂre dldsOCm
prédications, et encore plus par tes orâtt cuasfiaf f£B feur
donnait. Il allait ordinairement prier, à l'exemple de Jésus-
Christ , sur le haut d'une montagne, au pied d'un arbre éloigné
de plus dune lieue de sa cellule. Un jour que ses disciples Fy
avaient accompagné, il leur dit : Après ma mort, tous m'enter-
rerez ici. Huit jours après, il mourut, et alla recevon* la récom-
pense que Jésus-Christ a promise à ceux qui auront persévéré
jusqu'à la fin. On rapporte sa mort au 12 décembre G22. Os
bâtit depuis un monastère à la place de sa cellule, et H s'y forma
une ville qui porte son nom.
13 décembre. — SAINTE LUCIE ou SAINTE LUCE, tierce
ET MARTYRE DE SYRACUSE. — 4e flècte.
Sainte Lucie, la gloire de l'Église de Sicile, sortait «Tune famine
noble* et riche de la ville de Syracuse. Elle eut le bonheur d'être
(;h:véc dans la religion chrétienne. Son père étant mort lorsqu'elle
était encore enfant, sa vertueuse mère eut soin de lui mspirar les
plus tifs sentiments de piété; et ces premières impressions, que
la grâce lit fructifier, opérèrent dans son cœur die menreaieus
effets. Lucie n avait de goût que pour la vertu, et elle promit à
Dieu, dans un âge encore tendre, de garder uœvii^mté perpé-
tuelle; et elle tint ce vœu secret ; mais sa mère, qui n'entrai
aucune connaissance, lui ayant propose, quelque temps après, un
mariage, notre sainte employa d'abord tous les moyens pour
empêcher l'exécution de ce projet. Sur ces entrefaites, sa mère
tomba malade d'un flux de sang, qui la fit beaucoup souffrir et
qui dura quatre ans. Inutilement les médecins employèrent toutes
tes ressources de Fart pour la guérir. Lucie, affligée du triste état
de sa mère, lui conseilla d'aller à Catane, pour y ********** ta
piérison au Seigneur, sur le tombeau de sainte Agathe. Elle ly
iiccompagtia ; et après atoir toutes deux uni leurs prières, elles
lurent exaucées.
Ce fut alors que notre sainte découvrit à sa mère le
ou elle était de faire à Dieu, comme sainte Agathe, le
de sa virginité. Sa vertueuse mère, pénétrée de reconnaissance de
la ijràce qu'elle venait de recevoir, et touchée du désir de sa fille,
14 décembre. — s. spibidios , sv. 4W
désirait que dp se consacrer tout entière •> Dieu, lui
son consentement pour suivre sa généreuse et sainte
ion. Peude temps après le jeune homme auquel Lucie avait
tinée, ayant appris qu'elle voulait rester vierge et qu'elle
, ses biens pour eu donner le prix aux pauvres, entra dans
inde fureur; il l'accusa d'être chrétienne devant le gou-
r Paschase. La persécution de Dioctétien ravageait alors le
iu de Jésus-Christ.
ige de larda pas à condamner la sainte à être exposée
i lieu de prostitution ; mais Dieu veilla sur sa pudeur, et
îe n'osa y porter atteinte. Les tourments qu'on employa
3 pour vaincre sa constance, furent également sans succès.
remit en prison toute couverte de plaies, et elle y mou-
i l'an 304. Sainte Lucie, dont le nom a été inséré dans la
du saint sacrifice de la messe, eoinine une des plus il-
vierges et martyres, est houorée depuis bien des siècles
ute l'Église catholique.
membre. — SAINT SP1RIDION, évèqub. — 4' siècle.
lion était né dans l'île de Chypre , de parents pauvres ,
ne l'on croit avoir été chrétiens. Sa profession était de
les montons. Il se maria et eut une fille nommée Irène,
iervit et demeura vierge. Il menait une vie si innocente,
tat de berger, qu'on le crut digne d'être chargé du trou-
: Jésus-Christ. Il fut élu évêque de Trimythonte , et con-
nu peuple avec tout le zèle d'un bon pasteur, sans aban-
sa première occupation. Son diocèse était fort petit : les
ts n'en étaient pas tous chrétiens , et les chrétiens en
pauvres et d'une vie réglée, ce qui faisait que le pasteur
litige de travailler pour vivre : il en avait le loisir. Des
formèrent le dessein de lui enlever quelques brebis.
t n'avoir rien à craindre de ce bon vieillard , ils entrèrent
ans grande difficulté dans la bergerie, et choisirent celles
■ parurent avoir le plus de valeur. Comme ils se dispo-
les emmener, ils voulurent sortir par où ils étaient eu-
ais ils ne purent en venir à bout. La crainte d'être sur-
r Gt redoubler plusieurs fois leurs efforts, et toujours
lent : ils furent effrayés d'être obligés de rester, sans,
4*0 14 dée&Hkre» •- . s. sra
» 1
ii i mmmmmmmM>lm-m\
r «i .1 ipridk» viefe
bi «ne m, h tome
nommes aans la oergene, dans p «ture de gens endiablés. D
leur en demanda la cause : les voieurs, fort honteux de te vaàr
découverts en cet état, lui avouèrent ce qu'ils avaient voulu faire,
et lui racontèrent ce qui leur était arrivé. Aussitôt, plein de com-
passion pour ces malfaiteurs, il pria Dieu, dont il admirait b
bonté pour lui, de leur rendre la liberté. Sa prière fut exaucée,
et ils furent déliés. Sa charité ne se borna pas à les laisser aller ai
paix : il donna un mouton à chacun d'eux, en leur disant agréa-
blement : C'est afin que vous n'ayez pas perdu votre peine en
veillant longtemps; mais, ajouta-t-il, vous auriez mieux fiât do
me le demander.
Il avait coutume de ne manger en carême qu'en certains jours,
t*t d'en passer à jeun plusieurs de suite. Il vint un jour cha lui un
étranger très-fatigué du chemin qu'il avait fait : Spiridionle reçut
avec une grande charité ; mais il ne se trouvait ni pain ni farine
dans sa maison : il n'y avait qu'un peu de lard. Considérant b
fatigue et le besoin du voyageur, il se mit en oraison, et pria Dieu
de le dispenser de la discipline de l'Église ; puis il fit des excuses
à sou hôte, et dit à sa fille de faire cuire te lard. Quand 3 fit
prêt, il se mit à table avec son hôte, mangea le premier et limita
à en faire autant L'étranger s'en excusait en disant quH était
chrétien. Spiridion lui répondit, pour le rassurer, qu'il n'y a poiat
de mets impurs de leur nature ; qu'il était des occasions ou l'oa
pouvait être dispensé de la loi du jeûne.
Il divisait ordinairement son revenu en deux parties, dont l'use
était pour les pauvres, et l'autre pour sa maison et pour prêtera
ceux qui éprouvaient des besoins imprévus. Lorsqu'on venait hri
emprunter quelque chose, il se contentait de montrer le lieu où
on la trouverait, voulant qu'on prit soi-même ce dont on avait
besoin. Lorsqu'on lui rapportait ce qu'on avait pris, il taisait b
même chose, se reposant sur la fidélité de son prochain. D arriw
cependant qu'on abusa de cette confiance. Un particulier, rappor-
tant de l'argent qu'il avait emprunté, fit semblant de le remettre
dans le coffre et le remporta. Mais Dieu ne permit pas que cette
infidélité demeurât longtemps cachée; car cet homme, ayant m
rtrours à son évoque, alla pour prendre de l'argent dans le coffre,
14 décembre. — s. nicaise, sainte eutropie, m.' 50!
et le trouva v Il vint le dire à Spiridion, qui lui répondit : H
' JSt étonnant que vous soyez le seul qui ne trouviez pas ici ce qui
[ {tas est nécessaire. Prenez garde si vous n'avez pas manqué à
F'^vnetlre ce que vous y aviez pris précédemment. Cet homme fit
; .connaître, en avouant sa faute, que la conjecture de Spiridion
| êtit juste.
- ' "Quoique Spiridion eût peu étudié les lettres humaines, il avait
Wjtnis une grande connaissance de l'Écriture sainte. On ne sait
jjm Tannée qui termina la vie édifiante de ce saint prélat. On
croit qu'il a vécu jusqu'après le concile de Sardique, auquel H
et où il rendit témoignage à l'innocence de saint Atha-
en 347.
" *£—
14 décembre. — SAINT NICAISE, évêque df Reims,
SAINTE EUTROPIE, sa soeur, et leurs compagnons,
" martyrs — 5* siècle.
' lorsque les barbares assiégeaient Reims et paraissaient vou-
loir en égorger les citoyens, Nicaise, évéque de cette ville, en
encourageait les habitants, et les excitait à recevoir avec cons-
tance la couronne du martyre. En effet, il avait appris, par une
révélation d'en haut, que cette cité serait ravagée en punition de
ses crimes. En même temps, Eutropie , sœur du saint pontife ,
les mains étendues vers le ciel, s'efforçait d apaiser la colère de
Dieu, qui frappait si sévèrement la ville. Au moment où les en-
nemis donnaient l'assaut , elle accompagnait son frère et se tenait
avec intrépidité aussi bien quelui devant la porte de l'église, laquelle
faisait partie de la citadelle. Nicaise, s adressant alors aux barbares,
les exhorta à épargner le sang et à laisser leurs cœurs acces-
sibles à des sentiments humains; mais ces hommes cruels, inca-
pables d'être touchés, le tuèrent au moment où, priant prosterné,
H chantait ce verset de David : Mon âme a été abaissée jusqu'à
terre. Quant à Eutropie, ils l'épargnèrent à cause de sa beauté ;
mais elle, comprenant le motif pour lequel ils lui laissaient la vie,
se jeta sur un de ces hommes féroces et lui arracha les yeux,
préférant succomber sous le glaive des païens plutôt que de
devenir le jouet et la victime de leur brutalité. Ainsi elle obtint
avec l'évêque et les autres compagnons de sa mort la palme du
martyre. Mais aussitôt une secrète épouvante frappa les assié-
503 16 décembre. — s. BUsiftX » iv\ M
géants. Us voyaient des ai Iniaut prtfe»
à venger les crimes dont i I rcndoa nrw^eisw, latasat
donc tout le butin qu'ils av. ; dans kvile.sfejitart U
fuite. Les corps des saints i vts demeurèrent a rffiirat eô
ils avaient succombé. Ils y fu sous la garde des anges tant que
dura l'absence des habitants ae Reims, qui s'étaient retirés dois
les montagnes au moment où les ennemis avaient remporté b
victoire. Beaucoup de personnes virent briller pendant la nuit
des lumières célestes autour de ces restes sacrés, et on entendit
au même lieu des chants qui n'étaient pas de ce monde.
i;> </,v< »j/>/r. S VINT MESiUIN, ABBB. — 6e siècle.
Maximin, vulgairement appelé Mesmin^ était neveu de saint
Kuspice, prêtre de Verdun. C'est en laveur de ce dernier que le
roi Clovis fonda, en 508, le célèbre monastère de Mid, i deux
lieues d'Orléans. Kuspice gouverna deux ans ce monastère en
qualité d'abbé. Son neveu lui succéda en 610. La réputation de
sainteté dont il jouissait lui attira un grand nombre de disciples.
On distingue, parmi ceux qu'il forma à la perfection évangé-
lique, plusieurs saints honorés dans l'Église tels que saint Àvit,
saint Lifard, saint Urbin, saint Calais, saint Théodmir, saint
1 -au mer, etc.. Il mourut le 15 décembre de Tan du Seigneur 530.
I(i thrcmhre. — SAINT KUSÈBE, BVÊQUB DB VbbGBIL BT
mabtyb. — 4e siècle.
Kusèbc naquit d'une famille noble de l'île de Sardaigne. Étant
venu demeurera Vcrceil, ville des Etats de Savoie, il fut si estimé
|Mwr ses qualités et sa vertu, qu'on le jugea digne de remplir le
siège épiscopal préferablcmcnt à tous ceux du pays. Le peuple le
demanda d'une voix commune , et les évéquea l'élurent.
Ixi conduite d'Eusèbc fit voir qu'on ne s'était point trompé en le
regardant comme un sujet capable de conduire les autree, et que
Dieu lui-même avait présidé à son élection. En effet» il s'appliqua
toujours avec une foi ferme et ardeute, soutenue par la prière, a
connaître In volonté du Très- Haut et à l'exécuter. Sa grandeur
d'.îme était soutenue et nourrie par une vie pénitente î il jeûnait
16 décembre. — saint eusèbe, év. de verc , h. 60S
souvent et ne buvait que de l'eau ; ses habits étaient pauvres et
des plus communs.
Le moyen qui lui parut le plus propre pour travailler avec fruit
a l'édification de son peuple et à la sanctification des âmes, ce fut
de former sous ses yeux de jeunes ecclésiastiques dont l'innocence
et la piété lui fussent connues, afin de les employer ensuite dans
lés fonctions du saint ministère. Il réussit si bien dans l'exécution
de ce projet, que les églises s'empressaient de lui demander de ses
disciples pour en faire leurs évéques. Au milieu de la ville, il vi-
vait avec des clercs comme les moines du désert. Tout le clergé
voulut les imiter. Ils se mirent sous la conduite de leur éyéque, qui
les renferma dans une même maison avec lui, où ils s'exerçaient
à la pratique de toutes les vertus et des fonctions de leur minis-
tère, sans négliger la surveillance qu'ils devaient exercer sur le
peuple qui leur était confié. Ils travaillaient à se maintenir dans
la sainteté et la chasteté par l'abstinence et l'éloignement de tout
ce que le monde estime. Voici comment saint Ambroise décrit la
vie de ces disciples de saint Eusèbe : C'est une milice toute cé-
leste et tout angélique, occupée jour et nuit à chanter les louanges
de Dieu, à apaiser sa colère et à implorer sa miséricorde par des
prières ferventes et continuelles. Ils ont toujours l'esprit appli-
qué à la lecture et au travail. Quoi de plus admirable que cette
vie ? on y'n a rien a craindre ; tout est digne d'imitation ; on y est
dédommagé de l'austérité des jeûnes par la paix et la tranquillité
de l'âme; on y est soutenu par l'exemple; ce qui coûte le plus
à la nature devient facile par l'habitude. Cette vie n'est pas
troublée par les soins temporels, ni distraite par les embarras du
siècle, ni traversée par la visite des gens oisifs, ni relâchée et
attiédie/par le commerce des gens du monde.
Cette vie austère que menait Eusèbe lui apprit à supporter plus
facilement toutes les persécutions qu'il eut à souffrir dans la suite
de la part des Ariens, qui attaquaient la divinité de Jésus-Christ.
Il fut relégué à Scythopolis de la Palestine, qui avait pour évêque
Patrophile, l'un des chefs des hérétiques. Les agents de l'empereur
Constance avaient marqué une maison pour Eusèbe. Les Ariens
Pen tirèrent avec violence, et le renfermèrent dans une petite
zhambre, où, en supposant les ordres du prince, ils venaient le
maltraiter à diverses heures, pour l'obliger d'entrer dans leurs
sentiments. Ils le traînaient par terre à demi nu, et le faisaient
iescendre un escalier à la renverse et la tête en bas, sans pouvoir
604 10 décembre. — saint adon, arch. de vienne.
lui arracher aucune réponse en faveur de leur hérésie. Il leur
abandonnait son corps à l'exemple de Jésus-Clirist, pour être le
jouet de leur fureur.
Au milieu de ces tourments, il y reçut la consolation de la visite
d'un diacre et d'un autre ecclésiastique, qui lui apportèrent des
lettres et des aumônes de son église et des églises voisines. Mais à
peine ces clercs furent-ils partis, que les Ariens redoublèrent leurs
vexations. Ils empêchèrent les prêtres et les diacres de le venir
voir, et le laissèrent quatre jours sans manger. Ses souffrances
augmentèrent de jour en jour jusqu'au moment où on changea le
lieu de son exil. On l'envoya de Scythopolis en Cappadoce, et
quelque temps après dans la haute Thébaïde, en Egypte. H écri-
vit de là une lettre à Grégoire, évêque d'Elvire, pour rengager à
s'opposer courageusement à Osius et à tous ceux qui étaient
tombés dans Terreur, ou qui avaient abandonné la foi de l'Église,
et à ne point craindre la puissance des princes.
Constance étant mort , Julien l'Apostat permit aux. évéques
exilés de retourner dans leurs diocèses. Eusèbe se rendît à Alexan-
drie pour se concerter avec Athanase sur les moyens de remédier
aux maux qui affligeaient l'Église. 11 alla ensuite à Antioche pour
travailler à l'extinction du schisme qui troublait l'Église dans
cette ville. En revenant de l'Orient, Eusèbe passa par FIllyrie ,
confirmant toujours dans la foi ceux qui étaient chancelants, et
ramenant à la sainte doctrine ceux qui s'en étaient écartés. Il se
joignit à saint Hilaire de Poitiers pour combattre Tarianisme : ils
dirigeaient principalement leurs efforts contre Auxone de Milan,
qui avait trouvé le moyen de gagner la faveur de Tempère ut
Valentinien. Eusèbe termina une vie si laborieuse et si pénitente
par une sainte mort , le 1er août, vers Tan 370.
1G décembre. — SAINT ADON, archevêque de Vienne.
— 9e siècle.
A. don, né vers Tan 800, était d'une des familles les plus
riches et les plus nobles du G a ti nais , au diocèse de Sens Ses
parents , qui étaient fort religieux , le formèrent à la piété dès '
son enfance. Ils le mirent dans le monastère de Ferrière eu
(jfttinais , afin qu'il y apprît en même temps les sciences et les
saintes maximes du christianisme. Il v donna des preuves de la i
•16 décembre. — saint adon, arc h. de vienne. 505
vivacité de son esprit et de la solidité de son jugement. 11 joi-
gnait à ces heureuses qualités une grande docilité et un amour
tendre pour la religion. Ses maîtres voyaient avec plaisir qu'il
{irisait tous les jours de nouveaux progrès. Quelques-uns de ses
amis, animés de l'esprit du monde, cherchèrent à lui inspirer la
passion des honneurs et des plaisirs; ils applaudissaient à ses
talents, et l'exhortaient à entrer dans la carrière où rap-
pelait sa naissance ; mais il découvrit le piège qu'on lui tendait ,
et sentît le danger du parti qu'on lui proposait. Pour rompre
entièrement avec le monde et se consacrer sans retour au service
de Dieu, il prit l'habit dans le monastère de Ferrière.
11 était encore jeune, lorsque Marcuard, abbé de Prom, qui
avait été lui-même moine de Ferrières, le demanda pour enseigner
les saintes lettres à ses religieux. Adon, en inspirant l'amour de
Fétode à ses disciples , leur apprenait en même temps à éviter
recueil où la science conduit quelquefois, et à profiter, pour leur
sanctification, des connaissances qu'ils acquéraient. Son objet
principal était de faire de vrais serviteurs de Dieu. Mais il plut au
Ciel de l'éprouver pour perfectionner sa vertu.
Après la mort de Marcuard , la jalousie lui suscita des en-
nemis. Ils employèrent contre lui les outrages et la calomnie , et
le chassèrent de Prom. Il alla visiter les tombeaux des apôtres
à Rome , et passa cinq ans dans cette ville. De là il vint à Ra-
venne. Il y trouva un ancien martyrologe dont il tira copie, et
qu'il publia vers l'an 858, avec des additions et des corrections.
11 donna aussi une chronique, avec les vies de saint Didier et de
saint Chef.
A son retour d'Italie , il vint à Lyon , et s'y arrêta quelque
temps. Saint Rémi, archevêque de cette ville, le retint auprès de
lui, et le chargea du gouvernement de la paroisse de Saint-
Romain, près de Vienne , après avoir obtenu le consentement de
l'abbé de Ferrières. C'était le célèbre Loup, dont nous avons un
recueil de lettres et plusieurs petits traités. Il prit avec zèle la
défense d' Adon contre ses ennemis ; et , le siège de Vienne étant
devenu vacant , notre saint fut élu pour le remplir. On le sacra
au mois de septembre de l'année 860. Le pape Nicolas lui envoya
le pallium, avec les décrets d'un concile de Rome, lesquels
avaient pour objet de remédier à différents abus qui s'étaient
glissés dans plusieurs églises de France.
Adon ne changea rien à sa première manière de vivre ; il con-
VIES DES SAINTS. — T. II. 43
:>i\C> 10 décembre. — smntk âuklawe impératrice.
werva la nul nie humilité, la même modestie, le même amour pour
la mortification. Il annonçait avec un zèle infatigable les vérités
du salut. Sa vie était fort austère; il se traitait en tout avec une
grande sévérité, et les ecclésiastiques attachés à sa personne
avaient ordre de l'avertir de ses moindres fautes. S'il était in-
flexible envers les pécheurs opiniâtres, il recevait avec bonté
ceux qui se convertissaient sincèrement. Il regardait les pauvres
comme ses enfants, et pourvoyait à tous leurs besoins. Adon
parut avec éclat dans divers conciles ; il en tint lui-même plu-
sieurs à Vienne pour maintenir la pureté de la foi et des mœurs.
niais les actes de ces conciles sont perdus , et il ne nous reste
plus qu'un fragment de celui qui fut tenu par le saint en 870.
Lorsque le roi Lotliaire, dégoûté de la reine Thietberge, voulut
la renvoyer, Adon s'éleva contre ce divorce , et fit au prince les
plus fortes représentations pour l'en détourner. Il eut beaucoup
de part aux affaires publiques qui se traitèrent de son temps, et
la religion trouva toujours en lui un zélé défenseur. Le pape
Nicolas 1er, Charles le Chauve et Louis de Germanie résumaient
autant pour sa prudence que pour sa sainteté , et déféraient avec
confiance à ses avis ; mais rembarras des affaires ne nuisait point
à son recueillement. 11 aimait à lire les vies des saints» afin de se
pénétrer de leur esprit et de s'exciter à imiter leurs actions. Il
mourut le 16 décembre 875. 11 est honoré dans l'Ëglisc de
Vienne, et nommé en ce jour dans le martyrologe romain.
ICi décembre. — SAINTE ADÉLAÏDE, IMPÉRATRICE.
— 10e siècle.
Adélaïde était fille de Rodolphe II , roi de Bourgogne, quelle
perdit lorsqu'elle n'avait que six ans. A seize ans, en 958, elle
épousa Lothaire, roi d'Italie. Son mari la laissa veuve à l'âge de
dix-neuf ans. On avait remarqué en elle, dès l'enfance, des mar-
ques d'une piété solide. Les afflictions qui lui survinrent avec la
mort de son mari et qui en furent les suites, ne servirent qu'à
l'affermir dans le service du Seigneur et à la détacher davantage
des grandeurs et des pompes du monde, dont elle comprit alors
imite la vanité. Elle se trouvait tout d'un coup sans appui, sans
conseil, sans secours, entièrement abandonnée à la discrétion des
ennemis de son mari. Béranger, le plus puissant de tous, se lit
IS décembre. — sainte Adélaïde, impératrice. 507
i il et se saisit d'Adélaïde , qu'il fit renfermer
prison, où on lui fit souffrir mille outrages et mille n>
; mais par la grâce de Dieu , et malgré toutes les pré-
de Béranger, on h de sa prison à la faveur d'une
s'échappa , accompagnée d'une seule fille qu'on
, Comme elle ne savait où elle allait, à cause de
robteuiilé de la nuit, elle tomba dans un étang et aurait infini-
attentent péri, si Dieu , en qui seul elle avait confiance , n'eût
envoyé un pécheur, qui la retira avec sa compagne. Elles avaient
une nuit et un jour dans l'eau : le froid et la faim les avaient
affaiblies ; cependant elles n'étaient pas dans un lieu
à recevoir de grands soulagements : tout ce que put faire
It pêcheur, ce fut de les Caire réchauffer et de leur faire cuire du
■nanan qu'A avait pris.
Un ecclésiastique qui n'avait cessé de veiller sur la princesse,
s'éfant avancé pour lui chercher du secours, vint l'avertir qu'O-
tbon arrivait avec une armée, pour réprimer les entreprises de
Béranger et la délivrer de la persécution. Béranger frit défait
bientôt après, et Othon 1er, qui fut couronné empereur d'Italie à
Rome en 962 , épousa Adélaïde, dont il connaissait le mérite.
Il la fit couronner reine de Lombardie. Ce retour de prospérité
ne changea rien dans les sentiments d'Adélaïde ; mais étant plus
en état de secourir les pauvres et les affligés, elle leur fit de plus
grands biens. Elle s'attacha sans relâche à faire donner une bonne
éducation au fils qu'elle eut de son second mariage. Pendant que
son mari fut occupé à pacifier les troubles d'Italie, elle gouverna
l'empire avec beaucoup de prudence.
Son fils Othon 11 , devenu souverain , oublia ce qu'il devait à
sa mère. Le malheur ouvrit les yeux à Othon , et il rappela
Adélaïde, dont il reçut avec docilité les avis. Ce prince étant mort,
{Impératrice sa veuve , Théophanie , fut établie régente pour
gouverner pendant la minorité de son fils, Othon III. Cette prin-
cesse se montra l'ennemie déclarée de sa belle-mère, et la traita
de la manière la plus outrageante. Adélaïde souffrit sans se
plaindre. Théophanie étant morte subitement, on obligea Adélaïde
a se charger de la régence. Elle ne regarda la puissance 'dont
elle était revêtue que comme un pesant fardeau. Loin de se
venger des auteurs de ses maux, elle chercha toutes les occasions
de leur faire du bien. Elle sut joindre la sévérité à la douceur „
608 17 décembre. — sainte olympiade, vtari. /-:
et par b elle portait tout le monde a Ywam • 'et fr Bdrtfuer U
vertu. La dernière année de sa vie , eUe fit m Itmg ip^l#» bmt
réconcilier Rodolphe avec tes sujets. JSa vigjhne* 4hatla**f~
faires publiques ne la rendait pas plus négligente* Sans" les
exercices de piété. Elle rentrait à certaines heures dans son
oratoire , pour y puiser dans la prière des lumières dont eDe
avait besoin dans l'administration de l'empire. Adélaïde mourat
Fan 999, âgée d'environ soixante-huit ans.
17 décembre. — SAISTE OLYMPIADE, veuve. —
4e siècle.
Olympiade , née vers Pan 568, était d'une famille des plus con-
sidéra M es de l'empire, et par sa noblesse et par ses biens im-
menses. Elle perdit son père et sa mère étant encore jeune; mais
Théodosie , sœur de saint Amphiloque, évéque d'Icône, lui tint
'.inide l'un et de l'autre, et lui donna une éducation chrétienne.
Prompt», gouverneur de Constant inople , qui était son onde et
sou tuteur, la maria à débride, qui avait été préfet de Cons-
tantinoplr. Nébridc mourut après vingt mois de mariage.
Olympiade, veuve dès l'ûge de dix-sept ans, recommandante
pur ses richesses , par sa grande beauté , et par ses qualités de
"l'esprit et du cœur, fut bientôt recherchée par les hommes les
[•lus marquants de la cour. I /empereur Théodose voulut lui
l'aire épouser un de ses cousins, nommé Elpide» et l'en pressa
\i veinent; mais elle répondit : Si Dieu eût voulu que je vécusse
dans le mariage, il ne m'aurait pas ôté mon mari : il ne m'a pas
jugée propre a cet engagement, puisqu'il m'a rendu la liberté.
I /empereur, pique de ce refus, ordonna que tous ses biens fus-
sent administrés par le préfet de Constantinople jusqu'à ce qu'elle
i-rit trente ans. Olympiade rendit grâces à Dieu de l'avoir dé-
chargée de ses richesses , et elle en remercia l'empereur en ces
termes : Vous avez fait paraître envers moi, seigneur, une bonté
digne d'un empereur et d'un évêque, en me déchargeant du
pesant fardeau de mes bieus, dont j'étais embarrassée. Vous ferez
encore mieux si vous les faites distribuer aux églises et aux
pauvres, car il y a longtemps (pie j'appréhende les mouvements
de vanité que peut causer cette distribution , et je crains que
rembarras de ces biens matériels ne m 'empêche de rechercher
17 décembre. — sainte olympiade, veuve. 509
les véritables richesses. Théodose, touché de cette réponse, et
informé de la vie sainte et pénitente de cette jeune veuve, la
rétablit dans la jouissance de ses biens , et la laissa vivre en li-
berté.
Olympiade fit un bon usage de sa liberté et de ses biens. Elle
pratiqua la charité en tout ce qu'elle put. Elle assistait les pau-
vres, les orphelins, les personnes âgées et infirmes , et tous ceux
qui avaient besoin de secours ; elle affranchit des milliers d'es-
claves. Elle ornait les églises de vases sacrés et de ce qui était
nécessaire pour le service des autels ; elle donnait aux monastères,
aux hôpitaux, aux prisonniers; elle fournissait aux dépenses
qu'on faisait pour la conversion des fidèles; elle envoyait de
grandes sommes aux cvêques qui bâtissaient de nouvelles églises.
Ceux de Perse même se ressentirent de sa bienfaisance. Sa cha-
rité était sans bornes. Quand saint Jean Chrysostome tut évéque
de Constantinople , il crut devoir l'avertir de modérer ses au-
mônes et de les régler sur le besoin véritable de ceux qui deman-
daient.
Lorsque les brigues de Théophile , patriarche d'Alexandrie, la
vengeance de l'impératrice Eudoxie , les calomnies des mauvais
prêtres de Constantinople eurent obtenu de l'empereur Arcadius
un ordre qui exilait saint Jean Chrysostome, on vit, dans le
temps même qu'on mettait cet ordre à exécution , s'élever dans
l'église une grande flamme qui, en un moment, embrasa le
dedans et le dehors , avec tous les bâtiments qui l'environnaient,
à l'exception de la sacristie , où étaient les vases sacrés. Le feu,
poussé par un grand vent , prit au palais et le consuma tout
entier en trois heures. On ne put découvrir la cause de ce ter-
rible embrasement , qui fut accompagné de circonstances qui le
firent regarder comme un effet de la vengeance divine. Les en-
nemis de l'évéque exilé accusèrent ses amis d'avoir mis le feu à
l'église , et sous ce prétexte eu tourmentèrent plusieurs. Olym-
piade fut enveloppée dans cette persécution. lie préfet de Cons-
tautiuople, l'ayant fait amener devant son tribunal, lui demanda
pourquoi elle avait mis le feu à l'église. — Je n'ai pas vécu jus-
qu'ici, dit Olympiade, de manière à être soupçonnée, puisque
j'ai employé les grands biens que j'avais à rétablir les temples de
Dieu. — Je sais votre vie, dit le préfet. — Prenez donc, répondit-
elle , le rang d'accusateur, et qu'un autre nous juge. Le préfet,
n'a vaut rien à répliquer, abandonna cette accusation si peu vrai-
43.
610 17 décembre, — SMftTB BtGCHSl, VtCft *f . AtltftSE.
semblable, pour en venir à uû sujet 91e lift «**tift ^'Iteaalt
veuve avaient plus a cœur. ^ JL . .
Après la condamnation de saint Jeaa arywJWiwi &»■ fa
conciliabule de Chêne, on avait mis en sa place un anlf*4l6pe
nommé Arsacc. Comme l'injustice de la procédure dont on avait
usé envers saint Chrysostomo était visible , Arsace ne pouvait
être reconnu pour légitime évéque , et tous les gens de bien h
rejetaient et restaieut attachés ou saint exilé. Cependant l'em-
pereur, pour soutenir sa première démarche et empêcher le
schisme , voulait contraindre tout le monde à embrasser la
communion du faux pasteur; c'est pourquoi le préfet dit i
Olympiade et à d'autres femmes, comme par forme de conseil,
qu'elles étaient bien folles de refuser la communion d' Arsace, puis»
que c'était un moyeu sur de se tirer d'affaire. Olympiade lui ré-
pondit : Aprts avoir été arrêtée sur une calomnie, il n'est pas
juste de m'obliger à me défendre sur une autre affaire. Donnes-
moi des avocats pour la première accusation. Quant à la com-
munion de l'ëvéquc intrus, quelques souffrances qu'il faille «Dr
durer, je ne l'embrasserai jamais contre ma conscience : la reli-
gion me le défend.
In» préfet In renvoya ce jour-là, comme pour lui donner le
temps de prendre des avocats , et, l'ayant fait comparaître quel-
ques jours après , il In condamna a une amende de deux eents
livres pesant d'or. Cette perte la toucha peu, et, quoique en tout
ce qui était selon Dieu elle fut parfaitement soumise aux puis-
sances supérieures et <mx magistrats, cependant, en cette occa-
sion, persuadée que la justice était du coté de saint Jean Chry-
sostome, elle lui demeura constamment unie tant qu'il vécut.
On ne sait pas l'année en laquelle le Seigneur mit fln à sa péni-
tence et à ses sou fTra nées ; ee qu'il y a do certain, c'est qu'elle
\ivait encore en 410.
17 décembre — SAINTK BKCGUK, vkuve xt abbbbsb. -
7r siècle.
Ilcgguc était fille de IVpin de Uindcn , cX sœur de sainte Ger-
trude de Nivelle. Kilo épousa Anscgtsc, fils do saint Arnoul, le
même qui, après avoir été quelque temps maire du palais, Alt
Hu évéque île Metz Son mari avant été tué h la chasse, elle ré-
18 décembre. — s. gatien, preh. evëq. de tours. 511
solut de se consacrer à Dieu , et de mener à l'avenir une vie
pénitente et retirée. A son retour de Rome, où elle avait fait un
pèlerinage, elle bâtit sept chapelles à Anden-sur-Meuse, pour re-
présenter en quelque sorte les sept principales églises de la ca-
pitale dn monde chrétien. Elle fonda aussi au même endroit un
dans le genre de celui que sa sœur Gcrtrude gouver-
à Nivelle; et ce fut de là qu'elle fit venir les premières re-
qui vécurent sous sa conduite. Elle forma un grand
•timbre de vierges chrétiennes à la pratique de la perfection.
Sainte Beggue, qui mourut en Tan 698, est nommée dans le mar-
tyrologe romain.
18 décembre. — SAINT GATIEN, premier évéque de tours.
— 3e siècle.
Gatïen vint de Rome dans les Gaules , avec saint Denis dé
Paris, vers le milieu du troisième siècle. Tours fut le principal
théâtre de ses travaux apostoliques , et il y fixa Son siège épisco-
pal. U trouva dans ceux auxquels il annonça l'Évangile un pen-
chant extrême à l'idolâtrie , mais il ne se laissa rebuter ni par les
contradictions ni par les souffrances ; il continua de prêcher avec
zèle, et il eut la consolation de convertir plusieurs infidèles.
Pour se soustraire à la persécution, il assemblait son petit trou-
peau dans des lieux souterrains , et y célébrait les divins mystè-
res. Souvent il fut obligé de se cacher lui-même , ami d'échapper
à la mort dont il était menacé. Ce n'était pas qu'il craignit de
donner sa vie, mais elle était nécessaire à ceux qu'il avait ga-
gnés à Jésus-Christ. 11 mourut en paix, après avoir travaillé près
de cinquante ans avec un zèle infatigable. Saint Martin allait
souvent prier au tombeau de saint Gatien. La cathédrale de
Tours porte le nom de ce saint depuis le milieu du quatorzième
siècle. Elle avait été primitivement dédiée sous l'invocation de
saint Maurice. Il y a eu plusieurs translations des reliques de
saint Gatien; mais elles furent brûlées par les Huguenots eu
1562, avec celles de plusieurs autres saints. La principale fête
du saint évêque , que plusieurs miracles ont rendu célèbre , est
marquée en ce jour dans les martyrologes.
:>12 IK décembre, — s. paiil le simple, anachobbtb.
18 décembre. — SAINT PAUL le Simple, anachobeTe. —
(du 7 mars) 4* siècle.
Un dos plus illustres disciples de saint Antoine a été saint
Paul , surnommé le Simple, parce qu'il était d'un esprit droit ,
d'une humilité extraordinaire , et qu'il ignorait entièrement les
sciences humaines. Avant d'embrasser la vie solitaire, il avait
vécu dans le monde jusqu'à l'Age d'environ soixante ans. Il était
laboureur, et demeurait dans un village de Thébaïde. Il s'était
marié dans un Age un peu avancé à une femme belle et beaucoup
plus jeune que lui , mais qui n'était pas vertueuse : sa mauvaise
vie était connue de tout le inonde, excepté de son mari. Un
jour qu'il revenait de la campagne un peu plus tôt que de
continue , il la surprit en adultère. Paul , sans s'abandonner aux
reproches et à des plaintes inutiles, prit tout d'un coup son
parti : il sortit de sa maison sans rien dire à personne, et s'en-
fonça dans les déserts. Après avoir erré pendant huit jours, il
arriva au lieu où s'était retiré saint Antoine. Croyant que Dieu
ne l'avait pas conduit en cet endroit sans raison, il s'adressa au
saint , et le pria de le recevoir au nombre de ses disciples et de
le mettre dans les voies du salut. Saint Antoine s'y refusa d'a-
bord , ne le croyant pas capable de demeurer dans le désert
comme les plus parfaits solitaires , après avoir vécu si longtemps
dans le monde. Il voulut lui persuader d'aller servir Dieu dans
quelque village voisin , ou dans celui même qu'il venait de quit-
ter, en cultivant la terre, ou enfin de se. retirer dans quelque
communauté de moines, où il aurait moins sujet do s'ennuyer
cl de se décourager. Paul ne se rebuta pas : il demeura cons-
tamment à la porte du saint , joignant le. jeune à la prière. An-
toine , regardant de temps en temps par la fenêtre, et le voyant
toujours en prière , lui permit de rester. Il commença à l'ins-
truire de tout ce qu'il avait à faire pour se sauver dans le nou-
veau uenre de vie qu'il embrassait ; il lui donna l'exemple des
austérités qu'il devait pratiquer, et les lui (il pratiquer en même
temps. Quand il vit qu'il avait exécuté le tout avec beaucoup uV
courage et d'exactitude , il lui dit : Si vous pouvez , mon frère,
vivre tous les jours comme aujourd'hui , vous pouvez demeurer
i<i -b* n»' sai-;, lui répondit Paul, si vous avez quelque
19 décembre. — s. némésion, mabtyr. &i 3
chose de plus difficile à m'ordonner ; mais tout ce (pie je tous
ai vu faire jusqu'à présent , je n'ai pas de peine à le faire moi-
même.
Quand cet habile maître de la vie spirituelle se fut assuré, par
toutes sortes d'épreuves, de la perfection et de la sincérité entière
avec laquelle Paul tâchait de pratiquer la vertu et de se rendre
agréable à Jésus-Christ, il lui fit bâtir une cellule à une lieue de
la sienne et l'y envoya, en lui commandant d'y pratiquer ce
qu'il lui avait enseigné, et surtout d'implorer l'assistance du
Ciel par la prière. H allait souvent l'y visiter, et c'était pour
lui une grande satisfaction de le trouver occupé à exécuter avec
soin et avec application d'esprit ce qu'il lui avait recommandé.
Il y avait à peine un an que Paul demeurait dans la retraite et
dans cette pratique de l'obéissance , juand Dieu l'honora du don
des miracles. On venait à lui de tous les côtés, et saint Antoine
lui envoyait les malades et les possédés qu'A n'avait pu guérir ,
persuadé que son disciple avait reçu de Dieu une grâce plus
r tendue que la sienne. La multitude des miracles que faisait Paul
lui attirait tant de visites, que saint Antoine, craignant que
rimportunité de ce grand nombre ne le fit fuir, lui conseilla de se
retirer en un lieu plus écarté , où il ne serait pas si facile de le
trouver.
Paul le Simple vivait dans le quatrième siècle , mais on ne sait
ni le jour ni l'année de sa mort.
19 décembre. — SAINT NÉMES10N, maetyr. — 3e siècle.
Durant la persécution de Dèce , Némésion, Égyptien de nais-
sance , fut arrêté à Alexandrie, comme coupable de vol. 11 ne lui
fut pas difficile de prouver son innocence. Ses ennemis l'accu-
sèrent alors d'être chrétien, et le conduisirent devant le préfet
d'Egypte. Ayant confessé généreusement sa foi, il fut battu
et tourmenté beaucoup plus cruellement que les voleurs. Le juge
le condamna ensuite à être brillé avec les malfaiteurs les plus
criminels. Némésion ne vit dans son supplice que l'avantage
d'imiter plus parfaitement son divin Maître, il y avait auprès
du tribunal du préfet quatre soldats, Ammon, Zenon, Ptolo-
niée, Ingénius, et une autre personne qui se nommait Théo-
phile. Comme ils étaient chrétiens, ils encourageaient le saint
514 20 décembre — s. domimque de svlos.
confesseur suspendu au chevalet. On les dénonça sur-le-champ
au préfet, qui ordonna de les décapiter. Mais ce magistrat
fut frappé d'étonncment, lorsqu'il les vit aller avec joie au lieu
du supplice. C'est en Tan 250, qu'ils subirent leur martyre de
même que Némésion.
20 décembre. — SAINT DOMINIQUE de Sylos,
confesseur. — 11e siècle.
Dominique naquit de parents honorables, à Cannes, village
situé au pied du mont Jubéda, dans le pays des Cantabres. Étant
encore enfant, il éprouva un désir si vif d'embrasser la vie mo-
nastique, qu'abandonnant le soin du troupeau de son père , il se
retira dans un endroit solitaire. Toutefois , le lieu de sa retraite
lui paraissant peu sûr, il entra dans le monastère de Saint-Érai-
lien. Après y avoir longtemps vécu sous la discipline religieuse,
il fut , à cause de sa sainteté , chargé de gouverner la paroisse de
Cannes. Rappelé ensuite au couvent de Saint-Ëmilicn , il en fut
fait prieur. 1^ résistance courageuse qu'il opposa à des préten-
tions injustes du roi des Cantabres, l'obligea de se réfugier, avec
deux moines pour compagnons, dans l'endroit le plus sauvage du
mont Jubéda. Il demanda un asile à Ferdinand I#r, roi de Cas-
tille et de Léon , qui le chargea du gouvernement du monastère
de Saint-Sébastien avec le titre d'abbé , que lui conféra l'évéque
du diocèse. Les nombreux miracles que chaque jour Dieu opé-
rait en ce lieu par son serviteur attirèrent dans cette solitude une
population si considérable, que bientôt elle devint l'endroit le
plus renommé de toute l'Espagne. Le saint fut même honoré par
le Seigneur d'un privilège particulier , qui consistait «m ce que
les chrétiens qui gémissaient dans les fers chez les musulmans
n'avaient qu'à invoquer son nom pour recouvrer leur liberté.
Étant tombé dangereusement malade, Dominique reçut avec la
dévotion d'un saint les sacrements de l'Église ; puis il quitta ce
inonde l'an 1074. Son corps fut enseveli dans le monastère de
Saint-Sébastien, qui depuis a pris le nom de Saint-Dominique
de Sylos. C'est en allant prier au tombeau de ce saint serviteur
de Dieu , que l'épouse de Félix Gusman, depuis longtemps sté-
rile, obtint un fils que, par reconnaissance, elle appela Dominique.
C'est lui qui, par l'admirable sainteté de sa vie et par l'établisse-
21 décembre. — s. thomas, àpôtae. &is
aient des Frères prêcheurs , a grandement rehaussé l'éclat de sou
patron, dont le nom était déjà si glorieux.
31 décembre. — SAINT THOMAS, apôtbe. — 1er siècle.
Thomas était Galiléen de naissance. Son nom , comme le sur-
nom de Didyme qu'on lui donna , veut dire Jumeau. Il s'at-
tacha à la suite de Jésus-Christ , qui le choisit, la seconde année
de sa prédication, pour être un de ses douze apôtres. L'Évangile
t'apprend rien de lui en particulier depuis son élection jusqu'à
la mort de Lazare , peu avant la passion de Jésus-Christ. Ce
drain Sauveur fit connaître à ses disciples qu'il voulait retourner
en Judée pour ressusciter Lazare. Ils tâchèrent tous de le dé-
tourner de ce voyage , en lui représentant que les Juifs cher-
chaient à le faire mourir ; mais Thomas dit aux autres : Allons-
y aussi, afin de mourir avec lui. Dans la Cène, Jésus-Christ
avait dit à ses apôtres : Vous savez bien où je vais , et vous en
savez le chemin. Thomas répondit : Seigneur, nous ne savons
pas où vous allez ; comment pourrions-nous connaître la voie
qui y conduit? Jésus repartit : Je suis la voie , la vérité et la vie :
personne ne va à mon Père que par moi. Dans le temps de la
Passion, Thomas prit la fuite comme les autres, et fut si frappé
de la mort de Jésus-Christ , que , les autres lui rapportant qu'ils
avaient vu le Seigneur ressuscité , il n'en voulut rien croire et
leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et
si je ne mets mon doigt dans le trou des clous, et ma main dans
la plaie de son côté , je ne le croirai pas. Huit jours après, les
disciples étant encore dans le même lieu , Thomas avec eux ,
Jésus vint , quoique les portes fussent fermées; et , se tenant au
milieu d'eux , il leur dit : La paix soit avec vous. Il dit ensuite
à Thomas: Portez ici votre doigt, et considérez mes mains;
approchez ici votre main , mettez-la dans mon côté , et ne soyez
plus incrédule, mais fidèle. Thomas répondit en disant : Mon
Seigneur et mon Dieu. Jésus lui dit : Vous avez cru , Thomas,
parce que vous m'avez vu. Il est incertain si saint Thomas a
touché Jésus-Christ ; mais on ne peut douter qu'il n'ait été plei-
nement persuadé de sa résurrection , et en même temps de sa
divinité, quand il l'appelle son Seigneur et son Dieu. Jésus-
Christ avait dit plusieurs fois à ses disciples qu'il était Fils de
:>]?. 22 *hc*nihf* — s iscmnio\. v%btyb.
Di*u . et Dieu comme sod Prre : il avait fait des mirades pour
I*.' pro\*er. *: avait marqué sa résurrection comme la dernière
pr--.;w- q\i dr%ait les convaincre de sa divinité. Jésus permet que
sair.t Thomas ne veuille pas ajouter foi au récit des autres, pour
hisser nn témoignage plus authentique de cette vérité. Ainsi Tin-
rmJijjtr: d* saint Thomas fournit la plus forte preuve de la
résurrection de Jéëus- Christ, et sert merveilleusement à confir-
mer la foi des chrétiens sur ce mystère. C'est ce qui a fait dire a
saint Grégoire le Grand : Nous sommes plus affermis dans notre
foi par le doute de saint Thomas , que par la foi prompte des
autres Apôtres. Aucun des disciples n'a cru la résurrection du
Sauveur sur le rapport des autres , mais après en avoir eu les
mêmes marques que saint Thomas ; et Dieu l'a voulu ainsi, afin
que nous puissions croire fermement, sans avoir tu, ce qu'ils
n'ont cru qu'après y avoir été forcés par une conviction si pleine
et si parfaite, qu'ils donnèrent tous leur vie pour en attester la
certitude.
St-Ion Orùène , saint Thomas , après la dispersion des Apô-
tre, alla prêcher l'Evangile aux Partîtes, qui dominaient alors
en Perse, et parcourut ensuite tout l'Orient. Un auteur ancien ,
cité par suint Jérôme , dit que saint Thomas implanta la foi chez
les Med*s , les Perses, les Cirmaniens et d'autres peuples. Des
auteurs plus modernes le font apôtre des Indes et des Éthiopiens.
et , dans ces derniers siècles, les chrétiens des Indes et les Portu-
gais assurent, d'après les monuments des siècles antérieurs, que
saint Thomas annonça la foi nu\ Brachmanes et aux Indiens, et
qu'il souffrit le martyre à Mélia ou Saint-Thomas, sur la côte de
Coromandel. 11 parait très-certain que son corps fut au moins
porté à Kdesse, ou on l'honorait avec une singulière vénération,
lorsque Ruffin , Sozomène et saint Grégoire de Tours écrivaient.
22 décembre. — S. ISGIIY1U03, mabtyb. — 3e siècle.
La persécution de Dèce fit beaucoup de ravages en Egypte , au
milieu du troisième siècle, et fournir à un grand nombre de chré-
tiens l'occasion de remporter la couronne du martyre. De ce
nombre fut lschyrion. Il demeurait chez un officier d'une ville
d' Egypte, auquel il était attaché en qualité d'agent ou d'homme
d'affaires. Son maître , ayant appris qu'il professait le christia-
I;
23 décembre. — les dix m art. de crête. 517
», lui ordonna de sacrifier aux idoles. Ischyrion, ayant refusé
d'obéir lut d'abord maltraité de paroles. Sa constance inébranlable
transporta de fureur l'officier qu'il servait. Enfin celui-ci , ne se
possédant plus, saisit un pieu aiguisé qu'il rencontra sous sa main,
Mai enfonça dans le ventre, et lui creva les entrailles. Saint Is-
éfcmrion, qui mérita ainsi le martyre en Fan 253, est nommé en
Se jour dans le martyrologe romain.
\ décembre. —LES DIX MARTYRS DE CRÈTE, SAINT
THÊODULE, SAINT SATURNIN, et autres saints
mabtyrs. — 3e siècle.
Après la publication de redit de Dèce contre les chrétiens, on
leur sang de toutes parts; mais ce fut surtout dans File de
Crète ou de Candie , que les païens les traitèrent avec le plus de
cruauté. On distingue parmi ceux qui y souffrirent alors, Théo-
dule, Saturnin, Europe, Gélase, Eunicien, Zotique, Cléomène,
Agatope, Basilide et. Évareste, appelés vulgairement les Dix
martyrs de Crète. Les trois premiers étaient de Gortyne, mé-
tropole de nie. On croît qu'ils avaient été instruits dans la foi
par saint Cyrille , évêque de cette ville, qui fut décapité dans la
même persécution , et dont la fête est marquée pour le 9 juillet
dans le martyrologe romain.
Les autres saints martyrs étaient aussi Cretois , mais nés en
différents endroits de l'île. Zotique ou Zétique était de Gnosse ,
Agatope était de Panorme, Basilide de Cydonie, et Évareste d'Hé-
raclée. Leur zèle les réunit dans la confession de Jésus-Christ.
A peine eurent-ils été arrêtés, qu'on leur fit souffrir mille outrages
et diverses tortures ; ils furent ensuite conduits devant le gou-
verneur, qui faisait sa résidence à Gortyne. Ils subirent le 25 dé-
cembre leur interrogatoire , après lequel Tordre leur fut donné
de sacrifier à Jupiter, la principale divinité du pays, en l'honneur
duquel on célébrait ce jour- là une fête solennelle. Les saints
martyrs, ayant horreur de ce qu'on exigeait d'eux , répondirent
qu'ils ne pouvaient offrir de sacrifice à de vaines idoles.
« Vous connaîtrez bientôt , leur dit alors le juge , la puissance
« des dieux , et ce ne sera pas impunément que vous manquerez
« de respect à cette illustre assemblée qui adore le grand Jupiter,
« J unon , Rhée et les autres divinités. — Cessez , répondirent
44
518 23 décembre. — sainte victoire, v. et m.
h les martyrs , cessez de nous parler de Jupiter et de Rhée, sa
« mère ; nous savons leur généalogie et l'histoire de leurs ac-
* lions. ÎNous pouvons vous montrer le tombeau de Jupiter ; il est
« né dans cette île , il a été roi , ou plutôt le tyran de son pays.
« Il s'est abandonné à toutes sortes de désordres et aux crimes
« les plus infâmes ; il a eu même recours aux encliantements
« pour corrompre les autres. Ceux qui l'adorent comme un
« dieu , ne doivent point se faire scrupule de l'imiter. » Le juge,
ne pouvant nier ni réfuter les faits allégués par les saints con-
fesseurs , se livra à tous les excès de sa fureur contre eux. Le
peuple, de son côté , dans le transport de la rage , menaçait de
déchirer en pièces les martyrs , et l'autorité publique eut de la
peine à l'en empêcher.
On se hâta donc de les condamner à des tortures affreuses.
Les uns furent étendus sur le chevalet, et déchirés avec des ongles
de fer ; les autres curent le corps percé avec des pierres ou des
bâtons aiguisés ; on battit ceux-ci avec des fouets armés de plomb,
jusqu'à leur briser les os ; ceux-là souffrirent d'autres espèces de
tourments, dont la cruauté, moins vive, ne servait qu'à pro-
longer différentes sortes de douleurs. Les martyrs, loin de se
plaindre , ne cessaient de répéter : « Nous sommes chrétiens et
« prêts à souffrir mille morts pour notre foi. » Le juge, déses-
pérant enfin de vaincre leur constance héroïque , ordonna de les
décapiter ; et tandis qu'on les conduisait à ce dernier supplice,
ils prièrent pour leurs persécuteurs, et demandèrent à Dieu avec
ferveur la conversion de leurs compatriotes. Les chrétiens de Fîle
emportèrent secrètement les corps des saints martyrs , qu'ils en-
terrèrent dans un lieu sûr et caché. On transféra dans la suite
les reliques à Rome. Les Pères du concile de Crète, tenu en 458,
disent, dans une lettre à l'empereur Léon , que leur île avait été
jusqu'alors préservée de l'hérésie par l'intercession de nos saints
martyrs, qui sont honorés également par l'Église grecque et
P Église latine.
23 décembre. — SAINTE VICTOIRE , viebge et mabtybe.
— 3e siècle.
Victoire, Romaine de naissance, fut élevée dans la religion chré-
tienne. Elle résolut de se consacrer à Dieu dans l'état de virginité,
23 décembre. — s. sebvul ou servol. £19
«t de n'avoir jamais d'autres époux que Jésus-Christ. Un païen,
nommé Eugène , la rechercha en mariage ; mais n'ayant pu la
déterminer à consentir à ses désirs , il l'accusa devant le juge
d'être chrétienne. Celui-ci pressa inutilement la sainte de sacrifier
jma. idoles et d'épouser Eugène. 11 lui fit percer le sein d'un coup
d'épée, et elle mourut sur-le-champ de sa blessure en Tan 250 ,
pendant la persécution de Dèce.
23 décembre. — SAINT SERVUL ou SERVOL,
cou fesse u h. — 6e siècle.
Serrai était un mendiant , paralytique dès son enfance. Il ne
pouvait rester assis ni debout , ni porter la main à sa bouche , ni
enfin se remuer dans son lit. Il était assisté par sa mère et son
frère, qui le portaient tous les jours dans le portique de l'église de
Sant-Gément, à Rome. Quoiqu'il n'eût pour vivre que les au-
mônes qu'il recevait des passants , il épargnait encore de quoi
fournir aux besoins de plusieurs pauvres. Ses souffrances et ses
humiliations devinrent pour lui une source de mérites par le saint
ange qu'il en fit. On l'admirait comme un modèle de patience, de
résignation et de douceur. U priait quelques personnes de lui lire
les Livres saints, et il les écoutait avec tant d'attention, qu'il par-
vint à les apprendre par cœur. Son temps était consacré à chanter
les louanges du Seigneur, et ses peines , loin de le distraire , ne
faisaient qu'exciter sa ferveur. Servul , sentant que son mal ga-
gnait les parties vitales, ne put douter qu'il n'approchât de sa fin.
Dans ces derniers moments il conjura les pauvres et les pèle-
rins, qu'il était dans l'usage d'assister, de prier et de réciter des
psaumes autour de lui, et il joignit sa voix mourante à celles des
autres. Pendant la psalmodie, il s'écria tout à coup : « Faites si-
« lence, n'entendez-vous pas cette douce mélodie, qui résonne
« dans les cieux? >» A peine eut-il achevé ces paroles, qu'il expira.
On met sa mort vers l'an 590. Saint Grégoire le Grand, qui donna
son histoire dans un de ses sermons , observe que toute la con-
duite de ce saint mendiant est la condamnation de ceux qui,
jouissant d'une bonne santé et d'une fortune considérable , ne
font point de bonnes œuvres, et ne peuvent supporter avec pa-
tience la croix la plus légère.
520 24 décembre. — ste thbàsille st ste smil v.
24 décembre. — SAINTE THRASILLE et SAINTE
ÉMILIEJSNE , vierges. — 6e siècle.
Thrasille, tante de saint Grégoire le Grand, se consacra à Dieu
dès sa jeunesse , avec ses deux sœurs Gordienne et Êmilienno.
Elle menait, dans la maison paternelle , une vie aussi retirée que
dans un monastère. Elles s'excitaient mutuellement , par leurs
exemples et par leurs discours, à avancer dans la perfection. Il
y avait déjà plusieurs années qu'elles vivaient ensemble, lorsque
Ton commença à remarquer quelque différence entre elles. On
voyait Thrasille et Émilienne croître de plus en plus en charité et
en vertus. Elles menaient une vie si mortifiée et si détachée des
choses de la terre , qu'elles semblaient avoir oublié leurs corps
pour ne plus vivre que de l'esprit. Il n'en était pas de même de
Gordienne : sa négligence dans ses exercices spirituels augmentait
de jour en jour , et sa ferveur se ralentissait visiblement. Elle
tomba ainsi peu à peu dans le relâchement ; et ce cœur qui, dans
le commencement, semblait être tout embrasé de l'amour divin ,
s'ouvrait insensiblement à l'amour du monde. Ses sœurs, qui s'a-
percevaient de son changement , en conçurent une vive douleur.
Elles lui firent plusieurs fois de douces représentations ; et elles
employèrent tous les moyens qu'une ardente charité put leur sug-
gérer pour la faire rentier en elle-même. Gordienne paraissait
touchée des discours de ses sœurs ; mais bientôt après elle recher-
chait les vains amusements du siècle. Elle aimait la compagnie
des filles mondaines , et fuyait la conversation des personnes
pieuses. Elle avait un grand dégoût pour la retraite , le silence et
la vie sainte de ses sœurs.
Thrasille et Emilienne marchaient toujours avec courage.
daus les voies de la perfection : aussi méritèrent-elles de recevoir
la couronne de gloire promise à la persévérance.
Le pape Grégoire le Grand, leur neveu, rapporte que Thra-
sille eut une vision, où le pape Félix, son oncle, lui apparut et
lui fit voir la place qui lui était préparée dans le ciel. Elle tomba
malade le lendemain, et mourut le 24 décembre. Cette sainte
vierge se faisait particulièrement admirer par son assiduité à
la prière. Quand on ensevelit son corps, on trouva que le long et
fréquent exercice de la prière lui avait rendu la peau de ses cou-
25 décembre. — l.\ kativ. de k. s. j. c. &M
des et de ses genoux aussi dure que celle des chameaux : de sorte
que sa chair morte rendait témoignage de la sainteté de son âme.
- Saint Grégoire le Grand rapporte encore que Thrasille, quel-
ques jours après sa mort, apparut à sa sœur Émilienne et lui
jîit : Venez célébrer avec nous la fête de l'Epiphanie. Émilienne,
toujours inquiète du salut de Gordienne, répondit : Et notre
sœur Gordienne, entre les mains de qui la laisserai-je? — Ve-
nez, répliqua Thrasille : votre sœur est mise au rang des sécu-
lières. Émilienne tomba malade après cette vision, et mourut
le 5 janvier, veille de l'Epiphanie. Pour Gordienne, dès qu'elle
se vit seule et maîtresse de ses actions, elle changea entièrement
.de genre de vie , et épousa un de ses domestiques. « Voilà ,
ajoute saint Grégoire, trois personnes qui se sont consacrées à
Dieu avec une ardeur égale ; mais elles n'ont pas persévéré tou-
tes trois dans un même esprit, parce que, comme le Seigneur le
déclare, il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus. »
25 décembre. — LA NATIVITÉ DE NOTRE - SEIGNEUR
JÉSUS- CHRIST, VULGAIREMENT APPELÉE FÊTE DE
NOËL
11 y avait environ quatre mille ans que le monde gémissait dans
l'esclavage du péché , lorsqu'arriva le moment heureux où de-
vait naître Celui qui s'était chargé des péchés du genre humain,
en se revêtant de notre chair, pour nous réconcilier avec Dieu
son Père et nous mériter la grâce de la sanctification. Marie, qui
l'avait conçu selon la parole de Fange, et Joseph que Dieu lui
avait donné pour époux, a un qu'il fût le témoin et le gardien de
sa chasteté, faisaient leur demeure ordinaire à Nazareth, ville de
Galilée. Cependant il y avait près de sept cents ans que les pro-
phètes avaient prédit que le Messie naîtrait à Bethléem, petite
ville de la tribu de Juda, éloignée de Nazareth d'environ qua-
rante-cinq lieues de France. Pour l'accomplissement de sa vo-
lonté, Dieu se servit de l'empereur César Auguste. Ce prince,
voulant connaître les forces de l'empire romain, ordonna qu'on
fit le dénombrement de tous ses sujets. Les Juifs, quoique gou-
vernés par un roi particulier, ne laissaient pas d'être sous la do-
mination des Romains, et par conséquent obligés de se confor-
mer à cet ordre. 4dâm s'était perdu avec toute sa postérité, en
44.
622 25 décembre. — la nativ. de n. 9. J. c.
cessant d'obéir à Dieu son créateur; et Jésus-Christ commence
l'ouvrage de notre rédemption en obéissant à l'homme sa créa-
ture. C'est pourquoi Joseph et Marie n'eurent pas plutôt eonnu
les ordres du prince, qu'ils se mirent en devoir d'y satisfaire.
Comme ils étaient tous deux de la famille de David, et que Beth-
léem était la patrie de ce prince, il fallait qu'ils allassent en cette
ville pour s'y faire inscrire. Ils entreprirent ce voyage à pied, à
ce qu'il paraît, sans alléguer, pour s'en dispenser, ni la longueur
du chemin, ni la grossesse de la sainte Vierge, ni aucun prétexte
que l'esprit d'indépendance fournit aisément aux hommes. Quand
ils furent arrivés à Bethléem, ils ne purent trouver de place dans
les hôtelleries. On rebuta celle qui allait mettre au monde le
Messie attendu depuis tant de temps, et pour qui se faisaient
mémo alors, dans les desseins de Dieu, tous les mouvements des
nations. Mais Jésus-Christ, qui s'était incarné pour nous dé-
tromper de l'amour du monde, et pour enseigner particulière-
mont l'humilité, ne voulut point user en sa faveur du pouvoir
qu'il a sur les cœurs comme sur toutes les créatures. Il voulait
naître dans la pauvreté; c'est pourquoi, laissant les lieux com-
modes aux riches, qui s'en étaient emparés, il conduisît ses pa-
rents dans une étable : ce fut dans ce lieu, devenu si vénérable
à la foi des chrétiens, que Marie, qui par l'opération divine
avait conçu dans son sein virginal le. Verbe éternel incarné, le
mit au monde sans cesser d'être vierge. Aussitôt elle enveloppa
de langes le Créateur de toutes choses, qui se faisait homme pour
les hommes, et le coucha dans une crèche. Cependant, comme ce
divin Sauveur ne s'était fait homme que pour se manifester aux
hommes, il révéla sa naissance humble, pauvre et obscure, par
un miracle suffisant pour le faire connaître de ceux qui le cher-
chaient de tout leur cœur. l'n ange descendit du ciel pour annon-
cer sa naissance, non aux rois et aux grands, comme on fait
quand il naît un enfant aux princes de la terre, mais à des ber-
gers qui, par leur vie simple et laborieuse, et semblable à celle
de ces anciens patriarches dont le Seigneur semble prendre plai-
sir à se dire le Dieu, étaient dignes d'adorer les premiers le Sau-
veur qui venait de naître.
Ces bergers passaient la nuit dans les champs, aux environs de
Bethléem, à veiller sur leurs troupeaux à l'ordinaire , lorsque
l'ange du Seigneur se présenta à eux tout d'un coup, et qu'une
lumière éclatante les environna. Ils en furent surprise saisis de
25 décembre. — la nativ. de n. s. j c. 5:53
frayeur; maïs l'ange les rassura, en leur disant : Ne craiguez
point, car je tous apporte une bonne nouvelle qui doit causer
une grande joie à tout le peuple : c'est qu'il vous est né aujour-
d'hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ, le Sei-
*. Voici la marque qui vous le fera connaître : vous trouverez
enfant enveloppé de langes, et couché dans une crèche. Au
même moment il se joignit à cet ange un grand nombre d'autres
qui louaient Dieu, en disant : « Gloire à Dieu, au plus haut
des deux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. »
Après que les anges eurent quitté les bergers ravis d'allégresse,
pour remonter au ciel, ceux-ci se dirent l'un à l'autre ': Allons
jusqu'à Bethléem, et voyons ce qui nous a été annoncé et ce que
le Seigneur a daigné nous faire connaître. Et, s'étant hâtés d'y
aller, is trouvèrent Marie et Joseph, et l'enfant couché dans la
crèche. Dès qu'ils eurent vu et adoré ce divin Enfant, ils publiè-
rent os que les anges leur en avaient dit, et jetèrent dans l'admi-
ration tous ceux qui les entendaient. Ils s'en retournèrent ensuite
à leurs occupations, pleins de reconnaissance envers Dieu, qu'ils
louaient de toutes les choses qu'ils avaient entendues , et qu'ils
avaient trouvées telles qu'on les leur avait dites.
L'Évangile ne nous rapporte aucune parole delà sainte Vierge
et de saint Joseph sur cet ineffable mystère; il se borne à nous
apprendre que la sainte Vierge, attentive à tout ce qui se passait,
conservait tout dans son cœur. A l'imitation de cette sainte Mère
de Dieu, tenons-nous en esprit devant la crèche, et recevons-y
les instructions qu'un Dieu fait homme veut aujourd'hui nous y
donner. Celui qui venait détromper les hommes des fausses idées
qu'ils ont des biens et des maux de celte vie, choisit, pour rece-
voir le jour, des parents pauvres, une ville peu considérable, un
lieu incommode, afin de nous inspirer du mépris pour tout ce
qui fait l'objet des soins, des désirs et des peines des gens du
monde. Il devait dire un jour : Heureux les pauvres ! et il naft
pauvre pour confondre notre avarice. H souffre les incommodités
de la pauvreté, afin de confondre notre mollesse , et il en porte les
humiliations pour confondre notre orgueil.
•Vil 2G décembre. — s. Etienne, protomàrtyr.
25 décembre. — SAINTE ANASTASIE, vbuvb hoxainb
ET MARTYRE. — 4e siècle.
Le nom de cette sainte martyre a été inséré dans le canon de
la messe : on le lit aussi dans le sacrameùtaire de saint Grégoire
et dans les catalogues des martyrs. Il y a à Rome, au-dessous du
mont Palatin, une ancienne église dédiée sous son invocation.
11 est dit, dans les actes de saint Chrysogone, qu'elle sortait
d'une famille illustre de Rome ; que saint Chrysogone lui-même
fut son tuteur et l'instruisit dans la foi, et que, quand ce saint
martyr eut été arrêté à Aquilée, durant la persécution de Dio-
ctétien, elle alla le rejoindre pour l'assister et le consoler dans les
fors ou il languissait. L'auteur des mêmes actes ajoute qu'après
avoir souffert diverses tortures, elle fut condamnée à être brulçg,
en Tan 304, par le préfet d'IUyrie. On porta son corps à Rome,
et on l'y déposa dans l'église qui porte encore le nom delà sainte.
Les pnpes disaient anciennement dans cette église la seconde
messe de la nuit de Noël , et c'est pour cela qu'on fait encore
mémoire de cette sainte à la messe. Parmi les sermons de saint
Léon, il y en a un que ce saint pape prêcha dans la basilique de
Sainte- An a s tas ie. C'est celui où il réfute l'hérésie d'Eutycuès.
26 décembre. — SAINT ETlEiNNE, diacre, PROTOMABTVU
— 1er siècle.
Après la descente du Saint-Esprit, l'Eglise de Jésus-Christ
s'augmentait tous les jours de plus en plus par la prédication
et par les miracles de ses disciples. Ceux qui croyaient étaient
unis ensemble : ils ne formaient tous qu'un cœur et qu'une Ame.
Il n'y avait point de pauvres parmi eux : tout ce qu'ils avaient
était en commun : ils vendaient leurs possessions et leurs biens,
et en apportaient le prix aux pieds des apôtres, afin qu'on les
distribuât selon le besoin de chacun. Ils continuèrent d'aller tous
les jours au temple ; ils prenaient leur nourriture avec actions de
grAces, louant Dieu et s'attirant l'estime et l'affection de tout le
peuple. Mais, comme le nombre des fidèles se multipliait extrê-
mement, les apôtres, occupés au ministère de la parole, ne pou-
vaient pas prendre soin par eux-mêmes de toute cette multi-
26 décembre. — s. Etienne, protomàrïyb. 62ô
tude, et ils furent obligés de se décharger de ces fonctions sur
d'autres personnes, qui donnèrent lieu aux Juifs grecs de murmu-
rer contre les Juifs hébreux, parce qu'ils semblaient préférer
les veuves des Hébreux à celles des Grecs, dans la distribution
qui se Élisait chaque jour.
Les apôtres, voulant remédier promptement à cette dissension
naissante, assemblèrent tous les disciples et leur dirent : Il n'est
pas juste que nous abandonnions la prédication de la parole de
Dieu pour avoir soin des tables : choisissez donc sept hommes
d'entre vous pleins du Saint-Esprit et de sagesse, à qui nous puis-
sions commettre ce ministère. Pour nous, nous nous appliquons
entièrement à la prière et à la dispensation de la parole. L'as-
semblée, pour se conformer aux vues des apôtres, choisit tout de
mite sept personnes, dont la première* fut Etienne, homme plein
de foi et du Saint-Esprit. On les présenta aux apôtres, qui leur
imposèrent les mains en priant.
Après l'imposition des mains, Etienne, animé d'un nouveau
eèle pour la gloire de Jésus-Christ et pour le salut des âmes, ne
/occupait pas seulement au service des pauvres et des veuves;
mais, sans manquer à ce premier devoir, il travailla a faire con-
naître le mystère de la rédemption des hommes par l'incarnation
du fils de Dieu. La force avec laquelle il annonçait la vérité, et le
nombre de ceux qui se convertissaient à ses prédications lui atti-
rèrent la haine des ennemis de l'Évangile. Ils l'attaquèrent et dis-
putèrent contre lui ; mais ils ne pouvaient résister à sa sagesse
et à l'esprit qui parlait par sa bouche. Le dépit de se voir vain-
cus leur suggéra ce qu'ont coutume de faire, au défaut de bonnes
raisons, ceux qui ne sont poussés que par un zèle amer et une
science qui n'est pas selon Dieu. Ils eurent recours aux mensonges
et aux voies de fait. Ils subornèrent des gens pour dire qu'ils
avaient entendu Etienne blasphémer contre Moïse et contre Dieu ;
et , sur cette déposition , ils se portèrent à sou égard aux plus
grandes violences. Ils entrèrent dans une fureur si grande, qu'ils
grinçaient des dents contre lui, pendant qu'Etienne, soutenu par
la grâce du Saint-Esprit dont il était rempli, était tranquille et
intrépide au milieu de tous ces furieux. Dans le temps qu'il était
exposé à leur rage, il vit la gloire de Dieu, et Jésus-Christ qui
était debout à la droite de son Père, pour lui faire connaître par
cette posture qu'il était là pour le secourir dans le combat et le
couronner après sa victoire. Alors il s'écria : Je vois les cieux
SM 97 ééctmbre. — t. jttii, 4t&m «r Av*M*
ouverts et le Fils de l'homme qui m M«é àtardNtejit Dm.
Ce langage extatique, qui attesta* ta ténmirirtwn et Mm* 6hmt
et m divinité en mène temps, leur *p*mmJÊ0»uh*im.îk
se Douerierwit tes oreilles pour ne pas enftiMHn^ st«nerjslBflHLMf
Ktienne avec violence. I /ayant traîné hors de la ville, Os le lapi-
deront. T-os témoins qui, selon la loi, devaient lui jeter les pre-
mières pierres, quittèrent leurs habits pour ê*tre motus embanaafe
dans l'exécution et satisfaire leur liaine plus aisément : 3a les mi-
rent aux pieds d'un jeune homme nommé Saul, dont le nom de-
vint dajis la suite si célèbre dans l'Eglise par les travaux qu'l a
endurés pour elle, après l'avoir persécutée.
Etienne resta debout pendant qu'on l'accablait de pierres; et
sans rien perdre de la tranquillité qui convient à un disciple de
Jésus-CJirisL, il l'invoquait* dirns les souffrances, en disant : Sei-
gneur Jésus, recevez mon esprit. Il ne fit paraître
liment contre ceux qui le traitaient si cruellement. An
sciant mis à genoux, il s'écria à haute voix : Seigneur, as leur
imputez pas ce pêche, c'est-à-dire pardonnez-leur le péché qu'Us
commettent , faites-leur connaît ri» la vérité, et qu'ils deviennes!
>os serviteurs, en l'embrassant et en la pratiquant! Après cette
prière, il s'endormit dans le Seigneur pour aller jouir de la grêw
que Dieu lui destinait.
Saint Ktienne mourut, à ce qu'on croit, sur la fin de la màse
année que Jésus-Christ, c'est-à-dire Tan 83. On trouva dans la
suite ses saintes reliques , et Dieu lit plusieurs miracles en faveur
de ceux qui le priaient par l'intercession du saint martyr.
17 décembre. — SUINT JKVN, apôtre bt BYANQBLISTB. —
1er siècle.
Jean, le disciple bien-aimé de Jésus, était de Galilée, fils éV
Zélicdéc et de Salome, et frère de saint Jacques le Majeur. Ges
deux frères, avant leur vocation à l'apostolat, vivaient comme
leur père du profit de leur pèche. H parait que Jean, avant é>
s'attacher au Sauveur, était disciple de saint Jean-Baptiste. H Art
proprement appelé, avec son frère, h être disciple du Seigneur,
le jour qu'ils raccommodaient ensemble leurs filets, et peu de
temps après ils virent la pèche miraculeuse de saint Pierre, et
quittèrent tout pour s'attacher à Jésus d'une manière particulier*-
37 décembre. — s. jeak, apôtre et bvang H27
Oo croit que Jean était le plus jeune de tous les apôtres, et
parait surtout par le grand nombre d'années qu'il a vécu
la mort de Jésus-Christ. Mais tout jeune qu'il était, il me-
ure vie pure et irrépréhensible, et Ton croit qu'il demeura
. On attribue à sa chasteté l'affection particulière que Jésus-
rai témoignait. C'est encore cette vertu qui lui mérita,
saint Jérôme, la faveur insigne que lui fit Jésus en lui
le soin de sa sainte Mère, Étant resté sur le Calvaire
lonqu'on crucifia Notre-Seigneur, il entendit de sa bouche
adorable ces paroles touchantes adressées à sa très-auguste Mère :
Femme, voilà votre fils ! et celles-ci, en tournant sur saint Jean
ses jeux près de s'éteindre : Voilà votre mère!
Saint Jean reçut de Jésus un grand nombre de grâces in-
térieures et extérieures, et dont on ne peut donner ici le détail.
Dans la persécution de Domitien, saint Jean fut conduit à Rome,
et plongé dans l'huile bouillante, auprès de la porte Latine ; mais
Dieu fan conserva la vie miraculeusement. Saint Jean fut envoyé
en exil dans 111e de Pathmos, pour y travailler aux mines et aux
carrières. Ce fiit dans le lieu de son exil qu'il eut les révélations
qu'il a écrites dans l'Apocalypse. Domitien fut assassiné Tannée
suivante, qui était la quatre-vingt-seizième de Jésus-Christ ; et saint
Jean, délivré de son exil, retourna à Éphèse. Quoique très-âgé,
il visita constamment les Églises pour y ordonner des évéques. Ce
fut dans ce moment qu'il ordonna saint Polycarpe pour la ville de
Smyrne.
Rentré à Éphèse en 97, l'année même du martyre de saint Ti-
mothée, qui en avait été l'évéque, saint Jean la gouverna jus-
qu'au règne de Trajan. Son zèle pour le salut des Juifs et pour
la conversion des idolâtres lui faisait supporter toutes les fatigues
des longs voyages, affronter les dangers, souffrir nuit et jour, et
manquant souvent de tout pour sauver les pécheurs : témoin ce
jeune homme qu'il avait bien recommandé à un évoque d'Asie,
et qui, après s'être lié à des voleurs et à des assassins, devint si
scélérat lui-même , qu'ils le firent leur chef. Le saint apôtre, en
visitant les Églises d'Asie, arriva à celle de l'évéque à qui il avait
confié son jeune prosélyte , et lui en ayant demandé des nouvelles,
le prélat lui dit en pleurant : Il est mort à Dieu, il s'est fait voleur
sur une de nos montagnes, où il vit avec des hommes aussi
méchants que lui. A ce discours, le saint apôtre déchira ses habits ;
puis, poussant un profond soupir, il dit avec larmes : O quel
628 27 décembre. — s. jkàn, \pôtiie et évàng.
gardien j'ai choisi pour voilier sur l'Ame de mon frère! Il demanda
un cheval avec un guide, et se rendit à la montagne. H fut ar-
rêté par les sentinelles des voleurs, et demanda à être conduit à
leur chef. Celui-ci, le voyant venir, prit ses armes; mais, ayant
reconnu le saint apôtre, et pénétré de regret et de confusion, il se
mit à fuir A cet instant, saint Jean, oubliant son grand Age et sa
faiblesse, court après lui en criant : Mon fils, pourquoi fuyez- vous
votre père ? Ayez pitié de moi, votre salut n'est point désespéré ;
vous pouvez vous repentir : je suis prêt à donner ma vie pour vous
comme Jésus-Christ a donné la sienne pour tous les hommes.
Arrêtez, croyez-moi, je suis envoyé par Jésus-Christ. A ces mots,
le jeune homme s'arrêta, jeta ses armes et pleura amèrement en
embrassant l'apôtre, qui le consola , l'encouragea et le ramena a
l'Église. 11 ne le quitta qu'après l'avoir réconcilié par les exercices
de la pénitence et la participation aux sacrements. Ce récit est
tiré de Clément d'Alexandrie, et peint toute la charité du saint
évangéliste. On croit devoir y ajouter un autre trait rapporté par
saint Jérôme, qui exprime encore mieux tout ce que le sentiment
de la première des vertus peut inspirer de plus touchant et de
plus digne de l'Évangile.
Saint Jean demeurait à Kphèsc lorsqu'il écrivit son Évangile
après son retour de Pathmos. Il avait plus de quatre-vingt-dix
ans ; cependant il s'était contenté d'enseigner de vive voix ses
disciples. Les évêques d'Asie et les fidèles de plusieurs Églises le
conjurèrent de leur laisser par écrit le dépôt de la foi : vaincu
par leurs instances, il ordonna un jeûne et des prières publiques
pour implorer les lumières du Saint-Esprit; et, quand il connut
la volonté de Dieu, il commença à écrire. Les autres évangélistes
avaient assez parlé de ce qui regarde l'humanité de Jésus-Christ :
c'est ce qui le porta à établir particulièrement sa divinité. Il
s'appliqua aussi à parler de la prédication de Jésus-Christ depuis
son baptême jusqu'à la prison de saint Jean-Baptiste. On a aussi
trois lettres du même ppôtre, qui font voir que son coeur était
entièrement embrasé du feu de la charité. Dans les dernière
temps de sa vie, on était obligé de le porter a l'église. Comme
la faiblesse où son grand âge et la fatigue l'avaient réduit l'em*
péchait de faire de longs discours, il répétait souvent ces mots :
Mes chers enfants, aimez-vous les uns les autres. Ses disciples,
ennuyés de cette répélitien, lui dirent : Maître, vous nous di-
tes toujours la même chose. 11 répondit : C'est le commande-
28 décembre. — les saikts innocents. 529
ment du Seigneur : si on l'exécute bien, il suffit. Ce saint apôtre
mourut à Éphèse , âgé de quatre-vingt-quatorze ans, la centième
année de Père chrétienne.
28 décembre. — LES SAINTS INNOCENTS.
Quand les mages, hommes savants et puissants, venus de l'O-
rient, passèrent à Jérusalem, en cherchant Jésus-Christ, qu'ils
voulaient adorer, Hérode, roi de Judée, leur fit promettre de
repasser par cette ville pour l'informer de l'endroit où était né le
nouveau roi des Juifs, afin, dit-il , qu'il allât l'adorer. Mais ,
lorsque les mages eurent trouvé Jésus, et qu'Us l'eurent adoré,
un ange les avertit de prendre une autre route pour retourner
dans leur pays. Uérode, dont l'ambition avait été troublée par
la nouvelle de la naissance d'un roi des Juifs, votant que les
mages n'étaient pas venus l'informer du lieu où était cet enfant,
entra dans une étrange colère, et envoya tuer tous les enfants
mâles de Bethléem et des environs, jusqu'à l'âge de deux ans,
pour étouffer, dès le berceau, celui qui lui faisait ombrage. Ces
mesures paraissaient infaillibles : il ne doutait pas que ce nou-
veau roi ne pérît dans ce massacre général ; mais il n'y a pas de
prudence contre le Seigneur. Dieu avait envoyé un ange à saint
Joseph, époux de Marie, mère de Jésus, lequel lui dit : Prenez l'en-
fant et sa mère, emmenez-les en Egypte, et restez-y jusqu'à ce
que je vous dise d'en sortir, car Hérode cherchera l'enfant pour
le faire mourir. Joseph suivit exactement les ordres de Dieu, et
la cruelle politique d' Hérode fut trompée. L'Église honore comme
des martyrs tous les enfants qui perdirent la vie à cause de Jé-
sus-Christ.
Nous nous écrierons donc en ce jour avec l'Église, en emprun-
tant à sa liturgie cette belle hymne qu'elle a consacrée à la gloire des
saints Innocents : « Salut, fleurs des martyrs, vous que sur le seuil
même de la vie le persécuteur du Christ a moissonnés comme un
ouragan fait des roses naissantes. Prémices des victimes immolées
pour Jésus, tendre troupeau d'agneaux innocents, devant l'autel
lui-même où l'on voussacriGc, vous jouez dans votre simplicité
avec les palmes et les couronnes. »
15
:>30 28 décembre. — s. tiibodork, abbé de tabenne.
28 décembre. — SAINT THÉODORE, abbé de Tabbnn*. —
4e siècle.
Théodore naquit vers l'an 31 4 d'une des plus nobles et dos
plus riches familles de la Hauto-Thébaïde. C'était la coutume dès
lors de célébrer l'Epiphanie par des réjouissances toutes profanes
et très-peu conformes à l'esprit du christianisme. Théodore, voyant
faire dans sa famille les préparatifs de cette fête, considéra com-
bien la joie toute mondaine à laquelle on allait se livrer conve-
nait peu à des chrétiens; et, quoiqu'il n'eût encore que douze
ans, il se mit à réfléchir sur les obstacles que le monde apporte
au salut. Livré à ses réflexions, il se disait à lui-même : De quoi
te servirn-t-il d'être grand en cette vie, si tu ne Tes pas en l'autre?
Kn vain prétendrais-tu allier le bonheur des gens du siècle avec
l«i félicité éternelle. 11 faut que tu renonces aux plaisirs de la terre,
si tu veux un jour posséder ceux du ciel. Ces sentiments firent
tant d'impression sur son esprit , qu'il s'abandonna aux larmes
en la présence de Dieu, le conjurant instamment do lui montrer
la voie qu'il devait suivre pour arriver au salut. Dès lors il don-
nait un temps considérable à la prière, et pratiquait des jeûnes
Irès-rigourcux.
Il n'avait que quatorze ans lorsqu'il obtint d'aller finir ses
études dans un monastère du voisinage. La réputation de saint
Pacôme l'attira depuis à Tabenne, dont tous les religieux étaient
mitant de saints. Son zèle pour la perfection le distingua bientôt
des autres. Sa mère, qui était alors veuve, vint au monastère pour
le voir ; mais Théodore , craignant les tentations qui pouvaient
lui rappeler le monde, obtint de saint Paeême de ne pas permettre
l'entrevue. La mère, édifiée de trouver dans son fils un renonce-
ment si parfait, prit le voile dans une communauté do femmes qui
était h Tabenne.
Théodore n'avait que vingt-cinq ans lorsque PacAme le prit
pour compagnon dans les visites des divers monastères de sa con-
grégation. Cinq ans après il lui fit recevoir la prêtrise et le plaça
:i la tête du monastère de Tabenne , et se retira dans celui de
Pabau. Théodore s'y rendait tous les soirs pour y entendre ses
instructions et les répéter aux moines de Tabenne.
Ayant un jour accompagné son bienheureux père à un monas-
tère situé près de Panopolis, dans la basse Kgypte, un philo-
28 décembre. — s. Théodore, abbé de tabenne. 531
soplie de cette ville demanda à conférer avec Pacôme. Le saint
abbé crut devoir lui envoyer Théodore. Le philosophe proposa
diverses questions : Théodore lui répondit avec autant d'esprit
que de justesse ; puis il l'exhorta à renoncer à des spéculations
aussi vaines que stériles, pour ne plus s'occuper que de la science
du salut. Il souffrait quelquefois beaucoup d'un violent mal de
dents. Saint Pacôme le consolait , en lui disant que les afflictions
involontaires , supportées avec patience , étaient plus utiles pour
le salut que les abstinences volontaires et de longues prières.
Saint Pacôme tomba malade à Pabau deux ans avant sa mort.
Les moines de Tabenne ûrent promettre à Théodore qu'il se char-
gerait du gouvernement de toute la congrégation , quand le saint
abbé ne vivrait plus. Quoiqu'il n'eût fait cette promesse que
malgré lui , et après une longue résistance , saint Pacôme l'en re-
prit sévèrement, et lui ôta la supériorité de Tabenne. 11 se soumit
avec joie, reconnaissant qu'il s'était rendu coupable de présomp-
tion et de vanité. Il fut deux, ans le dernier do la communauté,
et même après les novices. Il souffrit cette humiliation en si-
lence , et pratiqua de grandes austérités. Sa vertu brilla d'un
nouvel éclat, et rabaissement où il était lui fut plus utile que la
supériorité , comme saint Pacôme le disait souvent aux autres
moines.
Après la mort de saint Pacôme, qui arriva environ l'an 348,
Pétrone, qu'il avait nommé abbé de son vivant, ne lui survécut
que peu de jours , et eut pour son successeur Orsièse, qui, ne
se sentant pas en état de gouverner une congrégation si nom-
breuse, se démit de sa charge , et en fit revêtir Théodore. Il eut
beaucoup de peine à consentir à cette nomination ; il avait tou-
jours devant les yeux le danger où il s'était exposé pour avoir
promis d'être abbé quelques années auparavant. Il fallut en quelque
sorte lui faire violence , encore ne se rendit-il que quand Orsièse
lui eut déclaré qu'on suivait en cela les ordres de saint Pacôme.
Théodore se crut chargé de tous les religieux en particulier, et
obligé de répondre de leur salut. Cette pensée ne le laissait en
repos ni le jour ni la nuit. Si quelqu'un était dans la peine et dans
l'abattement , il le prenait en particulier, le consolait et l'encou-
rageait. Il reprenait ceux en qui il remarquait quelque défaut
avec une douceur et une humilité qui lui gagnaient les cœurs; en
sorte que tous lui découvraient avec une entière confiance leurs
plus secrètes pensées.
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29 décembre. — s. évroul, abbé. 533
Gaules; qu'il prêcha l'Évangile à Bourges; qu'il y établit une église,
dont il Ait le premier pasteur; qu'après sa mort, on l'enterra
dans le lieu où il avait coutume d'enterrer les autres, mais qu'on
cessa insensiblement d'honorer son tombeau , et qu'on en perdit
même entièrement le souvenir. Le même auteur ajoute- qu'on
découvrit son corps miraculeusement vers l'an 560, qu'il fut porté
dans l'église de Saint-Symphorien , et déposé près de l'autel. L'é-
glise de Saint-Symphorien prit depuis le nom de Saint-Ursin. On
retrouva son corps en 1239. Philippe, archevêque de Bourges,
le leva de terre ; et, après l'avoir renfermé dans une châsse d'ar-
gent, il le plaça sur l'autel. On croit ordinairement que la mission
de saint Ursin eut lieu dans le deuxième siècle ; mais il paraît que
la foi s'affaiblit beaucoup à Bourges , puisque cette ville oublia
que ce saint avait été son apôtre. Ce ne fut que depuis qu'elle fut
de nouveau convertie.
20 décembre. — SAINT ÉVROUL, abbé. — Oé siècle.
Evroul naquit à Bayeux, l'an 517, avec tous les avantages qui
pouvaient le faire considérer dans le monde. Ses parents* qui
étaient des plus qualifiés et des plus riches du pays, firent ins-
truire leur fils dans la piété chrétienne et dans les sciences hu-
maines. Quand ils le crurent en état d'entrer dans le monde, ils
renvoyèrent à la cour du roi Childebert Ier, qui le reçut au nombre
de ses officiers. Évroul était humble et pieux , bien fait de corps
et plein d'esprit ; il parlait aisément et avec grâce ; il entendait
bien les affaires, et avait un talent particulier pour les développer
et les faire entendre aux autres. C'est ce qui engagea le roi à en
faire comme son procureur général. La manière sage et désinté-
ressée dont il s'acquitta de cette charge le fit aimer et estimer de
tout le monde.
Par condescendance pour ses parents, Évroul se maria. Il
épousa une femme aimable et vertueuse , mais ce nouvel engage*
ment ne le détourna pas de la vertu. Pour s'animer à la pratique
des bonnes œuvres et résister au torrent des mauvais exemples ,
il joignait à la lecture de F Écriture sainte celle des Vies des saints
et des anciens solitaires, et s'étudiait à retracer leurs vertus dans
ses actions. 11 menait au milieu de la cour la vie d'un solitaire ;
il savait que Dieu se trouve difficilement dans le tumulte et les
embarras du siècle , mais qu'il aime à parler seul. Évroul ne sou-
45.
634 29 décembre. — s. évroul, abbé.
bailait rien tant que d'avoir la liberté de s'enfuir dans les mon-
tagnes ou dans les forêts, en inspirant à sa femme les sentiments
dont il était animé. Ils se séparèrent d'un mutuel consentement;
la femme prit le voile dans une communauté de filles, Évroul l'i-
mita dès qu'il eut pu distribuer ses biens aux pauvres et obtenir
la permission de Clotaire 1er, qui avait succédé à Childebert.
Il se retira dans le monastère des Deux-Jumeaux , au diocèse
de Hayeux, comme dans un port où il pourrait travailler plus sû-
rement à son salut. Il ne resta pas longtemps dans cette maison.
Son humilité profonde, son détachement parfait de toutes choses,
et sa ferveur qu'on voyait croître de plus en plus, lui attirèrent
l'estime et la vénération des religieux. La considération qu'on lui
témoignait l'affligeait vivement, et lui fit prendre la résolution de
se retirer dans quelque désert. Il fit part de son dessein à trois
religieux qui consentirent à le suivre. Ils sortirent sans aucune
provision , et sans avoir pris aucune mesure , s'abandonnant en-
tièrement à la Providence. Us allèrent se cacher dans le fond
delà forêt d'Ouche, au diocèse de Lisieux. Ils s'arrêtèrent auprès
d'une source d'eau vive , qu'ils regardèrent comme un présent
de la libéralité divine. Us construisirent de petites cabanes de
bois et de terre pour se loger. Us furent découverts par un
paysan, qui, tout surpris de trouver des hommes assez hardis
pour habiter des lieux si déserts , leur représenta qu'ils étaient
exposés à manquer de tout, et que des voleurs infestaient les en-
virons de leur retraite. — M on frère, lui répondit Évroul , nous
sommes venus ici pour y pleurer nos péchés; nous mettons notre
confiance en Dieu, qui nourrit jusqu'aux petits oiseaux. Nous ne
craignons pas les hommes, (le laboureur, touché de cette réponse,
revint le lendemain leur apporter trois pains avec du miel. Il se
joignit à eux dans la suite, et embrassa la vie monastique.
Tin des voleurs qui habitaient ces bois, ayant rencontré Évroul,
jugea bien à» sa mine que ce solitaire n'avait rien à craindre pour
l'argent; mais il voulut lui persuader de quitter une demeure où
sa vie n'était pas en sûreté. Kvroul lui répondit qu'ayant Dieu
pour protecteur, il devait pou appréhender les hommes; il re-
présenta ensuite au voleur combien il était coupable de faire du
vol son métier, et l'exhorta, avec beaucoup de zèle et de charité,
à changer de vie. Ce voleur se convertit en effet; et plus tard il
amena quelques-uns de 9cs compagnons vers les ermites, qui
les engagèrent :\ l««s imiter J«t plupart de ces brignuds outrèrent
29 décembre. — s. bvboul, abbé. 53d
les voies de la justice et de la pénitence. Les uns voulurent
au même lieu, et devinrent très-bons religieux; les
autres s'établirent à la campagne, et s'appliquèrent à cultiver la
terre, pour avoir de quoi vivre et restituera ceux qu'ils avaient volés.
Évîrôul et ses compagnons défrichaient des terres , mais celles
eu canton qu'ils habitaient étant de mauvaise qualité , la récolte
ne suffisait pas pour assurer la Subsistance de toutes les per-
sonnes alors réunies sous la direction d'Évroul. Comme c'était
pour l'amour de Dieu qu'ils s'étaient exposés à manquer de tout ,
le Pète céleste leur fit trouver, dans la charité des peuples voi-
sin , ce que leur travail ne leur fournissait pas.
Les avantages et les douceurs de la solitude paraissaient si con-
sidérables à Evroul, qu'il aurait souhaité n'être jamais chargé
qne de lui-même ; mais la charité pour le prochain remporta
sur le penchant qu'il avait à une entière séparation des hommes.
D reçut donc auprès de lui tous ceux qui vinrent se mettre sous
sa conduite. Comme sa communauté augmentait tous les jours,
il fut obligé de bâtir un monastère, qui devint célèbre sous son
nom. Cette maison fut bientôt trop petite pour renfermer le grand
nombre de disciples que sa réputation lui attira des provinces
voisines. Plusieurs personnes lui ayant offert des terres pour y
fonder des monastères , il les accepta , et en fit bâtir jusqu'à
quinze, les uns pour les hommes, les autres pour les femmes; il
leur donna pour supérieurs des personnes sages et instruites dans
la vie spirituelle ; il s'attacha à gouverner particulièrement la mai-
son d'Ouche.
La tendresse qu'Évroul avait pour les pauvres allait jusqu'à
donner quelquefois le pain qu'il pouvait avoir. Quand il en venait
d'infirmes et de malades , il les gardait avec lui jusqu'à ce qu'ils
lussent entièrement rétablis. Il exerçait l'hospitalité envers tout
le monde. Il étudiait jour et nuit l'Ecriture sainte. Quoiqu'il se
livrât tout entier aux travaux pénibles d'une rigoureuse pénitence,
il ne laissa pas de parvenir à une grande vieillesse. En 590 , il fut
attaqué d'une violente maladie que Dieu lui fit la grâce de sup-
porter avec tant de patience, qu'à peine paraissait-il sensible à
ses douleurs. Il fut quarante-sept jours sans pouvoir prendre
autre chose qu'un peu d'eau et le sacré corps de Jésus-Christ ;
cependant il ne cessa pas d'exhorter ses disciples et de les faire
ressouvenir des vérités évangéliques , jusqu'au 2î> décembre qu'il
leur dit adieu avec un visage jerein et plein de joie.
530 2!) décembre. — s. tiiomas de cantobbbry.
29 décembre. — SAINT THOMAS, archevêque de
Cantorbéry, martyr. — 12e siècle.
Saint Thomas , dont l'Église honore la mémoire en ce jour,
naquit à Londres, le 21 décembre 1117. Gilbert Becket, son
père, gentilhomme peu favorisé de la fortune , s'étant croisé dans
sa jeunesse, passa dans la Terre sainte, où, ayant été fait prison-
nier par les Sarrasins, il fut un an et demi esclave d'un de leurs
émirs qui avait une fille unique, à qui Gilbert , ayant expliqué
les mystères de la religion catholique, déclara qu'il était prêt à
sacrifier sa vie pour l'amour de Jésus-Christ. Elle fut si tou-
chée de ses discours et de son courage, que, désirant sincère-
ment de devenir chrétienne , elle en fit part à Gilbert , qui lui
répondit que cette grâce, si elle y répondait, était bien au-dessus
de tous les avantages de la vie. Quelque temps après, Gilbert ,
nynnt recouvré sa liberté avec d'autres esclaves chrétiens, revint à
Londres, et la jeune Syrienne qu'il avait catéchisée, ayant fui
de chez son père, arriva heureusement en Angleterre, où elle re-
prit l'étude de la religion catholique et reçut le baptême sous le
nom de Mathildc. Elle épousa dans la suite Gilbert Becket, et le
mariage fut célébré par l'évêque de Londres.
Gilbert, s'étant croisé de nouveau* repassa en Orient, où il
resta trois ans et demi ; il laissa son épouse enceinte d'un fils ,
(fui est le saint dont nous donnons la vie. Sa pieuse mère lui ins-
pira des son enfance la crainte de Dieu et une tendre dévotion
pour la sainte Vierge. Gilbert Becket, de retour dans sa patrie, y
mérita l'estime et le respect de tous les gens de bien, et mourut
en 1 1 38 , laissant son fils bien jeune et exposé aux dangers des
tumultes du monde Heureusement, Thomas Becket avait été ins-
truit, dès les premières années de sa raison, des maximes et des
préceptes de PKvangile ; il connut même assez sa faiblesse pour se
tenir sur ses gardes, et ne rien faire sans consulter des personnes
éclairées et vertueuses. Ayant commencé ses études dans un mo-
nastère de chanoines réguliers, il alla les continuer à Londres,
où les trois principales églises avaient chacune une école dirigée
par de bons maîtres ; il y étudia avec succès jusqu'à l'âge de vingt
ans, qu'il perdit sa digne mère. Il discontinua ses études pendant
une année; mais dès que les circonstances le lui permirent, il se
rendit à Oxford, puis à Paris, où il se perfectionna dans la con-
29 décembre. — s. t ho m as de cantohbkby. 537
naissance du droit canonique et dans les différentes parties de
la littérature.
De retour à Londres t il fit paraître une grande capacité pour
les affaires, et s'attacha , en qualité de secrétaire, à la cour de
ville. Un jeune seigneur l'ayant attiré chez lui , à la campagne ,
Thomas prit insensiblement du goût pour la chasse et les
autres plaisirs bruyants auxquels son ami se livrait avec passion.
fl devint négligent dans le service de Dieu; et s'étant trouvé
eiposé aux dangers de périr par une chute, il prit la résolution
4e mener une vie plus retirée , et retourna à Londres , où sa
vertu et ses talents lui acquirent beaucoup de réputation.
Thibaut, qui fut élevé sur le siège de Cantorbéry en 1138, et qui
avait été ami du père de Thomas , lui offrit une place dans sa
maison, qu'il accepta. Il avait embrassé l'état ecclésiastique quel-
que tenips avant l'époque dont nous parlons. Thibaut reconnut
bientôt toutes les excellentes qualités et le mérite de Thomas
Becket ; il lui permit d'aller en Italie et d'étudier, pendant un
an, le droit canonique à Bologne. Après son retour en Angle-
terre, il reçut le diaconat ; l'archevêque lui donna successivement
plusieurs bénéfices, et le nomma archidiacre de Cantorbéry. (Té-
tait la première dignité ecclésiastique d'Angleterre; Thomas
la remplit avec autant de zèle que de lumière. Il fut envoyé
plusieurs fois à Rome , et y obtint le succès des négociations
importantes dont il avait été chargé.
Henri II étant monté sur le trône d'Angleterre le 20 décembre
1 154, Thibaut, qu'il honorait de sa confiance, lui parla de son ar-
chidiacre comme d'un homme qui avait autant d'expérience que de
capacité et de vertu , d'une prudence consommée dans le manie-
ment des affaires, ainsi que dans les fonctions des places les plus
éminentes. D'après un témoignage si avantageux , le roi nomma
en 1157 Thomas chancelier d'Angleterre; il en remplit les
fonctions avec tant d'intégrité et de douceur, qu'il fut bientôt
aimé et estimé de tout le royaume. Le roi lui-même lui témoi-
gnait souvent toute sa satisfaction , aimant à s'entretenir avec
lui familièrement, et prenant son avis sur les affaires les plus
importantes. Il le chargea de veiller aussi sur l'éducation de
son fils ; et quelque temps après , il le nomma son ambassadeur
en France , pour y négocier un traité entre les deux puissances ,
et pour y arrêter le mariage de Henri , son fils , avec Margue-
rite de France, fille de Louis le Jeune. Le chancelier s'acquitta:
538 29 décembre. — S. THOMAS DE CANTOBBÉBY.
do cette double commission avec tout Te succès que sou roi
pouvait désirer. Au milieu des honneurs , dont l'éclat n'éblouit
jamais notre saint , il continua d'être humble , mortifié , chaste
et fidèle aux exercices de la piété chrétienne et de la régularité
ecclésiastique. 11 triompha de tous les pièges qui furent souvent
tendus à sa vertu , ainsi qu'aux persécutions que la jalousie lui
suscita , faisant taire ses ennemis par sa douceur et son silence.
Thibaut, archevêque de Cantorbéry, mourut en 11m\ Le roi
Fayant appris en Normandie , où il était alors avec son chan-
celier, se décida à l'élever plus que jamais , en le nommant
archevêque du premier siège d'Angleterre; et quelques jours
après , lui ayant dit de se préparer à passer en Angleterre pour
une affaire importante , il ne lui fit connaître clairement ses inten-
tions qu'au moment où il devait partir. Thomas, après avoir
représenté au roi toutes ses raisons pour ne point accepter la
dignité épiscopale, sans avoir rien pu obtenir du prince, lui
dit avec une généreuse et sainte liberté : « Si Dieu permet que je
« sois arclœvêque de Cantorbéry , je perdrai bientôt les bonnes
« grAces de Votre Majesté ; et cette grande affection dont elle
« m'honore se changera en haine. Qu'il me soit permis de lu'
« dire que je la vois faire plusieurs choses contraires aux droits
» de l'Église , c-t que je craindrais qu'elle n'exigeât de moi ce
« que ma conscience m'empêcherait de lui accorder. Mes
« ennemis ne manqueraient pas de représenter ma résistance
« comme un crime, et ùv s'en servir pour me perdre auprès
« de vous. »
I,c roi n'eut aucun égard aux représentations de Thomas. Il
lit partir quelques seigneurs pour l'Angleterre , en leur recom-
mandant fortement de disposer les esprits et de se concerter ri
bien avec le chapitre de Cantorbéry, que le chancelier fût placé
sur le siège de cette ville. En attendant, le saint consulta le
cardinal de Pi se, légat du saint-siége en Angleterre, dont l'auto-
rité le décida à se soumettre à son élection. Elle eut lieu la veflle
de la Pentecôte de l'an 1162.
Dès qu'il en fut instruit, il partit pour se rendre à Cantor-
béry. 11 fut sacré , et reçut peu de temps après le pallium du
pape Alexandre III. Après avoir imploré , dans la ferveur du
recueillement, les lumières du ciel qui lui étaient nécessaires,
il se livra tout entier aux fonctions de l'épiscopat. Les cha-
noines de sa cathédrale étant moines , il prit leur habit, qu'il porta
29 décembre. — s. tuomas de cantobbéby. 539
toujours sous celui d'évêque , et se revêtit d'un rude ciliée , qu'il
ni quitta qu'à la mort. Son genre de vie fut très-austère. Il se
levait à deux heures du matin; après avoir récité l'office de
la nuit, il lavait les pieds à treize pauvres, les exhortait à la
vertu, se recommandait à leurs prières et leur distribuait ses
aumônes. Il lisait, avec le plus profond respect, l'Écriture sainte ,
qa'fl portait toujours avec lui , même dans ses voyages ; et tous
ta jours, après la méditation du matin, il allait visiter les ma-
lades qu'il y avait parmi ses moines ou dans son clergé. A neuf
heures, il célébrait le saint sacrifice de la messe , ou l'entendait
gll n'avait pu la dire. A dix heures , il faisait une nouvelle distri-
bution d'aumônes , qui complétait le nombre de cent pauvres
qu'A assistait tous les jours. Il dînait à trois heures, et faisait lin*
un livre instructif et pieux pendant le repas. Sa table était fru-
gale , mais toujours servie avec décence ; il n'y mangeait que
ce qu'il y avait de plus commun, et dans la plus exacte sobriété.
Le reste du jour était employé à la prière , aux fonctions pasto-
rales , aux œuvres de charité envers tous ceux qui recouraient
à lui.
Il était sévère dans l'examen de ceux qui aspiraient aux saints
ordres , vigilant sur les mœurs et la conduite de tous ceux qui
étaient attachés à sa maison. 11 reprenait même avec une cou-
rageuse liberté les grands et les riches de leurs vices , et retirait
de leurs mains les biens de l'Église , qu'ils avaient usurpés. Le
roi , informé de la manière de vivre du saint archevêque, l'ai-
mait toujours et le protégeait contre les injustices des seigneurs
puissants. Le pape Alexandre III ayant assemblé un concile à
Tours, en 1163, Thomas, qu'il y appela, vint en France,
où le roi d'Angleterre lui renouvela les témoignages de sa
confiance et de son amitié. Le saint l'engagea alors à nommer
à deux évêchés d'Angleterre , que le prince avait laissés vacants
depuis longtemps pour s'en approprier les revenus. La bonne
intelligence entre Henri II et Thomas, si utile à l'Église, ne
fut pas de longue durée. Le saint archevêque s'étant démis de
la dignité de chancelier, qu'il n'avait conservée jusque-là que par
complaisance, s'aperçut bientôt que cette démission avait déplu
au roi, qui ne tarda pas à lui en marquer son mécontentement;
il le fit éclater surtout après avoir entendu les représentations du
saint, sur l'injustice envers des églises longtemps laissées sans
pasteurs, et dont les revenus étaient envahis par l'autorité civile.;
640 29 décembre. — s. Thomas bb
A cet abus, dont Thomas se plaignit, il
aussi touchante que bien fondée, centre tes
juges laïques qui, au mépris des immunités 4»
a leur tribunal , sous quoique prétexte que ce flrt, lerftEfsBMim
ecclésiastiques. Il blâma la conduite de plusieurs officiers et
gneurs , détenteurs connus des biens consacrés au culte
ou destinés au soulagement des pauvres et des infirmes. Telles
furent les sources des différends entre le roi et l'archevêque de
Cantorbéry, qui eurent de» suites si funestes.
Henri exigea que les évéques fissent serment de maintenir
toutes les coutumes du royaume , qui if étaient ni les lois cons-
titutives, ni des principes fondamentaux du gouvernement, mais
des abus et des injustices auxquels Thomas déclara, dans une
assemblée générale d'évoqués tenue à Westminster, qu'il ne
ferait serment qu'avec la clause , sauf le devoir et la emudenee.
Plusieurs évoques le blâmèrent hautement, et se conformèrent
à la volonté du roi, qui lui fit les reproches les plus vîfe et de
sévères menaces. I.e reste du clergé en fut si intimidé, qu'il
employa les prières et les larmes, l.e saint archevêque se
laissa vaincre, en signant, en 1 100, les articles qull avait rejetés
d'abord; mais se repentant bientôt après de sa faiblesse, fl
on demanda l'absolution au pape, qui la lui accorda, en lui
recommandant de réparer la faute où il était tombé par surprise,
l.e roi, irrité du changement de Thomas, le menaça de la mort;
il fut condamné dans une assemblée d'évêques et de seigneurs,
ot tous ses biens furent confisqués. Les choses étant dans cet
état, Thomas en appela au sain! -siège, et résolut de quitter
secrètement le royaume.
Ayant do barque en Flandres, il se rendit a Saint-Omer,
et s'y logea dans l'abbaye de Saint-Bertin , cToù il envoya de-
mander un asile à Louis Vil , roi de France. Ce prince le hit
accorda, et l'invita même à se rapprocher de lui; tandis que le
roi d'Angleterre défendait à tous ses sujets de faire passer à
notre saint aucun secours, et envoyait à Sens des députés au
pape, pour lui porter ses plaintes contre l'archevêque de Can-
torbéry. Celui-ci, de Saint-Omer, partit pour Soissons, où le roi
de France, étant arrivé le lendemain, alla le visiter et lui marquer
sa vénération et le désir de lui adoucir son exil. Thomas quitta
Soissons pour aller h Sens, afin de rendre compte au pape des
*?iol ifs de sa conduite. 11 en fut écouté avec admiration, et
29 décembre. — s. thomas de cantobbéby. 541
exhorté à persévérer à défendre les intérêts de l'Église. Bien
loin de recevoir la démission que le saint prélat offrit de son
siège, le pape lui ordonna de ne point le quitter ; ensuite, ayant
Eut appeler l'abbé de Pontigny , il le chargea de prendre soin
dn saint archevêque, qui alla se loger dans son monastère. On
j suivait la règle austère de Cîteaux ; il en garda toutes les obser-
vances, en prit l'habit, et voulut y remplir les emplois les
plus humiliants et les fonctions les plus abjectes, refusant toute
distinction , jusqu'à ne pas toucher aux mets préparés pour lui,
et- ne mangeant que la portion de la communauté , comme le
plus simple religieux.
Aux rigueurs de la pénitence se joignirent les peines du
cœur des plus vives , quand il apprit qu'après son départ d'An-
gleterre , le roi avait confisqué les biens de ses parents , de ses
amis, de ses domestiques, et les avait bannis de ses Etats, en
les obligeant d'aller joindre le saint archevêque. Ces exilés , dont
la majeure partie arriva au monastère de Pontigny dans l'état le
plus déplorable , touchèrent le saint prélat jusqu'aux larmes. La
Providence permit que tant d'innocents trouvassent, dans la cha-
rité de plusieurs princes et évéques, les secours nécessaires à
leurs besoins. La reine de Sicile et l'archevêque de Syracuse en
recurent plusieurs, qu'ils assistèrent avec libéralité. Cependant
on travaillait à réconcilier le roi avec le saint archevêque , et le
pape y employait tous ses efforts ; mais ils ne servirent que de
prétexte à Henri II pour se porter à de nouveaux excès. Tandis
que le roi de France donnait des ordres pour que Thomas vînt
à Sens et y fût entretenu avec une sorte de magnificence , per-
suadé qu'il honorait Notre-Seigneur dans la personne de son ser-
viteur exilé , le saint fut reçu avec vénération par l'archevêque
de Sens , et se retira dans le monastère de Sainte-Colombe , situé
près de la ville.
Les esprits paraissant s'aigrir plus que jamais , le pape pria le
roi de France de se faire médiateur dans cette affaire, entre
l'archevêque de Cantorbéry et son souverain. Les deux rois eu-
rent à ce sujet une conférence à Gisors. Thomas y vit Henri II
et se jeta à ses pieds. Ce prince affecta de vouloir tout pacifier,
mais sans vouloir faire cesser les injustices commises en son
nom sur les immunités et les biens usurpés de l'Église. Cette
conférence ne servit qu'à augmenter le nombre des ennemis du
saint prélat ; car ce ne fut que quelque temps après que Dieu, qui
\IKS DES SAINTS. — T. II. 46
642 » décembre. — s. thomas dx a tm&
entn »
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i ;i I w de c ru li le mal âMMpajift
1 m; mais trois suives eveques dpÀnQ^eteVMa^t*4pH"
ques s eurs, ennemis jurés de notre saint, indisposèrent de
nouveau te roi contre lui ; en sorte que, quand il se présenta de-
vant ce prince à Tours, où il alla prendre ses ordres avant de
partir pour Cantorbéry, il se contenta de lui dire que les terres de
son Kplise seraient rendues , lorsqu'il serait arrivé en Angleterre.
Saint Thomas partit pour retourner dans son diocèse, d'où
il était absent depuis sept ans ; il écrivit au roi avant de quitter la
France , et finit sa lettre ainsi : « Je retourne à mon Eglise
« avec la permission de Votre Majesté; c'est peut-être pour y
« mourir, et pour empêcher au moins, par ma mort, ion en-
« tière ruine. Votre Majesté peut cependant m'y faire ressentir
« les effets de sa clémence et de sa religion; mais que je vire ou
« que je meure , je conserverai toujours inviolablement l'amour
<« que j'ai pour vous en ftotre-Seigneur, et quelque chose qui
« puisse m'arriver, je prie Dieu de répandre sur vous et sur vos
« enfants ses grâces et ses dons les plus précieux. »
Le saint voulut, avant de partir, remercier le roi de France
des bontés dont il l'avait comblé. Il vint donc à Paris, et logea
dans l'abbaye de Saint- Victor. Il s'embarqua pour l'Angleterre,
près de Calais, et après une traversée où 0 courut plusieurs dan-
gers , il prit terre à Sandwich. Il fut reçu avee de Tifs transports
de joie. Sesenuemis, plus animés quejasnais, partirent aussitôt
pour passer en Normandie, et le caionwièrent de nouveau au-
près du roi, mais d'une manière si adroite, et sur des faits si
graves, que ce prince, transporté de colère, dit et répéta plu-
sieurs fois « qu'il maudissait tous ceux qu'A avait honorés de
« son amitié et comblés de biens, puisqu'aucun d'eux n'avait le
« murage de le défaire d'un prêtre qui lui donnait pk» de peine
« que le reste de ses sujets. » Quatre officier» de sa oour, hommes
sans religion , formèrent sur-le-champ l'horrible complot de mas-
sacrer l'archevêque de Cantorbéry , dans la persuasion qu'as fe-
îaitjit par là leur cour à Henri II. lie saint prélat avait été reçu à
Londres comme en triomphe; mais son séjour y fut très-court,
ayant eu l'ordre de se retirer à Cantorbéry , et de ne pas sortir
de cette ville. 41 s'y rendit tout de suite , et dans le discours qu'il
lit le jour de Noël, après la messe, il déclara, sur la fin, qu'il
29 décembre. — s. thomas de cantorbéby. 543
croyait n'avoir plus longtemps à vivre. Tout l'auditoire, à ces
fNroles, fondît en larmes, et lui-même parut quelques instants
comme absorbé dans la contemplation de la volonté divine.
Ses quatre assassins, peu de jours après, arrivèrent en An-
gleterre; ils s'associèrent douze autres chevaliers, et se ren-
tous à Cantorbéry. Us allèrent au palais archiépiscopal ,
dans l'appartement du saint, l'accablèrent d'injures,
et menacèrent de le tuer s'il ne donnait pas l'absolution à
ceux qui avaient été interdits ou excommuniés, soit par le
aope, soit par lui-même. Thomas leur répondit avec douceur
qnUs seraient tous absous, en promettant de réparer leurs
crimes. Les assassins consignèrent alors le prélat à la garde des
ecclésiastiques qui étaient autour de lui, de peur qu'il n'échappât,
est ajoutèrent que le roi voulait faire un grand exemple de justice.
« Quoi! dit le saint, vous vous imaginez que je pense à fuir!x
« Non, non; j'attends , sans crainte , le coup de la mort. » Les
assassins se retirèrent pour aller prendre leurs boucliers et
leurs armes, comme s'il eût fallu aller à un combat, et ne
tardèrent pas à revenir, au moment où le saint archevêque
sortait pour aller à l'église. C'était l'heure des vêpres, il dé-
fendit de fermer ou de garder les portes du lieu saint. Les as-
sassins y entrèrent l'épée à la main , criant : « Où est le traître ?
« Où est l'archevêque ?» Le saint s'avança et leur dit : « Je
« suis l'archevêque; mais je ne suis pas un traître. » Les moines
et les ecclésiastiques s'enfuirent ou se réfugièrent aux pieds des
autels. Il n'y en eut que trois qui restèrent constamment auprès
de lui. « Vous êtes mort! » lui dit un des assassins. — « Je suis
« prêt, répondit le saint, à mourir pour Dieu, pourlajus-
« tice et pour la défense de l'Église ; mais je vous défends , au
« nom de Dieu tout-puissant, de faire le moindre mal à aucun
« de mes religieux , de mes clercs ou de mon peuple ; heureux
« si, par ma mort, je puis rendre à l'Église la liberté et la
« paix ! » Ayant ainsi parlé , il se mit à genoux , pria Dieu pour
l'Eglise, pour ses ennemis, et spécialement pour ses meurtriers ;
il inclina un peu sa tête, et la leur présenta en silence. Comme
ils voulaient le tirer de l'Église , il leur dit : « Je ne sortirai pas;
« faites ce que vous voudrez. » Un des assassins déchargea dans
cet instant un coup sur la tête du saint martyr, qui, en ayant
été étourdi , tomba sur ses genoux , soutint sa tête de ses deux
mains, resta immobile comme auparavant, et offrit à Dieu de
544 30 décembre. — translation de l'ap. s. jagq.
nouveau le sacrifice de sa vie. Alors deux autres assassins lui
donnèrent chacun un coup d'épée , et il tomba sur le pavé, près
de l'autel de Saint-Benoît. Comme il était près d'expirer, Richard
le Breton lui enleva le haut du crâne, et Hugues, avec la pointe
de son épée, lui tira la cervelle qu'il répandit sur le pavé.
Après ce crime affreux , les assassins coururent piller le palais
archiépiscopal. Le clergé de Gantorbéry enterra secrètement le
corps du saint archevêque , martyrisé le 29 décembre de l'an
1170, dans la cinquante-deuxième année de son âge, et la neu-
vième de son épiscopat. La nouvelle de ce crime atroce et sa-
crilège causa autant de surprise que de douleur aux princes
catholiques et à toute la chrétienté. Henri H, dès qu'il en fut
informé, prit tous les sentiments d'un véritable pénitent, et
répara, autant qu'il le put , tout le mal dont il était la princi-
pale cause. Dieu glorifia notre saint par les plus éclatants et
les plus fréquents miracles. Le pape Alexandre III le canonisa
en 1173.
30 décembre. — TRANSLATION DE L'APOTRE SAINT
JACQUES le Majeur. — 9e siècle.
Les traditions de l'église de Compostelle rapportent que le
corps de saint Jacques, fils de Zébédée, qui était d'abord à
Jérusalem, après avoir traversé une vaste étendue de mer,
aborda par une providence spéciale de Dieu sur la côte occi-
dentale de l'Espagne. On dit qu'il s'arrêta en premier lieu dans
le port d'iria Flavia, ville de la Galice, et qu'il reçut la sépul-
ture non loin de là , dans un endroit appelé aujourd'hui Com-
postelle, où il resta longtemps caché à cause des fréquentes
persécutions. Sous le règne d'Alphonse, roi de Léon, une ré-
vélation divine indiqua ce sacré trésor. Le prince lui éleva une
magnifique église , et enrichit ces restes précieux par des of-
frandes vraiment royales. Depuis ce temps, des miracles nom-
breux et signalés mirent en grand renom la mémoire de saint
Jacques. Le glorieux apôtre apparut dans les batailles les plus
sanglantes, et secourut miraculeusement les Espagnols dans
leurs combats contre les infidèles. Aussi l'Espagne entière a-
t-elle adopté saint Jacques comme un premier patron, donné par
Dieu lui-même, et elle Ta honoré jusqu'à ce jour d'un culte
31 décembre. — s. sylvestke, tape et coMf. *15
spécial. Du reste la renommée des miracles sans nombre du yrand
apôtre ne s'est |ias arrêtée dans les limites de la Péninsule; die
s'est répandue dans toute la chrétienté ; et il en est résulté que,
comme ou se rend à Jérusalem au Saint-Sépulcre, et à Home
aux tombeaux de saint Pierre et de saint Paul , des pèlerins
partis de tous les points de l'univers chrétien accourent par
dévotion , et pour accomplir des vœux, à Compostelle auprès des
reliques de saint Jacques.
On met le martyre de saiute Colombe eu 258 ou 273. Si
l'on adopte la deuxième de ces dates, on doit rapporter le mar-
tyre de cette sainte au second voyage qu'Aurélien lit dans les
Gaules, lorsqu'il remporta une victoire célèbre à Giflions. Elle
souffrit à Sens, où elle est honorée avec beaucoup de dévotion.
Son culte est aussi établi depuis longtemps dans le diocèse de
Paris. H y avili, anciennement dans cette ville wnv. chapelle de
son nom ; saint Ouen le dit expressément dans la vie de saint
Éloi. On gardait les reliques de noire sainte martyre chez les
bénédictins de Sens; mais elles uni été dispersées par les hu-
guenots, avec celles de plusieurs autres saints dont la même
église était enrichie.
Sylvestre, destiné par la Providence à gouverner l'Kglise,
lorsqu'elle commençait à triompher de ses persécuteurs, eut
Rome pour patrie, il était fils de RufQn et de Juste , et perdit
son père étant encore enfant. Sa vertueuse mère prit un grand
soin de son éducation , et le mit sous la conduite de Charitus
ou Carin, prêtre aussi recommandante par sa sainteté que par
ses talents. Quand Sylvestre eut atteint l'âge prescrit, il entra
dans le clergé de l'Église romaine, et fut ordonné prêtre par le
pape Marcellùi, avant les edits cruels publiés par Dioctétien et le
César qu'il avait associé à l'empire. La conduite de noire saint
dans ees temps orageux le lit universellement estimer. Il fut té-
64* Il décembre. -+ ». sYLttmE, yam w emr.
moin Ai triompfee que la crefe importa aar fîMferi» , après
la victoire mbraontoose de OmËfimUm «rMattàee, te n oc-
tobre Stt.
Le pape MakUade étant mort annote 4e jwicf à» Ywak
354, Sylvestre fut élu pour son successeur. La même année, il
envoya quatre légats, pour le représenter au concile que les
évéques d'Occident tinrent à Arles. On y condamne le schisme
des Donatistes, qui subsistait depuis sept ans, ainsi que Fhé-
résie des Quartodécimans. Le concile, avant de se séparer,
écrivit au pape une lettre très-respectueuse , en lui adressant les
décisions qu'il avait faites. Saint Sylvestre les confirma, et voulût
quelles fussent publiées pour servir de règle à toute l'Église.
Plusieurs années après, le saint pape, n'ayant pu, à causa de
sou grand âge et de ses infirmités , assister en personne au con-
cile général de Nicée , tenu en 825 contre Farianisme, y envoya,
comme ses légats , Osius, Viton et Vincent , pour le représenter.
(>, saint pontife, dont le zèle et les vertus apostoliques contri-
buèrent grandement à la propagation du christianisme, mourut
le 31 décembre 335, après avoir occupé le saint-siége vingt et im
ans et onze mois. L'Église grecque l'honore comme l'Église la*
liuc.
Fin du mois de décembre»
&48 TABLE ALPHABETIQUE.
André AvelKao » iê awvemfere.
André Cordai, év * ^*, ^.février.
Angadréma (sainte), t 14 octobre.
Anne ( $ainU)t mère de la sainte YUrae. • 26 >gjt
AlftlOifCf ATWH • tt iBÉfl '
Anyes gardiens (les saints) 2 octobre.
Anselme, arcli. de Cantorbéry et docteur 21 avril.
Antoine, patriarche des Cénobites 17 janvier.
Antoine Nevrot (le B. ), m 10 avril.
Antoine de l'adoue, conl 13 join.
Antonin, arrh. de Florence 10 mai.
Apbraate, solitaire 7 avril
Apollinaire, év. d'IIiéraple 8 janvier.
A|N)liinaire} év. de Ravenne, in 23 juillet
Apollonie ou Apolline ( sainte), v. in 9 février.
Apollonius, apologiste, m 18 avril.
An-ariiiis, m 12 janvier.
Arsène, solitaire 19 juillet
ASSOMPTION [)K LA SAINTE VIERGE 15 août.
Astère, arcli. d'Amasée 30 octobre.
A thanase , patriarche d* Alexandrie et docteur 2 mai.
Aubin, év. d'Angers 1er mari.
Augustin, apôtre d'Anglet rre 26 mai.
Augustin, év. d,Hi|>|M>ne et docteur 28 août.
Augustin de Lucère ( le I). ), év 8 août.
A un* ou Aurée ( sainte ), v 4 octobre.
Aurele et Matalie (sainte), i£ 27 juillet.
Auxence, solitaire 17 février.
Aventin, solitaire 4 lévrier.
A voie (sainte). ( Voy. Uedwige. )
Ayou ou Aiguire, m 3 septembre.
B.
flabolein, abbé de Saint-Maur 26 juin.
Ilabvlas, év. d'Antioclie, m 24 janvier.
Jtarbe (sainte;, v. m 4 décembre.
Itarlaam, m 20 novembre.
Harnabé., apôtre 11 jnin.
JlarlhMemy, apôtre 24 août
llasile le Grand , év. de Césarée et docteur 14 juin.
flasile d'Aiicyrt», pr. m 22 mars.
liasilide, Cyrin, Nabor et >'azaire, m 12 jnin.
flatliilde ( sainte ), reine de France 30 Janvier.
Itavon ou Alovsin, solitaire 1er octobre.
Ilède le Vénérable, docteur 27 mai.
Regguc (sainte), vc et abbesse 17 décembre.
Hémaet, berger 14 avril.
Iténigne, év. de hijon, m 24 novembre.
Jienjainin, in 31 mars.
Ilenolt, patriarrlie des muines .FO( rident 21 mars.
sic tu» tLrm>Éntn.
ciwuiUI ( ioy. JewBB-FnoçoiM ). i - .-,-.■
Chwtomagne (le B. ), empereur. »FWW;
Charte* ftotrwnée, arcb. de Milan .liMBii.
Charité (Mtale). ». D> ESSkLi
Chtnm, m. ••■SI ■
tliionio ( «ainte ), m * aniL
Christine MioteJ, v. m M UU.
QMkl îî *fi*
Oitwiuce ■ " **f^_
Clirysante et Uariu { Munie ) , m 1» octobre.
ChryMiftone, ni M no*aatfire.
(:1m nofitoioo (voy. Jean)
f IHCONCIKIIIK BE Xi/1-BR-SeIOKIN 1" J*nTMT.
Clair, prMre
(laire ( iwinte ), \ 11 août
flaire (iaiilUinnrli { la II. ), ï' 8 afrlL
Claire île Miinletalcu | la 11. ), v 1* **t
fbuJr, arrl, ,U- Ue-ncun. . . 7 joli.
OWmÎL I»i* Hn M MtMÉ
Clhlicnt i \l-\aii-lrw. t. déCMil
fiel cl Manvllin |«i|ies rt inart M avril.
l'Iulililf sjiinii- , nin- du France » joln.
Gliiuil, nrflre el solitaire 7 • —
Colette IhiiM ( la lt ). v « Il
i ..i I etabWde Luseuil 11 novembre.
Culihiul": viinli1 i, v. m >l décembre.
Crtmcctmiiiicn.m J7 ir— ——
i ■■iimitiniKii-iiiiiiiiiirx Fiitelfi Dr/uals
Constance, laerislam - _..,
CoiivertioH de suint Paul, apôtre U Juikr.
Corneille , liai* et m (S Kptaahn
('reiiin et Orciiims'ii, m » octobre.
Cre*-*jice ( Mainte), m U Join.
('UIHtyHMlt! ( Mltlle ), illl|»!Mlni-J!
('t|>rirn,i'V. de Carllui^', m
<\|>rien h SlUMiciiiii et Justine j suinte ), ni M •eolBubre.
Cyrel Jnlilli! (saiiilo ), in 16 jais.
Cyre ( nainte), t * Mot
Cjrîa(|Ufl, Large et Smaran'li',m S aott.
Cyrille, nalrîardie d'Alexandrie M Janvier.
Cyrille, uatriarclin île JrriiMiletn I» mil*.
«'vrille et Méthode, a[MiK* îles tsclavons 9 MUS.
Cyrille, eaiant, m » mil.
(yrin.m «I*.
D.
Iknnnae, iiagie
Dainien , ni
IJarie ( sainte ), ni
Décollation de lalnt Jean- Baptiste. . . .
17 «Mtombre.
35 octobre.
562 TABLE ALPHABETIQUE.
Simon Stock, conf. 16 mai.
Sindulphe ou Sendou , solitaire 20 octobre.
Sisoès ou Sisoy , anacliorète 4 juillet.
Sixte II, pape, Félicissime et Agapit, m 6 août.
Smaragde, m 8 août.
Sophie (sainte ) 1er août.
Sophrone, patriarche de Jérusalem 11 mare.
Soter et Caïus , papes et m 22 avril.
Spérat ( voy. Martyrs Scillitains ).
Spiridion , ev. de Trimythonte 14 décembre.
Stanislas, év. de Cracovie et m 7 mai.
Stanislas Kostka, conf. 13 novembre.
Stigmates de saint François d'Assise ( Impression des ). 17 septembre.
Siilpice, év. de Bourges 19 janvier.
Sulpice Sévère , moine 29 janvier.
Susanne ( sainte ), v. m 11 août.
Suso ( voyez Henri ).
Symphorien, m 22 aoôt.
Symphorose (sainte) et ses sept Fils, m 18 juillet.
Sylvestre, pape et conf 31 décembre.
T.
Télesphore, pape et m 5 janvier.
Thaïs ( sainte ), pénitente 8 octobre,
Thècle ( sainte ),v.m 23 septembre.
Thée ( sainte ), v. in 25 juillet.
Théodora (sainte), impératrice 11 lévrier.
Théodore surnommé Tyron, m 9 novembre.
Théodore, abbé de Tabenne 28 décembre.
Théodore ( sainte ), m 28 avril.
Théodoret , prêtre et m 23 octobre.
Théodose le Cénobiarque, archimandrite 11 janvier.
Théodole le Cabaretier, et les sept Vierges, m 18 mai.
Théodule, m 3 mai.
Thérèse (sainte), v. fondatrice des Carmélites 15 octobre.
Thibaud, abbé des Vaux deCernay 8 juillet.
Thomas, apôtre 21 décembie.
Thomas d'Aquin , docteur 7 mars.
Thomas, arch. de Cantorbéry, m 29 décembre.
Thomas de Villeneuve, arch. de Valence 22 septembre.
Thrasylle et Émilienne ( saintes ), v 24 décembre.
Tiburce, Valérien et Maxime, m 14 avril.
Tiburce, Chromaçe et Susanne (sainte), v. m Il août.
Timothée, év. d'Éphèse et m 24 janvier.
Ti mot bée, m 22 août
Tite év. de Crète 4 Janvier.
TOUSSAINT ( LA ), ou FÊTE DE TOUS LES SAINTS! 1* novembre.
Transfiguration de Nôtre-Seigneur 6 août.
Translation de la sainte maison de Lorette 10 décembre.
Tropès, m 17 mai.
tÀfcLE ALPHABÉTIQUE. 563
îrophime, év. d'Arles 29 décembre.
Tryphon, Rcspice et leurs Comp», m 10 novembre.
Turibe, arch. de Lima » 23 mars.
IL
Ubald, év. de Gubbio 16 mai.
Urbain Ier, pape et m 25 mai.
Ursin, év. de Bourges 29 décembre.
Ursule ( sainte) et ses onze mille Compagnes, v. m. . 21 octobre.
V.
Vaast, év. d'Arras 6
Valentin, prêtre et m 14 «
Valentine (sainte), v. m 25
Valérien, m 14 .
Valéry, abbé 12
Vandrille, abbé de Fontenelle 22
Venant, m 18
Véronique de Milan ( sainte ) 13
Victor, pape et m **
Victor de Marseille et ses Comp., m. .
Victoire (sainte), v. m *o
Victrice, év. de Rouen . 7
Villana de Bottis ( la B. ), ve
Vincent, diacre et m
Vincent Ferrier, conf.
Vincent de Lérins, prêtre
Vincent de Paul, corif. w i •*-
Visitation de ia sainte Vierge 2
Vital, m 28 «...«.
Vital et Agricole, m 4 novembre.
Vitus, Modeste et Crescence (sainte), m 15 juin.
Voragine ( voy. Jacques de ).
W.
Waltrude ou Vaudru ( sainte ) 9 avril.
Wenceslas, duc de Bohême, m 28 .sentem
Wilfrid, év. d'York 12 i b«*
Willibrord, év. d'Utrecht 7 i.«#
Wulfran, arch. de Sens
X.
Xavier (voy. François ).
Y.
Yves ( le B. ), év. de Chartres 20 mai.
Yves, officiai et curé 22 mai.
664 TABLB ALPHABETIQUE.
z.
Zenon , évoque de Vérone 12 avril.
Zéphyrin , i>ape et m 26 août.
Zita (sainte), vierge et servante 27 avril.
*
*
TABLE U fHiii! ITIQI i- ".".î
ce, e>. de hii':»- . . 1" j irtvnf
ce, **- de CirlhaReoc. 18 lé»nrr
, abbé île Sainl-l>enjs 16 juillet.
aliMili- l-afcoi . . ■ 16 JanTter.
G.
de rbienne, fond, des i V*:.u- . 7 anùt.
». de Wermoot t" juillet
ibé ea Suisse ■ ■ 18 octobre.
lainle}. f*. . b uelubre.
r, serrurier. . . 37 teviier.
,é».<te Tours. («décembre
»... 10 ainl.
', abbé. . , s Sïril
I**, pape. ■ ■ - Il novembre,
en, m 16 «oiilenibrr.
, m 33 a»rd.
le Comédien , m . .... as aoOL
e»e (sainte), v j ;ao«<er.
, abbé 3 octobre.
ne, ebbe à mare.
n, et, d'Au\erre. 31 juillet
n, e». de Cari! 1S mai.
-, *bW. . . 34 sqilerobre.
le, d'Fisleben, v. et abbeise . ta noieuibre.
Je, «. ebliessBile Ni telle. . , 17 mars.
; et Hrolais, m. i- juin.
•bbë. 1" «niirutb.
irttre et suliljifp 8 juillet,
leouGooMlMleB.). ■ ■ lOjaimer
» et Lpîiuaquc , m 10 mai.
le ( sainte ) , v. 9 décembre.
iusetDoiolbpe.iii 8 septembre
e Ip i;nu.l, |m(»; el iW.teor . ........ 13 mais-
* Vil, |iape 3S oui.
e rii|iiiiiii:.ii.'ur. <'v. 30 neplemlirr.
e i!b >a/ jme , B» tl rlocleur. . 9 nui.
e, é», de Njsse 9 mars.
■e, év. de Tiiuri 17 octobre.
c'Nri-invtturge, e». . 17 mwembre.
(sainte), v , 8 (.iimif
1 de Gemblou\ . 33 mal.
me, arrli. de Boorges 10 jaotier.
iih .). M.itiidllB . 10 fét'iei-
me, abW d.> Munie* et #r>e ÎT joia.
Guidno, bclc.iu .17 septembre.
'ojei Vitua ).
TABLE ALPHABETIQUE. SAS
Jean , apôtre et évangétitU î7 décembre.
Jean devant la porte Latine 0 mai.
Jean l'anmoiiier, pair, d'Alexandrie. 23 janvier.
Jean Caljbite, reclus Il avril.
Jean de Capistran, conf. 23 octobre.
Jean Chrysostume , év. «!■_■ Constaotinople et docteur. . 27 janvier.
Jean Climaque, abbé dn mont Sinaî ï\> mars.
Jean de Cologne ( le B. ), m 9 juillet.
Jean Colomhini, fiiml. dis Jésuales . 31 juillet.
Jean de la Croix, coiiC 24 novembre.
Jean Damascene, docteur 6 mai.
Jean de Dieu, fond. île l'ordre de la Charité h mars.
Jeantiualbeit. abbé, fond, de Vallombreuse H juillet.
Jean de Kroty, conf. 20 octobre,
Jean de Matha, fond île l'ordre des Trinilaires 8 février.
Jean le Nain, anacliorèle 15 septeinlae.
Jean >.j'tiiniii.(.ii'', m 16 mai,
Jean de Parme (le B. ), conf. ï0 lévrier.
Jean el Paul, m 2e juin.
Jean 1", pape, m 27 mai.
Jean de Sali;ii:uii . <>n <li; - tint Fagoadex 12 juin.
Jean de Salerne ( le li. ), conf. u aonl.
Ji.rm le Sileiil!„iiv, i'i. >'t -olîtaire. 13 mai.
Jean b Solitaire nu >l l^vpte !7 mars.
Jeanne-Françoise Kréuii<it de Cliant.il (sainte). .... 21 août.
Jeanne d'Orrôto ( la B. ), v 23 joillet.
Jeanne de Valois ( sainte ) , reine k lévrier.
Jérôme .prêtre et docteur 30 s<>|i(i-inbre.
Jérûme jfimiliani, conf 10 juillet.
Joaehim, conf. 15 août.
Joseph, époux de la sainte Vierge 19 mars.
Joseph d'Arimallrie 17 mars.
Joseph Barsabas, dit le Juste 20 juillet.
Joseph de Calasanz, fond, des Écoles pies 27 août.
Jovile, m 15 février.
Jude, apôtre 28 octobre.
Julie ( sainte ) , v. m 22 mai.
Julien , év. du Mans 27 janvier.
Julienne de Falconieri ( sainte ), v 19 loin.
Julilte( sainte ), mère des. Cyr., m 16 juin.
Julitte (sainte), m 30 juillet.
Just et Pasteur, m 6 août.
Justin le Philosophe, m 13 avril.
Justine (sainte), m 26 septembre
Justine (sainte), v. m 7 octobre.
Juvénal, év I nui.
Labre ( vov. Benoll-Josepli ).
Lambert, év. de Maestrischt , m
Landri , év. de l'avis 10 jnm.
65» TAllt AJL*aU**TlQg*
Médafé. év. 4e Hojoo • *
MekUede, pape 1*
Meanee, a*. il
Mcrry — Météric, abbé. v • m
Meeme «m Maxime, sotttaire. . .- Wm «m*-^
Me«nin et aes Coinj>a^nons, m 7
Mestnin ou Ma&iiuin , abhé 15
Méthode , patriarche «le Constantinople 14 jnia.
Méthode, ev. apôtre de» Ksclavons 9
MHIiode, évêquc de Tyr, docteur et m 15
Michel, archange {Dédicace de saint) 29
Michel , archange ( Apparition de saint ) 5
Modeste, m 18 juin.
Moi**, solitaire 20 février.
Monùjue ( sainte ), veuve 4 mal,
N.
Nabor, m 12 Juin.
Napoléon, tu lt août
Narcisse, év. de Jérusalem 29 octuhc.
Natalie ( Milite j, m 27 jouet
Nataliu ( saint* ), m 8 aepteaabre.
NATIVITK I>i: N.-S. JKSLS-CIIKI.ST, OU HOEL. . 25 décembre.
NATIVITÛ HE L\ SUMK Yll.Itl.F. 8 MpteOlbfe.
NATIVITÉ IIP. SA1M JK4N-n\!1ISTfc 24 JUM.
Na/aire, m 22 Jlrfa.
Nazain;, CcImj <;t Victor, m 28 jaillet
ft'inésioii , m 19 décembre.
NVrtoet ArJiilléc, pU\... m 12 mat
Ni rais*;, év. de Kuiiih, et Kutropie ( sainte ), m. . . . 14 décembre.
Niu>iilioreviii 9 février.
Nicolas, év. de Mjre 8 *JfrfgfriM»-
NicolasdeTolentino 10 aeptembre.
Nicomède, m 18 Mpteaabre.
Nil l'Ancien , solitaire «t docteur 12 novembre.
Nil le Jeune, abbé 20 septembre.
Ni/ier, év. de Lyon j avril.
Nom de Jés a.i ( suint ), — (deuxième dimanche après
l'Ëpinhanie).
Nom de Maria (saint), —(dimanche dam l'octave
après la Nativité de la sainte Vierge).
Norbert, fond, de Tordre de l'rciuontré 8 Jaio.
Notre- Dame de la Merci 24 septembre.
Notre-Dame du Mont-Carmel 10 jaulei.
Notre-Dame de la Victoire, fête du Rosaire, — ( pre-
mier dimanche d'octobre}.
TABLE ALPHABETIQUE. 6Ô9
0.
abbé de Cluny 19 novembre.
t abbé de Cluny 2 janvier.
tade (sainte), ve 17 décembre.
ëv. de Térouanne . 9 septembre.
rie, ermite 12 juin,
une ( sainte ), v. et abbesse 21 avril.
é?. de Milève 4 juin.
i de Mantoue ( la B. ), v 18 juin.
ér. de Rouen 24 août.
P.
b, instituteur des Cénobites. ......... 14 mai.
», apôtre des Scots 6 juillet.
ce, m 12 mai.
ïon , m » 27 Juillet.
e, docteur 7 juillet.
ice, év. dans la Thébaïde 11 septembre.
i, abbé de Guéret 6 octobre.
Baylon , conf. 17 mai.
r, m 6 août.
. , év. de Lyon 10 septembre.
;, év. apôtre d'Irlande 17 mars.
ipôtre ( Commémoration de saint) 30 juin.
voyez Conversion de).
Arezzo (le B. ), card. et arcli 17 juin.
premier ermite v 15 janvier.
év. de Constantinople , m 7 juin.
5v. de Narbonne 12 décembre.
Simple, anachorète 18 décembre.
m 26 juin.
m 25 juillet.
[ sainte J, veuve 26 janvier.
, év. de Nola 22 juin.
: ( sainte ) , pénitente 8 octobre.
je et Félicité (saintes), m 7 mars.
e, év. de Bologne 4 octobre.
ille (sainte), v 31 mai.
pe, apôtre 1er mai.
►e, diacre 6 juin.
>e Benizzi, conf. 23 août.
►e de Néri, fond, de l'Oratoire 26 mai.
lène ( sainte ) , v. m 1er septemb.
;, m 26 février.
, pape et ni 11 juillet.
pape 5 mai.
:, PRINCE DES APOTRES , ET PaUL , APOTRE 29 JUU1.
: aux Liens 1er août.
d'Alcantara, conf 19 octobre.
5t* TAIiB ALFSjLpitlQQ*. r
Pierre , patriarche d' Alexandrie , m M
Pierre Célestin, pape. î»
Pierre Chrysologue, arch. de Raveune et docteur. . • 4 décembre.
Pierre Dtmien,év. et docteur '.. ^x
Pierre PExordste, m . . .-. f?J
Pierre Fourrier ( le B. ), conf. ' *
Pierre Gonçalès ou Klmc, conf. 15 aTril.
Pierre de Lampsaque, m 15 mai.
Pierre de Luxembourg, card. et év 5 juillet
Pierre Martyr ( vov. Pierre de Vérone ).
Pierre Nolasque , fond, de Tordre de la Merci 31 janvier.
Pierre de Pise (le B. ), fond, des Hiéronymites I^juin.
Pierre , év. de Sébaste . . . 9 Janvier.
Pierre, arch. de Tarentaise 8 mai.
Pierre de Tiferne ( le B. ), conf. 22 octobre.
Pierre de Vérone, m 29 avril.
Placide et ses Comp., m 5 octobre.
Polycarpe , év. de Smyrne et m 26 janvier.
Pompose ( sainte), v. m 19 septembre
Ponce de Laraze ( le B. ), pénitent 18 septembre.
Pontien, pape et m . . 19 novembre.
Potenticn, m 19 octobre.
Pothin, év. de Lyon, in 2 juin.
Praxëde ( sainte ), v 21 juillet.
PRKKEMMTIO* DE NoTHE-SKIGNEUR 2 février.
Présentation de ta sainte Vierge 21 novembre.
Prétextai, atr.h. de Rouen 24 février.
Prime et Félicien y m 9
Prisqtu! ( sainte ï, v. m 18
Processe et Martinicn , m 2 3t
Procope, m 8 ' i
Prosper d'Aquitaine, docteur 25 Jl
Prote et Hyacinthe, m 11 septembre.
Protais, m 19 Juin.
Prudence, év. de Troyes 6 avril.
l'iidentienne (sainte), v 19 mai.
Pulcliérie (sainte), impératrice, v 10 septembre.
P( KIFIC VTION DE LA SAINTE VlEKGK 2 février.
Q-
Quarante Martyrs ( voy. Martyrs).
Quatre-Couronnés ( les saints ), m 8 novembre.
Quentin, m SI octobre.
Quiric ( voy. Cyr ).
R.
Kndcgonde ( sainte), reine de France 13 août.
llaymond Nonnat, card. conf. .11 août.
n.mnond de. Pegnafort , conf 23 janvier.
um.
anvier.
uUlet
uillet.
uin.
TABLE ALPHABETIQUE ÔH1
Régis ( Je-'" Fr i-ii ii- }. 16 juin.
Reliques tjlte des sainte* ) 8 novembre.
Itemi , é>. de Retins , 1" octobre.
Réparât e: «es Comp. , m 4 i • ■-.!--.-
Re8pice,m, . 10 novembre.
Richard, é«. de Cbichester S «ml.
Rieui , év. de Senb» 30 mat*.
Higobert, év rie Reims . Janvier
Riquier, ahbé. . 26 avril.
Robert, fond, de Cltnau* w avril.
Robert d'Arbriwel ( le B. ) 2S février.
Roch.conf. 16 «ont.
Rodriguez (voy, Alpln>o»e;.
Rogatlen, ro 2i raai
Romain, m 0 août.
Romain, arch. de Roueo. 21 octobre.
Romuald, fond. d>. Canialdules, 7 février
Rosaire (fitt du saint),— (premier dimancltc d'oe-
Rosalie de t'alerme ( sainte ),i. ... ..... 4 septembre.
Rose de Lima ( sainte !, » 30 août.
Rosede \iterbe ;samle),v , 4 septembre,
Ruime et Sernmle ; saintes ), v. m. . - 10 juillet
Rumold on (tombant, m ...... 1" juillet
Rupert, év. de Worms. 37 terrier.
Rustique, m. . g octobre.
S.
Sabas, abbé 5 décembre.
Sabine ( sainte ) , Ve et m 59 août.
Sailoc (le B. ) et ses Conop., m 1 juin.
Satur, conf. 28 mars.
Saturnin, év. de Toulouse, m 23 novembre.
Savinien ou Sabinien, m 34 janvier.
Snvinii'i), Potentiel» et Altin, m 19 octobre.
Krlinlastii'iue (sainte], ï 10 février.
Sébastien, m 20 janvier.
Si-cdiidf ( sainte), v. m 10 juillet.
Seine,ahb4 iy septembre.
Sennen, m 30 juillet.
Sept Douleurs de la B. V. M. {fête des ), —(troisième
dimanche de septembre ).
Servul ou Servol 23 décembre.
Siiverin, abbé 1I1: Saint-Maurice Il février.
s.'HTin, solitaire. 24 novembre.
.'■. ii lui:).' Apollinaire, év. de Clermont. 21 août.
Silvère , pape et m 20 juin.
Siiiiémi, év. et m 1S février.
Siméon Slylitc 5 janvier.
Simon, |K!(jt enfant, m îi mars.
Simon et Jude, apOtrts 28 octobre.
669 TAW.I ALFftAttTttMU
tr.
Simon Stock» eonf. 'ftâJent .
SindaJpbe oo Seodou . eotttafr*. . . * . M Oftofrmv
SUte II. pope, Fcudsskûc H Agaptt, » • 53*
SmtrtgMy m. . • . • • • ••• ♦ •♦ s ONL .
Sophie (sainte ) l"* août
Sophrone, patriarche do Jérusalem 1 ! mars.
Sotcr et Cams , pa|»es et m 22 avril
Spérat ( voy. Martyrs Scilli tains ).
Spiridion , év. de Trimythonte 14 décembre.
Stanislas, év. de Cracovie et m 7 mai.
Stanislas Kostka, conf. IS novembre.
Stigmates de saint François d'Assise (Impression des). 17 septembre.
Suipice , év. de Bourges 19 janvier.
Sulpice Sévère , moine 29 janvier.
Susanne ( sainte ), v. ni 11 août.
Suso ( voyez Henri ).
Symphorien , m -. 22 août
Symplioruse ( sainte ) et ses sept Fils , m 18 juillet
Sylvestre, pape et cour. SI décembre.
T.
•
Téiesphore, pape et m & janvier.
T hais ( sainte ), i>énitantc 8 octobre.
Theele ( sainte ), v. m 23 septembre.
Thée ( sainte ), v. m 26 Juillet
Tliéodora ( suinte J, ini|>érau-icc 11 lévrier.
Théodore surnommé Tyron, m • 9 novembre.
Théodore, abbé de Tubenne 28 décembre.
Théodore ( sainte ), m 28 avrlL
Théodoret, prêtre et m 28 octobre.
Théodose le Cénobiarquc, archimandrite 11 Janvier.
Throdote le Cabaretier, et les sept Vierges, m 18 mai.
Théodule, in S mai.
Thérèse ( sainte ), v. fondatrice des Carmélites 16 octobre.
Tliibaud , abbé des Vaux deCernay 8 Juillet.
Thomas, apôtre 21 déccmbfe.
Thomas d'Aquin, docteur 7 mars.
Thomas, arch. de Cantorbéry, m 29 décembre.
Thomas de Villeneuve, arch. du Valence 22 septembre.
Tlirasylle et Émilienne ( saintes ), v 24 décembre.
Tiburce, Valérien et Maxime, m 14 avril.
Tiburce, Chromai et Susanne (sainte), v. m Il août.
Timothée , év. d'Éphèse et m 24 Janvier.
Timothée, m 22 août
Tite, év. de Crète 4 Janvier.
TOUSSAINT ( LA ), ou FÊTK DK TOUS LKS SAICTS. i" novembre.
Tkansfk;ukation dk Notkk-Skh;nkuk 6 noOt
Translation de la sainte maison de torette 10 décembre.
Tn>|>ès, m 17 moi.
tABLE iLPIUOETIQtm. 6B3
aie, év. d'Arles 19 décembre.
n, Respice el leurs Comp,, m lu norembre.
, arch. de Lima 23 mars.
u.
év. de Gubbio 16 ma>-
l",papeetm 25 mai.
év. de Bourges 29 décembre.
(sainle) et ses onze mille Compagnes, v. m. . 21 octobre.
év. d'Arras ... fi Terrier.
n, prêtre el m. . 14 fe*rii-r.
ne (sainte), v. m ÎS ;uilie[
, abbé 12 déwmbre.
Ile, abbé de Fontanelle. 2î juillet.
me de Milan ( sainte ) I.ï [miiiei .
pane et m î8 juillet
if Mdr,iilii. irl ii:s(.'uni[i , m. Il Juillet
e( sainte), ». m 23 décembre.
J, ev, de Rouen. . 7 aoOt.
de Bnltk (hB.!, i1 1* lévrier.
t, diaete et ro 22 janvier.
t Ferrier, cml j avril.
t de Lérin-, prêtre 24 mai,
t de Paul, ninT. l'j juillet.
■ion de r i sufiTT. ViancE 2 juillet.
: Aftriciile. in 4 nnïpmbre.
Modeste et Cre^ccnre ; sainte), m. ...... là juio.
la ( voy. Jacques de ).
de ou Vauilru ( sainle ) 9 avril.
slas, duc de Bohême, m 28 -septembre.
i , év. d'Vork 12 octobre.
ord, év. d'Ulrecht 7 novembre,
n, arcli. de Sens 20 mars.
(voy. François ),
Y.
le lî. ), év. de Chartres 20 mai.
ifficial et cure 22 mai.
556 TAU ▲LrolBttlQtft.
»■*■
Lanfiranc (leB. )i ^ «rch. de Ctntorhéry ■; .1?
Large, m ' 6 Mtg\ ' " '
taumer, abbé. ....*. -llffWviir;b
Laurent, diacre et martyr . le)M£ •
J eurent Justinien t patriarche de Venise VtéjÛnIlfc
I^zare, et Marthe et Marie (saintes) 39 juillet.
]>andre, év. de Séville 27 février.
ljégcr, év. d'Autun , m 3 octobre.
Léocadie (sainte), t. ni 9 décembre.
l>on le Grand, pape et docteur 11 avril.
Léon II , pape 38 Juta.
]<éon IX, pape 19 avril.
1 A»n , m 19 février.
Léonard ou Lienard , solitaire 6 novembre.
IA>pold 111, m» d'Autriche 16 novembre.
Leu, archev. de Sens 1" septembre.
Libérât et ses Compagnons , m 17 Mit.
Lidwinc ( la B. ), v 14 avrB.
Liguori (voy. Alphonse-Marie).
Un , pape et m 33
Lioba (sainte ),abbesse 36
Longin, m 16
Louis, év. de Toulouse 19 aoAt.
Ijotiis , roi du France 35 août.
Louis Bertrand 11 octobre.
Louis de Gonzague 31 brin.
liOiin , év. de Troyes. 39 joftlet.
LulMn, év. de Chartres 14 mira.
i.uc,4vantjrliste 18 octobre.
Lucie ou Luce ( sainte ), v. m 19 décembre,
Lucie (sainte ), veuve, m 16 —fj—^hm
Lucie de Narni ( la B. ), v 16 novembre.
Lucien, prêtre et m 7 Janvier.
Lucien , m 8 janvier.
Luc.fcu et Marcien , m 36 octobre.
Ludger, ëv. de Munster 36 mars.
M.
Macaired' Alexandrie, ahhé 3 janvier.
Macaire d*Êgypte ou l'Ancien 15 janvier.
Machabécs ( les sept Frères — avec leur Mère ), martyrs, t*1" août.
Macriue ( sainte ), v 14 juillet.
Magloire, év. et abbé 34 octobre.
Malc, moine captif. 31 octobre.
Mato ou Maclou, év. d'Aleth 17 novembre.
Mamert, év. de Vienne 11 mal.
Maramie et lïyre (saintes), v 3 août.
Alarv , vvttnyelistc 35 avril.
Narc.pape 7 octobre.
Marc et Marccllicn, m 18 juin.
658 TABfct AlMAttTIQtf*
Médard.év. de Nojon .. ■ '*.
MeieMede, t»pe. . . .- U
Mefifles, m. . . i . .-- U
Merry ou Médéric, tbbé , . * . 09
Mesme ou Maxime, solitaire. M
Mesmin et ses Compagnons, m 7 septembre.
Mosmin ou Maxiiniu , abbé 15 décembre.
Méthode , patriarche de Constantinople 14 juin.
Méthode, ev. apôtre des Esclavons 9 manu
Méthode, évoque de Tyr, docteur et m 19 septembre.
Michel, archange (Dédicace de saint ) 29 septembre.
Michel , archange ( Apparition de saint ) 8 mai.
Modeste, m 15 juin.
Moïse, solitaire 20 février.
Monique ( sainte ), veuve 4 mai.
N.
Nabor, m 12 juin.
Napoléon, m 1& août
Narcisse, év. de Jérusalem 29 octobre.
Natalie ( sainte ), m 27 juillet
Natalio ( sainte ), m 8 septembre.
NATIVITE I)i; N.-S. .JKSUS-CURIST, OU NOËL. . 25 décembre.
nativité de la suMK Vikiu.k 8 septembre.
NATIVITÉ DR SAINT JKAN-BAITISTK 24 JUU.
Nazairc, m 22 juin.
Nazaire , Celse et Victor, m 28 juillet
Néinésion, m 19 décembre.
Nérée et Achilléc , etc.... m 12 mai.
Nicaisc, év. de Reims, et Eutropie ( sainte ), m. . . . 14 décembre.
Nicéi>hore,in 9 février.
Nicolas, év. de Myre 6 décembre.
Nicolas de Totentino 10 septembre.
Nicomèdo, m 16 septembre.
Nil l'Ancien , solitaire et docteur 12 novembre.
Nil le Jeune, abbé 26 septembre.
Ni/ier, év. tic Lyon j avril.
Nom de Jésus ( saint ), — (deuxième dimanche après
l'Epiphanie).
Nom de Marie (saint), —(dimanche dans l'octave
après la Nativité de la sainte Vierge).
Norl>ert, fond, de Tordre de Prémontré 6 juin.
Notre- Dame de la Merci 24 septembre*
Notre-Dame du Mont-Carmcl 10 jmUc4.
Notre-Dame de la Victoire, fête du Rosaire, —(pre-
mier dimanche d'octobre).
651 TA1L1 ALFHAiniQQI.
KolaUe de Barcelone ( sainte), v. m. . «.« . Il iéfftar.
Knlalie de Mérida ( sainte )f t. m U ~
Eaphémie, Locle( saintes) et Géminien, m. t#
Kuphrasie ( sainte ), v »
Kuseto, év. «le Verceil M
Kustache et ses Compagnons, m 30 «eptemlirr.
Fustochie ( sainte ); v 28 septembre.
Kutrope, premier ev. de Sainte?, m 30 avril.
fcutropie ( sainte ), m 14 décembre.
Kvariste, pape et m 26 octobre.
Kvciire, m 6 mat.
Kvroul, ablié 39 décembre.
Exaltation de la sainte Croix 14 septembre.
F.
Fabien , pape et m 30 jaevier.
Fan* ( sainte ), v. <*t abbose 7 décembre.
Fargeau et Karman, m 16 juta.
Faron,év. de M eaux 36 octobre.
Fanstin et Juvite , m 15 lévrier.
I-Vljrim , m 9 juin.
J-Vlicissiirio m 6 «ont.
Félicité ( sainte ) et ses sept Fils , m 10 juillet
Félicité ( sainte ), m 7 inam.
Félix de Cantalice 31 mai.
Félix du .Nol.i , pr. «*i m 14 Janvier.
IVlix de Valois, fond, des ïiinitaires 30 novenjbie.
Félix et Adamte, in 30 aoot.
Ferdinand III, roi deCastille 60 mai.
Ferréol ( Formel ou Fergeii ), m 18
Fiacre, Militaire 60 août.
Fidèle de Sigmariiiuen , m 34 avril.
Firmin, év. d'Amiens , m 36
Flavien, patriarche d'Antiorhc 31 lévrier.
Fla\ien, patriarche de ('onstantinople 18 lévrier.
Floie ( sainte), v. ni 34 BOV
Foi, i:s|N;rance et Charité (saintes), v. tn., arec leur
mère saint»; Sophie l#r
Fourrier ( voyez. Pierre ).
Fi .niçois d'As'si*c, Instit. deH Fr. Milieu rft 4 octobre.
François de Itor^ia, conf 10
Frniiçiiisde l'aule, fond. d<»s Minimes 3 avril
François de Sales, év. de Genève. 30
lïançots Xavier, a|>ôtrc des Indes 3
Françoise ( sainle ), \eme romaine 9 mare.
Fiiard, solitaire. t** aoOt.
Fripdian on Frcdiano, év. de Lucqnes 18
Iront, év. de lYriuueux 36 octobre,
l'nirtneiix, anh.de Iliaque 16 avril.
I ninH'tu v , /-v d'\\inn 11 octobre.
4*4 TAIM àiJNÊàMÊnmSUL
H.
Hedwtaeon Avoie( sainte), v* ^Motot
Hélène ( sainte), impératrice et v* :. ttlJÉt,^
Henri 11, empereur d'Allemagne 16 juillet
Henri Suso (leB. ),conf. 2 mars.
Hennés, m 28 août
llerménigildc, m 13 avril.
Hidulplie, év. et abbé U juillet
Hilaire, arcb. d'Arles 6 mai.
Ililaire, év. de Poitiers et docteur 14 Janvier.
Ililarion, abbé SI octobre.
Ilildegarde( sainte), v. ctahbesse 17 septembre.
llippolyte et ses Compagnons, in 13 août
llippolyte, év., docteur et m 22 août
lloinmêbon, confesseur 13 novembre.
Honorai, év. d'Arles 20 janvier.
Hubert, év. de Maestricht et de Liège 3 novembre.
Ilugtics.ev.de Grenoble 1** avril.
Hyacinthe, conf 10 août.
Hyacinthe, m U septembre.
I.
Me ( mainte ), vp , 4 septembre.
limace, év. d'Antioclie, m Ie* février.
Ignace de Loyola, fond, de la O de Jésus 31 juillet
Innocents ( 1rs saints ), m 28 décembre.
Innocent P", pape 28 Juillet
Invention du corps de saint Kticnne 3 août
lurent ion de la sainte Croix S mal.
Irène (sainte), m 3 avril.
(renée, év. de Lyon et ses Comp., m 28 juin.
Isabelle de France ( la B. ), v Il août
Isidore le Laboureur 15 mai.
Isidore de Péluse , prêtre 4 lévrier.
Isidore , év. de Scvillc et docteur 4 avril.
Iscbyrion, m 22 décembre.
J.
Jacques le Majeur, apôtre 25 juillet
— — (Translation de saint) 30 décembre.
Jacques le Mineur et Philippe, apôtres. ...... 1" mai.
.Jacques l'Intcrcis, m. . 27 novembre.
Jacques d'il ni ( le 11. ) 12 octobre.
Jacques, év. de Ntaibe 15 juillet.
.Jacques Salomon (le H.) 31 mai.
Jacques de Vorajn'ne ( le 11.), arcli. de Gênes 13 juillet.
Janvier, év. «le llcnëvent , , et ses Conin., m 19 septembre.
Jvan-liaptistv (voy. Nativité et Décollation de).
hSê TlBLB AJLtaUtÉTIQttaV
Médard. év. de Nojoo . .. • 4 Ma.
MekUede, pipe. 4# AfeeauW
Mena**, M. .. . . . w .■• t| wumbm.
Merrj m attdéric, abbé. flo MU'
Mesme on Ifailme, solitaire. .*■.-. m> ao«L^™:V
Mesmin et ses Compagnons, m 7 septembre.
Mesrain ou Maximin, abbé 15 décembre.
Méthode , patriarche de Constantinople 14 juin.
Méthode, ev. apôtre des Esclavons 9 mars.
Méthode, évoque de Tyr, docteur et m la septembre.
Michel, archange (Dédicace de saint) 29 septembre.
Michel , archange ( Apparition de saint ) 8 mai.
Modeste, m 15 juin.
Moïse, solitaire 20 février.
Monique ( sainte ), veuve. 4 mai.
N.
Nabor, m 12 juin.
Napoléon, m 15 août
Narcisse, év. de Jérusalem 29 octobre*
Natalie ( sainte ), m 27 juillet
Natalie ( sainte ), m 8 septembre.
NATIVITÉ Di: N.-S. JKSUS-CI1R1ST, OU NOËL. . 25 décembre.
nativitk de la stifiTE ViKiicK 8 septembre.
NATIVITK DE BA1JST JfcAN-IUlTISTK 24 JMfl.
Nazairc, m 22 juin.
Nazaire , Celse et Victor, m 28 juillet
Némcsion, m 19 décembre.
Neréeet Achillée, etc.... ni 12 mat
Nicaise, év. de Reims, et Eutropie ( sainte ), in. . . . 14 décembre.
Nicéiiliore,in 9 février.
Nicolas, év. de Myre 8 décembre.
Nicolas de Tolentino 10 septembre.
Mcnmèdc, m 16 septembre*
Nil l'Ancien , solitaire et docteur 12 novembre.
Nil le Jeune, abbé 26 septembre.
N'i/ier, év. de J,yon j avril.
Nom de Jésus ( saint ), — (deuxième dimanche après
l'Epiphanie).
Nom de Marie (saint), —(dimanche dans l'octave
après la Nativité de la sainte Vierge).
Norl>ert, fond, de Tordre de Prémontré 6 juin.
Notre-Dame de la Merci 24 septembre.
Notre-Dame du Mont-Carmel 16 jutUel.
Notre-Dame de la Victoire, fête du Rosaire, — (pre-
mier dimanche d'octobre).
66) TA1L1 ALVHABftTY4«t«
Simon Stock, conf. • M
Simhilphft on Sendou . solitaire : .... 28
SUoèt oa Sboy, anachorète «
Sixte il, pape, Félicissimc et AgtpU, m •
Smaragdc, m. ■"•■
Sophie (sainte ) 1OT août
Sophrone, patriarche de Jérusalem 11 mare.
Soter et Caïus , papes et m 22 avril
Spérat ( voy. Martyrs Scilli tains ).
Spiridion, év. de Trimythonte 14 décembre.
Stanislas, év. de Cracovie et m 7 mai.
Stanislas Koslka, conf. 13 novembre.
Stigmates de saint François d'Assise ( Impression des ). 17 septembre.
Siilpice, év. de Bourges 19 janvier.
Sulpice Sévère , moine 29 Janvier.
Susanne ( sainte ), v. m 11 août.
Suso ( voyez Henri ).
Symphorien, m -. 22 août
Syniphorose (sainte) et ses sept Fils, m 18 juillet.
Sylvestre, |>apc et conf. SI décembre.
T.
»
Télesphore, pape et m & janvier.
Thaïs ( sainte ), pénitente 8 octobre.
Thecle ( sainte ), v. m 23 septembre.
Tliée ( sainte ), v. in 2a Juillet
Théodora (sainte), impératrice 11 lévrier.
Théodore surnommé Tyron, m 9 novembre.
Théodore , abbé de Tabenne 28 décembre.
Théodore ( sainte ), m • • 28 avril.
Théodoret, prêtre et m 28 octobre.
Théodose le Cénobiarque, archimandrite 11 janvier.
Th<;odote le Cabaretier, et les sept Vierges, m 18 mai.
Théodule, m 8 mai.
Thérèse (sainte), v. fondatrice des Carmélites 15 octobre.
Thihaud , abbé des Vaux de Cernay 8 juillet.
Thomas, apôtre 21 décembre.
Thomas d'Aquin , docteur . 7 mars.
Thomas, arch. de Cantorbôry, m 29 décembre.
Thomas de Villeneuve, arch. de Valence • 22 septembre.
Thrasylle et Émilienne ( saintes ), v 24 décembre.
Tihurce, Valérieu et Maxime, m 14 avril.
Tihurce, Chromaceet Susanne (sainte), v. m Il août.
Timothée, év. d'Êphèse et m 24 janvier.
Timothée, m 22 août
Tite, év. de Crète 4 janvier.
TOUSSAINT ( LA ), ou FÊTE DE TOUS LES SAINTS. V novembre.
Transfiguration dk Notre-Skk;nkur 6 août
Translation de la sainte maison de Ijorette 10 décembre.
Tropè*, m 17 mai.
TAULE ALPHABÉTIQUE.
Troptiime, év. d'Arles.
Tryphon, Rospice et leurs Coni|>.,
Tunbe, arch. de Lima
Vnatt, év. d'Arras G
Valentin, prêtre et m I*
Valentine (sainte), ï. m
Valérien, m
Valéry, abbé
Vandrille, abbé de Fontenelle
Venant, m .<>
Véronique de Milan (sainte) ia
Victor, pape et m
Victor de Marseille et ses Corop., m
Victoire (sainle), y. m
Yiciiiii!. év. de Rouen
Vîllana de Boltis ( la B. ), Ve
Vincent, diacre et m
Vincent Ferrier, conf. a
Vincent do Lérins, prêtre 24
Vincent de Paul, coiff. 19 ..
Visitation de u sainte Viebce 2 11
Vital, m 28 :
Vital et Agricole, m 4 1
Vitus, Modeste et Crescence (sainte), m 15 j,
Voragioc ( voy. Jacques de ).
W.
Waltrade ou Vaudra ( sainte ). .
Wenceslas , duc de Bohême, m.
Wilfrid , év. d'York
Willibrord, év. d'Utrecht. . . .
W u l Iran , arcli. de Sens
Xavier (voy. François ).
iil tabla âxnaxrrtQoiv
4
z.
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Zéao», é*qw de Véraw. J. t%#*â.
Xêjhjrfa, pape et m. • «iiMttL
Zita ( sainte ), vierge et servante 27 avril.
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