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Full text of "Abrégé des vies des saints pour tous les jours de l'année: ouvrage revu et ... augmenté"

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ABRÉGÉ 


DES 


VIES  DES  SAINTS 


ASTOIN       NE*     '    •**- 


■♦o- 


1  YPOGRAPHIB    DE    B.   FIRMIN    DIDOT.    —  M  ESN  IL  (BURE). 


ABRÉGÉ 


DES 


VIES  DES  SAINTS 


POUR 


TOUS  LES  JOURS  DE  L'ANNÉE 


(Davrojc  rtott  tl  amsiWrabltmtnt  augmenté 


t.V^^  Ç  >  fwX--  a  j  *V  "!! 


-oMc^ 


TOME   SECOND 

roMfrz-; — 


PARIS 


■»-"«.    j  ,o  '      JJ  «» 


**  /. .  .-.;:v  v 


LIBRAIRIE  DE  FIRMIN  D1DOT  FRERES 

IMPRIMEURS   DE   L'iNSTITUT   DE   FRANCE 

RUE    JACOB,    36. 

1854 


6. 


il. 


1 


CALENDRIER  DES  FÊTES, 

S*"™  L'OKDRE  ROMAIN. 


Mois  de  Juillet. 

(  Saint  Calais,  abbé  dans  le  Maine, 
f*.  j  Saint  Gai  l*r,  évoque  de  Ctermont. 

'  Saint  Rumold  ou  Rombaut,  martyr,  patron  de  Matines. 

{  Visitation  de  la  sainte  Vierge  Marie. 
'  Saints  Processe  et  Martinien,  martyrs. 

Le  bienheureux  Lan  franc,  archevêque  de  Cantorbéry  (du  28 
mai). 

i  Saint  Sisoès  ou  Sisoy,  anachorète. 

f  Sainte  Bertlie,  abbesse  de  Blangy  en  Artois. 

Saint  Pierre  de  Luxembourg,  cardinal,  évêque  de  Metz. 

f  Saint  Pallade,  apôtre  des  Scots. 
/  Saint  Goar,  prêtre  et  solitaire. 

.     |  Saint  Pantcue,  docteur. 
•    »  Le  bienheureux  Benoit  XI,  pape  et  confesseur. 

/  Saint Procope,  martyr. 
8.  |  Saint  Thibaud,  abbé  des  Vaux  de  Cernay. 
(  Sainte  Elisabeth,  reine  de  Portugal. 

I  Saint  Éphrem,  diacre  d'Édesse,  docteur,  (du  1er  février  ). 
s.   -.  Les  bienheureux  martyrs  de  Gorcum,  et  parmi  eux  le  bien- 
heureux Jean  de  Cologne. 

|  Les  Sept  Frères,  (ils  de  sainte  Félicité,  martyrs. 
lo-   i  Saintes  Rufine  et  Seconde,  vierges  et  martyres. 


t  Saint  Pie  1er,  pape  et  martyr, 
f  Saint  Hidulphe,  évoque  et  abbé. 


I  Saint  Jean  Gualbert,  abbé,  fondateur  de  Vallombreuse ,  et 
*2,    f     confesseur. 

Saint  Anaclet,  pape  et  martyr, 
i  Saint  Eugène,  évêque  de  Cartilage,  et  ses  compagnons,  con- 
.  -.    *     fesseurs. 
'  '   \  Saintes  Maure  et  Brigitte,  vierges  et  martyres. 

I  Le  bienheureux  Jacques  de  Voragine,  archevêque  de  Gênes, 
\     et  confesseur. 

j  Saint  Bonaventure,  cardinal,  évêque  d'Albano  confesseui  et 
'*•    i      docteur  de  l'Église. 


i  Saint  Jacques,  évêque  de  Nisibe. 

j  Saint  Henri  II,  empereur  d'Allemagne,  eonfesseur. 

t.  n<  " 


31. 


1 


*r 


lî  **  CALEKDHIft  018  VÊTES. 

Notre-Dame  du  mont  Carmel. 
ig.     Saint  Fulrad,  abbé  de  SaimVDetys. 
Le  bienheureux  Ceslas,  confesseur. 

f .    |  Saint  Spérat  et  set  compagnons,  dits  les  Martyrs  Scillitains. 
I  Saint  Alexis,  confesseur. 

j  Sainte  Symphorose  avec  ses  sept  fils,  martyrs. 
18.  j  Saint  Camille  de  Lelbs,  coufesseur,  fondateur  de  l'ordre  des 
'     Clercs  réguliers  pour  le  service  des  malades. 

!  Sainte  Macrine,  sœur  de  saint  Basile,  vierge. 
Saint  Arsène,  solitaire. 
Saint  Vincent  de  Paul,  confesseur,  fondateur  de  la  Congré- 
gation des  prêtres  de  la  Mission,  appelés  Lazaristes. 

/  Saint  Joseph  Barsabas,  dit  le  Juste. 
20.  J  Sainte  Marguerite,  vierge  et  martyre. 
(  Saint  Jérôme  vEroiliani,  confesseur. 

_.    (  Sainte  Praxède,  vierge. 
'  (  Saint  Victor  de  Marseille  et  ses  compagnons,  martyrs. 

22    |  Sainte  Marie- Magdeleine. 

f  Saint  Vandrille,  abbé  de  Fontenelle. 

j  Saint  Apollinaire,  premier  évêque  de  Ravçnne,  et  martyr. 
(  La  bienheureuse  Jeanne  d'Orvieto,  vierge. 

24.  Sainte  Christine,  vierge  et  martyre. 

(  Saint  Jacques  le  Majeur 9  apôtre, 

25.  J  Saint  Christophe,  martyr. 

'  Saintes  Tbée  et  Valentine,  vierges,  et  saint  Paul,  u.artyr*. 

20.     Sainte  Anne,  mère  de  la  sainte  Vierge  Marie. 

i  Les  sept  Dormants,  martyrs. 
27.  )  Saint  Pantaléon,  martyr. 

(  Saint  Anrèle  et  sainte  Natalie,  martyrs. 

?8    )  Saints  Nazaire  et  Celse,  et  Victor,  pape,  martyrs. 
(  Saint  Innocent  I' r,  pape  et  confesseur. 

«Q    (  Saint  Lazare,  sainte  Marthe,  vierge,  et  sain  te  Marie  de  Bétlrmie. 
f  Saint  Loup,  évoque  de  Troyes,  et  confesseur. 

,.A    (  Saints  Abdon  ei  Sennen,  martyrs. 
,iU*   '  Sainte  Julitte,  martyre. 

/  Saint  Germain,  évéqne  d'Auxerre.  confesseur. 
i  Saint  Jean  CoJombini,  fondateur  de  Tordre  des  Jésuates. 
i  Saint  Ignace  de  Loyola,  confesseur,  fondateur  de  la  Compa- 
•     gnie  de  Jésus. 

Mol»  d'août. 


Les  frères  Machabées  avec  leur  mère,  martyrs  de  l'ancienne 

Loi. 
Saint  Pierre  aux  Liens. 
Saintes  Foi,  Espérance  et  Charité,  vierges  et  martyres  avec 

leur  mère,  sainte  Sophie. 
x  Saint  Friard,  solitaire. 


mois  d'août.  m 

(Saint  Etienne,  pape  et  martyr. 
Saint  Alphonse  Marie  de  Liguori,  évoque  de  Sain  te- Agathe 
des  Golhs,  et  confesseur. 

3    |  Invention  du  corps  de  saint  Etienne,  Protomartyr. 
'  |  Saintes  Maranne  et  Cyre,  vierges. 

,     (  Saint  Dominique,  confesseur,  fondateur  de  Tordre  des  Frc- 
*  \     res  prêcheurs. 

\  Dédicace  de  sainte  Marie  des  Neiges,  à  Rome. 
5#  (  Sainte  Afre  et  ses  compagnes,  martyres. 

!  Transfiguration  de  Notre-Seigneur. 
Saiiits  Sixte  11,  pape,  Félicissime  et  Agapit,  martyrs. 
Saints  Just  et  Pasteur,  martyrs. 

Saint  Donat,  évoque  et  martyr. 
Saint  Viclrice,  évéque  de  Rouen. 

Saint  Gaétan  de  Thienne,  confesseur,  instituteur  de  la  Con- 
grégation des  Clercs  réguliers  dits  Théatins. 

.  (  Saints  Cyriaque,  Large  et  Smaragde,  et  leurs  compagnons, 
8.  {     martyrs. 

'  Le  bienheureux  Augustin  de  Lucère,  évoque  et  confesseur. 

~    f  Saint  Romain,  soldat,  disciple  de  saint  Laurent,  et  martyr. 
•  •  f  Le  bienheureux  Jean  de  Saferne,  confesseur. 

10.     Saint  Laurent,  diacre  et  martyr. 

/  Saint  Alexandre  le  Charbonnier,  évéque  de  Coraane,  et  mar- 

1 1      tvr- 

j  Saints  Tiburce,  Chromace,  et  sainte  Suzanne,  vierge,  mar- 

(    ty«. 

12.     Sainte  Claire,  vierge. 

I  Saint  Hippolyle,  soldat,  disciple  de  saint  Laurent,  et  ses 
compagnons,  martyrs. 
Saint  Cassien,  martyr. 
Sainte  Radégonde,  reine  de  France. 

14.     Saint  Émygdius,  évoque  et  martyr. 

,  ASSOMPTION  DE  LA  SAINTE  VIERGE. 
J  (  Dimanche  dans  Poclave.  )  —  Saiw*  Joachim,  confesseu  r. 
15*  j  Saint  Napoléon,  martyr. 

'  Saint  Alype,  disciple  de  saint  Augustin,  évéque  de  Tagaste. 

<  Saint  Hyacinthe,  confesseur. 
(  Saint  Roch,  confesseur. 

17.  Saint  Libérât,  abbé,  et  ses  compagnons,  martyrs. 
.  Saint  Agapet,  martyr.* 

18.  )  Sainte  Hélène,  impératrice  et  veuve. 

(  La  bienheureuse  Claire  de  Monte- Fa Ico,  vierge. 

t9.     Saint  Louis,  évéque  de  Toulouse,  et  confesseur. 

/  Saint  Maxime  ou  saint  Mesme,  solitaire  à  Chinon,  en  Toti.aimv 
•20.     Saint  Bernard,  abbé  de  Clairvaux,  confesseur  et  docteur  <lo 

(     l'Église. 


IT  CÀLBWDHIEE  DES  FÊTES. 

ISaraUBonose  et  Maiimilien,  mirtyrs. 
Saint  Sidoine  Apollinaire,  évêque  de  Clermont. 
Sainte  Jeanne-Françoise  Frémiot  de  Chanlaf,  veuve,  fonda- 
trice de  l'ordre  4e  la  Visitation  de  Sainte-Marie. 
/  Saint  Symphorien,  martyr. 

22.  J  Saint  Hippolyte,  évêque,  docteur  et  martyr. 
(  Saint  Timothée,  martyr. 

23.  Saint  Philippe  Renizi  on  Benili,  confesseur. 
24    f  Saint  Barthélémy,  apôtre. 

t  Saint  Ouen,  évêque  de  Rouen. 

2â.     Saint  Louis,  roi  de  France,  confesseur. 

26    j  Saint  Zéphyrin,  pape  et  martyr. 
'  i  Saint  Génès  le  Comédien,  martyr. 

/  Saint  Césaire,  évêque  d'Arles  et  docteur. 
27.  J  Saint  Joseph  Calasànz  ou  Casalanz,  fondateur  de  la  Congré- 
t     galion  des  Clercs  Réguliers  des  Écoles  Pies. 

I  Saint  HermèJ,  martyr. 
Saint  Augustin,  évêque  d*Hippone,  confesseur  et  docteur  de 
l'Église. 
/  Décollation  de  saint  Jean- Baptiste. 

29.  J  Sainte  Sabine,  veuve  et  martyre. 
(  Saint  Merry  ou  Méderic,  abbé. 

/  Saints  Félix  et  Adaucle,  martyrs. 

30.  J  Saint  Fiacre,  solitaire. 

(  Sainte  Rosette  Sainte-Marie  de  Lima,  vierge. 
/Saint  Raymond  Nonnat,  cardinal,  confesseur. 

31.  j  La  bienheureuse  Isabelle  de  France,  sœur  de   saint  Louis, 
'     vierge,  et  fondatrice  du  monastère  de  Longchamp. 

Mois  de  septembre. 

I  Sainte  Philomène,  vierge  et  martyre. 
Saint  Gilles,  abbé. 
Saint  Lou,  archevêque  de  Sens. 

2.     Saint  Etienne,  premier  roi  de  Hongrie,  confesseur. 

3      Saint  Ayou  ou  Aigulphe,  abbé  de  Lérins,  martyr. 

|  Saint  Marin,  maçon  et  diacre. 
,    \  Sainte  Ide,  veuve. 

j  Sainte  Rosalie,  vierge,  patronne  de  Palerme. 

(  Sainte  Rose  de  Viterbe,  vierge. 

(  Saint  Bertin,  abbé  de  Sithiu,  à  Saiut-Omer. 

I  Saint  Laurent  Justin ien,  patriarche  de  Venise,  confesseur. 

6.     Saint  Dorothée  le  Thébain,  (  du  5  juin  ). 

i  Saint  Mesmin  et  ses  compagnons,  martyrs. 
'•    (  Saint  Cloud,  prêtre  et  solitaire. 

!  Nativité  de  la  sainte  Vierge. 
Saint  Adrien  et  sainte  Nathalie,  sa  femme,  martyrs. 
(  Dimanche  dans  l'octave  après  la  Nativité  de  la  sainte  Vierge, 
Fête  du  saint  Nom  de  la  bienheureuse  Vierge  Marie.  ) 


5. 


16. 


MOIS  DE  SBPTEMBBE. 

g    j  Saints  Gorgonius  et  Dorothée  et  leurs  compagnons,  martyrs. 
i  Saint  Orner,  évéque  de  Téronanne. 

(Sainte  Pulchérie,  impératrice,  vierge. 
Saint  Patient,  évéque  de  Lyon. 
Saint  Nicolas  de  Tolenlino,  confesseur. 

. .    i  Saints  Proie  et  Hyacinthe,  martyrs. 

(  Saint  Paphnuce,  évéque  dans  la  Thébaïde. 

12.     Saint  Guy  ou  Guidon,  bedeau. 

13  s  Saint  Amat  ou  Araé,  £vè<\ue  de  Siou  en  Valais,  et  patron  de 
'      Douai. 

14  \  Exaltation  de  la  Sainte- Croix. 
(  Sainte  Catherine  de  Géues,  veuve. 

/  Saint  Nicomède,  prélre  et  martyr. 
|.     )  Saint  Jean  le  Nain,  anachorète  de  Scété. 
'  j  (  Troitjème  dimanche  de  septembre.  —  Fête  des  Sept-Dou- 
■     leurs  de  la  bienheureuse  Vierge  Marie.) 

/  Saint  Corneille,  pape  et  martyr. 

|  Saint  Cyprien,  évéque  de  Carthage,  martyr. 

)  Saintes  Ëuphémie,  vierge,  Lucie,  veuve,  et  saint  Géminien, 

'      martyrs. 

Î  Saint  Lambert  ou  Landebert,  évéque  de  Maestrictit  et  mar- 
tyr, patron  de  Liège. 
Sainte  Hildegarde,  vierge  et  abbesse. 
Impression  des  Stigmates  de  saint  François  d'Assise. 

/  Saint  Méthode,  évéque  de  Tyr,  docteur  et  marly. . 
18.  J  .Saint  Ferréol  (  Forge  t  ou  Fergeu),  martyr. 
'  Le  bienheureux  Ponce  de  Laraze,  pénitent. 

j  Saint  Janvier,  évéque  de  Bénévent  et  ses  compagnons,  mar- 

'     tyrs. 

|  Saint  Seine,  abbé. 

!  Sainte  Pompose,  vierge  et  martyre. 

20.     Saint  Eustache  et  ses  compagnons,  martyrs. 

2,    I  Saint  Matthieu,  apôtre  et  évangéliste. 
'  <  Sainte  Maure,  vierge. 

(  Saint  Maurice  et  ses  compagnons,  martyrs. 

22.  I  Saint  Thomas  de  Villeneuve,  archevêque  de  Valence,,  et  con- 
'     fesseur. 

/  Saint  Lin,  pape  et  martyr. 

23.  '  Sainte  Thècle,  vierge,  et  protomartyre  des  femmes. 
!  Saint  Constance,  sacristaiu. 

v     \  Saint  Germer,  premier  abbé  de  Flay  en  Beauvoisis. 
*'  (  Xotre-Dame  de  ta  Merci  pour  la  Rédemption  des  captifs . 

2  >.     Saint  Firmin,  premier  évéque  d'Amiens  et  martyr. 

;  Saint  Cyprien,  surnommé  tÔ  Magicien,  et  sainte  Justine,  mar- 

2f..  tyrs. 

'  Saint  Nil  le  Jeune,  abbé. 

a. 


I!) 


TI  CALENDRIER  DES  FÊTES. 

/  Sainte  Côme  et  Damien,  frères,  martyrs. 
27.  [Saint  Elzéar  de  Sabran ,  confesseur,  et  sainte  Delphine,  sa 
(     femme,  épouse-vierge. 

Sainte  Eostochie,  fille  de  sainte  PauJe,  vierge. 
2g    |  Saint  Céraune  ou  Céran,  évéque  de  Paris. 
Sainte  Lioba,  abbesse  en  Allemagne. 
Saint  Wenceslas,  duc  de  Bohème,  martyr. 

29    j  Dédicace  de  saint  Michel,  archange,  et  de  tous  les  saints 
'  |     Anges. 

3q    (  Saint  Grégoire  l'HIuminateur,  évéque  et  apôtre  de  l'Arménie. 
'  |  Saint  Jérôme,  prêtre,  confesseur  et  docteur  de  l'Église. 

Mol»  d'octobre* 

(  Premier  dimanche  d'octobre,  Noire-Dame  de  la  Victoire, 

fête  du  saint  Rosaire.) 
,  cr   ,  Saint  Rémi,  évéque  de   Reims,  confesseur  et  apôtre  des 

Francs. 
Saint  Alowin  ou  Ravon,  anachorète  et  confesseur,  patron  de 

Gand. 

2    |  Les  saints  Anges  gardiens. 
'  (  Saint  Léger,  évéque  d'Autun  et  martyr. 

3.  Saint  Gérard,  abbé  de  Rrogne. 

Saint  Pétrone,  évéque  de  Rologne. 

Sainte  Aure  ou  Aurée,  vierge  et  abbesse  de  Saint-Martial, 

4.  I     dans  Paris. 
Sainl  François  d1  Assise,  confesseur,  instituteur  de  Tordre  des 

Frères-Mineurs. 

|  Sainte  Galla,  veuve. 

(  Saint  Placide  et  ses  compagnons,  martyrs. 

r    |  Saint  Pardou,  abbé  de  Guéret. 

(Saint  Bruno,  confesseur,  fondateur  de  Tordre  des  Chartreux. 

{  Sainte  Justine,  vierge  et  martyre,  patronne  de  Padone. 
(  Saint  Marc,  pape  'et  confesseur. 

Sainte  Thaïs,  pénitente. 

8.  Sainte  Pélagie,  pén'teuiv'. 
Sainte  Brigitte,  veuve. 

/  Saint  Denys  l'Aréopagite,  apôtre  des  Gaules,  premier  évêque 

9.  I     d'Athènes  et  de  Paris,  et  ses  compagnons,  saints  Rustique 
(     et  Éleuthère,  martyrs. 

10.  Saint  François  de  Borgia,  confesseur. 

1 1 .  Saint  Louis  Bertrand,  confesseur. 

Les  martyrs  d'Afrique. 

12.  Saint  Wilïrid,  éfêque  d'York,  confesseur 
Le  bienheureux  Jacques  d'Ulm,  confesseur. 

13.  Saint  Edouard  le  Confesseur,  roi  d'Angleterre. 


b. 


n. 


MOIS  D  OCTOBRE.  Vif 

/  Saint  Calixte  ou  Calliste,  pape  et  martyr. 
14.   {  Sainte  Angadrème,  vierge,  patronne  de  Beauvais. 
(  Saint  Dominique  l'Encuirassé,  solitaire. 

u.     Sainte  Thérèse,  vierge,  fondatrice  des  Carmélites  déchaussées. 
16.     Saint  Gai,  abbé  en  Suisse. 

r    j  Sainte  Hedwidge  ou  A  voie,  duchesse  de  Pologne,  veuve. 
'  "  I  La  vénérable  Marguerite-Marie  Alacoque,«HPe.  y  j  £  ^  a  £ 

18.     Saint  Luc,  évangéliste. 

ISaiut  Savioieu,  premier  évêque  de  Sens,  saints  Potentien, 
Altin ,  et  lours  compagnons,  martyrs. 
Saint  Pierre  d'Alcantara,  confesseur. 

20    i  Saint  SinduHe  ou  Sendou,  prêtre  et  solitaire. 
I  Saint  Jean  de  Kenty,  confesseur. 

Îi  Saint  Hilarion,  abbé. 
Saint  Malc,  moine  captif,  confesseur. 
Sainte  Ursule  et  ses  onze  mille  compagnes,  vierges  et  mar- 
tyres. 

2?.     Le  bienheureux  Pierre  de  Tiferne,  confesseur. 

i  Saint  Théodore!,  prêtre  et  martyr. 

23.  !  Saint  Romain,  archevêque  de  Rouen,  confesseur. 
'  Saint  Jean  de  Capistran,  confesseur. 

24.  Saint  Magloire,  évêque  régionnaire,  abbé  de  Dol. 

'  Saint  Chrysante  et  sainte  Darie,  martyrs. 
2-    |  Saints  Crcpin  et  Crépinien,  martyrs. 
'   |  Saint  Front,  premier  évCque  de  Périgueux. 
Saint  Boni  face  lar,  pape,  confesseur. 

2£    )  Saint  Évariste,  pape  et  martyr. 
l  Saints  Lucien  et  Marcien,  martyrs. 

..    •  Saint  Frumence,  évêque  ri'Axum  ou  Auxuiue,  apôtre  da  Vt- 
L"  \     thiopie. 

28    j  Saint  Simon  et  saint  Jude,  apôtres. 
*   (  Saint  Faron,  évêque  de  Meaux. 

?9.     Saiut  Narcisse,  évêque  de  Jérusalem. 

Saiut  Marcel  le  Centurion  et  suint  Cassien,  martyrs. 
30.    '  Saint  A  stère,  métropolitain  tVAmasée,  dans  le  Pont,  et  docteur. 
'  Le  bienheureux  Alphonse  Rodrigucz,  confesseur. 

3i.     Saint  Quentin,  martyr. 

Mole  rte  novembre. 

1".     FÊTE  DE  TOUS  LES  SAINTS. 
2.     Commémoration  de  tous  tes  fidèles  défunts. 

.    \  Saint  Marcel,  évêque  de  Paris. 

!  Saint  Hubert,  évêque  de  Maestrirhl  et  de  Lie^'. 


vm 


CALENDRIER  DBS   FETOS. 


4. 

5. 
6. 


20 


Saints  Vital  et  Agricole,  martyrs. 

Saint  Charles  Borromée,  cardinal  et  archevêque  de  Milans 
confesseur. 

Sainte  Bertille,  vierge  et  première  abbesse  de  Chelles. 

Saint  Léonard  ou  Liénard,  solitaire  et  confesseur. 
m    j  Sainte  Marie,  esclave  et  martyre. 

I  Saint  Willibrord,  premier  évéque  d'Utrecht  et  confesseur. 

Octave  de  la  Toussaint  et  fête  des  saintes  Reliques. 

Les  saints  Quatre- Couronnés,  frères,  et  martyrs. 

Saint  Clair,  prêtre. 

Dédicace  de  la  basilique  du  Sauveur  (  dite  de  Saint-Jean  de 
Latran.  ) 

Saint  Théodore,  surnommé  Tyron,  martyr. 
[  Saint  Mathurin,  prêtre  et  confesseur. 

f  Saints  Tryphon,  Respice  et  leurs  comparons,  martyrs. 

I  Saint  André  Avellino,  confesseur. 

j  Saint  Mennas,  soldat,  martyr. 

I  Saint  Martin,  évéque  de  Tours,  confesseur. 

|  Saint  Nil  l'Ancien,  solitaire  et  docteur. 

)  Saint  Martin,  pape  et  martyr. 

/  Saint  Brice,  évéque  de  Tours,  et  confesseur. 

|  Saint  Abbou,  abbé  de  Flenry,  et  martyr. 

(Saint  Hommebon,  confesseur. 
Saint  Didace  ou  Diego,  confesseur. 
Saint  Stanislas  Koslka,  confesseur. 
Le  bienheureux  Albert  le  Grand,  archevêque  de  Ratisbonno, 

et  confesseur. 
Saint  Eugène,  martyr. 
Saint  Léopold  111,  marquis  d'Autriche. 
Sainte  Gertrude  d'Eisleben,  vierge  et  abbesse. 
|  Saint  Eucher,  évéque  de  Lyon, 
f  La  bienheureuse  Lucie  de  Narni,  vierge. 
Saint  Grégoire  Thaumaturge,  évéque  de  Néocésar ée  et  con- 
fesseur. 
Saint  Agnan,  évéque  d'Orléans,  confesseur. 
Saint  Malo  ou  Maclou,  évéque  d'Aleth  en  Bretagne. 
Saint  Grégoire,  évéque  de  Tours,  confesseur. 
Dédicace  des  basiliques  de  Saint-Pierre  et  de  Saint-Paul,  à 

Rome. 
Saint  Frigidian  ou  Frediano,  évéque  deLucques  et  confesseur. 

Saint  Pontien,  pape  et  martyr. 

Saint  Odon,  abbé  de  Cluny. 

Saint  Elisabeth  de  Hongrie,  veuve. 

Saint  Barlaam,  martyr. 

Sainte  Maxence,  vierge  et  martyre. 

Saint  Edmond,  roi  d'Angleterre,  et  martyr. 

Saint  Félix  de  Valois,  confesseur,  instituteur  (avec  saint  Jean 
de  Matlia  )  de  l'ordre  de  la  Sainte-Trinité  pour  la  rédemp- 
tion des  captifs. 


8. 


9. 


10. 


11. 


12. 


13. 


14. 


15. 


16. 


17. 


18. 


19. 


MOIS   DE  DECEMBRE.  4X 

(Présentation  de  la  sainte  Vierge  Marie. 
Saint  Gélase  Ier,  pape. 
Saint  Colomban,  fondateur  et  abbé  de  Luxeuil. 
22.     Sainte  Cécile,  vierge  et  martyre. 

23    f  Saint  Clément,  pape  et  martyr, 
f  Saint  Amphiloque,  évoque  d  Icône. 

I  Saint  Bénigne,  évêque  de  Dijon,  martyr. 
Saint  Chrysogoue,  martyr. 
Saint  Séverin,  solitaire. 
Sainte  Flore,  vierge  et  martyre. 
Saiut  Jean  de  la  Croix,  confesseur. 

25.  Sainte  Catherine  d'Alexandrie,  vierge  et  martyre. 

26.  Saint  Pierre,  patriarche  d'Alexandrie,  martyr. 

27    |  Saint  Jacques  J'Jntercis,  martyr. 
*  i  La  bienheureuse  Marguerite  de  Savoie,  veuve. 

28.  Saint  Etienne  le  Jeune,  martyr. 

29.  Saint  Saturnin,  ou  Sernin,  évêque  de  Toulouse,  martyr. 
îO.     Saint  André,  apôtre. 

Mol»  de  décembre. 

I"     Saint  Éloi ,  évêque  de  Noyon . 

a.     Sainte  Bibiane,  vierge  et  martyre. 

q    i  Saint  François  Xavier,  confesseur,  apôtre  des  Inde*  et  du  Ja- 
J'  I     pon. 

(Saint  Clément  d'Alexandrie,  docteur. 
Sainte  Barbe,  vierge  et  martyre. 
„.  .  Saint  Pierre  Chrysologue ,  archevêque  de  Ravennc ,  contes- 
|     seur  et  docteur  de  I  Église. 
I  Saint  Réparât  et  ses  compagnons ,  martyrs. 

s      Saint  Sabas,  abbé  en  Palestine. 

6.  Saint  Nicolas,  évêque  de  Myre ,  confesseur . 

t  Saint  Ambroise ,  archevêque  de  Milan ,  confesseur  et  docteur 

7.  \     de  l'Église.     . 

f  Sainte  Fare,  vierge,  et  abbesse  de  Faremoutiers. 

8.  Conception  de  la  sainte  Vierce  Marie. 

(Sainte  Léocadie ,  vierge  et  martyre. 
Sainte  Gorgouie,  sœur  de  saint  Grégoire  de  Nazianxe,  vierge. 
Le  bienheureux  Pierre  Fourrier,  confesseur. 

I  Sainte  Eulalie  de  Mérida,  vierge  et  martyre. 
Saint  Melchiade ,  pape. 
Translation  de  la  sainte  Maison  de  Lorette. 

H.     Saint  Dauiase,  pape  et  confesseur. 

|?    j  Saint  Paul,  premier  évêque  de  Narbonne. 
'  Saint  Valéry,  abbé  en  Picardie. 


j  CALESDRIEU    DES    FÎTES. 

13.     Saiiiîe  Lucie  uu  Luce,  vierge  et  martyre. 

J  SainLSpiridion,  évéque  <lc  Trimylh.iiile. 
li.  [saint  Miciise,  ci^ue  Jetti'iiii»,  sainte  Entropie ,  sa  sœur, 

'     et  leurs  compilions   mariyis. 
15.     Saint  Maxtmtn  ou  Mm  m  in    ,-iUI'éde  Mict. 

i  Saint  Enclin,  l'iu^m?  de  Vcrceil  et  marier. 
Saiol  Ailon.jirclievoqued.s  Vienne. 
Sainte  Ad.slaiJc,  impératrice. 
|7     |  Sainte  Olympiade    veuve 

'   i  Saiolc  Beggue ,  veuve  et  afabesae. 
,,    i  Saint  Gatien,  premier  «veque  de  Xoura. 

(  Saint  l'an I  lu  simple ,  aiuclmiele  (  du  7  mars  ). 
Saint  Némésion ,  martyr. 
Saint  Dominique  de  S;  lus  ,  conlesseur. 
Saint  Thomas ,  apôtre. 
îî.     6a''!>t  Isctiyrion,  martyr. 

|  Les  Dix  martyrs  de  Crète. 
!3.  J  Sainte  Vie  Lui™ .  *  ierge  et  martyre. 

'  Saint  Serval  ou  Serval,  mendiaot  et  paralytique. 
24.      Saintes  Tlirasille  «t  Émilienne,  vierges. 

(NATIVITÉ  DE  HOTilE  SlilCMX'h  JESUS-CHRIST,  >ul- 
2i.    1      gaireniÉ-nl  n|ipclist!   Fête  de  NOËL. 

I  Saintu  Ariâ  [,i-ii- ,  veui-is  luiuaine    vt  martyre. 
:a.     Saint  Etienne    diacre,  Protomarlyr, 
Saint  Jean    apd/rr  et  icangiliste. 
(  Les  Saints  Innocents. 
I  Saint  Théodore ,  ablxi  de  TabeniM. 

!  Saint  Trophime,  é venue  d'Arles. 
Saint  Ursîn,  premier  éi  c  que  de  Bourgs. 
Saint  Lviu.il,  nh'M.  il"Our-.l.f  en  IKnsmnis. 
Saiut  Thomas,  archevêque  de  Canioiïn'ry,  martyr. 
Translation  de  l 'apôtre  saint  Jacques  le  Majeur. 


16 


MOIS  M  SEPTEMABE. 

«    j  Saints  Gorgonius  et  Dorothée  et  leurs  compagnons,  martyrs. 
t  Saint  Orner,  évéque  de  Téronanoe. 

(Sainte  Polchérie,  impératrice,  vierge. 
Saint  Patient,  évéque  de  Lyon. 
Saint  Nicolas  de  ToJentino,  confesseur. 

. .    <  Saints  Proie  et  Hyacinthe,  martyrs. 

(  Saint  Paphuuce,  évoque  dans  la  Thébaïde. 

f  2.     Saint  Guy  on  Guidon,  bedeau . 

t «,    »  Saint  Amat  ou  Amé,  cvêque  de  Sion  en  Valais,  et  patron  de 
lô'   '      Douai, 

,4    )  Exaltation  de  la  Sainte- Croix, 
'  Sainte  Catherine  de  Gênes,  veuve. 

/  Saint  Nicomède,  prôlre  et  martyr. 
. .     I  Saint  Jean  le  Nain*  anachorète  de  Scété. 
°    j  (  Troteième  dimanche  de  septembre.  —  Fêle  des  Sept-DoK- 
•     leurs  de  la  bienheureuse  Vierge  Marie.) 

Î'  Saint  Corneille,  pape  et  martyr. 
Saint  Cyprien,  évéque  de  Carihage,  martyr. 
Saintes  Ëupbémie,  vierge,  Lucie,  veuve,  et  saint  Géminien, 
martyrs. 

Î  Saint  Lambert  ou  Landebert,  évoque  de  MaestricUt  et  mar- 
tyr, patron  de  Liège. 
Sainte  Hildegarde,  vierge  et  abbesse. 
Impression  des  Stigmates  de  saint  François  d'Assise. 

,'  Saint  Méthode,  évoque  de  Tyr,  docteur  et  marty. . 
18.  )  .Saint  Ferréol  (Forget  ou  Fergeu),  martyr. 
'  Le  bienheureux  Ponce  de  Laraze,  pénitent. 

/  Saint  Janvier,  évéque  de  Bénévent  et  ses  compagnons,  mar- 
in   ■      l>rs- 
J'   (Saint Seine,  abbé. 

1  Sainte  Pompose,  vierge  et  martyre. 

20.     Saint  Eustache  et  ses  compagnons,  martyrs. 

2l    J  Saint  Matthieu,  apôtre  et  évangéliste. 
'  '  Sainte  Maure,  vierge. 

i  Saint  Maurice  et  ses  compagnons,  martyrs. 

22.  J  Saint  Thomas  de  Villeneuve,  archevêque  de  Valence,  et  con- 
'     fesseur. 

/  Saint  Lin,  pape  et  martyr. 

23.  *  Sainte  Thècle,  vierge,  et  protomartyre  des  femmes. 
(  Saint  Constance,  sacristaiu. 

9,     i  Saint  Germer,  premier  abbé  de  Flay  en  Beauvoisis. 

(  Sot re- Dame  de  la  Merci  pour  la  Rédemption  des  captifs . 

2>.     Saint  Firmin,  premier  évéque  d'Amiens  et  martyr. 

:  Saint  Cyprien,  surnommé  rê  Magicien,  et  sainte  Justine,  mar- 
26.   •      tyrs. 

.  Saint  Nil  le  Jeune,  abbé. 

a. 


ABRÉGÉ 


DES 


VIES  DES  SAINTS 


ASTOiN       NE*     '•**- 


i  Saiiils  Crtmeiil  Dniiwu.  frère»,  martyrs. 
Suint  Diéarde  Sabran,  coareatenr,  «t  Mb 
femme,  éj  «use- vierge. 
£  Saillie  Ratiocine,  fille  deaalnte.  PiuJa,  fiatat, 
ï8    I  Saint  Céraune  ou  Cflran,  éf eque  de  Paris. 
|  Sainte  l.ioba,  «libense  m  Allemagne. 
1  Samt  Vfancesla*,  due  de  Bobème,  martyr. 
~>    I  Dédicace  de  saint  Michel,  archange,  et  de  tous  la  sainli 

!     Anges. 
30    |  Saint  Grégoire  l'Illumina  leur,  évéque  et  apOtre  de  l'Arménie. 
i  Saint  Jérôme,  prêtre,  confesseur  et  docttur  de  l'Église. 

Miila  d'octobre. 

I  (  Premier  dimanche  d'ortohre,  noire- Dame  de  la  Victoire, 
l     fêle  du  saint  Rosaire.) 
„   j  Saint   Rémi,   éveque   de    Reims,  confesseur  et  apôtre  de* 

I  Saint  Alowin  ou  Bavon,  anachorète  et  confesseur,  patron  de 

\     Gand. 
,    )  f*'  saints  JMaj  gardiens. 

'   (Saint  Léger,  év&iue  d'Aulun  et raartjr. 
J.     Saint  (levant,  alibu  (te  Brogne. 

I  Saint  rélrotic. .  .  de  Bolu[{iie. 

Siiinli!  Ami'  ml  Auree,  vierge  et  abbesse  de  Sainl-Marlial, 
dm»  Paris, 
s.'iinl  !-Viiiii;i>ii  d'AshUi!,  confesseur,  instiluleur  de  l'ordre  dits 


i  Sainte  Tli.ii'.  (.(■niti'nLiv 
Sainle  lvl,n;ii',  pfn  Ici.  ;. 
Sainte  lini'illc,  veuve. 
(Saint  Denvs  l'AréopaRile, 
il'*tl s.idcl'aris,  e 


Saint  IriTii'iis  i]>'  tliir^i.i.  confesseur. 
Saint  Louis  lli'rtraitd,  confesseur 

ILea  mari v n  d'Afrique. 
Saint  Wiilrid.  ('.venue  iï  i  otk.  confesseur 
Le  lucnlieureux  J.in|n>'-.  Il  lui.  confesseur. 
Saint  Edouard  le  Confesseur,  roi  d'Angleterre. 


17. 


MOIS  d'octobre.  Vif 

/  Saint  Calixte  ou  Calliste,  papa  et  martyr. 
14.   }  Sainte  Angadrème,  Tierce,  patronne  de  Beauvais. 
(  Saint  Dominique  PEncuirassé,  solitaire. 

là.     Sainte  Thérèse,  vierge,  fondatrice  des  Carmélites  déchaussées. 
16.     Saint  Gai,  abbé  en  Suisse. 

S  Sainte  Hedwidge  ou  A  voie,  dacbesse  de  Pologne,  veuve. 

i  La  vénérable  marguerite-Marie  Alaeoque9VHme.  \  \&rC\l 

1 8.     Saint  Luc,  évangéUste. 

!  Saint  Savinieu,  premier  évêque  de  Sens,  saints  Potentien, 
Altin ,  et  leurs  compagnons,  martyrs. 
Saint  Pierre  d*Alcantara9  confesseur. 

_    i  Saint  Sindulfe  ou  Sendou,  prêtre  et  solitaire. 
f  Saint  Jean  de  Kenty,  confesseur. 

/  Saint  Hilarion,  abbé. 

J  Saint  Malc,  moine  captif,  confesseur. 

|  Sainte  Ursule  et  ses  onze  mille  compagnes,  vierges  et  mar- 

'     tyres. 

22.  Le  bienheureux  Pierre  de  Tlferne,  confesseur. 

i  Saint  Théodoret,  prêtre  et  martyr. 

23.  !  Saint  Romain,  archevêque  de  Rouen,  confesseur. 
'  Saint  Jean  de  Capistran,  confesseur. 

I      24.     Saint  Magloire,  évêque  régionnaire,  abbé  de  Dol. 


21 


23 


'  Saint  Chrysante  et  sainte  Darie,  martyrs. 
)  Saints  Crépi n  et  Crépinieii,  martyrs. 
j  Saint  Front,  premier  évoque  de  Périgueux. 
Saint  Boniface  1er,  pape,  confesseur. 

2Ë    )  Saint  Évariste,  pape  et  martyr. 
(  Saints  Lucien  et  Marcien,  martyrs. 

.,  i  Saint  Frumence,  évêque  d'Axum  ou  Aux  urne,  apôtre  du  l'É- 

2"  \      thiopie. 

•o  j  Saint  Simon  et  saint  Jude,  apôtres. 

'  <  Saint  Faron,  évêque  de  Meaux. 

29.  Saint  Narcisse,  évêque  de  Jérusalem. 

;  Saint  Marcel  le  Centurion  et  saint  Cassien,  martyrs. 

30.  '  Saint  Astère,  métropolitain  d'Amasée,  dans  le  Pont,  et  docteur. 
'  Le  bienheureux  Alphouse  Rodriguoz,  confesseur. 

3 1 .  Saint  Quentin,  martyr. 

Mois  de  novembre. 

1er.     FÊTE  DE  TOUS  LES  SAINTS. 
2.     Commémoration  de  tous  les  fidèles  défunts, 

\  Saint  Marcel,  évêque  de  Paris. 

!  Saint  Hubert,  évêque  de  Maestriehl  et  de  Lit^e. 


J. 


vm 


CALENDRIER  DBS 


4. 

5. 
6. 

7. 
8. 


9. 

10. 

11. 
12. 

13. 

14. 
15. 
16. 

17. 

18. 
19. 


20. 


Saints  Vital  et  Agricole,  martyrs* 

Saint  Charles  Borromée,  cardinal  et  archevêque  de  Milan* 
confesseur. 

Sainte  Bertille,  vierge  et  première  abbesse  4e  Chelles. 

Saint  Léonard  ou  Liénard,  solitaire  et  confesseur. 

Sainte  Marie,  esclave  et  martyre. 

Saint  Willibrord,  premier  évoque  d'Utrecht  et  confesseur. 

Octave  de  la  Toussaint  et  fête  des  saintes  Reliques. 

Les  saints  Quatre-Couronnés,  frères,  et  martyrs. 

Saint  Clair,  prêtre. 

Dédicace  de  la  basilique  du  Sauveur  (  dite  de  Saint- Jean  île 

Latran.  ) 
Saint  Théodore,  surnommé  Tyron,  martyr. 
Saint  Mathurin,  prêtre  et  confesseur. 
Saints  Tryphon,  Respice  et  leurs  compaguons,  martyrs. 
Saint  André  Avellino,  confesseur. 
Saint  Mennas,  soldat,  martyr. 
Saint  Martin,  évéque  de  Tours,  confesseur. 
Saint  Nil  l'Ancien,  solitaire  et  docteur. 
Saint  Martin,  pape  et  martyr. 
Saint  Brice,  évéque  de  Tours,  et  confesseur. 
Saint  Abbon,  abbé  de  Flenry,  et  martyr. 
Saint  Hommebon,  confesseur. 
Saint  Didace  ou  Diego,  confesseur. 
Saint  Stanislas  Koslka,  confesseur. 
Le  bienheureux  Albert  le  Grand,  archevêque  de  Ratisbonne, 

et  confesseur. 

Saint  Eugène,  martyr. 

Saint  Léopold  111,  marquis  d'Autriche. 

Sainte  Gertrude  d'Eisleben,  vierge  et  abbesse. 

Saint  Eiicher,  évéque  de  Lyon. 

La  bienheureuse  Lucie  de  Narni,  vierge. 

Saint  Grégoire  Thaumaturge,  évéque  de  Néocésarée  et  con- 
fesseur. 

Saint  Agnan,  évéque  d'Orléans,  confesseur. 

Saint  Malo  ou  Macloti,  évéque  d'Alelh  en  Bretagne. 

Saint  Grégoire,  évéque  de  Tours,  confesseur. 

Dédicace  des  basiliques  de  Saint-Pierre  et  de  Saint-Paul,  à 
Rome. 

Saint  Frigidian  ou  Frediano,  évéque  de  Lucques  et  confesseur. 

Saint  Pontien,  pape  et  martyr. 

Saint  Odon,  abbé  de  Cluny. 

Saint  Elisabeth  de  Hongrie,  veuve. 

Saint  Barlaam,  martyr. 

Sainte  Maxence,  vierge  et  martyre. 

Saint  Edmond,  roi  d'Angleterre,  et  martyr. 

Saint  Félix  de  Valois,  confesseur,  instituteur  (avec  saint  Jean 
de  Matha  )  de  l'ordre  de  la  Sainte-Trinité  pour  la  rédemp- 
tion des  captifs. 


MOIS  »B  DECEMBRE. 

I  Présentation  de  la  sainte  Vierge  Marie. 
Saint  Gelase  1",  pape. 
Saint  Coloniban,  fondateur  et  abbé  de  Lux  eu  il. 
Sainte  Cécile,  vierge  el  martyre. 


I  Saint  Jii  riijne,  évèque  Je  Dijon,  nwlyr. 
Saint  dryiogoue,  martyr. 
Saint  .SL'Vefin,  solitaire. 
Sainte  Flore,  vierge  et  martyre. 
Saint  Jean  de  la  Croix,  cofllesaenr. 
>.      Sainte  Catherine  d'Alexandrie,  vierge  et  martyre. 
;.     Saint  pierre,  patriarc.be  d'Alexandiie,  martyr. 

I  Saint  Jacques  l'Jnlcrds.  martyr. 
La  bienheureuse  Marguerite  dé  Savoie,  veuve. 
Saint  Etienne  le  Jeune,  martyr. 

Saint  Saturnin,  ou  Sernin,  évéque  de  Toulouse,  martyr. 
Saint  André,  apôtre. 

Kola  de  décembre. 

1     Saint  ftloi ,  éveque  de  Noyoo . 
Sainte  Bibiane,  vierge  el  martyre. 
{  Sainl  François  Xavier,  confesseur,  apitre  des  Indes  et  du  Ja- 

(  Saint  Clament  d'Alexandrie .  docteur. 
S.iinlt1  li.iiW,  Tit'i-^eet  marlyre. 
,   .Saint  Pierre  Ciirysoliigiie,  arclieiê^ue  de  Ravenne,  eonfes- 
I      Retire!  docteur  de  l'Élise. 
\  Sainl  Kénarat  et  ses  cumpagnons ,  martyrs. 
Saint  abbé  en  Palestine. 

Saint  Nicolas,  éveqoe  de  Myre,confessei'r. 
[Saint  Ambroise,  archevêque  de  Milan ,  coolesseur  et  docteur 
.   I      de  L'Église.     . 
I  Sainte  l'are ,  vierge ,  et  abbesse  de  Faremoutiers. 
Conception  oe  h  sainte  Vierge  Marie. 

(Sainte  Léocadîe    vierge  et  martyre. 
Sainte  Gorgonie,  tueur  de  saint  Grégaire  de  Naiianï.e ,  vierge. 
Le  bienheureux  Pierre  Fourrier,  confesseur. 
!  Sainte  Eulalie  de  Mérida,  vierge  et  martyre. 
Sainl  Mekliiadu ,  pape. 
Trantlation  de  la  sainte  Maison  de  Loretle. 
Saint  Damase,  pape  et  confesseur, 
j  Sainl  Paul,  premier  évêque  de  Karboniie. 
'  Saint  Valéry,  abbé  en  Picardie. 


CALKBMIIft  DM  FITES. 

Sainte  Lotie  nu  l.oce,  vierajiet  martyr». 

IS-iin;  S|>ici.|iori,  énV|Ui:  île  TrirnyUii.ule. 
Mini  Nicaîu ,  éifqji*  de  Rein.*,  saillie  taHropit ,  ta  an 
«I  leur*  coinpagmint,  martyrs.  -, 

Stiut  Y,  /.  ;ii!]i  UQ  •iL-i'iiin     ni  i.  ■d>  Mie». 

i  Saint  Emilie,  éïêqne  de  Vercril  «t  martyr. 
Saint  Adon,  archevêque  ■}<■  Vienne. 
Saint*  .\.].-luu..-.  impératrice. 
{Sainte  olympiade    veuve 
!  Sainte  Beggue ,  veuve  et  abbeaee. 
(  Saint  Gatitn ,  premier  ovèque  de  Tour*. 
'   f  Stiut  l'a  ni  II- Simple,  aincLureie  (du  '  mari). 

Saint  Kémèw» ,  martyr. 

Saint  Dnininiqne  de  S;lus  ,  conletaeur. 

Saint  Thomas,  apôtre. 

Ban!  Jwuyrion ,  martyr. 
i  Le*  i  >i  ■■  martyrs  de  Crète. 

Sainte  VmU.iic,  vierge  et  martyre. 
'  Salut  Scrvul  ou  Serrât,  mendiant  et  paralytique. 

Saintes  Thf mille  et  Êmilienn*  vierge*. 
I  NATIVITÉ  DE  HOTfiK-SI'IG^K.UIt  JÉSUS -CHRIST,  - 
I      gairemeiit  appelée  fête  de  NOËL. 
I  Sainio  Ana.lasie ,  veine  romaine  et  martyre. 

Saint  Etienne    diacre,  Protomarti/T. 

Saint  Jean    apàtre  <i(  ieangiliste, 
i  Lti  Saints  Innocents. 
I  Smiifiliéuiloïc,  abbe  deTabenne. 

!  Saint  Tropliime,  évêqiied'Arlr*. 
Sailli  Uriîn,  premier  éi  Cque  de  BouWS. 
Saint  twi.il,  a  lit»;  .l 'Om .lit  eu  HvsnMllS. 
Saiut  Tliowa*.  ardieiÉque  de  Caiilarliéry,  roarljr. 
Translation  de  l'apotre  saint  Jacquet  le  Majeur. 


VIES 


DES  SAINTS 


POUR  TOUS  LES  JOURS  DE  L'ANNÉE. 


1er  juillet.  —  S.  CALAIS,  abbé.—  6e  siècle. 

Saint  Calais,  né  en  Auvergne,  était  d'une  famille  où  la  vertu  se 
trouvait  jointe  à  la  noblesse.  Ses  parents  le  mirent,  dès  son  enfance, 
dans  le  monastère  de  Menât,  au  diocèse  de  Clermont,  pour  qu'il  y 
fût  élevé  dans  la  science  et  dans  la  religion.  Plus  tard  il  y  fit  pro- 
fession, et  y  pratiqua  tout  ce  que  prescrivait  la  règle  avec  une  • 
grande  ferveur.  Quelque  temps  après,  ayant  quitté  le  monastère 
avec  saint  Avi,  ils  se  retirèrent  l'un  et  l'autre  dans  l'abbaye  de 
Micy,  près  d'Orléans.  L'évêque  de  cette  ville  les  éleva  tous  deux 
au  sacerdoce.  Les  deux  fervents  religieux,  qui  voulaient  mener  la 
vie  érémitique,  sortirent  encore  du  monastère  de  Micy  ;  arrivés 
dans  le  Perche,  ils  se  séparèrent  l'un  de  l'autre. 

Saint  Calais,  suivi  de  deux  compagnons  déterminés  à  ne  le  point 
abandonner,  s'en  alla  dans  le  Maine,  où  il  retraça  la  vie  des  anciens 
anachorètes  de  l'Orient;  mais  comme  il  lui  venait  tous  les  jours  un 
grand  nombre  de  disciples,  il  fut  à  la  fin  obligé  de  les  recevoir. 
Le  roi  Childebert  lui  ayant  donné  un  emplacement,  il  fit  bâtir 
un  monastère  qui  s'appela  Anisole  ou  Anille,  de  la  rivière  sur  la- 
quelle il  était  situé,  et  qui  pendant  longtemps  porta  le  nom  de 
Saint-Calais,  ainsi  que  la  petite  ville  qui  s'est  formée  autour. 
La  vie  du  saint  fondateur  fut  un  parfait  modèle  de  pénitence  et 
de  prière.  11  montrait  une  grande  exactitude  à  observer  les  pra- 
tiques qu'il  prescrivait  aux  autres.  Il  refusa  de  voir  Ultrogothe, 
femme  de  Childebert,  parce  qu'un  des  statuts  de  la  règle  inter- 
disait aux  femmes  l'entrée  du  monastère.  Il  mourut  en  l'an  542. 

VIES   DES  SAINTS.  —  T.   11.  1 


2  \tr  juillet     —   S.    GAL,    ÉV.    DE   CLEBlfONT. 

1er  juillet.  —  SAINT  GAI.,  pbemieb  évéque  db  Clbrmont, 

Bif  Auvergne.  —  6'  siècle. 

Saint  Gai,  né  vers  Tan  489,  eut  pour  patrie  la  ville  d'Auver- 
gne, connue  depuis  sous  le  nom  de  Clermont.  George,  son  père, 
sortait  d'une  des  meilleures  maisons  de  la  province.  Léocadie,  sa 
mère,  descendait  de  la  famille  de  Vettius  Epagatus,  célèbre  Ro- 
main, qui  versa  son  sang  à  Lyon  pour  la  gloire  de  Jésus-Christ. 
Ils  prirent  l'un  et  l'autre  beaucoup  de  soin  de  l'éducation  de  leur 
fils,  et  lorsqu'il  fut  en  âge  d'être  marié,  ils  pensèrent  à  lui  faire 
épouser  la  G  lie  d'un  sénateur,  qui  était  un  parti  fort  honorable. 
Mais  le  saint  ne  se  prêta  point  à  leurs  arrangements  ;  animé  du 
désir  ardent  de  ne  vivre  que  pour  Dieu,  dans  la  retraite,  il  s'en- 
fuit secrètement  de  la  maison  paternelle.  Il  pria  l'abbé  du  mo- 
nastère de  Tournon  de  le  recevoir  parmi  ses  religieux  ;  ce  qui 
lui  fut  accordé,  lorsqu'il  eut  obtenu  le  consentement  de  son 
père.  Il  vit  arriver  avec  joie  le  jour  où  il  renonça  à  toutes  les 
vanités  mondaines  pour  embrasser  la  pauvreté  monastique. 

On  le  remarqua  bientôt,  entre  tous  les  autres,  à  son  zèle  pour 
la  mortification  et  à  sa  ferveur  dans  tous  les  exercices  de  la 
communauté.  Sa  piété  et  la  douceur  de  sa  voix  dans  le  chant  des 
psaumes  charmaient  tous  ceux  qui  le  voyaient  et  l'entendaient 
au  chœur.  Saint  Quintien,  évéque  d'Auvergne,  voulut  se  l'atta- 
cher, et  l'ordonna  diacre. 

Quelque  temps  après  Thierri,  roi  d'Austrasie,  obligea  Quintien 
à  le  lui  céder.  Il  le  fit  venir  à  sa  cour,  et  l'y  retint  jusqu'à  Tau 
527.  Le  saint  évéque  d'Auvergne  étant  mort  cette  année,  le  peu- 
ple demanda  au  roi  saint  Gai  pour  pasteur,  et  il  eut  enfin  la  sa- 
tisfaction de  l'obtenir.  L'humilité,  la  douceur,  la  charité  et  le  sèle 
du  nouvel  évéque  brillèrent  du  plus  vif  éclat. 

On  admirait  surtout  sa  patience  à  supporter  les  injures.  Un  homme 
brutal  lui  ayant  déchargé  un  coup  sur  la  tête,  il  n'en  témoigna 
pas  la  moindre  émotion  ;  il  souffrit  en  silence  l'affront  qu'on  lui 
faisait,  et  il  désarma  par  sa  douceur  celui  qui  l'avait  insulté.  Évode, 
qui  de  sénateur  était  devenu  prêtre,  s'oublia  un  jour  au  point  de 
lui  parler  de  la  manière  la  plus  indigne  :  le  saint  se  leva  tranquil- 
lement sans  lui  rien  répondre;  il  traita  son  ennemi  avec  bonté,  et 
s'en  alla  visiter  les  églises  de  la  ville.  Ëvode  fut  si  touché  d'une 
telle  conduite,  qull  se  jeta  aux  pieds  du  saint  au  milieu  de  la  me, 


1er  juillet.  —  S.  RUMOLD.  3 

et  lui  demanda  pardon.  Depuis  ce  temps-là,  ils  vécurent  toujours 
l'un  et  l'autre  dans  une  parfaite  intelligence. 

Saint  Gai  fut  favorisé  du  don  des  miracles.  Il  arrêta,  par  ses 

prières,  les  flammes  d'un  incendie  qui  naturellement  devait  réduire 

toute  la  ville  en  cendres.  Une  autre  fois  il  délivra,  par  le  même 

moyen,  son  troupeau  d'une  maladie  épidémique  qui  causait  de 

grands  ravages  dans  les  provinces  voisines.  11  mourut  vers  l'an 

553,  plein  de  bonnes  œuvres  et  de  mérites.  On  honore  à  Clermont, 

le  1er  de  novembre,  un  autre  saint  Gai  appelé  le  second,  et  qui  fut 

fait  évéque  de  cette  ville  en  650. 


1er  juillet  —  SAINT  RUMOLD,  évéque,  martyr,  et 

PATRON   DE  MALINES.    —8e  siècle. 

Rumold,  appelé  vulgairement  Rombaut,  né  en  Irlande ,  aban- 
donna sa  patrie,  dans  le  dessein  de  visiter  les  tombeaux  des  Apô- 
tres, et  de  vénérer,  aux  lieux  où  ils  existent,  les  monuments  sacrés 
de  notre  religion.  Dans  la  route,  il  ne  laissa  jamais  échapper  l'oc- 
casion de  prêcher  la  parole  de  Dieu,  et  quelquefois  même  il  ob- 
tint du  ciel  la  grâce  de  faire  des  miracles  pour  la  conversion  des 
infidèles.  Pendant  son  séjour  à  Rome,  il  allait  prier  sans  cesse  aux 
tombeaux  des  Apôtres  et  des  martyrs.  Averti  par  une  révélation  di- 
vine de  se  rendre  dans  la  Gaule,  il  obtint  la  permission  du  souverain- 
pontife,  et  vint  à  Malines.  11  fut  reçu  dans  cette  ville  avec  toutes 
sortes  d'égards  par  le  comte  Adon,  à  l'épouse  duquel  il  prédit  bien- 
tôt après  une  heureuse  fécondité,  et  dont  il  baptisa  lui-même  le  fils 
qu'il  appela  Libert.  Dans  la  suite  cet  enfant  s'étant  noyé,  Rumold 
le  rappela  à  la  vie.  Lorsque  les  Slaves  et  les  Danois  dévastèrent 
T Allemagne,  depuis  la  mer  jusqu'à  Cologne,  Libert  s'enfuit  dans 
le  comté  d'Hasbain,  afin  de  se  dérober  au  péril  ;  mais  il  fut  tué 
devant  l'autel  même  de  saint  Trond.  Quant  à  Rumold,  il  im- 
planta la  foi  catholique  à  Malines  et  dans  les  environs  avec  un  tel 
zèle  et  un  tel  succès,  qu'il  est  regardé  à  bon  droit  comme  l'apôtre 
de  ces  contrées.  11  s'associa  aux  travaux  apostoliques  de  saint 
Willibrord,  et  fut  sacré  évéque  régionnaire  sans  avoir  de  siège  fixe. 
Souvent  il  interrompait  les  fonctions  extérieures  du  ministère 
pour  aller  se  recueillir  dans  la  solitude.  Tandis  qu'il  s'appliquait  à 
propager  la  vraie  religion  dans  une  partie  de  la  Gaule  Relgique,  il 
fut  attaqué  par  deux  assassins,  à  l'un  desquels  il  reprochait  un 


4  2  juillet.   —  VISITATION  DE  LA.  SAINTE  VIEBGE. 

adultère.  Ayant  reçu  à  la  tête  une  blessure  considérable,  il  ter- 
mina sa  vie  par  le  martyre  en  Tan  775.  Les  meurtriers,  pour  ca- 
cher leur  crime,  jetèrent  le  corps  dans  l'eau ,  mais  réotet  d'an* 
lumière  miraculeuse  Payant  manifesté  au  comte  Adon ,  celui-ci 
le  fit  retirer  des  flots  et  enterrer  dans  l'église  de  Saint-Étienne , 
d'où  il  fut  transporté  à  l'église  de  Malines,  qui  est  aujourd'hui 
l'église  métropolitaine. 


2  juillet.  —  LA  VISITATION  DE  LA  SAINTE  VIERGE. 

I.  L'ange  Gabriel,  envoyé  du  ciel  à  Marie  pour  lui  annoncer 
qu'elle  allait  devenir  la  mère  du  Fils  de  Dieu  sans  cesser  d'être 
vierge,  lui  montra  que  rien  n'est  impossible  au  Tout-Puissant,  en 
lui  apprenant  qu'il  avait  donné  un  fils  à  sa  cousine  Elisabeth, 
femme  du  prêtre  Zacharie,  qui  était  non-seulement  stérile,  mais 
encore  fort  avancée  en  âge,  et  qui  était  déjà  dans  le  sixième  mois 
de  sa  grossesse.  Marie,  pleine  de  grâce  et  animée  de  l'esprit  de 
Jésus-Christ  qu'elle  portait  déjà  dans  son  sein,  partit  en  mémo 
temps  et  se  hâta  de  traverser  une  grande  partie  de  la  Judée,  et 
d'aller  à  la  ville  d'Ilébron,  dans  la  tribu  de  Juda,  pour  voir  elle- 
même  cette  merveille  de  Dieu,  pour  s'en  réjouir  avec  Elisabeth 
%et  pour  lui  rendre  en  cette  occasion  les  assistances  dont  elle  pou- 
vait avoir  besoin.  On  ne  doit  pas  craindre  de  quitter  la  retraite  et 
de  rompre  le  silence,  quand  on  suit  les  mouvements  de  la  charité, 
qui  est  la  première  marque  d'une  véritable  dévotion. 

II.  Marie,  étant  entrée  dans  la  maison  de  Zacharie,  salua  Elisa- 
beth, qui  n'eut  pas  plutôt  entendu  sa  voix,  qu'elle  sentit  sou  en- 
fant remuer  dans  ses  entrailles  ;  et  elle-même  fut  aussitôt  remplie 
du  Saint-Esprit  ;  puis  elle  dit  à  Marie  :  Vous  êtes  bénie  entre  les 
femmes,  et  le  fruit  de  vos  entrailles  est  béni.  Et  cToù  me  vient 
ce  bonheur  que  la  mère  de  mon  Seigneur  me  rende  visite?  Car, 
dés  le  moment  que  votre  voix  m'a  frappé  l'oreille ,  lorsque 
vous  m'avez  saluée,  mon  enfant  a  tressailli  de  joie  dans  mes 
entrailles.  Vous  êtes  heureuse  d'avoir  cru,  parce  que  ce  qui 
vous  a  été  dit  de  la  part  du  Seigneur  s'accomplira.  Marie,  pour 
lui  répondre  et  pour  célébrer  les  grandeurs  de  Dieu,  prononça 
l'excellent  cantique  qu'on  a  d'elle  dans  l'Evangile,  et  qu'on  doit 
regarder  comme  le  triomphe  de  l'humilité  sur  l'orgueil  du  siècle. 

III.  Marie  et  Elisabeth,  dit  saint  Augustin,  prophétisent  toutes 


2  juillet.  —  ss.  processe  et  martinien.  5 

deux  par  l'Esprit-Saint,  dont  elles  étaient  remplies  ;  et,  par  le 
mérite  des  enfants  qu'elles  portaient  dans  leur  sein  ;  Elisabeth  con- 
nut le  mystère  de  l'Incarnation,  que  la  modestie  de  la  sainte 
Vierge  lui  cachait  dans  le  commencement  :  elle  apprit  par  une 
inspiration  soudaine  ce  que  signifiait  ce  tressaillement  extraordi- 
naire qu'elle  avait  senti  dans  ses  entrailles.  Le  Sauveur  du  monde 
lui  fit  connaître  dès  lors  le  ministère  auquel  était  appelé  l'enfant 
qu'elle  portait  dans  son  sein.  S'estimant  heureuse  de  recevoir  chez 
elle  la  mère  de  son  Seigneur,  elle  publia  le  bonheur  de  cette  sainte 
Mère,  dont  elle  rapporta  la  cause  à  sa  foi.  La  sainte  Vierge  passa 
trois  mois  chez  elle,  et  retourna  à  Nazareth» 

IV.  On  doit  regarder  la  conduite  de  la  sainte  Vierge,  dans  ce 
mystère,  comme  un  modèle  parfait  de  la  conduite  des  chrétiens 
dans  les  visites  qu'Os  se  rendent.  C'est  une  action  des  plus  ordi- 
naires, et  qui  peut  être  la  source  de  beaucoup  de  biens  ou  de 
beaucoup  de  maux  selon  la  manière  dont  on  la  fait.  Marie  ne 
quitte  sa  cellule  que  pour  aller  se  réjouir  avec  sa  cousine  de  la 
grâce  qu'elle  a  reçue  de  Dieu,  et  pour  lui  communiquer  la  grâce 
qu'elle  a  reçue  elle-même.  Marie  porte  Jésus-Christ  avec  elle,  et 
le  communique  à  toute  la  famille  qu'elle  visite  :  dans  nos  visites, 
nous  devons  porter  la  bonne  odeur  de  Jésus-Christ,  et  le  faire 
glorifier  de  tout  le  monde  par  la  sainteté  de  notre  conduite.  Ma- 
rie et  Elisabeth  ne  s'entretinrent  que  de  la  grandeur  de  Dieu  et 
de  leur  propre  bassesse  :  malheur  à  nous,  si  nos  conversations, 
au  lieu  d'être  édifiantes  et  de  porter  les  autres  à  la  piété,  servent 
au  contraire  à  leur  inspirer  l'esprit  du  siècle  et  ses  maximes  em- 
poisonnées !  Enfin ,  Marie  s'en  retourne  après  qu'elle  s'est  ac- 
quittée chez  Elisabeth  de  ce  que  Dieu  demandait  d'elle  :  nous 
devons  aussi  rentrer  dans  notre  retraite,  lorsque  nous  avons  fait 
ce  que  la  charité  exige  de  nous. 


2  juillet.  —   SS.   PROCESSE  ET  MARTINIEN,   martyrs. 

—  1er  siècle. 

Au  temps  où  saint  Pierre  et  saint  Paul  étaient  enfermés  dans 

la  prison  Mamertine,  sur  le  mont  Tarpéien,  deux  de  leurs  gardes 

qui  s'appelaient  Processe  et  Martinien,  ébranlés  en  même  temps 

lue  quarante  autres  personnes  par  la  prédication  et  les  miracles 

tes  Apôtres,  se  convertirent  à  la  foi  de  Jésus-Christ.  Comme  une 

1. 


2 


6  ZjUWet.   —  LE  B.   LANFRANC,   ARCH.   DE  CAÏÏT. 

source  avait  jailli  tout  à  coup  d'une  roche  de  la  prison,  c'est  avec 
cette  eau  qu'ils  forent  baptisés,  et  ils  permirent  alors  aux  Apôtres 
de  s'en  aller,  s'ils  le  voulaient.  Mais  Paulin,  préfet  des  soldais, 
ayant  eu  connaissance  de  ce  fait,  s'efforça  d'abord  de  faire  revenir 
Processe  et  Martinien  sur  la  détermination  qu'ils  avaient  prise* 
Gomme  il  y  perdait  son  temps  et  faisait  de  vains  efforts,  il  or- 
donna de  leur  frapper  le  visage  et  de  leur  briser  les  dents  à  coups 
de  pierre.  On  les  traîna  ensuite  devant  une  statue  de  Jupiter; 
mais  parce  qu'ils  refusèrent  avec  la  même  constance  d'adorer  les 
idoles,  il  donna  l'ordre  de  les  torturer  sur  le  chevalet,  en  leur  ap- 
pliquant sur  le  corps  des  lames  chauffées  à  blanc,  et  de  les  ac- 
cabler de  coups  de  bâton.  Au  milieu  de  ces  tourments,  on  ne  les 
entendait  proférer  que  ces  mots  :  Que  le  nom  du  Seigneur  soit 
béni!  On  les  jeta  de  nouveau  en  prison  et  peu  de  temps  après  ils 
eurent  la  tête  tranchée  hors  de  Rome,  sur  la  voie  Aurélia.  Une 
femme,  nommée  Lucine,  donna  la  sépulture  à  leurs  corps  dans 
son  héritage,  le  2  juillet  ;  mais  depuis,  transportés  à  Rome,  on  les 
plaça  dans  la  basilique  du  prince  des  Apôtres. 


3  juillet.—  LE  BIENHEUREUX  LANFRANC,  archevêque 

de  Cantorbéry.  — 11e  siècle. 

Lanfranc  naquit,  à  Pavie,  d'une  famille  de  sénateurs  :  son  père 
était  au  nombre  des  conservateurs  des  lois  de  la  ville.  Lanfranc 
le  perdit  en  bas  âge  ;  et,  comme  il  devait  lui  succéder  dans  sa  di- 
gnité, il  quitta  Pavie  pour  aller  faire  ses  études  au  dehors.  Après 
y  avoir  donné  beaucoup  de  temps,  il  revint  parfaitement  instruit 
des  lettres  humaines,  mais  très-ignorant  dans  la  science  du  salut, 
semblable  à  la  plupart  de  ceux  qui  se  livrent  à  l'étude  des  sciences 
profanes.  L'envie  qu'il  avait  de  s'avancer  dans  le  monde  avait 
occupé  tout  son  esprit,  et  il  n'avait  pas  fait  réflexion  que  l'unique 
étude  importante  pour  un  chrétien  est  celle  de  la  religion. 

Lanfranc,  estimé  dans  sa  patrie  pour  son  esprit  et  ses  autres 
qualités  extérieures,  ne  vit  point  avec  indifférence  la  considération 
qu'on  lui  accordait,  et  ne  cherchait  même  qu'à  l'augmenter.  Plein 
du  désir  d'étendre  sa  réputation,  il  quitta  son  pays,  passa  les 
Alpes,  vint  en  France  du  temps  du  roi  Henri  1er  et  de  Guillaume, 
duc  de  Normandie,  suivi  de  plusieurs  écoliers  <jéjà  très-instruits. 

Allant  à  Rouen,  et  passant  sur  la  fin  du  jour  dans  une  forêt,  il 


$  juillet.    —   LE  B.    LANFJEUNC,    ÀHCH.    DE  CANT.  7 

rencontra  des  voleurs  qui  le  dépouillèrent,  lui  lièrent  les  mains 
derrière  le  dos,  lui  couvrirent  les  yeux,  et  le  laissèrent  en  cet 
état,  loin  du  grand  chemin,  dans  les  broussailles  épaisses.  En  cette 
extrémité,  ne  sachant  que  devenir,   il  plaignait  son  infortune. 
Quand  la  nuit  fut  venue,  il  voulut  chanter  les  louanges  de  Dieu  ; 
mais,  ne  l'ayant  point  appris,  il  ne  put  se  donner  cette  conso- 
lation. Honteux  et  confus  de  cette  ignorance,  il  dit  avec  amer- 
tume :  Seigneur,  j'ai  tant  employé  de  temps  à  l'étude,  j'ai  usé  mon 
corps  et  mon  esprit,  et  je  ne  sais  pas  encore  comment  je  dois 
vous  prier.  Délivrez-moi  du  péril  où  je  suis,  et  avec  votre  grâce 
je  réglerai  ma  vie  de  telle  sorte  que  je  pourrai  vous  servir.  Au 
point  du  jour,  des  voyageurs  qui  passaient  le  délièrent  et  le  re- 
mirent dans  le  chemin.  11  les  pria  de  lui  enseigner  le  plus  pauvre 
monastère  qui  fût  dans  le  pays.  Ils  lui  répondirent  qu'ils  n'en  con- 
naissaient point  de  plus  pauvre  que  celui  qu'un  homme  de  Dieu 
bâtissait  près  de  là  ;  et,  lui  en  ayant  montré  le  chemin,  ils  se 
retirèrent.  C'était  l'abbaye  du  Bec,  commencée  sept  ans  aupara- 
vant par  le  vénérable  Hellouin. 

Quand  Lanfranc  y  arriva,  il  trouva  ce  bon  abbé  occupé  à  bâtir 
un  four  de  ses  propres  mains.  Lui  ayant  appris  ce  qui  l'amenait, 
l'abbé  dit  à  un  de  ses  moines  de  donner  à  Lanfranc  le  livre  de  la 
règle.  Lanfranc  le  lut  tout  entier,  et  dit  à  Hellouin  qu'il  espérait 
qu'avec  le  secours  de  Dieu  il  observerait  tout  ce  qu'elle  contenait. 
L'abbé,  croyant  apercevoir  des  marques  d'une  vocation  certaine, 
le  reçut  au  nombre  de  ses  religieux.  Lanfranc  passa  trois  ans  dans 
une  entière  solitude,  s'instruisant  des  devoirs  de  la  vie  du  cloître. 
Il  parlait  à  peu  de  personnes,  et  était  peu  connu  même  dans  le 
monastère.  On  ne  le  voyait  qu'aux  emplois  dont  on  le  chargeait, 
et  à  l'église;  et  on  l'y  voyait  toujours  modeste,  recueilli,  édifiant 
tout  le  monde  par  sa  piété. 

Guillaume  duc  de  Normandie,  étant  devenu  roi  d'Angleterre, 
voulut  faire  monter  Lanfranc'sur  le  siège  de  Cantorbéry  ;  mais, 
comme  il  avait  déjà  refusé  l'archevêché  de  Rouen,  il  fit  assembler 
un  concile  de  la  province  de  Normandie,  dont  la  résolution  fut 
que  Lanfranc  accepterait  la  dignité  que  le  roi  d'Angleterre  lui 
proposait.  Ce  saint  religieux  en  fut  fort  affligé.  Il  n'y  eut  point  de 
raison  qu'il  n'employât  pour  se  dispenser  de  se  charger  du  joug 
qu'on  voulait  lui  imposer  ;  mais  on  ne  l'écouta  point;  le  roi  avait 
si  bien  gagné  tous  ses  amis,  que  chacun  lui  conseilla  de  consentir 
a  son  élection.  Ce  fut  en  lui  faisant  pratiquer  toutes  les  vertus  épis- 


S  4  JuiUet.  —  8.  SIS0BS  OU  SISOT. 

copaies  que  Dieu  acheva  de  le  sanctifier.  Il  mourut  le  JS  oui  et 
Faut  1089  de  Jésus-Christ 


4  ./KiJfef.  —  S.  SISOÈS  OU  S1SOY,  solitaire.  —  4e  siècle. 

Saint  Sisoy  ou  Sisoès  fut  un  des  plus  grands  modèles  de  la  vie 
solitaire  après  saint  Antoine.  Ayant  été  touché  de  Dieu  dès  sa  jeu- 
nesse, il  quitta  tout  pour  suivre  Jésus-Christ,  pauvre  et  humilié. 
Il  se  retira  d'abord  dans  le  désert  de  Scété  avec  saint  Macaire.  Un 
jour  qu'il  allait  scier  les  blés  avec  lui,  il  fut  témoin  d'un  miracle 
de  ce  saint,  qui  fit  parler  inVmort  pour  savoir  où  il  avait  mis  un 
dépôt. 

Trouvant  le  désert  de  Scété  trop  fréquenté,  et  peu  favorable  à 
son  amour  pour  le  silence  et  la  retraite,  il  alla  s'établir  au  mont 
Saint- Antoine,  à  une  journée  de  la  mer  Rouge.  11  y  arriva  peu  de 
temps  après  la  mort  du  patriarche  des  solitaires,  c'est-à-dire  en  Tan 
de  Jésus-Christ  356,  et  il  y  trouva  la  mémoire  de  ses  instructions 
et  de  ses  exemples  si  récente,  qu'il  se  considéra  comme  l'un  de 
ses  disciples,  et  ne  pensa  qu'à  marcher  sur  ses  traces. 

Sisoy  ne  mangeait  que  de  deux  jours  l'un.  Ordinairement  même 
il  ne  mangeait  pas  de  pain,  à  moins  que  la  condescendance  pour 
les  autres  ne  l'y  engageât.  11  avait  pour  maxime  qu'un  solitaire  ne 
doit  point  choisir  le  genre  de  travail  qui  lui  plaît  le  plus.  Très- 
souvent  il  s'occupait  à  faire  des  paniers. 

Un  séculier  vint  un  jour  avec  son  fils  encore  enfant  pour  rece- 
voir sa  bénédiction.  L'enfant  étant  mort  en  chemin,  le  père,  sans 
se  troubler,  le  prit  entre  ses  bras.  Dès  qu'il  fut  dans  la  cellule  du 
saint  vieillard,  il  se  jeta  à  terre  avec  son  fils,  pour  lui  demander  le 
secours  de  ses  prières.  11  sortit  ensuite,  et  laissa  son  fils  aux  pieds 
île  Sisoy,  qui,  ne  sachant  pas  qu'il  fût  mort,  lui  dit  :  Levez-vous, 
mon  fils,  suivez  votre  père.  En  même  temps  l'enfant  se  leva  et  alla 
trouver  son  père.  Celui-ci,  vivement  touché  de  cette  merveille, 
revint  à  la  cellule  de  Sisoy,  et  lui  dit  tout  simplement  que  sa  joie 
était  égale  à  l'affliction  qu'il  avait  ressentie  en  perdant  son  fils.  Le 
solitaire,  qui  craignait  extrêmement  de  perdre  l'humilité,  fit  dire 
à  cet  homme,  par  son  disciple,  qu'il  se  gardât  bien  de  parler  avant 
sa  mort  de  ce  qui  venait  de  se  passer.  t 

Comme  le  mont  Saint- Antoine  était  exposé  aux  courses  des  Sar- 
rasins, ils  pillèrent  un  jour  le  peu  que  possédaient  Sisoy  et  son 
disciple  ;  ils  emportèrent  même  leurs  habits.  Ils  se  trouvèrent 


^      4  juillet.    —  SAINTE  BERTHE.  9 

'<     ainsi  réduits  l'un  et  l'autre  à  aller  chacun  de  leur  côté  chercher 
dans  le  désert  de  quoi  se  nourrir,  et  à  manger  des  choses  dont  à 
pane  des  bêtes  eussent  voulu.  Ce  fut  après  cet  accident  qu'un 
frère  vint  faire  cette  question  à  Sisoy  :  Si  des  voleurs  viennent  à 
moi  pour  m'attaquer,  et  que  je  me  trouve  le  plus  fort,  me  con- 
seillez-vous de  les  tuer?  —  Gardez- vous-en  bien,  lui  dit-il,  car 
vous  seriez  homicide.  Abandonnez  tout  à  la  providence  de  Dieu  : 
si  vous  êtes  maltraité,  reconnaissez  que  c'est  une  pénitence  de  vos 
péchés;  si,  au  contraire,  il  ne  vous  arrive  rien  de  fâcheux,  re- 
merciez-en la  bonté  du  Tout-Puissant, 

Étant  devenu  fort  vieux,  Abraham  son  disciple  lui  dit  un  jour  : 
Allons-nous-en,  mon  père,  auprès  de  quelque  lieu  habité,  où  vous 
puissiez  plus  aisément  trouver  ce  qui  est  nécessaire  à  votre  âge.  — 
Allons  où  vous  voudrez,  répondit  Sisoy,  pourvu  qu'on  n'y  trouve 
point  de  femme.  —  Et  où  n'y  en  a-t-il  point,  repartit  Abraham,  si 
ce  n'est  dans  le  désert  ?  —  Menez-moi  donc  dans  le  désert,  dit 
Sisoy.  II  paraît  cependant  qu'il  fut  obligé  de  céder  aux  besoins  de 
son  corps.  Il  vint  à  Clysma,  ville  d'Egypte,  sur  le  bord  de  la  mer 
Rouge,  où  il  mourut  l'an  de  Jésus-Christ  420. 


4  juillet.  —  SA1JSTE  BERTHE,  veuve  et  abbesse.  — 

8e  siècle. 

Sainte  Berthe  était  fille  du  comte  Rigobert  et  d'Ursane,  pa- 
rente d'un  roi  de  Kent  en  Angleterre.  A  l'âge  de  vingt  ans,  elle  fut 
mariée  à  Sigefroi,  dont  elle  eut  cinq  filles,  entre  autres  sainte  Ger- 
trude  et  sainte  Déotile.  Après  la  mort  de  son  mari,  elle  prit  le  voile 
dans  le  monastère  qu'elle  avait  fait  bâtir  à  Blangy,  en  Artois,  à 
peu  de  distance  d'Hesdin.  Ses  filles  Gertrude  et  Déotile  imitèrent 
son  exemple.  Elle  fut  persécutée  par  le  comte  Roger,  ou  Rotgar, 
qui  tâcha  de  la  noircir  auprès  du  roi  Thierry  III.  La  haine  que 
lui  portait  ce  seigneur  venait  de  ce  qu'il  n'avait  pu  parvenir  à 
épouser  Gertrude  ;  mais  le  prince,  ayant  connu  l'innocence  de 
Berthe,  qui  gouvernait  son  monastère  en  qualité  d'abbesse,  la 
reçut  favorablement  et  la  mit  sous  sa  protection. 

De  retour  à  Blangy,  Berthe  acheva  son  monastère,  et  fit  cons- 
truire trois  églises,  l'une  en  l'honneur  de  saint  Omer,  l'autre  sous 
le  nom  de  saint  Vaast,  et  la  troisième  sous  l'invocation  de  saint 
Martin  de  Tours.  Ayant  ensuite  mis  un  bon  ordre  dans  sa  coin- 


JO  5  juillet.  —  SAINT  PIERRE  DE  LUXEMBOURG. 

munauté, elle  établit  abbesse  sainte  Déotile,  et  se  re&ienna  4an$ 
une  cdïule  pour  ne  plus  s'occuper  que  de  la  prière.  Stiateltarfbt 
mourut  vers  l'an  725.  Le  monastère  de  Blangy,  qu'elle  avait  fofiriç 
Vers  Tan  682,  fut  détruit  et  brûlé  par  les  Normands,  ad  imh 
vième  siècle.  Hersende,  qui  en  était  alors  abbesse,  se  retira  avec 
ses  religieuses  en  Alsace,  et  elles  y  furent  reçues,  en  895,  «fanç 
l'abbaye  des  chanoinesses  d'Erstein  ;  on  y  porta  aussi  les  reliques 
de  sainte  Berthe  et  de  ses  deux  filles,  et  cette  translation  fut  si- 
gnalée par  plusieurs  miracles.  Les  reliques  de  sainte  Berthe  furent 
rapportées  à  Blangy,  dans  le  onzième  siècle.  Ce  dernier  monas- 
tère fut  alors  rebâti,  et  donné  à  des  religieux  de  Tordre  de  Saint- 
Benoit. 


5  juillet.  —  SAINT  PIERRE  DE  LUXEMBOURG , 

CARDINAL,  ÉVÊQUE  DE  METZ.   —  14e  siècle. 

Pierre,  fils  de  Gui  de  Luxembourg,  comte  de  Ligny,  et  de 
Mathilde,  comtesse  de  Saint-Pol ,  naquit  en  1369,  à  Ligny ,  petite 
ville  de  Lorraine,  au  diocèse  de  Toul.  11  perdit  son  père  et  sa  mère 
dans  son  enfance.  La  comtesse  dOrgières ,  sa  tante ,  se  chargea 
du  soin  de  son  éducation.  11  seconda  parfaitement  ses  vues  et  celles 
de  ses  maîtres;  les  exemples  qu'il  avait  sans  cesse  sous  les  yeux, 
et  les  instructions  qu'il  recevait  tous  les  jours,  firent  sur  lui  de 
vives  impressions  et  fortifièrent  le  goût  naturel  qu'il  avait  pour  la 
vertu.  On  regardait  comme  un  miracle  de  la  grâce  sa  ferveur  et 
son  assiduité  à  la  prière ,  son  zèle  pour  la  mortification  et  surtout 
son  amour  pour  l'humilité  et  pour  les  pauvres. 

A  Tâge  de  dix  ans ,  on  l'envoya  à  Paris  pour  y  achever  se& 
études.  Le  comte  de  Saint-Pol,  son  frère  aîné,  ayant  été  fait 
prisonnier  par  les  Anglais ,  il  interrompit  le  cours  de  ses  études 
et  se  rendit  à  Londres ,  où  il  resta  en  otage  jusqu'à  ce  que  son 
frère  eût  payé  sa  rançon.  Sa  vertu  lui  gagna  l'estime  et  l'affec- 
tion des  Anglais  ;  ils  lui  accordèrent  la  liberté  au  bout  d'un  an, 
en  lui  disant  que  sa  parole  leur  suffisait  pour  le  payement  de  la 
somme  stipulée.  De  retour  à  Paris,  il  reprit  ses  études. 

11  ne  visitait  que  les  personnes  pieuses.  11  voyait  souvent  Phi- 
lippe de  Maizières ,  qui  possédait  dans  un  haut  degré  l'esprit  de 
prière  et  de  pénitence.  Philippe  avait  été  chancelier  des  royaumes 
de  Jérusalem  et  de  Chypre.  11  menait  depuis  vingt-cinq  ans  une 
vie  retirée  chez  les  Célestins  de  Paris ,  sans  avoir  embrassé  ce- 


» 


5  juillet.  —  S.    PIEBBK   DE   LUXEMBOURG.  il 

pendant  l'institut  de  ces  religieux.  Les  avis  que  Pierre  reçut  de  ce 
grand* serviteur  de  Dieu  devinrent  pour  lui  une  source  de  nou- 
velles lumières ,  et  le  firent  merveilleusement  avancer  dans  les 
voies  intérieures  de  la  perfection. 

En  1383 ,  il  fut  nommé  à  un  canonicat  de  la  cathédrale  de 
Pari  s.  Toute  la  ville  rot  singulièrement  édifiée  de  son  assiduité 
au  choeur,  de  sa  charité  pour  tous  les  hommes ,  de  l'innocence 
de  sa  vie ,  de  sa  douceur  et  de  son  amour  pour  les  mortifications 
de  la  pénitence.  Il  avait  une  haute  idée  des  moindres  fonctions 
cléricales ,  et  il  saisissait  avec  empressement  l'occasion,  de  les 
exercer  dans  l'église. 

Clément  VII ,  qui  résidait  à  Avignon ,  et  que  la  France  recon- 
naissait pour  pape  légitime  durant  le  grand  schisme,  nomma  Pierre 
de  Luxembourg  archidiacre  de  Dreux,  au  diocèse  de  Chartres. 
11  le  nomma  ensuite  à  Févéché  de  Metz.  Il  crut  que  sa  prudence 
et  sa  sainteté  étaient  une  raisonsuffisante  pour  le  dispenser  du  défaut 
d'âge.  Il  n'acquiesça  à  son  élection  que  par  la  crainte  d'offenser 
Dieu ,  s'il  persistait  avec  opiniâtreté  dans  son  rems.  Il  fit  son  en- 
trée à  Metz ,  nu-pieds  et  monté  sur  un  âne ,  imitant  en  ceTa  l'hu- 
milité de  Jésus-Christ.  Toute  sa  suite  ne  respirait  que  la  modestie 
et  la  piété.  Quand  il  eut  pris  possession  de  son  église ,  il  entre- 
prit la  visite  de  son  diocèse ,  accompagné  d'un  religieux  domini- 
cain, qui  avait  été  sacré  évêque  pour  être  son  suffragant.  Partout 
il  réforma  les  abus  et  donna  des  preuves  étonnantes  de  zèle  et  de 
prudence.  B  divisa  son  revenu  en  trois  parts  :  l'une  pour  l'église , 
l'autre  pour  les  pauvres ,  et  la  troisième  pour  l'entretien  de  sa 
maison.  11  ménageait  encore  sur  cette  troisième  part,  pour 
grossir  celle  des  pauvres.  Les  jours  déjeune,  il  ne  vivait  que  de 
pain  et  d'eau.  Il  faisait  la  même  chose  en  Avent ,  ainsi  que  les 
mercredis,  les  vendredis  et  les  samedis  de  toute  l'année. 

Clément  VII,  l'ayant  créé  cardinal,  le  fit  venir  à  Avignon  et 
l'obligea  de  rester  auprès  de  sa  personne.  Pierre  ne  diminua  rien 
de  ses  austérités.  Ce  pape  lui  ordonna  de  ménager  davantage  sa 
santé  et  de  retrancher  une  partie  de  ses  pratiques  de  pénitence. 
Il  obéit  ;  mais  il  redoubla  ses  aumônes ,  pour  lui  tenir  lieu  de 
compensation  de  ce  qui  lui  avait  été  retranché  de  ses  mortifi- 
cations ordinaires. 

Peu  de  temps  après  sa  promotion  au  cardinalat ,  il  fut  attaqué 
d'une  fièvre  violente  qui  altéra  tout  à  fait  son  tempérament.  Sa 
santé  parut  d'abord  vouloir  se  rétablir  ;  mais  ce  n'était  qu'une 


12  &  juillet.  -—  S.    PALLADE. 

guérison  imparfaite  qui  fut  suivie  dune  langueur  dont  on  cra^gaJ 
bientôt  les  suites.  On  lui  conseilla  de  se  retirer  à  Villeneuve? 
petite  ville  fort  agréable,  située  de  l'autre  côté  du  Rhône*  TO-à- 
vis  d'Avignon.  André ,  son  frère ,  étant  venu  le  voir ,  fl  lui  parla 
avec  tant  de  force  des  vanités  du  monde ,  qu'il  se  donna  tout  en- 
tier au  service  de  Dieu.  André  reçut  les  ordres  sacrés,  devint  évé- 
que  de  Cambray,  et  fut  un  des  plus  saints  prélats  de  son  temps. 

Pierre,  sentant  que  ses  forces  l'abandonnaient,  demanda  les 
derniers  sacrements.  Il  Gt  venir  ses  domestiques ,  auxquels  il  de- 
manda pardon  du  scandale  qu'il  leur  avait  donné ,  en  ne  les  édi- 
fiant pas  par  ses  exemples,  comme  il  aurait  dû.  Il  mourut  le  2  juillet 
1387 ,  n'ayant  point  encore  soixante-dix-huit  ans  accomplis.  D'a- 
près l'examen  juridique  des  miracles  opérés  par  son  intercession, 
il  fut  mis  au  nombre  des  saints  en  1527. 


6  juillet.  —  S.  PALLADE,  apôtre  des  Scots.  —  5e  siècle. 

Ce  saint,  dont  le  nom  montre  qu'il  était  Romain ,  est  vraisem- 
blablement le  même  Pallade  que  le  pape  saint  Célestin  envoya  de 
Rome  dans  les  îles  Britanniques  en  431,  et  qui  fut  établi  premier 
évêque  des  Scots,  lesquels  croyaient  en  J.  C.  C'étaient  ceux  éta- 
blis en  Irlande,  mais  où  le  nombre  des  fidèles  était  encore  fort  res- 
treint. Pallade,  selon  la  chronique  de  saint  Prosper,  arriva  en  Ir- 
lande sous  le  consulat  de  Bassus  et  d'Antiochus ,  Fan  431  de  l'ère 
chrétienne;  mais  en  ayant  été  chassé  par  le  roi  de  Leinster,  il  re- 
tourna dans  le  nord  de  la  Grande-Bretagne ,  où  il  avait  d'abord 
commencé  sa  mission.  Les  Scots,  à  cette  époque,  peuple  grossier 
et  barbare,  ayant  été  s'établir  dans  le  nord  de  la  Bretagne  vers  le 
temps  où  les  Romains  commencèrent  à  abandonner  le  pays,  le 
saint  les  y  suivit.  11  prêcha  parmi  eux,  et  forma  une  église  fort  nom- 
breuse. Les  historiens  d'Ecosse  disent  que  la  foi  fut  implantée 
dans  le  nord  de  la  Grande-Bretagne  vers  Tan  200  de  J.  C,  sous  le 
règne  de  Donald ,  et  sous  le  pontificat  de  Victor  ;  mais  ils  con- 
viennent unanimement  que  saint  Pallade,  qu'ils  appellent  saint  Pa- 
dic,  fut  le  premier  évêque  du  pays  ;  ils  lui  donnent  même  le  titre 
de  premier  apôtre  d'Ecosse;  peut-être  fut-il  le  premier  qui  prêcha 
la  foi  à  la  nation  particulière  des  Scots.  Il  mourut  vers  l'an  450 , 
à  Fordun ,  capitale  du  petit  territoire  de  Mernis ,  située  au  midi 
et  à  quinze  milles  d'Aberdecn.  Ses  reliques  se  gardaient  autrefois 
dans  le  monastère  de  Fordun. 


7  juillet.   —  S.    PANTÈNE.  13 


6  juillet.  —  S.  GOAR,  prêtre  et  solitaire.  — 6e  siècle. 

Saint  Goar,  appelé  depuis  en  Allemagne  saint  Gowers  et  Gewers, 
sortait  d'une  famille  illustre  de  F  Aquitaine.  Une  extrême  fidélité 
à  tous  les  devoirs  de  la  religion  le  fit  parvenir  de  bonne  heure  à 
une  haute  perfection.  Ayant  été  ordonné  prêtre,  il  travailla  effi- 
cacement au  salut  des  âmes.  11  quitta  depuis  sa  patrie,  et  passa  en 
Allemagne  dans  Tannée  519.  Il  s'établit  dans  le  territoire  de 
Trêves ,  et  s'y  renferma  dans  une  cellule.  11  y  vécut  plusieurs  an- 
nées dans  l'exercice  de  la  prière ,  et  dans  la  pratique  de  toutes 
les  mortifications  de  la  pénitence.  Par  une  suite  de  son  amour 
pour  J.  C,  il  annonça  la  foi  aux  idolâtres  qui  habitaient  le  long 
du  Rhin ,  et  en  convertit  un  grand  nombre.  Quelques  personnes, 
ennemies  de  tout  bien ,  lui  suscitèrent  une  persécution  ;  mais 
son  innocence  fut  reconnue ,  et  sa  vertu  n'on  brilla  qu'avec  plus 
d'éclat.  Dieu  rendit  lui-même  témoignage  à  la  sainteté  de  son  ser- 
viteur ,  en  l'honorant  du  don  des  miracles.  On  lui  offrit  l'éveVhé 
de  Trêves ,  mais  il  fut  impossible  de  le  déterminer  à  l'accepter. 
Il  mourut  en  575.  11  s'est  formé  une  ville  portant  son  nom 
{ Saint -Guuer  ou  Goar) ,  autour  du  lieu  où  était  sa  cellule.  Elle 
est  située  sur  la  rive  gauche  du  Rhin ,  entre  Wesel  et  Boppard. 


7  juillet.  —S.  PANTÈNE,  père  de  l'Église  —  3e  siècle. 

Pantène,  digne  des  temps  apostoliques,  florissait  dans  le  second 
siècle  de  l'Église.  11  était  Sicilien  de  naissance  et  faisait  profession 
de  la  philosophie  stoïcienne.  Son  éloquence  l'a  fait  appeler,  par 
Qément  d'Alexandrie,  V Abeille  de  Sicile.  L'amour  qu'il  avait 
pour  la  vertu  lui  inspira  de  l'estime  pour  les  chrétiens,  et  il 
se  lia  étroitement  avec  quelques-uns  d'entre  eux.  Frappé  de  l'in- 
nocence et  de  la  sainteté  de  leur  vie,  il  se  désabusa  des  su- 
perstitions du  paganisme  et  ouvrit  les  yeux  à  la  lumière  de 
1  Evangile. 

Après  sa  conversion,  il  étudia  les  livres  saints,  sous  les  disciples 
des  Apôtres.  Pour  en  acquérir  une  plus  parfaite  intelligence ,  il 
alla  fixer  sa  demeure  à  Alexandrie,  en  Egypte.  11  y  avait  dans  cette 
ville  une  célèbre  école  où  l'on  enseignait  la  doctrine  chrétienne , 
et  qui  devait  son  établissement  aux  disciples  de  saint  Marc. 

2 


14  7  juillet  —  LE  B.   BEPfOIt  XI,   PAPE. 

Pantène  fit  de  rapides  progrès  dans  la  science  des  saintes  let- 
tres; mais  il  cachait  par  humilité  ses  rares  talents.  On  les  décou- 
vrit bientôt  malgré  lui ,  et  on  le  tira  de  l'obscurité  dans  laquelle 
il  avait  cherché  à  vivre  inconnu.  Il  fut  mis  à  la  tête  de  l'école  des 
chrétiens,  quelque  temps  avant  Tan  1 79  de  Jésus-Christ,  qui  était  la 
première  du  règne  de  l'empereur  Commode.  Sa  capacité,  jointe 
à  l'excellente  méthode  qu'il  suivait  en  enseignant,  lui  acquit  une 
réputation  dont  ne  jouirent  jamais  les  plus  fameux  philosophes. 
Ses  leçons,  qui  étaient  un  composé  du  suc  des  fleurs  qu'il  ramas- 
sait dans  les  écrits  des  prophètes  et  dans  ceux  des  Apôtres,  por- 
taient la  lumière  de  la  science  et  l'amour  de  la  vertu  dans  les  âmes 
de  tous  ceux  qui  venaient  l'entendre.  C'est  le  témoignage  que  lui 
rend  Clément  d'Alexandrie ,  un  de  ses  disciples. 

Les  Indiens  que  le  commerce  attirait  à  Alexandrie,  eurent  oc- 
casion de  connaître  saint  Pantène.  Us  le  prièrent  de  passer  dans 
leur  pays  pour  y  combattre  la  doctrine  des  brachmanes  par  celle 
de  Jésus-Christ.  Il  se  rendit  à  leurs  instances,  quitta  son  école» 
et  partit  pour  les  Indes ,  avec  la  permission  de  son  évéque ,  qui 
l'établit  prédicateur  de  l'Évangile  pour  les  nations  orientales.  En  ar- 
rivant dans  les  Indes ,  il  y  trouva  quelques  semences  de  la  foi 
qui  y  avaient  été  jetées  précédemment.  11  y  vit  aussi  un  livre  de 
l'Évangile  de  saint  Matthieu,  en  hébreu,  qui  avait  été  laissé  dans  le 
pays  par  saint  Barthélemi.  Étant  revenu  à  Alexandrie  quelques 
années  après,  il  y  apporta  ce  livre  avec  lui. 

L'école  de  cette  ville  était  alors  gouvernée  par  le  célèbre  Clé- 
ment. Saint  Pantène  continua  toujours  d'enseigner;  mais  il  ne  le 
lit  plus  qu'en  particulier.  11  exerça  cet  emploi  jusqu'au  règne  de 
Caracalla , et ,  par  conséquent,  jusqu'avant  l'année  216.  On  lit 
son  nom  sous  le  7  de  juillet  dans  tous  les  martyrologes  d'Occident. 


7  juillet.  —  LE  BIENHEUREUX  BENOIT  XI  ,  pape  kt 
confesseur.  —  13e  et  14e  siècle. 

Benoît  XI,  né  à  Trévise  de  l'honorable  famille  des  Boccasini, 
entra  à  l'âge  de  quatorze  ans  dans  l'ordre  des  Frères  prêcheurs. 
Jusqu'à  vingt-huit  ans  il  s'y  adonna  complètement  à  l'étude  des 
sciences  divines  et  humaines,  et  durant  autant  d'années  il  les  en- 
seigna tant  en  public  qu'en  particulier,  avec  la  plus  grande  répu- 
tation de  savoir.  Aussi  distingué  par  le  renom  de  sa  sainteté  et  de 


7  juillet. LE  B.   BENOIT  XI,  PAPE  15 

sa  prudence ,  il  fut  élevé ,  en  passant  par  les  divers  degrés  et  les 
dignités  de  son  ordre,  à  en  occuper  la  maîtrise  générale.  Faisant 
briller  dans  cette  charge  devant  tous  les  autres  l'exemple  de  ses 
propres  vertus ,  il  entretint  merveilleusement  la  discipline  dans 
son  ordre,  et  en  fort  peu  de  temps  lui  donna  de  l'extension.  Bo- 
niface  VIII  ayant  employé  avec  succès  ses  services  pour  rétablir  la 
paix  entre  les  rois  de  France  et  d'Angleterre,  le  créa  cardinal  de 
la  sainte  Église  romaine  pendant  qu'il  voyageait  en  France  dans 
des  provinces  qu'on  l'avait  chargé  de  parcourir.  Il  le  fit  ensuite 
revenir  à  Rome  pour  le  désigner  comme  son  légat  en  Pannonie , 
où  trois  princes  étaient  en  différend  pour  la  succession  de  ce 
royaume  ;  et,  en  usant  d'une  adresse  admirable,  Benoît  vint  à  bout 
de  les  mettre  d'accord. 

De  retour  à  Rome  après  avoir  pacifié  la  Hongrie,  il  retrouva 
Boaiface  assiégé  dans  Anagni,  et  malgré  les  menaces  des  ennemis 
qui  avaient  fiait  invasion  en  ces  lieux ,  il  se  maintint  courageuse- 
ment, et  s'attacha  au  pape  sans  qu'on  pût  l'en  séparer,  tandis  que 
presque  tons  les  autres  avaient  pris  la  fuite  en  l'abandonnant.  Le 
même  pontife  étant  bientôt  exempt  des  tribulations  de  ce  monde, 
par  un  consentement  extraordinaire  des  cardinaux  Benoît  fut  mis 
à  sa  place  sur  la  chaire  de  saint  Pierre.  Dans  l'élévation  de  cette 
dignité  suprême ,  entièrement  éloigné  de  tout  faste ,  il  pratiqua 
tellement  l'amour  de  l'abaissement,  qu'il  renvoya,  comme  s'il  ne  la 
reconnaissait  pas  sa  propre  mère,  qui  vivait  encore  et  qu'on  lui  avait 
amenée  parée  un  peu  plus  magnifiquement  qu'il  ne  lui  semblait 
convenir  à  l'humilité  :  mais  il  l'embrassa  affectueusement  aussitôt 
qu'elle  revint  avec  la  toilette  plus  simple  qu'elle  avait  toujours 
portée,  et  il  la  traita  avec  honneur.  Il  frappa  d'aoathème  ceux 
qui  avaient  osé  violer  la  dignité  pontificale  dans  son  prédécesseur  ; 
mais  la  plupart  de  ceux  qu'il  avait  traités  avec  le  plus  de  sévé- 
rité ,  il  les  rétablit  dans  les  honneurs  dont  ils  avaient  joui  précé- 
demment, leur  pardonna,  et  les  fit  rentrer  en  grâce.  Pour  paci- 
fier les  diverses  contrées  de  l'Italie,  désolées  très-malheureuse- 
ment par  les  factions  des  Guelfes  et  des  Gibelins ,  des  Blancs  et 
des  Noirs,  il  créa  légat  à  lalere  Nicolas  de  Grato ,  qui  était  car- 
dinal et  de  Tordre  des  Frères  prêcheurs.  Plus  tard,  il  lui  donna 
pour  mission  d'aller  en  Angleterre ,  en  Ecosse  et  en  Irlande,  afin 
d'y  réconcilier  les  rois  et  les  princes ,  qui  y  étaient  devenus  en- 
nemis les  uns  des  autres. 

Très-désireux  de  la  paix,  il  en  fut  le  promoteur  actif  non-seule- 


16  %  Juillet.  —  s.  Pfiocops. 

ment  on  Allemagne  que  déchiraient  de?  divisions  intestines  et  pour 
l'avantage  de  laquelle  il  se  trouva  là  forte  propos,  maisaurôdm 
la  Sicile  qu'il  rétablit  dans  sa  communion  après  avoir  levé  l'iota» 
dit  qui  pesait  sur  elle.  De  plus,  il  fut  l'heureux  restaurateur,  en- 
tre le  siège  apostolique  et  le  royaume  de  France,  de  la  concorde  à 
laquelle  peu  de  temps  auparavant  il  avait  été  porté  de  graves  at- 
teintes. Il  fit  sentir  la  sollicitude  de  son  esprit  apostolique,  même 
en  Orient  et  dans  les  autres  contrées  schismatiques.  11  recom- 
manda aussi  avec  instance  à  Martin,  archevêque  d'Antivare,  le  ré- 
tablissement de  la  discipline  ecclésiastique.  Par  des  lettres  que 
la  charité  rendait  pressantes,  il  excita  Orose,  roi  de  Servie,  à  aban- 
donner le  schisme.  Enfin  pendant  qu'il  était  occupé  à  recouvrer  la 
Syrie  et  la  Palestine,  et  qu'il  songeait  à  d'autres  choses  qu'il  pré- 
parait de  tous  ses  efforts  pour  l'accroissement  de  la  religion,  la  né- 
cessité commune  le  prévint,  et  il  mourut  à  Pérouse  en  l'an  1304, 
avant  que  le  neuvième  mois  de  son  pontificat  ne  fût  terminé.  On 
le  plaça,  selon  l'ordre  qu'il  en  avait  donné  dans  un  endroit  fort  hum- 
ble, chez  ses  Frères  les  prêcheurs.  Illustré  par  des  miracles  aussitôt 
son  décès,  Clément  Xll  approuva  le  culte  qu'on  lui  rendait  depuis 
un  temps  indéterminé. 


8  juillet.  —  S.  PROCOPE,  martyr.  —  3e  siècle. 

Procope  eut  l'honneur  d'être  le  premier  martyr  de  la  persécu- 
tion de  Dioctétien.  Il  naquit  à  Jérusalem,  et  fut  élevé  dans  la  re- 
ligion de  Jésus-Christ.  Dès  l'enfance  il  menait  une  vie  très-morti- 
fiée  :  le  pain  et  l'eau  faisaient  toute  sa  nourriture,  et  son  corps  était 
tellement  abattu  par  la  pénitence,  dit  l'auteur  de  sa  vie,  qu'il  res- 
semblait à  un  cadavre. 

Ayant  quitté  le  lieu  de  sa  naissance  pour  aller  demeurer  à  Scy- 
thople ,  près  du  Jourdain,  il  servait  l'Eglise  en  qualité  de  lecteur, 
d'interprète  de  langue  syriaque  et  d'exorciste ,  lorsque  l'édit  des 
empereurs  contre  les  chrétiens  y  Hit  publié.  Procope  fut  arrêté 
des  premiers  et  conduit  à  Césarée,  où  était  le  siège  du  gouver- 
neur, appelé  Flavien.  Ayant  été  cité  pour  comparaître  devant  le 
juge ,  celui-ci  commença  par  lui  proposer  de  sacrifier  aux  dieux. 
Je  ne  reconnais  qu'un  Dieu,  répondit  Procope,  et  ce  nom  n'est  dû 
qu'à  celui  qui  a  créé  l'univers,  qui  le  gouverne  seul ,  et  qui  en  est 
l'unique  maître.  Flavien,  touché  de  cette  réponse,  fut  obligé  de 


8  juillet.   —  S*  THIBÀUD,   ABBE.  17 

convenir  qu'elle  était  très-sensée.  Mais  au  moins,  lui  dit-il,  offrez 
de  Fencens  aux  empereurs.  —  Un  État  est  chancelant  dès  qu'il  a 
plusieurs  maîtres,  répondit  Procope  ;  il  est  bien  plus  avantageux  de 
n'avoir  qu'un  seigneur  et  qu'un  roi.  Cette  répartie  était  d'autant 
plus  hardie  qu'elle  pouvait  regarder  le  gouvernement  présent  de 
l'empire,  qui  avait  alors  quatre  maîtres.  Aussi  Flavien  s'en  trouva 
si  choqué ,  qu'il  porta  sur-le-champ  une  sentence  de  mort  contre 
Procope ,  en  disant  qu'on  ne  manquait  pas  impunément  de  res- 
pect aux  empereurs.  Il  eut  la  tête  tranchée  le  8  juillet,  l'an  de 
Jésus-Christ  303. 


8  juillet.  —  S.  THIBAUD ,  abbé  des  Vaux  de  Cebnay. 

—  13e  siècle. 

Thibaud,  né  et  élevé  au  château  de  Marly,  a  été,  par  les  vertus 
qâ  l'ont  fait  considérer  comme  saint,  peut-être  le  principal  orne- 
ment de  l'illustre  maison  de  Montmorency.  11  était  fils  de  Bou- 
chard, baron  de  Marly,  qui  avait  épousé  Hildegarde.  Comme  il  était 
Famé,  son  pèreje  fit  élever  avec  un  soin  particulier,  et  l'engagea  de- 
puis dans  la  profession  des  armes ,  où  il  se  distingua  dans  tous  les 
exercices  qu'on  y  exigeait  alors  d'un  gentilhomme,  tels  que  de  bien 
monter  à  cheval,  courir  la  bague,  et  se  servir  d'une  épée.  Cependant 
il  ne  négligeait  pas  la  piété,  et  surtout  il  avait  une  singulière  dévotion 
envers  la  sainte  Vierge,  qu'il  honorait  comme  sa  bonne  Mère  et  sa 
chère  Maîtresse  ;  ce  fut  aussi  cette  dévotion  qui  l'amena  à  son  en- 
tière conversion,  c'est-à-dire  à  renoncer  pour  Dieu  seul  à  toutes 
les  grandeurs  que  le  siècle  lui  promettait.  Avant  même  que  de 
prendre  cette  sainte  résolution,  il  donnait  un  temps  considérable 
à  la  prière ,  et  allait  souvent  visiter  l'église  de  l'abbaye  de  Port- 
Royal-des-Champs,  fondée  en  1204,  dans  le  diocèse  de  Paris,  par 
Matthieu  de  Montmorency,  et  libéralement  dotée  par  Bouchard, 
père  de  Thibaud ,  ce  qui  l'en  a  fait  regarder  comme  le  second 
fondateur. 

Cest  aussi  dans  un  monastère  de  l'ordre  de  Citeaux,  non  loin 
du  premier,  et  situé  dans  le  même  diocèse,  c'est-à-dire  à  l'abbaye 
des  Vaux  de  Cernay,  que  se  retira  Thibaud,  et  qu'il  prit  l'habit  re- 
ligieux en  1220.  Il  y  avait  peu  de  monastères  où  l'observance  mo- 
nastique fut  gardée  avec  plus  d'exactitude  et  d'austérité,  mais  ce  fut 
justement  pour  cela  que  notre  saint  choisit  cette  maison.  Du  pre- 


18  S  juillet.  —  S.   THIBAUD,  ABBÉ. 

mier  coup  il  s'y  distingua  par  une  pratique  très-parfaite  des  vertus 
religieuses,  et  surtout  par  son  esprit  doux  et  maniable,  fui  était 
comme  une  eiremoUe  entre  tes  mains  de  ses  supérieurs.  Counmeiifes 
s'était  presque  point  livré  jusqu'alors  aux  études  littéraires,  on  lui 
donna  un  maître  qui  lui  apprit  en  peu  de  temps  ce  que  Ton  enseigne 
dans  les  écoles  publiques.  Savcrtu  s'accroissant  toujours  avec  Tâge, 
on  Télut  prieur  du  monastère.  Quelque  temps  après,  en  1234, 
Richard,  qui  était  abbé  de  ce  lieu,  et  sous  lequel  Thibaud  avait 
exercé  sa  charge  de  prieur  avec  une  prudence  très-remarquable, 
étant  venu  à  décéder,  il  fut  mis  à  sa  place.  11  résista  d'abord  à  ce 
que  ses  confrères  désiraient  de  lui  ;  mais  il  fut  obligé  de  se  ren- 
dre à  leurs  instantes  prières.  Comme  ils  ne  l'avaient  élu  qu'après 
une  longue  épreuve  de  sa  sagesse ,  de  sa  justice  et  de  sa  charité, 
ils  n'eurent  pas  sujet  de  se  repentir  de  leur  choix.  Ils  eurent  en  lui 
un  supérieur  prudent,  vigilant,  rempli  de  compassion  pour  les 
besoins  de  ses  frères,  et  toujours  prêt  à  les  secourir.  Thibaud  ne 
crut  pas  qu'un  abbé  dût  avoir  d'autres  droits  et  d'autres  privilè- 
ges que  d'être  l'exemple  de  sa  maison,  et  de  surpasser  autant  les 
autres  religieux  dans  toutes  les  vertus  monastiques  qu'il  les  sur- 
passait en  dignité.  Son  humilité  était  si  prodigieuse,  qu'il  n'y  avait 
point  d'emploi  dans  le  monastère,  quelque  vil  qu'il  fût,  auquel  H 
ne  s'abaissât  avec  joie.  Enfui ,  il  était  si  pauvrement  vêtu ,  quHI 
l'emportait  en  cela  sur  le  dernier  des  frères  convers.  Ces  prati- 
ques d'humilité  étant  connues  dans  l'ordre  de  Citeaux.  les  abbés 
lui  en  firent  un  jour  reproche  au  chapitre  général,  ou  sa  qualité 
l'obligeait  de  se  trouver  ;  mais  il  leur  ferma  aussitôt  la  bouche,  en 
leur  disant  qu'ils  ne  le  reprendraient  pas,  et  ne  trouveraient  rien  à 
redire  à  sa  conduite,  s'il  était  venu  richement  monté  et  équipé,  et 
s'ils  lui  voyaient  un  habit  précieux  et  éclatant.  Ce  qui  le  rendait 
surtout  admirable ,  c'était  sa  piété  et  sa  tendresse  envers  la  sainte 
Vierge  :  il  pensait  continuellement  à  elle  et  rapportait  à  sa  gloire 
tout  ce  qu'il  disait  et  ce  qu'il  faisait.  On  lui  dit  un  jour  qu'il  pou- 
vait y  avoir  de  l'excès  dans  cette  affection  pour  la  sainte  Vierge, 
parce  qu'il  semblait  partager  son  cœur  entre  elle  et  Dieu ,  et 
que  Jésus-Christn'en  avait  pas  l'entière  possession  -,  à  quoi  il  répon- 
dit, d'une  manière  aussi  chrétienne  que  modeste,  qu'il  n'aimait  au- 
tant la  sainte  Vierge  que  parce  qu'elle  était  la  Mère  de  Notre-Sei- 
gneur  Jésus-Christ,  et  que  sans  cela  il  ne  lui  préférerait  pas  les  au- 
tres vierges  saintes  ;  qu'ainsi  c'était  donc  Jésur;~Christ  lui-même 
qu'il  aimait,  qu'il  honorait,  et  qu'il  révérait  en  elle.  Il  ajoutait 


8  juillet.  —  SAINTE  ELISABETH  DE  PORTUGAL.  19 

qu'il  ne  doutait  nullement  qu'elle  ne  fût  élevée  au-dessus  de  tous 
les  anges  et  de  tous  les  saints,  et  qu'elle  ne  méritât  par  conséquent 
d'être  aimée  par-dessus  toutes  choses  après  Dieu. 

Il  fut  tout  particulièrement  estimé  du  roi  saint  Louis ,  du  cé- 
lèbre Guillaume,  évoque  de  Paris,  et  de  plusieurs  personnages  il- 
lustres. La  renommée  qu'il  s'était  acquise  par  le  gouvernement  de 
son  abbaye ,  le  fit  choisir  comme  supérieur  général  de  Port* 
Royal-des-Champs,  du  Trésor  dans  le  Vexin ,  et  de  Brueil-Benoît, 
au  diocèse  d'Évreux.  Ce  fut  à  la  vertu  de  ses  prières  que  la  France 
attribua  la  fécondité  de  la  reine  Marguerite ,  femme  de  saint 
Louis.  Sa  bienheureuse  mort  arriva  le  8  décembre  1247.  Il  était 
honoré  le  8  juillet  à  l'abbaye  des  Vaux  de  Cernay,  où  l'on  allait  vi- 
siter sa  châsse  pendant  les  fêtes  de  la  Pentecôte.  Aujourd'hui  l'on 
montre  encore,  au  milieu  des  prairies  qui  environnent  les  ruines 
de  cet  antique  monastère,  une  fontaine  d'une  eau  claire  et  limpide 
qui  porte  le  nom  de  saint  Thibaud.  Elle  reste  là  comme  un  tou- 
chant symbole  de  la  pureté  de  son  âme  sainte  et  de  l'éclat  de  ses 
célestes  vertus. 


*  juillet.  —  SAINTE  ELISABETH,  bbine  de  Portugal 

—  14e  siècle. 

Elisabeth  était  fille  de  Pierre  III,  roi  d'Aragon,  et  de  Constance, 
fille  de  Mninfroi ,  roi  de  Sicile.  Elle  naquit  l'an  1271 ,  et  fut  nom- 
mée Elisabeth  ,  en  l'honneur  de  sainte  Elisabeth  de  Hongrie ,  sa 
grand' tan  te.  \a\  roi  Jacques,  son  grand-père ,  surnommé  le  Saint 
à  cause  de  sa  piété,  et  le  Conquérant  à  cause  de  sa  valeur,  voulut 
le  charger  de  son  éducation ,  et  il  reconnut  bientôt  que  Dieu  lui 
avait  confié  un  dépôt  qui  lui  était  cher,  et  sur  qui  il  devait  ré- 
pandre les  dons  les  plus  précieux  de  sa  grâce.  Dès  l'âge  de  huit 
ans,  Elisabeth  avait  tant  d'ardeur  pour  la  prière,  qu'elle  s'imposa 
l'heureuse  obligation  de  réciter  tous  les  jours  le  grand  office  de 
l'Église,  ce  qu'elle  continua  toute  sa  vie. 

Elisabeth  porta  ce  goût  pour  la  prière  dans  le  mariage,  où  ses 
parents  rengagèrent  dès  Page  de  douze  ans ,  et  le  changement 
d'état  ne  put  rien  changer  dans  ses  mœurs.  ])enys,roide  Portu- 
gal ,  qui  lui  fut  donné  pour  mari ,  avait  plus  cherché  en  elle  sa 
beauté  et  les  avantages  de  sa  naissance  que  la  vertu  et  la  piété  ; 
mais  il  lui  laissa  la  liberté  de  se  satisfaire  dans  tout  ce  que  sa  dé- 


2©  S  juillet    —  SAINTE  ELISABETH  DE  ]  TOÀJL. 


votion  loi  prescri       ;  se  p  ai 

«Tune  grande  vertu,  u      1      s       écher  d'admirer  et  d'estimer 

celle  d'Elisabeth.  La  ]  r         profitant  de  la  tiberlé  mm  le 

roi  lui  laissait,  se  fit  au  milieu  ae      cour  une  règle  de  conduite 
qui  approchait  fort  de  la  vie  des  rei    euses  les  plus  exactes. 

Elle  se  fit  une  loi  de  s'astreindre  a  certains  exercices  réglés  qui 
partageaient  tout  son  temps,  espérant  que  la  fidélité  avec  laquelle 
elle  s'y  assujettirait  servirait  à  honorer  le  Créateur,  qui  a  établi 
un  ordre  parfait  dans  l'univers.  Par  l'arrangement  qu'elle  avait 
pris  pour  toutes  ses  actions  et  ses  différents  exercices ,  elle  ne 
faisait  rien  par  fantaisie  et  par  humeur,  défauts  assez  ordinaires 
aux  personnes  mêmes  qui  veulent  vivre  dans  la  piété. 

Outre  les  jeûnes  prescrits  par  l'Église,  elle  jeûnait  encore  trois 
fois  la  semaine,  l'Avent  tout  entier  et  depuis  la  fête  de  Saint- Jean- 
Baptiste  jusqu'à  l'Assomption.  Quelques  jours  après ,  elle  com- 
mençait un  carême  qu'elle  ne  finissait  qu'au  jour  de  Saint-Michel  : 
lors  même  qu'elle  ne  jeûnait  pas,  elle  était  très-sobre  dans  le 
boire  et  le  manger,  de  peur  qu'en  nourrissant  trop  bien  son  corps 
elle  ne  rendit  son  esprit  moins  propre  à  la  méditation  des  choses 
saintes. 

Elle  se  levait  tous  les  jours  de  grand  matin;  et,  après  plusieurs 
prières  qu'elle  récitait  avec  beaucoup  de  ferveur,  elle  passait 
quelque  temps  en  méditation  ;  ensuite  elle  récitait  matines,  laudes 
et  prime  ;  puis  elle  assistait  au  saint  sacrifice  de  la  messe,  où 
elle  communiait  très-souvent.  Toutes  les  autres  heures  de  la 
journée  étaient  aussi  saintement  remplies  :  ou  elle  réglait  son 
domestique  et  s'acquittait  des  devoirs  de  son  état,  auxquels  elle 
était  très-fidèle,  comme  étant  le  point  capital  de  la  dévotion  ;  ou 
elle  lisait  des  livres  de  piété,  ou  elle  travaillait  des  mains.  On  ne 
voyait  point  de  moments  dévides  dans  la  journée,  et  elle  n'en  rem- 
plissait aucun  par  les  jeux  et  les  divertissements.  Quand  on  lui  re- 
présentait qu'une  vie  si  austère  ne  convenait  point  à  son  rang, 
elle  répondait  :  La  mortification  est  d'autant  plus  nécessaire  sur 
le  trône,  que  les  passions  y  sont  plus  vives  et  les  dangers  plus 
grands.  Elle  mourut  l'an  1336,  âgée  de  65  ans. 


9  juillet.  —  6.  ÉPHfiEM  d'édesse.  31 


9  juillet.  —  SAINT  ÉPHREM  D'ÉDESSE,  docteur 
de  l'Église.  —  4e  siècle. 

Saint  Éphrem,  un  des  plus  illustres  docteurs  qui  brillèrent  dans 
FÉglise  de  Syrie,  naquit  à  Nisibe,  dans  la  Mésopotamie,  de  parents 
qui  vivaient  à  la  campagne  et  gagnaient  de  quoi  subsister  à  la  sueur 
de  leur  front.  Une  reçut  le  baptême  qu'à  l'âge  de  dix-huit  ans.  Il 
avait  avant  ce  temps-là  commis  certaines  fautes  que  la  délicatesse 
de  sa  conscience  lui  grossissait  extrêmement  et  qu'il  ne  cessa  ja- 
mais de  pleurer.  Dans  un  voyage  qu'il  fit,  il  se  trouva  surpris  par 
la  nuit  au  milieu  de  la  campagne  ;  il  fut  obligé  de  rester  avec  un 
berger  qui  avait  perdu,  dans  le  désert,  le  troupeau  confié  à  ses 
soins.  Le  maître  du  berger,  les  ayant  vus  ensemble  l'un  et  l'autre, 
les  arrêta  et  les  fit  conduire  en  prison,  sous  prétexte  qu'ils  lui 
avaient  volé  son  troupeau.  Dans  la  même  prison  étaient  sept  au- 
tres personnes  coupables  de  crimes  différents  de  ceux  dont  on 
les  accusait.  L'innocence  d'Éphrem  ayant  été  connue,  il  fut  élargi. 
Vivement  frappé  de  la  crainte  des  jugements  de  Dieu,  il  avait  tou- 
jours présent  à  l'esprit  le  compte  rigoureux  que  nous  rendrons  de 
toutes  nos  actions,  et  cette  pensée  tirait  de  ses  yeux  des  larmes 
continuelles.  Il  prit  l'habit  monastique,  pour  ne  plus  s'occuper 
que  des  vérités  éternelles.  11  couchait  sur  la  terre  nue,  passait  une 
partie  considérable  de  la  nuit  en  prière,  et  restait  quelquefois 
plusieurs  jours  sans  manger.  Il  travaillait  des  mains,  selon  la  cou- 
tume des  moines  d'Egypte  et  de  la  Mésopotamie,  et  son  travail 
consistait  à  faire  des  voiles  de  navire.  Naturellement  il  était  porté 
à  la  colère  ;  mais  il  avait  si  parfaitement  vaincu  cette  passion,  que 
la  vertu  opposée  était  devenue  une  de  celles  qui  brillaient  le  plus 
en  lui.  Jamais  on  ne  le  vit  contester  ou  disputer  avec  personne.  Il 
se  regardait  comme  indigne  d'être  compté  parmi  les  créatures. 
Son  humilité  le  fit  principalement  remarquer  dans  ses  écrits,  et 
surtout  dans  ses  deux  Confessions.  11  fait  l'aveu  des  manquements 
qu'il  découvrait  dans  ses  affections  ;  il  s'accuse  surtout  d'orgueil. 
11  n'y  a  point,  dit-il,  de  péché  plus  funeste  que  celui-là  ;  il  détruit 
même  les  dons  de  Dieu  ;  il  brûle  en  quelque  sorte  toutes  les  vertus 
et  en  fait  une  abomination. 

Dans  sa  seconde  Confession ,  le  saint  démontre  d'abord  que  la 
Providence  embrasse  le  gouvernement  de  toutes  les  créatures, 


qu'elle  préside  à  tous  les  événements  et  qu'elle  eu  règle  les  plus 
petites  circonstances.  Il  déplore  ensuite  le  malheur  qu*u  a  eu  dfaft 
douter  dans  son  enfance.  Entre  autres  péchés  dont  il  s'oocink*  B 
nomme  la  vaine  gloire,  l'immortiflcation,  la  lâcheté,  le  défaut  de 
respect  dans  l'église,  la  démangeaison  de  parler.  «  Otcz,  dit-il  à 
«  ceux  qui  l'estimaient,  otcz  ce  masque  qui  me  couvre,  et  vous 
«  ne  verrez  en  moi  que  puanteur  et  infection....  Le  vice,  quand 
«  on  le  cache  sous  l'extérieur  imposant  de  la  vertu,  acquiert  un 
«  nouveau  degré  d'abomination....  IHiissiez-vous  voir  l'abîme  de 
«  misères  qui  est  en  moi?  Il  ne  manquerait  pas  d'exciter  votre 

*  compassion  si  toutefois  vous  étiez  capables  d'en  soutenir  la  vue.  » 
Ayant  appris  qu'une  ville  voulait  le  choisir  pour  évoque,  il  con- 
trefit l'insensé,  pour  échapper  plus  sûrement  à  la  violence  qu'on 
aurait  pu  employer  pour  obtenir  son  consentement. 

Saint  Kphrem  possédait  au  plus  baut  degré  l'esprit  de  com- 
ponction. «  Nous  ne  pouvons,  dit  saint  Grégoire  de  Kysse, 
«  penser  a  ses  larmes  continuelles,  sans  y  mêler  les  nôtres.  Il  lui 
«  était  aussi  naturel  de  pleurer,  qu'il  l'est  aux  autres  hommes 
«  de  respirer.  Nuit  et  jour  ses  yeux  étaieut  baignés  do  larmes.  Ja- 
«  mais  on  ne  le  rencontrait  qu'on  ne  vit  ses  joues  mouillées.  »  De 
là  cette  énergie  qui  accompagnait  toutes  ses  paroles  et  qui  se  re- 
marque dans  ses  écrits. 

Durant  son  séjour  à  ftdcssc,  il  y  fut  universellement  estimé  et 
respecté.  Ayant  été  ordonné  diacre,  il  y  devint  l'apôtre  de  la  |>éni- 
tence,  qu'il  prêcha  avec  autant  de  fruit  que  de  zèle.  La  nature  lui 
avait  donné  un  talent  rare  pour  la  parole.  Il  avait  une.  éloquence 
naturelle  qui  enchantait.  Comme  il  concevait  les  choses  avec  net- 
teté, sa  diction  était  pure  et  agréable  ;  ses  pensées,  pour  être  su- 
blimes, n'en  étaient  pas  moins  faciles  à  saisir.  Il  était  si  vivement 
pénétré  de  ce  qu'il  disait,  qu'on  ne  pouvait  résistera  ses  discours; 
ses  paroles  impriment  dans  les  Ames  les  sentiments  dont  elles  sont 
l'image  ;  elles  y  portent  tout  à  la  fois  la  lumière  et  la  conviction. 
«  Quel  est  l'orgueilleux,  dit  saint  Grégoire  de  Nyssc,  qui  ne  devien- 

•  drait  le  plus  humble  des  hommes,  en  lisant  ses  discours  sur 
«  l'humilité  ?  Qui  ne  serait  enflammé  d'un  feu  divin,  en  lisant  son 
«  traité  de  la  charité  ?  Qui  ne  désirerait  d'être  chaste  de  cœur  et 
«  d'esprit,  en  lisant  les  éloges  qu'il  donne  à  la  chasteté  ?  »  Quoi- 
qu'il fut  dur  à  lui-même,  il  montrait  beaucoup  de  douceur  et  de 
condescendance  envers  les  autres.  Il  ne  voulait  point  que  les  nou- 
veaux convertis  s'abandonnassent  à  l'impétuosité  de  leur  zèle,  ni 


9  juillet.  —  S.  ÉPHREM  d'édesse.  23 

que,  par  une  ferveur  mal  entendue,  ils  pratiquassent  d'abord  de 
grandes  mortifications  ;  il  leur  conseillait  de  ne  rien  faire  sans 
Taris  des  personnes  sages.  Ses  exhortations  à  la  ferveur  étaient 
fort  touchantes.  «  Puisse  la  tiédeur,  disait-il,  être  à  jamais  bannie 
«  de  mon  âme  !  »  Puis,  il  ajoute,  en  parlant  de  celui  qui  n'a  de  la 
ferveur  que  par  accès  :  «  Ce  qu'il  édifie  aujourd'hui  d'une  main 

■  par  la  mortification,  il  le  détruit  le  lendemain  par  le  relâche- 

■  ment.  »  Il  observe  que  le  démon,  vaincu  par  les  âmes  ferventes, 
\    a  coutume  de  dire  :  «  J'irai  trouver  les  tièdes,  qui  sont  mes  amis, 

•  et  avec  lesquels  je  n'ai  pas  besoin  d'user  de  stratagèmes  ;  il  me 
|  «  suffit  de  les  tenir  dans  les  chaînes  qu'ils  aiment.  »  Il  veut  que 
nous  nous  animions,  en  nous  disant  souvent  à  nous-mêmes  :  «  Il 
«  ne  reste  plus  qu'une  petite  partie  de  la  course  que  tu  avais  à 
<  parcourir,  et  tu  arriveras  dans  le  lieu  du  repos  ;  ne  t'arrête  donc 
«  pas  sur  la  route.  » 

Lesaint  docteur  amena  plusieurs  idolâtres  à  la  connaissance  de 
la  vérité.  Il  convertit  aussi  un  grand  nombre  d'hérétiques.  Les 
manichéens  ayant  répandu  leurs  erreurs  à  Édesse  par  le  moyen  de 
certains  vers  que  le  peuple  avait  appris  à  chanter,  Éphrem,  pour 
remédier  au  mal,  fit  apprendre  aux  habitants  de  la  ville  et  de  la 
campagne  d'autres  vers  qu'il  avait  composés  et  qui  contenaient  la 
doctrine  catholique. 

Vers  l'an  372,  il  fit  une  visite  à  saint  Basile,  archevêque  de 
Césarée.  «  O  mon  père  !  s'écria-t-il  en  l'abordant,  ayez  pitié  d'un 
«  misérable  pécheur  et  daignez  le  conduire  dans  la  véritable  voie.  » 
Saint  Basile  lui  donna,  conformément  à  ses  désirs,  des  règles  pour 
mener  une  vie  sainte.  Avant  de  le  laisser  partir,  il  éleva  son  com- 
pagnon au  sacerdoce  ;  mais,  pour  lui,  il  ne  voulut  jamais  per- 
mettre qu'on  lui  conférât  cette  dignité. 

De  retour  à  Edesse,  il  se  renferma  dans  une  petite  cellule,  où 
il  composa  la  dernière  partie  de  ses  ouvrages.  Il  sortit  de  sa  re- 
traite à  l'occasion  des  ravages  que  causait  une  grande  famine,  pour 
voler  au  secours  du  prochain  et  surtout  pour  assister  les  pauvres. 
Il  engagea  les  riches  à  ouvrir  leurs  bourses  ;  il  fit  mettre  des  lits 
dans  les  places  publiques;  il  visitait  chaque  jour  les  malades  et  les 
servait  de  ses  propres  mains.  Après  la  cessation  du  fléau,  il  re- 
tourna dans  sa  solitude,  où  il  fut  bientôt  pris  de  la  fièvre.  Du- 
rant sa  maladie,  il  donna  de  nouvelles  preuves  de  sa  ferveur  et  sur- 
tout de  son  humilité.  Il  mourut  vers  l'an  378,  dans  un  âge  fort 
avancé. 


24     9  juillet.  —   LES   BIENHEUREUX  MART.    DE  GORCUM. 


9  juillet.  —  LES  BIENHEUREUX  MARTYRS  DE  GORCUM, 

—  PARMI  LESQUELS  LE  B.  JEAN  DE  COLOGNE.  —  16°  siècle. 

Le  seizième  siècle,  mémorable  par  les  troubles  qu'y  suscita  la 
perversité  des  calvinistes,  fournit,  en  Belgique,  un  exemple  si- 
gnalé du  courage  chrétien.  L'an  1572,  dix-neuf  martyrs,  appelés 
communément  les  Martyrs  de  Gorcum,  du  lieu  où  ils  souffrirent 
en  Hollande,  combattirent  glorieusement  pour  affirmer  la  pré- 
sence réelle  de  Jésus-Christ  dans  l'Eucharistie ,  et  pour  défendre 
la  primauté  du  Pontife  romain.  Parmi  eux  brilla  Jean  de  Cologne 
ou  de  Germanie,  qui  était  de  Tordre  des  Frères  prêcheurs,  et  recom- 
mandable  par  la  sainteté  de  sa  vie  et  son  talent  littéraire.  Comme 
pour  obéir  à  ses  supérieurs  il  administrait  la  paroisse  d'Horaar, 
en  Hollande,  et  que,  pour  remplir  son  devoir  pastoral,  il  visitait 
les  fidèles  confiés  à  ses  soins ,  laïques ,  religieux  et  autres  que 
Ton  avait  jetés  en  prison  à  cause  de  la  foi ,  il  y  fut  enfermé  lui- 
même  pendant  qu'il  leur  administrait  les  sacrements.  La  constance 
de  ce  saint  religieux  fut,  ainsi  que  celle  de  ses  compagnons  dans 
la  foi  et  la  piété ,  éprouvée  très-cruellement  pendant  plusieurs 
jours  et  plusieurs  nuits  par  toutes  sortes  d'insultes ,  de  tourments 
et  de  blessures.  Malgré  ces  traitements  barbares,  leurs  persécu- 
teurs ne  purent  les  amener  à  rejeter  principalement  le  dogme  de 
la  présence  réelle  du  Sauveur  dans  l'Eucharistie,  ni  à  refuser  d'une 
manière  sacrilège  l'obéissance  au  Pontife  romain.  Ils  furent  donc, 
après  avoir  été  dépouillés  de  leurs  vêtements ,  menés  à  la  Brille , 
pour  y  consommer  leur  martyre  dans  le  dernier  supplice.  Pendant 
le  trajet ,  Jean  souffrit,  comme  ses  compagnons,  des  traitements 
inimaginables  de  la  part  des  soldats ,  des  matelots ,  et  de  toute 
cette  populace  hérétique.  Enfin  pendu  à  une  solive,  il  mérita  de 
rester  glorieusement  vainqueur  dans  ce  combat  où  il  s'offrait 
comme  victime  a  J.  C. 

C'est  le  9  juillet  vers  minuit,  en  Tan  1572,  que  ces  nobles 
martyrs  subirent  leur  dernier  supplice.  La  rage  de  leurs  bourreaux 
n'étant  pas  encore  assouvie,  ils  exercèrent  leur  fureur  sur  ces  corps 
sans  vie,  qu'ils  coupèrent  par  morceaux,  fouillèrent  dans  tous 
leurs  replis,  et  dont  ils  dispersèrent  les  entrailles.  Mais  le  ciel 
récompensa  par  des  miracles  le  noble  triomphe  des  martyrs  qui 
étaient  morts  pour  lui.  Entre  autres  eut  lieu  celui-ci  tout  à  fait  re- 
marquable :  c'est  que,  sur  le  lieu  de  leur  supplice,  poussa  tout  à 


10  juillet.  —  SAINTE  FÉLICITÉ  ET  SES  SEPT  EN  F.       25 

coup  un  bel  arbrisseau  qui  fut  bientôt  chargé  d'autant  de  fleure 
d'un  blanc  éclatant  qu'il  y  avait  eu  de  martyrs  qui  avaient  combattu 
pour  mériter  la  couronne  de  la  Foi.  Le  pape  Clément  X,  après 
avoir  examiné  leurs  actes  suivant  les  formalités  ordinaires,  les 
inscrivit  au  catalogue  des  saints. 


10  juillet.  —  SAINTE  FÉLICITÉ  et  ses  sept  enfants, 

martyrs.  —  2e  siècle. 

Sainte  Félicité  est  une  des  plus  illustres  martyres  qui  aient  souf- 
fert dans  la  ville  de  Rome.  Après  la  mort  de  son  mari ,  elle  vécut 
dans  la  retraite,  occupée  de  la  prière  et  de  l'éducation  de  ses  en* 
fiants.  Elle  avait  sept  garçons,  à  qui  la  grandeur  de  la  naissance 
pouvait  faire  espérer  les  premières  dignités  de  l'État  ;  mais  Féli- 
cité leur  inspira  de  bonne  heure  du  dégoût  pour  tous  les  vains 
honneurs  du  siècle  ;  elle  demandait  sans  cesse  à  Dieu  d'en  faire 
des  citoyens  du  ciel  plutôt  que  des  hommes  distingués  dans  le 
monde. 

L'exemple  de  sa  piété  servait  à  affermir  plusieurs  chrétiens  et 
portait  un  grand  nombre  de  païens  à  renoncer  aux  idoles.  Les 
prêtres  des  faux  dieux  en  portèrent  leurs  plaintes  à  l'empereur 
Antonin  ;  ils  disaient  dans  leurs  requêtes  :  Cette  femme  veuve 
et  ses  enfants  attentent  à  votre  propre  vie  en  insultant  nos  dieux  : 
que,  si  elle  tarde  plus  longtemps  à  adorer  les  divinités  de  l'empire, 
votre  piété  doit  savoir  qu'elles  seront  irritées  de  manière  à  ne  pou- 
voir plus  être  apaisées.  Sur  cette  requête,  Félicité  fut  arrêtée  avec 
ses  sept  fils,  et  l'empereur  chargea  de  cette  affaire  le  préfet  de 
Rome,  nommé  Publius,  à  qui  il  commanda  de  faire  en  sorte  que 
les  dieux  fussent  apaisés ,  et  les  pontifes  satisfaits.  Publius  voulut 
voir  Félicité  ;  il  la  fit  venir  chez  lui  pour  lui  parler  en  particulier. 
H  employa  d'abord  les  voies  de  civilité  et  de  douceur  pour  la 
porter  à  sacrifier  aux  dieux  de  l'empire  ;  mais  voyant  qu'il  ne  pou- 
vait en  venir  à  bout ,  il  eut  recours  aux  menaces ,  et  lui  fit  en- 
tendre qu'il  s'agissait  de  la  mort  si  elle  n'obéissait  pas.  Félicité , 
soutenue  par  la  grâce  de  Jésus-Christ  et  animée  d'une  foi  vive , 
répondit  au  préfet  :  Vos  menaces  ne  sauraient  m'abattre ,  et  vos 
promesses  ne  peuvent  me  séduire.  L'Esprit-Saint,  qui  est  en  moi, 
me  rend  invincible  au  démon  ;  ainsi  je  ne  crains  rien ,  sachant 
que ,  si  Dieu  me  conserve  la  vie ,  je  demeurerai  victorieuse  dans 

3 


26      10  juillet.  —  SAINTE  FÉLICITÉ  et  ses  sept  enf. 

le  combat  que  vous  me  livrez  ;  mais  s'il  vous  permet  de  me  l'ôter, 
je  remporterai  sur  vous ,  en  mourant ,  une  victoire  encore  plus 
glorieuse.  —  Misérable  que  vous  êtes,  lui  dit  Publius ,  si  la  mort 
a  pour  vous  des  charmes,  au  moins  ne  cherchez  pas  à  exposer 
vos  enfants  à  être  privés  de  la  vie.  —  Ils  vivront,  répondit  Féli- 
cité,  pourvu  qu'ils  ne  sacrifient  point  aux  idoles;  au  lieu  que,  s'ils 
commettent  un  si  grand  crime,  ils  ne  peuvent  attendre  qu'une 
mort  éternelle. 

Le  lendemain  il  parut  sur  son  tribunal  dans  la  place  de  Mars, 
et  il  fit  comparaître  Félicité  avec  ses  enfants.  Il  dit  à  la  sainte  en 
leur  présence  :  Ayez  pitié  de  vos  enfants,  dont  la  jeunesse  floris- 
sante promet  tant  au  public.  —  La  pitié  à  laquelle  vous  me  porte?, 
répondit  Félicité ,  est  une  véritable  impiété ,  et  la  compassion  à 
laquelle  vous  m'exhortez  me  rendrait  la  plus  cruelle  de  toutes 
les  mères.  Puis,  se  tournant  vers  ses  enfants,  elle  leur  dit  :  Re- 
gardez en  haut ,  mes  enfants ,  voyez  le  ciel  ;  c'est  là  que  Jésus- 
Christ  vous  attend  avec  ses  saints.  Demeurez  fidèles  dans  son 
amour,  et  combattez  pour  vos  âmes .  Publius,  irrité  de  son  courage, 
lui  fit  donner  des  soufflets ,  en  disant  :  Vous  êtes  bien  hardie  de 
leur  donner,  en  ma  présence,  de  tels  avis,  au  mépris  des  ordres 
de  nos  princes. 

Alors  il  appela,  l'un  après  l'autre,  les  sept  fils  de  la  sainte 
veuve.  Il  tâcha  de  gagner  le  premier,  nommé  Janvier,  tantôt 
en  lui  promettant  de  grands  biens ,  tantôt  en  le  menaçant  des  plus 
rigoureux  supplices.  Ce  jeune  homme  lui  répondit  :  Vous  nie 
conseillez  des  choses  insensées;  mais  la  sagesse  de  mon  Dieu  me 
conserve,  et  elle  me  rendra  victorieux.  Le  préfet,  voyant  sa  fer- 
meté ,  le  fit  battre  de  verges  et  l'envoya  en  prison.  Il  fit  appro- 
cher le  second,  nommé  Félix,  et  l'exhorta  de  même  à  sacrifier  aux 
dieux.  Il  n'y  a  qu'un  seul  Dieu,  répondit  Félix ,  et  à  lui  seul  nous 
devons  le  sacrifice  de  nos  cœurs.  Publius  le  renvoya  après  cette 
réponse,  et  fit  venir  le  troisième,  nommé  Philippe,  et  lui  dit  : 
L'empereur  Antonin ,  mon  maître  et  le  vôtre ,  vous  commande 
d'honorer  les  dieux  tout-puissants.  —  Ceux  dont  vous  me  parlez, 
dit  Philippe ,  ne  sont  ni  dieux  ni  tout-puissants  :  ce  ne  sont  que 
de  vaines  idoles ,  et  ceux  qui  les  honorent  périront  éternellement. 
Publius  commanda  qu'on  lui  amenât  le  quatrième,  nommé  Syl- 
vain, et  lui  dit  :  Je  vois  bien  que  vous  avez  concerté  avec  la  plus 
méchante  de  toutes  les  mères  le  dessein  de  vous  perdre  par  votre 
désobéissance  aux  ordres  des  empereurs.  Sylvain  répondit  :  Si 


10  juillet.  —  SAINTES  BUFINE  ET  SECONDE.  27 

nous  étions  assez  faibles  pour  craindre  une  mort  passagère ,  nous 
tomberions  dans  un  supplice  éternel  ;  mais ,  parce  que  nous  con- 
naissons les  récompenses  qui  attendent  les  justes  et  la  peine  qui 
est  réservée  aux  pécheurs,  nous  méprisons  les  menaces  des 
hommes ,  et  nous  demeurerons  constants  dans  la  fidélité  que  nous 
devons  à  Dieu.  Le  cinquième,  nommé  Alexandre ,  ayant  com- 
paru ensuite ,  Publius  lui  dit  :  Ayez  pitié  de  votre  jeunesse,  obéis- 
sez aux  empereurs,  afin  de  mériter  leur  faveur  et  de  conserver 
votre  vie.  —  Je  suis  serviteur  de  Jésus-Christ,  répondit  Alexandre  ; 
je  le  confesse  de  bouche,  je  le  possède  dans  mon  cœur,  et  je  l'adore 
sans  cesse.  Publius  fit  venir  le  sixième ,  nommé  Vital,  et  lui  dit  : 
Pour  vous,  vous  souhaitez  peut-être  de  vivre.  —  Qui  est-ce,  ré- 
pondît Vital ,  qui  souhaite  une  meilleure  vie ,  ou  de  celui  qui  adore 
le  véritable  Dieu ,  ou  de  celui  qui  sert  les  démons?  —  Et  qu'est- 
ce  que  les  démons?  reprit  Publius.  —  Les  démons,  reprit  Vital , 
sont  les  dieux  des  nations  avec  ceux  qui  les  adorent.  Enfin  Publius 
ayant  fait  approcher  le  dernier,  nommé  Martial ,  lui  dit  :  Vous 
êtes  vous-mêmes  les  auteurs  des  cruels  supplices  qui  vous  attendent 
en  méprisant  les  ordres  des  empereurs.  —  Oh  !  si  vous  saviez, 
répondit  Martial,  quels  sont  les  tourments  que  Dieu  prépare  aux 
adorateurs  des  idoles  !  Il  veut  bien  différer  encore  de  faire  éclater 
sa  juste  colère  contre  vous  et  vos  idoles ,  mais  sachez  que  tous 
ceux  qui  ne  confessent  pas  que  Jésus-Christ  est  le  vrai  Dieu  seront 
précipités  dans  les  flammes  éternelles. 

Le  préfet  le  renvoya ,  et  rapporta  à  l'empereur  le  procès-verbal 
de  cet  interrogatoire.  Antonin ,  l'ayant  vu ,  prononça  une  sen- 
tence de  mort  contre  Félicité  et  ses  enfants ,  et  en  renvoya  l'exé- 
cution à  quatre  différents  juges.  On  fit  mourir  le  premier  des 
sept  frères  à  coups  de  lanières  plombées ,  c'est-à-dire  garnies  de 
balles  de  plomb  par  les  bouts.  Le  second  et  le  troisième  furent 
assommés  à  coups  de  bâton.  Le  quatrième  fut  précipité  dans  le 
Tibre.  Les  trois  derniers  eurent  la  tête  tranchée,  ainsi  que  leur 
mère,  Tan  de  Jésus-Christ  164. 


\0  juillet.  —  SAINTES  RUFINE  et  SECONDE,  viebges  et 

MARTYRES.  —  3*  siècle. 

Rufine  et  Seconde,  vierges  romaines,  étaient  sœurs.  Comme 
elles  rejetèrent  l'alliance  d'Armentarius  et  de  Vérinus,  auxquels 


28  It  jtliUet.  —  S.   PIB  Ier,  PAPE  BT  MAAT. 

leurs  parentsjes  avaient  fiancées,  parce  <ni ar  Jectcoasacréà 

Dieu  leur  virginité,  elles  furent  arrêtées  sous  les  emperafrs  Va- 
lérie* et  fiallien.  Le  préfet  Junius  Donatus  n'ayant  pu  les  détour- 
ner de  leur  résolution,  et  n'y  réussissant  pas  plus  par  les  promesses 
que  par  la  terreur ,  ordonne  de  battre  de  verges  d'abord  Rufine. 
Mais  pendant  qu'on  la  frappait,  Seconde  interpelle  ainsi  le  juge  : 
«  Qu'est-ce  quijait  que  tu  traites  ma  sœur  avec  tant  (T honneur, 
et  moi  avec  ignominie  ?  Donne  Pordre  qiCon  nous  jrappe  en- 
semble  toutes  deux ,  puisque  ensemble  nous  confessons  que  Jésus- 
Christ  est  Dieu.  »  Enflammé  de  colère  par  ces  paroles ,  le  ma- 
gistrat commande  de  les  jeter  l'une  et  l'autre  dans  un  cachot 
infect  et  ténébreux,  qui  se  trouva  aussitôt  éclairé  de  la  plus  vive  lu- 
mière et  parfumé  de  l'odeur  la  plus  suave.  On  les  en  retira  donc  pour 
les  enfermer  dans  une  salle  de  bain  dont  la  chaleur  était  insup- 
portable ;  mais  comme  elles  en  sortirent  encore  saines  et  sauves , 
on  leur  attacha  une  pierre  au  cou,  et  on  les  précipita  dans  le  Ti- 
bre. Un  ange  les  en  délivra,  mais  elles  eurent  la  tête  tranchée  hors 
des  murs,  sur  la  voie  Aurélia,  à  dix  milles  de  Rome.  Une  dame 
romaine,  nommée  Plautille,  leur  domia  la  sépulture  dans  son  do- 
maine. On  bâtit  sur  leur  tombeau  une  chapelle,  à  laquelle  le  pape 
Damase  substitua  une  grande  église.  Il  se  forma  en  ce  lieu  une  ville 
qui  fut  appelée  Sylva-Candida,  et  qui  devint  un  siège  épîscopal  ; 
mais  l'église  ayant  été  détruite  par  les  barbares  dans  le  douzième 
siècle.  Tévêché  fut  uni  à  celui  de  Porto.  En  1120,  on  transporta 
les  reliques  des  saintes  martyres  dans  la  basilique  de  Latran,  près 
du  baptistère  de  Constantin. 


11  juillet.  —  S.  PIE  Ier,  papk  et  martyr.  —  2e  siècle. 

Pie,  natif  d'Aquilée,  créé  souverain  pontife  sous  l'empereur  An- 
tonin  le  Pieux ,  établit  une  peine  contre  le  prêtre  qui  par  négli- 
gence aurait  laissé  tomber  quelques  gouttes  du  sang  du  Seigneur. 
Que  Ton  fasse  pénitence  pendant  quarante  jours,  dit-il ,  si  le  sang 
sacré  est  tombé  jusqu'à  terre  ;  si  c'est  sur  l'autel,  seulement  pen- 
dant trois  jours.  Partout  où  sera  tombé  le  sang  du  Seigneur*  s'il 
est  possible  de  le  reprendre ,  que  ce  soit  avec  la  langue.  Autre- 
ment on  lavera  l'endroit,  et  on  le  raclera ,  et  le  résidu  sera  jeté 
au  feu,  pour  que  la  cendre  soit  ensuite  déposée  dans  ta  piscine. 
Après  avoir  fait  d'autres  décrets  pleins  d'utilité  pour  l'Église,  le 


11  juiikL    —  S.    HIDULPHE,  29 

pape  Pie  reçut  la  couronne  du  martyre,  et  fut  enseveli  dans  le  Va- 
tican en  Tannée  142,  après  plus  de  neuf  années  de  pontificat. 


Il  juillet.  —  S.  HIDULPHE,  archevêque  de  Trêves,  et 

abbé.  —  7e  siècle. 

Hidulphe  naquit  en  Bavière.  Le  désir  de  la  retraite  lui  fit  aban- 
donner son  pays  pour  se  retirer,  au  diocèse  de  Trêves,  dans  la  so- 
litude. Sa  vertu  l'ayant  fait  connaître,  il  fut  élevé  sur  le  siège  de 
Trêves.  11  y  travailla,  non  en  mercenaire  qui  ne  cherche  que  ses 
propres  intérêts,  mais  en  pasteur  vigilant  qui  aime  véritablement 
son  troupeau.  Les  grandes  occupations  inséparables  du  ministère 
pastoral,  les  dangers  qui  raccompagnent  et  le  souvenir  des  déli- 
ces spirituelles  qu'il  avait  goûtées  dans  la  retraite  le  déterminèrent 
à  reprendre  le  chemin  de  la  solitude. 

On  a  vu,  dans  les  différents  siècles  de  l'Église,  des  évéques  quit- 
ter leurs  sièges  pour  embrasser  la  profession  monastique.  Il  faut 
avouer  cependant  que  Ton  a  toujours  cru  que  les  liens  qui  atta- 
chent les  pasteurs  à  leurs  églises  ne  pouvaient  être  rompus  sans 
de  très-graves  raisons.  Hidulphe  fit  part  de  son  dessein  à  févéque 
de  Toul ,  nommé  Jacob  ;  et  il  se  retira  dans  les  montagnes  des 
Vosges,  où  il  y  avait  déjà  un  grand  nombre  de  serviteurs  de  Dieu 
qui  y  vivaient  loin  du  commerce  et  de  la  société  des  hommes. 

Il  n'y  fut  pas  longtemps  sans  se  voir  environné  d'une  foule  de 
gens  que  l'odeur  de  sa  vertu  attirait  auprès  de  lui.  La  peine  qu'il 
eut  de  renvoyer  ceux  qui  venaient  chercher  Dieu  avec  lui  l'obligea 
de  pourvoir  aux  moyens  de  les  mettre  à  couvert  de  l'injure  de  l'air 
et  de  l'insulte  des  bêtes.  C'est  ce  qui  a  donné  naissance  au  mo- 
nastère de  Moyen-Moutier,  abbaye  de  bénédictins  de  la  congré- 
gation de  Saint- Vannes. 

Hidulphe  était  très-lié  avec  saint  Dédodat,  appelé  vulgairement 
saint  DU  y  qui  avait  bûîi  le  monastère  de  Jointures.  Comme  ils 
n'habitaient  qu'à  deux  lieues  l'un  de  l'autre ,  ils  se  visitaient  une 
fois  l'année,  pour  s'éclairer  et  se  soutenir  mutuellement  dans  la 
carrière  delà  vie  spirituelle  où  ils  étaient  entrés.  Au  jour  convenu 
pour  cette  visite ,  ils  partaient  à  la  même  heure  pour  venir  l'un 
au-devant  de  l'autre.  Dèsqu'ils  s'étaient  rejoints,  ils  semettaientà 
genoux  à  l'endroit  même  où  ils  se  rencontraient ,  et,  après  avoir 
fait  leur  prière,  ils  se  donnaient  le  baiser  de  paix,  et  s'entretenaient 
ensuite  du  bonheur  de  la  vie  future.  Ce  saint  commerce  dura 

3. 


30  12  juillet.  —  s.  jean  gualbert,  abbé. 

jusqu'à  la  mort  de  saint  Dié.  Hidulphe  vécut  toujours  dans  les 
exercices  de  la  plus  austère  pénitence.  Dans  un  âge  trèHmncé , 
il  s'occupait  encore  du  travail  des  mains,  et  ne  cessait  de  gqper 
ce  qui  lui  était  nécessaire  pour  sa  nourriture  et  ses  vêtements.  Il 
mourut  Tau  707. 


12  juillet.  —  SAINT  JKAN  GUALRERT,  abbé,  fondateur 
de  l'ordre  de  Vallombbeuse  .  —  11e  siècle. 

Saint  Jean  Gualbert  sortait  d'une  famille  riche  et  noble  établie 
à  Florence.  Il  fut  élevé  avec  soin  dans  les  maximes  de  la  piété  et 
dans  la  connaissance  des  lettres.  Mais  à  peine  fut-il  entré  dans 
le  monde,  qu'il  en  prit  l'esprit  avec  le  goût  des  vanités.  L'amour 
des  plaisirs  le  subjugua  tellement,  que  ce  qui  lui  avait  paru  crimi- 
nel ne  lui  offrit  plus  rien  que  de  légitime  et  d'innocent  ;  il  s'ima- 
gina que  la  dissipation  et  le  faste  devaient  être  un  privilège  de  la 
naissance.  La  doctrine  évangélique  ne  s'accordant  point  avec  sa 
conduite ,  il  chercha  à  s'étourdir  sur  ce  point,  et  bientôt  les  plus 
puissants  motifs  de  vertu  perdirent  toute  leur  force  à  son  égard. 
C'en  était  fait  de  lui,  si  Dieu  n'eût  ménagé  une  circonstance  pour 
le  tirer  de  l'état  déplorable  où  il  était  réduit. 

Hugues  Gualbert  avait  été  tué  par  un  gentilhomme  du  pays. 
Jean ,  son  frère ,  forma  le  projet  de  venger  sa  mort  en  étant  la 
vie  au  meurtrier.  Animé  de  plus  par  les  discours  de  son  propre 
père,  il  devint  entièrement  sourd  à  la  voix  de  la  raison  et  de  laore- 
ligion.  Aveuglé  par  sa  passion ,  il  se  persuada  qu'il  se  couvrirait 
de  honte  en  laissant  impuni  l'outrage  qu'il  avait  reçu  dans  la  per- 
sonne de  son  frère.  Revenant  de  la  campagne,  à  Florence,  un 
jour  de  vendredi-saint ,  il  rencontra  le  gentilhomme  dans  un  pas- 
sage si  étroit ,  qu'ils  ne  pouvaient  se  détourner  ni  l'un  ni  l'autre. 
La  vue  de  son  ennemi  rallume  sa  vengeance  ;  il  met  l'épée  à  la 
main  et  se  prépare  à  la  lui  passer  au  travers  du  corps  ;  mais  le 
gentilhomme  se  jette  à  ses  pieds,  et  là,  les  bras  étendus  en  forme 
de  croix,  il  le  conjure,  par  la  passion  de  Jésus-Christ  dont  on  cé- 
lébrait la  mémoire  en  ce  jour,  de  ne  pas  lui  ôter  la  vie.  Jean  Gual- 
bert fut  singulièrement  frappé  de  ce  qu'il  voyait  et  entendait. 
L'exemple  du  Sauveur  priant  pour  ses  propres  bourreaux  amol- 
lit la  dureté  de  son  cœur  ;  il  tend  la  main  au  gentilhomme ,  puis 
lui  dit  avec  douceur  :  «  Je  ne  puis  vous  refuser  ce  que  vous  de- 


12  juillet.   —  S.   JEAN  G U ALBERT,   ABBÉ.  31 

«  mandez  au  nom  de  Jésus-Christ;  je  vous  accorde  non-seule- 
«  ment  la  vie ,  mais  même  mon  amitié.  Priez  Dieu  de  me  par- 
«  donner  mon  péché.  »  S' étant  ensuite  embrassés  l'un  et  l'autre, 
ils  se  séparèrent. 

Jean  continua  sa  route  jusqu'à  l'abbaye  de  San-Miniato ,  qui 
appartenait  a  Tordre  de  Saint-Benoit.  Étant  entré  dans  l'église , 
il  pria  devant  un  crucifix  avec  une  ferveur  extraordinaire.  Au 
sortir  de  l'église,  il  va  trouver  l'abbé  et  lui  demande  l'habit.  On 
lui  refusa  ce  qu'il  demandait ,  parce  qu'on  craignait  son  père.  On 
lui  permit  seulement  de  suivre  en  habit  séculier  les  exercices  de 
la  communauté.  Quelques  jours  après ,  il  se  coupa  lui-même  les 
cheveux  et  se  revêtit  d'un  habit  de  moine  qu'il  avait  emprunté.  Son 
père  devint  furieux  ;  il  s'adoucit  cependant  à  la  fin.  Touché  des 
motifs  qui  avaient  déterminé  son  fils  à  quitter  le  monde ,  il  lui 
donna  sa  bénédiction  et  l'exhorta  lui-même  à  persévérer  dans  les 
bons  sentiments  où  il  était. 

Le  jeune  religieux  se  livra  tout  entier  aux  austères  pratiques 
de  la  pénitence.  Il  eut  bientôt  trouvé  le  secret  important  de  ren- 
dre sa  prière  continuelle.  U  joignait  aux  macérations  corporelles 
de  vifs  sentiments  de  componction ,  afin  d'expier  ses  fautes  pas- 
sées, et  de  se  faciliter  les  moyens  de  remporter  une  victoire  com- 
plète sur  les  penchants  corrompus  de  la  nature.  Par  son  extrême 
fidélité  à  tous  les  exercices  de  la  pénitence ,  il  établit  en  lui ,  de 
la  manière  la  plus  solide,  le  règne  de  la  douceur  et  de  l'humilité, 
et  devint  en  peu  de  temps  un  modèle  accompli  de  toutes  les 
vertus. 

L'abbé  du  monastère  étant  mort,  les  religieux  voulurent  l'élire 
en  sa  place  ;  mais  il  fut  impossible  d'obtenir  sou  consentement. 
Peu  de  temps  après,  il  quitta  le  monastère  avec  un  autre  religieux 
et  se  retira  dans  la  vallée  dite  Falhmbreuse,  au  diocèse  de  Fié- 
soli.  Il  y  trouva  deux  ermites  auxquels  il  se  joignit  avec  son  com- 
pagnon. Ils  conçurent  tous  ensemble  le  projet  de  bâtir  un  petit 
monastère  et  d'y  former  une  communauté  où  l'on  suivrait  la  rè- 
gle de  saint  Benoit,  selon  son  austérité  primitive.  Le  nouvel  or- 
dre fut  depuis  approuvé  par  le  pape  Alexandre  U ,  ainsi  que  les 
constitutions  particulières  qu'y  ajouta  saint  Jean  Gualbert ,  qui 
en  fut  fait  premier  abbé.  Il  établit  parmi  ses  frères  l'amour  de  la 
retraite  et  du  silence ,  le  détachement  de  toutes  les  choses  de  la 
terre ,  la  pratique  de  l'humilité ,  les  austérités  de  la  pénitence  et 
de  la  charité  la  plus  universelle.  Il  était  rempli  de  tendresse  et 


32  13  juillet.  —  S.  EUGÈNE,  ÉV.  DE  ca&tbage. 

très-compatissant  envers  ses  frères,  surtout  envers  ceux  qri 
étaient  malades.  Il  ne  voulut  points  par  humilité,  recevoir  marne 
les  ordres  mineurs. 

Le  nouvel  ordre  prit  bientôt  des  accroissements  considérable*. 
Gualbert  aimait  singulièrement  les  pauvres,  et  H  n'en  renvoyait  au- 
cun sans  lui  donner  l'aumône.  Souvent  il  lui  arriva  de  vider  kl 
magasins  du  monastère  pour  soulager  les  indigents.  Ayant  été 
pris  d'une  grosse  fièvre,  il  fit  assembler  les  supérieurs  de  son  or- 
dre; il  leur  annonça  qu'il  allait  être  séparé  d'eux  ;  puis  il  les  exhorta 
fortement  à  veiller  pour  qu'on  observât  la  règle  avec  exactitude, 
et  à  maintenir  la  paix  et  la  charité  fraternelle.  Il  demanda  ensuite 
les  derniers  sacrements ,  qu'il  reçut  avec  de  grands  sentiments  de 
piété.  11  mourut  le  12  juillet  1073 ,  à  l'âge  de  soixante-quatorze 
ans,  et  fut  canonisé  en  1 1 93  par  le  pape  Célestin  III. 


\3  juillet.  —  S.  ANACLET,  pape  et  mabtyb.  —  Vr  siècle. 

Anaclet,  Athénien  de  naissance,  gouverna  l'Église  au  temps  de 
l'empereur  Trajan.  Il  décréta  qu'il  faudrait  trois  évêques,  et  pas 
un  de  moins,  pour  en  consacrer  un  autre;  que  les  clercs  ne  se- 
raient élevés  publiquement  aux  ordres  sacrés  que  par  leur  propre 
évêque,  et  qu'à  la  messe  les  assistants  ne  communieraient  qu'a- 
près la  consécration.  Il  décora  le  tombeau  du  bienheureux  Pierre, 
et  assigna  un  lieu  à  la  sépulture  des  papes.  Après  avoir  siégé 
plus  de  six  ans,  il  reçut  la  couronne  du  martyre,  et  fut  enseveli 
dans  le  Vatican. 

13  juillet.  —  S.  EUGÈNE,  évêque  de  Cabthage,  et  ses 

COMPAGNONS  ,     CONFESSEURS     SOUS     LES    VANDALES.    — 

5e  siècle. 

Eugène  fut  élu  évêque  de  Carthage  dans  un  temps  où  cette 
Église  était  persécutée  par  les  Ariens,  qu'Hunéric  soutenait.  Ce 
prélat  se  rendit  bientôt  vénérable  à  ceux  mêmes  qui  n'étaient  pas 
de  la  communion  de  l'Église.  Pour  les  catholiques,  il  gagna  leurs 
eœurs  à  un  tel  point,  que  chacun  se  fût  estimé  heureux  de  donner 
sa  vie  pour  lui.  Sa  charité  se  répandait  sur  tous  avec  tant  d'a- 
bondance, qu'on  était  surpris  qu'il  pût  faire  d'aussi  grandes  et 


\Z  juillet.   —   S.    EUGÈNE,   ÉV.    DE   CABTHAGE.  33 

d'aussi  nombreuses  aumônes.  Il  trouvait  ses  ressources  dans  les 
cœurs  qu'il  conciliait  par  sa  douceur  et  dans  l'austérité  de  sa  vie  ; 
car  il  se  refusait  tout  pour  donner  davantage  aux  autres.  Quand 
on  rai  représentait  qu'il  devait  du  moins  se  réserver  de  quoi  pour- 
voir à  ses  propres  besoins  :  Le  bon  pasteur,  répondait- il,  doit 
être  prêt  à  donner  sa  vie  pour  son  troupeau  :  serait-il  excusable  de 
s'inquiéter  de  ce  qui  concerne  son  corps  ? 

Tant  de  vertus  l'exposèrent  à  l'envie  et  à  la  haine  des  évéques 
ariens.  Chaque  jour  ils  inventaient  de  nouvelles  calomnies  contre 
lui;  et  enfin  ils  portèrent  le  roi  Uunéric  à  lui  défendre  de  s'as- 
seoir sur  le  siège  épiscopal,  de  prêcher  la  parole  de  Dieu  au  peu- 
ple, et  de  souffrir  dans  son  église  ni  hommes,  ni  femmes  qui 
fussent  habillés  à  la  vandale.  Le  saint  ût  une  réponse  conforme  à 
son  caractèrejet  dit,  à  l'occasion  du  troisième  article  de  la  dé- 
fense ,  que  la  maison  de  Dieu  devant  être  ouverte  à  tout  le 
monde,  il  ne  lui  était  pas  permis  de  la  fermer  à  ceux  qui  voulaieut 
v  entrer,  ni  de  les  en  chasser. 

Hunéric,  irrité  de  cette  réponse,  fit  placer  à  la  porte  de  l'église 
des  bourreaux  qui,  dès  qu'ils  voyaient  un  homme  ou  une  femme 
y  entrer  avec  l'habit  de  leur  nation,  leur  jetaient  sur  la  tête  de 
petits  bâtons  dentelés  dont  ils  leur  entortillaient  les  cheveux,  et 
les  tirant  avec  force,  ils  arrachaient  la  chevelure  avec  la  peau. 
Quelques-uns  en  perdirent  les  yeux  ;  d'autres  en  moururent  après 
avoir  longtemps  souffert  ;  plusieurs  expirèrent  à  la  porte  même 
de  l'église.  On  menait  par  la  ville  des  femmes  avec  leur  tête  ainsi 
écorchée,  précédées  d'un  crieur,  pour  les  montrer  à  tout  le  peu- 
ple. Hunéric  ôta  toutes  les  pensions  aux  catholiques  qui  étaient  à 
sa  cour,  et  les  condamna  aux  travaux  les  plus  rudes  de  la  cam- 
pagne. Ce  prince  barbare,  croyant  abattre  les  catholiques  à  force 
de  cruauté,  ne  se  contenta  pas  de  ces  premiers  coups  ;  il  chassa 
les  laïques  de  leurs  maisons,  les  dépouilla  de  leurs  biens  et  les 
relégua  dans  nie  de  Sardaigne.  11  lit  assembler  les  vierges,  et  les 
traita  indignement,  pour  les  obliger  à  déposer  contre  les  ecclé- 
siastiques, comme  s'ils  eussent  été  coupables  dlmpudicité.  Il  fit 
prendre  près  de  cinq  mille  évêques,  prêtres,  diacres  et  autres 
ecclésiastiques,  et  les  relégua  dans  les  déserts.  Eugène  ne  fut 
point  enveloppé  dans  cette  première  proscription;  mais  plus 
tard,  la  persécution  étant  devenue  plus  générale ,  il  fut  exilé  dans 
les  déserts  de  la  province  de  Tripoli ,  et  mis  sous  la  garde  d'un 
nommé  Antoine,  qui  exerça  contre  lui  toutes  sortes  de  cruautés. 


34  13  jutfkL  —  SAINTES  M  AGIS  ET  BIKtlTT*. 


Hunértc  sentit  enfin  le  poids  de  la  colère  du  S 
Victor  de  Vite  dît  qu'à  fut  rongé  par  des  vers  qui  sortaient  de 
toutes  les  parties  de  son  corps  ;  et  qu'il  mourut  aàûidaasJfoàiw* 
pour  en  vidant  ses  intestins. 

L'Église  respira  un  peu  sous  Gontamond,  qui  lui  succéda.  Saint 
Eugène  eut  la  liberté  de  revenir  à  Carthage,  Tan  487,  et  il  obtint 
du  nouveau  roi  que  ce  prince  rappelât  tous  les  évéques  ;  mais  ee 
calme  dura  peu.  Ce  roi  mourut  Tan  496  ;  et  sous  Trasemond, 
successeur,  recommença  la  persécution.  Dès  la  même  année, 
tout  au  plus  dans  le  cours  de  Tannée  suivante,  saint  Eugène  fol 
enlevé  tout  à  coup,  et  conduit  au  roi  pour  disputer  en  sa  présence 
avec  le  patriarche  des  Ariens,  qu'il  confondit  et  réduisit  au  silence. 
Après  avoir  été  condamné,  à  la  suite  de  ce  triomphe,  à  perdre  la 
tête  avec  deux  personnes  qui  Pavaient  accompagné,  et  qui  eurent 
en  effet  la  tête  tranchée,  Eugène  eut  seulement  la  gloire  de  montrer 
que  Dieu  lui  avait  donné  le  courage  et  la  constance  d'un  généreux 
martyr  :  car  Trasemond  lui  en  envia  l'honneur.  Le  bourreau  avait 
déjà  l'épée  tirée,  lorsqu'on  lui  demanda  encore  quelle  était  sa  ré- 
solution. C'est,  dit-il,  de  perdre  la  vie  plutôt  que  d'abandonner 
la  foi.  Le  roi  sembla  avoir  honte  de  faire  mourir  un  homme  au»' 
respectable  par  sa  science  et  sa  vertu,  et  il  exila  Eugène  dans  le 
I  jtnguedoc.  11  se  retira  à  Alby,  où  on  le  laissa  en  paix,  quoique 
Alaric,  roi  des  Visigoths,  qui  était  arien  comme  les  Vandales,  fût 
maître  de  cette  province.  Le  saint  prélat  y  fut  aussi  respecté  qu'à 
Carthage  ;  et  Ton  dit  que  le  grand  nombre  des  catholiques  qui  vou- 
lurent se  mettre  sous  sa  conduite  l'obligea  à  bâtir  un  monastère 
dans  le  lieu  de  son  exil.  Il  y  finit  sa  glorieuse  carrière  Tan  50&. 


13  juillet.  —  SAINTE  MAURE  et  SAINTE  BRIGITTE, 

VIERGES  ET  MARTYRES.   — 6e  siècle. 

Maure  et  Brigitte,  qui  étaient  sœurs  jumelles,  eurent  pour  père 
Ella,  roi  d'Ecosse,  et  pour  mère  Pantilomène.  Leur  naissance  et 
leur  première  éducation  furent  accompagnées  de  circonstances 
merveilleuses.  A  l'âge  de  treize  ans,  N.  S.  ayant  inspiré  à  ces  jeunes 
princesses  d'être  ses  épouses,  elles  firent  ensemble  vœu  de  virgi- 
nité. Elles  y  persistèrent  courageusement  en  refusant  les  partis 
que  le  roi  leur  père  leur  offrit,  et  qui  devaient  les  rendre  sou- 
veraines. Après  la  mort  de  leur  père ,  craignant ,  ainsi  que  leur 


13  juillet,    —  SAINTES    MAURE   ET    BRIGITTE.  3a 

Hispade  ou  Espain,  qu'on  ne  les  obligeât  à  lui  succéder  sur 
le  trône,  tous  les  trois  s'enfuirent  pendant  la  nuit  d'Edimbourg  et 
passèrent  en  France.  Quant  aux  deux  vierges,  elles  furent  plu- 
sieurs fois  protégées  dans  leur  fuite ,  et  de  la  manière  la  plus 
magne,  par  leur  céleste  Ëpoux.  Il  en  fut  de  même  pendant  le  long 
pèlerinage  qu'elles  firent  d'abord  à  Rome,  aux  tombeaux  des  saints 
apôtres  Pierre  et  Paul.  Ensuite  elles  en  repartirent,  avec  leur 
frère  et  leur  hôte  à  Rome,  nommé  Ursicin,  qu'elles  avaient  dé- 
terré par  leurs  prières  de  l'obsession  d'un  démon  qui  le  tour- 
mentait. Us  firent  tous  les  quatre  le  voyage  de  Jérusalem,  re- 
passèrent en  Italie,  et  ensuite  en  France,  où  Dieu  préparait  un 
glorieux  martyre  aux  deux  vierges.  Après  s'être  rendues  dans 
l'Anjou,  elles  vinrent  dans  le  Beauvoisis.  Près  d'un  bourg  appelé 
Baiagni,  elles  furent  attaquées  par  des  voleurs  qui  voulurent  aussi 
leur  faire  violence.  Lear  frère  Espain,  ayant  voulu  les  défendre 
pour  sauver  leur  pureté,  reçut  d'un  des  assassins  un  coup  d'épée 
qui  lui  coupa  la  tète,  le  rendant  martyr  de  la  chasteté,  ainsi  que 
ses  deux  sœurs,  que  ces  scélérats  massacrèrent  ensuite.  Sur  l'a- 
vis dTJrsicm,  présent  à  tout  ce  qui  s'était  passé,  les  habitants 
de  Baiagni  donnèrent  aux  saintes  martyres  les  honneurs  de  la 
sépulture,  et  plus  tard  l'évéque  de  Beauvais,  ayant  fait  les  informa- 
tions nécessaires,  permit  d'honorer  Maure  et  Brigitte  ou  Brigide 
comme  deux  saintes  vierges  et  martyres. 

Dans  le  siècle  suivant,  sainte  Bathilde,  reine  de  France,  ayant 
voulu  faire  transporter  leurs  corps  sacrés  dans  l'abbaye  de  Chelles 
qu'elle  bâtissait  auprès  de  Lagny,  on  les  chargea  sur  des  chariots 
qui  prirent  d'abord  la  route  de  Paris.  Mais  quand  ces  précieuses 
dépouilles  furent  au  carrefour  de  Nogent,  près  Creil,  les  bœufs  qui 
les  traînaient  refusèrent  d'aller  plus  avant.  On  fut  donc  contraint 
de  les  laisser  où  l'instinct  les  conduirait,  et  aussitôt  ils  tournè- 
rent dç  leur  propre  mouvement  vers  le  lieu  que  l'on  appelle 
la  Croix  SU  Maure,  et  de  là  allèrent  à  l'église  de  Nogent,  dans  la- 
quelle Urbain  III  fit  cinq  siècles  plus  tard  déposer  les  reliques  de  nos 
saintes.  C'est  à  l'occasion  de  ces  vierges  martyres  que  le  bourg  qui 
a  eu  l'honneur  de  posséder  leurs  précieux  restes  a  pris  le  nom  de 
Xogent-les-Fierges.  En  Tan  1242  le  roi  saint  Louis,  par  une  dévo- 
tion particulière  envers  sainte  Maure  et  sainte  Brigide,  visita  leur 
église,  et  aussitôt  après  la  fit  agrandir  de  tout  le  chœur,  et  trans- 
férer les  reliques  des  saintes  dans  de  nouvelles  châsses. 


3G  13  juillet.  —   LE  B.   JACQUES   DE   VORXgINE. 


13  juillet.  —  LE  BIENHEUREUX  JACQUES  DE  VORAGIN1 

ARCHEVÊQUE  DE   GÈNES  ET  CONFESSEUR.  —   13e  Siècle. 

Jacques  qu'on  appela  de  Voragine ,  du  lieu  de  sa  naissano 
lequel  est  un  bourg  nommé  Varaggio  ,  situé  dans  la  rivière  < 
Gènes,  et  du  diocèse  de  Savone,  y  naquit  vers  Tan  1230,  d'ut 
ancienne  famille.  Dès  l'âge  de  quinze  ans,  il  entra  à  Gènes  dai 
Tordre  des  Frères  prêcheurs.  11  y  fit  promptcment  de  gram 
progrès  dans  la  piété,  et  joignit  à  la  sainteté  de  sa  vie  une  scien< 
peu  commune;  aussi  devint-il  pour  tout  le  monde  un  suj< 
d'admiration  parce  qu'il  avait  cultivé  avec  distinction  les  étudk 
libérales  et  purement  humaines',  mais  encore  plus  les  letdn 
divines  et  ecclésiastiques.  Il  faisait  ses  délices  de  la  lecture  assidu 
des  saints  Pères,  et  principalement  de  saint,  Augustin,  dont  il  n 
tenait  de  mémoire  les  pensées  les  plus  remarquables.  11  fit  le  plu 
souvent  profiter  les  autres  de  son  savoir,  car  dans  l'intérieur  d 
couvent  il  enseigna  la  théologie,  et  remplit  les  fonctions  de  pn 
dicateur  dans  les  principales  villes  d'Italie.  Avec  le  secours  de  Die 
il  amena  parmi  le  peuple  qui  l'écoutait  un  changement  notabl 
dans  les  mœurs,  et  enflamma  de  l'amour  de  la  vertu  beaucoup  d 
personnes  adonnées* aux  plaisirs  du  monde. 

Lorsqu'on  1267  Jacques  eut  été  chargé  du  gouvernement  de  s 
province,  celle  d>.  Lombardie,  il  s'y  comporta  d'une  manier 
tellement  satisfaisante  que,  par  une  rare  exception,  cette  fouetta 
lui  fut  continuée  pendant  plusieurs  années  ;  il  la  conserva  dix-hui 
ans,  ne  la  quittant  que  pour  celle  de  déflniteur.  C'est  lorsqu'il  n 
fut  plus  provincial  qu'il  se  rendit  à  Gènes,  chargé  par  le  pap 
Honorais  IV  de  lever  l'interdit  lancé  quelque  temps  auparavan 
contre  les  Génois,  commission  honorable  qu'il  accomplit  de  faço 
à  s'attirer  leur  reconnaissance.  Aussi  est-ce  à  leur  demande  qu  e 
1292  Nicolas  IV,  successeur  dHonorius,  le  nomma  à  l'archevéch 
de  Gènes.  Il  n'y  eut  rien  de  plus  pressé  pour  lui  ni  de  plus  impoi 
tant  que  de  remplir  dans  leur  intégrité  tous  les  devoirs  d'un  pas 
teur  accompli.  Pour  mieux  y  parvenir,  ayant  réuni  en  concile  le 
évoques  de  sa  province,  il  y  rétablit  la  discipline,  que  le  désordi 
des  temps  antérieurs  avait  relâchée.  11  donna  avec  beaucoup  d 
zèle  du  développement  au  culte  des  saints,  et  veilla  à  ce  que  lcui 
saintes  reliques  fussent  conservées  avec  l'honneur  qui  leur  est  dil 


14  juillet.   —  SAINT   BON  AVENTURE.  37 

C'est  cette  même  dévotion  envers  les  saints  qui  lui  fit  composer 
le  célèbre  recueil  de  Vies  des  Saints  intitulé  :  Jjegenda  aurea, 
titre  que  l'on  a  traduit  inexactement  par  celui  de  Légende  dorée. 
(Tétait  pour  mieux  marquer  la  haute  opinion  qu'ils  en  avaient  con- 
çue que  les  contemporains  de  Jacques  de  Voragine,  imités  en  cela 
par  tous  les  chrétiens  qui  leur  ont  succédé  durant  le  moyen  âge, 
avaient  appelé  ce  recueil  hagiographique  la  Légende  cTor,  ou  la 
Vie  des  Saints  par  excellence.  Elle  a  été  réimprimée  plus  de  cin- 
quante fois  dans  les  15  et  16e  siècles,  et  a  été  traduite  dans  pres- 
que toutes  les  langues  de  l'Europe  On  doit  encore  à  Jacques  de 
Voragine,  outre  des  Sermons,  une  Chronique  qui  ne  manque  point 
dlntérét,  surtout  en  ce  qui  concerne  l'histoire  ecclésiastique  de 
Gènes  jusqu'à  l'an  1277.  Enfin,  il  avait  aussi  écrit  un  ouvrage  sur 
les  prérogatives  et  les  perfections  de  la  sainte  Vierge. 

Far  son  éloquence,  sa  sollicitude  pastorale,  son  habileté  à  réta- 
blir la  concorde,  et  à  l'affermir  par  l'intervention  de  la  religion 
du  serment,  il  la  ramena  parmi  les  Génois  qui,  depuis  cinquante 
ans,  demeuraient  divisés  en  deux  factions.  Simple  pour  lui- 
même,  et  plein  de  sobriété,  il  distribuait  aux  pauvres  les  revenus 
de  l'Église,  surtout  lorsqu'il  y  avait  une  grande  disette,  de  ma- 
nière à  faire  subsister  les  indigents,  et  aussi  pour  subvenir 
aux  besoins  de  l'hôpital  public.  C'est  après  avoir  passé ,  au  mi- 
lieu de  ces  bonnes  œuvres  et  d'autres  offices  de  charité  et  de 
religion,  plus  de  six  années  dans  l'épiscopat,  qu'il  mourut  de  la 
précieuse  mort  des  justes,  le  15  juillet  1298,  étant  presque 
septuagénaire.  Ses  saintes  dépouilles  furent  déposées  sous  l'autel 
principal  de  l'église  de  Saint-Dominique,  à  Gênes,  et  elles  y  furent 
conservées  jusqu'à  ce  qu'en  1798  on  en  fit  la  translation  à  l'église- 
de  Sainte-Marie  de  Castello,  appartenant  à  Tordre  des  Frères 
prêcheurs,  et  où  elles  sont  encore  aujourd'hui  tenues  en  grande 
vénération  par  les  fidèles.  Le  pape  Pie  VII,  après  les  informa- 
tions canoniques,  approuva  le  culte  religieux  et  le  titre  de  Bien- 
heureux dont  le  serviteur  de  Dieu  jouissait  depuis  sa  mort. 


14  juillet.  —S.  BONAVENTURE,  cardin\l-évéque  d'Al- 

BANO,  CONFESSEUR  ET  DOCTEUR  DE  L'ÉGLISE.  —  13e  Siècle 

Bonaventure  naquit  l'an  1221  àBagnarea,  en  Toscane.  En  1243, 
Agé  de  vingt-deux  ans,  il  entra  dans  l'ordre  des  Frères  Mineurs.  Les 

TIES    DES  SAHTS.  —  T.   II.  4 


38  14  juillet.  —  SAINT  BONÀYBÏITUM*. 

secoure  qu'il  trouva  dans  oe  nouvel  e s*  acbemrat  «k 

raffermir  dans  le  bien.  Son  ordre,  plein  d'estime  pour  a  vertu, 

cire  IV  confirma  cette  élection.  Bonaventure  fit  valoir  sa  jeunesse 
etson  peu  d'expérience  dans  la  conduite  des  autres  pour  être  dis- 
pensé d'obéir;  mais  il  y  fut  obligé.  Chef  d'un  ordre  si  célèbre, 
il  n'en  fut  que  plus  humble  :  les  embarras  inséparables  de  si 
place  ne  l'empêchèrent  point  de  pratiquer  toujours  ce  qu'A  y  avait 
dans  le  cloître  de  plus  difficile  et  de  plus  humiliant. 

Grégoire  X,  ayant  été  élevé  sur  la  chaire  de  saint  Pierre,  trouva 
tant  d'affaires  à  régler,  tant  d'abus  à  réformer,  qu'il  crut  devoir 
convoquer  un  concile  général.  Il  jeta  les  yeux  sur  diverses  per- 
sonnes qui  étaient  le  plus  en  réputation  de  science  et  de  piété; 
et,  afin  de  leur  donner  plus  d'autorité,  il  les  éleva  aux  prélatures 
et  au  cardinalat  de  l'Église  romaine,  qui  était  dès  lors  en  grande 
considération.  Bonaventure,  ayant  appris  qu'il  était  de  ce  nom- 
bre, sortit  secrètement  de  l'Italie,  et  se  réfugia  au  grand  cou- 
vent de  Paris  ;  mais  un  ordre  bien  précis  le  fit  retourner  promp- 
tement.  Il  était  dans  le  couvent  de  Mugello,  à  quatre  ou  cinq 
lieues  de  Florence,  lorsque  deux  nonces  du  pape  vinrent  lui  ap- 
4>orter  le  chapeau.  Ils  trouvèrent  ce  cardinal  occupé  aux  plus 
Uns  offices  de  la  cuisine,  et  ils  se  contraignirent  pour  ne  point 
faire  paraître  la  peine  que  leur  causait  ce  spectacle.  Bonaventure 
ne  rougit  point  de  continuer  devant  eux  un  des  plus  bas  minis- 
tères de  la  communauté  (1).  Quand  il  eut  achevé,  il  prit  le  bonnet 
en  soupirant,  et  témoigna  à  ses  frères,  en  présence  des  nonces,  le 
regret  qu'il  avait  de  rechange  qu'on  lui  faisait  faire  des  obliga- 
tions paisibles  du  cloître  contre  les  nouvelles  fonctions  qu'on 
lui  imposait. 

L'ouverture  du  concile  se  fit  le  7  mai  de  Tan  1274,  dans  la 
ville  de  Lyon.  Bonaventure  y  prêcha  à  la  seconde  et  à  la  troisième 
session.  Après  la  quatrième,  qui  se  tint  le  6  juillet,  il  tomba 
dans  une  défaillance  qui  fut  suivie  d'un  vomissement  continuel. 
Cet  accident,  qui  lui  lit  perdre  toutes  ses  forces,  le  fit  passer  de 
cette  vie  à  l'éternité  bienheureuse  le  14  du  même  mois. 

Saint  Bonaventure  a  laissé  un  grand  nombre  d'écrits  également 
remplis  d'érudition  et  de  sentiments  de  piété.  Saint  Thomas  d'A- 
quin,  avec  qui  il  était  fort  lié,  étant  venu  le  voir  dans  le  temps 

(  f -.  Il  «Haït  occupe  à  laver  la  va:R8cllc. 


15  juillet.  —  SAINT  JACQUES  DE  NISIBE.  39 

qu'il  composait  la  vie  de  saint  François,  ne  voulut  pas  le-  dé- 
tourner :  Laissons  un  saint,  dit-il v  travailler  pour  un  saint  :  ce  se- 
rait une  indiscrétion  de  l'interrompre.  Une  autre  fois  ce  saint 
docteur  pria  saint  Bonaventure  de  lui  dire  dans  quelles  sources 
1  puisait  Fonction  qu'on  trouvait  dans  ses  écrits,  et  cette  élo- 
quence toute  divine  qui  les  faisait  rechercher.  Saint  Bonaventure 
lui  montra  son  crucifix,  et  lui  dit  :  Voilà  le  grand  livre  où  j'ap- 
prends tout  ce  que  j'enseigne.  Un  frère  lui  disait  un  jour  :  Dieu 
vous  a  donné  de  grands  talents  à  vous  autres  savants,  avec  les- 
quels vous  pouvez  le  louer  et  le  servir  ;  mais  nous  autres  igno- 
rants, que  pouvons-nous  faire  pour  lui  plaire  ?  —  Vous  pouvez 
aimer  Dieu,  répondit  le  saint,  c'est  par  là  qu'on  lui  est  véritable- 
ment agréable. 


I*  juillet.  —  S.  JACQUES,  Éveqcb  db  Nisibe.  —  4e  siècle. 

Saint  Jacques,  un  des  plus  célèbres  docteurs  de  l'Église  syria- 
que, était  de  Nisibe ,  en  Mésopotamie ,  pays  qui  faisait  partie  de 
Tempire  d'Orient.  La  nature  lui  avait  donné  un  beau  génie ,  qu'il 
cultiva  par  une  application  infatigable  au  travail.  Lorsqu'il  se  fut 
suffisamment  instruit  des  sciences  humaines ,  il  tourna  ses  études 
du  côté  de  l'Écriture  sainte.  La  vue  des  dangers  qu'on  court  dans 
le  monde  le  pénétra  d'une  vive  frayeur  ;  il  résolut  d'assurer  son 
saint  par  la  fuite,  ou  du  moins  d'aller  se  fortifier  dans  la  solitude, 
pour  être  ensuite  plus  en  état  de  résister  aux  efforts  de  ses  enne- 
mis. 11  choisit  pour  sa  demeure  de  hautes  montagnes.  Il  joignait 
de  grandes  austérités  à  l'exercice  de  la  prière.  Des  racines  et  des 
herbes  crues  faisaient  toute  sa  nourriture.  Malgré  le  soin  qu'il  pre- 
nait de  se  cacher,  il  fut  à  la  fin  découvert  ;  plusieurs  personnes 
grimpaient  sur  les  rochers  escarpés  qu'il  habitait ,  pour  se  re- 
commander à  ses  prières ,  et  le  consulter  sur  les  affaires  de  leur 
D  fit  un  voyage  en  Perse ,  pour  visiter  les  églises  qui 
d'y  être  fondées ,  et  pour  fortifier  les  nouveaux  convertis, 
alors  cruellement  persécutés  par  les  ennemis  du  christianisme.  Sa 
présence  ranima  le  courage  de  ceux  qui  chancelaient  et  leur  inspira 
un  désir  ardent  de  mourir  pour  la  défense  de  la  foi.  Il  amena  aussi 
les  idolâtres  à  la  connaissance  de  la  vérité. 

Sa  grande  réputation  de  sainteté  le  fit  élever  sur  le  siège  épis- 
copal  de  Nisibe;  la  conversion  des  pécheurs  et  la  persévérance 


40  15  juillet.   —  SAINT   JACQUES   DE   NISIBE. 

des  justes  étaient  deux  objets  qui  l'occupaient  continuellement. 
Sa  charité  pour  les  pauvres  était  sans  bornes.  Il  flt  bâtir  une 
belle  église  à  Nisibe.  Dieu  lui  accorda  le  don  des  miracles.  Le  plus 
célèbre  de  ses  miracles  est  celui  par  lequel  il  délivra  sa  ville  épis- 
copale  de  la  fureur  des  barbares.  Sapor  II,  roi  de  Perse,  assiégea 
cette  ville  deux  fois.  On  met  le  premier  de  ces  sièges  en  338.  L'ar- 
mée des  Perses  était  extrêmement  nombreuse;  mais,  après 
soixante-trois  jours  de  siège ,  Sapor  fut  forcé  de  se  retirer  et  de 
retourner  dans  ses  États.  Son  armée,  fréquemment  harcelée  par 
l'ennemi ,  et  épuisée  de  fatigues,  périt  à  la  fin  par  la  famine  et  par 
des  maladies  épidémiques.  Dix  ans  après ,  les  Perses  tombèrent 
de  nouveau  sur  les  terres  des  Romains  et  mirent  encore  le  siège 
devant  Nisibe.  Tout  leur  annonçait  la  victoire ,  et  leurs  mesures 
étaient  si  bien  prises,  qu'ils  ne  doutaient  point  du  succès.  Le  saint 
évêque,  par  ses  prières,  conserva  encore  la  ville  ;  il  renouvela  le 
prodige  autrefois  opéré  par  Moïse.  Un  horrible  essaim  de  mou- 
ches vint  s'attacher  aux  trompes  des  éléphants,  ainsi  qu'aux  oreilles 
et  aux  narines  des  chevaux.  L'aiguillon  de  ces  insectes  rendit  ces 
animaux  furieux  ;  ils  renversèrent  par  terre  ceux  qui  les  montaient 
et  les  mirent  en  désordre.  Une  grande  partie  de  ces  peuples 
fut  emportée  par  la  famine  et  par  la  peste  qui  survint  bientôt 
après.  Le  même  prince  reçut  un  troisième  échec  devant  Nisibe 
en  369. 

Selon  l'opinion  la  plus  probable ,  saint  Jacques  mourut  vers 
l'an  350.  Les  fidèles  de  Nisibe  avaient  tant  de  confiance  en  son 
intercession,  qu'ils  crurent  que  sa  dépouille  mortelle  les  mettrait 
à  l'abri  de  la  fureur  des  barbares;  ils  voulurent  donc  qu'il 
fût  enterré  dans  l'enceinte  de  leur  ville.  Ses  reliques  furent  depuis 
transportées  à  Constantinople. 

Saint  Jacques ,  quoique  Syrien  de  naissance ,  composa  divers 
traités  dans  la  langue  des  Arméniens ,  pour  l'instruction  de  ces 
peuples,  à  la  prière  d'un  saint  évéque  nommé  Grégoire.  «  Daignez , 
«  lui  disait  cet  évéque,  me  donner  quelques  courtes  instructions  et 
«  m 'apprendre  quel  est  le  véritable  fondement  de  la  vie  spirituelle 
«  de  la  foi.  Enseignez-moi  par  quels  moyens  nous  devons  élever 
«  l'édifice  de  nos  âmes  ;  par  quelles  bonnes  œuvres  et  quelles 
«  vertus  on  doit  l'achever  et  le  porter  à  la  perfection.  »  Nous 
avons  encore  les  beaux  discours  ou  instructions  que  composa  no- 
tre saint  docteur. 


15  juillet.   —   S.    HENRI  II  ,   EMP.   DALL.  41 


15  juillet.  —  SAINT  HENRI  II,  empereur  d'Allemagne, 

confesseur.  —  llesiècle. 

Saint  Henri,  surnommé  le  Pieux  et  le  Boiteux,  naquit  en  972.  Il 
eut  pour  père  Henri ,  duc  de  Bavière ,  et  pour  mère  Giselle  ,  fille 
de  Conrad,  roi  de  Bourgogne.  11  fut  élevé  par  saint  Wolfgang, 
évêque  de  Ratisbonne,  et  fit  de  rapides  progrès  dans  les  sciences  et 
la  piété.  En  995,  il  succéda  à  son  père  dans  le  duché  de  Bavière. 
Étant  depuis  parvenu  à  l'empire,  il  justifia  la  haute  idée  qu'on  avait 
conçue  de  lui,  par  l'assemblage  des  vertus  chrétiennes ,  royales 
et  militaires.  Il  priait,  il  méditait  la  loi  de  Dieu  et  s'exerçait  à  la 
pratique  de  l'humilité,  afin  de  se  prémunir  contre  l'orgueil ,  et  de 
ne  point  se  laisser  éblouir  par  l'éclat  des  honneurs.  Toujours  il 
avait  devant  les  yeux  la  fin  que  Dieu  s'était  proposée  en  l'élevant 
à  une  dignité  si  éminente.  De  là  son  zèle  à  procurer  la  gloire  du 
Seigneur,  l'exaltation  de  l'Église,  à  entretenir  la  paix  dans  ses  États 
et  à  chercher  en  tout  le  bonheur  de  ses  sujets. 

En  1005,  il  fit  assembler  un  concile  national  à  Dortmund ,  en 
Westphalie,  pour  régler  divers  points  de  discipline  et  pour  main- 
tenir plus  sûrement  l'observation  des  canons  de  l'Église.  Il  pro- 
cura aussi  la  convocation  de  plusieurs  synodes  provinciaux  qui  s'as- 
semblèrent pour  le  même  objet.  Jamais  il  n'entreprit  de  guerres 
que  dans  la  vue  de  défendre  ses  peuples.  H  apaisa  quelques  révol- 
tes qui  s'étaient  élevées  au  commencement  de  son  règne ,  et  par- 
donna à  ceux  qui  en  avaient  été  les  auteurs. 

Après  une  victoire  remportée  en  Italie,  il  se  rendit  à  Rome,  ac- 
compagné de  la  reine  sainte  Cunégonde.  Le  pape  Benoît  VIII  l'y 
couronna  empereur  avec  son  épouse,  en  1014.  Henri  confirma 
et  renouvela  les  donations  que  ses  prédécesseurs  avaient  faites  au 
saint-siége ,  de  la  ville  de  Rome ,  de  l'exarchat  de  Ravenne  et  de 
plusieurs  autres  domaines  en  Italie.  Après  avoir  apaisé  les  trou- 
bles de  la  Lombardie,  il  reprit  le  chemin  des  Alpes  pour  retourner 
en  Germanie.  Il  visita  ensuite  le  monastère  de  Cluny,  auquel  il 
donna  le  globe  et  la  couronne  d'or,  enrichie  de  pierres  précieuses, 
dont  le  pape  lui  avait  fait  présent.  Divers  autres  monastères  re- 
çurent aussi  des  marques  de  ses  pieuses  libéralités.  Quelques 
princes  mêmes  de  sa  famille ,  désapprouvant,  l'usage  qu'il  faisait 
de  ses  revenus,  prireut  les  armes  contre  lui  ;  il  les  fit  rentrer  dans 

le  devoir  et  leur  pardonna. 

4. 


43  tb  juillet.  —  S.  BEÎfBI  II,  EMP.  d'aLL. 

Quelque  temps  auparavant,  les  idolâtres  qui  habitaient  fa  Ak 
logne  et  rEsdavonie  avaient  ravagé  le  diocèse  de  Metaofcourg  et 
détruit  plusieurs  églises.  Il  les  soumit,  ainsi  que  les  pences  4» 
Bohême ,  qui  s'étaient  également  révoltés.  Par  ce  moyen,  te  Po- 
logne, la  Bohême  et  la  Moravie  devinrent  tributaires  de  rempire. 
Henri  répara  les  églises  et  rétablit  les  sièges  épiscopaux  qu'on  avait 
détruits.  Il  envoya  dans  la  Pologne  et  la  Bohème  des  prédicateurs 
zélés  pour  instruire  les  idolâtres. 

Quand  il  eut  terminé  les  nouvelles  affaires  qui  Pavaient  rappelé 
en  Italie,  il  revint  dans  ses  États.  Dans  le  duché  de  Luxembourg, 
il  eut  une  entrevue  avec  Robert,  roi  de  France  ;  les  deux  princes 
s'entretinrent  d'affaires  concernant  l'Église  et  le  gouvernement, 
ainsi  que  de  la  meilleure  manière  d'accroître  le  règne  de  la  piété 
et  de  rendre  leurs  sujets  heureux.  Ils  ne  se  séparèrent  qu'après 
s'être  donné  des  preuves  de  la  plus  sincère  amitié. 

De  retour  dans  ses  Etats,  Henri  s'appliqua  à  faire  fleurir  par- 
tout la  religion.  Il  enrichissait  les  églises,  soulageait  les  pauvres, 
remédiait  aux  abus  et  aux  désordres ,  prévenait  les  injustices  et 
garantissait  le  peuple  de  l'oppression.  Malgré  la  multiplicité  des  af- 
faires dont  il  était  accablé,  il  ne  négligeait  pas  pour  cela  les  dé- 
tails. 11  n'oubliait  pas  surtout  le  soin  de  son  âme.  Sans  cesse  il  se 
rappelait  les  dangers  auxquels  il  était  exposé.  Plus  il  était  élevé 
dans  le  monde,  plus  il  cherchait  à  s'abaisser,  et  on  ne  vit  jamais 
une  humilité  plus  grande  sous  le  diadème.  Il  aimait  qu'on  lui  dit 
naïvement  la  vérité,  et  il  chassa  les  flatteurs  qu'il  regardait  comme 
les  plus  grandes  pestt>s  de  la  cour  et  des  rois.  La  prière,  et  surtout 
la  prière  publique,  faisait  ses  plus  chères  délices.  Il  était  si  édifié 
de  la  conduite  des  chanoines  de  la  cathédrale  de  Strasbourg,  qu'il 
avait  dessein  de  se  retirer  auprès  d'eux ,  après  avoir  renoncé  à 
la  couronne  ;  mais  il  fut  empêché  de  l'exécuter  par  les  remon- 
trances des  seigneurs  de  sa  cour  et  surtout  par  celle  de  l'évêque 
Wériuhaire,  qui  lui  fit  comprendre  que  sa  véritable  vocation  était 
de  régner  avec  sagesse  et  de  se  sanctifier  sur  le  trône. 

Henri  assistait  au  sacrifice  de  la  messe  avec  beaucoup  de  dévo- 
tion et  participait  souvent  à  l'auguste  sacrement  de  l'autel.  11  ho- 
norait la  Mère  de  Dieu  comme  sa  patronne.  Il  avait  une  tendre 
dévotion  pour  les  Anges-Gardiens  et  généralement  pour  tous  les 
saints  Toujours  il  persistait  dans  le  dessein  de  quitter  le  monde, 
et  il  voulait  se  retirer  dans  l'abbaye  de  Saint- Vannes,  à  Verdun 
niais  le  pieux  Richard,  abbé  de  cette  maison,  lui  conseilla  de  ne 


\%  juillet.   —  N.   D.   DU   MOSI-CAftMEL.  43 

point  exécuter  ce  projet.  Le  saint  empereur  fit  constamment  pré- 
la  religion  à  ses  conseils,  la  bonne  foi  à  ses  traités,  le  zèle  à 
entreprises.  Il  conserva  la  chasteté  au  milieu  des  périls  de  la 
cour;  on  assure  même  qu'il  garda  la  continence  dans  le  mariage, 
de  concert  avec  sainte  Cunégonde,  son  épouse.  Il  mourut  au  châ- 
teau de  Grône,  près  d'Halberstadt ,  le  14  juillet  1024,  dans  la 
cinquante-deuxième  année  de  son  âge,  et  la  vingt-deuxième  de  son 
règne.  Son  corps  fut  porté  dans  la  cathédrale  de  Bamberg.  Les 
miracles  qui  s'opérèrent  à  son  tombeau  changèrent  bientôt  les  re- 
grets en  une  vénération  singulière.  Il  fut  canonisé  en  1152,  par 
le  pape  Eugène  III 


16  juillet  —  NOTRE-DAME  DU  MONT-CARMEL. 

Lorsque,  le  saint  jour  de  la  Pentecôte,  les  Apôtres,  inspirés  d'en 
haut,  parlèrent  plusieurs  langues,  et  opérèrent  beaucoup  de 
miracles  en  invoquant  le  très-auguste  nom  de  Jésus,  Ton  rapporte 
qu'un  grand  nombre  d'hommes  qui  marchaient  sur  les  traces  des 
saints  prophètes  Élie  et  Elisée,  et  qui  avaient  été  préparés  par  la 
prédication  de  saint  Jean-Baptiste  à  la  venue  de  Jésus-Christ, 
avant  aperçu  la  vérité  de  tout  ce  qui  s'était  passé  et  en  ayant  re- 
connu la  certitude,  embrassèrent  aussitôt  la  foi  évangélique.  En 
même  temps  ils  commencèrent  a  vénérer  d'un  amour  tout  parti- 
culier la  bienheureuse  Vierge  de  la  société  et  des  entretiens  de  la- 
quelle ils  purent  jouir  avec  bonheur.  Ce  fut  à  tel  point  que  les  pre- 
miers de  tous  ils  bâtirent  une  chapelle  à  la  pureté  virginale  de 
Marie,  dans  cet  endroit  du  mont  Carmel  où  £lie  avait  jadis  aperçu 
s'élever  un  nuage  qui  représentait  la  figure  très-sainte  de  la  Mère 
de  Dieu.  Se  réunissant  tous  les  jours  dans  cette  nouvelle  chapelle, 
ils  y  honoraient  par  de  pieuses  cérémonies ,  des  prières  et  des 
hymnes  la  bienheureuse  Vierge  comme  la  patronne  spéciale  de  leur 
ordre.  Cestpour  cette  raison  qu'on  commença  à  les  appeler  indis- 
tinctement les  Frères  de  la  bienheureuse  Marie  du  Mont-Carmel, 
dénomination  que  les  souverains  pontifes  non-seulement  confir- 
mèrent, mais  pour  laquelle  ils  accordèrent  des  indulgences  parti- 
culières à  ceux  qui  désigneraient  de  ce  nom  l'ordre  ou  les  frères 
individuellement  Mais  la  Vierge,  dans  sa  générosité,  n'accorda  pas 
seulement  ce  nom  et  son  patronage  à  ses  serviteurs,  mais  aussi  le 
apne  du  saint  Scapulaire  qu'elle  donna  elle-même  au  bienheureux 


44  iH  juillet.  —  S.   FULRAD,  AMI. 

Simon  Stock,  d'Angleterre,  afin  qu'on  distinguât  l'ordreà  cet  habit 
venu  du  ciel.,  et  qu'il  le  protégeât  contre  les  maux  qui  poisrwBt 
l'assaillir.  Enfin,  comme  Tordre  du  Mont-Carmel  était  ntfriftWp 
ment  inconnu  en  Europe,  et  qu'à  cause  de  cela  beaucoup  flaypfr 
sonnes  insistaient  auprès  du  pape  Ilonorius  III  pour  qu'il  le  sup- 
primât, la  très-pieuse  Vierge  Marie  apparut  pendant  la  nuit  à  Ho- 
norius,  et  lui  ordonna  formellement  d'accueillir  avec  bienveillance 
l'institut  lui-même  et  tous  ceux  qui  en  faisaient  partie. 

Ce  n'est  pas  seulement  dans  ce  monde-ci  que  la  bienheureuse 
Vierge  a  décoré  de  nombreuses  prérogatives  un  ordre  qui  hn 
est  si  agréable.  Dans  l'autre  monde  (  puisqu'elle  exerce  partout 
d'une  manière  admirable  sa  puissance  et  sa  miséricorde),  on 
croit  que  ceux  de  ses  enfants  qui,  ayant  fait  partie  de  l'association 
du  Scapulaire,  ont  pratiqué  quelques  abstinences,  récité  les  courte! 
prières  qui  leur  ont  été  prescrites ,  et  gardé  la  chasteté  en  rap- 
port avec  leur  état ,  on  croit  donc  pieusement  que  dans  sa  cha- 
rité maternelle  elle  les  fait  entrer  plus  promptcment  à  l'ombre  de 
sa  protection  dans  la  patrie  céleste ,  après  les  avoir  soulagés  au 
milieu  des  flammes  du  Purgatoire,  où  ils  expient  leurs  péchés. 
L'Ordre,  qu'elle  a  comblé  de  tant  de  bienfaits,  à  cause  de  cela  a  ins- 
titué à  perpétuité  une  commémoration  solennelle  pour  célébrer 
chaque  année,  sous  l'invocation  du  Mont-Carmel,  la  gloire  de  la 
bienheureuse  Vierge  Marie. 


16  juillet.  —  SAINT  FULRAD,  abbé  de  Saint-Denys 

en  France  .  —  8e  siècle. 

Fulrad,  quatorzième  abbé  de  Saint-Denys  en  France,  était 
d'Alsace,  ou  du  moins  originaire  de  cette  province ,  où  il  possé- 
dait de  grands  biens ,  et  où  il  fonda  des  monastères.  Cest  sans 
preuves  que  quelques  historiens  le  font  neveu  ou  petit-fils  de 
Charlemagne.  Ceux  qui  le  font  oncle  de  ce  prince ,  le  confondent 
avec  Fulrad,  abbé  de  Saint- Quentin  en  Vermandois.  Riculphe, 
son  père,  et  Ermangarde,  sa  mère,  jouissaient  en  Alsace  de  la  con- 
sidération due  à  leur  haute  naissance.  Fulrad  ne  se  rendit  pas 
moins  illustre  par  sa  piété  que  par  la  supériorité  de  son  génie,  et 
par  ses  dignités  et  ses  emplois.  Ses  négociations,  et  les  services 
qu'il  rendit  à  l'Église  et  à  l'État ,  doivent  le  faire  regarder  comme 
un  des  hommes  les  plus  célèbres  de  son  temps.  Les  rois  et  les  papes 


17  juillet.  —  LE  B.    CESLAS.  45 

l'honorèrent  de  leur  confiance.  Ce  fut  lui  que  Pépin  chargea ,  en 
751 ,  d'aller  consulter  le  pape  Zacharie  sur  la  disposition  qu'on 
devait  faire  du  trône.  Quatre  ans  après,  il  lit  au  nom  du  roi  la  do- 
nation de  l'Exarchat  et  de  la  Pentapole  au  même  pontife.  Nous  ap- 
prenons des  anciens  monuments  qu'il  fut  abbé  de  Saint-Denys , 
conseiller  du  roi  Pépin ,  chapelain  de  son  palais ,  archiprêtre  des 
royaumes  d'Austrasie,  de  Neustrie  et  de  Bourgogne,  et  archicha- 
pelain,  ou,  comme  on  dit  aujourd'hui,  grand  aumônier  de  France. 
n  exerça  aussi  cette  charge  sous  Carloman  et  sous  Charlemague. 
11  fonda  plusieurs  monastères,  entre  autres  ceux  de  Lièvre  et  de 
Saint-Hippolyte  dans  le  diocèse  de  Strasbourg,  et  le  prieuré  de 
Salone  dans  celui  de  Metz.  Il  soumit  ces  maisons  à  l'abbaye  de 
Saint-Denys  par  son  testament  de  l'an  777.  Il  mourut  le  16  juillet 
734.  On  lit  son  nom  parmi  les  saints  dans  plusieurs  martyrologes, 
quoique  d'autres  ne  lui  donnent  que  le  titre  de  vénérable.  On 
l'enterra  dans  l'église  de  Saint-Denys,  d'où  son  corps  fut  depuis 
porté  au  monastère  de  Lièvre.  On  a  longtemps  fait  sa  fête  le  1 7 
février,  qui  fut  peut-être  le  jour  de  sa  translation. 


\§  juillet.  —  LE  BIENHEUREUX  CESLAS ,  confesseur. 

—  13e  siècle. 

Ceslas,  frère  de  saint  Hyacinthe,  naquit  de  la  très-noble 
maison  des  comtes  d'Odrovans ,  dans  le  diocèse  de  Varsovie.  Dès 
son  plus  bas  âge  il  donna  des  signes  de  sa  future  sainteté ,  et  des 
marques  des  vertus  chrétiennes.  Après  qu'il  eut  fait  ses  premières 
études,  Yves,évêque  de  Cracovie,  et  (qui  était  son  oncle  paternel, 
l'envoya  en  Italie,  où  il  passa  sa  première  jeunesse  à  étudier  la 
théologie  et  la  jurisprudence.  De  retour  en  Pologne ,  son  oncle 
Yves  le  fit  chanoine  et  gardien  de  l'église  Sainte-Marie ,  à  Sando- 
mir.  Dans  cette  place ,  il  ne  songea  qu'à  mener  une  vie  pure  et 
irréprochable ,  et  sur  laquelle  on  ne  pût  pas  même  concevoir  le 
moindre  soupçon  du  mal,  cherchant  à  gagner  les  cœurs  par 
l'exemple  de  toutes  les  vertus.  Pendant  qu'il  accomplissait  ses  de- 
voirs avec  une  constante  sollicitude ,  l'évêque  Yves ,  qui  devait 
partir  pour  Rome ,  le  fit  venir  pour  l'accompagner  pendant  ce 
voyage.  Arrivé  à  Rome ,  Ceslas  ayant  entendu  parler  de  la  sain- 
teté et  des  miracles  du  serviteur  de  Dieu ,  saint  Dominique ,  fon- 
dateur de  Frères  prêcheurs,  sans  différer,  renonça  au  monde 


4G  17    juillet.   —  LES   MARTYRS  SC1LLITA1NS. 

par  une  inspiration  de  l'Esprit-Saint ,  et  reçut  l1  abit*  religieux 
du  saint  patriarche.  Sous  sa  discipline,  il  fit  de  tels  progrès 
dans  la  perfection,  qu'on  le  proposait  à  tous  tes  aotraeoaaag 
un  modèle  de  retenue,  de  frugalité  et  d'obéissance.  Dans  ta 
veilles,  les  jeûnes,  les  mortiGcations ,  la  prière  et  toutes  les 
observances  de  son  Ordre,  il  se  montra  tellement  exercé ,  qu'on 
le  considérait  complètement  comme  un  fils  véritable  de  saint  Do- 
minique. Après  avoir  accompli  son  noviciat ,  le  zèle  dont  il  brû- 
lait pour  le  salut  des  âmes  lui  fit  demander  instamment  au  saint 
patriarche  de  renvoyer  dans  les  régions  du  Nord,  que  l'erreur  de 
I  infidélité  ainsi  que  1  ignorance  retenaient  dans  les  ténèbres  et  tel 
ombres  de  la  mort.  Ayant  fait  ses  vœux ,  il  se  rendit  d'abord  à 
Prague ,  capitale  de  la  Bohême ,  et  il  y  prêcha  la  parole  de  Dieu 
en  y  gagnant  beaucoup  dames ,  et  il  ravit  toute  cette  ville  d'ad- 
miration. Il  parcourut  ensuite  a  pied  toute  la  Silésie ,  et  il  y  ob- 
tint tous  les  succès  auxquels  il  aspirait  uniquement  pour  la 
gloire  de  Dieu.  Ou  dit  que,  par  ses  prières  et  les  larmes  qu'il  ré- 
pandit devant  Dieu,  il  sauva  Varsovie  des  attaques  des  Tartares,  qu 
ravageaient  alors  la  Pologne  et  la  Silésie.  Enfin  plein  de  mérites, 
il  mourut  dans  cette  ville  que  sa  vertu  venait  de  protéger,  dans 
un  couvent  de  son  ordre,  en  Tan  1242. 


17  juillet.  —  LES  MARTYRS  SCILLITAINS.  —  2e  siècle. 

Les  plus  anciens  martyrs  d'Afrique  dont  nous  ayons  connais- 
sance sont  ceux  qu'on  nomme  Scillitains ,  peut-être  parée  qu'Us 
étaient  de  Scillisi ,  ville  de  la  métropole  de  Carthage.  Ils  furent  ar- 
rêtés comme  chrétiens  Tan  200,  sous  le  règne  de  rempereur.Sévère, 
et  conduits  à  Carthage  pour  y  être  jugés  par  le  proconsul  Saturnin. 
Ce  proconsul  leur  fit  subir  un  interrogatoire ,  et  les  ayant  trouvés 
tous  inébranlables  dans  la  confession  du  nom  de  Jésus-Christ,  fl 
les  envoya  en  prison.  Ils  comparurent  de  nouveau  le  16  juillet.  Las 
archers  de  la  garde  de  la  ville  lui  en  amenèrent  six  :  trois  homme*, 
Spérat,  Narzale  et  Gittin,  et  trois  femmes,  qui  s'appelaient 
Donate,  Seconde  et  t'est ine. 

Saturnin  commença  par  les  assurer  du  pardon  de  tout  ee  qui 
s'était  passé,  s'ils  voulaient  se  soumettre  à  ce  que  Ton  demandait 
d'eux,  et  adorer  les  dieux  des  Romains.  Spérat,  qui  paraissait 
partout  comme  le  chef  des  autres ,  répondit  :  Nous  n'avons  pas 
Iiesoin  de  pardon ,  puisque  nous  n'avons  offensé  personne  :  quel- 


17    fuUlet.    —    LES    MARTYRS   SCILL1TAINS.  47 

auvais  traitement  que  nous  ayons  reçu ,  nous  en  avons 
ps  rendu  grâces  à  Dieu  ;  toujours  nous  avons  prié  pour  nos 
iiteurs,  selon  Tordre  que  nous  avons  reçu  du  Seigneur  que 
dorons  comme  notre  véritable  roi  Saturnin,  voulant  à  son 
dever  sa  religion,  lui  dit  que  la  religion  des  Romains  por- 
$si  à  la  douceur  et  à  la  modération  ;  mais  qu'on  n'y  faisait 
ïïcuJté  d'y  jurer  par  le  génie  des  empereurs  ;  qu'on  y  faisait 
eux  pour  leur  salut  et  leur  conservation ,  et  qu'on  ne  dé- 
lit point  autre  chose  aux  chrétiens.  Spérat  offrit  de  lui  ex- 
*  en  peu  de  mots  tout  le  mystère  de  la  douceur  et  de  la 
âté  chrétienne ,  mais  Saturnin  répondit  qu'il  ne  voulait  point 
re  parler  contre  ses  dieux ,  et  il  le  pressa  de  jurer  par  le 
le  l'empereur., —  Je  ne  connais  point  le  génie  de  l'empereur, 
la  Spérat.  Je  sers  le  Dieu  du  ciel ,  que  nul  homme  n'a  vu 
eut  voir  ;  je  le  sers  par  la  foi,  par  l'espérance  et  la  charité, 
jamais  commis  de  crime  qui  puisse  être  puni  par  les  lois  ; 
î  le  tribut  de  tout  ce  que  j'achète ,  parce  que  je  reconnais 
reur  comme  mon  seigneur  :  jamais  je  ne  fais  de  tort  à  per- 
:  ainsi  l'on  ne  peut  me  faire  aucune  peine  sans  violer  les 
la  justice. 

es  cette  réponse ,  Saturnin  les  envoya  tous  en  prison,  et  les 
tre  dans  des  ceps  de  bois.  Le  lendemain ,  s'adressant  de 
iu  à  Spérat,  il  lui  demanda  s'il  continuait  encore  à  faire 
âon  de  la  religion  chrétienne.  —  Oui ,  répondit  Spérat  ; 
ut  le  monde  l'entende  :je  suis  chrétien.  J'en  ai  reçu  la 
et  j'espère  la  conserver  jusqu'à  la  fin ,  non  par  mes  pro- 
crées ,  mais  par  la  bonté  de  Dieu.  Si  vous  voulez  donc 
ma  dernière  résolution ,  je  suis  chrétien.  Tous  les  autres 
a  même  protestation.  —  Mais,  dit  Saturnin,  ne  voulez- 
as  que  je  vous  accorde  un  délai  pour  délibérer  sur  ce  que 
rez  à  faire  ?  —  Il  ne  faut  point  de  délai ,  répondit  Spérat  ; 
ne  chose  où  la  justice  est  évidente,  il  n'y  a  point  à  délibérer. 
>consul  demanda  ensuite  à  Spérat  quels  étaient  les  livres 
isaient  avec  tant  de  respect.  Ce  sont,  dit  Spérat,  les  quatre 
les  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ ,  les  lettres  de  l'a- 
lintPaul,  et  toute  l'Écriture  inspirée  de  Dieu.  Après  cette 
e,  Saturnin,  parlant  à  tous,  leur  dit  :  Je  vous  donne  trois 
our  réfléchir  sur  le  parti  que  vous  avez  à  prendre.  —  Quand 
onneriez  trente  jours,  dit  Spérat ,  nous  ne  changerions  point 


48  18  jkilltt  —  SAINTE   SI  l<   IB. 

Le  proconsul,  voy.  ibles,  dicta  m 

greffier  la  sentence        i  h  les  condamna  à  avoir  la  tét 

tranchée,  comme  c  uni  In  rrlîgînn  rhrfîinrno  nf  nawMj) 

n'ayant  pas  rendu  a  1  empereur  l'honneur  et  le  respect  qu'Us  tu 
devaient. 

Après  avoir  écrit  cette  sentence ,  on  la  lut  devant  1rs  saints 
qui  en  remercièrent  Dieu ,  témoignant  beaucoup  de  joie  de  e 
qu'ils  avaient  été  jugés  dignes  de  souffrir  pour  son  nom.  Ils  allé 
rent  avec  un  religieux  empressement  au  lieu  destiné  pour  l'exécu 
tion  ,  comme  à  celui  d'où  ils  devaient  monter  au  ciel  par  m 
glorieux  martyre  ;  et ,  après  avoir  prié  quelque  temps  a  genoux 
ils  eurent  la  tête  tranchée  le  17  juillet  de  Fan  200. 


1 7  juillet.  —  SAINT  ALEXIS ,  confesseur.  —  5e  siècle. 

Saint  Alexis  était  de  Rome,  et  fils  du  sénateur  Euphémieo 
Ayant  reçu  dans  la  maison  paternelle  une  éducation  pieuse  et  li 
bérale ,  il  s'adonna  avec  ardeur  à  la  pratique  des  vertus  chré 
tiennes ,  et  brûla  d'un  tel  amour  pour  Jésus-Christ,  qu'il  résolu 
de  marcher  sur  ses  traces ,  en  méprisant  la  noblesse  de  son  sang 
ses  richesses,  les  vanités  et  les  plaisirs  du  monde.  Pour  obéii 
aux  vœux  de  sa  famille,  il  se  maria  ;  mais  dès  la  première  nuit  à 
ses  noces,  sur  un  avertissement  qu'il  reçut  de  Dieu  secrètement 
laissant  là  son  épouse  dans  sa  virginité ,  il  entreprit  un  pèlerinagi 
aux  Églises  les  plus  illustres  de  l'univers  chrétien.  Il  avait  pas* 
dix-sept  aimées  en  voyages  et  sans  être  reconnu,  quand  son  non 
fut  divulgue  à  Kdessc  de  Syrie  par  une  image  de  la  sainte  Viergi 
Mario,  aussi  s'embarqua-t-il  aussitôt.  Ayant  abordé  an  port  à 
Home,  il  reçut  de  son  père  lui-même  l'hospitalité  comme  s'i 
était  un  étranger  pauvre.  Il  vécut  encore  chez  lui  dix-sept  an 
sans  être  reconnu  de  personne  ,  et  s'en  alla  au  ciel  sous  le  pontr 
ficat  de  saint  Innocent  1er ,  après  avoir  laissé  un  écrit  qui  faisar 
connaître  son  nom ,  sa  famille  et  toutes  les  aventures  de  sa  vie 


1 8  juillet.  —  SAINTE  SYMPflOROSE  et  SES  SEPT  FILS 

martyrs.  —  3'  siècle. 

Symphorose  avait  sept  fils  qu'elle  élevait  chrétiennement  à  Ti 
voli ,  où  elle  avait  de  grands  biens,  dont  elle  se  servait  pour  sou 


}  18  juillet.   —  SAINTE   SYMPHOROSE.  49 

'      teger  tous  ceux  qui  étaient  dans  le  besoin ,  principalement  les 
fidèles  persécutés.  Elle  était  veuve  de  Gétule ,  qui  avait  déjà  eu  le 
bonheur  de  mourir  pour  Jésus-Christ,  avec  un  de  ses  frères  nommé 
Amance;  et  elle  désirait  d'avoir  le  même  sort ,  si  c'était  la  volonté 
de  Dieu.  Ayant  été  dénoncée  comme  chrétienne ,  et  conduite  de- 
vant l'empereur  Adrien  avec  ses  enfants ,  ce  prince  les  traita  d'a- 
bord fort  civilement  et  les  exhorta  doucement  à  sacrifier.  Sym- 
phorose  répondit  :  Mon  mari  Gétule  et  Amance  son  frère ,  qui 
étaient  vos  tribuns ,  ont  souffert  divers  tourments  pour  le  nom 
de  Jésus-Christ  plutôt  que  de  sacrifier  aux  idoles  ;  et ,  aimant 
mieux  être  décollés  que  de  se  laisser  vaincre  par  l'abus  des  biens 
terrestres,  ils  ont  eux-mêmes  vaincu  vos  démons  en  mourant.  La 
mort  qu'ils  ont  soufferte  a  pu  leur  attirer  de  l'ignominie  devant 
les  hommes  ;  mais  elle  leur  a  procuré  une  gloire  réelle  aux  yeux  de 
Dieu,  et  maintenant  ils  jouissent  dans  le  ciel  de  la  vie  éternelle. 
L'empereur  dit  à  Symphorose  :  Sacrifiez  avec  vos  enfants  aux  dieux 
tout-puissants  que  nous  adorons ,  ou  je  vous  ferai  immoler  vous- 
même  à  eux ,  avec  vos  fils.  —  D'où  me  vient  ce  bonheur,  dit 
Symphorose ,  que  je  sois  trouvée  digne  d'être  offerte  en  sacrifice 
avec  mes  enfants,  au  Dieu  vivant  et  éternel  ?  —  C'est  à  mes  dieux 
que  je  vous  sacrifierai ,  répliqua  l'empereur.  —  A  vos  dieux  I  ré- 
partit Symphorose  ;  ils  ne  peuvent  me  recevoir  en  sacrifice.  — 
Choisissez ,  dit  Adrien ,  ou  de  sacrifier  à  mes  dieux ,  ou  de  finir 
votre  vie  malheureusement.  Symphorose  répondit  :  Vous  croyez 
donc  que  la  crainte  me  fera  changer ,  moi  qui  n'ai  d'autre  désir 
que  de  reposer  avec  mon  mari ,  que  vous  avez  fait  mourir  pour 
le  nom  de  Jésus-Christ. 

L'empereur,  voyant  qu'il  ne  pouvait  rien  obtenir  de  Sympho- 
rose ,  la  fit  conduire  au  temple  d'Hercule ,  où  on  lui  donna  des 
soufflets  ;  ensuite  on  la  suspendit  par  les  cheveux  ;  mais,  comme 
rien  n'ébranlait  sa  fermeté ,  Adrien  commanda  qu'on  lui  attachât 
une  grosse  pierre  au  cou ,  et  qu'on  la  précipitât  dans  le  fleuve.  Le 
lendemain  il  fit  venir  les  sept  fils  de  cette  martyre ,  et  les  exhorta 
encore  à  sacrifier  aux  dieux  et  à  ne  pas  imiter  leur  mère.  Voyant 
que  les  exhortations  étaient  inutiles,  il  les  menaça  de  les  faire 
tourmenter  cruellement  s'ils  n'obéissaient  à  ce  qu'il  demandait  ; 
mais  ses  promesses  et  ses  menaces  furent  inutiles.  L'empereur, 
irrité  de  leur  courage ,  fit  planter  sept  pieux  autour  du  temple 
d'Hercule ,  auxquels  on  les  attacha  pour  leur  tirer  les  membres 
avec  des  poulies.  Après  ce  premier  supplice,  Adrien  les  fit  mourir 

6 


50  18  juillet,  —  s.  Camille  de  lellis. 

diversement.  Crescens,  l'aîné  de  tous,  fut  égorgé;  Julien  9  le 
second,  reçut  un  coup  de  poignard  dans  l'estomac  ;  Némétluê^  le 
troisième ,  eut  le  cœur  percé  d'une  lance  ;  Primitif,  le  ffrifiM. 
fut  frappé  au  ventre  ;  on  rompit  les  reins  à  Justin,  le  cinquième; 
on  ouvrit  le  côté  à  Stactée,  le  sixième;  et  Eugène,  le  plus  jeune, 
fut  fendu  du  haut  en  bas.  Le  lendemain ,  l'empereur  retourna  au 
temple  d'Hercule ,  et  fit  jeter  les  corps  dans  une  grande  fosse. 
Leur  mort  glorieuse  eut  lieu  en  Fan  du  salut  120  ou  125. 


18  juillet.  —  SAINT  CAMILLE  DE  LELLIS,  fondateur  de 
l'ordre  des  Clercs  réguliers  pour  le   service  des 

malades.  —  17e  siècle. 

Saint  Camille  de  Lellis  naquit  en  1550  à  Bacchianico,  petite 
ville  de  l' Abruzzc,  dans  le  royaume  de  Naples.  A  peine  fut-il  né,  qu'il 
perdit  sa  mère.  Il  n'avait  encore  que  six  ans  lorsque  la  mort  lui 
enleva  son  père,  qui  avait  servi  en  qualité  d'officier  dans  les  guer- 
res d'Italie.  Ayant  appris  à  lire  et  à  écrire ,  il  embrassa  aussi  la 
profession  des  armes ,  à  laquelle  il  renonça  pour  toujours  en  1574. 
11  avait  contracté  une  violente  passion  pour  le  jeu,  et  il  fit  des  per- 
tes fort  considérables.  Bientôt  il  fut  ruiné  et  réduit  à  une  telle 
misère ,  qu'il  se  vit  obligé,  pour  avoir  de  quoi  subsister,  de  se 
mettre  au  service  d'autrui ,  et  de  travailler  à  un  bâtiment  que  Cau- 
saient faire  les  capucins. 

Malgré  ses  égarements ,  Dieu  ne  l'abandonna  point  ;  il  le  visita 
même  d'une  manière  spéciale  par  sa  grâce ,  qui  l'invitait  inté- 
rieurement à  la  pénitence.  Une  exhortation  touchante  que  lui  fit 
un  jour  le  gardien  des  capucins ,  acheva  sa  conversion.  Éclairé 
par  la  lumière  qui  venait  de  briller  à  ses  yeux,  il  fond  en  larmes, 
déteste  tous  les  crimes  de  sa  vie  passée ,  et  demande  au  Ciel  mi- 
séricorde. Cet  heureux  changement  arriva  au  mois  de  février  de 
l'année  1575.  Camille  avait  alors  vingt-cinq  ans.  Il  entra  succes- 
sivement au  noviciat  chez  les  capucins  et  les  cordeliers  ;  mais  ces 
religieux  ne  voulurent  point  le  recevoir  à  cause  d'un  ulcère  qu'il 
avait  à  la  jambe ,  et  que  les  médecins  jugèrent  incurable. 

Ayant  quitté  sa  patrie,  il  se  rendit  à  Rome,  et  y  servit,  l'es- 
pace de  quatre  ans ,  les  malades  renfermés  dans  l'hôpital  de  Saint- 
Jacques.  Il  portait  divers  instruments  de  pénitence ,  et  veillait  nuit 
et  jour  auprès  des  pauvres ,  s'attachant  surtout  aux  moribonds. 


18  juillet.   —  S.    CAMILLE   DE   LELLIS.  6/ 

11  tachait  de  leur  procurer  tous  les  secours  corporels  et  spirituels, 
et  de  leur  suggérer  tous  les  actes  de  vertu  relatifs  à  leur  situa- 
tion. Sa  prière  était  continuelle.  Il  choisit  pour  confesseur  saint 
Philippe  de  Néri  ;  il  communiait  tous  les  dimanches  et  toutes  les 
fêtes.  Sa  charité,  jointe  à  une  rare  prudence ,  le  fit  élire  directeur 
de  l'hôpital. 

Camille  était  pénétré  de  douleur  à  la  vue  du  peu  de  zèle  des  do- 
mestiques que  Ton  employait  au  service  des  malades.  Il  forma  le 
projet  d'instituer  une  société  de  personnes  de  piété  qui  se  dévouas- 
sent avec  lui ,  par  le  seul  motif  de  la  charité ,  à  cette  bonne  œuvre. 
Il  trouva  des  compagnons  tels  qu'il  les  désirait  ;  mais  il  rencon- 
tra de  grands  obstacles  dans  l'exécution  de  son  dessein.  Pour  se 
mettre  en  état  d'assister  plus  utilement  les  malades ,  il  résolut  de 
se  préparer  à  recevoir  les  saints  ordres.  Il  étudia  donc  la  théologie 
avec  une  ardeur  incroyable ,  et  il  ne  tarda  pas  à  acquérir  le  degré 
de  science  qui  lui  était  nécessaire.  Il  fut  ordonné  par  Thomas 
Galdwell,  évéque  de  Saint- Asaph,  suffragant  du  cardinal  Savelli , 
évéque  vice-gérant  à  Rome  sous  le  pape  Grégoire  Xlll.  Ayant  été 
chargé,  en  1584,  de  desservir  la  chapelle  de  Notre-Dame  aux  Mi- 
racles, il  fut  obligé  de  quitter  la  direction  de  l'hôpital. 

Ce  fut  dans  la  même  année  qu'il  institua  sa  congrégation  pour  le 
service  des  malades.  Il  fit  porter  à  ceux  qui  y  furent  admis  un  ha- 
bit noir,  avec  un  manteau  de  même  couleur.  Les  règles  qu'il  leur 
donna  étaient  en  petit  nombre.  Ils  allaient  tous  les  jours  à  l'hô- 
pital du  Saint-Esprit ,  où  ils  servaient  les  pauvres  avec  autant  de 
zèle  et  de  ferveur  que  si  c'eût  été  Jésus-Christ  en  personne.  Us  fai- 
saient les  lits  des  malades,  et  exerçaient,  par  rapport  à  eux ,  les 
fonctions  les  plus  dégoûtantes  ;  ils  les  exhortaient  encore ,  par 
des  discours  touchants  ,  à  se  bien  préparer  à  la  réception  des  der- 
niers sacrements,  pour  obtenir  de  Dieu  la  grâce  d'une  bonne 
mort. 

Le  saint  trouva  des  adversaires  puissants,  qui  voulurent  le  tra- 
verser dans  ses  bons  desseins,  et  qui  lui  suscitèrent  de  grandes  dif- 
ficultés ;  mais,  par  sa  confiance  en  Dieu,  il  vint  à  bout  de  surmon- 
ter tous  les  obstacles.  En  1585 ,  ses  amis  lui  procurèrent  une 
maison  commode  pour  loger  sa  congrégation.  Encouragé  par  ces 
premiers  succès,  il  porta  plus  loin  ses  vues  ;  il  voulut  que  ses  frè- 
res s'engageassent  à  servir  les  pestiférés,  les  prisonniers  et  ceux 
même  qui  mouraient  dans  leurs  propres  maisons.  Leur  principal 
soin  était  de  secourir  les  âmes ,  en  suggérant  aux  malades  des  actes 


52  18  juillet,  —  s.  Camille  de  lellis. 

de  religion  convenables  à  l'état  où  Us  se  trouvaient.  Camille  pro- 
cura aux  prêtres  de  son  ordre  les  meilleurs  livres  de  piété  qui  trai- 
taient de  la  pénitence  et  de  la  passion  de  Jésus-Christ,  et  leur  re- 
commanda de  se  faire ,  d'après  les  psaumes,  un  recueil  de  ces  prières 
touchantes  que  Ton  appelle  jaculatoires ,  pour  qu'ils  s'en  servis- 
sent dans  le  besoin.  Il  leur  ordonna  d'assister  surtout  les  moribonds; 
de  leur  faire  régler  de  bonne  heure  leurs  affaires  temporelles,  afin 
qu'ils  ne  s'occupassent  plus  que  de  celle  de  leur  salut  ;  de  ne.point  les 
laisser  trop  longtemps  avec  des  amis  ou  des  parents  qui  pourraient 
les  troubler  par  un  excès  de  tendresse  ;  de  les  faire  entrer  dans 
de  vifs  sentiments  de  pénitence,  de  résignation ,  de  foi ,  d'espérance 
et  de  charité  ;  de  leur  apprendre  à  accepter  la  mort  en  esprit  de 
sacrifice  et  en  expiation  de  leurs  péchés;  de  les  exhorter  à  deman- 
der miséricorde  par  les  mérites  du  Sauveur  agonisant ,  à  le  con- 
jurer de  leur  appliquer  le  fruit  de  cette  prière  qu'il  fit  sur  la  croix, 
de  leur  accorder  la  grâce  de  lui  offrir  leur  mort  en  union  avec  la 
sienne,  et  de  vouloir  bien  recevoir  leur  âme  dans  le  sein  de  la 
gloire.  Il  forma  un  recueil  de  prières  qu'on  devait  réciter  pour  les 
personnes  qui  étaient  à  l'agonie. 

11  n'y  avait  personne  qui  ne  fût  charmé  d'un  établissement  qui 
avait  eu  la  charité  pour  principe.  Le  projet  en  paraissait  d'autant 
plus  admirable  qu'il  avait  été  formé  et  exécuté  par  un  homme 
sans  lettres  et  sans  crédit.  Le  pape  Sixte  V  le  confirma  en  1586,  et 
ordonna  que  la  nouvelle  congrégation  serait  gouvernée  par  un  su- 
périeur triennal.  Camille  fut  le  premier.  On  lui  donna  l'église  de 
Sainte-Marie-Magdeleine  pour  son  usage  et  pour  celui  de  ses  frè- 
res. On  l'invita,  en  1588 ,  à  venir  à  Naples,  afin  d'y  fonder  une 
maison  de  sonordre.  11  s'y  rendit  avec  douze  de  ses  compagnons 
et  fit  ce  qu'on  lui  demandait.  Ces  pieux  serviteurs  des  malades 
(  c'était  le  nom  qu'ils  prenaient)  volèrent  au  secours  des  pestiférés 
qui  étaient  dans  les  galères  qu'on  n'avait  point  voulu  laisser  abor- 
der. Deux  d'entre  eux  moururent  victimes  de  leur  charité.  Camille 
montra  le  même  zèle  à  Rome,  en  deux  différentes  circonstances  où 
cette  ville  fut  affligée  par  une  maladie  contagieuse. 

En  1591 ,  Grégoire  XIV  érigea  la  nouvelle  congrégation  en  or- 
dre religieux ,  et  lui  accorda  tous  les  privilèges  des  ordres  mendiants, 
sous  l'obligation  toutefois  d'ajouter,  aux  vœux  de  pauvreté,  do 
chasteté  et  d'obéissance ,  celui  de  servir  les  malades,  même  ceux 
qui  seraient  attaqués  de  la  peste.  Il  leur  défendit  de  passer  dans 
d'autres  communautés  religieuses,  excepté  chez  les  chartreux.  En 


18  juillet.    —   S.    CAMILLE   DE  LELLIS.  63 

1593  et  en  1600,  Clément  VIII  confirma  le  même  ordre,  et  lui 
accorda  de  nouveaux  privilèges. 

Saint  Camille  ne  négligea  rien  pour  prévenir  les  abus  qui  se 
glissaient  jusque  dans  les  lieux  consacrés  par  la  charité.  Son  zèle 
devint  d'autant  plus  ardent,  qu'il  découvrit  que  dans  les  hôpitaux 
on  enterrait  quelquefois  des  personnes  qui  n'étaient  point  mortes. 
Il  ordonna  à  ses  religieux  de  continuer  les  prières  pour  les  ago- 
nisants quelque  temps  encore  après  qu'ils  paraîtraient  avoir  rendu 
le  dernier  soupir,  et  de  ne  pas  permettre  qu'on  leur  couvrît  le  vi- 
sage sur-le-champ,  comme  il  s'était  toujours  pratiqué;  mais  son 
attention  à  assister  les  âmes  l'emportait  de  beaucoup  sur  celle  qu'il 
avait  à  soulager  les  corps.  11  parlait  aux  malades  avec  une  onction 
à  laquelle  il  était  impossible  de  résister;  il  leur  apprenait  à  répa- 
rer les  défauts  de  leurs  confessions  passées  et  à  entrer  dans  les 
dispositions  où  doivent  être  des  moribonds.  Tous  ses  discours 
roulaient  sur  l'amour  de  Dieu,  même  dans  les  conversations  or- 
dinaires, et  s'il  lui  arrivait  d'entendre  un  sermon  où  il  n'en  fût 
point  parlé,  il  disait  que  c'était  un  anneau  auquel  il  manquait 
un  diamant. 

Le  serviteur  de  Dieu  fut  lui-même  affligé  de  diverses  infirmi- 
tés dont  la  complication  le  fit  beaucoup  souffrir.  Ce  qui  le  touchait 
le  plus  était  de  ne  pouvoir  servir  les  malades  comme  auparavant; 
du  moins  il  les  recommandait  fortement  à  la  charité  de  ses  reli- 
gieux. 11  se  traînait  encore  de  lit  en  lit  pourvoir  si  rien  ne  leur 
manquait,  et  pour  leur  suggérer  plusieurs  actes  de  vertu.  Souvent 
ou  l'entendait  répéter  ces  paroles  de  saint  François  :  «  Le  bonheur 
«  que  j'espère  est  si  grand,  que  toutes  les  peines  et  toutes  les  souf- 
«  frances  deviennent  pour  moi  un  sujet  de  joie.  » 

Saint  Camille  n'obligea  point  ses  religieux  à  réciter  le  bréviaire, 
à  moins  qu'ils  ne  fussent  dans  les  ordres  sacrés  ;  mais  il  leur  était 
enjoint  de  se  confesser  et  de  communier  tous  les  dimanches  et 
toutes  les  grandes  fêtes,  de  faire  chaque  jour  une  heure  de  médi- 
tation, d'entendre  la  messe,  de  dire  le  chapelet  et  quelques  autres 
prières. 

L'humilité  du  saint  fondateur  était  extraordinaire  :  il  se  mépri- 
sait lui-même,  au  point  que  ceux  qui  le  coinraissaient  en  étaient 
dans  l'étonnement.  Ce  fut  par  un  effet  de  cette  vertu  qu'il  se  dé- 
mit du  généralat  en  !  607 ,  il  voulait  encore,  par  cette  démission, 
se  donner  plus  de  temps  pour  servir  les  pauvres.  11  fonda  des 
maisons  do  son  ordre  dans  plusieurs  villes,  comme  à  Bologne,  à 

5. 


51  18  juillet.   —  S.    CAMILLE  DE   LELLIS. 

Milan,  à  Gènes,  à  Florence,  à  Ferrare,  à  Messine,  à  Mantour, 
etc.  ;  il  envoya  aussi  quelques-uns  de  ses  frères  en  Hongrie,  et 
dans  d'autres  lieux  qui  étaient  affligés  de  la  peste.  Nota  ayant  été 
attaquée  de  ce  fléau  en  1600,  l'évéque  delà  ville  établit  Camille 
son  vicaire  général.  Le  saint  se  dévoua  généreusement  au  service 
des  pestiférés.  Ses  compagnons  imitèrent  son  exemple.  Il  y  en 
eut  cinq  d'entre  eux  auxquels  il  en  coûta  la  vie.  Dieu  récompensa 
le  zèle  de  son  serviteur  par  l'esprit  de  prophétie,  par  le  don  des 
miracles,  et  par  plusieurs  autres  grâces  extraordinaires. 

Saint  Camille  assista  au  cinquième  chapitre  de  son  ordre,  qui 
se  tint  à  Rome  en  1613;  il  alla  ensuite  visiter,  avec  le  nouveau 
général,  les  maisons  de  Lombardie,  faisant  partout  des  exhor- 
tations fort  touchantes.  Étant  à  Gênes,  il  fut  extrêmement  mal. 
S'étant  trouvé  un  peu  mieux,  il  s'embarqua  pour  Civita-Vecchia, 
d'où  il  se  rendit  à  Rome.  Sa  santé  se  rétablit,  et  il  se  vit  en  état 
de  faire  la  visite  de  ses  hôpitaux  ;  mais  il  retomba  peu  de  temps 
après,  et  les  médecins  destspérèrent  de  sa  vie.  En  ayant  été 
averti,  il  s'écria  :  Je  me  réjouis  de  ce  que  F  on  m'a  dit  :  Nous    ! 
irons  dans  la  maison  du  Seigneur.  Il  reçut  le  saint  viatique 
des  mains  du  cardinal  Ginnasio,  protecteur  de  son  ordre.  Lorsque 
le  saint  sacrement  fut  dans  sa  chambre,  il  dit  les  larmes  ans    ' 
yeux  :  «  Je  reconnais,  Seigneur,  que  je  suis  le  plus  grand  des    i] 
«  pécheurs,  et  que  je  ne  mérite  pas  de  recevoir  la  faveur  que  vota 
«  daignez  me  faire  ;  mais  sauvez-moi  par  votre  infinie  miséricorde.   * 
«  Je  mets  toute  ma  confiance  dans  les  mérites  de  votre  précisas    ^ 
«  sang.  »  Quoiqu'il  eût  purifié  sa  conscience  par  la  confession,  1    '* 
craignait  encore  de  n'être  pas  assez  bien  disposé.  11  avait  eepen-    * 
dant  mené  une  vie  très-sainte,  et  il  s'était  confessé  tous  les  jours   *' 
avec  les  plus  vifs  sentiments  de  componction.  Lorsqu'on  lui  ad-   !* 
ministra  le  sacrement  de  l'extréme-onction,  il  fit  un  discours   ** 
fort  touchant  à  ses  religieux.  Il  mourut  le  14  de  juillet  1614,  à  l'âge  ^ 
de  soixante-cinq  ans  comme  il  l'avait  prédit.  On  l'enterra  auprès  dta  "* 
grand  autel  de  l'église  de  Sainte-Marie-Magdeleine.  Plusieurs  mi*  * 
racles  s'étant  opérés  à  son  tombeau,  on  leva  son  corps  de  terre,   * 
et  on  le  mit  sous  l'autel  même.  On  l'a  depuis  renfermé  dans  ^ 
une  châsse.  Benoît  XIV  béatifia  le  serviteur  de  Dieu  en  1743,  et  )e 
le  canonisa  en  1746.  'ta 

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3 


19  juillet.  —  SAINTE    HACB1NE. 


19  juillet.  —  SAINTE  MACRINE,  viebge.  —  4e  siècle. 

Macrine,  fille  de  saint  Basile  et  de  sainte  Emmélie,  fut  l'aînée 
de  dix  enfants  que  Dieu  regarda  dans  sa  miséricorde ,  et  qui  vé- 
curent tous  dans  une  grande  sainteté.  Saint  Basile,  évêque  de  Cé- 
sarée ,  saint  Pierre  de  Sébaste  et  saint  Grégoire  de  Nysse  sont  les 
plus  connus.  Macrine  fiit  élevée  avec  beaucoup  de  soins.  Sainte 
Emmélie ,  sa  mère ,  veillait  exactement  sur  sa  conduite  et  tâcha 
de  ne  lui  inspirer  du  goût  que  pour  le  ciel.  Quoiqu'elle  lui  eût 
donné  une  nourrice  qui ,  selon  l'usage  ordinaire  de  ce  temps-là, 
était  également  chargée  de  l'éducation  et  de  la  nourriture  de  l'en- 
fant,  elle  la  retenait  le  plus  qu'elle  pouvait  auprès  d'elle ,  exami- 
nait ses  inclinations  et  s'efforçait  de  les  régler  sur  la  sagesse  et  la 
vertu.  Emmélie  ne  souffrit  point  que  Ton  suivit  dans  l'éducation 
de  sa  fiDe  la  méthode  ordinaire,  qui  était  de  commencer  l'instruc- 
tion des  enfants  par  la  lecture  des  poètes  profanes  ;  mais  elle  lui 
faisait  apprendre  les  parties  de  l'Écriture  sainte  les  plus  propor- 
tionnées à  son  âge ,  principalement  les  livres  de  Salomon  et  les 
psaumes.  Les  psaumes  surtout  lui  devinrent  si  familiers ,  qu'elle 
les  chantait  en  toute  occasion,  en  sortant  de  son  lit,  en  travaillant, 
en  se  reposant,  en  prenant  ses  repas,  en  sortant,  en  se  couchant. 
Sa  mère  l'appliqua  au  travail  des  mains,  comme  il  convient  à  une 
personne  de  son  sexe,  et  la  jeune  Macrine  y  réussit  aussi  bien  que 
dans  les  exercices  de  l'esprit.  Elle  excellait  surtout  dans  les  ouvra- 
ges en  laine  ,  qui  étaient  l'occupation  ordinaire  des  femmes  :  elle 
n'en  faisait  point  pour  la  vanité  ni  pour  la  parure;  et,  dans  un 
âge  où  les  jeunes  personnes  même  les  plus  sages  sont  ordinaire- 
ment recherchées  dans  leurs  ajustements,  elle  ne  voulait  rien  que 
de  simple  et  de  bas  prix. 

Dès  l'âge  de  douze  ans,  sa  beauté,  que  l'on  dit  avoir  été  si  grande 
que  les  peintres  les  plus  habiles  ne  pouvaient  la  représenter,  la  no- 
blesse de  sa  famille  et  ses  grands  biens  la  firent  rechercher  par  les 
jeunes  gens  les  plus  qualifiés  de  la  province.  Basile,  son  père ,  en 
choisit  un  dont  il  connaissait  particulièrement  la  parenté  et  les 
bonnes  mœurs,  et  il  lui  promit  sa  fille  lorsqu'elle  serait  en  âge 
d'être  mariée.  Mais,  Dieu  ayant  appelé  à  lui  ce  jeune  homme  ayant 
l  accomplissement  du  mariage,  Macrine  en  prit  occasion  de  décla- 
rera son  père  que  son  dessein  était  de  domeurrr  vierge.  Celui  que 


66  M  juillet.  —  SAINTE  MACMIKB. 

vous  m'aviez  destiné,  lui  dit-elle,  n'en  sera  pas  moins  mou  époux, 
sa  mort  n'est  qu'un  voyage;  je  ie  verrai  après  la  résurrection.  Ba- 
sile ne  voulut  point  s'opposer  à  une  si  sainte  résolution,  oe  qui 
donna  à  Macrine  la  liberté  de  refuser  tous  les  partis  qui  se  pré- 
sentèrent depuis.  Elle  demeura  donc  auprès  de  sa  mère,  à  qui  elle 
rendait  toutes  sortes  de  services,  jusqu'à  vouloir  s'assujettir  à  lui 
faire  son  pain  et  la  nourrir  du  travail  de  ses  mains ,  afin  qu'elle 
eût  davantage  à  donner  aux  pauvres. 

Macrine  perdit  saint  Basile,  son  frère,  le  premier  jour  de  l'an 
379,  et  onze  mois  après  elle  tomba  dans  la  maladie  qui  devait  la 
délivrer  des  misères  de  cette  vie.  Saint  Grégoire  de  Nysse  vint  la 
visiter.  Elle  couchait  sur  des  planches.  L'entretien  tomba  surit 
mort  de  leur  illustre  frère ,  saint  Basile.  Gomme  saint  Grégoire 
en  était  extrêmement  attendri ,  Macrine  entreprit  de  le  consoler 
par  un  excellent  discours  qu'elle  fit  sur  la  Providence,  sur  l'état 
de  l'âme  et  sur  le  bonheur  de  la  vie  future.  Jamais,  dit  saint  Gré- 
goire de  Nysse ,  sa  foi  et  son  courage  ne  parurent  plus  que  dans 
ces  tristes  moments  où  elle  nous  dit  adieu.  —  Consolez-vous, 
mon  cher  frère ,  me  dit-elle  en  me  voyant  pleurer  ;  ces  larmes 
conviennent  peu  à  votre  dignité.  Souvenez-vous  qu'en  recevant 
le  caractère  d'évéque ,  vous  avez  dû  vous  dépouiller  de  ces  fai- 
blesses pardonnables  aux  autres  hommes  :  le  seul  amour  de  l'É- 
glise et  de  votre  troupeau  doit  remplir  votre  cœur.  N'est-il  pas 
temps  d'ailleurs  que  mon  sacrifice  s'achève?  Si  vous  m'aimes 
véritablement,  réjouissez-vous  de  me  voir  si  près  de  l'heureuse 
éternité. 

Sur  le  soir  elle  se  sentit  beaucoup  plus  faible.  Cessant  alors  de 
parler  à  son  frère,  elle  se  mit  à  prier,  mais  d'une  voix  si  faible, 
qu'à  peine  pouvait-on  l'entendre.  Néanmoins  elle  joignait  les  mains 
et  faisait  le  signe  de  la  croix  sur  ses  yeux ,  sur  sa  bouche  et  sur 
son  cœur.  Lorsqu'on  eut  apporté  de  la  lumière,  on  reconnut  aux 
mouvements  de  ses  lèvres  qu'elle  s'acquittait,  autant  qu'elle  pou- 
vait, de  la  prière  du  soir,  dont  elle  marqua  la  Gn  par  un  signe 
de  croix  qu'elle  fit  sur  son  visage.  Aussitôt  elle  rendit  l'esprit  par 
un  long  soupir,  et  le  saint  évëquc,  son  frère,  lui  ferma  les  yeux  et 
la  bouche,  comme  elle  l'en  avait  prié. 


19  juillet.  —  S.   ARSÈNE.  57 


19  juillet.  —  S   ARSÈNE,  solitaire  en  Egypte.  — 

5e  siècle. 

Saint  Arsène,  d'une  famille  distinguée  dans  Rome ,  fut  élevé 
arec  soin ,  et  étudia  les  lettres  grecques  et  latines,  dans  lesquelles 
Q  fit  beaucoup  de  progrès  L'empereur  Théodose  lui  confia  l'édu- 
cation de  son  fils  Arcadius  ;  et,  en  le  lui  mettant  entre  les  mains,  il 
lui  dit  :  Je  Yeux  désormais  que  vous  soyez  plus  son  père  que  moi- 
même.  Ce  prince,  étant  entré  un  jour  dans  la  chambre  où  Arsène 
donnait  leçon  à  son  fils,  et  ayant  vu  le  disciple  assis  et  le  maître 
debout,  s'en  plaignit  au  dernier,  et  lui  fit  entendre  qu'A  était  en- 
core trop  tôt  de  faire  connaître  à  Arcadius  ce  qu'il  serait  un  jour. 

Les  honneurs  qu'il  recevait  à  la  cour  de  Théodose  le  touchèrent 
peu  ;  les  dégoûts  inséparables  de  son  emploi  lui  firent  naître,  au 
contraire,  le  désir  de  la  solitude.  Dieu,  qui  l'y  appelait,  lui  en 
fournit  l'occasion ,  et  il  se  retira  dans  le  désert  de  Scété. 

La  vertu  qui  éclata  le  plus  dans  Arsène  fut  F  amour  de  la  re- 
traite. S'il  avait  besoin  de  quelque  chose ,  il  aimait  mieux  le  rece- 
voir par  les  mains  des  autres  solitaires  que  de  sortir  pour  le  cher- 
cher lui-même.  Quand  il  était  à  l'Église ,  il  se  mettait  derrière  un 
pilier,  afin  que  personne  ne  vît  son  visage,  et  qu'il  ne  vît  personne. 
L'abbé  Marc  lui  dit  un  jour  :  Pourquoi  me  fuyez-vous  ?  Arsène 
lui  répondit  :  Dieu  sait  combien  je  vous  aime  ;  mais  je  ne  puis 
être  avec  Dieu  et  avec  les  hommes.  Théophile ,  archevêque  d'A- 
lexandrie, accompagné  d'un  magistrat,  alla  lui  rendre  visite 
dans  le  dessein  d'entendre  de  lui  quelques  paroles  d'édification. 
Le  saint  garda  quelque  temps  le  silence  ,  et  leur  dit  ensuite  :  Si 
je  vous  dis  quelque  chose,  Tobserverez-vous  ?  Ils  répondirent  qu'ils 
feraient  ce  qu'il  leur  dirait.  Eh  bien  !  dit  le  solitaire,  partout  où 
vous  saurez  que  sera  Arsène ,  n'en  approchez  pas.  Théophile  , 
voulant  revenir  une  autre  fois ,  envoya  savoir  auparavant  si  le 
saint  ouvrirait  sa  porte.  Arsène  répondit  :  Si  vous  venez,  je  vous 
ouvrirai  ;  et  si  je  vous  ouvre,  j'ouvrirai  à  tout  le  monde  ;  après 
quoi  je  ne  demeurerai  plus  ici.  Théophile ,  instruit  de  cette  ré- 
ponse, n'y  voulut  point  aller,  et  dit  :  J'aime  mieux  me  retirer  que 
de  le  chasser.  Ce  saint  homme  avait  toujours  à  la  bouche  ces  pa- 
roles tant  de  fois  répétées  depuis  par  saint  Bernard  :  Arsène , 
pourquoi  as-tu  quitté  le  monde?  et  ces  autres  paroles  :  J'ai  tou- 


58  19  juillet.  —  s.  Vincent  de  paul. 

jours  eu  regret  d'avoir  parlé,  je  n'en  ai  jamais  eu  d'avoir  gardé 
le  silence. 

Un  solitaire  lui  dit,  en  le  consultant  sur  les  tentations  eprtl  éfttth  j 
vait  :  Que  dois-je  faire,  mon  père  ?  mon  esprit  est  toujours  agité 
par  des  pensées  d'impureté  ;  elles  ne  me  laissent  point  de  repos. 
Arsène  lui  répondit  :  Quand  vous  vous  apercevrez  que  le  démon 
répand  dans  votre  cœur  les  semences  de  ces  pensées,  ne  vous  en 
entretenez  pas  vous-même.  Les  démons  peuvent  bien  nous  les 
suggérer,  mais  ils  ne  peuvent  point  nous  y  faire  consentir.  Lors 
donc  que  vous  sentez  ces  pensées  s'élever  et  comme  parler  dans 
le  cœur,  ne  les  écoutez  point,  ne  leur  répondez  point;  mais  levez- 
vous,  priez,  gémissez,  et  dites  >  Jésus-Christ,  Fils  de  Dieu,  ayez 
pitié  de  moi. 

Quand  Arsène  vit  sa  (in  approcher,  il  dit  aux  autres  solitaires  : 
Ne  vous  mettez  point  en  peine  d'avoir  de  quoi  faire  des  aumônes 
pour  moi  quand  je  serai  mort  ;  c'est  assez  qu'on  se  souvienne  de 
mon  âme  en  offrant  le  sacrifice  :  si  j'ai  fait  quelque  bonne  oeuvre 
pendant  ma  vie,  je  la  trouverai  alors.  Étant  près  de  rendre  l'es- 
prit, il  se.  mit  à  pleurer,  et  ses  frères  lui  dirent  :  Pourquoi  pleurez- 
vous?  Avez- vous  donc  peur  de  la  mort  comme  les  autres?  —  Peu 
ai  grand'peur,  répondit-il;  et  cette  peur  ne  m'a  pas  quitté  depuis 
que  je  suis  solitaire  C'est  ainsi  que  les  vrais  serviteurs  de  Dieu  re- 
doutent ses  jugements,  mais  ce  sentiment  est  toujours  accompagné 
d'une  douce  confiance  en  la  miséricorde  divine.  Cette  crainte  n'em- 
pêcha pas  Arsène  d'expirer  dans  une  grande  paix.  Sa  bienheu- 
reuse mort  arriva  vers  l'an  449  ;  il  était  Agé  de  quatre-vingt-quatorze 
ans,  et  avait  passé  quinze  ans  dans  le  désert.  L'abbé  Pémcn, 
l'ayant  vu  expirer,  s'écria,  les  larmes  aux  yeux  :  Que  vous  été* 
heureux,  Arsène ,  d'avoir  tant  pleuré  sur  vous-même  pendant 
votre  vie  !  car  ceux  qui  iï auront  pas  pleuré  sur  eux  en  ce 
monde ,  seront  condamnés  en  l'autre  à  des  larmes  éternelles. 


19  juillet.  —  S.  VINCKINT  1)K  PAUL,  confesseub.  — 

171' siècle. 

Vincent  de  Paul  naquit,  le  24  août  1576,  dans  la  paroisse  de  Poy, 
au  diocèse  do  Dax.  Son  père  se  nommait  Guillaume  de  Paul ,  et 
sa  mère  Bertrande  de.  Mo  ras.  Ils  avaient  six  enfants,  qu'ils  éle- 
vaient dans  la  piété,  et  qui  les  aidaient  à  cultiver  une  petite  ferme 
qu'ils  |>ossédaient  en  propre.  Vincent,  qui  était  le  troisième  ,  fut 


19  juillet.   —  S.    VINCENT   DE  PAUL.  .  59 

employé  à  garder  tes  troupeaux.  On  remarqua  dès  lors  en  lui  le 
germe  de  cet  amour  pour  les  pauvres  qui  devait  être  un  jour  sa 
vertu  dominante .  Ayant  une  fois  ramassé  jusqu'à  trente  sous , 
somme  considérable  pour  lui ,  il  la  donna  au  malheureux  qui  lui 
parut  le  plus  délaissé. 

Guillaume  de  Paul,  qui  aperçut  bientôt  dans  son  fils  de  rares 
dispositions  pour  les  sciences  et  la  piété,  résolut  de  le  faire  étu- 
dier, et  il  l'envoya  chez  les  cordeliers  de  Dax  ,  qui  tenaient  un 
collège. 

A  Tâge  de  vingt  ans,  Vincent  se  rendit  à  Toulouse  pour  faire  un 
cours  de  théologie.  Dans  cette  ville ,  de  même  qu'à  Dax,  les  soins 
qu'il  donna  à  quelques  jeunes  gens  fournirent  un  supplément 
à  son  peu  de  fortune.  11  Ait  fait  prêtre  en  1600  et  nommé  presque 
aussitôt  à  la  cure  de  Thil,  dans  le  diocèse  de  Dax  ;  il  abandonna 
sans  regret  ce  bénéfice  pour  ne  point  plaider  contre  un  compéti- 
teur qui  le  lui  disputait.  Son  désistement  lui  laissa  la  liberté  de 
continuer  ses  études  :  il  prit  le  degré  de  bachelier  en  1604. 

L'année  suivante,  Vincent  fut  obligé  d'aller  à  Marseille  rece- 
voir un  legs  que  lui  avait  fait  un  de  ses  amis,  mort  dans  cette  ville. 
Étant  sur  le  point  de  retourner  à  Toulouse,  il  accepta  la  propo- 
sition qu'on  lui  fit  de  prendre  la  voie  de  la  mer  jusqu'à  Narbonne  ; 
mais  il  fut  pris  par  des  pirates,  blessé,  enchaîné,  mené  à  Tunis, 
et  vendu  d'abord  à  un  pécheur,  puis  à  un  médecin,  après  la 
mort  duquel  on  le  revendit  à  un  renégat  natif  de  Nice  en  Pro- 
vence. Vincent  fut  exposé  à  toutes  sortes  d'épreuves  durant 
cette  captivité  :  promesses,  menaces,  mauvais  traitements,  rien  ne 
fut  épargné  pour  ébranler  sa  foi.  Le  médecin ,  qui  fut  son  second 
maître,  alla  jusqu'à  lui  offrir  de  le  faire  son  héritier  s'il  voulait 
abandonner  sa  religion.  Vincent  implora  le  secours  du  Ciel  par 
l'intercession  de  la  sainte  Vierge ,  et  il  se  crut  toute  sa  vie  rede- 
vable à  la  Mère  de  Dieu  d'avoir  échappé  à  ces  tentations.  Le  Sei- 
gneur récompensa  cette  constance  :  une  des  femmes  du  renégat 
voulut  un  jour  que  son  esclave  chantât  les  louanges  du  Dieu 
qu'il  adorait  :  Vincent  chanta  le  psaume  Super  flumina  Babylo- 
nis  et  l'antienne  Salve,  Regina,  avec  tant  d'onction  et  de  grâce, 
que  cette  femme  en  fut  vivement  touchée.  Elle  dit  à  son  mari 
qu'il  avait  eu  grand  tort  de  quitter  sa  religion.  Ce  reproche  ne 
fut  pas  vain  ;  dès  le  jour  suivant,  le  renégat  s'ouvrit  à  son  esclave, 
et  lui  dit  qu'il  n'attendait ,  pour  revenir  à  la  religion  de  ses  pè- 
res, que  la  commodité  de  se  sauver  en  Europe  ;  il  la  trouva  au 


60  19  juillet.  —  S.  VINCENT  DS  PÀUl. 

bout  de  dix  mois  :  le  38  juin  1607,  ils  abordèrent  «a  France,  oà  le 
renégat  fut  réconcilié  par  le  vice-légat  d'Avignon.  De  là ,  Vioert 
de  Paul  alla  à  Rome,  où  il  visita  avec  une  grande  déiotmle  tm- 

beau  des  saints  Apôtres.  Vers  la  fin  de  1608  il  quitta  Fltalie,  chargé 
par  le  cardinal  d'Ossat  de  rendre  compte  de  vive  voix ,  au  roi 
Henri  IV,  d'une  affaire  très-importante  qu'il  n'avait  pas  voulu  ha- 
sarder dans  une  lettre. 

Arrivé  en  France,  Vincent  remplit  sa  commission  auprèi 
d'Henri  IV;  mais  quoiqu'il  eût  eu,  dit  son  historien  (1),  une  a 
favorable  entrée  auprès  d'un  grand  roi,  qui  savait  très-bien  faire 
le  discernement  des  esprits ,  et  de  qui,  par  conséquent,  étant 
connu,  il  pouvait  espérer  un  avancement  très-considérable  selon 
le  siècle,  il  ne  voulut  pas  se  prévaloir  de  cette  occasion  que  d'au- 
tres eussent  recherchée  et  ménagée  avec  tant  de  soin;  et  fer- 
mant les  yeux  aux  premières  lueurs  de  la  fortune,  il  alla  se  loger 
dans  le  voisinage  de  l'hôpital  de  la  Charité,  où  il  passait  une  par- 
tie de  ses  journées  à  instruire  et  à  soigner  les  malades. 

Deux  ans  après,  par  le  conseil  du  cardinal  de  Bérulle,  il  ac- 
cepta la  cure  de  Clichy,  près  Paris.  Les  aumônes  qu'il  recueillit 
dans  la  capitale  lui  fournirent  le  moyen  de  rebâtir  en  entier  et 
d'orner  l'église  de  cette  paroisse  :  il  y  nourrit  les  pauvres  et  y  fit 
fleurir  la  piété.  Mais  la  Providence,  qui  destinait  le  saint  prêtre  i 
parcourir  une  carrière  plus  vaste,  se  servit  encore  de  AI.  de  Bénite 
pour  le  déterminer  à  se  charger  de  l'éducation  des  enfants  du 
comte  de  Gondi,  général  des  galères  de  France ,  qui ,  par  sa  piété 
et  son  zèle,  eut  tant  de  part,  ainsi  que  la  comtesse  son  épouse, 
à  presque  tout  le  bien  que  fit  depuis  Vincent  de  Paul. 

En  1616,  Vincent  accompagna  madame  de  Gondi  au  châtflM 
de  Folleville,  dans  le  diocèse  d'Amiens.  On  vint  un  jour  le  prier 
de  confesser  un  paysan  dangereusement  malade.  Vincent,  lui 
ayant  proposé  de  faire  une  confession  générale,  s'aperçut  bientôt 
que  son  pénitent  ne  s'était  jamais  confessé  avec  les  dispositioni 
nécessaires.  Le  paysan,  fondant  en  larmes,  s'accusa  de  tous  sa 
péchés  et  reçut  l'absolution.  11  ressentit  ensuite  une  joie  extraor- 
dinaire, et  il  s'écriait  qu'il  eût  été  perdu  s'il  n'eût  pas  eu  le  bon- 
heur de  rencontrer  Vincent.  Madame  de  Gondi ,  craignant  qui 
plusieurs  de  ses  vassaux  ne  fussent  dans  le  même  cas ,  le  pria  de 

(I)  Abelly,  êvêqiie  de  Rodez.  Il  publia  la  Vie  de  saint  Vincent  dePiul  qp» 
tre  ans  aprîs  sa  mort  'Paris,  1664,  in-*0)  :  et  il  déJia  cet  ouvrage  a  la  rein* 


19  juillet.  —  s.  vinceut  de  pall.  61 

percher  dans  I  église  de  Folleville  le  jour  de  la  conversion  de  saint 
Paul,  afin  d'instruire  le  peuple  sur  le  caractère  de  la  vraie  péni- 
tence. Son  discours  produisit  le  plus  grand  fruit. 

Toute  sa  vie  le  saint  en  célébra  la  mémoire  :  c'est  aussi  pour 
cela  que  les  prêtres  de  la  congrégation  de  la  Mission  datent  leur 
premier  établissement  du  jour  de  la  conversion  de  saint  Paul, 
25  janvier  1617.  L'année  suivante,  toujours  par  le  conseil  de 
IL  de  Bertille,  Vincent,  accompagné  de  cinq  prêtres ,  se  chargea 
eu  soin  d'aller  prêcher  l'Évangile  dans  les  villages  de  la  Bresse , 
où  régnait  une  ignorance  grossière  des  premières  vérités  du  chris- 
tianisme. Madame  de  Gondi  apprit  avec  une  joie  singulière  les 
travaux  de  Vincent:  ce  fut  alors  qu'elle  résolut,  de  concert  avec 
son  mari,  d'établir  une  compagnie  de  missionnaires  qui  s'emploie- 
raient à  l'instruction  de  leurs  fermiers  et  de  leurs  vassaux.  Ce 
projet  fat  proposé  à  J.  F.  de  Gondi,  frère  du  comte,  premier  ar- 
chevêque de  Paris,  qui  l'approuva  et  donna  le  collège  des  Bons- 
Enfents  pour  loger  la  nouvelle  communauté. 

Vers  le  même  temps ,  Vincent,  secondé  par  M.  de  Gondi ,  par- 
vint à  porter  quelques  soulagements  aux  forçats  qui  étaient  en 
dépôt  à  Paris,  et  qu'il  trouva  dans  la  plus  affreuse  situation;  il 
les  rassembla  dans  une  seule  maison ,  leur  donna  des  secours 
pour  le  corps  et  pour  l'âme,  et  établit  pour  eux  un  ordre  si  admi- 
rable, que,  M.  de  Gondi  en  ayant  parlé  au  roi,  Vincent  fut  nommé 
aumônier  général  des  galères.  Il  ne  tarda  pas  à  se  rendre  à  Mar- 
seille ;  et  là ,  se  trouvant  au  milieu  des  galériens ,  qui  par  leurs 
imprécations  ne  faisaient  qu'aggraver  leur  horrible  état,  il  allait 
de  rang  en  rang,  écoutait  leurs  plaintes  et  compatissait  à  leurs 
peines  ;  fl  joignait,  autant  qu'il  était  possible,  l'aumône  aux  pa- 
roles, et  par  là  il  s'ouvrit  le  chemin  de  tous  les  cœurs  ;  il  engagea 
aussi  tes  officiers  à  les  traiter  avec  plus  de  ménagement.  Ses  soins 
ne  furent  point  inutiles;  on  eut  plus  d'humanité  d'un  côté,  plus 
de  docilité  de  l'autre  :  l'esprit  de  paix  commença  à  dominer  ;  les 
murmures  s'apaisèrent;  les  aumôniers  purent  parler  de  Dieu 
sans  être  interrompus.  Mais  le  plus  grand  service  qu'il  rendit  aux 
forçats  fut  d'obtenir  qu'on  bâtirait  pour  les  malades  un  hôpital , 
que  M.  de  Gondi  commença  dès  lors,  et  qui  fut  depuis  achevé 
par  le  cardinal  de  Richelieu. 

En  1624,  après  la  mort  de  madame  de  Gondi,  que  Vincent  as- 
sista dans  ses  derniers  moments,  il  alla  demeurer  avec  ses  prêtres 
au  collège  des  Bons-Enfants,  et  leur  donna  des  règles  ou  cons- 

6 


T>2  \§  juillet.   —  S.   VINCENT  DB  PAUL. 

titutions  qui  fureut  approuvées  par  le  pape  Urbam  VIII,  ea  1631. 
L'année  suivante,  les  chanoines  réguliers  de  Saint- Yktor  cédè- 
rent à  Vincent  le  prieuré  de  Lazare,  qui  devint  le  rihrf  Imdflia 

congrégation,  et  Gt  donner  aux  Pères  de  la  Mission  le  nom  de 
Ijazaristes. 

Cet  établissement  ne  suffisait  pas  encore  au  zèle  de  Vincent,  il 
travailla  à  former  cette  société  devenue  depuis  si  célèbre  sous  le 
nom  de  Filles  de  la  Charité.  Les  premières  personnes  qui  se 
réunirent  furent  logées  chez  mademoiselle  Legras(l),  qui  pourvut  à 
leur  entretien.  On  leur  apprit  à  servir  les  malades,  et  on  les  forma 
aux  exercices  de  la  vie  spirituelle.  Leur  zèle  à  remplir  leurs  de- 
voirs, la  sainteté  de  leur  vie,  charmèrent  tous  ceux  qui  eurent 
occasion  de  les  voir  :  leur  nombre  augmenta  si  rapidement,  non- 
seulement  en  France,  mais  dans  les  Pays-Bas,  l'Autriche,  la  Si- 
lésic  et  la  Pologne,  qu'il  y  eut  trois  cents  maisons  du  vivant  même 
du  fondateur.  La  vocation  des  Filles  de  Saint-Vincent  est  de  pren- 
dre soin  des  pauvres  dans  les  paroisses,  d'élever  les  enfants  trou- 
vés, d'instruire  les  jeunes  filles  privées  de  leurs  parents,  de  soigner 
les  malades  dans  les  hôpitaux,  et  même  les  criminels  condamnés 
aux  galères. 

Saint  François  de  Sales,  dans  un  des  voyages  qu'il  fit  à  Paris, 
eut  occasion  de  connaître  Vincent  de  Paul.  Une  tendre  charité 
unit  bientôt  ces  deux  grandes  âmes.  Vincent  disait  que  la  dou- 
ceur, la  majesté,  la  modestie  et  tout  l'extérieur  de  François  de 
Sales  lui  retraçaient  une  vive  image  du  Fils  de  Dieu  conversant 
parmi  les  hommes.  Ktant  tombé  malade  peu  de  temps  après  un 
entretien  qu'il  avait  eu  avec  ce  saint  prélat,  il  s'écriait  tout  na- 
turel lement  :  Puisque  Cévéque  de  Genève  est  si  bon,  il  faut,  6 
mon  Dieu!  que  vous  soyez  bien  bon  vous-même. 

Vincent  de  Paul  fut  aussi  fait  supérieur  de  plusieurs  autres 

(I)  Madame,  ou,  comme  on  parlait  alors,  mademoiselle  Legras  était  fille  de 
Louis  de  Marillac,  frère  de  Michel  de  Marillac,  garde  des  sceaux,  et  du  ma» 
réchaldc  Marillac.  Elle  épousa  Antoine  Legras,  secrétaire  des  commandement! 
de  la  reine  Marie  de  Médicis,  qu'elle  perdit  en  1625  après  douze  ans  de  ma-  , 
riage.  S'étant  mise  sous  la  conduite  de  saint  Vincent  de  Paul,  te  grand  servi- 
teur  de  Dieu  l'employa  dans  les  établissements  de  charité  qu'il  fil ,  surtout  à 
Parts.  Elle  mourut  le  15  mars  1G60.  Voici  ce  que  saint  Vincent  de  Paul  dit 
d'elle,  dans  une  lettre  datée  du  samedi  saint  1060  :  «  Je  recommande  son  Ion 
à  vos  prières ,  quoique  peut-être  elle  n'ait  [tas  besoin  de  ce  secours ,  car  nom 
ivons  grand  sujet  de  croire  qu'elle  jouit  maintenant  de  la  gloire  promise  à 
ceux  qui  servent  Dieu  et  les  pauvres  de  la  manière  qu'elle  l'a  fait.  » 


19  juillet.   —  S.    VINCENT   DE  PAUL.  63 

communautés  religieuses,  entre  autres  celle  des  Filles  de  la  Pro- 
vidence, qui  avait  été  établie,  en  1643,  par  madame  de  Pollation. 
Cette  pieuse  femme,  formée  par  Vincent  de  Paul,  voulut  procu- 
rer an  asile  aux  jeunes  personnes  de  son  sexe  que  l'indigence, 
l'abandon  ou  la  mauvaise  conduite  de  leurs  parents  exposent  sou- 
vent au  danger  de  perdre  leur  honneur  et  leur  âme.  Il  coopéra 
aussi  à  rétablissement  de  la  maison  des  Orphelins,  fondée  par 
madame  de  l'Étang,  de  celledesFilles  de  Sainte-Geneviève,  appe- 
lées Miramiones,  du  nom  de  madame  de  Miramion ,  leur  fon- 
datrice; de  celle  des  Filles  de  la  Croix,  fondée  par  madame  de 
Villeneuve  :  institutions  toutes  destinées  à  l'éducation  des  enfants 
de  la  classe  indigente,  ou  au  soin  des  pauvres  malades. 

La  charité  de  Vincent  de  Paul  ne  se  bornait  point  aux  soins  de 
ces  précieuses  communautés.  La  Lorraine,  la  Champagne,  la  Pi- 
cardie, ravagées  par  la  guerre,  la  famine  et  les  épidémies,  trou- 
vèrent en  lui  des  ressources  inespérées.  Les  aumônes  qu'il  ramassa 
pour  la  Lorraine  seule  s'élevèrent  à  1,600,000  livres. 

Lps  étrangers  participèrent  aussi  aux  fruits  de  sa  charité.  Un 
grand  nombre  de  royalistes  anglais  ayant  été  obligés  de  fuir  leur 
pays  sous  Cromwell,  Vincent  de  Paul  parla  de  la  triste  position  de 
ceux  qui  s'étaient  retirés  à  Paris,  dans  une  assemblée  de  seigneurs 
qu'il  avait  formée  en  association  de  charité.  On  y  résolut  qu'il 
serait  fait  une  pension  à  ces  étrangers,  et  chaque  mois  elle  était 
portée  chez  eux  par  le  baron  de  Renti. 

Ce  n'est  pas  le  seul  service  dont  les  catholiques  des  îles  Bri- 
tanniques fussent  redevables  à  Vincent  de  Paul  ;  d'après  un  bref 
du  pape  Innocent,  il  envoya  huit  de  ses  prêtres  en  Irlande,  qui  y 
firent  toutes  sortes  de  bien ,  selon  que  l'écrivirent  à  Vincent  les 
évêques  du  pays.  Il  en  euvoya  aussi  en  Ecosse  et  dans  les  îles 
Hébrides,  qui  fortifièrent  les  catholiques  dans  la  foi  et  y  rame- 
nèrent un  grand  nombre  de  ceux  qui  l'avaient  abandonnée. 

Les  regards  de  Vincent  se  portèrent  encore  plus  loin  que  l'Eu- 
rope. Se  ressouvenant  des  maux  qu'il  avait  soufferts  daus  son  es- 
clavage d'Afrique,  il  envoya  de  ses  missionnaires  à  Tunis,  à 
Tripoli  et  à  Alger. 

Enfin,  sur  l'invitation  de  la  congrégation  établie  à  Rome  pour 
la  propagation  de  la  foi ,  il  fit  partir  vingt  de  ses  prêtres  pour 
prêcher  l'Évangile  aux  peuples  idolâtres  et  presque  sauvages  de 
nie  de  Madagascar.  Son  regret  était  de  ne  pouvoir  aller  lui-même 
prêcher  la  foi  aux  infidèles.  Ah  !  malheureux  que  je  suis,  disait- 


64  iQ  juillet.  —  S.   VINCENT  tiE  PAUL. 

il  quelquefois  dans  l'ardeur  de  son  zèle,  j*  me  suis  rendu  i«  • 
digne  par  mes  péchés  d'aller  rendre  service  à  Dieu  parmi  Ses 
peuples  qui  ne  le  connaissent  pas.  O  qu'heureuse,  «jottfait<-il,c4 

ta  condition  d'un  missionnaire  qui  n'a  point  d'autres  bornes  de 
ses  travaux  pour  Jésus-Christ  que  toute  ta  terre  habitable l 
Pourquoi  donc  nous  restreindre  à  un  point  et  nous  prescrire 
des  limites,  puisque  Dieu  nous  a  donné  tant  d'étendue  pour 
exercer  notre  zélé? 

Les  enfants  trouvés  étaient  alors  à  Paris  dans  un  état  «Tan- 
bandon  qu'il  est  impossible  de  décrire.  Vincent  rassembla  une  so- 
ciété de  dames  charitables  qui  se  chargèrent  de  ces  infortunés  ; 
mais  bientôt  la  dépense  de  cet  établissement  devint  si  énorme» 
et  elle  épuisa  à  un  tel  point  toutes  les  ressources ,  qu'on  fut  au 
moment  de  l'abandonner.  Dans  cette  extrémité,  Vincent  con- 
voqua une  assemblée  générale  de  ces  dames  pieuses,  où  il  mit  en 
délibération  si  la  compagnie  devait  cesser  ou  continuer  ses  pre- 
miers soins.  Il  leur  proposa,  dit  Abelly,  les  raisons  qui  pouvaient  Ici 
dissuader  ou  persuader;  il  leur  fit  voir  que  jusqu'alors  elles  avaient 
fait  vivre  jusqu'à  cinq  à  six  cents  de  ces  enfants,  qui  fussent 
morts  sans  leur  assistance,  et  dont  plusieurs  apprenaient  des  mé- 
tiers, d'autres  étaient  en  état  d'en  apprendre,  et  que  parleur  moyen 
tous  ces  pauvres  enfants  avaient  appris  à  connaître  et  à  servir 
Dieu  ;  puis,  élevant  un  peu  la  voix,  il  conclut  par  ces  paroles  :  «  Or 
sus,  Mesdames,  la  compassion  et  la  charité  vous  ont  fait  adopter 
ces  petites  créatures  pour  vos  enfants  :  vous'avez  été  leurs  mères 
selon  la  grâce,  depuis  que  leurs  mères  selon  la  nature  les  ont  aban- 
donnés ;  voyez  maintenant  si  vous  voulez  aussi  les  abandonner. 
Cessez  d'être  leurs  mères  pour  devenir  à  présent  leurs  juges;  leur 
vie  et  leur  mort  sont  entre  vos  mains  :  je  m'en  vais  prendre  la 
voix  et  les  suffrages  ;  il  est  temps  de  prononcer  leur  arrêt  et  de 
savoir  si  vous  ne  voulez  plus  avoir  de  miséricorde  pour  eux.  Ils 
vivront  si  vous  continuez  d'en  prendre  un  charitable  soin;  et  an 
contraire,  ils  mourront  infailliblement  si  vous  les  abandonnez.  »Ca 
dames  furent  si  fort  touchées,  que  toutes  unanimement  conclurai 
qu'il  fallait  soutenir, à  quelque  prix  que  ce  fût,  cette  entreprâe 
de  charité  ;  et  pour  cela  elles  délibérèrent  entre  elles  sur  les  moyens 
de  la  faire  subsister.  A  la  suite  de  cette  délibération  on  obtint  Al 
roi  le  château  de  Bicétre,  pour  loger  ces  enfants,  et  une  somme 
considérable  qui  suppléa  à  l'insufûsancc  des  aumônes  particu- 
lières. 


19  juillet.   —  S.    VINCENT   DE   PAUL.  G5 

La  vénération  dont  jouissait  Vincent  de  Paul  lui  donnait 
le  moyen  de  faire  réussir  les  plus  grands  projets.  Il  assista 
Louis  XIII  à  la  mort  et  le  disposa,  par  ses  exhortations,  à  finir 
sa  vie  dans  les  parfaits  sentiments  de  piété.  Ce  fut  dans  ses  derniers 
moments  que  le  roi,  repassant  dans  son  esprit  les  devoirs  de 
la  royauté,  s'écria  :  O  monsieur  rincent,  si  Dieu  me  rendait  la 
santé,  je  ne  nommerais  personne  à  répiscopat  qu'il  n'eût  passé 
trois  ans  avec  vous. 

La  reine  Anne  d'Autriche,  qui  fut  régente  pendant  la  minorité 
de  Louis  XIV,  appela  Vincent  au  conseil  de  conscience.  Il  y 
rendit  de  très-grands  services  à  l'Église ,  malgré  les  contradictions 
qu'il  y  éprouva;  et  Fléchier,  évéque  de  Nîmes,  dans  la  lettre 
qu'il  écrivit  au  pape,  quarante-cinq  ans  après %  pour  demander 
là  béatification  de  Vincent  de  Paul,  témoigne  que  le  clergé  de 
France  lui  devait  en  grande  partie  l'éclat  dont  il  brillait  depuis 
ce  temps. 

Pendant  les  troubles  de  la  Fronde ,  prévoyant  la  disette  qui 
devait  s'en  suivre,  il  avait  renvoyé  en  province  tous  les  élèves  de 
ses  séminaires  ;  et  il  put  ainsi  nourrir  pendant  quelque  temps 
deux  mille  pauvres,  soit  avec  les  subsistances  destinées  à 'ces 
ecclésiastiques ,  soit  avec  les  aumônes  dont  la  charité  le  rendait 
toujours  dépositaire.  Enfin  le  saint  termina  le  cours  de  ses  grands 
bienfaits  publics  en  procurant  la  fondation  de  l'Hopital-Général , 
où  tous  les  pauvres  de  Paris  trouvèrent  un  asile. 

En  1658,  Vincent ,  âgé  de  quatre-vingt-trois  ans,  convoqua ,  à 
Saint-Lazare,  l'assemblée  générale  des  membres  de  sa  congréga- 
tion. Il  les  exhorta  tous  de  la  manière  la  plus  touchante  à  observer 
avec  la  plus  parfaite  exactitude  les  règles  qu'il  leur  avait  données. 
Sa  santé  dès  lors  était  bien  altérée  ;  on  la  voyait  dépérir  de  jour 
en  jour  -,  mais ,  malgré  son  extrême  affaiblissement  et  ses  souf- 
frances ,  il  ne  diminua  rien  de  ses  exercices  de  piété  :  il  continua 
de  se  lever  à  quatre  heures  du  matin ,  de  dire  la  messe,  de  faire 
trois  heures  d'oraison;  à  ses  prières  accoutumées  il  ajoutait 
encore,  vers  la  fin  de  sa  vie,  les  recommandations  de  l'âme  et  les 
divers  actes  par  lesquels  l'Église  prépare  les  fidèles  à  paraître 
devant  Dieu.  11  mourut  le  27  septembre  1660,  âgé  de  quatre-vingt- 
cinq  ans. 

On  l'enterra  dans  l'église  de  Saint-Lazare  :  il  y  eut  un  concours 
prodigieux  à  ses  funérailles  ;  le  nonce  du  pape,  plusieurs  évêques, 
le  prince  de  Conti,  y  assistèrent.  Il  s'opéra ,  par  l'intercession 

6. 


06  20  juillet.  —  saintiï  marguerite. 

de  Vincent,  divers  miracles  dont  la  vérité  fut  juridiquement 


reconnue. 


M  juillet.  —  SAINT  JOSEPH  BARSABAS,  dit  le  Juste.  - 

1er  siècle  „ 

Ce  saint,  qui  était  un  des  soixante-douze  disciples  du  Sauveur, 
fut  mis  sur  les  rangs  avec  saint  Mathias,  quand  les  Apôtres 
voulurent  donner  un  successeur  dans  l'Apostolat  au  traître  Judas. 
Saint  Chry sos tome  observe  que,  loin  de  s'attrister  de  n'avoir 
point  été  choisi ,  il  se  réjouit  dans  le  Seigneur  d'avoir  vu  donner 
la  préférence  à  un  autre.  Après  la  dispersion  des  disciples,  H 
alla  prêcher  l'Évangile  à  plusieurs  nations,  confirmant,  par 
divers  prodiges ,  la  doctrine  qu'il  annonçait.  Entre  autres  mi- 
racles qu'il  opéra ,  il  but  du  poison  qui  ne  lui  fit  aucun  mal. 
C'est  ce  que  rapporte  Eusèbe,  d'après  Papias,  qui  avait  vécu  avec 
les  Apôtres.  C'est  sa  piété  extraordinaire  qui  lui  mérita  le  sur* 
nom  de  Juste. 


20 juillet.  —SAINTE MARGUERITE,  vierge  et  màhtyhb.  — 

3°  siècle. 

On  lit  dans  les  anciens  martyrologes  que  cette  sainte  souffrit  à 
Antiocbe  de  Pisidie durant  la  dernière  persécution  générale.  On  dît 
qu'elle  fut  instruite  par  sa  nourrice  dans  la  religion  chrétienne  ; 
que  son  propre  père,  qui  était  prêtre  des  idoles,  devint  son  accu- 
sateur, et  qu'après  avoir  passé  par  diverses  tortures,  elle  con- 
somma son  sacrifice  par  le  glaive.  Elle  est  nommée  dans  les 
litanies  qui  ont  été  insérées  dans  l'ancien  ordre  romain ,  atosi 
que  dans  les  plus  anciens  calendriers  des  Grecs.  Ce  fut  dans  le 
onzième  siècle  ,  et  durant  les  croisades,  que  son  culte  passa 
d'Orient  en  Occident  II  y  devint  bientôt  très-célèbre ,  surtout  en 
France,  en  Angleterre  et  en  Allemagne.  On  assure  que,  pendant 
qu'elle  était  dans  la  prison  où  l'avait  fait  jeter  le  préfet  Oly- 
brius ,  elle  y  fut  attaquée  par  le  démon  qui  avait  pris  en  appa- 
rence la  forme  d'un  horrible  dragon ,  mais  qu'à  un  signe  de 
croix  que  fit  la  sainte,  toute  sa  puissance  diabolique  fut  détruite. 
On  conserve  le  corps  de  la  sainte  à  Montcfiaseone  en  Toscane . 


20  juillet.   —  S.   JEROME  ALMILIANI.  67 


20  juillet.  —  SAINT  JÉRÔME  jEMILIANï,  confesseur.   - 

16e  siècle. 

Jérôme,  né  à  Venise,  de  la  famille  patricienne  des  jEmiliani, 
porta  les  armes  au  temps  de  sa  première  jeunesse.  Choisi  plus 
tard  pour  gouverner  Cas  tel -No  vo,  sur  les  frontières  de  Trévise, 
il  fut  jeté  dans  un  affreux  cachot  par  les  ennemis  qui  avaient  pris 
cette  place.  Destitué  de  tout  secours  humain,    il  implora  la 
Vierge  Marie,  qui  lui  apparut  pleine  de  miséricorde ,  le  délivra , 
et  le  conduisit  à  travers  les  troupes  ennemies  jusqu'à  Trévise  sans 
qtffl  eût  reçu  aucun  mal.  Étant  entré  dans  la  ville ,  il  alla  se 
présenter  devant  l'autel  de  la  Mère  de  Dieu,  à  laquelle  il  s'était 
voué,  et  étant  retourné  à  Venise ,  il  s'adonna  plus  complètement 
aux  exercices  de  piété.  Montrant  une  libéralité  admirable  envers 
les  pauvres,  il  ressentait  surtout  une  tendre  compassion  pour  les 
orphelins  sans  ressources.  11  loua  des  maisons  pour  les  recevoir, 
les  nourrit  à  ses  frais ,  et  s'occupa  de  leur  donner  une  éducation 
chrétienne.  Le  bienheureux  Gaétan  et  Jean-Pierre  Caraffa,  de- 
puis pape  sous  le  nom  de  Paul  IV ,  non-seulement  approuvèrent 
les  bonnes  œuvres  de  Jérôme  et  l'esprit  qui  les  animait,  mais  ils 
lui  persuadèrent  de  fonder  d'autres  maisons  pour  ses  chers  or- 
phelins, d'abord  à  Brescia,  ensuite  à  Corne,  puis  à  Bergame  où 
il  ouvrit  en  outre ,  chose  nouvelle  dans  ces  contrées ,  une  maison 
de  refuge  pour  les  femmes  qui,  après  une  vie  de  désordre ,  em- 
brasseraient la  pénitence.  Enfin,  s'arrêtant  à  Somasque,  petit 
village  du  pays  de  Bergame,  il  s'y  fixa  lui  et  les  siens,  et  donna 
en  cet  endroit  une  forme  régulière  à  sa  congrégation  ,  qui  prit  le 
nom  de  la  Somasque.  Cet  institut,  que  saint  Pie  V  mit  ultérieu- 
rement au  nombre  des  ordres  religieux,  ne  bornant  plus  son 
zèle  aux  soins  des  orphelins  et  à  l'entretien  des  églises ,  se  dévoua 
à  l'éducation  chrétienne  de  la  jeunesse  daus  des  écoles  de  toutes 
les  espèces.  Quant  à  son  saint  fondateur^  ayant  découvert  une 
caverne  sur  la  montagne  qui  domine  Somasque,  il  y  ajouta,  à 
toutes  les  œuvres  que  lui  inspirait  sa  charité  ardente  pour  le  pro- 
chain, la  pratique  de  mortifications  fort  rigoureuses.  Enfin,  dans 
une  contagion  qui  exerçait  ses  ravages  parmi  les  habitants  de  la 
vallée,  Jérôme  se  dévoua  à  servir  les  malades  et  à  porter  les 
morts  sur  ses  propres  épaules  jusqu'au  lieu  de  leur  sépulture.  îl  fut 
lui-même  atteint  par  le  fléau,  et  après  avoir  annoncé  sa  fin  pm- 


dS  21  juillet .  — -  S.   V1CT0B  BE  MARSEILLE. 

chaîne,  il  fit,  âgé  de  cinquante-six  ans,  une  mort  précieuse  devant 
Dieu,  Tan  1537.  Illustre  par  de  nombreux  miracles,  opérés  pea- 
dant  sa  vie  et  après  sa  mort,  il  fut  béatifié  par  Beofitt.X|V*  et 
solennellement  inscrit  par  Clément  XIII  au  nombre  des  saints. 

21  Juillet.  —  SAINTE  PRAXÈDE,  vierge.  —  2e  siècle. 

Praxède,  vierge  romaine,  sœur  de  Pudentienne,  vierge  comme 
elle,  accomplissait  toutes  les  œuvres  de  la  charité  envers  les 
chrétiens  que  persécuta  l'empereur  Marc-Antonin.  Elle  les  se- 
courait de  ses  biens,  de  sa  peine,  tout  en  les  consolant  ;  elle 
cachait  les  uns  dans  sa  propre  maison ,  exhortait  les  autres  a 
persévérer  dans  la  foi,  et  donnait  la  sépulture  aux  corps  de  ceux 
qui  succombaient.  Elle  veillait  aussi  à  ce  que  rien  ne  manquât  aux 
prisonniers,  et  à  ceux  qu'on  faisait  souffrir  dans  des  bagnes. 
Toutefois,  comme  elle  ne  pouvait  supporter  qu'avec  la  plus  vite 
douleur  d'assister  à  un  aussi  affreux  carnage  des  chrétiens,  cBe 
pria  Dieu,  s'il  lui  était  avantageux  de  mourir,  de  la  retirer  du 
milieu  de  tant  de  maux.  C'est  pourquoi  le  Seigneur  l'appela  an 
ciel  le  21  juillet,  pour  y  récompenser  sa  piété.  Son  corps  lut 
apporté  par  le  prêtre  Pastor  dans  le  sépulcre  de  son  père  et  de 
sa  sœur  Pudentienne,  au  cimetière  de  Priscille,  sur  la  voie  Salaria. 


21  juillet.  —SAINT  VICTOR  DE  MARSEILLE  et  sis 

COMPAGNONS,   MARTYRS.  —  3e  Siècle. 

L'empereur  Maximien,  après  avoir  laissé  dans  différentes 
villes  des  Gaules  des  marques  de  son  inhumanité  envers  les  chré- 
tiens ,  vint  aussi ,  vers  l'an  290 ,  rendre  la  ville  de  Marseille  té- 
moin de  ses  excès.  Ce  prince  trouva  du  courage  dans  tous  les 
sexes ,  parce  qu'il  trouva  partout  des  hommes  pleins  de  foi  et 
animés  de  la  grâce  de  Jésus-Christ.  Un  des  plus  célèbres  fut 
Victor.  C'était  un  officier  de  l'armée,  Adèle  à  son  devoir,  mais 
plus  fidèle  encore  à  la  religion  chrétienne  qu'il  professait.  Dès 
que  la  persécution  fut  commencée ,  il  alla  encourager  les  fidèles 
à  souffrir  avec  constance ,  et  les  exhorter  à  plutôt  mourir  pour 
Jésus-Christ  que  de  se  laisser  vaincre  par  des  tourments  passagers 
qui  leur  mériteraient  une  gloire  éternelle.  Il  parcourait  ainsi 
toutes  les  nuits  les  maisons  des  particuliers,  et  allait  même  dans 


22  juillet.   —  SAINTE   MARIE-MAGDELEINE  69 

amps  animer  les  militaires  à  se  montrer  en  cette  occasion 
soldats  de  Jésus-Christ  que  de  l'empereur. 
i  zèle  si  ardent  ne  pouvait  manquer  d'être  connu  des  païens. 
s  saisit  de  Victor  :  on  l'amena  aux  préfets  Astèse  et  Eutyque, 
l'accusa  devant  eux  de  se  révolter  contre  les  ordres  du  prince. 
préfets ,  qui  auraient  voulu  le  gagner ,  l'exhortèrent  à  sacrifier 
lieux ,  afin  de  ne  pas  perdre  le  fruit  de  ses  services  et  la  faveur 
rince.  Je  n'ai  rien  fait ,  dit  Victor,  contre  l'honneur  ni  contre 
rét  de  l'empereur  et  de  l'État  :  je  n'ai  jamais  refusé  de  dé- 
re  l'un  et  l'autre  quand  mon  devoir  m'y  a  obligé.  Tous  les 
;  même  j'offre  à  Dieu  des  vœux  pour  le  salut  de  l'un  et  de 
re;  tous  les  jours  je  sacrifie  des  victimes  spirituelles  pour  at- 
sur  euxles  bénédictions  célestes.  Mais  peut-on  me  condamner 
>  que  je  préfère  aux  biens  présents  ceux  de  l'éternité  ?  Ne 
i-je  pas  insensé  de  m'attacher  à  ce  qui  est  de  peu  de  valeur, 
ant  que  je  puis  avoir  des  biens  d'un  prix  infini  ?  La  faveur  des 
es,  les  plaisirs  de  la  vie ,  la  gloire ,  les  honneurs ,  la  santé , 
5  même ,  qu'est-ce  que  tout  cela  ?  N'est-il  pas  juste  de  leur 
rer  une  vie  éternelle  et  la  faveur  de  Celui  qui  a  créé  toutes 
»,  et  qui  rend  parfaitement  heureux  ceux  qui  le  possèdent? 
les  biens  dont  vous  me  parlez ,  pour  des  avantages  de  quel- 
moments,  j'acquiers  une  éternité  de  délices.  A  l'égard  des 
nents,  je  les  regarde  comme  des  rafraîchissements  plutôt  que 
ne  des  peines  :  ils  éteindront  pour  moi  des  supplices  éternels. 
rais  bien  insensé ,  ayant  la  connaissance  que  j'ai  de  vos  dieux 
mien ,  de  préférer  les  vôtres ,  qui  ne  sont  rien  ou  qui  ne 
que  des  démons,  à  mon  Dieu  ,  qui  est  le  Dieu  vivant  et  vé- 
e.  Sa  fermeté  fut  couronnée  par  le  martyre  Tan  303. 


Met.  —  SAINTE  MARIE-MAGDELEINE    —  Ier  siècle. 

inte  Marie-Magdeleine,  célèbre  dans  l'Église  par  son  attache- 
pour  Jésus-Christ ,  était  Galiléenne  de  naissance.  Lorsque 
3-Seigneur  commença  à  prêcher  l'Évangile ,  elle  était  pos- 
\  de  sept  démons.  Les  miracles  du  Sauveur  rengagèrent  à  re- 
r  à  lui  pour  obtenir  sa  guérison.  Jésus  la  guérit ,  et  la  sainte 
te,  pleine  de  reconnaissance,  s'attacha  pour  toujours  à  sa 
«ne ,  le  suivant  partout  afin  de  profiter  des  instructions  qui 
ient  de  sa  bouche  sacrée ,  et  de  saisir  toutes  les  occasions  de 


70  32  juillet.  —  s.  vandbille. 

le  servir  et  de  partager  avec  lui  ses  biens  t  t  reis.  ljefeie4fa&oar 
l>our  son  Sauveur,  elle  raccompagna  durant  sa  pasaoa  jaqpfa* 
Heu  de  son  suppliée  et  se  tint  au  pied  de  la  croix  avec  i»  arittt 
Vierge. 

Magdeleine  n'abandonna  pas  le  Sauveur  après  sa  mort;  die  vit 
mettre  son  corps  dans  le  tombeau ,  et  elle  alla  aussitôt  préparer 
des  parfums  pour  l'embaumer,  parce  qu'elle  n'avait  pas  encore 
compris  le  mystère  de  la  Résurrection.  C'est  ce  qui  la  jeta  dans 
l'étonnement ,  lorsqu'ayant  été  au  tombeau  le  lendemain  du  sabbat 
avec  plusieurs  saintes  femmes ,  elle  ne  trouva  plus  le  corps  de 
celui  qu'elle  cherchait.  L'ardeur  de  son  amour,  jointe  à  la  sur- 
prise, lui  fît  verser  des  larmes  et  la  retint  auprès  du  sépulcre. 
Jésus-Christ  récompensa  sa  persévérance.  Deux  Anges  lui  appa- 
rurent, et  ensuite  Jésus-Christ  se  montra  à  elle;  mais  elle  ne  le 
connut  pas  d'abord.  Jésus  lui  dit  :  Femme,  que  cherchez-vous? 
Madeleine ,  pensant  que  c'était  le  jardinier  du  lieu  où  était  le 
tombeau ,  et  croyant  que  tout  le  monde  devait  être  instruit  de  ce 
qui  l'occupait  beaucoup ,  lui  dit  :  Si  cent  vous  qui  Cavez  enlevé, 
dites-moi  où  vous  rarez  mis ,  et  je  remporterai.  Jésus  lui  dit  : 
Marie.  A  ces  mots,  ses  yeux  furent  ouverts  ;  elle  reconnut  Jésus» 
et  voulut  embrasser  ses  genoux.  Jésus  lui  dit  :  Ne  me  touche* 
point,  car  je  ne  suis  pas  encore  monté  vers  mon  Père;  mal» 
allez  trouver  mes  frères  (c'est  ainsi  qu'il  appelait  ses  disciples)» 
et  dites-leur  de  ma  part  :  Je  monte  rers  mon  Père  et  votre  Père, 
mon  Dieu  et  votre  Dieu.  Magdeleinc  courut  avec  empressement 
annoncer  aux  disciples  que  Jésus  était  ressuscité  d'entre  les  morts. 
C'est  tout  ce  que  l'Evangile  nous  en  apprend.  On  lit  dans  quel- 
ques auteurs  grecs  qu'après  l'ascension  de  Jésus-Christ,  elle  suivit 
la  sainte  Vierge  à  Éphèsc ,  et  qu'après  la  mort  de  cette  auguste 
mère  du  Sauveur,  elle  demeura  avec  saint  Jean  l'Évangéliste. 
On  ajoute  qu'elle  obtint  la  couronne  du  martyre.  Elle  mourut 
a  Éphèse  et  y  fut  enterrée. 


22  juillet.  -  SAIYr  VANDIULLE,  abbé  dk  Fontenellb 

en  Normandie.  —  V  siècle. 

Vandrille ,  issu  d'une  des  premières  familles  du  royaume  d' Ans» 
trasie,  était  proche  parent  de  Pépin  de  T^anden  et  d'Erchinoald, 
tous  deux  maires  du  palais,  l'un  en  Austrasie,  l'autre  enNeus* 


23  juillet.   — -  S.    APOLLINAIRE.  71 

trie.  Il  parut  dans  sa  jeunesse  à  la  cour  de  Dagobert  Ier.  Le  prince, 
qui  l'estimait ,  lui  donna  des  emplois  considérables  et  le  flt  comte 
du  palais.  Quoique  au  faîte  des  honneurs  et  au  sein.des  plaisirs, 
le  jeune  Vandrille  sut  en  se  préservant  du  poison  de  l'orgueil 
mener  une  vie  mortifiée  et  intérieure.  Ce  fut  par  complaisance 
pour  sa  famille  qu'il  s'engagea  dans  le  mariage  ;  mais  le  jour  même 
de  ses  noces ,  il  proposa  à  sa  femme ,  dont  la  vertu  ne  cédait 
point  à  la  sienne ,  de  vivre  dans  la  continence ,  ce  à  quoi  elle 
consentît. 

Libre  de  tout  engagement,  Vandrille  quitta  la  cour  et  les  charges 
qu'il  y  possédait,  et  se  retira  dans  l'abbaye  de  Montfaucon  en 
Champagne,  où  saint  Baudri  l'avait  fondée  depuis  peu,  et  il  y  prit 
l'habit  en  629.  Plus  tard  il  fit  deux  voyages,  l'un  à  Bobbio,  et 
l'autre  à  Rome,  pour  se  perfectionner  dans  les  exercices  de  la  vie 
monastique ,  en  acquérant  la  connaissance  des  règles  les  plus  ap- 
prouvées en  Italie.  Après  avoir  passé  dix  ans,  après  son  retour  en 
France,  dans  l'abbaye  de  Romans  sur  l'Isère ,  et  avoir  reçu  de 
saint  Ouen,  archevêque  de  Rouen,  les  ordres  sacrés,  il  fonda  en 
648,  dans  le  pays  de  Caux,  le  célèbre  monastère  de  Fontenelle , 
qui  depuis  a  pris  son  nom ,  et  qui  produisit  un  si  grand  nombre 
de  saints.  Il  s'y  vit  en  peu  de  temps  ù  la  tête  de  trois  cents  religieux 
qu'il  édifiait  par  son  austérité  et  son  exactitude  parfaite  à  remplir 
les  diverses  observances  de  la  communauté.  Il  fit  bâtir  plusieurs 
monastères  en  différents  lieux,  et  malgré  la  sollicitude  qu'exi- 
geait la  sanctification  de  tant  de  personnes  confiées  à  ses  soins ,  il 
trouvait  encore  le  temps  d'instruire  le  peuple.  Il  prêcha  l'Évangile 
dans  tout  le  pays  de  Caux ,  où  Jésus-Christ  était  presque  généra- 
lement méconnu.  11  réforma  les  abus,  et  fit  fleurir  la  piété  là  où 
le  désordre  avait  régné  auparavant.  Il  mourut  le  22  juillet  666. 


23  juillet.  —  SAINT  APOLLINAIRE,  premier  évêque 
de  Ravenne  et  martyr.  —  1er  siècle. 

Apollinaire  vint  d'Antiocheà  Rome  avec  le  prince  des  Apôtres, 
qui  le  consacra  évêque  et  l'envoya  prêcher  à  Ravenne  l'Évangile 
de  Jésus-Christ.  Comme  il  y  convertit  beaucoup  de  monde ,  il 
fut  arrêté  par  les  prêtres  des  idoles,  et  cruellement  maltraité. 
Lorsque  ensuite,  grâce  à  ses  prières,  un  personnage  noble  nommé 
Boniface,  qui  était  muet  depuis  longtemps,  recouvra  la  parole, 


72  23  juillet.  —  LA  B.  JSAHKB  D'OftVIBTO. 

lorsque  aussi  sa  fille  possédée  du  démon  en  fut  damée,  3  s'éfefi 
contre  le  saint  une  nouvelle  sédition.  On  le  frappa  dé  verges  <  A  l 


on  l'obligea  à  marcher  nu-pieds  sur  des  charbons  aaitattBfc  ï#j 

feu  sur  lequel  on  l'avait  placé  ne  lui  ayant  fait  aucun  mal,  on 
le  chassa  de  la  ville.  Le  saint  évoque  demeura  alors  caché  un  peu 
de  temps  avec  quelques  chrétiens  ;  puis  il  partit  ensuite  pour  l'E- 
milie, où  il  rappela  à  la  vie  la  fille  du  patrice  Rufin,  laquelle  Tenait 
de  mourir.  Il  en  résulta  que  toute  la  famille  de  Rufin  crut  en 
Jésus-Christ  .A  cette  nouvelle  le  préfet,  enflammé  décolère,  cita 
devant  lui  Apollinaire,  et  le  traita  fort  durement  pour  qu'il  cessât 
de  répandre  dans  la  ville  la  foi  à  Jésus-Christ.  Le  serviteur  de 
Dieu  s'inquiéta  fort  peu  de  cette  injonction ,  et  fut  mis  à  la 
torture  sur  le  chevalet.  On  versa  de  l'eau  bouillante  sur  ses  plaies, 
on  lui  meurtrit  le  visage  à  coups  de  pierre ,  puis  on  l'emprisonna 
tout  chargé  de  chaînes.  Au  bout  de  quatre  jours ,  il  fut  mis  sur 
un  vaisseau  pour  l'envoyer  en  exil  ;  mais,  ayant  fait  naufrage,  fl 
aborda  en  Mysic,  gagna  les  rives  du  Danube,  puis  la  Thrace.  Mais 
dans  cette  contrée,  comme  le  démon  qu'on  y  adorait  au  temple  de 
Sérapis ,  refusait  de  rendre  des  oracles  tant  que  le  disciple  de  l'a- 
pôtre Pierre  demeurerait  dans  le  pays ,  on  finit  par  trouver  celui- 
ci  après  de  longues  recherches.  On  lui  donna  l'ordre  de  se  rem- 
barquer ;  mais  de  retour  à  Ravenne  ,  accusé  de  nouveau  par  les 
prêtres  des  idoles ,  il  fut  remis  à  la  garde  d'un  centurion  qui,  pra- 
tiquant en  secret  le  christianisme,  laissa  Apollinaire  s'en  aller 
dant  la  nuit.  Lorsqu'on  en  eut  connaissance,  des  satellites 
mirent  ù  sa  poursuite ,  l'accablèrent  de  coups ,  et  le  laissèrent 
pour  mort  sur  le  chemin.  Des  chrétiens  l'enlevèrent  de  là  à  la  dé- 
robée, et  le  septième  jour  il  quitta  ce  monde  en  les  exhortant  i 
conserver  la  constance  dans  la  foi ,  et  étant  devenu  illustre  parla 
gloire  du  martyre.  Son  corps  fut  enseveli  près  des  murs  de  la  ville. 


23  juillet.  —  LA   BIENHEUREUSE  JEANNE  D'ORVIKTO, 
vierge,  du  tiers  ordre  de  S  -Dominique.  —  14e  siècle. 

Jeanne  naquit  d'une  famille  honorable  à  Carnajola,  qui  est  tm 
bourg  du  territoire  d'Orviéto,  de  l'ancienne  Étrurie.  Devenue  or- 
pheline dès  ses  premières  années,  elle  montrait  habituellement  à 
ses  jeunes  compagnes  la  figure  d'un  ange  qu  'on  avait  peint  dam 
l'église  du  lieu  où  elle  habitait,  et  qu'elle  avait  choisi  pour  protee- 


23  juillet.   —  LA  B.   JEANNE  d'OHVIÉTO.  73 

tecteur  en  place  de  ses  parents.  .Elle  ne  venait  que  d'entrer  dans 
l'adolescence,  quand,  faisant  peu  de  cas  de  la  beauté  remarquable 
dont  elle  était  douée,  et  même  la  méprisant,  elle  se  sentit  embrasée 
d'un  ardent  amour  pour  la  virginité,  et  prit  la  résolution  de  la 
garder  toujours  précieusement.  Elle  triompha  par  un  secours 
divin  des  pièges  dangereux  que  l'on  dressa  contre  elle  pour  la  faire 
renoncer  à  son  pieux  projet.  Ainsi ,  non-seulement  elle  refusa 
constamment  des  propositions  de  mariage,  et  malgré  tous  les  pré- 
paratifs que  Ton  en  faisait  déjà  ;  et  s'enfuyant  de  la  maison , 
die  accourut  chez  les  vierges  du  Tiers  ordre  de  Saint-Dominique, 
qui  l'admirent  dans  leur  maison  d'Orviéto ,  où  elle  commença 
aussitôt  à  briller  par  l'éclat  des  dons  célestes,  et  celui  de  toutes  les 
vertus.  Elle  se  préparait  continuellement  à  la  contemplation  des 
choses  divines  par  les  jeûnes ,  les  veilles ,  et  par  d'autres  sortes 
de  mortifications  corporelles.  Assidue  à  la  prière ,  elle  s'entrete- 
nait tous  les  jours  plusieurs  heures  avec  Dieu,  et  alors  on  la  voyait 
immobile  et  comme  ravie  hors  de  ses  sens.  Quand  dans  les  con- 
versations ordinaires,  on  venait  à  parler  de  la  charité  du  Christ  et 
de  ses  souffrances ,  tout  à  coup  elle  répandait  d'abondantes  larmes 
et  tombait  en  extase.  Elle  enflammait  la  plupart  des  personnes 
qui  l'approchaient  de  l'ardeur  qui  la  consumait  elle-même  ;  aussi 
en  amena-t-elle  beaucoup,  par  ses  exhortations  et  son  exemple, 
à  mépriser  les  choses  de  la  terre ,  et  à  embrasser  la  vie  religieuse. 
Elle  s'appliquait  néanmoins  avec  autant  de  soins  à  cacher  par  une 
extrême  humilité  les  grâces  que  Dieu  lui  prodiguait.  Elle  eut  à 
supporter  de  la  part  du  démon  divers  tourments  et  peines ,  ainsi 
que  de  longues  maladies  qu'elle  souffrit  avec  une  patience  admi- 
rable, et  en  conservant  toujours  sur  son  visage  une  douce  gaieté, 
qui  ne  laissait  jamais  soupçonner  qu'elle  ressentît  la  moindre  dou- 
leur. Ayant  enfin  annoncé  que  la  vie  allait  lui  échapper,  elle  reçut 
les  sacrements  de  l'Église,  et  alla  s'unir  au  divin  Époux  des  âmes, 
l'an  1306,  à  l'âge  de  quarante-deux  ans.  C'est  Benoit  XIV  qui 
approuva  le  culte  qu'on  lui  rendait ,  conformément  aux  lois  de 
l'Église,  et  en  observant  les  formalités  qu'elles  prescrivent. 


VIES  DES  SAINTS.   —  T.  II. 


74  36  juUiet.  —  sAirrr  Jacques  lb  Xàjcut. 


21  /*iflW.  —  SAINTE  CHRISTINE,  viRMt  M  skamtfc,  { 

—  3e  siècle. 

Sainte  Christine  souffrit  diverses  tortures  pour  la  foi,  et  fet 
condamnée  à  une  mort  cruelle  durant  la  persécution  de  Diodéuea. 
On  l'exécuta  à  Tyro ,  ville  située  dans  une  Ile  formée  par  le  lac  de 
Bolsène  en  Toscane ,  laquelle  a  été  depuis  engloutie  par  les  eau. 
Ses  reliques  se  gardent  présentement  à  Païenne  en  Sicile.  La 
mémoire  de  cette  sainte  est  en  grande  vénération  chez  les  Grec* 
et  lcsT«atins.  On  trouve  son  nom  dans  le  martyrologe  ditdesant 
Jérôme ,  dans  celui  de  Bède,  etc. 


25  juillet.  —  SAINT  JACQUES  LE  MAJEUR,  apAtu, 

—  1er  siècle. 

Saint  Jacques ,  que  Ton  nomme  le  Majeur  pour  le  distinguer 
do  l'évéque  de  Jérusalem,  était  frère  de  saint  Jean ,  apôtre  et  évan» 
géliste ,  tous  deux  fils  de  Zébédée  et  de  Salomé ,  et  parents  de 
Jésus-Christ.  Us  étaient  pécheurs  et  vivaient  du  produit  de 
état.  Ils  suivirent  le  Sauveur  dès  qu'il  les  appela  près  de  lui, 
donnant  leur  famille ,  leur  barque  et  leurs  filets.  Quoiqu'ils 
perdissent  rien  de  ses  divines  instructions ,  ils  le  quittaient 
de  temps  en  temps ,  afin  d'aller  pécher  pour  fournir  à  leur 
sistence  ;  mais  ils  ne  se  séparèrent  plus  de  lui  lorsqu'il  eut 
festé  sa  puissance  dans  cette  pêche  miraculeuse  où  Pierre  et  AnM 
les  appelèrent  pour  aider  à  tirer  leurs  filets ,  qu'ils  avaient  jelét 
par  ordre  de  Jésus-Christ ,  et  qui  se  trouvèrent  remplis  «Tune  si 
prodigieuse  quantité  de  poissons. 

En  Fan  31 ,  ils  assistèrent  à  la  guérison  de  la  belle-mère  de  saint 
Pierre  et  à  la  résurrection  de  la  fille  de  Jaîre ,  chef  de  synagogue. 

\ax  même  année  Jésus  mit  Jacques  au  nombre  de  ses  Apitoies, 
c'est-à-dire  de  ceux  qu'il  devait  envoyer  annoncer  son  Évangle 
aux  Juifs  et  aux  Gentils.  Il  donna  à  Jacques  et  à  Jean  le  nom  de 
Boancrgès,  c'est-à-dire  enfants  du  tonnerre.  Ce  nom  marquait 
leur  naturel  ardent  et  plein  de  zèle.  Ils  en  donnèrent  une  preuve 
bien  sensible  peu  de  temps  après  la  Transfiguration  du  Sauveur. 
Les  Samaritains  ayant  refusé  de  recevoir  Jésus-Christ  dans  un 
de  leurs  villages,  ces  deux  Apôtres  indignes  lui  demandèrent  s'il 


25  juilkt.    —  SAINT  JACQUES  LE    MAJEUR.  75 

voulait  qu'ils  fissent  descendre  le  feu  du  ciel  pour  consumer  le 
Ken  et  les  habitants;  mais  il  arrêta  leur  zèle ,  et  leur  dit  qu'ils 
ne  connaissaient  pas  l'esprit  qui  les  animait,  parce  que  ce  qu'ils 
croyaient  faire  par  un  zèle  de  justice  était  accompagné  de  quelque 
Mouvement  de  colère.  Il  voulut  donc  leur  apprendre  que  F  esprit 
de  l'Évangile ,  qu'il  venait  faire  connaître  au  monde ,  est  un  es- 
prit de  charité  qui  cherche  à  sauver  les  âmes ,  et  non  à  venger  les 


Jacques  et  son  frère  Jean  furent ,  avec  saint  Pierre,  les  seuls 
jpeetateurs  de  la  glorieuse  TransGguration  de  Jésus-Christ,  et  les 
tfmniiK  de  son  agonie  dans  le  Jardin  des  Oliviers;  mais ,  malgré 
rexemple  et  les  instructions  qu'ils  avaient  reçus ,  leurs  esprits  n'é- 
taient pas  encore  parfaitement  éclairés ,  ni  leurs  cœurs  entièrement 
purifiés  :  aussi  demandèrent-ils  au  Sauveur ,  par  la  bouche  de  leur 
mère ,  d'être  assis ,  l'un  à  sa  droite ,  l'autre  à  sa  gauche ,  dans  son 
royaume.  Ce  fut  à  eux-mêmes  qu'il  adressa  sa  réponse  :  Pouvez- 
cous  boire  le  calice  que  je  boirai  ?  ce  qu'il  entendait  de  sa  passion  ; 
3s  lui  répondirent  :  Nous  le  pouvons.  Jésus  leur  dit  :  Vous  boirez 
en  effet  le  calice  que  je  bois  dès  à  présent,  et  vous  serez  baptisés 
dm  même  baptême  dont  je  suis  baptisé.  Par  là  il  faisait  entendre 
qu'ils  souffriraient  ie  martyre ,  ce  qu'ils  ne  comprirent  pas  alors. 

Après  l'Ascension  de  Jésus-Christ  et  la  descente  du  Saint-Es- 
prit ,  saint  Jacques ,  de  concert  avec  tous  les  Apôtres ,  travailla  à 
répandre  la  doctrine  évangélique.  On  croit  qu'il  sortit  delà  Judée 
après  le  martyre  de  saint  Etienne,  pour  aller  prêcher  les  Juifs 
répandas  dans  la  Perse.  La  tradition  de  r  Église  d'Espagne ,  ap- 
puyée sur  l'autorité  de  saint  Isidore  et  de  saint  Jérôme ,  est  que 
le  saint ,  en  quittant  la  Perse ,  vint  en  Espagne ,  où  son  zèle  et  ses 
miracles  opérèrent,  avec  la  grâce  rîj  l' Esprit-Saint,  un  grand 
nombre  de  conversions. 

11  fut  le  premier  des  Apôtres  martyrisés  pour  la  foi  à  Jérusalem, 
où  il  retourna  la  onzième  année  après  l'Ascension.  Ce  martyre 
arriva  sous  Hérode  Agrippa ,  roi  des  Juifs ,  et  petit-GIs  du  grand 
Hérode-  C'était  un  prince  politique ,  et  qui  voulait  plaire  aux  Juifs. 
Un  sàr  moyen  d'y  réussir  était  de  servir  de  ministre  à  la  haine 
que  ceux-ci  portaient  aux  disciples  du  Sauveur.  Il  jugea  que  la 
mort  de  Jacques  serait  agréable  à  ce  peuple  ;  ainsi  il  le  lit  mourir 
par  Tépée,  onze  ans  ou  environ  après  la  mort  de  Jésus-Christ , 
c'est-à-dire  l'an  43 ,  un  peu  avant  Pâques. 


76  35  juillet.  —  S.  CHBtSTOPH. 


25  juillet.  —  SAINT  CHRISTOPHE,  marttb.    — 

Le  nom  et  le  culte  de  ce  saiiit  sont  aussi  célèbres  que  1m 
actes  de  sou  martyre  présentent  de  différences.  Les  Orientaux,  qâ 
célèbrent  sa  fête  le  0  de  mai,  ont  toujours  eu  pour  lui  beaucoup 
de  vénération.  L'opinion  la  plus  commune  est  qu'il  fut  martyiaé 
eu  Lycie  dans  la  persécution  de  l'empereur  Dèce.  Dans  une  hvm- 
me  très-ancienne  du  bréviaire  mozarabe  dressé  par  saint  Isidore, 
il  est  dit  que  ses  reliques  furent  d'abord  apportées  à  Tolède.  Ou 
les  transporta  ensuite  à  l'abbaye  de  Saint-Denis  en  France,  où 
ont  été  conservées.  La  préface  de  saint  Ambroise  pour  la 
de  saint  Christophe,  rapportée  par  Surius,  fournit  encore 
ques  renseignements  sur  ce  saint  martyr.  Mais  quelle  que  soit  h 
diversité  des  circonstances  de  son  martyre,  il  n'en  est  pas  moo 
certain  que  nos  ancêtres  avaient  pour  lui  une  dévotion  toute 
particulière. 

De  même  que  saint  Ignace  d'Antiocbe  avait  pris  le  surnom  <k 
Théophore  (celui  qui  porte  Dieu  en  lui),  pour  exprimer  plus 
sensiblement  son  amour  envers  J.-C.,  on  croit  aussi  que  le 
martyr  dont  nous  parlons  prit,  par  le  même  motif,  le 
cie  Christophore  ou  Christophe,  qui,  en  langue  grecque, 
celui  qui  porte  le  Christ.  Mais,  pour  mieux  en  comprendre  le 
sens,  nous  allons  emprunter  à  la  Légende  dorée  du  bienheureux 
Jacques  de  Voragine,  le  récit  naïf  qui  en  explique  l'origine. 

Christophe,  qui  avant  sa  conversion  portait  le  nom  de  Htprotm^ 
c'est-à-dire  de  réprouvé  ou  de  méchant,  était  Chananéen  de 
nation.  Il  avait  une  stature  gigantesque,  un  visage  redoutable; 
vt  doué  d'une  force  prodigieuse,  il  estimait  au-dessus  de  tout  la 
puissance  qu'elle  donne,  et  la  domination  qu'elle  permet  d'exercer 
sur  autrui.  Possédé  par  ce  sentiment  orgueilleux,  il  avait  résolt 
de  chercher  le  prince  le  plus  puissant  du  monde  afin  de  n'obéir 
qu'à  lui,  lorsqu'il  le  rencontrerait.  Il  s'en  alla  donc  trouver  m 
très-grand  roi  qui  avait  la  réputation  de  l'emporter  en  puissance 
sur  tous  les  autres  souverains.  Accueilli  par  lui  avec  bienveil- 
lance, il  demeura  à  sa  cour  ;  mais  il  arriva  au  bout  de  queJqof 
temps  qu'un  bouffon  pour  divertir  le  monarque ,  lui  chanta  une 
ballade  où  le  nom  du  diable  revenait  souvent.  Le  roi ,  qui  avait  de 
la  foi  parce  qu'il  était  chrétien,  faisait  le  signe  de  la  croix  chaqirt 


25  juillet.  —   S.  CHRISTOPHE.  77 

fois  qu'il  entendait  nommer  le  diable ,  ce  qui  étonna  beaucoup 
Christophe.  Ne  pouvant  pas  résister  aux  instances  de  ce  dernier  qui 
le  pressait  de  questions,  le  monarque  finit  par  lui  avouer  qu'au 
nom  du  diable  U  se  signait  parce  qu'il  avait  peur  de  tomber  en  sa 
puissance,  et  qu'il  ne  lui  causât  du  mal.  A  quoi  Christophe 
répondit  que,  si  le  roi  redoutait  Faction  du  diable,  c'est  qif  appa- 
remment celui-ci  était  au-dessus  de  lui,  et  avait  plus  de  puissance. 
Frustré  dans  l'espoir  qu'il  avait  cru  réaliser  en  s'imaginant  avoir 
rencontré  le  seigneur  le  plus  puissant  du  monde,  il  se  mit  en 
quête  du  diable  afin  de  le  prendre  pour  son  maître,  et  de  se 
déclarer  son  serviteur.  Comme  il  traversait  un  endroit  fort  dé- 
sert, il  aperçut  une  grande  multitude  de  soldats,  et  l'un  d'eux , 
homme  d'un  aspect  farouche  et  terrible,  vint  à  lui,  et  lui  de- 
manda   où   il  se  rendait.  Christophe  lui  ayant  répondu  qu'il 
cherchait  le  seigneur  Diable  pour  se  mettre  à  son  service,  l'autre 
lui  dit  qu'il  était  celui-là  même  qu'il  désirait  rencontrer.  Alors, 
Christophe,  tout  rempli  de  joie,  s'engagea  à  le  servir  à  perpétuité. 
Us  s'en  allaient  donc  tous  les  deux ,  quand  dans  un  chemin  ils 
trouvèrent  une  croix.  Aussitôt  que  le  diable  l'aperçut,  il  prit  la 
fuite  épouvanté,  quittant  le  chemin  frayé  pour  des  passages  so- 
litaires et  raboteux  où  il  emmena  avec  lui  Christophe.  Celui-ci, 
surpris,  lui  demanda  pourquoi  il  s'était  écarté  du  bon  chemin 
avec  tant  de  frayeur,  et  cela  pour  les  mener  à  travers  un  désert 
aussi  âpre.  Le  démon  ne  voulait  pas  lui  en  dire  la  raison,  et  ce 
ne  fut  que  sur  la  menace  que  lui  fit  Christophe  de  le  laisser  là, 
qu'il  se  décida  à  lui  apprendre  que ,  toutes  les  fois  qu'il  voyait 
une  croix  qui  lui  rappelait  celle  sur  laquelle  un  certain  homme 
nommé  Jésus  Christ  avait  été  attaché,  il  éprouvait  beaucoup  de 
crainte,  et  fuyait  épouvanté.  <•  Mais,  lui  répliqua  Christophe ,  c'est 
donc  que  ce  Jésus-Christ  est  plus  grand  et  plus  puissant  que  toi, 
puisque  tu  as  si  peur  de  co  qui  le  rappelle.  C'est  donc  eucore 
inutilement  que  je  nie  sais  mis  en  peine  pour  rencontrer  le 
prince  qui  domine  le  monde  sans  exception.  Va-t'en  donc,  parce 
que  dorénavant,  après  t'avoir  abandonné,  je  veux  me  mettre  à  la 
recherche  du  Christ.  »  Après  avoir  longtemps   demandé  qui 
pourrait  lui  eu  donner  des  nouvelles,  il  finit  par  rencontrer  un 
ermite  qui  lui  fit  connaître  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  et  l'instrui- 
sit avec  soin  de  sa  doctrine.  Comme  Christophe  était  parfaitement 
disposé  à  le  servir  comme  son  véritable  Seigneur  et  Maître,  l'ermite 
lîii  en  indiqua  un  moven  :  c'était  de  s'établir  sur  les  bords  ^\\\\ 

7, 


78  iàjuiUel.  —  s.  CHftisTorai. 

fleuve  dont  le  passage  était  dangereux  pour  ceux  qui  fouhicat  le 
traverser,  et  grâce  à  sa  haute  taille  et  à  sa  force  peaoanaMDB,4t 
le  leur  faciliter  en  les  portant  sur  ses  épaules.  «  De  cette 
lui  dit-il,  tu  ne  peux  manquer  de  te  rendre  agréable  au  rot  X 
dont  tu  désires  devenir  le  serviteur,  et  j'espère  qu'il  finira  par 
f  apparaître  dans  le  lieu  même  où  tu  le  serviras.  »  Christophe  suivit 
ce  conseil,  et  après  s'être  bâti  une  cabane  sur  les  bords  du  fleuve 
dont  on  lui  avait  parlé,  il  le  faisait  passer  continuellement  à  tous 
ceux  qui  se  présentaient,  tenant  seulement  à  la  main  pour  se 
soutenir  dans  l'eau  une  longue  perche  dont  il  se  servait  en  place 
de  bâton.  Il  y  avait  déjà  longtemps  qu'il  accomplissait  cette 
bonne  œuvre,  lorsqu'un  jour  qu'il  se  reposait  dans  sa  maisonnette, 
il  entendit  du  dehors  la  voix  d'un  enfant  qui  rappelait  pour  qu'il 
lui  fit  traverser  le  fleuve.  Il  sortit  et  ne  vit  personne,  ce  qui  se 
renouvela  une  seconde  fois,  aussi  inutilement.  Enfin  une  troisième, 
appelé  par  la  même  voix,  il  alla  à  la  rive,  et  y  trouva  un  enfant 
qui  lui  demanda  instamment  de  le  faire  passer.  Christophe  le  mit 
sur  ses  épaules,  et  ayant  pris  son  bâton,  il  entra  dans  les  eaux  du 
fleuve  dont  le  courant  grossissait  peu  a  peu,  pendant  que  de  son 
côté  le  poids  de  l'enfant  augmentait  comme  s'il  devenait  de  plomb. 
Mus  il  avançait,  plus  les  eaux  croissaient,  et  l'enfant  de  plus  en 
plus  accablait  les  épaules  de  Christophe  d'un  poids  intolérable,  à 
tel  point  qu'il  éprouvait  une  angoisse  extrême  et  qu'il  appréhen- 
dait d'être  en  danger.  A  peiue  y  eut-il  échappé  et  traversé  le 
fleuve,   qu'il  déposa   l'enfant  sur  l'autre  rive  en  lui  disant  : 
«  Sais-tu,  mon  enfant,  que  tu  nt'as  mis  dans  un  grand  danger,  et 
que  tu  as  pesé  sur  moi  d'un  poids  tel  que,  quand  j'aurais  porté  le 
monde  entier,  c'est  à  peine  s'il  m'eût  paru  plus  lourd .  »  A  quoi  Ten- 
tant répondit  :  Ne  t'en  étonne  pas,  Christophe,  car  tu  as  porté  sur 
tes  épaules  non  pas  seulement  le  monde  entier,  mais  aussi  Cehé 
qui  a  créé  le  monde.  C'est  moi  qui  suis  le  Christ,  ton  Roi,  que  tu 
sers  par  cette  bonne  œuvre,  et  pour  te  prouver  que  je  db  II 
vérité,  lorsque  tu  seras  repassé  sur  l'autre  rive,  enfonce  en  terre 
ton  bâton  auprès  de  ta  cabane,  et  tu  verras  que  demain  il  portera 
des  fleurs  et  des  fruits.  »  A>ant  dit  ces  mots,  l'enfant  disparut; 
mais  Christophe,  ayant  fait  de  son  bâton  ce  qu'il  lui  avait  dit.  If 
revit  le  lendemain  matin  chargé  de  palmes  et  de  datte*.  (Test 
alors  qu'il  partit  pour  la  Lveie,  où  il  trouva  le  martyre. 

On  a  toujours  représenté  Christophe  d'une  taille  gigantesque, 
portaut  l'enfant  Jésus  sur  ses  épaules,  et  traversant  la  mer: 


25  juillet.   —  S,cs  VALENTINE   KT  TBÉE  ,    ET  S.    PAUL      7i) 

mais  tout  cela  est  allégorique,  et  comme  Ta  remarqué  Bar  oui  as, 
ces  statues  colossales  que  Ton  voit  encore  aujourd'hui  dans  plu- 
sieurs églises  gothiques,  font  allusion  au  nom  de  Christophe,  et  ù 
la  mer  de  tribulations  par  laquelle  doivent  passer  tous  les  fidèles 
pour  parvenir  au  ciel,  leur  port  et  leur  patrie. 

Les  fidèles  eurent  souvent  recours  à  l'intercession  de  saint 
Christophe  pendant  le  temps  de  peste ,  et  Ton  croyait  aussi  au- 
trefois qu'on  ne  pouvait  mourir  subitement  dès  que  Ton  avait 
vu  la  figure  du  saint  martyr.  L'on  en  trouve ,  en  effet,  des  repré- 
sentations au  bas  desquelles  on  lit  ces  deux  vers  : 

Christophori  sancti  specîem  quicumque  tuetur, 
Mo  namque  die  nuUo  languore  gravetur. 

Il  paraît  aussi  que  l'on  a  souvent  figuré  saint  Christophe  sur 
des  endroits  élevés,  pour  signifier  le  pouvoir  qu'on  lui  suppose 
sur  les  météores  de  l'air,  tonnerres,  grêles,  vents  et  tempêtes,  con- 
tre lesquels  on  invoque  son  nom. 


25  juillet.  —  SAINTE   VALENTINE    et    SAINTE   THÉE, 

VIEftGES  ET  SAINT  PAUL,   MABTYfiS.  —  4e  siècle. 

Ces  saints  martyrs  souffrirent  et  furent  mis  à  mort  le  même 
jour,  à  Césarée  de  Palestine,  en  l'an  du  Seigneur  S08,  pendant  la 
sanglante  persécution  de  Dioclétien,  et  sous  le  gouvernement  de 
Galère  Maximal ,  qui  exerçait  le  pouvoir  en  Egypte  et  en  Syrie. 
Nous  rapportons  ici  le  récit  authentique  donné  sur  ces  trois  saints 
dans  Y  Histoire  des  martyrs  de  Palestine,  écrite  par  Éusèbe, 
qui  tut  évêque  du  même  lieu  où  Valentine,  Thée  et  Paul  mou- 
rurent glorieusement  pour  la  foi. 

«  On  se  saisit,  dit-il ,  dans  la  ville  de  Gaza  de  plusieurs  fidèles  lors- 
qu'ils étaient  assemblés  pour  entendre  la  lecturede  l'Écriture  sainte. 
On  coupa  aux  uns  le  jarret  gauche,  et  on  leur  arracha  l'œil  droit; 
puis  on  fit  endurer  de  vives  souffrances  aux  autres  en  leur  déchirant 
les  côtés  avec  des  peignes  de  fer.  Parmi  ces  derniers,  une  femme  se 
signala  par  îme  action  qui  aurait  pu  faire  honneur  même  à  un 
homme  décourage.  On  avait  pris  une  vierge  qui,  se  sentant  outrée 
de  ce  qu'on  la  menaçait  de  la  faire  conduire  dans  un  lieu  de  prostitu- 
tion, accablait  de  reproches  le  tyran  Maximin.  parce  qu'il  avait  livré 
le  gouvernement  des  provinces  à  des  magistrats  aussi  cruels.  On  la 
fouetta  d'abord,  puis  après  l'avoir  suspeudue  très-haut  sur  un 


il 


90  M  juillet.  —  s.  Mux.  *  11 

chevalet,  on  la  fit  souffrir  en  lui  déchirant  les  c&J*  Tta&oji 
que  les  bourreaux,  pour  obéir  au  juge,  la  tOTtunfatf  Meo  m.  \ 
acharnement  et  des  efforts  qui  ne  leur  laissaient  point  imiÉM^  ï 
une  autre  femme  qui,  comme  la  première,  avait  fait  voeu  de  virgi-  - 
uité,  et  qui ,  sous  un  extérieur  vil  et  misérable,  portait  un  cœur 
grand,  intrépide,  au-dessus  de  son  sexe,  et  bien  supérieur  à  ces 
guerriers  dont  on  vante  tant  chez  les  Grecs  la  généreuse  liberté; 
cette  vierge,  dis-je,  ne  pouvant  supporter  de  voir  une  barbarie 
aussi  atroce,  se  mit  à  crier  au  juge  du  milieu  de  la  foule  :  «  Jus- 
qu'à quand,  cruel  bourreau,  feras-tu  souffrir  ma  sœur?  »  Exas- 
péré par  ces  paroles,  le  juge  ordonna  d'arrêter  sur  l'heure  celle 
qui  les  avait  dites.  Amenée  devant  lui,  comme  elle  s'armait  de 
l'auguste  nom  du  Sauveur  qu'elle  prononça,  il  tenta  par  des 
paroles  flatteuses  de  la  déterminer  à  sacrifier.  Mais  comme  ëk  \ 
refusa  hardiment,  on  la  traîna  de  force  à  l'autel.  Alors ,  toujours 
la  même,  et  sans  se  relâcher  en  rien  de  sa  première  ardeur,  cBe 
s'avança  avec  assurance  en  donnant  du  pied  contre  l'autel,  et  le 
mit  tout  eu  désordre  avec  le  feu  sacré  qui  était  dessus.  Le  juge 
ne  se  possédant  plus,  et  devenu  furieux  comme  une  bête  sau- 
vage, la  fit  déchirer  si  longtemps  avec  des  ongles  de  fer,  et  plus 
qu'il  ne  Pavait  fait  auparavant  pour  personne,  qu'il  semblât  vou- 
loir pnr  la  vue  se  repaître  de  ces  chairs  sanglantes.  Après  pour- 
tant que  sa  méclianeeté  commença  à  se  lasser,  il  commanda 
qu'on  les  liât  ensemble,  c'est-à-dire  la  première  avec  celle  qu 
l'avait  appelée  sa  sueur,  et  qu'on  les  jetât  au  milieu  des  flammes. 
J/on  disait  que  la  première,  ou  Tliée,  était  uée  dans  le  pays  de 
Gaza  ;  quant  à  l'autre,  nommée  Valeuline,  bien  connue  d'un  grand 
nombre  de  personnes,  elle  eut  Césarée  pour  patrie.» 

Un  autre  chrétien,  nommé  Paul,  fut  condamné  h  avoir  la  tte 
tranchée.  Lorsqu'on  allait  l'exécuter,  il  éleva  la  voix,  et  pria  avec 
ferveur  devant  tout  le  monde.  Il  pria  en  particulier  pour  tou» 
ceux  qui  allaient  être  témoins  de  sa  mort,  afin  que  cette  vue  ani- 
mât les  fidèles,  touchât  les  idolâtres,  et  encourageât  les  lâches: 
imitant  ensuite  Jésus-Christ,  le  modèle  du  vrai  chrétien,  il  pria 
pour  le  juge  qui  l'avait  condamné  à  la  mort  ;  pour  l'empereur, 
qui  était  l'auteur  de  la  persécution  :  pour  l'État,  et  enfin  pour  te 
bourreau  qui  allait  l'exécuter.  Il  demanda  à  Dieu  de  ne  point  im- 
puter sa  mort  à  ceux  qui  ne  lui  ravissaient  la  vie  temporelle  que 
pour  lui  eu  procurer  une  éternelle,  quoique  ce  fut  coutre  leur  in- 


26  juillet.  —  SAINTE  ANNE.  8! 

ation.  Il  n'y  eut  presque  personne  qui,  pendant  qu'il  faisait  cette 
rîère,  ne  fût  attendri  jusqu'à  verser  des  larmes  sur  le  sacrifice 
9  cette  innocente  victime.  Dès  qu'il  eut  cessé  de  prier,  il  pré- 
sita  sa  tête  avec  un  courage  étonnant,  et  reçut  ainsi  la  cou- 
nme  du  martyre  le  même  jour  25  juillet,  qui  fut  celui  de  la  mort 
es  deux  saintes  dont  nous  venons  déparier. 


6  juillet.  —  SAINTE  ANNE,  mèbe  de  la  très-sainte 

VIERGE. 

I/Évangflene  nous  apprend  rien  de  personnel  sur  sainte  Anne, 
tout  le  nom  hébraïque  signifie  gracieuse.  La  tradition  la  plus 
Are  nous  apprend  seulement  qu'elle  eut  pour  époux  saint  Joa- 
faîm  ;  mais  le  Seigneur,  par  le  choix  qu'il  fit  de  l'un  et  de  l'autre 
nrant  le  temps,  pour  donner  au  monde  celle  de  qui  devait  naître 
e  Messie,  le  Saint  des  saints,  nous  fait  assez  connaître  le  haut 
legré  de  grâces  et  de  vertus  du  père  et  de  la  mère  de  la  sainte 
Vierge,  dans  le  sein  de  laquelle  le  Verbe  éternel  devait  s'incarner 
xmr  le  salut  du  monde.  L'auguste  qualité  de  Mère  de  Dieu  dit 
ai  effet  tout  sur  l'excellence  et  la  richesse  des  dons  spirituels  dont 
sainte  Anne  et  saint  Joachim,  son  père  et  sa  mère,  furent  com- 
blés par  le  Saint-Esprit,  l'auteur  de  toute  perfection. 

Les  saints  Pères,  et  spécialement  saint  Èpiphane,  qui  vivait  en 
320,  et  après  lui  saint  Jean  Damascène,  ont  célébré,  avec  autant 
de  piété  que  d'éloquence,  les  vertus  de  sainte  Anne,  et  porté  les 
fidèles  à  réclamer  avec  confiance  sa  puissante  protection  auprès 
de  Dieu.  Les  monuments  ecclésiastiques  les  plus  anciens  prouvent 
qu'elle  fut  honorée,  ainsi  que  saint  Joachim,  dès  les  premiers 
siècles,  par  le  culte  des  vrais  enfants  de  l'Église.  On  sait  aussi, 
par  l'histoire  de  l'empereur  Justinien  Ier,  que  ce  prince  fit  bâtir  à 
Constantinople,  en  540,  une  basilique  dédiée  à  sainte  Anne,  et 
que  le  corps  de  cette  grande  sainte  ayant  été  apporté  de  la  Pales- 
tine, en  710,  à  Constantinople,  plusieurs  églises  d'Occident  furent 
enrichies  de  quelque  portion  de  ses  reliques. 


£■ 


82  27  juilUL  —    LES  SEPT  DOftUAKTS. 


27  juillet.  —  LES  SEPT  DORMANTS»  juiTYlft.  - 

Ces  saints,  qui  étaient  tous  frères  et  encore  fort  jeunes,  con- 
fessèrent la  foi  à  ftphèse  en  Pan  250,  devant  le  proconsul  qui 
persécutait  les  chrétiens  par  ordre  de  l'empereur  Dècc.  Pour  ne 
poiut  s'exposer  sans  nécessité,  aux  violences  et  aux  cruautés  qui 
les  menaçaient,  ils  sortirent  de  la  ville  d'ftphèse  après  avoir  dis- 
tribué aux  pauvres  une  partie  de  l'argent  que  leurs  parents  leur 
avaient  donné.  Ils  n'en  réservèrent  que  ce  qu'il  Unir  fallait  pour 
pourvoir  à  leurs  plus  pressants  besoins,  et  se  cadrèrent  dans  une 
caverne  où  Ton  pénétrait  par  un  des  cotés  d'une  montagne  voi- 
sine. Us  y  demeurèrent  plusieurs  jours  priant  continuellement  Dieu 
de  les  remplir  de  l'esprit  de  force  pour  confesser  généreusement 
sou  nom  jusqu'à  la  mort.  Mais  pour  ne  pas  périr  d'inanition  en  ce 
lieu,  ils  envoyaient  de  temps  en  temps  le  plus  jeune  d'entre  eux  i 
la  ville  pour  leur  apporter  des  aliments  ;  ce  qu'il  faisait  avee 
autant  d'adresse  que  de  prudence,  ayant  la  précaution  de  ae  dé- 
guiser en  pauvre.  Cependant  l'empereur  Dècc  lui-même  était  re- 
venu à  fiphèse,  ce  <pû  ne  fit  que  rendre  encore  plus  cruelle  et  flh 
rieuse  la  persécution  contre  les  serviteurs  de  Jésus-Christ.  Les  sept 
frères  en  ayant  été  informés,  et  craignant  dV:tro  enfin  découverts 
dans  leur  retraite,  se  mirent  après  leur  repas  du  soir  à  faire  leur 
prière  avec  une  ferveur  toute  nouvelle.  S'étant  ensuite  endormis 
aussi  paisiblement  que  s'ils  n'avaient  rien  à  redouter,  ce  sommeil  fut 
pour  eux  tous  celui  de  la  mort  dans  le  Seigneur,  puisqu'il  mit  leun 
Âmes  dans  un  lieu  de  repos,  pendant  (pie  leurs  corps  demeuraient 
étendus  dans  la  caverne  dans  le  même  état  que  lorsqu'ils  s'y 
endormirent.  L'empereur,  ayant  fini  par  découvrir  le  lieu  de  leur 
retraite,  résolut  de  les  y  faire  ensevelir  tout  vivants,  afin  qu'Os  y 
mourussent  de  faim  et  de  désespoir,  et  pour  cela  il  fit  murer  l'en- 
trée de  la  caverne.  Mais  une  tradition  très-respectable  rapporte 
qu'on  les  retrouva  en  vie  dans  cette  caverne,  en  479,  sous  le  règne 
de  Théodnsc  le  Jeune,  é|>oque  où  il  est  certain  qu'on  découvrit  au 
moins  leurs  reliques.  Dieu  permit  qu'ils  se  réveillassent  alors  de 
leur  long  sommeil  de  plus  de  deux  siècles,  pour  prouver  une  fois 
de  plus  aux  incrédules  et  aux  impies  la  vérité  de  la  résurrection 
des  morts.  Kn  effet,  peu  d'instants  après,  ayant  fait  leurs  prières 
au  Seigneur,  ils  s'endormirent  de  nouveau  dans  son  sein  miséri- 


27  juillet.   —  S.    AURÈLE   ET   SAINTE   iNATALIE.  83 

rdieux,  pour  régner  éternellement  avec  lui  dans  le  ciel.  Quel- 
e  opinion  qu'on  adopte  au  sujet  de  la  pieuse  tradition  que 
os  venons  de  rapporter  ici,  ces  saints  martyrs  n'en  furent  pas 
mds  bien  nommés  les  sept  Dormants,  selon  la  manière  de  parler 
l'Écriture  qui  appelle  la  mort  des  justes  un  sommeil.  C'est  aussi 
œ  ce  sens  que  les  lieux  consacrés  par  l'Église  à  la  sépulture 
i  fidèles  ont  reçu  le  nom  de  cimetière  (cœmeterium  ),  qui  veut 
c  dortoir,  parce  que  les  corps  des  chrétiens  y  reposent  jus- 
Via  résurrection. 

Voici  les  noms  des  sept  martyrs  tels  que  le  plus  communément 
nous  les  a  conservés  :  ils  s'appelaient  Maximilien,  Malchus, 
itimen,  Denys,  Jean,  Sérapion  et  Constantin.  Leur  mémoire 
grande  vénération  chez  les  Grecs,  les  Syriens  et  tous  les 
d'Orient  La  caverne  située  près  d'Éphèse,  et  où  leurs 
1»  furent  retrouvés,  devint  célèbre  par  la  dévotion  des  fidèles. 
la  montre  encore  aux  voyageurs  qui  vont  dans  le  Levant. 

\7 juillet.  —SAINT PANTALÉON,  martyr.  —4e  siècle. 

>antaléon,  de  Nicomédie,  médecin  renommé,  reçut  le  baptême 
es  avoir  été  instruit  dans  la  foi  par  le  prêtre  Hermolaùs.  Au 
it  de  quelque  temps,  il  persuada  à  son  père,  Eustorge,  de  de- 
ir  chrétien.  Ensuite,  comme  il  prêchait  librement  à  Nicomédie 
foi  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  et  qu'il  exhortait  tout  le 
ode  à  embrasser  la  doctrine  qu'il  annonçait,  et  cela  sous  l'em- 
b  de  Dioctétien,  il  fut  mis  à  la  torture  sur  le  chevalet,  et 
irmenté  avec  des  lames  rougies  au  feu  qu'on  lui  appliquait  sur 
MMTps.  11  supporta  avec  égalité  et  force  d'âme  la  violence  de  ces 
tplices,  jusqu'à  ce  que,  frappé  par  le  glaive,  il  eût  remporté  la 
ironne  du  martyre,  en  l'an  303. 


juillet.  —  S.  AURÈLE  et  SAINTE  NATALIE,  martyrs. 

—  9e  siècle. 

Les  mahométans  connus  sous  le  nom  de  Maures,  qui  s'étaient 
parés  de  l'Espagne,  y  firent  un  grand  nombre  de  martyrs 
is  le  9e  siècle.  L'Eglise  en  honore  plusieurs  aujourd'hui,  dont 
istoire  est  très-célèbre.  Le  premier  fut  Aurèle,  né  à  Cordoue, 
ine  famille  noble  et  riche.  Il  était  fils  d'un  père  mahométan  et 


"^ 


84  27  jutiict.  —  S.   AUBBLB  ET  SAINTE  KAT4U*.  || 

d'une  mère  chrétienne.  Étant  en  âge  de  et  w&fàaBk  ■] 

le  pressant  de  prendre  cet  engagement»  il  demanda  à  Dits,  par  \\ 
de  ferventes  prières,  de  lui  donner  une  femme  arec  qui  A  pût)»  jj 
servir  librement.  Il  en  trouva  une  nommée  Natalîe  on  Iffoête.  " 
Aurèle  remercia  Dieu  de  ce  qu'il  lui  avait  accordé  une  femme 
chrétienne  comme  lui  :  ils  vécurent  ensemble  dans  les  exeretcei 
de  la  piété,  mais  sans  oser  d'abord  se  déclarer  publiquement. 

Un  jour  Aurèle,  étant  allé  à  la  place  publique,  vit  un  marchand, 
nommé  Jean,  qu'on  venait  de  battre  de  verges,  comme  chrétien, 
et  que  Ton  promenait  par  la  ville,  monté  sur  un  âne.  Aurèle,  tou- 
ché de  ce  spectacle,  crut  que  Dieu  avait  permis  qu'il  fût  témoin 
de  cette  action  afin  d'animer  sa  foi.  Étant  donc  rentré  dam  a 
maison,  il  dit  à  sa  femme  :  Il  y  a  longtemps  que  vous  m'exhor- 
tez  à  mépriser  le  monde  et  que  vous  me  parlez  de  la  vie 
tique  ;  je  crois  que  l'heure  est  venue  d'aspirer  à  une  plus 
perfection.  Vivons  désormais  comme  frère  et  sœur  ;  appliquant- 
nous  à  la  prière,  et  préparons-nous  au  martyre  par  la  pureté  et  par 
le  détachement  de  toutes  les  créatures.  Natalie  reçut  cette  propo- 
sition comme  venant  du  ciel.  Depuis  ce  moment  leur  vie  dette 
un  modèle  de  vraie  pénitence.  Ils  couchaient  séparément  à  terre 
sur  des  ciliées  ;  ils  jeûnaient  souvent,  priaient  sans  cesse,  médhaiaC 
pendant  la  nuit  les  psaumes  qu'ils  savaient,  et  prenaient  un  grand 
soin  des  pauvres. 

Aurèle  et  Natalie  furent  cités  devant  le  juge,  qui  leur  demanda, 
avec  des  paroles  pleines  de  douceur,  pourquoi  ils  quittaient  leur 
religion  et  couraient  à  la  mort,  et  il  leur  fit  de  magnifiques  pro- 
messes s'ils  voulaient  renoncer  à  la  religion  chrétienne;  mais  il 
répondirent  :  Vos  promesses  sont  vaines  et  ne  nous  touchent  point 
Nous  méprisons  cette  vie  passagère,  parce  que  nous  espérons  ci 
obtenir  une  meilleure.  Nous  n'avons  qu'une  foi;  nous  ne  croyoai 
qu'un  baptême  ;  nous  adorons  un  seul  Dieu  en  trois  personnes, 
et  nous  avons  toute  autre  religion  en  horreur.  Le  juge,  voyant 
leur  fermeté,  les  lit  conduire  en  prison,  chargés  de  chaînes.  Onf 
jours  après,  on  les  en  tira  pour  les  amener  une  seconde  fois  datant 
1?  juge,  qui,  les  voyant  inébranlables,  les  condamna  à  la  mort 
Pendant  qu'on  les  conduisait  au  martyre,  Natalie  encouragent 
son  mari.  Ce  zèle  irritant  les  soldats,  ils  se  jetèrent  sur  elle. 
et  l'accablèrent  de  coups  de  pieds  et  de  poings  jusqu'au  lieu  du  sup- . 
pliee.  Leur  martyre  arriva  le  27  juillet,  l'an  de  Jésus-Christ  852. 


28  juillet.   —  SS.    NAZAIRE,   CELSE   ET   VICTOR.  85 


S  juillet—  SS.  NAZAIRE  et  CELSE;  S.  VICTOR,  pape, 
martyrs.  —  ter  et  3e  siècle. 

[azaire,  baptisé  par  le  bienheureux  Lin,  pape,  partit  pour  la 
le,  où  lui-même  donna  le  baptême  au  jeune  Celse  après  l'avoir 
mît  des  vérités  de  la  religion  chrétienne.  Ils  allèrent  ensemble 
■èves,  et  pendant  la  persécution  de  Néron,  ils  furent  tous  deux 
I  dans  la  mer,  d'où  ils  échappèrent  miraculeusement.  Étant 
nie  venus  à  Milan,  comme  ils  y  répandirent  la  foi,  Os  furent 
I  devant  le  préfet  Anolin,  confessèrent  avec  constance  devant 
a  divinité  de  Jésus-Christ,  et  subirent  la  peine  capitale.  On  en- 
Kt  leurs  corps  hors  de  la  porte  Romaine.  Ils  y  demeurèrent 
pemps  ignorés,  jusqu'à  ce  que ,  sur  une  révélation  divine,  le 
heureux  Ambroise  les  retrouva  arrosés  d'un  sang  encore 
;  frais,  et  comme  s'ils  ne  venaient  que  de  souffrir  le  martyre. 
les  transporta  alors  dans  Milan,  et  on  les  plaça  dans  un  sé- 
re  magnifique.  Ces  deux  saints,  qui  avaient  visité  Embrun, 
ropole  des  Alpes  maritimes,  où  leur  prédication  fut  si  fê- 
le, sont  à  cause  de  cela  considérés  comme  les  apôtres  de 
e  la  contrée  voisine  des  Alpes. 

ictor,  né  en  Afrique,  gouverna  l'Église  au  temps  de  l'empe- 
'  Sévère.  II  confirma  le  décret  de  Pie  Ier,  ordonnant  que  la  sainte 

de  Pâques  serait  célébrée  le  dimanche.  Plusieurs  conciles 
été  tenus  dans  la  suite  pour  que  ce  rite  devînt  un  usage  cons- 
.  Enfin,  au  premier  concile  de  Nicée,  il  fut  réglé  que  l'on  célé- 
ait  la  fête  de  Pâques  au  dimanche  qui  suit  le  14e  jour  de  la 
i  de  Mars,  afin  que  les  chrétiens  ne  parussent  point  imiter  les 
i.  Victor  établit  que  toute  personne  pourrait,  en  cas  denéces- 

baptiser  avec  une  eau  quelconque,  pourvu  qu'elle  fût  natu- 
?.  Il  excommunia  Théodote,  corroyeur  de  Byzance,  qui  ensei- 
t  que  Jésus-Christ  a  été  seulement  homme.  Il  écrivit  sur  la 
»tkm  de  la  Pâque,  et  sur  plusieurs  autres  sujets.  Couronné 
le  martyre,  il  fut  enseveli  le  28  juillet  de  l'an  202,  après  avoir 
;  sur  la  chaire  de  saint  Pierre  uu  peu  plus  de  neuf  ans. 


3 


£€  28  juillet.  —  s.  innocent,  pà*i. 


28  juillet.  —  S.  INNOCENT,  pape  et  confesser*. 

Innocent  était  de  la  ville  d'Albano,  près  Rome.  Son  mérite  et 
sa  rare  vertu  relevèrent  au  saint-siége  à  l'âge  de  42  ans.  In- 
nocent, qui  n'avait  point  brigué  cet  honneur  et  qui  n'avait  fait 
([iio  céder  aux  instances  du  clergé  de  Rome,  fut  saisi  de  frayeur 
à  la  vue  des  obligations  importantes  qui  sont  attachée»  à  cette 
éminente  dignité. 

Rome  renfermait  encore  des  idolâtres  dans  son  enceinte,  et 
Innocent  fit  tout  ce  qui  était  en  lui  pour  les  détromper  et  les 
amener  à  la  connaissance  de  Jésus-Christ.  11  ne  bornait  pas  sob 
zèle  à  Y  Église  de  Rome  :  tous  les  maux  qui  arrivaient  dans  tel 
autres  Églises  le  touchaient  également,  et  il  cherchait  à  y  rem* 
(lier.  Ayant  appris  qu'il  y  avait  un  schisme  entre  les  évéques  d'Es- 
pagne, et  que  les  canons  étaient  ouvertement  violés  dans  plusienri 
lieux  de  ce  royaume,  il  écrivit  à  ces  prélats  pour  les  exhorter  i 
la  concorde  et  à  l'observation  de  la  discipline,  et  il  leur  donna 
des  règles  sages  pour  leur  servir  selon  les  occasions.  Il  était  encore 
plus  affligé  des  maux  de  l'Église  d'Orient,  et  particulièrement 
de  la  persécution  qu'on  faisait  souffrir  à  saint  Jean  Chrysostome, 
patriarche  de  Constantinople.  Quand  il  apprit  que  ce  saint  éré- 
que  avait  été  déposé  par  la  cabale  de  ses  ennemis,  il  ressentit 
cette  injustice  comme  si  elle  eût  été  faite  à  lui-même.  Il  ordonna 
un  jeune  public  dans  la  ville  de  Rome,  pour  demander  à  Dieu 
qu'il  lui  plût  d'empêcher  le  schisme  dont  l'Église  était  menacée; 
et  il  ne  se  laissa  point  prévenir  contre  saint  Chrysostome,  mal- 
gré les  artifices  et  les  mensonges  des  ennemis  de  cette  grande 
lumière  de  l'Église.  Ne  pouvant  remédier  entièrement  a  un  fl 
grand  mal,  il  fit  ce  qu'il  put  pour  en  empocher  les  progrès. 

Il  semble  que  le  Ciel  eût  du*  favoriser  un  zèle  si  pur  et  lui  ou- 
vrir tous  les  moyens  propres  à  le  faire  réussir;  mais  Dieu,  dont 
les  pensées  sont  bien  différentes  de  celles  des  nommes,  se  plut, 
pour  ainsi  dire,  à  multiplier  ses  travaux  sur  la  terre.  En  effet, 
dans  le  temps  que  ce  saint  pape  tâchait  de  mettre  partout  Tordre 
et  la  régularité,  Alaric  répandit  la  terreur  dans  Rome  même, 
par  le  siège  qu'il  mit  devant  cette  ville ,  Tan  409.  Ce  qui  affligea 
davantage  Innocent  fut.  de  voir  que ,  pendant  que  les  fldèles  im- 
ploraient le  secours  de  Dieu ,  les  païens  consultaient  les  devins  et 


28  juillet.   —  S.    INNOCENT,    PAPE.  87 

eut  des  sacrifices  aux  faux  dieux  pour  empêcher  la  prise  de 
le.  Il  prévit  bien  que  cet  encens  sacrilège  ne  pouvait  qu'ir- 
le  Ciel ,  et  que  les  désordres  publics  avaient  attiré  l'état  dé- 
Me  où  Ton  était  réduit.  Il  fallut  acheter  la  levée  du  siège  par 
somme  immense  d'or  et  d'argent  qu'on  ne  put  former  qu'en 
nllant  les  particuliers  et  les  temples.  Le  siège  fut  donc  levé; 
Alaric  ne  voulut  point  faire  de  paix  avec  l'empereur  Hono- 
dont  il  était  mécontent  ;  et  par  là  Rome  demeurait  toujours 
ée  au  mal  qu'elle  venait  d'éloigner.  Le  sénat  députa  Inno- 
rers  Alaric ,  et  ensuite  vers  l'empereur ,  pour  les  engager  à 
rider.  Ces  deux  négociations  furent  infructueuses.  Innocent , 
yant  ce  qui  devait  arriver  à  la  ville  de  Rome ,  s'arrêta  à 
me  auprès  d'Honorius.  Bientôt  il  parut  que  Dieu  avait 
retirer  son  fidèle  serviteur  d'une  ville  dont  il  allait  per- 
e  la  ruine  :  en  effet ,  Alaric  remit  le  siège  devant  Rome , 
t  Tan  410 ,  et  l'abandonna  au  pillage,  à  l'exception  de  l'é- 
de  Saint-Pierre.  L'année  suivante ,  elle  fut  encore  ravagée 
Jtolphe ,  beau-frère  d' Alaric. 

and  fétat  de  cette  ville  parut  un  peu  plus  tranquille,  Inno- 
r  revînt,  et  causa  par  son  retour  une  grande  joie  au  peuple, 
int  pasteur  lui  apprit  à  faire  un  bon  usage  des  maux  qu'il 
raît.  Il  s'en  servit  même  pour  détruire  les  restes  de  l'idolâ- 
sngageant  les  chrétiens  à  se  montrer  dans  leur  adversité  plus 
its  que  les  païens.  Ceux-ci ,  voyant  la  résignation  et  le  cou- 
les chrétiens  qui  souffraient ,  sans  se  plaindre ,  la  perte  de 
biens ,  demandaient  à  entrer  dans  une  religion  qui  inspire 
grand  mépris  des  richesses  temporelles  et  une  si  grande  ré- 
ion  dans  les  adversités.  Au  bout  de  quelque  temps,  la  tran- 
:é  se  rétablit ,  et  le  saint  pape  en  profita  pour  faire  refleurir 
cipline  et  la  régularité ,  et  pour  tâcher  de  former  un  peupje 
et  adonné  aux  bonnes  œuvres.  Il  se  servit  aussi  de  son  au- 
pour  chasser  les  donatistes  de  Rome.  11  condamna  Pelage 
;  sectateurs.  Après  cette  dernière  marque  de  son  zèle ,  il  alla 
dît  dans  le  ciel  la  récompense  de  ses  travaux.  Il  mourut  le 
ars  417,  après  avoir  occupé  le  siège  apostolique  14  ans  9  mois 
urs. 


88  X)  juillet.  —  S.  LAZARE,  SAINTE  tUMTU* 


19j*MeL  —  S.  LAZARE, SAINTES  MARTHE  EX  MAHIK 

DB  BBTHANIB.  —  Ier  Siècle^  -.i^.^i, 

Lazare,  ainsi  que  Marthe  et  Marie,  ses  sœurs,  demeurait  à 
Béthanie ,  petite  ville  qui  était  à  deux  nulles  de  Jérusalem ,  et 
un  peu  au  delà  de  la  montagne  des  Oliviers.  Le  Sauveur,  qui  «fa- 
bord  avait  fait  sa  résidence  ordinaire  dans  la  Galilée,  s'étant  fixé 
principalement  en  Judée  à  la  troisième  année  de  sa  mission  pu* 
blique,  honora  plusieurs  fois  de  sa  présence  la  maison  de  cette 
sainte  famille.  On  croit  que  Marthe  était  plus  âgée  que  Marie  et 
Lazare ,  et  que  c'était  elle  qui  prenait  soin  des  affaires  domesti- 
ques. 11  parait,  par  l'histoire  de  la  résurrection  de  Lazare,  que 
cette  famille  était  une  des  plus  distinguées  du  pays. 

Dans  la  première  visite  de  Jésus-Christ,  Marthe  fit  paraître  un 
grand  empressement  pour  le  bien  recevoir  et  le  servir  de  ses  pro- 
pres mains.  Elle  voulut  se  charger  elle-même  du  soin  de  tous  les 
préparatifs  nécessaires  en  cette  circonstance.  Cependant  Marie 
restait  assise  aux  pieds  de  Jésus ,  écoutant  les  discours  qui  sor- 
taient de  sa  bouche  divine.  Elle  y  trouvait  une  telle  douceur, 
qu'elle  n  était  occupée  d'aucune  autre  pensée.  Tous  les  mo- 
ments lui  paraissaient  précieux ,  et  rien  ne  pouvait  la  distraire. 
Elle  sentait  son  cœur  s'enflammer  de  plus  en  plus,  et  elle  était 
en  état  de  dire  avec  l'épouse  du  Cantique  :  Mon  bien-aimé  nt  • 
moi  y  et  je  suis  à  lui ,  lui  qui  se  nourrit  au  milieu  des  lis  ;  c'est- 
à-dire  avec  les  âmes  chastes ,  ou  parmi  les  fleurs  odoriférantes 
des  vertus. 

Cette  maison,  suivant  la  remarque  de  saint  Augustin,  est  li- 
mage de  la  famille  de  Dieu  sur  la  terre.  Personne  n'y  est  oisif, 
chacun  y  a  son  emploi.  Les  uns,  comme  les  solitaires ,  vaquent 
uniquement  aux  exercices  de  la  contemplation;  les  autres  se  eon» 
sacrent  à  la  vie  active  :  tels  sont  ceux  qui  travaillent  au  salut  èi 
prochain  dans  les  fonctions  extérieures  du  ministère;  ceux  qui, 
par  un  principe  de  charité ,  servent  les  pauvres  et  les  malades; 
ceux  enfin  qui ,  occupant  une  place  dans  le  monde ,  remplissent 
fidèlement  les  devoirs  de  leur  état,  et  agissent  toujours  dans  11 
vue  de  plaire  à  Dieu ,  lui  rapportant  toutes  leurs  démarches,  et 
se  proposant  l'accomplissement  de  sa  volonté.  Celui-là  est  le  ptai 
grand  saint  qui ,  dans  quelque  état  qu'il  soit,  tend  à  la  perfection 
avec  le  plus  d'ardeur,  et  montre  le  plus  d'amour  pour  Dieu  et  le 


2%  juillet.   —  S.    LAZARE,   SAINTE   MARTHE.  89 

prochain  :  car  la  charité  est  l'âme  et  comme  le  sceau  de  la  per- 
fection chrétienne. 

On  a  souvent  demandé  laquelle  de  la  vie  active  ou  de  la  vie  con- 
templative était  la  plus  parfaite.  Saint  Thomas  répond  que  la 
vie  mixte,  qui  est  en  partie  active  et  en  partie  contemplative ,  est 
la  plus  excellente.  Ce  fut  celle  de  Jésus-Christ  et  de  ses  apôtres  ; 
c'a  été  celle  de  tous  les  saints  qui,  dans  tous  les  siècles ,  se  sont  oc- 
cupés du  soin  d'instruire,  de  consoler  et  de  servir  le  prochain.  Un 
pareil  genre  de  vie  suppose  une  grande  ardeur  de  charité ,  et  est 
bien  méritoire  lorsqu'il  est  joint  à  l'esprit  de  prière  et  de  recueil- 
lement; mais  cet  esprit  ne  peut  subsister  longtemps,  à  moins  qu'on 
ne  rentretienne  et  ne  le  nourrisse  par  la  retraite ,  par  de  fréquents 
retours  sur  soi-même,  et  par  la  pratique  continuelle  de  la  médi- 
tation des  vérités  saintes.  On  sait  que  Jésus-Christ  se  retirait  sou- 
vent sur  les  montagnes  pour  prier.  Un  pasteur,  par  exemple ,  qui 
laisserait  éteindre  en  lui  l'esprit  de  prière ,  aurait,  selon  l'expres- 
sion de  saint  Bonaventure ,  une  âme  morte  dans  im  corps  vivant. 
Il  en  est  de  même  de  ceux  qui  vivent  dans  le  monde ,  ou  qui  se 
sont  dévoués  aux  œuvres  de  charité.  S'ils  ne  prennent  de  sembla- 
bles précautions ,  ils  s'exposent  à  une  perte  certaine. 

Marthe  ne  croyait  pas  pouvoir  assez  témoigner  à  Jésus  le  vif 
empressement  dont  elle  était  animée.  Elle  eût  souhaité  que  toutes 
les  créatures  se  fussent  réunies  à  elle  pour  servir  l'hôte  adorable 
qui  avait  daigné  venir  dans  sa  maison  ;  elle  se  plaignit  donc  à  lui 
de  ce  que  sa  sœur  ne  venait  pas  l'aider.  Le  Sauveur  ne  désapprouva 
pas  le  principe  de  sa  sollicitude  ;  mais  il  lui  fit  comprendre  qu'elle 
ne  devait  pas  condamner  sa  sœur,  qui  s'attachait  à  ce  qu'il  y 
avait  de  plus  important,  à  l'avancement  spirituel  de  son  âme. 
Marthe ,  Marthe  y  lui  dit-il ,  vous  vous  empressez,  et  vous  vous 
troublez  dans  le  soin  de  beaucoup  de  choses  :  une  seule  chose 
cependant  est  nécessaire.  Ce  n'était  pas  qu'il  voulût  donner  à 
entendre  qu'on  doit  négliger  les  devoirs  qui  se  terminent  aux  corps  ; 
il  voulait  seulement  que  nous  apprissions  de  là  que  les  fonctions 
spirituelles  méritent  la  préférence  sur  les  corporelles ,  même  sanc- 
tifiées pour  la  pureté  du  motif ,  lorsque  les  unes  et  les  autres  se 
trouvent  en  concurrence.  Les  secondes ,  à  la  vérité ,  changent  de 
nature  quand  la  gloire  de  Dieu  en  est  l'objet;  mais  l'âme  y  est 
souvent  exposée  à  être  distraite ,  surtout  dans  le  cours  de  l'action. 

Ce  qui  prouve  surtout  combien  Jésus-Christ  aimait  la  famille , 
de  Marthe,  c'est  la  résurrection  de  Lazare.  Lorsque  Lazare  fut 

8. 


90  29  fltUkt.  —  S.  LA2ABB  ,  SÂIRTB  MABTM1- 

tombé  dans  la  maladie  dont  ii  mourut ,  ses  sœurs  en  mfonnforaf 
le  Sauveur  qui  était  alors  en  Galilée.  Elles  ne  lui  firent  dire  qoe  ces 
paroles  •*  Celui  que  vous  aimez  est  malade.  EUea  savatatt  Jfes 
qu'il  n'en  faudrait  pas  darantageponr  exciter  sa  compaarfwrH* 
pour  l'attendrir  sur  leur  malheur. 

Ce  n'était  point  pour  nous  délivrer  de  nos  infirmitéscorporeUei 
que  Jésus-Christ  était  descendu  du  ciel  sur  la  terre.  Il  guérissait 
cependant  les  malades,  et  ressuscitait  les  morts,  afin  de  nom 
faire  comprendre  jusqu'à  quel  point  il  désirait  de  sauver  nos  âmes. 
Il  connaissait  toute  l'étendue  de  nos  misères  spirituelles,  mais  il 
voulait  aussi  que  nous  la  connussions  nous-mêmes ,  pour  nous 
porter  à  implorer  son  assistance  ;  de  là  ces  différents  miracles 
qu'il  opérait,  et  dont  la  fin  était  de  nous  réveiller,  et  de 
les  ténèbres  qui  nous  dérobent  cette  précieuse  connaissance. 

Jésus  n'eut  pas  plutôt  appris  le  sujet  de  la  douleur  de  Marthe 
et  de  Marie ,  que  son  cœur  fut  ému  de  compassion.  Cependant  i 
différa  quelques  jours  de  venir,  tant  pour  éprouver  la  vertu  des 
sœurs  de  Lazare,  que  pour  manifester  sa  gloire  avec  plus  d'éclat 
Comme  il  approchait  de  Béthanie ,  Marthe,  instruite  de  son  arrivée, 
s'empressa  d'aller  au-devant  lui,  et  lui  dit:  Seigneur,  si  vous 
eussiez  été  ici,  mon  frère  ne  serait  point  mort.  Jésus  la  rassura, 
et  lui  fit  espérer  que  son  frère  ressusciterait.  Marthe  ne  voulut 
pas  profiter  seule  du  bonheur  qu'elle  avait  eu  d'entretenir  en  par- 
ticulier le  Sauveur  ;  elle  alla  avertir  sa  sœur  que  Jésus  était  arrivé, 
et  qu'il  la  demandait.  Celle-ci  courut  aussitôt  au-devant  de 
divin  Maître ,  et  se  jeta  à  ses  pieds  fondant  en  larmes.  Elle 
accompagnée  d'un  grand  nombre  de  Juifs  qui  étaient  venus  con- 
soler les  deux  sœurs  de  la  mort  de  leur  frère ,  et  qui  versaient 
aussi  des  larmes. 

Ce  triste  spectacle  toucha  tellement  le  Sauveur,  que,  se  las- 
sant aller  à  la  douleur ,  il  voulut  montrer  qu'il  était  homme  a 
faisant  paraître  du  trouble  et  de  l'altération  sur  son  visage  et 
dans  tout  son  extérieur.  Il  demanda  où  l'on  avait  mis  le  corps 
de  Lazare.  On  lui  répondit  :  Seigneur^  venez  et  voyez.  D  aHa 
donc  au  tombeau  avec  eux ,  et  commanda  qu'on  ôtât  la  pierre 
qui  le  fermait.  Marthe  lui  représenta  qu'il  y  avait  déjà  quatre  jours 
que  le  corps  était  dans  le  tombeau,  et  qu'il  devait  sentir  mau- 
vais. Se  vous  ai-jepas  dit,  répliqua  Jésus,  que,  si  vous  croyez, 
vous  verrez  la  gloire  de  Dieu?  Ensuite  ,  ayant  adressé  une  prière 
a  son  Père,  il  cria  à  haute  voix  :  Lazare,  sortez  dehors.  A 


2&  juillet    —  S.    LAZARE,    SAINTE    MARTHE,  91 

Instant  Lazare  se  leva.  les  pieds  et  les  mains  liés  avec  des 
ondes,  et  la  tête  enveloppée  d'un  suaire.  Jésus  commanda  qu'on 
e  déliât,  et  qu'on  le  laissât  aller.  Plusieurs  d'entre  les  Juifs,  qui 
étaient  venus  voir  Marthe  et  Marie ,  ayant  été  témoins  d'un  mi- 
rade  aussi  éclatant,  crurent  en  Jésus,  et  se  mirent  au  nombre 
des  disciples;  mais  les  princes  des  prêtres  et  les  pharisiens,  en 
ayant  été  informés,  s'assemblèrent,  et  résolurent  de  faire  mourir 
non-seulement  le  Sauveur,  mais  même  Lazare ,  afin  que  la  pré- 
sence de  ce  dernier  ne  rappelât  plus  le  miracle  opéré  en  sa  per- 
sonne. Il  ne  parait  pas  cependant  qu'ils  aient  exécuté  le  dessein 
formé  contre  Lazare. 

Peu  de  temps  après,  et  six  jours  avant  Pâques ,  Jésus  étant  re- 
venu à  Béthanie ,  on  lui  donna  un  grand  souper.  Lazare  était  à 
table  avec  lui;  et  Marthe  le  servait.  Marie  saisit  cette  occasion 
pour  donner  au  Sauveur  une  marque  de  la  profonde  vénération 
qu'elle  avait  pour  lui  :  elle  prit  un  vase  rempli  d'excellents  par- 
fums qu'elle  lui  versa  sur  les  pieds ,  les  essuyant  avec  ses  cheveux. 
Judas  Iscariote ,  qui  était  présent ,  regarda  ces  parfums  comme 
perdus ,  et  prétendit  qu'il  eut  mieux  valu  les  vendre ,  et  en  donner 
le  prix  aux  pauvres  Ce  n'était  pas  qu'il  s'intéressât  beaucoup 
au  sort  des  malheureux  ;  mais  c'est  que ,  portant  la  bourse ,  il 
convertissait  quelquefois  à  son  usage  les  biens  communs ,  parce 
qu'il  était  un  voleur.  On  voit  par  là  avec  combien  de  facilité  l'a- 
varice  se  glisse  dans  le  cœur,  et  combien  l'avare  est  ingénieux  à 
trouver  des  excuses  pour  se  tromper  lui-même.  Au  lieu  que  la 
charité  interprète  en  bonne  part  les  actions  du  prochain ,  la  pas- 
sion entraîne  toujours  dans  des  jugements  téméraires.  Judas,  en 
condamnant  ce  que  Marie  venait  de  faire ,  condamnait  un  acte 
de  religion  très-héroïque  :  mais  Jésus  prit  la  défense  de  cette 
sainte  femme  ;  il  considérait  non  les  parfums  en  eux-mêmes ,  mais 
le  motif  qui  les  avait  fait  répandre.  Il  les  reçut  comme  un  gage  de 
l'amour  dont  Marie  était  embrasée  pour  lui ,  et  comme  un  em- 
baumement anticipé  de  son  corps ,  qui  devait  être  bientôt  livré  à 
la  fureur  des  Juifs;  il  déclara  même  que  cette  action  ,  condamnée 
par  Judas ,  serait  un  sujet  d'édification  dans  tous  les  lieux  où  Ton 
prêcherait  l'Évangile. 

Depuis  ce  temps-là ,  l'Évangile  ne  nous  apprend  ni  ce  que  firent 
ni  ce  que  devinrent  Lazare  et  ses  sœurs.  Les  Provençaux  préten- 
dent ,  d'après  une  tradition  populaire ,  qu'ils  furent  chassés  par 
les  Juifs  après  l'Ascension  du  Sauveur,  et  que,  s'étant  embar- 


92         *       &  jtÊilkt .    —  S.  LOUP,  BV.   DE  TlOYMi 

qués,  ils  vinrent  abordera  Marseille,  où  ils  Ame 

ils  ajoutent  que  cette  église  eut  saint  Lazare  pour  prottter  è 

On  crut  découvrir  les  reliques  de  ces  saints  dam  I* 
siècle;  celles  de  sainte  Marie  étaient  dans  le  lieu  dit 
Saint-Maximin  ;  colles  de  sainte  Marthe ,  à  Tarascon ,  sur  le 
llhôue ,  et  celles  des  autres  saints ,  à  Saint-Victor  de  Marseille. 


*2iï juillet.  —  S.  LOUP,  BVÉQUB  de  Tboybs  et  confes- 
seur. —  b*  siècle. 

Saint  I <oup,  l'un  des  principaux  ornements  de  l'Église  de  Francs 
au  5°  siècfe ,  naquit  à  Toul  de  parents  distingués  dans  la  pro- 
vince. Quand  il  fut  en  âge  de  se  marier,  il  épousa  Piméniols, 
sœur  de  saint  Uilaire,  évêque  d'Arles.  La  septième  année  de  leur 
mariage,  ils  se  séparèrent  d'un  consentement  mutuel,  pour  mener 
une  vie  plus  parfaite.  On  ne  sait  pas  ce  que  devint  Piménnle; 
pour  saint  Loup ,  il  se  retira  dans  le  célèbre  monastère  de  Lé- 
rins,  sous  la  conduite  de  saint  Honorât,  qui  fut  depuis  évéqna 
d'Arles.  Il  y  demeura  un  an,  occupé  de  la  prière  et  des  diffé- 
rentes pratiques  de  la  pénitence. 

Apres  cette  épreuve,  il  fit  un  voyage  ùMûcou,  pour  vendre  quel- 
ques héritages  et  en  distribuer  le  prix  aux  pauvres.  Ayant  fin* 
cette  affaire,  il  se  préparait  à  retourner  à  Lérins,  lorsque  des  dé- 
putés de  la  ville  de  Troves  vinrent  le  demander  pour  évéque.  Si 
résistance  fut  sans  effet  ;  on  l'emmena  à  Troycs  malgré  lui,  et  kl 
évêques  de  la  province  de  Sens  lui  imposèrent  les  mains.  Sa  nou- 
velle dignité  ne  lui  lit  rieit  diminuer  de  la  vie  pénitente  qu'il  avait 
menée  dans  le  monastère  de  I^érins.  On  vit  toujours  en  lui  ta 
même  humilité,  le  même  esprit  de  mortification,  et,  ce  qui  etf 
remarquable,  le  même  esprit  de  pauvreté. 

Quoique  les  évéques  ses  prédécesseurs  eussent  beaucoup  tra- 
vaillé à  mettre  le  bon  ordre  dans  le  diocèse  de  Troyes,  il  trouva 
néanmoins  encore  beaucoup  de  dérèglement  et  de  corruption 
parmi  le  peuple  et  le  clergé.  Il  entreprit  de  déraciner  le  vice  avec 
une  vigueur  digue  d'un  apôtre  de  Jésus-Christ;  mais  son  zèle  fut 
toujours  accompagné  de  prudence. 

Il  y  avait  longtemps  que  l'on  était  menacé  dans  les  Gaules  do 
l'arrivée  du  fameux  Attila ,  roi  des  Huns,  qui  s'était  jeté  dans  les 
provinces  de  l'empire  romain  avec  une  multitude  innombrable  de 


80  juillet  —  SS.   ABDON  ET  SENNEIf.  93 

res.  Après  avoir  ravagé  la  Thrace,  la  plus  grande  partie  de 
ie  et  de  la  Grèce,  il  passa  enfin  le  Rhin  à  la  tétc  de  plus  de 
»  cent  mille  hommes,  qui  se  répandirent  dans  tous  les  pays 
à  la  Seine  et  à  la  Loire,  pillant  et  brûlant  tout  ce  qui  se 
lit  sur  leur  chemin.  Après  une  infinité  de  massacres  et  le 
cément  des  villes  les  plus  fortes,  entre  autres  de  Reims,  Cara- 
Sesançon,  Langres  et  Auxerre,  les  barbares  se  dirigèrent  sur 
s,  pour  la  détruire  et  massacrer  ses  habitants ,  qui  furent 
rot  plus  alarmés  que  leur  ville  n'était  point  fortifiée  et  qu'ils 
ent  point  d'armes.  Toutefois  le  saint  évêque ,  dont  le  crédit 
s  de  Dieu  valait  bien  mieux  que  les  boulevards  les  plus 
ssflHes,  loin  de  s'effrayer  comme  les  autres,  assembla  son 
3,  et  le  portant  à  la  pénitence  pour  apaiser  la  colère  de  Dieu, 
ta  un  jeûne  et  des  prières  publiques.  De  son  coté,  il  se  cou- 
tan  sac,  et  se  prosterna  contre  terre  pour  conjurer  le  ciel 
ourner  la  tempête  de  dessus  son  troupeau.  Il  demeura  en 
rt  jusqu'à  la  nouvelle  qu'on  eut  de  l'approche  des  ennemis. 
il  se  releva  plein  de  confiance  en  la  bonté  divine ,  se  revêtit 
habits  pontificaux ,  se  fit  accompagner  de  tout  son  clergé , 
rcha  en  procession ,  précédé  de  la  croix ,  au-devant  d'Attila, 
wnrla  le  premier ,  selon  plusieurs  modernes,  et  lui  demanda 
nent  qui  il  était  :  Je  suis  le  fléau  de  Dieu  !  répondit  ce  roi 
re.  Respectons  ce  qui  nous  vient  de  Dieu ,  répliqua  le  saint 
e;  mais  ,  si  vous  êtes  le  fléau  dont  le  Ciel  veut  nous  châtier , 
z  que  vous  ne  devez  faire  que  ce  qui  vous  est  permis  par 
in  toute-puissante  qui  vous  fait  mouvoir  et  qui  vous  gou- 
.  Attila ,  frappé  d'un  discours  auquel  il  était  si  peu  accou- 
,  s'adoucit  et  promit  à  saint  Loup  d'épargner  sa  ville.  En 
il  fit  remonter  toute  son  armée  dans  les  plaines  du  territoiro 
lâlons,  où  il  fut  défait  peu  de  temps  après  par  les  Romains. 
Loup  mourut  le  29  juillet  de  Tan  477 ,  après  cinquante- 
ansd'épiscopat. 


juillet.  —SAINTS  ABDON  ET  SENNEN,  martyrs.  - 

3e  siècle. 

Jon  et  Sennen,  Perses  de  nation ,  accusés  sous  le  règne  de 
ereur  Dèce,  parce  qu'ils  enterraient  dans  leur  domaine  les 
des  chrétiens  qu'on  abandonnait  sans  sépulture ,  furent  ar- 


94  30  juillet.  —  sainte  julitte,  hait. 

rêtés  par  ordre  de  l'empereur,  et  on  leur  signifia  de  sacrifier  aux 
faux  dieux.  Comme  ils  ne  lé  voulurent  pas,  et  qu'au  contraire  as 
continuèrent  avec  la  même  constance  de  prêcher  la  divinité  dp 
Jésus-Christ,  on  les  jeta  dans  une  étroite  prison,  et  Décius,  en  es* 
venant  plus  tard  à  Rome,  les  fit  marcher  enchaînés  et  Élisant  par* 
tie  de  son  triomphe.  Lorsqu'on  les  traîna  dans  Rome  devant  kr 
images  des  faux  dieux,  ils  ne  marquèrent  en  leur  présence  que  di, 
Thorreur  et  du  mépris.  En  conséquence,  on  les  exposa  aux  ours  et 
aux  lions,  mais  ces  bêtes  féroces  n'osaient  pas  les  toucher.  Ob 
finit  par  les  massacrer,  et  attachés  par  les  pieds,  on  les  traîna  de» 
vant  la  statue  du  soleil.  Le  diacre  Quirinus  enleva  secrètement 
leurs  corps  et  les  ensevelit  dans  sa  maison,  en  Tan  250. 


30  juillet  -  SAINTE  JULITTE,  mabtyhe.—  3e  siècle. 

Julitte,  de  Césarée,  en  Cappadoce,  était  fort  élevée  au-desM 
des  personnes  ordinaires  de  son  sexe  par  sa  vertu,  son  esprit  ff . 
son  courage.  Elle  eut  à  souffrir  diverses  injustices  de  la  part  d*Uf 
des  principaux  habitants  de  la  ville,  qui  avait  fait  saisir  la  piupa£ 
de  ses  terres  et  lui  avait  enlevé  ses  domestiques  et  même  ses  trofte: 
peaux.  Le  peu  d'attache  qu'elle  avait  aux  biens  de  la  terre  luiMr 
rait  sans  doute  fait  supporter  patiemment  toutes  ces  pertes  *  tiU* 
méchant  homme  n'eût  encore  entrepris  de  la  dépouiller  de  Ht' 
meubles  et  des  choses  les  plus  nécessaires  à  la  vie.  Pour  tâcher  <f if* 
rêter  le  cours  de  tant  d'injustices,  elle  se  vit  obligée  d'en  porter  èj|, 
plaintes  au  magistrat.  L'usurpateur  avait  gagné  de  faux  témoin* 
pour  déclarer  que  tout  ce  que  demandait  Julitte  lui  appartenait,  A 
il  avait  eu  la  précaution  de  faire  au  juge  des  présents  considérables^ 
qui  le  lui  avaient  rendu  favorable.  .^"v 

Le  jour  de  l'audience  étant  venu,  Julitte,  qui  n'avait  d'auU$' 
appui  que  la  bonté  de  sa  cause ,  se  contenta  d'exposer  clairement 
les  faits.  L'usurpateur,  au  lieu  de  prouver  que  les  biens  qu'on  lui, 
redemandait  étaient  à  lui,  dit  que  Julitte  n'était  pas  recevableà 
se  plaindre  et  à  demander  justice,  parce  qu'elle  était  chrétienne, 
et  que  selon  les  lois  (1)  elle  ne  pouvait  pas  même  être  écoutée.  Le 
juge  qui  était  bien  aise  d'avoir  un  prétexte  pour  ne  point  rendre 

(I)  Dioctétien  avait  fait  un  édit  qui  déclarait  les  chrétiens  infâmes,  indignai 
d*i  secoure  des  lois  et  déchus  de  tous  les  privilèges  des  citoyens. 


30  juillet.  —    SAINTE  JLLITTE,   M  ART.  95 

Julitte,  dit  que,  si  elle  voulait  qu'il  examinât  sou  af- 
filiait auparavant  qu'elle  renonçât  publiquement  à  la  re- 
irétienne.  Aussitôt  il  fit  apporter  un  autel  et  de  l'encens, 
donna  de  sacrifier  aux  dieux  et  de  reconnaître  leur  puis- 
ulitte,  qui  savait  que  le  plus  grand  bien  est  de  conserver 
ire  et  sans  tache,  et  qu'on  gagne  tout  en  perdant  tout 
sus-Christ,  répondit  avec  courage  :  Que  toutes  mes  ri- 

et  que  mon  corps  même  périssent,  mais  ma  bouche  ne 
era  jamais  un  blasphème  contre  le  Dieu  qui  m'a  créée  ! 
ressa ,  on  la  menaça,  on  employa  toutes  sortes  d'artifices 
gagner;  elle  fit  toujours  la  même  réponse,  elle  montra 
l'avait  que  de  l'horreur  pour  ceux  qui  voulaient  la  porter  à 
r  au  vrai  Dieu. 

constance  vraiment  chrétienne  irrita  le  juge  ;  mais  plus 
e  voyait  prêt  à  se  porter  contre  elle  aux  dernières  extré- 
lus  elle  bénissait  Dieu,  qui,  en  la  privant  des  biens  de  la 
i  avait  ouvert  le  chemin  pour  arriver  à  ceux  du  ciel.  Enfin 
inique,  non-seulement  la  déclara  déchue  de  la  demande 
avait  faite  de  ses  biens ,  mais  la  condamna  encore  à  être 
Julitte  entendit  prononcer  cet  arrêt  avec  une  joie  qui  se 
t  sur  son  visage,  et  qu'elle  témoigna  jusqu'au  dernier 
Ayant  aperçu  auprès  d'elle  plusieurs  femmes  chrétiennes, 
se  contenta  pas  de  les  prêcher  par  son  exemple,  elle  les 
encore  par  ses  paroles  à  souffrir  avec  courage  tout  ce  que 
i  Jésus-Christ  pourrait  leur  présenter  de  dur  à  la  nature, 
ens  eux-mêmes  étaient  dans  l'admiration  de  voir  une 
riche  et  en  état  de  plaire  au  monde  mépriser  tous  ses  avan- 
;  la  vie  même,  avec  une  constance  héroïque.  Dieu  fit  à 
dans  son  supplice ,  la  même  faveur  qu'il  avait  faite  à  saint 
pe.  Les  flammes  du  bûcher  formèrent  comme  une  voûte 
i'elle,  en  sorte  qu'elles  ne  servirent  qu'à  dégager  son  âme 
s  du  corps,  et  laissèrent  celui-ci  sans  aucune  altération. 
Basile,  qui  a  rapporté  son  histoire,  dit  que,  près  de  l'en- 
i  Ton  déposa  son  corps ,  on  voyait  une  fontaine  d'eau 
ït  très-salutaire  aux  malades,  quoique  toutes  les  eaux 
irons  fussent  amères  et  salées.  On  ne  sait  point  l'année 
tyre  de  cette  sainte,  mais  il  n'eut  lieu  qu'après  l'an  303. 


96  31  juillet.  —  S.    GI1MAIH  L'àUUlftOa}. 


ïljliUttt.  —  S.  GERMAIS,  ÊVHÊQtTB  D%AUXKMtB.  — 

Saint  Germain  naquit  à  Auxerre ,  vers  Tan  380,  de  parents  no- 
bles, qui  l'instruisirent  avec  soin  dans  les  lettres  humaines.  Sa 
mérite  le  Ht  élever  à  des  places  fort  honorables  ;  il  parvint 
à  celle  de  duc  ou  général  de  troupe  de  son  pays.  Germain  la 
plit  avec  toute  l'intégrité  et  toute  la  sagesse  que  Ton  pouvait  at- 
tendre d'un  honnête  homme  du  monde.  Content  d'être  très- 
probe,  il  s'embarrassait  fort  peu  d'être  chrétien,  et  mettait  UmM 
sa  religion ,  comme  le  plus  grand  nombre,  à  éviter  les  vices  gro» 
siers  et  à  briller  par  des  vertus  humaines.  Quand  il  avait  pcii 
quelque  bête  a  la  chasse,  il  se  plaisait  à  en  suspendre  la  ttei 
un  poirier  qui  était  au  milieu  de  la  ville,  aOn  qu'on  vit  qu'A  étal 
un  habile  chasseur.  Son  amour-propre  se  repaissait  de  cette  fa- 
mée de  vanité,  et  l'on  ne  pouvait  lui  faire  apercevoir  la 
de  cette  action  sans  le  révolter. 

Mais  Dieu  lit  connaître  à  saint  Amateur,  évêque  d'Amené, 
qu'il  changerait  l'esprit  et  le  cœur  de  Germain,  et  qu*Q  en  ftnft 
un  saint  évêque  et  une  des  plus  grandes  lumières  de  r£g)fe 
Amateur,  plein  de  joie  de  ce  que  la  miséricorde  du  Seigneur  ri- 
lait  s'exercer  sur  celui  qui  jusque-là  avait  paru  très-âoipé  di 
la  voie  qui  conduit  au  ciel,  lui  donna  l'habit  ecclésiastique,  • 
lui  disant  :  Travaillez,  mon  cher  et  vénérable  frère,  à 
pur  et  sans  tache  l'honneur  que  vous  venez  de  recevoir.  Dieu 
que  vous  occupiez,  en  qualité  de  pasteur,  le  siège  épiscopal  que  jt 
vais  quitter.  Ce  saint  évêque  mourut  peu  de  jours  après,  le  pro-  f 
mier  de  mai ,  l'an  de  Jésus-Christ  418.  Aussitôt  le  clergé,  la  wt 
blesse  et  le  peuple  d'Auxcrre  demandèrent  tout  d'une  voix  Ger- 
main pour  leur  évêque.  Il  résista  de  toute  sa  force  ,  et  soUWb 
diverses  personnes  pour  l'aidera  faire  échouer  cette  affaire; 
ceux  mêmes  qu'il  croyait  avoir  gagnés  l'abandonnèrent  et 
rent  avec  les  autres  pour  le  faire  évêque  :  de  sorte  qu'il  fut  oUfi 
de  céder  et  de  se  laisser  imposer  les  mains  par  les  évêques  de  tt 
province,  le  7  juillet  de  Tan  418.  On  reconnut  bientôt  que  a 
résistance  ne  venait  que  de  la  connaissance  qu'il  avait  des  obSp- 
tions  attachées  «à  un  ministère  si  redoutable  :  il  fit  juger,  dèsH 
commencement  de  son  gouvernement,  que  Dieu  l'avait  choisi  po* 
eu  faire  l'exemple  des  bons  évêques. 


31    juillet.   —    S.   GERMAIN  l'aUXEBROIS.  fff 

11  se  fît  eu  lui  un  changement  universel  :  foulant  aux  pieds  les 
mneurs  et  les  richesses  du  siècle,  il  renonça  en  même  temps  à 
us  les  plaisirs  de  la  vie.  Il  distribua  tous  ses  biens  aux  pauvres, 

ne  chercha  plus  qu'à  suivre  Jésus-Christ  dans  sa  pauvreté  et 
s  humiliations  de  sa  croix.  Depuis  son  épiscopat  jusqu'à  sa  mort, 
ne  mangea  jamais  de  pain  de  froment  ;  il  ne  buvait  pas  de  vin 
rdiiiairement ,  n'usait  ni  d'huile ,  ni  de  vinaigre ,  ni  de  sel  ;  les 
«irs  de  jeûne,  il  ne  mangeait  que  le  soir.  En  hiver  comme  en 
é,  il  avait  toujours  le  même  habit,  d'une  étoffe  grossière  tel  que 

portaient  les  gens  peu  aisés  delà  campagne  pour  travailler  aux 
ns  ou  aux  champs  ;  il  ne  le  quittait  que  quand  il  tombait  par 
ièees,  ou  que  la  misère  des  autres  l'engageait  à  le  leur  donner. 
ras  son  habit  il  avait  un  rude  cilice  qu'il  n'ôtait  jamais.  Il  exer- 
il  l'hospitalité  envers  ceux  qui  se  présentaient,  sans  choix  et 
ms  exception  :  il  leur  lavait  les  pieds,  et  prenait  soin  qu'ils  ne 
lanquassent  de  rien;  mais  il  ne  mangeait  point  avec  eux,  afin 
s  ne  point  rompre  son  jeûne. 

Le  pélagianisme  faisait  de  grands  progrès  en  Angleterre  ;  les  ca- 
loliques  députèrent  aux  évêques  de  France  pour  leur  représen- 
sr  l'état  où  ils  étaient  et  leur  demander  du  secours.  Les  évéques 
b  France  tinrent  à  ce  sujet  une  assemblée,  et  prièrent  Loup  de 
royes  de  se  réunir  à  Germain ,  désigné  par  le  pape ,  afin  de  l'ai- 
er  dans  l'importante  mission  dont  il  était  chargé.  Dieu  bénit 
urs  travaux,  et  les  deux  saints  rentrèrent  en  France,  emportant 
s  regrets  de  la  Grande-Bretagne. 

Il  n'y  avait  pas  longtemps  que  saint  Germain  était  de  retour  à 
uxerre,  lorsqu'il  fut.  obligé  de  passer  en  Italie  pour  aller  trouver 
«mpereur  Valentinien ,  qui  était  à  Ravennc.  Au  sortir  de  Milan, 
s  pauvres  l'abordèrent  pour  le  prier  de  leur  faire  quelque  au- 
lône.  H  demanda  à  son  diacre  qui  l'accompagnait  s'il  lui  restait 
aeique  argent.  Trois  écus ,  répondit  le  diacre.  —  Donnez-les  à 
s  pauvres  gens,  lui  dit  Germain.  —  Et  de  quoi  vivrons-nous  ? 
•prit  le  diacre.  —  Dieu  aura  soin  lui-même,  répliqua  Germain, 
l  nourrir  ceux  qui  se  seront  rendus  pauvres  pour  l'amour  de  lui  ; 
nsi  donnez  aux  pauvres  ce  que  vous  avez.  Le  diacre  n'obéit 
i*en  partie ,  et  réserva  un  écu.  Peu  de  jours  après ,  un  seigneur 
i  pays ,  nommé  Lépore ,  qui  était  très-malade ,  l'envoya  prier 
stamment  de  le  venir  voir,  ou  du  moins  de  l'assister  de  ses 
•ières,  en  cas  qu'il  ne  voulût  pas  se  détourner  de  son  chemin, 
'homme  de  Dieu,  qui  regarde  toujours  comme  le  meilleur  che- 

9 


9ft  31  juillet.  —  SAINT  JSAN  COLOIUTNL 

min  celui  qui  conduit  à  quelque  bonne  WUfi«,  stia  Croaref  li* 
pore,  demeura  trois  jours  chez  lui,  et  obtint  sa  guérisoou  Lépeft*. 
plein  de  reconnaissance,  l'obligea  de  recevoir  deux  vmâàémèftlËL 
la  dépense  de  son  voyage.  Germain  les  mit  entre  les  mains  de  ; 
diacre ,  et  lui  dit  que,  s'il  avait  donné  les  trois  écus  qui  ha 
taient,  comme  il  le  lui  avait  commandé ,  ce  seigneur,  dont  Diea 
avait  voulu  se  servir  pour  les  récompenser  de  leur  aumône ,  leur 
aurait  donné  trois  cents  écus  au  lieu  de  deux  cents.  Le  diacre, 
qui  croyait  s'être  bien  caché,  vit  par  la  que  Dieu  avait  Sut  con- 
naître au  saint  la  faute  qu'il  avait  faite. 

Après  que  Germain  eut  obtenu  de  l'empereur  la  grâce  qu'il  es* 
mandait,  Dieu  termina  ses  travaux  par  une  sainte  mort.  Un  Jour, 
après  l'office  du  matin,  comme  il  s'entretenait  des  matières  de  ra»  ! 
ligîon  avec  les  évéques  qui  l'accompagnaient,  il  leur  dit  :  lia 
chers  frères,  je  vous  recommande  mon  passage.  J'ai  cru  voir  eetts 
nuit  Jésus-Christ  qui  me  donnait  la  provision  pour  un  voyage,  il 
il  m'a  dit  que  c'était  pour  aller  dans  ma  patrie  y  recevoir  le  repu 
éternel.  Peu  de  jours  après  il  tomba  malade.  Toute  la  ville  en  Al 
alarmée.  L'impératrice  l'alla  voir,  et  Germain  lui  demanda  m 
grâce  de  renvoyer  son  corps  dans  son  pays,  ce  qu'elle  lui  accordiè 
regret.  Le  saint  évéque  mourut  en  448  ou  449,  le  septième  jour  de« 
maladie,  après  avoir  gouverné  son  église  pendant  30  ans  et  25  joua. 


31    juillet.  —  SAINT  JKAN    COLOMBINI,  FONDATEUR   M 
l'ordre  des  Jésihtes.  — 14e  siècle. 

Jean  Colombini ,  issu  d'une  des  plus  anciennes  maisons  dl 
Sienne,  ayant  été  élu  premier  magistrat  de  cette  ville,  s'attira 
l'estime  de  ses  concitoyens  par  la  manière  dont  il  remplit  les  dft1 
voirs  de  sa  place.  Malheureusement  l'honneur  dont  il  jouisuk  ; 
dans  le  monde,  ainsi  que  la  probité  dont  il  se  piquait,  n'étaujt 
point  en  lui  sanctifiées  par  la  religion  ;  il  vivait  dans  un  oufal 
continuel  de  Dieu  et  de  l'éternité . 

Revenant  un  jour  à  midi  très-fatigué  parce  qu'il  avait  été  ac- 
cablé d'affaires  tout  le  matin ,  il  se  mit  en  colère  parce  qu'il  ne 
trouva  point  le  dîner  prêt  Sa  femme,  pour  le  faire  patienter,  lui 
donne  un  livre  qu'il  repousse  d'abord  avec  violence  ;  mais  le  mo- 
ment d'après,  honteux  de  son  emportement ,  il  le  prend,  l'ou- 
vre, et  comme  c'était  une  /  />  des  Saints,  il  tombe  sur  l'histoire  de 


31  juillet.    —  S.  JEA3  COLOMBIM.  99 

ite  Marie  d'Egypte.  Il  la  lit,  et  y  trouve  tant  de  plaisir  qu'il 
songe  plus  à  son  dîner.  Insensiblement  son  cœur  s'attendrit;  il 
içoit  de  la  douleur  de  ses  péchés  passés,  et  forme  la  résolution  de 
nger  de  conduite  et  de  renoncer  à  ce  monde  qui  l'avait  séduit. 
1  commença  par  quitter  sa  charge ,  et  par  donner  aux  pauvres 
plus  grande  partie  de  ses  biens.  Les  pratiques  de  la  plus  rigou- 
oe  pénitence  ne  lui  parurent  point  austères.  Il  passait  presque 
nuits  entières  à  prier  et  à  gémir  sur  ses  péchés.  Le  peu  de 
ios  qu'il  accordait  à  la  nature ,  il  le  prenait  sur  deux  planches. 
Gt  de  sa  maison  un  hôpital  où  il  recevait  les  pauvres  et  les  ma- 
ies. Un  autre  serviteur  de  Dieu ,  nommé  François  Vincent , 
ffirit  à  partager  les  œuvres  de  miséricorde  qu'il  exerçait.  Tous 
dl  couraient  à  Fenvi  dans  la  carrière  de  la  perfection. 
léanCclombini  avait  un  fils  et  une  fille.  L'un  étant  mort ,  et  l'au- 
t  sëtant  faite  religieuse,  il  vendit  le  reste  de  son  bien  pour  le  dis- 
aux  pauvres  et  aux  églises.  Il  lui  fut  très-aisé  d'obtenir  le 
de  sa  femme ,  qui  était  fort  vertueuse,  et  qui  déjà 

engagée,  ainsi  que  lui,  à  passer  le  reste  de  sa  vie  danslacon- 

.  Après  s'être  réduit  à  une  pauvreté  semblable  à  celle  des 

,  il  se  livra  tout  entier  au  service  des  indigents  dans  les  hc- 

,aui  exercices  de  piété,  et  aux  mortifications  de  la  pénitence. 
Plusieurs  hommes,  touchés  de  ses  exemples,  se  joignirent  à 
i,  et  marchèrent  sur  ses  traces.  Us  se  consacraient  ainsi  que  lui 
x  soins  des  pauvres  et  des  malades,  s' occupant  de  leur  procurer 
s  secours  spirituels ,  et  aussi  corporels,  et  les  leur  apportaient 
ec  une  charité  admirable.  Comme  ils  avaient  continuellement  le 
m  sacré  de  Jésus  dans  la  bouche ,  le  peuple  les  appela  Jésuales. 
?  nombre  des  disciples  de  Jean  Colombiui  s'étant  augmenté  con- 
lérabiement,  il  en  forma  une  congrégation  religieuse  qui  embrassa 
règle  de  saint  Augustin,  et  qui  prit  saint  Jérôme  pour  patron.  Le 
pe  Urbain  V  approuva  cet  institut  en  1367  ;  mais,  à  cause  du  rè- 
glement qui  s'y  introduisit  plus  tard,  Clément  IX  la  supprima  en 

Quant  à  son  saint  fondateur,  il  mourut  le  31  juillet  1367. 


31  juillet.  —  SAENT  IGNACE  DE  LOYOLA,  fondateur 

DE  LA  COMPAGNIE  DE  JÉSUS.—  15esiècle. 

Ignace  de  Loyola  naquit  Tan  1491  dans  cette  partie  de  la  Bis- 
ve  qui  porte  le  nom  de  Guipuscoa.  Sa  famille  était  noble  et 


100  31  juillet.   —  S.    IGNACE   DE  LOYOLA. 

distinguée  dans  la  province.  Il  fut  élevé  à  la  cour  d'Espagne,  parmi 
les  pages  du  Roi  Catholique ,  et  prit  le  parti  des  armes. 

11  se  distingua  par  sa  valeur  en  plusieurs  rencontres,  et  ne  son-  * 

geait  qu'à  acquérir  de  la  gloire  et  à  vivre  conformément  aux  idées  f 

du  monde.  Mais  le  moment  marqué  par  la  Providence  pour  sa  '■' 

conversion  ne  tarda  pas  d'arriver.  Il  se  trouva  assiégé  dans  la  ci*  J 

tadelle  de  Pampelune ,  où  il  parut  plus  d'une  fois  sur  la  brèche,  » 

soutenant  avec  un  courage  intrépide  plusieurs  assauts  dans  un  »1 

desquels.!!  eut  la  jambe  cassée  d'un  coup  de  cauoi*.  Ce  malheur  ii 

hâta  la  prise  de  cette  citadelle ,  où  il  commandait.  Ignace  se  fit  i 

transporter  au  château  de  Loyola,  qui  appartenait  à  son  père,  il 

Comme  sa  guérison  fut  longue  et  difficile ,  il  demanda  quelques  i 

romans  pour  se  désennuyer  ;  il  ne  s'en  trouva  point  dans  le  dit*  ;i 

teau  ;  on  lui  apporta  les  f  les  des  Saints ,  et  il  aima  mieux  les  lire  * 

que  de  passer  ses  jours  dans  une  ennuyeuse  oisiveté  II  fut  frappé  )( 

de  tout  ce  que  ces  héros  du  christianisme  avaient  fait  pour  sauver.  * 

leur  âme,  et  il  prit  la  résolution  de  les  imiter.  Il  eut  le  temps  4s.  q 

former  à  loisir  le  projet  de  sa  conversion,  et  on  peut  dire  qu'elle  n 

fut  héroïque  et  digne  de  son  grand  cœur.  $ 

Dès  qu'il  fut  parfaitement  guéri ,  il  se  rendit  à  Akmt-Serrai ,  lîea  i, 

célèbre  par  le  concours  des  pèlerins  et  par  la  dévotion  des  fidèles  $ 

qui  y  accouraient  en  foule  pour  implorer  la  protection  de  la  Mèw  ^ 

de  Dieu.  Il  fit  une  confession  générale  de  tous  les  péchés  de  sa  %j|  i( 
avec  tant  de  componction  et  de  larmes ,  que  son  confesseur  en  fit 

vivement  touehé.  Il  veilla  une  nuit  devant  une  image  de  la  fflèft  ,. 

de  Dieu ,  et  suspendit  son  épée  à  un  des  piliers  de  l'église.  Il  doona  ' 

ensuite  aux  pauvres  les  riches  liabits  qu'il  portait ,  se  rendit  à  Hi4-  . 

pital  de  Manrèze,  dans  l'équipage  le  plus  pauvre  et  le  plus  huAH  . 
liant,  et  s'attacha  au  service  des  malades. 

Malgré  son  déguisement,  on  s'aperçut  que  cet  homme  n'était  pas  ' 

de  la  condition  des  pauvres.  Voyant  que  l'on  commençait  à  leres-  ' 

pecter,  il  alla  se  cacher  dans  une  grotte  proche  de  la  ville,  où  il  fut  ; 

uniquement  occupé  delà  prière  et  des  exercices  de  la  pénitence.  Ce  j 

fut  là  qu'il  composa  le  livre  des  Exercices  spirituels ,  qui  a  donné  ' 
la  première  idée  de  ces  retraites  où  l'on  ne  s'applique  qu'à  méditer 
les  vérités  du  salut,  et  qui  ont  fait  tant  de  fruit,  dans  les  âmes. 

Il  désira  de  visiter  les  lieux  saints,  et  fit  le  voyage  de  Jérusalem. 
A  son  retour,  il  résolut  de  se  consacrer  aux  travaux  de  l'apostolat. 
Il  vint  à  Paris,  l'an  1528 ,  pour  y  faire  ses  études.  Ce  fut  là  qu'il 
s'associa  quelques  compagnons  qui  étudiaient  comme  lui  dans. 


31  juillet.  —  S.    IGNACE  DE  LOYOLA.  401 

Université,  et  qu'il  jeta  les  fondements  d'une  compagnie  d'hommes 
postoliques,  destinés  à  faire  une  guerre  éternelle  aux  ennemis 
e  Jésus-Christ  et  de  l'Église.  L'an  1534,  ils  firent  vœu,  dans 
église  de*  Montmartre ,  de  se  rendre  dans  la  Palestine ,  pour  y 
ravailler  à  la  conversion  des  infidèles ,  ou ,  si  ce  voyage  ne  pou- 
ait  avoir  lieu,  d'aller  se  présenter  au  pape  pour  lui  offrir  de  tra- 
ailler  sous  ses  ordres  partout  où  il  lui  plairait  de  les  envoyer. 

Le  pape  Paul  III  reçut  avec  plaisir  les  offres  de  ces  nouveaux 
uvriers,  et  les  employa  utilement  pour  le  service  de  l'Église, 
ui  était  alors  déchirée  par  l'hérésie  dans  toutes  les  parties  de 
Europe.  Us  étaient  habiles  et  formés  par  un  grand  maître  dans 
i  Menée  des  saints.  Ce  fut  Tan  1540  que  le  pape  donna  son  ap- 
robation  à  la  compagnie  établie  par  saint  Ignace ,  qui  en  fut 
ki  le  premier  général.  Ce  ne  fut  pas  sans  répugnance  qu'il  ac- 
epta  cette  dignité,  et  quelques  années  après  il  résolut  de  s'en 
émettre  ;  mais  aueun  de  ses  disciples  n'y  voulant  consentir,  il  les 
ouverna  jusqu'à  sa  mort  avec  une  profonde  sagesse  et  un  zèle  en- 
oreplus  grand  pour  la  gloire  de  Dieu  et  pour  les  intérêts  de  l'Église. 

Cette  compagnie  fit  par  ses  soins  de  rapides  progrès.  Il  ne  cher  • 
hait  dans  son  établissement  que  l'utilité  du  prochain ,  la  gloire 
«  Dieu  et  l'avantage  de  la  religion  ;  et  tout  le  temps  qu'il  pouvait 
érober  au  gouvernement  de  son  ordre ,  il  le  donnait  aux  bonnes 
•uvres.  Ce  corps  religieux  a  rendu  d'importants  services  à  la  ré- 
gion et  à  la  société,  particulièrement  dans  la  direction  des  scien* 
es  et  pour  l'éducation  de  la  jeunesse. 

Saint  Ignace  fut  favorisé  d'un  grand  nombre  d'extases  et  d'ap- 
aritions  miraculeuses,  qui  marquaient  la  pureté  de  son  âme  et  son 
mon  intime  avec  Dieu ,  et  on  pouvait  le  regarder  comme  un 
arfait  modèle  de  toutes  les  vertus  religieuses  dont  il  donnait  des 
èges  aux  autres. 

H  mourut  à  Rome,  l'an  1556 ,  et  fut  canonisé  l'an  1609  par  le 
ape  Grégoire  XV,  à  la  prière  de  la  plupart  des  princes  catholi- 
ues  de  l'Europe. 


Fin  du  mois  de  juillet. 


9. 


103      i"  août.  —  us  mpt  vains  uausm. 

■■  i  ■  ii       «  ii  i       — — — — — — >■«— i    ■     !■■■  i——————  'mn>>  ii  •       .  [ 

l"  août  —  LES  SEPT  FRÈRES  MACHÀBÉES,  ATltf îgg§ 

MÈBE  ,  MABTYBS. 

Quoique  ces  illustres  martyrs  aient  souffert  près  de  deux 
avaut  la  naissance  de  Jésus-Christ ,  on  les  regarde  néanmoM 
comme  appartenant  à  l'Église  du  Nouveau  Testament ,  parce  que 
la  foi  dans  le  Médiateur,  sans  laquelle  il  n'y  a  point  de  vrai  mer» 
tyre,  les  vivifiait  et  les  animait  :  aussi  l'Église  les  a-t-elle  honorés 
d'un  culte  public  dès  les  premiers  siècles,  et  nous  les  propose 
t-elle  aujourd'hui  pour  les  objets  de  notre  vénération  et  de  nottt 
imitation. 

Après  que  le  saint  vieillard  Éléazar  eut ,  par  sa  fin  glorieuse  ai 
milieu  des  tourments ,  laissé  à  toute  sa  nation  un  grand  exemple 
de  générosité  et  de  mépris  do  la  mort ,  on  présenta  à  Antioehai, 
surnommé  Épiphane,  cruel  persécuteur  des  Juifs,  sept  fieras 
avec  leur  mère,  qui  témoignèrent  la  même  constance  et  le  méflM 
courage.  Antiochus,  voyant  leur  jeunesse,  crut  en  triompher  pla 
aisément,  et  on  leur  fit  présenter  des  viandes  défendues  par  la  M» 
espérant  qu'ils  en  mangeraient  ;  mais ,  voyant  qu'il  ne  pouvat 
les  engager  par  ses  promesses ,  ni  les  intimider  par  ses  menaces, 
il  les  lit  tourmenter  cruellement.  Pendant  ce  supplice,  le  premier 
des  sept  dit  au  roi  :  Que  demandez-vous  de  nous  ?  Mous  somma 
prêts  à  mourir,  plutôt  que  de  violer  les  lois  de  Dieu  et  dénotas 
pays.  Alors  Antiochus  commanda  que  Ton  fit  chauffer  despote 
et  des  chaudières  d'airain ,  et,  lorsqu'elles  furent  toutes  brûlantes. 
il  ordonna  qu'on  coupât  la  langue  a  celui  qui  avait  parlé  le  pie* 
mier ,  qu'on  lui  arrachât  la  peau  de  la  tête ,  qu'on  lui  coupât  ks 
extrémités  diis  mains  et  des  pieds,  en  présence  de  ses  frères  et  de 
sa  mère ,  et  ensuite  on  le  fit  rôtir  dans  la  poêle  tandis  qu'il  rapv 
rait  encore.  Sa  mère  et  ses  frères ,  au  lieu  de  se  laisser  abattis  à 
la  vue  de  ces  tourments  inouïs ,  s'encourageaient ,  disant  :  Le 
gneur  décharge  à  présent  sur  notre  nation  sa  juste  colère; 
il  s'apaisera ,  et  nous  traitera  un  jour  dans  sa  miséricorde. 

Après  la  mort  du  premier  des  sept  frères,  on  prit  le  second,  et 
on  lui  arracha  la  peau  de  la  tête  avec  les  cheveux.  Ceux  qui  le 
tourmentaient,  lui  disaient  :  Mangez  des  viandes  qu'on  vous  pli* 
sente,  et  nous  cesserons  de  vous  faire  du  mal.  Mais  il  répondît  : 
Je  ne  puis  faire  ce  que  vous  me  demandez.  On  le  traita  donc 


lri   août.   —  LES  SEPT    FBERES   WACHABÉES.  103 

e  son  frère.  Étant  près  de  rendre  l'esprit ,  il  dit  au  roi  :  Vous 
aites  perdre  la  vie  présente ,  mais  le  Roi  du  monde  nous 
Citera  un  jour  pour  la  vie  éternelle.  On  se  saisit  ensuite  du 
me ,  on  lui  dit  de  présenter  sa  langue ,  qu'il  donna  aussitôt 
ant  :  J'ai  reçu  de  Dieu  les  membres  de  mon  corps;  mais  je 
sprise  maintenant  pour  la  défense  de  ses  lois ,  parce  que 
:e  qu'A  me  les  rendra  un  jour  dans  une  autre  vie.  On  ne  lui 
pas  dire  davantage  ;  on  lui  coupa  la  langue,  et  ensuite 
;  et  le  roi  et  tous  les  assistants  étaient  surpris  de  voir  ce 
homme  qui  regardait  sans  émotion  les  plus  affreux  supplices. 
irtrième  fut  tourmenté  comme  ses  trois  frères  ;  et  étant 
'expirer,  il  dit  :  Il  vaut  mieux  souffrir  la  mort  de  la  part 
animes,  que  de  vivre  en  violant  la  loi  de  Dieu ,  puisqu'un 
)ieu  nous  rendra  la  vie  en  nous  ressuscitant.  Car  pour  vous, 
t-t-il  en  parlant  à  Antiochus ,  vous  ne  ressusciterez  pas  pour 
.  Le  cinquième,  étant  appliqué  aux  mêmes  tourments,  re- 
Antiochus,  et  lui  dit  :  Vous  faites  à  présent  ce  que  vous 
e,  parce  que  vous  avez  reçu  la  puissance  parmi  les  hommes, 
ne  vous  ne  soyez  vous-même  qu'un  homme  mortel;  mais 
osez  pas  que  Dieu  ait  abandonné  notre  nation  ;  attendez  un 
vous  verrez  quelle  est  la  force  de  Celui  que  nous  adorons  ; 
connaîtrez  l'étendue  de  sa  puissance,  et  vous  sentirez  corn- 
il  vous  accablera ,  vous  et  votre  race.  La  constance  de  ces 
wremiers  redoubla  le  courage  des  deux  autres.  Le  sixième , 
ntque  la  violence  des  tourments  allait  lui  ôter  la  vie  présente, 
ussi  au  roi  :  Ne  vous  trompez  pas  en  voyant  les  maux  que 
souffrons  ;  ils  sont  la  juste  peine  des  péchés  que  nous  avons 
ois  contre.  Dieu  ;  mais  ne  vous  flattez  pas  non  plus  de  de- 
er  impuni,  après  avoir  entrepris  de  combattre  contre  le 
•Puissant. 

ftiochus,  confus  de  se  voir  vaincu  par  des  jeunes  gens ,  voulut 
de  nouveaux  efforts  pour  tâcher  au  moins  de  séduire  le 
ïme  et  de  le  faire  tomber.  Il  lui  promit  avec  serment  qu'il  le 
•ait  riche  et  heureux  ;  qu'il  le  mettrait  au  rang  de  ses  favoris, 
"il  le  comblerait  d'honneurs,  s'il  voulait  abandonner  les  lois 
s  pères.  Biais  le  jeune  enfant  témoigna  qu'il  ne  voulait  point 
re  sort  que  celui  de  ses  frères.  Antiochus,  avant  d'en 
•  aux  tourments ,  dit  à  la  mère  d'inspirer  à  son  fils  d'autres 
ments ,  et  de  l'empêcher  de  courir  à  une  mort  prompte  et 
le.  Mais  cette  généreuse  mère,  au  lieu  de  faire  ce  que  le  roi 


4  s-,1 


1*4  Ier  août.  — s.  piuuub  jujx  tmm* 

attendait  d'elle,  s'approcha  de  sonfHs,ethn  dit     hébreu, 
que  les  assistants  ne  l'entendissent  point,  car  cerf  ae 

Antioche,  où  Ton  parlait  grec  :  Mon  fils,  ayez  pitié  dr 

vous  ai  porté  neuf  mois  dans  mon  sein ,  qui  vous  ai  nourri  de 
mon  lait  pendant  trois  ans ,  et  qui  vous  ai  élevé  jusqu'à  l'âge  où 
vous  êtes.  Considérez  le  ciel  et  la  terre ,  qui  sont  les  ouvrages  de 
Dieu,  aussi  bien  que  tous  les  hommes  :  souffrez  courageusemevt 
les  tourments  de  la  mort ,  comme  Font  fait  vos  frères ,  afin  que  Je 
reçoive  de  nouveau  la  vie  avec  eux  dans  la  résurrection  que  nom 
attendons.  Lorsqu'elle  parlait  encore,  ce  jeune  homme  s'écn: 
Qu'attendez-vous  de  moi  ?  Je  n'obéis  point  au  commandement . 
du  roi ,  mais  à  la  loi  de  Dieu  qui  a  été  donnée  par  Moïse.  Pour 
vous ,  qui  êtes  la  cause  de  tous  les  supplices  dont  on  nous  accabla, 
vous  n'éviterez  pas  la  vengeance  de  Dieu.  Si  nous  souffrons  à 
présent,  c'est  la  main  de  Dieu  qui  nous  frappe  à  cause  de  DM 
péchés.  Si  ce  Dieu  nous  châtie ,  c'est  pour  nous  rendre  maltais 
et  pour  nous  corriger  ;  mais  ensuite  il  répandra  de  nouveau  ta 
grâces  et  ses  bienfaits  sur  ses  serviteurs.  Pour  vous  encore 
fois,  ne  vous  flattez  pas  d'une  vaine  espérance  de  pardon;1 
n'éviterez  point  le  jugement  de  Dieu ,  qui  peut  tout  et  qui  vot 
tout.  Mes  frères ,  que  vous  avez  fait  mourir,  sont  entrés  dans  h 
vie  éternelle.  J'abandonne  volontiers ,  comme  eux,  mon  corps  et 
ma  vie  pour  la  défense  des  lois  de  mes  pères  :  je  conjure  sente- 
ment  le  Seigneur  de  regarder  enfin  notre  nation  d'un  œfl  4b 
pitié ,  et  de  vous  contraindre  par  la  force  de  son  bras  vengeur  à 
reconnaître  qu'il  est  le  seul  vrai  Dieu.  J'espère  que  sa  coite, 
qui  est  justement  tombée  sur  son  peuple,  finira  à  ma  mort  et  i 
celle  de  mes  frères. 

Le  roi ,  irrité  du  courage  et  de  la  sainte  hardiesse  de  ce  Jea* 
homme ,  ordonna  qu'on  le  traitât  encore  plus  cruellement  que  sa 
frères ,  et  il  mourut  comme  eux  au  milieu  des  supplices ,  qui 
supporta  avec  une  constance  admirable.  La  mère  suivît  eUe-mone 
le  même  jour  ceux  qu'elle  avait  envoyés  à  Dieu  devant  elle,  et 
mêla  son  sang  à  celui  de  ses  enfants. 


1er  août.  -  SAINT  PIERRE  AUX  LIENS.  —  1er  siècle. 

La  fête  de  ce  jour  est  depuis  longtemps  célébrée  dans  l'Égpse 
grecque  et  dans  l'Église  latine,  pour  remercier  Dieu  du  miracle 


1er  août.   —  S.   PIEBRE  AUX  LIENS.  10 j 

de  la  délivrance  de  saint  Pierre,  des  chaînes  dont  il  fut  chargé  à 
Jérusalem  pour  le  nom  de  Jésus-Christ.  C'est  du  texte  sacré  des 
Actes  des  Apôtres  que  nous  allons  extraire  le  récit  de  ce  prodi- 
gieux événement. 

Après  la  descente  du  Saint-Esprit  sur  l'Église  naissante,  les 
Apôtres  ,  et  saint  Pierre  le  premier ,  ayant  prêché  aux  Juifs  l'É- 
vangile de  Jésus-Christ ,  plusieurs  milliers  de  personnes  deman- 
dèrent et  reçurent  le  baptême.  La  synagogue,  alarmée,  excita 
contre  les  nouveaux  fidèles  une  persécution.  Saint  Pierre  et  ses 
collègues  furent  maltraités  et  emprisonnés  ;  mais  un  ange  les  dé- 
livra de  leurs  chaînes ,  et  ils  continuèrent  les  fonctions  de  leur 
mission  divine .  Peu  de  temps  après ,  Hérode  Agrippa ,  roi  des 
Juifs,  ayant  condamné  à  mort  saint  Jacques  le  Majeur,  fit  encore 
emprisonner  saint  Pierre,  et,  pour  se  rendre  toujours  plus  agréable 
aux  Juifs  f  il  se  proposait  de  le  faire  exécuter  publiquement  après 
la  fête  de  Pâques,  qui  était  proche.  L'Église  se  mit  en  prières  pour 
obtenir  la  délivrance  de  son  premier  pasteur,  et  ses  prières  fu- 
rent exaucées. 

I>  prince  des  Apôtres  était  gardé  par  seize  soldats ,  dont  quatre 
faisaient  sentinelle  tour  à  tour  dans  sa  prison  auprès  de  lui  ;  les 
autres  gardaient  les  portes  ;  il  était  lié  de  chaînes  et  dormait  au 
milieu  de  ses  gardes.  Vers  minuit  de  la  nuit  qui  précédait  le  jour 
auquel  devait  se  faire  son  exécution,  la  prison  fut  éclairée  par  une 
grande  lumière  ;  un  ange  éveilla  saint  Pierre ,  lui  dit  de  se  lever, 
de  mettre  sa  ceinture,  d'attacher  ses  souliers,  de  prendre  son 
vêtement  et  de  le  suivre.  Au  même  moment,  ses  chaînes  tombent; 
il  obéit  et  marche  à  la  suite  de  l'ange.  Après  avoir  passé  le  pre- 
mier et  le  second  corps  de  garde ,  ils  viennent  à  la  porte  de  fer 
par  où  Ton  allait  à  la  ville;  cette  porte  s'ouvre  d'elle-même  :  ils 
sortent  et  marchent  ensemble  jusqu'au  bout  de  La  rue ,  après 
quoi  Tange  disparaît  tout  à  coup. 

Saint  Pierre,  à  qui  jusqu'à  ce  moment  tout  paraissait  n'être 
qu'un  songe,  reconnaît  et  bénit  Dieu  du  miracle  de  sa  délivrance. 
Il  va  chez  Marie,  mère  de  Jean ,  surnommé  Marc,  où  plusieurs 
disciples  réunis  priaient  pour  lui ,  frappe  à  la  porte  ;  une  jeune 
fille  nommée  Rhodé  vient ,  reconnaît  sa  voix  et  court ,  transportée 
de  joie,  dire  aux  disciples  que  Pierre  est  à  la  porte.  On  ne  la 
crut  pas ,  et  Ton  dit  que  c'était  sans  doute  son  ange  gardien  en- 
voyé de  Dieu  pour  quelque  événement  extraordinaire.  Cependant 
Werre  continue  de  frapper  ;  on  lui  ouvre  enfin.  Lorsqu'il  fut  entré . 


L 


106     1er  août.  —  sns.  foi,  xsp:      net  st  <    urri. 

il  raconta  comment  le  Seigneur  Fa  ré  de    i  prison-,  a^| 

commanda  d'en  instruire  Jacqi  :  et  ses  frères,  ec  sertit -éHlj 
ville  pour  se  mettre  en  lieu  de  :  été.  Le  lrnilrmrin  NÉfe^ÉR 
évasion  causa  le  plus  grand  trouble  parmi  les  soldats  ;  on  nesanà 
ce  que  le  prisonnier  était  devenu.  Hérode  fît  mettre  à  mort  ks 
gardes ,  sous  prétexte  qu'ils  avaient  favorisé  son  évasion. 

Eudoxie ,  femme  de  l'empereur  Théodose  le  Jeune ,  ayant  ap- 
porté de  Jérusalem,  en  439,  les  deux  chaînes  dont  saint  Kent 
avait  été  lié  dans  cette  ville ,  en  retint  une ,  qu'elle  donna  à  MB 
église  de  Constantinople ,  et  envoya  l'autre  à  Rome ,  à  sa  flfc 
Eudoxie,  épouse  de  l'empereur  Valeutinien  111.  Cette  princes» Il 
déposa  dans  une  église  de  Rome ,  dont  la  dédicace  se  fit  le  pre- 
mier août ,  sous  l'invocation  de  Saint-Pierre-aux-Liens.  On 
serve  aussi  dans  la  même  ville,  suivant  le  témoignage  de 
Césaire,  les  chaînes  dont  saint  Pierre  avait  été  lié  dans  son  der- 
nier emprisonnement ,  qui  précéda  son  martyre. 


Ier  août.  —  SAINTK  FOI,  SAINTE  ESPÉRANCE  ET SAHtTE 

CHARITE,     VIERGES     ET    MARTYRES     AVEC    LEUK      Wt* 

SAINTE  SOPHIE.  —  2e  ou  3e  siècle. 

Malgré  l'illustration  de  ces  saintes  martyres  et  le  cuit»  qrta 
leur  a  rendu  dans  les  églises  d'Occident  comme  dans  celles  ffr» 
rient,  il  ne  nous  a  rien  été  transmis  d'authentique  sur  elles 
cette  variété  iutinie  de  légendes  qui  nous  sont  parvenues, 
noms  eux-mêmes,  ce  qui  est  rare,  et  même  sans  exemple* 
exprimés  chez  les  Latins  avec  la  forme  latine  (  F  ides,  Spes, 
ritas  ),  comme  chez  les  Grecs  avec  la  forme  hellénique  (Pbfft 
KlpiSy  Agapè  ),  de  manière  qu'ils  semblent  être  plutôt  des  MF» 
noms  que  des  noms  propres.  Il  est  assez  probable  qu'ils  sont  SU* 
lement  appellatifs,  et  qu'on  a  voulu  désigner  par  les  vertus  théo- 
logales de  saintes  martyres  dont  les  noms  étaient  restés  il 
C'est  ce  que  Ton  fait  encore  aujourd'hui  à  Rome,  où  Ton 
fréquemment  des  noms  de  vertus  chrétiennes  à  des  saints  martyrs 
dont  on  a  recueilli  les  reliques  dans  les  catacombes,  et  dont  da 
ignore  le  nom  réel.  Voici  toutefois  en  abrégé  la  légende  la  ptas 
accréditée  relativement  à  nos  saintes. 

I/on  dit  que  sainte  Sophie  vint  à  Rome  avec  ses  trois  HUet 
pour  y  propager  la  religion  chrétienne,  sous  le  règne  do  l'empereur  ^ 


l*r  août  —    S.   FBIÂRD.  107 

ien;  mais  que  celui-ci  fit  arrêter  les  trois  jeunes  vierges,  et  les 
aourir  après  les  avoir  livrées  à  des  tourments  cruels  pour  les 
traîndre  à  renoncer  à  leur  foi.  Quant  à  leur  mère,  qui  les  avait 
-même  exhortées  à  confesser  généreusement  le  nom  de  Jésus- 
îst»  elle  rassembla  leurs  restes  >  aidée  dans  ce  pieux  office  par 
dunes  de  Rome  ;  puis  les  enterra  à  trois  milles  de  cette  ville. 
note  elle  n'émit  plus  qu'un  vœu  :  celui  de  rejoindre  au  ciel  ses 
s,  et  de  mourir  en  Jésus-Christ,  quand  elle  aurait  achevé  sa 
sre.  Elle  y  remercia  Dieu  de  la  grâce  du  martyre  qu'il  avait 
e  à  ses  enfants  ;  puis  s'affaissant  tout  en  larmes  sur  leur  tom- 
u,  elle  y  expira. 


1er  août.  —  S.  FRIARD,  solitaire.  — 6e  siècle. 

Ze  saint  naquit  en  Bretagne,  de  parents  pauvres;  il  fut  labou- 
ir  comme  son  père  ;  mais,  semblable  aux  solitaires  d'Egypte, 
tensaft  sans  cesse  à  son  origine  en  remuant  la  terre  ;  il  s'occu- 
t  de  la  méditation  de  la  mort,  qui  fait  rentrer  l'homme  dans  la 
re  d'où  il  a  été  tiré ,  et  il  soupirait  continuellement  après  la 
re  du  ciel,  où  l'on  ne  sème  plus  et  où  l'on  ne  laboure  plus, 
îs  où  l'on  recueille  éternellement  ce  qu'on  a  semé  dans  le 
(îps.  Sa  piété  lui  attira  bien  des  railleries  de  la  part  de  ceux  qui 
pouvaient  goûter  sa  vertu,  parce  qu'ils  n'avaient  pas  assez  de 
irage  pour  l'imiter.  Un  jour,  comme  Friard  liait  des  gerbes 
«  ses  compagnons,  ceux-ci  furent  assaillis  par  un  essaim  de 
Spesf  et  dirent  à  Friard  :  Que  ce  dévot  vienne,  lui  qui  prie  Dieu 
s  cesse  et  qui  fait  à  tout  moment  le  signe  de  la  croix,  et  qu'il 
us  délivre  de  ces  animaux.  Friard,  peu  sensible  à  ces  insultes, 
songea  qu'a  secourir  ses  compagnons  ;  et,  plein  de  confiance 
la  bonté  de  Celui  qu'il  adorait,  il  fit  le  signe  de  la  croix,  en 
aat  ces  paroles  qu'il  répétait  sans  cesse  :  Notre  secours  est  dans 
10m  du  Seigneur,  qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre.  Ces  paroles  chas* 
«nt  les  guêpes ,  et  ce  miracle  remplit  de  confusion  ceux  qui 
talent  raillés  du  saint.  Pour  lui.  animé  du  désir  de  mépriser 
fièrement  le  monde,  il  se  retira  dans  une  île  du  diocèse  de 
ntes,  où  il  ne  s'occupa  plus  que  delà  prière  et  de  la  méditation 
ciel.  Il  mourut  dans  cette  retraite  en  l'an  566  ou  567. 


il 

1 


108  2  août.  —   S.   ALPHONSE- M  À  RIK  DB  UGMËT. 


Mm* 


2  ao&7.  —  SAINT  ÉTÏENîfE,  pàfe  et  mabttk.  — 

Etienne,  Romain,  exerça  le  souverain  pontificat  sou  les  empe- 
reurs Valérien  et  Gallien.  Il  régla  que  les  prêtres  et  les 
ne  se  serviraient  des  ornements  sacrés  que  dans  l'église.  Il 
dit  de  rebaptiser  ceux  qui  avaient  reçu  le  baptême  des  hérétiqaei, 
écrivant  en  cette  occasion  à  saint  Cyprien  de  ne  rien  innover, 
mais  de  s'attacher  à  ta  tradition.  Il  convertit  à 
beaucoup  d'infidèles ,  entre  autres  le  tribun  CHympius, 
épouse  Exupérie  et  son  fils  Théodule,  puis  le  tribun 
avec  toute  sa  maison,  après  qu'Etienne  eut  rendu  la  vue  à 
Lurile.  Tous  moururent  martyrs  pour  la  foi.  A  mesure  que  b 
persécution  que  suscitaient  les  empereurs  devenait  plus  violet*, 
Ktienne,  après  avoir  convoqué  son  clergé,  l'exhortait  au  martyre, 
et  ne  cessait  d'offrir  le  sacrifice  de  la  messe  et  de  célébrer  des 
conciles  dans  les  catacombes.  Un  jour  que  les  infidèles  ravamt 
entraîné  au  temple  de  Mars,  pour  y  sacrifier,  il  refusa  genéreo- 
sèment  de  rendre  aux  démons  l'honneur  qui  n  est  dû  qu'au  vrai 
J)ieu.  A  ces  mots,  la  statue  de  Mars  fut  renversée  par  un  trerabfo- 
ment  de  terre  qui  ébranla  aussi  le  temple.  Tous  ceux  qui  tenais* 
Ktienne  s'enfuirent,  de  manière  que  le  saint  pontife  revint  auprès 
«les  siens  dans  le  cimetière  de  Lutine.  Il  leur  fit  quelques  instruD- 
tious  sur  les  divins  commandements,  et  leur  donna  la  comas* 
nion  sacramentelle  du  corps  du  Sauveur.  Tandis  qu'a  achevai 
le  saint  sacrifice,  les  satellites  des  empereurs  arrivèrent  de  nos- 
veau,  et  lui  coupèrent  la  tête  sur  son  siège.  Le  corps  du  martyr, 
ainsi  que  son  siège  tout  arrosé  de  son  sang,  fut  enseveli  par  les 
clercs  dans  le  cimetière  de  Callixte,  le  2  du  mois  d'août,  en  Vm 
257.  Etienne  vécut  dans  le  pontificat  trois  ans  trois  mois  et 
vingt-deux  jours. 


2  août.  —  S.  ALPHONSE-MARIE  DE  LIGUORI,  évkqul- 

18e  siècle. 

Alphonse-Marie  de  Liguori  naquit  à  tapies,  d'une  famille  no- 
ble, le  2G  septembre  1690.  Dès  ses  plus  tendres  années,  H  annonça 
d'heureuses  dispositions  pour  la  piété  et  pour  l'étude,  et,  dans 


2  août.  —  i.    ALPHONSE-MABIE   DE   LlGUOBr.  100 

son  adolescence,  il  deviut  le  modèle  de  tous  ceux  do  son  âge,  par 
sa  ferveur,  sa  charité  et  ses  autres  vertus. 

Il  était  encore  dans  la  première  enfance,  lorsque  le  B.  François 
Hiéronimo  prédit,  en  le  voyant,  qu'il  ne  mourrait  pas  avant  l'âge 
de  quatre-vingt-dix  ans,  qu'il  deviendrait  évêque  et  rendrait  de 
très-grands  services  à  l'Église  Toutefois  il  entra  dans  le  barreau 
dès  Tâge  de  seize  ans,  après  avoir  fait  ses  études  avec  un  admirable 
et  fut  reçu  docteur  en  droit  civil  et  canonique.  Il  suivait 
distinction  cette  carrière,  lorsqu'un  accident  imprévu,  qui  lui 
arriva  dans  une  cause,  et  dont  il  fut  vivement  affligé ,  le  décida, 
malgré  les  brillants  avantages  qu'on  lui  offrait»  à  se  consacrer  au 
service  des  autels.  Liguori  prit  l'habit  ecclésiastique  le  31  août 
1732,  et  dès  lors  ses  plus  chères  délices  furent  de  séjourner  à 
féglise  et  à  l'hôpital,  de  porter  le  cilice  et  de  pratiquer  les  plus 
rudes  austérités. 

Ordonné  prêtre  en  1726,  il  devint  presque  aussitôt  un  homme 
vraiment  apostolique.  Son  temps  se  partageait  entre  le  confes- 
sionnal et  la  chaire,  et  ses  prédications  fréquentes  étaient  suivies 
des  fruits  les  plus  abondants.  Quand  il  allait  donner  une  mission, 
sa  réputation  de  sainteté  et  ses  miracles  attiraient  une  multitude 
d'auditeurs  qui -ne  pouvaient,  en  l'écoutant,  retenir  leurs  larmes 
et  leurs  sanglots. 

Enflammé  de  zèle  pour  le  salut  des  âmes  et  affligé  de  l'igno- 
rance des  gens  de  la  campagne,  il  jeta,  en  1742,  les  fondements 
de  son  institut,  sous  le  titre  de  la  congrégation  du  Très-saint  Ré- 
dempteur ;  et,  malgré  de  nombreuses  contradictions,  cette  nou- 
velle société  se  répandit  en  peu  de  temps  dans  beaucoup  de  pays , 
et  fut  approuvée  par  Benoit  XIV ,  dans  son  bref  du  25  février 
1749. 

Au  milieu  de  tant  de  travaux  et  des  pratiques  multipliées  de  la 
dévotion  et  de  la  pénitence1;  Alphonse,  qui  avait  fait  le  vœu,  nou- 
veau peut-être  dans  l'Église,  de  ne  jamais  perdre  de  temps,  con- 
sacrait tous  ses  moments  libres  à  composer  un  grand  nombre 
d'ouvrages  de  théologie  et  de  piété.  L'âge  et  les  maladies  ne  dimi- 
nuèrent rien  de  son  zèle.  Clément  XIII  le  fit  évêque  de  Sainte- 
Agathc-des-Goths,  siège  suffragant  de  Bénévent.  1/ humble  Li- 
guori, qui  connaissait  les  devoirs  de  cette  dignité,  lavait  refusée 
plus  d'une  fois,  et  il  ne  fallut  rien  moins  qu'un  commandement 
exprès  du  pape  pour  le  déterminer  à  l'accepter.  Il  y  fut  promu  le 
14  juin  1702.  Il  n'adoucit  pas  néanmoins  la  vie  dure  et  mortifiée 

\I11S    UES  SAI.YTS.  —  T.   II.  10 


.".V 


110  2  WrtU.  —  8.   ALVHOI  AIE   M  III    «AflL 

qu'il  avait  menée  jusqu'alors  ;  il  «  <k  _     %mt  jtaMfe  1 

gueurs  de  la  pauvreté,  redoi       d  efforts  pour  satisfit  Jp^jfei 
deux  vertus  favorites,  le  ;  alutdes  test ^FlMniHii 

pauvres  ;  affermit  la  discipline  ec  Mastique,  fonda  de  nouveau 
établissements  de  charité,  et  eu  ia  enfia  ses  discours  pars* 
aumônes  et  ses  vertus.  Au  bouc  de  treize  ans  de  gouvememest, 
affaibli  par  les  travaux ,  les  pénitences  et  les  maladies,  il  obtint 
enfin  de  se  démettre  de  son  évéché,  faveur  qu'A  avait  mutanm^ 
sollicitée  de  Clément  X11I  et  Clément  XIV,  et  que  Pie  VI  ne  M 
accorda  qu'à  regret  en  juillet  1775. 

Agé  alors  de  soixante-dix  ans,  il  se  retira  dans  une  maison  il 
sa  chère  congrégation,  à  Nocera-de-Pagani ,  où  îl  paon  leraH 
de  ses  jours  dans  la  méditation  et  les  exercices  de  la  pénfaaoa 
Il  y  mourut  en  odeur  de  sainteté  le  1er  août  1787,  âgé  de 
vingt-dix  ans. 

11  serait  trop  long  de  donner  ici  le  détail  de  toutes  les 
rations  par  lesquelles  ce  grand  serviteur  de  Dieu  avait  InmiMlé 
son  corps,  des  privations  sans  nombre  qu'il  s'était  imposées,  soi 
par  esprit  de  piété,  soit  aussi  pour  répandre  plus  d'aumdnes  dàpi 
le  sein  des  pauvres,  ù  qui,  dans  une  année  de  disette,  il  avait  sa- 
crifié son  argenterie,  les  boucles  d'argent  de  ses  souliers,  et  jpfr 
qu'à  son  anneau  et  sa  croix  pastorale ,  qu'il  remplaça  par  aaf 
croix  en  laiton. 

Mais  rien  ne  peut  donner  une  idée  plus  juste  de  l'émmaaH 
sainteté  de  Liguori  que  le  témoignage  de  ses  confesseurs,  qrf 
ont  attesté  qu'il  avait  conservé  non-seulement  l'innocenoe  hf*' 
tismale,  mais  qu'il  ne  commit  jamais  un  péché  véniel  de  prop# 
délibéré. 

Ce  qui  contribua  surtout  à  lui  faire  conserver  jusqu'à  la  ma$; 
cet  état  d'innocence,  c'est,  dit  l'auteur  des  HéflexUms  mut  kf- 
.sainteté  et  ia  doctrine  de  saint  Liguori,  «  sa  tendre  dévâtki) 
envers  la  sainte  Vierge ,  à  laquelle  il  s'était  consacré  (Tu*? 
manière  spéciale.  Plein  pour  Marie  d'un  amour  filial  et  (Tuai 
confiance  sans  bornes,  il  s'adressait  à  elle  dans  tous  set  beseàp% .- 
et  se  tenait  assuré  d'obtenir  tout  ce  qu'il  demandait  par  saâ' 
intercession ,  crovant  avec  raison  et  affirmant  en  toute  rencontl» 
qu'elle  était  la  dispensatrice  de  toutes  les  grâces.  Cette  Vieqi 
sainte,  dont  il  ne  pouvait  se  lasser  de  publier  les  louanges  m 
chaire  et  dans  ses  écrits,  le  comblait  des  faveurs  les  plus  signalées; .  \ 
elle  lui  apparaissait  souvent  dès  sa  plus  tendre  enfance,  et  daignai 


2  août.  —  S.   ALPHONSE-MABIE   DE  LIGUORI.  1 1 1 

re  elle-même  son  institutrice.  Elle  me  disait  des  choses 
ratles,  avoua-t-il  la  veille  de  sa  mort  à  son  confesseur.  » 
galait  Alphonse  à  saint  Bernard ,  dit  plus  loin  le  même 
%  «  pour  la  douceur  d<*  expressions  et  l'abondance  des  sen- 
ti avec  lesquels  il  célébrait  Marie  de  bouche  ou  par  écrit. 
1  il  prêchait  en  son  honneur .  on  courait  en  foule  pour 
idre;  les  plus  endurcisse  convertissaient;  et  plusieurs  fois 
va  ,  transporté  par  son  sujet,  ravi  en  extase  jusqu'à  s'élever 
Te.  » 

ci,  au  rapport  du  même  auteur,  quelles  étaient  ses  pratiques 
sté  les  plus  familières  pour  honorer  la  Mère  de  Dieu  :  il  ne 
sait  jamais  de  la  prier  chaque  jour,  prosterné  devant  une 
i  images;  il  jeûnait,  la  veille  de  ses  fêtes  et  le  samedi,  au 
it  à  l'eau  :  il  portait  le  scapulaire,  un  rosaire  au  cou,  un 
à  la  ceinture  ;  Ù  récitait  très-souvent  la  Salutation  angélique, 
Bommandait  beaucoup  la  dévotion  au  chapelet.  Ce  fut 
8  sous  la  protection  de  Marie  et  en  son  honneur  qu'il  fit  le 
pie  nous  avons  rapporté,  de  ne  jamais  perdre  de  temps,  et 
le  prêcher  les  grandeurs  de  la  Mère  de  Dieu,  de  réciter  le 
b  et  d'approcher  du  tribunal  de  la  pénitence  tous  les  sa- 
,  de  secourir  au  besoin  les  pestiférés,  et  de  faire  toujours 
'il  croirait  le  plus  parfait. 

is  ces  faits  étaient  si  connus,  et  la  réputation  du  saint  était 
étalement  répandue,  si  solidement  établie,  qu'une  foule  de 
mes  de  la  plus  haute  considération,  un  souverain,  des 
s  de  l'Église,  s'empressèrent,  aussitôt  après  sa  mort,  de  solli- 
*ie  VI  pour  qu'il  fît  commencer  les  procès  de  sa  béatifîca- 
.  de  sa  canonisation.  Le  saint-père  lui-même,  dans  son  bref 
[mblia  sans  délai  pour  ordonner  le  commencement  des 
hures,  dit  qu'il  avait  aimé  Liguori  dans  sa  vie,  et  qu'il  avait 
6  en  rai  la  plus  rare  piété. 

marée  congrégation  des  rites  s'occupa  d'abord  de  l'examen 
gkrae  le  plus  rigoureux  des  ouvrages  imprimés  ou  manus- 
e  saint  Liguori,  au  nombre  de  plus  de  cent  ;  et,  par  sen- 
que  Pie  VII  approuva  en  1 803,  elle  jugea  que  rien  dans  ses 
ne  méritait  censure  :  Nlhil  censura  diynum  repertum 

• 

>ape  Benoît  XIV  avait  la  plus  grande  opinion  du  savoir  de 
saint.  Consulté  un  jour  sur  uue  question  délicate  par  le 
:  Jorio,  ce  grand  pape  ne  voulut  pas  décider  et  répondit  en 


112  2  aotêt.   —    S.    ALPnONSE-MARIE   DE  LIGUOIU. 

propres  termes  :  Voua  avez  votre  Liguorl,  consultez-le  (1)! 

Malgré  ces  éclatants  témoignages  de  la  sainte  Église  romaine 
sur  l'orthodoxie  et  la  catholicité  de  la  théologie  de  saint  Iiguori, 
il  se  trouve  cependant  quelques  théologiens  assez  hypocrites  ou 
ignorants  pour  dire  que  sa  théologie  est  relâchée. 

Notre  saint-père  le  pape  Léon  XII  a  adressé,  le  19  février  1826, 
au  libraire-éditeur  des  ouvrages  de  Liguori,  un  bref  dans  lequel 
Sa  Sainteté  fait  l'éloge  des  ouvrages  de  notre  saint.  Ce  bref  était 
accompagné  d'une  médaille  d'or. 

A  l'examen  de  ses  ouvrages  succéda  celui  de  se»  vertus  ;  et  la 
bonté  de  la  cause  parut  si  évidente,  que  le  souverain  pontife  vou- 
lut bien  lui  accorder  la  dispense  des  écrits  dTJrbain  VIII,  en    > 
vertu  desquels  on  ne  doit  commencer  cet  examen  spécial  que 
cinquante  ans  après  la  mort  de  celui  qui  en  est  l'objet  ;  ot  il  ne  s'é*    , 
tait  écoulé  que  seize  ans  depuis  celle  de  Liguori. 

La  sainte  congrégation  des  rites  s'occupa,  suivant  les  règles, 
dans  trois  examens  où  les  moindres  objections  furent  discutées    \ 
n  fond,  de  la  réputation  de  sainteté  que  notre  saint  s'était  oc-    : 
quise  dans  sa  conduite  privée  et  dans  sa  vie  publique.  Au  troi-    j 
sième  examen,  qui  eut  lieu  dans  une  assemblée  générale,  en  pré- 
sence du  saint-père,  les  cardinaux  et  les  consulteurs  proclamè- 
rent d'une  voix  vnanime  que  les  vertus  du  serviteur  de  Dieu 
avaient  atteint  le  degré  héroïque  :  unanimité  très-rare  dans  ces 
sortes  de  eas  ;  et  le  souverain  pontife  accéda  de-  cœur  à  cette- 
décision  avant  de  la  conûrmer  par  son  décret  solennel  du  7  mai    ' 

1807. 

Enfin,  après  l'examen  le  plus  scrupulenx,  l'assemblée  décida    • 
encore  d'un  consentement  unanime  que  les  miracles  requis  pour 
In  béatification  étaient  dûment  constatés.  Le  décret  du  pape  est    \ 
du  17  septembre  1815.  \ 

Outre  ces  miracles,  le  procès  de  la  béatification  en  spécifie  plut  t 
de  cent  que  saint  Liguori  a  faits  pendant  sa  vie,  et  il  résulte  en  ■  i 
core  des  informations  prises  que,  pendant  plusieurs  années,  on  : 
mettait  chaque  jour  sur  son  passage,  ou  bien  l'on  amenait  dans  sa  i 
chambre,  des  enfants  infirmes  et  des  malades  de  tout  âge,  et  il 
leur  rendait  In  santé  en  les  unissant.  Le  nombre  de  ses  guéri-  * 
sons  est  incalculable;  de  plus,  on  compte  vingt-huit  miracles 
qu'il  n  faits  depuis  sa  mort. 

(I)  Voi  atrlr  il  vo»trn  l.ignorin,  romugliiitrii  con  rwo. 


3   août.   —  INVENTION   DU   COUPS   DE  S.    ETIENNE       113 

Ensuite  de  ces  décrets,  le  saint-père  signa,  le  6  septembre  1816, 
le  bref  delà  béatification  qui,  en  conférant  à  l'illustre  évéque  le 
titre  de  Bienheureux,  déclare  qu'il  est  très-certainement  en  pos- 
session de  la  gloire  céleste.  Ce  bref  autorise  le  diocèse  de  Nocera 
et  de  Sainte- Agathe  à  célébrer  tous  les  ans ,  en  l'honneur  de 
Liguori,  une  messe  pour  laquelle  le  pape  a  prescrit  des  oraisons 
propres. 

Cette  déclaration  du  chef  de  l'Église  produisit  une  joie  univer- 
selle. Sur  les  nombreuses  et  illustres  sollicitations  qui  lui  furent 
adressées  et  l'assentiment  de  la  congrégation  des  rites,  le  saint- 
père  signa,  le  28  février  1818,  le  décret  qui  introduisit  la  cause 
du  Bienheureux  pour  la  canonisation.  Enfin,  le  8  décembre  de 
Tannée  1819,  notre  saint-père  le  pape  Pie  VIII  prononça  le  dé- 
cret de  sa  canonisation  et  inscrivit,  dans  le  catalogue  des  saints, 
le  nom  de  celui  qui  éclaira  le  monde  chrétien  par  ses  écrits,  l'é- 
difia par  ses  vertus  et  l'instruisit  par  ses  exemples  ;  ainsi  les  fi- 
dèles serviteurs  de  Marie  pourront  honorer  d'un  culte  plus  so- 
lennel celui  qu'ils  invoquaient  déjà  comme  un  puissant  interces- 
seur auprès  de  la  Reine  de  saints. 


3  août.  —  INVENTION  DU  CORPS  DE  S  ÉT1ENNK,  proto- 
martyr. —  5e  siècle. 

Les  corps  de  saint  Etienne,  protomartyr,  et  des  saints  Ga- 
maliel ,  Nicodème  et  Abibon,  qui  étaient  longtemps  demeurés 
dans  un  lieu  obscur  et  indigne  de  leur  mémoire,  furent  trouvés 
près  de  Jérusalem,  du  temps  de  l'empereur  Honorius,  sur  un 
avertissement  reçu  du  ciel  par  le  prêtre  Lucien.  Gamaliel,  qui  lui 
était  apparu  en  songe  sous  l'aspect  d'un  vieillard  vénérable  et 
d'une  belle  figure,  lui  indiqua  le  lieu  où  gisaient  ces  corps,  lui 
ordonnant  d'aller  trouver  Jean ,  patriarche  de  Jérusalem ,  et  de 
s'entendre  avec  lui  pour  donner  à  ces  corps  une  sépulture  plus 
honorable.  A  cette  nouvelle,  le  patriarche  convoqua  les  évêques 
et  les  prêtres  des  villes  voisines,  se  rendit  avec  eux  à  l'endroit 
désigné,  et  y  ayant  fait  creuser,  y  trouva  des  cercueils  d'où  s'ex- 
halait une  odeur  très-suave.  J^e  bruit  de  cette  découverte,  qui 
eut  lieu  en  l'an  de  Jésus-Christ  415,  émut  une  grande  multitude 
d'hommes  qui  se  rendirent  à  l'endroit  où  elle  avait  été  faite. 
Beaucoup  de  ceux  qui  étaient  venus ,  souffrant  de  diverses  maladies 

10. 


114  3  août.   —  SAINTES  MARANHK  ET  GYBB. 

et  affaiblis,  s'en  retournèrent  chez  eux  en  pleine  santé.  Le  pre» 
deux  corps  de  saint  Etienne ,  qu'on  porta  avec  une  grande  so- 
lennité dans  la  sainte  église  de  Sion,  en  fut  transféré  à  Constanti- 
nople,  sous  Théodose  le  Jeune,  et  puis  à  Rome,  sous  le  pontificat 
de  Pelage  Ier.  On  le  plaça  au  champ  Véran,  dans  le  tombeau  du- 
martyr  saint  Laurent.  Quelques-uns  des  miracles  opérés  par  la 
vertu  des  reliques  de  saint  Etienne  sont  rapportés  par  saint 
Augustin,  au  livre  vingt- deuxième  de  sa  Cité  de  Dieu.  Il  y  parle 
entre  autres  d'une  femme  aveugle  qui  recouvra  la  vue  en  appro- 
chant de  ses  yeux  des  fleurs  qui  avaient  touché  aux  reliques  <ta 
saint  martyr. 


3  août.    —SAINTES  MARANNE  et  CYRE,  vierges.  — ■ 

5e  siècle. 

Le  célèbre  Théodoret,  évêque  de  Cyr,  dont  la  piété  et  les  lu- 
mières sont  très-connues,  rapporte  ce  qu'on  va  lire  ;  et  ce  qull  dit, 
il  le  rapporte  comme  témoin  oculaire.  Sainte  Maranne  et  sainte 
Cyre  étaient  deux  sœurs,  nées  vers  le  commencement  du  5e  aède» 
à  Bérée  en  Syrie,  d'une  famille  illustre  dans  le  pays,  laquelle  leur 
fit  donner  une  éducation  convenable  à  leur  naissance.  Occupées  de 
la  grande  affaire  du  salut,  elles  mirent  toute  leur  gloire  à  mépri- 
ser le  siècle  présent  et  à  ne  vivre  que  pour  l'éternité.  Pour  s'en 
rendre  la  voie  plus  facile,  elles  quittèrent  la  maison  paternelle»  et 
allèrent  s'enfermer  dans  un  enclos  situé  hors  les  portes  de  la 
ville  de  Bérée.  Elles  en  firent  boucher  l'entrée,  afin  que  personne 
ne  fût  tenté  de  les  visiter  et  que  leurs  exercices  ne  pussent  être 
interrompus  par  une  conversation  inutile.  Ce  fut  dans  ce  lien  si 
ressemblant  à  l'étable  de  Bethléhem  que  ces  victimes  innocentes 
de  la  pénitence  commencèrent  un  sacrifice  qui  dura  autant  que 
leur  vie.  Elles  firent  bâtir  à  côté  une  petite  maison  pour  celles  de 
leurs  servantes  qui  voulurent  les  suivre  et  marcher  sur  leurs  tneée 
dans  la  carrière  d'une  mortification  si  rigoureuse.  Il  y  avait  à. 
cette  petite  maison  une  fenêtre  qui  donnait  sur  l'enclos  des  deux 
sœurs,  et  c'était  par  là  qu'elles  examinaient  les  actions  de  celles 
qui  avaient  voulu  les  imiter,  qu'elles  les  animaient  au  service  de 
Dieu,  et  qu'elles  les  encourageaient  dans  la  voie  où  elles  étaient 
entrées. 
Il  n'est  guère  possible  de  pousser  plus  loin  les  rigueurs  de  la 


3   août.   —  SAINTES  MABANNE    ET   CYfiE.  ltô 

ritence,  que  le  firent  ces  deux  sœurs,  et  Ton  aurait  peine  ù 
aire  ce  que  Ton  en  rapporte,  si  on  ne  le  tenait  d'un  témoin 
oâ  digne  de  foi  que  Théodoret.  Elles  n'avaient  ni  cellule,  ni 
il  en  leur  enclos  :  elles  demeuraient  tout  le  jour  exposées  aux 
jures  de  l'air  sans  pouvoir  s'en  garantir,  ni  en  diminuer  même 
•  incommodités  Elles  recevaient  seulement  un  peu  de  nourri- 
ire  par  la  fenêtre  dont  on  a  parlé;  et  ce  peu  paraissait  encore  trop 
leur  ardeur  pour  la  pénitence.  Elles  ne  recevaient  de  visites 
ne  dans  le  temps  de  Pâques  :  tout  le  reste  de  Tannée  elles  gar- 
aient un  silence  très-rigoureux.  Pendant  que  le  cœur  de  ces 
[eux  saintes  jouissait  de  la  liberté  que  donne  la  victoire  sur  toil- 
es les  passions,  et  que  leur  esprit,  dégagé  de  tous  les  désirs  ter- 
estres,  pénétrait  déjà  jusque  dans  le  ciel,  elles  accablaient  leur 
xnrps  par  des  chaînes  si  pesantes,  qu'un  homme  fort  aurait  eu 
le  la  peine  à  les  soutenir.  Elles  les  avaient  au  cou,  à  la  ceinture 
ft  aux  mains  ;  en  sorte  que  Cyre,  qui  était  plus  délicate,  ne  pou- 
rait  presque  marcher,  et  qu'elle  était  courbée  vers  la  terre.  Ce 
l'est  pas  qu'elles  regardassent  ces  chaînes  comme  nécessaires 
jXMir  les  arrêter  dans  leur  retraite  :  l'amour  de  Dieu  qui  les  em- 
brasait était  un  lien  plus  fort  pour  les  y  retenir.  Elles  savaient 
bien  d'ailleurs  que  c'est  en  vain  que  le  corps  est  dans  la  solitude 
lorsqu'on  est  de  cœur  dans  le  monde  ;  mais  elles  se  chargeaient 
ainsi  pour  augmenter  par  cette  rigueur  l'austérité  de  leur  péni- 
tence. Elles  étaient  couvertes  d'un  grand  voile,  qui  descendait  d'un 
côté  jusqu'aux  talons,  et  par  devant  jusqu'à  la  ceinture. 

«  J'ai  souvent  eu  le  bonheur  de  les  voir,  dit  Théodoret  ;  et , 
comme  elles  respectaient  en  moi  l'honneur  du  caractère  que  je 
porte,  quoique  j'en  sois  très-indigne,  elles  voulurent  bien  m'ac- 
corder  la  grâce  d'entrer  dans  leur  enclos.  Je  vis  avec  surprise  et 
avec  confusion  les  chaînes  pesantes  dont  elles  étaient  chargées,  et 
dont  les  hommes  robustes  auraient  eu  peine  à  soutenir  le  poids. 
Elles  résistèrent  longtemps  lorsque  je  les  priai  de  les  ôter  ;  mais 
aussitôt  que  je  fus  sorti,  elles  reprirent  par  esprit  de  pénitence  ce 
que  l'obéissance  ou  la  complaisance  leur  avait  fait  quitter.  Voilà 
U  manière  dont  elles  vivent ,  ajoute-t-il ,  et  dans  laquelle  elles 
ont  passé  non-seulement  cinq,  dix  ou  quinze  ans,  mais  quarante- 
èeux  ans,  et  opéré  de  si  longs  et  de  si  pénibles  travaux;  elles 
n'aiment  pas  moins  les  souffrances,  et  ne  les  embrassent  pas  avec 
moins  de  joie  et  d'ardeur,  que  si  elles  ne  faisaient  que  de  com- 
mencer. Occupées  continuellement  de  Jésus  attaché  en  croix, 


116  4  août.  —  s.  noMiifiQt'E. 

qu'elles  ont  pris  pour  époux,  tout  ce  que  ces  pénitences  ont  de 
plus  rigoureux  leur  semble  léger.  11  n'y  a  point  d'austérités  qu'elles  la 
ne  veuillent  pratiquer,  point  d'efforts  qu'elles  ne  veuillent  foira  fe 
pour  arriver  au  terme  où  elles  voient  leur  Sauveur,  tenant  entra 
ses  mains  la  couronne  qu'il  doit  mettre  sur  leur  tête,  quand  elles  ir 
seront  arrivées  jusqu'à  lui.  fM 

«  Une  vie  si  admirable,  dit  Théodorct  en  finissant  leur  histoire,  4 
les  a  rendues  l'ornement  de  leur  sexe  et  l'exemple  de  celles  qui  M  * 
proposent  d'arriver  au  comble  de  la  perfection.  Il  ne  leur  reste  m 
plus  qu'à  recevoir  de  la  main  de  Dieu  les  couronnes  dont  Q  ié-  * 
compense  les  travaux  de  ceux  qu'il  a  rondus  victorieux  en  oom-  5fc 
battant  pour  son  service.  Pour  moi,  continue-t-il,  je  m'estimerai  !s 
trop  heureux ,  si,  après  avoir  fait  admirer  au  public  ce  que  peut  *> 
la  grâce  dans  des  personnes  si  faibles  et  si  délicates,  je  puii  ptb-  k 
flter  d'un  si  grand  exemple,  et  avoir  part  à  la  récompense  qui  les  \% 
attend.  »  Théodorct  écrivait  ceci  en  l'an  444  :  on  voit  par  ce  dis*  £ 
cours  que  ces  saintes  vivaient  encore.  On  ne  sait  pas  combien  || 
elles  survécurent  de  temps.  ïj. 

i-   ts 

4  août.  —  SAINT  DOMINIQUE,  CONFESSBUB,  FONDATKU1  ^ 

de  l'ordre  des  Frères-Prêcheurs.  —  13e  siècle.  i,* 

Dominique  naquit,  en  1170,  au  bourg  de  Calahorra,  dans  le  * 
diocèse  d'Osma,  en  Castille,  de  l'illustre  famille  de  Gusmas.  Il  * 
achevait  son  cours  de  théologie ,  en  1191,  lorsqu'il  eut  ocoasta  : 
de  faire  paraître  la  compassion  que  Dieu  lui  avait  inspirée  pev  * 
les  pauvres  et  les  affligés.  L'Espagne  fut  alors  tourmentée  <Twra  * 
cruelle  famine  qui  se  fit  sentir  surtout  dans  les  royaumes  de 
tille  et  de  T^éon.  Dominique,  en  cette  triste  conjoncture, 
contenta  pas  de  donner  aux  pauvres  ce  qu'il  avait  d'argent,  I 
vendit  encore  tous  ses  meubles,  et  jusqu'à  ses  livres  pour  lésa» 
sister.  Une  pauvre  femme  le  pria  un  jour,  de  la  manière  la  jÊm 
pressante,  de  lui  faire  quelque  aumône,  pour  l'aider  h  racheter 
son  frère  d'entre  les  mains  des  Maures,  qui  l'avaient  fait  esclave. 
Dominique  n'avait  alors  ni  meubles,  ni  argent ,  et  n'espérait  pas 
de  pouvoir  trouver  si  tôt  de  quoi  satisfaire  aux  désirs  de  cette 
femme  ;  il  jugea  néanmoins ,  par  ses  larmes  et  son  impatience, 
que  le  capt if  souffrait  beaucoup,  et  que  la  chose  pressait;  il  s'of- 
frit lui-même  de  très-bon  cœur  pour  ftre  donné  en  échange  de 


4  aOÛi.  —  S.    DOMINIQUE.  m         117 

toi  qui  ctait  dans  l'esclavage  La  femme  n'eut  garde  d'accepter 
&te  proposition  :  elle  se  retira  saisie  d'étonnement  et  d'admira- 


Alphonse ,  roi  de  Castille ,  ayant  envoyé  l'évéque  d'Osma  en 
tssxe  pour  quelque  affaire  d'État,  celui-ci  voulut  avoir  Domina 
ne  pour  raccompagner  dans  ce  voyage.  L'hérésie  des  Albigeois 
ni,  en  attaquant  ouvertement  le  culte  extérieur  et  les  sacrements 
te  FÉglise,  enseignaient  secrètement  les  erreurs  les  plus  mons- 
,  fusait  alors  de  grands  ravages  dans  le  Languedoc.  Le 
prélat  et  Dominique  furent  accablés  de  douleur  à  la  vue  de 
,  et  résolurent  de  défendre  la  vérité  aux  dépens  de  leur 
je  même,  si  c'était  la  volonté  de  Dieu.  Dès  que  l'évéque  eut  ter- 
■né  les  affaires  dont  il  était  chargé,  et  qu'il  en  eut  rendu  compte 

■  roi  par  un  courrier  qu'il  lui  dépécha,  il  alla  à  Rome  demander 

■  pape  la  permission  de  se  démettre  de  son  évéché,  afin  de  s' oc- 
uniquement  à  faire  des  missions  dans  le  Languedoc.  Le 
ayant  refusé  de  décharger  l'évéque  d'Osma  du  gouverne* 

nent  de  son  diocèse,  limita  à  deux  ans  son  séjour  en  Languedoc, 
m  lui  permettant  d'y  laisser  Dominique  et  les  autres  missionnai- 
res qui  seraient  nécessaires  pour  travailler  à  la  conversion  des 
hérétiques.  S'étant  joint  pour  cette  œuvre  à  douze  abbés  de  For- 
ire  de  Cfteaux,  ils  parcoururent  tout  le  Languedoc,  instruisant  les 
peuples  avec  autant  de  zèle  que  de  solidité. 

deux  ans  que  le  pape  avait  permis  à  l'évéque  d'Osma  de 
à  convertir  les  hérétiques  étant  expirés,  il  partit  pour  aller 
la  visite  de  son  diocèse  ;  mais  à  peine  fut-il  arrivé,  qu'il  alla 
«revoir  de  Dieu  le  fruit  de  ses  travaux.  11  avait  laissé  la  conduite 
le  la  mission  à  Dominique,  qu'il  avait  ordonné  prêtre.  Dieu  avait 
choisi  ce  vertueux  ecclésiastique  pour  travailler  à  la  conversion 
les  hérétiques ,  et  pour  établir  un  ordre  de  saints  religieux  des- 
Haés  particulièrement  à  prêcher  l'Évangile  par  toute  la  terre ,  et 
ï  défendre  la  doctrine  de  l'Église  contre  de  profanes  nouveautés. 

■  avait  auprès  de  lui  de  fidèles  coopérateurs ,  que  l'exemple  de 
s»  vertus  avait  gagnés  à  Jésus-Christ  :  ce  fut  avec  eux  qu'il  com- 
mença rétablissement  de  son  ordre. 

Foulques,  évéque  de  Toulouse,  étant  allé  à  Rome  en  1215,  pour 
assister  au  concile  que  le  pape  Innocent  III  y  avait  assemblé,  vou- 
lut que  Dominique  l'y  accompagnât.  T^e  pape,  qui  savait  combien 
ses  prédicateurs  faisaient  de  fruit,  lui  ordonna  de  retourner  vers 
?es  disciples ,  et  de  choisir  avec  eux  une  rôgle  approuvée  ;  et  il 


118  „  4  août,  —  S.   DOMINIQUE. 

lui  promit  de  confirmer  ce  nouvel  établissement.  Dominique  % 
étant  revenu  à  Toulouse,  exposa  à  ses  frères  les  ordres  qu'il  avait 
reçus  du  pape.  Comme  leur  principale  intention  était  de  se  eon~ 
sacrer  à  l'instruction  des  peuples  par  la  prédication,  ils  crurent 
qu'ils  devaient  prendre  saint  Augustin  pour  modèle  ;  c'est  pour* 
quoi  ils  choisirent  sa  règle,  dont  ils  firent  profession.  Le  pape 
Honorais  approuva  cette  règle  en  1216.  L'année  suivante,  Domi- 
nique envoya  plusieurs  de  ses  disciples  en  différents  pays  pour  y 
prêcher  et  défendre  la  pureté  de  la  foi  contre  les  hérétiques.  D 
en  vint  sept  à  Paris,  qui  louèrent  d'abord  une  maison  entre  Fé- 
vêché  etl'Hôtel-Dieu.  En  1218 ,  le  docteur  Jean,  doyen  de  Saûttn 
Quentin ,  et  l'Université  de  Paris  leur  donnèrent  la  maison  de 
Saint- Jacques  :  c'est  de  là  qu'ils  ont  été  appelés  Jacobine.  La  fit 
édifiante  de  ces  premiers  disciples  de  saint  Dominique  attira  ma 
grande  vénération  à  son  ordre.  On  venait  en  foule  écouter  tant 
instructions,  leur  demander  des  avis,  et  beaucoup  de  penonms 
se  placèrent  sous  leur  direction. 

Dieu  lui  fit  connaître  le  temps  de  sa  mort  :  la  seule  pensée  de 
la  voir  approcher  le  comblait  de  joie.  Étant  à  Bologne ,  où  â  rs> 
sidait  le  plus  ordinairement,  il  dit  à  quelques  frères  avec  qui  iL 
venait  de  s'entretenir  du  mépris  du  monde  et  de  la  vanité  ds  la. 
vie  présente  :  Vous  me  voyez  en  bonne  santé,  mais  j'irai  à  Dit* 
avant  l'Assomption  de  Notre-Dame.  En  effet,  il  tomba  danMMk 
grand  épuisement  à  la  fin  du  mois  de  juillet;  il  n'en  oontmosH 
pas  moins  d'assister  aux  offices,  même  aux  matines.  Un  jour,  m 
sortant  de  l'office  de  la  nuit ,  il  dit  au  prieur  qu'il  avait  mal  à  la 
tête,  et  dès  ce  jour-là  il  tomba  dans  la  maladie  dont  il  mourut 
Il  ne  voulut  pour  lit  que  le  sac  sur  lequel  il  avait  coutume  da 
coucher.  Voyant  que  sa  fin  approchait ,  il  fit  venir  les  novice** 
et  leur  recommanda  d'aimer  Dieu  plus  que  toutes  choses,  et  da 
suivre  exactement  la  règle  par  amour  de  Dieu.  Il  fit  ensuite  appe* 
1er  le  prieur  et  plusieurs  prêtres,  devant  qui  il  se  confessa  de  tous 
ses  péchés  ;  puis  il  les  exhorta  dans  les  termes  les  plus  vifs  à  vivra 
dons  la  chasteté  et  dans  la  pauvreté ,  ajoutant  qu'avec  ces  vertus 
ils  seraient  agréables  à  Dieu  et  utiles  au  prochain  par  la  bonne 
odeur  de  leur  réputation ,  et  qu'il  ne  pouvait  trop  leur  recom- 
mander de  suivre  Dieu  avec  une  grande  ferveur  et  de  ne  point 
introduire  dans  Tordre  des  personnes  temporelles  qui  y  renverse- 
raient l'esprit  de  l'humilité  chrétienne  et  de  la  pauvreté  évangélique, 
sur  lequel  il  devait  être  établi.  Après  ces  instructions,  Dominique 


5    août.  —  DÉDICACE   DE    S.    MARIE   DES   NEIGES.      119 

\  mourut  le  6  d'août  de  Tan  1221,  âgé  de  41  ans.  L'Église  honore 
n  mémoire  le  4  du  mois,  à  cause  de  la  fête  de  la  Transûguration  , 
qui  tombe  le  6. 


iàoût  —  DÉDICACE  DE  SAINTE  MARIE  DES  NEIGES.  — 

4e  siècle. 

Sous  le  pontificat  de  Libère,  Jean,  patricien  romain,  et  son 
épouse,  qui  était  d'une  noblesse  égale  à  la  sienne,  n'ayant  pas  eu 
fartants  auxquels  ils  pussent  laisser  leurs  biens  en  héritage,  firent 
m  de  consacrer  toute  leur  fortune  à  la  très-sainte  Vierge,  Mère 
éeDieu.  Ils  lui  demandèrent  conticuellement  par  d'instantes  prières 
es  leur  faire  connaître  d'une  manière  quelconque  à  quelle  œuvre 
pieuse  fls  devaient  employer  leur  argent.  La  bienheureuse  Vierge 
Marie  écouta  avec  béniguité  ces  prières  et  ces  vœux  qui  partaient 
éa  cœur,  et  fit  voir  par  un  miracle  combien  elle  les  agréait.  Le 
S  août,  moment  de  Tannée  où  les  chaleurs  à  Rome  sont  les 
plot  fortes,  la  neige  couvrit  pendant  la  nuit  une  partie  du  mont 
Eiquâm.  La  même  nuit,  la  Mère  de  Dieu  avertit  en  songe  Jean  et 
an  épouse,  chacun  de  leur  côté,  de  faire  bâtir  une  église  sur  l'em- 
placement qu'ils  verraient  couvert  de  neige,  et  de  la  consacrer 
tous  le  nom  de  la  Vierge  Marie,  puisque  c'était  ainsi  qu'elle  vou- 
brit  devenir  leur  héritière.  Jean  rapporta  sa  vision  au  pape  Libère, 
fri  affirma  qu'il  avait  eu  la  même  apparition  en  songe.  C'est  pour- 
quoi le  pontife  vint  solennellement  en  procession ,  avec  un  cor- 
tège de  prêtres  et  de  peuple,  à  la  colline  qui  était  couverte  de 
seige,  et-  il  y  désigna  l'emplacement  de  l'église  que  Jean  et  sa 
femme  élevèrent  à  leurs  frais.  Plus  tard  Sixte  III  la  rebâtit.  Elle 
fat  d'abord  appelée  basilique  Libérienne,  et  aussi  Sainte-Marie-de- 
h-Cièche.  Mais  comme  il  y  avait  beaucoup  d'églises  à  Rome  sous 
l'invocation  de  la  sainte  Vierge  Marie,  et  que  la  nouvelle  basilique 
remportait  sur  toutes  celles  du  même  nom,  tant  pour  le  miracle  qui 
M  avait  donné  origine  que  pour  la  dignité  de  la  sainte  Vierge  qui 
ea  était  cause ,  afin  que  cette  supériorité  fut  marquée  par  celle  du 
Mm,  on  la  nomma  l'église  de  Sainte-Marie-Majeure.  La  commé- 
noration  de  la  dédicace  de  ce  monument  sacré  se  fait  tous  les  ans 
wee  solennité  à  l'anniversaire  du  jour  où  tomba  la  neige  miracu- 
leuse. 


140  â  aOi'U.   —   KAÏNTK    AFRK,   MARTYRE. 


5  août.  —  SAINTE  AFRK,  mabtyre.  —  3«  liècle. 

Afrc,  née  dans  l'idolâtrie,  ne  se  fit  connaître  d'abord  dam  kl 
ville  d'Augsbourg,  sa  patrie,  que  par  ses  débauches  :  sa  raaisoq 
était  la  perte  de  la  ville,  trois  servantes  l'aidaient  à  corrompre  to 
jeunesse.  Dieu  fait  rarement  des  saints  de  ces  sortes  de  pécheurs* 
parce  que  la  vérité  entre  difficilement  dans  un  cœur  livré 
passions  honteuses.  La  grâce  du  Tout-Puissant  les  arracite 
moins  quelquefois  au  démon ,  afin  que  personne  ne  s'abandoos* 
au  désespoir  a  la  vue  de  ses  péchés,  quelque  énormes  qu'ils  puisses! 
être.  r 

Af re  fut  du  petit  nombre  que  Dieu  excepte  dans  sa  miséricofldfc 
car  d'une  prostituée  il  fit  non-seulement  une  pénitente,  mais  ea» 
core  une  martyre.  On  croit  qu'elle  fut  convertie  à  la  vraie  religiaft 
par  un  saint  évéque  nommé  Narcisse ,  avec  sa  mère  et  toute  M 
maison.  On  voit,  par  les  actes  de  son  martyre,  qu'elle  avait  nu 
cesse  devant  les  yeux  la  grandeur  de  ses  péchés,  et  qu'elle  en  étsj| 
pénétrée  de  douleur.  Pour  les  richesses  que  ces  crimes  lui  avales* 
acquises,  elle  s'en  déchargea  le  plus  promptemeut  qu'elle 
comme  d'un  fardeau  également  pesant  et  honteux.  Elle •*< 
pour  assister  les  indigents  ;  quelques  chrétiens  refusant  dans 
pauvreté  même  de  les  accepter,  elle  les  conjurait  avec  larrata^f 
vouloir  bien  lui  faire  cette  grâce ,  et  de  prier  pour  elle  »  aitt  que 
ses  péchés  lui  fussent  pardonnes.  »"». 

L'empereur  Dioctétien,  qui  servait,  sans  le  savoir,  d'inetpK 
ment  à  Dieu  pour  manifester  sa  gloire  et  sa  puissance  dans  le 
rage  de  ses  serviteurs ,  persécutait  cruellement  les  chrétiens 
tout  où  s'étendait  son  empire.  La  persécution  ayant 
jusqu'à  Augsbourg,  on  se  saisit  d'Afre,  et  on  la  présenta  au  jsjp 
nommé  Gaïus,  qui ,  après  les  interrogations  ordinaires  pour  et* 
voir  d'elle-même  qui  elle  était  et  ce  qu'elle  faisait,  l'exhorta  JÎ 
honorer  les  dieux  des  païens  :  Sacrifiez  à  nos  dieux ,  lui  dit-ty 
ce  parti  vous  sera  avantageux  :  vous  éviterez ,  en  le  prenant,  \m 
tourments  qui  vous  attendent,  si  vous  résistez.  Afre  répondit* 
J'ai  commis  assez  de  péchés  avant  de  connaître  Dieu ,  sans  faire 
encore  celui  que  vous  me  proposez.  —  J'apprends,  lui  dit  le  juge, 
que  vous  êtes  une  prostituée  ;  ne  faites  donc  pas  de  difficulté  de 
sacrifier  à  nos  dieux ,  car  vous  n'avez  rien  a  attendre  du  Dieu  des 


5  août.    —  SAINTE   AFRE,    MARTYRE.  121 

eus.  Afre  répondit  :  Mon  Seigneur  Jésus-Christ  a  dit  qu'il 
lescendu  du  ciel  pour  les  pécheurs,  et  je  vois  dans  l'Évangile 
b  femme  qui  avait  été  de  mauvaise  vie  avait  arrosé  ses 
de  ses  larmes ,  et  avait  obtenu  la  rémission  de  ses  péchés. 
iu  même  endroit  que  Jésus  n'a  pas  rejeté  les  femmes  débau* 
m  les  publicains,  et  qu'il  avait  même  souffert  qu'ils  mana- 
nt avec  lui»  lie  juge  n'eut  point  de  honte  de  l'exhorter  à  ren- 
ans  sa  première  vie,  en  lui  représentant  le  gain  qu'elle  y  ferait 
b.  Je  renonce  à  ces  gains  infâmes,  dit  Afre,  je  les  ai  en  hor* 
j'ai  rejeté  loin  de  moi  ceux  que  j'avais  faits ,  parce  que  je 
i  avais  pas  acquis  légitimement  :  je  les  ai  abandonnés  aux 
es,  et  j'ai  prié  ceux  qui  n'en  voulaient  pas  de  les  recevoir 
prier  pour  moi.  Pourrais-je  après  cela  chercher  encore  de 
richesses?  Gaïus  lui  dit  :  Votre  Christ  ne  vous  juge  point 
de  lui  ;  c'est  à  tort  que  vous  rappelez  votre  Dieu ,  puis- 
se vous  connaît  pas  pour  être  à  lui ,  car  on  ne  peut  regarder 
le  chrétienne  celle  qui  s'est  livrée  au  désordre.  Afre  ré- 
t  :  U  est  vrai ,  je  ne  mérite  pas  d'être  regardée  comme  chré- 
t,  je  suis  indigne  d'en  porter  le  nom;  mais  la  miséricorde 
bu,  qui  ne  regarde  pas  nos  mérites ,  m'a  fait  la  grâce  de 
(lettre  à  cette  religion  sainte.  —  D'où  savez- vous ,  dit  Gaïus, 
eus  permet  d'en  faire  profession  ?  —  Je  connais ,  répondit- 
ju'il  ne  m'a  pas  rejetée ,  puisqu'il  me  permet  aujourd'hui 
ûfesser  son  saint  nom,  et  qu'il  me  donne  la  confiance  que 
action  m'obtiendra  le  pardon  de  tous  mes  péchés.  —  Vous 
ntez  des  fables ,  dit  le  juge  ;  sacrifiez  aux  dieux  :  ce  sont 
ai  vous  sauveront.  —  Mon  salut,  répliqua  la  sainte,  vient 
us-Christ ,  qui  étant  attaché  à  la  croix  promit  son  paradis 
larron  qui  avoua  sa  faute.  Gaïus  repartit  :  Sacrifiez ,  ou  je 
ous  faire  tourmenter ,  et  ensuite  brûler  vive.  Afre  répondit  : 
a  corps  par  lequel  j'ai  tant  péché  souffre  mille  tourments  ; 
fouillerai  pas  mon  âme  en  sacrifiant  aux  démons.  Le  juge 
nça  alors  la  sentence  en  ces  termes  :  Nous  ordonnons 
re ,  cette  femme  prostituée  qui  s'est  déclarée  chrétienne , 
i  a  refusé  de  sacrifier  aux  dieux ,  soit  brûlée  vive.  Son  mar- 
irriva  l'an  de  Jésus-Cbrist  304. 


U 


122  6  août.   —  TRANSFIGURATION   DE   N.  8. 


6  août.  —  LA  TRANSFIGURATION  DE  NOTRE-SEIGNEUR. 

Jésus-Christ  était  dans  la  seconde  année  de  sa  prédication ,  kw£ 
qu'il  alla  aux  environs  de  Césarée  de  Philippe.  Il  demanda  m 
jour  à  ses  disciples  ce  que  les  hommes  pensaient  de  lui ,  et  ai 
qu'ils  en  pensaient  eux-mêmes.  Simon  Pierre ,  prenant  la  paroi*! 
lui  dit  :  Vous  êtes  le  Christ ,  le  Fils  du  Dieu  vivant  Jésus-Cbrtt 
déclara  Pierre  heureux  parce  que  ce  n'était  ni  la  chair,  ni  le  sang, 
mais  le  Père  céleste  qui  lui  avait  révélé  cette  vérité  ;  et  après  M 
avoir  déclaré  qu'il  établirait  son  Eglise  sur  cette  pierre ,  il  km. 
défendit  de  dire  à  personne  qu'il  était  le  Christ.  C'est  pour  noua 
apprendre  avec  quel  soin  nous  devons  nous  humilier,  lors  mima 
que  Dieu  nous  élève,  qu'il  découvrit  à  ses  disciples  ce  qu'il  datait 
souffrir  à  Jérusalem.  * 

Quelque  temps  après,  il  prit  Pierre,  Jacques  et  Jean,  et  Mi 
mena  seuls  avec  lui  sur  une  montagne  pour  prier.  Saint  Jéréw 
dit  que  c'est  sur  la  montagne  du  Thabor.  Pendant  que  Jésus  priai!* 
il  fut  transfiguré  devant  ses  disciples  :  son  visage  parut  briHaai 
comme  le  soleil ,  et  ses  habits  devinrent  blancs  comme  la  nefgfc 
On  vit  alors  deux  hommes  qui  s'entretenaient  avec  lui  :  (Mata 
Moïse  et  Élie.  Ces  deux  prophètes  étaient  pleins  de  majesté  M 
de  gloire  :  ils  lui  parlaient  de  sa  sortie  du  monde,  qui  datait  ar- 
river à  Jérusalem.  Cependant  Pierre  et  les  deux  autres  étalais 
accablés  de  sommeil  :  en  se  réveillant ,  ils  virent  Jésus  dans  II 
gloire ,  et  les  deux  hommes  qui  s'entretenaient  avec  lui. 
ils  se  séparaient  de  Jésus ,  Pierre  lui  dit  :  Seigneur,  nous 
bien  ici  :  faisons-y,  s'il  vous  plaît,  trois  tentes,  une  pour 
une  pour  Moïse  et  une  pour  Elie  ;  car  il  ne  savait  ce  qu'il 
tant  il  était  effrayé. 

Lorsque  Pierre  parlait  encore ,  une  nuée  lumineuse  les  couvrit, 
et  les  trois  disciples  furent  saisis  de  frayeur,  en  voyant  Jésus  en* 
trer  dans  cette  nuée.  Il  sortit  aussitôt  de  la  nuée  une  voix  qui  flt 
entendre  ces  paroles  :  Celui-ci  est  mon  Fils  bien-aimé ,  en  qui 
j'ai  mis  toute  mon  affection  ;  écoutez-le.  Les  disciples,  ayant  oui 
ces  paroles ,  tombèrent  le  visage  contre  terre ,  et  furent  saisis  de 
frayeur.  Mais  Jésus,  s'approchant ,  les  toucha  et  leur  dit  :  Levez- 
vous  ,  et  ne  craignez  pas.  Alors  levant  les  yeux  et  regardant  de 
tous  côtés,  ils  ne  virent  plus  que  Jésus,  qui  était  resté  seul  avec 
eux.  Eu  descendant  de  la  montagne,  Jésus  leur  commanda  de  ne 


6  août.   —  SS.  JDST  ET  PÀSTEUB.         123 

à  personne  de  ee  qu'ils  avaient  vu ,  jusqu'après  sa  résur- 
i. 

te  transfiguration,  toute  pleine  de  mystère,  fut  un  des 
is  dont  Jésus-Christ  se  servit  pour  fortifier  la  foi  de  ses 
es  et  pour  les  convaincre  de  sa  divinité.  11  voulut  leur  donner 

une  idée  de  ce  qu'ils  seraient  un  jour  eux-mêmes  à  la  ré- 
don  des  morts ,  et  leur  faire  connaître  qu'après  les  travaux 
souffrances  de  cette  vie ,  ils  participeraient  à  la  gloire  dont 
rvait  rendus  témoins  sur  cette  montagne. 


U  —  SAINT   SIXTE  II,  pape,   ET  SS.  FÉLICISS1ME 
ET  AGAPIT ,  mabtybs.  —  3e  siècle. 

a  II  %  né  à  Athènes ,  de  philosophe  devint  disciple  de  Jésus- 
.  Accusé  dans  la  persécution  de  Valérien  de  prêcher  publi- 
ât la  foi  chrétienne ,  il  fut  saisi  et  traîné  au  temple  de  Mars, 
le  menaça  de  la  peine  capitale ,  s'il  ne  sacrifiait  à  l'idole. 
te  on  conduisait  au  martyre  le  saint  pontife  qui  s'était  cou- 
icment  refusé  à  cette  impiété ,  saint  Laurent  le  rencontra , 
demanda  d'un  ton  plein  de  douleur  :  OU  allez-vous  sans 
Mis,  6  mon  père?  Prêtre  saint,  où  vous  hâtez-vous  d'aller 
eiui  qui  doit  vous  servir.  —  Mon  fils,  répondit  le  pontife, 
tous  abandonne  pas.  De  plus  grands  combats  à  soutenir 
la  foi  chrétienne  vous  sont  réservés  :  dans  trois  jours 
ne  suivrez  ;  après  le  prêtre  viendra  le  lévite.  &  ici-là , 
t  avez  quelque  chose  dans  le  trésor  de  V Église ,  distri~ 
e  aux  pauvres.  Le  même  jour,  il  fut  mis  à  mort,  et  en 
temps  que  lui  moururent  pour  la  foi  les  diacres  Félicis- 
!t  Agapit ,  et  les  sous-diacres  Janvier ,  Magnus ,  Vincent 
ame.  Sixte  fut  enseveli  dans  le  cimetière  de  Calixte,  le 
;  de  Tan  257 ,  après  avoir  siégé  près  d'une  année.  On  donna 
ulture  aux  autres  martyrs  dans  le  cimetière  de  Prétextât. 


r.  —  SAINT  JTJST  ET  SAINT  PASTEUR,   martyrs. 

—  3e  siècle. 

t  et  Pasteur  étaient  deux  frères,  nés  à  Alcala ,  en  Espagne. 
anier  avait  treize  ans ,  et  l'autre  sept ,  lorsqu'on  publia  dans 
ce  publique  un  édit  de  persécution  contre  les  chrétiens  : 


194  7  août.  —  S.  DON  AT,  ÉV.    ET  MAETYB. 

ils  allaient  alors  ensemble  aux  écoles.  Quand  ils  surent  qi 
gouverneur  de  la  province  était  arrivé  à  Alcalapour  faire  exéc 
Tédit,  ils  se  sentirent  enflammés  d'une  ardeur  subite  pot 
martyre.  A  la  première  nouvelle  qui  parvint  jusqu'à  eux ,  ifc 
tèrent  leurs  livres  et  leurs  cahiers ,  sortirent  brusquement  <k 
cole ,  et  allèrent  à  la  place  publique ,  où  Ton  avait  dressé  le 
bunal ,  pour  être  témoins  du  courage  de  ceux  qui  faisaient  pn 
sion  du  christianisme. 

A  la  vue  de  ceux  que  Ton  conduisait  au  supplice ,  ils  ne  pc 
s'empêcher  de  faire  connaître  qu'ils  aspiraient  à  la  même  gl 
Des  gens  rapportèrent  au  gouverneur  que,  dans  la  foule 
spectateurs,  il  y  avait  deux  enfants  qui ,  par  leur  geste  et  leur 
cours,  faisaient  voir  qu'ils  étaient  chrétiens.  Le  gouverneu 
les  fit  amener.  Just  et  Pasteur  parurent  devant  lui  avec  une  > 
tenance  assurée.  Au  lieu  de  les  interroger,  il  ordonna  qu'oi 
fouettât ,  affectant  de  les  traiter  comme  des  enfants  qu'il  fi 
corriger,  sans  employer  contre  eux  le  raisonnement  ni  les  il 
rogations.  Les  deux  frères  allèrent  avec  joie  aux  tourments 
mirent  d'eux-mêmes  entre  les  mains  des  bourreaux ,  en  déek 
qu'ils  étaient  chrétiens  et  qu'ils  étaient  prêts  à  répandre  jus 
la  dernière  goutte  de  leur  sang  pour  le  Dieu  qu'ils  adora 
Avant  de  passer  du  fouet  à  d'autres  supplices,  on  alla  aven 
gouverneur  qu'il  ne  fallait  pas  espérer  de  gagner  ces  deux  enfi 
Il  répondit  en  ordonnant  qu'on  leur  coupât  la  tête  :  ils  reçu 
la  couronne  du  martyre  au  mois  d'août  l'an  304. 


7  août.  —  SAINT  DONAT ,  évêque  et  martyr.  —  4e  si- 

Donat ,  après  la  mort  de  ses  parents ,  qui  furent  tués  pot 
foi  de  Jésus-Christ,  se  réfugia  avec  le  moine  llilarinusà  Arezzo, 
d'Étrurie  dont  il  fut  ensuite  fait  évêque.  Le  préfet  Quadn 
ordonna  en  cette  même  ville  à  ces  deux  chrétiens /et  peu 
la  persécution  de  Julien  l'Apostat,  de  sacrifier  aux  idoles.  Coi 
ils  refusèrent  de  commettre  un  crime  aussi  abominable,  Hilai 
fut  frappé  de  coups  de  bâton  sous  les  yeux  de  Quadratien 
qu'à  ce  qu'il  rendît  l'âme.  Quant  à  Donat ,  après  avoir  égaler 
subi  de  cruels  supplices,  il  fut  frappé  par  le  glaive,  en  l'an 
lies  chrétiens  donnèrent  aux  deux  martyrs  une  sépulture  h 
rahle  auprès  de  leur  ville. 


rf*^-»»V 


7  QOÛt.  —  S.    YICTBICE,   ÉV.    DE  ROUEN.  *2to 


7  août.  —  SAINT  VICTRICE ,  éyêque  de  Rouen.  —  5e  siècle. 

Saint  Victrice  était  né  dans  les  Gaules,  sur  les  frontières  de 
l'empire  romain,  du  temps  de  Constantin  le  Grand;  mais  on 
igpore  le  lieu.  Il  était  plus  jeune  que  saint  Martin  de  Tours,  et  il 
paraît  n'être  venu  au  monde  que  quelques  années  après  le  concile 
de  Hicée.  Dans  sa  jeunesse,  il  serrait  dans  les  troupes  de  rem- 
pire;  mais,  craignant  les  dangers  de  l'État  où  il  était  engagé, 
1  résolut  d'abandonner  la  carrière  militaire.  Un  jour  que  les 
troupes  étaient  rassemblées  pour  une  revue  générale,  il  se  prê- 
ta devant  le  tribun ,  et,  se  dépouillant  de  ses  armes  en  sa  pré- 
,  il  lui  déclara  qu'il  renonçait  au  service  et  lui  demanda  son 
eongé.  Le  tribun ,  irrité  de  cette  action,  ût  déchirer  Victrice  à  coups 
de  fouet  et  de  bâton,  puis  le  fit  mettre  en  prison.  On  ne  le  tira  de 
lieu  que  pour  le  faire  paraître  devant  l'intendant  de  l'armée , 
i  semblait  être  venu  au  camp  pour  le  juger.  Victrice  lui  déclara 
n'étant  devenu  soldat  de  Jésus-Christ ,  il  croyait  devoir  se  retirer 
de  Tannée  pour  le  servir  plus  librement.  L'intendant ,  peu  satis- 
fait de  cette  réponse,  le  fit  tourmenter  pour  l'obliger  à  reprendre 
les  armes;  mais,  voyant  ses  efforts  inutiles,  il  le  condamna  à 
perdre  la  tête.  Si  nous  en  croyons  saint  Paulin ,  auteur  très-digne 
de  foi ,  Dieu  fit  plusieurs  miracles  pour  délivrer  son  serviteur.  Ce 
saint  rapporte  que  le  bourreau  qui  menait  Victrice  au  supplice , 
ayant  mis  la  main  sur  son  cou,  comme  pour  marquer  l'endroit 
où  il  devait  frapper,  perdit  subitement  la  vue.  Cet  accident  l'em- 
pêcha de  poursuivre  son  action.  On  conduisit  Victrice  en  prison , 
et  Dieu  fit  encore  un  second  miracle  en  sa  faveur.  On  lui  avait 
attaché  aux  mains  des  fers  qu'on  avait  serrés  jusqu'aux  os;  il 
pria  ses  gardes  de  les  relâcher  un  peu  ;  et  sur  leur  refus,  il  adressa 
sa  prière  à  Jésus-Christ ,  et  ils  virent  ses  chaînes  tomber  d'elles- 
mêmes.  Ses  gardes  n'osèrent  les  remettre;  mais  ils  coururent , 
épouvantés,  raconter  cette  merveille  à  l'intendant,  qui  rendit 
la  liberté  à  Victrice. 

On  ne  sait  pas  en  quel  lieu  il  se  retira ,  ni  combien  de  temps  il 
passa  dans  les  exercices  des  vertus  chrétiennes ,  avant  d'être  élevé 
à  Tépiscopat.  Il  était  déjà  évéque  avant  Tan  390 ,  lorsque  saint 
Paulin  le  vit  à  Vienne  chez  saint  Martin ,  et  qu'il  se  recommanda 
a  ses  prières  comme  à  un  homme  favorisé  du  ciel  cl  estimé  des 

11. 


120  7  août.  —  8.   GAÉTAN  DB  T III  EN  NE. 

plus  saints  personnages  de  son  temps.  Dieu  le  rendit  Adèle  à 
ministère,  en  sorte  qu'il  n'instruisait  pas  moins  par  son  exempb 
que  par  ses  discours.  Il  rassembla  autour  de  lui  un  grand  nombp 
de  personnes  des  deux  sexes ,  à  qui  il  fit  goûter  la  pureté  de  kl 
religion ,  qu'il  soutenait  dans  la  vertu  en  leur  servant  de  modèle, 
en  priant  pour  elles  et  en  les  instruisant.  Aussi,  dit  saint  Pantin* 
l'Église  de  Rouen  devint-elle,  sous  saint  Victrice,  une  noufsëe 
Jérusalem  :  on  y  voyait  fleurir  toutes  les  vertus;  on  y  ^fa^n^t 
un  grand  nombre  de  vierges  dignes  de  Jésus-Christ ,  et  beaucoup 
de  veuves  qui  surmontaient  toutes  les  attaques  du  démon  par  tal 
œuvres  de  piété ,  par  le  ministère  saint  auquel  elles  s'appliquaient 
et  par  les  services  qu'elles  rendaient  à  l'Église;  on  y  voyait  beatt» 
coup  de  personnes  mariées  qui  vivaient  comme  frère  et  eonftt 
et  qui  invitaient  Jésus-Christ,  par  leurs  prières,  à  visiter  et. à 
bénir  leur  chasteté  ;  on  y  trouvait  partout  des  entrailles  de  mfct* 
ricorde.  Le  nom  de  Jésus-Christ  y  était  loué  le  jour  et  la 
On  chantait  tous  les  jours  de  saints  cantiques  dans  un 
nombre  d'églises  et  de  monastères,  et  la  pureté  du  coeur,  jotato 
à  l'harmonie  des  voix ,  formait  un  concert  agréable  aux  saints  da 
ciel  et  à  ceux  de  la  terre.  Ainsi  la  ville  de  Rouen,  qui  juaqÉV 
lors  avait  été  un  peu  connue ,  même  dans  les  provinces  voisinas, 
devint,  grâce  à  saint  Victrice,  célèbre  jusque  dans  les  paye  les 
plus  éloignés.  On  croit  que  saint  Victrice  mourut  en  Tan  de  Jém+ 
Christ  417  :  on  le  compte  pour  le  premier  évéque  de  Rouen. 

7  août.  —  SAINT  GAÉTAN  DE  TH1ENNE , 

INSTITUTEUR  BK   LA  CONGRÉGATION   DES  CLERCS  BBGULHIS 

dits  Théatins.  —  10e  siècle. 

Gaétan,  fils  de  Gaspar,  seigneur  de  Thienne,  et  de  Mflk 
Porta ,  tous  deux  de  familles  distinguées  par  la  noblesse  et  il 
piété,  naquit  en  1480,  à  Vicence,  en  Lombardie. T>ès  ta  mfe 
sance,  sa  mère  le  mit  sous  la  protection  de  la  sainte  Vierge,  si 
l'accoutuma  à  la  pratique  de  l'humilité ,  de  la  douceur  et  de  ta 
pureté.  Le  fils  fut  si  docile  aux  leçons  de  sa  mère,  que, 
son  enfance  même,  on  le  surnommait  le  Saint.  Occupé  sans 
de  la  méditation  des  vérités  éternelles ,  il  fuyait  |es  amusemetfta 
et  les  conversations  inutiles.  On  admirait  en  lui  une  tendre  eha- 
rité  pour  tous  les  hommes,  et  en  particulier  pour  les  pauvres  si 
1rs  malheureux.  Malgré  le  temps  qu'il  donnait  chaque  jour  à  la 


7  aOÛi.  —  S.  GAÉTAN  DE  TH1EXXE.  127 

9  n'en  avait  pas  moins  d'ardeur  pour  l'étude;  il  la  sancti- 
r  les  exercices  de  la  religion.  Il  fit  de  grands  progrès  dans 
iloape,  le  droit  civil  et  canonique.  Pour  se  consacrer  à  Dieu 

plus  spéciale ,  il  embrassa  l'état  ecclésiastique. 

de  mener  une  vie  obscure  et  cachée  le  fit  décider 
à  Rome;  mais,  malgré  les  précautions  de  son  humilité , 
técourert,  et  le  pape  Jules  11  l'obligea  d'exercer  l'office  de 
otam  apostolique.  Le  dé  de  croître  dans  la  perfection 
pin  le  dessein  d'entrer  dai  confrérie  dite  de  X Amour 
Celait  une  association  de  |  unes  pieuses  qui ,  par  cer- 
ssorcices ,  travaillaient  de  *  1  •  pouvoir  à  procurer  la 
ie  Dieu.  Après  la  mort  de  j  11,  Gaétan  quitta  la  place 
(notaire  apostolique  et  rei  na  à  Yicence.  11  s'y  associa 
■frériede  Saint-Jérôme,  <  ivait  été  instituée  sur  le  plan 
•  de  rAmour  divin.  Ses  ar  jugeant  des  choses  d'après 
véjusjés,  raccosaient  de  d<  norer  sa  le.  Biais  loin 
■^per de  résolution,  fl  sedà    lat  r  aux  plus  humi- 

pratiquesdela  charité.  Les  ex  les  pauvres 

Ipital  des  Incurables  de  la  e,  aevc  u  l'objet  de  sa 
ne  et  de  ses  soins.  Il  les  se  vait  de  n  $t  augmenta 
les  revenus  de  cet  hôpital. 

confesseur  lui  ayant  conseillé  de  se  retirer  à  Venise ,  il 
délai  et  se  logea  dans  l'hôpital  qu'on  venait  de  bâtir  ; 

au  service  des  malades.  U  se  montra  si  zélé  pour 
ftaison,  qu'il  en  est  regardé  comme  le  principal  fondateur. 
lit  communément  de  lui  à  Venise ,  à  Vicence  et  à  Rome , 
ait  ic*  séraphin  à  l'autel  et  un  apôtre  en  chaire.  Quelque 
après,  il  quitta  Venise  pour  aller  à  Rome,  dans  le  dessein 
réger  de  nouveau  à  la  confrérie  de  l'Amour  divin.  Parmi 
mbres  de  cette  association ,  il  y  en  avait  plusieurs  qui  joi- 
t  une  rare  prudence  et  un  savoir  profond  à  une  piété  extra- 
ire. Gaétan  conféra  avec  ces  personnes  sur  les  moyens  les 
Bcaces  de  réformer  les  mœurs  des  chrétiens.  Tous  con- 
;que  cette  réforme  ne  serait  possible  qu'en  faisant  revivre 
?  clergé  cet  esprit  et  ce  zèle  dont  furent  animés  ceux  qui 
mîers  annoncèrent  l'Évangile.  Ils  résolurent  donc  d'insti- 
i  ordre  de  clercs  réguliers  qui  se  proposeraient  en  tout  les 
s  pour  modèles.  Les  premiers  auteurs  de  ce  dessein  furent 
Gaétan,  Jean- Pierre  Caraffo,  archevêque  de  Téate  ou 
dans  TAbruzzc ,  et  depuis  pape  sous  le  nom  de  Paul  IV  ; 


128  7  août.    —  S.   GAÉTAN   DE  THlEHItE. 

Paul  tonsigliari  et  Boni  face  de  Colle,  gentilhomme  de  Siîtaf. 
(joix  qui  possédaient  des  biens  ecclésiastiques  demandèrent  A 
Clément  VII  la  permission  de  les  quitter,  dans  la  vue  de  travailler 
efficacement  à  l'exécution  du  projet  qu'ils  méditaient.  Le 
ue  leur  accorda  son  consentement  qu'avec  beaucoup  de  peine. 

Tout  étant  ainsi  disposé ,  les  serviteurs  de  Dieu  dressèrent  le 
plan  de  leur  institut,  qu'ils  présentèrent  au  pape,  et  qui  fut  exa- 
miné dans  un  consistoire  de  cardinaux  en  1524.  Après  quelques 
difficultés ,  le  nouvel  ordre  fut  approuvé  par  dément  VII.  Ce- 
raffa  en  fut  fait  premier  supérieur  ;  et ,  comme  il  portait  toujours 
le  titre  d'archevêque  de.Téate,  les  clercs  réguliers  reçurent  le 
nom  de  Théatins.  T^es  fins  principales  que  se  proposèrent  lu 
Théatins,  furent  d'instruire  le  peuple,  d'assister  les  malades »dr 
combattre  les  erreurs  dans  la  foi ,  de  rétablir  parmi  les  laïques 
l'usage  fréquent  des  sacrements,  de  faire  revivre  dans  le  demi 
l'esprit  de  désintéressement,  l'amour  de  l'étude  delà  religion-* M 
respect  pour  les  choses  saintes  et  surtout  pour  ce  qui  arappett 
aux  sacrements  et  aux  cérémonies  du  culte  divin.  On  s'apera* 
bientôt  à  Rome  des  heureux  effets  produits  par  le  zèle  de  Gâtai 
et  de  ses  associés,  ta  sainteté  de  leur  vie  multipliait  tous  les  Jours 
lu  nombre  de  leurs  coopérateurs.  ; 

La  ville  de  Rome  ayant  été  prise  d'assaut  par  l'armée  de  ffrarioi 
Quint,  le  G  mai  1527,  les  soldats,  la  plupart  luthériens,  jtilty- 
rent  la  ville  et  commirent  plus  de  cruautés  que  n'avaient  faftbi 
Cotlis  mille  ans  auparavant,  ta  maison  des  Théatins  fut  preeqee 
entièrement  démolie.  Un  soldat  qui  avait  connu  Gaétan  à  Vieenee, 
s'imaginant  qu'il  possédait  des  richesses,  le  représenta  comme  tel 
n  son  officier.  On  arrêta  sur-le-champ  le  serviteur  de  Dieu,  et  on 
lui  fit  souffrir  mille  tortures  pour  l'obliger  à  livrer  un  trésor  qu'il 
n'avait  pas.  A.  la  fin  cependant  on  le  mit  en  liberté ,  tout  meurtri 
des  coups  qu'il  avait  reçus.  Il  sortit  de  Rome  avec  ses  compa- 
gnons ,  n'emportant  tous  que  leurs  bréviaires  et  les  habits  qâ 
les  couvraient.  lisse  retirèrent  à  Venise,  où  ils  furent  bien  reçus, 
et  ils  s'établirent  dans  le  couvent  de  Saint-Nicolas-Tolentin.  Ott 
élut  Gaétan  supérieur  de  cette  maison.  Sa  sainteté  et  son  zèle  i  , 
procurer  la  gloire  de  Dieu  firent  universellement  estimer 
ordre.  Cette  estime  s'accrut  encore  par  la  charité  dont  le 
parut  anime  durant  la  peste  qui  affligea  Venise.  . 

De  Venise,  Gaétan  fut  envoyé  à  Vérone  pour  réconcilier  lï- 
veque  de  cette  ville  avec  une  partie  de  ses  diocésains  qui  s'oppe- ,. 


8  août.  —  SS.  CYRIAQUE,   LARGE   ET   SMARAGDE,   M.    129 


à  certains  règlements  que  le  prélat  venait  de  faire  par  rap- 
Mvrt  an  rétablissement  de  la  discipline.  Le  saint ,  après  avoir 
admé  les  esprits  à  Vérone ,  fut  appelé  à  Naples ,  pour  y  fonder 
ne  maison  de  son  ordre.  Le  comte  d'Oppido  lui  donna  un  bâ- 
iment  pour  loger  sa  communauté  ;  mais  il  ne  put  lui  faire  accepter 
m  donation  d'un  fonds  de  terre  qu'il  avait  dessein  de  lui  faire. 
Les  exemples  et  les  prédications  de  Gaétan  produisirent  bientôt 
■&  changement  général  dans  les  mœurs  de  cette  grande  ville. 
Malgré  les  travaux  du  ministère ,  notre  saint  ne  perdait  jamais  de 
rue  le  soin  de  sa  propre  sanctification.  Toujours  humble ,  tou- 
jours pénitent ,  il  donnait  souvent  plusieurs  heures  de  suite  à  la 
méditation,  et  il  y  était  souvent  favorisé  de  grâces  extraordinaires. 
Ëtant  retourné  à  Venise  en  1537 ,  Gaétan  y  fut  fait  une  seconde 
fofi  supérieur.  Après  avoir  gouverné  sa  communauté  pendant 
trais  ans ,  il  retourna  à  Naples ,  où  il  gouverna  la  maison  de  son 
onfcre  jusqu'à  sa  bienheureuse  mort.  Ses  austérités,  jointes  à  ses 
continuels ,  lui  causèrent  une  maladie  de  langueur.  Les 
hii  conseillant  de  renoncer  à  la  coutume  qu'il  avait  de 
sur  des  planches ,  il  leur  répondit  :  «  Mon  Sauveur  est 
«  mort  sur  la  croix  ;  laissez-moi  du  moins  mourir  sur  la  cendre.  » 
11  voulut  qu'on  le  couchât  sur  uncilice ,  étendu  par  terre  et  cou- 
vert de  cendres.  Ce  fut  en  cet  état  qu'il  reçut  les  derniers  sacre- 
ments. 11  expira  dans  de  vifs  sentiments  de  componction,  le  7  août 
1547;  il  s'opéra  plusieurs  miracles  par  son  intercession,  et  il  fut 
béatifié  en  1629  et  canonisé  en  1691. 


8  août  —SAINTS  CYRIAQUE ,  LARGE ,  SMARAGDE  ,  et 

LEURS  COMPAGNONS ,  MARTYRS.  —  4e  siècle. 

Le  diacre  Cyriaque  fut  longtemps  renfermé  en  prison  avec 
Sînnius,  Large  et  Smaragde.  11  y  fit  beaucoup  de  miracles,  et 
éms  le  nombre,  par  ses  prières,  il  délivra  d'un  démon  Arthémie , 
file  de  Dioctétien.  Envoyé  à  Sapor,  roi  de  Perse ,  il  arracha  aussi 
au  pouvoir  de  l'esprit  malin  Jobie ,  qui  était  fille  de  ce  prince. 
Après  avoir  baptisé  le  roi  lui-même  avec  quatre  cent  trente  per- 
lonnes,  il  revint  à  Rome,  où  l'empereur  Maximien  le  fit  arrêter 
et  marcher  devant  son  char  tout  enchaîné.  Quatre  jours  après , 
on  le  fit  sortir  de  prison,  on  l'arrosa  de  poix  fondue,  et  on  re- 
tendit sur  l'instrument  de  torture.  11  fut  enfin  frappé  de  la  hache 


130      8  aOÛi.   —  LE  B.  AUGUSTIN  DE  LUCEBE. 

avec  Large  et  Smaragde,  et  vingt  autres  chrétiens,  sur  la  vûie. 
Salaria,  près  des  jardins  de  Salluste,  en  Tan  303.  Leurs  corps,  1 
ensevelis  près  de  la  même  voie,  le  16  mars,  par  le  prêtre  Jean,  fih. !' 
rent,  le  8  du  mois  d'août,  enveloppés  dans  des  voiles  de  lin ,  et  ' 
embaumés  avec  des  parfums  précieux  par  les  soins  du  pape  Mit-  ' 
cel  et  de  la  noble  femme  Lutine,  puis  transportés  dans  une  terre  * 
de  la  même  dame,  sur  la  voie  d'Ostie,  à  sept  milles  de  Rome. 


8  août.  —  LE  BIENHEUREUX  AUGUSTIN  DE  LUCÈRE,   t 

ÉVÊQUB  ET    CONFESSEUR.   —  14e  Siècle.  :  i 

"  t 

Augustin  naquit  à  Trau  en  Dalmatie,  dans  le  diocèse  ardue*  | 
piscopal  deSpalatro,  de  parents  nobles,  renommés  par  leur  flttft^  || 
chement  à  la  foi  orthodoxe.  Dès  sa  jeunesse,  pour  se  mettre  m£  | 
tièrement  au  service  de  Dieu,  il  abandonna  le  patrimoine  qrfCij 
possédait  dans  la  Sicile ,  et  se  présenta  pour  entrer  dans  l'on**:  4 
des  Frères  prêcheurs.  Ayant  accompli  son  noviciat  avec  le  phfi  j 
grand  zèle  et  le  plus  complet  dévouement  à  la  règle  qu'il  avjflft  t, 
embrassée,  il  fut  envoyé  à  Paris  avec  Jacques  Orsini  pour  y  étahi  ù 
dier,  et  il  eut  pour  maître  saint  Thomas  d'Aquin,  sous  lequel  If 
lit  des  progrès  merveilleux  tant  dans  la  science  et  la  piété  que, N 
dans  les  autres  vertus.  Lorsqu'il  fut  revenu  dans  sa  patrie,  ne  . 
supérieurs  le  destinèrent  à  prêcher  la  parole  de  Dieu ,  et  I  y 
montra  aussi  tout  le  dévouement  ardent  dont  il  brûlait  pour-ie 
salut  des  âmes.  Assidu  à  la  prière ,  il  y  passait  les  nuits ,  et  té*  ( 
pétait  souvent  ce  mot  de  saint  Augustin  :  «//  apprend  à  MM  ' 
vivre,  celui  qui  apprend  à  bien  prier.  »  Benoit  XI  l'appelaàlAft1 
vêché  de  Zagrab  ou  Agram,  et  il  y  brilla  tellement  par  totfMr 
les  verlus  pastorales,  que,  sur  la  renommée  qu'elles  luiattirèreflÉ*1 
Robert,  roi  de  Naples,  obtint  par  ses  instances  du  pape  Jean  TCÊÊt-  ' 
qu'il  le  mît  à  la  tête  de  l'église  de  Lucera ,  pour  la  purgerai!  ' 
erreurs  dont  elle  avait  été  infectée  par  le  séjour  des  SarrMitfflJM 
Pour  atteindre  ce  but ,  on  ne  pourrait  dire  combien  de  peine»  #( 
de  fatigues  il  endura  ;  mais  à  la  fin,  la  ferveur  de  ses  prières,  Vm [ 
ficacité  de  sa  prédication,  la  sainteté  de  ses  mœurs,  lui  méritMlf 
de  voir  tout  son  troupeau  redevenu  catholique.  Pour  le  préeerlIP1 
à  l'avenir  et  le  maintenir  exempt  de  toute  souillure ,  il  mit  tefe* 
son  diocèse  sous  la  protection  puissante  de  la  sainte  Vierge ,  1 
de  Dieu ,  et  principalement  la  ville  de  Lucera ,  dont  il  v< 


9  août.   —  LE  B.  JEAN  DE  SALERNE.        131 

nger  le  nom  ut  celui  de  cité  de  Sainte-Marie.  Enfin,  plein  de 
itèt,  et  devenu  illustre  par  le  renom  des  miracles  auxquels 
rait  donné  lieu,  il  rendit  son  âme  à  son  Créateur  le  3  août  1 323, 
Ige  de  soixante-dix  ans.  C'est  le  pape  Jean  XXII  qui  le  mit 
«ombre  des  saints. 


9  août.  —  S.  ROMAIN,  martyr.  —  3e  siècle. 

Lomam  était  soldat  à  Rome,  du  temps  de  saint  Laurent. 
ppé  de  la  constance  et  de  la  joie  avec  lesquelles  ce  saint 
rtyr  souffrait  les  tortures  inventées  par  la  fureur  des  bour- 
n,  il  embrassa  la  religion  chrétienne;  il  s'adressa  à  saint 
■eut  loi-méme,  qui  l'instruisit  et  le  baptisa  dans  sa  prison. 
wêl  déclaré  sa  conversion,  il  fut  arrêté  et  décapité  la  veille 
martyre  de  saint  Laurent.  Ainsi  il  reçut  la  couronne  avant 
i  grade  et  son  maître.  On  l'enterra  sur  le  chemin  de  Tibur  ; 
reliques  furent  depuis  transférées  à  Lucques.  Saint 
est  nommé  sous  ce  jour  dans  Tantiphonaire  de  saint 
Sgotre  et  dans  les  anciens  martyrologes. 


août.   —  LE   BIENHEUREUX    JEAN  DE  SALERNE , 
confesseur.  —  13e  siècle. 

fean,  issu  à  Salerne  de  la  famille  Quarna,  qui  descendait  des 
sens  Normands,  fut  admis  à  Bologne  dans  l'ordre  des  Frères 
eheurs,  et  reçut  l'habit  de  la  main  même  de  saint  Dominique. 
■  sa  direction  et  son  enseignement,  il  fit  tant  de  progrès  dans 
entier  de  la  vertu  et  de  la  perfection  religieuse ,  que  le  saint 
dateur  des  Frères  prêcheurs  ayant  envoyé  douze  religieux 
oavés  pour  propager  son  ordre  en  Toscane ,  il  mit  à  leur  tête 
n,  malgré  son  âge  peu  avancé.  Se  conformant  aux  comman- 
arnfi  du  saint  patriarche,  Jean  se  dirigea  vers  Florence  avec 
compagnons.  A  Ripoli,  qui  se  trouve  à  trois  milles  de  cette 
s,  fl  s'arrêta  avec  eux  dans  une  maison  qu'im  pieux  Florentin 
*  avait  préparée  auprès  d'une  chapelle  qu'il  avait  pris  soin  de 
e  construire.  C'est  de  là  que  tous  les  jours  ce  saint  homme 
ait  à  Florence  pour  prêcher  la  parole  de  Dieu,  ce  qui  avec 
■oeence  de  ses  mœurs  lui  attacha  très-étroitement  le  cœur 
Florentins,  qui  voyaient,  grâce  à  ses  exhortations  ,  des  gens 


132  10  août.   —     S.    LAURENT,    MARTYR. 

perdus  revenir  dans  la  voie  du  salut,  et  les  autres  y  persévérer 
Aussi  ceux  qui  avaient  alors  en  main  le  gouvernement  de  la  ré 
publique,  remarquant  combien  il  était  incommode  à  ce  zélé  ieti 
gieux  de  devoir  se  rendre  tous  les  jours  de  grand  matin  à  Flo 
rence  et  de  s'en  retourner  le  soir  chez  son  hôte  de  Ripoti,  il 
songèrent  à  le  pourvoir  d'un  endroit  où  il  pourrait  habiter  ave 
ses  compagnons  en  dedans  des  murs  de  la  ville.  C'est  ce  qui  fu 
cause  qu'ils  habitèrent  d'abord  à  Saint-Pancrace,  ensuite  à  Saint 
Paul,  enfin  à  Santa-Maria  Novella,  ou  aux  Vignes.  C'est  dans  e 
dernier  endroit  où,  au  moyen  des  libéralités  Eûtes  par  des  per 
sonnes  pieuses,  l'église  fut  agrandie,  et  un  couvent  bâti ,  que  le 
nouveaux  Frères  prêcheurs  commencèrent  à  vivre  à  Florence,  ej 
observant  avec  beaucoup  d'exactitude  les  règles  de  leur  ordre 
Jean  leur  donnait  à  tous  l'exemple  des  vertus  et  de  la  perfectioj 
dans  la  vie  religieuse.  Lorsque  saint  Dominique  fut  sur  le  poin 
de  mourir,  il  alla  à  Bologne  pour  lui  rendre  les  derniers  devoirs 
ainsi  que  le  fait  un  fils  soumis  et  tendre  au  meilleur  des  pères.  Di 
retour  à  Florence,  il  s'occupa  de  ce  que  lui  avait  demandé  le  pap 
Grégoire  IX,  c'est-à-dire  de  combattre  l'hérésie  des  Patarins  01 
Catharins,  descendance  pernicieuse  des  Manichéens,  qui  portaien 
le  trouble  dans  l'Église  comme  dans  l'État.  Il  parvint  à  réprime 
leur  audace,  et  en  endurant  avec  courage  les  insultes  et  les  ou 
trages  par  lesquels  ils  s'efforçaient  de  le  détourner  de  son  entre 
prise,  il  défendit  avec  une  grande  supériorité  la  foi  catholique 
Enfin ,  après  avoir  accompli  des  bonnes  œuvres  sans  nombr 
pour  l'avantage  de  l'Église  et  l'accroissement  de  la  foi,  et  aprè 
avoir  gouverné  pendant  bien  des  années  le  couvent  de  Santa 
Maria  Novella  avec  un  grand  profit,  tant  pour  les  siens  que  pod 
les  citoyens  de  Florence,  il  atteignit  avec  joie  son  dernier  jour  e 
mourut  muni  des  sacrements  de  l'Église ,  et  en  exhortant  se 
frères  à  la  sainteté. 


10  août.  —  SAINT  LAURENT,  martyr.  —  3e  siècle. 

On  ignore  le  lieu  de  la  naissance  et  les  commencements  de  l 
vie  de  saint  Laurent.  Saint  Pierre  Chrvsologue  dit  qu'il  était  auss 
pauvre  des  biens  de  la  terre  que  riche  de  ceux  du  ciel.  Ses  vertu 
le  firent  connaître  à  saint  Xiste,  qui  lui  donna  tous  les  avis  qui 
crut  nécessaires  pour  le  porter  à  la  perfection.  Disciple  d'w 


10  août.   —    S.   LAURENT,    MARTYR.  133 

homme  si  plein  de  l'esprit  de  Dieu,  et  prévenu  lui-même  des 
grâces  du  Ciel,  taurent  devint  en  peu  de  temps  parfait  dans  In 
vertu,  quoiqu'il  fût  encore  dans  un  âge  peu  avancé.  Quand  saint 
Xiste  fut  élevé  sur  la  chaire  de  saint  Pierre,  Tan  de  J.  C.  Î57,  il 
appela  près  de  lui  son  cher  disciple  pour  porter  une  partie  du  mi- 
nistère, et  Féleva  au  diaconat.  Il  n'y  avait  alors  que  sept  diacres 
dans  l'Église  de  Rome,  et  saint  Laurent  était  le  premier  :  ce  qui 
lui  a  fait  donner  par  les  Pères  le  nom  d'Archidiacre.  C'était  lui 
qui  avait  soin  des  richesses  de  l'Église  et  qui  en  était  le  distri- 
buteur. 

L'empereur  Valérien,  qui  croyait  pouvoir  détruire  l'Église,  qu'il 
ignorait  être  l'ouvrage  du  Tout-Puissant,  persécutait  les  chrétiens 
les  plus  connus,  et  surtout  le  clergé,  afin  qu'en  frappant  les  pas- 
teurs il  pût  disperser  et  détruire  le  troupeau.  Le  pape  Xiste  fut 
une  des  premières  victimes  de  cette  persécution.  Il  fut  arrêté  avec 
quelques-uns  de  son  clergé,  lorsqu'il  était  au  cimetière  de  Calixte 
pour  y  célébrer  les  saints  mystères.  Saint  Laurent ,  animé  du 
désir  de  donner  aussi  sa  vie  pour  Jésus-Christ,  voyant  qu'on 
menait  Xiste  au  supplice,  le  suivit  en  versant  des  larmes  et  lui 
dit  :  Où  allez-vous,  mon  père,  sans  votre  fils  ?  Prêtre  saint,  où 
allez- vous  sans  votre  diacre?  En  quoi  vous  ai-je  déplu?  Éprou- 
vez si  je  suis  digne  du  choix  que  vous  avez  fait  de  moi  pour  me 
confier  la  dispensation  du  sang  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ 
(  car  c'était  alors  l'office  des  diacres  ).  Saint  Xiste  lui  répondit  : 
Je  ne  vous  abandonne  pas ,  mon  fils  :  un  plus  grand  combat  vous 
est  réservé  ;  vous  me  suivrez  dans  trois  jours.  Laurent,  consolé 
par  ses  paroles,  se  prépara  au  martyre  :  ayant  fait  assembler  les 
pauvres,  il  leur  distribua  l'argent  de  l'Église  qu'il  avait  entre  les 
mains,  et  vendit  même  les  vases  sacrés  pour  augmenter  la  somme. 
La  nouvelle  de  ces  libéralités  ayant  été  portée  au  préfet  de  Rome, 
il  crut  que  les  chrétiens  avaient  de  grands  trésors  en  réserve,  et 
il  résolut  de  s'en  emparer.  Il  fit  venir  saint  Laurent  pour  l'enga- 
ger à  lui  découvrir  le  lieu  où  ces  prétendus  trésors  étaient  gardés, 
et  pour  l'y  contraindre  par  la  violence  s'il  refusait  de  faire  cet 
aveu.  Vous  vous  plaignez  souvent,  dit  ce  préfet  au  saint  diacre, 
que  nous  vous  traitons  cruellement  ;  je  ne  veux  point  agir  ainsi 
envers  vous ,  je  vous  demande  seulement  ce  qui  dépend  de  vous 
de  m'accorder.  On  dit  que,  dans  vos  cérémonies,  vous  vous  ser- 
vez de  vases  d'or  et  d'argent,  et  que,  pour  éclairer  vos  sacrifices 
nocturnes,  vous  avez  des  cierges  dans  des  chandeliers  d'or.  On 

12 


13-1  10  août.   —    S     LAURENT,    MALTVft. 

ajoute  que,  pour  fournir  ces  offrandes,  les  frères  vendent  leurs 
héritages  et  dépouillent  leurs  familles  afin  de  vous  enrichir  ;  mettes 
ces  trésors  au  jour  :  4e  prince  en  a  besoin  pour  l'entretien  de 
ses  troupes. 

Saint  Laurent  répondit  sans  s'émouvoir  :  J'avoue  que  notre 
Église  est  riche  :  l'empereur  n'a  pas  de  si  grands  trésors.  Je  tous 
ferai  voir  ce  qu'elle  a  de  plus  précieux ,  donnez-moi  du  temps 
pour  mettre  tout  en  ordre.  Le  préfet,  content  de  cette  réponse, 
lui  accorda  trois  jours  de  délai.  Pendant  cet  espace,  saint  Laurent 
rassembla  tous  les  pauvres  que  l'Église  nourrissait ,  les  aveugles, 
les  boiteux,  les  estropiés;  et,  après  avoir  pris  leurs  noms,  U  les 
rangea  devant  le  temple.  Le  jour  marqué  étant  venu,  il  vint  trou- 
ver le  préfet,  et  lui  dit  :  Venez  voir  les  trésors  de  notre  Dieu, 
vous  verrez  une  grande  cour  pleine  de  vases  d'or  et  de  talents 
entassés  sous  des  galeries.  Le  préfet  le  suivit,  et  voyant  cette 
troupe  de  pauvres,  il  se  retourna  vers  saint  Laurent  avec  des  yeux 
troublés  et  menaçants.  —  De  quoi  vous  fâchez-vous?  lui  dît  le 
saint  diacre.  L'or  que  vous  désirez  si  ardemment  n'est  qu'un  vi 
métal  tiré  de  la  terre,  et  c'est  la  source  de  bien  des  crimes  ;  For 
véritable  est  la  lumière  divine  dont  ces  pauvres  sont  les  disciples  : 
voilà  les  trésors  que  je  vous  ai  promis  :  profitez  de  ces  richesses 
pour  l'empereur,  pour  vous-même.  —  C'est  donc  ainsi  que  tu 
me  joues  !  lui  dit  le  préfet.  Comme  je  sais  que  vous  vous  piquez, 
vous  autres  chrétiens,  de  mépriser  la  mort,  je  ne  te  ferai  pas 
mourir  promptement. 

Laurent  fut  jeté  dans  une  noire  prison,  et  on  lui  déchira  le 
corps  de  coups  de  fouet.  Le  juge,  voyant  cette  première  attaque 
inutile,  le  fit  étendre  sur  un  gril  tout  rouge,  sous  lequel  il  fit 
mettre  de  la  braise  à  demi  éteinte.  La  ferveur  de  sa  foi  rendit  le 
martyr  insensible  à  la  violence  du  feu  qui  consumait  son  corps  et 
ne  s'occupant  au  milieu  de  ce  tourment  que  de  la  loi  du  Seigneur, 
son  supplice  lui  devenait  un  rafraîchissement  ;  son  visage  parut 
aux  fidèles  environné  de  lumière,  et  son  corps  exhalait  une  odeur 
agréable  :  mais  les  païens  ne  virent  point  cette  lumière,  et  ne  sen- 
tirent point  cette  odeur.  Laurent  possédait  son  âme  dans  une  si 
grande  paix  au  milieu  des  cruelles  douleurs  que  le  feu  devait  lui 
causer,  qu'il  dit  tranquillement  au  préfet  :  J'ai  été  assez  long* 
temps  sur  ce  côté  ;  faites-moi  retourner  pour  rôtir  l'autre.  Et, 
quelques  moments  après,  il  ajouta  :  Ma  chair  est  assez  rôtie;  vous 
pouvez  en  manger,  si  vous  voulez.  Puis  regardant  au  ciel,  il  pria 


11   août.    —  S.    ALEXANDRE  LE  CHARBONNIER.        135 

Dieu  pour  la  conservation  de  Rome,  et  rendit  l'esprit.  Des  séna- 
teurs, convertis  par  l'exemple  de  sa  constance,  emportèrent  son 
corps  sur  leurs  épaules.  Il  fut  enterré  dans  une  grotte  à  Véran, 
près  le  chemin  de  Tibur,  le  10  août  de  Tan  258.  Il  se  fit  aussitôt  de 
grands  miracles  par  son  intercession,  et  Dieu  a  souvent  accordé 
là  même  faveur,  dans  la  suite  des  siècles,  à  ceux  qui  ont  imploré 
sa  protection. 


11  août.  —  S.  ALEXAMDRE LE  CHARBONNIER,  Évêquk 

ET   MARTYR.   —  3e  siècle. 

Saint  Giégoire  de  Nysse  rapporte  lui-même  ce  qu'on  sait  de 
saint  Alexandre  le  Charbonnier,  dans  la  Vie  de  saint  Grégoire  de 
Néocésarée,  surnommé  le  Thaumaturge.  Voici  ce  qu'il  apprend: 
La  ville  de  Comanes,  connaissant  le  zèle  et  la  sagesse  de  saint 
Grégoire  Thaumaturge,  lui  envoya  ses  députés  pour  lui  deman- 
der on  évêque.  Grégoire,  qui  savait  de  quelle  importance  il  est 
de  choisir  un  pasteur  digne  de  gouverner  le  peuple  de  Dieu,  se 
rendit  au*  désirs  de  ceux  de  Comanes.  Les  principaux  de  la  ville 
lui  témoignèrent  que  leur  intention  était  qu'il  ne  leur  choisît  pour 
pasteur  qu'un  homme  distingué  par  sa  noblesse  et  par  ses  talents. 
Grégoire,  qui  avait  appris  de  l'Écriture  qu'on  ne  doit  mettre  dans 
des  places  si  importantes  que  ceux  qui  sont  remplis  de  l'esprit  de 
Dieu  et  de  la  doctrine  des  saints ,  ne  consulta  point  leurs  désirs, 
mais  l'esprit  de  l'Église  pour  faire  ce  choix.  Après  qu'ils  lui  eu- 
rent eux-mêmes  présenté  plusieurs  personnes  qui  n'avaient  d'au- 
tre mérite  que  celui  qui  flatte  l'amour-propre,  et  qui  est  l'objet 
de  la  cupidité,  il  leur  dit  :  Je  ne  puis  approuver  vos  vues;  pour- 
quoi ne  cherchez-vous  que  ceux  qui  sont  grands  selon  le  siècle  ? 
Dieu  cache  souvent,  dans  des  hommes  qui  ne  paraissent  rien  aux 
yeux  du  monde,  des  trésors  de  grâces  qui  les  rendent  dignes  des 
plus  hautes  places  et  des  emplois  les  plus  importants.  Un  de  ceux 
qui  présidaient  à  l'élection,  voulant  tourner  ce  discours  en  rail- 
lerie, dit  :  Si  vous  êtes  si  peu  attaché  aux  personnes  de  considé- 
ration, fautes  évêque  Alexandre  le  Charbonnier.  Vous  n'avez 
point  à  craindre  en  lui  une  éloquence  trop  humaine  ;  et  assuré- 
ment la  chair  et  le  sang  ne  présideront  point  à  cette  élection.  — 
Quel  est  cet  Alexandre  ?  dit  saint  Grégoire.  La  demande  fit  rire 
ses  hommes  tout  mondains  ;  et  l'un  d'eux,  pour  se  divertir,  pré- 


13*        It  «Oft.  —  S.  AUMUNAIB  LB  <       JRB01 

senta  Alexandre  h  l'évéque.  (      bo — j  „ 
(kbaiUoossriesetdèchfrét.on       i  «ait  ion  oie^erAfe  apiÉto^ 
demi  visage  et  à  eette  de  aei  .  Grégoire  m.^ia^kfÊmM 

à  ces  dehors,  et,  apercevant  dans  sa  physionomie  quelque  çhoa* 
de  plus  relevé  que  son  état,  il  le  retira  à  l'écart,  et  lui  ^™n% 
qui  il  était.  Alexandre  eût  bien  voulu  avoir  la  liberté  de  ae  retirer; 
mais,  ne  pouvant  ni  échapper  ni  se  taire,  il  avoua  que  ce  n'était 
point  par  nécessité  qu'il  faisait  le  métier  de  charbonnier  ;  mas 
par  le  seul  désir  de  vivre  inconnu  et  d'éviter,  s'il  le  pouvait, 
tous  les  pièges  de  Famour-propre.  Je  regarde,  dit-il,  cette  pous- 
sière de  charbon,  qui  me  défigure,  comme  un  masque  qui  m'em- 
pêche d'être  connu.  Je  suis  jeune  :  Dieu  m'avait  donné  quelques 
talents,  j'aurais  pu  plaire  au  monde  et  peut-être  que  j'eusse  per-  j 
du  la  vertu,  et  que  la  chasteté  surtout  en  eût  beaucoup  souffert. 
J'ai  voulu  éviter  ces  dangers  :  le  métier  que  j'exerce  est  d'ailleurs 
un  moyen  qui  me  procure  de  quoi  subsister  innocemment  et  as- 
sister ceux  qui  sont  dans  le  besoin. 

Saint  Grégoire ,  admirant  cette  divine  sagesse ,  qui  miipanrit 
sans  comparaison  la  science  que  le  peuple  de  Comanes  cherchait 
dans  celui  qu'il  voulait  pour  évêque ,  fit  sortir  Alexandre ,  et  do—a 
ordre  à  quelques  personnes  affidées  de  prendre  soin  de  cet  homme* 
en  leur  prescrivant  ce  qu'elles  avaient  à  faire.  Pour  lui  ^.fl 
dans  l'assemblée  ;  il  y  parla  des  devoirs  d'un  évêque  et  de 
qui  étaient  soumis  à  sa  conduite  ;  et  il  les  entretint  jusqu'i 
tour  d'Alexandre.  Saint  Grégoire  avait  ordonné  qu'on  le 
au  bain ,  et  qu'on  lui  donnât  des  habits  décents.  En  cet  état» 
Alexandre  parut  un  autre  homme ,  et  ne  tut  plus  regardé  qu'ares 
admiration.  Le  saint  prélat ,  profitant  de  la  surprise ,  dit  :  Ne 
vous  étonnez  pas  si  vous  vous  étiez  trompés  en  jugeant  selon  Isa 
sens  :  le  démon  voulait  rendre  inutile  ce  vase  d'élection  en  le  te- 
nant caché.  Toute  l'assemblée  applaudit  à  la  sagesse  de  Grégoire, 
et  connut  bien  que  l'esprit  du  Seigneur  le  conduisait  :  chacal 
consentit  à  l'élection  d'Alexandre.  Le  saint  évêque  le  consacra  sp» 
lennellement  avec  les  cérémonies  accoutumées.  Après  la  censfc 
cration ,  il  pria  le  nouveau  prélat  de  faire ,  selon  la  coutume,  un 
discours  pour  instruire  l'assemblée  :  Alexandre  s'en  acquitta  si 
bien,  que  tout  le  monde  applaudit  avec  transport. 

Alexandre  fut  véritablement  le  père  de  son  peuple ,  et  fl  ne  le 
conduisit  que  dans  les  voies  droites.  Son  zèle  infatigable  le  por- 
tait à  examiner  tous  les  besoins  de  son  troupeau ,  et  son  ardente 


12  août.    —  SAINTE  CLAIRE,    VIERGE.  137 

parité  l'excitait  à  y  pourvoir  promptement.  Comme  il  se  trou- 
rôt  dans  des  temps  difficiles,  où  le  christianisme  était  en  butte 
i  la  contradiction  des  hommes,  et  que  l'enfer  s'armait  sans  cesse 
par  persécuter  les  fidèles ,  ce  saint  pasteur  animait  son  troupeau 
i  la  constance  et  au  désir  du  ciel ,  et  le  préparait  à  confesser 
léns-Christ  devant  les  tyrans.  Il  montra  lui-même  la  sincérité  de 
»  discours  par  son  exemple ,  car  il  souffrit  le  martyre  dans 
la  persécution  de  Dèce.  On  dit  qu'il  fut  brûlé  vers  l'an  251 . 


11  août.  —  SAINT  TIBURCE  ET  SAINTE  SUSANNE. 

—  3e  siècle. 

TOmrce ,  fils  de  Cbromace ,  préfet  de  Rome ,  fut  converti  au 
Aristianisme  par  saint  Sébastien.  Comme  on  l'avait  amené  pour 
selle  raison  devant  le  juge  Fabien,  et  qu'il  dit  hautement  en  sa 
présence  beaucoup  de  choses  sur  la  foi  à  Jésus-Christ ,  le  ma- 
gjatrat,  échauffé  par  la  colère,  ordonna  de  répandre  sur  le  pavé 
les  charbons  ardents ,  puis  s'adressant  à  Tiburce  :  «  Il  faut  sur- 
Mkamp,  lui  dit-il,  ou  sacrifier  à  nos  dieux  ou  marcher  les 
pieds  nus  sur  ces  charbons.  »  Le  martyr  fit  le  signe  de  la  croix 
pour  affermir  sa  constance ,  et  marchant  avec  confiance  sur  la 
braise  enflammée  :  «  Apprends  par  cette  épreuve  que  le  seul 
Dieu  est  celui  qu'adorent  les  chrétiens ,  car  ces  charbons  me 
paraissent  être  des  fleurs.  »  Les  infidèles  attribuèrent  ce  miracle 
à  un  art  magique ,  et  Tiburce  fut  conduit  hors  de  la  ville ,  sur  la 
voie  Lavicane ,  à  trois  milles  de  Rome ,  et  on  le  frappa  du  glaive 
i  rendroit  où  il  fut  enseveli  par  les  chrétiens ,  en  l'an  286.  —  Le 
même  jour  mourut  aussi  la  très-noble  vierge  Susanne,  qui  avait 
«fusé  d'épouser  Valère  Maximien,  fils  de  l'empereur  Dioclétien, 
Mffce  qu'elle  avait  voué  à  Dieu  sa  virginité.  Après  toutes  sortes  de 
ourments  qu'on  employa  pour  éprouver  sa  sainte  résolution , 
lie  fut,  par  ordre  de  l'empereur,  frappée  du  glaive  dans  sa 
iropre  maison,  et  alla  recevoir  dans  le  ciel  la  double  récompense 
le  la  virginité  et  du  martyre. 


12  août  -  SAINTE  CLAIRE,  vierge.  —  13e  siècle. 

Cette  sainte,  née  à  Assise,  l'an  1191 ,  d'une  famille  noble ,  fut 
levée  dans  la  piété,  et  renonça  au  monde  dès  sa  jeunesse.  Ce 

1*. 


138  13  août.  —  S.   HIPPOLYTE,  MÀRTYB. 

furent  les  instructions  de  saint  François  qui  contribuèrent  à  lui  | 
faire  prendre  ce  parti;  et,  comme  il  craignait  que  sa  famille  ni  K 
s'y  opposât,  elle  se  retira  secrètement,  et  se  rendit  avec  quel-  * 
ques  compagnes  à  l'église  de  la  Portioncule,  où  saint  François  et  i, 
ses  religieux  la  reçurent  avec  des  cierges  à  la  main.  S'étant  revêtue  % 
en  ce  lieu  d'habits  pauvres  et  convenables  à  l'austère  pénitence  !f 
qu'elle  voulait  pratiquer,  saint  François  lui  procura  un  lieu  pour  4 
se  retirer.  La  famille  de  Claire ,  irritée  de  son  éloignement ,  voulut  î0 
la  faire  enlever  par  violence;  mais,  voyant  sa  fermeté,  on  fut  ^ 
contraint  de  la  laisser  tranquille.  % 

La  vertu  de  Claire  et  de  ses  compagnes  attira  beaucoup  de  per-  ^ 
sonnes  de  leur  sexe,  et  les  porta  à  se  joindre  à  elles ,  pour  vivre  ' 
dans  la  pénitence.  Tel  fut  le  commencement  de  cet  ordre  qui ,  en  ^ 
l>eu  de  temps,  prit  des  accroissements  considérables;  dont  h  * 
l>énitence  extraordinaire  édiûe  l'Église ,  confond  la  lâcheté  des  per-  ^ 
sonnes  du  siècle,  et  sert  d'aiguillon  à  la  vertu  même  des  Justes. 
Ce  fut  aux  prières  ferventes  de  sainte  Claire  que  les  habitants  ^ 
d'Assise  attribuèrent  leur  délivrance,  lorsque  les  Sarrasins  et  Tir-  l 
mée  de  l'empereur  Frédéric  H  ravagèrent  le  duché  de  Spolette. 

Elle  avait  un  profond  respect  pour  l'Eucharistie ,  et  une  dévo- 
tion singulière  pour  la  passion  de  Jésus-Christ,  à  laquelle  elle  ne 
pensait  jamais  sans  verser  des  larmes.  Elle  instruisait  soigneMS     . 
ment  ses  filles  de  la  pratique  de  toutes  les  vertus ,  et  elle  leur  re-  J 
commandait  de  joindre  la  prière  au  travail  des  mains,  afin  que, 
pendant  que  le  corps  était  occupé  extérieurement ,  l'esprit  ne  se  * 
laissât  pas  aller  a  la  dissipation.  Elle  était  humble ,  charitable  en-   jj 
vers  tout  le  monde ,  et  ne  faisait  jamais  rien  que  dans  la  vue  de 
plaire  à  Dieu.  Elle  eut  de  fréquentes  maladies  ;  pendant  les  vingt* 
huit  dernières  années  de  sa  vie,  elle  fut  toujours  souffrante,  et, 
ce  que  la  grâce  seule  peut  donner,  elle  fut  toujours  très-patiente 
et  contente  de  souffrir.  Elle  mourut  en  1253,  âgée  d'environ 
soixante  ans. 


13  août.  —  SAINT  HIPPOLYTE,  soldat,  disciple 

DE  SAINT   LAURENT.  —  3e  siècle. 

Il  y  a  eu  plusieurs  martyrs  illustres  du  nom  d'Hîppolyte , 
mot  grec  qui  signifie  conducteur  de  chevaux.  Celui  dont  on  cé- 
lèbre en  ce  jour  la  mémoire  était  soldat  à  Rome.  Ayant  été  chargé 


13  août.  —  S.   HIPPOLYTE ,  MARTYR.  139 

de  garder  saint  Laurent,  il  fut  converti  et  baptisé  par  ce  saint 
dans  la  prison.  Sa  conversion  ayant  été  connue  des  païens,  leur 
rage  n'eut  point  de  bornes  quand  ils  l'entendirent  rendre  témoi- 
gnage à  la  foi  chrétienne ,  qu'il  venait  d'embrasser.  Après  lui  avoir 
M  souffrir  diverses  tortures,  on  l'attacha  à  des  chevaux  furieux, 
qui  mirent  son  corps  en  pièces.  C'est  ainsi  que  s'expriment  sur 
BOtre  saint  les  actes  du  martyre  de  saint  Laurent. 

Le  même  jour  que  saint  Hippolyte  reçut  la  couronne  du  mar- 
tyre ,  sainte  Concorde  fut  frappée  jusqu'à  la  mort  avec  des  bâtons 
garnis  de  plomb ,  et  dix-sept  autres  personnes  de  sa  maison  eu- 
rent la  tête  tranchée.  Ils  sont  tous  nommés  le  13  d'août  dans  le 
martyrologe  romain.  Saint  Hippolyte  fut  enterré  aux  Catacombes, 
sur  le  chemin  de  Tivoli ,  dans  le  champ  Véran,  près  de  saint  Lau- 
rent, dans  le  cimetière  de  Cyriaque.  Sainte  Concorde  fut  enterrée 
an  même  endroit  avec  ses  compagnons  vers  l'an  253. 

Il  y  a  un  autre  Hippolyte  qui  était  prêtre  de  l'Église  de  Rome  et 
dont"  le  poète  Prudence  a  décrit  le  martyre ,  et  sur  le  tombeau 
duquel  il  dit  avoir  prié  plusieurs  fois. 

Hippolyte  eut  le  malheur  de  se  laisser  entraîner  dans  le  schisme 
de  Novatien ,  qui ,  après  avoir  refusé  de  reconnaître  le  pape  Cor- 
neille ,  vint  à  bout  de  se  faire  élire  à  sa  place  ;  mais  Dieu  fit  la 
grâce  à  Hippolyte  de  sentir  sa  faute ,  et  de  l'expier  par  le  mar- 
tyre, vers  l'an  251. 11  fut  pris  et  appliqué  à  la  question.  Le  préfet 
de  Rome ,  étant  allé  à  Ostie  le  jour  fixé  pour  le  jugement ,  donna 
ordre  qu'on  y  conduisît  Hippolyte  avec  les  autres  prisonniers  qui 
étaient  arrêtés  pour  la  foi  de  Jésus-Christ.  Sur  le  chemin  de  Rome 
à  Ostie ,  le  peuple,  dont  il  avait  eu  soin,  le  consulta  sur  le  parti 
qu'il  devait  prendre  entre  Corneille  et  Novatien  :  Fuyez,  leur  dit- 
il,  fuyez  le  malheureux  Novatien;  quittez  le  schisme ,  et  revenez 
à  l'Église  catholique  :  je  vois  maintenant  les  choses  tout  autrement, 
et  je  me  repens  de  ce  que  j'ai  enseigné. 

Quand  il  fut  arrivé  à  Ostie ,  il  comparut  devant  le  préfet.  Ce 
juge  était  sur  son  tribunal ,  environné  de  bourreaux  et  de  toutes 
sortes  d'instruments  de  supplices.  Devant  lui  on  voyait  des  bandes 
de  fidèles  et  des  confesseurs,  dont  les  vêtements  en  lambeaux  et 
les  longs  cheveux  montraient  qu'ils  avaient  déjà  souffert  longtemps 
dans  les  prisons.  Après  les  avoir  condamnés  tous  à  mort,  et  or- 
donné qu'on  fît  souffrir  à  chacun  un  supplice  différent ,  il  passa 
au  vieillard  Hippolyte  ,  qui  était  chargé  de  chaînes  et  qui  attendait 
sa  sentence.  Une  foule  de  gens  se  mirent  à  crier  que  c'était  le 


140  13  août.  —  8.   GASSlfiX,   MARTYR. 

chef  des  chrétiens ,  et  qu'il  fallait  le  faire  périr  |>ar  quelque  non-, 
veau  genre  de  supplice.  Le  préfet  lui  demanda  son  nom ,  il  ré- 
pondit qu'il  s'appelait  Ilippolyte.  —  Qu'il  soit  donc  traité  comme 
Uippolyte,  dit  le  juge  ;  et  qu'il  soit  traîné  par  dos  chevaux  in- 
domptés. C'était  une  allusion  à  cet  Ilippolyte ,  ûls  de  Thésée,  fa- 
meux dans  les  poètes  profanes ,  qui ,  fuyant  la  colère  de  son  père, 
rencontra  un  monstre  dont  les  chevaux  furent  épouvantés,  eà 
sorte  qu'étant  tombé  de  son  chariot,  et  s'étant  embarrassé  dans 
les  rênes  ,  il  fut  traîné  pendant  longtemps  et  mis  en  pièces. 

Les  exécuteurs  de  la  sentence  prononcée  contre  saint  Ilippo- 
lyte allèrent  prendre  deux  chevaux  des  plus  fougueux  :  on  kl 
joignit  ensemble  avec  beaucoup  de  peine ,  et  Ton  passa  entre  eu 
au  lieu  de  timon  une  longue  corde ,  au  bout  de  laquelle  on  at- 
tacha les  pieds  du  saint  martyr  En  môme  temps  les  chevaux,  ex- 
cités à  coups  de  fouet  et  par  les  cris  des  idolâtres ,  partirent  avec  fu- 
rie. Les  dernières  paroles  qu'on  lui  entendit  prononcer  furent 
celles-ci  :  Seigneur,  on  déchire;  mon  corps,  mais  sauvez  mon  Ame! 
tas  chevaux  courant  à  travers  les  champs,  et  passant  sur  les  épines, 
les  ronces  et  les  cailloux,  marquèrent  leur  route  par  le  sans  dn 
saint  martyr,  dont  ou  trouva  les  membres  épars  de  tous  cotés. 
Les  fidèles  eurent  grand  soin  de  les  ramasser;  ils  recueillirent 
aussi  le  sang  avec  des  éponges. 


13  août.  —  SAINT  ÉASS1EN ,  martyr  .  —  3e  siècle. 

Saint  Cassien  était  maître  d'école  ;  il  enseignait  à  lire  et  i 
écrire  aux  enfants  de  la  ville  d'Imola ,  qui  est  à  vingt-sept  mfllf» 
do  Kavennc.  Une  violente  persécution  s'étant  élevée  contre  l'É- 
glise ,  sous  Dècc  ou  Valérien,  il  fut  arrêté  comme  chrétien,  et 
interrogé  par  le  gouverneur  de  la  province.  Ayant  refusé  cont» 
tammeut  de  sacrifier  aux  idoles ,  le  juge  eut  la  barbarie  d'ordonner 
crue  se*  écoliers  lui  perceraient  et  déchireraient  le  corps  avec  des 
stylets,  jusqu'à  ce  qu'il  en  mourût.  H  fut  donc  livré  tout  nu,  et 
les  mains  attachées  derrière  le  dos,  à  une  troupe  d'enfants  qui 
le  martyrisèrent  d'une  manière  affreuse.  La  faiblesse  même  de 
ceux  qu'on  avait  armés  contre  lui  aggrava,  en  les  prolongeant,  les 
tourments  de  son  martyre  et  rendit  sa  palme  plus  glorieuse.  Après 
sa  mort,  les  chrétiens  l'enterrèrent  à  Iniola,  et  renfermèrent  plus 
tard  ses  reliques  dans  un  riche  mausolée.  Prudence  dit  que,  dans 


13  aOÛi.  —  SAINTE    RADEGONDE,  REINE   DE   FR.       141 

m  voyage  de  Rome,  il  visita  le  tombaau  du  saiot  martyr,  et 
ne,  g'étant  prosterné  devant,  il  implora  la  miséricorde  divine 
mot  m»  péchés  avec  beaucoup  de  larmes. 


I  août.  —  SAINTE  R  ADÉGONDE ,  rbiîie  de  France.  — 

6e  siècle. 

Radégonde  était  fille  de  Berthier,  roi  d'une  partie  de  la  Thu- 
nge.  Thierry,  roi  d'Austrasie,  et  Clotaire  son  frère,  ayant  rem- 
nrié  une  grande  victoire  sur  Hermanfroy ,  successeur  de  Ber- 

',  ces  deux  princes  revinrent  en  France ,  chargés  d'un  riche 
Radégonde,  encore  très-jeune,  fut  du  nombre  des  captifs. 
Ile  échut  à  Clotaire,  qui  lui  donna  des  maîtres  habiles  dans  les 
âenees.  Elle  y  fit  des  progrès  rapides  et  brillants ,  en  sorte 
■'«Ile  était  en  état  de  lire  les  Pères  grecs  et  latins  dans  leur  lan- 
ue.  Mais  ce  fut  surtout  pour  la  science  de  la  religion  qu'elle  mon- 
ta le  plus  de  goût  et  de  talents.  Née  dans  les  ténèbres  de  l'idolâ- 
K,  elle  ne  connaissait  ni  Dieu  ni  les  devoirs  prescrits  à  l'homme 
onr  parvenir  au  vrai  bonheur  pour  lequel  nous  sommes  créés. 
le  reçut  avidement  les  mystères  que  la  foi  nous  enseigne  et  la 
ablime  morale  que  l'Évangile  nous  présente. 
Dès  ses  premières  années ,  ravie  d'appartenir  à  Jésus-Christ , 
qui  elle  s'était  consacrée  sans  réserve,  elle  résolut  de  le  suivre 
ir  la  pratique  de  toutes  les  vertus.  Son  cœur  tendre  et  inuo- 
int  ne  se  plaisait  que  dans  l'accomplissement  de  tous  ses  de- 
Mrs. 

L'édat  fastueux  des  honneurs  et  des  richesses  de  la  cour,  les 
oges  que  les  mondains  donnaient  à  sa  vertu ,  à  sa  beauté  peu 
minime  que  relevaient  ses  aimables  qualités ,  ne  firent  point 
impression  sur  son  cœur.  Se  regardant  comme  étrangère  sur 
terre ,  elle  montra  constamment  un  entier  détachement  du 
onde ,  une  obéissance  parfaite  à  ses  supérieurs ,  une  humilité 
t>fonde,  enfin  un  respect  inaltérable  pour  tout  ce  que  la  religion 
romande.  Sa  patience  dans  les  peines ,  ses  aumônes ,  ses  austé- 
tés,  son  amour  extraordinaire  pour  la  croix,  présentèrent  à  une 
«r  mondaine  un  spectacle  surprenant,  qui  édifiait  la  piété  et  con- 
ndaît  l'irréligion. 
Cette  jeune  et  innocente  vierge  avait  formé  le  projet  de  vivre 

une  virginité  perpétuelle  ;  mais  la  Providence,  qui  avait  sans 


142       13  août.   —  SAINTE  RADÉGONDE,   BEINE  DE   FK. 

doute  le  dessein  de  montrer  sa  vertu  avec  plus  d'éclat ,  no  lui 
]H*rmit  pas  d'exécuter  cette  résolution.  j 

Sa  rare  beauté,  ses  grandes  vertus,  charmèrent  le  cœur  du  ro*t 
aussitôt  qu'elle  s'en  aperçut,  elle  prit  les  moyens  de  s'évader,  EQt 
partit  secrètement  pour  se  cacher  dans  quelque  ville  du  royaume 
Mais  que  pourra-t-elle,  dans  un  âge  timide  et  sans  expérience 
contre  la  puissance  d'un  roi  formidable  et  ferme  dans  ses  volon- 
tés ?  Poursuivie  par  des  gens  du  prince,  elle  fut  bientôt  atteinte 
et  ramenée  dans  le  palais.  Elle  ne  put  refuser  son  (  iiniii  nUnnial 
aux  ordres  du  monarque.  Son  élévation  ne  changea  pas  ses  pi**' 
miers  sentiments  ni  sa  conduite  ordinaire  :  à  l'accomplissemeat 
<k*s  devoirs  généreux  du  christianisme,  elle  ajouta  une  fidélité  tf  ' 
violable  aux  engagements  qu'elle  avait  contractés  par  le  mariagf! 
Knnemie  de  la  mollesse  et  supérieure  aux  atteintes  de  la  vanfté'tff 
de  l'ambition ,  elle  partageait  son  temps  entre  la  prière ,  ttf 
devoirs  de  son  état  et  le  soin  des  pauvres.  Ses  jeûnes  étalai 
rigoureux  ;  elle  portait  pendant  le  carême  un  cilice  sous  ses  ha* 
bits. 

Clotaire  fut  d'abord  édifié  de  la  voir  dans  de  semblables  dispo-' 
sitions ,  et  il  la  laissait  vaquer  en  liberté  à  tous  ses  pieux  exerri*' 
ces  ;  mais  diverses  passions  altérèrent  peu  à  peu  ses  sentiments) 
11  conçut  de  l'aversion  pour  sa  sainte  épouse.  Les  courtisans,  Jaf* 
loux  de  l'estime,  du  respect  que  la  sainteté  de  Radégonde  lui  ma- 
ciliait ,  se  plaisaient  à  entretenir  et  augmenter  les  injustes  pvfr» 
ventions  du  roi.  C'est  alors  qu'on  vit  la  sublime  vertu  de 
généreuse  reine.  Loin  de  se  plaindre  et  de  se  décourager,  elle 
plus  attentive  à  remplir  ses  devoirs  auprès  de  son  époux, 
priait  pour  ses  persécuteurs ,  elle  leur  pardonnait  et  se  montrait 
supérieure  à  toutes  ces  tribulations.  Enfin  Clotaire  fit  assassiner  la 
frère  de  cette  malheureuse  princesse,  dans  le  dessein  de  se  rendra 
maître  de  ses  États.  Un  tel  acte  d'inhumanité  saisit  Radégonde 
d'indignation  et  d'horreur.  Elle  demanda  la  permission  de  quitter 
la  cour  ;  elle  lui  fut  aisément  accordée. 

Elle  se  retira  d'abord  dans  la  terre  de  Sais,  en  Poitou,  que  le 
roi  lui  avait  donnée.  La  vie  qu'elle  y  mena  fut  extrêmement  dnra. 
Elle  ne  mangeait  que  du  pain  d'orge  ou  de  seigle,  auquel  elle  Joi- 
gnait des  racines  et  des  légumes.  Jamais  elle  ne  buvait  de  vin.  Un 
cilice  étendu  sur  la  cendre  lui  servait  de  lit.  Elle  employait  tort 
«on  revenu  en  aumônes,  aimant  les  pauvres  comme  elle  eût  aimé 
ses  propres  enfants. 


14  aoùl.    —  SAINT   EMYGbIUS,    EY.    ET    MARTYR.        143 

Quelque  temps  après,  elle  arriva  à  Poitiers  par  une  protectiou 

îale  et  merveilleuse  de  la  Providence.  Elle  y  fonda  un  monas- 

du  consentement  du  roi.  Elle  en  donna  le  gouvernement  à 

remplie  de  vertus,  qui  se  nommait  Agnès.  Elle  ne  voulut 

terrer  la  moindre  autorité.  Elle  se  livrait  aux  travaux  les 

de  la  maison,  et  suivait  son  goût  pour  exercer  continuel- 

ni  toute  sorte  de  pénitence. 

e  grand  amour  qu'elle  sentait  pour  la  croix  lui  inspira  le  désir 
air  une  portion  de  la  vraie  Croix.  Pour  se  la  procurer,  elle  dé- 
i  quelques  ecclésiastiques  distingués  vers  Justin,  empereur  de 
ttantmople.  Ce  prince  seconda  les  pieuses  intentions  de  Rade- 
le;  9  lui  envoya  un  morceau  considérable  de  la  vraie  Croix, 
ûmé  dans  de  For  et  enrichi  de  pierres  précieuses.  Cette  au- 
*  relique  lut  transportée  dans  la  communauté  avec  une  grande 
et  reçue  avec  la  plus  vive  joie  par  la  pieuse  reine.  Depuis 
son  monastère  a  porté  le  nom  de  Sainte-Croix, 
avoir  édifié  la  cour,  le  monde  et  le  cloître  par  ses  gran- 
vertus ,  sainte  Radégonde  fut  favorisée  d'une  visite  de  sou 
i  Maître,  qui  lui  annonça  sa  mort  prochaine  et  la  gloire  qui 
servée.  Elle  mourut  en  effet  dix  jours  après,  le  13  août 
les  sentiments  de  l'amour  le  plus  pur  et  le  plus  ardent. 
corps,  comme  elle  l'avait  demandé,  fut  porté  dans  l'église 
a  paroisse,  pour  être  déposé  dans  la  chapelle  souterraine 
le  y  avait  fait  bâtir. 

i  ville  de  Poitiers  reconnaît  cette  sainte  pour  sa  patronne. 
habitants,  ainsi  que  les  Gdèles  du  diocèse  et  des  diocèses  voi- 
acrourent  en  grand  nombre  à  son  tombeau ,  surtout  dans  le 
.  d'août ,  les  uns  pour  implorer  sa  protection ,  et  les  autres 
remercier  Dieu  des  grâces  et  des  guérisons  merveilleuses 
s  ont  obtenues  par  la  puissante  intercession  de  cette  illustre 


août.  -SAINT  EMYGDIUS,  évèqie  et  martyr   — 

3e  siècle. 

pygdius.né  à  Trêves  d'une  famille  noble  parmi  les  Francs,  em- 
a  a  vingt-trois  ans  la  foi  chrétienne,  malgré  l'oppositiou  de 
vents  qui  étaient  idolâtres,  et  il  y  demeura  attaché  avec  beau- 
de  constance.  11  associa  a  son  genre  de  vie  trois  disciples  : 
js.  Germain  et   Valnjtiu.  N'ayant  que  du  mépris  pour  les 


Ml  M  août.  —  S.    ÉMVGDIDS,    EV.    ET   MARTYR. 

agréments  du  monde,  il  s'appliquait  entièrement  aux  chose 

vines.  Brûlant  de  l'ardeur  de  la  charité  envers  le  prochain , 

rendit  à  Rome  pour  contribuer  au  salut  d'un  plus  grand  noi 

d'àmcs.  11  reçut  l'hospitalité  dans  l'île  du  Tibre ,  et  guérit  p 

baptême  la  fille  de  son  hôte,  qui  languissait  depuis  cinq  an! 

suite  d'une  maladie  incurable.  Bientôt,  ayant  à  l'aide  du  sigo 

la  croix  ouvert  les  yeux  à  un  aveugle  en  présence  du  peuple,  la 

titude  le  prit  pour  le  Gis  d'Apollon,  et  l'entraîna  dans  le  tel 

d'Esculape.  Là,  s'étant  déclaré  le  serviteur  du  Christ,  en  1 

quant  son  nom,  il  rendit  la  santé  à  un  grand  nombre  de  mal 

qui  imploraient  vainement  le  secours  de  l'idole  qu'on  adorait 

ce  temple.  Puis  il  y  renversa  les  autels,  et  mit  en  pièces  la  si 

d'Esculape,  dont  il  jeta  les  débris  dans  le  Tibre.  Ces  faits,  et  © 

en  fut  la  conséquence ,  c'est-à-dire  la  conversion  de  treize  c 

gentils,  sans  compter  les  prêtres  d'Esculape,  irritèrent  fort» 

Posthumius  Titianus,  préfet  de  Rome.  MaisÉmygdius,  averti 

un  ange  de  se  soustraire  à  l'effet  de  ses  menaces,  alla  trouver  le  ] 

saint  Marcel,  qui  l'ordonna  évêque  et  l'envoya  à  Ascoli.  Pen 

son  voyage,  il  convertit  beaucoup  de  personnes  à  Jésus-Cb 

en  faisant  de  nombreux  miracles.  Aussitôt  qu'Êmygdius  fui 

rivé  à  Ascoli,  les  démons,  en  poussant  dans  tous  les  temples 

cris  lamentables  qui  semblaient  sortir  des  statues  des  idoles,  fl 

connaître  que  l'étranger  était  la  cause  de  leur  chagrin.  Lorsqi 

peuple  ameuté  cherchait  le  saint  pontife  pour  le  tuer.  Polyrr 

gouverneur  de  la  ville ,  que  ce  tumulte  avait  attiré ,  fit  v 

Kmygdius  devant  lui ,  et  l'exhorta  longuement,  mais  inutilero 

à  adorer  Jupiter  et  la  déesse  Angaria,  patronne  d1  Ascoli.  1 

promit  même  en  récompense  de  lui  donner  en  mariage  sa  pu 

fille  Polisia.  Kmygdius  eut  au  contraire  le  bonheur  de  la  conw 

à  Jésus-Christ ,  de  la  baptiser,  et  après  elle  aussi  mille  soix. 

hommes  avec  une  eau  miraculeuse ,  qui  sortit  en  abondance  < 

rocher.  Alors  Polymius,  tombant  dans  une  espèce  de  rage,  ce 

la  tête  au  saint  évêque.  Le  tronc,  par  un  nouveau  prodige,  si 

dressa  aussitôt,  et  relevant  dans  ses  mains  la  propre  tête  du  i 

abattue  par  terre,  il  la  porta  pendant  l'espace  de  trois  cents  pas 

qu'à  un  oratoire.  De  là  le  corps  du  martyr  fut  transporté  à  l'éj 

principale,  où  il  est  honoré  jusqu'à  ce  jour  par  le  peuple  d'Asi 

qui  le  tient  en  grande  dévotion,  et  par  les  étrangers,  dont  le  « 

cours  est  très-nombreux.  Cette  bienheureuse  mort  arriva  di: 

•la  persécution  de  Dioclétien. 


15  août.  —  ASSOMPTION   DE   LA   SAINTE   YIEBGE.       Mo 


15  août.  —  L'ASSOMPTION  DE  LA  SALNTE  VIERGE. 

Comme  l'Eglise  remet  devant  les  yeux  des  Gdèies  les  actions 
saints  le  jour  de  leur  mort ,  afin  de  les  porter  à  imiter  les 
exemples  qu'elle  leur  propose,  il  parait  qu'on  ne  peut  rien  faire 
de  plus  conforme  à  son  -esprit  dans  cette  fête  de  l'Assomption, 
c'est-à-dire  du  triomphe  de  la  sainte  Vierge,  que  de  s'occuper 
principales  circonstances  de  la  vie  de  cette  divine  Mère  du 
;  afin  qu'en  l'imitant  autant  qu'il  est  possible,  les  chré- 
méritent  d'entrer  dans  la  gloire  où  elle  les  a  précédés. 

la  sainte  Vierge  ayant  été  choisie  et  destinée  de  toute  éternité 
pour  être  la  mère  du  Fils  de  Dieu,  on  ne  peut  douter  qu'elle  n'ait 
été  prévenue  de  la  grâce,  et  sanctifiée  avant  même  de  naître.  Elle 
était  de  la  tribu  de  Juda,  et  de  la  famille  de  David.  Elle  s'appe- 
lait Marie,  et  eut  pour  époux  un  homme  de  la  même  race,  appelé 
Joseph.  Us  vécurent  ensemble  dans  une  parfaite  continence  :  de 
aorte  qu'elle  trouva  dans  Joseph  un  témoin  et  un  gardien  fidèle 
de  sa  pureté.  Elle  demeurait  dans  une  ville  de  Galilée,  nommée 
Nazareth.  Ce  fut  là  que,  le  temps  fixé  par  le  Tout-Puissant  étant 
arrivé,  un  ange  vint  annoncer  à  Marie  le  mystère  de  l'Incarna- 
tion et  la  part  qu'elle  devait  y  avoir,  comme  on  Ta  vu  au  25  de 
nars.  Le  2  de  juillet,  on  a  fait  le  récit  de  la  visite  quelle  rendit  à 
sainte  Elisabeth,  sa  cousine.  Le  25  de  décembre,  on  parlera  du 
miracle  ineffable  de  la  naissance  du  Fils  de  Dieu.  Le  2  de  février,  on 
a  décrit  Thistoire  de  sa  purification  et  de  l'oblation  qu'elle  fit  de 
■on  Fils  au  temple.  On  va  maintenant  rapporter  le  peu  que  Ton 
ait  de  ses  autres  actions. 

On  croit  que  les  Mages  n'arrivèrent  à  Bethléem  qu'après  que 
b  sainte  Vierge  eut  exécuté  ponctuellement  ce  que  la  loi  ordon- 
nait pour  la  purification  des  femmes  nouvellement  accouchées, 
et  pour  l'oblation  qu'elles  doivent  faire  de  leur  premier  enfant. 
Après  que  les  Mages  furent  partis,  Marie  fut  obligée  de  s'enfuir 
«n  Egypte  avec  Jésus  et  Joseph,  et  d'y  demeurer  jusqu  à  la  mort 
dUcrode.  Ce  prince  étant  mort,  Joseph  les  amena  à  Nazareth 
pour  y  faire  leur  demeure  ordinaire  Marie  allait  de  là  tous  les 
ans  à  Jérusalem,  à  la  fête  de  Pâques.  Lorsque  Jésus  eut  atteint 
Tâge de  douze  ans,  elle  l'v  mena  avec  elle.  Jésus  v  demeura 
après  la  fête,  sans  que  Joseph  et  Marie  s'en  aperçussent.  >"c  le 

VIES  DES  SAIYTS.   —  T.   Il-  13 


H6      15  août    —  ASSOMPTION  Dl  LA  8AUITB  .TUM*. 

voyant  plus  avec  eux,  ni  parmi  ceux  de  leur  i  apnoe,  jb  agy. 

tournèrent  le  chercher  à  Jéri  Trois  jours  iprfn  fli  fr  trmijp 

reat  assis  au  milieu  des  do     m,  j  séeitotatttlssjsjljggj^^ 
et  faisant  admirer  sa  sagesse  et  ses  réponses.  La  sainte  YiergosT  : 
saint  Joseph  furent  remplis  d'étonnement;  et  sa  mère  hn  ayant 
représenté  la  douleur  qu'ils  avaient  ressentie ,  lorsqu'ils  l'avaiaft 
perdu,  et  la  peine  qu'ils  avaient  eue  à  le  chercher,  elle  ajouta  :  Mm 
fil*,  pourquoi  agissiez-vous  ainsi  f  —  Pourquoi  me  cherchiez 
vous?  répondit  Jésus.  Ne  saviez-vous  pas  qu'il  faut  que  Je  sets 
occupé  de  ce  qui  regarde  te  service  de  mon  Père  t  Ils  ne 
rent  rien  à  cette  réponse  de  Jésus,  ce  qui  n'empêcha  pas  la 
Vierge  d'en  conserver  toutes  les  paroles  dans  son  coeur.  lésas 
s'en  retourna  à  Nazareth  avec  eux  :  l'Évangile  remarqua  quH 
leur  était  soumis. 

Depuis  ce  temps-là,  la  sainte  Vierge  ne  parait  plus  qu'au  pre- 
mier miracle  de  Jésus-Christ  aux  noces  de  Cana,  où  elle  se  trouva, 
ta  vin  venant  à  manquer,  Marie  dit  à  son  Fils  :  Ils  n'ont  plus  de 
vin  ;  mais  Jésus,  voulant  nous  apprendre  qu'il  ne  faut  avoir  au- 
cun égard  humain  dans  les  fonctions  qui  regardent  le  service  et  la 
gloire  de  Dieu,  et  qu'on  doit  alors  considérer  les  plus  proches  pa- 
rents comme  des  étrangers,  répondit  :  Femme,  qu'avons-només 
commun  ensemble  ?  Mon  heure  n'est  pas  encore  venue.  La 
Vierge  ne  fut  point  troublée  de  cette  réponse,  et  elle  dit  à 
qui  servaient  :  Faites  tout  ce  qu'il  vous  ordonnera. 

Il  est  encore  fait  mention  de  la  sainte  Vierge  lorsque ,  JeflBJ 
parlant  au  peuple,  on  l'avertit  que  sa  mère  et  ses  frères,  c' 
dire  ses  parents,  étaient  dehors,  parce  qu'ils  n'avaient  pu 
à  cause  de  la  foule,  et  qu'ils  demandaient  à  lui  parler  ;  mais  1 
répondit  :  Qui  est  ma  mère,  et  qui  sont  mes  frères  f  Puis  regar- 
dant ceux  qui  étaient  autour  de  lui,  et  étendant  les  mains  sur  M 
disciples  :  Foici,  dit-il,  ma  mère  et  mes  frères,  car  ma  mère  et 
mes  frères  sont  ceux  qui  entendent  la  parole  de  Dieu  et  qui  k 
pratiquent.  Et  en  ce  sens,  la  sainte  Vierge  était  encore  mèredi 
Jésus-Christ  plus  qu'une  autre  créature. 

On  ne  trouve  plus  la  sainte  Vierge,  dans  l'Évangile,  qu'au  pies* 
de  la  croix.  Elle  s'en  tenait  fort  près  avee  Marie-Magdeleine  et  vsm 
autre  Marie;  et  Jean,  fils  de  Zébédée,  était  auprès  de  la  sainte, 
Vierge.  Le  Sauveur,  ayant  vu  sa  mère  et  auprès  d'elle  le  dncipll 
qu'il  aimait,  dit  à  sa  mère  :  Femme,  voilà  votre  fils;  et  au  (fis* 
ciple  :  Foilà  votre  mère.  Depuis  ce  temps-là  cette  Vierge-Mèn 


15  août.   —  DtM.    DANS  L'OCT.    S.   JOAGH1M.  147 

i,  selon  les  saints  Pères,  avec  le  disciple  vierge,  aux  soins 
duquel  son  Fils  l'avait  recommandée.  «  Il  ne  faut  pas  s'étonner, 
dft  sût  Augustin,  si  cet  apôtre  nous  a  parlé  si  divinement  des 

mystères  de  ta  religion,  puisqu'il  avait  auprès  de  lui  le 
auguste  où  avait  été  conçu  Fauteur  de  tous  les  mys- 


Après  F  Ascension  de  Jésus-Christ,'  il  est  rapporté,  dans  les  Ac- 
tes, que  les  apôtres,  animés  du  même  esprit ,  persévéraient  dans 
h  prière  avec  les  femmes,  et  Marie,  mère  de  Jésus,  et  ses  frères, 
c'est-à-dire  ses  parents.  Elle  se  trouva  le  jour  de  la  Pentecôte 
dms  on  même  lieu  avec  les  fidèles,  lorsque  le  Saint-Esprit  des* 
tendit  sur  eux.  L'Écriture  ne  dit  plus  rien  de  la  vie  de  la  sainte 
Vierge,  et  la  tradition  n'en  a  rien  conservé  de  certain.  11  y  a  bien 
de  Fapparence  qu'elle  a  demeuré  à  Éphèse  avec  saint  Jean  :  des 
auteurs  disent  même  qu'elle  y  est  morte,  âgée  de  soixante-douze 


L'Écriture  ne  parle  pas  de  sa  mort;  mais  on  doit  en  juger  par 
h  sainteté  de  sa  vie.  Que  les  fidèles  se  représentent  donc  aujour- 
d'hui toutes  les  vertus  de  la  Mère  de  Dieu,  appliquée,  tout  le  temps 
qu'elle  a  vécu,  à  servir  son  Fils,  à  coopérer  à  ses  mystères ,  à 
prendre  part  à  ses  travaux ,  et  à  profiter  de  sa  parole  et  de  son 
exemple;  qu'ils  considèrent  quelle  mort  a  dû  suivre  une  vie  si 
sainte,  et  quelle  gloire  a  suivi  une  mort  si  heureuse  ;  qu'ils  fas- 
sent enfin  un  retour  sur  eux-mêmes,  pour  se  demander  ce  qu'ils 
feront  à  leur  mort.  Ils  ne  peuvent  mieux  faire  que  de  prier  Dieu 
de  leur  accorder  la  grâce  d'une  bonne  vie  par  les  mérites  de  celle 
à  qui  ils  demandent  avec  F  Église  d'intercéder  pour  eux  mainte- 
nant et  à  Fheure  de  leur  mort. 


i 5 août.  —  Le  niM anche  dans  l'octave  r»E  l'Assomption, 
S.  JOACHIM,  pèbe  de  la  SAINTE   VIERGE  MARIE, 

CONFESSEUB. 

Le  père  de  la  sainte  Vierge  Marie,  lequel  descendait  des  Pa- 
triarches, des  Prophètes  et  des  Rois  du  peuple  de  Dieu,  fut  nom- 
mé en  sa  circoncision  Joachirn,  qui  signifie,  en  hébreu,  Prépara- 
tion du  Seigneur  :  ce  fut  par  un  divin  pronostic  qu'il  préparerait 
on  jour  le  temple  au  Roi  des  rois,  c'est-à-dire  par  la  divine 
Marie,  sa  très-sainte  Fille,  im  sanctuaire  vivant  au  Verbe  divin.  A 


14*  16  août.  —  s.  m  w,      mr      ■     :  i 

l'âge  de  vingt-quatre         ilépoi      Anne, teMtatT' 

Léri,  et  U  vécut  avec  c  *fté  conjuras  la  fia* 

Il  s'écoula  plusieurs  i  tleur  uniai 

bénédiction  de  la  féconcuce ,  grâce  jui  était  estimée  à  un 
degré  dans  la  loi  de  Moïse,  et  dont  la  privation  fut  pour 
véritable  épreuve.  Marie,  qui  devait  être  la  011e  de  Joachim, 
désirée  pendant  le  cours  de  quelques  années,  parce  que, 
réflexion  de  saint  Jean  Damascène,  la  très-sainte  Vierge 
être  iin  ouvrage  de  la  grâce  plutôt  qu'une  production  de  la 
ture.  Aussi  Joachim  et  Anne,  pour  obtenir  un  enfant*  n* 
rent  pas  les  prières  à  Dieu,  en  y  ajoutant  le  jeûne  et  la 
de  toutes  les  vertus.  A  la  fin  d'une  retraite  que  Joachim 
plit  en  jeûnant  pendant  quarante  jours,  l'ange  Gabriel  lui 
la  nouvelle  de  son  bonheur,  et  l'assura,  de  la  part  de  Dieu* 
sa  femme  Anne  concevrait  et  donnerait  au  monde  une  file  ami 
apporterait  la  paix  sur  la  terre ,  et  causerait  de  la  joie  à  tout 
le  ciel.  Anne,  de  son  côté,  reçut  aussi  secrètement  du  Ciel  une  ré- 
vélation de  sa  fécondité  future.  Pour  accomplir  le  vœu  qui* 
avaient  fait  en  commun  de  consacrer  à  Dieu  l'enfant  qu'ut 
vraient  de  sa  main,  Joachim  offrit  au  temple,  à  l'âge  de  trot 
sa  très-sainte  Fille,  et  la  laissa  au  service  du  Très-Haut, 
songer  à  la  retirer  du  temple  dans  la  suite,  ainsi  que  la  loi  le 
permettait  à  certaines  conditions.  Après  ce  sacrifice  quH 
à  Dieu,  étant  arrivé  à  l'âge  de  cinquante  ans,  il  ne  lui 
plus  rien  qu'une  heureuse  sortie  de  ce  monde,  sachant 
Marie  ne  devait  point  avoir  de  frère  ni  de  sœur.  Le  temps  ni  le 
jour  de  la  mort  de  saint  Joachim  ne  sont  certains  dans  rfcn> 
toire,  quoique  l'Église  ait  mis  sa  fête  au  20  mars,  jour  où  le  mar- 
tyrologe romain  en  parle  en  ces  termes  :  «  Le  Père  de  la  finir- 
heureuse  y  verge  Marie,  Mère  de  Dieu,  »  qualité  la  plus  angaell 
dont  une  créature  mortelle  puisse  être  honorée.  Son  tombeau  sa 
montre  encore  aujourd'hui  aux  pèlerins  de  la  Terre  sainte, 
l'Église  du  sépulcre  de  Notre-Dame,  en  la  vallée  de  Josaphat, 
ceux  de  sainte  Anne  et  de  saint  Joseph,  époux  de  la 
Vierge. 


lïaoàt.  —  S.  NAPOLÉON,  mabtyb.  —  3e siècle. 

Néopol  ou  Néopolus,  nommé  Sapoléon  selon  la  manière  dft 
prononcer  qui  s'introduisit  en  Italie  au  moyen  âge,  était  fllusu* 


15  août.   —  S.  ALYPE,  BV.  DE  TAGASTI.       1-19 

par  sa  naissance  que  par  ses  vertus,  ce  qui  l'avait  fait  éle- 
à  une  charge  éminente.  Lors  de  la  cruelle  persécution  des 
Dioctétien  et  Maxiniien,  qui  surpassa  en  violence  toutes 
In  précédentes,  il  se  distingua  par  son  zèle  et  sa  constance  à 
coalnBerKa  foi,  et  surtout  par  sa  fermeté  dans  les  tourments.  C'est 
à  Alexandrie  qu'après  avoir  été  déchiré  et  torturé  de  la  manière 
h  plus  horrible,  il  fut  jeté  dans  une  affreuse  prison.  Ainsi  accablé 
é&  souffrances,  et  après  avoir  perdu  tout  son  sang  pour  Jésus- 
fl  rendit  en  paix  son  âme  à  Dieu  et  alla  recevoir  dans  le 
la  juste  récompense  que  lui  avaient  méritée  sa  foi  et  son  mar- 
tyre. 
Ces*  le  pape  Pie  Vil  qui  a  fixé  au  jour  de  l'Assomption  de  la 
Vierge  la  fête  du  saint  martyr  Napoléon ,  par  reconnais- 
pour  les  services  que  rendit,  en  France,  à  l'Eglise  l'empereur 
Napoléon  1er,  lequel  était  né  le  15  du  mois  d'août  1769. 


\*août.  —  S.  ALYPE,  évêqub  db  Tagaste.  —  5e  siècle. 

Alype,  issu  d'une  bonne  famille,  était  de  Tagaste  en  Afrique. 
Il  étudia  la  grammaire  et  la  rhétorique,  d'abord  dans  sa  patrie, 
pois  à  Cartnage,  sous  saint  Augustin.  S'il  cessa  quelque  temps  de 
recevoir  ses  leçons,  il  conserva  cependant  pour  son  maître  beau- 
coup de  respect  et  d'affection;  et  celui-ci  aimait  aussi  tendrement 
disciple,  parce  qu'il  remarquait  en  lui  une  inclination  singu- 
à  la  vertu.  Pendant  qu' Alype  était  à  Cartnage,  oubliant  les 
principes  de  sagesse  d'après  lesquels  il  avait  jusque-là  réglé  sa 
conduite,  il  se  laissa  aller  à  l'amour  des  divertissements  du  cirque, 
pour  lesquels  les  habitants  de  cette  ville  étaient  passionnés.  Saint 
Augustin  en  fut  vivement  affligé,  et  lui  en  fit  indirectement  des 
reproches  qu' Alype  reçut  avec  reconnaissance  et  profit,  car  il 
d'assister  à  ces  jeux.  Ayant  obtenu  de  son  père  de  retourner 
l'école  de  saint  Augustin,  il  embrassa  depuis  avec  son  maître 


les  superstitions  des  manichéens,  mais  plus  tard  également  avec 
lui  fl  se  convertit  à  la  vraie  religion.  Pour  complaire  à  ses  pa- 
rents, Alype  alla  étudier  le  droit  à  Rome ,  et  pendant  son  sé- 
jour dans  cette  ville,  il  devint  passionné  pour  les  combats  de  gla- 
diateurs. Mais  Dieu  finit  par  le  tirer  de  ce  nouvel  abîme  par  un 
effet  de  sa  miséricorde ,  et  lui  apprit  à  craindre  sa  propre  fai- 
S  à  ne  se  confier  que  dans  le  secours  du  Ciel.  Après  avoir 

13. 


150  1«  août.  —    8AIHX  HYAC  ,  000V..  ï] 

tenniné  ses  études,  et  pris  la  b       J kii  _  riwmiinMj" 

il  Ait  fait  assesseur  de  justice  m  cour  in  Irise  liât   "--  * 

Il  ètana,  dans  l'exereiee  de  <  arge,dstpNn*fi 

de  son  amour  pour  la  justice,  et  ae  non  désintéressement, 
Augustin  étant  venu  à  Rome,  Alype  s'unit  à  lui  par  l'amitié I*  :  ' 
plus  intime,  et  le  suivit  à  Milan.  Ils  se  convertirent  l'un  et  Pi 
dans  cette  ville,  et  y  furent  baptisés  par  saint  Ambroise,  la 
de  Pâques  de  Tannée  387.  Quelque  temps  après,  ils  retournant» 
à  Rome,  où  ils  passèrent  un  an  dans  la  retraite.  Ils  partirent  en* 
suite  pour  l'Afrique .  Arrivés  à  Tagaste,  ils  y  formèrent  une  eom*  - 
munauté  de  personnes  pieuses,  où  ils  vécurent  dans  la  prauqati  * 
de  toutes  sortes  de  bonnes  œuvres.  Ils  se  préparèrent  ainsi  pas- 
dant  trois  ans  à  la  vie  apostolique  à  laquelle  Dieu  les  destiMÉa 
Saint  Augustin  ayant  été  fait  évéque  d'Hippone,  toute  la  .conte 
munauté  l'y  suivit,  et  se  fixa  dans  le  monastère  qu'il  fit  bâtir. 
Alype  alla  visiter  la  Palestine.  Il  y  vit  saint  Jérôme,  avec  leqad 
il  contracta  une  étroite  amitié.  A  son  retour  en  Afrique,  fl  firf  ; 
fait  évéque  de  Tagaste,  vers  Tan  393. 11  aida  beaucoup  saint  An* 
gustin  dans  tout  ce  qu'il  fit  ou  écrivit  contre  les  dona listes  et  ki 
pélagiens.  Il  assista  à  plusieurs  conciles,  entreprit  divers  voyager 
et  travailla  avec  un  zèle  infatigable  pour  la  gloire  de  Dieu  et  i* 
l'Église.  On  croit  qu'il  mourut  peu  de  temps  après,  Tan  439. 


16  août.  —SAINT  HYACINTHE,  confbssbuh,  di  l'oubS . 

DES  FBÈBES  PfiÉCHEURS.   —  13e  Siècle. 


Saint  Hyacinthe,  appelé  par  l'histoire  ecclésiastique  de 
siècle  TA  pâtre  du  Nord  et  le  Thaumaturge  de  son  temps,  était 
de  la  maison  des  comtes  d'Oldrovans ,  une  des  plus  illustres  il 
la  Silésie,  alors  province  de  la  Pologne.  Son  grand-père,  qui 
manda  les  armées  avec  gloire ,  laissa  deux  fils  en 
Eustache  et  Ives.  Le  second  fut  chancelier  de  Pologne  et  évéqai 
de  Cracovie.  Le  premier  fut  comte  de  Konski ,  et  mena  dans  î| 
monde  une  vie  vertueuse.  L'un  de  ses  enfants  fut  saint  Hyacinthe  ; 
il  naquit  en  1185,  au  château  de  Saxe,  diocèse  de  Breslaw,en 
Silésie,  et  montra  de  bonne  heure  de  grandes  dispositions  pour 
la  vertu ,  que  ses  parents  secondèrent  par  les  soins  de  son  édu- 
cation ;  aussi  conservait-il  son  innocence  au  milieu  des  dangan 
qu'il  courut  dans  le  cours  de  ses  études  à  Cracovie,  à  Prague,  à 


16  août.   —  S.    HYACINTHE,   CONF.  15! 

:,  où  il  prit  le  degré  de  docteur.  De  retour  dans  sa  patrie, 
:ba  à  Vincent,  évêque  de  Cracovie,  qui  lui  donna  un  ca- 
dras sa  cathédrale  et  le  fit  son  vicaire  général.  Hyacin- 
,  dès  ce  moment ,  un  modèle  de  piété  et  de  régularité  ;  il 
lit  des  mortifications  extraordinaires ,  visitait  et  servait  les 
i  dans  les  hôpitaux ,  et  distribuait  ses  revenus  aux  pau- 
inrent,  évéque  de  Cracovie,  s'étant  démis  de  sa  dignité 
»  plus  s'occuper  que  de  son  salut,  eut  pour  successeur  Ives 
iski  ;  il  alla  à  Rome  peu  de  temps  après,  et  y  mena  avec 
neveu  saint  Hyacinthe  et  Ceslas ,  son  frère.  C'était  en  Tan 
aint  Dominique  était  pour  lors  à  Rome. 
îque  de  Cracovie  et  celui  de  Prague  lui  demandèrent  des 
maires  pour  leurs  diocèses.  Le  saint  fondateur  s'excusa  sur 
gibflité  de  leur  accorder  ce  qu'ils  désiraient.  11  avait  envoyé 
rand  nombre  de  ses  disciples  en  mission ,  qu'il  ne  lui  en 
presque  plus  auprès  de  lui.  Sur  ces  entrefaites,  plusieurs 
aes  de  la  suite  de  l'évéque  de  Cracovie  embrassèrent  le 
institut.  Hyacinthe  et  Ceslas  furent  de  ce  nombre  et  re- 
Fbabit  des  mains  de  saint  Dominique ,  l'an  1218.  Sous 
prend  maître,  ils  se  formèrent  aux  vertus  religieuses  et  à 
de  la  vie  apostolique ,  et  ils  obtinrent  une  dispense  pour 
airs  vœux  après  six  mois  de  noviciat.  Hyacinthe ,  âgé  de 
trois  ans,  fut  établi  supérieur  de  la  mission  que  saint  Do- 
le  envoya  en  Pologne.  Les  missionnaires  partirent  à  pied  et 
■avisions,  selon  leur  règle  ;  ils  allèrent  dans  la  Haute-Carin- 
ù  ils  restèrent  six  mois.  Hyacinthe  y  fonda  un  couvent  de 
dre.  Ils  traversèrent  la  Styrie ,  l'Autriche,  la  Moravie,  la 
,  annonçant  partout  la  parole  de  Dieu  avec  succès.  Ils  arri- 
en  Pologne ,  où  le  zèle  de  saint  Hyacinthe  eut  des  succès 
Aïeux  pour  le  salut  des  âmes.  Il  fonda  à  Cracovie  un  cou- 
e  Dominicains ,  un  à  Sandomir  et  un  troisième  à  Plocsko, 
a  Moravie ,  ou  plus  de  quatre  cents  personnes  le  virent 
er  sur  les  eaux  pour  traverser  la  Vistule  et  aller  prêcher  à 
ade,  de  l'autre  côté  du  fleuve. 

îtreprit  ensuite  de  porter  l'Évangile  chez  les  peuples  barba - 
Nord.  Il  y  convertit  un  grand  nombre  d'idolâtres  et  d'au- 
écbeurs,  fonda  des  couvents  de  son  ordre  en  Prusse,  en 
anie  et  autres  pays  voisins.  11  alla  aussi  prêcher  en  Dane- 
en  Suède,  dans  la  Gotbie ,  la  Norwége  ,  et  fonda  partout 
onastères ,  pour  y  perpétuer  le  bien  commencé.  Toujours 


I&2  16  août.   —    8.   BOCH  ,  COWF.  ï 

humble  et  pénitent ,  ses  jeûnes  continuels ,  la  fatigue  et  les  dm»  fc 
gers  auxquels  il  fut  souvent  exposé  dans  ses  voyages ,  n'arrêté»  iï| 
rent  jamais  son  ardeur  pour  la  gloire  de  Dieu  ;  elle  le  conduit  ifr 
en  Russie,  de  là  il  pénétra  jusqu'à  la  mer  Noire,  dans  lestles  éê  |R 
l'Archipel ,  et  entra  dans  le  duché  de  Moscovie.  Partout  les  kÊt  ^ 
dèles,  les  schématiques,  les  pécheurs  des  différents  États,  frappa  <^ 
de  sa  vertu  et  de  ses  miracles,  accouraient  à  lui  en- foule,  et  m.^ 
grand  nombre  se  convertissaient.  11  revint  à  Gracovie  en  ÎMI^  ^ 
visita  les  couvents  qu'il  avait  fondés ,  pénétra  jusque  chei  la  ^ 
Tartares  et  y  gagna  à  Dieu  une  multitude  d'infidèles.  Enfin,  aprèi  ^ 
avoir  parcouru  environ  quatre  mille  lieues ,  il  revint  en  PoJopft  ^ 
en  1257  ;  il  y  reçut  les  témoignages  de  la  vénération  du  piem  ni  |QP 
Boleslas  Y  et  de  sa  vertueuse  épouse.  Le  saint ,  dans  ce  même  ^ 
temps ,  ressuscita  un  jeune  homme,  que  sa  mère  lui  avait  envoyé 
pour  le  prier  de  venir  instruire  des  peuples  qui  le  désiraient;  ce  *- 
jeune  homme,  en  .passant  une  rivière  pour  retourner  chez  lui ,  m  } 
noya  ;  le  saint,  s'étant  mis  en  prières,  prit  le  mort  par  la  main  et  kd 
rendit  la  vie. 

Dieu  lui  fit  connaître  que  sa  fin  approchait;  il  tomba  malais  <fetf 
le  14  août  et  mourut  le  lendemain,  fête  de  F  Assomption  del  *& 
sainte  Vierge,  qu'il  avait  toujours  honorée  comme  sa  patronnait  ^ 
son  auguste  mère;  il  assista  ce  même  jour  à  matines  et  à'ji  itj 
messe,  reçut  le  saint  viatique  et  l'extrême-onction  aux  piedl  f(  *c 
l'autel,  exhorta  ses  religieux  à  la  pratique  de  la  douceur,  de  FM?  kï 
milité  et  de  la  pauvreté,  et  quelques  heures  après,  il  expira  MÊ  ^ 
la  soixante-douzième  année  de  son  âge  ;  il  fut  canonisé  par  Ctt*  \]* 
ment  VIII,  en  1594.  ^ 

-  * 

16  août  —  S.  ROCH,  confesseur.  —  14e  siècle.         ^ 

Ce  saint  est  plus  connu  par  la  dévotion  des  fidèles  gai  rnife*  ' 
quent,  dans  les  maladies  contagieuses,  que  par  l'histoire  de  sa  ffe,  ? 
écrite  pour  le  moins  108  ans  après  sa  mort.  On  dit  qu'il  naqtf  } 
à  Montpellier  d'une  famille  noble ,  vers  la  fin  du  treizième  siècle,  ' 
et  qu'ayant  perdu  son  père  et  sa  mère  à  l'Age  de  vingt  ans,  ilih  ? 
à  Rome  en  pèlerinage.  11  s'arrêta  en  plusieurs  villes  d'Italie  qà  ? 
étaient  affligées  de  la  peste,  et  s'employa  à  servir  les  malades  dis  JJ 
les  hôpitaux.  Rome  était  attaquée  du  même  mal  ;  il  s'y  rendit  il  J 
s'y  occupa  de  même  pendant  environ  trois  ans.  A  son  retour,  I  . 


17  août.  —  S.    LIBÉRÂT  ET  SES  COUP.,   M.  153 

t'arrêta  à  Plafc— _  b  ,  où  cette  maladie  régnait  alors.  Saint  Roch 
m  fut  frappé  lui-même,  et  fut  réduit  à  sortir  non-seulement  de 
(Mpftal,  mais  de  la  ville,  pour  ne  pas  infecter  les  autres.  On  ajoute 
^■1  tut  assisté  par  un  seigneur  nommé  Gothard ,  auquel  il  ins- 
pira le  mépris  du  monde  et  l'amour  de  la  retraite  ;  que  saint  Roch, 
guéri ,  revint  à  Montpellier,  où  il  vécut  dans  la  pratique 
austère  pénitence  et  dans  les  exercices  de  la  charité,  et  qu'il 
le  16  d'août  1327. 
Quelques  auteurs  reculent  la  mort  de  ce  saint  jusqu'à  la  fin  du 
quatorzième  siècle,  et  mettent  son  voyage  en  Italie  dans  Tannée 
t348,ce  qui  parait  s'accorder  avec  ce  que  les  historiens  racontent 
as  la  peste  qui  ravagea  ce  pays. 
Le  corps  de  saint  Roch  fut  transporté  en  la  ville  d'Arles  en  1 327. 


17  août.  —  S.  LIBÉRÂT  ET  SES  COMPAGNONS, 

habtybs.  —  5e  siècle. 

U  y  avait  près  de  sept  ans  qu  Hunéric,  roi  des  Vandales  en  Afri- 
que, et  successeur  de  Genséric ,  faisait  gémir  les  fidèles  sous  une 
persécution  cruelle,  lorsqu'il  donna  encore  un  nouvel  édit  pour  en 
redoubler  la  violence.  Il  l'accorda  aux  sollicitations  de  plusieurs 
énéques  ariens.  Ce  prince  commença  par  envoyer  plusieurs  saints 
prélats  dans  un  lieu  fort  incommode,  où  il  ne  leur  fit  donner  pour 
nourriture  que  du  blé  pourri ,  le  leur  retranchant  même  quelque 
temps  après.  Le  courage  de  ceux  qui  persévérèrent  dans  la  foi  ca- 
tholique augmenta  sa  colère  :  il  s'emporta  avec  violence  contre 
tous  les  ordres  religieux,  et  il  donna  leurs  bâtiments  aux  Maures 
avec  tout  ce  qu'ils  y  trouveraient.  On  prit  alors  sept  religieux  d'un 
monastère  du  territoire  de  Capse,  dans  la  province  de  Byzance,  et 
on  les  amena  à  Carthage,  qui  était  le  principal  théâtre  de  cette 
sanglante  persécution.  Ces  moines  se  nommaient,  Libérât ,  qui 
était  abbé  du  monastère  ;  Bontface ,  diacre  ;  Serf  et  Rustique , 
tous-diacres;  Rogat,  Septime  et  Maxime,  simples  moines.  On 
tenta  d'abord,  par  des  promesses  flatteuses,  de  les  attirer  dans  le 
parti  des  hérétiques  ariens  ;  on  leur  proposa  une  grande  fortune  et 
la  faveur  du  roi  ;  mais  ces  saints  religieux,  accoutumés  depuis  long* 
tmps  à  mépriser  les  vanités  du  siècle ,  répondirent  tous  :  Nous 
détestons  ce  que  vous  nous  promettez:  nous  ne  connaissons 
qu'un  Dieu ,  une  foi  et  un  baptême  ;  et  nous  espérons  demeurer 


154  17  août.   —  S.   LIBÉRÂT   ET  SES  COMP.,    H.  \ 

toujours  attachés  à  l'unité  de  l'Église.  Faites  de  nos  corps  tout  ce-  _ 
que  vous  voudrez  :  nous  souffrirons  plutôt  les  peines  temporelles  """ 
que  de  nous  attirer  les  peines  éternelles.  Après  cette  confession.  u\ 
on  les  chargea  de  fers  ;  on  les  mit  dans  une  obscure  prison,  et  os 
commanda  de  les  traiter  avec  rigueur,  de  leur  faire  souffrir  la  ûrim  M 
et  toutes  sortes  d'incommodités,  afin  de  les  obliger  à  céder.  Mail  i(i 
le  peuple  fidèle  de  Cartilage ,  ayant  gagné  les  gardes,  les  ratait  ife 
jour  et  nuit  pour  recevoir  leurs  instructions  et  s'encourager  M  iti 
martyre,  et  leur  donnait  ce  qui  leur  était  nécessaire  pour  m  >tc 
Hunéric ,  ayant  eu  avis  qu'on  leur  procurait  des  secours ,  les  flfc  ip 
charger  de  fers  plus  pesants,  et  ordonna  qu'on  les  resserrât  dauo<  4 
tage.  Cette  rigueur  ne  pouvant  abattre  leur  constance ,  il  résoUt  i 
de  les  faire  mourir.  Il  commanda  que  Ton  remplit  un  vaisseau  éê  n 
menu  bois  sec  ;  qu'on  y  conduisît  les  sept  religieux  ;  et ,  après  les  y  t8 
avoir  attachés,  qu'on  mît  le  feu  à  ce  vaisseau.  Tout  le  peuple  Â  t* 
Carthage  voulut  voir  ce  spectacle.  On  tira  les  saints  athlètes  de  U  ^ 
prison.  Ceux  qui  les  conduisaient  tâchèrent  de  persuader  au  Jeun»  ^ 
Maxime  de  ne  point  imiter  les  autres ,  d'accepter  les  honneurs  ^ 
qu'on  lui  promettait  et  dont  son  âge  lui  faisait  espérer  de  jouir  ^ 
longtemps  :  Vous  êtes  jeune ,  lui  dirent-ils ,  ayez  pitié  de  voufr  ty 
même.  Toutes  ces  personnes  que  vous  suivez  aveuglement  sont 
des  insensés  ;  ne  les  imitez  pas.  Mais  Maxime,  fortifié  par  la  grâce  v 
du  Tout-Puissant,  répondit  avec  cette  sagesse  qui  vient  de  l'opift  ^ 
de  Dieu,  et  qui  rend  éloquente  la  langue  des  enfants  :  Je  ne  tcux 
point  être  séparé  de  Libérât,  mon  abbé ,  ni  de  mes  autres  frètes; 
ils  m'ont  élevé  dans  leur  monastère  ;  j'ai  porté  avec  eux  les  tn-  * 
vaux  de  la  vie  pénitente,  je  souffrirai  aussi  avec  eux  le  martyr» .  * 
Dieu  aura  pitié  de  nous  tous  ;  et,  comme  on  ne  put  détacher  an-  k 
trefois  un  seul  des  sept  frères  Machabées,  personne  auai  t- 
ne  sera  capable  de  séparer  aucun  de  nous.  On  fut  obligé  de  le  * 
laisser  suivre  les  autres.  Étant  entrés  dans  le  vaisseau,  ils  furaft  l 
attachés  sur  le  bois  ;  mais,  lorsqu'on  y  eut  mis  le  feu ,  il  s'éteignit  l 
aussitôt,  et,  quoiqu'on  essayât  plusieurs  fois  de  le  rallumer,  on  m  fc 
put  jamais  y  réussir.  Ce  miracle,  au  lieu  d'adoucir  le  tyran,  ne  Al  ^ 
que  l'endurcir  et  l'irriter  davantage.  Il  commanda  qu'on  anom-  *« 
mât  les  martyrs  à  coups  de  rame.  Ensuite  on  jeta  leurs  corps  d«s  * 
la  mer,  qui  les  repoussa  sur  le  rivage,  contre  ce  qui  avait  coutume  l 
d'arriver  sur  cette  côte  :  le  peuple  qui  était  présent  les  ensevelit  * 
honorablement.  Ces  saints  souffrirent  l'an  483,  le  second  Jour  de  "> 
juillet  ;  mais  l'Kglise  honore  leur  mémoire  le  17  août.  * 


18  août.  —  sainte  héle^e,  m  p.  f*S 


f  S  moût.  —  SAINT  AGAPET,  maityi    —  3e  aède. 


qui  était  de  Préneste,  montra  dès  l'âge  de  quinze  ans, 
le  règne  dTAnrâien ,  la  plus  vive  ardeur  pour  le  martyre. 
de  rattachement  qu'il  avait  à  la  religion ,  par  ordre  de 
,  on  le  frappa  longtemps  à  coups  de  nerfs  de  boeuf, 
on  le  jeta  dans  une  obscure  prison  où  il  demeura  quatre 
prendre.  Ensuite  on  l'en  tira  pour  lui  mettre  des 
sur  la  tête,  i        il  ne  Élisait  que  rendre  grâce 
nûDra  de  ce  supplice.  Il  fut  de  nouveau  accablé  de 
tout  nu ,  et  sus    ndu  par  les  pieds  au-dessus  d'un 
à  ce  qu'une  furn*  e  épaisse  l'étouffàt.  Ensuite  on  lui 
l'eau  sur  le  ventre ,  et  on  lui  brisa  les  mâchoires.  Au 
,  le  juge  tomba  de  son  tribunal,  et  mourut 
.  L'empereur,  exaspéré  fie  ce  châtiment,  or- 
fe  saint  jeune  homme  fût  exposé  aux  bêtes,  qui  n'o- 
ie toucher.  Alors  Agapet  périt  par  le  glaive,  à  Pré- 
r  an  273. 


.  —  SAINTE  HÉLÈNE,   impératrice,   et  veuve. 

—  4e  siècle. 


devenue  si  célèbre  dans  l'Église  par  son  mérite  et 
de  Constantin  son  fils,  naquit  à  Drepane  t  en  Bithynie,  d'une 
obscure;  car  on  prétend  que  son  père  tenait  une  hôtel - 
l  L'empereur  Constantin  Chlore,  n'étant  encore  que  simple 
?r,  Tépousa  par  inclination.  Hélène  vécut  avec  Constance 
293 ,  que  ce  prince,  nouvellement  associé  à  l'empire,  la 
pour  épouser  la  belle-fille  de  Maximien  Hercule.  Cons- 
la  rappela  à  la  cour.  11  lui  donna  le  titre  d'auguste  et  des 
dans  toute  l'étendue  de  l'empire:  il  lui  ouvrit  même  ses 
pour  en  disposer  comme  il  lui  plairait, 
jusqu'alors  avait  été  dans  l'ignorance  de  la  religion  de 
:  elle  dut  la  connaissance  de  la  vérité  à  Constantin, 
m  fis ,  qui ,  après  avoir  embrassé  le  culte  du  vrai  Dieu  ,  le  fit 
re  à    sa  mère.    Elle   pouvait   avoir   64  ans  lorsqu'elle 
la  lumière  de  l'Évangile  ;  mais  le  zèle  qu'elle  fit  paraître  pour 
dans  les  exercices  de  la  piété .  lui  fit  avantageusement 


15G  18  août.   —    SAINTE  CLAIRE  DE  MONTE-FALCO.  ]| 

réparer  le  temps  qu'elle  avait  perdu  pour  l'éternité.  Mattresse  \% 
des  trésors  de  l'empire ,  elle  n'en  disposa  que  pour  faire  des  libé-  *g 
ralités  et  des  aumônes.  Elle  assistait  aux  offices  divins  avec  une  jv 
assiduité  exemplaire,  confondue  parmi  le  peuple,  vêtue  très-tim-  ^ 
plement  :  elle  ornait  les  églises  de  meubles  riches  et  de  vaseï  pré-  % 
cieux;  elle  ne  négligeait  pas  les  oratoires  des  moindres  bourgades  |G 

Après  le  concile  de  Nicée,  qui  se  tint  Tan  325,  Constantin  em- 
ploya des  sommes  considérables  à  élever  des  temples  au  vni  "~ 
Dieu,  particulièrement  dans  la  Terre  sainte.  Hélène  se  charges.  u 
de  l'exécution  de  ce  pieux  dessein ,  et  elle  embrassa  avec  joie 
cette  occasion  pour  satisfaire  la  dévotion  qu'elle  avait  de  visiter  ' 
les  lieux  consacrés  par  les  mystères  de  Jésus-Christ.  Elle  partit  ^ 
Fan  526.  Lorsqu'elle  fut  arrivée  a  Jérusalem ,  elle  découvrit  le  ^ 
sépulcre  du  Sauveur  et  le  bois  de  la  Croix  où  il  avait  souffert,  ^ 
comme  on  Ta  rapporté  au  troisième  jour  de  mai.  Elle  donna  ensuite  ^ 
ses  soins  pour  la  construction  de  la  superbe  église  du  Saint-Sé*  . s 
pulcre.  Avant  de  quitter  la  Palestine ,  elle  voulut  témoigner  am  . 
vierges  consacrées  à  Dieu ,  l'estime  qu'elle  faisait  de  la  sainteté  t 
de  leur  état  :  elle  les  assembla  toutes,  les  fit  coucher  sur  des  J" 
nattes  préparées  pour  les  recevoir  et  les  servir  à  table,  tentât  J 
elle-même  l'aiguière  sur  le  bassin,  pour  leur  donner  à  laver,  ap-  J 
portant  les  viandes  pour  mettre  devant  elles ,  et  leur  présentant  !/ 
à  boire.  Elle  vécut  jusqu'à  près  de  80  ans ,  dans  une  santé  psr-  J 
faite  de  corps  et  d'esprit.  Lorsqu'elle  sentit  que  Dieu  était  prie  J 
de  l'appeler  à  une  meilleure  vie,  elle  donna  à  son  fils  d'excellcnUp  Jj 
instructions,  pour  le  portera  se  conduire  d'une  manière  digne  y 
d'un  empereur  chrétien;  et,  après  lui  avoir  dit  adieu  et  à  ses  ^ 
petits-fils ,  elle  mourut  entre  leurs  bras ,  vers  l'an  328.  ^ 

. .    x{ 

18   août.  —  LA   BIENHEUREUSE   CLAIRE  DE  MONTE-   * 

FALCO,  vierge.  —  13e  et  14e  siècle.  *» 

n 
Claire  naquit  à  Monte- Falco ,  près  de  Spolette,  en  Italie ,  vers   ^ 

l'an  1275.  Elle  fut  dès  son  enfance  un  modèle  admirable  de  piété  \\ 

et  de  pénitence.  Ayant  embrassé  la  règle  des  religieuses  Augn*»  V| 

tines,  elle  se  distingua  bientôt  par  sa  ferveur.  On  l'élut  abbés»)  ^ 

étant  encore  fort  jeune ,  et  elle  remplit  les  espérances  que  Ton  w 

avait  conçues  de  son  mérite.  Tous  ceux  qui  avaient  le  bonheur  ^ 

de  s'entretenir  avec  elle ,  se  sentaient  animés  d'un  ardent  désir  g 

de  tendre  à  la  perfection.  Son  recueillement  profond  était  reflet  * 


19  août.  —  S.   LOUIS,  BV.   DE  TOULOUSE.  157 

e  l'union  constante  de  son  âme  avec  Dieu.  Lorsqu'il  lui  échap- 
ait  quelque  parole  qui  semblait  inutile,  elle  s'imposait  une  pé- 
iteoce ,  qui  consistait  à  réciter  un  certain  nombre  de  prières. 
Ile  aimait  surtout  à  méditer  sur  la  passion  du  Sauveur.  Elle 
Munit  le  18  août  1308.  Jean  XXII  ordonna  le  procès  de  sa 
■ionisation  ;  mais  il  fut  interrompu  par  la  mort  de  ce  pape. 


19  août.  —  SAINT  LOUIS,  évêque  de  Toulouse 

ET  CONFESSEUB.    —  13e  siècle. 

Louis ,  encore  plus  célèbre  par  sa  sainteté  et  par  ses  miracles 
ne  par  soi  illustre  naissance ,  était  fils  de  Charles  le  Boiteux ,  roi 
e  Sicile»  petit-neveu  de  saint  Louis ,  roi  de  France,  et  neveu  , 
nr  sa  mère,  de  sainte  Elisabeth  de  Hongrie.  Il  naquit  en  Tan  1 274, 
Brignoles,  en  Provence.  11  n'avait  que  sept  ans  qu'il  s'accoutu- 
unt  déjà  à  coucher  parterre  sur  un  simple  tapis,  et  qu'il  se  rê- 
vait la  nuit  pour  prier.  Quand  il  était  à  l'église,  il  ne  pouvait 
wrifirir  qu'on  le  distinguât  du  reste  des  hommes ,  et  qu'on  lui 
omiat  les  marques  dues  à  son  rang. 

Dieu  éprouva  bientôt  sa  fidélité  par  le  feu  des  tribulations.  A 
Ige  de  quatorze  ans  il  fut  donné  en  otage ,  avec  deux  de  ses 
ères,  à  Jacques,  roi  d'Aragon ,  pour  la  liberté  du  roi  son  père. 
ouis  passa  sept  ans  dans  cette  prison ,  où  la  dureté  du  roi  Al- 
tionse  donna  beaucoup  d'exercice  à  sa  vertu.  Ses  maux  ne  l'abat- 
rent  point  :  il  offrait  à  Dieu  ses  souffrances ,  et  il  s'en  formait 
a  trésor  qui  devait  l'enrichir  pour  l'éternité.  Quelques  personnes 
i  ayant  fait  connaître  qu'elles  étaient  surprises  de  lui  voir  toujours 
a  esprit  égal  dans  la  triste  situation  où  il  était,  il  leur  répondit  : 
.'adversité  est  une  voie  bien  plus  sûre  pour  le  salut  que  les  prospè- 
res de  cette  vie  :  celles-ci  nous  font  perdre  la  crainte  et  le  sou- 
snir  de  Dieu ,  au  lieu  que  l'autre  nous  retient  sous  sa  main  toute- 
mssante.  Ceux  qui  le  gardaient  lui  proposant,  dans  sa  prison, 
es  plaisirs  défendus  par  la  loi  de  Dieu  :  Ne  vous  suffit-il  pas , 
•ur  dit-il ,  que  mon  corps  soit  prisonnier  ;  voulez-vous  encore 
ne  mon  âme  devienne  captive? 

L'an  1296,  Boniface  VIII  donna  à  ce  jeune  prince  l'évéché  de 
'oulouse,  et  lui  commanda  de  l'accepter.  Louis  ne  voulut  point 
béir,  qu'il  n'eût  accompli  le  vœu  qu'il  avait  fait  d'embrasser  la 
ègledc  saint  François.  Il  renonça  alors,  en  faveur  de  son  frère 

14 


4' 


15*  19  moài.  —  s.  logis,  av.  mm  —  .. 

Robert,  tu  royaume  de  Kapk^  dont  il  <  — *        "~ 

Le  jour  de  sa  arofeatton,  flfiit  sacré  par  te  papa 
pat  choquer  le  roi  ion  père,  Boatiaoe  loi 

l'habit  de  saint  François  sous  un  habit  ordinaire  <T< 
mais  le  jour  de  Sainte- Agathe ,  5  février  1297,  Louis 
quement  l'habit  régulier  en  présence  de  deux  cardinaux , 
chant  ainsi  dans  Rome  avec  la  ceinture  de  corde  et  les  pieds  nus, 
depuis  le  Capitole  jusqu'à  Saint-Pierre ,  où  il  prêcha.  Ensuite  1 
se  mit  en  chemin  pour  aller  prendre  possession  de  son  église.  A 
Sienne,  il  logea  chez  les  Frères-Mineurs,  et  voulut  être 
comme  les  autres ,  sans  aucune  distinction ,  jusqu'à  laver  la 
selle  avec  eux  après  le  dîner.  A  Florence ,  il  refusa  de 
dans  une  chambre  qu'on  avait  meublée  pour  le  recevoir. 
reçu  à  Toulouse  avec  une  joie  et  une  vénération  extrêmes. 
qu'il  y  fut  établi ,  il  chargea  un  secrétaire,  en  qui  il  avaaVt 
fiance,  de  s'informer  des  revenus  de  cette  église,  et  de  ea 
suffisait  pour  l'entretien  raisonnable  de  sa  maison,  qui 
une  somme  médiocre,  voulant  que  tout  le  reste  fut 
pour  la  subsistance  des  pauvres.  Tous  les  jours  il 
vingt-cinq  dans  sa  maison ,  et  les  servait  lui-même.  D 
tait  avec  un  saint  zèle  de  toutes  les  fonctions  épiscopalei  s 
de  pourvoir  quelque  clerc  de  bénéfice,  il  avait  soin  de  l'i 
exactement  sur  les  mœurs  et  sur  la  doctrine.  Pour 
même  dans  la  perfection ,  il  chargea  un  Frère-Mineur,  qui 
compagnait  toujours ,  de  l'avertir  de  ses  fautes.  Ce 
jour  usé  de  cette  permission  en  présence  de  plusieurs 
qui  en  paraissaient  mécontentes  :  C'est  pour  mon  bien  qui  fa 
fait ,  dit  le  saint  évéque  ;  et  je  l'ai  voulu  aiusi.  Comme  Fananc' 
ne  doit  rien  taire ,  on  doit  prendre  en  bonne  part  tout  ea  aalca 
vient;  fermer  l'oreille  à  la  vérité,  c'est  se  perdre. 

La  connaissance  que  Dieu  lui  avait  donnée  de  retendue  in 
devoirs  de  l'épiscopat ,  le  porta  à  faire  tous  ses  efforspour 
la  permission  de  le  quitter,  et  de  se  retirer  dans  un  des 
des  Frères-Mineurs.  Comme  bien  des  gens  désapprouvaient 
résolution,  il  dit  à  ceux  qui  lui  en  parlaient  :  Que  m'importe 
l'on  me  traite  d'insensé ,  pourvoi  que  je  sois  déchargé  de  ce 
deau?  Il  vaut  bien  mieux  quitter  ce  poids  que  de  m' 
accabler.  Dieu  accomplit  enfin  son  désir  en  le  retirant  du 
Ce  saint  prélat,  étant  allé  en  Provence  pour  des  affaires 
tomba  malade  à  Brignoles  ;  il  disait  à  ceux  qui 


30  août.  —  S.    BEBNARD.  169 

de  lui  :  Je  meurs  enfin  ;  et ,  après  une  dangereuse  navigation , 
Je  vois  le  port  tant  désiré,  ce  port  où  je  jouirai  de  la  vue  de 
Dieu ,  que  tant  d'occupations  diverses  m'avaient  ravie  ;  ce  port 
où  je  serai  délivré  du  poids  accablant  de  l'épiscopat.  Il  mourut 
le  19  août  1297,  étant  âgé  de  vingt-trois  ans  et  demi. 


30  août.  —   S.  MESME ,  solitaire.  —  5e  siècle. 

Saint  Maxime,  vulgairement  appelé  Saint  Mesme,  fut  élevé 
dans  le  monastère  que  gouvernait  saint  Martin  de  Tours.  11  était 
encore  jeune,  lorsqu'il  perdit  son  bienheureux  maître.  Ayant  été 
flevé  au  sacerdoce,  il  se  montra  plus  fervent  que  jamais.  Le 
dénr  de  vivre  inconnu  aux  hommes  lui  fit  quitter  son  pays.  Il 
se  retira  dans  le  monastère  de  File-Barbe,  près  de  Lyon,  et  il  y 
lut  depuis  élu  abbé.  Mais  il  forma  bientôt  le  projet  de  renoncer 
à  cette  dignité ,  pour  retourner  dans  sa  patrie.  Saint  Eucher, 
alors  évêque  de  Lyon,  essaya  inutilement  de  le  retenir  ;  il  partit 
pour  la  Touraine.  Il  pensa  périr  en  passant  la  Saône,  et  sa  conser- 
vation fut  regardée  comme  un  miracle.  De  retour  dans  sa  patrie , 
il  reprit  son  premier  genre  de  vie.  Mais  dans  la  suite  il  fut  obligé 
de  prendre  la  conduite  d'un  monastère  qu'il  avait  fondé  dans  la 
petite  ville  de  Chinon.  11  y  mourut  au  cinquième  siècle,  dans  un 
âge  fort  avancé.  Sa  sainteté  fut  attestée  par  des  miracles  avant  et 
après  sa  mort.  On  garde  une  partie  de  ses  reliques  à  Bar-Ie-Duc 
en  Lorraine,  où  il  est  connu,  par  le  peuple,  sous  le  nom  de  saint 
Maxe. 


20  août.  —  S.  BERNARD,  ABBÉ  DE  CLAIR  VAUX,  confes- 

SEUB  ET  DOCTEUR  DE  L'ÉGLISE.  —  12e  siècle. 

Bernard,  le  prodige  du  douzième  siècle,  premier  abbé  de  Clair- 
vaux,  illustre  par  la  sainteté  de  sa  vie,  par  sa  doctrine  et  par  ses 
miracles,  et  l'un  des  plus  grands  ornements  de  l'Église  de  France, 
naquît  en  Bourgogne,  au  château  de  Fontaines,  dont  son  père 
était  seigneur.  Il  n'avait  guère  que  dix-neuf  ans  quand  il  perdit 
sa  mère.  Bernard  commença  dès  lors  à  être  maître  de  ses  actions  : 
son  père,  qui  était  presque  toujours  à  Tannée,  ou  qui  était  con- 
tinuellement occupé  d'affaires  pendant  les  courts  séjours  qu'il  fai- 
sait chez  lui,  ne  pouvait  veiller  sur  sa  conduite.  Comme  Bernard 


180  50  août,  —  S.  BHKAU. 


avait  toutes  les  grécesextéri  laco  K    .    t  _  t  grand  t#a|. 

pour  la  parole,  on  le  regan      coin  teim  jeune  •taBjnndft 
espérance.  Tout  toi  se  a;  x*tém\*vmmte*0k 

que  chemin  qu'il  suivît,  il  n'y  avait  aucun  avantage  qu'il  ne 
blât  pouvoir  se  promettre.  Il  était  entouré  d'amis  dangereux, 
l'Esprit-Saint  le  couvrait  de  l'ombre  de  ses  ailes,  et  le  défenèil 
de  l'air  empoisonné  qu'on  voulait  lui  faire  respirer. 

La  nouvelle  réforme  de  Ctteaux  lui  parut  très-propre  pour  sa 
consacrer  à  Dieu,  et  il  résolut  de  l'embrasser.  Ses  frères  et  set 
amis,  s'étant  aperçus  de  son  dessein,  firent  tous  leurs  efforts 
pour  l'attacher  au  monde  ;  mais  il  leur  parla  avec  tant  de  fosse. 
du  peu  de  solidité  des  biens  d'ici-bas  et  de  la  grandeur  des  hisse 
du  ciel ,  qu'il  vint  à  bout  de  les  gagner  eux-mêmes  les  unsaprls 
les  autres  à  Jésus-Christ.  Le  jour  étant  venu  d'aceompfr  tast 
vœu ,  les  frères  sortirent  ensemble  de  la  maison  de  leur  père* 
qui  avait  eu  beaucoup  de  peine  à  leur  donner  son  co: 
et  dont  ils  étaient  venus  recevoir  la  bénédiction;  et  l'aîné, 
rencontré  le  plus  jeune ,  lui  dit  :  Mon  frère,  c'est  vous 
regarde  tout  notre  héritage  Celui-ci  répondit  :  Oui ,  le  ciel 
tous ,  et  la  terre  pour  moi  :  le  partage  n'est  pas  égal.  H 
pour  lors  avec  son  père  ;  mais  il  suivit  ses  frères  peu  de 
après. 

Bernard  n'avait  encore  que  vingt-quatre  ans  et  un  an  deffs* 
fession,  lorsque  l'abbé  Etienne  l'envoya  à  Clairvaux  pour  an  eut 
abbé.  Les  autres  religieux  furent  étonnés  de  ce  choix ,  sel 
surtout ,  qui  craignaient  qu'il  ne  pût  soutenir  cette  chargea 
de  sa  jeunesse  et  de  la  faiblesse  de  sa  santé.  La  maison  de 
vaux  était  extrêmement  pauvre  ;  les  moines  étaient  souvent  ré- 
duits à  un  pain  mêlé  d'orge  et  de  millet.  Bernard,  peu  touché, 
par  rapport  à  lui ,  de  ces  incommodités ,  exhorta  ses  reUsjsnt  1 
les  supporter  en  esprit  de  pénitence ,  et  à  s'occuper  des  Mens  él 
ciel  qui  les  dédommageraient  abondamment  de  ce  qu'Os  aurstest 
souffert  sur  la  terre.  Ses  exhortations  firent  beaucoup  de  fruit 
On  voyait  à  Clairvaux  des  hommes  qui,  après  avoir  été  riches  il 
honorés  dans  le  monde ,  se  glorifiaient  dans  la  pauvreté  de  Jéssfr 
Christ,  souffrant  patiemment ,  et  même  avec  joie ,  la  fatigue  éi 
travail,  la  faim ,  la  soif ,  le  froid  ;  ne  comptant  pour  rien  tout  et 
qui  leur  manquait,  pourvu  qu'ils  aimassent  Dieu  par-dessus  trafts 
choses,  et  qu'ils  obtinssent  la  gloire  céleste.  Au  premier  aspect, 
en  descendant  la  montagne  pour  entrer  à  Clairvaux ,  on  vessft 


20  août.   —    S.   BEHNARD.  161 

eu  habitait  cette  maison  par  la  simplicité  et  la  pauvreté  des 
nts.  Dans  cette  vallée  remplie  d'hommes  dont  chacun  était 
:  au  travail ,  on  trouvait  au  milieu  du  jour  le  silence  de  la 
m  n'y  entendait  pas  d'autre  bruit  que  celui  des  outils  et 
langes  de  Dieu,  lorsque  ces  moines  chantaient  l'office.  Ils 
.  solitaires  malgré  leur  multitude ,  parce  que  l'unité  d'esprit 
oi  du  silence  conservaient  à  chacun  la  solitude  du  cœur. 
à  Glairvaux  jusqu'à  cent  religieux  obéissant  à  leur  abbé 
e  à  un  ange  envoyé  du  ciel. 

codant  Técelin,  père  de  Bernard,  qui  était  demeuré  seul 
a  maison,  vint  trouver  ses  enfants  à  Clairvaux,  où  il  em- 
,  comme  eux ,  la  vie  monastique  ;  il  y  mourut  quelque 
après  dans  une  heureuse  vieillesse.  Sa  fille  Humbeline  n'eut 
i  sort  moins  heureux.  Etant  venue  voir  son  frère,  elle  fut 
liée  de  ses  entretiens ,  que ,  renonçant  à  tout ,  elle  s'enferma 
e  monastère  de  Julli ,  qui  avait  été  fondé  depuis  peu  pour 
limes. 

yours  occupé  de  la  présence  de  Dieu ,  le  saint  abbé  en  était 
lefois  absorbé ,  au  point  qu'il  ne  voyait  dans  les  villes,  ni 
i  routes,  rien  de  ce  qui  intéressait  la  curiosité  des  autres, 
é  son  amour  pour  la  retraite ,  son  obéissance  et  le  désir  de 
rer  la  gloire  de  Dieu  le  tiraient  fréquemment  de  la  solitude 
ainsi  qu'il  en  sortit  pour  fonder  des  monastères  ou  pour  les 
■  ;  pour  faire  le  voyage  de  Paris  pour  des  affaires  impor- 
;  pour  assister  à  l'assemblée  du  clergé  à  Étampes,  où  il  fut 
î  ;  pour  suivre  en  Italie  le  pape  Innocent  II ,  qu'il  réconcilia 
ss Génois  et  quelques  autres  peuples,  etc. ,  etc. 
it  Bernard  attaqua  tous  les  novateurs  qui  parurent  de  son 
.  Le  pape  Eugène  III  lui  demanda  plusieurs  fois  les  conseils 
secours  dont  l'esprit  de  Dieu  le  rendait  capable  :  aussi  ne 
t-il  pas  à  l'employer.  Informé  de  l'état  où  se  trouvaient  les 
eus  de  la  Palestine,  qui  demandaient  les  plus  prompts  secours, 
«  vint  en  France ,  et  y  tint  plusieurs  conciles  à  ce  sujet. 
é  de  Clairvaux  fut  chargé  de  prêcher  une  croisade.  Les 
les  qu'il  opéra  dans  ces  circonstances,  et  l'éclat  de  sa  vertu, 
xent  à  ces  prédications  des  succès  extraordinaires.  Une 
«nombreuse  partit  bientôt  après;  mais  elle  fut  détruite  par 
ihométans,  dans  les  déserts ,  sur  les  frontières  de  la  Cappa- 
Ce  fâcheux  événement  excita  contre  saint  Bernard  un  orage 
t  :  sa  patience  et  son  humilité  brillèrent  plus  que  jamais 

U. 


21  août  —  SS.  B09<       M       X 

dans  cette  triste droonstance.  On       i  iajei.GpMk: 

et  plus  encore  l'indiscipline  de  l'armée  dos  croisés^ 
la  principale  cause  de  sa  défaite.  ^  -;<  fw.  ^  * 

Pour  porter  saint  Bernard  à  la  perfection,  Dieu  raflligea 
férentes  maladies.  11  en  fit  une  si  considérable,  environ  deux  apn 
après  son  entrée  à  Clairvaux,  qu'on  n'en  attendait  que  la  mort, 
ou  une  vie  languissante  pire  que  la  mort.  Guillaume  de  Chue- 
peaux,  évêque  de  Châlons,  alla  le  visiter  ;  et,  le  voyant  en  est  état, 
il  en  fut  affligé.  Il  dit  cependant  qu'il  espérait  que  le  père  abbé 
rétablirait  sa  santé,  s'il  voulait  suivre  ses  conseils  :  c'était  de  di- 
minuer ses  austérités  ;  mais  il  n'était  pas  facile  d'y  faire  combe- 
tir  Bernard.  L'évéque,  en  sentant  la  difficulté,  alla  trouver  lu 
abbés  de  l'ordre  de  Ctteaux  assemblés  en  chapitre,  et  obtint  Spn 
la  permission  de  conduire  le  saint  homme  pendant  un  an.  L'é- 
véque, étant  retourné  à  Clairvaux ,  fit  mettre  le  pieux  abbé  ém 
un  logement  séparé,  et  lui  défendit  de  pratiquer  aucune  des  ans-  ■ 
tentés  de  Tordre,  et  aux  religieux  de  lui  parler  d'aucune  afiHn.  { 
Dieu  bénit  ses  soins,  et  Bernard  recouvra  la  santé. 

Toute  l'Église  s'en  réjouit  comme  d'un  bien  qui  lui  était  cher. 
et  s'en  servit  pour  son  utilité  propre  dans  les  affaires  les  pin  im- 
portantes et  les  plus  difficiles.  Il  ne  s'est  presque  élevé  aofloae 
contestation  de  son  temps,  qu'on  ne  Tait  pris  pour  arbitre,  4 
qu'on  n'ait  adhéré  à  sa  décision.  Ce  fidèle  serviteur  de  Dieu  : 
son  âme  à  son  Créateur,  le  20  août  1153. 


■kM 


21  août.  —  SAIJNT  BOKOSE  ET  SAINT  MAX1MIUEN, 

habtybs.  —  4e  siècle. 


Bonose  et  Maximilicn  étaient  deux  officiers  qui  servaient 
le  corps  des  Herculiens  :  ils  étaient  chargés  de  la  garde  du  prit* 
cipal  étendard ,  qui  était  orné  d'une  croix,  avec  les  deux  piemièwt 
lettres  du  nom  de  Jésus-Christ ,  en  caractères  grecs.  Julien  l'A- 
postat ,  qui  voulait  détruire  tout  ce  qui  pouvait  donner  l'idée  èl 
christianisme,  commanda  que  l'on  ôtât  cette  marque  pour  y 
mettre  celle  des  idoles.  Bonose  et  Maximflien  refusèrent  d'obéir, 
et  ils  exhortèrent  tous  leurs  compagnons  à  ne  rien  faire  déco* 
traire  à  ce  qu'ils  devaient  à  Dieu.  L'empereur  chargea  le  comte 
Julien,  son  oncle  maternel,  apostat  comme  lui,  de  faire  exécuter 
ses  ordres,  et  lui  permit  d'employer  les  dernières  rigueurs  contre 
les  deux  saints. 


21   août.  —  SS.   BONOSE  ET   MAXIMILIEN.  103 

Le  comte  Julien  leur  dit  :  L'empereur  vous  ordonne  d'ôter  le 
qui  est  sur  votre  étendard ,  et  d'adorer  les  idoles.  Bonose 
répondit  :  Nous  ne  pouvons  adorer  des  dieux  qui  ont  été  faits  par 
kshommes.  — Obéissez,  leur  dit  le  comte,  avant  d'être  exposés  à 
«offrir  les  tourments.  —  Nous  sommes  prêts  à  souffrir  le  martyre 
■oor  le  nom  de  Jésus-Christ ,  répliquèrent  les  deux  officiers.  Ju- 
Wfc  fit  approcher  Bonose,  et  lui  commanda  d'adorer  les  dieux. 
— Nous  avons  une  loi  que  nous  tenons  de  nos  pères,  répondit  Bo- 
rne ,  nous  y  obéissons  ;  mais  nous  ne  connaissons  pas  vos  dieux  ; 
je  ne  crains  rien  de  ce  que  vous  pouvez  me  faire  souffrir.  Julien, 
outré  de  colère ,  lui  fit  donner  plus  de  trois  cents  coups  de  la- 
Hères  plombées ,  sans  que  le  saint ,  qui  avait  Dieu  même  pour 
lootîen ,  fit  autre  chose  que  de  sourire ,  ne  daignant  pas  même 
loi  répondre.  Le  comte,  qui  ne  pouvait  vaincre  le  courage  et  la 
résistance  de  Bonose ,  s'adressa  à  Maximilien ,  en  disant  :  Ré- 
pondez-moi,  ne  voulez-vous  pas  adorer  les  dieux  que  nous  ado* 
"ois  ,  et  changer  votre  étendard  ?  Maximilien  répondit  :  Faites 
pie  ces  dieux  vous  entendent  et  vous  parlent,  et  après  cela  nous 
Marrons  les  adorer  avec  vous  ;  mais ,  s'ils  sont  sourds  et  muets, 
somment  pouvez-vous  vous-même  vous  résoudre  à  les  adorer? 
D  n'en  est  pas  de  même  du  Dieu  en  qui  nous  mettons  notre  es- 
lérance ,  et  par  la  vertu  duquel  nous  espérons  consommer  notre 
martyre;  vous  savez  vous-même  qu'il  nous  défend  d'adorer  les 
doles  muettes  et  sourdes.  —  Qu'on  les  étende  tous  deux -sur  le 
îhevalet ,  dit  le  comte  Julien ,  dès  qu'un  crieur  les  aura  appelés 
!>ar  leur  nom.  Après  cette  formalité ,  il  ajouta  :  On  va  vous  placer 
air  le  chevalet  :  obéissez,  et  cessez  d'entraîner  par  votre  exemple 
ros  compagnons  dans  le  même  crime.  Otez  de  votre  étendard  les 
ligures  qui  y  sont,  et  mettez-y  l'image  des  dieux  immortels.  — Nous 
ne  pouvons ,  à  de  telles  conditions ,  obéir  à  l'empereur,  répondi- 
rent les  deux  martyrs,  parce  que  nous  avons  devant  les  yeux  le 
Dieu  vivant ,  invisible  et  immortel ,  en  qui  seul  nous  espérons. 
Julien  dit  aux  bourreaux  :  Frappez-les  rudement  et  sans  relâche. 
Mais,  comme  Dieu  rendait  ses  athlètes  insensibles  aux  coups ,  le 
somte  ajouta  :  Si  ces  tourments  ne  peuvent  encore  fléchir  votre 
3pmiâtreté ,  je  vous  en  réserve  d'autres  qui  vous  feront  obéir.  En 
même  temps  il  fit  apporter  une  chaudière  pleine  de  poix ,  dans 
laquelle  on  les  plongea.  Comme  ils  n'en  souffrirent  point,  les 
juifs  et  les  idolâtres  s'écrièrent  qu'ils  étaient  magiciens  ;  puis  ou 
les  reconduisit  en  prison. 


IG4  21   août.   —    S.   SIDOINE  APOLLINAIRE. 

Après  un  second  et  un  troisième  interrogatoire,  le  comte  Julien, 
peu  touché  des  merveilles  dont  il  avait  été  témoin ,  condamna 
Bonose ,  Maximilicn  et  les  autres  chrétiens  à  perdre  la  tête.  Us 
marchèrent  au  lieu  du  supplice  pleins  d'une  sainte  joie,  à  laqueUl 
toute  la  ville  d'Antioche  prenait  part;  et  ils  furent  accompagné! 
dans  leur  triomphe  par  saint  Mélèce  et  plusieurs  autres  évêquss. 
Trois  jours  après,  le  comte  Julien  commença  à  vomir  des  tvs 
sans  discontinuation,  et  il  expira  dans  ce  tourment.  Les  saints 
martyrs  souffrirent  Tau  de  Jésus-Christ  363. 


21  août.  —  S.  SIDOINE  APOLLINAIRE,  évÉQUB  DE  Guft- 

mont.  —  6e  siècle. 

Sidoine  était  fils  d'Apollinaire,  qui  avait  été  préfet  du  prétoire. 
C'était  la  première  charge  de  l'empire  romain  dans  les  Gaules.  D 
naquit  à  Lyon  vers  Tan  415,  et  fut  instruit  dans  les  lettres,  dans 
les  sciences,  par  les  meilleurs  maîtres  ;  en  sorte  qu'il  devint  un 
des  hommes  les  plus  célèbres  de  son  temps  par  l'éloquence  et  la 
poésie.  Il  suivit  d'abord  la  profession  des  armes,  et  il  épousa  Fh 
pianille,  fille  d'Avit,  qui,  après  avoir  été  quatre  fois  préfet  des 
Gaules  et  trois  fois  général  d'armée,  fut  élevé  à  l'empire  l'an  4M. 
Avit  fut  contraint  de  quitter  la  pourpre,  au  bout  de  deux  mok, 
par  une  de  ces  révolutions  qui  renversent  en  un  moment  Iss 
plus  hautes  fortunes.  Sidoine  se  trouva  enveloppé  dans  les  mal- 
heurs  qui  suivirent  cette  chute  :  Majorin  le  fit  mettre  en  prison; 
mais  touché  de  ses  vertus  et  de  la  résignation  avec  laquelle  es 
grand  homme,  qui  adorait  la  main  qui  le  frappait,  supportait  S» 
disgrâce,  il  lui  rendit  la  liberté  et  ses  biens,  et  lui  accorda 
même  le  titre  de  comte. 

Lorsque  Sévère  fut  mis  sur  le  tronc,  Sidoine  se  retira  en  Au- 
vergne, où  il  mena  une  vie  fort  retirée.  Il  partageait  son  temps 
entre  l'étude  et  les  exercices  de  la  religion.  Dès  qu'Anthémius 
fut  élu  empereur,  il  appela  Sidoine  à  Rome,  et  lui  donna 
des  premières  places  dans  l'État.  Sidoine  ne  perdit  rien  de 
piété  dans  son  élévation  :  il  ne  se  servait  de  son  autorité  que  pour 
procurer  la  gloire  de  Dieu  et  le  bonheur  des  peuples. 

Après  la  mort  d'Kparque,  évéque  do  Clermont  en  473,  le 
peuple  et  les  évéques  du  pays,  qui  ne  l'avaient  vu  partir  pour 
Rome  qu'avec  un  grand  regret,  le  demandèrent  pour  remplir 


21   août.  —  S.  JBANNE-FB.    DE  CHANTAL.  165 

vacant,  Sidoine  allégua  sans  succès  qu'il  était  laïque,  et 
»  même  sa  femme  vivait  encore  :  il  n'acquiesça  à  son  élection 
b  par  la  crainte  de  résister  à  la  volonté  du  Ciel.  Lui  et  Pa- 
se  séparèrent  d'un  consentement  mutuel.  Dès  ce  moment, 
>nça  à  la  poésie,  qui  avait  longtemps  fait  ses  délices,  et 
laquelle  il  avait  une  forte  inclination  et  beaucoup  de  fa- 
ite. 11  fut  encore  plus  sévère  sur  le  jeu  ;  il  se  l'interdit  absolu- 
ait,  comme  étant  une  occasion  de  perdre  au  moins  quelques 
vments  d'un  temps  qui  n'est  jamais  trop  long  pour  remplir 
as  les  devoirs  du  ministère  épiscopal.  Il  se  défit  aussi  d'un  air 
joué  qu'il  avait  eu  aussi  dans  le  monde,  mais  qu'il  croyait  peu 
«ivenable  au  sérieux  et  à  la  modestie  qu'on  attend  d'un  mi- 
stre  des  autels.  Justement  avare  de  son  temps,  il  employait  tout 
»  qui  lui  en  restait,  après  ses  fonctions,  à  étudier  l'Écriture 
imte  et  la  théologie,  pour  être  en  état  d'instruire  son  peuple 
las  solidement. 

Quoique  d'une  coinplexion  délicate,  il  poussa  l'austérité  fort 
Ht  :  toute  sa  vie  fut  une  pénitence  continuelle.  Son  amour  envers 
s  pauvres,  qui  avait  paru  dans  tous  les  temps  de  sa  vie,  prit  de 
cands  accroissements  dès  qu'il  fut  évéque.  Il  manquait  souvent 
n  nécessaire,  parce  qu'il  donnait  à  tous  ceux  qui  étaient  dans  le 
.  Dans  un  temps  de  famine,  il  nourrit  avec  le  secours  de 
beau-frère  Ecdice,  qui  était  aussi  très-charitable ,  non-seule- 
oeut  tout  son  troupeau,  mais  de  plus  environ  quatre  mille  hom- 
ks  que  la  misère  avait  attirés  dans  son  diocèse.  Quand  l'a- 
tondance  fut  revenue,  il  fournit  encore  à  cette  nombreuse  troupe 
[Indigents  des  voitures  pour  retourner  chez  eux.  Saint  Sidoine 
Dourut  au  milieu  des  fatigues  que  lui  donnaient  son  zèle  pour 
'Église  et  son  exactitude  à  remplir  tous  les  devoirs  d'un  Yéri- 
able  évéque.  On  croit  que  sa  mort  arriva  vers  Tan  483. 


*I  août.  —  SAINTE  JEANNE-FRANÇOISE  FRÉMIOT  DE 
CHANTAL,  veuve,  fondatrice  de  l'ordre  de  la 
Visitation  de  Sainte-Mabie.  —  16e  et  17e  siècle. 

Jeanne  de  Chantai  était  fille  de  Bénigne  Frémiot,  président 
n  parlement  de  Bourgogne  ;  il  eut  pour  épouse  Marguerite  de 
Berbisy,  l'un  et  l'autre  recommandantes  par  leur  noblesse,  et 
mrtout  par  leur  fidélité  aux  devoirs  delà  religion.  De  leur  mariage 


166  21   août.   —  S.   JEAXNE-FR.    DE  CHANTAI. 

naquirent  trois  enfants  :  Marguerite,  qui  épousa  le  comte 
fran;  Jeanne,  dont  nous  écrivons  la  vie  ;  et  André,  qui  m 
archevêque  de  Bourges.  Jeanne  vint  au  monde ,  à  Dijo 
23  janvier  1572.  Lorsqu'elle  reçut  le  sacrement  de  la  conf 
tion,  elle  ajouta  le  nom  de  Françoise  à  celui  de  Jeanne  qu'< 
avait  donné  au  baptême. 

Son  père  devint  veuf  lorsque  ses  enfants  étaient  encore  & 
âge  ;  mais  il  ne  négligea  rien  pour  leur  éducation,  les  élevant 
de  grands  sentiments  de  piété  et  leur  faisant  apprendre  te 
qui  devait  un  jour  leur  être  nécessaire  dans  le  monde.  Jeani 
celle  qui  répondit  le  mieux  à  ses  vues  ;  aussi  avait-il  poui 
une  tendresse  particulière.  Elle  montra,  dès  ses  plus  tendn 
nées,  un  zèle  ardent  pour  la  religion  catholique  ;  elle  n'ava 
core  que  cinq  ans  qu'elle  eut  le  courage  de  reprendre  un 
tique ,  qui  blasphémait  contre  le  sacrement  de  l'Eucha 
Quelques  années  après,  elle  préserva  son  innocence,  sous  h 
tection  delà  sainte  Vierge,  d'un  danger  auquel  l'avait  expose 
femme  intrigante  et  sans  mœurs.  Ayant  été  passer  quelque  1 
chez  sa  sœur,  on  voulut  (a  marier  à  un  gentilhomme  fort  i 
mais  ayant  appris  qu'il  était  calviniste,  elle  refusa  de  l'épc 

Lorsqu'elle  eut  atteint  sa  vingtième  année,  son  père  la  i 
au  baron  de  Chantai,  l'aîné  de  la  maison  de  llabutin;  c'éfc 
officier  de  vingt-sept  ans,  servant  avec  distinction,  et  que 
Henri  IV  honorait  de  sa  faveur.  Le  mariage  fut  célébré  à  £ 
et  quelques  jours  après  les  nouveaux  époux  allèrent  à  Boui 
dans  une  de  leurs  terres,  pour  y  faire  leur  résidence  ordii 
Notre  sainte,  en  entrant  dans  la  maison  de  son  mari,  s'emplo 
toutes  ses  forces  pour  y  établir  l'ordre  et  la  régularité,  à  la  pU 
la  dissipation  et  d'une  négligence  presque  générale  de  la  pai 
gens  attachés  au  baron ,  dont  les  absences  fréquentes  ai 
comme  autorisé  la  conduite.  Son  premier  soin  fut  de  veille 
les  domestiques ,  de  leur  faire  pratiquer  les  devoirs  de  la 
gion,  en  les  obligeant  d'assister  tous  les  soirs  à  la  prière  comn 
les  jours  de  dimanches  et  de  fêtes  à  la  messe  de  paroisse, 
plus  souvent  qu'ils  le  pouvaient,  aux  instructions  chrétie 
Elle  assigna  à  chacun  son  emploi  et  le  temps  pour  le  remplir, 
était  chez  elle  comme  prévu,  efses  qualités  aimables  lui 
chèrent  toutes  les  personnes  de  sa  maison,  où  Tordre  ne  i 
pas  à  paraître  et  à  se  maintenir  par  sa  vigilance. 

Quand  son  mari  était  obligé  de  s'absenter  pour  aller  soii 


21    aoAt.   —  S.   JKANNE-FR.   DE   CHAWTAL.  167 

>ît  à  l'armée,  notre  sainte  se  tenait  renfermée  dans  sa  mai- 
i  faisant  et  ne  recevant  que  rarement  des  visites.  Elle  don- 
it  son  temps  à  ses  exercices  de  piété,  aux  soins  que  de- 
ent  ses  enfants  et  ses  affaires  domestiques.  Lorsque  le 
le  Chantai  était  de  retour,  cette  vertueuse  épouse  n'ou- 
ien  pour  le  prévenir  et  lui  procurer  des  amusements  in- 
i;  elle  attirait  pour  cela  les  compagnies  qui  lui  étaient 
les,  abrégeait  même  quelquefois  ses  exercices  pieux  pour 
er  à  des  complaisances  qui  ne  sont  pas  contraires  au  ré- 
b  la  vertu,  quand  on  sait  se  contenir  dans  de  justes  bornes. 
on  de  Chantai,  plein  d'honneur  et  de  religion,  aimait  ten- 
it  son  épouse,  qui,  de  son  coté,  le  payait  de  retour  ;  ils 
ît  ainsi  leur  bonheur  réciproque. 
>  Dieu  voulut,  les  éprouver  pour  leur  salut  commun,  et 
de  la  baronne  de  Chantai  le  plus  sensible  des  sacrifices. 
ari  relevait  de  maladie;  un  de  ses  amis  vint  le  voir  au 
a  de  Bourbilly  et  lui  proposa,  pour  le  récréer,  une  partie 
sse.  Le  baron  y  consentit  et  s'habilla,  pour  sortir,  d'un  sur- 
b  couleur  de  biche.  Son  ami,  qui  était  un  peu  éloigné  de 
s'aperçut  point  qu'il  s'était  placé  derrière  des  broussailles; 
é  par  un  faux  jour,  il  le  prend  pour  une  béte  fauve  et  dé- 
i  sur  lui  son  fusil.  Le  coup  fut  mortel  ;  le  baron  ne  vécut 
letques  jours  et  reçut  les  derniers  sacrements  avec  la  plus 
*  piété,  se  soumettant  à  la  volonté  divine  et  consolant  son 
li  s'abandonnait  au  désespoir  ;  il  ne  cessait  de  lui  répéter 
li  pardonnait  de  tout  son  cœur,  et  ordonna  que  l'acte  de 
don  fût  inscrit  sur  les  registres  de  la  paroisse.  Il  expira  dans 
is  de  son  épouse,  qu'il  laissa  dans  une  désolation  inexpri- 

• 

ive  à  vingt-huit  ans,  cette  tendre  épouse  avait  eu  six  enfants 
{uatre  vivaient  encore,  un  ûls  et  trois  filles.  L'excès  de  sa 
ir  n'altéra  ni  sa  résignation  ni  sa  constance.  Dieu  la  fortifia 
e  plus  cruel  des  événements  ;  elle  s'offrît  à  lai  comme  une 
e,  acceptant  d'avance  toutes  les  tribulations  par  où  il  vou- 
Téprouver,  et  fit  en  même  temps  vœu  de  chasteté  perpé- 
Pour  se  conformer  aux  règles  que  saint  Pnul  et  les  Pères  ont 
i  pour  la  sanctification  des  veuves,  elle  s'adonna  à  la  pratique 
aison  la  plus  fréquente,  augmenta  ses  aumônes,  se  défit  en 
des  pauvres,  et  pour  l'ornement  des  saints  autels,  de  ce 
î  avait  d'habits  précieux,  et  s'obligea  par  un  vœu  de  n'en 


168  21    août.   —  S.   JEANNE-PR.    DE  CHAUT  AL. 

plus  porter  que  de  laine.  Elle  renvoya  le  plus  grand  nombre  é 
ses  domestiques,  après  les  avoir  libéralement  récompensés  ;  m 
jeûnes  devinrent  alors  fréquents  et  rigoureux. 

Retirée  du  monde,  elle  partageait  son  temps  entre  la  prière 
le  travail  et  l'instruction  de  ses  enfants.  Dieu  la  préparait,  pu 
les  lumières  de  sa  grâce,  à  l'accomplissement  de  ses  desseins; 
en  sorte  qu'elle  ne  voyait  plus,  dans  les  peines  et  les  souffrant» 
de  cette  vie,  que  l'aliment  de  l'amour  divin  sur  la  terre ,  et  le  ga§ 
du  bonheur  éternel  dans  le  ciel.  Son  deuil  fini,  elle  se  rendi 
auprès  de  son  père  à  Dijon  ;  elle  y  continua  le  même  genre  è 
vie  ;  et,  Tannée  suivante,  elle  fut  obligée  de  se  rendre  avec  ta 
enfants  auprès  du  vieux  baron  de  Chantai,  son  beau-père,  à  Mon 
tholon,  dans  le  diocèse  d'Autun.  Notre  sainte  eut  beaucoup  i 
souffrir  de  la  mauvaise  humeur  du  baron  de  Chantai,  ainsi  qu 
de  celle  d'une  gouvernante  qui  avait  pris  un  tel  ascendant  sur  o 
vieillard,  que  toute  la  maison  était  à  ses  ordres.  La  jeune  baron» 
supporta  tout  avec  une  patience  héroïque,  jusqu'à  se  conforme 
à  tout  ce  qui  pouvait  être  agréable  à  son  beau-père  et  à  sa  gov 
vernante.  Elle  continua  son  assiduité  aux  exercices  de  la  vie  in- 
térieure et  aux  devoirs  que  la  religion  prescrit. 

Ayant  appris  que  saint  François  de  Sales  devait  prêcher,  àDt 
jon,  le  carême  de  l'année  1 60 1,  elle  résolut  d'aller  entendre  e 
grand  serviteur  de  Dieu  ;  elle  allégua  pour  raison  de  ce  voyag 
une  visite  qu'elle  croyait  devoir  au  président  Frémiot,  son  père 
et  partit  pour  s'y  rendre.  La  première  fois  qu'elle  vît  le  nm 
évéque  de  Genève,  elle  en  fut  si  édifiée,  qu'il  lui  semblait  que  ce 
tait  le  directeur  de  sa  conscience  qu'elle  cherchait,  et  ne 
de  demander  à  Dieu  depuis  longtemps  Elle  l'entretint  pi 
fois  chez  son  père,  où  il  venait  souvent,  et  mit  en  lui  une 
confiance.  Mais,  se  trouvant  gênée  par  un  voeu  indiscret  dene 
sulter  jamais  sur  sa  conscience  que  son  confesseur  ordinaire»  cil 
découvrit  à  saint  François  de  Sales  la  cause  de  ses  perplexités.  1 
lui  déclara  qu'elle  pouvait  être  dispensée  de  ce  vœu  et  qu'elle étai 
Kbre  de  donner  sa  confiance  pour  la  conduite  de  son  Ame  au  mi 
nistre  du  Seigneur  à  qui  elle  croirait,  selon  Dieu,  devoir  s'adm 
ser  pour  la  conduire  dans  ses  voies. 

Elle  pria  instamment  saint  François  de  Sales  de  la  confes 
ser,  et  lui  fit  une  confession  générale  de  toute  sa  vie.  Il  lui  donn 
tous  les  conseils  de  perfection  et  toutes  les  règles  intérieures  < 
extérieures  de  conduite,  pour  l'unir  à  Dieu  et  l'élever  à  cet! 


21   août.  —  STE.   JEANNE-FB.   DE  CHANTAL.  169 

i  sainteté  à  laquelle  elle  était  appelée.  La  baronne  de  Chantai, 
à  la  grâce,  se  conforma  à  tout  ;  et  le  départ  du  saint  évéque 
le  carême  ne  changea  rien  à  sa  ferveur  dans  l'oraison,  et 
srcice  de  l'humilité,  de  la  charité  et  de  la  pénitence  qu'elle 
[uait  par  de  fréquentes  austérités.  Elle  allait  de  temps  en 
i  à  Annecy  trouver  le  saint  évéque,  et  ses  entretiens  avec  lui, 
jétachant  toujours  plus  du  monde,  la  portaient  au  désir  de 
»  vivre  que  pour  Dieu;  et,  pour  s'y  consacrer  extérieure- 
eile-méme,  elle  grava  avec  un  fer  chaud  sur  son  cœur  le 
idorable  de  Jésus. 

ssée  plus  que  jamais  de  tout  quitter  pour  briser  d'un  seul 
tous  les  Uensqui  rattachaient  encore  à  la  terre,  elle  flt  con- 
à  saint  François  de  Sales  l'attrait  qui  la  portait  à  renon- 
toutpour  Dieu.  Le  saint  lui  demanda  du  temps  pour  con- 
la  volonté  divine.  Enfin,  il  lui  proposa  d'entrer  dans  di- 
rdres  de  religieuses.  La  baronne  de  Chantai  lui  répondit  que 
;  à  lui  à  décider  ce  choix,  auquel  elle  s'en  tiendrait  comme 
ioîx  de  Dieu  même,  dont  elle  ne  se  proposait  que  la  plus 
e  gloire.  Le  saint  évéque  se  décida  alors  à  lui  faire  connaître 
essein  d'établir  une  nouvelle  congrégation  religieuse,  sous 
n  de  la  Visitation  de  Sainte-Marie,  dont  il  lui  expliqua  le 
le  l'institut  et  les  obligations  particulières.  La  pieuse  veuve 
laudit  avec  joie,  mais  l'exécution  lui  en  parut  difficile  dans 
•constances  où  elle  se  trouvait,  ayant  un  père  et  un  beau- 
fort  âgés  qui  avaient  droit  à  ses  soins,  des  enfants  encore 
s  à  élever  et  des  biens  de  famille  à  administrer. 
ot  François  de  Sales,  à  qui  elle  fit  part  àp  toutes  les  diffi- 
qui  pouvaient  l'arrêter  dans  son  désir  pour  embrasser  le 
il  institut,  répondit  à  tout  et  calma  si  bien  ses  inquiétudes  et 
de  ses  parents,  qu'ils  consentirent  à  sa  retraite,  après  avoir 
beaucoup  de  larmes.  Leur  douleur  augmenta  la  sienne,  et 
ribilité  de  son  cœur  lui  fit  éprouver  de  rudes  combats. 
;  de  quitter  le  monde,  elle  maria  l'aînée  de  ses  filles  au  ba- 
3  Thorens,  neveu  du  saint  évéque  de  Genève,  et  emmena 
îlle  ses  deux  autres  filles.  Le  jeune  baron  de  Chantai,  son 
gé  de  quinze  ans,  resta  chez  le  président  Frémiot,  son 
-père,  qui  se  chargea  d'achever  son  éducation. 
fès  avoir  mis  ordre  aux  affaires  de  sa  famille,  la  pieuse  veuve 
ra  tout  pour  son  départ;  mais,  avant  de  partir,  elle  alla  de- 
er  à  son  beau-père  et  à  son  oncle,  l'archevêque  de  Bourges, 

15 


170  21    août.  —  STE    JEANINK-FR.    DE  CHANT  AL. 

leur  bénédiction,  qui  l'un  et  l'autre  la  baignèrent  de  leurs  larmes 
et  lui  témoignèrent  le  plus  tendre  attachement.  Elle  partit  en- 
suite pour  Autun  et  Dijon,  où  elle  remit  son  fils  au  président  Fié» 
miot,  pour  lui  servir  de  père.  Ce  vertueux  magistrat,  en  voyant  sa 
fille  à  ses  pieds,  s'écria  :  «  O  mon  Dieu!  Une  m'est  pas  permis  de 
«  m'opposer  à  vos  desseins,  quoiqu'il  doive  m'en  coûter  la  vie. 
«  Je  vous  offre,  Seigneur,  cette  chère  enfant  ;  daignez  la  rece» 
«  voir  et  être  ma  consolation.  »  Pendant  cette  scène  si  touchante, 
le  jeune  baron  de  Chantai,  suffoqué  par  ses  sanglots,  court  vers 
sa  mère,  se  jette  à  son  cou  et  emploie  les  expressions  les  plus 
tendres  pour  l'empêcher  de  partir;  ne  pouvant  la  retenir,  il  se 
couche  sur  le  seuil  de  la  porte  par  où  elle  devait  sortir.  Sa  sainte 
mère,  frappée  d'un  tel  spectacle,  s'arrête  et  fixe  sur  son  fils  ses 
yeux  fondant  en  larmes  ;  mais ,  bientôt  soutenue  par  la  grâce , 
elle  passe  sur  le  corps  de  son  fils  et  franchit  ainsi  cette  terrible 
barrière  pour  aller  consommer  son  sacrifice.  Elle  part  pour  la 
ville  d'Annecy,  où  elle  arriva  avec  sa  fille  et  son  gendre  le 
baron  de  Thorens. 

Le  dimanche  de  la  très-sainte  Trinité  de  Tannée  MUO ,  «lie 
commença  l'établissement  du  nouvel  ordre  de  la  Visitation.  I* 
première  maison  lui  fut  donnée  à  Annecy  par  saint  Franco»  de 
Sales;  elle  y  prit  l'habit,  avec  deux  femmes  pieuses  qui  s'étaient 
attachées  à  elle  pour  suivre  la  même  vocation.  Dix  autres  fi*"-— , 
d'une  grande  vertu,  augmentèrent  en  peu  de  temps  la  commu- 
nauté naissante.  Le  cardinal  de  Marquemont,  archevêque  de  Lyon» 
ayant  connu  le  nouvel  institut,  conseilla  à  saint  François  de  Sales 
de  faire  ériger  sa  congrégation  en  ordre  religieux,  pour  lui  donner 
plus  de  stabilité. 

Le  saint  fondateur  s'y  décida,  et  la  baronne  de  Chantai ,  quand 
le  temps  fut  venu ,  prononça ,  avec  ses  compagnes ,  les  vœux  so- 
lennels de  profession  religieuse.  Le  saint  évêque  leur  donna  uns 
règle  qui,  sans  de  grandes  austérités  extérieures,  devait  être,  par 
sa  pratique  exacte ,  l'exercice  le  plus  continuel  et  le  plus  parfait  de 
la  pénitence  de  l'esprit  et  du  cœur.  Cette  pénitence,  la  plus 
tielle,  qui  seule  nous  fait  mourir  à  nous-mêmes  pour  ne  vivre  qu'< 
Dieu  et  pour  Dieu ,  devait  être  le  caractère  de  la  perfection  du 
nouvel  ordre,  où  le  saint  fondateur  se  proposait  de  n'admettre 
que  les  tempéraments  les  plus  faibles  et  même  les  personnes  déjà 
avancées  en  Age. 

Que  le  renoncement  intérieur  à  tout  ce  qui  peut  flatter  l'or- 


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21    aOÛi.  —  STB  JEATINB-FB.    DE  CHANTAI*.  171 

peâ  et  les  sais ,  leur  disait  saint  François  de  Sales ,  dans  ses  en- 
tretiens d'explications  sur  la  règle ,  soit  continuel  et  étudié  en 
lésas-Christ  l'adorable  modèle.  11  nous  a  dit  à  tous  :  Apprenez 
4t  moi  que  je  suis  doux  et  humble  de  cœur,  et  vous  trouverez  le 
repos  de  vos  âmes.  «  Que  l'humilité,  continue  saint  François,  soit 
pour  tous  la  source  des  vertus,  qu'elle  soit  sans  bornes,  qu'elle 
paraisse  en  toutes  vos  actions,  et  bientôt  avec  elle  la  charité  et  la 
douceur  envers  le  prochain  vous  deviendront  comme  naturelles  à 
force  de  les  pratiquer.  Car  il  faut  mourir  en  espritpourque  Dieu 
vive  en  nous  ;  sans  ce  moyen  unique,  il  est  impossible  que  nous 
parvenions  en  cette  vie  à  nous  unir  à  lui.  Ne  désirez  rien>  ne  re- 
fusez rien  ;  soyez  soumises  à  l'obéissance  et  régulières  dans  l'or- 
dre de  vos  exercices  intérieurs  et  extérieurs;  aimez  le  si- 
lence et  la  prière ,  et ,  dans  le  souvenir  habituel  de  la  présence 
de  Dieu ,  recevez  également  tout  ce  qui  arrivera  par  Tordre  de 
son  adorable  et  très-aimable  Providence.  »  C'était  d'après  ses 
naximes  d'une  si  haute  perfection,  et  dans  l'habitude  d'une  mor- 
ineation  continuelle  de  l'âme  et  des  sens,  que  sainte  Chantai  réglait 
a  conduite  et  celle  de  ses  sœurs,  comme  institutrice  et  première 
upérieure  de  l'ordre  ;  veillant  à  tout  pour  les  encourager,  les  sou- 
tenir, et  quand  il  le  fallait,  reprenant  avec  douceur  et  fermeté; 
punissant  même,  par  des  actes  d'humiliation  ou  de  petites  priva- 
tions sensibles  ,  les  fautes  qui  le  méritaient. 

Quelque  temps  après  sa  profession ,  elle  voulut  s'engager  par 
on  vœu  à  faire  toujours  ce  qu'elle  jugerait  être  le  plus  parfait.  Saint 
François  de  Sales,  qu'elle  consulta,  le  lui  permit,  parce  qu'il  con- 
naissait sa  ferveur  et  sa  générosité  pour  accomplir  avec  fidélité  l'en- 
gagement qu'elle  contractait,  à  l'exemple  de  plusieurs  autres  saints 
d'une  vertu  héroïque.  Dieu  l'éprouva  dans  ces  premières  années 
par  des  maladies  fréquentes  et  douloureuses  dont  les  médecins 
ne  connaissaient  pas  les  causes  naturelles  ;  elle  souffrait  avec 
joie  et  avec  la  paix  que  donne  l'amour  divin ,  et  parlait  ainsi  au 
saint  évêque  dans  une  de  ses  lettres  :  «  Le  monde  entier  mourrait 
«  d'amour  pour  un  Dieu  si  aimable ,  s'il  connaissait  la  douceur 
«  que  goûte  une  âme  à  l'aimer.  »  Après  la  mort  de  son  père , 
elle  fut  obligée  de  faire  un  voyage  à  Dijon ,  pour  arranger  les  af- 
faires de  son  fils ,  qu'elle  maria  quelque  temps  après  à  Marie  de 
Coulanges,  qui  réunissait  à  une  grande  vertu  la  noblesse,  les  ri- 
chesses et  les  autres  avantages  du  caractère  et  de  la  beauté. 
Revenue  dans  sa  chère  communauté  t  elle  ne  tarda  pas  à  se 


172  21   août.  —  STE  JEANNE-FH.  DE  CHÀNTAL. 

trouver  forcée  de  partir  d'Annecy  pour  aller  fonder  des  maisons 
de  son  ordre  en  différentes  villes  de  France  f  spécialement  à  Paris 
où  elle  eut  à  soutenir  une  sorte  de  persécution  assez  Violente ,  dont 
elle  triompha  par  sa  patience ,  sa  prudence  et  sa  vive  confiance 
en  Dieu.  Elle  gouverna  la  maison  qu'elle  avait  fondée  à  Paris ,  de- 
puis l'an  1619  jusqu'en  1622.  Dieu  lui  enleva  à  cette  époque  son 
bienheureux  père ,  le  saint  évéque  de  Genève.  Cette  perte ,  sans 
doute  la  plus  sensible  pour  elle ,  la  trouva  dans  le  sentiment  d'à- 
doration  et  de  soumission  la  plus  entière  à  la  volonté  divine ,  qui 
rendit  sa  constance  encore  plus  admirable.  Elle  fit  rendre  tous 
les  honneurs  au  corps  de  saint  François  de  Sales ,  qui  fut  enterré 
dans  l'église  de  la  Visitation  d'Annecy.  Cette  perte  fut  suivie 
d'une  autre.  En  1627,  le  baron  de  Chantai ,  son  fils,  fut  tué  en 
combattant  contre  les  Huguenots  dans  l'Ile  de  Rhé,  dans  la 
trente-et-unième  année  de  son  âge  ;  il  s'était  préparé  à  la  bataille 
par  la  réception  des  sacrements.  Il  laissait  après  lui  une  fille  qui 
n'avait  pas  encore  un  an  (1).  Notre  sainte,  à  cette  nouvelle, 
montra  un  courage  si  héroïque ,  qu'il  étonna  les  âmes  les  plus 
fortes.  «  Seigneur,  disait-elle ,  détruisez ,  coupez ,  brûlez  tout  ee 
«  qui  s'oppose  à  votre  sainte  volonté.  »  La  même  résignation  la 
soutint  en  1631 ,  en  apprenant  la  mort  de  la  baronne  de  Chantai,  - 
sa  belle-fille,  et  celle  du  comte  de  Toulonjon,  son  gendre,  gou- 
verneur dePignerol. 

Toutes  ces  épreuves ,  ainsi  que  celles  des  désolations  intérieures 
qui  furent  fréquentes  dans  l'intérieur  de  notre  sainte,  achevèrent 
d'immoler  en  elle  toute  la  nature  au  bon  plaisir  divin.  De  là  ses 
leçons  à  ses  soeurs  sur  la  nécessité  de  renoncer  à  tous  les  objets 
créés.  «  Notre  Seigneur,  leur  disait-elle ,  a  attaché  le  prix  de  son 
«  amour  et  delà  gloire  éternelle  à  la  victoire  que  nous  remporte- 
«  rons  sur  nous-mêmes  ;  et  votre  intention,  en  entrant  à  la  Visi- 
«  tation ,  a  dû  être  de  vous  désunir  de  vous  en  entier,  pour  vous 
«  unir  totalement  à  Dieu.  »  La  mère  de  Chantai  ajoutait  souvent, 
ù  ses  instructions  sur  la  vie  de  sacrifice ,  des  exhortations  lumi- 
neuses et  touchantes  sur  la  pratique  essentielle  et  la  meilleure 
manière  de  faire  l'oraison  :  «  Suivez ,  leur  disait-elle ,  la  direction 

(  4  )  Elle  épousa  depuis  Henri ,  marquis  de  Sévigné.  Elle  s'est  rendue  cAèbn 
par  ses  lettres ,  où  l'on  admire  la  délicatesse  du  goût ,  la  solidité  du  Jugement, 
un  style  naturel ,  facile,  plein.d'esprit  et  de  dignité..On  distingue  surtout  celle* 
qu'elle  écrivit  à  la  comtesse  de  Grignan  ,  sa  fille.  On  a  dit  qu'elle  était  le  mo- 
dule et  1e  désespoir  de  ceux  qui  suivent  la  même  carrière. 


22   août.   —  S.    SYMPHORIEX,   MARTYR.  173 

«  du  Saint-Esprit  en  vous;  livrez-vous  aux  sentiments  qu'il  vous  i  ns- 
«  pire  dans  cet  exercice,  ne  voulant  et  ne  désirant  que  ce  que  Dieu 
•  vent.  Sans  vous  troubler  pour  vos  distractions  et  les  sécheresses 
«  qui  vous  déplaisent  et  doivent  toujours  humilier,  mais  sans  dé- 
«  couragement ,  priez  le  Seigneur,  dans  cet  état  pénible ,  d'être 
«  votre  soutien  et  de  vous  donner  la  ferveur  du  désir  de  l'aimer, 
■  de  le  prier  et  de  le  glorifier.  » 

La  peste  s'étant  déclarée  à  Annecy,  le  duc  et  la  duchesse  de 
Savoie  voulurent  engager  notre  sainte  à  quitter  cette  ville  pour 
mettre  sa  vie  en  sûreté  ;  mais  rien  ne  put  lui  faire  abandonner  sa 
chère  communauté ,  qui  fut  préservée  de  la  contagion.  La  sainte, 
dans  cette  calamité  publique ,  rendit  mille  bons  soins  à  ses  conci- 
toyens par  ses  conseils,  ses  aumônes,  ses  services  et  ses  prières. 
Eue  fut  appelée  par  la  duchesse  de  Savoie,  en  1638,  à  Turin, 
pour  y  établir  une  maison  de  son  ordre.  Anne  d'Autriche  l'invita 
aussi  à  revenir  à  Paris ,  où  elle  fut  reçue  avec  de  grands  honneurs  ; 
die  visita  plusieurs  de  ses  monastères  en  retournant  à  Annecy. 
A  peine  arrivée  à  Moulins  en  Bourbonnais,  elle  y  tomba  malade 
d'une  fluxion  de  poitrine  ;  l'inflammation  so  déclara  si  dangereuse- 
ment, qu'on  lui  administra  les  derniers  sacrements  dans  son  mo- 
nastère. Toute  sa  foi  et  sa  piété  parurent  avec  éclat  dans  ces  der- 
niers instants  :  elle  donna  les  plus  touchantes  instructions  à  ses 
fifles  spirituelles ,  jusqu'au  moment  où  elle  s'endormit  dans  le 
Seigneur,  le  13  de  décembre  de  l'an  1641.  Son  cœur  fut  laissé 
à  la  communauté  de  la  Visitation  de  Moulins,  et  son  corps  con- 
duit honorablement  au  monastère  d'Annecy.  Elle  fut  béatifiée  par 
Benoît  XIV,  en  1751,  après  plusieurs  miracles  opérés  par  son 
intercession.  Clément  Xlll  la  canonisa  en  1767  et  fixa  sa  fête  au 
21  d'août. 


22  août.  —  SAINT  SYMPHORIEN,   martyr.  —  2e  siècle. 

Saint  Symphorien  est  regardé  comme  un  des  plus  illustres  mar- 
tyrs que  la  France  ait  donnés  à  l'Eglise.  11  était. fils  d'un  homme 
de  qualité  de  la  ville  d'Autun  r  nommé  Fauste ,  qui  le  fit  baptiser. 
dit-on ,  par  Bénigne  et  Andoche,  apôtres  du  pays.  Fauste,  ayant 
eu  le  bonheur  de  les  recevoir  chez  lui ,  profita  de  leurs  lumières  et 
de  leurs  instructions  pour  r  éducation  de  son  iils.  Ces  précieuses 
semences  produisirent  bientôt  des  fruits  qui  rendirent  Symphorien 

lô. 


••'.1 


174  »  ami/.  —  s.  bymmoaier»  natftvn. 

l'objet  de  l'estime  et  de  ft 

joignit  à  beaucoup  de         i 

ttane;et,8efeaant      i        et 

vangile,  ii  évita  tous  tes  e    aïs  contre  lesquels  vont  se 


ceux  qui  se  laissent  aller  aux  charmes  et  aux  vanités  du 

La  ville  d'Autun  était  alors  une  des  premières  des  Ganlet, 
en  même  temps  une  des  plus  attachées  à  l'idolâtrie.  On  y 
principalement  Cybèle ,  Apollon  et  Diane.  Il  y  avait  dans  Fi 
un  jour  où  le  peuple  s'assemblait  pour  célébrer  une 
lière  en  l'honneur  de  Cybèle.  On  poi  lit  sa  statue  dans  un 
richement  orné.  Symphorien,  lavo;  ont  un  jour 
s'empêcher  d'en  parler  avec  mépris.  On  le  pressa  d'adottr  la 
déesse  ;  et ,  sur  le  refus  qu'A  en  fit ,  «  n  l'arrêta  comme 
et  on  le  présenta  à  Héracle ,  gouverneur  du  pays ,  alors 
faire  la  recherche  des  chrétiens.  Hér<  de,  monté  sur  son 
demande  à  Symphorien  son  nom  ei  sa  condition.  Je 
tien ,  répondit  le  saint ,  et  je  m'appelle  Symphorien.  —  Vous 
chrétien ,  répliqua  le  juge  :  comment  avez-vous  pu  nouséehafpcr? 
<*ar  il  ne  se  trouve  plus  guère  ici  de  ces  sortes  de  gens.  Dites  «ai,. 
pourquoi  avez-vous  refusé  d'adorer  Cybèle,  la  mère  des  dieux? 
—  Je  vous  l'ai  déjà  dit,  repartit  Symphorien  ;  c'est  que  je 
chrétien.  J'adore  le  vrai  Dieu  qui  est  dans  le  ciel  ;  mais  je 
point  les  images  des  démons  :  je  suis  prêt  à  les  briser,  si  v*m 
m'en  donnez  la  permission.  —  Cet  homme-ci ,  reprit  Hérésie,  ■*' 
se  contente  pas  d'être  sacrilège,  il  joint  la  révolte  à  rimpiélif. 
Kst-il  citoyen  de  cette  ville?  Les  officiers  qui  étaient  présnfti à 
l'interrogatoire  l'en  ayant  assuré,  en  ajoutant  qu'il  était  detrès* 
honjie  famille,  le  juge  répliqua  :  C'est  apparemment  votre  ne»* 
sauce  qui  vous  rend  désobéissant;  mais  connaissez-vous  ta  or- 
donnances des  empereurs  ?  Qu'on  les  lui  lise  I  Le  greffier  lot  : 
I /empereur  Marc-Aurèlc  à  tous  les  gouverneurs,  juges  et  ma- 
gistrats de  notre  empire  ;  nous  apprenons  que  certaines  gens  qsi 
se  disent  chrétiens  contreviennent  aux  lois  de  l'Etat;  faites-les 
arrêter,  et  s'ils  refusent  de  sacrifier  aux  dieux ,  employez  lestooar- 
ments  pour  les  y  obliger  ;  en  sorte  néanmoins  que  la  justice  re- 
tienne la  sévérité  dans  de  justes  bornes,  et  qu'en  retranchaat  le 
crime ,  on  ne  punisse  pas  trop  sévèrement  les  criminels. 

<vhf  avez-vous  à  répondre  à  cette  loi  ?  dit  Héracle.  Pouvons-nous 
renverser  les  édils  des  princes.  Si  vous  n'obéissez  pas ,  vous  sera 
puni  de  mort.  Symphosjfn  répondit  :  L'image  que  vous  voûta 


22  mût,  —  S.  H1PP0LYTE,  BV.   ET  D.  175 

an  est  une  inv  on  du  démon,  qui  s'en  sert  pour  en- 
m  autres  avec  loi  dans  la  perdition.  Tout  chrétien  quitta- 
nt 1*  voie  qui  conduit  au  crime,  tomba»  infailliblement 
«étipioe.  Le  Dieu  que  j'adore  est  libéral  quand  ilrécom- 
Ïésébi  aussi  il  est  terrible  quand  il  punit;  Je  n'arriverai  au 
la  bienheureuse  éternité  qu'en  persévérant  dans  la  con- 
êa  son  saint  nom.  Sur  cett  réponse,  le  juge  le  fit  battre 
s,  et  renvoya  en  prison. 

pssjours  après,  Hérade  le  r.  D  le 

b^'il  lui  dit  que,  s'il  voulait  aao       es<       u       vu  t 

oçuerait  des  honneurs  et  d  .  »y        moi  *e- 

rjfit ne  connais  d'autres  bien         ctu*  sonto 

lin  de  Jésus-Christ  :  les  rien         d      u       et 
pttbsn.  Pour  vous,  vos  pl<        etvosjo  i 

Pjèisan  glacée,  qui  se  dissout  auprem      rayon       m 
iên  est  le  seul  qui  puisse  donner  aux  i 

vX'antiquhé  la  plus  reculée  n'a  p>       vu  te  c  »- 

n  gloire,  et  les  derniers  n'en  ven  t  pas  lafin.  —  je 
est  à  bout ,  s'écria  le  juge  :  ourez  de  l'encens  à  t*y- 
je  vous  condamnerai  à  perdre  la  tête,  après  vous 
h  déchirer  le  corps  à  force  de  tourments.  —  Mon  corps 
otte  pouvoir,  répondit  Symphorien.  Il  se  moqua  ensuite 
Bsvtitions  du  paganisme  avec  autant  de  force  que  de  soli- 
■qn'à  ce  que  le  juge  en  fureur  prononçât  contre  lui  une 
i  de  mort.  Gomme  on  le  conduisait  hors  de  la  ville  pour 
enté,  sa  mère,  qui  était  sur  les  remparts,  l'encourageait  en 
Mon  fils ,  pensez  au  Dieu  vivant ,  et  armez  votre  coû- 
te craignez  pas  une  mort  qui  mène  certainement  à  la  vie 
s»  Élevez  votre  cœur,  mon  fils ,  et  considérez  Celui  qui 
ns  le  ciel.  On  ne  vous  dte  point  aujourd'hui  la  vie  ;  mais 
tnge  en  une  meilleure.  Symphorien,  animé  par  les  discours 
ère ,  consomma  son  sacrifice  avec  joie ,  vers  l'an  de  Jésus- 

7a. 


net.  —  SAINT  HIPPOLYTE,  éveque,  docteur 

ET  MABTYB.  —  3e  siècle. 

lustre  docteur  florissait  au  commencement  du  troisième 
Mot  Jérôme  dit  qu'il  n'avait  pu  savoir  de  quelle  ville  il 


176  22  août.  — -    8.   T1M0THÉE,  MARTYR. 

était  évêque;  mais  Gélase,  dans  son  livre  des  Deux  natures  4 
Jésus-Christ,  rappelle  métropolitain  de  l'Arabie.  Il  fut,  au  rappel 
de  Photius,  disciple  de  saint  Irénée,  ainsi  que  de  saint  Qémj 
d'Alexandrie,  et  maître  d'Origène.  Nous  apprenons  d'Eusèbei 
de  saint  Jérôme  qu'il  écrivit  des  commentaires  sur  plusieurs  pu 
ties  de  1'  Écriture,  et  que  ce  fut  son  exemple  qui  excita  depuis  Ori 
gène  à  faire  la  même  chose.  On  avait  un  recueil  de  ses  homélie 
du  temps  de  Théodoret,  qui  en  cite  pkisieurs  :  on  voit  aussi  un 
lettre  de  lui  à  l'impératrice  Sévéra ,  femme  de  Philippe ,  dans  la 
quelle  il  traitait  du  mystère  de  l'Incarnation  et  de  la  résurrectioi 
des  morts.  Il  composa  une  chronique  qui  unissait  à  Tan  222,  mai 
que  Ton  n'a  pu  encore  découvrir  dans  aucun  des  manuscrits  gréa 
que  Ton  connaît.  Son  Cycle  pascal,  qui  fixe  le  temps  où  l'on  doi 
célébrer  la  fête  de  Pâques,  pour  l'espace  de  seize  ans,  en  comme» 
çant  à  la  première  année  d'Alexandre  Sévère ,  est  le  plus  anoia 
ouvrage  que  nous  ayons  en  ce  genre.  On  regrette  la  perte  de  pi» 
sieurs  de  ses  ouvrages,  et  entre  autres  de  celui  où  il  avait  réfu* 
tente-deux  des  hérésies,  d'après  saint  Irénée. 

Comme  on  fouillait  en  1551  près  de  l'église  de  Saint-Lauréat 
hors  des  murs  de  Rome,  sur  le  chemin  de  Tivoli,  on  trouva  dm 
les  ruines  d'une  ancienne  église  de  saint  Hippolyte  (autre  que  es 
lui  dont  nous  écrivons  la  vie  )  une  statue  de  marbre  qui  reprisai 
tait  notre  saint,  assis  dans  une  chaire  aux  deux  côtés  de  laque! 
étaient  gravés  en  caractères  grecs  deux  cycles,  chacun  de  huit  ans 
On  trouva  aussi  une  table  des  titres  des  ouvrages  qui  sont  COUS 
tamment  attribués  à  saint  Hippolyte.  Cette  statue  est  préseoteoMfl 
dans  la  bibliothèque  du  Vatican. 

Saint  Jérôme ,  Eusèbc  ec  d'autres  anciens  auteurs  le  qualifiai 
d'évêque  et  de  martyr,  le  faisant  fleurir  sous  le  règne  d'Alexandfl 
Sévère;  mais  saint  Grégoire  de  Tours  dit  qu'il  reçut  la  couramM 
du  martyre  durant  la  persécution  de  Dèce,  en  l'an  251. 

22  août  —  SAINT  TIMOTHKE,  martyb.  —  4e  siècle. 

Timothée,  d'Antioche ,  vint  à  Rome  sous  le  pontificat  de  Met 
chiade.  Après  y  avoir  prêché  la  foi  de  Jésus-Christ,  pendant  un 
année ,  il  fut  jeté  dans  les  fers  par  Tarquin,  préfet  de  la  ville 
Lorsqu'il  eut  longtemps  enduré  la  peine  de  la  prison,  on  le  con 
duisit  auprès  des  idoles  pour  qu'il  leur  sacrifiât.  Mais  ayant  mar- 
qué avec  une  liberté  héroïque  toute  son  horreur  pour  cette  impiété, 


24  OttÛt.   —  S.    PHILIPPE  BENlZf.  177 

fut  accablé  des  traitements  les  plus  cruels,  et  on  le  jeta  dans  la 
iux_  après  que  son  corps  eut  été  déchiré  par  les  bourreaux.  Il 
iffîrit  ces  supplices  et  d'autres  encore  avec  une  extrême  cons- 
ice,  et  ensuite  on  te  décapita.  Son  corps  fut  enseveli  sur  la  voie 
Istie,  auprès  du  tombeau  du  bienheureux  apôtre  Paul. 


13  août.  —  SAINT  PHILIPPE  BEN1ZI,  confesseur.  — 

13e  siècle. 

Philippe,  né  à  Florence,  de  la  famille  noble  des  Benizi,  donna 
|  le  berceau  une  marque  de  sa  future  sainteté  :  car,  à  peine 
ît-il  entré  dans  son  cinquième  mois,  que  sa  langue  se  délia  mi- 
uleusement  pour  émettre  des  sons ,  et  qu'il  exhorta  sa  mère 
Eure  l'aumône  aux  Servîtes  de  la  Mère  de  Dieu.  Tandis  que 
■s  son  adolescence  il  unissait  à  Paris  l'étude  des  lettres  avec  Tar- 
ir de  la  piété,  il  enflamma  beaucoup  de  ses  compagnons  du 
■r  de  la  patrie  céleste.  De  retour  dans  sa  patrie ,  il  fut  appelé 
r  une  vision  extraordinaire  dont  le  favorisa  la  bienheureuse 
srge  Marie,  à  entrer  dans  Tordre  de  ses  serviteurs  ou  Servîtes, 
semment  institué.  11  se  retira  dans  une  grotte  du  mont  Sénare, 

il  mena  une  vie  austère  par  suite  de  sa  continuelle  mortifica- 
n,  mais  qu'adoucissait  pour  lui  la  méditation  des  souffrances  de 
Are-Seigneur  Jésus-Christ.  Ensuite  il  alla  dans  presque  toute 
jourope,  et  dans  une  grande  partie  de  TAsie  pour  y  prêcher  TÉ- 
ngile.  Il  y  institua  de  nombreuses  confréries  des  Sept  Douleurs 
La  Mère  de  Dieu,  et  propagea  son  ordre  par  Texemple  admi- 
se de  ses  vertus.  Enflammé  du  désir  le  plus  ardent  de  répan- 
e  la  charité  et  la  foi  catholique,  il  fut  nommé,  malgré  sa  résis- 
tée, général  de  son  ordre.  Alors  il  envoya  de  ses  frères  en 
ythie  pour  y  prêcher  l'Évangile,  et  lui-même  en  parcourant  plu- 
urs  villes  d'Italie,  y  apaisa  les  discordes  civiles,  et  ramena  beau- 
up  de  populations  à  Tobéissance  au  souverain  pontife.  Ne  nc- 
geant  rien  pour  le  salut  d'aulrui,  il  retira  de  la  fange  des  vices 

hommes  les  plus  dépravés ,  et  les  amena  à  la  pénitence  et  à 
mour  de  Jésus-Christ.  Il  s'était  adonné  au  plus  haut  degré  à 
raison,  et  fut  aperçu  souvent  ravi  en  extase.  Il  conserva  telle- 
ïïA  sa  virginité,  qu'il  la  maintint  sans  tache  jusqu'à  son  dernier 
apir,  en  s'imposant  les  mortifications  les  plus  rigoureuses.  Une 
arité  extraordinaire  envers  les  pauvres  brilla  continuellement 


t/8  24  août,  —  S.   BARTHELEMY,   APOTRI. 

en  lui,  mais  surtout  lorsque  dans  un  bourg  du  territoire  de  Sienne  ' 
il  donna  à  un  lépreux  qui  lui  demandait  l'aumône  le  vêtement  que  S 
lui-même  portait;  et  aussitôt  que  le  mendiant  s'en  fut  couvert,  I  " 
fut  guéri  de  la  lèpre.  Comme  le  bruit  de  ce  miracle  s'était  répand?  a 
do  tous  côtés,  quelques-uns  des  cardinaux  qui  s'étaient  réunis  à  ? 
Viterbe  pour  choisir  un  successeur  à  Clément  IV,  qui  venait  de  ' 
mourir,  pensèrent  à  Philippe,  dont  ils  connaissaient  la  prudence  * 
toute  céleste.  Ce  qu'ayant  découvert,  l'homme  de  Dieu,  pour  ne  * 
point  risquer  d'être  contraint  à  subir  le  fardeau  du  gouvernement  * 
pastoral,  se  tint  caché  sur  les  montagnes,  jusqu'à  ce  que  Gré-  . 
goire  X  fût  proclamé  pape.  Ce  fut  là  qu'il  obtint  par  ses  priera» 
pour  les  bains  qui  portent  encore  aujourd'hui  le  nom  de  Saint- 
Philippe,  la  vertu  de  guérir  les  maladies.  Enfin,  en  1286,  9 
mourut  à  Todî  de  la  manière  la  plus  sainte,  en  embrassant  le  Cru-  t 
cifix,  qu'il  appelaitson  livre.  Auprès  de  son  tombeau,  des  aveugle!  t 
recouvrèrent  la  vue,  des  boiteux  l'usage  des  jambes,  et  même  fa  ; 
morts  revinrent  à  la  vie.  C'est  à  cause  de  ces  miracles  et  de  beau* 
coup  d'autres  que  le  pape  Clément  X  mit  Philippe  au  nombre  M  ; 
saints. 


i 


24  aoilt.  —  S.  BARTHÉLÉMY,  APÔTBE.  —  1er  siècle. 

Barthélémy  est  un  nom  patronymique,  qui  veut  dire  fUs  de. 
Tholomée.  C'est  le  nom  du  saint  apôtre  que  l'ÉgKsc  honore  en  oé 
jour.  Plusieurs  savants,  anciens  et  modernes,  pensent  qu'il  était 
le  même  que  Nathanaël,  de  Cana  en  Galilée,  dont  Jésus-Christ 
loua  l'innocence  et  la  simplicité  lorsqu'il  fut  présenté  par  saint 
Philippe.  Il  est  nommé  avec  les  apôtres  qui,  avant  et  après  la 
résurrection  du  Sauveur,  furent  témoins  de  sa  mission  sur  la 
terre  et  de  ses  miracles  11  était  dans  le  cénacle  lorsque  le  Saint» 
Esprit  s'y  communiqua  avec  la  plénitude  de  ses  dons,  et  la  tra- 
dition, constatée  par  les  auteurs  des  premiers  temps  du  chrb* 
tianisme,  apprend  qu'il  porta  l'Évangile  dans  les  contrées  le* 
plus  barbares  de  l'Orient  et  jusqu'aux  extrémités  des  Indes. 

Saint  Pantène,  ayant  été  dans  ces  contrées  au  commeneemeot 
du  troisième  siècle,  y  trouva  des  traces  de  la  religion  chrétienne 
et  en  rapporta  une  copie  de  l'Évangile  en  hébreu  selon  saint  Mal* 
thieu,  qu'on  lui  assura  avoir  été  apportée  dans  ce  pays  par  saint - 
Barthélémy,  quand  il  y  avait  planté  la  foi.  Le  saint  apôtre-* 


17!)  23   août.   —  S.    OUEN,    AHCII.     DE   KOIIEN. 

aossi  des  courses  évangéliques  au  nord-ouest  de  l'Asie  et  rencon- 
tra saint  Philippe  Hiéraple,  en  Phrygie  :  de  là  il  se  rendit  dam 
ht  Lycaonie,  où  saint  Ghrysostome  assure  qu'il  instruisit  les  peu- 
ples de  la  loi  de  l'Évangile.  On  croit  que  ce  fut  dans  la  Grande- 
Arménie  que  saint  Barthélémy  reçut  la  couronne  du  martyre, 
ayant  été  condamné  par  le  gouverneur  d'Albanopolis  à  être  écor- 
ehé  vif  et  ensuite  crucifié.  La  réunion  de  ce  cruel  et  double  sup- 
était  en  usage  ches  les  Perses  et  les  Arméniens.  Ses  pré- 
reliques sont  à  Rome  depuis  98S. 


Uaoût.  —SAINT  OUEN,  àbchevèquk  de  Rouen.  — 

7e  siècle. 

Ouen  naquit  Tan  609  aux  environs  de  Soissons.  Son  père  se 
nommait  Authaire,  et  sa  mère  Aigre,  tous  deux  illustres  par  leur 
nimuM  ,  mais  plus  estimables  encore  par  leur  piété.  Authaire 
pbça  de  bonne  heure  son  fils  à  la  cour  du  roi  Clotaire,  où  il  se 
ft  beaucoup  aimer  du  prince  et  même  des  courtisans. 

Dagobert  1er,  étant  monté  sur  le  trône ,  ne  voulut  point  laisser 
sortir  de  sa  cour  un  homme  qui  pouvait  lui  être  si  utile ,  et  il  le 
fit  chancelier  et  lui  confia  ainsi  les  affaires  les  plus  importan- 
tes du  royaume.  11  reste  encore  des  actes  originaux  souscrits 
de  saint  Ouen  en  cette  qualité.  Il  fut  un  ministre  aussi  vertueux 
qu'éclairé,  et  Tordre,  qu'il  tâchait  de  conserver  et  d'affermir  dans 
le  royaume,  régnait  aussi  dans  sa  conduite  particulière. 

Un  royaume  gouverné  si  sagement  attira  plusieurs  grands  hom- 
mes à  la  cour  de  Dagobert ,  et  saint  Ouen  lit  amitié  avec  eux , 
afin  d'étudier  leurs  bonnes  qualités  et  de  les  imiter.  Celui  avec  qui 
Ose  lia  plus  étroitement  fut  Kloi,  dont  il  connaissait  particulière- 
ment le  zèle  et  la  vertu.  Sous  un  habit  séculier  et  au  milieu  de 
la  cour,  ils  vivaient  tous  deux  comme  de  véritables  moines.  Ils 
t'animaient  mutuellement  à  mener  une  vie  pénitente ,  à  mépriser 
le  siècle  présent  et  à  ne  tendre  qu'à  l'éternité. 

Un  hérétique  chassé  des  pays  étrangers  vint  dans  les  Gaules  ;  et 
tétant  arrêté  à  Autun,  y  débita  ses  erreurs.  Saint  Ouen,  toujours 
vigilant  pour  la  foi,  concerta  avec  saint  Kloi  et  plusieurs  autres 
la  moyens  d'empêcher  cette  hérésie  naissante.  C'est  à  leurs  soins 
ffon  doit  le  sixième  concile  d'Orléans ,  où  l'hérétique  fut  con- 
fanoé. 

Après  la  mort  de  saint  Romain,  archevêque  de  Rouen,  le  roi, 


180  25  août.  —  S.  LOUIS,  BOI   1>K  PBANCE. 

les  grands  et  tout  le  peuple  jetèrent  les  yeux  sur  saint  Ouen,  | 
remplir  le  siège  ;  il  fut  élu  d'une  commune  voix.  Il  eut  beaux 
de  peine  à  s'y  soumettre  :  se  voyant  forcé  d'obéir,  il  ne  pi 
déterminer  à  se  faire  ordonner  tout  de  suite  ;  il  prit  du  te 
pour  s'y  préparer.  Il  dit  qu'il  était  juste  qu'il  menât  la  vie  d 
cale  avant  d'être  élevé  plus  haut,  et  passa  tout  cet  intervj 
jusqu'à  sa  consécration,  à  prier,  à  jeûner  et  à  demander  à  I 
l'esprit  de  sagesse  qui  est  si  nécessaire  pour  bien  conduire  iesaul 
et  l'esprit  de  piété,  si  important  pour  ne  point  se  perdre 
même  en  les  sauvant.  Saint  Éloi,  son  ami,  ayant  été  élu  en  m 
temps  évéque  de  Noyon,  imita  sa  sage  conduite.  Ils  furent  ord 
nés  tous  deux  à  Reims  le  dimanche  avant  les  Rogations  l'an  < 
Cette  dignité  qui  élève  les  autres,  dit  l'auteur  de  la  Vie  de  s 
Ouen,  rendit  au  contraire  le  saint  évéque  de  Rouen  plus  pu 
et  plus  humble  qu'il  n'avait  été  avant  son  ordination.  11  red 
bla  ses  austérités  et  ses  mortifications.  Affable  envers  ton 
monde,  il  se  plaisait  pourtant  davantage  avec  les  pauvres,  i 
tâchait  de  leur  apprendre  à  profiter  de  leur  état  en  le  souffi 
avec  patience.  Il  avait  un  grand  zèle  pour  la  conversion  des 
cheurs,  et,  afin  d'y  travailler  plus  efficacement,  il  forma  de  je* 
ecclésiastiques  à  l'esprit  de  leur  état,  pour  les  associera  ses 
vaux.  Dieu  autorisa  souvent  son  zèle  par  des  miracles  éclata 
Il  assista  au  troisième  concile  de  Châlons,  tenu  par  ordre  de  ( 
vjs  11  Tan  644,  et  il  fut  écouté  avec  le  respect  qui  était  dû  ; 
sainteté  et  à  sa  science.  11  vit  avec  joie  approcher  le  mon 
qu'il  avait  tant  désiré,  et  il  finit  sa  vie  dans  la  prière,  âgé  d 
viron  soixante-quatorze  ans,  la  quarante-troisième  année  de 
épiscopat,  le  24  août  de  l'an  683. 


25  août.  —  S   LOUIS,  roi  de  France,  confesseub. 

13e  siècle. 

Louis,  neuvième  du  nom ,  et  le  quarante-troisième  roi 
France ,  vint  au  monde  le  15  avril  1215.  Il  fut  baptisé  à  Poi 
tous  les  historiens  en  conviennent  ;  mais  il  y  a  lieu  de  croire  i 
naquit  à  Neuville-en-Hez,  village  de  Beauvoisis,  dans  un  vi 
château  qui  ne  subsiste  plus.  11  était  fils  de  Louis  VUI  et 
Blanche  de  Castille,  princesse  d'un  grand  courage,  d'un  gi 


Sa  août.  —  S.   LOUIS,  BOl  DE   FRANCE.  181 

■it,  digne  de  régner  et  capable  de  bien  conduire  un  État.  Dès 
elle  lui  avait  inspiré  le  goût  de  la  piété  et  l'amour  de  la 
u  Plusieurs  fois  elle  lui  avait  répété  ces  belles  paroles  dignes 
d'une  mère  chrétienne  :  l'aimerais  mieux,  mon  fils,  vous  voir 
du  trône  et  de  la  vie,  que  souillé  d'aucun  péché  mortel! 

Louis,  formé  par  des  mains  que  la  sagesse  conduisait,  apprit  de 
heure  que  tout  est  grand  dans  le  christianisme,  et  infi- 
niment au-dessus  de  ce  que  le  monde  appelle  grand.  Réduisant 
science  divine  en  pratique,  on  le  vit ,  à  l'âge  de  vingt  ans , 
sérieux  et  aussi  appliqué  à  ses  devoirs  que  s'il  n'eût  point 
cd  de  passion;  aussi  pieux  et  aussi  vertueux,  que  si  la  piété  et  la 
vertu  fassent  nées  avec  lui.  Simple  dans  ses  habits,  il  ne  cher- 
cha pas  à  éblouir  son  peuple  par  des  dehors  fastueux,  mais  à 
s'en  faire  aimer.  Ami  de  la  vérité,  il  ne  connaissait  point  ces  ru- 
ses et  ces  déguisements  que  le  monde  appelle  prudence  et  qu'à 
la  cour  on  appelle  politique  :  il  aimait  mieux  perdre  quelque  chose, 
pour  ne  point  blesser  la  vérité,  que  de  gagner  beaucoup  par  le 
moindre  mensonge.  C'est  ainsi  qu'on  forma  le  cœur  de  ce  jeune 
prince.  A  l'égard  de  son  esprit,  on  le  cultiva  autant  que  Ton  put 
dans  un  siècle  qui  n'était  pas  celui  des  sciences.  On  lui  apprit 
néanmoins  la  langue  latine,  et  il  la  possédait  assez  pour  entendre 
rEcriture  et  les  écrits  des  Pères  de  l'Église,  qu'il  lisait  avec  goût, 
et  qu'il  aimait  à  faire  lire  à  ceux  qui  l'approchaient. 

Quand  Louis  eut  vingt  et  un  ans  accomplis,  il  fut  déclaré  ma- 
jeur, selon  la  coutume  du  temps  qui  fixait  la  majorité  à  cet  dge. 
Ceux  qui  ne  savaient  pas  combien  on  goûte  de  plaisir  à  vivre  chré- 
tiennement s'imaginaient  que  le  roi,  n'étant  plus  sous  le  joug  de 
la  reine  Blanche,  sa  mère,  s'abandonnerait  plus  volontiers  aux 
plaisirs  et  au  luxe;  mais  le  saint  roi  trompa  leur  attente.  Comme 
il  n'avait  pas  été  pieux  par  contrainte,  il  continua  de  l'être  quand 
il  eut  toute  sa  liberté.  Il  regarda  toujours  sa  mère  avec  le  même 
respect  ;  il  l'écouta  avec  la  même  attention,  et  suivit  ses  conseils 
avec  la  même  docilité  -,  et,  quoiqu'elle  usât  quelquefois  dure- 
ment de  l'autorité  qu'il  lui  laissait  sur  son  esprit,  il  lui  fut  sou- . 
mis  dans  tout  ce  qui  ne  pouvait  nuire  au  bien  de  son  État. 

La  reine  flt  épouser  à  son  fils  Marguerite,  fille  du  comte  de 
Provence,  dont  la  beauté,  l'esprit  et  la  piété  étaient  dignes  d'un 
tel  époux.  Louis  alla  la  recevoir  à  Sens,  où  son  mariage  fut  célé- 
bré le  27  mai  1234.  Dieu  bénit  cette  union  par  une  tendresse  ré- 
ciproque et  constante,  dont  une  nombreuse  famille  fut  le  gage* 

\lfS    DES  SAINTS.   —  T.    II.  1G 


182  23  (lOÙt.    —     S.    LOUIS,    ItOl   1>K   FHÂNCE. 

I /observation  des  lois  de  Dieu  et  de  son  Église,  la  pratique 
des  conseils  de  perfection  évangélique,  furent  toujours  les  exe 
que  les  deux  époux  donnèrent  dans  toutes  les  circonstam 
leur  vie.  \#  saint  roi,  outre  les  aumônes  immenses  quï 
tribuaît  de  tous  côtés,  nourrissait  chaque  jour  une  vingtai 
pauvres,  qu'il  servait  souvent  lui-même.  11  fonda  plusieui 
pitaux,  des  monastères,  des  églises  cathédrales  et  d'autre 
blissements  pieux. 

Baudoin  H ,  qui  fut  empereur  de  Constantinople,  étant 
en  France  implorer  le  secours  des  Latins  contre  les  Grecs,  < 
manda  au  roi,  et  lui  offrit  la  sainte  Couronne  d'épines  qu 
engagée  aux  Vénitiens,  Louis  charmé  de  posséder  ce  tré 
rie  trouver  une  occasion  de  faire  plaisir  à  Baudoin,  assû 
prince  de  troupes  et  d'argent,  retira  la  sainte  Couronne  d'< 
des  Vénitiens,  et  alla  la  recevoir  à  Sens,  suivi  de  toute  la 
et  du  clergé.  Ayant  reçu  encore  depuis  un  morceau  de  U 
croix  et  quelques  autres  reliques,  il  fit  bâtir  à  Paris  l'égli» 
nue  sous  le  nom  delà  Sainte-  Chapelle,  pour  les  y  déposer. 
la  réception  de  ces  reliques,  ce  prince  montra  une  piété  < 
plaire,  et  tout  son  peuple  bénit  Dieu  de  lui  avoir  donné  un 
religieux,  et  que  chacun  pouvait  se  proposer  pour  modèle. 

En  1244  le  roi  fut  attaqué  d'une  grave  maladie,  et  il  en 
Dieu  lui  avait  inspiré  de  prendre  la  croix  et  de  passer  d 
terre  sainte  pour  y  secourir  les  chrétiens.  Sa  santé  rétab 
s'occupa  des  préparatifs  de  cette  guerre  et  de  régler  lesaffaii 
son  royaume,  dont  il  laissa  le  gouvernement  à  la  reine,  sa  i 
Le  13  mai  l  249,  il  s'embarqua  à  Aiguës-Mortes.  Étant  ami 
vant  Damiette,  en  Kgypte,  et  ayant  vu  tous  les  seigneurs 
suivaient  rassemblés  autour  de  lui,  il  leur  dit  :  Mes  amis, 
serons  invincibles,  si  la  charité  nous  rend  inséparables.  Abo: 
hardiment,  quelque  grande  que  soit  la  résistance  des  ennem 
considérez  point  ici  ma  personne  :  je  ne  suis  qu'un  seul  hoi 
dont  Dieu,  quand  il  lui  plaira,  emportera  la  vie  d'un  so 
comme  celle  d'un  autre.  Tout  événement  nous  est  favorab 
nous  sommes  vainqueurs,  Dieu  en  sera  gloriûé.  Combattons 
lui,  et  il  triomphera  pour  nous,  non  pour  notre  gloire,  mais 
la  sienne.  La  descente  fut  résolue  ;  mais  comme  on  ne  trom 
assez  d'eau  pour  aborder  avec  des  bâtiments  plats,  le  roi,  su 
son  armée,  sauta  le  premier  dans  la  mer,  tout  armé.  Les  enn 
surpris  d'un  tel  courage,  ne  tinrent  pas  longtemps  contre  1 


25  août.  —  S.   LOUIS,   BOI   DE   FRANCE.  183 

r  de  ceux  qui  les  attaquaient.  Damiette  fut  prise  le  6  juin,  et 
roi  y  passa  Tété,  pendant  lequel  il  fit  venir  de  grands  biens  à 
te  ville  et  l'édifia  beaucoup  par  sa  piété. 
Quelques  mois  après  la  prise  de  Damiette,  Alphonse,  comte  do 
tien,  frère  du  roi,  étant  arrivé  avec  l'arrière-ban  de  France,  il 
résolu  d'assiéger  le  Grand-Caire,  capitale  d'Egypte.  Dans  leur 
rche,  qui  fut  longue,  ils  furent  souvent  attaqués  par  les  Sarra- 
s  ;  mais  la  victoire  demeura  toujours  aux  Français.  Le  plus  grand 
nbat  fut  celui  qui  se  donna  auprès  de  la  Massoure,  ville  d'É- 
>te.  Le  roi  y  montra  beaucoup  de  valeur.  Mais  une  maladie 
itagieuse  semblable  à  la  peste,  causée  par  l'infection  du  grand 
mbre  des  corps  de  ceux  qui  avaient  été  tués,  ravagea  l 'armée, 
emporta  une  grande  quantité  des  troupes  qui  la  composaient. 
Louis  ne  se  laissa  point  abattre  par  cette  disgrâce  ;  il  adora 
main  de  Dieu,  qui  le  frappait*  avec  la  même  tranquillité  qu'il 
vait  béni  lorsqu'il  l'avait  comblé  de  biens.  Il  se  montra  en  cette 
casum  le  père  de  ses  soldats  par  sa  charité,  comme  il  se  mou- 
lit  dans  l'action  leur  capitaine  par  sa  valeur  :  il  courait  de 
Dgen  rang,  soulageant,  autant  qu'il  était  en  lui,  ceux  <jui  souf- 
dent,  et  les  consolant  de  leur  disgrâce  par  la  vue  des  recoin- 
oses  éternelles  que  Dieu  promet  à  ceux  qui  souffrent  avec  patience 
arec  soumission  à  sa  volonté.  Enfin  le  Seigneur  mit  le  saint 
i  lui-même  dans  l'occasion  de  pratiquer  la  patience  à  laquelle  il 
bortait  les  autres  :  la  maladie  l'attaqua  avec  violence  ;  il  fut  ré- 
la  que  l'armée  retournerait  à  Damiette  :  on  se  mit  en  chemin; 
ais  les  Sarrasins  les  surprirent  et  les  désarmèrent.  Le  roi  fut  fait 
isonnier  avec  les  princes  ses  frères  et  toute  la  noblesse  qui  l'avait 
ni.  Le  Soudan  le  traita  avec  tout  l'honneur  qui  était  dû  à  son 
ng,  et  le  mit  entre  les  mains  des  médecins,  qui,  connaissant 
teux  sa  maladie  que  les  Français,  la  guérirent  en  peu  de  temps. 
Louis  parut  tel  dans  la  prison  qu'il  avait  paru  en  toute  autre 
«anon.  Privé  de  sa  liberté,  il  se  montra  toujours  roi  chrétien, 
i  prison  ne  changea  rien  à  sa  manière  de  vivre  dans  tout  ce  qui 
pendait  de  lui.  Il  n'interrompit  ni  ses  jeûnes,  ni  ses  austérités, 
s  gardes  admiraient  sa  patience  à  souffrir  les  incommodités  de 
prison  et  leurs  insultes,  son  égalité  d'âme  et  sa  fermeté  à  refu- 
r  tout  ce  qu'on  lui  proposa  pour  sa  délivrance,  et  qu'il  crut 
raisonnable.  ï^es  Sarrasins  lui  dirent  un  jour  :  Tues  notre  pri- 
nnîer  et  notre  esclave,  et  tu  nous  traites  comme  si  nous  étions 
ms-mémes  tes  prisonniers.  Quand  on  lui  eut  demandé  pour  sa 


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184  26  août.  —  $.  LOUIS,  MOI  DB  •]       KGBL 

rançon  dix  millions  d'argent  et  la  ville  de  !  .. . ,. . ,  _v  9 
aux  envoyés  du  Soudan  :  Allés  dire  à  votre  maÈt&HgÈto&pâ? 
France  ne  se  rachète  point  pour  de  l*argent.  Je  '  '  " 

millions  pour  mes  gens,  et  la  ville  de  Damiettepour  ma  pêrionfiT1 
Les  Sarrasins  lui  ayant  proposé,  pour  assurer  le  traité,  une  for- 
mule de  serment  qui  lui  parut  contraire  au  respect  dû  à  Dm, 
il  refusa  de  le  faire  ;  et  comme  ses  parents  et  ses  amis  le  presi 
d'y  acquiescer,  il  leur  dit  :  Dieu  m'est  témoin  que  ]e  vous 
comme  je  le  dois,  et  que  je  ne  hais  point  ma  vie;  mais  j'aime  eneott 
mieux  Jésus-Christ  et  sa  croix,  et  j'offenserais  mon  Dieu  ù  je 
faisais  ce  qu'on  me  propose.  Les  Sarrasins,  furieux  de  son  isflhi, 
lui  portèrent  le  sabre  à  la  gorge,  et  le  menacèrent  de  le  mettre  es 
croix  ainsi  que  tous  les  autres  Français.  Vous  le  pouvez,  leurdfc» 
il,  Dieu  vous  a  rendus  maîtres  de  mon  corps  ;  mais  mon  âme  etf 
entre  ses  mains,  vous  ne  pourrez  rien  sur  elle.  Enfin,  on  U 
rendit  la  liberté,  et  il  revint  en  France. 

Quoique  temps  après  son  retour,  le  saint  roi  entreprit  de  fnto 
ses  États,  et  partout  il  laissa  des  marques  de  sa  piété,  de  sa  bonté, 
de  sa  générosité.  Il  veillait  avec  soin  pour  faire  rendre  la  jwtiee 
a  tous  ses  sujets  ;  et  quand  il  était  lui-même  en  cause,  il  se  dépouil- 
lait de  tout  intérêt  propre,  et  voulait  qu'on  le  jugeât  n  In  ripnnr. 
plutôt  que  de  faire  perdre  la  moindre  chose  à  celui  qui  avait  droit.  . 
Il  donna  des  édits  sévères  contre  les  blasphémateurs,  les 
nant  à  avoir  la  langue  percée  d'un  fer  chaud,  et  il  disait  à.eette 
occasion  :  Je  souffrirais  moi-même  ce  supplice  avec  plaisir,  «je 
pouvais  parce  moyen  bannir  les  jurements  et  les  blasphèmes  de 
mon  royaume.  Quelqu'un  disait  un  jour  à  ce  saint  roi  qu'il  donnait 
trop  de  temps  à  ses  exercices  de  piété,  il  répondit  :  Si  j'en  em- 
ployais encore  plus  à  tous  les  divertissements  que  se  permettes! 
les  personnes  de  mon  rang,  qui  que  c<e  soit  n'y  trouverait  à  radis. 

Le  mauvais  succès  de  son  premier  voyage  en  terra  saints  ne 
lui  ôta  pas  le  désir  d'y  retourner.  L'on  jugea  à  propos  d'aller  es 
Afrique  et  d'attaquer  Tunis  ;  mais,  avant  que  le  siège. de  cette 
ville  fût  formé,  les  maladies  se  mirent  dans  le  camp,  et  le  ma» 
gèrent  plus  que  n'eût  fait  l'épée  d'un  ennemi  victorieux.  Jean, 
comte  de  Nevers,  surnommé  Tristan,  Gis  atnédu  roi,  en  mourut  :  le 
joi  en  fut  lui-même  atteint  :  et  comme  le  mal  était  contagieux, 
il  jugea  bien  qu'il  n'en  guérirait  point.  U  employa  ses  dénierai 
heures  à  dresser,  en  forme  de  testament,  une  longue  instruction 
pour  son  fils  Philippe  qui  devait  lui  succéder.  Voici  entre  autre! 


26  août.  —  s.  zéphyrin,  Pape  et  martyr.       185 

conseils  les  avis  qu'il  lui  donne  :  Mon  fils,  la  première  chose  que 
je  tous  recommande,  c'est  d'aimer  Dieu  de  tout  votre  cœur  : 
sans  cela  personne  ne  sera  sauvé.  Si  Dieu  vous  envoie  quelque 
adversité,  souffrez-la  avec  patience  et  actions  de  grâce  :  pensez 
que  vous  l'avez  toujours  méritée,  et  qu'elle  tournera  à  votre  avan- 
tage. S'il  vous  envoie  de  la  prospérité,  remerciez-le,  ne  vous  en 
attribuez  rien,  et  n'en  devenez  point  orgueilleux,  car  on  ne  doit 
pas  tourner  les  dons  de  Dieu  contre  lui.  Chosissez  des  confesseurs 
vertueux  et  savants,  donnez-leur  la  liberté  de  vous  avertir  et  de 
vous  reprendre.  Entendez  avec  piété  le  service  de  l'Église,  sans  y 
parler,  ni  regarder  çà  et  là  ;  mais  priez  Dieu  de  bouche  et  de 
cœur.  Soyez  plein  de  charité  envers  les  pauvres ,  et  consolez-les 
selon  votre  pouvoir.  Ne  vous  liez  qu'avec  des  gens  de  bien.  Que 
personne  ne  soit  assez  hardi  pour  rien  dire  devant  vous  qui  excite 
au  péché,  ou  pour  médire  d'autrui.  Aimez  tout  ce  qui  est  bien,  et 
haïssez  tout  mal.  Punissez  les  blasphémateurs,  rendez  souvent 
grâces  à  Dieu  des  biens  que  vous  en  avez  reçus,  et  méritez  par  là 
d'en  recevoir  davantage.  Soyez  équitable  en  tout,  même  contre 
vous.  Mettez  votre  application  à  faire  régner  la  paix  et  la  justice 
parmi  vos  sujets. 

La  maladie  continuant  d'augmenter,  le  saint  roi  reçut  les  sa- 
crements avec  beaucoup  de  piété;  et  quand  il  se  sentit  près  de  sa 
fin,  H  se  fit  mettre  sur  un  lit  couvert  de  cendres,  où,  les  bras  croi- 
ses sur  la  poitrine  et  les  yeux  levés  au  ciel,  il  rendit  l'esprit  sur 
les  trois  heures  après  midi,  le  25  août  1270,  ayant  vécu  cin- 
quante-cinq ans,  et  en  ayant  régné  près  de  quarante-quatre.  Il 
avait  fondé  beaucoup  d'églises  et  de  monastères,  entre  autres  l'ab- 
baye de  Royaumont,  où  il  se  retirait  souvent  pour  prier  avec  plus  de 
recueillement,  et  l'hôpital  des  Quinze-Vingts,  pour  y  loger  des 
aveugles,  au  nombre  de  trois  cents.  Ce  prince  si  religieux  faisait 
tant  de  cas  de  la  qualité  de  chrétien,  qu'il  avait  coutume  de  dire 
que  le  lieu  où  il  avait  reçu  le  plus  grand  honneur  n'était  pas 
Reims,  où  il  avait  été  couronné,  mais  Poissy,  où  il  avait  été 
baptisé.  C'était  pour  cette  raison  que  quelquefois  il  signait  Louis 
de  Poissy. 


26  août.  —  S.  ZÉPHYRIN,  pape  et  martyr.  —  3e  siècle. 

Zéphyrin,  né  à  Rome,  fut  élevé  au  gouvernement  de  l'Eglise 
au  temps  de  l'empereur  Sévère.  Il   décréta   que  ceux  qui  de- 


16. 


186  26  août.   -~  S.  GENES  LE  COKBD1B9,     lABTYft. 


vaient  être  élevés  aux  saints  ordres,  lesrecevn.™,  -efw.ftttti$i 
en  temps  opportun,  et  en  présence  d'un  grand  nottâM  49.déwÉ 
de  laïques  II  recommanda  aussi  de  ne  ehofsfr  ipoe*  ftThdÉP 
tère  ecclésiastique  que  des  hommes  savants  et  d'une  vie  éprouvée. 
Il  ordonna  en  outre  que  tous  les  prêtres  assisteraient  Févéque 
dans  la  célébration  de  l'Office  divin.  Il  statua  aussi  qu'un  patriarche, 
un  primat,  un  métropolitainne  porteraientpointde  sentence  contre 
un  évéque,  qu'en  s'appuyant  de  l'autorité  apostolique.  Après 
avoir  occupé  la  chaire  pontificale  pendant  dix-huit  ans,  il  reçut  la 
couronne  du  martyre  sous  le  règne  d'Antonin  Héliogabale,  et  1a 
sépulture  sur  la  voie  Appienne,  près  du  cimetière  de  Calixte,  en 
Tan  219. 


26  août.  —  SAINT  GENES  LE  COMÉDIEN,  mabtyb.  — 

3e  siècle. 

Genès  était  le  chef  d'une  troupe  de  comédiens  dans  Rome, 
lorsque  l'empereur  Dioctétien  parvint  à  l'empire  :  fl  avait  eooçn 
contre  les  chrétiens  une  aversion  si  étrange ,  qu'il  ne  pouvait  pat 
même  en  entendre  prononcer  le  nom  sans  une  espèce  (Thoneur. 
Il  n'aimait  à  les  voir  que  dans  les  supplices,  afin  d'avoir  le  pbWr 
de  leur  insulter.  Il  entreprit  un  jour  de  jouer  en  plein  théâtre 
les  mystères  du  christianisme  pour  divertir  l'empereur  et  la  ville. 
11  tâcha ,  pour  ce  sujet,  de  s'instruire  de  ce  qui  s'y  pratiquait  ;  et 
il  ne  lui  fut  pas  difficile  de  l'apprendre  de  quelque  apostat,  <m 
do  ses  parents  mêmes  qui  étalent  chrétiens.  Lorsqu'il  eut  dressé 
tous  les  acteurs ,  et  qu'il  les  vit  prêts  à  bien  remplir  leurs  rôles  i 
il  parut  sur  le  théâtre  devant  Dioctétien  et  le  peuple  romain.  Il 
contrefit  le  malade  couché  sur  un  lit,  et  demanda  le  baptême  : 
Mes  amis ,  disait-il ,  je  me  sens  bien  pesant  ;  je  voudrais  être  sou- 
lagé. —  Quel  remède  pourrions-nous  apporter  à  votre  mal?<B- 
rent  les  autres;  sommes-nous  des  menuisiers  et  gens  à  rabots? 
Nous  ne  voyons  pourtant  que  cet  outil  qui  puisse  vous  rendra. 
plus  léger.  Cette  mauvaise  plaisanterie  ayant  fait  rire  les 
teurs,  le  malade  bouffon  s'écria  :  Lourdauds  que  vous  êtes, 
comprenez-vous  pas  que  je  veux  mourir  chrétien ,  et  que  par  là 
je  serai  bientôt  déchargé  du  fardeau  de  cette  vie?  —  Et  pourquoi 
vouloir  être  déchargé  du  fardeau  de  cette  vie?  dirent  ses  compa- 
gnons. —  Afin,  ajouta  Genès,  que,  paraissant  devant  Dieu 


26  août.  —  S.  GENES  LE  COMÉDIEN,   MARTYR  18? 

une  fugitif,  il  me  reçoive  en  ce  jour  terrible.  Aussitôt  ou  en- 
a  chercher  un  prêtre  et  un  exorciste.  Il  vint  deux  nouveaux 
Bon  pour  jouer  cette  nouvelle  scène.  Ceux-ci,  s'approchant  du 
lade ,  lui  dirent  :  Que  voulez-vous ,  mon  fils ,  et  pourquoi  nous 
trfuas  fait  venir?  Genès,  alors  changé  tout  à  coup  par  un 
t  miraculeux  de  la  grâce ,  répondit  très-sérieusement  et  de 
t  son  cœur  :  Je  veux  recevoir  la  grâce  de  Jésus-Christ ,  afin 
v  renaissant  en  lui ,  je  sois  délivré  du  poids  de  mes  péchés. 
mue  les  autres  croyaient  que  le  prétendu  malade  continuait 
jeu,  on  accomplit  sur  lui  les  cérémonies  du  baptême.  Après 
sn  l'eut  revêtu  d'habits  blancs,  des  comédiens  habillés  en 
fcats  se  saisirent  de  lui  comme  chrétien,  et  le  conduisirent 
art  l'empereur  pour  être  interrogé  sur  la  religion. 
/empereur  était  charmé  de  voir  représenter  si  naïvement  ce 
se  passait  à  l'enlèvement  des  chrétiens  ;  mais  sa  joie  ne  fut 
de  longue  durée.  Genès  lui  fit  bientôt  connaître  qu'il  était  en 
g  un  de  ceux  qu'il  avait  dessein  déjouer  sur  le  théâtre.  Jus- 
iri,  dit-il  à  l'empereur,  je  n'avais  pu  entendre  nommer  un 
sans  frémir  d'horreur,  et  je  n'ai  jamais  assisté  à  leurs 
que  pour  les  insulter.  Cette  aversion  allait  si  loin,  que 
i  avais  pour  ceux  qui  m'ont  donné  la  naissance ,  parce  qu'ils 
it  profession  du  christianisme  ;  je  ne  m'étais  instruit  des  mys- 
es  des  chrétiens  que  pour  les  tourner  en  ridicule.  Mais  dès  le 
ment  que  l'eau  dans  laquelle  j'ai  été  baptisé  a  touché  mon 
ps ,  et  que  sur  la  demande  qui  m'a  été  faite ,  si  je  croyais ,  j'ai 
tondu  :  Je  crois,  je  me  suis  senti  tout  à  coup  un  autre  homme, 
i  vu  une  troupe  d'anges  tout  éclatants  de  lumière ,  qui  lisaient 
b  un  livre  tous  les  péchés  que  j'ai  commis  depuis  l'enfance  ; 
après  l'avoir  plongé  dans  l'eau  où  j'étais  encore,  ils  l'ont  re- 
\  aussi  blanc  que  la  neige ,  sans  qu'il  parût  qu'il  y  eût  eu  ja- 
is rien  d'écrit.  Vous  donc ,  grand  prince,  et  vous ,  peuple,  qui 
ex  voulu  vous  faire  un  divertissement  des  mystères  des  chré- 
ns ,  croyez  maintenant  avec  moi  que  Jésus-Christ  est  le. vrai 
igneur,  qu'il  est  la  lumière  et  la  vérité ,  et  que  c'est  par  lui  que 
us  pouvons  obtenir  la  rémission  de  nos  péchés. 
Dioctétien v  également  surpris  et  indigné  d'un  tel  discours,  lui 
donner  des  coups  de  bâton,  et  le  mit  entre  les  mains  de  Plau- 
a,  préfet  du  prétoire,  pour  l'obliger  à  sacrifier.  Plautien  lui  fit 
(tiquer  les  ongles  de  fer  et  les  torches  ardentes  ;  mais  Genès 
rsista  dans  la  confession  du  nom  de  Jésus-Christ ,  en  disant  : 


188  27  aoât.  —  S.  CKSAlfiEï  Év.   d'arles. 

Il  n'y  a  pas  d'autre  roi  que  celui  que  j'ai  vu  :  c'est  lui  que  j'ai 
adoré  ;  et ,  quand  il  faudrait  endurer  mille  morts ,  jamais  je  oc 
cesserai  d'être  à  lui;  jamais  les  tourments  ne  nïôteront  Jésus  de 
la  bouche,  jamais  ils  ne  l'arracheront  de  mon  cœur.  Je  n'ai 
d'autre  regret  que  d'avoir  commencé  si  tard  à  le  connaître  et  à 
l'adorer.  Enfin ,  Plautien  lui  fit  couper  la  tête  le  26  août  de  l'i 
de  Jésus-Christ  303. 


27  août.  —  SAINT  CÉSAIRE,  Évêque  b' Arles, 

docteur.  —  6e  siècle. 

Césaire  naquit  l'an  470,  au  territoire  de  Châlons-sur-Saône, 
d'une  famille  distinguée  par  sa  piété.  Il  en  reçut  une  éducation 
chrétienne  dont  il  profita  si  bien,  que  dès  l'âge  de  sept  ans  1 
donnait  aux  pauvres  tout  ce  dont  il  pouvait  disposer,  quelquefois 
jusqu'à  ses  habits.  L'aumône  faite  par  un  principe  d'amour  <k 
Dieu  attire  de  grandes  grâces  sur  celui  qui  la  fait  :  aussi  le  Sei- 
gneur en  versa -t-il  d'abondantes  sur  Césaire.  A  dix-huit  ans. 
renonçant  à  toutes  les  espérances  du  siècle ,  il  pria  saint  Sylvestre. 
évêque  de  Châlons ,  de  lui  couper  les  cheveux ,  et  de  l'admett» 
dans  son  clergé  pour  l'engager  au  service  de  Dieu.  Mais  dew 
ans  après  le  désir  d'iuie  grande  perfection  le  porta  à  quitter  a 
famille  et  son  pays,  pour  se  retirer  au  monastère  de  Lérins 
sous  la  conduite  de  l'abbé  Porcaire.  Césaire  y  devint  un  modëh 
de  régularité ,  d'obéissance ,  d'humilité  et  de  douceur. 

£one ,  évêque  d'Arles ,  étaut  prêt  de  mourir,  déclara  à 
clergé  et  à  son  peuple  qu'il  désirait  avoir  Césaire  pour 
parce  qu'il  le  connaissait  pour  un  homme  sage,  zélé ,  instruite 
ses  devoirs ,  et  propre  à  rétablir  la  discipline  ecclésiastique  dan 
son  diocèse.  Césaire ,  ayant  su  qu'on  voulait  le  faire  évêque,  a 
cacha  entre  les  tombeaux  ;  Dieu  permit  qu'il  fût  découvert  :  « 
l'emmena  à  Arles ,  et  il  fut  ordonné  évêque  l'an  603 ,  n'étml 
âgé  que  de  trente  ans. 

Forcé  de  se  charger  du  pesant  fardeau  de  l'épiscopat,  il  fis 
clans  une  sollicitude  continuelle  de  son  troupeau.  Il  se  décbargai 
sur  les  diacres  du  soin  des  choses  temporelles ,  afin  de  n'afW 
(lue  celui  des  Ames;  et ,  à  l'imitation  des  Apôtres,  il  ne  s'occapi 
plus  que  de  la  prédication.  11  faisait  réciter  publiquement  tMÉ 
les  jours  l'office  de  Tierce ,  de  Sexte  et  de  None,  afin  que  lesf* 
nitents  et  les  autres  séculiers  pussent  y  assister  Pour  l'office  <K 


*7  août,   —  S.  CÉSAIRE,  BV.    D' ARLES.  189 

,  on  ne  le  disait  en  public  que  le  dimanche ,  le  samedi  et 
s  solennelles.  Pendant  qu'on  s'assemblait  dans  l'église,  il 
chanter  des  cantiques  en  langue  vulgaire ,  afin  que  per- 
n'edt  occasion  de  se  distraire  dans  un  lieu  où  Ton  ne  doit 
la  bouche  que  pour  les  louanges  de  Dieu  ;  il  avait  grand 
instruire  son  peuple  de  ce  que  le  Seigneur  demande  de  nous 
t  prière ,  et  combien  c'est  une  illusion  grossière  de  croire 
r  Dieu  par  quelques  prières  vocales,  auxquelles  le  cœur 
at  de  part.  On  adore ,  dit-il  dans  un  sermon  que  Ton  a  de 
bjet  auquel  on  pense  pendant  la  prière;  celui  qui  pense  à 
5  publique,  à  son  commerce ,  ou  à  la  maison  qu'il  bâtit, 
îes  objets  et  déplaît  à  Dieu.  11  avait  aussi  grand  soin  de 
nander  à  son  peuple  la  lecture  de  l'Écriture  sainte,  et  il 

Ne  vous  contentez  pas  de  l'entendre  lire  à  l'église  :  lisez-la 
dans  vos  maisons.  Il  prêchait  tous  les  dimanches  et  toutes 
s.  Quand  il  ne  pouvait  s'acquitter  lui-même  de  ce  devoir, 
it  lire  par  des  prêtres  ou  par  des  diacres  ses  discours  ou 
b  saint  Ambroise  et  de  saint  Augustin. 

permit  que  ce  saint  évêque  fût  éprouvé  par  la  calomnie. 
ses  secrétaires  l'accusa  auprès  d'Alaric ,  roi  des  Visigoths 
agne,  à  qui  la  Provence  était  soumise,  d'avoir  voulu  livrer 
urguignons  la  ville  et  le  territoire  d'Arles.  Sur  cette  accu- 

Césaire  fut  exilé  à  Bordeaux.  Il  souffrit  cette  persécution 
urniurer.  Parfaitement  soumis  à  son  prince ,  quoiqu'il  fût 
il  en  prit  occasion  de  recommander,  comme  il  l'avait  tou- 
ait ,  l'obéissance  qui  lui  était  due  dans  tout  ce  qui  n'était 
îtraire  à  la  loi  de  Dieu.  Alaric ,  ayant  reconnu  son  inno- 

ordonna  qu'il  retournât  à  son  église ,  et  que  son  accusa- 
it lapidé.  Le  peuple  accourait  déjà  avec  des  pierres  ;  mais 
ésaire  obtint  la  grâce  du  coupable  pour  lui  laisser  le  temps 
s  pénitence. 

s  quarante  ans  d'épiscopat ,  pendant  lesquels  il  s'était  rendu 
èle  d'un  parfait  évêque  et  d'un  saint  religieux ,  Dieu  l'ap- 
ui  pour  le  faire  jouir  de  la  récompense  qu'il  prépare  à  ses 
n  jour  qu'il  sentait  des  douleurs  très-aiguës  *  U  dit  qu'ayant 
s  eu  une  vénération  particulière  pour  saint  Augustin ,  il 
t  mourir  vers  sa  fête.  En  effet,  la  veille  de  la  fête  de  ce 
aint ,  il  rendit  le  dernier  soupir  entre  les  bras  des  évéques, 
ftres  et  des  diacres ,  âgé  de  soixante-treize  ans ,  Tau  de 
:hrist  542. 


190  27  août.  —  S.  JOSEPH  Calasanz. 


27  août.  —  SAINT  JOSEPH  CALASANZ,  fondateur  i 
Congrégation  des  Clercs  réguliers  des  écoles 
—  17e  siècle. 

Joseph  Calasanz  de  la  Mère  de  Dieu  naquit  à  Pétraltc 
Aragon,  d'une  famille  noble.  Dès  ses  plus  tendres  anné 
donna  des  signes  de  sa  future  charité  envers  les  enfants  < 
dévouement  qu'il  montrerait  dans  leur  éducation.  Car  e 
tout  petit  il  instruisait  déjà  des  mystères  de  la  foi  et  des  pi 
chrétiennes  ses  jeunes  compagnons,  qu'il  rassemblait  auto 
lui.  Possédant  un  savoir  remarquable  dans  les  lettres  hum 
et  divines ,  tandis  qu'il  s'appliquait  à  Valence  aux  études  tb 
giques ,  il  triompha  courageusement  des  séductions  dont  us 
près  de  lui  une  femme  noble  et  puissante ,  et  par  une  insigne 
toire  il  conserva  sans  atteinte  sa  virginité  qu'il  avait  vouée  à  \ 
Devenu  prêtre  en  exécution  d'un  vœu ,  il  fut  employé  co 
eoopérateur  par  plusieurs  évéques,  dans  les  royaumes  de  la 
velle-Castille ,  de  l' Aragon  et  de  la  Catalogne.  Il  surpassa 
tente  générale ,  corrigeant  partout  les  mauvaises  mœurs ,  rét 
sant  la  discipline  ecclésiastique ,  enfin  mettant  une  merveil 
habileté  à  étouffer  les  inimitiés  et  désarmer  les  factions  qi 
sanglantaient  les  villes.  Mais,  averti  par  une  vision  cèles 
par  la  voix  de  Dieu,  qui  l'appelait  fréquemment ,  il  partit 
Rome. 

Dans  cette  ville  il  redoubla  ses  austérités ,  et  se  livra  plu 
jamais  à  la  prière  et  à  la  contemplation  des  choses  célestes.  Il 
serva  même  pendant  plusieurs  années  l'habitude  de  visiter  pn 
toutes  les  nuits  les  sept  basiliques  de  Rome.  Enfin,  il  s'a<j 
tellement  à  la  pratique  de  la  charité  envers  les  pauvres,  et 
culièrement  à  l'égard  de  ceux  qui  étaient  malades  ou  prisom 
que  pendant  une  peste  qui  dépeupla  la  ville  de  Rome ,  de 
cert  avec  saint  Camille  de  Lillis,  il  alla,  en  outre  des  secour 
tribués  généreusement  aux  pauvres  atteints  de  la  maladie,  ju 
transporter  sur  ses  épaules  les  cadavres  de  ceux  qui  avaient 
combé  et  à  leur  donner  la  sépulture.  Toutefois,  lorsqu'il  eu 
pris  par  révélation  divine  qu'il  était  destiné  à  former  les  eoi 
principalement  ceux  dans  la  pauvreté,  par  l'esprit  de  piété 
science,  il  fonda  l'ordre  des  Pauvres  Clercs  réguliers  de  la 


28  août.   —   S.     AUGUSTIN,    DOCTEUR.  191 

lieu  pour  les  écoles  pies.  Les  religieux  s'engageaient,  d'après 
régie ,  à  s'appliquer  avec  un  soin  tout  spécial  à  l'instruction 
infants.  Cette  association  fut  hautement  approuvée  par  Clé- 
t  VIII ,  Paul  Y ,  et  plusieurs  autres  souverains  pontifes,  et 
ï6t  son  fondateur  la  propagea  d'une  manière  surprenante 
beaucoup  de  provinces  et  de  royaumes  de  l'Europe.  Dans 
entreprise  il  eut  à  endurer  tant  de  fatigues ,  et  supporta  avec 
[Mirage  invincible  tant  de  tribulations,  qu'il  fut  d'une  voix 
hne  appelé  un  prodige  de  force  d'âme  et  une  copie  du  saint 
me  Job.  Enfin ,  tout  chargé  qu'il  était  du  gouvernement  de 
xdre,  après  avoir  persévéré  cinquante-deux  ans  dans  cette 
»  de  patience  et  d'humilité ,  où  Dieu  le  glorifia  par  de  nom- 
k  miracles,  et  où  il  fut  souvent  favorisé  de  l'apparition  des 
ants  du  ciel ,  et  notamment  de  la  sainte  Vierge,  Mère  de 
,  arrivé  à  sa  quatre-vingt-douzième  année ,  il  s'endormit 
le  Seigneur,  à  Rome,  le  25  août  de  l'an  1648.  D'abord  ho- 
par  Benoit  XIV  du  culte  des  bienheureux,  Clément  Xlll  le 
LaolenneUement  au  nombre  des  saints. 


S  août.  —SAINT  HERMÈS,  mahtyB.  —  2e  siècle. 

nnès  reçut  à  Rome  la  couronne  du  martyre,  vers  l'an  132 , 
it  la  persécution  de  l'empereur  Adrien.  Son  tombeau,  qui 
sur  la  voix  Salaria ,  fut  orné  avec  une  grande  magnificence 
îpape  Pelage  II.  Son  nom  est  fort  célèbre  dans  les  anciens 
vrologes  de  l'Occident, 


tfl.  —  SAINT  AUGUSTIN,  évêque  d'Hippone,  confes- 
seur ET  DOCTEUR  DE.  L'ÉGLISE.  —  4e  siècle. 

gustin  naquit  à  Tagaste,  ville  de  Numidie,  en  Afrique,  le 
tvembre  de  l'an  354.  Ses  parents  étaient  d'une  condition  non- 
Son  père  se  nommait  Patrice ,  et  sa  mère  Monique.  Ils  eu- 
grand  soin  de  le  faire  instruire  des  lettres  humaines  ;  tout 
ode  remarquait  en  lui  un  esprit  supérieur  et  des  dispositions 
lentes  pour  les  sciences.  Il  y  fit  de  grands  progrès;  mais, 
ae  ses  études  n'avaient  d'autre  but  que  sa  propre  satisfaction 
nour  de  la  gloire,  il  marcha  dans  la  voie  de  l'erreur  :  il  se 
excès  de  la  table  et  à  l'amour  des  créatures ,  jusqu'à  ce 


193  28  août,  —  t.  AUUUSTUf,  MCttinL 

qu'enfin  Dieu,  touché i  e  Monique  sa 

ranracba  au  monde  p>      le     ire  livre  an  vrai  dbripk  de 
Cirât 

Après  avoir  enseigné  avec  un  grand  succès  la  rbtorlqu 
sa  ville  natale ,  à  Carthage  et  même  à  Rome,  Augustin  fut  < 
à  Milan  par  Symmaque ,  préteur  de  Rome,  à  qui  Ton  arc 
demander,  par  une  députation ,  un  habile  professeur.  Il  1 
cette  dernière  ville,  lorsque  le  Tout-Puissant  résolut  de  Tai 
lui.  Un  jour  qu'il  était  seul  avec  son  ami  Alype,  un  Africains 
Pontitien ,  qui  avait  une  charge  considérable  à  la  cour,  ' 
trouver.  Quand  ils  se  furent  assis  pour  s'entretenir,  Po 
aperçut  un  livre  sur  la  table  qui  était  devant  eux  ;  Q  Toun 
trouva  que  c'étaient  les  Épitres  de  saint  Paul ,  dans  Kesqudl 
gustin  se  plaisait  à  lire  depuis  quelque  temps.  Il  en  lut  si 
parce  qu'il  croyait  rencontrer  quelque  ouvrage  de  belles-letj 
regarda  saint  Augustin  avec  un  sourire  mêlé  d'admiratiof 
joie;  car  Pontitien  était  un  chrétien  Gdèle  à  sa  religion.  Au 
lui  dit  qu'il  s'appliquait  beaucoup  à  ces  sortes  de  lectures.  1 
Pontitien  leur  raconta  la  vie  de  saint  Antoine ,  comme  très-* 
des  fidèles.  Augustin  et  Alype  n'en  avaient  jamais  entendu  p 
ils  étaient  surpris  d'apprendre  des  nouvelles  aussi  grandes  e 
récentes ,  et  Pontitien  n'était  pas  moins  étonné  qu'ils  les  e 
ignorées  jusqu'alors.  Il  leur  parla  ensuite  de  la  multitude  dt 
nastères  qui  remplissaient  les  déserts,  et  enfin  de  la  cour 
de  deux  officiers  de  l'empereur,  qui,  se  promenant  arec 
Trêves ,  et  avant  trouvé  chez  les  solitaires  la  vie  dont  0 
de  leur  parler,  en  furent  tellement  touchés ,  qu'ils  emfam 
aussitôt  la  vie  monastique. 

Cet  entretien  de  Pontitien  fit  sur  le  cœur  d'Augustin  un 
impression  ;  et,  quand  cet  officier  se  fut  retiré,  il  se  leva,  i 
dressant  à  son  ami  Alype,  il  dit  avec  émotion,  le  vîsagi 
changé  et  d'un  ton  de  voix  extraordinaire  :  Qu'est-ce  que 
que  faisons-nous?  Des  ignorants  viennent  ravir  le  ciel  :  et 
avec  nos  sciences,  nous  voilà  plongés  dans  la  chair  et  le  sauf 
rions-nous  honte  de  les  suivre  ?  Alype,  étonné  de  ce  change 
le  regarda  sans  rien  dire ,  et  le  suivit  dans  un  jardin  où  Ta 
tait  le  mouvement  qui  l'agitait.  Ils  s'y  assirent  ensemble  à  T 
A  près  qu'une  profonde  méditation ,  dit  lui-même  saint  Aug 
eut  exposé  à  la  vue  de  mon  esprit  toutes  mes  misères  et  ton 
égarements ,  je  sentis  s'élever  dans  mon  cœur  une  grande 


28  août.  —  S.    AUGUSTIN,  DOCTEUR.  193 

péte,  qui  fut  suivie  d'un  déluge  de  larmes.  Je  me  levai  pour  pleurer 
avec  plus  de  liberté ,  et  me  retirai  dans  un  lieu  écarté  ;  je  me 
couchai  par  terre  sous  un  figuier,  et,  ne  pouvant  retenir  mes  lar- 
mes ,  j'en  répandis  un  torrent ,  que  vous  reçûtes,  Seigneur,  comme 
un  sacrifice  adorable.  Je  vous  disais  f  Mon  Dieu,  jusques  à  quand 
serez-vous  en  colère  contre  moi  ?  jusques  à  quand  remettrai-je 
toujours  au  lendemain?  pourquoi  ne  sera-ce  pas  à  cette  heure? 
J'entendis  alors  une  voix  comme  celle  d'un  enfant,  que  je  crus 
sortir  d'une  maison  voisine ,  qui  répétait  souvent  ces  deux  mots  : 
Toile,  lege ,  c'est-à-dire  :  Prends  et  lis.  Je  cherchai  si  les  enfants 
avaient  coutume  dans  quelqu'un  de  leurs  jeux  de  se  servir  de  ces 
paroles ,  et  je  ne  me  souviens  point  d'avoir  entendu  jamais  rien  de 
semblable.  Alors  je  cessai  de  pleurer;  et  pensant  que  Dieu  me 
commandait  d'ouvrir  les  Épîtres  de  saint  Paul  que  j'avais  laissées 
auprès  démon  ami  Alype,  et  d'y  lire  le  premier  endroit  que  j'ou- 
vrirais, je  retournai  vers  Alype;  j'ouvris  le  livre,  et  je  tombai 
sur  ces  paroles  que  je  lus  tout  bas  :  J\e  vivez  pas  dans  les  festins 
et  dans  l 'ivrognerie ,  ni  dans  les  impudicités  et  les  débauches , 
ni  dans  les  contestations  et  les  envies ,  mais  revêtez-vous  de 
Notre- Seigneur  Jésus-Christ ,  et  ne  cherchez  pas  à  contenter 
votre  chair  en  ses  désirs.  Augustin  n'en  lut  pas  davantage  ;  aus- 
sitôt toutes  ses  incertitudes  se  dissipèrent.  Il  ferma  le  livre ,  après 
avoir  marqué  l'endroit  ;  et  d'un  visage  tranquille  il  dit  à  Alype  ce 
qui  venait  de  se  passer.  Celui-ci  voulut  lire  lui-même  les  paroles 
qui  avaient  touché  son  ami,  et  il  lui  fit  remarquer  celles-ci  qui 
suivaient  :  Recevez  celui  qui  est  faible  dans  la  foi ,  s'appliquant 
à  lui-même  ces  derniers  mots.  Ils  entrèrent  et  vinrent  dire  cette 
heureuse  nouvelle  à  sa  mère ,  qui  en  bénit  Dieu. 

Quelque  temps  après ,  Augustin  se  retira  à  la  campagne  avec 
sainte  Monique,  Alype  et  plusieurs  autres  amis  et  parents ,  et 
pendant  cette  retraite  il  composa  divers  ouvrages. 

11  se  rendit  à  Milan ,  au  commencement  du  carême  de  l'année 
187 ,  pour  se  faire  inscrire  parmi  ceux  qui  se  préparaient  à  la 
régénération  ;  il  fut  baptisé ,  le  28  avril  de  la  même  année ,  par 
saint  Ambroise,  archevêque  de  cette  ville,  dont  il  avait  souvent 
entendu  les  sermons ,  qui  n'avaient  pas  peu  servi  à  le  ramener 
de  l'erreur. 

Ayant  résolu  de  retourner  en  Afrique  pour  se  consacrer  entiè- 
rement au  service  de  Dieu  dans  la  solitude ,  il  voulut,  avant  de 
quitter  l'Italie,  voir  de  nouveau  la  ville  de  Rome  :  il  y  passa  plu- 

17 


■9- 


194  28  août,  —  S.  AUGUSTIN ,  DOCÏ 

sieurs  ohms  avec  sa  mère  et  tm  petit  nombre  d  ■  «tue  dm* 
pies  qui  le  suivaient.  Il  perdît  sainte  Monique  a  Qatfs,  e£  i>s*éi*| 
rendu  pour  s'embarquer.  U  retourna  encore  «  &°4^1&^*9fe 
menca  divers  ouvrages  qu'il  acheva  dans  sa  patrie,  fl  SinrrïW 
Carthage  que  vers  la  fia  de  septembre  388.  Son  séjour  dans  cette 
ville  ne  fut  pas  long  ;  il  se  retira  avec  ses  amis ,  qui  étaient  animai 
des  mêmes  sentiments  que  lui ,  dans  une  maison  qu'il  possédait  à 
la  campagne.  11  y  passa  près  de  trois  ans  dans  le  détachement  dn 
choses  de  la  terre ,  dans  la  pratique  de  l'oraison,  du  jeûne  et  dn 
autres  exercices  de  piété ,  méditant  jour  et  nuit  la  loi  du 
et  instruisant  les  autres  par  ses  discours  et  ses  ouvrages.  H 
son  patrimoine  à  l'église  de  Tagaste ,  à  condition  qu'elle  fourni- 
rait à  ses  besoins  et  à  ceux  de  son  fils  dans  l'état  qu'il  avait  em- 
brassé. Tout  était  commun  parmi  les  nouveaux  religieui.  "As- 
gustin  avait  aliéné  jusqu'à  la  maison  dans  laquelle  il  demeurait 

Il  fut  ordonné  prêtre  comme  malgré  lui  ;  Une  put  se  d'>ptrtr 
de  céder  aux  vives  instances  des  habitants  d'Hippoue.  Admis  aux 
fonctions  du  sacerdoce ,  il  vint  habiter  cette  ville  avec  plufleun 
religieux.  U  y  fonda ,  avec  le  secours  de  l'évéque  Valère ,  une  nou- 
velle communauté  ;  plus  tard  il  y  fonda  aussi  un  monastère  de 
religieuses,  dont  il  confia  le  gouvernement  à  sa  sœur,  devenue 
veuve. 

Augustin  avait  quarante-deux  ans ,  et  il  y  avait  près  de  trois 
ans  qu'il  vivait  retiré  dans  les  environs  de  Tagaste ,  lorsqu'à  396 
Valère  le  demanda  pour  son  coadjuteur,  et  l'obtint.  Augustin 
sentit  toute  sa  vie  le  poids  de  la  charge  épiscopale.  En  même 
temps,  disait* il  à  son  peuple,  que  nous  vous  parlons  d'un  lieu 
eminent,  comme  élevé  au-dessus  de  vous ,  notre  crainte  nous  met 
sous  vos  pieds ,  parce  que  nous  savons  que  ce  trône  nous  expose 
à  un  grand  danger  à  cause  du  compte  qu'il  faudra  rendre. 

On  sait  que  ce  saint  évéque  eut  à  combattre  une  hérésie  qui  atr 
taqua  le  cœur  et  l'Ame  de  la  religion,  en  détruisant  la  grâce  du 
Sauveur  qui  nous  fait  chrétiens.  Pelage  avait  trouvé  beaucoup/ 
de  sectateurs.  Augustin  prêcha  d'abord  contre  ces  nouveaux  hé- 
rétiques ,  et  il  fut  ensuite  engagé  à  prendre  la  plume  pour  réfuter 
leurs  erreurs,  en  voyant  les  écrits  qu'ils  répandaient  dans  k? 
public. 

v  Saint  Augustin  était  regardé  comme  le  plus  savant  évéque  de* 
son  siècle  et  le  docteur  de  toutes  les  Eglises.  La  sainteté  de  ses 
mœurs  le  rendait  aussi  le  modèle  des  plus  saints.  Ses  meubles  et 


28   août.    —   S.   AUGUSTIN,   DOCTEUR.  Itffr 

ses  habits  étaient  modestes ,  sans  affectation  rde  propreté  ni  de 
pauvreté.  Sa  table  était  frugale  :  on  n'y  serrait  ordinairement  que 
des  herbes  et  des  légumes  ;  on  y  ajoutait  quelquefois  de  la  chair 
pour  les  hôtes  et  les  infirmes  ;  mais  il  y  avait  toujours  du  vin.  Hors 
les  cuillers  qui  étaient  d'argent,  toute  la  vaisselle  était  de  terre, 
de  bois  ou  de  marbre. 

On  faisait  la  lecture  pendant  les  repas  :  ses  clercs  vivaient  et 
mangeaient  avec  lui ,  et  ils  étaient  vêtus  et  nourris  à  frais  com- 
muns. Aucune  femme  ne  demeura  jamais  ni  ne  fréquenta  sa 
maison,  pas  même  sa  sœur;  car,  disait-il ,  quoique  les  femmes 
que  les  conciles  nous  permettent  d'avoir  chez  nous ,  comme  sœurs, 
nièces  ou  cousines  germaines ,  soient  hors  de  tout  soupçon ,  elles 
attirent  nécessairement  d'autres  femmes  dont  la  fréquentation 
n'est  pas  sans  péril  on  sans  scandale.  11  ne  faisait  point  d'autres 
visites  que  celles  des  malades,  et  de  ceux  qui  étaient  dans  l'af- 
fliction. Il  avait  un  grand  soin  des  pauvres ,  et  il  exerçait  l'hos- 
pitalité avec  joie.  11  laissait  le  soin  du  temporel  à  des  économes 
fidèles  qui  lui  rendaient  compte.  Quand  l'argent  de  l'Église  man- 
quait, il  déclarait  à  son  peuple  le  besoin  des  pauvres,  et  quel- 
quefois ,  pour  y  subvenir  ou  pour  racheter  les  captifs ,  il  faisait 
fondre  les  vases  sacrés. 

Ce  saint  docteur,  se  voyant  âgé  de  près  de  soixante-douze  ans, 
voulut  pourvoir  au  choix  de  son  successeur.  Il  assembla  donc  son 
peuple  dans  la  grande  église  d'Hippône,  le  26  de  septembre  425, 
et  lui  dit  :  Nous  sommes  tous  mortels  :  dans  la  jeunesse,  on  es- 
père un  âge  plus  avancé;  mais,  lorsqu'on  est  parvenu  à  une  grande 
vieillesse,  on  ne  peut  plus  espérer  de  nouvelles  années.  Je  sais 
combien  les  Églises  sont  ordinairement  troublées  après  la  mort  de 
leurs  évéques ,  et  je  dois ,  autant  que  je  le  puis ,  empêcher  qu_c  ce 
mal  n'arrive  parmi  vous.  Afin  donc  que  personne  ne  se  plaigne 
de  moi,  je  vous  déclare  ma  volonté,  que  je  crois  être  celle  de  Dieu  : 
je  souhaite  que  le  prêtre  Éraclus  soit  mon  successeur.  Tous  ap- 
plaudirent à  ce  choix  :  et  dès  ce  moment  saint  Augustin  se  dé- 
chargea sur  lui  du  poids  de  ses  occupations  ;  mais  il  l'assistait 
de  ses  conseils  et  se  prêtait  aux  affaires  qui  le  demandaient  abso- 
lument. 11  employa  le  reste  de  sa  vie  à  méditer  l'Écriture  sainte , 
à  prier,  et  à  composer  des  ouvrages  pour  défendre  la  foi  de  l'É- 
glise, et  donner  des  règles  de  mœurs.  Enfin,  pendant  que  les 
Vandales  assiégeaient  Hippône ,  il  fut  attaqué  d'une  fièvre  vio- 
lente qui  le  conduisit  au  tombeau. 


196     29  août.   —  DÉCOLLATION    DE  S.    JEAN-BAPTISTE. 

Pendant  sa  maladie,  il  fit  attacher  contre  le  mur,  près  de  sou 
lit ,  les  psaumes  pénitentiaux,  et  il  demandait  sans  cesse  à  Dieu 
de  pénétrer  son  cœur  des  sentiments  qu'ils  renferment.  De  peur 
d'être  détourné  de  ces  pieux  exercices ,  il  défendait ,  environ  dix 
jours  avant  son  décès,  qu'on  laissât  entrer  personne  dans  sa  cham- 
bre, excepté  à  certaines  heures  qu'il  marqua.  Il  conserva  une 
entière  connaissance  jusqu'à  sa  mort ,  qui  arriva  le  28  août  do 
l'an  430. 

Il  a  composé  un  grand  nombre  d'ouvrages,  dont  une  partie  a 
été  traduite  en  français.  Les  Gdèles  ne  peuvent  trop  lire  son  livre 
des  Confessions,  monument  éternel  de  l'humilité  de  ce  grand 
docteur,  et  qui  jusqu'à  présent  a  fait  les  délices  et  l'admiration 
de  toutes  les  personnes  de  piété.  On  a  aussi  ses  lettres  en  fran- 
çais ,  ses  sennons ,  ses  traités  sur  la  grâce ,  ses  commentaires 
sur  les  psaumes  ;  il  y  a  beaucoup  à  profiter  à  la  lecture  de 
écrits. 


29  août.  —  LA  DÉCOLLATION  DE  SAINT  JEAN- 

BAPTISTE.  —  1er  siècle. 

Jean-Baptiste,  retiré  dès  son  enfance  dans  le  désert,  y  avait 
passé  plus  de  trente  ans  dans  une  austère  pénitence.  Son  vêtement 
était  un  cilicc  fait  de  poil  de  chameau,  qu'il  tenait  serré  autour 
de  ses  reins  avec  une  ceinture  de  cuir.  Pour  nourriture,  il  n'avait 
que  des  sauterelles  et  du  miel  sauvage ,  c'est-à-dire  la  nourriture 
des  plus  pauvres,  et  il  vivait  inconnu  au  monde,  dans  l'exercice 
continuel  de  la  prière  et  de  la  méditation  des  choses  saintes.  Mail 
enfin  Dieu  tira  cette  lumière  des  ténèbres  qui  la  cachaient.  L'ai 
quinzième  de  l'empire  de  Tibère,  c'est-à-dire  vers  l'an  30  de  Jé- 
sus-Christ ,  la  parole  du  Seigneur  se  fit  entendre  à  Jean  dans  le 
désert,  et  il  vint  sur  les  bords  du  Jourdain,  aux  environs  de  Jéri- 
cho. Il  prêchait  le  baptême  de,  la  pénitence  et  annonçait  la  venue 
du  Messie,  disant  qu'il  était  envoyé  pour  lui  préparer  les  voies. 
Tout  le  pays  venait  à  lui,  et  les  peuples,  touchés  de  ses  pré- 
dications ,  confessaient  leurs  péchés  et  recevaient  de  lui  le  bap- 
tême. 

Pendant  que  saint  Jean  baptisait  et  instruisait  ainsi  les  pécheurs, 
le  Sauveur  même  des  pécheurs,  le  Juste  et  le  Saint  par  excel- 
lence, Jésus-Christ  enfin,  voulut  aussi  être  baptisé  par  lui.  Il  vint 


r' 


29  août.    —  DÉCOLLATION   DE  S.    JEAN-BAPTISTE.      15)7 

te  pour  cela  de  Nazareth  vers  le  Jourdain,  et  se  présenta  pour 
)  baptisé  comme  les  autres.  Saint  Jean  reçut  en  ce  moment  une 
aère  d'en  haut,  qui  lui  ût  connaître  que  c'était  le  Messie.  Saisi 
•s  de  vénération  et  de  respect,  il  s'excusa  de  baptiser  celui  qu'il 
lit  être  son  Sauveur  et  son  Dieu,  et  qui  venait  ôter  le  pêche 
monde;  mais  il  fut  obligé  de  céder  à  celui  qui  venait  accomplir 
g  justice,  c'est-à-dire  toute  humilité.  Il  le  baptisa  dans  le  Jour- 
l,  et,  quand  Jésus  fut  sorti  de  l'eau,  les  cieux  s'ouvrirent,  et  le 
it- Esprit  descendit  sur  lui. 

ean  continua  de  baptiser  jusqu'à  son  emprisonnement.  La 
se  de  sa  détention  fut  la  liberté  avec  laquelle  il  reprenait  Hé- 
)  le  Tétrarque  de  tous  ses  crimes,  et  particulièrement  de  ce 
l  avait  épousé  Hérodiade,  femme  de  Philippe  son  frère ,  dont 
avait  une  ûlle  nommée  Salomé.  Jean  représenta  à  Hérode  l'é- 
nité  de  ce  crime ,  et  lui  dit  que  la  loi  de  Dieu  lui  défendait 
oir  la  femme  de  son  frère  ;  ce  prince,  ne  pouvant  souffrir  la 
rté  du  saint  Précurseur,  l'envoya  chargé  de  chaînes  au  château 
dacheronte.  Hérodiade,  non  contente  de  le  voir  en  prison , 
ut  le  faire  mourir  ;  mais  la  crainte  du  peuple  retenait  Hérode  ; 
ailleurs,  comme  il  ne  pouvait  pas  se  dissimuler  à  lui-même 
Jean  était  un  juste  et  un  saint ,  il  avait  du  respect  pour  lui , 
iivait  ses  avis  dans  toutes  les  occasions  où  sa  passion  n'était 
t  intéressée.  Ainsi  Jean  demeura  prisonnier  jusqu'à  ce  que 
temps  fût  accompli. 

s  disciples  avaient  assez  de  générosité  pour  ne  pas  l'abandonner 
►  sa  prison.  Mais,  comme  il  était  venu  pour  préparer  les  voies 
ieigneur,  il  ne  pensa  qu'à  leur  faire  connaître  celui  qui  seul 
leur  libérateur  et  leur  maître.  Ayant  appris  d'eux  les  miracles 
ésus-Christ,  il  envoya  deux  de  ses  disciples  lui  demander  s'il 
celui  qu'on  attendait  depuis  le  commencement  du  monde  ; 
s-Christ  répondit  par  des  miracles ,  qui  étaient  des  preuves 
a  divinité  et  de  sa  mission.  Jean  ne  doutait  pas  que  Jésus  ne 
e  Christ  ;  mais  il  voulait  que  ses  disciples  s'en  convainquissent 
eurs  propres  yeux. 

îelque  temps  après,  Hérodiade,  ayant  trouvé  une  occasion 
rable  pour  satisfaire  sa  haine  contre  saint  Jean,  s'empressa 
profiter.  Hérode  célébrait  le  jour  de  sa  naissance,  et  donnait 
rand  festin  à  ceux  de  sa  cour,  dans  le  château  même  de  Maehe- 
?,  où  Jean  était  en  prison.  Pendant  que  les  convives  étaient 
iés  par  le  plaisir  qui  les  avait  assemblés,  Salomé,  fille  d'Ilé- 

17. 


198  29  août.   —   SAINTE   SABINE,   MARTYRE. 

rodiade  et.  de  Philippe ,  son  premier  mari ,  oubliant  la  modes! 
qui  convenait  à  son  sexe  et  à  sa  qualité ,  entra  dans  In  salle  i 
festin,  et  dansa  devant  le  roi  d'une  manière  qui  fit  grand  plaisii 
ce  prince.  Hérode,  dans  la  chaleur  du  vin  et  de  la  bonne  chèi 
dit  à  Salomé  :  Demandez-moi  ce  que  vous  voudrez,  et  je  vo 
raccorderai ,  quand  ce  serait  la  moitié  de  mon  royaume  ;  et 
confirma  cette  promesse  par  un  serment.  Salomé  sortit  de  la  sai 
et  alla  rapporter  à  sa  mère  ce  que  le  roi  avait  dit.  Hérodiade,  c 
n'était  occupée  que  de  la  perte  de  son  prisonnier,  fit  demand 
sa  tête.  Salomé  rentra  aussitôt,  et  dit  à  Hérode  :  Donnez-n 
dans  ce  plat  la  tête  de  Jean-Baptiste.  Le  roi  fut  attristé  de  cet 
demande ,  car  il  conservait  toujours  quelque  respect  pour  sai 
Jean  ;  mais ,  comme  il  s'était  engagé  par  serment  devant  une 
grande  compagnie ,  il  fut  arrêté  par  une  honte  aussi  crimine 
que  sa  promesse  avait  été  imprudente ,  et  il  n'osa  se  rétracti 
Ainsi  il  envoya  un  de  ses  gardes  pour  couper  la  tête  au  saint  Pi 
curseur,  dans  la  prison.  On  apporta  ensuite  cette  tête  à  Salom 
sur  un  plat  ;  celle-ci  osa  la  prendre  dans  ses  mains  pour  la  mo 
trcr  à  sa  mère.  Saint  Jérôme  dit  que  cette  femme ,  voulant 
venger  de  la  liberté  avec  laquelle  saint  Jean  lui  avait  reprocl 
ses  désordres,  lui  perça  la  langue  avec  un  poinçon.  La  mort  < 
saint  Jean  eut  lieu  sur  la  fin  de  l'an  31,  ou  au  commencement  < 
Tan  32  de  Jésus-Christ.  Ses  disciples  emportèrent  son  corps  - 
l'enterrèrent  honorablement. 


29  août.  —  S AINTE  SABINE,  martyre.  —  2e  siècle. 

Sabine ,  dame  de  Ronie ,  épouse  de  Valentin,  personnage  trè 
distingué ,  fut  instruite  par  la  vierge  Séraphie  dans  les  principi 
de  Ja  foi  chrétienne.  Après  le  martyre  de  cette  sainte  fille,  eil 
donna  la  sépulture  à  ses  restes  qu'elle  avait  recueillis,  et  lui  fit  d 
pieuses  funérailles.  C'est  pour  cette  raison  que  peu  de  temps  aprà 
sous  le  règne  de  l'empereur  Adrien,  elle  fut  arrêtée,  et  citée  d( 
vant  le  juge  Elpidius.  «  N  es-tu  pas,  lui  dit-il,  cette  Sabine  j 
illustrée  par  sa  naissance  et  son  mariage?  C'est  moi,  dit-eJk 
mais  je  rends  grâce  à  Jésus- Christ,  mon  Seigneur,  qui  pfl 
f  intervention  de  sa  servante  Séraphie,  m'a  délivrée  de  feêcia 
vage  des  démons.  Après  l'avoir  éprouvée  de  différentes  manièft 
pour  changer  sa  résolution  ;  mais  sans  pouvoir  ébranler  sa  cott 


99  OOÙt.  —    8.   MERfiY.  1WI 

la  foi,  le  préfet  la  condamna  à  mort  comme  coupable 
Mil  envers  les  dieux.  Son  corps  fut  placé  par  les  chrétiens 
wiflme  tombeau  où  elle-même  avait  placé  Séraphie,  sa  mal* 

la  foi. 


—  SAINT  MÉDÉR1C  ou  MERRY ,  abbé.  — 
8e  siècle. 

£iç  onlferry  naquit  à  Autun  dans  le  septième  siècle.  Dès 
alinbe  ans,  Dieu  lui  inspira  le  ferme  désir  de  renoncer  au 
L  l'opposition  que  ses  parents  y  apportèrent  ne  servit  qu'à 
éprouver  sa  vocation.  Sa  persévérance  leur  fit  connaître  la 
f  je  Dieu  :  craignant  de  s'y  opposer,  ils  allèrent  eux-mé- 
pir  leur  fils  à  l'un  des  monastères  de  la  ville,  que  Ton  croit 
laide  Saint-Martin.  Merry  y  trouva  cinquante-quatre re- 
ijui  vivaient  fort  régulièrement.  Il  les  édifia  par  sa  dou- 
:son  humilité,  par  son  obéissance  et  sa  charité. 
fcala  mort  de  l'abbé  du  monastère,  il  fut  mis  à  sa  place  d'un 
fanent  unanime.  Il  eut  beaucoup  de  peine  à  se  déterminer 
vtar  cette  dignité  ;  mais  il  fut  obligé  de  se  rendre  aux  vœux 
igieux ,  des  peuples  voisins  du  monastère  et  même  de  l'é- 
Dès  qu'il  se  vit  à  la  tête  des  autres,  il  ne  songea  plus  qu'aux 
s  de  remplir  ses  obligations.  Il  ne  prescrivait  rien  à  ses  rc- 
qu'il  ne  pratiquât  le  premier  ;  il  marchait  toujours  devant 
ur  les  conduire  et  leur  aplanir  les  difficultés  qui  auraient 
rebuter.  Sa  nouvelle  dignité  ayant  fait  connaître  son  nom 
Ttu  plus  qu'auparavant,  augmenta  aussi  l'opinion  que  l'on 
s  sa  sainteté.  On  venait  le  consulter  des  endroits  les  plus 
s  de  la  Bourgogne  ;  et,  quoique  ce  ne  fût  que  sur  des  af- 
anj  ne  regardaient  que  le  spirituel ,  il  craignit  la  vanité 
i-méme,  et  de  ne  pouvoir  plus  vaquer  aux  exercices  de  sa 
Haute  :  c'est  ce  qui  le  porta  à  quitter  le  cloître  pour  aller 
«r  dans  un  désert  à  cinq  quarts  de  lieue  d' Autun,  que  l'on 
encore  aujourd'hui  la  Celle  de  Saint- Merry. 
lint  trouva  la  solitude  fort  douce  tant  qu'il  pût  y  demeurer 
1.  Les  besoins  du  corps  ne  lui  donnaient  point  d'inquié- 
leeoutumé à  une  vie  dure,  il  travaillait  des  mains,  et  ne 
ât  que  ce  qu'il  apprêtait  lui-même.  Ses  religieux  l'ayant 
attachèrent  de  lui  persuader  de  revenir  :  ils  lui  repré- 
nt  qu'ayant  été  élu  canoniquement ,  il  ne  dépendait  pas  de 


200  30  août.   —  h.    FÉLIX   HT   S.    A1UUCTB,   M. 

lui  d'abandonner  la  conduite  do  ceux  dont  Dieu  même  l'aV^ 
chargé,  et  qu'il  devait  craindre  de  se  rendre  coupable  de  dMffi 
beissanco  à  la  diviue  volonté,  s'il  persistait  à  borner  ses  soins  è  m 
seul.  N'ayant  rien  pu  gagner  sur  son  esprit,  ils  eurent  recotnM 
révoque  d'Autuu,  qui  alla  voir  Merry  dans  son  ermitage,  et  qui b 
menaça  des  censures  de  l'Église ,  s'il  refusait  plus  longtemps  fc 
retourner  à  sa  communauté.  II  obéit,  et  Ton  vit  éclater  plus  que 
jamais  la  charité  qui  animait  toutes  ses  actions. 

Iax  pensée  de  la  retraite  l'occupait  toujours  :  prenant  les  mou- 
vements de  son  cœur  pour  les  marques  d'une  vocation  certaine 
à  la  solitude,  il  sortit  encore  de  son  monastère  pour  aller  visiter 
le  tombeau  de  Saint-Denis,  mais  bien  résolu  de  ne  plus  revenir  à 
Autun.  S'étant  mis  en  chemin  avec  un  de  ses  religieux  nommé 
Frodulphe,  saint  Frau,  il  tomba  malade  dans  le  monastère  de 
(lhampeaux,  à  deux  lieues  et  demie  de  Melun.  11  y  ût  un  long  sé- 
jour pour  y  rétablir  sa  santé.  Son  mal  ne  l'empêchait  pourtant 
pas  de  vaquer  à  ses  exercices  ordinaires  de  piété  dans  l'église  du 
lieu,  ni  même  d'aller  de  jour  à  autre  à  Melun  visiter  les  prison- 
niers et  travailler  à  leur  procurer  la  liberté. 

Comme  ses  incommodités  ne  cessaient  pas,  il  crut  qu'A  étsft 
inutile  de  demeurer  plus  longtemps  à  Ghampeaux ,  et  il  continu 
son  voyage  pour  Paris ,  en  chariot ,  parce  qu'il  ne  pouvait  le  fi&l 
à  pied.  Il  alla,  dit  son  historien ,  se  loger  au  faubourg  du  nord, 
dajis  une  petite  cellule  qui  tenait  à  la  chapelle  de  Saint-Pierre.  D 
n'y  fit  autre  chose  que  prier  et  souffrir  ;  après  avoir  été  malade 
pendant  deux  ans  et  neuf  mois,  il  fut  délivré  des  misères  deeettB 
vie  par  une  heureuse  mort,  que  l'on  croit  avoir  eu  lieu  au  com- 
mencement du  huitième  siècle.  Au  lieu  de  l'ancienne  chapelle  de 
Saint- Pierre,  on  bAtit  depuis  une  grande  église  sur  le  tombeau  de 
saint  Merry.  (Test  celle  qui  porte  aujourd'hui  son  nom.  Les  reli- 
ques de  saint  Merry  s'y  conservent  encore  dans  une  châsse,  as- 
dessus  du  grand  autel. 


30  aoilt.  —  SAINTS  FIÏUX  kt  ADAUCTE,  MARTYRS.  — 

4°  siècle. 

Félix,  arrêté  sous  les  empereurs  Dioclétien  et  Maximien ,  pour 
avoir  embrassé  la  foi  de  Jésus-Christ,  fut  amené  dans  le  temple 
de  Sérapis.  (louime  on  lui  enjoignait  de  sacrifier  à  eo  faux  dieu, 


30  août.   —  S.    F1ACBE,    SOLITAIRE.  20 1 

1  «cracha  au  visage  de- sa  statue,  qui  bien  que  de  bronze  tomba  aus- 
latft  par  terre.  L«  même  prodige  s'étant  renouvelé  dans  le  temple 
4a  Mercure  et  dans  celui  de  Diane,  Félix  fut  accusé  d'impiété  et 
le  magie,  et  torturé  sur  le  chevalet.  Presque  aussitôt  on  le  con- 
■anit  sur  la  voie  d'Ostie,  à  deux  milles  de  Rome ,  pour  qu'il  y  fût 
décapité.  Dans  le  trajet,  il  fut  rencontré  par  un  chrétien  qui,  en 
reconnaissant  Félix,  vit  qu'on  le  menait  au  martyre,  et  s'écria  à 
hante  voix  :  «  Et  moi  aussi  je  vis  sous  la  même  loi  que  celui-ci  : 
J'adore  le  même  Jésus-Christ.  »  Aussi,  après  avoir  embrassé  Fé- 
ak,  il  eut  la  tête  tranchée  en  même  temps  que  lui ,  le  30  du  mois 
èTaoût.  Comme  son  nom  était  inconnu  aux  ûdèles ,  il  fut  célébré 
aoos  celui  QïAdaucte  qui  veut  dire  adjoint,  parce  qu'il  fut  adjoint 
à  vaut  Félix  pour  la  couronne  du  martyre. 


30  août.  —  SAINT  FIACRE,  solitaire.  —  7e  siècle 

Saint  Fiacre,  anciennement  appelé  Saint  Fêfre,  sortait  d'une 
atastre  famille  d'Irlande.  Il  fut  élevé  sous  la  conduite  d'un  évêque 
dîme  grande  sainteté  que  quelques  auteurs  prennent  pour  Conan , 
évêque  de  Soder,  ou  des  îles  Occidentales.  Méprisant  les  avantages 
qu'il  pouvait  se  promettre  dans  le  monde,  il  quitta  sa  patrie  à  la 
fleur  de  l'âge,  et,  accompagné  de  quelques  jeunes  gens,  qui,  comme 
ko,  voulaient  se  consacrer  au  service  de  Dieu,  il  passa  en  France 
pour  y  vivre  dans  la  solitude.  Étant  arrivé  dans  le  diocèse  de 
lfeaux,  il  alla  trouver  le  saint  évêque  Faron,  qui  lui  désigna 
pour  sa  demeure  un  lieu  écarté  dans  une  iorêt  qui  lui  appartenait. 
C'était  Breuil  dans  la  Brie ,  qui  est  environ  à  deux  lieues  de 
Meaux. 

Le  saint,  après  avoir  défriché  une  certaine  étendue  de  terrain , 
sV  construisit  une  cellule,  avec  un  oratoire  en  l'honneur  de  la 
Mère  de  Dieu. Il  s'y  forma  aussi  un  petit  jardin  qu'il  cultivait  de 
tes  propres  mains.  Sa  vie  étant  extrêmement  austère ,  il  n'y  avait 
que  la  nécessité  ou  la  charité  qui  pussent  lui  faire  interrompre 
l'exercice  de  la  prière  et  de  la  contemplation.  Il  partageait  avec 
les  pauvres  le  fruit  de  son  travail.  Plusieurs  personnes  venant  le 
consulter,  il  fit  bâtir  à  quelque  distance  de  sa  cellule,  une  espèce 
d'hôpital  pour  les  étrangers.  Il  y  servait  les  pauvres  lui-même , 
et  leur  rendait  souvent  la  santé  par  la  vertu  de  ses  prières.  Mais 
il  ne  permettait  point  aux  femmes  d'entrer  dans  l'enceinte  de  son 
ermitage.  Ce  dernier  article  était  une  règle  inviolable  chez  les 


202  30  août.   —   SAINTS   ROSE   DE   LIMA. 

moines  irlandais.  Saint  Fiacre  avait  une  sœur,  nommée  Syra:,  1 
qui  mourut  dans  le  diocèse  de  Meaux,  où  elle  est  honorée  courtes  ' 
vierge.  Quant  à  lui,  il  mourut  le  30  août,  vers  Tan  670,  et  futôF  * 
terré  dans  son  oratoire.  Il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  jamais  eu  &  *= 
disciples.  On  transporta  ses  reliques  à  Meaux  en  1568.  Ce  niÉ  ''» 
anachorète  est  depuis  plus  de  mille  ans  le  patron  de  la  Brie.  '  *• 
:-ii 

"k. 

30  août.  —  SAINTE  ROSE  DE  LIMA,  yiergr,  du  Tiii*  ^ 
Obdbe  des  Frères  Prêcheurs.  —  17e  siècle.  ■* 

Première  fleur  de  sainteté  que  vit  s'épanouir  r Amérique  mé-  ^ 
ridionale,  en  la  vierge  Rose,  née,  à  Lima,  de  parents  chrétien,  *t 
brillèrent  dès  le  berceau  des  marques  delà  perfection  qu'elle  dé-  % 
vait  posséder  un  jour  ;  car  ce  fut  dans  sa  première  enfonce  que  (ti 
son  visage,  merveilleusement  transfiguré,  offrit  la  ressemblance  Ht 
d'une  rose,  et  lui  en  ût  donner  le  nom.  Dans  la  suite  la  Vierge,  la 
Mère  de  Dieu,  y  ajouta  un  surnom,  ordonnant  qu'elle  fût  appe-  ty 
lée  désormais  Rose  de  Sainte-Marie  A  cinq  ans,  elle  fit  le  vont 
de  virginité  perpétuelle.  Parvenue  à  la  jeunesse,  elle  coupa  se-  ^ 
crètement  sa  chevelure  qui  était  d'une  grande  beauté  pour  n'être  ^ 
pas  contrainte  au  mariage  par  ses  parents.  Se  livrant  à  des  jeûna 
au-dessus  des  forces  humaines,  elle  passa  des  carêmes  entiers  , 
sans  manger  même  de  pain,  et  ne  se  soutenant  qu'avec  cinq  pé-   * 
pins  de  citron  qu'elle  prenait  chaque  jour.  -.   ^ 

Après  avoir  revêtu  l'habit  du  Tiers-Ordre  de  Samt-DomimqtN,  f* 
elle  redoubla  ses  premières  austérités.  Elle  se  couvrit  le  corps  d'ut  ^ 
cilice  long  et  fort  rude  qu'elle  avait  parsemé  d'aiguilles  fines,  et  * 
porta  nuit  et  jour  sous  son  voile  une  couronne  hérissée  «Ton  ^ 
grand  nombre  de  pointes  aiguës.  Marchant  dans  la  voie  ardue  *!» 
qu'avait  suivie  sainte  Catherine  de  Sienne,  elle  se  ceignit  lee  ? 
reins  d'une  chaîne  de  fer  qui  faisait  trois  fois  le  tour  de  son  corpi,  j* 
et  se  composa  un  lit  de  troncs  noueux  dont  elle  remplit  kê  ^ 
intervalles  avec  des  morceaux  de  pots  cassés.  Elle  se  construiat  *4 
enfin  une  cellule  très-étroite  dans  un  angle,  et  tout  au  bout  h 
d'un  jardin,  où  livrée  à  la  contemplation  des  choses  du  Ciel,  elle  *i 
exténuait  son  corps  déjà  si  frêle  en  se  donnant  fréquemment  la  *\ 
discipline,  et  par  le  jeûne  et  les  veilles.  Fortifiée  par  la  vie  spîri-.  >t 
tuelle,  elle  fut  victorieuse  des  attaques  extérieures  du  démon,  et  ^ 
dans  une  lutte  fréquente  elle  le  terrassa  avec  intrépidité,  et  elle  en  ^ 
triompha.  *: 


31    août.  —  S.   RAYMOND   NONNAT.  20S 

élément  pers  cutée  par  les  souffrances  des  maladies,  les 
s  des  domestiques,  et  les  morsures  de  la  calomnie,  elle 
;nait  de  n'être  pas  encore  aussi  affligée  qu'elle  le  méritait, 
it  quinze  années,  pendant  bien  des  heures,  ayant  l'esprit 
te  à  la  désolation  et  à  l'aridité  la  plus  malheureuse,  elle 
ta  avec  courage  des  combats  qui  lui  causaient  plus  d'â- 
ne et  de  douleurs  que  toute  espèce  de  mort.  Ensuite,  elle 
nça  à  être  inondée  de  délices  célestes,  à  être  favorisée  par 
ons  et  à  se  fondre  dans  des  ardeurs  séraphiques.  Jouissant 
eu  d'apparitions  continuelles  d'une  sainte  familiarité  avec 
ce  gardien,  avec  sainte  Catherine  de  Sienne  et  la  sainte 
,  Mère  de  Dieu,  elle  mérita  d'entendre  ces  paroles  que 
Jésus-  Christ  :  «  Rose  de  mon  cœur,  sois  mon  épouse 
«  Enfin,  transportée  en  l'année  1617  par  une  mort 
muse  dans  le  paradis  de  son  divin  Fiancé,  et  glorifiée  par 
ibreux  miracles  avant  et  après  sa  mort,  le  pape  Clément  X 
rit  solennellement  sur  le  catalogue  des  saintes  vierges. 


tût.  SAINT  RAYMOND  NONNAT,  confesseur   — 

1 3e  siècle. 

nond  fut  surnommé  Nonnat  ou  Non-né,  parce  que  con- 
tent aux  lois  ordinaires  de  la  nature  il  ne  vit  le  jour  qu'à 
le  flanc  séparé  de  sa  mère  qui  venait  de  mourir.  Il  naquit  à 
en  Catalogne,  de  parents  pieux  et  nobles,  et  donna  dès 
ance  des  marques  de  sa  future>sainteté.  Il  s'appliqua  de 
retire  à  l'étude  des  lettres,  mais  ensuite  menant  la  vie  de 
»agne  par  Tordre  de  son  père,  il  se  rendait  souvent  à  une 
5  de  Saint-Nicolas,  située  sur  le  territoire  de  Portel,  pour  y 
me  sainte  image  de  la  Mère  de  Dieu,  qui  maintenant  en- 
;  en  grande  vénération  pour  les  fidèles.  Là,  se  répandant 
res,  il  demandait  à  la  Mère  de  Dieu  de  l'adopter  pour  son 
de  lui  enseigner  la  voie  du  salut  et  la  science  des  saints. 
ne  et  miséricordieuse  Vierge  exauça  ses  vœux,  et  lui  fit 
ndre  qu'il  lui  serait  très-agréable  s'il  entrait  dans  l'ordre 
x  récemment  fondé  d'après  son  inspiration,  sous  le  titre 
erci,  ou  de  la  Miséricorde  pour  la  Rédemption  des  captifs. 
od,  sur  cet  avertissement,  partit  aussitôt  pour  Barcelone, 
•assa  un  institut  si  excellent  pour  la  charité  qu'on  y  exerce 
le  prochain.  Il  en  accomplit  toutes  les  règles,  et  en  acquit 


201  31   IWÙt.    —  LA.    B.    1SA1IKM.K  DE    KRANCR 

toutes  les  vertus.  Knvoyé  eu  Afrique  pour  racheter  des  cap 
après  eu  avoir  délivré  déjà  beaucoup  de  l'esclavage,  comme 
argent  était  épuisé,  et  qu'il  redoutait  pour  d'autres  le  péril  proc 
d'abjurer  la  foi,  il  se  donna  lui-même  en  gage.  Mais  comme 
dent  désir  du  salut  des  âmes  dont  il  était  consumé  lui  fit  i 
vertir  à  Jésus-Christ  par  ses  instructions  beaucoup  de  mahométa 
l<*s  Itarbarcsqucs  le  jetèrent  dans  une  étroite  prison  où  il  soi 
plusieurs  tourments  -,  on  lui  perça  les  lèvres,  et  on  lui  ferai 
bouche  avec  un  cadenas  ;  ce  qui  lui  fit  endurer  longtemps  un  < 
martyre.  Ces  traits  et  d'autres  preuves  encore  de  son  couragi 
roïque,  répandirent  de  toute  part  la  renommée  de  sa  sain 
Grégoire  IX  en  fut  si  touché,  qu'il  associa  Raymond  au  co 
des  cardinaux  ;  dans  cette  dignité,  il  montra  toujours  un  atb 
meut  extrême  à  l'humilité  religieuse.  Use  rendait  à  Rome,  q 
il  fut  atteint  à  Cordoue  de  sa  dernière  maladie.  11  y  mouru 
l'an  1240. 


31  août.  LA  RIKNIIKIJRKUSK  ISARKLLK   DE  FRA* 

viKitoK.  —  13"  siècle. 

Isabelle  était  l'unique  fille  du  roi  de  France,  Louis  VIII,  > 
Manche  deCastille;  elle  naquit  en  1125,  environ  dix  anse 
saint  Louis,  son  frère.  KUc  fut  riche  des  qualités  du  corps  e 
l'esprit  :  ces  dons  naturels  furent  perfectionnés  par  la  grâce 
baptême.  Elle  n'avait  pas  vingt-un  mois,  qu'elle  perdit  le  ro 
père.  Blanche,  sa  mère,  qui  l'aimait  tendrement,  prit  un 
particulier  de  son  éducation  ;  elle  ne  négligea  pas  de  lui  do 
des  maîtres  pour  les  sciences,  et,  ce  qui  est  étonnant  dans 
personne  de  son  sexe,  elle  apprit  si  parfaitement  le  latin  qi 
corrigeait  souvent  les  écritures  des  chapelains  de  la  cour.  I 
qu'elle  fut  suffisamment  instruite  des  sciences,  elle  apprit  à 
vailler  aux  différents  ouvrages  qui  convenaient  h  son  sexe. 

Toute  la  vie  d'Isabelle  ne  fut  plus  qu'une  suite  continuel] 
prières,  de  lectures  et  de  travail,  surtout  depuis  l'âge  de  ti 
ans,  qu'elle  prit  une  ferme  résolution  de  se  consacrer  à  Dieu. 
renonça  dès  lors  à  tous  les  amusements  de  la  cour  qui  occu 
si  sérieusement  la  plupart  des  personnes  de  son  sexe  et  <! 
qualité,  et  quoique,  pour  obéir  à  la  reine  sa  mère,  elle  portai 
habits  convenables  à  son  rang,  elle  ne  cessait  de  marquer  le 
pris  qu'elle  faisait  des  ajustements  et  des  parures.. 


1er  septembre.  —  sainte  philomkivk.  205 

nies  les  affections  de  son  cœur  se  tournèrent  vers  Dieu,  et 
aérant  Jésus-Christ  dans  la  personne  des  pauvres,  ceux-ci 
(t  auprès  d'elle  en  plus  grande  considération  que  tout  le  reste 
mimes.  Elle  ne  leur  préféra  pas  le  roi  saint  Louis  même,  ce 
qui  lui  était  si  cher.  Un  jour  ce  bon  prince,  lui  voyant 
ner  un  bonnet  qu'elle  avait  filé  de  sa  main,  la  pria  de  lui  en 
présent,  en  l'assurant  qu'il  le  regarderait  comme  un  gage 
xrx  de  son  amitié,  et  qu'il  s'en  servirait  pour  l'amour  d'elle. 
rère,  répondit-elle,  comme  c'est  le  premier  ouvrage  de  cette 
e  que  j'aie  encore  filé,  je  le  destine  à  Jésus-Christ  :  les  pré- 
.  hri  appartiennent.  Le  roi  le  trouva  bon  ;  mais  il  la  pria  d'en 
im  antre  pour  lui.  Elle  le  lui  promit,  en  cas  qu'elle  reprît 
espèce  de  travail.  En  même  temps  elle  envoya  ce  bonnet  à 
aurore  malade  dont  elle  prenait  soin. 
mort  de  la  reine  Blanche,  arrivée  l'an  1252,  ayant  rompu  les 
qui  pouvaient  retenir  Isabelle  à  la  cour,  elle  se  retira  dans  le 
stère  de  Longchamps,  qu'elle  avait  fait  bâtir.  Ses  fréquentes 
rites,  qui  lui  faisaient  craindre  d'être  obligée  de  recourir  à 
jspenses  qui  auraient  pu  nuire  à  la  régularité  du  monastère, 
échèrent  de  faire  profession  ;  mais  elle  n'en  fut  pas  moins  sc- 
du  monde,  et  elle  n'en  édifia  pas  moins  le  couvent  par  les 
pies  de  retraite,  de  mortification  et  des  autres  vertus  qu'elle 
i  à  la  communauté.  Ses  infirmités  augmentèrent  à  un  tel 
,  que  les  dernières  années  de  sa  vie  se  passèrent  dans  une 
continuelle  de  divers  maux.  Elle  y  fit  paraître  une  patience 
3  soumission  aux  ordres  de  Dieu  qui  furent  le  sujet  de  l'ad- 
ion  publique.  Dieu  l'appela  à  lui  le  22  février  de  l'an  1271, 
le  quarante-trois  ans,  moins  quelques  jours.  Saint  Louis  as- 
i  ses  funérailles,  et  paya  le  dernier  tribut  d'amitié  à  sa  sœur 
q  discours  plein  d'onction  d'amitié  aux  religieuses  pour  les 
1er  de  la  perte  qu'elles  faisaient. 

Fin  du  mois  d'août. 


n  septembre.  —  SAINTE  PIIILOMÈNE ,  vierge  et 

MARTYRE.  —  4e  siècle. 

•mi  les  tombeaux  des  martyrs  qu'on  trouve  habituellement 
e  cimetière  de  Priscille,  sur  la  voie  Salaria,  se  rencontra 

18 


20«  rr  septembre.  —  saint  gilles,  abbé. 

celui  dans  lequel  avait  été  déposé  le  corps  de  sainte  Philomj 
comme  on  le  lisait  d'après  l'inscription  tumulaire  apposée 
trois  briques.  Quoique  Ton  y  ait  trouvé  une  fiole  de  sang ,  et 
Ton  y  ait  aussi  aperçu  sculptées  d'autres  marques  du  mart 
Ton  doit  déplorer  que  la  vie  de  cette  sainte  ainsi  que  les  acte 
son  martyre  et  son  genre  de  mort  soient  restés  inconnus, 
reste,  aussitôt  que  ce  corps  sacré,  don  de  la  munificen© 
Pie  Vil ,  au  commencement  de  son  pontificat ,  eut  été  exp< 
la  vénération  du  peuple  fidèle,  à  Mugnano,  dans  le  diocès 
INola ,  ce  culte  acquit  tout  à  coup  grand  renom  et  célébrité 
dévotion  envers  la  sainte  martyre  se  répandit  de  jour  en  j 
principalement  à  l'occasion  des  miracles  que  Ton  rapportai 
tous  côtés  s'être  accomplis  par  sa  protection.  11  en  arriva  ty 
pape  Grégoire  XVI,  touché  des  demandes  que  lui  adress 
beaucoup  d'évéques  et  de  personnes  dévouées  au  culte  de  s 
Philomène ,  après  avoir  mûrement  examiné  toute  cette  affi 
daigna  permettre  de  célébrer  sa  fête  avec  l'office  et  la  nw 
dans  le  diocèse  de  JNola ,  et  ailleurs. 

1er  septembre.  —  SAINT  GILLES,  abbé.  —  6e  ou  7e  si 

Gilles,  Athénien,  qui  était  de  race  royale,  s'appliqua  tellei 
dès  sa  jeunesse  aux  lettres  divines  et  aux  devoirs  de  la  clia 
qu'il  ne  paraissait  point  se  soucier  d'autre  chose.  Aussi  après  lai 
de  ses  parents  distribua-t-il  aux  pauvres  son  patrimoine  tou 
tier.  De  plus  il  se  dépouilla  de  sa  propre  tunique  pour  en 
vrir  un  malade  qui  était  dans  le  besoin,  et  ce  dernier,  s'en  < 
revêtu,  recouvra  la  santé.  Des  miracles  nombreux  l'ayant  r 
encore  plus  célèbre,  il  craignit  sa  propre  renommée ,  et  se  r 
à  Arles  auprès  du  bienheureux  Césaire.  Au  bout  de  deux  ans 
loignant  de  lui ,  il  se  retira  dans  une  solitude  où  il  vécut  pei 
longtemps  de  racines  et  du  lait  d'une  biche  qui  venait  le  trou 
de  certaines  heures.  Un  jour  cette  biche,  que  poursuivait  la  n 
du  roi  qui  régnait  sur  cette  contrée ,  vint  se  réfugier  dans  la  g 
qu'habitait  saint  Gilles;  ce  qui  porta  le  roi  de  cette  partie 
Gaule  à  supplier  le  solitaire  de  souffrir  qu'on  lui  bâtît  un  m( 
tère  au  lieu  de  cette  caverne.  Il  en  prit  la  direction  malgré  lu 
cédant  aux  sollicitations  du  prince,  et  après  avoir  rempli  les  de 
de  supérieur  pendant  quelques  années  avec  prudence  et  piéi 
s'en  alla  au  ciel. 


Ier  septembre.  —  g.  leu.  207 


septembre  —  SÀLNT  LEU,  archbvêqdb  di  Sens. 

—  7e  siècle. 

■ 

Xea  naquît  vers  le  mîliea  ,  dans  le  dio- 

Wtett  d'une  famille  alliée  i  l  rois,  sa  e,  nommée 
(Ma,  loi  procura  une  éducai  .  cjle  lui  apprit 

tfUe  Jésus-Christ,  et  la  grâce  le  iiunt  ai 
|et  dévotions  principales  de  saint  Leu      it  de 
pMfli  martyrs  :  on  sait  que  c'était  i        a       m      a 
mêêiïim  Pour  imiter  leurs  soufiranc     ai  qu         en 
kkeaucoup,  et  domptait  sa  chair  par  p  si    . 

Qttme  les  veilles,  les  longues  prières  eues  nui 
ÀMft  de  tout  ce  qui  pouvait  satisfaire  ses  sens. 
•06*  Dieu  le  plaça  sur  le  siège  de  l'église  de  Sens.  11  vécut 
tt»  dignité  en  pasteur  vigilant  qui  aime  son  troupeau ,  et 
persuadé  qu'il  rendra  compte  à  Dieu  de  la  manière  dont 
geeverné.  H  l'instruisait  souvent  par  ses  exhortations  et  en 
rç*  par  son  exemple.  Il  s'informait  des  besoins  de  chacun, 
tiquait  à  y  pourvoir. 

tèle  et  sa  vertu  lui  suscitèrent  des  envieux ,  et ,  parce  qu'il 
éaWe  à  Dieu,  les  hommes  le  persécutèrent.  Après  la  mort 
rry,  Qotaire  II ,  voulant  s'emparer  de  la  Bourgogne ,  en- 
•quer  Sens.  Le  saint  prélat ,  qui  craignait  pour  son  peuple 
rires  qui  suivent  ordinairement  la  guerre ,  entra  dans  son 
tthédrale ,  sous  l'invocation  de  saint  Etienne,  et  sonna  la 
KHir  appeler  le  peuple ,  qui  vint  se  mettre  en  prières  avec 
l  les  exauça  :  l'ennemi  fût  saisi  d'une  épouvante  subite  et 
u  Cependant  Qotaire,  ayant  réuni  la  monarchie  française 
sommation ,  envoya  en  Bourgogne  un  homme  de  confiance 
Farulfe ,  en  qualité  de  gouverneur.  Cet  officier,  faisant 
ée  à  Sens ,  trouva  fort  mauvais  que  saint  Leu  ne  fût  pas 
•devant  de  lui  et  ne  lui  eût  pas  fait  des  présents  comme  il 
dait.  H  crut  que  le  pieux  prélat  n'avait  manqué^  à  lui  ren- 
lonneurs  que  par  indifférence  pour  lui  et  par  mépris  pour 
é.  Il  en  fit  d'assez  vifs  reproches  à  Leu ,  qui  lui  répondit  : 
tr  d'un  évéque  est  de  gouverner  le  peuple  et  d'enseigner 
nds  du  siècle  les  commandements  de  Dieu.  Farulfe ,  en- 
i  irrité  par  cette  réponse,  déchira  le  saint  auprès  du  roi, 


208     2  septembre.  —  s.  éxiknne,  boi  de  Hongrie. 

dans  le  dessein  de  le  perdre   Médigisile ,  abbé  du  monastère  de 
Saint-Rémi  (faubourg  de  Sens) ,  se  joignit  au  gouverneur,  et  ap- 
puya ses  calomnies,  parce  qu'il  voulait  être  archevêque.  Gotaira, 
séduit  par  leurs  mensonges  artificieux ,  envoya  saint  Leu  en  exil  à 
Ausènc,  village  du  Vimeux.  Ixîs  habitants  de  Sens,  indignés  de  es 
qu'on  leur  avait  enlevé  leur  vénérable  pasteur,  au  lieu  de  souffrir 
cette  affliction  avec  patience ,  comme  l'Évangile  l'ordonne ,  ou  de 
le  redemander  au  roi  avec  respect ,  déchargèrent  leur  colère  sur 
l'abbé  Médigisile ,  et  le  tuèrent  dans  son  église  de  Saint-Rémi, 
pour  le  punir  de  sa  trahison  et  de  son  ambition.  Cette  nouvelle 
affligea  saint  Leu ,  qui  avait  toujours  enseigné  à  ce  peuple  que  fa 
vengeance  n'appartient  qu'à  Dieu ,  et  que  le  chrétien  ne  se  venge 
lui-même  que  par  la  patience  et  par  les  bienfaits  ;  et  il  pria  le  Sei- 
gneur de  leur  pardonner  cette  faute.  Le  peuple  de  Sens,  revenu  de 
son  emportement ,  prit  une  voie  plus  douce  et  plus  convenable 
pour  obtenir  le  retour  de  son  pasteur  ;  il  fit  prier  Vinebaud,  abbé 
de  Saint-Loup  de  Troyes ,  d'aller  demander  son  rappel  au  roi.  Vi- 
nebaud alla  en  effet  trouver  Clotaire ,  qui  était  auprès  de  Roueo 
et  fit  si  bien  connaître  à  ce  prince  la  fausseté  des  accusations  for- 
mées contre  l'archevêque  de  Sens ,  et  la  sainteté  de  ce  prélat,  qui 
obtint  sa  liberté.  Quand  le  saint  fut  de  retour,  Vinebaud  le  pré- 
senta au  roi.  Ce  prince ,  le  voyant  maigre  et  défiguré,  h  cause  <to 
ses  longs  jeûnes  et  de  ce  qu'il  avait  souffert  dans  son  exil ,  en  ftt 
touché ,  détesta  ses  calomniateurs ,  le  lit  manger  h  sa  table,  16  < 
prosterna  pour  lui  demander  pardon ,  et  le  renvoya  à  son  égfee 
comblé  de  présents.  Saint  Leu  la  gouverna ,  comme  aupararaat,  ; 
avec  zèle  et  avec  édification.  Étant  près  do  mourir,  îk  fit  venir  lai 
prêtres  de  son  clergé  et  les  exhorta  à  vivre  dans  la  sainteté  q* 
leur  ministère  exigeait  :  ensuite  il  mourut  en  paix,  vers  l'an  631, 
et  fut  enterré  dans  l'église  de  Sainte-Colombe. 


2  septembre.  —  SAINT  ETIENNE,  pbemier  boi  de  Honoaii, 

CONFESSEUB.   —  tlc  siècle. 

Etienne  introduisit  en  Hongrie  la  foi  de  J.  C.  et  y  porta  le  pre- 
mier le  nom  de  roi.  Il  obtint  la  couronne  royale  du  Pontife  it- 
maiu ,  fut  sacré  par  son  ordre ,  et  fit  hommage  de  son  royaume 
au  Siège  apostolique.  C'est  avec  un  zèle  admiral>le  pour  la  retigfM 
et  avec  munificence  qu'il  fonda  différents  établissements  de  piëti 


2  septembre.  —  s.  Etienne,  roi  de  Hongrie      2rt!V 

à  Rome,  à  Jérusalem,  à  Constantinople  et  en  Hongrie Tarchevè- 
de  Strigonie  et  dix  évéchés.  A  l'amour  de  Dieu  il  joignait  une 
charité  et  libéralité  envers  les  pauvres  qui!  accueillait  et  qu'il 
affectionnait  comme  le  Christ  lui-même ,  et  il  n'en  renvoya  jamais 
un  seul  le  cœur  triste  et  les  mains  vides.  Après  avoir  dépensé  des 
ranources  considérables  pour  soulager  leur  misère ,  il  alla  même 
«meut,  dans  sa  rare  bonté,  jusqu'à  leur  distribuer  le  mobilier  de 
wam.  palais.  En  outre ,  il  prit  l'habitude  de  laver  de  ses  propres 
les  pieds  des  pauvres,  et  de  s'en  aller  seul  la  nuit  et  inconnu , 
les  hôpitaux ,  d'y  servir  les  malades,  et  d'y  rendre  tous  les 
de  la  charité.  Ses  vertus  lui  méritèrent  que  sa  main  droite 
demeurât  préservée  de  la  corruption,  après  la  dissolution  du  reste 
4e  son  corps. 
Son  ardeur  pour  la  prière  lui  faisait  passer  sans  dormir  les  nuits 
entières ,  tout  attaché  à  la  contemplation  des  choses  cé- 
i.  Ravi  quelquefois  hors  de  ses  sens ,  on  le  rit  même  élevé  en 
Tafr.  Par  le  secours  de  la  prière,  il  évita  plus  d'une  fois,  d'une 
manière  tout  à  fait  miraculeuse ,  les  conspirations  d'ennemis  de 
rfitat ,  et  les  attaques  d'adversaires  puissants.  Son  fils  Éméric 
ajnH  avait  eu  de  Ghiselle  de  Bavière ,  sœur  de  l'empereur  saint 
Henri,  à  laquelle  il  s'était  allié  par  mariage,  il  réleva  avec  une  très- 
grande  discipline  morale  et  une  piété  portée  à  ce  point,  tel  que  le  mon- 
ta dans  la  suite  sa  sainteté.  Il  arrangea  ainsi  les  affaires  de  son 
royaume  de  façon  à  ce  que  Ton  n'entreprit  jamais  rien  sans  le 
eooseil  des  hommes  distingués  par  leur  sainteté  et  leur  prudence 
qull  avait  fait  venir  de  tous  côtés.  En  même  temps  prosterné 
sous  la  cendre  et  le  ciliée ,  il  demandait  à  Dieu ,  avec  les  prières 
les  plus  humbles,  de  le  rendre  digne  de  voir  avant  de  mourir  tout 
le  royaume  de  Hongrie  devenu  catholique.  11  fut  surnommé  à  bon 
droit  l'apôtre  de  cette  nation  à  cause  de  la  grandeur  de  son  zèle 
pour  l'extension  de  la  foi ,  et  le  Pontife  romain  lui  permit,  ainsi 
qu'aux  souverains  ses  descendants,  de  faire  porter  la  croix  de- 
vant lui. 

II  constitua  patronne  de  la  Hongrie,  la  Mère  de  Dieu  qu'il  véné- 
rait avec  une  ardente  dévotion,  et  fit  bâtir  en  son  honneur  une 
église.  En  retour,  la  sainte  Vierge  le  reçut  au  ciel  le  jour  de 
Assomption,  que  les  Hongrois,  par  ordonnance  du  saint  roi , 
appellent  le  jour  de  la  Grande-Dame.  Son  saint  corps ,  qui,  entre 
autres  grands  et  divers  miracles ,  exhalait  une  odeur  très-suave, 
**  laissait  couler  une  eau  miraculeuse ,  fut ,  par  ordre  du  Pontife 

18. 


210  3  .septembre .  —  s.  ayou  ou  aigulfe 

romain ,  transporté  dans  un  lieu  plus  digne ,  et  enseveli  avec  plus 
d'honneur.  11  mourut  en  Tan  du  salut  1038.  Le  pape  Innocent  XI 
lixa  la  célébration  de  sa  fête  au  2  septembre,  à  cause  d'une  insigne 
victoire  que  ce  jour-là  l'armée  do  Léopold  Ier,  empereur  élu  des 
Romains  et  roi  de  Hongrie,  avait,  avec  le  secours  divin,  remportée 
sur  les  Turcs,  au  siège  de  Bude. 


3  septembre.  —  SAINT  AYOU,  abbé  et  martyr.  —  7e siècle.   J 

Ayou  ou  Aigulfe ,  était  né  a  Blois  d'une  famille  peu  avantagée  des  t 
biens  de  la  fortune.  Il  fut  élevé ,  dès  l'enfance ,  parmi  des  ecclé-  ; 
siastiques ,  et  Dieu  lui  inspira  un  si  grand  amour  pour  la  piété,  4 
que,  lorsqu'il  se  vit  en  âge  de  prendre  un  parti,  il  renonça  au  :: 
monde  et  résolut  de  servir  Dieu  dans  un  monastère.  Il  choisît  3 
celui  de  Fleury,  depuis  nommé  Saint-Benoît-sur-Loire,  et  fut  u 
reçu  au  nombre  des  religieux  par  l'abbé  Mommol ,  recomman-  ,, 
dablc  par  sa  piété.  Ayou  était  devenu  le  modèle  et  l'exemple  de  ^ 
la  communauté ,  lorsque  Dieu  le  fit  passer  dans  une  autre  maison,  ^ 
où  son  zèle  pour  la  régularité  fut  consommé  par  la  gloire  du  x 
martyre.  ^ 

Après  la  mort  de  Vincent,  abbé  de  Lérins,  le  relâchement  s'a-  ^ 
troduisit  dans  le  monastère  par  la  négligence  de  son  successeur.   ^ 
1x3  désordre  y  produisit  la  division  et  la  mésintelligence  :  en  pot  -; 
de  temps  on  ne  reconnaissait  plus  cette  maison ,  d'où  étaient  sortis  |1 
tant  de  saints.  Quelques  religieux,  en  qui  cet  esprit  de  piété  m   îe 
s'était  pas  encore  éteint ,  portèrent  leurs  plaintes  au  roi  Cfo»  t 
taire  III,  et  lui  demandèrent  un  nouvel  abbé.  Le  roi  fit  choix  . 
d'Ayou ,  et  le  chargea  de  réformer  le  monastère.  Arcade  et  Ce-  , 
tombe,  religieux  de  cette  maison,  ennemis  de  la  paix  et  delà-  ., 
piété ,  résolurent  de  traverser  l'abbé.  Le  désir  de  grossir  leur  parti   4 
leur  fit  dissimuler  quelque  temps  leur  pernicieuse  intention  ;  mais,    ^ 
quand  ils  crurent  leur  cabale  assez  forte ,  ils  firent  éclater  le»  u 
mauvaise  volonté.  Ils  tentèrent  d'assassiner  Ayou  et  les  plus  pieux  ^ 
d'entre  les  frères.  Dieu  permit  néanmoins  que  ceux-ci  échappas- 
sent à  leur  fureur  pour  cette  fois.  Ils  se  réfugièrent  dans  l'égjiie  ^ 
de  Saint- Jean,  où  ils  furent  obligés  de  se  retrancher.  Le  saint  y. 
abbé  alla  trouver  ces  deux  rebelles ,  et  leur  dit  :  Si  je  suis  la  cause 
de  cet  orage,  prenez-moi  seul,  et  comme  un  autre  Jonas  jetai-  1 
moi  dans  la  mer.  Ce  discours  les  adoucit,  ils  parurent  touchés  *" 
de  leur  faute ,  ils  demandèrent  pardon ,  et  demeurèrent  eu  rcjM*  *" 


4  septembre.  —  s.  marin.  211 

un  an  ;  mais ,  ayant  appris  que  le  bruit  de  cette  révolte  s'é- 
tait répandu  dans  le  royaume ,  et  craignant  que  le  roi  ne  les  punit, 
li  cherchèrent  les  moyens  de  se  soustraire  aux  châtiments  qu'ils 
Méritaient.  Arcade  sortit  du  monastère  pour  se  procurer  plus 
tellement  la  faveur  des  personnes  puissantes  du  pays.  Colombe 
resta  dans  la  maison,  et  tâcha  de  s'y  former  un  parti.  Arcade, 

avoir  été  quelque  temps  hors  du  cloître ,  voulut  y  rentrer  ; 

le  saint  abbé,  qui  était  assuré  de  sa  perfidie ,  ne  voulut  pas 
le  recevoir.  Ce  misérable  voulut  y  rentrer  par  la  force ,  eut  recours 
i  on  seigneur  nommé  Mommol,  homme  cruel  et  avare,  et  lui 
d'aller  à  Lérins ,  rassurant  qu'il  y  trouverait  de  grandes 
d'argent.  Mommol ,  excité  par  l'avidité  du  gain ,  vint  a 
Lérins,  et  y  fut  bien  reçu  par  saint  Ayou ,  dont  il  était  connu, 
mû  qui  ignorait  ses  mauvais  desseins.  Quand  tout  fut  disposé 
pour  faire  éclater  sa  sédition ,  Ar.cade  prit  le  temps  où  le  véné- 
afale  abbé  était  à  table  avec  Mommol ,  entra  dans  la  salle  avec 
jeux  de  son  parti ,  se  saisit  du  saint ,  le  fit  battre  à  coups  de  bâton, 
!t  enfermer  dans  une  prison  avec  les  religieux  fidèles  à  leurs  de- 
mirs.  Le  lendemain ,  on  leur  apporta  à  manger  ;  comme  c'était 
A  jour  de  jeûne,  ces  saints  religieux  voulurent  encore  ajouter 
rabstmence  aux  douleurs  qu'ils  souffraient ,  et  ils  ne  prirent  au- 
cune nourriture  qu'après  trois  heures  du  soir.  Mommol ,  qui  s'é- 
tait retiré  du  monastère  pour  faire  croire  qu'il  n'avait  aucune  part 
*  ces  violences,  y  revint  trois  jours  après  et  demanda  à  chaque 
religieux  où  était  leur  argent.  Tous  lui  répondirent  :  Nous  n'en 
wons  point  :  notre  règle  nous  défend  de  posséder  en  propre  ,  pas 
feéme  notre  volonté.  Mommol ,  n'ayant  pu  tirer  d'eux  d'autre  ré- 
ponse, prit  et  emporta  tout  ce  qu'il  put  des  biens  communs  du 
ttooastère.  Saint  Ayou  et  ses  disciples  furent  dix  jours  en  prison, 
après  quoi  Arcade  et  Colombe  leur  firent  couper  la  langue  et 
crever  les  yeux ,  et  en  cet  état  les  mirent  sur  un  vaisseau.  On  les 
transporta  dans  une  petite  île,  vers  la  Sardaigne,  où  l'on  acheva 
leur  martyre  en  leur  ôtant  la  vie  vers  l'an  675. 


4  septembre.  —SAINT  MARIN,  diacre.   —  4e  siècle. 

On  dit  qu'il  travailla ,  en  qualité  de  maçon ,  à  la  reconstruc- 
ioo  des  murailles  de  Rimini.  Mais  Dieu  avant  manifesté  son  émi- 
lente  sainteté,  il  fut  ordonné  diacre  par  saint  Gaudence  ,  évêque 
è  Brescia.  Il  se  retira  dans  une  petite  cabane  qu'il  construisit 


212  A  septembre.  —  sainte  ide,  veuve.  f 

au  milieu  des  bois  sur  le  mont  Titan,  à  dix  milles  de  Rimini.  Ur  B 
vécut  plusieurs  années  dans  la  solitude ,  et  mourut  sur  la  fin  db  ï; 
4e  siècle.  On  bâtit  depuis,  sur  le  sommet  du  mont  Titan,  une  t| 
ville  qui ,  du  nom  du  saint,  fut  appelée  San-Marlno.  Cest  un  Si 
petite  république  enclavée  dans  le  territoire  des  Etats-Pontificaoi,  r. 
et  qui ,  depuis  Tan  600 ,  a  toujours  conservé  sa  liberté.  On  y  *é-  ~ 
nère  avec  une  grande  dévotion  les  reliques  de  saint  Marin ,  qui  !Ç 
est  encore  honoré  à  Pavie,  à  Rimini,  et  dans  plusieurs  diocèâs  & 
de  l'Italie. 


_  tt> 


4 septembre.  —  SAINTE  IDE,  veuve.  —8* siècle.  |: 

Le  comte  Egbert,  favori  de  Charlemagne ,  étant  tombé  malade  ** 
de  fatigue  et  des  blessures  reçues  dans  une  guerre  où  il  avait  ac- 
compagné ce  prince,  fut  obligé'de  se  retirer  pour  prendredu  repoi  " 
et  se  faire  traiter.  L'hôte  chez  qui  était  Egbert  avait  une  fille  V; 
nommée  Ide,  qui,  à  l'imitation  do  son  père  et  de  sa  mère,  lui 
rendait  tous  les  services  que  la  bienséance  pouvait  lui  permettre. 
Elle  avait  été  élevée  dans  la  piété ,  et  avait  appris  des  saintes  Viergn  *• 
Odile  et  Gcrtrudc,  filles  de  Pépin,  à  mépriser  le  monde,  à  servir  t* 
Dieu  à  leur  exemple ,  et  à  n'aimer  que  lui  seul.  Egbert  avait  ad-  ^ 
miré  souvent  sa  modestie .  son  amour  pour  le  silence.,  et  la  s*  ^ 
gesse  qui  accompagnaient  ses  paroles  quand  elle  était  obligée  di  \i 
parler.  Ces  vertus  le  charmèrent  ;  et ,  voulant  s'engager  dan  le  % 
mariage ,  il  crut  ne  pouvoir  faire  un  meilleur  choix  que  de  prendre  % 
une  femme  qui  eût  appris  à  se  soumettre  à  Dieu  avant  d'entrer  ^ 
sous  la  dépendance  d'un  mari.  Ce  mariage  fut  heureux,  parce  qui  ^ 
fut  saint.  L'union  d'ide  et  d' Egbert  resta  toujours  également  forte,  ^ 
parce  qu'elle  était  fondée  sur  la  charité.  L'un  et  l'autre  s'aimaient  ^ 
pour  le  ciel ,  et  s'excitaient  à  le  mériter  par  des  œuvres  saintes*     <. 

Étant  demeurée  veuve  assez  jeune ,  elle  ne  pensa  pas  à  un  ie-  ^ 
cond  engagement  ;  mais  elle  profita  de  sa  liberté  pour  suivre  avee  ^ 
plus  d'ardeur  l'attrait  qu'elle  avait  pour  la  pénitence.  On  ne  peut  t 
croire  en  combien  de  manières  elle  commença  alors  à  se  mortifier.  ^ 
La  maxime  de  saint  Paul  :  Mortifiez  vos  membres,  était  sa  règle,  w 
et,  sans  s'astreindre  aux  exercices  de  la  vie  religieuse,  elle  était  . 


sables,  non  par  un  esprit  d'avarice  et  de  cupidité,  mais  parce  » 


4  septembre.  —  saïnte  Rosalie  de  palermb.      21$ 

îtf  elle  voulait  suivre  ia  voie  étroite  qui  mène  à  la  vie  éternelle. 
Elle  donnait  aux  pauvres  tout  ce  qu'elle  épargnait  par  ce  retran- 
ohement  de  dépense,  et  elle  se  dépouillait  avec  joie  pour  revêtir 
lësos-Christ  dans  ses  membres.  Elle  se  fit  bâtir  une  petite  cha- 
pelle dans  une  église  qu'elle  avait  fait  construire ,  et  elle  s'y  ren- 
fermait souvent  pour  y  être  recueillie  dans  la  prière.  Lorsque 
■mt  Ide  eut  passé  plusieurs  années  dans  une  vie  si  pénitente , 
Dieu,  content  de  son  sacrifice,  voulut  la  retirera  lui  ;  mais,  avant 
de  renlever  à  son  exil ,  il  lui  envoya  une  maladie  douloureuse  et 
longue^  pendant  laquelle  elle  témoigna  une  si  grande  patience , 
qu'on  ne  lui  entendit  jamais  exprimer  la  moindre  plainte.  Elle 
nourat  au  milieu  des  douleurs,  pour  aller  jouir  du  repos  éternel, 
an  commencement  du  neuvième  siècle. 


4  septembre.  —  SAINTE  ROSALIE,  viebge,  patronne 

de  Palerme.  —  12e  siècle. 

La  vierge  Rosalie  naquit  à  Palerme ,  d'une  famille  noble ,  par 
laquelle  elle  descendait  de  Charlemagne.  Dédaignant  l'opulence  de 
la  maison  paternelle ,  ainsi  que  l'espérance  de  nouvelles  grandeurs 
fue  lui  promettaient  Ta  parenté  et  la  faveur  des  rois  de  Sicile , 
elle  se  retira  sur  la  montagne  de  Quisquina ,  éloignée  d'environ 
quarante  milles  du  château  de  ses  ancêtres ,  dont  elle  échangea 
les  agréments  contre  l'horreur  d'une  caverne  ténébreuse.  Elle  des- 
cendit courageusement  dans  cette  grotte  par  l'unique  et  étroite 
ouverture  qui  y  donnait  entrée  par  le  haut ,  avec  la  résolution 
d'y  habiter  désormais.  Dans  ce  lieu  souterrain ,  morte  au  monde 
et  à  elle-même,  ensevelie  avec  Jésus-Christ  pour  ne  plus  vivre 
qu'en  Dieu ,  Rosalie  demeura  cachée  le  jour  et  la  nuit ,  prenant 
bien  garde  qu'on  ne  put  la  découvrir  sur  ces  montagnes  qui  dé- 
pendaient de  la  principauté  de  sa  famille ,  de  peur  d'être  ramenée 
migré  elle  à  la  ville  et  dans  la  maison  de  son  père.  Elle  eut  à  se 
défendre  contre  les  pièges  artificieux  du  démon  ,  qui  représentait 
à  son  imagination  l'ennui  d'une  vie  toute  de  privations  et  l'hor- 
reur de  la  solitude.  Elle  en  triompha  courageusement ,  en  em- 
ployant contre  sa  personne  toutes  les  rigueurs  de  la  mortifica- 
tion. Lorsque ,  privée  de  secours  humains ,  elle  ne  pouvait  plus- 
demander  de  la  consolation  qu'au  ciel ,  Dieu ,  qui  soutient  et  cou- 
ronne les  saints ,  la  fortifiait  souvent  en  la  comblant  de  délires* 


214       4  septembre.  —  saihts  MO»  ni  Tffu 

semblables  à  celles  que  goût      tes 1        i  ! 
avis  qu'elle  reçut  d'en  haut ,  >  qunxa  roanoi 

et  alla  s'enfoncer  dans  une  n  plus  affinas*  «MM*: 
mont  ftsUegrino ,  à  trois  nrill  mviron  de  VttontiêiKSb* 
la  solitaire  passa  un  temps  coi  érable  de  sa  vie,  comme  on 
Ta  appris  par  la  révélation  qu'elle  en  fit  quand  elle  apparut  à  or 
chasseur  qui ,  ayant  dirigé  ses  pas  vers  cet  endroit,  avait  découvert 
ses  reliques.  Là,  gémissant  comme  la  colombe  dans  les  creux  de 
la  pierre ,  abtmée  dans  la  contemplation  des  choses  célestes,  eosr 
formant  sa  vie  à  la  règle  parfaite  du  divin  amour,  elle  passa  ses 
jours  dans  la  solitude.  Saintement  couronnée  des  roses  fanmor-a 
telles  de  la  charité,  ainsi  que  des  lis  de  la  virginité,  elle  quitta  es 
monde  le  4  septembre  1160.  Sous  le  pontificat  d'Urbain  Vin,  le 
corps  de  cette  sainte ,  retrouvée  par  la  permission  du  ciel,  rames 
du  Jubilé ,  aux  applaudissements  de  toute  la  Sicile,  délivra  cette 
lie  d'une  peste  qui  la  ravageait. 


4  septembre.  —  SAINTE  ROSE  DE  VITERBE,  VIB10I.  — 

13e  siècle. 


Rose,  née  à  Viterbe  de  parents  pieux,  brilla  dès  son 
par  toutes  sortes  de  vertus,  car  elle  était  déjà  devenue 
dans  la  perfection  lorsqu'elle  apprenait  à  peine  à  parier.  Ayjtf 
en  aversion  les  vanités  du  monde,  elle  portait  un  voile  gnafcf 
et  un  cilice,  allait  nu-pieds,  et  mortifiant  son  faible  corps  pv  la 
jeûnes  et  d'autres  austérités,  elle  se  livrait  continuellement i h 
contemplation  des  choses  divines.  Dieu  voulut  que  cette 
sainteté  fOt  attestée  par  un  miracle  insigne  ;  car,  n'étant 
que  jeune  fille,  elle  rappela  à  la  vie  sa  tante  qui  venait  dènosrir. 
Par  son  seul  aspect,  elle  excitait  ceux  qui  la  considéraient  h  psitt 
dans  leurs  cœurs  cette  virginité  qu'elle  conserva  perpétueHeflMt 
Pleine  de  charité  envers  les  pauvres,  lorsqu'une  fois  en  hiver  d» 
leur  apportait  du  pain  qu'elle  s'était  retiré  sur  sa  propre  noorri- 
ture,  son  père  lui  ordonna  de  montrer  ce  qu'elle  portait  de  es- 
che dans  son  sein,  et  le  pain  fut  changé  en  roses. 

Quand  elle  eut  accompli  sa  septième  année,  brûlant  do  dWr 
de  vivre  dans  la  solitude ,  elle  choisit  dans  la  maison  qu'aie 
habitait  une  chambre  des  plus  étroites,  et  s'y  renferma  comme 
dans  une  prison  volontaire.  Elle  s'y  appliquait  avec  ardeur  à  la 


4  septembre.  —  sainte  rose  de  viterbe.         215 

prière,  et  à  châtier  son  corps,  puis  elle  invoquait  la  divine  Clé- 
mence pour  la  tranquillité  de  l'Eglise  que  l'empereur  Frédéric  II 
tourmentait  violemment  par  son  impiété.  Par  suite  de  cette  ma- 
cération de  longue  durée,  elle  tomba  malade  mortellement;  mais 
visitée  pendant  cette  maladie  parla  bienheureuse  yierge  Marie, 
elle  recouvra  la  santé,  et  elle  reçut  Tordre  de  revêtir  F  habit  du 
tiers  ordre  de  saint  François.  À  l'âge  de  dix  ans,  elle  fut  inspirée  de 
Dieu,  et  par  de  pieuses  exhortations  jointes  à  des  arguments  pleins 
de  force,  elle  ramena  beaucoup  d'hérétiques  à  la  foi  et  à  l'obéis- 
sance du  Pontife  romain.  Exilée  pour  cette  cause  avec  toute  sa 
parenté,  elle  se  rendit  dans  des  villes  voisines  où  douée  du  don 
de  prophétie,  elle  prédit  la  mort  de  Frédéric  et  la  paix  de  l'Église. 
Elle  rendit  la  vue  à  une  femme  aveugle  depuis  sa  naissance,  et 
pour  affirmer  la  vérité  de  la  foi,  elle  entra  au  milieu  d'un  brasier 
tout  en  feu,  et  y  demeura  trois  heures  sans  y  recevoir  aucun 
mal.  Par  ce  miracle,  elle  triompha  de  l'opiniâtreté  d'une  femme 
hérétique,  et  elle  la  convertit  à  la  foi  véritable,  ainsi  que  d'autres 
personnes. 

Revenue  enfin  à  Viterbe  pour  la  plus  grande  joie  de  ses  con- 
citoyens, qui  l'en  félicitèrent,  elle  demanda  à  faire  partie  de  la 
communauté  des  religieuses  de  Sainte-Marie  des  Roses.  Les  rc- 
ligjbeiises  lui  ayant  refusé  cette  admission  à  cause  de  sa  pauvreté, 
eUe  prédit  qu'elle  demeurerait  dans  leur  couvent  après  sa  mort. 
Eue  rentra  donc  bientôt  dans  l'espèce  de  prison  qu'elle  avait  an- 
ôennement  occupée  dans  sa  propre  maison,  et  lorsqu'elle  y  eut 
passé  deux  ans,  attaquée  d'une  maladie  et  soupirant  pour  la  bien- 
heureuse patrie,  vers  le  milieu  du  treizième  siècle,  elle  aîla  rejoindre 
ton  divin  Epoux,  pleine  de  mérite  et  n'ayant  pas  encore  accompli 
sa  dix-huitième  année.  Son  corps,  qui  brillait  d'un  éclat  merveil- 
leux et  qui  répandait  une  odeur  suave,  fut  enterré  dans  l'église 
de  Sainte-Marie  de  Podio,  où  il  resta  environ  deux  ans  et  demi, 
jusqu'à  ce  qu'Alexandre  IV,  qui  résidait  alors  à  Viterbe,  le  fit  dé- 
terrer sur  une  révélation  qu'il  reçut  par  trois  fois  pendant  son 
sommeil.  On  le  trouva  exempt  de  corruption,  et  on  le  transporta 
solennellement  le  4  de  septembre  au  monastère  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut,  et  qui  par  la  suite  re<;ut  le  nom  de  Sainte-Rose. 
Jusqu'à  ce  jour,  on  l'y  conserve  dans  son  intégrité,  et  avec  sa 
flexibilité,  objet  d'admiration  pour  tout  le  monde,  et  il  y  brille 
toujours  par  de  nouveaux  miracles. 


2IC  5  septembre.  —  s.  DERTIff. 


Un 


5  septembre.  —  S.  BKUTIN,  abbé  de  Sithibu  ,  à  Saint-Omer.  ° 

—  7e  et  8e  siècle.  :fc 


r 

te 


Saint  Bertm,  issu  d'une  famille  noble,  établie  dans  le 
de  Constance  en  Suisse,  naquit  vers  le  commencement  du  Hp-  ^ 
tième  siècle.  Touché  de  l'exemple  de  saint  Orner,  son  parent,  m 
qui  fit  profession  de  la  règle  de  saint  Colomban  à  Luxeuil  en  Bout-  t 
gogne,  il  alla  se  consacrer  au  Seigneur  dans  la  même  maison  avec  ^ 
deux  de  ses  amis,  Mommolin  et  Ebertran  ou  Bertran.  Quoique  alon  ^ 
fort  jeune,  il  ne  s'en  distingua  pas  moins  par  sa  ferveur  dans  ton  ,B 
ses  exercices.  ^ 

M  y  avait  alors  à  Luxcuil  cinq  cents  religieux.  Us  étaient  gou-  ^ 
vernés  par  saint  Eustase,  qui  succéda  à  saint  Colomban  lorsque  y 
celui-ci  fut  obligé,  en  610,  de  se  retirer  à  Bobbio  en  Lombardie.  ^ 
('et te  abbaye,  fondée  peu  de  temps  auparavant,  était  uneexeèl-  ^ 
lente  école,  où  Ton  enseignait  tout  ce  qui  a  rapport  h  l'étude  de  - 
la  religion.  On  en  vit  bientôt  sortir  un  grand  nombre  d'évéquei  . 
célèbres  par  leur  vertu  et  leur  savoir.  Vers  Fan  637,  saint  Orner  ^ 
fut  fait  évoque  de  Térouanne  en  Artois,  ancienne  métropole  dei  J 
Morins,  et  saint  Walbert,  alors  abbé  de  Luxeuil,  lui  adjoignit,  J 
vers  Tan  039,  Rcrtin,  Mommolin  et  Ebertran.  Ces  saints  naÉ-  . 
sionnaires  eurent  beaucoup  à  souffrir  pour  déraciner  l'idolâtrie  ,  J 
dans  cette  contrée,  dont  la  population  était  alors  presque  entière-  * 
ment  barbare.  Ils  se  montrèrent  puissants  en  paroi  es  et  en  œuvm,  * 
et  Dieu  béuit  leurs  travaux.  j* 

Ils  se  bâtirent  un  monastère  sur  une  petite  montagne,  à  aneKsae  * 
de  Sitbieu,  aujourd'hui  Saint-Omer.  C'était  une  solitude  d'un  m-  * 
ces  difficile ,  et  qui  était  environnée  de  marais  et  par  la  rivière  J 
d'Aa.  Saint  Mommolin,  qui  était  plus  Agé  que  saint  Berlin,  â*  * 
choisi  par  saint  Orner  pour  être  le  premier  abbé  de  ce  mon»-  * ; 
tère.  Le  nombre  des  religieux  augmentant,  on  fut  obligé  de  sVfr  £j 
cuper  des  moyens  de  former  un  nouvel  établissement,  mail  nos  ? 
saints  ne  quittèrent  leur  solitude  que  pour  en  chercher  une  autre.  * 
A  une  lieue  de  distance,  ils  trouvèrent  nie  de  Sithieu,  qu'ils  choi-  ^ 
sirent  pour  leur  demeure  bien  qu'elle  fut  remplie  de  fondrièrei  ^ 
et  entourée  de  marais  :  toutefois,  avec  des  efforts  et  de  l'indu-  * 


5  septembre.  —  s.  bertin.  217 

célébrité  qu'A  acquit  sous  le  gouvernement  du  saint  abbé  dont 
nous  racontons  la  vie,  et  qui  succéda  à  saint  Mommolin.  Ou  y 
pratiquait  de  longs  jeûnes  et  une  abstinence  rigoureuse.  On  n'y 
virait  que  de  racines,  d'herbes  et  de  pain,  et  Ton  n'y  buvait  que  de 
r«au.  La  prière,  qui  y  était  presque  continuelle,  y  sanctifiait  le  tra- 
vail et  les  autres  actions  extérieures.  Les  moines,  qui  se  relevaient 
las  uns  les  autres,  chantaient  nuit  et  jour  à  l'église  les  louanges 
4u  Seigneur.  Les  travaux  les  plus  pénibles  ne  dispensaient  per- 
sonne des  veilles  et  de  la  prière  publique. 

Plusieurs  personnes  d'un  rang  élevé,  touchées  de  la  vie  édifiante 
do  ces  pieux  solitaires,  leur  firent  des  donations  considérables,  dé- 
posant leurs  biens  entre  leurs  mains,  pour  qu'ils  fussent  lepatri- 
pauvres.  Bertûi  entra  parfaitement  dans  les  vues  des  do- 
La  vie  austère  que  menaient  les  religieux  renfermait  leurs 
dans  des  bornes  étroites.  Un  grand  nombre  de  seigneurs 
sjui  avaient  renoncé  au  paganisme  pour  se  convertir,  renoncèrent 
également  au  monde  pour  vivre  dans  les  exercices  de  la  contempla- 
tion et  de  la  pénitence,  sous  les  lois,  et  la  discipline  de  Bertin. 

Se  sentant  accablé  par  le  poids  des  années,  Bertin  se  fit  rem- 
placer en  700  par  Rigobert,  un  de  ses  disciples,  afin  de  passer 
le  reste  de  sa  vie  dans  l'état  de  simple  religieux  ;  il  alla  se  renfer- 
sser  dans  un  petit  ermitage,  dédié  sous  l'invocation  de  la  sainte 
Vierge,  et  situé  près  du  cimetière  de  ses  moines.  Il  y  passait  les 
jours  et  les  nuits  dans  une  prière  presque  contincllc,  et  y  vaquait 
aux  exercices  de  la  discipline  régulière  avec  l'humilité  et  l'ar- 
deur du  novice  le  plus  fervent.  Comme  il  avait  toujours  eu  une 
dévotion  particulière  pour  saint  Martin,  il  voulut  que  Rigobert, 
ion  successeur,  érigeât  une  chapelle  sous  l'invocation  de  ce  saint. 
Elle  fut  bâtie  dans  le  lieu  de  l'église  le  plus  honorable.  Rigo- 
bert s'étant  aussi  démis  du  gouvernement  de  son  abbaye,  saint 
Bertin  le  confia  à  Erlefride,  qu'il  avait  élevé  dès  l'enfance,  et  qui 
était  un  religieux  d'une  grande  vertu. 

Saint  Bertin,  à  l'exemple  de  saint  Colomban,  de  saint  Fursy, 
de  saint  Fiacre,  etc.,  ne  permettait  point  aux  femmes  d'entrer 
dans  la  clôture  de  son  monastère,  ni  dans  son  église.  Ce  saint 
abbé  doit  avoir  vécu  plus  de  cent  ans  ;  il  en  avait  trente  lorsqu'il 
vint  pour  la  première  fois  à  Saint-Omer.  Sa  mort  arriva  le  9  sep- 
tembre 709  ;  il  fut  enterré  dans  la  chapelle  de  Saint-Martin, 
que  saint  Rigobert  avait  fait  bâtir  par  son  ordre.  Il  y  a  eu  plusieurs 
translations  de  ses  reliques. 

VIES  DES  SA  IMS.  —  t.  11.  .  19 


2(8         S  septembre,  —  s.  làurest  ttJS/rtïfrtfc. 

5  septembre.  —  SAINT  LAURENT  JUSTUflEft,  f^^f^^ 
de  Venise  et  confesseur.  — 15e  siècle.   &"i4**KailiR* 

taurent  naquit  à  Venise  en  1381 .  Son  père ,  nommé  Bernard* 
(Hait  de  la  famille  des  Justiniani,  une  des  plus  anciennes  et  As 
plus  illustres  de  cette  ville.  Ayant  été  formé  à  la  piété  dès  M  plut 
tendre  enfance,  il  devint,  en  avançant  en  Age,  «m  fidèle  dîsdpte 
de  Jésus-Christ.  •  J 

Le  pape  Eugène  IV,  ayant  été  informe  du  rare  mérite  dt 
rent,  le  nomma  à  l'évéché  de  Venise ,  et  lui  ordonna  de  IV 
ter.  Ce  prélat  fut  un  modèle  pour  tous  ceux  qui  sont  appelés  à 
conduire  les  âmes.  11  ne  voulut  avoir  ni  tapisseries,  ni  tapb.4an> 
ble  était  très-frugale  :  pendant  qu'il  prenait  ses  repas,  i 
toujours  une  lecture  utile.  Sa  vaisselle  n'était  que  de  terte.O 
une  très-petite  chambre  ;  son  lit  se  composait  d'une  pniltswn  et 
d'une  grosse  couverture.  Quand  on  lui  représentait  qu"fl  pouvait 
accorder  quelque  chose  de  plus  à  sa  dignité ,  il  répondait  qnl 
avait,  eu  la  personne  des  pauvres,  une  nombreuse  famille  à  nour* 
rir.  Il  leur  faisait  donner  tout  ce  qu'il  retranchait  des  dépota 
qu'il  aurait  pu  faire  en  menant  une  vie  moins  austère.  11  était  &• 
cret  dans  ses  aumônes,  et  il  n'en  faisait  aucune  pour  favoriser  ftp* 
bilion  ou  le  luxe  de  qui  que  ce  frit.  Un  de  ses  parents,  dont  lefcka 
était  médiocre,  l'ayant  prié  de  contribuer  à  la  dot  de  sa  fille,  114: 
répondit  :  Si  je  vous  donnais  peu,  vos  désirs  ne  seraient  pana» 
plis  ;  si  je  vous  donnais  une  somme  considérable ,  il  faodnft,  . 
pour  la  satisfaction  d'un  seul  homme,  priver  un  grand  nombre  éi 
pauvres  de  ce  qui  leur  est  absolument  nécessaire. 

Il  s'appliqua  beaucoup  à  réformer  le  clergé  et  a  établir 
bonne  discipline.  11  était  ennemi  du  luxe  pour  les  autres 
pour  lui-même.  Sachant  combien  les  femmes ,  par  leurs  fatal 
parures ,  causent  de  scandales  et  de  chutes ,  il  fit  une  ordottNOI 
pour  les  modérer  et  les  réduire  à  la  modestie  chrétienne.  GooMBl 
les  femmes  ne  souffrent  guère  patiemment  qu'on  retranche  es  fi 
fait  un  des  principaux  objets  de  leur  affection,  elles  excitèrent  k 
doge  à  se  plaindre  de  cette  ordonnance  comme  d4un  attentat  ûkt 
disaient-elles,  contre  la  juridiction  séculière.  Ce  magistrat,  an* 
faible  pour  écouter  ces  plaintes  ambitieuses,  vint  trouver  Lauréat, 
et  voulut  lui  parler  avec  hauteur  ;  mais  le  saint  évéque  lui  répoo- 


6  septembre.  —  saist  dorotiiée  le'  titëji£kn.      219 

lit  avec  tant  de  charité  et  de  solidité,  que  le  doge  s'en  retourna 
plein  d'estime  et  de  vénération  pour  lui,  et  lui  laissa  régler  en  paix 
son  diocèse  comme  il  convenait. 

Dieu,  Payant  assez  purifié  sur  la  terre,  lui  ouvrit  la  gloire  éter- 
nelle qu'il  lui  avait  préparée  de  toute  éternité  Une  maladie  or- 
y  conduisit  le  saint  prélat.  Il  eût  pu,  dans  l'extrême  fai- 
où  le  mal  le  réduisit,  relâcher  quelque  chose  de  son  austé- 
rité; mais  il  voulut  mourir  pénitent  comme  il  avait  vécu.  H  refusa 
tant  autre  lit  que  la  paillasse  sur  laquelle  il  avait  coutume  de 
mener.  Étant  saisi  de  crainte  à  la  vue  des  jugements  de  Dieu , 
les  derniers  moments  de  sa  vie,  on  lui  dit,  pour  le  rassurer, 
la  couronne  de  gloire  l'attendait.  Cette  couronne,  dit-iT, 
les  hommes  forts  et  courageux,  et  non  les  lâches  comme 
Mais,  des  mouvements  de  confiance  ayant  succédé  à  la 
%  y  dit  à  ceux  qui  étaient  auprès  de  lui  :  Pourquoi  pleurez - 
usa?  c'est  aujourd'hui  un  jour  de  joie,  et  non  de  larmes.  11  mou- 
ces  sentiments  le  8  janvier,  Tan  de  Jésus-Christ  1455. 


i septembre.  —  SAINT  DOROTHÉE,  solitaire.  —  4e  siècle. 

{du  5  juin.) 

Dorothée,  dit  le  Thébain,  parce  qu'il  était  deTlièbes,  ville 
capitale  de  la  Thébaïde,  quitta  sa  province  pour  venir  dans  les  so- 
Ktodes  d'Egypte,  apprendre  à  servir  Dieu  sous  la  discipline  des 
•sahres  de  la  vie  spirituelle.  11  passa  d'abord  quelques  années  dans 
ki  exercices  cénobitiques,  suivant  les  instructions  et  les  exemples 
4es  antres  :  il  se  renferma  ensuite  dans  une  caverne,  dans  le  dé- 
■ert,  à  deux  ou  trois  lieues  d'Alexandrie,  sur  le  chemin  de  Nitrie, 
où  il  mena  longtemps  seul  une  vie  des  plus  dures  et  des  plus  dif- 
(aks,  soit  par  le  travail ,  soit  par  les  abstinences. 

Fendant  presque  tout  le  jour,  et  même  en  plein  midi ,  il  ra- 
massait dans  le  désert ,  qui  est  le  long  de  la  mer,  des  pierres  dont 
4  bâtissait  des  cellules  pour  ceux  qui  n'en  pouvaient  pas  bâtir 
eu\-mêmes.  Il  en  faisait  une  tous  les  ans  sans  négliger  ses  autres 
pecupations.  La  nuit,  avec  des  feuilles  et  des  écorces  de  palmier. 
Il  faisait  des  paniers  ou  des  cordes  qu'il  vendait  pour  avoir  de  quoi 
*ûre.  Il  ne  mangeait  que  six  onces  de  pain  par  jour,  et  une  petite 
lioîznée  d'herbes  ou  de  légumes.  Sa  boisson  était  un  peu  d'eau. 
SVtant  accoutumé  à  cette  sévère  abstinence  dès  sa  jeunesse,  il 


220  7  septembre.  —  s.  mesw*. 

l'observa  sans  interruption  dans  la  vieillesse  la  plus  avancée.  " 

Peudant  soixante  ans ,  les  disciples  qui  vinrent  étudier  la  vie  10-  * 

litairc  sous  lui  ne  le  virent  jamais  couché  sur  un  lit  ou  sur  une  " 
natte,  ni  se  mettre  à  son  aise  de  quelque  façon  que  ce  fût,  même 

quand  il  avait  besoin  de  repos  ;  la  lassitude  le  contraignait  quel-  - 
quefois  de  fermer  les  yeux  en  travaillant,  et  même  en  mangeant. 

Un  jour  qu'il  était  accablé  de  sommeil,  il  tomba  sur  la  natte  * 
qu'il  faisait.  Ses  disciples  le  voulant  obliger  d'y  rester  quelque 
temps,  il  leur  dit  :  Vous  persuaderiez  plutôt  de  dormir  à  un  ange 
qu'à  un  solitaire  qui  veut  s'avancer  dans  la  vertu.  — Riais  à  quoi 
pensez -vous,  mon  père,  lui  dirent  ses  disciples,  d'accabler  ainsi 

votre  corps  par  tant  de  travaux  dans  une  si  grande  vieillesse?  ■ 

—  Il  veut  me  perdre,  leur  répondit-il,  et  moi  je  veux  le  prévenir.  * 

L'allade,  un  de  ses  disciples  et  l'historien  de  sa  vie ,  étant  allé  . 

au  puits  à  l'heure  de  none ,  qui  était  le  temps  où  Dorothée  pie-  & 

nait  son  repas,  aperçut  dans  Veau  un  aspic ,  et  retourna  promn-  * 

tement  tout  effrayé  vers  le  saint  homme ,  et  lui  dit  :  Mous  sommes  Y 

perdus,  mon  père;  il  y  a  un  aspic  dans  le  puits;  je  l'ai  vu.  Saint  J 

Dorothée  branla  la  tête,  et,  souriant  doucement  à  son  ordinaire,  * 
répondit  :  Eli  quoi  !  si  le  diable  s'avisait  de  jeter  dans  tous  lai 

puits  et  dans  toutes  les  fontaines  des  serpents,  ne  boiriez-voss  *l 

jamais?  Vous  laisseriez -vous  donc  mourir  de  soif?  Après  aster  * 

dit  ces  paroles ,  il  sortit  de  sa  cellule ,  fut  au  puits ,  tira  de  Pesa,  *! 

fit  le  signe  delà  croix,  but,  quoique  à  jeun,  en  disant  :  Toute la  '* 

malice  du  démon  perd  sa  force  en  présence  de  la  croix  de  Jésus-  S 

Christ.  Ce  saint  anachorète  mourut  vers  la  fin  du  4e  siècle.  *Q 

w  * 


7  septembre.  —  SAINT  MESMIN  ET  SES  COMPAGNONS, 

martybs.  — 5e  siècle. 


Mesmin ,  archidiacre  de  saint  Loup,  fut  envoyé  par  ce  pontife  ^ 

avec  sept  clercs  à  la  rencontre  d'Attila,  lorsque  ce  roi  barbare  s'a-  * 

vançait  vers  Troyes.  Pendant  qu'il  adressait  au  farouche  conque-  J| 

rant  d'humbles  supplications ,  et  qu'il  s'efforçait  de  l'amener  à  * 

des  sentiments  d'humanité,  Attila  le  fit  arrêter  et  le  soumit,  en  N 

haine  du  nom  chrétien,  à  de  cruels  supplices.  Enfin  le  serviteur  de  ** 

Jésus-Christ  fut  frappé  du  glaive  à  cinq  milles  de  Troyes,  sur  les  **| 

bords  de  la  Seine.  Six  d'entre  les  clercs  qui  étaient  avec  lui  furent  ^ 

mis  à  mort  en  même  temps.  Le  septième  échappa,  par  le  secours  ** 

de  Dieu,  et  vint  raconter  à  saint  Loup  ce  qui  s'était  passé.  I«e  !* 


7  septembre  —  s.  cloud.  221 

bienheureux  évéque,  aidé  de  la  grâce  d'en  haut,  apaisa  le  prince 
persécuteur,  et  se  transportant  au  lieu  où  les  saints  avaient  ac- 
compli leur  martyre,  il  y  ensevelit  leurs  corps  en  louant  le  Sei- 
gneur. 


7  septembre.  —  SAINT  CLOUD,  prêtas  et  solitaire.  — 

6e  siècle. 

Cloud  était  fils  de  Clodomir,  roi  d'Orléans ,  et  petit-fils  du 
£mnd  Clovis  et  de  sainte  Clotilde.  Il  naquit  en  Tan  422.  Ayant 
perdu  son  père  environ  trois  ans  après  sa  naissance,  il  fut  élevé 
avec  Thibaut  et  Gontaire,  ses  deux  frères,  par  sainte  Clotilde,  qui 
leur  donna  une  éducation  très-chrétienne.  Elle  espérait  de  les 
-voir  on  jour  en  possession  du  royaume  de  leur  père  ;  mais  l'ambi- 
tion de  Childebert,  roi  de  Paris,  et  de  Clotaire,  roi  de  Soissons, 
leurs  ondes  et  fils  de  Clotilde,  priva  ces  trois  jeunes  princes  de 
l'héritage  qui  leur  appartenait,  et  fit  même  ôter  la  vie  à  Thibaut 
et  à  Gontaire. 

Le  jeune  Goud  échappa  à  la  fureur  des  meurtriers  de  ses  frè- 
res par  une  providence  particulière ,  qui  lui  fit  sentir  que  c'est 
dans  le  repos  de  la  solitude  que  Ton  trouve  Jésus-Christ.  Ses  on- 
des le  firent  chercher,  dans  la  crainte  qu'il  ne  les  dépouillât  par 
la  suite  de  ce  que  leur  injustice  les  avait  portés  à  lui  ravir  ;  mais 
Dieu,  qui  se  joue  des  desseins  des  hommes,  sut  si  bien  le  sous- 
traire à  leur  cruauté,  qu'il  ne  leur  fut  pas  possible  de  le  trouver. 
I^e  jeune  prince  goûtait  une  joie  trop  grande  dans  le  service  de 
Dieu  pour  penser  à  l'échanger  avec  les  honneurs  humains  :  le 
jour  et  la  nuit  il  rendait  grâces  au  Sauveur,  qui  l'avait  retiré  de 
Babylone  avant  qu'il  eût  pu  en  éprouver  la  corruption.  Un  ha- 
billement rude  et  grossier  lui  donnait  plus  de  satisfaction  qu'il 
n'en  eût  trouvé  sous  la  pourpre.  Jamais  l'oubli  de  soi-même ,  qui 
aocompagne  si  souvent  les  rois  et  tous  ceux  qui  sont  dans  de 
grandes  places ,  ne  put  pénétrer  dans  le  réduit  obscur  où  il  était 
devenu  vainqueur  des  démons. 

Comme  on  augmente  en  mépris  pour  la  terre  à  mesure  qu'on 
augmente  en  grâces  et  en  lumières ,  saint  Cloud ,  comblé  des  fa- 
veurs du  ciel  dans  cette  première  retraite ,  voulut  la  quitter  pour 
embrasser  une  vie  encore  plus  parfaite  ;  dans  ce  dessein ,  il  s'a- 
dressa à  un  saint  solitaire  nommé  Séverin ,  qui  vivait  dans  une 
cellule  fort  retirée ,  aux  environs  de  Paris.  On  croit  que  c'était 

19. 


222   H  septembre.  —  nativitk  i>k  L4  sainte  vikbcs. 

dans  le  lieu  où  est  aujourd'hui  la  paroisse  qui  porte  son  nom.  Se* 
vérin,  à  qui  une  longue  expérience  dans  la  vie  spirituelle  avait, 
appris  les  moyens  les  plus  sûrs  de  parvenir  à  la  perfection,  douai 
à  saint  Cloud  les  avis  nécessaires  pour  le  faire  avancer  de  plus  en 
plus  dans  la  voie  de  l'Évangile  ;  il  le  revêtit  aussi  de  l'habit  mo- 
nastique, comme  pour  lui  apprendre  qu'étant  consacrée  Dieu 
d'une  manière  particulière ,  il  ne  devait  jamais-  penser  à  retourner 
dans  le  monde.  Il  demeura  pondant  quelque  temps  avec  saint 
Se  vérin,  s'exerçant  sous  sa  conduite  à  toutes  les  pratiques  de  la 
vie  monastique,  et  s'efforçant  d'arriver  au  ciel  par  la  voie  étroite 
que  Jésus-Christ  a  tracée.  Mais,  la  proximité  de  Paris  et  la  rén 
putatiou  de  saint  Sévcrin  l'empêchant  de  demeurer  aussi  inconnu 
qu'il  désirait  l'être ,  il  se  retira  dans  la  Provence ,  après  avoir 
donné  son  bien  aux  pauvres  On  ne  nomme  point  le  lien  où  I 
lha  sa  demeure;  on  sait  seulement  qu'il  y  resta  longtemps  v  et  ' 
qu'il  y  fit  plusieurs  miracles  qui  le  lurent  encore  plus  connattM  * 
qu'il  ne  l'avait  été  lorsqu'il  demeurait  avec  saint  Se  ver  in;  ce  oui 
le  détermina  à  retourner  à  Paris  où  on  le  vit  avec  une  grande  joie. 
Il  fut  ordonné  prêtre  par  l'évéque  Eusèbe,  vers  l'an  65  i.  Iljrem- 
plit  pendant  quelque  temps  les  fonctions  de  son  ministère  dans  l'é- 
glise de  Paris;  ensuite  il  se  retira  ù  deux  petites  lieues  de  Paris» 
à  Notent ,  sur  la  rivière  de  Seine ,  où  il  fit  bâtir  un  manastto 
qu'il  mit  sous  la  dépendance  de  l'église  cathédrale  de  Paris.  Ce  fat 
la  qu'il  passa  le  reste  de  sa  vie  avec  plusieurs  personnes  que  Ift 
crainte  de  se  perdre  dans  le  monde  réunit  auprès  de  lui.  Le  mo« 
nastere  qu'il  avait  hAti  fut  changé  depuis  on  une  église  collégiale» 
dans  laquelle  on  conservait  ses  reliques  :  le  lieu  a  pris  son  nom.  Il 
y  mourut  en  l'an  5(10. 


i 


H  septembre.  —   1A  NATIVITE  J)K  IA  SAINTE  VIERGE. 

II  n'est  point  parlé  de  la  naissance  de  la  sainte  Vierge  dans  l'É- 
criture ni  dans  les  premiers  écrivains  de  l'Église.  Si  sa  généalogie 
se  trouve  dans  saint  Luc ,  ce  n'est  que  sous  le  nom  de  saint  Jo- 
seph et  par  rapport  à  Jésus-Christ,  dont  la  naissance  de  la  race 
de  David  devait  être  vérifiée  pour  prouver  l'accomplissement  des 
prophéties.  C'est  pour  confondre  la  vanité  des  hommes  dans  leur 
généalogie,  pour  leur  apprendre  à  oublier  tout  ce  qu'ils  sont  par 
Adam ,  et  à  ne  se  souvenir  que  de  ce  qu'ils  sont  par  Jésus-Christ, 
le  nouvel  Adam.  On  passe,  par  le  moyen  du  baptême,  de  la  fa-    * 


S  septembre.  —  nativité  de  la  sainte  vierge.    223 

Me  du  premie  s  celle  du  second  ;  et  tout  ce  qu'on  espère 
wr  l'éternité  n'est  fondé  que  sur  la  naissance  qu'on  y  a  renie. 
'ctfdoac  une  extrême  folie  à  un  chrétien  de  tirer  vanité ,  comme 
■  le  £Ét  souvent,  d'une  noblesse  qui  ne  passe  en  lui  que  par  le 
hjob  d'une  naissance  crimine  Ile  qui  ne  se  communique  qu'avec 
s  péché,  et  qui  doit  périr  avec  1e  monde  d'Adam. 

Ce  que  les  fidèles  doivent  considérer  d'abord  dans  la  naissance 
e  Marie ,  c'est  l'obscurité  et  le  silence  qui  l'ont  rendue  alors  in- 
mue  au  monde ,  sans  qu'il  y  ait  rien  paru  qui  la  relevât  aux 
m  des  hommes.  La  terre  possédait  déjà  celle  par  qui  le  salut 
baût  venir  au  monde ,  et  elle  ne  la  connaissait  point.  Il  était  juste 
|K  tout  fût  humble  dans  une  vierge  qui  devait  être  la  mère  du 
Meur  de  l'humilité;  que  Marie  ressemblât  à  Jésus-Christ  autant 
|ÉH  est  possible  à  une  créature  de  ressembler  à  un  Dieu  fait 
>,  et  qu'elle  annonçât  par  avance  dans  toute  sa  conduite  les 
que  le  fils  de  Dieu  devait  venir  enseigner  par  son  exemple 
t  par  sa  conduite. 

Ces*  encore  pour  faire  apprécier  aux  fidèles  les  avantages  de 
ette  vie  cachée ,  que  Dieu  n'a  pas  permis  qu'il  y  eût  rien  de  cer- 
mi  sur  le  nom  du  père  et  de  la  mère  de  Marie.  Il  suffit  de  savoir 
ne  Marie  avait  été  choisie  de  toute  éternité  pour  être  la  mère  du 
Tb  de  Dieu  selon  la  chair  ;  qu'elle  est  née  dans  le  temps  destine 
or  cette  Providence  qui  a  marqué  tous  les  moments  de  la  vie  de 
homme  sur  la  terre  ;  qu'elle  a  été  mère  sans  cesser  d'être  vierge, 
t  qu'elle  a  porté  dans  son  chaste  seiu  celui  qui  était  né  en  elle 
pr  une  opération  toute  divine.  Les  chrétiens  doivent  adorer  ces 
mystères  et  honorer  celle  qui  en  a  été  l'instrument  :  mais  ils  doi- 
vent l'honorer  en  l'imitant  :  comme  son  intercession  peut  leur 
obtenir  cette  grâce,  qu'ils  la  prient  avec  foi  et  avec  ardeur,  par 
cette  rie  qu'elle  commence,  de  leur  obtenir  de  son  Fils  une 
tourelle  vie  et  une  nouvelle  naissance. 

On  ne  peut  douter  que  la  sainte  Vierge  n'ait  employé  le  pre- 
mier usage  de  sa  raison  à  se  donner  à  Dieu ,  à  se  détacher  des 
choses  sensibles  qui  l'environnaient,  à  rendre  à  son  Créateur  tous 
les  devoirs  d'une  fidèle  créature.  On  peut  croire  qu'elle  lui  a  dit 
alors  intérieurement  ce  que  saint  Paul  nous  apprend  que  Jésus- 
(hrist  a  dit  à  son  père  en  entrant  dans  le  monde  :  Je  viens ,  mon 
Dieu,  pour  faire  votre  volonté  et  tout  ce  que  vous  avez  ordonne 
de  moi  dans  le  livre  de  votre  sagesse.  Ce  qu'où  n'a  pu  faire  quand 
w  est  venu  au  monde ,  ce  qu'on  n'a  peut-être  point  l'ait  quand  on 


224      S  septembre.  —  f.  du  s.  nom  dk  îul  b.  t.  m. 

est  outré  daus  l'usage  do  la  raison  et  do  la  volonté,  il  finit  le  foin  ' 
au  moins  dans  tout  le  reste  de  la  vie ,  et  en  employer  tous  )q  • 
moments,  comme  Marie,  à  se  préparer  à  recevoir  les  grâces  A  tt 
Dieu  et  à  le  remercier.  C'est  ainsi  que  nous  honorons  Marie  <T«i  r 
culte  agréable  à  Jésus-Christ,  son  Fils,  et  qui  nous  méritera  dl  *" 
nouvelles  grâces  par  son  intercession.  .'  !BÊ 

55 


8  septembre.  —  SAINT  ADRIEN,  martyr.  —  4e  aède,    -i 

Adrien  persécutait  à  Mcomédie  les  chrétiens  par  ordre  de  Te»-  /! 

pereur  Maximien.  Comme  il  avait  souvent  admiré  leur  constan*  , 

a  confesser  la  foi  et  à  endurer  les  tourments .  il  finit  par  en  toi  ., 

si  vivement  touché  qu'il  se  convertit  au  christianisme.  Telle  lut  II  ^ 

cause  pour  laquelle  il  fut  jeté  en  prison  avec  vingt-trois  autrsj  l* 
fidèles.  Natalie  sa  femme,  qui  était  déjà  chrétienne,  vint  le  tb> 
ter,  et  l'enflamma  d'ardeur  pour  le  martyre.  (Test  pourquoi  m 
le  fit  sortir  de  prison,  et  on  l'accabla  de  coups  de  fouet  jusque  ce 
que  les  intestins  lui  sortissent  du  corps.  Enfin  on  lui  brisa  les  Joui- 

l>es,  on  lui  coupa  les  mains  et  les  pieds  ;  c'est  ainsi  qu'avec  béas-  t% 

coup  d'autres  il  remporta  heureusement  la  victoire  par  le  mat-  * 

tvre ,  en  Tan  306  environ.  ' 


« 

« 


8  septembre    —  FÊTE  DU  SAINT  NOM  DE  LA  BIENHEU- 
REUSE VIERGE  MARIE. 


t 

i 


(  Dimanche  dans  Voctaue  après  la  Xatiçité  de  la  Mainte 

ï'ierge.  ) 

«  Le  nom  de  la  Vierge  était  Marie,  »  dit  rÉvangéliste.  Par-  * 

Ions  un  peu  sur  ce  nom ,  dit  saint  Bernard ,  sur  ce  nom  qu'on  '■ 

interprète  par  Etoile  de  la  mer ,  et  qui  convient  parfaitement  à  la  ' 

Mère  qui  est  restée  vierge.  On  compare  très-justement  Marie  a  1 

un  astre ,  parce  que  de  mémo  qu'un  astre  lance  ses  rayons  sans  ' 

altérer  sa  propre  substance ,  ainsi  la  Vierge  a  enfanté  son  Fils  sans  * 

léser  en  quelque  chose,  sa  virginité.  Pour  l'astre  le  rayon  ne  de-  r 

minue  rien  de  sa  clarté ,  ni  le  Fils  en  la  Vierge  n'amoindrit  rien  ' 

de  sa  virginité.  Marie  est  donc  cette  noble  étoile  issue  de  Jacob,  * 

dont  le  rayonnement  éclaire  tout  l'univers,  dont  la  splendeur  * 

brille  dans  les  eieux ,  pénètre  les  enfers,  et  se  répand  aussi  sur  la  ( 

terre ,  où ,  échauffant  plus  les  esprits  que  les  corps ,  elle  fait  nattre  - 


S  septembre.  —  F.  du  s.  nom  j>e  la  b.  y.  m.     22* 

lv  vertus,  et  dessèche  le  germe  des  vices.  Elle  est,  dfs-je,  cette  étoile 
fcriHante  et  incomparable  qui  s'élève  au-dessus  de  cette  vaste  mer 
Àa-bas,  pour  y  reluire  par  ses  mérites,  et  y  faire  descendre  la 
^nûère  de  ses  exemples.  O  vous ,  qui  que  vous  soyez ,  qui  corn- 
•  prenez  que  dans  le  courant  de  ce  siècle  vous  êtes  ballottés  à  tra- 
vers les  orages  et  les  tempêtes ,  plutôt  que  vous  ne  marchez  sur 
là  terre  ferme ,  ne  détournez  pas  les  yeux  de  la  lumière  éclatante 
de  cet  astre ,  si  vous  ne  voulez  point  être  submergés.  Si  les  vents 
des  tentations  s'élèvent  contre  vous,  si  vous  vous  jetez  contre  les 
meus  des  tribulations ,  regardez  rétoile,  invoquez  Marie.  Si  vous 
éfcs  agités  par  les  flots  de  l'orgueil,  de  l'ambition ,  de  la  médi- 
an ,  de  la  jalousie,  tournez  vos  regards  vers  l'étoile,  invoquez 
Marie.  Si  la  colère,  si  l'avarice ,  si  les  séductions  de  la  chair  ont 
èranlé  la  nacelle  où  surnage  votre  âme,  regardez  du  côté  de  Ma- 
riai Si  troublés  par  l'énormité  de  vos  crimes ,  couverts  de  con- 
fcskm  à  cause*  des  souillures  de  votre  conscience,  épouvantés 
et  rhorreur  du  jugement  qui  vous  menace ,  vous  commencez  à 
tous  sentir  engloutis  dans  le  gouffre  du  découragement,  dans  l'a- 
bîme du  désespoir,  songez  à  Marie.  Dans  les  dangers ,  dans  la 
détresse  et  dans  la  perplexité  des  circonstances  critiques ,  pensez  à 
Marie ,  et  invoquez  son  nom.  Qu'il  soit  toujours  dans  votre  bou- 
che, qu'il  soit  toujours  dans  votre  cœur,  et  pour  obtenir  le  secours 
de  sa  prière,  ne  désertez  pas  l'imitation  des  exemples  de  sa  vie. 
En  suivant  Marie,  vous  ne  pouvez  vous  égarer,  ni  en  la  priant 
tomber  dans  le  désespoir  ;  en  pensant  à  elle ,  vous  échappez  à  l'er- 
reur.  Lorsqu'elle  vous  soutient,  vous  ne  pouvez  courir  à  la 
ruine,  et  ne  rien  redouter  lorsqu'elle  vous  protège.  Si  elle  devient 
votre  guide,  vous  ne  sentez  plus  de  fatigue ,  et  si  elle  vous  est 
favorable ,  vous  atteignez  votre  but.  C'est  ainsi  que  vous  éprou- 
verez en  vous-même  combien  justement  il  a  été  dit  :  «  Le  nom 
delà  Pierge  était  Marie.  » 

Ce  nom  vénérable  était  depuis  longtemps  honoré  d'un  culte 
spécial  dans  quelques  parties  du  monde  chrétien,  lorsque  le  pape 
Innocent  XI ,  à  l'occasion  d'une  insigne  victoire ,  remportée  à 
Vienne  en  Autriche,  parla  protection  de  la  sainte  Vierge  Marie, 
sur  le  féroce  sultan  des  Turcs  qui  insultait  et  menaçait  toute  la 
chrétienté,  ordonna  que  chaque  année,  en  souvenir  perpétuel  d'un 
si  grand  bienfait,  l'on  célébrât  la  fête  du  saint  nom  de  Marie  par 
toute  l'Église,  le  dimanche  dans  l'octave  après  la  JNativité  de  la 
sainte -Vierge. 


22tt      t>  septembre,  —  s.  oheb,  év.  de  téhouanne. 


î>  septembre.  —  SAINT  GORGONIUS,  SAJNT    DOROTHÉE   , 
ET  LEURS  COMPAGNONS  ,  mabtybs.  —  4e  siècle.       ■  , 

Gorgonhis,  né  à  Nicomédie,  chambellan  de  l'empereur  Dîèp  ]  - 
rlétien,  amena  à  ia  foi  chrétienne,  avec  l'aide  de  son  collègue  Do-   ■ 
rothée ,  tous  les  autres  officiers  attachés  comme  lui  à  la  chambre    ] 
du  prince.  Voyant  un  jour  tourmenter  très-cruellement  un  mar-    ' 
tvr  devant  l'empereur,  l'exemple  de  constance  qu'il  leur  donna  lès    ' 
enflamma  l'un  et  l'autre  de  l'amour  du  martyre.  Tous  les  deux 
s'écrièrent  donc  :  «  Pourquoi ,  Seigneur,  pour  celui-ci  une  sea- 
tence  de  condamnation  qui  nous  est  commune  avec  lui,  et  ne  le    ' 
punissez-vous  que  lui  seul  ?■  Nous  n'avons  pourtant  avec  lui  qu'un} 
même  foi,  qu'une  même  résolution.  »  Après  qu'on  les  eut  enchaF 
nés,  l'empereur  donna  l'ordre  de  les  mettre  en  pièces  à  coups  de. 
fouet,  de  manière  à  leur déehirer  la  peau  sur  tout  le  corps,  d'ar- 
roser ensuite  leurs  plaies  avec  du  vinaigre  où  Ton  ferait  foudre  du 
sel ,  puis  après  les  avoir  attachés  sur  un  gril ,  de  les  exposer  a 
la  chaleur  des  charbons  ardents  qu'on,  mettrait  dessous.  Après 
avoir  été  torturés  de  toutes  les  manières ,  on  les  tua  en  les  sus* 
pendant  en  l'air,  en  Tan  304.  Le  corpsjde  saint  Gorgonius  fut  ap- 
porté depuis  à  Rome,  et  enseveli  entre  deux  lauriers  sur  la  vote 
Latine  ;  mais  dans  la  suite  le  pape  Grégoire  IY  le  Ht  transporter 
dans  la  basilique  du  Prince  des  apôtres. 


9  septembre,  —  S.  OMER,  évêqub  de  TÉaoUAjtfFTE.  — 

7e  siècle. 

Orner  naquit  vers  la  fin  du  sixième  siècle.  Dieu  lui  ayant  frit 
connaître  là  vanité  du  monde ,  il  se  retira  au  monastère  de  Luxeuil, 
au  diocèse  de  Besançon.  Son  humilité ,  son  obéissance  et  ses  au- 
tres vertus  édifiaient  toute  la  communauté ,  qui  ressentait  une 
grande  joie  d'avoir  acquis  un  religieux  d'un  aussi  grand  mérite. 
Quoiqu'il  usât  d'une  grande  sévérité  envers  lui-même ,  il  avait 
pour  tous  les  autres  une  douceur  qui  le  leur  rendait  singulière- 
ment aimable.  Il  faisait  paraître  une  pureté  de  mœurs  admirable 
et  une  grande  vigilance  à  éviter  et  à  écarter  tout  je  qu'il  croyait 
capable  de  blesser  cette  vertu.  Il  employa  les  jeûnes,  les  veilles  et 


9  septembre.  —  s.  omer,  év.  de  TTÉftoUÀNKE       227 

â'autres  austérités  pour  mortifier  ses  passions  et  pour  assujettir 
k  chair  à  la  loi  de -l'esprit. 

L'éclat  de  sa  vertu  ne  fut  pas  toujours  renfermé  dans  son  mo- 
nastère. On  parla  avantageusement  de  lui  au  roi  Dagobert  ;  et  ce 
prince  jugeant,  par  ce  qu'on  lui  en  disait,  qu'il  était  capable  des 
ihi£,grands  emplois  de  l'Église ,  le  demanda  à  l'abbé  de  Luxeuil. 
fi&llut  èure  violence  au  saint  pour  le  tirer  de  sa  retraite.  Quelle 
éffirenoe ,  disait-il ,  entre  le  port  où  je  suis  et  la  mer  orageuse  où 
Ton  va  m'embarquer  sans  expérience  et  contre  ma  propre  volonté  ! 
Mais  on  n'écouta  point  tout  ce  que  son  humilité  lui  dicta  en  cette 
•eeasfon.  On  le  tira  donc  de  Luxeuil ,  et  on  le  sacra  évéque  de 
ïfrouanne ,  Fan  686. 

Saint  Orner  trouva  la  plus  grande  partie  de  son  peuple  plongée 
feus  l'idolâtrie,  et  tous  dans  des  vices  grossiers.  Il  semblait  que 
Dira  lui  eût  réservé  cette  moisson.  Aussi  ne  s'épargna-t-il  pas  ; 
1  travailla  avec  un  zèle  extrême  à  réformer  les  mœurs  du  peu  de 
ittétiens  de  son  diocèse,  et  à  leur  faire  observer  la  loi  de  Dieu. 
1  s'appliqua  ensuite  à  détruire  l'idolâtrie  par  des  prédications  ; 
*,  avec  le  secours  de  la  grâce  du  Tout-Puissant,  il  fit  tant  de 
olides  conversions ,  qu'il  y  avait  peu  de  diocèses  aussi  bien  cul* 
ivés  que  le  sien  l'était  à  la  tin  de  son  épiscopat. 

Dieu  inspira  à  plusieurs  de  ses  ouailles  le  désir  de  suivre  ses 
sonseils  évangéliques  en  se  dépouillant  de  tout  et  en  se  retirant 
dans  la  solitude.  Ce  fut  ce  qui  donna  lieu  à  la  fondation  du  mo- 
nastère de  Sithieu  ou  de  Saint-Bertin ,  dont  saint  Mommolin 
fut  établi  premier  abbé  par  saint  Omer,  Ce  saint  prélat  s'y  re- 
tirait lui-même  quelquefois  pour  s'occuper  de  la  contemplation , 
quand  les  fonctions  épiscopales  lui  laissaient  quelque  loisir.  Étant 
parvenu  à  un  âge  avancé ,  il  perdit  la  vue  ;  mais  cette  infirmité 
ne  lui  arracha  jamais  aucune  plainte.  Son  âme  était  trop  éclai- 
rée pour  se  plaindre  d'un  accident  qui  ne  devait  pas  être  de  lon- 
gue durée ,  et  qui ,  après  tout ,  lui  laissait  plus  de  liberté  pour 
méditer  la  loi  du  Seigneur.  Lorsqu'il  assista  à  la  translation  des 
reliques  de  saint  Vaast ,  quoiqu'il  s'y  fit  plusieurs  miracles,  il  ne 
àemanda  point  à  Dieu  d'autres  grâces  que  celle  d'augmenter  en 
justice  et  de  mourir  dans  son  amour.  Le  Seigneur  lui  accorda 
a  demande  :  sa  vertu  devint  de  jour  en  jour  plus  parfaite ,  jus- 
qu'à ce  qu'enfin,  ayant  acquis  le  degré  où  elle  devait  s  élever, 
Dieu  le  récompensa  par  une  mort  sainte  et  par  la  gloire  éternelle 
ijui  l'a  suivie.  Ce  fut  vers  Tan  666  que  le  Seigneur  retira  ce  saint 


29*  10  Èêplembrt.  —  SAtftTft  PI     :fti*ML 

prélat  du  monde.  Ou  I'         a  <  >  ou  moral 

Notre-Dame  de  Sithieu ,  ai       ju  il  l'a  vak  ordonné.  Cette  i 


,    10  septembre.  —  SAINTE  PULCUfcRIE,  impuatm 

vierge. —  5ft  siècle. 

OElia-Pulchérie-Augusta ,  très-noble  pour  avoir  compté 
les  empereurs  romains  son  père ,  son  aïeul,  son  frère  et  ton  • 
fut  plus  illustre  encore  à  cause  du  zèle  qu'elle  déploya  pou 
battre  l'hérésie  et  défendre  le  dogme  catholique  au  sujet  i 
carnation  et  de  la  divine  maternité  de  Marie.  Elle  parut  i 
enfance  avoir  reçu  une  si  haute  sagesse,  que  ceux  qui,  a; 
mort  d' Arcadius ,  devaient  gouverner  l'empire  pendant  la 
rite  de  Théodose,  fils  de  ce  prince ,  ne  faisaient  rien  sans 
consultée.  Elle  élevait  dans  la  pureté  des  mœurs  et  dans 
tique  de  la  vertu  son  frère  Théodose  et  Eudoxie,  qu'elle  fit  é 
à  ce  jeune  prince,  ainsi  que  ses  sœurs  Flaccille,  Aroadic 
rine ,  qu'elle  gouvernait  bien  qu'elles  eussent  presque  son  I 
dont  elle  paraissait  en  quelque  façon  être  la  mère.  Pour  ni 
combien  cette  éducation  profitait  aux  princesses  il  sufi 
dire  qu'à  l'exemple  de  leur  pieuse  institutrice,  elles  se  dévo 
a  Dieu  et  lui  consacrèrent  leur  virginité.  Quant  à  Pulchérie 
rendre  plus  invariable  sa  résolution  de  rester  vierge  en  en  p 
a  témoin  tout  le  monde ,  elle  plaça  dans  l'église  de  Gon 
nople  une  table  sacrée ,  toute  d'or  et  ornée  de  pierreries,  < 
moire  du  vœu  qu'elle  avait  fait. 

Tant  que  Théodose  suivit  les  conseils  de  sa  sœur,  il 
meilleur  des  rois  et  le  modèle  d'un  empereur  chrétien.  Mai 
qu'il  eut  vécu  longtemps  en  paix  avec  elle ,  des  malveUlan 
vont  à  bout ,  par  le  mensonge  et  des  discours  envenimés,  de 
la  discorde  à  la  cour.  Pulchérie,  pensant  avoir  trouvé  le  no 
où  elle  pourrait  enfin  ne  plus  s'occuper  que  de  Dieu  et 
salut ,  se  retira  donc  à  ïîebdome ,  faubourg  de  Constant! 
et  y  demeura  quelque  temps ,  meuant  presque  la  vie  mona 
Mais  avec  elle  avait  disparu  la  félicité  de  l'empire.  Son  i 
fit  revenir.  Voyant  alors  qu'on  manquait  d'un  homme  cap* 
défendre  la  religion ,  comme  Débora  elle  s'avança  armés 
foi ,  et  fit  pour  la  maintenir  dans  son  intégrité  tout  oe  q 
zèle  pieux  lui  inspirait.  Aussi  se  montra-t-elle  digne  de 


"  iê  septembre*  —  s.  pàtteht.  929 

iééccrnèrent  lés  Pères  du  concile  de  Chateédoine  en  fap- 
4tae  commune  yoîx  la  gardienne  de  la  foi,  l'auteur  de  la 
In  destructrice  de  l'hérésie,  pieuse ,  orthodoxe  et  nonveëe 
lu  Polehérie  mérita  aussi  que  le  pape  saint  Léon  lui  renaît 

letionsde  grâces,  au  nom  de  toute  FËglise  romaine , 

Dieu  de  l'avoir  fait  triompher  d'abord  de  l'impiété  de 
lus,  et  ensuite  des  coupables  erreurs  d'Eutychès. 

infinis  que  causèrent  à  Pulchérie  tes  conciles  d'Êphèse 
f  convoqués  par  l'autorité  des  pontifes  romains, 
iflsjbèreut  pas  d'accomplir  avec  la  même  exactitude  tes  au* 

de  la  piété  chrétienne.  Eue  s'appliqua  constamment 

éclatant  le  culte  que  Ton  rend  aux  reliques  des 

tout  tes  bienheureux ,  elle  honora  particulièrement 

Vierge  Marie,  et  lui  donna  la  première  te  titre  de 

pour  repousser  les  blasphèmes  des  Nestoriens.  Bien 

élevé  à  l'empire  Marcien  qu'elle  en  jugeait  digne  à 
le  sa  piété  et  de  ses  autres  qualités,  et  quoiqu'elle  l'eut 
mr  époux ,  elle  n'en  garda  pas  moins  dans  le  mariage  la 
é  perpétuelle ,  imitant  encore  de  cette  manière  la  Mère 
in-Cfarist.  Elle  avait  pour  les  pauvres  une  charité  incom- 
*;  les  aimant  comme  ime  mère  tant  qu'elle  vécut,  elle  les 
i,  en  mourant,  héritiers  de  ce  que  lui  avait  laissé  sa  libé- 
ras bornes  de  tous  les  jours.  Pulchérie  mourut  en  l'an  453 . 
et  causa  un  deuil  général ,  et  sa  mémoire  fut  célébrée  par 

des  saints  Pères  et  des  autres  écrivains  de  1  époque. 


-** 


iembre.—  SAINT  PATIENT,  évêqub.  —  5e  siècle. 

itoire  n'apprend  rien  touchant  la  naissance,  l'éducation  et 
Bien  emplois  de  ce  saint.  Il  fut  choisi  pour  gouverner  l'É- 
rLyon,  vers  l'an  de  Jésus-Christ  468.  Voici  une  partie  de 
epe  saint  Sidoine  Apollinaire  en  a  fait  dans  une  lettre  qu'il 
vit  :  «  Nous  apprenons  avec  beaucoup  de  joie  que  vous  ne 
intentez  pas  de  remédier  aux  maux  que  vous  voyez  de  vos 
mais  que  vous  étendez  vos  libéralités  jusqu'aux  extrémités 
rance.  Les  malades  et  les  affligés  n'ont  point  à  se  plaindre 
Hi'is  ne  peuvent  venir  jusqu'à  vous  :  votre  charité  va  les 
r  jusque  dans  leurs  maisons,  dans  leurs  lits,  et  votre  main 
santé  prévient  la  faiblesse  de  leurs  pieds.  Vous  consolez 
in  ne  connaissent  pas  votre  nom ,  et  vous  essuyez  souvent 

20 


930        10  septeBibre.  —  s»  NICOLAS  DE  FPUHri'IWO» 

les  larmes  de  ceux  dont  v<         p     m  9ft»*QBaqf£ 

en  tous  une  sainte  inquiet  <  voua  fait  taqftaifr. 
manquer  à  assister  que  îj  vue.  »  SidatoÉM 
sur  l'austérité  de  sa  vie,  sur  sou  zèle  pour  la  discipline ,  sur' 
amour  pour  la  pureté  de  la  foi ,  sur  la  conversion  des  héiétifMBi 
et  des  païens  que  ses  discours  et  ses  prières  ont  retirés  de  répri- 
ment. .  ■*• 
Sa  charité  parut  d'une  manière  particulière  dans  le  ravage  qas 
les  Goths  firent  dans  une  partie  des  Gaules,  en  47S  et  474.  Cflt 
tarbares  avaient  brûlé  une  très-grande  partie  des  blés  qui 
sur  terre  ;  ce  qui  causa  une  grande  famine.  Saint  Patientât 
des  blés  de  tous  côtés ,  et  les  lit  distribuer  gratuitement  à 
«taux  environs  :  il  en  envoya  jusqu'en  Provence  et  e&Auragaey  ■ 
et  par  ses  soins  on  se  sentit  à  peine  de  la  disette.  Ce  fut 
lui  qui  engagea  le  prêtre  Constance  à  écrire  la  vie  de 
main  d'Auxerre.  L'opinion  la  plus  commune  est  qu'A 
vers  Tan  491. 


JO  septembre.  —  SAINT  MGOL.AS  DE  TOLENTINÛ,  IMIjj 
dk    l'obdre  de  Saint- Augustin,  cokfesscub.  —11! 

et  14e' siècle. 

Saint  Kicolas  dit  de  Tolentino ,  parce  qu'il  a  passé  la  inajet 
partie  de  sa  vie  et  qu'il  est  mort  dans  la  ville  de  Totantina,  sa 
Italie,  naquit  vers  Tan  1245  a  Saint- Angelo,  dans  la  marche  d* A* 
cône ,  de  parents  peu  fortunes ,  mais  riches  en  vertus  chrétienne*; 
ils  crurent,  après  un  pèlerinage  qu'ils  avaient  fait  a  l'église dl 
Saint-Nicolas  de  Bari ,  devoir  a  son  intercession  la  naissance  tf 
leur  fils,  et  voulurent  qu'il  en  prit  le  nom  au  baptême.  Hlaehay 
dès  son  enfance,  parut  être  un  enfant  de  bénédiction  par  aiC 
goiH  pour  la  prière,  sa  modestie,  sa  charité  pour  les  panvm*Hf 
sa  docilité  à  tout  ce  qu'on  lui  enseignait  pour  son  éducatwoflft 
lit  de  rapides  progiês  dans  ses  études,  que  la  piété  etlafW^ 
lence  sanctifièrent  habituellement.  Son  mérite  fut  bientôt  eama, 
et  on  le  nomma  chanoine  de  l'église  de  Saint-Sauveur  k  Tolaft£ 
tino.  Sa  régularité  édifia  tout  le  monde ,  mais  il  était  dès  ton** 
tiré  par  la  grAcc  a  se  séparer  totalement  du  moude ,  et  priait  Dm* 
dans  la  retraite  sans  aucune  interruption.  Occupé  de  ce  dessem, 
il  entendit  un  ermite  de  Tordre  de  Saint-Augustin  prêcher  sur 
les  vanités  du  monde ,  et  crut  devoir  embrasser  Tordre  de  ce  pré- 


11  septembre.  —  s.  piote  et  s.  hyacinthe.  *    231 

dont  le  discours  avait  fait  eu  lui  une  impression  luiui- 
et  profonde  ;  il  courut  sans  délai  se  présenter  au  couvent 
fe  TèfcntiDO ,  où  il  prit  l'habit. 

son  noviciat,  où  sa  ferveur  fut  toujours  exemplaire ,  il 
ses  voeux  à  dix-huit  ans.  Depuis  ce  jour,  le  sacrifice  d> 
dans  la  pratique  de  l'humilité ,  de  l'obéissance  et  de  la 
phi  rigoureuse  mortification  de  ses  sens,  ne  cessa  de  le  conduire 
kbptas  hante  perfection  religieuse.  On  l'envoya  successivement 
faneurs  couvents  de  sou  ordre ,  et  partout  il  fut  le  modèle 
frères  et  la  bonne  odeur  de  Jésus-Christ  pour  tous  ceux 
desquels  il  travailla ,  après  avoir  été  ordonné  prêtre  au 
de  CîngoJe.  Il  recevait  à  l'autel  des  grâces  extraordinaires  ; 
ait  par  ses  larmes  abondantes  et  son  visage  enflammé , 
i  célébrait  les  saints  mystères.  Il  passa  les  trente  dernières 
de  sa  vie  à  Tolentino,  ou  il  prêchait  presque  tous  les  jours. 
■  j  convertit  une  multitude  de  pécheurs  de  tout  état  et  de  tout 
pe.  H  fut  favorisé  de  plusieurs  visions  et  opéra  divers  miracles. 
ne  maladie  longue  et  douloureuse  acheva  d'en  faire  la  victime 
i  la  divine  volonté ,  à  laquelle  il  n'avait  cessé  de  s'offrir  en  sa- 
Ifce.  Il  mourut  le  10  septembre  1308.  Eugène  IV  le  canonisa 
i  1446. 


!  septembre.  —  SAINT  PROTE  et   SAINT   HYACINTHE, 

martyrs.  —  3e  siècle. 

Prote  et  Hyacinthe  étaient  frères  ,  et  eunuques  de  la  bienheu- 
Eugénie.  Us  furent  baptisés  avec  elle  par  Févêquc 
,  et  s'étant  adonnés  à  1  étude  des  lettres  divines ,  ils  vé- 
quelque  temps  dans  un  monastère  d'Egypte  dans  la  pra~ 
delà  sainteté  et  d'une  humilité  admirable.  Mais  plus  tard, 
accompagné  la  sainte  vierge  Eugénie  à  Rome ,  iis  y  furent 
sous  Fempereur  Galien,  parce  qu'ils  professaient  la  foi 
.  Comme  on  ne  put  obtenir  en  eux  d'aucune  façon 
abandonnassent  la  religion  de  Jésus-Christ  pour  adorer  les 
dieux,  après  les  avoir  cruellement  frappés  de  verges,  on 
.v  trancha  la  tête  le  1 1  de  septembre,  en  Fan  2->7. 


332  11  septembre.  —  saint  PAPnrçi. 


«ÉHMWH ...    .11 — 


11  septembre.  —  SAINT  PAPHNUCE, ,  ÉviQua.  .-**4»' 

Paphnuce  était  Égyptien  de  naissance.  Prévenu  des  grâces  dn 
ciel  dès  sa  jeunesse ,  il  se  retira  dans  le  monastère  de  Pâpear,  vers 
les  extrémités  de  la  Haute-Egypte.  Dieu  l'en  tira  quelque  temps 
après  pour  l'élever  à  l'épiscopat. 

Paphnuce  donna ,  au  peuple  que  la  Providence  avait  mis  sous 
sa  conduite ,  l'exemple  des  grandes  vertus  qu'il  avait  apprises  et 
pratiquées  dans  le  désert ,  et  il  tâcha  d'en  former  des  suais  sp- 
pliqués  aux  bonnes  œuvres  et  dignes  du  nom  de  chrétiens,  dont 
il  se  faisait  gloire.  Il  gouvernait  son  troupeau  depuis  peu  d'années, 
quand  il  eut  à  soutenir  la  persécution  de  l'empereur  Mai 
Il  fut  du  nombre  des  confesseurs  à  qui  ce  prince  cruel  fit 
un  œil  et  couper  le  jarret  gauche ,  et  qu'il  envoya  ensuite  txavaflkr 
aux  mines,  ne  leur  laissant  la  vie  que  pour  leur  faire  endurerai 
plus  long  martyre ,  et  ne  voulant  pas  hâter  le  moment  de  te 
gloire  en  abrégeant  celui  de  leurs  souffrances.  Paphnuce  sonftfe 
ce  supplice  et  ces  travaux  sans  murmurer.  U  s'offrit  a  Dieu  i 
une  victime  prête  à  lui  être  immolée,  s'il  le  demandait  :  il 
que  l'homme  ne  doit  vouloir  que  ce  que  Dieu  veut ,  et  compter 
pour  rien  les  peines  qui  lui  obtiennent  une  félicité  éternelle. 

I*a  mort  des  persécuteurs  de  l'Église  et  l'élévation  de  Goph 
tantin  à  l'empire  ayant  rendu  la  paix  et  le  calme  an  siècle,  on 
tira  Paphnuce  des  travaux  pénibles  auxquels  on  l'avait  condamné, 
et  on  le  rendit  à  son  troupeau.  Il  reprit  ses  fonctions  avec  va 
zèle  si  grand,  qu'on  ne  s'aperçut  pas  de  l'état  d'infirmité  où 
ses  souffrances  l'avaient  réduit.  Il  prit  les  intérêts  de  l'Église  ans 
ardeur,  et,  comme  on  est  digne  de  défendre  la  foi  quand ,001 
souffert  pour  elle ,  lorsque  Constantin  eut  assemblé  le  conçue  gé- 
néral de  Nicée ,  le  saint  prélat  y  vint ,  tout  estropié  qu'il  était, 
et  y  parut  avec  beaucoup  d'éclat  au  milieu  de  plusieurs  autres  sots 
confesseurs  de  Jésus-Christ ,  restes  précieux  des  persécutions  Al 
Dioclétien  et  de  ses  successeurs.  Pendant  la  tenue  du  coooBe, 
l'empereur  Constantin  faisait  souvent  venir  Paphnuce  dans  son 
palais ,  afin  de  s'entretenir  avec  lui  des  moyens  de  rétablir  la  p** 
dans  l'Église;  et  jamais  ils  ne  se  séparaient,  que  ce  prince  reli- 
gieux ne  baisât  avec  affection  la  place  de  l'œil  que  le  saint  avait 
perdu  pour  la  foi  de  Jésus-Christ.  On  ne  connaît  point  le  temps 


J2  «q  t.  —    8.  GUY  OU  GUIDON.  2S& 

i  mort;  on  t  qu'il  mourut  dans  une  grande 

»6  :  saméflnnav  aeie  en  bénédiction  dans  tous  le*  siècles 
ma. 


qptombre.   —  SAINT  GUY    ou  GUIDON,  bedeau. 

—  12e  siècle. 

£„  surnommé  le  pauvre  d'Anderlecht ,  est  également  connu 
r  ttom  de  Guidon,  du  mot  latin  Guido,  qui  veut  dire  Guy. 
t  tin  monde  sur  la  fin  du  01  de,  dans  un  village  du 

HtV&8  parents ,  qui  étaie:  n  ion  pauvres  et  de  basse  con- 
l£jsB  parent  lui  procurer  ce  que  le  monde  appelle  de  l'éduca- 
JÉÎÉBa,  comme  ils  craignaient  Dieu,  ils  apprirent  à  leur  fils 
MTtfr  fidèlement.  Us  lui  inculquèrent  dès  l'enfance  cette 
»e  de  Tobie  à  son  fils  :  «  Nous  serons  assez  riches  si  nous 
ions  Dieu;  »  et  ils  lui  donnèrent  eux-mêmes  l'exemple  de 
-crainte  animée  et  vivifiée  par  la  charité. 
y  étant  allé  un  jour  dans  le  village  de  Lacke ,  à  une  demi- 
d£  Bruxelles  y  entra  dans  l'église  pour  y  prier.  Le  curé, 
tfepérçu  dans  cette  sainte  occupation,  futctianné  de  sa  modes- 
te son  recueillement  :  il  l'appela  et  s'entretint  avec  lui.  Encore 
rappé  de  ses  discours ,  qui  ne  respiraient  que  la  prière ,  et 
s  surpris  du  bon  sens  avec  lequel  il  parlait ,  le  curé  lui  pro- 
de  l'attacher  au  service  de  son  église.  Guy  accepta  l'offre 
d'autant  plus  de  plaisir  qu'A  espérait  trouver  dans  ce  poste 
oi  contenter  son  amour  pour  la  prière  et  son  respect  pour 
ux  saints.  Il  fut  donc  établi  garde  ou  bedeau  de  Notre-Dame 
cke.  Gomme  il  n'agissait  point  en  mercenaire ,  tout  lui  parut 
l  dans  son  emploi.  On  le  voyait  toujours  également  recueilli: 
imiter  ceux  qui ,  regardant  l'église  comme  un  lieu  ordinaire, 
«fit  souvent  plus  haut  et  plus  grossièrement  qu'ils  ne  feraient 
In  places  publiques,  il  y  était  dans  un  religieux  silence  et 
nodestie  qui  semblaient  dire  à  tout  le  monde  :  C'est  ici  la 
m  du  Seigneur;  tremblez ,  vous  qui  approchez  de  son  sanc- 
i.  La  propreté,  le  bon  ordre  et  sa  ponctualité  dans  tout  ce 
avait  à  faire  faisaient  aisément  juger  de  la  pureté  de  son  âme 
la  régularité  de  ses  mœurs.  C'était  toujours  au  pied  de 
I  qu'il  se  délassait  de  ses  occupations  extérieures ,  et  souvent 
sait  une  partie  de  la  nuit  en  oraison.  Tout  le  reste  de  sa 
rite  était  aussi  réglé.  11  ne  donnait  rieu  au  plaisir  ni  à  la  le- 

20. 


234  13  septembre.  —  s.  amat  ou  amé. 

^creté.  11  marchait  toujours  en  la  présence  de  Dieu  et  s'efforçait 
de  devenir  parfait.  Il  vivait  dans  une  très-grande  pauvreté.  lors- 
qu'il n'avait  pas  de  quoi  faire  l'aumône,  il  la  demandait  pour 
ceux  qu'il  ne  pouvait  soulager  par  lui-même.  Il  affligeait  son  corps 
par  des  jeûnes  rigoureux ,  et  prévenait  ainsi  par  la  pénitence  le 
jour  de  la  colère  future.  Il  tâchait  de  rendre  la  verni  aimable  par 
des  manières  honnêtes  et  gracieuses. 

Cependant ,  pour  l'humilier  et  le  rendre  plus  vigilant  sur  lui- 
même,  Dieu  permit  qu'il  fit  une  faute  qui  lui  fit  répandre  plus 
tard  bien  des  larmes.  Un  marchand  de  Bruxelles,  voyant  l'amour 
qu'il  avait  pour  les  pauvres,  lui  persuada  de  se  mettre  dans  le 
commerce  afin  d'y  gagner  de  quoi  les  soulager  plus  abondam- 
ment. Guy,  trompé  par  ce  prétexte  spécieux,  ne  fit  point  attention 
que  Dieu  n'exige  pas  de  nous  le  bien  qu'on  ne  peut  faire  qu'en 
quittant  un  état  où  sa  providence  nous  a  placés.  Il  écouta  la  pro- 
position du  marchand,  et  se  mit  de  société  avec  lui,  ce  qui  sur- 
prit tous  ceux  qui  le  connaissaient.  Dieu,  qui  n'avait  permis  cette 
fausse  démarche  que  pour  apprendre  à  son  serviteur  que  nos  pro- 
pres lumières  sont  souvent  un  mauvais  guide,  ne  voulut  pas  qu'A. 
demeurât  longtemps  dans  l'illusion  faite  à  sa  simplicité.  Guy'  vit 
périr,  au  moment  d'entrer  dans  le  port,  le  bâtiment  de  la  cargai- 
son duquel  il  comptait  déjà  retirer  d'assez  forts  bénéfices  pour 
soulager  les  indigents.  Il  reconnut  de  suite  que  cet  accident  était 
une  punition  de  sa  faute  ;  et,  retournant  aussitôt  à  Lacke,  il  re- 
prit son  premier  emploi,  et  ne  songea  plus  qu'à  trafiquer  pour  le 
Ciel,  en  avançant  de  vertus  en  vertus.  Dieu  l'appela  à  lui  vers 
Tan  1112. 


13  septembre.  —  SAINT  AMAT  ou  AMtë,  évêque  DE  SlON , 

patron  de  Douai.  —  7e  siècle. 

Dieu  fit  naître  saint  Amat,  vulgairement  appelé  saint  Amé, 
dans  une  famille  pieuse  et  favorisée  des  biens  de  la  fortune.  Formé 
à  la  vertu  dès  sa  jeunesse,  l'étude  des  lettres  humaines,  à  laquelle 
on  l'appliqua  pendant  quelque  temps,  ne  lui  fut  pas  préjudicia- 
ble. Il  mit  des  bornes  à  sa  curiosité,  de  peur  qu'elle  ne  l'égarât, 
et  il  pratiqua  à  la  lettre  ce  que  dit  saint  Jérôme,  qu'il  ne  faut 
point  apprendre  ce  qu'on  ne  peut  savoir  sans  danger.  H  u'y  eut 
que  dans  la  science  des  saints  qu  il  voulut  tout  approfondir.  S\-i|i- 
pliquant  à  cette  étude  avec  humilité  et  avec  un  cœur  pur,  il  eu 


11  septembre.  —  s.  amat  ou  amk.  236 

m  mépris  sa   ère  pour  le       ode  et  un  désir  ardent 
les  disposition    a'Amé,  lorsqu'il  entra  < 
i,  non  que  lui-    !      s'en  crût  digne  (       < 
Teût  plus  été);  mais  p     e  qu'il  e      qu'il  y  se       a 
dangers  qu'on  court  as      le  1    i       11- < 

peut  garder  la  re*        et  se  oe 

*  du  siècle,  i    s  qu       y       uve  a  î 
Al  pfc»  m  plus  du  désir  d  1      ï     e  j         tRm,  tt  se  re- 
iteddans  le  monastère  d'Ag 

at  le  peuple,  témoins  de:      progrès  et  édifiés  de  son. 

;y  vers  Tan  660,       te  siège  épiseopal  de  Ston, 

t  efforts  qu'il  fit  pour       tore  dispensé.  La  vocation 

trop  bien  marquée,  et  ai     aurait  pu  craindre  de 

désobéissant  aux  ordres  oe  Dieu ,  en  voulant  lui 

bumiKté  excessive,  et  qui  dès  lors  cessait  d'être  une 

•  homlité ,  s'il  eût  persisté  davantage  dans  son  refus.  De- 
chef  du  troupeau,  il  le  conduisit  avec  sagesse,  et  le  ga- 
sntant  qu'il  fat  en  lui,  contre  le  vice  qui  corrompt  le 

*  contre  l'hérésie  qui  séduit  l'esprit.  Il  prêcha,  il  instrui- 
sit soin  des  malheureux  et  les  soulagea  :  il  fut,  en  un  mot, 
t  pasteur,  et  il  sanctifia  tous  ceux  qui  étaient  sous  sa  con- 

avait  près  de  cinq  ans  qu'il  gouvernait  en  paix  son  église , 
î  de  graves  tribulations  vinrent  l'éprouver.  Le  démon ,  ja- 
bs  sa  vertu  et  du  bien  qu'il  faisait  dans  son  diocèse,  suscita 
lui  quelques-uns  de  ces  hommes  qui  ne  peuvent  souffrir 
s  autres  le  bien  qu'ils  n'ont  pas  le  courage  de  faire  eux- 
l  Us  l'accusèrent  auprès  de  Thierry  Ier,  fils  de  Clovis  II,  de 
«  crimes  qui  n'avaient  point  de  fondement.  Le  roi  ne  s'in- 
point  si  ce  qu'on  lui  rapportait  contre  le  saint  prélat  était 
e  croyant  coupable,  parce  qu'on  lui  disait  qu'il  l'était,  il 
à  Paonne,  dans  le  monastère  de  Saint-Fursy.  Saint  Ultan 
t  alors  abbé  :  il  ne  tarda  guère  à  reconnaître  le  mérite  de 
aoonier;  il  l'honora  comme  un  serviteur  de  Dieu  qui  souf- 
■raéeution  pour  la  justice ,  et  il  aurait  adouci  encore  plus 
nés  de  son  bannissement,  si  Amé  n'avait  voulu  faire  servit 
race  à  la  pénitence,  dans  laquelle  il  se  proposait  de  passer 
5  de  ses  jours. 

avait  environ  douze  ans  qu'Ame  était  à  Péronnc,  lorsque 
rhierry  l'en  fit  sortir,  nou  pour  le  rendre  a  son  peuple  (ce 


2:50     14  septembre.  —  exaltation  de  la  stb  croix. 

prince  ne  voulait  point  éloigner  celui  qui  le  gouvernait  ) ,  'nu 
pour  renvoyer  au  monastère  de  Breuil  ou  de  Mer  ville ,  au  di 
cèsede  Térouannc,  en  Flandre.  Mauron,  qui  en  était  le  fondateu 
et  qui  avait  été  abbé  de  Saint-Fursy  après  saint  Ultan,  fut  réjo 
de  posséder  encore  le  saint  prélat;  et,  soit  qu'il  en  eût  obtei 
le  consentement  du  roi,  soit  de  son  propre  mouvement,  il  lui  lais 
le  gouvernement  de  ce  nouveau  monastère.  Amé  prit  grand  soi 
de  ceux  confiés  à  sa  vigilance,  et  il  s'efforça,  par  son  exemple 
par  ses  discours,  de  les  porter  à  la  pratique  de  l'humilité  et  i 
la  simplicité  évangélique.  Quand  il  avait  donné  ordre  h  tout, 
se  retirait  dans  une  cellule  qui  était  proche  de  l'église,  et  s'y  a 
cupait  à  la  contemplation  avec  une  telle  ardeur,  qu'il  sembli 
n'être  plus  sur  la  terre,  mais  dans  le  céleste  séjour.  11  ne  demetn 
qu'environ  quatre  ans  parmi  ses  religieux,  qu'il  ne  quitta  qi 
pour  être  dans  le  ciel  leur  intercesseur,  comme  il  avait  été  la 
père  et  leur  médiateur  sur  la  terre.  Il  mourut  l'an  690,  et  fut  a 
terré  dans  l'église  de  Breuil.  On  dit  que  Thierry  reconnut  qu 
avait  été  trompé  au  sujet  de  ce  saint  prélat ,  et  que  pour  rép 
rcr,  en  quelque  sorte ,  l'injustice  avec  laquelle  il  l'avait  traiti 
il  fit  plusieurs  donations  au  monastère  de  Brueil  :  faible  rép 
ration  de  l'injuste  traitement  qu'il  avait  fait  souffrir  à  un  sai 
évoque. 


H  septembre.  —  1/ EXALTATION  1)K  LA  SAINTE  CHOU 

m  Tan  029. 

1 /exaltation  de  la  sainte  Croix  est  une  fête  instituée  pour  cél 
brer  la  mémoire  du  jour  auquel  on  rapporta  à  Jérusalem  la  Cro 
sur  laquelle  le  Sauveur  du  monde  a  opéré  le  grand  ouvrage  i 
notre  salut.  Voici  en  peu  de  mots  le  détail  de  cet  événement  in 
portant.  Siroès ,  roi  de  Perse ,  ayant  fait  mourir  Chosroès ,  m 
père,  le  prince  le  plus  cruel  qu'on  eût  vu  depuis  longtemps,  fit 
paix  avec  l'empereur  f  Iéraclius ,  en  028  :  il  lui  rendit  tous  I 
chrétiens  qui  étaient  captifs  en  Perse,  entre  autres  Zacharie,  p 
triarche  de  Jérusalem ,  avec  la  vraie  Croix  qui  avait  été  enlevée  i 
Jérusalem  même ,  quatorze  ans  auparavant ,  quand  la  ville  f 
prise.  Cette  précieuse  relique  fut  d'abord  apportée  à  Constant 
uople;  mais  l'année  suivante,  au  commencement  du  printeni)i 
Iléraclius  s'embarqua  pour  la  reporter  a  Jérusalem,  et  rond 


14  septembre.  —  sainte  Catherine  de  gênes.    237 

à  Dieu  de  ses  victoires.  Cette  cérémonie  se  6t  avec  beau- 
de  solennité  et  de  piété  :  le  patriarche  Zacharie  remit  ce  bois 
la  place  qu'il  occupait  avant  son  enlèvement.  Voilà  quel 
Fobjet  de  la  fête  que  l'Église  célèbre  en  ce  jour.  Elle  a  tou~ 
eu  beaucoup  de  vénération  pour  la  vraie  Croix,  à  cause  de 
qui  y  a  été  attaché,  et  du  sacrifice  qu'il  y  a  fait  de 
vie  pour  notre  salut  :  elle  en  rappelle  souvent  la  mé- 
anx  fidèles,  afin  que  le  souvenir  de  ce  que  leur  salut  a  coûté 
les  porte  à  donner  tout  pour  un  Dieu  qui  s'est  livré 
anfc   entier  pour  eux.  La  vraie  Croix  n'est  honorée  que  parce 

féHe  a  porté  le  corps  sacré  de  Jésus-Christ  et  qu'elle  a  été  teinte 
son  sang  précieux.  On  n  honore  les  images  et  les  représen- 
de  cette  Croix  que  parce  qu'elles  font  souvenir  du  grand 
qui  a  été  opéré  sur  le  Calvaire;  et,  quand  on  se  prosterne 
elles,  c'est  pour  adorer  Jésus-Christ,  qui  a  voulu  mourir 
les  hommes  sur  une  croix.  Ainsi  les  fidèles  n'adorent  point 
bQroîx  de  ce  culte  et  de  cette  adoration  qui  ne  sont  dus  qu'à 
comme  les  hérétiques  les  en  accusent  faussement  :  mais  ils 
l'honorent  et  la  baisent  même  avec  dévotion,  parce 
■Telle  a  été  sanctifiée  par  la  présence  et  par  l'attouchement  du 
des  saints,  qui ,  pour  nous  racheter,  s'est  livré  au  plus  hon- 
teux supplice. 


14  septembre.  —  SAINTE  CATHERINE  DE  GÊNES, 
veuve.  —  15e  et  16e  siècle. 

Catherine,  native  de  Gènes,  y  eut  pour  père  Jacques  Fieschi,  qui 
nounit  vice-roi  de  Naples,  sous  René  d'Anjou ,  roi  de  Sicile.  Sa 
commençait  à  peine  à  so  développer*  qu'elle  paraissait 
un  enfant  de  bénédiction.  On  était  étonné  de  la  voir  joindre  la 
sté  du  cœur  et  l'obéissance  à  l'amour  de  la  prière,  à  la  mor- 
et  à  la  pratique  des  plus  héroïques  vertus.  Elle  nous  ap- 
eUe-méme  qu'à  l'âge  de  douze  ans,  Dieu  la  favorisait  de  plu- 
grâces  extraordinaires.  Elle  voulut,  dans  sa  treizième  année, 
au  Seigneur  dans  l'état  religieux,  mais  les  conseils  de 
auxquels  elle  s'en  rapportait  pour  connaître  la  volonté  di~ 
■  la  détournèrent  de  ce  dessein .  Trois  ans  après,  ses  parents  lui  ti- 
rent épouser  un  jeune  seigneur  de  Gênes,  nommé  Julien  Adorno.  Son 
ri.  qui  était  passionné  pour  le  plaisir  et  entraîné  par  l'ambition, 


238    14  septembre.  —  sainte  Catherine  de  gènes. 

lui  causa  mille  chagrins  pendant  les  dix  années  qu'ils  passèrent 
ensemble.  Elle  les  supporta  avec  une  patience  admirable  et  trouva-  l 
moyen  de  se  sanctiiier  de  plus  en  plus.  Adorno ,  par  ses  profil*  * 
sions,  dissipa  son  bien  et  celui  que  sa  vertueuse  épouse  lui  avait.  * 
apporté  en  mariage.  Catherine  en  était  bien  moins  touchée  qui'  * 
de  la  vie  déréglée  de  son  mari.  Elle  demandait  tous  les  jours  à  * 
Dieu  sa  conversion.  Ses  prières  furent  à  la  fui  exaucées.  Adorno,  * 
revenu  de  son  égarement,  en  fit  pénitence,  entra  dans  le  tien  t 
ordre  de  Saint-François ,  et  mourut  dans  de  vifs  sentiments  de 
piété. 

Catherine ,  étant  affranchie  des  liens  qui  la  retenaient  dans  le.  -■ 
monde ,  résolut  de  ne  plus  vivre  que  pour  son  salut  et  pour  DieuJ  > 
Pour  mieux  atteindre  ce  but ,  elle  se  décida  à  unir  la  vie  active  àjs  * 
vie  contemplative.  Elle  s'attacha  donc  au  grand  hôpital  de  Gènes*:.  * 
où  elle  servit  plusieurs  années  les  malades  avec  une  charité  etuns^  * 
tendresse  incroyables.  Son  désir  de  plaire  a  Jésus-Christ,  en  le  se*»  ' 
vaut  dans  ses  membres  souffrants ,  l'empêchait  de  borner  sa;  * 
charité  à  l'enceinte  de  l'hôpital.  Elle  se  faisait  sentir,  au  contraire,^ 
à  tous  les  pauvres  malades  de  la  ville;  car  ils  ne  lui  étaient  pas  pluï;  * 
tôt  connus ,  qu'elle  leur  faisait  procurer  tous  les  secours  dont  isi; 
avaient  besoin.  Son  amour  pour  eux  parut  surtout  pendant  la  pesff)  * 
qui  lit  à  Gènes  de  terribles  ravages  dans  les  années  1407  et  1501. 

Ses  austérités  avaient  quelque  chose  d'effrayant.  Elle  s'était    , 
tellement  accoutumée  à  jeûner,  qu'elle  passa  vingt-trois  carêmes   , 
et  autant  d'avents  sans  prendre  aucune  nourriture.  Elle  recevait 
seulement  la  communion  tous  les  jours,  et  buvait  de  temps  en 
temps  un  verre  d'eau ,  où  elle  mêlait  un  peu  de  vinaigre  et  de    ' 
sel.   Elle  avait  un  tel  désir  de  s'unir  au  Sauveur  parla  participa- 
tion à  l'Eucharistie ,  qu'elle  portait  une  sainte  envie  aux  prêtres 
qui  pouvaient  avoir  ce  bonheur  tous  les  jours.  Il  lui  arriva  quel-    : 
quefois,  après  la  communion,  d'avoir  des  ravissements. 

Sainte  Catherine  de  Gènes  ne  cherchait  jamais  à  s'excuser  quand  .  ; 
on  lui  faisait  quelques  reproches  ;  elle  était  au  contraire  toujours  dis*.  ' 
posée  à  se  condamner  elle-même.  L'accomplissement  de  la  volonté^.  < 
divine  était  l'unique  objet  de  ses  désirs  :  aussi  elle  avait  pris  pour  de» . 
vise  cette  demande  de  l'Oraison  dominicale  :  «  Que  votre  volonté    - 
soit  faite  sur  la  terre  comme  au  ciel.  Dans  son  traité  du  Pur- . 
gatoire,  et  dans  son  Dialogue,  ouvrages  qui  ne  sont  point  à  la, 
portée  de  tous  les  lecteurs,  elle  insiste  particulièrement  sur  la,' 
nécessité  de  celte  mortification  universelle  et  de  cette  humilité. 


15  septembre.  —  s.  jean  le  nux.  230 

nrfaite ,  qui  «avait  porté  en  elle  l'amour  de  Dieu  ù  un  degré  si  su- 
kne.  El  le  mourut  le  14  septembre  1610,  dans  la  soixante-deuxième 
inée  de  son  âge,  après  avoir  beaucoup  souffert  d'une  maladie 
Dgue  et  douloureuse.  C'est  le  pape  Clément  XII  qui  la  canonisa 
Jennelleinent  en  1 737 . 

'*  Meptembre.  —  SAINT  NÎCOMÈDE,  prêtre  et  martyr. 

—  1er  siècle. 

Le  prêtre  Nksomède  fut  arrêté  pendant  la  persécution  de  l'cm- 
reur  Domitien,  parce  qu'il  donnait  la  sépulture  à  la  vierge  Féli- 
Ae  que  Flaccus  Cornes  avait  fait  mourir  à  cause  de  sa  foi.  On  le 
induisit  devant  les  statues  des  faux  dieux  ,  et  malgré  Tordre 
l'on  lui  en  donna,  il  refusa  courageusement  de  sacrifier  aux  idoles, 
gant  qu'on  ne  doit  une  pareille  adoration  qu'au  seul  vrai  Dieu 
il  règne  dans  les  cieux.  Il  fut  alors  assommé  à  coups  de  lanières 
èmbées ,  et  rendit  son  âme  à  Dieu  par  le  martyre.  Comme  le 
ifane  Flaccus  avait  commandé  de  jeter  son  corps  dans  le  courant 
à  Tibre,  Just,  qui  était  clerc  de  ISicomède,  l'ayant  recherché 
ree  soin,  le  trouva,  et  l'enterra  honorablement  sur  la  voie  Nomen- 
ine,  près  des  murs  de  Rome ,  vers  l'an  90. 

15  septembre.  —  S.  JEAN  LE  NAIN,  solitaire.  — 

oe  siècle. 

Le  nom  de  l'abbé  Jean ,  surnommé  le  JSain,  à  cause  de  la  peti- 
ase  de  sa  taille ,  est  célèbre  dans  l'histoire  des  Solitaires  et  des 
•ères  des  déserts.  11  avait  un  frère  plus  âgé  que  lui ,  et  avec  lequel 

se  retira  à  Scété. 

Jean  le  Nain  dit  un  jour  à  son  frère  aîné  :  Je  voudrais  bien  être 
omme  les  anges,  qui  n'ont  point  d'inquiétude ,  qui  ne  sont  point 
bligés  de  travailler ,  et  qui  sont  sans  cesse  occupés  à  louer  et  à 
tarir  Dieu.  En  même  temps  il  quitta  son  habit  et  s'en  alla  dans 
5  désert.  Après  y  avoir  passé  une  semaine ,  il  vint  retrouver  son 
rère  qui,  l'entendant  frapper  à  la  porte,  lui  dit  :  Qui  êtes-vous ? 
-  Je  suis  Jean  votre  frère,  répondit- il.  —  Jean,  répliqua  l'autre , 
"est  plus  maintenant  avec  les  hommes,  il  est  devenu  un  ange.  Jean 
ontinua  à  frapper  en  protestant  que  c'était  lui-même.  Mais  sou 
rère  le  laissa  toute  la  nuit  sans  vouloir  lui  ouvrir.  Quand  le  jour 
Jt  venu,  il  ouvrit  sa  porte,  et  lui  dit:  Si  vous  êtes  un  ange, 


340  15  septembre.  — -  s.  jèan  le  nai*. 

vous  n'avez  pas  besoin  de  ma  permission  pour  entrer  dans  n 
Iule  ;  mais  si  vous  n'êtes  qu'un  homme ,  ne  faut-il  pas  qu 
travailliez  pour  gagner  votre  vie  ?  Alors  Jean,  reconnaiss 
faute ,  se  jeta  aux  pieds  de  son  frère ,  en  lui  disant  :  J'ai  fi 
faute  ;  pardonnez-la-moi.  Depuis  ce  temps-là  il  ne  s'occupa 
que  du  travail  et  de  la  pratique  dos  différentes  vertus  qu 
venaient  à  un  solitaire.  Un  jour  qu'on  lui  demandait  ce  qi 
tait  qu'un  moine  :  Un  moine ,  répondit-il ,  est  un  homme  < 
vail ,  ou  plutôt  le  travail  même ,  puisqu'il  doit  s'exercer  à 
sortes  de  peines  et  de  travaux.  Un  autre  frère  lui  demandait 
servaient  les  veilles  et  les  jeûnes  ;  Us  servent,  répondit-il,  à  i 
et  à  humilier  l'âme ,  afin  que  Dieu ,  la  voyant  abattue  et  ai 
en  ait  compassion  et  la  secoure. 

Jean  le  Nain  conseillait  aux  autres ,  pour  être  vainque 
leurs  passions ,  de  se  tenir  dans  un  recueillement  continue] 
une  vive  attente  des  biens  éternels ,  et  dans  une  confiance  p 
en  la  bonté  de  Jésus-Christ  :  c'est  ce  qu'il  pratiquait  le  pn 
Il  se  comparait  à  un  homme  assis  au  pied  d'un  grand  arbre 
est  attaqué  par  toutes  sortes  de  bêtes  :  il  leur  résiste  tant  qu'il 
mais,  dès  qu'il  craint  de  succomber,  il  monte  sur  l'arbre. 
n'a  plus  rien  à  craindre  de  tous  leurs  efforts.  De  même ,  de 
je  me  tiens  assis  dans  ma  cellule,  où  je  veille  sur  moi-méo» 
me  garantir  des  embûches  des  démons,  et,  comme  par  me 
près  forces ,  je  ne  serais  pas  en  état  de  leur  résister,  j'ai  ri 
à  Dieu ,  qui  me  fait  terrasser  par  la  prière  toute  la  puissai 
mon  ennemi.  Il  répétait  souvent  cette  maxime  :  La  sûre 
moine  est  de  garder  sa  cellule ,  de  veiller  sur  lui-même ,  et  i 
toujours  Dieu  présent  à  l'esprit. 

Pour  avoir  Dieu  toujours  présent ,  il  ne  s'occupait  jama 
affaires  du  siècle  :  jamais  il  ne  parlait  de  nouvelles ,  ni  des  c 
de  ce  monde.  Quelques  frères,  voulant  un  jour  le  mettre 
preuve ,  lui  dirent  :  Nous  avons  bien  des  grâces  à  rendre  à 
de  ce  qu'il  a  tant  plu  cette  année.  Les  palmiers  poussent  à 
veille  :  ainsi  les  frères  qui  s'occupent  au  travail  des  mains 
veront  aisément  de  quoi  faire  des  nattes.  Jean  se  contenta  d 
répondre  :  Il  arrive  la  même  chose  quand  l'esprit  de  Die 
cend  dans  le  cœur  des  saints  :  ils  reverdissent ,  pour  ainsi 
ils  se  renouvellent  et  produisent  comme  de  nouvelles  feuille! 
la  crainte  de  Dieu.  Cette  réponse  ne  leur  donna  point  on 
pousser  plus  loin  leurs  entretiens  sur  de  pareils  sujets. 


16  septembre,  — •  *.  des  sept  d.  de  là  b.  v.  m.  24 J 

ht  ne  dit  rien  des  circonstances  de  la  mort  du  saint  solitaire  ; 
ne  peut  toutefois  douter  qu'après  urte  vie  si  parfaite  elle  n'ait 
très-précieuse  devant  Dieu, 


{  Troisième  dimanche  de  septembre.  ) 

HE  DES  SEPT  DOULEURS  DE  LA  BIENHEUREUSE 

VIERGE  MARIE. 

A  martyre  de  la  sainte  Vierge  se  trouve  exprimé  autant  par 
nrophétie  de  Siméon  que  par  l'histoire  de  la  Passion  du  Sei- 
ur.  «  Celui-ci ,  dit  le  saint  vieillard  en  parlant  de  l'enfant  Jé- 
,  celui-ci  est  établi  pour  être  en  butte  à  la  contradiction, 
joire  âme,  dit-il ,  s'adressant  à  Marie,  sera  percée  par  un 
ive.  »  O  heureuse  mère  !  il  est  bien  vrai  que  le  glaive  a  tra- 
ie votre  âme ,  car  il  lui  a  fallu  la  transpercer  pour  arriver  à  la 
ir  die  votre  Fils.  La  lance  cruelle,  qui  a  ouvert  le  coté  de  Jésus, 
pefoé  seulement  après  que  le  Sauveuf  eut  fendu  le  dernier  sou- 
;  elle  n'a  point  touché  son  âme,  au  lieu  qu'elle  a  Vraiment  percé 
rdtre.  L'âme  de  Jésus  avait  cessé  d'être  unie  à  son  corps,  tan- 
que  la  vôtre  n'en  pouvait  être  arrachée.  La  violence  de  la 
ileur  qui  a  traversé  votre  âme,  à  Marie ,  bous  fait  dire  avec  vé- 
\  que  vous  avez  été  plus  que  martyre ,  vous  qui  avez  plus  souf- 
t  par  la  compassion  que  vous  n'auriez  fait  si  vous  aviez  enduré 
is  votre  corps  les  tourments  de  la  Passion.  Cette  parole  de  Jé- 
i  :  Femme y  voilà  votre  fils! n'a-t-elle  pas  été  pour  vous  plus 
'uneépée,  elle  qui,  traversant  votre  âme,  a  pénétré  jusqu'au 
bat  qui  unissait  cette  âme  avec  la  vie  ?  Quel  échange  !  Jean  au 
u  de  Jésus ,  le  serviteur  à  la  place  de  son  Seigneur,  le  disciple  au 
u  du  maître,  le  fils  de  Zébédée  pour  le  Fils  de  Dieu  :  rien  qu'un 
mule  pour  remplacer  un  Dieu  î  Comment  votre  âme  si  affec- 
eufle  n'aurait-elle  pas  été  transpercée  par  la  parole  qui  vous  a  été 
fe,  quand  il  nous  suffit  de  nous  en  souvenir  pour  en  avoir  le 
sur  tout  déchiré?  En  effet,  si ,  comme  il  est  certain ,  la  mort  du 
Is  de  Marie  a  été  l'effet  d'une  charité  que  personne  ne  peut  sur- 
sser,  la  compassion  de  Marie  a  été  produite  par  la  plus  grande 
arité  possible  après  celle  de  Jésus* 


21 


242  1G  septembre.  —  s.  cyprien. 


IG  septembre.  —  SAINT  CORNEILLE,  pape  st  mastyiv 

—  3e  siècle. 


Corneille,  Romain,  fut  souverain  pontife  sous  les  empereurs    i 
Gallus  et  Volusien.  D'accord  avec  Lucine.  dame  très-pieuse,  I    i 
retira  des  catacombes  les  corps  des  saints  apôtres  Pierre  et  Paul  - 1 
pour  les  transférer  dans  un  lieu  plus  convenable.  Lucine  plaça  le    i 
corps  de  saint  Paul  dans  son  domaine ,  situé  sur  la  voie  d'Ostie,    > 
près  du  lieu  où  le  saint  apôtre  avait  été  frappé  du  glaive.  Corneflle    • 
déposa  le  corps  du  Prince  des  apôtres  non  loin  de  l'endroit  6A 
il  avait  été  crucifié.  Comme  on  dénonça  ce  fait  aux  empereurs ,  et    i 
aussi  que  le  pontife  était  cause  que  beaucoup  de  gens  étaient  dèvè*    i 
nus  chrétiens,  il  fut  envoyé  en  exil  à  Centumcelles»  alourdirai    i 
Cività-Vecchia ,  où  saint  Cyprien ,  évêque  de  Carthage,  lui  adrets 
dos  lettres  de  consolation.  Mais  comme  ils  s'acquittèrent  fréquem»    i 
ment  l'un  envers  l'autre  de  ce  devoir  de  charité  chrétienne,  tes 
empereurs,  le  prenant  en  mauvaise  part,  firent  venir  à  Rome  Cor* 
neillo ,  et  le  traitèrent  en  coupable  de  lèse-majesté.  Ils  ordonnè- 
rent donc  de  le  battre  à  coups  de  verges  plombées,  et,  après  l'avoir 
traîné  devant  la  statue  de  Mars  ,    de  l'obliger  à  sacrifier  à  ce 
faux  dieu.  Corneille,  ayant  manifesté  une  horreur  extrême  pour 
une  pareille  impiété,  eut  la  tête  tranchée,  le  14  septembre  de 
Tan  2*52.  Il  avait  vécu  dans  le  pontificat  environ  deux  ans.  La 
bienheureuse  Lucine  «iterra  son  corps,  avec  l'aide  des  clercs, 
dans  une  saisonnière  d'un  de  ses  domaines,  près  du  cimetière  de 
Calixte. 


16  septembre.  —  S.  CYPRIEN ,  evèque  de  Cabthagb 

ET    MARTYR.   —  3e  Siècle. 

Cyprien  est  né  en  Afrique ,  mais  on  ignore  en  quel  Heu.  Avant 
qu'il  eut  le  bonheur  d'être  converti  à  la  religion  chrétienne,  il 
enseigna  la  rhétorique  avec  beaucoup  de  réputation.  Il  ne  quitta- 
la  religion  païenne ,  dans  laquelle  il  était  né ,  qu'après  avoir  hésité 
longtemps  sur  ce  changement ,  et  avoir  mûrement  délibéré  s'il  le 
devait  faire.  Il  me  semblait  très-difficile ,  dit-il ,  de  renaître  pour 
mener  une  vie  nouvelle  ,  et  de  devenir  un  autre  homme  en  gar- 
dant le  même  corps.  Comment  peut-on ,  pensai s-je ,  se  dépouiller 


16  septembre.  —  s.  cyprien.  SIS 

wt  d'un  coup  d'habitudes  enracinées  et  endurcies  ?  Comment 
ratiqoer  la  frugalité ,  quand  on  est  accoutumé  à  une  table  abon- 
ante  et  délicate?  Mais  quand  l'eau  vivifiante  eut  lavé  les  taches 
b  ma  vie  passée ,  et  que  mon  cœur  purifié  eut  reçu  la  lumière 
'en  haut  et  l'esprit  céleste ,  mes  doutes  s'évanouirent  :  tout  fut 
mrt,  tout  fut  lumineux  ;  je  trouvai  facile  ce  qui  m'avait  paru 
■possible. 

La  vertu  de  Cyprien  ,  eneore  néophyte,  c'est-à-dire  nouvelle- 
test  baptisé,  le  fit  élever  à  la  prêtrise.  On  ne  se  contenta  pas 
éme  de  le  voir  prêtre  :  Donat ,  évéque  de  Carthage ,  étant  mort 
vt  peu  de  temps  après ,  tout  le  peuple  fidèle  s'empressa  de  de- 
qu'il  fût  remplacé  par  Cyprien.  A  cette  nouvelle ,  le  saint 
prit  la  fuite ,  se  croyant  indigne  d'un  tel  honneur  ;  mais , 
fc»  que  sa  retraite  fut  connue,  une  foule  nombreuse  investit  la 
dans  laquelle  il  s'était  retiré  :  malgré  toutes  ses  repré- 
il  fut  obligé  de  se  soumettre  ;  il  fut  sacré  évéque  de  Car- 
par  Tordre  de  Dieu ,  parle  jugement  unanime  des  évéques  v 
tarée  le  consentement  du  peuple ,  l'an  de  Jésus-Christ  248. 
Cyprien  ne  songeait  qu'à  bien  conduire  son  diocèse ,  et  à  y  faire 
eorir  la  foi  et  la  piété ,  lorsque  le  démon  suscita  dans  l'Église 
■e  tempête  qui  obligea  ce  saint  pasteur  à  se  séparer  pour  quel- 
ne  temps  de  son  troupeau.  L'an  249 ,  l'empereur  Dèce  publia  un 
lit  par  lequel  il  ouvrait  contre  les  fidèles  une  cruelle  persécu- 
m.  H  y  eut  beaucoup  de  personnes  du  clergé  et  du  peuple  de 
arthage  qui  moururent  pour  la  foi ,  et  un  plus  grand  nombre 
n  furent  mis  en  prison  et  n'en  sortirent  qu'après  avoir  beaucoup 
wffert.  Mais  il  y  en  eut  aussi ,  surtout  parmi  ceux  qui  étaient 
icbes  ou  en  place ,  qui  s'offrirent  d'eux-mêmes  pour  brûler  de 
encens  en  l'honneur  des  idoles  ;  d'autres  qui  confessèrent  d'a- 
ord  le  nom  de  Jésus-Christ  au  milieu  d'affreux  supplices ,  mais 
ai,  n'étant  pas  assez  humbles ,  et  n'ayant  pas  une  foi  assez  vive  > 
;  renoncèrent  dans  les  tourments ,  et  finirent  par  apostasier  après 
roir  commencé  à  défendre  la  vérité. 

Saint  Cyprien ,  qui  avait  été  obligé  de  prendre  la  fuite,  fut  cx- 
taement  affligé  de  ces  tristes  nouvelles ,  et  il  en  témoigna  sa 
âne  à  son  clergé.  Je  suis  affligé ,  dit-il ,  aussi  bien  que  vous , 
n  malheur  de  nos  frères  qui ,  renversés  par  la  violence  de  la  per- 
dition ,  ont  entraîné  avec  eux  une  partie  de  nos  entrailles ,  et 
ws  ont  porté  le  même  coup  qu'ils  ont  reçu. . .  Certes ,  il  est  plus 
?soin  de  larmes  que  de  paroles  pour  exprimer  notre  douleur* 


2-14  \6  septembre.  —  saint  CYPii&tf. 

pour  pleurer  nos  blessures ,  pour  déplorer  la  mine  d'un,  peuple 
autrefois  si  nombreux.  Plusieurs  de  ceux  qui  étaient  tombés  fo» 
rent  sensibles  à  la  charité  de  saint  Cyprien,  et  demandèrent  à 
être  admis  à  la  pénitence.  Saint  Cyprien  écrivit  aussi  aux  confes- 
seurs ,  c'est-à-dire  à  ceux  qui  avaient  confessé  Jésus^Ghrist  de- 
vant les  magistrats,  et  au  peuple  :  aux  premiers,  pour  leur 
remontrer  que,  s'ils  ont  gardé  la  foi  au  Seigneur  avec  tant  de  cou- 
rage ,  ils  doivent  aussi  être  les  plus  zélés  à  garder  sa  loi  et  la 
cipline  de  l'Église;  aux  seconds ,  pour  les  engager  à  exhorter 
qui  sont  tombés  et  qui  avouent  leur  faute ,  à  en  faire 
et  à  attendre  avec  patience  le  moment  de  leur  réconciliation,  qui 
ne  peut  être  méritée  que  par  des  larmes  et  une  longue  épreuve. 

Cette  conduite  dé  saint  Cyprien  fut  soutenue  par  le  clergé  es 
Rome,  qui  écrivit  à  celui  de  Carthage  de  tenir  ferme  contra  les 
importunités  des  apostats  qui  s'avouaient  coupables,  et  de  ne  les 
réconcilier  que  suivant  la  rigueur  salutaire  de  l'Évangile.  H  est 
aussi  nécessaire ,  dit  le  clergé  de  Rome,  quand  on  est  dans  un 
temps  fâcheux ,  de  tenir  ferme  à  la  discipline  de  l'Église ,  qu'il 
important  de  ne  point  quitter  le  gouvernail  d'un  navire 
la  tempête.  Dieu  garde  l'Église  romaine,  ajoute  la  lettre,  de  perdre 
sa  vigueur  par  une  facilité  profane,  et  de  relâcher  les  nerfs  de  J* 
sévérité  en  renversant  la  majesté  de  la  foi  ! 

L'empereur  Valérien  ayant  renouvelé  la  persécution  contre  kl 
chrétiens ,  saint  Cyprien  nit  pris  et  condamné  à  perdre  la  télé.  La 
saint  évéque ,  étant  arrivé  au  lieu  du  supplice ,  se  prosterna  le 
visage  contre  terre ,  et  fît  sa  prière.  Quand  elle  fut  finie,  M  6ta    ' 
ses  habitslqu'il  donna  à  ses  diacres.  Il  prit  ensuite  un  manteau  pour    t 
se  couvrir  les  yeux  ;  et ,  comme  il  avait  de  la  peine  à  le  nouer  par 
derrière ,  un  prêtre  et  un  diacre  lui  rendirent  ce  dernier  office. 
Lorsque  l'exécuteur  parut,  Cyprien  lui  fit  donner  vingt-cinq  écoi  « 
d'or;  puis  il  se  mita  genoux,  et,  les  mains  croisées  sur  lapoi-  U 
trine ,  il  attendit  le  coup  qui  devait  le  faire  passer  de  cette  vie  à   fc 
la  glorieuse  immortalité.  Les  fidèles  avaient  jeté ,  autour  du  ssist,  te 
des  mouchoirs  et  des  linges  pour  recueillir  son  sang.  Il  reçut  h   (p 
couronne  du  martyre  le  14  septembre,  l'an  de  Jésus-Christ  158-   <s 

43 

♦I 


17  septembre.  —  saint  lambert,  évèq.  245 


septembre.  —  S"  EUPHËMIE ,   vierge  ;   Ste   LUCIE , 
vxuvb  ,  ET  S.  GÉMINIEN  ,  martyrs.  —  4e  siècle. 

Etaphémie,  Lucie  et  Gémînîen  reçurent  la  couronne  du  mar- 
ie dans  la  persécution  de  Dioctétien,  non  dans  le  même  lieu , 
■s  le  même  jour,  vers  Tan  303.  Sous  le  proconsulat  de  Priscus, 
vierge  Enphémie  souffrit  auprès  de  Chalcédoine  diverses  sortes 
tourments.  Après  avoir  enduré  courageusement  ceux  des 
rges,  du  chevalet ,  des  roues  et  du  feu ,  elle  fut  enfin  exposée 
x  bêles  dont  une  imprima  une  morsure  à  son  corps  sanctifié, 
idii  que  les  autres  lui  léchaient  les  pieds.  Elle  rendit  ainsi  son 
m  ans  tache  entre  les  mains  de  Dieu.  Lucie ,  veuve  romaine, 
suée,  par  son  propre  fils  Eutrope,  d'adorer  Jésus-Christ  de- 
is  nombre  d'années ,  fut  jetée  dans  une  chaudière  pleine  de  poix 
allante  et  de  plomb  fondu.  Elle  en  ressortit  sans  en  éprouver 
mal ,  et  comme  on  la  conduisait  à  travers  la  ville  de  Rome 
couverte  de  fer  et  de  plomb ,  la  constance  qu'elle  mon- 
it  dans  la  foi  et  dans  le  martyre  convertit  à  Jésus-Christ  Gé- 
nial, homme  de  noble  naissance.  Elle  l'eut  pour  compagnon 
son  glorieux  martyre  ;  car,  ainsi*  qu'à  plusieurs  autres  nouveaux 
avertis,  on  lui  trancha  la  tête  après  lui  avoir  fait  endurer  di- 
ses toitures.  Maxima ,  femme  chrétienne ,  donna  une  sépul- 
«  honorable  aux  corps  de  ces  saints  martyrs. 


septembre .  —  SAINT  LAMBERT,   ëvêque  de  Maes» 

TBICHT    ET  MARTYR.  —  8e  Siècle. 

Lambert  naquit  à  Maestricht  vers  la  fin  du  septième  siècle, 
n  père,  nommé  Apre ,  qui  avait  du  bien  et  de  la  naissance ,  lui 
de  bonne  heure  des  maîtres  habiles  pour  le  former  aux 
et  à  la  vertu.  Coramp  il  trouvait  dans  son  fils  beaucoup 
imour  pour  la  religion ,  il  le  mit ,  après  ses  premières  études , 
Ere  les  mains  de  Th^odart,  évoque  de  Maestricht,  afin  que  ce 
9at  le  fît  instruire  avec  les  moines  et  les  clercs  qui  desservaient 
»rs  la  chapelle  royale. 

Lambert  était  assez  jeune  lorsque  les  habitants  de  Maestricht  le 
mandèrent  pour  succéder  à  saint  Théodart ,  qui  venait  d'être 
îassiué.  Les  premiers  de  la  cour  se  joignirent  à  eux ,  et  parlè- 

21. 


246  17  septembre.  —  s.  làmbërî. 

mit  au  roi  Cliilpéric  II  du  mérite  de  Lambert ,  en  sorte  que  ce 
prince  consentit  à  son  élection.  Lambert  regarda  l'épiscopat  comme 
l'ont  regardé  tous  les  saints,  c'est-à-dire  comme  un  fardeau  très- 
pesant  ,  et  qui  doit  remplir  de  frayeur  ceux  qui  en  sont  chargés. 
Cette  crainte  salutaire  le  rendit  toujours  fort  appliqué  aux  devoirs 
de  sa  charge ,  et  il  s'en  acquitta  avec  toute  l'exactitude  d'un  zélé 
pasteur. 

Le  roi  Chilpéric  ayant  été  tué ,  le  cruel  Ébroïn ,  maire  du  pa- 
lais ,  et  l'ennemi  déclaré  de  tous  les  bons  évéques ,  fit  déposer 
Lambert  et  quelques  autres  prélats.  Lambert  se  retira  dans  le 
monastère  de  Stavclot,  où  il  vécut  pendant  sept  ans  dans  l'obser- 
vance exacte  de  la  vie  monastique.  On  rapportera  un  exemple  re- 
marquable de  sa  soumission  à  la  règle  et  de  son  obéissance  au  su- 
périeur de  la  maison.  Lambert  se  levant  la  nuit,  pendant  l'hiver, 
pour  faire  quelques  prières  en  particulier,  une  de  ses  sandales 
ou  patins  de  bois  vint  à  lui  échapper  des  mains  pendant  qu'il  se 
chaussait ,  et  tomba  sur  le  plancher  assez  rudement  pour  éveiller 
ceux  des  religieux  qui  reposaient  dans  le  dortoir.  L'abbé  entendît 
ce  bruit,  et,  sans  savoir  qui  en  était  l'auteur,  il  ordonna  que 
crelui  qui  l'avait  fait  allât  prier  Dieu  au  pied  de  la  croix  plantée 
devant  l'église.  Le  saint  évéque  obéit  sans  répliquer  ;  il  alla  prier 
devant  la  croix,  pieds  nus,  couvert  seulement  d'un  rude  duce,et 
il  y  passa  trois  ou  quatre  heures  en  oraison,  les  bras  étendus.  Les  re- 
ligieux se  chauffant  après  Matines,  l'abbé  demanda  si  tout  le  monde 
était  rassemblé.  On  lui  rappela  qu'il  avait  envoyé  à  la  croix  un 
religieux  qui  n'avait  pas  été  rappelé.  Ayant  ordonné  qu'on  le  ftt 
revenir,  il  fut  fort  surpris  d'apprendre  que  c'était  l'évéque  Lam- 
bert, et  qu'il  était  gelé  de  froid  et  couvert  de  neige.  Il  l'envoya 
prier  de  rentrer  au  plus  tôt.  Dès  que  le  prélat  parut,  l'abbé  et 
ses  religieux  se  prosternèrent  à  ses  pieds  pour  lui  demander  pardon. 
Que  Dieu  vous  pardonne,  dit-il,  puisque  vous  croyez  avoir  be- 
soin de  pardon.  Mais  je  n'ai  pas  sujet  de  me  plaindre  d'avoir  été 
réduit  à  souffrir  la  nudité  et  le  froid,  puisque,  selon  saint  Paul, 
c'est  ainsi  qu'il  faut  traiter  son  corps. 

La  mort  d'Ébroiu  ayant  rendu  le  saint  pasteur  à  son  église,  il 
reprit  ses  fonctions  avec  une  nouvelle  application  :  brûlant  de  zèle 
pour  le  salut  des  âmes  confiées  à  ses  soins ,  il  les  forma  a  la  pra- 
tique de  la  patience ,  de  la  pauvreté ,  de  l'humilité  et  de  toutes  les 
mitres  vertus,  dont  il  leur  donna  le  premier  l'exemple.  Il  convertit 
beaucoup  d'infidèles  dans  son  diocèse,  particulièrement  dans  le 


17  septembre.  — sainte  uildegarm!.  217 

t  qui  fait  aujourd'hui  partie  du  diocèse  de  Liège.  I,c  saint 
\  mourut  en  Tan  708,  victime  de  son  zèle  à  faire  observer  les 
anéements  de  Dieu. 


tembre.— SAINTE  HILDEGARDE,  vierge  et  abbesse. 

—  12e  siècle. 

Legarde  naquit  en  Allemagne ,  où  elle  eut  pour  père  Hildebert 
r  mère  Mecthilde ,  tous  deux  illustres  par  leur  noblesse  et  par 
été.Le  ciel  la  favorisa  de  visions  miraculeuses  dès  l'enfance, 
it  ans  environ  on  la  vit,  pleine  de  mépris  pour  les  plaisirs  de 
ode,  se  retirer  avec  la  bienheureuse  Jutta  sur  la  montagne 
at-Désibode  pour  y  vivre  en  solitude.  Elle  embrassa  ensuite 
nonastique,  et  brilla  par  les  dons  éclatants  de  la  grâce  di- 
Soufîrant  de  douleurs  très-vives,  presque  continuelles,  qui 
eaient  fréquemment  de  garder  le  lit  et  ne  lui  permettaient 
rement  de  marcher,  elle  donna  au  monde  un  exemple  ad- 
le  de  patience.  Entièrement  crucifiée  avec  Jésus-Christ,  cUc 
lait  dans  sa  vie  le  spectacle  d'un  martyre  presque  conti- 
nue avait  environ  quarante  ans ,  quand  elle  fut  éclairée  mi- 
usement  par  un  globe  de  feu  et  de  lumière  qui  descendit 
L  Elle  reçut  aussi  du  Seigneur  le  don  d'intelligence  et  d'in- 
tation  des  saintes  Écritures.  Elle  composa  des  livres  adnii- 
qui  font  voir  qu'elle  fut  instruite  d'une  manière  surnatu- 
par  l'Esprit-Saint ,  qui  l'avait  également  douée  du  don  de 
étie  et  de  celui  du  discernement  des  esprits.  Jamais  personne 
quitta  sans  avoir  reçu  de  salutaires  avertissements  et  sans 
pris  la  résolution  démener  une  vie  meilleure.  Poussée  par 
e  apostolique ,  elle  se  transporta  souvent  à  Cologne,  a  Trêves, 
e  ,  à  Wurtzbourg ,  à  Bamberg ,  et  en  diverses  contrées ,  où 
«Ire  de  Dieu  elle  annonça  ce  que  le  Ciel  lui  avait  fait  con- 
.  Elle  parla  et  écrivit  avec  force  contre  les  hérétiques ,  et  sur- 
contre les  pernicieuses  erreurs  des  Cathares ,  qui  avaient 
ies  partisans  dans  quelques  provinces  de  l'Allemagne.  Elle 
>sa  aussi,  contre  les  doctrines  renaissantes  de  Bérenger,  un 
rès-savant,  où  elle  les  réfuta  victorieusement.  L'illustre  abbé 
drvaux ,  saint  Bernard ,  marqua  pour  elle  tant  d'estime  et 
tération  dans  ses  écrits ,  que  c'est  à  ses  instances  principale- 
que  justice  fut  faite  des  calomnies  de  ceux  qui  les  alta- 
it  ;  et  le  pope  Eugène  III  les  approuva  par  une  sentence  pir- 


348      17  teptembre*  —  impression  des  stigmates. 


blique  au  concile  de  Trêves.  L'illustre  servante  de  Dieu 
services  importants  à  toute  l'Église  par  ses  travaux 
par  l'exemple  de  sa  haute  sainteté.  Enfin,  après  des  preuves  fe*r 
nombrables  de  vertu  et  d'une  science  divinement  infuse,  HOdb- 
garde ,  glorifiée  «par  le  don  des  révélations  célestes  et  par  mkf.  y 
des  miracles ,  alla ,  dans  la  quatre-vingt-deuxième  année  dfe  1 
son  âge ,  se  réunir  à  son  divin  Époux.  Kilo  avait  prédit  lisant  V 
de  sa  mort,  que  Dieu  lui  avait  fait  connaître,  et  qui  arriva  k 
17  septembre  de  Tan  du  Seigneur  1181.  .    ' 

1     ■  ■    ■  »'  *i 

i  7  septembre. —  IMPRYSSION  DES  STIGMATES  DESAIRT  ï 
FRANÇOIS  D'ASSISE.—  13e siècle.  .  ^ 

François,  ce  fidèle  serviteur  et  ministre  de  Jésus-Christ,  deup  ^ 
ans  avant  do  rendre  son  âme  à  Dieu ,  s'était  retiré  sur  un  MlB  ^ 
élevé  qu'on  appelle  Mont  Alverne ,  et  qui  est  situé  en  ToeewL  ,L 
Il  y  avait  commencé  un  je  Ane  de  quarante  jours  en  l'honneur  A  ^ 
l'archange  Michel ,  et  il  y  était  inondé  avec  plus  d'abondance  qÉ  ^ 
«l'habitude  par  la  douceur  que  (hit  éprouver  la  contemplation  M  ** 
choses  d'en  haut.  Enflammé  plus  ardemment  du  désir  ta  bifll  *t 
du  Ciel ,  il  commença  à  sentir  avec  plus  de  plénitude  les  dons  m  ^ 
en  découlent.  Tandis  que  l'ardeur  toute  séraphique  de  ses  dtfl  * 
rélevait  vers  Dieu  et  que,  pénétré  d'une  tendre  compssskft^f  * 
était  transformé  en  Celui  à  qui  dans  l'excès  de  sa  eharitéMI  ails  ^ 
d'être  crucifié ,  un  matin ,  aux  environs  de  la  fête  de  l'EiattMi  i\ 
de  la  sainte  Croix,  pendant  qu'il  était  en  prière  sur  le  flâne  d|  U 
la  montagne,  il  eut  une  vision.  Il  lui  sembla  voir  l'image  d'un  Si-  U 
raphin  qui  avait  six  ailes  de  feu  tout  étincelantes,  et  qui  deeeenÉÉ  I, 
du  haut  des  deux.  En  Rabaissant  d'un  vol  rapide  auprès  de  Te*  ^ 
droit  où  se  trouvait  l'homme  de  Dieu,  il  ne  lui  parut  plusseri*  M 
ment  ailé ,  mais  aussi  crucifié.  Il  avait  les  mains  et  las  pis||  )i 
étendus  et  attachés  à  une  croix,  et  quant  aux  ailes,  elles  étala*  H 
disposées  de  divers  côtés  d'une  manière  surprenante  et  tette*  *fc 
qu'il  en  élevait  deux  au-dessus  de  sa  tête,  qu'il  en  étendait  dans  tt 
pour  voler,  et  qu'enfin  avec  les  deux  autres,  en  les  repliant,  !•■  i| 
couvrait  son  corps  tout  entier.  A  ce  spectacle ,  François  fut  frapfji  *» 
(Tétonneitient ,  et  son  âme  éprouva  une  joie  mêlée  de  douleur  t  if 
car  en  même  temps  qu'à  l'aspect  agréable  de  celui  qui  lui  appa-  ^ 
rabsait  d'une  façon  aussi  familière  que  miraculeuse  il  eu  cenec»  \ 


17  septembre.  —  impression  des  stigmates.      249 

une  extrême  allégresse,  d'un  autre  côté  la  vue  de  ce  cruel 
,  en  le  pénétrant  d'une  douloureuse  compassion ,  lui 
Inversait  Famé  comme  d'un  glaive. 
François ,  par  l'effet  de  l'enseignement  que  lui  donna  au  de- 

eehnqui  lui  apparaissait  extérieurement ,  comprit  que,  bien 
fne  l'infirmité  de  la  passion  ne  pût  nullement  s'associer  avec  l'im- 
mortalité d'un  esprit  séraphique ,  cependant  une  vision  de  cette 
Mnrte  avait  été  présentée  à  ses  regards ,  afin  qu'étant  lui-même 
l'ami  de  Jésus-Christ ,  il  apprit  à  l'avance  qu'il  serait  transformé 
tout  entier  en  une  vive  ressemblance  de  Jésus  crucifié ,  non  par 
le  martyre  de  la  chair,  mais  par  un  feu  qui  consumerait  son  âme. 
En  effet  la  vision  disparut,  après  un  entretien  secret  et  intime; 
mais  elle  embrasa  intérieurement  le  saint  d'une  ardeur  séraphique, 
tandis  qu'au  dehors  elle  marqua  sa  chair  d'une  empreinte  sem- 
blable au  Dieu  crucifié ,  et  en  conformité  avec  lui.  Il  en  fut  de 
même  que  si ,  après  avoir  employé  d'abord  l'action  puissante  du 
bu  pour  fondre  et  liquéfier,  on  en  obtenait  ensuite  l'empreinte 
f un  sceau  ou  d'un  cachet.  Aussitôt,  en  effet,  sur  ses  mains  comme 
aar  ses  pieds  commencèrent  à  paraître  les  marques  des  clous  dont 
les  têtes  se  montraient  en  dedans  des  mains  et  sur  le  dessus  des 
pieds ,  et  dont  les  pointes  se  présentaient  du  côté  opposé.  Son 
sêté  droit  aussi ,  comme  s'il  eût  été  percé  d'une  lance ,  demeura 
marqué  d'une  cicatrice  rouge.  Il  s'en  écoulait  souvent  un  sang 
niraculeux  qui  pénétrait  la  tunique  et  les  autres  vêtements  du  saint. 
Étant  ainsi  devenu  un  homme  nouveau ,  François  brilla  par 
'effet  de  ce  miracle  inconnu  et  étonnant  ;  il  apparut  signalé  par 
m  privilège  accordé  à  lui  seul ,  car  il  ne  l'avait  point  été  dans  les 
aèdes  passés ,  c'est-à-dire  d'être  décoré  des  sacrés  Stigmates.  Il 
lescendit  donc  de  la  montagne  portant  avec  lui  l'image  du  Cru- 
aie,  non  point  figurée  par  la  main  de  l'homme  sur  des  tableaux 
le  pierre  ou  de  bois,  mais  dans  sa  propre  cheir,  dans  ses  mem- 
ires  où  l'avait  tracée  le  doigt  du  Dieu  vivant.  Comme  cet  homme 
lérapbique  savait  très-bien  qu'il  est  bon  de  cacher  le  dépôt  du  roi, 
xmfident  qu'il  était  d'un  secret  du  Roi  du  ciel,  il  s'efforçait  de  tenir 
acbées  ces  empreintes  sacrées.  Mais  parce  qu'il  importe  à  la  gloire 
le  Dieu  de  révéler  les  merveilles  que  le  Seigneur  accomplit  lui- 
néme ,  lui  qui  avait  imprimé  en  secret  ces  marques  les  mani- 
festa ouvertement  par  des  miracles ,  afin  que  la  puissance  ad- 
DÎrable  et  cachée  de  ces  stigmates  devînt  évidente  par  l'éclat 
nanifesté  des  prodiges.  De  plus,  le  pape  Benoît  XI  voulut  honorer 


250  I»  septembre.  —  s.  FftajitakV 

par  la  célélï      mi  d  i  ufc  fa*  aswi 

d'admir        ,  <      a  ibtiuo  p«  «■»  de  témoignai 

exaltée!       lesc  sp*    Jficaaxpar tesbwmgii  etteri 

que  l'on  accorde  te  puis  rarement.  IXins  In  suite,  le  pape  I 
pour  enflammer  les  cœurs  des  fidèles  de  l'amour  de  Jésus  a 
a  étendu  cette  fétc  à  toute  l'Église. 


18  septembre.  —  S.  MKTHODK,  rvkque  de  Tyh,  do 

ET  MARTYR.  —  4e  Siècle. 

Méthode  fut  d  abord  évéque  d'Olympe ,  qui  était,  au  r 
do  saint  Jérôme,  une  ville  maritime  de  Lycie.  11  ruttransfâr 
la  suite  à  l'évéché  de  Tvr,  et  Ton  pense  communément  qu' 
céda  à  saint  Tyranniou ,  qui  souffrit  le  martyre  sont  Dm 
\\\  reste,  ces  translations  d'évéque  étaient  fort  rares  dans  h 
iniers  tcmpsdii  christianisme,  et  n'avaient  lieu  que  dans  les  cm 
externe  nécessité.  Siiint  Méthode  versa  son  sang  pour  b 
Chalcidc,  dans  la  Grèce.  Saint  Jérôme  met  sa  mort  vers  b 
la  dernière  persécution  générale,  et  conséquemment  yen  1 
nées  311  ou  312.  J,e  mime  Père  dit  qu'il  était  très-éloqu 

Les  ouvrages  de  saint  Méthode  étaient  singulièrement  «tin 
anciens.  Nous  en  avons  des  fragments  considérables  dtona 
tius,  saint  Kpiphanc,  saiut  Jérôme  et  Théodoret.  Ceux  i 
nous  reste  le  plus  sont  le  livre  du  Libre  arbitre ,  contre  I 
tentiniens,  et  de  la  Résurrection  des  corps,  contre  Origène. 
possédons  encore  en  entier  son  Banquet  des  t'iergeê*  oomj 
l'imitation  du  Banquet  de  Platon.  C'est  un  éloge  de  la  vk| 
Saint  Méthode  fut  surnommé  Kubulus  ou  Eubulkis,  et  0 
ces  noms  tant  dans  son  Banquet  des  /  ierges  que  dans  ses; 
ouvrages.  Son  style  est  peut-être  trop  chargé  d'épkhètes  e 
rempli  de  comparaisons  et  d'allégories. 


18  septembre.  —  S.  FKKUKOL,  martyr.  —  4e  siè 

Ferréol,  vulgairement  Forget  ou  Fergeu,  servait  en  quai 
tribun  dans  les  armées  de  l'empire.  Il  vivait  à  Vienne  en 
phiné  et  y  professait  secrètement  la  religion  chrétienne.  Il 
chez  lui  saint  Julien  de  Rrioude,  qui  était  né.  dans  b  mène 
et  qui  se  déclarait  hautement  pour  disciple  de  Jésus-Christ. . 


IS  septembre.  —  le  b.  ponce  bE  lvraze         îsi 

le  martyre  de  celui-ci,  Crispin,  gouverneur  de  la  partie  des  Gaules 
ma  Vienne  était  située,  fit  arrêter  Fcrréol  sur  le  soupçon  de  son 
éteigne  ment  pour  les  cérémonies  religieioses  de  ses  pères.  Il  vit 
Vantât  qu'il  ne  s'était  pas  trompé  :  le  tribun  refusa  constamment 
4e  sacrifier,  disant  qu'il  estimait  peu  les  honneurs  et  les  richesses 
dont  il  jouissait,  qu'il  ne  demandait  que  la  vie  et  la  liberté  de 
servir  Dieu,  et  qu'il  renoncerait  plutôt  à  la  vie  elle-même  que 
Abandonner  sa  religion.  Le  gouverneur,  après  l'avoir  fait  frap- 
de  verges  en  sa  présence,  l'envoya  en  prison  chargé  de  fers. 
Le  troisième  jour  de  son  emprisonnement,  Ferréol  se  trouva 
nûracuieusement  débarrassé  de  ses  fers  ;  et  comme  il  vit  les 
endormis  et  la  prison  ouverte,  il  s'enfuit  et  sortit  de  la 
la  porte  qui  mène  à  Lyon.  Il  passa  le  Rhône  à  la  nage, 
la  rivière  de  Gérés,  qui  tombe  dans  ce  fleuve  à  deux  lieues 
de  Vienne.  Mais  ceux  qu'on  avait  chargés  de  le  poursuivre,  l'ayant 
,  lui  lièrent  les  mains  derrière  le  dos  et  l'emmenèrent 
.  Ils  ne  le  conduisirent  cependant  pas  jusqu'à  Vienne  ; 
de  fureur  les  saisissant  tout  à  coup,  ils  lui  coupèrent  la 
sur  les  bords  du  Rhône,  vers  l'an  304.  Les  chrétiens  de  la 
enterrèrent  le  corps  du  saint  martyr  avec  beaucoup  de  véné- 
ration, et  ils  éprouvèrent  plusieurs  fois  sensiblement  les  effets  de 
sa  protection  auprès  de  Dieu.  L'église  bâtie  sur  le  tombeau  du  saint 
hors  de  la  ville  ayant  été  rasée ,  saint  Manière  en  fit  construire 
une  nouvelle  dans  l'enceinte  de  Vienne,  et  y  transféra  ses  reliques 
rers  Fan  474. 


18  septembre.  —  LEB.  PONCE  DE  LARAZE,  pénitent. 

—  11e  siècle. 

Ponce,  surnommé  de  Laraze,  d'un  château  qui  lui  appartenait 
im  environs  de  Lodève,  vivait  sous  le  règne  de  Louis  le  Gros.  Il 
rtak  d'une  naissance  distinguée  dans  sa  province.  Ses  grands  biens, 
sa  valeur,  la  vivacité  de  son  esprit  et  d'autres  avantages  tempo- 
rels le  jetèrent  dès  sa  jeuuesse  dans  toutes  sortes  de  dérèglements. 
N'ayant  pour  règle  de  conduite  que  ses  passions,  il  troublait  tout 
e  p*ys.  11  s'appropriait  les  biens  des  uns  par  artifice  et  trompe- 
ie;  il  les  enlevait  aux  autres  par  violence;  enfin ,  il  ne  s'occupait 
our  et  nuit  qu  a  excercer  un  infâme  brigandage.  C'était  la  son 
ice  dominant  entre  plusieurs  autres  qui  ne  le  rendaient  pas 
«oins  criminel  aux  veux  de  Dieu. 


362        T8  septembre.  —  ut  ».  pose*  ûMjmuib» 

Le  Seigneur,  plein  de  lu    &  1  t  ot  pas  la  nwr 

cbeurmals  sa  conversion,  pn^a  «  «wcnxr  de  Ponce  de  a 

salutaire,  et  lui  fit  quitta  lotîtes  ses  nunmint  Untadei 

cheur,  rentrant  en  lui-même,  commença  à  considérer  V 

qu'il  avait  faits  et  le  jugement  dont  Q  était  menacé  a 

telles  actions.  Alors,  touché  jusqu'au  fond  du  cœur,  il 

tout  entier  à  la  pénitence.  Il  versait  jour  et  nuit  des  ton 

larmes  pour  effacer  les  souillures  de  ses  crimes.  Après  ai 

rement  examiné  en  lui-même  par  quelles  satisfactions  11  | 

apaiser  la  colère  du  Souverain  juge  et  obtenir  sa  grade, 

devoir  renoncer  entièrement  au  monde,  pour  passer  le  m 

vie  dans  la  pénitence.  Quelque  temps  après,  il  fit  pub! 

voulait  vendre  tous  ses  biens.  Il  vint  des  acheteurs  de  toin 

et,  quand  Targent  leur  manqua,  il  prit  en  payement  des  1 

et  même  des  fruits.  Son  dessein  était  d'abord  de  donnera 

pauvres;  mais,  croyant  avec  raison  que  ses  aumônes  ne  ! 

point  agréables  à  Dieu,  s'il  ne  commençait  par  rendre  i 

avait  pris,  il  envoya  publier,  par  tous  les  marchés  et  pu 

les  églises  de  la  province,  que  ceux  à  {pii  Ponce  de  Larazc 

quelque  chose  ou  avait  fait  quelque  tort  se  trouvassent  à  i 

son  de  Péqueroles,  les  trois  premiers  jours  de  la  f-ftwif 

et  que  chacun  y  serait  satisfait. 

\a  dimanche  des  Rameaux,  à  Lodève,  a^rès  la  proeessM 
lecture  de  l'Évangile,  l'évéque  étant  avec  tout  son  clergé  i 
échafaud  dressé  exprès  dans  la  place  pou?  parler  au  périple, 
uniquement  occupé  de  son  salut,  vint  percer  la  foule  avec  si 
pngnons  de  sa  pénitence.  Il  était  en  chemise  et  pieds  nos, 
une  corde  au  cou  comme  un  criminel.  Il  se  fit  conduire 
état  aux  pieds  de  l'évéque ,  comme  un  esclave  qui  avait 
donné  son  maître.  S'étant  jeté  à  ses  genoux,  il  lui  donna  un 
où  étaient  écrits  tous  ses  péchés,  le  conjurant  de  le  faire  lira  > 
le  peuple.  L'évéque ,  voulant  lui  en  épargner  la  hante*  s'y 
d'abord;  mais  Ponce  l'en  pressa  tant,  qu'il  le  permit.  ft 
qu'on  lisait  sa  confession,  il  se  faisait  frapper  de  verges  con! 
lement,  demandant  toujours  qu'on  le  frappât  plus  fort?  i 
rosant  la  terre  de  ses  larmes,  il  criait  qu'il  était  coupable  d 
ces  crimes.  Ce  spectacle  attendrissait  les  assistants  :  ils  admi 
Ponce,  ils  disaient  que  Dieu  l'avait  vraiment  regardé  dans  : 
séricorde,  et  priaient  le  Seigneur,  qui  lui  avait  donné  la  grâ 
la  conversion,  de  lui  accorder  «elle  de  la  persévérance. 


49  bre.  —  s.  janvier.  358 

et       deux  jouis  suivants,  plusieurs  personnes 

à  Pequeroles  pour  demander  ce  qu'elles  avaient 

\f  servant  contre  lui-même  d'accusateur,  de  témoin 

se  jetait  aux  pieds  de  chacune  d'elles,  leur  deman- 

^  et  leur  rendait  ce  qu'il  leur  avait  tait  perdre,  soit 

sait  en  bestiaux,  soit  eu  fruits  ou  autres  choses  né- 

*  à. la  vie,  en  sorte  qu'elles  croyaient  retrouver  lescho- 

*  qu'elles  avaient  perdues.  Après  ces  restitutions,  Ponce 
aux  pauvres  oe  qui  lui  restait  de  bien  :  le  jeudi  saint,  il 
ift  à  manger,  leur  lava  les  pieds,  les  arrosa  de  ses  lar- 

jtftaasuya  de  ses  cheveux.  Ce  saint  pénitent  mourut  vers 
— *~  douzième  siècle. 


Ul 


gjjjjpftpiorc.  —  S.  JANVIER,  évêque  de  Bènévent, 

^.BT  SIS  COMPAGNONS,    MARTYRS.  —  4e  Siècle. 

^m  rdpinion  la  plus  probable,  saint  Janvier  naquit  à  Naples. 
tréfûque  de  Bènévent ,  lorsque  le  feu  de  la  persécution  de 
|Jti»s*aBuma.  Draconce,  gouverneur  de  la  Campanie,  avait 
«mer  à  Pouzzoles  Sosie  et  Proculus,  diacres,  l'un  de 
et  l'autre  de  Pouzzoles,  ainsi  que  plusieurs  laïques  de 
de  Terni.  Ces  généreux  chrétiens  parurent  devant  lui  et  con- 
tait leur  foi  avec  un  grand  courage.  Saint  Janvier,  était  lié 
8  étroite  amitié  avec  Sosie;  et,  depuis  plusieurs  années,  il 
tes  hd  une  grande  confiance,  à  cause  de  sa  sagesse  et  de  sa 
pli.  H  le  consultait ,  et  il  trouvait  en  lui  autant  de  lumière 
le  consolation.  Il  n'eut  pas  plus  tôt  appris  qu'il  avait  été  ar- 

plusieurs  autres  chrétiens,  qu'il  forma  la  résolution  d'al- 
pour  les  encourager  et  leur  procurer  les  secours 

dont  ils  avaient  besoin.  La  crainte  des  tourments  et  la 
AMmene  purent  ralentir  l'activité  de  son  zèle  et  de  sa  charité  ; 
le  martyre  en  fut-il  la  récompense. 
Hothée,  successeur  de  Draconce,  ne  tarda  pas  à  être  informé 
tf  homme  distingué  était  venu  de  Bènévent  pour  visiter  les  prison- 
chrétiens.  11  ordonna  d'arrêter  cet  homme,  qui  était  Janvier, 
le  fit  amènera  Nola,  lieu  de  sa  résidence  ordinaire.  Festus, 
e  du  saint  évêque,  et  Didier,  son  lecteur,  étant  venus  le  voir, 
t  «usai  arrêtés.  On  les  interrogea  avec  lui ,  et  ils  partagèrent 
nrments  qu'on  lui  Gt  souffrir  à  Nola.  Quelque  temps  après, 
jverneurse  rendit  à  Pouzzoles,  et  Ton  y  conduisit  aussi  les 

Y1ES  BES  8AINTS.  —  T.  II.  22 


254  t9  septembre.  —  s.  iAÉtttk. 

trois  confesseurs,  qu'il  fit  rd  à*  ;  son  cftar  a 
chaînes  dont  Us  étaient  1  ■.  Lorsque  y  fuifemV-amvài 
renferma  dans  la  prison  ou  taient  les  quatre  «BÉhWMi 
nous  avons  parlé  plus  haut.  <^eux-ci  avaient  été  côntlainn 
l'ordre  de  l'empereur,  à  être  dévorés  par  les  bêtes,  et  S 
riaiVnt  le  moment  où  leur  sentence  serait  exécutée.  Le  les 
de  l'arrivée  de  saint  Janvier  et  de  ses  compagnons,  on  les 
avec  les  autres  chrétiens  dans  FaniplriUiéâtre  ;  mois  les  b 

épargnèrent. 

Le  peuple,  étonné  de  ce  prodige,  le  regarda  comme  s 
de  la  maure,  et  tous  nos  saints  confesseurs  lurent  candi 
perdre  la  télé.  Sel  un  liède  et  l'auteur  de  leurs  actes,  is 
exécutés  à  un  mille  de  Pouzzoles,  et  on  les  enterra  avech 
a  peu  de  distance  de  cette  ville.  On  fit  la  translation  dek 
liqtus  vers  l'an  400.  ta  ville  de  Naples  fut  enricbîe  des  1 
de  saint  Janvier  avant  qu'on  les  portât  à  BénévenL  Cette  pi 
translation  parait  s'être  faite  peu  de  temps  après  que  Con 
eut  rendu  la  paix  à  PKpIise.  Du  moins  est-8  certain  que  V 
du  saint  évéque  était  dans  une  église  de  son  nom,  àNapte 
les  huitième  et  ueu vi>mc  siècles.  Cette  ville  attribua  à  llnteti 
de  ce  saint  le  bonheur  qu'elle  eut  d'être  délivrée  d'une  é 
violente  du  mont  Vésuve  et  des  armes  des  différents  enus 
avaient  juré  sa  perte  dans  les  mêmes  siècles.  Sicon,  prince 
ne  vent,  ayant  assiégé  .Napîes  au  commencement  du  no 
siècle,  en  réduisit  les  habitants  au  point  qu'ils  ne  purent 
leur  vie  et  leur  liberté  qu'en  cédant  le  corps  de  saint  Janrii 
patron.  Ix»  vainqueur  l'emporta  en  triomphe  et  le  déposai 
tueusement  à  Bénévent,  vers  l'an  825.  L'église  ou  il  v 
tombant  en  ruines,  on  ie  transporta  dans  une  autre  étfm 
même  ville  en  1129.  Il  s'en  fit  depuis  une  translation  as 
l'abbaye  de  Monte- Verginc.  On  l'y  cacha  sous  le  grand  as 
ou  ne  l'y  découvrit  qu'en  1-180. 

l'erdinand ,  roi  de  _\a[?les ,  désirant  avoir  ce  précieux  1 
obtint  du  pape  Alexandre  VI  qu'on  le  rendrait  à  la  ville  q 
vait  possédé  primitivement  La  translation  s'en  Ht  avec  bel 
de  solennité,  et  on  le  déposa  dans  la  cathédrale  de  Napks, 
janvier  1 197.  Le  jour  même,  la  peste  qui  affligeait  cgt 
depuis  longtemps  cessa  ses  ravages.  La  ville  de  Naples  fi 
eore  spécialement  redevable  de  son  salut  à  l'intercession  de 
Janvier,  dans  les  éruptions  du  Vésuve,  qui  arrivèrent  en 


19  septembre.  —  s.  janvier.  2o5 

et  1707.  la  dernière  de  ces  années,  on  porta  procession- 

■ttement  la  châsse  du  saint  à  une  chapelle  qui  était  au  pied  du 
Nauve,  et  aussitôt  l'éruption  cessa. 

Nous  allons  rapporter,  d'après  plusieurs  graves  auteurs,  le  célè- 
Ém  nûrade  de  la  liquéfaction  et  de  l'ébullition  du  sang  de  saint  Jan- 
ihr.  On  garde  dans  la  chapelle  du  trésor  de  la  cathédrale  de  Naples 
Étête  de  ce  saint,  avec  son  sang  renfermé  dans  deux  fioles  de  verre 
fart  anciennes.  On  ne  sait  dans  quel  temps  la  tête  du  saint  évëque 
fat  tirée  de  la  châsse;  l'opinion  la  plus  vraisemblable  est  que  ce  fut 
le  huitième  ou  neuvième  siècle.  Le  buste  où  est  aujourd'hui 
tête  fut  donné  en  1306  par  le  roi  Charles  II ,  duc  d'Anjou, 
le  sang  est  congelé  et  de  couleur  noirâtre.  Voici  de  quelle  manière 
m /ait  le  miracle. 

On  met  la  tête  sur  l'autel  du  côté  de  l'Évangile  et  les  fioles  du 
fitté  de  FËpître.  On  a  quelquefois  trouvé  le  sang  liquide ,  mais , 
CB  général,  il  est  solide.  Lorsque  les  fioles  sont  vis-à-vis  de  la  tête, 
fftiang  se  liquéfie,  ou  dans  le  moment,  ou  tout  au  plus  en  quel- 
4NS  minutes.  Cette  liquéfaction  est  suivie  d'une  ébullition.  Quand 
op  a  retiré  le  sang  et  qu'il  n'est  plus  en  présence  de  la  tête,  il  re- 
devient solide.  Quoiqu'il  y  ait  plusieurs  cierges  sur  l'autel ,  on 
trouve,  en  touchant  les  fioles,  qu'elles  sont  presque  entièrement 
froides.  On  les  fait  baiser  au  peuple  en  certaines  occasions.  Quel- 
quefois le  sang  s'est  liquéfié  dans  les  mains  de  ceux  qui  tenaient 
les  fioles ,,  quelquefois  aussi  il  est  redevenu  solide ,  de  liquide  qu'il 
était,  aussitôt  qu'on  y  touchait.  La  liquéfaction  a  lieu  également 
lorsque  les  fioles  sont  en  présence  d'un  ossement  ou  de  quelque  au- 
lne partie  du  sang  de  saint  Janvier.  II  est  arrivé  quelquefois  que  la 
fifuéfaetion  ne  s'est  pas  faite ,  ce  que  Ton  a  regardé  comme  une 
marque  de  la  colère  céleste.  On  met  ensemble  les  deux  fioles  sur 
raotel ,  et  le  sang  se  liquéfie  dans  l'une  et  l'autre  en  même  temps 
et  dans  le  même  degré,  quoiqu'il  y  en  ait  peu  dans  la  plut;  petite 
et  qu'il  soit  attaché  aux  parois  du  verre. 

Ce  fait  est  donné  pour  incontestable  par  Baronius  et  par  un  grand 
■ombre  d'autres  auteurs ,  qui  assurent  avoir  vu  ce  qu'ils  rappor- 
tent et  avoir  attentivement  examiné  toutes  les  circonstances  de  ce 
prodige.  On  cite  entre  autres  les  pères  Henschénius  et  Papebrock, 
deux  des  plus  savants  jésuites  d'Anvers ,  envoyés  exprès  a  Naples 
fttr  le  père  Bollandus.  Ce  prodige  se  fait  également  dans  toute 
Tannée,  mais  ordinairement  à  la  fêle  de  saint  Janvier,  qui  se  cé- 
Ifbre  le  19  septembre;  à  celle  de  la  translation  de  ses  reliques  de 


356  19  septembre.  —  saistï  POifoiii 

Pouzzoles  à  Naples,  le  premier  lanehe  et  mm  ;  le  If 
cembre,  jour  auquel  on  honore  la  mémoire  4e  la  détivrao 
éruption  du  Vésuve ,  obtenue  par  son  interoesBftOJi  ça  11 
fin,  dans  quelques  autres  circonstances  extraordinaires. 


19  septembre.  —  SAINT  SEINE,  abbé  en  Bourgc 

—  6e  siècle. 

Saint  Seine  naquît  dans  la  petite  Mlle  de  Maymont, 
l'extrémité  de  la  Bourgogne.  Ses  parents,  qui  fondaient 
toutes  leurs  espérances,  lui  firent  étudier  les  lettres  avec 
furent  enfin  obligés  de  lui  permettre  d'embrasser  Têtat  ee 
que,  pour  lequel  il  avait  toujours  montré  beaucoup  de  penc 
son  enfance.  Ayant  reçu  la  tonsure  cléricale,  il  ne  pensa  | 
vivre  pour  Dieu.  Ses  vertus  le  firent  bientôt  connaître  a 
de  Langres ,  qui  l'ordonna  diacre  et  prêtre  avant  l'âge  pre 
les  canons.  Ix?  prélat  enit  avoir  une  raison  légitime  pou 
penser  de  la  règle  générale. 

Le  saint  profita  des  persécutions  de  quelques  personnes 
ses  de  son  mérite ,  pour  exécuter  la  résolution  qu'il  avait  | 
puis  longtemps  d'abandonner  le  monde.  Il  se  retira  a 
l'abbé  Jean,  4U1  gouvernait  le  monastère  de  Réomé  dan 
d' Auxois,  lequel  a  depuis  été  nommé  Moutier-Saînt-Jean.  H 
fectionna  dans  l'étude  de  l'Écriture  sainte ,  et  s'y  forma  à 
tique  de  toutes  les  vertus  propres  à  un  religieux.  Quelqu 
après ,  il  bâtit  lui-même  un  monastère  dans  la  forêt  de  S 
vers  les  sources  de  la  rivière  de  Seine.  Il  subsiste  encore 
d'hui  et  porte  son  nom ,  ainsi  que  la  ville  qui  s'y  est  fou 
régularité  qu'il  y  établit  le  rendit  célèbre,  et  lui  attira  u 
nombre  de  disciples.  Le  don  des  miracles  que  Dieu  lui  i 
niqua  releva  encore  l'éclat  de  sa  sainteté.  L'opinion 
probable  est  qu'il  mourut  le  19  septembre,  vers  Tan 


1!)  septembre.  —  SAINTE  POMPOSE,  yieb<» 

ET   MARTYBE.    —   9e  siède. 


Pompose  était  de  la  ville  de  Cordoue,  en  Espagne, 
y  tenaient  un  rang  assez  considérable  ;  mais  ils  étaient 
plus  distingués  par  leur  piété  que  par  leurs  richesses, 


19  êeptembre.  — ?  saints  pomposi.  vn 

kg  charges  de  leur  famille.  Voyant  que  leurs  enfants ,  formés  par 
exemples  et  leurs  instructions ,  se  portaient  volontiers  à  re- 
au  monde ,  ils  vendirent  la  majeure  partie  de  leurs  biens 
pour  bâtir  un  double  monastère  à  deux  ou  trois  lieues  de  Cor* 
doue.  Ils  s'y  retirèrent  ensuite ,  avec  toute  leur  famille  et  beaucoup 
d'autres  personnes  de  leur  parenté. 

Pompose ,  leur  fille ,  était  encore  fort  jeune  lorsqu'elle  y  entra  ; 
mais  on  la  vit  bientôt  s'élever  au-dessus  de  la  faiblesse  de  son  âge 
fax  l'ardeur  avec  laquelle  elle  embrassa  toutes  les  austérités  de  la 
régulière,  après  qu'elle  eut  fait  ses  vœux  entre  les  mains  d'un 
prêtre,  nommé  Félix,  qu'on  avait  établi  abbé  du  monastère 
hommes  et  directeur  de  celui  des  religieuses.  Elle  se  soutenait 
rhmocence  par  ses  jeûnes ,  ses  veilles ,  son  assiduité  à  la 
et  à  la  lecture  de  l'Écriture  sainte.  Quand  elle  sut  que  les 
mfthométans ,  qui  étaient  les  maîtres  du  pays ,  persécutaient  les 
chrétiens,  elle  porta  une  sainte  jalousie  à  ceux  qui  souffraient  pour 
fa  foi  de  Jésus-Christ,  et  elle  crut  pouvoir  aspirer  au  même  bon- 
heur. Pour  mériter  d'avoir  part  à  leur  victoire ,  elle  redoublait  ses 
prières  et  ses  austérités,  attendant  avec  quelque  sorte  d'impatience 
40e  Dieu  lui  en  présentât  l'occasion.  Souvent  elle  essaya  de  rompre 
les  liens  qui  la  retenaient  dans  son  cloître,  pour  aller  devant  le  tri- 
bunal des  persécuteurs  rendre  témoignage  à  la  foi  de  Jésus-Christ. 

Ses  parents  et  ses  supérieurs ,  voyant  qu'après  avoir  arrêté  ses 
premiers  efforts  elle  cherchait  sans  cesse  les  moyens  de  courir  au 
martyre ,  se  crurent  obligés  de  la  faire  garder,  et  ils  renfermè- 
rent dans  le  fond  du  monastère  ;  mais,  ayant  appris  la  nouvelle  du 
martyre  de  sainte  Colombe ,  son  amie,  elle  se  sentit  animée  d'une 
m  vive  ardeur,  qu'elle  résolut  de  tout  tenter  pour  avoir  la  liberté 
de  se  présenter  devant  les  juges.  Au  nombre  de  ses  gardes  était 
un  de  ses  frères.  Celui-ci  était  resté  seul  auprès  de  sa  cellule,  au 
milieu  de  la  nuit,  pendant  que  les  autres  se  reposaient.  Ayant  été 
ouvrir  la  porte  à  quelqu'un  du  dehors ,  il  s'était  contenté  de  la 
fermer  au  verrou.  Pompose  profita  de  cette  inadvertance ,  se  glissa 
sans  bruit  pendant  que  son  frère  avait  le  dos  tourné ,  s'échappa 
du  monastère ,  et  se  trouva  avec  le  jour  aux  portes  de  Cordoue. 
Dès  que  la  salle  des  audiences  fut  ouverte ,  elle  alla  se  présenter 
au  juge ,  lui  fit  sa  profession  de  foi ,  et  lui  parla  avec  une  hardiesse 
surprenante  contre  les  impostures  de  Mahomet.  Ce  juge ,  que  la 
conduite  de  plusieurs  martyrs  avait  accoutumé  a  une  pareille 
liberté,  comprit  tout  d'un  coup  ce  qif  elle  demandait,  et  il  la  con- 

22% 


Ml  30  septembre.  —  saint  KimtACftft. 

damna  à  avoir  la  tête  tranchée  de  |  ortedo  priai*. 

sentence  fut  exécutée  le  même  jour,  îv  tcpiembre ,  l'a»  8 
Quoique  la  conduite  de  eette  sainte  et  de  plusieurs  autres  int 
qui ,  dans  la  même  persécution,  se  sont  présentés  aux  juges  s 
être  obligés,  paraisse  avoir  quelque  chose  de  blâmable,  I* 
uéanmoins,  après  l'apologie  que  saint  Euloge  ai  a  faite,  n 
cru  devoir  leur  refuser  les  honneurs  d'un  culte  public. 


20  septembre.  —  SAINT  EUSTACHE  ET  SES  COM 
GNONS,  martyrs»  —  2e  siècle. 

Eustache,  qui  fut  aussi  appelé  Placide,  se  faisait  remarque 
mi  les  Romains  par  sa  naissance,  ses  richesses  et  la  gloire 
taire  qu'il  avait  acquise.  Aussi,  sous  le  règne  de  Trajan,  m 
t-il  de  recevoir  le  titre  de  Maître  des  soldats.  Or,  comme 
livrait  un  jour  à  l'exercice  de  la  chasse,  et  qu'il  poursuivait  m 
d'une  grandeur  surprenante ,  lequel  s'enfuyait  devant  lui , 
perçut  entre  les  ramures  de  l'animal  qui  s'arrêta  tout  à  eou| 
image  élevée  et  éclatante  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  susf 
sur  la  croix.  Invité  par  la  voix  du  Sauveur  à  continuer  la  vi 
mène  à  l'immortalité  bienheureuse ,  il  s'enrôla  dans  la  milice 
tienne,  et  en  même  temps  avec  lui  s'y  associèrent  sa  femme,  1 
pista ,  et  ses  deux  fils  encore  en  bas  âge,  Agapit  et  Théopii 

Bientôt  étant  retourné  au  lieu  de  sa  précédente  vision,  co 
leSeigueur  le  lui  avait  prescrit ,  il  l'entendit  lui  annoncer  cou 
il  aurait  a  supporter  par  la  suite  de  persécutions  pour  la  f 
de  Dieu.  Aussi,  après  avoir  enduré  avec  une  admirable  pat 
des  calamités  inimaginables ,  il  fut  promptement  réduit  a  la 
nière  misère.  Comme  il  était  contraint  de  s'esquiver  secrèten 
il  eut  à  gémir  sur  ce  que,  dans  le  chemin,  sa  femme  d'abord. 
ses  enfants,  lui  furent  enlevés  de  la  manière  la  plus  digne  de 
Enveloppé  dans  une  telle  succession  d'infortunes ,  en  se  lin 
la  culture  des  champs  dans  une  contrée  éloignée,  il  se  tint  < 
pendant  longtemps  et  jusqu'à  ce  que,  rassuré  par  une  vois 
vçnait  du  ciel ,  et  rappelé  par  Trajan  pour  des  événements 
veaux ,  il  fut  mis  à  la  tête  des  armées. 

Dans  le  cours  de  cette  expédition,  il  recouvra  d'une  ma 
inespérée  sa  femme  avec  ses  enfants,  et  rentra  victorieux  ait 
aux  applaudissements  de  tous  les  citoyens.  Mais  peu  de  temps  a 


31  septembre.  —  s.  Matthieu.  2M> 

reçu  Tordre  de  sacrifier  aux  faux  dieux  pour  la  victoire  qu'il 
remportée,  Eustache  refusa  avec  uue  fermeté  inébranlable. 
■'on  eut  essayé  inutilement  au  moveu  de  divers  artifices  de 
abandonner  la  foi  de  Jésus-Christ ,  on  IVxposa  aux  lious 
ctt  même  temps  que  sa  femme  et  ses  enfants.  L'empereur,  irrité  de 
éi  que  ces  animaux  féroces  ne  leur  marquaient  que  de  la  douceur, 
Affina  Tordre  de  les  jeter  dans  un  taureau  d'airain  embrasé.  Us  y 
eOBSommèrent  leur  martyre,  en  louant  Dieu,  et  prirent  leur  essor 
le  séjour  de  l'éternelle  félicité,  le  20  septembre.  Leurs  corps, 
i  sans  avoir  reçu  d'atteintes  du  feu,  furent  ensevelis  reli- 
par  les  fidèles.  On  les  transféra  ensuite  avec  honneur 
Téglise  qui  a  été  érigée  sous  leur  invocation. 


31  septembre.  —  S.  MATTHIEU,  apôtke  et  évangélistk. 

Matthieu,  qui  s'appelait  Lévi  avant  sa  conversion,  était  de 
comme  les  autres  apôtres  et  publicain  de  profession ,  c'est- 
qull  était  receveur  de  quelque  impôt.  On  prétend  qu'il  dc- 
à  Capliarnaum ,  mais  qu'il  avait  son  bureau  hors  de  la 
!,  sur  le  bord  de  la  mer  de  Galilée.  Il  y  avait  plus  d'un  au  que 
le  Messie  annonçait  le  royaume  des  deux  par  toute  la  province,  et 
1  venait  de  guérir  un  paralytique  de  Caphamaûm ,  lorsque ,  re- 
tournant du  côté  de  la  nier,  il  passa  par  le  lieu  où  était  Matthieu. 
Le  voyant  assis  à  son  bureau,  il  lui  dit  de  le  suivre;  en  même 
temps  Matthieu  se  leva ,  quitta  tout  et  le  suivit ,  quoiqu'il  sentit 
bien  que  la  démarche  qu'il  allait  faire  le  plongerait  dans  la  pau- 
vreté; mais  cette  considération  ne  l'arrêta  pas  :  déjà  il  connaissait 
le  Seigneur  et  sa  doctrine,  parce  qu'il  demeurait  dans  le  voisinage 
d?  Caphamaûm,  où  Jésus-Christ  avait  prêché  et  opéré  plusieurs 
nrinetes.  Ayant  invité  le  Sauveur  et  ses  disciples  à  manger  avec 
lui,  il  appela  au  même  festin  beaucoup  de  publicaius,  espérant 
sans  doute  que  les  entretiens  du  Sauveur  pourraient  leur  procurer 
fa  même  grâce.  Les  pharisiens  et  les  scribes ,  déjà  fort  jaloux  c!e 
la  gloire  de  Jésus-Christ,  en  firent  du  bruit ,  et ,  s'adressant  à  se$ 
disciples,  ils  leur  dirent  :  Pourquoi  votre  maître  se  trouve-t-il 
ainsi  à  table  avec  des  gens  de  mauvaise  vie?  Jésus  les  entendit, 
prit  la  parole  et  leur  dit  :  Ce  ne  sont  pas  ceux  qui  sont  en  santé 
qui  ont  besoin  de  médecin,  mais  les  malades.  Je  ne  suis  pas  venu 
appeler  les  justes  à  la  pénitence,  mais  les  pécheurs. 


360  21  septembre.  —  sAumt 

Saint  Matthieu  fut  élevé  à  Y  I  M*  M 

Torsion.  D'anciens  auteurs  rappc      *  que  cet  aptes,  j 
quelque  temps  dans  la  Judée  la  les  contrés*-) 

la  descente  du  Saint-Esprit,  et  ae  mt  quitter  ce  pays  pouf 
prêcher  ailleurs,  écrivit  l'Évangile  qui  porte  son  nom,  lonqaï 
était  encore  à  Jérusalem.  U  donna  à  son  ouvrage  le  nom  d*£f» 
gile  ,  c'est-à-dire  bonne  nouvelle.  C'est  à  juste  raison  qnH  pan 
ce  titre ,  puisqu'il  annonce  à  tous  les  hommes ,  même  ans  phi 
grands  pécheurs ,  qu'ils  peuvent  espérer  le  pardon  de  leurs  pécha, 
la  rémission  des  peines  qu'ils  ont  méritées,  et  la  gloire  osî  et 
promise  à  ceux  que  Dieu  a  appelés  à  son  héritage.  Saint  MattUai 
tut  le  premier  qui  écrivit  l'Évangile,  et  U  le  fit  par  rmsyiratMi 
du  Saint-Esprit.  Comme  il  l'écrivait  principalement  pour  kl 
Juifs  convertis ,  il  fit  usage  de  la  langue  qu'ils  parlaient,  état  à 
dire  de  l'hébreu. 

Saint  Matthieu ,  ayant  laissé  des  copies  de  son  Évangie  an  §■ 
dèles  de  son  pays ,  partit  pour  ses  missions  apostoliques.  Sent 
Citaient  d'Alexandrie,  qui  n'était  pas  éloigné  du  temps  des  aptact* 
nous  apprend  que  saint  .Matthieu  mena  jusqu'à  la  mort 
de  vie  fort  austère  ;  qu'il  ne  vivait  que  d'herbes  ,  d&  traita  et  et 
légumes.  Saint  Amhroise  dît  que  Dieu  lui  ouvrit  le  pays  des 
ses.  Selon  Rufin  et  Socrate ,  il  porta  l'Évangile  dam  la 
l'Ethiopie  qui  confine  avec  l'Egypte.  Quelques  auteurs 
mourut  à  Luc  ,  dans  le  pays  de  Sennar  ;  d'autres  qu'il 
martyre  à  >"addaver.  Son  corps  transporté  à  Salerne,  et 
sous  le  pontificat  de  saint  Grégoire  VU ,  déposé  dan 
consacrée  en  cette  ville  sous  l'invocation  même  de  cet 
est  honoré  par  un  grand  concours  de  pieux  fidèles. 


21  septembre.  —  SAINTE  MAURE,  tiebgb.  —  9* 


Maure,  fille  de  Marien  et  de  Sédtilie,  naquit  à  Troyes, 
pagne,  vers  Tan  827,  d'une  des  familles  les  plus  coitsidéraHeséi 
pays.  Elle  fut  nourrie  dans  l'abondance,  et  élevée  d'aborddamla 
délicatesse  ;  mais  Dieu  lui  fit  comprendre  de  bonne  heure  le  -pet 
de  solidité  des  plaisirs  et  des  vanités  du  siècle  ;  en  aorte  qu'aïs 
résolut  de  renoncer  à  tout  pour  suivre  la  voix  qui  rappelait  a  II 
retraite.  Elle  eut  bientôt  occasion  de  faire  connaître  ai 
les  dispositions  de  son  cœur.  Lorsqu'ils  lui  proposèrent  de 


21  septembre.  —  sainte  maure.  261 

l,  elle  leur  déclara  qu'elle  n'aurait  jamais  d'autre  époux  que 
Jeans-Christ. 

Après  la  mort  de  Marien ,  elle  demeura  auprès  de  Sédulie,  sa 
«ère,  pour  laquelle  elle  eut  toujours  beaucoup  de  respect  et  de 
docilité.  Tout  son  temps  était  employé  à  la  prière ,  à  des  œuvres 
dt  charité  et  au  travail  des  mains.  Elle  fournissait  ce  qui  était 
nécessaire  pour  la  décoration  des  églises  ;  souvent  elle  y  travaillait 
et  ses  propres  mains.  Prudence  parle  d'une  aube  de  lin  qu'elle  lui 
amrit  donnée  après  l'avoir  filée ,  faite  et  blanchie  elle-même  :  il  la 
portait  avec  joie,  et  il  lui  semblait  que  cette  aube  exhalait  l'odeur 
dft  la  piété  qui  rendait  Maure  si  précieuse  aux  yeux  du  Seigneur. 

Gomme  l'ordre  conduit  à  Dieu ,  selon  saint  Augustin ,  Maure 
«fait  réglé  toutes  les  actions  de  sa  journée.  Tous  les  jours  elle  pas- 
sait dans  l'église  la  plus  grande  partie  de  la  matinée.  Il  y  avait, 
dans  celle  où  elle  allait  faire  ses  prières ,  trois  tableaux ,  dont  l'un 
représentait  Jésus-Christ  enfant,  entre  les  bras  de  Marie;  le  se- 
cond, Jésus-Christ  attaché  sur  la  croix  ;  et  le  troisième ,  Jésus- 
Christ  revêtu  de  sa  majesté,  et  assis  sur  son  trône  pour  juger  les 
vivants  et  les  morts.  Ces  trois  états  de  Jésus-Christ  la  touchaient 
vivement,  et  faisaient  l'objet  de  ses  méditations.  Maure  avait  une 
antre  dévotion  réglée  :  elle  allait  le  mercredi  et  le  vendredi  de 
chaque  semaine,  pieds  nus  et  à  jeun,  au  monastère  de  Mantenay, 
à  deux  lieues  de  Troyes.  Ces  jours-là  elle  jeûnait  au  pain  et  à  l'eau, 
et  priait  longtemps. 

La  maladie  dont  Dieu  voulut  se  servir  pour  retirer  à  lui  cette 
sainte  fille  ,  fut  accompagnée  de  circonstances  qui  augmentèrent 
encore  la  haute  opinion  qu'on  avait  de  sa  sainteté.  Pendant  que 
le  mal  accablait  son  corps ,  nous  lui  vîmes  un  jour,  dit  saint  Pru- 
dence ,  lever  la  tête  de  dessus  son  lit  avec  beaucoup  de  difficulté  ; 
ensuite  elle  la  pencha  de  quatre  cotés  différents,  comme  pour  sa- 
luer quelqu'un.  L'abbé  Léon ,  qui  était  présent,  lui  demanda  pour- 
quoi elle  faisait  cette  salutation  ;  elle  lui  répondit  :  Je  vois  au  coin 
de  mon  lit  saint  Pierre  et  saint  Paul ,  saint  Gervais  et  saint  Protais, 
que  j'ai  toujours  honorés  d'une  manière  particulière  pendant  ma 
vie  :  ils  chassent  aujourd'hui  loin  de  moi  les  démons  qui  voudraient 
ravir  mon  âme.  Ensuite,  se  tournant  du  côté  de  saint  Prudence , 
elle  lui  demanda  le  sacrement  de  l' Extrême-Onction  et  celui  de 
l'Eucharistie.  Saint  Prudenee  les  lui  administra  en  présence  de 
tous  les  assistants.  Peu  de  temps  après,  sainte  Maure,  en  pronon- 
çant ces  paroles  de  l'oraison  dominicale  :  Que  votre  régne  arripe% 


MM  99  scpUmtm.  —  s.  iucéot.    - 

mourut  dam  la  paix  do  Seigneur  le  91  «çtonfete ,  vm  Tên 
l'âge  de  93  ns. 


71  septembre.  —  SAINT  MAURICE  ET  SES  COM1 
GNONS,  martyrs.  —  3e  siècle* 

Entre  les  légions  qui  composaient  les  années  romaines,  db 
des  empereurs  Maximilien  et  Dioctétien ,  il  y  en  avait  uni 
mée  la  légion  Thébaine ,  toute  composée  de  chrétiens ,  quo 
fut,  comme  les  autres,  de  six  mille  six  cents  hommes. 

Cette  légion ,  ayant  été  mandée  en  Italie  pour  fortifier  I 
que  Maximien  devait  conduire  dans  les  Gaules  contre  un  | 
révoltés  nommés  Bagaudes,  obéit  avec  promptitude,  et  se 
au  reste  des  troupes.  Maurice,  à  la  tête  de  cette  légion  qi 
sous  son  commandement,  passa  les  Alpes  avec  Tempereu 
à  verser  son  sang  pour  ses  intérêts,  tant  qu'ils  s'accorderaie 
ceux  de  la  vérité  et  de  la  justice. 

Après  avoir  fait  beaucoup  de  chemin,  Maximien,  fat} 
la  marche,  s'arrêta  dans  un  lieu  nommé  Octodure,  aujot 
Martigny,  en  Valais.  Ayant  rassemblé  en  ce  lieu  les  troupe 
suivaient,  il  ordonna  des  sacrifices  auxquels  il  voulut  que  : 
monde  assistât,  et  il  exigea  des  soldats  de  nouveaux  senne 
engageaient  la  conscience  de  ceux  qui  étaient  chrétiens, 
qu'ils  tendaient  à  les  faire  servir  contre  leur  religion. 

La  légion  Thébaine,  qui  campait  à  trois  lieues  de  la,  fut  ■ 
comme  les  autres  ;  et  Maximien  lui  fit  entendre  qu'il  vot 
servir  d'elle  pour  détruire  les  chrétiens  qui  étaient  dans  les  ( 
Cette  proposition  lit  horreur  à  Maurice  et  à  ses  soldats.  Ils  î 
rent  de  faire  le  serment  proposé  et  de  prendre  part  à  la  a 
nie  sacrilège.  Maximien,  irrité  de  leur  résistance,  ordonna 
légion  fût  décimée,  afin  que  la  crainte  obligeât  ceux  qui 
raient  pas  mis  à  mort  à  se  soumettre.  L'ordre  de  Maxim 
exécuté,  sans  qu'aucun  soldat  ou  officier,  quoiqu'ils  euae 
leurs  armes  à  la  main,  fit  la  moindre  résistance.  Quand  l'a» 
fut  achevée ,  tous  ceux  qui  restèrent  protestèrent  qu'ils  ni 
mettraient  jamais  les  impiétés  qu'on  exigeait  d'eux;  cep 
ils  convinrent  tous  d'envoyer  une  remontrance  à  l'empereu 
lui  faire  voir  l'équité  du  refus  qu'ils  faisaient  de  lui  obéJi 
ce  que  cette  remontrance  portait  :  Nous  sommes  vos  solda 


22  septembre.  —  s.  thomas  de  VIllEneuve.      2ÔS 

gneur,  niais  nous  sommes  en  même  temps  serviteurs  du  vrai  Dieu  : 
mus  nous  en  faisons  gloire  et  nous  le  confessons  volontiers. 
Nous  vous  devons  le  service  de  guerre,  mais  nous  devons  à  Dieu 
l'innocence.  Nous  recevons  de  vous  la  paye,  il  nous  a  donné  la 
vie.  Pions  ne  pouvons  vous  obéir  en  renonçant  à  Dieu  notre  créa* 
teur  et  notre  maître,  comme  il  est  aussi  le  vôtre  dans  le  temps 
même  que  vous  le  rejetez.  Si  Ton  ne  nous  demande  rien  qui  l'of- 
fense, nous  vous  obéirons  comme  nous  avons  fait  jusqu'à  prê- 
tait; autrement  nous  lui  obéirons  plutôt  qu'à  vous...  Vous  nous 
commandez  de  chercher  les  chrétiens  pour  les  punir,  pourquoi 
jeter  les  yeux  sur  des  étrangers  ?  Nous  voici  :  nous  confessons 
Dieu  le  Père,  auteur  de  toutes  choses,  et  son  Fils  Jésus-Christ. 
Bous  avons  vu  égorger  nos  compagnons  sans  les  plaindre  ;  nous 
Bous  sommes  réjouis  de  l'honneur  qu'ils  ont  eu  de  souffrir  pour 
leur  Dieu  et  pour  le  nôtre.  Ni  l'injustice  avec  laquelle  on  les  a  trai- 
tés,  ni  les  menaces  qu'on  a  faites  ne  sont  capables  de  nous  inspi- 
rer des  sentiments  de  révolte  :  nous  avons  encore  les  armes  à  la 
main,  mais  nous  ne  résisterons  pas ,  parce  que  nous  aimons  mieux 
mourir  innocents  que  de  vivre  coupables. 

Cette  généreuse  remontrance  ne  Gt  qu'irriter  Maximien.  11  eut 
honte  de  céder  à  la  force  de  la  vérité,  parce  qu'elle  sortait  de  la 
bouche  de  ceux  qu'il  croyait  obligés  à  une  obéissance  entière. 
Désespérant  de  les  abattre ,  il  ordonna  qu'on  les  fît  mourir  tous. 
Il  fit  marcher  des  troupes  pour  les  environner  et  les  tailler  en 
pièces.  Mais  ces  hommes  pleins  de  foi,  dont  la  piété  avait  arrêté 
la  main  lorsqu'ils  pouvaient  facilement  se  défendre  contre  ceux 
qui  les  avaient  décimés,  étaient  bien  éloignés  de  faire  aucune  ré- 
sistance. Dès  qu'ils  virent  leurs  bourreaux  arrivés,  ils  mirent 
bas  les  armes,  et  se  laissèrent  égorger  comme  des  agneaux,  sans 
ouvrir  la  bouche  pour  se  plaindre,  en  l'an  286. 


»  septembre.  —  SAINT  THOMAS  DE  VILLENEUVE,  ar- 
chevêque de  Valence,  eu  Espagne,  et  confesseub.  — 
16*  siècle. 

Saint  Thomas  de  Villeneuve  naquit  en  1488,  à  Fuenlana,  eu 
Castille.  Il  reçut  le  surnom  de  Villeneuve,  de  la  petite  ville  où  il 
fut  élevé,  et  dont  son  père  Alphonse-Thomas  Garcias  et  sa  mère 
Lucie  Martinez  étaient  originaires.  L'un  et  l'autre  étaient  recom- 
mandables  par  leurs  vertus  et  surtout  par  leur  charité  envers  les 


M4     n  septembre.  —  s.  !         s  m  i   umcit. 

pauvres,  pour  lesquels  1  ,  i  cn&nce, un: 

chementqui,  <  P  ae  >t  ans,  lui  fusait  trotter  pav 
tout  ee  dont  il  m*  se  p  lui-même,  «vA»aMWi 
ses  petits  sacrifices.  Il  fit  avec  :  gcès  ses  premières  étufcsM 
neuve,  et  fut  envoyé  à  l'âge  de  quinze  ans  à  l'université  d* Al< 
Ses  progrès  rapides  et  ses  talents  lui  méritèrent  une  place  au 
lége  de  Saint-Ildefonse.  Il  fut  reçu  maître  es  arts  et  nommé 
fesseur  de  philosophie.  Après  un  cours  de  deux  ans,  on  Ta 
à  Salamanque  pour  y  remplir  une  chaire  de  philosophie  dans* 
université  célèbre. 

Pendant  sa  jeunesse,  il  fut  toujours  occupé  de  ses  propres 
des ,  ou  de  l'instruction  de  ses  disciples  dans  les  sciences.  Sa  | 
fut  toujouis  fervente  et  exemplaire,  et  la  pureté  de  ses  mu 
intacte.  Il  gagna  à  Dieu  plusieurs  de  ses  disciples,  qui  tous  eu 
pour  lui  Festime  et  la  vénération  la  plus  sincère.  Il  s'occupait, 
puis  deux  ans,  des  moyens  de  suivre  l'attrait  qui  le  portait  à 
entièrement  le  monde  ;  et,  après  avoir  longtemps  prié  et  exai 
la  nature  de  différents  ordres  religieux,  il  se  détermina  pour  e 
des  ermites  de  saint  Augustin,  il  en  prit  l'habit  à  Salamanqn 
commença  son  noviciat,  pendant  lequel  son  humilité,  sa  pénitc 
et  son  assiduité  à  l'oraison  Grent  l'étonneraent  de  ses  supérk 
et  de  ses  frères.  Il  fut  ordonné  prêtre  en  1520  et  dit  sa  premi 
messe  le  jour  de  Noël,  avec  une  dévotion  si  tendre,  qu'il 
obligé  de  faire  une  pause ,  étant  comme  ravi  hors  de  liu-mf 
et  inondé  de  ses  larmes.  Il  éprouva  souvent  dans  la  suite  de  se 
hlables  impressions.  Ses  supérieurs  remployèrent  bientôt  à  p 
cher  la  parole  de  Dieu  et  à  administrer  le  sacrement  depémten 
Dieu  bénit  tellement  son  zèle ,  qu'on  le  surnomma  l'Apte* 
l'Espagne.  Il  fut  élu  prieur  de  plusieurs  couvents  et  deux  i 
provincial.  Toujours  uni  à  Dieu,  il  fut,  dans  ses  emplois,  eeai 
par  cette  vraie  sagesse  dont  la  grâce  seule  est  le  principe. 

L'empereur  Charles-Quint  le  choisit  pour  un  de  ses  prédi 
tours;  il  le  consulta  souvent  et  se  conduisit,  dans  plusieurs c 
constances,  par  ses  conseils  et  ses  vues ,  qu'il  préférait  à  ceux 
son  conseil  et  aux  siens  propres.  Il  le  nomma  à  l'archevêché 
Grenade.  Le  saint,  ayant  été  informé  de  sa  nomination,  se  MB 
promptement  à  Tolède  auprès  de  l'empereur,  et  lui  fit  agréer,  ] 
ses  représentations,  son  refus  à  l'épiscopat.  Quelque  temps  api 
le  siège  de  Valence  étant  devenu  vacant,  Charles-Quint  ordcf 
d'en  expédier  le  brevet  de  nomination  pour  un  religieux  de  Ton 


2)  septembre*  —  s.  thomas  de  vijllenedvë.       26$, 

aiaA- Jérôme;  le  brevet  fut  fait  sous  le  nom  de  Thomas  de 
■eut*  et  présenté  à  l'empereur,  qui  demanda  au  secrétaire 
jtpourguoi  il  avait  mis  un  autre  nom  que  celui  qu'on  avait 
mit  d'écrire.  Le  secrétaire  répondit  qu'il  n'avait  entendu  que 
ptde  Thomas  de  Villeneuve,  mais  qu'A  était  aisé  de  rectifier 
îéfrâe.  «  Non,  non,  dit  le  prince ,  je  reconnais  là  un  trait 
I.  Providence  ;  conformons-nous  à  sa  volonté.'  »  Il  signa  le 
It  et  l'envoya  à  notre  saint,  qui  était  alors  prieur  du  couvent 
■Biflrrlirl  H  fut  consterné  de  cet  événement  et  se  hâtait  d'em- 
■r  tous  ses  efforts  pour  ne  point  accepter,  lorsque  l'archevé- 
de  Tolède  lui  fit  ordonner,  par  son  provincial,  sous  peine  de 
et  d'excommunication,  de  se  soumettre  à  la  volonté 


l  balles  du  pape  Paul  III  arrivèrent  bientôt,  et  Thomas  fut 
ifttr  l'archevêque  de  Tolède.  Il  partit  dès  le  lendemain  matin 
Valence,  à  pied,  avec  son  habit  religieux,  accompagné 
nligieux  de  son  ordre  et  de  deux  domestiques,  et  ne  voulut 
e  point  s'arrêter  sur  la  route  pour  voir  sa  mère  qui  vivait  en- 
J£n  arrivant  à  Valence,  il  se  logea  chez  les  Augustins.  il  prit 
■non  de  son  siège  le  premier  jour  de  l'an  1545.  Son  cha- 
,  qui  connaissait  sa  pauvreté,  lui  ayant  fait  présent  de  quatre 
ducats  pour  subvenir  à  ses  premiers  besoins,  il  lui  en  témoi- 
la  plus  vive  reconnaissance,  mais  donna  cette  somme  à  l'hô- 
,  dont  la  nécessité  était  presque  extrême.  Il  se  hâta  d'aller 
àer  le  palais  archiépiscopal,  pour  être  plus  à  portée  de  remplir 
les  devoirs  de  pasteurs  ;  mais  il  y  fut  toujours  dans  la  sim~ 
té  la  plus  pauvre  et  la  plus  religieuse  :  on  ne  voyait  chez  lui 
eubles  précieux,  ni  tapisseries  ;  sa  table  frugale  n'avait  jamais 
ttfs  extraordinaires  ;  il  observait  les  jeûnes  et  les  abstinences 
i  règle  de  saint  Augustin.  En  Avent,  en  carême,  les  mercredis 
ndredis,  ainsi  que  les  veilles  des  fêtes,  il  jeûnait  au  pain  et 
in  jusqu'au  soir,  ne  portait  de  linge  qu'étant  malade ,  cou- 
t  sur  la  paille  ordinairement  et  continuait  de  porter  son  habit 
astique.  Il  fut  bientôt  regardé  comme  l'apôtre  et  le  père  de 
peuple,  dans  les  visites  régulières  de  son  diocèse,  après  les- 
tes il  assembla  un  concile  provincial,  dont  les  sages  règlements 
rmérent  plusieurs  abus.  Il  passait  souvent  les  nuits  en  prières; 
t  toutes  les  heures  du  jour,  il  voulait  qu'on  laissât  entrer 
;  lui  tous  ceux  de  son  diocèse  qui  demandaient  à  lui  parler. 
m  assiduité  à  prêcher  la  parole  divine  avec  Ponction  du  véri- 

23 


26C  23  septembre.  —  s.  Liir. 

fable  zèle,  eut  les  plus  grands  succès,  potir  ta  conversion 
chou»  de  tous  les  états.  11  ovalt  tous  les  jours  a  sa  porte  ci 
pauvres  a  qui  Ton  donnait,  par  ses  ordres,  le  ttéemaire. 

phelins,  les  enfants  trouvés,  les  pauvres  honteux',  et  aient  1c 
de  sa  sollicitude  pastorale.  Quoique  le  revenu  do  l'archet 
Valence  fût  annuellement  de  dix-huit  mille  ducats,  le  san 
ne  gardait  pour  son  usage  que  le  plus  étroit  nécessaire ,  en* 
tout  le  reste  aux  besoins  des  églises  et  à  ceux  des  pauvre 
lesquels  il  ne  cessait  de  solliciter  la  charité  des  riches.  1 
vite,  avec  la  distinction  dont  sa  réputation  le  rendait  dign 
rendre  au  concile  de  Trente  ;  mais  sa  mauvaise  santé  i 
permit  pas.  Dieu  lui  fît  même  connaître  que  la  fin  de  sa 
prochait  et  qu'il  mourrait  le  jour  de  la  fête  de  la  Nativi 
sainte  Vierge,  à  laquelle  il  avait  été  toute  sa  vie  dévoué. 

Depuis  qu'il  eut  eu  cette  connaissance  d'une  manière  ! 
relie  sur  sa  fin,  son  amour  pour  Dieu  et  son  désir  pour  i 
l'absorbaient  tout  entier.  Il  fut  attaqué,  le  29  d'août  de  Fi 
d'une  esquinancie,  accompagnée  de  fièvre  violente.  11  fit, 
premiers  jours,  une  confession  générale ,  en  versant  des 
et,  après  avoir  reçu  le  saint  viatique,  avec  les  plus  vifs  sei 
de  respect,  d'amour  et  de  confiance ,  il  fît  distribuer  aux 
de  sa  ville  tout  ce  qu'il  lui  restait  d'argent,  donna  ses  autr 
pour  le  soutien  de  son  collège ,  disposa  du  lit  sur  leque 
couché  en  faveur  des  prisonniers,  en  priant  leur  geôlier <i 
permettre  l'usage  jusqu'à  sa  mort.  Le  8  septembre  au  mal 
tint  ses  forces  diminuer,  il  demanda  qu'on  lui  lût  la  Pau 
Notre- Seigneur  Jésus-Christ,  selon  saint  Jean;  on  célébra 
la  sainte  messe  dans  sa  chambre.  Il  récita  le  psaume  30  c 
après  la  communion  du  prêtre,  lorsqu'il  eut  prononcé  ces 
du  psaume  :  Seigneur,  je  remets  mon  âme  entre  vos 
11  était  dans  la  soixante-septième  année  de  son  âge  et  la< 
de  son  episcopat.  Il  fut  enterré,  selon  son  désir,  dans  Té] 
Augristius  de  Valence,  béatifié  par  Paul  V  en  1618  et  cane 
Alexandre  VU  eu  1G58. 


23  septembre.  —  SAINT  LIN,  pape  et  martyh.  —  V 

Le  souverain  pontife  Lin ,  né  à  Volterra  en  Étrur» 
verna  l'Kglise  le  premier  après  saint  Pierre.  Sa  foi  et  sa 
furent  si  grandes,  que  non-seulement  il  chassait  les  démoi 


1£  septembre.  —  s.  constance.  26X 

lilesm  à  la  vie.  Il  écrivit  les  actes  du  bienheureux 
et  surtout  tout  ee  qu'il  a  fait  pour  combattre  Simon  le  Ma* 
Il  décréta  qu'aucune  femme  n'entrerait  dans  une  égUse 
■t  la  tête  voilée.  On  coupa  la  tête  à  ce  saint  pontife,  à 
lt  aa  constance  dans  la  foi.  Ce  fut  par  Tordre  de  Saturnin, 
titra  en  celaautant  d'impiété  que  d'ingratitude,  puisque  le 
r  mât  délivré  sa  fille  de  l'obsession  du  démon.  Il  fut  ense- 
Yatkan  auprès  du  tombeau  du  Prince  des  apôtres ,  le  23 
toede  Fan  78,  après  avoir  siégé  plus  de  onze  ans. 

tembre.  —SAINTE  THÈCLEf  vierge  et  protomar- 

TtBB  BES  FEMMES.  —  1er  siècle. 

îerge  Thècle,  née  à  Icône,  de  parents  illustres,  instruite 
rftre  saint  Paul  des  enseignements  de  la  foi,  a  été  célébrée 

saints  Pères  avec  des  éloges  extraordinaires.  A  l'âge  de 
It  ans,  elle  quitta  son  fiancé  Thamyris  parce  qu'elle  voulait 
vierge,  ce  qui  fit  que  ses  parents  l'accusèrent  d'être  ebré- 

Un  bûcher  allumé  fut  préparé  pour  elle,  et  on  la  menaça- 
ier,  si  elle  ne  renonçait  à  Jésus-Christ.  Alors  la  sainte,  s'é- 
iparavant  munie  du  signe  de  la  croix ,  s'élança  au  milieu  des 
s;  mais  une  pluie,  qui  survint  subitement,  éteignit  le  bu- 
tai la  mena  ensuite  à  Antioche,  où  elle  fut  d'abord  exposée 
es,  puis  attachée  sur  des  taureaux  qu'on  excitait  en  les  pous- 
tns  des  directions  différentes  ;  ensuite  on  la  jeta  dans  une 
anplie  de  serpents,  mais  la  grâce  de  Jésus-Christ  la  délivra 
s  ces  supplices.  L'ardeur  de  sa  foi  et  la  sainteté  de  sa  vie 
tirent  un  grand  nombre  d'infidèles.  De  retour  dans  sa  patrie, 
retira  seule  sur  une  montagne,  et  alla  rejoindre  le  Seigneur 
le  quatre-vingt-dix  ans,  signalés  par  toutes  sortes  de  vertus, 
les  miracles.  Son  corps  fut  enseveli  à  Séleucie. 


)tembre.   —  SAINT    CONSTANCE,    sacbistain.  — 

6e  siècle. 

tance  était  sacristain  dans  une  église  dédiée  à  saint  Etienne, 
ville  d'Ancône  ;  il  se  sanctifia  dans  cet  emploi  par  la  piété 
le  avec  lesquels  il  remplissait  ses  devoirs  et  par  la  pratique 
rtus  chrétiennes.  Il  vécut  parfaitement  détaché  de  toutes 


2G8  24  septembre.  —  s.   gerueb,  abbé. 

les  choses  de  la  terre,  faisant  paraître  un  grand  mépris  pour  tout 
ce  que  les  gens  du  monde  estiment  le  plus  :  n'ayant  d'affection 
que  pour  le  Ciel,  il  travaillait  de  toute  sa  force  pour  l'obtenir;  : 
aussi  était-il  regardé  comme  un  saint  dans  tout  le  pays.  La  repu-  ; 
tation  des  miracles  que  Dieu  accordait  à  ses  prières  lui  attirait  ta  z 
visite  de  personnes  qui  venaient  de  toutes  parts  pour  le  voir.  i 
Un  paysan,  entre  autres,  étant  venu  de  fort  loin,  trouva  ta  "' 
pieux  sacristain  monté  sur  une  échelle,  occupé  à  nettoyer  les  ;J 
lampes  de  l'église  ;  et,  n'apercevant  qu'un  homme  d'une  taille  peu  * 
avantageuse  et  d'un  extérieur  fort  ordinaire,  il  ne  put  croire  que  l- 
ce  fût  là  le  fameux  Constance.  Comme  on  l'assura  que  c'était  lui-  '> 
même,  il  s'en  moqua  et  dit  tout  haut  :  Je  pensais  voir  un  homme  H 
parfait,  et  je  ne  vois  pas  même  une  figure  d'homme.  Le  serviteur  lt 
de  Dieu ,  l'ayant  entendu  parler  ainsi ,  alla  l'embrasser,  en  le  re»  4 
merciant  du  jugement  qu'il  faisait  de  lui,  et  en  disant  :  Vous  *| 
êtes  le  seul  qui  ayez  les  yeux  assez  ouverts  pour  bien  connaître  Ht 
ce  que  je  vaux.  On  voit  par  cette  action  combien  ce  saint  homme  k 
était  humble.  Il  mourut  dans  le  sixième  siècle.  ft 


24  septembre.  —  SAINT  GERMER ,  abbé.  —  7e  tiède.      ,. 

Germer  naquit  à  Warde ,  près  Gournai,  sur  la  rivière  d*Ejlgp  *- 
qui  sépare  le  diocèse  de  Rouen  de  celui  de  Beauvais.  Ses  pareabJt  fc 
des  plus  considérables  du  pays  par  leur  noblesse  et  leurs  &mk  *' 
biens,  et  qui  n'avaient  que  lui  d'enfant,  firent  leur  principale  tf-  !c 
faire  de  son  éducation.  Ils  le  confièrent  à  d'habiles  maîtres,  à  Ojri  < 
ils  recommandèrent  surtout  de  le  former  à  la  piété.  '« 

Il  passa  quelque  temps  à  la  cour  du  roi  Dagobert,  et  épooM  % 
une  fille  d'un  seigneur  du  Vexin ,  dont  il  eut  deux  filles  et  un  fk.  1 
La  crainte  qu'il  eut  de  se  laisser  dominer  par  l'esprit  dn  tiède,  <c 
tant  qu'il  y  demeurerait,  lui  Gt  concevoir  le  dessein  de  cherche  h 
un  asile  pour  travailler  plus  sûrement  à  son  salut.  Il  alla  dent  i 
trouver  saint  Oucn ,  et  le  pria  de  lui  enseigner  la  conduite  cjtfl  ml 
devait  tenir.  Ce  pieux  abbé  lui  conseilla  de  se  retirer  dans  le  cloftaUp 
Avec  l'agrément  du  roi  et  le  consentement  de  sa  femme,  Germer' 
quitta  le  monde  ;  après  avoir  reçu  la  tonsure  et  l'habit  monas- 
tique ,  il  se  retira  au  monastère  de  Pantale ,  entre  Brionne  et^ 
Pont-Audemer,  et  saint  Ouen  lui  en  donna  la  conduite.  GenMs^ 
fut  un  modèle  de  pénitence ,  de  veilles  et  de  prières.  Après  avoir 
passé  la  journée  à  chanter  les  louanges  de  Dieu ,  il  ne  prenaitjfa 


24  septembre.  —  n.  d.  de  là  merci.  26tt* 

•dît,  pour  toute  nourriture ,  que  du  pain  de  matelot ,  avec  quel* 
qoes  légumes  et  de  l'eau  salée. 

La  communauté  de  Pantale  était  fort  nombreuse.  Il  y  avait 
^excellents  moines  qui  suivaient  avec  joie  l'exemple  de  leur  saint 
dbbé  ;  mais  il  y  en  eut  aussi  quelques-uns  qui ,  ne  pouvant  souf- 
frir son  exactitude ,  résolurent  de  s'en  défaire.  Germer  avait  cou* 
!ome  de  se  lever  la  nuit  pour  aller  prier  à  l'église ,  puis  il  revenait 
le  coucher.  Ces  malheureux ,  qui  connaissaient  cette  habitude  de 
eur  chef,  cachèrent  sous  son  lit  un  couteau  la  pointe  en  haut  de 
nànière  que  le  saint  devait  se  renfoncer  dans  le  corps  en  se  re- 
ttuchant  ;  mais  Germer,  ayant ,  contre  sa  coutume ,  tâté  le  lit  en 
«venant ,  trouva  le  couteau.  Il  retourna  à  l'église,  où  il  répandit 
beaucoup  de  larmes  devant  le  Seigneur.  Le  même  jour,  après  la 
sonférence  qui  se  faisait  à  la  suite  de  Tierce ,  il  se  prosterna  en 
jfcésence  de  toute  la  communauté,  et,  sans  dire  ce  qui  lui  était 
privé ,  il  demanda  d'être  déchargé  du  gouvernement.  Il  se  retira 
bns  une  grotte,  près  du  monastère.  Il  ne  pensait  qu'à  s'y  donner 
mièrement  à  Dieu  par  les  exercices  de  la  pénitence  et  les  œuvres 
le  charité  envers  les  pauvres,  lorsque  saint  Ouen  le  fît  consentir 
i  recevoir  la  prêtrise.  11  continua  la  vie  qu'il  menait  dans  sa  grotte, 
iffirant  tous  les  jours  le  sacrifice  de  nos  autels  :  il  était  si  pénétré 
le  la  grandeur  de  cet  auguste  mystère ,  qu'il  ne  l'achevait  presque 
âmais  sans  verser  des  larmes. 

Sur  ces  entrefaites  il  apprit  la  mort  de  son  fils ,  qui  le  fit  ren- 
dansla  possession  de  tous  ses  biens.  Après  en  avoir  distribué 
bonne  partie  à  des  hôpitaux  et  à  des  églises ,  il  résolut  d'em- 

cyer  le  reste  à  fonder  un  vaste  monastère ,  où  il  put  finir  ses 
:  c'est  celui  qui  a  été  connu  sous  le  nom  de  Saint-Germer 

»  Flay,  à  cinq  lieues  de  Béarnais ,  du  côté  de  Gournai-sur-Epte. 

Germer  vécut  trois  ans  dans  ce  monastère ,  toujours  appliqué  à 
£fe  devoirs ,  et  servant  de  modèle  de  la  perfection  religieuse.  Ce 
ht  ainsi  qu'il  se  prépara  à  remettre  son  esprit  entre  les  mains  du 
Seigneur,  qu'il  avait  servi  avec  tant  de  fidélité.  Il  mourut  vers 
Pan  658. 


Mseplembre.  —  NOTRE-DAME  DE  LA  MERCI.  —  13e  siècle. 

Au  temps  où  la  partie  la  plus  étendue  et  la  plus  favorisée 
In  Espagnes  était  abattue  sous  le  joug  barbare  des  Sarrasins , 

23. 


270        25  septembre.  — *  s.  fibmin,  év.  d'aHie&s, 

et  que  d'innombrables  fidèles  étaient  retenus  misérablement  dans, 
un  esclavage  inhumain ,  courant  le  risque  d'abjurer  la  foi  chré- 
tienne ,  et  de  mettre  en  péril  leur  salut  éternel ,  la  bienheureuse 
Reine  des  cieux  voulut  avec  bonté  porter  secours  à  tant  de  maux, 
et  montrer  sa  charité  sans  bornes  dans  le  rachat  de  ces  pauvre» 
captifs.  Car,  dans  la  même  nuit,  elle  apparut  à  saint  Pierre  Nolasque, 
au  bienheureux  Raymond  de  Pegnafort ,  puis  à  Jacques  1er,  roi 
d'Aragon,  et  leur  apprenant  à  chacun  en  particulier  que  son 
divin  Fils  et  elle-même  désiraient  vivement  qu'on  instituât  en  " 
son  honneur  un  ordre  de  religieux  qui  se  proposeraient  de  déli-  - 
i  rer  les  captifs  de  la  tyrannie  des  infidèles,  elle  leur  recommanda  de'  .! 
concourir,  chacun  autant  qu'ils  le  pourraient,  à  une  œuvre  aussi  ' 
importante.  Pierre  alla  tout  aussitôt  se  jeter  aux  pieds  de  Raymond,  . 
qui  était  son  confesseur,  lui  découvrit  ce  qui  lui  était  arrivé  «  et  * 
le  trouvant  déjà  instruit  de  tout  par  une  révélation  céleste,  se 
soumit  très-humblement  à  sa  direction.  Le  roi  d'Aragon  survint  ^ 
alors,  qui  résolut  d'effectuer  ce  que  la  bienheureuse  Vierge  lui  , 
avait  révélé  à  lui-même.  En  ayant  donc  conféré  ensemble ,  Us  en-  * 
treprirent  d'un  commun  accord  d'instituer,  en  l'honneur  de  U 
Vierge-Mère ,  un  ordre  religieux  sous  le  titre  de  Sainte-Marie  de  . 
la  Merci  pour  la  Rédemption  des  captifs.  C'est  le  1 2  du  mois  d*aodt 
1218  que  le  roi  Jacques  d'Aragon  résolut  d'établir  cet  institut  ' 
conçu  depuis  longtemps  par  les  saints  dont  nous  avons  parié,  fléts» 
Mit  que  les  frères  qui  en  faisaient  partie  s'astreindraient,  par  m 
quatrième  vœu ,  à  demeurer  comme  otage  au  pouvoir  des  mfldètae» 
quand  cela  serait  nécessaire  pour  la  délivrance  des  chrétiens.  Si  - 
même  temps  il  accorda  aux  mêmes  religieux  le  privilège  de  porter  * 
sur  la  poitrine  ses  armes  royales ,  et  prit  soin  de  faire  confirmer  Jj 
par  Grégoire  IX  cet  institut  religieux  qui  se  dévouait  à  l'exercice  * 
d'une  charité  envers  le  prochain  qui  surpassait  tout.  Dieu  lui-même,  •* 
par  l'intermédiaire  de  la  Vierge-Mère,  donna  accroissement  à  cet  * 
ordre,  et  c'est  pour  que  de  dignes  actions  de  grâces  fussent  rendue!  ^ 
à  Dieu  et  à  sa  sainte  Mère,  que  le  siège  apostolique  a  accordé  II  * 
célébration  de  cette  fête  particulière. 


fe 
« 


25  septembre.  —  SAINT  FIRMIN,  pbemibb  bvequ*     "  t 
d'Amiens,  et  mabtyb.  —  3e  siècle.  :  *e 

Saint  Saturnin ,  qui  était  évéque  de  Toulouse  vers  lenriUeaife  „ 
troisième  siècle,  eut  entre  autres  disciples  saint  Ho     it  de  NlMB* 


96  septembre.  —  s.  cypbiew  et  sainte  Justine.  27  r 


mi  prêtre  rempli  de  zèle,  qui  porta  le  flambeau  de  la  foi 
|ËHp  Navarre,  et  qui  se  distinguait  autant  par  son  savoir  que 
wWn  vertus  ;  H  fut  le  maître  de  saint  Firmin.  Ce  dernier,  ayant1 
MhtouC  évéque,  prêcha  la  foi  dans  le  territoire  d'Albi ,  à  Agen, 
|M  en  Auvergne ,  en  Anjou ,  à  Beauvais,  et  enfin  à  Amiens,  dont 
%<l  regardé  comme  le  premier  évéque.  Il  versa  son  sang  pour 
ftt  vers  Fan  387.' 

%ns  apprenons  de  ses  actes  qu'il  eut  pour  patrie  la  ville  de 
Mpdane,  dans  la  Navarre ,  où  il  est  honoré  comme  principal 
■MB.  Un  chrétien  nommé  Faustinien  l'enterra,  et  saint  Firmin; : 
W&  Confih  ,iMt,  à  l'endroit  où  était  son  corps,  une  église  qui 
ËMédtosow  l'invocation  de  la  sainte  Vierge.  On  garde  ses  reli- 
Ht  tan  la  cathédrale  d'Amiens ,  à  l'exception  d'une  partie  que 
lestait  Ier  donna  aux  moines  de  Saint-Denis. 


r- 


¥*ptembre.  —  SAINT  CYPRIEN  ET  SAINTE  JUSTINE, 
.    .  màbttbs.  —  4e  siècle. 


qrifiit  plus  tard  niartyr  pour  la  foi,  est  surnommé  le 
parce  qu'A  avait  d'abord  exercé  Fart  diabolique  de  la 
Au  moyen  des  enchantements  et  des  maléfices,  il  avait 
;  efforts  pour  amener  Justine,  vierge  chrétienne,  qu'un 
homme  aimait  avec  passion,  à  y  consentir  et  à  contenter 
N'y  pouvant  réussir,  il  consulta  le  démon  pour  savoir 
lËqacHe  manière  il  pourrait  parvenir  à  ses  fins.  Le  démon  lui 
^pondit  qu'aucun  moyen  ne  lui  réussirait  contre  les  vrais  adora* 
tatsét  Christ.  Cyprien,  troublé  par  cette  réponse ,  commença  à 
hffiofer -vivement  les  errements  de  sa  vie  passée.  En  conséquence, 
fm*  abandonné  la  magie ,  il  se  convertit  entièrement  à  la  foi  de 
■Met-Seigneur  Jésus-Christ. 

tftonr  cette  raison  il  fut  arrêté  en  même  temps  que  la  vierge 
hatiae,  et  on  les  accabla  de  coups  de  poing  et  de  coups  de  fouet.  On 
m  mit  ensuite  en  prison ,  pour  voir  s'ils  ne  changeraient  point  de 
intiment.  Mais  comme  après  qu'ils  en  furent  sortis ,  on  les  trouva 
■ontrant  toujours  la  même  constance  pour  se  maintenir  dans 
I  religion  chrétienne,  on  les  jeta  dans  une  chaudière  remplie  de 
on,  de  graisse  et  de  cire  bouillantes.  Ils  furent  enfin  décapités 
FMeomédie  en  l'an  304.  Lorsque  leurs  corps,  exposés  suc  la  voie 
■Mique,  furent  restés  six  jours  sans  sépulture ,  des  matelots  les 


272  26  septembre.  —  s.  ml  le  jeune. 

m 

placèrent  secrètement  pendant  la  nuit  sur  leur  navire ,  et  les  trans- 
portèrent à  Rome.  Ils  furent  d'abord  enterrés  dans  le  domaine 
de  Ru  fi  ne,  noble  dame,  puis  transférés  plus  tard  dans  Rome 
pour  les  placer  dans  la  basilique  Constantinienne,  près  du  bap- 
tistère. 


26  septembre.  —  SAINT  NIL ,  le  jeune  ,  abbé.  —  10e  siècle.   - 

Nil ,  Grec  d'origine ,  naquit  en  Italie  vers  Tan  906.  Il  fut  engagé  ? 
dans  le  mariage  et  dans  les  charges  du  siècle  ;  mais,  après  la  mort 
de  sa  femme ,  il  embrassa  la  vie  monastique.  On  rapporte  de  lui 
quelques  paroles  dignes  de  remarque.  Des  seigneurs ,  qui  étaient 
allés  lui  rendre  visite,  souhaitèrent  d'entendre  de  lui  quelques 


t. 


paroles  d'édification.  Si  vous  n'êtes  ornés  de  vertus ,  leur  dit-il,  ^ 

et  même  de  grandes  vertus,  personne  ne  vous  délivrera  des  peines  ^ 

de  l'enfer.  Un  d'eux  lui  opposa  cet  endroit  de  l'Écriture,  où  Jésus*  ,| 

Christ  dit  à  ses  disciples  qu'un  verre  d'eau  froide  donné  en  son  j 

nom  ne  demeurera  pas  sans  récompense.  «  Ces  paroles,  répondît  J 

saint  Nil ,  sont  pour  ôter  tout  prétexte  d'excuse  à  ceux  qui  n'ont  .' 

pas  même  de  quoi  faire  chauffer  un  verre  d'eau  ;  mais  vous  qui  .. 

enlevez  aux  pauvres  jusqu'à  un  verre  d'eau  froide,  qu'aves-vouià  ''' 

espérer  ?»  Un  autre,  qui  vivait  dans  un  adultère  public,  prenant  U  . 

parole,  dit  au  saint  :  Je  voudrais  savoir  si  le  grand  roi  Salomoa  }, 

est  sauvé.  —  Et  moi ,  dit  le  saint ,  je  voudrais  savoir  ri  vous  le  : 

serez.  C'est  à  vous  plus  qu'à  Salomon  qu'il  a  été  dit  :  Ceiêd  qd  ': 
regarde  une  femme  avec  un  méchant  désir  a  déjà  commis  ta 

adultère  dans  son  cœur.  J 
L'empereur  Othon  III  l'ayant  exhorté  à  lui  demander  quelque 


4 


grâce,  il  lui  dit  :  La  seule  chose  que  j'aie  à  vous  demander  est  que 
vous  sauviez  votre  âme.  Tout  empereur  que  vous  êtes,  il  vous 

faudra  mourir  comme  le  commun  des  hommes ,  et  rendre  compte  * 

de  vos  actions  au  jour  redoutable  du  Seigneur.  Le  gouverneur  - 

Kuphraxc ,  étant  tombé  malade  de  débauche ,  fit  prier  saint  Kï  * 

de  venir  le  revêtir  de  l'habit  monastique.  Nil,  étant  venu,  dît  à  * 

Kuphraxe  :  Les  vœux  de  votre  baptême  devraient  vous  suffire:  le  " 

baptême  de  la  pénitence  ne  demande  point  des  vœux  nouveaux,  et  * 

il  n'est  pas  nécessaire  de  changer  d'habits  pour  changer  de  vie.  *■ 

Cependant  sur  les  instances  réitérées  d'Euphraxe ,  il  lui  coupa  la  * 

cheveux  et  lui  donna  l'habit  monastique.  Euphraxe  mourut  dam  * 

de  grands  sentiments  de  pénitence.  '* 


27  septembre.  —  s.  comb  et  s.  damier.         17$ 

Les  Sarrasins  s'étant  répandus  dans  la  Calabre,  où  Nil  demeu- 
,  ce  saint  moine  se  retira  dans  le  monastère  du  Mont-Cassia, 
#où  il  alla  dans  celui  de  Val-Luce;  mais  le  relâchement  s'étant 
introduit  dans  cette  dernière  maison ,  il  se  retira  avec  quelques 
disciples  à  Serperi ,  sur  le  bord  de  la  mer,  à  cinq  lieues  de  Rome, 
•à  il  mourut  en  Tan  1005,  âgé  d'environ  quatre-vingt-seize  ans. 


27  septembre.  —  SAINT  COME  ET  SAINT  D AMIEN , 

martyrs.  —  4e  siècle. 

Gome  et  Damien  étaient  frères  et  Arabes  de  naissance  ;  mais  ils 
firent  leur  cours  d'études  en  Syrie ,  et  se  rendirent  fort  habiles 
dans  la  médecine.  Comme  ils  professaient  le  christianisme ,  et 
qu'As  étaient  animés  de  cet  esprit  de  charité  qu'il  inspire,  ils  exer- 
çaient leur  profession  aveu  beaucoup  de  zèle  et  de  désintéres- 
sement. Ils  sont  appelés  Anargyres  par  les  Grecs,  parce  qu'ils  ne 
recevaient  point  d'argent  de  leurs  malades.  Us  vivaient  a  Éges, 
ai  Cilicie,  où  ils  étaient  universellement  aimés  et  respectés.  Us 
étaient  surtout  connus  par  leur  attachement  à  la  religion  chré- 
tienne, à  laquelle  ils  s'efforçaient  tous  les  jours  de  faire  de  nou- 
veaux prosélytes. 

La  persécution  de  Dioclétien  s'étant  allumée ,  il  était  difficile 
qu'ils  ne  fussent  pas  découverts  des  premiers.  On  les  arrêta  par 
Tordre  de  Sysias ,  gouverneur  de  Cilicie ,  qui,  après  leur  avoir  fait 
souffrir  divers  tourments,  les  condamna  à  perdre  la  tête  vers  303. 
Leurs  corps  furent  portés  en  Syrie  et  enterrés  à  Cyr.  Théodoret, 
qui  était  évéque  de  cette  ville  au  cinquième  siècle,  dit  qu'on  y  gar- 
dait leurs  reliques  dans  une  église  de  leur  nom  :  il  leur  donne  les 
titres  d'illustres  athlètes  et  de  généreux  soldats  de  Jésus-Christ. 
L'empereur  Justinien,  qui  commença  à  régner  en  527,  fit  agrandir, 
orner  et  fortifier  la  ville  de  Cyr,  par  respect  pour  les  saints  mar- 
tyrs, dont  les  ossements  y  reposaient.  Voyant  que  l'église  bâtie  à 
Constantinople  sous  leur  invocation  tombait  en  ruines,  il  eu  fit 
élever  une  magnifique  eu  reconnaissance  de  ce  qu'il  avait  été 
guéri  d'une  maladie  dangereuse  par  leur  intercession. 

Pour  satisfaire  sa  dévotion  envers  les  mêmes  saints ,  Justinien 
fit  construire  et  leur  dédia  une  seconde  église  à  Constantinople. 
On  trouve,  dans  la  Chronique  de  Marcellin  et  de  saint  Grégoire  de 
Tours ,  le  récit  de  plusieurs  miracles  opérés  par  leur  intercession. 
Une  partie  de  leurs  reliques  est  présentement  à  Rome,  dansl'e> 


374    27  septembre.  —  s.  elzbàh  et  saints  delpoui*. 

glise  de  leur  nom  qui  est  un  titre  de  cardinal-di    *e.  Cette  part^^1 
des  reliques  fut  portée  dans  cette  ville  du  temps  du  pape  saint 
bisaïeul  de  saint  Grégoire  le  Grand.  11  y  en  a  deux  autres 
a  Venise.  Une  portion  des  reliques  de  ces  saints  martyrs  fin 
portée  en  France  et  divisée  entre  plusieurs  églises ,  la  coUégtata 
de  Luzarches ,  la  cathédrale,  et  la  paroisse  de  Saint-Câme  il 
Fans. 


27  septembre.  —  SAINT  ELZEAR  DE  S ABR AN,  confesse», 
et  SAINTE  DELPHINE ,  épouse-vierge.  —  14e  siècle. 


Elzéar,  comte  d'Arian  et  baron  d'Ansois,  était  de  rflhntn 
maison  de  Sabran ,  et  naquit  à  Ansois*  en  Provence.  Dès  son  en- 
fance ,  il  annonça  la  sainteté  qu'il  aurait  un  jour,  commençant 
dès  lors  à  mortilier  sa  chair  par  des  jeûnes  et  d'autres  abstinence*.; 
Sous  la  direction  de  son  oncle ,  Guillaume  de  Sabran ,  qui  était 
abbé  de  Saint- Victor  de  Marseille,  et  auquel  on  l'avait  confié  de* 
Tâge  de  cinq  ans ,  il  fit  de  grands  progrès  dans  la  vertu.  On  U 
fit  épouser  dans  la  suite  Delphine  de  Glandèves,  dame  de  Fui-Mi- 
chel ,  dont  la  haute  naissance  égalait  la  fortune,  mais  chez  laquelle 
ces  dons  périssables  disparaissaient  devant  la  réputation  di  sain- 
teté. Elle  était  née  dans  l'ancien  diocèse  de  Riez ,  qui  faitaujoaç* 
d'hui  partie  de  celui  actuel  de  Digne.  N'éprouvant  dès  son  jeune 
âge  que  de  réloignement  pour  les  parures  mondâmes,  elle  ne  sa 
complaisait  que  dans  la  pratique  continuelle  de  la  prière,  et  dit 
fit  éclater  un  tel  amour  pour  la  vertu  de  chasteté,  qu'elle  excita 
l'admiration  des  religieuses  du  couvent  de  sainte  Catherine,  à  qui 
elle  avait  été  confiée.  Ce  fut  donc  contre  son  gré  qu'elle  consentit 
à  épouser  à  Marseille  Elzéar,  comte  d'Arian.  Elle  n'obéit  même 
à  la  volonté  de  son  oncle,  en  cette  circonstance,  que  lorsque,  for- 
tifiée par  une  vision  céleste ,  elle  eut  été  assurée  d'une  assistance 
toute  particulière  de  la  sainte  Mère  de  Dieu  pour  protéger  jus- 
qu'au bout  sa  virginité.  L'appareil  solennel  des  noces  avait  été 
disposé  avec  une  pompe  royale  par  Charles ,  roi  de  Sicile,  qui 
s'intéressait  beaucoup  à  cette  union.  Mais  au  sortir  du  banquet 
nuptial,  Delphine  se  présenta  suppliante  à  son  mari,  et  lui  décou- 
vrit, fondant  en  larmes,  le  dessein  qu'elle  avait  de  garder  sa  vir- 
ginité. Elle  parla  d'une  manière  si  persuasive ,  qu'aidée  de  Dieu , 
qui  touchait  intérieurement  son  époux  et  agissait  doucement 


#  septembre.  —  s.  elzéar  et  sainte  Delphine.  175 

NÉreoHif ,  elle  rengagea  à  partager  son  héroïque  résolution 
ftrér  dans  le  mariage  la  chasteté  qui  convient  à  des  vierges. 
Virent  l'un  et  l'autre  par  un  vœu ,  et  pendant  vingt-sept  an* 
Joe  dura  leur  union ,  ils  conservèrent  le  lis  de  la  virginité 
ont  son  éclat,  sans  que  jamais  l'ardeur  de  l'amour  conjugal 
en  altérer  la  fraîcheur.  Afin  de  conserver  sans  tache  dans 
iage  le  lis  de  la  virginité ,  Elzéar  portait  le  jour  un  rude 
sous  ses  riches  vêtements ,  et  la  nuit  il  entourait  son  corps 
le  corde  noueuse.  Dieu  fit  connaître  plus  d'une  fois  com- 
tte  conduite  lui  était  agréable.  Ne  pouvant  jouir  dans  le  châ- 
Ansois  de  la  tranquillité  qu'il  désirait ,  Elzéar  obtint  de  ses 
\  la  permission  de  se  retirer  avec  sa  chaste  épouse  au  châ- 
!  Pui-Michel,  qui  appartenait  à  Delphine.  Il  y  vécut  presque 
jieux,  ayant  parfaitement  réglé  le  temps  pour  toutes  les 
[MB  de  sa  maison ,  de  manière  à  ce  que  tous  les  instants  du 
Ment  sanctifiés  par  les  exercices  de  piété,  U  mit  au  rang  de 
miers  devoirs  de  s'inquiéter  des  besoins  des  pauvres,  afin 
ager  leur  misère.  Il  visitait  les  prisonniers,  servait  les  ma- 
Laos  les  hôpitaux ,  et  soignait  les  lépreux, 
s  la  mort  de  son  père ,  Elzéar  alla  en  Italie  pour  prendre 
Ion  du  comté  d' Arian,  que  lui  disputaient  des  rebelles.  Aus- 
t'il  eut  été  reconnu,  il  rendit  public  son  vœu  de  chasteté,  et 
ans  le  tiers- ordre  de  Saint-François  avec  sa  pieuse  épouse* 
rès,  Robert,  roi  de  Sicile,  lui  confia  le  soin  d'élever  sou 
)rince  deCalabrc,  ainsi  que  l'administration  du  royaume.  U 
nte  envoyé  au  roi  de  France  pour  proposer  le  mariage  de  son 
rec  la  fille  de  Charles  de  Valois.  Pendant  qu'il  traitait  de 
[Taire  à  Paris,  il  y  tomba  malade  de  la  fièvre,  et  mourut 
ptembre  1325,  en  disant  :  Je  bénirai  le  Seigneur  en  tout 
Lorsqu'il  eut  rendu  son  âme  à  Dieu,  il  apparut  à  De!- 
couronné  de  gloire ,  et  hii  adressa  ces  paroles  du  prophète 
Le  filet  s'est  rompu,  et  nous  avons  été  délivrés.  ! 

i  au  vœu  de  virginité  perpétuelle  la  servante  du  Seigneur 
;elui  de  pauvreté.  Elle  vendit  les  terres  du  comté  d' Arian 
hflteau  de  Pui-Michel ,  en  distribua  le  prix  aux  pauvres , 
it  à  demander  l'aumône ,  contente  de  souffrir  des  affronts 
tais-Christ  et  de  s'entendre  souvent  appeler  une  femme 
hypocrite.  En  même  temps  elle  s'appliquait  à  l'étude  de 
re  sainte ,  et  sous  la  lettre  elle  en  pénétra  l'esprit,  et  en 
les  pensées  d'une  si  haute  spiritualité,  que  le  pape  Clé- 


270  28  septembre.  —  sainte  eustocBik. 

mont  VI,  siégeant  a  Avignon,  dit  à  son  sujet  qu'il  n'avait  jnnws 
entendu  un  théologien  expliquer  d'une  manière  si  profonde  Ses 

mystères  de  la  Trinité  et  de  l'Incarnation ,  la  pauvreté,  l'humilité  * 

et  les  autres  vertus  chrétiennes.  Enfin,  comblée  de  mérites,  et  y 

modèle  des  épouses,  des  veuves  et  des  vierges,  Delphine  s'en-  * 

dormit  dans  le  vSeigncur,  le  26  novembre  de  l'an  1360,  h  Page  de  ' 

soixante-seize  ans.  C'est  le  pape  Urbain  Y  qui,  par  un  décret  so-  * 

lennel ,  a  inscrit  Elzéar  et  Delphine  au  catalogue  des  saints.  ' 


28  septembre.  —  SAINTE  EUSTOCHIE,  VIEBGE.  —  5e  siècle. 

Eustochie,  vierge  romaine,  fille  de  l'illustre  sainte  Paule,  était* 
entrée  dans  toutes  les  vues  de  sa  mère  et  fit  paraître  un  égal  mé» 
pris  pour  les  vanités  du  monde.  Elle  s'engagea ,  par  un  vœu  so- 
lennel ,  à  rester  dans  l'état  de  virginité,  par  les  exhortations  de 
sainte  Marcelle,  qui  semble  avoir  été  la  première  de  Rome  à  em- 
brasser les  austérités  de  la  vie  ascétique.  Saint  Jérôme  rapporte 
sur  son  sujet  une  chose  remarquable  :  Lorsqu'elle  était  encore  toute 
jeune ,  une  de  ses  tantes  nommée  Prétextate ,  par  ordre  de  son  "J 
mari,  la  para  un  jour  fort  richement  et  lui  fit  peigner  et  friser  les  |J 
cheveux ,  pour  la  mettre  comme  les  personnes  de  son  rang  et  lui  ^ 
donner  du  goût  pour  les  ajustements  ;  mais ,  la  nuit  même,  elle  v: 
vit  venir  à  elle  un  ange  qui ,  d'une  voix  terrible  et  menaçante  «M  :': 
fit  entendre  ces  paroles  :  Vous  avez  donc  mieux  aimé  obéir  à  fôtn  * 
mari  qu'à  Jésus-Christ  ?  Vous  avez  osé  porter  vos  mains  sacrilèges  -i 
sur  la  tête  d'une  vierge  consacrée  à  Dieu  ?  Ces  mains  vont  demis  '* 
sèches ,  et  ce  châtiment  vous  apprendra  le  mal  que  vous  avez  fait;  * 
au  bout  de  cinq  mois  vous  serez  portée  au  tombeau.  Si  vous  cou-  ^ 
tinuez  à  inspirer  la  vanité  à  l'épouse  de  Jésus-Christ,  vous  perdra  ^ 
eu  même  temps  votre  mari  et  vos  enfants.  Cette  terrible 
rut  son  effet.  C'est  ainsi ,  ajoute  saint  Jérôme ,  que 
punit  les  violateurs  de  son  temple.  Eustochie  eut  le  courage  de  V 
fouler  aux  pieds  tout  ce  que  le  monde  a  de  plus  grand,  pour  em- 
brasser la  pauvreté  la  plus  absolue,  et  de  mener  une  vie  pénitente,  iE 
afin  de  conserver  son  innocence.  Elle  suivit  sa  mère  sainte  Paule  * 
dans  la  Palestine  et  passa  vingt-trois  ans  dans  la  pratique  des  coOr  u 
seils  évangéliques,  sous  la  direction  de  saint  Jérôme,  qui  s'était  * 
retiré  dans  un  monastère  d'hommes  voisin  du  sien.  Elle  étudie  * 
sous  lui  l'écriture  sainte,  et  s'y  rendit  très-habile  par  la  connais-  *■ 
sauce  qu'elle  acquit  de  la  langue  hébraïque.  Après  la  mort  de  sa  * 


28  septembre.  —  sainte  lioba,  abbesse.         277 

titre,  elle  fut  obligée  de  se  charger  de  la  conduite  du  mpnastère 
4e  Bethléem.  Dieu  réprouva  par  la  persécution.  Une  troupe  de 
QMS  perdus,  suscités  par  les  Pélagiens,  allèrent  à  Bethléem ,  mal- 
tarifèrent  les  serviteurs  de  Dieu,  aussi  bien  que  les  vierges ,  et 
brûlèrent  leurs  monastères;  en  sorte  qu'Eustochie  eut  beaucoup 
4»  peine  à  échapper  au  feu  et  aux  armes  qui  l'environnaient.  Trois 
m  après ,  c'est-à-dire  vers  Tan  419,  elle  alla  recevoir  la  récom- 
pense de  ses  travaux  et  de  sa  persévérance. 


28  septembre.  —  SAINT  CÊRAUNE  OU  CÉRAN,  évéque 

de  Pabis.  —  6e  siècle. 

Céraune,  vulgairement' Céran ,  succéda  à  Simplice  sur  le  siège 
et  Paris,  et  se  rendit  recommandable  par  sa  piété,  son  zèle  et 
a  charité.  Sa  dévotion  envers  les  saints  martyrs  lui  inspira  le  des* 
hîd  de  recueillir  leurs  actes.  Il  écrivit  pour  ce  sujet  à  Warnahaire, 
derc  de  Langres ,  lequel  lui  envoya  les  actes  de  saint  Didier, 
évéque  de  la  même  ville ,  et  ceux  des  saints  Speusippe,  Éleusippe 
ft  Méleusippe.  Warnahaire  accompagna  cet  envoi  d'une  lettre 
tes  laquelle  il  donnait  de  justes  éloges  aux  vertus  du  saint  pas- 
teur. Ce  fut  sous  Tépiscopat  de  saint  Céran  que  se  tint  le  cin- 
quième concile  de  Paris  dans  l'église  des  Saints- Apôtres,  appelée 
plus  tard  Sainte-Geneviève.  Ce  concile,  qu'on  met  en  614  ou  615, 
est  fort  célèbre ,  et  il  s'y  trouva  soixante-dix -neuf  évêques;  aussi 
fat-fl  appelé  général  par  celui  de  Reims  en  625.  Saint  Céran  était 
mort  alors.  On  l'enterra  dans  la  chapelle  souterraine ,  à  la  gauche 
dn  corps  de  sainte  Geneviève. 


28  septembre.  —  SAINTE  LIOBA ,  abbesse.  —  8e   siècle. 

Lioba  ou  Lieba ,  qui  fut  un  modèle  de  perfection  chrétienne 
tywt  en  Angleterre  qu'en  Allemagne ,  sortait  d'une  illustre  famille 
anglo-saxonne ,  et  naquit  dans  le  pays  des  Saxons  occidentaux. 
Ebba,  sa  mère,  était  proche  parente  de  saint  Boniface ,  archevêque 
de  Mayence ,  apôtre  de  la  Germanie.  Une  longue  stérilité  lui  avait 
fait  perdre  l'espérance  d'avoir  des  enfants ,  lorsque  Lioba  vint  au 
monde.  Elle  l'offrit  à  Dieu  dès  qu'elle  fut  née ,  et  Fêle  va  dans  le 
mépris  du  monde. 

24 


278  28  septembre.  —  s.  Wenceslas* 

Lioba  fut  mise  ensuite  dans  le  monastère  de  Winburn ,  que  > 
gouvernait  la  sainte  abbesse  Tettc ,  encore  plus  distinguée  par  u  J 
sagesse  et  ses  vertus  que  par  le  titre  auguste  de  sœur  de  roi.  EUe  4 
y  fît  de  grands  progrès  dans  la  science  du  salut ,  et  y  prit  depun  u 
le  voile  de  religieuse.  Elle  avait  des  connaissances  rares  dans  une  * 
personne  de  son  sexe;  elle  entendait  le  latin,  et  faisait  même  « 
des  vers  en  cette  langue ,  comme  on  le  voit  par  ses  lettres  à  saint  l 
Boniface,  qui  était  en  correspondance  avec  elle.  Comme  ce  saint  l 
apôtre  connaissait  son  mérite ,  il  pria  instamment  son  abbesse  * 
et  son  évéque  de  la  lui  envoyer  avec  quelques  autres  religieuses,  ft 
dans  le  but  de  les  employer  à  établir  en  Allemagne  des  monas-  i 
tères  pour  les  femmes.  Tettc  ne  consentit  qu'avec  beaucoup  de  * 
peine  au  départ  de  celle  qu'elle  regardait  comme  le  plus  précieux  < 
trésor  de  sa  maison.  5 

Lioba  arriva  en  Allemagne  vers  Tan  748.  Saint  Boniface  Téta*  % 
blit,  ainsi  que  ses  compagnes,  dans  le  monastère  qui  a  été  appelé  ?» 
depuis  Bischofstein.  La  prudence  et  le  zèle  de  la  sainte  furent  * 
cause  que  la  nouvelle  communauté  devint  si  nombreuse,  qu'elle  q 
fut  en  état  de  fournir  assez  de  religieuses  pour  peupler  divers  nu 
nastères  qu'on  fonda  en  Allemagne.  Quelque  temps  après  le  mar*  * 
tyre  de  saint  Boniface ,  Lioba  se  retira  dans  un  de  ces  nouveau!  ^ 
monastères,  appelé  Slioneresheim ,  et  situé  à  environ  deuxlienes  4 
de  Mayence.  Elle  continua  d'y  vivre  dans  la  pratique  du  jeûne  et  ;, 
de  la  prière.  Charlemagne,  qui  fut  depuis  empereur,  était  pénétré  | 
de  vénération  pour  elle ,  et  Hildegarde ,  femme  de  ce  prince,  la  t| 
fit  venir  à  Aix-la-Chapelle  pour  la  consulter  sur  plusieurs  affaires  ^ 
importantes.  Lioba  résista  fortement  aux  sollicitations  que  Un  ^ 
fît  la  reiue  de  rester  à  la  cour  ;  elle  retourna  dans  son  monas- 
tère, où  elle  mourut  vers  l'an  779.  Elle  fut  enterrée  à  Fulde,  au- 
près de  saint  Boniface ,  et  il  se  fît  à  son  tombeau  plusieurs  mi- 
racles. 


i 


28  septembre.  —SAINT  WENCESLAS,  nue  de  BOHiao, 

martyr.  —  10e  siècle. 


1 

il 

■1 

il: 


Wenceslas,  duc  de  Bohême,  eut  pour  père  Wratislas,  qui 
était  chrétien,  et  pour  mère  Drahomire,  qui  était  païenne.  Elevé 
pieusement  par  son  aïeule  Ludmille,  femme  d'une  grande  sainteté,   * 
il  se  distingua  par  toutes  sortes  de  vertus ,  et  conserva  avec  to  *J 


28  septembre.  —  s.  wenceslis.  279 

grand  soi    pendant  toute  sa  vie  sa  virginité  intacte.  Sa  mère, 

r~,  an  moyen  d'un  meurtre  abominable  commis  sur  la  personne 
Lndmflle,  était  parvenue  à  s'emparer  du  gouvernement  du 
anjanme,  et  qui  menait  une  vie  criminelle  avec  son  plus  jeune 

21  Botedas,  excita  contre  elle-même  l'indignation  des  grands 
la  nation.  Fatigués  de  son  gouvernement  tvrannique  et  impie, 
fc secouèrent  le  joug,  et  saluèrent  roi  Wenceslas  dans  la  ville 
«•Prague,  où  ils  vinrent  le  trouver. 

Ce  prince,  s'appliquant  à  régner  plutôt  par  la  clémence  et  la 
fcanfé  qu'en  imposant  sa  domination,  secourut  avec  tant  de  châ- 
tiai les  orphelins,  les  veuves,  les  pauvres ,  que  quelquefois,  pen- 
«avt  la  nuit,  il  porta  sur  ses  propres  épaules  du  bois  à  ceux  qui  en 
attaquaient.  Il  assistait  fréquemment  à  l'enterrement  des  pau- 
;,  délivrait  les  captifs ,  visitait  au  milieu  de  la  nuit  les  prison- 
qu'A  consolait  le  plus  souvent  de  ses  aumônes  et  de  ses  con- 
Souverain  plein  d'humanité ,  il  gémissait  vivement  lorsqu'un 
coupable  était  condamné  à  mort.  Vénérant  les  pré- 
tas  dn  Seigneur  avec  un  sentiment  de  respect  religieux ,  il  semait 
àtaes  mains  le  froment,  et  faisait  le  vin  dont  ils  devaient  se 
pour  le  sacrifice  de  la  Messe.  La  nuit,  il  parcourait  les 
,  marchant  nu-pieds  sur  la  neige  et  la  glace ,  et  laissant 
hii  les  traces  de  ses  pas  teintes  de  sang ,  et  qui  écliauffaient 
le  soi.  Il  eut  des  anges  pour  veiller  à  la  garde  de  sa  personne  ; 
,  or  lorsque  dans  un  combat  singulier  qu'il  engagea  contre  Ra- 
:  «lias,  duc  de  Gurime ,  et  auquel  il  n'avait  consenti  que  dans  le 
ht  de  pourvoir  au  salut  de  son  peuple ,  on  vit  des  anges  qui  lui 
Jaunissaient  des  armes,  et  qui  dirent  à  son  adversaire  :  Ne  le 
Aappe  pas  !  Son  ennemi ,  épouvanté ,  se  jeta  avec  respect  aux 
pieds  de  AVenceslas ,  et  implora  son  pardon.  Un  jour  qu'il  s'était 
tendu  en  Allemagne ,  l'empereur ,  ayant  aperçu  au  moment  où 
te  saint  s'approchait  de  lui  deux  anges  qui  le  décoraient  d'une 
croix  d'or,  descendit  de  son  trône  pour  le  recevoir  dans  ses 
bras  -  ie  revêtit  des  insignes  de  la  royauté ,  et  lui  donna  le  bras 
de  saint  Guy.  Néanmoins  son  frère  Boleslas,  impie  et  scélérat 
Somme  sa  mère  qui  le  poussa  à  ce  nouveau  crime ,  s'étant  adjoint 
pieiques  compagnons  pour  le  commettre ,  le  tua  après  l'avoir 
«ça  à  sa  table ,  et  lorsqu'il  s'était  rendu  dans  une  église  pour  y 
«ïer,  pressentant  le  sort  qu'on  lui  préparait.  On  voit  encore  en 
e  lieu  le  sang  qui  rejaillit  sur  les  murailles,  quoique  ce  meurtre 
bominable  ait  eu  lieu  en  l'an  938.  La  vengeance  de  Dieu  éclata 


280    20  septembre.  —  s.   miciiel  et  les  ss.  anges. 

sur  cette  mère  dénaturée,  qui  fut  engloutie  dans  le  sein  de  la  ti 
et  sur  les  meurtriers,  qui  tous  périrent  misérablement. 


20  septembre.  —  SAINT  MICHEL  archange,  ET  T( 

LES  SAINTS  ANGES. 

L'Écriture  sainte  nous  apprend  qu'il  y  a  des  anges  que  1 
a  créés  de  purs  esprits  sans  corps,  et  qu'il  s'est  souvent  servi  d 
pour  faire  connaître  aux  hommes  ses  volontés ,  toujours  just 
raisonnables.  On  ne  peut  douter  que  Moïse  n'ait  connu  ces  esj 
célestes  :  tous  ses  livres  sont  pleins  de  preuves  de  leur  existe 
On  les  trouve  chez  Abraham,  à  qui  ils  découvrent  les  secret 
Seigneur,  à  qui  ils  font  de  sa  part  les  promesses  les  plus  ma 
fiques  ;  ils  arrêtent  la  main  de  ce  patriarche  près  d'rigorgerson 
Jacob  en  voit  uni;  multitude  qui  montent  et  qui  descendent 
une  échelle  mystérieuse  que  Dieu  lui  découvre. 

On  ne  peut  disconvenir  que  Dieu  ne  soit  l'unique  auteui 
leur  création.  Aussi  l'apôtre  saint  Paul  enseigne-t-il  netten 
que  Dieu  a  tout  crée  dans  le  ciel ,  que  les  choses  visibles  et  1 
sibles,  les  Trônes  et  les  Dominations,  les  Principautés,  les  I 
sances,  et  généralement  toutes  choses ,  ont  été  créés  par  Je 
Christ  et  en  Jésus-Christ. 

On  ne  sait  pas  combien  Dieu  a  créé  de  ces  esprits  célestes;  ï 
nombre  a  dû  être  très-considérable,  puisque  Daniel,  ne  pari 
que  des  anges  qui  ne  sont  point  déchus  de  leur  bonheur,  dit  : 
million  d'anges  le  servaient  (il  parle  de  Dieu,  qu'il  repré* 
assis  sur  le  trône  de  sa  gloire),  et  mille  millions  assistaient  dec 
lui. 

Outre  ces  bons  anges ,  il  y  en  avait  encore  un  grand  nom 
qui  avaient  aussi  été  créés  dans  la  justice  et  dans  la  vérité  ;  n 
ils  voulurent  s'égaler  à  Dieu ,  et  leur  orgueil  fut  puni.  Dieu 
précipita  dans  l'abîme,  et  leur  malheur  sera  éternel.  Une  pa 
de  ces  anges  rebelles  s'est  répandue  dans  l'air  :  leur  occupai 
est  de  tenter  les  hommes;  mais  ils  n'ont  de  pouvoir  sur  eux  qu 
tant  que  Dieu  leur  en  laisse ,  et  cette  puissance  ne  peut  se  ter 
ncr  qu'à  faire  du  mal.  Cette  chute  des  mauvais  anges  est  a 
écrite  dans  l'Apocalypse  de  saint  Jean  :  «  Il  se  donna  une  gra 
bataille  dans  le  ciel.  Michel  et  ses  anges  combattaient  contre 
dragon ,  et  le  dragon  avec  ses  anges  combattait  contre  lui  ;  n 


29  septembre.  —  s.  Michel  et  les  ss.  anges.    û$î* 

ce  dragon ,  cet  ancien  serpent,  qui  est  appelé  le  Diable  et  Satan , 
qui  séduit  tout  le  monde,  fut  précipité  en  terre,  et  ses  anges 
avec  lui.  » 

L'état  de  ceux  qui  sont  demeurés  fidèles  à  Dieu  est  un  état 
bien  différent  des  premiers  :  il  est  d'autant  plus  heureux  qu'ils 
ne  peuvent  plus  pécher,  par  conséquent  déchoir  de  leur  bon- 
heur. 

Leur  occupation  n'est  pas  renfermée  cependant  dans  Ta  dora-1 
tkm  qu'ils  rendent  à  la  majesté  suprême  du  Seigneur.  L'Écriture 
et  la  tradition  donnent  lieu  de  croire  qu'ils  ont  beaucoup  de  part 
au  gouvernement  du  monde.  1°  Us  sont  tous  appelés  esprits  des- 
tinés aux  ministères ,  et  envoyés  pour  servir  ceux  qui  sont  héri- 
tiers du  salut,  et  cette  administration  comprend  une  infinité  d'of- 
fices; 2°  ils  offrent  à  Dieu  les  prières  des  saints ,  comme  il  est 
apporté  dans  le  livre  de  Tobie  et  dans  l'Apocalypse  ;  3°  ils  ren- 
dent aux  fidèles  chrétiens  plusieurs  assistances  à  l'égard  des  choses' 
temporelles,  comme  il  paraît  par  la  prière  par  laquelle  Tobie  de- 
manda que  l'ange  du  Seigneur  accompagnât  son  fils  pendant  te 
voyage  qu'il  allait  faire  dans  le  pays  des  Mèdes.  Saint  Augustin  a 
fort  bien  prouvé  que  toutes  les  apparitions  de  Dieu  dans  l'Ancien 
Testament  se  faisaient  par  le  ministère  des  anges  ;  4°  c'est  aussi : 
la  doctrine  de  l'Église  catholique ,  que  chaque  homme  a  un  ange 
gardien  qui  veille  sur  lui,  et  dont  la  protection  peut  beaucoup  le 
défendre  contre  les  pièges  du  démon. 

On  lit  dans  l'Ecriture  les  noms  de  trois  de  ces  anges,  Michel, 
Gabriel  et  Raphaël,  parce  que  ce  sont  ceux-là  dont  Dieu  s'est 
servi  particulièrement  pour  faire  connaître  aux  hommes  ses  vo- 
lontés. On  trouve  dans  l'Écriture  plusieurs  ordres  d'esprits  saints, 
savoir  :  les  Séraphins,  les  Chérubins,  les  Trônes,  les  Dominations, 
les  Principautés ,  les  Puissances ,  les  Vertus ,  les  Archanges  et 
enfin  les  Anges.  Ces  différentes  dénominations  sont  données  à 
ces  esprits  célestes,  à  raison  sans  doute  de  leurs  différents  minis- 
tères, qui  cependant  n'ont  tous  qu'un  même  but  et  une  même' 
fin:  la  gloire  de  Dieu. 

Il  faut  admirer  ces  merveilles  du  Seigneur ,  mais  il  convient  de 
ne  pas  s'en  tenir  à  une  stérile  admiration.  C'est  un  devoir  d'imiter  ' 
ceux  que  l'on  honore.  Comme  les  anges,  les  hommes  doivent  i 
obéir  à  Dieu  promptement,  fidèlement ,  avec  joie;  comme  eux , 
ils  ne  doivent  faire  que  la  volonté  de  Dieu,  marcher  toujours  en: 
sa  présence ,  entrer  dans  toutes  ses  vues ,  ne  vivre  que  pour  lui  ; 

24. 


9»    10  septembre.  —  ».  gab&oub  L'iuuBBliuwviMr 

comme  eux  as  doivent  chanter  .  ,  •eeu§eBMDtr% 
priant  souvent  et  avec  un  cœur  j  >  nw»  ou»  coûtas Aews.M* 
vres,  ai  les  faisant  toutes  pour  lui.  <  hi  ne  peut  trop 
aux  fidèles  d'avoir  un  grand  respect  pour  ces  esprits  

ils  sont  les  premiers  des  saints,  on  doit  donc  les  invoquer  fréquent* 
ment  et  avec  foi ,  ne  les  contrister  jamais  en  tombant  dans  quek 
que  péché  volontaire.  Dans  l'état  de  faiblesse  où  les  hommes  soft 
tombés ,  ils  se  garderont  soigneusement  d'éloigner  d'eux  des  se- 
cours qui  peuvent  leur  être  si  salutaires. 


30  septembre.  —  SAINT  GRÉGOIRE  L1LLUMIHATEUR, 

ÉVÊQUE  ET  APÔTRE  DE  L* ARMÉNIE.  —  4e  SÎède. 

Grégoire,  surnommé  niluminateur,étofcàe  la  Grande-Armé?!. 
nie.  11  sortait  de  l'illustre  maison  de  Parthie ,  dite  des  Jrsmd- 
des.  Ayant  été  porté  dans  son  enfance  à  Césarée  de  Cappadm,. 
il  y  fut  élevé  dans  la  religion  chrétienne,  et  y  reçut  le  baptême. 
Son  amour  pour  Dieu  était  si  ardent ,  qu'A  résolut  de  n'avoir  pkui. 
rien  de  commun  avec  le  monde.  Lorsqu'il  se  fut  perfectionné 
dans  la  science   du  salut,  il  se  sentit  enflammé  d'un  granèv 
désir  d'aller  prêcher  l'Evangile  à  ses  compatriotes.  H  nvfc*V 
donc  en  Arménie,  après  avoir  imploré  le  secourt  du. ciel  par, 
de   ferventes  prières.    Ses   discours,  soutenus  par   une  ihÇ. 
sainte,  opérèrent  des    conversions  innombrables.  On  assert 
que  Dieu  conGrma  aussi  par  des  miracles  la  vérité  de  la  doctrine, 
que  son  serviteur  annonçait.  On  lit,  dans  l'auteur  anonyme  de  si 
vie  donnée  par  Surius,  qu'il  eut  beaucoup  à  souffrir  dans  m- 
mission',  de  la  part  de  Tiridate,  roi  du  pays;  mais  que  et;. 
prince  ouvrit  enfin  lui-même  les  yeux  à  la  lumière ,  .et  qu'il  reçut* 
le  baptême 

S.  Grégoire  fut  sacré  évéque  par  Léonce  de  Césarée  en  Gappadoes*  '.  ' 
Ce  fut  Tiridate  lui-même  qui  l'envoya  vers  ce  prélat  pour  qui»! 
reçût  de  ses  mains  Fonction  épiscopale.  De  retour  dans  sa  patrsw 
il  y  continua  ses  travaux  apostoliques  avec  un  nouveau  xèle)  1  '«i 
porta  aussi  le  flambeau  de  la  foi  chez  plusieurs  nations  bai 
près  la  mer  Caspienne ,  et  pénétra  jusqu'au  mont  Caucase. 

Nous   apprenons  de  Moïse  de  Chorène ,  historien  à'A 
nie,  que,  s'étant  retiré  dans  une  cellule  à  Mania,  qui  est    , 
la  province  de  la  Haute-  Arménie  appelée  Daranalia,  il  y  finis] 


1 


30  septembre.  —  s.  Jérôme.  283- 

ars  vers  Tan  325.  Son  corps  fut  enterré  dans  le  même  lieu , 
m  le  porta  depuis  dans  la  ville  de  Thordane.  Les  méno» 
des  Grecs  lui  donnent  le  titre  de  martyr.  Le  saint  évé- 
ufrant  l'auteur  anonyme  d'un  panégyrique  composé  en  son 
or,  et  publié  parmi  tes  ouvrages  de  saint  Jean  Chrysos- 
écrivit  plusieurs  homélies  remplies  d'une  sagesse  toute  di- 
iiDSJ  qu'une  exposition  de  la  foi  qu'il  donna  à  son  troupeau. 


septembre.  —  S.  JÉRÔME,  prêtre,  confesseur 

ET  DOCTEUR  DE   L'ÉGLISE.  —  4e  siècle. 

îme  naquit  à  Stridon,  en  Dalmatie,  vers  Tan  340,  de  pa- 
shrétiens  et  fort  bien  partagés  des  dons  de  la  fortune.  Ils 
grand  soin  de  son  éducation ,  et  tâchèrent  de  le  former  à 
é,  en  même  temps  qu'ils  lui  firent  étudier  les  lettres  hu- 
*.  Jérôme  devint  très- habile,  mais,  comme  l'estime  des 
es  était  plutôt  l'objet  de  ses  études  que  le  désir  de  s'a- 
dans  la  science  du  salut ,  Dieu  permit  qu'il  tombât  dans 
ardre.  Ses  égarements  ne  durèrent  pas  longtemps.  Vers  l'an 
se  retira  dans  le  désert  de  Chalcide ,  en  Syrie.  C'était  une 
lolitude ,  toute  brûlée  par  les  ardeurs  du  soleil  et  qui  était 
oins  habitée  par  quelques  solitaires,  que  l'amour  de  la  pé- 
*,  y  avait  conduits.  Jérôme,  effrayé  des  jugements  de  Dieu, 
tu  sous  le  poids  de  la  majesté  du  Seigneur ,  chercha  dans 
iffireuse  retraite  à  se  mettre  à  couvert  de  la  colère  future , 
revenir  les  rigueurs  de  la  justice  du  Très-Haut.  Livré  aux 
les  plus  austères  et  à  des  veilles  continuelles ,  il  lui  sem- 
atendre  le  son  de  la  trompette  qui  doit  faire  sortir  les  morts 
rs  tombeaux  et  les  faire  paraître  devant  le  juste  Juge.  Cette 
lensée  le  saisissait  d'effroi  ;  son  imagination  vive  et  les  ten- 
\  violentes  qu'il  éprouvait  dans  la  chair  ne  servaient  pas 
lugmenter  son  trouble.  Il  redoublait  ses  jeûnes,  et  il  adres- 
Dieu  de  fréquentes  prières.  11  demeura  quatre  ans  dans 
lert,  et  il  fut  attaqué  de  fréquentes  maladies,  causées  par 
lnes,  par  son  application  à  l'étude  et  par  ses  autres  austéri- 
lais,  regardant  son  corps  comme  son  \,\us  cruel  ennemi, 
torchait  qu'à  l'affliger  pour  sauver  son  âme.  La  persécution 
uelques  moines  schismatiques  exercèrent  contre  lui  l'obli- 
Brrer  de  solitude  en  solitude ,  visitant  toujours  ceux  qu  une 


&f  30  septembre.  —  s.  jébomb. 

grande  vertu  rendait  recommandables,  et  recueillant,  pour 
profiter ,  tout  ce  qu'il  voyait  ou  entendait  d'édifiant. 

Étant  à  Antiochc ,  en  Fan  377  ,  Paulin ,  qui  en  était  évéque,  J 

l'ordonna  prêtre  malgré  lui ,  à  cause  de  sa  vertu.  Jérôme  ne  vou-  '■•■ 

lut  point  demeurer  dans  cette  ville ,  ni  s'attacher  à  aucune  église,  E 

parce  que  son  dessein  était  de  continuer  à  vivre  dans  la  solitude.  *! 

Son  humilité  ne  lui  a  jamais  permis  d'exercer  les  fonctions  do  *> 

sacerdoce.  Étant  venu  à  Constantinople ,  il  demeura  quelque  À 

temps  avec  saint  Grégoire  de  Nazianze ,  étudiant  sous  lui  FÉcri-  * 

ture  sainte ,  qui  faisait  de  plus  en  plus  ses  chastes  délices.  Il  ; 

partit  de  Constantinople  pour  retourner  à  Rome,  en  381 ,  où  le  ■ 
pape  Damase  le  retint  auprès  de  lui. 

Saint  Jérôme  ne  demeura  pas  longtemps  dans  cette  ville  après  < 

kl  mort  du  pape  Damase.  La  réputation  de  sa  doctrine  avait  ex-  :; 

cité  la  jalousie  de  plusieurs  membres  du  clergé ,  et  sa  liberté  à  ;ï 

reprendre  leurs  vices  lui  avait  attiré  leur  haine  :  c'est  ce  qui  lui  & 

fit  prendre  la  résolution  de  retourner  en  Palestine,  où  H  avait  n 
déjà  fait  quelque  séjour. 

Sainte  Paule,  avec  sa  fille  Eustochie  et  plusieurs  autres  vierges  s 

qui  voulaient  renoncer  comme  elle  à  toutes  les  espérances  dir  i> 

siècle,  afin  de  ne  vivre  que  pour  Dieu,  suivit  de  près  saint  Je*  * 

rôme.  Comme  elle  avait  de  grands  biens,  elle  fit  bâtir,  près  de  yt 

Bethléem ,  plusieurs  monastères  pour  les  deux  sexes ,  et  divers  a 

hospices  pour  recevoir  les  pèlerins  qui  venaient  visiter  les  KetK  ^ 

sanctifiés  par  la  présence  du  Seigneur.  Saint  Jérôme  avait  le  soin  -, 

du  spirituel  de  ces  communautés  ;  il  instruisait  aussi  de  jeunet  , 

enfants  qu'on  lui  avait  donnés  à  élever  dans  la  crainte  de  Dieu,"  . 

et  il  s'occupait  à  des  ouvrages  qui  l'ont  fait  regarder  comme  une  : 

des  grandes  lumières  de  l'Église.  " 

Malgré  cette  application  continuelle,  Jérôme  éprouvait  tou-  r 
jours  les  coups  humiliants  de  l'esprit  tentateur.  Voici  ce  qu'il  en 

dit  lui-même  dans  le  traité  qu'il  a  fait  des  dangers  de  la  vie  sofi-  - 
taire ,  pour  prouver  qu'on  n'est  pas  à  l'abri  des  obstacles  du  salut, 

même  dans  le  désert  :  «  Combien  de  fois ,  dit-il ,  étant  dans  la  plus  - 
profonde  solitude,  m'imaginais-jc  néanmoins  erre  aux  spectacles 
des  Romains.  Mes  membres  secs  et  décharnés  étaient  couverts 

d'un  sac  ;  mes  jours  se  passaient  en  gémissements ,  et ,  si  le  son-  - 
meil  m'accablait  quelquefois  malgré  moi,  la  terre  dure  sur  laquelle 
je  me  couchais  était  moins  un  repos  pour  moi  qu'une  espèce  de  ' 
tourment.  Cependant  je  ne  pouvais  arrêter  mon  imagination  vo*: 


30  septembre.  —  s.  jekômk.  28à 

toge  :  mon  visage  était  défiguré  par  le  jeune,  et  mou  cœur  brûlait 
moi  de  mauvais  désirs  :  toute  ma  consolation  était  de  me 
aux  pieds  de  Jésus-Christ  sur  la  croix ,  et  de  l'arroser  de 
■m  larmes.  Combien  de  fois ,  pour  dompter  cette  chair  rebelle , 

I  ai-je  feuné  des  semaines  entières  au  pain  et  à  l'eau  !  Combien  de 
Mi  ai-je  poussé  des  cris  vers  le  ciel ,  le  jour  et  la  nuit ,  en  frap-. 
pmAmaBoitrmejusqu'àc^queleSeigiieurin'eiltrendulecalnie  !  »• 
fc      Les  écrits  de  saint  Jérôme ,  qui  sont  en  grand  nombre ,  font 
avez  voir  quels  étaient  son  tempérament  et  le  caractère  de  sou. 
esprit.  C'était  un  homme  d'une  imagination  vive ,  d'un  génie  ar- 
dent et  élevé ,  d  une  érudition  vaste  et  profonde.  Une  vertu  solide 
£  sublime  relevait  ses  grandes  qualités,   mais  il  faut  avouer 
•belles  n'étaient  pas  saus  défaut.  Il  s  est  souvent  laissé  aller  à 
«a  génie  trop  bouillant  dans  plusieurs  de  ses  écrits  v  surtout  dans 
ts  disputes.  11  a  effacé  ses  défauts  par  une  grande  humililé ,  une 
tenté  ardente ,  une  mortification  qu'on  pourrait  appeler  excès- 
ave ,  sH  y  avait  de  l'excès  à  suivre  les  impressions  de  l'Esprit- 
Saint,  qui  souffle  où  il  veut  et  comme  il  veut.  D'ailleurs,  Dieu 
fa  purifié  encore  par  de  grandes  maladies.  11  en  fut  surtout  at- 
taqué violemment  les  dernières  années  de  sa  vie ,  et  il  les  accepta 
arec  le  même  esprit  de  pénitence  et  de  foi  qui  l'avait  soutenu  dans 
toutes  ses  autres  fréquentes  affections.  Voici  comment  il  parle 
4e  ses  indispositions  :  «  Jusques  à  quand,  Seigneur*  iaissercz-vous 
souffrir  votre  serviteur  sur  la  terre?  Cependant,  que  votre  saint 
nooi  soit  béni!  que  votre  volonté  soit  faite  !  Quel  droit  ai-je  de  me 
plaindre  de  mes  maux  ?  La  maladie  et  la  santé  ne  sont-elles  pas 
les  ouvrages  du  Seigneur?  C'est  lui  qui  blesse  et  qui  guérit,  et 
qui  vivifie.  Hélas  ï  la  douleur  qu'il  me  fait  sentir  m'avertit  à 
toute  heure  de  mon  néant.  11  m'a  pétri  de  limon  sujet  à  se  cor- 
rompre ,  et  je  n'ai  reçu  la  vie  qu'à  condition  de  souffrir  depuis  le 
■Bornent  de  ma  naissance  jusqu'à  ma  mort.  Souffrons  tant  qu'il 
plaira  au  Seigneur ,  trop  heureux  s'il  fait  servir  mes  souffrances 
à  rexpiatiou  de  mes  péchés.  » 

Saint  Jérôme  se  consolait  par  ees  réflexions,  lorsqu'il  fut  atta- 
qué d'une  fièvre  violente.  Tous  ses  amis  vinrent  pour  lui  rendre 
les  derniers  devoirs.  Il  les  reçut  avec  un  visage  serein  :  Venez- 
vous,  mes  amis ,  m'annoneer  qu'il  faut  partir  ?  Que  cette  nouvelle 
nfe&t  agréable  !  Prenez  part  à  ma  joie.  Voici  le  précieux  moment 
qui  va  me  rendre  libre  pour  toujours.  Que  les  hommes  ont  tort 
de  peindre  la  mort  comme  si  affreuse  '  Elle  ne  l'est  que  pour  le* 


286  1er  octobre.  —  w.  d.  de  la  vict.  f.  du  iosajbk.  , 

mécliants.  Depuis  que  Jésus-Christ  l'a  aimée ,  elle  plaît  même'  k 
dans  l'horreur  des  tourments,  parce  qu'elle  est  toujours  accorapa*  ï. 
gnée  de  l'espérance  d'une  éternité  bicnlieureuse.  Voulez-vous  -,"! 
trouver  la  mort  telle  que  je  vous  la  dépeins,  faites  pénitence» 
mortifiez  vos  sens,  méprisez  la  vie,  haïssez- vous  vous-mêmes,, 
ne'vous  attachez  à  rien,  n'aimez  que  Jésus-Christ ,  et  vous  éprou- 
verez un  jour  combien  il  est  doux  de  mourir  quand  on  a  su  faim 
vivre.  Tels  furent  les  sentiments  dans  lesquels  saint  Jérôme  remit 
son  âme  à  son  Créateur,  Tan  420. 

Fin  du  mois  de  septembre* 


Le  1er  dimanche  ^octobre.  —  NOTRE-DAME  DE  LA  VIO 

TOIRE,  FÊTE  SOLENNELLE  DU  S'-ROSAIRE.  —  13e  siècle. 

Lorsque  l'hérésie  des  Albigeois  faisait  faire  des  progrès  à  l'im-, 
piété  dans  le  pays  de  Toulouse,  et  qu'elle  jetait  de  jour  en  jour, 
plus  profondément  des  racines,  saint  Dorainiçue,  qui  avait  pofâ 
récemment  les  fondements  de  Tordre  des  Frères  prêcheurs,  s'ap* 
pliqua  de  toute  son  âme  à  l'extirper.  Pour  y  mieux  réussir,  il  inV 
plora,  pardes  prières  où  il  le  demandait  avec  instance,  le  secours  de 
la  bienheureuse  Vierge  Marie,  dont  la  dignité  était  effrontément 
attaquée  par  ces  erreurs,  et  à  laquelle  il  a  été  donné  de  détruhe 
toutes  les  hérésies  dans  l'univers  entier.  La  tradition  nous  apprend 
qu'il  fut  averti  par  cette  Reine  du  ciel  de  préchar  aux  populations 
le  Rosaire,  comme  une  protection  spéciale  contre  les  hérésies  et 
les  vices.  11  est  surprenant  de  considérer  avec  quelie  ferveur  et  quel 
heureux  succès  il  accomplit  la  tâche  qui  lui  avait  été  prescrite. 
Or,  le  Rosaire  est  uuc  formule  arrêtée  de  prière  par  laquelle  on 
divise,  par  le  moyen  de  TOraisou  dominicale  qu'on  y  interpose» 
quinze  décades  ou  dizaines  iïslve,  Maria,  eu  y  joignant  à  chacune, 
par  conséquent  en  nombre  égal,  la  pieuse  méditation  des  mystère* 
de  notre  Rédemption.  Depuis  ce  temps-là ,  cette  sainte  manière 
de  prier  commença  à  être  publiée  et  propagée  par  le  zèle  aposto- 
lique de  'saint  Dominique  ;  aussi  les  souverains  pontifes  ont-ils 
aflirmé,  dans  divers  endroits  de  leurs  lettres  apostoliques,  qu'il  était 
l'auteur  et  l'instituteur  de  cette  dévotion. 

La  chrétienté  recueillit  des  fruits  sans  nombre  de  cette  si  sa- 
lutaire institution.  On  y  compte  à  bon  droit  cette  victoire  que  le 
très-saint  pape  Pic  V,  ainsi  que  les  princes  chrétiens,  qu'il  enflamma 


•i 


1er  octobre.  —  n  d.  de  ca  vict.  f.  du  bosâibb.  287 

son  zèle ,  remportèrent  auprès  des  îles  Échinades,  à  l'entrée  do 
£b  de  Lépante,  sur  le  très-puissant  sultan  des  Turcs.  Cette  vie- 
n  Ait  en  effet  obtenue  le  jour  même  ou  les  confréries  du  Saint* 
«aire  faisaient  leurs  processions  habituelles  dans  tout  le  monde 
létfen  et  répandaient  devant  Dieu  les  prières  établies  par  leur 
gpNffléien;  ce  n'est  donc  pas  sans  raison  qu'on  leur  attribue  ce 
fctfltKcès.  Lors  donc  que  Grégoire  XIII  en  eut  jugé  en  ce  sens, 
pontife  voulut  qu'en  reconnaissance  d'un  bienfait  si  extraordi- 
ie,  on  remerciât  en  tous  lieux  et  à  perpétuité  la  sainte  Vierge 
m  l'invocation  du  Rosaire.  Il  ordonna  donc  que,  dans  toutes  les 
taes  cà  H  y  aurait  un  autel  du  Rosaire,  on  célébrât  chaque  an- 
i,  le  premier  dimanche  d'octobre,  l'office  démette  confrérie, 
s  le  rite  double  majeur.  Les  autres  pontifes ,  ses  successeurs , 
ardèrent  à  ceux  qui  réciteraient  le  Rosaire,  ainsi  qu'aux  con- 
te instituées  dans  ce  but,  des  indulgences  innombrables.  Dans 
temps  plus  récent,  Clément  XI,  considérant  en  lui-même  que 
îcAotre  pareillement  signalée  qu'en  1716  Charles  VI,  empe- 
rélu  des  Romains,  avait  remportée  en  Hongrie  sur  une  armée 
mbrablede  Turcs,  avait  eu  lieu  le  jour  où  l'on  célèbre  la  fête 
a  dédicace  de  Sainte-Marie  aux  Neiges  ;  que  ce  fut  presque  dans 
néme  temps  que  les  confrères  du  Saint-Rosaire,  faisant  avec 
nde  dévotion  une  procession  publique  et  solennelle  dans  la 
»  de  Rome,  où  elle  fut  accompagnée  d'un  grand  concours  de 
pie,  y  avaient  adressé  à  Dieu  des  prières  ferventes  pour  obtenir 
râsement  des  Turcs  et  avaient  imploré  humblement  le  secours 
mut  delà  Vierge,  Mère  de  Dieu  ,  pour  qu'elle  vint  en  aide 
.chrétiens,  il  pensa  pieusement  qu'il  fallait  attribuer  cette  glo- 
tte victoire  à  la  protection  de  la  bienheureuse  Vierge ,  ainsi 
t  la  délivrance  de  l'île  de  Corfou  qu'assiégeaient  les  infidèles. 
St  pourquoi,  afin  de  perpétuer  à  toujours  la  mémoire  et  la  re- 
naissance d'un  bienfait  aussi  signalé,  le  saint  pontife  étendit  à 
gMse  universelle  la  fête  du  Saint-Rosaire  pour  le  même  jour  et 
m  le  même  rit  qu'avait  réglé  Grégoire  XIII.  (Test  Benoît  XIII 
en  dernier  lieu  fit  consigner  tous  ces  détails  dans  le  Bréviaire 
nain.  Honorons  donc  perpétuellement  la  très-sainte  "Mère  de 
n  d'an  culte  qui  lui  est  si  agréable,  afin  que  celle  qui,  implo- 
i  par  la  récitation  du  Saint-Rosaire,  a  tant  de  foi»  accordé  ami 
Mes  de  Jésus-Christ  d'abattre  leurs  ennemis  terrestres ,  et  de 
détruire,  nous  accorde  de  vaincre  également  ceux  de  l'enfer, 
i  s'opposent  à  notre  salut. 


ns         t«  oetobrt,  ~  s.  m*an  «  bV.  me  wàm*. 


«aa^Hh^ 


1»  ot/oorv.  —  SAINT  MOH,  AffigM  *» ■«« 

ET   COM'F.SSEIÎE.  —  6e  SÎè 


1 /opinion  la  plus  probable  sur  la  naissant*  de  saint 
qu'il  naquit  en  439.  Kmilius,  son  père,  et  GHinie,  sa  mère 
par  leur  noblesse  et  leurs  richesses,  le  furent  encore 
la  pratique  des  vertus.  Saint  Rénii  eut  deux  frères  pins 
lui  :  ils  reçurent  une  éducation  conforme  à  leur  naiaaani 
guée,  au  cha>au  de  I-aon,  que  possédaient  leurs  pat 
jeune  Hémi  s*y  était  fait  une  petite  solitude ,  où  il  se  N 
de  temps  eu  temps  pour  vaquer  plus  librement  à  Upstt 
de  rapides  progrès  dans  les  sciences.  On  a  appris,  par 
doine  A|M>Uiiinire,  qu'il  fut  regardé  comme  l'orateur  le 
queut  de  son  temps.  Rémi,  n'ayant  encore  que  vingt-d 
fut  élu  malgré  lui  évèque  de  Ileims.  Son  mérite  extra 
ayant  entraîné  It-s  suffrages  et  autorisé  les  évéques  a  loi 
la  diseuse  de  l'âge  requis  par  les  canons  pour  exercer  Féj 
il  en  commença  les  fonctions  avec  Je.  zèle  le  plus  éclairée 
rite  la  plus  ardente  pour  le  saint  drs  âmes. 

Son  assiduité  a  méditer  les  saintes  Ecritures  et  à  prtet 
rôle  dmnt*  eut  bientôt  les  plus  grand?  succès  pour  la  es 
des  |>écbeurs,  des  lu* reliques  et  des  inQdèles;  la  saintft 
diealeur,  ses  ferventes  prières,  auxquelles  Dieu  accorda 
des  miracles,  son  humilité  ,  su  douceur,  tout  en  loi  al 
âmes  a  l>icu  et  le  préparait  à  devenir  l'apôtre  desFra 
avait  «'iivirtMi  cinq  eents  ans  que  les  Gaules  étaient  sous 
san<v  des  llomaius,  lorsque  les  Fraucs  s'en  emporèR 
d'en  c lusse r  ou  d'eu  tain1  périr  les  habitants  subjugués,  i 
ivui  un  menu»  peuple  avec  eux ,  et  peu  à  peu  en  adopti 
iiifiiirs  et  le  langage.  Uovis,  encore  très-jeune,  était  leu 
fut  le  plus  célchiv  conquérant  de  sou  siècle.  Quoique  | 
traitait  avec  bonté  les  chrétiens,  qui  étaient  en  grand 
parmi  les  Gaulois,  et  surtout  les  évéques;  il  épargnait  le 
i-t  témoignait  di»s  égards  distingués  aux  personnes  d'un 
plus  connue.  Saint  Hemi  fut  de  ce  nombre;  il  lui  litre 
vases  enlevés  de  son  église  p;ir  un  soldat  païen,  qu*9pu 
tuant  de  sa  propre  main. 

O  prince  epn:!<n.  m  i<i:j.  cloiiluV,  dont  le  zèle  pour  la 


1er    Octobre.    —   S.    HKM1,    KV.    DE    HKIMS.  2Si> 

tienne  et  la  sainteté  ont  mérité  la  vénération  de  l'Église.  Klle  tra- 
vailla à  adoucir  la  férocité  de  son  mari,  et  vint  à  bout  de  lui  ins- 
pirer peu  à  peu  du  respect  et  même  du  goût  pour  la  religion 
chrétienne.  Elle  obtint  de  lui  que  son  premier  fils  reçût  le  bap- 
tême ;  mais,  cet  enfant  étant  mort  peu  de  temps  après,  Clovis  en 
fut  vivement  affligé,  et  s'en  prit  à  Clotilde  d'avoir  irrité,  disait-il . 
les  dieux,  en  leur  préférant  celui  de  l'Évangile.  Clotilde  eut  un  se- 
cond fils;  elle  obtint  encore  qu'il  fût  baptisé  :  le  Seigneur,  pour 
éprouver  sa  vertueuse  mère ,  permit  aussi  qu'il  fût  malade.  Il 
exauça  aussitôt  la  reine ,  et  l'enfant  recouvra  la  santé.  Dans  le 
même  temps,  une  armée  nombreuse,  sortie  de  la  Germanie  et 
commandée  par  plusieurs  rois,  ayant  passé  le  Rhin,  parut  sur  les 
frontières  de  la  France  dans  l'intention  de  la  piller  et  de  s'en  ren- 
dre maîtresse.  Clovisse  hâta  d'aller  s'opposer  à  leurs  efforts,  et 
leur  livra  bataille  à  Tolbiac,  entre  la  Meuse  et  le  Rhin.  Il  se  mit 
à  la  tête  de  sa  cavalerie  ;  mais  le  choc  de  l'ennemi  fut  si  terrible, 
que  l'armée  de  Clovis  se  débanda  bientôt.  Dans  cet  instant ,  il  se 
souvint  que  Clotilde  lui  avait  dit  :  Si  vous  implorez  le  seul  vrai 
Dieu ,  qui  est  le  Dieu  des  chrétiens ,  vous  remporterez  la  victoire. 
Plein  d'espérance,  il  lève  les  yeux  au  ciel,  et  dit  tout  haut  :  O 
Christ  !  que  Clotilde  adore  comme  le  Fils  du  Dieu  vivant,  j'implore 
votre  secours  ;  délivrez-moi  de  mes  ennemis,  et  je  me  ferai  baptiser 
en  votre  nom. 

Au  même  instant,  sa  cavalerie  dispersée  se  rallie  autour  de  lui  : 
le  combat  recommence  ;  les  ennemis  sont  vaincus ,  et  leur  chef 
tué.  Il  gagna  cette  célèbre  victoire  Tan  490.  Depuis  ce  grand  évé- 
nement, Clovis  se  disposa  à  recevoir  le  baptême.  Sainte  Clotilde 
partit  avec  saint  Rémi  pour  aller  au-devant  du  roi  ;  elle  lui  pré- 
senta le  saint  évéque,  qui  dès  ce  moment  commença  à  l'instruire 
des  mystères  et  des  lois  de  la  religion.  Le  prince,  docile  aux  lu- 
mières de  la  grâce ,  se  distinguait  des  autres  catéchumènes  par 
sa  piété  et  son  assiduité  aux  saints  exercices.  Il  fut  baptisé  par 
saint  Rémi,  avec  la  plus  grande  solennité,  le  jour  de  Noël,  avec 
une  de  ses  sœurs  et  trois  mille  Francs. 

Bientôt  la  loi  de  l'Évangile  s'étendit  par  toute  la  France  :  les 
miracles  qu'opérait  saint  Rémi,  son  zèle  pour  le  salut  des  âmes, 
les  gagnaient  à  Jésus-Christ.  Il  eut  plusieurs  disciples  que  l'Église 
honore  et  qui  le  secondèrent  dans  ses  travaux  apostoliques.  Il  en 
donna  plusieurs  pour  pasteurs  aux  nouveaux  fidèles,  tant  dans  la 
Bourgogne  que  dans  la  France,  et  plein  de  joirrs  et  de  mérites,  il 
uh;.;  nr.s  saints.  —  t.  u.  25 


2U0  rr  octobre.  —  s.  bavon. 

mourut  le  1 3  janvier  534. 11  fut  enterré  dans  l'église  de  Saint-Chris- 
tophe, à  Heims. 


ltr  octobre.  —  SAINT  ALOWIN  OU  BAVON,  solitatbe, 

PATRON   DE  LA   VILLE  DE  GAND.   —   7e  Siècle. 

Alowin,  qui  n'est  connu  que  sous  le  surnom  de  Bavon,  vint  an 
monde  vers  Tan  589 ,  de  parents  distingués  par  leur  noblesse , 
dans  la  partie  du  Brabant  appelée  Hnspain ,  et  qui  a  été  plus  tard 
renfermée  dans  le  territoire  de  Liège.  Le  peu  de  soin  que  l'on 
prit  de  son  éducation  le  plongea  de  bonne  heure  dans  la  dé- 
bauche ;lc  mariage,  qui  met  ordinairement  un  frein  aux  désordres 
de  la  vie  précédente,  n'arrêta  pas  les  siens  ;  mais  après  la  mort  de 
sa  femme,  Dieu  lui  fit  la  grâce  de  le  rappeler  de  ses  égarements. 
Ayant  entendu  prêcher  saint  Amand ,  il  alla  de  suite  trouver  ee 
zélé  missionnaire,  lui  avoua  les  désordres  de  sa  vie  passée  et  le 
pria  de  vouloir  bien  être  son  guide  dans  une  affaire  si  importante. 
Saint  Amand,  voyant  la  sincérité  de  sa  douleur,  ne  l'effraya  point 
sur  des  crimes  qu'il  paraissait  pleurer  de  tout  son  coeur;  il  no 
pensa  qu'à  le  porter  à  la  reconnaissance  envers  Dieu,  qui  l'avait 
regardé  dans  sa  miséricorde  ;  mais  en  même  temps  il  lui  montra 
les  précautions  qu'il  devait  prendre  pour  ne  plus  retomber  dans 
ses  fautes  et  pour  mener  une  vie  digne  d'un  chrétien  converti. 
Pourquoi  aimeriez-vous  de  nouveau  ce  que  vous  avez  quitté,  lui 
disait  ce  guide  éclairé  ?  La  vie  que  nous  menons  sur  la  terre  est 
très-courte  et  ressemble  aune  vapeur  qui  se  dissipe  aussitôt  qu'elle 
paraît;  les  plaisirs  qu'on  go  il  te  finissent  souvent  avant  elle,  et  n'en- 
fantent que  des  amertumes  éternelles.  Travaillons  donc,  con- 
tinuait-il, à  obtenir  la  vie  éternelle,  à  laquelle  Dieu  a  bien  voulu 
nous  appeler  :  réjouissons-nous  dans  la  confiance  que  nos  noms 
sont  écrits  au  ciel.  Il  faut  se  revêtir  des  armes  de  la  justice  et  de 
la  cuirasse  de  la  foi ,  et  éviter,  avec  le  secours  de  Dieu,  les  pièges 
du  démon.  Personne  ne  mérite  mieux  la  qualité  d'homme  coura- 
geux que  celui  qui  surmonte  cet  ennemi  des  hommes ,  et  nul 
n'est  si  lâVhc  que  celui  qui  se  laisse  vaincre  par  les  plaisirs  de  la 
chair.  D'autres  fois  il  lui  disait  .-  Voulez-vous  repousser  les  atta- 
ques du  démon  et  empêcher  qu'il  ne  vous  perce  de  ses  flèches 
meurtrières ,  joignez  à  la  prière  et  à  la  vigilance  l'austérité  des 
jeûnes  et  des  veilles  :  aimez  votre  prochain,  soyez  rempli  de  cha- 
rité envers  les  pauvres  et  les  étrangers.  Ce  qui  abat  et  affaiblit  la 


2  octobre.  —  ss.  anges  gardiens.  291 

chair,  fortifie  l'âme  et  la  rend  féconde  en  fruits  spirituels  et  en 
bonnes  œuvres. 

Bavon  écoutait  ces  instructions  avec  joie  et  s'efforçait  d'y  con- 
former sa  vie.  Il  avançait  chaque  jour  dans  la  piété  et  dans  l'a- 
mour de  la  pénitence  ;  il  prit  la  résolution  de  mener  la  vie  la  plus 
austère.  Pour  exécuter  ce  généreux  dessein,  il  se  retira  dans  une 
forêt  voisine  ;  et  ayant  trouvé  un  vieil  hêtre  où  il  y  avait  un  creux 
d'environ  six  pieds,  il  s'y  logea  ;  mais,  comme  sa  retraite  n'avait 
point  été  cachée ,  il  se  vit  bientôt  exposé  aux  visites  du  peuple,  ce 
qui  l'obligea  de  quitter  ce  lieu  pour  se  retirer  durant  la  nuit  dans 
le  bois  de  Malmedum,  à  une  lieue  de  Gand.  Il  s'y  fit  une  petite  cel- 
lule pour  se  mettre  à  l'abri  des  injures  de  l'air,  et  y  vécut  fort  aus- 
tèrement.  Il  se  contentait  des  fruits  que  lui  fournissait  le  bois  où 
il  demeurait,  et  de  l'eau  de  la  rivière  qui  était  proche.  Ce  saint  pé- 
■itent  mourut  vers  l'an  653. 


*  octobre.  —  LES  SAINTS  ANGES  GARDIENS. 

Outre  la  fête  de  saint  Michel  et  de  tous  les  saints  anges,  l'K- 
en  a  établi  une  particulière  qu'elle  célèbre  en  ce  jour,  pour  ' 
remercier  Dieu  des  grâces  qu'il  répand  sur  chaque  âme  par  l'in- 
tercession et  le  zèle  du  saint  ange  gardien.  Nous  devons  à  ce 
prince  de  la  cour  céleste  un  hommage  habituel  de  respect,  de  con- 
fiance ,  de  reconnaissance ,  dit  saint  Bernard ,  dont  nous  copions 
ici  presque  mot  à  mot  la  doctrine.  La  présence  de  notre  ange  gar- 
dien mérite  de  notre  part  un  respect  de  vénération.  Sa  charité  sou- 
tenue pour  nos  véritables  intérêts  doit  nous  inspirer  en  lui  la  plus 
vive  confiance.  Sa  vigilance  sur  nous  et  les  services  qu'il  nous 
rend  ont  droit  à  notre  reconnaissance.  Aimons  donc,  continue  le 
saint  docteur,  les  anges  tutélaires  ;  ces  esprits  bienheureux  seront 
un  jour  nos  compagnons  et  nos  cohéritiers  dans  la  gloire,  après 
avoir  été  en  cette  vie  nos  tuteurs  et  nos  intercesseurs  auprès  de 
Dieu.  Que  notre  dévotion  pour  eux  soit  digne,  autant  qu'il  est 
possible,  de  leur  puissante  protection  contre  les  ennemis  visibles 
et  invisibles  que  nous  avons  à  éviter  ou  à  combattre 

Quelque  faibles  que  nous  soyons ,  quelque  misérable  que  soit 
notre  condition  présente,  quels  que  soient  les  dangers  qui  nous 
environnent ,  dit  toujours  saint  Bernard ,  avec  la  grâce  de  Dieu , 
nous  ne  devons  rien  craindre  sous  la  protection  du  saint  ange  gar- 
dien. Il  nous  assistera  dans  nos  tribulations,  il  nous  rendra  vie- 


292  3  octobre.  —  s.  gébard  ,  abbé. 

torieux  dans  nos  tentations ,  il  nous  fortifiera  dans  les  angoisses 
de  la  mort  et  conduira  notre  âme  à  Dieu,  son  principe  et  sa  fia 
éternelle. 


2  octobre.  —  SAINT  LÉGER,  évkque  d'Autun 

ET   MARTYR.  —  7e  siècle. 

Le  bienheureux  Léger  était  évêque  d'Autun  lorsqu'il  se  distin- 
guait déjà  par  sa  sainteté  et  ses  vertus.  A  la  mort  de  Clotaire,  roi 
des  Francs,  les  grands  du  royaume  pensant  accomplir  en  cela  la 
volonté  du  ciel,  le  chargèrent  de  diriger  de  ses  conseils  Childéric, 
frère  de  Clotaire.  Pendant  ce  temps-là,  Ébroin  qui  avait  été  maire 
du  palais  sous  le  roi  Clotaire,  et  qui  avait  fait  depuis  tous  ses 
efforts  pour  mettre  sur  le  trône  Thierry,  frère  de  Childéric,  les 
voyant  inutiles,  et  redoutant  le  nouveau  roi,  se  fit  raser  la  chevelure 
dans  un  monastère  où  il  entra.  Mais  Childéric  étant  venu  à  mourir, 
et  Thierry  étant  monté  sur  le  trône,  aussitôt  Ébroin  apostasia  et 
devint  sénéchal  du  nouveau  monarque.  Ce  dernier  ayant  envoyé 
des  soldats  contre  le  bieuheureux  Léger,  au  moment  où  il  sortait 
de  la  ville  d'Autun,  revêtu  de  ses  habits  pontificaux,  lui  fit  arracher 
les  yeux.  Au  bout  de  deux  ans,  il  fit  lapider  son  frère  Garin,  et 
quant  au  bienheureux  Léger,  il  donna  Tordre  de  le  faire  descendre 
pieds  nus  dans  un  vivier  pavé  de  pierres  pointues  comme  des 
clous  où  il  demeura  toute  une  journée.  Il  lui  fit  encore  couper  la 
langue  et  les  lèvres.  Mais  n'en  ayant  pas  moins  recouvré  l'usage 
de  la  parole,  le  saint  martyr  s'occupait  continuellement  de  célébrer 
les  louanges  de  Dieu  et  d'exhorter  les  (idèles,  qui  aperçurent  quel- 
quefois sur  sa  tête  une  couronne  lumineuse.  Enfin  Ébroin  envoya 
pour  le  tuer  quatre  soldats  dont  trois,  touchés  de  sa  sainteté  vi- 
sible à  tous  les  yeux ,  lui  demandèrent  pardon  avec  le  sentiment 
du  repentir  Au  contraire,  le  quatrième  lui  coupa  la  tête  ;  mais  le 
diable  s'étanl  emparé  de  lui,  il  fut  consumé  par  les  flammes.  Le 
saint  martyr,  qui  mourut  en  l'an  678,  fut  illustré  par  une  mul- 
titude de  miracles. 


3  octobre.  —  SAINT  GÉRARD,  abbé.  —  lu*  siècle. 

Gérard  naquit  sur  la  fin  du  neuvième  siècle,  au  village  de  Sta- 
ves ,  dans  le  comte  de  Namur.  Il  avait  reçu  de  Dieu  un  esprit 


3  octobre.  —  s.   gehard,  abbé.  293 

doux,  qui  le  fit  aimer  de  tous  ceux  qui  avaient  des  relations  avec 
foi,  et  une  certaine  inclination  pour  la  piété,  qui  se  manifesta  dès 
Tâge  le  plus  tendre.  On  lui  donna  une  éducation  telle  qu'on  la  pro- 
curait alors  aux  enfants  qu'on  destinait  à  la  profession  des  armes. 
Après  ses  exercices  militaires ,  il  entra  au  service  de  Béranger, 
comte  de  Namur,  qui  lui  donna  une  charge  dans  ses  troupes.  La 
cour,  écueil  assez  ordinaire  de  l'innocence,  ne  servait  qu'à  faire 
éclater  davantage  celle  de  Gérard.  Comme  un  autre  saint  Martin, 
il  menait  la  vie  d'un  moine  sous  un  habit  militaire,  et  cependant 
â  ne  gardait  pas  avec  moins  d'exactitude  toutes  les  bienséances 
de  son  état,  qui  pouvaient  s'accorder  avec  une  régularité  vraiment 
chrétienne.  Possesseur  de  grands  biens,  il  proportionnait  ses  au-' 
mènes  à  ses  richesses,  et  ne  se  créait  point  de  besoins  imaginaires 
pour  avoir  un  prétexte  de  diminuer  ses  charités.  Il  savait  qu'on  ne 
gagne  rien  à  se  faire  illusion  à  soi-même ,  puisque  la  vérité  qui 
bous  jugera  ne  peut  être  altérée  ni  affaiblie  par  tous  les  préjugés 
des  hommes.  Dieu  bénit  sa  régularité  en  multipliant  sur  lui  ses 
grâces  et  ses  bénédictions  ;  il  lui  donna  surtout  le  don  précieux  de 
la  prière,  avec  lequel  on  obtient  tous  les  autres,  Gérard  avait  tant 
d'amour  pour  ce  saint  exercice ,  qu'on  pouvait  dire  qu'il  priait 
partout  en  tout  temps.  Revenant  un  jour  de  la  chasse,  où  il  avait 
accompagné  le  comte  Béranger,  pendant  que  les  autres  s'étaient 
retirés  pour  prendre  quelques  rafraîchissements ,  il  entra  dans  la 
chapelle  de  Brogue,  et  y  demeura  longtemps  en  prière.  Il  y  trouva 
tant  de  consolation,  que  ce  ne  fut  qu'avec  peine  qu'il  abandonna 
son  oraison.  Que  ceux-là  sont  heureux,  dit-il,  qui  n'ont  point 
d'autre  occupation  que  celle  de  louer  le  Seigneur  et  de  le  prier 
le  jour  et  la  nuit! 

Quelque  temps  après,  le  comte  Béranger  eut  une  affaire  impor- 
tante à  négocier  avec  Robert,  comte  de  Paris  :  il  en  chargea  Gé- 
rard, qu'il  envoya  à  la  cour  de  France.  Dès  que  Gérard  fut  arrivé 
à  Paris,  il  y  laissa  ses  gens,  et  fut  visiter  l'abbaye  de  Saint-De- 
nis ,  avec  l'intention  d'y  demeurer  quelques  jours  en  retraite  Là , 
uniquement  occupé  de  Dieu  et  de  la  considération  des  biens  cé- 
lestes ,  il  fut  touché  d'un  vif  désir  de  quitter  le  monde,  et.  il  prit 
la  résolution  de  l'exécuter.  Il  se  hâta  donc  de  terminer  l'affaire 
pour  laquelle  il  avait  été  envoyé,  et,  après  avoir  uni  heureuse- 
ment sa  négociation,  il  retourna  eu  rendre  compte  à  Béranger. 
Comme  ce  prince  lui  téuioignait  combien  il  était  satisfait  de  ses 
services ,  Gérard  saisit  cette  occasion  pour  lui  dire  qu'il  lui  de- 

25. 


2tM  4  octobre  —  s.  I'Étbonk,  év.  de  bologne. 

mandait  pour  toute  récompense  la  permission  de  renoncer  au 
monde,  et  de  8e  consacrer  ù  Jésus-Christ  dans  l'humble  profession 
de  moine.  Il  l'obtint  avec  peine,  et  reprit  avec  joie  la  route  de 
Saint- Denis. 

ï^cs  religieux,  qui  ne  s'attendaient  point  a  son  retour,  témoi- 
gnèrent beaucoup  de  joie  de  le  revoir,  et  l'admirent  volontiers 
parmi  eux.  Comme  de  son  temps  l'étude  n'entrait  pas  ordinaire- 
ment dans  l'éducation  qu'on  procurait  aux  enfants  qu'on  devi- 
nait aux  armes,  et  que  la  plupart  des  gentilshommes  ne  savaicBt 
pas  lire,  Gérard ,  qui  avait  été  élevé  de  même,  ne  rougît  point 
de  se  mettre  à  apprendre  à  son  âge  les  premiers  éléments  des 
sciences.  Il  s'y  appliqua  avec  tant  d'ardeur,  qu'en  peu  de  temps 
il  apprit  par  cœur  le  psautier,  et  fut  en  état  d'entendre  l'Écriture 
sainte  et  les  Pères.  Il  fit  des  progrès  encore  plus  grands  dans 
la  piété  et  dans  les  vertus  de  son  état.  II  parut  dans  le  monastère 
ce  qu'il  avait  été  à  la  cour ,  plein  de  mépris  de  lui-même  et  pour 
le  monde,  et  déjà  habitant  du  ciel  par  ses  désirs.  Dieu  l'appela  à 
la  récompense  des  saints  le  3  octobre  de  Tan  060. 


4  octobre.  —  S.  PËTRONK,  kvkque  de  Bologne.  —5e  siècle. 

Pétrone  portait  le  me'me  nom  que  son  père,  préfet  du  prétoire , 
qui  se  rendit  aussi  célèbre  par  sa  piété  que  par  son  éloquence.  H 
fut  élevé  avec  beaucoup  de  soin  dans  la  maison  paternelle ,  et  fut 
formé  de  bonne  heure  à  tous  les  exercices  de  la  vie  ascétique. 
lorsqu'il  fut  en  âge  de  voyager,  il  passa  en  Orient ,  et  visita  les 
solitaires  qui  habitaient  les  déserts  de  la  Palestine  et  de  l'Egypte, 
afin  de  se  perfectionner  dans  la  sainteté.  Il  resta  un  temps  consi- 
dérable dans  les  lieux  où  il  trouva  un  plus  grand  nombre  de  ser- 
viteurs de  Dieu ,  et  parmi  ceux  dont  il  voulut  être  le  disciple ,  on 
compte  surtout  saint  Jean  de  Lycopolis,  saint  Apollon  et  saint  An> 
mon.  11  fit  une  relation  de  ce  qu'il  avait  vu  de  plus  édifiant  dans  son 
voyage,  et  nous  l'avons  encore  dans  le  second  livre  des  f/e«  des 
Përe*,  que  Gennade  lui  attribue.  Il  renonça  dès  lors  pour  tou- 
jours à  l'étude  de  l'éloquence  et  à  la  littérature  profane.  Son  retour 
en  Italie  concourut  avec  la  mort  de  saint  Félix,  évéque  de  Bologne, 
filant  allé  a  Home,  où  il  arriva  en  430,  le  papeCélestin  1er  le 
choisit  pour  succéder  à  ce  saint  prélat. 

Pétrone,  qui  avait  traverse*  nu-pieds  les  déserts  de  l'Orient,  qui 
avait  joint  aux  fatigues  du  voyage  les  austérités  de  la  |énitencr , 


4  o        re .  —  SAINTE  AURE,  V1£BGE.  29» 

§fâ  s'était  toa,  s  préservé  de  la  dissipation  par  un  amour 
HMnt  de  la  prière  et  du  recueillement ,  ne  voulut  rien  domi- 
ner de  ses  exercices  ordinaires  quand  il  se  vit  revêtu  de  la 
|pft6  épiscopale  ;  il  redoubla  même  de  ferveur  dans  la  persua- 

Sque  sa  sanctification  et  celle  de  son  troupeau  étaient  insépa- 
û  rime  de  l'autre.  En  arrivant  à  Bologne,  Pétrone  trouva 
Âto  Tille  qui  avait  été  saccagée  par  Radagaise,  roi  des  Germains, 
plongée  dans  la  misère  et  la  désolation.  Il  commença  par 
tes  semences  d'arianisme  que  les  Goths  y  avaient  jetées, 
ou  répara  aussi  une  partie  des  églises  qu'avaient 
à  Bologne  les  païens  qui  composaient  en  grande  par- 
Radagaise.  Il  enrichit  en  outre  la  ville  des  reliques 
martyrs,  répara  les  ruines  de  cette  malheureuse  cité, 
en  faisant  constru  s  autour  de  nouvelles  murailles. 
Et  «n  voyage  à  Constantino]  3  pour  obtenir  des  secours  rela- 
1 4  cet  objet  de  l'empereur  i  héodore  le  jeune.  De  retour  en 
lie*  i  finit  saintement  sa  carrière  avant  Tan  450.  Ses  reliques 
aa&  été  découvertes  en  1 141 ,  et  sa  sainteté  ayant  été  confirmée 
r  plusieurs  miracles,  la  ville  de  Bologne  fit  bâtir  sous  son 
m,  en  1211  une  église,  qui  appartient  présentement  aux 
nites.  En  1390,  on  en  bâtit  une  autre,  qui  est  beaucoup  plus 
Ile  que  la  première ,  et  qui  est  desservie  par  un  chapitre  de 
aaomes  séculiers.  Saint  Pétrone  est  honoré  à  Bologne  comme  un 
s  principaux  patrons  de  cette  ville. 

octobre.  —  SAINT  AURE,  vierge  et  abbesse.  —  7e  siècle. 

Saint  Éloi,  aidé  des  libéralités  du  roi  Dagobert,  fonda  en  631 
ns  sa  propre  maison,  près  de  l'église  de  Saint-Martial,  à  Paris , 
i  monastère  où  il  réunit  trois  cents  religieuses.  Aure  ou  Aurée, 
le  de  Maurin  et  de  Quirie,  fut  mise  à  la  tête  de  la  nouvelle 
mmunauté.  Saint  Ouen  a  cru  ne  pouvoir  mieux  faire  son  éloge , 
l'en  disant  qu'elle  était  une  fille  digne  de  Dieu.  Elle  fut  le 
odèle  de  ses  sœurs ,  qu'elle  gouverna  trente-trois  ans  avec  autant 
;  prudence  que  de  sainteté. 

Un  an  avant  la  mort  de  la  sainte  abbesse,  saint  Éloi,  qui  lui-même 
y  était  plus  depuis  plusieurs  années ,  lui  apparut  pour  l'avertir 
Telle  devait  se  préparer,  ainsi  que  la  plupart  de  ses  religieuses , 
i  passage  de  l'éternité.  Elle  en  fut  remplie  de  joie ,  et  tâcha 
inspirer  les  mêmes  sentiments  à  ses  filles ,  en  leur  faisant  sentier 


20G  4  octobre.  —  s.  pjunçois  d'assise.  4 

la  grandeur  de  la  félicité  dont  elles  jouiraient  bientôt.  Elle  mouruL 
le  4  octobre  GG6 ,  avec  cent  soixante  de  ses  religieuses,  qui  toutes^  J 
furent  enlevées  par  la  peste.  ^ 

■ «g* 

4  octobre.  —  SAINT  FRANÇOIS  D'ASSISE,  INSTITDTEU*  % 

DES  FttÈAES  MINEURS.  —  13e  siècle.  %f\ 

Ce  saint  naquit  à  Assise,  en  Ombrie,  dans  les  terres  de  TEtÉh^ 
ecclésiastique  ,  Tan  1182.  Son  père,  nommé  Pierre  BernardoMT 
ftait  marchand  ;  sa  mère  s'appelait  Pique  :  tous  deux  étaient  àçfëf. 
honnêtes  gens  selon  le  monde ,  plus  occupés  de  leur  trafic  4*lfcîu 
de  l'éducation  de  leurs  enfants.  Celui  dont  on  donne  ici  la  "*** 
avait  reçu  au  baptême  le  nom  de  Jean  :  il  apprit  si  parfal 
parler  la  langue  française ,  qu'on  le  surnomma  Franco) 
sous  lequel  il  est  bien  plus  connu. 

Dieu  préserva  François  des  désordres  ordinaires  à  la  je\i 
il  n'avait  pas  beaucoup  de  goût  pour  la  piété,  et  il  aimait \la 
sipation  ;  mais  il  n'était  pas  débauché.  Après  des  études  st 
ciel  les,  son  père  le  mit  dans  le  commerce.  Quoiqu'il  fût,  o^-  „ 
presque  tous  les  marchands,  sensible  à  l'intérêt,  il  aimanta^/ 
pauvres  et  se  plaisait  à  leur  faire  du  bien.  Dès  l'enfance  il  s'étaKi' 
proposé  de  donner  à  tous  ceux  qui  se  présenteraient ,  surtmft 
s'ils  lui  demandaient  pour  l'amour  de  Dieu,  persuadé  que  ftp*  ^ 
mdne  est  une  voix  qui  pénètre  jusqu'au  trône  de  Dieu.  Françoit Vl 
attribuait  à  ses  aumônes  les  grâces  qui  touchèrent  son  cœur.  La  *■ 
Seigneur  en  ajouta  d'autres,  en  lui  envoyant  des  maux  corporels  '- 
qui  lui  apprirent  combien  on  doit  peu  compter  sur  la  vie,  et  que  7 
!a  jeunesse  la  plus  robuste  est  un  faible  rempart  contre  la  mort.  ' 
Ke vemi  d'une  maladie  dangereuse,  il  sortit  dans  la  ville  avec  un  " 
habit  fort  propre,  qu'il  mettait  pour  la  première  fois,  lorsquH 
rencontra  un  gentilhomme  très-pauvre  et  presque  nu;  François*  * 
touché  de  son  état,  lui  donna  cet  habit.  Un  jour  qu'il  se  promfr 
nail  à  cheval  dans  la  campagne ,  il  rencontra  un  lépreux  qui  kf  ' 
Ht  horreur  ;  mais,  faisant  aussitôt  réflexion  que  pour  servir  Jesufr 
Christ  il  faut  commencer  par  se  vaincre  soi-même,  il  descendit  4t 
cheval ,  donna  l'aumône  à  ce  lépreux  et  le  baisa  ;  depuis  ce  tcmpa» 
là  il  cherchait  ceux  qui  étaient   attaqués  du  même  mal  et  kl 
visitait. 

Dans  le  dessein  de  se  livrer  entièrement  à  la  grande  affaire  dp, 
-son  salut,  il  renonça  a  rhérilng<>  qu'il  pouvait  espérer  après  la 


4  octobre.  —  s.  François  d'assise.  297 

Ért  de  son  père ,  et  s'en  alla,  sans  autre  habit  qu'un  fort  mau- 
Ifc  manteau,  chercher  une  solitude,  en  chantant  dans  les  che- 
sjs  les  louanges  de  Dieu.  Une  ancienne  église  dédiée  à  saint 
,  située  hors  des  murs  de  la  ville ,  était  souvent  le  lieu  de 
U  fut  un  jour  rencontré  dans  un  bois  par  des  voleurs , 
E,  ne  loi  ayant  rien  trouvé,  le  battirent  cruellement  et  le  jeté- 
g  dans  une  fosse  pleine  de  neige.  Un  habitant  d'une  ville  voi- 
B, Tayant  reconnu,  le  conduisit  chez  lui,  lui  donna  des  habits  et 
imilit  autant  qu'il  put ,  en  lui  témoignant  toute  son  affection. 
iflèff  qu'A  eut  eût  réparer  l'église  de  Saint-Damien,  avec  les  au- 
Hes  des  fidèles  an'il  avait  recueillies,  il  se  retira  auprès  d'une 
BJB  appartenante  une  abbaye  de  Bénédictins ,  appelée  par  ces 
Wptrf-Dame-des-Anges  de  la  Portioncule,  Cette  église 
niiée  et  presque  entièrement  ruinée.  François  entre- 
de  là  réparer;  il  en  vint  à  bout.  U  y  priait  souvent,  et  y 
sjt  des  grâces  extraordinaires ,  spécialement  la  fameuse  indul- 
*      si  connue  sous  le  nom  de  la  Portioncule.  Deux  ans  après, 

entendu  dans  l'église  la  lecture  de  l'Évangile  où  Jésus- 

ses  apôtres  :  Ne  portez  ni  or,  ni  argent,  ni  provi- 

pour  le  voyage,  ni  deux  vêtements ,  ni  des  souliers,  ni 

,  il  prit  ces  conseils  de  la  perfection  pour  sa  règle,  et ,  vou- 
ât s'y  conformer  à  la  lettre ,  il  jeta  son  argent ,  ôta  sa  chaus- 
ire«,  quitta  son  bâton,  et  se  revêtit  d'un  habit  pauvre  qu'il  lia 
«e  une  corde ,  et  donna  Tannée  suivante  un  habillement  sem- 
ante à  ses  disciples,  en  y  ajoutant  seulement  un  capuchon,  pour 
mvrir  sa  tête,  et  un  petit  manteau. 

François,  s'étant  mis  dans  l'état  que  Jésus-Christ  conseillait  à 
■s  disciples  pour  la  prédication  de  l'Évangile ,  alla  prêcher  la 
enitence,  et  Ct,  dès  le  commencement,  des  conversions  écla- 
tâtes. Quelques-uns  de  ceux  que  ses  discours  avaient  touchés, 
Milurent  s'attacher  a  lui  et  mener  le  genre  de  vie  qu'il  avait 
mbrassé.  François  les  assembla,  et,  après  leur  avoir  beaucoup 
srlé  du  royaume  de  Dieu ,  du  mépris  du  monde ,  du  renoncement 
sa  propre  volonté  et  de  la  mortification  du  corps ,  il  leur  donna 
a  règle.  Entre  autres  choses,  il  y  exhorte  les  frères  au  travail 
tes  mains;  mais  il  veut  qu'ils  se  contentent  de  recevoir,  pour  le 
irix  de  leurs  ouvrages,  les  choses  nécessaires  à  la  vie,  pourvu 
pie  ce  ne  soit  pas  en  argent.  Il  leur  défend  de  prêcher  sans  la 
lermission  de  1  évêque,  ni  de  rien  posséder  en  propre.  11  veut 
ifue  leurs  prédications  soient  courtes ,  mais  exactes ,  appuyées 


296  4  octobre.  —  s.  François  d'assise. 

sur  la  parole  de  Dieu,  et  qu'ils  ne  disent  rien  qui  ne  porte  vi 
blement  à  l'édification. 

Les  peuples  avaient  pour  lui  une  vénération  extraordinaii 
cependant  il  se  regardait  comme  la  dernière  des  créatures.  I 
ses  religieux  lui  ayant  demandé  comment  il  pouvait  se  croire 
il  répondit  :  Si  le  plus  scélérat  de  tous  les  hommes  avait  ref 
la  miséricorde  de  Dieu  autant  de  grâces  que  moi ,  il  en  f 
plus  reconnaissant  que  je  ne  le  suis  ! 

U  recommandait  fréquemment  à  tous  ses  disciples  cette  h 
lité  comme  une  vertu  fondamentale  du  christianisme ,  et  pari 
lièrement  de  l'état  religieux.  Le  pape  lui  ayant  demandé  s'il 
lait  qu'on  élevât  ses  religieux  aux  dignités  ecclésiastiques  :  Le 
qu'ils  portent,  répondit-il ,  avertit  qu'ils  ne  doivent  pas  peu 
s'élever.  Si  votre  sainteté  souhaite  qu'ils  soient  utiles  à  FÉg 
qu'elle  les  tienne  toujours  dans  l'état  humble  auquel  ils  on 
appelés.  Comme  ses  disciples  lui  demandaient  un  jour  laquel 
toutes  les  vertus  était  la  plus  agréable  à  Dieu  :  La  pauvreté 
dit  le  saint  :  elle  est  la  voie  du  salut ,  donne  l'humilité,  et  coi 
u  la  perfection.  Ses  fruits  sont  cachés ,  mais  ils  se  multiplies 
une  infinité  de  manières. 

Jamais,  pour  se  retirer  de  cette  pauvreté ,  ni  pour  en  dimi 
les  rigueurs,  il  ne  voulut  consentir  à  retenir  la  moindre  po: 
des  biens  que  les  novices  avaient  dans  le  monde.  Quelques 
sonnes,  qui  connaissaient  son  exactitude. sur  ce  point,  cru 
l'en  faire  relâcher  en  lui  remontrant  que  s'il  voulait  retenir  d< 
biens ,  il  pourrait  satisfaire  aux  devoirs  de  l'hospitalité.  A  '. 
ne  plaise,  répondit-il,  que  pour  quoi  que  ce  soit  nous  donr 
atteinte  à  la  sainteté  de  notre  règle  :  il  vaut  mieux  être  dans  h 
eessité  de  dépouiller  l'autel  de  la  sainte  Vierge ,  qui  nous  s 
plus  de  gré  d'observer  les  conseils  de  son  Fils,  que  de  parei 
autels.  Ce  fut  dans  le  mémo  esprit  qu'il  sedépouilla,dansunvoy 
d'uu  petit  manteau  qu'il  portai  t  sur  un  ljabit ,  pour  en  revéti 
pauvre  presque  nu.  Ce  manteau  lui  appartient,  dit-il  à  son  c 
pagnon  en  se  dépouillant;  car  Jésus-Christ  me  l'a  prêté  | 
rendre  à  celui  qui  serait  plus  pauvre  que  moi.  Rien  ne  fut  c 
ble  d'affaiblir  en  lui  l'amour  de  la  pauvreté,  et  jamais ,  sous  ; 
texte  du  bien  de  son  ordre ,  le  voile  ordinaire  dont  se  couvi 
cupidité ,  il  ne  voulut  ni  richesses  ni  distinctions.  Dans  le  prei 
chapitre  qu'il  fit  tenir,  plusieurs  frères  le  prièrent  d'obtenh 
pape  un  privilège  en  vertu  duquel  ils  pussent  prêcher  où  il 


&  octobre.  —  saj.nte  g  alla,  veuve.  299 

même  sans  i  lission  des  évéques.  Cette  proposition 
mat  homme,  et  il  répondit  avec  indignation  :  Quoi  ! 
,  vous  ne  connaissez  pas  la  volonté  de  Dieu  ?  11  veut 
;  gagnions  les  supérieurs  par  l'humilité  et  le  respect,  afin 
r  par  la  parole  et  le  bon  exemple ,  ceux  qui  leur  sont 
Quand  les  évéques  verront  que  vous  vivez  si  saintement, 
ne  voulez  point  entreprendre  sur  leur  autorité ,  ils  vous 
d'eux-mêmes  de  travailler  au  salut  des  âmes  dont  ils 


[  fl  sentit  sa  fin  approcher ,  il  redoubla  les  rigueurs  de 
oce.  Le  jour  même  de  sa  mort,  il  se  fît  lire  le  treizième 
de  l'Évangile  de  saint  Jean,  et  récita  le  psaume  141. 
oit  dit  ces  dernières  paroles  :  Les  justes  sont  dans  Pat- 
la  justice  que  vous  me  rendrez ,  il  s'endormit  dans  le 
,  étant  âgé  de  quarante-cinq  ans,  Tan  de  Jésus-Christ  1226. 


fobre.  —  SAINTE  G  ALLA,  veuve.  —  6*  siècle. 

était  fille  du  patriee  Symmaque  le  jeune ,  un  des  pré- 
vînmes de  son  siècle.  Galla ,  qui  fut  mariée  fort  jeune , 
m  mari  avant  la  On  de  la  première  année  de  son  mariage. 
rs  elle  renonça  généreusement  au  monde  et  à  tous  les 
s  d'une  brillante  fortune ,  pour  ne  plaire  qu'à  Dieu  dans 
d'une  solitude  qu'elle  s'était  faite  auprès  de  la  basilique 
an.  On  voulut  l'engager  à  se  remarier ,  mais  elle  n'eut 
imbition  que  de  plaire  à  Jésus-Christ.  Heureux  celui  qui 
joug  du  Seigneur  dans  sa  jeunesse  !  se  disait-elle  à  elle- 
et,  ne  voulant  point  en  porter  d'autre ,  elle  oublia  si  bien 
e,  que  le  monde  enfin  parvint  à  l'oublier  comme  elle  le 

ustéritésde  la  pénitence  à  laquelle  elle  se  livra  la  rédui- 
une  maigreur  extrême  et  à  de  fréquentes  incommodités 
ouffrit  avec  beaucoup  de  patience.  Comme  elle  s'était  ré- 
isage  des  grands  biens  dont  elle  avait  été  héritière,  elle 
vit  pour  se  faire  des  amis  auprès  de  Dieu ,  en  assistant 
i  étaient  dans  le  besoin.  Elle  demandait  continuellement 
neur  d'être  véritablement  une  veuve  chrétienne ,  qui  ne 
le  sa  liberté  que  pour  vaquer  davantage  à  la  prière  et  aux 
œuvres. 


,-ïïl 


5  octobre.  —  s.  placide  «  i    i 

a  lui       oya  ôtefe»  à  la  ^ 

4e  eo       <  peu  à  peu  «tti  sainte  ffe 

ss  38  sa  vie,  il  permit  flaNpeiftfMJ 
ai  uee  a  un  ca  er  qui  lui  rongea  le  sein  et  lot  é&tiSa.  1eT 
leurs  les  plus  vives.  Le  Seigneur  finit  sa  pénitence  par  une  I 
mort ,  vers  le  milieu  du  sixième  siècle. 


5  octobre.  —  SAINT  PLACIDE  ET  SES   COMPAGlfC 

martyrs.  —  6e  siècle. 

Placide,  né  à  Rome,  eut  pour  père  Tertullus,  persoanagB 
distingué.  Il  fut  offert  à  Dieu  dans  son  enfance;  et,  sons  ta 
duite  de  saint  Benoît,  auquel  il  fut  confié,  il  fit  tant  de  pn 
dans  l'observation  des  règles  de  la  vie  monastique,  qu'A  fut  coi 
au  nombre  des  principaux  disciples  de  cet  illustre  patriarcal 
moines  d'Occident.  Un  jour,  dit  saint  Grégoire  le  Grand  dan 
Dialogues,  le  jeune  Placide  se  laissa  tomber  dans  le  lac  de  Si 
ou  Subiaco,  où  il  était  allé  puiser  de  Peau.  Saint  Benoit,  renl 
dans  le  monastère,  eut  aussitôt  connaissance  de  cet  accida 
appelle  Maur,  plus  A^é  que  Placide,  et  lui  dit  :  «  Courez  fila, 
frère,  l'enfant  est  tombé  dans  l'eau.  »  Maur  lui  Hwnan^a  g 
nédiction ,  et  s'empresse  d'obéir.  Il  marche  sur  l'eau  jusqu'à 
droit  où  était  Placide  ;  puis  le  prenant  par  les  cheveux ,  il  re 
au  bord  du  lac.  Ce  ne  fut  qu'alors  qu'il  s'aperçât  qull 
marché  sur  l'eau.  Saint  Benoît  attribua  le  miracle  à  robe» 
de  son  disciple  ;  mais  le  disciple  l'attribua  à  Tordre  et  à  la  bén 
tion  de  son  bienheureux  maître.  Placide  décida  la  dispute  e 
sant  :  «  Lorsque  j'ai  été  tiré  de  Peau,  j'ai  vu  sur  ma  tête  b 
lote  de  l'abbé ,  et  lui-même  qui  me  secourait.  *  (  On  apf 
melote  une  peau  de  brebis  que  les  moines  avaient  eoutum 
porter  sur  leurs  épaules.  ) 

Placide,  étant  alors  fort  jeune,  n'avait  encore  reçu,  ni  la  ton 
ni  l'habit  monastique.  La  conservation  miraculeuse  de  sa  vi 
regardée  comme  l'emblème  de  ce  qu'avait  fait  la  grâce  po 
sauver  de  l'abîme  du  péché.  Il  faisait  tous  les  jours  de  nom 
progrès  dans  la  vertu  ;  et  il  parvint  à  un  tel  degré  de  perlée 
que  saint  Benoît  eut  toujours  pour  lui  une  tendresse  parucul 
et  qu'il  le  mena  avec  lui  au  Mont-Cassin  en  538.  Tertullus, 
était  le  principal  fondateur  de  ce  monastère,  donna  à  saint 


6  octobre.  —  s   pardou,  abbé  de  guéret.        301 

Mil  d'autres  biens  qu'il  avait  en  Sicile ,  et  le  saint  patriarche  y 

fonda  un  nouveau  monastère  près  de  Messine,  et  une  église  eu 

1  ffconneur  de  saint  Jean-Baptiste.  Il  y  envoya  pour  en  être  l'abbé 

Placide  qui,  bien  qu'âgé  seulement  de  vingt-six  ans ,  devint  par 

hnnteté  de  sa  vie  un  sujet  d'admiration  pour  les  religieux.  Ses 

frères  Eutyche  et  Victoria,  et  sa  sœur  la  vierge  Flavie,  vinrent  le 

visiter.  Dans  le  même  temps  un  farouche  pirate  nommé  Manucha 

«borda  en  cet  endroit  et  s'empara  du  monastère.  Ayant  employé 

■utilement  tous  les  moyens  pour  obliger  Placide  et  ses  pareuts 

à  renier  Jésus-Christ,  il  donna  Tordre  cruel  de  les  mettre  tous  à 

mort.  Avec  eux  périrent  aussi  Donat,  le  diacre  Firmat,  Fauste 

et  trente  autres  moines.  Ils  remportèrent  la  victoire  du  martyre 

le  5  octobre  de  Tan  du  salut  539. 


•  octobre.  —  SAINT  PARDOU,  abbé  de  Guéret.  —  7e  siècle. 

Bardou  naquit  vers  l'an  658,  à  Sardenne,  village  de  la  Haute- 
Marche,  près  Guéret.  Ses  parents  n'étaient  point  des  gens  consi- 
dérables selon  le  monde  :  leur  emploi  était  de  cultiver  la  terre. 
Contents  de  la  médiocrité  de  leur  fortune,  ils  ne  pensèrent  point 
à  donner  à  leur  Gis  une  éducation  propre  à  le  conduire  à  un  état 
différent  du  leur.  Le  jeune  Pardou  suivait  sans  aucune  pensée 
d'ambition  la  profession  de  son  père ,  et  contemplait  le  Créateur 
dans  les  productions  de  la  nature,  lorsqu'un  accident  imprévu  le 
rendit  aveugle.  Il  ne  s'attrista  point  de  cet  événement;  il  se  soumit 
à  Dieu,  qui  règle  tout  pour  le  plus  grand  bien  de  ses  élus.  Le 
Seigneur  récompensa  sa  foi  et  sa  patience  :  pendant  que  son  corps 
était  privé  de  la  lumière  extérieure,  le  Saint-Esprit  l'instruisait 
lui-même  et  lui  inspirait  le  mépris  du  monde  et  de  tout  ce  qui  ne 
porte  pas  au  Tout-Puissant. 

Cependant  la  vue  lui  revint  insensiblement.  Il  n'en  profita  que 
pour  se  livrer  à  toutes  les  bonnes  œuvres  qu'il  était  en  état  de 
faire.  Poussé  par  le  désir  d'une  plus  grande  retraite ,  il  se  sépara 
de  ses  parents,  et  se  fit  une  espèce  d'ermitage  où  il  continua  avec 
une  nouvelle  ardeur  ses  exercices  de  piété.  Il  y  avait  déjà  quel» 
que  temps  qu'il  n'était  plus  occupé  que  de  Dieu  et  de  son  propre 
salut ,  lorsque  Lanthaire ,  comte  de  Limoges ,  jeta  les  yeux  sur 
lui  pour  lui  donner  la  conduite  d'un  monastère  qu'il  venait  de  faire 
bâtir  aux  sources  de  la  rivière  de  Gartempe.  Après  avoir  consulté 
Dieu  dans  la  prière ,  il  se  rendit  aux  vœux  de  Lanthaire.  Depuis 

26 


302     G  OCtub)'t\   —  S.   BRUNO,    FOND.   DES  CHAHTBKUX. 

qu'il  fut  entré  dans  ce  monastère  il  n'en  sortit  plus.  Il  se  propos» 
pour  modèle  les  anachorètes  les  plus  pénitents.  Ses  austérités 
étaient  incroyables ,  surtout  en  carême.  Il  donnait  a  la  prière  tous 
les  intervalles  qui  se  trouvaient  entre  les  différentes  heures  de 
l'office  divin.  Après  None  il  recevait  les  pauvres  et  les  "V»M»dfff 
qui  venaient  le  voir,  et  il  leur  donnait  tous  les  secours  de  rame 
et  du  corps  qui  dépendaient  de  lui. 

Pardou  eut  la  consolation  de  voir  la  règle  se  maintenir  sans 
aucun  affaiblissement  pendant  toute  sa  vie  dans  le  monastère  qu'il 
conduisait.  Les  bâtiments  faillirent  fore  détruits  par  les  incur- 
sions des  Sarrasins.  Ces  peuples ,  sortis  de  l'Egypte  pour  venir 
faire  leurs  ravages  en  France ,  après  avoir  été  défaits  en  Poitou 
par  Charles-Martel ,  se  rallièrent  et  se  jetèrent  dans  la  Marche. 
A  leur  approche ,  les  religieux  de  Guérct  voulurent  obliger  leur 
saint  abbé  de  prendre  la  fuite ,  et  déjà  ils  avaient  préparé  un  cha- 
riot pour  le  conduire  en  lieu  de  sûreté  ;  mais  Pardou  ne  put  con- 
sentir à  abandonner  la  maison ,  il  leur  conseilla  de  se  retirer  et 
voulut  rester  seul.  Il  eut  recours  a  Dieu  par  une  prière  fervente, 
et  il  garantit  sa  maison  de  la  fureur  des  ennemis.  11  s'endormit 
dans  le  Seigneur  à  l'Age  d'environ  quatre-vingts  ans,  en  l'année  7*7, 
et  fut  enterré  dans  son  monastère. 


0  octobre.  — SAINT  JIHITNO,  fondateur  de  l'oid» 
des  Chartreux.  —  11e  siècle. 

Bruno  ,  le  restaurateur  de  la  vie  solitaire  en  Occident,  naquit 
à  Cologne  vers  Tan  1000.  Ses  parents,  distingués  par  leurs  ri- 
chesses, étaient  encore  plus  recommandantes  par  leurs  vertus. 
Bruno  passa  sa  jeunesse  de  manière  à  ne  pas  ressentir  plus  tard 
des  remords,  souvent  infructueux,  sur  des  années  précieuses 
qu'on  a  données  au  inonde  et  à  ses  plaisirs.  On  le  vit  de  bonne 
heure  élevé  au-dessus  des  faiblesses  ordinaires  à  ceux  de  son  âge* 
et  le  Seigneur,  qui  le  conduisit  comme  par  la  main ,  mit  son  in- 
nocence à  couvert  de  tous  les  dangers  qu'on  court  dans  le  siècle. 
Après  avoir  excellé  dans  les  bel  les- lettres ,  il  se  distingua  encore 
plus  dans  la  théologie  et  dans  la  science  des  Pères  ;  il  s'y  rendit 
si  habile,  qu'il  passa  pour  un  des  plus  célèbres  docteurs  de  son 
temps.  11  était  encore  très-jeune  lorsque  saint  Annon,  son  arche- 
véque,  le  fit  venir  a  Cologne,  le  pourvut  d'un  canonient  dans  l*é- 


6  octobre.  —  s.  bbdno,  fond,  des  chaitbeux.    803 

de  Saint-Cunibert ,  et  l'éleva  aux  premiers  ordres  sacrés. 
Après  la  mort  d'Annon ,  il  fut  chanoine  et  chancelier  de  l'église 
de  Reims. 

Gomme  Bruno  s'entretenait  un  jour,  avec  quelques  amis,  des 
dangers  où  le  siècle  nous  expose ,  et  particulièrement  des  trou- 
bles qui  divisaient  alors  l'église  de  Reims ,  ils  prirent  tous  en- 
semble la  résolution  d'abandonner  au  plus  tôt  les  biens  de  cette 
vie  et  d'embrasser  l'état  monastique.  C'est  ce  qu'on  lit  dans  une 
lettre  de  saint  Bruno.  Ils  s'adressèrent  pour  cela  a  saint  Hugues. 
évéque  de  Grenoble ,  qui  les  conduisit  lui-même ,  en  1084 ,  dans 
m  affreux  désert  appelé  Chartreuse.  Voici  ce  que  Guibert  de  No- 
gent  rapporte  de  la  vie  de  ces  premiers  solitaires.  «  Chacun  avait 
une  cellule  séparée,  mais  ils  passaient  ensemble  le  saint  jour  du 
dimanche.  »  En  se  séparant  ils  emportaient  un  pain  et  une  seule 
espèce  de  légumes  pour  toute  la  semaine.  Tout  était  pauvre  chez 
eux, même  dans  leurs  églises,  où  Ton  ne  voyait  ni  or  ni  argent, 
excepté  un  calice  :  ils  étaient  riches  en  livres ,  et  leur  travail  or- 
dinaire était  de  les  copier. 

Le  saint  évéque  de  Grenoble, 'charmé  de  voir  former  auprès 
de  lui  ce  nouveau  peuple  de  saints,  allait  souvent  les  visiter,  sans 
avoir  égard  à  la  difficulté  des  chemins;  il  ne  faisait  rien  de  consi- 
dérable sans  consulter  Bruno.  Le  comte  de  Ne  vers ,  seigneur 
d'une  grande  piété ,  accourut  comme  les  autres  à  cet  asile  de  la 
vertu,  et,  après  y  être  resté  quelque  temps  pour  s'affermir  par 
leur  exemple  dans  l'amour  qu'il  avait  déjà  pour  le  bien ,  il  en 
sortit  en  rendant  grâces  à  Dieu  des  merveilles  que  sa  droite  sa- 
vait opérer  dans  les  cœurs  où  il  daignait  habiter.  Quelque  temps 
après  il  leur  envoya  beaucoup  de  vaisselle  d'argent,  qu'il  les  priait 
d'accepter  de  lui  ;  mais  ces  saints  solitaires  aimaient  trop  la  pau- 
vreté pour  souffrir  que  l'on  y  donnât  la  moindre  atteinte.  Ils  ren- 
voyèrent donc  au  comte  toute  cette  argenterie,  en  lui  disant 
qu'elle  leur  était  inutile.  Alors  le  comte  leur  envoya  une  grande 
quantité  de  parchemin  pour  servir  à  leurs  ouvrages. 

Saint  Bruno ,  se  sentant  près  de  sa  (in  ,  assembla  la  commu- 
nauté, et  leur  raconta  toute  la  suite  de  sa  \  ie ,  depuis  son  enfance, 
par  forme  de  confession  générale .  Ensuite  il  fit  sa  confession  de 
foi  qu'il  conclut  ainsi  :  «  Je  crois  les  sacrements  que  l'Église 
croit ,  et  nommément  que  le  pain  et  le  vin  consacrés  sur  l'autel 
sont  le  vrai  corps  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ ,  sa  vraie  chair 
et  son  vrai  sang ,  que  nous  recevons  pour  la  rémission  de  nos  pé- 


304  8  octobre.  —  sainte  thaïs,  pénitente. 

chéset  dans  l'espérance  du  salut  étemel.  »  Il  mourut  le  dimanche 
6  octobre  1101. 


7  octobre.  —  SAINTE  JUSTINE,  vierge,  hàbtybb 
et  patronne  de  Padoue.  —  4e  siècle. 


Sainte  Justine  souffrit  le  martyre  à  Padoue  vers  l'an  804, 
Dioctétien.  Fortunat  la  met  au  nombre  de  ces  illustres  vierges 
dont  la  sainteté  et  les  triomphes  ont  fait  l'honueur  et  l'édification 
de  rtiglisc.  Elle  fut,  dit-il,  la  gloire  de  Padoue,  comme  sainte 
Euphémie  le  fut  de  Chnlcédoinc,  et  sainte  Eulalie,  de  Mérida  en 
Espagne.  Dans  son  poëme  sur  saint  Martin,  il  recommanda  à 
ceux  qui  vont  visiter  Padoue  d'aller  baiser  respectueusement  le 
tombeau  de  la  bienheureuse  martyre.  Vers  le  milieu  du  cinquième 
siècle,  Opilion ,  préfet  du  prétoire,  et  honoré  de  la  dignité  de 
consul  en  453,  lit  bAtir  dans  la  mémo  ville  de  Padoue  une  église 
en  l'honneur  de  sainte  Justine.  Les  reliques  qu'on  avait  perdues 
durant  les  guerres  d'Attila  furent  retrouvées  en  1177,  et  on  les 
garde  avec  une  grande  véuération  dans  l'église  de  son  nom.  Cette 
église  fut  rebâtie  en  1501  ;  elle  est,  avec  le  monastère  des  Béné- 
dictins auxquels  elle  appartient,  un  des  plus  beaux  édifiées  qu'il  y 
ait  en  ce  genre.  Sainte  Justiue  est,  conjointement  avec  saint  Marc, 
patronne  de  Venise ,  et  son  image  était  gravée  sur  la  monnaie  de 
cette  antique  république. 


7  octobre.  —  SAINT  MARC,  pape  et  confesseur. — 4e  siècle. 

Marc,  né  à  Rome,  souverain  pontife  sous  le  règne  de  l'empereur 
Constantin  le  Grand,  établit  que  l'évéque  d'Ostie,  qui  a  le  privi- 
lège de  consacrer  le  pape ,  ferait  usage  du  pallium.  11  éleva  deux 
basiliques  à  Rome ,  l'une  dans  la  ville  et  l'autre  sur  la  voie  d'Ardée, 
et  Constantin  les  enrichit  et  les  décora  de  ses  présents.  Une  passa 
c»ue  huit  mois  dans  l'exercice  du  pontificat,  après  quoi  étant  mort, 
il  reçut  la  sépulture  dans  le  cimetière  de  Balbine,  en  Tan  836. 


8  octobre.  —  SAINTE  TUAIS,  pénitente.  —  4*  siècle. 

Vers  le  milieu  du  quatrième  siècle,  il  y  avait  eu  Egypte  une 
courtisane^ fameuse ,  nommée  Thaïs ,  qui  devint  dans  la  suite  un 


8  octobre.  —  sainte  tuais,  pénitente  305 

modèle  de  pénitence  pour  les  pécheurs.  Une  grande  beauté,  de 
l'esprit  et  une  mauvaise  éducation  furent  la  cause  de  sa  perte.  Se 
voyant  recherchée  par  beaucoup  de  jeunes  gens  débauchés ,  elle 
se  livra  au  mal  et  y  entratna  une  infinité  de  personnes.  Elle  avait 
reçu  les  premiers  principes  de  la  religion  ;  elle  croyait  en  Jésus- 
Christ  ,  et  elle  était  très-persuadée  d'une  éternité  de  peines  pour 
les  méchants ,  et  du  bonheur  qui  attend  les  justes  ;  mais  ces  vérités 
se  trouvaient  étouffées  en  elle  par  l'amour  du  plaisir  et  le  désir 
du  gain;  de  sorte  qu'elle  n'était  chrétienne  que  de  nom  et  qu'elle 
n'avait  qu'une  foi  stérile.  Dieu  eut  pitié  d'elle  et  lui  envoya  Pa- 
phnuee ,  célèbre  anachorète  de  la  Thébaïde.  Elle  fut  touchée  de 
ses  discours;  et,  cédant  aux  impressions  de  la  grâce,  elle  se  jeta 
à  ses  pieds,  les  yeux  baignés  de  larmes,  et  lui  dit  :  Mon  père , 
ordonnez-moi  telle  pénitence  que  vous  jugerez  convenable,  car 
j'espère  que  Dieu  me  fera  miséricorde  par  vos  prières.  Je  vous 
demande  seulement  trois  heures  de  temps,  et  après  cela  je  me  ren- 
drai où  il  vous  plaira ,  et  j'exécuterai  tout  ce  que  vous  me  com- 
manderez. Paphnuce  lui  prescrivit  tout  ce  qu'elle  avait  à  faire,  et 
lui  marqua  le  lieu  qui  devait  lui  servir  de  retraite  aussitôt  que  le 
terme  qu'elle  avait  demandé  serait  expiré.  Thaïs  employa  ces 
trois  heures  à  ramasser  tout  ce  qu'elle  avait  acquis,  par  ses  pé- 
chés, d'or,  d'argent,  d'habits  et  de  meubles  ;  puis,  en  ayant  fait  un 
monceau  au  milieu  de  la  ville,  elle  y  mit  elle-même  le  feu  devant 
tout  le  peuple ,  et  invita  ceux  qui  lui  avaient  fait  ces  présents ,  et 
qui  avaient  été  les  complices  de  ses  crimes ,  à  l'imiter  dans  son 
sacrifice  et  dans  sa  pénitence. 

Quand  tout  fut  consumé ,  elle  partit  à  la  hâte  pour  se  rendre 
au  lieu  que  Paphnuce  lui  avait  marqué,  et,  après  avoir  demandé 
à  Dieu  la  grâce  de  se  sacrifier  elle-même  pour  expier  ses  péchés, 
elle  suivit  le  saint  homme ,  qui  la  conduisit  dans  un  monastère 
de  filles.  Thaïs  y  entra  avec  joie,  et,  docile  à  tout  ce  que  Paphnuce 
voulut  lui  prescrire,  elle  se  laissa  enfermer  dans  une  cellule,  dont 
le  saint  vieillard  scella  la  porte  avec  un  sceau  de  plomb ,  comme 
s'il  en  eût  voulu  faire  son  sépulcre.  Convaincue  de  cette  impor- 
tante vérité,  qu'il  faut  que  le  pécheur  se  juge  et  se  condamne  lui- 
même  pour  prévenir  un  jugement  plus  rigoureux ,  elle  ne  de- 
manda à  Dieu  que  la  grâce  de  satisfaire  en  ce  monde  à  sa  justice, 
pour  n'éprouver  en  l'autre  que  sa  miséricorde.  Paphnuce  com- 
manda aux  sœurs  du  monastère  de  lui  porter  seulement  chaque 
jour  un  peu  de  pain  et  d'eau,  durant  tout  le  reste  de  sa  vie.  Avant 

20. 


J 


306        8  octobre.  —  sainte  Pélagie,  pénitente. 

que  le  saint  homme  se  retirât,  Thaïs  lui  dit  :  Mon  père,  ensei-  j, 

gnez-moi  comment  je  dois  prier  Dieu.  Paphnuce  lui  répondit:  i 

Vous  n'êtes  pas  digne  de  proférer  son  saint  nom ,  puisque  vos  le-  H 

vres  sont  pleines  d'iniquités,  ni  d'élever  vos  mains  vers  le  ciel,  ,, 

puisqu'elles  sont  souillées  de  tant  d'impuretés  ;  mais  content»-  t 

vous  de  regarder  du  coté  de  l'orient,  et  de  répéter  souvent  cespa-  .{ 

rôles  :  Fous  qui  m'avez  formée,  ayez  pitié  de  moi  /Thaïs  ayant  | 

passé  trois  ans  dans  une  vie  pénitente,  Paphnuce  alla  consulter  t| 

saint  Antoine  sur  son  sujet,  et  lui  demanda  s'il  y  avait  lieu  d'espérer  v 

que  Dieu  eût  pardonné  à  cette  pécheresse.  C'est  le  Seigneur  qu'il  \ 

faut  consulter,  dit  saint  Antoine.  Il  passa  la  nuit  en  prière  avec  ,j 

Paphnuce,  Paul  le  Simple  et  ses  autres  disciples.  Dieu,  qui  se  ^ 
plaît  à  révéler  ses  secrets  aux  humbles ,  Gt  connaître  à  Paul  qu'il 
avait  destiné  une  place  dans  le  ciel  à  Thaïs.  Sur  cette  révélation, 

Paphnuce  accourut  au  monastère  et  la  fit  sortir  de  sa  cellule.  s 

Thaïs,  que  la  considération  des  jugements  de  Dieu  et  de  ses  ini-  ^ 
quités  alarmait  encore  malgré  cette  rigoureuse  pénitence,  pria 

le  saint  vieillard  de  la  laisser  le  reste  de  ses  jours  dans  l'état  où  i 

il  l'avait  mise  ;  mais  Paphnuce  lui  dit  :  Sortez ,  ma  Qlle  ;  Dieu  ; 

vous  a  fait  miséricorde.  Elle  lui  répondit  :  Je  le  prends  à  témoin  5 

que,  depuis  que  je  suis  entrée  ici,  j'ai  mis  tous  mes  péchés  comme  j 

en  un  monceau  devant  mes  yeux ,  et  que  je  n'ai  point  cessé  de  * 

les  considérer  et  de  les  pleurer.  —  C'est  pour  cela ,  lui  dit  Paph-  i; 

nuce,  que  Dieu  vous  les  a  remis.  Elle  sortit  donc  de  sa  prison  pour  j 

vivre  avec  les  autres  sœurs  ;  mais  le  Seigneur,  satisfait  de  sa  péni-  , 
tenec ,  la  retira  du  monde  quinze  jours  après  sa  sortie. 


8  octobre.  —  SAINTE  PÉLAGIE,  pénitente.  —  5«  siècle. 

Pélagie  était  comédienne  à  Antioche,  quoique  inscrite  parmi 
les  catéchumènes.  Ayant  été  touchée  d'une  exhortation  qu'elle 
entendit  faire  à  saint  Nonne,  évéque  d'Héliopolis,  elle  écrivit  au 
saint  pour  lui  demander  la  permission  d'aller  le  trouver.  Nonne 
lui  répondit  :  Je  consens  à  ce  que  vous  me  demandez,  mais  pre- 
nez garde  dans  quel  esprit  vous  viendrez  chez  moi  :  songez  que 
vous  ne  pouvez  tromper  Dieu.  Je  vous  parlerai,  mais  en  présence 
des  autres  évêques. 

Pélagie  courut  se  jeter  aux  pieds  de  saint  Nonne,  et  le  conjura 
de  lui  donner  le  baptême.  Comme  sa  résolution  paraissait  très- 


8  OCfQb/t.   —  SAINTE   liRKilTTK,    VELVE.  34)7 

,  le  saint  évêque  et  les  autres  qui  étaient  présents  crurent 
■1  fallait  lui  accorder  ce  qu'elle  demandait.  Elle  reçut  donc  le 
qptéme  et  de  suite  les  sacrements  de  confirmation  et  d'euelia- 
tfie,  qui  se  donnaient  alors  ensemble.  Et  le  lendemain  elle 
ÉK  aux  pieds  de  saint  Nonne  tout  ce  qu'elle  avait  de  biens  et 
fcriiitfT,  et  donna  la  liberté  à  ses  esclaves.  Le  huitième  jour  après 
m  baptême,  auquel  elle  devait  quitter  la  robe  blanche  que  les 
baptisés  portaient  pendant  huit  jours,  elle  se  revêtit 
et  d'un  mauvais  habit,  et,  étant  partie  la  nuit  même, 
lé  s'en  alla  secrètement  à  Jérusalem,  se  bâtit  une  cellule  sur  la 
ontagne  des  Oliviers,  et  s'y  enferma.  Elle  passa  ainsi  le  reste 
ft  sa  rie  dans  une  pénitence  extraordinaire.  On  croit  qu'elle  mou- 
lt vers  Tan  458. 


8  octobre.  —  SAINTE  BRIGITTE,  veuve.  —  Mc  sic  de. 

Brigitte,  qu'on  appelle  communément  Brigitte  ou  Brigide,  était 
Be  de  Birger,  prince  du  sang  royal  de  Suède  ;  sa  mère  se  nom- 
laît  Sigride,  et  descendait  des  rois  des  Goths.  Ils  vivaient  l'un  et 
autre  dans  la  pratique  la  plus  exacte  du  christianisme ,  et  avaient 
ne  grande  dévotion  à  la  passion  du  Sauveur.  Sigride  étant  morte 
ers  Tan  1302,  et  peu  de  temps  après  la  naissance  de  notre  sainte. 
i  jeune  Brigitte  fut  élevée  par  une  de  ses  tantes,  qui  était  égale- 
tient  recommandablc  par  ses  vertus  Elle  fut  privée  de  l'usage 
e  la  parole  jusqu'à  l'âge  de  trois  ans  ;  mais  elle  ne  sut  pas  plus 
5t  parler  qu'elle  se  servit  de  sa  langue  pour  louer  Dieu.  Dès  son 
niance,  la  grâce  agissait  si  puissamment  dans  son  cœur,  qu'elle 
'avait  d'attrait  que  pour  les  exercices  de  piété. 

A  Fâge  de  dix  ans,  elle  fut  singulièrement  touchée  d'un  sermon 
ifelle  entendit  sur  la  passion,  et  la  nuit  suivante  elle  crut  voir  Jé- 
us-Christ  attaché  sur  la  croix,  tout  couvert  de  plaies  et  de  sang. 
I  lui  sembla  aussi  qu'une  voix  lui  disait  :  «  Regardez-moi ,  ma 
ûJle.  — Eli  !  qui  vous  a  traité  de  la  sorte,  dit-elle  ? — Ce  sont,  ré- 
pondit la  même  voix,  ceux  qui  me  méprisent,  et  qui  sont  insen- 
sibles à  mon  amour  pour  eux.  »  L'impression  que  fit  sur  elle 
*  songe  mystérieux  ne  s'effaça  jamais,  et  les  souffrances  de  Jé- 
us  devinrent  le  sujet  continuel  de  ses  méditations.  Lorsque  Bri- 
gitte eut  atteint  l'âge  de  seize  ans,  elle  épousa  par  obéissance  pour 
«»n  père  Ulphon ,  prince  de  Néricie,  en  Suède.    Ils  passèrent 


308  8  octobre.  —  sainte  Brigitte,  veuve 


-i 


dans  la  continence  la  première  année  de  leur  mariage,  et  ta ■• 
maison  devint  une  espèce  de  monastère  où  ils  pratiquaient  lesav- 
térités  de  la  pénitence.  JJI 

Après  la  naissance  de  huit  enfants,  qui  moururent  la  plupart  < 
en  bas  âge,  les  deux  époux  s'engagèrent,  par  un  vœu,  à  passer  le  **' 
reste  de  leur  vie  dans  la  continence.  Ils  se  regardèrent  comme  le-"** 
refuge  des  malheureux;  ils  fondèrent  un  hôpital  pour  les  malades,  z¥ 
qu'ils  servaient  de  leurs  propres  mains,  ulphon  fit  avec  sa  vér-  '^ 
tueuse  épouse  un  pèlerinage  à  Compostelle.  En  passant  par  Ami,  *S 
il  fut  attaqué  d'une  maladie  dangereuse  ;  Brigitte  obtint  sa  guéri-  *sfc 
son  par  ses  prières.  Lorsque  le  prince  fut  rétabli,  il  partit  pour  Ji l* 
Suède,  où  il  mourut  peu  de  temps  après  en  odeur  de  sainteté,  àam  *?* 
le  monastère  d'Alvastre,  de  Tordre  de  Clteaux .  '*sl 

Brigitte,  devenue  libre,  renonça  au  rang  de  princesse,  pour  M  ■'■■il 
consacrer  entièrement  à  la  pénitence  ;  elle  partagea  les  biens  As  fer 
son  mari  entre  ses  enfants,  et  oublia  ce  qu'elle  avait  été  dam  le  (3, 
monde.  Les  austérités  qu'elle  pratiquait  sont  incroyables.  Ayant  '& 
fait  bâtir  le  monastère  de  Wastein,  au  diocèse  de  Iincopen  en  ta 
Suède  ,  elle  y  mit  soixante  religieuses  ;  elle  y  mit  aussi,  dans  un 
bâtiment  séparé  du  même  monastère ,  treize  prêtres  ;  elle  leur  """ 
donna  à  tous  la  règle  de  saint  Augustin,  à  laquelle  elle  ajouta  quel-  ^ 
q ucs  constitutions  particulières.  cf| 

ISotre  sainte ,  après  avoir  passé  deux  ans  dans  le  monastère  ^ 
de  Wastein,  fit  un  pèlerinage  à  Rome,  dans  le  dessein  d'aller  prier  :^ 
sur  le  tombeau  des  apôtres.  Elle  s'y  fit  admirer  par  l'éclat  deseï 
vertus,  et  elle  y  vivait  dans  la  retraite,  visitait  les  églises  et  servait  ;fe 
les  malades  dans  les  hôpitaux.  Dure  à  elle-même,  elle  était  pleine  *k 
de  douceur  pour  les  autres.  Klle  fonda  dans  cette  ville  une  mai-  lèc 
son  pour  les  étudiants  et  les  pèlerins  suédois,  laquelle  fut  rebâtie  ^ 
sous  Léon  X.  Pendant  les  trente  dernières  années  de  sa  vie,  b  ko 
sainte  se  confessa  tous  les  jours,  et  elle  participait  plusieurs  fbfr  ia 
la  semaine  à  la  divine  eucharistie.  *& 

Rien  n'est  plus  fameux,  dans  la  vie  de  sainte  Brigitte,  que  kl  % 
révélations  dont  elle  fut  favorisée,  et  qui  eurent  pour  objet  pria-  fjg 
cipal  les  souffrances  du  Sauveur,  et  les  révolutions  qui  doivert  >* 
arriver  en  certains  empires.  Ces  révélations  furent  écrites,  d'aprie  fy 
ce  qu'elle  en  avait  dit,  par  Pierre,  moine  de  Cîtcaux,  par  Mathiae,  % 
chanoine  de  Lincopen,  qui,  l'un  et  l'autre,  avaient  été  les  diree-  **« 
leurs  de  sa  conscience.  Ce  qu'on  admire  le  plus  dans  la  sainte,  * 
c'est  cette  simplicité  avec  laquelle  elle  soumettait  ses  révélation  Vs 


<tobre  —  s.  denys  l'ahéopagitf  ,  ev.  dé  paiis.  &*9 

jugement  de  l'Église.  Elle  ne  se  servit  de  ces  faveurs  si  extra- 
inaires  que  pour  s'établir  plus  solidement  dans  la  charité  et 
■  rhumilité  ;  de  sorte  qu'on  peut  dire  que,  si  ses  révélations  ont 
êm  son  nom  célèbre,  ses  héroïques  vertus  l'ont  rendue  véné- 
le  à  toute  l'Église. 

impossible  de  donner  une  juste  idée  de  son  ardent 
pour  Jésus-Christ  crucifié.  Ce  fut  cet  amour  qui  lui  inspira 
de  faire  le  pèlerinage  de  la  terre  sainte.  Elle  arrosa  de 
larmes  les  lieux  qui  avaient  été  sanctifiés  par  la  présence  du 
•.  Étant  revenue  à  Rome,  elle  y  fut  attaquée  de  diverses 
qu'elle  souffrit  avec  une  résignation  admirable.  Se  sen- 
t  près  de  sa  fin,  elle  donna  des  avis  fort  touchants  à  son  fils 
et  à  sa  fille  Catherine  ;  après  quoi  elle  se  fit  étendre  sur 
pour  recevoir  les  derniers  sacrements.  Elle  mourut  le 
juillet  1373 ,  à  l'âge  de  scixante-onze  ans.  On  l'enterra  dans 
$êê&  de  Saint-Laurent  in  Panisperna,  qui  appartenait  aux 
ivres  Clarisses.  Boniface  IX  la  canonisa  le  7  octobre  1391. 


octobre.  —  SAINT  DENYS  L'ÀRÉOP AGITE ,  apôtbe  des 
Saules,  premier  évêque  d'Athènes  et  de  Paris,  et 
ses  compagnons  RUSTIQUES  et  ELEUTHÈRE,  mabtyrs. 
—  2e  siècle. 

On  lit,  dans  quelques  auteurs,  que  la  religion  chrétienne  avait 
:  prêchée  dans  une  partie  des  Gaules  par  saint  Luc,  et  surtout 
r  saint  Crescent,  disciple  de  saint  Paul.  Les  églises  de  Marseille , 

Lyon  et  de  Vienne  furent  redevables  de  la  lumière  de  la  foi 
les  prédicateurs  grecs  ou  asiatiques,  mais  qui  avaient  reçu  leur 
ssion  du  siège  apostolique  de  Rome.  En  effet,  le  pape  Inno- 
it  Ier  assure  de  la  manière  la  plus  expresse,  dans  une  de  ses  épî- 
s  qui  a  été  conservée,  que  las  fondateurs  des  églises  des  Gaules, 

l'Espagne  et  de  l'Afrique  avaient  été  ordonnés  évéques  par 
nt  Pierre  et  ses  successeurs.  L'histoire  des  martyrs  de  celles  de 
tmet  de  Vienne,  qui  souffrirent  en  177,  prouve  qu'elles  étaient 
s-florissantes  dans  le  second  siècle. 

Saint  lrénée  éteudit  beaucoup  le  royaume  de  Jésus-Christ  dans 
;  Gaules,  et  laissa  plusieurs  disciples  célèbres,  dont  deux  allé- 
at  exercer  leur  zèle  en  Italie  et  dans  d'autres  contrées  éloignées. 
»  lumière  de  l'Évangile  cependant  ne  pénétra  pas  sitôt  à  l'extré- 


1 

310  9  octobre.  —  s.  denys  l'arbopagitb,  év.  de  paais J 

■ 

mité  des  Gaules,  comme  nous  l'apprenons  de  Sul  i-Sévère  et  àmi 
actes  de  saint  Saturnin.  Saint  Germain  de  Paris  et  sept  autres  évé*i 
ques  français  disent,  dans  une  lettre  à  sainte  Radégonde,  qu'aie  i 
vérité  la  foi  avait  été  implantée  dans  les  Gaules  dès  la  naissance  éi  \ 
christianisme,  mais  qu'elle  n'y  avait  pas  fait  des  progrès  bien  ah  t 
pides  jusqu'à  l'an  360,  que  la  miséricorde  divine  y  envoya  nnti 
Martin.  Il  n'en  est  pas  moins  certain  qu'on  y  voyait  en  divers  et-  i 
droits  de  nombreuses  églises  qui  avaient  été  fondées  par  sept  évé»  j 
ques  envoyés  par  le  saint-siége  vers  le  commencement  du  *•  sied*. . 

Saint  Grégoire  de  Tours  dit  que  ces  sept  évéques  furent  SN|I  < 
Denys  de  Paris,  saint  Gatien  de  Tours,  saint  Trophime  d'Arles, 
saint  Paul  de  Nar bonne,  saint  Saturnin  de  Toulouse,  saint  Ans-  : 
tremoine  d'Auvergne,  saint  Martial  de  Limoges.  On  croit  que  SMt  3 
Denys  était  le  chef  de  cette  mission.  Ce  qui  est  certain ,  c'est  que , 
des  sept  évéques ,  ce  fut  lui  qui  porta  le  plus  loin  la  prédication 
de  l'Evangile  :  il  s'avança  jusqu'à  Paris,  accompagné  die  plusieurs 
saints  ministres  qui  voulurent  être  associés  à  ses  travaux  pour 
avoir  part  à  sa  récompense. 

On  rapporte  de  saint  Denys  qu'il  était  d'Athènes,  et  dans  cette 
ville  célèbre  un  des  juges  de  l'Aréopage,  de  plus  fort  versé  dans 
tous  les  genres  de  counaissances.  Lorsqu'il  partageait  encore 
les  erreurs  des  Gentils,  l'on  dit  que  le  jour  que  Nôtre-Seigneur 
Jésus-Christ  fut  crucifié,  remarquant  que  le  soleil  s'était  échpsé 
contrairement  à  l'ordre  naturel,  il  s'écria  :  «  Ou  le  Dieu  de  la 
nature  souffre,  ou  la  machine  du  monde  se  détraque,  «  Mais 
lorsque  l'apôtre  saint  Paul,  venant  à  Athènes ,  fut  conduit  devant 
l'Aréopage  pour  y  rendre  compte  de  la  doctrine  qu'il  prêchait, 
et  qu'il  affirma  que  Jésus- Christ,  le  vrai  Seigneur  des  hommes, 
était  ressuscité,  et  que  tous  les  morts  doivent  également  revenir  y 
un  jour  à  la  vie,  alors  Denys  crut  avec  beaucoup  d'autres  en  la  ] 
doctrine  et  la  divinité  de  Jésus-Christ.  En  conséquence ,  il  reçut  ^ 
le  baptême  de  la  main  même  de  saint  Paul,  qui  le  mit  à  la  tête  de  » 
l'église  d'Athènes.  Lorsque 
pape  Clément  l'envoya  dans 

Le  prêtre  Rustique  et  le  diacre  Ëleuthère  raccompagnèrent  jus-  ^ 
qu'à  Lutèce,  ville  capitale  des  Parisiens,  alors  resserrée  dans  11k  ., 
qu'on  nomme  aujourd'hui  la  Cité.  Là,  le  préfet  Fescennius  fit  ! 
battre  de  verges  le  saint  apôtre,  ainsi  que  ses  compagnons,  parce  : 
qu'il  avait  converti  beaucoup  de  gens  à  la  religion  chrétienne. 
Comme  il  persévérait  très-courageusement  dans  la  prédication  de  ; 


11c  tic  suiiii  JTiiui,  ijut  10  uiiir  a  la  www  i| 

e  dans  la  suite  il  fut  venu  à  Rome,  le  j 
is  la  Gaule  pour  y  prêcher  l'Évangile.  ^ 

1 9  *%  *%tmr\      Ma  I  4*9  a+im  *««*%     l'A  A  A  M  VM  V%A  A«w*  AHMBVfeA     V«BbL- 


u.l'.'M      UK: 


10  octobre.  —  s.  François  de  boagia.  sit 

h  foi  du  Chris  eeouc     sur  un  gril  sous  lequel  on  avait  mis 

charbons  ardents,  et  on  lu  it  en  outre  endurer  beaucoup  d'au- 
suppliées  en  même  temps  qu'à  ses  compagnons.  Mais  les  mar- 
tou  ayant  souffert  tous  ces  divers  tourments  avec  un  courage  et 
aa*  joie  héroïques,  Denys  eut  avec  les  autres  la  tête  tranchée 
kl  •  d'octobre,  lorsqu'il  avait  déjà  plus  de  cent  ans.  La  tradi- 
apprend  que  ce  saint  martyr,  après  avoir,  ainsi  que  ses 
,  été  décapité  à  Montmartre  (nom  qui  signifie  Monta- 
des  Martyrs,  et  qui  précisément  a  été  donné  à  ce  lieu  de- 

ri  le  supplice  qui  y  fut  infligé  à  ceux  dont  nous  racontons  la 
glorieuse),  releva  sa  tête  et  la  porta  dans  ses  mains  en  fai- 
■M  déni  nulle  pas.  L'on  dit  qu'il  s'arrêta  non  loin  des  bords  de 
la  Seine,  dans  l'endroit  où  depuis,  en  638,  a  été  fondée  par  Dago- 
Ier  Fabbaye  de  saint  Denys,  pour  y  conserver  les  reliques  de 
martyr  et  celles  de  ses  deux  compagnons  ;  car  c'est  aussi 
qu'Os  avaient  d'ahord  reçu  la  sépulture.  Cette  célèbre  abbaye 
aussi  pendant  plusieurs  siècles  de  lieu  de  sépulture  aux  rois 
de  France.  On  attribue  à  Denys  l'Aréopagite,  premier  évéque  de 
Paris,  des  écrits  admirables  et  tout  à  fait  célestes  sur  les  Noms  di- 
vins, sor  la  Hiérarchie  céleste  et  ecclésiastique,  sur  la  Théologie 
mystique  et  sur  d'autres  sujets.  En  admettant  qu'il  soit  disciple 
de  saint  Paul  et  qu'il  ait  vécu  plus  d'un  siècle,  on  peut  supposer 
que  sa  mort ,  ainsi  que  celle  de  ses  compagnons,  a  eu  lieu  dans  la 
première  moitié  du  second  siècle  après  Jésus-Christ. 


10  octobre.  —  SAINT  FRANÇOIS  DE  B0RG1A, 
confesseur.  —  16e  siècle. 

François  de  Borgia,  fils  de  Jean  Borgia,  troisième  duc  de  Gandie 
et  grand  d'Espagne ,  naquit  à  Gandie ,  petite  ville  du  royaume 
de  Valence,  le  28  octobre  1510.  On  lui  donna  au  baptême  le 
nom  de  François,  parce  que  sa  mère,  s'étant  trouvée  en  péril 
lorsqu'elle  le  mit  au  monde ,  avait  eu  recours  à  l'intercession  de 
saint  François  d'Assise.  Il  passa  une  partie  de  sa  première  jeunesse 
auprès  de  l'archevêque  de  Saragosse ,  son  oncle  ;  ensuite  on  l'en- 
voya à  la  cour.  A  l'âge  de  dix -huit  ans ,  portant  le  titre  de  mar- 
quis de  Lombay,  il  épousa  Éléonore  de  Castro ,  que  l'impératrice 
Isalielle  avait  amenée  de  Portugal ,  et  il  fut  fait  premier  écuyer 
de  cette  princesse. 

François  de  Borgia  avait  eu,  dès  son  enfance,  un  fonds  de  piété 


312  10  octobre.  —  s    François  de  borgià. 

que  l'air  de  la  cour  ne  put  altérer,  et  que  divers  événements  con- 
tribuèrent encore  à  augmenter.  Isabelle  étant  morte  à  Tolède, 
Tan  1 539,  François  fut  chargé  avec  son  épouse  de  conduire  le  corps 
de  l'impératrice  à  Grenade ,  où  il  devait  être  enterré.  Au  moment 
où  le  cortège  arriva  dans  cette  ville ,  on  ouvrit  le  cercueil  pour 
que  le  marquis  jurât,  selon  l'usage ,  que  le  visage  que  Ton  voyait 
était  celui  de  l'impératrice.  La  vue  de  ce  visage  défiguré,  l'odeur 
infecte  qu'exhalait  déjà  le  cadavre,  tout  fut  pour  lui  un  rayon  de 
lumière  intérieure  qui  le  dégoûta  entièrement  du  monde  et  l'at- 
tacha pour  toujours  au  seul  maître  de  toutes  choses. 

François,  frappé  du  spectacle  qu'il  avait  vu,  voulut  avoir  des 
entretiens  particuliers  avec  l'homme  de  Dieu  qui  avait  prononcé 
l'oraison  funèbre  de  l'impératrice.  Il  découvrit  au  père  Avila  l'état 
de  sa  conscience ,  et  par  ses  conseils  il  fit  vœu  d'embrasser  l'état 
religieux ,  s'il  survivait  à  sa  femme. 

Dans  ce  temps-là ,  il  fut  fait  vice-roi  de  Catalogne  et  comman- 
deur de  l'ordre  de  Saint- Jacques,  mais  ces  nouvelles  dignités  n'af- 
faiblirent point  la  résolution  qu'il  avait  prise  de  vivre  dans  un  par- 
fait détachement  du  monde  et  de  ne  songer  qu'à  son  salut.  Tandis    < 
qu'il  donnait  tous  ses  soins  aux  affaires  publiques,  mortifiant  sa    i 
chair  par  toutes  les  austérités  qui  sont  en  usage  dans  les  cloîtres,    s 
et  prenant  sur  son  sommeil  pour  donner  plus  de  temps  à  la  médi-   « 
tation  et  à  la  prière ,  trois  religieux,  célèbres  par  leur  vertu  et  par    - 
leur  doctrine,  dont  deux  étaient  de  l'ordre  de  Saint-Dominique,    ~ 
et  l'autre  de  Saint-François ,  l'aidaient  de  leurs  conseils  dans  le» 
pratiques  de  la  piété.  Ce  fut  par  leurs  avis  qu'il  fréquenta  les  sa-    -i 
crements  avec  plus  d'assiduité  qu'on  ne  le  faisait  pour  l'ordinaire,    - 
de  son  temps  :  il  se  confessait  toutes  h»  semaines,  il  communiait   ^ 
en  public  à  toutes  les  fêtes  solennelles,  et  en  particulier  tous  Je)   w- 
dimanches.  Cette  conduite  donna  lieu  à  la  censure  de  quelque!   . 
zélés  indiscrets  qui  s'imaginèrent  que  c'était  manquer  de  respect   ^ 
à  Jésus-Christ,  surtout  pour  un  homme  du  grand  monde,  que   r 
d'en  approcher  si  souvent.  On  tâcha  de  rendre  suspecte  au  saint  m 
la  méthode  de  ceux  qui  le  conduisaient  dans  la  voie  du  salut.  Dam   s 
ces  circonstances,  il  jugea  convenable  de  consulter  le  père  Ignace,   c 
qui  était  alors  à  Rome ,  occupé  à  l'établissement  de  sa  corapi-  & 
gnie.  Ignace ,  ayant  connu  le  détail  de  sa  vie  et  les  dispositions  de  ç- 
son  cœur  par  les  lettres  qu'il  lui  écrivit ,  le  confirma  dans  rhabt-   f 
tude  où  il  était  de  communier  tous  les  dimanches ,  et  l'exhorta  à    .^ 
y  persévérer.  te 


10  octobre.  —  s.  François  de  borgia  ,  conf      313 

En  1542,  François  de  Borgia  perdit  son  père,  et  devint  par  cette 
mort  quatrième  duc  de  Gandie.  Il  saisit  cette  occasion  pour  se 
démettre  de  la  vice-royauté  de  la  Catalogne,  et  pour  obtenir  la 
permission  de  se  retirer  dans  ses  terres. 

/L'an  1546,  François  perdit  sa  femme,  qui  lui  laissa  huit  enfants, 
ehifl  fils  et  trois  filles.  Cette  mort  lui  imposa  l'obligation  d'accom- 
plir le  vœu  qu'il  avait  fait  d'embrasser  l'état  religieux,  en  cas  que 
•a  femme  mourût  avant  lui.  Il  n'avait  alors  que  trente-six  ans; 
mais  il  ne  balança  pas  un  moment  à  prendre  les  mesures  néces- 
saires pour  accomplir  un  engagement  qui  aurait  paru  pénible  à 
tout  autre  qu'à  lui. 

11  fit  une  retraite  sous  la  conduite  de  Lefèvre,  qui  avait  été  le 
premier  compagnon  du  père  Ignace,  et  il  ajouta  au  vœu  général 
et  indéterminé  qu'il  avait  fait  d'entrer  dans  quelque  ordre  reli- 
gieux, le  vœu  particulier  d'entrer  dans  la  compagnie  de  Jésus.  Il 
en  écrivit  à  saint  Ignace ,  fondateur  de  cette  compagnie,  qui  lui 
prescrivit  toutes  les  mesures  qu'il  avait  à  prendre  pour  exécuter 
son  dessein.  Le  même  saint  obtint  un  bref  du  pape,  qui  permettait 
an  duc  de  Gandie  de  faire  secrètement  les  vœux  de  profès  dans  la 
Compagnie  de  Jésus ,  et  de  rester  dans  le  monde  quatre  ans  après 
rémission  de  ses  vœux  ,  pour  régler  toutes  les  affaires  de  sa  fa- 
mille et  pourvoir  à  l'établissement  de  ses  enfants. 

L'an  1550,  il  se  rendit  à  Rome,  où  il  prit  l'habit  de  jésuite, 
après  avoir  authentiquement  renoncé  a  toutes  ses  dignités  et  à 
tous  ses  biens.  11  retourna  ensuite  en  Espagne,  dans  la  crainte 
que  le  pape  ne  le  fît  cardinal.  L'empereur  sollicita  vivement  pour 
lui  cette  dignité ,  et  son  éloignement  précipité  ne  l'aurait  pas  em- 
pêché d'être  élevé  au  cardinalat ,  si  le  père  Ignace  n'eût  fait  au 
pape  de  fortes  représentations  pour  prévenir  l'effet  des  sollicita- 
tions de  Charles-Quint.  Cependant  le  pape  ne  put  se  dispenser 
d'offrir  le  chapeau  à  François,  mais  il  promit  au  père  Ignace  qu'il 
laisserait  ce  religieux  libre  de  refuser  ou  d'accepter  cette  dignité. 
I^e  saint  ne  balança  pas  et  refusa ,  ainsi  que  le  père  Ignace ,  qui 
connaissait  les  dispositions  de  son  cœur,  s'y  était  attendu. 

François  travaillait  avec  zèle  ou  salut  des  âmes  en  Espagne ,  se- 
lon l'esprit  du  nouvel  institut  qu'il  avait  embrassé  :  il  convertit  un 
grand  nombre  de  pécheurs ,  qui  n'étaient  pas  moins  touchés  de 
ses  exemples  que  de  ses  discours. 

Saint  Ignace  nomma  François  visiteur  dans  les  royaumes  d'Es- 
pagne et  de  Portugal.  Tairiez ,  deuxième  général  delà  Compagnie 

27 


314  11  octobre.  —  s.  louis  bebtband. 

de  Jésus,  et  successeur  immédiat  de  saint  Ignace,  le  choisît  pour 
un  de  ses  quatre  assistants ,  ce  qui  obligea  le  saint  de  se  rendre 
à  Rome ,  où  il  fut  élu  lui-même  général  après  la  mort  de  Laines. 
11  s'acquitta  de  cet  emploi  avec  un  zèle  et  une  application  extra- 
ordinaires ,  et  travailla  avec  succès  à  maintenir  dans  son  ordre 
l'esprit  du  saint  fondateur.  Il  fut  obligé  d'accompagner  en  France 
le  légat  Alexandrin ,  neveu  du  pape  Pie  V,  et ,  à  son  retour  à 
Rome,  il  mourut  en  1572,  âgé  de  soixante-deux  ans,  et  fut  cano- 
nisé par  le  pape  Clément  X,  en  1661 . 


11   octobre.  —  SAINT  LOUIS   BERTRAND,   cozyfessbuh. 

—  16e  siècle. 

Louis  Rcrtrand  naquit  à  Valence ,  dans  l'Espagne  Tarragonaise, 
de  parents  pieux  et  honorables.  Il  commença  presque  dès  la  pre- 
mière enfance  l'apprentissage  de  la  sainteté  et  de  la  pénitence. 
lorsqu'il  fut  plus  âgé ,  il  couchait  quelquefois  sur  la  terre  nue, 
passait  souvent  les  nuits  sans  dormir,  el  s'appliquait  avec  empresse- 
ment à  remplir  les  devoirs  qu'inspirent  la  piété  et  la  charité.  Plein 
de  mépris  pour  le  monde  et  rempli   d'ardeur  pour  la  vie  reli- 
gieuse ,  il  triompha  par  une  admirable  constance  des  artifices  au 
moyen  desquels  ses  parents  s'efforçaient  de  le  détourner  de  sa 
sainte  résolution.  Étant  enfin  parvenu  à  ce  qu'il  désirait,  il  s'en- 
rôla dans  l'ordre  des  Frères  prêcheurs.  Il  y  fit  tant  de  progrès 
que,  bien  que  novice ,  il  devint  un  modèle  pour  de  plus  avancés 
que  lui  dans  la  hiérarchie  de  son  ordre.  Ayant  prononcé  ses  vœux, 
il  est  merveilleux  de  penser  par  quel  accroissement  de  toutes  les 
vertus  il  ajouta  encore  à  sa  première  manière  de  vivre.  Domptant 
sa  chair  par  les  jeûnes,  les  disciplines,  les  cilices  et  les  veilles, 
il  donnait  continuellement  à  son  âme  la  nourriture  spirituelle  de 
l'oraison.  Il  y  puisait  tant  de  modestie,  tant  de  pureté  intérieure, 
que  ce  sentiment  se  manifestait  dans  son  regard ,  et  sur  les  trahi 
de  son  visage. 

Bien  jeune  encore ,  ayant  été  institué  préfet  des  novices,  il  les 
formait  à  tout  ce  que  se  propose  la  sainteté,  par  sa  parole  comme 
par  ses  exemples.  Envoyé  pour  prêcher  l'Évangile  aux  Indes  oc- 
cidentales, et  quoiqu'il  ne  parlât  que  la  langue  espagnole,  des  na- 
tions différentes  entre  elles  et  éloignées  les  unes  des  autres  l'en- 
tendaient chacune  comme  s'il  parlait  dans  sa  propre  langue; 


*m 

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12  octobre.  —  les  mabtybs  d'àfiuqiie.  315 

b  en  amena-t-il  une  quantité  innombrable  à  embrasser  la  foi 
ée  Jésus-Christ.  Plus  d'une  fois  sans  en  éprouver  de  mal,  il  avala 
du  poison  que  les  sauvages  de  ces  pays  lui  avaient  offert  comme 
une  boisson  inoffensive.  Un  chef  qui  avait  pris  pour  une  attaque 
personnelle  des  reproches  que  le  zélé  prédicateur  adressait  en 
public  à  la  généralité  des  vices ,  fut  tout  près,  pour  s'en  venger 
4e  lui  donner  la  mort ,  lorsque  tout  à  coup  l'arme,  qu'il  lui  ap- 
puyait sur  le  corps,  se  changea  en  un  crucifix.  Tout  troublé  d'un 
pareil  miracle ,  le  criminel  agresseur  se  jeta  aux  pieds  du  saint , 
et  le  supplia  de  lui  pardonner  un  attentat  aussi  coupable. 

Bien  digne  d'être  remarqué  pour  son  humilité  comme  pour  sa 
patience,  le  bienheureux  répétait  de  temps  en  temps  :  «  Seigneur! 
ici  brûlez,  ici  tranchez,  ici  ne  m'épargnez  pas,  pourvu  que  vous 
me  fassiez  grâce  dans  F  éternité.  »  Inspiré  de  l'esprit  prophé- 
tique ,  il  prédit  beaucoup  de  choses.  11  éteignit  un  incendie  avec 
le  signe  de  la  croix ,  apaisa  une  tempête,  arrêta  des  bêtes  féroces 
qui  s'élançaient  pour  dévorer,  et  rendit  la  vie  aux  morts,  la  vue  aux 
aveugles,  la  marche  aux  boiteux,  et  l'ouïe  aux  sourds.  Enfin,  brisé 
par  les  pratiques  laborieuses  dune  dure  pénitence ,  et  ayant  reçu 
comme  il  convient  les  sacrements  de  l'Eglise ,  il  s'en  alla  au  ciel 
le  9  octobre  1581 ,  à  l'âge  de  cinquante-cinq  ans.  Illustré  par  de 
nombreux  miracles  avant  comme  après  sa  mort ,  Paul  Y  le  mit 
au  nombre  des  bienheureux ,  et  Clément  X  le  rangea  parmi  les 
saints. 


12  octobre.  —LES  MARTYRS  D'AFRIQUE.   —5e  siècle. 

Hunéric ,  roi  des  Vandales  en  Afrique ,  ayant  résolu  la  ruine 
totale  de  la  foi  catholique  dans  l'étendue  de  ses  États ,  envoya  en 
une  seule  fois  en  exil ,  dans  les  déserts,  quarante-neuf  mille  cent 
soixante-seize  évêques ,  prêtres ,  diacres  et  simples  fidèles ,  mal- 
gré les  incommodités  et  les  maladies  d'un  grand  nombre ,  et  l'âge 
fort  avancé  des  autres.  Du  nombre  de  ces  derniers  était  l'évêque 
Félix ,  à  qui  une  paralysie  avait  fait  perdre  le  sentiment  et  la 
parole.  Quelques-uns  des  principaux  personnages  de  la  cour  re- 
présentèrent au  roi  la  situation  de  cet  évêque ,  et  le  prièrent  de  le 
laisser  mourir  à  Cartilage ,  puisqu'il  avait  si  peu  de  temps  à  vivre, 
et  que  d'ailleurs  il  était  comme  impossible  de  l'emmener.  Ce  prince 
cruel  répondit  avec  fureur  :  S'il  ne  peut  aller  à  cheval,  qu'on  l'at- 


31 G  12  octobre.  —  les  martyrs  d'afriqu£. 

tache  avec  des  cordes  à  des  bœufs  qui  le  traîneront  où  je  veux 
qu'il  aille.  Amsi  Ton  fut  contraint  de  le  mettre  de  travers  sur 
mulet ,  comme  Ton  aurait  fait  d'un  tronc  d'arbre. 

Tous  ces  confesseurs  de  la  divinité  de  Jésus-Christ  furent 
semblés  dans  les  villes  de  Sicque  et  de  Lare ,  pour  être  mis  sous 
la  garde  des  Maures,  qui  devaient  les  conduire  dans  les  déserts. 
Deux  comtes  des  Vandales,  qui  étaient  chargés  de  l'exécution  des 
ordres  du  roi ,  crurent  qu'il  leur  serait  aisé  de  ramener  à  la  reli- 
gion du  prince  cette  troupe  accablée  d'infirmités  et  de  fatigues  : 
aussi  leur  proposèrent-ils  d'obéir  à  ce  que  la  cour  demandait  d'eux. 
Mais  ils  furent  bien  étonnés  de  trouver,  parmi  une  grande  quan- 
tité de  personnes,  une  confession  unanime  de  la  foi  catholique. 
Ils  prirent  donc  le  parti  de  les  faire  enfermer  dans  de  vastes  pri- 
sons ,  où  d'abord  on  les  traita  avec  quelque  ménagement. 

Quand  les  exécuteurs  de  la  persécution  virent  qu'ils  ne  gagnaient 
rien  sur  eux ,  ils  eurent  recours  aux  mauvais  traitements.  Les 
serviteurs  de  Jésus-Christ  furent  resserrés  dansde  très-petites  cham- 
bres, avec  défense  expresse  aux  gardes,  de  les  laisser  visiter;  et 
ceux  qui ,  par  argent  ou  par  pitié ,  se  laissaient  gagner,  étaient 
chargés  de  coups  de  bâton  dès  qu'on  le  savait.  Les  saints  confes- 
seurs se  trouvèrent  réduits,  par  la  petitesse  des  lieux,  h  demeurer 
entassés  les  uns  sur  les  autres  comme  les  fagots  d'un  bûcher,  ou 
plutôt  comme  les  grains  d'un  froment  très-pur.  Comme  on  ne 
leur  permettait  pas  de  sortir  pour  satisfaire  aux  besoins  de  la 
nature,  il  se  forma  dans  ces  tristes  demeures  une  corruption 
dont  la  puanteur  surpassait  tous  les  genres  de  supplices.  L'infec- 
tion en  fit  mourir  plusieurs  :  ce  qui  obligea  enfin  les  Maures  à 
faire  sortir  les  autres  pour  achever  leur  voyage.  Le  bienheureux 
Cyprien,  évêque  d'Unzibir,  était  celui  qui  avait  le  plus  de  talents 
pour  consoler  tant  d'illustres  persécutés.  Il  n'était  pas  du  nombre 
des  exilés  ;  mais  son  zèle  l'attacha  à  cette  généreuse  troupe,  dont 
il  enviait  la  gloire.  Quelque  temps  après ,  il  eut  le  bonheur  d'a- 
voir part  à  leurs  souffrances  et  d'être  banni  pour  la  foi  de  Jésus- 
Christ. 

Les  chemins  par  où  passaient  les  confesseurs  étaient  couverts 
d'une  multitude  de  catholiques  qui  accouraient  des  villes  et  des 
provinces  voisines ,  la  plupart  un  cierge  à  la  main ,  pour  honorer 
leur  triomphe.  Ils  faisaient  baiser  à  leurs  enfants  la  trace  des 
pas  de  ces  saints  martyrs,  et  demandaient,  par  leurs  cris  et  leurs 
plaintes,  qu'on  leur  rendît  quelques-uns  de  leurs  évéques  et  de 


IJ  octobre.  — s    wîlfbid,  êv.  d'yorck.  317 

leurs  prêtres,  pour  les  conduire  et  leur  administrer  les  sacre* 
mente;  mais  on  n'eut  égard  ni  à  leurs  prières ,  ni  à  leurs  larmes. 
On  pressait  durement  les  confesseurs  de  hâter  le  pas ,  afin  de  pou- 
voir arriver  plus  promptement  dans  les  déserts.  Les  vieillards  et 
les  enfants  ne  pouvant  plus  se  soutenir,  on  les  piquait  avec  la 
pointe  des  javelots ,  puis  on  leur  jetait  des  pierres  pour  les  faire 
avancer.  On  s'aperçut  que  tous  ces  moyens  ne  servaient  qu'à  les 
affaiblir  davantage,  et  Ton  ordonna  aux  Maures  de  les  lier  par 
les  pieds  et  de  les  traîner,  comme  des  cadavres  de  bétes  mortes, 
à  travers  les  cailloux  et  les  épines.  La  plupart  en  eurent  la  tête  et 
les  côtes  brisées ,  et  rendirent  l'esprit  entre  les  mains  des  barbares. 
Ceux  qui  se  trouvèrent  plus  forts  arrivèrent  enfin  au  lieu  de  leur 
exil.  (Tétait  un  endroit  sec  et  aride ,  rempli  de  serpents  et  de 
scorpions.  Les  serviteurs  de  Dieu  y  furent  d'abord  nourris  d'orge 
comme  les  autres ,  mais  on  leur  ôta  ce  secours  bientôt  après. 
Saint  Victor  de  Vite,  qui  a  laissé  par  écrit  l'histoire  de  cette  per- 
sécution ,  était  un  de  ceux  qui  suivirent  les  saints  confesseurs 
pour  les  consoler  et  leur  donner  tous  les  secours  qui  dépendaient 
<Teux. 


12  octobre    —  SAINT  WILFRID,   évêque  d'Yobk.  —  7e 

et  8*  siècle. 

AVilfrid  naquit  en  Angleterre,  vers  Tan  634 ,  dans  le  royaume 
de  Northumberland.  Il  fonda  un  si  grand  nombre  d'églises,  qu'il 
semble  que  la  Providence  le  donna  à  sa  patrie  pour  en  être  l'a- 
pôtre. Son  éducation,  partagée  entre  l'étude  de  la  religion  et  celle 
des  sciences ,  eut  des  succès  très-rapides ,  et  annonça  en  lui  un 
modèle  de  vertu  et  de  savoir.  Il  passa  à  Cantorbéry  le  temps  né- 
cessaire pour  s'y  former  à  la  connaissance  de  la  discipline  et  des 
rites  de  l'Église  romaine,  qui  y  étaient  en  plein  exercice.  Il  fit, 
étant  encore  jeune ,  un  voyage  à  Rome ,  et  fut  connu  du  pape 
Martin  et  du  savant  Boniface ,  son  secrétaire.  De  retour  en  An- 
gleterre, il  gouverna  le  monastère  de  Rippon ,  et  y  fut  ordonné 
prêtre  deux  ans  après,  puis  sacré  évêque  de  Northumberland. 
Des  circonstances  critiques  l'ayant  empêché  d'aller  tout  de  suite 
occuper  ce  siège ,  il  se  retira  à  son  monastère  de  Rippon  jusqu'à 
l'année  669,  qu'il  fut  nommé  évêque  d'York. 

Sa  vertu  éminente  et  son  éloquence  persuasive  renouvelèrent 

27. 


318      12  octobre.  —  le  bienheur.  jacques  d'ulh. 

la  face  de  la  religion  dans  ce  diocèse.  11  ranima  aussi  la  ferveur 
dans  les  monastères.  Il  encourut  la  disgrâce  du  roi  Egfrid ,  par 
son  zèle  à  défendre  les  droits  de  la  religion.  Ce  fut  alors  qu'il 
s'embarqua  pour  retourner  à  Rome  ;  mais  des  vents  contraires 
Tayaut  jeté  sur  les  côtes  de  la  Frise,  il  s'y  arrêta  près  d'un  an, 
y  convertit  un  grand  nombre  d'idolâtres ,  fonda  plusieurs  églises, 
et  y  établit  des  pasteurs.  Il  arriva  enfin  à  Rome  en  679,  où  le  pape 
Agathon  lui  témoigna  la  plus  haute  estime.  Wilfrid ,  après  avoir 
assisté  au  concile  de  Latran,  qui  condamna  l'hérésie  des  Mono- 
théiites ,  crut  devoir  retourner  en  Angleterre  pour  y  reprendre 
ses  fonctions.  Mais  ses  ennemis  y  étaient  encore  si  puissants,  qu'ils 
lui  suscitèrent  une  nouvelle  persécution  soit  de  la  part  des  grands, 
soit  de  la  part  des  personnages  les  plus  distingués  du  clergé.  Il 
fut  souvent  victime  de  l'envie  de  ceux-ci  et  de  la  vengeance  des 
premiers. 

Le  pape  Jean  VI,  s'étant  déclaré  en  sa  faveur,  chargea  l'évéque 
de  Cantorbéry  de  convoquer  un  synode ,  afin  de  rendre  justice  à 
Wilfrid.  L'assemblée  fut  composée  d'évéques,  d'abbés  et  de  princes. 
Le  roi  même  s'y  rendit.  On  reconnut  tous  les  droits  de  notre  saint, 
et  ses  vertus,  qui  plus  d'une  fois,  avaient  été  illustrées  par  des 
miracles,  changèrent  pour  lui  en  témoignages  de  vénération  tous 
les  procédés  injustes  dont  il  avait  longtemps  éprouvé  les  excès. 
11  mourut  le  24  avril  709,  à  l'âge  de  soixante  et  quinze 


12  octobre.  — Le  bienheureux  JACQUES  D'ULM,raÈHB 

CONVERS  DE  LORDRE    DE  SàIiNT-DOMINIQUB,  CONFESSEOB. 

—  15e  siècle. 

Jacques,  né  à  Ulm  en  Allemagne,  d'une  honnête  famille,  et 
élevé  pieusement  et  saintement  par  son  père ,  trouvait  le  plus  grand 
plaisir  à  aller  entendre  les  prédications  et  à  assister  aux  divins 
offices.  Parvenu  à  l'adolescence ,  avec  l'approbation  paternelle  il 
se  rendit  à  Rome ,  pour  y  contempler  de  plus  près  les  lieux  qu'ont 
illustrés  les  combats  du  Prince  des  apôtres  et  ceux  de  tant  d'au- 
tres athlètes  du  Christ.  En  revenant  dans  sa  patrie,  dès  qu'il  ar- 
riva à  Bologne  il  advint,  par  une  volonté  de  la  Providence,  qu'il 
entra  de  préférence  et  principalement  pour  y  prier  dans  une  église 
de  Tordre  des  Frères  prêcheurs.  Là,  oubliant  peu  à  peu  son  père 
et  sa  patrie ,  il  résolut  de  prendre  l'habit  religieux  de  Saint-Do- 


3  octobre.  —  s.  Edouard  le  confesseur.       819 

mpuqoe.  Bîeo  qu'A  eût  acquis  quelque  connaissance  des  lettres  v 

Î voulut,  par  suite  de  son  extrême  humilité,  faire  partie  du  nombre 
Il  Irères  que  Ton  appelle  convers. 

^fatis  en  religion,  il  se  donna  sur-le-champ  tout  entier  au 
~^~t  de  Dieu ,  et  n'omit  rien  de  ce  qui  pouvait  appartenir  à  un 
véritables  adorateurs.  Il  avait  un  tel  sentiment  de  son  abais- 
quebien  qu'il  ne  le  cédât  à  personne  dans  la  perfection, 
t  de  prononcer  ses  vœux  solennels ,  s' étant  prosterné  aux 
MMJpt  de  chacun  des  religieux  f  il  les  supplia  de  ne  point  le  re- 
perde leur  communauté,  parce  que  tous  ses  crimes  et  ses  péchés 
Ijpïettt  pu  les  offenser.  U  observa  avec  une  telle  constance  et 
pç  Jiefle  fidélité  ce  qu'il  avait  promis  à  sa  profession,  qu'il  devint 
4Jbr  tous  un  modèle  admirable  d'obéissance,  de  pauvreté  et  de 
gjfjpnce.  Il  garda  perpétuellement  intacte  la  chasteté  au  moyen 
»  jeûnes,  des  veilles  et  de  la  prière.  C'était  en  répandant  d'a- 
mih*****  larmes  qu'il  se  livrait  à  la  contemplation  des  tourments 
lu  Sauveur  et  de  sa  mort  si  cruelle.  Continuellement  il  adres- 
rit  à  Dieu  de  ferventes  prières  pour  les  vivants  et  pour  les  morts, 
1 3  ne  trouvait  rien  de  plus  agréable  que  de  servir  les  malades 
tons  son  couvent. 

Pour  accomplir  exactement  les  règles  de  son  ordre ,  il  déclara 
ne  guerre  continuelle  à  l'oisiveté  ;  aussi  arriva-t-il  à  un  si  haut 
legré  de  sainteté,  qu'il  mérita  d'être  comblé  des  dons  célestes. 
tafin,  après  avoir  supporté  patiemment  des  douleurs  très-vio- 
entes,  et  étant  plus  qu'octogénaire,  il  eut  le  pressentiment  que 
b  terme  de  son  pèlerinage  vers  l'éternité  s'approchait.  Après  avoir 
«ça  très-pieusement  les  sacrements  de  l'Église ,  et  s'être  disposé 
ni-méme  les  pieds  et  les  mains  conformément  à  la  décence ,  il 
ixhala  son  âme  bienheureuse  en  l'année  1491 .  Il  se  fit  un  grand 
onoours  de  peuple  pour  vénérer  son  corps ,  qui  fut  enterré  à 
•art,  et  qu'on  dit  avoir  été  glorifié  par  de  nombreux  miracles. 
I  en  résulta  que  le  bienheureux  fut  honoré  d'un  culte  qui  n'a  ja- 
oois  cessé  jusqu'à  nos  jours ,  et  que  le  pape  Léon  XII  a  approuvé 
['après  l'avis  de  la  congrégation  des  Rites. 


13  octobre.  —  SAINT  EDOUARD  le  Confesseur, 
boi  d'Angleterre.  —  11e  siècle. 

Saint  Edouard ,  était  fils  d'Éthclred  II,  roi  d'Angleterre,  et 
l'Kmme,  fille  de  Richard  Ier,  duc  de  Normandie.  Le  règne  du 


320       13  octobre.  -—  s.  ËDOtunu  le  cosfessbuh. 

père  d'Edouard  fut  malheureux ,  parce  qu'il  fut  faible.  Les  Da*  t 

Dois,  Payant  détrôné,  firent  à  ses  sujets  tous  les  maux  que  la  t. 

haine  et  la  perfidie  peuvent  inspirer  à  des  ennemis  sans  foi  et  ,,' 

sans  humanité.  Ce  prince,  après  avoir  perdu  ses  Etats,  se  retira  „ 

avec  sa  famille  en  Normandie.  Suénon ,  roi  des  Danois,  qui  ft  {-' 

la  conquête  de  l' Angleterre,  mourut  la  même  année.  Canut,  ^ 

son  fils,  devint  roi  d'Angleterre,  et  y  régna  dix-neuf  ans.  G*  .; 

prince  étant  mort  en  1030,  ses  États  furent  partagés  entre  ses  '\ 
enfants;  Ilarold  eut  l'Angleterre,  où  il  régna  pendaut  trois  ans, 

et  mourut  en  1039.  Ce  fut  alors  qu'Edouard  quitta  sa  retraite  de  ï 
Normandie  pour  passer  en  Angleterre.  Les  Anglais,  las  devin* 

sous  la  domination  des  rois  étrangers,  résolurent  de  rétablir  ',' 

saint  Edouard,  leur  prince  légitime,  sur  le  trône  de  ses  pères.  ., 

11  fut  sacré  le  jour  de  Pâques  1012 ,  à  l'âge  d'environ  quarante  ' 

ans.  * 

Ses  vertus  lui  gagnèrent  bientôt  tous  les  cœurs  ;  et  malgré  k$  ' 

circonstances  critiques  dans  lesquelles  il  monta  sur  le  trône,  l 

son  règne  fut  un  des  plus  heureux  qu'on  eût  jamais  vus,  tanti  " 

cause  de  la  piété ,  de  la  justice  et  de  la  bienfaisance  du  Jeans  * 

prince ,  que  par  la  sagesse  des  lois,  le  zèle  de  la  religion  et  le  4 
maintien  des  bonnes  mœurs,  qu'il  eut  soin  de  faire  observer. 

Edouard  n'entreprit  qu'une  seule  guerre  ,  qui  eut  pour  objet  le  [ 

rétablissement  de  M  «il  col  m,  roi  d'Ecosse,  et  elle  fut  terminée  ! 
par  une  victoire  glorieuse.  Le  pieux  roi ,  dont  le  caractère  était 

composé  de  toutes  les  vertus  morales  et  chrétiennes ,  avait  une  ' 

charité ,  une  humilité  et  une  délicatesse  de  conscience  sur  tout  * 

ce  qui  concernait  la  plus  exacte  pureté ,  qui ,  sans  nuire  à  la  di-  ;* 
gui  té  du  sceptre ,  faisaient  l'admiration  générale. 

Edouard  se  vit  comme  forcé  par  le  vœu  général  de  la  nation  ï 

de  prendre  une  épouse.  Son  choix  se  fixa  sur  Edith ,  qui  Joh  ^ 

gnait  à  une  vertu  éminente  toutes  les  qualités  du  coeur  et  de  ><( 

l'esprit;  elle  était  fille  de  Godwin,  comte  de  Kent,  prince  k  * 

plus  riche  et  le  pi  ils  puissant  du  royaume.  Le  roi  déclara  à  M  ^ 

nouvelle  épouse  qu'il  avait  fait  vœu  de  chasteté  perpétuelle.  *.(! 

Edith  entra  dans  ses  vues,  et  ils  convinrent  qu'ils  vivraient  dans  >>» 
l'état  du  mariage  comme  frère  et  sœur.  Le  saint  roi  se  moutra 
plus  que  jamais  le  père  des  pauvres  ;  il  fonda  des  églises ,  det 
monastères  et  d'autres  établissements  utiles  à  son  peuple.  Les 
revenus  de  stw  domaines  étaient  si  sagement  administrés ,  qu'ils 
suffisnient  pour  tout  ce  qu'il  entreprenait  Ses  sujets  n'eurent 


IS  octobre.  —  s.  éuouabd  le  confesse».       321 

Jms  lieu  de  se  plaindre  des  impôts  pour  les  besoins  de  l'état. 
Le  code  des  lois  de  ce  prince,  respecté  et  usité  encore  en  par- 
la Grande-Bretagm  ,  lui  mérita  le  nom  du  plus  sage 
de  son  temps.  11  ce      Ita  le  pape  Léon  IX,  sur  la  pro- 
gull  avait  faite,  pendant  s      «il  en  Normandie ,  de  visi- 
tombeaux  des  saints  A]       sa  Rome,  si  le  Seigneur  per- 
qu*il  rentrât  dans  les  dn      de  son  père  sur  l'Angleterre. 
souverain  pontife,  perse    e  que  le  roi  ne  pouvait  quitter 
Etats  sans  exposer  son  peuple  à  de  grands  dangers,  le  dis- 
de  l'accomplissement  de  son  vœu,  à  condition  qu'il  dis- 
aux  pauvres  l'argent  qu'il  aurait  dépensé  en  venant  à 
9  et  qu'il  bâtirait  ou  doterait  un  monastère  en  l'honneur 
Pierre.  Edouard ,  après  avoir  réparé  et  fait  des  donations 
es  au  monastère  qui  était  hors  des  murs  et  au  cou- 
de la  ville  de.  Londres ,  voulut  encore  qu'il  fût  honoré  de 
On  lui  donna  le  nom  de  Westminster;  il  est  devenu 
célèbre  par  le  sacre  des  rois  et  par  la  sépulture  des  grands 
royaume. 
"THi  faisant  la  fondation  dont  nous  venons  de  parler,  Edouard 
fjpfriiîr  ériger  un  monument  qui  attesterait  aux  siècles  futurs 
\m  tèle  pour  la  gloire  de  Dieu,  et  sa  dévotion  pour  le  Prince 
iiapdtres.  S'étant  trouvé  mal  avant  la  cérémonie  delà  dédi- 
'  ftee  de  1  église  de  Westminster,  il  y  assista  cependant  jusqu'à  la 
h;  mais  il  fut  obligé  de  se  mettre  au  lit.  Il  ne  pensa  plus  qu'à 
•  préparer  à  la  mort ,  par  des  actes  fervents  de  piété  et  par  la 
faction  des  sacrements.  Voyant  la  reine  fondre  en  larmes, 
8 lui  dît  :  «  Ne  pleurez  plus;  je  ne  mourrai  point,  mais  je  vi- 
«  vrai.  Pespère ,  en  quittant  cette  terre  des  morts ,  entrer  dans 
«  la  terre  des  vivants ,  pour  y  jouir  du  bonheur  des  saints.  » 
Il  expira  le  5  janvier  1066,  dans  la  soixante-quatrième  année 
jfeson  âge.  Dieu  le  glorifia  par  plusieurs  miracles.  Il  fut  cano- 
nisé en  1161,  par  Alexandre  III.  Saint  Thomas,  archevêque  de 
lantorbéry,  fit  la  translation  de  ses  reliques  le  13  octobre,  jour 
«iquel  on  a  depuis  célébré  sa  principale  fête. 


322       M  octobre.  —  s.  callistb,  pape  et  mahtyh. 


14  octobre.  —  SAINT  CALLISTE,  pape  et  mabtyr. 

—  3e  siècle. 

Calliste  ou  Calixte,  Romain  de  naissance,  gouverna  l'Eglise 
sous  l'empire  d'Antonin-IIéliogabale.  Il  établit  qu'aux  Quatre^ 
Temps  le  jeûne,  qui  était  de  tradition  apostolique,  serait  ol 
par  tous  les  chrétiens.  Il  bâtit  la  basilique  de  Sainte-Marie 
delà  du  Tibre ,  et  agrandit  sur  la  voie  Appicnne  l'ancien  cil 
dans  lequel  une  multitude  de  saints  prêtres  et  de  martyrs 
reçu  la  sépulture  :  c'est  à  cause  de  cela  qu'on  Ta  appelé  GtOÊJA 
ticre  de  Callistc.  Par  un  effet  de  la  piété  du  même  pootifitJ 
il  prit  soin  de  rechercher  attentivement  dans  le  *  Tibre  «  où  V 
avait  été  jeté ,  le  corps  du  bienheureux  prêtre  et  martyr  Calj^ 
podius,  et  de  l'ensevelir  avec  honneur  lorsqu'il  l'eut  retroutf.' 
lorsqu'il  eut  purifié  par  le  baptême  Palmatius,  revêtu  de  la  <&V 
gnité  consulaire,  Simplicius,  qui  avait  celle  de  sénateur,  etFflt* 
et  Blanda,  néophytes,  qui  tous  plus  tard  souffrirent  le  mar- 
tyre, il  fut  mis  en  prison.  Là,  il  gagna  à  Jésus-Christ  le  sol» 
(fat  Privatus,  après  l'avoir  merveilleusement  guéri  des  ukètSf 
dont  il  avait  le  corps  rempli.  Ce  dernier,  peu  de  temps  apiii 
avoir  embrassé  la  foi ,  succomba  pour  elle  sous  les  coups  4$ 
fouets  plombés  dont  on  le  frappa  jusqu'à  ce  qu'il  en  mourût,  GftV 
liste  occupa  Ici  saint-siége  cinq  ans  un  mois  et  douze  Joma. 
Après  qu'on  lui  eut  fait  endurer  pendant  longtemps  la  ftfan, 
et  qu'on  l'eut  fréquemment  battu ,  on  le  précipita  dans  un  poils.  , 
C'est  ainsi  qu'il  reçut  la  couronne  du  martyre  en  Tan  2*2,  soûl , 
l'empereur  Alexandre  Sévère.  Son  corps,  qui  fut  alors  porté  II  t 
14  octobre  au  cimetière  de  Calépodius,  a  trois  milles  de  Rome,  , 
sur  la  voie  Aurélia ,  fut  par  la  suite  transféré  dans  la  Basfliqi  ^ 
Sainte- Marie  au  delà  du  Tibre ,  que  le  saint  pape  avait  Mt  bfttir,  ^ 
et  placé  sous  l'autel  principal  ;  il  y  est  l'objet  de  la  plus  grandi  ^ 
vénération. 


•i 

i 


14  octobre.  —  sainte  angadrème,  vierge.       323 


ctobre.  —  SAINTE  ANGADRÈME,  vierge,  patronne 
de  Beauvais.  —  7e  siècle. 

gadrème  était  fille  de  Robert,  garde  du  sceau  de  Clotaire  III, 

«tinte  Batbilde.  Elle  eut  le  bonheur  de  connaître  et  d'ai- 
Jétua-Ghrist  :  des  son  bas-âge,  et  de  concevoir  une  grande 
fion  pour  toutes  les  vanités  du  siècle  :  ce  qui  lui  inspira  de 
mer  à  Dieu  sa  virginité.  Robert  son  père,  qui  ne  savait 
les  dispositions  de  sa  fille,  ne  fît  point  de  difficulté  de  la 
«tiré  à  un  puissant  seigneur  du  Vexin ,  nonimé  Siwin ,  qui 
demandait  pour  son  fils  Ansbcrt.  Ce  jeune  homme,  qui  dès 
■lance  avait  été  conduit  par  le  même  esprit  qu' Angadrème , 
it  pas  moins  d'éloignement  qu'elle  pour  le  mariage.  L'un  et 
e néanmoins,  accoutumés  au  respect  et  à  l'obéissance  qu'ils 
eot  à  l'autorité  paternelle ,  n'osèrent  d'abord  résister  à  la 
Eté  de  leurs  parents.  On  prit  un  jour  pour  les  accorder  et 

foire  Fentrevue.  La  première  fois  qu'ils  se  virent,  ils  se 
auniquèrent  leurs  pensées  et  leurs  résolutions ,  et  convinrent 
mander  à  Dieu  que,  si  sa  volonté  était  de  les  unir  par  le  ma- 
,  il  lui  plût  de  préserver  leur  cœur  du  poison  de  la  volupté 

l'amour  des  créatures.  Angadrème,  étant  en  son  particu- 
offrit  à  Dieu  le  désir  qu  elle  avait  de  ne  vivre  que  pour  lui , 
conjura  de  vouloir  effacer  en  elle  ce  qui  pouvait  attirer  les 
des  hommes.  Dieu  eut  égard  à  l'ardeur  de  sa  prière  :  elle 
laquée  d'une  maladie  dangereuse ,  et  il  lui  resta  une  grande 
mité  après  sa  guérison. 

a  père,  qui  l'aimait  tendrement ,  eut  recours  à  l'art  des  mé- 
s;  mais  la  sainte  pria  pour  que  les  remèdes  fussent  inutiles, 
rte  que  les  médecins  déclarèrent  à  Robert  que  sa  fille  reste- 
léfigurée.  Le  père  voulut  la  consoler  sur  cette  prétendue  dis- 
,  et  la  sonder  sur  la  rupture  de  son  mariage.  Angadrème 
it  s'empêcher  d'avouer  à  son  père  qu'elle  regardait  comme 
aveur  du  Ciel  ce  qu'il  appelait  disgrâce  ;  qu'elle  avait  tou- 

souhaité  de  n'avoir  point  d'autre  époux  que  Jésus-Christ , 
elle  s'estimait  fort  heureuse  de  ce  que  Dieu ,  sans  la  mettre 
nger  de  désobéir,  avait  empêché  son  mariage.  Robert,  vou- 
econder  ces  saintes  résolutions,  la  mena  lui-même  à  Rouen, 
e  reçut  le  voile  des  mains  de  saint  Ouen.  On  lui  bâtit  un 


324    14  octobre.  —  saint  dom  inique  l'encuibassé. 

monastère  près  d'un  lieu  consacré  à  la  retraite  de  quelques  servi  < 
leurs  de  Dieu,  que  l'on  nomme  l'Oratoire ,  h  cause  d'une  du  i 
pelle  où  ils  s'assemblaient  pour  prier.  Angadrème  se  vît  bieutty 
la  tète  d'une  communauté  de  vierges  et  de  veuves  réunies  pool  ; 
suivre  Jésus-Christ.  Après  les  avoir  édifiées  par  une  vie 
plaire  pendant  près  de  trente  ans,  elle  mourut  le  16  octobre 
Tan  098.  Son  corps  fut  transporté,  au  neuvième  siècle,  à 
vais,  pour  le  mettre  à  couvert  des  insultes  des  Normands.  Cette; 
ville  s'est  mise  sous  le  patronage  de  sainte  Angadrème. 


14  octobre.  —  SAINT  DOMINIQUE  l'encuir  assb  ,  soli- 
taire. —  11e  siècle. 

Dominique  vivait  dans  le  onzième  siècle ,  où  la  simonie  était 
fort  commune.  Ayant  passé  par  tous  les  degrés  de  la  déricatun, 
il  fut  élevé  à  la  prêtrise  ;  en  cette  occasion  ses  parents  firent  des 
présents  à  l'évoque  pour  qu'il  conférât  cet  ordre  à  leur  fils.  Do- 
minique était  de  bonnes  mœurs  et  avait  le  cœur  droit,  mais  ses 
lumières  étaient  peu  étendues.  Il  reconnut  néanmoins  dans  la 
suite  la  faute  que  ses  parents  avaient  faite  ;  il  en  fut  si  touché» 
qu'il  résolut  de  renoncer  pour  toujours  aux  fonctions  d'un  ordre* 
qu'il  croyait  avoir  acquis  par  une  voie  illégitime.  Voulant  encore 
porter  plus  loin  la  satisfaction  qu'il  croyait  devoir  à  la  justice ,  il 
résolut  de  renoncer  au  monde  et  de  se  consacrer  entièrement  ans 
exercices  de  la  pénitence.  Après  avoir  embrassé  la  profession  re- 
ligieuse, il  se  retira  dans  un  ermitage  de  l'Apennin,  sous  la  dis- 
cipline d'un  saint  homme  nommé  Jean,  supérieur  de  dix-huit 
cellules.  La  vie  que  l'on  menait  dans  cet  ermitage  était  des  plu  ' 
austères  :  on  n'y  buvait  point  de  vin,  et  l'on  n'y  mangâaft  pi  * 
viande,  ni  graisse,  ni  beurre,  ni  laitage;  on  jeûnait  au  pain  et  ' 
à  l'eau  toute  la  semaine,  hors  le  dimanche  et  le  jeudi;  on  y  par- .' 
tageait  tout  son  temps  entre  la  prière  et  le  travail  des  mains ,  cC  ' 
on  n'en  laissait  qu'une  très-petite  portion  pour  prendre  le  repoi  * 


gardait  un  silence  exact  pendant  toute  la  semaine,  et  l'on 
parlait  que  le  dimanche  au  soir  après  le  repas ,  c'est-à-dire  entre  x 
vêpres  et  complies.  On  n'y  portait  point  de  chaussure,  et  l'on  s'y  * 
macérait  le  corps  par  différentes  austérités.  ' 


16  octobre.  —  sainïk  Thérèse,  vierge.  325 

Dominique,  ayant  passé  plusieurs  années  de  la  sorte  sous  la 
conduite  de  son  supérieur  Jean,  se  mit  ensuite  avec  sa  permission 
celle  du  B.  Pierre  Damien,  qui  fut  depuis  cardinal  et  évéque 
et  qui  était  alors  dans  son  ermitage  de  Fontevelle,  au  pied 
.  -de  l'Apennin.  Quand  ils  commencèrent  à  vivre  ensemble,  il  y  avait 
V  déjà  longtemps  que  Dominique  portait  sur  sa  chair  une  cuirasse, 
p  de  fer  qui  lui  avait  fait  donner  le  surnom  à"  Encuirassé  ;  il  ne  la 
j»  fuittait  que  pour  se  déchirer  le  corps  par  les  macérations  les  plus 
extraordinaires. 

Ses  austérités  ne  l'empêchèrent  pas  d'arriver  à  une  grande  vieil- 
lesse. Pierre  Damien  l'avait  obligé  pendant  quelque  temps  à  boire 
on  peu  de  vin,  à  cause  d'une  grande  faiblesse  d'estomac  dont  il 
était  incommodé  ;  mais  sur  la  fin  de  sa  vie  il  s'en  priva  entière- 
ment. Lorsque  Dieu  voulut  mettre  fin  à  sa  pénitence,  ses  douleurs 
d'estomac  augmentèrent  de  telle  sorte  qu'on  le  détermina  à  cher- 
cher quelque  soulagement  dans  la  médecine.  l>s  remèdes  ne  ser- 
virent qu'à  augmenter  le  mal.  La  veille  de  sa  mort,  il  récita  Mati- 
nes et  Laudes  avec  ses  frères ,  et ,  pendant  qu'ils  disaient  Primes 
auprès  de  son  lit,  il  alla  recevoir  la  récompense  après  laquelle  il 
soupirait  depuis  si  longtemps.  Ce  fut  le  samedi  14  octobre  ,  l'an 
de  Jésus-Christ  1062. 


15  octobre.  —  SAINTE  THÉRÈSE,  vierge,  fondatrice 
des  Carmélites  déchaussées.  —  1GP  siècle. 

Tlusrèse  naquit  à  Avila ,  ville  du  royaume  de  Castille ,  en  Es- 
pagne ,  au  mois  de  mars  1515.  Elle  était  la  seconde  des  trois  filles 
d'Alphonse  San  chez  de  Cépède  et  de  Béatrix  d'Abumade,  tous 
deux  de  familles  nobles  et  anciennes,  mais  plus  recommanda- 
blés  encore  par  leurs  vertus.  Alphonse  faisait  tous  les  jours  la  lec- 
ture de  la  Vie  des  Saints  dans  sa  famille.  J^a  petite  Thérèse  y 
prit  un  goilt  particulier,  et  souvent  elle  prenait  le  livre  pour  con- 
tinuer cette  lecture  pendant  plusieurs  heures  de  suite,  avec  un 
frère  qu'elle  aimait  beaucoup.  L'histoire  des  Martyrs  leur  plaisait 
encore  plus  que  les  autres  récits.  En  les  lisant  ils  se  disaient  sou- 
vent l'un  à  l'autre  qu'ils  voudraient  bien  aussi  mourir  pour  Jésus- 
Christ.  A  force  de  se  le  dire ,  ils  crurent  qu'ils  pouvaient  exécuter 
ce  dessein ,  et  ils  étaient  déjà  sortis  pour  passer  chez  les  Maures 

quand  un  de  leurs  parents,  qui  les  rencontra,  les  ramena  à  la 
yiks  des  saints.  —  t.  ii.  28 


320         \:>  octobre.  —  sai.vtk  tiikrkkk,  vieuge 

inoison  paternelle.  Ce  qui  les  frappait  davantage  ot  les  portait  à 
prendre  une  telle  résolution ,  c'était  la  crainte  (le  périr  pour  une 
éternité  en  vivant  plus  longtemps  sur  la  terre.  Quoi!  être  toujours 
séparés  de  Dieu  !  Quoi  !  toujours  brûler  dans  les  enfers ,  disait 
Thérèse  à  son  frère!  Qui  peut  soutenir  une  telle  pensée?  Voyant 
qu'ils  ne  pouvaient  être  martyrs ,  ils  résolurent  de  vivre  eu  er- 
mites; ils  élevèrent  dans  cette  intention,  comme  ils  le  purent, 
de  petites  cellules  avec  des  branches  d'arbres ,  dans  le  jardin  de 
leur  père ,  et  ils  s'y  retiraient  souvent  pour  prier.  Ce  n'étaient  là 
que  des  actions  d'enfauts,  mais  elles  marquaient  la  disposition 
de  leur  cœur. 

Thérèse  surtout  faisait  paraître  un  ardent  amour  pour  tout  ee 
qui  tenait  à  la  vertu  ;  mais  la  mort  de  sa  mère,  qu'elle  perdit  à 
l'âge  de  douze  ans,  arrêta  ces  beaux  commencements,  et  sus* 
pendit ,  pour  ainsi  dire ,  le  cours  rapide  de  sa  piété.  Etant  moins 
surveillée ,  elle  fut  moins  attentive  à  ne  lire  que  ce  qui  pouvait 
l'édifier,  et  ayant  trouvé  des  romans  dans  sa  propre  maison,  elle 
les  lut,  et  y  apprit  tout  ce  qu'on  a  coutume  d'y  apprendre,  l'a- 
mour delà  vanité,  la  passion  de  briller  et  le  désir  d'être  aimée. 
Une  liaison  qu'elle  lit  d  iu\  ans  après  avec  une  de  ses  parentes 
d'un  esprit  volage  et  mondain  lit  croître  les  semences  de  mort 
que  la  lecture  des  romans  avait  jetées  dans  son  cœur.  Thérèse, 
auparavant  simple  dans  ses  manières,  si  pure  dans  ses  mœurs, 
devint,  comme  les  autres  filles  de  son  âge,  dissipée,  n'aimant 
plus  (pie  soi  et  le  plaisir  ;  l'esprit  de  ferveur  et  de  dévotion  fut 
bientôt  éteint;  ce  dérangement  serait  allé  plus  loin  si  son  père, 
qui  s'en  aperçut,  ne  l'eut  mise  en  prison  dans  un  couvent  des 
Augustines.  Elle  y  resta  un  an  et  demi ,  et  y  profita  beaucoup  par 
les  bons  exemples  qu'elle  y  reçut  et  par  les  solides  instructions 
de  la  maîtresse  des  pensionnaires,  qui  avait  toutes  les  vertus  de 
son  état.  Thérèse,  réfléchissant  sérieusement  sur  les  dangers 
qu'elle  avait  courus,  rendit  grAces  à  Dieu ,  qui  l'avait  arrachée  au 
précipice  où  sa  jeunesse  et  son  imprudence  l'eussent  jetée  sans 
lui,  et,  pour  éviter  d'y  tomber  à  l'avenir,  elle  résolut  de  s'engager 
dans  la  vie  religieuse. 

Klle  se  retira  dans  le  monastère  de  l'Incarnation,  de  Tordre  du 
MontrCarmel,  à  Avila,  et  y  prit  l'habit  le  2  novembre  1*59,  à  YAgs 
de  vingt  et  un  ans.  «  Dans  le  moment  que  je  pris  cet  engagement, 
dit-elle,  j'éprouvai  de  quelle  sorti!  Dieu  favorise  ceux  qui  se  font 
violence  pour  le  servir,  (le  souvenir  fait  encore  sur  mon  esprit  une 


15  octobre.  —  sainte  thébèse,  vierge.  327 

impression  si  forte  qu'il  n'y  a  rien,  quelque  difficile  qu'il  fût,  que 
Je  craignisse  d'entreprendre  pour  le  service  de  Dieu  :  c'est  pour- 
quoi, si  j'étais  capable  de  donner  un  conseil,  je  ne  serais  jamais 
caris,  lorsque  Dieu  nous  inspire  de  faire  une  bonne  œuvre  et 
qu'il  nous  excite  plusieurs  fois,  de  manquer  à  l'entreprendre  par 
h  crainte  de  ne  pouvoir  l'exécuter;  car,  si  c'est  son  amour  qui 
y  porte ,  et  si  c'est  pour  lui  qu'on  l'entreprend ,  elle  réus- 
certainement ,  rien  n'étant  impossible  à  l'amour  de  Dieu.  » 

Plus  elle  avançait  dans  la  piété,  plus  elle  apercevait  en  elle 
d'imperfections  et  de  taches  -,  ee  qui  servait  beaucoup  à  l'humilier, 
et  par  conséquent  à  rendre  ses  prières  encore  plus  ferventes.  Elle 
ne  s'en  tint  pas  à  une  vue  stérile  de  ses  défauts,  elle  les  combattit 
tous,  résolue  de  les  détruire,  afin  d'être  agréable  aux  yeux  de 
Dieu,  qui  ne  souffre  rien  d'impur  ni  de  souillé.  Les  progrès  qu'elle 
fit  dans  la  vertu  surprirent  ses  sœurs,  qui  n  avaient  ni  le  cou- 
rage ni  peut-être  la  volonté  de  l'imiter.  Le  couvent  où  elle  vivait 
était  un  de  ces  monastères  mitigés  où  l'on  trouve  souvent  plus  de 
commodités  du  siècle  que  dans  le  siècle  même.  Thérèse  désirait 
ardemment  que  ses  soeurs  embrassassent  une  réforme  qui  les  ap- 
prochât davantage  de  la  perfection  évangélique  et  de  l'esprit  de 
leur  institut.  Plus  elle  y  réfléchissait ,  plus  elle  déplorait  le  mal- 
heur des  monastères  qui  ne  sont  pas  réformés. 

Comme  elle  s'occupait  de  ces  pensées,  Dieu  permit  qu'une 
personne  lui  parlât  du  dessein  qu'elle  avait  de  fonder  un  monas- 
tère, si  quelques  religieuses  voulaient  entreprendre  d'y  observer 
la  règle  de  l'ordre  du  Mont-Carmel  dans  toute  sa  pureté.  Thérèse 
goûta  ce  projet  et  promit  de  seconder  cette  sainte  entreprise  de 
tout  son  pouvoir.  On  ne  peut  dire  à  quelles  persécutions  elle  se 
vit  exposée  dès  que  son  intention  fut  connue.  On  la  traita  de 
visionnaire,  d'extravagante;  son  ordre  même  fit  tout  ce  qu'il 
put  pour  la  traverser;  mais  Thérèse,  pleine  de  confiance  en  Dieu, 
semblait  s'encourager  par  les  efforts  mêmes  qu'on  faisait  pour 
l'empêcher  d'exécuter  ses  résolutions.  Enfin,  victorieuse  de  tous 
les  combats  qui  lui  furent  livrés,  elle  eut  la  consolation  de  voir 
le  premier  monastère  de  la  réforme  fondé  dans  Avila,  sous  le  nom 
de  Saint- Joseph,  en  l'an  lâ(>2.  le  nouvel  institut  s'accrut  si  rapi- 
dement que  sur  la  fin  de  la  r;' formatrice  on  comptait  seize  cou- 
vents de  Carmélites.  Elle  eut  la  consolation  de  voir  ses  nombreux 
établissements  approuvé:»  par  l'Église,  et  ses  efforts  couronnés 
par  la  vénération  et  lr»  confiance  des  fidèles. 


328  1C  octobre.  —  s.  g  al,  abbé. 

Thérèse  mit  pour  fondement  de  sa  règle  l'exercice  de  \\ 
et  la  mortification  des  sens;  elle  établit  la  clôture  la  plus  exacte, 
ferma  les  parloirs,  défendît  les  entretiens  du  dehors,  rendit  les 
conversations  du  dedans  courtes  et  fort  rares.  Comme  elle  s'était 
aperçue  que  le  défaut  de  bons  confesseurs  était  ce  qui  lui  avait 
fait  à  elle-même  beaucoup  de  tort ,  elle  eut  soin  d'en  procurer 
d'un  grand  mérite  à  chacune  de  ses  maisons.  Son  zèle  ne  se  borna 
pas  à  la  réforme  dits  religieuses  de  son  ordre,  elle  voulait  la  faire 
passer  jusqu'aux  religieux.  Thérèse  sentit  les  difficultés  de  ce  nou- 
veau projet  ;  mais  elle  eut  recours  à  Dieu,  son  refuge  ordinaire.  Le 
premier  qui  prit  l'habit  et  la  règle  de  la  réforme  parmi  les  hom- 
mes fut  le  P.  Jean,  qui  prit  le  surnom  de  la  Croix  ;  son  exemple 
fut  bientôt  suivi  par  beaucoup  d'autres.  C'est  cette  réforme  que 
suivent  les  Carmes  qu'on  appelle  Déchaussé*.  Quatorze 
nastères  avaient  été  fondés  lorsque  Dieu  appela  Thérèse  à  loi. 

Quoique  son  corps,  naturellement  faible  et  délicat,  fût 
plus  épuisé  par  les  maladies  fréquentes,  elle  entreprenait  ce  qu'A  y 
avait  de  plus  difficile  avec  une  ardeur  surprenante,  et  l'exécutait 
avec  un  courage  qui  semblait  au-dessus  de  ses  forées.  Rien  ne  pa- 
raissait lui  coûter;  aussi  avait-elle  coutume  de  dire  :  Seigneur,  ou 
souffrir  ou  mourir.  Elle  mourut  le  4  octobre  1582,  âgée  de  plus 
de  soixante  ans. 


1G  octobre.  —  SAINT  GAI,,  abbé  en  Suisse.  —  7e  siècle. 

Saint  Gai  naquit  en  Irlande,  vers  le  milieu  du  sixième  siècle 
11  sortait  d'une  famille  noble  et  vertueuse,  qui  le  consacra  h  Dieu 
dès  sa  naissance,  et  le  mit  dans  le  monastère  de  Bencor,  qui  était 
alors  gouverné  par  les  saints  abbés  Longal  et  Colomban.  Ce  mo- 
nastère était  très-renommé  pour  son  école  :  saint  Gai  sV  rendit 
habile  dans  la  grammaire,  la  poésie  et  surtout  la  connaissance  de 
l'Écriture  Sainte.  Lorsque  saint  Colomban  quitta  l'Irlande,  il  fut 
un  des  douze  qui  le  suivirent  en  Angleterre,  et  qui  passèrent  en 
France  avec  lui,  vers  l'an  585.  Ils  furent  reçus  avec  bonté  par  le 
pieux  Sigebert,  roi  d'Austrasie  et  de  Bourgogne.  Les  libéralités 
de  ce  prince  mirent  saint  Colomban  en  état  de  fonder  le  monas- 
tère d'Anegray,  dans  une  forêt,  au  diocèse  de  Besancon,  et  celui 
de  Tiiixeiiil,  deux  ans  après. 

Jjc  saint  abbé  ayaut  été  chassé  de  ce  dernier  monastère  par  le 
roi  Thierry,  qu'il  avait  repris  de  ses  désordres,  il  se  retira  avec 


17  octobre.  —  sainte  hedwige  ou  a  voie,  veuve.      329 

saint  Gai  dans  les  États  de  Théodebert ,  alors  roi  d'Austrasie.  Lé 
pieux  Vfllemar  leur  procura  une  retraite  près  du  lac  de  Constance. 
Les  saints  se  construisirent  des  cellules,  et  convertirent  les  païens, 
qm  furent  si  pénétrés  de  leurs  discours  qu'ils  brisèrent  leurs 
ilotes,  et  les  jetèrent  à  l'eau.  Théodebert  ayant  été  tué  par  Thierry 
-tes  un  combat,  saint  Golomban  se  retira  en  Italie.  Saint  Gai 
roulait  l'y  suivre;  mais  une  maladie  grave  l'en  ayant  empêché, 
1  remonta  le  lac,  bâtit  quelques  cellules,  qui  donnèrent  naissance 
an  monastère  connu  depuis  sous  le  nom  du  saint.  Ayant  appris 
la  langue  du  pays,  il  travailla  à  la  conversion  des  idolâtres,  qui 
étaient  en  grand  nombre,  et  il  les  convertit  presque  tous  par  ses 
discours,  ses  miracles  et  ses  exemples. 

Son  humilité  l'empêcha  d'accepter  le  siège  épiscopal  de  Cons- 
tance ;  et  pour  se  délivrer  des  instances  du  peuple  et  du  clergé, 
I  leur  proposa  le  diacre  Jean,  son  disciple,  qui  fut  élu  d'une  voix 
unanime.  Saint  Gai  ne  quittait  sa  cellule  que  pour  aller  annoncer 
les  vérités  de  la  foi  ;  il  s'attachait  surtout  à  l'instruction  des  hom- 
mes les  plus  ignorants  et  les  plus  abandonnés.  Il  retournait  en- 
suite à  son  ermitage,  où  il  passait  les  jours  et  les  nuits  dans  la 
prière  et  la  contemplation.  En  G25,  les  moines  de  Luxeuil  le  choi- 
sirent pour  succéder  à  saint  Eustase ,  leur  abbé  ;  mais  il  refusa 
cette  dignité.  Il  était  alarmé  à  la  vue  des  dangers  que  court  le  su- 
périeur d'une  communauté  nombreuse.  II  mourut  Fan  646 ,  le  16 
octobre,  jour  auquel  il  est  honoré  dans  l'Eglise.  L'abbaye  de 
Saint-Gai  est  célèbre  par  les  grands  hommes  qu'elle  a  produits. 


17  octobre.  —  SAINTE  HEDWIGE  ou  AVOIE,  veuve.  — 

13e  siècle. 

Hedwige,  également  connue  sous  le  nom  d'Avoie,  fut  élevée 
dans  le  monastère  de  Lutzin,  et  formée  dès  son  enfance  à  l'étude 
des  lettres  saintes  et  à  la  piété.  Elle  porta  cette  vertu  dans  le  ma- 
riage, où  elle  fut  engagée  dès  l'âge  de  douze  ans,  avec  Henri,  duc 
de  Silésie  et  de  Pologne  :  elle  fut  véritablement  cette  femme 
forte  que  l'Ecriture  regarde  comme  un  trésor  d'un  si  grand  prix, 
mais  qu'il  faut  souvent  chercher  jusqu'aux  extrémités  du  monde. 
Après  que  Dieu  eut  béni  son  mariage  par  la  naissance  de  trois 
fils  et  de  trois  filles,  elle  garda,  du  consentement  de  son  mari , 
une  exacte  continence. 

28. 


330   17  octobre.—  la  v.  mabgukritemibie  alacoque. 

*  L'amour  qu'elle  avait  pour  la  chasteté  rengagea  a  foire  bâtie 
un  monastère  à  Trelmitz,  où  elle  établit  des  religieuses  de  Tordre 
de  Citcaux,  dans  lequel  elle  fit  élever  un  grand  nombre  de  Alla. 
KUc  s'y  retira  plus  tard  elle-même  avec  la  permission  de  son 
mari,  mais  sans  s'y  engager  par  des  vœux.  La  mort  de  Jésus- 
Clirist  était  gravée  si  profondément  dans  son  coeur  qu'elle  tâchait 
d'en  porter  toujours  les  marques  sur  son  corps  en  le  mortifiant 
continuellement.  Kilo  no  mangea  plus  de  viande  pendant  qua- 
rante ans,  et  à  cette  rigoureuse  abstinence  elle  joignit  des  jeûnes 
très-austères. 

Jamais  elle  n'avait  aimé  la  parure.  Lorsqu'elle  eut  renoncé  au 
monde,  elle  ne  porta  plus  que  des  habillements  de  grosse  étoffé. 
Elle  avait  toujours  auprès  d'elle  un  certain  nombre  de  pauvres 
qu'elle  nourrissait  :  elle  les  servait  elle-même  à  table  et  souvent 
à  genoux,  avant  de  prendre  ses  repas.  Elle  employait  tous  ses 
revenus  à  soulager  les  indigents. 

Dans  ses  plus  grandes  afflictions  elle  ne  se  plaignait  jamais,  et 
quand  on  voulait  la  consoler  elle  disait  :  Voudraîs-je  résister  à  la 
volonté  do  Dieu  ?  N'est-on  pas  assez  consolé  de  savoir  que  le  Créa- 
teur fait  ce  qu'il  veut  de  sa  créature?  Tout  ce  qui  lui  plaît  doit 
nous  être  agréable. 

Son  humilité  fut  récompensée  du  don  des  miracles.  Elle  ren- 
dit la  vue  à  une  religieuse  aveugle,  en  formant  sur  elle  le  signe 
de  la  croix.  On  a  rapporté  dans  sa  vie  plusieurs  autres  guérisons 
miraculeuses  dont  elle  fut  l'instrument.  Ëllo  pénétrait  auflridans 
l'avenir,  et  prédit  même  sa  propre  mort.  Pour  achever  de  la  sanc-  " 
tifier,  le  Seigneur  lui  envoya  une  grande  maladie,  après  laquelle 
elle  alla  se  reposer  dans  son  sein,  l'an  de  Jésus-Christ  1343. 


17  octobre.  —  L\  VfcNftRABLE  MARGUERITE-MARIE 
ALACOQUE,  vierge.  —  17e  siècle. 

Cette  sainte  fille  vit  le  jour  le  22  juillet  1647,  à  Laiithecourt, 
paroisse  de  Véronde,  dans  le  diocèse  d'Autun.  Son  père,  Claude 
Alacoque,  juge  de  plusieurs  seigneuries,  était  un  homme  d'une 
probité  et  d'une  piété  reconnues  ;  sa  mère  s'appelait  Philiberte 
T/amyn.  On  lui  donna  au  bapténio  le  nom  do  Marguerite  :  elle  y 
ajouta  celui  de  Marie  lorsqu'elle,  entra  en  religion  A  peine  sa  rai- 
son commença- 1- elle  à  se  développer  qu'elle  conçut  la  plus  vive 


17  octobre.  —  la  y.  marguerite-marie  alacoque.  331 

du  péché  :  sa  crainte  d'offenser  Dieu  était  si  grande 
an3!  suffisait  de  lui  dire  qu'elle  commettait  une  faute  pour  ré- 
primer à  l'instant  les  petites  vivacités  de  son  âge.  On  remarquait 
■  ai  «le  l'amour  de  la  pureté,  le  goût  de  la  prière,  une  tendre 
«talion  envers  la  sainte  Vierge,  une  affection  particulière  pour 
dans  le  saint  sacrement  de  l'autel.  A  huit  ans  elle 
son  père  ;  à  cette  époque,  sa  mère  la  plaça  dans  le  couvent 
■  es  «lames  de  Sainte-Claire  de  Charolles,  en  qualité  de  pension- 
tare.  Édifiée  de  la  vertu  des  religieuses,  Marguerite  se  sentit 
•es  lors  pressée  de  les  imiter  et  d'entrer  en  religion.  Elle  y  fit 
rossée  suivante  sa  première  communion  avec  une  ferveur  qui 
fat  le  prélude  de  l'ardeur  qu'elle  éprouva  toute  sa  vie  pour  cette 
cflesse  BMMirriture. 

Dieu  la  visita  par  les  afflictions  ;  elle  eut  un  rhumatisme  et  une 
paralysie  qui  la  retinrent  pendant  quatre  ans  sur  un  lit  de  dou- 
leur. Sa  confiance  en  la  sainte  Vierge  lui  obtint  sa  guérison. 
Cette  épreuve  lui  fit  redoubler  de  zèle  pour  avancer  dans  la  voie 
spirituelle.  A  treize  ans  elle  donnait  chaque  jour  deux  heures  à 
ta  méditation,  jeûnait  trois  jours  de  la  semaine ,  portait  le  ci- 
liée et  couchait  sur  la  dure  :  bientôt  il  lui  vint  aux  jambes  des 
ulcères  douloureux ,  les  remèdes  furent  inutiles  ;  mais  Margue- 
rite,  ayant  joint  ses  prières  à  celles  de  sa  mère,  en  fut  heureuse- 
ment délivrée. 

Le  rétablissement  de  sa  santé  excita  dans  Marguerite  de  l'at- 
-traît  pour  le  plaisir.  Ses  confessions  devinrent  plus  rares  ;  l'affec- 
tion que  sa  famille  lui  portait  flatta  sa  vanité  -,  elle  voulut  même 
prendre  part  aux  divertisssements  du  carnaval,  mais  de  nouvelles 
afflictions  la  firent  rentrer  en  elle-même. 

Sa  mère,  devenue  âgée  et  incapable  d'agir,  fut  obligée  de 
remettre  les  soins  de  sa  maison  entre  les  mains  de  servantes  qui 
se  rendirent  maîtresses  :  elles  refusaient  à  Marguerite  les  choses 
les  plus  nécessaires ,  au  point  qu'il  lui  fallut  plus  d'une  fois  em- 
prunter des  vêtements  propres  pour  aller  à  l'église.  Ce  refus  était 
d'ordinaire  accompagné  de  manières  grossières  et  de  paroles 
rudes.  Ce  fut  en  pleurant  au  pied  d'un  crucifix  que  cette  ver- 
tueuse fille  trouva  la  consolation  à  ses  maux.  Le  Seigneur  lui 
donna  une  patience  si  grande  qu'elle  en  vint  jusqu'à  concevoir 
une  affection  chrétienne  pour  ceux  qui  la  tourmentaient.  Il  ac- 
corda à  la  ferveur  de  sa  prière  la  guérison  de  sa  mère ,  atteinte 
d'une  infirmité  qui  faisait  craindre  pour  ses  jours. 


332  17  octobre.— ljl  v.  nahguebite-mabie  alacoqur.  ., 

I>a  tendresse  de  Marguerite  pour  sa  mère  et  ses  soins  assidus  „ 
étaient  connus  de  tout  le  monde  :  plusieurs  partis  avantageux  10 
présentèrent  et  la  recherchèrent  en  mariage  ;  elle  semblait  dispo- 
sée à  agréer  cette  proposition,  dans  le  dessein  d'être  plus  utile  à  SB 
mère  ;  mais  un  vœu  de  chasteté  qu'elle  avait  fait  dans  son  enfants' 
et  la  persuasion  intime  qu'elle  était  appelée  à  la  vie  religieuse 
l'empêchèrent  d *y  consentir.  Après  une  longue  agitation,  la  grisa 
triompha  des  sentiments  naturels  et  du  penchant  pour  les  créa- 
tures, et  elle  résolut  de  se  consacrer  à  Dieu. 

Elle  obtint  avec  peine  le  consentement  de  sa  famille,  et  lit 
choix  d'une  maison  religieuse  où  elle  n'avait  point  de  connais- 
sance. Elle  se  sentit  attirée  vers  l'institut  de  la  Visitation  de 
Sainte-Marie,  quoiqu'elle  ne  le  connût  pas,  parce  qu'il  portait  la 
nom  de  la  sainte  Vierge.  Elle  se  présenta  au  monastère  de  Parsy- 
le-Monial ,  et ,  comme  elle  entrait  au  parloir,  une  voix  ultérieure 
lui  dit  :  C'est  là  que  je  te  veux.  L'accueil  favorable  de  la  supérieure, 
qui  consentit  à  la  recevoir,  mit  le  comble  à  ses  désirs.  Elle  entra 
dans  cette  maison  à  l'âge  de  vingt-trois  ans,  le  25  mai  1671. 

ta  simplicité,  la  candeur,  la  docilité,  l'ardeur  pour  la  vertu, 
l'amour  de  la  mortification  signalèrent  le  noviciat  de  la  jeune  pos- 
tulante. Elle  prononça,  le  6  novembre  1672,  les  vœux  qui  l'atta- 
chaient irrévocablement  à  Dieu.  Elle  devint  le  modèle  de  la  com- 
munauté par  son  humilité,  son  obéissance,  son  amour  pour  b 
pauvreté  et  pour  Jésus-Christ,  par  son  goût  constant  pour  l'o- 
raison et  pour  les  austérités.  Ces  vertus,  qui  auraient  dû  frapper 
tous  les  yeux  et  édilicr  tout  le  monde ,  lui  attirèrent  mille  con- 
tradictions ;  le  démon  la  tourmentait,  les  supérieures  qui  se  sue-  B 
cédaient,  prévenues  contre  les  voies  extraordinaires  par  lesqueJki 
la  sœur  Marguerite  était  conduite ,  se  déliaient  d'elle  et  la  trai- 
taient rudement  Pour  l'éprouver,  on  la  chargeait  d'emploi!  " 
extérieurs  qui  l'exposaient  à  la  dissipation;  dans  plusieurs  rencon- 
tres on  exerça  sa  patience  ;  de  douloureuses  infirmités  lui  cau- 
saient des  maux  presque  continuels,  le  service  de  Dieu  n'était 
même  pas  toujours  également  accompagné  de  consolations;  mail 
cette  sainte  âme ,  insatiable  de  souffrances,  montrait  dans  ses  dé- 
férentes peines  un  courage  héroïque  et  une  soumission  parfaite 
à  la  volonté  du  Seigneur.  Elle  puisait  sa  force  dans  la  comma- 
nion  fréquente  et  dans  la  visite  au  saint  Sacrement.  Elle  passait 
dans  ce  pieux  exercice  tout  le  temps  qu'elle  pouvait ,  même  11 
nuit  tout  entière,  lorsque  l'obéissance  le  permettait.  C'était  atoll  r 


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itmUkfÊ. — LA  Y.  M AJtGUBBtTE-M ABIB  ÀLiCOQCS..  *3S 


le  Sauveur  se  communiquait  à  sa  fidèle  épouse.  Un 

■oins,  qu'elle  était  au  pied  de  l'autel  tout  absorbée 
jpti  considération  de  te  tendresse  immense  du  Fils  de  Dieu 
hommes,  Jésus  Christ  lui  apparut?  il  lui  âusait  com- 
r^pwl  était  son  amour  pour  nous;  il  lui  annonça  qull  IV 

pour  propager  le  culte  de  son  Cœur  adorable,  mais 
ftafj  réussirait  que  par  les  souffrances  et  les  humiliations 
à  supporter.  Dans  le  moment,  il  lui  fit  ressentir 
la  côté  droit  du  cœur  une  douleur  qu'elle  conserva  toute 
a*. 

|iK  supérieures  exigèrent  que  la  sœur  Marguerite-Marie  leur 
taphÉtiQuat  les  foreurs  extraordinaires  qu'elle  recevait ,  et  IV 
■sÉfc-saéme  à  les  écrire.  Son  obéissance  ne  fit  que  lui  procu- 
MM  contradictions,  et  pendant  quelque  temps  on  refusa  même 
quelque  soulagement  pour  le  mal  qu'elle  ressentait, 
plusieurs  années  pour  dissiper  les  préventions  des  filles 
R*VlatCation  contre  leur  sainte  sœur.  Elle  remplit  successive- 
at  la  charge  de  maîtresse  des  pensionnaires  et  celle  de  mat- 
ÉBècB  novices.  EBe  s'appliqua  à  inspirer  aux  jeunes  personnes 
sous  sa  direction  l'amour  de  Dieu  une  piété  tendre  et 

,  et  surtout  la  dévotion  au  sacré  Cœur  de  Jésus. 
t  cette  époque,  ce  Cœur  divin  ne  recevait  pas  d'honneurs  du- 
es dans  PÈglîse.  Les  compagnes  de  Marguerite-Marie  étaient 
s  4b  partager  ses  sentiments  sur  cette  dévotion  :  on  regarda 
■H  des  nouveautés  les  pratiques  qu'elle  inspirait  aux  novices  i 
joignit  les  plaintes  aux  murmures;  on  cria  même  au  scandale. 
tguultt  n'opposa  que  la  patience  à  cette  violente  tempête.  Le 
fpneur  hri  envoya  un  guide  éclairé  et  un  consolateur  dans  la 
Basane  du  P.  de  La  Colombière,  qui  vint  à  Paray,  en  1675, 
qpsaMté  de  supérieur  d'une  maison  de  Jésuites.  Il  vit  dans  la 
sr  Marie  une  âme  d'élite;  il  ne  craignit  pas  de  devenir  son  dis- 
le  dans  la  dévotion  au  sacré  Cœur,  dévotion  qu'il  commanda 
étendit  le  reste  de  ses  jours,. qu'il  finit  à  Paray  en  1682.  Il  avait 
rtribué  à  dissiper  les  préventions  que  Ton  avait  contre  Margue* 
>-Marte  ta  communauté  des  filles  de  la  Visitation  de  Scmur 
nit  à  elle  pour  honorer  le  sacré  Coeur  de  Jésus.  La  maison,  de 
ray  suivit  cet  exemple  le  vendredi  après  l'octave  de  la  Fête» 
m,  en  1686.  Toute  la  communauté  se  consacra  ce  jour-là  d'une 
mière  solennelle  à  ce  Cœur  adorable.  On  résolut  d'élever  une 
vpelle  eu  son  honneur;  et  ce  projet  fut  exécuté  dans  la  suite. 


334  .         18  octobre.  —  s.  luc,  évaiwélistb.  4 

La  sainte  religieuse,  ravie  de  voir  enfla  ses.  désirs  accomplis,  *V  -t 
cria  avec  transport  :  Je  mourrai  maintenant  contente,  puisque  1|  ^ 
Cœur  de  mon  Sauveur  commence  à  être  connu.  ,%J]  ^ 

Elle  vécut  encore  quatre  ans  après  cet  événement,  derangi  ^ 
Pobjet  de  la  vénération  de  ses  sœurs.  On  songeait  h  la  nommer!  ^ 
supérieure  lorsqu'elle  mourut,  à  l'âge  de  quarante-trois  ans,  Ifv  • 
17  octobre  1690 ,  cousumée  par  les  austérités ,  les  peines  qu'elle  ' 
avait  éprouvées,  et  plus  encore  par  son  amour  pour  Jésus-Christ, 
La  foule  se  porta  à  ses  obsèques.  On  a  réclamé  plusieurs  fois  „ 
avec  succès  son  intercession. 

La  cause  de  sa  canonisation  se  poursuit  à  Rome,  et  le  23  mari 
1834  elle  a  été  déclarée  vénérable  par  la  congrégation  des  Rites. 

I 


18  octobre.  —  SAINT  LUC,  évàngbltste.  —  1er  siècle.       •, 


Luc  était  originaire  d'Antioche,  en  Syrie,  et  païen  de 
avant  que  Dieu  lui  eût  fait  la  grâce  de  l'éclairer  des  lumières  de 
la  foi.  II  était  médecin  de  profession ,  et  son  habileté  le  faisait 
rechercher.  Dès  qu'il  eut  l'avantage  d'être  converti  au  christia- 
nisme ,  il  consacra  ses  talents  et  sa  vie  à  la  religion  sainte  dans 
laquelle  il  était  entré.  Il  s'attacha  particulièrement  à  saint  Paul, 
et  il  fut  le  Adèle  compagnon  de  ses  voyages  et  de  ses  travaux.  Il 
passa  avec  lui  de  Troade  en  Macédoine ,  lors  du  premier  voyage 
que  cet  Apôtre  fit  en  Grèce  vers  l'an  31 ,  après  sa  séparation 
d'avec  saint  Barnabe,  dont  saint  Luc  prit  la  place,  et  depuis  ee 
temps-là  il  ne  le  quitta  plus.  Ayant  demeuré  quelque  temps  avec 
lui  à  Philippes  en  Macédoine,  et  parcouru  en  sa  compagnie 
toutes  les  villes  de  la  Grèce,  où  la  moisson  devenait  de  jour  en 
jour  plus  abondante,  il  eut  la  consolation  de  converser  avec  plu- 
sieurs des  apôtres  et  des  disciples  du  Seigneur.  Peu  de  temps 
après,  c'est-à-dire  vers  l'an  53,  étant  dans  l'Adiaïe,  il  fut  inspiré 
par  le  Saint-Esprit  d'écrire  l'Évangile ,  c'est-à-dire  l'exposé  des 
actions  et  de  la  doctrine  de  Jésus-Christ.  Saint  Matthieu  et  saint 
Marc  l'avaient  déjà  devancé  dans  une  pareille  entreprise;  mau 
ils  avaient  omis  bien  des  faits,  dout  il  était  cependant  utile  de 
laisser  la  connaissance  aux  iidèles ,  et  c'est  ce  qu'on  trouve  dians 
l'Évangile  écrit  par  saint  Luc.  Toute  l'Église  y  reconnut  la  voix 
de  l'Esprit-Saint  qui  l'avait  dicté. 

Environ  dix  ans  après,  saint  Luc  écrivit  un  autre  ouvrage1  qu'il 


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}  octobre.  —  ss.  savinien,  potentien,  altin.   335 

:  Les  Actes  des  apôtres ,  parce  qu'il  renferme  l'histoire 
tctpales  actions  des  apôtres  et  de  ce  qui  s'est  passé  de 
rveilleux  et  de  plus  édifiant  dans  la  naissance  de  l'Église. 
ne  récrivît  sur  ee  qu'il  avait  vu  lui-même,  et,  après  l'É- 
qu'H  publia,  il  ne  pouvait  laisser  à  l'Église  un  ouvrage 
fût  plus  utile  et  qui  fût  plus  capable  de  l'édifier  :  il  nous 
te,  dît  saint  Chrysostome,  l'accomplissement  de  plusieurs 
xns  importantes  de  Jésus-Christ,  la  descente  du  Saint  - 
e  changement  étonnant  qu'il  a  opéré  dans  le  cœur  et  dans 
les  apôtres.  On  y  voit  le  modèle  de  la  perfection  dans  la 
premiers  fidèles,  qui  ne  faisaient  qu'un  corps  et  qu'une 
r  la  charité  qui  les  unissait,  comme  ils  ne  faisaient  qu'un 
>  religion  par  la  profession  d'une  même  foi  et  la  pratique 
les  vertus.  Saint  Chrysostome  ajoute  que  saint  Luc  a  in- 
t  ouvrage  les  Jetés  des  Apôtres,  afin  que  nous  y  cher- 
on  les  miracles  qu'ils  ont  faits,  et  qu'il  n'est  pas  donné 
e  foire,  mais  leurs  actions  qu'il  est  commandé  d'imiter. 
it  dans  l'Acbaïe,  mais  on  ne  sait  si  ce  fut  par  le  martyre. 


ire.  —  SAINT  SAVINIEN ,  premier  évéque  de  Sens, 
T  POTENTIEN,  ALTIN  et  leurs  compagnons, 
•yrs.  —  3e  siècle. 

Savinien,  saint  Potentien  et  saint  Altin  furent  envoyés  de 
ans  les  Gaules,  au  troisième  siècle.  Ils  vinrent  à  Sens,  et  lo- 
ans  la  maison  de  Victorio,  un  des  principaux  habitants  de 
Ils  le  convertirent  avec  plusieurs  païens,  entre  autres 
et  Sérotin.  On  a  attribué  à  saint  Savinien  la  fondation 
ise  dite  depuis  de  Saint-Pierre-le-Vif.  On  dit  que  saint 
n  et  saint  Sérotin  allèrent  prêcher  à  Troyes,  et  que  saint 
saint  Eodald,  après  avoir  passé  quelque  temps  à  Orléans, 
rent  à  Chartres,  et  ensuite  à  Paris.  Ils  opérèrent  partout 
d  nombre  de  conversions*,  ils  convertirent  surtout  saint 
et  saint  Aglibert,  à  Créteil,  près  de  Paris.  Tous  les 
vinrent  rejoindre  saint  Savinien  à  Sens.  Us  y  furent  mar- 
ivec  quelques-uns  de  leurs  disciples,  et  on  les  honore  en- 
quoiqu'ils  ne  paraissent  point  avoir  tous  souffert  le  même 
i  847,  leurs  corps  furent  exhumés,  et  portés  dans  l'é- 
5aint-Pierre-le-Vif .  On  les  cacha  depuis  pour  les  soustraire 


336  19  octobre.  —  s,  pierre  d'alc4NTaba. 


il 


à  la  fureur  des  Normands.  En  1031,  le  corps  de  saint  Savbfttot  jfl 
fut  renfermé  dans  une  châsse  précieuse,  don  de  Constance,  feu*  ^( 
du  roi  Robert.  On  mit  dans  la  même  châsse  le  corps  de  ssîb)^ , 
Eodald,  qui  s'était  trouvé  avec  celui  de  saint  Savinien.  Teet^j 
ces  saints  sont  nommés,  dans  les  anciens  martyrologes,  au  II  4s>  ^ 
cembre  ;  mais  leur  principale  fête  se  célèbre  le  19  d'octobni  Z 
Sens  et  à  Paris.  r  fcI 

19  octobre.  —  SAINT  PIERRE  DALCANTÀRA,  REUGlnnl  ^ 
de  l'ordre  de  Saint-François  ,  confesseur. — HPsièele.^  '  }'M 


Le  saint  que  l'Église  honore  en  ce  jour  naquit  en  1499  à  âfr  ^ 
cantara,  petite  ville  de  la  province  d'Estrartadure,  en  Ttfyg^  ^ 
Son  père,  nommé  Alphonse  Garavito,  était  magistrat  de  lit  vttfc  ^ 
Sa  mère  sortait  d'une  famille  noble,  et  se  distinguait,  comme  stM  ^ 
mari,  par  ses  vertus  et  sa  piété.  La  fidélité  du  jeune  Pierre  à  m*  lt 
plir  ses  devoirs ,  sa  ferveur  et  son  application  à  la  prière  le  feV  ^ 
saient  admirer.  La  mort  lui  ayant  enlevé  son  père  lorsqu'il  flnfip»  j , 
sait  son  cours  de  philosophie  à  Alcantara ,  on  l'envoya  à  Salami  ^ 
que  pour  y  étudier  le  droit  canonique.  Les  deux  ans  qu'il  y  pan  ^ 
furent  employés  à  l'étude ,  à  la  prière  et  au  service  des  pauvres.  -  J 

En  1513,  il  fut  rappelé  dans  sa  patrie.  Après  avoir  délibéré  ^ 
sur  le  genre  de  vie  qu'il  embrasserait,  il  résolut  d'entrer  du»  J 
l'état  religieux.  Il  fixa  son  choix  sur  Tordre  de  Saint-François, 
et  il  en  prit  l'habit  à  seize  ans ,  dans  le  couvent  de  Manjarez.  On 
le  distingua  bientôt  de  ses  confrères  par  son  goût  pour  les  hu- 
miliations, les  veilles,  les  jeunes  et  pour  toutes  les  pratiques  di 
la  pénitence.  On  lui  donna  divers  emplois  dont  il  s'acquitta  à  II 
plus  grande  satisfaction  de  ses  supérieurs.  Depuis  son  entrée  dm 
l'état  religieux ,  il  veillait  sur  ses  sens  avec  tant  d'attention  que, 
pendant  trois  ans  qu'il  passa  dans  une  maison,  il  ne  connaissait 
ses  frères  que  par  leur  voix.  Il  eut  de  violentes  tentations,  mafcj 
il  on  triompha  par  la  prière  et  l'humilité. 

Quelques  mois  après  sa  profession ,  Pierre  fut  envoyé  dans  ne 
couvent  situé  dans  un  lieu  solitaire.  Il  s'y  construisit,  à  quelque 
distance  de  la  communauté ,  une  cellule  avec  des  branches  d'ar- 
bres et  de  la  terre  :  il  y  pratiqua  des  austérités 
qui  ne  furent  connues  que  de  Dieu.  Trois  ans  après,  on  le 
périeur  d'un  petit  couvent  qui  venait  d'être  fondé  à  Badajos, 
quoiqu'il  n'eût  encore  alors  que  vingt  ans.  Le  ton    i  de  sa  supé-  * 


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15 


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1t  «Mm*.  —  lAiirr  fibme  d'alcàhtàsà.       SS7 


Ifdbut  expiré,  son  provmcial  lui  dit  de  se  préparer  àreœ- 
l^umte  ordres.  Il  fût  ordonné  prêtre  en  1534,  et,  peu  de 
kNjpte,  on  le  chargea  d'annoncer  la  parole  de  Dieu.  L'an- 
hlMMB,  fl  fut  fait  gardien  do  courent  de  Placencta.  Dans 
Msa  places  qui  lui  lurent  confiées,  il  se  regarda  toujours 
nw  la  dernier  de  ses  frères. 

m  amour  pour  la  retraite  l'engagea  à  demander  à  ses  supé- 
jfrlÉ  permission  d'aller  vivre  dans  quelque  couvent  solitaire; 
oe  qu'il  désirait.  On  le  mit  dans  le  couvent  de  Saint» 
à  tapa,  près  de  Soriana.  Cette  maison  était  dans  une 
ftHreuse.Ce  fut  là  qu'il  composa  son  traité  de  V  Oraison 
Ce  traité  a  été  regardé  comme  un  chef-d'oeuvre  par 
illustres.  Nous  avons  de  notre  saint  un  autre 
Ln  est  pas  moins  excellent  que  le  premier;  il  est  intitulé  : 
de  îdme.  Pierre  d'Afoautara  était  un  grand  oontem- 
f:«a  union  avec  Dieu  était  habituelle.  11  célébrait  la  messe 
dévotion  exteaordinaire,  et  souvent  avec  des  torrents  de 
H  aimait  surtout  à  méditer  sur  l'incarnation  et  sur  le 
de  l'autel  :  le  nom  seul  de  ces  mystères  suffisait 
lui  causer  des  ravissements.  Aussi  Dieu  le  corn- 
A  de  douceurs  et  de  consolations  dans  l'oraison. 
•a  m,  roi  de  Portugal,  informé  de  la  réputation  de  sainteté 
[jouissait  le  serviteur  de  Dieu,  voulut  le  consulter  sur  quelques 
■Hé*  relatives  à  sa  conscience.  Il  pria  donc  son  provincial 
;  lui  envoyer  à  Lisbonne.  Le  roi  fut  si  édifié  de  sa  conduite 
»  «es  discours  qu'il  le  demanda  une  seconde  fois.  Dans  ces 
:  fiâtes,  le  saint  convertit  un  grand  nombre  de  seigneurs  de 
Mr.  L'infante  Marie,  sœur  du  roi,  renonça  aux  pompes  du 
■Va,  et  fonda  à  Lisbonne  un  monastère  de  pauvres  Clarisses, 
dames  de  qualité.  Elle  se  joignit  au  roi  pour  retenir  le 
il  trouvait  trop  d'inconvénients  à  accepter  cette  pro- 


grande discussion  s'étant  élevée  parmi  les  habitants  d'AI- 

,  il  se  rendit  dans  cette  ville  pour  y  rétablir  la  paix.  Sa 

_je  fit  cesser  les  troubles,  et  les  semences  de  discorde  fu- 

«touffées.  A  peine  cette  affaire  était-elle  terminée  qu'on 

t ,  en  1358 ,  provincial  de  la  province  de  Saint  «Gabriel  ou  de 

mmadure.  Il  ne  fut  pas  plus  tôt  revêtu  de  cette  dignité 

profita  de  l'autorité  que  lui  donnait  sa  place  pour  établir 

réforme  sévère.  11  dressa  des  réglemente  relatifs  à  ce  projet , 

29 


338       19  octobre.  —  saint  pieibê  i>'alcantaba. 

et  ils  furent  reçus  de  toute  sa  province,  dans  un  chapitra  qnf 
se  tiut  à  Placencia ,  en  1540.  Le  temps  de  son  provincialat  étast 
expiré,  il  retourna  Tannée  suivante  à  Lisbonne ,  .pour  joindriez 
P.  Martin  de  Sainte-Marie,  qui  jetait  les  fondements  d'une  tkf0 
forme  austère,  et  qui  était  occupé  à  bûtir  un  ermitage  sur  épi  »-> 
montagnes  arides,  appelées  Arabida.  Saint  Pierre  anima  la  ftih  iW< 
veur  des  religieux  qui  avaient  embrassé  la  réforme,  et  leur  pu*  m 
posa  divers  règlements,  qu'ils  adoptèrent.  Le  P.  Jean  Calai  ,gb  il 
néral  de  Tordre,  étant  venu  en  Portugal,  voulut  voir  Piens  ifa 
d'Alcantara;  il  lui  ût  une  visite  dans  son  ermitage.  Il  fut  si  éflH  %< 
de  ce  qu'il  avait  vu  qu'il  permit  au  P.  Martin  de  Sainte-Abris  * 
de  recevoir  des  novices.  Le  couvent  de  Palbaës  fut  désigné  pour  « 
servir  de  noviciat.  le 

Pierre  d'Alcantara  fut  chargé  du  noviciat  pendant  deux  asf,  « 
c'est-à-dire  jusqu'en  1544,  que  ses  supérieurs  le  rappelèrent»  i] 
Espagne.  Ses  frères  de  la  province  de  TEstramadure  lui  bémst»  c 
gnèrent  la  plus  grande  joie  en  le  revoyant.  Quatre  ans  après,  fl  h 
fut  rappelé  en  Portugal  ;  il  s'y  occupa  de  donner  la  dernière  par-  i( 
faction  à  la  réforme  d' Arabida  ;  et,  en  1550,  il  fonda  un  nouveau  % 
couvent  près  de  Lisbonne.  Dix  ans  après,  la  custodie  fut  érigée  \) 
en  province  de  Tordre.  Les  vertus  éminentes  de  Pierre  lui  attiré-  i 
rent  beaucoup  d'admirateurs;  il  se  bûtade  retourner  en  Espague,  i 
où  il  espérait  être  moins  connu.  11  arriva  à  Placencia  en  15if .  i 
Deux  ans  après,  il  fut  élu  custode  dans  un  chapitre  général  {ri 
se  tint  à  Salamanque. 

En  1554 ,  il  forma  le  plan  d'une  congrégation  qui  suivrait  une 
réforme  encore  plus  austère  que  celle  qui  existait  déjà.  Son  projet 
reçut  l'approbation  générale,  l^e  pape  lui  ayant  accordé  un  bref 
par  lequel  il  lui  permettait  de  bAtir  un  couvent  conformément  a 
son  plan,  ce  couvent  fut  bâti  tel  qu'il  le  désirait,  près  de  Pé- 
droso,  dans  le  diocèse  de  Palencia.  On  en  met  la  fondation  eu 
1555,  et  c'est  de  là  que  Ton  date  la  réforme  des  Franciscains-. 
déchaussés,  ou  de  l'étroite  observance  de  saint  Pierre  d'Alcantara. 
Les  cellules  du  couvent  dont  il  s'agit  étaient  extrêmement  pe- 
tites ;  le  lit  du  religieux ,  qui  consistait  en  trois  planches ,  eu 
occupait  la  moitié.  Celle  du  saint  était  la  plus  petite  et  la  plus  in- 
commode de  toutes.  11  suflisait  à  chaque  religieux ,  pour  s'exciter 
à  la  pénitence,  de  considérer  sa  cellule,  qui  ressemblait  à  un 
vrai  tombeau. 

I*e  comte  d'Oropéza  fit  bâtir  au  saint  deux  nouveaux  couvents 


19  octobre.  —  s.  piebbe  dalcantaba.  339 

terres;  la  réforme  y  fut  établie.  En  1561 ,  ces  différentes 
furent  érigées  en  province.  Pierre  régla ,  par  des  statuts 
■Utinilii  n  r  les  dimensions  que  devaient  avoir  les  cellules,  l'in- 
pÉmerie  et  l'église  de  chaque  maison.  Notre  saint  était  commis- 
(pjjjre  de  l'ordre  lorsqu'on  le  fit  provincial  de  sa  réforme.  Il  se 
Ipftdît  à  Rome  peu  de  temps  après ,  pour  demander  la  confirma- 
JÏqd  de  son  institut.  Le  pape  Paul  IV,  par  une  bulle  du  mois 
février  1562,  affranchit  la  congrégation  du  saint  de  la  juri- 
des  Franciscains  Conventuels,  et  la  soumit  au  ministre 
des  Observantins,  avec  la  clause  qu'elle  suivrait  toujours 
ifèglements  donnés  par  le  saint  réformateur. 
/  L'empereur  Charles-Quint,  après  son  abdication,  s'était  re- 
ine dans  le  monastère  de  Saint- Just.  Il  voulut  avoir  Pierre  d'AE- 
cantara  pour  son  confesseur;  mais  le  saint  allégua  diverses  rai- 
sons pour  ne  point  accepter  la  place  qui  lui  était  offerte ,  et  il 
vint  à  bout  d'obtenir  le  désistement  de  l'empereur.  Il  faisait  la 
visite  de  son  ordre  lorsqu'il  arriva  à  Avila,  en  1559.  Sainte  Thé- 
lèie,  qui  demeurait  dans  cette  ville,  éprouvait  alors  une  dure 
persécution.  Elle  était  aussi  tourmentée  par  des  scrupules  et  par 
«tartres  peines  intérieures.  Le  saint  eut  bientôt  connu  son  état , 
I  dissipa  ses  inquiétudes ,  et  l'assura  que  tout  ce  qui  se  passait 
en  elle  venait  de  l'esprit  de  Dieu.  Il  se  déclara  hautement  contre 
ses  calomniateurs ,  et  parla  en  sa  faveur  au  directeur  de  sa  cons- 
cience. Après  lui  avoir  suggéré  les  plus  puissants  motifs  de  con- 
solation, il  l'exhorta  fortement  à  établir  sa  réforme  dans  l'ordre 
des  Carmes.  Pour  augmenter  la  confiance  qu'elle  prenait  en  ses 
conseils ,  il  lui  fit  diverses  confidences  sur  le  genre  de  vie  qu'il 
menait  depuis  quarante-sept  ans. 

Tandis  que  le  saint  faisait  la  visite  des  maisons  qui  avaient  em- 
brassé la  réforme,  il  tomba  malade  dans  le  couvent  de  Viciosa. 
Le  comte  d'Oropéza  n'en  fut  pas  plus  tôt  instruit  qu'il  le  força 
de  venir  chez  lui ,  afin  de  lui  procurer  les  secours  dont  il  avait 
besoin;  mais  les  remèdes  qu'on  lui  donna  ne  servirent  qu'à  augmen- 
ter sa  maladie  La  fièvre  redoubla ,  et  il  se  forma  un  ulcère  à  une 
de  ses  jambes.  Le  serviteur  de  Dieu,  voyant  que  sa  fin  approchait,. 
se  fit  porter  au  couvent  d' Arénas ,  afin  de  mourir  entre  les  bras  de 
ses  frères.  A  peine  y  fut-il  arrivé  qu'il  demanda  les  sacrements 
de  l'Église  II  ne  cessa  d'exhorter  ses  religieux  à  chérir  les  vertus 
de  leur  état,  et  surtout  la  pauvreté.  11  expira  tranquillement  le 
lî>  octobre  1562 ,  dans  la  soixante-troisième  année  de  son  âge. 


340         2Q  octobre.  —  s.  sindulphe  ou  sendou. 


«0  octobre.  —  SAINT  S1NDULPHE  ou  SENDOU  >   FAETBI 

ET   SOLITAIRE.  —  6e  siècle. 


ïî 

V. 

m, 

1 


Le  soin  qu'a  eu  saint  Sindulphe,  plus  connu  sous  lo  nom  de  <i 
Sendou,  de  mener  une  vie  cachée  a  ôté  aux  fidèles  la  connais-  « 
sance  de  la  plus  grande  partie  de  ses  actions.  Il  était  né  dans  l'A-  •  | 
quitaine,  et  y  avait  passé  une  grande  partie  de  sa  jeunesse  dam  k 
les  exercices  de  la  vie  chrétienne  ;  mais  le  désir  de  s'avancer  dam  n 
la  perfection  évangélique  lui  avait  fait  abandonner  ses  parents,  ses  i 
amis  et  sa  patrie,  pour  venir  chercher  dans  le  diocèse  de  Reims  i 
une  retraite  où  il  pût  vivre  inconnu,  loin  du  commerce  du  monde  w 
et  tout  occupé  de  la  méditation  des  biens  du  ciel.  Il  la  choisit  à  .» 
quatre  lieues  de  Reims,  près  du  village  d'Aussance,  parce  que  co*  t 
lieu  était  fort  solitaire.  Il  s'y  pratiqua  une  cellule,  et  y  mena  une  g 
vie  très-pénitente,  et  qui  approchait  fort  de  celle  des  plus  austères  i 
anachorètes. 

Le  désir  qu'il  avait  de  demeurer  toujours  inconnu  ne  put  ftra  \ 
satisfait  jusqu'à  la  fi  n  de  ses  j  ours.  Son  genre  de  vie  extraordinaire  ; 
excita  la  curiosité  de  ses  voisins.  Sendou,  voyant  qu'on  accourait  i 
à  sa  cellule  pour  le  voir,  crut  qu'il  devait  profiter  de  l'occasion  que 
Dieu  lui  présentait  d'instruire  des  vérités  du  salut  ceux  qui  ne  ve- 
naient peut-être  que  par  des  motifs  humains.  La  ferveur  avec  la- 
quelle il  marchait  dans  la  carrière  sainte  de  la  pénitence  prit  tou- 
jours de  nouveaux  accroissements.  Dans  sa  vieillesse  même  il  pra- 
tiquait les  plus  grandes  austérités.  Comme  il  n'aimait  point  son 
corps,  il  s'occupait  peu  de  le  voir  détruire  ;  il  regardait  même  la 
mort  comme  un  gain,  l'envisageant  comme  un  terme  où  Ton 
commence  à  trouver  la  sûreté  et  la  paix.  Dieu  *  qui  l'avait  tou- 
jours conduit  durant  sa  vie,  le  fit  arriver  à  une  heureuse  fin  le  30 
octobre,  vers  l'an  720.  Son  corps  fut  enterré  dans  le  lieu  de  sa 
pénitence  ;  mais,  dans  le  neuvième  siècle ,  on  le  transporta  dans 
l'abbaye  de  Haut-Villers,  à  quatre  lieues  de  Reims,  sur  la  Marne. 


20  octobre.  —  SAINT  JEAN  DE  KENTY,  confesseub.  — 

15e  siècle. 

Jean  naquit  au  diocèse  de  Cracovie,  dans  la  ville  de  Kenty, 
d'où  il  a  tiré  son  surnom.  Il  y  eut  des  parents  pieux  et  honorables 


30  octobre.  —  s.  jein  de  kenty,  conf.  34t 

l'im  s'appelait  Stanislas,  et  l'autre  Anne.  Remarquable  par  la 
djapear  de  ses  mœurs,  son  innocence  et  sa  gravité,  il  ût  conce- 
ÉiT  dès  l'enfance  l'espoir  qu'il  s'élèverait  à  la  plus  haute  vertu.  Il 
ta  à  runiversité  de  Cracovie,  d'abord  pour  y  étudier  la  philoso- 
Mt-«t  la  théologie  ;  ensuite,  y  étant  monté  par  tous  les  degrés 
liltaiqties,  et  étant  devenu  professeur  et  docteur,  la  science 
*        ,  qu'il  enseigna  pendant  plusieurs  années ,  éclairait  non- 
les  esprits  de  ses  auditeurs ,  mais  les  enflammait  pour 
de  toutes  les  choses  pieuses,  parce  qu'il  pratiquait  son 
en  même  temps  qu'il  le  donnait..  Devenu  prêtre, 
rien  de  ses  études,  mais  il  y  ajouta  celle  de  la  per- 
chrétienne.  Il  gémissait  principalement  de  voir  offenser 
r  et  il  s'empressait  de  l'apaiser  tant  pour  lui-même  que 
le  peuple,  en  lui  offrant  tous  les  jours,  non  sans  verser 
tëfcilniniiient  des  larmes ,  le  Sacrifice  non  sanglant.  Il  admi- 
Èjfca  parfaitement  quelques  années  la  paroisse  d'Ukusie;  mais, 
Broyé  du  péril  que  couraient  les  âmes  dont  il  s'était  chargé,  il 
Hbmdonna  dans  la  suite,  et,  à  la  demande  de  l'Académie,  il 
l|rit  ses  anciennes  fonctions  de  professeur.  Tout  le  temps  que 
i|- tarissait  l'étude,  il  le  consacrait  en  partie  à  procurer  le  salut 
■  prochain,  surtout  par  le  moyen  de  là  prédication,  et  en 
Mie  à  l'oraison,  pendant  laquelle  on  rapporte  qu'il  fat  jugé 
igné  d'avoir  des  visions  et  des  entretiens  célestes.  La  passion 
e  Jésus-Christ  le  touchait  tellement  que  pour  la  contempler  il 
assait  quelquefois  des  nuits  entières  sans  dormir.  Dans  l'inten- 
on  de  la  mieux  retracer  dans  son  esprit ,  il  fit  le  pèlerinage  de 
érusalem,  où,  brûlant  du  désir  de  recevoir  le  martyre ,  il  n'hé- 
la pas  à  prêcher  Jésus  crucifié  aux  Turcs  eux-mêmes.  Quatre 
ms  aussi  il  se  rendit  à  Rome ,  pour  y  visiter  les  tombeaux  des 
pâtres,  allant  à  pied  et  chargé  de  son  bagage  de  route.  C'était 
'abord  pour  y  honorer  le  Siège  apostolique,  pour  lequel  il  fut 
mjours  plein  de  dévouement,  puis  afin  d'y  racheter,  ainsi  qu'il 
i  disait ,  les  peines  de  son  purgatoire ,  à  l'aide  des  indulgences , 
nisque  par  ce  moyen  le  pardon  des  péchés  est  journellement 
roposé  dans  la  capitale  du  monde  chrétien.  Dans  un  de  ces 
>yages,  il  fut  un  jour  dépouillé  par  des  voleurs,  qui  lui  demande- 
nt s'il  n'avait  pas  autre  chose  :  à  quoi  il  avait  répondu  qu'il 
avait  rien.  S'étant  ensuite  souvenu  qu'il  avait  des  pièces  d'or 
>usues  dans  son  manteau,  il  rappela   les  voleurs,  qui  s'en- 
lyaient ,  pour  les  leur  offrir.  Ceux-ci,  ayant  admiré  à  la  fois  la 

29. 


342  21  octobre.  —  s.  hilabion,  abbé. 

candeur  et  la  libéralité  du  saint  homme ,  lui  rendirent  de  leur 
propre  mouvement  tout  ce  qu'ils  lui  avaient  d'abord  pris. 

Pour  empêcher  autant  que  possible  d'attaquer  la  réputatioi 
d'autrui,  à  l'exemple  de  saint  Augustin,  il  fit  écrire  sur  le  mur  des 
versets ,  voulant  par  là  avertir  perpétuellement  lui  et  les  autan 
de  ne  pas  blesser  la  charité.  Il  rassasiait  ceux  qui  avaient  faim  en 
prenant  sur  sa  propre  nourriture.  Il  donnait  à  ceux  qui  en  mas- 
quaient non-seulement  des  chaussures  et  des  vêtements  qu'A  avait 
achetés  dans  ce  but,  mais  aussi  quelquefois  en  se  dépouillant  U- 
méme  de  ceux  qu'il  portait ,  et  en  même  temps  il  laissait  tratur 
son  manteau  jusqu'à  terre,  pour  qu'il  ne  parût  pas  qu'il  rentrait 
chez  lui  nu-pieds.  Il  ne  dormait  que  peu  de  temps,  et  étendu  par 
terre  ;  ses  vêtements  n'étaient  que  pour  le  couvrir,  de  même  que 
les  aliments  qu'il  prenait  seulement  pour  lui  soutenir  l'existence. 
Il  préserva  sa  pureté  virginale  comme  un  lis  au  milieu  des  épines, 
au  moyen  des  jeûnes,  des  disciplines  et  de  la  rigueur  d'un  ciliée. 
Pendant  environ  trente-cinq  ans  avant  sa  mort ,  il  s'abstint  per- 
pétuellement de  l'usage  de  la  viande.  Enfin,  plein  de  jours  et  au- 
tant rempli  de  mérites,  après  s'être  préparé  longtemps  et  soi- 
gneusement à  la  mort  qu'il  pressentait  s'approcher,  pour  n'être 
retenu  par  rien  de  ce  qui  pourrait  lui  rester,  il  distribua  entière- 
ment aux  pauvres  le  peu  qu'il  avait  encore.  Alors,  muni  comme 
il  convient  des  sacrements  de  l'Église ,  et  ne  désirant  plus  que 
la  dissolution  de  son  corps,  qui  lui  permettrait  d'être  avec 
Christ ,  la  veille  de  Noël  il  prit  son  vol  vers  le  ciel ,  en  F 
1473,  et  illustré  par  des  miracles  avant  et  après  sa  mort.  Ses 
restes,  transportés  à  l'église  de  Sainte- Anne,  la  plus  voisine 
de  l'université,  y  furent  ensevelis  avec  honneur.  La  dévotion  et 
l'affluence  du  peuple  à  son  tombeau  s'étant  accrues  de  jour  en 
jour,  Jean  de  Kenty  fut  rangé  parmi  les  principaux  patrons  de 
la  Pologne  et  de  la  Lithuanie.  L'éclat  de  nouveaux  miracles 
opérés  par  ce  bienheureux  l'ont  fait  mettre  au  nombre  des 
saints  par  le  pape  Clément  Xlll. 


21  octobre.  —  SAINT  HILARION,  abbé.  —  4e  siècle. 

Hilarion  naquit  vers  l'an  291,  dans  une  bourgade  de  la  Pales- 
tine. Sa  famille  était  païenne,  mais  Dieu  le  prévint  de  bonne  heure 
do  ses  bénédictions,  et  il  était  chrétien  dès  l'Age  de  dix  ou  douze 


21  octobre.  —  s.  hilarion,  abbé.  343 

11  fit  ses  c      es  à  Alexandrie,  et  il  y  apprit  le  grec  et  le  sy- 
ce  qui  lui  fut  d'un  grand  secours  dans  les  divers  voyages 
pS  lt  dans  cette  même  ville. 

r"  9  s'avait  que  quinze  ans  lorsqu'ayant  ouï  parler  de  saint 
ImMm,  dont  le  nom  était  déjà  célèbre  dans  l'Egypte,  il  alla 
iifimmei.  Je  ne  suis  pas  venu  dans  le  désert,  dit  Hilarion , 

Bj  voir  autant  de  monde  que  dans  les  villes.  Antoine  est 
\  à  la  perfection  évangélique ,  et  moi  je  n'ai  pas  encore 
fl  revint  dans  son  pays,  et,  comme  son  père  et  sa 
étaient  morts ,  il  distribua  aux  pauvres  tout  ce  qu'il  put 
de  leur  succession ,  et  se  retira  ensuite  avec  quelques 
dans  la   vaste  solitude  qui   est  entre  Gaza   et 
Dès  la  première  ou  la  deuxième  année  qu'il  fut  dans 
,  des  voleurs  étant  entrés  dans  sa  cellule ,  il  les  aborda 
air  assuré  qui  les  surprit.  Vous  ne  nous  craignez  donc 
?  lui  dit  l'un  deux.  —  Hélas!  dit  Hilarion,  n'ayant  rien, 
pouvez-vous  m 'enlever?  —  Nous  pouvons  vous  tuer,  di- 
voleurs.  Le  jeune  solitaire  répliqua  :  Celui  qui  ne  craint 
la  mort  temporelle  ne  redoute  pas  ceux  qui  la  peuvent 


Le  genre  de  vie  qu'il  menait  montrait  bien  en  effet  qu'il  dé- 
ferait plutôt  la  mort  qu'il  ne  la  craignait.  Tout  ce  qu'il  faisait  sem- 
blait devoir  abréger  le  nombre  de  ses  jours.  Il  ne  mangea  d'abord 
Çne  quinze  figues  par  jour,  sans  prendre  aucune  autre  nourriture. 
On  habit,  le  seul  qui  fût  en  sa  possession,  de  l'étoffe  la  plus  com- 
iQune ,  le  défendait  des  ardeurs  du  soleil  et  des  injures  de  l'air. 
La  terre  était  le  lit  où  il  prenait  son  repos  quand  la  nature  le  fai- 
sait succomber  à  la  nécessité  du  sommeil.  Souvent  il  labourait  la 
erre.  Il  regardait  comme  un  délassement  de  faire  des  corbeilles 
le  jonc,  parce  que  ce  travail  était  bien  moins  rude.  11  s'étudiait  à 
:bercber  ce  qui  pouvait  le  mortifier  davantage,  et  il  s'y  livrait  avec 
oie.  Quinze  figues  lui  ayant  paru  une  nourriture  trop  forte  et  trop 
ensuelle,  il  commença ,  à  l'âge  de  vingt  et  un  ans ,  à  ne  manger 
|ifun  peu  de  lentilles  trempées  dans  de  l'eau  froide ,  et ,  s'étant 
•ncore  retranché  ce  mets  trois  ans  après,  il  se  contenta  d'un  peu 
le  pain  d'orge  avec  du  sel  et  de  l'eau.  Quand  il  se  sentait  trop 
iaible  et  que  quelque  maladie  attaquait  son  corps  ,  il  adoucissait 
son  jeûne  par  des  herbes  cuites  ;  il  y  ajoutait  même  quelquefois 
Je  Thuile ,  qu'il  retranchait  dès  qu'il  pouvait  s'en  passer. 

Après  avoir  ainsi  passe  vingt-deux  ans  dans  le  désert,  le  Sei- 


344  21  octobre.  —  s.  màlc,  moine. 

gtieur,  pour  récompenser  dès  ce  monde  sa  fidélité  à  le 
lui  donna  le  don  des  miracles  :  il  y  eut  un  grand  nombre  < 
lades  guéris  par  son  intercession.  Lorsqu'il  en  Venait  qu 
uns  de  la  Palestine  à  saint  Antoine,  avec  qui  Hilarion  é 
commerce  de  lettres,  il  leur  disait  :  Pourquoi  tous  êtes-v< 
tigués  à  venir  si  loin,  puisque  vous  avez  là  mon  fils  Hilarion 
le  saint  solitaire  était  le  premier  à  conseiller  à  ceux  qui  v 
le  trouver  de  s'adresser  à  saint  Antoine,  leur  faisant  entend 
avait  plus  de  sainteté  et  de  vertu.  Quand  il  croyait  dev 
mander  lui-même  la  guérison  de  ceux  qui  venaient  à  lui,  0  j 
toujours  quelques  mots  d'instruction,  et  tâchait  de  leur  fair 
prendre  que  les  maladies  de  l'âme  sont  infiniment  plus  à  cr 
et  qu'on  doit  être  bien  plus  empressé  à  en  demander  la  gu 
Quant  on  voulait  lui  faire  quelque  présent  pour  reconni 
grâce  qu'on  avait  reçue  par  son  intercession ,  il  s'y  i 
constamment,  et  exhortait  à  faire  du  bien  aux  pauvres  qui  î 
vaient  en  gagner  par  le  travail  de  leurs  mains. 

Hilarion  étant  sur  le  point  de  mourir,  comme  la  frayi 
jugements  de  Dieu  le  saisissait,  quoique  sa  vie  eût  été  si  î 
d'œuvres  saintes  et  pénibles,  il  s'excitait  à  la  confiance 
paroles  :  Sors,  mon  âme,  disait-il,  sors;  pourquoi  cette 
tude  et  cette  crainte  ?  Tu  as  eu  le  bonheur  de  servir  Jésus 
pendant  près  de  soixante-dix  ans ,  et  tu  crains  la  mort  !  Il  i 
dans  sa  quatre- vingtième  année ,  sur  la  fin  de  l'an  871. 


21  octobre.  —  SAINT  MALC,  moine  captif,  confe 

—  4e  siècle. 

Cette  histoire,  tirée  du  livre  premier  des  Vies  des  saints  I 
composées  par  saint  Jérôme ,  fait  voir  le  danger  extrême 
s'expose  un  religieux  qui  quitte  son  monastère  pour  ret 
dans  le  monde ,  et  de  quelle  protection  extraordinaire  <3 
il  a  besoin  pour  ne  point  se  perdre  entièrement. 

Malc  était  du  bourg  de  Maronie  en  Syrie,  distant  de  trente 
de  la  célèbre  ville  d'Antioche.  Fils  unique  de  riches  laboi 
on  voulait  l'engager  dans  le  mariage  ;  mais  le  désir  de  garde; 
lablement  la  chasteté  fit  qu'il  sortit  secrètement  de  chez  < 
qu'il  se  retira  au  désert  de  Calcis,  dans  une  communauté  d< 
religieux  qui  étaient  sous  la  conduite  d'un  abbé.  Après  qi 
passé  quelques  années  à  pratiquer  avec  ferveur  la  pénitenc* 


2t  octobre.  — -  saint  malc,  moire.  *& 


de  la  vie  jue ,  l'envie  lui  prit  de  retourner 

l  paya.  H  avait  en  effet  appris  la  mort  de  son  père ,  et 
it  pour  prétexte  que  ee  voyage  n'était  que  pour  consoler 
,'4t  puis  pour  recueillir  la  succession  paternelle,  aûn 
WÊt  une  partie  aux  pauvres  et  une  autre  à  soa  monas- 
Iké  fit  tous  ses  efforts  pour  lut  démontrer  que  cette  fan- 
ait qu'une  tentation  du  diable,  qui  voulait  par  cette  ruse 
Midre  l'esprit  de  sa  vocation.  Malgré  les  remontrances 
■■t  homme  lui  fit  à  ee  sujet ,  et  les  larmes  qu'il  versa 
de  renoncer  à  sa  dangereuse  résolution,  Malc. 
jamais  changer,  et,  sans  écouter  aucun  conseil,  il  se 
mwr  de  partir,  en  promettant  toutefois  de  revenir  au 

i  M  allait  passer  par  un  désert  fort  dangereux  en  ce 
sabes  y  faisaient  des  courses  continuelles,  les  voya- 
mr  le  traverser,  se  réunissaient  plusieurs  ensemble  et 
t  des  caravanes,  pour  être  plus  en  état  de  résister  à  ces 
Malc  se  joignit  donc  à  une  troupe  d'environ  soixante^ 
mues;  mais,  au  bout  d'un  certain  temps,  une  bande 
tes  montés  sur  des  chevaux  et  des  chameaux  et  armés 
i  et  de  flèches  Jpndirent  sur  eux,  et,  sans  qu'ils  pus- 
•fendre,  les  réduisirent  tous  en  esclavage.  Malc,  qui  était 
m  de  ces  Arabes  en  même  temps  qu'une  femme  qu'on 
irée  de  son  mari,  fut  attaché  ainsi  qu'elle  sur  un  cha- 
ir les  mener  à  la  maison  du  maître  que  leur  mauvaise 
mr  avait  imposé.  Notre  religieux,  qu'on  dépouilla  de 
ous  ses  vêtements,  fut  destiné  à  la  garde  des  troupeaux, 
1  s'acquitta  avec-  beaucoup  de  fidélité,  parce  qu'il  savait 
eigne  saint  Paul,  qu'il  faut  honorer  l'autorité  de  Dieu 
maîtres  temporels ,  et  les  servir  comme  Jésus-Christ. 
oî  même  lui  donna  de  la  consolation  dans  son  malheur; 
ant  sa  vie  au  dehors  et  loin  des  habitations,  ce  genre 
»  hii  donnait  la  liberté  de  se  livrer  à  la  prière,  de 
les  psaumes ,  et  de  s'acquitter  des  autres  exercices  de 
igieuse.  H  se  persuadait  donc  avoir  retrouvé  dans  sa 
Tétat  qu'il  aurait  perdu  en  retournant  dans  son  pays; 
repos  ne  dura  pas  longtemps;  il  allait  même  avoir  à 
•  une  épreuve  bien  autrement  difficile. 
Itre  de  Malc ,  voyant  que  son  bien  s'augmentait  h  vue 
re  les  mains  de  son  nouveau  serviteur,  voulut  se  l'atta*. 


346  21  octobre.  —  s.  malc,  moini.  \ 

cher  plus  fortement,  et  pour  y  parvenir  il  n'imagina  pas  de  meib  L 
leur  moyen  que  de  lui  faire  épouser  la  femme  mariée  qui  avril  jj 
été  faite  captive  en  mémo  temps  que  lui.  Malc  eut  beau  lui  19»  -» 
présenter  qu'étant  chrétien  il  ne  pouvait  nullement  épouser  mat.  ^ 
femme  dont  le  mari  était  encore  vivant;  le  barbare,  tans  em*.^ 
tendre  raison,  tira  son  épée,  et  le  menaça  de  le  tuer  s'il  ne  ttr  |R 
sait  sur  l'heure  môme  sa  volonté.  Tout  co  que  put  faire  le  mah 
heureux  captif  pour  éviter  la  mort  fut  de  tendre  la  mam  à  J 
cette  esclave  comme  s'il  la  prenait  pour  sa  femme,  avec  la  réso- 
lution néanmoins  de  perdre  plutôt  la  vie  que  de  jamais  cou*»  , 
mettre  avec  elle  rien  de  contraire  à  la  loi  de  Dieu  ni  à  la  ' 
pureté. 

La  nuit  étant  venue,  il  la  mena  dans  sa  caverne,  comme  si  ,. 
elle  eut  été  sa  femme.  Alors,  se  prosternant  à  terre,  il  commença    ' 
à  déplorer  son  malheur  et  à  se  reprocher  la  faute  qu'il  avait  * 
faite  en  voulant  retourner  dans  le  monde  malgré  toutes  les  re* 
montrantes  de  son  abbé.  11  ajouta  qu'il  aimerait  mieux  perdre-  ! 
la  vie  que  le  trésor  de  sa  virginité.  Alors  la  femme  avec  laquelle   J 
il  se  trouvait ,  et  à  qui  la  captivité  avait  inspiré  le  désir  de  vivre   ' 
désormais  dans  la  chasteté,  lui  répondit  qu'il  n'était  point  néceft-»    > 
saire  pour  lui  de  perdre  la  vie,  parce  qu'autant  que  lui  elle  était   ■ 
éloignée  de  consentir  à  ce  faux  mariage,  et  qu'ils  pouvaient  au,  ;j 
contraire  vivre  ensemble  à  l'insu  de  leur  maître  comme  frère  et    ' 
sœur,  en  attendant  qu'il  plût  nu  Seigneur  de  les  secourir  et  de  les 
délivrer.  Malc  fut  bien  surpris  d'un  tel  langage,  et,  admirant  la 
prudence  et  la  vertu  de  cette  femme,  il  s'arrêta  au  conseil  qu'elle    ' 
venait  de  lui  donner.  Toutefois ,  craignant  de  perdre  dans  une 
paix  apparente  ce  qu'il  avait  conservé  parmi  les  combats,  il  se 
tint  toujours  extrêmement  sur  la  réserve ,  considérant  sa  com- 
pagne le  moins  possible,  veillant  sur  lui-même,  et  priant  sans 
cesse ,  selon  le  conseil  du  Sauveur,  pour  ne  point  entrer  en  ten- 
tation. 

Après  avoir  ainsi  passé  beaucoup  de  temps  dans  les  bonnes 
grâces  de  leur  maître,  qui  se  persuadait  que  ce  mariage  leur  off- 
rait toute  envie  de  s'enfuir,  Malc  n'en  pensait  pas  moins  conti- 
nuellement à  son  monastère ,  et  ne  pouvait  se  consoler  de  l'avoir 
quitté.  Il  résolut  donc  de  tenter  la  fuite,  puisque  qu'après  tout, 
s'il  n'y  réussissait  point,  il  ne  risquait  que  la  mort,  dont  la  pensée 
lui  était  moins  insupportable  que  l'existence  qu'il  menait.  Il  m' 
conféra  avec  son  épouse  prétendue ,  et,  l'ayant  trouvée  dans  les 


Si  octobre.  —  s.  malc,  moine.  347 

dispositions  que  lui,  ifs  partirent  fort  secrètement  la  nuit 
».  Au  moyen  de  peaux  de  boucs,  ils  avaient  déjà  traversé 
mt  d'une  rivière,  et  se  hâtaient  le  plus  possible  pour  ren- 
ie territoire  de  l'empire  romain ,  lorsqu'au  bout  de  trois 
aperçurent  derrière  eux  leur  maître,  qui,  étant  occompa- 
1  serviteur  monté  comme  lui  sur  un  dromadaire,  aceou- 
mr  poursuite.  La  crainte  et  l'effroi  les  saisirent ,  et  ils  se 
entièrement  perdus,  d'autant  plus  que  les  vestiges  qu'ils  im- 
rt  sur  le  sable  dans  leur  marche  les  trahissaient  inévitable* 
Cependant,  rencontrant  une  caverne,  ils  s'y  réfugièrent, 
ir;  toutefois  y  pénétrer  trop  avant,  par  la  crainte  d'y  être 
mu*  des  serpents  venimeux,  dont  ces  pays  brûlants  sont 
Alors  leur  maître,  qui  suivait  leurs  pas,  arriva  furieux 
rture  de  la  caverne,  et,  l'épée  à  la  main,  tout  prêt  à  les 
il  ordonna  à  son  serviteur  de  pénétrer  dans  l'intérieur 
;  en  faire  sortir.  Celui-ci,  leur  ayant  crié  à  haute  voix  de 
rrita  par  ce  grand  bruit  une  lionne  qui  était  au  fond  de 
Elle  se  jeta  sur  lui,  et,  l'ayant  étranglé,  elle  l'entraîna  tout 
;  pour  servir  de  pâture  à  ses  lionceaux.  Le  maître,  ne 
point  sortir  son  esclave ,  et  s'imaginant  que  les  fugitifs 
jetés  sur  lui ,  encore  plus  furieux  qu'auparavant ,  entra 
caverne  pour  se  venger  par  lui-même  de  leur  infidélité  et 
violence;  mais  à  peine  y  eut-il  mis  le  pied  que  la  lionne 
sur  lui  et  le  mit  en  pièces,  comme  elle  avait  fait  du 
r. 

spectacle,  les  pauvres  captifs  éprouvèrent  une  vive  joie 
r  délivrés  de  la  rage  de  ces  deux  barbares;  mais  ils  ressen- 
i  même  temps  presque  autant  de  frayeur,  à  cause  du 
>resque  inévitable  qui  les  menaçait  ;  car  ils  s'attendaient 
e  la  même  manière  que  leurs  persécuteurs,  et  s'abandon- 
»lus  que  jamais,  sans  oser  respirer,  à  la  volonté  de  la 
évidence.  Mais  la  lionne,  dont  ils  redoutaient  la  férocité, 
rue  découverte,  prit  ses  petits-dans  sa  gueule,  et  les  trans- 
leurs, cédant  ainsi  la  place  aux  chastes  serviteurs  de  .Te- 
st. Après  qu'ils  curent  attendu  quelque  temps  dans  la 
(u'elle  ne  revînt ,  ils  sortirent  de  la  caverne ,  montèrent 
chameaux  de  leur  maître,  qu'ils  trouvèrent  chargés  de 
«s,  et  se  rendirent,  au  bout  de  dix  jours  depuis  le  pre- 
leur  fuite,  sur  le  territoire  romain.  Ayant  vendu  les  cha- 
>our  avoir  de  quoi  achever  leur  voyage,  Malc  apprenant, 


848       21  octobre.  —  sainte  ubsule  et  ses  coup. 

que  son  abbé  était  mort,  se  joignit  à  d'autres  religieux.  Il  n 
son  épouse  prétendue  dans  une  communauté  de  vierges,  etd 
puis  l'aima  toujours  comme  sa  sœur,  tout  en  n'oubliant  point 
que  prescrit  la  prudence.  Il  vécut  avec  tant  de  sainteté  que  ce* 
qui  le  connaissaient  en  dirent  des  merveilles  à  saint  Jérôme.  I 
saint  docteur  lui  parla  lui-même  ainsi  qu'à  cette  femme, 
apprit  de  leur  bouche  ce  qu'il  en  a  écrit.  On  peut  inférer  de  < 
qu'en  dit  saint  Jérôme  que  saint  Malc  mourut  vers  Tan  371 


21  octobre.  —  SAINTE  URSULE  ET  SES  ONZE  MILLI 
COMPAGNES,  vierges  et  martyres.  —  5*  siècle. 

Il  paraît  que  ces  saintes  martyres  quittèrent  la  Grande-Br 
tagne  ou  l'Angleterre  vers  le  temps  où  les  Saxons,  encore  païen 
ravageaient  ce  pays ,  c'est-à-dire  dans  le  cinquième  siècle.  U 
grand  nombre  de  Bretons  s'enfuirent  dans  les  Gaules,  d'autn 
passèrent  dans  les  Pays-Bas  et  s'arrêtèrent  au  château  de  Bre 
tenbourg,  près  de  l'embouchure  du  Rhin  :  c'est  ce  que  prouva 
d'anciens  monuments  et  le  témoignage  des  historiens  cités  pi 
Ussérius. 

Les  saintes  martyres  aimèrent  mieux  faire  le  sacrifice  de  lei 
vie  que  de  perdre  leur  virginité.  Elles  furent  mises  à  mort  ps 
l'armée  des  Huns,  qui  ravagèrent  alors  le  pays  où  elles  s'étaiei 
réfugiées.  Ces  barbares  portèrent  le  fer  et  la  flamme  dans  ton 
les  lieux  où  ils  passèrent.  On  convient  que  ces  saintes  étaiei 
venues  originairement  de  la  Grande-Bretagne,  et  qu'Ursule éta 
à  leur  tête  pour  les  encourager.  Les  auteurs  sont  partagés  su 
le  nombre  de  ces  illustres  martyres.  Quoiqu'on  les  désigne  e 
général  sous  le  nom  de  vierges,  il  n'est  pas  hors  de  vraisem 
blance  que  quelques-unes  aient  été  engagées  dans  l'état  di 
mariage.  La  chronique  de  Sigebert  met  leur  martyre  en  453 
Elles  le  souffrirent  près  du  Bas-Rhin,  et  furent  enterrées  à  Go 
logne.  On  bâtit  sur  leur  tombeau  une  église  qui  était  fort  eé 
lèbre  en  643. 

Sainte  Ursule,  qui  conduisit  au  ciel  tant  de  saintes  âme 
qu'elle  avait  formées,  est  regardée  comme  le  modèle  des  per 
sonnes  qui  s'appliquent  à  donner  une  éducation  chrétienne  ; 
la  jeunesse;  il  s'est  formé  sous  son  invocation  grand  nombr 
d'établissements  religieux  pour  l'éducation  des  jeunes  filles.  L 
premier  établissement  que  les  Ursulines  aient  eu  en  Franc 


E 

1 

\ 


22  octobre.  —  le  b.  pieire  de  tifbbne.         3-19 
A*  tonde  à  Paris    en  161 1 ,  par  Madame  L'Huillier  de  Sainte- 


31  octobre.  —  LE  BIOHEUREUX  PIERRE  DE  TIFERNE, 

coxfesseub.  —  15e  siècle. 

Piètre ,  qui  appartenait  à  la  noble  famille  des  Cappucci,  naquit 
à  Tfferne,  en  1390.  Prévenu  par  les  bénédictions  du  ciel,  il  mon- 
tra tant  d%éfoignement  pour  les  amusements  de  l'enfance  et  tant 
^rattachement  aux  choses  divines  qu'il  laissa  paraître  en  cela  des 
indices  nullement  équivoques  de  la  rare  sainteté  à  laquelle  il  de- 
vait cm  jour  pan  enir.  Comme  il  éprouvait  beaucoup  d'aversion 
pour  les  vanités  du  monde,  lequel  est  tout  entier  livré  au  mal ,  et 
qn*H  craignait  que  son  influence  pernicieuse  ne  changeât  sa  dispo* 
siHon  d'esprit ,  fl  entra  avec  empressement  dès  sa  quinzième  an- 
née dans  Tordre  des  Frères  prêcheurs.  Ayant  pris  l'habit  de  saint 
Domotique  dans  le  couvent  de  Tiferne ,  il  y  fit  plus  tard  sa  pro- 
fession solennelle.  On  ne  peut  assez  admirer  l'innocence  de  mœurs 
et  toutes  les  qualités  qu'il  fit  alors  briller,  avec  quelle  ferveur  il 
se  portait  à  tout  ce  qui  regarde  le  culte  divin,  quelle  charité,  quel 
sentiment  de  mépris  pour  lui-même  il  montra  à  un  haut  degré , 
ainsi  que  l'exactitude  qu'il  mit  dans  l'observance  de  la  règle. 

Les  supérieurs  l'ayant  envoyé  à  Cortone,  il  y  tut  bientôt 
élevé  au  sacerdoce  ,  et  conquit  l'admiration  de  tout  le  monde 
par  l'édat  de  ses  vertus,  li  remporta  tellement  dans  la  pratique  de 
rhumflfté  que ,  malgré  la  noblesse  qu'il  tenait  de  ses  aïeux  et  la 
,  hante  considération  dont  il  jouissait  auprès  de  tous  ses  conci- 
toyens, il  se  portait  avec  promptitude  au-devant  de  tous  les  offices 
les  plus  bas,  et  qu'il  fallait  remplir  tant  au  dedans  qu'au  dehors  du 
couvent.  Aussi  désirait-il  principalement  demander  l'aumône  par 
la  ville,  et  servir  les  pauvres  et  les  malades.  Enflammé  de  zèle  pour 
le  salut  des  âmes,  il  ramena  au  bien  un  nombre  considérable 
d'hommes  qui  menaient  une  vie  corrompue,  deux  entre  autres, 
qui  étaient  coupables  de  plusieurs  crimes,  plongés  dans  un  cachot 
où  ils  désespéraient  de  leur  salut;  il  les  convertit,  les  disposa  à  la 
pénitence ,  et  méme^  ce  dont  les  monuments  témoignent  «  les  dé- 
livra miraculeusement  du  supplice  et  de  la  mort,  qu'ils  étaient  sur 
le  point  de  subir.  Apprenant  encore  par  une  inspiration  divine, 
comme  on  ne  le  croit  pieusement ,  qu'un  jeune  homme  qui  ne 
concaîssait  plus  de  frein  roulait  dans  sa  pensée  des  desseins  cri- 

30 


350  23  octobre.  —   saint  théodoret,  UàRT. 

mincis,  qu'il  voulait  accomplir,  il  saisit  une  occasion  favorable  pour 
le  reprendre,  et,  Tayaut  averti  qu'il  mourrait  le  lendemain,  oc  qui 
arriva  effectivement ,  il  le  réduisit  à  pleurer  sincèrement  ses  po- 
chés en  versant  beaucoup  de  larmes.  Tout  cela  ne  Gt  qu'accroître 
le  renom  de  sainteté  du  bienheureux  Pierre,  qui  brilla  par  le  don 
de  prophétie,  celui  d'éprouver  des  extases  et  celui  de  faire  des 
miracles.  Dans  le  nombre,  on  dit  surtout  qu'il  guérit  par  le  signe  de 
la  croix  le  bras  desséché  d'une  femme,  et  qu'un  tonneau  qui  était 
vide  auparavant  fut  trouvé  rempli  de  vin  par  l'effet  de  ses  mérites 
auprès  de  Dieu.  Enfin,  distingué  par  toutes  ces  grâces,  il  aperçut 
avec  joie  la  mort,  sur  laquelle  il  avait  longtemps  médité,  et  dont 
il  avait  si  souvent  tenu  à  la  main  la  représentation  dans  la  prière 
ou  au  milieu  de  ses  prédications.  Ayant  reçu  avec  beaucoup  de. 
dévotion  les  sacrements  de  l'église ,  il  prit  son  vol  dans  la  céleste 
patrie,  du  même  couvent  de  Saint-Dominique,  à  Cortone,  le  SI 
octobre  de  l'an  I44ô. 


23  octobre.  —  SAINT  THÉODORET,  prêter  et  martyr.  — ' 

4e  siècle. 

Julien  l'apostat,  étant  parvenu  à  l'empire,  donna  à  son  oncle 
Julien  la  qualité  de  comte  d'Orient.  Ce  dernier,  qui  était  apostat 
comme  son  neveu ,  ayant  appris  qu'il  y  avait  des  vases  d'or  et  d'ar- 
gent dans  le  trésor  de  l'église  d'Antiochc,  résolut  de  s'en  empe» 
ror,  fit  à  cette  fin  fermer  l'église,  et  chassa  les  ministres.  Un  saùit 
prêtre  nommé  Théodoret,  qui  était  chargé  de  la  garde  des  vases 
sacrés,  ne  voulant  pas  abandonner  le  dépôt  qui  lui  était  confié, 
resta  dans  la  ville ,  et  tenait  chez  lui  les  assemblées  des  fidèles.  Le^* 
comte  Julien,  en  ayant  été  averti,  le  fit  prendre  et  amener  devant 
lui,  les  mains  liées  derrière  le  dos.  «  Tu  es  donc,  lui  dit-il,  ce  Théo-, 
doret  qui,  sous  le  règne  de  Constance ,  empêchait  que  Ton  servit 
les  dieux,  abattait  les  autels  et  les  temples  pour  bâtir  des  églises  et 
des  tombeaux  de  morts?  —  Oui ,  répondit  Théodoret  ;  autant  que 
j'ai  pu  j'ai  contribué  à  élever  des  églises  et  des  basiliques  sous  Tin- 
vocation  des  martys,  j'ai  détruit  les  idoles  et  les  autels  des  démons 
pour  sauver  les  Ames  de  ceux  qui  étaient  dans  l'erreur,  —  Puis- 
que tu  reconnais  que  tu  l'as  fait ,  dit  Julien,  rends  donc  honneur 
aux  dieux.  —  Je  l'ai  fait,  dit  Théodoret,  du  temps  de  Constance, 
sans  que  Ton  m'en  ait  empêché,  et  je  suis  étonné  qu'un  prévarica- 
teur tel  que  vous,  qui  s'est  rendu  coupable  de  la  plus  crimiuellq 


23  octobre  —  s.  thbodoret,  m  art.  351 

S  soit  deve  itôt  le  vengeur  des  démons.  »  Alors  Julien 
frapper  sous  la  plante  des  pieds  et  sur  le  visage  ;  ensuite  il  le 
?mke  sur  le  chevalet  avec  tant  de  violence  qu'il  semblait  avoir 
pieds  de  long.  «  Sens-tu  les  tourments  ?  dit  le  comte;  quitte 
la  doctrine  de  ce  mort,  sacrifie  aux  dieux  et  continue  de  vi- 
»  Ttaéôdoret,  parlant  fort  et  d'un  air  plein  de  joie.  «  N'appelez 
■eux  les  ouvrages  des  hommes  ;  mais  reconnaisses  le  Dieu  qui 
;  le  ciel  et  la  terre,  et  Jésus-Christ,  son  Fils,  par  le  sang  pré- 
duquet  vous  aviez  été  délivré.  —  Quoi  !  dit  le  comte,  ce  cru- 
ce  mort,  cet  homme  mis  dans  le  monde,  tu  rappelles  créa- 
du  monde  ?  —  Oui ,  répondit  Théodoret  ;  celui  qui  a  été  cru- 
qui  est  mort,  qui  a  été  mis  dans  le  tombeau,  qui  est  ressus- 
lour  notre  salut,  c'est  lui  qui  a  fait  toutes  choses,  qui  est  le 
e  et  la  sagesse  du  Père,  et  que  vous  avez  adoré  lorsque 
étiez  sage,  si  cependant  vous  l'avez  jamais  été  véritablement.  » 
mite,  plein  de  colère,  fît  redoubler  les  tourments,  et,  pendant 
e  sang  coulait  des  côtés  du  saint  prêtre,  son  visage  était  rem- 
e  joie.  «  Je  vois  bien,  dit  le  comte,  que  tu  ne  sens  pas  les 
nents.  —  Non,  répondit  le  saint,  je  ne  les  sens  pas,  parce 
e  Seigneur  est  avec  moi.  »  Julien,  faisant  toujours  continuer 
rture,  dit  au  saint  ;  «  J'ai  appris  que  tu  dois  une  somme  au 
r  de  l'empereur  :  tu  te  hâtes  de  mourir  pour  ne  pas  payer; 
sacrifie,  je  te  ferai  remettre  la  dette.  —  Que  votre  or  et 
!  argent  périssent  avec  vous»  dit  le  saint  martyr  :  je  ne  dois 
Dieu  seul  ;  et ,  en  conservant  ma  conscience  pure ,  j'espère 
s  promesses.  »  Julien  commanda  qu'on  apportât  les  flam- 
x  pour  lui  brûler  les  côtés.  Pendant  qu'on  le  faisait ,  Théo- 
:,  levant  les  yeux  au  ciel ,  dit  :  «  Seigneur,  Dieu  tout-puiu- 
qui  avez  fait  le  ciel  et  la  terre  et  tout  ce  qui  y  est  contenu, 
eur  du  monde ,  remplissez  l'espérance  de  votre  serviteur, 
souffre  pour  votre  nom ,  et  faites  voir  votre  puissance  aux 
lants ,  afin  que  tout  le  monde  connaisse  quelles  grâces  vous 
;  à  ceux  qui  vous  craignent ,  et  quels  tourments  sont  prépa- 
ceux  qui  vous  renoncent.  »  En  même  temps  les  bourreaux 
èrent  par  terre.  Julien ,  les  ayant  fait  relever,  leur  ordonna 
commencer  ;  mais  ils  répondirent  qu'ils  ne  le  pouvaient  pas  ; 
;  avaient  été  renversés  par  quatre  anges,  vêtus  de  robes 
;hes,  qui  s'entretenaient  avec  le  saint.  Julien,  en  fureur, 
nanda  qu'on  les  jetât  dans  la  mer.  Comme  on  les  y  condui- 
Théodoret  leur  dit  :  «  Allez,  mes  frères,  allez  devant  :  pour 


aôS       23  octobre.  —  s.  bomain,  abch.  j>e  mue*. 

moi,  en  vainquant  l'ennemi,  je  vous  suivrai,  et  j'irai  au  Sei» 
gneur*  qui  veut  bien  m'acoorder  la  victoire.  »  Julien  le  pressa  de 
sacrifier  et  lui  offrit  telle  récompense  qu'il  voudrait  $  mais  le  saint 
lui  répondit  :  «  Pour  vous,  vous  mourrez  dans  votre  lit  en  souf» 
frant  d'horribles  tourments;  quant  à  l'empereur,  qui  se  prépare  i 
la  guerre,  non-seulement  il  ne  remportera  pas  la  victoire,  mail 
H  périra  sans  qu'on  sache  qui  Ta  frappé.  » 

Le  comte,  craignant  que  le  saint  n'en  dît  davantage,  lui  fit 
trancher  la  tête  :  ce  fut  le  23  octobre  de  l'an  369. 

Le  comte  Julien  passa  la  nuit  suivante  dans  des  inquiétudes 
mortelles.  Le  lendemain  matin,  il  présenta  à  l'empereur  l'inven- 
taire des  effets  qu'il  avait  enlevés  aux  chrétiens ,  et  il  raconta  ce 
qu'il  avait  fait  par  rapport  à  Théodoret ,  s'imaginant  par  la  frire 
sa  cour  à  son  neveu.  Mais  le  prince  lui  dit  ouvertement  qu'il 
n'approuvait  point  que  l'on  mit  à  mort  les  chrétiens  pour  cause 
de  religion.  Cest  donner,  dit-il,  de  l'avantage  aux  chrétiens,  qui 
ne  manqueront  pas  de  faire  de  Théodoret  un  saint  et  un  martyr. 
Le  soir,  le  cornlc  Julien  ressentit  une  violente  douleur  d'entrail- 
les; ses  intestins  se  corrompirent  ;  il  vomissait  les  excréments  par 
la  bouche.  Il  se  forma  dans  les  parties  corrompues  une  quantité 
prodigieuse  de  vers  ;  et  tout  l'art  des  médecins  fut  inutile.  Les  trois 
derniers  jours  de  sa  vie ,  il  s'exhala  une  puanteur  de  son  oorpt 
qu'il  ne  pouvait  supporter  lui-même.  L'empereur,  ayant  été 
blessé  mortellement,  eu  Perse,  d'un  trait  lancé  par  une  main  in- 
connue ,  expira  dans  la  rage  et  le  désespoir  le  26  juin  363.  Ainsi 
s'accomplit  la  prédiction  du  bienheureux  martyr. 


93  octobre.  —  SAINT  ROMAIN,  abchevequb  db  Rouen, 

CONFESSEUR.   —  7e  Siècle. 

Romain  sortait  d'une  famille  où  la  naissance  était  jointe  à  la 
vertu.  Ses  parents ,  qui  le  regardaient  comme  le  fruit  de  leurs 
prières  et  de  leurs  aumônes ,  prirent  un  grand  soin  de  son  édu- 
cation. Ils  le  formèrent  surtout  à  la  piété.  Quand  il  fût  en  Age 
de  paraître  dans  le  monde,  on  l'envoya  à  la  cour  de  Gotaire  II, 
le  troisième  roi  France,  qui  réunissait  toute  la  monarchie.  Il  mé- 
rita l'estime  et  la  confiance  de  ce  prince ,  qui  l'éleva  depuis  à  la 
dignité  de  référendaire  ou  de  chancelier. 

Après  la  mort  d'Hidulphe ,  archevêque  de  Rouen,  laquelle  ar- 


28  octobre.  —  s.  bomain,  abch.  db  rouen.       353 

riva  en  626 ,  on  élut  Romain  pour  le  remplacer.  Ce  choix  fut 
unanimement  approuvé.  Le  saint  voulut  inutilement  faire  des  re- 
présentations, on  n'y  eut  aucun  égard.  A  peine  eut-il  reçu 
Fonction  épiscopale  qu'il  employa  tous  les  moyens  propres  à  dé- 
truire dans  son  diocèse  les  restes  de  l'idolâtrie.  11  fit  abattre  quatre 
temples  dédiés  à  Vénus ,  à  Mercure,  à  Jupiter  et  Apollon.  Le  pre- 
étaitdansla  ville  de  Rouen, 
affaires  de  son  diocèse  l'ayant  appelé  à  la  cour  de  Dagobert, 
i  y  apprit  qu'une  inondation  faisait  de  grands  ravages  dans  sa 
ville  épiscopale.  Il  part  aussitôt ,  et  vole  au  secours  de  son  trou- 
peau. A  son  arrivée,  il  se  met  en  prières,  et,  tenant  un  crucifix  à 
la  main,  il  s'avance  du  côté  de  la  rivière,  qui  rentre  dans  son  lit. 

Mais  si  les  miracles  du  saint  évêque  excitent  notre  admiration, 
tes  éminentes  vertus  doivent  encore  plus  particulièrement  fixer 
notre  attention.  Il  macérait  son  corps  par  des  austérités  continuel- 
les; et  après  avoir  consacré  les  jours  aux  fonctions  pénibles  du 
ministère ,  il  donnait  les  nuits  à  l'oraison.  Il  bannit  par  son  zèle 
le  vice  et  la  superstition,  et  il  veillait  également  au  salut  de  son 
âme  et  à  la  sanctification  de  son  troupeau  II  y  avait  treize  ans 
qu'il  gouvernait  son  diocèse  lorsque  Dieu  lui  fit  connaître  qu'il 
approchait  de  sa  fin.  Comme  sa  vie  avait  été  une  préparation 
continuelle  à  la  mort ,  il  ne  fat  point  effrayé  de  cet  avertisse- 
ment; il  redoubla  de  ferveur  dans  ses  prières,  et  d'austérité  dans 
sa  pénitence,  afin  de  se  rendre  encore  plus  digue  de  paraître  de- 
vant Dieu.  11  mourut  le  23  octobre  638 ,  et  eut  saint  Ouen  pour 
successeur.  Dans  le  onzième  siècle ,  son  corps ,  d'abord  déposé 
dans  l'église  de  Saint-Godard ,  fut  porté  dans  la  cathédrale. 

Le  nom  de  saint  Romain  est  célèbre  en  France  à  cause  du 
privilège  dont  l'église  de  Rouen  était  jadis  en  possession,  et  qui 
consistait  à  délivrer  tous  les  ans  un  criminel  de  la  prison  et  de 
la  mort,  le  jour  de  l'Ascension.  Selon  la  tradition  populaire, 
ce  privilège  tirait  son  origine  de  ce  qae  saint  Romain  aurait  tué 
un  horrible  dragon,  avec  l'aide  d'un  meurtrier  qu'il  avait  envoyé 
chercher  en  prison.  Quant  à  la  figure  du  serpent,  nommé  gar- 
gouille, que  l'on  portait  à  la  procession,  elle  paraît  n'avoir  été,  à 
Rouen  comme  dans  quelques  autres  villes,  qu'un  symbole  re- 
présentatif de  la  victoire  de  Jésus-Christ  sur  le  démon. 


30. 


&4      33  ociubre.  —  s.  Jfiuf  dk  C4P»T«4H>  ooaur. 

—  ii  —    i • — w^i— ^A-^jjji 

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2J  octobre.  -  SAINT  JEAN  DE  (^UMSTRAN >  M  ^«M^  j 
m  Saint  François,  confesseur.  —  tt*  ntèale.--  '»'&* 

Jean,  né  à  Capistran,  dans  le  pays  des  Marses ,  était  fils  d'un 
soigneur  allemand  qui  avait  épousé  une  femme  de  cette  contrée. 
Envoyé  à  Pérouse  pour  y  faire  ses  études ,  ses  progrès  dans  In 
sciences  sacrées,  profanes  et  juridiques  furent  tels  que,  d'après 
sa  réputation,  le  roi  do  Naples  tadislas  lui  confia  le  gouverneront 
de  plusieurs  villes ,  ce  dont  il  s'acquitta  très-dignement.  Pendant 
qu'il  était  à  Pérouse,  il  s'y  éleva  des  troubles  qu'il  s'efforça  d'a- 
paiser; mais  il  fut  arrête  et  jeté  dans  une  prison  où  lui  apparut 
un  homme  vêtu  en  franciscain ,  qui  l'engagea  à  embrasser  uw 
plus  sainte  carrière.  Ce  fut  par  suite  de  cette  vision  que  Jeta 
reçut  la  tonsure  cléricale,  et  qu'il  fut  admis,  après  un  noviciat  ri- 
goureux, au  nombre  des  Frères-Mineurs  de  l'Observance.  Il  eut 
pour  maître  dans  les  lettres  divines  saint  Bernardin  de  Sienne, 
dont  il  imita  les  vertus.  Sa  profonde  humilité  lui  fit  refuser  avtc 
une  constance  inébranlable  l'évcché  d'Aquila.  L'austérité  de  tarie, 
non  moins  que  les  nombreux  écrits  qu'il  composa  pour  la  défor- 
mation des  mœurs ,  lui  procura  une  grande  célébrité.  Il  fut  deux 
fois  supérieur  des  Observantins  en  qualité  de  vicaire,  et  il  agit  de 
telle  sorte  par  ses  règlements  et  ses  exemples  que  cette  branche 
de  la  famille  de  saint  François  devint  la  gloire  de  l'ordre  entier, 
et  fit  faire,  beaucoup  de  progrès  à  la  foi. 

Son  zèle  à  prêcher  la  parole  de  Dieu  en  parcourant  toute  l'Italie 
ramena  une  multitude  de  personnes  dans  la  voie  du  salut.  L'heu- 
reux succès  de  ses  efforts  pour  éteindre  l'hérésie  des  fratrieellea 
lit  que  le  pape  Martin  Y  le  nomma  inquisiteur  général  contre 
tous  les  hérétiques.  Il  vint  à  bout  de  faire  cesser  sur  les  terres 
de  1'Kglisc  Romaine  la  pratique  impie  de  l'usure,  que  les  juin) 
exerçaient.  En  Orient,  il  rendit  a  la  religion  des  services  impor- 
tants ,  en  préparant  la  réunion  des  Arméniens  à  l'Église  catho- 
lique, réunion  qui  se  consomma  au  concile  de  Florence.  Nicolas  Y 
l'ayant  nommé  inquisiteur  général  contre  les  juifs  et  les  Sarra- 
sins dans  toute  l'Italie,  Jean  convertit  à  Rome  le  principal  rabbin 
avec  quarante  de  ses  coreligionnaires.  11  travailla  aussi  en  Alle- 
magne, en  qualité  de  nonce ,  à  la  conversion  des  hérétiques  et  à 
rétablir  la  concorde  parmi  les  princes.  Son  zèle  se  déploya  sur- 


2-1  octobre.  —  s.  màgloire  ,  év.  355 

it  lorsque  Calixte  III ,  pressé  par  ses  supplications ,  eut  résolu 
guerre  sainte  contre  les  Turcs.  C'est  principalement  à  son  cou- 
gs  et  à  ses  conseils  qu'on  doit  d'avoir  remporté  la  victoire  de 
Igrade,  où  douze  mille  <  tttomans  furent  mis  en  fuite  ou  massa- 
is. Enfin ,  succombant  à  tant  de  travaux  et  à  d'autres  fatigues 
n  moins  glorieuses,  Jean  de  Capistran  tomba  malade  mortelle- 
art,  et  fut  transporté  à  Villack.  Des  princes  étant  venus  le  visi- 
'  sur  son  lit  de  douleur,  il  les  exhorta  à  défendre  la  religion  chrê- 
me^ et  rendit  son  âme  à  Dieu  en  Tan  1456,  se  montrant  jusqu'à 
In  un  homme  vraiment  apostolique,  et  martyr  par  les  vœux 
son  cœur.  C'est  le  pape  Alexandre  VIII  qui,  après  un  examen 
torique,  le  mit  au  nombre  des  saints. 


octobre.  —  SAINT  MAGLOIRE,  évêque  bégionnaibe, 
abbé  de  Dol.  — 6e  siècle. 

Saint  Màgloire  naquit  dans  la  Grande-Bertagne,  sur  la  fin  du 
quième  siècle.  11  fut  mis,  avec  son  cousin,  saint  Samson,  sous 
conduite  de  l'abbé  Iltut,  disciple  de  saint  Germain  d'Auxerre, 
i  prit  on  soin  particulier  de  les  former  aux  sciences  et  à  la 
té.  Lorsqu'ils  furent  en  âge  de  se  décider  sur  le  choix  d'un 
t  de  vie,  Samson  se  retira  dans  un  monastère,  et  Màgloire  re- 
irna  chez  ses  parents ,  où  il  pratiqua  toutes  les  vertus  chrê- 
mes. Quelque  temps  après,  le  père  de  Samson,  ayant  été  at- 
[ué  d'une  maladie  dangereuse,  envoya  chercher  son  fils,  et 
umflia  devant  Dieu,  dont  il  implora  la  miséricorde.  La  santé 
ayant  été  rendue ,  il  renonça  à  ses  biens  pour  se  consacrer  au 
gneur  avec  toute  sa  famille. 

jet  exemple  eut  des  suites  si  heureuses  que  Màgloire  et  toute 
famille  résolurent  de  quitter  le  monde.  Us  distribuèrent  leurs 
os  aux  pauvres  et  aux  églises  ;  après  quoi ,  Màgloire  et  son 
e  prirent  l'habit  monastique  dans  la  même  maison  que  Samson. 
rsque  ce  dernier  eut  été  sacré  évêque  régionnaire ,  il  s'associa 
it  Màgloire,  qui  avait  été  élevé  au  diaconat ,  et  l'emmena  avec 
dans  l'Armorique ,  pour  l'aider  dans  ses  travaux  apostoliques 
i  la  propagation  de  l'Evangile.  Le  roi  Childebert  appuya  de 
autorité  les  saints  missionnaires,  qui  furent  bientôt  en  état 
fonder  quelques  monastères.  Samson  fit  sa  résidence  dans  co- 
de Dol,  et  donna  la  conduite  de  celui  de  Kerfunt,  ou  Kerfuntée. 


356  24  octobre.  —  s.  magloire,  bv. 

à  saint  Magloire,  qu'il  ordonna  prêtre,  aQn  qu'il  pût  lui  succéder 
dans  les  fonctions  épiscopales. 

Magloire,  à  l'exemple  de  son  prédécesseur,  prêcha  l'Évangile 
aux  Bretons  qui  habitaient  sur  les  côtes  et  dont  la  plupart  étaient 
chrétiens  ;  mais  les  malheurs  des  guerres  avaient  affaibli  en  eux  ta 
connaissance  de  Jésus-Christ,  et  l'avaient  presque  entièrement  ef- 
facée dans  plusieurs.  Le  saint  continua  de  vivre  avec  ses  moînet 
comme  par  le  passé.  11  ne  quittait  point  le  ciliée  et  ne  se  nour- 
rissait que  de  pain  d'orge  et  de  légumes.  Après  trois  ans.  d'épisco- 
pat ,  il  forma  le  projet  d'aller  vivre  dans  la  solitude.  Croyant 
que  Dieu  exigeait  de  lui  cette  entière  séparation  du  monde,  il  se 
fit  remplacer  par  Budoc,  dont  il  connaissait  le  zèle,  les  lumières 
et  les  vertus.  Magloire  redoubla  ses  austérités;  et,  brûlant  du 
désir  d'être  uni  à  Dieu  de  la  manière  la  plus  intime,  îl  évitait, 
autant  qu'il  lui  était  possible ,  de  converser  avec  les  hommes; 
mais  la  réputation  de  sa  sainteté  fit  bientôt  découvrir  le  lieu  de 
sa  retraite.  On  s'y  rendait  de  toutes  parts  pour  trouver  du  sou- 
lagement dans  les  besoins  de  l'âme  et  du  corps. 

Le  saint,  ne  pouvant  plus  supporter  cette  affluence  de  peuple 
qui  venait  le  visiter,  résolut  de  se  retirer  dans  quelque  sotitude, 
où  il  pût  être  entièrement  inconnu  au  monde;  mais  Budoe, 
qu'il  consulta ,  le  rassura  en  lui  faisant  entendre  que  les  bonMS 
œuvres  qu'il  faisait  devaient  lui  faire  sacrifier  son  goût  partie» 
lier  pour  la  retraite,  il  resta  donc  dans  l'état  où  il  était,  et  sa 
miracles  rendirent  de  jour  en  jour  son  nom  plus  célèbre.  Le 
comte  Loiescon,  qu'il  avait  guéri  de  la  lèpre,  lui  ayant  donné 
une  terre  dans  l'Ile  de  Jersey,  il  y  bâtit  une  église,  et  fonda  as 
monastère,  où  il  rassembla  plus  de  soixante  religieux.  Durant  ta 
famine  qui  suivit  la  mort  de  Chilpéric,  il  pourvut  à  la  subsistance 
d'une  infinité  de  personnes  qui  étaient  dans  le  besoin.  Quoique  les 
provisions  du  monastère  fussent  épuisées ,  il  ne  diminua  point  ta 
nombre  de  ses  religieux ,  ainsi  qu'on  le  lui  avait  conseillé.  H  i 
mit  en  Dieu  sa  confiance ,  et  il  en  recueillit  bientôt  les  fruits.  ; 
Un  vaisseau  chargé  de  vivres  arriva  dans  111e,  et  y  apporta  les  se- 
cours dont  en  manquait. 

La  nuit  de  Pâques  de  l'année  suivante ,  le  saint  fut  averti  par  * 
le  ciel  de  la  proximité  de  sa  mort.  11  ne  sortit  plus  de  l'église,  à 
moins  qu'il  n'y  fût  contraint  par  la  nécessité  ou  par  l'utilité  dtf 
prochain.  Il  répétait  souvent  ces  paroles  du  Psalmiste  :  Je  ne  de-  ) 
mande  qu'une  chose  au  Seigneur,  c'est  de  demeurer  dans  M  1 


16  octobre.  —  ss.  cbepin  et  crspimbn.         S67 

tous  le*  jours  de,  ma  vie.  Il  mourut  six  mois  aprèt.  On 
mort  au  24  octobre  57$.  Il  était  âgé  d'environ  quatre- 
Durant  les  guerres  des  Normands ,  ses  reliques  fu- 
à  Paris,  et  déposées  dans  l'Église  de  Saint-Barthé- 
,  pois  dans  la  chapelle  de  Saint-Georges,  située  hors  des 
la  Tille.  On  les  transporta  ensuite  dans  l'église  de  Saint- 
dite  depuis  de  Saint-Magloire, 


m  octobre.  —SAINT  CHRYSANTHE  ET  SAINTE  DARIE, 

MABTYBS.  —  3e  Siècle. 

'Cfaysantheet  Darie  étaient  deux  époux  d'une  noble  naissance, 
■ris  plus  illustres  encore  à  cause  de  la  foi  que  Darie,  par  le  zèle 
il  son  mari,  avait  adoptée  avec  le  baptême.  Ils  convertirent  à 
BlMI  Clnist  dans  la  ville  de  Rome  une  quantité  innombrable  de 
;9  Darle  instruisant  les  femmes ,  tandis  que  son  époux 
lommes  \  ce  qui  fut  cause  que  le  préfet  Célerin,  après 
fer  avoir  fait  arrêter,  les  livra  au  tribun  Claude.  Celui-ci  donna 
tés}tp  de  torturer  Chrysanthe,  que  des  soldats  avaient  attaché; 
tous  les  liens  se  rompirent,  et  bientôt  les  entraves  dans  les- 
il  avait  été  engagé  se  brisèrent  également.  On  renferma 
dans  une  peau  de  bœuf  qu'on  exposa  à  un  soleil  très-ar- 
lent  ;  puis,  après  lui  avoir  garrotté  les  pieds  et  les  mains  avec  une 
àaine  de  fer,  on  le  jeta  dans  un  cachot  obscur.  Mais  là  ses  fers  se 
ttmpirent  encore  une  fois,  et  une  lumière  éclatante  éclaira  cet 
Adroit.  Quant  à  Darie ,  contrainte  d'entrer  dans  un  lieu  de  pros- 
titaoon,  la  protection  d'un  lion  l'y  défendit  miraculeusement  de 
tout  outrage ,  pendant  qu'elle  était  tout  absorbée  par  sa  prière. 
Enfin  conduits  l'un  et  l'autre  dans  une  sablonnière  située  sur  la 
laie  Salaria,  ils  y  tinrent  lapidés  dans  une  fosse  qu'on  avait  creusée, 
et  9s  obtinrent  tous  deux  une  pareille  couronne  de  martyre,  en 
Fan  237. 


Î5  octobre.  —SAINT    CRÉPIN  ET  SAINT   CRfcPINIEN, 

habtybs.  —  3e  siècle. 

Crépin  et  Crépinien  furent  du  nombre  des  premiers  apôtres  de 
France  envoyés  avec  saint  Denis  pour  y  annoncer  l'Évangile.  Ceux 
fui  eurent  le  bonheur  d'entendre  les  instructions  de  ces  saints 


358        25  octobre.  —  s.  mont,  év.  de  pébigueux. 

apôtres  furent  plus  soigneux  de  les  mettre  en  pratique  que  d'écrire 
leur  histoire  :  aussi  sait-on  peu  de  choses  de  saint  Crépin  et  de 
saint  Crépi  ni  en.  On  dit  qu'ils  étaient  frères. 

T/CS  compagnons  de  saint  Denis  s'étant  dispersés  en  différente 
endroits  des  Gaules ,  Crépin  et  Crépinien  s'arrêtèrent  à  Soissons, 
où  ils  se  servaient  de  toutes  les  occasions  que  Dieu  leur  donnait 
pour  attirer  les  peuples  à  la  connaissance  de  la  vérité.  A  l'exemple 
de  saint  Paul ,  qui  prêchait  le  jour  et  qui  travaillait  la  nuit  pour 
n'être  à  charge  a  personne ,  ils  tirent  du  lieu  de  leur  retraite  non- 
seulement  une  école  d'instruction ,  mais  encore  une  boutique  de 
travail.  Ils  exerçaient  le  métier  de  cordonnier,  occupation  tran- 
quille ,  propre  à  les  entretenir  dans  l'humilité  qui  convient  à  des 
ouvriers  évangéliques,  et  qui  leur  donnait  occasion  de  parler  de 
Jésus-Christ  à  ceux  qui  les  employaient. 

Il  y  avait  longtemps  qu'ils  vivaient  de  la  sorte ,  et  qu'ils  répon- 
daient la  lumière  de  l'Évangile ,  lorsqu'ils  furent  dénoncés  à  l'em- 
pereur Maxime-Hercule ,  qui  les  envoya  prendre  aussitôt  et  Ici 
interrogea;  mais,  n'ayant  pu  les  gagner  ni  par  promesses  ni  par 
menaces ,  il  les  remit  entre  les  mains  du  préfet  du  prétoire  des 
Gaules,  nommé  Ilictius  Va  rus.  Ce  préfet  éprouva,  sans  pouvoir 
les  ébranler,  la  constance  de  ces  deux  missionnaires  par  tous  les 
moyens  que  la  cruauté  lui  suggéra.  Les  deux  frères ,  étant  de- 
meurés victorieux  de  toutes  les  attaques  du  persécuteur,  cuvent 
enfin  la  tête  tranchée.  Ou  met  leur  martyre  vers  Fan  287. 


25  atobre.  —  SA.IIST   FRONT,  premier  évéque  de  Pbbi- 

GUKLX  ,   COR FESS EUE.   —  3r  OU  4e  siècle. 

Le  bienheureux  saint  Front,  ordonné  évéque  par  des  hommes 
apostoliques ,  fut  un  de  ceux  qui ,  au  rapport  de  la  tradition ,  re- 
çurent du  saint-siège  la  mission  de  prêcher  l'Evangile  dans  les 
Gaules,  et  y  répandirent  la  foi  de  Jésus-Christ  en  diverses  pro- 
vinces. Il  parcourut  plusieurs  contrées  avec  le  bienheureux  George, 
en  annonçant  la  parole  de  Dieu ,  et  il  arracha  à  la  superstition 
tin  grand  nombre  de  païens.  George  étant  passé  dans  le  Vélay, 
Front  entreprit  d'amener  à  la  connaissance  du  vrai  Dieu  les  ido- 
lâtres du  Périgord.  Il  entra  donc  à  Périgucux  ,  prêcha  la  foi  chré- 
tienne dans  cette  cité  avec  un  zèle  infatigable,  une  constance 
inimaginable .  et  convertit  à  Jésus-Christ  une  multitude  d'habt- 


26  octobre.  —  s.  évabiste»  pape  ist  m.         3&B 

Bfio,  après  av<  îccompli  d'innombrables  travaux  et  opéré 
p  de  mincies  pour  confirmer  sa  prédication*  il  s'endormit 
paix  du  Seigneur.  Son  corps  fut  enseveli  auprès  de  Péri- 
•à  l'endroit  «fui  prit  le  nom  de  Puy-Samt-Front ,  et  qui 
nUnéme  une  ville. 


to.— SAINT  BONIFACE  1er,  pape,  confesseur.  — . 

5e  siècle. 


,  qui  succéda  à  Zozime  sur  le  Siège  apostolique  le 
nbre  41  S,  était  un  prêtre  avancé  en  âge ,  d'une  vertu  émi» 
;  très-versé  dans  la  connaissance  de  la  discipline  ecclésias» 
on  élection  ayant  été  contestée  par  quelques  évéques  qui 
àonaé  leurs  suffrages  à  un  homme  ambitieux  et  intrigant 
Eutotius,  Symmaque,  préfet  de  Rome*  en  instruisit  l'em* 
Bonorius,  qui  faisait  alors  sa  résidence  à  Ravenne»  Ce 
t assembler  un  synode,  qui  condamna  Euialius,  et  con- 
nection de  Boniface. 

nveratn  pontife  se  fit  principalement  remarquer  par  sa 
et  son  amour  pour  la  paix.  Mais  il  n'en  montra  pas  moins 
été  contre  les  évéques  de  Constantinople,  qui  voulaient 
eur  juridiction  jusque  dans  l'IIlyrie  et  dans  certaines  pro- 
ui,  quoique  soumises  alors  à  l'empire  d'Orient,  avaient  tou- 
;  dépendantes  du  patriarcat  d'Occident.  11  sut  aussi  main- 
ts rigueur  les  droits  de  Ruftis,  évêque  de  Thessalonique,  son 
ms  la  Thessalie  et  la  Grèce  ;  et  il  exigea  que  les  élections 
s  faites  dans  ces  contrées  fussent  toujours  confirmées 
s  et  ses  successeurs,  conformément  à  l'ancienne  discipline. 
t  encore  les  privilèges  des  métropoles  de  Nar bonne,  et 
icliit  de  la  juridiction  de  la  primatie  d'Arles.  11  montra 
l  sèle  contre  les  pélagiens,  et  témoigna  une  haute  ès- 
r  saint  Augustin ,  qui  lui  adressa  quatre  livres  contre  Pe- 
ut Boniface  mourut  sur  la  fin  de  Tannée  422,  et  fut  en- 
s  le  cimetière  de  Sainte-Félicité ,  sur  la  voie  Salaria. 


re.  —  SAINT   ÉVARISTE,  pape  et  martyr.  — 

2r  siècle. 

:e,  né  en  Grèce  d'un  père  qui  était  juif,  exerça  le  sou- 
mtificat  sous  l'empereur  Trajan.  C'est  lui  qui  divisa  le- 


300       26  vctoljre.  —  «s.  lugien  et  marcien,  m. 

ville  de  Rome  en  titres  ou  paroisses ,  as  un  prêtre  à  eta* 

cune  d'elles.  Il  régla  que  sept  diacres  entoureraient  Févéque  loi» 
qu'il  s'acquitterait  du  devoir  pastoral  de  la  prédication  évangéUfD». 
11  établit  aussi,  d'après  la  tradition  apostolique,  que  les  mariagai 
seraient  célébrés  et  consacrés  en  public,  et  qu'on  y  joindrait  h 
bénédiction  du  prêtre.  11  gouverna  l'Église  neuf  ans  et  trois  mon, 
et,  couronné  par  le  martyre  en  l'an  1 12 ,  il  fut  enseveli  le  25  oc- 
tobre, au  Vatican,  auprès  du  tombeau  du  Prince  des  apôtres. 


20  octobre.  -  SAINT  LUCIEN  ET  SAINT  MARQEN, 

martyrs.  —  3e  siècle. 

Lucien  etMarcien,  élevés  dans  les  ténèbres  du  pigaiûsme,  s'é- 
taient abandonnés  à  toutes  sortes  de  désordres.  Livrés  à  des  pas- 
sions honteuses,  également  contraires  à  la  raison  et  à  la  piété,  os 
suivaient  sans  scrupule  les  désirs  corrompus  de  leur  cœur.  Dm 
le  temps  où  ils  ne  pensaient  qu'à  multiplier  leurs  ingratitudes  et 
leurs  crimes ,  Dieu  les  regarda  dans  sa  miséricorde*  N'ayant  pu 
engager  une  vierge  chrétienne  à  consentir  à  leur  infime  pasriont 
ils  eurent  recours  à  tout  ce  que  la  magie  a  de  plus  noir,  à  ce  qu'il 
regardaient  comme  le  charme  le  plus  infaillible?  mais  tous  leurs 
efforts  ne  purent  rien  contre  celle  qui  opposait  à  leurs  vains  aru» 
fices  les  armes  puissantes  de  la  prière  et  de  l'humilité.  Lucien  et 
Marcien  eurent  honte  d'avoir  été  si  longtemps  séduits  et  de  s'être 
laissé  égarer  par  des  esprits  de  ténèbres.  De  la  honte  d'eux-mêmes 
ils  passèrent  bientôt  au  mépris  de  ce  qu'ils  avaient  aimé  :  ils  aban- 
donnèrent leurs  biens  et  leurs  familles,  et  se  retirèrent  dans  un 
lieu  écarté  et  solitaire;  ils  ne  sortaient  de  leur  retraite  que  pour 
venir  de  temps  en  temps  à  l'église,  où  Hs  confessaient  publique*  •' 
ment  leurs  crimes  passés ,  afin  de  s'humilier*  et  s'en  retournaiest  & 
ensuite  pleurer  dans  leur  solitude*  *■ 

Après  s'être  ainsi  fortifiés  dans  la  grâce  que  le  baptéVm  M  ■- 
avait  donnée ,  ils  voulurent  réparer  autant  qu'il  était  en  eux  In  : 
pertes  qu'ils  avaient  fait  faire  à  l'Église  par  la  mort  sptrttuele  ( 
qu'ils  avaient  donnée  à  tant  d'âmes  entraînées  par  eux  dans  ■  < 
désordre.  Pour  réussir  dans  ce  dessein,  ils*  commencèrent  à  pré»  a 
cher  Jésus-Christ  avec  autant  de  zèle  qu'ils  en  avaient  eu  aupt-  ' 
ravant  à  détruire  son  empire.  Les  ennemis  du  nom  chrétien  ni-  e 
rent  'tout  en  œuvre  pour  les  empêcher  de  gagner  des  âmes  à  * 


37  octobre.  —  saînt  frûmence,  év.  b'AXUit.      361 

jMmfc-C&rist ,  et  ils  en  trouvèrent  bientôt  l'occasion.  Dèce ,  qui 
vivement  l'Église,  faisait  chercher  partout  ceux  qui 
fidèles  à  Jésus-Christ,  afin  de  les  obligera  sacrifier  aux 
ou  pour  les  faire  mourir.  Dieu  permit  que  Lucien  et  Mar- 
iassent aussi  arrêtés.  Sabin,  proconsul  de  Bithynte,  leur  dit: 
quelle  autorité  annoncez-vous  le  Christ?  —  Tout  homme  qui 
a4Q la  charité,  répondit  Lucien,  ne  désire  rien  tant  que  de  retirer 
f»  frères  de  Terreur.  Martien,  qu'il  interrogea  ensuite ,  lui  fit  la 
taiqte  réponse,  et  ajouta  :  Celui  qui  a  rendu  saint  Paul  un  zélé 
défenseur  de  cette  Église,  qu'il  persécutait  auparavant ,  nous  a  fait 
aussi  la  même  grâce.  —  Laissez  là  tous  ces  discours ,  dit  Sabin; 
retournez  au  culte  des  dieux  que  vous  avez  abandonnés  :  vous 
A'avez  que  ce  moyen  ppur  conserver  une  vie  qui  va  vous  être  ôtée 
/î  vous  n'obéissez  pas.  —  Hélas  !  dit  Lucien ,  que  nous  avons  de 
Â&pfes  à  tendre  à  Jésus-Christ,  qui  nous  délivre  par  sa  puissance 
y  la  mort  éternelle  !  Sabin ,  n'ayant  pu  les  affaiblir  ni  par  les  pro- 
Çeasesni  par  les  menaces ,  les  condamna  à  être  brûlés.  Lucien  et 
Jftnprien  rendirent  grâces  à  Dieu  de  ce  qu'après  avoir  mérité ,  par 
hors  crimes,  de  brûler  éternellement  dans  l'enfer,  il  les  avait  ar- 
nehés  à  la  puissance  des  ténèbres  pour  les  faire  passer  dans  sa 
poire.  Ils  allèrent  avec  joie  au  bûcher,  et  consommèrent  leur  sa- 
en  louant  et  bénissant  le  Seigneur,  en  l'an  250 . 


27  octobre.  —  SAINT  FRUMENCE,  évêque  d'Axum, 
apotrk  de  l'Ethiopie.  —  4e  siècle. 


perles  et  des  pierreries  d'un  grandprtx . 
A  son  exemple,  un  autre  philosophe  tyrien  nommé  Mérojfè  en- 
treprit le  même  voyage  par  le  même  motif;  mais  Dieu,  û^con- 
àoit  les  pas  des  hommes,  lors  même  qu'ils  ne  pensent  pointVafaui, 
permit  ce  voyage  pour  un  dessein  bien  différent  et  d'un  bien 
plus  haut  intérêt  que  toutes  les  pierreries  qu'on  en  pouvait  rap- 
porter. Mérope  emmena  avec  lui  deux  jeunes  neveux  nommés 
Frumence  et  Edèse ,  qu'il  aimait  beaucoup  et  qu'il  instruisait.  Il 
espérait ,  en  les  faisant  voyager,  leur  former  l'esprit ,  et  qu'ils 
acquerraient  des  connaissances  utiles.  Le  philosophe ,  ayant  sa- 

V1ES  DES  SAINTS.  —  T.  31 


362     27  octobre,  —  saint  fbumence,  ÉV.  d'AXUKo 

tisfait  sa  curiosité ,  se  mit  en  chemin  pour  revenir.  Pendant  le    ! 
retour,  le  vaisseau  qui  les  portait,  ayant  été  obligé  de  prendre   > 
terre  en  un  port  de  l'Ethiopie  pour  faire  provision  de  rafraîchis-   i 
sements ,  fut  attaqué  par  les  barbares  du  pays ,  qui ,  ayant  re-   i 
connu  que  l'équipage  était  composé  de  Romains,  dont  fls  étaient    i 
les  ennemis  jurés,  tuèrent  tous  ceux  qu'ils  purent  attraper. 
Mérope,  n'ayant  pu  échapper  à  leur  barbarie,  subit  le  même  sort  :    i 
mais  ses  deux  neveux,  tranquilles  pendant  ce  carnage,  qu'As 
ignoraient  sans  doute ,  étudiaient  leurs  leçons  sous  un  arbre  à 
l'écart  où  ils  s'étaient  retirés  jusqu'à  ce  qu'on  les  appelât  pour  ae 
rembarquer.  Les  barbares ,  surpris  de  leur  tranquillité  et  de  leur 
occupation  qui  les  tenait  si  attachés ,  eurent  assez  d'humanité 
pour  ne  leur  faire  aucun  mal  ;  mais  s'étant  saisis  d'eux  ils  les  ame- 
nèrent à  leur  roi.  Dieu  disposa  le  cœur  de  ce  prince  en  laveur  de 
ces  enfants,  en  sorte  qu'il  les  fit  élever  avec  soin,  et  quand  H 
eut  éprouvé  avec  le  temps  les  qualités  excellentes  de  leur  esprit, 
il  fit  Edèse ,  qui  était  le  plus  jeune,  son  echanson.  Pour  Frumcnce, 
comme  il  vit  qu'il  avait  un  génie  peu  commun  et  un  grand  esprit 
d'ordre ,  il  lui  donna  le  soin  de  ses  finances.  Depuis  ce  temps-là , 
ils  furent  l'un  et  l'autre  fort  aimés  de  ce  roi ,  qui  les  regarda  tou- 
jours comme  deux  hommes  dignes  de  toute  sa  confiance,  et  sur 
qui  il  pouvait  se  reposer  sûrement  d'une  partie  de  son  État  Ce 
prince,  se  voyant  près  de  mourir ,  les  remercia  de  leurs  services, 
et  leur  laissa  la  liberté  de  faire  ce  qu'ils  voudraient.  Edèse  passa 
à  Tyr,  lieu  de  sa  naissance,  et  Frumence  s'en  alla  à  Alexandrie. 

Dès  que  ce  dernier  y  fut  arrivé,  il  alla  voir  saint  Atbanase ,  qui 
venait  d'être  fait  évêque,  et,  en  lui  rendant  compte  de  ses  voya- 
ges ,  il  lui  fit  connaître  combien  il  serait  facile  de  gagner  toute 
l'Ethiopie  à  Jésus-Christ  si  l'on  y  envoyait  des  ministres  pru- 
dents et  éclairés.  Il  suffit  de  savoir  avec  quel  zèle  saint  Atbanase 
o  défendu  la  divinité  de  Jésus-Christ  pour  comprendre  quelle  fut 
sa  joie  de  trouver  cette  occasion  d'étendre  le  royaume  de  Dieu.     À 
Ayant  donc  assemblé  son  clergé,  il  leur  fit  le  récit  de  ce  qu?    - 
Frumence  lui  avait  dit,  et  ensuite,  s'adressant  à  Frumence  lui-     '< 
même,  qui  était  présent,  il  dit  comme  Pharaon  à  Joseph  :  Quel    - 
autre  pourrions-nous  trouver  qui  ait  l'esprit  de  Dieu  comme  vous,    s 
et  qui  puisse  exécuter  de  si  grandes  choses?  Puis,  sans  attendre 
un  plus  long  délai ,  il  l'ordonna  évêque ,  et  l'obligea  de  retourner,    < 
avec  la  grâce  du  Seigneur,  dans  le  pays  d'où  il  était  venu.  \ 

Frumence ,  obéissant  a  la  voix  de  Dieu,  qui  se  faisait  entendre     - 


28  octobre.  —  s.  simon  et  s.  jude,  àp.  363 

celle  de  s      :  Athanase,  retourna  dans  cette  partie  de  l'É- 


qn'on  nomme  Abyssinie,  et  fixa  son  siège  à  Axum.  Les 
le  reçurent  avec  joie ,  et  le  secondèrent ,  autant  qu'il  fut 
dans  l'entreprise  qu'il  voulait  exécuter.  Jamais  peuples 
le  christianisme  avec  plus  de  courage.  L'empe- 
Coostance,  grand  partisan  des  Ariens,  voulut  traverser  les 
que  faisait  la  vérité  dans  ce  pays  en  y  introduisant,  s'il 
possible,  les  erreurs  d'Arias;  et,  comme  il  était  convaincu 
Frumence  s'opposerait  avec  ardeur  à  ce  qu'il  voulait  entre- 
,  il  écrivit  aux  rois  Abcra  et  Asa ,  pour  les  engager  à  li- 
ce saint  évêque  à  Georges,  que  les  Ariens  avaient  fait  pa- 
d' Alexandrie  à  la  place  de  saint  Athanase,  qui  avait  été 
d'abandonner  son  siège  et  de  se  cacher.  Saint  Athanase  nous 
lui-même  cette  lettre  dans  l'apologie  qu'il  a  adressée 
à  Constance.  Tous  les  efforts  que  fit  cet  empereur  furent  inutiles, 
et  ce  digne  pasteur  continua  de  gouverner  son  troupeau ,  selon 
I»  justice  et  la  vérité,  jusqu'à  ce  qu'il  plût  au  souverain  pasteur 
des  âmes  de  le  récompenser  de  sa  fidélité  et  de  ses  travaux.  On 
igaore  le  temps  de  sa  mort. 


28  octobre.  —SAINT  SIMON   et  SAINT  JUDE,   apôtbes. 

—  1er  siècle. 

Simon  est  l'un  des  apôtres  de  Jésus-Christ  dont  l'Évangile  nous 
apprend  le  moins  de  choses.  11  était  Galiléen  comme  les  autres,  et 
on  le  surnommait  Cananéen ,  peut-être  parce  qu'il  était  de  la 
petite  ville  de  Cana  ;  et  le  Zélé,  mot  qui  exprime  en  grec  ce  que 
celui  de  Cananéen  signifie  dans  la  langue  vulgaire  du  pays ,  selon 
la  remarque  de  saint  Jérôme.  On  ne  dit  rien  de  ce  qu'a  fait  saint 
Simon  ni  de  ce  qui  lui  est  arrivé  jusqu'à  la  descente  du  Saint- 
Esprit  qui  ne  lui  soit  commun  avec  les  autres  apôtres.  Ce  qu'il 
a  tait  depuis  leur  séparation  est  encore  moins  connu. 

On  a  quelque  chose  de  plus  certain  et  de  plus  détaillé  touchant 
saint  Jude.  C'est  le  même  qui  est  surnommé  Thaddée  ou  Lebbée. 
Il  était  parent  de  Jésus-Christ  selon  la  chair  ;  et  c'est  pour  cela 
qu'A  est  appelé  son  frère ,  parce  qu'il  était  fils  de  Marie ,  sœur 
de  la  sainte  Vierge ,  et  de  Cloophas ,  frère  de  Joseph.  11  était  aussi 
frère  de  saint  Jacques  le  M  ineur.  Jude  fut  marié ,  et  eut  des  en- 
fants; mais  le  Seigneur,  en  rappelant  à  l'apostolat,  le  destina 


304  28  octobre.  —  s.  fabox,  év.  de  m  eaux. 

à  être  père  d'un  grand  nombre  d'enfants  spirituels  qu'il  devait 
enfanter  à  Jésus-Christ.  Il  en  ût,  pour  ainsi  dire,  l'apprentissage 
sous  Jésus-Christ  môme ,  qu'il  accompagnait  dans  ses  courses 
évangéliques,  et  dont  il  voyait  le  zèle  pour  la  gloire  de  son  Père, 
afin  d'accomplir  l'œuvre  pour  laquelle  il  avait  été  envoyé.  Dans 
la  dernière  cène,  Jésus-Christ  ayant  dit  qu'il  se  manifesterait  à 
ceux  qui  l'aiment ,  à  ceux  qui  gardent  ses  commandements,  et 
non  pas  au  monde ,  Jude  lui  dit  :  Seigneur ,  pourquoi  vous 
festeriez-vous  à  nous,  et  non  pas  au  monde  ?  Jésus  lui 
Si  quelqu'un  m'aime ,  il  gardera  ma  parole  >  et  nous  ferons  en  lui 
notre  demeure. 

On  dit  que  saint  Jude ,  après  avoir  reçu  le  Saint-Esprit  avec 
les  autres  apôtres ,  alla  porter  la  lumière  de  l'Évangile  dans  la 
Judée,  la  Samarie,  la  Syrie,  et  surtout  dans  la  Mésopotamie.  Il 
retourna  à  Jérusalem  en  Tan  62  de  Jésus-Christ,  après  !a  mort  de 
saint  Jacques  1(5  Mineur,  son  frère,  et  fut  du  nombre  de  ceux  qui 
choisirent  saint  Simon,  qui  était  également  son  frère,  pour  suc- 
céder à  saint  Jacques  dans  le  gouvernement  de  cette  Église. 

On  a  une  lettre  ou  épître  de  saint  Jude ,  qui  est  la  dernière  des 
sept  qu'on  nomme  catholiques  ou  universelles.  Il  écrivit  princi- 
palement pour  les  Juifs  convertis  au  christianisme ,  et  il  attaqua 
les  hérétiques  de  ce  temps-là ,  comme  les  Nicolaïtes ,  les  Simo- 
niens  et  les  Gnostiques ,  qui  combattaient  la  nécessité  des  bonnes 
œuvres  :  on  croit  qu'il  ne  l'écrivit  qu'après  la  ruine  de  Jéru- 
salem. 11  y  recommande  avec  instance  qu'on  se  souvienne  de  ce 
que  les  autres  apôtres  avaient  écrit  avant  lui.  On  ignore  letenns 
et  le  genre  de  sa  mort. 


28  octobre.  —  SAINT  FARON,  évêque  de  Meaux. 

—  7e  siècle. 

Faron  sortait  probablement,  ainsi  que  sa  soeur  sainte Farç,  d'une 
famille  noble  de  Bourgogne.  Son  père ,  nommé  Agnértc,  était  un 
des  principaux  officiers  de  Théodebert  11 ,  roi  d'Austrasie ,  partie 
de  la  Gaule  dont  dépendaient  Meaux  et  la  Brie.  Agnéric  épousa 
Léodegonde,  dont  il  eut  quatre  enfants  :  saint  Cagnoald,  qui  se 
fit  religieux  à  Luxeuil  sous  saint  Colomban ,  saint  Faron ,  sainte 
Fare  et  sainte  Agnétrudc.  11  demeurait  ordinairement  à  Piplmh 
sium ,  dans  la  forêt  de  Brie ,  à  deux  lieues  de  Meaux  ,  et  ce  fut  là 
qu'il  reçut  saint  Colomban,  en  010,  et  que  le  saint  abbé  lui  donna 


29  octobre.  —  s.  narcisse,  kv.  3G* 

bénédiction,  ainsi  qu'à  chacun  de  ses  enfants.  Saint  Faron 
ses  premières  années  à  la  cour  de  Théodebert  II  ;  et  sa  vie 
y  fut  plutôt  celle  d'un  reclus  que  celle  d'un  courtisan.  Après 
brmort  de  ce  prince  et  celle  de  Thierri ,  son  frère  et  son  succès- 
r,  le  saint  passa,  en  613 ,  à  la  cour  de  Clotaire  II,  qui  réunit  en 
personne  toute  la  monarchie  française.  Quoiqu'il  fît  un  saint 
du  crédit  que  ses  vertus  et  ses  talents  lui  donnaient  à  la 
%  et  qu'il  y  menât  une  vie  édifiante  ;  à  la  suite  d'un  entre- 
qu'il  eut  avec  sa  sœur,  sainte  Fare ,  il  résolut  de  renoncer 
à  la  vie  mondaine.  Il  trouva  Blidéchilde,  sa  femme,  dans  les 
mêmes  dispositions  que  lui,  et  ils  se  séparèrent  d'un  mutuel 
consentement.  Blidéchilde  prit  le  voile ,  et  mourut  quelques  an- 
nées après  en  odeur  de  sainteté  dans  une  solitude.  Quant  à  Faron , 
i  reçut  la  tonsure  cléricale,  devint  l'ornement  du  clergé  de  Meaux, 
et  y  fut  choisi  comme  successeur  de  Gondoald ,  évêque  de  cette 
vflle,  vers  l'an  626.  Le  saint  prélat  travailla  avec  un  zèle  infati- 
gable au  salut  des  âmes  confiées  à  ses  soins.  11  portait  à  la  per- 
fection ceux  qui  professaient  déjà  le  christianisme ,  et  retirait 
des  ténèbres  de  l'idolâtrie  ceux  qui  y  étaient  encore  plongés. 
On  lit  dans  sa  vie,  qu'il  rendit  la  vue  à  un  aveugle,  en  lui  ad- 
ministrant le  sacrement  de  confirmation  ,  et  qu'il  opéra  plusieurs 
autres  miracles.  Il  assista  au  concile  de  Sens,  en  650.  11  donna 
une  retraite  dans  son  diocèse  à  saint  Fiacre .  et  dirigea  dans  les 
voies  du  salut  un  grand  nombre  d'âmes  de  l'un  et  de  l'autre  sexe. 
Quelque  temps  avant  sa  mort ,  il  fonda  dans  les  faubourgs  de 
Meaux,  où  il  avait  une  terre,  le  monastère  de  Sainte-Croix,  où  il 
mit  des  religieux  de  Luxeuil ,  lesquels  suivaient  la  règle  de  saint 
Colora  ban.  On  substitua  plus  tard  à  cette  règle  celle  de  saint 
Ilenoît ,  et  ce  monastère  appartint  depuis  à  la  congrégation  de 
Saint-Maur.  Saint  Faron  alla  dans  le  ciel  recevoir  la  récompense 
ie  ses  vertus ,  le  28  octobre  672 ,  à  l'âge  d'environ  quatre-vingts 
lus  et  après  avoir  gouverné  pendant  quarante-six  ans  le  diocèse 
le  Meaux. 


29  octobre.  —  SAINT  NARCISSE,  évêque.  —  2e  siècle. 

Narcisse  vint  au  monde  vers  la  fin  du  premier  siècle  de  l'K- 
çlîse.  Il  avait  plus  de  quatre-vingts  ans  lorsqu'il  fut  choisi  pour 
pouverner  l'Église  de  Jésusalem.  Vers  l'an  185,  il  se  trouva  au 

31. 


366  29  octobre.  —  s.  narcisse,  et. 

concile  do  Palestine ,  assemblé  pour  décider  sur  le  jour  de  la  célé- 
bration de  la  Pi\que, 

Eusèbc  rapporte  que  les  fidèles  de  son  temps  conservaient  la 
mémoire  de  beaucoup  de  merveilles  que  Dieu  avait  opérées  par  ce 
saint  évoque  ;  entre  autres ,  il  rapporte  que  l'huile  avait  manqué 
aux  ministres  de  l'église  lorsqu'on  était  près  de  célébrer  les  so- 
lennités de  la  veille  de  Pâques.  Narcisse  commanda  à  ceux  qui 
avaient  soin  des  lampes  d'aller  tirer  de  Peau  à  un  puits  qui  était 
proche ,  et  de  la  lui  apporter  ;  et  qu'après  avoir  fait  sa  prière  sur 
cette  eau  il  leur  dit  de  la  mettre  dans  les  lampes ,  et  que  Dieu 
la  changea  en  huile  ;  qu'on  conserva  longtemps  de  cette  kufie 
miraculeuse ,  et  que  l'on  en  voyait  encore  de  son  temps. 

Mais,  quelque  éclat  que  les  miracles  donnassent  à  laréputa* 
tion  de  Narcisse,  rien  ne  le  rendit  si  célèbre  qu'une  persécution 
dont  Dieu  permit  qu'il  fut  éprouvé.  Trois  scélérats,  qui  redou- 
taient les  châtiments  que  méritaient  les  crimes  dont  Us  se  sentaient 
coupables,  résolurent  de  prévenir  l'effet  de  son  exactitude  à  faire 
observer  la  discipline  ecclésiastique ,  et  de  l'accabler  par  leurs  ca- 
lomnies. Ils  le  chargèrent  d'un  crime  atroce,  et,  pour  donner 
plus  de  poids  à  leur  accusation ,  ils  la  fortifièrent  par  un  serment 
solennel ,  niais  chacun  sous  différentes  conditions.  Le  premier  dit 
qu'il  demandait  à  périr  par  le  feu  ;  le  second,  d'être  couvert  de 
lèpre;  le  troisième,  de  perdre  la  vue  si  ce  qu'ils  avançaient  n'é- 
tait pas  véritable.  Malgré  toutes  ces  protestations ,  leur  accusa- 
tion ne  trouva  point  de  croyance  dans  l'esprit  des  fidèles,  prévenus 
en  faveur  de  leur  évéque.  Narcisse  néanmoins  no  put  supporter 
l'indignité  des  calomnies  dont  on  s'efforçait  de  le  noircir;  et, 
comme  d'un  autre  coté  il  y  avait  longtemps  qu'il  soupirait  après 
le  repos  et  la  solitude ,  il  prit  cette  occasion  pour  se  retirer  dans 
le  désert  :  on  ne  put  découvrir  le  lieu  do  sa  retraite. 

Cependant  la  justice  divine  éclata  contre  les  calomniateurs,  et 
ces  infâmes  parjures  tombèrent  bientôt  dans  les  malédictions 
qu'ils  avaient  prononcées  contre  eux-mCmes.  Le  feu  prit  la  nuit 
à  la  maison  du  premier,  et  ce  malheureux  fut  brûlé  avec  sa 
famille.  Le  second  fut  attaqué  d'une  lèpre  qui  le  rongea  en  peu  de 
temps.  Le  troisième,  frappé  de  la  punition  de  ses  complices. 
avoua  publiquement  le  complot  qu'ils  avaient  formé  pour  perdre 
le  saint  évéque  ;  les  larmes  que  le  regret  de  sa  faute  lui  lit  ré- 
pandre furent  si  abondantes  et  si  continuelles  qu'il  en  devint 
aveugle.  Après  que  Narcisse,  se  fut  retiré,  les  évéqiies  des  villes 


.  30  octobre.  •—  s.  Marcel  et.  s.  cassien  ,  mart.    567 

furent  d'avis  qu'on  mît  quelqu'un  à  sa  place.  Die  fut 
■r,  mais  0  mourut  quelque  temps  après  :  Germain  lui  succéda, 
jraorâea  ensuite. 

reparut  enfin  comme  s'il  fût  sorti  du  tombeau.  La 
que  l'on  avait  toujours  eue  pour  sa  vertu ,  et  qui  s'é- 
•acore  augmentée  par  la  manière  dont  Dieu  avait  pris  soin  de 
eomtaftre  son  innocence,  engagea  les  fidèles  à  le  conjurer 
l'administration  de  son  église.  Il  rentra  dans  ses 
pour  quelque  temps;  mais  son  extrême  vieillesse  l'o- 
ffteotôt  de  s'en  décharger  sur  Alexandre.  Eusèbe  a  écu- 
me lettre  où  ce  zélé  coadjuteur  parle  en  ces  ternies  :  Nar- 
rons salue ,  et  vous  conjure  comme  moi  de  conserver  la  paix 
i  raajan  entre  vous.  C'est  lui  qui  a  gouverné  l'Église  de  Jéru- 
4pà  avant  moi ,  et  qui  la  gouverne  encore  par  ses  prières.  Il  a 
HÉjpnfctoinent  cent  seize  ans  accomplis. 
H  semble  par  cette  lettre  que  Narcisse  n'avait  conservé  que  le 
Ofa  et  la  qualité  d'évêque,  et  que  saint  Alexandre  était  plutôt 
«successeur  que  son  collègue.  Eusèbe  et  saint  Jérôme  en  par- 
pt  toujours  comme  de  deux  prélats  qui  gouvernaient  ensemble. 
fr  ne  sait  point  si  Narcisse  passa  de  plusieurs  années  l'âge  de 
snt  seize  ans. 


30  octobre.  —  SAINT  MARCEL  et  SAINT  CASSIEN, 

martyrs.  —  3e  siècle. 

Marcel  était  centenier ,  ou  capitaine  d'une  compagnie  de  cent 
mimes  dans  la  légion  Trajanc,du  temps  des  empereurs  Dioclé- 
»n  et  Maximien.  11  faisait  publiquement  profession  du  christia- 
giae,  et  il  en  donna  des  preuves  dans  une  réjouissance  solen* 
jlle  prescrite  aux  troupes  pour  célébrer  la  naissance  de  Maxiroe- 
ercule.  La  fête  consistait  principalement  en  festins ,  qui  étaient 
«ompagnés  de  sacrifices  en  l'honneur  des  faux  dieux.  Marcel, 
qui  la  religion  défendait  de  s'y  trouver,  prit  cette  occasion 
Hir  renoncer  à  la  profession  des  armes.  C'est  ce  qu'il  fit  dans 
lieu  le  plus  respecté  du  camp,  où  étaient  les  drapeaux  de  la 
gion.  Eu  quittant  le  baudrier  et  l'épée ,  il  dit  à  haute  voix  :  .le 
?  veux  plus  combattre  que  pour  Jésus-Christ  et  le  Roi  éternel. 
îtant  ensuite  la  baguette  qui  était  le  signe  de  sa  charge,  il  ajouta  : 
?  renonce  dès  ce  moment  au  service  des  empereurs  :  je  n'ai  que 


368    30  octobre.  —  s.  màbcel  et  s.  cassiên,  kart. 

du  mépris  pour  vos  dieux  de  bois  et  de  pierre ,  et  pour  vos 
sourdes  et  muettes.  Si  on  ne  peut  porter  les  armes  sans  sa 
aux  dieux  et  aux  empereurs,  j'abandonne  très-volontiers  te 
insignes  militaires ,  et  je  dis  adieu  aux  aigles  et  au  camp. 

Les  soldats,  fort  surpris  de  ce  qui  venait  d'arriver,  se  sa: 
de  Marcel,  et  le  dénoncèrent  à  Anastase  Fortunat,  lieul 
et  juge  de  la  légion ,  qui  le  fit  mettre  en  prison.  Après  la 
Fortunat  assembla  le  conseil  de  guerre,  et  se  fit  amener  M 
Pourquoi ,  lui  dit-il ,  avez-vous  violé  les  règles  de  la  dis< 
militaire  en  jetant  les  armes  et  les  marques  de  votre  dij 

—  J'en  ai  suffisamment  fait  connaître  la  raison ,  répondit  1< 
tenier,  lorsqu'on  a  célébré  la  fête  de  l'empereur  :  j'ai  décia 
bliquement  que  j'étais  chrétien,  et  qu'en  cette  qualité  je  ne 
rais  plus  que  Jésus-Christ,  à  qui  je  me  suis  lié  par  serment, 
ne  puis  donc  plus  dissimuler  votre  témérité ,  repartit  Fort 
j'en  informerai  les  empereurs.  En  attendant ,  je  vais  vous 
conduire  en  sûreté  à  Aurélien  Agricolaùs,  vicaire  du  pré: 
prétoire. 

Ce  ne  fut  que  le  30  octobre  suivant  que  Ton  présenta  Ma 
Agricolaùs ,  avec  la  procédure  commencée  par  Fortunat.  A: 
laiïs  était  à  Tanger  lorsque  le  chef  de  l'escorte  lui  présent 
cusé  en  lui  disant  :  Anastase  Fortunat  renvoie  devant  v< 
centurion  Marcel,  qui  est  en  votre  présence.  Voici  la  lettr» 
m'a  chargé  de  vous  remettre,  je  la  lirai  si  vous  l'ordo 

—  Lisez,  dit  Agricolaùs.  Le  militaire  lut  ce  qui  suit  :  Mi 
après  avoir  jeté  les  marques  de  sa  dignité,  a  déclaré  publique 
qu'il  était  chrétien,  et  a  proféré,  en  présence  de  toute  l'ai 
plusieurs  blasphèmes  contre  les  dieux  et  contre  César.  C< 
qui  nous  a  engagé  à  le  renvoyer  devant  vous ,  afin  que  vo 
ordonniez  ce  qu'il  vous  plaira.  Après  la  lecture  de  cette  l 
Agricolaùs  demanda  à  Marcel  s'il  avouait  les  charges  p< 
contre  lui.  Le  saint  convint  des  faits  qu'on  lui  reprochait. 
se  soucier  de  rien  expliquer  et  sans  se  plaindre  des  t< 
odieux  dans  lesquels  la  lettre  était  conçue.  H  déclara  seule 
au  vicaire  du  préfet  du  prétoire ,  qui  le  traitait  de  furieux ,  « 
n'est  point  sujet  à  la  fureur  quand  on  craint  Dieu.  Si  j*a 
mes  amies ,  ajouta-t-il ,  c'est  qu'un  chrétien ,  enrôlé  dans  I; 
lice  de  Jésus-Christ,  s'embarrasse  peu  de  la  milice  et  des 
de  ce  monde.  Agricolaiïs,  apprenant  par  sa  confession  te 
qu'il  souhaitait,  ne  crut  pas  devoir  le  mettre  à  la  queslio 


30  octobre.  —  s.  aster  e,  métropolitain.         369 

4*MMfotnna  à  mort  '-le-champ,  non  pas  comme  chrétien, 
«e  que  l'Église  était  alors  en  paix ,  mais  pour  avoir  prononcé 
i  paroles  pleines  de  fureur  devant  le  lieutenant  de  la  légion. 
raque  Ton  conduisait  Marcel  au  supplice ,  il  dit  à  son  juge  : 
m  Dieu  vous  comble  de  ses  bienfaits  !  C'est  ainsi,  disent  les  actes 
fou  martyre,  qu'un  serviteur  de  Jésus-Christ  devait  se  venger 
portant  de  ce  monde.  On  lui  trancha  la  tête  le  30  octobre ,  à 
Oger ,  en  Mauritanie ,  vers  Tan  298. 

Celui  ^ui  tenait  le  registre  de  l'interrogatoire  de  saint  Marcel 
fpefaôt  Cassien.  En  écrivant  ce  que  disaient  le  juge  et  l'accusé , 
te  sentit  touché  de  la  constance  ue  Marcel  et  des  réponses  qu'il 
Mât  à  son  juge.  Lorsque  le  vicaire  du  préfet  lui  dicta  la  sen- 
gse  de  mort ,  il  eut  horreur  de  cette  iniquité  ;  il  refusa  d'écrire 
jugement ,  et  jeta  à  terre  ses  tablettes.  Le  juge ,  étonné  de  sa 
iduitc,  se  leva  de  son  siège  tout  ému ,  et  demanda  pourquoi  il 
osait  ainsi.  C'est,  répondit  le  greffier ,  que  vous  avez  prononcé 
e  sentence  injuste.  Agricolaùs,  qui  craignait  encore  d'entendre 
dque  réponse  désagréable,  sans  lui  faire  d'autre  question 
âvoya  sur-le-champ  en  prison.  Cinq  semaines  après ,  il  le  fît 
^paraître  devant  son  tribunal.  Cassien  protesta ,  comme  saint 
ncel ,  qu'il  ne  voulait  plus  servir  que  Jésus-Christ.  Cette  confes- 
n  lui  mérita  la  couronne  du  martyre  :  on  lui  coupa  la  tête  le 
lécembre  de  la  même  année.    . 


octobre.  —  SAINT  ASTÈRE,  métropolitain  d'Amasée 
dans  le  Pont,  et  docteub.  —  5e  siècle. 

Saint  Astère  lui-même  nous  apprend  qu'il  s'appliqua  dans  sa 
messe  à  l'étude  de  l'éloquence  et  du  droit,  et  qu'il  plaida  quel- 
e  temps  au  barreau.  Mais  une  voix  intérieure  lui  criait  conti- 
eilement  qu'il  devait  se  consacrer  au  service  spirituel  du  pro- 
îin.  Il  obéit  enfin;  il  quitta  sa  profession  et  renonça  à  tous  les 
intages  du  monde,  pour  entrer  dans  l'état  ecclésiastique. 
Vprès  la  mort  d'Eulalius  ,  archevêque  d'Amasée ,  on  le  plaça 
•  le  siège  de  cette  église.  Il  se  montra  très-zélé  pour  la  pureté 
la  foi ,  et  tâcha  d'inspirer  à  son  peuple  les  sentiments  dont  il 
it  pénétré  lui-même.  On  doit  juger,  à  l'énergie  avec  laquelle 
recommandait  la  charité  envers  les  pauvres,  qu'elle  était  sa 
tu  favorite.  Il  peint  les  vices  avec  (tes  couleurs  capables  d'en 


.170      30  octobre.  —  I.K  n.  ALPII.  ftOMUOUEZ,  conp. 

inspirer  la  plus  vive,  horreur.  Il  mourut  fort  avancé  ni 
IKirlo  de  la  persécution  de  .lu lion  l'Apostat  en  homme 
avait  été  témoin.  Il  paraît  qu'on  doit  mettre  sa  inor 
Tan  '100.  I, es  anciens  donnent  à  Asterelo  titre  do  bicnhei 
de  docteur  divin ,  qui ,  comme  une  étoile  brillante ,  a  répi 
lumière  sur  tous  les  cœurs  Los  quatorze  serinons  mithc 
qui  nous  restant  de  lui,  quoiquVn  petit  nombre,  sont  un 
ment  éternel  de  son  éloquence  et  de  sa  piété.  Kntre  nutr 
homélie  sur  Daniel  ctSusannc  est  un  chef-d'œuvre.  Celle 
faite  sur  saint  Pierre  et  saint  Paul  est  également  reninrqu 
y  enseigne  (pie  la  juridiction  spéciale  qu'a  reçue  le  Pril 
;ipotres  s'étend  aussi  bien  sur  les  fidèles  de  l'Orient  que  8 
de  l'Occident;  que  Jésus-( ihrist  l'a  établi  sou  vicaire,  et  < 
constitué  le  |>ère,  le  pasteur  et  le  maître  do  tous  ceux  qui  <] 
croire  a  rftvangile. 


30  octobre  —  ï,k  uikniikijhhiix  ALPHONSE  RODA  H 
coNKF.ssMin.  —  l(>r  et  17"  siècles. 

Alphonse  llodrigucz,  fils  d'un  marchand  de  Ségovie, 
pagne,  montra  dès  sou  enfance  des  indires  de  la  sainteté  à  1 
il  devait  s'élever  un  jour.  Soumis  à  ses  parents,  qui  lui  do 
l'exemple  de  la  piété ,  malgré  son  jeune  âge  il  mettait  m 
heur  à  servir  les  prêtres  à  l'autel ,  et  a  honorer  par  un  c 
sidu  la  très-sainte  Mère  de  Dieu.  On  l'envoya  à  Alcnla  p 
études  ;  mais  la  mort  de  son  père ,  qui  arriva  presque  ai 
obligea  sa  mère  à  le  rappeler,  parce  qu'elle  voulut  le  char 
affaires  de  sa  maison  Cédant,  plus  tard  encore  h  ses  inst 
Alphonse  contracta  mariage  avec  une  personne  très- vit 
Néanmoins,  tout  occupé  de  servir  Dieu,  il  vivait  dans 
tique  continuelle  des  œuvres  de  la  piété.  Ayant  perdu  st 
veinent  sa  femme  et  ses  deux  enfants ,  il  se  sentit  appel 
vocation  plus  sublime,  et  résolut  de  quitter  le  monde,  potu 
<iaus  la  voie  de  la  perfection.  Il  Ht  doue  avec  le  plu:*  grand 


30  octobre.  —  le  b.  alph.  rodriguez,  conf.     371 

Bière  plus  étroite  en  embrassant  un  institut  religieux ,  une  sorte 
le  vision  lui  fit  comprendre  qu'il  était  appelé  à  la  compagnie  de 
léqps.  Mais  comme  il  reconnaissait  que  ses  études  antérieures 
mitent  été  très-incomplètes ,  il  demanda  instamment  et  obtint 
fSÉtrç  admis  dans  la  société  comme  coadjuteur  temporel.  Une 
Mi  estré  dans  la  carrière  de  la  vie  religieuse,  le  saint  y  brilla 
ift  Féclat  de  toutes  les  vertus,  admirable  surtout  par  la  grandeur 
f$  son  humilité  et  de  son  obéissance.  Après  avoir,  pendant  plus 
fe  quarante  années ,  souffert  avec  une  patience  invincible  les  in- 
|p«%*n,  les  plus  cruelles,  il  se  vit  en  butte  aux  attaques  violentes 
Ét/urieuses  des  malins  esprits.  Mais,  grâce  au  secours  de  la  bien- 
Vierge  ,  il  déjoua  leurs  ruses ,  et  surmonta  leurs  at- 


II  ne  bornait  pas  son  zèle  pour  le  salut  du  prochain  à  la  prière, 
mais  il  faisait  de  pieuses  exhortations  et  donnait  de  salutaires  avis 
à  ceux  avec  qui  le  mettait  en  rapport  sa  charge  de  portier,  place 
qu'il  remplit  pendant  trente  ans  au  collège  de  Majorque ,  et  dans 
laquelle  il  donna  de  grands  exemples  d'humilité,  de  patience  et 
de  charité.  Par  ces  moyens  et  surtout  par  une  multitude  d'écrits 
pleins  d'une  sagesse  vraiment  céleste,  Alphonse  eut  de  grands  suc- 
cès en  ce  genre.  Le  saint  religieux  possédait  à  un  très-haut  degré 
le  don  de  la  contemplation  et  celui  des  larmes.  Son  union  conti- 
nuelle avec  le  Seigneur  était  pour  lui  l'occasion  de  nombreux  ra- 
vissements. Il  eut  aussi  l'esprit  de  prophétie ,  la  puissance  des 
guérisons  et  beaucoup  d'autres  grâces  extraordinaires.  Les  pra- 
tiques de  la  péintencc  et  des  infirmités  continuelles  ayant  usé  ses 
forces,  parvenu  à  un  âge  très-avancé,  il  comprit  qu'il  touchait  au 
terme  de  son  pèlerinage.  Il  reçut  donc  les  sacrements,  et  s'endor- 
mit dans  le  Seigneur  après  avoir  prononcé  avec  amour  les  noms 
sacrés  de  Jésus  et  de  Marie ,  l'a  vaut- veille  de  la  fête  de  tous  les 
saints,  l'an  du  salut  16G7,  à  l'âge  de  quatre-vingt-seize  ans,  et  étant 
tans  la  quarante-sixième  année  de  sa  profession  religieuse.  Cette 
icureuse  mort  arriva  au  collège  de  Palma ,  dans  l'île  de  Majorque. 
7est  à  la  suite  d'un  examen  canonique  des  miracles  et  des  vertus 
iu  saint  que  le  pape  LéonXll  inscrivit  solennellement  leur  auteur 
tu  catalogue  des  bienheureux  pendant  le  jubilé  déPannéc  1825. 


372  3!  octobre.  —  S,  QUENTIN,  MABT. 


31  octobre.  —  SAINT  QUENTIN,  mabtyb.  —  3e  i 

Quentin  était  fils  d'un  sénateur  romain  nommé  Zenon.  ( 
qu'il  vint  en  France  vers  l'an  245 ,  avec  saint  Lucien  de  E 
Dieu  lui  inspira  le  dessein  de  s'arrêter  à  Amiens.  Cet 
champ  qu'il  devait  défricher,  afin  de  le  rendre  une  portion 
ritage  du  Seigneur,  en  y  établissant  la  foi.  Quentin  s'applic 
grand  ouvrage  avec  tout  le  zèle  qu'il  demandait  :  ne  désin 
avec  tant  d'ardeur  que  de  faire  glorifier  le  nom  de  Dieu  et 
truire  le  règne  du  démon,  il  prêchait  continuellement  la  c 
évangélique ,  et  demandait  sans  cesse  à  l'Auteur  de  tout  bi 
la  gravât  dans  le  cœur  de  ceux  auquels  il  l'annonçait.  Ses 
apostoliques  furent  récompensés  par  la  gloire  du  martyre, 
persécution  de  Dioctétien  et  Maximien,  et  sous  le  préfet 
vare ,  le  plus  cruel  persécuteur  des  chrétiens  dans  les  Gau 
ennemi  de  la  vraie  religion  courait  de  ville  en  ville,  portant 
la  terreur  et  l'effroi ,  et  inondant  tous  les  lieux  par  où  il 
du  sang  des  chrétiens.  Étant  arrivé  à  Amiens,  et  voyi 
Jésus-Christ  y  avait  un  grand  nombre  d'adorateurs,  il  fit 
Quentin,  qu'il  regardait  comme  le  principal  auteur  des  ] 
qu'avait  faits  l'Évangile ,  et  il  l'envoya  chargé  de  chaînes 
son.  Le  lendemain  il  le  fit  amener  en  sa  présence,  et  lu 
magnifiques  promesses  pour  l'engager  à  renoncer  à  Jésus- 
N'ayant  pu  le  séduire  par  ce  langage  trompeur,  il  s'effe 
l'abattre  par  les  menaces  les  plus  terribles.  Dieu  fortifia  ( 
contre  la  séduction ,  et  le  soutint  contre  toutes  les  mena 
persécuteur,  Rictiovare,  irrité  de  le  voir  si  constant,  1»  fit  f 
cruellement  et  jeter  ensuite  dans  un  cachot  obscur  :  il  d 
qu'on  y  laissât  entrer  aucun  chrétien,  de  peur  que  le  saint 
çdt  quelque  consolation. 

Ilictiovarc  lo  fit  venir  devant  lui  après  quelques  jours  de 
et  employa  do  nouveau  les  promesses  et  les  menaces  f 
vaincre;  mais,pyant  trouvé  encore  Quentin  inflexible  aux  i 
aux  autres,  il  fit  redoubler  les  tourments  :  on  retendit , 
moyen  de  poulies ,  avec  une  telle  violence  qu'on  déboîta  t 
membres;  on  le  fouetta  longtemps  avec  des  chaînettes  de  fer 
versa  sur  le  dos  de  l'huile ,  de  la  poix  et  de  la  graisse  bouil 
ou  lui  appliqua  des  torches  ardentes ,  afin  qu'il  n'y  eut  i 


1er  novembre.  —  féîe  de  tous  les  saints.       373 

rtie  de  son  corps  qui  ne  souffrit  les  plus  vives  douleurs;  mais  le 
i  du  Saint-Esprit ,  qui  l'embrasait  intérieurement ,  lui  flt  mé- 
•er  tous  ces  tourments.  Il  semble  qu'on  ne  pouvait  rien  ajouter 
*  qu'on  venait  de  lui  faire  souffrir;  néanmoins  la  cruauté  de 
ettevare,  ingénieuse  à  inventer  de  nouveaux  supplices,  lui  flt 
Mr  encore  dans  la  bouche  du  saint  de  la  chaux,  du  vinaigre  et 
la  moutarde,  afin  de  lui  ôter  au  moins  la  parole,  s'il  ne  pouvait 
•Biever  le  précieux  trésor  de  la  foi.  Hictiovare  n'y  réussit  pour- 
Jtpas  :  le  saint  eut  encore  la  parole  assez  libre  pour  confesser 
M*Chrirtde  bouche,  comme  il  le  confessait  de  coeur.  Le  bar- 
re, honteux  de  se  voir  toujours  confondu  et  voulant  ôter  de  de- 
£  tes  yeux  un  objet  qui  lui  reprochait  sa  cruauté  et  la  fai- 
Mede  ges  prétendues  divinités,  voulut  envoyer  Quentin  à  Rome 
m  être  présenté  aux  empereurs.  Dieu  est  à  Rome  aussi  bien 
'«Heurs,  dit  le  saint ,  pourquoi  craindrais-je  d'y  aller?  Cepen- 
Bt,  ajouta-t-il,  j'espère  consommer  ma  course  dans  la  province 
Je  suis  maintenant. 

Rktiovare  devait  partir  d'Amiens  pour  aller  dans  le  Verman- 
is  :  il  ordonna  qu'on  y  conduisit  le  saint,  pour  achever  son 
ocès.  Quentin  fut  mené  chargé  de  chaînes  dans  la  capitale  de 
te  province  Quand  le  préfet  fut  arrivé ,  il  employa  encore  les 
«messes  et  les  menaces  pour  tâcher  de  vaincre  son  prisonnier  ; 
lis,  voyant  que  sa  foi  était  à  l'épreuve  de  tout,  il  lui  fit  percer 
corps  depuis  le  cou  jusqu'aux  cuisses  avec  deux  barres  de  fer, 
lui  fit  entrer  de  grands  clous  entre  les  ongles  et  la  chair,  en 
isieurs  autres  parties  du  corps,  et  jusque  dans  la  cervelle.  Ce 
:  ainsi  que  saint  Quentin  consomma  son  martyre  probablement 
w  l'an  287. 

Fin  du  mois  d'octobre 


1er  novembre.  —  LA  FÊTE  DE  TOUS  LES  SAINTS. 

On  rapporte  au  pape  Boniface  IV,  qui  vivait  au  commencement 
septième  siècle,  la  première  origine  de  la  fête  de  tous  les  Saints. 
►ici  quelle  en  fut  l'occasion.  Il  y  avait  à  Rome  un  temple  appelé 
Panthéon,  bâti  par  Auguste  quelques  années  avant  la  naissance 
Jésus-Christ.  Cet  édifice  était  regardé  comme  un  chef-d'œuvre 
irchitecture,  et  sou  auteur  l'avait  rendu  comme  le  centre  de 

82 


374       1er  novembre.  —  fête  du  tous  les  saints. 

l'idolâtrie  en  le  consacrant  à  tous  les  dieux.  Los  empereurs  ro- 
mains ,  étant  devenus  chrétiens ,  portèrent  des  lois  contre  le  culte 
des  idoles  et  firent  abattre  leurs  temples.  On  en  épargna  pourtant 
quelques-uns  à  cause  de  leur  magnificence,  mais  ils  forait  fermés  : 
le  Panthéon  fut  du  nombre.  On  ne  les  regarda  pendant  longtemps 
que  comme  des  monuments  propres  à  orner  les  villes  où  ils  se  trou- 
vaient. 

Lorsque  la  religion  chrétienne  fut  bien  affermie,  et  que  l'Église 
crut  n'avoir  plus  rien  à  craindre  de  l'idolâtrie ,  elle  ne  fit  point 
do  difficulté  d'ouvrir  ces  temples  pour  les  purifier  et  les  foire 
servir  au  culte  du  vrai  Dieu.  En  607,  Boniface  IV  bénit  le  Pan- 
théon, et  le  consacra  à  Dieu  sous  l'invocation  de  la  sainte  Vierge 
et  de  tous  les  martyrs.  On  ne  peut  pas  dire  que  ce  fût  encore  la 
fête  de  tous  les  Saints ,  puisqu'elle  n'avait  pour  objet  que  la  sainte 
Vierge  et  tous  les  martyrs.  Ce  ne  fut  qu'en  837  que  le  pape  Gré* 
goirc  IV  lui  donna  toute  l'étendue  qu'elle  a  aujourd'hui  en  dé- 
diant une  chapelle,  dans  l'église  de  Saint-Pierre  de  Rome ,  en 
l'honneur  de  tous  les  Saints.  Cette  fête  bientôt  après  passa  en 
Allemagne.  Louis  le  Débonnaire,  à  la  prière  du  pape  et  du  con- 
sentement des  évoques,  en  ordonna  la  célébration  dans  tous  ses 
fctats,  et  la  fixa  au  1er  novembre. 

L'objet  principal  de  cette  fête  est  Jésus-Christ,  le  chef  et  le 
modèle  de  tous  les  Saints.  Comme  leur  justice  et  leur  sainteté  ne 
sont  qu'une  émanation  de  la  justice  et  de  la  sainteté  souveraines, 
c'est  à  lui  que  se  rapporte  le  culte  que  nous  rendons  à  ceux  qu'il 
a  bien  voulu  sanctifier.  La  foi  nous  apprend  qu'ils  n'ont  rien  mé- 
rité pour  eux  qu'en  vertu  des  mérites  de  Jésus-Christ;  et  nous 
faisons  profession  de  croire  qu'ils  ne  peuvent  rien  pour  nous  que 
par  Jésus-Christ;  mais  nous  savons  que  par  lui  ils  sont  très-puis- 
sants ;  ayons  donc  recours  à  leur  intercession  et  à  leurs  prières. 

IjCS  protestants  accusent  l'Eglise  catholique  d'idolâtrie  dans  le 
culte  qu'elle  rend  aux  Saints  ;  mais  il  est  aisé  de  voir,  par  ce  quo 
nous  venons  de  dire,  que  c'est  une  calomnie.  Les  Saints  rappor- 
tent tous  leurs  mérites  à  Jésus-Christ ,  et  de  notre  côté  nous  fai- 
sons profession  de  croire  que  les  mérites  sont  effectivement  des 
dons  de  Jésus-Christ.  C'est  lui  qui  a  donné  aux  Saints  de  tout  âge, 
de  tout  sexe  et  de  toute  condition  la  force  de  renoncer  aux 
maximes  du  monde  pour  suivre  celles  de  l'Evangile. 

L' Église  a  honoré  les  Saints  dans  tous  les  temps  ;  mais  toujours 
elle  a  prétondu  honorer  Jésus-Christ,  même  dans  le  culte  qu'elle 


1er  novembre.  —  fête  de  tous  les  saints        375 

îur  a  rendu.  On  invoque  les  Saints ,  G'est-à-dire  que  les  fidèles 
ss  prient  d'être  leurs  intercesseurs  auprès  de  Dieu.  Se  croyant  indi- 
n«s  d'être  écoutés  dans  leurs  prières ,  les  hommes  ont  recours  à 
HÊt  dont  Us  savent  combien  le  crédit  est  grand  auprès  du  Seigneur. 

Oïl  honore  les  reliques  des  Saints,  parce  qu'on  considère  leurs 
ûtps  comme  ayant  été  les  victimes  de  Dieu  par  le  martyre  pu 
af  la  pénitence.  C'est  dans  le  même  esprit  qu'on  rend  honneur 
"fcars  images  :  les  fidèles  ne  croient  pas  qu'elles  aient  aucune 
Ijltu  qui  doivent  les  faire  révérer;  ils  les  regardent  comme  très-v 
rgpres  à  faire  penser  plus  souvent  à  ceux  qu'elles  représentent. 
fetf  dans  ce  même  esprit  que  l'on  visite  leurs  tombeaux  et  les 
feftttt  consacrés  à  Dieu  sous  leur  nom. 

Le  dessein  de  l'Église ,  en  célébrant  les  fêtes  des  Saints ,  en 
onorant  leurs  reliques  et  leurs  images ,  a  toujours  été  d'honorer 
lieu  en  eux ,  de  les  proposer  aux  chrétiens  pour  modèles ,  et  de 
s  porter  à  les  imiter  en  leur  faisant  voir  la  grande  récompense 
ui  les  attend  s'ils  ont  le  bonheur  de  les  suivre. 

En  vain  alléguerions-nous  les  obstacles  que  nous  avons  à  sur- 
lorifer;  les  Saints  se  trouvaient  dans  les  mêmes  circonstances, 
f  peut-être  dans  des  circonstances  plus  délicates.  Ils  étaient  pétris 
u  même  limon  que  nous  ;  mais ,  connaissant  leur  faiblesse  mieux 
ue  nous  ne  connaissons  la  nôtre ,  ils  évitaient  tout  ce  qui  était 
apable  d'allumer  le  feu  de  leurs  passions,  ils  fuyaient  les  occa- 
ions  du  péché  ;  ils  s'établissaient  de  plus  en  plus  dans  la  pratique 
e  l'humilité;  ils  puisaient  sans  cesse  de  nouvelles  forces  dans  la 
réquentation  des  sacrements  et  dans  l'exercice  de  la  prière.  Ce- 
nt par  la  réunion  de  ces  différents  moyens  qu'ils  triomphaient 
'eux-mêmes  et  des  ennemis  du  dehors.  Il  ne  tient  qu'à  nous 
e  faire  usage  des  mêmes  secours  Le  sang  de  Jésus-Christ  fut 
ersé  pour  nous  comme  pour  eux.  La  grâce  du  Sauveur  ne  nous 
îanque  pas;  c'est  nous  qui  lui  manquons.  Si  les  difficultés  nous 
rrêtent ,  si  les  tentations  nous  effraient ,  si  les  ennemis  se  pré- 
sntent  sur  la  route,  ne  perdons  point  courage;  au  contraire, 
^doublons  d'ardeur,  en  nous  écriant  avec  Josué  :  Le  Seigneur 
ti  avec  nous,  que  pourrions -nous  craindre  ?  Si  le  monde  nous 
oursuit,  souvenons-nous  que  les  Saints  l'ont  combattu,  et  sont 
>rtis  victorieux  de  toutes  ses  attaques.  Si  nos  passions  sont  vio- 
intes,  Jésus-Christ  nous  a  fourni  des  armes  pour  les  soumettre. 

Si  nous  étions  moins  lâches ,  nous  trouverions  que  les  difficultés 
ue  nous  alléguons  ne  sont  qu'imaginaires  ;  nous  ne  redouterions 


376  2  novembre.  —  com.  de  tous  les  fidèles  déf.' 

plus  les  voies  laborieuses  de  la  pénitence,  nous  ne  balancerions 
plus  de  faire  ce  que  firent  tant  de  Saints  de  L'un  et  de  l'autre  sexe, 
des  vierges  délicates,  des  jeunes  gens  d'une  faible  complexion  et 
élevés  dans  la  mollesse,  des  princes,  des  rois;  nous  nous  écrie- 
rions souvent  avec  saint  Augustin  :  Pourquoi  ne  ferai*je  pas  ce 
que  tels  ou  telles  ont  eu  la  générosité  de  foire  ?  Ces  exemples  sont 
bien  propres  à  nous  encourager,  et  à  faire  taire  tous  les  pré- 
textes. Il  n'y  a  qu'un  Dieu,  qu'un  Sauveur,  qu'un  Évangile  *  qu'un 
paradis.  Il  n'y  a  qu'une  loi,  elle  est  invariable.  C'est. une  erreur 
bien  dangereuse  que  de  s'imaginer  que  les  chrétiens  qui  vivent 
dans  le  monde  ne  sont  point  tenus  de  tendre  à  la  perfection,  ou 
qu'ils  peuvent  se  sauver  eu  suivant  une  autre  route  que  les  Saints. 


2  novembre.  —  LA  COMMÉMORATION    DE  TOUS  LES 

FIDÈLES  DÉFUNTS. 

1/ Église  a  fixé  un  jour  pour  faire  mémoire  générale  de  tous 
(vux  qui  sont  morts  dans  le  Seigneur,  c'est-à-dire  avec  sa  grâce, 
mais  dont  la  vertu  ne  s'est  pas  trouvée  assez  pure,  au  sortir  de 
cette  vie ,  pour  qu'ils  entrent  tout  d'un  coup  dans  la  jouissance 
de  l'héritage  céleste.  On  en  fait  tous  les  jours  mémoire  dans  le  sa- 
crifice de  la  messe.  On  y  prie  pour  tous  en  général,  et  en  par- 
ticulier pour  ses  amis  et  pour  ceux  qui  sont  recommandés  aux 
prêtres.  Mais  l'Église  a  jugé  à  propos  de  choisir  de  plus  un  Jour 
pour  exciter  ses  enfants  à  prier  spécialement  pour  tous  Tes  flooes 
qui  sont  morts  avec  la  grâce  du  Seigneur,  et  qui,  ayant  encore 
quelque  tache  à  expier,  n'ont  pu  être  admis  au  ciel,  où  rien  de 
souillé  ne  peut  entrer. 

Il  est  du  devoir  d'un  chrétien  de  s'instruire  soigneusement  de 
ce  qu'il  doit  aux  morts ,  qui  peuvent  recevoir  par  son  moyen 
quelque  soulagement.  (>.  sont  îles  justes  ;  ce  sont  des  âmes  rem* 
plies  de  l'amour  de  Dieu  et  de  charité  pour  nous;  ce  sont  des  en- 
fants de  Dieu  et  des  membres  de  Jésus-Christ  :  tous  ces  titres 
méritent  sans  doute  que  nous  fassions  tout  ce  qui  est  en  notre 
pouvoir  pour  les  soulager.  Or  il  est  constant,  parla  foi  et  la 
croyance  de  l'Église,  qu'unis  avec  eux  par  les  liens  d'une  charité 
sincère  nous  pouvons  contribuer  à  leur  bonheur.  II  n'est  pas 
moins  certain  que  nous  y  sommes  obligés,  puisqu'ils  sont  dans 
la  même  communion  des  saints  que  nous ,  et  que  chacun  d'eu* 


m  2  novembre.  —  co&f.  de  tous  les  fidèles  déf.    377 

m    est  ce  prochain  que  nous  devons  aimer  effectivement  comme 

m    nous  mêmes. 

&        Les  moyens  que  l'Église  nous  propose  pour  secourir  ces  âmes 

f  que  Dieu  achève  de  purifier  par  les  souffrances  sont  la  prière,  le 
sacrifiée  de  la  messe ,  le  jeûne,  les  mortifications ,  les  aumônes , 
toutes  les  bonnes  œuvres  faites  dans  l'esprit  de  la  charité ,  et  of- 
fertes à  Dieu  à  leur  intention,  et  particulièrement  les  indulgences 
que  l'Église  nous  accorde  en  nous  donnant  la  faculté  de  les  ap- 
pliquer à  leur  soulagement. 

Eu  les  assistant  de  la  manière  qui  dépend  de  nous ,  tâchons  de 
ranimer  en  ce  jour  notre  foi  et  notre  piété,  et  entretenons-nous  de 
ces  importantes  vérités  :  1°  Il  faut  que  le  péché  soit  un  mal  infini- 
ment plus  grand  que  la  plupart  des  hommes  ne  se  l'imaginent , 
puisqu'une  faute,  même  légère ,  qui  se  trouve  dans  un  juste  mou- 
rant ,  mérite  de  si  terribles  châtiments  après  sa  mort  ;  2°  la  pu- 
reté et  la  sainteté  de  Dieu  sont  bien  incompréhensibles,  puisqu'il 
est  impossible  d'approcher  de  lui  avec  la  moindre  tache  dépêché; 
3°  Je  temps  de  cette  vie  ne  nous  étant  donné  que  pour  nous 
purifier  et  nous  rendre  dignes  de  posséder  Dieu ,  il  est  très-im- 
portant d'en  ménager  précieusement  les  moments ,  de  peur  que 
l'ennemi  ne  nous  l'enlève  si  nous  négligeons  de  le  bien  remplir; 
4°  nous  ignorons  combien  il  plaira  à  Dieu  de  nous  donner  de  temps 
pour  travailler  à  cette  importante  affaire,  et  pour  achever  en  nous 
son  œuvre;  5°  le  dernier  moment  de  notre  vie,  dont  nous  ignorons 
le  temps,  décidera  de  notre  sort  pour  l'éternité,  et  alors  chacun 
de  nous  sera  jugé  selon  ses  œuvres  et  sur  l'état  de  sa  conscience  ; 
l'éternité  bienheureuse  sera  l'insigne  récompense  de  ceux  qui  au- 
ront persévéré  jusqu'à  la  lin  dans  la  fidélité  qu'ils  doivent  à  Dieu, 
et  l'éternité  malheureuse  le  partage  de  ceux  que  la  mort  aura 
surpris  avec  le  péché  et  l'amour  dominant  de  la  créature  ;  6°  le 
juste  même ,  selon  saint  Pierre ,  sera  sauvé  avec  peine ,  et  rendra 
compte  de  la  moindre  attache  à  la  créature  et  à  soi-même,  d'une 
parole,  d'une  pensée ,  d'une  action  inutile  ;  tout  ce  qui  ne  sera  pas 
parfaitement  pur  passera  par  le  feu,  et  il  n'en  sortira  paS  qu'il  n'ait 
payé  jusqu'à  la  moindre  obole,  comme  dit  l'Écriture;  7°  sur  ce 
principe,  la  vie  même  des  plus  innocents  doit  être ,  comme  l'Église 
le  déclare  par  le  concile  de  Trente ,  une  pénitence  continuelle , 
aiin  d'expier  chaque  jour  les  péchés  légers  qu'on  commet  chaque 
j'eur.  Voilà  les  réflexions  que  nous  devons  faire ,  et  les  vérités  que 
nous  devons  méditer  continuellement. 

32. 


378         3  novembre.  —  s.  MUBKitr,  kv.  de  liegb. 


3  novembre—  SAINT  MARCEL,  évêque  de  Paris. — 

4e  siècle. 

Marcel  naquit  à  Paris ,  d'unu  famille  de  condition  médiocre. 
Après  avoir  été  élevé  dès  l'enfance  dans  une  grande  piété,  il  fut 
fait  lecteur.  La  manière  dont  il  s'acquitta  de  cette  fonction  le  fit 
élever  au  diaconat ,  qu'il  exerça  sous  l'évêque  Prudence. 

Après  la  mort  de  Prudence ,  Marcel  fut  élu  en  sa  place.  Comme 
il  n'avait  accepté  cette  haute  dignité  qu'en  tremblant,  il  ne  eessa 
de  veiller  sur  lui-mlme  avec  la  plus  grande  exactitude ,  et  il  s'ac- 
quitta de  toutes  ses  fonctions  avec  un  zèle  infatigable.  On  dit  que 
Marcel  prouva  en  diverses  occasions  que  Dieu  l'avait  favorisé  du 
don  des  miracles  ;  c'est  ainsi  qu'il  délivra  le  pays  d'un  serpent  qui 
s'était  retiré  dans  le  tombeau  d'une  femme  adultère.  Le  saint 
évêque  mourut  vers  le  commencement  du  cinquième  siècle,  le 
premier  jour  de  novembre.  Son  corps  fut  enterré  à  un  quart  de 
lieue  de  la  ville,  dans  un  village  qui  en  fait  aujourd'hui  on  fau- 
bourg, et  que  Ton  appelle  le  faubourg  Saint-Marcel  ou  Saint- 
Marceau.  Ses  reliques  ont  été  dans  la  suite  transférées  dans  l'église 
cathédrale. 


3  novembre.  —  SAINT   HUBERT  évêque  de  Mabstmcht 

et  de  Liège.  —  8e  siècle. 

Dieu,  toujours  admirable  dans  ses  miséricordes,  employa  des 
voies  extraordinaires  pour  faire  passer  saint  Hubert  d'une  vie  toute 
mondaine  à  une  vie  entièrement  consacrée  à  son  service.  On  ne 
sait  rien  sur  ce  qui  concerne  ce  saint  jusqu'au  temps  où  il  se 
mit  sous  la  conduite  de  saint  Lambert,  évêque  de  Maestricht.  On 
dit  qu'il  sortait  d'une  famille  noble  de  l'Aquitaine,  qu'il  passa  sa 
jeunesse  à  la  cour  de  Thierry  III ,  et  que,  selon  toutes  les  appa- 
rences ,  il  fut  quelque  temps  au  service  de  Pépin  de  Héristal ,  qui 
devint  maire  du  palais  d'Austrasio,  en  681.  On  dit  aussi  qu'il  ai- 
mait la  chasse  avec  passion,  et  qu'il  se  livrait  aveuglément  aux 
vanités  mondaines,  quand,  touché  par  la  grâce,  il  prit  la  réso- 
lution de  ne  plus  vivre  que  pour  Jésus-Christ. 

Saint  Lambert  fut  celui  qu'il  choisit  pour  le  conduire  dans  les 
voies  du  salut.  Sa  ferveur,  ses  progrès  dans  la  perfection  et  dans 
les  sciences  ecclésiastiques  lui  méritèrent  l'honneur  d'être  élevé 


3  novembre.  —  s.  hubeht,  év.  de  liège.         37D 

icerdoee.  Bientôt  après ,  le  saint  évêque  se  l'associa  au  gem- 
ment de  son  diocèse.  Saint  Lambert  ayant  été  indignement 
aéré ,  Hubert  fut  unanimement  élu  pour  lui  succéder  en  708 
d9.  Hubert  portait  envie  à  son  bienheureux  maître;  et  il  eût 
â  terminer  sa  vie  de  la  même  manière.  Les  injures  les  plus 
m  ne  faisaient  qu'enflammer  son  zèle  pour  le  salut  des  pé- 
c»;  H  leur  rendait  le  bien  pour  le  mal ,  mais  sans  jamais  s'é- 
r  de  la  règle  du  devoir.  Rempli  de  charité  pour  les  pauvres, 
t  Attribuait  tous  ses  revenus;  sans  cesse  occupé  à  l'exercice 
Ntttkms  épiscopales,  il  travaillait  avec  une  ardeur  infatigable 
cuire  le  vice  et  à  extirper  l'idolâtrie. 
prêchait  l'Évangile  avec  tant  de  force  et  d'onction  que  la 
a  de  Dieu ,  dans  sa  bouche ,  était  véritablement  un  glaive  à 

tranchants.  Le  peuple  accourait  à  ses  sermons  de  tous  les 
.  Sa  ferveur,  loin  de  diminuer,  augmentait  de  jour  en  jour, 
manifestait  par  la  continuité  de  ses  jeûnes,  de  ses  prières  et  de 
sUles.  11  conserva  toute  sa  vie  une  singulière  vénération  pour 

Lambert.  Il  transféra  son  corps ,  en  720,  de  Maestricht  à 
s,  et  fit  bâtir  une  église  à  l'endroit  même  où  il  avait  répandu  son 
t  et  qui  devint  cathédrale  lors  de  la  translation  du  siège  épis- 
t  de  Maestricht  à  Liège ,  en  721.  Depuis  ce  temps-là,  la  ville 
iége,  qui  regarde  saint  Hubert  comme  son  fondateur  et  son 
der  évêque ,  honore  saint  Lambert  comme  son  patron, 
t  forêt  d'Ardenne ,  si  connue  dans  l'histoire ,  servait  encore 
traite  aux  païens  en  plusieurs  endroits.  Saint  Hubert,  animé 
zèle  ardent,  pénétra  jusque  dans  les  lieux  les  plus  éloignés 
t  plus  sauvages ,  et  détruisit  les  idoles.  Comme  il  exerçait  les 
ions  des  apôtres,  Dieu  lui  communiqua  le  don  des  miracles. 
leur  de  sa  vie  rapporte  le  suivant,  dont  il  avait  été  témoin 
ire.  Le  saint  évêque  faisait  la  procession  des  Rogations  avec 
iergé  ;  on  y  portait  la  croix  avec  les  reliques  des  saints ,  et 
chantait  les  litanies ,  selon  l'usage  de  l'Église.  Cette  pieuse 
nonie  fut  troublée  par  une  femme  possédée  du  démon  ;  mais 
ïrt  lui  imposa  silence ,  et  lui  rendit  la  santé  en  formant  sur 
e  signe  de  notre  rédemption.  Dans  un  temps  de  sécheresse, 
int  encore  de  la  pluie  par  ses  prières, 
int  Hubert ,  instruit  de  sa  mort ,  par  révélation ,  un  an  avant 
le  arrivât ,  mit  ordre  aux  affaires  de  sa  maison ,  et  redoubla 
rveur.  Il  allait  surtout  prier  fréquemment  au  tombeau  de 

Lambert  el  à  l'autel  de  saint  Aubin,  afin  de  recommander 


380  4  novembre.  —  s.  Charles  borromée. 

son  âme  à  Dieu  par  l'intercession  de  ees  saints.  Ayant  été  con- 
sacrer une  église  à  Fur,  il  fit  ses  adieux  à  son  peuple  dans  un  dis- 
cours qu'il  prononça  à  l'occasion  de  cette  cérémonie.  Immédiate- 
ment après ,  il  fut  pris  de  la  fièvre,  et  mourut  le  sixième  jour  de 
sa  maladie,  le  30  mai  727.  Son  corps  fut  déposé  à  liège,  dans 
l'église  collégiale  de  Saint-Pierre.  En  825 ,  on  le  transféra  dans 
les  Ardennes ,  à  l'abbaye  d'Andain,  qui  porte  aujourd'hui  le  nom 
du  saint.  Un  grand  nombre  de  pèlerins  vont  visiter  la  châsse  de 
saint  Hubert,  qu'on  invoque  surtout  contre  la  rage,  et  par  l'in- 
tercession duquel  il  s'est  opéré  plusieurs  guérisons  miraculeuses. 
On  célèbre  la  principale  fête  de  saint  Hubert  le  3  novembre, 
doute  à  cause  de  quelque  translation  de  ses  reliques. 


4  novembre.  —  SAINTS  VITAL  et  AGRICOLE , 
martyrs.  —  4e  siècle. 

Vital  et  son  maître  Agricole  furent  arrêtés  à  Bologne  vers 
Tan  304,  dans  la  persécution  de  Dioclétien  et  de  Maximien,  parée 
qu'ils  prêchaient  la  foi  de  Jésus-Christ.  Or,  comme  Vital,  plus 
on  essayait  par  des  prières  ou  des  menaces  de  le  faire  changer  de 
sentiment,  plus  il  se  déclarait  l'adorateur  et  le  serviteur  du 
Christ ,  on  lui  fit  souffrir  divers  genres  de  tourments  qu'il  endura 
avec  une  constance  héroïque ,  et  il  rendit  à  Dieu  son  âme  en  l'n> 
voquant.  Quant  à  Agricole ,  on  avait  différé  son  supplice  danfrla 
pensée  qu'il  serait  peut-être  ébranlé  par  les  souffrances  de  son 
esclave,  et  qu'il  voudrait  renoncer  à  sa  foi  ;  mais  cet  exemple  de 
courage  ne  fit  qu'affermir  le  sien.  C'est  pourquoi  il  rut  attaché  a 
une  croix ,  et  par  là  associé  à  un  noble  martyre,  il  en  partagea 
le  triomphe  avec  son  esclave  Vital.  Les  corps  de  ces  deux  martyn 
furent  enterrés  dans  le  lieu  de  sépulture  destiné  aux  Juifs  ;  mais 
plus  tard,  découverts  par  saint  Ambroise,  ils  furent  transférai 
dans  une  église  où  ils  sont  devenus  un  objet  de  vénération. 
j.  .. . .  _ . — . 

4  novembre.  —  SAINT  CHARLES  BORROMÉE,  cardinal, 

ARCHEVÊQUE     DE  M  IL  AN,   et  CONFESSEUR.  —  16e  Siècle. 

Charles  naquit  au  château  d'Arône,  le  2  octobre  1588,  de  Gil- 
bert Borromée  et  de  Marguerite  de  Médicis.  Il  donna .  dès  son 
enfance ,  des  marques  de  la  sainteté  à  laquelle  il  était  appelé.  Sa 


4  novembre.  —  s.  Charles  bobbokée.  3£I 

km  à  l'état  ecclésiastique  s'annonça  d'une  manière  si  pro- 
§e  qu'on  n'hésita  pas  de  lui  laisser  prendre  la  tonsure  à  l'âge 
(ans. 

rès  avoir  achevé  les  études  que Ton  nomme  Humanités,  on 
qra  étudier  à  Pavie  le  droit  civil  et  canonique  r  mais  à  la 
de  son  père,  en  ISôS ,  il  fut  obligé  de  revenir  à  Milan  pour 
Éûres  de  sa  famille.  À  cette  époque  y  le  cardinal  de  Médicis, 
ode,  tut  élevé  sur  la  chaire  de  saint  Pierre  sous  le  nom  de 
V.  Charles  reçut  les  compliments  qu'on  lui  en  fit  avec  une 
sur  qui  marquait  combien  il  appréhendait  les  dangers  aux- 
cette  élévation  allait  l'exposer. 

pape  ne  tarda  pas  d'appeler . son  neveu  auprès  de  lui,  et, 
ant  en  lui  une  sagesse  consommée,  il  le  fit  cardinal  en  1560, 
îhevéque  de  Milan  peu  de  temps  après ,  quoiqu'il  n'eût  en- 
jue  vingt-trois  ans.  Charles  n'accepta  ces  dignités  que  par 
sance  ;  mais  il  justifia  bientôt  le  choix  du  Souverain  Pontife» 
11  fut  la  consolation  et  l'appui  dans  les  affaires  les  plus  difli- 
tu  gouvernement  de  l'Église,  l'une  des  importantes  alors  était 
du  concile  de  Trente ,  qui  durait  depuis  soixante-huit  ans. 
eux  cardinal  vint  à  bout ,  par  son  zèle  et  sa  prudence ,  de 
Miter  les  difficultés  qui  en  avaient  retardé  la  clôture.  La  der- 
session  eut  lieu  le  4  décembre  1593.  Charles  se  hâta  d'en 
publier  les  décrets  dans  son  diocèse ,  pour  la  réformatfon 
i  discipline.  Sa  conduite  sur  ce  point  fut  du  plus  grand 
pie  ;  il  réforma  sa  maison ,  vendit  ce  qu'il  y  avait  de  pré- 
dans ses  meubles  et  équipages. 

pendant  le  saint  archevêque  ne  soupirait  que  pour  se  rendre 

son  diocèse,  afin  de  travailler  à  la  sanctification  de  son  trou- 

II  se  fit  précéder  par  plusieurs  prédicateurs  de  la  Compa- 

le  Jésus,  et  leur  donna  une  maison  dans  Milan,  afin  qu'elle 

servit  de  point  central  pour  donner  des  missions  dans  tout 

iocèse.  Il  partit  lui-même  peu  de  temps  après  ;  mais  il  fut  à 

à  Milan  qu'il  apprit  que  le  pape  était  tombé  malade ,  et  il 

bligé  de  retourner  à  Rome.  Pie  IV  mourut  entre  ses  bras  le 

cembre  1565.  Pie  V,  qui  fut  élu  pape  un  mois  après ,  fit  tous 

forts  pour  que  Charles  restât  auprès  de  lui  ;  mais  celui-ci  in- 

ant  pour  avoir  la  permission  de  se  rendre  dans  son  diocèse 

obtint  enfin  l'agrément  du  Souverain  Pontife. 

îvé  à  Milan ,  dit  l'historien  de  sa  vie ,  il  s'occupa  avec  le  plus 

zèle  de  la  réformation  de  son  diocèse ,  et  commença  par 


382  4  novembre.  —  s.  chaules  borhomAb. 

régler  sa  propre  maison,  où  chacun  eut  son  emploi  et  ta  règle  à 
observer.  Les  exercices  de  la  piété  chrétienne  y  furent  fixés  pour 
tous  les  jours.  Ce  fut  alors  que  le  saint  prélat  commença  cette  vis 
d'oraison ,  de  charité  pastorale  et  d'austérités  qu'il  continua  jus- 
qu'à sa  mort.  Dès  qu'il  eut  fixé  sa  résidence  à  Milan,  il  se  réduisit 
h  n'avoir  que  le  seul  revenu  de  son  archevêché,  avec  la  pension 
qu'il  s'était  réservée  sur  ses  biens  de  famille  et  celle  qu'il  recevait 
du  roi  d'Espagne.  Il  résigna  ses  autres  bénéfices,  ou  les  employa, 
avec  les  formalités  nécessaires,  à  fonder  des  séminaires ,  des  col- 
lèges ,  et  à  fournir  aux  besoins  des  pauvres  et  des  malades  dans 
les  hôpitaux,  pour  lesquels  il  vendit  sa  vaisselle  d'argent,  ses  meu- 
bles précieux  et  tout  ce  qui  pouvait  être  d'un  grand  prix  :  il  fit 
disparaître  de  son  palais  les  tapisseries ,  les  décorations  et  les 
mitres  recherches  du  luxe,  de  la  vanité  ou  de  la  sensibilité.  H  sa 
confessait  tous  les  jours  avant  de  célébrer  la  sainte  messe ,  ré- 
citait son  bréviaire  tête  nue  et  à  genoux,  ot  assistait  à  l'office  poitto 
les  jours  de  fête  dans  la  cathédrale. 

Ixi  passion  de  Jésus-Christ  était  le  plus  cher  objet  de  sa  piété  : 
sa  tendre  dévotion  pour  la  sainte  Vierge  et  pour  les  saints  ho- 
norés dans  son  église  lui  fournissait  habituellement  des  prières 
auxquelles  il  était  fidèle.  Son  jeûne  était  continuel,  excepté  les 
jours  de  fête  ;  et  d'ordinaire  il  l'observait  en  ne  mangeant  que 
quelques  légumes,  du  pain,  ot  ne  buvant  que  de  l'eau.  Son 
palais,  toujours  ouvert  à  ceux  qui  désiraient  recevoir  ses  instruc- 
tions, ou  lui  conGcr  leurs  peines,  représentait  l'image  d'une 
maison  religieuse  dont  le  chef  et  la  communauté  étaient  des 
saints,  et  dont  le  zèle  et  les  exemples  firent  l'édification  de  Milan 
et  de  tout  son  diocèse,  où  la  piété  se  renouvela,  et  rendit  à  la 
religion  son  autorité  et  son  éclat,  dans  l'observation  de  ses  lois 
et  les  pratiques  de  son  culte  dans  presque  toutes  les  conditions. 
Le  saint  archevêque  eut  souvent  à  souffrir  de  la  part  des 
méchants  :  on  attenta  deux  fois  à  sa  vie ,  qui  ne  fut  conservée 
que  par  un  miracle.  Ou  désapprouva  souvent  sa  conduite ,  on 
blâma  jusqu'à  ses  aumônes;  on  lui  prêta  de  mauvaises  intentions 
dans  la  sévérité  qu'il  mit  en  certaines  occasions  où  elle  était  un 
devoir.  Saint  Charles  souffrit  tout  sans  se  plaindre,  et  força  plu- 
sieurs de  ses  ennemis  à  lui  faire  des  satisfactions,-  qu'il  reçut 
avec  des  affections  de  charité  qui  lui  attachèrent  souvent  les 
cœurs. 

i!  ét.-iit  parti  pour  assister  à  la  mort  fl^in  de  ses  suffragants, 


S  novembre.  —  sainte  Bertille,  y.  et  abb.   383 

ogn'fl  apprit  que  la  peste  s'était  déclarée  près  de  Milan ,  où 
I*  pénétra  bientôt  ;  il  se  hâta  de  retourner  dans  sa  ville  ;  et 
ft^wrivast  alla  visiter  le  lieu  où  le  magistrat  avait  ordonné  de 
mtoke  les  pestiférés.  Il  les  consola ,  pourvut  à  leurs  besoins 
jfrpds  et  temporels,  et  déclara  que,  dans  cette  calamité  ter- 
Me*§  ne  se  séparerait  pas  de  son  peuple,  et  qu'il  sacrifierait  sa 
ipk  Igi  rendre  tous  les  soins  d'un  bon  pasteur.  Il  ordonna  des 
(lires  publiques  pour  tâcher  de  fléchir  la  justice  divine,  et  s'of- 
JL  souvent  à  Dieu  comme  victime,  spécialement  dans  une 
où  il  parut  la  corde  au  cou  et  les  pieds  nus.  Le  ciel 
les  vœux  de  saint  Charles  par  la  cessation  de  ce  terrible 

ÉHl. 

P&  1684,  il  se  rendit  avec  le  P.  Adorno ,  jésuite,  son  confcs- 
wr9  au  mont  Varalli  ;  il  y  fit  une  confession  extraordinaire ,  et 
fcà  quelques  personnes  intimes  que  sa  fin  approchait;  quelques 
mm  après,  le  24  octobre,  il  fut  pris  d'une  fièvre  tierce.  On  le 
caosporta  à  Milan  le  2  novembre  suivant;  le  redoublement  de  la 
lèvre  fut  si  violent  qu'on  désespéra  de  sa  vie.  Il  demanda  les  sa- 
mnents  de  l'Église,  qu'il  reçut  avec  cette  tendre  dévotion  qui  lui 
4aît  ordinaire ,  et  expira  au  commencement  de  la  nuit  du  8  au 
>  novembre  en  prononçant  ces  mots  :  Ecce  venio,  voilà  que  je 
iens.  Paul  V  le  canonisa  neuf  ans  après  sa  mort. 


>  novembre.  —  SAINTE  BERTILLE ,  vierge  et  abbesse. 

—  7e  siècle. 

Bertille  était  d'une  maison  noble  du  Soissonnais  ;  mais  elle  ac- 
quit par  sa  piété  la  noblesse  des  enfants  de  Dieu ,  qui  est  beau- 
coup plus  estimable  que  celle  que  Ton  tire  des  hommes.  Elle  eut 
dès  l'enfance  un  attrait  si  grand  pour  la  retraite  qu'elle  fuyait 
toute  espèce  de  compagnie  pour  vaquer  plus  librement  et  plus 
longtemps  à  la  prière.  Ce  goût  pour  la  solitude  croissant  avec 
l'âge,  le  siècle  lui  parut  de  plus  en  plus  digne  de  mépris ,  et  elle 
résolut  d'y  renoncer  entièrement.  Comme  elle  n'osait  s'en  ouvrir  à 
ses  parents ,  qui  avaient  dessein  de  l'élever  pour  le  monde,  elle  en 
)arla  à  saint  Ouen ,  qui  la  fortifia  dans  sa  résolution ,  et  lui  pro- 
ûit  de  la  secourir  de  ses  avis  et  de  prier  Dieu  pour  elle ,  afin 
u'elle  pût  connaître  sa  volonté.  Bertille  pria  aussi -très  ardem- 
ment de  son  coté  :  toutes  les  fois  qu'elle  sortait  de  sa  prière  T 


384      5  novembre   — -  sainte  Bertille,  v.  m  abb. 

elle  sentait  une  nouvelle  ardeur  pour  la  retraite.  Ses  d 
furent  enfin  écoutés  de  ses  parents.  Édifiés  de  sa  piété ,  chai 
de  sa  modestie  et  pleins  de  vénération  pour  sa  vertu,  il  ne  leui 
pas  difficile  de  deviner  le  parti  qui  pouvait  lui  être  le  plus  agré 
Ils  la  conduisirent  au  monastère  nouvellement  fondé  à  Jou 
par  saint  Adon,  frère  de  saint  Ouen.  Bertille,  au  comble  de 
vœux,  montra  autant  de  joie  en  entrant  dans  cette  commun 
qu'un  passager  en  a  de  se  voir  échappé  aux  fureurs  de  la  i 
Séparée  du  monde,  elle  s'étudia  à  faire  de  jour  en  jour  de  i 
veaux  progrès  dans  la  vertu  :  elle  s'humiliait  sans  cesse  sot 
main  de  Dieu ,  et  se  chargeait  avec  joie  de  tout  ce  qui  poi 
Fhumilier  devant  ses  sœurs  ;  rien  ne  lui  paraissait  vil ,  parce 
l'obéissance  qui  la  guidait  lui  rendait  tout  précieux.  L'abbe 
qui  reconnut  en  elle  beaucoup  de  sagesse  et  de  prudence 
confia  les  emplois  les  plus  importants.  On  la  chargea  du  soin 
hôtes,  des  infirmes  et  des  enfants  qu'on  élevait  dans  le  moi 
tère.  La  manière  dont  Bertille  s'acquitta  de  ces  différents  em| 
la  fit  élire  prieure  :  elle  accepta  avec  peine  cette  dignité ,  p 
qu'elle  trouvait  plus  de  sûreté  à  obéir  qu'à  commander.  Une 
choses  dont  elle  eut  le  plus  de  soin  dans  cette  charge  fut  de  m 
tenir  la  paix  et  la  bonne  intelligence  parmi  les  sœurs,  et  d< 
édifier  par  son  humilité  et  par  ses  autres  vertus. 

La  reine  Bathilde,  régente  du  royaume  pendant  la  minorit 
Clotaire  III,  son  fils ,  ayant  fait  bâtir  un  monastère  à  Chel 
près  de  la  Marne,  dans  le  diocèse  de  Paris,  demanda  à  sa 
Théchilde,  abbesse  de  Jouarrc,  de  lui  envoyer  Bertille  ; 
quelques  religieuses,  pour  établir  la  régularité  de  cette  noui 
maison.  Bertille  fut  donc  la  première  abbesse  de  Chelles ,  c 
réputation  de  sainteté  y  attira  un  grand  nombre  de  religieu 
qui,  répandant  au  loin  l'odeur  de  leurs  vertus,  firent  naître 
étrangers  même  le  désir  de  venir  se  consacrer  à  Dieu  dan 
nouveau  monastère.  Bathilde  s'y  retira  dès  que  son  fils  Qol 
fut  en  état  de  prendre  l'administration  de  ses  États,  et  elle  r 
Thabit  des  mains  de  Bertille,  à  qui  elle  fut  soumise  comm 
elle  eût  été  la  dernière  de  la  maison.  Bertille  fut  abbesst 
Chelles  pendant  quarante-six  ans  :  loin  de  diminuer  ses  austéi 
en  avançant  en  âge,  elle  les  redoublait  même  à  mesure  qu'ell 
voyait  plus  proche  de  sa  fin  ;  elle  rendit  son  âme  à  Dieu 
Taii  G92. 


6  novembre.  —  s.  Léonard,  solit.  et  cohf.      386 


6  novembre.  —  SAINT  LÉONARD,  solitaire 

ET   CONFESSEUR.  —   6e   Siècle. 

Léonard  ou  Liénard  était  d'une  famille  illustre ,  qui  avait  de 
grands  emplois  à  la  cour  de  Cl o vis  1er.  Ce  prince  ,  qui  était  son 
parrain,  avait  beaucoup  d'affection  pour  lui.  Au  milieu  des 
liens  qui  l'attachaient  au  monde ,  une  voix  plus  forte  lui  disait  de 
se  retirer  dans  la  solitude.  Renonçant  donc  au  service  d'un 
prince  de  la  terre  pour  entrer  sous  l'heureuse  domination  du 
Roi  des  rois,  il  quitta  la  cour  de  Clovis,  et  alla  trouver  saint 
Rémi  pour  vivre  sous  sa  conduite.  Un  maître  saint  ne  forme  pas 
toujours  des  disciples  qui  lui  ressemblent  ;  mais  il  est  bien  rare  qu'il 
n'affermisse  dans  la  sainteté  ceux  qui  en  sont  déjà  revêtus.  C'est 
ce  qui  arriva  à  Léonard.  Il  alla  de  vertu  en  vertu ,  et  devint  en 
peu  de  temps  un  parfait  chrétien.  Sa  réputation  de  sainteté  s'é- 
tendit jusqu'à  la  cour,  et  le  roi  lui  proposa  de  venir  auprès  de 
hn  jusqu'à  ce  qu'il  l'eût  placé  selon  son  mérite  ;  mais  Léonard 
aimait  trop  la  retraite  pour  la  quitter.  11  alla  trouver  saint  Mesmin, 
près  d'Orléans,  et  demeura  quelque  temps  avec  lui,  pour  s'ani- 
mer de  plus  en  plus,  par  l'exemple  de  ce  saint,  au  désir  des  biens 
célestes.  Étant  passé  ensuite  dans  le  Limousin ,  et  trouvant  dans 
ce  pays  une  forêt  abandonnée,  il  crut  que  ce  lieu  serait  très-pro- 
pre au  dessein  qu'il  avait  de  vivre  loin  du  commerce  des  hommes, 
afin  de  n'être  connu  que  de  Dieu  seul.  Il  y  bâtit  un  oratoire  et 
quelques  cellules,  et  ce  fut  dans  cette  forêt  qu'il  passa  la  plus 
grande  partie  de  sa  vie  avec  quelques  moines  qui  voulurent  être 
les  compagnons  et  les  imitateurs  de  ses  jeûnes,  de  ses  vertus  et 
de  ses  prières. 

Léonard  avait  une  grande  charité  pour  les  captifs  et  les  prison- 
niers :  il  mettait  un  zèle  infatigable  à  leur  procurer  tous  les  secours 
dont  ils  pouvaient  avoir  besoin,  et  surtout  à  les  retirer  du  vice, 
lorsqu'il  était  assez  heureux  pour  en  délivrer,  il  avait  grand  soin 
de  les  avertir  combien  ils  avaient  à  craindre  une  autre  captivité , 
c'est-à-dire  celle  du  péché,  dont  les  hommes  ne  délivrent  pas.  Il 
leur  parlait  avec  tant  de  force  et  d'onction  de  la  nécessité  d'éviter 
ce  joug  honteux ,  en  quittant  tout  pour  n'aimer  que  Dieu  ,  que  la 
plupart  demandaient  à  vivre  sous  sa  direction.  11  forma  un  grand 
nombre  de  disciples  qui  servirent  Dieu  avec  ardeur.  Quand  il  eut 

33 


380     1  novembre.  —  sainte  marïe,  esc.  et  habt. 

rempli  la  mesure  des  bonnes  œuvres  que  le  Seigneur  demandait 
de  lui,  il  mourut  saintement  vers  le  milieu  du  sixième  siècle. 


7  novembre.  —  SAINTE  MARIE,  esclave  et  marttbe. 

—  8e  siècle. 

Le  courage  héroïque  que  Dieu  a  donné  à  la  bienheureuse  Marie 
pour  confesser  le  nom  de  Jésus-Christ  doit  nous  convaincre  qu'il 
no  distingue  ni  le  sexe  ni  la  condition  dans  la  distribution  de  ses 
grAccs.  Cette  fille  était  esclave  d'un  sénateur  païen  nommé  Ter* 
tulle,  et  la  seule  de  la  maison  qui  eût  le  bonheur  de  connaître  Jésus* 
Christ.  Attentive  à  obéir  à  ses  maîtres,  exacte  à  les  prévenir  dans 
tout  ce  qui  pouvait  leur  être  utile,  elle  faisait  consister  ressentie!  de 
sa  piété  dans  l'accomplissement  de  toutes  ses  obligations.  Ellerap» 
portait  à  Dieu  tout  ce  qu'elle  faisait,  et,  contente  d'un  état  qui  lui 
donnait  lieu  d'imiter  Notrc-Scigncur  Jésus-Christ,  qui  n'est  pas 
venu  pour  être  servi ,  mais  pour  servir,  elle  ne  pensait  qu'à  se 
rendre  agréable  à  ses  yeux.  Son  exactitude  à  remplir  tous  ses  de- 
voirs la  faisait  chérir  de  son  maître  et  des  autres  personnes  de  sa 
maison.  Comme  elle  vivait  sous  l'empire  de  Dioctétien ,  du  temps 
que  les  chrétiens  étaient  persécutés,  elle  demandait  sans  cesse  pour 
eux  la  fidélité  et  la  persévérance.  Elle  mérita  aussi  pour  elle-même 
la  gr/lce  qu'elle  avait  implorée  pour  les  autres  :  Tertullc ,  ayant 
reconnu  qu'elle  était  chrétienne ,  la  fit  fouetter  cruellement  dans 
l'espérance  qu'elle  consentirait,  par  la  crainte  des  tourments,  à 
changer  de  religion ,  et  qu'il  pourrait  alors  la  garder  à  son  ser- 
vice; il  la  fit  ensuite  renfermer,  par  le  nu1mc  motif,  dans  un 
endroit  fort  obscur,  où  on  ne  lui  donna,  pendant  trente  jours, 
que  la  nourriture  nécessaire  pour  qu'elle  ne  mourût  pas  de  faim. 
L'attente  de  son  maître  fut  trompée;  car,  tandis  qu'elle  était 
dans  cette  espèce  de  prison ,  elle  se  fortifiait  de  plus  en  plus  dans 
la  vraie  religion.  On  rapporta  au  gouverneur  que  Tertulle  avait 
chez  lui  une  esclave  chrétienne  qu'il  n'avait  pas  dénoncée,  selon 
que  les  édits  des  empereurs  le  commandaient.  Le  gouverneur  en- 
voya chercher  aussitôt  Tertulle,  et  lui  lit  un  crime  capital  de  son 
silence  ;  mais,  quand  celui-ci  eut  dit  toutes  les  raisons  qui  l'avaient 
porté  à  agir  ainsi ,  on  le.  renvoya  absous  à  condition  qu'il  li- 
vrerait son  esclave.  Marie  fut  donc  conduite  devanMe  gouverneur, 
qui  voulut  en  vain  la  faire  renoncer  à  la  religion  chrétienne.  Tout 


7  novembre.  —  s.  wlllibbobd,  ev.  d utrecht.    387 

le  peuple  qui  était  présent ,  voynnt  la  fermeté  de  cette  611e ,  et 
traitant  son  courage  d'opiniâtreté ,  s'écria  qu'il  fallait  la  brûler 
u  Pendant  ces  cris  confus,  Marie  priait  Dieu  de  lui  donner  la 
qu'elle  avait  si  souvent  demandée  pour  les  autres.  Le 
gouverneur  ne  put  jamais  lui  persuader  de  renoncer  à  Jésus- 
Christ.  Le  Dieu  que  je  sers  est  avec  moi ,  dit-elle  ;  je  crains  peu 
vos  menaces.  Le  juge  voulut  voir  si  elle  serait  aussi  ferme  qu'elle 
kl  paraissait  quand  elle  sentirait  de  vives  douleurs ,  et,  l'ayant  li- 
ftée aux  bourreaux ,  elle  fut  traitée  si  cruellement  que  le  peuple , 
foi  un  moment  auparavant  demandait  sa  mort ,  touché  de  com- 
passion ,  cria  qu'on  l'épargnât ,  et  accusa  le  juge  d'inhumanité.  Ce 
denier ,  voyant  le  peuple  en  émotion,  fit  cesser  les  tourments 
dont  on  accablait  le  corps  de  Marie,  et  la  laissa  sous  la  garde  d'un 
soldat;  mais  cette  sainte  fille,  craignant  encore  plus  de  voir  sa 
pudeur  exposée  sous  un  tel  gardien  que  de  mourir  dans  les  tour- 
ments, trouva  moyen  de  s'échapper  et  d'aller  se  cacher  dans  les 
foehers.  On  l'honore  comme  martyre,  parce  qu'on  donnait  sou- 
vent ce  titre  à  ceux  qui  avaient  généreusement  souffert  pour 
Jésus-Christ,  comme  l'apprennent  saint  Cyprien  et  quelques 
autres  écrivains  de  l'antiquité  ecclésiastique. 


7  novembre.  —  SAINT  WILLIBRORD,  premier  évêque 
d'Utrecht,  confesseur.  —  8e  siècle. 

Willibrord  naquit  au  pays  de  Rippon,  chez  les  Anglo-Saxons 
du  Northumberland.  11  était  prêtre  et  âgé  de  trente-trois  ans 
lorsqu'il  fut  choisi  avec  onze  autres  missionnaires  également  il- 
lustres par  leur  vertu  et  leur  instruction  pour  aller  convertir  les 
païens  de  la  Frise  et  de  la  Saxe.  Ayant  reçu  la  bénédiction  du  vé- 
nérable Egbert ,  leur  évêque ,  ces  douze  nouveaux  apôtres  arri- 
vèrent à  Utrecht ,  où  ils  convertirent  bientôt  à  la  foi  un  grand 
nombre  d'idolâtres.  Le  duc  Pépin  envoya  Willibrord  à  Rome, 
vers  le  pape  Sergius ,  qui  le  consacra  archevêque  des  Frisons , 
dans  l'église  de  Sainte-Cécile.  Le  nouveau  pontife  amena  les  chan- 
gements les  plus  heureux  pour  la  religion  dans  une  partie  des 
provinces  de  la  Hollande  actuelle  ainsi  que  dans  la  Flandre.  Tant 
de  succès  engagèrent  Pépin  d'Héristal  et  après  lui  son  glorieux 
fils  Charles  Martel  à  céder  par  une  donation  souveraine  à  Willi- 
brord et  à  ses  successeurs  sur  le  siège  d" Utrecht  cette  ville  avec 


383    8  novembre.  —  octave  de  Là  Toussaint,  s.  bel. 

ses  dépendances,  lil>éralité  qu'imitèrent  diversement  plusieurs  per- 
sonnages dont  la  piété  égalait  la  noblesse.  Ce  que  VVillibrord  en- 
seignait par  ses  paroles  et  ses  exemples ,  le  Seigneur  le  confirmait 
par  des  signes  surnaturels  et  des  miracles.  Un  jour  entre  autres 
que  le  zélé  missionnaire  brisait  une  idole  à  Walcheren ,  le  gar- 
dien du  temple  lui  déchargea  sur  la  tête  un  coup  de  bûche  qui  ne 
lui  fit  aucun  mal  grâce  à  la  protection  divine.  Au  même  endroit, 
VVillibrord  fit  sortir  d'un  terrain  tout  à  fait  aride  une  fontaine 
d'eau  douce  pour  soulager  un  peuple  qui  souffrait  de  la  soif.  Il 
chassa  aussi  la  peste  en  faisant  une  aspersion  d'eau  qu'il  avait 
bénite  après  avoir  offert  le  saint  sacrifice  de  la  messe  pour  les 
malades ,  et  il  obligea  le  démon  à  quitter  les  lieux  qu'il  infestait. 
Rempli  de  zèle  pour  la  gloire  de  Dieu,  VVillibrord  répandait  de 
tous  côtés,  et  notamment  sur  le  Brabant,  les  rayons  de  sa 
et  de  sa  sainteté.  T^a  ville  d'Anvers  elle-même  ne  put  se 
traire  à  la  bienfaisante  chaleur  de  sa  charité,  et  die  se  glorifie 
à  bon  droit  d'avoir  eu  pour  docteur  un  si  grand  saint.  Enfin,  cet 
homme  vénérable,  qui  ne  respirait  que  l'amour  de  Dieu  et  du 
prochain  et  qu'ornaient  toutes  les  vertus,  mourut  à  l'âge  de 
quatre-vingts  ans ,  et  alla  recevoir  la  récompense  céleste  le  7  no- 
vembre de  l'an  du  Seigneur  938. 


8  novembre.  —  OCTAVE  DE  LA  TOUSSAINT,  et  FÊTE 

DES  SAINTES  RELIQUES 

ta  Seigneur  Jésus ,  dit  saint  Jean  de  Damas ,  nous  offre  dans 
les  Reliques  des  saints  comme  des  sources  salutaires  d'où  décou- 
lent pour  nous  de  nombreux  bienfaits ,  et  d'où  s'exhalent  les 
plus  suaves  parfums.  Que  personne  ne  refuse  d'ajouter  foi  a  ce 
que  j'avance ,  car  si ,  par  la  volonté  de  Dieu ,  l'eau  a  jailli  dans 
le  désert  d'une  roche  dure  et  solide,  et  encore,  pour  apaiser  la 
.soif  de  Samson ,  d'une  mâchoire  d'Âne ,  pourquoi  paraltra-t-il  in- 
croyable à  quelqu'un  qu'une  odeur  suave  puisse  s'échapper  des 
Reliques  des  Martyrs  ?  Ce  ne.  sera  assurément  pas  un  de  ceux 
qui  ont  aperçu  et  qui  ont  reconnu  quelle  est  la  puissance  de  Dieu 
«t  de  quel  honneur  il  entoure  ses  saints.  L'ancienne  loi  avait  en 
effet  établi  que  quiconque  aurait  touché  un  mort  serait  réputé 
immonde  ;  niais  les  saints  ne  peuvent  en  aucune  façon  être  comp- 
tés au  nombre  des  morts.  Car,  depuis  que  (felui  qui  est  la  vie 


8  novembre.  —  les  ss.  quàtre-couronnés.       389 

clte-même  et  Fauteur  de  la  vie  a  été  Inscrit  parmi  les  morts, 
ne  donnons  nullement  le  nom  de  morts  à  ceux  qui  ont 
leur  vie  dans  l'espérance  de  la  résurrection  et  dans  la 
foi  en  celui  qui  Fa  promise.  Car  comment  un  corps  mort  pour- 
rait-il produire  des  miracles  ?  Or,  par  les  reliques  des  saints  les 
4friMM*«  sont  chassés,  les  causes  des  maladies  sont  détruites ,  les 
naïades  recouvrent  la  santé ,  les  aveugles  la  vue ,  les  lépreux  sont 
purifiés ,  les  tentations  et  les  afflictions  sont  dissipées ,  et  enfin 
ai  vertu  de  leurs  mérites  tout  don  parfait  descend  du  Père  des 
lumières  à  ceux  qui  dem<indent  avec  une  foi  inébranlable.  Quelle 
peine  ne  prenez-vous  pas  pour  rencontrer  quelque  protecteur  qui 
vous  présente  à  un  roi  mortel ,  et  qui  lui  parle  en  votre  nom  ?  Et 
nota  n'honorerions  pas  ceux  qui  se  déclarent  les  patrons  de  tout 
le  genre  humain ,  et  qui  intercèdent  auprès  de  Dieu  pour  nous  ? 
H  feut  à  coup  sûr  les  honorer,  et  de  telle  sorte  que  nous  éle- 
vions des  temples  à  Dieu  sous  leur  invocation ,  que  nous  leur  of- 
frions des.  dons ,  que  nous  honorions  leur  mémoire ,  et  que  le 
jour  de  leur  fête  nous  nous  réjouissions  d'une  manière  toute  spi- 
rituelle. Mais  il  faut  que  notre  joie  soit  en  conformité  avec  ceux 
qui  nous  invitent  à  la  manifester ,  de  crainte  que  nous  ne  ris- 
quions de  les  offenser  et  de  les  irriter  alors  que  nous  tâchons  de 
les  honorer  et  de  gagner  leurs  suffrages.  Car  ce  qui  honore  Dieu 
réjouit  également  ses  serviteurs,  mais  ce  qui  l'offense  déplaît 
aussi  à  ses  soldats  victorieux.  Ainsi  honorons  les  saints  par  le 
chant  des  psaumes  >  des  hymnes,  des  cantiques  spirituels,  par 
la  componction  du  cœur  et  par  la  charité  et  la  piété  à  l'égard 
des  pauvres ,  bonnes  œuvres  qui  nous  concilient  le  plus  la  faveur 
de  Dieu.  Érigeons,  en  l'honneur  des  saints,  des  statues  et  des 
images  visibles,  ou  plutôt  obtenons,  en  imitant  leurs  vertus,  de 
devenir  leurs  statues  et  leurs  images  vivantes. 


8  novembre.  —  LES  SAIJNTS  QUATRE-COURONNÉS , 

martyrs.  —  4e  siècle. 

Sévère ,  Sévérien ,  Carpophore  et  Victorîn ,  qui  étaient  frères 
et  qui  furent  battus  avec  des  lanières  plombées  dans  la  persécu- 
tion de  Dioclétien,  en  raison  de  la  liberté  chrétienne  avec  laquelle 
ils  exprimaient  leur  aversion  pour  le  culte  des  faux  dieux ,  mou- 
rurent sous  les  coups ,  vers  Tan  304,  pour  le  nom  du  Christ. 

33. 


o<j(>  8  novembre.  —  s.  clair,  prêtre, 

Leurs  corps  jetés  aux  cliicns ,  quoique  exposés  pendant  long* 
temps  à  leurs  atteintes,  en  furent  respectés.  Aussi  les  chrétiens, 
les  ayant  emportés  à  trois  milles  de  Rome ,  sur  la  voie  Lavicane, 
les  ensevelirent  dans  un  cimetière,  près  du  tombeau  des  saints 
martyrs  Claude,  Nicostrate,  Symphorien,  Castor  et  Simplice, 
qui  avaient  souffert  le  martyre  sous  le  même  empereur.  Ces 
derniers  étaient  d'habiles  sculpteurs,  mais  on  n'avait  pu  les  dé- 
terminer par  aucun  moyen  à  faire  des  statues  d'idoles;  et,  con- 
duits devant  l'image  du  soleil  pour  l'adorer,  ils  dirent  qu'ils  ne 
se  laisseraient  jamais  aller  à  adorer  des  oeuvres  faites  de  la  main 
des  hommes.  Jetés  en  prison,  comme  ils  y  persistèrent  dans  la 
mémo  résolution  pendant  plusieurs  jours,  ils  furent  d'abord 
battus  avec  des  scorpions,  c'est-à-dire  des  fouets  garnis  de 
pointes  de  fer  ;  puis,  enfermés  tout  vivants  dans  des  cercueils  de 
plomb,  ils  furent  précipités  dans  le  courant  d'un  fleuve.  H 
existe  à  Rome  une  église  sous  l'invocation  des  Quatre-CouronnésT 
dont  les  noms,  qui  avaient  été  longtemps  inconnus,  furent  ma- 
nifestés dans  la  suite  par  une  révélation  divine.  L'église  qui 
porte  leur  nom  possède,  outre  les  corps  de  ces  martyrs,  les 
restes  des  cinq  autres  dont  nous  avons  parlé.  On  les  y  conserve 
avec  honneur,  et  Ton  célèbre  leur  fête  le  8  de  novembre. 


8  novembre.  —  SAINT  CLAIR,  prêtre.  —  4e  «ède. 

Clair  naquit ,  dans  le  quatrième  siècle ,  de  parents  distingués 
dans  le  monde  par  leur  naissance  et  leurs  richesses  ;  mais  Dieu 
lui  fit  la  grâce  de  renoncer  à  tout  pour  ne  chercher  que  la  gloire 
et  les  biens  du  ciel.  La  réputation  de  saint  Martin  attira  auprès 
de  lui  le  jeune  Clair ,  qui  se  forma  à  la  piété  dans  le  célèbre  mo- 
nastère de  Marmoutier.  Ixî  saint  évêque  de  Tours,  ayant  connu 
par  lui-même  que  Clair  avait  toutes  les'  qualités  que  Dieu  de- 
mande de  ses  ministres ,  l'éleva  au  sacerdoce.  Saint  Sulpice  Sé- 
vère, qui  le  connut  très-particulièrement,  dît  qu'il  s'éleva  en 
peu  de  temps  à  un  très-haut  degré  de  perfection  dans  la  pra- 
tique des  vertus  chrétiennes. 

Au  bout  de  quelques  années ,  Clair  bâtit  un  petit  hospice  pour 
lui,  assez  près  du  monastère  Saint-Martin ,  et  il  reçut  plusieurs 
des  frères  qui  voulurent  s'y  retirer.  On  y  vit,  entre  autres,  un 
jeune  homme  nommé  Anatole ,  en  qui  Ton  apercevait  tous  les  de- 


8  novembre.  —  s.  cl&ib,  pbétbe.  391 

on  d'un  bon  religieux ,  mais  qui  nourrissait  dans  son  cœur 
m  tes  sentiments  de  la  plus  vile  hypocrisie.  11  ne  laissa  pa- 
ître d'abord  que  ce  qui  pouvait  persuader  les  autres  de  son  hu- 
"  et  de  l'innocence  de  sa  vie  ;  mais,  quand  il  crut  avoir  ac- 
de  réputation  et  de  crédit  parmi  les  frères  ,  il  corn- 
à  se  donner  pour  un  homme  particulièrement  favorisé  de 
,  qui  voulait  bien  se  communiquer  à  son  serviteur  par 
F  révélations.  11  se  prétendit  en  commerce  avec  les  anges,  qui 
aient  souvent  le  visiter  et  converser  familièrement  avec  lui. 
I  gens-  sensés  se  moquèrent  de  ses  révélations;  mais  il  eut 
m  W  les  simples ,  qui  ne  doutèrent  point  qu'Anatole  ne  fût 
flpAoMl  prophète  et  qu'il  n'eût  avec  Dieu  un  commerce  extraor- 
ftàre.  Clair  ne  donna  point  dans  l'illusion  ;  il  déclara  nettement 
prétendu  prophète  qu'il  le  regardait  comme  un  fourbe  ou  un 
unitaire.  Anatole  le  menaça  de  toute  la  colère  de  Dieu  s'il 
satinait  à. rester  dans  Incrédulité;  mais,  voyant  que  de  pa- 
les menaces  ne  faisaient  aucune  impression  sur  Clair,  et  qu'il 
tfmuait  de  prémunir  les  autres  contre  ses  impostures,  il  dit 
jour,  en  présence  de  tous  ses  frères  :  Cette  nuit,  Dieu  doit 
snroyer  du  ciel  une  robe  blanche;  vous  m'en  verrez  revêtu 
relier  au  milieu  de  vous. 

rout  le  monde  était  attentif  à  ce  qui  allait  arriver.  Sur  le  minuit 
entendit  un  grand  bruit,  et  la  cellule  d'Anatole  parut  tout  en 
l  Quand  tout  fut  calme,  Anatole  appela  l'un  des  frères  nommé 
twt,  et  lui  montra  la  robe  dont  il  avait  parlé.  Sabat,  fort  étonna, 
îrtit  tous  les  autres,  qui  accoururent  promptement  à  la  cellule  ; 
tir  s'y  rendit  aussi  ;  chacun  toucha  la  robe  :  on  la  trouva  très- 
le  et  d'un  blanc  admirable;  elle  parut  même  à  plusieurs  d'une 
>ffe  extraordinaire  et  qui  marquait  quelque  chose  de  surna- 
«I.  Clair,  qui  s'aperçut  de  la  disposition  des  esprits  ,  dit  à  sa 
nmunauté  qu'il  fallait  prier  Dieu  de  découvrir  la  vérité,  et  le 
le  de  la  nuit  se  passa  à  réciter  des  hymnes  et  à  chanter  des 
tûmes.  Quand  le  jour  fut  venu ,  il  prit  Anatole  par  la  main ,  et 
ulut  le  mener  à  saint  Martin;  mais  cet  hypocrite,  résistant 
toute  sa  force ,  se  mit  à  crier  qu'on  lui  avait  défendu  de  se 
mtrer  à  saint  Martin.  La  crainte  qu'il  eut  d'être  confondu  par 
grand  serviteur  de  Dieu  mit  fin  à  ses  impostures,  et  il  ne  fut 
is  question  de  robe  ni  de  révélation. 

Clair,  ayant  toujours  suivi  avec  beaucoup  de  zèle,  d'exact i- 
le  et  de  fidélité  les  conseils  de  saint  Martin ,  son  maître ,  le 


89)    9  novembre.  —  nio.  bi  ul     a.  ntnu 

précéda  de  quelques  jours  dan»  ta<  ,  pr  oae 

digne  da  la  sainteté  de  sa  vie.  C   *  saint  Sutnje»  Sévère, 
ami,  qui  a  laissé  écrit  œ  qu'on     tdee*     ~ 


■  i  ■  -. 


9  itorcmar*.  —  DÉDICACE  DE  LA  BASIUQUE  DU 
SAUVEUR,  aussi  appelée  SAINT-JEAN  DE  LAXRAlf. 

—  4e  siècle. 


C'est  le  bienheureux  pape  Syh  stre  Ier  qui  institua  tas 
qu'observe  l'Eglise  romaine  dans  a  consécration  des  éfjhat 
et  des  autels.  Il  y  avait  bien,  depi  les  temps  apostoliques,  da> 
endroits  qui  étaient  consacrés  à  uieu,  lieux  que  les  nui  app» 
laient  oratoires  et  d'autres  églises,  où  se  faisaient  les  céleste 
le  premier  jour  de  la  semaine,  et  où  le  peoptedirét»  avait  «» 
tume  de  prier,  d'écouter  la  parole  de  Dieu  et  de  recevoir  h 
sainte  Eucharistie.  Cependant  ces  lieux  de  réunion  n'éteetf 
point  consacrés  avec  autant  de  solennité  qu'ils  l'ont  été  depus, 
et  il  n'y  avait  pas  encore  un  autel  érigé  en  titre,  auquel  on  cet 
fait  des  onctions  avec  le  saint  Chrême  pour  qu'il  devint  m 
représentation  de  Notre -Soigneur  Jésus-Christ,  qui  est  à  ta  Mi 
pour  nous  prêtre,  autel  et  victime.  Mais  dès  que  Tempera* 
Constantin  eut  obtenu  par  le  sacrement  de  baptême  la  sente  éi 
corps  et  le  salut  de  l'Ame,  par  une  loi  qu'il  porta  pour  toutl'a- 
nivers ,  il  fut  accordé  aux  chrétiens  de  bâtir  des  églises.  Il  toi 
eiicnnragca  à  entreprendre  ces  constructions  sacrées 
ment  par  l'édit  dont  on  vient  de  parler,  mais  aussi  par  T< 
qu'il  donna  lui-hiéme.  En  effet,  dans  son  palais  de  Latraml 
dédia  une  église  au  .Sauveur ,  et  il  éleva,  sous  l'invocation  de  sent 
Jcan-Baptistc,  une  basilique  qui  ten  ta  l'autre  église,  et  danses 
même  lieu  ou,  baptisé  par  saint  Sylvestre,  il  y  avait  été  guéri  .et 
purifié  de  la  lèpre.  Le  même  pontife  consacra  l'édifiée  ta  9  ns- 
v ombre.  I«n  mémoire  de  cette  consécration  se  célèbre  en  ee  joua 
qui  est  celui  où ,  pour  la  première  fois  à  Rome,  une  église  lut 
consacrée  publiquement ,  et  où  l'image  du  Sauveur  apparut  an 
peuple  romain  peinte  miraculeusement  sur  une  muraille. 

Quoi  que  le  bienheureux  Sylvestre  eût  ordonné  dans  ta 
lors  de  la  consécration  de  l'autel  du  Prince  des  Àpdtres, 
désormais  l'on  ne  construirait  que  des  autels  de  pierre, 
dant  celui  de  la  basilique  de  Latran  fut  érigé  en  bois.  Cela  ne 
doit  point  étonner ,  parce  que  depuis  saint  Pierre  jusqu'à 


-   9  novembre.  —  s.  Théodore,  martya.  393 

trc,  les  souverains  pontifes  ne  purent,  à  cause  des  persé- 
i,  se  fixer  dans  aucun  lieu  déterminé,  et  que  partout  où 
ssfté  les  y  forçait ,  dans  les  cryptes,  les  cimetières,  les 
ts  des  pieux  fidèles,  ils  accomplissaient  le  saint  sacri- 
r  un  autel  de  bois  creusé  et  ressemblant  à  un  coffre. 
Sylvestre,  lorsque  la  paix  eut  été  rendue  à  l'Église,  plaça 
«1  dans  Pégtise-mère  de  Latran,  en  l'honneur  du  Prince 
pétres,  que  Ton  dit  avoir  offert  dessus  le  saint  sacri- 
t  des  autres  pontifes  qui  s'en  étaient  également  servis 
a  célébration  des  mystères,  jusqu'au  temps  de  Gons- 
En  même  temps ,  il  décréta  que  personne  dorénavant 
nait  y  célébrer  la  messe ,  à  l'exception  du  Pontife  ro- 
L*  même  église ,  détruite  et  renversée  par  les  incendies , 
«stations ,  les  tremblements  de  terre ,  réparée  par  les  soins 
■es  des  souverains  pontifes,  et  restaurée  grâce  à  la  cou- 
de leurs  efforts ,  fut  consacrée  solennellement  par  le  pape 
XIII,  qui  était  de  Tordre  des  Frères-Prêcheurs,  le  28 
796,  et  le  même  souverain  pontife  ordonna  que  la  me- 
tte cette  dédicace  serait  célébrée  chaque  année  le  9  de 
bre. 


mbre.  —  SAINT  THÉODORE,  mabtyr.  —  4e  siècle. 

te  sait  pas  précisément  quelle  était  la  patrie  de  Théodore , 
iméTyron.  Il  paraît,  par  le  discours  de  saint  Grégoire  de. 
ai  son  honneur,  qu'il  était  originaire  d'Orient ,  et  que  ses 
s  étaient  peu  favorisés  des  biens  de  la  fortune  et  peu 
i  dans  les  charges.  Théodore ,  ayant  été  engagé  dès  sa 
e  dans  le  parti  des  armes ,  ne  pensa ,  tout  en  combat- 
or  les  princes  de  la  terre ,  qu'à  être  soldat  de  Jésus-Christ, 
t  de  la  paye  qu'on  lui  donnait,  il  trouvait  encore  le 
d'économiser  pour  secourir  ses  frères.  Ayant  ainsi  l'esprit 
sur  occupés  des  biens  célestes,  il  apprit  sans  frayeur, 
n  306,  que  les  édits  de  Maximien  Galère  et  Maximin 
aient  que  Ton  continuât  la  persécution  suscitée  contre 
fciens  par  l'empereur  Dioctétien.  Il  mettait  sa  confiance 
i ,  et  lui  demandait  la  force  nécessaire  pour  vaincre  les 
$  de  son  nom.  Telle  était  sa  disposition  quand  on  lui 
Tordre  de  sacrifier.  Déjà  plusieurs  de  ses  compagnons 
obéi  :  pour  lui ,  il  déclara  hautement  qu'il  était  chrétien, 


3!M  9  novembre.  —  s.  théodobe,  mabtyb. 

et  qu'il  ne  pouvait  rien  faire  contre  la  religion.  Sur  ce 
ration,  on  le  mena  au  chef  de  ta  légion,  qui  le  pressa 
le  forcer  de  sacrifier  aux  faux  dieux;  mais  Théodoi 
lui  avoir  parlé  succinctement  des  vérités  du  christiani 
l'obligeaient  de  demeurer  ferme  dans  ce  qu'il  ava 
et  à  ne  point  obéir  en  cette  occasion ,  ajouta  :  Telle  est 
gion ,  telle  est  ma  foi  :  qu'on  me  coupe,  qu'on  me  déchr 
me  brûle  ;  si  tous  mes  membres  souffrent  pour  Celui 
créés ,  c'est  un  hommage,  qu'ils  lui  doivent.  Son  chef 
avoir  pitié  de  lui ,  et  le  laissa  en  liberté  en  le  renvoy 
autre  jour. 

Théodore  fit  alors  une  action  de  grand  éclat,  et  qui  n 
selon  les  règles  de  la  justice  et  de  la  prudence  chrétiei 
avait  au  milieu  de  la  ville  d' Amasée  un  temple  de  la  dées» 
Théodore ,  ayant  trouvé  l'heure  et  le  vent  favorables,  y  i 
pendant  la  nuit  ;  l'édifice  fut  réduit  en  cendres.  Gomme  il 
chait  point  à  se  cacher,  il  avait  été  aperçu  par  quelques  p< 
qui  apprirent  en  un  moment  à  toute  la  ville  quel  était  l'< 
l'embrasement.  On  le  traduisit  aussitôt  devant  le  goi 
nommé  Public,  qui  lui  demanda  pourquoi,  au  lieu  d' 
déesse,  il  avait  incendié  son  temple.  11  est  vrai,  répond 
c'est  moi  qui  ai  fait  cette  action.  Votre  déesse ,  ainsi  qu< 
vertu ,  s'est  trouvée  de  pierre ,  et  le  feu  Ta  brûlée.  Le  goi 
irrité  d'une  réponse  qu'il  prit  pour  une  insulte  faite  à  C 
fouetter  Théodore,  et  lui  dit  :  Si  vous  ne  m'obéissez  tou 
en  sacrifiant  aux  dieux  que  vous  semblez  mépriser,  je  v 
souffrir  les  tourments  les  plus  cruels.  —  Je  ne  crains  pas 
plices ,  lui  répondit  Théodore  ;  pourrai-je  les  craindre ,  a; 
moi  Jésus,  mon  Seigneur  et  mon  Roi?  Publie,  le  voya 
sible  à  ses  menaces ,  tâcha  de  le  gagner  par  des  prome 
gnifiques.  Je  vous  comblerai  d'honneurs,  dit-il;  je  voui 
aux  plus  hautes  dignités.  Théodore  fut  autant  insensible 
messes  qu'aux  menaces.  Le  gouverneur,  voyant  sa  const 
solut  de  le  faire  tourmenter.  Alors  le  saint ,  levant  les  ; 
ciel  et  faisant  le  signe  de  la  croix  sur  tout  son  corps ,  dit 
vous  déchireriez  mon  corps  dans  toutes  ses  parties ,  j< 
mon  Seigneur  et  mon  Dieu  jusqu'au  dernier  soupir,  et • 
frirais  tout  ce  que  je  souffrirais  pour  son  nom.  Publie ,  s 
d'éprouver  si  Théodore  serait  aussi  ferme  qu'il  le  disa 
mettre  sur  le  chevalet  :  on  lui  déchira  les  côtes  avec  de 


9  novembre.  —  s.  màthurïn,  pr.  et  cour.       395 

r,  et  si  cruellement ,  que  les  os  furent  découverts.  Au  milieu 
supplice,  Théodore  montrait  un  visage  aussi  serein  que  si 
été  un  autre  qui  eût  souffert;  et,  pendant  qu'on  le  tour- 
ait  avec  le  plus  de  fureur,  il  chantait  un  verset  de  psaume  : 
le  Seigneur  en  tout  temps  ;  ma  bouche  publiera  tou- 
kmanget.  Publie ,  étonné  d'une  insensibilité  si  extraor- 
!«*  loi  dit  :  N'as-tu  point  de  h  ; ,  misérable,  de  mettre  ta 
née  dans  cet  homme  que  tt  îles  Christ ,  et  qu'on  a  fait 
frs  ignominieusement?  Mai  i  odore  lui  répondit  ces  belles 
m  r  C'est  un  opprobre  dont  se  couvrent  avec  joie  tous  ceux  qui 
(«ent  le  nom  de  Jésus-Christ.  Le  gouverneur,  las  de  le  faire 
rir*  le  fit  reconduire  en  prison.  L'ayant  fait  venir  quelques 
après,  et  le  voyant  également  ferme  et  constant,  il  le  con- 
ta à  être  brûlé.  Théodore  écouta  la  sentence  avec  joie.  On  le 
i  au  lieu  du  supplice ,  et  quand  le  feu  fut  allumé  il  Gt  le  signe 
croix  sur  son  front  et  sur  tous  ses  membres ,  et  il  mourut 
en  louant  Dieu ,  qui  se  rend  admirable  dans  ses  saints. 


mmbre.  —  SAINT  MATHURIN,  frétée  et  confesseur. 

—  4e  siècle. 

ithurin ,  né  dans  le  diocèse  de  Sens ,  connut  dès  son  enfance 
nité  des  idoles ,  et  embrassa  le  christianisme.  A  peine  eut-il 
eux  ouverts  à  la  lumière  de  l'Évangile  qu'il  abandonna  tout 
i*il  possédait  dans  le  monde  pour  s'attacher  uniquement  à 
j-€hrist.  Ayant  été  élevé  au  sacerdoce ,  il  convertit  un  grand 
jre  d'idolâtres ,  parmi  lesquels  on  comptait  son  père  et  sa 
!.  Rempli  de  mérite  et  de  bonnes  œuvres ,  il  mourut  quelque 
s  avant  Tan  388-  On  porta  son  corps  à  Sens.  On  le  transféra 
is  au  village  de  Larchant ,  près  de  Nemours ,  dans  le  Gâti- 
On  bâtit  en  ce  lieu ,  qui  appartenait  au  chapitre  de  la  catho- 
de Paris,  une  église  sous  l'invocation  du  saint  prêtre,  où 
royait  une  châsse  qui  renfermait  une  partie  de  ses  reliques,  le 
ayant  été  brûlé  par  les  huguenots  en  1568.  Il  y  avait  aussi 
is  une  ancienne  église  dédiée  sous  Tin  vocation  de  saint  Ma- 
n.  Le  chapitre  de  Paris  la  donna ,  en  1228,  aux  religieux  de 
inte-Trinité  pour  la  rédemption  des  captifs;  c'est  de  là  que  les 
taires  ont  été  appelés  Mathurins,  surtout  en  France.  Les 
ants  du  Gâtiuais  honorent  saint  Mathurin  comme  leur  apôtre 
ir  patron. 


3i,G    10  novembre.  —  s.  tryphon  et  8.  bespice, 


/= 


10  novembre.—  SAINT  TRYPHON  et  SAINT  RESPICE,  >* 

martyrs.  —  3e  liècle. 

Tryphon  et  Respice  étaient  chrétiens ,  de  même  pays  et  peut-  ____ 
être  de  même  famille.  Ils  étaient  d'un  village  appelé  Sansore, 
dans  le  territoire  d'Apaméc,  en  Bithynie.  Dès  le  berceau  on  la  *- 
éleva  dans  les  principes  de  la  foi  et  dans  les  sentiments  de  la  piétf 
chrétienne.  On  ne  sait  point  s'ils  eurent  d'autre  emploi  que  da  3 
méditer  les  vérités  éternelles;  ce  qu'il  y  a  de  bien  certain,  fort  t 
que  Dieu  les  rendit  clignes  de  lui  offrir  le  sacriiiee  de  leur  vie  dan  w 
la  persécution  de  Dèce.  ^ 

Dès  qu'ils  curent  été  arrêtés,  ils  bénirent  Dieu  de  la  grâce  qu'il  K 
leur  faisait ,  et  lui  demandèrent  celle  de  ne  lui  être  point  inudëes.  . 
On  les  chargea  de  chaînes,  et  on  les  mena  à  Nicée,  devait  le  * 
gouverneur  Aquilin ,  qui  leur  demanda  quels  étaient  leur  état  et  ! 
leur  fortune.  Des  chrétiens,  répondirent-ils,  ne  connaissent  point   . 
de  fortune.  Ils  croient  que  c'est  Dieu  qui  règle  tout  selon  sa  ro-  „ 
lonté  infiniment  sage.  Un  officier,  qui  était  présent ,  dit  aux  ; 
saints  :  Ceux  de  votre  religion  doivent  être  brûlés  vifs  s'ils  ne   ', 
sacrifient  aux  dieux  :  ainsi  l'ont  ordonné  les  empereurs.  —  Nous    ~ 
ne  craignons  point  de  souffrir,  dit  Respice;  nous  le  désirons  même.   Z 
Aquiiiu ,  voulant  tempérer  en  quelque  sorte  les  menaces  de  l'of-    ; 
licier,  leur  dit  :  Vous  paraissez  avoir  assez  d'âge  pour  savoir  ee   \m 
({ue  vous  devez  faire.  —  Oui ,  dit  Tryphon ,  nous  sommes  sages   . 
parce  que  nous  suivons  Jésus-Christ,  et  tout  ce  que  nous  défi-    - 
rons ,  c'est  d'arriver  à  la  perfection  de  cette  sagesse  :  or,  il  n'y  a    ,' 
pas  de  voie  qui  nous  fasse  arriver  plus  sûrement  que  celle  dans    , 
laquelle  nous  sommes  entrés.  Après  cette  réponse ,  Aquilin  corn-    '. 
manda  qu'on  leur  donnât  la  question.  Tryphon  et  Respice  se  dé-    .' 
pouillèrent  eux-mêmes  de  leurs  habits  ;  et  souffrirent  ce  tourment    [ 
pendant  trois  jours  entiers  sans  se  plaindre.  Ils  n'ouvrirent  la 
bouche  que  pour  invoquer  le  nom  du  Seigneur  et  pour  faire  con- 
naître au  juge  à  quels  dangers  il  s'exposait  en  adorant  les  idoles. 
Aquilin ,  peu  touché  de  ces  vérités ,  s'en  alla  à  uuc  partie  dédiasse, 
et  commanda  qu'on  laissât  jusqu'à  son  retour  ces  deux  chrétiens 
exposés  à  la  rigueur  de  la  saison.  On  était  en  hiver  et  le  froid  était    \ 
excessif,  de  sorte  que  leurs  pieds  se  fendirent  en  divers  endroits. 
Aquilin ,  de  retour,  recommença  l'interrogatoire  avec  aussi  peu 


10  novembre.  —  s    andre  avellino,  conf.     .  397 

de  succès  qu'auparavant.  Quoi  !  leur  dit-il ,  ne  voulez- vous  pas 
devenir  plus  sages?  —  Hélas!  dit  Tryphon ,  c'est  à  quoi  nous  ne 
cessons  de  travailler  par  le  culte  continuel  que  nous  rendons  à 
Dieu.  Le  gouverneur,  voyant  leur  fermeté ,  les  condamna  à  avoir 
la  tête  tranchée,  ce  qui  fut  exécuté  vers  l'an  251 . 


10  novembre.  —  SAINT  ANDRE  AVELLINO,  confesseur. 

—  16e  siècle. 

Saint  André  Avellino  naquit  en  1521,  à  Castro-Novo,  petite 
ville  du  royaume  de  Naples.  11  montra  dès  son  enfance  les  plus 
heureuses  dispositions  à  la  vertu ,  et  en  pratiqua  de  bonne  heure 
les  exercices  Une  physionomie  heureuse  exposa  sa  chasteté  à  quel- 
ques grands  dangers;  mais  il  en  triompha  par  la  prière,  la  morti- 
fication, la  vigilance  sur  lui-même  et  surtout  par  la  fuite  des 
sociétés  dangereuses.  Son  désir  d'être  tout  à  Dieu  lui  (it  embrasser 
l'état  ecclésiastique.  11  (it  à  Naples ,  avec  grand  succès,  les  études 
nécessaires ,  après  lesquelles  il  entra  dans  l'exercice  des  fonctions 
du  saint  ministère  avec  cet  esprit  de  zèle ,  de  pénitence  et  de  cha- 
rité qui  fit  de  sa  conduite  un  modèle  de  perfection.  L'arche- 
vêque de  Naples  le  chargea  de  la  direction  spirituelle  d'une  com- 
munauté religieuse ,  dorlt  il  ramena  la  ferveur  en  y  rétablissant 
une  régularité  soutenue,  dans  une  séparation  habituelle  du  monde, 
mais  dont  la  pratique  rigoureuse  excita  contre  notre  saint,  de  la 
part  des  mondains ,  une  persécution  qui  lui  attira  des  traitements 
indignes,  qu'il  souffrit  avec  une  patience  héroïque. 

Le  désir  de  se  retirer  dans  une  retraite  où  il  ne  fut  occupé  que 
de  Dieu  détermina  saint  André  Avellino,  en  1566,  à  embrasser 
la  règle  des  Clercs-Réguliers,  appelés  Th^atins,  et  il  se  retira 
dans  leur  maison  de  Naples ,  ou ,  ayant  été  reçu ,  on  admira 
bientôt  son  humilité  profond»,  sa  mortification  habituelle  et  une 
charité  pour  le  prochain  si  généreuse  qu'il  sollicita  lui-même  vive- 
ment la  grâce  du  meurtrier  de  l'un  de  ses  neveux,  qu'il  aimait  ten- 
drement. Grand  nombre  de  personnes  de  tout  état ,  réguliers  et 
séculiers,  lui  donnèrent  leur  confiance ,  et,  sous  sa  direction ,  ils 
avancèrent  à  grands  pas  dans  le  chemin  de  la  vertu.  Le  célèbre 
cardinal  Paul  d'Arezzo  et  saint  Charles  Borromée,  pénétrés 
d'estime  et  de  vénération  pour  notre  saint,  le  consultèrent  et  rem- 
ployèrent avec  succès  aux  bonnes  œuvres  qu'ils  lui  confièrent. 

Dans  le  temps  où  il  s'appliquait  à  rétablir  dans  le  clergé  l'es- 

VIFS  DES  SAIVTS.    —  T.    Il-  3-1 


398  11  novembre.  —  s.  martin,  kv.  de  toubs,  cou  F. 

prit  et  les  vertus  des  saints  apôtres  et  de  leurs  premiers  disciples, 
il  fut  appelé  en  différents  endroits  pour  y  fonder  des  maisons  de 
«on  ordre.  Dieu  bénit  partout  le  zèle  d'André  Avellmo,  et  il  l'ao- 
lorisa  plusieurs  fois  par  le  don  de  prophétie  et  l'éclat  de  plusieurs 
miracles,  notre  saint  était  dans  sa  quatre-vingt-huitième  année 
lorsqu'il  tomba  frappé  d'apoplexie  au  pied  de  l'autel,  au  moment 
il  commençait  la  messe ,  dont  il  ne  put  prononcer  que  ces  paroles  : 
«  J'entrerai  à  l'autel  du  Seigneur,  Introibo  ad  altare  Dei.  »  Il  fut 
administré,  et  expira  le  10  novembre  1608.  Clément  XI  l'a  ca- 
nonisé en  1712.  1-a  Sicile  et  la  ville  de  Naples  l'ont  choisi  pour 
un  de  leurs  patrons. 


Il  novembre  —  SAINT  MENNAS,  màbtyh.  —  3esiède. 

Mennas,  Égyptien,  était  un  soldat  chrétien  qui,  pendant  la  per- 
sécution des  empereurs  Dioctétien  et  Maximien,  s'était  retiré  dans 
une  solitude  pour  y  faire  pénitence.  Mais  le  jour  de  la  naissance 
des  empereurs ,  au  moment  où  le  peuple  était  occupé  à  la  célébrer 
i>u  spectacle ,  s'élançant  sur  le  théâtre ,  il  se  mit  à  reprocher  aux 
gentils  leur  superstition  avec  une  liberté  eourageuse.  Arrêté  pour 
ce  fait,  le  gouverneur  Pyrrhus  le  fit  garrotter  et  flageller  cruelle- 
ment à  Cotyée ,  métropole  de  Phrygie.  On  le  tortura  ensuite  sur 
le  chevalet  en  approchant  de  son  corps  des  torches  ardentes,  puis 
on  irrita  ses  plaies  en  les  frottant  avec  un  tissu  de  crin.  Pieds  et 
mains  liés ,  on  le  tourmentait  avec  des  cliardons  et  des  verges  de 
fer  ;  puis,  après  l'avoir  meurtri  à  coups  de  fouets  plombés,  on  loi 
donna  la  mort  par  le  glaive ,  et  on  le  jeta  dans  les  flammes.  Son 
corps,  en  ayant  été  enlevé  par  les  chrétiens,  qui  lui  donnèrent  la  sé- 
pulture, fut  transféré  dans  la  suite  à  Constantinoplc.  Il  fut  mar- 
tyrisé vers  l'an  303  ou  304. 


11    novembre.  —  SAI1NT   MARTIN,   RVÉQlfl  DE   Toi'RS, 

confesse u n.  —  4e  siècle. 

Martin  naquit  en  316  à  Salarie,  ville  de  Pannonie,  dont  on 
voit  aujourd'hui  les  ruines  à  deux  lieues  de  Sarwar,  en  Hongrie. 
Dès  sa  jeunesse  il  montra  par  toutes  ses  actions  qu'il  ne  vivait 
que  pour  Dieu.  Il  avait  pour  les  pauvres  un  amour  ardent  :  on  le 
vit  une  fois  à  la  porte  d'Amiens  donner  la  moitié  de  sa  casaque  9 


11'  novembre,  —  s.  martin,  év.  de  tours,  conf.399 

parce  qu'il  ne  lui  restait  aucune  autre  chose  qu'il  pût  donner. 
Cette  action  ne  manqua  pas  de  lui  attirer  des  railleries  de  la  part 
des  libertins;  mais,  quand  on  ne  veut  plaire  qu'à  Jésus-Christ, 
est  peu  sensible  aux  faux  jugements  des  hommes,  et  souvent 
reçoit  de  lui ,  dès  ce  monde  même,  l'approbation  que  ceux- 
ci  refusent  :  c'est  ce  qui  arriva  à  Martin.  La  nuit  suivante,  pen- 
dant qu'il  donnait  à  ses  membres  fatigués  un  court  repos,  qu'il 
avait  coutume  d'interrompre  souvent  par  la  prière ,  Jésus-Christ 
se  montra  à  lui  revêtu  de  cette  moitié  de  casaque  qu'il  avait  donnée, 
et  environné  d'une  multitude  d'anges  à  qui  il  dit  :  Martin ,  qui 
n'est  encore  que  catéchumène ,  m'a  couvert  de  cet  habit.  Un 
ordre  de  l'empereur  obligeant  les  enfants  des  officiers  et  des  sol- 
dats vétérans  à  porter  les  armes ,  !e  père  de  Martin  découvrit  lui- 
même  son  fils ,  et  le  contraignit  de  suivre  une  profession  qu'il 
jugeait  préférable  à  toute  autre.  Ainsi  Martin  entra  à  quinze  ans 
dans  la  cavalerie.  Il  sut  se  préserver  des  vices  qui  ne  déshonorent 
que  trop  la  profession  des  armes ,  et  gagna  l'estime  de  ceux  qui 
vivaient  avec  lui.  Il  fut  un  soldat  vraiment  chrétien ,  exact  à  rem- 
plir ses  devoirs.  A  l'âge  de  dix-huit  ans ,  il  demanda  et  reçut  le 
baptême.  Deux  ans  après ,  il  se  retira  du  service ,  malgré  les 
instances  de  son  tribun,  avec,  lequel  il  vivait  dans  une  étroite 
amitié. 

La  haute  réputation  de  saint  Hilaire  l'attira  à  Poitiers.  Quand 
ce  grand  homme  eut  été  élevé  sur  le  siège  qu'il  a  tant  illustré,  il 
voulut  ordonner  diacre  Martin,  qui  refusa  cet  honneur  par  humi- 
lité, et  ne  consentit  qu'à  être  ordonné  exorciste.  Peu  de  temps 
après,  le  désir  de  revoir  sa  famille  le  conduisit  eu  Pannonie.  En 
revenant,  il  apprit,  comme  il  traversait  l'Italie,  que  les  Ariens  op- 
primaient l'Église  des  Gaules,  et  qu'ils  avaient  fait  exiler  saint  Hi- 
laire. Martin  choisit  alors  une  retraite  près  de  Milan ,  et  y  pratiqua 
tous  les  exercices  de  la  vie  monastique.  Ayant  appris,  en  360, 
que  saint  Hilaire  retournait  dans  son  diocèse,  il  se  hâta  de  se 
rendre  auprès  de  lui.  Ce  grand  évêque  reçut  avec  joie  son  disciple, 
et  lui  donna  un  terrain  (1)  pour  bâtir  un  monastère  (2),  dans 
lequel  on  vit  bientôt  des  hommes  de  différents  pays  se  réunir  pour 
servir  Dieu  sous  une  même  discipline.  Saint  Martin  s'y  renferma 

if)  A  tigugé,  à  déni  petites  limes  de  Poitiers. 

{2|  A  peine  reste-t-il  aujourd'hui  quelques  vestiges  de  l'église  de  ce  mo- 
nastère, qui  est  détruit  depuis  un  grand  nombre  d'années.  L'église  paroissiale 
actuelle  a  été  bâtie  sur  l'ancienne  cellule  de  saint  Martin. 


4C0  11  novembre.  —  s.  martin,  év.  de  rouas,  conf. 

lui-mime  pour  se  sanctifier  et  conduire  les  autres  à  Jésus-Christ, 
Vers  Tan  371,  le  peuple  de  Tours  et  des  villes  voisines  le  de- 
manda pour  évéque.  Il  fallut  user  d'artifice  et  employer  la  violence 
pour  l'arracher  de  sa  solitude.  11  joignit  toutes  les  vertus  épisco- 
pales  à  celles  de  la  profession  monastique,  qu'il  n'abandonna  point. 
Il  conserva  toujours  la  même  humilité  dans  le  cœur,  la  même 
pauvreté  dans  ses  habits  et  dans  ses  meubles.  Il  demeura  quelque 
temps  dans  une  étroite  cellule  qui  tenait  à  l'église;  mais,  ne  pou- 
vant souffrir  les  visites  qu'il  recevait  fréquemment,  il  bâtit  de 
l'autre  côté  de  la  Loire  le  célèbre  monastère  de  Marmoutier,  que 
l'on  regarde  comme  la  plus  ancienne  abbaye  de  France. 

Saint  Martin  se  vit  à  la  tête  de  quatre-vingts  moines  qui  rappe- 
laient le  temps  des  plus  austères  anachorètes  et  dont  plusieurs 
furent  enlevés,  à  cause  de  leur  sainteté ,  pour  être  évéques  en  dif- 
férentes villes.  Pour  lui ,  il  fut  comme  l'apôtre  de  toute  la  Gaule: 
il  dissipa  l'incrédulité  des  gentils ,  détruisit  les  temples  et  fit  bâtir 
des  églises  en  l'honneur  du  vrai  Dieu  dans  les  lioux  où  Ton  ren- 
dait auparavant  aux  fausses  divinités  un  culte  superstitieux.  Par- 
tout il  établissait  la  piété  sur  la  connaissance  de  Jésus-Christ  Ce 
<]u'il  enseignait  de  vive  voix,  il  le  confirmait  par  des  miracles  sans 
nombre,  et  le  persuadait ,  pour  ainsi  dire ,  par  sa  fidélité  à  le  pra- 
tiquer le  premier.  Son  zèle  s'étendit  jusqu'en  Bourgogne,  où  il  ar- 
racha un  grand  nombre  de  victimes  au  démon  pour  les  donner  à 
Jésus-Christ.  Etant  un  jour  dans  un  bourg  rempli  de  païens,  il 
entreprit,  comme  il  avait  fait  ailleurs,  de  les  convertir  au  vrai 
Dieu  et  de  leur  faire  abandonner  leurs  vaines  superstitions.  Après 
les  avoir  exhortés  assez  longtemps ,  il  leur  dit  d'abattre  un  arbre 
<tui  était  dans  ce  lieu  et  que  le  peuple  regardait  avec  vénération. 
Les  païens  dirent  à  saint  Martin  :  Nous  voulons  bien  le  couper, 
pourvu  que  vous  consentiez  à  rester  dessous.  Il  accepta  la  condi- 
tion. On  abattit  l'arbre;  il  penchait  du  côté  de  saint  Martin.  Les 
païens  le  crurent  déjà  écrasé  ;  mais,  le  saint  ayant  fait  le  signe  de 
la  croix ,  l'arbre  se  redressa ,  et  tomba  du  côté  des  païens  ;  plu- 
sieurs auraient  été  tués  s'ils  n'eussent  évité  la  mort  par  ujW 
prompte  fuite.  Dieu  se  servit  de  ce  miracle  pour  amollir  le  cœur 
féroce  des  idolâtres  et  les  porter  à  demander  le  baptême. 

Quelquefois  il  sollicitait  auprès  des  princes  le  pardon  des  cri- 
minels, la  liberté  des  captifs ,  le  retour  des  exilés,  ou  le  soula- 
gement des  personnes  affligées.  Ce  fut  pour  obtenir  quelques* 
unes  de  ces  grâces  qu'il  alla  à  Trêves ,  vers  l'an  383 ,  trouver 


f 


12  novembre.  —  s.  ml  l'ancien,  solitaire.      -101 

le  tyran  Maxime,  qui,  après  s'être  révolté  contre  l'empereur 
Gratien,  s'était  emparé  des  Gaules,  de  l'Angleterre  et  de  l'Es- 
pagne. Martin  demanda  ces  grâces  en  évéque ,  c'est-à-dire  sans  les 
acheter  par  des  bassesses.  11  faisait  connaître  au  prince  que  c'é- 
tait plaider  pour  ses  propres  intérêts  que  de  prendre  en  main  au- 
près de  hii  la  cause  de  la  veuve,  de  l'orphelin  ou  du  prisonnier  ; 
que  sa  gloire  la  plus  solide  était  de  faire  du  bien  aux  malheu- 
reux ,  et  qu'il  devait  remercier  ceux  qui  lui  montraient  les  ob- 
jets sur  qui  devaient  tomber  ses  faveurs.  L'empereur  Maxime, 
loin  de  se  choquer  de  cette  sainte  hardiesse,  en  conçut  plus 
d'estime  pour  le  saint  évêque,  et  il  le  pria  plusieurs  fois  de 
manger  à  sa  table,  Saint  Martin  refusa  d'abord  l'honneur  que 
lui  faisait  ce  prince,  mais  dans  la  suite  il  crut  devoir  l'accepter. 
Maxime  convia  les  plus  illustres  de  sa  cour  pour  le  jour  où  le 
saint  lui  avait  promis  de  dîner  avec  lui.  Dans  le  repas ,  Martin 
fut  assis  à  la  droite  du  prince,  et  un  prêtre  qui  l'avait  accom- 
pagné fut  placé  entre  le  frère  et  l'oncle  de  l'empereur.  Quand  on 
donna  à  boire ,  l'officier  présenta  la  coupe  ù  Maxime ,  qui  la  fit 
donner  au  saint  évéque  pour  la  recevoir  lui-même  de  sa  main  ; 
mais  celui-ci  la  donna  au  prêtre  dont  on  vient  de  parler.  Cette 
action  fut  admirée  par  l'empereur  même  et  de  tous  lés  assistants. 
Vers  l'an  400,  saint  Martin  alla  recevoir  la  récompense  que  Dieu 
accorde  à  ses  fidèles  serviteurs. 


12   novembre.    —   SAINT  NIL    L'ANCIEN,    solitaire   et 

docteur.  —  5e  siècle. 

Une  naissance  illustre  et  l'éclat  des  dignités  distinguèrent 
saint  Nil  aux  yeux  du  monde  ;  mais  il  sacrifia  tout  à  la  seule 
vmie  gloire  en  quittant  tout  pour  l'amour  de  Jésus-Christ.  11  se 
cacha  dans  une  retraite  si  profonde  et  si  inconnue  au  monde 
que  nous  ignorons  le  détail  du  genre  de  vie  qu'il  mena  dans  le 
désert,  et  ne  savons  de  l'histoire  de  ce  grand  serviteur  de  Dieu, 
dont  les  pieux  et  savants  écrits  sont  parvenus  jusqu'à  nous, 
que  quelques  traits  et  quelques  circonstances  frappantes  de  sa 
vie.  11  paraît  qu'il  était  originaire  d'Ancyrc  en  Galatie,  et  ses 
ouvrages  nous  prouvent  qu'une  excellente  éducation  l'avait 
formé  aux  sciences  et  à  la  vertu. 

Saint  Nil  fut  marié ,  et  la  Providence  lui  donna  une  épouse 
digue  de  lui;   il  en  eut  deux  enfants,  un  fils  et  une  fille.  Il 

34 


-102       12  novembre.  —  s.  x\l  l'ancien,  solitaire. 

vivait,  dans  les  premières  années  de  son  établissement,  d'une  ma- 
nière conforme  à  sa  naissance.  L'empereur  Arcadius  le  flt  gou- 
verneur de  Constantinople  ;  mais  bientôt  les  vices  qui  régnaient 
à  la  cour,  et  dont  l'influence  sur  la  capitale  de  l'empire  lui  faisait 
craindre  une  corruption  presque  générale ,  le  déterminèrent  à 
quitter  sa  charge  pour  suivre  l'attrait  de  la  grâce,  qui,  depuis 
quelque  temps,  le  portait  intérieurement  à  quitter  le  monde 
pour  ne  s'occuper  que  de  Dieu.  Son  épouse,  qui  lui  était  chère 
et  dont  il  connaissait  toute  la  tendresse  pour  lui ,  consentit  à  sa 
retraite  vers  Tan  390 .  H  lui  laissa  sa  fille ,  bien  persuadé  qu'elle 
rélèverait  dans  la  vertu.  Saint  Nil  retira  son  fils  avec  lui,  et 
remmena  dans  le  désert  de  Sinaï.  Ils  y  pratiquèrent  ensemble 
les  exercices  les  plus  parfaits  de  la  vie  érémitique,  et  eurent  de 
grands  combats  à  soutenir  contre  les  ennemis  du  salut.  C'est 
dans  cette  solitude  que  Saint  Nil  composa  les  ouvrages  qui  sont 
parvenus  jusqu'à  nous ,  dont  les  anciens  faisaient  le  plus  grand 
cas ,  et  qui  mériteront  toujours ,  par  l'érudition  et  l'éloquence 
qui  leur  sont  propres,  l'admiration  des  vrais  savants. 

La  haute  réputation  de  la  sainteté  du  serviteur  do  Dieu  le 
faisait  souvent  consulter,  et  nous  voyons  ,  par  ses  lettres ,  qu'il 
connaissait  parfaitement  la  morale  de  l'Évangile  et  les  maximes 
de  la  vie  intérieure.  Dieu  mit  à  une  épreuve  douloureuse  la 
vertu  de  notre  saint.  Les  Sarrasins,  ayant  pénétré  dans  le  désert 
le  fer  et  la  flamme  à  la  main ,  massacrèrent  une  multitude  de 
moines  dans  la  solitude  de  Sinai ,  Ils  enlevèrent  aussi  Théodule,  fils 
de  saint  Nil ,  qui  vivait  alors  dans  un  mouastere  séparé  de  son 
père,  et  l'emmenèrent  avec  d'autres  prisonniers.  Le  saint  chercha 
de  toutes  parts  ce  fils  chéri ,  et  dans  ses  courses  il  tomba  lui- 
même  entre  les  mains  des  Barbares ,  qui  cependant  ne  tardèrent 
pas  à  lui  rendre  la  liberté.  Enfin  il  retrouva  Théodule  a  Ëleusfc, 
chez  l'évoque  de  cette  ville,  qui  avait  eu  la  charité  de  le  racheter. 
Ce  prélat  le  lui  rendit  avec  joie  ;  mais,  pénétré  de  vénération 
et  d'estime  pour  saint  Nil,  il  l'exhorta  et  l'obligea  même  de  se 
laisser  ordonner  prêtre.  Saint  Nil  avait  alors  cinquante  ans.  Il 
mourut  dans  un  Age  fort  avancé .  sous  le  règne  de  l'empereur 
(Marcien,  vers  l'an  du  salut  45!.  On  ignore  les  circonstances 
de  sa  bienheureuse  mort ,  ainsi  que  de  celle  de  son  fils  Théodule. 
Ses  reliques  furent  portées  du  mont  Sinai  à  («onstantinople ,  sous 
le  règne  de  Justin  le  Jeune ,  et  déposées  dans  l'église  des  Apô- 
tres, suivant  Nicéphnre  et  les  Menées. 


12  novembre.  —  s.  mautin,  papk  et  m.  405 


13  novembre.  —  SAINT  MARTIN  ,  pape  et  martyr   — 

7e  siècle. 

Martin  naquit  à  Todi,  ville  de  Toscane.  Ses  parents,  pour  ail- 
ier l'esprit  qu'il  annonçait ,  lui  donnèrent  les  meilleurs  mai- 
es du  pays.  Il  fit  de  grands  progrès  dans  les  belles-lettres ,  l'é- 
quence  et  la  philosophie  ;  aussi  aurait-il  pu  se  distinguer  dans 
monde  par  ses  talents  ;  mais  il  laissa  bientôt  toutes  les  sciences, 
mr  acquérir  celle  du  salut.  Il  fut  jugé  digne  d'entrer  dans  le 
ergé,  et  fut  admis  dans  celui  de  Rome ,  qu'il  édifia  de  sa  vertu 
;  dont  il  devint  le  modèle  par  sa  sainteté. 

Après  la  mort  du  pape  Théodore ,  il  fut  choisi  unanimement 
dut  remplir  son  siège.  Les  premières  années  de  son  pontificat 
irent  assez  tranquilles  ;  mais  la  paix  que  Dieu  lui  avait  accordée 
it  troublée  par  la  suite  par  les  hérétiques  et  les  schismatiques 
'Orient.  Les  défenseurs  de  l'hérésie  avaient  un  grand  crédit  :  ils 
raient  su  mettre  les  puissances  dans  leurs  intérêts  La  crainte 
es  hommes  n'empêcha  pas  le  saint  pape  de  défendre  la  cause 
e  Dieu.  11  assembla  à  Rome,  dans  l'église  de  Latran,  un  cou- 
rte nombreux  qui  condamna  l'Ecthèse  que  l'empereur  Héraclius 
irait  donné  en  faveur  des  hérétiques ,  et  le  Type  de  Constant , 
ui  avait  voulu  imposer  silence  en  même  temps  aux  hérétiques 
t  aux  catholiques. 

L'empereur  Constant,  irrité  de  cette  démarche,  envoya  à 
tome  un  exarque  nommé  Théodore ,  qui  se  saisit  du  pape  à 
aain  armée ,  dans  l'église  de  Saint- Jean  de  Latran ,  où  il  s'était 
étiré,  l'emmena  pendant  la  nuit  hors  de  Rome,  et  le  fit  conduire 

Constantinople.  Pendant  le  chemin,  il  fut  traité  avec  la  dernière 
ihumanité  ;  mais  ce  fut  bien  pis  à  Constantinople.  Dès  le  soir 
e  son  arrivée ,  on  le  jeta  dans  une  prison  obscure  ;  on  ajouta  des 
ruautés  inouïes  aux  infirmités  ordinaires  de  ce  saint  Pontife ,  les- 
uelles  étaient  la  goutte  et  une  grande  faiblesse  d'estomac.  Après 
avoir  laissé  en  prison  quatre-vingt-quinze  jours,  on  se  souvint 
e  lui  comme  d'un  criminel  qu'il  fallait  juger.  On  l'apporta  en 
haiseau  sénat,  parce  qu'il  ne  pouvait  pas  marcher;  on  l'inter- 
ogea  sans  suivre  aucune  règle,  et  l'on  produisit  des  accusateurs 
u  nombre  de  vingt  ;  car  ses  ennemis ,  pour  le  perdre  dans  l'es- 
rit  de  l'empereur,  l'avaient  chargé  de  calomnies,  et  l'avaient  fait 
asser  pour  un  ennemi  de  l'État.  Les  accusateurs  qu'on  fit  pa- 


404  novembre.  —  s.  martin,  pape  et  m. 

raître  étaient  la  plupart  des  soldats  et  d'autres  gens  semblables, 
gagnés  par  argent.  Saint  Martin,  les  voyant  entrer,  dit  en  sou- 
riant :  Sont-ce  là  les  témoins?  Kst-ce  là  votre  procédure?  On 
ne  lui  répondit  rien ,  mais  on  dit  aux  accusateurs  de  jurer  sur 
les  Evangiles  qu'ils  diraient  la  vérité.  Le  saint  pape ,  touché  de 
cette  profanation ,  dit  aux  magistrats  :  Je  vous  en  prie ,  au  nom 
de  Dieu ,  ne  les  faites  point  jurer  ;  qu'ils  disent  tout  ce  qu'ils 
voudront  sans  faire  le  serment  ;  et  vous ,  faites  ce  que  vous  vou- 
drez. Qu'est-il  besoin  qu'ils  perdent  ainsi  leurs  âmes? 

Saint  Martin  voulut  se  justifier  sur  une  des  accusations,  et 
commença  à  parler  de  l'édit  de  Constantin  ;  mais  le  préfet  l'in- 
terrompit en  criant  *  Ne  nous  parlez  point  ici  de  foi;  il  est 
question  de  crime  d'État.  Nous  sommes  tous  chrétiens  et  or- 
thodoxes. Plût  à  Dieu  que  cela  fût  !  dit  le  pape  ;  mais,  au  jour 
terrible  du  jugement ,  je  rendrai  témoignage  contre  vous  sur 
cet  article.  Quand  on  eut  entendu  toutes  les  dépositions ,  on  fit 
sortir  Martin  de  la  chambre  du  conseil ,  et  on  le  conduisit  dans 
la  cour,  environné  de  gardes.  Peu  de  temps  après,  on  le  lit  ap- 
porter sur  une  terrasse,  afin  qu'il  pût  être  vu  de  l'empereur, 
et  on  l'insulta  d'une  manière  si  indigne  que  les  gardes  même 
et  la  plupart  des  spectateurs  le  trouvèrent  mauvais.  Quand  on 
eut  déchiré  son  manteau,  les  bourreaux  le  prirent,  le  dépouil- 
lèrent de  ses  habits,  et  ne  lui  laissèrent  qu'une  seule  tunique  sans 
ceinture  ;  encore  la  déchirèrent-ils  des  deux  côtés,  depuis  le  haut 
jusqu'en  bas.  Ils  lui  mirent  un  carcan  de  fer  au  cou ,  et  le  traî- 
nèrent ainsi  du  palais  au  milieu  de  la  ville,  attaché  avec  le  geôlier, 
pour  montrer  qu'il  était  condamné  à  mort  :  on  portait  devant  lui 
î'épée  avec  laquelle  il  devait  être  exécuté.  Malgré  ses  souffrances, 
le  saint  pope  conservait  un  visage  serein  qui  montrait  la  joie  de 
son  âme  ;  et ,  pendant  que  tous  les  gens  de  bien  gémissaient ,  il 
paraissait  plus  tranquille  que  lorsqu'il  était  en  paix  sur  le  siège 
de  Rome.  Étant  arrivé  au  prétoire ,  il  fut  chargé  de  chaînes ,  et 
jeté  dans  une  prison  avec  des  meurtriers.  On  l'exila  ensuite  dans 
la  Chersonèse ,  au  delà  du  Pont-Euxin ,  où  il  arriva  le  15  mai  de 
5'an  655.  Après  y  avoir  beaucoup  souffert  pendant  quatre  mois, 
il  alla  jouir  du  repos  éternel. 


13  novembre.  —  js.  abbon,  abbé  de  fleury,  m.  4Q5 


\. novembre.  —  SAINT  BRICE,  archevêque  de  Toubs, 

confesseur.  —  5e  siècle. 


,  né  à  Tours,  y  fut  élevé  dans  le  monastère  de  Saint- 
Htin  et  sous  la  direction  de  ce  saint  évéque.  Mais  il  tomba  de- 
ws  dans  le  relâchement  et  l'orgueil ,  et  il  exerça  longtemps  la 
ftigooe  de  son  maître.  Malgré  cela ,  saint  Martin  prédit  qu'il  se 
avertirait,  et  même  qu'il  serait  son  successeur.  Ce  fut  vers 
n  400  qu'on  l'élut  évéque  de  Tours.  Lorsqu'il  eut  reçu  l'onc- 
m  sacrée ,  il  mena  la  conduite  la  plus  exemplaire.  Mais  Dieu 
mlait  lui  faire  expier  ses  fautes  passées  par  les  tribulations.  Il 
armit  qu'on  attaquât  sa  réputation  par  la  calomnie.  I^es  choses 
l  vinrent  au  point  que  le  peuple  le  chassa  de  la  ville.  Il  se 
adit  à  Rome,  où  il  passa  plusieurs  années  :  il  triompha  cepen- 
mt,  par  la  patience,  de  la  malice  de  ses  ennemis.  Il  fat  rétabli 
ir  son  siège,  qu'il  gouverna  avec  une  grande  sainteté  jusqu'à 
i  mort,  arrivée  en  444.  Son  culte  était  autrefois  fort  célèbre  en 
rance. 


13  novembre.  —  SAIKT  ABBON,  abbé  db  Fleury,  et 

MARTYR.   —    10e  Siècle. 

Abbon  ou  Albon  était  originaire  de  l'Orléanais.  Il  fut  élevé 
ins  le  monastère  de  Fleury  ou  de  Saint-Benoit-sur-Loire ,  et  y 
t  depuis  profession.  Il  était  savant  pour  son  temps,  mais  il  était 
atout  recommanda ble  par  ses  vertus.  Il  passa  en  Angleterre, 
la  prière  de  saint  Oswald ,  évéque  de  Worcester,  qui  avait  été 
oine  de  Fleury,  et  qui  fut  mis  à  la  tête  du  monastère  de 
amsey.  De  retour  à  Fleury ,  il  en  fut  fait  abbé ,  et  y  établit 
plus  exacte  discipline.  La  haute  idée  qiron  avait  de  ses  lumières 
de  sa  sainteté  le  faisait  consulter  de  toutes  parts.  Il  défendit 
•rtement  les  droits  de  son  abbaye  contre  l'évêque  d'Orléans, 
il  composa  sur  ce  sujet  une  apologie  qu'il  adressa  aux  rois  Hu- 
îes  Capet  et  Robert ,  son  Ois.  Le  second  de  ces  princes  l'envoya 
Rome  pour  traiter  avec  le  pape  d'affaires  importantes  à  la 
rance,  et  il  eut  à  se  féliciter  du  choix  qu'il  avait  fait. 
On  rebâtit  en  1003  le  monastère  de  Squirs  ou  de  la  Réole ,  au 
ocèse  de  Bazas ,  lequel  avait  été  détruit  par  les  incursions  des 


406       13  novembre.  —  s.  uommbbo*  ,  mabchand. 

Normands.  Comme  il  était  de  la  dépendance  de  Fleury,  safat  L 
Abbon  y  fit  un  voyage  pour  y  mettre  la  discipline.  Il  y  retourna  ^ 
une  seconde  fois  quelque  temps  après,  toujours  pour  le  mène  it 
motif.  Une  querelle  qui  s'éleva  entre  ses  domestiques  et  les  Ga*  î; 
cons  lui  coûta  la  vie.  Pendant  qu'il  tâchait  de  calmer  les  esprit!  ^ 
et  de  ramener  la  concorde,  et  même  en  donnant  tort  à  ses  do- 
mestiques, un  Gascon  le  perça  d'un  coup  de  lance  dont  il  mourut 
en  1004.  Sa  sainteté  ayant  été  attestée  par  des  miracles ,  on  l'ho- 
nora comme  martyr.  Sa  fête  est  marquée  en  oe  jour  dans  In 
martyrologes  de  France  et  dans  -celui  des  Bénédictins. 


13  novembre.  —  SAINT  HOMMEBON,  marchand.  — 

12e  siècle. 

Hommebon  était  le  fils  de  Tucinge,  marchand  à  Crémone, 
en  Lombardic,  lequel  eut  soin  d'inspirer  de  bonne  heure  à  soi 
(ils  les  principes  de  la  religion  et  la  pratique  des  vertus  chré- 
tiennes. C'est  au  baptême  qu'il  reçut  le  nom  dltomobonu*  ou 
de  Hommebon  :  c'était  le  présage  de  ce  qu'il  devait  être  un 
jour.  Il  fut  appliqué  fort  jeune  à  l'état  de  marchand,  et  il 
l'exerça  avec  une  grande  politesse  et  une  extrême  délicatesse. 
Dès  qu'il  fut  en  âge  de  se  marier,  Tucinge  lui  chercha  une 
jeune  personne  bien  née  et  de  bonnes  mœurs ,  avec  laquelle  il 
vécut  dans  la  crainte  de  Dieu. 

Après  la  mort  de  son  père,  il  résolut  de  s'occuper  entière- 
ment de  l'affaire  de  son  salut.  Il  considéra  que  les  richesses 
étaient  un  bien  fragile  et  périssable ,  mais  qu'elles  pourraient  lui 
servir  à  acheter  le  ciel.  Pour  y  réussir,  il  ne  se  regarda  plus  que 
comme  l'économe  et  le  dispensateur  de  la  fortune  qu'il  avait 
amassée.  N'attendant  pas  que  les  pauvres  vinssent  à  sa  porte, 
il  allait  les  chercher  jusque  dans  leurs  maisons.  A  ces  charités 
il  joignait  l'aumône  spirituelle,  c'est-à-dire  qu'il  consolait  les 
uns,  qu'il  instruisait  les  autres  de  leurs  devoirs.  Sa  femme,  moins 
détachée  que  lui  des  choses  de  la  terre ,  se  plaignait  souvent  de 
ses  aumônes ,  et  recourait  quelquefois  aux  larmes  pour  l'obliger 
à  les  modérer.  Il  se  contentait  de  lui  représenter  avec  douceur 
que  ce  que  l'on  donne  à  Jésus-Christ  profite  au  centuple,  et  que, 
dans  la  nécessité  où  nous  sommes  tous  de  travailler  pour 
l'autre  vie ,  il  n'y  a  pas  de  moyen  plus  facile  pour  en  acquérir 
la  félicite. 


13  novembre.  —  s.  didace  ou  diego,  conf.      407 

i  frugalité  et  ses  abstinences  répondaient  à  son  amour  pour 
Mtuvres.  Il  donnait  beaucoup  de  temps  à  la  prière.  Sa  bou- 
a,  sa  chambre,  tout  était  pour  lui  un  lieu  d'oraison;  tous 
Mrs,  avant  minuit,  il  allait  à  l'église  de  Saint-Gilles  :  il  y  en- 
tait les  matines,  et  n'en  sortait  qu'après  la  messe  du  choeur, 
■■tait  au  saint  sacrifice  avec  une  ferveur  et  un  recueillement 
inspiraent  de  la  dévotion  à  tous  ceux  qui  le  voyaient.  11  va- 
il  ensuite  à  ses  aumônes  et  à  ses  œuvres  de  miséricorde, 
ample  d'une  vie  si  sainte  servit  à  retirer  beaucoup  de  pé- 
irs  et  d'hérétiques  du  vice  de  Terreur.  Le  13  novembre  de 

1197,  il  assista  à  matines,  à  son  ordinaire  :  il  demeura  en- 
9  à  genoux  devant  le  crucifix  jusqu'à  la  messe.  Au  Gloria 
wceUis ,  il  étendit  les  bras  en  croix,  et  tomba  contre  terre 
oie  s'il  se  fdt  prosterné.  Personne  n'en  fut  étonné ,  parce 

Ton  était  accoutumé  à  le  voir  dans  cette  posture  pendant 
Ksse.  On  fut  surpris  qu'il  ne  se  levât  pas  à  l'Évangile.  Quel* 
Hms  crurent  qu'il  s'était  endormi ,  et  ils  s'avancèrent  pour 
«lier  ;  mais  ils  reconnurent  qu'il  était  mort.  Le  pape  lnno- 
;  III ,  informé  des  vertus  qui  l'avaient  sanctifié  pendant  sa 

lui  décerna  un  culte  public  l'an  1197. 


13  novembre.  —SAINT  DIDACE  ou  DIEGO, 
confesseur.  —  15e  siècle. 

idace  ou  Diego  était  Espagnol,  et  de  la  ville  de  Saint-Nicolas 
?ort,  dans  le  diocèse  de  Séville.  Confié  dès  son  jeune  âge  à 
aint  prêtre  qui  le  tint  sous  sa  discipline,  il  fit  l'apprentissage 
a  sainteté  dans  une  église  solitaire.  Ensuite  pour  s'unir  à 
1  d'une  manière  plus  stable,  il  embrassa  en  qualité  de  frère 
rers  la  règle  de  saiut  François  dans  le  couvent  d'Arizzafa, 
ippartenait  aux  Mincurs-Observantins.  Ce  fut  avec  un  joyeux 
ressèment  qu'il  s'y  soumit  au  joug  d'une  humble  obéissance 

l'observance  de  la  règle.  Adonné  principalement  à  la  con- 
tfation,  les  lumières  qu'il  recevait  de  Dieu  d'une  manière 
irable  le  remplissaient  tellement  que  bien  qu'illettré  il 
lit  merveilleusement  et  d'une  façon  tout  à  fait  divine  des 
«s  du  ciel. 

eut  beaucoup  à  souffrir  aux  îles  Canaries,  où  il  fut  placé 
me  gardien  ou  supérieur  dans  un  couvent  de  son  ordre  Tout 


403  13  novembre.  —  s.  Stanislas  kostka. 

brillant  du  désir  du  martyre,  il  convertit  à  la  foi  chrétienne,  | 
sa  parole  et  ses  exemples,  un  grand  nombre  d'infidèles.  Ce  1 
Tannée  du  Jubilé,  sous  le  pontificat  de  Nicolas  Y,  que  Didi 
vint  à  Rome,  étant  destiné  par  ses  supérieurs  à  soigner  ies  n 
îades  au  couvent  d'Ara-Gœli.  Il  remplit  cette  fonction  avec  u 
charité  si  affectueuse  que,  pendant  une  disette  dont  soufl 
la  ville  de  Rome,  rien  de  tout  à  fait  nécessaire  ne  manq 
à  ceux  qu'on  lui  avait  confiés.  H  brilla  tellement  par  la  foi 
par  la  grAce  des  guérisons  qu'il  rendit  miraculeusement  la  sai 
à  beaucoup  de  malades  en  faisant  sur  eux  le  signe  de  croix 
en  les  oignant  avec  l'huile  de  la  lampe  qui  brûlait  devant  l'ima 
de  la  bienheureuse  Mère  de  Dieu,  pour  laquelle  il  montrait  u 
très-grande  dévotion.  Enfin ,  lorsqu'il  se  trouvait  a  Âlcala ,  coi 
prenant  que  la  fin  de  sa  vie  allait  arriver,  et  n'étant  revêtu  q 
d'une  tunique  usée  et  tout  en  lambeaux ,  c'est  avec  une  dévoti» 
singulière  qu'il  prononça  ces  paroles  d'une  hymne  sacrée  :  « 
bois  aimable,  clous  bénis,  qui  soutenez  un  fardeau  si  précieuc 
Arbre  sacré,  qui  avez  mérité  de  porter  le  Roi  et  le  Seignei 
des  deux!  »  puis  il  rendit  son  âme  à  Dieu  le  12  novemb 
de  l'an  du  salut  1403  Son  corps,  qui  était  resté  plusieurs  me 
sans  sépulture,  dans  le  but  de  satisfaire  le  pieux  désir  < 
ceux  qui  se  rendaient  de  tous  côtés  pour  le  voir,  exhala  fodoi 
fa  plus  suave,  comme  s'il  eût  déjà  revêtu  rincorruptibilit 
Comme  des  miracles  nombreux  et  éclatants  illustrèrent  le  serv 
teur  de  Dieu,  le  pape  Sixte  V  l'inscrivit  au  nombre  des  saints. 


13  norembre.  —  SAINT  STANISLAS  KOSTKA,  novici 

J)IÏ   LA   COMPAGNIE   DE   JÉSUS.   —    1CC  Siècle. 

Stanislas,  fils  de  Jean  Kostka,  sénateur  de  Pologne,  et  « 
Marguerite  Krischa,  sœur  du  pafatin  de  Mazovic,  naquit  au  ch 
tenu  de  Roskou  le  28  octobre  1550.  Sa  mère  lui  inspira  < 
bonne  heure  de  tendres  sentiments  de  piété.  JjC  premier  usa] 
quil  fit  de  sa  raison  fur  de  se  consacrer  à  Dieu  avec  une  fervei 
nu-dessus  de  son  Age.  On  conlia  son  éducation  et  celle  de  Pau 
son  frère  aîné,  à  un  gouverneur  nommé  Jean  Bilinski ,  qui  l 
eonduisit  à  Vienne  pour  faire  leurs  études ,  et  logea  les  dei 
frères  dans  la  maison  d'un  luthérien  de  cette  ville.  Stanislas 
tomba  dangereusement  malade,  et  il  demanda  à  recevoir  le  saî 


13  novembre.  —  s.  Stanislas  kostka.  409 

viatique,  mais  le  luthérien  chez  lequel  il  logeait  ne  voulut  point 
consentir  qu'on  le  lui  apportât  ;  en  quoi  il  fut  secondé  par  Bilinski 
et  Paul  Kostha ,  qui ,  reprochant  à  Stanislas  sa  dévotion ,  qu'ils 
disaient  excessive  pour  un  homme  de  sa  qualité,  en  étaient 
venus  jusqu'à  le  prendre  en  aversion.  Stanislas,  pénétré  de  dou- 
leur de  ce  refus ,  implora  le  secours  du  Ciel  :  sa  prière  fut  exau- 
eée.  Il  eut  une  vision  où  des  anges  lui  apparurent  lui  donnant 
là  communion.  Dans  une  seconde  vision,  la  sainte  Vierge  lui  dit 
que  l'heure  de  sa  mort  n'était  pas  encore  venue,  et  qu'il  devait 
ee  consacrer  à  Dieu  dans  la  compagnie  de  Jésus  A  peine  eut-il 
recouvré  la  santé,  qu'ayant  trouvé  des  difficultés  insurmon- 
tables pour  être  reçu  dans  cette  compagnie ,  en  Allemagne ,  à 
cause  de  l'opposition  de  son  père,  il  alla  à  Rome  se  jeter  aux 
pieds  de  saint  François  de  Borgia,  alors  général  des  jésuites, 
•A  le  conjura  avec  beaucoup  d'instance  de  l'admettre  ;  ce  qui  lui 
lot  accordé.  Pendant  son  noviciat ,  il  montra  une  piété  si  vive  \ 
que  tous  ses  compagnons  étaient  embrasés  par  son  exemple  d'a- 
mour pour  Dieu  et  de  zèle  pour  leur  état. 

Vers  le  dixième  mois,  il  fut  averti  intérieurement  que  sa  der- 
nière heure  approchait.  S'entreteuant  avec  un  père  de  la  compa- 
gnie sur  la  fête  de  l'Assomption  :  Mon  père,  s'écria-t-il ,  que -ce 
fut  un  jour  heureux  pour  les  saints  que  celui  auquel  la  sainte 
Vierge  entra  dans  le  paradis  !  Je  suis  persuadé  qu'ils  en  renou- 
vellent tous  les  ans  la  mémoire ,  aussi  bien  que  nous ,  par  quel- 
que réjouissance  extraordinaire ,  et  j'espère  que  je  verrai  la  pre- 
mière fête  qu'ils  en  feront.  Le  bon  état  de  sa  santé  empêcha 
«ni'on  ne  remarquât  cette  prédiction  ;  cependant  le  10  aoû*,  jour 
de  saint  Laurent,  il  tomba  malade,  et  ne  put  contenir  la  joie 
que  lui  causait  déjà  la  vue  de  l'éternité  bienheureuse.  Le  14  août, 
il  dit  le  matin  qu'il  mourrait  la  nuit  suivante.  11  reçut  le  saint 
viatique  et  l'extrême-onction ,  couché  sur  la  terre,  comme  il  l'a- 
vait désiré.  Enfin,  après  avoir  dit  qu'il  voyait  la  sainte  Vierge 
accompagnée  d'une  troupe  d'anges,  il  expira  tranquillement, 
vers  les  trois  heures  du  matin,  le  15  août  15(>8,  sur  la  f\u  de 
la  dix-huitième  année  de  son  âge.  Il  a  été  béatifié  par  le  pape 
Clément  VIII  en  1604,  et  canonisé  par  Benoît  XIII  en  1729. 
Saint  Stanislas  est,  conjointement  avec  saint  Casimir,  patron  de 
la  Pologne 


35 


410  M  norembrc.  —  lk  b.  alhkiit  lk  na.,  aag.  kt  <:. 


14  novembre.  —  LE  BIENHEUREUX  AM)EHT  LE  GRAND, 

AHCIIKvAqUK    I)K    llATlSBONNK,    KT  CONFKB8KUB.   — •      13* 

siècle.  (  Du  I  f>  novembre.  ) 

Albert,  que  son  savoir  extraordinaire  fit  surnommer  le  Grand, 
était  Souabc  de  nation.  Dès  son  enfance,  il  fut  rempli  do  dévo- 
tion pour  la  sainte  Vierge ,  More  de  Dieu ,  et  ce  fut  par  son  ins- 
piration qu'il  se  détermina  à  entrer  dans  l'ordre  des  Frères  prê- 
cheurs. Toutefois,  différents  artifices  du  démon  l'avant  fait  clian- 
ger  de  résolution  les  avertissements  ainsi  que  les  exhortations 
du  vénérable  père  Jourdain  l'y  ramenèrent.  Envoyé  ensuite  à 
Bologne  pour  travailler  à  la  philosophie,  comme  à  cause  de  la 
lenteur  de  son  esprit,  il  se  trouvait  inférieur  ù  ses  condisciples, 
ce  qu'il  supportait  avec  peine ,  il  résolut  d'abandonner  l'ordre 
des  Dominicains,  où  il  n'avait  point  encore  fait  profession.  En- 
couragé pourtant  par  une  vision  céleste,  et  ayant  obtenu  le  se- 
cours de  la  sainte  INI  ère  de  Dieu,  il  fit  on  peu  de  temps  de  tels 
progrès  dans  la  science  de  la  philosophie,  qu'on  l'appelait  com- 
munément le  Philosophe.  En  même  temps,  par  les  prières  qu'il 
lui  adressait  continuellement,  il  conjurait  la  Mère  de  Dieu  de 
lui  obtenir  d'être  affermi  dans  la  foi  :  craignant  le  risque  de 
douter  des  divins  mystères ,  parce  qu'il  aurait  pu  être  enlacé  par 
les  raisonnements  captieux  des  philosophes.  Sa  protectrice, 
pleine  de  bonté,  lui  accorda  ce  qu'il  désirait,  et,  lui  étant  ap- 
parue :  «  Applique-toi,  lui  dit-elle,  à  l'étude  de  la  sagesse;  mais 
pour  qu'il  ne  t'arrive  point  de  chanceler  dans  ta  foi,  tout  ton 
art  syllogistiquc  te,  sera  oté  avant  la  mort.  Ce  qui  te  présagera 
que  cela  doit  bientôt  avoir  lieu ,  c'est  lorsqu'un  jour  au  milieu 
d'une  leçon  publique,  tu  éprouveras  la  perte  de  la  mémoire.  » 
Knvoyé  dans  la  suite  à  Paris ,  il  y  exposa  les  livres  des  Sen- 
tences au  milieu  d'un  tel  concours  d'auditeurs,  que  l'école  où  il 
professait  ne  pouvait  contenir  ses  disciples  ;  ce  qui  l'obligea  d'en- 
seigner en  plein  air,  sur  une  place  publique  de  Paris  qu'on  ap- 
pelle encore  aujourd'hui,  à  cause  de  cette  circonstance,  place 
Maubert,  pour  Maître  Albert  >  par  corruption  et  abréviation. 

De  retour  a  Bologne,  il  eut  pour  disciple  saint  Thomas <TA- 
quindout,  inspiré  par  un  esprit  prophétique,  il  annonça  comme* 
devant  briller  un  jour  l'incomparable  doctrine.  Quant  à  lui,  il 


15  novembre.  —  s.  léopold  iv,  m.  b-'autb.       411 

remporta  principalement  par  l'humilité  et  la  pauvreté.  Appelé 
à  Rome  par  Urbain  IV,  il  fut  fait  évêque  de  Ratisbonne, 
en  1209.  D  confondit  Guillaume  de  Saint-Amour,  qui  attaquait 
FéCat  religieux ,  et  réfuta  diverses  erreurs  au  concile  de  Lyon, 
en  1274.  Après  s'être  démis  de  l'épiscopat ,  lorsqu'il  était  dans  sa 
quatre-vingt-troisième  année,  il  perdit  la  mémoire  au  milieu 
dhme  leçon  qu'il  faisait  publiquement  à  Cologne.  11  en  conclut 
que  le  jour  de  sa  mort  approchait.  Aussi,  ayant  accompli  sa 
qsatre-vingt-septième  année,  il  alla  rejoindre  son  Dieu  en  Tan 
4m  «dut  1280. 


16  novembre.  —  SAINT  EUGÈNE,  martyr.  —  3e  siècle 

Eugène,  disciple  de  saint  Denys ,  premier  évêque  de  Paris , 
souffrit  le  martyre  peu  de  temps  après  son  bienheureux  maître , 
à  Deuil  en  Parisis,  près  Montmorency,  et  il  y  fut  enterré.  On 
porta  depuis  son  corps  à  l'abbaye  de  Saint-Denys.  Il  ne  faut  pas 
le  confondre  avec  le  pieux  et  savant  évéquc  de  Tolède ,  qui  a 
porté  le  même  nom  ,  et  qui  mourut  en  l'an  657. 


là  novembre.  —  SAINT  LÉOPOLD IV,  marquis  d'Autriche. 

—  12e  siècle. 

Léopold ,  quatrième  du  nom ,  surnommé  le  Pieux ,  était  fils  de 
Léopold  III,  dit  le  Bel ,  et  d'Itte,  011e  de  l'empereur  Henri  III.  Ce 
prince  montra  dès  l'enfance  un  esprit  facile  et  capable  d'appro- 
fondir les  plus  hautes  sciences  ;  mais  il  fit  voir  en  même  temps 
gu*Q  avait  encore  plus  de  goût  pour  la  vertu  et  plus  d'attrait 
jour  tout  ce  qui  fait  le  véritable  chrétien.  La  lecture  de  l'Évan- 
gile, qu'il  avait  toujours  entre  les  mains,  l'affermit  dans 
ses  saintes  dispositions  ;  c'était  dans  les  divins  oracles  qu'il  ap- 
prenait qu'U  n'y  avait  pas  une  autre  morale  pour  les  princes  que 
lour  les  autres  particuliers,  que  l'Évangile  est  la  règle  com- 
nune  de  tous  les  chrétiens ,  que  c'est  la  source  où  chacun  doit 
miser  la  connaissance  de  ses  devoirs ,  et  que  quiconque  vit  autre- 
nent  qu'il  n'est  ordonné  par  cette  loi  commune  ne  peut  es- 
lérer  de  parvenir  au  salut.  Léopold  goûta  ces  vérités ,  et  les 
net  en  pratique.  11  fut  un  prince  sobre,  modeste,  chaste,  porté 


412        15  novembre.  — s.  lkopold  iv,  m.  d'autr. 

aux  exercices  de  piété,  aux  œuvres  de  charité.  11  renonça  à  tout 
plaisir,  à  toute  satisfaction  humaine .  et  mit  sa  joie  et  ses  dé- 
lices à  mortifier  ses  sens  et  à  ne  vivre  que  pour  l'éternité.  Il 
employait  son  revenu  au  soulagement  des  pauvres,  et  son  temps 
à  la  lecture  des  saintes  fioritures. 

Quoiqu'il  se  vît,  dans  un  Age  encore  peu  avancé,  seigneur 
d'une  grande  province ,  par  la  mort  de  son  père ,  qui  arriva  l'an 
101)6,  il  n'oublia  point  qu'il  était  engagé  par  son  devoir  à  faire 
le  bonheur  de  tous  ceux  qui  dépendaient  de  lui.  Les  peuples  du 
marquisat  d'Autriche  étaient  grossiers,  superstitieux,  sans  ins- 
truction et  sans  mœurs.  Léopold  demanda  à  Dieu  la  sagesse  qui 
lui  était  nécessaire  pour  adoucir  ces  esprits,  et  pour  en  faire 
des  chrétiens  après  en  avoir  fait  des  hommes  raisonnables.  Cet 
ouvrage  fut  long  et  difficile  :  s'il  n'eut  pas  le  bonheur  de  le  con- 
duire à  sa  perfection ,  il  l'avança  beaucoup.  Il  s'efforça  de  se 
faire  aimer  en  diminuant  les  impôts ,  en  faisant  du  bien  a  tous , 
en  se  rendant  d'un  abord  facile ,  en  témoignant  de  la  bonté  à 
chacun.  Son  palais  semblait  être  le  palais  de  la  justice  et  le  séjour 
de  la  vertu.  Il  pardonnait  souvent,  mais  toujours  avec  prudence; 
et  quand  il  était  contraint  d'en  venir  au  châtiment,  il  tâchait  de 
le  faire  trouver  juste  par  celui  même  sur  qui  il  devait  tomber,  tant 
il  avait  soin  que  la  sagesse  et  la  bonté  accompagnassent  toutes 
ses  actions.  Il  épousa,  eu  U06,  Agnès,   fille  de  l'empereur 
Henri  IV,  princesse  fort  accomplie ,  dont  il  eut  dix-huit  enfants. 
Le  prince  et  la  princesse  vécurent  ensemble  dans  une  union  par- 
faite. Aguès  voulut  avoir  part  à  toutes  les  bonnes  œuvres  de 
son  mari.  Elle  lisait  avec  lui  l'ficriture  sainte,  même  au  milieu 
de  la  nuit,  interrompant  avec  joie  son  sommeil  pour  méditer 
les  vérités  célestes.  Ils  firent  bâtir  une  église  magnifique  à  deux 
lieues  de  Vienne  sur  le  Danube ,  et  y  établirent  des  chanoines 
réguliers  de  Saint- Augustin ,  afin,  disait  Léopold,  que,  ne  pou- 
vant vaquer  aux  services  divins  pendant  qu'il  était  occupé  aux 
affaires  de  son  fitat,  il  pût  substituer  eu  sa  place  des  per- 
sonnes qui  fissent  le  jour  et  la  nuit  ce  qu'il  eut  fait  lui-même 
s'il  en  avait  eu  la  liberté.  11  mourut  de  la  mort  des  justes,  le 
15  novembre  de  l'an  1135.  On  assure  que  Dieu  a  attesté  sa  sain- 
teté par  plusieurs  miracles. 


\b  novembre.  —  sainte  gertruiie,  v.  et  abb.     413 


15  novembre.  —  SAINTE  GERTRUDE,  viekgk.et 

abbesse.  —  14e  siècle. 

Sainte  Gcrtrude ,  issue  d'une  famille  illustre ,  naquit  à  Eis- 
leben,  dans  la  Haute-Saxe.  Elle  était  sœur  de  sainte  Mel- 
ehtilde.  On  la  mit,  à  l'âge  de  cinq  ans,  chez  les  Bénédictines 
de  Rodersdorf.  Elle  prit  l'habit  religieux  dans  cette  maison, 
dont  elle  devint  abbesse  en  1294.  L'année  suivante ,  elle  gou- 
verna le  monastère  de  Heldelrs,  où  elle  se  retira  avec  ses  re- 
ligieuses. Elle  avait  appris  le  latin  dans  sa  jeunesse ,  et  acquis 
une  connaissance  peu  commune  de  l'Écriture  sainte  et  des 
sciences  qui  ont  la  religion  pour  objet  ;  mais  la  prière ,  et  sur- 
tout la  contemplation  de  la  passion  de  Jésus-Christ  et  du 
mystère  ineffable  de  sa  présence  réelle  dans  l'adorable  Eucha- 
ristie,  l'occupèrent  plus  habituellement.  Elle  fut  favorisée  de 
Dieu  de  dons  extraordinaires ,  tels  que  les  ravissements  et  les 
extases;  et  sa  vie,  crucifiée  en  lout  dans  f exercice  d'une  humi- 
lité et  d'une  douceur  inaltérables,  réleva  à  la  plus  haute  per- 
fection. En  gouvernant  les  autres,  elle  se  montra  toujours 
comme  la  mère  et  le  modèle  de  toutes  ses  sœurs.  Son  union 
avec  Dieu  ne  donnait  que  plus  d'activité  et  de  zèle  à  sa  tendre 
sollicitude  pour  les  personnes  de  son  monastère. 

Elle  écrivit  le  livre  de  ses  Révélations,  où  elle  a  tracé  le 
vrai  portrait  de  son  âme,  en  faisant  le  récit  de  ses  commu- 
nications avec  Dieu  et  des  transports  de  son  amour  pour  lui. 
Cet  ouvrage,  si  estimé  par  tant  de  saints,  est,  comme  ceux  de 
sainte  Thérèse,  plein  d'instructions  sur  les  voies  intérieures  de 
l'oraison  et  de  la  contemplation,  et  fait  connaître  les  divers 
exercices  qui  conduisent  une  âme  à  la  perfection.  Toute  la  vie 
de  sainte  Gertrude  retrace ,  dans  l'exercice  de  la  pénitence  in- 
térieure et  extérieure ,  ce  qu'elle  avait  écrit  ;  et  l'habitude  des 
vertus  les  plus  excellentes  qu'elle  pratiqua  jusqu'à  la  fin,  ainsi  que 
les  grâces  sensibles  et  les  miracles  qu'elle  opéra ,  prouvèrent  que 
sa  doctrine  était  celle  du  Dieu  Sauveur,  quand  il  assura  dans  son 
Évangile  que  celui  qui  fera  la  volonté  divine  vivra  de  son  esprit 
et  lui  sera  uni  dès  cette  vie  dans  la  charité ,  qui  fait  ici-bas  le 
mérite  et  le  bonheur  des  saints.  Sainte  Gertrude  mourut  en 
1334,  après  avoir  été  quarante  ans  abbesse.  Sainte  Melchtilde, 
sa  sœur,  était  morte  quelque  temps  auparavant. 

35. 


414         16  novembre.  —  s.  eucher,  év.  de  lyon 


16  novembre.  —  SAINT  EUCHER,  évêque  de  Lyon. 

—  5e  siècle. 

L'fcgiise  de  Lyon  n'a  point  eu,  depuis  saint  ïrénée,  d'évéque 
plus  célèbre  en  science  et  en  piété  que  saint  Eucher.  Il  joi- 
gnait à  la  piété  et  à  la  noblesse  de  la  naissance  un  esprit  pé- 
nétrant et  élevé ,  une  science  peu  commune ,  une  éloquence  qui 
le  faisait  admirer  des  plus  grands  orateurs  de  son  temps.  Ayant 
pris  le  parti  du  mariage  dans  un  âge  fort  jeune ,  il  épousa  une 
fille  nommée  Galla ,  dont  il  eut  plusieurs  enfants  ;  deux  des- 
quels ,  Solone  et  Véran ,  furent  depuis  évéques ,  même  du  vi- 
vant de  leur  père.  Eucher  les  avait  lui-même  formés ,  et  avait 
été  après  Dieu  leur  premier  maître  et  leur  directeur.  Non 
content  de  leur  tracer  par  sa  propre  conduite  un  modèle  de 
la  véritable  piété ,  il  employait  ses  talents  et  ce  qu'il  avait  ac- 
quis d'érudition  et  d'éloquence  à  leur  donner  par  écrit  les 
conseils  que  la  sagesse  lui  dictait  et  les  maximes  les  plus  pro- 
pres à  former  leur  cœur  et  à  régler  leurs  mœurs.  U  les  avait  pla- 
cés à  Lérins ,  entre  les  mains  des  saints  qui  habitaient  ce  désert. 
Lorsqu'il  n'eut  plus  rien  qui  le  retînt  dans  le  monde ,  il  le  quitta 
lui-même  promptement  pour  aller  dans  la  solitude. 

Le  lieu  qu'il  choisit  fut  aussi  l'île  de  Lérins ,  où  saint  Honorât, 
qui  fut  depuis  évêque  d'Arles ,  avait  fondé  le  célèbre  monastère 
qui  fut  regardé  comme  le  séminaire  de  l'école  de  l'Église  de 
France.  Eucher  y  admira  ces  assemblées  de  justes  qui  répandaient 
partout  l'odeur  de  la  piété.  Rien  n'est  plus  capable  de  satisfaire 
un  cœur  qui  aime  Dieu ,  que  de  se  trouver  avec  ceux  qui  sont 
remplis  de  cet  amour.  Aussi  Eucher  go  û  ta- 1- il  dans  cette  lie 
ces  joies  pures  et  ces  consolations  solides  que  le  Seigneur  n'a 
réservées  que  pour  ceux  qui  le  cherchent  de  tout  leur  cœur. 

Cependant  Eucher,  se  trouvant  encore  trop  honoré  à  Lérins , 
et  craignant  que  l'estime  que  les  gens  de  bien  faisaient  de  sa  vertu 
ne  lui  fut  aussi  nuisible  que  celle  qu'il  avait  acquise  dans  le  siècle, 
se  retira  dans  l'île  de  Léro,  nommée  aujourd'hui  Sainte-Mar- 
guerite. Elle  était  voisine  do  celle  de  Lérins,  mais  plus  déserte, 
et  par  conséquent  plus  propre  au  dessein  qu'il  avait  de  vivre  dans 
une  grande  retraite.  On  le  tira  malgré  lui  de  son  désert  pour  le 
faire  évêque  de  Lyon,  vers  Tan  424.  Ce  fut  en  cette  qualité  qu'il 


16  novembre.  —  là  b.  lucie  de  nabni.  415 

assista,  en  431 ,  au  premier  concile  d'Orange,  où  il  donna  des 
marques  de  sa  science  et  de  sa  sagesse.  L'histoire  n'a  point  con- 
servé le  récit  de  ce  qu'il  a  fait  pendant  son  épiscopat;  mais  Clau- 
éien  Mamert,  prêtre  de  Vienne,  frère  et  grand  vicaire  de  l'évêque 
saint  Mamert,  apprend  qu'Eucher  tenait  souvent  des  conférences 
à  Lyon,  dans  lesquelles  il  donnait  toujours  des  marques  écla- 
tantes de  sa  doctrine,  de  son  esprit  et  de  son  jugement;  il  l'ap- 
pelle le  plus  grand  des  prélats  de  son  siècle.  Eucher  avait  com- 
posé sur  les  matières  de  la  foi  un  grand  nombre  d'ouvrages ,  où 
floo  voyait  l'élévation  de  son  esprit ,  la  profondeur  de  sa  science 
et  la  force  de  son  éloquence.  Ce  fut  au  milieu  de  ces  travaux  qu'il 
>mma  sa  course  et  alla  jouir  du  repos  éternel,  vers  l'an  454. 


16  novembre.  —  LA  BIENHEUREUSE  LUCIE  DE  NARNI, 

viebge.  —  16e  siècle. 

Lueie  de  Narni,  issue  d'une  noble  famille,  sembla  avoir  sucé 
avec  le  lait  la  piété  et  le  don  de  prophétie  ;  car  encore  petite  en- 
fant, elle  prédit  une  multitude  de  choses  qui  devaient  arriver. 
Laissant  là  les  jeux  enfantins ,  et  n'ayant  que  du  mépris  pour  les 
amusements  de  son  âge ,  elle  se  plaisait  uniquement  à  honorer 
les  saintes  images  et  à  répandre  son  cœur  en  prières  pleines  de 
piété.  Elle  fut  atteinte  en  grandissant  de  maladies  très-graves , 
mais  elle  en  fut  miraculeusement  guérie  par  l'apparition  fréquente 
des  saints.  Elle  consacra  pour  toujours  sa  virginité  à  l'Époux  des 
Vierges,  duquel,  entre  autres  grâces  et  dons  spirituels,  elle  avait 
reçu  en  gage  de  son  union  future  un  anneau  dont  la  trace  était 
visible.  Elle  refusa  d'abord,  avec  la  plus  grande  constance,  un 
mariage  que  ses  parents  lui  proposaient  ;  mais  elle  y  consentit 
snr  un  avertissement  qu'elle  reçut  du  ciel ,  et  après  être  convenue 
avec  son  Gancé  qu'il  respecterait  sa  virginité.  Les  auteurs  de  sa 
vie  affirment  qu'elle  la  conserva  dans  son  intégrité  jusqu'à  la 
mort,  assertion  qui  a  été  confirmée  par  le  Siège  apostolique. 

liée  par  le  mariage,  'Lucie  n'adoucit  en  rien  la  sévérité  du 
genre  de  vie  qu'elle  menait  auparavant ,  et  ne  le  discontinua  pas 
un  seul  instant.  Par  ses  prières,  par  ses  jeilnes ,  ses  veilles  et  ses 
autres  mortifications ,  domptant  en  elle  la  chair  d'une  manière  ad- 
mirable, elle  redonnait  des  forces  à  son  âme  par  l'usage  fréquent 
de  la  communion  eucharistique    N'éprouvant  que  de  l'aversion 


410      17  novembre.  —  s.  Grégoire  thmjuatubge. 

pour  le  luxe  du  siècle  et  ses  vanités,  elle  distribuait  le  prix  dos 
riches  vêtements  qu'elle  aurait  pu  se  procurer,  aux  pauvres  quelle 
embrassait  dans  sou  éminente  charité ,  et  portait  des  ajustements 
plus  communs.  C'est  en  Rabaissant  de  plein  gré  et  avec  joie  aux 
fonctions  les  moins  relevées ,  qu'elle  endura  avec  une  patience 
extrême  les  peines  longues  et  rigoureuses  que  lui  suscita  le  démon, 
et  qu'elle  les  surmonta.  Traitée  avec  dureté  par  son  époux  lui- 
même  ,  qui  la  renferma  quelquefois  dans  une  étroite;  prison ,  l'in- 
nocence de  sa  vie  et  la  constance  qu'elle  montra  dans  les  épreuves 
lui  firent  enfin  obtenir  d'en  être  séparée.  Ensuite  Lucie,  ayant 
reçu  avec  dévotion  l'habit  du  tiers-ordre  de  Saint- Dominique, 
partit  pour  Home,  d'où  ses  supérieurs  l'envoyèrent  à  Viterbe. 
JMotrc-Seigneur  Jésus-Christ  la  marqua  alors  miraculeusement 
en  ce  lieu  des  sacrés  stigmates ,  qu'elle  porta  visibles  et  sanglants. 
Après  qu'elle  eut  rétabli,  parmi  les  religieuses  de  son  ordre  à  Vi- 
terbe ,  la  discipline  régulière,  pour  obéir  au  commandement  du 
souverain  pontife,  elle  se  rendit  à  Fcrrare,  sur  la  demande  du 
duc  Hercule  I<r.  On  construisit  en  ce  lieu ,  sous  l'invocation  de 
sainte  Catheriue  de  Sienne,  un  monastère  très-spacieux,  et  pen- 
dant longtemps  Ton  y  chargea  Lucie  d'élever  des  jeunes  filles 
nobles  et  d'y  diriger  les  vierges  consacrées  à  Dieu.  Elle  s'acquitta  de 
cette  double  tache  avec  la  plus  grande  charité  à  laquelle  elle  unis- 
sait la  prudence  et  la  vigilance.  Pendant  trente-huit  ans ,  elle  fut 
éprouvée  de  la  part  des  hommes  par  des  calomnies,  des  injures, 
des  affronts  et  des  moqueries.  Elle  eut  aussi  à  souffrir  diverses 
maladies;  mais,  au  milieu  de  ces  afflictions,  elle  fut  souvent  for- 
tifiée par  des  visions  célestes.  Enfin ,  elle  alla  trouver  son  divin 
Époux  l'an  1544,  à  l'âge  de  soixante  ans.  En  1710,  son  corps  fut 
retrouvé  à  Ferrare  ;  il  était  sans  corruption,  et  les  cicatrices  des 
sacrés  stigmates  v  étaient  encore  bien  visibles. 


17    novembre.    —  SAINT    GRÉGOIRE    THAUMATURGE, 

ÉVÊQUK   DE     JVÉOCÉSARKE  ET  CONFESSEUR.  —  3*  siècle. 

Grégoire,  éyêque  de  Néocésaréc,  dans  le  Pont,  devint  illustre 
par  la  sainteté  de  sa  doctrine  ;  mais  il  le  fut  beaucoup  plus  par 
ses  prodiges  et  ses  miracles,  dont  le  nombre  et  l'importance  l'ont 
fait  surnommer  Thaumaturge.  Digne,  au  témoignage  de  saint 
Basile ,  d'être  comparé  à  Moïse,  aux  Prophètes  et  aux  Apôtres, 
il  transporta  d'un  lieu  dans  un  autre ,  par  la  vertu  de  sa  prière, 


17  novembre.  —  s.  agnan  ,  év.  d'orleans         417 

montagne  qui  empêchait  de  construire  une  église.  Il  dessécha 
i  par  la  même  invocation  un  marais   qui  était  un  sujet  de 
jltoorde  entre  des  frères.  En  plantant  sur  la  rive  du  Lycus ,  fleuve 
les  débordements  dévastaient  les  campagnes,  en  plantant 
iF&ftton  qui  lui  servait  de  soutien,  et  qui  aussitôt  grandit  et  de- 
'4* un  arbre  couvert  de  feuillage,  il  fit  cesser  ce  fléau,  si  bien 
tfKi  depuis  ce  moment,  les  eaux  ne  dépassèrent  point  la  limite  qu'il 
bar  avait  fixée.  Dans  bien  des  circonstances  le  saint  évéque  chassa 
1m  démons  des  statues  des  idoles,  et  en  délivra  des  possédés.  I) 
apeomplit  encore   beaucoup  d'autres  choses  merveilleuses,  au 
Moyen  desquelles  il  attira  à  la  foi  chrétienne  une  multitude  in- 
aombrable  d'infidèles.  En  même  temps,  doué  de  l'esprit  pro- 
phétique, il  prédisait  l'avenir.  Sur  le  point  de  quitter  la  vie, 
comme  il  demandait  combien  il  restait  d'infidèles  dans  la  ville,  de 
Méocésarée,  et  comme  on  lui  répondit  qu'il  en  restait  seulement 
dix- sept,  il  rendit  grâce  à  Dieu  en  disant  :  «  Cest  autant  qu'il 
gavait  de  chrétiens,  lorsque  f  ai  commencé  à  être  évéque  ici.  » 
Il  est  l'auteur  de  plusieurs  écrits  par  lesquels,  autant  que  par  ses 
miracles,  il  illustra  l'Église  de  Dieu.  11  mourut  en  Tan  du  salut  270. 


17  novembre.  —  SAINT  AGNAN,  évéque  d'Obléans, 

confesseub.  —  5e  siècle. 

On  croit  qu' Agnan  ou  Anianus  était  originaire  de  Vienne  dans 
la  Gaule,  et  qu'il  vécut  quelque  temps  reclus  dans  une  cellule  près 
de  cette  ville.  Il  se  rendit  depuis  à  Orléans,  où  il  fut  attiré  par 
la  réputation  du  saint  évéque  Euverte.  Ayant  été  ordonné  prêtre, 
il  eut  la  conduite  du  monastère  de  Saint- Laurent  des  Orgerils , 
situé  dans  le  faubourg  d'Orléans,  et  qui  devint  plus  tard  un  prieuré 
de  Cluny.  Saint  Euverte,  qui  sentait  sa  fin  approcher,  le  demanda 
pour  successeur,  ce  qui  lui  fut  accordé  ;  il  quitta  l'administration 
de  son  diocèse ,  et  mourut  peu  de  temps  après ,  c'est-à-dire  le 
7  septembre  391.  Agnan  justifia  par  sa  conduite  le  choix  qu'on 
avait  fait  de  lui.  Il  fit  rebâtir  avec  plus  de  magnificence  l'église 
de  Sainte-Croix ,  fondée  par  son  prédécesseur. 

Il  y  avait  près  de  soixante  ans  qu'il  était  évéque,  lorsque  les 
Huns,  conduits  par  Attila ,  vinrent  mettre  le  siège  devant  Orléans. 
Agnan  avait  prévu  l'orage ,  et  avait  fait  le  voyage  d'Arles  pour 
demander  des  secours  au  généra)  Aétius.  Cependant  les  Barbares 
pressaient  le  siège  ;  Agnan  encourageait  son  peuple ,  et  l'exhor- 


418  17  nocembre.  —  s.  malo  ou  maclou,  év. 

tait  à  mettre  en  Dieu  sa  confiance.  Tous  s'adressèrent  au  ciel  par 
de  ferventes  prières,  dans  l'attente  du  secours  qui  leur  avait  été 
promis.  Enfin,  lorsque  tout  semblait  désespéré,  les  Romain, 
auxquels  s'étaient  joints  les  Wisigoths,  parurent,  vainquirent  et 
dispersèrent  les  Barbares.  On  attribua  cette  victoire  encore  plut 
aux  prières  et  à  la  prudence  du  saint  évéque  qu'à  la  bravoure 
d'Aétius,  qui  presque  seul  soutenait  l'empire  romain  sur  le  pen- 
chant de  sa  ruine. 

On  met  la  mort  de  saint  Agnan  au  17  novembre  453.  On  l'en- 
terra dans  l'église  de  Saint-Laurent  des  Orgerils,  d'où  son  corps 
fut  depuis  transféré  dans  celle  de  Saint-Pierre ,  qui  a  pris  le  nom 
du  saint.  Il  est  nommé  en  ce  jour  dans  les  anciens  martyrologes. 
Les  huguenots  pillèrent  sa  châsse  en  1562,  et  brûlèrent  ses  re- 
liques avec  celles  de  plusieurs  antres  saints  qui  reposaient  dans  le 
même  lieu. 


17  novembre.  —  SAINT  MALO  OU  MACLOU,  évéque 
d\Aleth  ,  en  Bretagne.  —  6e  siècle. 

Malo  fut  élevé  en  Angleterre ,  où  il  était  né  d'une  famille  dis- 
tinguée par  sa  piété  et  par  sa  noblesse.  Pour  se  préserver  de  la 
corruption  du  siècle ,  il  embrassa  de  bonne  heure  la  vie  monas- 
tique. Informé  d'une  manière  certaine  que  l'on  se  proposait  de 
l'en  tirer  pour  le  placer  sur  le  siège  de  "Winchester,  et  effrayé  du 
poids  dont  on  voulait  le  charger,  il  s'embarqua  secrètement  avec 
un  petit  nombre  de  personnes  à  qui  il  avait  découvert  son  des- 
sein, et  aborda  dans  une  île ,  sur  les  côtes  de  la  Bretagne,  où 
un  solitaire  nommé  Aaron,  qui  menait  une  vie  pénitente,  le  reçut 
avec  beaucoup  d'amitié  sans  le  connaître. 

Ces  deux  serviteurs  de  Dieu ,  après  s'être  observés  mutuelle-  j 
ment  pendant  quelques  jours,  se  trouvèrent  dans  une  si  grande  \ 
conformité  de  mœurs  et  d'intentions,  qu'ils  firent  entre  eux  un  ! 
liaison  très-étroite,  pour  s'animer  et  s'aider  l'un  l'autre  à  avancer  ' 
dans  le  chemin  de  la  perfection.  Cette  union,  formée  par  b  {■ 
charité,  rendait  douces  les  grandes  austérités  que  l'esprit  A  g 
pénitence  leur  faisait  pratiquer.  Leur  nourriture  était  du  pain  et  s 
quelques  racines ,  et  leur  boisson  était  de  l'eau,  dont  ils  buvaieit 
fort  modérément  pour  ne  pas  violer  l'étroite  abstinence  dont  II 
faisaient  profession. 

Comme  le  lieu  de  leur  retraite  était  fort  prèsd'Aleth,  lèsent* 


17  novembre.  —  saint  Grégoire,  év.  de  tours.    419 

jfcns  de  cette  Tille ,  qui  étaient  en  petit  nombre ,  les  venaient  par- 
JKsTBÎter.  Ils  engagèrent  Malo  à  venir  travaillera  la  conversion 
A? leurs  compatriotes.  Là  charité  dont  son  cœur  était  embrasé, 
Ht  la  crainte  de  résister  à  la  volonté  de  Dieu,  le  déterminèrent  à 
4ë  rendre  à  leur  désir,  quel  que  fût  son  amour  pour  la  retraite. 
tt  alla  donc  faire  connaître  l'Évangile  aux  peuples  voisins,  sur- 
tout à  ceux  d'Aleth.  Ses  prédications  furent  efficaces  :  le  peuple 
instruit  demanda  le  baptême ,  et  souhaita  Malo  pour  évéque.  Le 
faint,  voyant  leur  ardeur,  et  craignant  que  ces  nouveaux  fidèles  ne 
^égarassent  bientôt  s'ils  étaient  sans  guide,  se  rendit  à  leurs  vœux, 
et  le  bien  se  multiplia  au  centuple  entre  ses  mains;  mais  le  démon 
lai  suscita  des  ennemis,  qui,  après  l'avoir  longtemps  persécuté, 
le  contraignirent  de  se  retirer.  Saint  Malo  alla  en  Saintonge ,  où 
0  comptait  finir  ses  jours  ;  mais  son  peuple ,  ayant  su  qu'il  y  était, 
l'obligea,  par  ses  prières  et  par  ses  larmes,  de  revenir  à  Aleth ,  où 
il  demeura  encore  quelque  temps.  Enfin ,  croyant  avoir  assez  fait 
pour  ses  ouailles,  il  se  retira  de  nouveau  en  Saintonge,  où  il  acheva 
sa  course  en  Tan  565.  Après  la  mort  du  saint  évéque ,  à  peu  de 
distance  de  la  ville  d'Aleth ,  a  été  bâtie  une  autre  ville  à  qui  les 
peuples  reconnaissants  ont  donné  le  nom  de  Saint-Malo. 


17  novembre.  —  SAINT  GREGOIRE,  évéque   de  Tours, 

CONFESSEUR.  — 6e  siècle. 

George-Florentius  Grégoire ,  issu  d'une  des  plus  riches  et  des 
plus  illustres  familles  d'Auvergne,  où  la  piété  fut  comme  héré- 
ditaire ,  naquit  le  30  novembre  539.  11  fut  élevé  sous  la  direction 
ie  saint  Gai ,  son  oncle ,  évéque  de  Clermont ,  et  il  acquit  beau- 
coup de  savoir  dans  toutes  les  matières  ecclésiastiques.  Son  oncle 
lui  conféra  la  tonsure  cléricale ,  et  saint  Avit,  successeur  de  saint 
Gai ,  l'ordonna  diacre.  Quelques  années  après ,  ayant  été  guéri 
d'une  maladie  dangereuse ,  il  voulut ,  pour  remercier  Dieu ,  vi- 
siter le  tombeau  de  saint  Martin,  à  Tours.  On  eut  occasion,  pen- 
dant son  séjour  dans  cette  ville,  d'admirer  sa  piété,  son  humilité 
et  son  savoir  ;  et  peu  de  temps  après  son  départ,  le  clergé  et  le 
peuple  de  Tours  relevèrent  pour  successeur  du  saint  évéque  Eu- 
phrone,  qui  venait  de  mourir. 

Les  députés  chargés  de  lui  annoncer  son  élection  le  trouvè- 
rent à  la  cour  de  Sigebert ,  roi  d'Austrasie.  il  se  vit  comme  forcé 


420      17  novembre.  —  s.  Grégoire,  év.  de  tours. 

de  si*  rendre  aux  vœux  du  diocèse  de  Tours ,  et  fut  sacré  le  22 
août  573.  Il  avait  alors  trente-quatre  ans.  Son  zèle  et  sa  piété  fi- 
rent bientôt  fleurir  la  religion  avec  un  éclat  digne,  d'un  successeur 
de  saint  Martin.  Il  rebâtit  sa  cathédrale,  répara  plusieurs  autres 
églises,  maintint  avec  une  fermeté  modeste  les  privilèges  accordés 
aux  lieux  saints.  Il  assista  en  577  au  concile  qui  se  tint  à  Paris 
contre  Prétextât,  évéque  de  Rouen,  que  la  reine  Frédégonde  vou- 
lait perdre.  Le  saint  évéque  de  Tours  prit  hautement  sa  défense. 
Frédégonde,  pour  s'en  venger,  engagea  Lcudaste,  comte  de  Tours, 
à  charger  saint  Grégoire  de  diverses  accusations,  qu'il  tâcha  de 
rendre  vraisemblables ,  et  dont  il  se  vanta  de  fournir  les  preuves 
devant  une  assemblée  d'évéques.  Cette  assemblée  fut  convoqué*1 
à  Berni,  près  deCompiègne,  pour  juger  Tévêque  de  Tours;  mais 
son  innocence  y  fut  reconnue  avec  tant  d'évidence ,  que  ses  accu- 
sateurs furent  couverts  de  honte ,  et  Lcudaste ,  leur  chef,  périt 
depuis  misérablement. 

Saint  Grégoire  eut  occasion  de  défendre  la  divinité  de  Jésus- 
Christ  contre  les  juifs,  les  ariens  et  autres  hérétiques  répandus 
ça  et  là  dans  les  Gaules.  Il  les  confondit,  et  en  convertit  plusieurs. 
Son  zèle  éclairé  convainquit  le  roi  Chilpéric ,  qui  se  piquait  d'être 
théologien,  d'être  tombé  dans  l'erreur  du  sabellianisme ,  en  con> 
posant  un  écrit  dont  il  prétendait  faire  une  exposition  de  foi. 
Notre  saint  sut  toujours  allier  la  douceur  avec  le  zèle.  Tous  ses 
diocésains  étaient  l'objet  de  sa  sollicitude  pastorale.  Sa  charité 
était  constante  et  si  générale ,  que  ses  ennemis  même  en  éprou- 
vèrent les  effets  les  plus  sensibles.  I^cs  malheureux ,  ceux  même 
qui  paraissaient  les  moins  dignes  de  compassion,  trouvaient  en 
lui  un  père  et  un  défenseur.  Les  rois  Childebert  et  Goutran  lui 
marquèrent  leur  vénération  et  leur  confiance;  il  employa  son 
crédit  auprès  d'eux  pour  la  gloire  de  la  religion  et  le  bien  de  l'Etat. 
Ou  peut  en  quelque  sorte  considérer  saint  Grégoire  de  Tours 
comme  le  père  de  notre  histoire  nationale,  car,  parmi  les  ouvrages 
qui  nous  restent  de  lui,  on  distingue  principalement  son  Histoire 
des  Francs 9  divisée  en  seize  livres,  à  la  fois  civile  et  ecclésiastique. 
Ce  saint,  évéque  opéra  divers  miracles  de  son  vivant,  qu'il  attri- 
buait toujours  à  saint  .Martin,  et  mourut  le  17  novembre  595, 
après  plus  de  vingt  ans  d'épiscopat. 


18  novembre.  —  déd.  des  bas.  des  ss.  pierbe  et  p.  421 


18  novembre.  —  DÉDICACE  DES  BASILIQUES  DE  SAIKT- 
PIERRE  ET  DE  SAINT-PAUL,  a  Rome  —4e  siècle     * 

Parmi  les  lieux  sacrés  qm  ont  été  autrefois  en  vénération  chez 
les  chrétiens,  les  plus  célèbres  et  les  plus  fréquentés  furent  ceux 
où  Ton  déposa  les  corps  des  saints,  ou  bien  dans  lesquels  se  trou- 
vait quelque  vestige  ou  quelque  monument  des  martyrs.  Au 
nombre  de  ces  lieux  saints  fut  toujours  principalement  vénérée 
cette  partie  insigne  du  Vatican  qu'on  appelait  la  Confession  de 
saint  Pierre.  Car,  y  accourant  de  tous  les  endroits  de  l'univers, 
tomme  à  la  pierre  où  repose  la  foi  et  au  fondement  de  l'Église, 
les  chrétiens  visitaient  avec  tous  les  sentiments  de  profonde  vé- 
nération, de  religion  et  de  piété,  le  lieu  qui  fut  consacré  à  la 
sépulture  du  Prince  des  Apôtres. 

Ccst  là  que  vint  l'empereur  Constantin  le  Grand,  huit  jours 
après  avoir  reçu  le  baptême.  Ayant  déposé  le  diadème ,  et  pros- 
terné sur  le  sol,  il  répandit  un  torrent  de  larmes.  Ensuite  il  fouilla 
la  terre  avec  la  bêche  et  le  hoyau,  et  en  ayant  enlevé  douze  cor- 
beilles en  l'honneur  des  douze  Apôtres,  il  désigna  remplacement 
de  la  basilique  qu'il  fit  bâtir  en  l'honneur  de  saint  Pierre.  Le  pape 
saint  Sylvestre,  qui  avait  déjà  consacré  l'église  de  Latran  le 
9  novembre,  dédia  de  la  même  manière  celle  du  Prince  des 
Apôtres,  le  18  du  même  mois.  Il  y  éleva  un  autel  de  pierre  qu'il 
oignit  du  saint  chrême,  et  c'est  depuis  ce  moment  qu'il  décréta 
que  tous  les  autels  devraient  être  de  pierre.  Cette  même  basilique, 
que  sa  vétusté  faisait  depuis  longtemps  tomber  en  ruine ,  mais 
que  la  piété  de  plusieurs  souverains  pontifes  avait  relevée  depuis 
ses  fondements  sur  un  plan  plus  vaste  et  plus  magnifique ,  fut  con- 
sacrée solennellement  par  Urbain  VIII,  à  pareil  jour,  ou  le 
18  novembre  de  Tan  1626. 

Le  bienheureux  Sylvestre  dédia  encore  la  basilique  de  Papôtre 
saint  Paul ,  que  l'empereur  Constantin  avait  aussi  fait  bâtir  avec 
une  extrême  magnificence  sur  la  voie  d'Ostie.  Cet  empereur  en- 
richit ces  basiliques  en  leur  assignant  une  multitude  de  domaines, 
et  il  pourvut  à  leur  ornement  par  des  présents  considérables;  Tel 
fut  le  zèle  ardent  de  ce  prince  pour  la  religion,  que,  des  débris 
des  temples  consacrés  aux  idoles  qu'il  fit  détruire ,  il  construisit 
une  multitude  d'églises  dans  tout  l'univers ,  et  particulièrement 

36 


122      18  tiOWUlblY.    —  S.    KltKDIANO,    KV.    DE  LUCQUE8. 

ù  Rome.  De  ce  nombre  furent  la  basilique  de  Sainte-Croix-en- 
Jérusalem,  dans  le  champ  de  Sessorius;  celle  de  Saint-Laurent- 
hors-des-Murs,  dans  le  champ  Véran;  celle  des  Saints-Pierre-et- 
IWarcelIin,  sur  la  voie  Labicane,  et  enfin  beaucoup  d'autres 


i*  novembre.  —SAINT  FRIG1D1  AN  ou  FRÉDIÀNO,  éyûqvk 

DE  LUCQUES,    ET  CONFESSEUR.  —  6e  siècle. 

Frigidian ,  né  en  Irlande,  où  son  père  était  roi  d'Ulster,  fut  ins- 
truit dès  son  enfance  dans  la  religion  chrétienne,  et  reçut  le  bap- 
tême à  l'insu  de  ses  parents.  Zélé  pour  la  foi ,  il  ne  craignit  pas  do 
se  rendre  à  Rome  comme  un  courageux  pèlerin,  et  le  pape  Pe- 
lage Ier  l'y  reçut  avec  honneur.  Le  pontife  l'admit  parmi  les  clercs, 
et  lui  donna  place  parmi  les  chanoines  de  Latrau,  dont  il  pratiqua 
quelque  temps  la  règle  dans  toute  sa  perfection.  Frigidian  re- 
tourna ensuite  dans  sa  patrie ,  où  ses  parents  s'efforcèrent  de  le 
ramener  au  culte  des  idoles,  et  l'engagèrent  à  se  marier.  Mais,  se- 
condé par  la  grâce  divine ,  le  saint  eut,  au  contraire,  le  bonheur 
de  convertir  sa  famille  à  la  foi  véritable.  Il  affermit  merveilleu- 
sement tous  les  siens  dans  leur  nouvelle  croyance  en  ressuscitant 
sous  leurs  yeux  sa  propre  sœur.  Quittant  ensuite  ses  parents,  il 
fonda  un  monastère  dans  iequel  il  établit  des  chanoines  pour  vivre 
suivant  la  règle  qu'il  avait  lui-même  pratiquée  à  Rome.  Il  passa 
quelque  temps  avec  eux ,  leur  donnant  l'exemple  de  la  perfection 
et  de  riiumilité.  Mais  sa  réputation  de  sainteté  et  le  bruit  de  ses 
miracles  s'étant  répandus  au  loin,  l'homme  de  Dieu  voulut  se  dé- 
rober aux  applaudissements  du  monde.  C'est  pour  cela  qu'il  re- 
tourna on  Italie ,  et  se  rendit  à  Lucques.  La  renommée  que  ses 
vertus  lui  méritèrent  aussi  dans  ce  pays ,  la  vénération  profonde 
que  professèrent  pour  lui  les  habitants  de  la  ville ,  furent  cause 
(jue  d'une  voix  unanime  on  le  demanda  pour  évéque.  Dès  qu'il 
<>ut  reçu  la  consécration  épiscopale,  il  commença  à  donner  un  tel 
.iccroisscment  au  culte  divin ,  que,  dans  les  vingt-huit  années  qu'il 
gouverna  son  troupeau ,  il  construisit  vingt-huit  églises  baptis- 
males. La  principale  est  celle  qui,  dédiée  d'abord  aux  Trois  Saints 
Lévites,  porte  aujourd'hui  le  titre  de  Saint- Frédiano.  Pour  la  bâtir, 
le  saint  évéque  transporta  sans  aucune  peine  un  bloc  énorme  de 
pjerre ,  que  plusieurs  hommes  n'avaient  pu  remuer,  et  que  Ton 
conserve  encore  aujourd'hui  dans  l'église  comme  un  souvenir 


19  novembre,  —  s.  odon,  abbé  de  cluny.        423 

de  ce  miracle.  Un  autre  encore  plus  signalé  ,  dont  parle  le  pape 
saint  Grégoire  au  livre  de  ses  Dialogues,  est  bien  capable  aussi 
de  montrer  quels  étaient  devant  Dieu  les  mérites  de  saint  Fré- 
dtano.  L'Arno ,  en  inondant  la  campagne  de  Lucques ,  causait  de 
fréquents  dommages  aux  laboureurs.  L'évêque,  après  s'être  mis 
à  prier,  indiqua  sur  le  sol  un  autre  lit  au  fleuve,  et  aussitôt  f  pre- 
nant une  nouvelle  direction ,  les  eaux  laissèrent  à  sec  l'endroit  où 
elles  coulaient  auparavant.  Enfin ,  après  de  nombreux  travaux , 
le  saint,  riche  en  mérites  et  plein  de  jours,  s'endormit  dans  le  Sei- 
gneur, vers  Tan  du  salut  578.  —  Son  corps,  qui  avait  été  enseveli 
dans  l'église  des  Trois  Lévites,  fut,  au  temps  de  Charlemagne , 
torehé  par  le  cadavre  d'une  jeune  fille  qu'on  enterrait  au-dessus 
de  lui.  Tout  à  coup  la  morte  se  ranima  :  Enlevez-moi  d'ici,  s'é- 
cria-t-dle;  vous  m'avez  mise  auprès  du  corps  du  bienheureux 
Frédiano!  Après  ces  mots,  elle  rentra  dans  le  sommeil  de  la 
mort.  Cest  ainsi  que  les  restes  du  serviteur  de  Dieu ,  après  avoir 
été  ignorés  pendant  deux  siècles  environ ,  furent  révélés  miracu- 
leusement, et  commencèrent  à  devenir  l'objet  d'une  très-  grande 
Ténération.  La  fête  de  cette  invention  est  célébrée  à  Lucques  le 
18  novembre. 


19   novembre.  —  SAINT  PONTIEN,  pape  et  mabtyb.  — 

3e  siècle. 

Ponticn,  Romain,  gouverna  l'Église  au  temps  de  l'empereur 
Alexandre,  qui  le  relégua,  à  cause  de  la  foi  chrétienne  qu'il  confes- 
sait-en  toute  occasion,  dans  l'île  de  Sardaigne,  et  avec  lui  le  prêtre 
Hippolytc.  Affligé  en  ce  lieu  de  toutes  sortos  de  calamités  pour  ia 
foi,  il  y  quitta  ce  monde  le  19  novembre ,  vers  l'an  230.  Son  corps 
fut  apporté  à  Rome  par  le  pape  Fabien,  entouré  de  son  clergé,  et 
enseveli  dans  le  cimetière  de  Calixte ,  sur  la  voie  Appienne. 


19  novembre.  —  SAINT  ODON,  abbé  de  Cluny.  —  10e  siècle. 

Odon,  né  à  Tours  en  879,  était  fils  d'Abbon,  seigneur  de 
haute  condition.  11  passa  ses  premières  années  auprès  de  Foul- 
ques, comte  d'Anjou,  et  auprès  de  Guillaume,  comte  d'Auvergne 
et  duc  d'Aquitaine ,  lequel  fonda  depuis  l'abbaye  de  Cluny,  si- 
tuée à  cinq  lieues  de  Mâcon,  en  Bourgogne.  H  montra  dès  son 


424        19  novembre.  —  s.  odon,  abbé  de  cluny, 

enfance  beaucoup  de  goût  pour  la  prière.  Sa  piété  lui  faisait  re- 
garder comme  perdu  le  temps  qu'il  était  forcé  de  donner  à  la 
chasse  et  aux  autres  amusements  du  siècle.  A  l'âge  de  dix-neuf 
ans ,  il  reçut  la  tonsure  et  fut  nommé  à  un  canonicat  de  l'église  de 
Tours.  Il  renonça  alors  à  l'étude  des  auteurs  profanes,  et  ne 
voulut  plus  lire  que  l'Écriture  et  les  livres  propres  à  entretenir 
et  augmenter  dans  son  cœur  la  componction,  la  ferveur  et  l'a- 
mour divin.  Il  vint  passer  quatre  ans  à  Paris  pour  y  faire  un  cours 
de  théologie.  Étant  retourné  dans  la  ville  de  Tours,  il  se  renferma 
dans  une  cellule  pour  se  livrer  uniquement  à  la  prière  et  à  la  mé- 
ditation des  livres  saints.  ' 

La  lecture  de  la  règle  de  Saint- Benoît  acheva  de  le  détacher  du 
inonde.  Voyant  combien  sa  vie  était  éloignée  des  maximes  de 
perfection  qui  y  sont  tracées ,  il  résolut  d'embrasser  l'état  monas- 
tique ;  mais  le  comte  d'Anjou  refusa  d'y  consentir.  Il  resta  donc 
encore  près  de  trois  ans  dans  sa  cellule  avec  le  compagnon  qui 
suivait  les  mêmes  exercices.  Knfin ,  lassé  des  obstacles  qu'il  ren- 
contrait, il  se  démit  de  son  canonicat ,  et  se  retira  secrètement 
dans  le  monastère  de  Heaume,  au  diocèse  de  Besançon.  Saint 
liernon,  qui  en  était  abbé,  lui  donna  l'habit  en  909.  Il  n'avait 
emporté  avec  lui  que  sa  bibliothèque ,  qui  consistait  en  une  cen- 
taine; de  volumes. 

L'année  suivante,  l'abbaye  de  Cluny,  qui  venait  d'être  fonde», 
fut  mise  sous  la  conduite  de  saint  Bernou ,  qui  eut  à  la  fois  le 
gouvernement  de  six  monastères.  Après  la  mort  de  ce  saint  abbé, 
arrivée  en  927 ,  les  évoques  du  pays  obligèrent  saint  Odon  à  di- 
riger trois  de  ces  monastères,  savoir  :  Cluny,  en  Bourgogne; 
IMassay  et  Déols,  en  Berry.  Il  fit  sa  résidence  dans  le  premier, 
qui  devint  bientôt  célèbre  par  la  régularité  qui  s'y  observait,  et 
par  la  sainteté  de  ceux  qui  l'habitaierit.  Il  y  établit  l'observance 
de  la  règle  de  Saint-Benoît  dans  toute  son  intégrité.  11  recomman- 
dait surtout  le  silence;,  et  disait  à  ce  sujet  que  c'était  une  condi- 
tion nécessaire  pour  se  soutenir  dans  la  solitude  intérieure  et  pour 
converser  avec  Dieu.  Après  ce  silence,  il  recommandait  l'obéis- 
sance, l'humilité  et  le  renoncement  à  soi-même.  Plusieurs  mo- 
nastères de  différents  pays  embrassèrent  sa  réforme ,  et  se  sou- 
mirent à  sa  juridiction;  en  sorte  que  la  congrégation  de  Cluny 
devint  bientôt  aussi  florissante  que  nombreuse. 

Les  papes  et  les  princes  avaient  une  grande  confiance  dans  le 
saint  abbé  Odon.  Ils  le  chargèrent  de  plusieurs  négociations  iin- 


19  novembre.  —  s.  Elisabeth  de  Hongrie,  v.     42-> 

portantes,  où  sa  prudence  et  sa  piété  lui  assurèrent  un  heureux 
succès.  Odon  avait  une  dévotion  particulière  à  saint  Martin  :  ce 
qui  lui  fit  désirer  de  mourir  à  Tours.  Ayant  été  atteint  d'une  ma- 
ladie dont  il  prévit  qu'il  ne  guérirait  point ,  il  se  fit  porter  dans 
cette  ville ,  où  il  mourut  le  18  novembre  942.  Il  fut  enterré  dans 
l'église  de  Saint- Julien ,  mais  plus  tard  les  Huguenots  brillèrent 
la  plus  grande  partie  de  ses  reliques. 


19  novembre.  —  SAINTE  ELISABETH  DE  HONGRIE,  veuve. 

—  13e  siècle. 

Elisabeth  était  fille  d'André  de  Hongrie  :  la  reine  sa  mère  se 
nommait  Gertrude.  Elle  fut  fiancée  dès  le  berceau  avec  Louis, 
fils  (FHerman,  landgrave  de  Thuringe.  La  petite  princesse  donna 
bientôt  des  marques  de  la  sainteté  éminente  à  laquelle  elle  arri- 
verait un  jour.  Peu  curieuse  de  parures  et  d'ajustements,  elle 
donnait  volontiers  aux  pauvres  et  priait  Dieu  avec  un  grand  re- 
cueillement. Lorsque  Elisabeth  eut  atteint  sa  quatorzième  année, 
le  mariage  fut  célébré  avec  les  cérémonies  ordinaires. 

Le  prince  son  mari ,  qui  était  plein  d'admiration  pour  sa  vertu, 
lui  laissa  la  liberté  de  suivre  les  mouvements  de  son  cœur.  Eli- 
sabeth profita  de  cette  liberté  pour  se  prescrire  différents  exer- 
cices de  dévotion  auxquels  elle  fut  toujours  fidèle.  Elle  voulut 
même  se  livrer  à  des  austérités  qui  pouvaient  altérer  sa  santé; 
mais  son  directeur,  qui  était  un  homme  d'un  vrai  mérite,  eut  la 
prudence  de  la  retenir  dans  de  justes  bornes,  en  lui  disant  qu'il 
fallait  regagner  par  son  humilité  ce  qu'elle  perdait  du  côté  des 
mortifications.  Docile  à  ces  avis,  elle  demandait  souvent  à  Dieu 
la  grâce  de  connaître  son  néant  devant  lui. 

Elisabeth  souffrait  de  tout  ce  qui  relevait ,  et  pendant  qu'on 
respectait  son  rang  et  sa  vertu ,  elle  s'abaissait  aux  pieds  de  Jésus- 
Christ.  Quand  elle  était  à  l'église,  elle  déposait  autant  qu'elle* 
pouvait  toutes  les  marques  de  sa  dignité.  Comme  on  lui  deman- 
dait pourquoi  elle  était  sa  couronne  de  dessus  sa  tête  pendant  l'of- 
fice divin ,  elle  répondait  :  A  Dieu  ne  plaise  que ,  n'étant  qu'une 
vile  créature  tirée  du  limon  de  la  terre ,  j'ose  paraître  avec  une 
couronne  superbe  devant  mon  Dieu  et  mon  Sauveur  couronné 
d'épines.  Pour  conserver  dans  son  cœur  les  sentiments  que  Dieu 
y  avait  mis,  elle  avait  souvent  recours  à  la  prière;  elle  se  levait 
même  toutes  les  nuits  pour  y  donner  un  temps  considérable.  Elle 

36. 


426  20  novembre.  —  s.  baulaam,  martyr. 

joignait  à  ce  saint  exercice  le  soin  assidu  des  pauvres  et  des  ma- 
lades :  presque  tous  les  ouvrages  qui  sortaient  de  ses  mains  n'é- 
taient que  pour  leur  usage.  Sa  famille  n'en  était  pas  moins  réglée. 
Tout  son  palais  paraissait  plutôt  un  monastère  que  la  cour  dune 
princesse1.  Dieu  y  était  servi  fidèlement,  chacuu  se  faisait  un  de- 
voir de  marcher  sur  les  traces  d'Klisabeth. 

I^e  landgrave ,  qui  voyait  que  la  sagesse  avait  été  accordée  a  sn 
femme ,  se  faisait  un  plaisir  de  l'instruire  des  affaires  de  PÉtat  ; 
et  quand  il  était  absent,  il  lui  en  laissait  le  gouvernement;  Eli- 
sabeth ne  se.  servait  de  cette  autorité  que  pour  le  bien  public,  et 
de  ceux  surtout  qui  étaient  dans  le  malheur.  Pendant  une  famine 
qui  survint  en  Allemagne  en  1225 ,  elle  Ht  donner  aux  pauvres  le 
blé  qu'on  avait  recueilli  dans  ses  terres ,  en  l'absence  do  son  mari 
qui  était  en  Italie ,  auprès  de  l'empereur  Frédéric.  Ce  prince ,  à 
son  retour,  approuva  la  conduite  d'Elisabeth,  sans  écouter  les 
plaintes  de  ses  intendants.  Pour  soulager  les  pauvres  infirmes , 
qui  ne  pouvaient  venir  chercher  l'aumône  au  château ,  qui  était 
sur  une  haute  montagne,  elle  lit  bAtir  au  bas  un  hôpital,  où  elle 
allait  les  servir  de  ses  propres  mains  ;  elle  prenait  un  soin  parti- 
culier de  leurs  enfants.  Kilo  nourrissait  neuf  cents  indigents  tous 
les  jours.  Cette  attention  pour  les  pauvres,  ainsi  que  le  détail 
dans  lequel  elle  entrait  en  leur  faveur,  fut  un  jour  traitée  devant 
(Ile  de  vertu  qui  ne  convenait  pas  à  la  dignité  royale  :  Ce  qui  vous 
parait  indigne  de  moi ,  répondit-elle ,  purifie  mes  fautes  :  gardons- 
nous  bien  de  mépriser  les  moyens  que  le  Seigneur  a  établis  pour 
nous  sanctifier. 

Ce  fut  dans  l'exercice  de  ces  saintes  pratiques  que  Dieu  la 
trouva  lorsqu'il  l'appela  à  lui  pour  la  faire  régner  dans  le  ciel. 
Elle  mourut  l'an  1231 ,  à  l'Age  de  vingt-quatre  ans. 


20  novembre.  —SAINT  BAIILAAM,  martyr.  —  3e  siècle. 

Barlaam  était  Syrien  de  nation ,  et  d'un  village  des  environs 
d'Antioche.  La  condition  de  ses  parents  n'avait  rien  que  d'obscur 
aux  yeux  des  hommes.  C'est  souvent  dans  les  conditions  les  plus 
basses  que  Dieu  se  plaît  à  former  des  saints  pour  confondre  l'or- 
gueil humain,  qui  n'estime  rieu  que  ce  qui  parait  grand  aux 
yeux  delà  chair.  Barlaam,  dit  saint  Basile,  était  un  simple  paysau 
qui  n'avait  reçu  qu'une  éducation  grossière,  et  qui  s'exprimait 
d'une  manière  tout  à  fait  barbare.  Jésus-Christ,  qui  avak  &it  oV 


20  novembre.  —  s.  bablaam  ,  habtyb.  427 

apôtres,  gens  simples  et  sans  lettres,  des  hommes  capables 
d'instruire  l'univers,  donna  à  Barlaam  cette  sagesse  que  Ton 
n'acquiert  ni  dans  le  monde  ni  par  les  études  ordinaires. 

fl  était  déjà  avancé  en  âge ,  lorsqu'il  fut  arrêté  pour  la  foi  :  on 
le  mit  en  prison ,  et  les  peines  qu'il  y  souffrit  augmentèrent  ses 
tanières ,  et  affermirent  son  amour  pour  la  vérité  qu'il  avait  le 
bonheur  de  connaître.  Il  en  sortit  plus  fort  qu'il  n'y  était  entré , 
et,  ayant  été  amené  devant  le  juge,  toutes  les  paroles  de  son  in- 
terrogatoire furent  comme  autant  de  traits  perçants  qui  mirent 
en  déroute  les  démons.  On  riait  de  sa  façon  de  parler,  on  se  mo- 
§HÉt  de  son  air  simple  et  naïf;  mais  on  était  contraint  de  louer 
ai  constance  ferme  et  modeste,  qu'on  admirait  d'autant  plus  qu'on 
fattendait  moins  d'une  personne  de  sa  condition.  Le  juge  le  fit 
cruellement;  mais  jamais  le  saint  martyr  ne  prononça  au- 
parole  de  murmure ,  il  ne  lui  échappa  jamais  aucun  mouve- 
ment d'impatience.  Les  bourreaux  se  lassèrent  plus  tôt  de  fouetter 
que  lui  de  souffrir.  On  le  mit  ensuite  sur  le  chevalet  :  on  le  dé- 
chira arec  des  ongles  de  fer  jusqu'à  lui  découvrir  les  côtes  ;  presque 
tous  ses  membres  furent  disloqués,  et,  au  milieu  des  douleurs 
qu'il  souffrait,  il  montrait  plus  de  joie  que  s'il  eût  été  assis  à  un 
festin  ou  élevé  aux  plus  grands  honneurs  de  la  terre. 

Le  juge ,  honteux  de  se  voir  vaincu  par  un  paysan ,  et  ne  vou- 
lant point  avouer  la  puissance  du  Dieu  des  chrétiens,  imagina  un 
nouveau  tourment  pour  satisfaire  en  quelque  sorte  ses  prétendues 
divinités,  qu'il  croyait  irritées  par  la  constance  du  saint.  Il  obligea 
Barlaam  de  tenir  la  main  étendue  sur  l'autel  profane  où  les  païens 
avaient  allumé  du  feu;  ensuite  on  lui  mit  de  l'encens  sur  la  main 
avec  des  charbons  ardents,  afin  que  la  douleur  qu'il  ressentirait 
l'obligeât  de  secouer  la  main  pour  faire  tomber  l'encens  avec  le 
feu ,  et  qu'on  eût  quelque  prétexte  de  dire  qu'il  avait  offert  de 
l'encens  aux  idoles  ;  mais  Barlaam  ne  voulut  pas  même  donner 
cette  satisfaction  aux  païens.  Comme  il  craignait  jusqu'à  l'ombre 
du  péché,  et  qu'il  ne  voulait  pas  donner  aux  fidèles  faibles  dans 
la  foi  le  moindre  sujet  de  scandale,  il  aima  mieux  se  laisser  brûler 
la  main  que  de  faire  le  moindre  mouvement  pour  jeter  les  char- 
bons qu'on  avait  mis  dessus.  Dieu ,  content  du  sacrifice  de  Bar- 
laam ,  ne  permit  pas  que  les  hommes  pussent  rien  davantage 
sur  son  corps,  et  le  retira  à  lui  aussitôt  après  le  tourment  qu'il 
venait  de  souffrir,  afin  de  lui  donner  le  rafraîchissement  éternel. 


428       20  novembre.  —  sainte  maxence,  y.  et  m. 


20  novembre.  —  SAINTE  MAXENCE,  vierge  et  martyre. 

—  Avant  le  7e  siècle. 

Si  ce  n'est  pas  ici  une  victime  du  zèle  pour  la  foi ,  c'en  est 
une  au  moins  de  la  pureté  virginale.  En  effet,  sainte  Maxeuce, 
vulgairement  appelée  Maixencc  ou  Messencc ,  naquit  en  Ecosse, 
où  l'on  croit  qu'elle  était  issue  d'un  sang  royal.  Étant  venue  en 
France  pour  accomplir  plus  facilement  le  vœu  qu'elle  avait  fait 
de  garder  la  virginité,  elle  arriva  sur  les  bords  de  la  rivière 
d'Oise ,  entre  Oeil  et  Compiègnc.  Comme  elle  ne  trouvait  point 
de  bateau  pour  la  traverser,  elle  eut  recours  à  son  céleste  Epoux, 
et  l'on  assure  qu'elle  fut  transportée  de  l'autre  côté  par  le  mi- 
nistère des  anges.  Elle  se  crut  alors  en  sûreté  et  à  l'abri  des 
poursuites  de  ceux  qui  la  recherchaient;  aussi,  s'étont  retirée 
dans  un  lieu  solitaire,  elle  commença  à  mener  une  vie  plus 
angélique  qu'humaine.  Toutefois ,  lorsqu'elle  y  pensait  le  moins, 
elle  se  vit  environnée  d'une  troupe  de  soldats  :  c'était  son  fiancé, 
accompagné  de  ses  gens,  qui  l'avait  poursuivie  jusqu'en  France, 
sans  s'inquiéter  du  vœu  qu'elle  désirait  garder.  Un  autre  auteur  pré- 
tend, au  contraire ,  que  c'était  un  de  ces  princes  sarrasins  qui 
vinrent,  au  temps  de  Charles  Martel ,  piller  et  saccager  les  pro- 
>  inces  de  France.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  que  pour  dé- 
fendre sa  virginité,  par  la  résistance  courageuse  et  constante 
qu'elle  opposa  à  ceux  qui  voulaient  lui  faire  violence,  die  mé- 
rita la  palme  du  martyre.  Celui  qui  ne  put  lui  ravir  la  fidélité 
qu'elle  devait  à  son  céleste  Époux,  lui  trancha  la  této  de  son  épée 
ot  s'ôta  ainsi  à  lui-même  le  pouvoir  de  lui  nuire,  en  lui  procurant 
l'immortalité  bienheureuse. 

L'cvêque  de  Senlis,  qui  était  le  plus  voisin  du  lieu  où  Maxcnce 
subit  le  martyre ,  en  releva  la  précieuse  dépouille  et  la  plaça  awc 
honneur  dans  l'église  du  bourg,  qui  était  peu  éloigné  du  théâtre 
de  cette  glorieuse  victoire.  Depuis ,  Ton  a  bâti  une  église  plus 
magnifique  sous  le  nom  de  la  sainte,  et  tout  le  bourg,  qui  se 
trouve  au  passage  de  l'Oise ,  a  été  appelé  Pont-Sainte  Maxence. 
I/on  apprend  d'un  des  continuateurs  de  Frédégaire,  que  le 
culte  de  cette  sainte  était  déjà  établi  nu  septième  siècle  dans 
cette  partie  du  Beauvoisis. 


20  novembre.  —  saint  Edmond,  roi  et  màbt.    429 


20  novembre.  —  SAINT  EDMOND,  roi  et  martyr,  en 

Angleterre.  —  9*  siècle. 

Edmond,  suivant  les  historiens  de  sa  vie,  fut  placé  sur  le  troue 
de  ses  ancêtres  à  l'âge  de  quinze  ans,  et  couronné  le  jour  de 
Noâ  855,  au  château  du  Burum,  sur  le  Stour.  Ses  qualités  mo- 
ndes et  religieuses  en  firent  le  modèle  des  bons  roïs.  On  admirait 
Au»  un  prince  si  jeune  l'aversion  la  plus  décidée  pour  les  flat- 
teurs; il  voulait  voir  de  ses  propres  yeux  et  entendre  de  ses 
jtopres  oreilles,  tant  il  craignait  la  surprise  de  ses  jugements, 
(Infidélité  des  rapports  et  les  manœuvres  des  passions  humaines. 
Toute  son  ambition  était  de  maintenir  la  paix  et  d'assurer  le 
bonheur  de  ses  sujets  ;  de  là  ce  zèle  pour  faire  administrer  la 
justice  avec  intégrité,  et  pour  faire  fleurir  la  religion  et  les 
bonnes  mœurs  dans  ses  États.  Il  fut  le  père  de  ses  sujets ,  et 
mrtout  des  pauvres,  le  protecteur  des  veuves  et  des  orphelins,  le 
soutien  et  l'appui  des  faibles.  Sa  ferveur  dans  le  service  de  Dieu 
rehaussait  l'éclat  de  ses  autres  vertus. 

Il  y  avait  quinze  ans  qu'Edmond  régnait,  lorsqu'il  fut  attaqué 
par  les  Danois.  Hinguar  et  Hubba ,  princes  qui  surpassaient  en 
barbarie  tous  les  pirates  danois,  débarquèrent  en  Angleterre ,  et 
[lassèrent  l'hiver  au  milieu  des  Est-Angles.  Ayant  fait  une  trêve 
ivec  cette  nation,  ils  partirent  dans  l'été  pour  le  Word.  Ils  mirent 
î  feu  et  à  sang  les  provinces  où  ils  passèrent.  Par  un  excès  de 
sage  et  de  cruauté ,  et  encore  plus  par  la  haine  pour  le  nom 
chrétien ,  ils  détruisirent  les  églises ,  les  monastères ,  et  massa- 
crèrent tout  ce  qu'ils  trouvèrent  de  prêtres  et  de  moines.  Edmond, 
comptant  sur  la  foi  des  traités,  avait  cru  ses  sujets  en  sûreté, 
■t  ne  s'était  point  préparé  à  la  guerre.  Mais  comme  il  vit  qu'il 
f  y  avait  rien  de  sacré  pour  les  barbares ,  il  rassembla  ce  qu'il 
>ut  de  troupes,  et  marcha  contre  eux.  11  battit  une  partie  de 
eur  armée ,  près  de  Thetford;  mais  cette  perte  fut  bientôt  ré- 
>arée  :  l'armée  des  infidèles  fut  renforcée  par  de  nouvelles  troupes. 

Edmond ,  qui  était  trop  faible  pour  tenir  la  campagne ,  cl  qui 
îe  voulait  pas  prodiguer  en  pure  perte  le  sang  de  ses  sujets,  se 
•étira  vers  son  château  ,  dans  la  province  de  Suffolk.  Les  bar- 
jares  lui  firent  diverses  propositions,  qu'il  refusa  d'accepter, 
>arce  qu'elles  étaient  opposées  à  la  religion  et  à  la  justice  qu'il 
levait  à  son  peuple   II  aima  mieux  s'exposer  à  la  mort  que  de 


430        20  norembre.  —  s.  fêlix  de  yalois,  coxf. 

trahir  sa  conscience.  Pendant  qu'il  fuyait,  les  inGdèles  l'inves- 
tirent à  Hoxon,  sur  la  Wavenay.  Il  voulut  inutilement  se  cacher  ; 
sa  retraite  fut  découverte  ;  on  le  chargea  de  chaînes ,  et  on  le 
conduisit  à  la  tente  du  général.  On  lui  réitéra  les  propositions 
qu'on  lui  avait  faites  ;  mais  il  répondit  avec  fermeté  que  la  religion 
lui  était  plus  chère  que  la  vie ,  et  qu'il  ne  consentirait  jamais  a 
offenser  le  Dieu  qu'il  adorait. 

Hinguar,  furieux  de  la  réponse  d'Edmond,  le  fit  battre  cruel- 
lement; après  quoi,  ayant  ordonné  de  rattacher  h  un  arbre, 
il  le  Gt  déchirer  à  coups  de  fouet.  Le  saint  roi  souffrit  ce  barbare 
traitement  avec  une  patience  invincible,  et  en  invoquant  le  nom 
sacré  de  Jésus- Christ.  Les  infidèles,  encore  plus  enflammés  de 
rage ,  le  laissèrent  attaché  à  l'arbre ,  et  par  un  amusement  digne 
de  leur  férocité ,  ils  lui  décochèrent  une  grêle  de  flèches ,  dont 
son  corps  fut  bientôt  tout  hérissé.  Enfin ,  il  fut  condamné  par 
Hinguar  à  perdre  la  tête.  C'est  ainsi  qu'il  finit  son  martyre  le 
20  novembre  870.  Les  historiens  de  la  Grande-Bretagne  font 
réloge  le  plus  complet  de  saint  Edmond  ;  ils  relèvent  surtout  sa 
piété,  sa  douceur  et  son  humilité. 


20  novembre.  —  S.  FELIX  DE  VALOIS,  confesseur,  insti- 
tuteur (  avec  S.  JEAN  DE  MATHA  )  DE  l'ordhe  oes 
Tributaires.  —  13e  siècle. 

Félix,  qui  s'appelait  d'abord  Hugues,  était  issu  en  France  de 
la  royale  famille  des  Valois.  Dès  son  jeune  âge,  il  ne  donna  pas 
des  marques  de  peu  d'importance  de  sa  sainteté  future,  et  surtout 
de  sa  charité  compatissante  envers  les  pauvres.  Car,  encore  petit 
enfant,  il  distribuait  de  sa  propre  main  l'aumône  aux  indi- 
gents, comme  l'aurait  fait  une  grande  personne  que  la  maturité  du 
jugement  en  rend  capable.  Un  peu  plus  âgé,  il  avait  coutume 
d'envoyer  aux  malheureux  quelque  chose  des  mets  qu'on  servait 
sur  sa  table ,  et  pour  l'ordinaire  il  régalait  de  ce  qu'il  y  avait  de 
meilleur  les  enfants  des  pauvres  familles.  Arrivé  à  l'adolescence, 
on  le  vit  plus  d'une  fois  se  dépouiller  de  ses  habits  pour  en 
revêtir  ceux  qui  en  manquaient.  Il  obtint  de  son  oncle  Thibauld, 
comte  de  Champagne  et  de  Blois,  la  vie  d'un  condamné  à  mort, 
prédisant  que  cet  homme,  qui  avait  été  jusqu'alors  un  infâme 
assassin ,  deviendrait  bientôt  un  modèle  pour  la  sainteté  de  s» 
mœurs  ;  et  l'événement  prouva  la  vérité  du  témoignage. 


20  novembre.  —  s.  fklix  de  va  loi  s,  conf.       4SI 

Après  une  jeunesse  passée  de  la  manière  la  plus  digne  de 
,  poussé  par  le  désir  de  se  livrer  à  la  contemplation  des 
du  eid ,  Félix  commença  à  songer  à  la  solitude.  Il  voulut 
oins  auparavant  recevoir  les  ordres  sacrés ,  afin  de  s'ôter 
«jpri  toute  espérance  du  trône,  de  la  succession  duquel  il  n'était  pas 
ptt  éloigné  par  suite  des  dispositions  de  la  loi  salique.  Une  fois 
Gfifé  au  sacerdoce,  et  après  qu'il  eut  célébré  sa  première  messe  avec 
taaneoup  de  dévotion,  il  se  retira  presque  aussitôt  dans  un  désert 
flfc,  pratiquant  la  plus  rigoureuse  abstinence,  il  se  nourrissait  de 
tjjfcandance  des  délices  célestes.  C'est  là  qu'il  vécut  pendant  quel- 
années  de  la  manière  la  plus  sainte  avec  saint  Jean  deMatba, 
de  Paris ,  qui  l'avait  cherché  et  trouvé  par  l'effet  d'une 
divine.  Cela  dura  jusqu'à  ce  que,  tous  deux  ayant  reçu 
M  ai  ange  un  avertissement  qui  venait  de  Dieu ,  ils  se  rendirent 
affame  pour  y  obtenir  du  souverain  pontife  une  règle  de  vie  par- 
ticulière. Le  pape  Innocent  III,  qui,  au  milieu  de  la  célébration 
àt i  la  messe,  avait  eu  une  révélation  relative  à  un  ordre  religieux 
à  instituer  pour  le  rachat  des  captifs ,  revêtit  lui-même  les  deux 
saints  d'un  habit  blanc  marqué  d'une  croix  de  deux  couleurs,  et  de 
■  même  forme  que  celui  porté  par  l'ange  qui  lui  était  apparu.  De 
plus ,  à  cause  de  la  triple  couleur  en  laquelle  consiste  cet  habit , 
le  pontife  voulut  que  le  nouvel  ordre  fut  décoré  du  titre  de  la 
Très-sainte  Trinité. 

Félix ,  ayant  obtenu  la  règle  qu'il  demandait  ainsi  que  l'approba- 
tion du  pape  Innocent  111 ,  retourna  à  Cerfroy  dans  le  diocèse  de 
Uèatix,  et  y  agrandit  un  monastère  qu'il  avait  bâti  peu  de  temps 
auparavant  avec  son  compagnon,  et  il  le  fit  chef-lieu  de  l'ordre 
nouveau.  Là  il  rendit  florissante  la  discipline  régulière ,  donna 
les  soins  à  l'institut  de  la  Rédemption  des  captifs ,  et  le  pro- 
pagea avec  une  activité  admirable  dans  les  diverses  contrées  où 
(Pénétrèrent  ses  disciples.  Au  milieu  de  tous  ces  travaux,  Félix  fat 
feverti,  par  un  ange,  de  sa  mort  prochaine.  Ayant  donc  exhorté 
ses  disciples  à  la  charité  envers  les  pauvres  et  les  captifs ,  plein 
if  années  et  de  mérites ,  il  rendit  son  âme  à  Dieu  l'an  de  Jésus- 
christ  1212,  sous  le  pontificat  d'Innocent  III. 


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—*  -«.^, 


21  novembre  —  LA  PBËSEOTATHHf  .Ht  ^ vj >AtfTf  • 

VIERGE.  '  '  **"  **;"". 

Les  parents  nlitpV-iix  ne  manquent  jamais  de  consacrera» 
entants  an  Seigneur  avant  et  après  leur  naissance.  Parmi  la  Jnei 
on  ne  se  contentait  pas  toujours  de  cette  consécration 
quelques-uns  offraient  leurs  enfants  à  Dieu  lorsqu'ils  é_ 

( ;«*s  (iifnut.s  louaient  dans  des bâtiments  dépendants  dn 

et  sen  aient  les  prêtres  et  les  lévites  dans  les  fonctions  de 

saint  ministère.  On  a  un  exemple  de  cette  consécration  api 

dans  la  personne  de  Samuel  et  de  quelques  antres  Jobl  11  y 
ai  ait  au>.si  des  appartements  pour  les  femmes  qui  m 
au  si-i\iee  divin  dans  le  temple.  Du  nombre  de 
turent  Josabcth,  femme  de  JoTada,  et  Anne,  fille  de 

c/i-st  une  aneienne  tradition  que  la  sainte  Vierge, 

enfarier.  fut  solennellement  offerte  à  Dieu  dans  le  temple.  Cest  « 
qui  a  donné,  lieu  a  la  le  te  qu'on  célèbre  aujourd'hui.  On  Fap- 
;,»||r  l'rfseuiation,  et  les  Grecs  lui  donnent  sotrrent  lenm 
X l:nti*t  fie  ta  sainte  f'itrge  dans  te  Temple.  Il  en  atbà   , 
mention  dans  les  plus  aneiens  martvrologes,  ainsi  une  dans  aar  / 


eoiistitution  de  l'empereur  Kmmanuel ,  rapportée  par 

On  a  plusieurs  discours  sur  ertte  fête,  lesquels  ont 

teurs  des  hommes  dignes  de  foi.  Elle  passa  de  la  Gréée  en  Or 

rident,  et  on  la  célébrait  a  .\\i2n011  en  1372.  Trois  ans aprèi. 

il  eu  est  fait  mention  dans  une  lettre  de  Qiartef  V,  roi  de  l*" 

ï'rancc.  si\te-Ouint  ordonna,  en  1585,  qu'on  en  récitât TonVr    « 

l'aus  toute  l"Kjr!ise. 

I.i  eousé'-ration  que  In  sainte  Vierge  flt  d'elle-même  à  Din 
lorsqu'elle  fut  capable  de  se  servir  de  sa  raison,  nous  rappoV 
une  de  nos  obligations  les  plus  étroites  et  les  plus  importante 
Tous  les  théologiens  comienneiit  que  le  premier  usage  an? 
tout  le  monde  doit  faire  de  sa  raison  est  de  tourner  son  caar 
vers  Dieu  par  un  mouvement  d'amour  ;  en  sorte  que,  â  la  fa 
ditiuc  lui  est  alors  dûment  proposée,  comme  il 
enfants  nés  dans  le  christianisme,  il  est  tenu  d'y 

surnaturel  le  meut,  et  de  produire  des  actes  de  foi,  d*   ^ 

et  de  charité.  Lïunc  de  Marie  était  ornée  des  grâces  les  pas 
précieuses,  et.  en  même  temps  qu'elle  était  Yr*^*  fc  l'étonné 


2t  novembre^  —  MtÈSENTAttON  de  la  s.  V.        433 

Inènt  et  des  louanges  de  la  cour  céleste ,  elle  était  aussi  l'objet 
le  plus  distingué  des  complaisances  de  l'adorable  Trinité,  le 
Père  ta  regardant  comme  sa  fille  bien-aimée ,  le  Fils  comme  une 
mère  digne  de  lui ,  et  le  Saint-Esprit  comme  une  épouse  chérie, 
Gomment  donc  le  Seigneur  n'aurait-il  pas  reçu  comme  le  plus 
agréable  des  sacrifices  la  première  présentation  de  la  sainte 
Vferge ,  faite  par  les  mains  de  ses  parents  et  ratifiée  par  elle* 
même  F 

Consacrons-nous  à  Dieu  sous  sa  puissante  protection,  et  on 
union  de  ses  mérites;  veillons  ensuite  sur  nous-mêmes  pour 
eposerver  et  augmenter  la  ferveur  de  notre  consécration  ;  re- 
■ouvelons-la  chaque  jour,  et  tâchons  de  la  rendre  parfaite  de 
,nlus  en  plus.  En  un  mot ,  imitons  Marie  :  elle  fut  la  première 
^qm  ait  levé,  l'étendard  de  la  virginité.  De  là  tant  de  vierges 
«jôi,  à  son  exemple,  se  sont  principalement  consacrées  au  Sei- 
gneur. Mais  inutilement  voudrait-on  embrasser  cet  état,  si  Ton 
n'agissait  point  par  les  mêmes  motifs  que  Marie.  Il  faut  encore 
la  prendre  pour  patronne,  et,  comme  elle ,  aimer  la  prière ,  l'hu- 
milité, la  modestie,  le  silence  et  la  retraite.  «  Marie,  dit  saint 
Ambroise,  ne  désirait  point  converser  même  avec  les  autres 
vierges:  elle  avait  pour  compagnie  les  saintes  pensées;  elle  n'é- 
tait jamais  moins  seule  que  quand  elle  paraissait  l'être.  Pour- 
rait-on en  effet  regarder  comme  seule  celle  qui  avait  avec  elle 
tant  de  livres  pieux ,  tant  d'archanges ,  tant  de  prophètes  ?  Elle 
fut  troublée  en  voyant  l'ange  Gabriel,  non  pour  n'être  pas 
accoutumée  à  converser  avec  les  anges ,  mais  parce  qu'il  se  fai- 
sait voir  à  elle  sous  la  forme  d'un  homme...  Nous  pouvons 
juger  de  là  combien  ses  yeux  et  ses  oreilles  étaient  chastes.  » 

Marie  vécut  dans  la  retraite  jusqu'au  temps  où  elle  épousa 
saint  Joseph.  Quelques-uns  ont  jensé  qu'elle  n'avait  été  que 
fiancée  ;  mais  on  doit  conclure ,  des  raisons  alléguées  par  les 
Pères,  qu'il  y  eut  un  véritable  mariage.  Voici,  d'après  saint  Jé- 
rôme ,  les  principales  de  ces  raisons  :  1°  Il  était  démontré,  par  la 
généalogie  de  Josoph,  que  Marie  descendait  de  la  tribu  de  Juda  ; 
2°  Marie,  étant  mariée,  n'était  plus  exposée  à  être  lapidée  par 
les  Juifs,  comme  adultère,  lorsqu'elle  deviendrait  mère;  3" 
destinée  à  fuir  en  Egypte,  elle  trouvait  dans  un  époux  un  con- 
solateur et  un  appui.  «  Le  martyr  saint  Ignace ,  dit  saint  Jé- 
rôme, ajoute  une  quatrième  raison  :  c'est  que  Dieu  voulait  que 
la  naissance  de  son  Fils  frit  cachée  au  démon.  »  Voici  comment 

VILS  DKS  «\I.\TS.   —  T     H.  37 


4.14  i'I  mwnnhrv    —  SAI>T  (IKI.ask  irr,  PAP*. 

s'ex  prime  ce  l»èro  apostolique  :  «  Trois  mystères  que  Oicu  n 
opérés  (Lins  le  silence,  ont  c>lc'î  cachés  au  prince  du  monde  :  In 
virginité  do  Marie,  l'enfantement  de  son  Fils,  la  niort  du 
Soigneur.  «  Ce  n'était  pas  que  Dieu  craignît  des  obstacle*  à  l'exé- 
cution de  ses  desseins,  mais  il  voulut  que  ces  miracles  s'opé- 
rassent en  silence,  sans  pompe  et  sans  éclat,  afin  de  triom- 
pher plus  efficacement  de  l'orgueil  et  de  l'enfer,  le  démon 
sYmprcssant  lui-même  de  concourir  au  mystère  do  la  Croix. 


21  novembre   -     SAINT  (itiLASK  Ier,  PAPE.  —  5*  siede. 

(iélase,  originaire  d'Afrique,  mais  né  à  Rome,  succéda  en 
402 ,  sur  lu  chaire  de  Saint-Pierre ,  au  pape  Félix  II  ou  Félix  III. 
Jl  gouverna  l'figliso  pendant  quatre  ans  huit  mois  et  dix-huit 
jours ,  joignant  au  savoir  et  à  une  coiuiaissance  parfaite  des  cou- 
tumes et  des  usages  ecclésiastiques  une  grande  pureté  de  moeurs, 
une  humilité  profonde ,  une  vie  austère  et  une  libéralité  peu 
commune  pour  les  pauvres,  (le  saint  pontife  fit  encore  paraître 
autant  de  prudence  que  de  fermeté  pour  le  maintien  ou  le  réta- 
blissement de  Tordre  et  de  la  discipline.  11  défendit  avec  force 
la  primauté  du  Siège  apostolique  dans  plusieurs  de  ses  lettres ,  * 
et  dans  le  concile  qu'il  tint  à  Home.  Il  Ut  voir  que,  depuis  l'éta- 
blissement du  christianisme,  ce.  siège  «vait  pris  soiu  de  toutes 
les  églises  du  monde ,  et  (prou  n'appelait  point  de  ses  jugements 
aune  attire  église.  Sans  cesse  il  rappelait  les  règles  anciennes , 
celles  surtout  qui  regardaient  les  ministres  de  la  religion.  11  veut 
qu'on  fasse  quatre  parts  des  revenus  de  chaque  église  :  une  pour 
l'évéquc,  une  pour  le  clergé,  la  troisième  pour  11*  pauvres,  la 
quatrième  pour  la  fabrique.  Ou  voit  par  les  lettres  de  «tint  In- 
nocent premier,  de  saint  Ce  lest  in  et  de  saint  fjéon,  que  l'Église 
romaine  avait  nu  recueil  de  messes  écrites  avant  (iélase.  lie  saint 
pope  en  fit  sans  doute  la  Ikisc  de  son  Sucramentalrt,  recueil  pré- 
cieux où  Ton  retrouve  une  partie  notable  des  cérémonies  et  des 
prières  encore  eu  usage  dans  l'ftglisc  d'aujourd'hui.  f«o  fut  en 
■l!M  (pie  (iélase  tint  à  Home  un  concile  composé  de  soixante-dix 
éwques,  dans  lequel  il  publia  le  célèbre  décret  qui  contient  le 
catalogue  des  livres  canoniques  de  rftcriltitv,  avec  un  autre 
catalogue  des  Pères  orthodoxes  et  un  troisième  des  livres  apo- 
cryphes des  derniers  sont  de  deux  sorles  :  les  uns  sout  entière* 


21  novembre.  —  saint  colombân,  abbé.  43i 

meut  forgés;  les  autres  contiennent  des  faits  vrais,  et  sont 
utiles  en  plusieurs  choses  ;  mais  il  y  a  des  choses  fausses  et  des 
erreurs.  11  faut  en  conséquence  les  lire  avec  précaution ,  ou  du 
moins  les  exclure  du  canon  des  saintes  Écritures.  —  Saint  Gélase 
mourut  en  496,  le  21  novembre. 


21  novembre.  —  SAINT  COLOMBAN,  abbé. 

—  7e  siècle. 

dlomban,  ou  Colomb,  naquit  en  Irlande.  Sa  mère,  qui  avait 
beaucoup  de  piété ,  réleva  avec  un  si  grand  soin ,  qu'elle  ne  le 
perdait  pas  de  vue ,  de  peur  que  le  démon  ne  se  servît  de  détours 
ou  des  exemples  des  autres  pour  lui  corrompre  le  cœur.  Co- 
fomban  s'appliqua  aux  sciences  dès  sa  jeunesse,  et  y  fit  de  grands 
progrès  ;  mais ,  voyant  que  la  volupté  l'assiégeait  de  toutes  parts 
et  lui  dressait  des  pièges  d'autant  plus  dangereux  qu'il  avait  du 
côté  de  l'esprit  et  du  corps  tout  ce  qui  peut  rendre  un  jeune 
homme  aimable,  il  quitta  son  pays,  contre  la  volonté  de  sa 
mère,  et  alla  se  mettre  sous  la  discipline  du  vénérable  Silène, 
solitaire  aussi  recommandable  par  sa  science  que  par  sa  piété. 

A  Tâge  de  treize  ans ,  il  vint  en  France  avec  quinze  religieux , 
et  se  retira  dans  les  déserts  des  Vosges  avec  ceux  qui  raccom- 
pagnaient. Il  s'arrêta  d'abord  dans  un  lieu  nommé  Anegrai, 
et  y  pratiqua  avec  ardeur  les  exercices  de  ta  vie  monastique. 
Comme  le  lieu  était  stérile ,  le  saint  et  ses  disciples  y  souf- 
frirent beaucoup  ;  mais  Dieu ,  qui  n'abandonne  jamais  ceux 
qui  sont  pleins  de  foi  en  sa  providence,  leur  envoya  des  se- 
cours qu'ils  n'attendaient  pas  et  qui  rendirent  leur  vie  un  peu 
pfïis  commode  sans  la  rendre  moins  pénitente.  Il  eut  bientôt 
un  grand  nombre  de  disciples  qui  suivirent  avec  zèle  la  sain- 
teté de  ses  exemples,  en  sorte  qu'outre  le  monastère  d' Anegrai 
il  fut  obligé  d'en  bâtir  encore  deux  autres,  celui  de  Luxeuil 
et  celui  de  Fontaines.  Il  composa  une  règle  pour  ses  disciples , 
et  voulut  particulièrement  qu'ils  fussent  assidus  à  la  prière  pu- 
blique et  qu'ils  travaillassent  des  mains. 

11  choisit  Luxeuil  pour  sa  demeure  ordinaire  ;  mais  de  temps 
en  temps  il  se  retirait  dans  le  désert  pour  y  vaquer  plus  libre- 
ment à  l'oraison,  et  s'animer  avec  plus  d'ardeur  au  désir  du 
ciel. 


'ir,(i         22  novembre.  —  b.unte  ckcile,  v.  et  M. 

\à\  hardiesse  avec  laquelle  il  reprenait  le  roi  Thierry  de  ses 
déhanches,  lui  avait  attira  la  haine  de  Brunehault,  dont  ce 
prince  était  petit-tils  I*c  saint  étant  un  jour  allé  à  la  cour  pour 
quelque  affaire  nécessaire,  Bmnehault  lui  présenta  les  enfants 
naturels  de  Thierry ,  afin  qu'il  leur  donnât  sa  bénédiction  ;  mais , 
Colomban  l'ayant  refusée ,  cette  princesse  résolut  de  le  perdre. 
Pour  le  faire  avec  plus  d'éclat ,  elle  tâcha  d'engager  dans  sa  pas- 
sion tous  les  grands  du  pays,  et  même  les  évéques.  Colomban , 
obligé  de  céder  à  la  persécution ,  traversa  toute  la  France ,  et 
passa  dans  les  États  de  Théodehcrt ,  sur  les  bords  du  Rhin , 
Où  il  convertit  beaucoup  de  peuples  barbares.  Il  mourut  à  Bobbio 
en  Italie,  Tan  G15  do  Jésus-Christ. 


22  novembre.  —  SAINTE  CÉCILE,  vierge  et  martyre. 

—  5e  siècle. 

Le  nom  de  sainte  Cécile  a  toujours  été  fort  célèbre  dans 
l'Église  ;  il  fut  inséré  dans  le  Canon  de  la  messe  dès  les  pre- 
miers temps  du  christianisme.  On  le  lit  dans  les  sacramentaires 
et  les  calendriers  les  plus  anciens.  Les  mêmes  monuments  font 
également  mention  des  saints  Valérien,  Tiburce  et  Maxime,  qui 
souffrirent  le  martyre  avec  la  servante  de  Dieu.  Sainte  Cécile 
était  Romaine  et  issue  d'une  famille  noble.  Elle  fut  élevée  dans 
les  principes  de  la  religion  chrétienne ,  et  elle  en  remplit  tou- 
jours les  devoirs  avec  la  plus  parfaite  fidélité.  Elle  fit  vœu  dans 
sa  jeunesse  de  rester  vierge  toute  sa  vie;  mais  ses  parents  l'o- 
bligèrent a  entrer  dans  l'état  du  mariage.  Celui  qu'on  lui  donna 
pour  époux  était  un  jeune  seigneur  nommé  Valérien,  qu'elle 
gagna  à  Jésus-Christ ,  en  le  faisant  renoncer  à  l'idolâtrie.  Peu  de 
temps  après,  elle  convertit  aussi  Tiburce,  son  beau-frère,  et  uo 
officier  nommé  Maxime.  Valérien ,  Tiburce  et  Maxime  furent 
arrêtés ,  comme  chrétiens ,  et  condamnés  à  mort.  Cécile  rem- 
porta la  couronne  du  martyre  quelques  jours  après. 

Les  actes  de  ces  saints  les  font  contemporains  du  pape  Ur- 
bain 1er,  et  mettent  conséquemment  leur  martyre  vers  Tan  230, 
sous  Alexandre  Sévère.  A  la  vérité ,  cet  empereur  était  favorable 
aux  chrétiens;  mais  cela  n'empêcha  pas  que  les  païens  n'en  fissent 
mourir  un  grand  nombre  sous  son  règne,  soit  dans  des  émeutes 
populaires,  soit  par  la  minuté  des  premiers  magistrats.  IMpien, 


22  novembre.  —  sainte  Cécile,  v.  et  m.  437 

qui  dans  ce  temps  exerçait  la  fonction  de  premier  ministre, 
se  montra  l'ennemi  déclaré  du  christianisme,  et  le  persécuta 
jusqu'à  sa  mort.  Il  fut  assassiné  par  la  garde  prétorienne ,  qu'il 
commandait.  D'autres  mettent  le  martyre  de  sainte  Cécile  et  de 
ses  compagnons  sous  Marc-Aurcle,  entre  les  années  176  et 
180.  Les  corps  de  ces  saints  furent  enterrés  dans  le  cimetière 
de  Calixte,  lequel  prit  depuis  le  nom  de  Sainte-Cécile. 

Il  y  avait  à  Rome,  dans  le  cinquième  siècle,  une  église 
dédiée  sous  l'invocation  de  cette  sainte ,  et  dans  laquelle  le  pape 
Symmaquc  tint  un  concile  en  500.  Cette  église  tombant  en 
ruine,  le  pape  Pascal  Ier  la  fît  rebâtir.  11  désespérait  d'abord 
de  trouver  le  corps  de  la  sainte.  On  pensait  que  les  Lombards, 
qui  avaient  enlevé  plusieurs  corps  saints  des  cimetières  de  Rome 
lorsqu'en  755  ils  assiégèrent  cette  ville ,  n'avaient  point  épargné 
celui  de  sainte  Cécile;  mais  on  rapporte  que  le 'pape,  assistant 
un  dimanche  à  matines  dans  l'église  de  Saint- Pierre,  s'en- 
dormit et  eut  un  songe  dans  lequel  il  apprit  de  sainte  Cécile 
elle-même  que  les  Lombards  avaient  inutilement  cherché  son 
corps ,  et  qu'ils  n'avaient  pu  le  trouver.  On  le  découvrit  dans  le 
cimetière  qui  portait  le  nom  de  la  sainte.  Il  était  enveloppé  dans 
une  robe  d'un  tissu  d'or,  et  on  trouva  aux  pieds  des  linges  teints 
de  son  sang.  Le  corps  de  Valérien  était  avec  celui  de  sainte 
Cécile.  Le  pape  les  transféra  dans  la  nouvelle  église  avec  ceux 
de  saint  Tiburce ,  de  saint  Maxime  et  des  saints  papes  Urbain 
et  Luce,  qui  reposaient  dans  le  cimetière  de  Prétextât,  atte- 
nant à  celui  de  notre  sainte  et  également  situé  sur  la  voie  Ap- 
pienne.  Cette  translation  se  fît  en  82 1 . 

Le  pape  Pascal  fonda  en  l'honneur  de  ces  saints  un  mo- 
nastère près  de  l'église  de  Sainte-Cécile ,  afin  que  l'office  pût 
s'y  célébrer  nuit  et  jour.  Il  orna  cette  église  avec  beaucoup  de 
magnificence ,  et  y  fit  de  riches  présents.  Sur  un  des  ornements 
était  représenté  un  ange  couronnant  sainte  Cécile ,  saint  Valérien 
et  saint  Tiburce.  Cette  église  est  un  titre  de  cardinal-prêtre.  Elle 
fut  rebâtie  par  le  cardinal  Paul-Émilc  Sfondrate ,  neveu  du  pape 
Grégoire  XIV,  et  décorée  avec  une  richesse  qui  étonne  les  spec- 
tateurs. On  retira  les  reliques  de  nos  saints  de  dessous  le  grand 
autel ,  pour  les  mettre  dans*  un  magnifique  caveau ,  connu  au- 
jourd'hui sous  le  nom  de  Confession  de  Sainte -Cécile.  Outre 
cette  église,  il  y  en  a  encore  deux  autres  à  Rome,  qui  sont 
dédiées  sous  l'invocation  de  sainte  Cécile. 

37. 


•138  23  novembre.  —  s.  clément  ,  p.  et  m. 

Nous  apprenons,  des  actes  de  sainte  Cécile,  qu'enchantant  les 
louanges  du  Seigneur,  elle  joignait  souvent  la  musique  instru- 
mentale à  la  musique  vocale.  C'est  pour  cela  que  les  musiciens 
ont  choisi  cette  sainte  pour  patronne.  Il  est  certain  qu'on  peut 
faire  servir  la  musique  au  culte  divin  :  les  psaumes  et  les  can- 
liques  répandus  dans  les  livres  saints,  la  pratique  des  Juifs,  celle 
des  Chrétiens ,  ne  permettent  pas  d'en  douter. 


23  nocemùre.  —  SAINT  CLEMENT,  pape  et  martyr. 

—  1er  siècle. 

Clément,  fils  de  Faustinus,  du  quartier  du  mont  Cœtius, 
cirait  Romain  et  disciple  de  saint  Pierre.  C'est  de  lui  que  parle 
saint  Paul,  quand  il  écrit  dans  son  épltre  aux  Philippiens  : 
«  Cher  compagnon  de  mes  travaux ,  je  vous  en  prie ,  aidez 
les  personnes  qui  ont  travaillé  avec  moi  pour  F  Évangile,  avec 
Clément  et  les  autres  qui  ont  été  mes  coadju leurs,  et  dont  les 
noms  sont  écrits  dans  le  livre  de  vie  (1).  »  Celui-ci,  devenu  pape. 
partagea  les  sept  régions  de  la  ville  de  Rome  à  sept  notaires, 
à  chacun  desquels  il  eu  assigna  une,  pour  qu'ils  missent  par 
écrit  les  combats  et  les  souffrances  des  martyrs  ainsi  quo  tous  leurs 
actes ,  après  avoir  fait  dans  ce  but  avec  le  plus  grand  soin  toutes 
les  recherches  nécessaires.  II  a  laissé  lui-même  beaucoup  d'écrits 
qui,  par  le  soin  qu'il  y  a  mis,  sont  avantageux  à  la  religion 
chrétienne ,  que  leur  auteur  a  ainsi  glorifiée.  Aussi  par  son  en- 
seignement et  la  sainteté  de  sa  vie,  qui  leur  servait  d'exemple, 
comme  il  avait  converti  beaucoup  de  personnes  à  la  foi  chré- 
tienne ,  il  fut  relégué  par  l'empereur  Trajan  au  delà  de  la  mer 
du  Pont,  dans  la  ville  abandonnée  de  Chersone,  où  il  retrouva 
deux  mille  chrétiens  que  le  même  empereur  y  avait  exilés. 
Pendant  que  ces  derniers,  condamnés  en  ces  lieux  à  extraire  et 
à  scier  des  marbres,  souffraient  du  manque  d'eau,  Clément,  ayant 
fait  sa  prière,  monta  sur  une  colline  voisine  au  sornmet  de  laquelle 
il  aperçut  un  agneau  indiquant  de  son  pied  droit  une  fontaine 
d'eau  douce  qui  sortait  de  terre.  Tous  ceux  qui  se  trouvaient 
là  y  étanchèrent  leur  soif,  et  beaucoup  d'infidèles,  que  ce  mi- 
racle convertît  à  la  religion  chrétienne ,  commencèrent  à  mon- 
trer de  la  vénération  pour  la  sainteté  de  Clément. 

<«)  Saint  Paul,  aux  l'hilipp. .  IV,  s. 


23  novembre.  —  s.  amphiloqui  ,  Év.  439 

Troublé  par  le  récit  de  pareils  faits ,  Trajan  envoya  dans  cette 
contrée  des  bourreaux  pour  y  jeter  Clément  à  la  mer,  après  lui 
avoir  attaché  une  ancre  au  cou.  Mais  lorsque  cet  ordre  fut  exé- 
cuté ,  les  chrétiens  s'étant  mis  à  prier  sur  le  rivage ,  la  mer  se 
retira  à  trois  milles  de  là ,  et  en  s'approchant  les  fidèles  trouvé' 
rent  une  petite  construction  de  marbre  disposée  en  forme  de 
temple,  et  au  dedans  une  pierre  creusée  qui  renfermait  le  corps- 
du  martyr ,  puis  tout  auprès  l'ancre  avec  laquelle  il  avait  été 
submergé.  Les  habitants  du  lieu ,  touchés  de  ce  miracle ,  em- 
brassèrent la  foi  de  Jésus-Christ.  Quant  au  corps  de  saint  Clé- 
ment, transporté  dans  la  suite  à  Rome,  sous  le  pontificat  de 
Nicolas  Ier,  il  fut  déposé  dans  la  basilique  qui  porte  le  nom  du 
martyr.  Une  église  fut  bâtie  sous  son  invocation  à  rendrait  où 
avait  jailli  la  source  miraculeuse.  Saint  Clément  souffrit  le  mar- 
tyre vers  la  fin  du  premier  siècle,  après  avoir  occupé  plus  de 
neuf  ans  le  suprême  pontificat. 


2*  novembre.  —  SAINT  AMPHILOQUE,  évêqub    d  Icône. 

—  4e  siècle. 

Amphiloque1  célèbre  dans  l'Église  du  quatrième  siècle,  était 
originaire  de  Cappadoce.  11  étudia  la  rhétorique  et  le  droit.  Il 
plaida  depuis  avec  succès ,  et  se  fit  estimer  par  sa  grande  probité. 
Plus  tard  il  exerça  les  fonctions  de  juge  et  se  lia  étroitement 
avec  saint  Grégoire  de  Naziauze,  lorsque  celui-ci  lui  recom- 
manda les  affaires  de  plusieurs  de  ses  amis.  Ce  fut  sur  ses  avis 
qu'il  résolut  de  quitter  le  palais  pour  aller  servir  Dieu  dans  la 
retraite.  Il  choisit  pour  sa  demeure  une  solitude  dans  le  quartier 
d'Ozizale  en  Cappadoce,  où ,  sans  négliger  les  soins  qu'il  devait 
à  un  père  infirme  et  fort  âgé ,  il  s'occupait  de  la  prière  et  de  l'é- 
tude. Il  paraît  qu'il  cultivait  aussi  un  jardin,  car  on  voit  qu'il  en 
envoyait  des  fruits  et  des  légumes  à  saint  Grégoire,  qui,  de  son 
coté ,  avait  le  soin  de  lui  fournir  du  blé ,  parce  qu'il  n'en  crois- 
sait pas  dans  le  canton  d'Ozizale.  Amphiloque  était  dès  lors 
étroitement  uni  à  saint  Basile,  et,  dès  que  ce  saint  eut  été  élevé 
sur  le  siège  de  Césarée ,  il  aurait  été  vivre  avec  lui  sans  deux 
obstacles  :  le  premier  était  le  besoin  continuel  que  son  père  avait 
de  sa  présence,  et  l'autre,  la  crainte  que  son  ami  ne  voulût 
l'engager  dans  le  ministère  ecclésiastique. 

Mais  Dieu,  qui  l'y  appelait,    le  conduisit  à  la  dignité  qu'il 


4*0  23  novembre.  —  s.  amphiloque,  év. 

minutait,  par  àvs  voits  contre  lesquelles  il  ne  s'avisa  pas  de 
se  précautionner.  Il  ne  pensait  à  rien  moins  qu'à  l'épiscopat, 
lorsque  la  Providence  l'attira  à  Iconc  dans  un  temps  que  le 
siège  de  cette  ville  était  vacant.  Ix;  peuple  et  le  clergé  l'élurent 
tout  d'une  voix  pour  remplir  cette  place.  Àmplûloquc,  étonné 
de  cet  événement ,  ne  pensait  qu'à  fuir  pour  éviter  le  fardeau 
qu'on  voulait.  lui  imposer  ;  mais  Dieu  lui  <ka  tous  les  moyens 
(l'exécuter  son  dessein ,  et  il  fut  obligé  de  prendre  soin  d'un 
peuple  qui  le  souhaitait  si  ardemment.  Encouragé  par  les  lettres 
<le  Basile ,  il  se  livra  tout  entier  aux  besoins  de  son  diocèse  et 
de  l'Eglise  universelle. 

L'an  381,  il  se.  trouva  un  second  concile  œcuménique  assemblé 
il  ( Constant innplc  par  les  soins  de  Théodose,  pour  tâcher  de  ré- 
tablir l'unité  de  la  foi  catholique,  dans  l'Orient.  Deux  ans  après, 
(>ct  empereur,  qui  travaillait  sérieusement  à  la  paix  de  l'Église, 
crut  que  le  moyen  le  plus  propre  pour  terminer  les  disputes  sur 
la  religion  était  d'assembler  encore  à  Constantinoplc  les  chefs  des 
différents  partis  qui  divisaient  l'Église.  Il  les  convoqua  pour  le 
mois  de  juin  de  l'an  383  :  presque,  tous  répondirent  à  son  appel. 

Avant  que  celte  assemblée  commençAt,  Amphiloque  fit  dans 
Je  palais  de  l'empereur  une  action  d'éclat  qui  fut  très-avantageuse 
a  la  religion.  Les  Ariens,  quoique  privés  de  leurs  églises  à  Cons- 
tantinoplc, ne.  laissaient  pas  d'y  être  en  grand  nombre  et  de- 
voir de  puissants  prolecteurs  à  la  cour  de  Théodose.  Ce  fut  dans 
cette  conjoncture  qu1  Amphiloque  vint  trouver  l'empereur,  pour 
obtenir  de  lui  qu'il  fut  défendu  aux  ennemis  de  la  divinité  de 
.lésus-Christ  de  tenir  des  conciliabules  en  quelque  endroit  que 
ce  frit.  I /empereur,  qui,  deux  ans  auparavant,  avait  fait  des 
lois  pour  les  défendre  dans  les  villes,  trouva  qu'il  était  trop' 
dur  de  les  défendre  aussi  à  la  campagne ,  et  refusa  d'abord  la 
demande  d' Amphiloque.  Le  saint  évéque,  sans  se  rebuter,  re- 
vint au  palais,  quelques  jours  après ,  pour  saluer  l'empereur.  Il 
lui  rendit,  les  respects  ordinaires  comme  faisaient  les  évéques 
ses  confrères;  mais  il  n'en  rendit  aucun  au  jeune  Arcade,  nou- 
vellement associé  à  l'empire,  quoique  ce  prince  fut  auprès  de 
son  père  et  que  tous  les  autres  évoques  fissent  les  cérémouics 
accoutumées  en  pareille  occasion  :  Théodose  crut  qu'il  n'y  pen- 
sait pas,  et  l'avertit  de  saluer  son  fils.  Amphiloque  s'approcha 
d'Arcade  el  lui  fit  quelques  caresses,  mais  seulement  du  bout 
du  doigt,  comme  il  aurait  pu  faire  à  un  enfant  ordinaire,  et 


24  novembre.  —  saint  bénigne,  kv.  de  du  on,    441 

se  contenta  de  lui  souhaiter  le  bonjour.  Le  père  lui  ayant  fait 
entendre  qu'on  devait  avoir  pour  son  Gis  le  respect  dil  à  la  di- 
gnité royale ,  puisqu'il  était  déclaré  auguste  :  Seigneur,  lui  dit 
Amphiloque,  c'est  assez  que  je  me  sois  acquitté  de  ce  qui  est 
êû  à  l'empereur ,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'honorer  encore  son 
fils.  Théodose,  irrité  de  l'injure  qu'il  croyait  être  faite  à  Ar- 
cade, commanda  qu'on  chassât  l'évêque  de  son  palais.  On  le 
poussait  déjà  pour  le  faire  sortir,  lorsque,  se  tournant  vers  l'em- 
pereur, il  lui  dit  d'un  ton  de  voix  fort  élevé  :  Vous  ne  pouvez 
souffrir  qu'on  méprise  votre  fils;  vous  vous  emportez  même 
contre  ceux  qui  ne  rendent  pas  à  son  rang  ce  qui  est  dû  :  ne 
doutez  donc  pas  que  Dieu  n'ait  en  horreur  ceux  qui  refusent  de 
rendre  à  son  Fils  unique  les  mêmes  honneurs  qu'à  lui.  Théodose 
comprit  aussitôt  lés  raisons  de  la  conduite  d' Amphiloque ,  et , 
pour  marquer  combien  ee  trait  d'esprit  faisait  impression  sur 
lui,  il  fit ,  en  la  présence  de  toute  sa  cour,  des  excuses  au  saint 
évêque ,  et  porta  une  loi  qui  défendait  aux  hérétiques  de  tenir 
des  assemblées  dans  les  lieux  publics  ou  dans  les  maisons  parti* 
culières. 

Amphiloque  employa  le  reste  de  ses  jours  à  instruire  son 
peuple  et  à  combattre  les  hérétiques  par  ses  prédications  et  par 
ses  écrits.  On  croit  qu'il  mourut  vers  l'an  394. 


24  novembre.  — S.  BÉNIGNE,  evêque  de  Dijon,  martyr. 

—  2e  siècle. 

Bénigne,  apôtre  de  la  Bourgogne,  disciple  du  bienheureux 
Polyearpe,  évêque  de  Smyrne ,  fut  ordonné  prêtre  par  ce  saint 
pontife ,  et  envoyé  pour  prêcher  l'Évangile  dans  la  Gaule  avec 
le  prêtre  saint  Andoche  et  le  diacre  saint  Thyrse.  Étant  arrivés 
à  Autun,  ils  furent  reçus  avec  toutes  sortes  d'égards  par  Faustc, 
frère  de  Léonille,  dame  de  Langrcs.  Ce  Fauste  était  noble  et 
chrétien  ;  mais  la  crainte  de  la  persécution  l'empêchait  de  faire 
profession  publique  de  la  foi.  Ces  saints  missionnaires  convertirent 
à  Autun  beaucoup  d'idolâtres ,  autant  par  l'exemple  de  leurs 
vertus  que  par  leurs  instructions  et  leurs  miracles.  Entre  ceux 
qu'ils  amenèrent  à  la  foi  il  faut  distinguer  Symphorien,  fils  de 
Fauste,  qui  avait  alors  seulement  trois  ans,  et  que  depuis  la 
gloire  du  martyre  a  rendu  célèbre.  Bénigae  l'enfanta  à  Jésus- 


442   24  novembre*  —  saint  béniunk,  év.  de  zhjon. 

Christ  par  In  grâce  du  baptême;  ensuite  laissant  ses  compagnons. 
à    Autun,  il  se  rendit  à  Langres.  Il  consacra  cette  ville  au 
Seigneur  en  lui  offrant  comme  prémices  les  trois  frères  jumeaux 
Speusippc,  FJéosippe  et  Mélasippe,  qu'il  baptisa,  secondé  par  les. 
efforts  de  liéonille,  leur  aïeule.  Enfhi,  après  avoir  opéré  dans  la 
ciré  de    L/mgrcs  un  grand  nombre  de  conversions,  Bénigne 
vint  à  Dijon,  à  peu  près  dans  le  temps  où  l'empereur  Marc*  AurèJe 
y  arrivait  pour  examiner  les  nouveaux  remparts  qu'on  avait 
construits  par  ses  ordres.  Déjà  le  saint  avait,  par  ses  travaux  as- 
sidus, produit  des  fruits  abondants  et  gagné  bien  des  Ames  à  Dieu  ; 
déjà  il  avait  rassemblé  une  église  nombreuse  qu'il  éclairait  de  la 
lumière  évangélique,  nourrissait  de  la  parole  divine ,  et  formait 
aux  vertus  chrétiennes.  Tant  de  succès  furent  pour  les  païens  la 
cause  d'une  haine  violente,  et  l'empereur  ordonna  qu'on  re- 
cherchât Bénigne.  Il  fut  trouvé  près  de  Dijon.  On  se  saisît  de  lui, 
on  ramena  enchaîné  devant  le  tribunal,  où  il  subit  un  interro- 
gatoire. Tous  les  moyens  furent  employés  pour  le  foire  renoncer 
h  la  foi,  les  douces  paroles  aussi  bien  que  les  menaces.  Mais  les 
artifices  des  persécuteurs  se  trouvant  inutiles,  le  généreux  apôtre 
fut  condamne  d'abord  à  être  frappé  avec  des  nerfs  très-durs, 
ensuite  à  être  suspendu  par  des  cordes  et  tiré  violemment  par 
tous  les  membres.  Au  milieu  de  ces  tourments,  il  priait  Dieu  en 
ces  termes  :  *  Je  cous  rends  grâce,  Seigneur  Jésus-Christ,  de 
ve  que  fai  eu  te  bonheur  de  souffrir  pour  votre  nom,   * 
? /empereur,  irrité  d'un  tel  courage,  lit  renfermer  dans  une  tour 
l'invincible  athlète  du  Christ.  Là  des  bourreaux  s'armèrent  contre 
lui  d'tme  nouvelle  fureur.  Ils  lui  mirent  les  pieds  dans  une  pierre 
creusée  et  les  scellèrent  avec  du  plomb  fondu.  Ensuite  ils  l'expo- 
sèrent à  des  chiens  affamés,  qui  oublièrent  alors  la  faim  qui 
les  dévorait,  et,  respectant  la  sainteté  du  serviteur  de  Dieu,  ne 
lui  firent  aucun  mal.  Mare-Aurèle,  qui  en  fut  informé,  ordonna 
qu'on  meurtrit  la  t<*te  et  le  cou  du  martyr  avec  des  barres  de  fer, 
et  qu'on  pcrcAt  son  corps  de  part  en  part  avec  des  lames  enfon- 
cées dans  les  flancs,  ce  qui  fut  exécuté  vers  Tau  179.  L'illustre 
liéonillc,  qui  survint  par  la  permissiou  de  Dieu,  embauma  le 
saint  corps,  et  l'ensevelit  non  loin  de  la  prison. 


24  novembre.  —  s.  sévebin  ,  solitaire,  443 


24  novembre.  —  S.  CHRYSOGONE,  ha&tyb.  —  3e  siècle. 

Chrysogone,  mis  en  prison  a  Rome  sous  le  règne  de  Dioctétien, 
y  vécut,  pendant  l'espace  de  deux  ans,  des  ressources  que  lui  faisait 
parvenir  sainte  Anastasie.  Comme  celle-ci  était  maltraitée  elle- 
même  à  cause  de  Jésus-Christ,  par  son  mari  nommé  Publius, 
et  qu'elle  demandait  par  lettres  à  Chrysogone  le  secours  de  ses 
prières,  il  lui  donna  des  consolations  dans  les  réponses  qu'il  lui 
adressait.  Lorsque  plus  tard  l'empereur  eut  écrit  à  Rome  pour  faire 
mourir  tous  les  chrétiens  qui  restaient  dans  les  prisons,  il  en 
excepta  Chrysogone,  qui,  sur  sa  demande,  lui  fut  amené  à  Aquflée. 
Lorsqu'il  fut  en  présence  de  Dioctétien  :  «  Je  far  fait  venir, 
Chrysogone,  lui  dît-il,  pour  te  combler  d*  honneurs,  si  toutefois 
tu  te  décides  à  adorer  les  dieux.  —  Pour  moi,  répondit  le 
saint,  j'adore  intérieurement  et  je  prie  Celui  qui  est  vraiment 
Dieu;  mais,  quant  aux  dieux  qui  ne  sont  pas  autre  chose 
que  des  images  des  démons  ,/e  les  hais  et  je  les  exècre.  »  L'em- 
pereur, exaspéré,  par  cette  réponse,  donna  l'ordre  de  le  tuer  à 
coups  de  hache  à  l'endroit  qu'on  appelle  aujourd'hui  la  Lagune 
de  Grao  *,  ce  qui  eut  lieu  le  24  novembre,  vers  l'an  304.  Le 
prêtre  Éoîle  donna  la  sépulture  dans  sa  propre  maison1  au 
corps  du  saint  martyr,  qu'on  avait  jeté  dans  la  mer,  mais  qui, 
peu  de  temps  après  fut  retrouvé  sur  le  rivage. 


24  novembre.  —  S.  SÉVER1N,  solitaire  —  6e  siècle. 

Tout  ce  qu'on  peut  savoir  sur  ce  pieux  solitaire,  qui  faisait  sa 
résidence  ordinaire  à  Paris,  c'est  qu'étant  touché  de  l'amour  de 
Dieu  et  du  désir  de  la  vie  contemplative,  il  se  retira  dans  une 
petite  cellule  assez  près  de  cette  ville.  Il  y  vécut  dans  une  admi- 
rable sainteté  et  dans  un  parfait  détachement  des  choses  du 
monde.  Sa  réputation  devint  si  grande,  que  saint  Cloud,  fils  de 
Clodomir  et  petit-fils  de  Clovis,  se  retira  auprès  de  lui  pour 
être  formé,  dans  une  aussi  sainte  école,  aux  exercices  de  la  vie 
religieuse.  Comme  il  n'avait  dans  son  maître  que  des  exemples 
d'une  vertu  consommée,  il  devint  lui-même  accompli  dans  toutes 
sortes  de  vertus.  Enfin  saiut  Séverin,  se  trouvant  mur  pour  le  ciel, 
y  fut  appelé  par  le  Père  de  famille  pour  recevoir  la  réeom- 


•JM  24  novembre  —  sainte  flore  ,  V.  et  H. 

pense  de  ses  travaux  et  de  sa  longue  pénitence.  Cette  bienheu- 
reuse fin  eut  lieu  vers  l'an  du  salut  555.  Son  corps  fut  enterré 
dans  la  chapelle  de  son  ermitage  ;  mais,  dans  la  suite  des  temps,  il 
a  été  transféré  dans  la  cathédrale,  c'est-à-dire  à  l'église  de  Notre- 
Dame  de  Paris,  où  on  l'honore  avec  les  reliques  de  plusieurs 
autres  saints  du  même  diocèse. 


24  novembre.  —  SAINTE  FLORE,  vierge  et  martyre. 

—  9e  siècle. 

Flore  naquit  en  Espagne,  près  de  Cordoue,  d'une  mère  chré- 
tienne et  d'un  père  mahométan,  qui  étaient  venus  de  Sévflle  pour 
leurs  affaires.  Ayant  perdu  son  père  lorsqu'elle  était  encore  en- 
fant, sa  mère  put  rélever  dans  l'amour  de  la  vraie  religion.  Dieu, 
parlant  encore  plus  efficacement  que  les  hommes  au  cœur  de  cette 
jeune  fille,  lui  fit  regarder  la  vertu  comme  le  seul  bien  solide  et 
digne  de  ses  désirs  :  dès  l'enfance,  elle  jeûnait  le  carême  et  don- 
nait secrètement  aux  pauvres  ce  qu'elle  recevait  de  sa  mère  pour 
son  dîner.  On  s'en  aperçut  dès  le  premier  carême,  mais  il  était 
déjà  bien  avancé  quand  on  reconnut  cette  pieuse  industrie.  Pour 
se  fortifier  dans  la  pratique  du  christianisme,  elle  se  rendait  de 
temps  à  autre  aux  assemblées  de  ceux  qui  professaient  comme 
elle  cette  divine  religion;  mais  elle  n'osait  y  venir  aussi  souvent 
quVlle  le  désirait,  parce  qu'elle  craignait  son  frère,  qui  était 
mahométan  et  qui  observait  toutes  ses  démarches. 

dépendant,  sa  foi  devenant  plus  vive,  elle  quitta  la  maison  à 
l'insu  de*  sa  mère,  et  se  retira,  avec  une  sœur  qu'elle  avait,  chez 
de  saintes  religieuses.  Leur  frère,  ignorant  le  lieu  où  elles  s'étaient 
réfugiées,  s'en  vengea  contre  les  chrétiens.  Iaî  roi  et  le  magistrat 
de  Cordouc  s'étaient  déclarés  contre  les  fidèles,  la  persécution 
commençait  à  s'allumer  en  plusieurs  lieux  :  cet  homme  profita 
de  cette  conjoncture  pour  faire  emprisonner  quelques  clercs  et 
persécuter  les  religieuses. 

Flore,  apprenant  toutes  ces  vexations,  dont  elle  croyait  être 
l'occasion,  ne  voulut  pas  que  l'Église  souffrît  pour  elle,  et  après 
s'être  offerte  au  Seigneur  comme  une  victime  prête  à  s'immoler 
pour  le  salut  de  ses  frères,  elle  revint  h  la  maison  de  sa  mère,  et 
dit  à  son  frère  :  i\le  voilà,  puisque  vous  me  cherchez  ;  je  suis 
chrétienne  et  prête  à  tout  souffrir  pour  Jésus-Christ!  Après  avoir 
rssnvé  en  vain  de  la  pervertir  par  les  caresses,  son  frère  la  mena 


24  novembre.  —  s.  jean  de  la  croix,  conf.      44» 

devant  le  cadi  ou  juge  du  lieu,  et  dit  :  Ma  jeune  sœur  que  voici 
observait  comme  moi  notre  religion,  mais  les  chrétiens  l'ont  sé- 
duite. Le  cadi  demanda  à  Flore  si  l'accusation  était  vraie. 

Je  sois  chrétienne,  dit-elle,  et  je  l'ai  toujours  été  !  Le  juge  irrité 
la  fit  prendre  par  des  soldats ,  et  on  lui  donna  tant  de  coups  de 
fouet,  particulièrement  sur  la  tête,  que  le  crâne  en  fut  découvert. 
Le  cadi  chargea  son  frère  delà  faire  instruire  dans  la  religion  de 
Mahomet,  et  de  la  lui  ramener  plus  tard.  Celui-ci,  pour  exécuter 
ses  ordres,  mit  sa  sœur  entre  les  mains  de  deux  femmes  adroites 
etartiGcieuses,  et  ne  lui  laissa  pas  la  liberté  de  voir  des  chrétiens; 
mais  Dieu  flt  trouver  à  Flore  les  moyens  de  s'échapper  pendant 
la  nuit.  Elle  passa  par-dessus  la  muraille,  quoique  fort  Haute, 
et  monta  sur  une  maison  voisine,  d'où  elle  gagna  la  rue  et  se 
retira,  avant  qu'il  fit  jour,  chez  une  personne  fidèle  ;  puis  elle 
sortît  de  Cordoue,  et  alla  à  Ossaria,  près  Tucci,  où  elle  demeura 
cachée  avec  sa  sœur.  Elle  eut  le  bonheur  d'y  voir  saint  Euloge  de 
Cordoue,  qui  la  fortifia  dons  ses  saintes  résolutions  et  l'encoura- 
gea au  martyre.  Flore  se  repentait  déjà  d'avoir  fui  :  elle  s'accusait 
de  lâcheté,  et  réfléchissait  en  elle-même  si  elle  ne  devait  pas  re- 
tourner à  Cordoue,  pour  confesser  de  nouveau  Jésus-Christ'  de- 
vant les  infidèles.  Cette  pensée  se  changea  bientôt  en  résolution  ; 
en  sorte  qu'elle  vint  à  Cordoue,  se  présenta  devant  le  cadi,  et  lui 
dit  avec  une  grande  franchise  :  Je  suis  celle  que  vous  avez  fait 
autrefois  déchirer  de  coups,  parce  qu'étant  de  race  de  musul- 
mans, j'ai  embrassé  la  religion  chrétienne.  J'ai  eu  la  faiblesse  de 
me  cacher;  mais  aujourd'hui,  me  confiant  en  la  puissance  de  mon 
Dieu,  je  vous  déclare  que  je  reconnais  Jésus-Christ  pour  Dieu, 
et  que  je  déteste  votre  faux  prophète.  Le  juge  irrité  la  condamna 
à  avoir  la  tête  tranchée.  Son  martvre  arriva  îe  24  novembre  851. 


24  novembre.  —  SAIÎST  JEAN  DE  LA  CROIX,  confes- 
seur,  PREMIER   CARME  DÉCHAUSSÉ.    —   16e  Siècle. 

Saint  Jean  de  la  Croix,  le  plus  jeune  des  enfants  de  Gonzalès 
d'Ycpez,  naquit  en  1642,  à  Fontibère,  près  d'Avila,  dans  la  Vieille- 
Castille,  en  Espagne.  Sa  mère,  devenue  veuve,  resta  sans  secours, 
chargée  de  trois  jeunes  enfants  en  bas  âge*  Elle  se  retira  avec 
eux  à  Médina,  où  Jean  fut  envoyé  au  collège,  pour  y  apprendre 
les  premiers  éléments  de  la  grammaire.  Sa  piété,  dont  sa  mère 
lui  avait  inspiré  logoùt,  et  surtout  sa  dévotion  à  la  sainte  Vierge, 

38 


410      24  novembre.  —  s.  jean  de  la  croix,  coxf. 

ayant  été  reinarqrées  par  l'administrateur  de  l'hôpital  do  cotte 
ville,  il  le  prit  chez  lui  et  l'employa  au  service  des  malades. 
Jean  s'acquitta  de  son  office  avec,  un  zèle  et  une  charité  au-dessus 
de  son  Age.  11  pratiquait  des  lors  les  austérités  les  plus  rigou- 
reuses et  ménageait  son  temps,  de  manière  que  le  service  des 
malades,  aux  heures  prescrites,  n'empêchait  pas  qu'il  s'appli- 
quât à  ses  études,  en  continuant  d'aller  au  collège  des  Jésuites. 

lorsqu'il  eut  atteint  sa  vingt-unième  année,  il  prit  l'habit  chez 
les  Carmes  à  Médina.  Son  dévouement  pour,  honorer  la  sainte 
Vierge  le  détennina  pour  cet  ordre  religieux,  qui  lui  est  consa- 
cré. 11  fut,  pendant  son  noviciat,  l'exemple  de  tous  ses  confrères; 
et  ses  vœux  étant  faits,  on  l'envoya  à  Salamanque  pour  faire 
son  cours  de  théologie.  11  continua  d'y  pratiquer  des  austérités 
extraordinaires.  L'humilité  la  plus  profonde,  et  son  union  avec 
Dieu  par  La  pratique  de  l'oraison,  en  firent  dès  lors  un  homme 
mort  au  inonde  et  à  lui-même.  Son  cours  de  théologie,  qu'il 
avait  fait  avec  succès,  étant  achevé,  il  fut  ordonné  prêtre.  Il 
avait  alors  vingt-cinq  ans.  Il  se  prépara  à  la  célébration  de  sa 
première  messe  par  de  nouvelles  mortifications,  par  de  ferventes 
prières ,  par  de  longues  méditations  et  les  actes  intérieurs  des 
vertus. 

Sainte  Thérèse,  qui  travaillait  alors  à  la  réforme  du  Carme), 
eut  occasion  de  faire  un  voyage  à  Médina  del  Campo.  Ce  qu'elle 
avait  entendu  dire  de  notre  saint  religieux  lui  inspira  le  désir 
de  le  voir  et  do  s'entretenir  avec  lui.  Elle  lui  dit  que  Dieu  l'ap- 
pelait à  se  sanctifier  dans  l'ordre  de  Notre-Dame  duCarmel, 
qu'elle  était  autorisée  par  le  général  de  Tordre  à  établir  deux 
maisons  réformées  pour  les  hommes,  et  qu'il  devait  être  le  pre- 
mier instrument  que  le  ciel  emploierait  à  cet  important  ouvrage. 
Peu  de  temps  après,  la  sainte  fonda,  en  effet,  sou  premier  mo- 
nastère d'hommes  dans  une  maison  pauvre  du  village  de  DurveJle. 
Saint  Jean  de  la  Croix  s'y  retira,  et  deux  mois  après,  quelques 
autres  religieux  carmes  vinrent  l'y  joindre.  Ils  renouvelèrent 
tous  leur  profession,  le  premier  dimanche  de  l'A  vent ,  en  1568. 
Telle  fut  l'origine  des  Carmes  déchaussés ,  dont  l'institut  fut  ap- 
prouvé par  Pie  V,  après  bien  des  contradictions ,  et  confirmé, 
en  1580,  par  Grégoire  XIII.  Les  austérités  de  ces  premiers 
carmes  réformés  étaient  portées  si  loin ,  que  sainte  Thérèse, 
si  mortifiée  elle-même,  crut  nécessaire  de  leur  prescrire  une  ini- 
tiation. 


24  novembre.  —  s.  jean  de  la  choix  ,  cowr.      *I7 

L'odeur  de  leur  sainteté  se  répandit  bientôt  en  Espagne ,  et 
trois  autres  monastères  furent  successivement  fondés  en  très- 
peu  d'années.  L'exemple  et  les  exhortations  de  saint  Jean  de  la 
Croix  animaient  tous  ses  religieux  à  tendre  à  la  plus  haute  per- 
fection ;  et  Dieu,  pour  le  rendre  encore  plus  conforme  à  Jésus* 
Christ  crucifié,  réprouva  par  les  plus  rigoureuses  peines,  tant 
intérieures  qu'extérieures.  Il  éprouva  souvent  des  sécheresses, 
à»  désolations,  des  inquiétudes  sur  lui-même.  Les  tentations 
du  démon  furent  longtemps  violentes.  Les  hommes  le  calom- 
nièrent plusieurs  fois  ;  ses  anciens  confrères,  irrités  contre  lui, 
le  firent  arrêter  comme  apostat  de  l'ordre,  et  le  renfermèrent 
pendant  plus  de  neuf  mois  dans  une  sorte  de  cachot,  où  la  plus 
mince  nourriture  et  toutes  les  incommodités  d'une  situation  si 
triste  lui  Grent  éprouver  les  plus  dures  souffrances. 

Toute  la  vie  de  notre  saint  offre  une  vicissitude  continuelle 
de  croix  et  de  privations,  auxquelles  succédaient  cependant  des 
grâces  extraordinaires,  des  consolations  même  sensibles,  et  tou- 
jours un  surcroît  de  résignation  et  d'amour  pour  la  divine  vo- 
lonté, en  s'unissant  au  Dieu  Sauveur  obéissant  jusqu'à  la  mort  -de 
la  croix.  Sainte  Thérèse  se  servit  utilement  de  saint  Jean  de  la 
Croix  pour  le  succès  de  la  réforme  qu'elle  établissait  parmi  les 
religieuses  carmélites.  L'esprit  de  Dieu,  qui  le  conduisait,  le  ren- 
dait capable  de  suffire  à  toutes  les  bonnes  œuvres  pour  lesquelles 
on  lui  demandait  du  secours,  en  môme  temps  qu'il  fondait  ou 
gouvernait  les  nouveaux  monastères  des  Carmes  réformés.  Il  fut 
élu,  en  1585,  vicaire  provincial  d'Andalousie  et  premier  définiteur. 
Quelques  années  après,  obligé  d'assister  au  chapitre  de  l'ordre  tenu 
à  Madrid,  saint  Jean  de  la  Croix,  ayant  dit  son  avis  sur  les  abus 
introduits  dans  les  monastères  et  parlé  de  la  nécessité  de  la  ré- 
forme, fut  censuré  par  le  chapitre  ,  dépouillé  de  ses  emplois  et 
obligé  de  se  retirer  dans  un  de  ses  pauvres  monastères,  fort  solitaire, 
où  il  tomba  malade.  Voyant  qu'il  ne  pouvait  se  procurer  aucun 
secours  dans  cette  espèce  de  désert,  son  supérieur  l'engagea  à  aller, 
au  couvent  d'Ubéda.  Le  saint  obéit;  mais  la  fatigue  du  voyage 
augmenta  considérablement  l'inflammation  qu'il  avait  à  une 
jambe,  et  elle  fut  bientôt  couverte  d'ulcères,  qui  exigèrent  des 
opérations  douloureuses,  qu'il  supporta  sans  pousser  un  soupir . 

Au  plus  fort  de  ses  peines,  il  baisait  son  crucifix  et  le  pressait 
sur  son  cœur.  Le  prieur  de  la  maison  où  il  était  mourant,  rempli 
de  préjugés  et  d'aversion  pour  notre  saint,  en  agissait  à  sou 


Jls     2.*  novembre.  —  sai-stk  Catherine,  y.  et  m. 

égard  do  In  manière  la  plus  indigne  ;  il  défendit  même  aux  autres 
religieux  d'aller  le.  voir.  .Sur  ces  entrefaites,  le  proviucial,  étant 
arrivé ,  fut  indigné  de  la  conduite  du  prieur  il  Gt  tirer  Jean 
de  la  Croix  de  la  cellule  incommode  où  il  était  mourant,  et  ren- 
dit à  ses  vertus  un  témoignage  qui  toucha  le  prieur  et  lui  fil 
demander  pardon  à  genoux,  au  saint,  du  traitement  qu'il  lui  avait 
fait  éprouver.  Les  douleurs  de  saint  Jean  augmentant,  il  récita 
tout  haut  le  psaume  Miserere,  avec  ses  frères  ;  il  se  lit  lire  ensuite 
une  partie  du  livre  du  Cnntique  des  cantiques.  A  la  (in,  il  s'écria  : 
Claire  à  Dieu!  puis  pressant  le  crucifix  sur  son  coeur,  il  dit  : 
Seigneur,  je  remet*  mon  àme  entre  vos  mains  !  et  expira  le  1-1 
décembre  1591,  à  l'âge  de  quarante-neuf  ans.  Il  fut  canonisé  par 
Benoît  XIII,  en  172G. 


25  novembre.  —   SAINTE  CATHERINE,  viebge  et 

MARTYRE.  — 4"  Siècle. 

Catherine,  appelée  par  les  Grecs  Axatherine,  glorifia  Jésus- 
Christ  en  confessant  généreusement  la  foi  à  Alexandrie ,  sous 
Maximien  11.  On  ne  peut  guère  compter  sur  ses  actes,  parce  qu'ils 
ont  été  considérablement  interpolés  ou  corrompus.  On  lit  dans  le 
Ménologe  de  l'empereur  Basile,  qui  les  a  suivis,  que  sainte  Ca- 
therine était  née  du  sang  royal,  qu'elle  avait  de  rares  connais- 
sances, qu'elle  confondit  une  assemblée  de  philosophes  païens 
avec  lesquels  Maximien  l'obligea  de  disputer,  que  ces  philosophes 
païens  se  convertirent,  et  que,  persistant  ensuite  dans  la  profes- 
sion du  christianisme,  ils  furent  brûlés  tous  ensemble.  Les  actes 
de  la  sainte  ajoutent  qu'elle  fut  attachée  sur  une  machine  coin- 
posée  de  plusieurs  roues,  garnies  de  pointes  très-aiguës;  mais 
que,  quand  on  voulut  faire  agir  les  roues,  les  cordes  se  brisèrent 
miraculeusement,  en  sorte  que  la  sainte  fut  délivrée,  et  qu'on  l;i 
condamna  plus  tard  à  perdre  la  tête. 

Le  savant  Joseph  Assemani  pense  que  ce  qu'Eusèbc  rapporte 
d'une  vierge,  que  toutefois  il  ne  nomme  pas,  convient  à  sainte 
Catherine.  «  11  y  avait  à  Alexandrie,  dit  cet  historien ,  une  femme 
chrétienne,  distinguée  par  ses  richesses  et  son  illustre  naissance1. 
Elle  eut  le  courage  de  résister  à  la  brutalité  du  tyran  Maximien, 
qui  se  faisait  un  jeu  de  déshonorer  les  femmes  de  cette  ville.  Elle 
joignait  aux  avantages  dont  elle  jouissait  dans  le  monde  un  savoir 


26  novembre  —  s.  pierre  i>  alexamd.,  ev    et  h.  440 

peu  commue,  mais  la  vertu  et  la  chasteté  lui  parurent  préféra- 
bles à  tout.  Quoique  le  tyran  n'eût  pu  réussir  à  la  séduire,  il  ne 
voulut  point  la  condamner  à  mort  :  il  se  contenta  de  la  dépouiller  • 
àtnes  biens  et  de  l'envoyer  en  exil.  »  Maximien  fut  défait  par  Li- 
riniffî,  en  313,  et  s'enfuit  à  Tarse,  où  il  périt  malheureusement. 

Les  chrétiens,  qui  gémissaient  en  Egypte  sous  le  joug  cruel  des 
découvrirent  le  corps  de  sainte  Catherine  vers  le  huî- 
siècle  ;  il  fut  porté  dans  le  monastère  que  sainte  Hélène  avait 
fait  bâtir  sur  le  mont  Sinaï,  en  Arabie,  et  que  l'empereur  Justi- 
nies  avait  considérablement  augmenté  et  embelli.  Falconius,  ar- 
chevêque de  San-Severino  parle  ainsi  de  cette  translation  :  «  Il  est 
dft  que  le  corps  de  la  sainte  fut  porté  par  des  anges  sur  le  mont 
Sinaï;  ce  qui  signifie  que  le  noines  de  Sinaï  le  portèrent  dans 
leur  monastère  pour  Tenncnir  de  ce  pieux  trésor....  On  sait 
qu'on  a  souvent  désigné  l'h  it  monastique  par  un  habit  ange* 
lique,  et  qu'anciennement  i  moines  étaient  appelés  anges,  a 
cause  de  la  sainteté  de  leurs  i<  tàons  toutes  célestes.  »  Depuis 
ce  temps-là,  il  est  plus  fréquemment  parlé  de  la  fête  et  des 
retiques  de  sainte  Catherine.  Saint  Paul  de  Latre ,  anachorète , 
célébrait  la  fête  de  cette  sainte  avec  une  dévotion  et  une  solennité 
extraordinaires. 

Dans  le  onzième  siècle,  Siméon,  moine  de  Sinaï,  vint  à  Rouen 
pour  recevoir  l'aumône  annuelle  de  Richard,  duc  de  Normandie. 
Il  apporta  avec  lui  une  portion  des  reliques  de  sainte  Catherine, 
qu'A  laissa,  dans  cette  ville.  On  conserve  encore  dans  l'église  du 
monastère  du  mont  Sinaï  la  plus  grande  partie  de  la  dépouille 
mortelle  de  la  sainte  martvre. 


26  novembre.  —  SAINT  PIERRE  D'ALEXANDRIE,  évêqlk 

ET   MARTYB-  —  4e  Siècle. 

Ce  saint  succéda  sur  le  siège  d'Alexandrie  à  saint  Thomas,  en 
Tan  300.  Comme  il  vivait  dans  les  temps  où  le  christianisme 
souffrait  des  contradictions  de  toutes  parts,  il  exhortait  conti- 
nuellement son  peuple  à  mourir  à  toutes  ses  passions,  afin  d'être 
disposé  à  mourir  pour  Jésus-Christ  quand  l'occasion  s'en  pré- 
senterait. 

II  y  avait  à  peine  trois  ans  que  le  saint  évêque  gouvernait  l'É- 
glise d'Alexandrie,  lorsque  la  persécution  s'alluma  par  tout  l'em- 
pire romain.  Pierre  redoubla  de  zèle  pour  ranimer,   par   son 

38. 


4.">0       27  novembre.  —  s.  Jacques  l'inteicis,  w. 

exemple  et  par  »»s  instructions,  ceux  qui  étaient  attaqués.  Il  eut 
ta  consolation  d'en  voir  un  grand  nombre  confesser  hautement 
Jésus-Christ  et  plusieurs  mourir  pour  cette  confession.  Il  y  eut 
aussi  des  lâches  et  des  faibles  dans  lesquels  l'amour  du  monde 
prévalut,  et  qui ,  pour  échapper  aux  tourments  et  à  la  mort, 
trahirent  leur  religion.  I^es  diverses  circonstances  des  chutes  por- 
tèrent le  saint  évéque  à  dresser  quelques  canons  pour  régler  la 
manière  de  les  expier  par  pénitence.  Mélèce,  évéque  d'une  église 
de  la  Thébaïdc,  ayant  été  convaincu  d'avoir  sacrifié  aux  idoles, 
saint  Pierre  le  déposa  dans  une  assemblée  d'évéques.  Mélèce, 
qui  avait  le  cœur  corrompu  par  plusieurs  panions,  se  souleva 
contre  ce  jugement,  se  sépara  de  la  communion  de  l'Église,  et 
eut  recours  à  la  calomnie  pour  tâcher  de  se  venger  du  teint 
évéque  d'Alexandrie.  Ce  dernier  passa,  do  ces  épreuves  qui  pa* 
raissent  légères  a  la  grandeur  de  sa  foi,  à  des  épreuves  beau- 
coup  plus  grandes,  car,  la  persécution  ayant  commencé  en  811, 
il  fut  obligé  de  fuir,  et,  ayant  été  pris,  il  eut  la  tête  tranchée  avec 
plusieurs  évéquos  d' Egypte. 


L>7  novembre.  —  SAINT  JACQUES  L1NTEUC1S,  XABTYB. 

—  5"  siècle. 

I«i  religion  chrétienne,  qui  avait  souffert  plusieurs  persécutions 
clans  la  Perse,  jouit  d'une  paix  de  vingt  années  sous  le  gouver- 
nement du  roi  Isdegerde.  (l'était  un  prince  naturellement  doux  et 
qui  aurait  laissé  les  chrétiens  dans  le  repos  qu'il  leur  avait  ac- 
cordé depuis  qu'il  était  sur  le  trône ,  si  un  évéque  nommé  Abda 
n'eut  fait  mettre  le  feu  à  un  temple  de  faux  dieux.  Isdegerde  or- 
donna qu'il  le  rebâtît  à  ses  dépens  ;  mais  Abda  n'en  voulut  rien 
faire.  Ce  refus  irrita  tellement  le  roi  païen,  que,  non  content 
d'avoir  fait  mourir  l'évoque,  il  donna  ordre  de  ruiner  les  églises 
des  chrétiens  et  de  faire  revenir  à  la  religion  du  pays  ceux  qui 
avaient  embrassé  le  christianisme. 

Jacques,  que  Ion  a  depuis  surnommé  rintercis,  fut  un  de 
ceux  qui  omirent  aux  ordres  du  prince  par  la  crainte  de  perdre 
ses  biens  et  les  charges  considérables  qui  rattachaient  à  la  cour. 
Sa  mère,  sa  femme,  ayant  appris  son  apostasie,  lui  écrivirent  une 
lettre  tres-forlc,  où,  après  l'avoir  exhorté  a  réparer  sa  faute, 
elles  lui  disaient  :  Si  unis  ne  rentre/,  dans  la  voie  sainte  que  vous 


37  novembre.  —  la  b.  maëgukrite  de  savoie,  v    451 


quitta  ,  rous  déclarons  que  nous  allons  nous  séparer 

de  tous.  B  ne  nous  conviendrait  pas  de  demeurer  avec  un  homme 
qui  a  quitté  son  Dieu  pour  servir  un  homme,  afin  de  conserver  # 
è»  biens  qui  doivent  bientôt  périr.  Jacques,  a  qui  la  conscience 
reprochait  déjà  son  infidélit  ;,  fut  vivement  touché  de  cette  lettre. 
H  reconnut  sa  faute ,  il  la  pleura  amèrement,  et ,  comme  eHe 
était  publique,  il  chercha  à  la  réparer  publiquement.  Isdegerde  fut 
extréBsement  piqué  de  ce  changement  :  (Test  un  affront ,  dit  ce 
prâce ,  que  Jacques  fait  aux  dieux  que  j'adore  et  à  moi-même. 
Anaçtta  il  ordonna  qu'on  se  saisit  de  lui  et  qu'on  le  lui  amenât. 
Jacques,  fortifie  par  l'esprit  de  Dieu,  parut  devant  Isdegerde  avec 
un  courage  que  rien  ne  put  abattre.  Le  prince  l'accusa  de  lé- 
gèreté, le  pressa  de  sacrifier  aux  dieux  des  Perses,  et  le  menaça 
de  la  mort  la  plus  cruelle  s'il  ne  lui  obéissait  promptement;  mais 
les  promesses  et  les  menaces  furent  inutiles  :  Jacques  répondit 
au  prince  qu'il  était  chrétien ,  et  qu'il  ne  voulait  plus  devenir 
infidèle.  Isdegerde ,  naturel  n  porté  à  la  douceur,  força  son 
naturel,  et  condamna  Jacqi  i  e  coupé  vif  par  morceaux,  afin 
que  cet  exemple  arrêtât  ceux  qui  auraient  le  dessein  de  se  re- 
pentir de  leur  apostasie.  Le  saint  donna  tous  ses  membres  les 
uns  après  lés  autres  avec  une  fermeté  qui  fit  trembler  l'exécuteur. 
On  lui  coupa  d'abord  le  pouce  de  la  main  droite ,  et  le  bourreau 
lui  dit  qu'il  en  resterait  là  s'il  voulait  obéir  au  prince;  mais 
Jacques,  qui  mettait  sa  joie  dans  les  souffrances,  présenta  chacun 
de  ses  membres  l'un  après  l'autre ,  et  les  vit  tous  couper  sans  se 
plaindre  et  sans  montrer  la  moindre  faiblesse.  A  chaque  ampu- 
tation il  se  faisait  des  applications  spirituelles  de  l'Écriture,  qui 
édifiaient  les  fidèles  témoins  de  son  supplice.  Après  qu'on  lui  eut 
ainsi  coupé  tous  les  membres  ,  un  des  gardes  lui  abattit  la  tête. 
Son  martyre  arriva  le  27  novembre  de  Fan  431.  Le  genre  de 
son  supplice  Ta  fait  surnommer  V Intérêts ,  c'est-à-dire  qui  a  été 
coupé  par  morceaux. 


27  novembre.  —  LA  BIENHEUREUSE  MARGUERITE 
DE  SAVOIE,  veuve.  —  15e  siècle. 

La  bienheureuse  Marguerite,  issue  de  la  maison  royale  des 
ducs  de  Savoie,  donna  dès  son  enfance  des  marques  de  sa  sainteté 
future.  Lorsqu'elle  fut  eu  âge  d'être  mariée ,  elle  épousa ,  pour 


4o2  27  novembre,  -lab.  marguerite  de  savoie,  v. 

obéir  à  ses  parents,  Théodore,  marquis  de  Mootferrat.  Enflammée 
par  saint  Vincent  Ferrier  du  désir  d'une  perfection  plus  élevée, 
%  elle  se  dévoua  à  Dieu  tout  autant  que  l'état  conjugal  le  lui  per- 
mettait. Quand  plus  tard ,  par  la  mort  de  son  mari ,  elle  fut  dé- 
livrée du  joug  nuptial,  elle  revêtit  publiquement  l'habit  de  saint 
Dominique ,  tel  que  les  sœurs  de  la  Pénitence  ont  coutume  de 
le  porter.  Elle  fit  le  vœu  de  rester  toujours  veuve,  et  de  garder 
ainsi  la  continence  perpétuelle  ;  aussi  refusa-t-elle  modestement 
par  la  suite  de  s'unir  en  secondes  noces  avec  Philippe ,  duc  de 
Milan ,  et  la  dispense  de  son  vœu ,  que  le  souverain  pontife  lui 
offrait  en  cette  circonstance.  Elle  brûlait  d'une  admirable  charité 
pour  les  pauvres  et  les  malades ,  à  tel  point  qu'elle  sortait  revêtue 
de  son  habit  du  tiers  ordre ,  pour  consoler  et  secourir  de  toutes 
les  manières  les  indigents  ;  elle  servait  ceux  qui  étaient  malades, 
et  nettoyait ,  en  les  pansant  de  ses  propres  mains ,  toutes  leurs 
plaies  les  plus  repoussantes.  Possédée  du  désir  de  s'éloigner  da- 
vantage de  tout  rapport  avec  le  monde,  elle  bâtit  à  Alba  Pompéja, 
tant  pour  elle  que  pour  des  vierges  consacrées  à  Dieu ,  un  mo- 
nastère qui  fut  confié  pour  la  direction  au  soin  des  Frères  prê- 
cheurs. Elle  y  consacra  au  Très-Haut  le  reste  de  sa  vie  par  des 
vœux  solennels.  * 

Ayant  donc  ainsi  adopté  un  nouveau  genre  de  vie ,  Marguerite 
s'exerça  avec  une  ardeur  nouvelle  aux  pratiques  delà  piété  et  de  la 
vie  religieuse.  Elle  observait  avec  une  telle  exactitude  les  règles  et 
les  saintes  constitutions  qu'elle  avait  embrassées,  qu'elle  n'en 
passait  pas  le  moindre  point.  Elle  pratiquait  l'obéissance  et  l'hu- 
milité comme  si  c'était  en  sortant  des  derniers  rangs  du  peuple 
qu'elle  eût  passé  à  l'état  religieux,  et  c'était  avec  la  soumission  la 
plus  complète  qu'elle  recevait  les  ordres  de  ses  supérieurs,  et 
principalement  de  son  confesseur.  Elle  se  portait  d'elle-méiue 
et  avec  promptitude  pour  remplir  les  offices  les  plus  bas  de  la 
maison,  et  Ton  n'aurait  pu  trouver  rien  de  superflu  ni  dans  ses 
habits  ni  dans  son  ameublement.  N.  S.  Jésus-Christ  lui  ayant  un 
jour  donné  le  choix  entre  trois  épreuves  des  plus  poignantes, 
la  calomnie ,  la  maladie  et  la  persécution ,  elle  demanda  à  les 
souffrir  en  même  temps  toutes  les  trois.  Cette  prière  eut  son  effet; 
mais  elle  supporta  tout  avec  calme  et  patience ,  pour  ressembler 
le  plus  possible  à  Jésus  crucifié. 

Pendant  qu'elle  priait,  elle  était  très-souvent  ravie  en  extase,  et 
l'union  divine  la  pénétrait  tout  entière  de  sa  douceur.  Ses  prières 


28  novembre.  —  s.  Etienne  le  jeune,  m  art      46» 

et  sea  larmes  avaient  tant  de  puissance  devant  Dieu ,  qu'elle  ob- 
tenait de  lui  tout  ce  qu'elle  lui  demandait.  C'est  ainsi  qu'en  priant, 
ette  rendit  complètement  la  santé  à  sa  nièce  Araadée,  dont  les  mé- 
decins désespéraient.  Elle  releva  et  changea  en  abondante  moisson, 
une  récoite  qu'une  grêle  épaisse  avait  couchée  et  ravagée  dans 
le  champ  d'un  pauvre  homme.  Elle  mit  en  fuite,  en  les  détournant 
de  leur  entreprise ,  les  démons  qui  s'efforçaient  de  détruire  de 
fond  en  comble  le  monastère  d'Alba  Pompéja.  Pour  rétablir  la 
paix  au  sein  de  l'Église  universelle,  de  son  propre  mouvement  elle 
entreprit  de  grands  travaux ,  qui  furent  suivis  de  succès.  Enfin- 
mare  pour  le  ciel,  elle  s'y  envola  en  l'an  1464 ,  après  avoir  porté, 
pendant  quarante-quatre  ans  l'habit  de  saint  Dominique.  Elle  fut 
illustrée  de  son  vivant  comme  après  sa  mort  par  une  multitude. 
de  miracles^  ce  qui  porta  le  pape  Clément  X,  lorsqu'ils  eurent  été. 
régulièrement  reconnus  et  prouvés,  à  permettre  à  tout  l'ordre  des. 
Frères  prêcheurs  la  célébration,  de  la  fête  de  la  bienheureuse- 
Marguerite, 


28   novembre.   —  SAINT  ETIENNE  LE  JEUNE,   martyrv 

-i-  8*  siècle. 

Etienne  naquit  à  Constantinople  en  714.  Il  fut  élevé  dans  la, 
piété  et  dans  les  lettres,  et  était  placé,  depuis  l'âge  de  quinze  ans, 
en  Bithynie,  dans  le  monastère  de  Mont-Saint-Auxcnce,  lorsqu'il' 
fut  obligé  de  prendre  la  fuite,  pour  ne  pas  s'exposer  au  danger  de 
succomber  dans  la  persécution  dirigée  contre  les  catholiques  par 
Léon  Tlsaurien.  A  trente  ans,  il  fut  choisi  pour  gouverner  ce 
monastère,  qui  n'était  composé  que  de  petites  cellules  éparses 
sur  la  plus  haute  montagne  de  la  province.  Etienne  se  renferma, 
dans  une  de  ces  cellules,  où  il  s'occupait  de  la  prière  et  du  tra- 
vail des  mains.  Il  copiait  des  livres  et  faisait  des  filets ,  de  sorte 
qu'outre  sa  subsistance  il  gagnait  encore  de  quoi  faire  l'aumône. 

L'amour  d'une  plus  grande  retraite  porta  Etienne,  à  se  dé- 
charger du  gouvernement  de  la  communauté.  Il  passa  aussitôt  au 
sommet  de  la  montagne ,  où  il  se  fit  une  cellule  qui  n'avait  que 
deux  coudées  de  long  sur  une  demie  de  large,  et  si  peu  haute, 
qu'il  n'y  pouvait  demeurer  que  couché.  Pour  tout  habit,  il  n'avait 
qu'une  peau  de  mouton  fort  mince  et  fort  courte,  qu'il  attachait 
avec  une  chaîne  de  fer.  L'odeur  de  sa  vertu  atiira  souvent  auprès 


lô-l     28  novembre.  —  s.  ktiennk  lk  jeune,  iiart 

de  lui  des  |>ersonnes  qui  venaient  pour  l'entendre  et  l'admirer. 

Il  y  avait  près  do  \  iniit  ans  que  l'empire  était  gouverne  par  Cens- 
tantin  Coprouyme,  qui  continuait  avec  une  étrange  fureur  la 
guerre  que  son  père  Léon  avait  déclarée  aux  imagos.  Gopronyme 
aurait  bien  voulu  attirer  dans  son  parti  un  homme  td  qu'Etienne, 
(pli  dirigeait  une  infinité  de  moines  qui  le  consultaient  sur  la 
manière  dont  ils  devaient  se  conduire  dans  l'affaire  des  images. 
Vprès  avoir  assemblé  un  grand  nombre  d'évéques  dévoués  a  ses 
\olontes,  qui  décidèrent  que  le  culte  des  images  n'était  qu'uu 
test?  d'idolâtrie,  et  (pie  pour  la  détruire  entièrement  il  fallait  dé- 
rober à  la  vénération  des  fidèles  ee  qui  la  renouvelait,  on  proposa 
à  saint  Ktienne  de  souscrire  à  cette  division.  Le  patriee  Çalliste, 
qui  était  éloquent  et  très-adroit ,  fut  député  par  l'empereur  pour 
cette  commission ,  qu'il  avait  fort  à  cœur.  Quand  Calliste  eut  dît 
tout  ce  qu'il  croyait  capable  de  faire  impression  sur  l'esprit 
d'Ktienne,  celui-ci  lui  répondit  :  Je  ne  puis  souscrire  à  la  défini- 
tion de  ce  taux  com»ile,  qui  contient  une  doctrine  hérétique.  Je 
ne  veux  pas  attirer  sur  moi  la  malédiction  prononcée  parle  pro- 
phète lsaïe ,  en  nommant  doux  ce  qui  est  amer.  Je  suis  prêt  à 
mourir  pour  le  culte  qui  est  dri  aux  saintes images,  sans  craindre 
l 'empereur,  qui  a  ose  les  condamner;  puis,  montrant  sa  main, 
il  ajouta  :  Quand  je  n'aurais  de  sang  dans  les  veines  qu'autant 
qu'il  en  tiendrait  dans  le  creux  de  ma  main,  je  le  répandrais  vo- 
lontiers pour  l'image  de  Jésus-Christ.  Comme  l'empereur  lui  avait 
envoyé  des  dattes  et  des  ligues  en  présent,  Ktienne  ajouta,  en 
renvoyant  Callistc  :  Remportez  ces  dons  :  f  huile  du  pécheur  ne 
parfumera  pas  tua  tMv.  Constantin,  irrité  de  ces  réponses. 
renvoya  Callistc  sur-le-champ  a\ee  des  soldats  chargés  de  tirer 
Ktienne  de  sa  cellule,  et  de  le  garder  daus  le  monastère  qui  était 
au  bas  de  la  montagne.  On  trouva  un  homme  desséché  par  les 
austérités ,  et  dont  les  nerfs  étaient  si  retirés ,  qu'il  ne  pouvait  se 
soutenir  sur  ses  jambes  ;  en  sorte  qu'on  fut  obligé  de  le  porter 
au  lieu  où  on  avait  ordre  de  le  garder.  lH'ndant  que  les  soldats 
taisaient  sentinelle  auprès  de  lui ,  ils  l'entendirent  qui  disait  à 
Dieu  :  J'ai  rencontré  des  voleurs  de  mes  pensées,  et  ils  m'ont  dr- 
pouillc  ;  voulant  faire  comprendre  qu'on  l'empêchait  de  s'ap- 
pliquer à  la  méditation  ).  lii-dessus  les  gardes,  en  branlant  la 
tête,  m1  dirent  les  uns  aux  autres  .  Ces  moines  que  l'on  maltraite 
sans  sujet  ont  bien  raison  de  nous  traiter  de  voleurs. 

Il  n'v  eut  point  de  tentative  (pie  l'on  ne  fit  pour  le  gagner; 


ii 


38  novembre.  —  s.  Etienne  lb  jeunk,  maht.  455 
s  lutit  AU  inutile  On  le  relégua  dans  une  île  delà  Proponlide, 
j  rilellespuiu.  Quand  il  fut  débarqué,  il  se  retira  dans  uuc 
«rne ,  où  M  vécut  des  herbes  et  des  racines  qui  croissaient 
>nr  de  sa  demeure.  Les  miracles  qu'il  opéra  remplirent  tout  le 
s  de  l'odeur  de  sis  vertus  et  multiplièrent  le  nombre  des  dé- 
purs  des  images,  ce  qui  engagea  l'empereur  à  le  faire  traus- 
r  dans  une  prison  de  Constantinople.  On  lui  mit  les  fers  au» 
al ,  et  on  lui  si-ri'i  les  pieds  entre  deux  morceaux  de  bois. 
Iques  jours  après,  l'empereur  le  lit  amener  dans  son  palais, 
h  dit  entre  autres  choses  :  Esprit  bouché!  est-ce  qu'en  fou- 

nux  pieds  les  images ,  nous  foulons  aux  pieds  Jésus-Christ  ? 
îieu  ne  plaise!  Pourquoi  donc  nous  traiter  d'hérétiques? 
nue ,  pour  toute  :  épouse ,  prit  une  pièce  de  monnaie  qu'il 
itra  aux  assistants,  en  leur  demandant  quel  traitement  ou 
it  à  celui  qui  fo»  lirait  aux  pieds  l'image  des  empereurs, 
1  voyait  empreinte  sur  cette  pièce.  Toute  l'assemblée  s'écria 
itol  qu'on  punirait  un  tel  homme  sévèrement.  Aveugles  que 
létes!  reprit  Etienne  en  poussant  un  profond  soupir  :  c'est  un 
te  digne  du  lupph'w  de  profaner  l'image  de  l'empereur  de  la 
s ,  et  l'on  ne  punirait  point  celui  qui  jette  au  feu  l'image  du 

du  ciel!  On  ne  put  rien  lui  répliquer  de  raisonnable,  mais 
erte  était  résolue,  l.o  saint  homme  fut  mené  en  prison,  et 
qnes  jours  après  os  le  conduisit  hors  île  la  ville  pour  le  faire 
rir.  On  était  près  d'immoler  par  l'cpée  celte  sainte  vie- 
,  lorsque  l'empereur  le  lit  ramener  en  prison,  où  H  ordonna 
il  le  déchirAt  à  coups  de  verges  jusqu'à  ce  qu'il  expirât.  Cet 
c  parut  si  inhumain,  que  personne  n'osa  l'exécuter.  Quand 
pereur  sut  qu'K tienne  respirait  encore ,  il  s'écria  plein  de  fu- 

:  Est-ce  qu'on  ne  me  délivrera  point  de  ce  moine?  A  peine 
I  proféré  ces  mois  qu'une  troupe  de.  scélérats  coururent  à  la 
in.  Ils  tirèrent  le  saint  homme  par  les  pieds  avec  ses  chaînes, 

traînèrent,  le  long  des  rues ,  en  l'accablant  de  coups  et  de 
-es  ;  enfin,  ils  le  iuerc.nl  d'un  coup  de  levier  sur  la  tête.  Selon 
mhanc,  saint  i'.lietiue  fut  martyrisé  en  757  ;  Cadréuus,  qui 
It  avoir  été  mieux  instruit,  place  cet  événement  en  70-1. 


1.70  29  novembre.  —  s.  saturnin  ou  skrnin,  év.  de  t. 


29  novembre.  —  S.  SATURNIN  ou  SERNIN,  évêque 
de  Toulouse,  martyr.  —  1er  siècle. 

Saturnin,  appelé  Sernin  en  bien  des  contrées,  a  toujours  été 
regardé  comme  un  des  plus  illustres  martyrs  de  l'Église  gallicane. 
11  fut  envoyé  dans  les  Gaules  avec  saint  Denis  et  les  autres  apôtres 
de  ce  royaume.  La  religion  chrétienne  y  était  alors  peu  connue, 
et  Ton  n'y  voyait  que  peu  d'églises.  Saturnin  et  les  compagnons 
de  sa  mission  répandirent  partout  la  lumière  de  la  foi.  Saturnin 
s'étant  fixé  à  Toulouse,  l'Évangile  y  fit  bientôt  de  grands  progrès, 
parce  que  la  vertu  des  miracles  qui  suivait  le  saint  missionnaire 
servait  à  confirmer  la  vérité  de  ses  prédications.  Il  y  avait  dans  la 
ville  de  Toulouse  une  petite  église  où  il  rassemblait  les  fidèles 
qu'il  avait  convertis,  et  où  il  exerçait  les  fonctions  du  sacré  mi- 
nistère. Pour  y  aller,  il  passait  devant  le  Capitole,  qui  était  le 
temple  des  idoles.  Comme  Saturnin  faisait  souvent  ce  chemin, 
sa  présence  fit  taire  les  démons,  et  ils  ne  rendaient  plus  leurs 
oracles  ordinaires.  Les  prêtres  des  faux  dieux  étaient  persuadés 
que  le  silence  de  leurs  idoles  n'avait  point  d'autre  cause,  et, 
comme  leurs  cœurs   étaient  endurcis ,  au  lieu  de  reconnaître 
leur  faiblesse,  ils  ne  pensèrent  qu'à  ôter  la  vie  à  celui  qui  rendait 
inutiles  ces  idoles. 

Un  jour  qu'ils  délibéraient  là-dessus,  ils  aperçurent  Saturnin, 
accompagné  d'un  prêtre  et  de  deux  diacres ,  qui  passait  à  son 
ordinaire  pour  aller  à  l'église.  Ils  profitèrent  de  cette  occasion 
pour  arrêter  le  saint  et  pour  le  conduire  devant  le  temple  ;  ils  lui 
déclarèrent  qu'il  fallait  qu'il  sacrifiât  pour  apaiser  les  dieux ,  ou 
qu'il  expiât  son  impiété  dans  son  sang.  Ceux  qui  raccompagnaient 
prirent  la  fuite  dès  qu'ils  virent  qu'on  l'arrêtait.  Sur  la  proposi- 
tion qu'on  lui  fit  de  sacrifier  aux  idoles  pour  conserver  sa  vie,  il 
répondit  qu'il  ne  connaissait  qu'un  seul  et  véritable  Dieu ,  à  qui 
il  offrirait  toujours  des  sacrifices  de  louanges,  que  les  dieux  qu'ils 
adoraient  n'étaient  que  des  démons ,  et  qu'en  leur  immolant  des 
bêtes  ils  donnaient  la  mort  à  leurs  âmes.  Voudricz-vous ,  ajouto- 
t-il,  que  je  craignisse  et  que  je  respectasse  ceux  qui  ont  peur  de 
moi?  Cette  réponse  irrita  extrêmement  les  prêtres  des  idoles  et 
tout  le  peuple  qui  était  accouru  pour  être  témoin  de  ce  qui  se 
passait    Ils  firent  souffrir  à  Saturnin  toutes  les  indignités  qu'un    , 


I 


30  novembre.  —  saint  andré,  apôtre.  457 

zèle  aveugle  peut  inspirer.  Il  y  eut  même  un  prêtre  qui  le  perça 
d'un  coup  d'épée.  A  la  fin  ils  rattachèrent  par  les  pieds  avec 
une  corde  à  la  queue  d'un  taureau  indompté,  que  Ton  avait 
mené  au  temple  pour  être  immolé.  Le  taureau  traîna  par  les  rues 
le  martyr  avec  tant  de  violence ,  qu'on  vit  bientôt  la  cervelle 
jaillir  de  la  tête  et  les  entrailles  sortir  du  corps.  Saturnin  entra 
ainsi  dans  le  royaume  de  Dieu ,  pour  régner  éternellement  avec 
Jésus-Christ.  Son  martyre  arriva  vers  la  fin  du  premier  siècle. 


30  novembre.  —  S.  ANDRÉ,  apôtre.  —  1er  siècle. 

André  était  de  Bethsaïde,  petite  ville  de  Galilée.  Son  père ,  pê- 
cheur de  profession,  se  nommait  Jonas  ou  Jean  :  il  était  frère  de 
Simon-Pierre.  On  ne  sait  lequel  des  deux  était  faîne.  Us  avaient 
une  maison  à  Giphamaum.  Le  Sauveur  logeait  chez  eux  lorsqu'il 
prêchait  dans  cette  ville.  Saint  Jean  Baptiste  ayant  commencé  à 
prêcher  dans  le  désert,  André  courait  avec  une  sainte  avidité  pour 
entendre  ses  instructions ,  et  il  voulut  devenir  son  disciple ,  sans 
néanmoins  s'engager  à  demeurer  toujours  avec  lui.  Un  jour,  ayant 
entendu  dire  à  saint  Jean  que  Jésus-Christ,  qui  venait  du  désert 
où  il  avait  demeuré  quarante  jours ,  était  l'Agneau  de  Dieu ,  et 
sa  foi  lui  faisant  comprendre  le  sens  de  ces  paroles  mystérieuses, 
il  suivit  ce  divin  Sauveur  avec  un  autre  disciple  de  saint  Jean  que 
l'Évangile  n'a  point  nommé.  Us  allèrent,  pleins  d'ardeur,  au  lieu 
où  Jésus  logeait,  et  passèrent  avec  lui  le  reste  du  jour  et  toute  la 
nuit.  Qui  pourrait  exprimer  tout  ce  que  produisit  dans  le  cœur 
d'André  l'instruction  qu'il  reçut  de  Jésus?  Il  le  reconnut  pour  lo 
Messie  et  le  Sauveur  du  monde,  et  s'attacha  à  lui  pour  toujours  ; 
il  fut  son  premier  disciple. 

André,  à  son  retour,  rencontra  Simon,  son  frère,  et  lui  fit  part 
de  la  joie  dont  son  cœur  était  rempli  :  nous  avons  trouvé  le  Messie, 
lui  dit-il ,  le  Christ  promis  par  les  prophètes.  Simon  voulut  aussi 
avoir  le  bonheur  de  voir  Jésus^Christ  et  de  lui  parler,  et  André 
femmena  au  lieu  où  il  l'avait  trouvé.  Alors  Jésus  admit  Simon  au 
nombre  de  ses  disciples,  et  lui  donna  le  nom  de  Pierre.  Cependant 
les  deux  frères  ne  s'attachèrent  point  à  lui  entièrement  :  ils  se 
contentaient  de  se  rendre  souvent  auprès  de  lui ,  et  ils  revenaient 
ensuite  à  leur  pêche.  Comme  ils  étaient  fréquemment  à  sa  suite 

39 


458  SO  novembre.  —  s.  ahdrb ,  j 

ils  purent  lieu  d'admirer  le .  »  tatnictioai 

qu'il  donnait  en  toutes  rmcoi  •.  s  se  trouverait  aHçcjtai  au 
noces  de Cana.  Ils  Face  rainai  m  aHiajf  îjltflE* k 

Paque  .i  Jérusalem.  Vers  la  u»  uo  m  mime  année,  Notre-Seigneur, 
revenant  de  la  Basse-Galilée,  les  rencontra  tous  deux,  et  leur  dit 
qu'il  les  ferait  pécheurs  d'hommes.  Aussitôt  ils  quittèrent  leuis 
filets  pour  s'attacher  uniquement  à  Jésus-Christ. 

1 /année  suhante,  le  Fils  de  Dieu  forma  le  collège  des  Apôtres. 
1  .es  évangélisles  mettent  Pierre  et  André  à  la  tête  des  autres. 
Peu  de  temps  après ,  le  Sauveur  alla  en  leur  maison  de  O 
pharnaiim ,  où  ils  lui  demandèrent  la  guérison  do  la  belle-nièrf 
de  Pierre,  et  il  la  leur  accorda.  Quelques  mois  après,  Jésus»Christ, 
louché  de  compassion  pour  cinq  mille  personnes  qui  l'avaient* 
sui\i  dans  le  désert  et  qui  étaient  pressées  par  la  faim,  ijHme1^ 
a  ses  disciples  comment  on  pourrait  leur  donner  a  manger. 
André,  dont  la  loi  était  vive,  répondit  tout  de  suite  qu'il  se 
trouvait  là  un  jeune  homme  qui  avait  cinq  pains  d'orge  et  deux 
petits  poissons,  en  ajoutant  toutefois  que  c'était  peu  pour  une  si 
grande  multitude;  mais  il  ne  doutait  pas  que  Jésus,  s'il  le  ju- 
geait à  propos,  m»  put  faire  éclater  sa  puissance  en  cette  occa- 
sion. Il  sa \, -lit  (prit  et, lit  hien  supérieur  à  Klisée,  qui  avait  nourri 
cent  hommes  avec  \ingt  pains.  Il  fut  donc  l'un  des  nombreux 
témoins  du  miracle  (pie  INotre -Soigneur  opéra  en  cette  circons* 
lance.  André ,  toujours  zélé  pour  faire  connaître  Jésus-Christ, 
lui  présenta  quelques  gentils  venus  à  Jérusalem  pour  avoir  le 
honheur  de  voir  le  Samcur.  et  qui  s'étaient  adressés  à  Philippe, 
et  il  ohtint  la  grâce  que  ces  étrangers  désiraient. 

On  sait ,  pir  les  éeiits  d'Origènc,  de  saint  Jérôme,  d'autres 
Pères  et  de  plusieurs  anciens  auteurs,  qu'après  l'Ascension  de 
iNotrc-Seigiicur  et  la  descente,  du  Saint- Ksprit  dans  le  cénacle, 
André  alla  annoncer  TKxangile  dans  la  Seythic,  le  Pont  ot  beau- 
coup d'autres  contrées.  I,a  tradition  la  plus  constante  est  qu'il 
donna  sa  vie  pour  la  foi  à  Pat  ras,  en  Achaïe,  où  il  fut  crucifié. 

On  rapporte  (pie  le  saint,  voyant  de  loin  la  croix  sur  laquelle 
il  devait  être  attaché,  s'écria  :  Je  vous  salue,  croix  précieuse, 
qui  ave/,  été  consacrée  par  le  corps  de  mon  Dieu  et  ornée  de 
ses  inombres  comme  avec  de  ricins  pierreries....  Je  m'approche 
«le  vous  a\oc  de  \  ifs  transports  de  joie  :  recevez-moi  dans  vos 
hras.  O  croix  salutaire  qui  ave/  été  embellie  par  les  membres  du 
Soigneur  !  je  vous  ai  ardemment  aimée.  Il  y  a  longtemps  que  le 


Ier  décembre.  —  ».  éloi,  év.  de  noyou .  4*& 

tous  désire ,  que  je  vous  cherche.  Mes  vœux  sont  enfin  ac- 
complis; recevez-moi  dans  vos  bras...  Que  celui  qui  s'est  servi 
de  tous  pour  me  racheter  puisse  me  recevoir  par  vous! 

L'amour  de  saint  André  pour  la  croix  Ta  fait  choisir  pour 
protecteur  et  pour  modèle  par  diverses  associations  religieuses 
dont  les  écrivains  de  sa  vie  ont  formé  les  listes  nombreuses.  (>u 
peut  j  joindre  ici  un  exemple  récent ,  bien  propre  à  édifier  les 
âmes,  à  montrer  que  la  vertu  de  la  croix  ne  s'est  point  affaiblie, 
et  que ,  si  plus  que  jamais  elle  est  devenue  pour  le  monde  un 
objet  de  scandale  et  de  folie ,  elle  n  en  est  pas  moins  toujours 
fittslrument  de  la  sagesse  et  de  la  puissance  de  Dieu, 

En  1805,  au  bourg  de  Maillé,  au  diocèse  de  Poitiers,  a  été 
lé  Tordre  des  Filles  de  la  Croix ,  autant  connues  sous  le  nom 
île  Sœurs  de  Saint-Jndrê ,  parce  que  ce  saint  est  le  patron  de 
la  congrégation  et  celui  du  vénérable  ecclésiastique  qui  en  est  le 
fondateur.  Cette  nouvelle  institution  a  pour  but  d'instruire  gra- 
tuitement les  pauvres  filles  et  de  porter  des  secours  aux  malades 
indigents.  Les  fruits  produits  par  les  vertueuses  Filles  de  la  Croix 
sont  si  abondants,  que  l'institut  s'étend  avec  une  extrême  rapidité 
sur  les  différents  points  du  royaume ,  et  que  les  supérieurs  géné- 
raux ne  peuvent  envoyer  des  sœurs  dans  toutes  les  villes  et  dans 
tous  les  bourgs  qui  en  sollicitent.  En  juillet  1829,  on  comptait 
ptns  de  soixante  maisons ,  dont  trois  seulement  reçoivent  des 
novices  Au  mois  de  mai  1820,  le  chef-lieu  de  cette  congrégation 
a  été  transféré  au  village  de  la  Puye ,  même  diocèse  de  Poitiers. 
Comme  le  fondateur  et  la  première  supérieure  générale ,  qui  le 
seconde  avec  tant  de  zèle ,  vivent  encore ,  on  ne  peut  parler  plus 
en  détail  du  bien  qu'ils  font  et  des  services  que  leur  congrégation 
rend  à  la  religion  et  à  la  société. 

Fin  du  mois  de  novembre. 


1er  décembre.  —  SAINT  KLOI,  évèque  de  Koyox.  —  6e  siècle. 

Eloi  vint  au  monde  dans  le  village  de  Chatelac,  près  Limoges, 
vers  l'an  558.  Son  père  s  appelait  Eucher,  et  sa  mère  Therrigie. 
Quand  ils  crurent  avoir  donné  à  leur  fils  une  connaissance  suffi- 
sante de  ses  devoirs  et  des  pratiques  de  la  religion ,  et  qu'ils  le  vi- 
rent en  âge  d'embrasser  un  état ,  ils  consultèrent  ses  inclinations, 


400  1er  décembre.  —  s.  eloi,  ev.  de  isoyon. 

et,  remarquant  eu  lui  beaucoup  de  goût  et  d'adresse  pour  les 
ouvrages  de  la  main ,  ils  le  confièrent  à  un  orfèvre  nommé  Ab- 
bon  :  c'était  le  maître  de  la  monnaie  à  Limoges,  qm  jouissait  d'une 
grande  réputation  de  probité  et  d'habileté  dans  sa  profession ,  et 
qui  était  fort  religieux. 

A  l'âge  de  trente  ans,  quelques  affaires  obligèrent  Éloi  d'aller  à 
la  cour  de  Clotaire  11 ,  qui  était  alors  à  Paris.  Il  y  fut  connu  de 
Bobon,  trésorier  du  roi,  qui  le  prit  sous  sa  protection  et  le  fit  tra- 
vailler à  la  monnaie  et  à  des  ouvrages  d'orfèvrerie.  Peu  de  temps 
après ,  le  roi  voulut  avoir  un  siège  ou  trône  orné  d'or  et  de  pier- 
reries; mais  aucun  de  ses  ouvriers  ordinaires  ne  put  saisir  son 
idée  et  l'exécuter.  Bobon,  qui  avait  déjà  eu  plusieurs  preuves,  de 
l'habileté  d'Eloi ,  crut  que  c'était  l'occasion  de  le  produire,  et  dit 
au  roi  qu'il  avait  trouvé  l'homme  que  Sa  Majesté  cherchait.  Sur 
son  témoignage,  le  prince  fit  donner  à  Éloi  la  quantité  d'or  et  de 
pierreries  qu'on  jugeait  nécessaire.  Éloi  se  mit  aussitôt  à  l'ou- 
vrage ,  et  bientôt  après ,  au  lieu  d'un  siège ,  il  en  présenta  deux 
au  roi.  A  la  vue  du  premier,  Clotaire  admira  fort  son  talent, 
mais  il  admira  beaucoup  plus  sa  probité  quand  on  vit  le  seeond , 
et  il  lui  dit  qu'après  une  si  grande  preuve  de  son  désintéressement, 
on  pouvait  se  fier  à  lui  pour  des  choses  d'une  plus  grande  impor- 
tance. 11  le  retint  à  la  cour,  et  lui  donna  dès  lors  une  très-grande 
part  dans  sa  confiance.  Il  le  logea  même  dans  son  palais,  et  se 
faisait  un  plaisir  singulier  d'aller  le  voir  travailler. 

Plus  Clotaire  voyait  Éloi ,  plus  il  était  charmé  de  ses  belles  qua- 
lités, et  plus  il  estimait  sa  vertu.  Croyant  qu'un  homme  d'une 
si  rare  probité  était  propre  à  autre  chose  qu'à  façonner  les  mé- 
taux ,  il  résolut  de  l'employer  aux  affaires  de  l'État.  Pour  se  l'at- 
tacher plus  sûrement ,  il  lui  proposa  de  prêter  le  serment  de  fidé- 
lité ordinaire  sur  les  saintes  reliques.  Éloi,  assuré  des  dispositions 
de  son  cœur,  promettait  bien  de  demeurer  fidèle  ;  mais,  craignant 
de  jurer  en  cette  occasion  sans  nécessité  contre  la  défense  de 
Jésus-Christ ,  il  ne  pouvait  se  résoudre  à  faire  le  serment  que  le 
prince  exigeait.  Clotaire,  ne  sachant  à  quoi  attribuer  ce  refus,  in- 
sista à  demander  le  serment.  Éloi  s'en  défendit  avec  toute  l'hu- 
milité possible,  et  tâcha  de  justifier  sa  répugnance  à  jurer.  Le  roi 
fit  d'abord  difficulté  de  recevoir  ses  excuses  ;  mais  jl  reconnut 
qu'il  n'agissait  que  par  délicatesse  de  conscience ,  et  lui  dit  que 
cette  manière  de  faire  l'assurait  plus  de  sa  fidélité  que  tous  les 
serments. 


l€r  décembre.  —  s.  éloi,  ev.  de  noyon.  461 

Cette  action  d'Éloi  fit  tant  d'impression  sur  l'esprit  de  saint 
Ouen ,  tout  jeune  qu'il  était  alors ,  car  il  n'avait  guère  que  onze 
à  douze  ans,  que,  le  regardant  comme  un  grand  serviteur  de  Dieu. 
il  rechercha  son  amitié  et  la  cultiva  toujours  depuis  avec  un 
grand  soin. 

Éloi,  peu,  content  de  ce  qu'il  avait  fait  jusqu'alors  pour  son 
salut,  entreprit  de  mener  une  vie  plus  réformée  et  plus  spirituelle. 
Il  repassa  dans  l'amertume  de  soa  cœur  sa  vie  passée ,  et  fit  une 
confession  générale  de  ses  péchés.  Il  s'imposa  ensuite  une  sévère 
pénitence,  mortifia  sa  chair  par  des  travaux,  et  par  des  jeûnes 
fréquents,  qu'il  prolongeait  quelquefois  deux  au  trois  jours.  On  ne 
voyait  chez  lui  d'autres  tapisseries  que  des  livres  rangés  par  ordre 
autour  de  sa  chambre ,  entre  lesquels  l'Écriture  sainte  tenait  le* 
premier  rang.  Après  avoir  chanté  des  psaumes ,  il  s'appliquait  à* 
la  lecture ,  il  lisait  même  en  travaillant.  Eu  un  mot ,  au  milieu  de 
ta  cour,  et  sous  un  habit  séculier,  il  menait  la  vie  des  religieux- 
les  plus  parfaits. 

Après  la  mort  de  saint  Acaire ,  évêque  de  Noyon ,  on  le  choisit 
pour  remplir  sa  place.  Éloi ,  voyant  qu'il  ne  pouvait  se  dispenser 
de  se  laisser  imposer  le  pesant  et  redoutable  fardeau  de  l'épis- 
eopat,  demanda  un  temps  suffisant  pour  se  préparer  à  recevoir 
les  saints  ordres  sans  précipitation  ;  et ,  après  deux  ans  de  prépa- 
ration, il  reçut  la  prêtrise  et  la  consécration  épiscopale  à  Rouen , 
en  640,  étant  âgé  de  cinquante-deux  ans. 

Éloi  fit  admirer  son  zèle  et  sa  sollicitude  pastorale  dans  la  vigi- 
lance et  les  soins  qu'il  apporta  pour  conduire  au  ciel  le  troupeau 
qui  lui  avait  été  confié.  Il  trouva  des  peuples  qui  n'avaient  ni  hu- 
manité ,  ni  raison ,  et  plus  semblables ,  par  leurs  mœurs  et  par 
leur  manque  de  politesse,  à  des  bêtes  qu'à  des  hommes.  Il  les 
instruisait  avec  une  tendresse  vraiment  paternelle ,  les  assistait 
dans  leurs  besoins,  prenait  soin  d'eux  dans  leurs  maladies,  et  les 
consolait  dans  leurs  afflictions,  Ces  barbares  étaient  étonnés  de  sa 
bonté,  de  sa  douceur,  de  son  désintéressement,  de  sa  grande  pa- 
tience ,  et  surtout  de  sa  vie  frugale  et  innocente.  L'admiration 
qu'ils  conçurent  pour  lui  leur  donna  envie  de  l'imiter,  et  plusieurs 
se  convertirent.  Ceux-ci ,  par  leur  exemple ,  en  entraînèrent  d'au- 
tres qui  accoururent  en  foule  écouter  les  prédications  du  saint 
prélat.  On  les  vit  bientôt  abattre  eux-mêmes  leurs  temples ,  ren- 
verser leurs  autels,  briser  leurs  idoles.  Éloi  les  catéchisait  exac- 
tement ,  leur  faisait  comprendre  la  sainteté  du  Dieu  qu'ils  allaient 

39. 


4G*  t"r  décembre.  —  *.  ftLOf,  fcv.  de  m* àffc 

servir,  et  la  pureté  des  n       *  cro'ft  rîteors.  Il  la 

éprouvait  pendant  une         e,         ;  la  ooattUHe  de^fareKifts 
siècles  du  christianisme,  ex  u       es    i^  à  Wqim^  i4tt^|tï*a 

un  grand  nombre.  l*  r,-"^:-*  '*■- 

Un  jour  de  fête  de  saint  Pierre ,  qu'il  prêchait  dans  une  paroisse 
près  de  Noyon ,  il  parla  fort  contre  les  danses  et  les  autres  jeux , 
qui  viennent  du  paganisme ,  et  où  les  bonnes  moeurs  sont  tant  en 
danger.  Los  habitants  du  lieu,  ne  pouvant  souffrir  qu'on  interdit 
des  divertissements  qu'ils  avaient  reçus  de  leurs  pères,  se  muti- 
ne mit  et  résolurent  do  faire  plutôt  périr  leur  évoque  que  de  se 
voir  troublés  dans  ces  malheureux  plaisirs.  Éloi  en  eut  avis, et, 
loin  d'être  épouvanté  de  leurs  mauvais  desseins,  il  y  retourna  et 
pi'cYha  encore  avec  plus  de  force  contre  ces  désordres,  résolu  de 
répandre  son  sang  s'il  le  fallait.  On  paya  son  zèle  d'injures  et 
d'outrages  :  on  ne  parlait  que  de  le  massacrer  et  de  le  mettre  en 
pièces ,  sans  oser  cependant  en  venir  aux  effets.  Éloi,  voyant  qu'il 
ne  faisait  rien  par  ses  prédications,  suivit  l'exemple  de  saint  Paul, 
et  les  livra  à  Satan,  Il  y  en  eut  cinquante  en  qui  Ton  vit  des  mar- 
ques sensibles  de  la  vengeance  divine,  jusqu'à  Tannée  suivante.  Ces 
mutins ,  devenus  plus  sages  par  cette  punition ,  et  les  antres  avec 
eux ,  demandèrent  pardon  au  prélat,  et  le  conjurèrent  de  vouloir 
bien  prier  Dieu  de  leur  rendre  la  santé  et  la  liberté.  Leur  repentir 
et  leur  soumission  les  délivrèrent  des  maux  qu'ils  s'étaient  attirés 
par  l'indocilité  et  l'impénitence. 

Éloi  s'appliqua  aussi  beaucoup  à  abolir  les  superstitions,  qui 
sont  presque  toujours  ou  les  restes  d'une  idolâtrie  grossière,  ou 
les  compagnes  d'une  dévotion  ignorante  et  intéressée.  On  voit, 
dans  ses  instructions ,  que  ces  absurdités  étaient  à  peu  près  les 
mêmes  que  celles  qui  se  pratiquent  encore  aujourd'hui,  comme 
de  consulter  les  devins,  les  sorciers,  les  diseurs  de  bonne  aven* 
turc  ;  d'ajouter  foi  à  leurs  prédictions^  d'observer  les  étetiiuinents, 
les  saignements  de  nez,  le  chant  et  le  vol  des  oiseaux,  les  jours 
de  la  lune  et  de  la  semaine  ;  de  passer  le  premier  jour  de  jan- 
vier dans  des  réjouissances  toutes  païennes,  de  Eure  des  masca- 
rades, etc.  De  telles  pratiques ,  dit  saint  Éloi ,  ne  viennent  pas  de 
Dieu ,  mais  du  démon. 

Éloi  passa  près  de  vingt  ans  dans  les  exercices  de  Fépisoopat  i 
qu'il  n'interrompait  que  pour  travailler  à  des  ouvrages  de  sa  pro* 
mière  profession.  Enfin  Dieu,  voulant  le  récompenser  de  toutes 
ses  bonnes  œuvres ,  lui  fit  connaître  que  le  moment  après  lequel 


2  décembre.  —  sainte  bibiane,  v.  et  m  4G3 

il  avait  tant  soupiré  arriverait  bientôt.  11  fut  attaqué  d'une  fièvre 
qui  l'affaiblit  peu  à  peu.  La  veille  de  sa  mort,  il  assembla  son 
cierge  et  ses  disciples,  et  leur  ût  un  long  discours  pour  les  exhorter 
à  demeurer  fermes  dans  les  sentiments  de  piété  qu'il  avait  tâché 
de  leur  inspirer  :  et  le  lendemain ,  premier  jour  de  décembre  de 
Fan  659,  après  les  avoir  embrassés,  il  mourut  en  recommandant 
son  âme  à  Dieu.  Il  était  âgé  de  soixante-dix  ans  et  quelques  mois. 


2  décembre*  —  SAINTE   BIBIANE,    vierge    et  martyre. 

—  4e  siècle. 

Nous  apprenons  d'Ammien  Marcel  lin ,  historien  païen  du  qua* 
trième  siècle  et  attaché  au  service  de  Julien  l'Apostat,  que  cet 
empereur  établit  Apronien  gouverneur  de  Rome,  en  363,  et 
qu' Apronien,  étant  en  route  pour  venir  dans  cette  ville,  eut  le 
malheur  de  perdre  un  œil.  Il  attribua  cet  accident  au  pouvoir  de 
la  magie;  et,  dans  cette  folle  persuasion,  il  résolut  d'exterminer 
les  magiciens ,  pour  satisfaire  tout  à  la  fois  sa  vengeance  et  sa  su- 
perstition. Sous  le  nom  de  magiciens  on  comprenait  les  chré** 
tiens ,  à  cause  des  miracles  qu'ils  opéraient  dans  les  premiers 
siècles  de  l'Église.  On  compte  sainte  Bibiane  parmi  les  martyrs 
qui  souffrirent  alors. 

Cétait  une  vierge,  native  de  Rome,  qui  vivait  dans  une  grande 
sainteté.  Flavien,  son  père,  chevalier  romain,  et  Dafrose,  sa 
mère ,  étaient  des  chrétiens  fort  zélés.  Flavien  fut  arrêté  et  dé- 
pouillé d'un  emploi  considérable  qu'il  avait  dans  la  ville.  On  lui 
brilla  le  visage  avec  un  fer  rouge,  et  on  le  bannit  à  Acquapen- 
dente ,  qu'on  appelait  alors  Aqux  Taurinx.  Il  y  mourut  peu  de 
temps  après*  des  suites  de  ces  tourments.  Dafrose  fut  renfermée 
quelque  temps  dans  sa  propre  maison.  On  l'en  tira  par  l'ordre 
d*  Apronien ,  et  on  la  conduisit  hors  de  la  ville  pour  lui  couper 
la  tête. 

Bibiane  et  Démétrie  sa  soeur,  ayant  perdu  ceux  dont  elles  avaient 
reçu  le  jour,  se  virent  privées  de  tout  ce  qu'elles  possédaient  dans 
le  monde.  Elles  éprouvèrent  pendant  cinq  mois  toutes  les  rigueurs 
de  la  pauvreté  :  mais  elles  firent  un  saint  usage  de  cette  épreuve. 
Apronien  s'était  flatté  de  vaincre  leur  constance  par  la  misère  : 
il  se  trompa  ;  il  les  fit  donc  comparaître  devant  lui.  Dieu  permit 
que  Démétrie ,  après  avoir  généreusement  confessé  sa  foi ,  tombât 


464       3  décembre.  —  s.  frais  cors  xavhb,  conp. 

morte  aux  pieds  du  juge.  Apronjen.  fit  remettre  Bibianc  entre 
les  mains  d'une  méditante  femme,  nommée  Rufine.  Cclle-iâ, 
voyant  l'inutilité  des  artifices  qu'elle  avait  employés  pour  séduire 
la  sainte ,  eut  recours  aux  plus  indignes  traitements.  Ils  n'eurent 
pas  plus  de  succès  que  les  caresses.  Apronien,  confus  et  furieux 
d'être  vaincu  par  une  jeune  vierge ,  la  condamna  à  mort.  La  sen- 
tence portait  que  Bibianc  serait  attachée  à  un-  pilier,  et  battue 
avec  des  fouets  garnis  de  plomb ,  jusqu'à  ce  qu'elle  expirât.  Elle 
souffrit  ce  supplice  avec  joie  et  mourut  sous  les  coups  des  bour- 
reaux. On  laissa  son  corps  exposé  pour  que  les  botes  le  dévoras- 
sent. Mais  un  saint  prêtre,  nommé  Jean,  l'enleva  secrètement  au 
bout  de  deux  jours ,  et  l'enterra  dans  la  nuit  près  du  palais  de 
Licinius.  J^es  chrétiens  érigèrent  une  chapelle  sur  son  tombeau , 
lorsquMls  curent  la  liberté  de  professer  leur  religion.  En  465,  le 
pape  Simplicc  y  fit  construire  une  belle  église ,  laquelle  fut  appelée 
Olympina ,  du  nom  d'une  dame  pieuse  qui  avait  payé  les  frais 
de  la  construction.  Honorius  III  la  fit  depuis  réparer.  Comme  elle 
tombait  en  ruines ,  dans  la  suite  des  temps  on  l'unit  à  Sainte- 
Marie-Majeure.  Urbain  VIII  la  fit  rebâtir  en  1628,  et  il  y  plaça  les 
reliques  des  saintes  Bibianc,  Démétrie  et  Dafrose.  Elles  avaient 
été  découvertes  dans  le  lieu  qu'on  a  quelquefois  appelé  Cimetière 
de  Sainte-Bibiane. 


3 décembre.  —  SAINT  FRANÇOIS  XAVIER,  confesseur 
apôtre  des  Indes  et  du  Japon.  —  16e  siècle. 

François  Xavier,  l'un  des  sujets  les  plus  distingués  qu'a  pro- 
duits la  Compagnie  de  Jésus ,  naquit  le  7  avril  f60&,  au  château 
de  Xavier,  près  Pampelunc.  I).  Jean  de  Jasso,  son  père,  était 
un  des  principaux  conseillers  d'État  de  Jcau  d'Albret,  roi  de  Na- 
varre ;  sa  mère  était  héritière  des  illustres  maisons  de  d'AJspilcucta 
et  de  Xavier.  Leurs  enfants  embrassèrent  presque  tous  l'état  mi- 
litaire. François,  qui  était  le  plus  jeune,  montrant  une  grande 
ardeur  pour  apprendre,  fut  envoyé  à  l'Université  de  Paris,  à  l'âge 
de  dix-huit  ans  :  il  fut  placé  au  collège  de  Sainte-Barbe.  Il  s'y  d» 
lingua  bientôt  par  la  rectitude  de  son  jugement  et  la  pénétration  ! 
de  son  esprit,  et  après  avoir  pris  le  degré  de  makre  es  arts,  il 
enseigna  la  philosophie  au  collège  de  Beauvais.  Ce  fut  dans  celui 
de  Sainte-Barbe,  qu'il  continuait  d'habiter,   qu'il  connut  saint 


$  décembre.  — «  s.  fbançois  xavieb,  conf.        4G5 

Ignace ,  qui  eut  de  la  peine  à  le  retirer  de  la  société  de  jeunes  lu- 
thériens envoyés  d'Allemagne  pour  répandre  secrètement  leurs 
erreurs  parmi  les  étudiants  de  l'Université.  Pendant  longtemps 
Xavier,  dont  la  tête  était  remplie  de  pensées  ambitieuses ,  n'écouta 
pas  Ignace  et  le  tournait  même  en  ridicule.  Celui-ci  supportait 
avec  douceur  et  avec  un  air  gai  les  mépris  de  l'autre,  et  lui  répé- 
tait sans  cesse  cette  parole  de  Jésus-Christ  :  Que  sert  à  f  homme 
de  gagner  Cunivers  entier,  s'il  vient  à  perdre  son  âme  ?  Tout 
cela  ne  faisait  rien  sur  Xavier,  qui  était  ébloui  du  désir  d'une 
vaine  gloire,  et  qui  voulait  concilier  l'amour  du  monde  avec  le 
christianisme.  Ignace  le  prit  par  son  faible  :  il  loua  ses  talents,  ap- 
plaudit à  ses  leçons,  et  ayant  su  qu'il  se  trouvait  dans  le  besoin,  lui 
offrit  de  l'argent.  Xavier,  qui  avait  l'âme  généreuse,  fut  touché  de 
ce  procédé,  vit  depuis  Ignace  avec  d'autres  yeux  et  l'écouta  avec 
attention.  Ce  ne  fut  qu'après  de  violents  combats  qu'il  se  rendit 
aux  impressions  de  la  grâce  et  se  mit  sous  la  conduite  d'Ignace, 
qui  le  fit  avancer  à  grands  pas  dans  la  voie  de  la  perfection. 

*  Le  jour  de  l'Assomption  1534,  Ignace,  avec  ses  six  compa- 
gnons,' du  nombre  desquels  était  Xavier,  se  rendit  à  Montmartre. 
Ils  y  firent  vœu  de  visiter  la  Terre  sainte  et  de  travailler  à  la 
conversion  des  infidèles ,  ou ,  si  cette  entreprise  ne  pouvait  avoir 
lieu,  d'aller  se  jeter  aux  pieds  du  pope  et  de  lui  offrir  leurs  serr 
vices,  pour  qu'il  les  employât  à  telles  bonnes  œuvres  qu'il  jugerait 
à  propos.  Le  15  novembre  1536,  ils  partirent  de  Paris,  au  nombre 
de  neuf,  pour  aller  rejoindre  Ignace,  qui  était  alors  à  Venise.  A 
leur  arrivée,  ils  se  distribuèrent  lej  hôpitaux,  pour  servir  les 
pauvres  tant  qu'ils  resteraient  dans  cette  ville. 

Xavier,  qui-était  un  de  ceux  placés  à  l'hôpital  des  Incurables, 
passait  les  nuits  en  prières ,  après  avoir  employé  le  jour  à  rendre 
aux  malades  les  services  les  plus  humiliants.  Il  s'attachait  de  pré- 
férence à  ceux  qui  avaient  des  maladies  contagieuses. 

Après  deux  mois  de  séjour  à  Venise ,  Ignace  envoya  ses  com- 
pagnons à  Rome  se  présenter  au  pape  Paul  1UT  et  lui  demander 
sa  bénédiction  pour  le  voyage  de  la  Terre  sainte.  Le  souverain 
pontife  les  reçut  avec  de  grands  témoignages  de  bouté,  et  accorda 
à  ceux  de  la  compagnie  qui  n'étaient  pas  encore  dans  les  ordres 
sacrés  la  permission  de  les  recevoir  de  tout  évêque  catholique. 
Xavier  fut  ordonné  prêtre  le  jour  de  la  fête  de  saint  Jean  Bap- 
tiste, en  1537,  et  tous  firent  vœu  de  chasteté,  de  pauvreté  et 
d'obéissance. 


•106        3  déceMbre.  —  s.  François  xavIeb,  cOftr. 

Xavier  voulut  passer  quarante  jours  daiis  uue  chaumière  aban- 
donnée pour  se  préparer  à  célébrer  sa  première  messe  ;  couchant 
sur  la  terre ,  et  ne  vivant  que  de  ce  qu'il  mendiait.  Pendant  ce- 
temps  ,  Ignace  envoya  tous  ses  compagnons  à  Vicence,  où  Xavier 
alla  les  rejoindre  et  dit  sa  première  messe.  De  là  il  se  rendit  a 
Bologne,  où  il  se  livra  aux  exercices  de  la  charité  et  aux  fonctions 
du  saint  ministère  :  il  serait  difficile  d'exprimer  tout  le  bien  qu'il 
lit  dans  cette  ville. 

Ignace  fit  venir  Xavier  à  Rome  dans  le  courant  de  Tannée  sui- 
vante. Tous  les  pères  de  la  Compagnie  s'y  étaient  réunis  pour  dé- 
libérer sur  1%  fondation  de  leur  ordre.  Les  délibérations  furent 
accompagnées  de  prières ,  de  veilles  et  de  pénitences  austères. 
Comme  il  s'était  écoulé  un  an  sans  qu'ils  eussent  trouvé  l'occa- 
sion de  passer  en  Palestine ,  et  que  la  guerre  qui  était  survenue 
entre  les  Vénitiens  et  les  Turcs  rendait  leur  projet  impraticable, 
ils  offrirent  de  nouveau  leurs  services  au  souverain  pontife,  en 
le  priant  de  les  employer  de  la  manière  qu'il  jugerait  la  plus  utile 
au  service  du  prochain.  Leurs  offres  furent  acceptées  :  ils  eurent 
ordre  de  prêcher  dans  Rome,  jusqu'à  ce  que  Sa  Sainteté  en  edt 
autrement  décidé.  Xavier  exerça  son  ministère  dans  l'église  de 
Saint-Laurent  in  D  a  maso  :  on  admira  tout  à  la  fois  son  zèle  et 
sa  charité. 

Jean  111 ,  roi  de  Portugal ,  (U  demander  au  pape  des  ouvriers 
éwingeliques  pour  aller  prêcher  la  foi  aux  Indes  orientales.  Govea, 
Portugais ,  qui  avait  été  principal  du  collège  de  Sainte-Barbe  de 
Paris  pendant  qu'Ignace  et  Xavier  y  demeuraient,  se  trouvait 
alors  à  Rome.  Frap|>é  du  bien  que  les  compagnons  de  saint  Ignace 
faisaient  dans  cette  ville ,  il  écrivit  au  roi  son  maître  que  des 
hommes  si  éclairés ,  si  humbles ,  si  zélés  et  si  avides  de  croix  , 
étaient  plus  propres  que  d'autres  à  aller  prêcher  la  foi  dans  les 
Indes.  Jean  III  chargea  son  ambassadeur  de  faire  les  démarches 
nécessaires.  Comme  les  établissements  des  Portugais  étaient  con- 
sidérables ,  le  pape  appuya  même  les  demandes  qu'on  fit  auprès 
du  supérieur.  On  demandait  six  de  ses  ouvriers  apostoliques; 
mais  Ignace  ne  put  en  accorder  que  deux;  il  désigna  Rodrigue* 
et  Robadilla.  Ce  dernier  s'étaut  trouvé  malade,  Xavier  fut  choisi 
pour  le  remplacer.  Use  rendit  en  Portugal  avec  Rodrigués,  que 
le  roi  jugea  à  propos  de  retenir  auprès  de  lui.  Ainsi  Xavier  partit 
seul  pour  les  Indes,  Tan  1541.  Le  pape  lui  avait  donné  le  carac- 
tère de  lé#il  apostolique;  mais,  loin  de  se  prévaloir  de  cette  di* 


.    3  décembre,  —  s.  François  xàvier,  cour.       467 

gnité ,  il  ne  voulut  avoir  ni  suite ,  ni  domestique,  ni  aucune  dis- 
tinction particulière.  En  1542,  il  arriva  à  Goa,  et  alla  d'abord 
prendre  son  logement  parmi  les  pauvres  à  l'hôpital.  II  refusa 
constamment  les  offres  du  vice-roi ,  qui  voulait  lui  donner  un  ap- 
partement dans  son  palais. 

Avant  de  commencer  ses  fonctions  de  missionnaire  apostolique, 
il  alla  rendre  ses  devoirs  à  l'évêque  de  Goa.  C'était  don  Jean 
d'Albuquerque,  religieux  de  Tordre  de  Saint-François,  prélat 
d'un  grand  mérite  et  plein  de  eèle  pour  la  propagation  de  la  foi. 
Xavier  lui  montra  les  pouvoirs  qu'il  avait  reçus  du  pape  et  du  roi 
de  Portugal ,  et  lui  déclara  qu'il  ne  voulait  les  exercer  qu'avec  sa 
permission.  Il  se  mit  ensuite  à  genoux  pour  recevoir  sa  bénédic- 
tion ;  le  prélat  fut  édifié  de  son  humilité ,  et  l'embrassa  tendre- 
ment. Il  se  forma  entre  eux  une  liaison  très-étroite ,  et  Xavier, 
quoique  autorisé  par  le  saint-siége  et  par  sa  qualité  de  légat,  n'en- 
treprit jamais  rien  sans  consulter  l'évéque. 

Le  saint  travailla  quelque  temps,  à  Goa,  à  la  réformation  des 
mœurs ,  tant  des  Portugais  que  de  quelques  idolâtres  mal  instruits 
et  mal  convertis,  qui  étaient  fort  déréglés.  Ses  soins  furent  cou- 
ronnés d'heureux  résultats.  Il  se  rendit  ensuite  à  la  côte  de  la 
Pêcherie,  et  se  mit  à  prêcher  l'Évangile  aux  gentils.  Il  parcourut 
successivement  toutes  les  Indes.  Sa  mission  devint  semblable  a 
celle  des  apôtres,  par  l'étendue  et  par  la  rapidité  de  ses  succès  : 
il  employait  les  moyens  dont  les  apôtres  s'étaient  eux-mêmes  servis 
pour  convertir  le  monde  idolâtre  :  la  prière ,  l'humilité ,  le  désin- 
téressement, la  mortification  et  le  don  des  miracles.  Il  pénétra 
jusque  dans  le  royaume  du  Japon,  où  il  fit  des  conversions  in- 
nombrables. 

Comme  un  seul  homme  ne  pouvait  suffire  aux  besoins  de  tant 
de  peuples,  Xavier  écrivit  à  Ignace,  son  général,  pour  demander 
des  missionnaires  de  sa  Compagnie.  Ce  dernier,  qui  ne  respirait 
que  le  salut  des  âmes  et  les  progrès  de  la  religion,  accueillit  fa- 
vorablement la  demande  de  son  fils  en  Jésus-Christ;  et  bientôt 
on  vit  dans  les  Indes  un  grand  nombre  de  chrétientés  florissantes 
gouvernées  par  des  ouvriers  formés  par  les  soins  d'Ignace  et  par 
ceux  de  Xavier. 

Quand  il  parut  au  Japon ,  sa  figure  étrangère  lui  attira  d'abord 
le  mépris  du  monde  ;  mais  sa  vertu  et  ses  miracles  ne  tardèrent 
pas  à  le  faire  respecter.  Il  parlait  à  la  fois  plusieurs  langues  diffé- 
rentes qu'il  n'avait  jamais  apprises  :  il  guérissait  les  malades  par 


4f>8  \  décembre.  —  saint  clémknt  d'Alexandrie,  b. 

le  signe  de.  la  croix,  il  ressuscitait  les  morts,  et  il  se  tendait  maître 
des  esprits  et  des  cœurs  par  la  vertu  du  Saint-Esprit.  Comme 
un  autre  saint  Paul,  il  se  faisait  tout  à  tous;  il  regardait  comme 
un  gain  les  fatigues,  les  souffrances,  les  dangers.  Lorsque  le  Sei- 
gneur lui  faisait  connaître  ce  qu'il  aurait  à  souffrir,  il  s'écriait: 
/ùicore  plus  Seigneur,  encore  plus!  A  l'égard  des  consolations 
dont  il  était  souvent  comblé ,  il  disait  :  Seigneur,  c'est  astez ,  Je 
ne  mérite  pas  d'être  tant  consolé! 

Il  mourut  âgé  de  quarante-six  ans,  le  2  décembre  1552,  dans 
nie  do  Sancian,  en  vue  de  la  Chine,  où  il  se  disposait  à  passer 
pour  y  établir  le  royaume  de  Jésus-Christ.  Son  corps  fut  ren- 
fermé dans  une. grande  caisse,  à  la  manière  des  Chinois,  et  cette 
caisse  fut  remplie  de  chaux  vive,  afin  que,  les  chairs  étant  plus 
tôt  consumées,  ou  pût  transporteries  os  àCroa.  Le  17  février  1558, 
on  ouvrit  ta  caisse ,  et  on  trouva  le  visage  frais  et  vermeil  comme 
celui  d'un  homme  qui  repose. 

François  Xavier  fut  béatifié  par  Paul  V,  en  1619,  et  canonisé 
par  Grégoire  XV,  en  1021.  Le  roi  de  Portugal  obtint  de  Be- 
noît XIV,  en  1747,  un  bref  portant  que  le  serviteur  de  Dieu  se- 
rait honoré  comme  patron  et  protecteur  de  toutes  les  contrées 
dvm  Indes  orientales. 


4  décembre.  —  SAINT  GLfctlENT  D'ALEXANDRIE, 

docteur.  —  3I!  siècle 

Titus  Flavius  Clément ,  que  quelques  auteurs  font  Athénien 
de  naissance ,  commença  ses  études  en  Grèce.  Il  les  continua 
en  Italie,  dans  l'Asie  Mineure,  dans  l'Assyrie  et  la  Palestine,  et 
les  acheva  en  Egypte.  Un  désir  incroyable  de  s'instruire  lui  fit 
ainsi  parcourir  les  différentes  parties  du  monde.  11  eut  entre  autres 
cinq  maîtres  célèbres  :  un  dans  la  Grèce,  qui  était  de  la  secte 
ionique ,  deux  dans  la  Calabrc ,  et  deux  en  Orient.  Quoiqu'il 
fût  très-versé  dans  la  philosophie  de  Platon  ,  il  donnait  la 
préférence  aux  principes  des  stoïciens.  Toutefois  il  ne  voulait 
tenir  a  aucune  secte  en  particulier,  se  contentant  de  choisir 
ce  qui  lui  semblait  meilleur  partout  où  il  le  trouvait.  Un  des 
maîtres  qu'il  eut  en  Palestine  était  Juif  d'extraction;  il  paraît 
même  qu'il  était  chrétien.  l,v.  dernier  qu'il  écouta,  et  qu'il  met 
lui-même  au-dessus  de  tous  les  autres,  fut  le  célèbre  Pantènc , 


4  décembre.  —  s.  clément  d'alexandhie.        469 

qui  était  à  la  tête   de    l'école  des  catéchèses  d'Alexandrie. 

Clément,  dont  les  études  avaient  pour  objet  la  recherche  de 
la  vérité ,  découvrit  les  erreurs  de  l'idolâtrie ,  et  vit  briller  à  ses 
yeux  la  lumière  de  la  foi.  Quelque  versé  qu'il  fût  dans  les  diffé- 
rentes branches  de  la  littérature  profane,  il  vit  qu'il  lui  manquait 
la  plus  essentielle  des  connaissances ,  celle  de  laquelle  dépend 
le  bonheur  de  l'homme ,  et  qui  ne  peut  se  trouver  que  dans  la 
▼raie  religion.  Il  se  mit  donc  à  étudier  la  théologie,  science  qui, 
tdon  lui,  n'a  a* autre  but  qu'une  vie  perfectionnée  par  toutes 
Us  vertus.  II  nous  apprend  que  quelques-uns  des  successeurs 
immédiats  des  apôtres,  qui  avaient  conservé  la  vraie  tradition 
de  la  bienheureuse  doctrine  enseignée  par  saint  Pierre,  saint 
Jacques,  saint  Jean  et  saint  Paul,  vivaient  encore  de  son  temps. 
«  Ils  sèment,  disait-il,  dans  nos  cœurs  la  divine  semence  qu'ils 
ont  reçue  des  apôtres  leurs  prédécesseurs.  » 

Pantène  ayant  été  envoyé  dans  les  Indes  par  l'évêque  Démé- 
trius,  en  189,  Clément  lui  succéda  dans  la  place  de  catéchiste 
d'Alexandrie ,  qu'il  remplit  avec  un  grand  succès.  On  compte 
parmi  ses  principaux  disciples  Origène  et  saint  Alexandre,  de- 
pois  évéque  de  Jérusalem  et  martyr.  Sa  méthode  était  d'ins- 
truire ceux  qui  venaient  l'écouter,  de  ce  qu'il  y  avait  de  bon 
dans  la  philosophie  païenne,  afin  de  les  conduire  par  degrés 
à  la  connaissance  du  christianisme.  Pour  le  leur  faire  aimer  et 
leur  inspirer  le  désir  de  l'embrasser,  il  insistait  sur  certains  points 
de  morale  que  découvrent  les  lumières  naturelles ,  et  qui  se  trou- 
vent semés  dans  les  écrits  des  philosophes.  Il  fut  ordonné 
prêtre  vers  le  commencement  du  règne  de  Sévère  ;  car  Eusèbe 
lui  donne  ce  titre  en  195. 

La  persécution  qu'excita  cet  empereur,  en  202 ,  l'obligea  d'a- 
bandonner son  école.  Il  se  retira  dans  la  Cappadoce.  Nous  le 
voyons  à  Jérusalem  peu  de  temps  après,  et  nous  apprenons  par 
une  lettre  de  saint  Alexandre,  évéque  de  cette  ville,  qu'il  y  prê- 
cha avec  beaucoup  de  zèle  et  de  succès.  De  Jérusalem  il  se 
rendit  à  Antioche  Dans  tous  les  lieux  par  lesquels  il  passait, 
il  encourageait  les  disciples  de  Jésus-Christ,  et  tâchait  d'en  aug- 
menter le  nombre.  D' Antioche  il  revint  à  Alexandrie. 

Les  anciens  ont  donné  de  grands  éloges  à  sa  vertu  et  à  son 
savoir,  et  ces  éloges  se  trouvent  justifiés  par  ce  qui  nous  reste 
de  ses  écrits  que  nous  ferons  connaître  en  peu  de  mots. 

Son  Exhortation  aux  gentils  a  pour  objet  de  faire 'sentir 

VIES   DES  SA  IMS.   —  T.   II.  40 


470  4  décembre.  —  sainte  barbe,  T.  BT  M. 

l'absurdité  de  l'idolâtrie;  et  cette  absurdité  devient  singulière- 
ment frappante  par  le  précis  historique  que  donne  l'auteur  de  la 
mythologie  païenne.  II  composa  ensuite  ses  Stromaiei  ou 
Tapisseries,  recueil  de  mélanges,  divisé  en  huit  livres  et  où  il  y 
a  peu  d'ordre,  mais  qu'il  avait  fiait  pour  lui  servir  de  répertoire 
dans  sa  vieillesse,  lorsque  la  mémoire  viendrait  à  lui  manquer. 
Il  est  aussi  remarquable  qu'intéressant  par  l'érudition  qui  y 
règne ,  et  par  l'abondance  et  la  variété  des  matériaux  qu'il  ren- 
ferme. Enlin ,  le  Pédagogue  de  notre  saint  docteur,  divisé  en 
trois  livres ,  est  un  excellent  abrégé  de  morale ,  où  Ton  voit  de 
quelle  manière  les  bons  chrétiens  vivaient  dans  ces  premiers 
temps. 

Saint  Jérôme  appelle  saint  Clément  d'Alexandrie  le  plus  sa- 
vant des  écrivains  ecclésiastiques.  Théodoret  dit  qu'il  surpassait 
tous  les  autres  par  l'étendue  de  ses  connaissances.  Saint  Alexan- 
dre de  Jérusalem  et  les  anciens  auteurs  font  de  grands  éloges 
de  la  sainteté  de  sa  vie. 

Saint  Clément  mourut  à  Alexandrie,  avant  la  fin  du  règne  de 
Caracalla,  qui  fut  assassiné  en  l'an  217.  On  ne  trouve  point  son 
nom  dans  le  martyrologe  romain  ;  mais  il  est  dans  celui  d'U- 
guard ,  qui  a  été  longtemps  en  usage  dans  la  plupart  des  églises 
de  France. 


4  décembre.  —  SAINTE  BARBE,  viebge  et  mabtybb.  — 

4e  siècle. 

Barbe,  native  de  JNicomédie,  était  fille  de  Dioscore,  moins  dis- 
tingué par  sa  noblesse  que  par  son  attachement  a  l'idolâtrie. 
Cette  vierge  pieuse  parvint  bientôt,  à  l'aide  de  la  grâce  divine,  ù 
connaître  les  choses  invisibles  de  Dieu  par  le  moyen  des  choses 
visibles.  Dès  lors  die  ne  voulut  plus  penser  qu'à  Dieu  et  à  l'é- 
ternité. Son  père,  pour  cacher  aux  regards  des  hommes  sa  rare 
beauté,  l'enferma  dans  une  tour.  Là,  uniquement  appliquée  à  b 
méditation  et  à  la  prière ,  Barbe,  qui  n'avait  d'autre  désir  que 
de  plaire  à  Dieu,  refusa  les  alliances  illustres  que  son  père  lui 
proposa.  Dioscore,  dans  l'espoir  de  triompher  plus  aisément  de 
i>a  résistance,  se  décida  à  la  quitter  pour  quelque  temps;  mais 
afin  que  rien  ne  lui  manquât,  il  fit  construire  une  salle  de  foi» 
dans  la  tour  qu'elle  habitait.  Ensuite  il  partit  pour  une  contrée 
lointaine. 


4  décembre.  — sainte  bjlkbe,  v.  et  m.  471 

En  l'absence  de  son  père,  Barbe  fit  ajouter  aux  deux  fenêtres 
de  sa  tour  une  troisième  ouverture  en  l'honneur  de  la  divine 
Trinité,  et  elle  traça  sur  sa  baignoire  le  signe  vénéré  de  la  croix. 
Quand  Dioscorc  à  son  retour  vit  ces  choses  nouvelles  et  qu'il 
ai  apprit  la  signification ,  il  s'emporta  contre  sa  fille  avec  tant 
de  violence,  qu'il  se  précipita  sur  elle  l'épée  à  la  main,  et 
mgnsrri  de  la  tuer  dans  sa  fureur.  Mais  Dieu  vint  au  secours  de 
m  servante.  La  chute  d'un  énorme  rocher  favorisa  la  fuite  de 
la  vierge  chrétienne ,  et  lui  procura  un  passage  par  où  elle  put 
atteindre  le  sommet  d'une  montagne  et  se  cacher  ensuite  dans 
une  caverne.  Dioscore,  l'y  avant  découverte,  l'accabla  inhumai- 
nement de  coups,  la  foula  aux  pieds;  puis  la  saisissant  par  les 
cheveux,  il  finit  par  la  livrer  au  gouverneur  Martien,  qui  devait 
la  punir  à  cause  de  sa  foi. 

Cet  homme  impie  employa  tous  les  moyens  pour  la  séduire . 
mais  ce  fut  inutilement.  Barbe ,  dépouillée  de  ses  vêtements ,  fut 
frappée  par  les  ordres  du  tyran  à  coups  de  nerfs  de  bœuf.  Bien- 
tôt après  on  raviva  ses  blessures  avec  des  têts  de  pots  cassés , 
et  on  la  jeta  en  prison.  Jésus-Christ  lur  apparut  avec  une  vive 
lumière,  et  la  remplit  d'une  force  merveilleuse,  afin  de  l'aider 
à  supporter  les  derniers  tourments.  A  la  vue  de  ce  prodige, 
une  femme  nommée  Julienne  se  convertit  et  partagea  avec  la 
sainte  la  palme  du  martyre.  Quant  à  la  vierge,  elle  eut  les  mem- 
bres déchirés  par  des  ongles  de  fer,  les  côtés  brûlés  avec  des 
torches ,  la  tête  brisée  à  coups  de  maillet.  Au  milieu  de  ees  cruels 
supplices ,  elle  consolait  sa  compagne  et  l'exhortait  à  combattre 
jusqu'à  la  mort.  Enfin  on  leur  coupa  le  sein  à  toutes  deux,  et  on 
les  traîna  nues  sur  les  places  publiques.  Alors  Dioscore  agissant 
comme  le  père  le  plus  dénaturé,  ou  plutôt  comme  un  monstre 
étranger  à  l'humanité,  trancha  de  sa  propre  main  la  tête  de  sa  fille, 
qui  consomma  ainsi  son  glorieux  martyre  en  Tan  de  J.  C.  306* 
L'affreuse  cruauté  de  Dioscore  ne  demeura  pas  longtemps  im- 
punie ,  car  ce  misérable  périt  sur  le  lieu  même ,  frappé  de  la 
foudre.  Le  corps  de  la  bienheureuse  vierge  fut  transféré  de 
Nicomédie  à  Constantinople  par  les  soins  de  l'empereur  Justin. 
Dans  la  suite  les  Vénitiens  obtinrent  en  don  des  empereurs  grecs 
ees  saintes  reliques,  qu'ils  placèrent  solennellement  dans  la 
basilique  de  Saint-Marc,  à  Venise.  En  dernier  lieu  ce  précieux 
corps  fut  transporté  dans  l'église  des  religieuses  de  Saint-Jean 
TÉvangéliste ,  au  diocèse  de  Torcellano. 


472     4  décembre.  —  s.  piebiie  chrysologui,  abch. 


4  décembre.  —  SAINT  PIKRRK  CHRYSOLOGUE,  4BCHK- 

YÊQUE    DE   RaYENNE,    CONFESSEUR    ET    DOCTEUR   DB  l/f> 

glisk.  —  5e  siècle. 

Saint  Pierre,  surnommé  Chrysologue  ou  Éloquent,  est  né  à 
Imola ,  ville  épiscopale  de  l'État  ecclésiastique.  II  fut  instruit 
dans  les  saintes  lettres,  et  ordonné  diacre  par  Corneille,  évéque 
de  cette  ville.  Ce  fut  sous  la  conduite  de  ce  savant  et  saûit  prélat, 
dont  notre  saint  fait  l'éloge  dans  ses  ouvrages,  eu  l'appelant  son 
père,  qu'il  apprit  à  maîtriser  ses  passions,  à  tendre  à  la  per- 
fection par  les  exercices  de  la  vie  intérieure.  Pour  se  revêtir  enfin 
de  l'esprit  de  Jésus-Christ,  il  embrassa  l'état  monastique,  et  ne 
sortit  de  la  solitude  que  quand  on  le  chargea  du  gouvernement 
de  l'église  de  Ravenne.  Jean ,  archevêque  de  cette  ville,  étant 
mort  en  430 ,  le  clergé  et  le  peuple  lui  choisirent  un  successeur, 
et  prièrent  Corneille,  évêque  d'Imola,  de  se  joindre  à  leurs  dé- 
putés qui  allaient  à  Rome  demander  la  confirmation  de  l'élection 
qu'ils  avaient  faite.  Xiste  III  occupait  alors  le  saint-siège;  Cor- 
neille prit  avec  lui  Pierre  Chrysologue ,  qui  n'était  encore  que 
diacre.  Le  pape  refusa  de  ratifier  l'élection  faite  pour  le  siège  de 
Ravenne,  et  proposa  d'y  placer  le  diacre  Pierre,  comme  celui 
que  le  ciel  y  destinait.  Les  députés  de  Ravenne,  après  quelques 
difficultés  de  leur  part  T  se  rendirent  au  désir  du  pape.  Pierre 
fut  sacré  évêque. 

On  le  conduisit  à  Ravenne ,  où  il  fut  reçu  avec  des  démons- 
trations  de  respect  et  de  joie.  Le  nouvel  évêque  implora  d'abord, 
par  la  prière  et  le  jeûne ,  les  grâces  de  Dieu  sur  son  peuple  «*t 
sur  lui-même;  et  soit  par  ses  exemples,  soit  par  -es  discours, 
il  travailla  à  la  réforme  des  abus  qui  s'étaieut  introduits,  à  extir- 
per les  restes  des  superstitions  païennes ,  et  à  sanctifier  tous  les 
états  par  tous  les  moyens  que  le  zèle  pastoral  peut  inspirer.  Il 
recommandait  surtout  la  prière ,  l'aumône ,  la  mortification  des 
sens,  et  exhortait  les  fidèles  à  la  fréquentation  de  l'adorable 
sacrement  de  l'eucharistie.  Son  zèle  pour  l'extirpation  des  hé- 
résies et  le  maintien  de  la  paix  de  l'Église  se  manifesta  par 
la  fermeté  avec  laquelle  il  répondit  à  l'hérésiarque  Eutychès ,  qui 
lui  avait  adressé  une  sorte  d'apologie  de  ses  erreurs.  Notre  saint 
reçut  à  Ravenne,  en  448,  saint  Germain  d'Auxerre.  Ces  deux 
grands  évêques  étaient  liés  d'une  amitié  étroite  ;  et  quand  saint 


4  décembre.  —  s.  réparât  et  ses  comp.  m.      475 

Germain  mourut,  Pierre  lui  rendit  les  plus  grands  honneurs 
funèbres,  et  regarda  comme  un  bonheur  pour  lui  d'hériter  de 
son  capuchon  et  de  son  cilice.  Il  ne  lui  survécut  pas  longtemps. 
Averti  par  ses  infirmités ,  et  sentant  que  sa  mort  approchait ,  il 
voulut  retourner  à  Imola ,  sa  patrie.  Il  y  mourut  le  2  décembre 
450,  et  fut  enterré  dans  l'église  de  Saint-Cassien,  à  laquelle 
il  avait  fait  quelques  riches  présents. 


4  décembre.  —  SAINT  RÉPARÂT  ET  SES  COMPAGNONS , 

martyrs.  —  5e  siècle. 

L'an  de  Jésus-Christ  484 ,  Hunéric,  roi  des  Vandales  d'Afri- 
que, renouvela  la  persécution  qu'il  avait  déjà  fait  souffrir  aux 
catholiques  de  ses  États,  pour  les  obliger  de  confesser  avec  lui , 
selon  les  dogmes  impies  d'Arius,  que  Jésus-Christ  n'était  pas 
Dieu  ni  de  même  substance  que  son  Père.  II  bannit  les  évéques , 
et  envoya  en  même  temps  des  bourreaux  par  toute  l'Afrique, 
avec  ordre  de  n'avoir  égard  ni  à  l'âge  ni  au  sexe  de  ceux  qui 
refuseraient  de  lui  obéir.  On  fit  mourir  les  uns  à  coups  de  bâton  ; 
on  pendit  et  on  brûla  les  autres  ;  on  dépouilla  les  femmes ,  prin- 
cipalement celles  des  familles  nobles,  pour  les  fouetter  publi- 
quement. 

A  Typase ,  dans  la  Mauritanie ,  les  catholiques ,  voyant  qu'on 
leur  donnait  un  évêque  arien  des  plus  violents,  prirent  la  réso- 
lution de  s'embarquer  tous  pour  passer  en  Espagne.  La  plus 
grande  partie  l'exécuta.  Il  n'en  resta  qu'un  petit  nombre,  faute 
de  vaisseaux.  L'évêque arien  s'efforça  de  les  pervertir;  mais  Dieu 
les  fortifia  tellement,  qu'ils  ne  furent  ébranlés  ni  par  ses  caresses, 
ni  par  ses  menaces,  et  se  séparèrent  de  lui  pour  célébrer  les 
saints  mystères.  Ce  faux  évêque,  bien  éloigné  de  la  douceur  qui 
convient  à  son  état  et  à  un  bon  pasteur,  écrivit  contre  eux  à 
Hunéric.  Le  roi ,  irrité  de  voir  qu'on  ne  lui  obéissait  pas  plutôt 
qu'à  Dieu,  envoya  des  commissaires,  avec  ordre  de  faire  assem- 
bler tous  les  catholiques  de  la  ville  dans  la  place  publique,  et  de 
leur  faire  couper  à  tous  la  langue  et  la  main  droite.  Cet  ordre 
cruel  fut  exécuté  avec  une  extrême  rigueur  ;  mais,  par  un  effet 
de  la  puissance  de  Dieu ,  qui  voulait  couvrir  ces  barbares  de 
confusion,  quoiqu'on  eût  coupé  aux  fidèles  la  langue  jusqu'à  la 
racine ,  ils  ne  laissèrent  pas  de  parler  aussi  bien  qu'auparavant. 
Saiut  Victor,  évêque  de  Vite ,  qui  vivait  aiors ,  et  qui  a  eu  aussi 

40, 


474  6  décembre.  —  S   SABAt  *  AM**  ■  .  il 

:i  souffrir  de  cette  persécution,  nui  tr*snrûsjsasjii  lis  te  mferack', 
et  assure  que  eus  confesseurs  de  ta  foi  pariâttl  sa**»  lacsqu' 1 
écrivît  cette  histoire,  trois  ou  quatre  ans  apaè* sjaftj*  johej*  ; 
fut  arrivée.  Si  quelqu'un  eu  douta»  ajouta  l  s% jnWjSslsÂàBftSjfr  î 
tantinople,  et  il  trouvera  entre  autres  un  sous-diacre,  noané 
Rqnurat ,  qui  parle  nettement  sans  aucune  peine ,  et  qui,  pour 
cette  raison,  est  singulièrement  honoré  dans  le  palais  do  fanse- 
rcur  Zenon,  principalement  de  rimpératrice.  Victor  n'est  pas  le 
seul  témoin  de  ce  miracle.  Knée  de  Gaze,  philosophe  platonkin 
qui  ne  doit  être  suspect  de  crédulité  à  personne ,  dit  en  termes 
très-formels  qu'il  a  vu  et  entendu  parler  ces  victimes.  L'historien 
l>rocope  en  rend  aussi  un  témoignage  positif.  Le  comte  Marcetia, 
dans  sa  chronique,  rapporte  également  qu'il  a  vu  un  de 
confesseurs.  I /empereur  Justinien  déclare  aussi  Farcir  vu, 
une  loi  qu'il  fit  depuis  en  faveur  de  l'Afrique. 

IX1  sorte  que  voilà  un  miracle  des  plus  avérés  qu'on  puisse 
souhaiter,  et  contre  la  certitude  duquel  il  n'y  a  pas  d'incrédulité 
qui  puisse  tenir.  11  est  rapporté  par  cinq  témoins  contemporains 
et  oculaires.  Ils  disent  tous  qu'ils  ont  vu.  Ils  sont  tous  de  dif- 
férentes professions  et  de  différents  pays ,  nullement  intéressés  à 
nous  en  imposer  ;  tous  cinq  sont  personnages  d'autorité  et  de 
poids.  C'est  un  évèque,  c'est  un  philosophe,  c'est  un  historien, 
c'est  un  chroniqueur,  c'est  enfin  un  empereur  qui  en  parle  dans 
une  loi  fuite  pour  le  pays  même  où  la  chose  était  arrivée.  Qui 
pourrait  en  douter  après  des  témoignages  si  authentiques  et  si 
concordants? 


5  décembre.  —  SAINT  SABAS,  ABBÉ.  —  e*  siècle. 

Sabas  vint  au  monde  vers  Tan  439,  à  Mutalasqne  près  Cé- 
snrée,  en  Cappadocc.  Son  père,  nommé  Jean,  et  sa  mère, 
nommée  Sophie ,  étaient  des  plus  considérables  du  pays  par  leur 
noblesse  et  par  leur  vertu.  Son  père,  qui  était  officier  dans 
l'armée ,  fut  obligé  d'aller  en  Egypte.  Gomme  il  emmenait  sa 
femme  avec  lui,  il  mit  son  fils,  âgé  de  cinq  ans,  et  tous  ses  biens 
entre  les  mains  d'Hermias,  frère  de  Sophie,  pour  en  prendre  son 
pendant  son  absence.  Il  y  avait  à  peine  trois  ans  que  le  jeune 
Sabas  y  était ,  que,  ne  pouvant  plus  supporter  la  mauvaise  hu- 
meur de  sa  tante ,  il  se  vit  obligé  de  se  retirer  chez  un  onde  pa- 
ternel, nommé  Ci regoire,  qui  demeurait  dans  un  village  voisir. 


5  décembre,  —  s.  sabas,  abbé.  475 

lire,  étant  chargé  de  l'éducation  de  l'enfant,  voulut  aussi 
«foir  l'administration  des  biens ,  ce  qui  occasionna  de  grandes 
dtaputes  entre  lui  et  Hermias.  Sabas, tout  jeune  qu'il  était,  fut 
très-sensible  à  ce  différend,  dont  un  vil  intérêt  était  la  cause, 
et  H  résolut  de  se  retirer  du  monde.  Il  alla  se  présenter  à  un 
monastère  nommé  Flavianne,  à  une  lieue  de  sa  patrie.  Le 
supérieur  le  reçut  avec  bienveillance,  et  le  fit  instruire  avec  soin 
dans  la  science  des  saints  et  la  pratique  des  observances  monas- 
tiques. Pendant  quelque  temps ,  les  oncles  de  Sabas  s'occupaient 
peu  de  ce  qu'il  était  devenu  :  à  la  fin,  rougissant  de  leur  conduite, 
is  lui  proposèrent  de  quitter  le  monastère  et  de  l'établir  dans 
te  monde  ;  mais  le  jeune  homme  persista  dans  la  résolution  de 
ne  penser  qu'aux  biens  éternels. 

A  Tâge  de  18  ans,  Sabas  demanda  et  obtint  la  permission  . 
d'aller  à  Jérusalem  pour  y  visiter  les  lieux  sanctifiés  par  la  pré* 
sence  corporelle  de  Jésus-Christ ,  et  pour  s'édifier  par  l'exemple 
des  solitaires  des  déserts  voisins.  L'abbé  avait  fait  d'abord  quel- 
que difficulté;  ensuite,  persuadé  que  cette  pensée  venait  de 
Dieu,  il  lui  donna  sa  bénédiction  et  le  laissa  partir.  Sabas  passa 
l'hiver  à  Jérusalem  dans  le  monastère  de  saint  Passarion, 
gouverné  par  un  bon  vieillard,  nommé  Elpide.  On  y  fut  si 
charmé  de  ses  vertus,  qu'on  ne  désirait  rien  tant  que  de  le  gar- 
der ;  mais  son  amour  pour  la  retraite  et  pour  le  silence  lui  fit 
préférer  de  se  placer  sous  la  conduite  de  saint  Euthyme.  Il 
alla  le  trouver  ;  et ,  s' étant  jeté  à  ses  pieds ,  il  le  conjura ,  les 
larmes  aux  yeux,  de  le  recevoir  au  nombre  de  ses  disciples. 
Euthyme,  le  trouvant  trop  jeune  pour  vivre  dans  sa  laure  (1) ,  le 
fit  entrer  dans  un  monastère  gouverné  par  Théochiste ,  qui  lui 
ordonna  plus  tard  d'accompagner  un  des  frères  qui  allait  à 
Alexandrie.  Ses  parents,  qui  étaient  dans  cette  ville,  le  recon- 
nurent et  mirent  tout  en  œuvre  pour  lui  faire  abandonner  l'état 
qu'il  avait  embrassé;  mais  Sabas  s'y  refusa  absolument,  ne 
voulant  pas  se  rendre  coupable  d'apostasie  envers  Dieu.  Ils  le 
pressèrent  ensuite  d'accepter  une  somme  considérable  pour  ses 
besoins  ;  mais  il  ne  voulut  recevoir  que  trois  pièces  d'or,  qu'il 
remit  à  son  supérieur  lorsqu'il  entra  au  monastère. 

Il  demanda,  à  trente-cinq  ans,  la  permission  de  passer  cinq 

(  I  )  jOr  appelait  ainsi,  en  Orient,  d'anciens  monastères  dont  les  cellules 
ëparses  rà  et  là  formaient  une  sorte  de  village. 


470  &  décembre.  —  s.  sabas,  abdé. 

jours  de  la  semaine  dans  une  caverne  écartée  :  on  la  lui  accorda, 
de  l'avis  de  saint  Kuthyme.  11  y  pratiquait  un  jeûne  rigoureux, 
et  partageait  tout  son  temps  entre  la  prière  et  le  travail  des  mains. 
Il  sortait  du  monastère  le  dimanche  au  soir,  chargé  de  bran- 
ches de  palmier,  et  y  rentrait  le  samedi  au  matin  avec  cinquante 
corbeilles  qu'il  avait  faites. 

Après  la  mort  de  saint  Euthymc,  Sabas  se  retira  dans  un  dé- 
sert vers  l'Orient,  où  demeurait  saint  Gérasime.  Il  y  avait  un  peu 
plus  de  quarante  ans  que  Sabas  vivait  dans  cet  éloignement 
luuverscl  du  commerce  des  hommes,  lorsqu'il  fixa  sa  demeure 
dans  une  caverne  au-dessous  de  laquelle  coule  le  torrent  de 
Cédron.  Les  herbes  qui  croissaient  sur  la  montagne  faisaient 
toute  sa  nourriture.  Des  paysans,  ayant  découvert  sa  retraite, 
furent  surpris  de  voir  un  homme  habiter  un  tel  lieu,  et  conçu- 
'  rent  une  si  grande  idée  de  sa  sainteté,  qu'ils  s'estimèrent  heureux 
de  pouvoir  lui  rendre  quelques  services.  Ils  convinrent  entre 
eux  de  lui  apporter,  à  certains  jours ,  du  pain  et  du  fromage ,  des 
dattes  et  autres  choses  dont  il  pouvait  avoir  besoin. 

Sabas  passa  cinq  ans  sans  autre  compagnie  que  celle  de  Dieu. 
Il  lui  vint  ensuite  plusieurs  disciples ,  amenés  par  le  désir  de 
servir  le  Seigneur  dans  la  solitude ,  sous  la  conduite  d'un  homme 
si  expérimente  dans  ce  genre  de  vie.  Il  eut  peine  d'abord  à  s'en 
charger;  mais  sa  charité  l'emporta  sur  son  humilité  et  son 
amour  pour  la  contemplation.  Il  fut  bientôt  à  la  tête  de  soixante- 
dix  (>ersonnes  entièrement  dévouées  à  la  pratique  des  préceptes 
de  Jésus-Christ,  et, continuellement  occupées  à  prier  Dieu.  Il 
assigna  à  chacun  un  lieu  propre  à  bâtir  une  cellule.  Comme  on 
manquait  de  bonne  eau ,  il  demanda  au  Très-Haut  qu'il  lui  plût 
de  découvrir  une  fontaine  à  une  distance  peu  éloignée.  Après  sa 
prière,  il  fit  creuser  au  pied  de  la  montagne,  et  on  trouva  une 
source  qui  coule  encore  aujourd'hui.  11  ût  bâtir  auprès  de  sa  laure 
une  petite  chapelle.  Quand  un  prêtre  venait  pour  visiter  ces 
lieux,  il  le  priait  de  célébrer  les  divins  mystères.  Il  veillait  sur 
tous  ses  disciples ,  et  avait  grand  soin  de  pourvoir  à  leurs  divers 
besoins,  de  leur  ôter  tout  prétexte  de  quitter  leur  solitude.  Il  eut 
néanmoins  la  douleur  d'en  voir  quelques-uns  se  révolter  contre 
lui  et  porter  même  des  plaintes  à  Salluste,  patriarche  de  Jéru- 
salem, qui,  les  trouvant  sans  fondement,  et  reconnaissant  que 
le  défaut  de  prêtre  était  sujet  à  trop  d'inconvénients  pour  n'y 
pas  remédier,  éleva  Sabas  au  sacerdoce.    I^s  mécmlcutemenls 


S  décembre.  —  s.  sabas,  abbé.  477 

tout  de  suite ,  et  la  paix  fut  rétablie.  Sabas  avait  alors 
cinquante-cinq  ans.  L'éclat  de  sa  sainteté  augmentait  tous  les 
:  il  lui  venait  des  disciples  des  contrées  les  plus  éloignées. 
père  étant  mort,  sa  mère  vint  le  trouver  pour  servir  Dieu 
Ms  sa  conduite.  Il  employa  l'argent  qu'elle  avait  apporté  à 
bâtir  des  hôpitaux  et  des  monastères. 

A  rexemple  de  saint  Euthyme,  Sabas  faisait  tous  les  ans  une 
ntraite  après  l'Epiphanie.  Pendant  le  carême,  il  ne  prenait 
f autre  nourriture  que  la  sainte  communion  qu'il  recevait  le  sa- 
mtài  et  le  dimanche.  Ce  fut  dans  une  de  ces  retraites  qu'il  trouva 
■i  saint  anachorète  qui  vivait  depuis  trente-huit  ans  dans  une 
profonde  solitude,  sans  autre  nourriture  que  les  herbes  qui  crois- 
aient  autour  du  lieu  où  il  s'était  retiré. 

Après  la  mort  du  patriarche  Salluste ,  Sabas  fut  informé  que 
quelques-uns  de  ses  moines  voulaient  se  révolter  de  nouveau  :  il 
son  monastère  et  se  retira  dans  le  désert  de  Scythopolis, 

il  entra  dans  une  caverne  dans  laquelle  un  lion  faisait  sa  de- 
L'antmal  ne  rentra  qu'à  minuit,  et,  trouvant  le  saint  en- 
dormi, il  le  prit  doucement  avec  ses  dents,  par  sa  robe ,  pour  le 
porter  dehors.  Sabas  se  réveilla  et  ne  fut  point  effrayé  ;  il  se  mit 
en  prières ,  et  le  lion  sortit  de  sa  caverne  et  n'y  reparut  plus.  Des 
▼oleurs,  qui  trouvèrent  le  saint  dans  cet  antre ,  furent  si  touchés 
de  ses  discours,  qu'ils  embrassèrent  la  vie  pénitente.  D'autres  per- 
sonnes vinrent  lui  demander  à  servir  Dieu  sous  sa  conduite  ;  mais 
les  fréquentes  visites  qu'il  recevait,  et  les  distractious  que  lui  causa 
la  direction  de  ses  disciples,  lui  firent  abandonner  ce  lieu,  où  il 
se  forma  plus  tard  un  monastère.  Il  se  retira  près  de  Mcopolis, 
dans  un  champ,  sous  un  arbre.  Le  maître  du  champ  lui  bâtit  une 
cellule  et  voulut  fournir  à  ses  besoins.  Bientôt  il  se  forma  un  nou- 
veau monastère  en  ce  lieu  ;  mais  le  patriarche  Èlie  ordonna  à  Sabas 
île  donner  un  supérieur  à  cet  établissement  et  de  retourner  à  sa 
laure,  et  écrivit  aux  religieux  qui  l'habitaient  de  recevoir  leur  an- 
cien chef.  Les  moines  rebelles  devinrent  furieux  et  se  retirèrent 
dans  les  ruines  d'un  ancien  monastère.  Leur  départ  fit  renaître 
la  paix.  Leur  abbé  leur  envoya  des  secours,  et  parvint,  par  sa 
charité ,  à  les  faire  rentrer  en  eux-mêmes  et  à  les  amener  à  con- 
fesser leur  crime. 

L'empereur  Anastase ,  favorisant  Teutychianisme,  le  patriarche 
£Uc  jugea  à  propos  d'envoyer  à  Constantinople  une  députation 
d'abbés,  à  la  tête  desquels  il  plaça  Sabas.  Leur  mission  n'obtint 


478         6  décembre,  —  s.  KicoLts,  *r.  i*      ftr. 

pas  une  con      te  ré:      >;  «pwem  Ai 

marques  pan  es      respect.  B  tentai  fltas  mm* 

titude,  et  en  aonn         r  le  règne  de  JMte%  «m* 

seur  d'Anastasc,  pour  ailer  a  l  rite  et  en  "ftramr  Itaft.'l! 
instruisait  les  moines  et  les  fidèles  qui  s'étaient  laissé  séduire  pen- 
dant la  persécution,  et  en  porta  un  grand  nombre  à  abjurer 
Thérésie.  Une  sécheresse  extrême,  qui  affligea  la  Palestine  pen- 
dant cinq  ans,  fut  suivie  d'une  famine  générale.  Par  ses  priera, 
Sabas  obtint  du  ciel  une  pluie  abondante,  qui  répandit  une  joie 
universelle  dans  tout  le  pays. 

11  entreprit,  à  l'Age  de  quatre-vingt-onze  ans,  à  la  prière  de  Pierre, 
patriarche  de  Jérusalem,  un  second  voyage  de  Constantmople, 
pour  justifier  les  chrétiens  de  la  Palestine  qu'on  avait  calom- 
niés. Il  fut  reçu  honorablement  par  Justinien,  qui  régnait  alors, 
et  qui  lui  accorda  tout  ce  qu'il  lui  demandait. 

Peu  de  temps  après  son  retour  dans  sa  laure,  il  tomba  malade 
et  souffrit  avec,  une  résignation  admirable  les  douleurs  les  plus 
aiguës.  Sentant  sa  fin  approcher,  il  désigna  pour  son  successeur 
Militas  de  liéryte,  auquel  il  donna  d'excellentes  instructions.  Il 
mourut  le  5  décembre  532,  dans  sa  quatre-vingt-quatonieme 
année. 


<i  décembre.  —  SAINT  NICOLAS,  kvéqub  DB  Myib 

ET  CONFESSEUR.  — 4e  siède. 

La  vénération  des  Eglises  grecque  et  latine  pour  saint  Nicolas, 
depuis  tant  de  siècles,  et  la  multitude  des  temples  bfttia  sous  son 
invocation ,  sont  des  témoignages  authentiques  de  son  éminente 
sainteté,  et  la  gloire  dont  il  jouit  dans  le  ciel  est  attestée,  dans 
presque  tout  l'univers ,  par  les  miracles  innombrables  accordés 
à  la  confiance  des  fidèles,  qui  ont  réclamé  son  intercession  auprès 
<)e  Dieu.  On  ne  rapportera  de  sa  vie,  dont  l'histoire  entière 
n'est  point  parvenue  jusqu'aux  temps  présents,  que  les  faits  sur 
lesquels  les  différents  auteurs  de  ses  actes  paraissent  d'accord. 
On  apprend  d'eux  que  saint  Nicolas  est  né  à  Patare,  en  Ly rie,  et 
que  dès  son  enfance  il  observait  le  jeûne  du  mercredi  et  du  ven- 
dredi prescrit  par  l'Église.  11  embrassa  la  vie  religieuse  dans  un 
monastère*,  près  Myre,  en  Lyeie,  où  ses  progrès  dans  les  plus 
hautes  vertus  le  firent  admirer  :  la  charité  la  plus  tendre  pour  les 
malheureux  le  distingua  principalement.  On  rapporte  spéciale- 


7  décembre.  —  s    ambuoise,  arch.  de  milan.    479 

ment  que,  trois  jeunes  Allés  pauvres  se  trouvant  en  danger  de 
perdre  leur  innocence,  il  pourvut  à  leurs  besoins  et  les  mit  en  état 
de  s'établir  honnêtement. 

La  Lycie  est  une  ancienne  province  de  l'Asie  où  saint  Paul 
avait  prêché  l'Évangile.  La  ville  de  Myre,  située  à  peu  de  distance 
de  la  mer,  en  était  la  capitale.  Il  y  avait  un  archevêché  qui , 
dans  les  siècles  suivants,  compta  jusqu'à  trente-six  suffra gants. 
Ce  grand  siège  étant  devenu  vacant,  on  élut  pour  le  remplir  saint 
Nicolas ,  alors  abbé  du  monastère  où  il  avait  embrassé  la  vie  re- 
ligieuse. Le  don  des  miracles  que  Dieu  lui  accorda  dans  un  degré 
éminent ,  une  piété  extraordinaire,  un  zèle  ardent  et  infatigable, 
rendirent  partout  son  nom  célèbre.  Les  historiens  grecs  de  sa 
vie  s'accordent  à  dire  qu'il  fut  emprisonné  pour  la  foi,  qu'il  con- 
fessa généreusement  Jésus-Christ  sur  la  fin  de  la  persécution  de 
Dioctétien,  et  qu'il  assista  au  concile  général  de  Nicée  où  fut  con- 
damné l'arianisme.  Ce  saint  mourut  à  Myre ,  et  fut  enterré  dans 
la  cathédrale.  L'Histoire  de  la  translation  de  ses  reliques  en  1087 
à  Bari ,  ville  maritime  située  sur  un  golfe  de  la  mer  Adriatique , 
met  la  mort  de  saint  Nicolas  en  342. 


7  décembre.  —  SAINT  AMBROISE,  archevêque  de  Milan, 

CONFESSEUR  ET   DOCTEUR   DE   L'ÉGLISE.  —  4e  Siècle. 

Ambroise  vint  au  monde  vers  l'an  340 ,  dans  les  Gaules,  où  son 
père ,  du  même  nom  que  lui ,  était  alors  préfet  du  prétoire.  Sa 
mère ,  après  la  mort  de  son  mari  qu'elle  perdit  peu  de  temps 
après  la  naissance  de  cet  enfant,  alla  demeurer  à  Rome,  où  elle 
lui  fit  faire  de  bonnes  études  sous  d'habiles  maîtres  qui  prenaient 
un  grand  soin  de  cultiver  son  esprit,  pendant  qu'elle  veillait  sur 
ses  mœurs.  Ayant  fait  beaucoup  de  progrès  dans  l'éloquence ,  il 
se  mit  dans  le  barreau,  et  plaida  quelque  temps  dans  l'auditoire 
de  Probus,  préfet  du  prétoire  d'Italie.  Ce  préfet,  charme  des 
belles  qualités  et  de  l'éloquence  d' Ambroise,  le  ût  son  succes- 
seur, et  bientôt  après ,  avec  l'agrément  de  l'empereur  Valenti- 
nien  Ier,  il  l'établit  gouverneur  de  la  Ligurie ,  et  lui  dit  en  l'en- 
voyant  dans  la  province  :  «  Allez,  agissez  non  en  juge,  mais  en 
évéque.  »  Milan  était  la  capitale  de  ce  gouvernement,  et  le  séjour 
assez  ordinaire  des  empereurs  en  Occident.  Fidèle  à  ce  conseil, 
Ambroise  se  fit  admirer  par  sa  douceur,  sa  vigilance  et  sa  probité. 

Il  y  avait  depuis  vingt  ans  dans  cette  ville  un  évéque  arien , 


•!B0    7  décembre.  —  s.  aubroise,  auch.  de  11ILAN. 

nommé  Auxence  qui  moumt  en  374.  Les  évéques  assemblés  à 
Milan,  pour  lui  donner  un  successeur,  se  trouvèrent  dans  un  grand 
embarras  :  car  les  orthodoxes  d'un  côté,  et  les  ariens  de  l'autre, 
voulaient  chacun  un  évéque  de  leur  sentiment.  Comme  on  était 
près  d'en  venir  aux  mains ,  Ambroise ,  qui  par  sa  charge  devait 
veiller  à  la  tranquillité  publique ,  alla  à  l'église ,  et  parla  au  peuple 
pour  le  porter  à  faire  l'élection  sans  tumulte.  Il  parlait  encore, 
lorsque  toute  rassemblée ,  catholiques  et  ariens ,  s'écrièrent  tout 
d'une  voix  :  ambroise  évéque.  On  dit  que  ce  fut  un  enfant  qui 
cria  le  premier  trois  fois  :  Ambroise  évéque ,  et  que  le  peuple 
répéta  avec  joie  :  Ambroise  évéque.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que 
tous  les  esprits  se  trouvèrent  réunis  comme  par  un  miracle ,  et 
s'accordèrent  à  le  demander  pour  évéque. 

Ce  choix  avait  d'abord  surpris  tout  le  monde,  Ambroise  encore 
plus  que  les  autres;  mais  il  fut  le  seul  qui  ne  changeât  pas  tout  de 
suite  de  sentiment  :  il  ne  se  croyait  même  pas  digne  du  rang  de 
simple  fidèle  dans  l'église ,  n'étant  encore  que  catéchumène.  Il 
différait  de  se  faire  baptiser,  parce  qu'il  appréhendait  beaucoup 
de  perdre  l'innocence  du  baptême.  Il  employa  toutes  sortes  de 
raisons  pour  porter  le  peuple  à  changer  de  résolution.  Voyant  que, 
malgré  ses  remontrances,  on  persistait  à  vouloir  qu'il  fût  évéque, 
il  sortit  de  la  ville  pendant  la  nuit  pour  se  retirer  à  Pavie  ;  mais 
Dieu  permit  qu'après  avoir  bien  marché,  il  s'égarât  et  se  trouvât 
le  lendemain  matin  à  une  porte  de  Milan.  Le  peuple  lui  donna 
alors  des  gardes  pour  l'empêcher  de  s'échapper  de  nouveau.  On 
envoya  à  l'empereur  Valentinien  une  relation  de  tout  ce  qui  s'é- 
tait passé ,  et  on  le  pria  de  donner  son  consentement  à  l'élection 
d' Ambroise;  cette  formalité  était  nécessaire,  parce  que  l'élu  était 
un  de  ses  officiers.  L'empereur,  qui  était  alors  à  Trêves,  répondit 
qu'il  voyait  avec  plaisir  qu'on  eût  jugé  digne  de  l'épiscopatunde 
ceux  qu'il  avait  choisis  pour  gouverneurs  et  pour  juges.  Ambroise 
s'enfuit  encore,  et  fut  se  cacher  dans  la  maison  d'un  sénateur  de 
ses  intimes  amis;  mais,  le  gouverneur  ayant  publié  un  ordre  sé- 
vère contre  ceux  qui  le  cacheraient,  il  fut  obligé  de  paraître,  et, 
bien  qu'il  fit  valoir  l'autorité  des  saints  canons  qui  ne  voulaient 
pas  qu'on  élevât  au  sacerdoce  un  simple  catéchumène  comme  lui, 
il  fut  contraint  de  céder  :  après  avoir  reçu  le  baptême  et  succes- 
sivement les  saints  ordres,  il  fut  sacré  évéque  le  7  décembre  374, 
à  l'âge  de  trente-quatre  ans. 

Depuis  son  ordination  jusqu'à  sa  mort ,  il  vécut  dans  une  absti- 


7  décembre.  -*•  s.  ambboise,  arc»,  de  milan.     481 

Menée  extraordinaire.  Quoiqu'il  travaillât  beaucoup,  il  jeûnait 
presque  continuellement,  ne  dînant  que  le  samedi  (1),  le  dimanche 
et  tes  jours  de  fêtes  des  plus  célèbres  martyrs.  Il  donnait  quel- 
quefois à  manger  aux  grands  de  l'empire  ;  mais  il  n'allait  jamais 
manger  hors  de  chez  loi ,  quelque  prière  qu'on  lui  en  fit.  Il  en 
npporte  la  raison  dans  son  Traité  des  Offices  :  Les  festins,  dit-il, 
Occupent  et  amusent  trop  ;  ils  inspirent  l'amour  de  la  bonne  chère, 
ft  obligent  d'entendre  des  discours  qui  ne  roulent  le  plus  souvent 

S  sur  les  plaisirs  et  les  maximes  du  monde.  On  ne  peut  pas 
défendre  :  il  faut  les  écouter  malgré  soi ,  ou  Ton  passe  pour 
lire  trop  rigide  et  trop  sévère.  On  s'y  laisse  insensiblement  aller 
à  boire  comme  les  autres,  quoique  d'abord  avec  répugnance.  Il 
vaut  bien  mieux  demeurer  chez  soi ,  et  s'en  excuser  une  fois  pour 
tfmtes,  que  de  s'y  embarquer  mal  à  propos  ;  mais  si  l'on  y  va,  il 
finit  quitter  la  table  après  avoir  mangé  sobrement ,  pour  n'être 
pas  complice  de  l'intempérance  des  autres.  Il  avait  encore  pour 
maxime  de  ne  se  mêler  jamais  de  mariage,  et  de  ne  procurer  à 
personne  aucune  charge  à  la  cour,  pour  n'être  pas  responsable 
des  suites.  Son  assiduité  à  la  prière  était  si  grande,  que,  sans 
parler  de  l'office  de  l'église ,  où  il  ne  manquait  jamais ,  il  y  em- 
ployait encore  la  meilleure  partie  de  la  nuit. 

Les  bornes  dans  lesquelles  il  faut  se  resserrer  ne  permettent 
pas  d'entrer  dans  le  détail  de  tout  ce  qu'a  fait  et  de  tout  ce  qu'a 
souffert  saint  Ambroise  dans  l'exercice  de  son  ministère  :  il  faut 
se  contenter  de  rapporter  un  trait  éclatant  de  sa  fermeté  pour  la 
discipline  de  l'Église.  L'empereur  Théodose  avait  d'excellentes 
qualités,  mais  se  laissait  aisément  emporter  contre  ceux  qui  l'a- 
vaient offensé.  La  ville  de  Th essai onique  eut  le  malheur  d'encourir 
sa  disgrâce  pour  une  sédition  excitée  contre  son  gouverneur.  Am- 
broise et  les  autres  évêques  avaient  intercédé  pour  ces  séditieux 
qui  reconnaissaient  leur  faute,  et  ils  avaient  fait  promettre  à 
l'empereur  qu'il  leur  pardonnerait.  Néanmoins,  pressé  par  les 
instances  des  principaux  officiers  de  sa  cour,  qui  lui  représen- 
taient qu'il  était  d'une  dangereuse  conséquence  de  laisser  ces  vio- 
lences impunies ,  il  prit  la  résolution  d'en  tirer  une  vengeance 
éclatante ,  avant  que  l'évéquc  de  Milan  sût  rien  de  son  dessein. 
Sepfenrille  personnes  périrent  dans  le  massacre  qu'on  fit  dans  cette 
ville. 

(1)  On  ne  jeûnait  point  le  samedi  dans  l'église  de  Milan. 

41 


•182     7  décembre.  —  s.  ambboise  ,  arch.  de  milan* 

On  fut  étrangement  surpris  à  Milan  d'apprendre  cette  triste 
nouvelle.  Quand  Ambroise  sut  que  Théodose  revenait,  il  en  sortit 
pour  lui  donner  le  temps  de  réfléchir  sur  cette  cruelle  expédition. 
U  jugea  même  à  propos  de  lui  écrire  pour  le  reprendre  fortement 
de  son  crime,  et  l'exhorter  à  en  faire  pénitence ,  afin  de  pouvoir 
ftre  admis  aux  saints  mystères  comme  auparavant.  On  lisait  entre 
autres  choses  dans  cette  lettre  :  Si  le  prêtre,  dit  Ezéchiel,  n'a- 
vertit pas  le  pécheur,  celui-ci  mourra  dans  son  péché,  et  le  prêtre 
sera  coupable  de  ne  l'avoir  pas  averti.  Le  péché  ne  s'efface  que 
par  des  larmes,  et  le  Seigneur  ne  pardonne  qu'à  ceux  qui  font 
pénitence.  Il  finit  par  ces  paroles  :  Je  vous  aime ,  je  vous  chéris, 
je  prie  pour  vous.  Si  vous  le  croyez ,  rendez-vous  à  mes  conseils, 
et  reconnaissez  la  vérité  de  mes  paroles  :  si  vous  no  le  croyez 
pas ,  ne  trouvez  pas  mauvais  que  je  donne  à  Dieu  la  préférence. 

Peu  de  temps  après ,  le  saint  prélat ,  ayant  su  que  l'empereur 
venait  à  l'église,  alla  au-devant  de  lui  et  lui  en  refusa  l'entrée, 
lui  disant  :  Il  semble ,  Seigneur,  que  vous  ne  comprenez  pas  en- 
core toute  Ténormité  de  votre  crime.  Peut-être  que  la  grandeur 
de  votre  dignité  vous  éblouit ,  et  vous  empêche  de  connaître  vos 
faiblesses  en  aveuglant  votre  raison.  Sachez  que  vous  êtes  homme 
comme  les  autres  -,  ne  vous  laissez  pas  éblouir  par  la  pourpre  qui 
vous  couvre.  Comment  donc  entreprenez-vous  d'entrer  dans  le 
temple  du  Seigneur?  Oseriez-vous  étendre  vos  mains  encore 
teintes  du  sang  innocent  que  vous  avez  répandu ,  pour  recevoir 
le  corps  sacré  de  Jésus-Christ  ?  Oseriez-vous  recevoir  son  sang 
adorable  dans  cette  bouche  qui  a  commandé  un  si  grand  mas- 
sacre? Retirez-vous,  prince,  et  if  ajoutez  pas  un  nouveau  crime 
«  celui  que  vous  avez  déjà  commis.  Théodose,  sensiblement  touché 
de  ce  discours,  resta  quelque  temps  les  yeux  baissés,  sans  rien 
dire  ;  après  quoi  il  répondit  d'un  ton  modeste  qu'il  reconnaissait 
combien  il  était  coupable ,  mais  qu'il  espérait  que  Dieu ,  qui  avait 
pardonné  à  David ,  aurait  aussi  égard  à  sa  faiblesse.  Puisque  vous 
l'avez  imité  dans  son  péché ,  repartit  Ambroise ,  imitez-le  donc 
aussi  dans  sa  pénitence.  Théodose  se  soumit,  accepta  la  pénitence 
canonique  qui  lui  fut  imposée  ;  puis ,  les  larmes  aux  yeux,  se  re- 
tira dans  son  palais  :  il  resta  huit  mois  entiers  éloigné  des  sa- 
crements, et  vivant  dans  les  exercices  propres  aux  pénitents 
publics.  Le  jour  de  Noël,  il  pleura  encore  plus  amèrement  en 
pensant  qu'il  était  exclu  de  l'assemblée  des  fidèles.  Ruûn,  un  de 
ses  officiers,  l'avant  trouvé  dans  cette  affliction,  lui  en  demanda 


7  décembre.  —  s.  ambroise,  arch.  de  milan.     483 

la  cause.  L'empereur  lui  répondit  :  Je  pleure  et  je  gémis  en  con- 
sidérant que  le  temple  de  Dieu  est  ouvert  au  dernier  de  mes  su- 
jets, tandis  qu'il  est  fermé  pour  moi.  Ruûn,  plus  habile  cour- 
tisan que  bon  chrétien ,  tâcha  de  consoler  son  maître  par  des 
raisons  humaines  et  politiques,  et  d'affaiblir  le  repentir  d'une 
faute  à  laquelle  il  avait  eu  une  grande  part.  Ne  voyant  pas  d'ap- 
parence de  pouvoir  ôter  de  l'esprit  de  l'empereur  la  crainte  re- 
ligieuse que  les  remontrances  d'Ambroise  y  avaient  fait  naître , 
Rufin  lui  proposa  d'aller  de  sa  part  trouver  l'évéque,  ajoutant 
qu'il  espérait  lui  persuader  de  l'absoudre.  Vous  ne  réussirez  pas, 
dît  Théodose  ;  je  connais  la  justice  de  son  jugement,  et  toute  la 
puissance  impériale  ne  lui  fera  rien  faire  contre  la  loi  de  Dieu. 
Néanmoins  Théodose  céda  aux  instances  de  Rufin,  et  se  décida 
même  à  le  suivre.  Dès  que  l'évéque  aperçut  le  courtisan,  il  lui 
dit  qu'il  n'était  pas  propre  à  être  le  médiateur  de  l'absolution  d'un 
crime  dont  il  était  un  des  premiers  auteurs ,  et  qu'il  ne  devait 
pensera  cette  affaire  que  pour  pleurer  les  mauvais  conseils  qu'il 
avait  donnés  à  son  maître.  Rufin  fut  insensible  à  ces  reproches; 
il  fit  tous  ses  efforts  pour  toucher  le  prélat,  et  l'avertit  enfin  que 
l'empereur  venait  à  l'église.  Ambroise,  sans  s'étonner,  lui  dit  : 
Je  vous  déclare  que  je  l'empêcherai  bien  d'y  entrer.  S'il  veut  em- 
ployer la  force  et  agir  en  tyran ,  je  suis  prêt  à  souffrir  la  mort. 
Rufin  donna  aussitôt  avis  à  Théodose  de  cette  résolution  de  l'é- 
véque ,  et  lui  conseilla  de  rentrer  dans  son  palais  ;  mais ,  comme 
ce  prince  était  déjà  au  milieu  de  la  place ,  il  ne  jugea  pas  à  propos 
de  s'en  retourner.  J'irai,  dit-il,  et  je  recevrai  l'affront  que  je  mé- 
rite. L'empereur,  étant  arrivé  à  l'église ,  n'y  entra  pas  :  il  attendit 
l'évéque  dans  la  salle  d'audience ,  et  le  pria  de  lui  donner  l'abso- 
lution. Il  lui  dit  :  Je  vous  prie  de  me  délivrer  des  liens  de  Pex- 
communication,  et  de  ne  me  pas  fermer  la  porte  du  salut,  que  le 
Seigneur  a  ouverte  à  ceux  qui  font  pénitence.  —  Quelle  pénitence 
avez- vous  donc  faite?  demanda  Ambroise.  —  C'est  à  vous,  dit 
Théodose ,  à  me  prescrire  ce  que  je  dois  faire  ;  je  viens  à  vous 
comme  au  médecin  de  mon  âme.  L'évéque  le  condamna  à  une  pé- 
nitence publique.  L'empereur  s'y  soumit ,  et  alors  Ambroise  leva 
l'excommunication ,  et  lui  permit  d'entrer  dans  l'église.  Ce  prince 
ne  fit  pas  sa  prière  debout,  ni  à  genoux,  comme  les  autres  fidèles; 
mais ,  ayant  ôté  ses  ornements  impériaux ,  qu'il  ne  reprit  point 
pendant  tout  le  temps  de  sa  pénitence ,  il  se  prosterna  sur  le  pavé, 
répétant  ces  paroles  de  David  :  Ma  bouche  est  collée  à  la  terre  i 


484         7  décembre.  —  sainte  pàbe,  v.  et  àbb. 

rendez-moi  la  vie  selon  vos  promesses.  Il  resta  pendant  le  ser- 
vice divin  dans  cette  posture  humiliante  ,  arrosant  le  pavé  de  ses 
larmes  et  demandant  à  Dieu  miséricorde. 

Saint  Ambroise  mourut  le  samedi  4  avril ,  Tan  397.  11  avait  été 
évêque  vingt  et  un  ans  quatre  mois,  et  avait  vécu  cinquante-sept 
ans.  Dieu  fît  connaître  sa  sainteté,  avant  et  après  sa  mort,  par  plu- 
sieurs miracles  qui  sont  rapportés  par  des  témoins  oculaires. 


7  décembre.  —  SAINTE  FARE,  vierge  et  âbbessb. 

—  7e  siècle. 

Sainte  Fare  était  fille  d'Agnéric,  un  des  principaux  officiers  de 
la  cour  de  Théodebert,  roi  d'Austrasie,  et  sa  mère  se  nommait  Léo- 
degonde.  Elle  eut,  outre  une  sœur  appelée  Agnétude,  deux  frères 
qui  méritèrent  aussi  d'être  regardés  comme  saints  :  Gagnoald, 
qui  prit  l'habit  à  Luxeuil  sous  saint  Golomban,  vers  Tan  594; 
et  Faron,  qui  devint  évéque  de  Meaux.  Agnéric,  leur  père,  ha» 
bitait  dans  un  lieu  appelé  Pipimisium,  à  deux  lieues  de  Meaux. 
Ce  fut  dans  sa  maison  que  logea  saint  Golomban,  lorsque  ses  en- 
nemis l'eurent  fait  chasser  de  Luxeuil,  en  610.  Saint  Gagnoald» 
qui  suivit  le  saint  abbé  en  Suisse ,  l'introduisit  sans  doute  citez 
son  père.  Colomban  donna  sa  bénédiction  à  toute  la  famille  d'A- 
gnéric  ;  mais  quand  il  fut  venu  à  Fare,  il  la  consacra  au  Seigneur 
d'une  manière  particulière.  Fare  était  encore  fort  jeune. 

Lorsqu'elle  fut  en  âge  d'être  mariée ,  on  lui  proposa  un  parti 
digne  d'elle  ;  mais  elle  déclara  qu'elle  voulait  rester  vierge.  Son 
père  s'opposant  à  son  dessein ,  elle  en  conçut  une  vive  douleur  : 
elle  tomba  même  dans  une  maladie  de  langueur  qui  Ût  craindre 
pour  sa  vie.  Heureusement  que  saint  Eustase  passa  chez  son  père. 
11  venait  rendre  compte  à  Clotaire  II  du  voyage  qu'il  avait  fait 
à  Bobbio ,  en  Italie ,  par  l'ordre  de  ce  prince.  L'objet  de  ce  voyage 
avait  été  de  presser  saint  Colomban  de  revenir  en  France.  Eus* 
tase  était  accompagné  de  Gagnoald,  qui  était  retourné  à  Luxeuil 
Lorsque  son  bienheureux  maître  quitta  la  Suisse.  Fare  lui  décou- 
vrit la  résolution  qu'elle  avait  prise  de  n'avoir  jamais  d'autre  époux 
que  Jésus-Christ  ;  Eustase  dit  au  père  que  la  maladie  de  sa  fille 
venait  de  ce  qu'il  l'empêchait  d'exécuter  sa  résolution,  et  qu'elle 
iui  mourrait  s'il  ne  se  rendait  pas  à  ses  pieux  désirs.  Il  se  mit 
ensuite  en  prières ,  et  lui  rendit  la  santé  en  faisant  sur  elle  le 


8  décembre.  —  conception  de  la  b.  v.  marie.    485 

signe  de  la  croix.  Il  la  recommanda  vivement  à  sa  mère,  et  lui  dit 
de  la  préparer  à  recevoir  le  voile  religieux,  cérémonie  qui  se  ferait 
lorsqu'il  reviendrait  à  la  cour. 

Mais  à  peine  fut-il  parti,  qu'Agnéric  persécuta  de  nouveau  sa 
fffie  pour  la  faire  consentir  au  mariage  qu'il  avait  projeté.  Fare 
s'enfuit  dans  l'église  ;  et  sur  ce  qu'on  lui  représentait  que  son  père 
la  ferait  tuer  si  elle  n'obéissait,  elle  répondit  généreusement  : 
«  Pense-t-on  m'eflrayer  par  la  vue  de  la  mort?  Ce  serait  un  grand 
bonheur  pour  moi  que  de  perdre  la  vie  pour  la  cause  que  je  dé- 
fends ,  et  pour  ma  fidélité  à  garder  la  promesse  que  j'ai  faite  à 
Dieu.  »  Sur  ces  entrefaites  arriva  saint  Eustase.  Après  avoir  ré- 
concilié le  père  et  la  fille,  il  engagea  Gondoald,  évêque  de  Meaux, 
à-  donner  le  voile  à  notre  sainte.  Ceci  arriva  en  614. 

On  met  un  an  ou  deux  après  la  fondation  du  célèbre  monas- 
tère de  Faremoutier.  Agnéric  donna  l'emplacement,  et  fit  cons- 
truire les  bâtiments.  Le  monastère  étant  double,  saint  Eustase 
y  envoya  saint  Gagnoald  et  saint  Walbert.  Quoique  sainte  Fare 
fût  encore  fort  jeune,  elle  fut  élue  abbesse  du  monastère,  bâti 
pour  les  personnes  de  son  sexe.  Aidée  des  conseils  de  Gagnoald 
et  de  Walbert ,  elle  y  établit  la  règle  de  saint  Colomban  dans 
toute  sa  pureté.  Saint  Faron ,  frère  de  sainte  Fare,  fut  si  touché 
des  exemples  et  des  discours  de  sa  sœur,  qu'il  abandonna  le 
monde  pour  se  consacrer  entièrement  au  service  de  Dieu.  Il 
fut  depuis  fort  utile  à  l'abbesse  de  Faremoutiers  dans  les  con- 
tradictions qu'elle  eut  à  essuyer. 

La  sainteté  de  Fare  lui  acquit  une  grande  réputation  jusque 
dans  les  contrées  les  plus  éloignées.  Plusieurs  princesses  d'An- 
gleterre passèrent  la  mer  pour  venir  se  mettre  sous  sa  conduite. 
Enfin  elle  alla  recevoir  dans  le  ciel  la  récompense  de  ses  vertus, 
le  3  avril,  vers  l'an  655.  En  695 ,  on  renferma  dans  une  châsse 
les  reliques  de  sainte  Fare,  et  il  s'est  opéré  plusieurs  miracles 
par  son  intercession. 


8  décembre.  —  LA  CONCEPTION  DE  LA  SAINTE  VIKUGE. 

Un  Dieu  fait  homme ,  c'est-à-dire  l'auteur  et  le  maître  de 
toutes  choses  revêtu  des  infirmités  de  la  nature  humaine ,  et 
abaissé  jusqu'au  raug  de  ses  créatures  pour  les  racheter  par  sa 
mort,  c'est  un  mystère  si  fort  au-dessus  de  l'intelligence  humaine, 
rï  qui  renferme  les  preuves  d'une  si  grande  bonté,  que  tous  les 

41. 


486    8  décembre.  —  conception  de  l\  b.  v.  uarie. 

moments  de  la  vie  des  chrétiens  devraient  être  employés  à  lui 
en  témoigner  leur  reconnaissance..  Les  patriarches,  les  prophètes 
et  les  vrais  Israélites  soupiraient  sans  cesse  après  l'heureux  mo- 
ment où  devait  arriver  un  si  grand  prodige  de  miséricorde,  et 
les  chrétiens  ont  commencé ,  dès  le  temps  des  apôtres,  à  con- 
sacrer certains  jours  particuliers  à  la  mémoire  des  principales 
circonstances  de  cet  ineffable  bienfait. 

On  célébra  d'abord  les  fêtes  de  la  Résurrection  de  Jésus-Christ 
et  de  la  descente  du  Saint-Esprit ,  ensuite  celle  de  la  naissance  de 
Jésus-Christ,  de  sa  manifestation  aux  Mages,  de  sa  mort,  de 
son  Ascension.  Dans  les  siècles  suivants,  pour  ranimer  la  fer- 
veur des  fidèles ,  à  mesure  qu'elle  se  ralentissait ,  on  ajouta  les 
autres  fêtes  qui  peuvent  rappeler  aux  fidèles  ce  que  le  Verbe  in- 
carné a  fait  et  souffert  pour  eux.  Ce  fut  dans  le  même  dessein 
de  multiplier  les  occasions  de  penser  à  la  rédemption  des  hommes 
et  de  les  animer  à  mener  une  vie  qui  réponde  à  une  si  grande 
grâce,  que  l'Église  a  jugé  à  propos  d'instituer  plusieurs  fêtes  en 
l'honneur  de  la  sainte  Vierge  Marie,  que  Dieu  a  remplie  de  grâces 
pour  la  rendre  digne  d'être  la  Mère  de  Jésus-Christ.  Après  avoir 
célébré  pendant  plusieurs  siècles  les  fêtes  de  son  Assomption  et 
de  sa  naissance ,  on  commença  aussi  à  faire  celle  de  sa  Concep- 
tion, quia  été  sans  tache,  immaculée,  selon  le  sentiment  géné- 
ralement reçu  dans  l'Église  :  sentiment  qui  n'a  pas  été  défini 
comme  article  de  foi ,  mais  qui  est  si  respectable,  que  plusieurs 
papes  ont  expressément  défendu  de  l'attaquer  dans  les  discus- 
sions ou  par  des  écrits.  Cette  fête  a  été  confirmée  par  le  concile 
de  Bâle. 

Pour  se  conformer  à  l'esprit  de  l'Église  dans  l'institution  de 
cette  fête ,  on  doit  ranimer  aujourd'hui  sa  foi  en  considérant  les 
avantages  qu'on  a  reçus  de  Dieu  par  le  moyen  de  la  sainte  Vierge 
en  célébrant  la  mémoire  de  la  Conception  de  celle  que  le  Très- 
1  laut  avait  destinée  de  toute  éternité  pour  donner  la  naissance 
temporelle  à  son  Fils  ;  on  doit  travailler  à  imiter  ses  vertus,  afin 
que  Jésus-Christ  vienne  aussi  prendre  naissance  en  nous. 

La  foi  de  la  sainte  Vierge  n'était  pas  une  foi  morte.  Elle  était 
remplie  de  grâce  :  elle  vivait  selon  cette  foi.  Si  les  chrétiens  veu 
lent  avoir  part  à  son  bonheur,  ils  doivent,  à  son  exemple,  ac- 
complir les  commandements  de  Dieu  et  les  préceptes  que  son 
divin  Fils  donne  dans  l'Évangile.  C'est  la  sainte  Vierge  qui  le  re- 
commande :  «  Faites  ce  qu'il  vous  dira.  »  Il  est  même  certain 


9  décembre.  —  sainte  léocadie,  y.  et  m.       487 

que  la  dévotion  que  les  Gdèles  ont^pour  son  culte  et  que  les  hon- 
neurs qu'on  lui  rend  ne  lui  sont  agréables  qu'autant  qu'on  s'ef- 
force en  même  temps  d'obéir  à  Dieu.  Elle  veut  bien  servir  de 
médiatrice  auprès  du  souverain  médiateur  des  hommes,  Jésus- 
Christ;  mais  elle  ne  veut  pas  que  la  confiance  qu'on  a  en  son  in- 
tercession fasse  négliger  la  grande  et  essentielle  obligation ,  qui 
est  de  servir  Dieu  en  esprit  et  en  vérité,  et  d'observer  ses  com- 
mandements :  on  n'observe  ses  commandements  qu'autant  qu'on 
«me  Dieu  et  le  prochain.  Les  fidèles  doivent  donc  prier  en  ce 
jour  la  sainte  Vierge  de  leur  obtenir  cette  grâce. 


9  décembre.  —  SAINTE  LÉOCADIE,  vierge  et  martyre. 

—  4e  siècle. 

• 

Léocadie ,  vierge  de  Tolède ,  illustre  par  sa  naissance  et  plus 
encore  par  sa  piété ,  souffrit  le  martyre  sous  le  règne  des  em- 
pereurs Dioctétien  et  Maximien ,  temps  où  s'exerçait  contre  l'É- 
gjise  de  Dieu  la  plus  cruelle  des  persécutions.  Les  chrétiens 
étaient  alors  poursuivis  dans  tout  l'univers  et  contraints  de  renier 
la  foi  de  Jésus-Christ,  sous  peine  de  subir  la  mort.  Dacien , 
auquel  les  empereurs  avaient  remis  le  gouvernement  de  l'Es- 
pagne ,  se  rendit  clans  cette  province  pour  y  activer  la  persécu- 
tion afin  d'y  abolir  le  culte  du  vrai  Dieu.  Il  avait  déjà  par- 
couru plusieurs  villes,  et  ses  ordres  cruels  les  avaient  consacrées 
par  le  sang  des  martyrs.  A  Tolède ,  il  fit  venir  Léocadie ,  et  il 
tâcha  d'abord  de  la  séduire  par  de  douces  paroles.  Ensuite  il 
s'efforça  de  l'effrayer  avec  des  menaces,  afin  de  la  faire  re- 
noncer à  Jésus-Christ ,  mais  la  vierge  ne  témoigna  que  de  l'hor- 
reur pour  ses  discours  impies.  Alors  on  la  jeta  en  prison ,  en  ce 
qu'elle  était  condamnée  à  changer  de  sentiments  ou  à  souffrir 
les  plus  affreux  supplices.  Pendant  qu'on  la  menait  à  son  cachot, 
die  rendait  grâce  à  Dieu  humblement  de  ce  qu'il  lui  avait  offert 
l'occasion  de  verser  son  sang  pour  Jésus-Christ.  Puis ,  tournant 
un  visage  plein  de  sérénité  vers  ceux  qui  l'accompagnaient  en 
pleurant  :  Allons,  leur  dit-elle,  soldats  du  Christ,  félicitez-moi 
d'avoir  été  jugée  digne  de  soujfrir  pour  le  nom  de  Jésus.  Elle 
languit  longtemps  dans  une  sombre  prison.  Mais  enfin,  ayant 
appris  quelle  était  l'atrocité  des  tourments  que  Dacien ,  dans  sa 
cruauté,- avait  employés  pour  faire  mourir  une  multitude  de  chrr- 


488         9  décembre.  —  sainte  gorgoxik,  viebge. 

tiens ,  elle  fut  touchée  d'une  pieuse  douleur.  S'inclinant  devant 
Dieu,  elle  le  conjura  pour  que,  s'il  le  jugeait  convenable,  il  la 
retirât  de  la  prison  de  son  corps  pour  la  gloire  du  nom  divin. 
Klle  fut  exaucée  ;  car  pendant  qu'elle  était  appliquée  à  sa  prière, 
de  sou  corps ,  souillé  par  l'infection  du  cachot ,  son  âme  s'éleva 
pure  et  sans  tache  vers  le  ciel.  Cette  bienheureuse  fin  eut  lieu 
vers  Tan  304  Les  restes  de  Léocadie  furent  ensevelis  par  les 
chrétiens  dans  un  faubourg  de  Tolède.  Plus  tard,  trois  églises, 
qui  existent  encore,  furent  consacrées  dans  cette  ville  sous  son 
invocation.  Ces  églises  ont  été  en  si  grand  honneur,  au  temps  des 
(lOths,  que  ce  fut  principalement  dans  leur  enceinte  que  se 
tinrent  les  nombreux  conciles  de  Tolède. 


9  décembre.  —  SAINTE  GORGONIE,  viebge.  —  4e  siècle. 

Gorgonie  était  fille  de  saint  Grégoire ,  qui  fut  ensuite  évéque 
de  Naziauze ,  et  de  sainte  Nonne ,  et  sœur  de  saint  Grégoire  de 
Nazianze,  patriarche  de  Constantinople,  et  de  saint  Césaire.  Elle 
fut  élevée  dans  la  piété  par  des  parents  éclairés  et  pleins  de 
religion.  Elle  était  belle,  spirituelle  et  instruite  :  elle  parlait  bien, 
et  avait  beaucoup  de  discernement  et  une  grande  pénétration  ; 
mais  toutes  ces  heureuses  qualités  extérieures  ne  lui  servirent 
que  d'occasion  pour  pratiquer  la  vertu.  L'exemple  des  autres 
personnes  de  son  sexe,  entêtées  des  ajustements  propres  à 
relever  leur  beauté ,  ne  la  porta  point  à  prendre  aucun  soin  de 
la  sienne.  «  Elle  laissait ,  dit  saint  Grégoire  de  Nazianze ,  aux 
comédiennes  et  aux  femmes  de  mauvaise  vie  le  fard ,  les  cou- 
leurs empruntées  et  les  autres  inventions  de  la  vanité.  Elle  ne 
voulait  point  d'autres  ornements  que  ceux  de  l'âme.  Loin  de 
fréquenter  les  lieux  propres  à  se  faire  voir,  elle  se  dérobait  soi- 
gneusement à  la  vue  des  hommes.  Son  génie  vif  et  éélicat  ne 
paraissait  qu'autant  qu'elle  y  était  forcée  par  les  personnes  qui 
avaient  recours  à  elle  pour  profiter  de  ses  lumières  et  de  ses 
conseils.  Ses  avis  et  ses  remontrances  étaient  accompagnés  d'une 
grande  circonspection.  Dès  qu'elle  n'était  plus  obligée  de  parler, 
elle  se  renfermait  en  elle-même  ;  et ,  quoiqu'elle  sût  l'histoire 
ancienne  et  l'histoire  moderne,  elle  ne  cherchait  jamais  l'occasion 
d'eu  parler.  Elle  avait  grand  soin  de  fermer  les  oreilles  aux  dis- 
cours vains  et  inutiles;  elle  n'écoutait  que  ceux  qui  la  portaient 


9  décembre.  —  le  b.  pieebe  fourbibr,  conf.     48* 

à  Dieu  9  et  n'en  tenait  elle-même  que  d'édifiants.  Elle  veillait 
sur  ses  yeux,  de  peur  que  la  curiosité  ne  les  lui  Ht 
des  objets  capables  d'exciter  en  elle  des  passions  crimi- 


Gorgonie  n'était  encore  que  catéchumène ,  lorsqu'elle  menait 
I*  ne  si  chrétienne.  La  crainte  qu'elle  avait  de  ternir  tant  soit 
peu  la  pureté  de  sa  robe  baptismale  lui  fit  différer  de  recevoir 
ce  sacrement  jusqu'aux  dernières  années  de  sa  vie.  Après  avoir 
ïeçu  la  grâce  de  la  régénération ,  elle  soupirait  continuellement 
après  l'heureux  moment  qui  la  détacherait  'entièrement  de  ce 
inonde  pour  la  placer  avec  Jésus-Christ.  Uniquement  occupée 
de  l'éternité ,  elle  se  préparait  à  la  mort  comme  à  un  jour  de 
fête ,  et  rendit  l'esprit  en  récitant  ces  paroles  du  prophète  :  «  Je 
dormirai  et  reposerai  en  paix.  »  Elle  mourut  entre  les  bras  de  sa 
mère,  vers  l'an  372. 


9  décembre.  —  LE  BIENHEUREUX  PIERRE  FOURRIER, 

confesseur.  —  17e  siècle. 

Pierre  Fourrier,  dit  le  Père  de  Mattaincourt ,  parce  qu'il  fut 
curé  de  la  paroisse  de  ce  nom ,  naquit  à  Mi  recourt,  ville  du  dio- 
cèse de  Toul,  le  30  novembre  1565.  Son  père  était  médiocre- 
ment favorisé  des  biens  de  la  fortune ,  mais  il  avait  une  rare 
piété.  Pierre  montra  dès  l 'enfance  un  amour  extraordinaire 
pour  la  pureté.  On  l'envoya  à  l'université  de  Pont-à-Mousson , 
pour  y  faire  ses  études ,  et  il  y  obtint  les  plus  grands  succès.  Il 
avait  une  telle  réputation  de  savoir  et  de  sainteté,  qu'on  le 
chargea  de  l'instruction  de  plusieurs  enfants,  quoiqu'il  fût  encore 
jeune.  Outre  l'application  au  travail  et  la  crainte  du  Seigneur , 
qu'il  faisait  en  sorte  de  leur  inspirer,  il  prenait  un  soin  particu- 
lier de  la  conservation  de  leur  innocence. 

Lorsqu'il  eut  atteint  sa  vingtième  année,  il  entra  dans  l'abbaye 
des  chanoines  réguliers  de  Chaumousey,  peu  éloignée  de  Mire- 
court,  laquelle  avait  été  fondée  en  1094.  Ceux  qui  l'habitaient 
alors  étaient  bien  déchus  de  la  ferveur  de  leurs  premiers  pères. 
On  fut  d'abord  étonné  du  choix  de  Pierre  Fourrier  ;  mais  on  ne 
douta  pas  ensuite  qu'il  n'eût  été  dirigé  par  des  vues  particulières 
de  la  Providence.  On  le  fit  beaucoup  souffrir  dans  son  noviciat; 
il  ne  se  rebuta  point,  et  fut  admis  à  la  profession  Étant  retourné 
a  Ponté-Mousson ,  pour  y  faire  sa  théologie ,  il  s'y  lia  d'une 


490     9  décembre.  —  le  b.  pierbe  fourbie*,  gonf. 

étroite  amitié  avec  deux  hommes  destinés  comme  lui  à  réformer 
leur  ordre  :  le  père  Servais  de  Lairuels  et  dom  Didier  de  la  Cour. 
On  dut  au  premier  la  réforme  de  Tordre  de  Prémontré,  et  au 
second  rétablissement  de  la  congrégation  de  Saint- Vanne.  Son 
cours  de  théologie  achevé,  il  retourna  à  Chaumousey,  où  sa 
régularité  et  sa  ferveur  lui  attirèrent  toutes  sortes  de  persécu- 
tions de  la  part  des  plus  relâchés  de  ses  confrères,  qui  ne 
voyaient  dans  sa  conduite  exemplaire  que  la  censure  secrète  de 
leurs  dérèglements.  Mais  Pierre  Fourrier  souffrit  sans  se 
plaindre,  et  avec  une  patience  qui  ne  se  démentit  jamais.  Enfin 
on  lui  proposa  de  choisir  entre  trois  cures.  Il  préféra  celle  de 
Mattaincourt ,  parce  qu'elle  était  plus  pauvre ,  et  qu'il  y  avait 
plus  de  travail  à  y  accomplir.  Il  en  prit  possession  en  1597. 
Cette  paroisse  était  dans  l'état  le  plus  déplorable  ;  l'irréligion  ou 
l'hérésie  en  avait  entièrement  banni  l'esprit  de  piété.  Néanmoins 
son  zèle  pastoral,  qui  était  sans  borne,  parvint,  avec  l'aide  de  la 
grâce  divine,  à  la  changer  totalement ,  et  à  y  faire  régner  dans 
les  cœurs  la  foi  qui  en  était  jadis  absente.  Il  y  établit  même 
plus  tard  la  congrégation  des  filles  de  Notre-Dame ,  destinées  à 
l'instruction  des  enfants  de  leur  sexe.  Cet  institut  fut  approuvé 
par  Paul  V  en  1615  et  1616. 

Lorsque  notre  saint  pasteur  eut  réglé  tout  ce  qui  concernait 
ses  filles  spirituelles)  il  s'occupa  de  la  réforme  de  sa  propre 
congrégation,  afin  de  la  mettre  en  état  de  rendre  service  à 
l'Église  par  l'instruction  de  la  jeunesse  et  par  l'exercice  des 
fonctions  du  saint  ministère.  L'évéque  de  Toul ,  qui  avait  reçu 
une  commission  du  pape  pour  travailler  à  cette  réforme,  n'en 
espéra  de  succès  qu'autant  que  le  Père  de  Mattaincourt  l'aide- 
rait de  ses  lumières  et  de  ses  exemples.  Cette  œuvre  méritoire 
réussit  au  delà  de  ses  espérances.  Les  difficultés  qu'on  éprouva 
d'abord  s'aplanirent  ;  la  reforme  commença  par  quelques  mai- 
sons particulières,  et  devint  bientôt  générale.  Ceux  qui  l'embras- 
sèrent prirent  le  titre  de  Congrégation  de  Notre -Sauveur.  On 
on  remit  plus  tard  le  gouvernement  à  Pierre  Fourrier,  qui 
donna  en  cette  occasion  les  plus  grandes  preuves  de  son  humilité. 
Sa  douceur  était  inaltérable,  et  sa  charité  sans  limites.  Il  rendait 
le  bien  pour  le  mal ,  et  ne  se  vengeait  de  ses  ennemis  que  par 
des  services.  Tant  de  vertus  furent  récompensées  par  le  don  de 
prophétie  et  par  celui  des  miracles. 

La  guerre  qui  troubla  la  Lorraine  Payant  obligé  de  fuir  avec 


10  décembre.  — sahite  eulalie  de  mébida.       431 

une  partie  de  ses  enfants,  il  se  retira  à  Gray  en  Bourgogne,  où 
fl  passa  deux  ans.  C'est  dans  cet  intervalle  de  temps  qu'il 
mourut  le  9  décembre  1636.  Il  fut  béatifié  le  29  janvier  1730, 
rfaprès  les  preuves  les  plus  authentiques  de  l'héroïsme  de  ses 
vertus  et  de  plusieurs  miracles  opérés  par  son  intercession.  On 
conserve  son  corps  à  Mattaincourt. 


10  décembre.  —  SAINTE  EULALIE  DE  MÉRIDA,  vierge 

ET   MARTYRE.   —  4e  Siècle. 

Eulalie  était  d'une  maison  illustre  de  Mérida ,  en  Espagne. 
Dès  l'eniance  elle  témoigna  un  grand  amour  pour  l'état  de 
virginité;  elle  fit  voir  qu'elle  était  destinée  pour  le  ciel ,  en 
méprisant  les  jeux ,  les  ornements  et  les  plaisirs  ordinaires  des 
enfants.  Elle  n'avait  encore  que  douze  ans ,  lorsqu'on  publia  à 
Mérida  les  ordres  de  l'empereur  Dioctétien  pour  forcer  les  chré- 
tiens à  sacrifier  aux  idoles.  Eulalie,  brûlant  de  zèle  pour  la 
gloire  de  Dieu ,  ne  souhaitait  rien  tant  que  de  donner  sa  vie  pour 
Jésus-Christ  ;  mais  les  précautions  de  sa  mère  arrêtèrent  pen- 
dant quelque  temps  son  ardeur,  en  la  retenant  cachée  dans  une 
maison  de  campagne  éloignée  de  la  ville  S'ennuyant  d'un  repos 
qui  lui  paraissait  indigne  d'une  chrétienne ,  cette  jeune  personne 
parvint  à  ouvrir,  la  nuit ,  les  portes  de  la  maison  et  à  s'évader. 
Elle  se  mit  en  marche  vers  la  ville  à  travers  les  champs,  de  peur 
sans  doute  que,  si  elle  suivait  le  chemin  ordinaire,  ceux  qui 
couraient  après  elle  ne  la  rejoignissent  et  ne  la  ramenassent  à 
sa  mère. 

Elle  arriva  à  Mérida  avant  le  lever  du  soleil  ;  et  dès  le  matin 
elle  se  présenta  hardiment  devant  le  tribunal  du  gouverneur. 
Elle  lui  reprocha  la  fureur  qui  le  poussait  à  foire  périr  les  âmes, 
en  les  obligeant  de  renoncer  au  seul  et  véritable  Dieu.  Si  vous 
cherchez  des  chrétiens,  dit-elle,  me  voici  :  ennemie  de  vos 
sacrifices  impies,  je  déteste  vos  idoles,  et  je  confesse  un  seul  Dieu 
de  cœur  et  de  bouche.  Vos  divinités  et  vos  empereurs  même 
ne  sont  rien ,  parce  que  les  unes  ne  sont  que  les  ouvrages  des 
hommes ,  et  que  les  autres  les  adorent. 

Le  gouverneur,  irrité  de  ce  discours,  essaya  d'intimider  Eula- 
lie, en  lui  faisant  voir  les  supplices  horribles  qui  lui  étaient  pré- 
parés ,  Fépée ,  les  dents  des  bêtes  et  le  fer,  si  elle  persistait  dans 


*_* 


491  10  décembre,  — •  9.  MMfcCMUM,  ****** 

sa  religion.  Quelle  difficulté,  ajouta-t4t,  de  ftte*  «açjfli  «stnéwr 
saire  pour  éviter  ces  malheurs?  Vont  eu  wet  «uuïgltf,  ai  ww 
voûtes  seulement  toucher  du  bout  des  doigts  sm  ipsMJsYSjl  * 
d'encens.  Cette  feinte  douceur  fit  sur  elfe  «s*  lijtiftiaÊ 
étrange  ;  et ,  n'écoutant  que  son  zèle ,  elle  eut  la  hardiesse  ds 
cracher  au  visage  du  juge ,  de  renverser  l'idole ,  et  de  fouler  aux 
pieds  ce  qu'on  avait  apprêté  pour  le  sacrifice.  Sur-le-champ 
deux  l>onrrcau\  lui  déchirèrent  les  cotes  jusqu'aux  os  avec  des 
ongles  de  fer,  sans  qu'elle  fît  autre  chose  que  de  compter  loi 
coups,  disant  que  les  plaies  qu'on  lui  faisait  étaient  autant  de 
trophées  de  Jésus-Christ.  Ou  lui  brûla  ensuite  la  poitrine  et 
les  flancs  avec  des  torches  ardentes.  Au  lieu  des  cris  et  des 
gémissements,  on  n'entendait  sortir  de  sa  bouche  que  des  actions 
de  grâces.  Knlin  le  feu  prit  à  ses  cheveux  épars,  modal  tantôt 
à  son  visage  et  à  sa  tête,  et  en  peu  de  temps  die  fut  étouffe  par 
la  flamme.  Les  chrétiens  ensevelirent  son  corps  près  du  Ksi  de 
son  martyre ,  qui  arriva  vers  Tan  de  J.C.  804. 


10  décembre.  —  SAINT  MKLCHIADE,  pàpk.  —  4e  sjède. 

IMclchiadc  ou  Miltiade  succéda  au  saint  pape  Eusèbe  le  S  juillet 
31 1 ,  sous  le  règne  de  Maxencc.  Constantin,  ayant  vaincu  ce  tyran 
le  28  octobre  de  l'année  suivante,  publia  des  édita  par  lesquels 
il  permettait  aux  chrétiens  le  libre  exercice  de  leur  religion,  et 
leur  accordait  la  liberté  de  b;\tir  des  églises.  Parmi  les  lofa  fa- 
vorables au  christianisme,  il  y  on  avait  une  qui  exemptait  le 
clergé  du  fardeau  des  charges  civiles.  Kn  outre ,  Constantin  abolît 
li  s  fêtes  païennes  et  la  célébration  des  mystères  profanes  qui 
donnaient  lieu  à  la  corruption  des  mœurs. 

Le  saint  pape  Mclchiadc  voyait  avec  joie  se  multiplier  le  nombre 
des  enfants  de  l'Kglise,  et  il  travaillait  avec  zèle  à  étendre  de 
toutes  parts  le  royaume  de  Jésus-Christ.  Mais  sa  joie  fut  trou* 
hlcc  par  les  divisions  intestines  qu'excita  le  schisme  des  doua* 
listes,  qui  avait  pris  naissance  en  Afrique.  Dans  un  concile  qui 
rassembla  dans  le  palais  de  Uitran,  au  mois  d'octobre  SIS, 
J)onat,  l'autour  du  schisme,  en  fut  convaincu  et  condamne. 
(Jjuaut  aux  évéques  de  son  parti,  il  fut  décidé  qu'on  leur  laisse- 
rait leurs  sièges ,  s'ils  revenaient  à  l'unité  de  PKglise.  Saint  Au- 
gustin ,  parlant  de  la  modération  que  le  pape  Ut  paraître  dans 


10  décembre.  —  translat.  de  la  s.  macs,  de  lob.  498 

» 

cette  circonstance,  rappelle  un  homme  excellent,  un  véritable 
enfant  de  la  paix ,  un  vrai  Père  des  chrétiens.  Après  sa  mort 
cependant ,  les  donatistes  essayèrent  de  noircir  sa  réputation  par 
b  calomnie.  Ils  prétendirent  qu'il  avait  livré  les  saintes  Ecri- 
tures aux  persécuteurs.  Saint  Augustin  le  justifia,  et  Gt  voir  que 
faccusation  n'avait  d'autre  fondement  que  la  méchanceté  des 
qnnemis  du  saint  pape. 

Melchiade  mourut  le  10  janvier  314,  après  avoir  siégé  deux 
ans  six  mois  et  huit  jours.  Il  fut  enterré  sur  la  voie  Appienne 
dans  le  cimetière  de  Calixte.  On  lit  son  nom  dans  le  martyro- 
ioge  romain,  et  dans  ceux  de  Bède ,  d'Adon,  d'Usuard ,  etc.  Quel- 
ques calendriers  lui  donnent  le  titre  de  martyr,  parce  que  sans 
doute  il  avait  souffert  pour  la  foi  dans  les  persécutions  précédentes. 


10  décembre  —  TRANSLATION  DE  LA  SAINTE  MAISON 

DE  LORETTE.  —  13e  siècle. 

La  maison  où  naquit  la  sainte  Vierge,  et  que  les  mystères 
divins  avaient  consacrée ,  pour  qu'elle  ne  demeurât  plus  au  pou- 
voir des  infidèles,  fut  transportée  par  le  ministère  des  anges 
d'abord  en  Dalmatie,  ensuite  sur  le  territoire  de  Lorette,  dans 
le  Picentin ,  ou  marche  d'Ancônc.  Ce  miracle  eut  lieu  sous  le 
pontificat  de  saint  Cclestin  V.  C'est  la  même  maison  où  le  Verbe 
s'est  fait  chair  afin  d'habiter  parmi  nous.  On  en  a  la  preuve 
non-seulement  par  le  témoignage  des  bulles  pontificales,  et  par 
la  vénération  qui  l'a  rendue  célèbre  dans  tout  l'univers,  mais 
aussi  par  les  miracles  puissants  qui  s'y  opèrent  sans  cesse ,  et  la 
grâce  des  bienfaits  célestes  qu'on  y  reçoit.  Touché  de  toutes  ces 
choses,  Innocent  XII,  pour  accroître  la  ferveur  des  fidèles  pour 
le  culte  de  la  Mère  de  Dieu,  laquelle  mérite  tant  d'amour,  or- 
donna de  célébrer  chaque  année  dans  toute  la  marche  d'Ancône, 
par  une  fête  solennelle,  l'anniversaire  de  la  translation  de  la 
sainte  Maison  de  Nazareth,  laquelle  eut  lieu  successivement,  en 
Tan  1291  et  en  Tan  1204. 


42 


•194  11  décembre.  —  s.  damase,  pape  et  c. 


1!  décembre.  —  SAINT  DAMASE,   pape  et  confesseur. 

—  4e  siècle. 

Damase,  originaire  d'Espagne ,  était  fils  d'un  écrivain  qui  s'é- 
tait établi  à  Rome,  et  y  avait  été  lecteur,  diacre  et  prêtre  de 
l'église  de  Saint-Laurent.  Damase  servit  dan?  l'église  jusqu'à  ce 
qu'il  fut  promu  à  l'épiscopat.  Il  était  diacre,  lorsque  l'empereur 
Constance  bannit  de  Rome  le  pape  Libère.  Damase  s'engagea 
par  un  serment  solennel ,  ainsi  que  tout  le  clergé ,  à  ne  jamais 
reconnaître  d'autre  évêque  que  lui.  L'amour  qu'il  avait  pour  la 
foi  catholique  lui  fit  prendre  part  aux  persécutions  de  son  pas- 
teur. Il  l'accompagna  et  resta  quelque  temps  avec  lui  dans  son 
exil.  Étant  revenu  à  Rome,  il  continua  de  fortifier  le  peuple 
dans  la  foi  catholique  par  ses  exemples  et  par  ses  discours.  Il 
eut  aussi  part  au  gouvernement  de  l'Église  jusqu'à  la  mort 
de  Libère ,  arrivée  en  l'année  366.  Damase  avait  alors  plus  de 
soixante  ans. 

La  plus  grande  et  la  plus  sainte  partie  du  clergé  et  du  peuple 
romain  jeta  les  yeux  sur  lui  pour  en  faire  le  conducteur  de  ce 
grand  troupeau.  Cette  élection  fut  traversée  par  l'ambition  du 
diacre  Ursin  ou  Ursicin,  qui,  ne  pouvant  souffrir  qu'on  lui 
eût  préféré  Damase,  se  fit  élire  par  une  troupe  de  séditieux; 
mais  Damase  fut  confirmé  dans  le  siège  de  Rome,  et  Ursin 
banni.  Non-seulement  il  fut  étranger  à  toutes  les  mesures  de 
l'autorité  civile  contre  les  schismatiques,  mais  encore  il  fit  tous 
ses  efforts  pour  les  ramener  à  l'unité.  11  ne  se  contenta  pas 
d'employer  pour  cela  toutes  les  voies  humaines,  comme  les 
sollicitations,  les  remontrances,  les  prières;  il  s'adressa  à  celui 
qui  est  le  maître  des  cœurs.  Il  demanda  l'intercession  des  saiols 
martyrs  auprès  de  Dieu ,  et  obtint  enfin  ce  qu'il  souhaitait  avec 
tant  d'ardeur. 

Les  troubles  suscités  par  les  schismatiques  n'empêchaient  pas 
Damase  de  travailler  à  la  conservation  de  la  discipline  ecclé- 
siastique; il  tint  aussi  à  Rome  un  concile  assez  nombreux,  pour 
éteindre  le  reste  de  l'arianisme  par  la  condamnation  des  évéques 
nriens ,  et  pour  ramener  à  la  foi  catholique  ceux  que  la  crainte 
en  avait  détachés  sous  l'empereur  Constance. 

Ce  pape,  plein  d'humilité  et  très-charitable,  s'occupait  sans 


2  décembre.  —  s.  paul,  év.  de  narbonre.       495 

relâche  de  maintenir  la  pureté  de  la  foi  :  les  Ariens  ont  aussi 
relevé  l'innocence  de  ses  mœurs  et  son  savoir  peu  commun. 
Celait,  selon  saint  Jérôme,  un  docteur  vierge  d'une  église 
vierge.  Théodore  le  met  à  la  tête  des  docteurs  qui  ont  illustre. 
l'Église  latine ,  et  dit  qu'il  s'était  rendu  célèbre  par  sa  vie  si 
saute,  et  qu'il  ne  négligea  rien  pour  la  défense  de  la  doctrine 
apostolique. 

Oamase  rendit  un  grand  service  à  l'Église ,  en  faisant  connaître 
Jérôme.  Ce  saint  docteur  était  venu  à  Rome;  l'évéque  l'y 
auprès  de  lui,  et  s'en  servit  pour  répondre  aux  consul" 
tarions  des  églises.  Il  profitait  aussi  avec  plaisir  de  ses  lumières 
dans  l'étude  de  l'Écriture. 

Le  samt  pape,  après  avoir  essuyé  plusieurs  combats  pour  la 
foi,  et  avoir  mené  une  vie  pleine  de  bonnes  oeuvres  jusqu'à 
l'âge  de  quatre-vingts  ans ,  alla  jouir  de  la  récompense  que  Dieu 
a  promise  à  ses  fidèles  serviteurs ,  le  10  décembre  384. 


12  décembre.  —  SAINT  PAUL,  1er  évéque  de  Narbonne. 

—  1er  siècle. 

C'est  en  se  fondant  sur  une  ancienne  tradition  fort  respectable 
que  l'on  pense  que  Paul,  premier  évéque  de  Narbonne,  et 
disciple  des  Apôtres ,  est  le  même  que  le  proconsul  Serge-Paul , 
baptisé  par  l'apôtre  saint  Paul.  Il  appartenait  à  une  des  plus 
illustres  familles  de  Rome ,  et  c'est  lorsqu'il  eut  été  envoyé  dans 
lUe  de  Chypre  en  qualité  de  proconsul,  qu'il  souhaita  en- 
tendre saint  Paul ,  qui  y  prêchait  l'Évangile.  Le  grand  apôtre  se 
rencontra  avec  lui  à  Paphos,  où  Serge-Paul  résidait.  Ce  ne  fut  pas 
sans  contradiction  ni  sans  obstacle  que  cette  entrevue  eut  lieu, 
parce  qu'il  y  avait  auprès  du  proconsul  un  juif  magicien, 
nommé  Élymas  ou  Bar-Jésu,  qui  faisait  tout  ce  qui  dépendait 
de  lui ,  pour  l'empêcher  d'embrasser  la  religion  chrétienne.  Ce- 
pendant saint  Paul,  accompagné  de  saint  Barnabe,  son  frère 
dans  l'apostolat,  réussit  à  faire  reconnaître  au  magistrat  ro- 
main la  fausseté  et  la  vanité  du  paganisme ,  et  en  même  temps 
il  confondit  Élymas,  que  Dieu  rendit  aveugle  pour  un  certain 
temps.  On  dit  que  ce  fut  par  suite  de  la  conversion  de  ce  pro- 
consul romain ,  que  le  grand  Apôtre  des  Gentils  prit  le  nom 
d°  Paul,  puisque  jusque-là  il  est  toujours  appelé  Saul  dans 


4£6  1  *  décembre.  —  8.  valïby  ,  ASÉÉ.       4 

les  Actes  des  Apôtres,  et  que  ce  n'est  que  deptitt  ttti* heureuse 
conquête  que  saint  Luc  commence  à  rappeler  FfeÉL  ■  '■=■ 

Serge-Paul,  après  s'être  dénuées  fonctiefts  liil<PSlsl|nliii<M, 
et  avoir  mis  ordre  à  toutes  ses  affaires,  vint  trouver  saint  Paul 
a  Rome.  Ce  grand  apôtre,  ayant  été  mis  en  liberté  après  deui 
ans  de  prison,  alla,  à  ce  que  Ton  croit,  porter  la  lumière  de 
l'Évangile  dans  les  Gaules  et  en  Espagne,  ainsi  qu'il  l'avait 
promis  dans  son  Épîtrc  aux  Romains.  Il  emmena  pour  cet  eflet 
avec  lui  plusieurs  saints  missionnaires ,  du  nombre  desquels  fut 
rancira  proconsul.  Ce  dernier  fut  laissé,  en  passant,  à  NarboDne, 
illustre  cité  dont  saint  Paul  le  consacra  évoque.  Il  prêcha  l'É- 
vangile dans  son  diocèse  avec  un  zèle  et  une  force  véritablement 
apostoliques,  et  fit  beaucoup  de  miracles.  Enfin,  après  avoir 
travaillé  pendant  plusieurs  années  comme  premier  évêque  de 
cette  contrée,  à  former  l'Église  de  Jésus-Christ,  passant  à 
une  meilleure  vie ,  il  alla  rejoindre  le  Seigneur. 

Le  corps  de  ce  saint  évêque  repose  au  faubourg  de  Narbonne 
dans  une  église  collégiale  dédiée  sous  son  nom.  Le  poète  chré- 
tien Prudence  en  a  fait  un  bel  éloge  en  fort  peu  de  mots,  dans 
une  des  hymnes  qu'il  a  composées ,  et  où  il  s'écrie  :  «  Surget 
et  Pau/o  pretiosa  Narbo.  » 


12  décembre.  —  SAINT  VALERY,  ABBÉ.  —  7*  siècle. 

Valéry  naquit  en  Auvergne  de  parents  peu  aisés ,  et  passa  ses 
premières  années  à  garder  les  troupeaux  de  son  père.  II  fit  con- 
naître, dès  son  enfance,  qu'il  serait  un  jour  un  grand  serviteur 
de  Dieu  :  toutes  ses  inclinations  étaient  tournées  vers  le  bien. 
Son  amour  pour  la  prière  et  pour  les  exercices  de  piété  lui 
faisait  souhaiter  ardemment  de  savoir  lire.  11  était  difficile  de 
satisfaire  des  désirs  aussi  louables  :  le  besoin  que  ses  parents 
avaient  de  lui  ne  lui  laissait  pas  la  faculté  d'aller  trouver  ceux 
qui  auraient  pu  l'instruire  ;  néanmoins,  ayant  eu  accès  auprès 
d'un  précepteur  d'enfants  de  qualité ,  il  le  pria  de  tracer  un 
alphabet  et  de  lui  en  nommer  les  lettres.  En  peu  de  temps  9 
sut  lire  et  apprit  le  psautier  par  cœur. 

Il  avait  un  oncle  maternel  dans  le  monastère  d'Autumon, 
qui  n'était  pas  fort  éloigné  du  lieu  de  sa  naissance.  Il  résolut 
d'aller  le  voir  et  de  s'y  consacrer  à  Dieu  à  son  exemple;  mais 


12  décembre.  —  s.  vjlleby,  abbé.  497 

son  père,  qui  avait  besoin  de  ses  services,  empêcha  qu'on  ne 
l'y  reçut.  Reconnaissant  plus  tard  qu'il  n'était  pas  possible  de 
foire  changer  Valéry  de  résolution ,  on  ne  crut  pas  devoir  s'op- 
poser plus  longtemps  à  une  vocation  qui  se  déclarait  par  une 
telle  persévérance.  L'abbé  l'admit  dans  sa  communauté ,  du  con- 
sentement du  père,  qui  se  soumit  à  la  volonté  de  Dieu. 

Dès  qu'il  eut  reçu  l'habit  monastique,  on  le  vit  croître  en 
vertu  de  jour  en  jour,  et  bientôt  il  fut  une  règle  vivante  et  un 
modèle  de  perfection  pour  ses  frères.  Il  était  exact  à  tous  ses 
devoirs,  et  soumis  à  tout  le  monde,  parce  que  son  humilité  lui 
faisait  croire  qu'il  était  vraiment  au-dessous  de  tous.  Valéry,  ne 
croyant  pas  avoir  encore  assez  fait,  cherchait  les  moyens  de 
s'avancer  davantage  dans  la  perfection.  Il  crut  pour  cela  devoir 
quitter  son  pays  et  se  retirer  dans  quelque  monastère  qui  fût  en 
réputation  d'une  plus  grande  régularité.  Ayant  entendu  parler 
de  celui  de  Saint-Germain  à  Auxerre,  il  y  alla.  Saint  Aunaire, 
qui  était  alors  évêque  de  cette  ville ,  le  reçut  avec  beaucoup  de 
charité,  et  lui  permit  de  demeurer  dans  ce  monastère,  où  vi- 
vaient des  religieux  d'une  conduite  très-édifiante.  Valéry  ne  leur 
était  pas  inférieur;  l'austérité  des  jeunes  qu'il  pratiquait,  ses 
prières  assidues  et  ses  veilles  leur  faisaient  dire  qu'il  menait  une 
vie  angélique  ;  cependant  il  se  regardait  toujours  comme  un  ser- 
viteur inutile  et  comme  un  moine  lâche  qui  avait  besoin  d'un 
maître  plus  sévère  pour  avancer  dans  la  vertu.  Ces  sentiments 
-d'humilité,  qui  lui  faisaient  appréhender  les  suites  d'une  répu- 
tation qui  commençait  à  se  répandre  aux  environs  d' Auxerre , 
le  firent  penser  à  se  retirer  à  Luxeuil ,  sous  la  conduite  de  saint 
Colomban.  11  exécuta  ce  dessein  avec  un  grand  seigneur,  qui 
étant  venu  le  voir  pour  recevoir  ses  instructions,  en  avait  si 
bien  profité,  qu'il  renonça  à  tous  ses  biens  pour  embrasser  là 
voie  étroite  qui  mène  à  la  vie  éternelle.  Ils  furent  reçus  tous 
deux  en  qualité  de  novices. 

Un  des  religieux  de  cette  maison,  nommé  Waldolen,  demanda 
au  saint  abbé  la  permission  d'aller  prêcher  la  foi  aux  infidèles 
et  d'emmener  avec  lui  Valéry.  Colomban  lui  accorda  l'un  et 
l'autre ,  et  lui  recommanda  Valéry  comme  un  grand  serviteur  de 
Dieu.  Ils  s'acheminèrent  vers  la  partie  septentrionale  de  la 
France,  et  allèrent  en  Neustrie  trouver  le  roi  Clotaire,  qui  leur 
donna  la  terre  do  Leuconay,  en  Picardie ,  sur  la  Somme ,  assez 
près  de  la  mer.  Ils  y  bâtiront  une  chapelle,  avec  l'agrément  de 

42. 


49*  13  décembre.  —  saisis  urcifioo  W£ftt<v.  wt  x. 

Bcniaid,évé^d*Ainians.  Oncootfrtiirtaii^^aJ^fiHr   f 
dtacua.  Ils  y  reçurent  plus  tari  que^nesè^i^»^,*  ^  ; 

Valéry  convertît  un  grand  noaÂre  dldsOCm 
prédications,  et  encore  plus  par  tes  orâtt  cuasfiaf  f£B feur 

donnait.  Il  allait  ordinairement  prier,  à  l'exemple  de  Jésus- 
Christ  ,  sur  le  haut  d'une  montagne,  au  pied  d'un  arbre  éloigné 
de  plus  dune  lieue  de  sa  cellule.  Un  jour  que  ses  disciples  Fy 
avaient  accompagné,  il  leur  dit  :  Après  ma  mort,  tous  m'enter- 
rerez ici.  Huit  jours  après,  il  mourut,  et  alla  recevon*  la  récom- 
pense que  Jésus-Christ  a  promise  à  ceux  qui  auront  persévéré 
jusqu'à  la  fin.  On  rapporte  sa  mort  au  12  décembre  G22.  Os 
bâtit  depuis  un  monastère  à  la  place  de  sa  cellule,  et  H  s'y  forma 
une  ville  qui  porte  son  nom. 


13  décembre.  —  SAINTE  LUCIE  ou  SAINTE  LUCE,  tierce 

ET  MARTYRE  DE  SYRACUSE.  —  4e  flècte. 

Sainte  Lucie,  la  gloire  de  l'Église  de  Sicile,  sortait  «Tune  famine 
noble*  et  riche  de  la  ville  de  Syracuse.  Elle  eut  le  bonheur  d'être 
(;h:véc  dans  la  religion  chrétienne.  Son  père  étant  mort  lorsqu'elle 
était  encore  enfant,  sa  vertueuse  mère  eut  soin  de  lui  mspirar  les 
plus  tifs  sentiments  de  piété;  et  ces  premières  impressions,  que 
la  grâce  lit  fructifier,  opérèrent  dans  son  cœur  die  menreaieus 
effets.  Lucie  n  avait  de  goût  que  pour  la  vertu,  et  elle  promit  à 
Dieu,  dans  un  âge  encore  tendre,  de  garder  uœvii^mté  perpé- 
tuelle; et  elle  tint  ce  vœu  secret  ;  mais  sa  mère,  qui  n'entrai 
aucune  connaissance,  lui  ayant  propose,  quelque  temps  après,  un 
mariage,  notre  sainte  employa  d'abord  tous  les  moyens  pour 
empêcher  l'exécution  de  ce  projet.  Sur  ces  entrefaites,  sa  mère 
tomba  malade  d'un  flux  de  sang,  qui  la  fit  beaucoup  souffrir  et 
qui  dura  quatre  ans.  Inutilement  les  médecins  employèrent  toutes 
tes  ressources  de  Fart  pour  la  guérir.  Lucie,  affligée  du  triste  état 
de  sa  mère,  lui  conseilla  d'aller  à  Catane,  pour  y  **********  ta 
piérison  au  Seigneur,  sur  le  tombeau  de  sainte  Agathe.  Elle  ly 
iiccompagtia  ;  et  après  atoir  toutes  deux  uni  leurs  prières,  elles 
lurent  exaucées. 

Ce  fut  alors  que  notre  sainte  découvrit  à  sa  mère  le 
ou  elle  était  de  faire  à  Dieu,  comme  sainte  Agathe,  le 
de  sa  virginité.  Sa  vertueuse  mère,  pénétrée  de  reconnaissance  de 
la  ijràce  qu'elle  venait  de  recevoir,  et  touchée  du  désir  de  sa  fille, 


14  décembre.  —  s.  spibidios  ,  sv.  4W 

désirait  que  dp  se  consacrer  tout  entière  •>  Dieu,  lui 
son  consentement  pour  suivre  sa  généreuse  et  sainte 
ion.  Peude  temps  après  le  jeune  homme  auquel  Lucie  avait 
tinée,  ayant  appris  qu'elle  voulait  rester  vierge  et  qu'elle 
,  ses  biens  pour  eu  donner  le  prix  aux  pauvres,  entra  dans 
inde  fureur;  il  l'accusa  d'être  chrétienne  devant  le  gou- 
r  Paschase.  La  persécution  de  Dioctétien  ravageait  alors  le 
iu  de  Jésus-Christ. 

ige  de  larda  pas  à  condamner  la  sainte  à  être  exposée 
i  lieu  de  prostitution  ;  mais  Dieu  veilla  sur  sa  pudeur,  et 
îe  n'osa  y  porter  atteinte.  Les  tourments  qu'on  employa 
3  pour  vaincre  sa  constance,  furent  également  sans  succès. 
remit  en  prison  toute  couverte  de  plaies,  et  elle  y  mou- 
i  l'an  304.  Sainte  Lucie,  dont  le  nom  a  été  inséré  dans  la 
du  saint  sacrifice  de  la  messe,  eoinine  une  des  plus  il- 
vierges  et  martyres,  est  houorée  depuis  bien  des  siècles 
ute  l'Église  catholique. 


membre.  —  SAINT  SP1RIDION,  évèqub.  —  4'  siècle. 

lion  était  né  dans  l'île  de  Chypre ,  de  parents  pauvres , 
ne  l'on  croit  avoir  été  chrétiens.  Sa  profession  était  de 
les  montons.  Il  se  maria  et  eut  une  fille  nommée  Irène, 
iervit  et  demeura  vierge.  Il  menait  une  vie  si  innocente, 
tat  de  berger,  qu'on  le  crut  digne  d'être  chargé  du  trou- 
:  Jésus-Christ.  Il  fut  élu  évêque  de  Trimythonte ,  et  con- 
nu peuple  avec  tout  le  zèle  d'un  bon  pasteur,  sans  aban- 

sa  première  occupation.  Son  diocèse  était  fort  petit  :  les 
ts  n'en  étaient  pas  tous  chrétiens ,  et  les  chrétiens  en 
pauvres  et  d'une  vie  réglée,  ce  qui  faisait  que  le  pasteur 
litige  de  travailler  pour  vivre  :  il  en  avait  le  loisir.  Des 

formèrent  le  dessein  de  lui  enlever  quelques  brebis. 
t  n'avoir  rien  à  craindre  de  ce  bon  vieillard ,  ils  entrèrent 
ans  grande  difficulté  dans  la  bergerie,  et  choisirent  celles 
■  parurent  avoir  le  plus  de  valeur.  Comme  ils  se  dispo- 

les  emmener,  ils  voulurent  sortir  par  où  ils  étaient  eu- 
ais  ils  ne  purent  en  venir  à  bout.  La  crainte  d'être  sur- 
r  Gt  redoubler  plusieurs  fois  leurs  efforts,  et  toujours 
lent  :  ils  furent  effrayés  d'être  obligés  de  rester,  sans, 


4*0  14  dée&Hkre»  •- .  s.  sra 

»  1 

ii  i  mmmmmmmM>lm-m\ 

r  «i  .1  ipridk»  viefe 


bi  «ne  m,  h  tome 
nommes  aans  la  oergene,  dans  p  «ture  de  gens  endiablés.  D 
leur  en  demanda  la  cause  :  les  voieurs,  fort  honteux  de  te  vaàr 
découverts  en  cet  état,  lui  avouèrent  ce  qu'ils  avaient  voulu  faire, 
et  lui  racontèrent  ce  qui  leur  était  arrivé.  Aussitôt,  plein  de  com- 
passion pour  ces  malfaiteurs,  il  pria  Dieu,  dont  il  admirait  b 
bonté  pour  lui,  de  leur  rendre  la  liberté.  Sa  prière  fut  exaucée, 
et  ils  furent  déliés.  Sa  charité  ne  se  borna  pas  à  les  laisser  aller  ai 
paix  :  il  donna  un  mouton  à  chacun  d'eux,  en  leur  disant  agréa- 
blement :  C'est  afin  que  vous  n'ayez  pas  perdu  votre  peine  en 
veillant  longtemps;  mais,  ajouta-t-il,  vous  auriez  mieux  fiât  do 
me  le  demander. 

Il  avait  coutume  de  ne  manger  en  carême  qu'en  certains  jours, 
t*t  d'en  passer  à  jeun  plusieurs  de  suite.  Il  vint  un  jour  cha  lui  un 
étranger  très-fatigué  du  chemin  qu'il  avait  fait  :  Spiridionle  reçut 
avec  une  grande  charité  ;  mais  il  ne  se  trouvait  ni  pain  ni  farine 
dans  sa  maison  :  il  n'y  avait  qu'un  peu  de  lard.  Considérant  b 
fatigue  et  le  besoin  du  voyageur,  il  se  mit  en  oraison,  et  pria  Dieu 
de  le  dispenser  de  la  discipline  de  l'Église  ;  puis  il  fit  des  excuses 
à  sou  hôte,  et  dit  à  sa  fille  de  faire  cuire  te  lard.  Quand  3  fit 
prêt,  il  se  mit  à  table  avec  son  hôte,  mangea  le  premier  et  limita 
à  en  faire  autant  L'étranger  s'en  excusait  en  disant  quH  était 
chrétien.  Spiridion  lui  répondit,  pour  le  rassurer,  qu'il  n'y  a  poiat 
de  mets  impurs  de  leur  nature  ;  qu'il  était  des  occasions  ou  l'oa 
pouvait  être  dispensé  de  la  loi  du  jeûne. 

Il  divisait  ordinairement  son  revenu  en  deux  parties,  dont  l'use 
était  pour  les  pauvres,  et  l'autre  pour  sa  maison  et  pour  prêtera 
ceux  qui  éprouvaient  des  besoins  imprévus.  Lorsqu'on  venait  hri 
emprunter  quelque  chose,  il  se  contentait  de  montrer  le  lieu  où 
on  la  trouverait,  voulant  qu'on  prit  soi-même  ce  dont  on  avait 
besoin.  Lorsqu'on  lui  rapportait  ce  qu'on  avait  pris,  il  taisait  b 
même  chose,  se  reposant  sur  la  fidélité  de  son  prochain.  D  arriw 
cependant  qu'on  abusa  de  cette  confiance.  Un  particulier,  rappor- 
tant de  l'argent  qu'il  avait  emprunté,  fit  semblant  de  le  remettre 
dans  le  coffre  et  le  remporta.  Mais  Dieu  ne  permit  pas  que  cette 
infidélité  demeurât  longtemps  cachée;  car  cet  homme,  ayant  m 
rtrours  à  son  évoque,  alla  pour  prendre  de  l'argent  dans  le  coffre, 


14  décembre.  —  s.  nicaise,  sainte  eutropie,  m.' 50! 

et  le  trouva  v Il  vint  le  dire  à  Spiridion,  qui  lui  répondit  :  H 

'  JSt  étonnant  que  vous  soyez  le  seul  qui  ne  trouviez  pas  ici  ce  qui 
[  {tas  est  nécessaire.  Prenez  garde  si  vous  n'avez  pas  manqué  à 
F'^vnetlre  ce  que  vous  y  aviez  pris  précédemment.  Cet  homme  fit 
;  .connaître,  en  avouant  sa  faute,  que  la  conjecture  de  Spiridion 
|  êtit  juste. 

-  '  "Quoique  Spiridion  eût  peu  étudié  les  lettres  humaines,  il  avait 
Wjtnis  une  grande  connaissance  de  l'Écriture  sainte.  On  ne  sait 
jjm  Tannée  qui  termina  la  vie  édifiante  de  ce  saint  prélat.  On 
croit  qu'il  a  vécu  jusqu'après  le  concile  de  Sardique,  auquel  H 
et  où  il  rendit  témoignage  à  l'innocence  de  saint  Atha- 
en  347. 


" *£— 

14  décembre.  —  SAINT  NICAISE,  évêque  df  Reims, 
SAINTE  EUTROPIE,  sa  soeur,  et  leurs  compagnons, 
"  martyrs  —  5*  siècle. 

'  lorsque  les  barbares  assiégeaient  Reims  et  paraissaient  vou- 
loir en  égorger  les  citoyens,  Nicaise,  évéque  de  cette  ville,  en 
encourageait  les  habitants,  et  les  excitait  à  recevoir  avec  cons- 
tance la  couronne  du  martyre.  En  effet,  il  avait  appris,  par  une 
révélation  d'en  haut,  que  cette  cité  serait  ravagée  en  punition  de 
ses  crimes.  En  même  temps,  Eutropie ,  sœur  du  saint  pontife , 
les  mains  étendues  vers  le  ciel,  s'efforçait  d  apaiser  la  colère  de 
Dieu,  qui  frappait  si  sévèrement  la  ville.  Au  moment  où  les  en- 
nemis donnaient  l'assaut ,  elle  accompagnait  son  frère  et  se  tenait 
avec  intrépidité  aussi  bien  quelui  devant  la  porte  de  l'église,  laquelle 
faisait  partie  de  la  citadelle.  Nicaise,  s  adressant  alors  aux  barbares, 
les  exhorta  à  épargner  le  sang  et  à  laisser  leurs  cœurs  acces- 
sibles à  des  sentiments  humains;  mais  ces  hommes  cruels,  inca- 
pables d'être  touchés,  le  tuèrent  au  moment  où,  priant  prosterné, 
H  chantait  ce  verset  de  David  :  Mon  âme  a  été  abaissée  jusqu'à 
terre.  Quant  à  Eutropie,  ils  l'épargnèrent  à  cause  de  sa  beauté  ; 
mais  elle,  comprenant  le  motif  pour  lequel  ils  lui  laissaient  la  vie, 
se  jeta  sur  un  de  ces  hommes  féroces  et  lui  arracha  les  yeux, 
préférant  succomber  sous  le  glaive  des  païens  plutôt  que  de 
devenir  le  jouet  et  la  victime  de  leur  brutalité.  Ainsi  elle  obtint 
avec  l'évêque  et  les  autres  compagnons  de  sa  mort  la  palme  du 
martyre.  Mais  aussitôt  une  secrète  épouvante  frappa  les  assié- 


503     16  décembre.  —  s.  BUsiftX  »  iv\  M 


géants.  Us  voyaient  des  ai  Iniaut  prtfe» 

à  venger  les  crimes  dont  i  I  rcndoa  nrw^eisw,  latasat 
donc  tout  le  butin  qu'ils  av.  ;  dans  kvile.sfejitart  U 

fuite.  Les  corps  des  saints  i  vts  demeurèrent  a  rffiirat  eô 
ils  avaient  succombé.  Ils  y  fu  sous  la  garde  des  anges  tant  que 
dura  l'absence  des  habitants  ae  Reims,  qui  s'étaient  retirés  dois 
les  montagnes  au  moment  où  les  ennemis  avaient  remporté  b 
victoire.  Beaucoup  de  personnes  virent  briller  pendant  la  nuit 
des  lumières  célestes  autour  de  ces  restes  sacrés,  et  on  entendit 
au  même  lieu  des  chants  qui  n'étaient  pas  de  ce  monde. 


i;>  </,v<  »j/>/r.       S  VINT  MESiUIN,  ABBB.  —  6e  siècle. 

Maximin,  vulgairement  appelé  Mesmin^  était  neveu  de  saint 
Kuspice,  prêtre  de  Verdun.  C'est  en  laveur  de  ce  dernier  que  le 
roi  Clovis  fonda,  en  508,  le  célèbre  monastère  de  Mid,  i  deux 
lieues  d'Orléans.  Kuspice  gouverna  deux  ans  ce  monastère  en 
qualité  d'abbé.  Son  neveu  lui  succéda  en  610.  La  réputation  de 
sainteté  dont  il  jouissait  lui  attira  un  grand  nombre  de  disciples. 
On  distingue,  parmi  ceux  qu'il  forma  à  la  perfection  évangé- 
lique,  plusieurs  saints  honorés  dans  l'Église  tels  que  saint  Àvit, 
saint  Lifard,  saint  Urbin,  saint  Calais,  saint  Théodmir,  saint 
1 -au mer,  etc..  Il  mourut  le  15  décembre  de  Tan  du  Seigneur  530. 


I(i  thrcmhre.  —  SAINT  KUSÈBE,  BVÊQUB  DB  VbbGBIL  BT 

mabtyb.  —  4e  siècle. 

Kusèbc  naquit  d'une  famille  noble  de  l'île  de  Sardaigne.  Étant 
venu  demeurera  Vcrceil,  ville  des  Etats  de  Savoie,  il  fut  si  estimé 
|Mwr  ses  qualités  et  sa  vertu,  qu'on  le  jugea  digne  de  remplir  le 
siège  épiscopal  préferablcmcnt  à  tous  ceux  du  pays.  Le  peuple  le 
demanda  d'une  voix  commune ,  et  les  évéquea  l'élurent. 

Ixi  conduite  d'Eusèbc  fit  voir  qu'on  ne  s'était  point  trompé  en  le 
regardant  comme  un  sujet  capable  de  conduire  les  autree,  et  que 
Dieu  lui-même  avait  présidé  à  son  élection.  En  effet»  il  s'appliqua 
toujours  avec  une  foi  ferme  et  ardeute,  soutenue  par  la  prière,  a 
connaître  In  volonté  du  Très- Haut  et  à  l'exécuter.  Sa  grandeur 
d'.îme  était  soutenue  et  nourrie  par  une  vie  pénitente  î  il  jeûnait 


16  décembre.  —  saint  eusèbe,  év.  de  verc  ,  h.  60S 

souvent  et  ne  buvait  que  de  l'eau  ;  ses  habits  étaient  pauvres  et 
des  plus  communs. 

Le  moyen  qui  lui  parut  le  plus  propre  pour  travailler  avec  fruit 
a  l'édification  de  son  peuple  et  à  la  sanctification  des  âmes,  ce  fut 
de  former  sous  ses  yeux  de  jeunes  ecclésiastiques  dont  l'innocence 
et  la  piété  lui  fussent  connues,  afin  de  les  employer  ensuite  dans 
lés  fonctions  du  saint  ministère.  Il  réussit  si  bien  dans  l'exécution 
de  ce  projet,  que  les  églises  s'empressaient  de  lui  demander  de  ses 
disciples  pour  en  faire  leurs  évéques.  Au  milieu  de  la  ville,  il  vi- 
vait avec  des  clercs  comme  les  moines  du  désert.  Tout  le  clergé 
voulut  les  imiter.  Ils  se  mirent  sous  la  conduite  de  leur  éyéque,  qui 
les  renferma  dans  une  même  maison  avec  lui,  où  ils  s'exerçaient 
à  la  pratique  de  toutes  les  vertus  et  des  fonctions  de  leur  minis- 
tère, sans  négliger  la  surveillance  qu'ils  devaient  exercer  sur  le 
peuple  qui  leur  était  confié.  Ils  travaillaient  à  se  maintenir  dans 
la  sainteté  et  la  chasteté  par  l'abstinence  et  l'éloignement  de  tout 
ce  que  le  monde  estime.  Voici  comment  saint  Ambroise  décrit  la 
vie  de  ces  disciples  de  saint  Eusèbe  :  C'est  une  milice  toute  cé- 
leste et  tout  angélique,  occupée  jour  et  nuit  à  chanter  les  louanges 
de  Dieu,  à  apaiser  sa  colère  et  à  implorer  sa  miséricorde  par  des 
prières  ferventes  et  continuelles.  Ils  ont  toujours  l'esprit  appli- 
qué à  la  lecture  et  au  travail.  Quoi  de  plus  admirable  que  cette 
vie  ?  on  y'n  a  rien  a  craindre  ;  tout  est  digne  d'imitation  ;  on  y  est 
dédommagé  de  l'austérité  des  jeûnes  par  la  paix  et  la  tranquillité 
de  l'âme;  on  y  est  soutenu  par  l'exemple;  ce  qui  coûte  le  plus 
à  la  nature  devient  facile  par  l'habitude.  Cette  vie  n'est  pas 
troublée  par  les  soins  temporels,  ni  distraite  par  les  embarras  du 
siècle,  ni  traversée  par  la  visite  des  gens  oisifs,  ni  relâchée  et 
attiédie/par  le  commerce  des  gens  du  monde. 

Cette  vie  austère  que  menait  Eusèbe  lui  apprit  à  supporter  plus 
facilement  toutes  les  persécutions  qu'il  eut  à  souffrir  dans  la  suite 
de  la  part  des  Ariens,  qui  attaquaient  la  divinité  de  Jésus-Christ. 
Il  fut  relégué  à  Scythopolis  de  la  Palestine,  qui  avait  pour  évêque 
Patrophile,  l'un  des  chefs  des  hérétiques.  Les  agents  de  l'empereur 
Constance  avaient  marqué  une  maison  pour  Eusèbe.  Les  Ariens 
Pen  tirèrent  avec  violence,  et  le  renfermèrent  dans  une  petite 
zhambre,  où,  en  supposant  les  ordres  du  prince,  ils  venaient  le 
maltraiter  à  diverses  heures,  pour  l'obliger  d'entrer  dans  leurs 
sentiments.  Ils  le  traînaient  par  terre  à  demi  nu,  et  le  faisaient 
iescendre  un  escalier  à  la  renverse  et  la  tête  en  bas,  sans  pouvoir 


604     10  décembre.  —  saint  adon,  arch.  de  vienne. 

lui  arracher  aucune  réponse  en  faveur  de  leur  hérésie.  Il  leur 
abandonnait  son  corps  à  l'exemple  de  Jésus-Clirist,  pour  être  le 
jouet  de  leur  fureur. 

Au  milieu  de  ces  tourments,  il  y  reçut  la  consolation  de  la  visite 
d'un  diacre  et  d'un  autre  ecclésiastique,  qui  lui  apportèrent  des 
lettres  et  des  aumônes  de  son  église  et  des  églises  voisines.  Mais  à 
peine  ces  clercs  furent-ils  partis,  que  les  Ariens  redoublèrent  leurs 
vexations.  Ils  empêchèrent  les  prêtres  et  les  diacres  de  le  venir 
voir,  et  le  laissèrent  quatre  jours  sans  manger.  Ses  souffrances 
augmentèrent  de  jour  en  jour  jusqu'au  moment  où  on  changea  le 
lieu  de  son  exil.  On  l'envoya  de  Scythopolis  en  Cappadoce,  et 
quelque  temps  après  dans  la  haute  Thébaïde,  en  Egypte.  H  écri- 
vit de  là  une  lettre  à  Grégoire,  évêque  d'Elvire,  pour  rengager  à 
s'opposer  courageusement  à  Osius  et  à  tous  ceux  qui  étaient 
tombés  dans  Terreur,  ou  qui  avaient  abandonné  la  foi  de  l'Église, 
et  à  ne  point  craindre  la  puissance  des  princes. 

Constance  étant  mort ,  Julien  l'Apostat  permit  aux.  évéques 
exilés  de  retourner  dans  leurs  diocèses.  Eusèbe  se  rendît  à  Alexan- 
drie pour  se  concerter  avec  Athanase  sur  les  moyens  de  remédier 
aux  maux  qui  affligeaient  l'Église.  11  alla  ensuite  à  Antioche  pour 
travailler  à  l'extinction  du  schisme  qui  troublait  l'Église  dans 
cette  ville.  En  revenant  de  l'Orient,  Eusèbe  passa  par  FIllyrie , 
confirmant  toujours  dans  la  foi  ceux  qui  étaient  chancelants,  et 
ramenant  à  la  sainte  doctrine  ceux  qui  s'en  étaient  écartés.  Il  se 
joignit  à  saint  Hilaire  de  Poitiers  pour  combattre  Tarianisme  :  ils 
dirigeaient  principalement  leurs  efforts  contre  Auxone  de  Milan, 
qui  avait  trouvé  le  moyen  de  gagner  la  faveur  de  Tempère  ut 
Valentinien.  Eusèbe  termina  une  vie  si  laborieuse  et  si  pénitente 
par  une  sainte  mort ,  le  1er  août,  vers  Tan  370. 


1G  décembre.    —  SAINT  ADON,  archevêque  de  Vienne. 

—  9e  siècle. 

A. don,  né  vers  Tan  800,  était  d'une  des  familles  les  plus 
riches  et  les  plus  nobles  du  G  a  ti nais ,  au  diocèse  de  Sens  Ses 
parents ,  qui  étaient  fort  religieux ,  le  formèrent  à  la  piété  dès  ' 
son  enfance.  Ils  le  mirent  dans  le  monastère  de  Ferrière  eu 
(jfttinais ,  afin  qu'il  y  apprît  en  même  temps  les  sciences  et  les 
saintes  maximes  du  christianisme.  Il  v  donna  des  preuves  de  la      i 


•16  décembre.  —  saint  adon,  arc  h.  de  vienne.    505 

vivacité  de  son  esprit  et  de  la  solidité  de  son  jugement.  11  joi- 
gnait à  ces  heureuses  qualités  une  grande  docilité  et  un  amour 
tendre  pour  la  religion.  Ses  maîtres  voyaient  avec  plaisir  qu'il 
{irisait  tous  les  jours  de  nouveaux  progrès.  Quelques-uns  de  ses 
amis,  animés  de  l'esprit  du  monde,  cherchèrent  à  lui  inspirer  la 
passion  des  honneurs  et  des  plaisirs;  ils  applaudissaient  à  ses 
talents,  et  l'exhortaient  à  entrer  dans  la  carrière  où  rap- 
pelait sa  naissance  ;  mais  il  découvrit  le  piège  qu'on  lui  tendait , 
et  sentît  le  danger  du  parti  qu'on  lui  proposait.  Pour  rompre 
entièrement  avec  le  monde  et  se  consacrer  sans  retour  au  service 
de  Dieu,  il  prit  l'habit  dans  le  monastère  de  Ferrière. 

11  était  encore  jeune,  lorsque  Marcuard,  abbé  de  Prom,  qui 
avait  été  lui-même  moine  de  Ferrières,  le  demanda  pour  enseigner 
les  saintes  lettres  à  ses  religieux.  Adon,  en  inspirant  l'amour  de 
Fétode  à  ses  disciples ,  leur  apprenait  en  même  temps  à  éviter 
recueil  où  la  science  conduit  quelquefois,  et  à  profiter,  pour  leur 
sanctification,  des  connaissances  qu'ils  acquéraient.  Son  objet 
principal  était  de  faire  de  vrais  serviteurs  de  Dieu.  Mais  il  plut  au 
Ciel  de  l'éprouver  pour  perfectionner  sa  vertu. 

Après  la  mort  de  Marcuard ,  la  jalousie  lui  suscita  des  en- 
nemis. Ils  employèrent  contre  lui  les  outrages  et  la  calomnie ,  et 
le  chassèrent  de  Prom.  Il  alla  visiter  les  tombeaux  des  apôtres 
à  Rome ,  et  passa  cinq  ans  dans  cette  ville.  De  là  il  vint  à  Ra- 
venne.  Il  y  trouva  un  ancien  martyrologe  dont  il  tira  copie,  et 
qu'il  publia  vers  l'an  858,  avec  des  additions  et  des  corrections. 
11  donna  aussi  une  chronique,  avec  les  vies  de  saint  Didier  et  de 
saint  Chef. 

A  son  retour  d'Italie ,  il  vint  à  Lyon ,  et  s'y  arrêta  quelque 
temps.  Saint  Rémi,  archevêque  de  cette  ville,  le  retint  auprès  de 
lui,  et  le  chargea  du  gouvernement  de  la  paroisse  de  Saint- 
Romain,  près  de  Vienne ,  après  avoir  obtenu  le  consentement  de 
l'abbé  de  Ferrières.  C'était  le  célèbre  Loup,  dont  nous  avons  un 
recueil  de  lettres  et  plusieurs  petits  traités.  Il  prit  avec  zèle  la 
défense  d' Adon  contre  ses  ennemis  ;  et ,  le  siège  de  Vienne  étant 
devenu  vacant ,  notre  saint  fut  élu  pour  le  remplir.  On  le  sacra 
au  mois  de  septembre  de  l'année  860.  Le  pape  Nicolas  lui  envoya 
le  pallium,  avec  les  décrets  d'un  concile  de  Rome,  lesquels 
avaient  pour  objet  de  remédier  à  différents  abus  qui  s'étaient 
glissés  dans  plusieurs  églises  de  France. 

Adon  ne  changea  rien  à  sa  première  manière  de  vivre  ;  il  con- 

VIES  DES  SAINTS.   —  T.   II.  43 


:>i\C>    10  décembre.  —  smntk  âuklawe  impératrice. 

werva  la  nul  nie  humilité,  la  même  modestie,  le  même  amour  pour 
la  mortification.  Il  annonçait  avec  un  zèle  infatigable  les  vérités 
du  salut.  Sa  vie  était  fort  austère;  il  se  traitait  en  tout  avec  une 
grande  sévérité,  et  les  ecclésiastiques  attachés  à  sa  personne 
avaient  ordre  de  l'avertir  de  ses  moindres  fautes.  S'il  était  in- 
flexible envers  les  pécheurs  opiniâtres,  il  recevait  avec  bonté 
ceux  qui  se  convertissaient  sincèrement.  Il  regardait  les  pauvres 
comme  ses  enfants,  et  pourvoyait  à  tous  leurs  besoins.  Adon 
parut  avec  éclat  dans  divers  conciles  ;  il  en  tint  lui-même  plu- 
sieurs à  Vienne  pour  maintenir  la  pureté  de  la  foi  et  des  mœurs. 
niais  les  actes  de  ces  conciles  sont  perdus ,  et  il  ne  nous  reste 
plus  qu'un  fragment  de  celui  qui  fut  tenu  par  le  saint  en  870. 

Lorsque  le  roi  Lotliaire,  dégoûté  de  la  reine  Thietberge,  voulut 
la  renvoyer,  Adon  s'éleva  contre  ce  divorce ,  et  fit  au  prince  les 
plus  fortes  représentations  pour  l'en  détourner.  Il  eut  beaucoup 
de  part  aux  affaires  publiques  qui  se  traitèrent  de  son  temps,  et 
la  religion  trouva  toujours  en  lui  un  zélé  défenseur.  Le  pape 
Nicolas  1er,  Charles  le  Chauve  et  Louis  de  Germanie  résumaient 
autant  pour  sa  prudence  que  pour  sa  sainteté ,  et  déféraient  avec 
confiance  à  ses  avis  ;  mais  rembarras  des  affaires  ne  nuisait  point 
à  son  recueillement.  11  aimait  à  lire  les  vies  des  saints»  afin  de  se 
pénétrer  de  leur  esprit  et  de  s'exciter  à  imiter  leurs  actions.  Il 
mourut  le  16  décembre  875.  11  est  honoré  dans  l'Ëglisc  de 
Vienne,  et  nommé  en  ce  jour  dans  le  martyrologe  romain. 


ICi  décembre.  —  SAINTE  ADÉLAÏDE,  IMPÉRATRICE. 

—  10e  siècle. 

Adélaïde  était  fille  de  Rodolphe  II ,  roi  de  Bourgogne,  quelle 
perdit  lorsqu'elle  n'avait  que  six  ans.  A  seize  ans,  en  958,  elle 
épousa  Lothaire,  roi  d'Italie.  Son  mari  la  laissa  veuve  à  l'âge  de 
dix-neuf  ans.  On  avait  remarqué  en  elle,  dès  l'enfance,  des  mar- 
ques d'une  piété  solide.  Les  afflictions  qui  lui  survinrent  avec  la 
mort  de  son  mari  et  qui  en  furent  les  suites,  ne  servirent  qu'à 
l'affermir  dans  le  service  du  Seigneur  et  à  la  détacher  davantage 
des  grandeurs  et  des  pompes  du  monde,  dont  elle  comprit  alors 
imite  la  vanité.  Elle  se  trouvait  tout  d'un  coup  sans  appui,  sans 
conseil,  sans  secours,  entièrement  abandonnée  à  la  discrétion  des 
ennemis  de  son  mari.  Béranger,  le  plus  puissant  de  tous,  se  lit 


IS  décembre.  —  sainte  Adélaïde,  impératrice.    507 

i     il        et  se  saisit  d'Adélaïde ,  qu'il  fit  renfermer 

prison,  où  on  lui  fit  souffrir  mille  outrages  et  mille  n> 

;  mais  par  la  grâce  de  Dieu ,  et  malgré  toutes  les  pré- 

de  Béranger,  on  h        de  sa  prison  à  la  faveur  d'une 


s'échappa ,  accompagnée  d'une  seule  fille  qu'on 
,  Comme  elle  ne  savait  où  elle  allait,  à  cause  de 
robteuiilé  de  la  nuit,  elle  tomba  dans  un  étang  et  aurait  infini- 
attentent  péri,  si  Dieu ,  en  qui  seul  elle  avait  confiance ,  n'eût 
envoyé  un  pécheur,  qui  la  retira  avec  sa  compagne.  Elles  avaient 
une  nuit  et  un  jour  dans  l'eau  :  le  froid  et  la  faim  les  avaient 
affaiblies  ;  cependant  elles  n'étaient  pas  dans  un  lieu 
à  recevoir  de  grands  soulagements  :  tout  ce  que  put  faire 
It  pêcheur,  ce  fut  de  les  Caire  réchauffer  et  de  leur  faire  cuire  du 
■nanan  qu'A  avait  pris. 

Un  ecclésiastique  qui  n'avait  cessé  de  veiller  sur  la  princesse, 
s'éfant  avancé  pour  lui  chercher  du  secours,  vint  l'avertir  qu'O- 
tbon  arrivait  avec  une  armée,  pour  réprimer  les  entreprises  de 
Béranger  et  la  délivrer  de  la  persécution.  Béranger  frit  défait 
bientôt  après,  et  Othon  1er,  qui  fut  couronné  empereur  d'Italie  à 
Rome  en  962 ,  épousa  Adélaïde,  dont  il  connaissait  le  mérite. 
Il  la  fit  couronner  reine  de  Lombardie.  Ce  retour  de  prospérité 
ne  changea  rien  dans  les  sentiments  d'Adélaïde  ;  mais  étant  plus 
en  état  de  secourir  les  pauvres  et  les  affligés,  elle  leur  fit  de  plus 
grands  biens.  Elle  s'attacha  sans  relâche  à  faire  donner  une  bonne 
éducation  au  fils  qu'elle  eut  de  son  second  mariage.  Pendant  que 
son  mari  fut  occupé  à  pacifier  les  troubles  d'Italie,  elle  gouverna 
l'empire  avec  beaucoup  de  prudence. 

Son  fils  Othon  11 ,  devenu  souverain  ,  oublia  ce  qu'il  devait  à 
sa  mère.  Le  malheur  ouvrit  les  yeux  à  Othon ,  et  il  rappela 
Adélaïde,  dont  il  reçut  avec  docilité  les  avis.  Ce  prince  étant  mort, 
{Impératrice  sa  veuve ,  Théophanie ,  fut  établie  régente  pour 
gouverner  pendant  la  minorité  de  son  fils,  Othon  III.  Cette  prin- 
cesse se  montra  l'ennemie  déclarée  de  sa  belle-mère,  et  la  traita 
de  la  manière  la  plus  outrageante.  Adélaïde  souffrit  sans  se 
plaindre.  Théophanie  étant  morte  subitement,  on  obligea  Adélaïde 
a  se  charger  de  la  régence.  Elle  ne  regarda  la  puissance  'dont 
elle  était  revêtue  que  comme  un  pesant  fardeau.  Loin  de  se 
venger  des  auteurs  de  ses  maux,  elle  chercha  toutes  les  occasions 
de  leur  faire  du  bien.  Elle  sut  joindre  la  sévérité  à  la  douceur „ 


608        17  décembre.  —  sainte  olympiade,  vtari.   /-: 

et  par  b  elle  portait  tout  le  monde  a  Ywam  •  'et  fr  Bdrtfuer  U 
vertu.  La  dernière  année  de  sa  vie ,  eUe  fit  m  Itmg  ip^l#»  bmt 
réconcilier  Rodolphe  avec  tes  sujets.  JSa  vigjhne*  4hatla**f~ 

faires  publiques  ne  la  rendait  pas  plus  négligente*  Sans"  les 
exercices  de  piété.  Elle  rentrait  à  certaines  heures  dans  son 
oratoire ,  pour  y  puiser  dans  la  prière  des  lumières  dont  eDe 
avait  besoin  dans  l'administration  de  l'empire.  Adélaïde  mourat 
Fan  999,  âgée  d'environ  soixante-huit  ans. 


17  décembre.  —  SAISTE  OLYMPIADE,  veuve.   — 

4e  siècle. 

Olympiade  ,  née  vers  Pan  568,  était  d'une  famille  des  plus  con- 
sidéra M  es  de  l'empire,  et  par  sa  noblesse  et  par  ses  biens  im- 
menses. Elle  perdit  son  père  et  sa  mère  étant  encore  jeune;  mais 
Théodosie ,  sœur  de  saint  Amphiloque,  évéque  d'Icône,  lui  tint 
'.inide  l'un  et  de  l'autre,  et  lui  donna  une  éducation  chrétienne. 
Prompt»,  gouverneur  de  Constant inople ,  qui  était  son  onde  et 
sou  tuteur,  la  maria  à  débride,  qui  avait  été  préfet  de  Cons- 
tantinoplr.  Nébridc  mourut  après  vingt  mois  de  mariage. 

Olympiade,  veuve  dès  l'ûge  de  dix-sept  ans,  recommandante 
pur  ses  richesses ,  par  sa  grande  beauté ,  et  par  ses  qualités  de 
"l'esprit  et  du  cœur,  fut  bientôt  recherchée  par  les  hommes  les 
[•lus  marquants  de  la  cour.  I /empereur  Théodose  voulut  lui 
l'aire  épouser  un  de  ses  cousins,  nommé  Elpide»  et  l'en  pressa 
\i  veinent;  mais  elle  répondit  :  Si  Dieu  eût  voulu  que  je  vécusse 
dans  le  mariage,  il  ne  m'aurait  pas  ôté  mon  mari  :  il  ne  m'a  pas 
jugée  propre  a  cet  engagement,  puisqu'il  m'a  rendu  la  liberté. 
I /empereur,  pique  de  ce  refus,  ordonna  que  tous  ses  biens  fus- 
sent administrés  par  le  préfet  de  Constantinople  jusqu'à  ce  qu'elle 
i-rit  trente  ans.  Olympiade  rendit  grâces  à  Dieu  de  l'avoir  dé- 
chargée de  ses  richesses ,  et  elle  en  remercia  l'empereur  en  ces 
termes  :  Vous  avez  fait  paraître  envers  moi,  seigneur,  une  bonté 
digne  d'un  empereur  et  d'un  évêque,  en  me  déchargeant  du 
pesant  fardeau  de  mes  bieus,  dont  j'étais  embarrassée.  Vous  ferez 
encore  mieux  si  vous  les  faites  distribuer  aux  églises  et  aux 
pauvres,  car  il  y  a  longtemps  (pie  j'appréhende  les  mouvements 
de  vanité  que  peut  causer  cette  distribution ,  et  je  crains  que 
rembarras  de  ces  biens  matériels  ne  m 'empêche  de  rechercher 


17  décembre.  —  sainte  olympiade,  veuve.       509 

les  véritables  richesses.  Théodose,  touché  de  cette  réponse,  et 
informé  de  la  vie  sainte  et  pénitente  de  cette  jeune  veuve,  la 
rétablit  dans  la  jouissance  de  ses  biens ,  et  la  laissa  vivre  en  li- 
berté. 

Olympiade  fit  un  bon  usage  de  sa  liberté  et  de  ses  biens.  Elle 
pratiqua  la  charité  en  tout  ce  qu'elle  put.  Elle  assistait  les  pau- 
vres, les  orphelins,  les  personnes  âgées  et  infirmes ,  et  tous  ceux 
qui  avaient  besoin  de  secours  ;  elle  affranchit  des  milliers  d'es- 
claves. Elle  ornait  les  églises  de  vases  sacrés  et  de  ce  qui  était 
nécessaire  pour  le  service  des  autels  ;  elle  donnait  aux  monastères, 
aux  hôpitaux,  aux  prisonniers;  elle  fournissait  aux  dépenses 
qu'on  faisait  pour  la  conversion  des  fidèles;  elle  envoyait  de 
grandes  sommes  aux  cvêques  qui  bâtissaient  de  nouvelles  églises. 
Ceux  de  Perse  même  se  ressentirent  de  sa  bienfaisance.  Sa  cha- 
rité était  sans  bornes.  Quand  saint  Jean  Chrysostome  tut  évéque 
de  Constantinople ,  il  crut  devoir  l'avertir  de  modérer  ses  au- 
mônes et  de  les  régler  sur  le  besoin  véritable  de  ceux  qui  deman- 
daient. 

Lorsque  les  brigues  de  Théophile ,  patriarche  d'Alexandrie,  la 
vengeance  de  l'impératrice  Eudoxie ,  les  calomnies  des  mauvais 
prêtres  de  Constantinople  eurent  obtenu  de  l'empereur  Arcadius 
un  ordre  qui  exilait  saint  Jean  Chrysostome,  on  vit,  dans  le 
temps  même  qu'on  mettait  cet  ordre  à  exécution ,  s'élever  dans 
l'église  une  grande  flamme  qui,  en  un  moment,  embrasa  le 
dedans  et  le  dehors ,  avec  tous  les  bâtiments  qui  l'environnaient, 
à  l'exception  de  la  sacristie ,  où  étaient  les  vases  sacrés.  Le  feu, 
poussé  par  un  grand  vent ,  prit  au  palais  et  le  consuma  tout 
entier  en  trois  heures.  On  ne  put  découvrir  la  cause  de  ce  ter- 
rible embrasement ,  qui  fut  accompagné  de  circonstances  qui  le 
firent  regarder  comme  un  effet  de  la  vengeance  divine.  Les  en- 
nemis de  l'évéque  exilé  accusèrent  ses  amis  d'avoir  mis  le  feu  à 
l'église ,  et  sous  ce  prétexte  eu  tourmentèrent  plusieurs.  Olym- 
piade fut  enveloppée  dans  cette  persécution.  lie  préfet  de  Cons- 
tautiuople,  l'ayant  fait  amener  devant  son  tribunal,  lui  demanda 
pourquoi  elle  avait  mis  le  feu  à  l'église.  — Je  n'ai  pas  vécu  jus- 
qu'ici, dit  Olympiade,  de  manière  à  être  soupçonnée,  puisque 
j'ai  employé  les  grands  biens  que  j'avais  à  rétablir  les  temples  de 
Dieu.  —  Je  sais  votre  vie,  dit  le  préfet.  —  Prenez  donc,  répondit- 
elle  ,  le  rang  d'accusateur,  et  qu'un  autre  nous  juge.  Le  préfet, 
n'a  vaut  rien  à  répliquer,  abandonna  cette  accusation  si  peu  vrai- 

43. 


610  17  décembre,  —  SMftTB  BtGCHSl,  VtCft  *f .  AtltftSE. 

semblable,  pour  en  venir  à  uû  sujet  91e  lift  «**tift  ^'Iteaalt 
veuve  avaient  plus  a  cœur.  ^     JL . . 

Après  la  condamnation  de  saint  Jeaa  arywJWiwi  &»■  fa 
conciliabule  de  Chêne,  on  avait  mis  en  sa  place  un  anlf*4l6pe 
nommé  Arsacc.  Comme  l'injustice  de  la  procédure  dont  on  avait 
usé  envers  saint  Chrysostomo  était  visible ,  Arsace  ne  pouvait 
être  reconnu  pour  légitime  évéque ,  et  tous  les  gens  de  bien  h 
rejetaient  et  restaieut  attachés  ou  saint  exilé.  Cependant  l'em- 
pereur, pour  soutenir  sa  première  démarche  et  empêcher  le 
schisme ,  voulait  contraindre  tout  le  monde  à  embrasser  la 
communion  du  faux  pasteur;  c'est  pourquoi  le  préfet  dit  i 
Olympiade  et  à  d'autres  femmes,  comme  par  forme  de  conseil, 
qu'elles  étaient  bien  folles  de  refuser  la  communion  d' Arsace,  puis» 
que  c'était  un  moyeu  sur  de  se  tirer  d'affaire.  Olympiade  lui  ré- 
pondit :  Aprts  avoir  été  arrêtée  sur  une  calomnie,  il  n'est  pas 
juste  de  m'obliger  à  me  défendre  sur  une  autre  affaire.  Donnes- 
moi  des  avocats  pour  la  première  accusation.  Quant  à  la  com- 
munion de  l'ëvéquc  intrus,  quelques  souffrances  qu'il  faille  «Dr 
durer,  je  ne  l'embrasserai  jamais  contre  ma  conscience  :  la  reli- 
gion me  le  défend. 

In»  préfet  In  renvoya  ce  jour-là,  comme  pour  lui  donner  le 
temps  de  prendre  des  avocats ,  et,  l'ayant  fait  comparaître  quel- 
ques jours  après ,  il  In  condamna  a  une  amende  de  deux  eents 
livres  pesant  d'or.  Cette  perte  la  toucha  peu,  et,  quoique  en  tout 
ce  qui  était  selon  Dieu  elle  fut  parfaitement  soumise  aux  puis- 
sances supérieures  et  <mx  magistrats,  cependant,  en  cette  occa- 
sion, persuadée  que  la  justice  était  du  coté  de  saint  Jean  Chry- 
sostome,  elle  lui  demeura  constamment  unie  tant  qu'il  vécut. 
On  ne  sait  pas  l'année  en  laquelle  le  Seigneur  mit  fln  à  sa  péni- 
tence et  à  ses  sou fTra nées  ;  ee  qu'il  y  a  do  certain,  c'est  qu'elle 
\ivait  encore  en  410. 


17  décembre  —  SAINTK  BKCGUK,  vkuve  xt  abbbbsb.  - 

7r  siècle. 

Ilcgguc  était  fille  de  IVpin  de  Uindcn ,  cX  sœur  de  sainte  Ger- 
trude  de  Nivelle.  Kilo  épousa  Anscgtsc,  fils  do  saint  Arnoul,  le 
même  qui,  après  avoir  été  quelque  temps  maire  du  palais,  Alt 
Hu  évéque  île  Metz   Son  mari  avant  été  tué  h  la  chasse,  elle  ré- 


18  décembre.  —  s.  gatien,  preh.  evëq.  de  tours.   511 

solut  de  se  consacrer  à  Dieu ,  et  de  mener  à  l'avenir  une  vie 
pénitente  et  retirée.  A  son  retour  de  Rome,  où  elle  avait  fait  un 
pèlerinage,  elle  bâtit  sept  chapelles  à  Anden-sur-Meuse,  pour  re- 
présenter  en  quelque  sorte  les  sept  principales  églises  de  la  ca- 
pitale dn  monde  chrétien.  Elle  fonda  aussi  au  même  endroit  un 
dans  le  genre  de  celui  que  sa  sœur  Gcrtrude  gouver- 
à  Nivelle;  et  ce  fut  de  là  qu'elle  fit  venir  les  premières  re- 
qui  vécurent  sous  sa  conduite.  Elle  forma  un  grand 
•timbre  de  vierges  chrétiennes  à  la  pratique  de  la  perfection. 
Sainte  Beggue,  qui  mourut  en  Tan  698,  est  nommée  dans  le  mar- 
tyrologe romain. 


18  décembre.  —  SAINT  GATIEN,  premier  évéque  de  tours. 

—  3e  siècle. 

Gatïen  vint  de  Rome  dans  les  Gaules ,  avec  saint  Denis  dé 
Paris,  vers  le  milieu  du  troisième  siècle.  Tours  fut  le  principal 
théâtre  de  ses  travaux  apostoliques ,  et  il  y  fixa  Son  siège  épisco- 
pal.  U  trouva  dans  ceux  auxquels  il  annonça  l'Évangile  un  pen- 
chant extrême  à  l'idolâtrie ,  mais  il  ne  se  laissa  rebuter  ni  par  les 
contradictions  ni  par  les  souffrances  ;  il  continua  de  prêcher  avec 
zèle,  et  il  eut  la  consolation  de  convertir  plusieurs  infidèles. 
Pour  se  soustraire  à  la  persécution,  il  assemblait  son  petit  trou- 
peau dans  des  lieux  souterrains ,  et  y  célébrait  les  divins  mystè- 
res. Souvent  il  fut  obligé  de  se  cacher  lui-même ,  ami  d'échapper 
à  la  mort  dont  il  était  menacé.  Ce  n'était  pas  qu'il  craignit  de 
donner  sa  vie,  mais  elle  était  nécessaire  à  ceux  qu'il  avait  ga- 
gnés à  Jésus-Christ.  11  mourut  en  paix,  après  avoir  travaillé  près 
de  cinquante  ans  avec  un  zèle  infatigable.  Saint  Martin  allait 
souvent  prier  au  tombeau  de  saint  Gatien.  La  cathédrale  de 
Tours  porte  le  nom  de  ce  saint  depuis  le  milieu  du  quatorzième 
siècle.  Elle  avait  été  primitivement  dédiée  sous  l'invocation  de 
saint  Maurice.  Il  y  a  eu  plusieurs  translations  des  reliques  de 
saint  Gatien;  mais  elles  furent  brûlées  par  les  Huguenots  eu 
1562,  avec  celles  de  plusieurs  autres  saints.  La  principale  fête 
du  saint  évêque ,  que  plusieurs  miracles  ont  rendu  célèbre ,  est 
marquée  en  ce  jour  dans  les  martyrologes. 


:>12    IK  décembre,  —  s.  paiil  le  simple,  anachobbtb. 


18  décembre.  —  SAINT  PAUL  le  Simple,  anachobeTe.  — 

(du  7  mars)  4*  siècle. 

Un  dos  plus  illustres  disciples  de  saint  Antoine  a  été  saint 
Paul ,  surnommé  le  Simple,  parce  qu'il  était  d'un  esprit  droit , 
d'une  humilité  extraordinaire  ,  et  qu'il  ignorait  entièrement  les 
sciences  humaines.  Avant  d'embrasser  la  vie  solitaire,  il  avait 
vécu  dans  le  monde  jusqu'à  l'Age  d'environ  soixante  ans.  Il  était 
laboureur,  et  demeurait  dans  un  village  de Thébaïde.  Il  s'était 
marié  dans  un  Age  un  peu  avancé  à  une  femme  belle  et  beaucoup 
plus  jeune  que  lui ,  mais  qui  n'était  pas  vertueuse  :  sa  mauvaise 
vie  était  connue  de  tout  le  inonde,  excepté  de  son  mari.  Un 
jour  qu'il  revenait  de  la  campagne  un  peu  plus  tôt  que  de 
continue ,  il  la  surprit  en  adultère.  Paul ,  sans  s'abandonner  aux 
reproches  et  à  des  plaintes  inutiles,  prit  tout  d'un  coup  son 
parti  :  il  sortit  de  sa  maison  sans  rien  dire  à  personne,  et  s'en- 
fonça dans  les  déserts.  Après  avoir  erré  pendant  huit  jours,  il 
arriva  au  lieu  où  s'était  retiré  saint  Antoine.  Croyant  que  Dieu 
ne  l'avait  pas  conduit  en  cet  endroit  sans  raison,  il  s'adressa  au 
saint ,  et  le  pria  de  le  recevoir  au  nombre  de  ses  disciples  et  de 
le  mettre  dans  les  voies  du  salut.  Saint  Antoine  s'y  refusa  d'a- 
bord ,  ne  le  croyant  pas  capable  de  demeurer  dans  le  désert 
comme  les  plus  parfaits  solitaires ,  après  avoir  vécu  si  longtemps 
dans  le  monde.  Il  voulut  lui  persuader  d'aller  servir  Dieu  dans 
quelque  village  voisin  ,  ou  dans  celui  même  qu'il  venait  de  quit- 
ter, en  cultivant  la  terre,  ou  enfin  de  se.  retirer  dans  quelque 
communauté  de  moines,  où  il  aurait  moins  sujet  do  s'ennuyer 
cl  de  se  décourager.   Paul  ne  se  rebuta  pas  :  il  demeura  cons- 
tamment à  la  porte  du  saint ,  joignant  le.  jeune  à  la  prière.  An- 
toine ,  regardant  de  temps  en  temps  par  la  fenêtre,  et  le  voyant 
toujours  en  prière ,  lui   permit  de  rester.  Il  commença  à  l'ins- 
truire de  tout  ce  qu'il  avait  à  faire  pour  se  sauver  dans  le  nou- 
veau uenre  de  vie  qu'il  embrassait  ;  il  lui  donna  l'exemple  des 
austérités  qu'il  devait  pratiquer,  et  les  lui  (il  pratiquer  en  même 
temps.  Quand  il  vit  qu'il  avait  exécuté  le  tout  avec  beaucoup  uV 
courage  et  d'exactitude ,  il  lui  dit  :  Si  vous  pouvez ,  mon  frère, 
vivre  tous  les  jours  comme  aujourd'hui ,  vous  pouvez  demeurer 
i<i  -b*  n»'  sai-;,   lui  répondit    Paul,  si    vous  avez  quelque 


19  décembre.  —  s.  némésion,  mabtyr.  &i 3 

chose  de  plus  difficile  à  m'ordonner  ;  mais  tout  ce  (pie  je  tous 
ai  vu  faire  jusqu'à  présent ,  je  n'ai  pas  de  peine  à  le  faire  moi- 
même. 

Quand  cet  habile  maître  de  la  vie  spirituelle  se  fut  assuré,  par 
toutes  sortes  d'épreuves,  de  la  perfection  et  de  la  sincérité  entière 
avec  laquelle  Paul  tâchait  de  pratiquer  la  vertu  et  de  se  rendre 
agréable  à  Jésus-Christ,  il  lui  fit  bâtir  une  cellule  à  une  lieue  de 
la  sienne  et  l'y  envoya,  en  lui  commandant  d'y  pratiquer  ce 
qu'il  lui  avait  enseigné,  et  surtout  d'implorer  l'assistance  du 
Ciel  par  la  prière.  H  allait  souvent  l'y  visiter,  et  c'était  pour 
lui  une  grande  satisfaction  de  le  trouver  occupé  à  exécuter  avec 
soin  et  avec  application  d'esprit  ce  qu'il  lui  avait  recommandé. 
Il  y  avait  à  peine  un  an  que  Paul  demeurait  dans  la  retraite  et 
dans  cette  pratique  de  l'obéissance ,  juand  Dieu  l'honora  du  don 
des  miracles.  On  venait  à  lui  de  tous  les  côtés,  et  saint  Antoine 
lui  envoyait  les  malades  et  les  possédés  qu'A  n'avait  pu  guérir , 
persuadé  que  son  disciple  avait  reçu  de  Dieu  une  grâce  plus 
r tendue  que  la  sienne.  La  multitude  des  miracles  que  faisait  Paul 
lui  attirait  tant  de  visites,  que  saint  Antoine,  craignant  que 
rimportunité  de  ce  grand  nombre  ne  le  fit  fuir,  lui  conseilla  de  se 
retirer  en  un  lieu  plus  écarté ,  où  il  ne  serait  pas  si  facile  de  le 
trouver. 

Paul  le  Simple  vivait  dans  le  quatrième  siècle ,  mais  on  ne  sait 
ni  le  jour  ni  l'année  de  sa  mort. 


19  décembre.  —  SAINT  NÉMES10N,  maetyr.  —  3e  siècle. 

Durant  la  persécution  de  Dèce ,  Némésion,  Égyptien  de  nais- 
sance ,  fut  arrêté  à  Alexandrie,  comme  coupable  de  vol.  11  ne  lui 
fut  pas  difficile  de  prouver  son  innocence.  Ses  ennemis  l'accu- 
sèrent alors  d'être  chrétien,  et  le  conduisirent  devant  le  préfet 
d'Egypte.  Ayant  confessé  généreusement  sa  foi,  il  fut  battu 
et  tourmenté  beaucoup  plus  cruellement  que  les  voleurs.  Le  juge 
le  condamna  ensuite  à  être  brillé  avec  les  malfaiteurs  les  plus 
criminels.  Némésion  ne  vit  dans  son  supplice  que  l'avantage 
d'imiter  plus  parfaitement  son  divin  Maître,  il  y  avait  auprès 
du  tribunal  du  préfet  quatre  soldats,  Ammon,  Zenon,  Ptolo- 
niée,  Ingénius,  et  une  autre  personne  qui  se  nommait  Théo- 
phile. Comme  ils  étaient  chrétiens,  ils  encourageaient  le  saint 


514       20  décembre   —  s.  domimque  de  svlos. 

confesseur  suspendu  au  chevalet.  On  les  dénonça  sur-le-champ 
au  préfet,  qui  ordonna  de  les  décapiter.  Mais  ce  magistrat 
fut  frappé  d'étonncment,  lorsqu'il  les  vit  aller  avec  joie  au  lieu 
du  supplice.  C'est  en  Tan  250,  qu'ils  subirent  leur  martyre  de 
même  que  Némésion. 


20  décembre.  —  SAINT  DOMINIQUE  de  Sylos, 
confesseur.  —  11e  siècle. 

Dominique  naquit  de  parents  honorables,  à  Cannes,  village 
situé  au  pied  du  mont  Jubéda,  dans  le  pays  des  Cantabres.  Étant 
encore  enfant,  il  éprouva  un  désir  si  vif  d'embrasser  la  vie  mo- 
nastique, qu'abandonnant  le  soin  du  troupeau  de  son  père ,  il  se 
retira  dans  un  endroit  solitaire.  Toutefois ,  le  lieu  de  sa  retraite 
lui  paraissant  peu  sûr,  il  entra  dans  le  monastère  de  Saint-Érai- 
lien.  Après  y  avoir  longtemps  vécu  sous  la  discipline  religieuse, 
il  fut ,  à  cause  de  sa  sainteté ,  chargé  de  gouverner  la  paroisse  de 
Cannes.  Rappelé  ensuite  au  couvent  de  Saint-Ëmilicn ,  il  en  fut 
fait  prieur.  1^  résistance  courageuse  qu'il  opposa  à  des  préten- 
tions injustes  du  roi  des  Cantabres,  l'obligea  de  se  réfugier,  avec 
deux  moines  pour  compagnons,  dans  l'endroit  le  plus  sauvage  du 
mont  Jubéda.  Il  demanda  un  asile  à  Ferdinand  I#r,  roi  de  Cas- 
tille  et  de  Léon ,  qui  le  chargea  du  gouvernement  du  monastère 
de  Saint-Sébastien  avec  le  titre  d'abbé ,  que  lui  conféra  l'évéque 
du  diocèse.  Les  nombreux  miracles  que  chaque  jour  Dieu  opé- 
rait en  ce  lieu  par  son  serviteur  attirèrent  dans  cette  solitude  une 
population  si  considérable,  que  bientôt  elle  devint  l'endroit  le 
plus  renommé  de  toute  l'Espagne.  Le  saint  fut  même  honoré  par 
le  Seigneur  d'un  privilège  particulier ,  qui  consistait  «m  ce  que 
les  chrétiens  qui  gémissaient  dans  les  fers  chez  les  musulmans 
n'avaient  qu'à  invoquer  son  nom  pour  recouvrer  leur  liberté. 
Étant  tombé  dangereusement  malade,  Dominique  reçut  avec  la 
dévotion  d'un  saint  les  sacrements  de  l'Église  ;  puis  il  quitta  ce 
inonde  l'an  1074.  Son  corps  fut  enseveli  dans  le  monastère  de 
Saint-Sébastien,  qui  depuis  a  pris  le  nom  de  Saint-Dominique 
de  Sylos.  C'est  en  allant  prier  au  tombeau  de  ce  saint  serviteur 
de  Dieu ,  que  l'épouse  de  Félix  Gusman,  depuis  longtemps  sté- 
rile, obtint  un  fils  que,  par  reconnaissance,  elle  appela  Dominique. 
C'est  lui  qui,  par  l'admirable  sainteté  de  sa  vie  et  par  l'établisse- 


21  décembre.  —  s.  thomas,  àpôtae.  &is 

aient  des  Frères  prêcheurs ,  a  grandement  rehaussé  l'éclat  de  sou 
patron,  dont  le  nom  était  déjà  si  glorieux. 


31  décembre.  —  SAINT  THOMAS,  apôtbe.  —  1er  siècle. 

Thomas  était  Galiléen  de  naissance.  Son  nom ,  comme  le  sur- 
nom de  Didyme  qu'on  lui  donna ,  veut  dire  Jumeau.   Il  s'at- 
tacha à  la  suite  de  Jésus-Christ ,  qui  le  choisit,  la  seconde  année 
de  sa  prédication,  pour  être  un  de  ses  douze  apôtres.  L'Évangile 
t'apprend  rien  de  lui  en  particulier  depuis  son  élection  jusqu'à 
la  mort  de  Lazare ,  peu  avant  la  passion  de  Jésus-Christ.  Ce 
drain  Sauveur  fit  connaître  à  ses  disciples  qu'il  voulait  retourner 
en  Judée  pour  ressusciter  Lazare.  Ils  tâchèrent  tous  de  le  dé- 
tourner de  ce  voyage ,  en  lui  représentant  que  les  Juifs  cher- 
chaient à  le  faire  mourir  ;  mais  Thomas  dit  aux  autres  :  Allons- 
y  aussi,  afin  de  mourir  avec  lui.  Dans  la  Cène,  Jésus-Christ 
avait  dit  à  ses  apôtres  :  Vous  savez  bien  où  je  vais ,  et  vous  en 
savez  le  chemin.  Thomas  répondit  :  Seigneur,  nous  ne  savons 
pas  où  vous  allez  ;  comment  pourrions-nous  connaître  la  voie 
qui  y  conduit?  Jésus  repartit  :  Je  suis  la  voie ,  la  vérité  et  la  vie  : 
personne  ne  va  à  mon  Père  que  par  moi.  Dans  le  temps  de  la 
Passion,  Thomas  prit  la  fuite  comme  les  autres,  et  fut  si  frappé 
de  la  mort  de  Jésus-Christ ,  que ,  les  autres  lui  rapportant  qu'ils 
avaient  vu  le  Seigneur  ressuscité ,  il  n'en  voulut  rien  croire  et 
leur  dit  :  Si  je  ne  vois  dans  ses  mains  la  marque  des  clous,  et 
si  je  ne  mets  mon  doigt  dans  le  trou  des  clous,  et  ma  main  dans 
la  plaie  de  son  côté ,  je  ne  le  croirai  pas.  Huit  jours  après,  les 
disciples  étant  encore  dans  le  même  lieu ,  Thomas  avec  eux , 
Jésus  vint ,  quoique  les  portes  fussent  fermées;  et ,  se  tenant  au 
milieu  d'eux ,  il  leur  dit  :  La  paix  soit  avec  vous.  Il  dit  ensuite 
à  Thomas:  Portez  ici  votre  doigt,  et  considérez  mes  mains; 
approchez  ici  votre  main ,  mettez-la  dans  mon  côté ,  et  ne  soyez 
plus  incrédule,  mais  fidèle.  Thomas  répondit  en  disant  :  Mon 
Seigneur  et  mon  Dieu.  Jésus  lui  dit  :  Vous  avez  cru ,  Thomas, 
parce  que  vous  m'avez  vu.  Il  est  incertain  si  saint  Thomas  a 
touché  Jésus-Christ  ;  mais  on  ne  peut  douter  qu'il  n'ait  été  plei- 
nement persuadé  de  sa  résurrection ,  et  en  même  temps  de  sa 
divinité,  quand  il  l'appelle  son  Seigneur  et  son  Dieu.   Jésus- 
Christ  avait  dit  plusieurs  fois  à  ses  disciples  qu'il  était  Fils  de 


:>]?.  22  *hc*nihf*   —  s   iscmnio\.  v%btyb. 

Di*u .  et  Dieu  comme  sod  Prre  :  il  avait  fait  des  mirades  pour 
I*.'  pro\*er.  *:  avait  marqué  sa  résurrection  comme  la  dernière 
pr--.;w-  q\i  dr%ait  les  convaincre  de  sa  divinité.  Jésus  permet  que 
sair.t  Thomas  ne  veuille  pas  ajouter  foi  au  récit  des  autres,  pour 
hisser  nn  témoignage  plus  authentique  de  cette  vérité.  Ainsi  Tin- 
rmJijjtr:  d*  saint  Thomas  fournit  la  plus  forte  preuve  de  la 
résurrection  de  Jéëus- Christ,  et  sert  merveilleusement  à  confir- 
mer la  foi  des  chrétiens  sur  ce  mystère.  C'est  ce  qui  a  fait  dire  a 
saint  Grégoire  le  Grand  :  Nous  sommes  plus  affermis  dans  notre 
foi  par  le  doute  de  saint  Thomas ,  que  par  la  foi  prompte  des 
autres  Apôtres.  Aucun  des  disciples  n'a  cru  la  résurrection  du 
Sauveur  sur  le  rapport  des  autres ,  mais  après  en  avoir  eu  les 
mêmes  marques  que  saint  Thomas  ;  et  Dieu  l'a  voulu  ainsi,  afin 
que  nous  puissions  croire  fermement,  sans  avoir  tu,  ce  qu'ils 
n'ont  cru  qu'après  y  avoir  été  forcés  par  une  conviction  si  pleine 
et  si  parfaite,  qu'ils  donnèrent  tous  leur  vie  pour  en  attester  la 
certitude. 

St-Ion  Orùène  ,  saint  Thomas ,  après  la  dispersion  des  Apô- 
tre, alla  prêcher  l'Evangile  aux  Partîtes,  qui  dominaient  alors 
en  Perse,  et  parcourut  ensuite  tout  l'Orient.  Un  auteur  ancien , 
cité  par  suint  Jérôme  ,  dit  que  saint  Thomas  implanta  la  foi  chez 
les  Med*s ,  les  Perses,  les  Cirmaniens  et  d'autres  peuples.  Des 
auteurs  plus  modernes  le  font  apôtre  des  Indes  et  des  Éthiopiens. 
et ,  dans  ces  derniers  siècles,  les  chrétiens  des  Indes  et  les  Portu- 
gais assurent,  d'après  les  monuments  des  siècles  antérieurs,  que 
saint  Thomas  annonça  la  foi  nu\  Brachmanes  et  aux  Indiens,  et 
qu'il  souffrit  le  martyre  à  Mélia  ou  Saint-Thomas,  sur  la  côte  de 
Coromandel.  11  parait  très-certain  que  son  corps  fut  au  moins 
porté  à  Kdesse,  ou  on  l'honorait  avec  une  singulière  vénération, 
lorsque  Ruffin ,  Sozomène  et  saint  Grégoire  de  Tours  écrivaient. 


22  décembre.  —  S.  ISGIIY1U03,  mabtyb.  —  3e  siècle. 

La  persécution  de  Dèce  fit  beaucoup  de  ravages  en  Egypte ,  au 
milieu  du  troisième  siècle,  et  fournir  à  un  grand  nombre  de  chré- 
tiens l'occasion  de  remporter  la  couronne  du  martyre.  De  ce 
nombre  fut  lschyrion.  Il  demeurait  chez  un  officier  d'une  ville 
d' Egypte,  auquel  il  était  attaché  en  qualité  d'agent  ou  d'homme 
d'affaires.  Son  maître ,  ayant  appris  qu'il  professait  le  christia- 


I; 


23  décembre.  —  les  dix  m  art.  de  crête.         517 

»,  lui  ordonna  de  sacrifier  aux  idoles.  Ischyrion,  ayant  refusé 
d'obéir  lut  d'abord  maltraité  de  paroles.  Sa  constance  inébranlable 
transporta  de  fureur  l'officier  qu'il  servait.  Enfin  celui-ci ,  ne  se 
possédant  plus,  saisit  un  pieu  aiguisé  qu'il  rencontra  sous  sa  main, 
Mai  enfonça  dans  le  ventre,  et  lui  creva  les  entrailles.  Saint  Is- 
éfcmrion,  qui  mérita  ainsi  le  martyre  en  Fan  253,  est  nommé  en 
Se  jour  dans  le  martyrologe  romain. 


\  décembre.  —LES  DIX  MARTYRS  DE  CRÈTE,  SAINT 
THÊODULE,  SAINT  SATURNIN,  et  autres  saints 
mabtyrs.  —  3e  siècle. 

Après  la  publication  de  redit  de  Dèce  contre  les  chrétiens,  on 
leur  sang  de  toutes  parts;  mais  ce  fut  surtout  dans  File  de 
Crète  ou  de  Candie ,  que  les  païens  les  traitèrent  avec  le  plus  de 
cruauté.  On  distingue  parmi  ceux  qui  y  souffrirent  alors,  Théo- 
dule,  Saturnin,  Europe,  Gélase,  Eunicien,  Zotique,  Cléomène, 
Agatope,  Basilide  et.  Évareste,  appelés  vulgairement  les  Dix 
martyrs  de  Crète.  Les  trois  premiers  étaient  de  Gortyne,  mé- 
tropole de  nie.  On  croît  qu'ils  avaient  été  instruits  dans  la  foi 
par  saint  Cyrille  ,  évêque  de  cette  ville,  qui  fut  décapité  dans  la 
même  persécution ,  et  dont  la  fête  est  marquée  pour  le  9  juillet 
dans  le  martyrologe  romain. 

Les  autres  saints  martyrs  étaient  aussi  Cretois ,  mais  nés  en 
différents  endroits  de  l'île.  Zotique  ou  Zétique  était  de  Gnosse , 
Agatope  était  de  Panorme,  Basilide  de  Cydonie,  et  Évareste  d'Hé- 
raclée.  Leur  zèle  les  réunit  dans  la  confession  de  Jésus-Christ. 
A  peine  eurent-ils  été  arrêtés,  qu'on  leur  fit  souffrir  mille  outrages 
et  diverses  tortures  ;  ils  furent  ensuite  conduits  devant  le  gou- 
verneur, qui  faisait  sa  résidence  à  Gortyne.  Ils  subirent  le  25  dé- 
cembre leur  interrogatoire ,  après  lequel  Tordre  leur  fut  donné 
de  sacrifier  à  Jupiter,  la  principale  divinité  du  pays,  en  l'honneur 
duquel  on  célébrait  ce  jour- là  une  fête  solennelle.  Les  saints 
martyrs,  ayant  horreur  de  ce  qu'on  exigeait  d'eux  ,  répondirent 
qu'ils  ne  pouvaient  offrir  de  sacrifice  à  de  vaines  idoles. 

«  Vous  connaîtrez  bientôt ,  leur  dit  alors  le  juge ,  la  puissance 
«  des  dieux ,  et  ce  ne  sera  pas  impunément  que  vous  manquerez 
«  de  respect  à  cette  illustre  assemblée  qui  adore  le  grand  Jupiter, 
«  J unon  ,  Rhée  et  les  autres  divinités.  —  Cessez ,  répondirent 

44 


518       23  décembre.  —  sainte  victoire,  v.  et  m. 

h  les  martyrs ,  cessez  de  nous  parler  de  Jupiter  et  de  Rhée,  sa 
«  mère  ;  nous  savons  leur  généalogie  et  l'histoire  de  leurs  ac- 
*  lions.  ÎNous  pouvons  vous  montrer  le  tombeau  de  Jupiter  ;  il  est 
«  né  dans  cette  île ,  il  a  été  roi ,  ou  plutôt  le  tyran  de  son  pays. 
«  Il  s'est  abandonné  à  toutes  sortes  de  désordres  et  aux  crimes 
«  les  plus  infâmes  ;  il  a  eu  même  recours  aux  encliantements 
«  pour  corrompre  les  autres.  Ceux  qui  l'adorent  comme  un 
«  dieu ,  ne  doivent  point  se  faire  scrupule  de  l'imiter.  »  Le  juge, 
ne  pouvant  nier  ni  réfuter  les  faits  allégués  par  les  saints  con- 
fesseurs ,  se  livra  à  tous  les  excès  de  sa  fureur  contre  eux.  Le 
peuple,  de  son  côté ,  dans  le  transport  de  la  rage ,  menaçait  de 
déchirer  en  pièces  les  martyrs ,  et  l'autorité  publique  eut  de  la 
peine  à  l'en  empêcher. 

On  se  hâta  donc  de  les  condamner  à  des  tortures  affreuses. 
Les  uns  furent  étendus  sur  le  chevalet,  et  déchirés  avec  des  ongles 
de  fer  ;  les  autres  curent  le  corps  percé  avec  des  pierres  ou  des 
bâtons  aiguisés  ;  on  battit  ceux-ci  avec  des  fouets  armés  de  plomb, 
jusqu'à  leur  briser  les  os  ;  ceux-là  souffrirent  d'autres  espèces  de 
tourments,  dont  la  cruauté,  moins  vive,  ne  servait  qu'à  pro- 
longer différentes  sortes  de  douleurs.  Les  martyrs,  loin  de  se 
plaindre ,  ne  cessaient  de  répéter  :  «  Nous  sommes  chrétiens  et 
«  prêts  à  souffrir  mille  morts  pour  notre  foi.  »  Le  juge,  déses- 
pérant enfin  de  vaincre  leur  constance  héroïque ,  ordonna  de  les 
décapiter  ;  et  tandis  qu'on  les  conduisait  à  ce  dernier  supplice, 
ils  prièrent  pour  leurs  persécuteurs,  et  demandèrent  à  Dieu  avec 
ferveur  la  conversion  de  leurs  compatriotes.  Les  chrétiens  de  Fîle 
emportèrent  secrètement  les  corps  des  saints  martyrs ,  qu'ils  en- 
terrèrent dans  un  lieu  sûr  et  caché.  On  transféra  dans  la  suite 
les  reliques  à  Rome.  Les  Pères  du  concile  de  Crète,  tenu  en  458, 
disent,  dans  une  lettre  à  l'empereur  Léon ,  que  leur  île  avait  été 
jusqu'alors  préservée  de  l'hérésie  par  l'intercession  de  nos  saints 
martyrs,  qui  sont  honorés  également  par  l'Église  grecque  et 
P Église  latine. 


23  décembre.  —  SAINTE  VICTOIRE ,  viebge  et  mabtybe. 

—  3e  siècle. 

Victoire,  Romaine  de  naissance,  fut  élevée  dans  la  religion  chré- 
tienne. Elle  résolut  de  se  consacrer  à  Dieu  dans  l'état  de  virginité, 


23  décembre.  —  s.  sebvul  ou  servol.  £19 

«t  de  n'avoir  jamais  d'autres  époux  que  Jésus-Christ.  Un  païen, 
nommé  Eugène ,  la  rechercha  en  mariage  ;  mais  n'ayant  pu  la 
déterminer  à  consentir  à  ses  désirs ,  il  l'accusa  devant  le  juge 
d'être  chrétienne.  Celui-ci  pressa  inutilement  la  sainte  de  sacrifier 
jma.  idoles  et  d'épouser  Eugène.  11  lui  fit  percer  le  sein  d'un  coup 
d'épée,  et  elle  mourut  sur-le-champ  de  sa  blessure  en  Tan  250 , 
pendant  la  persécution  de  Dèce. 


23  décembre.  —  SAINT  SERVUL  ou   SERVOL, 
cou  fesse  u h.  —  6e  siècle. 

Serrai  était  un  mendiant ,  paralytique  dès  son  enfance.  Il  ne 
pouvait  rester  assis  ni  debout ,  ni  porter  la  main  à  sa  bouche ,  ni 
enfin  se  remuer  dans  son  lit.  Il  était  assisté  par  sa  mère  et  son 
frère,  qui  le  portaient  tous  les  jours  dans  le  portique  de  l'église  de 
Sant-Gément,  à  Rome.  Quoiqu'il  n'eût  pour  vivre  que  les  au- 
mônes qu'il  recevait  des  passants ,  il  épargnait  encore  de  quoi 
fournir  aux  besoins  de  plusieurs  pauvres.  Ses  souffrances  et  ses 
humiliations  devinrent  pour  lui  une  source  de  mérites  par  le  saint 
ange  qu'il  en  fit.  On  l'admirait  comme  un  modèle  de  patience,  de 
résignation  et  de  douceur.  U  priait  quelques  personnes  de  lui  lire 
les  Livres  saints,  et  il  les  écoutait  avec  tant  d'attention,  qu'il  par- 
vint à  les  apprendre  par  cœur.  Son  temps  était  consacré  à  chanter 
les  louanges  du  Seigneur,  et  ses  peines ,  loin  de  le  distraire ,  ne 
faisaient  qu'exciter  sa  ferveur.  Servul ,  sentant  que  son  mal  ga- 
gnait les  parties  vitales,  ne  put  douter  qu'il  n'approchât  de  sa  fin. 
Dans  ces  derniers  moments  il  conjura  les  pauvres  et  les  pèle- 
rins, qu'il  était  dans  l'usage  d'assister,  de  prier  et  de  réciter  des 
psaumes  autour  de  lui,  et  il  joignit  sa  voix  mourante  à  celles  des 
autres.  Pendant  la  psalmodie,  il  s'écria  tout  à  coup  :  «  Faites  si- 
«  lence,  n'entendez-vous  pas  cette  douce  mélodie,  qui  résonne 
«  dans  les  cieux?  >»  A  peine  eut-il  achevé  ces  paroles,  qu'il  expira. 
On  met  sa  mort  vers  l'an  590.  Saint  Grégoire  le  Grand,  qui  donna 
son  histoire  dans  un  de  ses  sermons ,  observe  que  toute  la  con- 
duite de  ce  saint  mendiant  est  la  condamnation  de  ceux  qui, 
jouissant  d'une  bonne  santé  et  d'une  fortune  considérable  ,  ne 
font  point  de  bonnes  œuvres,  et  ne  peuvent  supporter  avec  pa- 
tience la  croix  la  plus  légère. 


520   24  décembre.  —  ste  thbàsille  st  ste  smil  v. 


24  décembre.  —  SAINTE  THRASILLE  et  SAINTE 
ÉMILIEJSNE ,  vierges.  —  6e  siècle. 

Thrasille,  tante  de  saint  Grégoire  le  Grand,  se  consacra  à  Dieu 
dès  sa  jeunesse ,  avec  ses  deux  sœurs  Gordienne  et  Êmilienno. 
Elle  menait,  dans  la  maison  paternelle ,  une  vie  aussi  retirée  que 
dans  un  monastère.  Elles  s'excitaient  mutuellement ,  par  leurs 
exemples  et  par  leurs  discours,  à  avancer  dans  la  perfection.  Il 
y  avait  déjà  plusieurs  années  qu'elles  vivaient  ensemble,  lorsque 
Ton  commença  à  remarquer  quelque  différence  entre  elles.  On 
voyait  Thrasille  et  Émilienne  croître  de  plus  en  plus  en  charité  et 
en  vertus.  Elles  menaient  une  vie  si  mortifiée  et  si  détachée  des 
choses  de  la  terre ,  qu'elles  semblaient  avoir  oublié  leurs  corps 
pour  ne  plus  vivre  que  de  l'esprit.  Il  n'en  était  pas  de  même  de 
Gordienne  :  sa  négligence  dans  ses  exercices  spirituels  augmentait 
de  jour  en  jour ,  et  sa  ferveur  se  ralentissait  visiblement.  Elle 
tomba  ainsi  peu  à  peu  dans  le  relâchement  ;  et  ce  cœur  qui,  dans 
le  commencement,  semblait  être  tout  embrasé  de  l'amour  divin , 
s'ouvrait  insensiblement  à  l'amour  du  monde.  Ses  sœurs,  qui  s'a- 
percevaient de  son  changement ,  en  conçurent  une  vive  douleur. 
Elles  lui  firent  plusieurs  fois  de  douces  représentations  ;  et  elles 
employèrent  tous  les  moyens  qu'une  ardente  charité  put  leur  sug- 
gérer pour  la  faire  rentier  en  elle-même.  Gordienne  paraissait 
touchée  des  discours  de  ses  sœurs  ;  mais  bientôt  après  elle  recher- 
chait les  vains  amusements  du  siècle.  Elle  aimait  la  compagnie 
des  filles  mondaines ,  et  fuyait  la  conversation  des  personnes 
pieuses.  Elle  avait  un  grand  dégoût  pour  la  retraite ,  le  silence  et 
la  vie  sainte  de  ses  sœurs. 

Thrasille  et  Emilienne  marchaient  toujours  avec  courage. 
daus  les  voies  de  la  perfection  :  aussi  méritèrent-elles  de  recevoir 
la  couronne  de  gloire  promise  à  la  persévérance. 

Le  pape  Grégoire  le  Grand,  leur  neveu,  rapporte  que  Thra- 
sille eut  une  vision,  où  le  pape  Félix,  son  oncle,  lui  apparut  et 
lui  fit  voir  la  place  qui  lui  était  préparée  dans  le  ciel.  Elle  tomba 
malade  le  lendemain,  et  mourut  le  24  décembre.  Cette  sainte 
vierge  se  faisait  particulièrement  admirer  par  son  assiduité  à 
la  prière.  Quand  on  ensevelit  son  corps,  on  trouva  que  le  long  et 
fréquent  exercice  de  la  prière  lui  avait  rendu  la  peau  de  ses  cou- 


25  décembre.  —  l.\  kativ.  de  k.  s.  j.  c.  &M 

des  et  de  ses  genoux  aussi  dure  que  celle  des  chameaux  :  de  sorte 
que  sa  chair  morte  rendait  témoignage  de  la  sainteté  de  son  âme. 
-  Saint  Grégoire  le  Grand  rapporte  encore  que  Thrasille,  quel- 
ques jours  après  sa  mort,  apparut  à  sa  sœur  Émilienne  et  lui 
jîit  :  Venez  célébrer  avec  nous  la  fête  de  l'Epiphanie.  Émilienne, 
toujours  inquiète  du  salut  de  Gordienne,  répondit  :  Et  notre 
sœur  Gordienne,  entre  les  mains  de  qui  la  laisserai-je?  —  Ve- 
nez, répliqua  Thrasille  :  votre  sœur  est  mise  au  rang  des  sécu- 
lières. Émilienne  tomba  malade  après  cette  vision,  et  mourut 
le  5  janvier,  veille  de  l'Epiphanie.  Pour  Gordienne,  dès  qu'elle 
se  vit  seule  et  maîtresse  de  ses  actions,  elle  changea  entièrement 
.de  genre  de  vie ,  et  épousa  un  de  ses  domestiques.  «  Voilà , 
ajoute  saint  Grégoire,  trois  personnes  qui  se  sont  consacrées  à 
Dieu  avec  une  ardeur  égale  ;  mais  elles  n'ont  pas  persévéré  tou- 
tes trois  dans  un  même  esprit,  parce  que,  comme  le  Seigneur  le 
déclare,  il  y  a  beaucoup  d'appelés,  mais  peu  d'élus.  » 


25   décembre.  —  LA  NATIVITÉ  DE  NOTRE  -  SEIGNEUR 

JÉSUS-  CHRIST,      VULGAIREMENT     APPELÉE      FÊTE      DE 

NOËL 

11  y  avait  environ  quatre  mille  ans  que  le  monde  gémissait  dans 
l'esclavage  du  péché ,  lorsqu'arriva  le  moment  heureux  où  de- 
vait naître  Celui  qui  s'était  chargé  des  péchés  du  genre  humain, 
en  se  revêtant  de  notre  chair,  pour  nous  réconcilier  avec  Dieu 
son  Père  et  nous  mériter  la  grâce  de  la  sanctification.  Marie,  qui 
l'avait  conçu  selon  la  parole  de  Fange,  et  Joseph  que  Dieu  lui 
avait  donné  pour  époux,  a  un  qu'il  fût  le  témoin  et  le  gardien  de 
sa  chasteté,  faisaient  leur  demeure  ordinaire  à  Nazareth,  ville  de 
Galilée.  Cependant  il  y  avait  près  de  sept  cents  ans  que  les  pro- 
phètes avaient  prédit  que  le  Messie  naîtrait  à  Bethléem,  petite 
ville  de  la  tribu  de  Juda,  éloignée  de  Nazareth  d'environ  qua- 
rante-cinq lieues  de  France.  Pour  l'accomplissement  de  sa  vo- 
lonté, Dieu  se  servit  de  l'empereur  César  Auguste.  Ce  prince, 
voulant  connaître  les  forces  de  l'empire  romain,  ordonna  qu'on 
fit  le  dénombrement  de  tous  ses  sujets.  Les  Juifs,  quoique  gou- 
vernés par  un  roi  particulier,  ne  laissaient  pas  d'être  sous  la  do- 
mination des  Romains,  et  par  conséquent  obligés  de  se  confor- 
mer à  cet  ordre.   4dâm  s'était  perdu  avec  toute  sa  postérité,  en 

44. 


622  25  décembre.  —  la  nativ.  de  n.  9.  J.  c. 

cessant  d'obéir  à  Dieu  son  créateur;  et  Jésus-Christ  commence 
l'ouvrage  de  notre  rédemption  en  obéissant  à  l'homme  sa  créa- 
ture. C'est  pourquoi  Joseph  et  Marie  n'eurent  pas  plutôt  eonnu 
les  ordres  du  prince,  qu'ils  se  mirent  en  devoir  d'y  satisfaire. 
Comme  ils  étaient  tous  deux  de  la  famille  de  David,  et  que  Beth- 
léem était  la  patrie  de  ce  prince,  il  fallait  qu'ils  allassent  en  cette 
ville  pour  s'y  faire  inscrire.  Ils  entreprirent  ce  voyage  à  pied,  à 
ce  qu'il  paraît,  sans  alléguer,  pour  s'en  dispenser,  ni  la  longueur 
du  chemin,  ni  la  grossesse  de  la  sainte  Vierge,  ni  aucun  prétexte 
que  l'esprit  d'indépendance  fournit  aisément  aux  hommes.  Quand 
ils  furent  arrivés  à  Bethléem,  ils  ne  purent  trouver  de  place  dans 
les  hôtelleries.  On  rebuta  celle  qui  allait  mettre  au  monde  le 
Messie  attendu  depuis  tant  de  temps,  et  pour  qui  se  faisaient 
mémo  alors,  dans  les  desseins  de  Dieu,  tous  les  mouvements  des 
nations.  Mais  Jésus-Christ,  qui  s'était  incarné  pour  nous  dé- 
tromper de  l'amour  du  monde,  et  pour  enseigner  particulière- 
mont  l'humilité,  ne  voulut  point  user  en  sa  faveur  du  pouvoir 
qu'il  a  sur  les  cœurs  comme  sur  toutes  les  créatures.  Il  voulait 
naître  dans  la  pauvreté;  c'est  pourquoi,  laissant  les  lieux  com- 
modes aux  riches,  qui  s'en  étaient  emparés,  il  conduisît  ses  pa- 
rents dans  une  étable  :  ce  fut  dans  ce  lieu,  devenu  si  vénérable 
à  la  foi  des  chrétiens,  que  Marie,  qui  par  l'opération  divine 
avait  conçu  dans  son  sein  virginal  le.  Verbe  éternel  incarné,  le 
mit  au  monde  sans  cesser  d'être  vierge.  Aussitôt  elle  enveloppa 
de  langes  le  Créateur  de  toutes  choses,  qui  se  faisait  homme  pour 
les  hommes,  et  le  coucha  dans  une  crèche.  Cependant,  comme  ce 
divin  Sauveur  ne  s'était  fait  homme  que  pour  se  manifester  aux 
hommes,  il  révéla  sa  naissance  humble,  pauvre  et  obscure,  par 
un  miracle  suffisant  pour  le  faire  connaître  de  ceux  qui  le  cher- 
chaient de  tout  leur  cœur.  l'n  ange  descendit  du  ciel  pour  annon- 
cer sa  naissance,  non  aux  rois  et  aux  grands,  comme  on  fait 
quand  il  naît  un  enfant  aux  princes  de  la  terre,  mais  à  des  ber- 
gers qui,  par  leur  vie  simple  et  laborieuse,  et  semblable  à  celle 
de  ces  anciens  patriarches  dont  le  Seigneur  semble  prendre  plai- 
sir à  se  dire  le  Dieu,  étaient  dignes  d'adorer  les  premiers  le  Sau- 
veur qui  venait  de  naître. 

Ces  bergers  passaient  la  nuit  dans  les  champs,  aux  environs  de 
Bethléem,  à  veiller  sur  leurs  troupeaux  à  l'ordinaire ,  lorsque 
l'ange  du  Seigneur  se  présenta  à  eux  tout  d'un  coup,  et  qu'une 
lumière  éclatante  les  environna.  Ils  en  furent  surprise  saisis  de 


25  décembre.  —  la  nativ.  de  n.  s.  j   c.  5:53 

frayeur;  maïs  l'ange  les  rassura,  en  leur  disant  :  Ne  craiguez 
point,  car  je  tous  apporte  une  bonne  nouvelle  qui  doit  causer 
une  grande  joie  à  tout  le  peuple  :  c'est  qu'il  vous  est  né  aujour- 
d'hui, dans  la  ville  de  David,  un  Sauveur  qui  est  le  Christ,  le  Sei- 
*.  Voici  la  marque  qui  vous  le  fera  connaître  :  vous  trouverez 
enfant  enveloppé  de  langes,  et  couché  dans  une  crèche.  Au 
même  moment  il  se  joignit  à  cet  ange  un  grand  nombre  d'autres 
qui  louaient  Dieu,  en  disant  :  «  Gloire  à  Dieu,  au  plus  haut 
des  deux,  et  paix  sur  la  terre  aux  hommes  de  bonne  volonté.  » 

Après  que  les  anges  eurent  quitté  les  bergers  ravis  d'allégresse, 
pour  remonter  au  ciel,  ceux-ci  se  dirent  l'un  à  l'autre  ':  Allons 
jusqu'à  Bethléem,  et  voyons  ce  qui  nous  a  été  annoncé  et  ce  que 
le  Seigneur  a  daigné  nous  faire  connaître.  Et,  s'étant  hâtés  d'y 
aller,  is  trouvèrent  Marie  et  Joseph,  et  l'enfant  couché  dans  la 
crèche.  Dès  qu'ils  eurent  vu  et  adoré  ce  divin  Enfant,  ils  publiè- 
rent os  que  les  anges  leur  en  avaient  dit,  et  jetèrent  dans  l'admi- 
ration tous  ceux  qui  les  entendaient.  Ils  s'en  retournèrent  ensuite 
à  leurs  occupations,  pleins  de  reconnaissance  envers  Dieu,  qu'ils 
louaient  de  toutes  les  choses  qu'ils  avaient  entendues ,  et  qu'ils 
avaient  trouvées  telles  qu'on  les  leur  avait  dites. 

L'Évangile  ne  nous  rapporte  aucune  parole  delà  sainte  Vierge 
et  de  saint  Joseph  sur  cet  ineffable  mystère;  il  se  borne  à  nous 
apprendre  que  la  sainte  Vierge,  attentive  à  tout  ce  qui  se  passait, 
conservait  tout  dans  son  cœur.  A  l'imitation  de  cette  sainte  Mère 
de  Dieu,  tenons-nous  en  esprit  devant  la  crèche,  et  recevons-y 
les  instructions  qu'un  Dieu  fait  homme  veut  aujourd'hui  nous  y 
donner.  Celui  qui  venait  détromper  les  hommes  des  fausses  idées 
qu'ils  ont  des  biens  et  des  maux  de  celte  vie,  choisit,  pour  rece- 
voir le  jour,  des  parents  pauvres,  une  ville  peu  considérable,  un 
lieu  incommode,  afin  de  nous  inspirer  du  mépris  pour  tout  ce 
qui  fait  l'objet  des  soins,  des  désirs  et  des  peines  des  gens  du 
monde.  Il  devait  dire  un  jour  :  Heureux  les  pauvres  !  et  il  naft 
pauvre  pour  confondre  notre  avarice.  H  souffre  les  incommodités 
de  la  pauvreté,  afin  de  confondre  notre  mollesse ,  et  il  en  porte  les 
humiliations  pour  confondre  notre  orgueil. 


•Vil       2G  décembre.  —  s.  Etienne,  protomàrtyr. 


25  décembre.  —  SAINTE  ANASTASIE,  vbuvb    hoxainb 

ET    MARTYRE.  —   4e    siècle. 

Le  nom  de  cette  sainte  martyre  a  été  inséré  dans  le  canon  de 
la  messe  :  on  le  lit  aussi  dans  le  sacrameùtaire  de  saint  Grégoire 
et  dans  les  catalogues  des  martyrs.  Il  y  a  à  Rome,  au-dessous  du 
mont  Palatin,  une  ancienne  église  dédiée  sous  son  invocation. 

11  est  dit,  dans  les  actes  de  saint  Chrysogone,  qu'elle  sortait 
d'une  famille  illustre  de  Rome  ;  que  saint  Chrysogone  lui-même 
fut  son  tuteur  et  l'instruisit  dans  la  foi,  et  que,  quand  ce  saint 
martyr  eut  été  arrêté  à  Aquilée,  durant  la  persécution  de  Dio- 
ctétien, elle  alla  le  rejoindre  pour  l'assister  et  le  consoler  dans  les 
fors  ou  il  languissait.  L'auteur  des  mêmes  actes  ajoute  qu'après 
avoir  souffert  diverses  tortures,  elle  fut  condamnée  à  être  brulçg, 
en  Tan  304,  par  le  préfet  d'IUyrie.  On  porta  son  corps  à  Rome, 
et  on  l'y  déposa  dans  l'église  qui  porte  encore  le  nom  delà  sainte. 
Les  pnpes  disaient  anciennement  dans  cette  église  la  seconde 
messe  de  la  nuit  de  Noël ,  et  c'est  pour  cela  qu'on  fait  encore 
mémoire  de  cette  sainte  à  la  messe.  Parmi  les  sermons  de  saint 
Léon,  il  y  en  a  un  que  ce  saint  pape  prêcha  dans  la  basilique  de 
Sainte-  An  a  s  tas  ie.  C'est  celui  où  il  réfute  l'hérésie  d'Eutycuès. 


26  décembre.   —  SAINT  ETlEiNNE,  diacre,  PROTOMABTVU 

—  1er  siècle. 

Après  la  descente  du  Saint-Esprit,  l'Eglise  de  Jésus-Christ 
s'augmentait  tous  les  jours  de  plus  en  plus  par  la  prédication 
et  par  les  miracles  de  ses  disciples.  Ceux  qui  croyaient  étaient 
unis  ensemble  :  ils  ne  formaient  tous  qu'un  cœur  et  qu'une  Ame. 
Il  n'y  avait  point  de  pauvres  parmi  eux  :  tout  ce  qu'ils  avaient 
était  en  commun  :  ils  vendaient  leurs  possessions  et  leurs  biens, 
et  en  apportaient  le  prix  aux  pieds  des  apôtres,  afin  qu'on  les 
distribuât  selon  le  besoin  de  chacun.  Ils  continuèrent  d'aller  tous 
les  jours  au  temple  ;  ils  prenaient  leur  nourriture  avec  actions  de 
grAces,  louant  Dieu  et  s'attirant  l'estime  et  l'affection  de  tout  le 
peuple.  Mais,  comme  le  nombre  des  fidèles  se  multipliait  extrê- 
mement, les  apôtres,  occupés  au  ministère  de  la  parole,  ne  pou- 
vaient pas  prendre  soin  par  eux-mêmes  de  toute  cette  multi- 


26  décembre. — s.  Etienne,  protomàrïyb.  62ô 

tude,  et  ils  furent  obligés  de  se  décharger  de  ces  fonctions  sur 
d'autres  personnes,  qui  donnèrent  lieu  aux  Juifs  grecs  de  murmu- 
rer contre  les  Juifs  hébreux,  parce  qu'ils  semblaient  préférer 
les  veuves  des  Hébreux  à  celles  des  Grecs,  dans  la  distribution 
qui  se  Élisait  chaque  jour. 

Les  apôtres,  voulant  remédier  promptement  à  cette  dissension 
naissante,  assemblèrent  tous  les  disciples  et  leur  dirent  :  Il  n'est 
pas  juste  que  nous  abandonnions  la  prédication  de  la  parole  de 
Dieu  pour  avoir  soin  des  tables  :  choisissez  donc  sept  hommes 
d'entre  vous  pleins  du  Saint-Esprit  et  de  sagesse,  à  qui  nous  puis- 
sions commettre  ce  ministère.  Pour  nous,  nous  nous  appliquons 
entièrement  à  la  prière  et  à  la  dispensation  de  la  parole.  L'as- 
semblée, pour  se  conformer  aux  vues  des  apôtres,  choisit  tout  de 
mite  sept  personnes,  dont  la  première*  fut  Etienne,  homme  plein 
de  foi  et  du  Saint-Esprit.  On  les  présenta  aux  apôtres,  qui  leur 
imposèrent  les  mains  en  priant. 

Après  l'imposition  des  mains,  Etienne,  animé  d'un  nouveau 
eèle  pour  la  gloire  de  Jésus-Christ  et  pour  le  salut  des  âmes,  ne 
/occupait  pas  seulement  au  service  des  pauvres  et  des  veuves; 
mais,  sans  manquer  à  ce  premier  devoir,  il  travailla  a  faire  con- 
naître le  mystère  de  la  rédemption  des  hommes  par  l'incarnation 
du  fils  de  Dieu.  La  force  avec  laquelle  il  annonçait  la  vérité,  et  le 
nombre  de  ceux  qui  se  convertissaient  à  ses  prédications  lui  atti- 
rèrent la  haine  des  ennemis  de  l'Évangile.  Ils  l'attaquèrent  et  dis- 
putèrent contre  lui  ;  mais  ils  ne  pouvaient  résister  à  sa  sagesse 
et  à  l'esprit  qui  parlait  par  sa  bouche.  Le  dépit  de  se  voir  vain- 
cus leur  suggéra  ce  qu'ont  coutume  de  faire,  au  défaut  de  bonnes 
raisons,  ceux  qui  ne  sont  poussés  que  par  un  zèle  amer  et  une 
science  qui  n'est  pas  selon  Dieu.  Ils  eurent  recours  aux  mensonges 
et  aux  voies  de  fait.  Ils  subornèrent  des  gens  pour  dire  qu'ils 
avaient  entendu  Etienne  blasphémer  contre  Moïse  et  contre  Dieu  ; 
et ,  sur  cette  déposition ,  ils  se  portèrent  à  sou  égard  aux  plus 
grandes  violences.  Ils  entrèrent  dans  une  fureur  si  grande,  qu'ils 
grinçaient  des  dents  contre  lui,  pendant  qu'Etienne,  soutenu  par 
la  grâce  du  Saint-Esprit  dont  il  était  rempli,  était  tranquille  et 
intrépide  au  milieu  de  tous  ces  furieux.  Dans  le  temps  qu'il  était 
exposé  à  leur  rage,  il  vit  la  gloire  de  Dieu,  et  Jésus-Christ  qui 
était  debout  à  la  droite  de  son  Père,  pour  lui  faire  connaître  par 
cette  posture  qu'il  était  là  pour  le  secourir  dans  le  combat  et  le 
couronner  après  sa  victoire.  Alors  il  s'écria  :  Je  vois  les  cieux 


SM      97  ééctmbre.  —  t.  jttii,  4t&m  «r  Av*M* 

ouverts  et  le  Fils  de  l'homme  qui  m  M«é  àtardNtejit  Dm. 
Ce  langage  extatique,  qui  attesta*  ta  ténmirirtwn  et  Mm*  6hmt 
et  m  divinité  en  mène  temps,  leur  *p*mmJÊ0»uh*im.îk 
se  Douerierwit  tes  oreilles  pour  ne  pas  enftiMHn^  st«nerjslBflHLMf 
Ktienne  avec  violence.  I /ayant  traîné  hors  de  la  ville,  Os  le  lapi- 
deront. T-os  témoins  qui,  selon  la  loi,  devaient  lui  jeter  les  pre- 
mières pierres,  quittèrent  leurs  habits  pour  ê*tre  motus  embanaafe 
dans  l'exécution  et  satisfaire  leur  liaine  plus  aisément  :  3a  les  mi- 
rent aux  pieds  d'un  jeune  homme  nommé  Saul,  dont  le  nom  de- 
vint dajis  la  suite  si  célèbre  dans  l'Eglise  par  les  travaux  qu'l  a 
endurés  pour  elle,  après  l'avoir  persécutée. 

Etienne  resta  debout  pendant  qu'on  l'accablait  de  pierres;  et 
sans  rien  perdre  de  la  tranquillité  qui  convient  à  un  disciple  de 
Jésus-CJirisL,  il  l'invoquait*  dirns  les  souffrances,  en  disant  :  Sei- 
gneur Jésus,  recevez  mon  esprit.  Il  ne  fit  paraître 
liment  contre  ceux  qui  le  traitaient  si  cruellement.  An 
sciant  mis  à  genoux,  il  s'écria  à  haute  voix  :  Seigneur,  as  leur 
imputez  pas  ce  pêche,  c'est-à-dire  pardonnez-leur  le  péché  qu'Us 
commettent ,  faites-leur  connaît  ri»  la  vérité,  et  qu'ils  deviennes! 
>os  serviteurs,  en  l'embrassant  et  en  la  pratiquant!  Après  cette 
prière,  il  s'endormit  dans  le  Seigneur  pour  aller  jouir  de  la  grêw 
que  Dieu  lui  destinait. 

Saint  Ktienne  mourut,  à  ce  qu'on  croit,  sur  la  fin  de  la  màse 
année  que  Jésus-Christ,  c'est-à-dire  Tan  83.  On  trouva  dans  la 
suite  ses  saintes  reliques ,  et  Dieu  lit  plusieurs  miracles  en  faveur 
de  ceux  qui  le  priaient  par  l'intercession  du  saint  martyr. 


17  décembre.  —  SUINT  JKVN,  apôtre  bt  BYANQBLISTB.  — 

1er  siècle. 

Jean,  le  disciple  bien-aimé  de  Jésus,  était  de  Galilée,  fils  éV 
Zélicdéc  et  de  Salome,  et  frère  de  saint  Jacques  le  Majeur.  Ges 
deux  frères,  avant  leur  vocation  à  l'apostolat,  vivaient  comme 
leur  père  du  profit  de  leur  pèche.  H  parait  que  Jean,  avant  é> 
s'attacher  au  Sauveur,  était  disciple  de  saint  Jean-Baptiste.  H  Art 
proprement  appelé,  avec  son  frère,  h  être  disciple  du  Seigneur, 
le  jour  qu'ils  raccommodaient  ensemble  leurs  filets,  et  peu  de 
temps  après  ils  virent  la  pèche  miraculeuse  de  saint  Pierre,  et 
quittèrent  tout  pour  s'attacher  à  Jésus  d'une  manière  particulier*- 


37  décembre.  —  s.  jeak,  apôtre  et  bvang       H27 

Oo  croit  que  Jean  était  le  plus  jeune  de  tous  les  apôtres,  et 
parait  surtout  par  le  grand  nombre  d'années  qu'il  a  vécu 
la  mort  de  Jésus-Christ.  Mais  tout  jeune  qu'il  était,  il  me- 
ure vie  pure  et  irrépréhensible,  et  Ton  croit  qu'il  demeura 
.  On  attribue  à  sa  chasteté  l'affection  particulière  que  Jésus- 
rai  témoignait.  C'est  encore  cette  vertu  qui  lui  mérita, 
saint  Jérôme,  la  faveur  insigne  que  lui  fit  Jésus  en  lui 
le  soin  de  sa  sainte  Mère,  Étant  resté  sur  le  Calvaire 
lonqu'on  crucifia  Notre-Seigneur,  il  entendit  de  sa  bouche 
adorable  ces  paroles  touchantes  adressées  à  sa  très-auguste  Mère  : 
Femme,  voilà  votre  fils  !  et  celles-ci,  en  tournant  sur  saint  Jean 
ses  jeux  près  de  s'éteindre  :  Voilà  votre  mère! 

Saint  Jean  reçut  de  Jésus  un  grand  nombre  de  grâces  in- 
térieures et  extérieures,  et  dont  on  ne  peut  donner  ici  le  détail. 

Dans  la  persécution  de  Domitien,  saint  Jean  fut  conduit  à  Rome, 
et  plongé  dans  l'huile  bouillante,  auprès  de  la  porte  Latine  ;  mais 
Dieu  fan  conserva  la  vie  miraculeusement.  Saint  Jean  fut  envoyé 
en  exil  dans  111e  de  Pathmos,  pour  y  travailler  aux  mines  et  aux 
carrières.  Ce  fiit  dans  le  lieu  de  son  exil  qu'il  eut  les  révélations 
qu'il  a  écrites  dans  l'Apocalypse.  Domitien  fut  assassiné  Tannée 
suivante,  qui  était  la  quatre-vingt-seizième  de  Jésus-Christ  ;  et  saint 
Jean,  délivré  de  son  exil,  retourna  à  Éphèse.  Quoique  très-âgé, 
il  visita  constamment  les  Églises  pour  y  ordonner  des  évéques.  Ce 
fut  dans  ce  moment  qu'il  ordonna  saint  Polycarpe  pour  la  ville  de 
Smyrne. 

Rentré  à  Éphèse  en  97,  l'année  même  du  martyre  de  saint  Ti- 
mothée,  qui  en  avait  été  l'évéque,  saint  Jean  la  gouverna  jus- 
qu'au règne  de  Trajan.  Son  zèle  pour  le  salut  des  Juifs  et  pour 
la  conversion  des  idolâtres  lui  faisait  supporter  toutes  les  fatigues 
des  longs  voyages,  affronter  les  dangers,  souffrir  nuit  et  jour,  et 
manquant  souvent  de  tout  pour  sauver  les  pécheurs  :  témoin  ce 
jeune  homme  qu'il  avait  bien  recommandé  à  un  évoque  d'Asie, 
et  qui,  après  s'être  lié  à  des  voleurs  et  à  des  assassins,  devint  si 
scélérat  lui-même  ,  qu'ils  le  firent  leur  chef.  Le  saint  apôtre,  en 
visitant  les  Églises  d'Asie,  arriva  à  celle  de  l'évéque  à  qui  il  avait 
confié  son  jeune  prosélyte ,  et  lui  en  ayant  demandé  des  nouvelles, 
le  prélat  lui  dit  en  pleurant  :  Il  est  mort  à  Dieu,  il  s'est  fait  voleur 
sur  une  de  nos  montagnes,  où  il  vit  avec  des  hommes  aussi 
méchants  que  lui.  A  ce  discours,  le  saint  apôtre  déchira  ses  habits  ; 
puis,  poussant  un  profond  soupir,  il  dit  avec  larmes  :  O  quel 


628       27  décembre.  —  s.  jkàn,  \pôtiie  et  évàng. 

gardien  j'ai  choisi  pour  voilier  sur  l'Ame  de  mon  frère!  Il  demanda 
un  cheval  avec  un  guide,  et  se  rendit  à  la  montagne.  H  fut  ar- 
rêté par  les  sentinelles  des  voleurs,  et  demanda  à  être  conduit  à 
leur  chef.  Celui-ci,  le  voyant  venir,  prit  ses  armes;  mais,  ayant 
reconnu  le  saint  apôtre,  et  pénétré  de  regret  et  de  confusion,  il  se 
mit  à  fuir  A  cet  instant,  saint  Jean,  oubliant  son  grand  Age  et  sa 
faiblesse,  court  après  lui  en  criant  :  Mon  fils,  pourquoi  fuyez- vous 
votre  père  ?  Ayez  pitié  de  moi,  votre  salut  n'est  point  désespéré  ; 
vous  pouvez  vous  repentir  :  je  suis  prêt  à  donner  ma  vie  pour  vous 
comme  Jésus-Christ  a  donné  la  sienne  pour  tous  les  hommes. 
Arrêtez,  croyez-moi,  je  suis  envoyé  par  Jésus-Christ.  A  ces  mots, 
le  jeune  homme  s'arrêta,  jeta  ses  armes  et  pleura  amèrement  en 
embrassant  l'apôtre,  qui  le  consola ,  l'encouragea  et  le  ramena  a 
l'Église.  11  ne  le  quitta  qu'après  l'avoir  réconcilié  par  les  exercices 
de  la  pénitence  et  la  participation  aux  sacrements.  Ce  récit  est 
tiré  de  Clément  d'Alexandrie,  et  peint  toute  la  charité  du  saint 
évangéliste.  On  croit  devoir  y  ajouter  un  autre  trait  rapporté  par 
saint  Jérôme,  qui  exprime  encore  mieux  tout  ce  que  le  sentiment 
de  la  première  des  vertus  peut  inspirer  de  plus  touchant  et  de 
plus  digne  de  l'Évangile. 

Saint  Jean  demeurait  à  Kphèsc  lorsqu'il  écrivit  son  Évangile 
après  son  retour  de  Pathmos.  Il  avait  plus  de  quatre-vingt-dix 
ans  ;  cependant  il  s'était  contenté  d'enseigner  de  vive  voix  ses 
disciples.  Les  évêques  d'Asie  et  les  fidèles  de  plusieurs  Églises  le 
conjurèrent  de  leur  laisser  par  écrit  le  dépôt  de  la  foi  :  vaincu 
par  leurs  instances,  il  ordonna  un  jeûne  et  des  prières  publiques 
pour  implorer  les  lumières  du  Saint-Esprit;  et,  quand  il  connut 
la  volonté  de  Dieu,  il  commença  à  écrire.  Les  autres  évangélistes 
avaient  assez  parlé  de  ce  qui  regarde  l'humanité  de  Jésus-Christ  : 
c'est  ce  qui  le  porta  à  établir  particulièrement  sa  divinité.  Il 
s'appliqua  aussi  à  parler  de  la  prédication  de  Jésus-Christ  depuis 
son  baptême  jusqu'à  la  prison  de  saint  Jean-Baptiste.  On  a  aussi 
trois  lettres  du  même  ppôtre,  qui  font  voir  que  son  coeur  était 
entièrement  embrasé  du  feu  de  la  charité.  Dans  les  dernière 
temps  de  sa  vie,  on  était  obligé  de  le  porter  a  l'église.  Comme 
la  faiblesse  où  son  grand  âge  et  la  fatigue  l'avaient  réduit  l'em* 
péchait  de  faire  de  longs  discours,  il  répétait  souvent  ces  mots  : 
Mes  chers  enfants,  aimez-vous  les  uns  les  autres.  Ses  disciples, 
ennuyés  de  cette  répélitien,  lui  dirent  :  Maître,  vous  nous  di- 
tes toujours  la  même  chose.  11  répondit  :  C'est  le  commande- 


28  décembre.  —  les  saikts  innocents.  529 

ment  du  Seigneur  :  si  on  l'exécute  bien,  il  suffit.  Ce  saint  apôtre 
mourut  à  Éphèse ,  âgé  de  quatre-vingt-quatorze  ans,  la  centième 
année  de  Père  chrétienne. 


28  décembre.  —  LES  SAINTS  INNOCENTS. 

Quand  les  mages,  hommes  savants  et  puissants,  venus  de  l'O- 
rient, passèrent  à  Jérusalem,  en  cherchant  Jésus-Christ,  qu'ils 
voulaient  adorer,  Hérode,  roi  de  Judée,  leur  fit  promettre  de 
repasser  par  cette  ville  pour  l'informer  de  l'endroit  où  était  né  le 
nouveau  roi  des  Juifs,  afin,  dit-il ,  qu'il  allât  l'adorer.  Mais , 
lorsque  les  mages  eurent  trouvé  Jésus,  et  qu'Us  l'eurent  adoré, 
un  ange  les  avertit  de  prendre  une  autre  route  pour  retourner 
dans  leur  pays.  Uérode,  dont  l'ambition  avait  été  troublée  par 
la  nouvelle  de  la  naissance  d'un  roi  des  Juifs,  votant  que  les 
mages  n'étaient  pas  venus  l'informer  du  lieu  où  était  cet  enfant, 
entra  dans  une  étrange  colère,  et  envoya  tuer  tous  les  enfants 
mâles  de  Bethléem  et  des  environs,  jusqu'à  l'âge  de  deux  ans, 
pour  étouffer,  dès  le  berceau,  celui  qui  lui  faisait  ombrage.  Ces 
mesures  paraissaient  infaillibles  :  il  ne  doutait  pas  que  ce  nou- 
veau roi  ne  pérît  dans  ce  massacre  général  ;  mais  il  n'y  a  pas  de 
prudence  contre  le  Seigneur.  Dieu  avait  envoyé  un  ange  à  saint 
Joseph,  époux  de  Marie,  mère  de  Jésus,  lequel  lui  dit  :  Prenez  l'en- 
fant et  sa  mère,  emmenez-les  en  Egypte,  et  restez-y  jusqu'à  ce 
que  je  vous  dise  d'en  sortir,  car  Hérode  cherchera  l'enfant  pour 
le  faire  mourir.  Joseph  suivit  exactement  les  ordres  de  Dieu,  et 
la  cruelle  politique  d' Hérode  fut  trompée.  L'Église  honore  comme 
des  martyrs  tous  les  enfants  qui  perdirent  la  vie  à  cause  de  Jé- 
sus-Christ. 

Nous  nous  écrierons  donc  en  ce  jour  avec  l'Église,  en  emprun- 
tant à  sa  liturgie  cette  belle  hymne  qu'elle  a  consacrée  à  la  gloire  des 
saints  Innocents  :  «  Salut,  fleurs  des  martyrs,  vous  que  sur  le  seuil 
même  de  la  vie  le  persécuteur  du  Christ  a  moissonnés  comme  un 
ouragan  fait  des  roses  naissantes.  Prémices  des  victimes  immolées 
pour  Jésus,  tendre  troupeau  d'agneaux  innocents,  devant  l'autel 
lui-même  où  l'on  voussacriGc,  vous  jouez  dans  votre  simplicité 
avec  les  palmes  et  les  couronnes.  » 


15 


:>30  28  décembre.  —  s.  tiibodork,  abbé  de  tabenne. 


28  décembre.  —  SAINT  THÉODORE,  abbé  de  Tabbnn*.  — 

4e  siècle. 

Théodore  naquit  vers  l'an  31 4  d'une  des  plus  nobles  et  dos 
plus  riches  familles  de  la  Hauto-Thébaïde.  C'était  la  coutume  dès 
lors  de  célébrer  l'Epiphanie  par  des  réjouissances  toutes  profanes 
et  très-peu  conformes  à  l'esprit  du  christianisme.  Théodore,  voyant 
faire  dans  sa  famille  les  préparatifs  de  cette  fête,  considéra  com- 
bien la  joie  toute  mondaine  à  laquelle  on  allait  se  livrer  conve- 
nait peu  à  des  chrétiens;  et,  quoiqu'il  n'eût  encore  que  douze 
ans,  il  se  mit  à  réfléchir  sur  les  obstacles  que  le  monde  apporte 
au  salut.  Livré  à  ses  réflexions,  il  se  disait  à  lui-même  :  De  quoi 
te  servirn-t-il  d'être  grand  en  cette  vie,  si  tu  ne  Tes  pas  en  l'autre? 
Kn  vain  prétendrais-tu  allier  le  bonheur  des  gens  du  siècle  avec 
l«i  félicité  éternelle.  11  faut  que  tu  renonces  aux  plaisirs  de  la  terre, 
si  tu  veux  un  jour  posséder  ceux  du  ciel.  Ces  sentiments  firent 
tant  d'impression  sur  son  esprit ,  qu'il  s'abandonna  aux  larmes 
en  la  présence  de  Dieu,  le  conjurant  instamment  do  lui  montrer 
la  voie  qu'il  devait  suivre  pour  arriver  au  salut.  Dès  lors  il  don- 
nait un  temps  considérable  à  la  prière,  et  pratiquait  des  jeûnes 
Irès-rigourcux. 

Il  n'avait  que  quatorze  ans  lorsqu'il  obtint  d'aller  finir  ses 
études  dans  un  monastère  du  voisinage.  La  réputation  de  saint 
Pacôme  l'attira  depuis  à  Tabenne,  dont  tous  les  religieux  étaient 
mitant  de  saints.  Son  zèle  pour  la  perfection  le  distingua  bientôt 
des  autres.  Sa  mère,  qui  était  alors  veuve,  vint  au  monastère  pour 
le  voir  ;  mais  Théodore ,  craignant  les  tentations  qui  pouvaient 
lui  rappeler  le  monde,  obtint  de  saint  Paeême  de  ne  pas  permettre 
l'entrevue.  La  mère,  édifiée  de  trouver  dans  son  fils  un  renonce- 
ment si  parfait,  prit  le  voile  dans  une  communauté  do  femmes  qui 
était  h  Tabenne. 

Théodore  n'avait  que  vingt-cinq  ans  lorsque  PacAme  le  prit 
pour  compagnon  dans  les  visites  des  divers  monastères  de  sa  con- 
grégation. Cinq  ans  après  il  lui  fit  recevoir  la  prêtrise  et  le  plaça 
:i  la  tête  du  monastère  de  Tabenne ,  et  se  retira  dans  celui  de 
Pabau.  Théodore  s'y  rendait  tous  les  soirs  pour  y  entendre  ses 
instructions  et  les  répéter  aux  moines  de  Tabenne. 

Ayant  un  jour  accompagné  son  bienheureux  père  à  un  monas- 
tère situé  près  de  Panopolis,  dans  la  basse  Kgypte,  un  philo- 


28  décembre.  —  s.  Théodore,  abbé  de  tabenne.   531 

soplie  de  cette  ville  demanda  à  conférer  avec  Pacôme.  Le  saint 
abbé  crut  devoir  lui  envoyer  Théodore.  Le  philosophe  proposa 
diverses  questions  :  Théodore  lui  répondit  avec  autant  d'esprit 
que  de  justesse  ;  puis  il  l'exhorta  à  renoncer  à  des  spéculations 
aussi  vaines  que  stériles,  pour  ne  plus  s'occuper  que  de  la  science 
du  salut.  Il  souffrait  quelquefois  beaucoup  d'un  violent  mal  de 
dents.  Saint  Pacôme  le  consolait ,  en  lui  disant  que  les  afflictions 
involontaires ,  supportées  avec  patience ,  étaient  plus  utiles  pour 
le  salut  que  les  abstinences  volontaires  et  de  longues  prières. 

Saint  Pacôme  tomba  malade  à  Pabau  deux  ans  avant  sa  mort. 
Les  moines  de  Tabenne  ûrent  promettre  à  Théodore  qu'il  se  char- 
gerait du  gouvernement  de  toute  la  congrégation ,  quand  le  saint 
abbé  ne  vivrait  plus.  Quoiqu'il  n'eût  fait  cette  promesse  que 
malgré  lui ,  et  après  une  longue  résistance ,  saint  Pacôme  l'en  re- 
prit sévèrement,  et  lui  ôta  la  supériorité  de  Tabenne.  11  se  soumit 
avec  joie,  reconnaissant  qu'il  s'était  rendu  coupable  de  présomp- 
tion et  de  vanité.  Il  fut  deux,  ans  le  dernier  do  la  communauté, 
et  même  après  les  novices.  Il  souffrit  cette  humiliation  en  si- 
lence ,  et  pratiqua  de  grandes  austérités.  Sa  vertu  brilla  d'un 
nouvel  éclat,  et  rabaissement  où  il  était  lui  fut  plus  utile  que  la 
supériorité ,  comme  saint  Pacôme  le  disait  souvent  aux  autres 
moines. 

Après  la  mort  de  saint  Pacôme,  qui  arriva  environ  l'an  348, 
Pétrone,  qu'il  avait  nommé  abbé  de  son  vivant,  ne  lui  survécut 
que  peu  de  jours ,  et  eut  pour  son  successeur  Orsièse,  qui,  ne 
se  sentant  pas  en  état  de  gouverner  une  congrégation  si  nom- 
breuse, se  démit  de  sa  charge ,  et  en  fit  revêtir  Théodore.  Il  eut 
beaucoup  de  peine  à  consentir  à  cette  nomination  ;  il  avait  tou- 
jours devant  les  yeux  le  danger  où  il  s'était  exposé  pour  avoir 
promis  d'être  abbé  quelques  années  auparavant.  Il  fallut  en  quelque 
sorte  lui  faire  violence ,  encore  ne  se  rendit-il  que  quand  Orsièse 
lui  eut  déclaré  qu'on  suivait  en  cela  les  ordres  de  saint  Pacôme. 

Théodore  se  crut  chargé  de  tous  les  religieux  en  particulier,  et 
obligé  de  répondre  de  leur  salut.  Cette  pensée  ne  le  laissait  en 
repos  ni  le  jour  ni  la  nuit.  Si  quelqu'un  était  dans  la  peine  et  dans 
l'abattement ,  il  le  prenait  en  particulier,  le  consolait  et  l'encou- 
rageait. Il  reprenait  ceux  en  qui  il  remarquait  quelque  défaut 
avec  une  douceur  et  une  humilité  qui  lui  gagnaient  les  cœurs;  en 
sorte  que  tous  lui  découvraient  avec  une  entière  confiance  leurs 
plus  secrètes  pensées. 


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29  décembre.  —  s.  évroul,  abbé.  533 

Gaules;  qu'il  prêcha  l'Évangile  à  Bourges;  qu'il  y  établit  une  église, 
dont  il  Ait  le  premier  pasteur;  qu'après  sa  mort,  on  l'enterra 
dans  le  lieu  où  il  avait  coutume  d'enterrer  les  autres,  mais  qu'on 
cessa  insensiblement  d'honorer  son  tombeau ,  et  qu'on  en  perdit 
même  entièrement  le  souvenir.  Le  même  auteur  ajoute-  qu'on 
découvrit  son  corps  miraculeusement  vers  l'an  560,  qu'il  fut  porté 
dans  l'église  de  Saint-Symphorien ,  et  déposé  près  de  l'autel.  L'é- 
glise de  Saint-Symphorien  prit  depuis  le  nom  de  Saint-Ursin.  On 
retrouva  son  corps  en  1239.  Philippe,  archevêque  de  Bourges, 
le  leva  de  terre  ;  et,  après  l'avoir  renfermé  dans  une  châsse  d'ar- 
gent, il  le  plaça  sur  l'autel.  On  croit  ordinairement  que  la  mission 
de  saint  Ursin  eut  lieu  dans  le  deuxième  siècle  ;  mais  il  paraît  que 
la  foi  s'affaiblit  beaucoup  à  Bourges ,  puisque  cette  ville  oublia 
que  ce  saint  avait  été  son  apôtre.  Ce  ne  fut  que  depuis  qu'elle  fut 
de  nouveau  convertie. 


20  décembre.  —  SAINT  ÉVROUL,  abbé.  —  Oé  siècle. 

Evroul  naquit  à  Bayeux,  l'an  517,  avec  tous  les  avantages  qui 
pouvaient  le  faire  considérer  dans  le  monde.  Ses  parents*  qui 
étaient  des  plus  qualifiés  et  des  plus  riches  du  pays,  firent  ins- 
truire leur  fils  dans  la  piété  chrétienne  et  dans  les  sciences  hu- 
maines. Quand  ils  le  crurent  en  état  d'entrer  dans  le  monde,  ils 
renvoyèrent  à  la  cour  du  roi  Childebert  Ier,  qui  le  reçut  au  nombre 
de  ses  officiers.  Évroul  était  humble  et  pieux ,  bien  fait  de  corps 
et  plein  d'esprit  ;  il  parlait  aisément  et  avec  grâce  ;  il  entendait 
bien  les  affaires,  et  avait  un  talent  particulier  pour  les  développer 
et  les  faire  entendre  aux  autres.  C'est  ce  qui  engagea  le  roi  à  en 
faire  comme  son  procureur  général.  La  manière  sage  et  désinté- 
ressée dont  il  s'acquitta  de  cette  charge  le  fit  aimer  et  estimer  de 
tout  le  monde. 

Par  condescendance  pour  ses  parents,  Évroul  se  maria.  Il 
épousa  une  femme  aimable  et  vertueuse ,  mais  ce  nouvel  engage* 
ment  ne  le  détourna  pas  de  la  vertu.  Pour  s'animer  à  la  pratique 
des  bonnes  œuvres  et  résister  au  torrent  des  mauvais  exemples , 
il  joignait  à  la  lecture  de  F  Écriture  sainte  celle  des  Vies  des  saints 
et  des  anciens  solitaires,  et  s'étudiait  à  retracer  leurs  vertus  dans 
ses  actions.  11  menait  au  milieu  de  la  cour  la  vie  d'un  solitaire  ; 
il  savait  que  Dieu  se  trouve  difficilement  dans  le  tumulte  et  les 
embarras  du  siècle  ,  mais  qu'il  aime  à  parler  seul.  Évroul  ne  sou- 

45. 


634  29  décembre.  —  s.  évroul,  abbé. 

bailait  rien  tant  que  d'avoir  la  liberté  de  s'enfuir  dans  les  mon- 
tagnes ou  dans  les  forêts,  en  inspirant  à  sa  femme  les  sentiments 
dont  il  était  animé.  Ils  se  séparèrent  d'un  mutuel  consentement; 
la  femme  prit  le  voile  dans  une  communauté  de  filles,  Évroul  l'i- 
mita dès  qu'il  eut  pu  distribuer  ses  biens  aux  pauvres  et  obtenir 
la  permission  de  Clotaire  1er,  qui  avait  succédé  à  Childebert. 

Il  se  retira  dans  le  monastère  des  Deux-Jumeaux ,  au  diocèse 
de  Hayeux,  comme  dans  un  port  où  il  pourrait  travailler  plus  sû- 
rement à  son  salut.  Il  ne  resta  pas  longtemps  dans  cette  maison. 
Son  humilité  profonde,  son  détachement  parfait  de  toutes  choses, 
et  sa  ferveur  qu'on  voyait  croître  de  plus  en  plus,  lui  attirèrent 
l'estime  et  la  vénération  des  religieux.  La  considération  qu'on  lui 
témoignait  l'affligeait  vivement,  et  lui  fit  prendre  la  résolution  de 
se  retirer  dans  quelque  désert.  Il  fit  part  de  son  dessein  à  trois 
religieux  qui  consentirent  à  le  suivre.  Ils  sortirent  sans  aucune 
provision ,  et  sans  avoir  pris  aucune  mesure ,  s'abandonnant  en- 
tièrement à  la  Providence.  Us  allèrent  se  cacher  dans  le  fond 
delà  forêt d'Ouche,  au  diocèse  de  Lisieux.  Ils  s'arrêtèrent  auprès 
d'une  source  d'eau  vive ,  qu'ils  regardèrent  comme  un  présent 
de  la  libéralité  divine.  Us  construisirent  de  petites  cabanes  de 
bois  et  de  terre  pour  se  loger.  Us  furent  découverts  par  un 
paysan,  qui,  tout  surpris  de  trouver  des  hommes  assez  hardis 
pour  habiter  des  lieux  si  déserts ,  leur  représenta  qu'ils  étaient 
exposés  à  manquer  de  tout,  et  que  des  voleurs  infestaient  les  en- 
virons de  leur  retraite.  — M  on  frère,  lui  répondit  Évroul ,  nous 
sommes  venus  ici  pour  y  pleurer  nos  péchés;  nous  mettons  notre 
confiance  en  Dieu,  qui  nourrit  jusqu'aux  petits  oiseaux.  Nous  ne 
craignons  pas  les  hommes,  (le  laboureur,  touché  de  cette  réponse, 
revint  le  lendemain  leur  apporter  trois  pains  avec  du  miel.  Il  se 
joignit  à  eux  dans  la  suite,  et  embrassa  la  vie  monastique. 

Tin  des  voleurs  qui  habitaient  ces  bois,  ayant  rencontré  Évroul, 
jugea  bien  à»  sa  mine  que  ce  solitaire  n'avait  rien  à  craindre  pour 
l'argent;  mais  il  voulut  lui  persuader  de  quitter  une  demeure  où 
sa  vie  n'était  pas  en  sûreté.  Kvroul  lui  répondit  qu'ayant  Dieu 
pour  protecteur,  il  devait  pou  appréhender  les  hommes;  il  re- 
présenta ensuite  au  voleur  combien  il  était  coupable  de  faire  du 
vol  son  métier,  et  l'exhorta,  avec  beaucoup  de  zèle  et  de  charité, 
à  changer  de  vie.  Ce  voleur  se  convertit  en  effet;  et  plus  tard  il 
amena  quelques-uns  de  9cs  compagnons  vers  les  ermites,  qui 
les  engagèrent  :\  l««s  imiter   J«t  plupart  de  ces  brignuds  outrèrent 


29  décembre.  —  s.  bvboul,  abbé.  53d 

les  voies  de  la  justice  et  de  la  pénitence.  Les  uns  voulurent 
au  même  lieu,  et  devinrent  très-bons  religieux;  les 
autres  s'établirent  à  la  campagne,  et  s'appliquèrent  à  cultiver  la 
terre,  pour  avoir  de  quoi  vivre  et  restituera  ceux  qu'ils  avaient  volés. 

Évîrôul  et  ses  compagnons  défrichaient  des  terres ,  mais  celles 
eu  canton  qu'ils  habitaient  étant  de  mauvaise  qualité ,  la  récolte 
ne  suffisait  pas  pour  assurer  la  Subsistance  de  toutes  les  per- 
sonnes alors  réunies  sous  la  direction  d'Évroul.  Comme  c'était 
pour  l'amour  de  Dieu  qu'ils  s'étaient  exposés  à  manquer  de  tout , 
le  Pète  céleste  leur  fit  trouver,  dans  la  charité  des  peuples  voi- 
sin ,  ce  que  leur  travail  ne  leur  fournissait  pas. 

Les  avantages  et  les  douceurs  de  la  solitude  paraissaient  si  con- 
sidérables à  Evroul,  qu'il  aurait  souhaité  n'être  jamais  chargé 
qne  de  lui-même  ;  mais  la  charité  pour  le  prochain  remporta 
sur  le  penchant  qu'il  avait  à  une  entière  séparation  des  hommes. 
D  reçut  donc  auprès  de  lui  tous  ceux  qui  vinrent  se  mettre  sous 
sa  conduite.  Comme  sa  communauté  augmentait  tous  les  jours, 
il  fut  obligé  de  bâtir  un  monastère,  qui  devint  célèbre  sous  son 
nom.  Cette  maison  fut  bientôt  trop  petite  pour  renfermer  le  grand 
nombre  de  disciples  que  sa  réputation  lui  attira  des  provinces 
voisines.  Plusieurs  personnes  lui  ayant  offert  des  terres  pour  y 
fonder  des  monastères ,  il  les  accepta ,  et  en  fit  bâtir  jusqu'à 
quinze,  les  uns  pour  les  hommes,  les  autres  pour  les  femmes;  il 
leur  donna  pour  supérieurs  des  personnes  sages  et  instruites  dans 
la  vie  spirituelle  ;  il  s'attacha  à  gouverner  particulièrement  la  mai- 
son d'Ouche. 

La  tendresse  qu'Évroul  avait  pour  les  pauvres  allait  jusqu'à 
donner  quelquefois  le  pain  qu'il  pouvait  avoir.  Quand  il  en  venait 
d'infirmes  et  de  malades ,  il  les  gardait  avec  lui  jusqu'à  ce  qu'ils 
lussent  entièrement  rétablis.  Il  exerçait  l'hospitalité  envers  tout 
le  monde.  Il  étudiait  jour  et  nuit  l'Ecriture  sainte.  Quoiqu'il  se 
livrât  tout  entier  aux  travaux  pénibles  d'une  rigoureuse  pénitence, 
il  ne  laissa  pas  de  parvenir  à  une  grande  vieillesse.  En  590 ,  il  fut 
attaqué  d'une  violente  maladie  que  Dieu  lui  fit  la  grâce  de  sup- 
porter avec  tant  de  patience,  qu'à  peine  paraissait-il  sensible  à 
ses  douleurs.  Il  fut  quarante-sept  jours  sans  pouvoir  prendre 
autre  chose  qu'un  peu  d'eau  et  le  sacré  corps  de  Jésus-Christ  ; 
cependant  il  ne  cessa  pas  d'exhorter  ses  disciples  et  de  les  faire 
ressouvenir  des  vérités  évangéliques ,  jusqu'au  2î>  décembre  qu'il 
leur  dit  adieu  avec  un  visage  jerein  et  plein  de  joie. 


530       2!)  décembre.  —  s.  tiiomas  de  cantobbbry. 


29  décembre.  —  SAINT  THOMAS,  archevêque  de 
Cantorbéry,  martyr.  —  12e  siècle. 

Saint  Thomas ,  dont  l'Église  honore  la  mémoire  en  ce  jour, 
naquit  à  Londres,  le  21  décembre  1117.  Gilbert  Becket,  son 
père,  gentilhomme  peu  favorisé  de  la  fortune ,  s'étant  croisé  dans 
sa  jeunesse,  passa  dans  la  Terre  sainte,  où,  ayant  été  fait  prison- 
nier par  les  Sarrasins,  il  fut  un  an  et  demi  esclave  d'un  de  leurs 
émirs  qui  avait  une  fille  unique,  à  qui  Gilbert ,  ayant  expliqué 
les  mystères  de  la  religion  catholique,  déclara  qu'il  était  prêt  à 
sacrifier  sa  vie  pour  l'amour  de  Jésus-Christ.  Elle  fut  si  tou- 
chée de  ses  discours  et  de  son  courage,  que,  désirant  sincère- 
ment de  devenir  chrétienne ,  elle  en  fit  part  à  Gilbert ,  qui  lui 
répondit  que  cette  grâce,  si  elle  y  répondait,  était  bien  au-dessus 
de  tous  les  avantages  de  la  vie.  Quelque  temps  après,  Gilbert , 
nynnt  recouvré  sa  liberté  avec  d'autres  esclaves  chrétiens,  revint  à 
Londres,  et  la  jeune  Syrienne  qu'il  avait  catéchisée,  ayant  fui 
de  chez  son  père,  arriva  heureusement  en  Angleterre,  où  elle  re- 
prit l'étude  de  la  religion  catholique  et  reçut  le  baptême  sous  le 
nom  de  Mathildc.  Elle  épousa  dans  la  suite  Gilbert  Becket,  et  le 
mariage  fut  célébré  par  l'évêque  de  Londres. 

Gilbert,  s'étant  croisé  de  nouveau*  repassa  en  Orient,  où  il 
resta  trois  ans  et  demi  ;  il  laissa  son  épouse  enceinte  d'un  fils , 
(fui  est  le  saint  dont  nous  donnons  la  vie.  Sa  pieuse  mère  lui  ins- 
pira des  son  enfance  la  crainte  de  Dieu  et  une  tendre  dévotion 
pour  la  sainte  Vierge.  Gilbert  Becket,  de  retour  dans  sa  patrie,  y 
mérita  l'estime  et  le  respect  de  tous  les  gens  de  bien,  et  mourut 
en  1 1 38 ,  laissant  son  fils  bien  jeune  et  exposé  aux  dangers  des 
tumultes  du  monde  Heureusement,  Thomas  Becket  avait  été  ins- 
truit, dès  les  premières  années  de  sa  raison,  des  maximes  et  des 
préceptes  de  PKvangile  ;  il  connut  même  assez  sa  faiblesse  pour  se 
tenir  sur  ses  gardes,  et  ne  rien  faire  sans  consulter  des  personnes 
éclairées  et  vertueuses.  Ayant  commencé  ses  études  dans  un  mo- 
nastère de  chanoines  réguliers,  il  alla  les  continuer  à  Londres, 
où  les  trois  principales  églises  avaient  chacune  une  école  dirigée 
par  de  bons  maîtres  ;  il  y  étudia  avec  succès  jusqu'à  l'âge  de  vingt 
ans,  qu'il  perdit  sa  digne  mère.  Il  discontinua  ses  études  pendant 
une  année;  mais  dès  que  les  circonstances  le  lui  permirent,  il  se 
rendit  à  Oxford,  puis  à  Paris,  où  il  se  perfectionna  dans  la  con- 


29  décembre.  —  s.  t  ho  m  as  de  cantohbkby.       537 

naissance  du  droit  canonique  et  dans  les  différentes  parties  de 
la  littérature. 

De  retour  à  Londres  t  il  fit  paraître  une  grande  capacité  pour 
les  affaires,  et  s'attacha ,  en  qualité  de  secrétaire,  à  la  cour  de 
ville.  Un  jeune  seigneur  l'ayant  attiré  chez  lui ,  à  la  campagne , 
Thomas  prit  insensiblement  du  goût  pour  la  chasse  et  les 
autres  plaisirs  bruyants  auxquels  son  ami  se  livrait  avec  passion. 
fl  devint  négligent  dans  le  service  de  Dieu;  et  s'étant  trouvé 
eiposé  aux  dangers  de  périr  par  une  chute,  il  prit  la  résolution 
4e  mener  une  vie  plus  retirée ,  et  retourna  à  Londres ,  où  sa 
vertu  et  ses  talents  lui  acquirent  beaucoup  de  réputation. 
Thibaut,  qui  fut  élevé  sur  le  siège  de  Cantorbéry  en  1138,  et  qui 
avait  été  ami  du  père  de  Thomas ,  lui  offrit  une  place  dans  sa 
maison,  qu'il  accepta.  Il  avait  embrassé  l'état  ecclésiastique  quel- 
que tenips  avant  l'époque  dont  nous  parlons.  Thibaut  reconnut 
bientôt  toutes  les  excellentes  qualités  et  le  mérite  de  Thomas 
Becket  ;  il  lui  permit  d'aller  en  Italie  et  d'étudier,  pendant  un 
an,  le  droit  canonique  à  Bologne.  Après  son  retour  en  Angle- 
terre, il  reçut  le  diaconat  ;  l'archevêque  lui  donna  successivement 
plusieurs  bénéfices,  et  le  nomma  archidiacre  de  Cantorbéry.  (Té- 
tait la  première  dignité  ecclésiastique  d'Angleterre;  Thomas 
la  remplit  avec  autant  de  zèle  que  de  lumière.  Il  fut  envoyé 
plusieurs  fois  à  Rome ,  et  y  obtint  le  succès  des  négociations 
importantes  dont  il  avait  été  chargé. 

Henri  II  étant  monté  sur  le  trône  d'Angleterre  le  20  décembre 
1 154,  Thibaut,  qu'il  honorait  de  sa  confiance,  lui  parla  de  son  ar- 
chidiacre comme  d'un  homme  qui  avait  autant  d'expérience  que  de 
capacité  et  de  vertu ,  d'une  prudence  consommée  dans  le  manie- 
ment des  affaires,  ainsi  que  dans  les  fonctions  des  places  les  plus 
éminentes.  D'après  un  témoignage  si  avantageux ,  le  roi  nomma 
en  1157  Thomas  chancelier  d'Angleterre;  il  en  remplit  les 
fonctions  avec  tant  d'intégrité  et  de  douceur,  qu'il  fut  bientôt 
aimé  et  estimé  de  tout  le  royaume.  Le  roi  lui-même  lui  témoi- 
gnait souvent  toute  sa  satisfaction ,  aimant  à  s'entretenir  avec 
lui  familièrement,  et  prenant  son  avis  sur  les  affaires  les  plus 
importantes.  Il  le  chargea  de  veiller  aussi  sur  l'éducation  de 
son  fils  ;  et  quelque  temps  après ,  il  le  nomma  son  ambassadeur 
en  France ,  pour  y  négocier  un  traité  entre  les  deux  puissances , 
et  pour  y  arrêter  le  mariage  de  Henri ,  son  fils ,  avec  Margue- 
rite de  France,  fille  de  Louis  le  Jeune.  Le  chancelier  s'acquitta: 


538  29  décembre.  —  S.  THOMAS  DE  CANTOBBÉBY. 

do  cette  double  commission  avec  tout  Te  succès  que  sou  roi 
pouvait  désirer.  Au  milieu  des  honneurs ,  dont  l'éclat  n'éblouit 
jamais  notre  saint ,  il  continua  d'être  humble ,  mortifié ,  chaste 
et  fidèle  aux  exercices  de  la  piété  chrétienne  et  de  la  régularité 
ecclésiastique.  11  triompha  de  tous  les  pièges  qui  furent  souvent 
tendus  à  sa  vertu ,  ainsi  qu'aux  persécutions  que  la  jalousie  lui 
suscita ,  faisant  taire  ses  ennemis  par  sa  douceur  et  son  silence. 

Thibaut,  archevêque  de  Cantorbéry,  mourut  en  11m\  Le  roi 
Fayant  appris  en  Normandie ,  où  il  était  alors  avec  son  chan- 
celier, se  décida  à  l'élever  plus  que  jamais ,  en  le  nommant 
archevêque  du  premier  siège  d'Angleterre;  et  quelques  jours 
après ,  lui  ayant  dit  de  se  préparer  à  passer  en  Angleterre  pour 
une  affaire  importante ,  il  ne  lui  fit  connaître  clairement  ses  inten- 
tions qu'au  moment  où  il  devait  partir.  Thomas,  après  avoir 
représenté  au  roi  toutes  ses  raisons  pour  ne  point  accepter  la 
dignité  épiscopale,  sans  avoir  rien  pu  obtenir  du  prince,  lui 
dit  avec  une  généreuse  et  sainte  liberté  :  «  Si  Dieu  permet  que  je 
«  sois  arclœvêque  de  Cantorbéry ,  je  perdrai  bientôt  les  bonnes 
«  grAces  de  Votre  Majesté  ;  et  cette  grande  affection  dont  elle 
«  m'honore  se  changera  en  haine.  Qu'il  me  soit  permis  de  lu' 
«  dire  que  je  la  vois  faire  plusieurs  choses  contraires  aux  droits 
»  de  l'Église ,  c-t  que  je  craindrais  qu'elle  n'exigeât  de  moi  ce 
«  que   ma  conscience    m'empêcherait  de  lui  accorder.  Mes 
«  ennemis  ne  manqueraient  pas  de  représenter  ma  résistance 
«  comme  un  crime,  et  ùv  s'en  servir  pour  me  perdre  auprès 
«  de  vous.  » 

I,c  roi  n'eut  aucun  égard  aux  représentations  de  Thomas.  Il 
lit  partir  quelques  seigneurs  pour  l'Angleterre ,  en  leur  recom- 
mandant fortement  de  disposer  les  esprits  et  de  se  concerter  ri 
bien  avec  le  chapitre  de  Cantorbéry,  que  le  chancelier  fût  placé 
sur  le  siège  de  cette  ville.  En  attendant,  le  saint  consulta  le 
cardinal  de  Pi  se,  légat  du  saint-siége  en  Angleterre,  dont  l'auto- 
rité le  décida  à  se  soumettre  à  son  élection.  Elle  eut  lieu  la  veflle 
de  la  Pentecôte  de  l'an  1162. 

Dès  qu'il  en  fut  instruit,  il  partit  pour  se  rendre  à  Cantor- 
béry. 11  fut  sacré ,  et  reçut  peu  de  temps  après  le  pallium  du 
pape  Alexandre  III.  Après  avoir  imploré ,  dans  la  ferveur  du 
recueillement,  les  lumières  du  ciel  qui  lui  étaient  nécessaires, 
il  se  livra  tout  entier  aux  fonctions  de  l'épiscopat.  Les  cha- 
noines de  sa  cathédrale  étant  moines ,  il  prit  leur  habit,  qu'il  porta 


29  décembre.  —  s.  tuomas  de  cantobbéby.      539 

toujours  sous  celui  d'évêque ,  et  se  revêtit  d'un  rude  ciliée ,  qu'il 
ni  quitta  qu'à  la  mort.  Son  genre  de  vie  fut  très-austère.  Il  se 
levait  à  deux  heures  du  matin;  après  avoir  récité  l'office  de 
la  nuit,  il  lavait  les  pieds  à  treize  pauvres,  les  exhortait  à  la 
vertu,  se  recommandait  à  leurs  prières  et  leur  distribuait  ses 
aumônes.  Il  lisait,  avec  le  plus  profond  respect,  l'Écriture  sainte , 
qa'fl  portait  toujours  avec  lui ,  même  dans  ses  voyages  ;  et  tous 
ta  jours,  après  la  méditation  du  matin,  il  allait  visiter  les  ma- 
lades qu'il  y  avait  parmi  ses  moines  ou  dans  son  clergé.  A  neuf 
heures,  il  célébrait  le  saint  sacrifice  de  la  messe ,  ou  l'entendait 
gll  n'avait  pu  la  dire.  A  dix  heures ,  il  faisait  une  nouvelle  distri- 
bution d'aumônes ,  qui  complétait  le  nombre  de  cent  pauvres 
qu'A  assistait  tous  les  jours.  Il  dînait  à  trois  heures,  et  faisait  lin* 
un  livre  instructif  et  pieux  pendant  le  repas.  Sa  table  était  fru- 
gale ,  mais  toujours  servie  avec  décence  ;  il  n'y  mangeait  que 
ce  qu'il  y  avait  de  plus  commun,  et  dans  la  plus  exacte  sobriété. 
Le  reste  du  jour  était  employé  à  la  prière ,  aux  fonctions  pasto- 
rales ,  aux  œuvres  de  charité  envers  tous  ceux  qui  recouraient 
à  lui. 

Il  était  sévère  dans  l'examen  de  ceux  qui  aspiraient  aux  saints 
ordres ,  vigilant  sur  les  mœurs  et  la  conduite  de  tous  ceux  qui 
étaient  attachés  à  sa  maison.  11  reprenait  même  avec  une  cou- 
rageuse liberté  les  grands  et  les  riches  de  leurs  vices ,  et  retirait 
de  leurs  mains  les  biens  de  l'Église ,  qu'ils  avaient  usurpés.  Le 
roi ,  informé  de  la  manière  de  vivre  du  saint  archevêque,  l'ai- 
mait toujours  et  le  protégeait  contre  les  injustices  des  seigneurs 
puissants.  Le  pape  Alexandre  III  ayant  assemblé  un  concile  à 
Tours,  en  1163,  Thomas,  qu'il  y  appela,  vint  en  France, 
où  le  roi  d'Angleterre  lui  renouvela  les  témoignages  de  sa 
confiance  et  de  son  amitié.  Le  saint  l'engagea  alors  à  nommer 
à  deux  évêchés  d'Angleterre ,  que  le  prince  avait  laissés  vacants 
depuis  longtemps  pour  s'en  approprier  les  revenus.  La  bonne 
intelligence  entre  Henri  II  et  Thomas,  si  utile  à  l'Église,  ne 
fut  pas  de  longue  durée.  Le  saint  archevêque  s'étant  démis  de 
la  dignité  de  chancelier,  qu'il  n'avait  conservée  jusque-là  que  par 
complaisance,  s'aperçut  bientôt  que  cette  démission  avait  déplu 
au  roi,  qui  ne  tarda  pas  à  lui  en  marquer  son  mécontentement; 
il  le  fit  éclater  surtout  après  avoir  entendu  les  représentations  du 
saint,  sur  l'injustice  envers  des  églises  longtemps  laissées  sans 
pasteurs,  et  dont  les  revenus  étaient  envahis  par  l'autorité  civile.; 


640      29  décembre.  —  s.  Thomas  bb 

A  cet  abus,  dont  Thomas  se  plaignit,  il 
aussi  touchante  que  bien  fondée,  centre  tes 
juges  laïques  qui,  au  mépris  des  immunités  4» 

a  leur  tribunal ,  sous  quoique  prétexte  que  ce  flrt,  lerftEfsBMim 
ecclésiastiques.  Il  blâma  la  conduite  de  plusieurs  officiers  et 
gneurs ,  détenteurs  connus  des  biens  consacrés  au  culte 
ou  destinés  au  soulagement  des  pauvres  et  des  infirmes.  Telles 
furent  les  sources  des  différends  entre  le  roi  et  l'archevêque  de 
Cantorbéry,  qui  eurent  de»  suites  si  funestes. 

Henri  exigea  que  les  évéques  fissent  serment  de  maintenir 
toutes  les  coutumes  du  royaume ,  qui  if  étaient  ni  les  lois  cons- 
titutives, ni  des  principes  fondamentaux  du  gouvernement,  mais 
des  abus  et  des  injustices  auxquels  Thomas  déclara,  dans  une 
assemblée  générale  d'évoqués  tenue  à  Westminster,  qu'il  ne 
ferait  serment  qu'avec  la  clause ,  sauf  le  devoir  et  la  emudenee. 
Plusieurs  évoques  le  blâmèrent  hautement,  et  se  conformèrent 
à  la  volonté  du  roi,  qui  lui  fit  les  reproches  les  plus  vîfe  et  de 
sévères  menaces.  I.e  reste  du  clergé  en  fut  si  intimidé,  qu'il 
employa  les  prières  et  les  larmes,  l.e  saint  archevêque  se 
laissa  vaincre,  en  signant,  en  1 100,  les  articles  qull  avait  rejetés 
d'abord;  mais  se  repentant  bientôt  après  de  sa  faiblesse,  fl 
on  demanda  l'absolution  au  pape,  qui  la  lui  accorda,  en  lui 
recommandant  de  réparer  la  faute  où  il  était  tombé  par  surprise, 
l.e  roi,  irrité  du  changement  de  Thomas,  le  menaça  de  la  mort; 
il  fut  condamné  dans  une  assemblée  d'évêques  et  de  seigneurs, 
ot  tous  ses  biens  furent  confisqués.  Les  choses  étant  dans  cet 
état,  Thomas  en  appela  au  sain! -siège,  et  résolut  de  quitter 
secrètement  le  royaume. 

Ayant  do  barque  en  Flandres,  il  se  rendit  a  Saint-Omer, 
et  s'y  logea  dans  l'abbaye  de  Saint-Bertin ,  cToù  il  envoya  de- 
mander un  asile  à  Louis  Vil ,  roi  de  France.  Ce  prince  le  hit 
accorda,  et  l'invita  même  à  se  rapprocher  de  lui;  tandis  que  le 
roi  d'Angleterre  défendait  à  tous  ses  sujets  de  faire  passer  à 
notre  saint  aucun  secours,  et  envoyait  à  Sens  des  députés  au 
pape,  pour  lui  porter  ses  plaintes  contre  l'archevêque  de  Can- 
torbéry.  Celui-ci,  de  Saint-Omer,  partit  pour  Soissons,  où  le  roi 
de  France,  étant  arrivé  le  lendemain,  alla  le  visiter  et  lui  marquer 
sa  vénération  et  le  désir  de  lui  adoucir  son  exil.  Thomas  quitta 
Soissons  pour  aller  h  Sens,  afin  de  rendre  compte  au  pape  des 
*?iol ifs  de  sa  conduite.  11  en  fut  écouté  avec  admiration,  et 


29  décembre.  —  s.  thomas  de  cantobbéby.       541 

exhorté  à  persévérer  à  défendre  les  intérêts  de  l'Église.  Bien 
loin  de  recevoir  la  démission  que  le  saint  prélat  offrit  de  son 
siège,  le  pape  lui  ordonna  de  ne  point  le  quitter  ;  ensuite,  ayant 
Eut  appeler  l'abbé  de  Pontigny ,  il  le  chargea  de  prendre  soin 
dn  saint  archevêque,  qui  alla  se  loger  dans  son  monastère.  On 
j  suivait  la  règle  austère  de  Cîteaux  ;  il  en  garda  toutes  les  obser- 
vances, en  prit  l'habit,  et  voulut  y  remplir  les  emplois  les 
plus  humiliants  et  les  fonctions  les  plus  abjectes,  refusant  toute 
distinction ,  jusqu'à  ne  pas  toucher  aux  mets  préparés  pour  lui, 
et-  ne  mangeant  que  la  portion  de  la  communauté ,  comme  le 
plus  simple  religieux. 

Aux  rigueurs  de  la  pénitence  se  joignirent  les  peines  du 
cœur  des  plus  vives ,  quand  il  apprit  qu'après  son  départ  d'An- 
gleterre ,  le  roi  avait  confisqué  les  biens  de  ses  parents ,  de  ses 
amis,  de  ses  domestiques,  et  les  avait  bannis  de  ses  Etats,  en 
les  obligeant  d'aller  joindre  le  saint  archevêque.  Ces  exilés ,  dont 
la  majeure  partie  arriva  au  monastère  de  Pontigny  dans  l'état  le 
plus  déplorable ,  touchèrent  le  saint  prélat  jusqu'aux  larmes.  La 
Providence  permit  que  tant  d'innocents  trouvassent,  dans  la  cha- 
rité de  plusieurs  princes  et  évéques,  les  secours  nécessaires  à 
leurs  besoins.  La  reine  de  Sicile  et  l'archevêque  de  Syracuse  en 
recurent  plusieurs,  qu'ils  assistèrent  avec  libéralité.  Cependant 
on  travaillait  à  réconcilier  le  roi  avec  le  saint  archevêque ,  et  le 
pape  y  employait  tous  ses  efforts  ;  mais  ils  ne  servirent  que  de 
prétexte  à  Henri  II  pour  se  porter  à  de  nouveaux  excès.  Tandis 
que  le  roi  de  France  donnait  des  ordres  pour  que  Thomas  vînt 
à  Sens  et  y  fût  entretenu  avec  une  sorte  de  magnificence ,  per- 
suadé qu'il  honorait  Notre-Seigneur  dans  la  personne  de  son  ser- 
viteur exilé ,  le  saint  fut  reçu  avec  vénération  par  l'archevêque 
de  Sens ,  et  se  retira  dans  le  monastère  de  Sainte-Colombe ,  situé 
près  de  la  ville. 

Les  esprits  paraissant  s'aigrir  plus  que  jamais ,  le  pape  pria  le 
roi  de  France  de  se  faire  médiateur  dans  cette  affaire,  entre 
l'archevêque  de  Cantorbéry  et  son  souverain.  Les  deux  rois  eu- 
rent à  ce  sujet  une  conférence  à  Gisors.  Thomas  y  vit  Henri  II 
et  se  jeta  à  ses  pieds.  Ce  prince  affecta  de  vouloir  tout  pacifier, 
mais  sans  vouloir  faire  cesser  les  injustices  commises  en  son 
nom  sur  les  immunités  et  les  biens  usurpés  de  l'Église.  Cette 
conférence  ne  servit  qu'à  augmenter  le  nombre  des  ennemis  du 
saint  prélat  ;  car  ce  ne  fut  que  quelque  temps  après  que  Dieu,  qui 

\IKS  DES  SAINTS.  —  T.  II.  46 


642      »  décembre.  —  s.  thomas  dx  a  tm& 


entn       » 
aiq      lue:         asTquui  naa.nfiëitt 

i     ;i      I  w      de  c    ru      li  le  mal  âMMpajift 

1  m;  mais  trois  suives  eveques  dpÀnQ^eteVMa^t*4pH" 

ques  s  eurs,  ennemis  jurés  de  notre  saint,  indisposèrent  de 
nouveau  te  roi  contre  lui  ;  en  sorte  que,  quand  il  se  présenta  de- 
vant ce  prince  à  Tours,  où  il  alla  prendre  ses  ordres  avant  de 
partir  pour  Cantorbéry,  il  se  contenta  de  lui  dire  que  les  terres  de 
son  Kplise  seraient  rendues ,  lorsqu'il  serait  arrivé  en  Angleterre. 
Saint  Thomas  partit  pour  retourner  dans  son  diocèse,  d'où 
il  était  absent  depuis  sept  ans  ;  il  écrivit  au  roi  avant  de  quitter  la 
France ,  et  finit  sa  lettre  ainsi  :  «  Je  retourne  à  mon  Eglise 
«  avec  la  permission  de  Votre  Majesté;  c'est  peut-être  pour  y 
«  mourir,  et  pour  empêcher  au  moins,  par  ma  mort,  ion  en- 
«  tière  ruine.  Votre  Majesté  peut  cependant  m'y  faire  ressentir 
«  les  effets  de  sa  clémence  et  de  sa  religion;  mais  que  je  vire  ou 
«  que  je  meure ,  je  conserverai  toujours  inviolablement  l'amour 
<«  que  j'ai  pour  vous  en  ftotre-Seigneur,  et  quelque  chose  qui 
«  puisse  m'arriver,  je  prie  Dieu  de  répandre  sur  vous  et  sur  vos 
«  enfants  ses  grâces  et  ses  dons  les  plus  précieux.  » 

Le  saint  voulut,  avant  de  partir,  remercier  le  roi  de  France 
des  bontés  dont  il  l'avait  comblé.  Il  vint  donc  à  Paris,  et  logea 
dans  l'abbaye  de  Saint- Victor.  Il  s'embarqua  pour  l'Angleterre, 
près  de  Calais,  et  après  une  traversée  où  0  courut  plusieurs  dan- 
gers ,  il  prit  terre  à  Sandwich.  Il  fut  reçu  avee  de  Tifs  transports 
de  joie.  Sesenuemis,  plus  animés  quejasnais,  partirent  aussitôt 
pour  passer  en  Normandie,  et  le  caionwièrent  de  nouveau  au- 
près du  roi,  mais  d'une  manière  si  adroite,  et  sur  des  faits  si 
graves,  que  ce  prince,  transporté  de  colère,  dit  et  répéta  plu- 
sieurs fois  «  qu'il  maudissait  tous  ceux  qu'A  avait  honorés  de 
«  son  amitié  et  comblés  de  biens,  puisqu'aucun  d'eux  n'avait  le 
«  murage  de  le  défaire  d'un  prêtre  qui  lui  donnait  pk»  de  peine 
«  que  le  reste  de  ses  sujets.  »  Quatre  officier»  de  sa  oour,  hommes 
sans  religion ,  formèrent  sur-le-champ  l'horrible  complot  de  mas- 
sacrer l'archevêque  de  Cantorbéry ,  dans  la  persuasion  qu'as  fe- 
îaitjit  par  là  leur  cour  à  Henri  II.  lie  saint  prélat  avait  été  reçu  à 
Londres  comme  en  triomphe;  mais  son  séjour  y  fut  très-court, 
ayant  eu  l'ordre  de  se  retirer  à  Cantorbéry ,  et  de  ne  pas  sortir 
de  cette  ville.  41  s'y  rendit  tout  de  suite ,  et  dans  le  discours  qu'il 
lit  le  jour  de  Noël,  après  la  messe,  il  déclara,  sur  la  fin,  qu'il 


29  décembre.  —  s.  thomas  de  cantorbéby.       543 

croyait  n'avoir  plus  longtemps  à  vivre.  Tout  l'auditoire,  à  ces 
fNroles,  fondît  en  larmes,  et  lui-même  parut  quelques  instants 
comme  absorbé  dans  la  contemplation  de  la  volonté  divine. 

Ses  quatre  assassins,  peu  de  jours  après,  arrivèrent  en  An- 
gleterre; ils  s'associèrent  douze  autres  chevaliers,  et  se  ren- 
tous  à  Cantorbéry.  Us  allèrent  au  palais  archiépiscopal , 
dans  l'appartement  du  saint,  l'accablèrent  d'injures, 
et  menacèrent  de  le  tuer  s'il  ne  donnait  pas  l'absolution  à 
ceux  qui  avaient  été  interdits  ou  excommuniés,  soit  par  le 
aope,  soit  par  lui-même.  Thomas  leur  répondit  avec  douceur 
qnUs  seraient  tous  absous,  en  promettant  de  réparer  leurs 
crimes.  Les  assassins  consignèrent  alors  le  prélat  à  la  garde  des 
ecclésiastiques  qui  étaient  autour  de  lui,  de  peur  qu'il  n'échappât, 
est  ajoutèrent  que  le  roi  voulait  faire  un  grand  exemple  de  justice. 
«  Quoi!  dit  le  saint,  vous  vous  imaginez  que  je  pense  à  fuir!x 
«  Non,  non;  j'attends ,  sans  crainte ,  le  coup  de  la  mort.  »  Les 
assassins  se  retirèrent  pour  aller  prendre  leurs  boucliers  et 
leurs  armes,  comme  s'il  eût  fallu  aller  à  un  combat,  et  ne 
tardèrent  pas  à  revenir,  au  moment  où  le  saint  archevêque 
sortait  pour  aller  à  l'église.  C'était  l'heure  des  vêpres,  il  dé- 
fendit de  fermer  ou  de  garder  les  portes  du  lieu  saint.  Les  as- 
sassins y  entrèrent  l'épée  à  la  main ,  criant  :  «  Où  est  le  traître  ? 
«  Où  est  l'archevêque  ?»  Le  saint  s'avança  et  leur  dit  :  «  Je 
«  suis  l'archevêque;  mais  je  ne  suis  pas  un  traître.  »  Les  moines 
et  les  ecclésiastiques  s'enfuirent  ou  se  réfugièrent  aux  pieds  des 
autels.  Il  n'y  en  eut  que  trois  qui  restèrent  constamment  auprès 
de  lui.  «  Vous  êtes  mort!  »  lui  dit  un  des  assassins.  —  «  Je  suis 
«  prêt,  répondit  le  saint,  à  mourir  pour  Dieu,  pourlajus- 
«  tice  et  pour  la  défense  de  l'Église  ;  mais  je  vous  défends ,  au 
«  nom  de  Dieu  tout-puissant,  de  faire  le  moindre  mal  à  aucun 
«  de  mes  religieux ,  de  mes  clercs  ou  de  mon  peuple  ;  heureux 
«  si,  par  ma  mort,  je  puis  rendre  à  l'Église  la  liberté  et  la 
«  paix  !  »  Ayant  ainsi  parlé ,  il  se  mit  à  genoux  ,  pria  Dieu  pour 
l'Eglise,  pour  ses  ennemis,  et  spécialement  pour  ses  meurtriers  ; 
il  inclina  un  peu  sa  tête,  et  la  leur  présenta  en  silence.  Comme 
ils  voulaient  le  tirer  de  l'Église ,  il  leur  dit  :  «  Je  ne  sortirai  pas; 
«  faites  ce  que  vous  voudrez.  »  Un  des  assassins  déchargea  dans 
cet  instant  un  coup  sur  la  tête  du  saint  martyr,  qui,  en  ayant 
été  étourdi ,  tomba  sur  ses  genoux ,  soutint  sa  tête  de  ses  deux 
mains,  resta  immobile  comme  auparavant,  et  offrit  à  Dieu  de 


544    30  décembre.  —  translation  de  l'ap.  s.  jagq. 

nouveau  le  sacrifice  de  sa  vie.  Alors  deux  autres  assassins  lui 
donnèrent  chacun  un  coup  d'épée ,  et  il  tomba  sur  le  pavé,  près 
de  l'autel  de  Saint-Benoît.  Comme  il  était  près  d'expirer,  Richard 
le  Breton  lui  enleva  le  haut  du  crâne,  et  Hugues,  avec  la  pointe 
de  son  épée,  lui  tira  la  cervelle  qu'il  répandit  sur  le  pavé. 

Après  ce  crime  affreux ,  les  assassins  coururent  piller  le  palais 
archiépiscopal.  Le  clergé  de  Gantorbéry  enterra  secrètement  le 
corps  du  saint  archevêque ,  martyrisé  le  29  décembre  de  l'an 
1170,  dans  la  cinquante-deuxième  année  de  son  âge,  et  la  neu- 
vième de  son  épiscopat.  La  nouvelle  de  ce  crime  atroce  et  sa- 
crilège causa  autant  de  surprise  que  de  douleur  aux  princes 
catholiques  et  à  toute  la  chrétienté.  Henri  H,  dès  qu'il  en  fut 
informé,  prit  tous  les  sentiments  d'un  véritable  pénitent,  et 
répara,  autant  qu'il  le  put ,  tout  le  mal  dont  il  était  la  princi- 
pale cause.  Dieu  glorifia  notre  saint  par  les  plus  éclatants  et 
les  plus  fréquents  miracles.  Le  pape  Alexandre  III  le  canonisa 
en  1173. 


30  décembre.  —  TRANSLATION  DE  L'APOTRE  SAINT 
JACQUES  le  Majeur.  —  9e  siècle. 

Les  traditions  de  l'église  de  Compostelle  rapportent  que  le 
corps  de  saint  Jacques,  fils  de  Zébédée,  qui  était  d'abord  à 
Jérusalem,  après  avoir  traversé  une  vaste  étendue  de  mer, 
aborda  par  une  providence  spéciale  de  Dieu  sur  la  côte  occi- 
dentale de  l'Espagne.  On  dit  qu'il  s'arrêta  en  premier  lieu  dans 
le  port  d'iria  Flavia,  ville  de  la  Galice,  et  qu'il  reçut  la  sépul- 
ture non  loin  de  là ,  dans  un  endroit  appelé  aujourd'hui  Com- 
postelle, où  il  resta  longtemps  caché  à  cause  des  fréquentes 
persécutions.  Sous  le  règne  d'Alphonse,  roi  de  Léon,  une  ré- 
vélation divine  indiqua  ce  sacré  trésor.  Le  prince  lui  éleva  une 
magnifique  église ,  et  enrichit  ces  restes  précieux  par  des  of- 
frandes vraiment  royales.  Depuis  ce  temps,  des  miracles  nom- 
breux et  signalés  mirent  en  grand  renom  la  mémoire  de  saint 
Jacques.  Le  glorieux  apôtre  apparut  dans  les  batailles  les  plus 
sanglantes,  et  secourut  miraculeusement  les  Espagnols  dans 
leurs  combats  contre  les  infidèles.  Aussi  l'Espagne  entière  a- 
t-elle  adopté  saint  Jacques  comme  un  premier  patron,  donné  par 
Dieu  lui-même,  et  elle  Ta  honoré  jusqu'à  ce  jour  d'un  culte 


31  décembre.  —  s.  sylvestke,  tape  et  coMf.     *15 

spécial.  Du  reste  la  renommée  des  miracles  sans  nombre  du  yrand 
apôtre  ne  s'est  |ias  arrêtée  dans  les  limites  de  la  Péninsule;  die 
s'est  répandue  dans  toute  la  chrétienté  ;  et  il  en  est  résulté  que, 
comme  ou  se  rend  à  Jérusalem  au  Saint-Sépulcre,  et  à  Home 
aux  tombeaux  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul ,  des  pèlerins 
partis  de  tous  les  points  de  l'univers  chrétien  accourent  par 
dévotion ,  et  pour  accomplir  des  vœux,  à  Compostelle  auprès  des 
reliques  de  saint  Jacques. 


On  met  le  martyre  de  saiute  Colombe  eu  258  ou  273.  Si 
l'on  adopte  la  deuxième  de  ces  dates,  on  doit  rapporter  le  mar- 
tyre de  cette  sainte  au  second  voyage  qu'Aurélien  lit  dans  les 
Gaules,  lorsqu'il  remporta  une  victoire  célèbre  à  Giflions.  Elle 
souffrit  à  Sens,  où  elle  est  honorée  avec  beaucoup  de  dévotion. 
Son  culte  est  aussi  établi  depuis  longtemps  dans  le  diocèse  de 
Paris.  H  y  avili,  anciennement  dans  cette  ville  wnv.  chapelle  de 
son  nom  ;  saint  Ouen  le  dit  expressément  dans  la  vie  de  saint 
Éloi.  On  gardait  les  reliques  de  noire  sainte  martyre  chez  les 
bénédictins  de  Sens;  mais  elles  uni  été  dispersées  par  les  hu- 
guenots, avec  celles  de  plusieurs  autres  saints  dont  la  même 
église  était  enrichie. 


Sylvestre,  destiné  par  la  Providence  à  gouverner  l'Kglise, 
lorsqu'elle  commençait  à  triompher  de  ses  persécuteurs,  eut 
Rome  pour  patrie,  il  était  fils  de  RufQn  et  de  Juste ,  et  perdit 
son  père  étant  encore  enfant.  Sa  vertueuse  mère  prit  un  grand 
soin  de  son  éducation ,  et  le  mit  sous  la  conduite  de  Charitus 
ou  Carin,  prêtre  aussi  recommandante  par  sa  sainteté  que  par 
ses  talents.  Quand  Sylvestre  eut  atteint  l'âge  prescrit,  il  entra 
dans  le  clergé  de  l'Église  romaine,  et  fut  ordonné  prêtre  par  le 
pape  Marcellùi,  avant  les  edits  cruels  publiés  par  Dioctétien  et  le 
César  qu'il  avait  associé  à  l'empire.  La  conduite  de  noire  saint 
dans  ees  temps  orageux  le  lit  universellement  estimer.  Il  fut  té- 


64*    Il  décembre.  -+  ».  sYLttmE,  yam  w  emr. 

moin  Ai  triompfee  que  la  crefe  importa  aar  fîMferi»  ,  après 
la  victoire  mbraontoose  de  OmËfimUm  «rMattàee,  te  n  oc- 
tobre Stt. 

Le  pape  MakUade  étant  mort  annote  4e  jwicf  à»  Ywak 
354,  Sylvestre  fut  élu  pour  son  successeur.  La  même  année,  il 
envoya  quatre  légats,  pour  le  représenter  au  concile  que  les 
évéques  d'Occident  tinrent  à  Arles.  On  y  condamne  le  schisme 
des  Donatistes,  qui  subsistait  depuis  sept  ans,  ainsi  que  Fhé- 
résie  des  Quartodécimans.  Le  concile,  avant  de  se  séparer, 
écrivit  au  pape  une  lettre  très-respectueuse ,  en  lui  adressant  les 
décisions  qu'il  avait  faites.  Saint  Sylvestre  les  confirma,  et  voulût 
quelles  fussent  publiées  pour  servir  de  règle  à  toute  l'Église. 
Plusieurs  années  après,  le  saint  pape,  n'ayant  pu,  à  causa  de 
sou  grand  âge  et  de  ses  infirmités ,  assister  en  personne  au  con- 
cile général  de  Nicée ,  tenu  en  825  contre  Farianisme,  y  envoya, 
comme  ses  légats ,  Osius,  Viton  et  Vincent ,  pour  le  représenter. 
(>,  saint  pontife,  dont  le  zèle  et  les  vertus  apostoliques  contri- 
buèrent grandement  à  la  propagation  du  christianisme,  mourut 
le  31  décembre  335,  après  avoir  occupé  le  saint-siége  vingt  et  im 
ans  et  onze  mois.  L'Église  grecque  l'honore  comme  l'Église  la* 
liuc. 


Fin  du  mois  de  décembre» 


&48  TABLE  ALPHABETIQUE. 

André  AvelKao »  iê  awvemfere. 

André  Cordai,  év * ^*,  ^.février. 

Angadréma  (sainte),  t 14  octobre. 

Anne  (  $ainU)t  mère  de  la  sainte  YUrae. •  26  >gjt 

AlftlOifCf  ATWH •  tt  iBÉfl  ' 

Anyes  gardiens  (les  saints) 2  octobre. 

Anselme,  arcli.  de  Cantorbéry  et  docteur 21  avril. 

Antoine,  patriarche  des  Cénobites 17  janvier. 

Antoine  Nevrot  (le  B.  ),  m 10  avril. 

Antoine  de  l'adoue,  conl 13  join. 

Antonin,  arrh.  de  Florence 10  mai. 

Apbraate,   solitaire 7  avril 

Apollinaire,  év.  d'IIiéraple 8  janvier. 

A|N)liinaire}  év.  de  Ravenne,  in 23  juillet 

Apollonie  ou  Apolline  (  sainte),  v.  in 9  février. 

Apollonius,  apologiste,  m 18  avril. 

An-ariiiis,  m 12  janvier. 

Arsène,  solitaire 19  juillet 

ASSOMPTION  [)K  LA   SAINTE  VIERGE 15  août. 

Astère,  arcli.  d'Amasée 30  octobre. 

A thanase ,  patriarche  d* Alexandrie  et  docteur 2  mai. 

Aubin,  év.   d'Angers 1er mari. 

Augustin,  apôtre  d'Anglet  rre 26  mai. 

Augustin,  év.  d,Hi|>|M>ne  et  docteur 28  août. 

Augustin  de  Lucère  (  le  I).  ),  év 8  août. 

A  un*  ou  Aurée  (  sainte  ),  v 4  octobre. 

Aurele  et  Matalie  (sainte),  i£ 27  juillet. 

Auxence,  solitaire 17  février. 

Aventin,  solitaire 4  lévrier. 

A  voie  (sainte).  (  Voy.  Uedwige.  ) 

Ayou  ou  Aiguire,  m 3  septembre. 

B. 

flabolein,  abbé  de  Saint-Maur 26  juin. 

Ilabvlas,  év.  d'Antioclie,  m 24  janvier. 

Jtarbe  (sainte;,  v.  m 4  décembre. 

Itarlaam,   m 20  novembre. 

Harnabé.,  apôtre 11  jnin. 

JlarlhMemy,    apôtre 24  août 

llasile  le  Grand ,  év.  de  Césarée  et  docteur 14  juin. 

flasile  d'Aiicyrt»,  pr.  m 22  mars. 

liasilide,  Cyrin,  Nabor  et  >'azaire,  m 12  jnin. 

flatliilde  (  sainte  ),  reine  de  France 30  Janvier. 

Itavon  ou  Alovsin,  solitaire 1er  octobre. 

Ilède  le  Vénérable,  docteur 27  mai. 

Regguc  (sainte),  vc  et  abbesse 17  décembre. 

Hémaet,  berger 14  avril. 

Iténigne,  év.  de  hijon,  m 24  novembre. 

Jienjainin,  in 31  mars. 

Ilenolt,  patriarrlie  des  muines  .FO( rident 21  mars. 


sic  tu»  tLrm>Éntn. 

ciwuiUI  ( ioy.  JewBB-FnoçoiM ).  i  - .-,-.■ 

Chwtomagne  (le  B.  ),  empereur. »FWW; 

Charte*  ftotrwnée,  arcb.  de  Milan .liMBii. 

Charité  (Mtale).  ».  D> ESSkLi 

Chtnm,  m. ••■SI     ■ 

tliionio    (  «ainte  ),  m *  aniL 

Christine    MioteJ,  v.  m M  UU. 

QMkl îî  *fi* 

Oitwiuce    ■ "  **f^_ 

Clirysante  et  Uariu  {  Munie  ) ,  m 1»  octobre. 

ChryMiftone,  ni M  no*aatfire. 

(:1m nofitoioo   (voy.  Jean) 

f  IHCONCIKIIIK     BE  Xi/1-BR-SeIOKIN 1"  J*nTMT. 

Clair,  prMre 

(laire  (  iwinte  ),   \ 11  août 

flaire  (iaiilUinnrli  { la  II.  ),  ï' 8  afrlL 

Claire  île  Miinletalcu  |  la  11.  ),  v 1*  **t 

fbuJr,  arrl,    ,U-  Ue-ncun.  .  . 7  joli. 

OWmÎL  I»i*  Hn M  MtMÉ 

Clhlicnt  i  \l-\aii-lrw.      t.  déCMil 

fiel  cl  Manvllin    |«i|ies  rt  inart M  avril. 

l'Iulililf    sjiinii-  ,  nin-  du  France »  joln. 

Gliiuil,  nrflre  el  solitaire 7  • — 

Colette  IhiiM  (  la  lt  ).  v «  Il 

i  ..i I etabWde  Luseuil 11  novembre. 

Culihiul":    viinli1  i,  v.  m >l  décembre. 

Crtmcctmiiiicn.m J7  ir— —— 

i ■■iimitiniKii-iiiiiiiiiirx  Fiitelfi  Dr/uals 


Constance,   laerislam -  _.., 

CoiivertioH  de  suint  Paul,  apôtre U  Juikr. 

Corneille ,  liai*  et  m (S  Kptaahn 

('reiiin  et  Orciiims'ii,  m »  octobre. 

Cre*-*jice  (  Mainte),  m U  Join. 

('UIHtyHMlt!    (  Mltlle  ),    illl|»!Mlni-J! 

('t|>rirn,i'V.  de  Carllui^',  m 

<\|>rien  h  SlUMiciiiii  et  Justine  j  suinte  ),  ni M  •eolBubre. 

Cyrel  Jnlilli!  (saiiilo  ),  in 16  jais. 

Cyre  (  nainte),  t *  Mot 

Cjrîa(|Ufl,  Large  et  Smaran'li',m S  aott. 

Cyrille,  nalrîardie  d'Alexandrie M  Janvier. 

Cyrille,  uatriarclin  île  JrriiMiletn I»  mil*. 

«'vrille  et  Méthode,  a[MiK*  îles  tsclavons 9  MUS. 

Cyrille,  eaiant,  m »  mil. 

(yrin.m «I*. 

D. 

Iknnnae,    iiagie 

Dainien ,   ni 

IJarie  (  sainte  ),    ni 

Décollation  de  lalnt  Jean- Baptiste.  .  .  . 


17  «Mtombre. 
35  octobre. 


562  TABLE  ALPHABETIQUE. 

Simon  Stock,  conf. 16  mai. 

Sindulphe  ou  Sendou ,  solitaire 20  octobre. 

Sisoès  ou  Sisoy ,  anacliorète 4  juillet. 

Sixte  II,  pape,  Félicissime  et  Agapit,  m 6  août. 

Smaragde,  m 8  août. 

Sophie  (sainte  ) 1er  août. 

Sophrone,  patriarche  de  Jérusalem 11  mare. 

Soter  et  Caïus ,  papes  et  m 22  avril. 

Spérat  (  voy.  Martyrs  Scillitains  ). 

Spiridion ,  ev.  de  Trimythonte 14  décembre. 

Stanislas,  év.  de  Cracovie  et  m 7  mai. 

Stanislas  Kostka,  conf. 13  novembre. 

Stigmates  de  saint  François  d'Assise  (  Impression  des  ).  17  septembre. 

Siilpice,  év.  de  Bourges 19  janvier. 

Sulpice  Sévère ,  moine 29  janvier. 

Susanne  (  sainte  ),  v.  m 11  août. 

Suso  (  voyez  Henri  ). 

Symphorien,  m 22  aoôt. 

Symphorose  (sainte)  et  ses  sept  Fils,  m 18  juillet. 

Sylvestre,  pape  et  conf 31  décembre. 

T. 

Télesphore,  pape  et  m 5  janvier. 

Thaïs  (  sainte  ),  pénitente 8  octobre, 

Thècle  (  sainte  ),v.m 23  septembre. 

Thée   (  sainte  ),  v.  in 25  juillet. 

Théodora  (sainte),  impératrice 11  lévrier. 

Théodore  surnommé  Tyron,  m 9  novembre. 

Théodore,  abbé  de  Tabenne 28  décembre. 

Théodore  (  sainte  ),  m 28  avril. 

Théodoret ,  prêtre  et  m 23  octobre. 

Théodose  le  Cénobiarque,  archimandrite 11  janvier. 

Théodole  le  Cabaretier,  et  les  sept  Vierges,  m 18  mai. 

Théodule,  m 3  mai. 

Thérèse  (sainte),  v.  fondatrice  des  Carmélites 15  octobre. 

Thibaud,  abbé  des  Vaux  deCernay 8  juillet. 

Thomas,  apôtre 21  décembie. 

Thomas  d'Aquin ,  docteur 7  mars. 

Thomas,  arch.  de  Cantorbéry,  m 29  décembre. 

Thomas  de  Villeneuve,  arch.  de  Valence 22  septembre. 

Thrasylle  et  Émilienne  (  saintes  ),  v 24  décembre. 

Tiburce,  Valérien  et  Maxime,  m 14  avril. 

Tiburce,  Chromaçe  et  Susanne  (sainte),  v.  m Il  août. 

Timothée,  év.  d'Éphèse  et  m 24  janvier. 

Ti  mot  bée,  m 22  août 

Tite   év.  de  Crète 4  Janvier. 

TOUSSAINT  (  LA  ),  ou  FÊTE  DE  TOUS  LES  SAINTS!  1*  novembre. 

Transfiguration  de  Nôtre-Seigneur 6  août. 

Translation  de  la  sainte  maison  de  Lorette 10  décembre. 

Tropès,  m 17  mai. 


tÀfcLE   ALPHABÉTIQUE.  563 

îrophime,  év.  d'Arles 29  décembre. 

Tryphon,  Rcspice  et  leurs  Comp»,  m 10  novembre. 

Turibe,  arch.  de  Lima » 23  mars. 

IL 

Ubald,  év.  de  Gubbio 16  mai. 

Urbain  Ier,  pape  et  m 25  mai. 

Ursin,  év.  de  Bourges 29  décembre. 

Ursule  (  sainte)  et  ses  onze  mille  Compagnes,  v.  m.  .  21  octobre. 

V. 

Vaast,  év.  d'Arras 6 

Valentin,  prêtre  et  m 14  « 

Valentine  (sainte),  v.  m 25 

Valérien,  m 14  . 

Valéry,   abbé 12 

Vandrille,  abbé  de  Fontenelle 22 

Venant,  m 18 

Véronique  de  Milan  (  sainte  ) 13 

Victor,  pape  et  m ** 

Victor  de  Marseille  et  ses  Comp.,  m.  . 

Victoire  (sainte),  v.  m *o 

Victrice,  év.  de  Rouen .  7 

Villana  de  Bottis  (  la  B.  ),  ve 

Vincent,  diacre  et  m 

Vincent  Ferrier,  conf. 

Vincent  de  Lérins,  prêtre 

Vincent  de  Paul,  corif. w  i       •*- 

Visitation  de  ia  sainte  Vierge 2 

Vital,  m 28  «...«. 

Vital  et  Agricole,  m 4  novembre. 

Vitus,  Modeste  et Crescence  (sainte),  m 15  juin. 

Voragine  (  voy.  Jacques  de  ). 

W. 

Waltrude  ou  Vaudru  (  sainte  ) 9  avril. 

Wenceslas,  duc  de  Bohême,  m 28  .sentem 

Wilfrid,  év.  d'York 12  i       b«* 

Willibrord,  év.  d'Utrecht 7  i.«# 

Wulfran,  arch.  de  Sens 

X. 

Xavier  (voy.  François  ). 

Y. 

Yves  (  le  B.  ),  év.  de  Chartres 20  mai. 

Yves,  officiai  et  curé 22  mai. 


664  TABLB  ALPHABETIQUE. 

z. 

Zenon ,  évoque  de  Vérone 12  avril. 

Zéphyrin ,  i>ape   et  m 26  août. 

Zita  (sainte),  vierge  et  servante 27  avril. 


* 


* 


TABLE    U  fHiii! ITIQI  i-  ".".î 

ce,  e>.  de   hii':»- .  .  1"  j  irtvnf 

ce,  **-  de  CirlhaReoc. 18  lé»nrr 

,  abbé  île  Sainl-l>enjs 16  juillet. 

aliMili-  l-afcoi     .  .   ■ 16  JanTter. 

G. 

de  rbienne,  fond,  des    i  V*:.u-    .      7  anùt. 

».  de  Wermoot t"  juillet 

ibé  ea  Suisse ■  ■  18  octobre. 

lainle}.  f*.      . b  uelubre. 

r,  serrurier.  .  . 37  teviier. 

,é».<te  Tours. («décembre 

»...      10  ainl. 

',   abbé.  .  , s  Sïril 

I**,  pape.  ■  ■  -  Il  novembre, 

en,  m 16  «oiilenibrr. 

,  m 33  a»rd. 

le  Comédien ,  m    .         .... as  aoOL 

e»e  (sainte),  v j  ;ao«<er. 

,  abbé 3  octobre. 

ne,  ebbe à  mare. 

n,  et,  d'Au\erre. 31  juillet 

n,  e».   de  Cari! 1S  mai. 

-,  *bW.   .       . 34  sqilerobre. 

le,  d'Fisleben,  v.  et  abbeise .  ta  noieuibre. 

Je,  «.  ebliessBile  Ni  telle.   .   ,       17  mars. 

;  et  Hrolais,  m. i-  juin. 

•bbë. 1"  «niirutb. 

irttre  et  suliljifp 8  juillet, 

leouGooMlMleB.).  ■  ■ lOjaimer 

»  et  Lpîiuaquc ,  m 10  mai. 

le  (  sainte  ) ,  v. 9  décembre. 

iusetDoiolbpe.iii 8  septembre 

e  Ip  i;nu.l,  |m(»;  el  iW.teor    .      ........  13  mais- 

*  Vil,  |iape 3S  oui. 

e  rii|iiiiiii:.ii.'ur.  <'v.         30  neplemlirr. 

e  i!b  >a/  jme ,  B»    tl  rlocleur.       . 9  nui. 

e,  é»,  de  Njsse 9  mars. 

■e,  év.  de  Tiiuri 17  octobre. 

c'Nri-invtturge,  e».  . 17  mwembre. 

(sainte),  v    , 8  (.iimif 

1  de  Gemblou\ .  33  mal. 

me,  arrli.  de  Boorges 10  jaotier. 

iih   .).    M.itiidllB        . 10  fét'iei- 

me,  abW  d.>    Munie*  et  #r>e ÎT  joia. 

Guidno,  bclc.iu .17  septembre. 

'ojei  Vitua  ). 


TABLE   ALPHABETIQUE.  SAS 

Jean ,  apôtre  et  évangétitU î7  décembre. 

Jean  devant  la  porte  Latine 0  mai. 

Jean  l'anmoiiier,  pair,  d'Alexandrie. 23  janvier. 

Jean  Caljbite,  reclus Il  avril. 

Jean  de  Capistran,  conf. 23  octobre. 

Jean  Chrysostume ,  év.  «!■_■  Constaotinople  et  docteur.  .  27  janvier. 

Jean  Climaque,  abbé  dn  mont  Sinaî ï\>  mars. 

Jean  de  Cologne  (  le  B.  ),  m 9  juillet. 

Jean  Colomhini,  fiiml.  dis  Jésuales .  31  juillet. 

Jean  de  la  Croix,  coiiC 24  novembre. 

Jean  Damascene,  docteur 6  mai. 

Jean  de  Dieu,  fond.  île  l'ordre  de  la  Charité h  mars. 

Jeantiualbeit.  abbé,  fond,  de  Vallombreuse H  juillet. 

Jean  de  Kroty,  conf. 20  octobre, 

Jean  de  Matha,  fond    île  l'ordre  des  Trinilaires 8  février. 

Jean  le  Nain,  anacliorèle 15  septeinlae. 

Jean  >.j'tiiniii.(.ii'',  m 16  mai, 

Jean  de  Parme  (le  B.  ),  conf. ï0  lévrier. 

Jean  el  Paul,  m 2e  juin. 

Jean  1",  pape,  m 27  mai. 

Jean  de  Sali;ii:uii .  <>n  <li;  -  tint  Fagoadex 12  juin. 

Jean  de  Salerne  (  le  li.  ),  conf. u  aonl. 

Ji.rm  le  Sileiil!„iiv,  i'i.  >'t  -olîtaire. 13  mai. 

Jean  b Solitaire  nu  >l  l^vpte !7  mars. 

Jeanne-Françoise  Kréuii<it  de  Cliant.il  (sainte).  ....  21  août. 

Jeanne  d'Orrôto  (  la  B.  ),  v 23  joillet. 

Jeanne  de  Valois  (  sainte  ) ,  reine k  lévrier. 

Jérôme  .prêtre  et  docteur 30  s<>|i(i-inbre. 

Jérûme  jfimiliani,  conf 10  juillet. 

Joaehim,  conf. 15  août. 

Joseph,  époux  de  la  sainte  Vierge 19  mars. 

Joseph  d'Arimallrie 17  mars. 

Joseph  Barsabas,  dit  le  Juste 20  juillet. 

Joseph  de  Calasanz,  fond,  des  Écoles  pies 27  août. 

Jovile,  m 15  février. 

Jude,  apôtre 28  octobre. 

Julie  (  sainte  ) ,  v.  m 22  mai. 

Julien  ,  év.  du  Mans 27  janvier. 

Julienne  de  Falconieri  (  sainte  ),  v 19  loin. 

Julilte(  sainte  ),  mère  des.  Cyr.,  m 16  juin. 

Julitte  (sainte),  m 30  juillet. 

Just  et  Pasteur,  m 6  août. 

Justin  le  Philosophe,  m 13  avril. 

Justine  (sainte), m 26  septembre 

Justine  (sainte),  v.  m 7  octobre. 

Juvénal,  év I  nui. 


Labre  (  vov.  Benoll-Josepli  ). 

Lambert,  év.  de  Maestrischt ,  m 

Landri ,  év.  de  l'avis 10  jnm. 


65»  TAllt  AJL*aU**TlQg* 

Médafé.  év.  4e  Hojoo •  * 

MekUede,  pape 1* 

Meanee,  a*. il 

Mcrry  —  Météric,  abbé. v  •  m 

Meeme  «m  Maxime,  sotttaire. .  .-  Wm «m*-^ 

Me«nin  et  aes  Coinj>a^nons,  m 7 

Mestnin  ou  Ma&iiuin ,  abhé 15 

Méthode ,  patriarche  «le  Constantinople 14  jnia. 

Méthode,  ev.  apôtre  de»  Ksclavons 9 

MHIiode,  évêquc  de  Tyr,  docteur  et  m 15 

Michel,  archange  {Dédicace  de  saint) 29 

Michel ,  archange  (  Apparition  de  saint  ) 5 

Modeste,    m 18  juin. 

Moi**,  solitaire 20  février. 

Monùjue  (  sainte  ),  veuve 4  mal, 

N. 

Nabor,    m 12  Juin. 

Napoléon,  tu lt  août 

Narcisse,  év.  de  Jérusalem 29  octuhc. 

Natalie  (  Milite  j,  m 27  jouet 

Nataliu  (  saint*  ),  m 8  aepteaabre. 

NATIVITK  I>i:  N.-S.  JKSLS-CIIKI.ST,  OU  HOEL.  .  25  décembre. 

NATIVITÛ  HE  L\    SUMK  Yll.Itl.F. 8   MpteOlbfe. 

NATIVITÉ    IIP.     SA1M    JK4N-n\!1ISTfc 24  JUM. 

Na/aire,    m 22  Jlrfa. 

Nazain;,  CcImj  <;t  Victor,  m 28  jaillet 

ft'inésioii ,    m 19  décembre. 

NVrtoet  ArJiilléc,  pU\...   m 12  mat 

Ni  rais*;,  év.  de  Kuiiih,  et  Kutropie  (  sainte  ),  m.  .  .  .  14  décembre. 

Niu>iilioreviii 9  février. 

Nicolas,  év.  de  Mjre 8  *JfrfgfriM»- 

NicolasdeTolentino 10  aeptembre. 

Nicomède,  m 18  Mpteaabre. 

Nil  l'Ancien ,  solitaire  «t  docteur 12  novembre. 

Nil  le  Jeune,  abbé 20  septembre. 

Ni/ier,  év.  de  Lyon j  avril. 

Nom  de  Jés a.i  (  suint  ),  —  (deuxième  dimanche  après 
l'Ëpinhanie). 

Nom  de  Maria  (saint),  —(dimanche  dam  l'octave 
après  la  Nativité  de  la  sainte  Vierge). 

Norbert,  fond,  de  Tordre  de  l'rciuontré 8  Jaio. 

Notre- Dame  de  la  Merci 24  septembre. 

Notre-Dame  du  Mont-Carmel 10  jaulei. 

Notre-Dame  de  la  Victoire,  fête  du  Rosaire,  — ( pre- 
mier dimanche  d'octobre}. 


TABLE  ALPHABETIQUE.  6Ô9 


0. 

abbé  de  Cluny 19  novembre. 

t  abbé  de  Cluny 2  janvier. 

tade  (sainte),  ve 17  décembre. 

ëv.  de  Térouanne .  9  septembre. 

rie,  ermite 12  juin, 

une  (  sainte  ),  v.  et  abbesse 21  avril. 

é?.  de  Milève 4  juin. 

i  de  Mantoue  (  la  B.  ),  v 18  juin. 

ér.  de  Rouen 24  août. 

P. 

b,  instituteur  des  Cénobites.  .........  14  mai. 

»,  apôtre  des  Scots 6  juillet. 

ce,  m 12  mai. 

ïon ,  m »  27  Juillet. 

e,  docteur 7  juillet. 

ice,  év.  dans  la  Thébaïde 11  septembre. 

i,  abbé  de  Guéret 6  octobre. 

Baylon ,  conf. 17  mai. 

r,  m 6  août. 

. ,  év.  de  Lyon 10  septembre. 

;,  év.  apôtre  d'Irlande 17  mars. 

ipôtre  (  Commémoration  de  saint) 30  juin. 

voyez  Conversion  de). 

Arezzo  (le  B.  ),  card.  et  arcli 17  juin. 

premier  ermite v  15  janvier. 

év.  de  Constantinople ,  m 7  juin. 

5v.  de  Narbonne 12  décembre. 

Simple,  anachorète 18  décembre. 

m 26  juin. 

m 25  juillet. 

[  sainte  J,  veuve 26  janvier. 

,  év.  de  Nola 22  juin. 

:  (  sainte  ) ,  pénitente 8  octobre. 

je  et  Félicité  (saintes),  m 7  mars. 

e,  év.  de  Bologne 4  octobre. 

ille  (sainte),  v 31  mai. 

pe,  apôtre 1er  mai. 

►e,  diacre 6  juin. 

>e  Benizzi,  conf. 23  août. 

►e  de  Néri,  fond,  de  l'Oratoire 26  mai. 

lène  (  sainte  ) ,  v.  m 1er  septemb. 

;,   m 26  février. 

,  pape  et  ni 11  juillet. 

pape 5  mai. 

:,  PRINCE  DES  APOTRES  ,    ET  PaUL  ,   APOTRE 29  JUU1. 

:  aux  Liens 1er  août. 

d'Alcantara,  conf 19  octobre. 


5t*  TAIiB  ALFSjLpitlQQ*.  r 

Pierre ,  patriarche  d' Alexandrie ,  m M 

Pierre  Célestin,  pape. î» 

Pierre  Chrysologue,  arch.  de  Raveune  et  docteur.  .  •      4  décembre. 

Pierre  Dtmien,év.  et  docteur '..  ^x 

Pierre  PExordste,  m .  .  .-.     f?J 

Pierre  Fourrier  (  le  B.  ),  conf. '  * 

Pierre  Gonçalès  ou  Klmc,  conf. 15  aTril. 

Pierre  de  Lampsaque,  m 15  mai. 

Pierre  de  Luxembourg,  card.  et  év 5  juillet 

Pierre  Martyr  (  vov.  Pierre  de  Vérone  ). 

Pierre  Nolasque ,  fond,  de  Tordre  de  la  Merci 31  janvier. 

Pierre  de  Pise  (le  B.  ),  fond,  des  Hiéronymites I^juin. 

Pierre ,  év.  de  Sébaste .  .  .      9  Janvier. 

Pierre,  arch.  de  Tarentaise 8  mai. 

Pierre  de  Tiferne  (  le  B.  ),  conf. 22  octobre. 

Pierre  de  Vérone,  m 29  avril. 

Placide  et  ses  Comp.,  m 5  octobre. 

Polycarpe ,  év.  de  Smyrne  et  m 26  janvier. 

Pompose  (  sainte),  v.  m 19  septembre 

Ponce  de  Laraze  (  le  B.  ),  pénitent 18  septembre. 

Pontien,  pape  et  m .  .  19  novembre. 

Potenticn,  m 19  octobre. 

Pothin,  év.  de  Lyon,  in 2  juin. 

Praxëde  (  sainte  ),  v 21  juillet. 

PRKKEMMTIO*    DE  NoTHE-SKIGNEUR 2   février. 

Présentation  de  ta  sainte  Vierge 21  novembre. 

Prétextai,  atr.h.  de  Rouen 24  février. 

Prime  et  Félicien  y  m 9 

Prisqtu!  (  sainte  ï,  v.  m 18 

Processe  et  Martinicn ,  m 2  3t 

Procope,  m 8  '  i 

Prosper  d'Aquitaine,  docteur 25  Jl 

Prote  et  Hyacinthe,  m 11  septembre. 

Protais,  m 19  Juin. 

Prudence,  év.  de  Troyes 6  avril. 

l'iidentienne  (sainte),  v 19  mai. 

Pulcliérie  (sainte),  impératrice,  v 10  septembre. 

P(  KIFIC  VTION  DE  LA    SAINTE  VlEKGK 2  février. 

Q- 

Quarante  Martyrs  (  voy.  Martyrs). 

Quatre-Couronnés  (  les  saints  ),  m 8  novembre. 

Quentin,  m SI  octobre. 

Quiric  (  voy.  Cyr  ). 

R. 

Kndcgonde  (  sainte),  reine  de  France 13  août. 

llaymond  Nonnat,  card.  conf. .11  août. 

n.mnond  de.  Pegnafort ,  conf 23  janvier. 


um. 

anvier. 

uUlet 

uillet. 

uin. 


TABLE  ALPHABETIQUE  ÔH1 

Régis  (  Je-'"  Fr  i-ii  ii- }. 16  juin. 

Reliques  tjlte  des  sainte*  ) 8  novembre. 

Itemi ,  é>.  de  Retins , 1"  octobre. 

Réparât  e:  «es  Comp. ,  m 4    i  •    ■-.!--.- 

Re8pice,m,  . 10  novembre. 

Richard,  é«.  de  Cbichester S  «ml. 

Rieui ,  év.  de  Senb» 30  mat*. 

Higobert,  év    rie  Reims .  Janvier 

Riquier,    ahbé. .  26  avril. 

Robert,  fond,  de  Cltnau* w  avril. 

Robert  d'Arbriwel  (  le   B.  ) 2S  février. 

Roch.conf. 16  «ont. 

Rodriguez  (voy,  Alpln>o»e;. 

Rogatlen,  ro 2i  raai 

Romain,    m 0  août. 

Romain,  arch.  de  Roueo. 21  octobre. 

Romuald,  fond.  d>.  Canialdules, 7  février 

Rosaire  (fitt  du  saint),—  (premier  dimancltc  d'oe- 

Rosalie  de  t'alerme  (  sainte  ),i.  ...  .....      4  septembre. 

Rose  de  Lima  (  sainte  !,  » 30  août. 

Rosede  \iterbe  ;samle),v ,      4  septembre, 

Ruime  et  Sernmle  ;  saintes  ),  v.  m.  .  - 10  juillet 

Rumold  on  (tombant,  m ......  1"  juillet 

Rupert,  év.   de  Worms. 37  terrier. 

Rustique,  m.  . g  octobre. 

S. 

Sabas,  abbé 5  décembre. 

Sabine  (  sainte  ) ,  Ve  et  m 59  août. 

Sailoc  (le  B.  )  et  ses  Conop.,  m 1  juin. 

Satur,  conf. 28  mars. 

Saturnin,  év.   de  Toulouse,  m 23  novembre. 

Savinien  ou  Sabinien,  m 34  janvier. 

Snvinii'i),  Potentiel»  et  Altin,  m 19  octobre. 

Krlinlastii'iue  (sainte],    ï 10  février. 

Sébastien,  m 20  janvier. 

Si-cdiidf  (  sainte),  v.  m 10  juillet. 

Seine,ahb4 iy  septembre. 

Sennen,  m 30  juillet. 

Sept  Douleurs  de  la  B.  V.  M.  {fête  des  ),  —(troisième 
dimanche  de  septembre  ). 

Servul  ou  Servol 23  décembre. 

Siiverin,  abbé  1I1:  Saint-Maurice Il   février. 

s.'HTin,  solitaire. 24  novembre. 

.'■. ii lui:).'  Apollinaire,  év.  de  Clermont. 21   août. 

Silvère  ,  pape  et  m 20  juin. 

Siiiiémi,  év.  et  m 1S  février. 

Siméon  Slylitc 5  janvier. 

Simon,  |K!(jt  enfant,  m îi  mars. 

Simon  et  Jude,  apOtrts 28  octobre. 


669  TAW.I  ALFftAttTttMU 


tr. 


Simon  Stock»  eonf. 'ftâJent  . 

SindaJpbe  oo  Seodou .  eotttafr*. .  .  *  .  M  Oftofrmv 

SUte  II.  pope,  Fcudsskûc  H  Agaptt,  » •  53* 

SmtrtgMy  m.  .  •  .  •  •  • •••  ♦  •♦     s  ONL  . 

Sophie  (sainte  ) l"*  août 

Sophrone,  patriarche  do  Jérusalem 1  !  mars. 

Sotcr  et  Cams ,  pa|»es  et  m 22  avril 

Spérat  (  voy.  Martyrs  Scilli tains  ). 

Spiridion ,  év.  de  Trimythonte 14  décembre. 

Stanislas,  év.  de  Cracovie  et  m 7  mai. 

Stanislas  Kostka,  conf. IS  novembre. 

Stigmates  de  saint  François  d'Assise  (Impression  des).  17  septembre. 

Suipice ,  év.  de  Bourges 19  janvier. 

Sulpice  Sévère ,  moine 29  janvier. 

Susanne  (  sainte  ),  v.  ni 11  août. 

Suso  (  voyez  Henri  ). 

Symphorien ,  m -.  22  août 

Symplioruse  (  sainte  )  et  ses  sept  Fils ,  m 18  juillet 

Sylvestre,  pape  et  cour. SI  décembre. 

T. 

• 

Téiesphore,  pape  et  m &  janvier. 

T hais  (  sainte  ),  i>énitantc 8  octobre. 

Theele  (  sainte  ),  v.  m 23  septembre. 

Thée   (  sainte  ),   v.  m 26  Juillet 

Tliéodora  (  suinte  J,  ini|>érau-icc 11  lévrier. 

Théodore  surnommé  Tyron,  m •  9  novembre. 

Théodore,  abbé  de  Tubenne 28  décembre. 

Théodore  (  sainte  ),  m 28  avrlL 

Théodoret,  prêtre  et  m 28  octobre. 

Théodose  le  Cénobiarquc,  archimandrite 11  Janvier. 

Throdote  le  Cabaretier,  et  les  sept  Vierges,  m 18  mai. 

Théodule,  in S  mai. 

Thérèse  (  sainte  ),  v.  fondatrice  des  Carmélites 16  octobre. 

Tliibaud ,  abbé  des  Vaux  deCernay 8  Juillet. 

Thomas,  apôtre 21  déccmbfe. 

Thomas  d'Aquin,  docteur 7  mars. 

Thomas,  arch.  de  Cantorbéry,  m 29  décembre. 

Thomas  de  Villeneuve,  arch.  du  Valence 22  septembre. 

Tlirasylle  et  Émilienne  (  saintes  ),  v 24  décembre. 

Tiburce,  Valérien  et  Maxime,  m 14  avril. 

Tiburce,  Chromai  et  Susanne  (sainte),  v.  m Il  août. 

Timothée ,  év.  d'Éphèse  et  m 24  Janvier. 

Timothée,  m 22  août 

Tite,  év.  de  Crète 4  Janvier. 

TOUSSAINT  (  LA  ),  ou  FÊTK  DK  TOUS  LKS  SAICTS.  i"  novembre. 

Tkansfk;ukation  dk  Notkk-Skh;nkuk 6  noOt 

Translation  de  la  sainte  maison  de  torette 10  décembre. 

Tn>|>ès,  m 17  moi. 


tABLE   iLPIUOETIQtm.  6B3 

aie,  év.  d'Arles 19  décembre. 

n,  Respice  el  leurs  Comp,,  m lu  norembre. 

,  arch.  de  Lima 23  mars. 

u. 

év.  de  Gubbio 16  ma>- 

l",papeetm 25  mai. 

év.  de  Bourges 29  décembre. 

(sainle)  et  ses  onze  mille  Compagnes,  v.  m.  .  21  octobre. 


év.  d'Arras ...      fi  Terrier. 

n,  prêtre  el  m.  . 14  fe*rii-r. 

ne  (sainte),  v.  m ÎS  ;uilie[ 

,  abbé 12  déwmbre. 

Ile,  abbé  de  Fontanelle. 2î  juillet. 

me  de  Milan  (  sainte  ) I.ï  [miiiei . 

pane  et  m       î8  juillet 

if  Mdr,iilii.  irl  ii:s(.'uni[i  ,  m. Il  Juillet 

e( sainte),  ».  m 23  décembre. 

J,  ev,   de  Rouen.  . 7  aoOt. 

de  Bnltk  (hB.!,  i1 1*  lévrier. 

t,  diaete  et  ro 22  janvier. 

t  Ferrier,   cml j  avril. 

t  de  Lérin-,   prêtre 24  mai, 

t  de  Paul,  ninT. l'j  juillet. 

■ion   de  r  i  sufiTT.   ViancE 2  juillet. 

:  Aftriciile.  in 4  nnïpmbre. 

Modeste  et Cre^ccnre  ;  sainte),  m.  ......  là  juio. 

la  (  voy.  Jacques  de  ). 


de  ou  Vauilru  (  sainle  ) 9  avril. 

slas,  duc  de  Bohême,  m 28 -septembre. 

i ,  év.  d'Vork 12  octobre. 

ord,  év.  d'Ulrecht 7  novembre, 

n,  arcli.  de  Sens 20  mars. 


(voy.  François  ), 

Y. 

le  lî.  ),  év.  de  Chartres 20  mai. 

ifficial  et  cure 22  mai. 


556  TAU  ▲LrolBttlQtft. 


»■*■ 


Lanfiranc  (leB.  )i ^  «rch.  de  Ctntorhéry ■;  .1? 

Large,  m '  6  Mtg\  '  "  ' 

taumer,  abbé. ....*.  -llffWviir;b 

Laurent,  diacre  et  martyr .  le)M£  • 

J eurent  Justinien  t  patriarche  de  Venise VtéjÛnIlfc 

I^zare,  et  Marthe  et  Marie  (saintes) 39  juillet. 

]>andre,  év.  de  Séville 27  février. 

ljégcr,  év.  d'Autun ,  m 3  octobre. 

Léocadie  (sainte),  t.  ni 9  décembre. 

l>on  le  Grand,  pape  et  docteur 11  avril. 

Léon  II ,  pape 38  Juta. 

]<éon  IX,  pape 19  avril. 

1  A»n ,  m 19  février. 

Léonard  ou  Lienard ,  solitaire 6  novembre. 

IA>pold  111,  m»  d'Autriche 16  novembre. 

Leu,  archev.  de  Sens 1"  septembre. 

Libérât  et  ses  Compagnons ,  m 17  Mit. 

Lidwinc  (  la  B.  ),  v 14  avrB. 

Liguori  (voy.  Alphonse-Marie). 

Un ,  pape  et  m 33 

Lioba  (sainte ),abbesse 36 

Longin,  m 16 

Louis,  év.  de  Toulouse 19  aoAt. 

Ijotiis ,  roi  du  France 35  août. 

Louis  Bertrand 11  octobre. 

Louis  de  Gonzague 31  brin. 

liOiin ,  év.  de  Troyes. 39  joftlet. 

LulMn,  év.  de  Chartres 14  mira. 

i.uc,4vantjrliste 18  octobre. 

Lucie  ou  Luce  (  sainte  ),  v.  m 19  décembre, 

Lucie  (sainte ),  veuve,  m 16  —fj—^hm 

Lucie  de  Narni  (  la  B.  ),  v 16  novembre. 

Lucien,  prêtre  et  m 7  Janvier. 

Lucien ,  m 8  janvier. 

Luc.fcu  et  Marcien ,  m 36  octobre. 

Ludger,  ëv.  de  Munster 36  mars. 

M. 

Macaired' Alexandrie,  ahhé 3  janvier. 

Macaire  d*Êgypte  ou  l'Ancien 15  janvier. 

Machabécs  (  les  sept  Frères  —  avec  leur  Mère  ),  martyrs,  t*1"  août. 

Macriue  (  sainte  ),  v 14  juillet. 

Magloire,  év.  et  abbé 34  octobre. 

Malc,  moine  captif. 31  octobre. 

Mato  ou  Maclou,  év.  d'Aleth 17  novembre. 

Mamert,  év.  de  Vienne 11  mal. 

Maramie  et  lïyre  (saintes),  v 3  août. 

Alarv ,  vvttnyelistc 35  avril. 

Narc.pape 7  octobre. 

Marc  et  Marccllicn,  m 18  juin. 


658  TABfct  AlMAttTIQtf* 

Médard.év.  de  Nojon ..  ■  '*. 

MeieMede,  t»pe. .  .  .-  U 

Mefifles,  m. .  .  i  .  .--  U 

Merry  ou  Médéric,  tbbé ,  .  *  .  09 

Mesme  ou  Maxime,  solitaire. M 

Mesmin  et  ses  Compagnons,  m 7  septembre. 

Mosmin  ou  Maxiiniu ,  abbé 15  décembre. 

Méthode ,  patriarche  de  Constantinople 14  juin. 

Méthode,  ev.  apôtre  des  Esclavons 9  manu 

Méthode,  évoque  de  Tyr,  docteur  et  m 19  septembre. 

Michel,  archange  (Dédicace  de  saint  ) 29  septembre. 

Michel ,  archange  (  Apparition  de  saint  ) 8  mai. 

Modeste,    m 15  juin. 

Moïse,  solitaire 20  février. 

Monique  (  sainte  ),  veuve 4  mai. 

N. 

Nabor,    m 12  juin. 

Napoléon,  m 1&  août 

Narcisse,  év.  de  Jérusalem 29  octobre. 

Natalie  (  sainte  ),  m 27  juillet 

Natalio  (  sainte  ),  m 8  septembre. 

NATIVITE  I)i;  N.-S.   .JKSUS-CURIST,  OU  NOËL.  .  25  décembre. 

nativité  de  la  suMK  Vikiu.k 8  septembre. 

NATIVITÉ    DR     SAINT    JKAN-BAITISTK 24  JUU. 

Nazairc,    m 22  juin. 

Nazaire ,  Celse  et  Victor,  m 28  juillet 

Néinésion,    m 19  décembre. 

Nérée  et  Achilléc ,  etc....  m 12  mai. 

Nicaisc,  év.  de  Reims,  et  Eutropie  (  sainte  ),  m.  .  .  .  14  décembre. 

Nicéi>hore,in 9  février. 

Nicolas,  év.  de  Myre 6  décembre. 

Nicolas  de  Totentino 10  septembre. 

Nicomèdo,  m 16  septembre. 

Nil  l'Ancien ,  solitaire  et  docteur 12  novembre. 

Nil  le  Jeune,  abbé 26  septembre. 

Ni/ier,  év.  tic  Lyon j  avril. 

Nom  de  Jésus  (  saint  ),  —  (deuxième  dimanche  après 
l'Epiphanie). 

Nom  de  Marie  (saint),  —(dimanche  dans  l'octave 
après  la  Nativité  de  la  sainte  Vierge). 

Norl>ert,  fond,  de  Tordre  de  Prémontré 6  juin. 

Notre- Dame  de  la  Merci 24  septembre* 

Notre-Dame  du  Mont-Carmcl 10  jmUc4. 

Notre-Dame  de  la  Victoire,  fête  du  Rosaire,  —(pre- 
mier dimanche  d'octobre). 


651  TA1L1  ALFHAiniQQI. 

KolaUe  de  Barcelone  (  sainte),  v.  m.  . «.«  .  Il  iéfftar. 

Knlalie  de  Mérida  (  sainte  )f  t.  m U  ~ 

Eaphémie,  Locle(  saintes)  et  Géminien,  m. t# 

Kuphrasie  (  sainte  ),  v » 

Kuseto,  év.  «le  Verceil M 

Kustache  et  ses  Compagnons,  m 30  «eptemlirr. 

Fustochie  (  sainte  );  v 28  septembre. 

Kutrope,  premier  ev.  de  Sainte?,  m 30  avril. 

fcutropie  (  sainte  ),  m 14  décembre. 

Kvariste,  pape  et  m 26  octobre. 

Kvciire,    m 6  mat. 

Kvroul,  ablié 39  décembre. 

Exaltation  de  la  sainte  Croix 14  septembre. 

F. 

Fabien ,  pape  et  m 30  jaevier. 

Fan*  (  sainte  ),  v.  <*t  abbose 7  décembre. 

Fargeau  et  Karman,  m 16  juta. 

Faron,év.  de  M  eaux 36  octobre. 

Fanstin  et  Juvite ,   m 15  lévrier. 

I-Vljrim ,  m 9  juin. 

J-Vlicissiirio     m 6  «ont. 

Félicité  (  sainte  )  et  ses  sept  Fils ,  m 10  juillet 

Félicité  (  sainte  ),   m 7  inam. 

Félix   de   Cantalice 31  mai. 

Félix  du  .Nol.i ,  pr.  «*i  m 14  Janvier. 

IVlix  de  Valois,  fond,  des  ïiinitaires 30  novenjbie. 

Félix  et  Adamte,  in 30  aoot. 

Ferdinand  III,  roi  deCastille 60  mai. 

Ferréol  (  Formel  ou  Fergeii  ),  m 18 

Fiacre,  Militaire 60  août. 

Fidèle  de  Sigmariiiuen ,  m 34  avril. 

Firmin,  év.  d'Amiens ,  m 36 

Flavien,  patriarche  d'Antiorhc 31  lévrier. 

Fla\ien,  patriarche  de  ('onstantinople 18  lévrier. 

Floie  (  sainte),  v.  ni 34  BOV 

Foi,  i:s|N;rance  et  Charité  (saintes),  v.  tn., arec  leur 

mère  saint»;  Sophie l#r 

Fourrier  (  voyez.  Pierre  ). 

Fi  .niçois  d'As'si*c,  Instit.  deH  Fr.  Milieu rft 4  octobre. 

François  de  Itor^ia,  conf 10 

Frniiçiiisde  l'aule,  fond.  d<»s  Minimes 3  avril 

François  de  Sales,  év.  de  Genève. 30 

lïançots  Xavier,  a|>ôtrc  des  Indes 3 

Françoise  (  sainle  ),  \eme  romaine 9  mare. 

Fiiard,  solitaire. t**  aoOt. 

Fripdian  on  Frcdiano,  év.  de  Lucqnes 18 

Iront,  év.  de  lYriuueux 36  octobre, 

l'nirtneiix,  anh.de  Iliaque 16  avril. 

I  ninH'tu v ,  /-v   d'\\inn 11  octobre. 


4*4  TAIM  àiJNÊàMÊnmSUL 

H. 

Hedwtaeon  Avoie( sainte),  v* ^Motot 

Hélène  ( sainte),  impératrice  et  v* :.  ttlJÉt,^ 

Henri  11,  empereur  d'Allemagne 16  juillet 

Henri Suso  (leB. ),conf. 2  mars. 

Hennés,  m 28  août 

llerménigildc,   m 13  avril. 

Hidulplie,  év.  et  abbé U  juillet 

Hilaire,  arcb.  d'Arles 6  mai. 

Ililaire,  év.  de  Poitiers  et  docteur 14  Janvier. 

Ililarion,  abbé SI  octobre. 

Ilildegarde(  sainte),  v.  ctahbesse 17  septembre. 

llippolyte  et  ses  Compagnons,  in 13  août 

llippolyte,  év.,  docteur  et  m 22  août 

lloinmêbon,  confesseur 13  novembre. 

Honorai,  év.  d'Arles 20  janvier. 

Hubert,  év.  de  Maestricht  et  de  Liège 3  novembre. 

Ilugtics.ev.de Grenoble 1**  avril. 

Hyacinthe,  conf 10  août. 

Hyacinthe,  m U  septembre. 

I. 

Me  (  mainte  ),  vp , 4  septembre. 

limace,  év.  d'Antioclie,  m Ie*  février. 

Ignace  de  Loyola,  fond,  de  la  O  de  Jésus 31  juillet 

Innocents  (  1rs  saints  ),  m 28  décembre. 

Innocent  P",  pape 28  Juillet 

Invention  du  corps  de  saint  Kticnne 3  août 

lurent  ion  de  la  sainte  Croix S  mal. 

Irène  (sainte),  m 3  avril. 

(renée,  év.  de  Lyon  et  ses  Comp.,  m 28  juin. 

Isabelle  de  France  (  la  B.  ),  v Il  août 

Isidore  le  Laboureur 15  mai. 

Isidore  de  Péluse ,  prêtre 4  lévrier. 

Isidore  ,  év.  de  Scvillc  et  docteur 4  avril. 

Iscbyrion,  m 22  décembre. 

J. 

Jacques  le  Majeur,  apôtre 25  juillet 

—       —    (Translation  de  saint) 30  décembre. 

Jacques  le  Mineur  et  Philippe,  apôtres.  ......  1"  mai. 

.Jacques  l'Intcrcis,  m.  . 27  novembre. 

Jacques  d'il  ni  (  le  11.  ) 12  octobre. 

Jacques,  év.  de  Ntaibe 15  juillet. 

.Jacques  Salomon  (le  H.) 31  mai. 

Jacques  de  Vorajn'ne  (  le  11.),  arcli.  de  Gênes 13  juillet. 

Janvier,  év.  «le  llcnëvent , ,  et  ses  Conin.,  m 19  septembre. 

Jvan-liaptistv  (voy.  Nativité  et  Décollation  de). 


hSê  TlBLB  AJLtaUtÉTIQttaV 

Médard.  év.  de  Nojoo .  ..  •  4  Ma. 

MekUede,  pipe. 4#  AfeeauW 

Mena**,  M. ..  .  .  .  w  .■•  t|  wumbm. 

Merrj  m  attdéric,  abbé. flo  MU' 

Mesme  on  Ifailme,  solitaire. .*■.-.  m>  ao«L^™:V 

Mesmin  et  ses  Compagnons,  m 7  septembre. 

Mesrain  ou  Maximin,  abbé 15  décembre. 

Méthode ,  patriarche  de  Constantinople 14  juin. 

Méthode,  ev.  apôtre  des  Esclavons 9  mars. 

Méthode,  évoque  de  Tyr,  docteur  et  m la  septembre. 

Michel,  archange  (Dédicace  de  saint) 29  septembre. 

Michel ,  archange  (  Apparition  de  saint  ) 8  mai. 

Modeste,    m 15  juin. 

Moïse,  solitaire 20  février. 

Monique  (  sainte  ),  veuve. 4  mai. 

N. 

Nabor,    m 12  juin. 

Napoléon,  m 15  août 

Narcisse,  év.  de  Jérusalem 29  octobre* 

Natalie  (  sainte  ),  m 27  juillet 

Natalie  (  sainte  ),  m 8  septembre. 

NATIVITÉ  Di:  N.-S.   JKSUS-CI1R1ST,  OU  NOËL.  .  25  décembre. 

nativitk  de  la  stifiTE  ViKiicK 8  septembre. 

NATIVITK    DE     BA1JST    JfcAN-IUlTISTK 24  JMfl. 

Nazairc,    m 22  juin. 

Nazaire ,  Celse  et  Victor,  m 28  juillet 

Némcsion,    m 19  décembre. 

Neréeet  Achillée,  etc....  ni 12  mat 

Nicaise,  év.  de  Reims,  et  Eutropie  (  sainte  ),  in.  .  .  .  14  décembre. 

Nicéiiliore,in 9  février. 

Nicolas,  év.  de  Myre 8  décembre. 

Nicolas  de  Tolentino 10  septembre. 

Mcnmèdc,  m 16  septembre* 

Nil  l'Ancien ,  solitaire  et  docteur 12  novembre. 

Nil  le  Jeune,  abbé 26  septembre. 

N'i/ier,  év.  de  J,yon j  avril. 

Nom  de  Jésus  (  saint  ),  —  (deuxième  dimanche  après 
l'Epiphanie). 

Nom  de  Marie  (saint),  —(dimanche  dans  l'octave 
après  la  Nativité  de  la  sainte  Vierge). 

Norl>ert,  fond,  de  Tordre  de  Prémontré 6  juin. 

Notre-Dame  de  la  Merci 24  septembre. 

Notre-Dame  du  Mont-Carmel 16  jutUel. 

Notre-Dame  de  la  Victoire,  fête  du  Rosaire,  — (pre- 
mier dimanche  d'octobre). 


66)  TA1L1  ALVHABftTY4«t« 


Simon  Stock,  conf. •  M 

Simhilphft  on  Sendou .  solitaire :  ....  28 

SUoèt  oa  Sboy,  anachorète « 

Sixte  il,  pape,  Félicissimc  et  AgtpU,  m • 

Smaragdc,  m. ■"•■ 

Sophie  (sainte  ) 1OT  août 

Sophrone,  patriarche  de  Jérusalem 11  mare. 

Soter  et  Caïus ,  papes  et  m 22  avril 

Spérat  (  voy.  Martyrs  Scilli tains  ). 

Spiridion,  év.  de  Trimythonte 14  décembre. 

Stanislas,  év.  de  Cracovie  et  m 7  mai. 

Stanislas  Koslka,  conf. 13  novembre. 

Stigmates  de  saint  François  d'Assise  (  Impression  des  ).  17  septembre. 

Siilpice,  év.  de  Bourges 19  janvier. 

Sulpice  Sévère ,  moine 29  Janvier. 

Susanne  (  sainte  ),  v.  m 11  août. 

Suso  (  voyez  Henri  ). 

Symphorien,  m -.  22  août 

Syniphorose  (sainte)  et  ses  sept  Fils,  m 18  juillet. 

Sylvestre,  |>apc  et  conf. SI  décembre. 

T. 


» 


Télesphore,  pape  et  m &  janvier. 

Thaïs  (  sainte  ),  pénitente 8  octobre. 

Thecle  (  sainte  ),  v.  m 23  septembre. 

Tliée  (  sainte  ),  v.  in 2a  Juillet 

Théodora  (sainte),  impératrice 11  lévrier. 

Théodore  surnommé  Tyron,  m 9  novembre. 

Théodore ,  abbé  de  Tabenne 28  décembre. 

Théodore  (  sainte  ),  m •  •  28  avril. 

Théodoret,  prêtre  et  m 28  octobre. 

Théodose  le  Cénobiarque,  archimandrite 11  janvier. 

Th<;odote  le  Cabaretier,  et  les  sept  Vierges,  m 18  mai. 

Théodule,  m 8  mai. 

Thérèse  (sainte),  v.  fondatrice  des  Carmélites 15  octobre. 

Thihaud ,  abbé  des  Vaux  de  Cernay 8  juillet. 

Thomas,  apôtre 21  décembre. 

Thomas  d'Aquin ,  docteur .  7  mars. 

Thomas,  arch.  de  Cantorbôry,  m 29  décembre. 

Thomas  de  Villeneuve,  arch.  de  Valence •  22  septembre. 

Thrasylle  et  Émilienne  (  saintes  ),  v 24  décembre. 

Tihurce,  Valérieu  et  Maxime,  m 14  avril. 

Tihurce,  Chromaceet  Susanne  (sainte),  v.  m Il  août. 

Timothée,  év.  d'Êphèse  et  m 24  janvier. 

Timothée,  m 22  août 

Tite,  év.  de  Crète 4  janvier. 

TOUSSAINT  (  LA  ),  ou  FÊTE  DE  TOUS  LES  SAINTS.  V  novembre. 

Transfiguration  dk  Notre-Skk;nkur 6  août 

Translation  de  la  sainte  maison  de  Ijorette 10  décembre. 

Tropè*,  m 17  mai. 


TAULE   ALPHABÉTIQUE. 


Troptiime,  év.  d'Arles. 

Tryphon,  Rospice  et  leurs  Coni|>., 
Tunbe,  arch.  de  Lima 


Vnatt,  év.  d'Arras G 

Valentin,  prêtre  et  m I* 

Valentine  (sainte),  ï.  m 

Valérien,  m 

Valéry,   abbé 

Vandrille,  abbé   de  Fontenelle 

Venant,  m .<> 

Véronique  de  Milan  (sainte) ia 

Victor,  pape  et  m 

Victor  de  Marseille  et  ses  Corop.,  m 

Victoire  (sainle),  y.  m 

Yiciiiii!.  év.   de  Rouen 

Vîllana  de  Boltis  (  la  B.  ),  Ve 

Vincent,  diacre  et  m 

Vincent  Ferrier,  conf. a 

Vincent  do  Lérins,   prêtre 24 

Vincent  de  Paul,  coiff. 19  .. 

Visitation  de  u  sainte  Viebce 2  11 

Vital,   m 28  : 

Vital  et  Agricole,  m 4  1 

Vitus,  Modeste  et  Crescence  (sainte),  m 15  j, 

Voragioc  (  voy.  Jacques  de  ). 


W. 


Waltrade  ou  Vaudra  (  sainte  ).  . 
Wenceslas ,  duc  de  Bohême,  m. 

Wilfrid  ,  év.  d'York 

Willibrord,  év.  d'Utrecht.  .  .  . 
W  u l Iran ,  arcli.  de  Sens 


Xavier  (voy.  François  ). 


iil  tabla  âxnaxrrtQoiv 

4 

z. 

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Zéao»,  é*qw  de  Véraw. J.  t%#*â. 

Xêjhjrfa,  pape  et  m. •    «iiMttL 

Zita  (  sainte  ),  vierge  et  servante 27  avril. 


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