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Full text of "Accord de la religion et de la philosophie traité d'Ibn Rochd (Averroès)"

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Accord de la religion et de la philoaophij 
tr, par Léon Gauthier. 



liCCORD DE LA RELIGION 



IMIILOSOPHIE 



TRAITÉ D'IBN IlOCIID (AVERROÈS) 



TnAlirlT ET ANNOTÉ 



Lios OAUTUIER 

PrrtfCMSetir (t l'Hùole Supérieure 'le» Lettres d'Alger 



Al.liKR 
IMI'niMKniE OBlEKTAl.E PIKnnK FOSTANA 

IffO» 



_>ic*'»«*. 



ACCORD DE LA RELIGION 



ET DE LA 



PHILOSOPHIE 



TRAITÉ D1BN ROCHD (AVERROÈS) 



TRADUIT ET ANNOTE 



PAR 



Léon GAUTHIER 



Professeur à VÉcole Supérieure des Lettres cV Alger 



^>^>^^^B^^^>0- 






« * 



ALGER 

IMPRIMERIE ORIENTALE PIERRE FOXTANA 

29, RU£ d'orlëans 29, 
1906 

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& a rV^.^a 



ACCORD DE LA RELIGION ET DE LA PHILOSOPHIE 



TRAITÉ D'IBN ROCHD (AVERROÈS 



Il n'existe, à notre connaissance, que deux manuscrits arabes du petit 
traité d'Ibn Rochd dont nous donnons, pour la première fois, une traduc- 
tion française : l'un est à la Bibliothèque de l'Escurial (N"632 du catalogue 
Derenbourg), l'autre à la Bibliothèque Khédiviale du Caire (ii, N' 41). 

Le texte arabe de ce traité a été publié trois fois, avec deux autres traités 
d'Ibn Rochd, sous les titres suivants : 

. 1° Philosophie und Théologie pon Averroes, herausgegeben von Marcus 
Joseph Mueller. Mûnchen, iSSg. 

2' Kitâb falsafati'l-qâdhî'l-fâdhil Ah'med ben Ah'med ben Rochd.... 
T'oubi'a bi'l-mat'ba'ati'l-*ilmiyya. Le Caire, i3i3 hég. (= 1895-1896 de 
l'ère chrétienne). 

3» Même titre... T'oubi'a bi 'l-mat'ba*ati '1-H'amîdiyya. Le Caire, i3i9 
hég. (= 1 901- 1902 de l'ère chrétienne). 

La première de ces trois éditions reproduit le manuscrit de l'Escurial, 
ainsi que nous en informe l'avant-propos. 

Il semble naturel d'admettre a priori que les deux éditions indigènes, 
publiées au Caire, ont été imprimées d'après le manuscrit du Caire. Mais 
cette hypothèse ne résiste guère à l'examen. Les deux éditions égyptiennes 
diffèrent trop peu de l'édition européenne pour n'en être pas de simples 
reproductions. 

Cependant, en l'absence de tout renseignement direct sur le manuscrit du 
Caire, une autre hypothèse, semble-t-il, demeure possible : On pourrait 
supposer non seulement que le manuscrit du Caire et celui de l'Escurial 
sont de la même famille, mais encore que l'un des deux a été topié sur 
l'autre, directement et avec un soin exceptionnel. En ce cas, faites d'après 



I 



— 4 — 

le manuscrit du Caire, les deux éditions égyptiennes présenteraient natu- 
rellement la plus grande analogie avec l'édition européenne faite sur le 
manuscrit de PEscurial, sans être néanmoins la reproduction de cette édi- 
tion. En faveur de cette conjecture, on pourrait alléguer peut-être certaines 
particularités. Il arrive à l'édition de i3i3 hég., la plus ancienne des deux 
éditions égyptiennes, de prendre par exemple des i. pour des à, confusion 
très naturelle en présence d'un texte manuscrit, mais plus difficile à expli- 
quer si l'éditeur avait eu sous les yeux les beaux caractères de l'édition 
Mûller. De même encore, la leçon ^\jjL-o au lieu de ^\jst^ (p. 5, 1. 13 du 
texte de MQller) paraît, à cet égard, assez probante. 

Mais cette seconde hypothèse ne résiste pas mieux que la première à un 
examen un peu attentif. La table des variantes que nous avons dressée, et 
que nous donnons ci-après, montre que l'édition de i3i3 reproduit certaines 
particularités bien caractéristiques de l'édition Muller, par exemple un cer- 
tain nombre de fautes qui n'existaient pas dans le manuscrit de l'Escurial 
et sont de simples fautes typographiques, ainsi que nous l'apprennent les 
notes rectificatives placées par Mûller au bas des pages de sa traduction 
allemande. Nous retrouvons également, dans l'édition de i3i3, de simples 
conjectures de Mûller, parfois quelque peu arbitraires, une entre autres, 
qui n'était nullement fondée, et à laquelle l'éditeur allemand renonça lui- 
même dans la suite pour revenir à la leçon du manuscrit de l'Escurial (p. 23, 
1. i6. Voir ce n" dans notre table des variantes). 

L'édition de i3i3 a donc été faite directement d'après l'édition Mûller, ou 
peut-être d'après une copie manuscrite de cette édition, faite par exemple 
au moment de l'impression, pour les besoins de la composition typogra- 
phique, ce qui expliquerait les particularités signalées plus haut. 

Je laisse de côté une troisième hypothèse possible : le manuscrit de la 
Bibliothèque Khédiviale du Caire ne serait lui-même rien de plus qu'une 
simple copie manuscrite de l'édition Mûller, et les deux éditions du Caire 
en seraient la reproduction. 

Quant à la seconde édition égyptienne, datée de iSig, elle est certainement 
une reproduction de celle de i3i3; mais il se peut qu'elle ait, à l'occasion, 
utilisé directement l'édition Mûller. Elle corrige un certain nombre de 
fautes échappées à l'une ou à l'autre de ses deux devancières, ou à l'une et 
à l'autre, et donne, à plusieurs reprises, de meilleures leçons. Mais rien 
dans ces quelques corrections ou amendements, d'ailleurs très simples, ne 
trahit l'influence d'un manuscrit inconnu aux deux éditeurs précédents. . 

Outre une traduction hébraïque, dont je ne parle que pour mémoire (Voir : 
S. MuNK, Mélanges de philosophie Juive et arabe, Paris, iSSg, p. 438, et 
M. Steinschneider, Die hebrœischen Ueberset^ungen d. Mittelalters u. die 
Juden alS'Dolmetscher, im Centralblatt fur Bibliothekenwesen. Beiheft 5 
Jahrg. \i, 1889; Beiheft 12 Jahrg. x, 1893, § 149 ") il n'existe qu'une seule 



version de cet opuscule : c'est une traduction allemande publiée par M. J. 
Millier, sous le même titre que le texte arabe : Philosophie und Théologie 
von Averroes, aus dem Arabischen ûbersetzt. Mûnchen, 1875. Cette traduc- 
tion, très littérale, et assez bonne en général, n'est pas exempte de défauts : 
elle contient un certain nombre de contre-sens. Nous avons essayé de les 
éviter, sans nous attarder à les signaler au passage. 

La présente traduction n'est, dans notre pensée, qu'un travail préparatoire 
pour une étude approfondie du traité d'Averroès, étude que nous comptons 
publier sous peu. Aussi nous sommes-nous abstenu, en principe, d'y 
joindre aucun commentaire sur la doctrine. Quelques notes sommaires 
figurent cependant au bas des pages. C'est que nous n'avons pas cru pou- 
voir nous dispenser de donner, chemin faisant, quelques courtes explica- 
tions nécessaires pour l'établissement du texte, pour la justification d'une 
façon de traduire, pour l'intelligence d'un passage, d'une allusion ou d'un 
terme intéressant directement la suite de l'argumentation. 



VARIANTES ET FAUTES 



DES TROIS ÉDITIONS ET DU iMANUSCRIT DE L'ESCURIAL 



A = édition de M. J. Mûller. 

B = édition du Caire de i3i3 hég. 

C == édition du Caire de iSig hég. 

Mss.= Manuscrit de TEscurial (particularités indiquées dans les notes deT). 

T = traduction allemande de M. J. Miiller. 

Nota. — Nous donnons toutes les références suivant la pagination de A. 
Quand nous indiquons sans commentaire deux ou plusieurs leçons diver- 
gentes des textes imprimés, c'est qu'elles nous paraissent également accep- 
tables. Quand nous indiquons sans commentaire une leçon de Mss. et une 
correction de A, c'est que nous acceptons la correction de A. 



P. 1, 1. 1 et 2. — Titre de A : ^^o ^j^^/jj Jl-ilt J.».^ ^US 

^J] ^)t ^|t JU! .U^ ^^U)t ^[i JU^îr ^ i^!^ XxiyJI 

"^ L^ "^' ^' "^^ (plus correctement ici A-iy (^' • — (Ce titre de 
deux lignes manque dans BC.) 

P. 1, 1. 7. — A ^>db faute d'impression pour ^^ (voir A. 
Vorwort; et T, page 1, note 1). 

P. 2, 1. 4. — B G UiJt ]X^ Jlju ôiJt à^^c^ ^J ^Iftij — lire avec A 



p. 2, 1. 5. — A j^ ^ji] — BC >^! *Jift *j»I;j! . 

P. 2, 1, 5. - A ^^! ^y - BC ^^j>\ 3f . 

P. 2, I. 7. - AB ^^/ix; ^.jJI JUj - C ^j/ai^ij JUj - Le 
texte du Qoran (m, 188) porte : \^^Jl^^^ . . '^^^^, Jri^'- 

P. 2, 1. 9. — B J^ft^l i^Ux^'à" — lire avec A C J^^l LUx^t . 

P. 2, 1. 14. — ABC j^ — lire avec Mss. ^((^ (T, p. 2, n. 2). 

P. 2, I. 16. — AB ^^g^\ — lire avec C ^S^"^ — AB et Mss. 
écrivent toujours ce mot: ,^9^ia^ ; il faut lire toujours avec C 
^Uai.(Voir A. Vorwort, p. viii, dern. ligne, et T, p. 2, n. 3). 

P. 2, 1. 19. — ABC ^! — Mss. ^JJI . 

P. 2, 1. 20.— ABC AÂ3 — en marge dans Mss. (T, p. 3, n. 2). 

P. 3, 1. 1. — ABC Uisi\ — Mss. mJt. 

P. 3, 1. 2. — C ^^;j-jliit — lire avec AB ^.^UlL 

P. 3, 1. 6. — A v^^%? — faute d'impression pour ^j^^ (T, 
p. 3, n. 5). 

P. 3, 1. 10. - ABC jio^\ ^ — paraît rayé dans Mss. 

P. 3, 1. 11.— ABC ^w^U*^! — manque dans Mss. 



P. 3, 1. 12. — ABC ç. y^^. w^. ^'j-^ '^'j — dans Mss. ^j^^ 
était entre jyH et ijt mais avec une mention en interligne, indi- 
quant sa vraie place (T, p. 3, n. 8). 

P. 3, dern. 1. — A^t faute d'impression pour^! (T, p. 4, n. 1). 

P. 3, dern. 1. — A A-JT^Jt et p. 4, 1. 1 L-w^jjJt — Mss. porte les 
deux fois LS'jaJt (T, p. 4, n. 2) et Mûller adopte cette leçon dans 



— 8 — 

sa traduction. Il faut, au contraire, lire les deux fois avec B C 
iSyô]. 

P. 4, I."]0. — A C ïbjju-.! — B t\j^3\ . 

P. 4, 1. 11.— B j^jUx^'o — G ^^^Jiilj — lire avec A^^.lillj 
— Mss. ^jlil! . 
P. 4, l. 18. — A ^>c^ — lire avec BCy»^ . 
P. 4, dern. I. — ABC »1^ — Mss. sia»^ (T, p. 5, n. 1). 
P. 5, 1. 2. - ABC 7^s^\ — Mss. ^U^l . 
P. 5, 1. 3. — ABC ^J^\ — Mss. ^^^! . 

P. 5, 1. 5. — ABC l^ — Mss. U*? qui, à la rigueur, pourrait 
être conservé (T, p. 5, n. 5j. 

P. 5, 1.6. — C ^5j J;« — lire avec A B ^^ Jj . 
P. 5, 1. 6. — BC Ut^, — lire avec A l^iui> . 
P. 5, 1. 11. — A ^^^^ — lire avec B C lii J^j . 
P. 5, 1. 13. — B ^\fj* ^ ^\ — lire avec AC ^\'f^ J^ 3! . 
P. 5, 1. 15. — C Lâl^^L L^UtilJL^ftJK — lire avec AB 'iAj£\ iJLijJt, 
P. 6, 1. 4. — AB Jj^ (A '^.^) — C :J\y3i . 
P. 6, I. 11. — B Lw — lire avec AG l^*- . 
P. 6, 1. 13. — Mss. iJix)| iJUjJ! et 1. 14 UJl iL^o)! - lire en 
intervertissant, avec Mûller (T^ p. 6, n. 1), la première fois 

l\^\ iL^! et la seconde LU«3I iLcaJt •— B écrit à tort la seconde 
fois comme la première, LUjJI iL^saJl . 

P. 6, 1. 16. — ABC j!j (A jlj) — lire avec T (p. 6, n. 2) ^l? . 



— 9 — 

P. 6, dern. 1. — A sj:^^ faute d'impression pour ^^^ . 

P. 7, 1. 1. — ABC J^ — Mss. JP qui pourrait être conservé à 
la rigueur (T, p. 6, n. 3j. 

P. 7, I. 3. — A aJUûY — faute d'impression pour ài\jt&^ . 

P. 7, l. 3.— AC^^^XJi — B^^JUD. 

P. 7, 1. 3. — ABC ^i- — Mss. ja^ . 

P. 7, 1. 9.— ABC jL? — lire ^!^. 

P. 7, 1. 12.— ABC Jù>-^ ^ — Mss. J^t ^^ et au-dessus 
de jf la correction ^^^ avec la mention jt^ . 

P. 7, 1. 15. — B J^^LkC] — lire avec AC LLâ^t . 

P. 7, I. 16. — ABC .^ iUJl — Mss. A, ,UJt . 

P. 7, 1. 16. — C j^\ — lire avec AB j^-^I . 

P. 8, I. 2. — ABC :i\>y.\ — Mss. ^l^!^,!. 

P. 8, 1. 9. — C Jjtl!^^ — lire avec AB JjU'^ ^ (dans A 
le - du j a glissé sur le dernier Jj. 

P. 8, 1. 11. — A B ç^^y — lire avec C *é»ty — Mss. /^^^t^'y . 

P. 8, 1. 12. — A Jj jU! faute d'impression pour J;» jW! . 

P. 8, 1. 13. — Bj^tiJt^ faute d'impression pour J^I^^t^». 

P. 8, 1. 14. — A xSoxj^ — lire avec B C ,jv,U^«p . 



P. 8, 1. 14. — C Jix)t ^,>twtptjj — lire avec A B ^ ^y^\)\. 

P. 8. 1. 17. — ABC J — lire U? (T, p. 8, n. 2). 
P.9J.6. — A'ilt — BG Y^^l. 



— 10 — 

p. 9, 1. 12. — B p^t — lire avec A C &.U^! . 

P. 9, 1. 15. — A B C l^ ^l^'*' Jj^o^ jçS:^ j — Au lieu de J^ 
dit Mûller (T, p. 9, n. 2), « le Mss. porte quelque chose comme 
J^Aûat^. Peut-être faut-il lire J^^^a^ ». — Il faut lire évidemment 
l^ c-l?^^ J^-^=^ ^? ^f^j- Comparer, deux lignes plus bas, 
^^^ oL^T J^r^^ ^ V— ?'^ (Voir la note ci- après). 

P. 9, 1. 17. — A wJ^ — lire avec B C ^ . 

P. 9, 1. 19 et 20. — B ïx»U Ij! — lire avec A C a^U^ It . 

P. 10, 1. 2. — AB C UU gj.g^^^'i — Mss. Ufl>j;.fl^^v et en marge 

P. 10, 1. 3. — A ^3^;a*J faute d'impression pour \^j-^^ (T, p. 10, 
n. 2). Cette faute n'existe que dans certains exemplaires. 

P. 10, 1. 5. — A LiftU — B C l-::^ — A écrit toujours UaU et B C 
I — k^, 

P. 10, 1. 6. — A BCjLx^T — Mss. jL^"^. 

P. 10, 1. 11. — A B C et Mss. I43 J^^t J»l — au lieu de J^y 
en marge de Mss. jU>t « qui peut-être convient mieux » dit 
Mûller (T, p. 10, n. 4) — lire ^ ^^ >t . 

P. 10, 1. 13. — A Jj jUI JU — B Jj^bJI UJt — lire avec C ^^\ 
Jj jUlj comme deux lignes plus haut. 

P, 10, 1. 14. — ABC j^, — Mss. ^yj et en marge .,^ avec la 
mention ^-^ . 

P. 10, dern. 1. — A B C ^^ (A ^li.) — Mss. ^^^>^ . 

P. 11, 1. 1. — A O^L^lôUI faute d'impression pour vO^Aâ;:]! (T, 
p. 11, n. 2). 



— 11 — 



p. 11, 1. 12. — BC ^j^Ct'lf silb ^ — lire avec A j^Wt sjXJi> ^ 



P. 11, 1. 17. — ABC SLoUcjj (A lZ>\j>uj) — Mss. i^Uu . 

P. 12, 1. 8. — A à^^j — BC ^j . 

P. 12, 1. 14. — AB ^^^^I lÂ^ plutôt que C ^>>-^t U^ . 

P, 12, 1. 15. — A B C 3i-! — Mss. Ji^t . 

P. 12, 1. 16. — lire avec A ^ (*-iî^' h^ lY ^^ ^ v^ ciT*^ 

^Jl ^^ LJas*;» — C donne le même texte mais saute la première 
fois »U1- — B passe une ligne entière, contondant le premier ïUw 
avec le second et sautant tout ce qui les sépare. 

P. 12, avant-dern. 1. — ABC ^^t^l — Mss. ^tbisl —Les deux 
orthographes sont également usitées. 

P. 12, avant-dern. 1. — ABC «li^ — Je ne puis comprendre pour-> 
quoi Mûller, tout en traduisant par fini (endlich) ajoute en note 
(T, p. 12, n. 4) : « Lisez ïUxp^ ». Cf. A p. 12, 1. 13. 

P. 13, 1. 5. — ABC ^Uol — Mss. ^l»t. 

p. 13, 1. 17. — A B JjLat »jJ^ Ji (Mss. ^.jal^!) j.>?l>^l' hHi 

(Mss. ^:^) ^yia^ Uj ^:js^^ ^yr^ ^' (B "^ly^h ''--»?. j*" 
^j}j:)^ — lire avec C L^. j*)l Jj*L4I ïjj.^ ^j.i'^^ ^^ J *î^j 
^^jjjjc» ^^-jîiaiï* Uij ^> j^a-Lt ,j»j~«a» L»l — Pouf la conslruction 
^1 .\ >^-.àJ cl. p. 17, 1. 6 et p. 17, dern. 1., où A B C sont d'accord. 

P. 13, 1. 19. — A B G ^j\j^\ — Mss. ^^^^1 . 

P. 13, dern. l. — B tAJ^i*-.' — lire avec A B ^x^l». 



— 12 — 

P. 13, dern. 1. — A Uà^lj faute d'impression pour Uâ^L (T, p. 13, 
n. 4). 

P. 14, 1. 1. — ÏW faute d'impression pour tlai-î(T, p. 13, n. 2) — 

MSS. Uai-I . 

P. 14, 1. 2. — B >^l5 — lire avec AC ^l . 

P. 14, 1. 5. — B i^f^jii^ — lire avec A G i^.^1 . 

P. 14, 1. 5. — C^lj — lire avec AB^I . 

P. 14, 1. 6. — Cj^Y^y faute d'impression pour^^^ ^ . 

P. 14, 1. 7. — A BC Xi^l — Mss. a^UM et en marge ii^jJt avec 
la mention '^. 

P. 14, 1. 7. — AB ^K? qu'il faut lire T,^ (T, p. 13, n. 7) — 

P. 14, 1. 16. — B ,Ji3 — lire avec AC ,iju . 

P. 14, 1. 18. — ABC ^t — Mss. j! . 

P. 14, dern. 1. — A B C ^Jl — Mss. ^iJI . 

P. 15, 1. 4. — A BC JM — en marge de Mss. (T, p. 14, n. 3). 

P, 15, 1. 7. - B ^ ^y^ji * - lire avec A C ^ Iy>j^.j . 

P. 15, 1. 8. — B ^Jj^ — lire avec A C ^^ . 

P. 15, 1. 10. — A sl^Lwl — on peut lire également w^LwI . 

P. 15, 1. 11. — C lit — lire avec AB i! . 

P. 15, 1. 12. — A B C ^t ^j^^ — en marge de Mss. 

P. 15, 1. 14. — lire avec A C ^ ^^L ^Ut v^iXJbJ JJj^t 
^L«il iJ.Jb' — B confondant le premier <3Lalt avec le second, 
saule ^Wt >^Jb- j5> (^Utj . 



— 13 — 

P. 15, 1. 18. — B J^Ul^ — lire avec A C J^t^l? . 

P. 15, 1. 19. — A B ^^^f>-\ — lire avec C aj^^I. 

P. 15, avânt-dern.l. — ABC ^\^\ — Mss.j^j|^t(T, p. 15, n. 2). 

P. 15, avant-dern. 1. — A BG f^j^j — lire .^^^j^j . 

P. lô, I. 2. — A Ui^ — lireplutôtavecBCl^j (ou UaU^) comme 
à la ligne précédente. 

P. 16, 1. 11. — A B G \^'^^ .— Dans Mss. la première lettre est 
indistincte mais paraît être surmontée de trois points (T, p. 15, 

n. 5J. 

P. 16, 1. 11. — AB :>[sjc>\ — C ^^l . 
P. 16, 1. 12. — ABCl^t— Mss. Ul. 

P. 16, 1. 16. — A ^^5^a^U! faute d'impression pour Jai>4t (T, p. 
16, n. 3), plus correctement ^^J^»d\ . 

P. 16, 1. 16. — B ,j:A^^ — lii'e avec A C ^jc^i^^ . 

P. 16, 1. 18. — AC l^^yi — B i^tyJ . 

P. 16, 1. 19. — A jj.j^j' faute d'impression pour j^;-J(T, p. 16, n.2). 

P. 16, 1. 21. — B b\ ^i^ — lire avec AC lil J.b^ (A Gt vj.)i^). 

P. 17, 1. 3. — C j^f>-\ — lire avec AB^^! . 

P. 17, 1. 6. — A ^ka^Ut faute d'impression pour ^-laàitl' (T, p. 
16, n. 3), plus correctement ^^Ja^t. 

P. 17, 1. 10. — G J^l j^ix; ji — lire avec A B J^JI ^ . 

P. 17, 1. 12. — Voir plus loin la note 2 de la page 39. 

P. 17, 1.14. — ABw^. ^U!3^^. — T, p. 17,n. 1, indique que 
^ est à supprimer — supprimer aussi Y et lire avec C w-^. t J^^ . 



— 14 — 



M* 



P. 17, 1. 15. - A B ^ (A '^l) — C écrit 'i! J . 

P. 17, 1. 15. — A B C "^ (A 4') — Mss. Jl . 

P. 18, 1. 1. — B i*^ — lire avec A C .^^ . 

P. 18, 1. 2. — A B C L?^l — Mss. hyJ\ . 

P. 18, 1. 3. — après JJ UTb C ajoutent :^*i^ . 

P. 18, 1. 6. — ABC j!^^ — Mss. ^1^^. 

P. 18, 1. 10. — A^ faute d'impression pour^(T, p. 17, n. 7). 

P. 18, 1. 10. — A B C Ifcîu- — indistinct dans Mss. (T, p. 18, n. 1) — 
Je proposerais de lire plutôt l^L^ . 

P. 19, 1. 1. — A B hj\j^'èr(A ^5 jÎ;^"^) et même ligne ^^jt^"^ 
(A ^^]j.J>-^ le ^ du v^ ayant glissé sur le j . T, p. 18, n. 2) — C 
hjj^^ et ^^f>-^ — A B écrivent toujours ySj]/*^^ et C ^jj>'^ — 
lire partout avec C vl^^^t . 

P. 19, 1. 3, 4, et 6. — A ^-^-^i faute d'impression pour ,c-^. 
(T, p. 18, n. 3, 4, 5). 

P. 19, 1. 6. — B Uc3 — lire avec A C Uô . 

P. 19, 1. 8. — A B s.^^^^-^ ^Jl — lire avec C v.--^^ ^ ^31 qui 
est d'ailleurs la leçon de Mss. (T, p. 18, n. 6). 

P. 19, 1. 9. — A B C UT (A Us") le point du x manque dans C. 
P. 19, 1. 9. — A B C ^jyc3 , le i. n'a pas marqué dans C. 
P. 19, 1. 12. — B C ^^^ — lire avec A ^^^t . 
P. 19, 1. 13. — A J-fijLi! % -^ B J-j jLi'*'^ — lire avec Mss. 
(T, p. 19, n. 1), et A. Vorwort S}.j^^ ^^ • 



— 15 — 

P. 19, 1. 14. — A B C ^ iL^ — en marge dans Mss. (T, p. 19, 

n. 2). 

P. 19, 1. 14. — Voir plus loin, p. 42, n. 1. 

«M 

P. 19, 1. 15. — A B C V'ijJ (A. Vl«d) — Mss. l^J^ • 

P. 19, 1. 18. — A A-pU faute d'impression pour i^U (T, p. 19, 

n. 4). 

P. 19, dern. 1. — A j^^-JaJ! faute d'impression pour ^^^-^1 

P. 19, dern. 1. — A B C iS/UI — Mss. iS/-4! . 

P. 20, 1. 12. — A B j^-^. jl — lire j^^' jl avec C, et avec T 
(p. 19, n. 7), qui corrige ^j-^, ^ en ^y^ ^ ^ titre de simple 
faute d'impression. Mss. portait donc aussi ^y^ ^J^ • 

P. 20, 1. 14. — A Ujlyt — B C Ujt^t — Je propose de lire U^l^l 

P. 20, 1. 15. — B C ^,^^ — lire avec A J^^tï comme p. 20, 1, 11. 

P. 21, 1. 2. — B C A^-^*? — lire avec A ^j^, . 

P. 21, 1. 3. — A Ujlyl — B C ^^Sf\ — Je propose de lire Ij^t^î . 

P. 21, 1. 3. — A B C Jls ^U)I tiU — Après ^^Ut intercaler ^? 
X^jtSS qui est sans doute dans Mss. bien que MùUer ne le dise 
pas expressément (A. Vorwort; T, p. 20, n. 2j. 

P. 21, 1. 4. - A B ^y^\ (A ^^^^t) - lire avec C ^y^}^\ 

P. 21, 1. 12. — A B C J-iafI !il? — Mss. JJaj liU qui est égale- 
ment acceptable [T, p. 21, n. 1 (dans cette note, Mùller a écrit 
par erreur le mot lij^ au lieu du mot tiU)]. 

P. 21, 1. 17. — Voir plus loin, p. 45, n. 2. 



— 16 — 

P. 21, 1. 17. — A >^L;jb faute d'impression au lieu de ^>^,y^ 
(T, p. 21, n. 2). 

P. 21, 1. 19. — A B C Ji^.j — Mss. Jj^j . 

P. 21, I. 21. — B G vyî — lire avec A ç^^\ (voir Qoran, xvii, 87). 

P. 22, I. 7. — A &jl^t faute d'impression pour & .1-^! — Mss. 
ç.jtJ\ et en marge p- j'^' (A. Vorv^ort; T, p. 21, 1. 4). 

P. 23, 1. 4. - A B C JjU3 — Mss. Jfli) . 

P. 23, 1. 6. — A B C c^*Aft fit — manque dans Mss. 

P. 23, 1. 10. — A ^^=>^j — B C ^^=Jj . 

P. 23, 1. 14. — i"^] — lire avec A ïjLJt (voir Qoran, xxix, 44). 

P. 23, l. 16. — A B C '.- ^^^ ^j' ^^ — C'est là une simple con- 
jecture de Mûller, à laquelle il a renoncé ensuite pour revenir à 
la leçon de Mss. '^Us*^? (T, p. 23, n. 1). 

P. 24, 1. 3. — C 2>» Ife? — lire avec A B ;^ Y l^ . 

P. 24, 1. 3. — A B G ^j^=i — Mss. l^j^=JL?. 

P. 24, 1. 6. — A B i— JUaw*3^^ (A À — lil-Ja^^ — lire avec G 
J^Lia^j^ (voir, par exemple, Dictionnaire de Galcutta, p. m, 
1. 18et20j. 

P. 24, I. 9. — A ^jl)\ faute dlmpression pour ^jUt (T, p. 23, 
n. 3j — B C ,^iU! sans le • qu'ils négligent généralement d'écrire. 

P. 24, 1. 9. — Après .^^U! Mss. ajoute ^^^^^ , qui manque dans 
A B C et qu'il faut rétablir sous la forme correcte : iJUt^.w . 

P. 24, 1. 13. — A B G ^jUJt — Mss. c. yJl et, en marge c. jl^l . 

P. 24, 1. 13. — A jUj — lire avec R G t^j Oj-^jh 



— 17 — • 

P. 24, 1. 15. — A B C j^-JLxa) p ;LJt .x-^i J,t — Mss. ^-^ J,t 
JLu p jl-^' — Je propose de conserver le texte de Mss., mais en 
lisant^! au lieu de J,l et en vocalisant, bien entendu, S.^ . 

P. 24, 1. 18. — Voir plus loin, p. 48, n. 1. 
P. 24, 1. 19. — B ^^ — Mss. ^^ — lire avec A C ^, . 
P. 25, 1. 8. — A B C U^ali J,t — dans Mss. J,l manque. 
P. 25, 1. 11. — by>li ^ •— lire avec A G^Lk ^ . 
P. 25, l. 16. — A ;^-îû^ faute d'impression pour ^o^ (T, p. 21, 
n. 4). 

P. 25, 1. 18. — A J^^^'^' faute d'impression pour %.^'Js:Of (T,p. 25, 
n. 1). 

P. 25, avant-dern. 1. — B «LdJ! btj — G -LiLJI .1^ — lire avec A 

p. 25, dern. 1. — A ^b faute d'impression pour ^''«> (T, p. 25, 
n. 2}. 

P. 25, dern. 1. — A L» ^^^ — B G U> . 

P. 26, 1. 3 — A A>l3>^! et même ligne ^ J^A':>^\ ^p là,! ^ ; I. 4 
A)!iYU et même ligne i>bY! 1^\ — B : la première fois àjb'^! ; la 
deuxième ^j^ ^ti! ^ ^»î la troisième ->^-jbYU; la quatrième 
ibtiYl ^jJi — G : la première fois ioi^; la deuxième A«)iYî j-iul j> 
^ ; la troisième ï-ôYb ; la quatrième i-jiY! ^ — lire : la pre- 
mière fois aj^^; la deuxième^'» h^^{j^ ^' > '^ troisième ^^^^ ; 
la quatrième ^}\ Sj^ . 

P. 26. 1 . 13 — A à^j faute d'impression pour àZi^ (T, p. 25, n. 4. 



ACCORD DE LA RELIGION. ET DE LA PHILOSOPHIE ^') 

PAR LE QÂDHÎ 
L'IMAM, LE SAVANT VERSÉ DANS TOUTES LES SCIENCES, 

abou'l-walîd moh'ammed BEN ah'med IBN ROCHD 



Le jurisconsulte très considérable, unique, le très docte, le 
grand Maître, le qâdhî très équitable, Abou'l-Walîd Moh'ammed 
ben Ah'med ben Moh'ammed ben Ali'med ben Ah'med ben Roclid 
(Dieu l'agrée et lui fasse miséricorde !) a dit : 

Après avoir donné à Dieu toutes les louanges qui lui sont dues, 
et appelé la bénédiction sur Moh'araraed, son serviteur purifié, 
élu, son envoyé, [disons que] notre but, dans ce traité, est d'exa- 
miner, au point de vue de la spéculation religieuse, si l'étude de 
la philosophie^^) et des sciences logiques est permise ou défendue 
par la Loi religieuse, ou bien prescrite par elle soit à titre 
méritoire soit à titre obligatoire. 

Nous disons donc : 

Si l'œuvre de la philosophie ^•'^^ n'est rien de plus que l'étude 
réfléchie de l'univers^*) en tant qu'il fait connaître l'Artisan (je 
veux dire en tant qu'il est œuvre d'art, car l'univers ne fait con- 
naître l'Artisan que par la connaissance de l'art qu'il [révèle], et 
plus la connaissance de l'art qu'il [révèle] est parfaite, plus est 
parfaite la connaissance de l'Artisan), et [si] la Loi religieuse 



/ (1) Le titre complet sigaifie littéralement : Examen critique et solution de la 

question de Taccord entre la Loi religieuse et la Philosophie. — Les chiffres 
dans la marge indiquentjes pages du texte arabe édité par M. J. Mûller. 

(2) et (3) ^iuu4JLfJ\ . 

(4) Cj^<>>^y^^ les choses existantes^ les êtres, l'univers. Nous emploierons, 
suivant les cas, Tune ou l'autre de ces trois façons de traduire. 



^- 19 — 

invite et incite à s'instruire par la considération de l'univers/ H 
est dès lors évident que V [étude] désignée par ce nom [de philo- 
sophie] est, de par la Loi religieuse, ou bien obligatoire ou bien 
méritoire. 

Que la Loi divine invite à une étude rationnelle et approfondie 
de l'univers, c'est ce qui apparaît clairement dans plus *d'un *p.2 
verset du Livre de Dieu (le Béni, le Très-Haut !) : Lorsqu'il dit 
par exemple : « Tirez enseignement [de cela], ô vous qui êtes 
doués d'intelligence! ))^*^; c'est Ik une énonciation for melle^^^mon- 
trant qu'il est obligatoire de faire usage du raisonnement ration- 
nel, ou rationnel et religieux à la fois. De même, lorsque le Très- 
Haut dit : (( N'ont-ils pas réfléchi sur le royaume des cieux et de 
la terre et sur toutes les choses que Dieu a créées ? ))^^^ ; c'est là 
une énoiiciation formelle^^^ exhortant à la réflexion sur tout 
l'univers. Le Très-Haut a enseigné que parmi ceux qu'il a 
honorés du privilège de cette science fut Ibrahîm^^) (le salut soit 
sur lui !), car II a dit : « C'est ainsi que nous fîmes voir à Ibra- 
hîm le royaume des cieux et de la terre, etc. ))^^K Le Très-Haut 
à dit aussi : « Ne voient-ils pas les chameaux, comment ils ont 
été créés <'), et le ciel, comment il a été élevé ! ))^^K II a dit encore : 
(( Ceux qui réfléchissent à la création <^^ des cieux et de la 
terre... ))^*^\ et de même dans des versets innombrables. 

Puisqu'il est bien établi que la Loi divine fait une obligation 
d'appliquer à la considération de l'univers la raison et la 
réflexion, comme la réflexion consiste uniquement à tirer l'in- 
connu du connu, à l'en faire sortir, et que cela est le syllogisme, 
ou se fait par le syllogisme, c'est [pour nous] une obligation de 



(1) Qoran, sourate Lix, verset 2. — Cette locution \^^--JC6l3 correspond 
exactement au lalin : Et nunc erudimini. 

(2) et (4) ,JaS texte sacré, du Qoran ou de la Sonna, contenant une énoncia- 
tion formelle. Voir El-Mawerdi, El-ahkâm es-soulthânîya, traité de droit 
public musulman... traduit et annoté... par le comte Ostrorog. Paris, 1901. 
Introduction générale, p. 21. 

(3) Qoran, vil, 184. 

(5) Abraham. 

(6) Qoran, vi, 75. 

(7) C'est-à-dire quelle structure, quelles aptitudes Dieu, en les créant, leur 
a données, pour la plus grande utilité des hommes. 

(8) Qoran lxxxviii, 17. 

(9) C'est-à-dire à la structure que Dieu, f n les créant, leur a donnée. 

(10) Qor«?î, in, 188. 



— 20 — 

nous appliquer à l'étude de l'univers par le syllogisme rationnel ; 
et il est évident que cette sorte d'étude, à laquelle la Loi divine 
invite et incite, prend la forme la plus parfaite [quand elle se 
fait] par la forme la plus parfaite du syllogisme, qui s'appelle 
démonstration. 

Puisque la Loi divine incite à la connaissance, par la démons- 
tration, du Dieu Très-Haut et des êtres qu'il [a créés], comme il 
est préférable ou [même] nécessaire, pour qui veut connaître par 
la démonstration Dieu (le Béni, le Très-Haut), et tous les autres 
êtres, de connaître préalablement les diverses espèces de démons- 
tration et leurs conditions, [de savoir] en quoi le syllogisme 
démonstratif diffère du syllogisme dialectique, du syllogisme 
oratoire et du syllogisme sophistique ; et comme cela n'est pas 
possible si l'on ne sait préalablement ce qu'est le syllogisme en 
général, quel est le nombre de ses espèces, lesquelles sont des. 
syllogismes [concluants] et lesquelles n'en sont point ; et comme 
cela aussi n'est pas possible à moins de connaître préalablement 
celles des parties du syllogisme qui viennent les premières 
(je veux dire les prémisses) et leurs espèces ; — il est obligatoire 
pour le croyant, de par la Loi divine, dont l'ordre de spéculer 
sur les êtres doit être obéi, de connaître, avant d'aborder la 
*p.3 spéculation, les choses qui sont*pour la spéculation comme les 
instruments pour le travail. De même que le jurisconsulte infère, 
de l'ordre d'étudier les dispositions légales, l'obligation de con- 
naître les diverses espèces de déductions juridiques, [de savoir] 
lesquelles sont des syllogismes [concluants] et lesquelles n'en 
sont pas, de même le métaphysicien <*^ doit inférer de l'ordre de 
spéculer sur les êtres l'obligation de connaître le syllogisme 
rationnel et ses espèces. Et à plus juste titre : car si de cette parole 
du Très-Haut : « Tirez enseignement, ô vous qui êtes doués 
d'intelligence ! », le jurisconsulte infère l'obligation de connaître 
le syllogisme juridique, à plus forte raison le métaphysicien^^) en 
înfèrera-t-il l'obligation de connaître le syllogisme rationnel. 



(1) et (2) u» 51*31(^6 connaissant) et la secoade fois ^b u».IaJ\ {le con- 
naissant Dieu). Il s'agit du philosophe qui cultive la théologie rationnelle, la 
théodicée. (Voir le grand Dictionnaire de Calcutta C-)^-^'^^i*'*ô\ uôLi.i' ^^^IX^ 

^^XjjJ\ , article u» ^U , p. SSo, au bas. Voir également Les Prolégomènes, 
d'iBN Khaldoun, traduits par de Slane. Imprimerie Nationale, 1863, 1" partie, 
p. 223 ; le traducteur rend improprement le pluriel de ^Xe. , par: les. sachants.) 



On ne pniil, nhierter que relie sorte de spèrulation sur le syl- 
logisme rationnel soit une innovalioD [ou hérésie], qu'elle n'exis- 
tail pas aux premiers temps de l'Islam ; car la spéculation sur le 
syllogisme juridique et ses espèces, elle aussi, est une chose qui 
fut inaugurée postérieurement aux premiers temps de l'Islam, et 
on ne la considère pas comme une innovation [ou hérésie). Nous 
devons avoir la même conviction touchant la spéculation sur le 
syllogisme rationnel. A cela il y a une raison que ce n'est pas 
iei le lieu d'indiquer. Mais la plupart des docteurs de notre 
religion tiennent pour le syllogisme rationnel, sauf un petit nom- 
dro de H'achwiyya qu'on peut réfuter par des textes formels'". 

Puisqu'il est établi qu'il est obligatoire de pai' la Loi divine 
de spéculer sur le syllogisme rationnel et ses espèces, comme il 
est obligatoire de spéculer sur le syllogisme juridique, il est 
clair que si nul avant nous n'avait entrepris déjà d'étudier le 
syllogisme rationnel et ses espèces, ce serait un devoir pour 
nous de commencer à l'étudier, et pour le [chercheur] suivant, de 
demander secours au précédent, jusqu'à ce que la connaissance 
en filt parfaite ; car il serait difficile, ou [même] impossible, qu'un 
seul homme découvrit de lui-même et sans devancier tout ce 
qu'il faut [savoir] en pareille matière, de même qu'il serait 
dilficile à un seul homme de découvrir tout ce qu'il faut savoir 
au sujet des [diverses] espèces de syllogisme juridique ; et cela 
est encore plus vrai de la connaissance du .syllogisme rationnel. 
Mais si quelqu'un avant nous s'est livré à de telles recherches, 
il est clair que c'est un devoir pour nous de nous aider dans notre 
étude de ce qu'ont dit, sur ce sujet, ceux qui l'ont étudié avant 
nous, qu'ils appartiennent ou non à la même religion que nous ; 
car l'instrument, grâce auquel est valide la purification, rend 
valide la purification'*' à laquelle il serl,*sans qu'on ail à examiner 



Le lei'nie métapfiyaicien semb[e doue avoir ici une signilicatioii un peu (ro|i 
Hlemiue. Mais, d'abord, la langue française nu possède aucun uiol pour dèi^igner 
le métaphyavâen qui s'a^lonne spécialement â l'élude de la tliéodicée. Eu 
oulre, il s'agit, dans ce lexie, du ptiilosophe qui, pour arriver à lu connuissante 
de Dieu, spécule sur tout l'univers, qui se livre, par conséquent, à l'élude de 
la uiétiipliysiipje en général, en même temps qu'à l'étude de cette partie delà 
métaphysique qui a nom théologie rationnelle OU théodicée. — Notons que, 
cite)! les S'uulis, ne terme k_s,U prend une signiticution mystique, 

(1) Voir plus liant, p. IR, n. 2 et 4. 

(2) ^J^\ ■ Le texte de Mùller. porte ici i~f jJOl (l'égorgemout), el, â Ift 
ligue précédente, a^Jii\ (la purification). Dana sa traduclion allemande 



^ 22 — 

si cet instrument appartient où non à un de nos coreligionnaires : 
il suffit qu'il remplisse les conditions de validité. Par ceux qui ne 
sont pas nos coreligionnaires, j'entends les Anciens qui ont 
spéculé sur ces questions avant [l'apparition de] Pislamisme. Si 
donc il en est ainsi, et si tout ce qu'il faut savoir au sujet des 
syllogismes rationnels a été parfaitement étudié par les Anciens, 
il nous faut manier assidûment leurs livres, afin de voir ce qu'ils 
en ont dit. Si tout y est exact, nous l'accepterons ; s'il s'y trouve 
quelque chose d'inexact, nous le signalerons. 

Quand nous aurons achevé ce genre d'étude, quand nous 
aurons acquis les instruments grâce auxquels nous pourrons étu- 
dier les êtres et montrer l'art qu'ils [manifestent], (car celui qui 
ne connaît pas l'art ne connaît pas l'œuvre d'art, et celui qui ne 
connaît pas l'œuvre d'art ne connaît pas l'artisan), nous devrons 
entreprendre l'étude des êtres, dans l'ordre et de la façon que 
nous aura enseignés la théorie des syllogismes démonstratifs. 

Il est clair, aussi, que nous n'atteindrons pleinement ce but, 
la [connaissance] des êtres, qu'en les étudiant successivement 
l'un après l'autre, et à condition que le [chercheur] suivant 
demande secours au précédent, comme cela a lieu dans les 
sciences mathématiques. Supposons, par exemple, qu'à notre 
époque la connaissance de la géométrie fasse défaut, qu'il en 
soit de même de celle de l'astronomie, et qu'un homme veuille 
découvrir, à lui seul, les dimensions des corps célestes, leurs 
formes, et les distances des uns aux autres ; certes, il ne le 
pourrait pas : [il ne pourrait] connaître par exemple la gran- 
deur du Soleil par rapport à la Terre, ni les dimensions des 
autres astres, fût-il le plus perspicace des hommes, sinon par 
une révélation ou quelque chose qui ressemble à la révélation. 



intitulée : Philosophie uncl Théologie von Averroes, Munchen, 1875, p. 4, 
11. 2, Muller, lisant nux deux endroits À^jJJl (regorgement), traduit en 
conséquence {hei dent Schlachten). 11 faut, au contraire, lire aux deux 
endroits !k^^^\ (la purification), comme le font les deux éditions du 
Caire ; car Ibn Rochd a pu comparer le syllogisme à un instrument de purifi- 
cation (intellectuelle), mais non à un instrument d'égorgement. C'est à cause 

de cette comparaison latente que nous rendons le mot 3LJ \ (ustensile, instru- 
ment) par le terme générique instrumenty ])lutôt que par le terme spécifique 
ustensile^ quoiqu'il désigne ici évidemment un vase à ablutions : on peut 
bien dire en français que le syllogisme est un instrument de purification 
(intellectuelle), mais non qu'il est un ustensile de purification. 



~ 23 — 

Et si on lui disait que le Soleil est plus grand que la Terre 
environ cent cinquante ou cent soixante fois, il taxerait de folie 
celui qui lui tiendrait un tel propos ; et pourtant c'est une chose 
démontrée de telle manière en astronomie, que quiconque est 
versé dans cette science n'en doute point. Mais la [science] qui 
admet le mieux, à ce point de vue, la comparaison avec les 
sciences mathématiques, c'est la science *des principes du droit 
et le droit lui-même, dont la théorie ne peut être achevée qu'au 
bout d'un temps [fort] long. Si un homme voulait aujourd'hui, à 
lui seul, découvrir tous les arguments qu'ont trouvés les théori- 
ciens des [différentes] écoles juridiques, à propos des questions 
controversées qui ont été objet de discussion entre eux, dans la 
majeure partie des pays de l'Islam, en dehors du Maghreb <*^ il 
serait digne de moquerie ; car cela est impossible, outre que ce 
serait [recommencer] une [besogne] déjà faite. C'est là une chose 
évidente par elle-même, et vraie non seulement des sciences 
théoriques mais aussi des arts pratiques : car il n'y en a pas 
un qu'un homme puisse, à lui seul, créer [de toutes pièces]. 
Que [dire] par conséquent de la science des sciences [et de l'art 
des arts]^2V qui est la philosophie^^^ ! 

S'il en est ainsi, c'est un devoir pour nous, au cas où nous 
trouverions chez nos prédécesseurs parmi les peuples d'autre- 
fois, une théorie réfléchie de l'univers, conforme aux conditions 
qu'exige la démonstration, d'examiner ce qu'ils en ont dit, ce 
qu'ils ont affirmé dans leurs livres. Ce qui sera, conforme à la 
vérité, nous l'accepterons avec joie et avec reconnaissance ; ce 
qui ne sera pas conforme à la vérité, nous le signalerons pour 
qu'on s'en garde, tout en les excusant. 

Donc, cela est évident maintenant, l'étude des livres des 
Anciens est obligatoire de par la Loi divine, puisque leur dessein 
dans leurs livres, leur but, est [précisément] le but que la Loi 



(1) Dans TEspagne musulmane et dans l'Afrique mineure, Tétude desOus'oul 
el'fiqh était, en général, absolument négligée. Voir : Le livre de Moh*ammed 
Ibn Tounierty rnahdi des Almohades (Collection du Gouvernement général de 
TAlgérie), Alger, 1903. Introduction, par I. Goldziher, p. 27 eiibidt n. 4. 

(2) ç^LL^\ AxLLo. Le mot AxLLo, qui correspond au grec ts/vyi, signifie, 
à la fois, science et art. 

(3) ^^\ la philosophie en général, la sagesse. Ce terme a une acception 
plus étendue que celui de A^BuuJLd qui désigne spécialement la philosophie 
grecque, continuée par les falàcifa ou philosophes musulmans hellénisants. 



p. 5 



— 24 — 

divine nous incite à [atteindre] ; et celui qui en interdit Tétude à 
quelqu'un qui y serait apte, c'est-à-dire à quelqu'un qui possède 
ces deux qualités réunies, en premier lieu la pénétration de l'es- 
prit, en second lieu l'orthodoxie religieuse et une moralité supé- 
rieure, celqi-là ferme aux gens la porte par laquelle la Loi 
divine les appelle à la connaissance de Dieu, c'est-à-dire la porte 
de là spéculation qui conduit à la connaissance véritable de 
Dieu. C'est là le comble de l'égarement et de l'éloignement du 
Dieu Très-Haut. De ce que quelqu'un erre ou bronche dans ces 
spéculations, soit par faiblesse d'esprit, soit par vice de méthode, 
soit par impuissance de résister à ses passions, soit faute de 
trouver un maître qui dirige son intelligence dans ces études, 
soit par le concours de [toutes] ces causes [d'erreur] ou de plu- 
sieurs d'entre elles, il ne s'ensuit pas qu'il faille interdire ce 
^p.6 genre d'études à celui *qui y est apte. Car cette sorte de mal, qui 
en résulte, en est une conséquence accidentelle et non essentielle ; 
or, ce qui, par nature et essentiellement, est utile, on ne doit pas 
y renoncer à cause d'un inconvénient accidentel. Aussi le [Pro- 
phète] (le salut soit sur lui !) a-t-il dit à un homme, à qui il 
avait ordonné de faire prendre du miel à son frère atteint de 
diarrhée, et qui, la diarrhée ayant augmenté après l'absorption 
du miel, s'en plaignait à lui : « Dieu a dit vrai, et [c'est] le ven- 
tre de ton frère [qui] a menti. » Oui, celui qui interdit l'étude 
des livres de philosophie <*^ à quelqu'un qui y est apte, parce 
qu'on juge que certains hommes de rien sont tombés dans l'erreur 
pour les avoir étudiés, nous disons qu'il ressemble à celui qui 
interdirait à une personne altérée de boire de l'eau fraîche et 
bonne et la ferait mourir de soif, sous prétexte qu'il y a des gens 
qui se sont noyés dans l'eau ; car la mort que l'eau produit par 
suffocation est un effet accidentel, tandis que [la mort causée] 
par la soif [est un effet] essentiel et nécessaire. Le [mal] qui peut 
résulter accidentellement de cette science [ou art, la philoso- 
phie,] peut aussi résulter accidentellement de toutes les autres 
sciences [ou arts]. Combien de jurisconsultes ont trouvé dans la 
jurisprudence l'occasion de se débarrasser de bien des scrupules 
et de se plonger dans [les biens de] ce monde ! Nous trouvons 
même que la plupart des jurisconsultes [en usent] ainsi, et [pour- 



(1) 



— 25 — 

tant] leur science [ou art], par essence, exige précisément la 
vertu pratique. Par conséquent, la science qui exige la vertu 
pratique comporte à peu près les mômes conséquences acciden- 
telles que la science qui exige la vertu scientifique. 

Puisque tout cela est établi, et puisque nous avons la convic- 
tion, nous, musulmans, que notre divine Loi religieuse est la 
vérité, et que c'est elle qui rend attentif et convie à ce bonheur, 
à savoir la connaissance de Dieu, Grand et Puissant, et de ses 
créatures, il faut^*^ que cela soit établi [également] pour tout 
musulman par la méthode de persuasions*^ qu'exige sa tournure 
d'esprit et son caractère. Car les caractères des hommes s'éche- 
lonnent au point de vue de la persuasion : l'un est persuadé par 
la démonstration ; l'assentiment que celui-ci donnait à la démons- 
tration, celui-là l'accorde aux arguments dialectiques, son carac- 
tère ne comportant rien de plus ; enfin, l'assentiment que le 
premier donnait aux arguments démonstratifs, un troisième 
l'accorde aux arguments oratoires. Puis donc que notre divine Loi 
religieuse appelle les hommes par ces trois méthodes, l'assenti- 
ment qu'elles produisent s'étend à tous les hommes, excepté 
ceux qui les désavouent de bouche, par obstination, ou qui, 
par insouciance, n'offrent pas prise aux méthodes par lesquelles 
la [Loi religieuse] appelle au Dieu Très-Haut. C'est pour cela 
qu'il a été spécifié au sujet du [Prophète] (sur lui soit le salut !). 
qu'il était envoyé vers le blanc et le noir^^^, je veux dire parce 
que sa Loi enveloppe les diverses méthodes pour appeler au Dieu 
Très-Haut. C'est ce qu'exprime clairement cette parole du Très- 
Haut : « Appelle dans la voie de ton Seigneur par la sagesse <^' 
et les exhortations bienveillantes et, en . discutant avec eux, 
emploie [les moyens] les plus convenables, w^^^ 

Si ces préceptes religieux sont la vérité, et s'ils invitent à la 
spéculation qui conduit à la connaissance de la Vérité^^), nous 



(1) Nous lisons, comme le propose Millier (traduction, p. 6, n. 2), ^^U au 
lieu de ^^\^ . 

(2) ,^Js-^* persuasion, assentiment. 

(3) (Littéralement vers le rouge et le noir) c'est-à-dire vers les hommes de 
toutes races. 

(4) ^O^. 

(5) QoraUy xvi, 126. 

(6) ^^\ la Vérité absolue, l'Etre véritable, c'est-à-dire Dieu. 



p. 7 



— 2() — 

savons donc, nous, musulmans, d'une façon décisive, que la spé- 
culation fondée sur la démonstration ne conduit point à contre- 
dire les [enseignements] donnés par la Loi divine. Car la vérité 
ne saurait êtr.e contraire à la vérité : elle s'accorde avec elle et 
témoigne en sa faveur. 

S'il en est ainsi, et si la spéculation démonstrative conduit h 
une connaissance quelconque d'un être quelconque, alors, de 
deux choses l'une : ou bien il n'est pas question de cet être dans 
la Loi divine, ou bien il en est question. S'il n'en est pas question, 
[las de contradiction, et le cas est le même que pour les dispositions 
légales dont il n'est pas question [dans la Loi divine] et que le 
jurisconsulte infère par le syllogisme juridique. Si, au contraire, 
la loi religieuse en parle, alors le sens extérieur du texte est 
ou bien d'accord avec les [conclusions] auxquelles conduit la 
démonstration [appliquée] à cet [êtrej, ou bien en désaccord 
[avec ces conclusions]. S'il est d'accord, il n'y a rien à en dire. 
S'il est en désaccord, alors il demande à être interprété. Inter- 
préter veut dire faire passer la signification d'une expression du 
sens propre au sens figuré, sans déroger à l'usage de la langue 
des Arabes, en donnant métaphoriquement à une chose le nom 
d'une chose semblable, ou de sa cause, ou de sa conséquence^ 
ou d'une chose concomitante, ou [en usant d'une] autre méta- 
phore couramment indiquée parmi les figures de langage. Si le 
jurisconsulte agit ainsi pour beaucoup de dispositions légales, 
combien plus a droit de le faire l'homme qui possède la science 
de la démonstration ! Car le jurisconsulte ne dispose que d'un 
syllogisme d'opinion, tandis que le métaphysicien dispose d'un 
syllogisme de certitude. Nous affirmons d'utie manière décisive 
que toujours, quand la démonstration conduit à une [conclusion] 
*r. 8 en désaccord avec le sens extérieur de la Loi divine, *ce sens 
extérieur admet l'interprétation suivant le canon de l'interpréta- 
tion arabe. C'est une chose dont un musulman ne fait aucun doute 
ot sur laquelle un croyant n'hésite pas. Mais combien cela est 
plus évident pour celui qui s'est attache à cette pensée et l'a 
mise à l'épreuve, et qui s'est proposé ce but : l'union de la raison 
et de la tradition ! D'ailleurs, nous affirmons que rien de ce qui 
est énoncé dans la Loi divine n'est en désaccord, par son sens 
extérieur, avec les résultats de la démonstration, sans qu'on 
trouve, en examinant attentivement la Loi et passant en revue 



— 27 — 

toutes ses autres parties, des expressions qui, par leur sens 
extérieur, témoignent en faveur de cette interprétation, ou sont 
[bien] près de témoigner [en sa faveur]. C'est pourquoi tous les 
musulmans sont d'accord sur ce point, qu'il ne faut pas prendre 
toutes les expressions de la Loi divine dans leur sens extérieur, 
ni les détourner toutes de leur sens extérieur par l'interpréta- 
tation ; mais ils ne sont pas d'accord pour [distinguer] celles qu'il 
faut interpréter de celles qu'il ne faut pas chercher à interpréter. 
Les Ach'arites, par exemple, interprètent le verset [où se trouve 
l'expression : Dieu] se dirigea [vers le ciel]^*), et le h'adith [où il 
est dit] que [Dieu] descend [vers le ciel d« ce bas monde] <2), 
tandis que les H'anbalites prennent ces [expressions] au sens 
extérieur. Si la Loi divine présente un sens extérieur et un sens 
intérieur, c'est à cause de la diversité qui existe dans le naturel 
des hommes et de la différence de leurs dispositions innées <^ par 
rapport à l'assentiment ; et si elle présente des [expressions qui, 
prises au] sens extérieur se contredisent, c'est afin d'avertir les 
hommes d'une science profonde d'avoir à les concilier par l'inter- 
prétation. C'est à quoi le Très-Haut a fait allusion en disant: 
« C'est Lui qui t'a révélé le Livre, dont certains versets sont 
clairs et positifs. . ., etc., jusqu'à : les hommes d'une science 
profonde ))^^K 



(1) Qoraiiy II, 27. La présente citation s'applique aussi à un passage tout à 
fait semblable (Qoran, xli, 10), cité plus loin par Ibn Rochd, p. 34,1. 16 (p. 11^, 
1. 11 du texte publié par Mtiller). Elle pourrait s'appliquer également à un 
troisième passage qu'Ibn Rochd ne cite point dans ce traité {Qorany vu, 52) : 

^jjt)\ (^^JLfi ^^Xm}\ ly « Ensuite Dieu vint s'asseoir sur le trône. » 

(2) Voir la note de Mûller, p. 8, n. 1 de sa traduction allemande. 

(3) Voir dans notre table des variantes, le n*: P. 8, 1. 11. 

(4) Qoraiiy m, 5. Voici le verset complet : « C'est Lui qui t'a révélé (littérale- 
ment : ([ui a fait descendre sur toi) le Livre, dont certains versets sont clairs 
et positifs et constituent la mère du Liore (c'est-à-dire sa partie fondamentale) 
<»t d'autres sont ambigus. Ceux qui ont dans le cœur une propension à l'erreur 
s'attachent à ce qui s'y trouve d'ambigu, par amour de la sédition et par désir 
d'interpréter ces [textes ambigus] ; or, nul n'en connait l'interprétation si ce 
n'est Dieu. Quant aux (littéralement : Et les) hommes d'une science profonde, 
ils disent : « Nous croyons à ce [livre] : tout cela vient de notre Seigneur. » 
Car nul ne se souvient, si ce n'est ceux qui savent comprendre ». Ibn Rochd, 
construisant à sa façon, pour les besoins de sa cause, entend la fin de ce verset 
de la manière suivante : « Or, nul n'en connait l'interprétation, si ce n'est 
Dieu et les hommes d'une science profonde », et il a soin d'arrêter là cette 
citation. Comparer le passage, p. 38, I. 14 (p. 16, 1. 13, du texte de Muller) où 



— 28 — 

Si Ton objecte : « Il y a, dans la Loi divine, des choses 
que les musulmans sont unanimes à prendre dans leur 
sens extérieur, d'autres pour lesquelles [ils sont unanimes à 
juger nécessaire] une interprétation, et d'autres au sujet des- 
quelles ils ne sont pas d'accord. Est-il licite que la démonstra- 
tion conduise à interpréter ce qu'ils sont unanimes à prendre 
au sens extérieur, ou [à prendre] au sgns extérieur ce qu'ils 
sont unanimes à interpréter? » — nous répondons : Si l'accord 
unanime était établi d'une manière certaine, cela ne serait pas 
valable ; mais si cet accord unanime [n'Jest [que] présumé, cela 
est valable. C'est pourquoi Abou H'amîd [El-Ghazâlî], Abou'l- 
Ma'àli, et d'autres maîtres en spéculation ont dit qu'il ne fallait 
pas taxer d'infidélité ceux qui, dans des cas semblables, avaient 
rompu l'accord unanime sur la [question • d'] interprétation. Ce 
qui te prouve que l'accord unanime ne peut être constaté en 
I matière spéculative, d'une manière certaine, comme il peut l'être 
-*p:9 en matière pratique, c'est qu'il n'est pas possible *de constater 
l'accord unanime sur une question quelconque, à une époque 
quelconque, à moins que cette époque ne soit, dans notre esprit, 
étroitement délimitée ; que nous n'en connaissions tous les 
savants (j'entends les connaître individuellement et savoir leur 
nombre) ; que la doctrine de chacun d'eux sur cette question ne 
nous ait été transmise par une tradition répéléeS^^ ; et qu'en 
outre de tout cela nous ne sachions positivement que les savants 
de cette époque s'accordaient à [admettre] qu'il n'y a dans la Loi 
divine rien d'extérieur et d'intérieur^^)^ que \^ science, en toute 
question, ne doit être celée à personne, et que pour [tous] les 
hommes, la méthode [conduisant] à la connaissance de la Loi 
religieuse est unique. Mais comme nous savons par tradition 
qu'un grand nombre d'hommes des premiers temps de l'islamisme 
jugeaient qu'il y a dans la Loi divine de l'exotérique et de l'éso- 
térique^'*^ et que l'ésotérique ne doit pas être connu de ceux qui 



il cite de nouveau ce membre de phrase eu substituant à cette expression 
^Jla3\ ^^ 0>*^^l^^ ^^^* hommes d'une science profonde), cette autre expres- 
sion: les hommes de démonstration : . L.^ib\« ^\ V^ ^!JL3 Jj > i*x V* 

(1) /i\y J^. Voir Pexcellent travail de M. W. Mabçais, Le taqrîb de 

En-Nawawly traduit et annoté. Journal Asiatique : janvier-février, 1901, 
p. 103, note ; juillet-aoùt, p. 105, 1. 2 et note, p. 113, note 1. 

(2) et (3) yAl^ extérieur, exotérique ; ^^b intérieur, ésotérique. 



— 29 — 

n'en cultivent pas la science et qui ne peuvent le comprendre 
(c'est ainsi qu'au rapport d'El-Bokhârî, ^'Alî, Dieu soit satisfait 
de lui ! a dit : « Parlez aux gens de ce qu'ils connaissent. Vou- 
lez-vous que Dieu et son envoyé soient accusés de mensonge ? » ; 
et le [même auteur] rapporte de plusieurs de [nos] prédécesseurs 
des paroles du même genre), comment donc peut-on concevoir 
un accord unanime, transmis jusqu'à nous, sur une des ques- 
tions spéculatives, alors que nous savons péremptoirement 
qu'aucune époque n'a manqué de savants jugeant qu'il y a dans 
la Loi divine des choses dont il ne faut pas que tout le monde 
connaisse le sens véritable. Et en cela, [les vérités spéculatives] 
diffèrent des vérités pratiques : car tout le monde estime qu'on 
doit communiquer ces dernières à tous les hommes également ; 
et pour qu'il y ait accord unanime à leur sujet, il suffit que la 
question se soit répandue et que la tradition ne nous fasse con- 
naître aucune divergence sur cette question. Car cela suffit^^J 
pour qu'il y ait accord unanime dans les questions pratiques, 
à la différence des questions spéculatives. 

Diras-tu : Si on ne doit taxer [personne] d'infidélité pour 
avoir rompu l'accord unanime en ce qui concerne l'interpréta- 
tion, attendu qu'on ne conçoit pas un accord unanime en pareille 
matière, que dis-tu des falacifa musulmans ^^^ comme Abou Nas'r 
[El-Fàrâbî] et Ibn Sînâ ? Car Abou H'amîd [El-Ghazâli] les a 
formellement accusés d'infidélité, dans son livre Ueffondrement 
[des falacifa]^^\ au sujet de trois questions, à savoir: l'affirma- 



(1) Nous lisons, avec les deux éditions du Caire, <^\^ au lieu de ujbJ^. 

(2) ^'%uiYi Jjb\ ^^ ijft-u)\U3\ . 

(3) L'ouvrage est intitulé ^uu*o^)lslJ\ C^i^UJ). On traduit généralement ce 
litre, dont la signification a été si controversée : La destruction des philo^ 
sophes. Nous proposons de le traduire : L' effondrement des falacifa. Il serait 
aifcé de montrer, en citant certains passages de ce livre et de la réfutation 
(ju'en a écrite Ibn Rochd sous le titre de CU»L^-X3\ CU»L^* (L'effondrement de 
« l'Effondrement ») que telle est bien la traduction exacte du mot « tehàfot : 
El-Ghazàli et Ibn Rochd lui donnent, par exemple, pour synonyme, le mot 
JaiLo. Le titre imaginé par El-Ghazàli signifie donc, non pas précisément 
qu'il va détruire le système des falacifa^ mais que ce système se détruit lui- 
même, qu'il ne tient pas debout, parce qu'il enveloppe des contradictions et 
que, j)ar conséquent, ses parties ne se soutiennent pas Tune Tautre, se renver- 
sent Tune l'autre (d'où la 6' forme C-^ftL^'), en un mot, qu'il s^effondre de lui- 
même. Le titre du livre d'Ibn Rochd signifie pareillement que c'est au con- 
traire le livre d'EL-GHAZÂLî, a L'Effondrement » y qui s'efTondre de lui-même, 
parce qu'il repose sur des contradictions que l'ouvrage d'iBN Rochd va mettre 
en évidence. 



— 30 — 

lion de réternité du monde, [rafDrmation] que le Très-Haut (qui 
est bien au-dessus d'un tel [blasphème]!), ne connaît pas les 
p. 10 choses particulières, et *rinterprétation des passages de la 
révélation relatifs à la résurrection des corps et à la vie future ? 
— Nous répondons : Il résulte manifestement de ce qu'il dit à 
ce propos, que Taccusation d'infidélité qu'il porte, sur ce point, 
contre ces deux [philosophes], n'est pas formelle ; car il déclare 
dans le livre de La démarcation [entre la foi et V incrédulité \^^'^ 
que l'accusation d'infidélité pour avoir rompu l'unanimité [n']est 
[qu'] hypothétique. Et nous avons montré clairement qu'il n'est 
pas possible de constater l'unanimité en de pareilles questions, 
puisqu'on rapporte que selon un grand nombre de nos premiers 
prédécesseurs, sans parler des autres, il y a là des interpréta- 
tions qu'on ne doit exposer qu'aux hommes d'interprétation, qui 
sont les hommes d'une science profonde. Car le mieux, selon 
nous, est de s'arrêter sur cette parole du Très-Haut : « Et les 
hommes d'une science profonde w^*^ En effet, si les hommes de 
science ne connaissaient pas l'interprétation, ils n'auraient 
aucune supérioritjé d'assentiment qui produise chez eux une [sorte 
de] croyance en Lui qui ne se trouve pas chez ceux qui ne sont 
point hommes de science. Or, Dieu les a qualifiés « ceux qui 
croient en Lui », et cela ne peut désigner que la croyance qui 
vient de la démonstration. Et celle-ci ne va pas sans la science 
de l'interprétation. Car ceux qui ne sont pas hommes de science, 
parmi les croyants, sont gens dont la croyance en Lui^^^ ne vient 
pas de la démonstration. Si donc cette croyance, par laquelle Dieu 
caractérise les savants, leur est propre, il faut qu'elle soit [pro- 
duite] par la démonstration. Et si elle est [produite] par la démons- 
tration, elle ne va pas sans la science de l'interprétation : car 
Dieu, Puissant et Grand, a fait savoir que pour ces [passa- 
ges du Qoran] il y a une interprétation qui est la vérité, et la 
démonstration n'a d'autre objet que la vérité. Et puisqu'il en est 
ainsi, il n'est pas possible de constater, pour les interprétations 



(1) Le titre complet de Touvrage est : iijJ»J\^ ^^L%jV^ ^^^ *àSyCi}\ , y\SS . 

(2) C'est-à-dire de couper la phrase (nous d»rious, eu français, de mettre un 
point) après et les hommes <Vune science "profonde^ et non avant, dans le 
verset m, 5, cité plus haut. (Voir plus haut, p. 27, n. 4.) 

(3) Au lieu de l^ (^L%j>V^ qui n'ofïre aucun sens, il faut lire évidemment 
^ qL^jV^ comme quatre lignes plus haut. 



— 31 — 

que Dieu attribue en propre aux savants, un accord unanime 
connu par la commune rcnommée^^K Cela est évident par soi- 
même pour quiconque est sans prévention. 

En outre de tout cela, nous voyons qu'AbouH'àmid s'est trompé 
au sujet des philosophes péripatéticiens, en leur attribuant l'opi- 
nion que [Dieu], Très-Saint et Très-Haut, ne connaît nullement 
les choses particulières. Leur opinion est que le Très-Haut les 
connaît d'une connafssance qui n'est pas du même genre que 
celle que nous en avons. Car notre connaissance est conditionnée 
par l'objet connu : elle est produite s'il est produit, elle change 
s'il change ; tandis que la connaissance que le Dieu Glorieux a 
de ce qui existe est l'opposé ; elle est condition de l'objet con- 
naissable, qui est l'être. Celui, donc, qui assimile *ces deux con- *p. n 
naissances l'une à l'autre, identifie dans leurs essences et leurs 
propriétés des choses opposées, ce qui est le comble de l'égare- 
ment. Si le mot connaissance est appliqué à la connaissance 
produite et à la [connaissance] éternelle, c'est par une pure 
homonymie, de même que beaucoup de noms^^^ sont appliqués à 
des choses opposées, par exemple djalal se dit du grand et du 
petit, et s'arîm [se dit] de la lumière et des ténèbres <^^ Aussi n'y 
a-t-il pas de définition qui embrasse à la fois ces deux connais- 
sances, comme se l'imaginent les Motékallemîn de notre temps. 
Nous avons [d'ailleurs] consacré à cette question un traité, à 
l'instigation d'un de nos amis^*^ 

Comment peut-on imaginer d'attribuer aux Péripatéticiens 
l'opinion que le [Dieu] Glorieux ne connaît pas d'une connais- 



(1) ,Ja.sjaLXA,wwg répandu^ connu par la commune renomm.ée. Pour Texacte 
signification de ce terme technique, voir W. Mabçais : Le Taqrih d'En- 
iVaicaicî, traduit et annoté. Journal Asiatique : janvier-février 1901, p. 131; 
juiilet-aoùt 1901, p. 104, n. 1, 106 n. et 125. 

(2) On sait que la grammaire arabe admet seulement trois parties du discours, 
et qu'elle classe Tadjectif dans la catégorie du nom. 

(3) Le mot djalal (,J-^) , appliqué à une affaire, a les deux sens opposés de 
grave, importante» et ôesans importance, de bagatelle. Le mot s'arîm (^^^-«o) 
signifie à la fois aurore et nuit très sombre ou une certaine partie de la 
nuit. 

(4) C'est le plus court et le dernier des trois traités publiés ensemble par 
M. J. Millier et par les deux éditeurs égyptiens. 11 occupe les pages 128 à 131 
de rédition Millier et a pour titre: j<^^\^\ Iaj.^3 ^^^\ i«Li**JL\ a^ .^^ 
JliJL\ ^J-^ ^^ ; Appendice relatif à la question touchée par Abou'l-\Valîd 
[Ibn Rochd] dans [son traité intitulé] Fas'l el-maqàl (c'est-à-dire dans le 
présent traité). 



— 32 — 

sance éternelle les choses particulières, alors qu'ils regardent 
la vision vraie comme renfermant l'anticipation des éventualités 
particulières^*), et [croient] que cette prescience, Thomme la 
reçoit dans le sommeil, de la science éternelle^^^ qui régit Tunivers 
en maîtresse [absolue]. Ce ne sont pas seulement, à leur avis, 
les choses particulières que [Dieu] ne connaît pas de la même 
manière que nous, mais aussi les universaux ; car les universaux 
connus par nous sont conditionnés, eux aussi, par la nature du 
réel, tandis que, dans cette connaissance, c'est l'inverse. Donc, 
la [conclusion] à laquelle conduit la démonstration, c'est que 
cette connaissance est au-dessus des qualifications d'universelle 
ou de particulière ; en sorte que la discussion est sans objet sur 
cette question, je veux dire s'il faut ou non taxer ces [philoso- 
phes] d'infidélité. 

Quant à la question de l'éternité du monde dans le passé ou de 
sa production, la discussion sur cette question entre les Moté- 
kallemîn ach'^arites et les philosophes anciens se réduit presque, 
à mon avis, à une querelle de mots, particulièrement en ce qui 
concerne certains Anciens. Les [deux partis] s'accordent à [recon- 
naître] qu'il y a trois genres d'êtres, deux extrêmes et un inter- 
médiaire entre les deux extrêmes. Ils s'accordent sur le nom des 
deux extrêmes, et diffèrent en ce qui concerne l'intermédiaire. 
L'un des deux extrêmes est un être qui est formé de quelque 
autre chose et qui provient de quelque chose, je veux dire [un 
être qui provient] d'une cause efficiente et [qui est formé] d'une 
matière ; et le temps l'a précédé, je veux dire [a précédé] son 
existence. C'est le cas des corps, dont la naissance est perçue 
*p. 12 *par les sens, par exemple la naissance de l'eau, de l'air, de la 
terre, des animaux, des plantes, etc. Cette sorte d'êtres, tous, 
Anciens et Ach'arites, s'accordent à les appeler [êtres] produits. 
L'extrême opposé à celui-là est un être qui n'est pas formé de 
quelque chose, ni ne provient de quelque chose, et qu'aucun temps 
n'a précédé. Celui-là aussi, tout le monde, dans les deux sectes, 
est d'accord pour l'appeler éternel. Cet être est perçu par la 
démonstration. C'est Dieu, Béni et Très-Haut, Auteur de toutes 
choses, qui donne l'existence à toutes choses et les conserve. 



(1) Littéralement: des choses particulières pi^oduites dans le temps futur. 

(2) (j,j\ éternel aparté ante, synonyme de ^,v>i . 



— 33 — 

Glorieux et Exalté dans sa Puissance ! Quant au genre d'être qui 
est entre ces deux extrêmes, c'est un être qui n'est pas formé de 
quelque chose et qu'aucun temps n'a précédé, mais c'est cepen- 
dant .un être qui provient de quelque chose, je veux dire 
d'un agent. C'est le monde dans son ensemble. Tous, ils sont 
d'accord pour reconnaître au monde ces trois caractères. Les 
Motékallemîn, en effet, concèdent que le temps ne l'a pas pré- 
cédé, ou [du moins] c'est une conséquence nécessaire de leur 
[doctrine], puisque le temps, pour eux, est chose inséparable des 
mouvements et des corps. Ils conviennent aussi avec les Anciens 
que le temps à venir est infini et de même l'existence à venir. Les 
[deux partis] ne sont en désaccord que sur le temps passé et 
l'existence passée : les Motékallemîn les regardent comme 
finis, et telle est aussi la doctrine de Platon et de son école, tan- 
dis qu'Aristote et ses partisans les regardent comme infinis, de 
même façon que l'avenir. Cette dernière existence, cela est clair, 
ressemble [à la fois] à l'existence véritablement produite et à 
l'existence éternelle. Ceux aux yeux de qui sa ressemblance avec 
1' [être] éternel l'emporte sur sa ressemblance avec 1' [être] pro- 
duit l'appellent éternelle, et ceux aux yeux de qui l'emporte sa 
ressemblance avec 1' [être] produit l'appellent pivduite, bien 
qu'elle ne soit ni véritablement produite ni véritablement éter- 
nelle : car ce qui est véritablement produit est nécessairement 
corruptible, et ce qui est véritablement éternel dans le passé n'a 
pas de cause. Certains d'entre eux la nomment produite de toute 
éternité (c'est [à savoir] Platon et son école), parce que le temps, 
pour eux, est limité dans le passé. — Les doctrines relatives au 
monde ne sont donc pas si complètement éloignées l'une de l'autre 
qu'on [puisse] taxer l'une d'infidélité et non [l'autre]. Car les 
opinions *dont tel est le cas doivent avoir entre elles le maximum *p. i3 
d'éloignement, je veux dire, qu'elles doivent être diamétralement 
opposées, comme le pensent les Motékallemîn à propos de cette 
question, je veux parler d'une opposition diamétrale qui existe- 
rait entre les noms d'éternité et de production appliqués au 
monde dans son ensemble. Et il résulte clairement de ce que 
nous avons dit qu'il n'en est pas ainsi. 
En outre de tout cela, ces opinions relatives au monde^*) ne 



(l) Celles des Motékallemîn. 



~ 34 — 

sont pas conformes au sens extérieur de la Loi divine : car si 
on examine le sens extérieur de la Loi divine, on voit, par les 
versets contenant des indications sur l'origine du monde, que sa 
forme est véritablement produite, mais que Texistence même, et 
le temps, demeure aux deux extrémités, je veux dire ne cesse 
pas. Cette parole du Très-Haut : « C'est Lui qui a créé les cieux 
et la terre en six jours, et son trône était sur Teau^^^ » implique, 
en son sens extérieur, qu'il y avait une existence avant cette 
existence, à savoir le trône et l'eau, et un temps avant ce temps, 
je veux dire [avant] celui qui est inséparable de cette forme 
d'existence et qui est le nombre du mouvement de la sphère 
céleste. 

De même cette parole du Très-Haut : « au jour où la terre 
sera changée en autre chose que la terre, et [de même] les 
cieux ))^2) implique, en son sens extérieur, une seconde existence 
après cette existence. Et cette parole du Très-haut : « Puis il se 
dirigea vers le ciel, qui était une fumée ))<^) implique, en son sens 
extérieur, que les cieux ont été créés de quelque chose. Les 
Motékallemîn, dans ce qu'ils disent aussi du monde, ne suivent 
pas le sens extérieur de la Loi divine : ils [l'J interprètent. Car 
il n'est pas [dit] dans la Loi divine que Dieu existait avec le pur 
néant : cela ne s'y trouve nulle part à la lettre. Et comment 
concevoir que l'interprétation donnée de ces versets par les 
Motékallemîn ait réuni l'unanimité, alors que le sens extérieur de 
la Loi divine, par nous indiqué, au sujet de l'existence du monde, 
pst un point de doctrine pour [toute] une catégorie de savants ^*^ 
En ces difficiles questions, ce semble, ceUx qui sont d'avis 
différents ou bien atteignent le but et ils méritent récompense, 
ou bien le manquent et ils sont excusables. Car l'assentiment 
venant d'une preuve qu'on a présente à l'esprit est chose néces- 
saire [et] non libre, je veux dire qu'il n'est pas en nous de le refu- 
ser ou de l'accorder, comme il est en nous de nous tenir debout 
ou non. Et puisque la liberté est une condition de la responsa- 
bilité, celui qui acquiesce à une erreur en conséquence d'une 



. (1) Qoraiiy XI, 9. 

(2) Qoran, xiv, 49. 

(3) Qorany xli, 10. 

(4) Cf. p. 9, 1. 13, (lu texte publié par Mûller, un passage analogue, dans 
lequel *UXa- est remplacé par «Ulô . 



— 35 — 

considération qui s'est présentée à son [esprit] est excusable, s'il 
est homme de science. * C'est pourquoi le [Prophète] (sur lui *p. u 
soit le salut !) a dit : « Quand le juge, ayant fait tout ce qui 
dépendait de lui, atteint le vrai, il a une récompense double ; 
s'il s'en écarte, il a une récompense [simple]. Et quel juge a 
une [tâche] plus grande que celui qui juge si l'univers^^^ est tel 
ou n'est pas tel? Ces juges ^^i gQjji, i^g savants, à qui Dieu a 
réservé l'interprétation. Cette erreur sur la loi divine, qui est 
pardonnable, c'est l'erreur dans laquelle peuvent tomber les 
savants (^^ lorsqu'ils se livrent à la spéculation sur les choses diffi- 
ciles sur lesquelles la Loi divine les a chargés de spéculer. Mais 
l'erreur dans laquelle tombent les autres catégories d'hommes 
est un pur péché, soit que l'erreur porte sur les choses spécu- 
latives ou sur les choses pratiques. De même que le juge igno- 
rant dans la sonna, s'il se trompe dans son jugement, n'est pas 
excusable, de même celui qui juge sur l'univers^*^ sans réunir 
les conditions [requises pour être en état] de juger, n'a pas 
d'excuse : c'est un pécheur ou un infidèle. Et si celui qui juge 
sur le licite et le défendu doit préalablement réunir les conditions 
de l'idjtihâd, à savoir la connaissance des principes fondamentaux 
et la connaissance de la déduction qui opère sur ces principes au 
moyen du syllogisme, combien plus cela est-il exigible de celui 
qui juge sur l'univers '^^, je veux dire de connaître les principes 
intellectuels et les procédés de déduction qui s'y appliquent ! 



(1) >ys^^\ littéralement : Vexistence, et par extension : [tout] ce qui existe, 
l'univers. Voir, par exemple, Maïmonide, Le Guide des EgaréSy publié et 
traduit par S. Munk, 3 vol. Paris, 1856-1866, vol. ii, l' TDD 1- 12: \J.-A ?»-^^>. 
j^^^l (p. 112, I. 16, de la traduction : « tout cet univers ») ; f 7^7 1. 8 et 12: 
J^^^\ (p. 137, 1. 12 et 1. 18 de la traduction : « l'univers »). On emploie aussi 
dans le même sens le participe :>^iii^\ , Vêtre. Cf. id. ihid,, 11, f* yo dern. 1., 
et f 12D , 1. 16: à^S >ys^^\ \j^ (p. 111, 1. 3 et p. 112, 1. 22, de la traduction : 
« lout cet univers »). Quant au pluriel Cj^^>^>J^\ il est couramment employé 
dans ce sens d' « univei-s » que signalent d'ailleurs les dictionnaires. Nous 
allons le rencontrer avec cette signification quelques lignes plus loin. Cf. 
suprà, p. 18, n. 4. 

(2) On trouvera dans notre article sur «La racine arabe ^tSi^ et ses dérivés t>, 
p. 435 à 454 de VHomenaje a D. Francisco Codera, en su juhilaciôn del pro- 
fesorado. Zaragoza, 1904, en particulier p. 447, un commentaire de tout ce 
passage. 

(3) ALtJLji3\ ^^ çij ^3J\ UmiC\ littéralement : Verreur qui tombe de la part 
des savants^ qui leur échappe, 

(4) et (5) C->\J>^>A.\. 



— 36 — 

En somme. Terreur dans la Loi divine est de deux sortes : une 
erreur pour laquelle est excusable celui qui sait spéculer sur 
cette matière dans laquelle l'erreur est commise, comipe est 
excusable le médecin habile quand il se trompe dans Part médi- 
cal, et le juge habile quand il se trompe en jugeant, et pour 
laquelle n'est pas excusable celui dont ce n'est pas l'affaire ; et 
une erreur pour laquelle nul n'est excusable, qui, si elle porte 
sur les principes de la Loi religieuse, est infidélité, et si elle porte 
sur ce qui est subordonné aux principes, hérésie. 

Cette [seconde sorte d'] erreur est celle qui a lieu sur les 
choses à la connaissance desquelles conduisent également les 
diverses méthodes d'argumentation, et dont la connaissance est, 
de cette manière, accessible à tous : par exemple, la reconnais- 
sance de l'existence de Dieu (Béni et Très-Haut !), de la mission 
des prophètes, de la béatitude ou des tourments de la vie future ; 
car à ces trois principes fondamentaux conduisent [également] 
*p. 15 les trois sortes de preuve [qui sont telles] *que nul ne peut se 
dispenser de donner son assentiment, en vertu de Tune d'entre 
elles, à ce qu'il est tenu de connaître, je veux dire les preuves 
oratoire, dialectique, et démonstrative. Celui qui nie de pareilles 
choses est, lorsqu'elles forment un des principes de la Loi divine, 
un infidèle, qui résiste de bouche et sans conviction, ou [qui ne 
résiste que] parce qu'il néglige de s'appliquer à en connaître la 
preuve. Car si c'est un homme de démonstration, une voie lui a 
été préparée [pour le conduire] à l'acquiescement par la démons- 
tration, s'il est un homme de dialectique, par la dialectique, et 
s'il est un homme d'exhortation, par les exhortations ; et c'est 
pourquoi le [Prophète] (sur lui soit le salut !) a dit : « 11 m'a 
été ordonné de combattre les gens jusqu'à ce qu'ils disent : « 11 
n'y a de divinité que Dieu », et qu'ils croient en moi » ; il veut 
dire [qu'ils croient en moi] par n'importe laquelle des trois voies 
[qui conduisent] à la croyance. Quand aux choses trop abstruses 
pour être connues autrement que par la démonstration. Dieu a 
fait à ceux de ses serviteurs qui n'ont aucun accès à la démons- 
tration soit à raison de leur naturel, soit à raison de leurs habi- 
tudes, ou faute de moyens de s'instruire, la grâce de leur en 
donner des figures et des symboles ; et il les a invités à donner 
leur assentiment à ces figures, car ces figures peuvent obtenir 
l'assentiment au moyen des preuves accessibles à tous, je veux 



— 37 -- 

dire les [preuves] dialectiques et les [preuves] oratoires. C'est la 
raison pour laquelle la Loi divine se divise en exotérique et 
ésotérique. L'exotérique, ce sont ces figures employées comme 
symboles de ces intelligibles ; et Tésotérique, ce sont ces intelli- 
gibles, qui ne se révèlent qu'aux hommes de démonstration : ce 
sont ces quatre ou cinq sortes d'êtres dont parle Abou H'âmid 
dans le livre de la Démarcation^^K S'il arrive, comme nous 
l'avons dit, que nous connaissions la chose en elle-même par les 
trois méthodes, nous n'avons pas besoin de la symboliser par 
des figures, et elle n'offre, dans son sens extérieur, aucun accès 
à l'interprétation. Et cette sorte de sens extérieur, s'il a trait aux 
principes fondamentaux, celui qui s'avise de l'interpréter est un 
infidèle, par exemple celui qui croit qu'il n'y a pas de béatitude 
dans une vie future, ni de tourments, et que ce dogme n'a d'autre 
but que de préserver les hommes les uns des autres dans leurs 
corps et dans leurs biens <2^, qu'il n'est qu'un artifice, et qu'il n'y 
a d'autre fin pour l'homme que sa seule existence sensible. 

Cela étant établi, *il résulte clairement, pour toi, de ce que *p. 16 
nous avons dit, qu'il y a dans la Loi divine un sens extérieur 
qu'il n'est pas permis d'interpréter, dont l'interprétation, s'il 
s'agit des principes fondamentaux, est infidélité, et s'il s'agit dé 
ce qui est subordonné aux principes, hérésie ; mais qu'il y a 
aussi un sens extérieur dont l'interprétation est obligatoire pour 
les hommes de démonstration et qu'ils ne peuvent prendre à la 
lettre sans être des infidèles, tandis que pour ceux qui ne sont 
pas hommes de démonstration, le fait de l'interpréter, de le 
détourner de son sens apparent, est, de leur part, infidélité ou 
hérésie. Tels sont le verset [où il est dit que Dieu] se dirigea 
[vers le ciel]^^^ et le h'adith [selon lequel Dieu] descend [vers le 
ciel de ce bas monde] ^^). C'est pourquoi le [Prophète] (sur lui 



(1) Cf. suprà, p. 30, n. 1. 

(2) Les trois éditions portent également Mia-**»]^^"!^ {et dans leurs sensations), 
et Mûller traduit en conséquence : « in ihren... Sinnen » (p. 15, I. 12). II faut 

Jire évidemment ^j^.o\yL^ (et dans leurs biens propres). Cf. dans notre 
édition, avec traduction française, de Hayy hen Yaqdhân, roman philoso- 
phique d'Ilm Thofaïl. Alger, Fontana, 1900 (Collection du Gouvernement 
général de l'Algérie) p. m, 1. 4, un passage presque identique. 

(3) et (4) Cf. p. 8, 1. 9 de Tédition Mûller (dans la présente traduction, p. 27, 
1. 10 sq. 



— 38 — 

soit le salut !) a dit de Pesclave noire qui lui répondait que Dieu 
est dans le ciel : « Qu'on lui donne la liberté, car elle est 
croyante. » C'est qu'elle n'était pas du nombre des gens de 
démonstration <*'. La raison en est que, pour cette sorte de gens 
chez qui l'assentiment ne vient que de l'imagination, je veux 
dire qui n'acquiescent à une chose qu'en tant qu'ils l'imaginent, 
il est [bien] difficile d'acquiescer à une réalité qui ne se rapporte 
pas à une chose imaginable. Cela s'applique aussi à ceux qui ne 
comprennent, en fait de rapport de ce genre, que l'espace, c'est- 
à-dire à ceux qui, supérieurs aux hommes de la classe précé- 
dente par une légère teinture de spéculation, croient à la cor- 
poréité^^^ Aussi la réponse à faire à ceux-ci, au sujet de 
pareilles choses, c'est que ce sont des choses obscures, et 
qu'on doit s'arrêter sur la parole du Très-Haut : « Nul n'en con- 
naît l'interprétation, si ce n'est Dieu et les hommes de démons- 
tration ))<^). Outre que, s'accordant à reconnaître que cette sorte 
[de sens extérieur] doit être interprété, ils diffèrent sur l'inter- 
prétation qu'il en [faut donner], et cela à raison du degré d'avan- 
cement de chacun dans la connaissance de la démonstration. 

Il y a [encore] dans la Loi divine une troisième catégorie [de 
textes], indécise entre les deux autres, et au sujet de laquelle il 
peut y avoir doute. Certains, parmi ceux qui s'adonnent à la 
spéculation, rangent ces [textes] dans la [catégorie du] sens exté- 
rieur dont l'interprétation n'est pas permise, d'autres les ran- 
gent dans la [catégorie du] sens intérieur qu'il n'est pas permis 
aux savants de prendre à la lettre. La cause en est dans la diffi- 
culté et l'obscurité de cette catégorie [de textes] ; et celui qui 
s'y trompe est excusable, j'entends [s'il est] du nombre des savants. 

Si donc on demande : « Puisqu'il est clairement établi que la 
Loi divine, à ce point de vue, comprend trois degrés, auquel de 
ces trois degrés appartiennent, selon vous, les [passages de la] 
révélation qui donnent des descriptions, de la vie future et de ses 
[divers] états ? » — nous répondons : Cette question appartient 



(1) Millier fait, à tort, de cette réflexion, la fin du iradilh. 

(2) C'est-à-dire à la corporalilé de Dieu, La lecture de cette lin de phrase 
demeure douteuse : c'est par conjecture que Miiiler lit \^wX.-ij, la première 
lettre de ce mot étant eftacée, et au lieu de >U-Xfi\ Téditiou du Caire de 1319 
hég. corrige : ^li-X^b . 

(3) CI. suprà, p. 27, n. 4. 



— 39 — 

évidemment à la catégorie qui comporte une diversité d'opinions. 
En effet, nous voyons *un parti, qui se réclame de la démons- *p. n 
tration, soutenir qu'on doit prendre ces [textes] à la lettre, 
attendu qu'il n y a pas de démonstration qui conduise à en 
[déclarer] absurde le sens extérieur. Telle est la voie que suivent 
les Ach'arites. Un autre parti, parmi ceux qui s'adonnent à la 
spéculation, déclare qu'il faut les interpréter, mais ils en donnent 
des interprétations très diverses. A cette catégorie appartient 
Abou H'âmid, ainsi qu'un grand nombre de S'oufls. Certains 
d'entre eux réunissent deux interprétations, comme le fait Abou 
H'âmid dans certains de ses livres. Il semble que celui qui se 
trompe sur cette question, parmi les savants, est excusable, et 
que celui qui atteint le vrai est digne d'éloge ou de récompense, 
si, du moins, le [premier] reconnaît l'existence et s'efforce seu- 
lement d'y appliquer l'un des modes d'interprétation, je veux 
dire si [son interprétation porte] sur la manière d'être de la vie 
future et non sur son existence ; car l'interprétation ne va pas 
jusqu'à la négation de l'existence. Seule, la négation de l'exis- 
tence, en cette [question], est infidélité, parce qu'elle se rapporte 
à l'un des principes fondamentaux de la Loi religieuse, auquel 
on arrive à acquiescer par les trois méthodes communes « au 
blanc et au noir ))^^K Quant à ceux qui ne sont pas hommes de 
science, ils doivent prendre ces [textes] à la lettre, et [toute] 
interprétation de ces [textes] est, à leur égard, infidélité, parce 
qu'elle conduit à l'infidélité. Et voilà pourquoi nous pensons qu'à 
l'égard des hommes dont le devoir est de croire au sens exté- 
rieur, l'interprétation est infidélité : c'est qu'elle conduit à l'infi^ 
délité^^^ L'homme d'interprétation qui leur divulgue cette [inter- 
prétation] les invite à l'infidélité. Or, celui qui invite à l'infidé- 
lité est infidèle. C'est pourquoi les interprétations ne doivent 
être exposées que dans les livres [du genre] démonstratif, parce 
qu'alors il n'y a que les hommes de démonstration qui puissent 
en prendre connaissance ; tandis que si on les expose dans d'au- 



(1) Cf. suprà, p. 7, I. 2 de Tédition de Millier, p. 25, n. 3 de la présente tra- 
duction. 

(2) Cette phrase (depuis Et voilà pourquoi), comprise entre deux membres 

dephryse identiques (yA^\ (J,\ ^>S^, ^'^ « parce qu'elle conduit à Tiulidé- 
lité » ) et qui constitue une simple redite, me parait être une glose interpolée. 
Elle figure dans les trois éditions. 



— 40 — 

très livres que ceux du [genre] démonstratif, et au moyen des 
méthodes poétique, oratoire, ou dialectique, comme le fait Abou 
H'âmid, c'est une faute contre la Loi divine et contre la philoso- 
phie<*^ bien que notre homme n'ait agi qu'à bonne intention. Il a 
voulu accroître ainsi [le nombre] des hommes de science : il a 
accru ainsi la corruption plus que le nombre des hommes de 
science ! Par là, des gens ont été conduits à détracter la philo- 
sophie'^^ d'autres la Loi religieuse, et d'autres, les deux à la 
*p. 18 fois. Il semble que ce soit là un des buts qu'il [poursuit] *dans 
ses livres ; et la preuve qu'il a voulu par là donner l'éveil aux 
esprits, c'est qu'il ne s'attache pas, dans ses livres, à une doc- 
trine déterminée : avec les Ach'arites, il est ach'arite, avec les 
S'oufis, s'oufi, et avec les Philosophes, philosophe ^^^; si bien qu'on 
peut lui appliquer ce [vers connu] : 

(( Un jour Yéménite si je rencontre un homme du Yémen, et si 
« je rencontre un Ma'addite, 'Adnânîde. » 

Le devoir des chefs des musulmans est d'interdire ses livres 
de science, sauf à ceux qui sont hommes de science, comme c'est 
leur devoir d'interdire les livres du [genre] démonstratif à qui- 
conque n'est pas apte à les comprendre ; quoique le mal que 
peuvent faire aux gens les livres du [genre] démonstratif soit 
moindre, parce qu'ils ne sont guère lus que par des hommes 
d'esprit supérieur; et [les hommes de] cette catégorie ne tombent 
dans l'erreur que faute d'une culture scientifique supérieure, par 
suite de lectures faites sans ordre et entreprises sans maître. 
Mais celui qui divulgue^*) ces [livres] à la masse, contrevient aux 
invitations de la Loi divine ; car c'est faire tort à la classe 
d'hommes la plus élevée et à la classe d'êtres la plus élevée, 
puisque [ce qui] est juste relativement à la classe d'êtres la plus 
élevée, [c'est] qu'ils soient connus dans leur fond par ceux qui 
sont en état de les connaître dans leur fond, et qui sont la 
classe d'hommes la plus élevée ; et plus grande est la valeur d'un 



(1) et (2) !L^^\ . 

(3) ^^«uJlx» ^iuBuo^bL3\ ^^ . 

(4) Millier lit ^Jl^b 1.^-^a-w ^^'^_5 en avertissant dans une note de sa 
traduction que le mot L^.*wJCt<j est trop indistinct dans le manuscrit pour qu'il 
en puisse garantir la lecture. Les deux éditions du Caire reproduisent, comme 
à rordinaire, la leçon de Millier. Mais cette leçon n'oftre aucun sens acceptable. 
Je proposerais de lire plutôt l-^A^lii» « mais celui qui les répand dans la 
masse, gui les divulgue à la masse. . . » 



— 44 — 

être, plus grande est l'injustice commise envers lui, qui consiste 
à le méconnaître. C'est pourquoi le Très-Haut a dit : « Certes, 
associer [à Dieu d'autres divinités] est une grande injustice ^*^. » 

Voilà ce que nous avons jugé bon d'établir au sujet de ce 
genre de spéculation, je veux dire la question des rapports de la 
Loi religieuse et de la philosophie, et les règles de l'interpréta- 
tion en ce qui concerne la Loi religieuse. N'était la publicité de 
ce [sujet] et des questions que nous avons touchées, nous ne 
nous serions, certes, pas mis dans le cas d'en écrire un [seul] 
mot et d'avoir à nous en excuser auprès des hommes d'interpré- 
tation ; car la place de ces questions est dans les livres du 
[genre] démonstratif. C'est Dieu qui guide et qui aide à faire ce 
qui est bon. 

Il faut que tu saches que le but de la Loi divine n'est autre 
que d'enseigner la vraie science et la vraie pratique. La vraie 
science, c'est la connaissance du Dieu Très-Haut et de toutes les 
choses telles qu'elles sont, spécialement de la Loi religieuse, de 
la béatitude *et des tourn\ents de l'autre vie. La vraie pratique *p. 19 
consiste à accomplir les actions qui procurent la béatitude et à 
éviter celles qui procurent les tourments. La connaissance de 
ces actions est ce qu'on nomme la science pratique. Ces [actions] 
sont de deux sortes. Les unes sont des actions extérieures, cor- 
porelles, et la science dont elles sont l'objet est celle qu'on 
nomme la jurisprudence. Les autres sont des actions psychiques, 
comme la gratitude, la patience, et autres dispositions morales 
que la Loi divine recommande ou défend, et la science dont elles 
sont l'objet est celle qu'on nomme la [science de] l'ascétisme ou 
les sciences de la vie future. C'est à cela que songeait Abou 
H'àmid en [écrivant] son livre : comme les gens avaient aban- 
donné ce [troisième] genre [de science] pour s'adonner entière- 
ment au second, mais que ce [troisième] genre est plus impor- 
tant pour la piété ^2), qui a pour résultat la béatitude, il nomma 
son livre : Révivi/ication des sciences de la religion. — Mais nous 
sommes sortis de notre sujet, revenons-[y]. 

Nous disons donc : Puisque la Loi divine n'a d'autre but que 
l'enseignement de la vraie science et de la vraie pratique ; puis- 



(1) Qoran xxxi, 12. 

(2) ^ysù^\ la crainte de Dieu, la 'piété, la vertu. 



— 42 — 

que l'enseignement est de deux sortes [suivant qu'il porte sur] 
la conception ou [sur] l'assentiment, comme l'expliquent les repré- 
sentants de la science du kalàm ; puisque les méthodes d'assen- 
timent qui s'offrent aux gens sont [au nombre de] trois, démons- 
trative, dialectique, oratoire, et les méthodes de conception [au 
nombre de] deux, ou la chose elle-même, ou son symbole ; puis- 
que les gens ne sont pas tous, par leur naturel, propres à rece- 
voir les démonstrations, ni même les argumentations dialecti- 
ques, outre la difficulté que présente l'étude ^^^ des argumenta- 
tions démonstratives, et le temps qu'elle exige de ceux qui sont 
aptes à les étudier ; puisqu' [enfin] la Loi divine n'a d'autre but 
que l'enseignement de tous — il est nécessaire que la Loi divine 
embrasse toutes les méthodes d'assentiment et toutes les métho- 
des de conception. En outre, puisque parmi les méthodes d'assen- 
timent il en est deux qui s'étendent à un plus grand nombre de 
gens, je veux dire qui conduisent à l'assentiment [un plus grand 
nombre de gens], à savoir l'oratoire et la dialectique, l'oratoire 
ayant [d'ailleurs] une plus grande étendue que la dialectique, et 
il en est une particulière, [réservée] à un plus petit nombre de 
gens, à savoir la démonstrative ; et puisque la loi divine a pour 
premier but de s'occuper du plus grand nombre, sans négliger 
[cependant] de donner l'éveil aux esprits d'élite, — les métho- 
des qui apparaissent le plus fréquemment dans la Loi religieuse 
*p. 20 sont les méthodes *de conception et d'assentiment communes 
au plus grand nombre. Et ces méthodes dans la Loi religieuse 
sont de quatre espèces : 

La première, tout en étant commune, est [aussi], aux deux 
points de vue à la fois, spéciale ; je veux dire que, relativement 
à la conception et à l'assentiment, elle est évidente, tout en étant 
oratoire ou dialectique : ces raisonnements sont ceux dont les 
prémisses, tout en étant [des propositions] communément admi- 
ses ou fondées sur l'opinion, peuvent [aussi], par*accident, deve- 
nir évidentes, et dont les conclusions, par accident, sont prises 
en elles-mêmes, sans symboles. Les arguments religieux de 
cette sorte n'admettent pas d'interprétation, et celui qui les 
désavoue ou qui cherche à les interpréter est un infidèle. 



(1) 11 n'y a aucune raison pour ne pas corriger ici la le^on commune aux 
trois éditions ^^jt'i (enseignement) en ^J^* (étude), comme le fait Millier à la 
ligne suivante, oii il lit I^^JLaX3 au lieu de l^j^,^XnXj . 



— 43 — 

Dans la seconde espèce, les prémisses, en même temps qu'elles 
sont [des propositions] communément admises ou fondées sur 
Topinion, sont évidentes, mais les conclusions sont des symbo- 
les des choses qui sont Tobjet de ces conclusions. Cette [espèce]-là 
admet l'interprétation, je veux dire en ce qui concerne ses con- 
clusions. 

La troisième est l'inverse de la précédente : les conclusions 
sont les choses mômes qui sont l'objet de ces conclusions, tandis 
que les prémisses sont [des propositions] communément admises 
ou fondées sur l'opinion, et qui ne peuvent devenir évidentes. 
Celle-ci non plus n'admet pas d'interprétation, je veux dire en 
ce qui concerne ses conclusions, mais elle [en] admet en ce qui 
concerne ses prémisses. 

La quatrième a pour prémisses des [propositions] communé- 
ment admises ou fondées sur l'opinion, et qui ne peuvent devenir 
évidentes, et, pour conclusions, des symboles des choses qui 
sont l'objet de ces conclusions. Ces [arguments], le devoir des 
esprits d'élite est de les interpréter, et le devoir du vulgaire 
est de les prendre ^^^ dans leur sens extérieur. 

En somme, tout ce qui, dans ces [arguments], admet l'inter- 
prétation, n'est atteint que par la démonstration. Donc, le devoir 
des esprits d'élite est d'y appliquer cette interprétation, et le 
devoir du vulgaire est de les prendre dans leur sens extérieur, 
aux deux points de vue à la fois (je veux dire au point de vue 
de la conception et au point de vue de l'assentiment), puisque le 
naturel du [vulgaire] ne comporte rien de plus. 

Mais il se présente aux hommes qui s'appliquent à la spécula- 
tion sur la Loi religieuse diverses interprétations qui viennent 



(1) IjtybU» ^& \jbAj^\ dans les trois éditions (cf. même passage, p. 21, 1. 3 du 

texte de Millier), littéralement : de les faire passer à f fou avec f) leur sens 
extérieur. Millier traduit ici{p. 20, 1. 2 de sa traduction) ; ^/en œussem Wortlaut 
gelten iu lassen, et la seconde fois : sich an den œussem Wortlaut zu halten 
(p. 20, 1. 15). Mais cette leçon n'est acceptable ni au point de vue de la langue 



m / 



(car ^^^ifi *y— *^ signifie exactement faire passer un fleuve à quelqu'un par un 
pont, faire passer quelqu'un sur unpont)^ ni au point de vue du sens, puisqu'il 
s'agit, non pas de laisser passer ou faire passer^ mais de faire rester. Je 

propose donc délire dans ces deux passages 1_a.\j— 3\ (J— *\ , faire rester, 

se construit avec accusatif de la pers. et <^^J^— « du lieu). Le sens littéral 
de ce passage sera dès lors : de faire rester ces [arguments] dans leur sens 
extérieur^ de les prendre au sens extérieur. 



— 44 — 

de la supériorité que les méthodes communes ont Tune sur l'au- 
tre au point de vue de l'assentiment, je veux dire lorsque l'argu- 
ment [résultant] de l'interprétation est plus persuasif que l'argu- 
ment [résultant] du sens extérieur. De telles interprétations [ne] 
sont [que] vulgaires ; et il se peut que ce soit un devoir pour 
ceux dont les facultés spéculatives s'élèvent jusqu'à la faculté 
dialectique [de connaître ces interprétations]. Dans ce genre 
*p.2i rentrent * certaines interprétations des Ach'arites et des Mp^'ta- 
zélites, quoique les Mo'^tazélites aient généralement plus de soli- 
dité dans leurs argumentations. Quant aux [hommes] qui, [parmi 
ceux] du vulgaire, ne sont aptes à rien de plus qu'aux arguments 
oratoires, leur devoir est de prendre^*) ces [arguments] dans leur 
sens extérieur, et il n'est pas permis qu'ils connaissent, en 
aucune façon, cette interprétation. 

Les gens [se divisent] donc, au point de vue de la Loi reli- 
gieuse, en trois classes : 

Une classe [de gens] qui ne sont hommes de démonstration 
en aucune façon. Ce sont les gens [accessibles seulement aux 
argumentations] oratoires, [et] qui constituent la grande masse ; 
car il ne se trouve aucun homme sain d'esprit qui soit étranger 
à cette sorte d'assentiment. 

Une [seconde] classe est celle des hommes d'interprétation 
dialectique. Ce sont les dialecticiens par nature seulement, ou 
par nature et par habitude. 

Une [troisième] classe est celle des hommes d'interprétation 
certaine. Ce sont les hommes de démonstration par nature et par 
art, je veux dire l'art de la philosophie. Cette interprétation ne 
doit pas être exposée aux hommes de dialectique, à plus forte 
raison au vulgaire. L'exposition à quelqu'un qui n'y est pas apte 
d'une de ces interprétations, surtout des interprétations démons- 
tratives, plus éloignées des connaissances communes, conduit à 
ririfidélité celui à qui elle est faite et celui qui la fait. La raison 
en est qu'elle a pour but de ruiner le sens extérieur et d'établir 
le sens d'interprétation. Or, ruiner le sens extérieur dans l'esprit 
de quelqu'un qui n'est apte à concevoir que le sens extérieur, 
sans établir dans son esprit le sens d'interprétation, c'est le 



(1) Voir la note précédente. 



— 45 — 

conduire à rinfidélité, s'il s'agit des principes fondamentaux de 
la Loi religieuse. 

Les interprétations ne doivent donc pas être exposées au vul- 
gaire, ni dans ^*^ les livres oratoires ou dialectiques, je veux dire 
[dans] les livres où les argumentations sont de ces deux genres, 
comme Ta fait Abou H'Amid [El-Ghazàlî]. C'est pourquoi on doit 
déclarer et prononcer, au sujet du sens extérieur dont il est 
douteux qu'il soit en lui-même extérieur pour tous, et dont la 
connaissance de l'interprétation n'est^^) pas possible pour tous, 
que c'est [chose] obscure, dont Dieu seul a la connaissance, et 
qu'il faut s'arrêter ici sur la parole de Dieu, Puissant et Grand : 
(( Nul n'en connaît l'interprétation si ce n'est Dieu<^^ » C'est 
ainsi qu'il faut répondre aux questions sur les choses abstruses, 
à l'intelligence desquelles le vulgaire n'a nul accès, comme l'a 
fait le Très-Haut en disant : « Ils t'interrogeront sur l'Esprit <*). 
Réponds : (c L'Esprit dépend de mon Seigneur; et vous n'avez 
reçu, en fait de science, que peu de chose. » Quanta *celui qui *p. 22 
expose ces interprétations à quelqu'un qui n'y est pas apte, il 
est infidèle, comme invitant les gens à l'infidélité : cette [divulga- 
tion] est contraire aux invitations du Législateur, surtout lorsque 
ce sont des interprétations fausses relatives aux principes fon- 
damentaux de la Loi religieuse, comme cela est arrivé à certains 
de nos contemporains. Nous en avons vus qui croyaient philoso- 
pher et percevoir par leur étonnante sagesse des choses contra- 
dictoires de tous points à la Loi divine (je veux dire, qui 
n'admettent pas d'interprétation), et [qui croyaient] que c'est un 
devoir d'exposer ces choses au vulgaire. En exposant au vulgaire 
ces fausses doctrines, ils ont causé la perte du vulgaire et la leur, 
dans ce monde et dans l'autre. 

Le rôle de ces [gens-là], par rapport au rôle du Législateur, 
est semblable à [celui d'] un [homme] prenant à partie un méde- 



(1) Littéralement: ni établies clans... etc. 

(2) Au lieu de la leçon commune aux trois éditions ^^«S"* il faut lire, ce 
semble, ,^1^=»^ . Le scribe, qui copiait sans chercher à comprendre, aura été 
entraîné par Tanalogie du ^^^ qui précède. 

(3) QoraHj m. 5. Voir plus haut, p. 27, n. 4 ; 30, n. 2. 

(4) Selon les commentateui-s les plus autorisés, il s'agit de Tange Gabriel 
( J^ j^--^), agent de la révélation, et qui est désigné parfois sous le nom de 



CT" 



' • Il ^ 

kX-Ju\ -«|. (par exemple, Qoran xvi, 104) TEsprit de sainteté, le Saint-Esprit. 



— 46 — 

cîn habile qui a pris pour rôle de conserver la santé de tous les 
hommes et de les délivrer des maladies en leur donnant des 
préceptes, susceptibles d'un assentiment général, sur l'obligation 
d'user des choses propres à leur conserver la santé et à les 
délivrer de leurs maladies, et [sur l'obligation] d'éviter les cho- 
ses contraires. [S'il agit ainsi,] c'est qu'il ne lui est pas possible 
de les rendre tous médecins : car connaître par les méthodes 
démonstratives les choses qui conservent la santé et celles qui 
délivrent des maladies, c'est [ce qui s'appelle] être médecin. 
Alors r [homme dont nous parlons] se présente aux gens et leur 
dît : « Les méthodes qu'a instituées pour vous ce médecin ne 
sont pas vraies » ; et il entreprend de les ruiner, jusqu'à ce 
qu'elles soient ruinées dans leur esprit. Ou bien il dit qu'elles 
admettent des interprétations. Mais ils ne les comprennent pas 
et ils ne leur donnent point leur assentiment dans la pratique. 
Crois-tu que les gens qui se trouvent dans ce cas feront aucune 
des choses qui sont utiles pour [conserver] la santé et délivrer 
de la maladie ? Ou que celui qui leur a découvert la fausseté 
des croyances qu'ils avaient touchant ces [choses] pourra les 
employer en les [soignant], je veux dire les [choses qui servent 
à] la conservation de la santé ? Non, il ne pourra les employer 
en les [soignant], et ils ne les emploieront pas, et leur perte sera 
générale. [Voilà] ce [qui arrivera] s'il leur découvre des inter- 
prétations vraies relatives à ces choses, parce qu'ils ne compren- 
nent pas l'interprétation ; et ce sera pis s'il leur découvre des 
interprétations fausses : ils en viendront à ne pas croire qu'il y 
ait une santé qu'il faille conserver ni aucune maladie dont il 
*p. 23 faille se délivrer, bien loin *de croire qu'il y ait des choses qui 
conservent la santé et délivrent de la maladie. 

Tel est le cas de celui qui découvre les interprétations au vul- 
gaire et à ceux qui n'y sont pas aptes, en ce qui concerne la Loi 
divine : il la corrompt et en détourne ; et celui qui détourne de 
la Loi divine est infidèle. Cette assimilation est réellement évi- 
dente ^^^ et non poétique comme on pourrait le dire, car la corres- 



(1) ^ ;."\;^A êcidente, certaine. On pourrait traduire ici : apodictique^ 
démonstrative. L'auteur veut dire que, Tanalogie entre le rôle du médecin et 
celui du Législateur étant parfaite, on peut raisonner de Tun à l'autre 
démonstrativementf avec une évidence, une certitude apodictigue. 



— 47 — 

pondance est exacte : le rapport du médecin à la santé des corps 
est [le même que] le rapport du Législateur à la santé des âmes. 
Je veux dire que le médecin est celui qui cherche à conserver la 
santé des corps quand elle existe et à la rétablir quand elle fait 
défaut ; le législateur est celui qui poursuit le même but relati- 
vement à la santé des âmes, et cette santé est ce qu'on nomme 
[la] crainte de Dieu^*^ Le Livre précieux en prescrit la recherche 
par les actes conformes à la Loi divine, dans plus d'un verset. 
[Par exemple,] le Très-Haut a dit : a II vous a été prescrit de 
jeûner, comme cela a été prescrit à ceux d'avant vous. Peut-être 
craindrez-vous Dieu ! ))^^^ Et le Très-Haut a dit : « La chair des 
chameaux ne saurait toucher Dieu, ni leur sang, mais ce qui le 
touche, c'est la crainte que vous avez de Lui^^^ . » Et il a dit : 
« Certes, la prière écarte de l'immoralité et de ce qui déplait à 
Dieu ))<*^ et autres versets, contenus dans le Livre précieux, qui 
ont le même sens. Le Législateur, par la science religieuse ou 
la pratique religieuse, ne poursuit que cette santé ; et cette 
santé, c'est sur elle que repose la béatitude de la vie future, 
comme sur son contraire les tourments de la vie future. 

Il résulte donc clairement pour toi de ce [qui précède], que 
les interprétations vraies ne doivent pas être traitées dans les 
livres destinés au vulgaire, à plus forte raison les fausses. L'in- 
terprétation vraie est le dépôt dont fut chargé l'homme, et dont 
il se chargea ^^^ tandis que tous les êtres le redoutèrent, je veux 
dire le [dépôt] mentionné dans cette parole du Très-Haut : 
(( Certes, nous avons offert le dépôt aux cieux et à la terre et 
aux montagnes, etc. ))^^\ 

C'est par suite des interprétations, et de l'opinion qu'elles 
doivent être ouvertement exposées en ce qui concerne la Loi 
divine, que se sont développées les sectes de l'Islam, au point 



(1) Cf. supWi p. 41, 11. 2. 

(2) Qovan ii, 179. 

(3) Qoran xxii, 38. 

(4) Qoran xxix, 44. 

(5) Voir la note de Millier, p. 23, n. 1, de la traduction allemande ; et voir, 
dans notre table des variantes, le w : P. 23, 1. 16. 

(6) Qoran xxxiii, 72. Voici la traduclion du verset complet: « Certes, nous 
avons olîerl le dépôt [de la foi] aux cieux et à la terre et aux montagnes. Ils 
refusèrent de s'en charger et le redoutèrent. Mais Thomme s'en chargea. Certes, 
il est inique et égaré ! » 



— 48 — 

qu'elles se sont taxées Tune Tautre d'infidélité et d'hérésie, et 
[c'est] surtout [par suite] des fausses interprétations. Ainsi les 
Mo'tazélites ont interprété de nombreux versets et de nombreux 
h'adiths, et ils ont découvert leurs interprétations au vulgaire. De 
même ont fait les Ach^'arites, bien qu'ils aient été plus avares 
p. 24 *d'interprétations. Par là, ils ont jeté les gens dans Tinimitié, la 
haine réciproque et les guerres ; ils ont mis en pièces la Loi divine 
et divisé les gens complètement. En outre de tout cela, dans les 
méthodes qu'ils ont suivies pour établir leurs interprétations, ils 
ne sont ni avec le vulgaire ni avec les esprits d'élite ; car ces 
méthodes, si on les examine, ne remplissent pas les conditions 
de la démonstration ; on le reconnaît au moindre examen, si on 
connaît les conditions de la démonstration. Bien plus, beaucoup 
de principes sur lesquels les Ach'arites fondent leurs connais- 
sances sont sophistiques, car ils nient un grand nombre de 
vérités nécessaires, par exemple la permanence des accidents, 
l'action des choses les unes sur les autres, l'existence de causes 
nécessaires des choses causées, l'existence des formes substan- 
tielles et des causes secondes. Leurs spéculatifs ont fait injure 
aux musulmans, en ce sens qu'une secte des Ach'arites taxe 
d'infidélité quiconque ne connaît pas Texistence du Créateur, 
Glorieux, par les méthodes qu'ils ont instituées dans leurs livres 
pour le connaître, alors que ce sont eux, en réalité, les infidèles 
et le^-égai^és. De là leurs divergences, les uns disant que le 
premier des devoirs est la spéculation, d'autres disant que c'est 
la foi, je veux dire de ce qu'ils ne savent pas reconnaître quelles 
sont les méthodes communes à tous, portes par lesquelles la 
Loi divine appelle tous les hommes, et [parce qu'ils] pensent 
qu'[il n'y a pour] cela qu'une seule méthode. En quoi ils s'écar- 
tent du but du Législateur, ils s'égarent et ils égarent. 

Si l'on dit : Puisque ce ne sont pas ces méthodes, suivies par 
les Ach^'arites et par d'autres spéculatifs, qui sont les méthodes 
communes par lesquelles le Législateur s'est proposé d'enseigner 
le vulgaire <*^, et par lesquelles seules on peut l'enseigner, quelles 



(1) Le manuscrit portait .jy_43.^\ ^^-t?^ ^)^"*^^ J^-od (J,\ /k$JLcuL\ ^j^\ 
L^ . Muller corrige ^•■^JLïO eu ^-^J^auJ et conserve jj\ tel ((uel ; les deux édi- 
tions du Caire reproduisent purement et simplement le texte de Midler. Cette 
correction ne me parait pas heureuse. Il faut évidemment conserver le texte 
du manuscrit, qui ne pèche cjue par Toubli de deux points diacritiques : (lire 
ijf^\ au lieu de (^\ ). 



— 49 — 

sont donc les méthodes qui sont telles dans notre Loi religieuse ? 
— nous répondons : Ce sont uniquement les méthodes qui ont 
place dans le Livre précieux. Car si on examine le Livre précieux, 
on y trouve les trois méthodes : la [méthode] qui existe pour 
tous les hommes, la [méthode] commune pour l'enseignement du 
plus grand nombre, et la [méthode] réservée ^^^ ; et si on les 
examine, il apparaît qu'on ne peut trouver des méthodes communes 
pour l'enseignement du vulgaire meilleures que les méthodes t^^ 
qui y figurent^^^. Celui donc qui les altère par une interprétation 
qui n'est pas claire en elle-même, ou plus claire qu'elles pour tout 
le monde, ce qui ne peut être, [celui-là] en détruit la * sagesse *p.2d 
et détruit l'effet que [le Législateur] en attendait pour procurer 
la félicité humaine. 



(1) Voici le texte du manuscrit, reproduit sans modification par les trois 
éditions J,^;~-k3\^ ,^U3\ ^-t^j ^^^y-^^^ cS^-^V^j^^ <^^^ «^^^ 

A X»U:\^ cr-^-^^ j^^='^ -^^t^^^*^ à<^j:LcLL\ litléralement : a se trouvent 

en lui les trois méthodes existant pour tous les hommes, et les méthodes com- 
munes pour l'enseignement du plus grand nombre des hommes, el les réser- 
vées (ou la réservée) ». Ce texte a évidemment subi ((uelque altération, car il 
n'est question dans ce traité, et dans tous les passages analogues des falacifa, 
que d'une seule méthode commune à tous les hommes ^la méthode oratoire), 
d'une seule méthode accessible à l'intelligence d'un certain nombre d'hommes 
Ua méthode dialectique), et d'une seule méthode réservée aux esjnits d'élite 
(la méthode démonstrative). Pour obtenir un sens acceptable, il suffît de 
supprimer la seconde fois le substantif pluriel ^^ >-U,-J\ {les méthodes) qui 
pourrait fort bien avoir été ajouté après coup par un annotateur inintelligent, 
et qui ensuite aurait été inintelligemment introduit par le copiste dans le corps 
du texte. Il faudrait lire dés lors i^5^-X.4^\^ au lieu de i— 5^-X-*iJL\^j j«^\^ 
et sous-entendre le singulier À Rj>j-.kJ\ (au lieu du pluriel ^j -^ ^^) devant 

chacun des trois participes ï:>^-r^^\ — '<kJ$JUiJo\ — i<-^^\JC\. Le texte devient 
alors : ^Jl*:^ ^yL*iJ.\^ cr-^^ Ç^i^ *^*^J^>^^ CJ^\ J^i <^ «^^^^ 

mo\JC\^ f^jAxW Jt^\ . C'est ce texte, ainsi corrigé, que j'ai traduit. — Mais je 
remarque dans ce passage certains éléments suspects. Par exemple, il serait 

plus correct d'intercaler (^^— A^ entre ^^l Î'J\ et ï>^_^^\ ; et Ibn Rochd n'a 

jamais dit, ni certainement pensé, que le raisonnement dialecti([ue était acces- 
sible à la plupart des hommes (^\ SJ\ . ^^^\). J'incline donc à considérer 

tout ce membre de phrase depuis Sj^^-â^^JL! jusqu'à À_<oLàC\ inclusivement, 
comme une simple glose ajoutée en marge, pour servir d'éclaircissement à l'ex- 
pression ,^^aJ\ ^^ Jx1\, par un lecteur peu digne de figurer dans la catégorie 

des ^\^À. . 

(2) Peut-être faut-il, ici aussi, lire le singulier iLftj JJ\ (hi méthode) au lieu 
du pluriel 3 J^^ • 

(3) à^i.^yX\ littéralement : qui y sont mentionnées. 



— 30 -- 

Cela est extrêmement clair si on considère ce que furent les 
premiers musulmans et ce que furent ceux qui vinrent après eux. 
Car les premiers musulmans arrivaient à la vertu parfaite et à la 
crainte de Dieu^*^ par le seul usage de ces arguments, sans les 
interpréter, et ceux d'entre eux qui s'occupaient d'interprétation 
ne jugeaient pas à propos d'en parler ouvertement. Mais ceux 
qui vinrent après eux, ayant fait usage de l'interprétation, leur 
crainte de Dieu diminua et leurs divergences se multiplièrent, 
leur amitié disparut et ils se divisèrent en sectes. 

Il faut donc que celui qui veut écarter de la religion cette 
innovation^*) demande appui au Livre précieux, qu'il recueille 
toutes les indications qui s'y trouvent sur chacune des choses 
que nous sommes tenus de croire, et qu'il s'applique à les con- 
sidérer dans leur sens extérieur^^), autant que cela lui est possi- 
ble, sans chercher à en rien interpréter, sauf quand l'interpré- 
tation est claire^*) en elle-même, je veux dire d'une clarté com- 
mune à tous. Car si on examine les passages^^> de la Loi divine 
destinés à l'enseignement des gens, il semble que leur force de 
persuation aille jusqu'à un point où l'on ne peut faire sortir du 
sens extérieur^^) ce qui n'est pas à prendre au sens extérieur, à 
moins qu'on ne soit homme de démonstration; et ce caractère 
propre ne se trouve dans aucune autre [espèce de] discours^'^^ 

Les arguments^^) religieux qui, dans le Livre précieux, s'adres- 
sent à tous, ont donc trois caractères propres qui [en] indiquent la 
nature miraculeuse. 

1<^ Il n'existe rien de plus parfait qu'eux au point de vue de la 
persuasion et de l'assentiment [lorsqu'il s'agit] de tous [les hom- 
mes]. 

2® Ils ont, par nature, la force de persuader, jusqu'à un point 
où seuls peuvent les interpréter, lorsqu'ils admettent une inter- 
prétation, les hommes de démonstration. 



(1) Cf. suprà. p. 41, 11. 2. 

(2) d^jo i7i7iovatio7i. hérésie. 

(3) et (4) y— aI^ signifie à la fois clair et sens extérieur. L'auteur passe, dans 
cette phrase, de Tun des deux sens à Tautre. 

(5), (7) et (8) Nous traduisons ici JI5-» (pluriel J^t^^i ) tantôt par argumenty 
tantôt par passac/ej discours, etc. 

(6) C'est-à-dire faire passer du sens extérieur au sens intérieur, au sens figuré. 









— ol — 

3® Ils contiennent de quoi éveiller l'attention des homm&s de 
vérité sur l'interprétation véritable. * '.»• 

Or cela ne se trouve ni dans les doctrines des Ach'arites uî 
dans les doctrines des MoHazélites, je veux dire que leurs inter-. '* , 
prétations n'ont pas la force de persuader, ni ne contiennent de \,\\ 
quoi' éveiller l'attention sur la vérité, ni ne sont vraies. Et c'est 
pourquoi les hérésies se sont multipliées. 

Notre désir serait de nous consacrer à [atteindre] ce but et 
de pouvoir y [arriver]. Si Dieu [nous] prête vie, nous ferons pour 
cela tout ce qu'il nous permettra. Peut-être cela servira-t-il de 
point de départ pour ceux qui viendront ensuite. Car [notre] 
âme, à cause des tendances mauvaises et des croyances corrup- 
trices * qui se sont introduites dans cette religion, est au comble * p. 26 
de la tristesse et de la douleur, en particulier [à cause] des 
[dommages] de ce [genre] qu'elle a subis du fait de ceux qui se 
réclament de la philosophie ^^^ Car le mal [qui vient] d'un ami 
est plus pénible que le mal [qui vient] d'un ennemi. Je veux dire 
que la philosophie^^) est la compagne de la religion et sa sœur 
de lait : le mal [venant] des [hommes] qui se réclament d'elle 
est donc le* plus pénible des maux ; outre l'inimitié, la haine 
violente et les disputes qui s'élèvent entre elles, alors qu'elles 
sont compagnes par nature, amies par essence et par disposi- 
tion innée. Mais beaucoup d'amis insensés lui^^^ font aussi du 
tort, parmi ceux qui se réclament d'elle : ce sont les sectes 
qui la divisent. Dieu donnera la bonne direction à tous. Il les 
aidera tous ensemble à l'aimer. Il réunira leurs cœurs dans la 
crainte de Lui. Il les délivrera de la haine et de l'inimitié, par 
sa grâce et sa miséricorde. 

Déjà Dieu a supprimé beaucoup de ces maux, de ces égare- 
ments, de ces fausses directions, grâce au pouvoir établi, et 
grâce à ce [pouvoir] il a ouvert la voie à un grand nombre de 
biens, en particulier pour les hommes qui suivent le chemin de 
la spéculation et qui ont le désir de connaître le vrai. Car II a 
appelé la multitude à la connaissance de Dieu par une voie 
moyenne, supérieure au bas niveau de ceux qui s'enchaînent à 
l'autorité d'autrui, mais inférieure à l'éristique des Motékallemîn, 



• « 



(1) et (2) !L^^\ . 

(3) Il s'agit toujours, bien entendu, de la religion 



c 

« 
I 



— 52 — 

* 

et H. o éveillé Tattention des esprits d'élite touchant le caractère 
(îblig'atoire d'une spéculation intégrale sur les principes fonda- 
mentaux de la religion (*^ 



• 






* 



••. 












(1) Voir, dans la Collection du Gouvernement général de TAlgérie, le volume 
intitulé : Le livre de Molt'amvied Ihn Tourner t, vuihc/i cfes Almohadcs, Alger, 
1903. L'introduction, par I. Goldziher, contient de précieuses indications sui* 
la philosophie religieuse des Almobades, aux({U(îls Ibn Rochd fait alluFion 
dans ce dernier paragraphe. Lire, en particulier, j). 79 à 82, un développement 
dans lec^uel ce passage d'ibn Kochd est directement conmienté. — Voir aussi : 
DuN'CAN B. Macdonald, Decelopment ofMu.<ïun theoloifij , jiirhprudenre and 
(:onfltitutiu)Ujd tlieorij, London, 1903, chapitn» v. 



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