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ADRESSE
AU COMITÉ DE CONSTITUTION
DE l'assemblée nationale.
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CÉRÉMONIEDU SACRE
DES Rois de France.
JLjE jour de cette cérémonie , le Roi entre dans
l'Egiife de Reims, revécu d'une camifole de
fatin rouge , garnie d'or , ouverte au dos & fur
les manches , avec une robe de toile d'argenc
& un chapeau de velours noir , garni d'un cor-
don de diamans, d'une plume blanche & d'une
aigrette noire. Il efk précédé du Connétable ,
tenant l'épée nue à la main , accompagné des
Princes du Sang , du Chancelier , du Grand-Maî»
tre 5 du Grand-Chambellan , des Chevaliers de
l'Ordre, & de plufiears Princes ôc Seigneurs.
Le Roi s'écanc mis devant l'Autel , dans
A
fa chaire , le Prieur de Sr.-Remy , monté fa^
un cheval blanc, fous Un dais de toile d'art^ent .
porté par les Chevaliers de la Sc^.-Ampoale ,
apporte cette St^-Arr'poule au bruit des tambours
ôc des trompettes; & TArchevèque ayant été la
recevoir à la porte de l'EgKfc , îa pofe fur le
grand Autel, où Ion met aulfi les ornemens
préparcs pour le facre, qui font la grande cou-
ronne de Chcirlemagne , l'épée , le fceptre 3c la
main de Judice , les éperons ôc le livre de la
cérémonie.
Les habits du Roi font la camifoîe de fatin
rouge, garnie d'or , une tunique Sz une dalma-
tiQUQ qui repréfentent les ordres de Sous- Diacre
3c de Diacre , des bottines, Ôc un grand man-
reau Royal , doublé d'hermine 8c femé de fleurs
de lis d'or.
Pendant cette cérémonie-, /es dow^e Pairs de
France ont chacun leurs fonélions.
Pairs Ecclésiastiques.
I. L'Archevêque Duc de Bdms facre- le
Roi , en lui faifant des onclions en forme de croix
iur les deux épaules ôc aux bras , par les cuver-
( 5 ) ^
tures pratiquées a. cet effet a la camifole dont
il eft ci-devant parlé.
2. L'Evèque Duc de Laon tient la Se®.-
Ampoule.
5.. L'Evêque Duc de Langres tient le
fceptre.
4. UEvêqiie Comte de Beauvais tient la
manteau Royal.
5. L'Evcque Comte de Châlons tient l'an-
neau,
6. L'Evêque Comte de Noyon tient le
ceinturon & le baudrier.
Pairs Laïcs.
1. Le Duc de Bourgogne porte la couronne
Royale, & ceint l'épée au Roi.
2. Le Duc de Guienne porte la première
bannière quarrée.
^, Le Duc de Normandie porte la féconde.
4. Le Comte de Touloufc porte les éperons.
, 5. Le Comte de Champagne porte la ban-
' ïiiere Royale , ou Pétendard de guerre.
6, Et le Comte de Flandres porte Tépée Royale.
Ces Pairs ont fur la tète un cercle d'or eiî
; forme de couronne.
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_ ( 4 )
Les cinq premières Pairies Laïques érant réunies
à la Couronne , & partie de celJe de Flandres
étant en main étrangère , le Roi choifit (ix Princes
ou Seigneurs pour repréfenter ces Pairs , &c un
autre pour repréfenter le Connétable, depuis que
cette charge a été ftipprimée.
Les détails de cette cérémonie ont un fimu-
lacre d'éleâ;ion ; cependant la Couronne étant
Tiéréditaire , le facre n'ajoute rien aux droits du
Roi ; mais fi , auparavant la réunion à la Cou'
ronne de ces Patries EccléSaftiques ou Laïques ,
toute la Famille Royale fe fût éteinte , ces Pairs,
ou -ceux dont les Pairies n'auroient point été réu-
nies , aiiroient fans doute prétendu prendre droit
de cette cérémonie, peut-être même d'ailleurs,
pour fe foutenir fondes , non feulement à faire
feuls l'éleétion du Roi , mais encore à concentrer
entre eux feuls le droit d'éligibilité.
Grâces à la Conftitution , il n'eft plus de-
Pairies Laïques , ôc encore moins de Pairies
Êccléfiaftiques. M.iis qui peut favoir jufqu'à quel
degré, le cas arrivant, aaroiem pu s'élever les
prétentions de ceux qui fe feroient trouvés porter
encore les noms des Pairies. JEccléfiaftiques?
Il eft convenable, fans doute , que cette
( 5 )
«ugufte cérémonie foie accompagnée d'un appa-
reil religieux. Peut -être même les (ignés d'inuia*
tion du Monarque dans le Sacerdoce , dont la
dîfcipline extérieure doit être foumife à TAd*
miniftration générale , déférée a fa fuprême fur-
veillance , ne doivent -ils pas erre entièrement
fupprimés , ou doivent ils, en cas de fippref-
fion , être remplacés par quelques aurres dii
même genre? Mnis k quoi reffembleroit défôr*
mais cette farce ridicule de la repréfentation de
ces douze Pairs Clercs ou Laïcs , dont les per-
fonnages êc la poftérité ne fubfiftenc plus depuis
pîufieùrs (iecles 5 ôc dont les Pairies & les pré-
tentions font fondamentalement éteintes &: anéan-
ties par les De'^crets de l'Alfemblée Nationale ?
A quoi fervent ce Moine noir , fa h quence
blanche , & ù fiole qui n'eft plus apportée par
un Ange ? L'huile ôc le baume du Jeudi-
Saint 5 bien plus dignes de n )S refpcdcs Se de
notre croyance , ne donneroi^nt-ils pas à l'ondbion
que l'on jugeroit devoir conferver , un car-^c-
tere plus vénérable 6ç plus impof mt qvie ce talif-
man monachal , digne d'être renvoyé au pays
des fonges «Se du fanatifme ?
Sont-te chofeç très-néceffaires , que ces Che-
yaliers de Si^.-Am. ouïe, ôc autres Porteurs de
( <î )
cerce^nx d^Ordres , ces Princes , ces foi-difant
Seigneurs , ces divers Officiers Ôc Domefti-
qaes , ou pircie d'entre eux , cetre épée
de -Gharlemagne , ces éperons. Sec, &c. & ce
fantôme de Connéuable , propre à perpétuer
la mémoire de ce Comte de l' Erable ( Come&
Stabuli ) , de ce très -haut & très-puifTant valet
d'écurie , devenu Chef fouverain des Armées
de France 5 de droit , après le Roi, mais, de faitjj.
avant lui , formidable au Roi lui-même, & atillî
inviolable , puifque fa per Tonne ne pouvoir être
offenfée par voie de fait, que celle du Roi ne
fût offenfée par le même fait ?
Ces abfurdités Se toutes celles qui les accom-
pagnent 5 contraflent trop avec le bon fens Sc
la droite raifon j pour qu'en complétant l'orga-
nifation du Pouvoir exécutif, le Comité de Conf*
titution ne fe propofe point de préfenter le projet
d'une cérémonie pieufe , raifonnable, en même
temps majefti^eufe, impofante, & fur-tout natio-
nale Sc confbitutionnelle. Ce n'eO: que pour luî
en retracer le fouvenir, que l'on a cru devoir
lui remettre fous les yeux ce narré Sc ces quef-
lions, ' 3t'i^*- - '
On lui feroit volontiers grâce à^s ecrouel-
les; mais on ne peut fe difpenfer de lui obfer-^
( 7 ) ^^^
ver qu'encore que. la Nation, eu laquelle tc/iJeng
lous its pouvoirs , ne puiiTc exercer par elle-
mèiiis celui de les roacher, elle ne doit cepen-
dant plus le déléguer. Qie s'il vient du Ciel ,
il doit y retourner , avec la Se ^- Ampoule îk la
vraie croix de la St^.- Chapelle , & y enlever, non
pas les Moines, mais tous les Chevaliers & les
Epileptiques. Qu'il ne faut pas tromper les /im-
pies. Que d'ailleurs , la multitude de ceux qui
rétoienc aflez pour croire pieufement au don de
les guérir du fecret , eft aujourd'hui réduit à
un (i petit nombre , qu'il efi: temps de faire cefTer
cette jonglerie fuperftitieufe , donc la pratique,
dans le temple de la Divinité , & par fuite d'une
cérémonie augufte qui ne doit lailfer dans l'ame
des fpedateurs que (Iqs impreflions de refpedl Ôc
de vénération , cil: un vrai fcandale Se une infuire
faite au 1 8^ fiecle & à la raifon. - Enfin , que
bien qu'il puiiTe être temps qife le Comité s'ar-
rête , après avoir excédé un milliard en fuppref-
fions , dont , puifqu'il faut le dire , il n'en efl
malheureufemenc que trop qui ne font que pure-
ment fyftématiques & impitoyablement défaf-
treufes, fans aucun but raifonnable & fans aucune
utilité j néanmoins on croit devoir l'inviter à
fe permettre encore celle-ci, qui ne préfente
ni le danger de couvrir la France de deuii , de
dérefpoir , de banqî.çrouces & de mifere , ni
celai d'eu livrer la liquidation aux erreurs de
rignorance , & à raveuglement de la jalonfie ,
de la vengeance 6c des pallions, ni eniin celui
d'achever la ruine du Tréfor public, déjà chargé
au delà de fes forces & de fes rtfTources , & de
l'expofer inceiTammenc à l'opprobre de rinfol-
vabiiicé.
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