/^2 2/
Aduertiflement
ENVOYE' A LA NO-
BLESSE D E F R A N C È^
tant du party du Rôy ^
que des Rebelles &
Coniurez.
^9^
A P ARIS,
Chc^ lean Poupy ^rue Jainéî laques^
a renfeigne S. Martin.
M. D. LXXIIII.
Auec Priuilege du Roy.
A.-^
^ p l^ EF^T I S S E MENT
a la NohlefJeyUm du party du
K ojque des Rebelles &
Çoniure^
o M B I E N que ce Royau-
me foit l-vn de ceux , ou
bien pluftoft ccluy delà
Chreftienté, des mieux e-
ftablis & ordonneZ5&: au-
quel iufques icyles Roys
ont ciré plus de volontaire obeyflancej &
entière fidélité de leurs fubieds,ayant eftc
pour ce regard noftre nation fingulierc-
ment recommandée par defllis toutes les
autres, fi ne faut-il douter que la longueur
&: continuation des guerres eftrangeres,
fouz les feuz Roys de tresheurcufc mé-
moire Frâçois premier, & Henry fécond,
n'yayt accumulé vue grande fuperfluité
de mauuaifes liumcurs,qui auroientpeu à
peu difpofé le corps deeelt eftat à recc-
uoir& endurer le changement & akera-
tiô^dôc depuis il a efté toft encores main-
tenant fi griefuenict trauaillé & affligé en
tous fes membres. Car comme la guerre
A ij
f^
, C ADVERTISSEMENr
foit la mère nourricière de toute licccc Se
impunicéj& que ne pouuant pour l'ardeur
&:fbrcç des armes, la luftice retenir fon
cours ordinairCjVnchafcû fe vueille difpê-
fer &: exempter de la fubieftiô des loix &
du cômandcment de (es fupericursjfe vc-
liàt par ce moyé la liaifon & vnité du peu-
ple à diflbuldrc, il ne s'efl: peu faire autre-
ment que les rancunes, enuies, fimultcz,
&C diui{ions,ny ayêt pris tout auflî toft leur
racine &c fondcment.Dc manière que noz
B.ebelles,<jui complottoiêt dés lors défai-
re Ôc fufciter le trouble que nous voyos, y
tsftant la matrere défia bien préparée : ont
cftimé d'ailleurs que la icuneflcdu Roy
leurprcfentoit ync belle occafion de def-
ployer 6c mettre en cuidêcc, tout ce qu'ils
auoient conceu demauuaife volonté co-
tre luy&: fa couronne quelques années au
pari^uat.Il fèmble auflî que Dieu fc {entât
extrêmement irrité & prouoqué contre
nous pour les infinis abus 5^ maluerfatiôs
qui fe commcttoientjtant au minifterc de
l'Egli{e,quen ladminirtration de la indi-
cé, ayt bien voulu lafcfaer la bride pour yn
temps à la fureur des ennemis , pour auos.
les verges &perfecations nous retirer du
I t . ^ \
A LA NOBLESSE. J C> O
profond fommeil d'ingratitude &; oublia-
eCjOu nous cftions aucunement enfèpuc-
liz par vn trop grand ayCcôC repos.
Tant y a que ceux qui par la Icdurc de
rantiquitéjOU biê par rentremife& expé-
rience des affaires, peuuent faire plus cer-
tain difcours & iugcmet de la fubfîftencc
ou altération des Monarcliics,ne s efmer-
ueilleront iamaisq foyons tobez au pré-
cipice d'û malheur fi perilleuXjauquel bos
èc raauuais auons cooperé^les vns par vnc
hôchallâce d'y pourueolr & obuier,les au-
tres par vnc incroyable aftuce Sc dextérité
de l'accueillir &: aduâcer . Mais trop bien
pourront- ils s'efmcrueiller qu aucûs de la
NobleflTe, voire de ceux qui eftoict des plus
obligez à la coferuatio de ce Royaume^fe
foiêt bâdez Sc liguez pour fa ruine, & pour
faire & entreprendre cliofes , defquelles
(quâd bien le deffeing reu(ïîroit)*ce fcroit
toufiours au preiudicé de leur honneur^Sc
à l'aneantiflement du nom & tiltre qu'ils
doiuentcoferuerautât ou plus cliereméc
que leur vie propre. Ce n'efl: nouueauté
que les eftats qui ont quelque difparité en-
femble , &font diffères en meurs Se faços
de viurç^entrenc quelquefois en copeten -
A iij
f^^
A D V E R TI s s E M Ç N T
ce les vns^uec les aurres, félon que nous
lifons à Rome fouuêt le peuple s cftre mû-
ri né cotre les Nob!cs,qu'ils appellbiec Pa-
tnciens,ofGspourla ialoufie qu'ils ^uoiêt ^
de leur grandcur,& mainccnarit pour dé-
fendre leurs anciës droids,frâchifes,& H-
bertez.Et d'aucant quVn chacun des me-
bres du corps polinque^doic rendre à Ten-
tretenemét de ce g. luy eft propre en fuyâc
&c rcicvftant tout ce qui Juy peulcengêdrer
quelque dmiinuno oumutatiô de naturel.
Ton trouueroit bien eftrange^qu'vn bon
nombre de gcnnls-homes fe foitdiftraid
de robei'Tance du Roy^pourfembarqucr
en vne fadion non moins enncmie3&: en-
uieuCe de la preeminece&afFrâchifTemêr,
dont ils iouïflent par ToAroy 8^ bénéfice
des Roys,que la gloire dé Dieu^ô^ du falut
de leurs confciêcesm'eftoit que leshiftoi-
res nous apprennent que ce font certains
aueuglemens& esblouiflemês d'efpritjOU
bien comme vue humeur acre 6ù bilieufc,
qui leur fait perdre le gouft ô^ fentiment
des choies bônes, & addonner leur appé-
tit à celles qui leur font du tout contraires
&: interdidcs. Et cela no' fait auflî efperer,
que s'iUfepcuuêt vnefQisdefueloppcr de
A LA NOBLESSE. O
ces nuccs &;ombrages,& par la purgatîort
de leurs colcres rccoinircr leur première
fancé,qiie ores deuxmqfnics ilsvjêdronÊ
à recognoiftre &: acculer le CGfr- ^qu'ils fai-
foicnc à leurs maifonSjdç fe dcparcir fi le-
gecement dudeuok ^ fcruice qu'ils onc
promis & iuré de rendre à leur Prince.
Or afin de nous acheminer à vn entier
cfclarciflcmenc , bL induyre les forlignans
& defuoyez à reprêdre leurs vieilles arres:
&:Ics autres decôtinuer &:perfeucreven
la fidélité qu'ils ont gardée iufques à ce
iourdliuy le \t^ fuppliray vouloir côfidc-
rer combien ce leur eft d heur d'eftre nez
pluftoft Frâçois q Barbares;pIuftoft Chre
fticns que Mahometainsrpluftoft riches &S
afFrâchis que tilains & tributaires. Et puis
que ccftvn fi précieux tiltre , qucçeluy
que lefusChrift nous a communiquc:quc
c eft vn G doux air,que celuy que nous ha-
lainons en ce elimat:& que c eft vn fi grâd
priuilegc,que fbyos dîftinds &: fepàrez de
lafcruitude & fubiedïo populaire, de co-
bien fommes nous obligez &:redctiable5
à Dieu.au Roy & à la Frâce dont nous te-
nons tant de beaux & exeellens droids &:
prerogatiues : & de cobicn nousfcroit re-
¥7
ADVERTISSEMENT
prochabic & ignominieufc ringratitude,fi
pour no** acqliicer d Vnc fi cftroidc ôc par-
ticulière obligation , nous ncxpofions les
biens & la vfl^pour la caufc de noftre oiçu,
pour leferuice de noftre Prince3& pour la
manucention du repos de noftre patrie?
Premièrement s'il cft ainfi^comme il eft,
quelaNoblcfle aytd autant plus docca-
fi5 que nul autre du peuple, de remercier
&:reucrerce Dieu, tout bon de toutpuift
fant,qu elle en reçoit plus de grâces &: de
faueurs5il cft biêraifonnable qu elle s'em-
ploie à maintenir Thôneur quiluy cft deu,
ne permettant qu'il (bit fouillé ny contro-
uerfé parlesfaulfes &nouuclles erreurs,
qu'vntasdecerueaux altérez & fantafti-
queSjS efForcét introduire ^ fèmer parmy
nouSjpour deceuoir &: peruertir rintegri*
té des confcicnces. Et puis q nous fommes
en diffèrent Cm le fait de la religiô^le moyë
que nous pouuos garder en cela, &lc plus
(eur expédier, eft dé ne prendre cognoif.
(ance des choies qui ne font de noftre gi-
bier,ny nous fier àno2fens,ainslcs capti-
uâs,nous reigler ^rapporter à la gcnerali-
té,& à la foy & creacc de noz majeurs,la-
quelle eft encores de; préfet par la grâce de
A LA NO B LE S SE.
DicUjinuiolableméc obfcruec parle Roy,
èc du plusgrand nombre de tes (ubieâs.
Qujil nous fouuienne du lîecle de noz Pè-
res, quand ils fe contcntoicnt de leur fim-
plicité^nerecherchans point plus auandes
myftei'es , qu'il leur faifoit befoing pour
leurfalut, &:penfons qu'ils gouuernoyenc
aucc autant de prudence, (pour le moins,)
leurs familles que nous: qu'ils cftoicnt au-
tatdroiduriers^i^ charitables à leurs pro-
chains;&: que ou le feruice du Roy fè pre-
fentoit 5 fans beaucoup difcourirny mar-
chander,ils y cooroient incontinent la te-
fte baiflècj&r en recournoient le plus com-
muneniêt aucc vne glorieufe victoire des
ennemis. Remémorons quantes &: quan-
tes fois ils fe font croifez pour la defenfc
de noftre religion: combien de vovases
aoultre mer ils ^t entrepris fous la con-
duitte de noz Roys,pour conquérir & de-
liurer la Terre Sainde3& pour extirper la
racine des herefies.
Dauantage, ou il a efté quéftion de
çombatrepour le pais & pourrcxtenfioni
des limites y ou pour empefcher que le
moindre de noz villages ne fuft couru, ôc
fourragé par les cftrangers; ils n'ont iamais
AD VERTISSÇMENT
faid refuz d'y hazardet &: prodiguer 6^
leurs pcrfonncs j & la fubftance de leurs
lïiaifons . Et à la vérité, ceft bien de tout
temps que Ion a faiâ tel èftat de Tamour
&: charité que nous deuons à la patrie, que
mefmes les Anciens reputoient à grand
heur, de pouuoir aueclepris de leurs vies,
luy confèruer fa dignité , èc recouurer la
paix & le repos que les forces ennemies
luy rauiflbient. Dcquoy ic reprcfcnterois
quelques exemples,!! la vertu de noz Fra-
çois n eftoit en cela autant où plus loiia-
ble,que celle des Grecs & Romains : & Ci
de noftreaage,dc pendant les guerres des
feuîzRois tat deçà que delà les Monts, ils
n'auoicnt faid prcuue de lentiere deuo-
tion qu'ils portent à laccroifTement &
profperité de ceftc courone.Il cft vray que
dcpuis(nefçay-iepar qiiplmalhcur ) nous
nous fommes tat efloignez dclaperfeâio
denozdeuancierSj&fi auant oubliez, a
tout le moins quelques vns,en lobferuâce
de noftre mère commune , qui cft le pays,
que fi la pofterité veult iugcr de noz aclios
éc volôtcz par les belles marques que no*
en laiflbnSjClle n cftimera iamais que tant
de ruines , dcgats , ôc démolitions , foicnc
A LA NOBLESSE.
cuures de mains Françoifo , mais pluftoît
de quelque flotte & inondation Goctique
& Vandalique. Noz Anceftrespourtef-
moignage de leur pieté^dc pour 1 ornemëc
& décoration de leur patrie, batiffoiêt des
temples à Dieu j des Palais à leurs enfans,
des tobcaux & fepulchres à leurs cendres?
£t nous dVne certaine rage &:furie bar-
barefque,auons en moins de deux liyuers
condamnéjbruflé5& mis en poudrCjCe qui
auoitefté par eux fondé & érigé durant
mille & douze ces ans Jl n cft befoing d e-
xaggerer ny déclarer plus auant la cruau-
té de noftre ficcle^dont il feroit à fouhaiter
que, dés maintenant là mémoire en fuft e-
ftein(5te 3 afin que noz voifins& ceux qui
Viendront cy apr^s^ne nous reuoqucnt en
difputc, la fidélité &: courtoifiequc nous
prétendons cftre comme héréditaire ; 6^
peculiere à noftre nation.
Finalement comme ce Royaume foit
le premier de la Cfarefiienté , auflî les
fubieds d'icéluy font cenfcz ,& rcpu-
tez les plus amoureux &: afïèâtîonnez
à leur Prince , êc fingulierement les fci-
gneurs ôc gentils-hommes , lefqucls en
rccognoiflànce desfranchifes , audoritez
Bij
?PZ^
4-4
1
^^C^ AD VER t ISS E MENT
fictraidcmcns qu'ils en reçoiuent ontfaid
profeffion de toute ancienneté de fe mon-
ftrcr obferuàtcurs de fa volonté & bon
plaifir . C eft ce que difènt les Eftrangcrs,
que noz Rois ont autant de pouuoit &c
commandement fur leur Noblefle , qu'ils
en vucillent prendre ôc vfer, de qu elle leur
eft tellemet feruiable ÔC ob(èquieu{e,qu'ils
la font partir de leurs maifons toutes Où
quantesfoisque bon leur femble . Mais
auflî leur pouuons nous refpondrCjqu'ou-
trc le dcuoir auquel tous vaflaulx font o-
bligez par la naturel qualité de leurs
fiefs , de faire (èruice à leur fouuerain fei-
gncur 5 noz Roys nous en donnent tant
d'occafions 5 que nous ne pourrions faire
autrement, ny tant foit peu nous y ren-
dre defobeiffans&fefraàaires^fans con-
treuenir ôc déroger & à noftre ferment,
ôc à l'honneur que deuons chérir 5c cm-
braÏÏer plus que •toutes les chofes de ce
monde»
Ge nefl: fans charge que les Gentils-
hommes onteftépar Tordonnance & au-
thorité des Roys^ choifis &; fegregez du
peuple , pour viure en franchife & immu-
nité de toutes conditions (èruilcs , auoir
A* LA NOBLESSE. ^i»^^
âtoi£t de chaflè/uperiorité Se precttiiSii-
ce fur des fubieds , la iurifdidion iur eux,
l'exadion des cens & rentes , les coruees
de autresimpofitions:cc n eft pareillemenc
(ans charge qu'ils ont ccft oftroy ôc per-
Hiiffion de porter vnc elpee à leurs coftez.
Et ç eft afin qu'ils entendent que les Roys
ont fâid elcdion de leurs perionties^com-
me de ceulx qu'ils eftimoyent plus géné-
reux, ne les voulans pour ce refped afTer-
uir ny aflubiedir aux arts queftuaires 6^
mécaniques, 6^ à ce qu'eulx fappliquans
entièrement à Icxercice & vaquation des
armeSjils en puiflcnt faire leur bouclier 8C
ramparten occurrence d afFaires,&: adue-
nant vne guerre , pour refifter contre les
efforts &inuafions des ennemis. De ma-
nière que la Nobleffe cftant la fafturc Se
créature des fouuerains, tenant d'eux (es
libertez & priuileges , c eft bien la raifbn
qu'elle rapporte tous fcs exploits à laduen-
tage j proufHt , & entretcncment du chef^
dont elle prent foneflcnce &c nourriture.
Et ou quelqu vn leroit deferteiir de fon of-
fice par ledift , forfaiture &C felonnie, es
cas qui font (pecifiez ôc exprimez par les
ordonnances de conftttutions feodales,aa
B iij
^^o
*? >^ ApVERTtS SEMENT
w
bic*qu*il n'cuft feruy &:fecouriifon Prince
cnuçrs tous ôc cotre tous, ou bien cufl ad-
héré à fes haineux & malueillans , com-
plotté Se machiné auec eulx/auorifé leurs
attêtats j les accompagné Sz aflSfté de for-
ces 8c de confeil , par la défaillant & man-
quant de la fidélité qu'il a iuree, il pert 62
commet fon fief , illeconfifqueàfon fei-
gneur . Or cncores que ce moyen foit or-
dinairc>&: puiflè beaucoup enuets aucuns,
lefqucls fcroicnt paraduenturc en opinion!
& fur le poind de f e(garcr , fi eft-ce que ic
n'eftimeray iamais ceux-là bien nez , 8c
auffi peu dignes du tikre qu'ils portent/
qui fe garderont plus de forligncr pour les
peines des loix , que de difficuté quMs fa-
ccnt d'acueillir vnc laide tache àleur h5-
neur.
Et pour rcucnir à la gcneralitéjieveux di-
xc^û les fiefs obligët la NoblefTe à tout de-
aoir,afFe(^io, & loyauté cnuers noz Roys,
qued*auantagc lesgrâdsbiensfaids nous
y lient &: aftraignent de telle forte , qu'il
n'y a occafion quelque bien fondée que la
penfionscfl;re,qui nous en puiflc ou doib-
uediftraire&:feparer. Etlàdcflus quand
Ion confiderc que toute la grcflc ôc opu-
A tA NOBLESSE. '^
Icnce de cç Royaume, toutes lesgradeurs
&; commodlite2. , retournent aux Gentils*
hommes : que toutes les finances du Roy
font employées à lentrecenement & paye-
ment des grands eftatSj& penfionsdes of-
ficiers de la couronne , des Marefchaulx,
Gouuerneurs , Capitaines , Lieu ten ans,
Genfd'armes , que les bénéfices de valeur
font donnez à leurs parens : Bricf quand il
ièroiî befoing difcolirir & déduire parti-
culièrement ïcs moyens du Prince & de
Ton peuple V que les fruids& reuenuz de
IVn ô^ de l'autre leur font diftribu ez ^ <îe-
partis. Il femble que d'autant qu'ils ont v-
iie telle obligatiô à la defenfe&; tuition de
tous les deux , que venans à f oublier, lori
ne pourroit aflez detefter leur infidélité 5^
ingratitude.
Mais auffi eft-il certain comme il fe
pcult veoir Ô^ vérifier , par le cours de noz
Annales, que laNoblcile ayant de tout
temps rccogneu fon bien,$£ aduâcement
delà libéralité de noz Roys,&que leur
confêruation eftoit fi conioinfte, que le
chef ne pouuoit ioufftir ny endurer que
les membres ny copatiflent, feftgouucr-
hee & conduide enleurferuice auccvne
f7/
.^^^
AD VERTISSE MENT
fi parfaide deuotion 6c volonté , que iuf-
ques à noz iours elle fcrt de miroir ôc
d exemple aux autres nations dcIaChrc-"
ftiecc. Etpourcc queleurvcrtuneft feu-
lement chantée par les dodes efcriuains,
mais quant &: quant confeflèc parles plus
fîmples du vulgaire,il ne fera neccfla,ire de
fy cftendre,ne pouuant ncantmpins taire
le fccours qu elle feit au Roy lean , ôC au
comeiicemcnt de fa guerre contre les An-
glois,pourà laquelle fournir, elle fe tail-
la & cotizade fonpiaingré adeuxliures
pour cent de leflimation de toutes fes fa-
cukez,&: depuis,apres queledid feigneur
Roy demeura prifonnier entre les mains
de îhs cnnemis,quc lefdids de la NoblefTe
fe liguerët 6>c afTcmblerét pour le dcliurer,
&cy contraindre , fî meflier efloit , lefdifts
Anglois aueç la force des armes. Nous 11-
fons fernblablement que f^eflans cfleuees
de grades trouppes de voleurs ôi afTaiins,
qui fe furnommoient les côpaignons, pre-
noientvilles,rançonnoient,pilloifnt,bruf^
loienç 5 (bubz prétexte de vouloir chafler
èc ruiner le Pape Innocent fjpiziefme , qui
pour lors çenoit fon fiegcen Auignôjpour
rcpurgcr le Royaume de ccftc vçrminc,
Mefïieurs
À LA NQBLESSE. <5 y^
Meflîeurs laques &: Pierre de Bour-
bon j fe meirent en armes ,& leur liure-
renc la bataille , accompagnez &: afïî-^
ftez du plus grand nombre de ceux de
laNoblcflc. Nouslifonsenl'hiftoire des
Albigeois j que pullulant leur erreur &:{e
couurantde mefmcs voiles que font noz
coniurez 5 la NoblefTc lecroifa fouï^lcn-^
feigne d'vn Comte deMontfott, &:lcur
feift Ôt cotinua la guerre iufques à ce qu'ils
furent tous defFaids Se exterminez.
Or qui vouldroit rapporter de temps en
temps, les grands faiîls d'armes que la Mo -
bleÊ a exploidez pour la querelle de (es
Roys^onen feroitvnc longue hiftoire, &?
m eft aduîs qu'il n eft befoing de recueil-
lir il curieufemet les exemples de noz de-
uanciers, ayans de noftre temps , & mef-
tnes depuis l'aduenement de noftre Roy
àl^ couronne, les Gentils-hommes fait
telle preuue deleur fidélité &C affection,
qu'ils ont en cela furpaffé la vertu &c la
gloire de leurs predeceffeurs. Car comma.
depuis enuiron fept ans , ce Royaume ayc
cfté continuellement trauaille de troubles
où efmotions,^ qu'il ayt efté befoing que
fa Majefté pour la feurcté de fa perfonnej
C
42^
'^. ADVERTISSEMENf
^ côferuatioD de fon eftac, fe foie tenu or-
dinairement arme , pour fc garder de fur-
prinfe des ennemis, fes bons &: obeyflans
vaflaux & {ùbiea:s(qui fontjgraccs à Dieu,
dix &: vingt pour vn des autres) ne fe font
iamaislaffcz ny de la defpenfe qu'il leur
a conuenu faire,ny des voyages où ils ont
cfté mandez & menez par cous les coings
&endroîfts delà France. Qui plus cft,
aux derniers troubles , aflauoir après cefte
belle, iournee de faind Michel 5ay ans e-
fté conuoquez pour venir à Paris, où le
Roy eftoit trefeftroifltemeiit enuironné Se
affiegé par les rebelles , ores que les pafla-
gcs fuflent fermez , fi n y cuft-il celuy des
Gentils-hommes duparty de faMajeftc,
quinefèmeifl: endcuoir darriuer la parc
qu'il eftoit appellc.Tel pour favicillefle fe-
ftoit quaflc &c licccié des armes , qui char-
gea le corceletfur le dos. Telauoit eftc re-
duid en fa maifon pour faire cfpargnc , Sc
acquider (es debtes,lequel engagea de re-
chef la ferme ôcle moulin pour achapter
des cheuaux : &: ny euft celuy , lequel
des dernières frontières & extremitez de
la France, n'accourut à la deliurance du
Roy au meilleur ordre ôc équipage qu il
-^^
A tA NOB LES SE.
luyfut poffible . Et maintenant que noiis
fommcs rentrez pour la troifiefmc fois en
ccfte fiebiire,ie ne doubte point q lesmcf^
mes ayâs efté requis ^ fommez par fa Ma-
jeftëdu fecoursd: féru icc qu'ils liiy doi-
uentj& puisqu'auccfon intereft & du pli-
blic,il y va du particulier d'vn chafcun de
fcsfubieds de quelque qualité qu'ils foict,
ne redoublent le defir &: cnuic qu'ils ont
d'affeurer pour iamais parvne triomphâte
vidoite^Peftat ^ le repos de ce Royaume.
Car il eft indubitable,que la fin de ce-
tte guerre, tire quant &: foy aueclc chafti-
ment des rebelles , reftabliflcment de la
Monarcbie:ou bien auec la perte des for-
ces du Roy 5 l'vfurpation de fa couronne.
Et cftâtneceiTaire de tomber à IVn de ces
deux poinfts^qui pourroit eftre ccluy fi
peu François, fi peu affeâionné au bien
^grandeur de fon Prince, fipeufoigneux
de la tranquillité defon pays, qui ne choi-
fiffe pluftoft vne mort honorable recom-
pcfcc d'vn nom immortel , que de fouffrir
te permettre que de fon temps vn petit a-
mas de coniure2:,n*ayantpour toutrêparc
que la retraidedvnç ville ^fevâtc fuppc-
ditcr bc confondre tant d'armées & tant
Çii
f7>
ADVERflSSEMENT
de peuples qui font auiourd'huyvnis cn-
femble pour la confeiuation de toute la
France, tant en fon chef qu'en fès parties?
Pendant les guerres que les Roys onc
eues auec reftrangetjOrcs qu'il ne fut que-
ftion que d affaillir vn Thionuille, ou bien
de gaigner vn logis, il n y a celuy qui fcift
difficulté de feprefenter à la brefche , ô«^
qui ne feift vne muraille de fon eftomac
pour arrefter le cours des cntreprifès de
rE{pagnol. Et maintenant que nous ne
combattons plus pour des gabions, ny
pour des pierres , ains pour toute vne
Françç,en laquelle noz maifons,noz fem-
mes ^ nozenfans , noz vies , font encîofes
^ comprinfes : & que l'vne ne peut périr
qu auec la ruine de tous nous autres , &ç
principalement de la gloire de Dieu, la-
quelle, fi nousfommesvrays Ghreftiens,
nous deuons préférer à toutes chofes , fe-
rons nous fi lafches &: défaillis decucur,
d'efpargner noftre fang duquel nous auôs
eftéiî prodigues ailleurs, &:fommes ordi-
nairement en noz querelles particulières,
veu mefmes que nous ne pouuons elperer
plus gracieufe cômpofition de noz con-
"iurezj qu vne perpétuelle captiuité , & af-
ATA NOBLESSE. 'S ^
feruagG de noz^ biens, de noz vies , & dé
noz confciences ? Penfons ce qui eft tref-
certaines:; donc rexperience nous fait def-
ja par trop fages,quc le Roy ne peut eflre
dcfobey de fes lubieds , que nous ne le
foyons des noftres : qu'il ne peult patit
changement en fon efîat , que ce peu que
nous auons , ne foit bien esbranflé, & que
c eft follie de croire, que ceux qui font en
mefme nauirejfe puiflent fauuer &: exem-
pter d'vn commun naufrage. Penfons que
fi le pilote qui tient le gouuernal , par fau-
te deftrefouftenu des rames eftcôtrainifl
décéder à Fimpetuofitédes vents,que ne-
ceflairement les marchans & niariniers
courront la mefme fortune. i
Et pour nous faire veoir ce qui eh ad-
uiendroit,finouscftions reduidsen cefté
extrémité , ie reprefenteray feulement vn
fynodc qui flit fait à Chaàll5s fur laSaoné
aux premiers troubles , auquel il fut con-
clud & arrrefté par vn grand nombre de
Miniftres^que leur religion nefe pouuoit :
bienfonder ny eftablir fans pteallablemêc
exterminer trois vermines du monde,
qu'ils difoient cftre FEglife des Pàpiftes,
les ParlemensV& la Noblçfle , & defaivî
G iii
-^n
*Vy. APVERTISSEMÏNT
fuyuant les inftrudions & ordonnances
dcfdids Miniftrcs , lors furent, bruflecs
quelques maifonsdcs gentils-homes par
leurs païfans propres , félon qu*il aefté vé-
rifié Se rapporté par informatiôs à laCour
de Parlement de Di-jon5&!: temonûréds?^
puis par les eftats de Bourgongncf à leurs
Majeftez. Nous voyos corne l'autorité du
Prince eft recogncuë à Geneuc,commc la
monnoyceftforgeeàfbn coin , & comme
la Nobleflc y eft receuë &: rcfpedec ; ô^
pour parler de ce qui nous touche de plus
prcs, nous voyons comme les Gentils-
hommes font traiftezés lieux où les en-
nemis font les plus forts. Au commence^
ment ils publioicnt ne faire la guerre que
aux Preftrcs &: à la Meflc, &c auiourd'huy
ils l'eftendent aux Gentils-hommes, voire
à leurs plus proches parent Se voifins,fans
aucun refpeftjà leurs chenaux , à leurs
bourfes , à leur vaiflèlle , à leurs caues Se
grenierSjô^: aux bagues &ioyaux de leurs
femmes. Tout leur eft de guerre , comme
Ton dit :& lie font plus de différence ny
diftindion des prçftres aux autres^ des
temples aux chafteaux , ny mcfmes des
purs Catholiques à ceux qui ont vcfcti
A tA NOBLESSE. O f
douccmct,&: ne leur ont cfté en rien con-
traires.
Et faut confeflèr que ce font iùgcmens?
de Dieujlequcl cognoiiTant que fcs ferui-
tcurs ic lâfchent quelquefois, & fe kifrent
tromper par les rufes&eàuteles defes en-
nemis,ne fe fouciahs de leur faire èmpef-
chement ny refiftçnce , poùrueu qu'ils ne
foienr endommagez ny greuez en leur
particulier, permcd à la fin que la tem*
pefte tombe fur eux,fi rudement qu'ils ne
fçauentoù fe vouer ny recourir ,finon à
la mifericorde de cctuv , dont ils oifit ne-
gligez les iniùreSjpoUrce qu'elles tfeftoiét
priuees. Cefttoutainfîquefi le feu f allu-
mant en vne maifon, ceux qui en feroicnc
vn peu efloignez, ne tenoient compte de
rcfl:eindre,cftimans qu il xie pourroit gai-
gner iufquesàeux. Or croyons qu'vne-
ftat ny plus ny moins que le corps hu-
main, eft fait &:compofé de membres fî
conioinds &: colliguez & en fubftancc, &:
en tous fymptomes & aceidens , que ainfî
que difoitce Romain Menenius Agrip-
pa, ils ne peuucnt aucunement fubfifter
que par vn mutuel cntretenemcnt , con*
nexité, S>c cohérence des vns auec les au-
47^
\ '* ', Ad VERT I S SE MENT
trcs. Métrons le cas que Dieu pour nous
punir & chaftier permette rabolition des
Eglifesde ce Royaume : félon qu il a fait
de celles de ludce^de l'Aiie yôc de l'Afri-
que j&fuppofons que l'autorité desEc-
clefiaftiques foit anichilce & fupplantee
par l'introduélion des côfiftoires/ur quoy
fonderons nous la fermeté & folidité de
noftre Noblcire?Si nous alléguons lesor-
donnances 6c conftitutions des Roys &
EmpercurSjdefqucls nous tenons les fiefs
& les droids qui en dépendent , inconti-
nent les Miniftres nous obicfterot que ce
font inuentions humaines ,&: que par la
loy de grâce, &: félon la pureté de l'Euan-
gile, toutes pcrfonnes font nées franches:
qu'il né fault rie allouer ny approuuet que
ce qui eft contenu expreflement ésefcri-
turcs, efquelles Ion ne lid poind ce nom
de gentils- hommes.Si nous nous voulons
preualoir de la force , ils nous fufciteronc
tant de petits Huguenotcaux en noz vil-
lages j qu'ils nous fera bien difficile auec
vn ou deux valets de rabbattre les coups
de cinq ou fix cens fourchefieres.,
C'elï pourquoy ie ne me puis affez efmcr-
làciilcr de l'aitèuglémént de quelques vns
de noftre
A LA NOBLESSE. C C>
de noftre NoblefTc , lefquels portans le
manton aux miniftrcs , ne voient pas que
reftabliflèment du Caluinifmc^ eft laneâ-
ciflemecde leurgrandcur,&: que mefmes
par les Maximes de ceftc fcdc , toutes les
authoricezquiprouiennent des hommes
çftans côdamnees Se abbatucs, confequé-
ment ilz font redui6ts au petit pied. Qu'ils
confiderent fi défia les miniftrcs , qui ne
font que naiftre &:fortir , ou de quelque
boutique de cordonnier ou defe defro-
querde quelque cloiftre5fattribuent en
leurs cofiftoires la cognoiiTance des affai-
res, de lagucrre^dcreilat^de la iuftice.dela
police , ic iufques à vouloir entendre les
griefs & doleâces des femmes cotre leurs
maris : il défia par les Canons èc cenfures
de leurs SynodeSjilsaccouftument de rei-
glerô.^ reformera leur mode ladeipence
deshabillemens,lacontcnâcedesfuppofts ^
de leurs Egli{ès,lors qu'ils auront acquise:
empietté vn peu plus d'authorité^de quel-
le arrogâce éc tyrannie ils entreprendront
de les manieràlabaguette?Ce nefont pas
des Meffires Ican^quife contentët de cin-
quante frans par an^pour defferuirla par-
roiffe d'vn village, ou la chappeUe du féi-
D
AD VERTISS^EMENT
gneur du lieu. Cculx cy font des magnifi-
ques Meffieurs delà Roche ou de la Co-
lincjlefquels pour leur qualité ôi^ fuffifan ce
f cftiment mériter beaucoup meilleur ap-
poinftement •. &: auflî que pour entretenir
Madamoifelle Colinettc &fafuitte on ne
leur peult donner moins de cinq ou fix
cens liures,aùcclcsprouffits des Cènes &
des Baptefmes.len ay vcu nagueres quel-
qu'vn de mes voifins aflfez empefché , Sc
d'autant plus qu'il n ofoit f en plaîrid re , de
peur d'irriter les Dieux du Confiftoirc.
, Or ayant pratique Sc conucrfé auec des
plus habiles ôc rufez de toute la faa:ion,&:
defcouuertbeaucoup de leurs fecrets&ar-
tifîccs,pour le regret que i ay de vcbir pé-
rir à crédit vn bon nombre de Gentilz-
horrimeSjparmy Icfqucls i'enay de ceux
qui m'appartiennent, qui y font méfiez,
dont il mè defplaift blé fort:& pour lé dé-
fit & volonté que iaurois de les çonuier &:
rappellera leur première obey fiance, iè ne
feray difficultéleur remonftrer & remet-
tre deuant les ycjux lefèrmcnt de Tinuefti-
turc de leurs fie6,ledeuoir & obligation
qu ils ont au Roy , èC la fidélité qu'ils luy
ontpromifei Et d'aduantàge comble leurs
A LA NOBLESSE.
f redeccflèurs faifoiêtd'cftacdc conferuét
kpoinft d'honneur, 5^ de viure &: mourir
ppur le Prince &C le païs. Ils m'allégueront
que depuis eftans encrez en cefte nouuelîc
opinion, ils ont iurez à leurs miniftres de
ncfen départir, ny tant foit peu pofer les
armes 5 que l'exercice n'en fur bien intro'
duift Û afleuré , de façon que leur feroic
honte de renoncer à la locieté de leurs E-
gliles. Sur quoy pour leur Icuer ce fcrupu-
le , ie leyr demanderay , fils ne font point
plusdeconfciencedc faulfer &: violet le
premier fermer qu'ils ont faift aii Roy^des
^ chofes qui font de leur deuoir , que celuy
qu ils font puis après contre les bonnes
meurs , &C à perfonnes qui n'ont ny fei-
gneurie , ny commandement fur eux ? le
fçay que quelques vns des plus opiniaftres
répliqueront , qu'il fault pluftoft obcïr à
Dieu qu aux hommes; comme fi par là ils
vouloient conclurre &c inférer que leurs
miniftres fulTent plus qu'cfprits humains
Se angeliqueSj& partant que quand d'vne
part le Roy leur commande de viure ôc fe
contenir doucement en leurs maifons,&:
d'autre cofté que les Miniftres fonitenc la
trompette de fcdition, qu'il faulc pluftoft
D ij
f;/
0
^ ADVERTISSEMÉNT^
clcoutcr le fon guerrier de ces Mcgcrcs , q
la voix pacifique de fa Majefté.En fommo
tant plus nous remuerons celle caufe5tanc
moins nousy trouuerrons d'apparence^ne
(è pouuâc la rébellion & felonnie des \aC-
faulx enuers leur fouucrain feigneur, fi bic
pallier & defguifer , qu'elle ne fente touC-
iours fa rebcUionrny plus ny moins qu'vnc
putain pour fe couurir & habiller du voilc
de chafteté ne laifle d'eftre cogneue Se re-
marquée pour vnc femme de fon jneftier*
le ne doute point qu'ils ne fondent ôJ
appuient leur principale raifon fur la rcuo-
cation dePediâ:,combienqu'eftant pofte^
rieurc,€lle ne fe peut rétrograder pour fer-*
uir d'excufe Se couuerture a Hnfraftiort
qu'ils en auoient faifte auparauantpar la
teptinfè des armes, par laquelle de ce meC
mefaidy& comme par manière de com-^
mife, ils f^ontpriuezeulx-mefmes du bé-
néfice dudit Ediâ:. Et iaçoit que celle ref-
poneepar toute difpofition de droiA , foit
peremptoire,&:que le Roy les puifiie paier
d'vnnvûtjouilnefctrouue point de repli-
que(fevous ay oftél'Edid pource que vo*
y'aiiez contrcucnu ) fi eft-cc qucpour ne
4:toupei: fi court le propos, &afiin que par
A LA NOBLESSE. ^ y
Vn entier efclarciffetnent nousen puifTios
tirer le fruid que nous defirons , qui cftle
biê&:kcôferuatio de ceux qui {ë declai-
rêt fous vn faux tilcrc ennemis deleurPdn
ce,^iepaflèrayencores oultre a examiner
l'équité de l'Édid , dont ils font tant de
querimonies en leur aflcmBIees , &: Ipe-
cialemcnt enuers les Anglois & Allcmans^
Difons donc que le Roy ayant de fon
authorité &: par leur infradion , eu droid:
&:pouuoir auec l'interdidion du CaJui-
nifincjde confifquer &: les corps &:les biés
de tous ceux quî fouz ce prétexte ce font
efforcez défia par trois bc quatre fois , de
luy rauir ô^ la vie & la couronne , néant-
moins pour vfct plus defarbonté & dou-
ceur accouftumee,que de la rigueur de iu-
fl:ice,feft contenté de prohiber &: défen-
dre feulement leursCenes & monopoles,
qui ne feruent à autre efFcft, qu'aux rc-
ueiîcs & enrollemens de leurs foldatsileur
ayant au refte remisse: concédé leurs biês,
leurs eftats , &: la liberté des confciences,
pourucu que pofknslcs armes,ilsfe retirée
cnleursmaifons. Etlà deffus(afin qu'ils
rccognoiffentla graceqùç fa Majefté leur
fait)qu'ils me nomment vn feul Prince en
D iij
^ X9
AÙVERTISSEI^ENT
Allctïiagncjqui foufFrc & tolcrc à fcs fùB*
icds d auoir & exercer autre religion que
la fiennc?Ie confefTe qu'il y a pluralité d'o-
pinions es terres de l'Empire , mais auffi y
a il pluralité de Princes,defquels vn chaC-
cun riere (by maintiêt S^ lait garder cftroi-
ârcment fa religion /ne perriietfànt à vn
feul de fès vaflaulx& fèruiteurs dy rien
changer où innoucf. Nous ne voyons pas
qu en Angleterre,ores que lé nombre des
Catholiques, voire des ftigneurs &c gcn-
tils-hommcs,furmonte des deux parts ce-
luy des aduerfaires, ou que la Pvoyne con-
fente qu'ils facenc aucun exercice de leur
religion^ ou queux la requièrent , & qu'ils
àyent iamais entrepris de troubler & alté-
rer l'eftat de leu r maiftreflè.Nous ne voyos
pas qu'à Geneue^ôi aux lieux où les rebel-
les fe font rendu2è les plus forts , Ion y fouf-
fre autres perfonnés que Galuiniftes. Et
fil eft ainfi^qùc par l'ordonnance de Dieu,
& félon qu il eft pratiqué &:vfité entre les
hommes , le fubieft eft tenu &r obligé par
fon deuoir,dc fe foumettre aux loix de fon
fouuerain, foit Monarque, Potentat, ou
Republique : & fi par tout le monde les
fouuerains font enpofTeflîonde ceftcau-
A LA NOBLESSE. V
thoritc cnucrs le fubie£t,<qucl tort ferions
nôMsà noftre Roy, de luy reftrcindrc le
pouuoir commun de cous les Princes ,6^
quiaefté encorcs plus particulier à les
predcceflqurs?
Puis donc Meilleurs , que vous faides
profeffion de viure en fincerité de con-
fciéce,aduouezla puiiTace de voftre Roy,
laquelle Dieu a tant authorifèc: puis que
vousfaiâes tantd'cftat de l'honneur, fer-
ucz Se honorez celuy auquel vous eftes rc-
dcuables de tout refped^feruice , &: obeif-
fànce : & puis queny TAnglois , ny TAlle-
mp 5 n'endure que fës fubieds foienc bi-
garrez & diuifez d opinions,nc foyez plus
violés & iniques à fa Majefté, 6^ ne iuy dô-
nez point d'aduâtage d'occalîon d'implo-
rer Ranimer contre vous la vcngcâcedii
ciel &: de la terre. Et puisqu'il aoublié les
chofopaflèes, & que par eftedil atouf-
ioursfàid paroiftre n*auoir autre volonté
que de vous réunir &: c5fèruer,aiât à tou-
tes heures les bras ouuertspourembraA
fer & recueillir ceux qui recourront à (à
clémence , oubliez &: amendez voz
faultcs , amolliflans ce cueur félon que
ccfte mutinerie de Miniftrcs vous con-
f-7
7
ApVERTISSEMENT
trainâparfèspiperies Se faulfes frayeurs^
de côiiertir à la riiyne de voftre Prince. £t
afin de vousy difpofer, oyc2. les griefs &
. plaintifs de noftre pauure merc,qui eft la
_ France , laquelle nous reprefcn tant le pi-
t teux Se miferable eftat où elle eft rcduiàe,
& f efforçant par pleurs &: gemiflèmens,
autant quefafoybleflTc leluy permed , de
nous induire Se efmouuoir à compaffion,
me fcmble pouuoir vfer dç tels ou fembla^
bles propos.
O Roys Se peuples Ghrefticns,qui auez
cuz cognoiflancc de mes forces , lors que
i'eftoisàla fleur de mon aage^&enpro-
fpcrité de mes affaires , lors que le S. nom
de mon Dieu eftoit chaté d'vn mefme ac-
cord Se harmonie par mes enfans,(es tem-
ples décorez &: embellis.-lors que mes vil-
les eftoient riches &:Gpulentes,meschâps
gras Se fertilsj&c qui auez porté enuie à ma
gradcur lors que la courtoilie, l'abondacc,
la vertUjla picté,me faifoient renommera
redoubter par tout le monde, maintenant
que me voyez efcheuelee , ridée , fleftrie,
defolee,&: abandonnée de tout le bon-
heur qui mefouloit accôpagner , quel iu-
gemet ferez vous de voftre voiûne la Fra-
ce?Par-
A LA NOBLESSE* 3 1
àduenturc direz vous que le luxe& l'or-
gueil de mon peuple &2:les forfaidures 62
abus que je luy ay fouffers & conniuez,
m'ont accueilly de longue main le mal ^
ennuy qui m'enuironne de toutes parts:
&puisquilyademafaultc j&que ceux
font aggrandis &: cfleuez; de mes moiens,
qui auiourd'huy me delchirent les entrail-
les 5 & rongent leur merc iufques aux os,.
queic n'en puis reicûer lacoulpe que fur
moy-mefmes. Mais pour cela faulti1,que
ie fois ropprobre bu la rilce d entre vous,
^ quefc ioiiant la tragédie d vn Roy in-
dignement perfècuté fur mon thcatrCj
vous en foycz feulement les {pcdateurs^ /
Helas ie fçay bien que c'eft moy qui en pa-
tiray despremieres,6^ que le principal bue '
des ennemis tend à la confufion de mes
eftatSjâ: à l'vfurpatiô de cefcepcre Royal.
Mais croyez aufli (&: ne mefprifez point
raduercifîèmcnt d'vne CaiTandre mori-
bunde ) que fi bien toft le co^rs de cefîe ,
i'agc aeft arrcfté par des forces commu-
nes, il pénétrera iufques à vous, ô£ vue feu-
le eftincelle du feu, qui eft allume en mes .
maifons,embrafera.toutes les voftres.Par-
donnez moy ie vousfupplie,fi ie vous tien
E
advertissement
k langage d'vne femme paffionmcc , pâr-#
donnez dis- ie à ma douleur , Ôc à 1 apprc-
henfion que i ay dVnc combuftion géné-
rale & ineuicable, fi de bonne heure vous
ne vo,us refoluez par vnc fraternelle con-
ionftion d'armes, de conieils èc volonrez,
de rempcfcher Se diuercir.Or ie fuis aflèu-
rec qu encorcs q mes pleurs & clameurs
ne trouuaflenc lieu de pitié en vous , que
la neceflité vous contraindra de fecourir
celle qui ne peult tomber , que par la pe-
fanteur de fa cheutte,elle d eftône les plus
efpeflcs 6c fortes murailles de voz eftats.
Et aprçs que vous aurez entenduz mes
plaindes j il mefemble que ie ne me puis
mieux addrcflcr, qu'à ce grand Dieu au-
theur & fondateur de mon EmjMre, pour
me douloir àc lamenter de l'ingratitude
ô^ cruauté de fcs ennemis. Il voit &con-
gnoit iufquesau fond la malice de leurs
defleings , & oyt les cris des feruiteurs
liens , qui font par cy par là martyrifez
pour le fouftenement de fa gloire, &: pour
la fâindc foy & dodrine de fon Egli-
fe. le me plain doc Seigneur, que ces lou-
Ueteaux & renardeaux feftans peu à peu
gliflczen ta bergerie, ont degloutizlcs
A LA NOBLESSE, 0
lîîîîples oiiailles , & encof es ay-ie plus de
rcgrec,qu'ils fe manquent de la peau d'vne
brebis.Helas Seigneur, ie t'en parleray en
fimple femme:eft-jl polïîble que ceux qui
conlpurquent ^ bruflenc les Temples , ^
qui tafchenc d'abolir touces les marques ♦
de ta religion, foiçnc tes Apoftres ? que le
tonnerre &:la fouldrc^e leurs piftollcs,
fbit vn fon &: vne fcintîlle du fainâ: Efprit?
que ta loy foit la loy des brigands & for-
bannis?que tes commandemens ne foient
quefacrileges^profanations^meurdres^rc-
bcUion^barbarie^degafts , 5c toute licence
èç impunité d'offenfer fon Roy &r fon
prochain?Non non Seigneur , ie ne pour-
rayiamais penferque tu fois autre que le
Dieu de lujftice, Dieu qui vculteftre feruy
de pureté 3c candideffe de cueur , non fé-
lon, non cruel, non fanguinaire, non in-
cendiaire: Dieu qui recommcinde de ren-
dre toute fidélité Se^^obciUan ce aux Prin-
ces qu'il a créez 5c ordonnez pour le gou-
uernemet du peuple.Trop bien,helas!fauc
il que i'aduouc que ce font les fléaux de
mes péchez , Se que fil te plaift me cha-
ftier aucc la (èuerité de tes loix,ce n'eft en-
cores rie de ce que iendurc^en compairai*
E ij I
> •<-
'^^ A D V E RT I s SE M E NT
fon de la grauité de mes offcnces. Mais
quoy Seigneur,! appelle de ta iuftice au
tribunal de ta mifericorde , te fuppliant à
ioincles mains,&i: profternee deuant ta fa-
ce;» qu'il te plaife appaifer ton ire, & regar-
der de ton œil gracieux vne Royne veriie,
accompagnée d'vn Royieunc&: débon-
naire, éc de fcs frères orphelins tous affli-
gez Se opprimez iniuftemct par leurs fub-
icâs. Qji il te fouuiennc qu'ils font cnfans;
d'vn Roy qui a maintenu la Religion iuf-
ques au dernier foufpir,& dVne mère, la-
quelle nonobftant toutes les agitations &:
orages du temps , n'a point flechy ny va-
rié,mais dVne fermetés confiance, plus
que virile, &:d' vne prouidcfice plus que
mortelle , a fceu fi bien nourrir & con-
duire mes petits Princes, qu'ilny a celuy
des trois, qui ne fbit preft auec leiïufiô de
fon fang,de venger &: auoirla raifon de ta
querelle. Etiaçoitqic me promette, que
tu leur en doncras bien toft la viftoirc en-
tre les mains , fi cft-ce qu'il me defplaift
qu'ils foient neceffitez de me guérir par le
retranchement de mes membres pourris.
O malheureux & ingrats , fi ma voix &c
mes coftez n cftoiont affoiblis par la Ion-
A LA NOBLESSE. cJ ^
gucur de la maladie, que mauez aduan-?
cee, & par tant de bleiïures dot vous m a^
uez dclchiquctçe depuis la tefte iufque^ à
ia plante des pieds , ic fcrois retentir mes
regrets &mes gemiflemens en AUemai-
gne,en Italie^en £fpaigne, & en toutes les
contrées où la barbarie &: rébellion des
mauuais fubiefts eft condamnée. le me
plaindroiSj&r quant &: quât ie vcrifierois la
preuue & tefmoignage de mes plaindes,
que ceux des miens que i'ay le plus ten-
drement nourris^ & les plus graffement &
fauorablcment traiâ:ez font les côiurez,&;
çonfpirateurs de ma ruyne.Or ie ne m'ar-
refteray point à prefeher &: remonftrer le
chef deTcntreprinfe, lequcla défia pafTa
leRubicon,&:feft déterminé d'afîaffiner
merpetits Princes &: leur bonne mere^,
pour en feeodes nopces efpoufèr la iouïf-
(ancede leur couronne. Mais vous delà
NoblefTe, qui auezefté feduids & abulez
de i^s parolles , &: précipitez en vnc affo-
ciation fi dcteftable fouz couleur d'vnc
religion mafquee , feriez vous bien fi mef-
çhans &: fcelerez^que de prefter confeiite-
ment & confort à lextermina-tion de vo-
ftrc Roy, &à la mort de voftre France?
E iij
AD VERTISSEMENT
Ne fongez vous point quelquefois, quand
lardeur de voz colères eft refroidie , qu'il
n'y a crime fi reprochable aux hommes de
vpftre rcng, quelafelonnie & vn témé-
raire attencac contre le Prince? que tous
ceuk qui fy font lafchez n'en ont à la fin
rapporté qu'vn hoteux & vilain fupplicc,
fuiuy delà damnation de leur mémoire, &s
des armes de leurs maifons? Mais fbit ( ce
que toutesfois ne pcuk eftre)que vous at-
teigniez le but de voz defle^ings , penfez
que ce vous feroit vn grand lionneur , de
mener vn Roy defpouillé en triomphe 3 &S
idolâtrer vn tyran inuefty de fon Royau-
me?Ha que vous auriez beaucoup gaigné,
quand pour feruir a voz paflîos vous ferez
enfler ô^ regorger toutes mes riuieres &:
mes ruifleaux du (ang de mon peuple : Et
bien vouscftescontens(dides vous)de dc-
uenir bouuiers &rcharcuticrs,pourueu que
foyez vegez de moy. Et au contraire ie dy
que G vous négligez mes remôfirâces^quc
Pieu me vengera de l'iniure 6c outrage
que vous me fai(ftes,5^ que pare'llemët les
Catholiques de maNoblefle,quifonc dix
&: vingt cotre vn des voftres , fe croifcronc
ôiviuront fous la protection ôc authorité
A tA NOBLESSE. J ^ ^^
<îe leur Roy^pour aucc la force des armes
vous faire reflcntir &: rcceuoir la peine de
vozfûllies.
Sus donc mes nourri/Ton s, qui auez YcC-
pec ceinftc pour la manutentiô de la gloi-
re de voftre DieUjpour mon repos Se pour
le fcrui ce de voftre Prince , fus mes fcaux,
&: bien ameZj fur la loyauté defquels i*ay
fondé le principal appuy de ceft eftat , qui •
en tât &: tac d'occurreces àuez faid preti-
ùe de ce cucur généreux, qui vouseft traf-
rais de race en race par vozanccftres : fus
donc partez de voz maifons , puis que le
Roy part de fon fciour,6^ accourczà cefte
belle armce , qui eft drefleepour mainte-^
nir voftre religion , &c pour défendre auec
mes enfans&: moy ^qui fuis voftre merc
commune,voz foiers,maifons 6c familles,
ÔC les grandes franchifcs & libercez qui
vous font acquifes par la vertu des de-
uanciérs,& dont la conferuation vous eft
Gonioinélc auec celle du Roy mon fils vo-
ftre bon maiftre de fcigncun
F I R
t^}
Y E^4ffrmis a Claude Fremy marchant Lihf4ire
I jgn l^p^niuerf té de PariSyd* Imprimer O" mettre en
vente vn difiot^rs intitt^lé, AôacmiVcïnçnt à la No-
blcfle,tant du parry du Roy,que des Rebelles ôc
Coniurez. vèjfendant fx Matefié a, tom autres Im-
prhnetfts imprimer ny dijlnhuer ledit difcours ^fans U
pgrmifion dudtt Fremy ^mfc^ucs au temps cr terme de
trois ans, comme appert par fa permiJiHfn , donnée audit
Fremy des le Jixfefme Novembre, 1568.