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Full text of "Alexandre Falguière"

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NB 

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Les  artistes  de  tous  les  temps 

SÉRIE  C.  —  TEMPS  MODERNES 


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Léonce  BENEDITE 


ALEXANDRE 


FALGUIÈRE 


Préface  de  G.  LARROUMET 


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ALEXANDRE  FALGUIÈRE 


L'ETUDE  DE  M.  LEONCE   BENEDITE   EST  EXTRAITE 


REVUE    DE    L'ART   ANCIEN    ET    MODERNE 


; 


LES  ARTISTES  DE  TOUS  LES  TEMPS 
Série  C.  —  Temps  modernes 


ALEXANDRE  FALGUIÈRE 


LEONCE  BENEDITE 

CONSERVATEUR    DU     MUSÉE    DU     LUXEMBOURG 

PRÉCÉDÉ   D'UNE  PRÉFACE 

PAR 

G.  LARROUMET 

SECRÉTAIRE    PERPÉTUEL    DE    L'ACADÉMIE    DES    BEAUX-ARTS 


ET  SUIVI  D'UN 

CATALOGUE  DES  ŒUVRES  DE  FALGUIÈRE 

EXPOSÉES    A    L'ÉCOLE    NATIONALE    DES    BEAUX-ARTS 

Du  8  Février  au  8  Mars  1902 


PARIS 


LIBRAIRIE   GEORGES  BARANGER 
5,  Rue  des  Saints-Pères,  5 


PREFACE 


adame  Falguière  m'avait  fait  l'honneur  de  me 
demander  d'écrire  une  étude  sur  l'œuvre  de  son 
mari,  pour  servir  de  préface  au  présent  cata- 
•  logue.  Je  viens  de  constater,  en  lisant  le  travail 
de  M.  Léonce  Bénédite,  que  le  mien  serait  parfai- 
tement inutile  ou  tout  au  moins  ferait  double 
emploi.  On  ne  saurait  mieux  connaître  ni  appré- 
cier le  talent  du  grand  sculpteur  que  n'a  fait  le  distingué  et  zélé  conser- 
vateur du  musée  du  Luxembourg.  Surtout  lue  devant  les  œuvres,  cette 
appréciation  laisse  une  idée  tout  à  fait  juste  et  complète  de  son  objet; 
elle  est  l'auxiliaire  le  plus  sûr  que  puisse  désirer  le  visiteur. 

Je  me  borne  donc  à  saluer  ici  la  mémoire  de  l'artiste  et  de  l'homme 
dont  j'ai  été  le  confrère  et  l'ami,  en  associant  à  cet  hommage  la  compagnie 
à  laquelle  nous  appartenions  tous  deux  et  où  il  laisse  les  plus  vifs  souve- 
nirs d'admiration  et  d'affection.  C'est  à  ce  point  de  vue  que  ces  quelques 
lignes  ne  sauraient  être  tout  à  fait  inutiles. 

Corps  artistique,  l'Académie  des  Beaux-Arts  est  aussi  une  réunion 
amicale  et  la  cordialité  qui  y  règne  lui  donne  une  physionomie  particulière. 


II 


Celle  cordialité  ne  naît  pas  seulement  de  la  fraternité  des  arts  et  de  la 
carrière  suivie  de  concert,  mais,  pour  la  plupart  de  ses  membres,  elle  se 
fonde  sur  l'enseignement  reçu  à  l'École  des  Beaux-Arts,  sur  la  camaraderie 
et  les  rapports  de  maîtres  à  élèves  dans  les  ateliers,  sur  les  souvenirs  d'Italie 
où  presque  tous  se  sont  rencontrés,  pensionnaires  de  la  villa  Médicis  ou 
voyageurs  indépendants.  Elle  se  fortifie  de  toutes  les  occasions  qui  rappro- 
chent les  artistes,  salons  annuels,  sociétés,  réunions,  grandes  œuvres 
poursuivies  par  tout  un  groupe  d'architectes,  de  peintres  et  de  sculpteurs, 
comme  l'Opéra  de  Garnier,  l'Hôtel-de-Ville  de  Ballu  et  la  Sorbonne  de 
Nénot.  A  l'Académie  des  Beaux-Arts,  on  a  beaucoup  de  souvenirs  communs 
et  l'on  se  tutoie  beaucoup. 

Par  son  origine  et  son  caractère,  Falguière  était  l'homme-né  d'une 
pareille  confraternité.  Il  était  toulousain  jusqu'aux  moelles,  et  le  toulousain 
n'admet  la  vie  que  communicative.  Or,  on  sait  quelle  est  dans  les  arts 
l'importance  du  groupe  toulousain  et  la  place  qu'il  tient  partout  où  l'on 
sculpte,  où  l'on  peint,  où  l'on  chante.  Sculpteur,  peintre  et  chanteur, 
Falguière  était  à  lui  seul  tout  cela,  maître  du  ciseau  et  du  pinceau,  ama- 
teur passionné  de  musique.  Un  morceau  de  peinture  bien  venu  sous  sa 
main  lui  causait  plus  de  joie  qu'une  œuvre  magistrale  de  sculpture,  car 
en  sculpture  il  élait  toujours  certain  du  succès,  et  en  peinture  il  avait  la 
joie  du  tour  de  force.  Mais  il  n'était  jamais  plus  heureux  que  lorsqu'il 
pouvait  chanter.  Il  avait  une  belle  voix  de  ténor  et  un  répertoire  musical 
des  plus  riches,  qui  comprenait  depuis  la  Toulousaine  de  Deffès,  ce  chant 
national,  jusqu'à  YHenri  VIII  de  Saint-Saëns,  en  passant  par  la  sérénade 
du  Don  Juan  de  Mozart.  Il  n'allait  guère  à  un  repas  de  corps  sans  glisser 
quelque  musique  dans  sa  poche  et  son  premier  soin  en  arrivant  était  de 
s'assurer  comme  accompagnateur  d'un  confrère  musicien. 

C'était  alors  une  double  joie  de  l'entendre,  pour  le  plaisir  qu'il  don- 
nait à  autrui  et  pour  celui  qu'il  se  donnait  à  lui-même.  La  musique  le 
grisait  et  il  s'y  livrait  avec  une  telle  fougue  que  l'accompagnateur  avait 


III 


quelquefois  peine  à  le  suivre.  Un  compositeur  dont  il  venait  de  chanter 
un  morceau  lui  disait  en  riant  :  «  C'est  très  bien,  mais  je  t'ai  fait  des 
concessions  de  mesure  comme  je  n'en  ai  jamais  fait  à  personne.  » 

Gais  souvenirs  que  la  mort  est  venue  endeuiller  bien  brusquement  ! 
Falguière  a  été  jusqu'au  bout  d'une  vitalité  si  exubérante  et  si  prodigue,  que 
l'approche  de  la  vieillesse  semblait  n'avoir  aucune  prise  sur  son  activité, 
sa  force  et  sa  belle  humeur.  A  peine  si,  au  début  de  l'année  qui  devait 
l'enlever,  il  ressentait  quelque  fatigue  et  se  plaignait  de  vagues  malaises. 
Il  continuait  à  produire  et  à  se  dépenser.  Bientôt  des  souffrances  de  plus 
en  plus  vives  lui  ordonnaient  le  repos  et  les  soins.  Il  n'avait  garde  d'obéir 
et  résistait  avec  une  énergie  insouciante  aux  exhortations  inquiètes  de  son 
médecin,  de  sa  famille  et  de  ses  amis.  N'avait-il  pas  à  terminer  le  monu- 
ment d'Alphonse  Daudet,  pour  la  ville  de  Nîmes,  et  surtout  à  diriger  ses 
ateliers,  où  se  pressaient  les  élèves  et  les  auxiliaires,  celui  où  il  enseignait 
à  l'Ecole  des  Beaux-Arts,  et  celui  où  il  produisait,  rue  d'Assas? 

Il  était  déjà  mortellement  atteint,  lorsque  arriva  le  jour  fixé  pour 
l'inauguration  du  monument  de  Daudet.  Il  ne  se  traînait  plus  qu'avec 
peine;  il  n'en  voulut  pas  moins  partir  pour  Nîmes,  laissant  derrière  lui  de 
cruelles  inquiétudes.  Une  fois  arrivé,  il  retrouvait  toute  sa  vigueur  pour 
diriger  la  mise  en  place,  mais  le  jour  de  l'inauguration,  brisé  par  la 
douleur,  il  ne  pouvait  quitter  sa  chambre  d'hôtel  et  assistait  de  sa  fenêtre 
à  la  cérémonie.  Il  eut  juste  le  temps  de  repartir  pour  Paris,  et,  rentré  au 
foyer  domestique,  il  prenait  le  lit  pour  mourir, 

Quelques  jours  avant  le  départ  pour  Nîmes  avaient  lieu,  à  l'École  des 
Beaux-Arts,  les  concours  pour  les  grands  prix  de  Borne.  Là  aussi,  il  avait 
surmonté  la  souffrance  à  force  de  passion  pour  son  art  et  de  dévouement 
pour  ses  élèves.  Je  le  vois  encore  remplir  ses  fonctions  de  juge  avec  une 
conscience  admirable,  revenant  à  plusieurs  fois  devant  chaque  œuvre, 
alors  que  le  moindre  mouvement  était  une  torture  pour  lui,  et  ne  déter- 
minant son  vote  qu'après  des  comparaisons  répétées. 


IV 


Le  caractère  de  l'homme  se  peint  dans  son  œuvre.  Joie  de  vivre, 
énergie,  cordialité,  conscience,  les  figures  sorties  des  mains  de  Falguière 
respirent  tout  cela,  et  chacune  d'elles  nous  fait  sa  confidence  sur  l'âme  et 
la  vie  du  grand  artiste.  Les  voici  groupées  pour  quelques  jours,  et  de  leur 
réunion  se  dégage  le  plus  éloquent  témoignage  que  l'œuvre  d'un  maître 
puisse  porter  sur  elle-même.  Tous  les  visiteurs  de  cette  exposition  en 
emporteront  une  admiration  chaleureuse.  Personne  n'éprouvera  ce  senti- 
ment avec  plus  de  vivacité  que  ceux  qui  ont  eu  l'honneur  et  la  joie  de 
vivre  dans  l'intimité  de  Falguière,  d'être  ses  confrères  et  ses  amis. 

Gustave  Larroumet. 


ALEXANDRE    FALGUIÈRE' 


Le  lendemain  de  la  mort  de  Falguière,  il  semblait 
que  notre  petit  coin  de  la  rue  d'Assas  se  fût  éteint 
subitement.  Dans  cette  vieille  cité  du  n°  68,  oii  avait 
travaillé  Paul  Huet,  où  Paul  Dubois  accomplit  nombre 
de  ses  plus  belles  œuvres,  où  Delaplanche  promenait 
devant  la  grille  sa  grosse  figure  pleine  de  bonhomie  et 
de  malice,  Falguière,  depuis  plus  de  trente  ans,  ani- 
mait tout  de  son  geste  rapide  et  de  l'éclat  grondeur 
ou  joyeux  de  sa  voix. 

On  le  voyait  mêlé  à  tous  les  gens  de  ce  quartier  pai- 
sible et  provincial  d'imprimeries,  d'ateliers,  de  couvents  et  d'écoles;  brusque 
et  familier,  simple  et  bon  enfant,  populaire  et  aimé  de  tous,  jusque  des  ouvriers 


1  Cette  étude  paraîtra  au  moment  où  s'ouvrira  à  l'École  des  Beaux-Arts  l'exposition  des  œuvres 
de  Falguière.  mort  le  20  avril  1900.  La  Revue  a  déjà  eu  l'occasion  de  reproduire  plusieurs  de  ses 
œuvres  :  Le  poêle,  t.  I.  p.  49.  —  Le  poète,  héliogravure,  t.  I,  p.  2oS.  —  Monseigneur  Lavigerie,  t.  III, 
p.  4j3.  —  Le  monument  Bizet  ù  l'Opéra-Comique,  héliogravure,  t.  IV,  p.  325.  —  Balzac,  t.  V.  p.  475- 
—  La  Bochejacquelein.   t.  VIII,  p.  121. 


ALEXANDRE  FALGUIERE 


typographes  de  la  maison  Lahure  ou  du  gros  fruitier  qui  était  alors  établi  au 

coin  de  la  rue  de  Fleurus.  On  eût  dit  que  c'était  lui  qui  tenait  le  quartier  éveillé. 

On  le  rencontrait,  vers  le  soir,  dans  les  parages  du  Luxembourg,  trottant 

de  son  pas  pressé,  avec  son  corps  ramassé,  Irapu  et  robuste,  sa  tête  vigoureuse 

aux  cheveux  drus  et  bou- 
clés, au  front  carré  de 
petit  taureau  méridional, 
sa  lèvre  boudeuse  sous  la 
moustache  courte,  son 
nez  grognon  aux  narines 
ouvertes,  ses  yeux  som- 
bres cernés  de  poches 
lourdes,  son  air  distrait 
et  préoccupé, ce  je  ne  sais 
quoi  de  bougon  qu'on 
remarque  dans  la  physio- 
nomie têtue  d'Ingres. 

Mais  comme  il  fallait 
peu  de  chose  pour  faire 
tomber  toutes  ces  appa- 
rences soucieuses,  et  avec 
quel  entrain,  quels  rires 
d'enfant  accompagnés  de 
chants  sonores,  il  atta- 
quait son  ouvrage  ! 

D'habitude,  il  se  levait 
tard,  mais  il  ne  quittait 
guère    l'atelier    de    tout 

Le  VAINQUEUR  AU  COMBAT  DE  COQS  (musfo  du  Luxembourg1.  l'inrès-  midi  et     COmmC  il 

avait  supprimé  de  son  existence  toutes  les  obligations  extérieures  et  mon- 
'daines,  il  trouvait  le  moyen,  dans  ces  quelques  heures,  d'abattre  une  besogne 
considérable,  à  déconcerter  ses  plus  habiles  collaborateurs. 

Il  en  est  qui  ne  peuvent  travailler  que  dans  la  solitude  et  le  silence.  F  aiguière 
avait  besoin  de  sentir  autour  de  lui  l'activité,  le  mouvement  et  le  bruit.  Son 
atelier,' qui  n'était  pas  très  vaste,  et  auquel  il  avait  ajouté  des  annexes  voisines, 


A.  Falguière.  —  Diane 


ALEXANDRE   FALGUIÈRE  3 

était  toujours  encombré  de  modèles  qui  posaient  ou  se  présentaient,  d'élèves 
qui  modelaient  dans  un  coin,  de  camarades  en  visite,  de  praticiens  ou  d'archi- 
tectes, et,  là  où  un  autre  aurait  perdu  la  tête,  il  travaillait  avec  une  ardeur 
toute  juvénile,  une  fièvre  sacrée,  un  enthousiasme  joyeux,  une  sorte  d'ivresse 
de  la  chair  vivante  et  de  la  création. 

Il  passait  d'un  élève  à  l'autre,  bourrant  celui-ci,  approuvant  celui-là,  tor- 
dant une  armature,  drapant  un  mannequin,  posant  ou  groupant  ses  modèles, 
demandant  un  conseil,  répondant  à  tout  et  à  tous,  sans  perdre  de  vue  l'inspi- 
ration du  moment,  et,  le  soir,  il  quittait  l'atelier,  suivi  de  quelques  plus  jeunes 
amis,  d'un  pas  alerte  et  sans  fatigue. 

C'est  qu'il  était  de  ce  Midi  paradoxal  et  contradictoire  qui  produit  des  carac- 
tères âpres  et  rudes  comme  Jean-Paul  Laurens,  des  songeurs  mystérieux 
comme  Henri  Martin,  qui,  en  même  temps,  fait  un  poète  d'un  coiffeur  ou  d'un 
cordonnier  et  crée  des  sculpteurs  comme  Mercié,  Idrac,  Marqueste,  surtout 
comme  Falguière.  Car  Falguière  incarnait  Toulouse;  il  était  à  lui  seul  tout  ce 
Midi  qui  aime  la  splendeur  des  réalités  vivantes  et  les  divins  mensonges  de 
l'art,  qui  se  repaît  de  rythmes,  de  formes,  d'éloquence,  de  couleur,  et  qui  a  un 
ardent  et  insatiable  appétit  d'enfant  gâté  pour  tout  ce  qui  est  nouveau,  brillant, 
sonore  et  animé. 

Il  en  avait,  d'ailleurs,  reçu  les  dons  les  plus  heureux.  Rarement  on  vit 
nature  plus  primesautière  et  plus  spontanée.  Il  produisait  tout  sans  effort  dans 
le  flot  abondant  d'une  sorte  d'improvisation  perpétuelle  et  passionnée. 

Tout  d'instinct  et  d'impulsion,  semblait-il,  il  garda  jusqu'à  ses  derniers 
jours  ces  merveilleuses  facultés  enfantines  grâce  auxquelles  le  monde  est 
toujours  tout  neuf  comme  au  réveil  d'un  matin  de  Noël.  On  se  demandait  ce 
qu'il  savait,  ce  qu'il  avait  pu  apprendre,  quel  livre  il  avait  jamais  ouvert,  s'il 
avait  connu  les  poètes  et  les  historiens  autrement  que  par  les  programmes 
d'école,  et  cependant  il  n'éprouvait  aucun  embarras  de  ces  lacunes,  car  il 
avait  en  lui  tout  ce  qu'il  fallait  pour  les  combler. 

Ce  n'est  pas,  on  doit  se  garder  de  le  croire,  qu'il  faille  trop  arguer  de  son 
ignorance  et  en  tirer  quelque  conclusion  à  contre-sens.  Assurément,  Falguière 
n'avait  aucune  culture  méthodique  et  il  était  incapable  d'en  recevoir  les  élé- 
ments. Mais  il  avait  un  esprit  très  avisé  et  très  éveillé,  un  œil  toujours 
ouvert.  A  la  connaissance  complète  des  conditions  de  son  métier  il  joignait 
un  sentiment  très  vif  de  tout  ce  qui  était  beau  dans  le  passé  et  une  curiosité 


4  ALEXANDRE   FALGUIERE 

très  attentive  pour  tous  les  chefs-d'œuvre  des  civilisations  les  plus  diverses 
qu'il  admirait  à  plein  cœur  avec  un  jugement  libre  et  sain  et  sans  s'en  laisser 
imposer  par  l'autorité  de  l'histoire  et  le  prestige  du  temps.  Il  adorait  la  naïveté 
des  sculptures  de  nos  cathédrales  de  France,  le  charme  de  leur  gesticulation, 
tantôt  si  juste  et  si  simple,  tantôt  si  candidement  maniérée.  Quant  à  l'anti- 
quité, ce  fut  là  sa  source  de  prédilection. 

Dès  son  séjour  en  Italie,  ce  fantaisiste  heureux,  pour  qui  le  travail  n'était 
qu'un  jeu  et  qui  n'employait  pas  son  temps  rien  que  dans  les  musées  et  les 
églises,  relevait  avec  un  intelligent  amour  les  fresques  antiques  du  musée  de 
Naples,  dont  les  calques  nombreux  demeurent  encore  dans  ses  carions. 

A  travers  toutes  les  variations  que  peut  subir  le  développement  de  l'idéal 
plastique  d'un  artiste  de  notre  époque,  si  peu  disposé  à  la  critique  que  soit 
son  jugement,  ce  fut  toujours  vers  l'antique  que  revenait  s'appuyer  de 
préférence  l'inspiration  de  Falguière;  ce  fut  toujours  sur  les  chefs-d'œuvre 
antiques  qu'il  basa  les  principes  de  son  enseignement. 

Garpeaux,  qu'il  aima  beaucoup  et  qui  fut  son  correspondant  à  Paris  alors 
qu'il  était  installé  à  Home,  Carpeaux,  dont  l'âme  frémissante  cl  agitée  répon- 
dait si  bien  à  ses  propres  appels  de  passion  et  de  vie,  Carpeaux  lui  avait  bien 
infusé  son  culte  pour  Michel-Ange.  Falguière,  certes,  admirait  cet  extraordi- 
naire génie,  et  on  pourrait  noter  de  loin  en  loin  quelque  trace  de  cette  admi- 
ration dans  tel  ou  tel  ouvrage,  où  l'on  retrouve  les  grandes  proportions  et  les 
larges  plans  simples  du  grand  florentin.  Mais  toute  cette  mélancolie  et  tout  ce 
tourment,  tout  ce  fond  tragique  et  contenu,  à  la  fois  barbare  et  chrétien,  ne 
convenaient  pas  à  son  âme  toute  païenne,  latine  et  objective.  Un  jour  qu'un 
ami  lui  montrait  la  photographie  de  je  ne  sais  plus  quel  chef-d'œuvre  de 
Buonarotti  :  «  C'est  beau,  c'est  beau,  s'écria-t-il,...  mais  tout  cela  ne  fiche  pas 
par  terre  le  petit  Tireur  d'épines  ». 

Falguière  avait  donc  reçu,  à  son  berceau,  de  sa  bonne  ville  de  Toulouse, 
sous  le  regard  bienveillant  de  Clémence  Isaure,  l'écrin  le  plus  brillant  des 
dons  les  plus  précieux  répartis  à  ses  lils  privilégiés  par  ce  ciel  généreux  : 
l'activité  et  l'insouciance,  l'audace  et  la  mesure,  limagination  et  le  jugement 
et,  par-dessus  tout,  la  jeunesse  éternelle  et  l'amour  ardent  de  la  vie. 

Il  y  était  né  en  1831,  le  7  septembre,  dans  un  ménage  plus  que  modeste. 
Le  père  -était  maçon,  et  c'est  ce  qui  explique,  sans  doute,  qu'on  se  fût  préoccupé 


FalSiiiere   Sculp, 


Helioi  Dinardin 
0       J 


LE     POETE 

(  Salon  1807  ) 


Revue  de  lArt  ancien  et  mode 


ALEXANDRE    FALGUIÈRE  5 

de  lui  faire  acquérir,  dès  l'enfance,  les  éléments  du  dessin.  Il  montra  pour  les 
arls  des  goûts  très  précoces  et  se  distingua  si  particulièrement  à  l'école 
régionale  que  la  municipalité  le  gratifia  d'une  petite  pension  pour  venir  se 
perfectionner  à  Paris. 

Il  avait,  à  celte  première  école,  subi  l'empreinte  de  deux  maîtres  dont 
il  aima  toujours  à  se  rappeler  le  souvenir  :  l'un,  qui  était  peintre,  ne  manquait 
pas  de  valeur,  disait-il,  malgré  sa  modestie  ;  l'autre,  un  statuaire,  avait  une 
disposition  toute  particulière  pour  arranger  des  mannequins  admirables  et 
nous  verrons  que  Falguière  n'oublia  pas  de  tirer  un  parti  aussi  admirable  de 
ces  exemples  et  de  ces  leçons. 

Arrivé  à  Paris,  il  s'engagea,  pour  grossir  son  maigre  pécule,  dans  l'atelier 
de  Cartïer-Belleuse,  alors  en  pleine  vogue  et  qui  occupa  plusieurs  autres 
de  ses  illustres  confrères,  puis  cbez  un  sculpteur  aujourd'hui  fort  oublié, 
injustement  peut-être,  Jean-Louis  Chenillion;  enfin  il  se  décida  à  entrer  à 
l'École  des  Beaux-Arts  dans  l'atelier  de  JoulTroy.  C'était  en  1854.  Il  avait  déjà 
près  de  vingt-trois  ans.  Il  obtint  le  prix  de  Rome  en  1839,  presqu'à  la  limite 
d'âge,  avec  un  bas-relief  (un  Mézence  blessé  par  Énée  et  secouru  par  Lausus), 
théâtral  et  scolaire  comme  il  convient,  mais  qui  dénote  déjà  cependant  un 
sentiment  naturel  du  langage  expressif  des  gestes. 

A  l'Ecole,  Falguière  étonnait  et  décourageait  ses  concurrents  par  cette 
heureuse  facilité  qui  lui  permettait  de  perdre  impunément  son  temps  pour 
se  rattraper  toujours  à  la  dernière  heure.  A  Rome,  il  surprenait  encore  ses 
camarades  qui  lui  voyaient  entreprendre  et  démolir,  une  fois  terminées,  trois 
ou  quatre  figures,  un  Caron,  un  Polyphème,  un  Saint  Sébastien,  dont  il  ne  reste 
plus  même  le  souvenir.  Son  premier  envoi  était  un  bas-relief  représentant 
des  Joueurs  de  cerceau;  puis  il  envoya  son  Thésée  enfant,  dont  le  marbre  vit  le 
jour  au  Salon  de  1805,  une  Omphale  en  marbre  et  une  belle  fille  italienne, 
debout,  la  main  sur  la  hanche,  le  large  peigne  couronnant  des  cheveux 
nattés  en  volutes  :  Nuccia  la  trastecerina,  dont  le  bronze  fut  acquis  par 
l'Etat,  figures  qui,  toutes  deux,  parurent  au  Salon  de  1866;  enfin  —  et 
je  cite  en  dernier  celte  statue,  bien  que  l'envoi  en  fût  antérieur  et  qu'elle 
figurât  déjà  au  Salon  de  1864  —  le  Vainqueur  au  combat  de  coqs,  qui 
s'élance  d'un  pied  joyeux  en  faisant  claquer  ses  doigts,  le  visage  tourné  gai- 
ment  en  arrière,  cette  œuvre  si  franche  et  si  ferme,  si  vivante  et  si  jeune, 
demeurée  classique,  depuis  plus  de  trente  années  qu'elle  est  admirée  dans 


6  ALEXANDRE  FALGUIERE 

notre  musée  national,    et  qui  assura  aussitôt  la   réputation  de   Falguière. 
Il  revenait   à  Paris,  déjà  célèbre.  Coup  sur  coup,  en  1867  et  1MK,  il  expo- 
ssyfr--*-- -s  sait  le  plâtre,  puis  le  marbre,  de  son  Tar- 

cisias,  sur  lequel  lui  était  décernée  la  mé- 
daille d'honneur.  C'était  le  glorieux  début 
d'une  des  plus  glorieuses  carrières  d'ar- 
tiste. 

Dès  lors,  dans  le  petit  atelier  de  la  rue 
de  l'Ouest  (plus  lard ,  rue  d'Assas)  les 
œuvres  succèdent  aux  œuvres,  bustes  et 
statues,  groupes  et  monuments,  la  pein- 
ture alternant  avec  la  sculpture,  avec  une 
fécondité  inépuisable,  dont  les  Salons  — 
bien  qu'il  n'en  manquât  pas  un  —  ne  don- 
nent qu'une  faible  idée.  Et  même  ne  peut- 
on  faire  entrer  en  ligne  de  compte  tout  ce 
qu'il  a  ébauché,  abandonné  ou  détruit. 

Ainsi,  dès  son  entrée  en  scène,  Fal- 
guière s'impose  par  deux  chefs-d'œuvre. 
Ce  sont  ces  deux  ouvrages,  — les  seuls,  en 
y  joignant  un  buste  donné,  que  possède 
notre  musée  du  Luxembourg  —  qui  ont  le 
plus  contribué  à  asseoir  solidement  dans 
le  monde  entier  la  gloire  de  l'artiste.  A  tra- 
vers l'abondante  production  de  sa  carrière, 
ils  demeuraient  pour  le  public  les  deux 
termes  les  plus  parfaits  des  deux  faces  sous 
lesquelles  lui  apparaissait  son  génie  sculp- 
tural :  l'une,  représentant  son  idéal  géné- 
ral d'exaltation  de  la  vie  dans  un  sens 
purement  anlbropomorpbiquc  ;  l'autre 
marquant  sa  recherche ,  sur  des  sujets 
déterminés,  des  formes  expressives  du  caractère  cl  de  l'âme. 

Ce  sont,  en  effet,  ces  deux  directions  parallèles  qui  se  partageront  exclusi- 
vement et -à  peu  près  également  son  inspiration.  D'une  part,  toute  une  théorie 


Galatuée  surprise 
dessin  original  pour  Acls  et  Galathèe . 


A.  Falguiére.  —  La  Poésie  héroïque 


ALEXANDRE   FALGUIERE 


de  figures  nues,  baptisées  indifféremment  de  désignalions  bibliques  ou  mytho- 
logiques :  Eve,  Diane,  Callislo.  nymphe  chasseresse,  bacchante,  femme  au 
paon  ou  Junon,  ou  encore  généralités  allégoriques  imposées  par  les  néces- 
sités décoratives  des  commandes  officielles  :  la  Musique,  l'Élégie,  l'Asie,  etc. 
D'autre  part,  toute  l'interminable  suite  de  monuments  commémoratifs,  dont 
quelques-uns  se  rattachent  sans  doute  à  des  compositions  d'ordre  général, 
comme  La  Savoie  se  donnant  à  la  France  ou  La  Révolution  française,  mais 
qui  sont  presque  toujours  des  représentations  concrètes 
de  personnages  réels  du  présent  ou  du  passé. 

Le  Tarcisius  est  peut-être  la  seule  manifestation 
dans  le  mode  sentimental  et  expressif  qui  soit  née 
spontanément  dans  l'esprit  de  Falguière  d'une  inspi- 
ration toute  personnelle. 

Il  fallait  que  le  roman  célèbre  du  cardinal  \Yise- 
man,  Fabiola,  alors  en  pleine  vogue,  eût  bien  vivement 
frappé  l'imagination  de  l'artiste,  tout  imprégné  encore 
des  grands  souvenirs  de  Rome,  pour  que  la  figure  du 
petit  martyr  chrétien  ait  pris  dans  son  cerveau  une 
apparence  si  déterminée  qu'il  ait  voulu  à  tout  prix  la 
réaliser. 

Ce  phénomène  ne  se  reproduira  plus  dans  sa  car- 
rière. Il  exécutera  bien,  peu  après,  une  Ophélie,  où 
Shakespeare  est  si  peu  en  cause,  sous  le  coup  immé- 
diat d'une  représentation  musicale;  mais  tout  le  monde  Le  grimpedr  (dossi"  original)- 
sait  que  ce  n'était  guère  qu'un  portrait  charmant  et  un  peu  grêle,  à  peine 
transposé,  de  la  grande  cantatrice  Christine  Nilsson.  Je  ne  parle  pas  à  dessein 
des  «  femmes  de  Goethe  »  exécutées  pour  la  société  de  la  Photo-sculpture, 
élégants  sujets  de  commerce,  que  l'artiste  ne  tenta  jamais  de  sortir  de  l'oubli. 
Il  était  donc  incapable  de  concevoir  de  lui-même,  même  en  empruntant 
aux  penseurs  ou  aux  poètes,  des  formes  qui  fussent  le  vêlement  d'une  idée,  le 
symbole  de  grandes  vérités  éternelles,  l'expression  de  quelque  enseignement 
moral,  enfin  l'image  parlante  des  sentiments  ou  des  passions  qui  agitaient 
les  hommes  de  son  temps.  Il  n'a  rien  d'un  idéaliste,  il  a  l'horreur  des  abstrac- 
tions. Bien  mieux,  il  ne  se  soucie  même  pas  de  l'invention  ;  il  ne  fait  aucun 
effort  pour  renouveler  son    sujet.  Le  prétexte  le  plus  rebattu,  le  plus  banal 


8  ALEXANDRE   FALCUIERE 

lieu  commun  lui  suffit,  du  moment  qu'il  peut  créer  dans  l'espace  des  corps 
denses  et  solides,  des  êtres  bien  concrets  et  vivants. 

Car  c'est  une  imagination  purement  réaliste.  C'est  en  quoi  il  reste  très 
méridional,  très  conforme  à  l'esprit  antique,  et  on  peut  dire  même,  très  étroi- 
tement conséquent  avec  les  conditions  de  son  art. 

Je  ne  décrirai  pas  toutes  ces  figures  de  nudités  fières,  orgueilleuses  ou  pro- 
voquantes, qu'on  peut  se  rappeler  avoir  vues  exposées  toujours  à  la  même 
place,  à  l'entrée  du  hall  du  défunt  palais  de  l'Industrie.  C'était,  chaque  fois, 
pour  les  gens  du  monde,  un  aimable  petit  scandale,  contre-partie  ou  contre- 
poids des  scandales  moins  indulgemment  tolérés  de  Rodin.  Falguièrc  n'y  était 
d'ailleurs  pas  indifférent.  Comme  tout  bon  méridional,  il  était  sensible  à  la 
gloire,  et  il  ne  dédaignait  pas.  à  l'occasion,  lui  aussi,  les  lauriers  d'une  popu- 
larité un  peu  malsaine.  On  se  pressait,  on  se  poussait  autour  de  ces  petits 
corps  frémissants  de  vie,  qui  apparaissaient  tour  h  tour  en  plâtre,  en 
bronze,  en  marbre,  sans  se  donner  parfois  la  peine  de  changer  de  nom. 

Diane  ou  Cal/islo,  Nymphe  ou  Bacchante.  Femme  au  paon  ou  Danseuse. 
c'est  sinon  la  même  figure  de  femme,  car  au  contraire  chacune  jouit  forte- 
ment de  sa  propre  individualité,  du  moins  toujours  la  même  compréhension 
ardente  et  animée  de  la  beauté  vivante  de  la  femme. 

Ici,  debout,  le  genou  plié,  le  pied  posé  sur  un  semblant  de  nuage,  l'épaule 
droite  effacée,  la  tête  haute,  les  paupières  demi-baissées,  une  altièrc  beauté, 
aux  formes  allongées,  mais  pleines  et  vigoureuses,  aux  jambes  nerveuses,  aux 
flancs  robustes,  abaisse  lentement  le  bras  droit  qui  vient  de  décoeber  un 
trait,  d'un  air  de  dédain  superbe,  comme  si  ce  coup  venait  d'atteindre,  à  ses 
pieds,  toute  l'humanité.  Là,  une  gamine  turbulente  au  petit  corps  rond,  ferme 
et  polelé,  aux  tissus  serrés,  aux  muscles  élastiques,  se  lance,  tout  le  torse  en 
avant,  la  jambe  gauche  fortement  jetée  en  arrière,  dans  un  mouvement  ardent 
de  poursuite  qui  semble  suivre  le  trait  lâché,  avec  ce  même  geste  qui  dégage 
tous  les  membres  et  souligne  plus  vivement  chacun  des  attraits  de  la  femme. 
Un  sourire  impertinent  éclaire  son  visage  troué  de  deux  yeux  espiègles  un  peu 
«  canailles  ».  On  ne  peut  imaginer  figure  plus  insolente  de  vie,  de  sang  jeune 
et  d'élan  joyeux. 

«  Je  fais  une  Diane,  puisque  les  Dianes  ont  du  succès  »,  répondait  Falguière 
à  un  ami,  au  moment  où  il  se  mettait  à  celle  qu'il  appela  plus  tard  Callisto, 
pour  la  distinguer  de  la  précédente.  El  toutes  les  maquettes  de  Dianes  trouvées 


■■■■_•■     le  l'Art  ancien   el  moderne 


CAIN     ET     ABEL 

Eau -forte    originale    de    A.  Falguière 


Imp.  Louis  Fort,  Pans 


ALEXANDRE  FALGUÏÈRE  9 

dans  son  atelier  prou  von  l  combien  il  avait  fini  par  s'attacher  à  celle  haute 
physionomie  mythologique  qui  paraît  l'avoir  intéressé  moins  par  sa  réputa- 
tion de  mœurs  sévères  que  parce  qu'elle  résumait  pour  lui  un  idéal  de  formes 
toujours  en  mouvement  et  exhalait  une  fleur  de  jeunesse  et  d'ardeur  un 
peu  sauvages.  C'est  encore,  maintenant,  une  sorte  d'hymne  plastique  des- 
tiné à  exalter  la  beauté  de  la  femme.  Mais,  cette  fois,  sqit  que  le  modèle 
se  montrât  plus  convenable  à  ce  dessein,  soit  qu'il  ait  voulu  tenir  compte 
de  foules  les  observations  soulevées  par  la  façon  très  délibérée  dont  il 
avait  traité  antérieurement  celle  divinité,  il  paraît  se  rapprocher  d'un  peu 
plus  près  de  la  donnée  mythologique.  C'est  une  vierge  élégante  et  fière,  au 
petit  profil  sérieux  et  un  peu  farouche,  aux  formes  aristocratiques  et  allon- 
gées, qu'allonge  encore,  dans  un  mouvement  d'une  belle  envolée,  la 
grande  ligne  qui  se  continue  du  pied  de  la  jambe  droite  jusqu'à  l'extré- 
mité du  bras  gauche,  dressé  verticalement,  qui  tient  l'arc.  Et  toujours  le 
même  geste  en  suspens,  après  le  départ  du  trait,  qui  hausse  la  poitrine,  amin- 
cit les  flancs,  élance  tout  le  corps;  mais,  ici,  le  but  invisible  est  perdu  dans 
la  profondeur  des  nues  et  la  divine  et  hautaine  pucelle  semble  lancer  des 
flèches  vers  les  cieux. 

La  Femme  au  paon,  du  Salon  de  1890,  qui,  l'année  précédente,  n'avait  pas 
craint  de  se  parer  du  nom  olympien  de  Junon,  dans  la  section  de  peinture, 
est,  toujours,  un  avatar  nouveau  de  son  idéal  féminin.  C'est  encore  une  fière 
nudité,  toute  moderne  de  caraclère,  posée  avec  un  certain  air  de  défi  sur  les 
volutes  d'un  nuage,  et  s'appuyant  sur  le  corps  de  l'oiseau  emblématique  dont 
la  longue  queue  fournit  une  grande  ligne  transversale  qui,  ainsi  qu'une  royale 
traîne,  ajoute  à  la  superbe  de  sa  beauté.  De  même,  la  charmante  créature 
qui  fait  sonner  quelque  Marseillaise  toulousaine  sur  sa  lyre  aux  cordes  d'ar- 
gent, la  Poésie  héroïque,  aujourd'hui  au  Capitole,  dans  sa  nudité  aux  modelés 
souples  et  fuyants  qui  semblent  pressés  dans  le  maillot  étroit  de  l'épiderme, 
est  elle,  avec  un  attribut  nouveau,  une  forme  un  peu  différente  de  l'hommage 
rendu  à  son  constant  idéal  plastique. 

Les  Bacchantes,  qui  sont  antérieures  à  ces  Irois  derniers  marbres  (le  plâtre 
a  été  exposé  au  Salon  de  1887)  nous  arrêteraient  déjà  par  cette  seule  considé- 
ration qu'elles  forment  un  groupe,  ce  qui  est  peu  commun  dans  l'œuvre  de 
Falguière,  surtout  en  dehors  des  travaux  monumentaux.  Ce  n'est  pas  son 
morceau  Je  plus  célèbre  el  l'on  sait  l'accueil  assez  scandalisé  qui  lui  fut  par- 

2 


10  ALEXANDRE   FALGUIÉRE 

ticulièrement  fait.  II  n'a  pas,  en  apparence,  les  séductions  de  ses  autres  nus, 
manifestations  plastiques  d'un  charme  plus  facile  à  ressentir,  et  d'attitudes 
qui,  pour  être  franches  et  expressives,  n'ont  point  cependant  rompu  avec  les 
habitudes  traditionnelles. 

Ces  dernières,  en  effet,  posent  sur  une  jambe,  avancent  le  bras,  reculent 
l'épaule,  arrondissent  le  torse,  élèvent  la  tète  avec  ces  hanchements  rythmi- 
ques, ces  beaux  gestes,  ce  ton  lyrique,  introduits  dans  notre  école  dès  le 
xvi°  siècle  par  les  grands  envahisseurs  italiens,  contre  l'influence  desquels  ont 
tenté  de  réagir  avec  vigueur  certains  maîtres,  tels  que  Puvis  de  Chavannes 
ou  Degas  dans  la  peinture,  Rodindans  la  statuaire,  en  puisant  dans  le  fonds 
inépuisable  des  simples  réalités  coutumières. 

Ce  vocabulaire  étroit  de  corps  de  ballet,  transmis  depuis  trois  siècles  par 
les  routines  des  académies,  la  paresse  des  artistes,  la  consécration  des  musées, 
et  les  détestables  habitudes  des  modèles  eux-mêmes,  qui  n'en  connaissent 
plus  d'autres,  Falguièrc  l'acceptait  sans  s'en  rendre  compte,  un  peu  comme 
tous,  en  le  rajeunissant  par  un  juste  emploi  expressif.  Mais,  toutes  les  fois 
qu'il  avait  à  exprimer  un  acte  réel  de  vie,  son  sentiment  profond  et  tout 
méridional  de  la  mimique  vraisemblable  le  conduisait  à  la  vérité  en  dehors 
de  la  banalité  des  conventions.  C'est  ce  que  nous  pouvons  observer  en  face 
de  ses  personnages  réels. 

C'est  en  quoi  ses  Bacc/tanles  nous  retiennent  comme  un  de  ses  ouvrages 
les  plus  significatifs  des  velléités  d'indépendance  qui  l'agitaient  et  qu'il  aurait 
développées  plus  librement  s'il  avait  apporté  moins  d'impatience  et  de  hâte 
dans  sa  production. 

Ici  les  habitudes  Iradilionnelles  ne  sont  plus  rappelées  que  par  le  titre  et 
par  le  nu.  Avait-il  assisté  ta  quelque  scène  analogue?  —  Un  document,  sur 
le  genre  duquel  nous  reviendrons  plus  bas,  semble  établir  qu'il  avait  cherché 
d'abord  ce  sujet,  probablement  pour  la  peinture,  avec  deux  femmes  vêtues  à  la 
moderne,  debout  et  se  battant  à  coup  de  couteau.  Dans  tous  les  cas,  il  a  eu 
l'intuition  exacte  de  celte  lutte  rageuse  et  craintive  entre  deux  êtres  faibles  et 
acharnés  qui  se  traînent  sur  les  genoux  l'un  contre  l'autre  en  s'accrochant  et 
en  se  repoussant.  Mais  tout  en  dirigeant  les  lignes  emmêlées  de  son  groupe 
d'une  manière  très  savante  qui  lui  maintient  toute  son  unité  et  permet  de 
le  présenter  avec  un  égal  intérêt  sous  toutes  ses  faces,  il  sort  des  combinai- 
sons prévues- pour  créer  une  composition  tout  à  fait  originale,  non  seulement 


LE    DllAME    LYRIQUE 


12 


ALEXANDRE   FALGUIERE 


vivanle  et  animée,  d'un  réalisme  très  proche  de  la  vie,  bien  que  cependant 
sans  mièvrerie  ni  petitesse,  mais  encore  qui  est  un  nouveau  prétexte,  des 
plus  intelligemment  choisis,  pour  faire  valoir,  dans  l'exercice  de  l'action 
la  plus  développée  de  ces  jeunes  muscles  flexibles,  toute  la  beauté,  l'accord 
et  l'harmonie  des  formes  humaines. 

Falguière  est  donc  bien,  en  ce  sens,  un  réaliste,  pour  employer  ce  mot 

dans  son  acception  la  plus  large.  C'est 
au  point  même  qu'on  a  pu  lui  repro- 
cher d'être  resté  parfois  trop  mêlé  au 
milieu  des  réalités  contingentes.  Et  en 
effet  la  créature  vivante,  le  modèle,  a 
joué  dans  sa  vie  un  rôle  qui  en  fait 
presque  une  sorte  de  collaboration  éloi- 
gnée et  inconsciente. 

Tel  corps  a  inspiré  telle  statue  ;  tous 
les  amis  de  Falguière  pourraient  en 
nommer  l'original.  Il  n'a  même  pas 
cherché  à  échapper  à  la  ressemblance 
physionomique  ;  non,  certes,  par  esprit 
servile  d'imitation  littérale,  mais  tant 
il  subit  l'ascendant  de  la  nature  et  de 
la  vie. 

J'ai  parlé  plus  haut  d'une  particula- 
rité du  talent  de  son  maître  de  sculpture 
à  Toulouse  :  l'art  d'arranger  des  man- 
nequins. Falguière  avait  hérité  de  ce  tour  ingénieux.  Il  avait  un  don  vrai- 
ment surprenant  pour  tortiller  d'un  doigt  nerveux  un  chiffon  de  tulle  sur 
une  maquette  de  terre  ou  de  plâtre  et  contribuer  à  lui  prêter  un  accent  de 
vérité.  Il  poussait  plus  loin  le  besoin  de  fixer  dans  son  cerveau  une  forme 
déterminée  sur  laquelle  sa  pensée  se  développât  ensuite  librement,  mais  avec 
un  fond  solide  de  données  sûres  et  exactes. 

Les  anciens  peintres  hollandais  avaient  souvent  coutume,  on  lésait,  de  mo- 
deler préalablement  des  maquettes  en  ronde  bosse  avant  d'entreprendre  la  pein- 
ture de  personnages  ou  d'animaux  qu'ils  éprouvaient  le  besoin  de  sentir  se  dessi- 
ner dans  le  clair-obscur  de  la  lumière  avec  la  plénitude  de  leurs  volumes.  Meis- 


Dessin  original  a  la  plume. 


FalSuière  sculp. 


HélioâDuiardi: 


NOUVEL  OPERA-COMIQUE 


Imp.L  F 


ALEXANDRE  FALGUIÈRE  13 

sonier,  de  notre  temps,  exagérait  si  Lien  les  mêmes  scrupules  que  tous  ses  che- 
vaux étaient  peints  d'après  des  maquettes  de  cire,  modelées  elles-mêmes  sur  des 
réductions  mathématiques  en  plâtre  durci  du  squelette  de  cet  animal  ;  on  sait 
aussi  qu'il  laissait  errer  sur  ses  pelouses  de  Poissy  des  modèles  costumés 
pour  les  surprendre  dans  l'oubli  des  altitudes  professionnelles  ;  il  se  servait 
avec  intelligence  et  critique  des  renseignements  fournis  par  la  photographie 
instantanée  sur  la  marche  des  animaux,  enfin  il  employait  toutes  sortes  de 
petits  «  trucs  »  très  ingénieux  pour  se  donner  la  sensation  de  la  chose  vue. 

Falguière  agit  à  peu  près  de  même.  Avec  un  extraordinaire  talent  de  mise 
en  scène,  il  se  sert  du  modèle  pour  organiser  de  véritables  tableaux  vivants. 

Il  ne  se  contente  pas  d'établir  ses  personnages  ou  ses  figures  dans  la  pose 
nécessaire  et  le  geste  correspondant;  il  a  encore  la  faculté  merveilleuse  de 
répandre  la  vie,  de  la  faire  naître  autour  de  lui,  d'insuffler  aux  autres  son 
rêve  et  sa  pensée,  d'électriser  et  de  rendre  vivant,  agissant,  pensant,  souf- 
frant, dans  le  sentiment  et  dans  l'action,  celte  figure  inerte  du  modèle,  figée 
dans  l'immobilité  de  la  pose  convenue,  aux  muscles  dormants,  aux  nerfs  dé- 
tendus, cette  «  académie  »,  pour  tout  dire,  qui,  tant  de  fois,  ne  sert  guère  à 
l'artiste  qu'à  lui  offrir  un  masque  morbide  et  trompeur  de  la  vie. 

La  photograpbie,  destinée  à  conserver  la  trace  de  cette  réalisation  vivante 
et  passagère  dans  toute  l'intensité  de  son  effet  momentané,  nous  a,  pour  nous- 
mêmes,  conservé  un  certain  nombre  de  précieux  souvenirs  qu'il  eût  été  ins- 
tructif de  publier  si  la  place  nous  l'eût  permis.  On  y  eût  vu  nombre  de  ses 
meilleurs  ouvrages  préparés  par  cette  méthode  qui  remonte  au  début  de  sa 
carrière,  comme  le  prouve  l'image  curieuse  que  nous  reproduisons  ci-contre. 
C'est  le  modèle  de  Tarcisius. 

Cet  adorable  petit  martyr  chrétien  qui  succombe  dans  un  tel  élan  de  foi, 
d'amour  et  de  sacrifice,  Falguière  arrive,  par  l'effet  d'une  singulière  puis- 
sance magnétique,  à  le  créer  déjà  avec  la  chair  vivante  de  quelque  obscur 
rarjazzo  de  la  place  Jussieu. 

Regardez  le  document  qui  lui  a  fourni  le  point  de  départ  concret  de  l'exé- 
cution de  son  chef-d'œuvre  !  Si  la  magie  mystérieuse  de  l'art  a  dépouillé  le  per- 
sonnage de  toute  sa  particularité  étroite,  si  elle  a  enveloppé  cette  petite 
épave  d'humanité  défaillante  de  toute  sa  noblesse,  de  toute  sa  haute  simplicité, 
de  sa  grande  généralité  idéale,  la  misérable  figure  réelle  de  ce  pauvre  petit 
bohème  d'ateliers,  sous  la  volonté  et  le  souffle  créateur  d'un  artiste  et  d'un 


14 


ALEXANDRE   FALGUIEKE 


poète,  h'est-elle  pas  devenue  déjà  d'une  éloquence  vraiment  tragique  et  tou- 
chante? 

Photographies,  tableaux  vivants,  moulages  sur  nature  aussi,  si  vous 
voulez,  Falguière,  évidemment,  se  servait  de  tous  ces  moyens  discutables,  de 
tous  ces  procédés  compromettants,  mais  son  âme  ardente  et  féconde,  sa  main 


•TarCISIUS  (élude  de  modèle  vivant) 


fiévreuse  et  hardie  savaient  de  tous  ces  expédients  terre  à  terre  et  dangereux 
faire  jaillir  le  miracle  de  l'art. 


Ainsi,  Falguière  n'est  pas  un  idéaliste,  ou,  du  moins,  son  idéal  per- 
sonnel est-il  purement  plastique.  Mais  lorsqu'il  s'est  donné  ou  plutôt  lorsqu'il 
a  reçu,  soit  dans  le  Tarcisias,  soit  dans  ses  commandes  de  monuments  com- 
mémoralifs,  la  mission  de  représenter  quelque  grande  physionomie  légendaire 
ou  historique,  comme  il  comprend  l'idéal  des  autres!  Comme  il  partage  leur 
conviction,  comme  il  embrasse  leur  foi,  comme  il  semble  se  substituer  à 

! 


eux 


11  dégage  tout  de  suite  et  sans  effort  le  caractère  dominant  de  ses  héros,  il 
en  fait  de  véritables  types,  de  hautes  personnifications  morales  qui  deviennent 
inoubliables.    Tarcisius,  Saint  Vincent  de  Paul,   La  Rochejacquelein,   Lavi- 


A.  Falgïïière.  —  Diane  Calysto 


ALEXANDRE  FALGUIÈRE  15 

gerie,  Gambetta,  pour  ne  citer  que  ses  plus  illustres  ouvrages,  nous  apparais- 
sent chacun  comme  l'expression  la  plus  intense  des  diverses  formes  de  la  foi 
religieuse,  de  la  foi  politique  ou  patriotique. 

La  réalité,  môme  lointaine,  de  ces  personnages,   l'exalte.  Ils  ont  existé, 
donc  ils  existent.  Il  les  voit,  il  les  connaît,  il  n'a  jamais  connu  qu'eux  et,  peut- 


T.IRCISIL'S,  MARTYR  CHRÉTIEN,  statue  marbre  (musée  du  LuxemLi 


être  même  ici,  son  ignorance  le  sert-elle  encore.  Il  ne  s'embarrasse  pas  delà 
complexité  du  caractère  humain,  il  va  droit  à  la  raison  qui  justifie  notre 
hommage. 

Mais  aussi,  pourrait-on  dire,  comme  il  sait  les  faire  parler  !  comme  il 
connaît  la  valeur  expressive  du  geste,  comme  il  s'en  sert  avec  justesse  et  à 
propos.  Il  sait  bien  que  l'art  est  le  plus  puissant  et  le  plus  mystérieux  langage 
qui  puisse  s'échanger  entre  des  hommes,  que  les  rythmes  des  lignes  et  les  har- 
monies des  tons  peuvent  y  jouer  un  rôle  d'accompagnement  explicite,  mais  que, 
surtout  dans  la  statuaire,  dont  les  moyens  sont  si  bornés,  qui  ne  dispose  pas 
de  tous  les  artifices  de  la  peinture,  tout  le  vrai  mode  expressif  est  limité  à  une 
sorte  de  pantomime  surprise  sur  un  geste  qui  doit  demeurer  éternel. 

Ce  seul  geste,  quel  tact,  quel  jugement,  quelle  sorte  de  divination  il  faudra 
pour  le  choisir  entre  tant  d'autres,  si  l'on  veut  qu'il  exerce  sur  notre  imagi- 


16  ALEXANDRE  FALGUIERE 

nation  ce  pouvoir  pour  ainsi   dire  surnaturel  de  signification  symbolique! 

Ce  geste  qui  sera  tout  l'homme,  qui  dira  tout  de  son  caractère  et  de  ses 
actes  accoutumés,  Falguière  l'a  toujours  trouvé  d'instinct.  On  sent  qu'il  l'a 
fait  lui-même  en  entrant  dans  son  personnage.  Ses  qualités  méridionales 
semblent  l'y  avoir  servi  à  souhait.  Mais  qu'on  se  garde  de  croire  qu'il  sorte 
jamais  de  la  mesure.  Il  est  loin,  certes,  des  gesticulations  de  théâtre  ou  des 
désarticulations  déclamatoires  en  moulin  à  vent  qui  caractérisent  la  statuaire 
de  nos  carrefours.  Son  geste  est  toujours  très  sobre  et  sans  emphase.  Ce  qui 
lui  donne  une  force  expressive  extrême,  c'est  qu'il  n'est  pas  localisé  dans 
certaines  parties  du  corps,  dans  les  bras,  par  exemple,  qui  sont  les  instru- 
ments habituels  d'échange  de  notre  langage  muet,  mais  qu'il  a  noté  les 
moindres  indexions  simultanées  des  autres  membres.  Voyez  le  Tarcisius  : 
tout  ce  corps  qui  se  presse  dans  un  dernier  effort  pour  défendre  et  préserver 
la  divine  substance  et  se  relève  encore  dans  un  mouvement  d'amour  et  de 
don  total  de  l'être  !  ce  visage  expirant  avec  l'expression  d'une  sorte  de  haute  et 
chaste  volupté,  douloureuse  et  sacrée!  cl,  à  côté  de  ces  mains  si  émou- 
vantes, qui  retiennent,  qui  abritent  dans  une  pression  si  tendre,  ces  genoux 
qui  se  serrent,  ce  pied  qui  se  retourne,  ce  vêtement  lui-même  dont  les  plis 
viennent  partager  toute  la  détresse  et  tout  le  ravissement  du  corps  !  En  face 
du  modèle  en  vie,  préparé  avec  tant  d'intuition,  d'art  et  de  sentiment,  le* 
marbre  démontre  victorieusement  combien  l'art  est  supérieur  à  la  réalité. 

Voyez  maintenant  le  Saint  Vincent  de  Paul.  Avec  quelle  tendresse,  ses 
doigts  écartés,  par  un  sentiment  délicat  de  précaution  toute  maternelle,  élè- 
vent ces  deux  pauvres  petites  larves  humaines  à  la  hauteur  de  la  poitrine, 
comme  pour  les  recueillir,  les  réchauffer,  dans  un  mouvement  qui  semble 
aussi  les  offrir  à  Dieu  !  Et  le  jeu  des  muscles  expressifs  du  visage,  qui 
illumine  celte  ligure  un  peu  étrange  d'un  tel  sourire,  d'un  tel  rayon  de  bonté 
infinie  qu'on  ne  pourra  jamais  représenter  la  bonté  et  la  charité  avec  une  plus 
simple  et  plus  émouvante  éloquence  ! 

Et  maintenant,  c'est  le  cardinal  Lavigerie!  Son  pied  gauche  s'arrête  et  se 
fixe  sur  le  sol  avec  autorité,  sa  main  droite  s'étend  et  s'ouvre  plus  pour  saisir 
que  pour  bénir,  et  la  double  croix  du  primat  d'Afrique  va  s'implanter  comme 
un  drapeau.  Le  prélat  semble  débarquer  en  conquérant  et  prendre  possession 
de  ce  sol  vierge,  au  nom  de  la  chrétienté.  Et  c'est  La  Rochejacquelein,  la 
jeune,  hère  et  belle  figure  de  héros  royaliste,  digne  adversaire  de  héros  repu- 


Fai.ouikkk    (A)  — Femme    au,  peu 


ALEXANDRE  FALGUIÈRE  17 

blicains  tels  que  Hoche  et  Marceau.  Un  imperceptible  mouvement  d'épaule, 
un  pied  qui  s'avance,  une  main  qui  s'appuie  avec  fermeté  sur  le  sabre,  tandis 
que  l'autre  tient  simplement  un  gant,  la  tète  un  peu  dressée  dans  le  col  ouvert, 
le  chapeau  à  peine  levé,  des  yeux  qui  semblent  très  clairs,  une  petite  bouche 
sérieuse,  grave  et  charmante  ;  tout  cela  est  à  peine  sensible  et  donne  pour- 
tant, par  l'ensemble,  l'impression  du  plus  noble  défi  ;  tout  cela  constitue  la 
plus  jeune,  la  plus  ardente,  la  plus  mâle  et  la  plus  douce  image  de  guerrier 
combattant  pour  sa  foi. 

Et,  en  face,  la  grande  et  vibrante  figure  de  Gambetta  qui  secoue  les  foules 
et  du  sein  meurtri  de  la  France  fait,  de  son  geste  impérieux,  jaillir  encore 
des  armées.  Et  l'œil  creux  de  l'amiral  Courbet,  et  sa  bouche  serrée,  et  son  doigt 
qui  commande  et  se  lève  comme  par  dessus  bord  ;  et  la  main  de  Fermât  qui 
calcule  et  jusqu'à  la  main  prudente  de  Grévy!  Et,  d'ailleurs,  tous  ses  person- 
nages, depuis  ses  Dianes  qui  lancent  des  flèches  jusqu'à  Corneille  qui  cherche 
un  vers,  sont  toujours  plus  ou  moins  agissants,  dans  l'action  qui  leur  est 
propre. 

On  me  permettra  d'être  bref  sur  la  peinture  de  Falguière.  Ce  n'est  pas 
qu'il  n'ait  montré,  dans  celte  manifestation  distincte,  des  capacités  réelles, 
de  robustes  et  franches  qualités.  Mais  il  faut  savoir  nous  limiter.  De  plus, 
on  pourrait  dire  que,  quels  que  soient  les  mérites  d'exécution  de  ses 
ouvrages  les  plus  célèbres,  le  Saint  Jean-Baptiste  ou  la  Suzanne,  Caïn 
et  Abel  ou  les  Lutteurs,  Éventail  et  Poignard  ou  Junon,  les  Nains  ou 
YAbatage  d'un  taureau,  ces  tableaux  restent  néanmoins  de  la  peinture  de 
sculpteur. 

Car  il  profite  à  peine  de  l'éclat  ou  de  la  variété  des  tons,  il  néglige  le  rôle 
accessoire  du  décor,  l'illusion  de  la  mobilité  des  êtres  sous  la  mobilité  des 
phénomènes  les  plus  divers  de  la  lumière  et  de  l'atmosphère  dans  les  profon- 
deurs de  l'espace. 

Il  y  cherche  encore  des  effets  de  relief,  de  ronde  bosse  ;  il  forme  encore 
des  figures  qui  pourraient  être  des  statues  ou  des  groupes.  Bien  mieux  !  il  les 
exécute  souvent,  non  seulement  sur  la  donnée,  que  j'indiquais,  de  ces  sortes 
de  tableaux  vivants  fournis  par  les  modèles,  mais  même  sur  des  maquettes 
en  terre,  pour  se  donner  encore  plus  fortement  la  sensation  des  dimensions 
habituelles  à  la  sculpture. 


18 


ALEXANDRE    FALGUIERE 


C'est  un  mode  nouveau  de  traduction  de  son  unique  mais  impérieux  besoin 
de  créer  des  formes  expressives  et  pleines.  Son  caractère  réaliste  y  est  encore 

plus  apparent  que  dans  la 
statuaire,  car  il  y  prend 
directement  pour  guides 
les  grands  maîtres  espa- 
gnols, Velasquez  et  Goya, 
qui  s'étaient  révélés  à  lui 
dans  toute  leur  puissante 
originalité  au  cours  d'un 
voyage  en  Espagne,  dont 
le  souvenir  est  resté  vi- 
vant en  nombre  de  pocha- 
des sur  nature  et  de  copies 
violemment  esquissées; 
et  c'est  de  là  que  sont 
nées  plusieurs  de  ses  der- 
nières Compositions. 

Comme  exécutant,  par 
la  force,  la  sûreté,  et  la 
qualité  de  la  matière,  il 
se  rapproche  du  groupe 
formé  autour  de  Courbet, 
des  Ribot,  des  Vollon,  des 
Carolus  Duran,  etc.  Quel- 
ques eaux-fortes  hardies, 
d'un  bel  accent,  accompa- 
gnent cette  œuvre  peinte, 
qu'on  n'aurait  pu  d'ail- 
leurs connaître  dans  tout 
son  ensemble  que  si  l'on 
avait  pu  vivre  dans  l'intimité  de  Ealguière.  Car  son  impatience  à  produire 
était  telle,  surtout  dans  un  art  qui  se  prêtait  davantage  à  la  hâte  de  l'impro- 
visation, que  chacun  de  ses  tableaux  passait  par  des  transformations  quasi 
quotidiennes   à   travers  lesquelles  le  sujet  primitif  était  parfois  totalement 


Jeanne  d'Arc  (étude  de  modèle  vivant). 


LA     RoCHEJACgUELEIN 


20  ALEXANDRE  FALGUIÈRE 

oublié.  Très  souvent  encore,  par  paresse  de  se  procurer  une  toile  neuve,  il 
n'hésitait  pas  à  brosser  ses  nouvelles  inspirations  sur  quelque  peinture 
ancienne,  fût-ce  même,  comme  pour  le  Saint  Jean-Baptiste  du  musée  d'An- 
vers qu'on  put  sauver  de  cette 
fin  certaine,  un  des  tableaux  dont 
il  avait  recueilli  le  plus  de  suc- 
cès. 

C'est  cetle  impatience  et  cette 
hâte  qui  ont  parfois  compromis  les 
plus  beaux  dons  de  cet  artiste  et  qui, 
par  contre  aussi,  ont  peut-être  con- 
servé parfois  à  son  œuvre  sa  fleur 
de  spontanéité,  de  fraîcheur  et  de 
vie. 

Mais  il  avait  un  ardent  et  irrésis- 
tible besoin  de  créer.  Sa  fécondité 
d'imagination  était  inépuisable.  Il 
lui  fallait,  à  tout  prix,  jeter  sur 
l'heure  toutes  sortes  d'idées  brûlantes 
qu'il  reprenait  et  remaniait  ensuite 
dix  fois  si  l'ouvrage  ne  lui  était  pas 
retiré  ou  si  une  idée  nouvelle  ne 
venait  pas  chasser  l'autre.  «  Je  vou- 
drais passer  ma  vie  à  faire  des 
esquisses  »,  disait-il,  et  il  remplis- 
sait son  atelier  de  toutes  sortes  de 
Dianes,  de  Muses,  de  Sources,  de 
Bacchantes,  de  Jeannes  d'Arc,  de 
jeunes  femmes  tenant  des  arcs,  des 
lyres,  des  urnes,  des  épées,  des  torches  ou  des  drapeaux,  formes  diverses  de 
la  femme  sous  tous  les  aspects  de  l'exaltation  de  son  petit  corps  ardent  et 
frémissant. 

Aussi  la  matière  préférée  de  Falguière  est-elle  la  terre  glaise.  Il  serait 
volontiers  le  chef  d'école  dans  ce  genre,  que  M.  Eugène  Guillaume  appelait, 
dès   1881,  «  la  sculpture  pétrie  ».  La  terre  était  seule  capable  de  répondre 


Le  cardinal  Laviueiiie 


Falôuièrc   miix' 


rennequm  se . 


EVENTAIL     ET     POIGNARD 


et  moderne 


.'     ■ 


ALEXANDRE  FALGUIÈRE  21 

aussitôt  à  la  fièvre  de  sa  main  passionnée,  de  rendre,  dans  sa  palpitation  et 
sa  matité,  la  tiédeur  vivante  des  formes  animées. 

Et  c'est  pourquoi  il  semble  se  désintéresser  tout  à  fait  des  nécessités  du 
marbre  dont  il  traite  les  exigences  naturelles  avec  une  liberté  qui  est  presque 
de  l'impertinence.  Ses  statues  donnent  rarement  l'impression  d'avoir  dormi 
dans  le  bloc  comme,  par  exemple,  celles  de  Rodin.  Il  affectionne,  au  contraire, 


Maiwjuesie.  —  A.  Falguièiie 

les  évidements,  les  saillies,  le  dégagement  des  membres  du  corps,  le  déta- 
chement des  jambes,  l'isolement  complet  des  bras.  Et  si,  parfois,  ses  ouvrages 
ont  été  interprétés  avec  une  intelligence  remarquable,  comme  l'Eve  et  la 
Diane,  exécutées  par  Victor  Péter,  ou  le  Saint  Vincent  de  Paul,  c'est  égale- 
ment la  raison  pour  laquelle  ses  plâtres  donnent  souvent  une  sensation  peut- 
être  plus  savoureuse  que  ses  marbres. 

De  même,  Falguière  a  eu  médiocrement  le  sens  de  la  sculpture  monumen- 
tale et  je  n'insisterai  pas  sur  ses  compositions  de  l'Arc  de  Triomphe,  du  Tro- 
cadéro,  etc.  Mais  quelques  réserves  qu'on  puisse  faire  sur  ces  travaux  et 
quels  que  soient  les  regrets  qu'on  éprouve  de  ce  que  de  si  incomparables 
facultés  n'aient  pas  toujours   été    employées  avec  une   direction   réfléchie, 


22  ALEXANDRE   FALGUIERE 

avec  méthode,  avec  épargne  et  avec  discipline,  Falguière  n'en  demeure  pas 
moins  comme  un  des  sculpteurs  les  plus  extraordinairement  doués  de  ce 
temps. 

Sculpteur,  il  l'est,  comme  il  était  homme,  dans  le  sang  et  dans  la  chair. 
Même  lorsque  la  brosse  du  peintre  semble  donner  quelques  imprudents  con- 
seils à  l'ébauchoir,  même  dans  ses  créations  les  plus  turbulentes,  le  statuaire 
se  retrouve  toujours  par  l'obéissance  aux  lois  statiques,  par  le  sentiment  de 
la  plénitude  du  relief,  des  masses,  des  volumes,  par  l'établissement  des  plans 
larges  et  savamment  reliés  au  moyen  de  modelés  souples  sans  accidents  et  sans 
accents  inutiles,  que  quelques  noirs  sobres  et  colorés.  On  éprouve  au  plus 
haut  point  devant  ses  ouvrages  le  besoin  de  tourner  autour,  la  sensation  de 
de  la  réalisation  concrète  d'une  forme  dans  l'espace. 

Il  n'a  pas  de  «  canon  »  habituel,  il  se  modifie  constamment  avec  la  vie 
qui  s'offre  à  lui.  C'est  pourquoi  la  Diane,  la  Callislo,  la  Nymphe  chasseresse, 
elles  Bacchantes  diffèrent  tellement  de  nature  et  d'idéal  plastique.  Mais  par- 
tout les  formes  sont  pleines,  rondes,  bien  déterminées,  distinguées,  jamais 
vcules,  molles  ou  indécises. 

Car  c'est  aussi  un  artiste  de  race,  et  dans  ses  audaces  les  plus  risquées, 
dans  ses  tentatives  qui  pouvaient  sembler  le  plus  compromettantes,  on  ne  sent 
jamais  la  moindre,  vulgarité,  mais  bien  au  contraire  un  sens  tout  à  fait  exquis 
de  la  forme,  qu'il  a  comprise  parfois  avec  toute  la  sensibilité  intelligente  qu'y 
apportèrent  les  meilleurs  slaluaires  antiques. 

C'est  par  cette  compréhension  éclairée  des  véritables  leçons  de  l'antiquité, 
par  cet  amour  profond  de  la  nature  et  de  la  vie,  que  Falguière  se  rattache  à 
la  grande  lignée  des  plus  beaux  sculpteurs  qui  ont  honoré  notre  école,  depuis 
Puget,  à  travers  Falconet,  Pigalle  et  Houdon,  jusqu'à  Rude,  Rude  auquel  il 
appartient  plus  étroitement,  comme  on  peut  s'en  convaincre  devant  son  Vain- 
queur au  combat  de  coqs,  si  parent  du  petit  Pêcheur  napolitain,  et  surtout  par 
ses  figures  commémoratives  ;  soit  que  cela  tienne  originairement  à  l'in- 
fluence de  son  ami  Carpeaux,  soit  plutôt  au  culte  commun  de  Rude  et  de  Fal- 
guière pour  l'antique,  soit  encore  à  la  vertu  de  ce  sang  robuste  et  plébéien 
qui  chez  tous  deux  a  gardé  la  personnalité  et  pour  ainsi  dire  la  virginité  de 
la  vision  au  travers  des  doctrines  d'école. 

Dans  ce  siècle  inquiet  et  tourmenté,  où  tant  d'autres  ont  eu  l'ambition 
de  traduire  leurs  troubles,  leurs  agitations,  leurs  angoisses  ou  leurs  espoirs, 


A.    FALGTIIÈRB.    —  NïMPHE  CHASSEttSSSE 


ALEXANDRE   FALGUIÉRE  23 

Falguière,  il   est  vrai,  n'a  rien  eu  personnellement  à  dire,  si  ce  n'est,   en 


Saint  Vincent  de  Paul,  groupe  marbre. 

vrai  païen   méridional,   la  beauté  des  êtres,   la  joie  et  la  puissance  de  la 
Vie. 


24 


ALEXANDRE   FALGUIÈRE 


Mais  la  Vie,  il  l'avait  aimée  d'un  amour  si  intense,  non  seulement  tout 
intellectuel  et  idéal,  mais  fait  de  toute  sa  pensée,  de  tout  son  sang,  de  toute 
sa  propre  vie,  qu'il  semble,  tant  la  création  est  comme  un  acte  d'amour,  qu'il 
l'a  possédée  et  réalisée.  Et,  à  leur  tour,  ses  martyrs  et  ses  héros  ressuscites, 
ses  créatures  de  marbre  animées  éternellement  par  son  souffle,  assureront  à 
son  nom,  parmi  les  hommes,  la  perpétuité  delà  vie. 


Léonce  BENEDITE. 


APPENDICE 


Nous  essayons  de  citer,  sans  avoir  la  prétention  de  les  rappeler  tous,  les  ouvrages 
connus  de  Falguière.  Comme  sujets  d'inspiration  propre,  il  faut  comprendre  les 
Joueurs  de  cerceau,  Thésée  enfant  (marbre,  Salon  de  1865)  ;  Omphale,  marbre  ;  Nuc- 
cia  la  Trasleverina,  bronze  (toutes  deux  au  Salon  de  1866)  ;  le  Vainqueur  au  combat 
de  coqs  (bronze,  au  Salon  de  1864;  marbre,  au  Salon  de  1870);  tous  deux  appartiennent 
au  Luxembourg,  mais  ce  second  ouvrage  est  déposé  actuellement  à  l'ambassade  de 
France  à  Constantinople.  11  existe  aussi  une  répétition  en  bois,  mais  qui  avait  été 
exécutée  en  dehors  de  l'atelier  de  Falguière.  Tous  ces  précédents  ouvrages  sont  des 
envois  de  Rome.  Viennent  ensuite  Tarcisius  (plâtre,  1867,  marbre,  1868)  au  musée 
du  Luxembourg;  Ophélie  (plâtre,  1869,  marbre,  1872). 

A  ce  moment  survient  la  guerre  de  1870:  Falguière,  enrôlé  dans  la  garde  natio- 
nale, exécute  un  jour,  devant  le  bastion  où  sa  compagnie  était  de  garde,  une  statue 
de  neige,  la  Résistance ,  dont  le  souvenir  a  été  conservé  par  des  pages  émues  de  Théo- 
phile Gautier  et  une  eau-forte  de  Bracquemond.  Il  en  refit  plus  tard  une  maquette  et 
paraît  s'en  être  servi  dans  le  monument  du  Dr  Lucio  y  Lopez,  à  Buenos-Ayres. 

Après  la  guerre,  M.  de  Girardin,  qui  avait  une  idée  par  jour,  eut  un  jour  celle  de 
fonder  une  vaste  entreprise  dont  le  but  devait  être  de  répandre  les  œuvres  d'art  dans 
les  masses.  Il  lança  la  Société  de  la  Photo-sculpture,  dirigée  par  Marnyhac,  établis- 
sement de  mise  au  point  et  de  pratique  qui  exécutait  des  bustes  sur  nature,  d'après 
des  séries  de  photographies  prises  sous  tous  les  profils,  mais  qui  surtout  réduisait  ou 
traduisait  en  marbre  de  nombreux  modèles  fournis  par  toute  une  pléiade  de  sculpteurs 
alors  en  vogue  à  des  titres  divers.  Il  y  avait,  parmi  eux,  Clésinger,  Georges  Clère  et 
Falguière,  le  jeune  triomphateur  du  jour.  Falguière  fournit  à  ce  Marnyhac  toute  une 
série  de  modèles  en  esquisse,  répandus  par  le  marbre  et  qui  sont  aujourd'hui  très 
peu  connus;  toute  une  suite  des  femmes  de  Gœthe  :  Dorothée;  Mademoiselle  Lili; 
Marguerite  à  l'Église  ;  Mignon.  II  donna  aussi  une  interprétation  sculpturale  de  la 
Source,  d'Ingres,  et  de  la  Phryné,  de  Gérôme;  puis  un  Enlèvement  de  Déjanire,  etc. 

Divers  grands  ouvrages  furent  même  ébauchés  en  marbre  par  cette  maison.  Le 
Corneille  et  l'Eve  (marbre  en  1880).  C'est  là  même  que  Falguière  connut  Victor 
Péter  —  de  qui  j'ai  recueilli  ces  principaux  détails  —  Péter,  l'interprète,  supérieu- 
rement intelligent,  de  plusieurs  des  ouvrages  du  maître,  qui,  dans  certains  cas,  ne 
dédaignait  pas  d'avoir  recours  à  sa  connaissance  si  parfaite  de  l'animal.  Il  exécuta 
encore,  à  ce  moment,  pour  l'église  d'Auray,  quatre  évangélistes  et  deux  saints. 

Il  faut  citer  ensuite,  dans  le  même  ordre  de  créations  :  Danseuse  égyptienne 
(marbre,  1873)  ;  Diane  (plâtre,  1882  ;  marbre,  1887)  ;  Nymphe  chasseresse  (plâtre,  1884  ; 
bronze,  1885;  marbre,  1888);  Bacchantes  (plâtre,  1886)  ;  Femme  au  paon  (marbre, 
1890)  ;  Diane  (la  Callisto,  marbre,  1891  )  ;  Poésie  héroïque  (marbre,  1893),  au  Capilole 


26  APPENDICE 

de  Toulouse;  Danseuse  (marbre,  '1896);  La  sortie  de  l'école  (1887),  exécutée  en  grès 
par  la  maison  Miiller  ;  le  Poêle,  figure  équestre  composée  d'abord  pour  le  concours 
du  monument  de  Victor  Hugo  (bronze,  1897),  placé  square  Boudreau.  Caïn  et  Abel, 
plâtre  non  exposé;  on  y  peut  joindre  L 'Adolescence  et  V Amour,  La  Pêche,  etc. 

Dans  les  productions  allégoriques:  V  Élégie,  à  l'Opéra  ;  Le  Drame  lyrique,  à 
l'Opéra-Comique  ;  l'Asie  (1883),  au  Trocadéro  ;  La  Musique  (1889),  sujet  répété  nombre 
de  fois  sous  diverses  formes;  la  fontaine  monumentale  Sainte-Marie  à  Rouen  ;  le 
projet  de  couronnement  de  l'Arc  de  triomphe  ;  La  Seine  et  ses  affluents,  au  Troca- 
déro ;  les  bas-reliefs  de  la  maison  de  M.  le  baron  Vitta,  à  Evian. 

Dans  les  monuments  commémoralifs  :  La  Suisse  accueille  Vannée  française  : 
offert  par  la  ville  de  Toulouse  à  la  Suisse,  exposé  en  1875.  La  Savoie  se  donnant  à 
la  France,  à  Chambéry  ;  les  trois  divers  projets  de  la  Révolution  française  pour  le 
Panthéon,  dont  l'un  a  été  exposé  en  1896"  (section  des  arts  décoratifs). 

Puis  :  Corneille  (Salons  de  1872  et  1878)  au  Théâtre  Français  ;  Lamartine  (Salons 
de  1876  et  1877);  Saint  Vincent  de  Paul,  au  Panthéon  (1879);  La  Roche jacquelein 
(1 895)  ;  Le  cardinal  Lavigerie,  pour  Carthage  (1898);  Balzac  (1899);  L'amiral  Cour- 
bet, à  Abbeville;  Barbes,  h  Carcassonne  ;  Fermât,  à  Beaumont-de-Lomagne  ;  L'abbé 
de  la  Salle,  à  Rouen  ;  Gambella,  à  Cahors  et  à  Saigon  ;  Sainte  Germaine,  à  Tou- 
louse ;  Grévy,  à  Dôle;  L'abbé  d'Alzon,  à  Nîmes;  Le  général  Paz,  à  Buenos-Ayres; 
Goudouli,  à  Toulouse;  Lafayelle,  en  collaboration  avec  Mercié,  pour  l'Amérique; 
Bizet,  pour  l'Opéra  comique  ;  Mer  Freppel,  à  Angers  ;  Le  D"  Lucio  y  Lopez,  monu- 
ment funéraire  à  Buenos-Ayres;  Ambroise  Thomas,  à  Paris;  Charcot;  les  monu- 
ments laissés  inachevés  d'Alphonse  Daudet,  pour  Nîmes,  et  de  Pasteur,  pour  Paris; 
diverses  autres  statues  de  Vierges,  un  saint  François-Xavier,  etc. 

Comme  bustes,  ses  plus  célèbres  sont  ;  Carolus  Duran,  le  Cardinal  de  Bonnechose, 
la  Baronne  Daumesnil  (au  Luxembourg),  Mmc  Charles  IJayem,  Léonide  Leblanc, 
Mn"  Kalb,  Coquelin  cadet,  Jean  Bertheroy,  Mma  Bréval,  Mounet-Sully,  Gambella, 
Pailleron,  Victor  Hugo,  Paul  Dubois,  Joseph  Reinach,  Carnol,  Rodin,  etc. 

Les  principales  peintures,  du  moins  celles  qui  ont  été  exposées,  sont  :  Près  du 
château  (Salon  de  1873)  ;  Les  lutteurs  (1878)  ;  Caïn  et  Abel  (1876)  ;  La  décollation  de 
saint  Jean-Baptiste  (musée  d'Anvers,  1877)  ;  Suzanne  (1879)  ;  Abatage  d'un  taureau; 
souvenir  d'Espagne  (1881)  ;  Eventail  et  poignard  (1882),  au  musée  du  Luxembourg; 
Le  Sphinx  (1883)  ;  Hylas;  Offrande  à  Diane  (1884)  ;  Acis  et  Galalhée  (1885)  ;  L'aïeule 
et  l'enfant  (1886)  ;  Madeleine  (1887)  ;  L'incendiaire,  panneau  décoratif;  Nains  men- 
diants, Souvenir  de  Grenade  (1888)  ;  Junon  (1889);  Une  servante  (1892)  ;  Les  déni- 
cheurs de  nids,  divers  portraits,  des  études  de  courses  de  taureaux  et  des  commen- 
cements de  compositions  dans  cet  ordre  d'idées  ;  des  copies,  des  pochades  minuscules 
de  Velasquez,  Goya,  etc. 

Comme  gravure,  Caïn  et  Abel  dont  il  exécuta  plusieurs  variantes,  notamment 
celle  qu'on  trouvera  ci-contre,  d'après  un  cuivre  inédit,  prêté  par  Mme  Falguière  ;  les 
Nains  mendiants,  en  deux  dimensions,  dont  la  plus  petite  pour  l'Artiste,  etc. 


CATALOGUE  DE  L'EXPOSITION 


GROUPES  ET  STATUES 

1.  —  Ganymède,  groupe  marbre. 

Appartient  à  M™  Falguière. 

2.  —  Tarcisius,  martyr  chrétien,  modèle 
plâtre  du  marbre  du  musée  du  Luxem- 
bourg. 

3.  — Le  vainqueur  au  combat  de  coqs,  mo- 
dèle plâtre  du  bronze  du  musée  du  Luxem- 
bourg. 

4.  —  L'abbé  de  La  Salle,  modèle  plâtre  du 
monument  en  bronze  érigé  à  Rouen. 

5.  —  Nymphe  chasseresse,  modèle  plaire. 

6.  —  Ophélie,  modèle  plâtre. 

7.  —  Diane,  modèle  plâtre. 

8.  —  Saint-Vincent  de  Paul,  modèle  plâtre 
du  groupe  placé  au  Panthéon. 

9.  — Didne   Callisto,  modèle  plâtre. 

10.  —  La  Suisse  recevant  l'armée  française, 
modèle  plâtre. 

11 .  —  La  sortie  de  l'école,  statue  marbre. 

Appartient  à  M""  Falguière. 

12.  —  Fillette  jouant  de  la  mandoline,  modèle 
plâtre. 

13.  —  La  Musique,  modèle  plaire  du  marbre 
appartenant  à  M.  le  baron  Alphonse  de 
Rothschild. 

14.  —  Monument  Bizct,  modèle  plâtre  du  mo- 
nument de  l'Opéra-Gomique. 


15.  —  La  Musique,  moulage  de  la  statue  de 
l'Opéra-Comique. 

16.  —  Monument  de  la  Révolution,  plâtre. 

Projet  destiné  au  Panthéon. 

17 .  —  La  Justice,  modèle  plâtre,  fragment  du 
projet  destiné  au  Panthéon. 

18.  —  La  Liberté,  l'Égalité,  la  Fraternité,  mo- 
dèle plâtre,  fragment  du  projet  destiné  au 
Panthéon. 

19.  —  Tombeau  de  M«v  Frcppel,  modèle  du 
monument  érigé  dans  la  cathédrale  d'An- 
gers. 

20.  —  Combat  de  bacchantes,  modèle  plâtre. 

21 .  —  La  Danse,  statue  marbre. 

Appartient  à  M»»  Falguière. 

22.  —  Goudouli,  modèle  plâtre  d'un  monu- 
ment pour  la  ville  de  Toulouse. 

23.  —  Suzanne  au  bain,  statue  marbre. 

Appartient  à  Mmc  Falguière. 

24.  — Ambroise  Thomas,  modèle  plâtre  du 
monument  érigé  au  Parc-Monceau. 

25.  —  La  Rochejacquelein,  modèle  plâtre,  du 
bronze  érigé  à  Saint-Aubin  (Vendée). 

26.  — Alphonse  Daudet,  modèle  plâtre  du 
monument  érigé  â  Nimes. 

27.  —  Caïn  et  Abcl,  modèle  plâtre. 

28.  —  L'Élégie,  modèle  plâtre  de  la  statue  de 
la  façade  de  l'Opéra. 

29.  —  Lamartine,  modèle  plâtre  de  la  statue 
érigée  à  Mâcon. 


28 


CATALOGUE   DE   L'EXPOSITION 


30.  —  Gambelta,  modèle  plâtre  de  la  statue 
érigée  à  Cahors. 

31.  —  LaFayettc,  modèle  plâtre  pour  un  mo- 
nument  devant  être  érigé  à  Washington. 

32.  —  Rochambeau  et  d'Estaing,  modèles 
plâtre  pour  le  monument  de  Washington. 

33.  _  ia  poésie  héroïque,  modèle  plâtre  de 
la  statue  de  la  salle  des  Illustres,  au  Capi- 
tule de  Toulouse. 

34.  —  ic  gênerai  Sucre,  modèle  plâtre  de  la 
statue  élevée  en  lîolivie. 

35.  —  Le  Père  d'Alton,  modèle  plâtre  de  la 
statue  érigée  à  Nîmes. 

36.  — Le  baron  Larrey,  modèle  plâtre  de  la 
statue  érigée  au  Val-de-Grâce. 

37.  —  Le  cardinal  Lavigerie,  modèle  plâtre  de 
la  statue  érigée  â  Biskra  et  â  Baronne. 

38.  —  Barbé*,  modèle  plâtre  de  la  statue  éri- 
gée à  Carcassonne. 

39.  —  La  Saroie  se  donnant  à  la  France,  mo- 
dèle plâtre  du  monument  élevé  âChambéry. 

40.  —  Jules  Grévy,  modèle  plâtre  de  la  statue 
érigée  à  Dole. 

41.  —  La  Peinture,  bas-relief,  marbre. 

Appartient  à  M.  Bonnat. 

42.  —  Idylle,  groupe  marbre. 

Appartient  à  M.  Chevillot. 

43.  —  Mignon,  statuette  marbre. 

Appartient  à  M.  Barrés. 

44.  —  Eve,  statuette  marbre. 

Appartient  à  M"c  Dosne. 

45.  —  Charcot,  modèle  plâtre  de  la  statue 
élevée  à  la  Salpètrière. 

46.  —  Victoire,  pour  le  couronnement  de 
l'Arc  de  Triomphe,  modèle  cire. 

47.  —  l'Asie,  figure  pour  la  cascade  du  Tro- 
cadéro . 

48.  —  Vie  de  sainte  Germaine,  bas-relief  pour 

un  monument  à  Toulouse. 


49. 


Ophélie,  terre  cuite. 


50-51 .  —  Apôtres,  modèles  de  statues  pour 
l'église  Saint-François-Xavier,  â  Paris. 

52.  —  Jeanne  d'Arc,  projet  pour  un  monu- 
ment â  Chinon. 

53.  —  Liseuse,  modèle  plâtre. 

Appartient  à  M.  F.  Dreyfus. 

54.  —  La  Musique,  modèle  plâtre. 

Appartient  à  l'Etat  (musée  de  Narbonne). 

55-56.  —  Gambelta,  projets. 

57.  —  Suzanne. 

58.  —  Femme,  étude. 

59.  —  Source,  martre. 
63.  —  Suzanne,  esquisse. 

61.  —  Monument  de  la  Révolution  française, 
plâtre,  projet  pour  le  Panthéon. 

62.  —  Fillette. 

63.  —  Défense  de  Paris,  plâtre,  projet  pour 
un  concours. 

64.  —  La  Protestation,  modèle  plâtre  pour  un 
tombeau  élevé  â  Buenos-Ayres. 

65.  —  Marin,  modèle  plâtre  d'une  figure  pour 
le  monument  de  la  Défense  de  Paris. 

66.  —  Fantassin,  modèle  plâtre  d'une  figure 
pour  le  monument  de  la  Défense  de  Paris. 

67.  —  Jeanne  d'Arc,    projet   pour  le  monu- 
ment de  Chinon. 

68.  —  Gambelta,  projet  pour   le  monument 
du  Carrousel. 

69.  —  Lamartine,  modèle  du  monument  érigé 
â  Alâcon. 

70.  —  Diane. 

71 .  —  Carmen,  cire. 


72. 
73. 
74. 


ESQUISSES 

Cheminée  monumentale. 
Fontaine  de  Rouen,  fragment. 
Bas-reliefs,  pour  Sainte-Anne-d'Auray. 


CATALOGUE  DE    L'EXPOSITION 


29 


75.  —  La  Liberté,  l'Égalité,  la  Fraternité. 
groupe  pour  le  monument  de  la  Révolution 
au  Panthéon. 

76-77.  —  Caïnct  Abel. 

78.  —  République. 

79.  —  La  Révolution. 

80.  —  Femme  courant. 

81.  —  Bacchantes. 

82.  —  Carmen,  pour  le  monument  de  Bizet. 

83.  —  Monument  de  la  Défense  de  Paris. 

84.  —  La  Cigale. 

85.  —  Ange,  pour  Sainte-Anne-d'Auray. 

86 .  —  La  Musique . 

87.  —  Monument  de  Pasteur,  projet. 

88.  —  Idem,  esquisse. 

89.  —  Monument  d'Ambroise  Thomas,  projet. 

90.  —  Monument  de  Danton,  projet. 

91 .  —  Fontaine  monumentale  de  Rouen,  pro- 
jet. 

92  à  95.  —  Statue  de  Balzac,  quatre  esquis- 
ses. 

96 .  —  Le  cardinal  Lavigcrie . 

97 .  —  Homme  cl  femme . 

98  à  100.  —  Circé,  trois  esquisses. 

101-102.  —  Sources  pour  la  cascade  du  Tro- 
cadéro. 

103 .  —  L'abbé  de  La  Salle . 

104.  —  Charcot. 

105 .  —  Jules  Grévy . 

106.  —  Enfant  et  panthère . 

107.  — Femme  debout. 

108.  —  Monument  du  Panthéon,  fragment. 

109.  —  Monument  de  Bizet,  projet. 

110.  —  Nymphe  chasseresse  et  cerf. 

111  à  113.  —Fontaine  de  Rouen,  fragments. 


114.  —  Monument  du  Panthéon,  projet. 

115.  —  Monument  de  l'amiral  Courbet. 

116.  —  Statue  du  professeur  X. .  .,de  Buenos- 
Ayres. 

117.  —  Monument  du  poète  Goudouli. 

118.  —  Couronnement  de  l'Arc  de  Triomphe, 
projet. 

119.  —  Centaure  enlevant  une  femme . 

120.  —  Monument  de  Victor  Hugo. 

121.  —  République . 

122.  —  Groupes  pour  les  magasins  Dufayel. 

123.  —  Monument  de  Lord  Bgron,  projet. 

124.  —  Combat  d'hommes. 

125.  —  Le  général  Sucre. 

126.  —  Soubassement   d'un   monument  pour 
le  Panthéon. 

127.  —  Jeanne  d'Arc. 

128.  —  Femme  assise. 

129.  —  Centaure  enfant,  bronze. 

130.  —  Bouchers,  bronze. 

131.  —  Décollation. 

132.  —  Femme  à  genoux . 

133.  —  Victoire. 

134-135.  —  Études  pour    le    monument   du 
Panthéon. 


ESOUISSES  TERRE  CUITE 


136. 

—  Femme  endormie . 

137. 

—  Centaure. 

138. 

—  Monument  de  Pasteui 

139. 

-  Ère. 

140. 

—  Torse  de  bacchante. 

141. 

-  Balzac. 

30 

142.  - 

143.  — 

Jean . 

144.  - 

145.  — 

146.  - 

147.  — 

148.  — 

149.  — 

150.  — 

151.  - 

152.  - 

153.  - 

154.  — 

155.  - 

156.  — 

157.  — 

mèe. 

158.  — 

159.  — 

160.  - 

161.  — 

162.  — 

163.  — 

164.  — 

165.  - 

166.  — 


Liseuse . 

Monument  d'Alphonse  Daudet. 

Vierge  d  l'Enfant  Jésus. 

Monument  d'Ambroise  Thomas. 

Femme  assise. 

Liseuse. 

Ange. 

Femme  assise  sur  un  rocher. 

Liseuse . 

Monument  d'Ambroise  Thomas. 

La  Résistance,  drapée. 

Goudouli. 

La  Protestation. 

Pasteur  assis  cl  figure  de  la  Renom 

Monument  de  Victor  Hugo. 
Monument  d'Ambroise  Thomas. 
La  Savoie . 

Monument  du  Panthéon. 
Saint  Sébastien. 
La  Garonne . 
Monument  de  Pasteur. 
Monument  d'Alphonse  Daudet. 
Études  de  femmes. 


CATALOGUE  DE  L'EXPOSITION 

171  à  173.   —  Portraits  de  Gambetta 

174.  —  Portrait  de  Mmc Louise  Abbéma. 

175.  —  de  Mllc  Cleo  de  Mérode . 
17.6.  -  de  MmaL... 


Combat  de  femmes. 

La  Vierge,    l'Enfant   Jésus  et  saint 


BUSTES  ET  MÉDAILLONS 

167.  —  Portrait  du  cardinal  de  Bonncchose. 

168.  -        —        de  M™  G... 

169.  —      —        de  M™  M.  S... 

170.  —      —        de  Mme  R. .. 


177-178 

—    I>0 

•traits  de  JU"'°  Heilbron,  mar- 

bre . 

179.  — 

Portrait  de  M"*  Bréval. 

180.  - 

— 

de  Mme  la  baronne  Daumcs- 
uil. 

181.  — 

— 

de  Mmc  la  duchesse  d'Vzès. 

182.  - 

— 

de  Mme  Jean  Bcrtltcroy . 

183.   — 

— 

de  M"e  L.  C... 

184.   - 

— 

de  M.  Paul  Dubois. 

185.  - 

— 

de  M.  Carolus  Duran,  mar- 
bre . 

186.  - 

— 

de  M.  J .  Reinaeh. 

187.  - 

— 

du  peintre  James  Bertrand. 

188    - 

— 

de  M.  Paillcron. 

189.   - 

— 

de  Sadi  Camot. 

190.  — 

— 

de  M.  F.  Dreyfus. 

191.  — 

— 

de  M.  Quesnay  de  Beaurc- 
paire,  marbre. 

192.  — 

— 

de  M.  A  .  Rodin. 

193.  - 

— 

d'Alphonse  Daudet. 

194.  — 

— 

de  M.  L.  C... 

195.  — 

— 

du  poète  Gamelin. 

196.  - 

— 

de  M.  Alex.  F. . .,  marbre. 

197.  - 

— 

du  professeur  M.  . . 

198.  — 

Masque 

de  Balzac. 

199.  —  Buste  Pompadour . 

200 .  —  Portrait  de  Mlle  Masscnct . 

201.  —  Tête  du  poète  du  groupe  de  Pégase. 
202  à  231.   —  Bustes  et  portraits  divers . 

232  à  241.  —  Têtes  d'étude. 


CATALOGUE  DE 
PEINTURE 

242.  —  Les  lutteurs. 

Appartient  à  M.  Pelpel. 

243.  —  Mendiants  espagnols . 

244.  —  La  Cène. 

245.  —  La  Cène. pastel. 

246.  —  Janon. 

247.  —  Eventail  et  poignard. 

248.  —  Salomé  recevant  la  ta  te  de  saint  Jean. 

249.  —  Dénicheur. 

250.  —  Victor  Hugo  sur  son  lit  de  mort,  pastel. 

251.  —  Femme  nue,  étude. 

252.  —  Enfant  couché. 

253.  —  Copie  d'après  Velasquez. 

254.  —  Nymphes  chasseresses. 

255.  —  Joueur  de  flûte. 

256.  —  La  récurcusc. 

257.  —  Biclie  morte. 

258.  —  Bacchantes. 

259.  —  Tête  de  vieillard. 

260.  —  Portrait  de  femme. 

261.  —  Clémence  Isaure  (apothéose) . 

262.  —  Tète  d'étude. 

263.  —  Les  insurgés,  esquisse. 

264.  —  Tète  d'étude. 

265  à  267.  —  Toréador,  esquisses. 
268.  —  Tète  d'enfant. 


L'EXPOSITION  31 

269.  —  Fillette,  étude. 

270 .  —  Tète  d'étude . 

271.  —  Idem,  pastel. 

272.  —  Portrait  de  M'"0 F..  . 

273.  —  Idem. 

274 .  —  Etude  de  fleurs . 

275.  —  18  esquisses  faites  pendant  un  voyage 
en  Espagne. 

276.  —  La  veillée  à  Clairefontaine. 

277.  —  Le  Pavillon  ci  Clairefontaine. 

278.  —  Paysage  à  Clairefontaine. 

279.  —  La  Sablière  à  Clairefontaine . 
280  à  281 .  —  Paysages  à  Vittel. 

282.  —  Rue  de  village. 

283.  284.  —  Paysages. 

285.  —  Portrait  de  M.  P.  Aube. 

286.  —  Portrait  de  M11"  Hélène  A... 

287.  —  Portrait  de  Milc  C... 

288.  —  Portrait  de  Mmo  la  duchesse  de  T. . . 

289.  —  Portrait   de    Mme    la   vicomtesse    de 
Clairval. 

Appartient  au  baron  Pierre  de  Clairval. 

290 .  —  Un  lot  de  dessins. 

Appartenant  à  M""  F... 


291 .  —  Portrait  de  Falguière,  par  M.  Bonnat. 

292.  —  Portrait  de  Falguière,  par  M.  Carolus 
Duran . 

293.  —  Buste  de  Falguière,  par  M.  Marqueste. 


SUPPLÉMENT 

(OUVRAGES     ENVOYÉS     APRÈS     L'IMPRESSION     DU     CATALOGUE! 


SCULPTURE 

301.  —  L'Art,  stalue  marbre. 

Appartient  à  M.  Dervillé. 

302.  —  Groupe  plâtre  ;  projet  pour  le  Pan- 
théon. 

Appartient  à  Mmc  A.  Falguière. 

303.  —  Femme  au  paon,  plâtre  original. 

Appartient  à  Mmc  A.  Falguière. 
304  à  306.  —  Modèles  du  Monument  Pasteur. 
1°  Pasteur. 

2°  Groupe  de  la  Convalescence. 
3°  Groupe  de  bœufs. 

307.  —  Buste  de  M™  B... 

308.  —  La  Musique,  statue  plâtre. 

309.  —  Buste  de  M.  Bertault  fils. 

310.  —  Buste  de  Mmc  B... 

Appartient  a  M.  Bertault. 

311.  —  Bretonne,  bas- relief  plâtre  i  Hôtel  La- 
venue^ 

323.  —  Italienne,  siatuetle  terre  sèche. 

324.  —  La  Résistance,  terre  cuite. 

325.  —  Cardinal  Lavigerie,  esquisse  plâtre. 

326.  —  Les  Vendanges,  statuette  plâtre. 

327.  —  La  Poésie  héroïque,  esquisse  plâtre. 

328.  —  La  Source,  marbre  d'après  Ingres. 

Appartient  à  Mme  Philippe  Gille. 

329.  —  Suzanne,  statuette  marbre. 

Appartient  à  Mme  A.  Falguière. 

330.  —  Tarcisius,  buste  marbre. 

Appartient  à  Mme  A.  Falguière. 

331.  —  Résistance,  statuette  marbre. 

Appartient  à  Mmo  A.  Falguière. 

332.  —  Diane  se  dévêtant. 

Appartient  à  Mme  A.  Falguière. 

333.  —  La  Musique,  slaluelte  marbre. 

Appartient  à  Mme  A.  Falguière. 

334.  —  Ciicë,  statuette  marbre. 

Appartient  à  M™e  A.  Falguière. 

335.  —  Caïn  et  Abri,  esquisse  plâtre. 

336.  —  Mignon,  bronze. 

Appartient  à  M.  Barrés. 
353  à  355.  —    Projets    pour   le    Panthéon, 
esquisses  terre  cuite. 

356.  —  Buste  de  Jime  D...,  marbre. 

357.  —  Buste  de  M.  Dervillé,  marbre. 

358.  —  La  Justice. 

359.  —  Esquisse  en  cire. 

360.  —  Esquisse  de  Jeanne  d'Arc. 


361.  —  Gambetta,  modèle  du  monument  érigé 
à  Cahors. 

362.  —  Buste  de  Mmc  la  comtesse  d'A... 

363.  —  Buste  de  M.  Coquelin  cadet,  marbre. 

364.  —  Gambetta,  cire  perdue. 

Appartient  à  M.  Reinach. 

365.  —  Victoire,  cire.  —  Projet  pour  le  cou- 
ronnement de  l'Arc  de  Triomphe  de  l'Étoile. 

Appartient  à  M.  G.  Bernheim. 

366.  —  La  Mort,  bronze. 

Appartient  à  Mm<=  F.  Marc. 

367.  —  Busle  de  Mm"  B... 

Appartient  à  M.  Ferry. 


PEINTURE 

312.  —  Sept  dessins. 

313.  —  Dessin  du  Retour  de  l'école. 

314.  —  Gambetta,  fusain. 

315.  —  Croquis  à  la  plume. 

316.  —  Croquis  pour  le  Panthéon. 

317.  —  Inondation  de  Toulouse. 

Appartient  à  Mm0  Dieulafoy. 

318.  —  Trois  eaux-fortes. 

319.  —  Esquisse  dessinée  de  la  Musique  (Opéra- 
Comique). 

320.  —  Esquisse  peinte  à  la  Villa  Médicis. 

321.  —  Vue  de  Toulouse,  esquisse. 

322.  —  Tête  d'étude. 

338.  —  Portrait  de  M.  le  Docteur  Bouloumié. 

339.  —  Étude. 

340.  —  Étude. 

341.  —  Voyage  en  Espagne  et  au  Maroc. 

342.  —  Paysage. 

343.  —  Étude  de  Snlomé. 

344.  —  Esquisse  dessinée  pour  le  Panthéou. 

345.  —  Esquisse  dessinée  pour  le  monument 
Pasteur. 

346.  —   La  grand'mère,  dessin. 

347.  —  Jeune  mère. 

348.  —  Les  lutteurs,  dessin. 

Appartient  à  M.  T... 

349.  —  Caïn,  esquisse  et  dessin. 

350.  —  Saint-Sébastien,  dessin. 

351.  —  Esquisse  dessinée  pour  le  Panthéon. 
368.  —  Monument  de  l'amiral  Courbet,  à  Abbc- 

ville,  aquarelle. 

Appartient  à  M.  Ferry. 


Paris.  —  !..  Maretheux,  imp.,  1,  r.  Cassette. 


13S6. 


TABLE    DES   MATIÈRES 


TEXTE 


Préface,  par  M.  Gustave  Larroumet , 

Alexandre  Falguière,  par  M.  L.  Bénédite \ 

Appendice 2u 

Catalogue  des  œuvres  exposées  à  l'École  nationale  des  Beaux-Arts 27 


GRAVURES   HORS   TEXTE 

Diane 3 

Le  Poète 5 

La  Poésie  héroïque 7 

Caïn  et  Abel,  eau-forte  originale  de  Falguière 9 

Le  monument  Bizet  à  l'Opéra-Comique 13 

Diane  Gallisto ig 

La  femme  au  paon \-t 

Eventail  el  poignard,  eau-forte  de  M.  Pennequin 21 

Nymphe  chasseresse 23 


E  V  R  E  U  X  .     IMPRIMERIE     DE     CHARLES     H  É  R  1  S  S  E  Y 


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