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Full text of "Almanach des gourmands: servant de guide dans les moyens de faire excellente cheŕe"

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3Earieîîa 
reenougk 



1 



ALMANAGH 

DES GOURMANDS. 

-■ ■■■' ■ »■ ' ' • ■ " I " '■ ' ■'■ • ■ ■' 

mUITIÉME ANNÉE. 



AVIS DU LIBRAIRE. 

Otl trouve chez V Auteur, me des Champs- i 
Elysées , n° i ^ ainsi qne chez le même ^ 
Libraire : 

L'ÂLAMBlC LlTTÉïiAIRB , pat M, GfÎ- J 

mod de la Reynière , 2 vol. in-8°. Prix ^ J 
7 f. 5o c. , et 10 f. tVauc de port. Le 1H« 
tome et la moitié du IV* sont achevés d*im- *> 
primer. On espère^ qu'ils pourront paroi tr© 
vers la fin do cette anujée. Les deux pre- 1 
miers V'oUuuvîs ne se vendront plus alors 1 
séparément. s 1 

LECEîfSEURDRfVMATiQUE ;parleiii^me, \ 
4 vol. in-8** , de 36 feuilles chacun. Prix , 4 
24 iV. , et 32 fr. franc de port. Le I V'^ vol. ^ 
n'est point encore terminé, il le sera in- | 
cessamnïëJit. , j 

Le Manit^^. t>ES Amphitryons , par ^ 
PAuteur de V'Aunanach ides Gourmands^ 
1 vol. in 8^ de 25 feu^M.h^'' , orné de 16 pi. 
en taille-douce. Prix , w fr. , e'. 7 fr.'5o c. 
franc déport. Cet Ouvrage se trouve éga- 
lement chez CapelIetvtReni^vnd, Libraires , 
rue: J. J. Rousseau, 1 1* 6 , qui en sont pro- 
pre taire^: 

Des Collection» cc»mplètes *^^ i-'^i*^,^- 
îTACH DEi Goi;rmvÎ\ '^^^ armant actuelle- 
ment 8 vol. ia.i8,avt\ ^ ^S* ^"*> ''^*''- ^'^^* 
brochés. \ 

JV. 1?. On va JnentôA réimprimer laTor^ 
tnnte phîlos3phique , qu\ ^ "!« W%?,tr 
plus de vingt-cinq a is M '^^ ^^ ^^^'^''''' 



':! 



^^m 



Lv pi lis iiHiiMfi ennemi du diiier 



V F •£'/ ,4/11. ^fnt^\j Â- If^ryHi^r mi" ■ -*6r#V,ïji 



.^ ALMAÎ^AGH 

DES GOURMAÎVDS, 

SERVANT DE GUIDE DANS I.ES' MOYENS 
DE FAIRE EXtfeELENTE ( IfliRE ; 

PAR UN ViElJu AM AT EU lu 

HUITIÈME ANNÉE, 

Contmant, panni im grand nombre d'Articles 
ÎTitéressans sur l*Arr jiliinenrair*' , une petife 
Dissertatidn sur U*s Truites , une e» r les Gril- 
latles , sur lesKédiK tions, sur le Beurre , te 
Vin lie Mâflère , les Repas de î^oces , les Cui- 
sinières, h s OEufs , les prtH'rès ne îa Cfiisin© 
dan< le ï8* siècle , le Kirs< hwasser, e?r ; î'etu^e 
^s Cure-dents; lf*s Dêcou\erir; nouvelles ae 
1810 et de 1811 ; d<»s Poésies et des Ai.fC-<iOtet 
êodrftiBndes '/la Correspondance j»ourmani.e; 
la P*^iîe Revue de l'année 1811 , tormanr ta 
Septième Promenade d*iin Gouruii^nd àtt^^s la 
bonne \îlle de Paris j quelques Articles cie Ga^* 
Ironomie étrangère, etc. etc. etc. 

^cceptàbîs.,., ollaiîones et holocaustai tune 
imponent iuper altaue taun». vitulçs* 

i'ji. 00. ,.• ' 

DE L'iMPaiMEUTE DE CEIXOi'. 

A PARIS, 

Chez Joseph Ckattmeiiot , Libraire , au Poiaî** 

Boyal, Galeries de bois, n*. jM, 

»!• DGCG. XZL 



vj Epitr^ ^déàicatoife^ 

dans les cuisines , comme dans Ic§ 
armées ; et que la broche et les 
fourneaux ont aussi leurs Caton et 
leurs Décius. 

La femme la plus célèbre du erand 
Siècle de LouisXIV, celle dont le nom 
ne périra jamais , quoiqu'elle n'ait 
jamais cru travailler pour la Posté- 
rité, a raconté dans ses Lettres Févè- 
nement qui priva la France d'un, des 
hommes qui honoroit le plus TArt 
alimentaire \ et ce récit passe pour 
le morceau le plus éloquent de sa 
vaste Correspondance. J'amais plus 
belle Oraison fîiçèbrev ne fut ofierte 
à la mémoire d'ua homme de boache» 

Qu*il noiis soit permis aussi , OiO'- 
bre illustre et magnanime , de <jeter 
au bout d^un. siècle et demi quel- 
ques flearâ ^ur.votre tombe !y-^/ma» 
nach des Qoi/Ltmands seroit incomplet 
si le nom. du graïul Vatdi matiquoit 
à ses Dédicaces alimentaires. Votre 
exemple , il; est vrai y n'a été imité çaj:- 



' ^^ 



ÉPÎTRE DÉDICATOIRE 

A L'OMBRE DE VATEL, 

En son vivant Maître 'd'Hôtel d» 
grand Condé. 



f^irr jamais fiit plits digne Aa res- 
pect et d^ la recomzoissance des vrai»^ 
Gourmands^: que l'homme de génîe- 

3ui ne voulut point survivre aa. 
éshonheur de la cuisine du* grande 
Condë, dans une fête que ce Prince 
donnoit à Louia XIV^ et qui s'immol» 
âiese»propre»mains, ^arce que la Mar- 
iée n'étoit point encore amvëe quel- 
ques heures ayant le service? Une^ 
si genéreosemort vous assure ,.Ombre 
vénérable , la plias glosieuse sin4tor 
telité ! Yons avez prouvé que IcL.Éa-' 
aalitme de rhonneur peut exister 



TÎîj Hpùre dédîcatoîre. 

que jamais la Mai^e ne manquetai 
sur nos tables ! 

C'est dans cet espoir , et avec la 
plus sincère vénération , que 

Nous avons l'îionneur d'être. 

Ombre illustre , 

Vos très-humbles et très- 
obéissans servi teurs^. 

L^AXJTEUR ET l'Éditeur 
tffe l'Almanach des Gourmands^ 



^ ^ 



AVERTISSEMENT 

Sur cette huitième Année\ 



mJes évènemens trèâ-isdépendans de 
l'Auteui: y on% empêche la huitième 
Année de-VAlmanaçh d^ Gournumdf 
de paroitre au çon^mencemeat dô 
1811 , ainsîy,qu'elle»*avoil été annon- 
cée. Ce retard ^ en affligcfant toua les 
vrais amis de'la.bkQnn.e chère, qui 
honorent cet Ouvrage d'une bienveil* 
lance qui depuis diic aitis ne s* est poiht 
démentie, a d'oimé l>&au jeu aux gens 
sobres , étemels ennemis des plaisirs 
qn^ls sont incapables de goûter , et 
qui parlent de la Gourmandise à peu 
près comme le^ eunuques des beautés 
du sérail. 
Hf n^ont pas manqué de s'écrier, 



\ 



x: AVERTISSEMENT 
et ^rnémp^d^ feire répéter. |iai: (faud* 
ques écrivains faméliques, que la ma- 
tienè .étpit épuisée f,<|u!il éloit temps 
de mettre fin au scandale ( c'est ainsi 
qu'ils àppellçtii lé triomphe de la 
Gastronomie ) , et que désormais YJl- 
tnanach des Gourmands ne paroîtroit 
plus. 

Aussitôt <jue lés circonstances qut 
avoient paralysé i pendant quelque 
temps notre 'plume i' ont cessé, nous 
n^us sofnmès empressés M'annon- 
cer daiis le^ Bulletin dû Commerça 
la reprise dc^ nos travaux ; c'étoitlà 
meilleure répotise que nous pussions 
faire aux détracteurs da grand Kri 
alimentaire; (|ài',<l^ns leur sotte im- 
puissance , tïs^itent tous lés vrais Gôùri 
mands de matérialistes et de pour- 
ceaux d'Epicure, 

Nous n'avons rien tiégligé •potij' 
rendre ce huitième Volume digne de 
l'accueil que le Public a biea voulu' 
laire aux précéder. Hp,vi* pe pouvon» 



DE t'^AÛTEÛR. xî 
cepetidailt noùé= dissiuiiikr , que quel-' 
que vaste que sbitlsî matière que nous 
traitons, nous en avons tïn peu ravï ia 
fleur dans nos Jjrecédehtés Années ; 
mais il re^e , dans ce chanp fertile ,* 
pîu^ d'un éjii à glattcrV et méine'^ 
plus d'une réédite éiicore £i faire.' 
• On s'oà apercevra, iiotis l'espé- 
rons au moins', si l'orn daigne lire ce 
Volume avec un peu' d'attention. On 
y trouvera quelques aperçus nou- 
veaux sur l'Art de là iciiisiné ; des" 
Considérations' qui n^ setfàbïëhynt 
peut-être ' pas indifiFërcnriteà , tarit' èÏM^ 
ceux qui- Pexèrciefnt ,' qufe'feûrïes' heu- 
reux mortels, qui jouissent du fruit d'ô 
leurs travaux j^és kifistrtictîohs sur 
l'Art tle cfonsèfrvefi^ li^s'Vîris.de Bour- 
gogne , qui ^feirbtit ^ aux Vino^a- 
phes,etc. Notre Correspondance n'oni 
a fourni plusd'ùti article important,' 
parmi lesquels du distinguera èan'i 
doute une très-saVantc Dib'sertâ'tioW 
Sur le K.irschwasscr| et les apèicùi^ 



xij AVERTISSEMENT 
aimables d'une jeune et jolie J)emoî« 
selle sur les Dîners chauds qu'on 
fait dans les vignes delà Bourgogne. 
Le Poète ingénieux, dont la muse fa- 
cile enrichit chaque année notre Ou- 
vrage de çon.badinage vraiment apé- 
ritif , nous a adressé une Épître dont 
la gaîté fera sans doute excuser l'éten- 
due , et qui r.epfernîe plus d'un détail 
intéressant) un Correspondant plein 
d'esprit, auquel les Années précé- 
dentes doiveïit plus d'un article pi- 
quant , nous a fait parvenir un Eloge 
des Cure-dents yDjprceau original, et 
qvL on ne lira. pas san& doute sans 
plaisir. 

Enfin , dans la Revue gourmande 
qui compose / notre septième Itiné- 
raire nutritif , nous n'avons rien 
épargné pour mettre nos Lecteurs au 
courant de la situation gourmande 
de Paris , au moment pême où nous 
écrivons. La nomenclature des Dé- 
couvertes nouvelles leur sera une 



DE L'AUTEUR. xiij 
nonveOe preuve de notre zèle à cet 
égard. 

Nous avons cru devoir dédier 
cette huitième Aimée à celui qu'on 
regarde parmi les hommes de hou- 
che comme le premier martyr de 
lArt de la table. Jamais suicide ne 
fat plus excusable , plus honorable 
Inême , que celui de Vatçl j c'est le 
premier Saint du Calendrier des Mai- 
trcs-d'hôlel , et nous lui devions un 
hommage ^ que sans doute l'illustre 

H. D* tie sera point fôché de 

partager avec lui. Au reste , c'est 
Mademoiselle ïurbot , ancienne Ac- 
trice très-distinguée du Théâtre fran- 
çais, et qui porte dans le commerce 
de la vie tout l'agrément qu'on doit à 
beaucoup d'esprit et de savoir ,qui.a 
appelé notre attention sur cet illustre 
martyr -y nous nous empressons de lui 
en témoigner ici notre respectueuse 
reconnoissance^ 



b 



xîv AVERTISSEMENTjCtc; 

i^. B^ Nous renouvelons l'Avis que 
«est k L*AuTEUR seul , rue des 
Champs-Elysées , n" i , à Paris, que 
Vivent être adressés tous les Rensei^ 
gnemens , Notes , Lettres^ Légitima- 
tions, tant solides que liquides , etc. , 
qui sont relatifs à YAlmanach des 
Gourmands, Si les occupations de 
l'Auteur ne lui permettent pas de 
répondre à toutes les Lettres, on peut 
«tre sûr au moins qu^il prend ea 
grande considération tout ce qu^on 
veut bien lui envoyer. 

Tous ces articles doivent parvenir 
franc de port ^ de droits ^ etc. Cette 
condition est tellement de rigueur , 
que Ton ne retire ni de la Poste , ni 
des Messageries , les Lettres ou Pa- 
quets en faveur desquels elle n'a 
point été remplie. 



ALMANACa 



ALMAÎ^ACH 

DES GOURMANDS. 



«%^<»r^»»%/%.<»%^y%^^» 



DBS ASSIEITES VOLANTES* 



E 



ir poutsaivant le parallèle qae nous 
avons cherché à établir en tête de cha- 
can. de nos précédons volumes y en<- 
tre lés différentes Pièces d'un Festin 
et les objets qui concourent à Tem- 
bellissement d'un édifice y on peut 
comparer les Assiettes volantes a ces 
meubles légers et coiirans en quelque 
Sorte, qui, dans un salon, n'ont point 
de place déterminée , dont le stile, 
moins sévère que léger, est abandonné 
an caprice de l'ouvrier, mais qui, 
sans faire partie de la décoration de la 
pièce y concourent cependant à ren- 
dre plus agréable l'ensemble de soo 
ameublement. 

Il en est à peu près de même dea 
Assiettes connues dans le Piction- 

8~* Partie. % 



i Ahnanach 

liaire de la Table , sous le nom i^As^ 
siettes volages. Elles n*ont point as- 
sez d'importance ni de volume pour 
tçnir.rarig parmi les Entrées^ ce ne 
|<n?i 'ipoiut proprement des Hors- 
d'œuvres,ni même au second service, 
de véritables Entremets, : elles for- 
ment à elles seules une classe à part , 
et ne font pas même partie du Menu 
d'un service régulier. 

Cette définition fait assez entendre 
qi^eles Asàèttts valantes ne parois- 
seott plis dans un festin ordonné selon 
toutes les règles de l'art , et dont la 
pompeuse sévérité seroit en quelque 
sojrte troublée par ces troupes légè- 
res qui viendroient en rompre la sy- 
jçiiétrie : aussi ne voit- on guère les 
Assiettes volantes qu'à ces dîners fins, 
mais sans cQnséquence , où l'excel- 
lence des mets fait excuser Tirrégu»- 
ijarité du service , et où quelques 
plats sans pendans ne tirent points 
à conséquence. 

On compose ordinairement les As- 
siettes volantes de. choses qui doivent 
être mangées à leur dcs|C€;^te da 
^urnçau , de la broche bu du four , 
et dont la dégustation ne sauroit supf 
porter le plus l^ger retard ^ tek qu« 



des Gourmands. 3 

des Côtelettes à la minute ^ du Beef- 
teek à Tanglaisc , des Croquettes dç 
volaille , etc. , des Ortolans et autres 
petits oiseaux à la Lroclielle , des pe- 
tits pâtés ordinairefrv <]^s Baniequinji 
au fromage , des soufflés de toute es^ 
pèce , etc. , etc. , etc. Deux miuutes 
a attente suffisent pour dénaturer ces 
mets délicats au point de les rendre 
mécoonoissaLles ; c'est ce qui fait 
qu'on ne doit point les adjoeùre. dans 
des repas d^où la, sévérité du. service 
exclut les Assiettes, volantes^ , 

On toit, par cette peti^ noinea* 
clature que les Assiettes volantes pà- 
roissentau ^e^and comme au premier 
service, selon que ce qu'elles renfer- 
ment app&rtieiitr à k; elas6e animde , 
végétale 7 eu sucrée : elles se gUssent 
sans coBSi^quetice entre teâentft'éeàoa 
les entremets , mais toujours en nom- 
bre pair ^. car, quoi£|tt'eUes ne fassent 
point partie intégrale du sfa:vice^ ellcà 
ne doivent cepen^lsnt pas en rompre 
la symétrie avec une irrégularité trop 
marquant.e* 

Les vrais Gourmands font un cas 
tout paiticulier des Assiettes volantes^ 
parce qu'ils savent mieux que per« 
» o un e qu elles son t ordinairement bien 



4 Aimanach 

soignées, et toujours F ouvrage du Cul- 
situer en chef. Comme la petite quantité 
de mets qu'elles renferment ne peut 
être distribuée à tous les convives , 
l'Amphitryon , qui doit s'en réserver 
exclusivement le service, a grand soin 
de n'y faire participer que les palais 
vraiment dignes de les apprécier ^ 
c'est donc pourUn convive une dis- 
tribution trei-flatteuse , que d'avoir 
{V^art aux Aitiettes volantes ^ et cette 
distinction forme déjà , en faveur 
de son bon go&t ^ un préjugé très- 
important. 



DES TRUFFES. 



Les TruffiîS sont un des plqs grands 
bienfaits que , dans son incommensu- 
rable libéralité^ la Providence ait 
daigné accorder aux Gourmands. Ce 
tubercule, qu'on ne peut mettre dans 
la classe des légumes ni des fnûts , 
est on des plus honorables excipiéns 
de la haute cuisine , par l'incompa- 
rable saveur qu'il communique aux 
productions animales ou végétales 
auxquelles on l'associe. Servi séparé- 
ment, c'est un entremets du plus grand 
Ittxe ; et celui auquel les Qourmetsles 



des ùourmands* 5 

plus distingués et les plus jolies actri- 
ces du Théâtre du Vaudeville ( c'est 
tout dire ) donnent la préférence pen- 
dant quatre mois de Tannée. 

Nous pourrons un jour nous étendrU 
ailleurs avec complaisance sur l'his- 
toire naturelle de la Truffe , qui n'est 
pas un des phénomènes les moins re- 
marquables du règne végétal. Conten- 
tons-nous de dire ici, d'après le respec- 
table et célèbre M. Parmentier , que r 

Les Naturalistes ne sont point en- 
core d'accord sur le mode de repro- 
duction de cette espèce de champi- 
gnon de forme irrégulière , qui naît , 
se développe et meurl dans le sein de 
la terre , à la profondeur de sept à 
huit pouces ; 

Que les truffes y qui ne se plaisent 
que dans les terrains argileux , mêlés 
ae sablon et de parties ferrugineuses , 
et sur-tout dans les lieux humides , 
ombragés et tempérés , se trouvant 
principalement vers les rivages in- 
cultes des ruisseaux , les terrains en 
pente , les coteaux j dans le voisinage 
des bois y et sous Tombrage des chê- 
nes , des trahies , àt& . peupliers 
noirs , des Souleaax blancs et de;9k 
saules j 



6 ^Imanach 

Que ce végétal précieux n'appar- 
tient pas indifFéi'eQiment à tous les 
pays , mais qu'on le trouve dans nos 
provinces méridionales ^ telles que le 
Jrérigord ( qui produit incontestable- 
ment les meilleui^s ) , le Querqy, la 
Gascogne , une partie du Languedoc 
et du Dauphiné. 

On en trouve beaucoup en Italie , 
mais elles y sont communément blan- 
ches ; celles de Turin sont remai^qua- 
bles par une forte odeur d'ail , insup- 
portable dans la Truffe j à tout autre 
qu'à des Piémontais. 

La Bourgogne y la Champagne ^ 
rAliomagne, etc., produisent ^ussi 
des TruÛës ^ mais en petite quantité , 
et qui ont si peu de saveur et de 
vertu , que c'est leur faire beaucoup 
trop d'honneur que de les appeler de 
ce nom. 

Nous passons sous silen ce les signes^, 
aiuxquels on reconnoît qu'un terraiii 
renferme des Truffes , pour dire que 
ce sont ordinairement les cochons, 
qu'on emploie à les découvrir. La fî- 
liesse de l'odorat de ces animaux, déjà 
si chers aux Gourmands , est telle ^ 
qu'ils sont ^. en ce genre ^ les meil- 
leurs explorateurs connus» Prostor* 



des Gourmands, j 

noDS-nous donc devant le génie rrai* 
ment inventif de ces pjréciéux amU d« • 
i'homme , et rendons-leur au moin» 
la justice de penser qu'ils n^ naul 
sont pas moins utiles de leur vivant 
qu^aprës leurmort ^ çar^ sanseuï, les 
Tnmes pourriroient ignorées au sein 
âe^la terre , et s croient la pâture des 
larves et des tipulea, au lieu de de- 
venir celle de nos plus illustres Gour- 
mands. 

L'expérience a démontré que les 
Trufièâ grossissoient presque subite- 
ment après les pluies d'orages et lès 
grands tonnerres i ainsi , ces fléaux 
sont donc bons à quelque cbose y et 
dans les pays où Ton récolte les Truf- 
fes, on doit s'dQfrayer moins qu'ail- 
leurs de ces cataclysmes. • 

On connoît trois variétésprincipales 
des Truffes ; la blanche , la rouge et 
la noire. La première est la moins es- 
timée ) la seconde la plus rare , la 
troisième es^ incontestablement la 
meilleure ; c'est même la seule admise 
sur nos tables. ^ 

Les Truffes arrivées à leur point 
de maturité , et c'est seulement alors 
qu'il faut les récolter, parce que c^est • 
k ce poiiit seul qu'elles «ut re^ ià 



8 Almanach 

•omplément de leur arôme et de leur 
sapeur , sont difficiles à conserver. On 

Îf. paarvient beaucoup mieux en le& 
aissant entourées de leur terre na- 
tale qu'en les en débarrassant par 
le lavage. Ne nous plaignons donci 
plus , lorsque nous achetons des 
Truffes , de payer cinq ou six. franc» 
la livre la terre du Périgord 5 car c'est 
à cette terre que nous devons Tavan-^ 
tage de les avoir saines et bien par-*^ 
fumées. 

11 faut mangei^ les Truffes fraîches 
et dans leur saison : toutes cdl^s cou-. 
servées , soit dans le sable , soit dan» 
l'huile, le vinaigre, J'eau-de-vîe, etc., 
perdent absoliunentleur arôme et leur 
$aveur, dont oe$ divers menstrues 
s'emparent) elles deviennent donc 
ab'solument in6âore$ f il en çst de 
même des Truffes séchées. 

Cependant, si voula^ntles transporter 
au loin on est forcé d'employer quel-r 
que moyen pour les conserver , Pex-i 
périençe a prouvé que l'argile sèche 
etpulvérî$ée est la substance quicom 
vient le mieux pour cette opération, 
L'arom^ des Truffes et la légère 
substance astringente que leur puJ^O 
reoferme ÇQucoiirent; sinçuliireiwUït 



des Gourmanis» 9 

à la conservation des viandes : on 
peut maintenir fraîche, pendant plus 
d'un mois et demi , une dinde , ou 
toute autre volaille bourrée de Truf- 
fes , qui autrement se corfomproit en 
moins d'une semaine. 

Le parfum de la Truffe est d'une 
nature si subtile , çpi'^ s'exhale abo^- 
damment. Une livre de ce végétai 
suffit pour parfumer une atmosphère 
assez étendue ; mais une trop forte cha- 
leur le dissipe : aussi les grands Cni- 
sinievs ont-ils: l'attention de ne pat 
faire bouillir long - temps les divers 
ragoûts dans lesquels ib les intro- 
duisent. 

^ Là nomenclature de ces ragoûts 
occuperoit seule plus de place que 
tous les détails précédeus.Gontentons- 
nous de dire qu'elle!» jouent le pre-* 
mier. rôle dans les Emincés et clans' 
les Sautés , au premier service ) dans 
les cardes et dans les œufs broui^és,a^ 
second : une dinde aux Truffes est un 
rôti du plus grand luxe , et un pâté , 
soit de gibier , soit de foies gras aux 
Truffes , le vrai paradis de ce bas 
monde. 

Les Truffes échauffent légèrement ^ 
Itideott & k dige^iop;» sont up exceU 



10 Almanach 

lent aphrodisiaque ; et c'est Tun de» 
' mets les plus aistingués que l'opu- 
lence puisse ofirir à la sensualité. 

DESBEOUCTlOirS. 

Ce mot est plus co^tiu en. finance 
qu'en cuisine; et depuis l'abbë Terray, 
qui réduisit les rentes d'un dixième j 
jusqu'au Directoire exécutif, qui les 
réduisit à un tiers, nous avons éprouvé 
des Réductions dans tons les genres ^ 
et sous toutes les formes. Il n'y a que 
la gaité à:ànç>isè que l'on ii^a pu iré- 
duite^ . . . • . r • . • .... 



On pense bien que nous ne voulons 
parler ici que des Réductions qui s'o- 
pèrent sur les fourneaux ) cet art a 
été porté, dans la Cuisine moderne, 
à un degré de perfection inconnu à , 
nos pères , et c'est principalement à 
lui que nous devons notre supériorité. 

Dans le Vocabulaire de l'ancienne 
Cuisine , la Réduction s'opéroit seule- 
ment sur les bouillons , jus et coulis , 
et consistoit à leur donner plus de 
force , en les réduisant aune moindre 
i|uantité. 



des Gourmands* n 

Dans la Cuisine du dix - neuviëine 
siècle y la Réduction est une véritable 
opération chin^ique, qui consiste dans 
l'évaporation graduée, opérçe par l'ef- 
fet d'un calorique savamment dirigé , 
et dont le résultat est un rapproche- 
ment des parties soumises à Ta Réduc- 
tion , qui concentrant toi» lenrspi^in- 
cipes générateurs et \kùs% ctprils vo« 
llitils , donnent au résidu mie force et 
un arôme qu'il n'auroit jamais eu sans 
cela- 

Âutrefois on n'opéroit, dans ia Ré- 
duction y que sur les jus , les cou* 
lis, le bouillon et les sauces ; aujour- 
d'hui on réduit les vins liquoreux , et 
principalement ceux de Madère et de 
Malaga. 

Avec une choptine de vin de Ma- 
laga réduite en consistance de sirop 
épais , un habile Cuisinier trouve Tex- 
cipieot de six entrées et d'autant d'enr 
tremets ; il ne s'agit plus que de ma57 
quer avec art les accompagnemens de 
cette Réduction, qui sert dans une 
foide de dbiQ^s , au moyen de ces dé- 
guisemens. 

Les Espagnoles réduites jouent 
aussi un grand r61e dans la Cuisine 
moderne , etel'on peut dire en tout 



la Almanach 

qiCun« grande partie de k gloire dc« 
Cuisiniers de notre âge repose sur 
les Béductions : aussi ont-ils trouva 
le moyen de les varier \ Finfini , et 
de les combiner de manière (ra*il est 
très - difiGicile de reconnoître les sub- 
stances sur lesquelles ils ont opéré. 

Humilions - nous donc dievant le 
savoir de ces grands Artistes c[ui , avec 
im verre de vin de Madière ou de Ma!^ 
laga y vont produire de véritables 
cbefe-d'œuvre , et dont les savantes , 
Réductions causeront à nos palais dé- 
licats ces titilfetions voluptu^scs qui, 
pour un vrai Gouroiand , deviennent 
un avant-goût des joies célestes. . 

DES GRILLADES. 

Là Grillade est un des moyens les 
plus innocens de faire reparoître . sous 
une forme nouvelle , les débris d'un 
r6ti de volaille, ou même de quelques 
espèces de gibier , et , sous ce rap* 
port^ elles sont plus usitées aux dé- 
jeuners à la fourchette qu'aux diners 
bourgeois ; car elles ne sont point ad- 
mises dans les diners de cérémonie. 

Ce sont ordinairement les cuisses de 
dindes rôties que Ton sert sur k gril^ 



X 



de$ GoHrrànds, iS 

après les avoir taillades et assaison- 
nées de poivre et *« sel : on les fait 
paroître sur \m «aincé d'oignons bien 
rev(rôus dans l beurre, et fortement 
assaisonnés <? montarde. C'est ce que 
l'on âppç*- vulgairement Cuisses de 
dinde.^ ^ sauce à Robert. 

Le cuisses, même las ailes de pou- 
)iPj et de poulardes , se font souvent 
griller ^ mais on les^ sert ordinaire- 
ment 2XkJeu d'enfer j afin d'en rele- 
ver le goût trop fade. On sait que lé 
feu d'enfer est une couche assez épaisse 
de sel et de poivre dont on recouvre 
les membres sur le gril : cet assaison- 
nevQient doit ei3(iporter la bo,uche. 

Les pigeons à la crapaudine sont 
aussi une espèce de Grillade^ mais on 
les sert toujours sur une sauce à la ra- 
vigotte , à la rociimbole , on même au 
pauvre homme. Cette manière de 
manger les pigepns , sur-tout les pi- 
geons bftets, qui ne seroient pas pré- 
sentables en rôti, est lî^ meilleure, 
principalement au déjeûner; il est 
même rare qu'on les y serve autre- 
ment. 

Le boudin noir et blanc , les sau- 
cisses rondes et plates , les andouilles^ 
se mavgent presque tp^ijours sur lé 



i4 ilmanach ^ 

gril; ce sontatsi de véritables Grfl- 
iàdes, , 

Il en est de mêm».des côtelettes dé" 
mouton j c'est la maftère la plus sim- 
ple, saus doute, de Icfe- jauger : mais 
^ qui osera dire que ce n'e^ as la meil- 
leure , sur-tout si ces c6tele^s sont 
pannées, et servies sous une suce'ua 
peu piquante ? 

Les côtelettes de veau , quoique 
cuites sur le gril , sortent de la classe 
des Grillades proprement dites , pou|^ 
rentrer dans celle des papillotes, 
dont nous parlerons dans un autre 
article. 

Parmi les poissons , ce sont pr^ci* 
paiement les harengs que l'on fait 
cuire sur le gril , et que 1 on sert avec 
une sauce à la moutarde. On fait aussi 
griller les vives et les rougets , avec 
une sauce aux câpres et au verjus , 
ainsi que les dames de saumon , avec 
une sauce blanche aux câpres. 

Quoiqu'au premier coup - d'œil , 
rien ne paroisse plus simple et plu» 
à la portée du vulgaire des artistes 

3u^une Grillade , on doit dire cepen- 
ant que cette sorte de cuisson exige 
des soins particuliers , et qui ne sont 
que trop souvent négligés oaiis Its cui- 



des Gourmands. 1.5 . 

sîiies*du premier ordre. Le gril réclame 
nne surveillance particulière , parce 
qu'un coup de feu de trop , ou mai 
dirige , devient un mal sans remède. 
U faut que les charbons soient bien 
allumes , leur feu vif et clair , afin* 
ipieroEjetsoit saisi et cuit à son point; 
si letfeu eist trop lent, la Grillade mol« 
lit 3 elle brûle s^il est trop actif ; et c'est 
sur-tout à Toccasion du gril qu'il faut 
se rappeler lefameux précepte d'Ho- 
race : ^ . . 

£st iDodns in rébus, snnt certi denî(|ue fifies ^ 
(JUUA mUràdfiràqae nequit consîstere rectum^ 

DU 9EU&RE* > 

Le Beurre joue un si grand r&le 
dans la Cuisine parisienne, qui lui doit 
en partie sa supériorité sur la cuisine 
knguedocienne et provençale , qu'il 
mérite bien un petit article dans cet 
Ouvrage , où nous n'en avons parlé 
que très-superficiellement, et seule- 
ment comme simple objet de consom- 
mation (i). j 

(i) Foyeipage i34clelapieimèreA;imee 
de VAUnanach de$ ùourmaittU , «quatrième 
édition. 



i6 Almanach 

Tout le monde sait. que le "Beurre 
est la partie huileuse du lait, qui s'ea 
sépare par uue agitation soutenue et 
plus ou moins prolongée. Il est re • 
connu que plus le lait est gras , plus 
fl donne de crème , et par coni^c- ' 
quent de Beurre : cette qualita. du 
lait dépend en grande partie de celle 
des pâturages , et c'est ce qui assure 
aux Beurres de Gourn^j, et sur-tput. 
d'Isigny , une supériorité " qu'aucun 
Beurre connu ne saùroit leur dis- 
puter. 

, Plus le Beurre est nouveau , plus il 
est sain , plus il est propre aux di- 
vers usages auxquels onTemploie èa 
cuisine , en supposant toutefois qu^H 
jkit ces qualités fines et onctueuses 
qui distinguent ceux que nous ve- 
nons de nommer ^ ainsi les Beurres' 
des environs de Paris., même battus 
de la veille , n'obtiendr oient jamais la 
préférence sur ceux de Gournay et 
d'Isigny âgés de plusieurs jours. Il' 
faut dire aussi qu'en raison de leurs 
excellens principes constituans , ces 
derniers ont la propriété de se con- 
server beaucoup plus lon^-temps sans 
^itération. 

Pour que les alimens ptéparés àa 



des Gourmands. 17 

Bcttire ne soient point préjudiciables 
aux estomacs délicats , il faut qu'ils 
aient été cuits à feu doux; ou, dans 
le cas opposé , qu'il y ait assez d'eau 
dans le vaisseau pour que Taction 
du feu sur le BeuiTe ne soit pas trop im- 
médiate. C'est ce qui Êdt que les roux 
incommodent presque toujours , en 
raison dç leur âcreté , les personnes 
foibles et valétudinaires : mais avec 
de tels tempér^gmens , on ne sauroit 
prétendre au titrèl de Çrourmand* 
L'estomac d^un vrai Gourmand doit 
être y comme les casemates d'une 
ville de guerre , à l'épreuve de la 
bombe. 

Le Beurre entre à Paris dans la 
confection de toutes les entrées , et 
de presque tous les entremets ; rien 
ne s'y prépare à l'huile chaude , pour 
le goûLde laquelle les Parisiens ont 
en géneraldc l'antipathie. C'est ^onc 
sans succès que les Provençaux, qui 
sont en si grand nombre à Paris de-' 
puis vingt ans , ont cherché à y natu- 
raliser ce genre d*accommodage j la 
délicatesse de notre goût l'a toujours 
repoussé: et si l'on en excepte les 
brandades de merluche , nous avons 
relégué l'huile dans les salades H 



jl8 AlinatuLch 

dans quelques meU froids de ce 

genre. 

La consommation de Beurre qui se 
fait à Paris est vraiment podigieuse : 
ces mottes énormes de Gournay et 
d'Isigny , <hii arrivent k la Halle les* 
mercredis de chaque semaine, y fon- 
dent comme un rayon de niiel au so-^ 
îcil du midi , et disparoisseut en pei» 
de jours. 11 jfaut alors se rabattre sur le 
Bçurre en livre, ou Beurre de pays, 
dont la qualité ^ médiocre, et qui 
rarement est. frais ; il est donc essentiel 
de faire^^our la semaine 64 provision 
. de Beurre fin. 

C'est la consommation de Paris qui 
règle le prix des Beurres dans les 
marchés de Gournay ei d'Isigny : il 
hausse lorsque les demandes sont 
fortes , il baisse dans le cas contraire; 
Les variati<^tis ordinaires sont de deux 
à trois sons par livre d'un nArché à 
l'autre : quelquefois il saute de quatre 
à cinq sous ^ mais Ces cas heur eii» 
sèment sont rares, et tiennent A 
des circonstances particulières. Li^ 
temps de l'hiver oii le Beurre est le 

{»lus cher est la semaine des Rois et 
a semaine Sainte : dans la premièi'e, 
)6e sont les pitissieis qui en absor- 



des Gourmands. 19 

bent des quantités prodigieuses, et 
dans la seconde , toutes les classes 
de la société se piquant de faire mai- 
gre , la consomination du Beurre est 
nécessairemenl plus forte. 

Pendant le cours de l'été , rabon- 
dance de U marée et celle des lé- 
gumes influe singulièrement sur le 
prix du Beurre , dont elles accrois* 
sent la consommation. Dans les fortes 
gelées^ il est aussi beaucoup plu$ 
eber , parce qu^alors la partie buti- 
reuse ou lait étant beaucoup moins 
abondante, sa rareté en fait augmenter 
le prix. Ce qui contribue aussi à main- 
tenir le Beurï'e assez cher pendant les 
mois d'été, c'est"* que l'éloignenient 
empêchant d'en tirer d'Isigny loçs des 
chaleui^s , les seuls Beurres fins de 
Gournay arrivent à Paris , et se ren- 
dent nftaîtres du prix. 

Ce nV*st pas seulement à la cuiîsine 
que Ic' Beurre joue un r61e \ on le sert 
souvent sur la table en nature et 
comme hors-d'œuvrc. Autrefois il y 
paroissoit frisé , filé , seringue , en ro- 
cher , en petits pains de Vanvres , 
moulé , etcj aujourd'hui on ne voit 

fuère paroitre que du Beurre de 1» 
^révalaie. en paniers 3ur le^ lahl«» 



ao Almanach 

opulentes , et en petits pots sur les 
autres. Ce canton de la "Bretagne est 
en possession de nous fournir pour 
les h6rs-d' œuvre le meilleur Beurre 
connu 5 il n'est ni salé ni à demi- 
sel, et il est cependant d'une saveur 
moins douce que le Beivf re frais \ et 
singulièrement agréable mangé en 
tartines, sur-tout avec le pain de sei- 

?^^(o- ... ; 

Les pâtissiers emploient à Paris 
d'énormes quantités de Beurre , mais 
la plupart iie se piquent pas de choi- 
sir le plus fin. Il n'y a que Jes pre- 
mières Maisons de pâte , tels que les 
Rouget, les Le Sage,les Le Blanc, etc., 
qui se piquent d'une grande délica- 
tesse sur ce point , et qui ne tra- 
vaillent qu'avec la tête des Beurres. 

L'éloignement et la chaleur empê- 
chant les commissionnaires d'Isigny 
de faire des expéditions au loin pen- 
dant les mois les plus chauds de f'àfi- 

née , ils ont pris le parti de saler leurs; 

^' 11.11 I. Il .1 • , , I , ^ 11.. 

(i) On trouve toute Pannée , chez M. 
Plàilly, épicier, rue Montoreueil , n<> 71 ^ 
«l'excellent Beurre de Prévataic , tant en 

λaiilers qu'en petits pots , et dans les prix 
es plus modérés. C'est le mardi de chaque 
«emâiod f^u'U re^t ses envois. 



des Gourmands. 21 

Beurres d'élé, et de nous les envoyer 
en pots an commencement de F au- 
tomne. Ces Beurres salés, et sur-tout 
à demi-'sel , toujours moins chers que 
le Beurre frais , peuvent le remplacer 
lorsque , pendant l'hiver , il s'wève à 
des prix extravagans. 11 faut alors 
faire dessaler chaque fois dans Teau 
la quantité qu'on se propose d'em- 
ployer: mais dans les entremets., dans 
les sauces blanches sur-tout , rien ne 
$auroit suppléer au Beurre frais y si ce 
n'est cet excellent Beurre de Bennes 
à un huitième de sel , qui se vend 
tome l^'année 22 sous la livre chet 
M. Héloin , épicier, rue de Marivaux , 
place des Italiens , n* 5. Nous le re- 
commandons aux amateurs. 

Nous continuerons de donner , daiis 
notre Itinéraire nifXriUf y l'adresse 
des meilleurs marchands de Beurre 
de paris , et nous bornerons à ce peu 
de mots nos considérations sur une 
denrée dont l'usage est si général , et 
le choix d'une si grande importance 
dans la cuisine. 

DU VIV bC MADÈRE. 

L*iLE de Madère , située dans l'O- 
céan Atlantique , au 20"* degré de 



^2 Abnanach 

longitude et à So'* 33' de latitude , 
fut découverte en 1344^^^ conquise 
en 1 43 1 , par Juan Gonzalès et Tris-^ 
tan Va z , Portugais. On prétend qu'ils 
mirent le feu dans une foret, et que 
c'est grâce à ce feu , qui caujsa un em-» 
brasement de plusieurs années , que 
le territoire devint extrêmement ier*^ 
tile, sur-tout en vin. Quoi qu'il en soit 
de la vérité de cette bistoire^reciielllîe 
par tous les^ compilateurs de géogra-» 

Shie , il est certain que le Vin de Ma*^ 
ère jouit depuis long-tetnpa d'une 
f*jande réputation ^ et qu'il la mérite 
beaucoup d'^ar<fs. 
t^a plus grande partie du Vm ré« 
l^olté à Madère passe daaa^ la Grande» 
Bretagne ; les ^glais en sent singu^ 
Uèrement friands , et apès le vin 
d'Oporto, c'^t celui dont ils font If 
plus de consommation. Mais, soit 
pours^accommoder àleur goûtbizarre 
et à leur palais blasé , soit pour aider 
ce Vin à supporter un assez long 
trajet par mer ^ on le coupe avec unç 
forte dose d'eau- de- vie de France , 
et ce n'est jamais que dans cet qtat 
de sophistication qu'il sort des ports 
de cette île. Cela explique ces innom-» 
brables cargaisons d'eau-de-vié qui , 



Ides Gourmands. a3 

en temps de paix ', sortent des ports 
de Id Rocheife et de Bordeaux pour 
se rendre à Madère. 

n est donc fort difficile de se pro- 
corer du Vin de Madère dans son état 
natarel j A feudroit, pour y parveniiv^ 
avoir «ur Ie& lieux même un commis- 
sionnaire affidé. 

C^est sans doute ce mélange qui 
écartoit autrefois le Vin de Madère 
de nos tables somptueuses : on n'eu 
buyoit guère que chez quelques riches 
Amphitryons , assez jaloux de l'hon- 
neur de leur cave pour tirer tous 
leurs Vin? en droiture et avec les pré- 
cautions convenables. Ce Vin ne pa* 
roissoit sJors qu'au dessert. , 

Depuis la Révolution ,nous sommée 
devenus moins difficiles, et le Vin de 
Madère a pris une assez grande faveur 
à Paris j mais c'esit rarement au dessert 
qu'on le fait servir : son plus grand 
usage est d'être administré comni# 
Coup-d'afvant (i)^ il remplace alors 



vont , |j»ge 3^ <lc la deuxième Année <le 
VAlmapoffh an Qwrmandê , deujdème édi- 
tij>«. 



i 
!ft4 Almanach 

le Wermouth , qui joue ce r&le daus le 
Nord. Le plus sec est préféré, coHime 
le plus apéritif. :; 

La consommation qui se fait de Via 
dé Madère dans la Cuisine , est main- 
t^enant très- considérable : il tient un 
rang notable dans les réductions , et 
partage cet honneur avec le vin de. 
Malaga. C^est sur-toat avec la viande 
de boucherie , ou la venaison , qu'il 
s'allie merveilleusement : un filet de 
bœuf ou de sanglier , un quartier de 
chevreuil, etc. , au Vin de Madère 
réduit, préparés par Tillustre Bus- 
sière , et mangés chez M"**' Minette 
et Augusta^ offrent des relevés très 
& la mode , et d'un grand luxe. Cette 
ircduction entre aussi dans tous les 
ragoûts dits en tortue , et n'en est pas 
un des moindres ornemens. 

DE X^EAU SlfCREE. 

Le moyen le plus innocent , le plus 
salutaire et même 1^ plus expéditif de 
digérer un grand i^pas, dans lequel 
on a fait complètement à chaque ser- 
vice le tour de la table ,.et dont on a 
accéléré la coction par plusieurs tas&ee 
de café, et par dix-sept verres d'excel- 
lentes liqueuis, c'est, selon nous^ un 



de$ Gourmands» 2$ 

exercice modéré. Eyi vain \Eqolt de 
Saler ne nous crie: Postprandàan, sta, 
le bon sens, plus sur guide que tous les 
aphorismes des Écoles , nous apprend 
que c^est en donnant aux facultés cor- 
porelles un mouvement doux et long- 
temps soutenu qu'on parvient à pro- 
curer à l'estomac les > vrais moyens 
d'achever une digestion qu'une tri- 
turation parfaite a dû commencer. 

Mais nos mœurs , presque toujours 
en divergence avec notre santé, s'op- 

{ posent à ce iremède salutaire. Dans 
es grands repas , à peine a-t-on quitté 
'la table, qu'une main tout à la foi« 
intéressée , officieuse et perfide , vous 
fait choisir une carte , et se hâte de 
vous mettre en société , pendant plu- 
sieurs heures , avec la Dame de pique 
et le Valet de cœur. De -là tant de 
digestions laborieuses , *méme tant 
d'indigestions^ qu'on eût prévenues 
en permettant à chaque convive 
d'écouter la voix de la Nature , qui 
dit à celui qui a trop surchargé 
son estomac,, de faire une petite 
promenade à pied , pu de se livrer à 
quelques jeux qui exercent plus le 
corps que Pesprit , afin de prévenir 
\çs suites de ce» excès , d'autant plu» 



^6 ' Almanach 

à craindre qu'on a tenu table moin^ 

long -temps (i). 

Pour parer aux suites de ce défaut 
d'exercice , an aima^ûë d'j suppléer 
par de grands yerre» d*eau sucrée , 
«ne i^oa fait s^porter dans le salon y 
oeux heures après le café. Nous lais- 
sons aux médecins à décider s'il ne 
vaudroit pas mieux permettre a l'es- 
tomac d'élaborer en silence les ali- 
' mens, plutôt que de le surcharger par 
une boisson aqueuse, qui trouble 
toujours plus ou moins un travail com- 
menct^j mais puisque VuBage en a dé- ^ 

(i) C'est une chose vraîraenf: scanda- 
4eti8e que le peu de durée des dîners cbes 
tous les gens en pince, et chez ta plupart 
des Arophi^ryonB dm iomr. C:es Messieurs 
croient qu*il est du bon toade presser le 
service , et d'expédier en une heure et de* 
Biie un Repas qui exî^eroit cinq heui:es 
<lje médkatiott, pour erre convenablement 
•pprécjé et digéré* Npuy ne pesserons de 
nous élever contre un abi|s augsi préjudî* 
cia.b!e à la santé qu'à la gaîté et aux pro* 
grAs de l'art. Kous ne.royons suère en ce 
moment qne les Séances An. Jtiry dégu^. 
<tateur, où Pon saclie bien méditer un £1^- 
pas ; encore? le relàcberoexit commence- 
t-il à s'y introduire, c^r les dernières n'ont 
pas dafié plus de six heunes. Avis k M . . 



des Gourmands* a^ 

èidé autrement, nous nous bornerons 
à récommander anx riches Amphi- 
tryons l'emploi des services d'Eau 
sacrée , que l'on trouve dans les su- 
perbes magasins de cristaux de LL. 
MM. II. , exécutas à Mon t-Cënis, sous 
la direction de M. IXtFougeraîs, alors 
propriétaire de cette admirable manu- 
factura , dont leuseul entrepôt est à 
Paris, me de Bondy , n* lo (i)* 

G*est là qu^on trouve des pla- 
teaux du meilleur ^oût , garnis de 
carafes et de gobelets^ et d^un sucrier, 
le tout eu cristal taille à fiioettes, 
çravé au mat , dont les bouchons re-* 
tètent toutes les couleurs de Parc-en- 
ciel , et dont l'éclat est au-dessus de 
tout ce qu'on en pourroit dire. L'eau 
sucrée, servie ainsi , ne peut manque* 
assurément d'être bien salutaire. 

nSS TACHES GOU&MAKDUS, 

Nous prions le Lecteur d'observer 
que nous voulons parler ici desTaichiSS 
(macula), et non des tâches (pen- 



(i) Voy^x p9geft ^ et 97 de la septièm 



a8 Almanàch 

sam ) gourmandes. Si nous traitions 
de ces dernières , notre chapiu*e n'au- 
roit qu'un mot, puisque la seule tâche 
imposée à de vrais Gourmands , con- 
siste à faire le tour de la table à chacun 
des services qui précèdent le dessert. 

I^ous voulons parler ici de ces Ta- 
ches Bien mpins agréables , ' que la 
maladresse d'un valet, rétourderie 
d'un voisin , l'inattention, d'un séca- 
teur , etc. , ne font que trop souvent 
à l'habit dès convives. 

Tantôt c'est un laquais qui , vous 
apportant un plat dont vous avez de- 
mandé et qu on vous trivoie, pour 
s'éviter la peine de vous en servir , 
en renverse la sauce sur la basque de 
votre habit; tantôt c'est' un convive 
placé à vos côtés, qui laissera tomber 
sa fourchette ou son couteau sur 
votre culotte ou dans votre poche j 
enfin ce, sera un sécateur follement 
empressé qui vous inondera des écla- 
boussures de la grosse pièce confi.ée 

à son inexpérience ; malhcui'S qui 

n'arrivent que trop souvent , sur-tout 
depuis que le plus sot des usages ne 
permet plus, comme faisoient nos 
bons aïeux , de passer le coin de sa 
serviette dans la boutonnière la plus. 



des Gourmands. sg 

flferëe de son liâbit, afin de s'en en- 
velopper le buste : au lieu de cela ^ 
en »e contente de la mettre. sur ses 
genoux , sans même souvent prendre 
h peine de la déplier pour Tétaler. 

Comme , dans les accidens de cette 
nature, tout le monde n'a pas la res- 
source de la maîtresse de M. de 
Cary (i), et qu'on ne connoît guère 
que celle d* envoyer le lendemain 
son habit au dégraisseur, qui fait dix 
Taches pour en ôter une, et qui 
TOUS le renvoie moucheté comme la 
peau d'un léopatd ; il est bon d'indi- 



(i) M. de Ciiry > ancien Intendant «îe« 
Mcmift, hoixune d'esprit , singulièrement 
aimable , et que beaucoup de gens se 
souviennent encore d'aroîr connu , soiv- 
poit auprès d'une actrice de l^Opéra , 
•ur la roY>e de la<|udle un vatet maladroit 
répandît un potage. Ija dame alloit se ft- 
cher 9 lorsque M. de Cu ry )a consola , en 
lui récitant ces quatre vers d*uu rùle 
qu'elle avoit pué le soir même : 

RasfSureZ'TOus , helîe Frin^esse % . 
Cessez de vous désospérer ; 
Mon amour saura réparer 
Le mal que vous a i'ait la Grèce* 

En effet 9 il li^i envoya le lendemain une 
lobe d*uo tcôsogrand piiz. 



3o Almanacl 

quer aux convives , victimes de c«* 
trop fréquens malheurs , un moyen 
%hx d'y remédier eux*mémes et & peu 
de frais. 

Il consiste dans l'emploi de VEau 
essentielle , nouvellement imaginée^ 
par M. Mare, Apothicaire estimable^ 
, rue des Bourdonnois, n* i3. Cette 
eau, très-supérieure à l'essence vestK 
mentale depppleix, enlevé, comme 

Sar enchantement , toutes les Tachesi 
es corps gras,, sur toute espèce dM- 
tofies , sans manger la couleur : il suf&t 
d'en imbiber l'étoffe , et de frotter 
^avec un linge un peu rude , opéra- 
lion gue l'homme le moins adroit 
peut faire lui-même. 

Ainsi, grâ^e à rhcureuse décou-i^ 
• verte de M. Mare , et munis de son 
Eau essentielle , les convives les plus 
maltraités pourront réparer aisément 
fbs domm^age^ ^§ Taches Grour-» 
mandes. 

BES REPAS BE WOGES. 

Autrefois le pW petit; mariage 
^toità Pari$ le signa) de la bonne 
cltère , et on tisoit sur la porte des 
pli^s médiocres Artistes en cnkiue : 
\jijk tel, Traàeur yftôJt N,ooe9. ^t J^es^ 



t/es. Gourmands* Si 

tins. Ces deuxanolsétoient en quel- 
que sorte devenus synonymes. 

M n'en est pas de même aujour- 
dTiui \ sur di;L Noces , même dans la 
bourgeoisie , il n^en est pas trois qui 
donnent lieu à ce qu^on appelle vé- 
ritablement un Aepas de Noces 5 repas 
auquel l'abondance nrésidoit avant 
tout , qu'assaisonnoit la plus franclie 
gaîté, et ou cbacun appçrtoit quel- 
ques-uns de ces couplets erotiques et 
bathiques qui couro nn oient si joveu- 
sement les desserts de nos bons 
aïeux (1)* 



(n I.< s meilleur» Repas <^e la Bourceoi- 
Bîe se faisoieni flncienneirtcnt à ri.>i<- 
ié-hoi». chez M. Deschamps , excellent 
Traiteur, rue des Orties, vis -a- vis le 
ï.ouvre, dont la tnaison, aiij.ourd'hiiî abat- 
tne comnie tant d^atitres , étoit partaue^ 
. reçut monté* pour cet objet. Un din«r de 
ce cenre, qi»e nous y avona taU le. 14 
Janvier 177a, ne sortira jamais ^^^notyc 
mémoire. Cétoit k la Noce d^un M. Si- 
mon , Champenois ai jamais il en fut^> 
Secrétaire du Triimnal des Maréchai« de 
France , avec U seconde fiUe 4e M. CUe- 
TOtei, architecte estimé . connu sur-tout 
par le château de Champlâtrenx. Le mari 
avottalors trente- titiit ans, et la mariée 
* dix-hnit. Peu deRepa» de Noce ont eleplua 



33 'Atmanach 

On se contente maintenant , fors- 
qu'on ne peut pas faire autrement que 
d'inviter quelques étrangers à im 
Hepas que Ton circonscrit autant 
qu'on le peut dans la triste parenté , 
de commander le dîner de noce chejs 
un Restaurateur , à tant par téte^ 
ce qui fait qu'on y admet le moins 
de monde possible , et qu'on y mé- 
nage le vin comme le sang le plus 
précieux , parce qu'il eist toujours 
compté à part. 

Autrefois un bal jojrenx , animé , 
suivoit toujours un festin qui se pro- 
longeoit assez tard dans la soirée \ au^- 

Î'ourd'hui on l'abrège autant qu'on 
e peut , et la prétention qu'on met 
à danser , bannit toute la joie qui ré- 
gnoit dans cet amusement. Aussi rien 
n'est aujourd'hui plus triste^ plu& 
maussade , plus ennuyeux, qu'un Ke- 
pas de Noce ; la morgue et- la gravité 
y ont remplacé l'enjouement ; réco- 
ncilie , Tabondance \ et la triste so- 
briété y tient lieu de cette hilarité char- 
mante, sans laquelle le meilleur fes- 
tin n^est plus qii'un dîner d'étiquette y 
c'est-à-dîre un véiitable hécatombe.. 

Que parmi les Grands du jour , quî 
cherchent d'autant pius à se faire ecjk 



des Gourmands, 3S 

pecter qu^ils craignent davantage 
qa*on leur manque -, chez qui rarement 
TAmour a présidé à l'union des époux; 
où les membres d'une même famille 
se connoissent à peine ^ oii chacun 
croiroit se compromettre , s'il se po^ * 
polarisoit , les nepas de Noces soient 
des espèces de Repas funéraires , rien 
d'étonnant 5 il en a toujours été à 
peu près ainsi : mais que , dans la 
classe bourgeoise , où les individus , 
jJus près de la Nature , doivent se li- 
vrer sans contrainte à tous les senti- 
mens qu'elle inspire , on garde ainsi 
ion quant à soi, et l'on craigne de 
s'abandonner aux vrais plaisirs , voilà 
ce que nous .ne saunons approuver. 
Souvenons-nous que la gaité libi*e et 
franche à un Repas de Noce ^ est 
le présage ordinaire d'une union heu- 
reuse; et que les mariages du jour 
n'ont peut-être la plupart des résul- 
tats si fâcheux , que parce qu'on a 
banni l'abondance «t Pivresse du fes^ 
tin destiné à en célébrer le premier 
jour. 

Voyeiu l'article intitulé des Noces 
de l'Hôtel des Américains , dans ce 
huitième Yolume^ 



34 jilmanach 

SES GOKS]£qVENCES d/uN MEKSOKGfi 
EN VATISSEBIE^. 

Le Temps est un galant homme y 
îl dit toujours la vérité , à ce que nous 
apprend un vieux proverbe italien. 
Pourquoi donc s'obstiner toujours à 
mentir, lorsqu'on sait que la fraude^ . 
découverte t6t ou tai^d, nous cou- 
vrira quelque jour de ridicule . el de 
honte/ ; _ 

C'est sur-tout quand il s'agit de 
bonne chère » qu'u e»t important de 
dire la vérité ^ car annonce un mets 
pour être issu de l'atelier d'un grand 
" artiste, tandis qu'il ne sort cpie de oe* 
lui d^un misérable gargo^er, c'est toc^ 
à la fois nuire à la réputation d'au* 
trui, et compromettre en pure perte sa 
l>onne foi et sa probité. 

C'est ce qui est arrivé dans une cam^ 
pagne voisine de Paris , le dimanbhe. 
3o juillet 1809, surlendemain de la 
fête de Sainte Anne , patronne de la 
dame du lieu. 

Un des convives , voulant fêter 
utilement pour les autres et pour lui-* 
même Madame À. ,. maîtresse du logis, 
qui traite avec une rare > générosité 
tout le lon^ de l'adnée ^ fit scrvii: ua 



des Gourmands* iS 

.très - beau pâte , et l'annonça y conuat 
Tenant de chez JVL Le Sage. 

A ce nom révéré^ rattentio& de 
loBS les convives se porta' sur cett^ 
pièce, qui occiipoit nn des bouts de Ui 
table y et Toû en attendit impatiem:-^ 
ment l'ouverture. 

Ce pftté ayoit belle apparence $ mni$ 
des que la croûte fut enlevée ^ no^a 
vîmes au vide énorme de* l'intériewr. 
qu'il ne pouvoit avoir été confectiour 
né chez M. Le Sa|^, dont les pâtéi 
sont toujours pleins y et de plus ^ gar* 
nis d'un blond de veau qui les fait 
aisément reconnoîtne. 

Celui-ci , produit comme pâté d« 
jambon de Rayonne , n'of&oit qu^ùa 
mélange iildigeste de jambon de pajrs, 
sec et g«^/^, entremêlé de coissisauiÇ 
de veau coriaces ; la croûte répondoil 
au-cledans , et la farce au principal.. 

Nous nous écriâmes avec indigna;» 
ticm qu'un te! pâté ne pouvoit sortir 
de Tatelier de M. Le Sage ^ mais le 
donateur^ huissier dé son méti«tr, ré- 
péta avec tant d'assurance qu'il st)rr* 
Cbit de cette boutiqu^e , oii lid^méme 
favoit commandé y qu'on finit p^r le 
croire , encore bien qu'il lût l^omnxe 
de loi. 



36 Almanach ^ 

Nous eiimes cependant des doutes ^' 
car il est moins rare de trouver un 
huissier menteur , qu'un pâté détes- 
table chez un homme tel que M. Le 
Sage, qui , par cette assertion , se 
trouva déshonoré ' dans Tesprit de 
trente honnêtes gens. 

En co nséquence , nouslui écrivîmes • 
dès le lendemain tout ce qui s'étoit pas- 
sé , en lui donnant l'adresse du dona- 
teur, qui demeure dans son voisinage* 
M. Le Sage, accompagné de M. Prp 
^n , son gendre , s'y transporta aussi- 
tôt ; et THomme de loi fut assez surpris 
de voir arriver dans son étude deux 
artistes en tablier, armés de grand» 
couteaux , très-en colère , et qui t^'a- 
voient pas du tout Tair de clienS. 

11 s'ensuivit une explication , dont 
le résultat fut que ce pâté avoit été 

fourni chez un nommé 

pâtissier, rue • • • • . 

boutique du dernier ordre , digne tout 
au plus d'approvisionner les rues du 
Cygne , de la Réale et de Montdétour; 

M. Le Sage exigea du donateur une 
dénégation par écrit , qui nous fut en- 
voyée dans le jour, avec prière de 
garder le silence , et qu'il répareroit 
son crime; en ikis^nt manger dans la 



des Gourmands. 3j 

Biém« maison un vrai pâté de M. Le 
Sage, ce qu'il est encore à faire. . . . 
Nous abandonnons à nos Lecteurs 
les conscquences à tirer d'un tel fait, 
qui est de la plu« exacte vérité , et 
dont les pièces justificatives reposent 
encore en nos mains. 

DE L^OUVBRTURE DES HUITRES. 

Le degré d'importance des chose» 
et des personnes en ce bas monde 
dépend souvent du point de vue d'où 
on les considère, et des connoissances 
plus ou moins profondes de celui qui 
se mêle de les juger. 

Rien, par exemple, ne paroit au 
vulgaire plus indiflerent que la ma- 
nière d'ouvrir les liuilres et que Té • 
poque de cette ouverture -y rien , au 
contraire , n'est plus important aux 
jeux d'un véritable Gourmand. 

En effet , si l'on veut suivre ce pré- 
cieux testacé depuis le moment où, 
après avoii: été arraché à son rocher 
natal, et s'être engraissé convena- 
blement dans les parcs destinés à ce 
complément d'4ducation, il arrive 
dans les paniers même dont ox^ ne le 
sort que pour le dresser sur nos. tak- 

V^ Partie. 4 



38 * Aîrnanàch 

blés , on se convaincra qu il conservé 
toute la plénitude de son existence , 
et qu'il UBfive vivant dans les mains 
de F ouvreuse. 

On trouve la preuve de ce fait, non- 
seulement dans le mouvement de 
THuître , qui , lorsqu'elle ù'est pas 
comprimée, s'ouvre d'elle-même aux 
heures de la marée montante, comme 
pour humer l'eau de la mer qui lui sert 
tle nourriture' , mais encore dans une 
expérience trcs-fàcile à faire, et qui 
cdusisle à toucher légèrement avec 
Un corps acéré, tel que la pointe d'un 
canif, la barbe d^une Huître q^ 
vient d'être ouVerte : on s'apercevra 
facHement à la contraction que cette 
partie, qui^est chez elle le principal 
siège de la sensibilité , cproitVe , que 
l'Huître est aussi vivante en ce mo- 
ment qu'à son départ de Dieppe , de 
Cancale ou d'Etretat. 

Ce n'est que lorsqu'on la détache 
de la coquille inférieure qa*ene perd 
la vie j aussi les véritables Gourmets 
d'Huîtres ( tel par exemple que feu 
M. Grimod de Verneuil, Président da 
Jury dégustateur) défendent expres- 
sément cette opération aux ouvreu- 
'ses j se réservant de la faire -çùx- 



des Courtnqnds, ^ 

mêmes sur leur assiette , afin d^eur 
gioutir ce; testacée lorsqu'il est en- 
core en vie. 

Il est donc bien prouvé qu'unp 
Huître saine est vivante jusqu'au mo- 
ment où on lui fait subir celte opéra- 
ration j et que c''est là le véritable 
instant de la manger , si Ton veut 
jouir de toute la, plénitude de &^ 
bonnes qualités. 

X>' après cela, que penser de ceux 
qui font oUjVr^r les Huftres plusieu];s 
heures avant d^ Les sqrvir , qui ne les 
]|;QdDgent que lorsqn elles sont mortes 
d«pi|i& V>ng-temp5, et qu'elles ont 
Réprouvé un.çpnunencement deputré- 
iaictioA ? 

Suivons bien plutôt l'exemple de 
notre respectable Président , et loin 
de faire attendre les Huîtres , rece- 
vons-les une à une des mains de Fé-, 
caillère , à qui nous ne permettrons 
jamais de les détacher. C'est le moyen, 
sans doute , d'en manger un peu moins 
et d'y mettre beaucoup pins de tcmpsj 
mais cette#méthode conservant aux 
HuitTCS toutleur esprit, nous n'en per- 
drons rienen les avalant, et ncusjoui- 
rons, dans toute son étendue , de cette 
Tolupté suprême attachée à leur cov-« 



4^ AlmanacK 

sommation, et dont les bons Parisiens 
connoissent si bien le ppix 5 car c*cst 
le pays du monde où les Huîtres, re- 
çoivent le meilleur accueiL 

CES VOYAGES GOURMAVt»S. 

Le Gourmand, et sur-lout le Cpur- 
mand parisien , voyage peu en vé- 
nérai. Accoutumé à voir toutes les 
Provinces lui apporter en tribuJt rëtite 
de leurs productions, il n^apas besoin 
de les aUer chercher à leur source; 
et pour peu qu'il soit riche et qu'il 
ait du goût, il jouit , sans se déplacer^ 
de toutes les richesses gourmanaes dis- 
séminées sur la surface des quatre 
parties du Globe. 

Cependant, il est un assez grandi 
nombre de productions naturelles, 
même de produits de l'Art, qui ne 
sauroient suporterle transport j et qu'il 
faut aller chercher au lieu même 4e 
leur naissance , si Ton veut en jouir 
dans toute leur pureté. 

Gomment, par exemple, mangera- 
'on d'excellentes sardines fraîches , 
si ce n'est sur les c6tes de l'Océan et 
de la Méditerranée ? et même , pour 



des Gourmands. ^^x 
ne rîen laisser échapper de leur sa- 
veur, les vrais amateurs vont les 
manger en pleine mer , et dans les 
bateaux de pécheurs ; car leur trans- 
port à terre leur a déjà hî\t perdre 
cette fleur de virginité si fugace et si 
difficile & retrouver. C'est ainsi qu'un 
ramecpiin au fromage , <ju'un petit 
pâté ; etc. , doit éire consommé dans 
râtelier du pâtissier ; afin d'être mangé 
bon 9 il ne doit faire qu'un saut de la 
bouche du four dans celle du Gour- 
mand ; il est même quelques-uns de 
ces derniers qui appliquent bouche 
contre bouche, poui; empêcher le ra- 
mequin de se refroidira 

Mais, s.ans parler des poissons qui , 
comme la sardine et le rouget ; des 

C^ts oiseaux qui, comme l'ortolan , 
rouge-gorge et le bec-figue , ne peu- 
vent sounHr le moindre déplacement 
sans risquer de devenir méconnois- 
sables , il est une foule de ragoûts ou. 
de préparations particulières à quel- 
ques pays , et qu'il faut absolument 
y aller trouver, si l- on veut faire con-. 
noissance avec eux. 

C'est ainsi que ces fameuses Gre- 
nouiUcs de Riom , qui nous ont fourni 
le suîct d'un article intériessant dans, 

4... 



4^ -AlmancLch 

notre quatrième année (i) , et qui ont 
fait gagner cent mille éicus à leur in- 
venteur , dévoient êti'e mangées chea 
M. Simon, ou tout au plus à quelques 
toises de ses caves mystérieuses. 

C'est ainsi que les Recuites de Pro- 
vence , dont la description se trouve 
dans le même volume (a), exigent 
qu'on se transporte dans cet heureux 
climat , pour être dignement appré - 
ciées. 

Il en est de même des Mirlitons de 

^ Rouen , qui doivent leur supériorité 

à cette délicieuse crème de Sotteville ,' 

qui n'a point son égale dans les quatre 

parties du Monde (3); 

Bcs Quiches d'e LoiTaine , dont le 
secret est concentré dtins les limites 
-de cette province 5 des Gaudes de 
Besancon, qu'on ne fiait bien qu'en 
Frfcche-Comte j et d'une foule d'au- 

; (1) Voyei pft{>es lalet suiv. tU» la qun- 
Iri^nir Atiuée de VAlihcn. des Gourmands. 
^ (2) Vojii patres 19 et suiv. tSe la cjiia- 
tTÎèinr A ".née de VAlman. des Gourmands. 
(3)îV(l. Thomas, pâtissier en rcpiitarion^ 
rue de Grommont , à Paris , fait drs mir^ 
Jalons ^ la manière de Rouen , qui sont , 
à ce qu'on dit , car nous ne ^garantissons pas. 
\e fait, singulièrement recherchés patUtk 
«pnBoisseurs. 



êesGonrntands* l^ 

très ppoduçUons de la Natiu*e ou de 
TArt, dont la seule enuméraliou excé- 
deroit les bornes que nous nous som- 
ipes prescrites en traitant ce sujet. Il 
est vrai que, par une juste compensa- 
tion^ nous avons à Paris de quoi nous 
consoler dans un grand nombre de 
mets qui nesauroient en franchir Ten- 
ceinte. 

Âusâ y tout bien considcrc , les 
Voyages Gourmands ne sont point 
à Tusage des Parisiens, qui n'en rcti- 
reroient que desavantages médiocres; 
mais nous invitons ceux qui habitent 
loin de ce centre de tous les pLiisirs , 
à ne pas dcaaignor ce moyen de for- 
mer feut goût , tout en satisfaisant 
leur appétit. 

DES CriSIÏ8lKr.ES. 

Nous avons parlé , dans nos pfécé- 
dens volumes ,. des P.îaitrcs - d'Hô- 
tel (i) et des Cuisiniers (2) , et même 

(i) Voy9x\^ quatnème Année de IM^ 
manach des Gourmands , pa^f s 3^ et suiv. 

^2) Voyei IcvS patines 216e: siiivantes de la 
deuxième Année de \*Almanaeh des Goût' 
mandsy deuKi^me édition, et la page 5j de 
la cin^uifime Aimée». 



44 Almanach 

\ de la Santé de ce§ derniers , que.nons 
avons engagé leurs patrons à purger, 
souvent -y il^nous reste à dire un mot 
des Cuisinières, classe trè$-multipliée 
en France, ou l'homme riche. peut 
seul avoir un indiyi^a mâle pour 
gouverner sa cuisine. 
. 11 faut d'abord se pénétrer de la vé- 
rité d'un principe, c'est qu'il est près* 
que impossible d'avoir une bonne Cui- 
sinière si elle est chargée daiis la mai- 
son d*un autre service que de celui de 
la cuisine , service, dont l'importanqe 
est telle , qu'il réclame à lui $eul une 

Sersonne to ute.en tière.C'est un axiome 
ont paroissent douter la plupai^t des 
Bourgeois de Paris qui , faisant de 
leur Cuisinière leur servante , leur 
Ibonne , et leur camariste , sont ce- 
pendant ensuite étonnes que la plu«- 
1)ari de leurs ragoûts soient manques, 
eurs sauces tournées et leurs, rôtis 
calcinés. Il ne peut en être autrement, 
dès qu'une Cuisinière se trouve l'es- 
clave de la sonnette*; et pour peu 
cju'on soit initié dans le grand art de 
Ëi gueule^ il est aisé de le concevoir, 
Ùne.bpnne Cuisinière ne peut être 
que celîi : tout auUe office dans la 
maison lui doit être étranger. 



d€s Gourmands. 4^ 

Makresse de son temps, eDe le 
consacrera tout entier à l'exercice 
de son art. Levée avec le jour en hi- 
ver , et à six heures en été , son pre* 
mier soin doit être de mettre sa cui- 
sine en état , et d'y tenir tout dans un 
ordre parfait et dans une propreté 
extrême. Ces soins préliminaires rem« 
plis , elle mettra son pot au feu , et ne 
«ortira qu'après l'avoir bien écume | 
elle ira ensuite au marché j de préfet 
rence à la HaUe , pour peu que l'é-* 
loignement ne soit pas trop considé* 
jabie, parce que c'est là qu'on troU^ 
tout en plus grande abondance et au 
meilleur prix. De retour an logis , eDe 
préparera son diner, dont le mena 
aura été arrêté laTeille parsesmahres; 
elle marquera ses entrées , disposera 
ses entremets , piquera ou bardera %ei 
T&tis y en un mot se mçttra en état de 
commencer à l'heure, convenable , 
afin qae le service n^éprouve aucun 
retard. 

Lorsque cette heure sera arrivée , 
elle trempera ses potages, dressera 
tous séà plats , et ks disposera dans 
l'ordre où ils doivent paroitrCé Si 
c'est elle qi;i t^l chargée de TofEce., 
elle aura préparé dès le matin son 



4lS Almanach 

dessert , et donnera une attention 
particulière au café, qui doit tou* 

i<>urs être fait sans ébuIlitio];r^ selon 
'excellente méthode inventée pax» 
Tilluslre M. De Bello.v. 

Après le dàner, elle comptera et 
serrera l'argenterie , metbra la vais- 
selle en état , fera ses comptcfi du 
jour, etc. Le > soir , si c'est l'usage 
de la maifion , elle ira coosipter aveq 
ses maîtres , et fera avec eux. le tua-* 
vail duclendsemâin;, e'estr-à-dire'bkvér 
daotû>nL dii Meni^ y hûen entendvi que 
la dessevte aura été i^essenrée avec 
Boia , ea disimguaat les pjats. qui 
filt>tvei][t veparoitre' avec ou. a%n$ aie* 
guisement , dtes reliefs qui sont abaiir 
doBnés pour la nounitûve des valetft* 
• €)ii voit , par cet aperçu, qu^une 
Ouisiniere , outre son talent d'artiste^, 
doit savoir parfaitement bien acheter, 
compter et écrire lisiblement. On est, 
de plus , en ' droit d'exiger d'elle 
beaucoup d'activité , de mémoire , 
de propreté, de dociKté et de zèle. 
Elle ne .doit jamais montrer d'hu- 
meur; bien entrer dans les vues d'é- 
conomie de ses maîtres \ savoir tirer 
parti de tout; tant pour l'honneur 
que pour le» profit de la table; nje 



des Gourmands. 47 

point attirer d'étrangers dans^ la cui- 
fiine , fussent même ses plus proches 
parent, etc. , etc. 

Si c'est elle qui a soin du linge, 
elle doit le tenit toujours en bon 
état, c'est à dire mettre à part .tout 
celui qui a besoin de réparation ; 
yeiller à ce qu"*il ne s'en égare point, 
et le ménager coihme ai c^étoit soa 
propre bien. i 

Dans les inaîsôns où une Cuisiiiiëre 
jouit d'assez de confiance pour avoir 
elle-même la garde des provisiÈms 
( ce qui est rare ) , elle doit en dreèser 
un état exact , pour s'en rendre 
compte à elle-même, et pouvoir justi- 
fier de leur emploi. Elle ne doit con- 
fier à qui que ce soit la clef de la 
chambre qui les renferme 5 il faut 
qu'elle écrive ce qu'elle en prend au 
fur et à mesure de la consommation.; 
enfin, elle doit les ménager avec au- 
tant de soin que si oii alloit cherchek* 
ces denrées en détail , afin de faire 
mentir , autant que possible , le pro- 
verbe qui dit que provision est pro- 
fiision. 

Enfin la probité d'une Cuisinière 
doit être à l'abri de tout soupçon; les 
pi'ofits légitimes ^ ou réputés teU, 



4'^ Almùnàci 

sont a^ssess considérables dans une 
grande maison pour la dispenser dé 
se mettre mal avec sa conscience eti 
en cherchant de frauduleux. Cepen- 
dant nous ne lui défendons pas de 
recevoir des gratifications des habi- 
tués de la maison ^ même des étrennes 
de là part des fournisseurs , pourvu 
que les intérêts du maitre n'en souf* 
frent point. 

Si Po"!!" «'Çapproché les qualités 

Sué nous exilions d'une Cuisinière ^ 
u tableau aç ^celles qu'elles pos-* 
sédent réellfi^<ent, oh verra com-^ 
bien peu sont^digncs de ce nom. La 
plupart ne sdfit que de grossières ser- 
vantes , salésgSgnorantes , intéressées , 
et très-souvenl|piiidèles; d'autres joi- 
gnent la paresse ir:ÏUàB<pi^ce: celles 
qui ^ont instriu^^(]af]»«]^U*s ah ^ et 
c'est le plus petiéiiiomSrë f)* s'en 
prévalent pour voler yirc|>dKdre avec 
insolence et boire av«c»excès ; en un, 
mot, rien n'est plus, rare à Paris 
qu'un bon sujet de celte classe. Heu- 
reux le maître qui en possède une, qui 
joigne à quelque talent , de la dou- 
ceur, de la probité et de la propreté ! 
Il doit être indulgent sur le reste* 
Mais y nous le répétons ; pour avoir 



des Gourmands. * 49 

le droit d'exîgeiî d'une CuisînièDe 
toutes les qualités d'un véritable ar- 
tiste y il faut la traiter comme telle, 
et non pas en servante. Il faut qu'oc- 
cupée exclusivement :de l'aclkat ^ de 
la préparation des denrées, et de tout 
ce qui concerne la cuisine ,. tous le» 
autres objets de la maison lui soient 
étrangers ^ il faut lui donner des gages 
bonnétes, et les augmenter d'année 
en année , selon le contentement 
qu^on en éprouve -, il fout la traiter 
avec bonté et douceur , mîiiif sans fa- 
miliaràé; il faut ne lui rien passer 
dans tout ce qui re^^l^^ ^'-^Pt 
victnailles^ enfin, ou dotl '^xtfl 
amour-propre enk: flaiùtntàp? 
ce mobile étant cht?^ les femm^ 
plus puissant encçrre que lintét^i* T? 
Avec ces-, soins, ^n patviendra à 
former de bonnes Cuisinières , et ^ * 
les conserver long-temps telles. 

DES CEUFS. 

Les Œufs^ considérés soit comnlef 
aliment principal , soit comme auxi- 
liaires , sont un des plus grands nerfs 
de la cuisine : on n'y emploie guèi^e 
que les C£nfs de poule , parce 'que 
ce sont non-seulement les meilleurs . 

5 




5o Almanach 

mais encore les plus .obondans; ce 
volatile , véritable ami de Thomme, 
pondant toute rànnéc , tandis que la 
plupart des autres oiseaux ne le font 
qu'une fois par an ^ et seulement poujr 
perpétuer leur espèce, 

L'OSuf de poule présente 'tout |i 
la fois un aliment sain , nutritif, et 
singulièrement analogue à notre sub- 
stance. Le jaune atténue les çoirps 
-^rasvfîivorise leur mélange avec l€(s 
sut s griiini[ues , et, sous ce rapport, 
conirlLue beaucoup à une bonne di- 
gestion; le blanc derOEuf,.par sof^' 
analogie avec la lymphe , s*assimile 
prompt ernent avec elle, et cqntrjl- 
buc 'd soutenir etîi légénérer nos forces. 

Mais pour c[ue TOEuf produise 
loiTS ce^ bons efïbis, il faut qu'il soit 
fruis , parce qu\tL>rs tous ses principes 
sont réunis j au lieu qu'au bout d'un 
certain temps, la fermentation qu'il a 
essuyée a dissipé une partie de ^s 
sels volatils , et dans Cet état , il est 
. échauflant , il acquiert un goût dés- 
agréable , et devient par coaséquenit 
délétère et malsain. 

Tout ceci doit s'entendre princi- 
palement àes OEufs mangés à la 
coque ; ou qui constituent à eux 



des Gourmands, 5i 

seuls un plat ; car» leurs qualités die* 
tétiques , lorsqu'ils sont eifiployés 
seulement comme excipiens , ou 
comme liaison , se trouvent naturelle- 
ment subordonnées aux substances 
auxquelles ils sont mélangés. 

On connoît un si grand nombre 
de manières d'accommoder les GEùfs , 
^*on peut dire qu'ils forment à 
eux seuls Pune des branches les plus 
importantes de la cuisine. 

Les meilleurs Œufs que Pon con- 
somme à Paris nous viennent de 
Hortagne ; ceux qu'on regardé 
«omme les plus propres à être cen- 
«ervés poup l'biver, doiveiit avoir 
été pondus entre les deux Notre- 
Dame, c^ est -à- dire du i5 août au 
S septembre. Les Œufs sont ici Fob- 
jet d'un commerce làimense : leur 
prix varie, et , en général , suit asses 
celui du beurre. Cependant la rareté 
ou l'abondance des menus grains in- 
flue beaucoup sur ces prix. 

On connoît une foule de recettes pour 
conserver les Œufs ; les uns les gar- 
dent dans le sable , d'autres dans le 
son , d'autres dans l'huile. Getle *der- 
nière méthode est sans doute la meil- 
leure , parce qu'elle est celle qui 



Sa Almanach 

préserve le mieux les Œufs du con- 
taUct de l'air extérieur 5 mais elle 
p'est guère pratiquable en grand. Oa 
se contente à Paris de les tenir dans 
lin endroit également à l'abri de Tba* 
midité , du trop grand froid ou de \%, 
trop grande chaleur, et Ton s'en 
trouve bien. 

L'essentielc'estqueFŒuf n'ait point 
été mouillé dans sa route , caf alors 
il a un goûtée paille qu'il e^t impos- 
sible de lui faire perdre. On sait que 
le plos sur moyen de s'assurer de leur 
bonne qualité c'est de les mirer de-r 
vant la uamme d'une bougie ; les plus 
clairs sont les plus frais ^ les plus ta- 
cfaetës le sont moins : ceux qui sont 
)tfouillés doivent être tout à fait re- 
}>ûMs pcMnme corrompus. Avec ces 
précautions, et celle de les acheter 
chez M. Thèurlot y on ne sera jamais 
tioinpé dans son choix. 

DE LA COBDERIE CONSIDÉRÉE OAKS 
SES RAPPORTS AVEC LÀ TABLE. 

Si Ton pose en fait qu'il existe des 
rapports intimes entre Fart du Cordier 
et la table du Gourmand y. l'homme 
vulgaire prendra cette assertion pour 
lin paradoxe, et ne verra tout au plus, 



des Gourmands. 5$ 

àsLTis le magasin du Gordier , que la» 
ficelle qui sert au cuisinier à b«ider sa^ 
volaille ou à lier ses légumes; mais 
l'homme éclairé 9 dont l'esprit exercé 
aux rapprochemens sait remonter à 
l'origine des choses, et s'est accoutumé 
à expliquer le& causes. aecon4es par 
leurs iiioteurs,portera sa vue plus loiti, 
et verra dans le Cordier j non-seule^ 
ment l'ouvrier qui tresse la ficelle , 
mais l'artiste ingénieux, chez > lequel 
se fabriquent la plupapt des insCru^ 
mens qui secondent l'industrie de 
Iliomme , pou;r le rendre maître des 
habitans'de l'air, d.e la terre et de 
l'onde. 

En effet , presque tous les engins 
qui servent à la chasse et à lap.êche 
se fabriquent dans ses ateliers. C'est 
de-là que sortent ces filets à miroirs, 
qui amènent p^r centaines les alouet- 
tes dans nos marchés y ces halliers , 
et ces nappes sans lesquels la caille 
se riroit de notre gourmandise } ces 
tirasses , bourses, tonnelles ,.et vaches 
artificielles , qui font entrer les perdrix 
dans nos garde -mangers; ces pan- 
tières, si funestes aux bécasses ; ces 
héraignons , tramailles , araignées dé- 
Ipie verte , etc. , etc. ,■ si funestes auxc 



5,. 



§4 AtmanacJi 

grives , aux ineries , aux bec~fî gués et 

autres oiseaux stMcculcns. 

C'est encore des ateliers 3 u Cordîer 
qu*on voit sortir ces prinneaux de 
toiîe pour les betes fauves 5 ces pan- 
neaux à lièvres , et ces bourses ù la- 
pins , miMe ibis plus destructeurs (jue 
les armés à feu. 

• C'est le Cordîer cpii fabrique égale- 
ment ces huttes ambulantes et appeaux 
pour les pipées , Its cniîlcs , les j/crdrîx 
rouges , et autre menu gibier. 

Mais ce n'est etrcoré là qu'une fbî- 
ble partie de ses travaux ; son indiis- 
Irie , non contente de s'exercer dans 
les airs et sur la terre , embrasse uu 
troisième élément , et c'est là qu'elle 
est d'autant plus nécessaire , que rien 
ne sauroit y suppléer. 

En effet , tous les filets , tels qu'é- 

Îerviers , échiquiers , carrelets, trou- 
les , vcrveux J tambours , quique-. 
portes, louves , seines, tramailles , pè<=. 
clieltes à écrevisses, lignes de touto 
espèce , etc. , etc., sortent de ses ate- 
liers , et cet artiste déclare la guerre^ 
aux poissons, aux oiseaux, comme 
aux h^tes des forêts et des plaines. 
Cette gïierre est même encore plus, 
productives ' . •* 



des Gourmands. , 55 
On voit, par ce léger. aperça (que 
robligatiou où nous sommes de nous 
restreindre nous a forcés de resserre!^ 
dans une nomenclature bien incom- 
plète), que le Cordier rend d'innom- 
brables services à notre sensualité ^ ' 
et que , sans Son art , nos caisines ne 
seroient alimentées que par l'adresse 
si souvent trompée du chasseur au 
fusil, pour ce qui concerne le isribier,, 
et manquerolent absolument de pois- 
sons. Bénissons donc à jamais les pro- 
duits d'un art dont nous retirpns 
cbaqne jour des avantages vraiment 
inappréciables, puisque , grâces à lui , 
les Diseaiix viennent en foule se pren^ 
dre dans nos rets , et le poisson se 
jeter dans nos filets. 

C'est donc rendre service à tous les 
Gourmands qui font quelque séjour 
à la campagne , que de leur indiqiier 
le premier artiste de Paris en ce genre y 
celui dont la fabrique est la plus ac- 
tive et le magasin le inicux fourni. 11 
s'appelle M; Glavaux, et demeure rue. 
Cocpxillère, n° 3^. O'est-là qu'on-trou- 
vera en tout temps, à des prix raisonna- 
bles etde très-bonne qualité,. non-seu- 
lement tous, les ailicles qui concernent 
la pêche et la chasse dajis le plus gpan<ï 



56 Aimanach 

^iàil, niais dés chasse -oiouclies de 
tout genre , des sacs à raisin, des ré^ 
^es j dçs cordes , des ficelles de 
toute nature , et généralement tout 
ce qui rentre dans la partie du 'Blet. 
M. Clavaux est, de plus, un homme 
instruit, ami des arts qu'il cuhive 
avec succès., et enfin, un excellent. 
Gastronome (i). 

DES PROGRES DE LA CUISIVE DAir& 
%% XIX* SIÈCLE. 

Nous ayops traité , dans un de nos 
précédens volumes (2), des Progrès 
de l'art du four , et nous croyonè 
^voir démontré , par l'état actuel de 

(1) Il étoit président dé la Société des 
Déjeuners philosophiques , littéraires et semi- 
nutritifs , fondés en 1780 , par l'Auteur de 
ôet Ouvrage, et qui ont sul)si«té dans tout 
lenréclflt jusqu'au lo Avrili786^ jour de son 
exil. M. Clavaux a'étoit élevé à cet hon- 
neur , en prenant dans une seule séance 
trente-quatre tasses de café; on sait qu*on 
n'étoit obligé qu*à dix-sep t Ç^) 

(a) Voyei la sixième Année de VAtma^ 
naeh des Gourmands y pages 144 et suiv. 

(*) yoyez la charmante EpStra de M. Raij- 
noDard , aojonrd'biki mcnnbre de rinalilut, sur ces 
l^éjeûnen. ^ 



des Gourmands. 9f 

la pâUsserte en France , que , depois 
vingt ana , ces progrès sont non-seu-^ 
lement incontestables , mais qu'ib ont 
été tellanent rapides ^ que ^ pendant 
ces quatre derniers lustres, Tart a plua^ 
gagné qu^il n^avoit fait pendant les 
cent années qui les ont précédés. Nous 
avons touché un mot des raisons aux-t 
quelles ce^e perfectibilité devoitétre 
attribuée, et nous pensons avoir con-^ 
vaincu sur ce point les esprits les plus 
incrédules ^ ces laudatore$ tempçris 
acti, qui croient que tout va en dé- 
clinant , parce qu^eux-mêmes ils dé- 
clinent , et qui pensent qu'on ne sau^f 
roit faire auj ourd'hui mieux ce que l*0tt / 
jaisoit bien dans leur jeunesse. 

Nous youlops parler ici d6s Progrès 
qu'a faits la Cuisine depuis euviron 
quinze ans 5 et nous ne nous dissimu- 
lons pas que nous trouverons beau- 
coup de bontradicteurs , en assurant 
que ces Progrès,quoique moins grands 
que ceux de la pâtisseiç'ie , sont cepen- 
dant incontestables. 

Il est vrai , et nous sommes forcés 
d'en convenir , qu^on nç cite plus 
aujourd'hui de ces noms capables de 
baiancei' ceux des Réchaud , des Mo-, 
rillion et des Robert > qui on^ tant, il> 



50 Aïmanach 

histré l'art' vers la fih àx\ cleniirr 
siècle, et qtir, comme les Bapbael , 
lés Michel- Ange cl les Rubons , ont 
été lies fondateurs des ti*ois plus gran- 
des Écqle^ de Part debicn vivrei 

IVftiis si les Nombreux élèves formés 
piàr ces grands maîtres o'ont poirt 
encore atteint la hîiiitr renommcie de 
îëiirs illustres professeurs , it n'en faut 
rir^naupune conséquell^e contre notre 
éè^6iôn. Au lieu dfe trois cuisiniers 
4ÎVi: piemier ordre , nous ert avons une 
fpitléidëtrè^^Mbjïes, capables de for- 
inèi' ciux - m^es^ d'e^ceïltens eîeves ^ 
-er qiii"otlt'dÎ6sétniné en quelque sorte 
lès hatit'es, connoissances concentrées 
avitrefois cïïeï un petit nombre d'a^ 
Héptes. Bfe plus, Ik Guisine, qui n'est 
en derpi'er résultat , qu'une chimie 
pTsrtique , s''est aidée des progrès d<9 
fa Cîiiraîe proprement ditcj et Ton peut 
tfire qu'elle a/ ses Fouroroy , comme 
ées Vauquelin et seS' Cbaptal. 

Les réductions et les sautés sont 
des opérations qui t?eniicnt à la plus 
bauté Chimie ^ et qui seuls suffiroieul 
pour attester les progrès de Tesprît 
btunain , et pour prouver combie» 
notre Cuisine , quoique plus simple 
et plus^ainp , est cependant plus sa-' 



des Gourmands^ 5k| 

Tante et plus prof jude que celle de 
nos aïeux. 

Elle est aussi bien plus variée, et 
Fart s'est -enrichi , depuis «vingt ans, 
de plus de soixante prép«^rations in* 
connues à nos pères. Enfin nos ^auijs 
•-.artistes , non çontens des découvertes 
nationales , dues à leur génie et «à l^urs 
études tournées vers les sciences ab- 
straites, n'ont pas rougi d'eijpjorer les 
terres étrangères , et.de mettre à con- 
tribution toutes les Cuisines du po^» 
tipent j sauf, à rectifier , i\ É^pprqpi^ier 
à notre goût,. les mets qu*iïs ont rap- 
portés de'leurs' voyages, n en est ré- 
sulté un accroissement incalculable 
dans l'ordre et dansle nombre. de'noft 
jouissances, , 

D'un autre oèté, les Amphitryon» 
ont fait de leur. table une affaire .sé- 
rieuse. Leur travail avec leurcuisinier 
est devenu presqu^aussi important que 
celui des Princes avec leurs Ministres; 
la rédaction d'un Menu n> plus été 
abandonnée à une routine a,veugleou 
dictée par une hçnteuse parcimonie. 
Nos amphitryons actuels, qui avoient 
leur gloire à établir comme leur 
ttble à monter , ont senti que Tunè 
£loit trop int^aparablemeut liée à T.aa- 



6o jitmAhac/k 

tre , polir ne pas mettre en première 
ligne tout ce qui tient au grand art 
de la "bonne chère» 

De là l'importance niajeure que 
les cuisiniers ont acquise. En cessant 
d'être de simples Maitres-Queux , en. 
devenant de véritables artistes, ils ont 
su se faire respecter et mieux payer 
que ne l'étoient autrefois les pius- 
grands matttes-d^hotel. 

D'un autre c&té, le goût des con- 
vives s'est épuré j en devenant plus 
éclairés , ils sont aussi devenus plus 
difficiles. Ne faisant plus qu'un re-* 
pas, ils ont voulu le faire excellent^ 
«t que toute la délicatesse qui carac- 
térisoit le souper s'identifiât avec les 
qualités plus solides qui distinguolent 
le dîner* H a donc fallu que, par une 
combinaison tout à la fois heureuse 
et savante , nos artistes actuels s'ingé- 
niassent pour réunir dans un seul 
repas , tous les avantages qu'on étoit 
accoutumé à trouver dans deux. 

Nous sera-t-il permis d'ajouter, 
sans nous faire taxer d'un ridicule 
amour-propre, que notreOuvragen'a 
peut-être pas été tout à fait étranger 
aux Progrès de l'art? Depuis que VAl- 
manach des Gourma/ids a paru pour 



^ei Ooutffitinds. 6t 

la première fois (en i8o3), on s'est acs 
eoatomé à ëtudielr^ à^ approfondir le 
grand Art de la guenle. On a laisse là 
faim an vnlgabre , parce qu'elle est 
fonesle à l'Art, en s'accommodant de 
tout , et l'on s'est réservé l'appétit , qui 
ippdle la science à son secours, pour 
être stimulé. On a vu autre chose 
dans un diner , que des entrées , un 
r^ et des entremets; on a considéré 
celui qui le faisoit, autrement que 
comme iin simple marmiton; et de 
l'importance qu'on a donnée à sou 
travail est née cette sainte émula* 
tion , la mère des grands succès. 

L'Amphitryon n'a ylus été regardé 
comme une espèce d'automate , trop 
heureux de faire manger son hien ' k 
quelques gens d'esprit; on l'a con- 
sidère comme un homme d'esprit lui- 
même , et l'on a su mettre en jeu son 
amour-propre , |>our la plus grande 
gloire de la Cuisine. 

Enfin laTahle est devenue le pivot 
de toutes les affiiires politiques , litté- 
raires, financières et commerciales. 
Point de promotions, point de succès 
académiques, point d'affaires, point 
de marchés , qui ne s^e fassent à table y 
ou tout, au moins qui ne s'y ébau- 



.cb€i)it| et ]>iea sait si rAmphltry<iii 
.qui VQut capter les Buffirs^es de «es 
.convives n'est pas. éiniin^iam.eiitinèé-»' 

rçlsç k .leuii faire faireune.chère^déii- 

cate et spleiHiide. 

Ainsi, .soit ^u'en C9vm^9^ )a dàkve 
.sous le;c6të d|3 Kart ou sous; eéliûrde 
iani^ralQ, il nous paipît, prouvé qc^ 
jle grandtart deia)Guisme a &it, -d^ 
«j^^uis vin^t adas , ;d*in€OdM«estables Pro- 
.grès^etc!est.ce que^rLûus.àvons Voulit 
.démontrer en iQe4>c^ -de ^raots. 

Petite Dissertation adressée à TAu* 
teitr de /' Almanaçh d es Go urmauds. 

« Mal te , ma chère pntrfô , (itanl au 
pouvoir des troupes françaises , a éto 
tellement bloquée par les Anglais et 
les NapôKtains, que, pendant ddui 

(i) Article fourni par feu M- Lsonard*, 
cle Mâhè ( père dii cômposi'te'ir Nîcolo 

•Isouard, auteur estime de tflusieiir» Opé- 
ras - (v)mi<|ues « parmi loRquels. le public 
a disiingiié un Jour a Paris.^ Cendrillon, \es 

'Rendei-voiis bourgeois^ le 'BUlet de Loterie^ 

•le Magicien sans mif^tCy fetc.)- On a cru ne 
devoir rien cUangt»r au style de l'auteur > 

.«tic laisser parier k la preuiiqrQ perspnne. 



des O&urmands. 63^ 

années conséotitives , aticune espace 
de vivres ne put entrw* -dans ses 
ports. Les habitans , dont j'éloiy dtf 
nombre ^^fufîenl: dbiic, pendant les 
ni derniers moi«', réduits aux dcr-- 
BÏères e:xtpéiiiités. Heureusement oir 
«Toit du'pain. Ce>Rkt'd%»is cette tristef 
«onjonctove qu'on» futFforeé de manger. 
UM1& les chevaux , c^bietts , chats , ânes 
«Ivais. dette Oircx^nststnce a fait dé^ 
fouvhr. quefe «bftir des Ânes étoit 
très-bonne: elle Test en^ effet» au pfoint 
que les Gomintjnds de la Cité-Valette 
Tont préfêiiée)à'«]a;'V4afid^ dùmeillëur 
bœuf, et même des veaux ; aussi lors- 
çi'on tubït wft Aûe^d^étdit à qtiî en 
pouireit avoin Ë» bouilli , en en-^ 
irée ^ enrÀti , et en daube - suMout: , le) 
goût en.^toi»exquis< • ' [ 

» Cette chair est mrirâtre, et Itf 
naisse tarant sur le jatuhe. Il fiant ce-^ 
'pendant que l'Ane n-*ait que trois ^ 
quatre ans^ etqu^il s*ît'gi»as. M. Henty 
PoUssielgue, klora Payeur des Trou- 
pes françaises en garnison k Malte , 
demeurant oetueMen^en-t à- Paris, rue 
de là Convention ,. u\j6 y peut aUese 
ter mon assertion. J'observe que je 
ne constate que la particularité de^ 
Ânes de Malle , nourris avec de la 



64 Alm^màch 

paille et je Torge, ignorant si la chair 

4es Âi^es étrangers anroit la même 

qualité. 

» Malgré cette découverte , on ne 
fera pas plus usage de la chair d'Ane 
à Malte , à l'avenir , qu'avant le blo« 
eus y parce que ces animaux étant de 
la taille d'un mulet, et recherchés 
comme étalons dans toutes les parties 
du continent ^ se paient trente a qua-< 
rante louis au moins châcun^cequi 
sst fort cher. » 

Sira LA CBÀl^SE QE BEG-FIG1TE8 (l)« 

« Un aftsaispnnement pour les Gour- 
mands et qui est peu connu , est la 
graisse de D^c-Figues. Elle ne se fait 
. qu'à Terra -Novn, petite ville si* 
tuée sur la c&te du midi de la Si» 
cile , entre Girgenti et Scoglietti , au 
bord de la Mer. Cette graisse blan-^ 
châtre se conserve dans des flaconsi 
de verre , sans sel, pendant plusieurs 
mois. Op en vend une quantité asses; 
considérable à Terra-Nova : elle est; 



(i) Ce morceau est de U mdi9e miiin qne, 
)c précédem^ 



des Gourmartds. 65- 

recberchëe des Gouimands de la Si-* 
ciie , de Naples ; et , à Malte , toutet^ 
les familles aisées s'en sfirveoten place 
d*huile et de beurre , sur-tout pour 
préparer le& œufs. Cette graisse laisser 
UB goût agréable. 

» Vous observerez qu^il faut une 
quantité considérable de Bec-Figues 
pour produire tant de graisse^ mais^ 
votre étonnement cessera quand vous. 

saurez que la pkine de L y 

dont lia cîixonference est d'environ 
cinq lieues y est parsemée d'arbris- 
seaux : la passe de Bec•^Figues est st 
Bombreusie y que les branche» oii 
cet oiseau se repose en sont coi»^ 
vertes,. Pour les prendre, on place un 
filet devant Tarbrisseau y et dès qu'il 
est mis ^ on se porte doucement de 
f autre côté, etTonbat dts mains : à^ 
ce bruit , les oiseaux s-'envblent et se 
prennent aux mailles du filet, où ils 
restent accrochés par la tête-, de sorte 
qu'ordinairement chaque maâle sus- 
pend un Befî-Figue> Ou les tue y on 
les met dans une poêle énorme , et 11 
'ferce de feu Ton fait fondre le gras, 
qu'on met dans des bouteilles, et l'on 
j^tt^ les carjcasses.» 



66 • Almartach g 



POÉSIES GOUR'MANBÊS. 

Épître è>i prose rirhée , à V Auteur 
et Rédacteur de /'Almanach des 
Gourmands^ au sujet de Z'Alma-. 
tiach des Muses , pour 1610, 



Parler d« bbiMie,phâ.Te ^ 
Çà fait toujours plaisir. 



JJ u réch des plus ^ands Repas* , 
I^a plus plate Gazette est pleine ; • • 
On se régale à Londre , à Vienne , . 
A i^arîs, dans ks Pays-Bas : 
QuMvèneihent heureux advienne ^ 
Par-tout de suf^erbes galas» 
Manger ,.preuiièire )<>uis$ance! 
Pas une fête sans boni ban ce ! . . : 

Vérité de haute importance ! * 
liisez le Journal des Débatê. 
Honneur donc, gloire à la Giiisirie:, 
i>ç même à tout Ambassadenr 
Qui sait , avec grâce et grandeur ^^ . . . 
Fêter la science divine 
Qui combat, chasse la famine , 
Etend au loin la bonne odeur. ' 

Ëh î dans tout VAimanack des MuMs 
Pas un vers , un seul vers gQiîrmattfijj} ][; 
Son éditeur est sans excuse : 
fj^rchoux, est-il au njpnuiment X 



^€s Gourmands. 67 

On y trouve beaucoup de roses , 
Depuis des milliers d'ans écïoses , 
Grâce à Flore, à son grec Zéphir ; 
Mais point de belles chicorées, 
Des heureux Gouj-maiids honorées , 
Avec appétit dévorées , 
Et que décembre iiiit blanchir. 
Un bon , un excellent légume 
Vaut tout un parterre de fleui»y 
Riche d'innombrables couleurs , 
Où notre odorat so parfume ; 
Ces parfums si délicieux, 
Quand on a fftini , cV.st viande creuse: 
Pomme de terre savoureuse, 
Tu m'accommodes beaucoup mieux î 
Fine , gourmande nourriture 
Demande de saVarilTapprèti?. 
Boire er m.îineer, < Vst do pTus près - 
Se rapprocher de la nature. 

On trouve dans cet Almanarch , 
Que le Parnasse nous aitresse. 
Beaucoup d'espi'ir , de gen «liesse , 
Des flammes et de la tendresse , 
Fadeurs d'amant et de maîtresse , 
Et rien , mais rien pour l'estomac. 
Rien pour Céjrès ni pour Pomone , 
Pas un distique , une couronne : 
Pourtant à l'une on doit les grains 
Qu'un laboureur pour nous moissonne. 
A sa sœur les fruits qu'en automne 
On cueille en nos rians jardins. 

Avec une douleur insigne. 

Remarquez que ,, sur SèJîcôn ^ 

Ke fleurit îamçiis de Mâcon. . 

Ni de Nuits la. célèbre vigne, . , . . 

Au Pinde çouléjit dçs ruisseaux; / 



69 Almanaeh 

Et de lait et d'eau d*Hippocirèue s 
Orangers ornent ses coteaux; 
Maïs sur tout son riche domaine^ 
Trésor des sœurs de Melpomène p. 
Point de ceps fournissant des flot$ 
De ces nectars de pur I^esbos , 
D'Aï, Tokai , Côte-Rôtie , 
Dont aime à s'enivrer Bncchu$ 
Dans une universelle orgie. 
Avec six Nymphes d'Idaiie , 
N'ayant pour second que Comus* 

Cftlans portes de nos belles , 

Quand adresserez'vous vos vers. 

Aux céleris , aux pîmprenelles , 

A ces beaux persils toujojirs verts y 

A cette ^erdri^ dontiUpsite 

Plait tant à l^oeil des vrais l^xperts » 

Pour sa couleur pourpre-écarlate 1 

Coqs vierfies du pays de Gaux y 

Qw^im pique fin , ou q*re Von barde- 1. 

Faisans, autres superbes coqs>. 

Rares,, appétissans oifieauX) 

Alors qu'à vous manger on tarde > 

Dontun.véri<iable Gourmet 

Aime tant l'aiguisant fumet « 

Quand à propos Comus vous garde;. 

Coqs de bruyère y. et vous, outarde , 

Venez toiirà tour vous ranger 

Dans mon ri^uit garde-manger \ 

O décor inappréciable, ^ ^ 

Pour maint' et maint convive aimable , 

Plus envieux des bonjs morceaux , 

Que d'Idylles i de Madrigaux, 

De telle misère semblable. 

Eh ' quel chef-d'qBttvre,en vers nouveaux^ 

|!0J^:i?7i.t vous être comparable l 



' deê Gourmands^ 6^ 

Rédftctear dû sacré vallon , 

Au nouvel an , \t yoas reproche , * 

Je voos reproche, arec raison , 

Bien des vers de valeur, dit«on^ 

Fort au-dessous d'une briochç« 

D'une ganllre, d'un macaron. 

Damis y dès son adolescence , ^ 

Esprit-fort, irréligieux , 

Eut honte , se moquant des cieux , 

Des lisières de aon eniance ; 

Fier de ses pensers consolons , 

Et de s'affîcner pour impie , 

£h bien , sHl a quelques taJens^ 

Que ses blasphèmes il expie; 

£u'il célèbre les ortolana « 
es grives, grandes vendangeuses ^ 
lies cailles , par* tout voyageuses , 
£t les argentîés éperlaus ; 
Juc saute , <^u'Qn nomme au suprême ^ 
Vraiment digne dn diadème 
Des Crésus les plus opulens: 
Qu'il vante ma céleste crucUe > 
Au ventre rond et spacieux «. 
Pleine de Tokai , pure aushnuhit (i) , 



(i) C'«ft le Tokai dut excellenre \ c'est du vis 
de déteert , fait arec dn raisin ordinaire de pre- 
mière qualité » et des raisins que les Hongrois nom- 
Vient Tr»ien-'^ê*rê ; ce qui rent dire raisins à 
dcmS-desaichéf . En iJaace , oa obtient ainsi le vin 
de paille av«c des grappes qn'on laisse mârir sus 
la paille jusqu'i la fin de décenibre. 

Tokai n'est pas ^e seql canton en |Iongrie gui 
fmimît de Vauihruchê : on en recueille encore à 
Tareaal » k Zoaibar , à Made et dans d'antres, yil.- 
lagès. On apporte les plus grands soins ^nx. i#ic« 



jxt . AlmanaoK ' . ' 

Doux comme le miel de 1^ rud\<^ ,, ' 

■ Nectar^des rois, diaiie des cjeux :. 
Qu'il improvise un hymne aimabl» 
En rhonneux du célèbre Appert > 
Bn tous lieux si reconiniandable > 
De son état le grand Expert, ... . 
En découvertes admirable > 
IMtortel qui n*a point dé rival ; 
Qu'un noble amour anime', brMe',^ *" 

Et ( est-ij un miracle égal ?) 
Sait transporter la canicule 
Dans les jours aras du Carnaval. 
( O la plus rare des merreilies ! ) 
lié plus magnifique Festin 
Ou le banquet le pltis divin 
Est tout entier dans se» boateiHtWî 
Qu'il chomte^ dAirs'd'excellénft Ters , 
Plus de vingt artistes divers , 
Fameux dans Parié 'ëhëz uti montle' ' ' ^ 
Que qha«ifi'péAèik'6 à, la ronde ; 
Le Rôtisseur iMpérini(i'), 
Troquant son fcètan pour un aigle j 
Devenu fier ^ c^w c'est la règle ; 
Les frais poisaDns qui , chez Dùvàl ^ ' 
Cloître Saia-t-Jiicqttes-l^Hôpital > 
Les jours maigres sont notre proie-V-- ^- 

Gorps, Hont pour roi t se vanter Troy^ (a), 
Im villè^('îi') qui vit autrefois 
L'huile sainte sacrer nos Hois ^ , 
Véry, chez qui , de^ jours de fô/e», 
Seigneurs ^ et tous >riche& bourgeois 



(i) Biennait, an marché des Jacobins, 
(a) £a Champagne , famense par sa cliarcu<- 
tarie. 
(5) Qai ne connoltles jambonneaux de Reima ? 



deê Gourmnnds. 71 

Dîneut à deux louis par tête ; 
Baiaine , dans U cour Mandar y 
Dus qu'on en a la .fantaisie , 
Vous nourrit de pure ambroaie y 
Et TOUS enivre de. nectar ; 
Rougi^t , lequel si bien pâtisse , 
Le vrai IVlonlmarency du four^ 
Et qui deviioi ^. 4 viec justice , 
Etre pâtissier de la Cour. 

Pour s'iWitiOttaliser , qu'il chante ^ 

Comme poète et tomme ami^ 

La réputation savante 

Et non moins encore brillante 

De ce Gaïul qui n'est à demi. 

Dans l'art de pâtîsser, illustre , 

Mieux que par moi, bien pli^s vanlé 

Par ses canards dans un pâté » 

Et célèbre depuis maint lusiiie, 

Très-liônorablcmcnt cité , 

Depuis Amidns ju«?qn'en Provence , 

Dans tout l'Empire et hors deFvanc,e, 

Far-tout fin Gourmet , enchanté 

De son bon goût , de sa science. 

Qu'il fasse des yers éloquens y 
D^une venve riche et 'facile y 
A l'exemple de HarleTilie , 
Pour vinfit personnages marquans; 
C'est Le Moiue qui suit les traeen 
De son digne prédécesseur , 
Que les Muses et que les Grâces 
Keconnoissent pour professeur. 

Faut-il donc lui nommer encore 
Ce mortel chdii , ce &onJ«aU| • 



9^2 Aimanach 

l>oul VénçnoKva. vraiment s*hoii6l!e f 
8« yaïue d*étre le berceau % 
Quel heureux usage il sait faire ^ 
Et des triples et des perdreaux! 
Il les conserve en des tombeaux 
Que Gourmands ne respectent guère 
Alors qu'ils peuvent satisfaire 
licuf goftts y leni^ appétits dérots. 

3e ne ferai point, L . R • « ^ 

X l'exemple de Yictdrin ,. 
Le Panéfiyrimie sans,firt 
Du satinque lia Bruyère , 
Qui se permet de bacnner , 
l>>ane iiifurjeuse manière, 
X* Amphitryon d'un bon dîner, 

Su'en fous lieux chacun considère* 
n'a, nous dit-il, qu'une affaire; 
C'est , et cecte il y tient beaucoup ^ 
De )uger des mets avec goût , 
J3'ètre profès-en bonne cnàre. 
Il ajou'te y comme un bon mot \ 
Le Crîton a de l'éloquence *, 
Profonde voire est sa science , 
Parlant de horsil'œuvres, de rôt. 
Il vous donne même l'envie 
De vous asseoir , un mardi gras , 
A sa fable si bien serrie 
Pourvu , pourtant , qu'il n'y soit pas \ 
Mais j'admettrai sa jeune amie* . 

Utile ( on ne peut le nier ) , 

£n tous lieux , un bon Cuisinier , 

Compté parmi les grands chimistes | 

Est le rival de Lavoisier , 

Et brille ea tête desartifiés. 



des Gourmands. yS 

Madelin (i), du nom le premier , 
Sarant à flatter le gosier , 
A professé VArt delà gueuU , 
De tous le plus essentiel , 
Que , comme nous ^ on vante au Cie! ; 
Où Minei-ve est , le crois, la seule , 
Qui ne yoil point d'un doux regard , 
Krude austère , sombre bégueule • 
De rîndigence altîère aïeule , 
LHnTenteur d'un aussi bel Art, 

Dans notre Almanach poétique 
filtre par plus d'un refusé , 
Oiî tout est fade , an moins usé , 
Assure à tort tel grand critique , 
Fier et sans préjugés aubuns ) , 
Qu'y lit-on ? bien des Ters communs (^). 
roint de descriptions d^orgies 
Telles qu'en fit Anacréon / 
Qui mérita le Panthéon ^ 
des divinités d'Hélic^n 
Par ses aimables poésies; 
Hai#de dolentes £légies y 
Des traits d'esprit, même de goût , 
£t pas une seule recette 
Pour faire au lard une omelette > 
Un flan , ni le moindre ragoût. 
On peut y lire une belle Ode 
£n l'honneur dn grand Jupiter, 
£t de petits riens à la mode 



(i) Cuisinier de M. de Vilmar. Du temps det 
Gwcs , ce délidoux .artiste e^t été divinisé j c'est • 
l'homme incompanUe da siècle dernier. 

(a) Comme tout eeuxdiA cette Epttre. 

{Notre d9 l'Auteur.) 

8'"' Partie. 7 



74 Aimanach 

Pour des C^loés , des nom.» en P^ir ; 
Nulle part je n'y^vois l'tflojge 
Des Knelles , ni des Cervelas % 
Tant Damis croiroit qu'il d^g« » 
Faisant Téloge des bons piafs ; 
Et pourtant succulente chère , 
A Paris et chez les Incas , 
Et même au pays de Chactas « 
Par excellence est l'art de plaire. 
Poètes qui iisez Homère, - ^ 

Certes , vous ne l'ignorez pas , 
D'A-chille ,il chante la colère , 
lies Grâces , et Mars sanguiiiaiiTe. , 
Et la déesse de Cythère ) 
Mais sans Oublier. le& repas s 
Voilà pourquoi l'ofi le préfèrç 
En Europe et dans tous cliiAAt^ ^ 
A tel ou tel autre confrère ^ 
Chantant couinip'lui les combats | 
Et comme lui dans la nÛBère. 

Mom^rque savant s Mombil 
Vanté par sa sage doctrine , •' 

Dont nous av^nii plus d'un seriMii y 
Amant de mainte coacubine , 
Et grand connoisscur en cuiëine y 
^ous a donné cette leçon : 
Grands , 9u petite » toit ou mtmtntntê y 
Kéjotdssei-vàUÊ dam voo œuvfBs» 
Ce qui veut dire i à table , au Ut y 
Faites bien ce qu'on y doit faire ; 
La , véritablement on vit ; 
On mange, on y doit être père ; 
On a là le double -moyen y < 
Favorisé d'un sort prospère y 
De se montrer bon citoyen ; 
Car y cC9nme on siut y plus on consomme , 



des Gourmands. ^ 

£t beaucoup mieux on sert TEtat. 
Riche fournisseur est un homme 
Bien plus utile qu'un solcht, 
Mais sur-tout «ju^uB mauvais poète , 
Dans son grenier , sur son grabat y 
Reboiicii comme une aUumene , 
Dont le dur r^gimo est la diète , 
Et commen^gl 4e p|i|s cFu» rat. 

Pour les Dieux et pqnr «i maîtresse , 
On ne fait pas des vers ^tius , 
Qu'enchanté » dana la double irresse 
Et des bons motii et des l^ons vins , 
De ces beaux yem dignes d*esiimé y 
Que l'on nomme ters d^Ueus , 
Tous riches d« verve , de ri«* f 
Vers £aciies , raciniens. 

D'après Montagne , Von peut dire y 
Qnc d^Alem.bert , «{ne Marivaux , 
Montesquieu , Bufton et Dqclos , 
Des vers y des chantres des Héros y 
Ne pouvant être les rivaux y 
Se sont Vengés nar en médire* 
Je plains bien plus ces prQf^feii^^ 
De talent ayant belle dose , 
Et très-grand nombre de Tecreura, 
De ce qu'en qualité d'auteurs » 
Point n'ont laissé ligne de prosis y 
Comme Gourmands» cpmme Amateur^.. 

Le vrai Parnasse est à Çancale^ 
Et Balaine en est l'Apollon : 
Le plaisir y chante et régale 
L'Amitié , l'Amour et Ninon. 
L'estomae , comme le publie 
L'hypoicfatique Faculté ^ 



jr6 Almanach 

Ehtle siège de 4a santé. 

Betenons cette Térité : 

« Dans l'estomac est le Génie y 

» Les Ris I les Jeux , U Volupté ! » 

Nos rîmeurs, toujours dans l'ornière, 
Ne s^élèvent pTes<i^ue jamais , 

Sublime Gourmand , JL . R y 

Jusqu'à célébrer les bons mets ; . 
Cependant on 'sait que Molière , 
Premier des comiques • a dit : 
( Conune l'homme le plus vulgaire T 
ce Est-ce qu'on peut vivre d'esprit I 
i> On existeade Don -potage ^ 
i> Et non de vers . de beau langage, » 
Le couvert mis > dans un ménage ^ 
Servira-t-on un manuscrit % . 
Là , vaudroit-il des côtelettes , 
Cailles et tout ce qui s'ensuit? ' 
A table on aime les sornettes ^ 
Quand tout à propos est bien cuit. 

Manger est le point nécessaire | 
Certes , je m'embarrasse peu 
Dies appas d'Iris , de Glycère ; 
Au monde entier j'en fais l'aveu ; 
Chez moi , je veux à rordinairei 
Que la plus importante ai'faîre 
Soit celle de mon pot au feu. 

Ce mot là me réjouit l'âme ! 

Suand j'ai faim le prononce-t>on \ 
'appétit d'abord je me pâme ! 
Adieu , Vénus , Flore, Apollon ! 
Il ne se fait rien dans le monde , 
Que pour boire y que pour maogçr }> 



des Gourmands^ 77 

Queslionneî Prince, berger \ 
C'est une Té|^c profonde y 
Une vérité sims seconde ^ 
Qa*on ne pourra jamais changer. 

Mais , s'il vous plaît , n'allez pas cr^re ^ 
Que je veuille manger et boire 
Avec un tas de malotrus , 
Le fouilli des premiers venus y 
Qui l'an dernier presque tout nus , 
Ont quitté les sabots , la foire , 
L'écurie et la décrotoire y 
Depuis un mois de vrais Crésus y 
Et vraiment dignes de mémoire. 

Loin , ah ! bien loin de mon banque! 
Cette insociable Bliante y 
Qui , très -profondément méchante ^ 
Nous fait redouter son caquet , 
Répète, comme-un perroquet , 
Des paroles à la volée , 
De Tun et l'autre est accolée y 
Et d'amour , pousse maint hoquet • 
D'une haleine plus qu'en vînée , 

£n qni .est innée , 

Comme chaque vice moral. 
Elle est peut-être pire encore 
Que la boite oiferte à Pandore, 
Sans l'eipcxr y renfermant tout mal. 

Bien loin cette femme vulgaire y 
Aux arts dé l'esprit étrangère , 
Sans Ift moindre ombré de ta lent , 
Rimant pourtant , malgré Minerve y 
Kous étourdissant de sa verve y 
Sans réfléchir y toujours parlant y 



78 'Aîmanach^ 

£t qui y dans son glacé délire , 
Qu'elle s'imagine urillant , 
Bouche béante /sans rien dh p 
Voit son auditoire bâillant 
Alors qu'elle se met à lire , 
Et qu'elle lit en épelant. 

Loin ce masque d^Alcibiade y 
Jeune bouquetiet Troubadour 
De vingt prêtresses de l'Amour, 
IjCs chansonnant chaque beau jour * 
Qu'il a chez elle k Papade. 
Il sait composer la balade ^ 
■ Et le lai , jadis renommés. 
Chez ces Laïs il l'ait parade 
De ses couplets y. tous parfumés ' 
D'ennni , cle l'odeur Ul plus fade t 
C'est l'Homère de ia charade , 
Le Piiidare des bouts rimes ^ 
A l'affût dps franches lippées , 
Parasite des plus connus f 
Vieilles guenons , même éclopées y, 
Il les cliange en des Déjapétis y. 
£n Flores , Grâces et Vénus. 

Loin cet éternel Politique , 
Au corps 8ec> à la mine étique y 
Fier de sou savoir théorique ; 
Et qui gouvernant les Etats y 
Et se croyant bien plus grand homme 
Que tous ceux d' Athène et de Rome p 
Questio;inc , ne sait pas comme y 
Ûii ot£cier de bouche nomme 
Le plus commun de tous les plats y » 
Mange sans savoir ce qu'ii^mauge ^ 
Soit sans connoitre si ce vin 
Est de Champagne ou de-Cottlange ^ 



' iies Gourmands, 7^ 

De Lamevte ou de ChambeHin ;: 
Des pommes de terre il dévore 
Pour des truites du Bas-Bigore y • 
D'Angoulên^e , àp p^rbexiepiç ^ 
Même de la sailùf d^ ]BriT« ^^ 
Il s^avoue ixiujjcne cj^nifiy^^ 
De tout festin délicieux» 

Loin ton» ce» palet i»ersosiia$;e»yr 
Non pieux , mais soraores cagots y 
Mangeant de succulens gigota 
Cbez des filles «issea peu cages % 
Vm ville ayant petits ménages^ 
£t renouvelant bel et beau y 
Dans les faubourgs , m^me aux vffîage9> 
X/es gai té» du père Taureau (i). 

Bien loin cette Jeune Coquette , 
Qui déjeunant denx et trois fois y 
Déjeune à fond à la fourchette , 
Prend de tout » calé , crème y ancho^v 
£t ( la chose est très-concevable ) 
!N'a plus £aim qy^nd il faut diaer », 
Et voadroit aussitôt donner 
Le 9Jgnftl pour sortir de table ^ 
On va le soir à TOpéra y 
Jngies ua« pièce nouvelle y. 



(1) Fl-oeuTear de lu maiK>n des Grand* Oinw 
deUers de Paris , quand M. Feydcaa de MasTÎH*- 
iloit Lieutenant génial de police^auquel it falloir 
•Dtendre raconter nue aneedMe entre mille de o»< 
père Taareaa , qne la Nature n'àvoR point Ikit 
naitre- pour le eélibat » le» yanix nienastiqttM.^ 
Cette anecdote > je l'ai mise en ver* Ww^ db mi» 
iNoU de l'JuUur, l 



8o Atmanach 

Et n*y paroîtroit pas Lurzclîe , 
La Coiir , tout Paris y sera. ■ 
Xiurzelle , aimez beaucoup la scène ^ 
Moi , j'aime mieux un potager : 
J^aime pourtant aussi la cène y 
Oui ; mais- dans ma salle à maneer. 

Loin ce repoussant Philosophe , 
Nous prêchant la sobriétés- 
Enveloppe de sale étoffe ^ 
Serinonant avec âpreté » 
Qui suns cesse nous apostrophe , 
Insultant à la volupté \ 
.Dans un égueulé pot à bière , 
Buvant souvent dtf mauvaise eau ^ 
Imitant en son humeur fière 
Diogèiic dans son tonneau ; v 

Ou si du bon vin il peut boire , 
Jamais ne porte la. santé 
Dé nos Héros couverts de gloire | 
£t du vrai fils de la Victoire , 
Koti pas Mars , mais Bonaparte. 

Loin ce chef d'une vile troupe y 
Qui me flagorne dès la soupe , 
Lampe , coup sur coup , mainte cotipe y 
£r vantant mon bel appétit , 
En moins de rien le ralentit. 
Las lie sot , riche en encens fade ^ 
Malgré moi petit à petit , 
Double mon éloge maussade ,- ' 

Tout d'abord ma faim s'amortit : 
.Il me dit cent fois , me réj^ète ^ 
Aussitôt qu'il est en goguette : 
n Grand appétit fait les Césars y 
V De bravoure il monte la tête , 
%\ Il fait afl'ronter la tempête 
M Jl^t les plus terribles hasards, o 



des Gourmands. St 

Loin encor cet antre escogriffe^ 
Ce patelin aventurier. 
Lequel proies en son métier^ 
*Ne s'exprime qu'en losogryphe .; 
Et prenant un air des plus lourds , 
En faisant pâte de velours , 
Toutefois vous pince et vous griCfe y 
Et mange comme six vautours. 

Bien loin de ma table servie y 
Cet impertinent histrion ; 
Je n'ai dn tout la fantaisie , 
De faire faire chère-lie , 
De donner mon vin d'Hautbrion , 
Ma dinde de truffes farcie , 
A ce singe de Cîcéron , 
A ce singe , un vil biberon 
De crapuleuse conspagiiie. 

Je ne veux pas non plus de. • . . 
Car ils ne savent pas sourire \ • 

Avec eux on est aux abois : 
On ose à peine un mot leur dire. 

Leur trop auguste ; 

Muselle la bonne gaité , 

Sur-tout l'agréable délire 

Qui provient de i'égalifè. 

De la plus franche liberté , 

Qui nons apprend à nous conduire ; 

CiEir dans le vm la vérité. 

Afin de disérer en joie^ 

Ne faut d'Tiabits noutificaux, 

O mes jfmis ( que l'on m'en crol^ ) ! 

f(e dînons qu'avec nos égaux. 

Bien loin ce furieux Lapithe 
Qu'aussi fuyoit Anacréon , 
Vrai pokle du meilleur ton. 



84 Almanach 

i> A PI utus seul je sacrifie , 
/» C'est ma proiessîoa «Je foi ; 
M C'est ma religion , ma loi ^ ... 

»> Mon unique philosophie , 
M IVUnivers entier n'a ^u'un. roi ; 
M Tout l*atteste, le certifie ; 
» Vous le -nommez tous ^ (;*est U MoU w • • 

Qu'à ma table jamais ne mange 
Ce banqueroutier odieux ! 
Qui se vauti'e ainsi dans la fange ^ 
Est l'horreur des hommes , des Dieux. 
Bien loin ce fat saupoudré d'ambre , 
Froid en juillet comme en décembre , 
Qui doit a son ralet de chambre , 
Le premier coiffeur de Paris , 
D'être de cent Vénus , plus belles ^ 
Non pas moins que l'autre infidèle» , 
D'être le moderne Paris ; 
Mais dont l'estomac ridicule , 
£t des plus foiblement nourris ^ 
En fait le contraste d'Hercule. 
A table , franchise et gaitë , 
Evitent tout grand comité ; 
Et je veux , pour que je m'y plaise ^ 
Peu de convives *, car il faut 
»' Que je puisse causer tout haut , 
Et que je sois Ibrt^à mon aise.- 
Pas plus de neuf , pas moins de trois \ 
Neuf aux grands jours , et trois les autres ;, ^ 
Par an , a ma fête une fois 
Je réunis les douze Apôtres (i). 



., (i) Et leurs femmes et4evrs ami>fl , car alors 
le» Apôtres se marioient et rivoient en société. 
Us prêchoient encore mieux d'exemple qae par 
la parole. ( ^ott de l'Auteur. ) 



des Gouriiiands, 85 

Chess un aimable Ami)hîtryoii y 
Entre le potage et la poire , 
Je veux pouvoir conter l'histoiro 
De Célitlor et de Miou ; 
Je ne suis point au réfectoire 
D'un Chartreux , d'un Hilarîon. 
Ix>r8que la mousse du Chiimpagne , 
Que toujours la joie accompagne ^ 
Rend mon esprit plus pétillant , 
Je veux pouvoir d'une saillie , 
D'un impromp'tu drôle ou brillant , 
Risquer l'innocente folie. 

Couronne d'un beau pampre vert ^ 
Don du Dieu de la poésie ^ 
Ànacréon y de mou couvert 
Faites les honneurs , je voua prie \ 
Parfois faites aussi la cour ' - 

A ma très-gentille maîtresse : 
Entre Lycoris et L'Amour , 
Chantez l'aimable enchanteresse : 
Près d'elle d'une triple ivresse 
Je m'enivrerai tour à tour , 
An sein d'une Tire alégresse. 

Ah ! présidez à mon buffet y 
O-des mortels , vous l'Archétype y 
Philosophe comme Aristippe ; 
Vous auteur d'un livre bien £sît , 
Du livre le plus nécessaire , 
Livre sans presque un seul défaut ^ 
Livre qui sait bien mieux nous plaire 

Sue ceux dé la Rochefoucault y 
e Montagne et de la B uyèrc ! 
Qu'il soit à jamais mon bréviaire , 
Qa'il soit tous les jours dans mes mftitit 
Ce livre / incomparable lirre y 

8 



86 Almanack 

Ce Lirre utile au genre humain » 

gui nous apprend tous à bien rivre 
ont chaque précepte m'enivre 
D*nn plaisir pur , presque divin y 
£t qu^ la lettre il nous faut suivre y 
Car ce qu'il enseigne est certain. 
Ce liyre est Part par excellence , 
Et dont s'honore notre France , 
D*accommoder les alimens 
De bons goftts avec succulence ^ 
Pour les Téritables Gourmands. 
Grand-Maître , je vous remercie , 
Four mes neveux , petits-neveux : 
J'en prends l'engagement ; je veux 
Que tout bon chrétien s'associe 
▲ ma reconnoissande , aux t«nK 
Que je forme pour votre vie | 
▲fin qu'elle soit embellie 
D'une inaltérable santé ^ 
D'un appétit inaltéralile | 
De douces nuits tle volupté ( 
D'un sommeil pur ^ autant <|a*«mab1e'; 
Que chaque jour » pour vous soit beau ; 
Jusqu'à cent ans , que vos années 
Ainsi l'une à l'autre enchaînées » 
Vous mènent à votre tombeaa i 

Mais laissons là mon ordÔMMe y 
Moins recherché que talntaire , 
Où mon ami je veux plier s 
Ne dinons iamak solitaire ; 
En dinani seul , mal oa 4li^re« 
Je reviens au Calendrier 
Que chaque an j'offre à CélesCine , 
Consacré par son Rédacteur 
▲us neuf filles de Mnémosine ; 
Ce Calendrier assez. « • • 



des Gourmands. 87 

Pen profitable.... 
Cest je crois par d^rotion. 
£t par humilité chrétienne y 
Que sa muse moins athénienne \ 
Fait. ... 

Car selon jplus d'un moraliste 
Dévot y retrogné rigoriste , 
Vers sont œuvres de Betzébut. 
Je ne serai point sur sa liste : 
J'espère que de ce nom triste , 
Sur moi très- faux espoir conçnt. 
Pour faire gaîment mon «alut y 
Loin deRufiis... . 
Que maint roquet suit à la piste , 
Je ne suis point héliconiste | 
Et YoiLà le dernier tribut , 
Que je paie en apoHoniste. 

Recevez l'honnête salut 
D'un assez tolérant Papiste » 
Lequel tend au câeste out y 
En )oyeax Ahacréentiste , 
Célébrant le Ciel sur son luth. 

Je ne veux être en la mémofre 
Que des connoisseurs en galas ; 
Certes c'est une grande f>(oire 
De vivre dans les Alinanachs ; 
Ost beau de vivre dans Tliistoire , 
Mieux vaut vivre de bons repas. 

Tar un atuim Mahre d^hôttl du 
bounc maison. 

X B. On en demande pardon au Lee- 
tevr, s'il est arrêté par des points ; mais 
l'Auteur écrit si mal que npus avons été 
forcés de suppléer 9uz mots par des pointa 
désagréables, (^Note de l^ Imprimeur. ) 



88 Almanach 

, LES MOUCHERONS, 

FABLE. 

Des Moucherons-dans un cellier 

Eurent une vive querelle : 
Chacun suivant son humeur naturelle , 
Ou bien plutôt son goût fin ou grossier , 
Prononçant sur les vins et de France et d'Espagne ^ 
De Grèce y, de Hongrie et même d'Allemagne ; 

Vous î ugez s'ils étoien t d'accord . 
«—Vous n'avez pas raison , — Et vous , tous avec t«pt. i» 
On n'entend que cela. — D'une andenne cuvée 
Est celui-ci. — Je le tiens pour nouveau. — 
Kon pas.—- A la couleur la chose est bien prouvée v 
C'est du vin d'une feuille , et de tout le caveau 

C'est le moins bon , je vous assure : 
On peut m'en croire. Et le bourdonnement 

S'augmente et croit à tout moriiënt. 
H croitroit même encor si , d'heureuse aVentnreV 
]l.e plus fin des gourmets de tous ces Moucherons 
Xf 'eût imposé silence çn prenant la parole : 
«c Cette discussion , mes amis , est t'riToIe y 

Dit -il , et pauvres vos raisons ; 
Ecoutez-moi. J'ai non moins droit peut-être 
Sur tous les vins de vous parler eh maître 

Que L. R. ..... • sur les mets ; 

Vous sommes tous les deux les premiers des gourmets. 
P:ir des faits merveilleux , je me suis fait connoitre ; 
Qu'importe que du vin soit nouveau, qu'il soit vieux I 

Dès qu'il me passe sur les lèvres 
Je prononce : Il est bon à scrVir à des dièvres , 

Ou bien c'est du nectar des* Dienîr. 

Tel vieux vin n*est du tout potable , 
Et tel qui n'a qu'un an est vraiment délectable* 
A l'Âgé tu tachons-nous moins qu'à la qualité; 



des Gourmands, 8(^ 

Je Taî recommandé , j e le- ré pète encore : 

Que tout Tin donc soit dégusté , n 

Sans 8'occuper de son antiquité. 
En vieillissant , dit-on , le vin s'améliore : 
Ccst vrai ; ce n'est pas vrai. Tel vin gagne en bonté 
AvecFâge , et tel autre en son printemps vanté 
Ua mois après pâlit et se détériore. 
Arec un an de plus , au bésaigre tourné ^ 
' Qu*au faiseur de vinaigre il soit abandonne. 
L'âge 9 le nom du vin jamais ne m*en in^pose; 
Je ne veux que saroir s^il est mauvais > ou bon. 

Fort sage est ce conseil : en tont jugeons la chose. 
Trop aouTcnt nous jugeons la chose sur le nom. 

Par M. àt Saint'Jusu 



Grand et bon juge en tout , même en VArt de lagueuU , 
Retranchez tous ces vers, car je dois convenir 
Qu'ils ne sont pas dignes de l'avenir ; 
Conservez-en la signature seule , 
Au moins dans votre souvenir. ^ 

LES DEUX HUITRES ET LEUR JUGE, 

TABLEDEviSEy 

Vééiét a MM. Balaine, Restaurateurj au Rocher 
de Cancale, et Guilbert, Cçrifiseur, aux Deux 
Palmiers. 

Un gros bonbon , fort bien tourné , 
En Huître avec art façonné , 
Chez lés Gourmands un jour s'instale f 
Et dit , d'un air déterminé ;. - 

8. . 



<)0 AliTianack 

« -^ Messieurs y si vous avez bon' né , 
i> Jugez le pârt'um que j'ekhale , 
» £t renvoyez à fond de calie, 
» Aux yettx de Balainc étonné^ 
*> L»Huître du Rocher de Cancâte ! » 
-^ Ah ! j'eif appelle, à votPfc gôàt 
( Dit une Huître éraiche et genîîVte , 
Ouvrant brusquement sa coqaille ) ^ 
«« Depuis long-tem|>8 ici 3e iiifile, 
» LaiftsezHfnoi parler avant t<Mjt. 1» 
-*- J*adniire cet orgueil esctHNne ^ 
Reprit Pautre ; mais Dieu merci : 
« Vous êtes fille , moi <le mente, 
je prétends bien parler aussi; 
Chacun exposera ses titres : 
' Qu'on nous choisisse des arbitres y 
ISotts courberons nos fronts rivaux 
Devant leur jugement auguste » 
l'oiirvu cependant qu'il soit juste > * 
Comme poiirles ÏH-ilc décennaux., w 
—^Parlei donc , inaitt. .. Piine après Tàu^re 
(Leur dit le pins ancien Gourmand ),. 
Et vous verrez ^ans un moment , 
Pour juger équitabtement , 
Quel discernement est le nôtre ! 

— iloi , dît Pune avançant d'un pas ^^ , 
Je (iispose à la gourmandise^, 

£t j'ai le41ro&t , quoiqu'on en dise , 
D'ouvrir les plus brillans repas ! 

— Moi, repartit l'Huitre sucrée ,^ 
Avec plus «rédat ob me sert ; 
C'est quand vous êtes retirée 
Qu'à tabTe je fais mon entrée 
Pour orner le plus beau dessert. 

— De Chablis le GouYmand m'artoses^ 
Quand je dois'^^ns son estomac* 

— Qu m'abrevve dUtmie de Tôse ^ 



^ des Gourmcmdi. 91 

De fnarasqnin et de scubac. 
— ^ Je brille à Canoale , à Mftteiiiiet> 
Dont |*ai fait la célébrités 
•—Moi y dans les mains de la beauté 
Je brillé....', sur- tout aux Etrennes \ 
— Maint Restaurateur chargé d^ûr 
Me doit son crédi t «t scm tucne . 
-^ Vous Toulec renchérir encor 
, Ma belle , allez vous faire.... sucre.. 
•^ Ah ! ^on& Yous échaufiez je croia 
( Dit le juge à no» deux femelles } y 
CTest assez , je eonnms ?08 droits , 
Je puis , mes chères demoiselles ^ 
Vous iuger sans aller aux yoîx ; 
Avec candeur y arec franchise , 
Permettes ^nc4|iie \t T«ia dise 
Oa*en parlant devant des GourouLads^ 
V«nter ainsi vos agvémens • 
C'est raisonner comme des Huitres \ 
Vous sarez plaire à qui mieux piicax \ 
Or sus , d'après de pansib titres , 
J'enjoins de suite y à ¥OS4Jpbitce&y 
De -Yous croqiier toutes les deux. 

Vous -qui voulez charmer le monde y. 
9e]les f vous pouvez à la r^nde y 
expliquer cette Fab'.c là : 
Pour vous jneer PAmotrr est là. 
Orande y ])etite , brune ou blonde y 
ÇeJQâiett friand ^ûus çro^esa (1,). 

(1) Cette FaUs a été«ojii|K>tèe à Poccasion d'an, 
^xcefient 4Kn)N>ii «li a la fecme d'âne Jinitre , 
1|BeM. TwiieT ,MH><«1 Confiseur, «t aicceMeor 
4e fcnif . Cruilhcrt , me Samt-Honoré , n° q34 , 
altftp«n>itre enaVii > et dont le fiiccjia:«'eatt(èt-- 
liîaxt .aoMmi itifittcandw. 



iji Altnaiiach 

ANECDOTES GOURMANDES, 
LE DiiTER EMIGRE et non proscrit y 

■ HISTOIRE VERITABLE. 

H L/Airs une riche Province , oà les 
terrefe rie se reposent jamais , les béné- 
fices et cures ëtoientpW considérables 
en revenus que certains évêchës de 
Provence. 

» Les Curés étoient presque tous 
nommés par le Seigneur de la pa- 
roisse y qui donnait souvent la pré- 
férence à ses pai-ens. 

})Ces pasteurs, très-accoutumés à la 
bonne chère , se régaloicnt entre eux 
sous le moindre prétexté j celui de la 
Dédicace de leur église en étoit un 
d'une grande réunion. 

» Le Curé de Sainneville , à pareil 
jour, invita tous ses confi'ères et ainis. 
Un seul curé , son plus près voisin , 
fut oublié, sans doute parce qu&|^ 
n'étant qu'à une demi - lieue , u se 
croyoit toujours à temps de l'enga* 
gcr. Bref, il fut oublié. Celui-ci, fia 



des Gourmands, ^ ^ 
Kormancl , voulut s'en venger : à cet 
effet y il fut chez l'Amphitryon , au 
moment de la Grand'messe , sachant 
bien qu'il ne trouveroit que la ser- 
vante au presbytère.^ 

» Cette femme le croyant invite^ 
s'empressa de loi faire voir son dîner : 
îl parut s'intéresser, à tout ; et comme 
par réminiscence , dit qu'au premier 
service on donnoit ordinairement le 
meilleur cidre , que son confrère en 
avoit d'excellent. La servante en coii- 
VinL Tous deux vont ad cellier , qui 
cloit au fond de la cour> le Curé se 
munit de ce qu'il falloit pour percer 
un tonneau , ce qu'il fît aussitôt \ et 
pour avoir le temps , disoit - il ^ de 
faire un fausset , ou cheville , il fit 
boucher le trou qu'il avoit fail , par 
le doigt de la femme qui l'accompa • 
gnoit^ et malgré les représentations 
de cette dernière , il perça le tonneau 
voisin de celui où il l'avoit forcément 
attachée , et la contraignit de boucher 
encore de l'autre main le second trou. 

» Débarrassé ainsi de la servante, il 
sortit , en l'assurant qu'il alloit reve- 
nir au plus vite , avec des faussets ; 
mais d'autres soins l'occupèrent : le 
domestique de ce' mauvais plaisant ^ 



g4 N ' Atmanach 

i^uisavoit les projets de] son maître, 
étoit dans les environs , avec un che- 
val et des paniers , oui forent aussitôt 
remplis de tout le (uner pourleipel 
on chantoit les louanges du Seigneur. 
Le Curé Voleur fit porter le tout chei 
lui 9 et suivit tri grande hâte cet intë^ 
ressant convoi» 
» Âpres le service^ de l'Eglise, le Cure 
de S.... à la tête de tous ses convives, 
entrant dans son presbytère „fu| très- 
courroucë de ne pas trouver le cou- 
vert mis dahs la salle à manger; il 
le fut bien plus encore , quand il 
visita la cuisine.... O douleur! •... 
pas une casserole!.... pas une mar- 
mite !.... pas même la femme sur 
les soins de laquelle tout reposoit. 
On Vappeloit en vaite ! .... La déso- 
lation gagna tous les assistans ! . . . . 
Le maitre du logi$,plus affecté que 
personne , avoit ses pertes , son appé- 
tit et celui de ses confrères à Suppor- 
ter. Pour calmer ces affamés , il pro- 
posa de mander une croûte de pain , 
un peu de vin , et qu'ensuite ils ftvi- 
seroient au parti qu'il felloitprendi*e. 
Cela fut accepté ) le Curé courut à la 
cave , qui très - heureusement étoit 
près du <;ejlier, où se lamentoit la 



des Gourmands. 9SI 

{»aoYre servante , qui pleuroit , crioit 
etfle désespéroit de ne voir venir per-^ 
sonne à son secours. Elle fut entendue 
par son maître j et tirée au plus vite 
de sa fatiganle position: Quand elle 
eut nommé celui qui l'avoit si mal 
placée , tous les visages s'épanouirent ] 
on connoissoit la gaité du personnage; 
pn ne dquta {Aus qu'il ne fàt le ravis- 
seur du diner , et qu'il n'eàt fait cette 
espièglerie pour attirer chez lid tous 
les convives. Ces messieurs avoient 
{es jambes aussi l>onnes que l'estomac. 
On se rendit attssit6t chez le voisin ^ 
qui en effet les attendoit. Pour appai- 
ser leur courroux , sans leur laisser 
dire un mot , il les conduisit à la salle 
du Pardon, qui étoit la salle à man> 
ger , et oùnn excellent dîner les aU 
tendoit 1.... 

»0 transports !... douce ivresse !... 
moment délicieux ! . . . . Moyen sans 
réplique de fermer la bouche ^uxVe- 

Ï croches , mais non aux mets succii- 
ens qui s'offroient à Thonorable as- 
semblée. L'ap{>étit , que la crainte et 
la dernière course avoient doublé , 
étant satisfait , tout fut pardonné et 
même trouvé plaisant, 
p Le diner nt oublier les vêpres de 



cfi . Almanach 

la Dédicace; ces messieurs se con** 
tentèrent d'être -à coniplies. » 

> 
iV. B. Article communiqué par I4 
dame aimable , habitant la gourmande 
ville de Saint - Germain - en - Layc , 
rue de Noailles , n"" 12, à laquelle 
cet ouvrage doit déjà plusieurs Anec- 
dotes dans le même genre. 

Ce seroit ici le cas de nous étendre 
encore sur cette excellente ville de 
Saint - Germain , renommée par sa 
cocbonaille , ses lapins , ses échaa- 
dés 9 et si chère à tous les Gourmands 
de bonne compaenie. Nous renvoyons 
à Farticle intitulé des Comestibles de 
S.-Germain^eri'Lctye , qui se trouve 
page 97 de notre quatrième Année. 
Kous nous contenterons dé rappder 
aujoui'd'hui que S.-Germain est digne, 
sous tous les rapports , de devenir le 
^épiour^de la succursale du Jury dé* 
gustateur , et que cette illustre So- 
ciété gourmande se propose d'y pas- 
ser les vacances de 1812. (Avis aux. 
Légitimateurs. ) n 

( Note de l'Éditeur. ) 



des Gourmands, .97 , 



CORRESPONDANCE GOUllMANDE. 

Lettre , à V Auteur de rÂlmanach 
des Gourmands , sur le Kirsch- 
wasser. 



M 



OUSICTJR, 



« Si J'ai quelque droit au titre de 
Gourmand, c'estparce que je suis sur- 
tout friand de votre Âlmanach , au 
poipt que j'en dévorerois vingt par an . 
Si les charmes du travail pratique pou- 
voient vous laisser tant de loisif à 
vouer à la théorie , votre gënie fé- 
cond et créateur auroit sans doute 
autant de facilité à nous servir an- 
nuellement ce rôti sans pareil y vingt 
fois varié , que les vrais Gastronomes , 
ainsi que tous les amateurs de la 
gaîté et de l'esprit , trouveroient de 
plaisir à le déglutir. 

» Votre annonce de la huitième An- 
née de ce charmant Almanach m'en 
a déjà fait venir Teau à la bouche , 
et je l'attends avec une iinpatience 
égale au plaisir certain qu'il procu- 
' 9 



qui 
dit 



98 Aimanach 

rera. Comme en même temps vous 
invitez à vous adresser des pièces res- 
sortissantes à votre jurisoiction , je 
m'empresse de répondre à votre 
appel. 

» Je vous envoie une Légitimation 
li , à juger d' après ce que votis 
ite«, pages i6 et 244 ^^ votre sep- 
tième Année , vous fera d'abord re- 
culer. C'est du Kirschwasser ; mais 
aussi peu que votre sortie contre cet 
article , qui m'intéresse , me fait re- 
culer devant votre Âlmanach , tout 
aussi peu je vous prie de reculer d'a- 
Jbord devant mon envoi. 

)) Je suis parfaitemebt d'accord avec 
vous que presque tout le KJrsch- 
wasser qu'on reneontre ians le Com- 
merce est digne de l'arrêt que vous 
avez prononcé. En voici la raisoiiu 
toute simple : le vrai Kirschwasser 
est le produit de la distillation des 
merises j or, il se vend cent fois et 
peut-être miUe fois plus de Kirsch- 
wasser qu'on- ne peut en obtenir des 
merises existante^ ; donc , etc. . • . On 
fait même beaucoup de Kirsehwasser 
dans des contrées où il ne croît pas 
une merise. 

*> Cet article a eu le sort de beam- 



des Gourmands. 99 

coup d*aiitres de ce genre. 11 y a 
trente ou quarante ans qu'il étoit peu 
connu y ou a'en faisoit donc que, du 
véritable,, vu lé peu qui s'en con- 
sommoit. Il plut , et le goût s'en rë-^ 
pandant de proche en proche , le 
Conunerce s'en empara, son premier 
renom multipliant les consommateurs 
rapidement , et d'une manière très* 
disproportionnée à la quantité de 
.merises qui devoit le. fournir, la 
cupidité le contrefit bientôt , et l'on 
Tendit et l'on vend , sous le nom de 
Kirschwasser , les plus détestables 
eaux-de-vie , ou une eau-de-vie de 
cerises ordinaires , cohibinées avec 
Ats prunes , de la lie de vin , etc. 

» Il est impossible de fournir au 
Commerce en. vrai Kirschwasser la 
quantité qu^il en euiploie. Les merises 
ne prospèrent pas par tout j observoné 
de plus t|ue cette culture est ingrate ; 
il faut de grandes chaleurs à la me- 
rise : dès que le merisier est en fleur 
(et c'est de bonne heure ) , le moindre 
iroid détruit la récolte; lorsqu'elle 
est très-heuréuse , ce qui arrive un^ 
fi>is sur dix ans, elle ne rend éga- 
lement que peu , puisque cinquante 
litres de merises ne produisent que 



loa jdi/nanach 

quatre à cinq litres de Kirschwasser 
yraimeût pur et' bon. Ajoutez que le 
merisier port* peu , même dans les 
meilleures années , et que son fruit 
est trës-petit :' aussi est-il très-sub- 
stantiel. 

'))D suit de ces- observations que la 
culture 'du merisier est peu avanta- 
geuse; ainsi, peu répandue , elle l'est 
devenue moins encore , en raison de 
la grande consommation an prétendis 
Rirschwasser, et ce paradoxe appa- 
Vent, Cesse d'en être u», si l'on consi- 
dère que la cupidité trouvant assez de 
dupes, et ne rivalisant plus que par le 
bon marché , le prix du Kirschwass'er 
est tombé au point qu'il est impossi- 
ble à celui qui en fait du véritable 
de sa propre culture , de le céder , 
dans sa vallée" et chez lui, au même. 

}>rix que le marchand le vend à cent 
ioues de là. Est-il étonnant alors , 
que lorsque mille gosiers émoussés 
avalent les plus mauvaises eaux-de- 
vie sous le nom de' Rirschwasser , 
un vrai gourmet qui en déguste aussi , 
se récrie contre ces détestables bois- 
sons ? . 

» Cest donc le cas de distinguer le 
vrai du faux ou du mauvais. 11 en 



des Gourmands, loi 

est de cette boisson comme da vin 
deMalaga, davinde Champagne et 
de beaucoup d'autres boissons excel- 
lentes que la Nature ne fournit qu*ea 
petites quantités. La cupidité a trouvé 
moyen de suppléer à la Nature. Plus 
elle travaille loin de la source , plus 
elle a beau jeu , parce que les con- 
Doisseurs sont plus rares» Des hommes- 
instruits assurent qu'on vend en Po- 
logne et en Russie seule§^. annuelle- 
ment plus de vin de Champagne, que 
la Champagne n'en produit en troiip 
ans , et à des prix inférieui^s à ceux que 
les propriétaire* peuvent établir che» 
eux : que ces propriétaires aillent 
eu offrir aux marchands russes et po- 
lonais j. au prix ^ue nécessitent leur 
capital et leur culture ^ ces mar- 
chands leur riront au nez \ qu'il» leur 
observent la différence à mettre entre 
de bons vins et des vin» mauvais et 
contKefaits^ les marchands s'en gaus- 
seront egcore plus. Que faire ? s'en 
tenir aux gens dotés par la Nature 
d'un bon gosier , et par Id fortune 
des moyens de le satisfiaire. 

» Je tiens d'un témoin oculaire que 
des gentilshommes campagnards, en 
Pologne et en Russie ,. en régalant 

9- 



loa Almctnach 

leurs amis , font adosser \\ la table 
un panier de cinquante bouteilles 
de soi-disant Champagne. C'est leur 
luxe d*en servir pendant tout le re- 

f»as. Ce vin très-pétillant embaume 
c salon de son goût d'épice et d'eau- 
de-vie ; mais c'test le goût du terroir. 
11 ne revient qu'à a francs de notre 
monnoie ,k l'Amphitryon, et cepen- 
dant tou!^ les botichons vont saluer 
le plafond j^ les convives ne renon-^ 
cent au panier que lorsqu'il est vide , 
ou loi<squ'il «ont forcés de saluer à 
leur tour le plancher , ce qui , à leur 
yeux , est la preuve incontestable , 
îion de la -quantité , mais de l'excel- 
lentp qualilïé du vih consommé î . . . . 
Et puis allez offrir à eux et à leurs, 
fom'nisseiirs le délicat Aï à 4 francs 
pris en !Khampagnc. 

» Pardonnez cette longue digression, 
que je finis en y appliquant ce que 
vous ^rtes, piges i54 et i55 de votre 
cmquiême Ânmé^ au, sujet djf vin de 
jpoktn ./aisi/îé ;^ c'est que malgi*é l'é- 
vidence de vos observations , « les 
)t marcbands n'en continueronl pas 
» moins à vendre sous ce nom ( de 
» Tokai ) les vieux vins cuits de 
» Provence , sans que |^erscainç s'a^. 



des Gourmands^ \pZ 

» perçoive de leur surperdierie. » 
» C'est là le cas du Kirschw.afser. 
Disposant d'uBe. belle plantation de 
merisiers , ^ans la vallée la plus fa- 
vorable à cette culture, Je l'exploite 
par goût pour cette partie , {4us que 
par amour du lucre. Les demandes de 
mes amis ayant peu à peu excédé les 

E réduits de ma culture , je fais éga- 
rment- distiller tous les ans , et sous 
mes yeux , dans la Forêt Tîoirej 
l'un et l'autre produit est égal en 
qualité , les plants de merisiers y le 
^rroir et les procédés étant sembla- 
bles \ mais je n'aurois jamais pu en 
vendre à la plupart des marchands , 
ni même des cafetiers 5 car , comme en 
général il ne s'agit avec ces messieurs 
que du prix et non de la qualité , ce 
ireroit à eux de m'en vendre si 
j'avois le malheur de vouloir faire/ 
des dupes. 

- » Comme vous citez le Kirsdiwasser 
en parlant des liqueurs , je crois de- 
voir observer qu'd n'appartient point 
à cette classe. Le Kirschwasser est 
une eau-^'-vie simple de merises ; 
il no devient liqueur que par dcs^ 
additions et de nouvelles opérations^ 
et^ çeçse alors, d^ire «impks 



t.<p4 AlmancLùk 

» Gomme eau-de-vie le Kiiscliwasser 
a est point fait pour les dames y si ce 
n'est dans des cas particuliers. 11 ne 
copvienl qu'aux hommes, et* même 
qu'aux hommes qui préfèrent un sto- 
machique naturel et sans apprêt aux 
liqueurs édulcorées. Il est à leur ég^ard 
ce qu'est un généreux vin de Bour- 
gogne et de Bordeaux aux vins doux; 
mais'^torsqu'il est contrefait ou fal- 
sifié , il est d'autant plus pernicieux 
qu'il est fort , et qu'on le vend tel ; 
et il mérite alors parfaitement votre 
énergique dénomination ai emporte- 
pièce,, 

» Le vrai et bon Kirschwasser'est 
un en goût, et ce goût est celui du 
noyau de la merise, qui est très-agréa- 
ble. Ce goût doit dominer sans qu'il 
soit besoin de le chercher >en frbttiml 
du Kirch entre les mains. Il doit en 
outre être limpide comme de l'eau 
de roche , et pour avoir toute sa qua- 
lité , être âgé au moins de cinq à 
six ans : )e n'en recède pas au-des-^ 
sous de cet âge , aussi mon com- 
merce se borne à en fournU* à des amis 
et à quelques seigneurs qui sont de 
vrais gourmets. 

» Le Kirschwasser est donc , je 1c 



l 



des Gourmands, io5 

répète, une eau-de-vie simple de me- 
rises , qui ne se distingue de la bonne 
eau-de-vie ordinaire , i"; que parce 
qu'il doit être très-blanc , ^**. parce 
u'au lieu de l'arrière-goût de Veau- 
e-vie ordinaire, qui n*est pas agréa- 
ble en soi , le Rircliwasser doit avoir 
le goût très-agréable du noyau de la 
merise ; c'est le seul goût qu'on doit \r 
trouver , «ans ce? goût il n'est que dte 
Veau -de -vie ordinaire , et s'ira le 
moindre soupçon d'un autre goût , i! 
est falsifié ou contrefait. 

» On a trouvé le secret , pour trom- 
per les connoisseurs mêmes , de don- 
ner à l'eau-de-vie ordinaire, mais blan- 
che , an goût de noyau artificiel 5 il ne 
dure que quelques semaines : qu'im- 
porte ? on tient l'argent ; que l'ache- 
teur retienne l'arôme. Voieiune anec- 
dote récente-à cet égard. 

» Un inconnu vint offrir à un mar- 
cliand d'ici, d'ailleurs assez bon gour- 
met, du Kirschwasser ayant un excoî- 
lent goût de noyau. U rachète et en 
envoie à une bonne maison , dont il 
reçoit les plus vifs reproches. Se 
croyant certain de son fait^il répond, 
en homme piqué. — Réplique pleine 
d'indignation, et refus de payer. — 



io6 Abnanach 

Alors , poussé h bout , mou homme 
déguste ce qpii lui reste de ce Kirsch- 
"wasser , et demeure bien penaud en 
n'y trouvant qu'une mauvaise eau-de- 
vie affadie , quoiqu'elle fût très-bien 
bouchée. Son inconnu, qu'il avoit en* 
gagé à lai en livrer encore ^ s'est bien 
gardé de reparoître.- Depuis cette 
aventure^ qu'il m'a racontée lui-même^ 
il s'en tient définitivement à moi. 

» J^ adresse à MM. J. Sieber, Saint- 
Sauveur et compagnie, Commission* 
naires , rue des Vieux - Àugustins ^ 
n® 2 1 , près la Place des Victoires , 
un^ caisse marquée JJ. S. =i: n° 5 , SS' 
pour vous être remise^a/ico à domi- 
cile. Cette caisse contient vingt boa- . 
teilles de mon Rirschwasser , munies 
de mon cachet. Elles doivent arriver 
et vous être remises vers le 26 de ce 
mois. Veuillez les agréer et les ho- 
norer d'un examen au Jury dégus- 
tateur , et avoir la bonté de m'en 
accuser réception^ par deux mots. 

» 11 est entendu que je peux faci- 
lement ( et à mon avantage ) faire du 
Rirschwasser moins fort y qui alors est 
plus doux ^ mais on le veut ^u n^oins 
de la force de celui que j'ai Thonneur 
'de vous adresser. 



des Gourmands, 105 

• )»'Jè serois très-flatté si un mot dans 
votre prochain Almanaçh faisoit ex- 
ception de mon Kirschwasser , et le 
séparoit de la classe des emporte-^ 
pièces qu^on rencontre si abpndam- 
ment dans la plupart des boutiques ^ 
et même des cafés. J'aurai soin de 
vous prouver tous les ans, quaulieib 
de dégénérer , je fais de continuels 
efiorts pour perfectionner le pftnluit 
de ma culture : un encouragement 
de votre part me les fera sur-tout re- 
doubler. 

9) J'ai FJbonneur d'^trt, arecla re-. 
connoisance qu'on doit aior homm<is 
privflcgiés qui nç^s dcmnen,t du plaisir 
et de Tinstruction , et avec la consi- 
dération la fibifi rafip«etuettse j 

Mp,5SIEVI^9 

Votre ^rèfi«iii»iU« et très-objéis* 
sant serviteur y 

Homme àe Lettr^^s, rue dp la Lan» 
terne, n*p.)) 

Strasbourg , le i5 décembre i8jo, 

P, S. Ij' Homme de Lettres et le 
distillateur de Kirschwasser semblent 
jeux êtres disparates qui s'excluent 5 



io8 Almanach 

mais quVst-cequi ne s'allie point dans 
le dix -neuvième siècle ? D'ailleurs 
mon établissement est l'héritage* de 
mes pères ; il me donne plus de dé- 
lassement que de travail, et plus de 
plaisir que de bénéfice. La satisfac- 
tion de mes amis est mon salaire \ il 
ne m'étoil pas difEcile de perfection- 
ner cet établissement , en y appli - 
quant quelques connoissances que 
possèdent rarement les hommes qtû 
se mêlent de cette partie , sauf ceux 
de l'espèce de Y inconnu , qui en sa- 
' vent plus que moi , et même que 
bien d'honnête sayans. - 

Note du rédacteur. 

-Nous avons cru devoir îinpriiser«n eiu 
tîer cette lettre, qui, outre qu'elle est rem- 
|rlie de sens, de goût et d'esprit, peut 
passer pour une excellente dissertation sur 
le î^schwasseu Ce\m dont M. Reiuhard 
a fait hommage au Jury dégustateur a été 
jugé par celte illustre Société gourmande 
comme le meilleur qui ait encore parti sur 
sa table. Il nous a fait revenir de nos pré"- 
fugés contre cette boisson dî^estive j et 
nous formons le vœu bien sincère que cet 
estimable et lettré Fabricant en établisse 
un dépôt à Paris. Quelqiie haurprlz qu'il 
y mette , uous lui en garantissons le débit 
rapide et assuré. 



(ies Gourâtands. lo^ 

XïTTBE de Mademoiselle Augusxa 

MÉiîE STRIER , Gourman dînette dti 

Jury Dégustateur ^ h l'Auteur de 

i'Âlmanach des Gourmands. 

Paris , ce 9 novembre itîib-. ^ 

« TKES'-GHER ET TrÈS«>A1MABIi£ FREBB 9 

» Vous (i) avez prb ati pied de 1& 
lettre <;e xp^ je disois ail pied de la 
vigne , Cl vous 'feites ttop d'honneu^ 
à .celles de Villeneuve-sur- Yotine > 
dé leur réserver une place dans vôtre 
Aknanaeh.En parlant à ma sœur deà 
dîners chauds faits dans ces vigues^ 
j'ai oublié de vous nommer le cuisi» 
Hier -y où pour ihieux dire ia cuisi» 

^1 ■ I I I I 1 I I j I * ,1 •■ I I * I • . . !■ 

(i)Ccttc Lettre « liait à une pkrasè d'tiire 

lettre de Mademoiiselle Minette , sœur dd 

Mademoiselle Auguste, à PAuteur^et dans 

laquelle elte s'exprimoit ainsi) "sous la date 

du 19 Octobre 1810 : « VduIb isavez qaâ 

» ma sœur «st avec maman à Villeneuve- 

M sur-Yonne. Biles ont été en vendanges» 

» Àugustà m'apprend que dans ce pays oa 

*> fait de très-bons dîners thaud^ au pied 

» des vignes ;.eUe assure qu*on y manj^é 

M d*excetlens Potages. On se rnet isank 

» façon sur Pherbe, et P(»n y dîtte fort 

M bien ( à ce qtie dit ma tiœur ). Je douté 

)» cependant que ces séaAces vaiÙenfcelleS 

»» du Jury dégustateur..... Adieu , wion 

» cher frère.... Vous savez ce que je vous 

toxSuis-, je ne vous en dis pas davantage. 

S**' Partie. 10 



tio 'Almanach 

nière j oserois-jè vous le dire ? c'Aoîl 
la faim. Je vous laisse à penser com- 
ment tin estomac afiamé peut juger 
sainement. Qu'il y a loin de là à cet 
appétit aimable qu'on apporte aux 
•Séances du Jury , et qu'on y trou- 
veroit si on ne 1 y apportoit pas. Dans 
le premier moment je me suis laissée 
entraîner par cette oonté apparente ; 
mais revenue dans la capitale duboB 
eoût j je suis revenue aussi sur ces 
fausses idées : vous attendez de moi 
une histoire j je ne pou^rois vous faire 
qu'un roman. 

» Je vous dirai donc, avec autant de 
JDranchise ^ue de regret , que le plus 

Srand service que je puisse rendre aux 
iners dans les vignes de Villeneuve- 
sur-Yonne , c'est de n'en pas parler; 
je vous dirai cependant que )'ai fait 
Gonnoissance dans ce pays avec lin 
vin assiez aimable ^ mais je suis payée 
pour me méfier de mon jugement, et 
f attendrai que celui du Jury ( auquel 
je demande la- permission de le sou- 
mettre ] ait fixe mon opinion. 

» Agréez, très-cber et très-aimable 
frère , l'expression bien sincère d« 
mes féntimens , aussi distingtiés que 
fratemelsv Signé Augvsta » . 



des '■ Gourmands* m 

Lettre de M. FARUBifriER, à VAu^ 
teurde fAlmanach des Gourmands. 

Paris , le 93 avril 1810'. 

«Permettez-moi y Monsieur, de me 
plaindre de vous à vous-même, rela« 
tivement au Sirop de raisin, que vous 
qualifiez dans votre Almanach ^ de 
détestable drogue (1). 

i> Je partage entièrement votre opi- 
nion sur celui en dépôt rue des 
Vieilles-Tuileries : rien n'étoit meil- 
leur à la date de sa préparation ^ 
rien n'est plus détestable une année 
après les vendanges , sur-tout ayant 
été exposé à une température peu 
propre à sa conservation; Je vous dé- 
clare que le Sirop résultant du suc 
de nos fruits avecle sucre de cannes 
le mieuK raffiné n'est pa^ en état 
de braver un aussi long intervalle 
sans se détériorer, et il seroit souve- 
rainement injuste d'imputer au Sirop 
lui-même , et à l'auteur qui a cherché 
à le propager , ce qui est dû priva- 
tivement aux négligences , aux mal-? 
adresses et à la cupidité du vendeur. 

» Le Sirop de raisin. Monsieur^ 

(i) Voyez la septième Année de VAlmA^ 
nach des (xourmauds, page io3. 



11^ Aîmanach 

c'est dë)^ montré sous Taspect le pTuA 
avantageux dans les Keux où on l'k 
fabriqué y en utilisant des espèces de 
raisins qui ne conviennent qu'à ce 
gem^e de préparation y ea donnaiit 
aux îournaliers du travail , et aux pro-- 
priétaires. Iç moyen de çidtiver l'eux& 
vignes, qui, en ce mpm.«nt,soii^dans. 
l'état le plus d^épiorable 5 en siq)- 
pléant au mi4i de, la France plus de 
t^rôis millipii^ de kilograx&mies de sucre 
des colQnie^^.en, concourant avec nos 
guerrijBi;s. à soustraire TEui-ope aa 
monopole odieux, de l'ennemi du con-^ 
tiaent^ en un. nw>t ^ c'est^ X^ sixpre du 
ménage , Iq sucre indigène-, te sucre 
fi:ançai^. Ces considérations ,.. que-fa-- 
irège , détermineront, vraisemblable-*, 
notent M. G. I>. L* B% ,. dont l'es-, 
prit public est connu , ainsi que son 
ai](iou]:~po.ur les applications des scien-. 
ces à nos. principaux besoins, à re^ 
venir sur son atrrêt de'm-ôscription 
' CQAtre le Sirop de raisin. J'ai Thon- 
neur de lui envoyer un échantillon, 
de celui quji a été fait à Moncalier ^ 
prçs Turin, et qui virent d'çtre dis- 
tribué dans les hôpitaux militaires de 
Karmée d'Italie , par ordte de Son 
ExçeUeace- le ]viinistre-Bireçteuie'<te 



êet Gourmands^. irS 

TÂdministration de la Guerre ; il pour- 
roit aussi en faire prendre dans le dé*- 
pét de la fabrique de Mèze ( départe* 
ment de FHérault ) , rue des Inleux- 
Âugusti'ns, n* 47? «a qualité est passa- 
ble, quoique le raisin ne soit pas arrivé 
cette année à une maturité complète. 

» Ne soyez pas étonné, Monsieur ^ 
sî je défends avec Fintérêt de la pa- 
ternité le Sirop de raisins ; c'est un 
enfant que fe voudïois voir sevrer 
avant de descendre dans la tombe; son 
berceau est encore environné de dan- 
gers. Je vous demande donc de sus-^ 
pendre une année votre jugement^ 
sur les services qu'il est appelé à 
rendre à toutes les classes laborieuses 
de la société que* vous aimez. Cette- 
démarche , Monsieur , doit servir â 
vous proàver combien Rattache de 
prix à votre suffrage et à voire an- 
cienne amitié. 

» Agréez^ Monsieur, l'assurance de 
laon respectueux dévouem/ent. 

j» *Si^«^ Parme KTiEB.» 

29 ou du Rédacteur. On n'ajoutera rien à 
la I»ettre du respectable M. Parmentier ;. 
c*é8t au temps seul (j.u*il appartient de ju- 
fier ce gra^id procès, sur la nature diif[uet 
u aeroit peut-être aussi dangereux qu'ina-*> 
lih de s*expK<][uer aycc franchise. ^ 



<ti4 ^Imanach 

Lettre de Madame Bougle^^û( VAu-^ 
, leur de /' Almauach des Gourmands, 
. Secrétaire perpétuel Ai Jurjr Dé-- 
. gustateur. 

Paris y ce 18 mars 1812* . 

« J'ai reçu ^ Monsieur , la lettre ( 1 ) 
que vous m'avez fait l'honneur de 
jn'e'crire, hier, 17 mars, à quatre 



(1) Voici à qu^elle occasion cette jolie 
Lettre fut écrite. Le Secrétaire perpétuel 
du Jury dégustateur avoit indiqué pour le 
Mardi , 17 Mars 181a , ïa 4^5^ Séance de 
cette illustre et gourmande Société. Cette 
Séance étoit -une rentrée solennelle an 
bout de quatorze mois d'abstinence ; et la 
réception de Madame Heryey', re^ue can- 
didate dès le mois de déceinbre iSi-o, et 
miideyoit-êti^ admt^ en qualité de soeur 
Gourmande et de Thalîe dû Jui-y, dé- 
çoit en faire ifne fête charmante ; maia 
cette fête devenoit înconiplète par l'ab- 
sence du Vice-Président et Président par, 
interbrty M. Ch. qui devoît la présider y' et 
qui s*étoit très-légèrement et très-irréga- 
lièrement excusé sur une invitation anté- 
rieure faite par Madame Boiîtglé ; comme 
si le Président du Jury ne devoit pas con- 
server l'indépendance de son appétit tous 
les mardis de l'année , sauf à faire diète 



des Gourmand*^ nS 

heures et demie du soir. Comme se- 
lon PaftHique et Konorablè usage de- 
mon (Cartier , je dîne deux heures, 
avant les habitans du vôtre, on étoifc 
prêt à se mettre^ table, et nous n'at^ 
tendions plu» que M. Ch.... et so» 
aimable famille. À son arrivée, je lût 

quelques - uns. Dans cette circonstance ^ 
M. G. D..L. R. crut deroir employer les. 
moyens extrémeis pour rattraper son Pré-, 
ndent ; en conséquence , par une lettre ^ 
. écrite dans la nyit du 16 au 17 Mars , iV 
supplia '^adanse Bouclé de rendre à la. 
Société du Jury son digne chef y sauf à. 
carder en dëdornsnagemenfe- son aimable 
Emilie , qui de voit également dîner chez 
elle. Gette brûlante Lettre , dans laquelle- 
tes meiiaces,re8poijretles louanges éioient; 
employés tour à tour, ne réussît p6inty, 
comme l'on Toît , à rappeler àv l'ordre In 
Président par ^trim. du Jury. Il préféra.^ 
les pommes de tej^re et les œnfift rouges, 
de là me Saint- I^ul , nu brillant fcstiiiv 
de six heures de la rue des Champs- Elysées: . 
mais si quelaue chose avoit pu nous dé* 
dommager de Tabsence d'un Magistrat- 
aussi accompli , c'eût été la< i^ponse de 
Madame Bougie. Elle fut lue àJa Séance> 
suivante , et trouvée si spirituelle ^na l'As^. 
semblée décida d'une toix unanime qu'elle^ 
seroit imprimée dans la CorrtipondinceGauw^ 
mande de 1812. Nos Lecteurs nous saucoste^ 
.^é sans doute de cette résolutios». 



»«& . Almanach 

nus dévorer votre excellent dtner (i ). . 
J'ai promis , Monsieur , de vous ren- 
dre compte de la séance orageuse 
que votre Lettre a fait liattre rue 
Saint-Paul , n' a 5 elle fut même si 
longue j que lorsqu'on se mit à table , 
le potage étojt .froid, le gigot desr 
séché , et la carpe frite brûlée ; il ne 
nous est resté, de mangeable que des 
œufs rouges et des pommes cuites. 
, » Vousd^evez bien penser, Monsieur,. 

3ue je ne fais pas imprimer le Mevu 
e mon dîner, ainsi je ne puis^ en. 
représailles de Tenvoi du vôtre (2) ^ 



" (i) On voit bien que Madame Bouclé , 
quoique très-liée avec le Vice-Pïésidenr 
du Jury , n*eii connoit point les régle- 
mens. Îjqz vingt-quatre mâchoires qui se 
proposoient d'accompagner M, Ch.... , 
n'eussent pu franchir la loge du Fidèle 
Bazile, Janitor ordinaire et gracieux' 
dû, Jury , personne n'étant admis les jours 
de Séance , que les membres convoqués. 

(a) On sait que le Menu très •* détaillé 
des repas du Jury est imprimé chea. 
M. Porthmann , imprimeur ordinaire du. 
Jury dégustateur, la veille de chaque 
séance , et envoyé , pendant la nuit , au 
domicile de chacun des membres convo- 
qués. Gomme on en tire toujours quelques- 
uns de plus j on en l'ait passer aux ama«> 



des Gourmands • ii9 

vous laif e connoître la maigre chëré 
que j^ai fait faire à votre Président i 
tout ce dont je puis vous asstrrer , 
c'est que je ne vous ^\ pas privé de 
l^onneur de le faire mourir au 
champ d'honneur (c'est-à-dire d'in- 
digestion ) , et que je me réserve seu- 
lement celui de lui faire faire diète. 

)> Je n'avois point oublié, Monsiéiîr^ 
l'ancienne amitié qui vous uniàsoit à 
ma famille ^ et le ^ souvenir que vous 



tenr s qui recherchent atidement cesMen uSy 
remarquahîes par leur originalité , et dont 
plusieurs hommes du plus haut parace ne 
dédaignent pas de faire collection (*T, 

On sait qu'outre les Menus , on aistri- 
bue également la Liste des Membres , ac- 
compagnée des Observations du Secrétaire 
perpétuel exerçant , depuis près de dix ans 
auprès du Jury dégustateur» les hautes et 
sacrées fonctions du Ministère public. Ces 
Observations sont des pièces vraiment eu- 
rieuses^ct dans lesquelles Téloqueuce gourî- 
mande se trouve déployée dans toute sa 
profondeuf . Il est fâcheux que le secret 
inviolable qui préside à toutes les opéra- 
tions du Jury ne permette pas d'en taire 
part au Public. 

(») Voyeï Ift septième Année de VJlmanack 
dcê Gourmand» « page 189. - 



1.10 Ainiûnûch 

voulez bien en garder m'est mfinU 

ment agréable. 

» J'ai rhonnetir d*être, avec lai. 
considération la plus distinguée ^ 

MôNSlEVA, 

Votre très-humble servante ^ 
DiSr^rt^ Sophie BotrGL£D'HoGOirE&. il 

{«ErrRE di Mé BoRdiir ^ à VAuteut 
de fÂlmanacb des Gourmands ^ffiT 
iajabrication des Fincagtes. 

Paris I ce aS mars iBxs» 

MoUStEtS^R^ 

« Le Vinaigre est sanâ contredit 
une des substances alimentaires le 
plus généralement employées. On en 
trouve par-tout, et néanmoins rieii 
de plus difficile que de s^en procurer 
de bonne qualités Que de matières ne 
servent point à fabriquer des acides 
qu'on décore du nom de Vinaigre, 
et qui n*en sont pâS, ! oii pousse 
même la fraude jusqu'à y ajouter des 
substances absolument insalubres , 
pour leur donner de la force et du 



d!fr Qourmemds» ttt 

wmréxDXi c'est sinr-tout dépats qif on 
•'est avisé de tirep du bois cet acide 
moitié acétiofie et moitié vitrioliqne ^ 
q&'<m doit le plus redouter toutes 
ces compôsitioiis malfaisantes aux-^ 
qadles^en quelque sorte, il a donné 
naîfisai&ee. Ces- circonstances , Finté- 
rct de la saciété ^ feroient cfcésirer 
me le Gouyernement renfermât la 
^rieation el la vente du Vinaigre 
dans une certaine elasse dr mar - 
ehands et fabricans , inspectée par 
des ayndics -, cela mettroit un terme 
au tripotage «|u'on fait sur cet ar- 
ticle^ Mais comme il faut des Vinap- 
grès j qu'on ne peut s'en passer ^ 
c'est rendre un véritable service aii 
Public amateur de sa »anté ^ que 
d'indiquer pour eeun qui l'ignorent 
encore ,. l'endroit ou l'en peut se 
procurer des Vinaigre» de table qui 
offrent tout à la ibis propriété» sa- 
lutaire» , goût et odeur suaves , aci^ 
dite moeUeuse , %\\ sur-tout limpi- 
dité parfaite y. qualité essentielle qui 
annonce la benne labrication dUnn 
Vinaigre de vin, 

^ Ce nec plus uHrà de la fabrique 
dea Vinaigres , a été y je pense , at- 

11 



t!ift * Ahtmnàeh 

teint dans notre Maison. Ce qtù âoït 
paroître le plus étoqnant dans nos 
Vinaigres , c'est qk'ils conservent 
tonjours leurs propriétés précieuses ^ 
«t par conséquent sont incorrupti-» 
bles^ Cet avaiitage inappréciable en 
facilite tout à fait les exportations 
lêloignées. Qn ne peut en! aire autant 
de certains autres Vinai grès cpnnéan'*- 
moins ont de la réputation $ ils sont 
loin de posséder cette transpa^nce 
admirable , et les qualités qui font 
rediercher les nôtres. Méfiez-vous, 
Monsieur, de tous ces Vinaigres qui , 
examinés attentivement a la lu- 
mière^ ont un aspect trouble, lou- 
che> ou opaqite ; ces Vinaigres ont 
été mal fabriqués , leur composition 
doit en faire craindre l'emploi. Je 
ne parlerai pas des Vinaigres • dis*- 
llUés , ceux-là sont limpides sans 
doute , ils le sont au-delà de toute 
expression j mais ce genre de clarté , 
facile à obtenir /est dà à la simple 
distillation , et si cette opération 
rend les Vinaigres plus propres à la. 
toilette , {elle leiu* tait le plus grand 
mal sous le rapport de la table; 
elle leur 6te les trois quarts de leur 



des Gourmande, t%i 

force, et tout-à-fait leur goàt. 11^ 
deviennent même légèrement amers^ 
C'est ce dont vous pourrez vou& 
convaincre ^ Monsiei^r , en examinant 
les échantillons que j'ai Thonneur 
de vous . faire passer.. Nos heureux 
résultats sont dus au hon choix de 
la matière première , et principale^ 
ment s^ux procédés que. nous suivons 
dans l'acétification. 

» Quant à nos Moutardes , elleft 
soutiennent et augmentent touioura 
leur ancienne réputatioi^. l^os £ruit& 
au Vinaigre , sur-tout les bocaux que^ 
nous avons < nommés Variantfss.de 
fruits ,. offrent des hors - d'oeuvres. 
du meilleur goût, sous tous les rap-<^ 
ports. Je ne vous entretiendrai pas^- 
Monsieur , de nos nombreux Vinai* 
grcs de toilette et de propriété. Nbi 
JL>ames, particulièrement , en font le, 
plus grand cas j et je vous eonnois 
trop galant et trop yéridique , pour" 
les démentir sur ce point, presque, 
tous ces Vinaigre s sont aussi employés 
par les hommes y chacun nous ei|. 
témoigne sa satisfaetion ^ mais , Mon- 
sieur, nous tenons bien davantage à 
votre approbation , elle devient au- 
torisé dans Iç; Public, et aous lai: 



ft4 jtlmanach 

'donner , c*est accomplir tous lef 
tvœttx^e celui qui 

» A rh(Mi«eur d'être , etc. 

» Votre très-humble et très«obé&^ 
«ant serviteur , 

» Sù;né Boudiv. » 

» 
Note du Rédacteur. 

' lia fépittaticm des Vinaigres et «les Mou- 
tardes de M. Bordin , que nous, arons ^ 
^aos -nos précédens volumes f susnommé 
le Racine des pcéparations acétiques et 
flinapiques ( tout ainsi que M. Geoffroy 
m été prodamé 'le Racine âea Journa- 
listes ) , est depuis long-temps si biea 
établie » que nous n^ajouterons rien à ce 
que cette Lettre j*en£erme. Nous dirons 
seulement que le Jury dégustateur ( en 
exercice ajaprès de l*Almanach des Gour- 
fluands , dont il est en qiiel<|ue sorte Vtt" 
lambic .explorateur ) y qui fait depuis neuf 
années un «sa^e habituel de^ Vinaigres p 
des Moutardes et des Fruits àcéticjues de 
M. Maille-Xclocque et de M. Bordm , n*a 
paprononcer encore entre ces deux illustres 
compositeurs. Cependant s*il étoit question 
de décerner la palme des Vinaigres , nous 
pensons que M. Bordin la remporteroit 
par la diaphanéité des ûens , de la trans- 
parence desquels il est dilEcile de se for* 



des Gourmands. x)5 

lirSTàVCTlOH SUR XA MÀlTlÈ&e 
BE GOUVEBlff & I^ES VI]I> D£ 
BOVKGÔGKE (l)* 

« Les Vins de Bourgogne, pins dé» 
licats qa,e la^ plupart des^utres Vins , 
exigent a^issi plus de soins. Us doi- 
vent être mis dans une cave fraîche y 
ajanv^es larmiers au nord» Ces lar- 
miers doivent être fermés. durant les 
grands froids et les grandes chaleurs. 
n faudroit même qu'on eût Tàtten* 
tion de ne pas laisser aecè^s aux cou- 
rans d'airs , ou du moins de mettre 
les Vins à Fahri de ces courans y car 



mer une idée sans les avoir tus. Qtiant 
aux Moutardes , Racine et Corneille sont 
maintenant sur ta même ligne, eMls ont 
laissé bien loin derrière eux M. le Maô At ^ 
qui sembie avoir perdu toutes sesc^ualités 
▼igoureuses pour en acquérir de mieïïeu$e»; 
en sorte c^ue du Crébillon de la Moutarde 

2u'îl étoit , il en est devenu tout à coup 
5 Campistron. • «. • ,\ ... . . . . . 



(1) Article communiqué par une des 
principales Maisons de Commerce et de 
Commission du Département de Saôn* 
et Loixf » 

11^ 



:I26 Almahttçh 

\e passage b*riisque du froid au chaud 
^ct- du chaud au froid \té tourmente, 
l^ur. donne • une maturité précoce y 
et quelquefois des maladies, 11 leur 
faudroit une température presque 
^gale en torut temps , mais plutôt frîur 
(^ ,quB chaude. Ceci n'exdut pas 
le soin? qu'on doit avoir de renou- 
velé!: quelquefois l'air ^ sur -tout 
4aôs les caves profondes et humides. 
La puécaution estencolre plus indis- 
pensable dans celles ql^i recèlent bu 
avoisineutdos" latrines. ' ^ 

«. Les Vins veulent être remplis à 
leur arrivée^ puis ensuite ùnte fois 
chaque mois, avec du Vin bien franc 
et de même qualité , s*il est possi- 
ble ; et Ton doit apporter le plua 
grand soin à bien sceller les' ton- 
neaux après chaque remplissage. 

» Si Ton avoitduVin très-fin à entre» 
tenir , et qu'on n'eût rien d'assez bo» 
pour cela y nous conseillerions de 

Ieter dans, la feuillette des cailloux 
)ien lavés , jusquà. dispariUion. dife 

vide» 

» On doit assujettir la pièce sitr «^ 
Vharc solide , un peu élevé de terre ^ 
et isolé de tout ce qui pourroit \lé> 
Jbranler* . ., 



des Gourmands» ivf 

» L'usage est; dans bien de» pays,' 
4c soutirer les Vins deux fois par 
2SL , la. première au commencement* 
de Mars , la seconde dans lé pourant' 
d'Octobrclj mais nous pensons que 
les Vins vieux qui ont déjà subi plu- , 
sieurs soutirages , et qui se pottent 
bien , peuvent se; passer de celui 
d'Octobre. Quand il s'agit de dépla-* 
cer une pièce de Vin qui repose de- 
puis quelques mois , on doit indis-^ 
pensablemeht la soutirer. Il vaudroit 
pourtant mieux né pas le jfaire , que 
de se servir d'une» 'futaille qui ne 
seroit pas d'un goût bien sûr' et bien • 
franc , ou qui seroit mal rincéel ' ' 
» Quand on veut mettre du Vin en 
Kouteilles , on le colle pour Tobte-' 
nir plus' clair, 

» On commence par tirer de la fu- 
taille la valeur de trois» ou quatre' 
bouteilles de Vin , pour faire place 
à la collé et i récumé qu'elle pro- 
duira. Cette colle n^est autre chose 
Sie quelques blancâ d'œufs bien 
ais , trois ou quatre pour une feuil- 
lette , six ou sept pour un tonneau. 
On les fait mousser en les fouettant, 
assez seulement pour qu'ils puissent 
surnager 3 car, trop battus^ils tondie* 



>ft8 . Alnumaeh 

soient en eau , et ne coUaroieut ploï» 
A.vant de le$ verser dans le tonneau , 
<rn doit donner au Vin un mouve,-^ 
iQ^nt rapide , au moyen d'un bâton 
court qu'on enfonce de six ou sept 
ponces , et qu'on fait tourner aveç^ 
force j toujours dans le même sens* 
On continue le même mouvement 
après l'injeclion des blancs d'œufe , 
en enfonçant alors u» peu plus le 
bâton. La colle , ainsi mêlée au Vin , 
et long-temps promenée dans la par- 
tie supérieui» du tonneau, ne des- 
cend qae lentement, entraînant afvee 
a^ec'elle:tout ce qu'il y a d'impur 
et d'étranger. 

-r » Ce qu'on a tiré d'abord du, ton- 
neau peut y rentrer en partie d«» 
qu'on a cessé d'agiter le -Vin. Pour 
cela , on réduit l'écume en frappant 
vivement sur le flanc du tonneau, k' 
m.esure qu'on verse ; et quand il est' 
. plein ou à peu près , on le scelle 
parfaitement. On fait alors , avec 
une vrille , près de la bonde, un, 
petit trou qu'on ne bouche que 
quelques heures après. 

» Le Vin doit rester ainsi collé de 
quinze à trente jours , pendant lequel 
temps on doit bien se garder d'y; 



des Gourmands. 129 

&nner la moindre seeoizs9e. Dès le 
aainzième jour ondpît guetter et sa^ 
sir le premier beau temps poui' met- 
Ire en bouteilles. Cependant , sr Foii ' 
a quelque xaison de croire à la durée 
du beau temps , il est bon de laisser 
encore quelques jours le Vin sou-» 
snis à son action. Le temps tonve»^ 
nable pour tirer en bouteilles , ainsi 
que pour soutirer, est celui où rëgnt 
un vent sec de nord-est^ que nous ap» 
pelons vent de bise. Mois c'est par» 
ticuliërement 1^ mois de Mars qu'on 
doit choisir , en ayant soin cepen* 
dant de devancer le moment où la 
sève commence à travailler; Evites 
aussi celui où la vigne entre en fleur^ 
et celui <m le raisin se colore. Nous 
ne saurions rendre raisonde ces sortes 
d'influences ^ mais ' elles sen^lent 
consacrées par l'expérience. 

» Les bouteilles doivent être nou- 
vellement rincées et bien égouttées» 
On perce la futaille £( trois doigts 
du jable , pour y: placer le roMnetj^ 
puis , au lieu de desceller le ton- 
neau , ce qui pourroit l'ébranler , oa 
donne de l'air par le petit trou d^ 
vrille dont nous ayons parlé plus 
)iau^« Alora on tire le Vin> etVoa 



i3o Almanack , 

fil «oia de boucher les bouteilles att 
{ur £t à mesure qu'où les remplit ^ 
pour qite le Vin pe s'évente pas ; oà 
les laisse debout pendant une jour- 
WB y et «nfîn on les couche sur le 
sable , ou sur des ^s si la cave est 
trop humide. 

» Les Vins <ju*on reçoit en caisses 
pu. en paniers doivent «trié déballés 
JL leur arrivée , pour prévenir l'é- 
chauffaison. qui pourroit résulter.' de 
l^umidité dont la paille reste im;* 

Eréenée quand les envois ont essuyé 
k pluie* ' ^ 

■ » Quand on s*aper^it quhinVin 
idépose dans la bouteille ^ on doit le 
iGansvaser sur pla£e. On a une bou- 
teille vide, bien lavée et bien égout- 
téB 5 on prend doucement la bou- 
teille à transvaser , on la débouche 
^ans secousse y en la tenant toujours 
liorizontalement dans la même situa* 
tjon qu'elle avoit sur la pille , et l'on 
^rerse lentement tant que le Vin sort 
<plair. . 

- » Vusage oU l'on est , dans bien 
des pajjs , d'employer une petite 

}>ompe en fer^blanç pour déguster 
e Vin , nous semble sujet à plusieui^s 
fecopvéoicnsf p'abord on é^iraple 



deè ' Goutmands. s %t 

le tbnQeàtt en descellant et rescel* 
laiit ; on peut ensuite communiquer 
an Vin ^ du moins à celui qu^oit 
(lompe , le mauvais goût qu'a con-i 
tracté ^instrument en séjotuman^ 
dajis les caves ^ et alors on manque^ 
son but ; enfin il peut arriver qu oxf 
ne resceUe pas parfaitement^ Nou^ 
conseillons donc de Êiire , avec une 
vrille ou uii foret , un petit trorf 
qu'on bouche et débouche à volonté 
avec un fausseu )» 

PJ&TIT. ABTIGLE DE FtfABMicCOPÉC 
QOVRMAIfDE* 

isVAImanach des Gourmands a eu 
plusieurs fois occasion de parler ave<f 
éloge des travaux que M. Lamégie i 
Pharmacien ^ consacre depuis long*'' 
temps aux plaisii'S e,t à la plus douce 
jouissance dès véritables amateurs , 
ût sur-tout de son Analyse du Cq^ 
Moka y doRt aucun chimiste connu 
n'est parvenu ^ jusqu'à ce jour , à 
développer et à multiplier d'une 
àianière aussi précise et aussi variée 
les résultats ^ résultats utiles et agréa- 
bles aux palais délicats et exercés : 
ainsi que de celle de la plante e%^ 



i3l Almanadk 

tique «ib^mée SémêroccXs ^ AkstSC 
BOUS ne cesserons pas de recom*' 
mander à tous les vrais dégustateurs 
les produits ^ connus sous le nom. 
de Crème , de Sirop , de PasOiles 
d'Hçmérocalis ^ çu'onnepeut trou- 
ver (jue chez le même Hiarmacieir 
(xue du Bac, n** 49. )• 

» Mais notre étude constante à' 
]^cberciher et à connoltre tout ce 
qui peut contribuer au> bonheur de la 
«ociété et au soulagement de l'huma-' 
lûté toujours soufiirante , nous fait une 
loi xle ne pas passer sous silence les 
irésidtats des expériences loug-temps 
suivies et répétées de cet estimable 
chimiste , sur des «ubstances dont 
a nous a laissé ignorer^ comme des 
précédentes , les procédés d'analyse 
et la manipulation , mais non pas les 
heurenx effets. 

» M. Lamégie , toujours occupé 
i se rendre aussi utile qu'agréable à 
êts concitoyens , est parvenu à per* 
iectionnei; une teinture déjà connue 
pai'plusieurssavansdans l'art de gué- 
rir , 6o«us le ^ïom de Teintute and' 
putride , ou anti-pemicieme, ^ 

» Ce médicament précieux change 
tellement ^jdans l'espace de ving^- 



des Gourmands. i3J 

qaatre heures / la nature des hu- 
meurs putrides , et conséquemment 
celle de la maladie , qu'il procure 
en très-peu de temps une guérison 
radicale et certaine aux malades qui 
en sont atteints , et ^'il étonne tous 
les témoins par ses effets. 

» Cette Teinture , dont on ne 
sauroit trop célébrer l'efficacité , gué- 
rit en très-'peu de temps toutes les 
fièvres , quel q[ue soit leur carac- 
tère y pourvu cependant qu'elles ne 
dérivait ]pBs à^ obstructions , soit au 
foie, soit à la rate. M. Lamégie , 
d'ailleurs , est assez avantageusement 
connu , pour qu'on puisse avoir en 
ce Pharmacien une confiance mé* 
ritéepar plus de trente années d'exer-^ 
cice. 

9 Nous nous faisons un devoir 
d'annoncer ses moyens curatife , d'a- 
près lés preuves que nous en avons 
acquises sous nos yeux ^ nous sofu- 
mes convaincu qti'on nous saura 
gré d'avoir contribué à faire de plus 
en plus connoître des moyens de 
guérison dont les résultats sont 
aussi heureux et aussi prompts que 
les procédés sont simples à employer, 
et nous espérons qu'on ne Qous taxera 



^36 Atmantuk - 

dernier, à Fexception de l'addltiott 
des fruits, et tout se mange, soit avec 
du sucre fondu s^yeç du beurre , soit 
avec de la mélassç , dans laquelle oa 
met toute sorte d' épiées. 
. » IteSpoon milk , ouest Pudding ^ 
si' est fait cme de farine de maïà 
mise dansdeTeau , qu'on fait seule- 
ipenj^bpuillir, après quoi étant comme 
en bouillie , on la inafige avec di\ 
lait. , i 

^ » 6*. Eggs Pudding' On prend deH 
jaunes d'œuts , qu'on m^le avec di^ 
^ucre ^t qu'on ^^laye bien ensemble ^ 
de même le blanc avec du lait et de 
la farine. Après que le tout est bien 
i>atti( , on le mêle et le bat bien , après 
qupi^on met le tout dans une bm^-t 
SQÎre;^ et au fpur de campagne. » 

▲ KECDOTE GOVRMAIIDE. 

., Xa petite Escroquerie friande. 

« Ma Gabriel de F , passant à 

Bourg en Bresse, ville célèbre, au- 
tant par se^ poulardes que par l'é- 
glise de Brou , alla voir le fameux 
GuiUot^y qui est un des plus célèbre^ 
Confiseurs de r£urope« A(r de F.m<« 



des^ G^ourmandÉ0 tSf 
ayant fait choix de Cotignao , de 
Chinoises , etc. , demandai MvGuillot 

fourquoi il ne rendoit pas^ommage 
l'Auteur de YAlmanach des Goût' 
mandSjtiim dit qu'on étoit justement 
étonné de ne point le voir figurer' 
parmi les nombreux artistes qui illus^ 
trent la France gourmande. M. Guil* 
lot prit alors un ton fort teste ^ et 
répondit k M. de F.^«. (i) que sa ré«^ 

S utationn'avok pas besoin delVl.G...... 
ela R..»*...5qu'un'étoit pas fait pour 

V 

(i) L'Auteur sait des paroles snr ee^aTr: 
^ ; et M. B....... f par exemple, q^i cloit^ 

à VAÎmanaeh des Gcurmandrlà pltis grande-^ 
partie de son imnense fortune^ noii-aea«> 
lement ne &*est limais légitiné d*un« aite- 
de piaeon auprès du. Jury dégustateur ; 
mais a)ou tant la grossièreté d^un panrenu 
k la rusticité d'un ma«8nt, il n*a cessé- 
de répondre ^ tous ceux qui lui repro- 
choîent son amirice et son ingratitude ^^ 
qfi'à hon vtn il ne faUoît point de ^#u- 
€hon (ce sont ses propres termes) ,. et quor 
•a réputation étoit assez bien éubtiepour 
le dispenser d'être reconaoîssant. Diei» 
•ait cependant ce qurarriveroil si , d'uno 
part y vAbnânaeh des CcurmandafX^^ioixàe 
te aignalen comme le premier^ Rôtisseur- 
de Paris y. et si., de l'^uitre, il eonttnuoit 
de mécontenter ses pratiques comme oi¥ 
assare qu'il le fai^ depuis une année. 



'ï58 'Almanach 

se &oumettrç au tribut des Légitt-^ 
mations; et qu'enfin, si M. G-...: 
voiiloit manger et parler de ses Gon-^ 
fiture^ , n n^avoil qu'à en fairç ache- 
tei: , etc 

» M. de F.... changea alors de ton ; 
et persuadé qu^il seroit avou^ pat 
r^stimaMe Patriarche des Gastrono-. 
mes , il luî répondit fiferemcnt; Mon- 
sieur , M, G. ; . . . -a r habitude de payer ^ 
^e qu'il achète ^ et la preuve d« cela ^ 
<j'est que voilà votre airgent , et que 
je suis. M. G. D.. L. R. Ces. paroles 
furent magiques ! Quel changement 
$ubit s'opéra dans le ton de M- Guil-. 
lot! Toute sa faip^Ue^ composée de jo-. 
lies demoisellcé^sortit^en rougissant^ 
du comptoir, et fit les plus grandes, 
excuses au faux G.*.». ;. mais, la plus 
grande preuve de leur respect , c'est 
que M. de F. a trouvé dans la caisse 
de sa voiture une grande boîte de 
Confitures sècheç qu'il p'ayoit pas 
payées (i). ». . 



(i) Et dont , à son retour à Paris , il n'a. , 
pas daigné faire part à celui dont le noiiL 
seul lui aroii Talu cette oi'frande. 



des Gourmmndf. «3^ 

pV THEATRE DU. VAUDEVILLE GOKSW 
DÉRÉ DAKS $£S RAPPORTS AVEC LA; 
TABLE^ 

. De tous les. Théâtres dé Paris \ lo 
plus. cher aux Gourmands c'est sans; 
contr.edit celai du. Vaudeville^ parce 

Î[ue c'est à coup sûx celui où l'onfail} 
e plus agréablement possible lat 
lionne digestion d'un excellent dînen 
Loin de nous Tintention de'cher^ 
cher à déprécier les; autres speetaclesi 
mais on conviendi^a^ans peine quelef 
biâdleiviens sans ce$se renaissans quQ 
4'oïi fait à y Opéra ; les émotion* 
Ufop vivcis que: l'oo éprouve à la 
Tragédie française" et aux Mélodra« 
mes lajQûi en tables du Théâtre de la 
Gaîté ; l'ennui qui poursuit le spec- 
tateur h la plupart des Opéras soi-i^ 
disant comifjues ^ les sottes bêtise^: 
pt les calembourgs plus insipides en-* 
Gore qu'oi^ est forcé d'entendre §u^ 
les tréteaux de Brunet j enfin lea 
craintes ^ les alarmes et les soubre-.^ 
sauts qu'inspirent à tou.te âme sen-*^ 
sible les chevaux savans du, Cirque- 
dit Olympique y sont bien moins iait& 
pour favoriser la digestion que pouj?* 
{a troubler. 
i^Qsi prandium, sta est Tua d^ . 



34o ' Almanach 

ftphotîsmes les plus connHS de la cé- 
lèbre Ecole de Salerne : elle aùroit 
{>a ajouter : Post prandium fUiaritas , 
•i les Médecinâ connoissoient le rire* 

Heureusement on le connoit aa 
Vaudeville 5 et nou* avançons ', sans 
crainte d'être démenti par les habi- 
tués de ce charmant Théâtre , qu*îl 
n'en est aucun où les hommes aes- 
prit^ les gens de goÀt , enfin les vrai& 
amis de la gaité française ( cet heu- 
reux type national qui nous distin- 
gue de toutes les Nations ntminanles, 
mangeantes , buvantes et pensantes ) 
exercent plus fréquemment leurs mus- 
cles zjgomatiques.; et ce rire , pres- 
que toujours avoué par la décence ^ 
est vraiment le rire de l'esprit. 

Cest ce que nous allons essayer de 
prouver en peu de mots , en parcou- 
rant rapidement tous les élémens crut 
composent le Théâtre duVaudeviBew. 
. D'abord nous, remarquerons qu^iï 
a pour Directeurle joyeux M. Barré. . 
dont les charmans Opéras -Vaudé-^ 
villes ont fait pendant fdus de quinze 
ans le charme et la fortune de la 
Comédie Italienne , qui ne dédaignoit 
point alors de faire rire, et dont les- 
acteurs n'aveient poiot encart inMt- 



des Gourmands. t4t 

giné de chausser le cothurne. M. de 
Piis étoit pour une grande moitié 
dans leur composition , et tant que 
ramitië à régtîé entre ces deux ai-^ 
mables poètes^' le Public a recueilli 
les plus doux fruits de cette associa- 
tion Ijrique. M. Barré est donc non* 
seulement un auteur distingué, un 
homme de goût , un excellent admi- 
nistrateur, c'est encore un convive 
ibrt aimable ; heureux qui peut Ta- 
voir à ses joyeux festins ! mais c'est 
nne chose fort difiScile, . 

Tous les autres Auteurs du Vau- 
deville ne sont guère moins gour- 
mands ni moins aimables , et ces 
qualités àont chez eux en proportion 
de leurs talens. Pour en convaincre 
les incrédules y il nous suffiroit de 
nommer MM, Desprez , Radet^ Dea- 
fontaines , Dupaty , Gersin , Dieu- 
la-Foy, Rougemont^Moreau^ Désau- 
giers,Françis,Chazet^ Ourry,Ravrio, 
Gouffé, Jouy, Pain, Boiully, Se- 
wrin,laFortelle,de Mautort^Afaurice- 
Séguier, Dumersan, Favart, etc« 

u est peu de pièces au Vaude- 
ville où 1 on ne mange sur la scène; 
et presque aucune où Ton n'y boive. 
Il est yrai que les spectateurs n^opt 



^4^^ Almanach 

guère que la fumée de ces repas^où soin* 
vent y au grand mécontentement de* 
Acteurs y le vin de Surène remplaco^^ 
le Volney , le Champagne ou le Bor- 
deaux indiqués par les coiiplets^ maisb 
pour un Gourmand qui a bien dîné ^ 
voir imaiiiger les autres est enooro 
une jouissance ^ et c'est le cas du 
yefratn Ça f eut toujours plaisir^ 
' Mais oe n'est là que le* plus petit 
inéritê des pièces qu'on Joue sur cet 
aimable Théâtre. Qu'on parcoure 
«on çép^rtQire , Tun des plus agréa- 
Blés 'et des plus variés de Paris, eÇ 
Ton y tîrôuv^ra une foule^d'ouyrages 
ingétiiéux , gais , piquans , où le sej 
de reùjou'ément , le feu de la saillie, 
ïe nïcrrdant de Tépigramme , l'éclat 
de resprft, là fleur du goqt , et le 
charme du sentiment , se succèdent 
tour à tour, ej. semblent se dispiitep 
les moyens de plaire auis: spectateiups 
les plus difficiles. 

Ot tien n'éteille plus Fesprit , ne 
captive plus agréablement l'atten- 
lioii ,'ne'provoque mieux ïe rire , que 
ces Portes d'ouvrag«s. Nous n'avons 
donc pas eu tort d'avancçr qu'ils fa- 
v^orisent merveilleusement la dige^? 
tion. Les nommer ce seroit voiSoir 



des. Gourmands* 14^ 

copier le répertoire pres<jue 4întier 
d'un. Théâtre qui dotitie régulière* 
ment dç trente à trente -six nou- 
veautés par année : npus y renvoyons 
nos Lecteurs. 

Cependant tout ce quiptécède n*est 
encore rien 5 car sans de bons AcieurS) 
sans i^e belles et d'excellentes Actrices^ 
lés meilleures pièces manquent leut 
dOTct. Voyez plutôt la plupart des 
anciennes Tragédies et des ConiédieS 
dé Molière j qu'on aime autour d^hui 
beaucoup mieux lire que d'éCquter j; 
parce qu« lu tradition eti 'est pres-^ 

Îie entièremetit perdue ^ même aU 
héâtre Français. ' 

Gril n est aucun Spèctàclie îiParil 
qui réunisse plus de jolîesr Actrices 
que celui du? Vaudeville ; et celles- 
là favorisent d'autant plu* là diges- 
tion , que par leurs charmés et leur^ 
agrémens , elles mettent les specta- 
teurs singulièrement en appétit. 

Faut -il encore des preuves de 
cette .assertion , cher Lectettr ? Ou- 
vrez, vos yeux et "^os oreilles , et 
dites-nous ensuite si nous exagérons! 
Le Vaudeville a fait , depuis, vingt 
ans qu'il est ouvert /bien des pertes 
lans d^ule ; mais ces pertes o^t été 



i44 ^Almanack 

répartes avec usure ; et sans vouloir 
^établir des comparaisons toujours 
désobligeantes pour ceux qui en sont 
Pobjet , il suffit de fréi^enter ce 
Théâtre pour s'apercevoir qu'il n'a 
peut-être jamais été plus riche eo^ 
talens comme en beautés. 

Vertpré, Henry, Joly , Hippoljrte , 
Saint - Léger , sont des talens du 
premier ordre, qui auroient réussi sur 
de plus vastes scènes : Chapelle , 
Edouard, Seveste, Isambert, Ar- 
mand ,Fichet, Fontenay, Lenoble, 
remplissent leurs emplois d'une ma- 
nière très -satisfaisante: Laporte est 
•ans contredit le meilleur Arlequin 
qui ait paru à Paris depuis 1 im- 
mortel Carlin , qu'il rappelle sou- 
vent par le charme , la gaîté et la 
souplesse de son jeu : Guénée prouve, 
par des progrès sensibles, qu'il a su 
profiter de la sévérité ayec laquellfj 
on a traité ses premiers essais; Carie , 
Justin , sont des accessoires très-esti- 
mables , etc. , etc. Sur quel Théâtre 
pourroit-on rencontrer un- pareil en- 
semble ? 

Mais ce n'est rien encore ; et s'il 
nous étoit permis ' de nous étendre 
aussi long-temps que nous le "désire- 



des Gourmands. \^i 

rions , sur les charmantes Actrices 
du Vaudeville , la démonstration que 
nous avons cherché à établir seroit 
tout 4 fait complète. 

Disens>-en cependant un mot ^ et 
commençons par les dernières. 

M^* Saint-Avdere joint à une figure 
distinguée de la gi^âce et de l'intelli'- 
gence^ à qui il ne manque peut-être, 
pour se 4^velopper , que des rôles 
plus jmportans. Mademoiselle Deville 
est , dit-on , fort jolie de près , et il 
est à souhaiter qu'elle devienne bonne 
Actrice. Une tiendroit qu'à elle, car les 
occasions ne lui manquent pas^ puis- 
qu'elle joue \i peu près tous les jours. 
En attendant elle se contente aêti:e 
fort aimable dans son boudoir , et fait 
honneur à l'école dont on la dit sor- 
tie. Mademoiselle Arsène est une très- 
belle femme , qui joue avec bon îêns , 
et qui'jpint de la tenue et même de 
la noblesse à un grand usage de la 
scèner Mademoiselle Betzi , sa sœur, . 
satis&ite d'être en ce moment l'une 
des plus jolies Actrices de Paris , se 
repose trop sur cet avantage , et fait 
peu de progrès 5 mais on voit que si 
elle vouloit travailler et sur- tout être 
moins distraite ù la soène , elle nous 

8'»' rariie. i3 ' 



t^6 Almanach 

montreroLt une charmatite amouijeDie, 
puisque telle qu*clle est , elle a déjà 
lait bien des passions. Mademoiselle 
Biviëre , dont le début promettoit 
beaucoup plus qu'il n^a teni», joint 
cependant à delà noblesse, à de 1% 
décence , plus d'une qualité estima- 
ble ; elle est fort bien dans les Deux 
Edtnon , et \è r61e de la Jeanane 
d'Are , composé exprèsrf)our die , 
lui fait d'autant plus crhonneur , 
qu'il lui manquoit beaucoup de clu>- 
ses pour le rendre d'après nature. 

Madame Duchaume, talent na- 
turel et vrai , est excellente dans les 
paysannes. Madame Bodin , joint à 

fJus de noblesse et peut-être d^intel- 
igence ( car c'est une femme de beau- 
coup -d'esprit) , un talent plus varié : 
fille ne seroit déplacée nulle part dans 
les Mères nobles , et e]le joue les €a* 
ricaJtures et les Caractères d'une fa- 
çon originale et fort plaisante. ^ . , 

M^^Desmares , élève duClouserva' 
toire, et qui a brillé i[}uelque temps aa . 
Théâtre de Feydeau, joint à une bonne 
> ii],éthode de chant, une voix agréable^ 
ijK un jeu qui le seroit davantage en- * 
core , si elle y mettoit un peu moips , 
d'apprêt ; plu$ de naturel «t d'aban- 



des Gourmands. 1^7 

don ; Mais malgré ces défauts ( dont 
3 est bien à craindre ^'elle né puisse 
plus se défaire ) , elle joue les amoii* 
feuses à la satisfaction du Public, qui 
ki sait gré de la décence de ^a tenue y 
'et d'un Sentiment des convenances 
théâtrales mii témoigne en faveur de 
ûl boniie éducation qu'elle a reçue. 
'' Mademoiselle Minette seroît par- 
toùl une soubrette infiniment agréa- 
ble', et avec deux pouces de olus dans 
lataifle;,,eÛeetitreroit de piain-pied 
au Théâtre Français^. Les nombreuses 
ctfurotines retfipôrtées dan^ \té con- 
tfou^s du Conservatoire tui en apla- 
nissoient le chemin ^ tnais elle a senti y 
en personne d'esprit ( car elle en a 
beaucoup , et peu dé femmes écrivent 
aussi bieil ) , que tel brille au second 
ran^peut s'éclipser au premier; qu'il 
valoil ftiiéux rester à un Théâtre oik 
Poù est aiftié, el bk l'on tient une 
de^ premières places , qiie de se ris- 
quer sur là première scène de Paris ^ 
d'à , sams parler des intrigues , des 
ci^balés , et de l'a difficulté d'avancer, 
eQe se serôit trouvée en butté à mille 
obstacles. Elle a donc eu le bon esptit 
de rester au Vaudeville , où elle rem- 
plit , à la grande satisfaction du P«« 



'i48 ' Almanach . 

blic, tin emploi très- vayiéç car elle 
y joue avec le même succès les jSom- 
7? nettes , les Rôles travestis , quelques 
Ingénuités , et .déploie daûs lou3 une 
firande intelligence , beaucoup d^ 
finesse , de piquant et de grâces. 
C'est, au jugement des Qonuoisseurs ,- 
et particulièremei^t de M. Fleury 
( doyen de la Comédie Française., et 
excellent appréciateur du talent , 

fiarce qu'il en a beaucoup lui-même ) , 
'une des meilleures Actrices de ce • 
charmant Théâtre. 

Une maladie longue et doulou- 
reuse en prive d,epuis quelques mois 
le Public , et» la manière dont U plu- 
part de ses rôles out été joués de-* 
puis cette époquO' y a. rendu son ab-. 
senceplus difficile encore à supporter.. 
Heureusement Mademoiselle Minette» 
va bientôt çeparoître, et cette rentrée 
si désirée sera un jour de fêtîe pour 
tQus les amis du Vaudeville , et pour 
tous les membres du Jury dégusta- 
teur dont , malgré sou aversion pour 
les truffes^ elle est u|ie des Sœurs les 
plus considérées et les plus chéries ( i ). 

(i) Voyei la septième Année <le yAhrut" 
msh d^ Gçumumds^ p. i55> i56 , 19^2, a33«. 



des Gourmands. iSj^ 

n iîo«s reste à parler d» prcmicjp 
sujet de ce Théâtre ( et même s'il 
faut en croire le meilleur juge en 
cette partie y FAristarque le plus sé- 
vère et le plus éclairé , M. GeofiVoy 
enfin ) , l'un des premiers talens dé 
Paris sans exception \ et ce n'est pas 
sans cause que nous avons réservé 
son article pour la fin , en nous ap* 
puyant sur le proverbe qui dit ; Aua^ 
derniers les bons, 

Ofi voit s%ns peine que nous vou* 
Ions parler ici de Madame Hervey. 

C'est en vain que nous nous efïbr- - 
cerions d'en donner une idée à ceux 
qui n'ont pas le bonheur de la con^^ 
noître. Une figure charmante , les 
yeux les plus expressifs ^ des traits 
parfaits , un ensemble de physionor 
mie dont le charme est inexprima- 
ble , la voix la plus flexible et la 
Îlus harmonieuse y toutes les grâces 
e la jeunesse réunies aux agremens 
de l'âge mûr , ne font que (la moin« 
dre partie de son éloge. 

T9ous ne cônnoissons aucune Ac-* 
ti'ice vivante qui , par la profon- 
deur de l'intelligence , la mobilité de 
Vexpression , le sentiment des con- 
Y^^aoQe^ ^ et la manière, d'être h hk 

il. 



i5o jâlynanàck 

scène , puisse être comparée à Ma- 
dame Hervcy. Arrivée il y a douze 
Ans au Xhéàtre Français , elle en eût 
été ( après Mademoiselle Mais, dia- 
mosit anqud il ne faut rien cdmparer ) 
le principal ornement; Elle se cou- 
lente de faire aujourd'hui le charme 
du Vaudeville j mais oti peut dire sans 
exagération qu'elle est la Dangeville 
ide ce Théâtre. Cexxt qui ont connu 
cette Actrice à jamais célèkpe seront 
«nns doute de notre avis, et ooftvien- 
drmvt que tel grand que soit cet éloge, 
«He le mérite dans route son étendue. 
> Les personnes qui ont l'honneur de 
connoitre personneUemefit Madame 
iiervey, assurant qu'elle apporte dans 
la société cette excellente tenue, ce 
tiîct admirable , ce sentiment ex- 
quis des convenances, qui en font à 
la scène une Actricie accomplie. Ils 
«joutent quVlle réunit à tant de qua- 
lités aiinables un cœur excellent , 
beaucoup d'espf it , le toi! parfait d'uB« 
femme qui auroit passé sa vie dans ie^ 
grand monde , enfin' totiteï les vertus 
privées d'une excellente mère , join- 
tes à l'âme la pliis aimante, la plu& 
généreuse et la plus noble. Nous nous 
plaisons k croire que touS: les £r«^ 



des Gotihimkds. <«5« 

cle ce portrait sont fidèles ^ et en 
notre qualité de Gourmand , nous 
nous permettrons seulement de dire 
qu'elle a un ^ùttrès-fin , et que tout 
eti inspirant beaixcoup â'appëtit , elle 
iiacît da sien un très'-savànt usage.. •• 

De tout ceci que conduihè / Qu'il 
faut aller chaque • soir ruminer au 
Théâtre du Vaudeville le bon dîner 
qu'on a fait à cinq heures, el ajouter 
ainsi tous les plaisirs de l'esprit , des 
oreille» ,çi ^es yeux j- h ces. autres 
plaisirs incfFables ^ à ces titillations in« 
dtcibles que procure aux houppes 
nerveuses du palais dea Gounnands 
la mastication prolongée des mets di- 
vins crées par la I^ovidence pour 
n^tre souverain bonheur (î)* 

'(i) Nous répondrons à ceux qui repro- 
chcroienr à cet Article d'être unfiors-d'œtt» 
Tre ,1*. que les hor»>d*œuTtf«8 faisant par* 
tie intégrflfnte de tout repas bien ordonné , 
ne peuvent étve étrangers à YAlmanach it» 
Gourmand»; a*, qu'abstraction faite de la 
la prédilection dé TAnteur pour le Théâtre 
du Yjaudeville, dont il seroit injuste de lui 
faire un crime, puisque chacun estlemaître 
de t^% goûts y ce Spectacle est en effet ce- 
lui qui réunît chaque soir le plus de rraî» 
Gourmands ; c^est dire que Ta meilleure 
compagnie s'r rsissemblc. C'en est asses: 
pour instifier rk^ropos de ce Gbapittf «. 



1 Sa Abnanach 

AVIS StJR UTîE MÉPRISE FTTNE8TE kXnt 
VRAIS GOURMAKDS (l). 

M. Le Blaicc , successeur de M.* 
liC Sage ^ Pâtissier , rue de la 
Harpe ^ rC 109, "vis-^i'Sns Vcmcien 
Collée d'Hareourt^à V Auteur de 
/'Almanach de« Gourmands. 

MaiTsmuR^ 

« Je crois devoirprévenir le Publie, 
que deux Pâtissiers qui demeurent 
aans la même rue , Fun (M. Crëcy ) 
vi-à-vis celle Serpente , Vautre ( M. 
Vignon ) vîs-à-vis la rue Pierre Sai>- 
razin , ayant effacé leurs noms , et 
vajant mis sur leur tableau , le pre- 
mier au Sage , et le second au Sage 
athénien , cette parité de nom avec 
celui de Le Sage, dont je suis le suc- 
ées seur , a donné lieu à diverses mé- 
prises , et }'ai reçu souvent des repro- 
ches pour des marchandises vendues 
sous mon nom dans ces boutiques. 
On évitera toute équivoque en re- 
marquant que ma boutique fait faco 
à l'ancien Collège d'Harcourt , au- 
jourd'hui l'Académie de Législation^ 

(^il Article coIB^l^nic^llé^ 



des Gourmiùids, i53 

et est située tout au haut de la nie 
cle la Harpe , près la Sorboune. 

n Je continue de fabriquer d'et- 
cellens Pâtés de Jambon de Bayonne^ 
de foies gras , de volaille , et idem aux 
truffes y de poissons , et autres Pâtéa 
cbauds , vols-au-vent , Pâtés de ma 
caronis , Gâteaux de Savoie, de fé- 
(mie de pommes de terre y Choux 
pralinés , gaufrer aux amandes et aux 
pistaches , Gniofs grillés et Génoises , 
Tourtes au rognon de veau ^ et gé-* 
néralement tout ce qui concerne le 
petit Four , dans les premières quaU^. 
tési et à prix fixe. » 

Note du, Rédacteur. 

Kous ajouterons à cet Avis ^ fort exact 
âans tous ses points , qu'il est très- essen- 
tiel pour tous les amateurs d^exceUen4e 
pâtisserie , de ne point commettre d'erreur^ 
et de ne pas craindre de monter ïa rue de 
]a Harpe , toute longue et toute étroita 

2u*elle est y pour arriver jusque chez "bf., 
«e Blanc. 

Les Valets et les Cuisinières , gente na- 
turellement paresseasc et intéressée, sou- 
vent par suite de ces vices , se sont arrêtés 
aux ceux écneils sj^alés dans cet Avis;' 
en ont rapporté des Fàtés fort médiocres 
(pour ne pas dire pis ) * qu^ils ont faifr 
passer pour vepir du four de M • Le Blano^i.- 



i54 Almanach 

De-U m^coB tintement, reproche» , éçîaîr- 
cîssemeiiB qui ont fini par ajouter un fleû- 
Ton de pUi8 à la couronne clii meilleur fa- 
bricant de Pâtés de jambon de Bayonne 
qui existe en Europe. 

Au reste , voyez sur cette méprise , !• 
ttwi' jcfué par un Amateur un peu malin , 
à «es deux Pâtissiers înleriefur» , dans la 
septième Année de VAUamtLeh deà Gour» 
mands , p^ge 229, 

L'arôcle est aisse* piquant, et méfTt« 
d^étre relu ayec ieittefttion. 

«upf Likiiîrtr AUX ^oisiiÉ» ^oijmiÊAiriitB, 

Cûuf^lets pour être soximU mi Jury 
d^ustateur, sur F Air f C'est wsl 
Enfant (1). 

JjB fus au printemps de mon âge 
Aman^ de là frivolité ; 
Aujourd'hui devenu çlus sage , 
Je cherche la solidité ; 

Et pour mon système , 

Voulant un emulêrae , 
Mon esprit ft*a point hésité s 
C'est un Pâté > c'est unPàté* 

Aimalxle à la foi$ et solide, 
Par-tout cet emUlâme est aimé , 



(i) 0«$ Couplets étoiextt accompagnés d'vn pi^< 
liier de cinquante, bonteiiles d'excâle&t Via d# 
{Smceir* , da crû de l'antèor. 



des Gourmands^ i55 

A son nom le firent se déride , 
A son aspect tout est charmé j. , , ^ >. 

jy^^ seconds services 

Il fait les délices \ 
Le pla( toujours le mieux fétë'. 
C'est un Pâté ^ c'est un Pàté« 

Dans sa jeunesse on le dévore , 
Chacun 1« caresse à son tour \ 
£n vieilliasant il plait encore , 
On l*aime jusqu'au dernier jour. 

Plaire en sa Tieillesse^ 

Comme en sa Jeunesse ^ 
N'appartient pas à la beauté: 
C'est au Pâté , c'est au Pâté. 

SouTcnt un dehors agréable 
Cache un cœjir.faux et corrompu \ 
Souvent un mérite estimable 
D'uii vilain masque est revêtu. 

Le seul phénomène , 

Qui sacne sans peine , 
Joindre ia mine à la bonté: 
C'est un Pâté , c'est un Pâté. 

La Rose de^ fleurs est la reine ^ 
Mais il est le roi d'un festin \ 
Un Pâté dure une semaine > 
Xa Rose ne vit qu^un matin ^ 

Kous aimona Cliarlotte » ■ 

Chacun en radote , 
Eh ! pourquoi \ c'est qu'en vérité , 
C'est un Piité y c'est un Pâté. 

Par M. GrangUt , Membre correspon- 
dant du Jury dégustateur , Proprié» 
taire d'un des meilleurs vignoble» 
du SanarfoU» ^' 



l56 Atmanach * 

DE QUELQUES DECOUVEÏITÉS 
lïOUVELLSS. 

peux années presque écoulées de- 
puis la publication de la septième 
Année de V Almanach des Gour- 
mands , devroient avoir enfanté une 
foule àt nouvelles Découvertes dans 
le grand art de la G.ueule -, et cepen- 
dant, malgré toutes nos recherches , 
nous n'en avons qu'un petit nombre 
à présenter à nos honorables Lec- 
teurs. Le génie de nos grands Artistes 
en cuisine se seroit-il donc refroidi ? 
ou prouveroient-ils que cet art étant 
parvenu à Tapogée de sa gloire ^ doit 
rester statîonnaire , et n^aplus de con- 
quêtes à faire ? 

Qu'ils ne ^y trompent point, il en 
est dans cette carrière comme dans 
celle de tous les autres Arts , qui 
s'arrête recule : et ce n'est qu'en vo- 
lant sans cesse à des Découvertes 
nouvelles , qu'on peut espérer de 
conserver une gloire qui s'éteint peu 
à peu si l'on n'y ajoute. C'est ainsi 
que le Soleil , ce père nourricier de 
îa Nature , ce flambeau vivifiant qui 
nous alimente et nous éclaire., s'ob- 



dès Gourmands, i5y 
ieurcîroit bientôt et finiroit par s'é- 
teindre, si , dans sa course régulière 
et rapide , il ne dévorwt san» cesse 
d'autres planètes , qui servent d'ali- 
mens réparateurs à ses feux iaextin- 
^bles. . . ^ 

n y a loin sans doute du Soleil au 
four d'un Pâtissier l mai^ c'est là 
qae nous devons raitiener nos Lec- 
teurs , si nous voulons les entretenir 
de Découvertes nouvelles ; car l'âtre 
des Cuisiniers ne nous en fournit celte 
année aucune. 

Des petits Pains de là Mecque^ 

C'est sous ce nom <|U€ M^ Félix ^ 
Pâtissier en réputation , dont l'atelier 
est rue Saint-Marc y. et la boutique 
Passage du PanpTama , a produit une 
sorte de petits Gâteaux tout à la fois 
suaves , délicats et légers , qui oat 
obtenu beaucoup de succès , et qui 
jouissent toujours d'une grande es- 
time. 

Nous ne devinons pas trop d'où 
leur vient le nom de petits Pains de 
la Mecque 5 car nous n'apercevons 
pas- beaucoup de rapport entre la pa- 
trie de Mahoiaet et les Gâteaux, de 

>4 



t58 Aimânaci 

M. FëUx. Mais il faut que chacpM 

i production des Arts ait uu nom qui 
a distingue y et autant vaut celui-là 
qu'un autre. D'ailleurs on ne peut 
guère penser au Grand Pjrofàiète; 
sans songer aux Houris qu'il promet 
aux fidèles Musulmans; et lor8q[d'oii 
mange des Gâteaux de la Mecque , 
ainsi qu*on l'a fait le 17 Mats 181 m 
au Jury dégustateur , la présence des 
aimables Sœurs de cette Société gour- 
mande devient un avant-goût de ces 

I'oies céleste^. Nous doutons même que 
es Houris promises par Mahomet à ses 
fidèles Crojans soienl pliis frstiches ^ 
plus jolies , plus spirituelles et plus 
aimables , que ne le sont nos Sœurs 
gourmandes. Tâchons donc de ma^ 

fer souvent avec elles des petits 
^ains de la Mecque^ et nous arurons 
plus d'une raison pour nous croira 
an Paradis. 

Des uiugustinettcs. 

Ou a vu dans notre septième âr« 
née la description des Gâfleaux à Ip, 
Minette (1) imaginés par M. Rougt^ 

(i) Voyei la septième Année de VAÎm«p 
nach dti GoMrmémdt-, poge> iS^^ ' 



des .Gourmands. <iS^ 

pôtir célëbçer' la réception 'au Jury 
dégustateur d^une des plus ca'mables 
Jcfrices du Théâtre du Fraude ville ( i j, 
et qui <wit obtenu presqn'autant de 
èâccès quejcs Fanchonnettes , dont 
le débit est toujours d'un produit cer- 
tain (2). M. Rouget n'a pas Toulti 
oue Mâtiemoîselle Âueusta fût falouse 
ce sa soeur ; et lors de sa rëceptio». 
au Jnry , û produisit des Anonymes 
à'qur leur fraîcheur et leur délieates^^ 
firent donuer le nom de la cha^manfte 
récipiendaire.. Ces petits Gâteaux ont 
toujours nine grande vogue ^ et dans^ 
tous les desserts un peumarquans, 
on ne sépare jamais les deiii Soeturs : 
die occupent chacune uneassiétie. 



(i) C'est le nom ijue M. GeofFroy lui- 
Ihème donite à Mademoiselle Minette; 
Veailleton da Jburhal dél'Ewpite, duDî^ 
«anche 10 Mai 1612. 

(a) P^ojq- l'Article întitnlé l'I^s Fanch&ni 
•« des EsnehonnetteB , page 164 de la troi-^ 
iîème Année de X^Atmanach des Gourniandêy 
deuxième édition. On se rappelle uue ceaf 
Gâieaax furent inventés pour rélébrer fe? 
Wom^ïbe d« Madame Belmont^ dans un» 
fièct <][ui lui dut-alors sa yogiie. 



i€o Almanach 

Des Gâteaux à la Vupiâs^ 

Mademoiselle Hose Dupais, élevé 
Sibérie du célèbre d'Aziocourt (dont» 
la mémoire sera toujours préi^ieuse 
aux gens de bien comme à tous les 
vrais amis des A.rts ) , est une fort 
jolie Actsice du Théâtre Français» 
d'est d'elle qu on a dit avec autant 
de galanterie que de vérité, en jouant 
5ur son -double nom , qu'elle Joint 
r éclat de la Rose à la fraîcheur du 
jPuù^. U est peu de femmes , et sur- 
tout de Comédiennes , à qui l'on puisse 
s^pliquer un semblable éloge« Cest^ 
cet éloge que M. Kouget a mis en 
pâtisserie lors delà réception de Ma- 
demoiselle Rose Dupuis -au Jury dé- 
gustateur. Ces, ingénieux .Gâteaux , 
qui figurent tout à la fois le Puits de. 
la y érité et la fiose du Printemps, sont 
un vivant et croquantemblêmede cette 
4?Uari»ante' I récipiendaire , qui joint 
aux grâces, de la figure celles de Tes- 
prit , et qui avec tant d'avantages faits 
pour être enviés , oublie qu'elle est 
l^çlle, pour nous prouver sans cesse 
combien elle est aimable« . 



des Gourmands. ' i6i 
Des Coussins à la Cendrillon. 

L'inëpaisable imagination du Mont:* 
morency du fbur vient d'enfanter. 
nne production qui mapqtiefa dan9 . 
les fastes de la pâtisserie /et dont 
ridée est aussi ingénieuse ^ue F exécu- 
tion en \e$% adtniFaMe. . -, 

On se souvient de Télonnatit succès 
de VO]^vdt,àe ÇBndcîllc{n:{^)i succès 
qui a^r^ppelé'Oc^tti'du Mariage de 
Figaro au Théâtre Français , et celui, 
fk Fandton la p^ieUeuse , à celui du 
Vaudeville,; car chacum .de ces ,ou- 



(0 C'est dans ce snccès éclatant , au- 
tant que H arts la rapidité de la fortune 
tant avile- que littéraire de Pantetir , qu'il 
faut cb<?rcbcr la principale cau^e an dé-^ 
chainement de tonte la basse littérature 
contre M. Etienne : maïs ces scandaleux 
mnnnures cesseront , ces indécentes dia- . 
trîhes seront oubliées , si ellès-n'e Icisont 
<iéjk ; et 'les Deux Gendru resteront an 
gr^nd regret de ces aboyenrs faméliques , . 
^ui ne pardonneront jamais à M, Btienne 
nne opulence dont il n*a qu'à se glorifier^ 
paisquMl ne la doit qu'à ses tâlens. Fait 
^ien, m aura^deâ envieux ; faU mieux j tu 
If s confondras , est un adage que les Gens' 
(ic Lettres ne deyroient jamais oublier. 

i4. 



i6i Almtmach 

Vrages a eu cent reprësenlatîons con- 
sécatires» Lé^ prîheipal rèïe de cet 
Opéra établit la réputation de Made- 
môis^ Al«^âfidrifie Saint •- Aubin 
ate^^ tant d'éclat, ^'il^càtà cratedre 
qtt'éBew*iiîip€>îtxt assetdéffôTCcspanr 
sûpp©rt<6t k'forde^u de'ttiiW de gloire. 
C'est pôur^ îiftitBfotf aKser- et triomphe , 
que M. Rouget àt itfiagiiië le Coussin . 
à ïa C«nd#illdn, mît d {Jàrii av^cc ai^ 
mwd éoliai;àJ'fe 4®'*^Séattcfédu Jurjr 
d:e^iâC&f^>, leniièïë'ittardi i^ Mai- 

• Ë^'iwoWîe»»^ M{K>sant ', (juî peut 
semrd'e pferdënniilieà'dâiis \ts dcs- 
KQvU les plus, opukns ,. se compose 
d'un Coussin en pâte d'office ,, sup- 
p/)vtint une ï^antoufle verte , garnie- 
cfe Crème à la Rose , et suppoL'té lui- 
méb)ierp«Fd«s Arabesiques en feuille>- 
t.ige'dtt meiHieiir gt]iût:Lesoubàs$ement 
e$t ub ga^Qu parsemé des pliis aima^ 
blJss .pjrodiv^ians. du petit • Fowr* Ce« 
Goussifii^ eontiE^e F^rdin^ire', s*<mVTC , 
et krisse Toir^ dans ses flnnc» autant 
de petites Pantoufles vertes^. génies 
dTe&ceilente crème, cpi'il y ftide eeti^ 
viveftj tn sorte Ncpie c&aean peut 
trouver cbâussure à son pied en cro- 
cpiant un de ces charmons emblèmes» 



des Gourmands. i63 

IlesC dî(Ikile<le se farmer, &ftns l'a- 
toirvue, une idée de cette pièce 
ingénîeiise , dimt toutes les partieil 
siDiit tf o8-l»iines à manger , et qu* 
seroit seule capable d'immaruliser 
le Montmorenoy du four y w depuis 
loiig-«teibp» œ n'était pas onê af&ii'*' 
fcilo. 

Dés petits Phîns k la P^olnaù. 

Les Atoalîeiiw n'ont point oubliët 
eeîolèccNipiet d'une chariînante Chan- 
êcmàeU. WGhe^^eT de Boufflers, 
Messie k Madame la Buflhesse de 
Laiiztfo> (%') , déeuiséfi en Boolaûgère , 
h BAè fête Aiimée , à ce cju* nfons 
crt>TW«îvà son aïeule , Madame la> 
llM-^civde de Luîtembourg 5 char- 
mante Boulangère , lui disoit-il , 

Que j'aime la tournure 

DeS ptffltt'Bwïtt au lafit 

Que la simple Nature 

A mis d^np l^f^ corset. 



(2) Cette Oucîïesâe dé Lanzftn , clont la 
fi^/ureétôit celle de la P^^,»^ '/« j^ ^^^I 
^«r , et âe rUmooeiïce , /e e^^^» ^e tout 
réelal <Jf l* fiaîelieur et de la beauté , et 
«ul justifioit par son âme auséhquc roui 
2e nue piomettoit son charmant visage, 
a péri <^>mmé tant d'autre» iniiocentci w- 
tifiaes *fc ^79i* 



wl^ Almanach 

H p^irok.que c'est à cette swte de 
petits Pains que Ml iEtxu|^et a voulu- 
feirc allusion , lorsqu'il a composé 
ceux, à, la Volnais ; il ne pou voit, 
guère choKir un t jpc plus agréable. 
'Ces petits Pains, dont la dëlica- 
tipi&e fcst .extrême , et qui; sont dignes 
cpmme la charmante Actrice qui eu. 
possède lc& modèles , de faire les dé- 
lices delà meilleure compagnie, ont 
pàfeu à iai46i"^« Séaucc du Jury dé- 

5ustàÙMir^ -tiiustcée pai* la réceptioi» 
e Aladenioîsellc'Volnîtiy»; Ilé_y ont 

prouve^, paf? TjeiDprèssèmetit avec le- 

2wel il s'en pouryodt iU©» la boutique 
eMjp Enuget, qu'il eslicfiiir. ça point y 
oocnme «ur beaucoup d'aùtrefe , de l'a- 
vis du Jury dégustaleui\ , 

Des HervijieUesJ 

M. Rouget , ddHl la galanterie, 
aidée d'ijn génie créateur, s'étoit 
chargée de conS;acrer par des în-^. 
ventions nouvelles la réception de 
toutes les Sœurs admises en raison de 
leurs talons , de leurs grâces , dé 
leur amainhté , plus encore que de ' 
leurs qualités gourmandes , au Jury . 



des Gourmands* i65 
jëgtistatear , né pouvoit mampieT de 
célébrer le triomphe d'Hue des pre-^ 
aiières Actrices de la Capitale ; d'une . 
Actnce qui, au jugement du plus 
iérère de» Ârtstarques y unit à une 
figure qui sait prendre toutes le» 
Cormes pour plaire , attacher et sé- 
duire, iin' talent d'un ordre supérieur^ 
Ccst une justice que le Public se 

Jlait à rendre depuis long- temps à 
ladame Hervey i et quoique placée 
fur un théâtre secondaire , elle y a 
&it preuve d'uûé si rare intelligence 
et de tant de qualités du preinier 
ordre , que tout porte à croire qAe 
le m^é succès' rauroit suivie sur 
la scène français , si les circonstances» 
Fy avoîent portée. ' 

Il devenoit assez difficile de don- 
ner dans un simple Gâteau l'idée de 
la physionomie la plus mobile et la 
plus expressive qu'aucun Théâtre 
ait jamais offerte ^ mais aucune diffi- 
culté n'arrête le Génie , et M. Rouret 
est parvenu à noiis offrir, dans le^ 
jfferwTie/fe*, un portrait fidèle de T Ac- 
trice tout à la fois noble et enjouée , 
imposante et naïve , profonde et lé- 
gère , sensible et folâtre , mais tou- 
jours naturelle , toujours vraie , lou* 



166 Almanacl 

jours charmante , dont le tale|it indé* 
^nissable fait le plus bel ornement da 
^'héâtre le plus cher aux Gourmands | 
^insique hous croyons l'avoMT prouve , 
4]an8 le cours de ce Volume (i)* Les> 
Hervinettes ont obtenu le plus "grand 
succès : en pouvoit-ilétre autrement, 
puisqu'elles portent un nom qui en a 
toujours étë le signal ? 

Des Perles à rmgénHe^ 

M. Bouget a, couronné toutes les 
inv^entions dont nous venons de pré* 
•enter une esquisse rapide ^ par rat- 
Bàable friandise dont nous ^lloits dirqr 
«n mot. Il s'agissoit de célébrer d'une 
manière digne d'elle et du Jurj dé-* 
gli^ateur f. & réception de Mademoi* 
fteUe Mars dans cette Société célèbre f 
xéceptiojct qui a mis le comble à l'é-^ 
dat et. à Tagrément de la 465™^ Séance, 
tenue le 26 Mai 181^2, et dont le 
souvenir vivra longtemps dans le 
cœur de tous ceu^ qui on! eu 1% bon^ 



du Vm 



(1) Foy«; PArticle intitulé : Du Théâtre 
'u VaudevîUè y considéré dans ses rapports 
f¥es la Ta^ , page it^ûe tette Ituitiëmé^ 
Awiée., 



des Gourmands. 167 

héar d'y assister. Il s^agîssoit de re* 
tracer dans une production du Foar 
^te candeur angéliqùe, cette ingé* 
iraité inimitable , qui font le charme 
dn talent de M^^M ars, et qui Font fait 
so^oBimer la Perle du Théâtre Fran* 
çais.C'est cette dernière dénomination^ 
qui s'accorde si bien avec un talent 
unique en son genre, que M. Rouget 
a cru devoir saisir pour en faire l'ob- 
jet de soii travail. Dans un vase de su- 
cre filé, travaillé avec beaucoup d'art, 
on remarquoit un grand nombre de 
Perles d'une blancheur attrayante , 
dont l'édat , la rotondité , la fermeté 
et la délicatesse , rappeloient mille 
idées tout à la fois tendres et gra- 
cieuses. Mais y ainsi que le talent de 
TeKcellente Actrice qu'on vouloit qér 
lébrer ^ le mérite de ces Peiles ne se 
bornoit point à de séduisans dehors t 
^intérieur présentoit une compofiition 
délicieuse dont le goût très>(in ^ Iç 
parfum arabique , et la douceur ex^ 
mise, concouroientà former un em^ 
blême d'autant plus ingénieux qu'il 
/est vrai dans toutes ses parties. 

Nous engageons tous ceux qui ché- 
rissent le talent de Mademi)iselle 
Mars ( qui fera époque dans tes fasses 



f 68 ' Almanach 

du TTicâtre Français), à faire connqb-' 
«ance avec ces l^crles délicieuses; et 
«i notre conseil est suivi , M. Rou^eC 
aura beaucoup de peine à contenter 
tous les acheteurs , car Paris tout 
entier se rendra successivement dans* 
$a boutique. 

DeVHuileâtThé. 

On n*a sûrement pas oublié ce que 
nous avons dit dans noire septième 
Année (i) deFAnisette de MM. Marie* 
Brizard et Roger , de Bordeaux , et 
des autres excellentes liqueurs sorties 
de l'atelier de cette illustre et an- 
cienne Maison. Nos éloges ont sans 
doute ajouté arénmlation de c^^ fit- 
bricans , et ils viennent de nous proa- 
ver qpie nous n'avons point semé dans 
une terre ingrate. 

On peut se rappeler que les liquenrs 
qui «orient des alambics de MM. 
Marie - Brizard et Roger sont bien 
plus recommandables par leur finesse 
que par leur force. Rien n'est plos 

(i) Voyt\ la septième Année àeVAlsi^ 



de^ Gourmands. ^69 

Êicile que dt composer des liqueurs 
violentes , de ces véritables brûle- 
f^eules qui, comme l'eau-de-vie de 
Datntzick , et l' Aniseite de Hollande , 
excorient le palais , au lieu d'en cha- 
toudler avec volupté les houppes ner- 
veuses , et de leur procurer ces titil- 
lations indicibles qui sont pour un 
Gourmet l'avant-goût des joies cé- 
lestes *j car il est bien plus aisé de 
frapper fort que de frapper juste. Les 
liqueurs de MM. Marie-Brizard et 
Koger sont tout à la fois douces , , 
onctueuses , et d'un parfum savam-* 
ment combiné ^ on peut les. boir« 
à grande dose sans le moinflre in- 
convénient. 

Sans parler de leur Anisette sur- 
fine , à laquelle on ne peut rien 
comparer dans son genre, nous avons 
célébré dans notre précédent volume 
la Vanille , l'Absinthe , le Noyau , la 
Menthe, et sur-tout la Citronelle de 
cettc^ excellente fabrique ; et nous 
avons dit que ces liqueurs méritoient , 
comme la Crème d'Arabie de M. Le 
Moine , la dénomination de veloun» 
en bouteille. 

Ces âoges , dictés par la vérité , 
ont été confirmés par Fempressemciit 

i5 



ig^ Almanach 

nom dtt convive appelé à l'occuper*' 
Nous avons plus d'une fois fait sentir, 
, daiîs le cours de cet Ouvrage (i) ,' et • 
même dans noive Mariuel des Am," ^ 
phitryons {^) [ qui est devenu, sous 
le rapport de la Table , le Code des 
gens de bonne compagnie] , de quelle ' 
importance il éloit de pratiquer ponc- 
tueUement cette méthode , de Fob- . 
servation de laquelle dépend souvent • 
\ç charme d'un dîner. Aussi tous ceiu:» 
qui se piquent de faire bonne chère ^ 
-et^ sur-tout de tii'er le meilleur parti, 
possible d'une réunion de gens aima- 
bles , s'occupent-ils très -sérieusement > 
de cet objet La manière de placer les 
Cartes est devenue une affaire ma- 
jeure; mais il faut en général laisser ice 
soin aux maîtresses dé maison ; elfes 
ont sur le sentiment des convénan- 



(i) f^o^eç l'Article intitulé: Du Voisinage 
a Table , page 164 àe la cTeiixièine Année- 
de V Almanach des Gourmands ^ sccoitde 
édition. 

(2) Voye[ pag. 269 du Manuel des Aiji- 
phitryons , vol. iu-S" , orné de fi g. , prix : 
6 fr. , chez Capelle etîlenand , rue J. J., 
Rousseau , et chez Chaumerot , Rlaca 
fiaîtit- And ré-des- Arcs, et auPalais-Kpyat. 



des Gourmands. 175^ 

ces et sur lé graod art des rapproclie- 
mcns un tact tout à fait .étranger aux 
lioniinés. La finesse dé leur esprit leur 
fait deviner des rapports inconnus 
au vulgaire ; et c'est ae ces rapport» 
d'état, d'esprit j de caractère et d'in- 
clination , que naît le plus grand 
charme du voisinage à table. On ne 
sauroit boire et manger continuelle* 
ment dans une séance de cinq à six. 
heures : et l'on peut dire qu'à table ^ 
ainsi qu'en amour , les entre - acte»^ 
plaisent quelquefois Siutant que la 
pièce même. Il ne s'agit que de bien 
assortir son monde , et l'on ne peut 
y parvenir queparua placement oien 
combiné des Cartes; 

Mais ces Cartes , ainsi que les fn- 
Vf lîf ions encore nouvelles , se ressen- 
tent de l'enfance de l'Art. Dans beau» 
coup de maisons, on se contente d'é- 
crire, et souvent d'une manière très- 
incorrecte ( quoiqu'il soit honteux 
d'ignorer Foithographe du nom de* 
ses convives ) , le nom de chacun dès- 
convives sur une carte à jouer j dah> 
d'autres on les inscrit sur un (cartel 
dont les vignettes sont analogues à 
1» GiBtrpnomie-f au Jury ou les im- 
prime* 

^5. 



1^4 ■ Aîmanack 

Mais n'est-ce pas dans un âiner 
champêtre , faU sous les arbres d'une 
terrasse ^DÙ Ton respire tout à îa 
fois un bon air , et sur laquelle on 
jouit d'une vue délicieuse , une idée 
tout à la fois aimable ,^ fraîche , et 
très-ingënieuse , que de faire servir 
les feuilles de différens arbustes de 
Cartes aux convives ? 

Ainsi le nom des jolies femmeç e^t 
inscrit sur des feuilles d'e Myrte j 
celui des jeunes demoiselles sur des 
feuilles de Rose j la feuille de l'Oli- 
vier reçoit le nom des Amis de la. 
Pai^ ; et le Poète et le Guerrier li- 
sent le leur sur la feuille du Laurier y 
arbre consacre au Dieu de la gucfrc ^ 
commeà celui des vers. 

Cette invention charmante ne pou- 
voit venir que dacs l'esprit d'une 
femme , et sur- tout 'd'une femme tout) 
à la fois jeune, }oUe , aimable, sen* 
ftible , et Pépou^e d'un excellent Am* 
phitryon. On ne $era point étonnée 
d'apprendre quelle a été conçue par 
' Madame Rouvière ^ compagne chérie, 
du Médecin en chef du Jury déga»- 
tatcur , et exécutée pour la première 
fois dans sa ctéliciejUse retraite. dâ Ch^ùl^ 
lot ^ le i»5Mai i8i2«^ 



des *Gowrpt<^ds. f^S 

Quelques ^Gens de Lettres , qui 
&}soient partie de ee repas dbatupè- 
tre , où la bonté des mets , l'excel- 
lence des vins, le disputoient à l' ama- 
bilité des convives , ont senti tout le 
prix^de celte atlentioi^ tout à la fois 
délicate et flatteuse. Chacnn a con- 
servé comme un symbole honorable 
la feuille caraeténs tique sur laqu^sUe 
son nom y tracé par la luain des Gr&ce»^ 
lui avoit assigné une place que- lui* 
93ême auroitf ebo'isie. L'ipgéniei^x Au* . 
leur de VAbbéii^^fJSp^ , ^ Deuda 
Joif>rnée$ , de;S<îi>|tf aw^pjFf/Tîmes, ^ 

Wntd'autr^sprbdnctionsdiile cceùret 
Vesprit jouenjiiunrtfèfr'booorablë r^^ 
qiii fie trouyoit.è ce. x^^s délicieux « 
Ha pas été l.'U9des',4<^fiiera àsenti« 
tout le mérite et' tout le p»x d'uni 
semblable dé4Qi|.vl»rtç ; ^etPAuXeuF de 
Ï!f4^m,anafih , des, fiiourmand^^ y en: s« 
tendant ici rintprp|-èle de la r^con- 
noissance de tQus les convives- j croît 
offrir aux tnaîtrcfiTses de maisoni un 
excellent exemple h suivre po^)? ftjout 
4er aux charmeade leurs festins chaia* 
pèurei» 



i^é Alntanacl 

GOURMANDE. 

tàZTTRE à l'Auteur de /'A)manach .. 
des prourmands. 

iParis , le i3 juin 1812. 

* « Voij« vous rappel€2^ sans doute? 
IfSrec plaisir , Monsieur', le splendide 
et succulent Dinèt^ue l'aimable Doc- 
teur Roûvière , Médecin en chief du 
Jury dégustatei^, notts^a donné; il y* 
A' peu dcjours*, «ô*i#là fêûillée, dan» 
50» jardin de Chaillot/Massieu pré- 
tend que la recôtmoissance est laf 
ittémoirc du éfeeut> mais , lorsqu^il 
s'-ogilde bonne chère, ne seroit-il pas 

Kbs exact de dire qu'elle est celle de 
ïSto^mac? 

» Le votre ^ Monsieur ,' poasso 
cette qualité , cô¥d«ie toutes les au- 
tres , & son plus hÀùt' degré de per-i 
fection. Un bon ou mauvais repas , 
sont pour vous d^éternels sujets de^ 
bienveillance ou de rancune. Je sui» 
bien certain que vous éprouvez 1» 
premier de ces sentimens en feveui* 
de l'Amphitryon de Chaillot , et de 
^son Dhifir d'agréable souvenir^ ok 



dts Gourmands. ij.y 

les plats nous parurent égaler en 
nombre les' étoiles du Ciel. Comme 
le début en fut simple et rustique., et' 
comme il s'éleva progressivement à la 
dignité des plus beaux repas de ville ! 
En voyant a' abord un Potage au lait, 
accompagné d'une large Omelette aux. 
tomates, nous invoquâmes les Dieux 
champêtres, protecteurs de Chaillot, 
et nous nous crûmes assis à un de 
ces banquets villageois , qui font un 
si joli efièt dans les Romans et dans 
les Opéras comiques. Du Lait et des 
CEuis ! m'écriai-je alors , que cela est 
charmant! C'est sans doute ainsi que 
PhîUbnon et Baucis régaloieiit sûr 
leur table branlante les bons amis qui 
venoient visiter leur chaumière ! . . . 

» Cette exclamation vous fit sou- 
rire , Monsieur , mais ce sourire étoit 
douteux , et ne permettoit pas de 
deviner vos véritables sentimens. Je 
flavois que vous étiez un ennemi dé-, 
ciaré dé la frugalité , et (jue vous 
n'aviez jamais été tenté de vous assu- 
rer par votre propre expérience si 
elle méritoit les éloges que lui pro- 
digitent les Moralistes et les Poètes. 
Je craignois que le Dîner œu\^é de 
Chaillot.ne perdît à; amais dans votre 



i;8 Almanach 

c$prit le Médecin du Jury dpgosta- 
tçur. Il mé semblpit que ranathéme 
menaçait sa tête coupable ^ et^ qu'il 
alloit é(re à jamais exclu de l'Église . 
mangeante et disérante dont vouik* 
êtes le Pontife et le Fondateur. Mai* 
rapparition d'une Tête de veau du 
JPudts-Certam dissipa bientôt toutet 
mes ci^itites. Avec quel air ie par- 
faite satisfaction ne saluites-vous pa» 
cje plat majestueux que vous ave^. 
très -justement nommé encyclopédie 

Îue , tant il réunit de mets difierens* 
«a Nature s.enible avoir rassemblé à 
4e^ein ses productions les plus déli* 
cates pour payer un tiribu|t à cettilèu^ 
guste Tête de veau, qui contient plu4 
ae cervelle à elle s^ule, que vingt té te^ 
de femmes ensemble. L'Écrevissa aux 
cent pattes grimpe dessins , comme. <Hi 
représente la gente rimaiUeuse esea-^ 
ladant le Parnasse ; le Pigeon a ce^é 
pour elle de roucouler , et U Mau-^ 
viette de sautiller dans le« près ^ ces 
douces volatiUes ont été immolées en 
son honneur^ L'Anguille nage autour 
de sa circonférence dans un coulis 
délicieux. Des petits Qâteanx bien 
juteux , bien feuilletés y lui servent dit 
couronne. « ^^ 



des Gourmands» i^g 

» £st-ii.mn de plus beati^ de plus 
grand dans les magnificences de ia 
Table l. Oui , Monsieur , et je ne 
crains pas que vous me démentiez i si 
fftdis une pareille Tête eût pu èiiJs 
m-ésentée an peuple Jiïif, le culte du 
Veau d'or èùt cess^ sur-le-champ ^ 
cl tout Israël se livrant à une plus 
dauce idolâtrie , se fàt prosterné de- 
vant ce Veau, de chair , et lui eût 
élevé des autels. Tune impones super 
aliare tuufn vituios, 

» Mais , hélas ! Monsieur , après 
vous avbir rappelé nos jouissances , , 
vous raconterai - je' mes douleurs ! 
Cette cervelle , ces écrevisses , ces 
volatilles , ces anguilles y ces petits 
)|[âteaux , mêlés à Ceîis les mets aé-* 
tiécédens et subsécpiens , recouverts 
d» fromages glacés et non glacéif , 
Ae confitures sèches et liquides ^ ar-. 
rosés de vins indigènes (et étrangerr, 
de Ucpéurs fines et superfines ^ après 
avx>ir. séjourné quelque temps dans 
Bâon estemae , moins actif que la 
bouche qui les lui avoit transmis , 
rencontrèrent au passage du pilore 
une barrière qu'ils ne purent fran- 
chir. Ainsi , dans les grandes mers 
' C«xtaiiis détroils doublent les 4ange 



»8o y Aimanack 

de la navigation. Mon pilore , MoOr. 
sieur y n'est pas trës-complaisant , et, 
comme toa$ les vieuiC serviteurs , il 
résiste quelquefois à son maître. Le 
jour du Diner de Chaillot, il me 
refusa net son sei*vice accoutumé .... 
J'étois haletant y je sufïoquois, j'allois 
mourir. ... 

» Dans ce triste état, vous m'appa- 
r&tes, Monsieur ; )e vous vis au chevet 
de mon lit , en habit noir, et en frisure 
ronde , digne costume d'un Ministre 
de la Gueule , me prodiguant les der- 
nières consolations, et me félicitant de 
mourir de la mort des Gourmands, 
comme votre ancien et digne ami le 
docteur Gastaldy, de glorieuse mé- 
moire. Vous m'assurâtes qu'immédia- 
- tement après mon trépas , )e serois in- 
vité dans les Champs-Élyséens à un 
dtner sans fin , où l'appétit et la saîf 
n'auroicnt point de bornes , digne ré- 
compense réservée par les Dieui: aax 

martyrs de la Gourmandise ! ^ 

Ces tant douces promesses rappelè- 
rent la sérénité dans mon âme..... Je 
me représentai le Paradis comme une 
belle et vaste salle , où tout le monde 

"^ ;;eoit à gogo. . . . 

Mais bifijQitôt m^ 3uffoc»ilioM 



. des Gourmands^ 18 1 

-Yiècoiauuençèrentf et j'en maudis là 

'cause. JT'aecusois le Médecin de Chail- 

.lot de m' avoir tué y accusation qui ^ 

jMias.doate, u'étoit pas nouvelle contre 

un homme de sa robe^ Ce qui étoit 

vraiment nouveau , c'est que je mou- 

'rois^ non 4e« remèdes de ce Doc» 

teôr ^ biais de son Dîntsr^' L'obserVa^ 

tîon que j'en fis fut un trait de 

lumière pour tooi : si ce Médecin^ 

ane dis-je , tue avec ses Dîners ^ il 

guérit peut-être avec ses remèdes. . , ^ 

Essayons -eu, et tentons du prodige. 

Soudain j*avale huit Ctains de santé 

de la rue d'Antin avec plus de près* 

lesse que ne l'aUroit fait un escamO'» 

teur de plaCe. À peine soijit-ils deâ^ 

rcendus dans mou estomac., qu'ils s'en 

Irendent maîtres : ils échauffent , ils 

}>ressent , ils distillent , ils divisent 
es divers cbrpis qui s^y trouvent 
agglomérés . . > Le pilore sort de son 
engourdissement, il ouvre un pasage 
aisé aux aîimens qui s'y présentent , 
^t successivement tout le dîner de 
Chaillot , triomphant des obstacles 
qu'il avoit rencontrés , débouche par 
la^ comme on voit défiler sV^ nos 
boulevards un beau régiment d'iu- 
fanterie , arrivant d« provinces loin' 
6"" Partff, 16 



1^2 Almanadh 

laines et fatigué à'une longue marché,^ 
ïnais laissant voir ,Tnalgrè le mauTaîS 
état de ses vêtement è't la poussière 
qui les couvre, la dignité' de soti 
origitïe , et le juste orgueil de ses 
exploits gtierriérs .... Vous voyeï , 
Monsieur, que lorsqri^il . s'agit de 
peindre la digestion d'uû bon dîner, 
]e choisis assez bien iHés compas- 
raisons. 

» Après lirie îndîgéstibn aussi heu- 
reuse, j*auroîs dû, en digne chani-r 
pion de la Gloutonnerie ^ rechercher 
avec empressement l'occasion d'en 
attraper une autre : sw itur ad astra* 
Le dirai-je , k ma honte , Mô(^sieur , 
non-seulement je refusai de voler a 
de nouveaux combats , mâii je m'e 
disposai même à quitter le champ 9e 
bataille. Dans le cours ^às ma ma- 
ladie , ' 

Je Tis \ix Mort de près , et je îk Vîs Mtét^é* 

Cette camaMè mfe ôt ptétiéfe hi 
Gourmandise en horrëttr.- Pour ^léi 
jouer pièce , et ariWHlc^^u iaèn#e 
entier que je âésért(>is ^ autels, 
^l me vint eh tête -d^éërire tfrte 
Hribe c'efilr^ éSfe. Je -mfe s6it- 



des Gourmands. i8S 
yins fort à propos que TÂcadémie 
d*unc petite ville ou Soissonnois^ 
dans laquelle les Haricots «ont la 
base de tou5 les repas , avoit offert 
aux. Littérateurs de son .arrondisse- 
ment et de. toute l'Europe , une 
médaille de cuivra doré pour prix 
du medleur Éhge de la Sobriété ^ 
sous la condition irç^-^xpresse qu'on 
y joindroit aussi celui du légumepro- 
scrit par Pythagore. Un bea% désir 
de gloire vint s'unir à mes projets 
de vengeance y et me voilà taillant 
mil plumç pour écrire ce magnifique 
discours, 

» Aprèa.m'être graté le fr^Qt pen- 
dant, quelques, minutes j }e mets la 
înain à rpeûvrç . . , . ^e yçax tracer 
une première ligne*, Impossible* Ma 

S lume, quoique trempée et r^tfempée 
ans l'encre , ne formoit ^uoun carac- 
Scrcvî Je lî^ taille une secpnde fois... 
"essaye epçpre d'écrire ; inutiles ef- 
forts Ile papier restoit bUp<^ cojmme 
neigf j mon étoi^nçi^ejqi çi; ;i;na rage 
yedoubloienv.. y n^e sejjçtbloit qu'une 
divinité invisible ( la Gourmandise 
sans doute ) s'étoit mise de la partie, 
et. vouloit çl'empêcber de faire l'é • 
loge de la Sobriété , son irrécoli^ 



l84 . . AtmaTtàch 

liable ennemie... Je taille ma plume 
une troisième fois. JetâiBe de dïoitè 
et de gauche, avec mon canif j son beo 
indocile . , . . O prodige î 6 eochan-^ 
tement \ celte plume a cessé d^être uné^ 
plume à écrire ; elle s'est transfopinéô 
en Ciire-de]^t fje frissonne de pîai'sir 
en Voyant cette métamorphose : eBe^ 
suffit pour mé rappeler toutes mes 
anciennes jouissances. Tant il est vrai 
<^uelil^)uslégèr^ tentation peut rame- 
ner rhomiffe à ïa pa$sï<>n domiaai;ite 
qu'il a yiainehient essayé de doiràter ! 
Tous mes projets de réforme sWa-^ 
nouissent; ]e sens des. renlords au 
f(Aid de mon estomac , rraiè con^ 
scien<îë d'un Gourmand. J'oublie et 
les dangers d'une' iudigestion et Isî 
tnédaille de cuivre doré prowse è^ 
mon éloquence^ 

» Sur-le-champ ^ pour réparer m^^ 
faute, en attendant que |e puisse ivJL 
moler à la Gourmandise oijÀragée un 
cochon de lait, sacrifice ei({>iatoird 
bien digne de cette divinité, fe fi$ 
vo^u, Monsi^çur, de composer Félog^ 
des Cure 'dents. Ce sujet a le double 
avantage d*être brillant et neuf; i| 
est susceptible de tous les çenres d'é-» ' 
lî>q[ueace ; et sf (juelcjue chose doî^ | 



des GùurmaTtds, i85 

]n'eiiibarrasser,eR le traitantycVst Fa- 
bondancè de la toatiète. Je Fabré- 
gerai autant qiietpossible, afin qu'il 
puisse trouver place dans r>^i»iamicA 
des Gourmands , qui est sous presse^ 
et que l'Europe attend avec la plus 
vive impatience.' Encore quelques 
[ours , Monsieur , et il sera prouvé 
losqu'à révideiice que le Cure^dent 
tou]ours utile d'un vrai Gourmand 
est incomparablement plus digne d'é-* 
loge , que la plaine siouvent dange- 
reuse d'un grand Écrivain, 
n j'ai Tbonneur , etc.' 

» RoUGEMOIîT, 

» Rue de Grammont , n* ^5 , Maison 
du Dép6t des Coraux de la Ma- 
nufacture de Ms^rseille', etc. » 

ELOQUEIïCE GOURMAUDE. 

Tbaghei^t d^un Éloge des Cure- 
dents , prononcé devant le Jury 
dégustateur , après une de sei 
Séances , c'est-à-dire à la suited'uu 
de sesdiners^, par M. Rougbmo»t , 
Fabricant de Cure^dents , etc. 

« Messieurs^ 
» Le» Orateurs qui cboisis&ent mal 



ï8C ' Aîman€Lùk 

leurs sujets ^ sont obligés d'en gros- 
sir Timportaoce d«QS de pompeux 
èxordeSy et d'employer de grands 
mots pour louer de petites ehoses 
Plus heureux dans mon choix ^ ya 
n'aurai pas. besoin d'avoir recours à 
ces prestiges de T éloquence. Il mo 
niffîra de voiis dire.: Messieurs , y> 
/ais téhge cks Cure*dent$ , pour 
vous inspirer le plus vif intérêt , et 
captiver votre attention. 

» Ce simple énoncé , déniiké de tout 
ornement . étranger y a déjà épasiottî 
vos faces rubicondes y et apprêté .çur 
vos lèvres le sourire de l'approba- 
tion. Je ne pouvois , û est vrai , 
saisir une circonstance plus favora- 
ble au succès de jnon Discours. C'est 
' sur le champ de bataille qu'il &ut 
haranguer des guerriers } cVst sur les 
débris d'un dîner qu'on doit pérorer 
des Gourmands. Vous quitter à l'iq- 
stant un des banquets les plus vsomp- 
tuent qui ait jamais illustré les Séan- 
ces du Jury dégu&tateut ; les vapejars 
odoriférantes des mets obscurci$^ent 
encore l'atmosphère de cesalo»^ l'air 
est encore humide des jets impétueux 
du Champagne , le plus spirituel 
^es vins. Je voosvoi»» Messieurs^ 



des Gourmands, tSj: 

FOuler dam Vos doigts ces jolis ho- 
chets dont vous m'avez nommé !• 
panégyrifle j vous vous ea serves 
pour cacesser vos deuis en les par* 
courant Légère^ment comme les corde» 
d'une guitare* Cet exeroioe charmant, 
eet us9ge des Ciire-deuts, consacré 
par lapins respectable des Société» 
gourmandes y n'en e^-il paa le plus 
bd éloge 9 et que reste*t4I k dire à 
leur louange au Urè»-ind»gne Orateur 
du JurT 1 

: » ll^utce{»^ndâal«'ntfie!rdaii6mon 
s^jet ^ et ce sujet est une plume ! £Ile 
est donc destinée, cette uoble famille 
dles plumes, à participer à tout ce qui 
est grand 9 utile et agréable parmi le» 
hommes I Leur histoire est celle du 
Monde. Je les trouve par-tout , et pla-- 
çëes avec honneur. Après avoir p^é de 
leurs mille couleurs les légers habltans 
de Tair , elles viennent se balancer 
mollement sur le front des belles , et 
pmer cebiî de& Souverains ^ elles se 
groupent avec magnificence aurdes- 
•ùftde Ijpurs trônes. Le fiei^ indieu et 
»a sauvage compalgne s'en ceijuron- 
nent la tèle et en composent leurs 
vêtemens. Dans les déserts et dans 
IfSftCours eUe^ ajoutent une nouvelle 



i88 Atmanaeh 

dignité à tous les ornemens de I» 
Stature et de l'Art. Celles d» Paon* 
et de Poireau àt Paradis brilleiit en^ 
core auprès des diamant et des rubis». . 
Mais maUieuretisemçDt le Dindon a 
les siennes : il les prête à Fhoimaie' 
mii lui ressemble trop souvent , et 
dans nos salons comme dans nos 
basses- cours , on voit des être» à 
deux pieds faisant la roue , et dila- 
tant leurs crêtes ronges de présomp- 
tion y d'insolence et d'orgueil. 

D Je composetois , Messieurs y un 
Discoui^ aussi long qu'un éloge- acâ,-' 
démique , et qui provoqueroit in-» 
failliblement le sommeil auquel Fétat 
digestif, où vous vous trouvez , von» 
invite déjà assez , si , racontant le» 
divers usages qu'on fait des plumes y 
et les formes variées qu'on leur donne, 
j'entrois dans tons les détails^ dont 
cette narration immense est suscep-* 
tible. Que de choses à dire avant 
d'arriver aux plumes de M. Degeny 
ce bel oiseau du Nord , qui laisse 
l'Aigle bien loin de lui , puisqu'il 
s'élève dans les plus hautes région» 
du Ciel y sans même se servir de ses 
ailes : elles ne sont attachées «à son 
çol que pour mémoire ^ et il en su&« 



des Gourmands. î8g^ 

pend l'usage , pour rendre nn hom- 
mage aussi noble que désintëresso^ 
à la belle invention des ballons. 

i> Mai» les plumes , Messieurs ^ 
n^ont pas ^besoin de se montrer soua 
de brûlantes couleurs et dans un 
magnifique appareil pour acquérir 
de la célébrité et commander notre 
admiration. Plus elles se rapprochent 
de leur état naturel , plus sont grand& 
les effets qu'elles' produisent. Ainsi 
par-tout la simplicité s'associe forç 
pien aux choses merveilleuses. 

» Quel est ce - tujau sans ' bar- 
]>es, terminé en pointe à l'une de. seâ 
extrémités, et légèrement fendu? 
C'est la plume dé J. J. Rousseau ! 

» Quelle est cette autre plumé 
aussi simple que' la- première , mai» 

{>lus courte et moins pointue ? C'est 
e Cure-dent de G,...., 

» y oilh , Messieurs ^ deux plume;» 
gui , destinées à des usages bien dif^ 
férens , ont atteint chacune dans 
leur genre , leur plus haute destina* 
tîon. Abaissez-vous devant elles , plu- 
mes orgueilleuses qui ombragiez lu 
front du féroce Gusgian , lorsque ^ 
4ans le fond des forêts ensanglantées ^ 
Ùpour^vUvpit la malheureuse Als^r^ 



if)0 Almanach 

pour la ravir au vaillant et Cdèle. 
Zamore. 

» Maintenant , Messieurs , me peN^ 
inettr^z-vous un parallèle , ce lieu 
commun de Fart- oratoire ^ entre la, 

5)ume d'un grand Écrivain ) et celle 
'un Gourmand], sous ia forme de 
Cu^e-deot? Sans doute, cette illustre 
Assemblée , avant m|me que j'en 
produise la preuve, aqçovde à celle-T 
^i une immiQnsè supériorité sur la 
première. IJn pareil jugement ne 
sauroit être eontcf^l^^ 

» ; Attaohc|ii$-nous ^ Messsieurs , à 
la p)ume 40 Jeanr Jacques , poui; 
^ta£}ir cette ^mparaison ; ^n est-il 
de plus éloquente ! Elle a écrit la 

JSfous^elle Héloi^e « et- soudain de 

nouvelles Jujy^s et de nouveaux 
) Siaiut-Preux sont accourus de toutes; 
parts pour répéter la soène du bos* 
quet!... Elle a écrit r^^wuZe/,.^ et 
bientôt les indociles écoliers du dix- 
buitièm4e siècle ont remplacé les hom* 
lues graves et soumis au siècle pré- 
codent !•••« £Uë écrivit le CorUrat 
Sodak.^,. et peu de teiiip$ après , les 
antiques bases de la Sodété furent 
renversées , pour n^.sé relever qu*à 
l'époque $i ajtdemment désirée oè 



des Gourmands. itfx 

ce livre trop fameux cesia d'être lé 
rudiment des Public isles. Voilà ce que 
fut cette plume du citoyen de Genève, 
dont ou s'entretiéndroit pendant àes 
eièclcs , mais de laquelle on peut 
analyser les productions , en disant 
qu'eue charma les esprits, et désola 
les Nations. • " 

» Qui osei'oit^Méssieucs, adresser 
de pareils reproches aux plumes en- 
visagées comme Cure-dents? Leur in- 
nocence est généralement reconnue; 
si elles piquent quelquefois les genci- 
ves , c'est pour entretenir leur fraî- 
cheur. Voilà l'unique sang qu'elles 
font couler ; mais , d'un autre côté , 
que de voluptés ne procurent-elles 
pas ! 

» Représentez - vous , Messieurs ;, 
un Gourmand à l'heure de la diges- 
tion j et pour cela promenez vos re;- 
fards dans celte enceinte , où ce ta- 
leau se réproduit sous mUles forme» 
charmantes. Voyez - le mdllement 
étendu sur lin, sopha. ... ses yeux 
sont brillans , spti visage est fort.e- 
ment enluminé j ses poumons $*agi«? 
tent; un mouvement d'ondulation et 
de gonflement se remarque à ti-avërs 
^s vétemehs , depuis Iç dessous d« 



14^ ' 'Almûnach 
mentoti où s'est placé le dernier tApt* 
ceaudu dîner , jusqu'à là ceinture.»» 
Son état est un état de paix et de 
satisfaction intérieure j il n'espèi^e 
point j il ne désire point , il possède^ 
or, en droit , comme en cuisine ^^ 
meUor conditio est possidentis. Si 
dans cette situation il envie un plus 
grand bonheur , c*est celui de quel- 
ques quadrupèdes favorisés de la Na- 
ture , qui , couchés sur l'herbe , rumi-^ 
»ent doucement leurs alimens pour 
les faire descendre dans un second 
estomac , et doublent ainsi les jouis-» 
«ances de leur verdoyant repas. 

» Le Cure-dent , Messieurs ^ sup- 
plée , autant que possible , à ce dou* 
ble estomac , et procurera l'homme 
une partie des plaisirs dont jouissent 
les animaux ruminans. Ce. seroit un^ 
erreur de penser ^ et une pareille 
erreur n*est pas la v6tre , Messieurs, 
que cet instrument léger n^a été in^ 
venté que pour la propreté de 1^ 
bouche. Sans doute c'est là un de 
ses avantages , mais; ce n^est pas le 
plus importante Oui , le Cure-dent 
purifie tes alentours du palais de la 
Gourmandise , et j'emploie ici le mot 
À^ palais dans le sens propre et figuré ^ 



des GourrftnndSé S<}3 

il en dégage les avenues r il contri- - 
Lue par ce moyen à adoucir les ex^ 
halaisons de l'estomac dont s'ofiense 
l'amour délicat. Sous ce rapport , il 
est très-précieux et mérite des éloges^ 
Mais telle est la richesse de mon sujet , 
<Tue je suis forcé, pour, être court, 
d'en négliger certaines parties su$-- 
ceptibles des plus beaux développe*' 
mens* Ce que je il'omeltrai pas de 
dire , Messieurs , c'est que le Cure- 
dent rend souvent à la mastication 
des parcelles d^alimensqui lui étoient 
échappées y et rappelle ainsi en abrégé 
les mets divins aont se composoit 
un bon repas : et rnenums^ juvabit t 
» En enet , le vrai Gourmand i^e 
s'en sert pas cpmme un stupide bour- 

Seotô de la rue aux Ours -, il met 
ans son usage de la finesse et de 
l'observation. Trouve -t-il entre dei:^x 
molaires le moindre débris d'une 
viande délicate et légère? ne croyez 
pas qu*il val'avaler comme un étourdi. 
Non j il le roule dans sa bouche ^ il 
le savoure, il en exprime les sucs, et 
s'il découvre enfin que ce fragment 
appartient à une aile de perdrix , ta 
plus délicieuse des ailes ^ il est a,a 
comble de la joie* 

»7 



194 Almanaclk 

» Aptes l'avoir aval?, notre Gour- 
mand continue ses recîiérche^. Que 
recèlent, se dit-il, ces deux canines? 
quel est ce petit corps spongieux que 
rencontre mon Cure-dent ? Dieu de 
■ la Seine, je vous remercie , vous me 
rendez une parcelle de langue de 
carpe!!! 

» Mais les incisives, dont se compose 
Tavant-garde de la dentition, ïi' ont- 
elles donc rien retenu ? poursuit le 
même personnage^ neme procureront- 
elles aucun arnère-goût de ce dîner 
délicieux qui n'a duré que six heures!.. 
IMvinités des bois , c'est vous main- 
tenant que je dois célébrer! Par votre 
ordre , le féroce sanglier a tombe 
tous le plomb du Chasseur .... Le 
Cuisinier du Jury l'a dépecé avec 
«on couteau meurtrier.... Ub filet, 
coupédans ses flancs , et arrosé d'un^ 
«auce piqii^nte, aparu avec honneur 
sur là table des Dégustations, En 
dévorant l'animal carnassier, mes in- 
cisives ont si vigoureusement ^v^^ 
leur proie , qu'elles en ont conservé 
des débris , et ce sont jeux qu'elle^ 
me restituent à l'aide d'un Curcr 
dent. . . . O sublime .et ingénieuse in? 
vention^ Técrivainqui signe unelcttrç 



des Gourmands* igS 

grecque dans le Journal de t Empire^ 
est seul a^ses savant pour nous dire 
à quel siècle' tu remontes^^ et de quel 
génie tu es Theureux ouvrage ! 

» Tel est j Messieurs , le langage 
d'un Çourmaod qui ^ dans l'exercice 
de la digestion y recommence , pour 
ainsi dire ^ les diverses Jouissances 
de son diner. Vous avca vu que c'est 
aux Cure - dents q)i'il les doit. Sui- . 
vant la conformation de cesmém.ç$ 
dentf^ et la. manière dont elles sont 
placées dans la bouche , ces voluptés 
se renouvellent plus ou moins sour 
vent. Mais chez quelques vëtériuis 
de la Gourmandise ^ elles sont si 
multipliées y que tout le.^iner ^ de- 
puis le potage jusqu'au dessert^ passe 
quelquefois en revue. De cette ma* 
nière , ils se trouvent amplement - 
dédommagés. 4'^votr des dei^ts fati* 
guées par l'âge et un long exercice ; 
car 9 sii çUes sont moins promptes k 
broyer les alimens^ ^ elles en sont 
aussi plus économes y çt retard ent, 
en prologeant les plaisirs de la mas« 
^cation ^ leur chute, dans l'estomaô 
qui doit les dévorer sans espoir do 
retour. 
9 $i^e i^e sui^ét^ndi^;^ Messieurs^ 



t96 Almanack 

ïur cette éminente propriété de« 
Cure-dents , c'est qu'elle m'a parue 
êÂçat de vous inspirer le plus vif 
intérêt. Maintenant , pour raccroÎT 
tr^ , s'il est possible , je vous prie de 
remarquer combien est exigu le prix 
de la plume avec laquelle on se pro- 
cure ces jouissances diverses : il est 
tel que ]e n'ose l'énoncer dans la 
crainte d'avilir le sujet de mes éloges , 
car les hommes sont naturellement 
|K>rtés à n'estimer que ce qui leur 
coûte beaucoup. Toutefois , sans 
létre arrêté par cette appréhension , 
et voulant terminer mon Discours 
par un beau mouvement de sensi- 
bilité , souârez y Jilessieurs j que je 
vous conduise dans le Palais si jus- 
tement nommé Royal ^ où la Gour- 
mandise j et son aimable sœur la 
Volupté , ont établi leur principal 
domicile. £ntrons^y parle Passage du 
J^erron, en nous inclinant respec- 
tueusement sous les Salons paifumés 
d'ail des trois Frères Provençaux, 
Quelle est cette voix argentine crui 
vient frapper mes oreilles? c'est celle 
d^une pauvre femme qui répète cent 
luille mis par jour ces paroles toU- 
ài»a\Ài ; P^qyez , Messieurs , un pa* 



.€s Gourmands. igy 

0U€t ' (^^re- dents pour un sou! 
^ /€tr plus loin , un enfant , digne 
^ao de sa mère , redit aux'pasç.ans , 
•<)ixante fois; par minute. . . . Allpns ^ 
Messieurs y Un paquet de Cure -dents 
jfour un sou : Je n'entends Jamais 
CCS infortunes sans me sentir, viye- 
nicnt ému. Sans, doute ^ me dis -je 
alors , ils ne vendent des Cure - dents 
aux autres,queparc(î que leurs propres 
'dents sont inactivjps, et leur bouç^ie 
"scroit éternellement vide , si lés 
habitués du Palais - Royal né net- 
toyoierit pas les leurs. Que peuvent- 
ils gagner d'ailleurs sur la venté d'un 
paquet de Cure - dents ? moins qu'un 
centime ; • et combien n'eii faut- il 
p^as de ces centimes ^our avoir ùriè 
livre de pain ! . 

» Au surplus, Messieurs , ma pitîé 
clans ces rencontres n'est pjoint sté- 
rile* Je fais un trop grand cas des 
Cure - dents pour laisser dans la 
peine ceux qui les vendent. Quoi- 
que j'excelle dans leur taille , dont 
j ai fait une étude tonte particulière, 
il ne m'est jamais arrivé de traverser 
le Palais-Royal sans en acheter un 
paquet que je paie toujours c/w^Ma/i/e 
centimes y par un sentiment d'huma- 

17. 



if)8 Almanack 

nité, et pour rehausser, ^ttU^' 'j| 
dépend de moi , la valeur de \,^^ 
marchandise inesUmable. Aussi u» 
Bi-je ches moi une ample provision^ 
on en trouve dan^ mon secrétaire ^ 
dans ma commode , et dans toutes 
mes armoires^ mes domesti.ques eux- 
mêmes en ont à discrétion : ils se- 
ront , après ma mort , la plus riche 
portion de mon héritage ) et lors- 
que d'avides collçftéraur &e présen- 
teront pour le partager entre eux y 
ils enrageront sans doute en voyant 
que jç leur ai légué tout ce qu'il 
ialloif pour soigner leurs dents , et 
rien pour mettre dessous, fgo autem 
rïdebo. i 

v> Je saisis cette circonstance pour 
offrir en Légitimation aux M^mbre& 
du Jury dégustateur et à son véné- 
rable Président , des Çuf6*deiits que 
l'ài perfectionnés y et pour lesquels 
]e m^ propose de demander un brc;- 
vet d'invention ; ils sont tous d'unç 
coupe différente, suivant la forme d^s 
dents. J^én ai pour les jeunes et pour 
Içs vieilles mâchoires. Vous obser- 
verez , Messieurs^ qu'il y en a dans 
!o nombre de très-menus ; ce sont 
de* plumes de tourUrelles délica.- 



des' Gourmands. B99 

teroent taillées : elles soni destinées 

Sour^les bouches fraiches et rosées 
es Sdsiirs Gourmandinettes ,• que des 
Cure i- dents ordinaires pourroient 
blesser. Puissent ces boucWs me 
payer un jour des soins que j'ai pris 
pour leur èonservation^t 

* Je Depuis ii^ir ce Discours ^mis me 
félidter dé Favoir proncrrtfcé dèrant 
la premièire et la plus utile des Acalté^ 
mies del^urope> car, qboiqu« vôtre 
institutîMi soit un t'^itable trftânâl ^ 
elle a en outre plusieuss des qua- 
lités qm constituent les Sociétés sau- 
vantes. L'Académie fiançaise est éta^ 
blie pour conserver les principe^ de 
la langue ; Vous Tètes pour maintenir 
eeux de ' la bonne chère : elle est 
«chargée de rédiger . le Dictionnaire 
de cette- mêoM langue , et vovs de 
composer, un AUnanach de Gourman-^ 
dise ^ besogne , à pader vrai ^.beau- 
coup ;|4^s.^yancée que la sienne r 
elle porte ses jugcmens en discou^ 
rant , Vous les prononcez en man- 
geant j avec cette, différence que seà 
paroles sont quelquefois perdues , et 

Sue vous ne peraezjamais un epup 
e dent. Enfin Vos Séances sont sou* 
vent suivies du soiamexl de la diges- 



aoal Almanach 

ont du rapport avec la Table ) ne 
peut guère être chaque année qu'un 
même tableau. Il faut cependant en 
Tarier les formes , et dire à peu près 
les mêmes choses en d'autres mots^ ce 
qui , pour un Ecrivain , est beaucoup 
plus embarrassant que de composer 
de la. prose tout à fait neuve. 

Quoi qu'il en soit , les- révolutions 
opérées depuis deux ans dans l'em* 
pire gourmand se réduisent à très- 
peu d'évcnemens. Quelques faillites , 
ç^uites nécessaires de l'état de stagna- 
tion du Commerce ^ quelques muta- 
tions opérées sans éclat ; un fort petit 
nombre d'établissemens nouveaux j 

§' lusieurs noms à ajouter à la liste 
es Fabricans ou des Artistes que 
nous recommandons à l'attention des 
Consommateurs ; d'autres ' individus 
& retrancher , ou seulement à ad- 
lûone/gter l parce qu'ils ont reculé au 
lieu d* avancer dans la carrière des 
Art^ alimentaires : tels sont à peu près 
tous les changemens qv^e nou« aurons 
p. signaler , et toutes les différences 
qui se trouveront entre cette liste et 
}a précédente. 

J<e prix toujours croissant des dcQ' 



des Gourmande. 2û3 
les coloniales a renda fort difficile 
exercice de certaines professions, tel- 
s 9 par exemple ^que celles dç Distilla^ 
nrs , Confiseurs et Limonadiers. Les 
*emières Maisons de ces divers gen- 
s de commerce restées fidèles à leur» 
innés habitudes , et voulant sputenir 
éclat d'un grand nom ^ ont continué à 
nployer dans leurs travaux le Sucre < 
le Café dans toute leurpûreté ^ mai» 
plupart des autres , p^u^ ^ides et 
ms scrupuleux , n'ont pas hésité 
■ nployer le Miel au lieu de Sucre 
s lii confection .des Xi^veurs y de^ 
fîtures, des Sirc^ , jA même de^ 
\^es j qu eIlesvn!out {xoint cessé ce- 
lant de yendj;e^u même prix que 
.avoient été rfabxigués avec dii 
(i),tce quiestJtroix^periçffi-onté- 
.\c.PuWic. 
oberté efcessive 4es .farines^ 
valeui' a ,plus f ue triplé dan^ 
s moi» , a jrCté les Pâtissiers 
• u'îjtnds embarras. Ils ne pou* 
gmentcr Je prjx de la plu«- 



i2o| Almanath 

part de leurs marchandi3e$ , patine 
qu'elles ont en quelque sorte on tarif 
auquel le consomma:teuT est tdlement 
accoutumé , qu'aucune considératîoa 
ne peut l'en faire soitîr : il a donc falluy 
pour éviter sa ruine,diminuer la quan- 
tité de la matière première^ iiussi la 
taille desBrioches, des petitsGâteaux, . 
des Pâtés, desEchaudés,a-t-ellè$uo- 
cessiyement baissé , sans qu'on ait eu 
le droit de s''en plaindre, quoique le 
prix ^oit resté le même. B n'est pas jos- 
qu'aux Pâtés froids dont la ciToûte a 
été singulièrement amincie , au ; ^rand 
détriment de leur conservation i mais 
cet état de choses n'étant que ^assa- , 
ger ^ dès que la farine aura repris son 
niveau , les Brioches , les Gâteaipc , 
les ÉcUaudés , reprendront leur am*^' 
plitude, et la croûte de Pâté îtfon 
«paisseur. iTout nous promet mémf> 
que ce retour heureux n'est pas é' " 
gné, et que l'Automne et l'Hivet - 
sont les véritables saisons d-^ 
lissenc , s'ouvriront sous d'î* 
^a,uspices• 

Les Fruits ont été trèè-' 
en t^{ I ; mais lé manque 
c'est-à-dire son extrême 



des Gourmands» i6S 

n'a pas permis de profiter à cet 
ëgard de la libéralité de la Provi'- 
dence , ainsi qu'on Feùt fait dans 
d'autres circonstances. Cependant 
l'industrie des bonnes ménagères s'est 
'^«vertuée , et roidie en quelque sorte 
. contre les obstacles -y elles ont trouvé 
le moyen de conserver , par une des- 
siccation savante ^ des Prunes , des 
Raisins , et même des Abricots , sans 
leur faire perdre beaucoup de leur 
ifiaveur. La méthode de M. Appert sk 
jéXÂ aussi d'un grand secours à plus 
^ •'d'un propriétaire pour conserver à 
^"^peu de frais les produits de son 

} jT^TVdus nous* lassons de signaler les 
infidélités toujours renaissantes de la 

Skupsrt des détaillans dans la pesée 
esd^inrées de première nAsessité, Il 
serât cependant temps d*y apporter 
ipemede ^ et de ne pas laisser les Bou- . 
cher?, , les Boulangers , les Charcu-* 
tiers , les revendeuses , tromper im- 
punément le Public. La conversion 
des nouveaux poids ( les seuls dont 
ont puisse se servir ) aux anciens est 
le prétexte , ou plutôt la cause de 
cet odieux tirafic , qui renchérit de 
plus d'un dixième tout ce qu'on 

i8 



.ao6 jilmanàth 

achète -au. dclaiL II ^eroit à «îési^for 
oue teconsoftimaleur^ renonçant en^ 
bn à ses anciennes habitudes ^ vetilut 
bien acheter au kilogramme et à 
toutes ses si^bdivisions > dès lors plus 
^e moyens de tromper : au moins Ta 
Iraude sercit-elle bien plus aisëe i 
découvrir , et surtout à constater. 

Sous prétexte que les pains long? 
( fabriques cependant avec la mêm« 

Sâte que les autres ) sont des pain| 
e luxe , les Boulangers se croien 
autorisés à les rendre plus légers d*ui 
huitième qu'ils ne devroient Telr© ' 
. Cjest ainsi qu'il manque presque tou« 
-jours de six à dix onces sur les i^eM. 
de quatre livres 5 et que &^ ceu s ^ , 
deux , la tromperie est ppoportiott 
«lellément j^& forte ( l). 

En partant 4e tous les- Ai**»"^» 
Marchands y Fabcicans , »o«8 w^»*^ 



(i) Ce scamUle est porté au poî\»*^ '•f»t 
le 10 novembre i8ii , nous avons acbe« 
chez le Boulanger de lar petite rue M 
Rempart , près le Xhé^re Français , i»» 
pain long, et mal cuit, de deux livres, q" 
ne pesoit que v^ngt-cinq onces. Nous *lft' 
\ions à ceUoulanaer, qui ose même p<^ 
nîfler les gens qu'il trompe, la justice», 
le signaler à la vindicte publique. \ 



des Gonrmûnês. 207 

tâché de tenir la balance égale , et 
de les juger avec celte impartialité 
rigoureuse sans laquelle la justice ne 
seroit qu'Un vain nom. Noiis nous^ 
attendons cependant , cette année 
comme les précédentes à recevoir plus 
d'une plainte -.ramour-propre offensé 
crie toujours assez haut , et ce sentie 
ment existe dans lès cuisines comme 
dans les académies. A cela que faire ? 
Poursuivre courageusement notre car- 
rière , et distnbuer sans aucun ména- 
gement la louange et le blâme, ea 
a'écoutant que la voix de l'équité. 

Guidé dans nos jugemens par le 
Jury ôiScusTAtEUH , cette Société çé-» 
lèbre , dont le pdais de chacun dé 
Ms Membres est un véritable alambic, 
nous ne craignons pas de nous égarer* 
Le procès - verbal de chacune; dçs 
Séances de cette Société contient le 
tableau tidèle de sel décis tops* impar-» 
tiales ) et tous les artistes jugés par 
elle y le sont aussi bien que s'ils 
avoient passé au tribunal d'Eaquc , 
de Rhadamanté et de Minos. Lesplai-» 
gnans pourront toujours y recourir^ 
pour voir que ce n'est pas notre 
opinion seule que nous donnons au 
Public* Et 4'il Jaous éioit permis dQ 



/ 



3oS AUhanach 

lui communiq[iicr également le nom 
des illustres Membres qui composent 
le Jtjry dégtj STATE ûe , il verroit que 
nous n'avançons rien de trop , en si- 
gnalant cette Société comme renfer- 
mant les meilleurs appréciateurs de 
tous les produits nutritifs sortis des 
ateliers de l'Art ou de ceux dç la 
Kalure. 

Bouchers, 

Ils ont dû faire pendant le cours 
de 1811 d'assez bonnes affaires; la 
viande sur pied «'est n^aintenue à un 
assez bas prix , et dans leurs étals 
elles^est toujours vendue assez chère : 
il est même à croir^ que sans la 
Halle à là viande , qui contient l'avi- 
dité de ces Messieurs ^ ces prix eussent 
été bien plus élevés encore. 

Ce qui achève de prouver que 
les Bouchers ont fait des bénéfices 
considérables , c'est le faste que 

Ï plusieurs déploient maintenant dans 
eurs enseignes. U en est dont Pétai 
est décoré avec un luxe que plus 
d^un Marchand de Nouveautés en-p 
vieroit 5 et pour n'en citer qu'un 
«eul ( dont au re$te la boutique es| 



des Gourmands, 309 

toujours approvisionnée de très-belle^ 
yiande), M.Chéradame, {lia Halle^ M. Chër»- 
offrc dans la devanture de soa "*"**• 
élal , tout ce que l«i serrurerie , unie 
k la sculpture en bronze et à la do- 
rure y peut fournir de plus magnifique 
et de meilleur goût.. 

Beaucoup plus niodeste , M. De Lan- M» De Lan* 
ney ( me Montmartre ^ n* a ) n'a fait ney» 
aucune dépense pour attirer le», cha-- 
lands 'f mais il continue de vendre de 
très-bonne viande. C'est le Boucher 
ordinaire du Jurt dégustateur , et 
ce choix lui {ait hoimeUr. 

M. Darras , qui unissoit tontes les 
vertus d'un excellent homme aux 
quahtés.d'un très-bon Boucher , s'est 
retiré , au grand regret des con- 
sommateurs y et son voisin l'apothi- 
caire a englobé cet étal dans soa 
'officine. 

Mais , en revanche, son voisin j.bj^]^,^,,^^ 
M. Ferrand , a conservé ses deux 
étals 'y l'ancien , rue Sain te- Anne , aa 
coi^ de celle de Langlade^ et le 
nouveau au Marché des Jacobins* 
Nous n'avons pas remarqué que le 
premier fût aussi bien approvisionné / 

qu'autrefois 5 et ces veaux de Poa- 
toise y dont l'édaUnte blancbeut 
18. 



Sio Almanach 

ëbloulssoit les yeux des pa5san»> non*- 

Ïaroissent avoir fait choix d'un autre 
omicile. / 

M. Vesquc jouit de la rëputatioi^ 
d*étre,Ie meilleur et le plu» fort Bou^ 
cher du faubourg SainC-Honoré y où 
il demeure , n"" 5. Sou ^lal , taujours 
appravisionné de très-belle viande ,, 
et l'avantage qu41 à de fournir les: 
plus grosses maisons de ce quartier 
opulent , justifient et soutiennent $a 
renonunée« 



'S^ 



Paris est la ville où Ton eonnoît 
k mieux Tart de fabriquer le pain^ 
et celle où l'on mange le meilleur. 
Il s'en faut cependant que tous le$. 
Boulangers qu^eUerenferme^n dissent 
même de bon. Plusieurs ne sont que 
des routiniers insipides, qm n'ont pur 
s'élever à la hauteur de fart, et qui 
sont demeures spectateurs passifs de 
ses progrès. Û en est diantre» , aiv 
oontraiie, à la tête desquels notfc^ 
citerons M. Lembert , rue du Mont- 
blanc , n"" 3 , qui se sont attachés II 
simplifier et à perfectionner la ma- 
uipulatioa du pain , et qui y sool, 



des Gourmands, *xi% 
parvenus( i ). C'est rendre service tout 
à la fois au commerce et aux eop* 
sommateurs. 

M. Pourcét a quitte , nous ne sa- M.Pourceii 
vons. pourquoi , le superbe établis- 
sement qu'A tvoit formé rue du Pont, 
de Lody ^ pour une très -modeste 
boutique rue Dauphine , n" i6 , non. 
loin de ce Musée de Paris ^ qui y 
pendant sa courte- existence , a ré- 
pandu un si grand vernis de ridicule 
sur tous ceux qui avoient le malheur 
de faire partie de cette bizarre asso- 
ciation. C'est là qu'il continue tou- 
jours de fabriquer de très -bonnes 
marchandises y et sur-tout ces çxcel- 
lens petits Pains au beurre , dont ht 
délicatesse est eilreme , et qu'aucun 
autre Boulanger n'est parvenu à bien 
imiter.. On sait qu^^il a en formé un dé- 



(i)On lui doît riitVcTition d^lne manîèref 
«lécanique de pétrir le pain , dont on ne» 
peut manquer de retirer de grand» avanT- 
targes > tant pour l'écononiiie de la main* 
d^œuvre , que pour la propreté er la sa- 
lubrité. It est bien à désirer que IMnrérôt 
personnel ne parvienne pas à remire nulle 
cette belle découverte , qui honore sSn^»- 
ISèrement son auteur, et qui lui a ipérit6 
lés suilrages de uos plus illustres saraAs»' 



11^ Almanach 

pot rue Saint-Honoré , n" ^44 > et- 
que dans celle Succursale I^i vente- 
est si rapide, que souvent avant deux 
heures la boulique es.t .fermée faute 
de marchandise. 

.Poîzard. Nous continuerons dç recomman- 
der comme un bon Boulanger y M- 
Poizard , successeur de M. Gaumard, 
me Saint - Dominique , ,près celle- 
Taranne ^ . ^ 

• Yaddé. Ainsi que M. Vaddé , successeur 
de M. Battu , rue Saint-Denis , près, 
celle des Prêcheurs ; cette boutique 
est sur-tout renommée parles excel* 
lentes flûtes. Le débit en est prodi- 
gieux , et lorsqu'on y arrive passé dix. 
heures , on est à peu près sûr de VLtVb 
point avoir. 

Marchands de Vins. 

Le commerce des Vins est sujet à de- 
grandes vicissitudes , et de tous les ob- 
jets de première nécessité , c'est celui 
(juiest exposé à de plus fréquens re vert 
Aosslles faillites sont-elles si commua^ 
nés dans celte profession , qu'on n'y 
fait jplus d'attention maintenant. L'an- 
née 1811 a été en général excellente 
pour lu vigne ^ IcsYins seront de boone 



des. Gourmands. ai3 

garde , et auront de l'esprit et dû 
coras 5 en sorte que ceux qm ont 
spécule sur cette dernière récolte te- 
ront dcbonnesaffaires. Mais les années 
précédentes avoient été si mauvaises , 
que toutes les spéculations qu elles 
ont eu pour objet ont tourné contre 
leurs auteurSé ^ 

Beaucoup de particuliers s appro- 
visionnertt à la HaUe au vin ( à la- 
queDe on prépare un logement plus 
digne du premier entrepôt bachique 
de Paris ), et nous ne chercherons pas 
à les en détourner. Les Marchands 
qui y sont établis se trouvent là sous 
Tine espèce de surveillance qui met 
l'acheteur àl'abri de quelques mfade- ^ 
lités. Mais les ruses (pour ne pas dire 
les friponneries ) sont pratiquées en 
si grand nombre dans ce commerce , 
que l'acheteur a beau êtçe sur ses 
Sardes, il finit toujours par être 
trompé. Ce n'est pas , au reste, mic 
. chose nouvelle , et l'on diroit que de- 
puis Horace jusqu îi ce jour, les Mar- 
chands devins et la probité ont tou- 
jours été en divorce. Cette règle admet 
cependant des exceptions, et la Mort , 
m frappant M. Sandrin le père , na 
pas fait descendre dans la tombe tous 



ai4 Alntamteh 

les honnêtes Marchands de vîn. Non» 
pensons même que le plus sur moyen 
d'être hien servi, est de s'abandonner 
sans réserve à cd^ui anouel on aura 
4onné sa confiance. Les fripons même 
ont quoique honte de tromper ceux 
qui en agissent ainsi avec ^ux. lis. 
peuvent en abuser pour vendte cber;^ 
mais au moins, ils se pitfuent de don- 
ner de benne marchandise , et c'est ^ 
tout ce que le consommateur doit de-* 
sirer: ce n'est pas en fait de vin qu'il 
faut tirer à Tëconomie. 

Les caVes de M. Tailleur ^ rue de 
Grenelle Saint- Gei:main , n** a6, sont 
toujours supérieurement approvision* 
nées , sur-tou^ en vins de liqueur et 
d* entremets , tant exotiques qu'indi- 
gènes. On £fe rappelle que ce grand 
«chanson du Jury dégustateur ( car il 
vient d'être promu à cette haute di- 
gnité ) ayant écrcm^é dans le» pre^ 
mière» années de la Révolution le» 
meilleures caves des émigrés ^ a eu 
le bon esprit dé les entretenir en 
continuant d'acheter sur place la tête 
de nos meilleurs vins. Ses fréque»* 
voyages dans nos vignobles les phisi 
cslimés ; les fonds immenses dont il 
dispose, et la finesse de son palain 



IX it ses iû p^ut doi 

puïser >avcc coofià^Cfe oans les* ma- 
jasius de M. Tailleur , oïi. n*aara qu'à " 
!'en applaudir. Lorsque des vinogra* 
jhes distingues arriveiU à Paris ^ ils 
î)nt soin lie descendre à l'Hôtel du ^ 

f^rince de Galles , dont il est l'hôte^ 
fifin de se trouver sans déplacement a 

l' me trës-bouue table supérieurement 
breuvée^ 

1 On continué de trouver à rHotel H«»eldtè* 
lies iVméricai|i»r^ cette métropole <]^ AmencuiM* 
^e la gourmandise la plus reclierchcc y 
les meflleurs vins fins de France et 
|de Tétranger, tant pour Tentremjets 
iLjuv pour le dessert. Les corres- 
. ^ondans fidèles <ju^a cette Maisou 
àsLxa toutes les contrées tributaires 
^e notre sensualité , sonl des garati» 

§-U de l'excellente qualité de set 
Les meilleurs crûs de Bordeaux « 
Champagne , de la Bourgogne > 
iôtes du Ehin , du R^ussilion > 
Jde TEspagne et de la Grèce, four» 
^ missent à /ses assortimens -, et le can« 
: sommateur ^ bien s^ dje n'être ja.-^ 
^mais trompé sur l'origine et sur la 
; qualité de ces divers uectare , peut 



Gcm ne 

/ccasion icunc^* 

estime dans jul- cnapitre des Distilla- 
teurs 9 a dans son magasin des vins 
dè^ dessert d'nne très -bonne qualité. 
Sol^ domicile est toujours rue du 
Baie, attenant le Passage de Saint- 
Thomas d'Acquin. 
M Tour- ^* Tourton , en vendant la pro- 
ton, priété du Clos-Vougeot , s'est sans 
cloute réservé celle des produits de 
cet admirable vignoble qu'il avoit en 
magasin dans ses caves de la rue 
Saint- Georges , au coin de celle de 
Provence. ^ 
«*«* T^«-.» Parmi les nombreux commiss>>n- 
etVilcoq à na»r€S Bourguignons qui expédient 
Autim. ' en droiture à Paris leurs vins aux 

Earticuliers qui aiment à puiser aux 
onnes sources , rious signaîeii'ô7I^«*flf 
Maison Jovet fils et Vilcoq , d'Au i 
tun , comme digne de la plus grande f ' 
confiance. Ces Messieurs , qui écré- 
ment chaque année les vignobles les 
plus renommés de la Bourgogne , 
ont dans leurs immenses caves un 
assortiment des meilleurs vins vieux 
de Chambertin , Beavne , La Borna- 



éie^ GoUrmànds . a i J 

ii{5e , etc. j qu'ils envoient à Paris par 
Jpiniers, au désir des consommateurs* 
M. Creuzé de Lesser , qui a été long- 
temps sous -préfet à Aùtun ^ où il a 
laissé un nom cher sous bien des 
rapports ^ et où il ténoit une table 
excellente , faisoit un cas particulier 
de MM. Jovet fils et VÙcoq ; et , 
quoique buveur d'eau , son siijO&agé 
n'est point à dédaigner. Nous avons 
d ailleurs eu occasion de juger par 
lious-même de là bonté des vins dé 
, Ces l'espectabies commissionnaires , et 
c'est en grande connoissance de causé 

gue nous sollicitons pour eux lacon- 
ancé de tous les véritables gour- 
mets (i). 



(i) il est une observation ù faire sur les 
^ns de BourfJOgne^ en particulier, et en gé- 
jiéral sur tous ceux qui ont comme eux un 
bfiaquet très-fin , et tettfe saveur admira* 
bie qui est le cachet de l'esprit, c'est qu'ils 
perdent beaucoup à être frappés de glace ; 
et la raison en est palpable. Ce bouquet 
îpappréciabie , cette paveur divine , mais 
fugace, se dissipent à Un trop grand froid: 
ils se développent au cOntr.aire à un de- 
gré de chaleur modéré. Il est dont essen- 
tiel de ?ortir ces TÎttsde la cave mielquca 
duarts d^heiire avant le repas , et de leurlaiS"* 
âer le temps de se mettre au degré de.tcixH 
V^/ Partie, 19 



i8 Almanach 

Rôtisseurs, 

La Vallée a pris depuis quelque» 
mois un nouvel aspaçt; trois immense» 
hangards bâtis en pierre , couverts en 
ardoises y et construits avec autant de 
noblesse çue de simplicités, ont rem- 

Elacé ces misérables échoppes mo- 
iles qui obstruoieht le quai des 
Augustins , etquidounoieiH aux étran* 
, ge^s une si pauvre opinion de nos 
Rôtisseurs. Dans Ce nouveau local ^ 
Tachetéur peut se promener à l'aise ; 
les marchandises ne sont plus entas- 
sées , et chaque boutique présente 
un _coup-d'œil qui attire au lieu de 
repousser. On ne peut trop louer le 
Gouvernement qui s'occupe ainsi de 

U . _ 

/ |>érature de la «aile où rpn mange. Ajou- 
tons que pour bien les apprécier , il fane 
les servir au plus tard au rôti , et ne pas 
aftendre que les entieniets sucrés, le des- 
sert , les fruits , en oblitérant le palais , 
,^ lui fassent prendre une fausse direction , 
* et rendent l'organe du goût incapable de 
juger du mérice de ces vins. Avec ces deux 
précautions J ou sfcra sftr de les boire ex» 
cellens, sur-tout s'ils ont été tirés des caye» 
de MM. Jovet fils et Vilcoq. 



des Gourmanisi S19 
tout ce qui peut ajouter à nos jouis- 
sauces gourmandes, et qui n'oublie 
aucuhe des autres. 

Dans ce déménagement des Fac- 
trices de la Vallée , qui n'a pu s'opé- 
rer sans une sorte de confusion , 
nous n'avons pas encore pu recon- 
noitre celles qui , dans Tancien lo- 
cal , méritoient le plus de confiance , " 
telles que Madame Moran.d , etc. M«« Mo- 
Nous sommes «même forcé d'ajouter rand. 
une les acheteurs , un peu déso- 
rientés , nous y ont paru moins nom- 
breux que de coutume. Mais la grande 
étendue de ce Marché en est peut- 
être la cause \ et disséminés sur un 
espace aussi vaste , les consomma- 
teurs et les marchands se perdent 
en quelque sorte dans le vide. 

Le ]yf arche à la volaille , qui se 
tient également tous les jours à la 
Halle , est constamment bien appro- 
visionné , et les prix différent peu de , 
ceux de la Vallée. Madame Lallouette M*« Lat 
continue d'y tenir un des premiers louette. 
rangs. 

Comme depuis qu'il est parvenu au M. Bîçn^ 
rang de Rôtisseur impérial et de mil- *"**** 
nonnaire , M. Biennait est devenu très- 
difficile à contenter, et fort chatouil* 



,0 . AJmanach 

*eux sur le chapitre des éloges, noni 
croyons devoir cette année nous ren* 
fermer à son égard dans les bornes 
d*un prudent silence j nous conten- 
tant de renvoyer le Lecteur à ce que 
nous avons dit de cette boutique dan$ 
notre précédent volume (i). 
. ïîeau- ^^ Rôtisseur , nommé Bcauvillard ^ 
rd. s'est établi depuis quelque temps dans 
la Cour Saint-Guillaume. Son début 
a été modeste ; mais à force de ven^ 
dre de très-bonne marchandise à des 
prix d'autant plus raisonnables , que 
p'ayant pas fait bâtir d'hôtel , il n'est 
/ pas obligéde faire payer son architecte , 

a ses pratiques , il s'est acquis la con-, 
fiance des consommateurs, et même 
celle du Montmorency du four, qui 
trouve S0U3 tous les rapports de l'a- 
" vantage à se pourvoir dans cette bou-« 
' tique, où lôn est encore poli, parce 
queTona point encore fait une grosse 
fortune , et ou travaillant à se faire 
une réputation au lieu de vivre siu: 
elle , ou n'épargne rien pouy attirer 
et pour fix.e^ les chalands. 



(i) Voyt\ pages 207 dt suiv. de U sep.* 
. f ^èpç^e Année de XAlnmnK 4^ Q^uxtnt^t 



des Gourmandsm %'Xt 

Traiteurs. ■, 

Les Traiteurs proprement dits sont 
ceux qui ne donnant point à manger 
à la carie , se contentent d'envoyer au 
dehors , ou de ne faire chez eux que 
des repas de commande. Mais l'ac- 
ception de ce mot n'est plus prise 
aujourd'hui à la rigueur , et presque 
tous les grands Traiteurs ayant chez 
eux une carte journalière , il devient 
assez difficUe d'étahlir une ligne de 
• démarcation entiie eux et les Restau- 
rateurs, qui en général ne font point 
de service au dehors. Cependant ce 
nom de Restaurateur est devenu si 
vulgaire , qu'on le lit à présent sur 
la porte de plus d'un vrai gargotier. 
C'est sans doute pour cela que plu- 
sieurs anciens Traiteurs sont restes 
fidèles à l'ancienne dénomination , 
quoique pour se conformer à l'usage 
et au goût du Puhlic , ils aient chez 
eux un restaurant. De ce nombre est: 

M. Martin , rue Saint- Jacques de j^j^ Martin. 
la Boucherie , qui vient de succéder 
à Madame la veuve Martin, sa mère^ 
que nous avons plusieurs fois signalée 
avec honneur dans les précédent 

19^ 



432 Almanach 

volumes de cet Ouvrage. C'est une 
excellente maison cous tous les rap- 
ports , et très -fréquentée par les Gour- 
mands , quoique située dans un quar- 
tier qui a cessé d'être à la mode. Mais 
^,une bonne cave , un cuisine savante , 
des soins , delà propreté , et un bon 
visage d'hôte , sont des avantages trop 
peu communs pour ne devoir pas être 
se recherchés dans tel quartier qu'ils 
trouvent; et tout cela se rencontre chez 
M. Martin : il n est donc pas étonnant 
que le Public s'y porte en foule. Ajou- 
tons que sa carte est très-variée , et 

/ que les prix en sont d'une modération 

iaite pour attirer le consommateur et 
mériter sa confiance. ^ . 

M. D Nous ignorons si l'on peut en dire 

autant de son voisin , M. D y 

,ci-devaiat à TÀpport-Paris. Nous i'ih 
vous cité dans nos précédentes An- 
nées comme une Maison connue sur- 
tout pour louer à des ppx raison- 
nables de la vaisselle d'argent aux 
particuliers. Ce commerce très -lu- 
cratif exige cependant de la confiance. 
11 paroit que ce sentiment a été rem- 
placé chez M. D. .,.. tout à coup 
parla défiance la plus injurieuse. Il 
paroît avoir adopté le système de ne 



des Gourmands. 2i5 

plus louer de vaisselle qu'il n'ait en- 
tre les mains l'équivalent de sa va- 
leur. On juge bien , d'après cela*, 
qu'il ne doit pas ayoir de nombreuses 
pratiques • aussi n'en parlons-nous 
aujourd'hui que pour mémoire. 

M. Trianon , rue du Vieux-Co- jd^Triftiioii» 
lombîer , près la Croix-Rouge , con- 
tinue de sputenirThonneur d'un noçt 
célèbre dans les Annales de la bonne 
chère. Il ne donne point à manger 
chez Ini^ mais irenvoie au dehors^ ' 
et à des prix raisonnables , d'excel- 
lens repas bien traités dans toute» 
leurs parties , et qui attestent que 
cette Maison n'est point restée en ar- 
rière des progrès de la haute cuisine* 
'Ses grenadins de volaille et ses an- 
guilles à la tartare méritent sur-tout 
une mention honorable et particu- 
lière ; il est difficile d'en manger de 
meilleurs. 

Le Cadran Bleu ( Boulevard du M.Hewre* 
Temple} soutient son ancienne répu-veiu 
tation , sur-tout pour les repas de 
noces et les dîners de commande , etc. 
La cuisine y est bonne, là cave très- 
bien fournie; mais il est honteux que 
dans une maison où l'argenterie 
abonde , on ne possède pas un seul 



^l4 'Almanach 

réchaud à resprit-de-vîn , et que 
mêtne on eii paroisse ignoreiM'usage» 
Seroit-il donc vrai que M. Henneveu^ 
spéculant sur la desserte ,. trouvât 
quelque avantage à ce que tous les 
plats d*un . premier service fussent 
tous à la^ glace , sans aucun moyen 
de les réchauffer , aibsi que cela est 
arrivé le 18 décembre 1811 , jour oii 
fie fît chez lui le repas de noc^s 
de rH6tel des Américains ? Nous au*- 
^ rions bien ^t la répugnance à le 
penser 5 mais nous serons forcé de le 
croire , si au moment où cet article 
paroîtra , il ne se trouve pas une 
demi -douzaine de réchauds à l'esprit* 
îTe-vin au Cadran Bleu. 

M, îîenneveu est le gendre de Mi 
Le Gacque , etne peut que faire hon- 
neur à la famille, 
^, puval.. Nous continuerons de recomman- 
der aux amateurs de la bonne marée 
THôlel du Nom-de-Jésus , Cloître 
, Saint- Jacqueîs- de- l'Hôpital , nou^ 
réiérant. à ce que nous en avons, 
dit dans les Années précédentes. De& 
considérations particulières , et très- 
honorables pour M. Duval , nous 
' obligent de nous borner aujourd'hui 

i ce peu 4e mot;$^ 



des. Gourmands. aiS 

La Marmite Perpétuelle tient tout à Marm 
la fois à là classe des Traiteurs et à celle perpétue 
des Restaurateurs^ c'estpourquoi nous 
la plaçons ici pour dire que sur le 
feu depuis la fin du 17"** siècle, il en 
sort contiuueD emen t de ces admirables 
Chapons au gros sel , auxquels rien 
ne peut-être compaië ( sur -tout ca 
Hiver, qui est la vraie saison de la vo- 
laille ) , et pour lesquels plus d'un 
Gourmand a fait tout exprès le voyage 
de Paris-. Ces Chapons se rendent 
au moindre signe dans tous les quar- 
tiers de la Capitale ; et Ton peut au 
Restaurant , les diviser au gré des 
consommateurs. Rien n'égale la suc* 
culence de ces aimables bêtes , si ce 
n'est l'excellence des Matelottes con- 
fectionnées dans la même cuisine , et 
qui ont laissé derrière elles celles tant ' ^ 
vantées de la Râpée et du Gros-Caillou* 
La charmante Madame Cardon-Perrin 
continue de diriger cette Maison avec 
une grâce , une aménité , un savoir- 
vivre et une politesse qui , sans doute , 
ne font pas l'essence d'une boi^no 
table , mais qui ajoutent singulière- 
pient à ses agrémens. Aussi fait-on 
souvent des repas de corps , dînei^ 
â^ ÇQpn^ande; parties fines et déU« 



326 Atmanach 

. atés , à la Marmite Perpétuelle ( rae 
des Grands - Augustins , u* i o ) , et 
ctiacuntn sort aussi enclianlc des bon- 
ties manières de l'Hôtesse que de la 
supériorité de la Cuisine (i)» 

Cliàrcutiers, 

M. Corps. Xe sceptre de la Charcuterie a long- 
temps Teposé dans les mains de TVÏ. 
Corps, rue Saint- Antoine , près celle 
Cloche-Perche. Le père , retiré depuis 
environ trois ans , a laissé à son fils 
son fonds et les avantages résultant 
d'une longue expérience. Puisse - 
t-il lui avoir également transmis cette 
simplicité de mœurs , cet amour dtt 
travail , et celte rare modestie , qui 
formoienl la base de son caractère* 
Ce isont desr vertus sans lesquelles 
de grands talens sont souvent inu- 
tiles à la fortune de celui qui les pos- 
sède. Celle de M. Corps le fils est à 
peu près assurée 5 mais ce n'est pas 
un petit fardeau à supporter que celui 

(i) Fbjrtfç,pour de plu» grands défaits 
•nr cefte ancienne et r^apt'ctjble Maison | 
\\ septième Année d» VAlinan» dt$ Gouf 
mandé , pages 106 à ti5. 



, dés Gourmands. ^ 337 
d'une graiide réputation. Il y par 
viendroit en se bornant exclnsive- ^■' ' 
ment à son e'tat , en n'épargnant rien 
pour contenter je Public, qui s'est 
déjà aperçu plus d'une fois que cette 
boutique avoit chaneé de maître; en 
^ rappelant que du-Jamboùdur et du 
' Fromage d'Italie inférieur ne doivent 
jamais sortir de son atelier; et qu'il 
faut soigner les objets courans avec 
la même attention que les pièces de 
la haute Charcuterie. M. Corps à en 
lui tout ce qu'il faut pour ajouter 
encore à l'éclat de son nom, et noue 
nous plaisons à croire qu'il n'épar- 
gnera rien pour justifier notre espoir 
dans toute son étendue. - 

^ La rue Sain t-Magloire possède ton- m n/r^l 
jours , dans M. Malherbe, un Chai*, herbe 
entier digne d'appartenir à la famille 
de M. Corps , dont il est le cousin- 
germain. C'est une excellente bou- 
tique , et l'une des meilleures de Paris 
à beaucoup d'égards. 

Nous en dirons autant de celle de M.Heryet. 
M. Hervet, rue Coquillère , n*'4., ' 
très-bonne Maison pour le détail des 
marchandises courantes , dçmt U se 
fait un continuel débit , preuve ccr- 
taine de leur cXceUcute qualité. 



a3o Almanack 

on peut assurer qu'il ne tardera point 
à planer dans les hautes régions de 
l'empire du Porc. L'avantage ^qu'il a 
d'être éminemment protégé par Til- 
lustre Président de la Société uni- 
verselle des Gobe -Mouches. ( M, 
Jourgniac de Saint-Méard ) , est uu 
titre de plus à la faveur publique. 
K. Caillot. ^' Caillot ( carrefour des Petits- 
. Champs ) , est un Charcutier de Lyon 
qui fait honneur à son origiqe.. Aussi 
va-t-on <îhercher chez lui avec con- 
fiance ces assiettes deJambon assorties, 
copnues à Paris sous la dénomination 
de Déjeuners à la Lyonnaise , et 
q.ui ont fait la fortune de M« Jean , 
•on voisin. 
'm. Etienne. L^ faubourg Saînt-Honoré ofire, 
dans M-^Etienne, son meilleur Char- 
cutier ; c'est une ancienne et respec- 
table ^Maison , connue sur-tout par 
ses Langues à l'écarlatc. Son frère , 
établi rue de Rohan , est décédé de- 
puis quelques mois , emportant les 
regrets univers cjs , car c'est une fa- 
mille généralement estimée. 
^ „ M. Hamelin , rue Saint-llonoré, 

. liame- p^^^ celle Sainl-Nicaîse , tient encors 
une fort bonne Maison de détail , et 
od la vente est cofiitinuellc* 



des Gourmands* aîg 
abondante et peu chère , et sa cui- 
fiine très-bonne et très-salubre -. on 
y mange sur> tout des anguilles à la 
tartare' apprêtées selon toutes les 
règles de l'art. Cet homme respec-' 
table , qui a passé avec honneur par 
.toutes les pbases^ de la Révolution / 
est père d'une nombreuse famille, 
charmante , très-bien élevée , et qui 
fait le service avec des soins , une 
politesse et un savoir - vivre qu'on 
atfendroit en vain de simples mer- 
cenaires. Aussi cette Maison est-elle 
très-fréquentée j fît elle mérite de' 
l'être. ^ ^ -^ 

Nous n'avons pas prétendu: sîgnà-* 
1er , dans cette courte Notice , tou» 
les' bons Restaurateurs de Paris j il 
«n est encore beaucoup , tels que 
MM. Lambert , Grignon , etc. , sur 
lesquels nous aurions pu nous arrête** 
avec complaisance ..••• Mais nous 
n'avons sur les autres Maisons que 
des données incertaines , au lieu que 
nous pouvons répondre de celles que 
nous venons d'indiquer ici à la seti-* 
lualité gourmande. 



fi^^o Almanach 

Pâtissiers* 

Ici s'ouvre devant nous une car- 
rière immense } car on ne peut se 
dissimuler que vu les rapides progrès 
de lart du Four , le nombre des 
bons Pâtissiers a plus que triplé à 
Paris depuis vingt ans', ejt peut-être 
V Almanach. des Gourmands n'est-U 
pas tout à fait étranger à cette heu- 
reuse révolution. Ce qu'il y a de 
sur y c'est que ce qui n'étoit jadis 
qu'utt métier, est devenu aujourd'hui 
un art , et un art d'autant plus dilS- 
ciie , que les consommateur<fi s'étaat 
rendus très-éxigeans , les Pâtissiers 
ont ét;^ obligés 3e se livrer à un tra- 
vail bien autrement ardu et diiBcile- 
I^otts ne sommes plus dans le temps 
où un Voyage moitié vers et moitié 
prose suifisoit pour conduire à i'Âi»- 
mortalité deux écrivains ^ il en est 
de même du grand art. du Four : des 
Biscuits de fécule , ou des Gâteaux, 
de Savoie , ne suf&sent plus pour 
immortaliser leur auteur» 

M, Rouget a eu bonne part à <»t 
heureux changement. Héritier d'un 
grand tiom-^ il pouvoit vivre long* 



des Gourmands. a^t 

temps sur une réputation acquise par 
seà auteurs j en se contentant de 
suivre les erremens qui lui avoient 
été transmis. Son génie inventif se 
seroit trouvé trop à Tétroit dans ces 
paternelles entraves; il a voulu join* 
dre à Texpérience de ses pères le 
fruit de ses propres découvertes , et 
son esprit travaillant sans cesse y il a 
reculé les bornes de l'art , aussi loin 
peut-être qu'elles pou voient aller. 
On peut assurer au moins que dans 
la partie pittoresque de la Pâtisserie, 
il ne connoît plus de rivaux, et qu'il 
en connoit fort peu dans les anireç. 
Initié dans l'art du dessin , possédant 
à fond les connoissances que l'on 
doit à une excellente édiicatioti dont 
on a singulièrement bien profité , il 
a , sur la plupart de ses confrèreis , 
des avantages réels dont il a tiré 

Sarti pour les progrès de l'art, mais 
ont sa modestie l'a toujours empê* 
ché de se prévaloir. 

U devient donc inutile d'énumérer 
ici les différentes «ortes de pâtislsc- 
ries qui illustrent chaque jour, ce cé- 
lèbre atelier ; il faudroit nommer à 
peu près tous les pi-oduits du Four, si 
l'on vouloit signaler toutes les espèces 

ai 



^% Almartack 

^e pâtisseries dans la confection AtA* 
quelles M. Rouget se distingue. C*est . 
à juste titre que sa prééminence l'a 
fait surnommer le Montmorerrqy du 
JFour ; et ce surnom illustre est plu* 
t6t à son ' égard une qualification 
qu'un éloge. (Rue de Richelieu , n* 9.) 
M. L«s y Nous ignorons si M» Proton est le 
^^ ' successeur de M. Le Sage , ou seu^ 
lement son associé : comme le beau- 
pèrç et le gendre travaillent ensem-» 
ble , et que le nom seul du premier 
continue de paroi tre sur son tableau , 
il est à croire que -cette cession n'é* 
toit que fictive , et que M» Le Sage 
n'a point abandonné le gouverne- 
ment de son illustre* Four. Nous 
nous pinsons à croire que depuis près 
de quatre ans que nous n'avons pas 
été à même d'en apprécier les pro-^ 
duits , ils n'ont point dégénéré , et 
que cette boutique tient toujours un 
des premiers tangs dans l'empire de 
la pâtisserie. (Rue Montorgueil. ) 
M. Rat, L'abandon que M. Rat ( rue Mont* 
' martre , n" 85 )' a fait à son fils , a 
été plus réel, et c'pst véril2d>lement 
ce jeune homme , marié depuis peu 
à une jeune personne très - bleu 
élevée , qui est aujourd'hui ^ la tcic 



des Gùnm^nds. ^i^ 

âe sa maison. Excellent cuisinier,très- \ 
bon pâtissier , il la maintiendra dans 
la bonne voie^ et saura l'élever à la 
hauteur des procrès de Fart du Four* 
11 sort du sien des ouvrages de tous 
' les genres confectionnés avec soin , 
diélicatesse , et que les amateurs re- 
aelierchent avec empressement.- On ne 
'peut donner trop d'éloges et d'en- 
'^ouragemens à cet artiste estimable 
dont la modestie égale le talent, eC 
ce n'est pas peii dire. 

Son voisin, M. Bouchon ( rue des M.Bou- 
•Fossés-Montmartré),se montre lou- chon. 
^ours le digne successeur de l'illustre 
'Jacquet. 11 sort sur-tout de sa bou- 
tique des Pâtés froids traités dans 
le bon genre , et dignes de rivaliset 
avec ceux des grands maîtres. 

Nous en> dirons aiitant de ceux de m. Sul- 
M. Sulleaux , passage du Perron, leaux. 
au Palais-Royal , qui a fait dans cette 
partie des progrès marquans; et qur, 
par la savante addition d'un blond 
de veau confectionné selon toutes 
les règles de Fart , a mis ses Pâtés 
en première ligne. Sa boutique e^t 
de plus connue par une vente à la 
main qui ne discontinué point dà 



^44 Alm'anach 

matin au soir. C'est^là que , depuis 
^ midi jusqu'à trois heures , les plus 
jolies femmes de Paris s'arrêtent pour 
croquer soit des petits Pâtés tout 
chauds , soit cette foule innombrable 
de petits Gâteaux de toutes sortes , 
dont la délicatesse répond à la bonn^ 
. mine , et qui sont très-: dignes d'e^K 
trer dans ces cbarçians palais ; aussp^': 
le débit en est prpdigieux. , et celte 
boutique l'une des plus achalandées. 
M. Liévi'*' Celle de M. Lié\in ( successeur do 
JVIM. Taigny et Gei^drQu)rcst beau- 
coup aufiisij mais dans un autre genre. 
,Nous avons fait daqs notre septième 
Année , page 224 » une énumération 
assez longue de ^es principaux pror 
duits y pour nous dispenser de la re- 
commencer aujourd'hui : nous nous 
contenterons donc d'y renvoyer le 
Lecteur, bien persuadé que depuis 
deux ans que nous n'avons pas été 
à même de l'apprécier ^_ le talent de 
M. Liévin ( rue Neuve - des -Petits- 
Champs , n° 1 1 ) n.'a poipt dégénère. 
Nous avops des Mémoires beau- 
coup plus récens sur celui de M* 
George ( rue Bourbon- Villeneuve , 
jprès la Porte Saint-Denis ) , et nou^ 



dks Gourrj\ands. ft4^ 

pouvons assurer que ce Pâtissier- 
Confiseur soutient à merveille et dans 
tous les genres , les grandes espé^ 
rances qu'il avoit données. Sç» Pâ- 
tés froids sont très-bons , et de la 
meilleure école : tous ses articles de 
dessert et d'entremets soï*|^traités 
avec iin*S0»in et une délicatesse trcs- 
dignes d'*élogés ; et ses Tliés sont 
recheixhés par les maisons le^ plus 
opulentes : aussi vient-on de très- 
loin faire des commandes dans celte 
boutique , et Ton ne regrette ni son 
temps ni ses pas. 

La réputation de M. Félix { pas- M. Félix; 
sage du Panorama ) a marché à pas 
de géant , et c'est aujourd'hui l'un 
des Pâtissiers les plus^ en vogue ,. 
pour tout ce qui tient à la partie du 
petit Fôur , Entremets sucrés , Gâ- 
teaux de toutes sortes , et autres ar- 
ticles de ce genre. Le débit qu'il en 
fait est prodigieux , et la plupart 
des femmes les plus élégantes qui 
traversent le passage du Panorama 
paient un tribut à cette excellenle- 
boutique , dont Madame pélipt fait^es 
honneurs avec grâces et aménité. 
Nous en avons déjà parlé à l'açticle . 
des Découvertes nouvelles, page i5 j 

ai; 



^^6 " ■ Jtimanach •l 
de ce Volume : nous y renvoyons le 
Lecteur (i). 
M.Thcmasft M. Thomas^ s'obstinant à ne pas 
vouloir nous faire perdre le souvenir 
de la trop fameuse Brioche du Lundi 
4 décembre 1809 , nous n'en parle- 
rons ioi^ue pour mémoire , nous 
contentant d'dbserver que s'il est,, 
comme on l'assure , élève de la mai- 
son Rouget, ee n'est pas au moins 
sous le rapport de la politesse. 

Il y a dans la rue de Grammont 
un Pâtissier Suisse qui fait très-bien, 
dit-on , certains petits Gâteaux de 
son pays y dans le genre de ceux, 
qui ornent les Thés du Pays de Vaud. 
-^ • !^ou5 nous plaisons^ à le croire^ mais 
nous n'avons pas eu l'occasion de 
nou5 en assurer par nous-mêmec 
Les progrès rapides dé M. Benaud 
rue Saint-Hônôré , n** 390 ) , qui 
iui ont fait faire en peu de temps une 
brillante fortune ^ et ( ce qui vaut 



lui 



(1) M. Félix e»t connu poui: fabriquer 
pour plusieurs uiarchauds de comestihVR ,. 
îles Pâtés de l'oies d'oies vendus coinuio 
vpnani de StMsbourg , et quitte dénien« 
tent Ji^oint celle, ôrjfji ne supposée*. A.tt£fli>- 
pcz-uôut» tuujûur& de luêofte V « 



*des Gourmandsl ^47 

mieux encare pour sa gloire ) qui 
Font placé dans les premiers rangs 
de la pâtisserie , n'ont point aveugla 
cet artiste. Il continue d'apporter les 
mêmes soins à tout ce qui sort de 
son atelier , et à faire marcher d'uii 
pas égal ses Pâtes froide , et ses Gâ- 
teaux de Savoie , si renommes pour 
leiu: délicatesse. C'est faire de lui un 
grand éloge en peu de mots. Nous _ 
BOUS félicitons d'avoir été l'un des 
premiers à signaler cet artiste ; il a 
répondu aux espérances que nous 
avions données de son talent ^ et ça 
été pour notre cœur la plus douce 
des récompenses. 

En aniionçant la retraite de M. De m. Le Roy.. 
Lormel ( rue Saint- An dré-des-Arcs au 
©oin de celle Hapte-Feuillé ) , nous 
formions des vœux pour que M. Le 
Koy , son successeur , marchât sui^* 
ses traces , et soutînt la glcrire de 
cette ancîénite et respectable Maison» 
Nos vœux sont accomplis j M. De 
Lormel revit tout entier dans soii 
successeur , et l'on y vient toujour* 
in foule chercher ces excejlens pe» 
tits Pâtés d'allouettes aux truffes, etc. , 
qui ont commencé la ^ réputation dé 
eetteboutiquio. 



^48 AlmanacTi 

M.DeBacq. M., De Bac<j, gendre de M. Rat ^ 
occupe toujours sa très-petite bou- 
tique ( car la modestie est une vertu 
de famille dans celle des Rat ) rue 
Saint-De^is , au coin de celle du 
Ponçea^èettei^laisoo de pla5T?i.T;est 
f,H-ft' âùx Consommateurs (i)» 
n,: M.^ràvot , Pâtissier, rue Sain te-Mar- 
^erite^ F. S. G. , est parvenu à faire , 
avec de la fécule de pommes de terre ^ 
des Biscuits dottt la blancheur est 
extrême. Cela n'ajoute rien à 'leur 

M. bonté -, mais c'est un travail dont on 

doit lui savoir gré. Cette bôfutiqufc 

par<?k bien ^meublée , cl le débit assea 

considérable. 

Têtes de : ^ Les Tét^ de veau du Puits-Cér- 

p^^.^"^"^^ lab soutiennent toujours leur an* 

tain. tique renommée ) et M. Vachette 

M Vachet-^^ montre le digne successeur de M- 

te. _;_ .- ^ ,- 

(i) <<kux ntti ûBfe pris de Pintérêt au Cliat 
de M. LeB'aiii; , àce fidèle Mputon gardiea 
î icorruptibîe.de 5*ept à huit cents Jambons^ 
apprendront sans doute avec plaisir, quV 
cnappé auK dangers d'une maladie doa- 
loureuse, il jouît maintenant dVnc santé: 
part'aîre, É»t njr* tardera pas à reprendre soo 
.. aiiciciî enibonpoirit qu.i Iç {aiiOit pesei^ 
ueize livres, et tlemïe. 



ées Ç'^^i.rmandè. %^% 

dUit au resteJl a été pen> Pendant 

le principal clerc , ce qU' 

manière de trayailler. Ce*" canard M. De 

cies , dont la garniture , Çps si ^*"^ > ^^' 

selon les, saisons , fait le parler "*«?"• 

mérite , seront toujours rechè'ir, 

dans les réunions nombreuses ^^ 

un plat tout à la fois distingué , ^ 

iritil et même économique lorsqu'- 

a beaucoup de monde; 

M. Cauchois , en cédant son fonds 
à M* Vachette , et en se retirant 
dans Une petite maison qu'il venolt 
d'acquérir vers le milieu de la rue 
du faubourg Saint-Antoine , espéroit t^ 

ir être tranquille , et y pâtisser séu- 'en* 

ement pour son plaisir 5 il en est 
- feirrivé.tout autrement : sa réputation 
Ta suivi dans ce quartier industrieux 
et populeux , mais qui ne possédoit 
pas un Pàtissiei" passable 5 et il ne 
peut suffire au débit de ses petits 
JPâtés froids de i5 s. ^ de 3o s. et 
de 3 liv. Ainsi le grand talent a beau 
fie dérober à nos hommages , on le 
poursuit jusque dans ses plus pro- 
fondes retraites, et M. Cauchois peut 
dire avec le Marquis dii/oueur: 

C'e«t un pet uit i«xd«im d'aroir OB fp^^ mérit*. 



^48 Alman'^i^K . . 

M.DeBacq. M., De Br^^vOiv'passtS'f.» m ^^x, * 
occupe toùjez grand détail, les mëil- 
lique ( car osiers de Paris , nous je- 
de famil) yeux sur quelques-uns de 
Saint-Iine nous, offre la Province , 
Ponces^ trouverons plus d'un sujet 
pas^'guë, digne de fixer l'attention 
. ' ivi vrais Gourmands. De ce nombre 

-"• if' 

■gi" • • * • 

a- MM. Richard et Marneffe , d'Ab- 
be ville. , où iïs tiennent toujours 
' rH6tel d'Angleterre , l'une des meil- 
M. • leures Hôtelleries de France. Ils con-. ^ 

tinuent de fabriquer et d'expédier 
au loin de très-bons Pâtés de béca8<- 
sines, d'anguilles et d'esturgeon. Mais 
^^ c'est sur-tout à ces derniers qu'ils 

r ' doivent leur grande réputation ^ il 

est difficile de rieu manger dje meil- 
leur en ce genre. 

M. Le Moi- M. Le Moine , à Chartres , s'y mon- 
iie, de Char- tre toujours le très-digne successeur 
très. du grand Philippe , immortalisé par 

Coliin d'Harle ville , auquel les Pâtés 
de Chartres doivent leur renommée. 
Ceux de M. Le Moine , soit de vo- 
laille , soit de gibier \ ont à Pans 
beaucoup de vogue , et l'on en trouve 
c^ez Madame Chevet, M. Gorcellet^ 



éeis Gourmands. a5i 

tt a rHôtel des Américaiiis^ pendant 
toUt THiver. 

La rcputàtioii des Pâtes cle canard M. De 
d'Amiens est depuis long'- temps si Gand , <l'A- 
bien établie , qu'on ne doit en parler ™*®?^* 
ici que pour mémoire. Leur auteur , 
le célèbre M. De Gand , habite un 
Hôtçl dont il est propriétaire , rople 
carrosse ^ et correspond avec les 
quatre parties du Monde. Une telle 
K)rtune ne l'a rendu ni moins la- 
borieui , tai plus fier ; et la qualité 
de ses Pâtés justifie toujours leur re- 
nommée. 

La trèsrgoùrmande ville de Péri- M. Èoti- 
gueux , dont le nom seul suffit pour <\eau,dePé-* 
mettre en appétit l'homme le plus ^&^^^* 
sobre , possède toujours , dan« M. 
Houdeau , l'un de ses meilleurs Pâtis- 
siers. Des Perdreaux rouges , flanqués 
de truffes , et emprisonnés^de sa main 
dans une croûte savante , sont un 
jnets digne des Dieux , et ils ne lé 
cèdent qu'aux dindes aux truffes 
qu'ail arrange cle même , et dont la 
saveur ne peut se comparer à celles 
de iios Orléanaises truffées à Paris^ 
Mais le mois de Mars est l'époquef 
fatale au-delà de laquelle M. Rou< 

8"" PariiCi :ia 



254 AlmaJiach 

deau ne reçoit plus de commandes ^ 
parce qa'il est jaloux que les pro- 
duits de sa fabrique arrivent dan» 
toute leur bonté sur la table des 
Consommateurs. 
M. Graff, De tant de grands hommes de 
d^ Neuilly. Four, passer brusquement à un sim- 
ple Pâtissier de village , c'est faire 
sans doute un bien grand saut -, mais 
si ce Pâtissier est le meilleur dans son 
genre , il a également droit à nos 
éloges.- Or on ne peut disconvenir 
que les petits Gâteaux de Nanterre 
( dont le nom se trouve si souvent 
proclamé dans les promebaées* et 
dans les rues de Paris ) fabriqués cheas 
M. Graff, Pâtissier à Neuiliy , prè* 
de rÉglise , ne soient vraiment très- 
bons , et très-préférables à ceux qui 
âe font à Nanterre même. Nous con- 
tinuerons donc de recommander cette 
.boutique aux amateurs : on ne peut 
iiller à ISaint-Germain , ou en reve- 
nir^ sans j faire une station. 

Tableites de SouHlon. 

Les meilleures Tablettes de bonil- ■ 
Ion , si utiles en voyage , et dans ] 
2aill€ circonstances où uu bouillon \ 



des Gourmands, tSS 

administre sur-le-champ peut causer 
de si grands biens, se fabriquent tou- 
jours à THôtel des Américains ^ rue . 
Saint-Honoré , n° 147 , où Ton n'é- 
pargne rien pour leur donner cette 
transparence si flatteuse à IVeil , et 
qui d'ailleurs est le eararit de la pu- 
reté des matières employées dan» 
leur confection. 

M. Prévost , rue du G rand-Chai> M. PrérosK 
lier, n** ib , continue , à ce que 
nous croyons , d'en faire dans soa 
atelier ; mais son débit a bien dimi- 
nué , 'dépuis que le Gouvernement a 
pris le parti de faire fabriquer lui- 
même à la Pharmacie centrale celles 
qui sont destinées a,ux approvisioa- 
nemens de la Marine. 

Marchands de Comestibles, 

Cet état , qui étoit k peine connu 
il Paris il y a trente ans , .s'est telle- - 
ment multiplié , qu'il est neu de rues 
qui n'offrent aujourdThui des Maison» 
de ce getire. IVfais malgré leur mul- 
tiplicité , les consommateurs , après ^ 
motel des Américains, auquel on ne 
peut rien comparer , et qui est ab- 
solument hors de ligoe, comptent 



22 36 jéimanack 

à peine trois ou quatre magasins 
dans lesquels ils puissent entrer avec 
confiance. 

• Ce célèbre Holel des Américains 
( rue Saint-rHouoré , n° 147 ), fondé 
par M. Lavoyepierre , auquel a suc- 
cédé M. Labour , est tenu aujourd'hui 
par MM. Labour neveu et Miellé , et 
n'a jamais joui d'un plus grand éclat; 
c'esl vraiment le chef-lieu de TEu- 
rope gourmande, et le magasin le 
mieux assorti de tout ce gui peut 
c(:Jiic'C)Uiïr à stimuler ^ à flatter et à 
satisfaire la sensualité de Thomme le 
plus exigeant C'est là que se ren- 
dent y des quatre coins du Globe , les 
meilleurs Comestibles , les Vins les 
plu5 recherchés , les Liqueurs les 
plus exquises -, et Fon peut y ache- 
ter aVec d'autant plus de confiance , 
que d'une part la probité de ces 
Ncgocians gaiantit l'origine de tous 
leurs articles , ©t que dé l'autre , le 
débit prodigieux qui s'en fait les re- 
nouvelant sans cesse , on peut être 
sur de les avoir toujours frais et 
d'excellente qualité, ^ 

Nous renvoyons au Catalogue"^ im- 

})rimé qui accompagne .toutes les 
àçtures de TBotef des Améric?iin$ ^^ 



des Gourmands. . 257 
pour prendre une légère connois- 
sance des Marchandises qui s'y trou- 
vent ; nous disons une connoissance 
légère , car la nomenclature exacte 
de toutes ces excellentes choses rem- , 

Sliroît un volume. Nous en avons 
onné un foible aperçu dans notre 
septième Année ( page ^Sg ) ; on peut 

ÎT recourir. Mais , nous le répétons , 
'on ne peut se former une idée de 
l'immensité de ce commerce qu'en 
visitant soi-même cette illustre Mai- 
son, où la politesse des propriétaires 
répond à la supériorité des Marchan- 
dises. 

Lé magasin de M. Côrcellet , Ga- ^- CorceU 
lerie du P àlais -Royal , n° 104 , mé- ^®'* 
rite toujours , sous beaucoup de rap- 
ports , la confiance des consomma- 
teurs. 11 continue d'être bien approvi- 
sionné en comestibles d'un bon choix : 
articles de Reims, de Troyes, de Stras- 
bourg , dé ï^érigueux , Liqueurs exo- 
tiques et indigènes , Vins de première 
qualité , etc. j et l'on aime à retrou- 
ver en nature tlans la boutique , 
toutes CCS excellentes victuailles dont 
le Gourmand qui lui sert d'enseigne 
est entouré. On a beaucoup disputç 
4ur la figure très --expressive de <$q 



ft6o Aîmanach 

Distillateurs^ 

On commence à revenir aux Li- 
queurs douces , et les falsificationsi 
sans nombre dont le Rirschwasser a 
été l'objet, en ont dégoûté beaucoup 
de consommateurs. Malgré la cherté 
des sucres , les Distillateurs n'bnt pas 
cessé de travailler , et leurs progrès 
garantissent aux Liqueurs de Paris 
une prééminence qu'elleis étoient 
bien éloignées d'avoir il y a vingt 
ans. Parmi les artistes qui se distin- 
guent dans ce genre de fabrication, 
nous signalerons toujours avec hon- 
neur :. 
MiNocl M. NoelLasserreyrnedelaGrande- 
l.àsseiie. Truanderîe j n* 1 1 j ancienne et res- 
pectable Maison qui ,. depuis long- 
temj^s a propagé le goût de tios Li- 
queurs (înes chez l'étranger , princi"- 
palement en Russie, où elle faisoit des 
affaires irès-copsidérables. La guerre 
ayant nécessairement nui à ce com- 
merce , M. Noël Laskerré a cherché 
d'autres débouchés , et les produits 
' de ses alambics ont obtenu à Pari» 
une faveur qui répond à leur roé- 
riCe,"fce qui n'est pas peu dire. lia 
singulièrement perfectionné les Lî^ 



des Gourmands. a6i 

queurs déjà connues , et il en a fa- 
briqué de nouvelles qui , comme la ' 
Crème de fraises , par exemple , at- 
testent un artiste du premier ordre f 
/car avoir su conserver le parfum si 
fugace de ce fruit , et l'avoir trans- 
porté tout entier dans ,une liqueur , 
étoit un problême dont il n'apparu 
tenoit qu'à un Chimiste très -habile 
de nous donner la solution. Aussi 
peu de gens connoissent mieux que . 

M. Noël le grand art <îe la distilla- 
tion , et savent en raisonner plus 
âisertement. Sei^^méthodes sont ex- 
cellentes , et ses Liqueurs prouvent 
que leur application enfante souvent 
des chefs - d'oeuvre ', car l'on peut 
çans exagération donner ce nom à' 
la plupart des Liqueurs fines dé cette 
fabrique, . 

M. Genesseaux , rué du Bac , n* 3 1 , "^^ Genei^ 
près le passage de Saint - Thomas seaux. 
d'Acquin., jouit de la réputation d'uu 
^es meilleurs Distillateurs du fau- 
bourg Saint- Germain, et la mérite 
à beaucoup d'égards. Nous avons 
déjà signale honorablement ses Vins 
de dessert ; nous devons rendre à 
ces Liqueurs la même justice. Il pré-^ 
tend ?iYoir trouvé le moyen de u î^xx% 



î26a Almatiach 

» disparoître , en conservant la finesse 
» aux Liqueurs , la partie échauf- 
» fanle inséparable de leur ancienne 
» composition » ; ce sont ses propres 
termes. Malgré toute la confiance 
que M. Genesseauî nous inspiré , 
nous osons révoquer en doute la qua- 
lité rafraîchissante de ses Liqueurs ; 
car il est difficile de penser que de quel- 
que maiyère que l'on combine l'eau- 
de-vie , le sucre et les aromates (bases 
de toutesles Liqueurs ) , ils n'échauf- 
fent point un peu : nous pensons 
même qu^une Liqueur qui manque- 
roit de cette dernière^gropriété , n'at- 
teindroitpas son But, qui est d'aider 
à la digestion. Que M. Genésseaux se 
contente donc de fabriquer de très- 
bonnes Liqueurs , ainsi qu'il y est 
parvenu , sans prétendre leur avoir 
enlevé leur vertu échauffante y car 
c'est la chose impossible. 

Les Liqueurs de M. Le Moine ( rue 
Vivienne , n** lo ) jouissent de la plus 
grande réputation , et la méritent : il 
est difficile d'efi boire déplus suaves, 
déplus veloutées^ de plus délicieuses 
enfin sous tous les rapports. Sa Crème 
d'Arabie , vrai velours en boiiteille , 
ain^i que nous l'avons les premiers 



des Gourmands. a63 

SUmoTumée , est un des plus sa vans 

Sroduits de la distillation. Ses Gouttes 
e Malte sont un oranger en bouteille. 
11 a fait paroître cette Année trois 
nouvelles Liqueurs qui nouç sont 
pai'venues trop tard pour occuper 
une place dans notre cbapitre de» 
Découvertes nouvelles , et dont nous 
allons seulement dire un mot ici. La 
première , nommée Liqueur impé- 
riale , est bonne sans doute , car rien 
/de médiocre ne sort de son atelier ]f 
mais elle a besoin d'être perfection- 
née , et sur- tout d'acquérir un goût 
plus décidé, pour mériter cette haute 
qualification. Sa Liqueur de Pomonç 
est une vraie quintessence des meil- 
leurs fruits de nos vergers , et en a 
retenu les parfums les plus agréables j 
et sa Crème de fraises , tout à la fois 
douce et onctueuse , a conservé tout 
l'arôme de ce fruit délicieux. Il ré- 
sulte de tout ce qui précède / que 
M. Le Moine est sous tous les rap- 
ports un excellent Distillateur , et 
que ne se reposant point. sûr sa ré- 
putation , il travaille chaque jour à 
«nériter de plus en plus une préémi- 
nence qu'on ne sauroit lui contestejr. 
Kous parlerons bientôt de lui comme 



} 

•1^ , Aïtnanach 

Confiseur , et ce sera pour nous tine 
tjouvelle occasion de lui donner des 
éloges. 
M. Sauvél. M. SauVel ûenl toujours , rue des 
Prouvaires , n* lo , sa fabrique de 
Liqueurs fines et demi-fines ,.et de 
Sirops. C'est une ancienne et res* 
pectable Maison qui , depuis plus 
de cinquante ans , mérite la con- 
fiance des Consommateurs. Tout ccî 
qu'on Y fabrique est traité avec soin j 
et le nls, digne héritier des talens 
et des vertus de son père , ne né- 
glige rien pour soutenir Un nom 
recommandable dans le^ fastes de 
la probité comme dans ceux de la 
distillation^ 

On trouve toujours d'excellentes 
Hôtel de» Xiiqueurs , tant exotiques qu'indi* 

* gènes , à THotel des Américains. 
-_ ^ , M. Guélaud , rue Saint-Magloire , 

Guélaud. * ào^X. nous parlerons à l'article des 
Confiseurs > se recommande comme 
Distillateur , non-^seulement par des 
Liqueurs bien traitées , mais encore 
comme ayant la fabrique la meil- 
leure et la plus importante de Paris 
de fruits à Teau-de-vie. Tous ceux, 
qui sortent de celte Maison sont re* 
çpmmandables par leur finesse et 



dès Gourmands, ù65 

|)tir leurs qualités moelleuses. Loin de 
se racornir dans Teau-de-vie y comme^ 
la plupart de ceux que Ton trouve 
ailleurs , les fruits de M. Gùélaud 
s'y bonifient 5 et au bout de quel- 
ques annéea ils y ont acquis une 
«uavité , une tendreté , qui ne leur 
6te rien de leur parfum. Il paroît 
qu'il a , pour la préparation des 
fruits à l'eau-de-vie , dçs procédés 
particuliers , car ceux qui se fabri- 
quent chez lui sont hors de compa- 
raison avec tous les autres. M. Guér 
laud vient de céder à M. Boudet , 
son gendre , son importante fabrique , 
et la raisçn-de sa Maison de com- 
merce est aujourd'hui Boudet-Gué- 
laud. M. Boudet , travaillant depuis 
plus de cinq ans avec son beau-père , 
cette Maison est gouvernée d'après 
les mêmes principes , et sa manière 
n'a point varié. Aussi ce changement 
n'en est point un , mais en quelque 
sorte une continuation dont le Pu- 
blic ne s'apercevra que par un re- 
doublement d'activité et de zèle , 
dans le désir de le satisfaire. Les 
articles principaux de cette fabrique 
«ont , outre les Fruits à l'eau-de-vie , 
les Sirops et le Chocolat* 

a3 



îi66 Almanach 

M. Fol- ' M' Folloppe ( rue Saint-Honové ^ 
loppe. n° 38i ) , a cède sa pharmacie à M. 
Libour , très-digne de lui succéder; 
mais il s'est réservé la fabrique de 
ces bonnes Liqueurs qui ne demen- ' 
lent point le cachet d'Amérique sous 
lequel il les produit dans le monde , 
et il en continue la vente dans le 
même local. 
M»Beurton. , Nous croyons que M. Beurton , 
Épicier , rue des Mauvais-Garçons , 
n** I o , faubourg Saiiit- Germain , con- 
tinue toujours de fabriquer son ÎPot- 
Pourri impérial , dont nous avons 
fait l'éloge dans nos précëdens Volu- 
mes *, mais on nous a dit tpi'il le 
produisoit sous un autre nom. 
M; Gabil- ^' Grabillot, Porte Sai nt- Honoré , 
lou n* 3* se livre toujours aVec succès 

à la distillation , et ses Liqueurs con- 
tinuent de mériter la même con- 
. fiance, et de justifier dans toute leur 
étendue les éloges que nous leur 
avons précédemment donnés. Son 
. Huile de Vanille et sa Crème de 
citron méritent sur-tout d'être distin- 
guées par la finesse et la suavité de 
leur parfum. 
M. Tan- ' Cette délicieuse Crème de fleurs 
»dê. d'orange au petit lait , que l'on peut 



des: Gourmands. ^267 

appeler la Liqueur par excellence 
des jolies femmes ( de celles au 
moins qui respectent assez la déli- 
catesse de leur palais pour ne pas 
en excorier les papilles nerveuses 
par l'usage corrosif du Kirsch- 
•wasser ) , se trouve toujours chez 
M. Tanrade , et ne se trouve que là 
( rue Rameau , n** 1 1 ) j car ce seroit 
en vain que Ton chercheroit à la 
contrefaire. La réputation de cette 
Crème est aujourd'hui si bien établie,^ 
que son nom seul suffit à son éloge i 
elle a même fait tort aux autres Li- 
queurs de cette Maison : car quoi- 
qu'elles soient chacune dans leur 
genre fabriquées avec une grande- 
supériorité , on ne songe qu'à la 
Crème au petit lait et aux Sirops lors- 
qu'on va chez M. Tanrade. 

Parmi les Distillateurs de province 
qui ont su se faire un nom , et qui 
méritent l'attention des amateurs , 
nous continuerons de citer : 

A Grasse , M. Fargeon pour la M.J.J.Far- 
Crème de rose , le Marasquin indi- geon , à 
gène , et plusieurs autres Liqueurs Graisc* 
éminemment parfumées ; mais qui 
retiennent en vieillissant le véritable 
point qu elles doivent avpir : 



!i68 *Almanach 

M. Bousca- A Clenûont - Ferrand , M. Bons- 
rat , à picr- carat , qui se livre sjans cesse à de 
wnu! " ^^" nouveaux travaux , pour justifier la 
célébrité que nous lui avons faite 
d'après ses premiers. Outre son Ma- 
rasquin de truffes dont la qualité, 
chaque année , est dépendante de 
celle de ce végétal , nous continue- 
rons de recommander sa Crème de 
rosé , son Extrait d'abricot , sa Crème 
de jasmin'et sa Crème de Perse. Les 
trois premières sur-tout^ ont éminem- 
ment le goût et le parfum des fleurs 
et des fruits dont elles portent lô 
nom 5 ce qui n'est pas toujours très- 
commun ; car. on vend bien des Li- 
queurs dont , sans l'étiquette , on ne 
soupçonnefoit pas la nature. Nous 
ayons été beaucoup moins satisfait 
de son Alkermès ( qu'on ne fait réel- 
lement bien qu'à Florence ) et de son 
Elixir de Garnis. Sa Flore du Puits- 
de-D6me est encore une très-bonne 
Liqueui; j * et en tout M. Bouscarat 
est un homme de beaucoup de mé- 
rite. Comme, nul n'est prophète en 
son pays , il n'est point étonnant 
qu'il ait été connu à Berlin et k 
Pétersbourg avant de l'être à Cler- 
montj mais ses compatriotes com» 



des Qourmands. 269 

xnencent à lui rendre justice , et à se 
glorifier de posséder dans leur ville 
un Distillateur -fait pour marquer 
dans tous les lieux qu il habitera. 

On a lu dans ce Volume la savante M. Rein- 
Dissei^ation de M. Reinhard , de hard, à 
Strasbourg , sur le Rirscliwasser , et Strasbourg, 
nous osons regarder ce morceau 
comme l'un des plus intéressans de 
cette huitième Année. Si tout le Kirsch 
qu'on trouve dans le commerce res- _ 
sembloit au sien , nous serions bientôt 
réconcilié avec ce spiritueux , et nous 
cesserions de l'appeler un- brùle- 
gueiJe. Nous ne saurions donc trop 
recommander aux amateurs le Kirs- 
chwasser de M. Reinhard ; il vaut , 
bien la peine qu'on ^'adresse direc- 
tement à lui-même , rue de la Lan- 
terne ,n** a, à Strasbourg , pour s'en 
procurer, en attendant qu'il en forme 
un dép6t à Paris , ce que nous n'o- 
ions cependant pas lui conseiller , 
CQQnoissant le degré de confiance 
que méritent la plupart des Commis- 
f ionnaires : il feroit mieux d^engager 
J'Hôtel des Américains à en prendre 
pour son propre compte.^ . 

Les rois de r Anisette sont toujours gj^;J5'*eT 
MM, Mariç-Brizard et Roger, de Rofter, à 

33, Bordeaux* 



270 • Almanach 

Bordeaux , dont nous avons ^it an 
éloge aussi étendu qu'il est sincère , 
dans notre précédent Volume (1). 
C'est une ancienne Maison , si bien 
famée dans les quatre parties du 
Monde , que lorsqu'on a nommé 
FAnisette surâne de Marie-Brizard , 
on a indiqué la meilleure Anisette 
qui existe. Sa supériorité est telle / 
que quiconque en a goûté > ne peut 
plus faire usage des autres composi- 
tions produites dans le Monde sou& 
le nom d'Anitette de Bordeaux , et 
qui ne sont guère que de Teau-de- 
vie aâbiblîe, dans laquelle on a fait 
infuser de la semence de Badiane. Les 
autres Liqueurs de cette Maison ne 
ressemblent point à 'celles qu'on 
fabrique ailleurs,- elles sont beau- 
coup moins violentes , et l'on peut 
eu boire impunément une demi-bou- 
teille. Gela tient sans doute & 4*s 
g recédés particuliers dont la recette, 
dèlcment transmise de père en fils, 
imprime 4 ces Liqueurs un cachet 

(1) ^ojreî Particle intitulé: Bcl'AtfiseiU 
et de quelques autres Ligueurs de Bordeaux , 
oaaes i6 et suivantes de la sepiiême Annee- 
<le VAimanaçh des Gourmands^ 



deS' Gourmands. %*jt 
qu'il est impossible de contrefaire. 
ÏSious avons parlé , dans le chapitre 
des Découvertes nouvelles, page 168 
de ce Volume , de THuile de thé de 
cette Maison , à la. tête de laquelle 
se trouvent en ce moment deux' 
jeunes gens pleins d'esprit et de ta- 
lens très-aimables^ mais ils se consa^ ^ 

crent tout entier à leurs travaux , et , 
ne regardent l'exercice de ces talens 
que comme un délassement. Puissentf 
ils toujofirs en agir de même , et tra- 
vailler comme s'ils avoient encore 
un nom à se faire , et une fortune à 
acquérir ! 

Fabricans de Sirop de PuncK 

Le Sirop de Punch/ a pris faveur Hôtel <le! 
depuis quelques années , par l'ex- Améncaii] 
trême facilité qu'il donne de se pro- 
curer à l'instant et sans embarras un 
Punch plus ou moins bon ( selon la 
^qualité du Sirop ) , mais qui ne vau- 
dra jamais le Punch fait avec des 
dirons frais dont le parfum Cst toi^t 
, différent de celui du jus de citron 
passé au feu. Quoi qu'il en sôit ^ 
on trouve à l'Hôtel des Américains 
dç bon Sirop de Puçch de Bruxelles* 



27^ Altnanach . 

M Le Moine ( rue Vivienne , n* lo) 
en-fait aussi de très-bon ^ mais ùul 
ne peut être comparé à celui de M- 
Tanrade , qui y emploie du Rhum de 
la première qualité , et qui n'épar- 
gne rien pour en faire une boisson 
délicieuse ; aussi en a-t-il un graiid 
dé}>it. 

Nous devons au reste observer que 
depuis l'extrême cherté du sucre , 
beaucoup de Fabricans de Sirop de 
Punch en ont tellement diminué la 
dose dans leurs compositions , qiie 
lorsqu'on veut faire du Punch avec 
leur sirop , il faut le sucrer comme 
on 5ucrè une tasse de thé j ce qui 
devient une dérision. ' 

Fabricans de Sirops* 

L'usage des Sirops rafraîchissant 
•a pris une telle faveur, depfiis quel- 
ques années, çue cet article est de-» 
venu maintenant pour un grand nom<> 
bre de personnes un objet de première 
nécessité. Quoi de plus agréable , en 
effet, que de pouvoir se procurer ins- 
tantanément une boisson tout à la fbi$ 
* agréable , salutaire , et qui nous re- 
produit en toute saisçn les meilleurs 



des. Gounands* ijjr 

fruits de l'Été , de Ir;* a dévoile ^u 
climats les plus favoriseV procédés , 
ture?Mais pour que cette jouî-'^Her 
soit réelle , il faut que le Siroff*^" 
été fabriqué avec soin , qu'il n'y ait 
été employé que du sucre très-pur , 
et qu'on ait apporté à sa confection 
toutes ces attentions minutieuses sans 
lesquelles on ne parviendra jamais 
à exceller dans cette partie. Or c'est 
précisément le contraire qui arrive 
dans la majeure partie des atelier^. , 
Lisez la Pharmacie de Baume , et 
vous verrez qu'il est peu de prépara- 
tions dans lesquelles la sophisticatioa 
soit plus pratiquée que dans celle 
des Sirops. La mélasse , le miel , y 
remplacent souvent le sucre , et l'on 
substitue aux fruits , sur-tout à ceux 
qui sont chers , des analogues plus 
ou moins dangereux. Il ne peut ré- 
sulter de ces compositions qu'une 
boisson ipalsaine , souvent délétère; 
et l'on s'en prend ensuite au Sirop 
d'un tort qui n'appartient qu'à celui 
qui l'a fabriqué. Il est çLonc très-im- 
portant de ne s'adresser , pour cet 
objet , qu'à des Maisons dignes de 
toute confiance, et nous avouons que 
le nombre en est extrêmement limit^« 



2 7^ Almannach 

M- Le M Le Moine f r»-de est maintenant 

Moine. enJait auqùe M. Tanrade , rue Ra- 
ne pe^n* 1 1 , est non-seulement le 

rad* ^*'^" T»mier.dans ce genre, mais que 
J.^ *"rien ne peut être comparé à ses Si- 

r "^ rops d'orange , de limon , d'orgeat, 
de groseilles , de gomme arabique , 
de cerises , etc. Non- seulement il 
ap|>orte à leur fabrication tous le^ 
soins que l'oil peut attendre de 
l'homme le plus éclairé , mais il n'y 
emploie que du sucre de première qua- 
lité, et même du sucre cristallisé, dont 
la blancheur fait honte à la neige. 
Il »'est donc pas surpiienant , qu'a- 
vec ces précautions , et son débit 
qui est immense , les Sirops de M. 
"Taurade aient acquis une préémi- 
nence «ue Ton chercheroit en vain 
à leur disputer. 

M. Sauvel. Nous avons ^rlé , à l'articte des 
Distillateiu's , des Sirops de M. Sauvel, 

M. Boude t- et de ceux de M. Boudet-Guélaud j 

Guélautl. iig g^nt dé bonne qualité , et fabiiqués 

avec soin. 
M. Acloc* ^^^* Maille- Afclocque ont d'excel- 

^iie, lent Sirop de vinaigre ,« dont ils di- 

versifient le goût ; car ils en font à 
V rose, à la vanille, au citron, etc.; 
mais le meilleur , selon nous , est ç^lai 



des Gouu^'^^^^^ ijj 

ila framboise ^ le^^,^ ^ j^^^jI^î 
étant celui qui s allie le u procédés, 
racidité du vinaigre. "î'^uer 

M. Gosset, qui fabriquoit autre- -. 

fois une grande quantité de Sirops 
ordinaires , mais îfssez bons , a fait 
tort à sa réputation depuis qu'il s'est 
avisé d'emploj^er le miel au lieu fie 
sucre , même dans les Sirops qu'il 
vend 8 fr. la bouteille. 

Lorsqu'on v/eut avoir de bon Sirop 
de verjus , il ne faut pas le prendre 
dans la pharmacie de M. Chomet, 
car celui qu'il vend pour tel n'est 
que du Sirop de limon d'une très- 
mediocre qualité. 

LiCsSirops de limon et de Groseilles ^ Omlaîd. 
de M. Oudard sont assez bons; mais 
-ceux d'orgeat et de capillaire ont sin- 
gulièrement dégénéré. 

Brasseurs. 

L'Été , qui s'annonce pour être m. Boinllc- 
très-chaud, rend indispiensable Tu- rot de Saint- 
sage de la Bière j c'est une boisspn ^"S®' 
tout à la fois saine et rafraîchissante , 
et dont les estomacs parisiens s'ac- 
commodent h merveille, sur-tout lors- 
qu'elle, est blanche et légère. On ea 



27^ Altnctfri^^^^^ 

M Le Moine i^virs de très -bonne dans 
enJait augfi^^ deM. BouillerotdeSaint- 
ïi^tt^jr-', rue de TOursine , n". lo. 

Marchands de. Cidre. 

La técolte des pommes ayant man- 
qué en i8i i dans toute lalNormandie, 
les amateurs de cidre ont été tout à 
fait désorientés ,. car il est dev.enu 
presqu'impossible de s'en procurer 
de bon. Nous ignorons pourquoi 
cette boisson n'est point de garde à 
Paris, et s'aigrit en bouteille au bout 
/* de quelques mois y tandis qu'en Nor- 

mandie on la conserve pendant dix 
ans , et qu'.elle acquière chaque an- 
née plus de force et de qualité. En 
attendant qu'on nousiait donné la so^ 
lution de ce problême , nous continue- 
rons d'indiquer M. Monneaux , quai 
du Louvre , comme un des marchands 
dé Cidre qui mérite le mieux la coa- 
£ance des consommiateurs. 

, Fruits et Légumes conservés. 

M. Appert. Depuis que daitis un livre , qiiî a 
obtenu le plus çrand sucQès ^ et qai 



des Gourmands, ij^ \ 

le îMeritoit , M. Appert a ddroilé 4111 
Public le secret de t6us ses procédés, 
il s'est moins occupé de fabriquer 
des préparations qu'il a mis chacun 
à portée de faire soi-même. Cepen- 
dant , comme il faut beaucoup d'a- 
dresse , de patience et 6'habitude 
pour y réussir , peu de gens s'en sont 
fiérieusement occupés , et les *maga- 
sins de M. Appert étant peu fournis ', 
la disette «'est mise dans ces objets , • 

et Ton a eu de la peine à s'en pro-^ 
curer cet Hiver , même à son dépôt 
de la rue de Louis-le-Grand ( rue de 
la Place Vendôme au coin du Bou- 
levard ) , car celui de la rue Boucher 
n'existe plus. Nous avons sujet de < 

croire qu'il sera mieux assorti cette 
année , et qu'on pourra s'y pourvoir 
abondamment de ces petits Pois, de 
ces Fèves de marais , de ces Abri- 
cots , Cerises et Pêches en bouteilles 
qui fîffuroient pendant FHiver sur 
nos tables , de manière à croire que 
Tordre de la Nature étoit interverti. 

M. Pelletier-P«tit , à la Truie qui M. Pelle- 
file , rue du Marché aux Poirées , a ti«ïfl*eut. 
essayé depuis long-temps de conser- 
ver des Pois et d£S Fèves de marais : 
il y a réussi; et ceux qu'il nous a fait 

î»4 



à^8 Atmànack 

manger c€t Hiver méritent Une joteil* 

lion très-honorable. 

Vinaigriers-Distillateurs A 

MM. Maille . Deux anciennes et respectables 
et Acioc- Maisons se disputent toujours la préé- 
^"^* minence dans la prépai*ation des 

Vinaigres et des Moutardes. La pre** 
miëre est celle de l'illustre Maille , 
rue Saint- Andrë-dès- Arcs , n* 16 , 
exploitée depuis long-temps par M* 
Aclocque, digne fils de. son succes- 
seur immédiat. Tant de célébrité est 
attachée à ce nom , qu'un éloge plus 
étendu deviendroit ici superflu. Noos 
avons surnommé depuis long-temps 
M« Maille le Racine de la Moutarde^ 
et ce surnom lui a été confirmé par 
' tous les consommateurs. La sienne^ 

dont tous les goûts sont variés à Tin* 
fini , car il en fait aux truâes ^ à Fes^ 
tragon , à la ravigotte , aux câpres , 
aux anchois , à Tail . e^tc. , etc. ^ est 
d'une onctuosité ^ d un finesse , q«i 
ne nuisent en rien à la force qu^elle 
doit avoir raisonnablement ; car oti 
est convaincu aujourd'hui quSl n'est 
pas nécessaire que la Moutarde monte 
au nez po^r être bonne* Les Vinai* 



\ 



des Gourmands^ ang 

grès de M. Maille , tant de table que de 
toilette et de propriété , soutiennent: 
leur ancienne réputation. 11 en fait 
également à différens goûts ] mais 
câui à l'estragon nous paroît mériter 
lapréférence : c'est le plus simple , et 
celui qui est du goût le plus géné- 
ral. Parmi les Vinaigres de toilette, 
celui imaginé pour ôter le feu da 
rasoir , est d'un grand usage parmi 
les hommes , et les femmes prisent 
aussi beaucoup celui qui leur rend 
ce qu'on ne perd ordinairement 
qu'une fois. Son Vinaigre des quatre» 
-voleurs j et son Sel de vinaigre ea 
flacon , sont d'excellens préservatifs 
contre le mauvais air et les syncopes. 
Nous avons parlé plus haut de ses 
Sirops. Cette Maison, qui jouit chéas 
l'étranger comme Ik Paris de la plus 
grande confiance , fabrique en outre 
une foule de Légumes et de Fruits 
au vinaigre , qui font le charme des 
hors - d'œuvres d'hiver. Mais nous 
l'invitons à renoncer à les vendre 
dans des pots de grès , parce que 
cette matière poreuse est îiientôt at- 
taquée par le Vinaigre, le laisse filtrer, 
^n sorte que les Fruits demeurés \x 
sec ne tardent pas à se corrompro^ 



a8o 



'^Alma.nach 



Tusage des vaisseaux de verre .est in- 
finiment préférable. 

M. Bordin ( rue Saint - Martin , 
n*". 71 ) est le digne rival de MM, 
iMaille-A clocque , et ses préparations , 
tant acétiques que sinapiques , ne 
laissent plus rien à îiésirer. La trans- 
parence de ses Vinaigres de table 
est portée au plus haut degré , sans 
nuire à leur force , et Ton a pu voir 
à ce sujet , dans la Correspondance 
Ctourmande de cette septième A.nnée, 
des détails aussi curieux qu*inslruc- 
tifs (i). Sa IVJoutarde acquiert aussi 
chaque année des qualités nouvelles , 
€t qui justifient le nom de Corneille 
que nous avons depuis long-temps 
donné à l'inventeur. Ses' Fruits ea 
l)ocaux ( dont plusieurs présentent 
un très-joli assortiment dans le même 
vase , connu sous le nom de Variétés ) 
sont préparés avec soin , et char- 
ment Toeil avant de stimuler agréa- 
blement Torgane du goût. Ses Vinai- 
gres de toilette remplissent bien leur 
objet j enfin tout ce qui sort de cette 
Fabrique ( dirigée par un père res- 



(1) Voyti pages 120 et suivantes du prê- 
tent Volume. 



des Gourmands. 281 

pectable , fort d'une longue expé- 
rience , et deux fîîis, dont un est 
Pun des meilleurs élèves du savant 
Chimiste Vauquelin ) est digne de 
la plus grande confiance. 

Nous voudrions pouvoir en dire M. Raffort; 
autant de celle de M. RafFort, Vinai- 
grier impérial ; mais nous croyons le 
mieux servir par notre silence , que 
par tout ce que la vérité nous force- 
roit d'en dire. [ ' 

Parmi les fabricans de Moutarde M. Le 
de province qui ont acquis quelque ^^^^ » * 
réputation , nous <;ontinuerons de rieux, 
citer M. Le ^Taoùt ; Apothicaire à 
Saint-Brieux , inventeur de la Mou- 
tarde celtique qui Tavoit fait surnom- 
mer , en raison de ses qualités vigou- 
reuses , le Crébillon des préparations 
sinapiques. Nous sommes fâché qu'il 
ait renoncé à ce surnom , en affadis- 
sant sa Moutarde , plus digne au- 
jourd'hui de l'auteur d'Andronic que 
de celui d'Atrée , et qui pour comble 
de malheur, n'est plus de garde. Nous 
engageons M. Le Maoùt à rentrer 
dans la bonne voie \ avec autant de 
lumières , d'esprit et de talens qu'il 
en possède^ cela ne lui sera pas dif- 
ficile. 

!ï4- 



aSz Aîmanach 



l^piçiers. 



Ils sont en très-grand nombre à 
Paris , et même fort au-delà des be- 
soins des consommateurs , ce qui fait 
que beaucoup font mal leurs aÔaires , 
ou ne font que ' végéter. H seroit à 
désirer, et pour eux-mêmes, et pour 
le bien durublic, que ce nombre fut 
tçstreint dans des limites raison- 
nables i les consommateurs seroient 
mieux servis , et le commerce même 
, 'y trouveroit de l'avantage. 
M. Marti- Quoique depuis la mort de M. Mar- 
gnon, fils tignon , digne successeur dé l'an- 
awié,etÇ«/çienne et respectable Maison Pochet 
et Compagnie ( rue de la Grande- 
Truanderie , n** 23 ) , cette Maison 
se livre plus particulièrement à la 
commission , eue n'a point renoncé 
à la vente en demi-gros des princi* 
paux articles de l'Epicerie , tels que 
Sucre , Café , Ppivre , Cannelle, Gi- 
rofle , Thés , Eaux-de-vîe , Huile , 
Savon, etc. Les consommateurs peu- 
Vent donc aller toujours y faire leurs 
approvisionnemens annuels aveô la 
même confiance 5 ils seront bien sûi'S, 
d j être servis avec une probité, une 



des Gourmands, 28? 

fidélité qui devient de jour en jour 
plus rare, et d'y trouver en première 
qualité, toutes les marchandises que 
nous venons de citer. 

La Maison de M. Louis Millot , M. Miïlot; 
successeur de M. Piébot , rue Mont- 
martre , n° 107, est depuis long- 
temps , célèbre par la bonne qualité 
de ses Thés , Cafés , et autres denrées 
coloniales. Le débit journalier y est 
fort considérable \ et c'est , parmi les 
anciennes Maisons , l'une de celles 
qui méritent le plus de confiance. 

La Truie qui file ( nie du Marché M. Pelte- 
aux Poirées ) se distingue toujours tier-Petit. 
par u^ grand assortissement de Salai- 
sons, Fruits de Pçovence et de Tou- 
raine , et généralement par les ar- 
ticles de dessert et de hors-d'œuvres. 
C'est dans ce genre une des Maisons 
qui font le plus d'aifeires. L'honnê- 
• teté de M, Pelletier-Petit est égale à 
son activité , et le rend cher aux 
consommateurs. 

M. Plailly,rueMontorgueil,n'7i, M.PIaiUyS 
tient une très-bonne Maison de détail. 
C'est là qu'on trouvé toute Tannée 
d'excellent Beurre de la Prévalaye , 
tant en paniers qu'en petits pots. \ 

Comme il y arrive deux foi§ par 



J 



a84 Alnianach ' 

semaine , on peut être sûr de l'avoir 
toujours récent , et dans tonte sa 
bonté. 
«/r r\ n j M' Huillard De La Groue , aiu 
^;iS^l Magasin d'Italie , rue Pavée, vis-à-^ 
vis la rue Française , tient toujours 
en très-forte partie les Pâtes d'Italie, 
et le Fromage de Parmesan , princi- 
pal es branches de son commerce. C'est 
une très ancienne Maison , et qui a 
toujours joui de l^estime publique. 
M. Thorin. Le grand détail qui se fait chez 
M. Thorin, rue Coquillère, n° 3i , 
fait réloge des articles qui sortent 
de cette Maison. 

Celle de Madame Bridault, rue <ïe 
Provence , n" 2 , est la plus forte et la 
mieux assortie dé tout le faubourg" 
Montmartre. On peut voir ee que 
nous en avons dit dans nos précédens 
Volumes. ^ 

M. Béloin , rue de Marivaux^ 
Place des Italiens , n° 5 , jéunit à 
une très-bonne Maison de détail , un 
entrepôt d'excellent Beurre de Bre- 
tragne qu'il reçoit deux fois par se- 
maine ,.et qu'il vend toute l'année au 
prix de '21 s. la livre. Ce Beurre, qui 
peut dans presque toutes les circons- 
tances j remplacer l'Hiver le B^unrcL 



Mm-V'Bri- 
liault. 



M.Héloin. 



des GoUTffiandSé aSS 

-«l'Isigny ( qui s'élève quelquefois jus- 
^ues à 4» s« ) , est d'une très-graude 
ressource pour les ménages bour- 
jgeois. 

Nous avons déjà parl^ de M. Ga- m. Gab^l- 
Mlot^ rue du faubourg Saint-Honoré, lot* 
n** 3, comme d'un très -bon Distilla- 
teur; nous y revenons ici pour dire que 
«a Maison ., la plus forte de tout le 
<|uartier , fait en Eaux-de-vie des af- 
faires immenses; ce qui n'empêche ' , 
pas que le détail de tous les autres 
articles n'y'spit continuel. C'est une 
ancienne et respectable Maison qu'il 
suffit de nommer pour en faire Té- 

Vermicelliers. 

Depuis que la fabrication des Pâtes M. Guérin^ 
■dites d'Italie s'est singulièrement ac- 
crue à Paris , on n'en tire presque 
plus de ce pays ; ainsi le nombre des 
Yermicelliers a du s'augme;ito|- dans 
une proportion égale j et de la rue 
des Prouv aires , où ils s'étoient en ' 
quelque sorte tous agglomérés , ils 
se sont répandus dans les divers quar- 
tiers de la Capitale. Au reste , ces 
<&jibri.cans rendent plutôt aax. mar- 



a86 Almanach 

chands qu'aux particuliers > car toœi 
les Épiciers et la plupart des Grai^ 
niers tiennent leurs aiticles. Nou» 
nous contenterons donc de Bommer 
comme Tune des plus fortes et des 

Îdus anciennes Maisons de ce genre ^ 
a fabrique de M. Guérîa , rue des. 
Prouvaires. 

Fécule de Pommes de terre de^ 
Bezons. 

Nous avons quelque sujet de croiri? 
que cette Fabrique , que nous avons 
signalée avec de justes éldges , dan& 
nos prëcédens Volumes , n'est plus 
en activité ; mais nous pensons tou- 
jours qu'il existe un dépôt de ses. 
produits rue Saint* Jacques , n* 23. 

Riz , Semoule , et autres préparations, 
tirées de la Pomme de terre, 

M. Dufour. Honneur à Madame Chauveau, à 
qui nous devpns ces= diverses prépa* 
rations , doçt nous avons rendu ua 
compte très-détaillé , page 39 et loi 
de la septième Année de cet Ou- 
vrage ! Ann de ne point nous répéter^ 
nous j renvoyons leLeeteiw, et non» 



des Gourm^^^s» 287 

ttous Gûutenterons d'indiquer le prin^ 
cip^l dépôt de Madame Chauveau , 
«[ai est maintenant chez M. Dufour ^ 
rue Napoléon. 

Fabricans de Pain d*Épice, 

C'est toujours M. Hémard ^ rue des M.Hémard; 
Amandiers , Montagne Sainte-Gene- 
' viè'y e ^ qui tient le premier rang dan» 
cette partie j et le meilleur Pain d'é* 
pice qu on vend dans Paris sort de 
cette excellente Fabrique» M. Hémard 
ne se borne point à confectionner^ 
d'excellent Pain d'épice de Reims ^ . 
aux Amandes ^ au Citron , à l'An-* 
gélique , des Nonnettes aux anis de 
Verdun , etc. ; il tient encore les 
Màcaroqs à la Keine , et autres arti* 
clés de ce genre y si chers aux friands. 
Il n'emploie dans ses préparationf 
que du Miel du Gatinois de pre- 
mière qualité , et continue de méri- 
ter , sous tous les rapports , }a con- 
fiance des consommateurs* 

Fabricans ds Gaufres à ia flamande. 

U n'en est quW que nous puis- ^Ql.^^^ 
«ions indiquer ^ noD^eulcment iiomme (^q , 



3t88 Almanach 

le plus ancien , mais encore comme 
le meilleur j c'est M. Van-Roos- 
' Malen , ou plutôt sa veuve , Galerie 
du Palais-Royal, n" 174. Mais il faat 
les manger sur le lieu même 5 car, 
il est <le Tessence des Gaufres à la 
flamande de çerdre cent pour cent 
de leur qualité en se refroidissant. 
Cependant Madame Van-Roos-Malea 
en envoie aux consommateurs à leurs 
risques «t périls. L'extrême délica- 
tesse et le moelleux de ces Gaufres , 
en font une friandise singulièrement 
agréable 5 il paroît que beaucoup de 
gens pensent ainsi , car sa boutique 
est toujours remplie d'amateurs» Oa 
y trouve différentes sortes de bois- 
sons pour arroser ces Gaufres , ainsi 
. que de très '•bon Pain d'épice de 
Hollande , ou du moins annoncé pour 
ieL 

Crémiers* 

»r»«I-am- La vanité" perd tout dans ce bas 
ï^rt. monde. Madame Lambert,élevée dans^ 

un salon , et ruinée par la Révolution, 
n'a pas rougi de rétablir sa fortune 
dans une étable, et de s« mettre,Crè- 
mière pour élever sa nombreuse far 



àes Gourmands, 289 

tîiiUe , le Ciel a récompensé son hu- 
milité , son zèle et son talent- ell^ 
est devenue en peti d'années la Crê* 
aaière la plus aclialandée et la meil- 
ieure de Paris. Mais ne \6ilà-t-il pas 
que ses fils, devenus grands j ont eu 
honte de l'état de leur mère, et que 

I)réfèrant Tàntre deCaciis à l'asile de 
'Innocence , ils mettt'ut le titre d'ap- 
prentis procureurs au-dessus de celui 
de Crémiers bien achalandés. La mère 
n'étant plus secondée par ses enfans^ 
a renoncé aux Fromages glacés , la 
partie la plus savante, la plus lucra-» 
tive de son commerce ; et réduite 
aux simples Fromages fouettés , cUe 
les abandonnera bientôt tout h fait. t*a 
source de l'opulence tarie avec celle ^ 
du travail , ces enfans orgueilleux 
verront bientôt oh les a conduits Id 
faux calcul d'une aveugle vanité ; et iU 
apprendront à leurs dépens lequel 
vaut mieux de gratter dû papier de 
chicane , où de travailler les pro- 
ductions les plus aimables durgrand 
ait alimentaire. (Place Royale^arcades 
des Minimes ). ' 

A défaut de Madame Lathbert ^ il m. Coupé, 
nous faut revenir à la Vache noire 
t rue de Grammont ) qui ^ malgré le 



%g9 Almanàch 

triste état dans lequel M. Coupe est 
réduit depuis trois ans , continue tou« 
jours de fabriquer d'excellens Fro* 
mages à la Crème, glacés, fouettés , 
à la rose , à la vanille, à la fleur d'o- 
range ,etc. 

M. De Laisse y Epicier y rue de la 
Monnoîe 9 n^ 7 9 est retiré , mais son 
successeur tient toujours le dép&t des 
Fromages de Viry. Ils n'ont point 
changé de prix , mais seulement de 
grosseur , c'est-à-dire que pour ^4 s* 
qu'ils coûtent , ils offrent environ 
le tiers de leur diamètre d'autrefois. ^ 

Fabricans de Chocolat» 



1I« Tan* Quoique le Chocolat des Confiseurs 
rade. ne jouisse pas en général d'une très* 

grande estime , nous devons faire 
exception en faveur de quelques-uns* 
Nous continuerons de recommander 
ceux de M. Tanrade et de M. Le 
. Moine } et nous citerons avec éloge 
ceux de M. Guilbert , rue Saint* 
Honoré, n"* 254> et de M. Boudet* 
Guélaud, nie Saint-Magloire. 

Tous les Apothicaires de Paris fa- 
briquent maintenant du Chocolat, ce 
qu'us se croiroieat humiliés de iair^ 



des Gourmands. 291 

dans d'autres pays, par exemple à 
Bruxelles. Nous nous contenterons de 
parler de ceux de M. FoUoppe , ou 
plutôt de, M. Libour , son successeur, 
rue Saint-Hônoré , n* 38 1- 

On trouve toujours h l'H&tel des Hôtel déi 
Américains d^excellens Chocolats de Américains.' 
Baronne et d'Italie; et cette Maison, 
êi digne de la plus grande confiance, 
en a un débit fort considérable. 

Nous n'arons aucun avis sur la 
Fabrique de M. Truchet-Martin , et 
jious ignorons si elle existe encore. 
11 en est de même d'une Fabrique 
établie dans le faubourg S aint-Marcel, 
qui enveloppe son Chocolat de ifeuilles 
d'étain ( nous n'ayotis jamai$ pu de- 
viner pourquoi ) , qui a obtenu un 
instant de vogue , mais dont on ne 
parle pas plus maintenant que si elle 
n'avoit jamais existé. 

Il n'en est pas ainsi de M. De M. fie 
Bauve ( rue Saint - Dominique , fau- B^a"^*» 
bourg Saint-Germain^ n*4). Pour ce- 
lui-là, sa réputation depuis dix ans n'a 
fait que croître et embellir , parce 
qu'elle est fondée sur un talent réel, 
et sur un choix de matières pre- 
mières , qui assurent à son Chocolat 
une prééminence incontestable* C'est ,^ 



igs Almanack 

et le mcïilleur fabricant de Pari» , et 
celui de la France qui fait à c^up 
sur le plus d'affaires. Soixante-sept 
dép6t8 dans autant de villes de TEm- 
pire, qu'il alimente continuelléraeilt, 
en sont une preuve parlante; et- tan-» 
dis que d'r^utres fabricans se remueni; 
en tous sen^ et emploient jus<ju'aux 
injures pour occuper d'eux Je Public , 
M. De Bauve > comme le grand Ser^ 
torius , ne doit q^u'à lui seul toute 5$ 
renonamée. 

Non content de nous offrir dans 
5es exoellens Chocolats , une' sub-? 
stance tout a la fois saine , agréable 
et réparatrice , M. De Bauve* a cher- 
ché à les rendre, curatifs dans une 
foule d'affeolipns où les remèdes sont 
BOuvent un mal de plus. Il y est par- 
venu j et îpar le mélange de quelques 
substances tout à la fois gracieuses et 
médicinales, qui ne communiq[uent 

2ue leurs qualités bienfaisantes au 
hocolat, sans en dénaturer le goût, 
il a trouvé le moyen d'en fabriquer de 
pectoral , de beçhique, de tonique ^ 
d'emménagogue, et même de vermi- 
fuge. Les Médecins en font journel-î 
* leiuent l'application la plus heureuse, 
soit dans le trçûtemen^ «l^s maladiei 



des ' Gourmands. agi 

chroniques 9 soit pour réparer les 
désordres occasionnés dans Técono-* 
mie animale par des excès de dîverji 
genres y' f$oit cnfia,dans les conva-- 
lescences laborieuses et difficiles. C'est 
un très - grand service que M. De 
Bauveé' rendu à Fart dé guérir ; et 
l'on ne sauroit trop le faire valoir» 
' 11 n'a pas travaillé moins efficace-» 
ment pour la sensualité de ceux qui ' 
se portent bien 5 car ^es Chocolats 
ne sont pas moins, délicieux que sa- 
lutaires. Aussi L'usage en ^ est-il de-^ 
venu si général , qu'il a beaucoup de 
peine & $uffirQ k leur immense con- 
sommation. 

Outre le Chocolat en livres , on 
en trouve chez lui de. toutes les for-» . 
mes 3 Chocolat à la main , de voyage , 
en pastilles y en diablotins , et .même 
en croquignoles. C'est assurément le 
magasin de l'Europe le mieux assorti 
en ce genre. 

Pour la commodité ' du Public ^ 
M. De Baave a toujours conservé 
son dépôt chez M. Rochette , opti- 
cien au Palais-Royal , n*, n4« ^n 
y trouvera les mêmes Chocolats que 
dans sa Fabrique , et l'on y distri- 
h^Q égaleiçent un Catalogue raisonné^ 



ii94 •Almtmacli 

avec les prix qui, cpioiqpae n^cesai-' 
rement élevés , ne lé sont cependant 
pas comme ils dcvroient l'être d'a- 

Î)rè5 le haut cours des denrées co- 
oniales/ 

Marchands de là Halls, 

La Halle est , comme Ton sait , la' 
mëre nourrice des habitans de Paris ^ 
et l'entrepôt général de tout ce qui 
parpit sur leùn tables ; car tous tes 
autres marchés s'y fournissent, C^est 
un coup* d'œil . vraiment unique que 
celui de laHalTedans chaque saison ^ 
mais sur-tout ITEté , à la pointe du 
jour* Les étrangers qui veulent con- 
noître tout ce que Paris renferme 
d'extraordinaire , ne manquent ja- 
mais , avant leur départ , de se pro- 
curer ce spectacle , et ce n'est pas 
celui qui les surprend le moins. 

Tout abonde à la Halle , et l'on 
est vraiment effrayé lorsqu'on songe 
h l'immense consommation de chaque 
jour^ car P^ris n'est pas approvision- 
né pour plus de vingt -quatre heures 
dans la plupart dçs denrées 5 il n'y 
aguères qu^cn farine ^'il le soit 
pour une semaine. Maiâ im Gouv^-- 



des Gourmands. sgST 

tieineiit paternel veille sur ses besoins 
sans cesse renaissans , et cette vigi- 
lance entretient la sécurité. 

Les sept principaux articles de la 
Halle sont la Marée , le Poissott d'eau 
douce , la Volaille , les Salines , Ict 
Légumes , les Herbages et les Fruits» 

Nous avons dit dans notre pré- 
cédent Voluttre pourquoi nous rc* 
noncions à indiquer les nueiUeure» ^ 
Marchandes de Marée ; et les mêmes 
considérations nous engagent à gar- 
der cette année le même-silence. 

Madame Desneeuds est toujours la lT««De» 
reine du Poisson d'eau douce , €t "^«uds. 
eet hommage que nous lui rendons 
est dicté par la vérité , plus que par 
la reconnoiSsance 5 car soit ingrati- 
tude y soit impuissance , elle n'a pa-« 
mais su ce que c'étoit que de recon- 
noitre un éloge par une Légitimation, 

Les Marchandes de SàJines sont 
fout k fait désorientées depuis que la 
contiuation de la guêtre a non-seu- 
lement porté la morue à des prix 
exorbitans , mais ne nous permet 
inême plus d'en avoir de bonne. 

Les Marchands de Volaille de la M»» Lafl 
Balle l'achètent à la Vallée ; mai» louetté. 
^uoicpei de la seconde main. ^ cette 



$9^ Almafèdch 

denrée n'y est guère plus chère cpiéf 

sur le qirai des àuguslins. Madame 

Lallouetl^ , déjti citée , nous paroît 

toujours mériter la confiance des con-i 

sommateurs. 

[«« V "I ^^^ Légumes forment une branche 
très-importante du commerce de la 

làmo *^*"" Halle j ils y sont toujours à beaucoup 
meilleur prix -que dans les autres 
/ Marchés de Paris, Madame pîoël ef 

Madame Plainchamf) se distinguent 
parmi les plus grosses Mai^han<les de 
cette denrée. 

Ii€s Herbes sont aussi Tobjet d'un 
très- grand débit ; elle$ doublent à 
peji près àe prix en passant des mains 
des gens de la campagne dans celles 
des revendeuses, ^ 

Outre ces articles , il en est qui , 
comme le Beuri'e et les Œufs , sont 
. Tobjet d'un commerce très-impor-^. 
tant. Us arrivent à jour fixe sur le car-, 
reau de la Halle 5 le Beurre , d'Isigny 
et de Gournay, et les meilleurs QEufs, 
de MoFtagne. Les Marchands qui se 

î. Tlieur- distinguent le plus dans cette partie , 

f • sont d'abord M. Theurlot, Piliers des 

Potiers d'étain , que nous continue- 
rons de signaler , ainsi que nous l'a- 
vons fait dans tous nos précéden& 



des Gourmands. 29J 

Volumes , pour l'excellent choix de 
ses marchandises (auxquelles il joint 
le commerce des Fromages de Ma- 
rolles et de Neuchâtel ) , et sa probité 
bien reconnue. Nous nommerons en- 
suite M. Hennelle, M. Joly , M. Le M.Hen* 
Gros , comme très-^recommandables "^^'^* 
îiussi dans celte branche de Consom- ^' ^^^y* 
Xnation. M.LeGroi 

Madame Beauccage se distingue Mme^e^y 
dans le commerce des Issues ; c'est cage. 
Tune des Tripières de la Halle les plus 
achalaulandées, 

Fruitiers-Orangers. 

Les Fruitiers-Orangers de fa rue iM[Xlémen 
du ÎM[,anctc aux Poijrées font un com- 
merce très -considérable en Fruits de 
toutes les saisons. C'est là qu'on trouvé 
toutes les primeurs , et les plus belles 
dëpouOles de no^ potagers- M. Clé- 
ment se distingue parmi eux par sa 
probité et ses beaux assortimens. 

Puisque nous sommes sur le cha- 

Sitre des Fruitiers , nous continuerons 
e citer avec les mêmes éloges M, j^^ Attvrr 
Auyray, place de Louis XV, au coin 
de la rue des CJiamps-Elysées. §a 
t}ès-peti(e bo^itiquç est toujours $Ur 



3od Aîmanach 

saurions trop la déplorer. Sa VeuVC'* 
inconsolable , continue de tenir sa 
Maison ; et comme elle est aidée des 
conseils de M. Guélaud , son beau- 

Sère , qui surveille les ouvriers , et 
e ceux de Mé Pâtureaux , son oncle , 
qui dirige le cabinet , il est à croire 
que cette Maison mérite toujours la 
• même estime et la même confiance* 
M» Oudard. M» Oudard , aux Vieiix-Amis , 
n* 4^ > a éprouvé des malheurs qui 
ont ralenti pendant quelque temps 
Tactivé de son comqlerce. Mais il 
en'est sorti Vainqueur, et a t(?doublé 
de zèle et d'activité , pour soulenii" 
toujours Texcellente i*éputation de sa 
• Fabrique. 0,n sait que le principal 
commerce de cette Maison se fait 
avec les Marchands , et qu'elle est en 
possessioil d'alimenter la plupart de 
ceux de province qui font leurs em-* 

i)lettes à Paris. Cela n'empêche pas que 
e débit aux particuliers ne soit aussi 
fort considérable ; ehfîn presque tout 
le Sucre d'orge qui se fabrique à Pari» 
Sort de TatelieV de M. Oudard. Oïl 
peut jug«r par toutes ces considéra- 
tions , de l'immensité des affaires que 
cette Maison doit faire- 
lîoug avons parlé , à rarticle det 



motte* 



des Gourmands > 3oi. 

DtstUIateurs, de M. Boudèt-Guélaud, M. Boudet* 
rue Saint-Magloire. Nous le plaçons Guélaud, 
de nouveau ici comme Confiseur , 
car il est également digne sous ce rap- 
port de la confiance publique^ 

Le digne successeur de Madame m»*t 
lamotte ( rue de Richelieu , n** 4 ) 
vient d'être honoré, du brevet de 
Marchan.d de Bonbons de S. M. Tlm- 
pératrice,et cette distinction étoitdue 
au Roi de la Pastille. Personne a Paris 
ne, mérite mieux ce titre que cet ex- 
cellent Confiseur , car rien ne {)eut 
être comparé à la finesse exquise et. 
au délicieux ar6me de ses iPastilles ga« 
lantes à Tananas , à la rose , à la firaise ^ 
au citron , à la menthe , à la fleur 
d'orange , enfin à tous les goûts. Ce 
grand artiste préfère de tiavailler cet. 
article souvent et en petke quantité , 
afin de le livrer toujours dans toute 
sa fraîcheur. Mais il ne borne point 
à cela son travail ^ ses Pâtés de mar* 
rons glacés , que personne n'a même 
essayé d'imiter , continuent de jouir 
de la plus grande vogue , et de la mé- » 

riter : il est impossible de mieux fas- 
ciner les yeux en satisfàisant^davan- 
tage le goût. 

AI. Taiuradç; dgat mous avons fait M. Tan- 
^g rade. 



îoa Almunach 

un $i juste éloge comme Fabricaiit 
de Sirop» , Distillateur , et Fabricant 
de Chocolat , peut être encore cité 
ici comme faisant la meilleure pâte de 
Jujubes qui soit dans Paris. £lle est 
d'une transparence qui atteste la 
beauté du Sucre qu'il emploie pour 
la confectionner. 
1^^ j^^ Nous avons signalé avec éclat M« 

Moine. Le Moine ( rue Yivienne , n° lo) 
comme un des meilleurs Distillateurs 
de Paris -y il doit également trouver 
ici saL place comme un très-bon Con- 
fiseur. 
Ettcore M. ^ vient d'acheter le fonds de fea 
X^ Moine* M. Berthellemot , au Palais-B.oyal y 
n* 54, et cette Fabrique , autrefois la 
plus achalandée de Paris , qui , de- 
, puis la mort de M. Berthellemot , 

n'avoit fait que décliner , vient de 
reprendre , sous la direction de M* 
Le Moine , une bonne partie de soa 
ancien éclat. Il en a renouvelé suc- 
cessivement toutes les marchandises 
qui ne se ressentoient que trop de la 
décadence y et tout ce qui en sort main- 
tenant, tels que Dragées , Confitures 
«èchea , pastilles galantes , Bonbons 
Américains , Bonbons Écossais , Mé- 
téores ^ Pastilles de Memhe àia r^ïse. 



des'' Gourmands. , SoJ 
PastOles-Bijotlx, Sucre de pomme en 
bouie, etc. , est fabriqué avec des soins 
tout particuliers. 

C'e«t une chose fort heureuse pour 
les friands que ce fonds ail été acquis 
par M. Le Moine 5 . nul n'est plus 
^ue lui à même de le bien faire va- 
loir, et de relever par tous les moyens 
die fortune , de talens , d'industrie , * 

dont il disposé , réclat d'une Fabrique 
^i lui devra sa régénération. Ainsi 
l^ombre du grand Berthellemot re*- 
vit toute entière dans M« Le Moine; 
^t les Amateurs sont retournés cette 
tenée en foole au Palais-Royal qu'ils 
coiùmeiiçoient à d^erter, et ils ea 
sont sortis satisfaits. 

Nous avons , et dans nos précéden- m, Terrîcr^' 
tes Années, et même dans le cours de successeur 
«e Volume, article des Poésies Goup- ^^ M« ^^^' 
mandes , parlé avec éloge deM. Guil- ^^*' 
bért ( ou plutôt de M. Terrier , son 
îSkigne successeur) rue Sain^-Honoré, 
n* a54 j O.UX Pedmiers, Ce M. Terrier 
est un jeune homme plein de zèle, 
de niérite et de talent , qui a fait ses 
études chez les premiers Confiseur? 
de la Capitale , et qui eh a très -bien 
projfité. Tout ce qui sort de cette 
iiQUtiqûe ) où Ton se pique de v!tjat- 



3of Almaûach 

ployer que de très -belles marchaii« 
dises , est traitç avec beaucoup de 
soin : Chocolat , Pastilles, Bonbons, 
tout est digne des palais les plus 
exigeans. Outre tous ces^ articles', 
auxquels il faut joindre les Huîtres 
43e Cancale elle Bonbon d'Epicure, 
M. Terrier a l'une des premières et 
des plus considérables Fabriques de 
pâte d'orgeat qui soil à Paris. Il ea 
' approvisionne les meilleurs Limona- 
diers , et ne la fait qu'avec *^de très^ 
beau Sucre, On sait combien l'orgeat 
fait avec de la pâte fraîche est su* 

Sërieur à celui qu'on n'obtient que 
u sirop-: il est non-seulement beau- 
coup plus agréable commis boisson^ 
inais ses qualités diététiques sont fort 
différentes , car il rafraidbit , et lé 
sirop échauffe. Profitons doFC de la 
aaison des chaleurs pour nous munir 
de pâte d'ergegt chez M. Terrier ; 
car c'est en vain que nous en chcrr 
«bevions pilleurs d'aussi bonue. 

Limonadiers» 

Les Limonadiers sont en très-grand 
nombre à Paris , et l'on auroit peine 
4 y citer une dou»aiae de Gat^$ oi 



d^ Gourmanêsé 3<>S 

Poil ptùsgê sans incofivéniens iiser 
de ee qui s'y prépare. D'abord il n'y 
«n a peut--étre pas qnatre-oci le Gaie 
tie soit pas falsifié , ainsi que la plu« 
part des Liqueurs fraîches; aussi la 
majeure partie des «onsommateurs 
a-t-elle renofieë aux Ùéjeùners chauds; 
ils graissent le couteau ( pour nous 
servir d'une expression triviale) , dè& 
le matiii , et préfèrent la tranche 
de Jamhon à' ta tasse de Chocolat* 
\jjth Limonadiers se conformant à cet 
usage , se sont pour la plupart tram- 
formés en Traiteurs, et leurs montres 
aont plutèt celles d'un {Lestaurateur 
que d'un marchand de limonade. 
11 n'y a que les premières Maisons qui 
. soient restées fidèles à l'ancien usage; 
et c^est en vain qu'au Café de Fof , 
au Caveau , au Café Zoppi , ou vou- 
droit déjeuner à la fourchette. 
- Quoi qu'il en soit , le Café de Foi , Café dcFoU 
toujours tenu par M. Le Noir ( au 
Palais-Royal , n** 5^ ) , continue tou- 

i*ours d'être non-seulement le meil- 
cur Café de Paris , mais celui qui 
est le plus fréquenté par la meilleure 
Société : c'est même à peu près le 
çeul ( si on en excepte ceux du hou^ 
jevard du Tes^le ] d$as lequel une 



3o6 Almanach 

honnête femitte puisse se montrer sflllê 
acrupide. Ce Café se distingue tou-» 
jours par un excelient choix de mar- 
cbaudises : le Café. , les Limicurs fraî- 
clies et les Glaces répoiHCient à son 
ancienne réputation , et Fombre du 
grand. Jousserand y plane sans cesse ; 
c'est tout dire (i). . V . - 

Café du * Parmir les autres Cafés dû Palais- 
Caveau. Royal , on cite le Caveau , le Café des 
Calé des Mille CbJonnes, présidé parla belle 
milies Co- Limonadière , dont Paris s'^est occupé 
loniies. long-temps , et qui vend de très-bon 
Café Lem- Punch à la Romaine, et le Café Lem- 
h^iï^* blin , renommé pour son Café à l'eau. 

Nou3 n'avons aucun ddcumentsiur les 
autres. Le Café Corazza a changé de 
nom , et s'appelle aujourd'hui 1b Café 
Sabatino , c'est tout ce que nous eu 
pouvons dire. 
Café du Dans la ville, on cite le Café du 
Mail. Mail , au coin de la rue de ce nom 
et de celle Moniriiartre, pour le Café 



{\) Lé Café de Foi vient de contracter areé 
x:ette ombre illustre une alliance p^us 
étroite encore par le mariage du fils uni- 
que de M. Le Noir avec la petite-fïlle du 
grand Jousserand. H est diracile de TO^r 
un couple plus beau et Inieux asiorti. 



^s . Gourmands. :3 07 

m reaa. Le Café Conti^ au coia de GaféContl 
la rue Daupbine et du qiiai Conti , 
pour les vrais Dëieûners à l'anglaise; ^ -, - 
et le Café Zappi ( ancien Café P^o^ ^^^ ^^PP^ 
cope')ruc des. Fossés-Saint-Germain 
des-Prés , pour ses Glaces. , 

Les Cafés du Boulevard duTem- Café Turc* 

}>le y mais sur-tout le Café Turc et Café des 
é Café des Princes » sont Irès-fré- Princes. ^ 
quentés dans la belle saison. Nous 
ignorons si la bonté des Tafraichisse- 
mens répond à la niagniiicenee du 
décor. 

M. Ma2urier,aucoindes Champs- M. Mazu 
Elysées et de la rue de ce nom , "cif* 
continue de faire de très -bonnes 
Glaces , et entreprend avec succès 
les Desserts et les Bals. C'est un artiste 
de première classe et. très-versé dans 
toutes les parties de l'office. 

M. Tortoni , Boulevard des Ita- jvf .Tortoni 
liens , est toujours renommé pour son tuLch- 1 
Chocolat, et son Punch à la Ro- **"^ 

mainè \ et M. Syraud , successeur de 
M*** Hardy, se distingue par ses ex- 
cellens Déjeuners à la lonrchette : 
tous deux sont , comme l'on sait , sur 
le Boulevard à^^^ Italiens. 

Nous allons , selon notre usage , 
jeter un n^pide coup-d'oeil sur quel-* 



!5o8 . 'Âlmanask 

qaes profession» ' qui sani aroîf ^ 
comme les précédentes , un rapport 
intime avec la taUe , ont 'cependant 
avec les arts alimentaires plus d'tm 
point de contact j ce qui motive la • 
^ mention que nous crojroas devoir en 
' fidre ici; 

. .'s T Apothicaires* 

, Libour. ^^ ^^"^* parolt juste de commencwf 
par les Apothicaires , 'comme ceux 
dont la profession est essentiellement 
liée àTexercice Vie la Gourmaniiise ; 
car, on trouve dans la Pharmacie 

' tout à la fois les moyens d'augmenter 

*ôn appétit, et ceux de remédier aux 
indigestions. Parmi les Piiârmacijea 
recàzqimandables , nous continuerons 
dè..çitf.r celle de jVl, FoDoppe • qui 
virent de se deume.r.ppur successeur M. 
Libour , Tȍ ^SiBiiiB^rlfonQre , n* 38 1. 
C'est la PhVj^açieria plus vaste de 
, ' Paris , et Ton p^q|jiy recourir avec 
confiance. Son Clibcola|»a toi^jours 
été fort estimé 5 étions ses artid.ea 
de Pharmacie gracieuse sont traitéa 
avec soin. ! 

I. Lamé- ^^ Pharmacie de M. Lamégie, rue 

». du Bac ^ n* 19 ^ est conauç dsepuis 



dts Gourmands. - 3o^ 

lûttg-temps sons de très- favorables 
rapports. On sait mie ce Chimiste 
habile s*ocoupe depuis plusieurs an- 
nées de tirer divyr3 produits du Cafê 
Moka, et de Ja plante nommée Hémé^^ 
rocalis , dont il a composé un Sirop 
très - agréable , une Liqueur qui ne 
Pcst pas moins , des pâtes de Juju- , 
kes y etc. Quant au Café , sa Con^ 
servie de Caf'é Moka]6m\. d'une assex * 
grande célébrité , pour nous dispen-» 
MCT d*y revenir ici. Qn peut vorf 
f ailleurs ce que nous eh avons ^it dani 
dans vDotre septième Année, pages'64 



(i) ÂM moment dit floîi» rcToyon» cette 
^reuve^OQ nous donne connois^sance U'ua 
nouveau produit que cet. habile Clnroiste». 
^ent de tirer du Café , sous le nom, d'y^ 
t6mthu%teux de Café Moka, Cet Aj-ôme reri-i 
ferioe aoii» un trè:«-peiit volume tout le 
pftrf«im d'un^ grande quauûté de Oiié ; 
et sa ronce nt ration est teUe , que 4q livre* 
de Café n*en ont rettdu que trois onces* 
Kotts i|inor0m%«jicore le?; applications que 
l*ojï'POurra taire de cette précieiise Li- 
queur/dont trois gouttes versééis swriiti 
inorceau de sucre , suffisent pour parfu-* 
■ner pendant longtemps \e palaiu. Cette 
découverte ne prut qu'ajouter à lan^pu* 
l^fion de M. î-amégie » qui, «ans iiégUj,e« 



3io jélmanaeh , 

M. Cadet de Gassicourt, Pharma« 
cieu ordinaire de l'Enipereur , rue 
Saint-Honoré, n° 108, se montre 
digne de plus en plus de porter un 
nom cher aux Sciences. Il cultive 
également les Lettres , et il a prouve 
par des ouvrages dans les deux gen- 
res , que la qualité d'homme d'esprit 
et d'homme aimable n'est point in-^ 
compatible avec celle de savant. 

, WL. Bourgogne , rue de la Harpe ^ 
n" 33 , successeur de MM. Regnault 
et Bjrqngniard ^ s'est livré tout en- 
tier à la confection : du Sirop de Rair 
sin ^ et a été opérer dans le, midi de 
la France sur les produits de ses vi- 
gnes méridionales. Pîous igiTorons lé 
résultat de ses voyages et de §e$ 
travaux , et nous nous bornerons; ici 
à donner les mêmes éloges que par 
le passé à sa Pharmacie. 

Celle de M. Pelletier, rue Jacob, 
jouit toujours d'une ; grande con- 
fiance , et la mérite d'autant mieux , 



aucune partie de son officine, s'est appli- 
qué à combiner sous tous les rapports 
Iç Café y et est parvenu à 'en obtenir dea 
résultats , dont les plfis habilesChimiatea. 
tont eux-wêrne» étonnés. 



des Gourmands, 3ii' 

oue depuis le célèbre Rouelle , fon- 
dateur de cette officine , il ne paroît 
point qu'elle ait dégénéré. ^ 

Grcàns de Santé, 

■ C'est le moment de parler de ces M. le doc- 
aimables Pilules , connues sous le^^^r Rou- 
riom de Grains de Santé du Docteur ^^^^^' 
Franck , avec lesquelles on se purge 
sans le moindre embarras , et comme 
par partie de plaisir. Il suffit d'en 
avaler six ou huit en dînant bien , et 
le lendemain matin , sans tranchées 
ni douleurs , on se sent évacuer de 
là manière la plus aimable. Aussi 
ces Grains de Santé sont-ils devenus 
singulièrement à la mode , au grand 
regret des Apothicaires, à qui on 
laisse leurs apozèmes noirs , amers , 
ou nauséabondes , pour recourir à 
un médicament dont l'usage est si 
commode et si salutaire à la fois, 
tes Gourmands , les gens du Monde ^ 
les jolies Femmes, ont adopté celte 
charmante méthode , et tous courent 
à l'envie rue d'Antin , n* i o , se 
pourvoir de ces Grains précieux , ^ 
vrais trésors de Santé , et avec les-' 
quels on peut courir sans danger Is^ 
carrière des indigestiiïD;?. 



ii% Almanach 

Orfèvres. 

Il est tout à la fois économique ^ 
utile et gracieux de se servir de plats 
d'argent ; il y a même un grand nom* 
bre de mets qu'on ne sauroit servir 
autrement: attachons-nous donc à ua 
bon Orfèvre , fabricant de Couverts et 
de Vaisselle} et sous ce rapport notre 
confiance ne sauroit être mieux pla- 
cée qu'en M. Dupont, rue de Naza- 
reth , vis-à-vis la Cour des Comptes. 
C'est une ancienne Fabrique , vouée 
de tout temps au service des Gour- 
mands, et dans laquelle ils trouve- 
ront de très-bonnes marchandises k 
des prix fort raisonnables. 

Couteliers* 

Desînstrumens tranchans d^une ex« 
cellente trempe sont à table d'une in- 
dispensable nécessite. Une grosse piè^ 
ce, une volai lie, etc., bien découpées, 
doublent de prix , parce qu'on jouit 
par les yeux avant de jouir par l'or- 
gane du goût. \dresson$-nous donc 
toujours à M. Gra'.gcrct , Coutelier 
4e rjEmpereur ^ ri^e de» 5S.-Pèrç5 , 



des Gourmands. 3iS 

n* 47 y ^'^st l'une des meilleures Fa- ' 
briques de ce genre à Paris. 

Lingers. 

Il est nécessaire qu'une table soit M. Boii- 
bien habillée avant d'être servie 5 et s^®"^^. 
ce n'est pas une petite jouissance pour 
un Amphitryon que de posséder de 
très - beau L>nge , tant en Nappes 
qu'en Serviettes. Nous continuerons 
donc de leur recommander le Ma- 
gasin de M. Boissière , rue de la 
Barillerie , n" 4 5 il ^st des mieux 
assortis en celte partie , et digne de 
toute confiance. ^ 

Fabricans de Porcelaine, 

, Nous ne reviendrons pas sur la jviM. Dîlh 
nécessité de décorer sa table de belle et Gue- 
Porcelaine ; c'est un luxe qui plaît gé-rhard. 
nëralement, et qui signale l'opulence 
de la manière la plus aimable. Après 
la Manufacture impériale de Sèvres , 
dont les produits, par l'élévation de 
leurs prix , conviennent moins aux 
particuliers qu'aux souverains , se 

S lace en première ligne la Fabrique 
e AIM. Dilh et Guerhard , rue du 

î>7 



3i{ Almanach 

Temple, n® 187 \ tout ce qui en sort 
est d'un fini précieux, et qui honoré 
la France. 

Fabricans de Cnstauoô. 

Cristaux de On a pu lire clans notre septième 
Mont- Ce- Année , page 61, ce que nous avons 
ni». Jit des Cristaux considérés dans leur 

rapport avec la Table , et princi* 
paiement sur ceux de Mont-Cénis , 
dont la Fabrique étoit alors dirigée 
par M. de laDoueppeDuFougerais. 
Le propriétaire de cette fabrique, M. 
Chagot, qui l'est également de toutes 
les Usines du Creuzot , vient d'y ren- . 
trer , et l'exploite pour son propre 
compte. Rien de plus admirable , tant 

{>our la beauté de la matière, que pour 
'élégance des formes et le fini de la 
gravure , que tout ce qui sort de ceWe 
Belle Manufacture, dont le dépôt 
est rue de Cléry , n** g. 

Tabletiers. , 

M.Vau- Nous les avons "surnommés les 

geols. Orf exprès des Philosophes^ parce qu'ils 

iSiii^ulent en Buis , bois de Rose , de 

palissandre , d'Ebène , etc., la plu- 



des Gourmands. 3i5 

part des Meubles de Table qui sor- 
tent en argent de l'atelier des Orfë* 
vres. A la tète des meilleurs Tabletiers 
de Paris , nous continuerons déplacer 
M. Vau^eois, zxsiSin^e vert y rue dei 
Àrcis , n° 56. 

Boisseliers. 

L'artisan qui febrique les Tamîs, M.Bionet, 
les Chausses , et les diffërens usten- 
siles de bois nécessaires dans une 
Cuisine , mérite d'être recommandé 
à la bienveillance des çoi^somma- 
teurs. Sous ce rapport , Mi Bïouet 
le jeune , Boisselier , so«^ la voûte 
qui conduit de la Halle à la Viande 
Ji la rue de la Cossonnerie , a droi^ 
& une mention honorable dans cet 
Ahruinach. Cette fabrique est très- 
achalandée, et mérite de l'être, tant 
pour la solidité des ouvrages qui en 
sortent , que par la douceur de$ 
prix. 

Marchands de Meubles, 

Le superbe établissement de ce M. Le Sage, 
♦genre, formé à l'Hôtel de Choiseul, 
^i que nous avons si souvent pro-» 



3i6 Almanack 

clame dans le cours de cet Ouvrage , 
n'existe plus ; mais un des employés 
de cette Maison vient d'en former 
*un , Boulevard des Italiens, n* !i , au 
coin de la rue Grange-Batelière , qj;^^ 
est digne de toute conBance , tant 
pour la beauté de ses marchandises , 
que par la modération de ses prix» 
Outre les plus beaux articles en Aca- 
jou , bois indigènes , Bronze , etc. , 
qui ont rapport à l'ameublement, oa 
y trouvera une foule d'objets qiii ont 
trait au service de la Table : tels que 
Servantes , Béchauds à briques , Por» 
eelaines, etc. , et de plus un dép6t 
de très-bon Vin de Bordenux ( pro- 
venant de propriélaire ) , de Choco^ 
lats, des meilleurs Vin& d'entremets, 
Liqueui's indigènes et exotiques , £au« 
de-vie de muscat (i), Anisetie de 
Bïarie - Brizard et Roger , de Bor- 
deaux y et plusieurs articles très-di> 



(i) Nous nurions pu placer cette Eau* 
de-vie t'abri(|tiée réel leuienf avec des rai- 
sins Inli^CAts , pt qui en conserve tout le 
parfum, au ran^ des Découvertes nou- 
velles; c'est an moins une Liqueur d'ua^ 
genre particnlier \ très-aj^réable , et qui 
commeaoe à acquérir beaucoup de vogue. 



des Gourmands. Zl^ 

gnçs cle figurer sur la table des Gour- 
mands. M. Le Sage est à la tête de 
cette Maison , et il est très-capable^ 
par son honnêteté , son activité et sa 
politesse , de la faire prospérer de 
plus en plus ; il s'y fait déjà beaucoup 
d'aifaires , et elles^ ne peuvent allée 
^'en augmentant, 

ChaudronnifiKS^ 

Ce sont sans doute les artisans qui M. Scbul^. 

r travaillent le plus utileQientpournea ^^^••^ 
Cuisines y puisque sans eux. on n'au- 
Toit ni Casseroles, ni Marmitesr» Mais 
ce n'est pas sous ce rapport vulgaiîè 
que nous en parlerons i«i, car tou8 
les Chaudronniers se ressemblent , et 

^ ce qui sort de leurs boutiques est à 
peu près d'un mérite égal y nous con- 
tinuerons seulement de recommander 
M. Schuldres , rue des Francs-Bour- 
geois-Saînt-Michel , comme fabricant 
les Fourneaux-Déjeuners dont Villus- 
tre Cadet-de-Vaux est l'inventeur , 
et avec lesquels on peut , au moyen 
d^une feuille de papier ( ceci u'est 
point une exagération) faire cuire . 
une Côtelette , des Saucisses , prépa- 
rer son Café ; ^tc. Ce petit Meuble ^ , 



Si8 Almanach 

àui n est nullement embarrassant . et ' 
dont le combustible est si peu dis- 
pendieux , présente tant d'avantages, 
sur-tout en Été , que nous ne sau- 
rions trop en recommander l'usage 
à BÔs Lecteurs. 

Fabricans de Lampes à double 
courant d!air* 

D est inutile d'insister sur le mérite 
de ces Lampes généralemenlreconna 
aujourd'hui. La grande fabrique de 
M. Lange est toujours en activité rue 
Sainte-Avoie , et il s'y en fait un 
grand commerce. Mais les Lampes 
de ce genre les plus parfaites sont 
, Carcel. les Lampes mécaniques de M. Carcel , 
Horloger, rue de TArbre-Sèc , n* i8 , 
sur lesquelles nous nous sommes 
étendu avec cpmplaisance dans nos 

Î>récédens Volumeé , et qui réunissent 
a plus grande pureté à la plus grande 
intensité de lumière. 
I. Pafle- Mais pour éclairer une Salle à man- 
t » ger , $ans embarrasser en rien la table , 

il faut une Lampe suspendue , et les 
Lampes mécaniques ne peuvent se 
passer de pied ^ puisqu'il renferme 
le rouage et rhade : il faut de plus 



des Gourmands. Si^ • 

un reflet de lumière tout à la fois 
éclatant et doux , et tous ces avan- 
tages étoient difficiles à réunir. On y 
est parvenu dans les Lampes astrales^ 
invention nouvelle qui jouif; d'un 
grand succès. La fabrique est chez 
M. Fallebot, rue du faubourg Saint- 
Denis ^ n" 1 7 : son Magasin^ en ren- 
feime de toutes les dtinensions , et de 
proportionnées à toutes les fortunes* 
Pour environ 36 francs , on peut en 
avoir une très- convenable pour éclai- 
rer parfaitement , quoiqu'avec un 
seul bec , vne table de vingt cou- 
verts. On ne saurbit croire combien 
cette lumière aimable et douce donne 
d'appétit. 

Physiciens. 

N'oublions pas que le célèbre M. M. Beyer 
Beyer, rue ,de Clichy, n**. 16, posses- 
seur d'un des plus beaux cabinets d'é- 
lectricité de Paris , et le plus habile 
artiste en Paratonnerres , a trouvé le 
moyen d'attendrir en un clin-d'œil , 
par le secours de l'électricité , toute 
espèce de volailles, ^e gibier , et 
même de grosses bêtes. N'oublions 
pas non plus ses Briquets phospho- 



Si8 Almanach 

oui n est nullement er^;^^ ^. ^.^^ 
Jont le combustih ^^^^ j^ j^^.^^^ 
pendieux , prës ^-^^^^^^t ^tiîe , 
sur-tout er ' y^^ la diî^estion est. 

jç, ,-' Opticiens. 

les motifs qu'on peut lire ^ 
^jg^ de notre septième Année , 
M. Lange, //^^ronlinuerons d'indiquer ici dans 
' /n<Tsonne de M. Jecker , rue de 
ffot^àiy au coin de celle deLancry, 
un des meilleurs Opticiens. Nous lui 
1. adjoindrons M. Chevallier, Ingénieur 
ff. ^ dn Roi de Westphalie , quai de l'Hor- 
t^' loge. Son Thermomètre est devenu 
^ Tinstrument météorologique le plus 

consulté de Paris 5 ses Pèse-liqueurs 
jouissent d'une grande estime ; et il a 
publié , sous le titre de Conservateur 
de la Vue , un ouvrage que tous ceux 
qui désirent en effet maintenir leurs 
yeux en bon état, doivent s'empres- 
ser de lire. 

Fleuristes. 

|d. TNpet. On a pu voir dans nos précédetls 
Volumes un magnifique éloge de$ 



\ des Gourmands* Jai 

Haricots de l'Arabie heurense , supé- 
Vearsmême à ceux tant et si justement 
yités qu'on récolte dans le territoire 
^ e Soissons. Nous arôns aussi insisté 
ûur l'agrément infini cm résnhe 
d'une table décorée de Fleurs natu- 
relles -y dont l'odeur douce et suave 
stimulant d'une manière aimable 
l'odorat^ dispose par cela même 
l'organe du goût à savourer les 
mets avec un plus grand appétit. Or 
le premier Fleuriste de Paris est à 
coup sur M, Tripet , surnommé par 
notre meilleur Àristarque le Grandi' 
Prélre de Florin. 11 est dilfictlè de se 
faire , ^ur-tout dans la saison de$ 
Tulipes , une idée de l'éclat de ses 
plates -bandes. Aussi chacun s'em- 
presse-t-il alors de visiter son Jardin 
( avenue de Neuilly , n* 20 ). M. 
Tripet , qui est le plus grand Flori* 
mane qui ait peut-être jamais existé en 
France , se recommande encore paç 
d'autres qualités qui lui méritent la 
conBance des Amateurs. Père d'une 
très-nombreuse famille , pour Tédu^ 
cation de laquelle il prodigue tous se» 
moyens d'existence, il a droit à l'in- 
térêt de tous les amis des Fleurs et 
de la Vertu. 



321 Almanach 

Canelles aérifkres'. 

A . Jullien « ^ ^ Journaux ont été souvent rem* 

S lis de Veloge des Canelles aériferês 
e M. Jullien ( rue Saint-Sauveur g 
n*' 18)^4 l'aide desqueUe$ on sou- 
tire , on transvase , et on décante les 
yios', sans agitation , et de manière à 
leur oon«!erver toute leur limpidité. 
lie teihps nous a manqué pour nous 
assurer par nous* même des vérita- 
bles avantages de cette Machine. Nous 
l*emettons donc à notre prochaine 
Année les détails que nous nous pro- 
posons d'en donner, et nous nous con- 
tentons de les' inâi(}uer dans cell^-ci.* 

Fikres DépUrateurs, 

M.DuGom- ^^ ^' J'Jl*^" conserve au vin toute 
inun, sa transparence , M. Du Commun 

rend la sienne à l'eau ^ et la plu& 
bourbeuse , lorsqu'elle a traversé sefl 
Filtres^- charbon , a toute la diapha- 
iiéité du plus beau cristal. Il est 
donc vraiment essentiel , tant pour 
l'agrément que pour la salubrité , de 
se procurer de ces Fontaines mer- 
veilleuses y ou tout au moins de faire 
ajuster un Filtre dans celles qu'on-a* 



des Gourmands* SiS 

La Fabrique et le Magasin de M. Dtt 
Commun sont maintenant rue de Von* 
tadour > n* i j c*est un de* établis- 
fiemens qui font le plus d^honneur à 
la Cs^pitaie* 

ParfumeutSk 

Nous avons fait connoitré , dans i^m«y«Par- 
nos précédens Volumes , les points geoti, et Fili 
de contact qui se trouvent entre la 
parfumerie et la Table : nous nouf 
contenterons donc de signaler ici ^ 
comme nous l'avons fait depuis àis^ 
ans , la fabrique de M"'* Veuve Far-* 
geon et Fils, Parfumeurs de Flmpera- 
trice , rue du Roule , n** 1 1 , comme 
Ja première de Paris sous tous les rap-« 
ports. Tous les Parfums y sont d'une 
suavité admirable ^ FEau de fleujrd 
d'orange excellente, TEau de Colo- 
giie très-salutaire , la Poudre du 
sérail d'une odeur parfaite j etc. C'est 
une des plus anciennes et des plus 
respectables Maisons de ce genre , ^t 
son nom seul suffît à son éloge. 

Nous continuerons de recomman- j^^ Eram* 
der aux consommateurs d'excellente beiu 
Eau de Cologne , celle fabriquée par 
M. Erambert , ancien Parfumeur da 
Roi ^ rue Saim-£touoré| n"" 198. U 



324 Almanach 

en débite pour plus de 8o,ooo fr. 
par année , ce qui est la meilleure 
'preuve de son excellente, qualité. 
Tous les vendeurs qui se disputent 
sur les murs de Paris le nom et la 
succession de Farina , sèroient fort 
heureux d'avoir un pareil débit de 
leurs compositions. Au reste, M. Eram- 
bert ne se cache point de fabriquer 
lui-même son Eau de Cologne ; des 
voyages dans ce Pajs lui en ont dé- 
voilé la véritable recette j et rien n'at- 
teste mieux qu'il la possède , que l'im- 
mense débit qu'il en fait ! Ses Pom* 
mades et tous ses autres articles sont 
également bien traités. 

Marchands de Bois, 

M« Jadras; ^^ ^^^ combien la qualité dU Bois 
importe à la bonté de la Cuisine ; 
il est donc essentiel de ne s'en ap* 
provisionner que dans les Chantiers 
l^ien assortis, et de ne le faire que par 
un temps sec et serein. Nous conti- 
nuerons de recommander M. Jadras, 
comme un des meillleurs et un des 
plus forts commerçans dans cette par- 
tie. Son chantier y ci-devant île Lou- 
viers , est maintenant rue dés Fossés 
du Temple, a* Sa. 



des Gourmands* 325 

Couleurs Lucidoniques» 

Faire peindre en un clin-d'oail sia «^. r>^^ 
eux j 1 "1 M C<^** 

Salle à manger , de la manière la geron. 

S lus solide , la pkfts éclalante , et avec 
es Couleurs tellement inodores,qu'au 
bout de vingt- quatre heures , elles 
ne se sont plus sentir / c'est un 
avantage que l'on ne peut obtenir que 
'des Couleurs Lucidoniques. Lia Fa- 
brique est toujours chez Madame 
Cosseron , rue Dauphine , n^ nt. Elle 
tient également une Manufacteure de 
très - bonnes Cires à cacheter de 
toutes les couleurs et qualité». 

Dentistes, 

Les Dents sont le premier instm^ M. Pé-de* 
nx^t de la bonne chère , et le prin- la-Borde. 
cipe de toutes les bonnes digestions^ 
qui , sans une trituration et une mias- 
tication parfaites , ne sauroient avoir 
lieu. Il est donc très • essentiel de 
donner sa bouche '\ Fentretien à un 
Dentiste habile. Nous continuerons 
d'indiquer cotnme tel M. Pé-de-la- 
Borde, rué J. J. Rousseau , n*" ii. 
Sa dextérité ^ la légèreté de sa main , 
et ses profondes connoissances dan% 

S'"' Partie. a8 



«> 



326 Almanach 

toutes les branches conservatrices ou 
i réparatrices de ^ son art, 'le rendent 
un des meilleurs Dentistes de la Ca- 
pitale. C'est celui chez lequel les 
Gourmands se rendent de préférence, 
et en foule. 
• M*« V» B L'Eau balsamique et spiritueuse de 
tôt. " ^^y^ M. Botot , Dentiste célèbre , est 

connue depuis long -temps par la 

Propriété qu'elle a d'entretenir la 
eauté des dents , la propreté de la 
boucbq , et la suavité de Phaleine, 
trois qualités bien précieuses à tous 
les amis de la bonne chère. Cet ex- 
cellent odontalgique , dont la répu- 
tation est si bien établie , et auquel 
le célèbre FayoUe rendoit lui-même 
une justice éclatante , s« trouve tou- 
jours chez Madame Botot, vquve 
de Fauteur , et héritière de sa^ re- 
cette , cloître Saint-Jacques de 1 H6- 
,pital, n** a (i). 

(i) Cette Eau a encore une propriété 
très -précieuse , et qui , plus que toutes 
4es autres , lu rend digne de figurer dans 
V Almanach de9 Gourmands , c'est qu'en s'en 
gargarisant avant le repas , elle réveille 
agréablement les papilles qui tapissent l'in- 
térieur de la bouclie , et les dispose à !a 
dégustation éclaixée des mets les plus dé* 



des Gourmands. 3^7 

• Nous continuerons de recomman- h^k* Qq^ 
der pour le même usage TEau bal- seron* 
samique rosée de Madame Cosseron 
( yue Dauphin e , n° 20 ) dont nous • . 

avons fait un éloge aussi étendu que 
mérité dans nos précédens Volumes. 

Sachets d'Arnoult. 

Voulez-vous avoir toujour5 un pré • 
servatif contre l'apoplexie ? Portez 
sans cesse sur le creux de Festomac 
un de ces Sachets préservateurs qui, 
en accélérant la circulation du san^. 
Tous mettent à l'abri de ces soudaines 
attaques qui sont un vrai coup de 
foudi*e pour les Gourmands , plus 
sujets que d'autres à leur atteinte , 
lorsqu'ils négligent les précautions 
convenables. Vous trouverez de ces 
Sàchfets inappréciables rue Montmar- 
tre , n** 180. S'adresser au Portier. 

BcUgneurs. 

Relisez attentivement les pages 196 M. Vigier. 
et suivantes de la cinquième Année 

licats. Employée après le repas , le par- 
fum qu'elle exhale fera bientôt disparoitre 
cet arrière-goût des alimens qui n'est rien 
nloiQS qu^un proloogement de jouissances* 



SsS Atmanach 

de YAlmanach des Gourmancts , çt 
vous demeurerez convaincus de l'im- 
portance des Bains , considérés com- 
me apéritifs. Tous les Bains chauds 
sur la rivière appartiennent à M. 
Vigier , et sont remarquables par 
leur propreté , lem* commodité , et 
même leur élégance. Ceux du Pont-. 
Neuf sur-tout , nouvellement con-. 
struits , font honneur à M. Bellanger^ 
Architecte habile , élégant , et dont 
la réputation est faite depuis long-, 
temps. 

Les Bains de M. Fortin , nie de . 
Montesquieu ^ sont aussi très - fré- 
quentés , sur-tout en Hiver,, On vante 
beaucoup leur élégançç. 

Au reste cette élégance ce s'atta- 
che pas seulement à Paris., aux ca- 
binets de Bains ; il en est de plus 
secrets encore tout tapissés déglaces^ 
quoique jamais glaces ne furent moina 
nécessaires que dans ces sortes de 
lieux. Mais lorsqu'on peut pour3sou« 
se mirer bien à son aise, tout en faisant 
ses affaires , le moyen de s'y refuser! 
C'est dans le Passage récemment ou- 
vert de la rue Neuve -des -Petits - 
Champs à la rue d'Arcole , que Tou 
peut jouir de ce$ aysMaUges. 



% ' des Gourmands* 3 29 
Seringues mécaniques 4 

Les Seringues mécaniques de M., M. Rout • 
RousseUe , Potier d'etain , rue Neuve-r acUe. 
des-Petîls-Champs, n** 36, continuent 
d'avoir la vogue , et de la nlériter, 

Sar les moti£s que nous avons dé- 
uits page 3oo de notre septième 
Année. Une foule d'amateurs se ren- 
dent chez lui pour les essayer; et 
peu en sortent sans faire emplette de 
cette invention aimable et commode, 
au moyen de laquelle un lavement 
Revient une partie de plaisir. 

Imprimeurs. 

A la tête des Imprimeurs qui ont ap- jj. Gillé.. 
pliqué plus particulièrement les pro- 
duits de leur art 4 la gloire de la Gas- 
tronomie , il faut placer M. Gillé. 
Comme Fpndeur de caractère , il a fait 
graver des Vignettes en fonte analo- 
gues à la bonne chère , et exécutées 
avec autant de soins qu'elles ont été 
<;oi\çues avec ç^rit et originalité. Ces 
Vignettes , employées à encadrer les 
Cartes desReataurateurs , Adresses de 
M^cbands 4^ Comestibles , ctc.*^ 
a8. 



33o Almanack ^ ^ 

commencent à être fort recherchées.^ 
M. GiUé se propose d'en faire graver 
pour servir d'encadrement aux noms 
des convives , placés- sur chaque cou- 
vert , et même de Brevet pour les 
Membres du Jury dégustateur. On 
ne peut trop l'encourager dans ce 
grand projet. C'est au reste un de 
nos plus habiles Fondeurs de carac- 
tères , et le sien est celui d'un fort 
aimable convive. ( Rue Saint-Jean de 
Beauvais ). 

M. Cellot, des presses duquel sort 
depuis dix années VAlmanach des 
Gourmands , est déjà , sous ce rap- 
port, recommandable aux vrais amis 
de la Tgdïle. Son imprimerie ( dont 
l'existence ,' de père en fils , date de 

Î)lus de soixante années ) y exécute 
es ouvrages de ville avec autant d'é* 
légance que de ponetuahté. ( Rue des 
iirands-Augustiiis , n° 9 .). 
- Enfin, M. Porlhmann ( rue dt s MoUr 
lins^ n° 2 1) , en sa qualité d'Imprimeur 
ordinaire du Jury dégustateur, se re- 
commande aux Gourmands , et méri- 
teroit encore plus toute leur con- 
fiance , si la grande quantité de Mé- 
moires qui se font dans cette Impri- 
merie n'obUgeoit pas le propriétaire 



Jes Gourmands. 3Jt 

à <îonn^r trop souvent la préférence 
aux Avocats sur les Gourmands. 

Nous terraineroHS ici notre sep- 
tième Itinéraire. Puisse la. longue 
route que nous avons fait faire .â 
nos Lecteurs ne leur avoir causé nî 
fatigue , ni ennui ! C'est tout ce que 
l'Auteur peut se permettre d'avan- 
tages dans un travail de cette nature». 

FlIT DE LA HUITIÈME AtîJJÉE DE 

l'Almanach des Gourmands. 



Errata de la 8« Année de VAlmanach déttr 
Gourmands, 

Tage 33 , supprime^ les- trois dernières lignes- 

Tage 81 y ligne dernière , poàte, lise\ poëte» 

Page 142 , ligne 1^, l'éclat , Zwe^ l'éclair*. 

Tage 211 y ligne 20 , il a en , Use\ il en a. 

Page 2164 en marge , et dans tout y alinéa y 
Jovet €t Vilcoq , Ute\ Joret fils et com- 
pagnie. 

Vage 282 y en marée , M. Martignon , fil* 
aine , liseï fils de l'aîné. 

Tage 286 , ligné 1 7^ n • 33 , liseï ^ 



TABLE 

• '^, ALPHABÉTIQUE 

Des ^mmaires et des Matières principales, 
jrenfermés dans la huitième Année de VAl- 
manaçh des Gourmands, 

N. B. On a mis les titres des Âxtkles^ 
en caractères italiques. 



Ac 



LCLOCQVE ( M. ) , successeur de M. 
Maille, vinaigrier -distillateur, page 27^ 

Aclocc|ue ( M. ) , fabricant de sirops 
de vinaifijre , 374 

Actrices (les plus )olies) du théâtre 
du^audeville citées à prppos des ' 
truffes , 5 

Affranchir ( de l'indispensable néces- 
sité d' )toUt ce qu'on adresse à l'Au- 
teur, ^ xir 

Alambic Littéraire ( l'), indiqué au 
revers du faux titre. 

Almanach des Gourmands ( collec- 
tions complètestlel'), indiquées au 
revers du faux titre. 

Anecdotes, Gourmandes ^ 92., i36 

Anisette ( r) de MM. Marie -Brizard 
et Roger , de Bordeaux , citée , i^.8 

Anisette surfine ( P ) de Marie-Brizard 
et Roger, est U meilleure qui existe , 270 

Apothicaireê, 3o8 



Table Alphabétique, 33r3 

Appert (M ), fabricant de légumes et 

<le truits conservés , etc., i^yô , cité , 1277' 
Apport ( M. ) , le conservateur par ex- 
cellence, cité, 70 
Armant] (M. ), acteur du théâtre du 

Vaudeville, cité, i44- 

Arômc huileux de café Mc^a, indiqué, 3091 
Arsène ( Mlle ) , actrice du iliéâtre du 

Vaudeville , citée, i45 

Assiettes volantes (^des) ^ * 1 

Augusta ( Mlle )^, élève du Conserva- 
toire impérial de musique , citée , a^ 
Augnsta ( Mlle) ^ ^ourmandinette du 

Jury dégustateur ,. citée , i5a 

Augusttnettes (des)) i58 

. Au8bruche(P),première qualitéde vîn 

deTokai^ citée, • , 69^ 

Auteur ( r ) de PAbbé de PEpéc , des; 
Deux Journées, de Haine aux Fem-. 
mes , etc. , cité commfe bon convive ^ 175 
Auvray ( M. ), marchand fruiiier-, 2^7 

Avertissement sur cette huitième Année , ix 
Avis du Libraire , au revers du faux 

titre. 
Avis sur une méprise funeste aux vrais 
• Gourmands y i5a, 

Azlncourt ( feu M. Albony d'), acteur 
pociéiairedu théâtre Français et di- 
rectéqr dtes spectacles de la Cour y 
cité , . 160. 

HaîgneiirSf ^ 827 

Balai ne (M. Alexis ) , restaurateur , 235 
Balaine (M.) , comparé au saged^Ho- 

race , a36 

Bttlaine ( M. ) restaurateur, du Hocher 

de Cancale , cité , 71,75, 89 



334 Toile Aîphabûîçtt. 

Barré ( M. ) , homme de Lettres , di- 
recteur du théâtre du Vaudeville , 
cité, i4o, 141 

Bàzile ( le sieur ) , janitor du Jury dé- 
gustateur, cité, 118 
Beauccage ( madame ) , tripière 9 397 
Beauvillard r M. ) , rôtisseur , 220 
Beauvilliers ( M. ) > resfaurateur , 234 
Béjchamel ( le marquis de ) , eité , vij 
Belle limonadière ( la ), indiquée , 3o6 
Belloy (M. de ) , inventeur du café 

sans ébuUiiion , cité , 46 

Belmont ( madame ) , actrice socié- 
taire du théâtre de POpéra-Comique 
impérial , citée , 159 

Benaud ( M. ) > pâtissier , 246 

Berchoux ( M. ) » ingénieux auteur du 
Poëme de la Gastronomie , cité , 6S 

Berthellemot (feu)| confiseur célè- 
bre , cité , 3oa 
beurre {du) y i5 
Beurre d'Isigny ( du ) , 16 , 18 19 
Beurre de Gournay ( du ), 16, 18 , 19 
Beurre de Rennes ( du ) , 21 
Beurre de la Prévalaye ( du ) , 20 
Beurre de Vauyres ( du ) , 19 
Beurre ( du ) en livre, ou beui*re de 

pays, 18 

Beurre de Bretagne ( Tcxcellent), 

de M. Héloin^ indiqué , 284 

Beurre de la Prévalave en petits pots , 

(dépôt d»eïcelient)chez M. Plailly, 28a 
Beurton ( M, ) , épicier-distillateur , 266 
Belii ( Mlle ) actrice du théâtre du 

Vaudeville , citée, » 1^5 

Beyer ( M. ) , physicien , 3i^ 



Table Alphabétique. 335 

Biennait ( M.) , rôtisseur impérial , 

cité, 70 

Biennait ( M. ) , rô tisseur , 21a 

Bloiiet ( M. ) le jeune, boisselier, 3il 
Bodin r Madame ) , actrice du théâtre 

du vaudeville , citée , 145 

Boitseliers , 3i5 

Boissière ( M. ) , linger , 3 13 

Bordin ( M. ) , vinaigrier-distillateur, 280 
Bouchers, 208 

Bouchon (M. ) , pâtissier , 2p 

Boudet - Guélaud (M. ) , distillateur , 

264; ciré, 265 

Boudet-Guélaud ( M. ) , fabricant de 

sirops , 274 

Boudet-Guélaud ( M. ) > fabricant de 

chocolat , 290 

Boudet-Guélaud ( M. ) , confiseur , •' 3oi 
Boudins noirs ( les ) de M. Masson 
font a< courir de dix lieues à Saint- 
Germain-en-Laye, 23i 

Boufflers ( M. le chevalier de ) , mem- 
bre de r Institut , cité , i63 
Bouillerot de Saint- Ange (M.), bras- 
1 seur, 275 
Bouilly ( M. ) > homme de Lettres , 

cité, 141 

Soulangeri , 210 

Bourgogne ( M. ) , apothicaire , 3 10 

Bouscarat ( M. ) , distillateur àjCler- 

mont-Férrand , fà 268 

Boutique ( d'une ) de charcuterie re- 
marquable par son luxe , 228 
Brasseurs, ' 276 
Brîdault ( Madame ) , épicière , 284 
Bçiéreté ( la ) des dîners du jotir 



356 TaUe Alphabétique: 

est un vrai scandale , et Une sonrcc 
dHndigestions , 26 

jBriquets ; phosphori^ues ( leis ) très- 
utiles dans les indigestions, 3 19 

drizard et Roger ( MM. Marie-) , dis- 
tillateurs à ^Bordeaux., 269 

Bulletin de Commerce ( le ) , cité , x 

Bussière ( M*. ) ) très-bon cuisinier , 
cité , 24 

(jacatoires élégans ^ .^ âaS 

Cadet de Gassicourt (M.) 9 apothi- 
caire, 3 10 
Cadet de Vaux ( M. ), ancien apothi- 
caire et ancien journaliste , cité , 317 
Cadran bleu ( le ) , ' aaS 
Café et liqueurs fraic^iës falsifiés, 3o5 
Calé du Caveau j 3o6 
CaféConti, 3Ô7 
Café de Foi , 3o5 
Café Hardy ( aujourd'hui Syrâud ) i 307 
Cafél^emblin, 3o6 
' Café du Mail, ^ ideih. 
Çaté Maz^rier, 307 
tCafé des mille Colonnes ^ 3o6 
Café des Princes^ 307 
Café Tortoni^ idem. 
Café Turc , idem. 
Calé Zoppi , idem. 
Caillot ( M. ) , charcutier , 23o 
- Cannelîet Aérifires } . 3^2 
Carcel(J^}, horloger, et fabricant 
de lampes mécaniques à double 
.courant d*air, 3i8 
Cardon Perrin (Mâdatne), traiteur- 
restaurateur ) femine aimable et jo- 
lie, indiquée ^ 325 



Table Alphabétique. ZZj 

Carie (M.), acteur du théâtre du Vau- 
deville, ciré, 0C^.i 
Carlin-Bertinazzi (.fei!i)y Arlequin Cé- 
lèbre, cité, 144 
Cartes champêtres ( des ) , 17 x 
Gastellane ( M. iisD. Bon; de ) , cité 

comme l'Àlcibiade du 19e siècle, a36 
Cauchois ( M. ) , pâtissier , 261 

Gellot ( M. ) , imprimeur , ^ 33o 

Cendriilon , opéra-comique , C?té , ' 161 
Censeur dramatique (le,), indiqué au 

revers du taux titre . 
Chagot (M.), propriétaire des usines 
duCreuzot, et de la -manufacture 
de cristaux de LL. MM. II. etRK., 
àMont-Cénis, 3i4 

Chair d'âne {de U) , 6a 

Cliainplâtreux ( te chètean de ) cité ^ 3 1 

Chapelle ( M.) , acteur du théâtre du 

VaudêyiUe , ci'té , i^/J 

Chapons au gros sel (les) de la Mar- 
mite perpétuelle ^ indiqués , 2^5 
Charcutiers , 226 
Chatte (la) ordinaire du Jury Dégus- 
tateur-, citée au revers du titre, 
Chaitdfonniers , 817 
Chauvesru (madame), ^abrican te de 
riz de pommes de terre , 286 

Chazet(M. Àlissan de), homme de 

Lettres, cité, lii 

Chéradame ( M. ) y boucher , 009 

Chevallier ( M. ) , opticien , Sao 

Chevet (Madame), marchanda dé co- 
mestibles, 258, citée, 259' 
Chevotet ( i'eu M. )/ célèbre archi- 
tecte^ cité | 3 k 

/ ag 



33^ TMt AlpkaUtîqwfi 

Cidres de idii (de la mauvaise qualité 
des), 276 

Citation et application très-heureuse 
de quatre vers d*opéra , 21^ 

Clavaux ( M,)) cordier célèbre, cité et 
indiqué f SU 

Clavaux ( M. ), président de la société 
des Déjeuners philosophiques , lit- 
téraires et semi-nutritii'S| cité , SS 

Clément ( M. ) ^ fruitier-oranger , 25^ 

Cochon (le) cité comme un animai 
modeste, ennemi àxL faste , etc. aaS 

CoUin-d'Harleville ( feu M, ) , cité , aSa 

Condfi ( le Grand ) , cité , ^%^\ 

Confiseurs , 298 

Conseils donnés à M* Corps , aa/ 

Conséquences d'un mensonge ^H'pJUtMêerîe 
ides), 3i 

Conservateur de la yoé ( le ) , excel- 
lent ouvrage , cité , 39» 

Conserve de café moka (la ),• indi- 
quée , 3oj| 

Considérations préliminaires «ur lape- 
tite Revue gourmande, 201 

Contrat social ( le ) cité , 199 

Coquilles (les) et les rognon«de ma- 
dame Hardy , cités , aS/ 

Coraux de la manufacture de Mar- 
seille ( le dépôt des ; , indiqué, &3S 

Corcellet (M«), marchand de comes- 
tibles, ' 356 

Corderie (ds la) , considérée data us rap- 
ports avec la table , 5a 

Corps (M. ), charcutier célèbre, aa(î , 
cite , ' ya 

Correspondance gourmande , <ff 



Cosseron (raa<lame), inventeur des 

couîoiirs lûcidoniqiies, etc., Sa5 

Cètetettes de veau (les) appartiennent!' 
à Ta classe des papillottes plus qu^à 
celle des grillades , i4 

Conteurs îucîdotdques y 3a5 

Caup d'avant ( le vîn de Madère ^ indi- 
qué comme le plus propre au)^ 2,3 
Coupé (M»), crémier , 289 
Couplets soumis au Jury dégustateur, par 
M. Grangier , de Sancerre , i54 
, Coussins à ui CendriUon {des) ^ 161 
Couuîîersy ^ 3ia 
Crécy (M.) 9 pâtissier cité^ i5a 
Crème d^Araliie (la ) de M. Lemoine» 

citée y i6(> 

Crème de fleur d*orange an petit lait 
(la) deM.Tanrade^ recommandée 
aux iolies' femmes , a65 

Crémiers ^ a88 

Crémiers devenus procureurs , 289 

Creusé de Lesaer (M.), ancien sons- 
préfet d'A«tun , cité , 217 
Crîst aux de Mont-Génis y 3 14 
Cuisine (la) n*est, en dernier résul- 
tat , qn'une chimie pratique y 5S 
CuistnUres (des) p 4^ 
Cuisses de dindes à la sauce Robert 

(ce que c'est que les ) , 1 3 

Cttfé de Sainueville (le) , cité, 92 , 94 

Ciiry (feu M. île) , intendant des Menus, 
homme dVsprit et de plaisir , cité , 29 

P» (rîllustre M. ) , cité» ^ xii) 

Dame aimable , habitant S.-Germain- 
enXaye,et qui veut garder Tano- 
iiyme j citée , • ^ 



34» Table Àlphahétîqutf . 

Dangers ( M. ), traiteur , sa» 

De Bacq ( MO , pâtissier , 248 

De Bauve ( M. ) > fabricant de choco- 
lat , 391 
Découvertes nouvelles ( de quelques ) , i56 
De Gand ( M. } 1 pâtissier à Amiens 9 253 
De G'dnd ( M. ) 9 pâtissier d'Amiens y 

cité y a4^ 

De Ganfl (M. ) , célèbre pâtissier d'A- 
miens, cité, 71 
Déjeuners à la lyonnaise (les) indi* 

qués f 23o 

De Lanney ( M. ) » bouclier , 209 

De Ma u tort (M. ) 9 homme de Lettres 

et graveur, cité , 141 

Dénégation formelle ( d'une ) e^i^igëe 

d'un huissier par un pâtissier , 36 

PentisteSf 325 

ï)ésaugiers (M.) 9 homme de Lettres ^ 

cité , i4i 

Deschamps (feu M. ) > excellent trai- 
teur, ciié honorablement, . 3i 
Desfontaines (M.), homme de Lettres, 

cité , • lii 

Desmares ( Mademoiselle ), actrice du ' 

théâtre du Vaudeville , citée , i ^6 

Desnœuds ( Madame ) , marchande de 

poisson d'eau douce , 295 

Despre«(M.), homme de Lettrcs^cité, i4i 
Des Rosiers ( M. )> confiseur, 299 

DeuxEdmon (les), charmante comé- 
die-vaudeville^ citée , 146 
Deux Gendres ( les ) , comédie de M. 

Etienne, citée, i6x 

Deville ( Mademoiselle ) , actrice du 
théâtre du Vaudeville , citée , li^ 



TahU Alphabétiqut, ^\. 

Pieii-k-Foy (M. jJlichel) , homme de 
Lettres, cité, i^^ 

Dilh et Guerhard ( MM.) , fehricans 
de porcelaine y 3i3 

Dindes aux truffes de Pérîgueux , 253 

Diner {le) émigré et non proscrit y his- 
toire véritable', 92 

DistUlaUurs^ , 260 

Puchaume (Madame), actrice du théâ- 
tre du Vaudeville , citée , 146 

Du Commun ( M. ) , fontainier-dépu-. 
rateur, Saa, cité, 323 

Dufour ( M, ) , marchand de riz , se- 
moule , etc. , de pommes de terre , 
de Madame Chauveau , 287 

Dumersan ( M.J, homme de Lettres, 
cité, 14 , 

Dupaty ( M. Emmanuel Mercier ) , 
homme de Lettres , cité , 141 

Dupont ( M. ) , orfèvre;, fabricant de 
couverts, ' . 3ia 

Dupais ( Mademoiselle Rose ) , ac- 
trice sociétaire du théâtrç Français, 
citée, iCo^ 

Du Thé < M.), ancien cljarcutier cé- 
lèbre , ciié , 229 

Du val (M.), confiseur,, 2981 

Quval (M.), restaurateur du Nom* 
de* Jésus, cité^ , jq, 

Puyal CM.;, traiteur et restaurateur, 224 

Jl^au balsamique de feu M. Botot ( T ) ^ 
indiquée, • 3^6 

Eau balsamique rçsée (de 1* ) , 827 

£au essentielle ( T) de M. JMkire^ indi- 
quée , 3o 

t0¥9uçrù(^dcl')^ *2^ 



?4* TabUAtphahéttquè, 

Eau-de-vîe de muscat (V), citée et 

indiquée, 3i6 

Ecole de Sfllerne (P), citée , i4o 

Ecoles (trois) célèbres de Tart de bien 

vivre, citées, SU 

Edouard ( M. ) , acteur du théâtre du 

Vaudeville , cité , ' i44 

£loge des cure-dents (fragment d'un) 9 
prononcé devant le Jury dégusta- 
teur , i85 
Eloquence gourmande ^ iÔ5 
Emile ( P ), cité, IQO 
Engins pour la chasse , 5J 
Engins pour la pèche , 54 
Epée de bois ( 1' J, cabaret très-cé- 
lèbre, ci té, 3i 
épiciers , a8a 
Mpître dédicatoîre a l'ombre de Vatd , v 
Epître en prose rimée, à l'Auteur de l'Ai- 

manach xles Gourmands , erc. , 6]& 

Erambert ( M. ) , parfumeur , 3a3 ; ci- 
té , 824 
Errata, 3t?)i 
Espagnoles réduites ( les) , citées > 1 1 
Etienne ( M. ) , charcutier , îa3o 
Etienne ( M. ) , hoinme de Lettres , 

membre de Plnstitiit, cité , 161 

Explication du logogriphe inséré. dans ht 

septième Année , 200^ 

Ei^trait d'une^lettre de Mademoiselle 
Minette à PAuteur ^ 110 > note. 

Fahricans de chocolat , 39a 

Fabricans de cristaux^ 3i4 

J^abricans de gaufres à taflamandtt 387 

Fabricans de lampes à double courant 



Table Aïphtthêtîqtte. ^^ 

JFahrîeans depain d^épîce, &&7 

Fabricans de porcelaine , 3i 3 

Fabrîcans de sirops , -. 27a 

Fabricans de sirop depunek , 371 

Fajm (la ) est funeste à l'art de la cui- 
sine, (>i 
Fanchonnettes (les) rappelééffet ir^' i- 

quées j iSçi 

Fargeon et fils ( MM. V< ) , parfu- 
meurs y 5^3 

Fargeon ( M« J. J. ), parfumeur et dis- 
tillateur à Grasse , 267 
Favart (M. ) petit-fils, homme de 

Lettres , cité , i^x 

FéeuU de pommes de terre de Beion^, 2& 
Félix ( M* ) , pâtissier , 245 j cité , i5j , 

i58,«4<> 
Ferrand(M. )> boucher, 209 

Feu d*enfer ( ce que c*esr que le), li 

te^deau de Maryille (M.), ancien 
lieuteTtani général de police et con- 
seiller cî*état, cité,, 7^ 
Fichet (M.), acteur du théâtre du 

Vaudeville, cité, 144 

fidèle Berger ( le ) , confiseur , 299 

Filet de bœuf au vin de Madère ré- 
duit, cité, _^ î^^ 
FîUrtM dépurateuts y Saa 
FUurisuSy , 320 
Flcury ^ M. ) , doyen du Théâtre- 
Français, cité, 14s 
Flûtes (les ) de M. Vaddé indiquées, 21» 
Folloppe (M. ), apothicaire. V»y. Li- 

bour, 3o8 

]^olloppe ( M. ) , ancien, apothicaire , 



344 Table Alphahéfîqiu. 

Fontenay ( M. ) , acteur du théâtre du 
Vaudeville , cité , i44 

Forney ( M. ) , restaurateur, et Suisse 
du Louvre , 238 

Fortin (M. )* haîgneur, 3a8 

Fournennx-d^dners (les) de M. Ca- 
det d ' Vaux, indiqués, 3 17 

Prancis ( M. ) , homine de Lettres , 
cité, 141 

Franck ( le docteur ) , inventeur des 

trains de santé , cité j 3ii 

res Provençaux (les), restaura- 
teurs , a38 
Fromages de V^ry ( entrepôt des ) , . 290 
- Fruitiers-orangers y 297 
Fruits à reau-<le»vie ( des) de M. Bou- 

dçt-Guélaud , fi,6^ 

Fruiu et légumes conservés , ^f]^ 

Gabillot ( M. ) , épicier , sS.'î 

Gabillot (M. ), épicier et distillateur, 26^ 
Gastaldy ( feu le docteur ) , de gour- 
ipande mémoire, cité honorable- 
ment, 183 
Gâteaux a la Dupuîs ( des) , 1 60 
Gâteaux à la Minette ( les ) rappelés , i58. 
Gaudes de Besançon ( les), citées , 4a 
Gaufres à U flamande, 288 
Génie inventif ( du ) des porcs , 7 
Gcnesseauii(MO>dîstill'r»teur, 261, cité, 26a 
Genesseaux ( IM(. ) , distillateur, indi- 

' que pour ses vins de liqueur , 216 

Geoffroy ( M. ) , journaliste célèbre , 

cité-, 149 , i5(^ 

Geoffroy ( M. ) , journaliste célèbre , 

cité, ,2| 

<ieorge ( M. ) , pâtissier ^ a4| 



Tahle uiîphahétîque, S^S 

Gersîa (M.), lioimne de Lettres , GÎîé", r^M 
Gillé ( M. ) , imprimeur et fomleur de 

caractères, 3^9, cité , SSto 

Giraud ( M. ) , président de la sociétés 

des Mercredis , cité y 233i 

Goutté ( M. Armand), homme de 

Lettres, cité , j4* 

Gra tî ( M, ) , pâtissier à Neuilly , 264 

Grains de santéy 3i l 

Grains (les) de santé du doct, Franck, 

cités, . 181 

Graisse i dçla) de hec- figues , 64 

Grand-Monarque (le) , confiseur, » 298 
Gran geret( M. ), coutelier, - 3ia 

Greuouilles de piom ( les fameuses), 

citées, .41 

Grîgnon ( M. ) , Restaurateur , cité , aSi^ 
Gril ( le ) exige une suryeiUance toute 

particulière, ' / i5. 

Crïttades(des)^ i^ 

Grimod 4e Verneuil (feu M.), décédé 

président perpétuel du Jury dégus- 
tateur , le 20 avril 181 x , cité , 33 
Çuélaud ( M.), distillateur. Voy. Bou- 

det-Guélaud , 264 

Guélaud ( Madame veuve \ çonfiseui , 299 
Guél au d fils (regrets sur la mort de M.),^ 

confiseur , . 299 

Guénée ( M.) , acteru: du théâtre du 

Vaudeville, cité , i44 

Guérjn ( M. ) , verniiçellîer , 285 

Guilbert ( feu M. ) , confi,seur. Voye\ 

Terrier, 363 

Guilbert ( feu M. ) , confiseur , cité , 89 
Guilbert (feu M, )-, fabricant de chp- 
colat, «991, 



346 Table AlpJiabéûqae. 

Guillot ( d*un tour }oué à M. ) , confi- 
seur de Bo urg-eii'Bresse > i36 

Halle ( la ) , aof 

Hamelîn ( M. ) , charcutier , aSo 

Héîoin (M.) épicier , , 28S 

Héloin (M. )9 épicier , cité pour le 

beurre de Bretagne , ai 

Hémard ( M. ) 9 fabricant de pain 

d*épice , 287 

Hémérocalis ( sirop et tablettes d' ) , 

indiqués, 309 

Henn^e ( M. ) » marchand de beurre , 097 
Henneveu { M. ), traiteur et restaura- 
teur , . / 2a3k 
Henneveu/ M. ) , gendre de M. Le 

Gacque , cité , 2124 

Henry ( M. ) , premier acteur du théâ- 
tre du Vaudeville , cité y i4f 
Hervel ( M. ) i charcutier , 22/ 
Hervey, première actrice du théâtre du 

Vaudeville ( portrait de Madame } , ^^<^ 
Hervey ( Madame ) , première ac- 
trice du théâtre du Vaudeville , ci- 
tée » 116, i<^ 
Hervinettes ( des ) y ' 164 
Hippolyte ( M. ) , acteuir du théâtre 

du VaudeviUle, cité , i4i 

Horace , cité à propos drs grillades , i5 
Hôtel des Américains (l*), célèbre 

niafçasin d'* comestibles , z56 

Hôtel des Annéricaiiis ( fabrique et 

entrepôt de chocolat à l' ) , 291 

Hôtel des Américains ( 1* ) , cité pour 

ses vins fins , ai5 

Hôtel des Américains ( 1* ) , cité pour 
«es tabielics de bouillon , 9S$ 



Tehtè Alphabétique. H7 

mïUi€thé{deV)y 168 

Huile de thé ( 1' ) , de Marie-Brizard et 

Roger, citée, 271 

Hnillard De La Groue (M. ) > épicier , a84i 
Huissier menteur , cité,^ 35 et 36 

Huhres ( Uséeux ) er leur juge , fable , 8(> 
Huîtres vivantes ( les) sont les seules 

bonnes , 38 

ImvrîmeurSy , « 329 

Infidélité ( de T ) des détalUans dans 
. leurs petites pesées , î2o5 

Instruction sur la manière de gouverner les 

vins de Bourgogne , ia5 

Isambert ( M. ) > acteur du théâtre du' 

Vaudeville , cité , 1 4i 

Isouard , de Malte (feu M. ) , père du 

célèbre compositeur Nicolo , cité , 62 
Itinéraire nutritif { septième} , voyez Pe- 
tite Revue gourmande , 261 

Jacquet ( feu M. ) , pâtissier célèbre^ 

cité , 343 

Jadras ( M. ) , marchand de bois , 32^ 
Jean-Jacques Rousseau ( la plume de ) , 

citée, 190 

Jeanne d'Arc , Opéra - Vaudeville , 

cité , 1 46 

Jecker ( M. ) , opticien , 020 

Jeux de cartes ( tous ) , ennemis de la 

digestion , 2.5 

Joly ( M. ) » marchand de beurre , 297 
Joly (M. ) > acteur du théâtre dii Vau- 
deville , cité , t44 
Jourgniac de Saint-Méard ( M. ) cité, 23o 
Journal de TËmpire ( feuilleton du) , 
cité , i59 



348 TàfylkMphabétîquéi 

Jouy X M» de )> homme de Lettres ^ 
cité , i4l. 

Joyèt fils %t compagnie ( MM. ) y com- 
missionnaires de vin8;à Autun^aiô -, 
cités, 217 , 218 

Jugement du Jury dégustateur sur le 
Ë.irschwasser de M. Reinhard , de 
Strasbourg > io9 

JuUien (Mé ; , marchand de' vin y in- 
venteur des cannelles aérif'ères y 3 2:1 

Jury dégustateur ( le ) , cité , ao^ 

Justa ( M ) , restaurateur , * 238 

Justin ( M. ) 9 acteur du théâtre du 
Vaudeville, cité ^ ^ 144 

Kirschwasser ( ce que C'est que le vé- 
ritable)^ io3 

JLabour et Miellé (MM. ) ^ tnàrch^nds 
ile comestibles , 2&56' 

lia Fortelle (M .) , homme de Lettres , 
cité , • i4i 

Lallouette ( Madame } , rôtisseur , af 9, 295 

Lambert ( M. ) , restaurateur , cité y aBo 
Lambert ( Madame v* ) , crémière , 280 
Lamégie ( M. ) ,. apothicaire , 3083 

cité , 309 

La Motte (feu Madame,) y confiseur , 

etmarcliande de bonbons de S. M* 

l'Impératrice, 3oi 

Xange ( M» ) > fabricant de lampes à 

double courant d'air, 3i8 

Langues à l'écarlate (les) , de M. 

Etienne , inùicjuées , a3o 

Lanney , ( Madame de ) , bouchère > 

belle-mère de M. Justa , citée , a3$ 



TMi Alphnhùique. 349 

Xa Porte ( M. ), , acteur du théâtre du 

Vaudeville , cité > i44 

Iiauzun(. feu Madame la duchesse de), 

citée , i63 

LaTement , partie de plaisir ^ et dans 

quelle circonstance j 629 

Le Blanc ( M. ) pâtissier , 24^; cité , 

i5siy i53 
Le Gacque ( M. ) , restaurateur y 233 
Le Gacque ( gémissemens de M. ) , 234 
Le Gros ( M. ) > marchand de beurre .. 

et iruitier à la Halle , 297 

Le Maoût ( M. ) , apothicaire et fabri- 
cant de moutarde , à Saint-firieux ^ 
281 -, cité , 125 

Lembert ( AT. )> boulanger , inventeur 

d'un pétrin mécanique, 219 

Le Moine ( M. } , pâtissier de Char- 
tres , 262 ; cité , 71 
Le Moine ( M. ) , confiseur , rue Vi- 

vienne ^ 3oa 

Le Moine ( M. ) , confiseur , au I-a- 
lais-Royal , successeur de BertheU 
lemot, 3o2 

Le Moine ( M. ) distillateur , 26a 

le Moine (M. ) fabricant de choco« 
' lat , 290 

Le Noble (M. ) ? acteur du théâtre 
d» Vaudeville , décédé pendant le 
cours de Timpression de cet ou- 
vragie , cité , i44 

Le Noir ( M. ) , limonadier- glacier , 3o5 
Le Roy (m. ) , pâtissier , 247 

Le Sage C M. ) , pâtissier , 242 -, cité , 

35, 36 
Le Sage (M.), marchand de meu- 
bles ; 3 lâ j cité ^ 317; 



S5d Tahte Aîphahétiquè, 

Zettre de Mademoiselle Augusta à l* Au- 
teur, jO^ 
lettre de M, Bordin k l* Auteur , 20 
Lettre de Madame Bougie à V Auteur^ \ 14 
Lettre à V Auteur sur le Kirschwasser > 97 
Lettre de M, Parmentier a l'Auteur j 111 
Lettre à V Auteur deVAlmanach des Gôur- 
, mands , signée Rou^e mont j 176 
liibour ( M. ) , apothioiire > 3o8 
libour (M. ) > iabricant de chocolat , 29P 
liiévin ( M. ) ) pâtissier , 244 
Limonadiers , 3o4 
LingerSy 3i3 
Liqueur impériale ( la) , de M. 'Le 

Moine » 263 

Liqueurs de THôtcl des Américains , 264 
Liqueur de Pomone ( la ) , de M* Le 

Moine , 263 

Lorgnette philosophique ( la ) , / 

annoncée au revers du faux titre. *l . 
Louis XIV y cité , ^ 9 V i ^ij 

Luxembourg (feu Madame la raaré' 
chale de ) , citée ;* i63 

Madelin ( M* ), cuisinier célèbre^ cit^, 73 
Madère (description abrégée de nie 

de), . ^i 

Magasin d* Italie ( le ) indiqué pour . !o 

fromage tie Parmesan et Ifs oàies ^ «8^ 
Maille-Aclocque ( M.),viaaigner-dis- 

tillateur , 278 

MaHierbe ( M. ) , charcutier, 227 

Manuel des Amphitryons ( le) indiqué ■ ^ 

au revers du faux titre ;. ci:é , ' 1 7a 

Manufacture impériale de SÔYrcs » 3 1 5 
Marchands de bois f 324 

Marchands de cidre ^ • 370 



Tàbli Aiphubétiqui. 35t 

Marchands de comestibles y 255 

M'archands de la Halle , 294 

" \Jdarchands de meubles y 3 1 5 

Marchands dç vin , 214 

Mare ( M.), apothicaire, indiqué pour 

enlever les taches , ^ ^ 3o 

Mariage ( M. ), graveur , cité au re- 
vers du titre, 
Marie-Brizard et Roger ( MM. } , dis- 
tillateurs de Bordeaux y cités^ 168 , 170, 

Marmite perpétuelle ( la ) , aiS 

Mars ( Mademoiselle Hippolyte) , ac- 
trice sociétaire du Théâtre-Fran- 
çais , citée , i5o , 166 , 167 
Martignon , fils de Paîné et compa- . 
gnie(MM,), négocians en épice- 
ries , 28a 
Martin ( M.)> traiteur et restaurateur, '221 
Martyr (d'un illustre), xiij 
Mas8on(M. ), célèbre charcutier de 

Saint*GermaiYi-en-Laye, 281 

Maurice Së^uier (M.), homme de 

Lettres, cité, i4i 

*^azet (^madame) marchande d*o- 
. ranges, ^ « 298 

IVlazurier^M. ) , limonadier-glacier , 807 
Menus (les) imprimés du Jury dégus- 
tateur, cités, iid 
Meunier ( M, ) , restaurateur et pâtis* 

sier, 287 

Millot ( M. Louis) , épicier , 283 

Minette ( mademoiselle ) , actrice du 

théâtre du Vaudeville , citée , 24, 147 
Mirlitons nie Rouen ( les ) , cités , 4a 

Mirlitons df» M. Thomas ( les ) , in- 
diqués san s garantie , idem* 



952 Table Alphabétique. 

Moment ( du ) de boîte k table les vins 

de Bourgogne , 217 

Monneaux (M.)» marchand de cidre, 1276 
Montmorency du four ( ^uel est le ) , 24^ 
Morand ( madame ) , rôtisseur , 219 

Moreau ( M. ) > homme âe Lettres , 

cité, 141 

Moucherons (Us) y fable , 88 

Moutarde celti que (\a)de M.le Maoût 

bien dégénérée , 281 

Mouton , chat de M. Le Blanc , cité , s5o 
Musée de Paris ( le ) rappelé , 21 1 

Mystification (d'une) faite par M. Ni- 

coUe a^ Jury dégustateur , 236 

Naudet(feu DU. ), restaurateur, cité, 2V 
NicoUe ( M . ) , restaurateur , 236 

Nicolo Isouard (M. )> compositeur ce- . . 
lèbre , cité , ^* 

^o;m de Jésus ( le ) , / . aaÉl 

^oces de Pliôiel des Américains. Af 
tide pjvmis pour ce volume , et que 
l*abonda/ice dts matilres a forcé de ren- 
voyer à wu prochaine armée , 33 
Noël tasser/e f M. ) t distillatewr , 260; 
Noël 4ii?adftml-) , marchande de li. 

guriies , " a^ 

fiota bene sur les envois faits k IVu- 

teur, ' «▼ 

Nouvelle Héloïsc( la), citée, -" t^ 

Œufs (des) y 4|i 
Œufs ( le») de Mortagne cités «omiiie 

les meilleurs , ' 5i 
OEufs ( les ) pondus enfre le» deux 

Notre-Dames indiqués comme les * - 

Ifiçilleurs 4 conserver , §^ . 



t 



Tah'U Aîphahttîque. 353- 

Omelette aux tomates ( d'une ) senrîe 
aux entrées I 177- 

- Opticiens y 32Q 

Orfèvres y 3ia 

Oudard C M. ) y fabricant de sirops , ,275 
Oudard ( M. ), confiseur , 3oo 

Ourry ( M. ) > homme de Lettres ^ 

cite , 
Ouverture des huître {del') \ 

Pain (M. Joseph)^ bomme de Lettres-, 

cité, 141 

Fain d*épice, nonettes et macarons de 

M. Hémard , 285c 

Pal lebot (M. ), fabricant de lampe». 

astrales, à doïible courant d*lair,. 

018 -, cité, . 3ia 

Palmiers ( les ) , confiseHr , 30$ 

PûrfumeurSj ' 3ia3' 

Parmenticr (M.), savant- célèbre-, 

cité, ^ 5 

Pàfe d'orgeat (e^celtente), citée et 

indiquée , 3o^ 

Pâtés de canards d*Aïniens (entrepôt 
^ de)y ^ ^ 248:, 

l^^àtés de marrons glacés Qteô ) ^ cités 

et indiqués ,, 3oi 

Pâvissitrs, y 240 

Patu^reaux < IVf, ) , cî-devant confiseur , 

auj(»urd'hui cirier , cité , 299 ; 3oa 

Pé de Ha Borde (M.) , dentiste , 325 

pelletier ( M^ ) ,. apothicaire , 3 lo 

Pelletier-Petit ( M. ) >. épicier „ 283 

Pelletier-Pfetit (M.), fabricant de pois 

et léguratts en bouteille, zyj 

^ Ferles a V ingénue {des) y 166. 

Puif tkiùcU de pharmùeopée gourmande , i3 1, 

3lq* 



^54 TahU Alphabétique. 

"Petite revue gourmande^ âO< 

Pents càteaux de Nanterre faits à 

Ntuîlly, 254 

Perirs pains de la rue Dauphine ( les) 

indiqués, 211 

Petits pains de la Mecque (des), 1 67 

Petits pains à la Volnais ( des^ , i63 

Physiciens^ ^ 3 19 

Pi-^eons a la crapaudine (les) tienaent 

a la classe des grillades , \ i3 

Piis (M. le chevalier de ) , cité , 141» 

Plailly fils ( M.) , épicier , 203 

Plail y (M.), épicier, cité pour le 

beurre de la Prévalaye , 20 

Plainchamp ( Madame), marchande de 

légumes, 296 

poésies gourmandes , 06^ 

yoizard ( M. ) , boulaDr^^r , 21a 

Pomme-d*Or ( la ) , confiseur , 29^ 

Portluïinnn ( M».) , imprimeur , 3to 

Ponrcet ( M. ) , boulanger , 211 

Poussielgne ( M. Henri ) , cité en^- ' 

rantie d*un fait gourmand , • • ' 6îi 
Précautions à prendre pour .que le» 

alimens préparés au beurre ne v>i^nt 

pas malsains , 
Prévost C M. > , fabricant de taU^^tcs 
, de bouillon , . ;. ^ 

Principes généraui^ sur les grillâ^M ,y , 
progrès (des) de la cutfine dans U t^,. .. 

siècle , l 56 

Puddings {des) y , : 134 

Quiches de Lorraine ( lés ) , citées ^ ' 4^1 

Hadet (M.)> homme de Iiettres^cité, 141 
Raffort ( M. )> vinaigrier, * aSa ' 



»hient • 



, Tahte Alphabétique. 355 

Rat (M.), pâtissier, ^^4» 

Ravrio ( M. ), homme de Lettres et ta-. 

bricant de bronzes , cité , , ^^* 

Raynouard(M. le chevalier^ membre 

de la deuxième classe de rlnstitut , 

Cite , , / 1 N • 

Réchauds à l'esprit de vin ( les ) in- 
dispensables dans toute maison bien . 
montée, . . , ^^* 

Recuites de Provence ( les ) , citées , 4^ 
Réductions (des) y *• 

Reiuhard ( M. ) , homme de Lettres , 
et fabricant de Kirchwasser à Stra^- 
bourg, 107 î cité, 108,26^ 

Jiepas de noces (des) f ^^ 

Restaurateurs, , . « i 

Restaurateurs (les) du Palais^Royal 
moins fréquentés qu'autrefois, et ^ 
pourquoi , , . 

Richard et Mameffe ( MMO, pàtis- • 

siersd'Abbeville, ^^^ 

Rivière ( Mademoiselle ) , actrice du 

théâtre du Vaudeville , citée , H» 

Ril , semoule , et autres préparations ti- 
\ rées d" la pomme de terre , ?of> 

Rocher >ie Cancale ( le ) , . 2 H 

Hochelte ( M. )» tenant l'entrepôt des 

Chocolats do M. De Bauve, indique, 29^ 
Rolland ( MO , restaurateur , 2^». 

Rosç ( parallèle de la ) et d'un pâté, i55 
Rôtisseurs, _ . , ^^^ 

Rondeau (M.)» célèbre pâtissier a 

Périgueux , 253 ; cité , 7* 

Rougémant (M,), homme de Lettres, 

cité, 141 

Rougemo^t (M. ), noitl pseudonyme, 200, 
J^guget ( M ) , pâtissier célèbre , sur- 



iS6 TahU Alphabétique. 

nommé le Montmorency du four ^ cité 71 » 
116, 169, 160, 162, 164, i65, 166, 167, 

24Q 
RousRclIe ( M. ) , potier d'étain , 329 

JlouTÎère ( M. Audin- ) , docteur en 
médecine, tenant le dépôt des grains 
de santé ) 3 11 

Jlouvière (M. Audin-)^D.en médecine, 
médecin en chef du Jury dégusta- 
teur, très-iion amphitryon , cité , 176 
Rouvière ( madame ) , excellente 

Alcmène , citée « 174 

Hue au Pain ( la ) , chef-Heu gourmand 

de Saint-Germain en-Laye , citée , aSi 
Ruses de certains confiseurs et limo- 
nadiers dans l'emploi des matières 
substituées au sucre et au café » 3o3 * 

Sachets d*Arnoult , 827 

Sî-^ Aulère ( Mlle ), actrice du théâtre "^ 
du Vaudeville , citée, i^J. 

Saint- Aubin (Mlle Alexandrin e), au- 
jourd'hui Madame Jol y , actrice du " 
théâtre <le l'Opéra-Comi<jue itnpé^ • 
rial, citée, »62 * 

Saint-Léger ( M. ) , acteur du tbéltve 
du Vaudeville , cité , , '^14^ 

{teint-Germain-jen^-Laye , ville gour- 



mande , cité , "^ V^ 

Salon des princes ( le ) ^ ' 23<S 

Sandrin , le père (leu) , marchftifd à^ 



vin , citée , -4 2i3/ 

Sanvel ( M. ) 9 distillateur , ' 261 

^uvel ( M. ) , fabncant de siropft , 274 
jlcaniiale ( du ) de la brièveté d<^s dU ^ 
nexs dans ce que l'on est convenu 
^d*A4)feler la bonne comps^r 1^1, ' . . J^ 



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