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Full text of "Amenagement Des Forets Tropicales Humides En Afrique Forets 88"

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Aménagement 
des forêts 
tropicales 
humides 
en Afrique 



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ckw donnéM Qui y ligurint nliTiplknJfit éê Ut pÊtt éê lOfgBnlMlion 
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zonaa, ou da laurs aua)rMa. ni quant au iraoé da laurt frontièrM ou 



M-36 
ISBN 92-5-202756-4 



Tout droili réaarvit. Aucuna parUa da oati» publication na paut Atra raproduile, 
miaaanmémoiradantunayatknadaraoiiafchabit)liographiquanitiana 
qualqua fomta ou par qualqua prooédé qua oa ioit: éiacironiqua. mécaniqua, par 
pliolôoopia ou aulra. tant autorisation piéalMbia. Adratsar una damanda motivéa 
au Diraotour da la Division dss pubHoatlons. Organisaiion das Nations Unias pour 
falimantaiion at rigricultura. Via dMa Tamna di CvacaNa. 00100 Roma. Itsiia, an 
indiquant las passagas ou Mustralions an causa. 



©FAO1990 



111 



AYAR PIOPOS 



Une des responsabilités les plus importantes des forestiers tropicatuc 
est celle d'aménager les forêts naturelles des tropiques humides en vue de 
leur assurer un rendement soutenu. Les forêts tropicales disparaissent A un 
rytbme élevé, qui était estimé en 1980 à plus de 11 millions d'hectares par 
an. En fait dans certains pays, la disparition des forêts sempervirentes 
productives est imminente; ailleurs, où l'accessibilité des forêts est 
généralement plus difficile, le processus se déroule à un rythme plus lent. 

L'aménagement des forêts tropicales à des fins productives est une 
condition sine qua non de leur conservation. En dépit des nombreux rapports 
sur cette question, dont un certain nombre fait état de programmes de travaux 
correctement conçus et réalisés, la proportion des forêts tropicalfBs soumises 
à un quelconque aménagement demeure extrêmement faible. 

Cette étude considère l'aménagement d'une forêt naturelle dans son sens 
restreint, c'est-à-dire: programmation de coupes régulières et contrôlées 
associées à des mesures sylvicoles et conservatoires dans le but de maintenir, 
voire d'améliorer, la valeur commerciale des peuplements sans préjudice de 
celles destinées à régénérer les espèces autochtones. Dans un règlement 
d'aménagement, les conséquences écologiques défavorables de l'exploitation des 
forêts ou de tout autre type d'utilisation des ressources forestières peuvent 
être minimisées et le bilan d.e l'ensemble des opérations doit être positif et 
bénéfique tout en préservant les caractères écologiques essentiels. L'étude 
prend aussi en compte l'aménagement des plantations dans la zone des forêts 
tropicales humides. 

Le succès de l'aménagement des forêts repose avant tout sur la volonté 
politique d'instituer des programmes efficaces car l'enjeu est considérable: 
la qualité de la vie de millions de personnes dépend d'une utilisation du sol 
et des ressources naturelles à la fois dynamique et conservatrice; la 
continuité dans le développement est indissolublement liée à la préservation 
des écosystèmes et à l'aménagement des ressources génétiques. Les industries 
forestières, de toutes tailles, en zone tropicale constituent un noyau dur 
pour les économies nationales et aussi pour les communautés locales mais elles 
ne pourront contribuer à leur développement que si elles peuvent être assurées 
d'un approvisionnement constant en matière première. 

La FAO persiste dans Sja volonté de donner la toute première priorité à 
la conservation et k l'utilisation durable des ressources forestières 
tropicales pour soutenir les programmes nationaux de développement; 
l'Organisation est aussi déterminée à offrir aux techniciens et aux 
responsables politiques les possibilités de se rencontrer pour discuter de la 
nécessité d'aménager correctement ces ressources précieuses pour le bien- 
être présent et futur de l'humanité. 




r.P.LANLY 
)irecteur,, 
Division des Ressources Forestières 
Département des Forêts de la FAO 



IV 



utilisant les informations réunies par M. S. Philip sur les 
aménagements des forêts tropicale humides dans les pays anglophones africains 
et notamment les études de P. Karani (1985) pour l'Ouganda et de P.R.O. Kio 
et al. (1985) pour le Nigeria et d'autres pays, complétées par R. Catinot pour 
les pays francophones africains» R. Willan a rédigé une sjmthèse des diverses 
études réalisées pour être publiée et mise à la disposition des intéressés. 

La PAO tient à remercier ces spécialistes pour l'excellente 
qualité de leur travail. 



TABLE DBS MAIIERBS 

PBBMIEIE PAgriB Page 

1. INTRODUCTION 1 

2. INFLUENCE DES CONDITIONS NATURELLES ET CULTURELLES 

SUR L'AMENAGEMENT FORESTIER 7 

2.1 . Etendue et classification des forêts tropicales 

humides en Afrique 7 

2.2. Facteurs physiques, biologiques et écologiques 9 

2.2.1. Considérations générales 9 

2.2.2. Autres ressources et contraintes diverses 16 

2.3. Facteurs sociaux 18 

2.3.1. Facteurs politiques 18 

2.3.2. Facteurs réglementaires 18 

2.3.3. Besoins nationaux 20 

2.3.4. Besoins locaux 22 

2.3.5. Interactions avec l'agriculture 22 

2.4. Facteurs économiques 23 

2.4.1. Commerce du bois 23 

2.4.2. Aspects financiers et budgétaires 24 

3. DEVELOPPEMENTS RECENTS CONCERNANT LES PRINCIPAUX ELEMENTS 

DE L'AMENAGEMENT FORESTIER 27 

3.1. Aspects politiques 27 

3.2. Inventaire forestier 28 

3.3. Sylviculture 31 

3.3.1. Généralités 31 

3.3.2. Méthodes de régénération artificielle des forêts 
tropicales humides 40 

3.4. Exploitation 45 

3.5. Industries de transformation 52 

3.6. Institutions 56 

3.7. Aspects économiques et socio-économiques 57 

3.8. Recherches 59 



VI 



4. BESOINS ACTUELS D'AMENAGEMENT DES FORETS TROPICALES 

HUMIDES EN AFRIQUE 62 

4.1. Niveaux d'aménagement 62 

4.2. Système d'aménagement au sens strict 63 

4.2.1. Contrôle de l'accès aux forêts 63 

4.2.2. Inventaires forestiers 63 

4.2.3. Contrôle des exploitations 65 

4.2.4. Sylviculture 70 

4.3. Système d'aménagement au sens large 77 

4.3.1. Conditions d'application 77 

4.3.2. Pression sur les terres 78 

4.3.3. Commerce international et marché local 79 

4.3.4. Industries forestières 80 

4.3.5. Recherches 82 

4.3.6. Association de l'exploitation à la sylviculture 83 

4.3.7. Ressources autres que le bois 87 

4.3.8. Motivations 89 



PgnnEJg PABTIE 

ETUDE DE CAS n* 1 : Analyse des sytèmes d'aménagement des forêts 

tropicales humides en Ouganda. 91 

ETUDE DE CAS n* 2 : Analyse des progrès des systèmes d'aménagement 

des forêts tropicales humides au Nigeria. 115 

ETUDE DE CAS n* 3 : Evolution des forêts tropicales humides 

ivoiriennes à la suite des traitements 
sylvicoles et conséquences sur leur 
aménagement . 1 46 



ANNEXE n* 1 : Méthode recommandée pour les inventaires préalables 

aux aménagements. 169 

ANNEXE n* 2 : Bibliographie. 170 



vil 

1. Pays africains possédant des forêts tropicales humides. 7 

2. Classification des forêts tropicales humides africaines. 10 

3. Surfaces terrières de trois types de forêts en Côte d* Ivoire. 15 

4. Valeur en milliers de naira de placages ^ des contreplaqués et 

des panneaux de particules importés au Nigeria de 1963 à 1980. 25 

5. Inventaires forestiers réalisés dans six états francophones 
africains. 29 

6. Productivité des espèces africaines en plantations artificielles. 33 

7. Planification des travaux de plantation de Terminalia superba et 
d' Aucoumea Klaineana . 34 

8. Surfaces estimées des plantations dans six états francophones 
réparties en fonction des objectifs de production. 35 

9. Liste des opérations caractérisant les diverses méthodes de 
plantations forestières en pleine lumière. 43 

10. Volumes sur pied exploitables et volumes exploités par groupes 
d'essences. 47 

1 1 . Volumes exploités et volumes exportés dans quatre pays africains 

en 1983 (en milliers de mètres cubes). 48 

12. Productivité de la main d*oeuvre au Gabon (terrain peu accidenté). 51 

13. Productivité de la main d'oeuvre en Côte d'Ivoire, Cameroun et 
République centrafricaine (terrain généralement peu accidenté). 52 

14. Quantités récoltées et transformées localement dans quatre pays 
africains francophones en 1983 (unité de 1 000 m^ de bois rond). 54 

15. Niveau des investissements dans les usines de tranformation 

du bois. 81 



FIGDRKS 

1. Représentation diagrammatique d'un aménagement. 5 

2. Les diverses options de l'aménagement des forêts tropicales 
hiunides. 75 

3. Eléments de décision pour l'aménagement des forêts tropicales 
humides 76 



GBAPITEB I 



1 - INTRODUCTION 



1. Un aménagement efficace des forêts tropicales humides est l'un des moyens 
de prévenir leur disparition. Ce projet requiert, cependant, une bonne 
connaissance des pratiques existantes. Le Département des Forêts de la FAO a 
commandé plusieurs études sur l'aménagement des forêts tropicales (Etude 
forestière de la FAO n* 53 sur l'Aménagement intensif polyvalent au Kérala, 
Inde, et n* 55 sur l'Aménagement intensif polyvalent sous les tropiques avec 
une analyse de cas étudiés en Inde, Afrique, Amérique latine et Caraïbes) 
ainsi qu'une revue des divers systèmes d'aménagement forestier en Asie 
tropicale (FAO 1988 b) à partir de cas étudiés en Inde, Halaisie et 
Philippines pour un objectif de production bois d'oeuvre. La présente étude 
concerne l'aménagement des forêts tropicales humides en Afrique. 

2. Cette étude concerne principalement les forêts tropicales humides de 
plaine ; elle a cependant été étendue aux forêts semi-décidues de moyenne 
montagne de l'Ouganda. Mention est aussi faite des forêts denses de montagne 
du Kenya et de Tanzanie. 

3. L'aménagement forestier peut être défini de diverses façons. Le manuel 
édité en France par l'Office national des forêts, cité par Jean Vannière 
(1975), en donne la définition suivante: "Aménager une forêt c'est décider ce 
que l'on veut en faire, compte tenu de ce que l'on peut y faire, et en 
déduire ce que l'on doit y faire". Philip (1986 a) proposa une définition 
valable aussi pour n'importe quelle autre entreprise à savoir : "Aménager 
c'est affecter et répartir des ressources limitées pour atteindre des 
objectifs bien définis". Ces deux définitions soulignent la nécessité de 
parvenir à un compromis entre ce qu'il est souhaitable et ce qu'il est 
possible de faire ; ceci requiert que les objectifs soient clairement définis 
et qu'ils soient réalistes ; ceci suppose aussi qu'ils puissent être modifiés 
en fonction de contraintes biologiques, économiques ou politiques ; ceci 
implique enfin qu'il soit fait le meilleur usage de toutes les ressources 
disponibles. 

4. Un aménagement est aussi conçu comme l'application pratique au jour le 
jour de diverses techniques sur des surfaces boisées étendues . En ce sens, une 
parcelle parfaitement "aménagée" de 5 hectares, régulièrement inspectée par 
un chercheur expérimenté, ne constitue pas un exemple d' "aménagement 
forestier". Les prescriptions de l'aménagement doivent être codifiées et 
facilement applicables par des techniciens travaillant indépendamment les uns 
des autres en des lieux séparés. Ainsi qu'il a été rappelé dans 
l'Avant-Propos, un aménagement forestier est un programme de coupes régulières 
et contrôlées associées à des mesures sylvicoles et conservatoires dans le 
but de maintenir, voire d'améliorer, la valeur commerciale des 
peuplements, sans préjudice des opérations destinées à régénérer les espèces 
autochtones. 

5. En raison de la grande longévité de la plupart des essences des forêts 
tropicales humides, les opérations d'aménagement doivent être programmées 
longtemps à l'avance. Ainsi tout aménagement digne de ce nom doit être rédigé 
sous forme écrite et inclure en détail le programme des travaux, l'affectation 
des ressources, et la liste des produits ; il doit prévoir aussi la 
possibilité de comparer les réalisations effectives aux prévisions, et, en cas 
de nécessité, permettre toutes modifications dictées par les circonstances. 



Là où un produit donné a déjà pu être obtenu plusieurs fois à la suite d'une 
ou plusieurs révolutions, comme ce peut être le cas avec des plantations 
d'eucalyptus ou des plantations de conifères au Kenya, il est alors possible 
de parler d'un aménagement "éprouvé" ; les travaux, les rendements, les coûts 
et les revenus des nouvelles plantations peuvent être alors estimés sur des 
bases concrètes. Mais dans le cas de forêts naturelles pour lesquelles la 
durée de la révolution devrait se situer entre 60 et 90 ans, aucun 
aménagement "éprouvé" n'existe actuellement. Dans le cas de certaines 
plantations, comme celles d' Aucoumea ou de Terminalia par exemple, 
l'aménagement peut s'appuyer sur des données plus concrètes car un grand 
nombre d'entre elles ont déjà atteint un âge de 35 à 45 ans gui correspond 
sensiblement à la durée de la révolution escomptée. Comme on le verra, 
certains aménagements ont été conçus pour satisfaire des besoins sociaux et 
économiques; ces derniers étant appelés à changer rapidement, comme ce fut 
souvent le cas en Afrique au cours des années récentes, les aménagements 
doivent pouvoir être amendés rapidement afin qu'ils puissent conserver leur 
efficacité. 

6. La présente étude concerne tous les systèmes d'aménagement permettant la 
pérennité des forêts tropicales humides dans les stations qui leur conviennent 
avec des objectifs forestiers. Elle fait aussi une place aux aménagements des 
forêts naturelles mixtes régénérées naturellement, avec éventuellement recours 
à des plantations d'enrichissement en complément de la régénération naturelle, 
ainsi qu'aux aménagements de conversion en forêts monospécifiques équiennes. 
La substitution d'une production agricole annuelle ou pérenne (riziculture, 
maïsiculture, oléiculture, ou hévéaculture) à la production forestière, pour 
légitime qu'elle puisse être dans certaines conditions, n'entre pas dans 
le cadre de cette étude. 

7. L'enseignement classique de l'aménagement forestier mettait 
principalement l'accent sur la forêt considérée comme un écosystème (Philip, 
1986 a). La forêt était décrite de la façon suivante : 

(1) situation ; 

(2) régime de propriété ; 

(3) altitude, climat, topographie ; 

(4) géologie et sol ; 

(5) description, histoire et conditions écolologiques de la forêt: 

(a) inventaire du matériel sur pied ; 

(b) calcul du taux d'accroissement ; 

(c) produits, demande, marché, prix, etc. 

8. Le plan de gestion contenait ensuite des prescriptions relatives à la 
sylviculture, à la durée de la révolution, à l'intensité des coupes, et au 
niveau de production escompté. Il instituait un système destiné soit à 
vérifier le respect de ces prescriptions soit à déclancher une révision 
de l'aménagement. L'accent était mis sur le concept de rendement soutenu 
et sur la nécessité d'harmoniser le prélèvement avec la production. 



9. Il s'agissait là d'une méthode admirable à de nombreux égards car la 
situation écologique de chaque forêt était soigneusement analysée et sa 
fonction, replacée dans le cadre de l'ensemble du domaine forestier national, 
était appréciée en relation avec la politique du pays. Des développements 
récents de la théorie de l'aménagement rendent certains changements 
nécessaires, notamment en ce qui concerne les objectifs des aménagements. 

10. Les forestiers ont reconnu que la durée de la vie de leurs cultures 
dépasse celle de l'homme. Mais de nos jours deux nouveaux facteurs sont venus 
infléchir les orientations hoisies par les aménagistes ; ce sont : 

(1 ) la croissance exponentielle de nombreuses populations humaines; 

(2) le rythme acccéléré des changements technologiques affectant 
non seulement le domaine de l'exploitation et de la 
transformation du bois mais aussi d'une façon générale 
n'importe quel secteur d'activité depuis l'industrie 
agro-alimentaire jusqu'au transport et aux communications. 

11. Ces deux aspects de l'aménagement de l'environnement s'imposent à 
l'aménagiste de différentes manières. L'accroissement de la population exerce 
une énorme pression sur les terres dans les pays en voie de développement qui 
se traduit par une demande accrue pour les biens de consommation essentiels 
que sont la nourriture et le bois de chauffage. Les forêts et les terres 
agricoles seront certainement incapables de supporter cette pression 
grandissante et de fournir les produits de base ainsi que les services si des 
moyens efficaces ne sont pas mis en oeuvre pour stabiliter les populations 
humaines. Les changements technologiques impliquent pour leur part des 
modifications quantitatives et qualitatives de la demande, principalement 
orientée vers des produits plus sophistiqués ou mieux manufacturés. C'est 
ainsi que : 

(1) la demande de perches pour la construction peut-être remplacée 
par une demande de bois scié ; 

(2) la demande de petits bois ronds pour le chauffage peut céder 
la place à une demande de charbon de bois; 

(3) les besoins de récréation exprimés par les habitants des villes 
peuvent se substituer aux besoins de produits traditionnels 
extraits delà forêt et utilisés par les communautés rurales. 

Toutefois le principal changement affectant l'utilisation des forêts 
résulte de l'augmentation spectaculaire et sans cesse grandissante de la 
demande pour toutes sortes de produits matériels ou immatériels, tant 
traditionnels que modernes, susceptibles d'être retirés des forêts. 

12. Ces changements ont permis une clarification du rôle des forêts et celui 
des forestiers. Dans les premiers temps de l'ère coloniale, les forestiers, 
souvent appelés avec justesse "conservateurs des forêts", étaient des 
technocrates bien formés qui n'étaient pas directement responsables devant le 
peuple. Dans de telles circonstances, la technocratie était souvent incapable 
d'identifier les besoins réels des populations installées à côté des forêts 
et d'y faire face. La tendance était alors de se préoccuper des besoins plus 
étendus de la nation et de ceux des générations futures. 



13. Cette dualité dans les responsabilités était bien assimilée et se 
traduisait par la distinction entre des administrations forestières nationales 
et locales. Cependant il y avait souvent coïncidence entre les secteurs k 
forte population et les zones occupées par des forêts productives. Il en 
résulta bientôt une aggravation des situations conflictuelles entre les 
intérêts des populations locales désireuses de satisfaire leurs besoins 
immédiats pour la nourriture et le bois de chauffage et les intérêts à long 
terme de la nation pour une production forestière soutenue. 

14. L'accroisssement de la demande de produits forestiers mieux définis, 
principalement du bois de trituration destiné à l'industrie du papier ou des 
panneaux, a coïncidé avec celui de la demande de bois de chauffage et de 
nourriture. Ainsi les maigres disponibilités en terres fertiles et en forêts 
productives sont devenues relativement plus maigres encore et la pression sur 
les bordures des forêts a augmenté pour la satisfaction des besoins immédiats. 

15. En conséquence, les conditions d'élaboration d'un aménagement moderne 
des forêts tropicales sont dominées par la satisfaction des besoins des 
populations. Bien sûr une totale connaissance des facteurs physiques et 
écologiques est aussi indispensable aujourd'hui qu'hier mais aucune étude 
d'aménagement ne doit exclure une analyse détaillée des éléments sociaux et 
politiques aussi bien à l'échelle nationale que locale. Tout projet qui ne lui 
consacrerait pas une place suffisante serait sans portée pratique. Conjecturer 
sur l'évolution future de ces derniers éléments est devenue une démarche 
nécessaire mais aussi difficile et risquée. 

16. La conception d'un aménagement forestier peut être donc envisagée sous 
les quatre rubriques suivantes : 

(1) facteurs physiques, biologiques, et écologiques ; 

(2) facteurs sociaux, y compris les aspects politiques et 
culturels, et aussi les besoins locaux et nationaux à 
satisfaire ; 

(3) facteurs économiques, y compris les contraintes financières et 
budgétaires, les taux de rentabilité, les coûts et les prix, 
le commerce et le marché ; 

(4) facteurs technologiques et leurs modifications probables dans 
les domaines de la sylviculture, de l'exploitation, et de la 
transformation du bois. 

Il doit en être fait une synthèse au moment de la rédaction du règlement 
d'exploitation. De la même façon il faut prendre en considération tous les 
faits utiles mis en évidence dans une revue des systèmes employés dans le 
passé. 

17. C'est pourquoi un aménagement forestier bien conçu peut être envisagé 
comme un outil de travail efficace susceptible d'une utilisation plusieurs 
fois répétée sans modifications et permettant au forestier de réunir et de 
stocker des informations ; il est orienté sur des objectifs définis, limité 
par des contraintes, et alimenté par de nouvelles informations. Ces dernières 
doivent être le reflet, sans distorsion, des modifications du milieu ambiant 
aussi bien physique qu'humain. Un tel système d'aménagement est illustré 
par la figure 1 . 



FIGDIB n"" 1 

Représentation diagramroa tique d'un aménagement 



INFORMATION DE BASE 

. Facteurs physiques, biologiques et écologiques 



(politiques 
(réglementataires 
(culturels 
(besoins nationaux 
(demandes locales 

(financiers 

(budgétaires 

(coûts 

(revenus 

(commerce et marché 



. Facteurs sociaux 



. Facteurs économiques 



(sylviculture 
Facteurs technologiques (exploitation 

(transformation du bois 
(autres (agriculture 
etc..) 



AMENAGEMENT PROPREMENT DIT 

. Politique forestière : objectifs 

(analyse des facteurs' 
(ambiants 
— >! . Planification (s)mthèse des options 

(choix des options 

. Programmation 

. Budgétisation 

. Contrôle 



18. Parmi les quatre rubriques énumérées & l'alinéa 16, les trois premières 
(facteurs physiques, biologiques et écologiques ; facteurs sociaux ; facteurs 
économiques) dépassent largement l'autorité de l'aménagiste. Elles sont 
traitées au chapitre 2 intitulé "Influence des conditions naturelles et 
culturelles sur l'aménagement forestier". La quatrième (facteurs 
technologiques) comprend des matières telles que l'inventaire, l'exploitation 
et la sylviculture. Celles-ci sont de la responsabilité de l'aménagiste car 
elles constituent les outils de l'aménagement forestier. Elles sont traitées 
au chapitre 3 intitulé "Développements récents concernant les principaux 
éléments de l'aménagement forestier". La synthèse générale de la première 
partie est complétée par un chapitre 4 intitulé "Besoins actuels d'aménagement 
des forêts tropicales humides en Afrique". 

19. La synthèse générale de la première partie est complétée par l'étude de 
trois cas. Le premier est une analyse du développement des aménagements des 
forêts tropicales humides de l'Ouganda. Le second concerne les forêts humides 
du Nigeria. Le troisième présente certaines possibilités d'aménagement telles 
qu'elles découlent d'études sur l'évolution des forêts denses de Côte d'Ivoire 
à la suite de divers traitements sylvicoles. 



CHAPITRE II 



2. INFLUENCE DES CONDITIONS NATURELLES ET CULTURELLES SUR L'AMENAGEMENT 
FORESTIER 

2,1 . Etendue et classification des forêts tropicales humides en Afrique 

20. Les superficies totales, les surfaces occupées par des forêts tropicales 
humides, les populations totales, et les densités de population au Km^ des 
pays africains où ces forêts occupent des surfaces importantes sont données 
dans le tableau n* 1 . 



TABLEAU n* 1 

Pays africains possédant des forêts tropicales humides 



Pays 


Surfaces 


Populations : 
(situation en 1980 estimée): 


Totales : 
(Km^) 


FTH 
(Km^) 


Totales : 
(en millions); 


• 

Densité : 
(par Km*) : 


: (Afrique occidentale): 










: Cjuneroun 

: Côte d'Ivoire 

: Gabon 

: Ghana 

: Libéria 

: Nigeria 

: Sierra Leone 


475 442 'i 
322 463 : 
267 670 ! 
238 538 ! 

96 320 ! 
923 768 • 

73 326 , 


179 200 
44 580 

250 000 

17 180 

20 000 

59 500 

7 400 


: 7,1 
8,0 
: 0,5 
! 11,4 
: 2,0 
85,0 
: 3,4 


15 : 
25 : 
2 : 
48 : 
21 : 
92 : 
46 : 


! (Afrique Centrale) 










: Rép. Centrafricaine 
: Rép. dém. du Congo 
: Zaire 


622 984 

342 000 

: 2 344 885 


35 900 

213 400 

. 1 057 500 


: 2,0 
: 1,5 
: 27,9 


: 3 : 

4 : 

: 12 : 


: (Afrique orientale) 










: Kenya 
: Ouganda 
: Tanzanie 


■ 580 367 
: 939 702 
: 196 840 


11 050* 
14 400 
7 650** 


: 15,7 
18,0 
13,2 


! 27 : 
: 19 : 
! 67 : 



Sources : FAO UNEP, 1981 

(*) : y compris les bambusaies et les plantations de conifères 

(**) : y compris les bambusaies 

FTH : Forêts tropicales humides 



8 

21. Une excellente description botanique des fortts africaines est donnée 
dans **The Végétation of Africa'* (White» 1983) publié par l'UNESCO. Les 
principaux tjrpes des forêts tropicales humides sont brièvement décrits aux 
paragraphes 29 à 43. Toutefois , d'un point de vue économique, il est générale- 
ment admis que le type d'exploitation de la forêt a un effet prédominant sur 
la structure future et les travaux d'entretien des peuplements forestiers 
(Catinot» 1986 , Philip, 1986 a). Il en résulte que deux facteurs importants 
doivent être pris en considération pour caractériser les forêts en vue de leur 
aménagement ; ce sont d'une part leur distance par rapport à un port qui 
influe sur les ventes de bois à l'exportation, et d'autre part l'intensité du 
commerce local susceptible d'absorber les bois secondaires. Ce dernier facteur 
est associé avec la densité de la population locale ; là où elle est élevée, 
les besoins de bois sont importants mais la pression du défrichement exercée 
sur les forêts est elle aussi importante et il peut en résulter une 
demande accrue en faveur de la modification de l'utilisation des 
terres. Un troisième élément d'appréciation est fourni par la forêt 
elle-même, et particulièrement par : 

(1) son volume de bois d'essences coinnercialisable sur le marché 
international, c'est-à-dire de bois de grande valeur ; 

(2) son degré de dégradation soit du fait de l'agriculture 
itinérante, soit du fait de l'exploitation ; 

(3) son statut au point de vue écologique. 

22. Catinot (1986) souligne les caractères distinctifs entre les forêts de 
l'Afrique occidentale (Côte d'Ivoire, Ghana et Nigeria) et celles de l'Afrique 
Centrale (Congo et Zaïre) en ce qui concerne leur accessibilité et la densité 
de la population. Pour leur plus grande part les premières ont déjà été 
exploitées, épuisées ou défrichées. Des surfaces importantes de forêts ont 
été en effet déjà exploitées pour la fourniture de bois d'oeuvre. La proximité 
relative des ports joint à un accroissement significatif de la demande des 
marchés locaux a permis la commercialisation des bois nobles et aussi d'un 
large éventail de bois d'essences secondaires. L'amélioration des rendements 
à l'utilisation peut et doit conduire à des aménagements plus efficaces. D'un 
autre côté, une forte densité de population (de l'ordre de 92 âmes/km^ au 
Nigeria, cf. tableau n* 1 ) , dont il résulte un accroissement de la demande 
locale du bois et un encouragement à une meilleure utilisation, peut aussi 
conduire à des pressions d'ordre politique en vue d'une destruction 
radicale des écosystèmes forestiers et d'une transformation des forêts en 
terres de cultures ou autres. 

23. En revanche dans la plupart des pays d'Afrique centrale, il subsiste 
encore de vastes surfaces de forêts qui n'ont pas été exploitées 
commercialement ; la population y est faible (moins de 5 âmes/km^ par exemple 
au Congo et au Gabon) tandis que la distance aux ports peut être considérable. 
La pression de défrichement y est donc faible. De plus la demande limitée de 
bois peut conduire à un type d'exploitation sélective, à une sorte d'écrêmage 
d'un petit nombre de tiges de valeur par hectare. Une fois certaines espèces 
épuisées, il devient difficile de les régénérer ou de les réintroduire aussi 
bien techniquement qu'écologiquement. 

24. Des différences existent même à l'intérieur des pays. Des exemples sont 
donnés de façon claire dans le cas n* 1 : les problèmes posés par 
l'aménagement des forêts bordant les lacs de l'Ouganda, dans une région où la 
densité de population est élevée, sont différents de ceux posés par 



1 * aménagement des forêts de l'Ouganda occidental où la densité de population 
est faible mais où celle des éléphants est élevée. Une classification des 
forêts tropicales humides africaines fondée sur des critères de milieu, 
d'accessibilité et de densité de population est présentée de façon résumée 
dans le tableau n* 2. 



2.2 Facteurs physiques, biologiques et écologiques 
2.2.1. Considérations générales 

25. Les forêts tropicales humides africaines sont tjrpiguement distribuées 
à de faibles altitudes. En Afrique occidentale, ces forêts s'étendent près des 
côtes au dessous d'une altitude voisine de 500 m où les précipitations sont 
les plus élevées. Elle se fondent vers l'est à travers le bassin du Congo avec 
les forêts des confins occidentaux de l'Ouganda jusqu'à une altitude de près 
de 1 000 mètres. 

26. Les climats varient du type équatorial avec une pluviosité moyenne 
annuelle de plus 1 500 mm au type tropical avec une (ou deux) courte saison 
sèche. Il peut arriver certaines années que ces dernières soient suffisamment 
importantes pour causer un déséquilibre hydrique au niveau du sol se tra~ 
duisant par un certain dépérissement du sous-étage. 

27. La teneur en éléments minéraux tend à varier avec la durée de la saison 
sèche. En raison de la répartition régulière des pluies équatoriales, le 
mouvement descendant de l'eau dans le sol est continu et la tendance au 
lessivage est élevée ; de nombreux sols sont pauvres en éléments minéraux, 
comme par exemple les sables du Bénin au Nigeria. Là où les précipitations 
sont interrompues pendant une saison sèche, les sols kaoliniques, rubéfiés, 
pauvres en bases sont communs. Hall (1977) a montré une certaine corrélation 
entre la répartition des espèces et la nature de la roche mère. Dans ces 
secteurs, les sols manifestent une tendance à une certaine faiblesse de la 
capacité d'échange et à un lessivage intense. 

28. Les sols de ces forêts africaines présentent une variabilité inférieure 
à celle des sols de l'Extrême-Orient (Whitmore, 1975) ; il manque l'ensemble 
des types de sols dérivés des calcaires et des roches mères basiques. Il 
existe près des côtes des sols salés ou à nappe phréatique saumâtre ; ils sont 
colonisés par des mangroves. Des forêts marécageuses existent dans les vallées 
le long des rivières à très faible pente ou dans les bas-fonds ; là où une 
certaine saison sèche existe, la distribution des essences et'des associations 
végétales est conditionnée par la topographie et le drainage. 

29. Les principaux types de forêts tropicales humides africaines sont les 
suivantes : 

(1) forêt sempervirente ; 

(2) forêt semi-décidue ; 

(3) forêt marécageuse permanente ; 

(4) forêt marécageuse temporaire ; 

(5) forêt riparienne ; 



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11 

(6) ilôt forestier en savane ; 

(7) forêt montagnarde humide. 

30. Les forêts sempervirentes et les forêts semi-décidues sont les deux 
tjrpes des plus répandus. Leur physionomie a été décrite par de nombreux 
auteurs (Aubréville, 1938 ; Eggeling, 1947 ; Lanly, 1966 ; Longman et Janik, 
1974 ; Hall, 1977). Leurs caractéristiques les plus importantes pour leur 
aménagement sont les suivantes : 

(1) un nombre élevé d'espèces par unité de surface ; 

(2) de nombreuses strates de végétation, chaque strate étant 
constituée d'espèces caractéristiques dont le développement en 
hauteur est limité et aussi d'espèces de strates supérieures 
en cours de croissance, avec une strate dominante discontinue. 

(3) une très belle forme de la plupart des troncs de la strate 
dominante qui peuvent atteindre une hauteur totale de 50 m et 
plus ; 

(4) la fréquence des contreforts ; 

(5) la présence des figuiers étrangleurs (Ficus sp.) et des 
épiphytes; 

(6) l'abondance des lianes herbacées ou ligneuses, principalement 
dans les forêts dégradés ; 

(7) une grande complexité de la distribution des espèces 
constituant une mosaïque d'associations végétales qui se 
surimpose à une répartition plus grossière dérivée de la 
topographie et du drainage ; 

31. Les forêts marécageuses permanentes ou temporaires sont beaucoup moins 
variées. Elles ont généralement une structure plus ouvertes et moins 
stratifiée ; leur volume sur pied est plus faible. Plusieurs espèces 
caractéristiques de ces forêts présentent des adaptations leur permettant de 
supporter le défaut d'aération du sol, par exemple les pneumatophores de 
Nauclea diderrichii . 

32. Les forêts montagnardes humides ont aussi une structure un peu plus 
simple. La hauteur moyenne des arbres est plus faible que celle des arbres des 
forêts de plaine ; la strate dominante est continue. 

33. Dans les régions ayant une saison sèche bien tranchée, le caractère 
caducifolié des forêts est évident car la chute des feuilles des diverses 
essences tend à coïncider dans le temps. En saison sèche, la partie desséchée 
de la couverture morte est apparente, craquante sous les pieds ; des inflores- 
cences de petites plantes herbacées apparaissent ça et là, comme Haemanthus 
et diverses espèces d' Acanthacées et de Primulacées . 

34. L'écologie de ces forêts est mal comprise ; ce fait plutôt surprenant 
est sans doute dû à leur variabilité aussi bien dans l'espace que dans le 
temps. En Afrique occidentale principalement, où l'histoire de leur occupation 
par l'homme est plus longue et où la densité de la population est plus élevée, 
ces types de forêts forment une mosaïque résultant des défrichements partiels 



12 

pour l'installation de cultures teaqporaires associées à l'introduction 
d'arbres fruitiers conme le colatier. Il en résulte des difficultés pour 
déterminer leur stade d'évolution et leur âge. 

35. Les forêts situées en bordure du lac Victoria en Ouganda se présentent 
d'une façon différente ; la population relativement dense qui y résidait fut 
forcée de quitter les lieux en raison d'une épidémie de maladie du sonneil qui 
affecta cette zone à la fin du XIX* siècle. Certaines forêts qui occupent 
aujourd'hui des îles sont constituées de peuplements équiennes datant de cette 
époque. 

36. Des observations sur l'écologie des forêts tropicales humides du Budongo 
en Ouganda occidental ont été faites par M.T. Dawe en 1905. Au cours de ce 
siècle, les conditions climatiques ont permis l'extension de la forêt dans les 
prairies à Pennisteum purpureum qui s'étaient installées sur les terrains de 
culture abandonnés par la population à la fin du XIX* siècle à la suite de la 
traite des escalves, d'épidémies de variole, et aussi des guerres tribales 
pour la succession du Royaume de Bunyoro. Les divers stades de réinstallation 
de la forêt sur les franges de ce vaste bloc de près de 500 km^ sont beaucoup 
plus faciles à observer ici que n'importe où ailleurs. 

37. Une généralisation des observations faites en Afrique occidentale dans 
la zone des savanes et en Ouganda dans la zone des forêts permet de proposer 
une série de végétation du type suivant : 

(1) savane sensible aux feux de brousse ; 

(2) fourré constitué de pyrophytes ; 

(3) forêt secondaire ; 

(4) forêt mélangée avec arbres dominants ; 

(5) forêt constituée d'associations stables d'espèces d'ombre aux 
houppiers denses. 

Toutefois l'évolution progressive de cette série est contamment troublée 
soit du fait de l'homme, soit du fait d'éléments naturels comme la mort de 
certains arbres ou des chablis causés par le vent lorsque celui-ci dépasse 
quelques 100 km/h. Ce fut notamment le cas en 1962 où une tempête détruisit 
plusieurs kilomètres carrés de forêts mélangées sur les rives septentrionales 
du lac Victoria. De telles trouées sopt immédiatement colonisées par les 
espèces pionnières et des espèces caractéristiques des premiers termes de la 
série de végétion. Il en résulte dans l'espace une véritable mosaïque 
d'associations et de types forestiers. 

38. Dans les zones où la forêt est au contact avec la savane, les feux de 
brousse affectent les peuplements de bordure. Parfois les lianes herbacées 
s'enracinent sous les buissons et recouvrent les touffes de graminées 
contribuant ainsi à la constitution d'une ceinture pare-feu qui protège les 
essences ligneuses. Ainsi protégées des espèces appartenant aux genres 
Acalpypha , Alchornea, Acanthus , Maesa , Harungana , etc., parviennent à se 
développer et à reconstituer l'état boisé. 



13 

39. La fortt secondaire gui se réinstalle est caractérisée par la présence 
d'espèces arborées qui se distinguent par les caractères suivants : 

(1) besoins de lumière importants et grande rapidité de croissance 
juvénile ; 

(2) au stade juvénile, forte dominance apicale inhibant le 
développement des rameaux et des branches secondaires; 

(3) au stade adulte, très fort développement du houppier ; 

(4) dissémination des graines au moyen de divers systèmes très 
efficaces; 

(5) bois de faible densité facile à travailler ; Les espèces 
possédant plusieurs des caractères ci~dessus sont les 
suivantes: Triplochiton scleroxylon , Terminalia sp., Cordia 
^P'» Albizzia sp., Croton sp., Olea welwitschii , Maesopsis 
Eminii , etc., et aux altitudes plus élevées, Catha edulis . 

40. Le comportement des espèces pionnières dont la longévité est beaucoup 
plus faible est différent ; elles s'installent immédiatement dans les 
clairières ouvertes en forêt. Les espèces les plus typiques sont Tréma 
orientalis , Macaranga sp. et Musanga cecropioides , le Parasolier. 

41. Les forêts tropicales humides africaines (sempervirentes et 
semi-décidues) se caractérisent par une structure multistratifiée avec un 
volume sur pied important, partiellement en raison de la présence de nombreux 
arbres dominants atteignant de fortes tailles. On y trouve de nombreuses 
essences appartenant à la famille des Méliacées qui fournissent d'excellents 
bois d'ébénisterie comparables aux acajous du genre Swietenia produits dans 
les forêts de l'Amérique centrale ; les principaux genres africains sont 
Khaya , Ent randrophragma , Lovoa , Guarea , Carapa , etc. Ces forêts sont aussi 
caractérisées par une grande richesse floristique ; il est possible de 
dénombrer plus de 50 espèces différentes dans les diverses strates sur une 
centaine d'hectares, bien que certaines d'entre elles soient relativement 
rares. 

42. En Ouganda et dans l'Ouest du Congo (par exemple dans la forêt d'Ituri) 
la forêt sempervirente paraît être remplacée par des associations moins riches 
au point de vue floristique où dominent des Cynometra , Celtis , Strychnos , etc. 
Ces essences sont présentes dans des consociations relativement étendues ou 
dans des associations mixtes. Elles sont caractérisées par l'abondance de la 
régénération naturelle d'une même espèce dans les strates inférieures. 

43. Le rôle et l'écologie des lianes ligneuses dans les forêts de l'Afrique 
occidentale ont été étudié par Jones (1950). L'une des différences 
essentielles entre les forêts de l'Afrique occidentale et celles de l'Afrique 
orientale est l'influence et la densité des lianes dans la composition et la 
dynamique des peuplements. Dans les deux régions elles constituent un 
composant commun, voire universel, des forêts ; de nombreux semis existent 
dans la couverture vivante dans un état apparent de dormance attendant une 
augmentation de l'intensité de la lumière au niveau du sol pour s'élancer vers 
les hauteurs. Mais en Afrique orientale elles ne paraissent pas constituer une 
gftne au développement du couvert bien qu'elles forment des sortes de fourreaux 
sur les tiges préexistantes dans les clairières ; en revanche, en Afrique 
occidentale, les lianes persistent et font sérieusement obstacle à la 
croissance des jeunes arbres. Cette différence de comportement pourrait être 
due a : 



14 

(1) l'anciexmeté des interventions humaines et des défrichements 
partiels qui, en Afrique occidentale, ont notablement fragmenté 
le couvert forestier et préparé l'invasion des lianes ; 

(2) une croissance beaucoup plus active des espèces pionnières en 
Afrique orientale qui contribuent à refermer le couvert très 
près du niveau du sol ; celui-ci est graduellement remonté avec 
la disparition naturelle des essences secondaires pionnières 
et leur remplacement par des essences d* ombre plus longévives. 

44. Catinot (1986) a comparé les forêts tropicales humides africaines avec 
celles du Sud-Est asiatique et avec les forêts tempérées. La plupart de ces 
dernières sont plus simples aussi bien d*un point de vue structural que 
floristique ; en Europe, l'aménagement et la sélection pendant plusieurs 
siècles ont encore accru l'uniformité des peuplements forestiers et l'utili- 
sation d'un nombre relativement faible d'essences a contribué à la stabilité 
du marché. Des méthodes de régénération ont fait leurs preuves : par exemple 
le maintien sur pied de quelques porte-graines pour l'ensemencement des coupes 
après leur exploitation est accepté par les marchands de bois comme étant la 
partie essentielle de l'aménagement des futaies. 

45. Les forêts du Sud-Est asiatique sont beaucoup plus riches au point de 
vue floristique que les forêts africaines ; les Dipterocarpacées prédominent. 
Pendant de nombreuses années des systèmes de sylviculure et d'aménagement ont 
été conçus, mis en pratique et améliorés (FAO, 1988). La similitude des 
qualités du bois chez les Dipterocarpacées a rendu possible l'extraction de 
50 à 150 mVha en un seul passage en coupe. Grâce à des techniques 
d'exploitation et de sylviculture soigneuses, il en est résulté une 
régénération naturelle satisfaisante dans certains secteurs. Dans d'autres 
au contraire une certaine dégradation des forêts s'en est suivie. 

46. Les forêts tropicales humides africaines sont beaucoup moins riches en 
essences coramercialisables. Bien que certaines d'entre elles, principalement 
des Méliacées, aient conquis une bonne réputation sur le marché international 
du bois, elles ne sont présentes dans les forêts que de façon disséminée ; 
elles sont surpassées en nombre par une quantité d'essences secondaires 
n'intéressant que le marché local ou la transformation en bois de chauffage. 
La grande variabilité des qualités du bois rend difficile le groupement des 
espèces en un petit nombre de catégories dont les usages pourraient être 
définis comme cela a été fait pour les Dipterocarpacées. En conséquence les 
bonnes essences furent exploitées et exportées de façon distincte car, pendant 
la première moitié de ce siècle, la demande ne portait que sur un petit nombre 
d'entre elles. En Côte d'Ivoire, Khaya ivorensis fut la seule essence exportée 
de 1905 jusqu'aux années 1920 ; au Gabon ce fut l'Okoumé, ( Aucoumea klaineana ) 
et au Congo Terminal ia superba jusqu'aux années 1950. En raison de la rareté 
des essences coramercialisables, le volume exploitable était de l'ordre de 5 
à 35 mVha (Catinot, 1986 ; Lowe, 1984). La modicité de l'intensité de l'ex- 
ploitation s'est traduite par une ouverture insuffisante du couvert pour 
permettre aux jeunes tiges de profiter d'une lumière convenable pour assurer 
leur croissance: or les essences coramercialisables sont généralement des 
essences de lumière. 



15 



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16 

47. Bien que le contraste entre les forêts tropicales humides africaines et 
les autres types de forêts soit généralement bien admis , il ne doit pas 
masquer les grandes variations existantes à 1* intérieur de forêts, variations 
qui affectent en détail leur aménagement. On ne connaît pas assez 
l*autécologie des diverses espèces ni la synécologie des divers types de 
forêts et ce défaut de connaissance rend délicate toute distinction entre les 
diverses associations. Malgré tout deux sortes de généralisation peuvent être 
faites. En premier lieu les forêts semi-décidues seraient quelque peu plus 
riches en essences conmercialisables que les forêts sempervirentes ; c'est 
ce que montre une comparaison faite par Catinot (1986) entre trois types de 
forêts de Côte d'Ivoire et présentée dans le tableau n* 3. (La forêt d'Irobo 
est sempervirente ; celle de La Téné, située à 200 Km au nord-ouest d'Irobo, 
est semi-décidue ; celle de Mopri, située à 50 Km au nord-ouest d'Irobo, est 
une forêt de transition vers la savane). En second lieu, k l'intérieur d'une 
région donnée, le climax forestier serait floristiquement plus pauvre que les 
stades arborés transitoires de la série de végétation et les espèces 
climaciques seraient moins intéressantes du point de vue de leur utilisation 
industrielle. Par exemple dans la forêt de Budongo en Ouganda, l'espèce 
principale du climax forestier, Cynometra alexandri , est beaucoup moins 
intéressante si on la compare aux espèces caractéristiques des forêts secon- 
daires où dominent les Meliacées, Moracées et Sapotacées. 

2.2.2. Autres ressources et contraintes diverses 

48. Les forêts ne sont pas constituées uniquement d'arbres et ne produisent 
pas que du bois. Les' communautés locales utilisent les forêts de multiples 
façons et y récoltent des produits médicinaux, des aliments d'origine 
végétale ou animale, des matériaux de construction, des substances diverses 
comme des tanins, etc. Les plus importants profits procurés par les forêts, 
autres que les bois et autres produits, sont : 

(1) la conservation de la flore et de la faune ; 

(2) la protection des sols ; 

(3) la protection des ressources en eau. 

Ces produits et ces profits sont sous l'étroite dépendance du bon 
fonctionnement des écosystèmes forestiers. L'aménagement forestier peut le 
modifier et l'orienter mais en restant toujours dans certaines limites. 
Lorsque la nature exacte de ces limites est mal connue, il convient de mettre 
en place des expérimentations qui doivent être suivies avec le maximum 
d'attention et de soins. 

49. La flore forestière procure des fruits comestibles, des produits 
médicinaux, et toutes sortes d'autres biens qui peuvent avoir localement une 
grande importance. Il convient donc que l'aménagement en vue de la production 
du bois fasse une place suffisante à celle des autres produits utiles aux 
communautés locales. 

50. La protection et la conservation de la faune sont très importantes en 
Afrique. La faune sauvage des plaines de l'Afrique orientale connaît une 
renommée mondiale. Les forêts de la plupart des pays figurant au tableau n* 1 
abritent une faune sauvage importante. Il importe qu'elle soit préservée 
non seulement pour des raisons écologiques mais aussi parce qu'elle représente 
une valeur nutritive non négligeable pour les populations locales. 



17 

De plus même les régions à forte densité de population où les grands 
mammifères ^ sauvages sont relativement rares, la consommation des petits 
animaux vivant en forêt constitue une source de protéines animales 
intéressante. 

51. On considère aujourd'hui comme très importante la conservation de la 
flore et de la faune indigènes. Mais l'incertitude règne toujours sur 
l'importance de la surface nécessaire pour assurer la protection d'espèces ou 
de groupes d'espèces ; les besoins sont en effet différents pour des animaux 
migrateurs ou pour des espèces végétales, principalement pour celles dont 
l'aire est réduite ou discontinue. Dans un ouvrage de l 'UNESCO (1978) intitulé 
"Tropical Forest Ecosystems", il est précisé : "Nous savons que les forêts 
naturelles protégées contribuent à la protection des ensembles génétiques et 
des écosystèmes représentatifs à des fins de recherches ainsi qu'à la 
stabilité des sols, entretiennent les potentialités hydrologiques, procurent 
des possibilités de récréation et de tourisme, et enfin assurent la sauvegarde 
des ressources paysagères. Néanmoins, des recherches fondamentales et 
appliquées sont encore nécessaires avant que la signification réelle de ces 
derniers objectifs puisse être correctement appréciée". On ignore en effet 
dans quelle mesure les divers systèmes d'aménagement peuvent affecter les 
patrimoines génétiques et les populations naturelles. On sait que des 
techniques peuvent être mises en oeuvre pour aménager les ressources 
génétiques au même titres que les autres ressources et que les forêts non 
aménagées en vue du maintien de leur productivité courrent le risque d'être 
converties à d'autres usages. Des réserves aménagées en vue de la conservation 
des populations naturelles et des ressources génétiques comme objectifs 
principaux ont été créées en Afrique (lUCN, 1987) ; leur protection est 
considérée comme extrêmement importante pour l'avenir écologique et économique 
du continent. 

52. La protection des sols contre l'érosion est d'une nécessité évidente 
dans les forêts montagnardes où la dénivellée est grande et les pentes souvent 
fortes. Elle est essentielle pour les sols d'origine volcanique comme au Mont 
Méru en Tanzanie ; ces sols ont en effet une faible capacité d'absorption de 
l'eau sous les horizons superficiels lorsque ces derniers sont saturés ; leur 
structure est détruite lorsqu'ils sont secs, ils deviennent alors poudreux ; 
ils sont donc très vulnérables et exposés au ravinement lors des premières 
averses au début d'hivernage. Des remarques similaires peuvent être faites sur 
les sols kaoliniques dont la faible capacité d'échange et la fragilité de leur 
structure augmentent la tendance au lessivage sous climet équatorial. Même 
dans les régions soumises à des périodes de sécheresse, de tels sols sont 
exposés à la dégradation lorsqu'ils sont défrichés en raison du caractères 
irréversible des modifications subies par les hydroxides de fer qui peuvent 
alors précipiter en cimentant les granulats formés par la roche mère, et créer 
ainsi un obstacle au drainage naturel des sols. 

53. De nombreuses forêts tropicales occupent les bassins versants ; de ce 
fait leur rôle est extrêmement important, et le deviendra de plus en plus pour 
protéger les ressources en eau dont bénéficient les populations pour la 
satisfaction de leurs besoins domestiques et industriels. 



18 
2.3. Facteurs sociaux 

2.3.1. Facteur politiques 

54. Dans certaines des régions occupées par des forêts tropicales humides , 
des royaumes indépendants s'étaient déjà développés bien avant que la culture 
européenne n*ait été introduite. Ainsi en Ouganda, les Royaumes Bouganda, 
Koki, Ankole et Bounyoro ont une histoire remontant à plusieurs générations, 
tandis qu'en Afrique occidentale, les Royaumes Yoruba, Béni et Ashanti sont 
encore plus anciens. 

55. Plusieurs de ces peuples possédaient en commun la tradition de la 
fabrication de pirogues et de leur utilisation comme moyen de transport sur 
les lacs, les rivières et les lagunes. A cette époque les activités d'échange 
prédominaient et concernaient l'huile de palme, le bois, certains métaux. 
Plus tard, à la suite de l'installation des régimes coloniaux, le commerce 
évolua de plus en plus vers des cultures de rente comme le cacao et le café 
en Afrique occidentale, ou le coton et le thé en Afrique orientale. Des 
investissements importants furent alors consentis pour améliorer les moyens 
de communication, principalement les voies ferrées, et créer des industries; 
ces travaux débutèrent à la fin du XIX* siècle et se poursuivirent pendant 
la première décennie du XX*. La situation fut cependant différente au Libéria 
dont la capitale Monrovia fut fondée en 1821, cet état ayant été créé pour 
accueillir les anciens esclaves de retour vers la mère patrie. 

56. La plupart des états africains possédant des forêts tropicales humides 
ont accédé à l'indépendance à la fin des années cinquante ou au début des 
années soixante. Depuis lors certains d'entre eux ont bénéficié de progrès 
significatifs dans les domaines de l'éducation et de l'économie, tandis que 
d'autres ont souffert ou souffrent encore des effets néfastes de la violence 
et de l'instabilité. L'examen de cette situation politique extrêmement 
complexe n'entre pas dans le cadre de cette étude. Il faut cependant souligner 
que l'augmentation de la population entraine toujours un accroissement 
corrélatif de la demande pour des produits forestiers et des biens de toute 
nature . 

2.3.2 Facteurs réglementaires 

57. Les politiques et les lois forestières de l'Afrique coloniale étaient 
fondées sur l'expérience acquise en Europe. Dans l'Afrique francophone elles 
dérivaient directement des législations française ou belge et s'inspiraient 
de la longue expérience de la foresterie tempérée acquise dans ces deux pays. 

58. Dans les colonies anglaises, les premiers administrateurs suivirent le 
modèle adopté en Inde sous l'influence de plusieurs forestiers allemands en 
service dans cette région au XIX* siècle, modèle qui consistait en la mise en 
réserve des forêts et des zones boisées. A cette époque les forestiers étaient 
principalement concernés par la création d'un domaine forestier permanent doté 
d'un statut légal et dont les limites et l'utilisation ne pouvaient 
être modifiées que par l'autorité suprême. Les origines de cette conception 
remontent aussi loin que l'Europe féodale. Les politiques forestières fondées 
sur ce concept furent décidées par les gouvernements ; des ordonnances 
forestières furent votées par les corps législatifs ; les réglementations 
forestières furent adoptées. 



19 

59. Les politiques et les réglementations forestières actuelles de 1* Ouganda 
et du Nigeria constituent des exemples typiques de l*infuence des traditions 
de l'Afrique coloniale britannique (cf. Etudes de cas n*1 et 2). 

60. Ces politiques forestières traduisent des préoccupations communes dans 
les trois domaines suivants : 

(1) besoins des populations actuelles et futures ; 

(2) affectation de terres pour les cultures ; 

(3) avantages écologiques retirés du maintien d'un couvert 
forestier. 

En revanche elles pèchent par défaut de prise en considération des effets 
des modifications des conditions de l'aménagement par insuffisance 
d'intégration de la politique forestière dans le cadre d'une politique plus 
générale de développement dans des secteurs comme l'agriculture, l'urbani- 
sation, etc. Cette faiblesse a été clairement reconnue à la fois par Karani 
(1985) et par Kio (1985). 

61. Aucun des énoncés de politique qui ont été examinés n'envisage de façon 
réaliste les interactions possibles avec l'accroissement de la population, 
l'urbanisation, ou des besoins variés de production. 

62. De la même façon en Afrique francophone, les forestiers ont manifesté 
leur volonté de contrôler et de diminuer le rythme de destruction des forêts 
par l'homme pour conserver un espace forestier suffisant pour les besoins des 
futures générations (Catinot, 1986). C'est ainsi que la Première 
Conférence Forestière Inter-africaine tenue à Abidjan en 1951 a insisté sur 
la nécessité impérieuse de constituer et d'aménager un domaine forestier 
permanent, "Domaine classé", totalement protégé de tout défrichement mais dans 
lequel certains droits d'usage pourraient être exercés par les populations 
locales sous réserve d'un contrôle attentif. Des permis d'exploitation de 
certaines essences pourraient y être délivrés mais le défrichement demeu- 
rerait interdit. 

63. La formulation d'une politique forestière cohérente et efficace est 
difficile. Les conditions minimales devraient être les suivantes : 

(1) vérifier que la surface totale et la répartition dans l'espace 
du domaine classé convient aux besoins de la Nation ; 

(2) vérifier que la loi est applicable ; 

(3) vérifier que les populations locales sont d'accord sur 
l'intérêt du maintien à l'état de forêt d'une partie du 
territoire ; 

(4) définir les priorités concernant l'utilisation et la 
transformation du bois pour la satisfaction des besoins 
domestiques et des exportations ; 

(5) tenir compte des changements éventuels de la demande et de la 
conjoncture dans le futur. 



20 

64. Bien que la superficie du domaine classé soit rarement aussi grande que 
le souhaiteraient les forestiers, elle couvre déjà une part substantielle du 
territoire de certains pays. Ainsi au Nigeria, celle-ci avait été programmée 
à la hauteur de 25 Z, mais elle a été réduite en pratique à 10 Z (Love, 1984). 
Dans l'ensemble la répartition est convenable, avec une préférence donnée à 
la protection des bassins versants et des fortes pentes. Le respect de la loi 
a varié dans une large mesure en fonction des diversités ethniques et de la 
pression sur les terres, de l'attitude des autorités, de l'énergie du service 
forestier, et enfin de l'accessibilité des forêts. Dans certains secteurs, 
l'entretien régulier des limites et des bornes, des patrouilles fréquentes et 
la poursuite effective de délits forestiers ont eu un effet très positif sur 
la conservation des forêts. Dans certains cas des plantations ont été faites 
près des limites montrant ainsi que les forêts étaient activement aménagées. 
Mais dans de nombreux secteurs la capacité de maintenir le couvert forestier 
dans les forêts réservées a été réduite au minimum. Catinot (1986) a noté que 
la Côte d'ivoire a ainsi perdu près de 85 Z de ses réserves de forêts 
tropicales humides et que toutes les forêts du Domaine dlassé sont menacées. 

65. L'aspect le plus négligé par les administrations coloniales fut la 
recherche de l'assentiment des populations concernées en vue de la 
conservation des forêts. La forêt classée, malgré son intérêt indubitable pour 
la nation et son devenir, fut perçue au niveau local comme une contrainte. Il 
faut souligner que le classement d'une forêt était très impopulaire auprès des 
collectivités locales qui considéraient les forestiers en tenue avec dégoût 
et souvent une opposition ouverte. Il en résultat qu'avec l'accès à 
l'indépendance, certaines forêts classées furent immédiatement remises aux 
paysans. Philip (1986 b) reconnaît avec le recul que la constitution d'un 
domaine forestier classé était justifiée mais il faut aussi admettre que bien 
peu de choses furent faites pour gagner la confiance des anciens et la 
compréhension des jeunes. Les rapports sur l'histoire des premiers travaux 
forestiers dans les régions montagneuses du Kenya montrent qu'il était alors 
urgent de protéger la végétation contre les feux ; des mesures draconiennes 
étaient indispensables mais elles se traduisirent par une opposition 
grandissante des populations riveraines des forêts qui n'avaient aucune 
conscience de la gravité des problèmes. En revanche, le problème récent et 
durement ressenti de l'approvisionnement en bois de feu des centres urbains, 
ou des populations rurales des zones semi-arides presque totalement déboisées, 
et beaucoup mieux justifiable d'un accord et d'une participation des premiers 
intéressés. 

2.3.3. Besoins nationaux 

66. Jusqu'à la crise de l'énergie des années soixante dix, bien peu de 
personnes, y compris les forestiers, avaient une connaissance complète de 
l'énorme quantité de bois utilisée en Afrique pour la cuisson des aliments. 
Certains envisageaient le remplacement rapide du bois par le pétrole ou le gaz 
dans les régions les plus arides. Il est évident que cette opinion a dû être 
radicalement modifiée. 

67. Des études réitérées ont permis de proposer un volume de 1 m^ comme 
ordre de grandeur de la consommation annuelle de bois de chauffage par 
personne, moins dans les régions pauvres en bois et plus dans les régions 
correctement boisées. Une telle demande domestique domine aujourd'hui toutes 
les prévisions de consommation nationales. 



21 

68. A l'origine ces prévisions concernaient beaucoup plus des besoins en 
bois transformés comme : 

(1) des sciages ; 

(2) des placages et des contreplaqués ; 

(3) des panneaux de particules ; 

(4) du bois de trituration et du papier. 

Dans la plupart des états côtiers l'évolution de la transformation 
du bois a suivi des voies similaires tandis que les états situés à l'intérieur 
exportaient moins de grumes et développaient une certaine industrie de 
transformation. 

69. D'une façon générale, on est passé progressivement de l'utilisation de 
l'herminette pour creuser des pirogues ou fabriquer des équarris, au sciage 
à la scie circulaire mue à la vapeur puis, après la deuxième guerre mondiale, 
au sciage à la scie à ruban électrique. Un grand nombre d'états maintinrent 
un bon niveau d'exportation de grumes jusqu'à la fin des années soixante ; 
certains états ont persisté dans ce type de commerce du bois jusqu'à nos 
jours. 

70. Ces derniers investissements pour l'équipement des scieries ont été 
complétés par une certaine intrégration dans les domaines suivants : 
construction, production de placages et de contreplaqués, fabrication de 
parquets, ameublement, et, en Afrique orientale, fabrication de caisses pour 
l'exportation du thé. De tels investissements ont été stimulés par les 
gouvernements pour les raisons suivantes : 

(1) diminution des importations de produits manufacturés et 
économie de devises ; 

(2) gain de devises et augmentation de la valeur ajoutée par le 
transformation sur place d'une matière première autrefois 
exportée ; 

(3) moyen de promotion du développement national et augmentation 
du revenu national grâce à l'industrialisation. 

De nombreux pays ont cependant éprouvé des difficultés considérables, 
au cours des dernières années, pour entretenir le capital, maintenir le niveau 
des investissements, assurer l'efficacité des industries grâce à l'entretien 
d'un stock adéquat de pièces détachées, et enfin adopter des techniques 
modernes . 

71. Selon Neil (1981) l'aménagement des forêts tropicales africaines pose 
des problèmes originaux en raison des interactions considérables résultant de 
l'obligation de procurer une nourriture suffisante aux populations vivant en 
bordure des forêts et au voisinage des savanes. En Afrique 
orientale, favorisée par de magnifiques ressources faunis tiques qui sont à 
la base d'une industrie du tourisme florissante, la production du bois peut 
être concurrencée par celle de biens immatériels, comme le sont le tourisme 
et la récréation. 



22 
2. 3. 4. Besoins locaux 

72. Les besoins locaux les plus importants sont : 

(1) de la terre pour y pratiquer des cultures vivrières et aussi 
des cultures de rente ; 

(2) du bois de chauffage, du bois rond pour la construction et du 
petit sciage ; 

(3) des produits traditionnels, soit alimentaires, soit médicinaux, 
soit artisanaux ; 

(4) des éléments divers d'ordre culturel. 

Karani (1985) attribue l'échec de la politique forestière dans le domaine de 
la satisfaction des besoins nationaux de l'Ouganda au défaut d'une 
planification nationale efficace de l'utilisation des terres. 
Malheureusement, les pays africains partagent la même difficulté limitant 
toute possibilité de planification : c'est le rapide taux d'augmentation de la 
population. Les différences existant dans ce domaine entre les divers pays 
sont exposées par le tableau n* 1 (page 5) ; dans ces régions à forte densité 
de population les hommes ne disposent d'aucune autre alternative au 
défrichement de nouvelles terres. Les communautés locales considèrent les 
forêts, non pas comme un réservoir de produits ligneux pour les générations 
futures, mais comme une réserve de terres pour y produire des vivres ou y 
pratiquer des cultures de rente. 

73. Il est donc urgent d'aménager l'espace rural en vue de l'optimalisation 
de la production de nourriture, de bois et d'autres produits utiles, tout en 
assurant la conservation des ressources naturelles. Toutefois aucune 
planification n'a été ou ne peut être mise en oeuvre sans l'approbation des 
populations rurales. Ceci requiert une utilisation harmonieuse des techniques 
agro-sylvicoles dans certaines régions et une programmation du développement 
rural conçue de telle façon que les communications s'établissent dans les deux 
sens entre les utilisateurs et les planificateurs. La création de ce type (le 
structure institutionnelle suppose un engagement politique, du temps et un 
financement substantiel. Enfin aucune solution convenable ne peut être 
imaginée qui n'inclurait pas une forme de planning familial ; un modèle 
efficace adapté aux conditions de l'Afrique doit être trouvé. 

2.3.5. Interactions avec l'agriculture 

74. Selon Karani (1985), la majeure partie de l'agriculture de subsistance 
pratiquée dans les régions humides de l'Ouganda au début de ce siècle était 
une forme d' agro-sylviculture. Les exploitations étaient de faible taille et 
les arbres utiles étaient protégés ou même cultivés. La même remarque peut 
être faite pour l'Afrique occidentale. Des arbres fruitiers, des palmiers à 
huile, des arbres à écorce fibreuse, etc., étaient délibérément plantés ; la 
forêt fournissait des aliments (des escargots, des viandes, des fruits, etc.) 
et d'autres produits comme des médicaments, des fibres, du combustible, etc. 

75. L'introduction de certaines cultures de rente, comme celles du 
cacaoyer, du caféier, et jusqu^à un certain point du théier, a renforcé les 
liens entre l'arboriculture et l'agriculture par le biais de l'utilisation de 
certains arbres pour assurer un couvert. 



23 

Cette pratique contraste de façon saisissante avec les habitudes très brutales 
des céréaliculteurs qui cultivent sur brûlis après défrichement des forêts et 
des savanes de l'Afrique occidentale et orientale. 

76. L'influence de l'urbanisation sur l'agriculture est considérable et 
retentit sur la forêt, même indirectement. Les villes dépendent en effet pour 
leur nourriture des surplus dégagés par les agriculteurs. L'explosion de la 
population urbanisée, principalement en Afrique occidentale après la deuxième 
guerre mondiale, s'est traduite par une augmentation de la demande de denrées 
alimentaires qui induisit une révolution dans le monde agricole bien que les 
techniques de production demeurent inchangées. Là où l'urbanisation s'est 
développée dans la zone des forêts tropicales humides, l'augmentation 
corrélative de la pression sur les forêts a entraîné une destruction en masse 
des peuplements forestiers, principalement le long des routes et des pistes 
d'accès. En même temps, les routes ouvertes par les exploitants forestiers 
facilitent aussi l'installation des agriculteurs dans des zones primitivement 
inaccessibles. Dans de nombreuses régions, de larges secteurs boisés ont été 
ainsi totalement défrichés pour être convertis en terrains de culture 
extensive où le maintien de la productivité en maïs ou en riz est d'ores et 
déjà compromis. 

77. Le système traditionnel de culture dans de nombreuses régions d'Afrique 
implique le défrichement de petites parcelles de forêt et le brûlis de tous 
les rémanents. Celles-ci sont cultivées pendant quelques années en fonction 
de la fertilité du sol et de la rapidité d'installation des mauvaises herbes, 
puis elles sont abandonnées. Les parcelles ainsi abandonnées sont 
progressivement recolonisées par une végétation ligneuse où dominent les 
espèces pionnières ; ainsi peut se reconstituer un état boisé au bout d'un 
laps de temps plus ou moins long, en fonction du climat principalement. 
Plusieurs années après les parcelles peuvent de nouveau être soumises à la 
même opération. 

78. Selon certains agronomes et pédologues, cette pratique serait bien 
adaptée aux conditions du milieu tropical à la condition que la densité de la 
population ne soit pas supérieure à un seuil critique de telle sorte que la 
durée de la jachère forestière soit suffisamment longue pour permettre la 
restauration de la richesse du sol en éléments nutritifs (Nye et Greeland, 
1980). Une densité de population excessive se traduit par un raccourcissement 
de la durée de la jachère forestière et une chute du niveau de productivité 
(Kio, 1980). C'est pourquoi ces cultures itinérantes ont eu pour effet la 
destruction de nombreux hectares de forêts tropicales humides au cours de ce 
siècle. Le chiffre de 1,87 millions de km^ donné dans le tableau n* 1 pour la 
superficie totale des forêts tropicales humides des 13 pays africains 
considérés comprend près de 480 000 km^ de friches plus ou moins boisées 
résultant des cultures itinérantes (FAO/UNEP, 1981). On estime à 4 000 km^ la 
surface totale des forêts défrichées chaque année pour des cultures 
itinérantes (UNE?, 1980) 

2-4. Facteurs économiques 

2.4.1. Commerce du bois 

79. La position du commerce du bois des pays de l'Afrique orientale est peu 
importante. Ce sont des importateurs pour la plupart des produits de 
transformation du bois, mais ceci n'a qu'une faible importance sur 
l'aménagement des forêts tropicales humides ; le niveau des exportations 
demeure marginal aussi bien pour les pays d'origine que pour les importateurs. 



24 

Après le début des années soixante » le Kenya a créé 250 000 ha de plantations 
de résineux exotiques dans la zone des forêts de montagnes tandis que 
l^Ouganda a concentré son activité forestière sur la régénération naturelle 
des feuillus, sans pour autant négliger des plantations de résineux de surface 
limitée effectuées dans la partie occidentale, principalement dans la zone des 
prairies (Logan, 1962). 

80. En revanche, tous les pays de la côte de l'Afrique occidentale ont 
participé au commerce international de bois de très grande valeur dès la fin 
du siècle dernier. Au début l'exportation ne concernait que des bois 
d'ébénisterie comme ceux d ' Entandrophragma cylindricum , d'E. utile , de Khaya 
ivorensis , de Chlorophora excelsa , etc. ; la liste s'en est élargie après la 
deuxième guerre mondiale et s'est étendue à des bois de plus faible densité 
comme ceux des Terminalia , de Triplochiton scleroxylon et Nauclea diderrichii 
qui se révélèrent intéressants pour 1 ' ameublement et la fabrication des 
contreplaqués. 

81. A l'origine la grande masse des exportations se faisait sous forme de 
grumes. Vers le milieu des années soixante, le Ghana et le Nigeria ont prohibé 
l'exportation des grumes. Cependant , bien que le Libéria ait décidé de faire 
de la création d'industries de transformation du bois un préalable à l'octroi 
de nouvelles concessions d'exploitation, l'exportation de grumes demeure 
encore un élément important du commerce extérieur de cet état. De la même 
façon, des restrictions à l'exportation de grumes ont été édictées par la Côte 
d'Ivoire, le Congo, le Cameroun, et le Gabon en 1984 dont l'effet a été une 
réduction aux deux tiers des volumes exportés par rapport à celui de la 
décennie précédente' (FAO, 1986). Plus récemment le Nigeria a imposé de 
nouvelles restrictions à l'exportation de bois transformé dans le but de 
préserver les approvisionnements. 

82. Aujourd'hui le Nigeria, et probablement le Ghana, sont devenus des 
importateurs nets de produits à base de bois. Le tableau n* 4 détaille les 
montants en monnaie locale des produits importés par le Nigeria au cours des 
années 1963^80 ; ces chiffres montrent un accroissement important des 
importations dès le fin des années soixante dix. De plus le Nigeria importe 
près de 90 % de ses papiers et cartons (Baykar, 1979). 

2.4.2. Aspect financiers et budgétaires 

83. Dans un ancien énoncé de politique forestière de l'Ouganda, il est fait 
mention du revenu du capital investi. Ceci a été rarement répété par d'autres 
états et peut traduire l'influence précoce de W.E. Hiley qui plus tard en 1950 
devait défendre l'autonomie financière de l'Office des forêts du Kenya. D'une 
façon générale, le budget des forêts était incorporé dans le budget de l'état. 
Pendant la période coloniale les dépenses occasionnées par l'entretien des 
forêts constituaient une part du budget annuel dans laquelle il était rarement 
possible de distinguer les investissements des dépenses de fonctionnement. 

84. Aujourd'hui où les finances de nombreux pays d'Afrique sont soutenues 
par des fonds provenant des aides bilatérales ou multilatérales, les 
subventions ont un caractère beaucoup plus spécifique et distinguent entre les 
investissements et les dépenses courantes. Kio et al. (1985) observent 
notamment : "Dans les pays de d'Afrique occidentale anglophone, les 
affectations budgétaires i .la forêt sont toujours misérables. 



25 

TABI2AU n* 4 

Valeur en milliers de naira des placages, des contreplagués 
et des panneaux de particules importés au Nigeria de 1963 à 1980 



: ANKEES : 


Valeurs 


— — — ^^— .^^^^^-" — ^— • — — — a 

en milliers de naira des : 


Placages : 


Contreplagués : 


Panneaux : 


: 1963 ': 


89 : 


621 : 


121 : 


': 1964 


59 : 


469 : 


191 : 


: 1965 


30 : 


277 : 


279 : 


: 1966 


: 15 : 


55 : 


244 : 


': 1967 


: 15 : 


115 : 


189 : 


: 1968 


: 17 : 


7 : 


13 : 


i 1969 


': 30 'i 


18 


27 : 


: 1970 


: 86 : 


36 


130 : 


: 1971 


': 95 ! 


13 


44 : 


: 1972 


i 10 


49 


91 : 


: 1973 


': 62 


1 119 


': 84 : 


: 1974 


: 82 


: 41 


i 302 : 


: 1975 


': 162 


! 1 246 


i 347 : 


i 1976 


': 333 


': 7 383 


': . 1 096 : 


: 1977 


: 514 


: 13 520 


i 1 845 : 


': 1978 


': 855 


': 11 776 


i 1 081 : 


: 1979 


! 426 


: 5 879 


: - : 


: 1980 


i 1 686 


': 11 764 


; ~ t 



Sources : Nigérian trade summary, Fédéral office of Statistics 



26 

Ceci résulte de la malencontreuse incorporation dans la foresterie dans la 
vaste catégorie représentée par l'agriculture de le cadre de laquelle elle 
ne vient qu'en troisième position après la production agricole et la 
production animale lorsqu'elle n'est pas reléguée au quatrième rang après les 
pêches continentales". Et plus loin : "Il est possible que le plus important 
handicap au développement forestier soit la façon dont les fonds sont 
affectés. Dans de nombreux pays le financement est assuré au coup par coup et 
le plus souvent pour faire face à des besoins spécifiques comme la réalisation 
de plantations et des travaux d'entretien. L'exécution de ces travaux dépend 
des saisons et ne peut être différée sans se traduire par de sérieuses 
distorsions sur le déroulement des programmes. Les conséquences de retards 
dans les financements sont par exemple les suivantes : 

(1) des surfaces importantes sont défrichées et préparées pour une 
mise en place de plants problématique ; 

(2) des stocks de plants produits en pépinière demeurent inutilisés 
faute de financement pour préparer les terrains à planter ; 

(3) de jeunes plantations ne peuvent être désherbées à temps et 
sont ainsi exposées aux risques d'incendie ; 

(4) des forêts naturelles demeurent non aménagées et non protégées 
et ainsi sont exposées aux risques de coupes illégales . 

Il est évident que le budget loué à la forêt n'est qu'une part du 
budget national et il est difficile d'échapper à la contrainte représentée par 
la disponibilité en capitaux. Bien que ceux-ci puissent provenir de l'aide 
internationale, il importe de concevoir les projets de telle sorte qu'ils 
puissent démontrer clairement le bénéfice net pouvant être attendu de 
l'investissement et permettre leur classement par rapport aux diverses 
rubriques du programme national de développement. Ils ne doivent pas être 
considérés indépendamment les uns des autres. 

85. Les aménagistes et les planificateurs forestiers doivent être 
conscients des conséquences des modifications des coûts et des prix. Baykat 
(1979) souligne que les résultats des investissements en vue du développement 
des industries de transformation du bois sont beaucoup plus sensibles aux 
changements dans les prix des produits que dans ceux des coûts. Toutefois 
cette conclusion peut être plus représentative du résultat d'une simulation 
que de la réalité. 



27 



CHAPITRE III 

3. DEVELOPPEMENTS RECENTS CONCERNANT LES PRINCIPAUX ELEMENTS DE L'AMENAGEMENT 
FORESTIER 

3.1. Aspects politiques 

86. Certains gouvernements se sont rendus récemment compte que les forêts 
ne sont pas seulement un don de la nature pouvant être gaspillé à volonté, 
mais aussi une ressource pour l'avenir gui ne peut être développée que par des 
investissements. Dans des pays tels que le Kenya et la Tanzanie où les 
services forestiers furent pendant longtemps considérés comme des auxiliaires , 
principaux ou exclusifs, du trésor public chargés d'encaisser des revenus, un 
revirement s'est fait jour en faveur des investis s sèment s en forêt dont il est 
résulté une modification de la mission des forestiers qui sont devenus 
consommateurs de crédits. Cette tendance a été encouragée par les nouvelles 
possibilités de financements extérieurs consécutives à l'accession à 
l'indépendance. Cependant, la plupart des investissements ont servi au 
financement des plantations, quelquefois effectuées dans les prairies 
montagnardes (Sao Hill en Tanzanie) ou en savane (au Congo) à une certaine 
distance de la zone des forêts tropicales humides ; ailleurs des projets 
massifs de transformation de ces forêts en futaies monospécifiques par 
plantation ont été pris en considération. La part du financement affectée à 
l'aménagement des forêts tropicales humides est demeurée extrêmement modeste 
car il y a encore trop de pays où les hommes politiques persistent à 
considérer ces forêts plus comme des réservoirs de bois d'oeuvre et de terres 
cultivables que comme des ressources renouvelables requérant un aménagement 
dyneunique • 

87. Catinot (1986), tout en attirant l'attention sur les menaces qui pèsent 
sur la survie des forêts tropicales humides, relève quelques facteurs 
d'espoir. Ceux-ci ont jusqu'ici été reconnus par bon nombre de forestiers et 
d'écologistes ; ils sont graduellement pris en considération par les décideurs 
au niveau des gouvernements. Les plus significatifs peuvent être présentés de 
façon résumée comme suit : 

(1) les forêts visiblement soumises à un aménagement efficace sont 
moins exposées aux défrichements ; l'aménagement est par 
lui-même un facteur positif de conservation de la forêt dont 
il renforce l'effet; 

(2) la prise de conscience mondiale des dangers de la disparition 
des forêts humides pour l'environnement et de ses implications 
dans la désertification et l'accroissement des risques de 
famine pour les populations africaines pèse sur les décisions 
gouvernementales et quelque fois peut contribuer à faciliter 
l'aide financière ; 

(3) les exploitants et les industriels réalisent que leur moyen 
d'existence dépend aujourd'hui du renouvellement des ressources 
forestières conditionné par l'aménagement des forêts ; dans le 
même ordre d'idée les économistes gouvernementaux se rendent 
compte que la permanence du revenu retiré des forêts dépend 
de leur renouvellement ; 



28 

(4) la recherche agronomique a révélé des possibilités de 
conception de systèmes agraires plus stables combinant des 
productions agricoles» sylvicoles et animales tout en assurant 
le maintien de la fertilité des sols et en procurant une 
production satisfaisante de produits variés ; des espèces 
fixatrices d'azote pourraient être introduites dans ces 
systèmes et aussi dans les jachères pour rétablir rapidement 
la fertilité des sols ; 

(5) l'affectation, du moins partielle, des revenus et profits 
divers retirés des forêts aux comminautés voisines pourrait 
les encourager à protéger les peuplements forestiers : il 
conviendrait donc que les aménagements prennent en 
considération leurs besoins de façon privilégiée ; 

(6) la recherche forestière est capable d'identifier des espèces 
ou des provenances adaptées aux conditions locales ; celles-ci 
pourraient être plantées par des individus appartenant aux 
communautés locales; 

(7) les inventaires et des cartographies pédologiques pourraient 
conduire à une utilisation plus rationnelle des terres par les 
cultivateurs en fonction de la qualité des sols ; ces 
entreprises auraient des chances d'aboutir d'autant plus 
grandes qu'elles auraient reçu au préalable l'approbation des 
communautés intéressées. 

3,2 Inventaire forestier 

88. Les techniques d'inventaire des forêts tropicales humides ont 
probablement connu, au cours des 30-40 dernières années, beaucoup plus de 
progrès qu'aucune autre technique d'aménagement. Catinot (1986) a décrit de 
la façon suivante certains des principaux progrès accomplis dans ce domaine : 

(1) initialement l'inventaire était limité aux parcelles 
exploitables: la totalité des tiges d'un diamètre supérieur à 
un minimum préfixé appartenant à un petit nombre d'essences 
commercialisables était inventoriée ; 

(2) depuis 1945, les photos aériennes furent utilisées d'abord au 
Gabon, puis au Congo, en République Centrafricaine et en Côte 
d'Ivoire ; elles permettaient de repérer et de cartographier 
les limites des blocs exploitables et aussi d'observer la 
densité d'essenses facilement identifiables comme Aucoumea 
klaineana , Triplochiton scleroxylon , Terminalia superba , etc. 

(3) la totalité des tiges de toutes essences et de toutes tailles 
fut pour la première fois inventoriée à des fins sylvicoles 
en 1947 ; 

(4) un inventaire à faible intensité d'échantillonnage (10 Z) fut 
effectué pour la première fois en 1947-49 au Gabon et en 
République Centrafricaine ; cet inventaire portait sur les 8 
à 10 essence alors commercialisables : 



29 

(5) le premier inventaire portant sur des échantillons choisis au 
hasard selon une technique permettant un traitement statistique 
(calcul de l'intervalle de confiance) fut effectué sur 100 000 
ha au Gabon en 1962 et sur 460 000 ha en République 
Centrafricaine ; cet inventaire portait sur les 8 à 10 essences 
alors commercialisables susceptibles d'atteindre la dimension 
minimale d'exploitabilité dans les dix ans et se proposait de 
fournir un guide aux autorités pour la délivrance des permis 
d'exploitation. 

89. Depuis 1962 des inventaires ont été effectués sur de très vastes 
surfaces de forêts dans les pays francophones (total supérieur à 400 000 ha) 
ainsi que le montre le tableau n* 5. Catinot (1986) précise que plus de la 
moitié de ces inventaires datent de plus de 15 ans. Leurs résultats sont 
aujourd'hui partiellement périmés en raison de l'accroissement naturel des 
peuplements et surtout de l'interférence des exploitations et des 
défrichements à usage agricole. 



TABLEAU n* 5 

Inventaires forestiers réalisés dans 
six états francophones africains 



Pays 
concernés 


: Surfaces 
: inventoriées 
: (ha) 


: Observations : 
(intensités d'échantillonnage) : 


Cameroun 


: 9 950 000 


: intensité : 9/10 à deux degrés : 
: 100 000 ha pour la pâte à papier: 


Congo 


3 500 000 


intensité : 5/10 à deux degrés : 
intensité : 5/10 à un degré : 


Côte d'Ivoire 


15 000 000 


intensité : 7/10 à deux degrés : 
100 000 ha pour la pâte à papier: 


Gabon 


6 100 000 


intensité : 7/10 à deux degrés : 
: 100 000 ha pour la pâte à papier: 


Rép. Centrafricaine i 


1 550 000 


intensité : 10/10 à un degré : 


Zaïre 


5 500 000 


apparamment sondés à un degré : 

intensité moyenne voisine de 7/10: 

(sondés à deux degrés) : 

300 000 ha pour pâte à papier : 


Total 


41 600 000 



90. Les inventaires des forêts des pays anglophones ont suivi des voies 
similaires. Les premiers essais, cités par Dawkins (1952), en Ouganda ont 
permis d'affiner une méthode peu coûteuse d'échantillonnage à faible intensité 
le long des transects pris au hasard. La même méthode a été étendue des forêts 
denses aux forêts claires, par exemple en Tanzanie où trois intensités 
d'échantillonage ont été adaptées i trois classes de volumes sur pied en 
ajustant la taille ou l'espacement des placettes échantillons (Parry, 1966). 



30 

La première utilisation des photos aériennes dans le cadre d'inventaires 
forestiers remonte à 1948 au Nigeria ; l'inventaire le plus élaboré des forêts 
tropicales humides nigérianes remonte à 1973-77 et concernait 13 300 Km' de 
réserves forestières. 

91 • Il y a encore beaucoup à faire avant de parvenir à un accord sur les 
types d'inventaires nécessaires pour répondre aux besoins de l'aménagement 
forestier, chaque type fournissant des informations de différentes natures 
avec des niveaux de précision différents (Catinot, 1986 ; Philip, 1986 b). 
Toutes indications utiles sur ce sujet sont données par la FAQ (1981 a). Les 
principales étapes sont résumées ci-après : 

(1) les inventaires des ressoures forestières nationales requièrent 
des modèles individualisés en fonction du type d'information 
nécessaire pour la formulation de la politique forestière ou de 
sa révision au niveau national ou au niveau provincial. La 
télédétection peu jouer un grand rôle à ce stade ; des 
techniques permettant la résolution d'objets de 10 à 40 m de 
diamètre fournissent d'excellents moyens de distinction des 
forêts entre des types différents et aussi une aide efficace 
à leur cartographie qui autrement représente une part 
importante du temps consommé par les opérations d'inventaire; 
la théorie des "variables générales" et des "variables 
régionales" offre aussi des possibilités d'amélioration de 
l'efficacité statistique des inventaires mais, pour le moment, 
elle n'a pas dépassé le stade de la simulation expérimentale 
(Catinot, 1986) ; 

(2) la détermination des ressources de bois exploitables sur des 
blocs de 2 500 à près de 20 000 ha nécessite des inventaires 
avec des précisions variables selon l'objectif visé : une 
intensité d'échantillonnage de 5 à 6 % est suffisante pour 
l'aménagiste si une estimation des effectifs à plus ou moins 
15 Z près portant sur deux à trois groupes d'espèces lui est 
suffisante. Un échantillonnage à 10 % est en revanche requis 
par l'exploitant pour lui permettre de disposer d'informations 
plus précises sur les volumes exploitables ; 

(3) à court terme, c'est-à-dire au niveau de la coupe à 
entreprendre au cours d'une année donnée, l'exploitant a besoin 
d'un inventaire précis pour lui permettre de planifier les 
opérations d'exploitation et de vidange de la coupe ; 
habituellement l'inventaire porte sur la totalité des arbres 
exploitables ; 

(4) un sondage statistique, effectué au moyen du comptage de 
transects parallèles et équidistants de 500 à 1 000 m avec un 
taux d'échantillonnage de 2 à 4 %, doit donner des résultats 
avec une erreur n'excédant pas 15 à 20 % pour les 15 à 20 
essences intéressantes ; l'intérêt de cet inventaire est de 
donner une idée du volume des tiges appartenant aux essences 
intéressantes mais ayant une taille inférieure à la dimension 
d'exploitabilité pour décider des travaux à entreprendre à leur 
profit ; ceci peut être réalisé à n'importe quel moment avant 
ou après la coupe principale : il est cependant préférable de 
l'entreprendre après la coupe car il ne prend alors en compte 
que les tiges indemnes de tout dommage du fait de 
l'exploitation. 



31 

92. V^^î ^^^ problèmes majeurs de l'exploitant est de convertir en voltime 
conmercialisable le nombre de tiges classées en fonction des diamètres donné 
par l'inventaire. Cette conversion n'est pas facilitée par la présence des 
contreforts mais cette difficulté est mineure par rapport à celle qui consiste 
à calculer le volume net susceptible d'être exploité à des fins commerciales. 
Des ouvrages modernes peuvent faciliter ce calcul (FAO, 1980 ; Philip, 1983). 
Les facteurs qui peuvent contribuer à la diminution de ce volume sont 
nombreux: difficultés locales de topographie et d'accessibilité, défauts, 
fluctuations du commerce local, etc. Le Centre technique forestier tropical 
(français) a conçu une méthode permettant d'effectuer cette conversion et de 
calculer le volume comercialisable ; celle-ci est basée sur une évaluation 
quantitative de la proportion du volxime exploitable dans chaque classe de 
diamètre effectuée à l'occasion de l'inventaire lui-même : cette estimation 
est ensuite éventuellement ajustée en fonction des résultats de l'exploitation 
au moment de la coupe. On peut rapprocher de cette méthode le "Indicative High 
Forest Inventory" utilisé au Nigeria où les estimations des volumes sont 
faites en fonction des six groupes d'espèces réparties selon leurs 
caractéristiques technologiques et cinq classes de qualité des grumes (Kio 
et al . , 1985). Mais une difficulté subsiste car le facteur de conversion 
change en relation avec les modifications du marché local et il s'agit là du 
plus grand des obstacles auxquels se heurtent les responsables des inventaires 
forestiers. 

93. Tout ce qui a été écrit dans les alinéas précédents concerne des 
informations de caractère statique. Un consensus est presque acquis sur le 
nécessité de donner aux inventaires un contenu dynamique, en prévoyant la 
mensuration périodiquement renouvelée d'arbres clairement repérés afin de 
pouvoir avoir une idée de leur accroissement. Ainsi au Nigeria, plus de 50 
placettes permanentes ont été installées dans les forêts tropicales humides. 
Il est évident que ces placettes doivent être représentatives des forêts et 
qu'elles ne doivent pas bénéficier d'un traitement particulier. Le prélèvement 
d'échantillons du sol et leur analyse sont conseillés afin de suivre leur 
évolution soit dans le cadre de l'aménagement des forêts tropicales humides 
soit à la suite de leur transformation en plantation (Kio et al., 1985). 

3.3. Sylviculture 

3.3.1. Généralités 

94. Au cours de la dernière moitié de ce siècle, la sylviculture des forêts 
tropicales humides a progressé avec de nombreux à coups et cette constatation 
contraste avec le progrès soutenu et le consensus établi dans le domaine des 
inventaires. Les techniques ont beaucoup varié d'un pays à l'autre et même à 
l'intérieur d'un même pays ; les opinions elles-mêmes ont balancé entre les 
avantages et les inconvénients relatifs des Méthodes de régénération naturelle 
et artificielle ou entre les systèmes d'exploitation. Cette situation est la 
conséquence de la complexité de la nature des forêts et de leur diversité 
aussi bien dans l'espace que dans le temps, de l'ignorance des forestiers sur 
leurs exigences sylvicoles, et aussi de la préférence faite aux conditions de 
leur exploitation sur les considérations purement sylvicoles. 

95. L'histoire de la sylviculture des forêts tropicales humides de 
l'Afrique francophone a été résumée par Catinot (1986). De nombreux facteurs 
ont conduit les forestiers à privilégier la régénération artificielle comme 
la complexité des écosystèmes naturels, la pauvreté du nombre des 
porte-graines des essences principales dont la plupart ont été exploités à des 
fins commerciales, ainsi que l'absence de régénération naturelle suffisante. 



32 

A l'origine les exploitants étaient souvent tenus de planter 3 i 10 plants de 
la mfinie espèce pour chaque arbre exploité ; cette technique conduisit 
rapidement i 1* échec et fut abandonnée ; aucune autre technique éprouvée ne 
fut mise en oeuvre ; Iç contrôle de ces opérations disséminées sur des 
milliers d'hectares était pratiquement impossible. 

96. C'est pourquoi les services forestiers entreprirent de réaliser par 
eux-mêmes des plantations, en Côte d'Ivoire dès 1930, au Cameroun, au Gabon 
et au Zaire dès 1935. En fin de compte, des surfaces importantes furents 
plantées, 13 000 ha en Côte d'Ivoire de 1932 à 1950, 3 000 ha d'Okoumé par an 
au Gabon, 500 ha de Limba par an au Congo et 10 000 ha au Zaire en 1950. Dans 
le même temps des essais de traitement sous forme d'éclaircies des forêts 
naturelles furent entrepris ; il s'agissait des méthodes suivantes : 
"Uniformisation par le haut", "Normalisation", et "Amélioration des peulements 
d'Okoumé". 

97. Après la dernière guerre mondiale, les méthodes de régénération 
naturelle connurent un regain de faveur. Toutefois celles-ci donnèrent le plus 
souvent de médiocres résultats, notamment la "Méthode des layons", en raison 
de la limiière parvenant au sol après avoir franchi un couvert à peine 
entrouvert et atteignant une intensité insuffisante pour permettre une 
croissance convenable du recrû. Une conception erronée des besoins en liimière 
des espèces des forêts tropicales humides considérées comme des essences 
d'ombre ou de demi-lumière avait conduit à de telles techniques. On estimait 
alors aussi que le coût des plantations denses après défrichement des forêts 
tropicales humides était excessif alors que les premiers comptes rendus des 
résultats obtenus grâce à la méthode des coupes progressives étaient plutôt 
enthousiasmants . 

98. Les techniques de régénération naturelle devaient prévaloir de 1950 à 
1960 en Côte d'Ivoire, et à partir de 1947 au Cameroun dans certaines régions. 
Mais au début des années soixante, les résultats de ces techniques furent 
jugés comme plutôt décevants et ainsi le pendule repartit en direction des 
plantation artificielles. 

99. Les plantations furent pratiquement le seul moyen utilisé de 1960 à 
1980 pour régénérer les forêts tropicales humides dans les pays africains 
francophones. Les techniques étaient alors caractérisées par une progression 
dans l'intensité de l'ouverture du couvert allant jusqu'à sa totale 
suppression conme cela se pratique encore en Côte d'Ivoire. Dans le même temps 
on assistait à une mécanisation de plus en plus poussée des travaux de 
défrichement et d'entretien tandis que le recours à des essences à croissance 
rapide, telles que les pins ou les eucalyptus pour la production de bois de 
trituration, tendait à se généraliser après une étape expérimentale, par 
exemple dans les savanes de Pointe Noire au Congo. Parmi les essences de bois 
d'oeuvre, les principales étaient le Teck et les Cedrela en Côte d'Ivoire, 
l'Okoumé au Gabon, Terminalia superba en Côte d'Ivoire et au Congo et 
Triplochiton scleroxylon en Côte d'Ivoire. 

100. Dès 1977 des essais furent entrepris sur une grande échelle en Côte 
d'Ivoire pour dévitaliser les essences secondaires au moyen de phytocides dans 
les forêts déjà parcourues en' exploitation des essences commercialisables (cf. 
Etude de cas n* 3). Les premiers résultats très prometteurs suscitèrent de 
nouveau un regain d'intérêt pour la régénération naturelle pour le traitement 
des forêts tropicales humides, principalement de celles déjà exploitées 
quelques années auparavant. 



33 



Catinot (1986) observe que, grâce à ces nouvelles techniques d'ouverture du 
couvert, certaines des anciennes méthodes de régénération qui avaient échoué 
en raison du défaut d'éclairement au niveau du sol pourraient être de nouveau 
réintroduites avec quelques chances de succès ; il s'agit par exemple de la 
"Méthode des placeaux" ou de la "Méthode des layons". 

101. Un certains nombre de vieilles plantations ont aujourd'hui de 35 i 50 
ans et permettent de juger des rendements qu'on peut en attendre (cf. tableaux 
n* 6 et n* 7 ) . On peut en conclure qu'avec les meilleures essences africai- 
nés, en bonne situation, une productivité de 8 m^/ha/an peut être obtenue à 
l'âge de 30-45 ans. Toutefois, avec un coût de plantation voisin de 1 000 à 
2 000 US$/ha, la rentabilité est douteuse surtout si les produits d'éclaircies 
ne peuvent être vendus ; en revanche avec un coût voisin de 200 à 250 US$/ha 
pour la dévitalisation et l'amélioration dont il résulterait un accroissement 
voisin de 3 à 3,5 m^/ha/an au cours des années suivant le traitement, les 
méthodes de régénération paraîtraient plus intéressantes ; encore faudrait-il 
s'assurer que l'accroissement constaté pourrait être maintenu pendant toute 
la durée de la révolution sans nouveaux traitements. 



TABLEAD fP 6 

Productivité des espèces africaines en plantations artificielles 



Caractéristiques 
des 
peuplements 




Espèces 






Aucoumea 
klaineana 


Nauclea 
diderichii ! 


Terminalia 
ivorensis 


Terminalia : 
superba : 


densité finale 
(tiges/ha) 


120 


80 


70 


! 75 : 


âge (ans) 


4A 


48 


34 


36 : 


surface terrière 
(mVha) 


: 34 


: 22,5 


20 


i 21 : 


volume sur pied 
(mVha) : 


350 


: 270 


250 


250 : 


productivité 
(mVha/an) 

— — — — T» — — — — — — — — — — — —• — - 


8 


5,8 


7,5 


■ 7,5 i 



102. Les superficies totales plantées dans les pays francophones, africains 
sont précisées dans le tableau n* 8 . Même si celles-ci ne sont pas réussies 
à 100 Z, le volume sur pied représente déjà une quantité non négligeable. 

103. Selon Philip (1986a), des attitudes similaires peuvent être relevées 
dans les pays anglophones africains sur les mérites respectifs de la 
régénération naturelle et des plantations. Les premiers rapports concernant 
la sylviculture des forêts tropicales humides décrivent des techniques de 
plantation et leurs résultats. 



34 

XâBUâD n" 7 

Planification des travaux de plantation de 
Terminalia superba et d' Aucoumea klaineana 



Opérations 


Espèces : 




Terminalia 


• 
Aucoumea : 


Mise en place 

. densité de plantation 

(plants/ha) 
. espacement (m x m) 


625 à 950 
: 4 X 4 ou 3,5 x 3 


950 : 
! 4 X 3 ou 3.5 X 3 : 


Nettoiement : 
. âge (ans) 
. densité (tiges/ha) 
• diamètre moyen (cm) 


3 à 4 
: 310 
: 10 


4 à 5 i 

350 : 

: 7 : 


Eclaircies : 

. Première éclaircie : 
âge (ans) 

densité (tiges/ha) 
diamètre moyen (cm) 

. Deuxième éclaircie : 
âge (ans) 

densité (tiges/ha) 
diamètre moyen (cm) 

. troisième éclaircie : 
âge (ans) 

densité (tiges/ha) 
diamètre moyen (cm) 


i 7 à 8 

220 
: 17 

\ 12 

150 

25 

17 î 

85 

32 


8 à 10 : 

200 : 

: 15 : 

15 à 17 : 

150 : 

26 : 


Coupe finale : 
. âge (ans) 
. nombre de tiges/ha 

• diamètre moyen 

• surface terrière (m^/ha): 
. volume exploité (m^/ha) : 


34 à 45 

70 

60 

20 

220 : 


40 à 50 : 

100 : 

60 : 

28 : 

300 : 



Au Nigeria en 1906 les premiers règlements d'exploitation donnaient le choix 
entre la replantation d'un certain nombre de plants pour remplacer les arbres 
qui avaient été exploités et la protection de la régénération naturelle au 
moyen des coupes d'amélioration (dégagement de semis, eclaircies, etc.)- Cette 
tentative pour impliquer les exploitants dans des opérations de sylviculture 
se solda par un échec tout comme dans les pay francophones. Karani (1985) 
rapporte que dès 1916 des essais furent entrepris en Ouganda dans les forêts 
ripariennes du lac Victoria pour régénérer Podocarpus latifolius par 
plantation de jeunes plants. De la même façon, les plus fameuses parcelles 
expérimentales, probablement;, installées en Afrique occidentale anglophone, 
les parcelles de Kennedy à Sapoba, furent partiellement créées par plantation. 
Des détails complémentaires sont donnés en annexe dans les Etudes de cas n* 1 
et n* 2. 



35 
lABLBAD n"" 8 



Surfaces estimées des plantationsdans six états francophones 
reparties en fonction des objectifs de production 



Etats francophones 



Surfaces en hectares 
en fonction des objectifs de 
production 



bois de trituration 
(papier, panneaux) 
etc. . .) 




Cameroun 


5 000 


500 


Congo 


15 000 


12 000 


Côte d'Ivoire 


50 000 


500 


Gabon 


26 500 


1 000 


République Centrafricaine 


500 




Zaïre 


10 000 




TOTAUX 


107 000 


24 000 



104. On peut regretter, quoique ce fut inévitable, que la sylviculture ait 
été à la merci des contraintes de l'exploitation et donc des conditions du 
marché. Lorsque l'exploitation était très sélective, la régénération naturelle 
était diffuse et sa croissance très lente. Des tentatives d'enrichissement à 
l'aide de jeunes plants d'essences utiles furent alors faites, par exemple 
dans les forêts de South Mengo en Ouganda par plantation en lignes de plants 
de deux ans de divers Khaya et d ' Entandrophragma (groupes de 3 à 5 plants 
espacés de 9 x 45 m). Les essais ultérieurs, identiques à ceux effectués en 
Afrique francophone, ont montré que la plupart des premières plantations ne 
reçurent que trop peu de lumière à la suite d'une ouverture du couvert 
insuffisante et que des éclaircies par le haut intenses étaient nécessaires 
pour donner à la régénération naturelle ou aux jeunes plants des chances 
suffisantes de survie et de croissance. 

105. Selon Karani (1985) très peu d'attention fut portée à la régénération 
naturelle en Ouganda jusqu'en 1950 : "Au cours des années cinquante on se 
rendit compte que les forêts naturelles ougandaises se régénéraient 
naturellement bien d'une façon générale mais que cette régénération était 
fortement concurrencée par le couvert des arbres conservés sur pied par les 
exploitants qui les considéraient comme indésirables. L'essentiel du 
peuplement originel était maintenu et il en résultait une lumière insuffisante 
au sol qui gênait le développement du recrû et sa croissance jusqu'au stade 
du perchis ; celui-ci était anéanti aussitôt levé". 

106. On observa, et cela fut confirmé par l'expérimentation, que l'ouverture 
du couvert permettait à la lumière de parvenir jusqu'au niveau du sol 
provoquant ainsi une croissance rapide des semis des arbres et aussi des 
lianes. Au bout de 5 à 10 ans, ces lianes, principalement herbacées et peu 
longévives en Ouganda, disparaissaient naturellement et ainsi les jeunes 
arbres pouvaient se développer. Dawkins (1953) suggéra d'abord que l'ouverture 
progressive du couvert était la meilleure méthode pour favoriser la 
régénération naturelle. 



36 

Plus tard cette opinion fut révisée en feveur d'une ouverture beaucoup plus 
brutale en fonction des résultats favorables obtenus avec des techniques 
relativement bon marché utilisant les phytocides pour dévitaliser les arbres 
indésirables. Ces considérations ont été mises à profit pour modifier les 
méthodes de renouvellement des forêts ougandaises et les faire évoluer grâce 
i une meilleure sylviculture. 

107. A partir de la fin des années soixante et au cours des années 
soixante-dix» une forte demande de charbon de bois permit au service forestier 
ougandais de réduire puis de supprimer les traitements phytocides. Auparavant 
le charbon de bois était produit en dehors des forêts classées dans des forêts 
publiques et privées ; ces ressources étant épuisées» le service forestier 
en profita pour attirer les bûcherons et les inciter à utiliser le bois laissé 
par les exploitants de bois d'oeuvre dans les forêts classées. De cette façon 
l'ouverture du couvert fut beaucoup plus complète, plus efficace et plus 
économique tout en fournissant un produit utile au commerce local. Là où la 
régénération naturelle était insuffisante» des plantations d'enrichissement 
furent effectuées. Cependant les incertitudes politiques récentes et le coup 
d'arrêt donné aux investissements dans le domaine des industries du bois en 
Ouganda ont réduit la surface des forêts exploitées et donc celle des forêts 
régénérées par ce mode de traitement. 

108. Au Nigeria» ainsi que le décrit l'Etude de cas n* 2, aucune méthode 
systématique de régénération des forêts ne fut tentée bien que la nécessité 
de maintenir leur productivité dans le temps ait été ressentie (Kio et 
al.» 1985). Les premiers travaux portèrent principalement sur l'observation de 
ITaptitude des diverses espèces à se régénérer naturellement. Dans les années 
trente» on essaya de stimuler la régénération naturelle dans quelques forêts 
classées en effectuant un délianage et des éclaircies légères associées à une 
dévitalisation chimique des essences indésirables à l'arsenite de sodium ; 
parmi ces essais il faut citer ceux de Kennedy à Sapoba entre les années 1927 
et 1936 (Lancaster» 1961 ; Lowe et Ugbechie» 1975). En même temps était 
utilisée la méthode taungya sur une grande échelle pour créer des plantations 
d'enrichissement avec de larges espacements et une ou plusieurs essences ; 
cette méthode est décrite aux alinéas 123 et 124. 

109. La méthode taungya a été très peu utilisée en Ouganda où le besoin de 
terres pour l'agriculture était plutôt faible. En Afrique occidentale, 
cependant» des plantations mixtes de Nauclea diderrichii établies par cette 
méthode à la fin des années trente furent éclaircies au début des années 
soixante-dix pour produire des poteaux ; le peuplement ainsi amélioré comprend 
aujourd'hui de nombreuses tiges d'essences de bois d'ébénisterie. Bien que 
de telles plantations fussent peu étendues, elles démontrèrent que cette 
méthode pouvait être mise en pratique. Au total plus de 300 km^ de plantations 
d'essences indigènes furent effectuées jusqu'en 1976 (Kio et al. 1985). 

110. En raison de l'accroissement des surfaces exploitées au Nigeria après 
la dernière guerre mondiale» la méthode taungya se révéla insuffisante pour 
assurer la régénération des forêts exploitées chaque année. Lawton (1978) 
estime qu'il y avait environ 80 km^ de forêts à régénérer dans la seule région 
du Bénin. Cette constatation se traduisit par l'adoption de la méthode de 
régénération des forêts tropicales par coupes progressives introduite à la fin 
des années quarante et décrite dans l'Etude de cas n* 2. La succession des 
opérations de délianage» de dévitalisation chimique des essences indésirables» 
et de dégagement de semis était conditionnée par l'époque de l'exploitation 
commerciale. 



37 

Dans les années récentes, on l'associa à une rotation d'une durée de 100 ans 
(Collier, 1946), plus récemment encore la rotation fut réduite à 50 ans et 
même à 25 ans, durée considérée comme possible dans la forêt d'Akure (Lowe, 
1984), grâce à un aménagement comparable à celui de la futaie jardinéee par 
bouquets (système polycyclique) . 

111. Au Ghana, l'histoire n'est pas différente de celle du Nigeria. On y 
retrouve les deux modes de traitement, en plein par coupes monocycligues ou 
par coupes polycycliques, aussi bien pour les forêts naturelles que pour les 
plantations pures ou mélangées créées par la méthode taungya. Des exemples 
sont fournis par les essais effectuées dans la forêt de Bobiri, située à une 
soixantaine de kilomètres au sud-est de Kumasi : les recherches commencèrent 
en 1945 et la forêt fut divisée en 5 blocs ; les deux premiers furent traités 
selon un système monocylcigue de coupes progressives avec une révolution de 
100 ans tandis que les trois autres furent traités selon un système 
polycyclique de coupes jardinatoires. 

112. L'installation de la régénération naturelle fut suivie par un 
inventaire de placettes d'un hectare. Au départ tous les arbres des essences 
principales ayant un diamètre à hauteur de poitrine supérieure à 14 cm étaient 
comptés mais par la suite les mesures furent restreintes aux seuls quatre plus 
gros arbres par placeau de 4 ares, correspondant aux 100 meilleurs arbres des 
essences principales de chaque placette. Sur un total de 163 espèces 
inventoriées à Bobiri, 26 seulement étaient commercialisables. Karani (1970) 
qui visita cette forêt en 1969 estimait que le traitement par coupes 
progressives donna de bons résultats : dix ans après l'exploitation, près de 
60 tiges/ha appartenant aux essences commercialisables avec un dicimètre 
supérieur à 10 cm pouvaient être mesurées ; les espèces les plus vigoureuses 
comme Triplochiton scleroxylon et les Terminalia dominaient déjà les acajous 
africains et certains sujets dépassaient déjà 40 cm de diamètre ; Karani 
considérait même que le volume sur pied et la densité des peuplements étaient 
trop élevés avec pour effet un ralentissement de la croissance; il suggérait 
une sorte d'éclaircie par le haut et l'exploitation graduelle des arbres des 
essences à croissance rapide pour favoriser la croissance des essences plus 
intéressantes à croissance plus lente comme les acajous. 

113. Karani soutint qu'on raison du petit nombre d'essences 
commercialisables, de tels traitements étaient trop coûteux ; en conséquence 
et malgré les bons résultats obtenus par les coupes progressives, les forêts 
tropicales humides du Ghana furent traitées en jardinage : avant la coupe 
d'exploitation principale, un délianage était effectué pour réduire les dom- 
mages d'abattage puis complété par l'élimination des sujets des essences 
secondaires afin de réduire la concurrence exercée sur le recrû des essences 
principales, soit par la coupe si leur dimension était faible, soit par 
dévitalisation dans le cas contraire. En 1969, 310 km^ de forêts furent ainsi 
traités ; l'accroissement annuel était calculé sur la base d'une rotation de 
25 ans de même que la part de la surface terrière à enlever à chaque passage 
en coupe, le diamètre minimum d'exploitation étant de 48 cm. Le calcul de 
l'accroissement était fondé sur un taux estimé de croissance entre le diamètre 
minimum et la dimension commerciale souhaitée, avec une survie estimée à 70%, 
ainsi qu'un rendement soutenu pendant au moins la durée de trois rotations, 
c'est-à-dire 75 ans. Le volume exploitable était chiffré après cartographie 
des peuplements aménagés en commençant par les arbres les plus gros et se 
fixant comme objectif la répartition de ce volume entre le plus grand nombre 
d'essences commercialisables possible dans la forêt considérée (cf. Baidge, 
1970). A partir de 1971 la durée de la rotation au Ghana fut réduite de 25 à 
15 ans. 



38 

Il est toutefois fortement improbable que les peuplements puissent supporter 
à l'infini une rotation aussi courte. De plus ces coupes jardinatoires non 
accompagnées d'interventions sylvicoles devaient inévitablement réduire 
l'effectif des essences conmercialisables. 

114. Un certain enrichissement des forêts appauvries en essences de valeur 
et leur transformation en peuplements artificiels est envisagé, le plus 
souvent par les méthodes taungya. Une méthode originale a été décrite par 
Masson (1981) et utilisée dans la forêt du Subri ; cette méthode a été conçue 
dans une région plutôt fortement peuplée où les tendances à l'urbanisation et 
à l'industrialisation sont plutôt fortes ; de ce fait les forêts sont 
fortement sollicitées pour produire des bois d'oeuvre pour usages 
traditionnels, du bois de feu et aussi pour contribuer à l'alimentation des 
populations urbaines voisines. Il existe aussi une demande pour la production 
de bois de trituration pour la fabrication de papier se substituant au papier 
importé. 

115. La méthode proposée consiste en une série d'opérations susceptibles 
d'être modifiées en fonction des évolutions de la demande ; les diverses 
étapes sont les suivantes : 

(1) choix des secteurs à améliorer en se fondant sur une 
cartographie des sols et des sites ; 

(2) martelage en réserve de 40 à 60 tiges à l'hectare parmi les 
préexistants appartenant aux essences de valeur ayant un 
diamètre inférieur à environ 20 cm et en ne retenant que celles 
susceptibles d'avoir une forme satisfaisante une fois parvenues 
au terme d'exploitabilité ; 

(3) abattage des arbres possédant un houppier fortement développé 
dans l'étage dominant suivi du remplacement de toutes les tiges 
réservées au cours de l'étape précédente mais éventuellement 
endommagées par l'exploitation ; 

(4) abattage de tout le peuplement restant ne conservant que 40 
arbres d'avenir par hectare régulièrement répartis sur le 
terrain ; 

(5) débardage des grumes de sciage, suivi d'un nouveau martelage 
de 40 tiges par hectare régulièrement réparties sur le terrain; 

(6) confection de bois de chauffage et de charbon avec toutes les 
tiges et les branches restantes ; 

(7) plantation complémentaire de Gmelina arborée , par exemple, avec 
ou sans cultures associées. 



116. Plusieurs espèces ont été utilisées dans ces essais, et notamment 
Albizzia falcataria , Leucaena leucocephala , et sur les crêtes relativement 
sèches avec des sols superficiels, Cassia siamea . La culture vivrière la plus 
commune était celle de la banane plantain à condition qu'elle ait été plantée 
suffisamment tôt avant celle des arbres pour pouvoir fructifier avant la 
fermeture du couvert. 



39 

117. Dans d'autres parties de l'Afrique occidentale, un accroissement 
identique de la demande de bois de trituration a été observé. Selon Kio et al. 
(1985) : "L'importance quotidienne du papier, son coût élevé en devises, et 
la disponibilité d'espèces à bonne valeur papetière susceptibles d'être 
cultivées dans la zone des forêts tropicales humides ont rendu très 
intéressante la création d'une industrie papetière dans certains états de la 
région. De nombreux pays africains de l'Angola au Sénégal ont pris des 
initiatives pour créer leurs propres unités de fabrication avec des succès 
divers. Il y a aujourd'hui près de onze usines en Afrique occidentale". 

118. Pour faire face à cette demande, 14 200 ha de plantation de Gmelina 
furent créées au Nigeria de 1979 à 1981 ; le 4*"* plan de développement 
national pour la période de 1981-85 a prévu un rythme d'accroissement des 
surfaces plantées en Gtoelina de 3 200 ha/an dans les états de Ogun et Ondo, 
dans le cadre d'un programme papetier financé par la Banque mondiale, auquel 
il faut ajouter 900 ha/an de plantation de bambous et de pins dans d'autres 
états. 

119. De tels développements, qui impliquent la transformation de surfaces 
importantes de forêts tropicales humides en plantations équiennes comparables 
à celles pratiquées dans d'autres forêts tempérées, sub-tropicales et 
tropicales, sont le point de départ d'une nouvelle étape dans l'aménagement 
de secteurs occupés par des écosystèmes forestiers complexes son établis. 

120. En Afrique orientale, ni le Kenya ni la Tanzanie n'ont accordé autant 
d'attention que l'Ouganda à la régénération des forêts tropicales humides. Les 
zones de plaine occupées par ce type de forêts y sont peu étendues tandis que 
les zones de montagne sont quelque peu plus importantes mais les objectifs 
d'aménagement y sont limités à la conservation des sols et des ressources en 
eau. Le Kenya est à l'origine de l'introduction des exotiques à croissance 
rapide comme les pins, les C)rprès, les eucalyptus et les acacias ; les 
surfaces plantées en conifères se sont notablement accrues après la dernière 
guerre. Les ressources offertes par les espèces indigènes Podocarpus et 
Juniperus s'étaient rapidement épuisées et, ces dernières étant difficiles à 
régénérer et leur croissance étant lente dans les conditions des forêts 
naturelles, la transformation de ces forêts en peuplements artificiels 
équiennes de pins et de cyprès dans les zones les plus favorables (sur les 
pentes faibles) apparut rapidement comme une solution efficace: près de 
150 000 ha de conifères exotiques furent ainsi plantés au Kenya et contribuent 
aujourd'hui à l'approvisionnement de l'industrie papetière et de diverses 
usines de transformation du bois. Ces plantations se sont révélées très 
productrices ^t le service forestier kenyan est conscient des' grande possibi- 
lités offertes par l'amélioration de leur aménagement, poursuit ses efforts 
dans ce sens. Ailleurs, comme en Tanzanie dans le cadre du projet papetier de 
Sao Hill, des plantations ont été établies sur les prairies montagnardes. Là 
où c'était possible, ce sont les forêts mixtes pauvres en Ocotea usumbarensis 
un feuillu indigène ..très intéressant, qui ont été transformées en plantations 
artificielles d'exotiques. 

121. Les forêts plus humides avec Ocotea comme essence principale ont été 
maintenues à l'état de forêts naturelles de protection. Dans certaines 
stations, par exemple Sud-Kilimanjaro et Ouest Usbara en Tanzanie Ocotea se 
régénère abondamment en drageonnant après l'exploitation ; de nombreux travaux 
ont été effectués pour dégager et éclaircir les drageons afin de favoriser 
leur croissance (Mugasha, 1980). Mais, dans l'ensemble, les tentatives de 
régénération naturelle des forêts tropicales humides de Tanzanie et du Kenya 
ont eu une portée limitée si on les compare à l'importance des investissements 
au profit des plantations hors et en forêt. 



40 

Ainsi le Kenya possède la surface le plus importante plantée d'essences de 
bois d'oeuvre exotiques en Afrique orientale, tandis que la Tanzanie s'est 
tournée récemoent de façon dramatique vers la création de plantations 
destinées à l'approvisionnement en bois de feu des populations rurales dans 
les secteurs les plus secs en dehors des forêts tropicales humides. 

3.3.2. Méthodes de régénération artificielle des forêts tropicales humides 

122. De nombreuses méthodes ont été imaginées pour régénérer artificiellement 
les forêts tropicales humides. Certaines ont été utilisées de façon 
opérationnelle pour régénérer des milliers d'hectares tandis que d'autres 
n'ont jamais dépassé le stade expérimental. Ces méthodes ont été résumées par 
Catinot (1986) ; 

Méthode Taungya 

123. C'est la plus ancienne, la plus simple et souvent la meilleure marché 
des techniques de plantation : elle consiste dans la plantation d'arbres 
forestiers associés à des cultures vivrières ; de cette façon le paysan 
effectue en même temps les travaux d'entretien des arbres et des cultures 
(binage, désherbage, etc..) En fonction de la rapidité de croissance des 
arbres, et de leur espacement initial, la compétition qu'ils exercent à 
l'égard des cultures associées pourra être tolérée pendant un, deux ou trois 
ans, durée après laquelle le paysan devra abandonner le terrain et les travaux 
ultérieurs d'entretien des arbres devront être effectués par le personnel du 
service forestier. Le coût de création des plantations (élevage en pépinière, 
travaux de mise en place et d'entretien des arbres après le départ du paysan) 
pour varier de 20 à 40/50 hommes/ jour (Catinot; 1986)). Il s'agit là d'une 
technique intéressante après l'extraction totale du peuplement forestier 
préexistant convenant aux les essences de lumière capable de refermer 
rapidement le couvert, condition favorable à l'égalage naturel, comme Gmelina , 
Nauclea , Cèdre la , Terminalia , etc. Parmi les nombreux forestiers qui ont 
écrit sur cette technique, il est possible de citer : pour le Nigeria Redhead 
(1960 a), King (1968), Lowe (1975), Umeh (1978à, et Bail & Umeh (1981) ; pour 
le Ghana Brookman-Amissah (1977) ; pour le Kenya FAO (1974) ; pour la Tanzanie 
Hofstad (1978) et Lundgren (1978). Des informations sont aussi données dans 
FAO (1984 a). 

124. Dans certains pays, la méthode taungya a évolué vers un système bien 
défini avec un contenu contractuel liant à la fois le paysan et le service 
forestier. Ainsi au Kenya le système "Shamba" précise les obligations des 
partenaires de la façon suivante : le fermier s'engage à fournir au moins 270 
jours de travail par an au service forestier, à défricher chaque année une 
parcelle forestière et à désherber les arbres plantés en même temps que ses 
propres cultures pendant deux ans après leur mise en place. D'une façon 
générale chaque paysan détient quatre '*Shamba" de 6 000 m^ chacun, le premier 
récemoient affecté où la forêt doit être défrichée, le second avec des culture 
vivrières et aucun arbre forestier et les deux derniers avec des cultures et 
des arbres plantés âgés de à 2 ans. En échange le service forestier s'engage 
à : 

(1) payer un salaire pour les 270 journées annuelles de travail ; 

(2) fournir le logement et de la terre à cultiver ; 

(3) abattre les plus gros arbres dans les parcelles forestières 
destinées à être plantées ; 



41 

(4) permettre au paysan de faire pousser ses propres cultures 
(maïs, patates, haricots, pois et autres légtimes) ; 

(5) permettre au paysan de faire paître 15 moutons gratuitement; 

(6) installer des dispensaires, des écoles, etc. (PAO, 1974). 

Plantation sous abri (Méthodes Martineau) 

125. Cette méthode fut expérimentée en Côte d'Ivoire vers 1930. Elle 
consiste dans la plantation dense de 1 500 à 2 500 plants/ha en forêt 
naturelle dont toutes les tiges d'un diamètre inférieur à 10 cm ont été 
auparavant exploitées; pendant les 10 années suivantes l'abri constitué par 
les plus gros arbres est graduellement éliminé par annélation circulaire ou 
par dévitalisation chimique. Cette méthode s'est avérée très coûteuse (près 
de 185 hommes- jour/ha) mais ses résultats ont été excellents avec Tarrietia 
et Khaya . Selon les enseignements donnés par des recherches ultérieures une 
réduction du coût pourrait être obtenue en s 'orientant vers une exploitation 
plus énergique de toutes les tiges ayant moins de 20-25 cm de diamètre, une 
extraction du couvert en deux temps par abattage, annélation ou dévitalisation 
et une réduction de la densité de plantation de 1 000 - 1 200 plants/ha. 

Plantation en layons 

126. En Côte d'Ivoire cette technique consiste en l'ouverture de layons 
parallèle de 3 à 4 m de large dans les forêts à enrichir en essences de valeur 
puis en plantation de plants élevés en pépinière ; cette technique a été mise 
en oeuvre sur plus de 13 000 ha mais les résultats en ont été décevants en 
raison de la croissance médiocre et irrégulière, et de l'obligation 
d'effectuer des traitements d'entretien continuels. Des recherches 
complémentaires ont montré que la croissance pourrait être considérablement 
améliorée en donnant aux plants un meilleur éclairement en élargissant les 
layons jusqu'à 5 m et en intervenant sur le couvert entre les layons par 
annélation et/ou dévitalisation ; toutefois cette méthode améliorée est encore 
trop chère (Catinot, 1986). 

127. La plantation en ligne sous le couvert plus ou moins ouvert a toujours 
conduit à des résultats décevants. C'est pourquoi Dawkins, cité par Lamb 
(1969), a proposé cinq conditions à remplir pour réussir une plantation en 
layons, définie come la mise en place de plants en lignes espacées d'une 
distance égale ou légèrement supérieure au diamètre du houppier des arbres à 
l'âge adulte de telle sorte qu'à la fin de la révolution le peuplement soit 
totalement reformé. Ces conditions sont énumérées dans l'Etude n* 1 à l'alinéa 
56 (page 107). Il est préférable que la condition la plus importante de toutes 
est la satisfaction des besoins en lumière en donnant dès la mise en place des 
plants d'essences de pleine lumière l' éclairement vertical dont ils sont 
besoin. 

Méthode du recru 

128. Cette méthode a été conçue par le Centre technique forestier tropical 
après expérimentation effectuée au Gabon ait démontré qu'avec des essences de 
lumière conme l'Okoumé un fort éclairement latéral, tel que celui qui peut 
résulter d'un défrichement total de la forêt , favorise la formation de 
branches latérales, sources de défauts et de malformations du tronc. 



42 

La succession des opérations conseillées est la suivante: abattage de toutes 
les tiges des étages dominés d*un diamètre inférieur à 20 cm^ dévitalisât ion 
chimique des tiges de diamètre supérieur : mise en place de jeunes plants 
d* essences de valeur. Ces derniers sont rapidement engainés par les rejets de 
souche tandis que la disparition graduelle du couvert de 1* étage dominant sous 
l'effet du traitement phytocide favorise leur croissane en hauteur. Cette 
méthode requiert de 90 à 100 hommes- jour/ha et donne des résultats 
techniquement et économiquement encourageants, toutefois elle n*a pas connu 
des grands développements en raison de l'importance de la main d'oeuvre 
nécessaire pour la mener à bien. 

Plantations en pleine lumière 

129. ^ Lorsque les forestiers eurent réalisé que la plupart des essences 
conomercialisables des forêts tropicales humides africaines sont exigeantes en 
lumière ils s'orientèrent progressivement vers des techniques de plantations 
après enlèvement total du couvert forestier. Cette tendance fut directement 
inspirée par les premières expériences acquises avec Aucoumea et Terminalia . 
Plus récemment l'insuffisance croissante de la main d'oeuvre nécessaire aux 
opérations de plantation les incita à faire de plus en plus appel à la 
mécanisation pour : 

(1) le défrichement, effectué partiellement ou totalement à la scie 
à chaîne ou par chenillard équipé d'un rateau-pousseur ; 

(2) l'entretien des plantations, exécuté partiellement ou 
totalement à la main à la machette le long de la ligne et 
mécaniquement entre les lignes à l'aide d'un rouleau 
débrousailleur tiré par un petit chenillard ou un tracteur 
agricole ; si ces opérations doivent être entièrement 
mécanisées, le sol doit être désouché nivelle et, les rémanents 
étant incinérés et mis en andains. 

130. ^ Le recours à la mécanisation intensive avec des engins lourds 
(Chenillard de type D6 à D8) accroît beaucoup le coût de création des 
plantations mais il a été démontré qu'il était indispensable dans le cas des 
projets de grande étendue (500 ha/an ou plus) devant être menés à bien dans 
une courte période de temps pour tirer parti de la courte période favorable 
à la mise en place des plants. 

131. Les diverses opérations d'usage courant sont détaillées dans le 
tableau n* 9 quelques modifications peuvent être nécessaires en fonction des 
conditions locales. L'entretien des plantations d'Okoumé doit toujours être 
effectué à la main en raison de la nécessité de conserver une association 
étroite avec les rejets du taillis environnant (cf. ci-dessus, alinéa 128). 
Les espèces plantées avec succès sur plusieurs milliers d'hectares par an 
grâce à cette méthode sont : Tectona, Terminalia ivorensis et T. superba , 
Gmelina , Aucoumea , Cedrela, Nauclea et Triplochiton . 

Méthode des placeaux 

132. La méthode imaginée par le Département Forestier de l'INEAC à Yangambi 
vers 1952 était basée sur celle d'Anderson utilisée dans les forêts tempérées 
décrite de la façon suivante : "La principale caractéristique de la méthode 
consiste en l'introduction des plants d'enrichissement en petits placeaux 
dans le sous-étage qui doit être le moins possible perturbé. Celle-ci procure 
les meilleurs conditions écologiques pendant la phase critique d'installation. 



43 



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44 

(Intt fois !•• plants installés» la couvart ast antrouvart ; las traitamants 
sont prograssifs dans las prami&ras annéas jusqu^à ca que les placeaux se 
soient refermés ; ils sont ensuite plus intenses. Les placeaux sont constitués 
de 25 plants à l'espacement de 1 x 1 m, les placeaux eux-mêmes étant distants 
de 10 m en tous sens, soit 100 placeaux par hectare (Dawkins, 1955). 

133. Salon Catinot (1986) cette méthode, d* abord conçue pour être utilisée 
dans les forêts inexploitées , pourrait recevoir la plus importante application 
dans las forêts exploitées ou dégradées. L'utilisation d'essences de lumière 
à croissance rapide en petits placeaux situés dans de larges trouées après 
exploitation a été mise en pratique dans plusieurs pays comne l'Ouganda et la 
Tanzanie. En général les placeaux étaient plus petits, 3 à 5 plants installés 
i plus grand espacement que dans la méthode originale ; un seul plant était 
conservé après deux ou trois ans. En Tanzanie dans la forêt de Kihuhwi-Sigi, 
des accroissements annuels moyens de 1,5 à 3 m sur la hauteur et de 1,3 à 4 cm 
sur la diamètre ont été mesurés après 7 à 10 ans sur des plants de Maesopsis , 
Cadre la . Terminal ia ivorensis et T. superba (Borotra, 1969). Des résultats 
similaires ont été notés en Ouganda (cf Etude de cas n* 1, alinéa 54). Cette 
méthode est très souple car elle permet de tirer parti des trouées existantes 
sans nécessité de dépenser de l'argent pour en créer. Néanmoins, elle doit 
encore être étendue aux plantations sur une grande échelle où la vérification 
du travail est beaucoup moins sérieuse que dans les placettes expérimentales. 
Des recherches sont encore nécessaires pour confirmer les premiers résultats 
et les rendre applicables aux opérations d'aménagement (Catinot, 1986). 

Techniques de plantation des pins et des eucalyptus 

134. Des techniques totalement mécanisées sont généralement utilisées pour 
ces deux genres. Lorsqu'ils sont plantés en forêt, il convient de choisir des 
forêts dégradées où le coût du défrichement est plus faible. Mais d*une façon 
générale ces techniques conviennent le mieux à la plantation des savanes 
arborées. Les coûts sont ainsi réduits. Comme les herbes concurrencent 
sévèrement les jeunes arbres, il faut exécuter des désherbages par arrachage 
et non pas par coupe qui risque de favoriser une repousse plus vigoureuse. Le 
binage manuel est trop onéreux et prend trop de temps ; il est donc 
habituellement réservé au pied des arbres tandis qu'entre les arbres le 
désherbage est effectué mécaniquement à l'aide de disques. 

135. La suite des opérations est la suivante : 

(1) défrichement à la machine, soit à l'aide d'un chenil lard D4 
équipé d'un bouteur ou d'un râteau "tree-pusher" qui travaille 
en poussant et en arrachant la végétation ligneuse, soit à 
l'aide de deux chenillards D7 travaillant en parallèle à 30 m 
environ l'un de l'autre reliés par une chaîne solide traînant 
sur le sol pour arracher les arbres ; 

(2) incinération suivie d'un ratissage des rémanents et de leur 
mise en tas en vue d'une nouvelle incinération ; 

(3) labour, par exemple à la charrue Rome pour améliorer la 
structure du sol et enfouir les touffes de graminées 
sous-solage en cas de nécessité pour fracturer un horizon 
concrétionné ; hersage superficiel ; 



45 

(4) creusement des trous et mise en place manuelle des plants ; 

(5) entretien de la plantation pendant 2 à 3 ans par binage manuel 
autour des plants et disquage entre les lignes ; 

(6) création de pare feux périphériques et de cloissonnement comme 
mesure préventive de protection contre les feux. 



Coûts 



136. Les coûts varient dans une large mesure selon les conditions locales, 
l'intensité des travaux de défrichement, le prix de la main d'oeuvre et des 
équipements, ainsi que l'accessibilité du site. Selon Catinot (1986) les coûts 
peuvent être compris dans les fourchettes suivantes : 

(1) essences de bois d'oeuvre en forêt 1 200 à 2 000 US$/ha ; 

(2) pins et eucalyptus en savane : 700 à 1 000 US$/ha. 

Amélioration génétique des essences de reboisement 

137. Des progrès ont été très perceptibles avec les essences à croissance 
rapide et surtout avec les pins et les eucalyptus. Dans le cadre de programmes 
d'amélioration entrepris au Congo, en Côte d'Ivoire, au Kenya, à Madagascar, 
au Nigeria, en Ouganda, en Tanzanie, en Zambie et au Zimbabwe, des arbres plus 
ont été sélectionnés et des vergers à graines ont été créés. Au Congo, des 
plantations de clones performants de Terminalia superba ont été aussi mises 
en place. Parmi les espèces indigènes des forêts tropicales humides des 
recherches ont été entreprises sur Terminalia superba au Congo, en Côte 
d'Ivoire et au Cameroun, sur T. ivorensis en Côte d'Ivoire et sur Triplochiton 
scleroxylon en côte d'Ivoire et au Nigeria. Ce travail comprend des 
comparaisons de provenances, la sélection d'arbres plus, et la mise au point 
de méthodes de multiplication végétative fiables et applicables sur une grande 
échelle. 

3.4. Exploitation 

138. Le progrès spectaculaire des techniques d'exploitation au cours de ce 
siècle a été observé aussi bien par Catinot (1986) que par Philip (1986 a). 
Cette remarque concerne aussi bien l'équipement et les techniques proprement 
dites que la liste des essences commercialisables. Il n'y a plus aujourd'hui 
d'arbre qui ne puisse être exploité avec les moyens modernes. Mais le coût 
élevé de l'exploitation constitue toujours une sévère contrainte à une 
utilisation plus complète des ressources forestières. L'exploitation affecte 
de façon évidente l'environnement mais constitue aussi une opération 
sylvicole. Une exploitation mal conçue mettant en oeuvre les machines modernes 
peut causer des dommages considérables à l'environnement et au peuplement 
restant ; elle est aussi beaucoup plus onéreuse et inefficace qu'une 
exploitation correctement planifiée incluant la conception d'un réseau de 
voies de vidange des coupes. Ainsi des systèmes d'exploitation convenablement 
planifiés et contrôlés se révèlent toujours supérieurs à tous les points de 
vue, économique, écologique et sylvicole. De tels systèmes devraient être 
intégrés aux règlements d'exploitation des aménagements mais ceci constitue 
encore un objectif impossible à atteindre sous les tropiques. 



46 

139. Plusieurs facteurs sont sources de difficultés dans le domaine de 
l'exploitation forestière tropicale ; ce sont selon Catinot (1986) : 

(1) une pluviosité importante (1 500 à 4 000 mm/an), avec saison 
sache inexistante ou courte, qui rend difficile les opérations 
d'abattage, de débardage et de transport ; même avec un bon ré- 
seau de pistes, le transport peut être limité à 180/220 
jours/an pour des raisons climatiques ; 

(2) la topographie ; ainsi au Congo, au Gabon et au Zaïre, une part 
importante des forêts est située sur des pentes fortes ; il en 
est de même pour les forêts montagnardes de l'Afrique 
orientale; 

(3) la nature des sols (soit excessivement sableux, soit 
excessivement argileux) qui accroît les difficultés de 
débardage et de transport liées au climat ; 

(4) la taille des arbres ; 

(5) dans certain cas, l'éloignement de la forêt par rapport aux 
marchés ; 

(6) une certaine méconnaissance de la forêt ; bien que la plus 
grande partie des massifs ait été inventoriée l'intensité de 
l'échantillonnage est souvent trop faible pour fournir des 
informations convenables pour des petits blocs d'une superficie 
inférieure à 20 000 ha (et même parfois moins de 100 000 ha); 

(7) l'hétérogénéité de la composition de la forêt ; le volume 
commercial exploitable dépend de l'éloignement par rapport aux 
marchés locaux ou d'un port pour les exportations, de la 
politique commerciale de l'exploitant forestier, et des 
fluctuations des cours du bois. 



140. Il est nécessaire de distinguer clairement le volume commercial net que 
l'exploitant peut extraire de la forêt et vendre, du volume sur pied tel qu'il 
est calculé à la suite d'un inventaire. Cette distinction est illustrée par 
le tableau n* 10 qui présente des données moyennes extraites du Mémento du 
forestier pour l'Afrique francophone ; elles concernent des arbres 
exploitables ayant atteint ou dépassé 70 cm de diamètre à hauteur de poitrine. 
Il est facile de constater que le volume net vendable des arbres 
commercialisables après éventuelles réfactions pour défauts des essences 
principales est seulement de 15 m^/ha environ tandis que le volume inventorié 
sur pied est supérieur à 100 m^/ha, toutes essences confondues. 

141. Dans certains états, une part notable de la production totale est 
exportée ; le tableau n* 11 montre notamment que cette part atteignait 74 Z 
en 1983 pour quatre pays francophones africains. Or le marché à l'exportation 
est très sélectif et, si les marchés locaux susceptibles d'utiliser le bois 
des essences autres que principales sont peu développés, la dépendance 
vis-à-vis des marchés extérieurs conduira à l'exploitation d'un petit nombre 
d'arbres ; la conséquence sera d'ordre sylvicole car les essences principales 
ne pourront se régénérer que très difficilement. 



47 



TABLEAU n- 10 

Volumes sur pied exploitables et volume exploités par groupes d'essences 



: Essences 


Résultats de l'inventaire 


; Volumes : 

: conmer- : 

: cialisés : 

(mVha) : 


Nombre : Nombre de : Volumes sur 
d'espèces : tiges pour: pied 
:par groupe: 100 ha : (m'/ha) 


: . principales : 

: * à bois rouge 
: * autres 

: Total 

: . secondaires : 

: . complémentaires: : 

: Total 

: . accessoires : 


8 

7 ! 
15 ! 

15 i 

19 

49 


90 
140 

230 

190 

300 

720 

430 


12,50 
15,50 

28,00 

16,60 

30,40 

75,00 

36,20 


6,80 : 
8,50 : 

15,30 : 

9,15 i 

16,70 : 

41,15 : 

19,80 ': 


: Grand Total 




1 150 


111,20 


60,95 : 



La prédominance des marchés extérieurs n'est toutefois pas universelle ; 
ainsi au Nigeria elle a cessé depuis plusieurs années. Cependant une demande 
importante des marchés locaux, aussi bien pour le bois que pour la terre 
cultivable, qui pourrait remplacer la demande à l'exportation, crée d'autres 
problèmes aux aménagistes. 

142. Au cours des années, le nombre des essences des forêts tropicales 
humides ayant un intérêt commercial n'a cessé de croître ; il en est résulté 
dans certaines régions un glissement d'un système d'exploijiation fondé sur 
l'"écrêmage" des forêts vers un système d'exploitation en plein. Cette 
tendance à bénéficié du support de la recherche sur les propriétés des bois 
telle qu'elle a été conduite en France par le Centre technique forestier 
tropical, au Royaume Uni par le Fores t Products Laboratory, et plus récemment 
par des instituts africains comme ceux d'Ibadan, d'Accra, de Moshi, de 
Kampala, du CTFT-Gabon ou du CTFT-Côte d'Ivoire. 

143. A titre d'exemple Karani (1985) note qu'à la veille de là dernière 
guerre l'Ouganda pouvait commercialiser près d'une quinzaine d'essences de 
bois d'oeuvre. Les marchés extérieurs demandaient des bois de qualité, demande 
que l'Ouganda ne pouvait satisfaire en quantité suffisante pour maintenir ses 
exportations, et cette circonstance fut mise à profit pour développer le 
marché intérieur et pour persuader l'industrie nationale d'élargir la liste 
des essences utilisables. Les essences furent groupées en trois classes, puis 
en quatre, en fonction de leur valeur. La première réunissait les essences de 
premier choix, habituellement appelées essences d'ébénisterie. 



48 



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C 



49 

La seconde groupait les essences de bois d'oeuvre courantes, certaines d'entre 
elles pouvant être utilisées en menuiserie. La troisième était celle des bois 
de charpente, essences qui ont tendance à devenir moins communes et/ou qui 
présentent souvent des difficultés au moment de la transformation. La dernière 
classe réunissait des essences peu utilisées en raison de la difficulté du 
sciage. Un certain nombre de ces dernières est présent, comme dans les forêts 
mélangées en quantité substantielle comme Cynometra alexandri dans les forêts 
de Budongo et Bugoma ou Parinari excelsa dans les forêts de Kibale, Kalinzu 
et Kasyoha-Kitomi ; le bois du Parinari , notamment, qui contient beaucoup de 
silice est très difficile à scier mais le stellitage des dents de scies permet 
aujourd'hui de surmonter ces difficultés. 

144. Au début des années 1970 la plupart des essences des régions de Mabira, 
West-Mengo et Masaka, situées dans une zone très peuplée autour du lac 
Victoria près des centres industriels de Kampala et Jinja, avaient été 
reparties entre ces quatre classes, à l'exception cependant d'une seule 
espèce. Cola gigantea > dont le bois est difficile à scier ou à dérouler et 
dont le seul usage est la fabrication de charbon de bois. 

145. Une autre difficulté résulte de la quasi-impossibilité de savoir i 
l'avance quelles espèces deviendront commercialisables et quand. Kio et al. 
(1985) ont observé qu'au Nigeria les secteurs sont divisés en blocs devant 
être exploités selon une succession chronologique mais que les exploitants 
peuvent être autorisés à revenir sur les coupes déjà effectuées ; ainsi les 
arbres appartenant à des essences primitivement non commercialisables peuvent 
être exploités, si une demande existe, même dans des coupes transférées au 
quartier de régénération où des opérations sylvicoles sont entreprises. Cette 
latitude laissée aux exploitants peut peser sur l'efficacité des opérations 
déjà réalisées ou favoriser la croissance des peuplements résiduels. 11 est 
certain qu'en Ouganda des arbres traités avec des phytocides ont été ensuite 
exploités et que des essences primitivement considérées comme sans intérêt ont 
été ultérieurement promues à la classe "commercialisable". Même là où les 
conséquences directes sur les interventions sylvicoles ont été faibles, le 
fait de revenir sur les coupes pour entreprendre de nouveaux abattages a 
déclanché une réactivation de la croissance des lianes et un retard dans la 
fermeture du couvert qui aurait normalement dû concurrencer leur vigueur. 

146. Des modifications importantes sont intervenues depuis l'origine dans 
le domaine de l'outillage, haches, tronçonneuses, et outils manuels de 
débardage ; on utilisait des voies Décauville pour le transport jusqu'aux 
usines, par exemple pour transporter des grumes de Podocarpus de la forêt de 
Sango Bay en Ouganda (Philip, 1986 a). Aujourd'hui des tracteurs sophistiqués 
à quatre roues motrices sont disponibles ainsi que des portiques puissants 
pour le chargement des grumes sur des grumiers à plusieurs essieux. L'abattage 
est habituellement effectué avec des tronçonneuses à chaîne mais l'abattage 
par cisaillement a été essayé au Gabon (Catinot, 1986). Sur les grands 
chantiers le débusquage est effectué au moyen de tracteurs à roues ou a 
chenilles de 180 à 200 chevaux. Le chargement peut être aussi réalisé 
mécaniquement au moyen de la lame d'un bouteur ou d'une chargeuse frontale. 
Le transport peut être effectué avec des tracteurs routiers attelés à des 
remorques ayant une charge utile de 12 à 35 tonnes ; le poids total en charge 
est de l'ordre de 22 à 50 tonnes et requiert des routes bien construites, 
d'une largeur de 8 m avec une surface convenablement compactée et totalement 
exposée au rayons du soleil. 



50 

t47. L'exploitation a été souvent organisée par le biais de permis 
conférant, par exemple, au titulaire le droit exclusif d'exploiter les bois 
d'oeuvre sur une surface délimitée de forêt. Ainsi en Ouganda, le gouvernement 
entreprit une politique en faveur du sciage au début de ce siècle qu'il 
abandonna en 1930. De 1915 à 1933 des permis furent délivrés à plusieurs 
compagnies dans les diverses régions bien qu'aucune forêt ne soit soumise à 
un règlement d'exploitation particulier. Le premier fut conçu en 1934 pour la 
forêt de Budongo et en 1948 pour les autres forêts de South Mengo (Sangster, 
1948). Depuis cette date la plupart des principales forêts classées ont été 
traitées au moyen de permis délivrés à des compagnies privées dans le cadre 
d'un programme bien défini. 

148. Des informations, extraites du dernier inventaire effectué avant 
l'appel d'offre, sont données au concessionnaire ; elles concernent 
habituellement le volume escompté, la répartition des arbres entre les 
essences et les catégories commerciales, la délimitation du permis accordé et 
les conditions de l'exploitation. Une fois les opérations d'exploitation 
organisées, un programme doit être préparé et soumis à l'approbation du 
service forestier ; des règlements sont promulgués de manière à vérifier 
l'exécution méthodique des travaux, l'implantation et la construction des 
pistes ainsi que le mesurage des grumes. D'une façon générale le paiement du 
bois est assis sur le volume mesuré des grumes après abattage. Le permis 
d'exploitation contient en outre des conditions détaillées qui définissent 
toutes les caractéristiques de la concession donnée à l'exploitant ; ainsi en 
Tanzanie le modèle de permis intitulé "Exclusive Licence to take Trees and 
Timber" tel qu'il fut utilisé au cours des années cinquante ne contient pas 
moins de 59 conditions plus 13 annexes détaillées sur 18 pages. 

149. La plupart des permis sont délivrés pour les forêts classées placées 
sous le contrôle du gouvernement. Mais dans certains pays une part notable de 
la production provient de l'exploitation de secteurs boisés situés hors des 
forêts classées. Ces derniers sont souvent décrits comme "zones libres" 
principalement destinées à la production agricole bien qu'elles puissent 
produire une certaine quantité de bois : par exemple au Nigeria selon Kio et 
al. (1985) près de 50 % des grumes exploités proviennent de secteurs situés 
hors forêts classées. 

150. Les tableaux n* 12 et n' 13 extraits par Catinot (1986) du "Mémento 
du Forestier" donnent des indications sur la productivité des opérations 
d'exploitation. 

151. La comparaison de ces tableaux suggère que les différences de 
productivité dépendent des conditions locales, et surtout de la topographie. 
Dans le plupart des régions de Côte d'Ivoire, Cameroun et République 
Centrafricaine, la productivité des opérations en forêts exploitées pour la 
seconde ou la troisième fois est supérieure à celle du premier passage en 
coupe ; cette constatation montre que le coût de l'exploitation diminue avec 
la répétition des travaux sur la même parcelle boisée en raison des 
possibilités de restauration et de réutilisation du réseau routier ; ceci 
milite en faveur du système polycyclique d'exploitation. 

152. Les données précises sur les coûts de l'exploitation forestière ne 
sont pas facilement disponibles. Selon Catinot (1986) ils doivent être 
incontestablement trop élevés. L'une des raisons est que, dans l'Afrique 
francophone, près de la moitié des cadres est constituée de personnel 
expatrié. 



51 



TABLEAU n* 12 



Productivité de la main d'oeuvre au Gabon 
(terrain accidenté) 



Production 
annuelle 
(m^/an) 


Volume : Nature 
: commercial: du 
: (mVha) : terrain 


Effectifs du Personnel 


Productivité 
(m /homme/an) 


Manoeuvres 


Cadres 


Manoeuvres Cadres 


127 000 


8 


: M/0 


249 


15 


510 


a 500 


65 000 


9 


M 


150 


: 7 


500 


10 700 


57 000 


8 


M/D 


104 


5 


550 


11 400 


91 000 


8 


M/D 


191 


8 


475 


11 400 


75 000 


16 


M 


148 


5 


505 


14 900 


31 000 


10 


D 


83 


3 


380 


10 450 


30 000 


10 


D 


73 


4 


420 


7 700 


22 000 


8 


D 


74 


3 


295 


7 300 


81 000 


11 


F 


130 


6 


620 


10 075 


Anciennes opérations (1960-65) 


48 000 


15 


F 


200 


5/6 


240 : 


8 100 


60 000 


15 


F 


200 


5/6 


300 


10 500 


42 000 


10 


D 


147 


6/7 : 


280 


6 300 



F = terrain facile ; M = terrain moyen ; D = terain difficile. 



Le développement futur d'une plus grande demande moins sélective pour les 
produits forestiers, principalement dans les pays producteurs , devrait 
conduire à une récolte plus importante de bois commercialisable par hectare 
et ainsi se traduire par une diminution des coûts. 

3.5. Industries de transformation 

153. Des progrès considérables ont été accomplis au cours de ce siècle dans 
le domaine des techniques de transformation du bois :. ces dernières ont permis 
notamment un élargissement de l'éventail des essences utilisables. Ces 
développements sont les conséquences des progrès de la recherche sur les 
qualités du bois des diverses espèces et des techniques d'usinage, de séchage 
et de préservation des bois ainsi que des techniques d'utilisation faisant 
appel aux colles et aux résines. Alors qu'au début de ce siècle la façon la 
plus élaborée d'utiliser les bois tropicaux était l'ébénisterie et la 
marquetterie, de nos jours et dans certains pays producteurs les techniques 
d* assemblage, la production de contreplaqués et de placages, celle de panneaux 
de fibres ou de particules sont devenues d'usage courant. Des papeteries 
s'installent et sans aucun doute le transfert des technologies modernes se 
poursuivra. 



52 
lABLBâD &* 13 

Productivité de la main d'oeuvre en Côte d* Ivoire, Cameroun 

et République Centrafricaine 

(terrain généralement peu accidenté) 



Production an- 
nuflU 
(«'/•n) 


Voluma 
: oonmrclal 
: (mVha) 


: Natura 

: du 

: tarrain 


Effactifa du paraonnal 


Productivité 
(m^/hoiiiiia/an) 


manoauvraa cadras 


manoauvraa oadraa 


61 000 


10 




116 


3.5 


520 


: 17 000 


43 000 


12 




126 




340 


10 000 


64 000 


13 




111 




760 


16 000 


132 000 (*) 


4 à 5 




126 


' 


1 100 


33 000 


140 000 (*) 


4 A 5 




204 




685 


22 000 


60 000 {*) 


2 à 3 




80 




1 000 


11 000 


33 000 (*) 


2 à 3 





64 


1 à 2 


390 


16 000 


32 000 {*) 


2 à 3 


M/D 


56 




570 


16 000 


: Anci«nn«s opé- 
rations 














(1960-65) 














61 000 (**) 




F 


202 


5 à 6 


290 


14 000 



F : tarrain faclla ; M s tarrain moyan ; D s tarrain difficila 
(•) : dauxièma at troiaièma paaaaga mr) coupa aur las mémaa parcallas 
(«*) : anaambla da 7 opérations d'axploltation 



Selon les conclusions de Kyrklund & Erfurth (1976) les bois produits par les 
forêts tropicales humides peuvent être technologiquement utilisés pour 
fabriquer de la pâte et du papier mais au point de vue économique, de nombreux 
problèmes demeurent notamment celui des coûts et de la rentabilité. 

154. Il y a toutefois un prix à payer pour ces améliorations technologiques. 
Les procédés de fabrication tendent à mobiliser des moyens financiers 
importants et les coûts de production sont sous la dépendance des économies 
d'échelle. Le marché de ces produits est international et le succès de 
l'importation de produits de substitution ou de l'exportation est soumis i de 
nombreuses influences extérieures. Ces nouvelles techniques sont grosses 
consommatrices d'énergie et sont onéreuses aussi bien en termes de 
qualification dans le domaine de la gestion qu'en consommation de pièces 
détachées et de matières premières, comme les produits chimiques qui peuvent 
ne pas être disponibles localement. En conséquence leur adoption n'est pas 
exempte de risque et n'est pas nécessairement bénéfique comme cela a pu être 
vérifié dans le passé. 

155. La mesure dans laquelle ces améliorations technologiques ont réellement 
bénéficié aux industries forestières et aux aménagements des forêts en Afrique 
est matière à contreverse. Philip (1986 a) décrit la situation des pays anglo- 
phones d'une façon assez brillante. 



53 

Se fondant sur les conclusions de Kio et al. (1985), il cite un chiffre 
supérieur à 1 000 comne effectif des scies à ruban horizontal en 1980, chacune 
d'entre elles correspondant i un investissement moyen voisin de US $ 50 000. 
Hais, ainsi qu'il est mentionné dans l'Etude de cas n* 2, il existe de bonnes 
raisons de croire qu'un bon nombre de ces installations sont sous-utilisées. 
Au cours des années quatre-vingt, débuta une période de développement intégré 
dans les pays motivés en faveur d'une utilisation totale du bois ; une telle 
ambition supposait une approche globale de la transformation du bois, les 
scieries étant intégrées aux usines de déroulage et de placage ainsi qu'aux 
usines fabricant des panneaux et aussi, dans une certaines mesure, aux 
papeteries. En 1976 le Ghana possédait six usines de contreplaqués intégrées 
de ce type et le Nigeria quatre. En 1980 le nombre fut porté à six au Nigeria 
et deux usines de panneaux furent créées. Le Nigeria possède aussi une 
papeterie qui importait seulement de la pâte mais qui, récemment, a été 
modifiée en une papeterie intégrée fabriquant sa propre pâte. Deux autres 
usines sont actuellement en contruction mais, en raison de l'accroissement des 
prix, l'achèvement des travaux et leur démarrage sont retardés. 

156. L'évolution de la situation en Afrique orientale n'est pas différente. 
Mais, en raison de la moindre extension des forêts naturelles, il y a eu un 
accroissement important des surfaces plantées en essences exotiques à 
croissance rapide, principalement des pins, des cyprès et des eucalyptus. Des 
usines intégrées de contreplaqués, ou de fabrication de panneaux ont été 
installées au cours des années soixante et soixante-dix et, de nos jours, 
comme en Afrique occidentale, l'accent a été mis sur l'intérêt d'orienter les 
investissements vers la production du papier. 

157. La situation dépeinte par Catinot (1986) pour les pays africains 
francophones est moins empreinte d'optimisme ; le commerce à l'exportation y 
joue en effet un rôle éminent comme le montrent les données du tableau n* 14 ; 
au cours des 20 dernières années, les industries du bois se sont à peine 
développées et paraissent mal préparées à la confrontation avec les nouveaux 
problèmes qui devraient naître de l'exploitation des plantations et des forêts 
naturelles, déjà parcourues en coupe au moins une fois : dans les deux cas, 
les diamètres seront bien plus faibles que ceux des arbres coupés dans les 
forêts "vierges". 

158. Le tableau n* 14 montre que : 

(1) les industries du bois nationales absorbent moins de la moitié 
des quantités récoltées (3 615 000 m^ d'équivalent bois rond 
sur les 7 636 000 m^ récoltés) ; 

(2) les industries du bois approvisionnant les marchés locaux 
utilisent en moyenne seulement 26 % de la récolte totale de 
grumes (50 % au Cameroun et 7 % seulement au Gabon) ; les 74 Z 
restants étant exportés, soit en grumes, soit après 
transformation effectuée localement ; 

(3) un peu plus de la moitié seulement, soit 54 Z du bois 
transformé localement est absorbée par les marchés locaux. 

159. La stagnation des marchés locaux, à l'exception de ceux du Cameroun, 
maintenu l'étroitesse des liens entre les industries du bois et le marché à 
l'exportation caractérisé par l'extrême sélectivité pour les essences et une 
grande qualité des bois. Ceci s'est traduit par une absence d'incitation pour 
une plus grande diversité des essences et pour une amélioration des 
équipements industriels. 



54 

ZABUàD n* 14 

Quantités récoltées et transformées localement 

dans quatre pays africains francophones en 1983. 

(unité 1 000 m^ de bois rond) 



Pays 


: quantité 
: réooitto 


•: quantités 

■: sxportées 

: en grumes 


; Qusntltés transformées 


.-Pourcentags. 


: Pourcentage : 


: toUles 


: expor- 
: tées 


:vsnduss 
:sur les 
: marchés 
: locaux 


•oes qusnvix* .u«« «^uwiwib. 
: transform. : récoltéss : 

: vendues sur :1ocs1smsnt : 

:les marchés :oomme bols : 

locaux .'transformé : 


: Cameroun 


1 sao 


595 


: 1 085 


250 


835 


77 X 


50 X : 


: Congo 


491 


221 


270 


150 


120 


44 % 


24 X 


: Côte d'Ivoire : 


4 075 


2 267 


1 608 < 


888 


920 


50 % 


22 X 


: Qabon 


1 390 : 


938 


452 : 


360 : 


92 : 


20 X 


7 X 


TOTAUX 


7 636 : 


4 021 


3 615 : 


1 648 : 


1 967 : 


54 % 


26 X 



La plupart des usines ont été ainsi obligées de se concentrer sur la 
transformation d'un petit nombre d'essences principales comme sources 
essentielles de leurs revenus. Ce n'est que dans des circonstances 
particulières (équipement suranné» proximité d'un marché urbain étendu) qu'une 
usine donnée peut d'intéresser aux essences secondaires. 

160. Lorsque l'abattage se bornait en majorité aux arbres de grosses 
dimensions, les usines de grande capacité devaient s'équiper de machines 
lourdes pour manutentionner des grumes de forte taille. Le premier passage en 
coupe ayant été effectué sur la plus grande partie des forêts, le diamètre 
moyen des arbres exploitables au deuxième passage a progressivement diminué; 
de ce fait ces machines sont aujourd'hui surdiroensionnées et leur utilisation 
est devenue trop coûteuse. Les petites usines peuvent posséder des 
installations mieux adaptées aux grumes de plus faibles diamètres, mais bon 
nombre d'entre elles sont vieillies et leurs capitaux souvent insuffisants 
pour leur permettre de faire face aux dépenses dé renouvellement des 
équipements. Il s'agit là d'une situation assez générale bien qu'il puisse y 
avoir des exceptions. 

161. En Afrique occidentale, en raison de la diminution de la ressource en 
grumes de qualité convenable pour l'exportation, un accroissement de l'intérêt 
en faveur du développement des marchés locaux devrait se faire jour ; ainsi 
pourront être utilisés des arbres de plus petites tailles laissés sur pied 
dans les forêts naturelles ainsi que ceux des éclaircies (diamètre de 15 à 35 
cm) faites dans les plantations où seront bientôt produits des bois aux 
caractéristiques homogènes sur des centaines de milliers d'hectares. Pour 
réussir dans cette entreprise, des équipements spéciaux seront nécessaires 
coimie, par exesiple, les suivants : 



55 

(1) dérouleuses et trancheuses conçues pour traiter des grumes de 
petites tailles, comme les dérouleuses f incises ou d'autres 
machines Scandinaves ou canadiennes ; 

(2) scies mobiles et raboteuses de petites tailles pouvant être 
installées sur le parterre des coupes pour la production de 
poutres et de chevrons susceptibles d'être usinés dans un 
atelier principal ; l'importance de la ressource en petites 
grumes (près de 150 000 m^/an de produits d'claircies en Côte 
d'Ivoire) justifie les investissements en faveur de tels 
équipements (Catinot, 1986). 

162. Des développements similaires sont aussi nécessaires pour traiter les 
bois débités, principalement en vue de leur utilisation en menuiserie, en 
charpente et en ameublement. La fabrication des poutres en lamellé-collé a été 
suspendue en raison des insuffisances des marchés locaux, mais il y a une 
demande croissante pour des produits manufacturés locaux, comme des manches 
à balai ou des tringles à rideau, principalement en Côte d'Ivoire. Les moyens 
susceptibles de promouvoir l'utilisation locale du bois provenant des 
industries nationales peuvent être énumérées ci-après : 

(1) amélioration des techniques de séchage qui est rendu difficile 
par les conditions climatiques des forêts tropicales hiamides; 
c'est surtout important si les produits manufacturés doivent 
vendus aux pays africains voisins plus secs ; 

(2) utilisation de contreplaqués peints plutôt que polis ; ceci 
peut les rendre moins chers en dissimulant certains défauts 
d'aspect ; 

(3) utilisation de bois reconstitué (panneaux de particules, etc.); 
grâce à cette technique bien maîtrisé et peu onéreuse, 
permettant l'utilisation des sous-produits, les tiges coupées 
en éclaircies et tous autres bois de petites dimensions 
pourraient être valorisés. 

163. Les commentaires ci-dessus concernent essentiellement l'Afrique 
occidentale. Pour les pays de l'Afrique centrale, où subsistent encore de 
vastes étendues de forêts naturelles, la prédominence d'un marché à 
l'exportation hautement sélectif devrait se maintenir encore pendant plusieurs 
décennies. 

3.6 Institutions 

164. Traditionnellement les services forestiers ont été d'abord considérés 
par les gouvernements et les administrateurs comme des organismes chargés de 
collecter des recettes ; la forêt étant considérée comme croissant toute 
seule, les allocations budgétaires et les effectifs devaient être maintenus 
au niveau le plus bas. 

165. Au point de vue politique, les services forestiers sont souvent regardés 
comme constituant des sources de conflits : pour les communautés rurales, la 
réglementation forestière est contraignante et les fonctionnaires forestiers 
sont des policiers tracassiers. Les poursuites pénales pour délits de chasse, 
de feu ou d'exploitation illicite suscitent presque quotidiennement une 
hostilité latente qui s'exprime ouvertement auprès des politiciens locaux. 



56 

Pour conserver leur popularité ces derniers répugnent à accorder de façon trop 
évidente leur soutien au service forestier lorsqu'il tente d'appliquer la loi. 
Ainsi la foresterie figure généralement parmi les activités les moins 
soutenues par les gouvernements. 

166. En Afrique francophone , la tendance commune a été de confier à des 
institutions distinctes a) la réalisation des opérations techniques, et b) 
l'application de la politique forestière, l'administration et la perception 
des recettes forestières (Catinot, 1986). Cette distinction a été souvent 
considérée comme bénéfique par les donateurs étrangers, dans un cadre 
multilatéral ou bilatéral, pour la gestion des programmes d'assistance 
technique. A cet égard des institutions de ce type furent créées dans la 
plupart des pays francophones forestiers pour être responsables de toutes les 
opérations forestières, théoriquement indépendamment des services forestiers. 
Elle prirent le plus souvent la forme de Sociétés ou d'Offices, par exemple: 

(1) au Cameroun, le Fonds national et le CENADEFOR ; 

(2) au Congo, l'Unité industrielle d'afforestation du Congo ; 

(3) en Côte d'Ivoire, la Société pour le développement des 
plantations forestières (SODEFOR) ; 

(4) au Gabon, la Société technique de la forêt d'Okoumé (STFO). 

167. Ces organismes sont généralement gérés par un Conseil d'administration 
et sont dotés de l'autonomie financière. Ils sont placés sous l'autorité du 
même ministère qui a en charge le service forestier dont le chef est 
Commissaire du gouvernement auprès du Conseil d'administration. 

168. Ces Offices techniques sont des supports administratifs efficaces pour 
la gestion des programmes d'aménagement forestier. L'expérience a montré 
cependant que plusieurs d'entre eux ne disposent pas d'une section de 
recherches, de programmation et de contrôle des opérations, dont le rôle 
pourrait être justifé pour assumer la responsabilité de l'organisation et de 
la coordination des projets spéciaux. Les agences d'aide extérieure ont 
souvent affecté un socio-économiste pour prendre en charge ce travail de 
programmation et de coordination. Cet aspect est particulièrement important 
pour assurer le succès des programmes d'aménagement forestier. 

169. Dans les pays anglophones, les services forestiers sont habituellement 
responsables aussi bien des opérations techniques que de la perception des 
recettes, de la gestion et de la protection du domaine forestier national. 
Certains programmes ont été pris en charge par la Commonwealth (autrefois 
Colonial) Development Corporation, comme les plantations papetières Usutu au 
Swaziland et le projet Njemba Wattle ( Acacia mearnsii ) en Tanzanie. Toutefois 
et d'une façon générale toutes les interventions techniques, y compris les 
plantations et les aménagements, sont effectuées par les services forestiers. 
Dans de nombreux cas, les projets de reboisement ou d'aménagement très 
importants sont dotés d'une certaine autonomie de gestion avec un budget 
distinct. 

170. Le personnel affecté aux travaux forestiers est souvent insuffisant et 
manque d'expérience professionnelle. Les salaires sont souvent si faibles que 
les forestiers ne peuvent faire face à leurs besoins de base qu'avec 
difficultés. 



57 

Les véhicules, les carburants et les crédits sont généralement tellement 
insuffisants que les cadres éprouvent beaucoup de difficultés à effectuer les 
tournées sur le terrain ; il faut donc soutenir les cadres techniques de 
valeur en mettant à leur disposition des équipements et des moyens de 
transport et en leur garantissant des carrières et des salaires intéressants 
avant que les aménagements forestiers ne deviennent une réalité. L'une des 
carences de la formation dans de nombreux pays concerne l'exploitation et la 
transformation du bois (Catinot, 1986) ; c'est la raison pour laquelle les 
cadres forestiers éprouvent des difficultés à discuter d'égal à égal avec les 
exploitants et les scieurs de questions relatives à l'estimation des voliomes 
sur pied, au classement des grumes, ou au marché des essences secondaires. 
L'aménagement des forêts requiert de fréquents contacts avec les exploitants; 
il est donc nécessaire qu'ils parlent un langage commun. C'est pourquoi l'une 
des conditions de l'efficacité des aménagements forestiers réside dans 
l'élargissement de la formation des cadres forestiers de terrain aux problèmes 
de récolte, de transformation et de commercialisation des bois tropicaux de 
telle sorte que le contrôle qu'ils exercent sur ces opérations soit fondé sur 
des connaissances techniques complètes. Ces cadres doivent bénéficier aussi 
d'un soutien convenable des autorités et ceci requiert un financement 
approprié. 

3.7 Aspects économiques et socio-économiques 

171. Selon Catinot (1986) aucune étude économique d'ensemble n'a été faite 
en Afrique francophone sur les diverses options concernant l'aménagement des 
forêts tropicales humides. Toutefois des études de portée limitée ont été 
effectuées dans plusieurs pays allant de considérations générales sur les 
aspects économiques de l'aménagement des forêts tropicales humides à l'échelle 
du monde (Leslie, 1976, 1987) à des contributions plus spécifiques au niveau 
du pays ou de la région. Les aspects économiques des reboisements sont mieux 
documentés que ceux concernant les forêts naturelles (Openshaw, 1982). 

172. Les principaux domaines pour lesquels des informations économiques sont 
disponibles sont décrits ci-après : 

(1) coût des exploitations en distinguant les principales 
opérations (reconnaissance, équipement routier, abattage, 
tronçonnage, débardage, transport) en fonction de la richesse 
et de l'accessibilité des peuplements ; 

(2) coûts et rentabilité des divers modes de transformation en 
fonction des essences, des équipements, etc." ; 

(3) coûts du transport depuis l'usine (par voie ferrée, par voie 
d'eau ou par route) en y incluant les stations-services, les 
ruptures de charges et aussi la valeur des amortissements et 
leur influence sur le revenu ; 

(4) coûts du transport maritime dans le cas des exportations en y 
incluant le montant des taxes diverses, des droits de douanes, 
etc. ; 

(5) études intégrées à tous les niveaux de la production depuis 
l'arbre sur pied jusqu'à l'utilisation finale comprenant des 
taux de rentabilité entre l'exportation de bois en grumes et 
celle de bois sciés ; 



58 

(6) étude des marchés nationaux et internationaux en relation avec 
les essences et les usages habituels , dans le but de déterminer 
des fourchettes de prix sur des bases concrètes ; selon de très 
nombreuses informations il se confirme que 1* écart entre le 
prix du bois des essences principales et celui des essences 
secondaires ne varie pas beaucoup et que, lorsque le marché est 
en baisse,, les essences secondaires peuvent devenir invendables 
à l'exportation ; cette situation pourrait toutefois être 
améliorée en développant des marchés locaux dynamiques ; 

(7) de nombreuses études de cas sur les taux de rentabilité de 
certains projets forestiers spécifiques ; il s* agit d* études 
de faisabibilité de projets papetiers , par exemple au Gabon, 
au Cameroun, en Côte d* Ivoire, au Nigeria, au Kenya et en 
Tanzanie; certains d'entre eux ont été conçus pour utiliser les 
bois des forêts naturelles (toutes espèces confondues), 
d'autres pour traiter le bois produit par des plantations 
existantes ou programmées d'essences à croissance rapide ; de 
telles études envisagent presque tous les aspects traditionnels 
de la foresterie et aussi quelques nouveaux concepts comme 
l'exploitation totale des forêts tropicales humides, la mise 
en plaquettes des grumes, la construction de routes tous temps 
pour véhicules lourds, l'exploitation annuelle de plusieurs 
milliers d'hectares de plantations, utilisation et rendement 
d'équipements lourds, etc ; ces études ont produit une quantité 
d'informations nouvelles de grande valeur utiles à 
1 ' aménagement ; 

(8) les études économiques des reboisements débutèrent vers 
1945/1950 lorsqu'ils attirèrent pour la première fois des 
capitaux étrangers ; les agences d'assistance bilatérale ou 
multilatérale insistèrent à la fois sur la nécessité des études 
de faisabilité et sur l'intérêt du contrôle ultérieur des 
opérations au point de vue économique et financier ; ces études 
furent toutefois incomplètes jusqu'en 1984/85 car les 
rendements des plantations devaient faire l'objet 
d'estimation ; ceux-ci peuvent aujourd'hui être mesurés car les 
plantations d'Okoumé, de Fraké ou Limba, et de Framiré ont 
atteint une dimension d'exploitabilité ; des calculs de 
rentabilité des plantations peuvent donc être fondés sur les 
mesures d'accroissements réels même si les informations 
manquent encore sur les volumes réellement commercialisables ; 
une bonne accessibilité, de gros volumes exploitables à 
l'hectare et une bone homogénéité des produits devraient 
relever la valeur des peuplements sur pied ; néanmoins la 
rentabilité financière de ces plantations devrait se situer à 
un niveau modeste en raison des coûts élevés d'établissement 
et d'entretien, au moins au cours de la première révolution; 

(9) plusieurs études particulières ont été faites ; la plus 
importante pour l'avenir des plantations en zone de forêts 
tropicales humides est probablement celle qui fut entreprise 
en Côte d'Ivoire par la SODEFOR sur l'évaluation des 
éclaircies ; le coût des premières éclaircies non 
commercialisables fut quantifié de même que le prix de revient 
des produits d' éclaircies avec mise en oeuvre d'équipements 
spéciaux conçus pour la manutention des perches et des petites 
grumes ; 



59 

(10) en revanche, les études économiques sur le traitement des 
forêts naturelles ont été réalisées seulement sur une petite 
échelle, par exemple celui de la forêt de Yapo en Côte 
d'Ivoire ; les études socio-économigues sont pratiquement 
inexistantes ; il est vrai que la longue durée des révolutions 
ainsi que les difficultés pour quantifier de façon 
statistiquement convenable l'effet de divers traitements sur 
la croissance des forêts naturelles rendaient de telles 
entreprises redoutables. 

3.8. Recherches 

173. Au début du siècle, les recherches, presque toujours sylvicoles, 
étaient réalisées par des forestiers locaux curieux, obéissants à leur propre 
initiative, dans le cadre de leurs activités du terrain. Catinot (1986) note 
ainsi les travaux de Martineau et d'Aubréville dans la forêt du Banco en Côte 
d'Ivoire qui débutèrent en 1925. Au Nigeria, deux sylviculteurs furent 
recrutés dans les années 1920 pour entreprendre des observations sur la 
régénération naturelle et artificielle à Sapoba. Dans de nombreux pays 
africains, cependant, les recherches forestières commencèrent seulement après 
la dernière guerre ; une exception importante est constituée par la création 
de la Division forestière de l'INEAC au Zaïre en 1934 dont les travaux 
remarquables sur les forêts tropicales humides se poursuivirent à Yangambi et 
Luki jusqu'aux environs de 1960. 

174. Les recherches organisées débutèrent réellement, ou furent 
considérablement renforcées, après la dernière guerre mondiale avec 
l'accroissement des effectifs de personnel qualifié. Des sections de 
recherches en sylviculture devinrent opérationnelles dans de nombreux pays à 
la fin des années quarante ou au début des années soixante : de petites 
stations furent créées en 1945 en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Gabon et au 
Congo. Dès 1958 l'effort de recherches dans les pays africains francophones 
fut accru grâce à la création de stations de recherches qui, à l'origine, 
étaient des antennes du CTFT puis graduellement furent nationalisées : 
CTFT-Gabon et CTFT-Congo en 1958, CTFT-Côte d'Ivoire en 1962, et CTFT-Cameroun 
en 1965 ; chaque station comprenait 2 à 10 chercheurs travaillant sur la 
sylviculture et l'amélioration génétique sans oublier la technologie du bois. 
Quelques sections spécialisées dans l'utilisation, exigeant un équipement plus 
coûteux, furent créées après les sections de sylviculture par exemple Ibadan 
(Nigeria), Accra (Ghana), Moshi (Tanzanie), Kampala (Ouganda) et Maguga 
(Kenya), tandis que des laboratoires et des ateliers de technologie étaient 
incoporés au CTFT-Côte d'Ivoire et au CFTF-Gabon. Pour certains types de 
recherches, les stations furent scientifiquement rattachées à des institutions 
régionales ou internationales comme 1 'East African Agriculture and Foresty 
Research Organization, le West African Timber Borer Research Unit, le CTFT de 
France, l'Oxford Fores t Institute et le Fores t Products Research Institute du 
Royaume Uni. La sylviculture et l'utilisation ont été partout les 
deux principales disciplines mais là où des problèmes spécifiques se posaient, 
des spécialistes ont été recrutés comme des pathologis tes, des entomologistes, 
des agriculteurs, des améliorateurs, des botanistes, des écologistes, des 
statisticiens, des économistes, etc. 

175. L'objet principal des recherches fut d'abord la sylviculture des 
espèces indigènes en expérimentant les méthodes de régénération naturelle et 
artificielle, puis étendu aux espèces exotiques comme le teck pour la 
production de bois d'oeuvre ou certaines essences à croissance rapide comme 
les pins et les eucal3rptus pour la production de bois de pâte. 



60 

La plupart des techniques sylvicoles énoncées ci-dessus au paragraphe 3.3 
furent élaborées après des études préliminaires ; les recherches sur 
l'éducation en pépinière» sur les techniques d'entretien et d'éclaircies ont 
eu une portée imiverselle. Des études effectuées au niveau régional sur 
l'application de méthodes générales (taungya, plantation d'enrichissement) ont 
quelquefois débouché sur des techniques désignées de façon particulière comme 
la technique d'uniformisation par le bas de Majmmba au Zaïre (cultures 
associées de bananier et de Limba), la Nigérian departmental taungya, le Kenya 
shamba System» la Méthode du recrû pour l'Okoumé au Gabon, la Méthode du 
couvert en Côte d'Ivoire, la Méthode des grands layons au Cameroun, la Méthode 
des placeaux et la Méthode de l'uniformisation par le haut au Zaire, ainsi 
que la Stripling method of line group plant ing en Ouganda. Des efforts de 
recherche importants ont été investis dans la conception de méthodes 
d'inventaire forestier bon marché mais statistiquement fiables de même que 
dans la mise au point de techniques de dévitalisation efficaces et peu 
coûteuses (à l'arsenite de soude en Afrique occidentale et aux hormones en 
Ouganda). Des placettes de mesure sont d'usage courant pour suivre l'effet des 
traitements sylvicoles et les variations des réponses sur l'accroissement 
individuel des arbres. Des tentatives ont été faites pour mesurer l'impor- 
tance des dommages causés aux jeunes arbres d'essences commercialisables par 
l'exploitation (cf. Dawkins, 1958 ; Redhead, 1960 b). Plus récemment 
l'attention s'est portée dans certains pays sur l'amélioration des essences 
forestières comme moyen d'accroître la productivité des reboisements et la 
qualité du bois, et ainsi d'améliorer la rentabilité des plantations ; ceci 
concerne aussi bien les reboisements en savane, comme ceux des pins ou 
d'eucalyptus au Congo et au Nigeria, que les plantations en forêt de Samba en 
Côte d'Ivoire et au Nigeria ou d'Okoumé au Gabon, ou encore de Limba au Congo. 

176. La complexité et la variabilité des forêts tropicales humides 
constituent un problème compliqué pour le chercheur comme pour l'aménagiste. 
La plupart des essences commercialisables sont disséminées en forêt. La 
hauteur de l'étage dominant oblige à concevoir des placettes largement 
dimensionnées entourées d'une large zone tampon. Si les réponses aux 
traitements doivent être évaluées séparément par espèce et par classe de 
diamètre et si chaque catégorie doit être constituée en un échantillon au sens 
statistique du terme, la superficie totale du dispositif peut devenir très 
grande. Cette contrainte a été totalement prise en compte en Côte d'Ivoire 
dans le dispositif décrit dans l'Etude de cas n* 3 et dont la surface totale 
occupe 900 hectares. La nature des sols, la topographie, les microclimats, 
et, sans doute, d'autres facteurs affectent la croissance des arbres et la 
réponse aux traitements d'une façon qui est très mal comprise. 

177. Les progrès accomplis dans la technologie des ordinateurs au cours des 
deux dernières décennies sont très appréciés par les chercheurs forestiers. 
Auparavant les résultats des mesures faites sur le terrain constituaient des 
masses d'informations considérables difficiles à analyser et à interpréter. 
De nos jours les moyens informatiques sont souvent mis à la disposition des 
organismes de recherches nationaux. De plus beaucoup de pays africains ont 
accès aux moyens de traitement des centres internationaux comme le CTFT à 
Nogent sur Marne (France) ou le Forestry Institute à Oxford (U.K.) Des 
analyses multi-variables de placettes mono-arbres permettent de diminuer le 
besoin de blocs de grandes dimensions. 



61 

178. Les recherches sur les produits forestiers sont orientées de la façon 
suivante : 

(1) détermination des caractéristiques physiques et mécaniques des 
essences des forêts tropicales humides autrefois mal connues 
mais relativement abondantes selon les résultats des 
inventaires ; 

(2) mise au point de méthodes de transformation du bois de ces 
essences ( sciage, déroulage, tranchage ), ou 
d'utilisation énergétique (fabrication de charbon de bois, 
pouvoir calorifique, etc.) ou de trituration pour la 
fabrication de pâte ou de panneaux ; 

(3) mise au point de techniques de traitement des bois (séchage, 
préservation) ; 

(4) mise au point de techniques de seconde transformation 
(matériaux de construction, lamellécollé, bois reconstitué) 
avec intérêt particulier pour l'utilisation des sous-produits 
de traitement sylvicoles (dégagements des plants, nettoiements, 
etc.) ; une utilisation économi de ces produits peut souvent 
peser favorablement sur le succès financier d'un traitement 
sylvicole. 

179. Il est essentiel que les recherches technologiques sur les produits 
forestiers soient programmées en étroite coordination avec les recherches 
sylvicoles. Une certaine intégration de ces deux domaines de recherche doit 
être réalisée pour permettre une amélioration des connaissances sur lesquelles 
pourront être fondés des systèmes avantageux d'aménagement des forêts 
tropicales humides. 



62 
CHAPITRE IV 

4. BESOINS ACTUELS D'AMENAGEMENT DES FORETS TROPICALES HUMIDES EN AFRIQUE 
4J Niveaux d'aménagement 

180. Il est possible d'envisager les systèmes d'aménagement à deux niveaux 
différents. Dans le contexte de l'Afrique tropicale humide, un système 
d'aménagement classique sensu stricto, devrait normalement comporter les 
divers points suivants : 

(1) définition du régime légal : délimitation légale des forets 
classées et description des mesures de protection prises contre 
les usages non autorisés; 

(2) inventaire : constat des ressources existantes dans la forêt 
classée considérée; 

(3) contrôle des exploitations : organisation des coupes d'une 
façon ordonnée et efficace conformément à un programme annuel 
prévoyant l'utilisation optimale des bois abattus et le minimum 
de dommages aux peuplements résiduels; 

(4) sylviculture : ensemble des mesures prévues pour régénérer la 
forêt, soit naturellement, soit artificiellement, associées à 
des inventaires périodiques pour vérifier l'adéquation de la 
régénération naturelle et à des coupes visant à améliorer la 
croissance ou la composition des peuplements jeunes; 

181. En raison du caractère pérenne souvent reconnu à la forêt classée, la 
recherche d'un rendement soutenu est envisagée comme un objectif possible 
souhaitable. Dans la plupart des forêts la production de bois est de loin 
considérée comme étant l'objectif le plus important. Comme les arbres sont 
généralement de forte taille, leur comptage est plus facile que celui des 
produits de la forêt autres que le bois et leur extraction difficile à 
dissimuler. Mais le plus souvent, le nombre des essences commercialisables 
étant relativement réduit par rapport au nombre total d'arbres sur pied, 
l'exploitation et la sylviculture ne concernent qu'une partie de la forêt. 

182. Certains types de forêt importants occupent des bassins versants sur 
de fortes pentes. Dans ce cas l'objectif principal de l'aménagement doit être 
d'assurer la permanence du fonctionnement des écosystèmes pour la préservation 
des sols et des ressources en eau; l'objectif de conservation est donc 
essentiel avec accessoirement le contrôle de la récolte de produits autres que 
le bois ainsi que la recherche ou la recréation comme activités 
complémentaires . 

183. Au cours des années récentes, les forestiers se sont de plus en plus 
rendus compte que l'aménagement forestier, sensu stricto , ne pouvait être 
conçu de façon isolée; il est en effet constamment soumis à des contraintes 
politiques, économiques et sociales en raison des interactions entre les 
besoins locaux, nationaiix et internationaux pour des produits forestiers, 
entre les marchés, les industries forestières et les exploitations 
forestières, et enfin ent^re les demandes contradictoires pour l'espace 
cultivé, l'espace boisé ou l'espace urbanisé. L'aménagement forestier sensu 
Iftto doit tenir compte de l'ensemble de tous ces facteurs externes. 



63 
4.2. Système d'aménagement au sens strict 

4.2.1. Contrôle de l'accès aux forêts 

184. Dans la plupart des pays africains possédant des forêts tropicales 
humides, le concept d'un domaine forestier permanent, intégralement protégé 
contre les usages non autorisés et les coupes abusives, a été introdiuit dans 
diverses législations. Elles se différencient cependant par le degré de 
rigueur avec laquelle la loi est appliquée. Dans certains pays, les limites 
des forêts sont régulièrement entretenues et tout acte contraire à la loi est 
immédiatement poursuivi tandis que dans d'autres les défrichements des 
agriculteurs se sont étendus jusqu'à l'intérieur des forêts classées avec 
l'accord tacite des autorités. Là où l'accroissement d'une population déjà 
dense crée un besoin accru pour des terres cultivables, la limitation de 
l'accès aux forêts devient très difficile à justifier et à mettre en oeuvre. 

185. Bien peu de choses ont été faites jusqu'à une époque récente pour 
obtenir le sutien des populations locales en faveur d'un domaine forestier 
permanent et les administrations nées de l'indépendance ont encore beaucoup 
à faire dans ce domaine. Il est non seulement nécessaire d'entreprendre 
l'éducation des populations locales sur l'intérêt de la conservation des 
forêts mais encore il faut oeuvrer sans relâche pour que celles-ci puissent 
retirer des forêts tout le bien possible, qu'il s'agisse de produits ou de 
services. Tandis que le service forestier doit conserver la responsabilité de 
la conception de l'aménagement, les populations locales intéressées doivent 
participer entièrement à la programmation et à l'exécution des travaux; elle 
doivent aussi percevoir une part des revenus procurés par l'exploitation de 
la forêt ainsi que cela se fait au Nigeria (Lowe, 1984). Celles-ci seront 
ainsi mieux disposées à conserver la forêt s'ils la considèrent comme la leur 
et non comme la chose d'un gouvernement éloigné et impersonnel. Toute 
planification de l'utilisation des terres doit optimaliser la productivité du 
sol envisagée en fonction de ses divers usages mais celle-ci doit être 
acceptée et approuvée par les populations locales pour garantir son succès. 

4.2.2. Inventaires forestiers 

186. De nombreux efforts ont été faits pour normaliser les techniques 
d'inventaire sur lequel un consensus s'est pratiquement établi entre les pays 
anglophones et les pays francophones. Les inventaires sont généralement 
entrepris pour obtenir des informations sur: 

(1) les contenances; 

(2) les types de peuplement; 

(3) les compositions floristiques; 

(4) l'importance quantitative et qualitative des ressources; 

(5) la répartition des volumes entre les essences et les classes 
des diamètre; 

La dynamique des modifications des ressources forestières et de la qualité 
des stations est particulièrement importante à connaître. Plusieurs intensités 
d'inventaire sont admises depuis la très faible intensité caractérisant la 
reconnaissance des ressources forestières à l'échelle nationale jusqu'à un 
taux de 100% tel que celui qui peut être exigé par un exploitant désirant 



64 

connaître le volume de bois d'essences comnercialisables d'un diamètre 
supérieur à une limite préfixée et susceptible d'être exploité au cours d'une 
année donnée. Dans le passé la plupart des inventaires portaient sur les plus 
gros arbres ayant atteint ou dépassé le diamètre d'exploitabilité; mais on 
sait aussi conment effectuer un échantillonnage pour évaluer l'importance et 
les conditions sylvicoles de la régénération naturelle ainsi que la 
répartition des tiges depuis les semis jusqu'au perchis. 

187. Les inventaires périodiques font aussi partie de l'aménagement. Ils 
permettent au forestier d'obtenir des informations sur la croissance, la 
mortalité et le passage i la futaie, notions essentielles dès lors que 
l'aménagement est fondé sur une connaissance complète de la dynamique de la 
forêt. La meilleure méthode consiste alors dans la délimitation de placettes 
permanentes recevant le même traitement que le reste de la forêt et contenant 
des arbres soigneusement repérés pour être mesurés à chaque passage en 
inventaire. 

188. En dehors du souci constant de réduire le coût des inventaires sans 
compromettre leur précision, il existe certains motifs de difficultés qui 
sont les suivants: 

(1) estimation des facteurs de conversion permettant de passer de 
la distribution des tiges classées en fonction des diamètres 
et des essences au volume commercial exploitable; il faut tenir 
compte des défauts, de l'accessibilité, de la topographie et 
des marchés. Ces facteurs varient d'un endroit à l'autre et, 
dans le cas des marchés, d'une année à l'autre; ils doivent, 
en conséquence, être conçus à l'échelon local et ajustés en 
fonction du temps. Ce sont précisément ces facteurs qui sont 
à l'origine de contestations entre les représentants des 
services forestiers et les exploitants. C'est la raison pour 
laquelle il convient souvent d'associer les exploitants, 
titulaires de permis de coupe ou candidats à de tels permis, 
aux travaux d'inventaire des parcelles dont l'exploitation est 
programmée; de cette façon toutes possibilités de contestations 
peuvent être évitées (Catinot, 1986); 

(2) estimation des produits secondaires, c'est-à-dire des produits 
autres que le bois. Ceux-ci sont généralement omis dans les 
inventaires forestiers classiques. Il convient d'inventorier 
les arbres fruitiers qu'ils produisent ou non du bois; la 
présence d'espèces utiles dans la couverture vivante ou le 
sous-étage doit être aussi signalée même s'il est difficile de 
la quantifier. Dans certains cas, si de tels menus produits 
sont de grande valeur, un inventaire quantitatif peut être 
nécessaire, par exemple en mettant en oeuvre une technique 
identique à celle utilisée pour apprécier la régénération 
naturelle mais un tel inventaire est sans intérêt si la récolte 
des produits en cause n'est pas effectuée. Si ces produits 
secondaires sont exploités par un grand nombre d'individus 
travaillant en toute liberté et sur une petite échelle, le 
contrôle de leur activité devient difficile; il vaut mieux 
alors se contenter d'une information qualitative sur 
l'importance de la ressource. 



65 
4.2.3. Contrôle des exploitations 

189. Dans les pays anglophones comme dans les pays francophones , l'octroi 
de permis de coupe aux exploitants a constitué la méthode habituelle de 
contrôle des exploitations. Le cahier des charges comprend généralement les 
principaux points suivants; 

(1) définition de la durée de validité du permis; 

(2) définition de la superficie concernée par le permis; 

(3) désignation des arbres dont l'abattage est obligatoire; dans 
certains cas ceux-ci sont marqués par le service forestier; 
dans d'autre cas, les arbres à abattre sont définis par une 
combinaison de : a) l'essence, b) un diamètre minimum, et c) 
une qualité (par exemple, l'exploitant n'est pas tenu d'abattre 
des arbres d'espèces préalablement désignées mais qui sont 
pourris de façon évidente) ; 

(4) consignes d'abattage (par exemple, hauteur maximale de la 
souche au dessus du sol, direction d'abattage pour éviter de 
causer des dommages); 

(5) clause d'abattage méthodique, par exemple au moyen de coupes 
régulières annuelles; 

(6) clause de création d'un réseau de pistes d'exploitation; 

(7) définition des modes de transformation des produits, par 
exemple normes de réception des usines, pourcentage de bois 
ronds à traiter, etc.; 

(8) possibilité annuelle définie soit par contenance, soit par 
volume; lorsqu'il s'agit d'une possibilité par contenance, le 
service forestier doit être capable de fournir à l'exploitant 
des informations sur le volume susceptible d'être exploité 
annuellement par hectare; 

(9) clauses de paiement des taxes forestières assises soit sur les 
surfaces exploitées, soit sur les volumes abattus en précisant 
les taux, le montant du dépôt de garantie, etc.; 

(10) clauses particulières concernant, par exemple, la lutte contre 
les feux ou la réalisation de travaux sylvicoles. 

190. Dans la mesure où elles sont consciencieusement suivies, ces simples 
dispositions peuvent conduire à une exploitation rationnelle des forêts. Dans 
certaines régions où existait une régénération naturelle préexistante 
convenable, l'abattage des tiges au dessus d'un diamètre minimal a été suivi 
par le développement de peuplements prometteurs constitués de perchis ou de 
jeune futaie, même à la suite de plusieurs passages en coupe, comme cela a pu 
être constaté en Côte d'Ivoire dans des forêts suivies par la SODEFOR associés 
au CTFT. Toutefois Catinot (1986) a observé que le défaut le plus évident de 
ce système est la disproportion entre la valeur des arbres abattus et le 
montant des sommes investies dans les travaux sylvicoles pour assurer la 
régénération. 



66 

Dans la plupart des pays il n'existe aucun Fonds forestier susceptible d'être 
alimenté par les taxes forestières: celles-ci vont grossir les recettes du 
budget national. Ceci ne constitue pas en soi une critique du mode de contrôle 
mais souligne simplement le fait que ce contrôle ne correspond pas à un 
aménagement dans le sens propre du terme. Comme l*a observé Hutchinson (1987) 
dans d'autres régions, la coupe à la dimension doit être associée à une 
certaine forme de traitement sylvicole sinon une dégradation de la structure 
des peuplements ou de leur composition risque de se produire. L'ensemble des 
quantités enlevées provenant des plantations ne représente qu'une partie des 
volumes extraits des forêts naturelles. 

191. Plusieurs tentatives ont été faites pour modifier les conditions 
d'octroi des permis d'exploitation pour en faire de véritables outils 
d'aménagement. En République Centrafricaine, 130 000 hectares de forêts 
devaient être exploités en 15 ans par voie de convention signée en 1970 et 
selon laquelle un rendement moyen de 130 000 m^/an était garanti, la moitié 
au moins devant être transformé sur place. La clause la plus intéressante 
était l'obligation faite à l'exploitant de fournir 2 000 hommes-jour par an 
pour être affectés à des travaux sylvicoles supervisés par le service 
forestier. Ces travaux sylvicoles devaient consister en délianage et abattage 
d'arbres des étages dominés dans les parcelles déjà parcourues par des coupes 
de type commercial ainsi qu'en martelage en réserve d'arbres d'essences nobles 
ayant une dimension inférieure au diamètre minimal d'exploitabilité ; une 
attention toute particulière était portée aux opérations d'abattage de telle 
sorte que ces arbres de place ne soient pas endommagés. Selon Catinot (1986) 
un bénéfice réel pouvait être attendu de ces traitements sylvicoles au moment 
où ces arbres devaient atteindre à leur tour le diamètre d'exploitabilité à 
la fin de la rotation d'une durée voisine de 30 ans. C'est pourquoi il aurait 
été logique de prolonger la validité de la convention d'une durée au moins 
égale à celle de la rotation à la condition que l'exploitant remplisse toutes 
ses obligations. Celui-ci aurait ainsi lui-même recueilli les fruits des 
travaux sylvicoles. Si ce système avait fonctionné convenablement et pendant 
une durée suffisamment longue, l'effet de cet aménagement aurait été un 
renouvellement des ressources forestières dont l'entreprise aurait pu attendre 
avec confiance un rendement convenable lors du second passage en coupe après 
un nombre d'années connu. 

192. Malheureusement cet essai de planification fut abandonné après quelques 
années bien avant que les résultats puissent en être appréciés. Le 
gouvernement revint aux types primitifs de permis, plus laxistes, accordés 
pour des superficies très grandes et sans aucune clauses favorisant le 
renouvellement des peuplements. 

193. Plus récemment en 1982, la République Populaire du Congo décida la 
division de son domaines forestier en un certain nombre d'Unités forestières 
d'aménagement soumises à des règlements d'exploitation conçus par le service 
forestier et dont les principales clauses sont les suivantes : 

(1) toute Unité forestière d'aménagement doit être parcourue en 
inventaire avant que l'exploitation en soit commencée; 

(2) une liste des essences nobles doit être dressée pour chaque 
unités; 



67 

(3) la possibilité doit être réglée en terme de 'Volume maximal 
annuel de coupe*' calculé à partir du volume total estimé des 
essences nobles ayant atteint la dimension d'exploitabilité 
déduit de l'inventaire (cf. alinéa 193/1) et divisé" par le 
nombre d'années de la rotation ; celle-ci est égale i la durée 
de la période jugée nécessaire pour que les arbres jeunes, 
marqués en réserves lors du précédent passage, puissent 
atteindre un diamètre supérieur au diamètre minimal 
d'exploitabilité ; 

(4) le volume maximal annuel de coupe est applicable à chaque 
essence noble séparément comme à l'ensemble de toutes les 
essences nobles; 

(5) l'Unité forestière d'aménagement peut être attribuée à un seul 
exploitant ou, au contraire, divisée en deux ou plus "Unités 
forestières d'exploitation", chacune d'entre elles étant alors 
attribué à un exploitant ; dans ce dernier cas une possibilité 
distincte est calculée pour chaque Unité forestière d'exploi- 
tation; 

(6) l'abattage au cours d'une année donnée être concentré sur une 
surface bien délimitée au moyen de layons périmétraux d'une 
largeur de 3 m ; chaque coupe doit être entièrement exploitée 
dans l'année (exceptionnellement deux) ; 

(7) après achèvement des travaux d'abattage sur une coupe, aucune 
nouvelle exploitation ne pourra y être pratiquée jusqu'à 
l'expiration de la durée de la rotation ; 

(8) l'exploitant doit effectuer un inventaire pied à pied de toutes 
les tiges exploitables avant d'en commencer l'abattage ; 

(9) toutes dispositions doivent être prises pour le classement des 
grumes en fonction de l'essence, de la longueur, du diamètre 
et de la qualité ; les grumes qui n'atteignement la qualité ou 
la dimension minimales peuvent rester sur le parterre de la 
coupe ; 

(10) l'exploitant doit s'acquitter des taxes forestières sur la 
base du volume maximal annuel de coupe des essences nobles 
qu'il les ait ou non exploitées ; en cas de nécessité il peut 
être autorisé à terminer une coupe au cours de l'année suivante 
et, si une crise prend naissance dans le marché des bois, le 
ministère des Eaux et Forêts, peut envisager de diminuer 
l'assiette des taxes dues par l'exploitant; 

(11) les plans d'aménagement sont soumis à révision tous les 5 ans, 

194. Alors que les aménagements des Unités forestières d'aménagement sont 
très détaillées en ce qui concerne le contrôle des exploitations, ils 
contiennent peu de dispositions sur la sylviculture, tout au plus une brève 
mention selon laquelle le secrétaire général du service forestier doit 
préparer un programme de travaux d'amélioration des peuplements des forêts 
classées. Même sans prescription détaillée sur la régénération des forêts, ces 
documents sont extrêmement utiles mais ils ne constituent pas des aménagements 
forestiers au plein sens du terme. 



68 

Ils représentent tout de même ce gui pourrait être qualifié d'aménagement 
forestier extensif car» en matière de gestion et d'infrastructure, il n'est 
pas possible de passer sans transition de l'absence totale d'aménagement à un 
aménagonent intensif totalement maîtrisé. De même, là où les ressources 
forestières sont abondantes, il est difficile de justifier des investissements 
en faveur d'une sylviculture intensive des forêts naturelles. Le mérite du 
système décrit ci-dessus réside dans le renforcement des tâches de 
l'Administration forestière dans le domaine du contrôle des entreprises 
d'exploitation forestière ; il apporte aussi sa contribution à la création de 
structures techniques capable d'inventorier et de cartographier des 
peuplements naturels, structures indispensables pour concevoir des 
aménagements, qu'ils soient intensifs ou extensif s. Au cours des dix années 
de coopération entre le gouvernement du Congo et la FAO, ces programmes ont 
fonctionné correctement. Il faut souhaiter que ce système puisse être maintenu 
de telle sorte que, les ressources forestières étant conservées, des 
aménagements plus intensifs et productifs puissent être graduellement mis en 
place, il faut souligner l'intérêt d'une proposition du gouvernement tendant 
à confier aux comoiunautés locales le développement de certaines Unités 
forestières d'aménagement. 

195. Au Cameroun, divers plans d'aménagement de la forêt "modèle" de 
Deng-Deng ont été proposés par la FAO ou par les services forestiers au cours 
des vingt dernières années. Aucun d'eux n'a été accepté par le gouvernement. 
Depuis 1977, la Société SOFIBEL a poursuivi l'exploitation forestière, 
semble-t-il, sans aucune disposition en faveur de la régénération mais avec 
des mesures très légères de contrôle des abattages consistant en l'ouverture 
de séries de 2 coupes sur 2500 hectares. 

196. Il ne peut y avoir d'aménagement des forêts sans engagement politique; 
mais les plans d'aménagement doivent être applicables dans les conditions 
réelles du terrain. Il n'existe aucune formule passe-partout. Catinot 
soulignait en 1986 que les services forestiers doivent tenir compte du 
contexte avant d'imposer des obligations a\ix entreprises d'exploitation ; 
notamment lorsqu'ils établissent les listes des essences qui doivent être 
exploitées ils doivent tenir compte des conditions locales du marché et de la 
conjoncture, car tout exploitant qui serait contraint à exploiter et vidanger 
des essences impossible à vendre serait rapidement réduit à la faillite. 

197. Le maintien sur pied de porte-graines des essences nobles d'une taille 
supérieure au diamètre d'exploitabilité présente aussi beaucoup 
d'inconvénients (Catinot, 1986) : diminution immédiate de la possibilité, d'où 
une réduction du profit des exploitants, risque de détérioration des porte- 
graines par pourriture si leur exploitation est différée d'une durée égale à 
celle de la rotation ; si leur exploitation n'est différée que de 5 à 10 ans, 
risque de dommages résultant de l'abattage des semenciers et du débardage des 
grumes à un moment où le recrû réagit le plus vigoureusement à l'ouverture du 
couvert causée par la précédente exploitation. De plus, la concurrence exercée 
par l'ombrage des arbres maintenus sur pied ralentit la croissance de la 
régénération induite (et peut-être éphémère?). 

198. Les informations sont cependant insuffisantes sur l'effet de l'âge et 
de la taille des arbres de la plupart des essences des forêts tropicales 
humides sur la quantité et la qualité de production des graines. A titre 
d'exenqple on peut se demander si trois arbres jeunes de 50 cm de diamètre 
donneront autant de graines (et mieux réparties dans l'espace) qu'un seul 
semencier mûr ou suranné de 90 cm de diamètre ; leurs qualités génétiques 
seront-elles comparables? 



69 

Si ces arbres sont moins gros parce qu'ils sont jeunes, ils peuvent avoir une 
croissance potentielle aussi bonne que celle des gros arbres plus âgés ; mais 
si certains d'entre eux sont âgés ou peu vigoureux, miser sur leur production 
de graines pourrait conduire à une détérioration graduelle de la qualité des 
graines. Comme les cernes d'accroissement annuel sont difficilement 
discernables chez les plupart de ces espèces, il est pratiquement impossible 
de distinguer entre un jeune arbre vigoureux et un arbre âgé à croissance 
ralentie, leurs diamètres étant comparables. L'un des intérêts d'une durée 
relativement longue de la rotation dans un système monocyclique réside dans 
le fait qu'elle induit un caractère plus ou moins équienne des peuplements 
croissant dans des conditions à peu près identiques de telle sorte que les 
génotypes à croissance rapide tendent à dominer les génotypes à croissance 
lente qui sont, de ce fait, progressivement éliminés. 

199. Aussi longtemps que les opinions des sylviculteurs se partageront 
également entre l'intérêt de la conservation de porte-graines et leur 
inutilité, il est irréaliste de demander à l'exploitant de laisser sur pied 
par exemple un arbre sur trois appartenant aux essences commercialisables. Il 
faut aussi intensifier les recherches sur la floraison et la fructification 
en fonction de l'âge et de la taille de même que sur l'importance de la nature 
du sol sur la régénération des essences nobles ; ainsi pourront être dégagées 
des lignes directrices dans ce domaine. 

200. Parmi les autres conditions d'un accord requérant une certaine 
flexibilité, il faut citer : 

(1) minoration des dommages à la régénération préexistante ; tout 
arbre abattu détruisant entre 2 et 4 ares de forêt, des 
dommages à la régénération préexistante sont inévitables : le 
martelage d'un nombre excessif de gaules ou de perches à 
conserver intactes serait irréaliste ; 

(2) implication de l'exploitant dans des opérations strictement 
sylvicoles : la responsabilité du service forestier doit être 
cependant engagé dans l'inventaire des arbres d'un diamètre 
inférieur au seuil d'exploitabilité et aussi, conjointement 
avec celle de l'exploitant, dans l'inventaire des arbres 
exploitables; dans le cas des travaux de régénération et 
d'amélioration des peuplements, même si l'exploitant fournit 
la main d'oeuvre nécessaire, le contrôle technique doit 
demeurer sous la responsabilité du service forestier ; 

(3) annualité des travaux d'exploitation : une certaine tolérance 
doit être prévue pour permettre à l'exploitant de différer 
d'une année une partie de ses opérations si les conditions sont 
telles qu'il ne peut achever l'abattage et la vidange des 
produits sur la totalité de la coupe au cours de l'année 
prévue par suite d'une humidité excessive, par exemple, ou pour 
des raisons économiques (chute des cours). 

201. Dans le même temps, les dispositions contractuelles raisonnables 
doivent être exécutées de façon stricte. Les entreprises d'exploitation 
forestière sont essentiellement concernées par la recherche du profit à court 
terme et c'est au service forestier de s'assurer que l'actif i long terme des 
ressources forestières n'est pas sacrifié. 



70 
2.4. Sylviculture 

202. Les pays africains possédant des forêts tropicales humides ont en commun 
beaucoup d'expérience en matière de sylviculture. Pour régénérer ces types de 
forêts trois techniques ont été utilisées dans le passé. Ce sont : 

(1) régénération naturelle induite par l'exploitation soit par 
coupe unique tendant à créer un nouveau peuplement équienne» 
soit par coupes jardinatoires tendant à créer un peuplement 
inéquienne notamment dans l'étage dominant ; 

(2) plantations d'enrichissement ou de compensation : une 
plantation de compensation est une plantation sur une surface 
donnée effectuée pour compenser, en tout ou en partie, la 
suppression d'un peuplement sur pied ailleurs (version 
française de la Terminologie forestière publiée par 
l'Association française des Eaux et Forêts, Paris, 1975) ; 
utilisation des espèces indigènes et principalement celles qui 
produisent un bois d'oeuvre de haute qualité ; 

(3) plantations concentrées faisant appel à des espèces à 
croissance rapide pour la prodution de grumes de sciage tout 
venant ou de bois de trituration. 

Quelques exemples de ces diverses techniques de régénération 
artificielle sont décrites aux alinéas 122 à 137. 

203. Les forêts tropicales humides comportent plusieurs strates avec un 
large éventail de dimensions des arbres en diamètre comme en hauteur. Les 
arbres adultes d'essences nobles sont rares et disséminés ; pour cette raison 
leur abattage influe peu sur le couvert, ne réduit pas notablement la biomasse 
ni l'importance de la compétition entre les arbres et n'accroît pas l'arrivée 
de la lumière au sol de façon notable. En revanche, les opérations de 
défrichement enlèvent tout la biomasse qui pouvait, du moins dans le passé, 
être reconstituée rapidement par des espèces à croissance rapide peu 
longévives comme les Tremia et les Macaranga (espèces colonisatrices) associées 
à une masse de plantes herbacées et de lianes se développant en pleine 
lumière. Les résultats des intervention sur le couvert entre ces deux extrêmes 
sont conditionnés par l'écologie de la forêt considérée et par 1' autoécologie 
des espèces dont la régénération est recherchée. 

204. Catinot (1986) et Philipp (1986a) notent tous deux l'échec de la 
régénération naturelle ou des techniques d'enrichissement lorsque l'abattage 
était limité à un petit nombre d'arbres par hectare, et un succès relatif 
lorsque les plantations étaient concentrées sur des lignes, sur des bandes 
ou sur des placeaux, et dans ce dernier cas lorsque la méthode taungya était 
mise en oeuvre. Il n'est pas surprenant que les meilleurs résultats aient été 
obtenus lorsqu'il était fait appel à des espèces caractéristiques des premiers 
termes de la série de succession vers le climax, comme Terminalia , 
Triplochiton , Maesopsis , etc. Toutefois Catinot observe l'accroissement des 
coûts de telles opérations et leur incidence défavorable sur la rentabilité 
si on les compare aux techniques de régénération naturelle même si leur 
productivité par unité de surface est plus grande. Karani (1985) rendant 
compte de la situation en Ouganda, propose de relier les besoins de bois 
de chauffage des populations rurales et urbaines à l'opportunité d'exploiter 
les forêts existantes de façon plus complète ;le cas extrême est représenté 
par l'exploitation totale de la forêt en vue de la fabrication de charbon de 



71 

bois suivie par une reconstitution du couvert forestier par la plantation en 
plein de Maesopsis sous lequel pouvent se réinstaller naturellement les 
espèces de la forêt primitive. 

205. Les forêts tropicales humides africaines sont trop variées pour que 
l'une quelconque des techniques ci-dessus puisse convenir à toutes ; en effet, 
le statut écologique des forêts, leur composition floristique, la densité des 
lianes, les dimensions des arbres et de leur houppier, le degré de rupture 
du couvert au cours des décennies passées et l'intensité de l'exploitation 
interviennent dans la réponse des peuplements au traitement sylvicole. La 
nécessité pour le forestier d'effectuer des travaux visibles de tous, 
d'investir et d'aménager activement la forêt est aussi vitale pour obtenir un 
soutien permanent des autorités et des communautés locales. Le choix d'une 
sylviculture appropriée, susceptible de démontrer que la forêt est un système 
de production intéressant s'il est utilisé de façon intelligente, doit aussi 
être considéré comme un élément d'une stratégie visant à la conservation de 
la forêt et s 'opposant à sa transformation en d'autres types d'utilisation du 
sol. 

206. Bien que la variabilité des forêts tropicales humides rende délicate 
toute tentative de généralisation, un certain nombre de principes peuvent être 
retenus pour orienter l'action du forestier : 

(1) les espèces qui se régénèrent le plus facilement sont celles 
qui sont le mieux distribuées en classes d'âge en forêt et 
présentent de grands besoins en lumière comme celles que l'on 
trouve dans les trouées ; en réalité bien peu d'espèces des 
forêts tropicales humides africaines entrent dans la première 
catégorie; 

(2) plus le couvert est ouvert et plus favorables sont les 
conditions offertes à la croissance des espèces colonisatrices 
sauf en cas d'envahissement par les lianes ; le succès des 
techniques de l'Ouganda et de Subri repose sur un défrichement 
presque complet associé à un réensemencement naturel complété 
ou non par des plantations ; 

(3) les essences les plus nobles, comme la plupart des Méliacées, 
se développent bien sous un couvert interrompu ou léger comme 
celui qui est formé par les espèces colonisatrices au stade 
adulte ; 

(4) lorsque le couvert a été perturbé pendant une longue période 
et qu'il en est résulté un dévelopment très abondant de lianes 
vigoureuses, toute intervention sur le couvert peut se révéler 
désastreuse car elle peut se traduire par l'établissement d'un 
fouillis de lianes qui peut persister pendant plus d'une 
décennie; 

(5) il est peu probable que l'enrichissement soit un succès sauf 
avec des espèces de lumière à croissance très rapide se 
développant sans ombrage vertical (voir à ce sujet les 
conditions énoncées par Dawkins, exposées à l'alinéa 57 de 
l'Etude de cas n* 1) ; 



72 

(6) quelques petites difficultés ont été rencontrées lors de la 
mise en oeuvre de techniques de plantation en plein après 
défrichement des forêts tropicales humides pour créer des 
peuplements monospécifiques équiennes d'essences exotiques, 
caame la pourriture des racines du teck par Fomes lignosus ou 
la mineuse des rameaux de Framiré, etc., mais jusqu ici ces 
affections n'ont pas eu d'effets catastrophiques sur le succès 
de l'ensemble des plantations, du moins à leur première 
génération ; 

(7) des études du sol sous les plantations ont mis en évidence des 
changements rapides des conditions physiques et chimiques mais 
apparemment sans incidences fâcheuses du moins à court terme; 
des cas de graves érosions en nappe ou en ravines ont été 
signalés dans des plantations plein de diverses espèces comme 
le teck ou Cupressus lusitanica , mais aucun qui ne puisse avoir 
été corrigé par des méthodes sylvicole appropriées comme une 
simple éclaircie pour favoriser le développement d'un 
sous-étage. 

207. La controverse entre les tenants des systèmes de coupes monocycliques 
et ceux des systèmes de coupes polycycliques est souvent exagérée. Là où les 
idées sont en faveur d'un système monocyclique, comme en Ouganda, l'ensemble 
des opérations est précédé par une rotation d'une durée de 30 à 40 ans 
destinée à enlever tous les arbres surannés suivie d'une rotation de 
conversion qui succède 30 à 40 ans plus tard à la première coupe annuelle ; 
environ 80 ans plus tard, une dernière coupe annuelle est réalisée au moyen 
d'ajustements successifs sur les parcelles. 

208. Les partisans des coupes polycycliques estiment qu'il est possible de 
maintenir le rendement du deuxième passage en coupe à un niveau au moins 
comparable à celui du premier passage dans les forêts qui n'ont pas été 
perturbées dans un passé récent. Par exemple si on effectue des traitements 
sylvicoles appropriés (dévitalisation et délianage) se traduisant par un 
accroissement moyen sur le diamètre des arbres jeunes de 1 cm par an et si la 
dimension minimale d'exploitation est de 60 cm, le maintien sur pied de 15 
arbres de place à l'hectare ayant un diamètre de 30 à 60 cm à l'époque du 
premier passage en coupe peut produire un rendement convenable au second 
passage avec une rotation de 30 ans (Catinot, 1986). Si tous les arbres 
réservés survivent et atteignent un diamètre moyen de 75 cm, ils produisent 
au moins autant que 4 à 5 arbres de 110 cm en moyenne qui sont habituellement 
exploités lors du premier passage. Toutefois ils peuvent être de valeur 
inférieure en raison de la dimension moindre des grumes et, pour les bois 
d'ébénisterie, de la plus grande proportion d'aubier. 

209. On a pu se rendre compte que, pendant les 30-40 premières années, les 
différences entre le résultat d'un traitement par coupes monocycliques et 
celui d'un traitement par coupes polycycliques sont imperceptibles. Pendant 
cette période les chercheurs devraient pouvoir apporter quelque éclairage sur 
cette controverse. Il existe un besoin important de considérer ce qui se passe 
lors du troisième passage en coupe car c'est à ce moment que les deux 
conceptions divergent. Parmi les tiges jeunes (de à 30 cm de diamètre) 
présentes avant le premier passage en coupe, combien seront endommagées par 
l'exploitation et le traitement arboricide ? Combien le seront lors du 
deuxième passage en coupe ? Combien pourront survivre entre ces deux passages? 
Combien seront déformées par les lianes ? Combien auront une croissance lente 
ou seront peu longévives pour des raisons génétiques de telle sorte qu'elles 



73 

ne pourront s* accroître de 1 cm par an sur le diamètre conformément aux 
prévisions ? Combien seront tellement surcimées qu'elles ne pourront répondre 
favorablement à l'ouverture du couvert ? L'importance excessive des dommages 
causés par l'exploitation et l'incapacité manifestée par les arbres longtemps 
surcimés de réagir aux traitements constituent les deux principaux arguments 
contre les coupes polycycliques mais ceux-ci doivent encore être exposés de 
façon convaincante. D'un autre côté, l'hypothèse selon laquelle les semis et 
les perchis préexistants endommagés par l'exploitation pourraient être recépés 
avec succès, telle qu'elle est avancée en faveur du système monocyclique, 
devrait aussi tirer profit des résultats de recherches plus intensives. Bien 
que les programmes des traitements sylvicoles envisagent les résultats 
probables à la fin d'une ou plusieurs rotations successives, l'histoire montre 
que le contexte des £Lménagements et les conditions socio-économiques des 
nations concernées par le devenir des forêts tropicales humides changent très 
rapidement. Il est donc clair que les documents doivent être suffisamment 
souples et qu'il est beaucoup plus important de mettre correctement en oeuvre 
ce qui peut être réalisé une année donnée et au cours de cinq prochaines 
années que de disserter sur ce qui pourra arriver dans un avenir éloigné. 

210. Le choix entre la régénération naturelle et la régénération 
artificielle dépend des circonstances locales. Selon Philip (1985 a), 
l'aménagiste serait bien inspiré d'envisager la transformation des peuplements 
des forêts tropicales humides en peuplements artificiels dans les 
circonstances suivantes : 

(1) forte demande pour des terres de culture liée à des fortes 
densités de population en voie d'accroissement; 

(2) forte demande pour des produits forestiers transformés et du 
bois de chauffage ; 

(3) disponibilité de capitaux ; 

(4) existence d'un soutien financier et d'un appui technique. 

Le plus souvent, les espèces très productives sont exotiques et, comme 
les investissements nécessaires aux plantations forestières intensives sont 
normalement plus grands que ceux consentis pour l'aménagement des forêts 
naturelles, le niveau de risque est plus élevé. Ce n'est que lorsque certaines 
des conditions ci-dessus sont remplies que la décision peut être discutée. 
Le manque de personnel compétent doué d'une expérience convenable en matière 
de financement et de gestion constitue souvent l'élément de décision qui rend 
ce risque insupportable. 

211. Dans le cas de la création de plantations destinées à 
l'approvisionnement d'usines de grande taille, le risque est accru par le 
défaut de connaissances préalables sur les espèces et les provenances, ou par 
le manque de personnel qualifié suffisant pour les opérations d'abattage et 
de transport. Si la décision d'effectuer des plantations est prise, des 
mesures doivent être engagées pour conserver des peuplements de forêts 
tropicales humides dans des secteurs de surfaces suffisantes en fonction 
d'objectifs soigneusement définis. 

212. Dans tout pays où : 

(1) la compétition pour le sol entre l'agriculture et la forêt 
n'atteint pas un caractère conflictuel; 



74 

(2) il existe une demande pour des bois d'ébénisterie de haute 
qualité et pour des bois de sciage de qualité moindre; 

(3) un bon niveau de connaissances existe sur l'écologie des 
forêts ; 

(4) les divers espects de la conservation des biocènoses naturelles 
sont appréciés; 

1* administration chargée des forêts peut aménager les forêts naturelles à peu 
de frais et avec des risques d'erreurs limités. Néanmoins, en raison de la 
croissance inexorable des populations et de l'accroissement de la pression sur 
les terres boisées, des programmes doivent être étudiés en priorité afin de 
planifier l'utilisation optimale des terres et donner aux hommes une formation 
adéquate pour soutenir une politique de conservation des ressources 
naturelles. Les figures n* 2 et 3 proposent sous une forme schématique les 
diverses options sylvicoles en indiquant les facteurs qui en affectent le 
choix. 

213. Dans certaines régions il peut être envisagé une combinaison de la 
régénération artificielle et de la régénération naturelle par exemple là où 
les conditions sont favorables à la régénération naturelle mais où certaines 
coupes sont insuffisamment régénérées en essences nobles ; dans ce cas il est 
nécessaire de compléter la régénération par diverses techniques 
d ' enrichissement . 

214. Catinot (1986) fournit des informations chiffrées selon lesquelles le 
rapport entre la productivité au moment de l'exploitation et le coût de 
création de la ressource, calculé sur plus de 30 ans, n'est pas notablement 
différent entre la régénération naturelle (rendement de 25 m^/ha pour un coût 
de US $ 125/ha, soit US $ 5/m^) et la régénération artificielle (rendement de 
250 m^/ha pour un coût de US $ 1 625/ha, soit US $ 6,5/m^). Le coût de 
production, plus élevé dans le cas des plantations, serait compensé par une 
durée beaucoup plus courte d'immobilisation des investissements et par une 
diminution des dépenses d'exploitation en raison de la concentration des 
produits sur une surface relativement réduite, le même volume ne pouvant être 
obtenu que sur une surface dix fois plus grande dans le cas de la régénération 
naturelle. Cette remarque résulte d'observations effectuées par la SODEFOR 
associée au CTFT en Côte d'Ivoire sur l'augmenttion de la possibilité des 
forêts à la suite de travaux sylvicoles d'amélioration. 

215. La production de grandes quantités de produits ligneux homogènes, tels 
qu'ils sont demandés par certaines industries comme celle du papier, imposent 
généralement le recours aux plantations. Mais il n'est pas toujours nécessaire 
de les créer après défrichement des forêts tropicales humides. Philip (1986 a) 
observe qu'il est paradoxal dans certains pays africains de transformer 
certaines forêts tropicales humides en plantations après défrichement alors 
qu'il existe à proximité des savanes sur des surfaces relativement 
importantes. Sans doute les services forestiers sont-ils incités à augmenter 
la productivité des forêts classées pour résister à la pression exercée par 
l'agriculture. La solution qui consiste à y créer des plantations, même en 
partie, met en péril la pérennité des valeurs traditionnelles de ces forêts 
pour les communautés locales, pour la nation et aussi pour les générations 
futures ; elle implique aussi une surcharge considérable au personnel 
forestier administratif et technique. Il en résulte une aggravation du risque 
de : 



75 
FIGDSB n"" 2 

Les diverses options de 1 ' améxiageiiient des forSts tropicales humider 



Plantations 
industrielles 



ESPECES EXOTIQUES 

Plantations 
concentrées pour le 
bois de feu 



Fournitures 

diffuses de bois 

en zone rurale 




Plantations 
de condensation 

(D'après Philip, 1986a) 



ESPECES INDIGENES 
Enrichissement 



Régénération 
naturelle 



76 
nCDII n"" 3 

BléMnti dft décision pour l^aaiénageiiient des forêts tropicales husiides 



rORCT CLASSEE 

Efftctutf yn tnvfntitrf 



U Boit d'o«uvr« actu«ll«n«nt inacc«t«ibl« ^m» Boit d*o«uvr« accsasibls dàa maintanant ou dana un 
I futur procha 



2, Financanant diaponibla 2a, Financanant non diaponibla 

t 



TRAITEflENT 0» 
AnELIORATION 



CONSERWATION 
ET PROTECTION 



a'aaaurar d« la politiqua forattian 



S* Anénagamant an vua .da profita indlracta 3a. Amanagamant an wua da la production da boia d'oauvn 

InflDntwArr I Cffactuar un pramiar diagnoatic 

JMitPiNAGt.| par achantillonnaga 



4» Abondanca da tigaa da taillaa moyannaa 4a, Tigaa da taillaa intarmadiairea ralativamant rarea 



5. Intanaa ouvartura du couvart 
dangarauaa 

I JARDINAG E] 



5a* Intanaa ouv/artura du couvart 
aana dangar 



3AN0INAGE 
PAR BOUQUETS 



Effactuar un dsuxièma diagnostic 
par BChantillonnaQe 



6« Bonna régénération préaxiatanta ou 
provoquéa par 1 'exploitation 



1 

6a* Régénération naturella insuffisanta 



?• Bonna réponaa à 1 'ouvartura du couvart 7a* Maintian d'un abri nécaaaaira 

1 , , \ , 

j I COUPES PRDGRESSIWESI 



COUPE RASE 



B« Régénération naturalla facilamant 
provoquéa par 1 'ouvartura du couvart 



8a* Régénération naturella difficile a obteni 

1 



COUPE RASE 
SUIl/IE DE REPLANTATION 



9* BDnna réponta da la régénération naturalla 
i l'anlèvamant du couvart 

L 



COUPES PROGRESSIVES 
ACCELEREES 



9a* Maintien d'un abri nécaBaaire pendant 
quelques annéea . 



COUPES PROGRESSIVES 
PROLONGEES 



77 

(1) diminution des valeurs matérielle et immatérielle des réserves 
forestières naturelles ; 

(2) échec dans la recherche d'un bon niveau de connaissances dans 
le domaine de l'aménagement tel qu'il est reguis par les 
industriels; 

(3) échec dans la conservation des capacités de production du 
milieu; 

(4) négligence de la prise en compte des besoins élémentaires des 
communautés locales pour le bois de chauffage et autres 
produits forestiers. 

216. Il semble bien que l'option consistant dans un mise en valeur plus 
intensive des savanes est souvent négligée. Plusieurs nations possédant des 
forêts tropicales humides, comme le Congo, le Nigeria et l'Ouganda, mettent 
en oeuvre des programmes de recherches sur le reboisement des savanes ; 
cependant le désir de rendre les forêts plus productives a empêché d'affecter 
des fonds suffisants aux savanes qui, il faut en convenir, sont plus sensibles 
aux feux et moins productives. Le fait que l'on puisse envisager un tel 
développement des savanes tout en conservant les forêts tropicales humides est 
considéré comme un argument inefficace contre la conversion de ces dernières 
en terres agricoles. Il est donc nécessaire de modifier l'opinion au moyen de 
campagnes d'informations fondées sur des réalités techniques et 
socio-économiques (considérant aussi la fonction de protection des forêts 
tropicales humides et la production de produits autres que le bois) pour 
permettre une meilleure appréciation de l'intérêt des diverses options au 
niveau des décideurs. 

4-3. Système d'aménagement au sens large 

4.3.1. Conditions d'application 

217. Il est certain que les services forestiers ont la possibilité de mettre 
à l'épreuve certaines options dans l'application quotidienne de l'aménagement 
comme par exemple le choix de la technique d'inventaire ou de travail 
sylvicole la mieux appropriée. Mais, leur marge de manoeuvre, de même que 
celle des échelons les plus élevés de la hiérarchie, est beaucoup plus limitée 
dès lors qu'il s'agit des relations avec le développement industriel, agricole 
et économique de la nation. Les principaux facteurs intervenant à des degrés 
divers sont, selon Philip (1986), les suivants : 

(1) l'étendue des ressources naturelles et leur répartition dans 
l'espace en liaison avec les zones de concentration de la 
population; 

(2) la densité de la population par rapport aux terres agricoles 
et aux forêts et son taux d'accroissement; 

(3) le niveau d'urbanisation et d'industrialisation; 

(4) le développement de l'agriculture et le mode de concession des 
terres; 

(5) la structure politique; 



78 

(6) le niveau général de la demande de bois de chauffage, de 
sciages et d'autres produits ligneux transformés à la fois dans 
les zones humides et dans les zones plus sèches; 

(7) l'histoire du commerce des grumes et des sciages; 

(8) les facilités offertes aux investissements; 

(9) la disponibilité de personnel aux niveaux de la technique, de 
la gestion et de l'encadrement; 

(10) l'étendue des connaissances dans le domaine de la régénération 
des forêts naturelles et le succès des opérations de 
régénération; 

(11) la disponibilité de surfaces reboisables en dehors des forêts; 

(12) la conscience populaire de l'intérêt des forêts, aussi bien 
naturelles qu'artificielles, et sa manifestation dans 
l'organisation politique de la nation. 

218. Un bon système d'aménagement des forêts doit tenir compte de toutes ces 
considérations pour planifier correctement la gestion des ressources 
naturelles. Il doit tenter d'apprécier correctement la direction et 
l'intensité de chacune de ces forces, parfois contraires, non seulement dans 
le présent mais encore dans un futur prévisible. 

4.3.2. Pression sur les terres 

219. Aucun système d'aménagement ne peut fonctionner sans forêt à aménager. 
C'est pourquoi, toute pression exercée sur la forêt pour en réduire la surface 
et la convertir à d'autres usages, qu'ils soient agricoles, domestiques ou 
industriels, doit être considérée comme le facteur le plus critique pour 
l'aménagement dans son sens large. Des défrichements massifs ont eu lieu au 
cours des dernières vingt années dans de nombreuses régions forestières et, 
dans certaines zones, même les forêts classées n'ont pas échappé à la 
destruction. Ces défrichements sont associés à un accroissement important de 
la population généralement supérieur à 2,50 %. Il est évident que l'effet de 
tels taux d'accroissement est important dans certaines régions où les plus 
fortes densités sont enregistrées comme au Nigeria ou certaines secteurs de 
l'Ouganda, du Ghana, de la Côte d'Ivoire et de Sierra Leone. Ces régions 
coïncident souvent avec celles où subsistent des forêts tropicales humides 
comme le long de la côte en Côte d'Ivoire et au Nigeria ou dans les montagnes 
du Kenya. Bien que l'accroissement de la population conduise à une augmentation 
de la demande de bois, donc à une utilisation plus intensive des forêts et par 
conséquent renforce l'intérêt de leur aménagement, paradoxalement cet 
accroissement accentue la pression sur les terres en faveur de leur 
utilisation agricole en développant l'idée que la nourriture est plus 
importante pour les hommes que le bois et les produits forestiers. Cette 
pression sur les terres peut être atténuée en améliorant la productivité de 
l'agriculture et de la sylvicuture mais, à long terme, la stabilisation de la 
population offre de bien meilleures perspectives de maintien des forêts 
tropicales humides. 



79 
4.3.3. Commerce international et marché local 

220. Dans certains pays de l'Afrique occidentale, l'influence du comn^erce 
international a été puissante pendant près d'un siècle. Les caractéristiques 
les plus recherchées étaient : a) une stabilité dans la dimension, b) des bois 
figurés, et c) une facilité dans le travail du bois. Le plus souvent le but 
était de trouver des bois pouvant être subsitués à l'Acajou des Indes 
occidentales, au teck et au chêne. C'étaient seulement les grumes de bonnes 
qualités et de grandes dimensions qui pouvaient supporter les frais de 
transport. De nos jours les caractéristiques ci-dessus sont encore importantes 
même si les placages ont souvent pris la place du bois massif. Ainsi la 
conjoncture économique des pays importateurs gouverne toujours la demande et 
ceci constitue un élément essentiel des conditions de l'aménagement des forêts 
tropicales humides. Le coût de la transformation, lorsqu'elle est effectuée 
sur place, joue aussi un rôle important et les facteurs qui l'affectent, comme 
les taux d'intérêt, le prix de l'énergie, les taux de change, etc., influent 
aussi sur l'aménagement des forêts. De telles interactions doivent être 
étudiées et maîtrisées à l'occasion de toute analyse des systèmes 
d'aménagement des forêts tropicales humides. 

221. La production globale de meubles s'accrut après la seconde guerre 
mondiale et se traduisit en Europe par une demande en augmentation de bois 
tendres, clairs et moins chers, comme celui du Triplochiton pour les fonds 
de meubles, ou ceux d' Antiaris et de Tetraberlinia pour les âmes de 
contreplaqués, les plis superficiels étant réalisés en bois traditionnels 
d'essences nobles. Dans l'Afrique coloniale orientale, la création de 
plantations de théier après l'accession à l'indépendance de l'Inde fut à 
l'origine d'une demande de contreplaqués pour la fabrication de caisses à thé. 
Ainsi peut être illustrée la complexité du commerce du bois ; toute action 
dans une partie du monde retentit sous forme de réaction dans une autre 
partie. Le commerce du bois peut être affecté par des modifications internes; 
la satisfaction d'une demande nationale en augmentation concurrence les 
exportations; l'accroissement de la population et une urbanisation 
grandissante accroissent globalement la demande de bois de telle sorte que des 
produits jadis exportés sont consommés sur place en même temps que des terres 
forestières sont défrichées pour la production de vivres ou déclassées pour 
les besoins de l'urbanisation. 

222. Le débat politique exerce aussi une influence considérable sur les 
forêts car les hommes politiques doivent rechercher un équilibre entre les 
besoins nationaux en devises procurées par le commerce de bois et une demande 
nationale pour des terres et des produits forestiers. Le commerce 
international ne peut être abandonné à la légère là où il domine l'économie. 
De plus les forêts : 

(1) constituent une ressource de matière première qui peut drainer 
des capitaux étrangers vers le pays ; 

(2) fournissent des emplois sur place ; 

(3) assurent un fondement pour des investissements locaux en vue 
du développement d'une industrie locale et d'une amélioration 
du savoir faire des entrepreneurs. 

223. L'industrialisation des pays les moins développés a été préconisée 
comme solution à leurs problèmes et ceci a accéléré le processus 
d'urbanisation. 



80 

La concentration de la population a modifié les conditions de la demande et 
aussi de l'approvisionnement en bois car les besoins des habitants des villes 
sont différents de ceux des campagnes. Le charbon de bois tend à reiiq)lacer le 
bois de chauffage ; les sciages et le béton remplacent le bois rond ; la 
demande pour des produits ligneux mieux élaborés augmente. De plus la 
compétition pour les maigres ressources en terres cultivables, en capital, et, 
particulièrement, en personnel correctement formé se fait plus vive à la fois 
entre les divers services publics et avec le secteur privé. Une prise de 
conscience de l'importance de la foresterie doit se développer pour attirer 
des investissements nationaux et étrangers en faveur de la préservation de 
l'environnement et d'un développement économique soutenu. Ainsi se crée une 
demande pour des gestionnaires compétents mais un décalage existe souvent 
dans la mobilisation de ces ressources humaines. 

224. En raison de la situation conflictuelle existant entre la demande 
locale de bois et les exportations et de la rivalité des industries locales 
pour l'utilisation des grumes, d'une part, et, d*autre part, de la nécessité 
de concentrer les exportations sur des produits à haute valeur ajoutée, les 
gouvernements ont été amenés à prohiber l'exportation de bois en grumes, et 
même l'exportation de tous les bois d'oeuvre, comme au Nigeria. 

225. L'accès aux capitaux étrangers est souvent fonction de l'activité 
commerciale. Plus actif était le pays considéré et plus l'aide internationale 
était attiré (bien que de nombreux types d'aide soient, ou furent, inversement 
proportionnels au produit national brut par habitant). Des fonds étaient 
requis non seulement pour améliorer l'industrie mais aussi et surtout pour 
améliorer les infrastructures dans les domaines des communications, de la 
santé, de l'enseignement, et des services de toutes sortes. Dans tous les 
pays, les forêts naturelles jouèrent un rôle important en fournissant le bois 
nécessaire à ce type de développement mais le prix à payer le fut d'abord par 
l'exploitation des ressources forestières et ensuite par l'augmentation de la 
demande, non seulement de produits traditionnels ou fabriqués extraits de la 
forêt, mais encore de produits technologiquement mieux élaborés. Ceci se 
traduisit par une augmentation des profits des capitaux étrangers et par une 
demande croissante de création d'industries de transformations nationales. 
Plus vite la nation se développait et plus ses besoins augmentaient. Les 
bénéfices retirés de ce type de développement étaient distribués entre un 
nombre toujours croissant de personnes de telle sorte que le produit par tête 
d'habitant demeurait faible tandis que le coûts, appréciés en terme 
d'appauvrissement des ressouces naturelles, se maintenaient à un niveau 
parfois élevé. C'est à ce type de situation que les forestiers doivent 
aujourd'hui faire face, par exemple au Nigeria et au Kénia. 

4.3.4. Industries forestières 

226. Il y a peu d'usines ayant une capacité annuelle de 50 000 m^ de bois 
rond et la plupart d'entre elles ne fonctionnent qu'à 50 % de leurs 
possibilités. Cependant il se construit actuellement des usines avec une 
capacité de 100 000, 200 000 m^ et plus ; d'autres sont en projet. 
L'insuffisance du nombre d'usines capables de transformer 50 000 ra^ de bois 
par an signifie que la masse représentée par le personnel expérimenté 
disponible pour gérer des usines plus grandes est très limitée. Lowe (1984) 
estime que les raisons du mauvais fonctionnement des usines existantes doivent 
être recherchées dans un approvisionnement insuffisant en grumes, et une 
fourniture en énergie et en machines inadéquates. 



81 

227. Les usines modernes ayant une forte capacité de production requièrent 
des investissements importants comme le montre le tableau n* 15 dont les 
données sont extraites d'un article de Mac Nell (198171 

TABLEAU n'' 15 

Niveau des investissements dans les usines de transformation du bois. 



: Types d'usines : 


Capacités de : 
production en : 
millions de m^ : 


Investissement 
en millions de 
US $ 


: Scierie avec séchoirs : 


70 (2 équipes) : 


19,0 


: Usine de contreplagués 


20 (2 équipes) : 


13,5 


: Usine de contreplagués 


40 (2 équipes) 


22,0 


: Usine des panneaux de fibres 
: (densité moyenne) 


: 60 (3 équipes) 


23,0 


: Usine de panneaux de parti- 
: cules 


: 60 (3 équipes) 


: 21,0 


: Usines de panneaux de fibres 
: durs 


: 53 (3 équipes) 


32,0 



De tels niveaux d'investissements impliquent des charges fixes élevées qui 
doivent être réparties sur la production envisagée; en d'autres termes les 
prix de revient par unité de produit peuvent atteindre des seuils qui risquent 
de rendre de telles usines non rentables. Normalement, l'organisation du 
travail en équipe est nécessaire et les pauses pour quelque cause que ce soit 
doivent être strictement contrôlées. De la même façon que pour l'exploitation, 
la maîtrise des prix de revient est conditionnée par une bonne gestion assurée 
par des cadres expérimentés et responsables, et aussi par un approvisionnement 
régulier en matières premières, bois et autres produits, associé à un 
financement adéquat permettant d'assurer l'entretien et les échanges de pièces 
détachées. Malheureusement les pays en voie de développement ne disposent 
généralement pas des moyens suffisants pour réaliser les conditions ci-dessus. 
Par exemple, la diminution actuelle de la demande s'est traduite par un 
affaissement des cours des matières premières entraînant une réduction des 
entrées de devises étrangères. Le plus souvent cette situation oblige les 
gouvernements à peser sur les importations au moyen de toute une gamme de 
mesures de contrôles qui accroît les retards dans l'arrivée des produits 
essentiels, des pièces détachées, ou des moyens techniques indispensables. De 
telles éventualités tempèrent les conditions du succès d'entreprises 
industrielles complexes. Les pays en développement ont été attirés vers 
plusieurs stratégies pour surmonter de telles difficultés, notamment en 
s 'associant à des organisations spécialisées. Néanmoins toutes ces agences, 
qu'elles soient privées ou semi-publiques, doivent fonctionner dans le cadre 
économique général du pays et ne peuvent donc pas être totalement isolées de 
la conjoncture nationale. 



82 
4.3.5. Recherches 

228. Les facteurs physiques de l'environnement des forêts tropicales humides 
peuvent être considérés comme plus ou moins identiques selon les régions ; en 
revanche, les facteurs biologiques, et notamment ceux qui sont en relation 
avec les facteurs sociaux et humains, peuvent varier considérablement. Une 
bonne connaissance des faits sur l'écologie des forêts et la biologie des 
espèces qui les constituent est nécessaire si des déductions doivent être 
faites pour les comparer à ceux qui sont caractéristiques d'autres régions. 
Plus le cadre écologique est simple et plus utile devrait être le bénéfice 
retiré de la connaissance d'une région apparamment semblable. 

229. Le succès des systèmes d'aménagement adoptés pour les forêts tropicales 
humides de l'Ouganda est dû à la reconnaissance d'une succession écologique 
relativement simple, principalement à Budongo (Philip, 1986) ; celle-ci a été 
attribuée à la très faible intervention de l'homme. En revanche, dans le cas 
des forêts du Nigeria, on estime que l'importance de l'interruption du couvert 
et la persistance de lianes peuvent être le signe de la nature secondaire des 
forêts, elle-même résultant de son utilisation par l'homme pendant des 
siècles ; cette situation, déjà défavorable à l'intervention des forestiers, 
a été encore exacerbée au cours des dernières décennies par les opérations 
d'exploitation forestière. Dans une certaine mesure, la même situation se 
rencontre dans certaines des forêts de l'Ouganda occidental où les lianes 
prolifèrent à la suite des incursions répétées des éléphants dans les 
parcelles en régénération. 

230. Deux nombreux forestiers tentent d'expliquer le caractère incertain du 
résultat des interventions dans le couvert par la complexité des forêts 
tropicales humides, leur diversité et leur richesse floristique; c'est 
pourquoi l'intérêt des connaisances de l'autécologie et de la biologie des 
espèces, principalement de celles qui sont ou recherchées ou proscrites par 
les aménagistes, est incalculable. Les informations nécessaires pour améliorer 
les méthodes d'aménagement forestier en vigueur concernent notamment les 
points suivants : 

(1) composition des associations; 

(2) série de végétation; 

(3) caractéristiques physiologiques des différentes essences, non 
limitées aux seules essences commercialisables, et réponses aux 
divers traitements, c'est-à-dire principalement accroissement, 
phénologie, moyens de dispersion des fruits ou des graines, 
conditions d'établissement de la végétation, etc. 

De telles informations doivent être complétées par des renseignements 
sur les propriétés et les usages du bois des diverses essences. 

231. ^ Des leçons doivent être tirées aussi bien des recherches qui n'ont pas 
conduit à de bons résultats, comme de celles dont les résultats furent moyens 
ou satisfaisants. Les recherches écologiques et biologiques ont connu les 
diverses étapes suivantes: 

(1) observations fortuites et/ou systématiques, et compte-rendu; 

(2) observations de parcelles permanentes avec renouvellement des 
mesures; 



83 

(3) études de traitements comparatifs sans répétition; 

(4) analyses statistiques en composantes multiples. 

232. Les traitements comparatifs avec répétitions présentent l'énorme 
avantage^ de concentrer et de pouvoir répéter sur plusieurs années les 
observations et les évaluations sur de petits placeaux bien délimités en 
forêt. Les analyses des observations faites sur un seul dispositif ne peuvent 
pas toujours produire des résultats avec une précision suffisante dans des 
écosystèmes aussi complexes. Ils peuvent être améliorés au moyen d'analyses 
en composantes multiples appliquées aux données recueillies souvent dans des 
situations choisies subjectivement répétées. Le choix subjectif des points 
d'observation peut réduire le coût de l'expérimentation et la rendre plus 
représentative de la variabilité des conditions de la forêt considérée. 
Néanmoins, les mesures répétées effectuées en des emplacements bien délimités 
constituent un moyen irremplaçable pour appréhender les modifications dans le 
temps. 

233. En complément des sujets de recherches mentionnés ci-dessus, certains 
autres thèmes pourraient bénéficier d'une certaine priorité: 

(1) conception d'un méthode d'échantillonnage susceptible d'estimer 
le volume commercial (différent du volume total) de toute forêt 
à aménager avec une erreur de plus ou moins 10 % ; 

(2) quantification du gain d'accroissement en réponse à des 
d'opérations d'abattage, d'éclaircie ou d'amélioration 
effectuées dans des types de forêts très variés et différents 
de ceux qui sont généralement étudiés; 

(3) étude à long terme des modifications du sol en fonction de la 
sylviculture appliquée aux forêts naturelles aménagées et aux 
plantations; 

(4) étude de l'amélioration des espèces forestières, envisagée sous 
l'angle du choix des provenances, et des interactions 
essences/stations, dans le but d'accroître la productivité des 
plantations d'espèces indigènes ou exotiques et ainsi 
d'optimaliser le rapport rendement/coût d'installation; 

(5) développement d'une technologie de la transformation des petits 
bois ronds produits par les éclaircies; 

(6) étude des propriétés du bois produit dans les forêts naturelles 
aménagées ou dans les plantations et de leurs modifications 
éventuelles liées au raccourcissement les révolutions, à la 
vitesse de croissance et à la grosseur des grumes (généralement 
plus faible que celle des grumes récoltées dans les forêts non 
aménagées) . 

4.3.6. Association de l'exploitation à la sylviculture. 

234. L'exploitation et la sylviculture ont été examinées séparément comme 
éléments de l'aménagement au sens strict, mais leur association est l'une des 
conditions essentielles, mais aussi la plus difficile, de l'aménagement au 
sens large. Catinot (1986) préconise une collaboration réelle fondée sur une 
compréhension et une confiance mutuelles, principalement sur les objectifs à 
long terme, un réalisme commercial, et une diminution des contraintes au seuil 
le plus bas. 



84 

Son succès supposera que les questions relatives à l'exploitation, à la 
transformation, au marché et à la gestion des entreprises forestières soient 
de moins en moins négligées dans les programmes de formation des cadres 
forestiers. 

235. La difficulté principale dans la conception d'une telle association 
réside dans le fait que, en Afrique comme dans les autres pays possédant des 
forêts tropicales humides, l'influence des exploitants et des industriels est 
souvent beaucoup plus forte que celle des forestiers. Dans les pays pauvres 
en ressources minérales et offrant peu d'attirance pour le tourisme, les 
forêts peuvent constituer l'une des rares sources de revenus; les taxes 
forestières perçues sur l'exploitation et la transformation du bois 
constituent un revenu immédiat; si du bois est exporté, les exportations sont 
une source de rentrée de devises qui font généralement cruellement défaut. Le 
service forestier, de son côté, aimerait pouvoir obtenir des crédits pour 
financer des opérations sylvicoles mais ne peut proposer qu'un bénéfice à long 
terme. Il est donc tout~à-fait compréhensible que les autorités nationales 
attachent une attention plus soutenue aux entreprises d'exploitation et aux 
rentrées immédiates qu'elles assurent qu'au service forestier dont les 
initiatives visant à encadrer leur liberté d'action sont souvent contestées, 
voire désavouées. Cette attitude n'est pas surprenante mais elle est grave et 
surtout révélatrice d'une politique à courte vue. Le gouvernement, comme les 
services forestiers, est gardien du patrimoine national; ils ne doivent pas 
cautionner une quelconque diminution des potentialités nationales à long terme 
par la recherche des profits immédiats. La conception d'une organisation 
administrative, simple et efficace, chargée du contrôle de l'exploitation des 
forêts et aussi de li croissance des futures récoltes, est le problème auquel 
une solution doit être donnée. C'est aussi important, et peut être plus, que 
de décider de la nature du traitement sylvicole à entreprendre. 

236. Selon Catinot (1986) les diverses étapes d'un aménagement intégrant 
exploitation et sylviculture pourraient être entreprises au niveau national 
dans plusieurs domaines. Celles-ci ont déjà été réalisées dans certains pays, 
au moins dans certains secteurs; ailleurs toutes les étapes ci-après doivent 
être parcourues: 

(1) là où cela est nécesaire, réalisation et mise à jour d'un 
inventaire forestier national; là où existent déjà des 
inventaires vieux de 15-20 ans, de nouveaux inventaires sont 
nécessaires; une utilisation maximale des ressources offertes 
par les images obtenues par satellites doit être faite en 
complément des opérations au sol; 

(2) cartographie récente ou mise à jour des divers types de forêts 
ou de végétation; 

(3) division du domaine forestier en subdivisions d'aménagement du 
même type que celles réalisées au Congo; dans la mesure du 
possible, création d'un domaine forestier communal détenu et 
géré par les communautés locales, complément du domaine 
forestier national; 

(4) étude socio-économique de chaque subdivision d'aménagement en 
vue de dresser une liste réaliste des espèces pouvant être 
exploitées pour approvisionner, soit le marché local, soit les 
exportations; en cas de nécessité une stratification peut être 
proposée pour tenir compte des divers degrés d'accessibilité; 



85 

selon Catinot il convient que ce type d* étude soit confié à 
une équipe pluridisciplinaire comprenant un spécialiste de 
l'inventaire forestier, un spécialiste de l'exploitation et un 
économiste; 

(5) préparation d'un plan de développement forestier national 
prévoyant un groupement des diverses sub/divisions 
d'aménagement en fonction de leur classement par ordre de 
priorité de leur développement; ce plan devrait être un élément 
du plan national de développement pour l'ensemble du pays; 

(6) si nécessaire, création de nouvelles structures 
institutionnelles, par exemple des sections de planification, 
d'exécution, de contrôle des opérations techniques, etc.; 

(7) création d'un Fonds forestier national financé par les taxes 
forestières et, si possible, par l'aide extérieure et chargé 
de la réalisation d'un programme cohérent et réaliste 
d'aménagement des forêts à l'échelle nationale; pour manifester 
leur détermination, les autorités nationales devraient donner 
l'exemple en décidant d'affecter toutes les taxes perçues sur 
les forêts et les produits forestiers à ce Fonds forestier 
national. 

237. Cette dernière proposition est la plus révolutionnaire; bien qu'il soit 
irréaliste et très optimiste de supposer que les gouvernements fortement 
sollicités de toutes parts puissent affecter l'intégralité des taxes perçues 
au Fonds forestier national, il serait éminemment raisonnable qu'ils puissent 
lui réserver au moins un proportion substantielle; une telle décision 
assurerait une augmentation automatique des ressources pour la régénération 
et l'entretien des récoltes futures en cas d'accroissement du volume exploité 
en forêt qui bénéficierait aussi au budget national. 

238. Catinot (1986) a proposé la procédure suivante pour la gestion d'une 
concession d'exploitation sur une grande surface comportant une collaboration 
étroite de l'exploitant avec le service forestier: 

(1) choix par le gouvernement d'un candidat concessionnaire 
possédant une compétence technique suffisante et fournissant 
toutes garanties sur le plan financier; 

(2) établissement d'un contrat précisant l'étendue géographique du 
permis d'exploitation, sa durée (15 ans renouvelable est une 
durée conseillée), le volume annuel exploitable, la proportion 
du volume exploité à transformer localement (par exemple 50%), 
la quantité minimale de la production disponible pour le marché 
local, le programme d'installation de l'entreprise 
d'exploitation et de l'usine de transformation, le montant des 
taxes dues par hectare, les pénalités pour non respect des 
clauses contractuelles, etc.; 

D'autres conditions pourraient être précisées et comprendre notamment 
les suivantes: 

(3) division du permis en blocs, chaque bloc devant être ouvert à 
l'exploitant concessionnaire pour une durée de 4 à 5 ans; 



86 

(4) liste des essences commercialisables établie à la suite de 
l'étude économique réalisée par les subdivisions d'aménagement 
dans laquelle le permis est concédé et apprové par le 
concessionnaire ; 

(5) diamètre minimal d'exploitabilité pour chaque essence; 

(6) procédure d'iventaire: l'exploitant lui-même réalisera, dans 
les 2 à 3 années précédant l'abattage, un inventaire de chaque 
bloc énumérant tous les arbres appartenant aux essences 
commercialisables, répartis en classes de diamètre et en 
estimant le volume net commercialisable; le représentant du 
service forestier responsable de l'aménagement procédera à un 
contrôle au moyen d'un échantillonnage à % et effectuera un 
inventaire statistique des arbres des essences 
commercialisables possédant le diamètre minimum 
d ' exploitabilité ; 

(7) durée d'exploitation de chaque bloc fixé à 4 ou 5 ans avec 
possibilité de prolongation d'un an en cas de nécessité; 

(8) en complément de la taxe assise sur la surface, l'exploitant 
devra s'acquitter du paiement des taxes assises sur le volume 
exploité en fonction de trois taux correspondant eux-mêmes aux 
trois groupes d'eesences suivants: 

• taux maximum : essences du groupe 1 comprenant les bois 

d'ébénisterie (ébène et bois rouges); 

• taux moyen : essences du groupe 2 comprenant les bois 

blancs déroulables ou de menuiserie; 

• taux minimum : autres essences du groupe 3; 

(9) le taux des taxes sera révisé tous les cinq ans en fonction des 
modifications importantes et à la discrétion du gouvernement; 

(10) l'exploitant concessionnaire devra respecter les régies 
usuelles, à savoir celles concernant la hauteur de la section 
d'abattage, le marquage des grumes, la tenue d'un registre des 
entrées à l'usine, la prohibition de l'abandon des grumes 
commercialisables sur le parterre des coupes; il devra produire 
chaque année un état des exploitations réalisées et une 
prévision des exploitation prévues l'année suivante; 

(11) le représentant du service forestier chargé des €unénagements 
devra contrôler périodiquement la stricte observation des 
clauses du permis au moyen d'inspections du parc à grumes ou 
par vérification du registre des entrées en usines; il 
vérifiera les déclarations d'abattage produites chaque année 
par l'exploitant; 

(12) l'exploitant fournira gratuitement un nombre d'hommes- jour qui 
seront utilisés pour des travaux sylvicoles sous la direction 
technique de la section du service forestier chargée des 
aménagements ; 



87 

(13) une fois l'exploitation terminée sur un bloc donné, 
l'exploitant concessionnaire quittera les lieux pendant une 
durée du 30 années au cours de laquelle le service forer tîer 
réalisera tous les travaux sylvicoles jugés nécessaire là où 
la régénération préxistante aura survécu à l'exploitation de 
façon satisfaisante (en général 25 tiges/ha et plus); les 
travaux consisteront en opérations d'amélioration; là où la 
régénération sera insuffisante, des plantations seront 
nécessaires, soit par enrichissement après défrichement total 
ou partiel, soit en compensation sur des surfaces équivalentes 
dans d'autres secteurs. 

239. Si tout fonctionne correctement et si l'exploitant remplit 
convenablement ses obligations contractuelles, il peut s'attendre à ce que son 
permis soit renouvelé et qu'il puisse être admis à réaliser un deuxième 
passage en coupe après expiration de la rotation de 30 ans. 

240. Des contrats du même type pourraient être passés pour des chantiers 
plus petits (de 10 000 à 20 000 ha), mais les clauses concernant la 
transformation du bois seraient moins strictes et les taxes pourraient être 
assises sur la possibilité estimée après inventaire plutôt que sur le volume 
réellement exploité. Le responsable du service forestier chargé des 
aménagements pourrait alors réduire l'importance du contrôle exercé sur les 
opérations d'exploitation au seul respect du diamètre minimal d'exploitabilité 
et des limites du chantier; une mesure de chaque grume ne serait pas 
nécessaire. 

4.3.6 Ressources du bois 

241 . Les forêts ont quatre fonctions principales : 

(1) conservation des sols; 

(2) protection des bassins versants; 

(3) conservation des ressources génétiques, végétales et animales; 

(4) production de bois ainsi que tous autres biens matériels et 
immatériels pour le bien de l'humanité. 

242. La plupart des paragraphes précédents concernaient l'aménagement en vue 
de la production de bois. Il s'agit là d'une fonction certes importante des 
forêts qu'il est relativement facile de quantifier par le nombre de tiges à 
l'hectare, le diamètre d'exploitabilité ou la possibilité annuelle car les 
arbres sont généralement de forte taille. En revanche il est beaucoup moins 
facile d'attribuer une quantité aux produits forestiers autres que le bois 
alors qu'à long terme leur importance lui est comparable et peut-être plus 
grande encore. 

243. L'une de ces fonctions, ou toutes globalement, peut dicter la politique 
forestière en matière d'aménagement. Ainsi au Mont Meru en Tanzanie, et dans 
des situations comparables, la conservation des sols fertiles, mais extrêment 
fragiles, constitue la principale fonction des forêts. La protection des 
bassins versants est elle aussi importante dans toute la région mais surtout 
en montagne et particulièrement dans les massifs montagneux qui dominent des 
zones arides, comme c'est le cas du massif de Karamoja en Ouganda, au nord du 
Kenya et ailleurs. 



88 

L*aniénagement de ces forêts est généralement plus sinçle que celui des forêts 
de production dont le rajeunisseisent doit être asturé; il doit coaq^orter 
l'entretien des limites, la protection contre les feux, l'organisation de la 
surveillance, une mise en vigueur rapide de mesures prohibant certaines 
activités comme l'exploitation ou le pftturage anarchique, ainsi qu'une 
vigoureuse campagne d'information auprès du public pour le convaincre de 
l'importance vitale de la' protection des forêts en faveur de l'agriculture et 
de la sécurité des approvisionnements en eau aux altitudes inférieures. Ces 
techniques d'aménagement, très simples, doivent être appliquées avec diligence 
et de façon visible par le public. 

244. La conservation des écosystèmes et des ressources génétiques, végétales 
et animales, constitue un autre volet très important. L'exemple des chimpanzés 
dans la forêt de Budongo est mentionné dans l'Etude de cas n* 1. Même si la 
faune sauvage paraît se concentrer de façon spectaculaire dans certaines 
savanes de préférence aux forêts, un grand nombre de petits animaux vivent en 
forêt. Dans certaines régions celle-ci est complémentaire des écosystèmes plus 
ouverts en offrant aux animaux un habitat d'alternance pendant la saison 
sèche; c'est ainsi que les hardes d'éléphants d'Amboseli se retirent dans les 
forêts du nord du Kilimanjaro pendant plusieurs mois chaque année. Bien que 
les grands animaux puissent constituer des exemples spectaculaires de 
conservation de la faune en association avec l'exploitation du tourisme, les 
principes généraux de protection énoncées par certains pays en isolant des 
zones protégées aux fins de conservation des ressources génétiques et des 
écosystèmes naturels ne sont pas moins importants. Il existe une crainte 
toujours actuelle que l'accroissement de la population n'exerce une pression 
irrésistible en vue de l'utilisation des ressources naturelles pour la 
satisfaction des besoins matériels. C'est pourquoi il importe d'analyser de 
façon exhautive la production des biens matériels et immatériels qui peuvent 
être retirés des forêts (Poore, 1976). Dans le passé cette analyse ne fut pas 
faite de façon efficace et il en est résulté une possibilité d'exagération 
des avantages des forêts artificielles créées par l'homme sur les forêts 
naturelles. 

245. L'intérêt de la conservation des ressources génétiques forestières a 
été récemment souligné par diverses instances internationales (FÂO, 1980 ; PAO 
1981b ; FAO, 1984b ; PAO, 1988 ; lUCN, 1980 ; UNESCO, 1973). La création d'une 
gamme de zones protégées, allant des réserves naturelles intégrales au aires 
de conservation in situ , aménagées dans le but de conserver les ressources 
génétiques d*un certain nombre d'essences prioritaires sans négliger la 
production de biens et de services pour une utilisation quotidienne, constitue 
une méthode efficace pour maintenir une certaine variabilité écologique et 
génétique. Dans toutes les aires de conservation, comme dans le cas des forêts 
de production, il faut rechercher le consentement des populations locales et 
les impliquer dans l'action entreprise. A l'exception des réserves naturelles 
intégrales, 1* homme doit être considéré comme faisant partie de l'écosystème, 
et non pas comme un intrus ; les aménagements envisagés pour la satisfaction 
des besoins locaux de la population doivent être conçus en parfaite 
intelligence des principes de la conservation des ressources génétiques. 

246. Les forêts "naturelles", primitivement aménagées en vue de la 
production de bois, peuvent jouer un rôle utile pour compléter celui des zones 
protégées au sens strict pour la conservation des ressources génétiques des 
principales essences. Toutefois comme ce type d'aménagement conduit 
généralement à une simplification des écosystèmes, des réserves naturelles 
intégrales sont nécessaires en complément pour conserver les écosystèmes dans 
leur intégrité. 



89 

Il faut aussi prendre conscience du fait que les écosystèmes sont dynamiques 
et qu'ils peuvent évoluer même en l'absence de toute intervention humaine. 
Ainsi il est de la toute première importance de préciser les objectifs de la 
conservation en distinguant clairement les divers niveaux de différenciation: 
écosystème, espèces, variabilité intra-spécifique, variabilité au niveau des 
gènes et des allèles. 

247. La même observation sur l'importance d'une définition préalable des 
objectifs de l'aménagement convient aussi pour l'aménagement forestier 
polyvalent. Cette polyvalence, telle que pratiquée dans le passé, était 
facilitée par une faible densité de population et l'utilisation extensive de 
toute une gamme de produits variés. Avec l'accroissement de la population et 
des marchés, les aménagement furent intensifiés en vue de la satisfaction de 
la demande pour des produits particuliers bien définis, coimne le bois, le 
cacao, ou l'huile de palme (Moore, 1985). Il n'est pas nécessaire, cependant, 
que la poljrvalence soit considérée comme un objectif d'aménagement de chaque 
hectare de forêt ; au contraire, dans certains cas, il peut être souhaitable 
de diviser la forêt en plusieurs séries, plus ou moins intensément aménagées, 
de telle sorte qu'une série considérée puisse jouer le rôle de zone tampon 
pour sa voisine immédiate, comme par exemple dans une région au relief 
modéré : 



(1) zone cultivée (hors forêt) 

! 

(2) série de plantations forestières 

! 

(3) série de forêt naturelle avec des 

plantations d'enrichissement 
! 

(4) série de forêt naturelle sans 

plantations d'enrichissement 
! 

f 

(5) série de forêt naturelle avec 
production prioritaire de bois 

! 

(6) série de forêt naturelle avec 
production prioritaire de produits 
autres que le bois 

(7) série de réserve naturelle intégrale 



en augmentation 



intensité de 
; 1 ' aménagement 



en diminution 



248. La méthodologie de la conservation des ressources génétiques des 
forêts tropicales humides constitue un sujet d'étude nouveau et encore peu 
compris. Quelques repères sont donnés par les références citées à 
l'alinéa 245. 

4.3.7. Motivations 



249. Aucune action en faveur l'aménagement des forêts en vue de leur assurer 
un rendement soutenu à long terme n'est réalisable sans une prise de 
conscience politique de la nécessité de conserver les ressources forestières 
nationales. 



90 

Cette condition préalable est difficile à satisfaire aussi bien de la part de 
pays à population clairsemée et possédant des forêts naturelles appareiment 
inépuisables que de la part de pays à forte densité d'une population en voie 
d'accroissement où la production de vivres constitue la première des 
priorités. 

250. ki niyeiu national, il importe que les honnnes et les partis politiques 
s'engagent solennellement sur la nécessité de la conservation et de 
l'aménagement des forêts tropicales humides considérées comme une importante 
ressource naturelle renouvelable et comme une partie intégrante de la 
continuité du développement national. 

251 . Eu niveau international, il est nécessaire que cette prise de conscience 
politique soit prioritairement soutenue. Même si beaucoup de choses ont déjà 
été faites dans ce domaine au cours des divers Congrès forestiers mondiaux ou 
d'autres réunions, et plus récemment encore au moyen de l'élaboration et de 
la mise en oeuvre du Plan d'action forestier tropical (FAO, 1985), il reste 
encore à faire pour soutenir et renforcer les actions entreprises de telle 
sorte que les hommes politiques eux-mêmes, ainsi que leurs conseillers 
forestiers, comprennent le rôle et la valeur des forêts, mais aussi leur 
fragilité. Trop souvent les forestiers parlent entre eux de leurs problèmes 
mais négligent de solliciter l'audience des hommes politiques confrontés 
quotidiennement les questions posées par la satisfaction des besoins immédiats 
de leur peuple, demeurant ainsi sceptiques à l'égard de la nécessité et de 
l'urgence de maintenir et d'aménager les ressources forestières nationales. 

252. Au niveau du peuple, l'organisation traditionnelle et moderne des 
sociétés est mal connue ; mal connue aussi la façon dont elle interfère sur 
la pérennité des forêts tropicales humides. Il est nécessaire aussi qu'une 
formation adéquate soit dispensée à tous les niveaux de l'éducation nationale, 
et pas seulement dans les programmes de formation des enseignants, de telle 
sorte que chaque citoyen puisse être conscient de l'importance de la 
conservation et de l'aménagement des ressources naturelles renouvelables ainsi 
que de la valeur des forêts tropicales humides. 

253. Pour la foreiterie, les besoins sont immenses et effrayants : les 
forestiers doivent participer à l'éducation de leurs concitoyens mais ils ont 
autant à apprendre des communautés locales que de tout autre source à 
l'entour; à côté de leur formation technique, il est urgent qu'ils acquièrent 
des connaissances réelles et un savoir-faire dans les domaines du 
développement, de la communication, et de la gestion des affaires, domaines 
dans lesquels ils sont encore mal à l'aise. 



91 

ETDDES PB CAS n* 1 

ANALYSE DES SYSTEMES D'AMENAGEMENT 
DES FORETS TROPICALES HUMIDES EN OUGANDA 

page 

1. INTRODUCTION 92 

2. LES AMENAGEMENTS AVANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE 94 

2.1. Généralités 94 

2.2. Aménagement des forêts type occidental 96 

2.3. Aménagement des forêts riveraines du lac 97 

3. LES AMENAGEMENTS DE 1945 AU DEBUT DES ANNEES 70 98 

3.1. Généralités 98 

3.2. Aménagement des forêts type occidental 98 

3.3. Aménagement des forêts riveraines du lac 104 

4. LES AMENAGEMENTS DEPUIS 1970 108 

4.1. Généralités 108 

4.2. Marchés à l'exportation 110 

4.3. Pâtes et papiers 110 

4.4. Bois de chauffage industriel et domestique 111 

5. LES SYSTEMES D'AMENAGEMENT ACTUELS 111 

TABLEADX 

1 : Superficies des forêts naturelles ougandaises 94 

2 : Disponibilités de bois d'essences feuillues et résineux 

en Ouganda 110 

3 A : Fréquences de distribution des diamètres à Budongo 

(placeau n" 34) 113 

3 B : Comparaison des fréquences de distribution des diamètres 

des arbres du recrû dans les forêts de Budongo et de Bugoma 113 

3 C : Fréquences de distribution des diamètres à Mpanga 114 



92 
ETDDB SB CAS n* 1 



ANALYSE DES SYSTEMES D'AMENAGEMENT DES 
FORETS TROPICALES HUMIDES EN OUGANDA 



1. INTRODUCTION 

1. L'Etude de cas n* 1 passe en revue et analyse les systèmes d'aménagement 
forestier des forêts tropicales humides en Ouganda. Elle découle, dans une 
très large mesure, d'un document préparé pour la PAO par Peter Karani, jadis 
chef de l'Administration forestière de l'Ouganda (Karani, 1985). 

2. Trois étapes peuvent être identifiées dans le développement de la 
politique forestière et des aménagements forestiers en Ouganda : 

1) avant 1945 (fin de la deuxième guerre mondiale); 

2) de 1945 à la fin des années 60 ou au début des années 70 ; 

3) du début des années 70 à l'époque actuelle. 

3. En ce qui concerne la politique forestière les principaux développements 
au cours de chacune de ces étapes ont été les suivants : 

1) la politique forestière de 1929 (déclarée 31 ans après la 
création d'une administration forestière) est fondée sur la 
reconnaissance de l'importance des profits directs et indirects 
susceptibles d'être retirés des forêts : "la politique adoptée 
en Ouganda est basée sur l'utilité indirecte et directe de ses 
forêts, la première étant constituée par leur influence sur 
l'érosion, les précipitations, l'humidité et les ressources en 
eau tandis que la seconde concerne leur aptitude à satisfaire 
les besoins futurs d'une nation en voie de développement rapide 
avec une forte population en pleine expansion. Les effets 
indirects probables, bien que sujets à discussion entre les 
experts, justifient la conservation des forêts existantes, 
principalement dans les régions, comme celle du nord et de 
l'est de l'Ouganda, où la désertification succède à la 
destruction des forêts, et la création de forêts là où elles 
peuvent accroître l'humidité de dans les zones arides ou 
contribuer au drainage des zones marécageuses" (Karani, 1985). 
Les objectifs des aménagements peuvent énumérés ainsi qu'il 
suit : 

a) maintenir l'état boisé ou reboiser toutes les zones où 
cette action est considérée comme nécessaire pour des 
raisons climatiques ou autres; 

b) satisfaire, sans préjudice des droits acquis, les demandes 
de la population ougandaise qui ne peuvent l'être par les 
efforts individuels ou ceux des collectivités locales; 

c) conseiller les particuliers ou les collectivités locales 
sur toutes les matières relatives à la foresterie; 



93 

d) dans la mesure où cela est compatible avec les trois 
objectifs précédents, aménager les forêts publiques 
ougandaises de telle façon que les investissements 
consentis produisent le meilleur revenu. 

2) cette politique forestière fut en fin de compte confirmée par 
l'Administration coloniale en 1948 et adoptée par l'Ouganda 
après son indépendance : 

a) réserver de façon définitive, pour les générations 
actuelles et futures de l'Ouganda, une surface suffisante 
de forêts ou de terrains à boiser pour entretenir des 
conditions favorables au développement agricole, pour 
conserver les ressources en eau, pour procurer des produits 
forestiers à l'agriculture, à l'industrie et aux 
particuliers, et enfin pour maintenir la stabilité des 
sols dans les secteurs fragiles où les terres pourraient 
être détériorées si elles étaient soumises à d'autres 
usages; 

b) aménager les forêts publiques pour optimaliser leur 
rentabilité et les dépenses occasionnées par leur 
aménagement dans la mesure où les objectifs cités ci-dessus 
peuvent être atteints; 

3) en 1967 les gouvernements locaux furent abolis et tous les 
terrains à boiser furent transférés au gouvernement central. 

4. Karani (1985) observe que : "la faiblesse de la politique forestière de 
ce pays tire son origine du fait que l'Ouganda n'a pas de politique de 
l'utilisation des terres et qu'il n'y a pas de système de propriété ; ce 
défaut affecte beaucoup l'aménagement des forêts naturelles. Lorsque la 
population s'accroît, la surface des terres affectées aux productions 
vivrières s'amenuise ; les réserves forestières, y compris les forêts 
naturelles, sont alors considérées comme des zones susceptibles d'être 
cultivées. En dehors de nombreuses demandes de déclassement de certaines 
forêts, une bonne partie des forêts naturelles du centre et de l'ouest du pays 
demeure intacte et sera aménagée pour la production forestière". 

5. Et aussi : "il est un fait bien connu que les espèces des forêts mélangées 
produisent naturellement beaucoup moins que les eucalyptus et les conifères 
tropicaux. Il y a cependant assez de place pour cultiver des conifères sans 
interférer sur les forêts naturelles. La politique actuelle est en faveur du 
maintien des forêts existantes mais en accroissant leur valeur en augmentant 
le volume des essences nobles. Bien que ce fut une règle dans ce pays de 
laisser intacte une partie de chaque forêt importante comme réserve naturelle, 
on a constaté que les zones ainsi conservées étaient trop petites pour 
protéger la faune liée aux forêts pour sa reproduction. On espère cependant 
qu'en adoptant ces méthodes et ces techniques sylvicoles, la valeur des forêts 
naturelles pourra être non seulement maintenue mais encore accrue en même 
temps que leurs caractères et leur composition pourront être conservés. Il est 
pourtant peu probable que la demande de produits forestiers puisse être 
satisfaite par ce que les forêts naturelles peuvent produire. Le déficit devra 
être comblé par les plantations de conifères qui ont été créées au cours des 
trois dernières décennies". 



94 

6. Le tableau n* 1 présente les données sur les surfaces de forêts naturelles 
ougandaises estimées à la fin des années 1980 (FAO/UNEP, 1981). Il n'y a plus 
de forêts couvrant de grandes superficies dans ce pays ; ce qui subsiste se 
présente sous forme d'îlots boisés, quelquefois très petits, au milieu des 
cultures ou des savanes. Ce sont ces îlots qui assurent la conservation des 
espèces des flores et faunes indigènes, fournissent le bois pour les usages 
industriels ou domestiques ; ils contribuent aussi à la protection de 
l'environnement, et notamment à la préservation du sol et des ressources en 
eau. Ce rôle de protection et de conservation est de la plus haute importance 
pour le bien être du pays. 

TABLEAU n* 1 

Superficie des forêts naturelles ougandaises 



: Types de forêts 


: Superficies : 
: (km^) : 


: Forêts feuillues denses productives (+) 
: non exploitées 


: 1 000 .' 


: Forêts feuillues denses productives (+) 
: exploitées 


5 650 ': 


: Forêts feuillues denses improductives 

: Total des forêts feuillues denses : 


850 ': 


7 500 : 


: (+) la production de ces forêts est appréciée en 
: de fourniture de bois pour l'industrie 


matière : 



Sources : FAO/UNEP, 1981 

7. Les alinéas suivants décrivent l'histoire des aménagements forestiers en 
Ouganda de façon plus détaillée. 

2. LES AMENAGEMENTS AVANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE 

2.1. Généralités 

8. Avant la seconde guerre mondiale, les aménagements forestiers furent 
dominés par : 

1) les difficultés de communication à l'intérieur et hors de 
l'Ouganda; 

2) l'insuffisance du personnel d'encadrement ; 

3) un potentiel industriel limité ; 

4) des marchés limités, aussi bien internes qu'à l'exportation; 

5) un manque de savoir-faire. 



95 

9. L'Ouganda était un Protectorat du gouvernement britannique soumis à 
l'administration coloniale. Avant 1890, lorsque le Protectorat fut créé, 
certaines parties du territoire qui devait devenir l'Ouganda, possédaient des 
systèmes politiques bien développés parmis lesquels il faut citer les Royaumes 
de Buganda, de Bunyoro, d'Amkole Kiziba et de Koki, Dans ces royaumes 
lacustres, les pirogues jouaient un rôle éminent dans les conflits armés et 
on se souvient que le Kabaka de Buganda put rassembler plus de 200 pirogues 
pour son armée. Il s'agissait de pirogues du type "Sessé" constituées d'une 
quille et de planches latérales cousues au moyen de cordes de raphia passées 
dans des trous creusés selon des lignes parallèles le long des bords des 
planches. 

10. Lorsque les Arabes du Zanzibar commencèrent à commercer avec ces 
Royaumes, ils construisirent des petits bateaux à voile latine pour 
transporter les marchandises, l'ivoire, et les esclaves. Ces bateaux ont été 
décrits par les premiers missionnaires qui s'établirent en Ouganda en 1877. 
La pêche, la chasse, et le commerce de l'ivoire apportèrent la richesse. Le 
séchage du poisson était couramment pratiqué par le chauffage au bois ; comme 
la population était peu nombreuse, les forêts se régénéraient naturellement. 
La culture des ignames et des bananiers (matoke) n'imposait pas le 
défrichement total des forêts et les arbres trop gros pour être abattus et 
utilisés étaient laissés sur pied. 

11. Avec l'avènement de l'ère coloniale de nouveaux concepts furent 
introduits en Ouganda dans le domaine de la consommation, des nouvelles 
productions agricoles et des techniques de culture avec des normes différentes 
d'éducation et de santé, des nouveaux niveaux de communication et 
d'administration ; c'est ainsi que des peuples de cultures et de traditions 
différentes, de langues différentes aussi, furent amenés à vivre côte à côte 
dans le même pays. 

12. Bien que le café fut indigène en Ouganda où il était cultivé pour être 
utilisé au cours de cérémonies traditionnelles, il n'avait jamais été exporté. 
L'établissement de grands domaines où étaient produits le café, le caoutchouc, 
la canne à sucre, le coton, et, plus tard, le thé, fut à l'origine de vastes 
défrichements. On réalisa, vers l'*an 1890, qu'il fallait mettre en réserve des 
forêts pour les conserver et protéger de la destruction occasionnée par les 
défrichements culturaux la ressource naturelle constituée par les latex 
indigènes dont la récolte était pratiquée localement. 

13. Dans les débuts de la colonisation, on importa du bois de pin du nord 
pour l'utiliser dans les constructions, mais peu à peu naquit l'idée que, 
grâce au développement forestier, des produits de substitution pouvaient être 
obtenus sur place ; la même idée persiste de nos jours. La construction de la 
ligne de chemin de fer de Mombasa sur la cote à Kisumu sur le lac Victoria 
consomma de grandes quantités de bois non seulement comme traverses ou poutres 
pour les ponts mais encore pour l'édification des immeubles de service. 
Jusqu'en 1930, le gouvernement géra des scieries, soit par le biais du service 
forestier, soit par celui du service des travaux publics. Dès 1908, il était 
déjà question de créer de vastes plantations destinées à procurer du bois de 
feu aux grandes villes non seulement dans la zone des savanes arborées mais 
aussi dans celle des forêts tropicales humides. 

14. Les premiers forestiers explorèrent la végétation naturelle et 
décrivirent deux types principaux de forêts disposés en bandes discontinues: 



96 

1) une bande de 50 à 80 km de large» formant un croissant le long 
des rives nord et nord- ouest du lac ; ces forêts furent 
ensuite appelées Mibira, South et West-Mengo» Minziro, etc, 
cette dernière faisant partie des forêts de East-Masaka ; une 
partie de de cette bande a été défrichée pour y installer des 
plantations de café, caoutchouc, coton et cacoa créés pour 
l'exportation dès le début du XX* siècle ; 

2) une bande située sur les pentes orientales du Rift, s 'étendant 
de Masindi au nord au Rwanda au sud ; jusqu'à ce siècle la 
population de cette zone était relativement faible et il y 
avait de vastes prairies entre les blocs de forêts dont la mise 
en réserve pouvait être envisagée. 

15. Dans ces temps anciens, aucune mesure n'avait été prise pour régler 
l'exploitation des forêts comme celles de Minzoro, Mabira ou Nambigirwa où les 
arbres étaient abattus pour être sciés. On ignorait même à cette époque 
l'étendue de ces forêts. Leur intérêt consistait en récolte de latex pour 
l'exportation et en exploitation du bois pour les constructions locales ou la 
fourniture d'énergie au chemin de fer ou aux bateaux à vapeur. 

16. Il est possible de citer l'année 1930 comme marquant le début des 
aménagements des forêts du pays lorsque l'administration coloniale fut en 
mesure de recruter du personnel compétent en plus grand nombre. Un texte 
visant la politique forestière avait déjà été adopté par le gouvenement . Le 
premier aménagement fut approuvé par le gouvernement en 1934 ; celui-ci 
concernait la forêt de Budongo. En 1931 une couverture aérienne à 1:12 500 
avait été faite sur 500 km^ ; un assemblage fut effectué puis corrigé après 
qu'une triangulation grossière ait été réalisée sur le terrain. Cette 
cartographie sommaire fut suivie d'un inventaire à 2,5 % effectué de façon 
systématique sur des bandes de 10 m de large. Cet aménagement a joué un rôle 
considérable sur le développement des aménagements forestiers en Ouganda mais, 
en raison de l'existence des deux types décrits à l'alinéa 14 ci-dessus et des 
différences de densité des populations respectives, les systèmes d'aménagement 
ont différé d'un type à l'autre. 

2.2. Aménagement des forêts de type occidental 

17. En raison de l'insuffisance du personnel, 1 ' sunénagement de l'ensemble des 
forêts régionales a été très influencé par certaines individualités. Par 
exemple, W.J. Eggeling, qui vécut en bordure de la forêt de Budongo de 1937 
à 1966, étudia la flore de l'Ouganda et tout particulièrement les conditions 
écologiques de Budongo. Ses études ont paru dans des journaux scientifiques 
(voir Eggeling, 1947) ainsi que dans des publications du gouvernement, et ont 
influencé, dans la pratique, la première révision de l'aménagement du groupe 
de forêts de Budongo. 

18. C'est vers 1926 que l'industrie du sciage débuta à Budongo et selon les 
archives c'est en 1932 que furent effectuées les premières plantations de 
Khaya anthotheca , Entandrophragma sp. et Maesopsis eminii dans certaines 
parties de la forêt, mais dix années plus tard il ne subsistait aucune trace 
de ces travaux. L'accent étant mis sur la nécessité de créer des plantations 
de bois de feu près des nouveaux centres administratifs, la régénération des 
forêts naturelles fut quelque peu négligée bien que l'exploitation en soit 
poursuivie à un rythme accéléré pendant la guerre. Dans le même temps de 
grands efforts furent entrepris pour saigner les arbres producteurs de latex 
et pour récolter l'écorce des quinquinas dans un petit nombre de plantations 
qui avaient été installées dans le pays. A la fin de la guerre, H.C. Dawkins 
fut recruté comme responsable de la récolte du latex. 



97 

19. Les conditions des aménagements entrepris au cours de cette période, 
telles qu'elles sont énoncées à l'alinéa 8 ci-dessus, dominèrent les systèmes 
d'aménagement, ne laissant que de faibles latitudes aux aménagistes. Il serait 
intéressant de noter les raisons pour lesquelles les forestiers eurent recours 
à la régénération naturelle de façon aussi précoce. On peut seulement se 
livrer à des conjectures sur le fait qu'ils étaient persuadés que le caractère 
épars des essences nobles dans les strates supérieures et moyennes des forêts 
était le reflet d'une insuffisance du nombre de semis ou, au moins, de gaules. 
On peut se demander aujourd'hui, à la lumière des résultats des recherches, 
s'il ne s'agissait pas d'une impression erronnée. 

2.3. Aménagement des forêts riveraines du lac 

20. La plupart des rapports de cette période font référence à trois forêts, 
Minziro près de la frontière avec la Tanzanie, Nambigirwa près d'Entebbe et 
Mabire entre Kampala et Jinja. Dans deux d'entre elles étaient installées des 
scieries du gouvernement antérieurement à la première guerre mondiale, tandis 
que Nambigirwa était exploitée par des scieurs de long. 

21. La forêt de Minziro s'étend dans la vallée de la Kagera ; elle était 
jadis remarquable par ses magnifiques peuplement de deux taxa de Podocarpus 
latifolius , ensuite considérés comme P. milanjianus et P. gracilior . Bien que 
leur identification soit douteuse en raison de la faible altitude de ces 
forêts, il est certain que ces dernières étaient surannées et ne contenaient 
presque aucune régénération naturelle de Podocarpus ; ces forêts denses 
étaient par place dominées par Baikoa plurijuge qui s'étaient installés sous 
les Podocarpus reliques. Le site étant très plat, avec des sols complexes, une 
grande partie de ces forêts fut inondée lorsque le barrage d'Owen Falls fut 
mis en eau à Jinja dans les dernières années 50. L'abondance de ce conifère 
extrêmement utile près du rivage de lac et, par conséquent, facilement 
exploitable et transportable attira de bonne heure l'attention des 
exploitants; l'exploitation des Podocarpus se poursuivit de 1908 à 1915 ; les 
grumes étaient alors sciées en long de façon traditionnelle puis en scierie. 
Des essais de plantations sporadiques de Podocarpus furent couronnés de succès 
de telle sorte qu'en 1929-1930 quelques AO hectares de la section Kaiso furent 
rajeunis au moyen de plantations en lignes distantes de 9 m et à 1,9 m sur la 
ligne. Les plants forts réussirent mieux que les plants faibles qui furent 
abroutis par les diverses antilopes de forêt. Ce travail fut abandonné en 
1931. 

22. Ces forêts de même que les prairies marécageuses voisines furent données 
à bail de 30 années. Des tentatives furent faites pour encourager la 
conversion de ces prairies en terres cultivées ; plusieurs cultures furent 
essayées, y compris le riz dans les parties les plus humides et le sizal dans 
les secteurs les plus secs, mais sans succès, car le sol des prairies était 
pauvre en bases avec une faible capacité de rétention. Dans tout le secteur 
la forêt fut exploitée et les derniers Podocarpus furent abattus dans les 
années 50. 

23. En 1950, on mit en cause la longueur de la durée du bail et le montant 
des loyers qui, à cette époque, ne réprésentaient qu'une fraction de ceux qui 
étaient pratiqués dans d'autres zones. D'autre part le fonctionnement des 
scieries mises en place par le gouvernement avait eu pour effet l'extraction 
des grumes les plus accessibles ; le secteur était très éloigné des autres 
centres et les locataires étaient obligés d'investir dans des opérations 
agricoles qui, avec certaines arrière-pensées, étaient mal conseillées. Par 
ailleurs, le terrain, quoique plat, était très humide et rendait les 
exploitations difficiles. 



98 

On mesure aujourd'hui que, dans de telles conditions, la régénération 
artificielle de cette espèce fut tentée sans connaissances suffisantes des 
conditions écologiques, de l'autécologie de l'espèce, ou de l'écosystème. 

24. De la même façon dans la forêt de Nambigirwa, des jeunes plants 
d' Entandrophragma sp. , de Lovoa trichilioides , de Cupressus sp. (probablement 
Cupressus macrocarpa ), et de Toona sp. furent cultivés et plantés dans une 
placette expérimentale dès avant 1920. Il y a peu de renseignements sur les 
travaiuc de régénération dans la forêt de Mabira. 

25. Ainsi, conme dans la zone occidentale, l'aménagement demeura 
fragmentaire, l'accent principal étant mis sur la satisfaction des exigences 
du trésor public en encourageant le développement des exploitations et la 
constitution d'un domaine forestier national. L'attention portée à la 
sylviculture paraît s'être concentrée sur des essais d'une certaine forme de 
plantations d'enrichissement là où le personnel était suffisant et en faisant 
appel aux espèces qui avaient été exploitées. 

3. LES AMENAGEMENTS DE 1945 AU DEBUT DES ANNEES 70 

3.1 Généralités 

26. Les conditions de l'aménagement forestier changèrent rapidement après la 
seconde guerre mondiale. Avant l'indépendance de 1968, les facteurs principaux 
de cette évolution furent: 

1) accroissement rapide de la population et création de nouveaux 
villages dans des secteurs autrefois peu peuplés ; 

2) augmentation des cours du coton, du sucre, et du café associé 
à des encouragements à la production de la part des autorités; 

3) accélération de l'urbanisation et des équipements publics, 
électrification, adduction d'eau, construction d'écoles et de 
divers bâtiments publics ; 

4) élévation du niveau de l'éducation publique et, accroissement 
des possibilités pour des études supérieures ; 

5) accroissement des moyens financiers publics et privés. 

Le temps était venu pour envisager une croissance et un développement 
généralisé mais les semences de discorde entre les utilisateurs du sol avaient 
déjà germé et une récolte amère faite de bouleversements et de troubles 
économiques se développait. 

3.2. Aménagement des forêts de type occidental 

27. La forêt de Budongo était de loin la mieux étudiée et la mieux aménagée 
en Ouganda au début de cette période. L'aménagement de 1935-44 fixait les 
objectif suivants : 

1) procurer toutes facilités pour réaliser une exploitation 
rémunératrice tout en réduisant les risques de perturbation des 
équilibres forestiers existants; 



99 

2) assurer un contrôle de la production de façon souple mais 
conservatrice ; 

3) donner au personnel forestier d'encadrement les mains libres 
pour accroître le volume sur pied des essences nobles dans 
toutes les stations favorables. 

Une brève description des conditions écologiques à déjà été faite aux 
alinéas 36 à 44 de la première partie. Lors de la première révision de 
l'aménagement ces objectifs furent redéfinis de la façon suivante : 

1) permettre une exploitation permanente et rémunératrice des 
forêts de Budongo et de Siba par des entreprises privées tout 
en assurant un rendement annuel soutenu; 

2) réduire au minimum les risques de dégradation que cette 
exploitation pourrait faire courir à la forêt dense en 
compromettant sa pérennité ; 

3) accroître par des moyens artificiels le capical ligneux 
constitué par les essences nobles et utiles en réalisant des 
plantations à la suite de l'exploitation, favoriser la 
croissance de la régénération naturelle, et encourager 
l'extension de la forêt dans les prairies voisines ; 

4) contrôler l'envahissement des forêts par le "bois de fer" et 
rechercher une méthode pratique pour convertir la forêt 
climacique à "bois de fer" en un type plus intéressant de forêt 
dense humide. 

28. Cette révision soumettait l'exploitation de la forêt à un programme 
systématique fondé sur une rotation préliminaire de récupération d'une durée 
de 40 ans au cours de laquelle toutes les parcelles de la forêt devaient être 
parcourues en enlevant tous les grands arbres de qualité incapables de 
survivre jusqu'à la coupe suivante avec l'idée de lui assurer un rendement 
soutenu. Au début de cette rotation de récupération, un petit nombre d'espèces 
seulement étaient commercialisables en dehors des Méliacées, du Maesopsis et 
de quelques autres essences disséminées produisant un bois d'oeuvre durable 
comme Mildbraediodendron excelsum et Erythrophleum suaveolens . La production 
annuelle contrôlée en mesurant le volume des grumes de bonne qualité, 
l'estimation ayant été faite par un inventaire préalable des arbres de 60 cm 
de diamètre et plus. Le diamètre d'exploitabilité était de 80 cm pour les 
Méliacées et de 60 cm pour les autres espèces. 

29. L'objectif principal de cet aménagement était la production du bois de 
Méliacées. D'autres espèces, principalement Maesopsis eminii typiques du stade 
de reconstitution de la forêt, étaient aussi utilisées comme essences 
d'accompagnement. Les peuplements étaient enrichis après l'exploitation par 
des plantations en lignes ainsi qu'il est décrit à l'alinéa 50 de la première 
partie. 

30. Au début, on essaya les plantations en placeaux mais, plus tard, les 
difficultés de les retrouver en forêt contraignirent le forestier à concentrer 
les plantations sur des lignes. Les plants étaient souvent mis en place en 
dehors des pistes d'accès pour les protéger des dangers de l'abroutissement. 



100 

Dans la forêt de Budongo les plants étaient non seulement abroutis par les 
antilopes mais aussi par les éléphants qui causaient beaucoup de donmages, la 
quête de leur nourriture en forêt s 'avérant très sélective ; ces derniers 
appréciaient le tapis de lianes herbacées installées à la suite de 
l'exploitation et suivaient les layons ouverts pour effectuer les plantations 
en arrachant ou en mangeant les plants des méliacées mis en place. Les plants 
étaient d'abord dégagés par la coupe des lianes puis on leur donnait plus de 
lumière, notament verticale» en abattant les perches voisines des espèces 
d'accompagnement mais en laissant des chicots de manière à gêner le passage 
des éléphants. Certaines de ces plantations ont donné de très bons résultats 
car les peuplements étaient enrichis de 90 perches de Méliacées bien 
installées par hectare à la fin des travaux de dégagement. Cependant, la 
densité fut réduite ultérieurement à 22 plants par hectare. D'une façon 
générale, l'installation de ces plantations n'a pas posé de problèmes mais la 
vitesse de croissance de la végétation concurrente a rendu obligatoire la 
poursuite des travaux d'entretien. La croissance en hauteur des jeunes 
Méliacées s'en est ressentie et il est aujourd'hui évident que ces plants ne 
peuvent se développer de façon satisfaisante que si leur houppier est libre 
de tout ombrage vertical. 

31 . Les plantations cessèrent dans le courant des années 50 en raison de 
l'insuffisance de la main d'oeuvre et de l'augmentation des coûts. A la même 
époque débutèrent des recherches, notamment sur l'utilisation des phytocides, 
qui ouvraient de nouvelles possibilités à la régénération naturelle. C'est 
aussi à cette époque que le volume annuel de coupe autorisée fut graduellement 
augmenté en même temps que le nombre d'essences commercialisables 
s'accroissait de telle sorte que l'intensité de la première coupe de 
récupération devenait plus forte et permettait une meilleure ouverture du 
couvert. Dans chaque clairière ouverte par l'exploitation, la régénération 
d'une essence conmercialisable (alors qualifiée de désirable) devait être 
assurée. 

32. Ainsi les conditions régissant la main d'oeuvre, celles du marché 
national et les progrès technologiques sur l'utilisation des phytocides 
devaient intervenir pour modifier les techniques sylvicoles sans que la 
politique des aménagements et, bien sûr, les systèmes d'aménagement en soient 
affectés. 

33. La seconde révision de l'aménagement pour la période 1955-64 définissait 
les objectifs de la façon suivante : 

1) produire de façon soutenue la plus grande quantité de produits 
forestiers, principalement du bois d'acajou, au prix le plus 
bas possible (la singularité de cette proposition n'était pas 
ressentie) ; 

2) entretenir dans leur état naturel des spécimens des biocènoses 
vivant dans la forêt de Budongo, à l'exception des plus grands 
animaux. 

34. Les modifications introduites par la troisième révision étaient plus 
nuancées et définies comme suit : 

assurer de façon économique le revenu soutenu maximum pour le 
bois d'oeuvre, principalement le bois des acajous et conserver 
des spécimens des plantes et des animaux caractéristiques des 
communautés de Budongo. 



101 

Cette série de révisions des objectifs de l'aménagement est significative des 
changements progressifs allant de la prise en considération de l'intérêt de 
travaux rémunérateurs jusqu'à la conservation à la fois de l'originalité de 
la forêt et de sa production dans le temps. 

35. Les changements dans le domaine de la sylviculture impliquaient plusieurs 
nouvelles opérations. La plupart d'entre elles étaient de simples 
modifications des techniques existantes en substitutant par exemple 
l'utilisation des phytocides à celle de la hache. Ces changements 
concernaient : 

1) la programmation des opérations dans le temps ; 

2) la surface susceptible d'être traitée par homme et par jour; 

3) la nature de l'interruption du couvert qui s'ensuivait. 

Une simple étude de l'organisation du travail montra que, si le 
contrôle de ces opérations devait être réalisé avec succès, il convenait que 
la forêt fut à la fois accessible aux véhicules et divisée en parcelles 
individualisées. C'est seulement ainsi que le phytocide et son solvant 
pouvaient être distribués sur place et que l'exécution et le suivi des 
traitements pouvaient être contrôlés et supervisés avec efficacité. En 
agissant autrement la progression des travaux devenait impossible à maîtriser, 
certains secteurs n'étant pas traités et d'autres traités plusieurs fois. La 
réalisation de ce travail n'a été possible que grâce au niveau élevé de 
formation des cadres forestiers formés à l'Ecole Forestière de Nyabyeya. 

36. A cette époque à Budongo où les traitements arboricides battaient son 
plein, plus de 1 500 ha étaient traités annuellement. Le régime sylvicole 
était le suivant : 

1) ouverture des pistes d'accès à chaque bloc d'environ 300 ha 
deux années avant que la coupe de récupération ne soit 
commencée, puis réalisation des travaux ci-après sur une durée 
voisine de 12 mois: 

a) ouverture de pistes d'accès pour diviser le bloc en 
parcelles de 4 hectares environ ; 

b) comptage des arbres d'essences nobles à .abattre lors de 
la coupe de récupération ; 

c) délianage, suivi immédiatement du traitement aux phytocides 
de tous les arbres non commercialisables ou défectueux ; 

2) exploitation de la coupe de récupération ; 

3) dix ans après, durée au cours de laquelle le couvert formé 
par les espèces colonisatrices devait avoir suffisamment 
soulevé le manteau de lianes pour permettre l'entrée sur chaque 
parcelle : 

a) diagnostic statistique permettant de porter un jugement 
sur la qualité et sur l'étendue de la régénération ; 



102 

b) en cas de nécessité, travaux d'amélioration destinés à 
favoriser la croissance des jeunes tiges par délianages, 
interventions dans le couvert, compléments de dévitalisât ion 
des arbres gênants, etc. 

En fait ces interventions sylvicoles s'apliquèrent aussi aux secteurs 
régénérés artificiellement qui se révélèrent très riches en essences de valeur 
sans qu'il fut possible de connaître avec certitude leur origine. 

37. Dans le courant des années 56, Dawkins (1959) s'intéressa à l'étendue des 
dommages causés par l'exploitation à la régénération préexistante. Selon les 
observations faites chaque arbre exploité lors de la coupe de récupération 
pouvait endommager près de quatre ares. Ce forestier doutait qu'il soit 
possible de réduire ces dommages à moins de deux ares même en organisant très 
correctement l'exploitation après délianage. En conséquence Dawkins 
recommanda que la conversion de la forêt après la coupe de récupération 
soit effectuée par une coupe unique plutôt que par des coupes polycycliques 
comme cela se pratique ailleurs. Dawkins décrivit cette méthode comme un "mode 
de régénération par coupes progressives uniformes tropicales" mais considéra 
que le résultat serait une forêt constituée de nombreuses espèces avec des 
arbres de grosseurs différentes en raison de l'utilisation de la régénération 
préexistante au moment de la conversion, des grandes différences inter et 
intra-spécifiques des vitesses de croissance, et de la régénération induite 
par les interventions dans le couvert. 

38. La troisième révision de l'aménagement fut approuvée en 1965, une fois 
constatés son intérêt et sa qualité, mais l'accroissement de la demande locale 
de sciage rendit impérative la recherche de rendements soutenus plus élevés. 
En conséquence il fut autorisé d'entreprendre la conversion sans délai et 
avant l'achèvement de la rotation de récupération. C'est ainsi que les deux 
rotations se déroulèrent simultanément mais dans différentes parties de la 
forêt, la rotation de conversion suivant la coupe de récupération de quelques 
40 années. Cet aménagement fut mis en oeuvre jusqu'à la fin de la période 
considérée. 

39. Il a été fait mention des dommages causés par la faune sauvage, et 
notamment par les éléphants. Ce facteur a pris une importance grandissante en 
raison de l'extension des zones boisées concernées par les interventions dans 
le couvert forestier. Par ailleurs d'autres éléments intervenaient pour 
modifier le rôle des éléphants et autres animaux : le parc national Murchinson 
Fais fut créé au début des années 50 et ses frontières s'étendaient le long 
de la Réserve forestière de Kitigo, elle-même adjacente du principal bloc de 
Budongo. Cette région avait été classée en réserve de faune à l'époque de la 
première guerre mondiale et, de ce fait, les populations des diverses espèces 
animales augmentèrent considérablement car elles étaient préservées des 
chasseurs. Les parcs nationaux de l'Afrique orientale jouant un rôle important 
vis-à-vis des touristes européens et américains, l'industrie touristique se 
développa rapidement créant des emplois et favorisant l'entrée de devises 
étrangères. Toutefois, l'inexorable accroissement de la population, 
l'amélioration du réseau routier et l'extension des cultures intervinrent 
pour limiter les déplacements saisonniers des hardes d'éléphants et il en 
résulta une augmentation du nombre de ces animaux en forêt ; leur consommation 
de végétation ligneuse s'accrût elle-aussi de façon dramatique à la fois dans 
la forêt de Budongo et auâsi dans les ilôts forestiers à l'intérieur des 
limites du Parc où les arbres de la savane furent détruits (Buechner 
et Dawkin, 1981). 



103 

40. Au grand regret des forestiers, les fonds d* origine internationale 
affectés à la recherche sur les éléphants furent beaucoup plus facilement 
disponibles que ceux versés à la recherche forestière. Néanmoins les efforts 
du Beuchner, Buss (1961), Wing et Buss (1970) et plus tard de Laws et al. 
(1975) pour fournir des informations sur le rôle des éléphants à Budongo sont 
inestimables. Pendant cette période des éléphants furent abattus régulièrement 
dans les parcelles en régénération afin de préserver le jeune recrû. Des 
pistes d'accès furent ouvertes et entretenues pour permettre aux gardes 
forestiers de patrouiller pour écarter les hardes d'éléphants des secteurs 
sensibles, mais les tentatives sérieuses pour gérer scientifiquement les 
populations d'éléphants firent cruellement défaut. Vers la fin de années 70, 
les braconniers avaient réduit illégalement le nombre des éléphants dans 
cette zone de plus de 20 000 têtes à moins de 3 000. 

41. La forêt de Budongo a aussi attiré des chercheurs en zoologie spécialisés 
dans l'étude des primates travaillant dans la même voie que celle de Jane 
Goodall en Tanzanie sur les chimpanzés. Budongo était en effet le berceau de 
colonies de chimpanzés et on craignit que leur habitat ne fut dérangé par 
les traitement phytocides, principalement si aucune des espèces du genre Ficus 
n'avait été protégée, nombre d'entre elles procurant de la nourriture à de 
nombreux oiseaux et autres animaux, y compris les chimpanzés. 

42. Au cours de cette période, le système d'aménagement de la forêt de 
Budongo fut considéré comme satisfaisant. Ce fut une époque où les conflits 
entre les intérêts en présence furent limités et où le forestier put mettre 
en oeuvre les moyens d'aménager la production de bois d'oeuvre en respectant 
l'écologie de la forêt et l'autécologie des diverses espèces. 

43. Les autres forêts de cette bande occidentale ne furent pas aussi faciles 
à aménager que les forêts de Budongo. Ainsi la forêt de Bugoma, qui s'étend 
à 100 km environ au sud de Budongo dans une situation homologue par rapport 
au Rift, possédait diverses associations dont beaucoup étaient identiques à 
celles de Budongo ; la forêt de Bugoma était moins riche en Méliacées qui font 
l'intérêt de Budongo et la partie centrale était dominée par Cynometra sp. ; 
elle paraissait plus jeune par places avec des forêts galeries au milieu des 
savanes. La commercialisation des bois récoltés à Bugoma était difficile et, 
pour cette raison, l'exploitation en était plus extensive ; la densité des 
lianes dans les peuplements plus jeunes était beaucoup plus forte qu'à 
Budongo ; les traitements arboricides étaient plus onéreux car de nombreux 
arbres étaient de faible taille et il était douteux qu'une régénération 
naturelle d'essences de valeur puisse s'établir. A la fin des années 50, des 
placeaux expérimentaux furent établis dans certains secteurs caractéristiques 
riches en Cynometra pour tenter d'obtenir une réponse, mais il est évident que 
les résultats devaient se faire attendre. 

44. Au début des années 50 un faible pourcentage des forêts fut inventorié 
dans la région occidentale et des aménagements furent conçus, notamment par 
Osmaston (1959, 1960). 

45. La situation des forêts de Toro situées plus au sud était assez 
comparable. Ces forêts ont un caractère plus montagnard, presque totalement 
sempervirentes, dans une région mieux arrosée et plus fraîche. Ici Parinari 
excelsa paraissait occuper la même situation que Cynometra alexandrii à 
Budongo et Olea welwitschii se comportait comme une espèce pionnière au même 
titre que Maesopsis eminii bien que de croissance plus lente mais de longévité 
plus grande et produisant un bois plus intéressant et décoratif. La croissance 
était plus lente, l'intensité des coupes plus modeste et la régénération 
incertaine. 



104 

Comm à Budongo» de fortes populations d* éléphants fréquentaient certaines 
parties de la forât, principalement dans le sud où une fraction de la forêt 
était conçrise dans le parc national Queen Elisabeth. La commercialisation du 
bois devint plus facile avec l'ouverture des mines de cuivre de Kilembe en 
1956 et de la ligne de chemin de fer de Kampala à Kasese pour transporter le 
minerai de cuivre ; on se rendit conq^te que le bois de Parinari excelsa 
pouvait être utilisé pour le boisement des mines. Malheureusement, les mines 
se révélèrent moins intéressantes que prévu et ce marché s'affaiblit dans les 
années 60. 

3.3. Aménagement des forêts riveraines du lac 

46. L'environnement des forêts situées près du rivage du lac était 
tout-à-fait différent de celui des forêts occidentales, principalement en 
raison de : 

1) la situation politique (au Budanga, il y avait une certaine 
friction politique entre le gouverment central et le Kabaka et 
ses partisans) ; 

2) un niveau élevé d'immigration et d'accroissement de la 
population; 

3) un rythme accéléré d'urbanisation et d'industrialisation autour 
de Kampala, Jinja et dans toute la région entre ces deux 
centres ; 

4) un niveau élevé de revenus, principalement chez les planteurs 
de caféiers ; 

5) un niveau élevé de la demande de sciages, de bois de 
construction et d'autres produits, tels que ceux nécessaires 
à la fabrication de meubles, etc ; 

6) de faibles dommages causés par la faune. 

47. L'influence de ces facteurs se traduisait par une facilité de la 
commercialisation des produits forestiers mais en même temps par une forte 
pression sur les limites des forêts. Dans les premières années de cette 
période, la plus grande part de l'énergie déployée par le personnel forestier 
fut consacrée à l'ouverture de ces limites pour constater l'ampleur des 
défrichements et en réduire l'expansion. Ceci entraîna des frictions avec les 
fermiers voisins et les propriétaires ruraux. L'effort fut aussi orienté vers 
le contrôle des exploitations pour combattre les coupes illicites pratiquées 
par les scieries, les scieurs de long ou les fabricants de charbon de bois. 
Toutes ces actions furent autant de sources de contestations entre le service 
forestier et les populations locales. 

48. La politique d'aménagement de ces forêts fut orientée vers la production 
de bois d'oeuvre de toutes essences commerciales et pas seulement des 
Méliacées comme à Budongo. Le premier aménagement fut conçu par R.B. Sangster 
(1948) pour la forêt de South-Mengo et pour la période 1948-57 ; ses objectifs 
étaient définis de la façon suivante : 

1) pourvoir à une utilisation rémunératricfi permanente de la 
forêt de South-Mengo sur la base d'un rendeOiânt annuel soutenu 
au profit de la population ougandaise à des prix qu'elle soit 
en mesure de payer, les exportations ne pouvant: être envisa- 
gées qu'une fois satisfaits les besoins du pays; 



105 

2) remplacer les arbres exploités par des plantations en utilisant 
les mêmes espèces que celles qui étaient commercialisables dans 
les forêts publiques ou privées ; 

3) améliorer la qualité des peuplements en choisissant 
préférentiellement dee Méliacées et Lovoa comme essences de 
reboisement ; 

4) favoriser la régénération naturelle, notamment au moyen de 
travaux de nettoiement et d'amélioration ; 

5) conserver un couvert forestier fermé dans toutes les réserves 
forestières existantes et, dans le cas où il aurait été 
perturbé pour quelque raison valable, le reconstituer dans les 
meilleurs délais. 

49. Les mêmes objectifs furent assignés à de nombreuses autres forêts du 
secteur, à l'occasion des aménagements qui furent approuvés pendant cette 
période. Conformément à la politique forestière, la valeur économique de ces 
forêts devait être augmentée en favorisant les meilleures essences locales et 
en introduisant celles qui étaient absentes, le vocable '*local** désignant les 
essences indigènes en Ouganda et non pas seulement celles qui étaient 
présentes dans la forêt de Mengo ; ainsi Khaya fut introduit de telle sorte 
que cet excellent bois d'ébénisterie fut disponible dans le futur. 

50. Les plantations débutèrent en 1945 avec Khaya anthotheca , Entandrophragma 
angolense et E. utile ; on plantait des plants de deux ans ayant de 1,2 à 2,4m 
de hauteur totale ; ces plants étaient débarrassés de leurs feuilles jusqu'au 
bourgeon terminal maintenu intact tandis que les racines latérales étaient 
coupées ; seul le pivot était conservé. Les plants étaient préparés de cette 
façon pour éviter leur dessication avant le rétablissement de leur système 
radiculaire après mise en place, et la perte de leur bourgeon terminal par 
abroutissement causé par les antilopes forestières. Ces plants étaient groupés 
sur 9 m par 3 ou 5 sur des lignes distantes de 45 m. Ce type de plantation ne 
tenait pas beaucoup compte de la qualité des stations pour les diverses 
espèces. Les taux de réussite calculés en 1947 étaient de 45 % avec Khaya , 
36 % avec E. angolense et 13 % avec E. utile . La principale difficulté 
résultait de l'insuffisance de la main d'oeuvre car les prix du coton et du 
café étaient tellement élevés qu'il était plus intéressant de travailler pour 
les produire que de travailler pour le gouvernement. En conséquence il fallait 
faire appel à de la main d'oeuvre migrante et le coût de la fourniture des 
vivres et du logement augmentait son prix de revient. En définitive les 
plantations furent abandonnées en raison de leur coût et de l'insuffisance de 
la main d'oeuvre. 

51. C'est à cette époque que Dawkins démontra que la régénération naturelle 
était plus commune dans ces forêts qu'on ne le supposait. Il perfectionna la 
technique de dévitalisation des arbres au moyen de phytocides non toxiques (on 
avait déjà proscrit l'utilisation de l'arsénite de soude dans cette région 
où la densité de la population vivant autour des forêts était très élevée). 
Toutefois la liste des essences reconnues commercialisables, et donc 
désirables, s'allongeait en raison de la demande accrue de bois ; l'une après 
l'autre, des essences devenaient acceptables si bien que les traitements 
arboricides éliminaient des arbres qui plus tard seraient devenus 
exploitables. 



106 

Ce fut notamment le cas d' Antiaris toxicaria, un très grand arbre avec un fût 
magnifique pour lequel il n'y avait aucun marché dans les années 50. A cette 
époque l'industrie du bois investissait dans la nouvelle technologie ; une 
usine de contreplaqués s'installa à Jinja pour fabriquer notamnent des caisses 
pour transporter le thé dont la production augmentait dans l'ouest et le bois 
d' Antiaris se révéla être idéal pour ce type de fabrication ; des arbres de 
cette espèce y empoisonnés deux ans plus tôt, furent alors recherchés et 
exploités avant que leur bois ne se détériore* La même histoire peut être 
répétée pour Funtumia elastica, une sorte de caoutchouc sauvage, et d'autres 
espèces. Vers le début des années 70, la plupart des espèces de la région du 
Lac pouvaient être commercialisés à l'exception de Cola gigantea . Comme à 
Budongo, on adopta un emode de traitement par coupe unique et un système 
uniforme de sylviculture. 

52. L'utilisation des arboricides se poursuivant, il devint nécessaire de 
contrôler leur efficacité. On se rendit compte que l'interruption du couvert 
constituait une source de dommages à la régénération préexistante, qu'il 
fallait la libérer de la compétition exercée par les tiges des strates 
inférieures et les lianes et que cela était coûteux. Dans le même temps, la 
fourniture de bois provenant des forêts naturelles sur des fonds privés se 
raréfiait et il en résultait une augmentation du prix du charbon de bois dans 
les grandes villes comme Kampala et Jinja, et aussi dans les petits centres 
urbains dispersés dans la région. Il devenait alors possible d'encourager les 
fabricants de charbon de bois à venir en forêt pour traiter les houppiers 
abandonnés par les exploitants ainsi que les arbres non commercialisables. 
Ceci contribua à diminuer les dommages au recrû et à réduire les besoins de 
travaux d'amélioration. 

53. C'est aussi à cette époque que de nombreuses plantations de Maesopsis 
furent effectuées sur toute l'étendue des forêts pour accroître leur 
productivité, et aussi pour convaincre les riverains que ces terres boisées 
étaient cultivées et qu'il convenait de résister à la tentation de les 
défricher pour y installer des cultures. Les techniques de culture en 
pépinière et de plantation furent mises au point pour introduire cette essence 
dans les clairières : une croissance en hauteur supérieure à 4 m en moyenne 
en deux ans fut obtenue. Les charbonniers utilisaient des fours traditionnels 
en terre et, une fois leur activité terminée, ils abandonnaient les 
emplacements nets de toute végétation ce qui convenait exactement aux 
replantations car les adventices ne se réinstallaient que lentement sur ces 
sols stérilisés. Il y avait ainsi de nombreux avantages à cette méthode : 

1) la forêt était enrichie avec Maesopsis , une espèce à croissance 
rapide ; 

2) du charbon de bois devenait disponible ; 

3) l'utilisation de la ressource forestière existante était 
grandement améliorée ; 

4) la forêt se régénérait dans des conditions beaucoup plus 
favorables à sa réinstallation et à sa croissance; 

5) le coût de l'ensemble des opérations diminuait. 



107 

54. Ce système associant l'activité des charbonniers à l'amélioration des 
forêts de la région des rives du lac fut amélioré ; les fours en terre furent 
partiellement remplacés par des fours métalliques portatifs (EARL, 1969). La 
carbonisation remplaça la dévitalisation dans la forêt de West-Mengo et une 
partie de celle de Masaka ; elle fut étendue à l'ouest de Kalinzu et à Kibale. 
Les diverses opérations se succédaient de la façon suivante : 

1) des coupes de 40 à 80 ha étaient concédées à des exploitants 
et l'exploitation de tous les arbres commercialisables était 
effectuée; 

2) des agents du service forestier entraînés sélectionnaient 
ensuite et marquaient en réserve des espèces désirables et 
faisaient procéder à l'abattage directionnel des arbres 
indésirables ou défectueux d'un diamètre supérieur à 60 cm ; 

3) les charbonniers et les marchands de bois de chauffage étaient 
ensuite autorisés à abattre et à enlever tous les arbres non 
réservés et les houppiers, une coupe devant être totalement 
nettoyée avant qu'une autre ne fut entreprise ; 

4) immédiatement après nettoyage, des plants d'essences croissance 
rapide, principalement Maesopsis eminii , Terminalia ivorensis 
et T. superba , Cedrela odorata , étaient plantés dans les 
trouées par pieds isolés ou par deux : une croissance en 
hauteur de 2 à 3 m par an pouvait être escomptée. 

55. Cette technique permit une valorisation des résultats des recherches sur 
les plantations d'enrichissement réalisées par la Station de Mpanga. Il faut 
rendre hommage à la contribution importante de la recherche forestière aux 
développements de la sylviculture et de l'aménagement ; ainsi les résultats 
des recherches fondamentales furent à l'origine du développement des 
techniques de culture et de gestion, par exemple en matière d'inventaires 
fondés sur l'application des principes du calcul statistique permettant de 
valider les résultats obtenus par un échantillonnage à moins de 2 Z, de 
sondages de diagnostic, d'interventions sur le couvert au moyen de phytocides, 
de plantations d'enrichissement, de techniques dendrométriques pour mesurer 
et contrôler la croissance, etc. Ce travail a été décrit par Dawkins (1958) 
et aussi dans des notes techniques du service forestier et de la recherche 
forestière. 

56. Les cinq conditions énoncées par Dawkins comme préalable au succès des 
plantations d'enrichissement effectuées en ligne dans les forêts denses 
humides étaient les suivantes : 

1) besoins d'éclaircies faibles ou nuls ; 

2) rapidité de croissance des espèces utilisées (au croissance 
en hauteur) avec bon élagage naturel et une bonne rectitude des 
tiges ; besoins élevés en lumière comme ceux des espèces 
colonisatrices de places vides; 

3) aucune strate dominante (les parcelles récemment exploitées 
à blanc occupées par un fourré peu élevé ou par une brousse 
secondaire récente convenaient parfaitement) ; 

4) insensibilité aux feux du recrû entre les lignes ; 



108 

5) présence nulle ou très faible d'herbivores susceptibles 
d'abroutir les jeunes plants. 

La plupart de ces conditions étaient rencontrées sur les places de 
carbonisation. 

57. L'utilisation du Terminalia ivorensis fut suspendue à la suite d'attaques 
par un insecte perforateur qui détruisait la pousse terminale ; T. superba est 
jusqu'ici indemne de dcmnages par cet insecte et peut atteindre 60 cm de 
diamètre en moins de 20 ans. Les provenances utilisées étaient celles du Ghana 
et de Sierra Leone mais celles du Congo, du Gabon et du Zaïre étaient 
recommandées dans la mesure où les graines étaient disponibles. 

58. La distinction entre les systèmes d'aménagement des forêts riveraines 
et ceux des forêts occidentales est évidente. La pression de la population sur 
la forêt, la demande élevée pour des sciages et du charbon de bois ainsi que 
le niveau des investissements dans la transformation du bois n'ont pas joué 
un rôle défavorable. Néanmoins la compétition pour l'utilisation des terres 
desieure un problème et les textes draconiens édictés dans les premiers temps 
de l'ère coloniale pour la réglementer ont malgré tout montré que les 
exigences des agriculteurs sont supportables, principalement dans les secteurs 
favorables à l'installation de cultures pérennes comme celle du caféier et du 
théier dont les plantations peuvent protéger le sol et les ressources en eau 
aussi bien que la forêt. De fait, les sols de cette région ne sont pas aussi 
fragiles que ceux de nombreuses autres contrées tropicales, ni aussi exposés 
& l'érosion ou à une dégradation de leur fertilité. 

4. LES AMENAGEMENTS DEPUIS LE DEBUT DES ANNEES 1970 

4.1 Généralités 

59. Entre 1950 et 1955 toutes les forêts importantes furent inventoriées 
et les informations réunies ont fourni des données utiles pour contrôler la 
production. En 1971, des consultants de Lockwood réexaminèrent ces données et 
conçurent de nouveaux inventaires de deux forêts occidentales, South-Kibale 
et Kasyoha-Kiyomi (Lockwood Consultants Ltd, 1973). Leur rapport faisait des 
recommandations sur plusieurs aspects du développement forestier et notamment 
sur la politique forestière, l'organisation du service forestier, 
l'aménagement, les industries du bois, le marché et l'exploitation. Au moment 
de la rédaction de leur rapport, les consultants prévoyaient les quantités 
enlevées suivantes : 

1973-84 314 000 mVan 
1985-93 171 000 mVan 
ensuite 154 000 m^/an 

Ils ajoutaient que si le diamètre d'exploitabilité était réduit de 50 
i 30 cm à hauteur de poitrine, un volume supplémentaire de 68 000 m^/an 
pourrait être disponible jusqu'en 1984 puis 50 000 m^/an de 1985 à 2 000. 

60. La situation est actuellement radicalement différente en raison des 
difficultés d'ordre politique et économique rencontrées par le pays dans les 
années 70 et 80. L' industriel du sciage s'est détériorée par défaut de nouveaux 
investissements et l'aménagement des forêts naturelles et des plantations a 
été négligé. En 1970 il y avait 30 scieries produisant près de 170 000 m^ de 
sciages par an. Avec l'expulsion de la plupart des propriétaires en 1972, les 
niveaux de production se sont écroulés en raison de : 



109 

1) l'instabilité politique et de l'incertitude sur la propriété; 

2) l'insuffisance d'une expérience convenable en matière de 
gestion et d'entretien des équipements industriels ; 

3) une sévère pénurie de devises et, par conséquent, de pièces 
détachées . 

De nouveaux équipements industriels qui avaient été programmés, comme 
une usine de contreplaqués et de panneaux à Budongo et une parqueterie à 
Jinja, ne furent jamais réalisés et d'autres dont la production avait commencé 
furent fermées. 

61. En 1980 nouveau changement du politique et les scieries qui avaient été 
nationalisées et gérées par le département des Industries du bois furent 
reprivatisées. Les nouveaux propriétaires étaient des personnes plus ou moins 
liées au pouvoir mais sans moyens humains suffisants pour investir dans de 
telles usines et les faire fonctionner à leur pleine capacité. 

62. En 1982 autre changement affectant le droit de propriété et le 
gouvernement propose aux anciens propriétaires évincés en 1972 de revenir et 
de reprendre leurs anciennes usines. Plusieurs d'entre eux l'avaient fait en 
1985, mais les propriétaires actuels, ou les détenteurs actuels (dans le cas 
où les anciens propriétaires ne s'étaient pas encore réinstallés) doutent de 
l'avenir de cette industrie. Ils répugnent à entreprendre de nouveaux 
investissements et même parfois à exécuter les travaux essentiels d'entretien. 
Actuellement sur les 30 scieries qui fonctionnaient en 1970, 17 seulement sont 
en état de marche et produisent ensemble annuellement 6 500 m^ de sciages, 
soit 4 % de la production de 1970. En revanche le sciage traditionnel en 
long a progressé de façon dramatique mais sans qu'il soit possible d'en 
chiffrer l'importance. 

63. Le pays possède assez de bois pour subvenir potentiellement à tous ses 
besoins et pourrait continuer à être auto-suffisant dans ce domaine jusqu'à 
la fin du siècle. Mais dans l'état actuel des choses, il est incapable de 
produire assez de sciages pour satisfaire une demande qui serait de l'ordre 
de 300 000 à 500 000 m^ On estime à 100 000 m^ (de 72 000 à 125 000 m^ selon 
les résultats des enquêtes) la production actuelle, principalement fournie par 
le sciage en long. En dehors de la possibilité non exploitée des forêts 
naturelles, un inventaire récent des plantations d'essences feuillues dans 
l'Ouest du pays (à Mafuga et Bugamba) indique que le volume sur pied serait 
de plus de 2 000 000 m^ qui pourrait être exploité entre 1986 et 2 000. On 
pense qu'il y aurait près de 1 300 000 m^ de résineux ( Cupressus lusitanica 
et Pinus patula ) qui devraient être exploités dans les cinq années à venir ; 
ceci est dû en partie aux sécheresses de 81-83 qui ont causé une importante 
mortalité dans les plantations de P. patula dans les zones les plus sèches ; 
ces dernières devraient être sans tarder replantées avec des espèces plus 
résistantes. Une estimation des quantités de bois d'oeuvre disponibles jusqu'à 
la fin de ce siècle est donnée dans le tableau n* 2 . 

64. Les marchés, intérieurs et extérieurs, ont évolué et devraient continuer 
à évoluer. Il sont passés en revue sous les titres suivants : marchés à 
l'exportation, pâtes et papiers, bois de chauffage domestique et industriel. 



112 

On admet que, pendant la période de conversion de ces forêts tropicales 
humides en futaies régulières» interviendront beaucoup de changements dans 
leur cooçosition et leur structure; des forêts floristiquement moins riches 
en essences indigènes mais enrichies en essences exotiques seront 
graduellesient créées. Au contraire, pour les partisans de la conservation 
intégrale 9 ces forêts devraient demeurer intactes et protégées pour leur 
valeur intrinsèque et en qualité de conservatoires de gènes. Il est toutefois 
difficile de justifier les dépenses occasionnées par de telles mesures de 
conservation sans que son objet ne contribue au bien-être économique de la 
nation. Il est donc souhaité que l'adoption de la politique définie 
ci-dessus puisse é la fois se traduire par un niveau élevé de protection des 
ressources forestières et par une augmentation de leur valeur économique. 

74. Depuis 1980» le service forestier a estimé nécessaire de faire un 
inventaire pour quantifier le volume sur pied de toutes les forêts régénérées 
mais ceci s'est révélé impossible. Les indications suivantes sont le résultat 
d'observations sur le terrain et de mensurations répétées dans les placeaux 
expérimentaux. 

75. En 1968, la forêt de Niambigirwa fut exploitée une seconde fois à la 
suite d'une coupe qui l'avait parcourue à la fin de la première guerre 
mondiale pour la confection de sciages artisanaux; la proportion 
d ' Entandrophragma angolense et de Lovoa trichilioides inhabituellement très 
élevée, résultait vraisemblablement des plantations d'enrichissement 
effectuées de 1916 à 1926; les exotiques Toona ciliata et Eucalyptus grandis , 
atteignaient respectivement plus de 50 à 70 cm de diamètre, tandis que 
Cupressus macrocarpa et Podocarpus latifolius , dominés, ne dépassaient pas 
30 cm. 

76. A la même époque une cartographie fut réalisée dans certaines forêts de 
South-Kyague qui avaient été enrichies après la coupe de 1944-48 partiellement 
avec Khaya anthotheca , essence non indigène dans ce secteur. On constata de 
nouveau que la proportion des Méliacées était plus forte que celle à laquelle 
on s'attendait avec un diamètre de 20 à 30 cm ; certains sujets faisaient 50 
cm de diamètre mais la majorité, dominée et surcimée, n'avait pas atteint un 
développement satisfaisant. 

77. A Budongo, le nombre des Mélaciées du bloc Biiso, où la plupart des 
travaux d'enrichissement avaient été faits, était lui aussi plus élevé et les 
arbres paraissaient du même âge. Dans le placeau n* 34 du bloc voisin 
Nyakafunjo des plantations avaient été faites principalement avec Khaya 
anthotheca en 1952 à2x2met4x4m avec répétitions et deux types 
d'interventions dans le sous-étage, ouverture en plein et ouverture en ligne ; 
l'ensemble du dispositif fut parcouru par une coupe d'amélioration six ans 
plus tard. Un inventaire fut périodiquement effectué, le dernier en 1976, soit 
24 ans après la plantation ; les résultats sont donnés dans le tableau n* 3A 
(distribution des diamètres des 4 meilleurs arbres par sous-placeau de 400 
ares). Il est précisé que tous les arbres mesurés n'ont pas été plantés. Un 
autre placeau expérimental n* RP 14 était situé en bordure de la forêt dans 
un secteur riche en Maesopsis eminii exploité en 1958 ; le peuplement était 
pratiquement un peuplement pur de Maesopsis de telle sorte qu'il fut en coupé 
i blanc, exploitation qui endommagea près de la moitié des acajous 
préexistants ; en 1974, 60 Z de la régénération était constituée 
d ' Entandrophragma et de Khaya , avec seulement 4 Z de Maesopsis qui en 1982, 
avait totalement disparu. Cette observation confirma celle de Eggeling sur la 
série progressive de succession dans ce type de forêt. 



113 
XABLBAD n- 3A 

Fréquences de distribution des diamètres à Budongo (placeau n* 34) 



: Classes de diamètres : 10 : 20 : 30 : 40 : 50 : Total : 
: (en centimètres) : : : : : et + : : 


: Fréquences par hectare : 42 : 26 : 11 : 4 : 3 : 86 : 

**^ — — ^^■*^^ — *~^ — — '— — Il II. 1 .. 1 .. ..!._ ^. IM.t.ll.lML..* 



78. Le tableau n* 3B permet à Karani (1985) de comparer les résultats de 
la régénération et la croissance dans les deux forêts du Budongo et Bugoma 
dont l'exploitation datait de 1955-56 et les comptages de contrôle de 1965-66, 
soit environ 10 ans après la première intervention. Ces données ont été 
recueillies au cours d'études sur les dommages causés par les éléphants (Laws 
et al., 1975) et les deux sites ont été choisis en raison de leur similitude. 
Toutefois, il faut encore conserver à l'esprit que, selon la méthode 
d'investigation choisie, ce sont seulement les quatre meilleurs arbres sur 
400 m^ qui étaient mesurés et il n'est pas certain que ces quatre arbres 
étaient issus de la régénération induite par les travaux sylvicoles. 

TABLEAU n* 3 B 

Comparaison des fréquences de distribution des diamètres 
des arbres du recrû dans les forêts de Budongo et de Bugoma 



Classes de diamètres :- de : 10 
(en centimètres) : 10 : 



20 



30 : 40 



50 : Total 
et + : 



Distribution à 
Budongo 



: 96 : 9,7 : 3,4 : 1,5 : 1,3 



3,5 : 115,4 
5,7 : 100,4 



Distribution à 
Bugoma 



52 : 16,3 : 13,8 : 7,9 : 4,7 



Karani (1985) propose l'explication suivante : "Les différences entre les 
régénérations dans les deux forêts peuvent être expliquées par une présence 
plus abondante d'éléphants à Budongo qu'à Bugoma. Dans la première forêt, la 
régénération, partiellement détruite et maintenue à l'état de gaulis, ne peut 
atteindre des tailles plus importantes. De plus les éléphants ont tendance à 
consommer les espèces qui sont communes dans la régénération, principalement 
Chrysophyllum albidum et Khaya anthotheca qui, ensemble, représentent 50 % 
de la totalité des essences nobles. Si ces dommages se poursuivent, ils 
peuvent altérer la composition de la forêt". Toutefois de nos jours, la 
population des éléphants ayant décru de façon très intense, on est beaucoup 
plus concerné par leur protection que par les dommages qu'ils peuvent causer 
aux peuplements forestiers. 

79. Karani (1985) cite aussi des données recueillies par la station de 
recherches forestières de Mpanga 25 ans après l'exploitation et le traitement 
sylvicole effectué dans les années 1950 et présentées dans le tableau n* 3C . 



114 
lABLBâD n* 3C 
Fréquences de distribution des diamètres à Mpanga 



Classes de diamètres : 10 : 20 : 30 : 40 : 50 : Total : 
(en centimètres) : : : : : et + : 


Fréquences par hectare: 181 : 29 : 13 : 1 : 1 : 225 : 



Ces informations sont différentes de celles données dans les tableaux 
précédents car elles prennent en compte toutes les essences et non pas 
seulement les essences nobles comme à Budongo et à Bugoma. 

80. Voici qu'une trentaine d'années s'est écoulée depuis que les techniques 
de régénération naturelle sont utilisées pour rajeunir les forêts tropicales 
humides ougandaises ; il conviendrait donc de tenter d'en faire le bilan mais, 
malheureusement, cela est impossible* Tout au plus peut-on conclure que, dans 
la mesure où la régénération n'est pas compromise par le développement des 
lianes et de la végétation dominante, un accroissement moyen sur le diamètre 
de 0,5 cm/ an sur 50 tiges par hectare peut être obtenu. 

81 . On peut donc admettre que le système actuel de contrôle de la production 
et des travaux sylvicoles est acceptable bien qu'il soit encore nécessaire 
d| envisager l'extension des recherches dans le domaine de l'autécologie des 
diverses essences et de leur interdépendance à l'intérieur des associations 
végétales ; ce système de contrôle est le mieux susceptible de couvrir les 
besoins de l'aménagiste. 

82. Les facilités offertes actuellement par l'université ou par les écoles 
techniques conviennent pour la formation des cadres aux niveaux universitaires 
et techniques. Il n'y a pas de déficit dans les effectifs du personnel 
forestier ; seule l'expérience lui fait souvent défaut. Il convient donc de 
saisir toutes les opportunités pour lui donner ce complément de formation. 

83. Il existe actuellement un déficit important en matière d'équipements et 
d'allocations budgétaires pour renforcer l'efficacité du personnel. On peut 
s'attendre à ce que les investissements dans le secteur du sciage au cours des 
dix prochaines années puissent combler l'écart entre la production et le 
rendement soutenu estimé des forêts. On admet aussi que les 5 600 km^ de 
forêts naturelles ne peuvent couvrir les besoins en énergie (bois de chauffage 
et charbon de bois) des 15 millions d'ougandais et ceux de l'industrie. Fort 
heureusement une certaine expérience a été acquise en matière de reboisement; 
grâce atix plantations d'essences exotiques créées pour les besoins industriels 
et aux mesures en faveur des reboisements villageois pour les besoins 
domestiques en mettant en oeuvre des techniques d' agro-foresterie, il est 
possible d'envisager l'avenir de façon plus sereine. Dans les années à venir 
la politique du service forestier sera profondément impliquée dans 
l'accroissement des surfaces boisées et dans l'augmentation du volume des 
ressources forestières dans les zones rurales. 

84. C'est pourquoi, avec le retour de la stabilité dans tout le pays, le 
service forestier ougandais est conscient de l'aptitude des systèmes actuels 
d'aménagement forestier à satisfaire la demande future de bois ou de produits 
dérivés du bois. 



115 



ETDDE DE CAS n' 2 

ANALYSE DES PROGRES DES SYSTEMES D'AMENAGEMENT 
DES FORETS TROPICALES HUMIDES AU NIGERIA 

1. INTRODUCTION 117 

2. LES FACTEURS PHYSIQUES, BIOLOGIQUES, ET ECOLOGIQUES 118 

3. LES FACTEURS SOCIAUX 120 

3.1. Généralités 120 

3.2. Population et sol 121 

3.3. Personnel d'encadrement 122 

4. LES FACTEURS ECONOMIQUES 123 

5. EXPLOITATION ET TRANSFORMATION DU BOIS 127 

6. INVENTAIRES 128 

6.1. Généralités 128 

6.2. Utilisation des images radar 129 

6.3. Rôle de l'Institut de recherches forestière du Nigeria 129 

6.4. Echantillonnage et estimation 130 

7. SYLVICULTURE 132 

7.1. Généralités 132 

7.2. Mode de régénération par coupes progressives tropicales 133 

7.2.1. Mise au point de la méthode 133 

7.2.2. Etude de divers programmes de recherches 
au Nigeria sur le mode de régénération 

par coupes progressives tropicales 137 

7.3. Autres méthodes utilisées au Nigeria 139 

7.3.1. Systèmes polycycliques 139 

7.3.2. Plantations d'enrichissement 139 

7.3.3. Tranformation en peuplements 

artificiels éguiennes 140 

8. ELEMENTS DE PROSPECTIVE 143 



116 



TABLKADX 



1 : Occupation du sol Au Nigeria 118 



: Comparaison des quantités demandées et des quantités produites 
en millions de m^ de bois rond pour les principaux tjrpes de 



2 

pour les principaux 
produits du bois au Nigeria 121 



3 : Affectations budgétaires au Département fédéral des forêts 

en Naira (Programmes des années 81 et 82) 125 

4 : Contributions des diverses organisations au projet de la 

Banque mondiale de plantation de Pins et Anambra (en Naira) 126 

5 : Contributions des diverses organisations au projet de la 

Banque mondiale de reboisement dans l*Etat de Ondo (en Naira) 126 

6 : Contributions des diverses organisations au projet de la 

Banque mondiale de reboisement de l'Etat de Ogun (en Naira) 126 

7 : Capacités annuelles en m^ des industries du bois selon les 

Etats du Nigeria en 1980 127 

8 : Volumes sur pied de Triplochiton scleroxylon des six forêts 

classées de l'Etat de Oyo au Nigeria 130 

9 : Résultats de l'Inventaire forestier indicatif au Nigeria 132 

10 : Sommaire des opérations conduites selon le mode 

de régénération par coupes progressives tropicales au Nigeria 
(instruction 1/1961) 134 

11 : Accroissements annuels moyens sur le diamètre en centimètres 

de 1967 à 1975 (Forêt de Sapoba ; essai n* 273) 137 

12A : Superficies en hectares des plantations de feuillus indigènes 

dans les états du sud du Nigeria 142 

12B : Superficies en hectares des plantations de feuillus exotiques 

dans trois états du sud Nigeria 142 



FIGDHBS 

1 : Superficies des plantations créées de 1908 à 1983 dans divers 

états du sud du Nigeria. 1^1 



117 

KTODE DE CAS n* 2 

ANALYSE DES PROGRES DES SYSTEMES D'AMENAGEMENT 
DES FORETS TROPICALES HUMIDES AU NIGERIA 



1. INTRODUCTION 

1- Cette étude de cas est extraite d'un rapport rédigé par le Professeur 
P*R. Kio, directeur de l'Institut fédéral de recherches du Nigeria, en 
collaboration avec A.B. Ouguntala, D.O. Lapido, et F.O.C. Nwonwu. Le texte 
suit assez fidèlement le leur mais certains £unénagements et résumés ont été 
effectués pour l'adapter à la structure de la présente publication. 

2. Leur rapport met en relief la politique forestière et la planification 
de l'utilisation de l'espace rural en relation avec la production forestière; 
il propose quelques commentaires sur les méthodes sylvicoles de traitement 
des forêts denses et de création des plantations, les techniques 
d'exploitation et de développement industriel, et l'aménagement des forêts. 
Pendant plusieurs années, la nécessité de créer des plantations pour augmenter 
la productivité des forêts tropicales humides a été reconnue par de nombreux 
pays de l'Afrique occidentale. Malgré les dangers de la monoculture, la 
productivité des plantations est plus incitative que l'aménagement des forêts 
tropicales humides en vue de la production de bois et il en est résulté la 
création de plantations forestières sur de grandes surfaces au cours des 
dernières années. Cette tendance se maintient principalement dans les pays 
où ont été installées des usines de pâte. Le Nigeria constitue un bon exemple 
de cette évolution ; plus de 70 % des plantations qui y ont été établies sont 
utilisées pour approvisionner l'industrie papetière. 

3. La politique du Nigeria en 1975 présentait beaucoup de traits communs 
avec celle de l'Ouganda et d'autres pays anglophones africains. Kio et al. 
(1985) relèvent les points suivants : 

1) une surperficie convenable doit être maintenue à l'état 
permanent de forêt pour permettre la satisfaction des besoins 
de production et de protection; en dehors de ce domaine 
forestier, l'espace rural a une vocation agricole; 

2) l'aménagement forestier doit tendre à assurer un revenu maximum 
soutenu pour fournir de façon pérenne le maximum de biens au 
plus grand nombre de personnes; 

3) une plus grande participation du gouvernement à l'exploitation 
des forêts et à l'installation d'industries du bois doit être 
stimulée afin d'augmenter les revenus de ce secteur et de 
créer des emplois; 

4) les savanes doivent être aménagées aussi bien en vue de la 
production du bois que comme zone de parcours; 

5) partout où le besoin en est ressenti, des plantations doivent 
être crées pour produire du bois de chauffage; 



118 

6) le gouvernement doit organiser et entretenir une administration 
forestière efficace et mettre à sa disposition des crédits 
suffisants pour lui permettre de remplir la mission dont elle 
est chargée. 

*• Adeyoju (1975) ainsi que Kio et al. (1985) reconnaissent que de grandes 
difficultés sont rencontrées pour harmoniser la multiplicité, 1' ambiguïté et 
la hiérarchie de ces objectifs. Selon Kio et ses collaborateurs : "compte tenu 
de la structure fédérale de la Nation avec des états répartis dans des zones 
écologiques variées, les déclarations officielles sont tellement 
contradictoires qu'il doit être extrêmement difficile, sinon impossible, pour 
les forestiers de poursuivre en même temps tous ces objectifs*'. 

2- LES FACTEURS PHYSIQUES, BIOLOGIQUES ET ECOLOGIQUES 

5. La plupart des forêts tropicales humides du Nigeria sont situées dans la 
zone caractérisée par des pluies abondantes s 'étendant le long de la côte dans 
les états du Oyo, Ogun, Ondo, Bendel, Anambra, Imo, Cross River, Rivers, et 
Lagos, et comprenant la forêt riparienne de Kwara. Le tableau n^ 1 donne des 
informations sur la couverture forestière et l'occupation du sol. 

XABLEAD n* 1 

Occupation du sol au Nigeria (1976/77) 



: Occupation du sol 


Pourcentage 
• (surface totale égale à 
89 206 279 ha) 


: Forêts tropicales denses 

: Forêts ripariennes et marécageuses 

: Plantations 

: Lacs et rivières 

: Autres utilisations des terres 


5,5 
4,2 
0,2 
0,8 
89,3 



Une bonne description de la végétation est résumée dans un ouvrage de 
White (1983) intitulé "The Végétation of Africa" dont proviennent les 
informations suivantes. Le Nigeria fait partie du centre régional d'endémisme 
Guinéo-Congolais qui comprend la ceinture côtière de forêts denses de Sierra 
Leone, Libéria, Côte d'Ivoire, Ghana, Nigeria, Cameroun, et Gabon ainsi que 
le bassin du Zaïre. La pluviosité y est plus faible que dans les zones de 
forêts denses tropicales des autres continents ; elle est principalement 
comprise entre 1 600 et 2 000 mm/an ; il existe une petite saison sèche au 
cours de laquelle les précipitations mensuelles peuvent être inférieures à 100 
nm. White observe que "la classification des forêts ombrophiles 
guinéo-congolaises est difficile en raison, d'une part, de leur composition 
f loris tique, de leur physionomie, et de leur phénologie qui varient de façon 
continue et, d'autre part, de la distribution de certaines espèces qu'il est 
difficile de comprendre en raison d'absence de corrélation avec les facteurs 
du milieu les plus perceptibles. La plupart des forêts nigériennes ont été 
classées comme forêts mixtes semi-sempervirentes humides ; celles-ci sont 
relativement riches au point de vue floristique. 



119 

Ainsi dans la réserve d'Okumu, proche du Bénin au Nigeria» Jones à identifié 
170 espèces représentées par des arbres de plus de 30 cm de circonférence sur 
une parcelle d'une surface de 18,4 hectares parmi lesquelles 52 
appartiennent à la strate dominante. L*aire des essences suivantes s'étend de 
l'ouest de Dahomey au bassin du Zaïre : 

Entandrophragma angolense Guarea cedrata 

E. candollei G. thompsonii 

E. cylindricum Lovoa trichilioides 

E. utile Nauclea diderrichii 

Maranthes ( Parinari ) glabra Parkia bicolor 

Pericopsis ( Afrormosia ) elata 

Petersianthus macrocarpus ( Combretodendron africanum, C. macrocarpum ) 

Certaines des espèces suivantes : 

Canarium schweinfurthii Piptadeniastnim africanum 

Ricinodendron heudelotii Terminalia superba 
Sterculia oblonga ( Eriobroma oblongum ) 

gui figurent parmi les espèces les plus abondantes de la strate dominante des 
formations secondaires des forêts mixtes semi-sempervirentes humides de 
plaine, débordent aussi sur les forêts mixtes semi-sempervirentes sèches. 
Lophira alata , une autre essence caractéristique des formations secondaires 
des forêts mixtes semi-sempervirentes humides, constitue aussi un élément 
caractéristique et abondant des forêts secondaires de la bande côtière des 
forêts ombrophiles sempervirentes". 

6. White décrit aussi dans cette zone trois types de forêts voisines : 

1) un type de transition plus sec de forêts ombrophiles 
semi-sempervirentes guinéo-congolaises ; 

2) un type humide de forêts ombrophiles semi-sempervirentes et 
sempervirentes ; 

3) un tjrpe côtier ombrophile sempervirent. 

et suggère que la plupart des forêts ombrophiles actuelles situées à 
l'intérieur ou en dehors des forêts classées sur des sols bien drainés 
occupent des stations qui furent autrefois défrichées et cultivées ; ce 
seraient donc des forêts secondaires qui, lorsqu'elles sont âgées, sont très 
difficiles à distinguer des forêts primaires. Il identifie ainsi trois stades 
de succession : 

1) brousse secondaire pionnière (hauteur inférieure à 12 m) dont 
les dominantes sont : Anthocleista sp., Caloncoba welwitschii , 
Chaetocarpus africanus , Harungana madagascariensis y Rauwolfia 
vomitoria , Tetrochidium didymostemon . Tréma orientalis , et 
Vernonia conferta , 

2) jeune forêt secondaire dominée de façon typique par : Musanga 
cecropioides , avec Buchnerodendron speciosum . Ça loncoba g lauca , 
Croton mubango , Lindackeria dentata , Macaranga monandra et 
M. spinosa , Maesopsis eminii , et Myrianthus arboreus . 



120 

3) forêts secondaires vieillies avec : Alstonia boonei , Antocaryon 
schweinfurthii . Ceiba pentandra , Chlorophora excelsa, 
Discoglypremna caloneura , Zanthoxyllum gilleti ( Fagara 
macrophylla ) , Funtumia africana, Holoptelea grandis , Khaya 
anthotheca, Mo rus mesozygia , Pterygota macrocarpa , Pycnanthus 
angolensis , Ricinodendron heudelotti, Terminal ia superba , 
Triplochiton scleroxylon , et Xylopia aethiopica , 

White précise par ailleurs que certains de ces genres comme Canarium , 
Chlorophora , Morus , Ricinodendron , Triplochiton et Terminalia sont aussi 
caractéristiques des forêts guinéo-congolaises semi-sempervirentes sèches et 
qu'il n'est pas toujours facile de déterminer le statut des forêts dans 
lesquelles elles sont présentes. Clorophora , Terminalia et Triplotichon 
peuvent se régénérer abondamment sur des terres abandonnées par l'agriculture 
sans passage par le stade intermédiaire à Musanga . On peut en déduire que la 
similitude avec la mosaïque régionale décrite par White près du Lac Victoria 
et que les relations avec la forêt ombrophile afromontagnarde sont évidentes, 

3. LES FACTEURS SOCIAUX 

3.1. Généralités 

7. Selon Kio et al. (1985) : "Au Nigeria l'exploitation forestière se 
développe à un rythme tel que, selon les experts, son maintien devrait 
entraîner la disparition des ressources forestières à la fin de ce siècle. Les 
chiffres obtenus par estimation des quantités demandées et des quantités 
produites sont présentés dans le tableau n' 2 . Pour combattre cette crise 
imminente, des plantations d'espèces de valeur et d'autres essences de bois 
d'oeuvre sont en cours. Celles-ci constituent l'un des moyens de satisfaire 
la demande de bois et d'assurer l'approvisionnement des usines en bois de 
qualité que les forêts naturelles ne pourraient fournir. La politique 
forestière est orientée vers un soutien à la recherche sur les essences 
indigènes et exotiques susceptibles d'être plantées. Au nombre de telles 
espèces, il faut citer Gmelina arborea dont le bois peut être utilisé comme 
bois de sciage, de trituration et même de déroulage à toutes fins. Terminalia 
ivorensis figure aussi sur la liste des essences de reboisement. Osafu (1981) 
précisait que le Nigeria s'était engagé dans un programme prioritaire de 
développement des ressources forestières au 

moyen de plantations". 

8. En ce qui concerne la demande et la production d'énergie, Kio et al. 
(1985) observent que même dans un pays producteur de pétrole comme le Nigeria, 
le bois de chauffage constitue plus de 80 % de la consommation de bois du 
pays. 

9.^ Les ressources traditionnelles de bois diminuent progressivement en 
raison des défrichements massifs (cultures itinérantes). Les forêts tropicales 
humides, au même titre que les savanes boisées, ont été soumises à des 
pressions importantes. Au Nigeria il subsiste actuellement environ 16 000 km^ 
seulement de forêts classées. Les potentialités d'aménagement des forêts en 
vue de la production de bois de chauffage (plutôt que la coupe rase intégrale) 
sont encore élevées puisque la presque totalité du bois de feu actuellement 
utilisé provient des forêts .denses et des forêts claires naturelles. Cette 
production est définitivement entrée dans l'économie de marché : le bois est 
exploité et enstéré le long des routes pour être vendu aux chauffeurs des 
véhicules en direction des centres urbains. 



121 

Un€ telU iaçortance du bois de chauffage est bien illustrée par les chiffres 
du tableau n* 2 . 

ZABLEAD n* 2 

Comparaison des quantités demandées (D) et des quantités produites (P) 
en millions de m^ de bois rond pour les principaux types de produits 

du bois au Nigeria 



Produits du bois 



ANNEES 



1975 
D : P : D-P 



1985 
D : P : D-P 



1995 
P : D-P 



Sciages 
Contreplaqués 
Papiers et cartons 
Poteaux 

Bois de chauffage 
Totaux 



': 2,0 


. 2,o! 





. 4,8" 


, 2,2" 


! 2,6" 


. 11,6' 


. 2,4i 


': 0,1 


\ 0,l' 





': 0,4' 


, 0,1 


'. 0,3 


: 1.1 


'. 0,li 


i 0,6 


: 


0,6 


! 1,8 


. 0,5 


1 1,3 


'. 5,2 


i i,oi 


': 1,6 


! 0,8 


0,8 


'. 2,0 


. 0,8 


': 1,2 


! 2,3 


'. ^,o': 


:42,0 


: 42,0 





': 48,0 


! 49,0 


!- 1,0 


: 54,0 


: 54,0: 


:46,3 


: 44,9 


1,4 


! 57,0 


: 52,6 


'. 4,4 


'. 74,2 


! 58,5: 



9,2 

1,0 
4,2 
1,3 

15,7 



Sources : Agricultural Development in Nigeria, 1983-2000, Foresty Sector 
Review. 



10. Comparés à cette énorme demande, les programmes de création de 
plantations pour la production de bois de feu apparaissent comme relativement 
modestes ; ils concernent la plantation annuelle de 500 ha dans chacun des dix 
Etats pendant cinq ans soit un total de 25 000 ha. Même avec une prévision 
optimiste de production de l'ordre de 10 m^/ha/an, cette surface plantée ne 
produira que 250 000 m^/an soit environ 0,5 % de la demandé annuelle prévue. 
Toutefois ce programme devait être soutenu par un vigoureux effort des 
collectivités rurales pour persuader les propriétaires immobiliers de planter 
des arbres pour pourvoir à leurs propres besoins de bois de feu. 

3.2. Population et sol 

11. L'accroissement de la population s'est traduit par une réduction de la 
surface boisée en raison des défrichements à des fins agricoles, du 
développement industriel et de l'urbanisation. 

12. Le taux d'accroissement de la population nigériane est élevé. Les 
chiffres officiels publiés avant l'indépendance en 1960 ne sont pas faciles 
à interpréter ; la population actuelle est estimée à plus de 90 millions 
d'habitants avec un taux d'accroissement annuel voisin de 2,5 Z. Les moyennes 
nationales ne rendent pas compte des différences régionales qui elles-mêmes 
sont encore accrues par le rythme rapide du développement de la taille des 
villes et de la densité de la population périurbaine. 



122 

La plupart de ces villes sont localisées dans la moitié sud du pays où la 
pluviosité annuelle est élevée et où les conditions offertes à l'agriculture 
sont souvent plus favorables que celles de la moitié nord. En conséquence la 
pression sur les terres est beaucoup plus élevée dans la zone des forêts 
tropicales humides que n'importe où ailleurs. Là où les cultures itinérantes 
sont encore une pratique courante, l'accroissement de la population s'est 
traduit par un raccourcissement de la durée des jachères à tel point que la 
fertilité du sol ne peut plus se reconstituer (Kio, 1980). 

13. Par ailleurs des terres boisées sont de plus en plus aliénées pour y 
installer des plantations agricoles de toutes sortes qui sont supposées être 
plus productives en termes de revenu financier et d'emploi que les forêts 
aménagées. Dans certains cas des forêts primaires classées ont été défri- 
chées et converties en plantations de palmiers à huile, d'hévéas, de 
citronniers, de cacoyers , ou autres cultures, même à proximité de terres 
disponibles, non boisées mais de bonne qualité. L'appréciation de l'intérêt 
de ce type de conversion est rarement objective et ne tient souvent aucun 
compte non seulement de la valeur des arbres sur pied et de la régénération 
mais aussi des profits indirects susceptibles d'être retirés de la forêt. Dans 
une étude réalisée par l'Institut de recherches forestières du Nigeria (FRIN) 
pour le compte de l'Institut international d'agriculture tropicale du Nigeria 
(IITA), il a été noté qu'un bloc de 30 ha détaché de la réserve forestière 
d'Okumu dans l'Etat de Bendel possédait un volume sur pied de 165 m^/ha de 
bois exploitable avec une valeur voisine de 30 000 Naira/ha à laquelle il 
faudrait ajouter les valeurs des plantes alimentaires et médicinales, ainsi 
que celles des autres végétaux et des animaux, sans négliger les effets 
indirects de l'écosystème (FRIN, 1984). 

14. Les autres facteurs responsables de la dégradation des forêts sont le 
développement industriel et l'urbanisation. La période 1978-88 avait été 
déclarée "Décennie du transport et des communications" en Afrique. Pendant 
celle-ci un important réseau de routes reliant les principales parties et les 
grandes villes du continent devait être créé. La première route transafricaine 
reliant Mombasa sur la côte du Kenya à Lagos sur la côte du Nigeria a été 
achevée. De telles grandes routes ouvrent l'accès à des zones jusqu'ici 
inaccessibles et contribuent à créer de nouveaux foyers de défores tat ion. 
L'urbanisation grandissante a favorisé aussi l'élargissement des centres 
urbains existants aux dépens des terres cultivées et des forêts voisines. De 
même des forêts ont été détruites pour y installer des aéroports, des lacs 
artificiels, des camps militaires, des domaines universitaires ou industriels. 
Cette destruction de la forêt a non seulement des effets immédiats sur la 
production du bois mais aussi des conséquences à long terme auxquelles les 
écologistes, les forestiers, les agriculteurs et les défenseurs de la nature 
sont très sensibles. 

3.3. Personnel d'encadrement 

15. Les cadres de niveau universitaire au Nigeria sont formés par les 
départements forestiers des universités nationales ou étrangères. En raison 
de la pénurie de diplômés convenablement qualifiés, certains cadres sont 
recrutés parmi les titulaires de diplômes en sciences naturelles et appliquées 
comme l'agronomie, la botanique, la zoologie, la chimie, les sciences de 
l'ingénieur, la sociologie et l'économie ; ces derniers acquièrent une 
formation complémentaire en matière forestière, à la fois sur le tas et au 
cours de stages intensifs organisés par des écoles forestières nationales ou 
étrangères, par l'université ou par des instituts d'études supérieures. 



123 

Les ingénieurs entreprennent aussi des études postuniversitaires pour 
améliorer leurs connaissances et leur efficacité. L'organisation de sessions 
de formation continue est aussi nécessaire pour entretenir leur capacité 
d'adaptation aux changements de toute nature ; des crédits ont été alloués à 
cette fin dans le cadre de Programmes de développement. Néanmoins, la pénurie 
de personnel suffisamment qualifié constitue toujours le goulet d'étranglement 
pour la réalisation des programmes et même pour l'exécution des activités 
courantes. La foresterie doit entrer en concurrence avec les autres secteurs 
pour attirer du personnel correctement formé même si elle ne peut être 
considérée comme l'une des activités attractives car elle est souvent associée 
à des conditions de travail difficiles dans des zones éloignées. 

16. L'une des conditions reguises pour l'admission dans les écoles 
forestières de techniciens est la possession du West African School 
Certificate. Les futurs techniciens suivent en général un cycle de formation 
de deux ans suivi par une année de stage sur le terrain : pour certains 
d'entre eux la formation est réduite à une année après quoi ils sont affectés 
à des tâches de supervision à un rang inférieur. Pour les étudiants ne 
possédant qu'une éducation de base de niveau primaire, la formation forestière 
est réduite à 6 mois, partie à l'école et partie sur le tas. Les ouvriers 
forestiers ne reçoivent qu'une formation sommaire mais, en raison du caractère 
de plus en plus sophistiqué des outils forestiers, une amélioration de leur 
technicité est nécessaire dans les domaines du savoir-faire, de la sécurité 
du travail et de l'entretien. 

17. Dans certaines circonstances, certains techniciens expérimentés et bien 
qualifiés peuvent être promus ingénieurs. Même s'il existe de grandes 
différences entre le rôle d'un ingénieur responsable d'un secteur géographique 
donné et celui d'un technicien expérimenté chargé de la supervision et de la 
programmation des travaux, l'échange entre ces deux types d'activités est 
réalisable et réalisé. Là où le Code forestier donne pouvoir à un ingénieur 
et non pas à un technicien supérieur expérimenté, des arrêtés doivent être 
pris et publiés pour lui conférer les mêmes pouvoirs que ceux de l'ingénieur 
pendant la durée de son affectation au poste considéré. De cette façon peut 
être assurée une souplesse suffisante pour faire face aux diverses situations 
et aux besoins de la nation en utilisant au mieux des aptitudes du personnel 
d'encadrement. 

4. LES FACTEURS ECONOMIQUES 

18. Le Nigeria éprouve pour le financement la plupart des difficultés qui 
ont été décrites dans le chapitre 2 à l'alinéa 84. Selon Kio et al. (1985), 
les processus d'inscription budgétaire et des autres investissements auraient 
été modifiés à la suite du boom des exportations de bois des années 1950. 
Cette tendance débuta par un mouvement en faveur du développement de la 
production nationale par l'entremise des scieries pendant les années 60 et 70, 
et actuellement par celle d'industries du bois intégrées et plus 
sophistiquées. 

19. Dans les premiers temps de l'ère coloniale, les investissements étaient 
essentiellement axés sur l'équipement des exploitations forestières, abattage 
et transport, d'abord de petite taille ensuite de taille de plus en plus 
grande. Au début des années 70 on assista à une substitution de produits 
fabriqués localement à certains produits importés comme le bois de 
construction, les fermetures, les contreplaqués, le mobilier , etc. et 
plusieurs scieries se développèrent. L'exploitation des forêts s'intensifia 
et les forêts naturelles, principalement celles qui n'étaient pas classées, 
furent sur le point d'être détruites. 



124 

Cette situation cria les conditions pour la création de plantations de 
cooq^nsation» c*est*à-dire de plantations susceptibles de produire le mÊam 
volume de façon soutenue sur une superficie plus réduite. Des financements 
fédéraux et locaux furent affectés à ces opérations malgré leur coût élevé, 
US $ 2 000/ha. Dans le même temps des investisseurs privés, étrangers pour un 
grand nombre d* entre eux, construisirent des scieries et d'autres usines 
intégrées à l'état embryonnaire. Aux environs de 1980, il y avait plus de 
1 000 scieries au Nigeria, la plupart d'entre elles étant simplement des 
unités équipées d'im simple ruban horizontal valant chacune environ US $ 70 
000. 

20. Cette période et ce type d'investissement des années 70 furent suivis 
dans les années 80 par une période de financements moins nombreux mais plus 
importants dans des usines de tranformation beaucoup plus complexes. De nos 
jours, le Nigeria possède deux usines de panneaux de particules, et trois 
papeteries sont, soit déjà installées, soit en cours d'installation. Les 
montants des investissements dans des projets forestiers au Nigeria ainsi que 
les contributions des diverses organisations ou les affectations budgétaires 
au département fédéral des forêts pendant les années 1981 et 1982 sont 
détaillés dans les tableaux n*" 3 à 6 , Dans les trois principaux projets de 
reboisement, 40 Z des fonds ont été avancés par la Banque mondiale et 60 % ont 
été financés localement. 

21. Bien que Kio et al. (1985) considèrent comme ridicule la part du 4*'"" 
Plan national de développement affectée aux forêts, soit 3 % de l'ensemble, 
celle-ci représente presque trois fois celle qui avait été prévue au plan 
précédent et se monte à 291 877 millions de naira ; les principaux postes sont 
les suivants: 

1) 115 millions, soit près de 40 % de la totalité du budget des 
forêts pour créer : 

. 6 250 ha/an de plantations de bois d'oeuvre de premier choix 
(déroulage) et deuxième choix et de bois de trituration ; 

. 400 ha/an de plantations de bois d'oeuvre et de service dans 
les 10 états du sud ; 

. 400 ha/an de plantant ions de pins dans l'état d'Anambra 
(cf. tableau n* 4 ) ; 

. 3 200 ha/an de plantations de Gmelina pour la production de 
bois de trituration dans les états de l'Ogun et de Ondo 
(cf. tableau n* 5 et 6) ; 

. 500 ha/an de plantations de bambous. 

2) 56,84 millions de dépenses en capital pour le développement 
des plantations dans l'ensemble des 19 états ; 

3) 9 millions pour des études sur les inventaires dont 6,5 
millions affectés au département fédéral des forêts pour la 
création d'une banque de données et la fourniture d'un appui 
technique aux divers services d'aménagement des états; 



125 

4) 8,7 millions pour le développement de l'infrastructure 
notamment la création de services dé centralisés du Département 
Fédéral dans les capitales des Etats. 

Ce budget montre clairement que l'accent est mis sur la création des 
plantations forestières. 



ZABUBAD n* 3 

Affectations budgétaires au Département fédéral des forêts en Naira 
(programmes des années 81 et 82) 





Affectations : 


Progranmes financés 


Budgétaires : 


1981 


1982 : 


Possibilités d'aménagement fores- 
tier et banque de données 


400 000 : 


164 150 : 


Cartographie forestière et photo- 
interprétation 


': 250 000 ■ 


171 120 : 


Aménagement des bassins versants 
et contrôle des inondations 


: 1 250 000 : 


152 750 : 


Centre de scieries et d'utilisation 






des forêts 


850 000 


248 750 : 


Reboisement en zones arides 


\ 4 000 000 


: 4 242 500 : 


Services de développement de la fo- 
resterie rurale et des graines 


: 2 000 000 


1 459 248 : 


Plantations de bois d'oeuvre et de 






service dans les forêts tropicales 
humides 


: 1 500 000 


259 164 : 


Développement des plantations fo- 
restières (BIRD/FGN) 


i 4 920 000 


': 1 '907 488 : 


Installation des services dans les 






capitales les états 


850 000 


156 375 : 


Parc national du lac Kainji 


: 


46 655 : 


Développement des plantations de 
de bois de trituration 




: 2 100 000 : 


Totaux 


: 16 020 000 


:10 908 200 : 



126 
lABUSAD &" 4 

Contributions des diverses organisations au projet de la Banque mondiale 
de plantations de pins à Anambra (en Naira) 



: Années 


Gouvernement ; 
' fédéral 


; Gouvernement 
l'état 


de : 


Banque : 
mondiale : 


': 1980 


461 000 ! 


498 261 




89 216 i 


i 1981 


289 645 : 


342 973 




369 135 i 


i 1982 
: Total 


750 609 : 


. 




211 263 : 


1 501 254 ! 


841 234 




669 614 : 



TABLEAU n* 5 

Contributions des diverses organisations au projet de la Banque mondiale 
de reboisement dans l'Etat de Ondo (en Naira) 



: Années 


: Gouvernement 
fédéral 


; Gouvernement 
l'état 


de 


Banque : 
mondiale : 


i 1980 


600 000 


! - 




70 001 : 


! 1981 


1 200 000 


1 400 000 




737 393 i 


i 1982 
: Total 


1 833 949 , 


650 000 




i 2 845 443 : 


3 633 949 


2 050 000 




: 3 652 837 ': 



TABLEAU n* 6 

Contributions des diverses organisations au projet de la Banque mondiale 
de reboisement de l*Etat de Ogùn (en Naira) 



: Années 


: Gouvernement 
: fédéral 


: Gouvernement de 
de l'état 


Banque : 
mondiale : 


: 1980 


1 200 000 : 


600 000 


183 913 : 


: 1981 


1 600 000 : 


1 940 000 


i 2 258 132 i 


i 1982 


799 358 : 


350 000 


! 2 293 525 i 


: Total 


3 599 358 ! 


2 890 000 


. 4 735 570 : 



127 

5. EXPLOITATION ET TRANSFOiWATION DU BOIS 

22. Kio et al. (1985) observent certaines statistiques troublantes reproduites 
dans le tableau n* 7 sur les capacités des industries du bois au Nigeria. En 
effet ce total supérieur à 11 millions de mètres cubes représentant la somme 
des capacités de traitement des usines nigérianes semble beaucoup plus élevé 
et supérieur aux quantités demandées qui sont données dans le tableau n* 2 
ci-dessus. Une partie de cette différence peut être due à une sous-estimation 
de la production des terres privées et des zones extérieures aux forêts 
classées. De plus les exploitations clandestines sont chose commune. 
Ikumoguniyi (1980) estimait à 26 millions de Naira par an la perte totale des 
recettes provenant des coupes illégales effectuées dans les forêts exploitées 
par 6 des principales industries du bois du Nigeria. Le total des pertes 
nationales doit être largement supérieur à ce chiffre car les exploitants 
clandestins sévissent sur l'ensemble du domaine forestier ; ils sont 
actuellement très bien organisés et, porteurs d* armes automatiques, 
s'installent dans toutes les forêts classées. 



23. L'exploitation forestière a évolué à partir d'un système dominé par les 
étrangers et orienté de façon préférentielle vers l'exportation de grumes en 
une organisation essentiellement entre les mains de concessionnaires nationaux 
travaillant au profit de scieurs locaux ou de grandes industries intégrées. 
Jusqu'ici la fourniture de matière première à l'industrie de la trituration 
est demeurée limitée car celle-ci n'a pas encore atteint sa pleine capacité 
de production. Toutefois les développements nécessaires dans le futur n'ont 
rien de révolutionnaire. De nombreux efforts seront nécessaires pour organiser 
l'exploitation des plantations de bois de trituration et un programme de 
stages sera indispensable pour la formation des conducteurs d'engins et des 
responsables de chantiers. 

TABLEAU n* 7 

Capacités annuelles en m^ des industries du bois 
dans les états du Nigeria en 1980 



Etats 


Capacités annuelles de 




traitement (m^) 


Bendel 


1 400 000 


Benue 


257 000 


Cross River 


182 000 


Gongola 


94 000 


Kano 


49 000 


Kwora 


367 000 


Lagos 


1 427 000 


Niger 


73 000 


Ogun 


1 837 000 


Ondo 


2 561 000 


Oyo 


3 058 000 


Rivers 


82 000 


Total 


11 387 000 




(m^ de bois ronds) 



Source Alviar G.O. (1983), Report on forest industries in Nigeria 



128 

6. INVENTAIRES 
6.1 Généralités 

24. Le Nigeria a une superficie totale de 924 000 km^. Les forlts tropicales 
humides occupent une bande située au sud du pays sur 200 000 km^ environ. La 
forêt a été détruite k un point tel que, selon Persson (1975» 1977) il n'en 
subsisterait plus que 45 000 km' environ. D'après le département fédéral des 
forêts (NAS Report on the Tropical Moist Forest» 1980) la superficie totale 
des forêts méritant d'être classées n'est plus que de 25 500 km'. Selon la PAO 
(1981) il ne subsisterait plus que 20 000 km' de forêts classées (dont 4 000 
km' seraient à l'état de jachères) et 117 000 km' de forêts non classées (dont 
74 000 km' seraient à l'état du jachères). 

25. L'histoire des inventaires au Nigeria remonte aux années 30 au cours 
desquelles un comptage des arbres comroercialisables appartenant à un petit 
nombre d'essences fut effectué par les exploitants concessionnaires pour 
déterminer l'importance du volume disponible pour l'exportation. Par la suite 
des inventaires plus importants furent entrepris par les services forestiers 
sur la base d'échantillonnage pour obtenir des informations nécessaires au 
contrôle des exploitations, à la planification des aménagements et aux études 
de faisabilité des implantations industrielles ou à leur expansion. Dans 
l'ancien Western state on adopta un échantillonnage stratifié au hasard 
portant sur des bandes de 20 m de large avec une intensité de 2» 5 et 5 Z 
(Akinsami, 1976) ; tous les arbres dépassant une circonférence donnée furent 
comptés de même que la régénération préexistante des essences 
conmercialisables dans des sous-échantillons. 

26. A la fin de l'année 1948, le service géographique nigérian réalisa une 
couverture aérienne à l'aide d'un avion léger ; c'était surtout intéressant 
pour obtenir des photos à grande échelle de zones limitées en surface, 
principalement des villes. Une couverture mieux élaborée présentait de 
l'intérêt pour les géologues, les pédologues, les forestiers, les agronomes 
et les spécialistes de la conservation des sols (Phillips, 1950). Deux 
importants inventaires forestiers mettant en oeuvre les techniques des 
photographies aériennes furent décrits par Kio (1971). Le plus récent 
inventaire, le mieux conçu, fut le "Indicative High Forest Inventory" 
(I.H.F.I.) qui portait sur les forêts classées du sud du Nigeria ; il fut 
réalisé de 1973 à 1977 par le département fédéral des forêts sur 13 300 km' 
de forêts avec l'aide de la PAO dans le cadre du Programme des nations unies 
pour le développement. Les principaux objectifs de cet inventaire étaient les 
suivants : 

1) déterminer le volume et la qualité du bois d'oeuvre de 
dimensions conmercialisables appartenant à des essences 
actuellement utilisables ou susceptible de l'être dans 
l'avenir; 

2) estimer la possibilité ainsi que la qualité et le type de 
régénération susceptible d'être obtenue dans l'avenir. 

Les informations données par cet inventaire (I.H.F.I.) devaient servir 
de base et de guide pour des études d'aménagement et pour le choix des 
périmètres de reboisement. 



129 

27. Les photographies aériennes furent très peu utilisées pour cet 
inventaire car les photos disponibles étaient trop anciennes et il fallait 
attendre trop longtemps pour obtenir des photos récentes. En conséquence, on 
fit appel à la technique de l'échantillonnage en grappes et l'inventaire fut 
conçu pour obtenir une précision définie par une erreur-type de la moyenne au 
plus égale à 20 Z au seuil de 5 Z dans des subdivisions d'une surface voisine 
de 400 km* ; le volume net exploitable de tous les arbres ayant un diamètre 
supérieur à 60 cm fut calculé en distinguant les essences actuellement 
utilisées des autres ; les surfaces terrières et des tables de production 
furent aussi compilées pour les divers types d'une forêt classée donnée ou 
pour des groupes de forêts. 

6.2. Utilisation des images radar 

28. La présence assez constante de nuages et d'un voile de brume au dessus 
de la zone des forêts tropicales humides limitait aussi l'utilisation des 
photos aériennes pour le IHFI. Au cours de la campagne 1976-77 une couverture 
radar en vues obliques fut réalisée au Nigeria ; ce projet appelé le NIRAD 
(Département fédéral des forêts, 1979) avait pour objectif : 

1) calculer la superficie couverte par chacun des types de 
végétation (cf tableau n* 1 ) ; 

2) définir les diverses strates principales des inventaires 
forestiers; 

3) déterminer les potentialités d'utilisation du territoire pour 
le développement des plantations ; 

4) fournir des repères ou une base pour apprécier les changements 
futurs de la végétation et de l'utilisation du territoire. 

29. Le tableau n* 8 présente un exemple extrait de l'inventaire du Domaine 
forestier de l'Etat de Oyo dans lequel Ainslie (1933) avait noté la présence 
abondande de Triplochiton scleroxylon . Le I.H.F.I., en utilisant la 
stratification dérivée du Nirad, put préciser ainsi que six réserves 
forestières de l'état contenait seulement quelques 400 000 m^ de cette espèce 
en 1976. De nos jours, la moitié seulement de ce volume doit probablement 
subsister en raison du rythme actuel des exploitations. 

6.3. Le rôle de l'Institut de recherches forestière du Nigeria 

30. L'Institut de recherches forestières ne réalise pas d'inventaires sur 
une grande échelle mais est impliqué dans le suivi de placeaux 
d'expérimentation où est observée l'évolution de la forêt afin de concevoir 
les traitements sylvicoles les plus appropriés pour obtenir la régénération 
naturelle des peuplements. Des placeaux permanents ont été installés en forêt 
où sont étudiés l'écologie, la productivité, ainsi que l'accroissement des 
arbres et des peuplements. Les études récentes s'intéressent aussi à 
l'estimation de la biomasse totale. 

31. L'Institut possède aussi un corps de taxonomistes bien entraînés et de 
forestiers botanistes de terrain pour procéder à l'identification des arbres 
et des végétaux forestiers. L'importance d'une identification correcte des 
arbres à l'occasion des inventaires ne sera jamais assez soulignée, 
principalement en raison du fait que progressivement un nombre de plus en plus 
grand d'essences deviennent comroercialisables. Des herbiers homologués 
existent aujourd'hui i Ibadan et, plus récemment, à Enugu. 



130 
TABI2AU n* 8 



Volumes sur pied de Triplochiton scleroxylon 
dans six forêts classées de l'Etat de Oyo au Nigeria 



: Forêt 


Surface 
(ha) 


Volume 
total 
(m^) 


Volume 
per ha 
(mVha) 


: Nom 


Type 


: Gambari 


tous types con- 
fondus 


6 


578 ! 


42 


575 : 


6,3 


: Ife 

: et 

: Shasa 


. humide, exploité 

; humide, non ex- 
: ploité 


17 
23 


539 : 
321 


158 
135 


201 ! 
901 : 


9,0 
5,8 


: Osho River 


: tous types con- 
: fondus 


! 33 


950 


: 13 


153 • 


■ 3,3 


: Ago-Owu 


: humide, secondaire 
; humide, exploité 
: htimide, non ex- 
: ploité 


: 5 
9 


944 
873 

806 


2 
32 

i 2 


615 
383 

498 


0,4 
• 3,3 

': 2,1 


: Ijaiye 


: sec, exploité 

: sec, non exploité 


3 
: 12 


523 
801 


: 1 
28 


409 
930 


0,4 
2,3 


: Ikeju-Ipetu 

: et 

: Oni River 


: humide, exploité 

: humide, non 
: exploité 


: 5 
: 1 


729 
351 


: 14 


952 
56 


2,6 
! 0,4 


: Totaux 


: tous types 
: confondus 


i 121 


325 


': 433 


184 


: 


: Moyenne 


: tous types 
: confondus 










! 3,6 



6.4. Echantillonnage et estimation 

32. Des dispositifs d'échantillonnage aléatoire systématique ou stratifié 
sont couramment utilisés. Dans certains dispositifs d'échantillonnage 
systématique plusieurs points de départ pris au hasard ont été envisagés afin 
de fournir des estimations valables de l'erreur d'échantillonnage. La 
précision et l'intensité des échantillonnages ont été cependant et dans 
certains cas réduites du fait de l'insuffisance des fonds et de la main 
d'oeuvre disponibles. De 1933 à 1969, près de trente inventaires différents 
ont été réalisés avec une intensité d'échantillonnage de 1 à 5 % (Esan, 1971). 
Un inventaire plus récent portant sur 145 km* de la forêt d'Ago-Owu dans 
l'Etat du Oyo a été effectué par le Département fédéral des forêts avec une 
intensité d'échantillonnage de 0,1 X. 



131 

Le I,H.F.I. (cf. alinéa 26 ci-dessus) repose sur les résultats d'une étude 
pilote de la forêt de Ife-Shasha. Le comptage dans les placeaux expérimentatix 
a fait appel à des intensités d'échantillonnage beaucoup plus fortes, par 
exemple 5 l dans un placeau de 2,6 km^ dans la forêt d'Akure (Bamgala et 
Oguntala, 1973) et même 16,7 % dans un placeau de 0,3 km^ dans la forêt 
d'Okuma (FRIN, 1984). 

33. Dans la plupart des inventaires, les perches et les gaules sont 
inventoriées seulement dans des sous-échantillons. Dans certains cas, les 
sous-échantillons ont été choisis au centre de chaque unité d'échantillonnage; 
dans d'autres cas, ils ont été choisis dans chaque transect de façon 
discontinue. Dans le I.H.F.I., les arbres de 40 cm de diamètre et plus ont été 
échantillonnés^ avec une probabilité proportionnelle à la surface terrière à 
hauteur de poitrine mesurée au relascope ; les arbres de 20 à 39 cm de 
diamètre ont été comptés dans des placeaux circulaires de 300 m^, le centre 
étant confondu avec le point de stationnement de l'opérateur effectuant le 
balayage au relascope. 

34. Un grand nombre d'inventaires au Nigeria utilisèrent au début comme 
unités d'échantillonnage des transects ou des bandes. De nos jours où les 
cartes topographiques sont généralement disponibles et où il n'est donc plus 
nécessaire de noter les caractères topographiques et le drainage à l'occasion 
des inventaires forestiers, ce dispositif est moins commun. Aujourd'hui la 
préférence est donnée à des placeaux circulaires relativement plus petits car 
ils donnent une meilleure information sur les variations des peuplements et 
diminuent les effets de bordure. On utilise aussi des placeaux de forme carrée 
aussi bien pour les inventaires que pour les recherches dans les forêts 
tropicales humides ; il s'agissait dans les premiers temps de placeaux de 
50 X 50 m ou de 2 500 m^ ; on préfère aujourd'hui des placeaux plus grands, 
jusqu'à 2 ha, afin de réduire la variabilité entre les placeaux dans les 
forêts caractérisées par des associations végétales variées. Des subdivisions 
peuvent être délimitées pour permettre l'identification et le relèvement de 
certains individus qui peuvent ainsi être éventuellement retrouvés. 

35. L'estimation du volume s'appuie sur la mesure des hauteurs et des 
diamètres le long du tronc depuis la souche jusqu'à la base de la couronne ou 
jusqu'à un diamètre minimum sur écorce préfixé. Des réfactions pour défauts 
ou mises au rebut peuvent être calculées. Dans l'estimation du volume du 
I.H.F.I., il a été distingué entre six groupes d'espèces classées en fonction 
des caractéristiques et de la qualité du bois et cinq classes de qualité des 
grumes. Le tableau n' 9 présente les résultats de cet inventaire dans les six 
Etats où se trouvent la grande masse des forêts tropicales humides. 

36. Kio (1981) entreprit une analyse plus détaillée des résultats de ces 
inventaires et mit en évidence que de grandes variations peuvent exister dans 
le volume sur pied même entre des forêts situées dans les mêmes zones 
écologiques ; il calcula aussi que ce volume pouvait atteindre plus de 
240 mvha, si toutes les tiges de plus de 10 cm de diamètre étaient comptées, 
en s 'appuyant sur un coefficient de forme et une répartition des tiges en 
classes de hauteur. Bien que pour le moment les plus petits arbres des strates 
moyenne et inférieure soient rarement récoltés, ils constituent une ressource 
potentielle intéressante pour les industries du bois peu exigentes sur la 
qualité de la matière première comme les fabriques de pâtes ou de panneaux ou 
la production de bois de chauffage. 



132 
XABUAO n* 9 

Résultats de l'Inventaire forestier indicatif au Nigeria 



Etat 




Surface des 
forêts 


: Volumes sur pied (m'/ha): 




diamètres 


• 

, diamètres : 






inventoriées 


supérieur 


: supérieur : 






(ha) 


à 60 cm 


: à 40 cm : 


Ogtm 




151 200 


44,38 


66,46 : 


Ondo 




320 000 


83,85 


110,07 : 


Oyo 




118 200 


59,05 


80,55 : 


Bendel 




510 900 


52,83 


80,08 : 


Anambra & 


Imo 


37 100 


15,01 


22,05 : 


Cross River 


192 700 


114,36 


159,91 : 


Total 




1 330 100 


• ^ 


• *" • 


Moyenne 




! 


67,74 


95,74 : 



37. Les placeaux d'études de l'accroissement établis jusqu'ici dans les 
forêts tropicales humides sont peu nombreux et principalement installés dans 
des stations choisies pour leurs caractéristiques écologiques. Le I.H.F.I. 
fournit des informations sur les types de forêts et constitue une base 
permettant d'étudier les variations dans le temps. Toutefois il doit être 
complété par des études du dynamisme de la végétation et pour cela il 
conviendrait d'installer au moins 50 placettes permanentes à raison d'une 
placette par groupe étudié par l'inventaire. Ces placettes devant être 
représentatives de l'ensemble de la forêt étudiée, il est impératif qu'elles 
ne reçoivent aucun traitement particulier. Des échantillons de sol seront 
prélevés et analysés ; les résultats seront utilisés pour suivre les 
modifications des caractères édaphiques à la suite des divers traitements, 
comme la création de plantations forestières à titre d'exemple. 

7. SILVICULTURE 

7.1 . Généralités 

38. Des exposés sur l'histoire des techniques de régénération naturelle au 
Nigeria ont été faits par de nombreux auteurs : Lancaster (1961)» Oseni et 
Abayoni (1970), Lawton (1978) et Lowe (1978). Jusqu'en 1944, bien que le 
besoin de maintenir la productivité des forêts naturelles ait été ressenti, 
il n'y avait aucune méthode de régénération qui fut systématiquement utilisée 
au Nigeria mais de nombreuses observations avaient été faites et notées sur 
l'aptitude des diverses espèces à se régénérer naturellement. 

39. En 1906 une réglementation nouvelle avait donné aux exploitants 
concessionnaires le choix entre l'obligation de planter des arbres en 
compensation de ceux qui étaient abattus ou celle d'entretenir la régénération 
naturelle par des travaux de dégagement, d'amélioration et d'éclaircie. Ces 
mesures furent malheureusement inefficaces. A cette époque les principales 
essences coomercialisables étaient : 



133 

1) Nauclea diderrichii 

2) Afzelia africana 

3) Chlorophora excelsa 

En 1910, des essais furent tentés à Olokuimeji pour obtenir la 
régénération en trouées sous les porte-graines de Chlorophora excelsa en 
coupant tous les autres arbres. 

40. Dans les années 20, le principal domaine forestier fut délimité et 
classé; son exploitation fut progressivement aménagée et les forêts furent 
dotées de règlements d'exploitation. La possibilité fut d'abord fixée par 
volume avec définition d'une circonférence minimale d'exploitabilité ; mais 
dans les années 40, une possibilité par contenance fut envisagée avec une 
rotation de 100 années (Collier, 1946). Des plantations de stumps dans les 
trouées furent effectuées après préparation du sol par les entreprises 
d'abattage mais elles furent abandonnées en raison des difficultés d'entretien 
et de leur échec (Oseni, 1971). A cette époque, Triplochiton scleroxylon et 
quelques autres espèces peu nombreuses étaient commercialisées comme essences 
de bois secondaire. 

7.2 Mode de régénération par coupes progressives tropicales 
(The. Tropical Shelterwood System, (TSS)) 

7.2.1 Mise au point de la méthode 

41. Dans les années 30, des essais furent entrepris pour provoquer une 
régénération naturelle au moyen de délianages et d'éclaircies légères 
associées à des traitements arboricides à l'arsenite de soude. On tenta aussi 
de stimuler la croissance de la régénération préexistante par délianage et par 
traitements arboricides. Au nombre de ces essais il faut citer les 
expérimentations réalisées par Kennedy à Sapoba de 1927 à 1936 (Lancaster, 
1961 ; Lowe et Ugbechie, 1975). Quatre méthodes de régénération furent 
essayées : 

1) méthode de transition : la régénération est obtenue par trouées 
et les trouées sont progressivement élargies jusqu'à ce 
qu'elles se rejoignent ; 

2) méthode de régénération par coupes progressives uniformes : 
délianage effectué la première année, annélation des arbres 
sans intérêt économique au cours des seconde et troisième 
années, puis exploitation des arbres commercialisables au cours 
des quatrième et cinquième années ; semis complémentaires au 
plantoir au cours de la deuxième année dans les zones 
dépourvues de semis naturels ; 

3) méthode de Walsh : défrichement et brûlis sur l'ensemble de la 
parcelle, mise en andains des rémanents et nouvelle 
incinération, puis abattage des quelques porte-graines 
maintenus sur pied trois ans après ; 

4) méthode des trouées : débroussaillage, mise en andains et 
incinération des débris en trouées autour des semenciers 
sélectionnés et conservés sur pied ou autour des souches des 
arbres exploités, en augmentant annuellement le nombre de ces 
trouées jusqu'à ce qu'elles se rejoignent. 



134 

Bien que la méthode des trouées semble plus satisfaisante que les autres, 
toutes ces méthodes se révélèrent peu intéressantes et furent abandonnées. 
Dans les années 30, on commença à expérimenter les plantations en lignes. 

42. La présence au Nigeria, pendant la seconde guerre mondiale, de 
forestiers de haut niveau venant de Malaisie permit d'adapter aux conditions 
nigérianes la méthode malaise de régénération naturelle et de formuler les 
prescriptions du "Mode de régénération par coupes progressives tropicales**. 
Celui-ci fut utilisé dans les anciennes régions Western et Mid-western 
aujourd'hui Etats de Oyo, Ogun, Ondo et Bendel. Il consistait en une ouverture 
progressive du couvert par abattage ou traitements arboricides pour déclancher 
la régénération naturelle et favoriser le développement des semis et la 
croissance de la régénération préexistante. La progressivité de l'ouverture 
du couvert avait pour but de limiter la vigueur des lianes et impliquait une 
succession d'opérations précédant 1* exploitation et lui succédant ; elle 
nécessitait un niveau élevé d'organisation et de supervision. Deux inventaires 
de la régénération étaient habituellement exécutés avant l'abattage ; on la 
considérait comme satisfaisante si elle était constituée d'au moins 100 semis 
vigoureux à l'hectare (Oseni et Abayomi, 1970). Le tableau n' 10 présente un 
sommaire des opérations décrites et modifiées par les circulaires successives 
du département des Forêts en 1950, 1953, et 1961. Près de 2 000 km^ furent 
ainsi traités, principalement selon les instructions de 1953 (Lowe, 1978) 

TABLEAD n* 10 

Sommaire des opérations conduites selon le mode de régénération par 
coupes progressives tropicales au Nigeria (Instruction 1/1961) 



: Année 


: Opérations 


: - 5 


; échantillonnage à 0,1 %, délianage, recépage 
: des espèces indésirables si la régénération 
: préexistante est insuffisante 


: - 4 


: échantillonnage en ligne à 0,1 %, dévitalisa- 
: tion des arbres des strates inférieure et 




: moyenne 


: - 1 


: délianage 


: 


: exploitation 


: + 2 


: délianage, enlèvement de l'abri 


: + 9 


: échantillonnage en lignes à 2,5 % 



Sources : Kio et al. (1985) d'après Lowe (1978) 

43. Jusqu'à l'introduction de cette méthode, la régénération artificielle 
selon la méthode Taungya était préférée mais il était impossible de la 
contrôler sur toute l'étendue des chantiers. C'est pourquoi, à cette époque, 
la régénération naturelle extensive était utilisée pour compléter les zones 
replantées artificiellement. La surface totale plantée ne dépassait pas 7 000 
ha en 1960 (Bail et Daniyan, 1977). 



135 

44. La mise en oeuvre de la méthode préconisée rencontra un grand nombre de 
difficultés. Selon sa conception d'origine, il fallait réaliser un traitement 
complet par abattage et dévitalisation pour obtenir la régénération sous abri 
et créer un peuplement plus ou moins uniforme. L'extraction des vieux bois 
devait être faite en associant l'abattage des arbres de la strate dominante 
et la dévitalisation des arbres indésirables des strates moyennes et 
inférieures. On décrivait cette méthode comme une sorte de coupe d'abri d'une 
durée approximative de 5 ans. Dans la pratique cependant on se rendit compte 
que cette méthode était inapplicable dans tous ses principes : tandis qu'en 
Malaisie, d'où celui-ci était originaire, le mode de régénération par coupes 
progressives était appliqué à des peuplements caractérisés par un couvert 
continu avec de nombreux semenciers d'essences commercialisables, la situation 
au Nigeria était tout-à-fait différente, notamment en raison du caractère 
discontinu du couvert. En effet dans les forêts du Nigeria, le matériel sur 
pied est constitué par des essences la valeur dont le nombre dépasse rarement 
10/ha à l'inverse des forêts de Dipterocarpacées de Malaisie où il est 
beaucoup plus élevé (Oseni et Aboyoni, 1970). De plus la fructification de 
certaines espèces comme Triplochiton scleroxylon est irrégulière, ce qui ne 
facilite pas la régénération des forêts. 

45. Il fallait aussi prendre en considération le problème des lianes qui 
étaient fréquentes et dont la croissance était stimulée par l'ouverture du 
couvert résultant soit de l'exploitation, soit, apparamment, des chablis. 
Jones (1950), après avoir étudié cette question dans la forêt d'Okumu, 
concluait : "nous n'avons constaté aucune évolution de ce fouillis de lianes 
en une forêt utile sans intervention". 

46. Le choix d'un petit nombre d'essences commercialisables, possédant 
chacune des caractéristiques sylvicoles différentes, a contribué à compliquer 
encore les problèmes posés par l'application de la méthode de régénération 
considérée ; sa mise en oeuvre aurait été certes plus facile s'il avait été 
possible de grouper les espèces en un ensemble qui aurait répondu de la même 
façon à un traitement sylvicole donné. La dévitalisation des arbres 
indésirables des strates moyennes et inférieures, principalement ceux ayant 
une large couronne, n'a pas toujours donné des résultats satisfaisants : des 
espèces comme Diospyros sp. ; Funtumia elastica et Strombosia postulata se 
montrèrent particulièrement résistantes. Au début de la mise en oeuvre de la 
méthode, presque toutes les espèces non reconnues comme ayant un intérêt 
économique furent traitées aux phytocides, comme Celtis zenkeri , 
Combretodendron macrocarpum , Cordia platythyra , Pycnanthus angolense , 
Sterculia sp, etc., des espèces qui sont aujourd'hui commercialisables, 
évolution tout-à-fait parallèle de celle de l'Ouganda. 

47. En dépit du caractère indiscutable de ces difficultés, les opinions 
divergent sur l'étendue des succès obtenus et sur l'impact qu'aurait pu avoir 
une amélioration des techniques mises en oeuvre sur ces difficultés. Ainsi, 
selon les premières instructions, les strates moyennes et inférieures devaient 
être détruites mais rien n'était prévu pour la strate dominante en dehors 
d'une extraction des arbres commercialisables, au nombre de 3 ou 4 par 
hectare, car, à cette époque, l'exploitation était très sélective ; il en 
résultait que le couvert n'était que très légèrement entrouvert, sauf en cas 
de trouée accidentelle, et que les arbres maintenus sur pied n'appartenaient 
qu'à des espèces de qualité secondaire ou indésirables ; de plus l'ombrage 
vertical qui subsistait nuisait à un accroissement significatif des perches 
et des gaules des espèces désirables. 



136 

48. En théorie la forêt devait être laissée au repos sans aucime intervention 
jusqu'à la fin de la rotation une fois achevés les traitements de 
régénération. En pratique il subsistait un peuplement résiduel dense et on 
sait aujourd'hui que les volumes de bois extraits au cours de nouveaux 
passages en coupe ont été plus importants que ceux exploités au premier 
passage par les exploitants concessionnaires (Kio et al., 1985). Ainsi la 
première rotation de coupes progressives telle qu'elle était pratiquée au 
début s'apparentait beaucoup plus à une forme modifiée de jardinage. Les 
circulaires ultérieures prévoyèrent l'extraction de l'intégralité de l'abri 
dans les huit années après l'exploitation mais le délai fut insuffisant pour 
juger des résultats à long terme des traitements sur l'accroissement du recrû 
et sur le comportement des lianes sous l'effet combiné de la coupe et de la 
dévitalisation. Les premiers aménagements prévoyaient une rotation de 100 ans, 
que l'on pensait égale à la révolution, mais dans le milieu des années 60, 
cette durée fut réduite à 50 ans (Lowe, 1984). 

49. Dans certaines régions la méthode de régénération par coupes progressives 
tropicales a donné de bons résultats ; on a constaté une augmentation de la 
régénération provoquée. Selon Lawton (1978), dans un essai comparatif, le 
nombre de gaules d'essences commercialisables de plus de 3 mètres de hauteur 
dans les placeaux traités a été multiplié par cinq par rapport au témoin non 
traité ; cependant de tels résultats étaient difficiles à obtenir sur de 
grandes surfaces en raison de la variabilité des peuplements et de la présence 
des lianes. 

50. On a aussi observé que cette méthode était susceptible de favoriser 
l'accroissement en diamètre du peuplement résiduel. Si l'ouverture du couvert 
était importante en raison de la vigueur de l'exploitation et des traitements 
arboricides, la plupart des individus constituant la régénération 
préexistante, gaules, perches et arbres de 10 à 50 cm de diamètre, répondaient 
de façon énergique en tirant parti de la lumière (Kio, 1976; 1980), Le tableau 
n* 11 présente de façon sjmthétique les résultats de divers traitements du 
couvert sur les accroissements annuels moyens sur le diamètre en centimètres 
pour les arbres mesurés en 1967 et 1976. La comparaison entre les divers 
traitements est incomplète mais les différences sont faibles ; néanmoins ces 
chiffres montrent qu'il existe un corrélation positive entre le diamètre et 
son accroissement, et que ce type de peuplement est susceptible à'^ réagir aux 
traitements même dans les dimensions les plus fortes. 

51. Le principal motif qui conduisit à l'abandon de cette méthodt en 1966 
fut d'ordre politique. Il y eut une forte pression en faveur du déclassement 
des forêts pour permettre les cultures itinérantes, le dévelop^>ement 
industriel et l'urbanisation et aussi pour l'installation de plantations 
agricoles permanentes comme les palmeraies. En même temps des éttdes 
prospectives sur l'évolution de la demande et de la fourniture de bo's 
montrèrent que la surface des forêts classées dans la zone des forêt -< 
tropicales humides serait insuffisante pour subvenir aux besoins de la 
population si elles étaient aménagées et conservées à l'état de forets 
naturelles, mixtes et multispécifiques. On admit alors que la transformation 
de la plus grande part de ces forêts en boisements artificiels devrait 
améliorer les rendements à l'hectare, du moins l'espérait-on, et démontrer 
clairement que le domaine forestier était géré de façon djmamique ; ainsi 
pourraient être combattues avec efficacité les demandes d'affectation de 
terres forestières à l'agriculture ou à d'autres usages. 



137 
XABLBAD n' 11 



Accroissements annuels moyens sur le diamètre en centimètres de 1967 i 1975 
(Forêt de Sapoba au Nigeria ; essai n* 273) 



Nature 
du 

traite- 
ment 



Accroissements annuels moyens en centimètres par 
classes de diamètres 



15 



25 



35 



45 



55 



65 : 75 



85 : 95 :100+ 



1 

6 

12 

13 



:0,25 


: 0,32 


: 0,94 


: 0,99 


: 1,73 


: 2,02 


•1,36 1 


2,23 : 


:0,12 


: 0,37 


: 0,94 


: 0,98 


: 1,65 


: 2,23 


•2,59 


: 2,31 ': 


:0,18 


: 0,39 


, 0,88 


; 0,98 


; 1,48 


; 1,80 


,1,36 


3,20 : 


:0,19 . 


: 0,40 i 


0,62 . 


0,52 


1,34 


■ 1,63 


,1,90 


3,51 ': 



2,83 :2,90 
2,37 :5,26 
2,33 :2,84 
2,13 ':3,81 



Moyenne :0,22 : 0,36 : 0,86 : 0,84 : 1,50 : 1,91 :1,81 : 2,89 : 2,34 :3,80 



Nombre : 39 
d'arbres: 



86 



68 



73 



70 



45 



31 



21 



20 



23 



N.B. : les accroissements moyens annuels sont pondérés en fontion du nombre 
d ' arbres . 



Nature du traitement =( 6 

( 



( 1 : dévitalisation intensive associée 

( à un délianage pendant 4 ans 

dévitalisation sélective associée 
à un délianage pendant 5 ans 

( 12 : délianage pendant 11 ans 

( 13 : aucun traitement 



7.2.2. Etudes de divers programmes de recherches au Nigeria sur le mode 
de régénération par coupes progressives tropicales 

52. Deux programmes (n* 273 et n' 278 de l'Institut de recherches 
forestières du Nigeria) s'efforcèrent de vérifier l'effet de l'application du 
mode de régénération par coupes progressives ; ils furent tous deux mis en 
oeuvre dans le milieu des années 50, le n* 273 dans les forêts plus humides 
à Sapoba et le n* 278 dans le type plus sec à Shasha caractérisé par 
l'abondance du Triplochiton scleroxylon . Le premier fut conçu pour étudier 
l'effet des divers traitements combinant délianages et ouverture du couvert 
sur : 

1) la régénération et la croissance des espèces commercialisables; 

2) le développement des lianes gui constituent le principal 
obstacle à la croissance des jeunes arbres avec une forme 
satisfaisante. 

Les traitements débutèrent en 1956 et se poursuivirent au delà de 
1961-62 lorsque l'exploitation fut entreprise. Cette dernière modifia les 
conditions de la station et compliqua la situation car elle augmenta 
l'éclairement de placettes prévues pour être traitées sélectivement par 



138 

dévitalisation ou pour être conservéei ccHnme témoins sans traitement ; elle 
fut aussi suivie par un développement important des lianes. Toutefois une 
analyse nultidimensionnelle indiqua que la répartition de la régénération 
était étroitement liée à : 

1) la distance entre les semenciers de la même espèce ; 

2) la fréquence de distribution des semenciers de l'espèce 
considérée; 

3) la surface terrière des semenciers de cette espèce ; 

La plus forte corrélation fut observée entre la régénération et 
l'inverse des distances entre les semenciers appartenant à la même espèce à 
l'intérieur d'une placette donnée. Les analyses unidimensionnelles montrèrent 
que l'accroissement en diamètre était le plus fort dans les placettes traitées 
uniquement par délianage annuel et exploitation, le plus faible accroissement 
ayant été celui des témoins ; une ouverture brutale du couvert ne s'est pas 
traduite par une amélioration rapide de l'accroissement. 

53. Des résultats comparables ont été observés à Shasha où les sols sont 
plus superficiels mais avec une capacité d'échange plus élevée et où le climat 
est caractérisé par deux maxima annuels de pluviosité séparés par des mois 
relativement secs au cours desquels les précipitations sont inférieures à 
100 nm. Selon Kio (1978) des analyses statistiques similaires ont démontré 
l'avantage du délianage et du traitement arboricide sélectif pour provoquer 
l'installation des semis et accélérer la croissance du recrû. Une 
dévitalisation excessive s'est traduite par un ralentissement de la croissance 
du perchis et des jeunes arbres bien qu'elle ait augmenté le nombre des semis. 
L'étude des réponses à la durée et à la périodicité des traitements a montré 
que le système est très complexe, d'où la difficulté de concevoir des 
dispositifs d'expérimentation rigoureux. 

54. Kio et al. (1985) concluent de la façon suivante : "Il est difficile 
d'affirmer avec certitude que les délianages et les interventions limitées sur 
le couvert ont un effet bénéfique sur le recrutement de jeunes semis et sur 
l'accroissement en diamètre du perchis et des jeunes arbres mais les 
résultats des expérimentations établissent de bonnes présomptions. D'une façon 
générale, les espèces pionnières à croissance rapide tendent à prédominer dans 
un premier temps mais tout porte à croire que les espèces à croissance plus 
lente des strates dominantes, qui constituent les essences commercialisables, 
deviennent progressivement plus nombreuses. De cette façon la valeur des 
strates dominantes s'accroît progressivement car le nombre des essences 
commercialisables tend à y devenir plus grand que dans les peuplements non 
traités". 

55. Selon les observations faites par Redhead (1960) sur les dommages causés 
par l'exploitation dans le bloc 142 de la forêt classée de Sapoba, l'abattage 
et la vidange d'un nombre moyen de 5,7 arbres par hectare a affecté 0,5 ha du 
peuplement résiduel ; le dommage résultant de l'exploitation concernait une 
surface de 0,3 ha sur laquelle 32 % des tiges étaient détruites tandis que 
celui résultant de la vidange de la coupe concernait les 0,2 ha restants sur 
lesquels 59 % des tiges étaient détruites. Ceci corrobore l'estimation de 
Dawkins selon lequel une surface de 400 m^ est détruite par l'abattage d'un 
seul arbre (cf. Etude de cas n* 1, Ouganda, alinéa 37, Ola-Adams, 1983). 



139 
7-3. Autres méthodes utilisées au Nigeria 

56. Dans sa conception d'origine, avec une rotation prévue de 100 ans, la 
méthode de régénération par coupes progressives nigériane s'apparentait à un 
système monocyclique de régénération. Plus tard, lorsque la durée de la 
rotation fut réduite à 50 ans, elle put être considérée comme un système 
bicyclique, avec une durée de rotation égale à la moitié de la révolution. 
D'autre méthodes utilisées au Nigeria ont surtout fait appel à la régénération 
artificielle à des degrés divers. 

7.3.1. Systèmes polycycliques 

57.^ Kio et al. (1965) ont observé que les conditions des forêts tropicales 
humides nigérianes sont tout-à-fait défavorables à l'application de la méthode 
classique de traitement en futaie jardinée des forêts tempérées, dans laquelle 
les nettoiements, les éclaircies et les coupes définitives sont effectuées 
simultanément dans le même peuplement et souvent dans toutes les parties de 
la forêt considérée et où la récolte porte sur des arbres de toutes tailles 
et non pas seulement sur les plus gros. 

58. Des tentatives d'aménagement à caractère polycyclique ont été faites : 
l'ensemble des forêts classées de Southern Ishan et la forêt de Ife furent 
aunénagées de cette façon avec une rotation de 25 ans (Allison, 1955) malgré 
l'insuffisance des informations sur la distribution des arbres d'une taille 
inférieure au diamètre d'exploitabilité pour prouver les potentialités du 
recrû. De la même façon la plupart des forêts du Bénin et de Ondo ont été de 
nouveau parcourues en coupe au cours des dernières 40 à 50 années mais 
beaucoup plus pour des motifs économiques que pour des raisons sylvicoles. 

7.3.2. Plantation d'enrichissement 

59. Là où la régénération naturelle s'était révélée lente et incertaine, des 
plantations furent effectuées pour accroître le recrutement d'espèces de 
valeur. Au Nigeria, les plantations en lignes datent des années 30 et, 
principalement, dans les forêts des états aujourd'hui dénommés Oyo, Ogun, 
Ondo, Bendel, Anambra, et Imo ; ces lignes étaient souvent distantes de 20 m 
et l'espacement sur chaque ligne pouvait aller jusqu'à 20 m. On utilisait 
couramment des plants de diverses Méliacées comme Entandrophragma angolense , 
Khaya ivorensis , Lovoa trichilioides , Cedrela odorata , et Guarea cedrata . 
En forêt de Gambari, on utilisa aussi Nauclea diderrichi et Mansonia 
altissima . Plus tard dans les années 60 on effectua dans' la forêt de Omo 
de vastes plantations de ces espèces auxquelles on ajouta Termina lia 
ivorensis , Triplochiton scleroxylon et Tectona grandis . 

60. Malheureusement le succès ne fut pas très satisfaisant pour les raisons 
suivantes : 

1) faible reprise ; 

2) forte concurrence des adventices, d'où faible croissance ; 

3) entretiens insuffisants ; 

4) couvert maintenu trop dense ; 

5) abroutissement par les antilopes et attaques d'insectes 
perforateurs. 



140 

L'analyse de ces diverses causes d'échec renforce la validité des 
observations de Dawkins sur les plantations en lignes exposés à l'alinéa 56 
de l'Etude de cas n* 1 en Ouganda. 

61. Les difficultés de mise en évidence de la régénération naturelle et 
l'échec des enrichissements, associées à l'accroissement de la production 
nécessaire pour faire face à une demande accrue de la population pour des 
sciages et d'autres produits ligneux, motivaient les décideurs en faveur de 
la transformation des forêts naturelles en peuplements artificiels équiennes. 

7.3.3. Transformation en peuplements artificiels équiennes 

62. Au tout début les expérimentateurs commencèrent par s'intéresser surtout 
aux espèces exotiques à croissance rapide, comme Tectona grandis , Cassia sp.. 
Cèdre la mexicana et Chickrassia tabularis sans pour autant négliger quelques 
essences indigènes comme Nauclea diderrichii , Triplochiton scleroxylon et 
Terminalia superba . 

A cette époque on pensait encore que la pérennité de ces espèces indigènes 
pourrait être assurée par la régénération dans les forêts classées (Ainslie, 
1933) et c'est pourquoi les essais portant sur leur utilisation en plantations 
n'étaient pas considérés comme prioritaires. 

63. Plus tard, en 1948 puis occasionnellement jusqu'en 1963, des plantations 
de quelques 15 hectates au plus furent créées principalement avec Triplochiton 
scleroxylon et Terminalia sp.. Des Méliacées et aussi Chlorophora excelsa 
furent expérimentées. Triplochiton scleroxylon fut planté dans cinq stations 
différentes par le West African Hardwoods Improvement Project (Howland et 
Bowen, 1977 ; Leakey et al. 1983). Ces essais furent conçus et réalisés pour 
permettre une évaluation de la variabilité des espèces, constituer une banque 
de gènes, et comparer des provenances d'où pourraient être sélectionnés 
éventuellement des clones en vue de la création de plantations sur une grande 
échelle. Malheureusement ces dispositifs furent endommagés par le feu au cours 
de la sécheresse de 1980-81 (FRIN, 1981). 

64. Les données sur les surfaces plantées jusqu'à l'année 1983 sont 
présentées dans les tableaux n* 12 A et 12 B et illustrées par la figure n* 1 . 
Des informations plus récentes, postérieures à 1981 dans certains cas, ne 
sont pas disponibles sous forme détaillée mais permettent de mesurer l'énorme 
importance donnée au cours des dernières années aux plantations de Gmelina 
arborea qui représentent actuellement près de 40 % de l'ensemble des 
plantations au Nigeria. Le programme annuel des plantations de cette espèce 
est en voie d'accroissement pour assurer l'approvisionnement de l'industrie 
papetière et faire face à la demande de bois de service. Dans 
certaines parties des états de Oyo, Ogun, et Ondo, les programmes 
prévoient la plantation annuelle de près de 100 ha et même le doublement de 
cet effort dans un proche avenir. 

65. Récemment la méthode Taungya typique a été abandonnée en faveur de ce 
qui est aujourd'hui qualifié de "Departmental Taungya" : le service forestier 
emploie aujourd'hui des agriculteurs qui effectuent toutes les pratiques 
agricoles jusqu'à la récoltç qu'ils vendent eux-mêmes pour compenser les frais 
de plantation forestière. Ailleurs le défrichement et la mise en place des 
plants forestiers sont effectués par les ouvriers forestiers sans aucune 
culture agricole. Ces deux méthodes sont grosses consommatrices de main 
d'oeuvre à toutes ses étapes, c'est-à-dire production de plants forestiers en 
pépinière, préparation du terrain, mise en place et entretien des plants. 



141 




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(¥i|) 8uoi^p:}UBxd sap satox^jadns 



142 



lABUEAU n* 12 A 



Superficies en hectares des plantations de feuillus indigènes 
dans les états du sud Nigeria 



: Espèces 


-•*"""■""-"— •—""•~"~""**'^"*"~*~""~"*""""'^~'"—""""""""'""~"""***'*'*" ——————————————— , 

Superficies : 


avant 
1960 


! 61-65 


! 66-70 


: 71-75 ! 


1976 ! 


Totaux : 


: Nauclea 

: Mélanges avec 

: Nauclea 

: Terminlia sp. 

: Autres espèces < 

: Autres mélanges 

Totaux 


585 

5 813 ! 

86 : 

839 . 

99 : 


: 337 

1 883 
635 
341 
308 


: 1 451 

; 4 867 

: 1 384 

225 

280 


: 5 952 , 

; 2 311 : 
: 1 761 • 
: 1 323 
: 271 


839 

643 ! 
865 ■ 
566 
75 


9 164 : 

15 517 : 
4 731 : 
3 294 : 
1 033 : 


7 422 ! 


3 504 . 


• 8 207 


: 11 618 


' 2 988 


• 33 739 : 



Source : Bail et Daniyan, 1977 



TABLEAU n* 12 B 

Superficies en hectares des plantations de feuillus exotiques 

dans trois états du sud du Nigeria 

(Gm = Gmelina arborea ; T = Tectona grandis ; D = Divers) 



: Années 


Niger 


Oyo 


Ogun 


. Gm 


T ! 


D 


Gm 


T 


: D 


Gia 


T 


D 


! 70-74 


i 252 


: 621 


. 368 


; 814 


:4 342 - 


362 


• - 


; - 


; 


: 1975 


! 110 


, 203 


48 


: 256 


: 682 . 


116 


: 


; 


; 


: 1976 


206 : 


217 : 


250 . 


438 : 


563 : 


288 


■6 463 1 


4 525 1 


827 


: 1977 


299 : 


176 : 


77 ■ 


956 : 


564 : 


478 


- 


i 


- 


: 1978 


, 465 ; 


202 ! 


184 


, 330 • 


390 : 


508 


; 


! 


- 


: 1979 


: 400 


90 


. 159 


; 


: 


- 


: 


: 


; 


: 1980 


! 100 


40 


: 


: 270 


: 320 


325 


; 


: 


: 


: 1981 
: Totaux 


! 128 


: 


: 


80 


88 


87 


:9 168 


: 740 


;1 223 


:1 960 


! 1 549 


: 1 086 


:3 144 


:6 949 


2 164 


il5 631 


•5 265 


'■.2 050 



Source : Kio et al, 1985 



143 

66. Le recours aux pépinières temporaires ou "volantes" est courant pour la 
production des plants de Gmelina arborea : les fruits sont semés en planches; 
après arrachage les plants sont préparés en stumps de 20 à 25 cm de long et 
de 1 à 2 cm de diamètre au collet, la tige étant sectionnée à 2 ou 3 cm au 
dessus du colletet les racines latérales étant enlevées pour ne conserver que 
le pivot. 

67. Après exploitation du peuplement naturel initial, le sol est défriché 
manuellement soit pas des agriculteurs concessionnaires (méthode Taungya 
classique) soit par les ouvriers du service forestier ; les débris ligneux 
sont mis en tas et brûlés, parfois au pied de certains grands arbres laissés 
sur pied par l'exploitant car le coût de leur abattage est considéré comme 
trop élevé ; ces gros arbres sont parfois dévitalisés. 

68. La mise en place des stumps est facile et rapide car il n*est pas 
nécessaire de creuser des trous de plantation ; les stumps sont introduits 
dans des fentes faites dans le sol à la matchette, à la barre, ou au plantoir. 

69. Le désherbage, et principalement la lutte contre les lianes, sont 
effectués à la main. Jusqu'ici aucune éclaircie n'est effectuée dans les 
plantations pour la production de bois de trituration. Aucune mesure 
importante de protection contre les feux n'est envisagée autre que la 
surveillance en période de sécheresse, même dans le nord de la zone où de 
telles sécheresses sont relativement habituelles. En fait la sylviculture de 
ces peuplements artificiels est, pour le moment encore, relativement simple 
et le besoin de l'améliorer n'est pas ressenti car, telle qu'elle est 
pratiquée actuellement, elle se montre assez efficace. 

8. ELEMENTS DE PROSPECTIVE 

70. Il subsiste des lacunes importantes dans notre connaissance de l'écologie 
et de la dynamique des forêts tropicales humides ; des recherches 
complémentaires sont donc nécessaires. En attendant il faut prendre des 
mesures pour assurer leur conservation afin d'atteindre les objectifs de 
politique forestière visés. Il est certainement facile de détruire et 
difficile de régénérer, c'est pourquoi il faut poursuivre les études sur la 
dynamique de ces formations et sur les mécanismes de leur régénération qui 
sont vitaux pour leur avenir. Ces types forestiers sont particulièrement 
sensibles aux interventions humaines et leur restauration constitue 
incontestablement un choix à long terme. 

71. Il est extrêmement difficile de faire des prévisions sur l'évolution des 
besoins futurs du Nigeria. Cette incertitude donne du prix à la flexibilité 
pour permettre une harmonisation entre les modifications des besoins de la 
nation et les changements qui en résulteront pour aménager les forêts. Les 
décideurs de la politique nationale doivent être conscients du fait que plus 
les conditions du marché seront spécialisées et précises et plus probable sera 
l'obligation de concevoir les objectifs de l'aménagement de façon détaillée; 
il en résultera alors un nombre de plus en plus petit d'options et des frais 
de plus en plus élevés si elles doivent être modifiées en cours de route. A 
titre d'exemple, la transformation massive des forêts tropicales humides en 
plantations de Gmelina au Nigeria est fondée sur l'affirmation que les fibres 
du bois constitueront toujours la matière première des industries de la pâte 
à papier et que la demande de papier demeurera inchangée dans le futur ; mais 
on fait peu de cas de l'impact de modifications éventuelles soit de la nature 
de la matière première pour ces industries, soit de l'utilisation de produits 
de substitution au papier, soit de changements du support pour la transmission 
des informations qui pourraient réduire la consommation du papier. 



144 

72. Qu'il 8* agisse des méthodes de régénération naturelle ou des techniques 
de plantation» leur mise en oeuvre exige une excellente technicité du 
personnel de terrain et un bon savoir-faire de la part du personnel 
d'encadrement et de direction. Le prix de revient de ces opérations dépend 
dans une très large mesure du nombre de travaux successivement réalisés sur 
la même parcelle : ainsi l'application de la méthode de régénération par 
coupes progressives tropicales requiert une succession de sept traitements 
avant et après l'abattage des arbres commercialisés et il en résulte une 
élévation des coûts et une forte demande en personnel d'encadrement. De la 
même façon la réalisation de plantations exige un investissement initial plus 
grand et un recours continuel au financement par le biais des travaux de 
recherches et d'entretien nécessaires à la fois pour protéger les plantations 
en croissance et le capital qu'elles représentent. Les investissements 
consentis pour créer des plantations ne sont pas exempts de risques, à court 
terme en raison des accidents éventuellement causés par le vent ou par le feu, 
à moyen terme si la demande se modifie, et à long terme du fait d'une 
catastrophe écologique mal ou non perçue. Au contraire, les forêts tropicales 
humides constituent des écosystèmes stables qui protègent l'environnement tout 
en produisant du bois ; elles possèdent en outre une capacité de 
reconstitution notable à la suite d'erreurs dans la conception de leur 
aménagement à la condition que leur biomasse n'ait pas été détruite. 

73. Les forêts naturelles constituent aussi une ressource de nombreux 
produits autres que le bois et de biens immatériels auxquels il est difficile 
d'attribuer une valeur en termes de monnaie. Il est également délicat 
d'estimer les frais.de reconstitution de la forêt lorsque celle-ci a été 
détruite. Néanmoins, pour autant qu'on puisse la calculer, c'est toujours, et 
ce sera toujours, la valeur de la forêt pour la production de bois qui 
conditionnera son aménagement futur. S'il s'agit de produire à un certain prix 
le volume maximal de bois susceptible d'être retiré du domaine forestier, la 
régénération naturelle est insuffisante et il faut alors recourir à des 
plantations artificielles. Si, au contraire, les objectifs de l'aménagement 
sont la production de bois d'ébénisterie et de bois de déroulage ou de 
tranchage associée à la conservation des écosystèmes forestiers, la mise en 
oeuvre de méthodes de traitement par coupes progressives est susceptible de 
constituer un outil d'aménagement efficace. 

74. Le taux de prélèvement dans les forêts tropicales humides du Nigeria est 
si élevé que la presque totalité du bois d'oeuvre de qualité aura été 
exploitée d'ici à la fin du siècle. Dans de nombreuses régions les tentatives 
pour accroître, ou tout simplement conserver, la ressource en essences 
coramercialisables dans les forêts exploitables, ont échoué et, si la demande 
se maintient à son niveau actuel, elle devrait croître en valeur en même 
temps que la récolte diminuera. Malgré la facilié apparente avec laquelle 
certaines espèces feuillues exotiques comme le teck peuvent être plantées, les 
essais entrepris pour tirer parti de ce succès pour cultiver de nombreuses 
autres espèces indigènes, comme les Méliacées, se sont soldés par des échecs 
en raison de nombreuses difficultés parmi lesquelles il faut citer les dégâts 
d'insectes au bourgeon terminal, les pourritures des racines, les difficultés 
d'approvisionnement en graines et la brièveté de leur viabilité, etc. En 
conséquence, partout où le recrû constitué d'essences de valeur est suffisant 
pour assurer la régénération naturelle, il est prudent de le protéger même si, 
selon les idées actuelles, le rendement que l'on peut en attendre est faible. 



145 

75. U solution au problème de l'accroissement de la productivité de ce type 
de forêts peut être trouvée dans l'utilisation d'une plus grande part de la 
bioBasse totale, soit en faisant usage d'un plus grand nombre d'espèces, soit 
en diminuant la fraction du bois provenant des arbres abattus abandonnée en 
forêt. L'extension des exploitations aux forêts marécageuses pourrait 
accroître de 40 X les quantités globalement récoltées. Une augmentation 
substantielle des. prix du bois sur pied provenant des espèces actuellement 
connercialisables pourrait probablement constituer le meilleur moyen pour 
encourager l'utilisation des espèces actuellement dédaignées. Il pourrait être 
aussi envisagé d'aménager les forêts pour produire des grumes de plus petites 
tailles ; ceci serait certainement possible avec certaines espèces, mais 
probablement moins faisable avec d'autres espèces dont la valeur est liée à 
une plus grande durabilité et au caractère esthétique du bois de coeur. 



146 
BimiB DE CAS n* 3 



EVOLUTION DES FORETS TROPICALES HUMIDES IVOIRIENNES 

A LA SUITE DES TRAITEMENTS SYLVICOLES 

ET CONSEQUENCES SUR LEUR AMENAGEMENT 



1. INTRODUCTION 148 

2. LES OBJECTIFS DE RECHERCHES 148 

3. LE DISPOSITIF EXPERIMENTAL 150 

3.1. Description 150 

3.2. Traitements étudiés 150 

3.3. Intensités des traitements 152 

4. RESULTATS D'ENSEMBLE SUR LES PEUPLEMENTS 152 

5. RESULTATS PARTICULIERS SUR CERTAINES ESSENCES 153 

5.1. Présentation 153 

5.2. Le Niangon 153 

5.3. Le Ba 157 

5.4. Récapitulation concernant 20 espèces 157 

6. PERSPECTIVES DE MISE EN PRATIQUE DANS L'AMENAGEMENT 159 

6.1. Considérations générales 159 

6.2. Examen de l'adéquation de la régénération préexistante 164 

6.3. Accroissements escomptés 165 

6.4. Effets sur la régénération naturelle 165 

6.5. Possibilités de généralisation aux autres forêts 165 



147 



TABLEAUX page 

1. Effectifs (nombre de tiges moyen à l'hectare) d'essences 
principales dans les trois types de forêts étudiés 149 

2. Accroissement moyen annuel sur le diamètre de Tarrietia utilis 
dans Iq dispositif d'Irobo 153 

3, Tableau de progression des circonférences 156 

4, Accroissements moyens annuels, recrutements et mortalités 
en fonction des essences, des traitements et des classes de 
diamètre. 161 

5 A. Nombre de tiges/ha en fonction du diamètre dans quatre tjrpes 

de forêt 166 

5 B. Perspectives de régénération naturelle 166 

6 A. Nombre de tiges/ha en fonction du diamètre à Yapo 167 
6 B. Perspectives de régénération naturelle à Yapo 167 



FIGURES 

1. Schéma d'implantation d'un périmètre d'essai 151 

2. Evolution en diamètre du Niangon en forêt d'Irobo 154 

3. Evolution en volume du Niangon en forêt d'Irobo 155 

4. Evolution en diamètre du Ba en forêt de la Téné 158 

5. Evolution en diamètre du Ba en forêt de Mopri 160 



148 

ETOPE nB CAS n* 3 

EVOLUTION DES FORETS TROPICALES HUMIDES IVOIRIENNES 

A LA SUITE DES TRAITEMENTS SYLVICOLES ET 

CONSEQUENCES SUR LEUR AMENAGEMENT 

1. INTRODUCTION 

1. A l'inverse des deux cas précédents, l'étude n* 3 décrit un programe de 
recherches spécifiques et ses résultats. Ce programme , qui a débuté en Côte 
d'Ivoire dès 1976, mérite une attention particulière en raison des 
possibilités de généralisation de ses résultats pour aménager les forêts d'un 
grand nombre de pays africains (Catinot, 1986). 

2. Le gouvernement de la Côte d'Ivoire considère que le développement 
agricole constitue la pierre angulaire du développement économique national. 
Cette option a encouragé le défrichement des forêts sur une large échelle ; 
on estime à 300 000 ha la surface totale des forêts défrichées chaque année 
entre 1973 et 1982 (Catinot, 1986). Le défrichement a atteint aussi le domaine 
forestier constitué par les forêts classées dont la surface totale aurait 
décru de 3,3 à 2,4 millions d'hectares de 1956 à 1978 (FAO, 1981). La inajorité 
de la surface restante a déjà été parcourue en coupes au moins une fois, soit 
de façon sélective pour extraire les bois commercialisables, soit de façon 
plus brutale. 

3. Dans le but de mettre un terme à une telle destruction du patrimoine, le 
Décret du 15 Mars 1978 a défini un domaine forestier permanent constitué des 
forêts classées subsistantes et des "forêts qui présentent encore le caractère 
de massif forestier et qui seront incorporées ultérieurement dans le domaine 
permanent par arrêté ministériel". C'est sur ce domaine forestier permanent 
que doivent être concentrés tous les efforts d'aménagement et de régénération 
en appliquant des règlements d'exploitation relativement simples. 

2. LES OBJECTIFS DE RECHERCHES 

4. Pour concevoir ces règlements, un très important programme de recherches 
fut entrepris dès 1976 par la SODEFOR, Société pour le développement des 
plantations forestières, avec l'appui technique du CTFT, Centre technique 
forestier tropical ; ce programme a été régulièrement suivi depuis l'année de 
sa création. Il concerne une surface totale de 1 200 ha répartis entre trois 
stations différentes caractéristiques de trois types écologiques de forêts 
tropicales humides en Côte d'Ivoire, c'est-à-dire La Téné (400 ha) dans la 
zone des forêts semi-décidues, Irobo (400 ha) dans la zone des forêts 
sempervirentes, et Mopri (400 ha) dans une zone de transition. Les espèces 
constituant ces trois types de forêt sont énumérées dans le tableau n* 1 . Le 
dispositif a été conçu sur le modèle utilisé dans la Péninsule malaisien 
depuis 1974 (Cailliez, 1974). Les objectifs étaient les suivants : 

1) mise au point des techniques d'intervention sylvicole 
(exploitation et dévitalisation) et de mesures ; 

2) étude par espèce de l'accroissement en fonction des divers 
traitements sylvicoles ; 

3) étude de l'évolution des peuplements en réponse aux divers 
traitements sylvicoles (mortalité induite, recrutement naturel 
en jeunes tiges, effet sur les lianes et la mutiplication 
végétative); 



149 

lABLKAD n* 1 

Effectifs (nombre de tiges moyen à 1* hectare) d'essences 
principales dans les trois types de forêts étudiées 



42 espèces principales 
les mieux représentées 





semi- : 


transi- : 


semper- 




décidue : 


tion 


virente 




La Téné : 


Hopri : 


Irobo 


Amazakoue : 


3,1 : 






Bété : 


4,6 : 


+ : 




Difou : 


4,0 : 


+ : 




Fraké : 


2,3 : 


+ : 




Emien : 


1,1 : 


+ : 




Samba : 


16,6 : 


2,4 : 




Kotibé : 


21,2 : 


7,3 : 




Âsan 


7,2 : 


1,9 : 




Lotofa ; 


24,6 : 


13,9 : 




Lohonfe : 


12,0 : 


6,6 : 




Aboudikro 


2,8 : 


1,1 : 




Akatio 


12,0 : 


11,1 : 




Ba 


60,8 : 


68,4 : 




Fromager 


1,9 : 


1,1 ' 




Acajou 


2,1 : 


5,0 




Aniègre blanc 


2,7 


7,6 




Eho 


5,5 


+ 


+ 


Bi 


9,1 


2,4 


+ 


Bossé 


2,0 


9,6 


: + 


Pouo 


8,4 


2,4 


+ 


Loloti 


2,0 


1,6 


: + 


Dabema 


: + 


3,8 


: + 


Akossika 


7,8 


8,5 


: 6,9 


Tiama 


: + 


2,7 


: + 


Ilomba 


: -f 


2,2 


: + 


Aribanda 


: + 


1,2 


: + 


Pore-Pore 


: + 


1,4 


: + 


Adjouaba 


: + 


! 3,7 


: 31.9 


Lati 


: + 


: + 


: 2,3 


Faro 


: + 


: + 


: 1,4 


Melegba 




2,8 


: + 


Abalé 




: 2,7 




Sougué 




: + 


: 1,8 


Makoré 




: + 


: 1,4 


Vaa 






: 1,0 


Bahia 






: 1,0 


Adomonteu 






: 1,1 


Bodioa 






: 1.1 


Kondroti 






: 1,4 


Lo 






: 3,5 


Rikio 






: 15,9 


Niangon 






: 33,2 



Guibourtia ehie 
Mansonia altissima 
Mo ru s mesozygia 
Terminalia superba 
Alstonia boonei 
Triplochiton scleroxylon 
Nesogordonia papaverifera 
Celtis zenkeri 
Sterculia rhinopetala 
Celtis adolphi friderici 
Entandrophragma cylindricum 
Gambeya delevoyi 
Celtis mildbraedii 
Ceiba pentandra 
Khaya anthotheca 
Aningueria robusta 
Ricinodendron africanum 
Eribroma oblonga 
Guarea cedrata 
Funtumia latifolia 
Lannea welwitschii 
Piptadeniastrum africanum 
Scottelia sp. pi. 
Entandrophragma angolense 
Pycnanthus angolensis 
Trichilia tessmanii 
Sterculia tragacantha 
Dacryodes klaineana 
Amphimas pterocarpoïdes 
Daniellia thurifera 
Berlinia sp. 

Pertersianthus macrocarpus 
Parinari sp. 
Thieghemella heckelii 
Gilbertiodendron preussii 
Hallea ciliata 
Anthonotha fragans 
Anopyxis klaineana 
Rodognaphalon brevicuspe 
Parkia bicolor 
Dapaca sp. 
Tarrietia utilis. 



le chiffre de l'effectif est représenté à partir de 1 tige/ha 
Une croix (-••) indique la présence de l'espèce dont la fréquence 
est comprise entre 1 et 0,1 tige/ha 
Aucune indication pour les fréquences inférieures i 0,1 tige/ha 



150 

4) évaluation des exigences et du tempe ranment des diverses 
essences principales ; 

5) étude de l'effet des diverses intensités d'intervention sur la 
production et estimation des coûts et des profits par rapport 
aux témoins non traités ; 

6) appréciation des possibilités de mise en pratique des résultats 
acquis (organisation et réalisation) . 

3. LE DISPOSITIF EXPERIMENTAL 

3.1 . Description 

5. L'expérience malaisien ayant démontré l'intérêt des parcelles de grande 
taille, chaque dispositif occupe 900 ha à l'intérieur desquels une surface 
carrée de 400 ha a été délimitée et subdivisée en 25 placeaux de 16 ha ; un 
traitement sylvicole donné est appliqué à chaque placeau dont l'effet est 
apprécié au moyen de mesures effectuées sur une aire de 4 ha délimitée à 
l'intérieur de chaque placeau. Tous les arbres ayant plus de 10 cm de dieunètre 
à hauteur de poitrine sont mesurés. Ce dispositif est représenté de façon 
schématique sur la figure n* 1 . 

3.2. Traitements étudiés 

6. On a estimé que deux types seulement de traitement pouvaient convenir 
à une application pratique étendue, c'est-à-dire l'exploitation réglementée 
des essences conmercialisables, telle qu'elle est couramment faite, et 
l'élimination des essences secondaires par des procédés peu coûteux, comme 
leur dévitalisation au moyen de traitements chimiques. Les traitements ayant 
pour but l'obtention de la régénération naturelle ont été écartés en raison 
de leur résultat incertain. 

7. C'est pourquoi les divers traitements suivants ont été seulement 
expérimentés : 

1) l'exploitation, qui peut être dans une certaine mesure 
réglementée pour son intérêt sylvicole car ce sera 
vraisemblablement le seul outil à la disposition des 
sylviculteurs pendant de nombreuses années encore ; 

2) les coupes d'éclaircie ou d'amélioration qui peuvent être 
aujourd'hui réalisées de façon peu coûteuse par un traitement 
de dévitalisation associant une annélation par encoches à une 

application de phytocides dans le but d'éliminer les arbres 
appartenant à des espèces sans intérêt économique mais exerçant 
une concurrence sévère à l'égard des essences 
commercialisables ; 

3) l'absence de tout traitement qui concerne les témoins ou des 
placeaux dont le traitement sylvicole est différé. La 
comparaison des résultats des mesures d'accroissement 
effectuées dans ces trois ensembles de placeaux permettra de 
répondre à la question fondamentale suivante : est-il 
nécessaire ou non d'effectuer des interventions à caractère 
sylvicole sur les peuplements résiduels après exploitation ? 



151 
PIGOIB n"* 1 

Schéma d'implantation d'un périmètre d'essai 




//.•DO 



•'••""• 






••FO 



SOO mètres 



16 



21 



17 



22 



18 



Numéro de 
pazcelle 



15 .vv.vï-.vVv. 



05 .;.•..••• 



19 



23 



20 



25 









ES/.-. 



FS 






i' I |- 



2 000 mètres 



3 000 m 



Schéma d'une parcelle 
unitaire de 16 hectares 




SOO mètres i 



: Zone tanpon 



^m 



Surface traitée 
pour l'enpoisonnement 

(9 ha) 




Layon d'accès 



(Placeau de mesures (4 hectares 
j subdivisés en 4 sous-placeaux 
^ de 1 hectare chacun 



(Système de numérotation identique pour Les 3 périmètres) 
Surface du périmètre: 4CX) hectares pour les essais et 

900 hectares y conpris La zone tampon 



152 
3.3. Intensités des traitements 

8. Les intensités des traitements ont été fixées en fonction de diverses 
proportions de réduction de la surface terrière du peuplement initial de la 
façon suivante : 

1) intensité forte ramenant la surface terrière à 11-14 m^/ha à 
Mopri et à 15-17 m^/ha à Irobo (éclaircies fortes) ; 

2) intensité moyenne ramenant la surface terrière à 16-18 m^/ha 
â Mopri, 17-22 m*/ha à Irobo, et à 15-21 m^/ha à La Téné 
éclair ices moyennes) ; 

3) traitement spécial à La Téné de 10 parcelles jamais exploitées 
consistant en une exploitation de type commercial qui, en 
prélevant 53 m^/ha a entraîné un dégagement global comparable 
à celui gui aurait résulté d*un traitement avec une intensité 
moyenne, mais d'une façon beaucoup plus irrégulière. 

9. Le traitement associant abattage et dévitalisation fut effectué de façon 
systématique en commençant par les espèces non commercialisables de la strate 
dominante puis, au besoin, par les arbres sans avenir appartenant à des 
essences commercialisables jusqu'à ce que la surface terrière résiduelle 
choisie soit atteinte. 

4. RESULTATS D'ENSEMBLE SUR LES PEUPLEMENTS 

10. Au point de vue qualitatif , d'après les responsables de ces essais, 
"quelques mois après l'intervention sylvicole, la vision des peuplements était 
saisissante du fait des chablis, arbres morts et trouées, que ce soit du fait 
de l'élimination de 40 % de la surface terrière ou du prélèvement de 53 m^/ha 
par l'exploitation commerciale". Mais quatre années après le traitement, 
l'aspect de la forêt était redevenu "normal". 

11. Au point de vue quantitatif , sur la base des mesures effectuées après 4 
années d'expérimentation, il est possible d'avancer que : 

1 ) les espèces principales répondent immédiatement au traitement 
(dès la première année) par une augmentation globale de 
l'accroissement en diamètre ; 

2) le gain de croissance qui en résulte au sein des parcelles 
s'est accentué avec le temps durant la période d'observation; 

3) la réaction des peuplements ne correspond pas obligatoirement 
à l'intensité de l'ouverture du couvert ; 

4) la concurrence qu'exercent les arbres de faible diamètre (moins 
de 30 cm) est surtout ressentie par les arbres de taille 
comparable; il en est de même pour les arbres de plus forte 
taille ; tout se passe comme s'il y avait correspondance entre 
la taille dels arbres entrant en concurrence 

5) rapporté aux 73 essences principales observées, le gain de 
croissance résultant des interventions sylvicoles est exprimé 
par les chiffres ci-dessous : 

. 2 m^/ha/an pour les témoins non traités, 
• 3 & 3,5 m^/ha/an dans les placeaux traités. 



153 

12. Ce gain de croissance est considérable et concerne tous les arbres des 
espèces principales ayant plus de 10 cm de diamètre à hauteur de poitrine. 
L étude comparative de l'accroissement des espèces principales prises 
isolément confirme cette observation. 

5. RESULTATS PARTICULIERS SUR CERTAINES ESPECES 

5.1 . Présentation 

13. Le remarquable rapport de Maitre et Hermeline (1985) intitulé "Dispositif 
d'étude de l'évolution de la forêt dense ivoirienne suivant différentes 
modalités d'interventions sylvicoles", d'où proviennent toutes ces 
informations, a choisi parmi la douzaine d'espèces étudiées huit 
exemples-types. Dans un but de concision le comportement de deux essences 
seulement est décrit ci-après ; des informations sont en outre données sur 
celui de vingt autres espèces sous une forme résumée. 

5.2. Le Niangon 

14. Le Niangon, Tarrietia utilis , est une espèce qui se prête bien à la 
création de peuplements artificiels où elle est susceptible de s'accroître 
en moyenne de 1 cm/ an sur le diamètre pendant toute la durée de la révolution. 
Cette essence a aussi réagi aux éclaircies dans le dispositif d'Irobo comme 
le montrent le tableau n" 2 et les figures n* 2 et n' 3 ainsi que le tableau 
n* 3 qui présente des informations détaillées par classe de diamètre. 

TABLEAU n* 2 

Accroissement moyen annuel sur le diamètre de Tarrietia utilis 
dans le dispositif d'Irobo 



Traitement 



accroissement moyen annuel 
sur le diamètre 



diamètre de 
10 à 25 cm 



diamètre supé- 
rieur à 25 cm 



Témoin non traité 

Moyenne des divers traitements 
svlvicoles 



0,3 cm 
0,6 cm 



0,6 cm 
0,9 cm 



15. Le gain constaté sur l'accroissement en diamètre, égal à 100 % pour les 
arbres de 10 à 25 cm de diamètre et à 50 % pour les arbres de plus de 25 cm 
de diamètre, se maintient et même s'accroît avec le temps ainsi que le montre 
le graphique du bas de la figure n" 2 qui distingue l'accroissement par classe 
de diamètres tous les deux ans depuis le traitement. Cette figure n* 2 donne 
aussi une représentation de l'effet des deux intensités de traitement sur 
l'accroissement en volume en comparaison avec le témoin non traité. 



154 
nCDIB tP 2 

Evolution on diamètre du Niangon en forêt d'Irobo 



icie moyenn 




20 25 30 3S 40 45 50 S5 60 65 70 



♦ Diamètre en can 



1ère campagne 




Diamètres des 
tiges en on 
2ème campaqne 1ère campagne 



ao" 

75*- 

70-- 

65-- 

60'- 

55- 

50-- 

45-- 

40'- 



25'- 
20-- 

1S-- 



iDoaoaoncûoiufl^a^oiiio \ 

Accroissement en 
diaaetffe (en/an) 



2ème caunpaqne 




VO Oj» OO 0.4 02 02 0.4 OjS 08 U) 



• yJUJ P IW ' ^j 



/ .TMoin 






EcIaiTcie Moyenne 



Témoin 



••.;;•.— .ÎUjlaircie forte 



155 
FIGDIB n** 3 



Evolution en volume du Niangon en forêt d*Irobo 

Eclalrcie fortu 



I 



Témoin 



V. ' ."" **^ 










♦778 



^31 



"1 



.166 






Recrutement 

Croissance 
Mortalité 
Gain en voluxne 



ïii dm* ou 10 m' /ha/an 



/z:i:7i 




* 4 + 4 4 

-44 -» ■«• 
4 4 4 -•► 
4 -♦ 4 «* 
44 4 4 
-14 + 4 
4444 
4 4 ■* -♦ 

-444 4 
4 -4 4 4 

'4 4 4^ 
4 44^ 
1 4 «« 4 
•< 4 4 •♦ 



'#643 



Eclalrcie noyenne 
♦52 



.•••.••V.V.'« 

»XvXvI 

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-263 





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4 4 4 4 

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4 4 4 4 
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4 4 -I <• 
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4 4 ♦ -• 
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4 4 4 4 
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< 4 4 t 

* 4 ♦ 4 
I I 4 1 



.1209 



k:::; 



156 
lABUAD n* 3 

Tableau de progression des circonférences 
Essence : Niangon ; Périmètre : Irobo ; Traitement : éclaircie moyenne 



: Classe 


: Diamètre 
: (cm) 
: compris : 
: entre 


: N 

• 
■ 

Effectif: 


: C. moyen 
: (cm) 


Accroissement 
: (cm) 


: Surfaces terrières : 
: (dm^) : 


:Camp.1 :Camp.3 


: Moy. 


: CV 


:Camp.1 


: Camp . 3 


: Dif.i 


: 1 


: 10-15 


: 295 


: 38.6 


: 43,4 


: 4,9 


: 88,3 


: 353,9 


: 453,3 


: 99,4: 


! 2 


: 15-20 


: 208 


:* 54,5 


: 61,9 


: 7,4 


:' 74,1 


: 495,4 


: 643,9 


:148,5: 


i 3 


: 20-25 


: 179 


: 70,4 


: 78,9 


: 8,4 


: 67,1 


': 710,1 


: 894,8 


:184,7: 


: 4 


: 25-30 


142 


: 86,2 


: 96,9 


: 10,6 


: 65,6 


1842,5 


■1068,3 


:225,8: 


: 5 


: 30-35 


89 : 


101,5 


: 112,5 


• 11,0 


: 52,8 


: 730,3 


: 899,5 


!l69,2i 


: 6 


': 35-40 


77 : 


116,6 


: 127,7 


': 11,1 


: 61,4 


■ 834,6 


!l002,4 


■167,9: 


: 7 ; 


40-45 ! 


55 : 


132,3 


, 145,6 


: 13,3 


; 54,6 . 


767,1 


: 931,5 


:164,4: 


: 8 : 


45-50 : 


41 : 


147,9 : 


160,1 


12,2 


50,9 : 


714,2 


: 837,9 


:123,7: 


:' 9 ': 


50-55 : 


27 : 


164,9 ! 


176,9 , 


■ 12,1 . 


58,6 : 


584,4 


: 674,2 


! 90,2: 


: 10 : 


55-60 : 


20 : 


180,8 : 


191,9 : 


' 11,1 : 


57,8 : 


520,5 


586,9 


66,4: 


: 11 : 


60-65 : 


9 : 


193,8 : 


204,8 : 


' 11,1 : 


62,3 : 


269,0 


300,9 


31,9! 


i 12 ': 


65-70 : 


6 : 


207,5 : 


218,1 : 


10,6 : 


38,5 : 


205,6 


• 227,2 


21, 6i 


: 13 : 


70-75 : 


5 : 


226,4 : 


237,6 : 


11,2 : 


66,1 : 


204,1 


224,9. 


20,8: 


: 14 : 


75-80 ': 


: 


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; 0,0 : 


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: 15 : 


80-85 i 


2 : 


258,5 : 


271,5 : 


13,0 : 


42,3 : 


106,4: 


117,4: 


11, li 


: 16 : 


85-90 : 


: 


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90-95 : 


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298,0 : 


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70,7: 


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: 18 : 


95-100 : 


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Total : 1 156 : 

N = Nombre d'arbres de la classe ; C - circonférence moyenne des arbres; 
DIFF = variation de la surface terrière entre campagnes de mesure ; 
CV = coefficient de variation des accroissements. Seuls sont suivis les 
arbres de la campagne 1 toujours présents à la campagne 3 (à l'exception donc, 
des arbres morts pendant la période correspondante de 4 ans) 



157 
5.3. Le Ba 



16. Le Ba, Celtis mildbraedii . est une essence secondaire produisant un bois 
légèrement coloré ; c'est l'espèce la plus abondante dans deux des trois sites 
étudiés (Mopri et La Téné) ce qui donne une bonne fiabilité aux résultats des 
mesures de croissance. Les figures n* 4 et n* 5 indiquent des réponses très 
favorables de cette essence aux traitements suivants : 

1) à Mopri, l'accroissement moyen annuel sur le diamètre varie de 
0,2 à 0,45 cm pour les témoins, et de 0,45 à 0,75 cm dans les 
placeaiu traités * 

2) à La Téné l'accroissement moyen annuel sur le diamètre varie 
de 0,15 à 0,40 cm pour les témoins, de 0,40 à 0,75 cm dans les 
placeaux traités à intensité moyenne, et de 0,25 à 0,60 cm dans 
les placeaux soumis à une exploitation de type commercial. 

17. Il a pu être constaté à Mopri que les traitements avec une forte 
intensité se sont traduits par un accroissement sur la diamètre pl'»» é^®^® J*® 
celui des traitements effectués à intensité moyenne, tandis qu à La Téné 
l'exploitation de type commercial s'est révélée moins efficace que le 
traitement à intensité moyenne. Les accroissements en volume ne sont pas 
représentés pour cette espèce. 

5.4. Récapitulation concernant les espèces 

18. Les données récapitulatives concernant 20 espèces sont présentées dans 
le tableau n* 4 dont l'examen pemet de proposer les conclusions suivantes : 

1) à de très rares exceptions près, toutes les espèces réagissent 
vigoureusement aux éclaircies ; 

2) les accroissements sur le diamètre les plus forts sont observés 
avec les espèces couraimnent utilisées en plantation comme 
Triplochiton scleroxylon . Terminalia superba, Tarrietia utiUs 
et Khaya anthotheca ; ils sont voisins de 1 cm/an ; 

3) les éclaircies accroissent le recrutement de jeunes tiges dans 
la classe de 10 cm de diamètre tandis que l'^'^Pl^^.^^VrJ^! 
type commercial ne donne pas de meilleurs résultats que 
l'absence de traitement dans les témoins ; ceci pourrait être 
la conséquence de l'uniformisation de l'ouverture du couvert 
du fait des éclaircies tandis que celle qui .résulte de 
l'exploitation de type commercial est beaucoup plus irrégulière 
avec des trouées plus ou larges séparées par des pans de foret 
épargnés par l'extraction des arbres conmercialisables. 
Sois n ne faut pas interprétation l>élxoraU.n du 
recrutement dans la classe de 10 cm de diamètre comme la 
résultante d'une régénération induite car il ««t clair que les 
tiees entrées dans cette classe de diamètre au bout de 4 ans 
iZie^nt de la régénération préexistante ; une étude sur 
l'induction de la régénération par les traitements sylvi 
est actuellement en cours ; 



sur 
icole 



158 

FIGOIB B* 4 

Evolution ma diamètre du Ba en forêt de la Tiné 



Accroissement du 
diamitre (cm/an) 




Diane tnt 



ffîîtil 



Témoin 



^ 



Exploitation 



\Eolaircie moyenne 



Diamètre 
des tiges I (cm) 



80-- 



lère campagne 




-^75 
2ème campagne 7o« i> 1ère campagne 

..es 



60-- 
SO-- 



•-55 



r 



-•3S 



*<-2S 



-•15 



.10 (P Q^ «I 19 ^ Oii a# M U) -^Aocroiflsoment-^ 

■en diamètre (cm/an) 




2èii)e campagne 



(mo^i^a? oc^2os4ct5ae 



Si&Ulrcie. moyenne 



rrrr 






exploitation 
atteoin 



159 
nCDEB n^ 5 

Evplution en diamètre du Ba en forft de Mopri 

Accroissement du 
dUmètre (cm/an) 




1S 20 25 30 35 40 45 SO 5S 



¥-♦ Diamètre en cm 



60 



trrrilîiiTN 

Témoin 



Eclaircie 
moyenne 



Eclaircie 
forte 



1ère casBpagne 




Diamètre des 
tiges en Lan 
a 
70.. 



2ème uampagne . .^^ 
«0-- 



••% 



50-. 



^"45 



40-- 



1ère campagne 



2ème campagne 



*-35 



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QSii^c^aa (UûiiAisouB 



■" Accroissonenf* 
diamètre (ca/an)' 







Eclaircie moyenne 



ii Témoin 



S^iv 4: 



Eclaircie forte 
Témoin 



160 

4) l'amélioration de la croissance provoquée par l'exploitation 
de type cMinercial est signif icativement inférieure à celle qui 
résulte des éclaircies ; ceci est facilement compréhensible car 
l'exploitation ne fait qu'enlever les arbre des essences 
comnercialisables sans toucher à ceux appartenant à des 
essences actuellement sans intérêt commercial qui leur font 
concurrence. 



6. PERSPECTIVES DE MISE EN PRATIQUE DANS L'AMENAGEMENT 
6.1 . Considérations générales 

19. Bien qu'on considère parfois ce programme de recherches comme un 
"aménagement expériemental" , il faut convenir qu'il s'agit en fait d'une 
"sylviculture expérimentale" dont le but final est une amélioration de la 
gestion des forêts d'une façon pratique. Il a le grand mérite de quantifier 
les réponses de toutes les essences intéressantes aux opérations classiques 
de dégagement et d' éclaircies réalisées à la suite de l'exploitation. 
L'intérêt sylvicole de ces travaux a été souvent contesté dans le passé mais 
désormais il ne peut plus y avoir de doutes sur ce sujet. Les deux conclusions 
les plus remarquables qui peuvent être tirées de ces études sont : 

1) des éclaircies fortes , exploitant jusqu'à 40 % de la surface 
terrière, non seulement ne doivent pas être une cause 
d'appréhension, mais démontrent encore souvent leur efficacité 
sur le peuplement résiduel ; 

2) l'effet favorable des éclaircies affecte aussi les gros arbres 
d'un diamètre supérieur à 40 cm en contradiction avec les idées 
traditionnelles selon lesquelles, au dessus de ce diamètre, les 
arbres sont déjà mûrs et par conséquent incapable de réagir 
favorablement à une brusque ouverture du couvert ou à tout 
autre opération destinée à favoriser l'accroissement. 

Les enseignements retirés de ces études sur la sylviculture de ces types 
de peuplement sont extrêmement importants et confirment l'intérêt des coupes 
multiples (polycycliques) ; on peut en effet présumer que les coupes 
d'amélioration (dégagements et éclaircies) devraient stimuler la croissance 
de la régénération préexistante d'une façon suffisamment importante pour 
que leur exploitation après un délai raisonnable, de l'ordre de 10 à 30 ans, 
produise un volume substantiel et rémunérateur de bois d'essences 
commercialisables . 

20. A cet égard les recherches réalisées en Côte d'Ivoire, quoique encore 
trop récentes pour fournir des résultats sûrs et définitifs utilisables par 
l'aménagiste, permettent d'apporter une réponse à la question fondamentale 
suivante" : est-ce que l'aménagement des forêts tropicales humides est 
possible au moyen de la seule régénération naturelle ?". 

21. Ce mode d'aménagement est fondé sur le principe que la forêt peut 
supporter un noiiâ>re illimité de coupes à la condition que la rotation soit 
judicieusement calculée de telle façon que le volume exploitable à chaque 
passage corresponde à celui des arbres de la régénération préexistante 
appartenant aux essences commercialisables atteignant le diamètre 
d ' exploitabilité . 



161 





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164 
Il 8* en suit que son succès dépend de la réalisation de deux conditipns : 

1 ) un inventaire préalable doit montrer que la forêts contient un 
nombre suffisant de jeunes tiges susceptibles de fournir le 
futur volume exploitable ; on estime que si le diamètre 
d*exploitabilité est égal à 60 cm, il faut raisonnablement 
au moins 15 tiges à 1* hectare appartenant aux essences 
coromercialisables ayant 20 à 60 cm de diamètre ; 

2) l'accroissement moyen de ces jeunes arbres doit être suffissant 
pour que la rotation ne soit pas supérieure à 40 ans car au de 
là de cette durée les problèmes administratifs causés par 
l'augmentation des surfaces à gérer, l'allongement des 
périodes marquées par l'absence d'intervention en forêt, et les 
immobilisations financières trop longues deviennent trop 
difficiles à supporter. 

22, Compte tenu de la situation actuelle des forêts denses ivoiriennes dont 
la presque totalité a été déjà exploitée avec un appauvrissement en essences 
de valeur sur des surfaces considérables, il est nécessaire d'examiner si les 
deux conditions ci-dessus sont remplies. 

6.2. Examen de l'adéquation de la régénération préexistante 

23. Bien que les recherches de la SODEFOR et du CTFT n'aient pas été conçues 
pour traiter ce problème, l'analyse de certaines données aujourd'hui 
disponibles permet de proposer des éléments très positifs et de confirmer les 
premiers résultats du projet-pilote de Yapo. Les trois blocs du projet 
SODEFOR/CTFT et le bloc Yapo constituent en effet un échantillon représentatif 
des forêts tropicales humides ivoiriennes. Les résultats d'une analyse des 
inventaires de ces blocs et leur comparaison avec l'inventaire de la 
réserve botanique de Divo, théoriquement non perturbée, sont représentés dans 
l^s tableaux n* 5 et n*" 6 . Les principales conclusions sont les suivantes: 

1) les courbes représentant la variation du nombre de tiges par 
hectare classées par classes de diamètre dans les forêts 
exploitées de Mopri, Irobo et, principalement, Le Téné 
apparaissent comme très semblables à celle de la forêt inex- 
ploitée de Divo ; ceci veut dire que, si l'on fait abstraction 
des arbres abattus, la répartition des tiges par classes de 
diamètres qui représente la structure des peuplements ou, en 
d'autres termes, leur valeur d'avenir, demeurç pratiquement 
inchangée ; 

2) en ce qui concerne le matériel sur pied, le nombre de jeunes 
tiges préexistantes est amplement suffisant puisque le minimum 
de 15 tiges/ha est largement dépassé dans toutes les classes; 

3) en termes d'aménagement, si les tiges sont regroupées en trois 
classes de diamètres, c'est-à dire 20-40 cm, 40-60 cm et plus 
de 60 cm, qui correspondent théoriquement à la rotation des 
coupes, on constate que l'avenir des forêts devrait être assuré 
au moins pour les trois prochaines rotations; à cet égard il 
faut se souvenir que tout arbre ayant dépassé 40 cm de diamètre 
peut être considéré comme sauvé car il n'y a pratiquement 
aucune chance pour qu'il puisse être victime de la concurrence 
naturelle même s'il peut encore bénéficier de l'élimination de 
ses concurrents ; ceci explique pourquoi un effectif constitué 



165 

par les tiges 40 à 60 cm de diamètre approximativement 
équivalent à celui des tiges de plus de 60 cm est admissible 
dès lors que l'on se soucie de maintenir la possibilité d'une 
forêt en se fondant sur le recrutement naturel dans les classes 
de diamètres supérieures (cf. tableau n* 5B et tableau n* 6B ) ; 

4) en dépit des premières exploitations qui furent souvent 
excessives aussi bien en intensité qu'en fréquence» de telles 
études des forêts naturelles montrent que le matériel sur pied 
disponible pour les futures exploitations permet d'assurer un 
rendement soutenu à l'exploitation des forêts tropicales 
humides ivoiriennes au moyen d'un aménagement forestier 
approprié. 

6.3. Accroissements escomptés 

24. L'analyse des informations recueillies au cours des quatre premières 
années de recherches dans le cadre du programme SODEFOR/CTFT a démontré que 
la coupe de 30 à 40 % de la surface terrière par abattage des arbres 
commercialisables s'est traduite par un gain de croissance sur le diamètre des 
jeunes arbres des mêmes essences de l'ordre de 50 à 100 Z. Cette observation 
permet d'envisager une réduction de la durée des rotations. Les mensurations 
effectuées au cours des deux dernières années (S*"** et 6*"** année), 
actuellement en cours de compilation, confirmeraient les premiers résultats 
qui pourraient être encore meilleurs. Ceux-ci, éventuellement renforcés par 
d'autres informations données notamment par l'étude des cernes annuels, 
contribuent à conforter l'idée selon laquelle, dans 40 ans, la majorité des 
tiges des classes 20-40 cm et 40-60 cm passeront dans la classe supérieure 
suivante et, ainsi, assureront le revenu soutenu de la forêt. 

25. Ce programme a aussi démontré que les éclaircies se traduisent par un 
accroissement sur le diamètre des jeunes tiges de moins de 20 cm dans des 
proportions comparables. 

6.4. Effets sur la régénération naturelle 

26. Il subsiste cependant une question importante pour l'avenir de ces 
forêts: "quelles sont les effets de ces interventions sur la régénération 
naturelle des essences de valeur ? : l'ensemble des opérations visant à 
stimuler la croissance de la régénération préexistante, que -se passe t-il au 
niveau de la régénération induite ; est-elle améliorée, ou non, par les 
éclaircies plus ou moins intensives ?" Pour apporter une réponse, les 
spécialistes de la SODEFOR et du CTFT travaillent actuellement sur un 
programme soigneusement conçu ; les premiers résultats sont encourageants car 
il semblerait que l'installation des semis est assurée malgré l'abattage d'un 
grand nombre de semenciers à l'occasion des exploitations. 

6.5. Possibilité de généralisation aux autres forêts 

27. L'intensité de l'exploitation forestière en Côte d'Ivoire s'est accrue 
car la surface des forêts exploitables a diminué et on peut se demander 
aujourd'hui si les forêts de la Téné, Mopri, Irobo et Yapo ont encore une 
valeur représentative car elles ont été systématiquement protégées depuis le 
début des recherches ; les potentialités de ces forêts en 1975-77, au moment 
où les traitement sylvicoles furent appliqués, étaient vraisemblablement 
différentes de la moyenne de celles des forêts ivoiriennes qu'il conviendrait 
aujourd'hui de soumettre à un aménagement. 



166 



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8,25 : 6 3,50 : 3,50 : 2,25 2.25 0,75 0,50 0,75 : 6,50 

11,15 6,97 3,10 : 2,07 : 0,87 0,47 0,25 0,20 0,27 : 2.06 


41 : 16 8,50 : 4,75 : 2,00 1,00 0,25 0,50 0,25 : 4,00 

29,75 : 10,50 5,75 3,00 : 1.50 0.75 0.25 0,25 - : 2,75 

10,25 : 6,50 3.50 2.00 : 1.50 0,75 0,50 0.25 0,50 : 3.50 

0.72 : 0.55 : 0.40 : 0.35 : 0.35 0.27 0,20 0,12 0,17 : 1.10 


: 10-20 cm 

Divo 50 
La Téné : 27 
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Irobo 21,25 


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Moprl 6,50 7,00 14.75 
Irobo 2,06 3.17 18.12 


Divo 4.00 13.25 57.00 
La Téné : 2.75 8.75 40,25 
Moprl 3.50 5.50 : 26.75 
Irobo 1.10 0.75 : 1.75 


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168 

28 « De plus, alors que les données présentées dans les divers tableaux pour 
les forêts de La Téné, Mopri et Irobo concernent les essences habituellement 
exploitées k l'heure actuelle en Côte d'Ivoire, c'est-à-dire les essences 
principales P^ et P,, celles de Yapo portent sur toutes les essences 
officiellement classées comme exploitables, c'est-à-dire les essences 
principales P^, P^ et P,, dont une fraction seulement risque d'être exploitée 
en raison de l'éloignement d'Abidjan. 

29. C'est pourquoi il apparaît absolument essentiel de réaliser les 
opérations suivantes avant d'entreprendre l'aménagement de toute forêt 
appartenant aux forêts tropicales humides en Côte d'Ivoire : 

1) inventaire de toutes les tiges de plus de 20 cm de diamètre 
appartenant aux essences classées comme exploitables par la 
direction des Eaux et Forêts ; si le nombre de tiges 
préexistantes est insuffisant, il faudra envisager de 
plantations ; 

2) étude économique à toutes les étapes de la transformation et 
du marché du bois à l'échelle régionale dans le but de 
déterminer la liste des essences qui peuvent être exploitées 
de façon financièrement satisfaisante soit comme grumes pour 
l'exportation soit pour être transformées sur place tout en 
tenant compte des conditions d'accessibilité et de marché des 
diverses essences ; il est évident qu'une espèce comme Celtis 
mildbraedii par exemple qui est négociable avec difficulté, 
même dans la région d'Abidjan, ne peut figurer sur la liste des 
essences exploitables dans l'aménagement de forêts des régions 
de Daloa ou d'Abengourou ; une telle étude serait utile pour 
identifier les obligations requises de l'exploitant 
concessionnaire d'une forêt aménagée pour la transformation 
locale du bois (sciage, déroulage, etc.) en fonction des 
conditions économiques locales. 

30. En ce qui concerne la question posée ci-dessus, la réponse suivante peut 
être donnée dans ses grandes lignes : l'aménagement des forêts tropicales 
humides ivoiriennes en recourant uniquement à la régénération naturelle, 
paraît techniquement tout-à-fait possible à la condition qu'un inventaire 
préalable et une étude économique soient effectués et permettent de dresser 
une liste réaliste des essences commercialisables compte tenu des conditions 
locales. 

31. C'est pourquoi on peut considérer avec Catinot (1986) que les résultats 
fournis après quatre années d'observations de ce dispositif expérimental très 
soigneusement conçu permettent d'envisager avec optimisme des possibilités 
d'aménagement des forêts tropicales humides par coupes multiples (système 
polycyclique), même dans les forêts déjà exploitées à plusieurs reprises dans 
le passé, ce qui n'est pas son moindre avantage. Il est toutefois hautement 
souhaitable dans l'intérêt même de l'Afrique que cette expérimentation soit 
poursuivie, développée et étendue à d'autres types de forêt, c'est-à-dire à 
d'autres pays. En Côte d'Ivoire, il lui manque encore cinq années pour être 
définitivement convaincante* 



169 



AMMEZE 1 

METHODE RECOMMANDEE POUR LES INVENTAIRES PREALABLES AUX AMENAGEMENTS 
(applicable à des blocs de forêts de 2 500 à 5 000 ha) 

1. Hypothèses de base 

On souhaite compter le nombre des arbres appartenant à 12 à 15 essences 
commercialisables et groupés en deux classes de diamètres: 

de 20 à 44 cm de 45 à 65 cm 

On s'attend à trouver 3 à 5 arbres par hectare avec un coefficient de 
variation de l'ordre de 70 % par parcelle de 1 ha. 

2. Prévision statistique 

Avec des placeaux échantillons de 10 ares et des blocs de 2 500 ha, un 
coefficient de variation de 70 % donne une erreur de 20 Z sur les variables 
étudiées avec une probabilité de 95 % et un échantillonnage à 2 %. 

L'échantillonnage devrait être de 4 % pour abaisser le niveau de l'erreur 
à 15 %, toutes choses étant égales par ailleurs. 

3. Mise en oeuvre 

3.1. Dans le cas d'un échantillonnage à 2 %, installer des placeaux 
rectangulaires de 50 m x 20 m dont le grand axe est orienté est-ouest le long 
de lignes parallèles distantes de 500 m ; à l'intérieur de ces bandes de 20 m 
de large, chaque placeau de 50 m de long est séparé du suivant par une 
distance de 50 m ; tous les arbres des espèces choisies ayant plus de 20 cm 
de diamètre, séparés de leur voisin par une distance au moins égale à 5 m, et 
ne présentant aucun défaut majeur sont comptés ; 

3.2 Dans le cas d'un échantillonnage à 4 %, ouvrir des layons parallèles de 
20 m de large tous les 500 m et compter tous les arbres des espèces choisies, 
ayant plus de 20 cm de diamètre, séparés de leur voisin par une distance 
supérieure à 5 m et sans défaut majeur. 

4. Coût 

Le coût de l'inventaire est approximativement de 125 hommes- jour pour 
1 000 hectares avec un échantillonnage à 2 % et de 166 hommes- jour avec un 
échantillonnage à 4 %. 

5. Composition de l'équipe d'inventaire : 

1 chef d'équipe chargé de l'identification des arbres, 

1 topographe, 

2 agents recenseurs, 
10 manoeuvres. 



170 

AMNEZE 2 

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2. Planification des routes forestières et des systèmes d'exploitation, 1977 (A* E" F*) 

3. Liste mondiale des écoles forestières, 1977 (A/E/F*) 

3 Rév. 1 - Liste mondiale des écoles forestières, 1981 (A/E/F*) 
3 Rév. 2 - Liste mondiale des écoles forestières, 1986 (A/E/F*) 

4. La demande, l'offre et le commerce de la pâte et du papier 
Vol. 1, 1977 (A* E' F*) 

Vol. 2, 1978 (A" E" F*) 

5. The marketing of tropical wood in South America, 1978 (A* E*) 

6. Manuel de planification des parcs nationaux, 1978 (A* E*** F*) 

7. Le rôle des forêts dans le développement des collectivités locales, 1978 (A' E' F') 

8. Les techniques des plantations forestières, 1979 (A* Ar""* G* E' F') 

9. Wood chips, 1978 (A* G" E') 

10. Estimation des coûts d'exploitation à partir d'inventaires forestiers en zones tropicales, 1980 

1. Principes et méthodologie (A* E' F*) 

2. Recueil des données et calculs (A* E' F*) 

11. Reboisement des savanes en Afrique, 1981 (A* F*) 

12. China: forestry support for agriculture, 1978 (A*) 

13. Prix des produits forestiers, 1979 (A/E/F*) 

14. Mountain forest roads and harvesting, 1979 (A*) 

14 Rév. 1 - Logging and transport in steep terrain, 1985 (A*) 

15. AGRIS foresterie. Catalogue mondial des services d'Information et de documentation, 1979 (A/E/F*) 

16. Chine: industries intégrées du bois, 1980 (A' E*** F*) 

17. Analyse économique des projets forestiers, 1980 (A* E* F*) 

17 Sup. 1 - Economie analysis of forestry projects: case studies, 1979 (A* E*) 
17 Sup. 2 - Economie analysis of forestry projects: readings, 1980 (A*) 

18. Prix des produits forestiers 1960-1978, 1980 (A/E/F*) 

19. Pulping and paper-making properties of fast growing plantation wood species 
Vol. 1, 1980 (A*) 

Vol. 2, 1980 (A") 

20/1. Amélioration génétique des arbres forestiers, 1985 (A* E' F*) 

20/2. A guide to forest seed handiing, 1985 (A') 

21 . Influences exercées par les essences à croissance rapide sur les sols des régions tropicales humides de plaine, 

1982 (A* E* F*) 

22/1. Estimation des volumes et accroissement des peuplements forestiers, 1980 

Vol. 1 - Estimation des volumes (A* E* F*) 

22/2. Estimation des volumes et accroissement des peuplements forestiers, 1980 

Vol. 2 ■ Etude et prévision de la production (A* E* F*) 

23. Prix des produits forestiers 1961-1980, 1981 (A/E/F*) 

24. Gable logging Systems, 1981 (A*) 

25. Public forestry administration in Latin America, 1981 (A*) 

26. La foresterie et le développement rural, 1981 (A* E* F*) 

27. Manuel d'inventaire forestier, 1981 (A* F*) 

28. Small and médium sawmills in developing countries, 1981 (A* E') 

29. La demande et l'offre mondiales de produits forestiers 1990 et 2000, 1982 (A* E* F*) 

30. Les ressources forestières tropicales, 1982 (A/E/F*) 

31. Appropriate technology in forestry, 1982 (A*) 

32. Classification et définitions des produits forestiers, 1982 (A/Ar/E/F*) 

33. Exploitation des forêts de montagne, 1984 (A* E* F*) 

34. Espèces fruitières forestières, 1982 (A* E' F*) 

35. Forestry in China, 1982 (A*) 

36. Technologie fondamentale dans les opérations forestières, 1982 (A* E* F*) 

37. Conservation et mise en valeur des ressources forestières, 1982 (A* E* F') 

38. Prix des produits forestiers 1962-1981, 1982 (A/E/F*) 

39. Frame saw manual, 1982 (A*) 

40. Circuler saw manual, 1983 (A*) 

41. Techniques simples de carbonisation, 1983 (A* E* F*) 

42. Disponibilités de bois de feu dans les pays en développement, 1983 (A* Ar* E* F*) 

43. Systèmes de revenus forestiers dans les pays en développement; 1987 (A* E' F') 
44/1. Essences forestières, fruitières et alimentaires, 1984 (A* E* F*) 

44/2. Essences forestières, fruitières et alimentaires, 1986 (A* E* F*) 

44/3. Food and fruit-bearing forest species, 1986 (A* E*) 

45. Establlshing pulp and paper mills, 1983 (A*) 

46. Prix des produits forestiers 1963-1982, 1983 (A/E/F*) 

47. Enseignement technique forestier, 1989 (A* F*) 

48. Evaluation des terres en foresterie, 1988 (A* E* F') 

49. Le débardage de bœufs et de tracteurs agricoles, 1986 (A* E' F*) 

50. Transformations de la culture itinérante en Afrique, 1984 (A* F*) 

50/1. Changes in shifting cultivation in Africa — seven case-studies, 1985 (A*) 

51/1. Etudes sur les volumes et la productivité des peuplements forestiers tropicaux 

1. Formations forestières sèches, 1984 (F*) 

52/1. Cost estimating in sawmilling industries: guidelines, 1984 (A*) 

52/2. Field manual on cost estimation in sawmilling industries, 1985 (A*) 

53. Aménagement polyvalent intensif des forêts au Kerala (Inde), 1985 (A* F*) 

54. Planificaciôn del desarrollo forestal, 1985 (E*) 

55. Aménagement polyvalent intensif des forêts sous les tropiques, 1985 (A* E' F*) 

56. Breeding poplars for disease résistance, 1985 (A*) 

57. Coconut wood, 1985 (A' E')