Aménagement
des forêts
tropicales
humides
en Afrique
Lti âpp <Mât ion t #tTiployét> d>n> o>tt> pubH ot io n ot l< pféêsntitlon
ckw donnéM Qui y ligurint nliTiplknJfit éê Ut pÊtt éê lOfgBnlMlion
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potMon quant au ittrtut Juridiqua dM pays, twrttoira a . viat ou
zonaa, ou da laurs aua)rMa. ni quant au iraoé da laurt frontièrM ou
M-36
ISBN 92-5-202756-4
Tout droili réaarvit. Aucuna parUa da oati» publication na paut Atra raproduile,
miaaanmémoiradantunayatknadaraoiiafchabit)liographiquanitiana
qualqua fomta ou par qualqua prooédé qua oa ioit: éiacironiqua. mécaniqua, par
pliolôoopia ou aulra. tant autorisation piéalMbia. Adratsar una damanda motivéa
au Diraotour da la Division dss pubHoatlons. Organisaiion das Nations Unias pour
falimantaiion at rigricultura. Via dMa Tamna di CvacaNa. 00100 Roma. Itsiia, an
indiquant las passagas ou Mustralions an causa.
©FAO1990
111
AYAR PIOPOS
Une des responsabilités les plus importantes des forestiers tropicatuc
est celle d'aménager les forêts naturelles des tropiques humides en vue de
leur assurer un rendement soutenu. Les forêts tropicales disparaissent A un
rytbme élevé, qui était estimé en 1980 à plus de 11 millions d'hectares par
an. En fait dans certains pays, la disparition des forêts sempervirentes
productives est imminente; ailleurs, où l'accessibilité des forêts est
généralement plus difficile, le processus se déroule à un rythme plus lent.
L'aménagement des forêts tropicales à des fins productives est une
condition sine qua non de leur conservation. En dépit des nombreux rapports
sur cette question, dont un certain nombre fait état de programmes de travaux
correctement conçus et réalisés, la proportion des forêts tropicalfBs soumises
à un quelconque aménagement demeure extrêmement faible.
Cette étude considère l'aménagement d'une forêt naturelle dans son sens
restreint, c'est-à-dire: programmation de coupes régulières et contrôlées
associées à des mesures sylvicoles et conservatoires dans le but de maintenir,
voire d'améliorer, la valeur commerciale des peuplements sans préjudice de
celles destinées à régénérer les espèces autochtones. Dans un règlement
d'aménagement, les conséquences écologiques défavorables de l'exploitation des
forêts ou de tout autre type d'utilisation des ressources forestières peuvent
être minimisées et le bilan d.e l'ensemble des opérations doit être positif et
bénéfique tout en préservant les caractères écologiques essentiels. L'étude
prend aussi en compte l'aménagement des plantations dans la zone des forêts
tropicales humides.
Le succès de l'aménagement des forêts repose avant tout sur la volonté
politique d'instituer des programmes efficaces car l'enjeu est considérable:
la qualité de la vie de millions de personnes dépend d'une utilisation du sol
et des ressources naturelles à la fois dynamique et conservatrice; la
continuité dans le développement est indissolublement liée à la préservation
des écosystèmes et à l'aménagement des ressources génétiques. Les industries
forestières, de toutes tailles, en zone tropicale constituent un noyau dur
pour les économies nationales et aussi pour les communautés locales mais elles
ne pourront contribuer à leur développement que si elles peuvent être assurées
d'un approvisionnement constant en matière première.
La FAO persiste dans Sja volonté de donner la toute première priorité à
la conservation et k l'utilisation durable des ressources forestières
tropicales pour soutenir les programmes nationaux de développement;
l'Organisation est aussi déterminée à offrir aux techniciens et aux
responsables politiques les possibilités de se rencontrer pour discuter de la
nécessité d'aménager correctement ces ressources précieuses pour le bien-
être présent et futur de l'humanité.
r.P.LANLY
)irecteur,,
Division des Ressources Forestières
Département des Forêts de la FAO
IV
utilisant les informations réunies par M. S. Philip sur les
aménagements des forêts tropicale humides dans les pays anglophones africains
et notamment les études de P. Karani (1985) pour l'Ouganda et de P.R.O. Kio
et al. (1985) pour le Nigeria et d'autres pays, complétées par R. Catinot pour
les pays francophones africains» R. Willan a rédigé une sjmthèse des diverses
études réalisées pour être publiée et mise à la disposition des intéressés.
La PAO tient à remercier ces spécialistes pour l'excellente
qualité de leur travail.
TABLE DBS MAIIERBS
PBBMIEIE PAgriB Page
1. INTRODUCTION 1
2. INFLUENCE DES CONDITIONS NATURELLES ET CULTURELLES
SUR L'AMENAGEMENT FORESTIER 7
2.1 . Etendue et classification des forêts tropicales
humides en Afrique 7
2.2. Facteurs physiques, biologiques et écologiques 9
2.2.1. Considérations générales 9
2.2.2. Autres ressources et contraintes diverses 16
2.3. Facteurs sociaux 18
2.3.1. Facteurs politiques 18
2.3.2. Facteurs réglementaires 18
2.3.3. Besoins nationaux 20
2.3.4. Besoins locaux 22
2.3.5. Interactions avec l'agriculture 22
2.4. Facteurs économiques 23
2.4.1. Commerce du bois 23
2.4.2. Aspects financiers et budgétaires 24
3. DEVELOPPEMENTS RECENTS CONCERNANT LES PRINCIPAUX ELEMENTS
DE L'AMENAGEMENT FORESTIER 27
3.1. Aspects politiques 27
3.2. Inventaire forestier 28
3.3. Sylviculture 31
3.3.1. Généralités 31
3.3.2. Méthodes de régénération artificielle des forêts
tropicales humides 40
3.4. Exploitation 45
3.5. Industries de transformation 52
3.6. Institutions 56
3.7. Aspects économiques et socio-économiques 57
3.8. Recherches 59
VI
4. BESOINS ACTUELS D'AMENAGEMENT DES FORETS TROPICALES
HUMIDES EN AFRIQUE 62
4.1. Niveaux d'aménagement 62
4.2. Système d'aménagement au sens strict 63
4.2.1. Contrôle de l'accès aux forêts 63
4.2.2. Inventaires forestiers 63
4.2.3. Contrôle des exploitations 65
4.2.4. Sylviculture 70
4.3. Système d'aménagement au sens large 77
4.3.1. Conditions d'application 77
4.3.2. Pression sur les terres 78
4.3.3. Commerce international et marché local 79
4.3.4. Industries forestières 80
4.3.5. Recherches 82
4.3.6. Association de l'exploitation à la sylviculture 83
4.3.7. Ressources autres que le bois 87
4.3.8. Motivations 89
PgnnEJg PABTIE
ETUDE DE CAS n* 1 : Analyse des sytèmes d'aménagement des forêts
tropicales humides en Ouganda. 91
ETUDE DE CAS n* 2 : Analyse des progrès des systèmes d'aménagement
des forêts tropicales humides au Nigeria. 115
ETUDE DE CAS n* 3 : Evolution des forêts tropicales humides
ivoiriennes à la suite des traitements
sylvicoles et conséquences sur leur
aménagement . 1 46
ANNEXE n* 1 : Méthode recommandée pour les inventaires préalables
aux aménagements. 169
ANNEXE n* 2 : Bibliographie. 170
vil
1. Pays africains possédant des forêts tropicales humides. 7
2. Classification des forêts tropicales humides africaines. 10
3. Surfaces terrières de trois types de forêts en Côte d* Ivoire. 15
4. Valeur en milliers de naira de placages ^ des contreplaqués et
des panneaux de particules importés au Nigeria de 1963 à 1980. 25
5. Inventaires forestiers réalisés dans six états francophones
africains. 29
6. Productivité des espèces africaines en plantations artificielles. 33
7. Planification des travaux de plantation de Terminalia superba et
d' Aucoumea Klaineana . 34
8. Surfaces estimées des plantations dans six états francophones
réparties en fonction des objectifs de production. 35
9. Liste des opérations caractérisant les diverses méthodes de
plantations forestières en pleine lumière. 43
10. Volumes sur pied exploitables et volumes exploités par groupes
d'essences. 47
1 1 . Volumes exploités et volumes exportés dans quatre pays africains
en 1983 (en milliers de mètres cubes). 48
12. Productivité de la main d*oeuvre au Gabon (terrain peu accidenté). 51
13. Productivité de la main d'oeuvre en Côte d'Ivoire, Cameroun et
République centrafricaine (terrain généralement peu accidenté). 52
14. Quantités récoltées et transformées localement dans quatre pays
africains francophones en 1983 (unité de 1 000 m^ de bois rond). 54
15. Niveau des investissements dans les usines de tranformation
du bois. 81
FIGDRKS
1. Représentation diagrammatique d'un aménagement. 5
2. Les diverses options de l'aménagement des forêts tropicales
hiunides. 75
3. Eléments de décision pour l'aménagement des forêts tropicales
humides 76
GBAPITEB I
1 - INTRODUCTION
1. Un aménagement efficace des forêts tropicales humides est l'un des moyens
de prévenir leur disparition. Ce projet requiert, cependant, une bonne
connaissance des pratiques existantes. Le Département des Forêts de la FAO a
commandé plusieurs études sur l'aménagement des forêts tropicales (Etude
forestière de la FAO n* 53 sur l'Aménagement intensif polyvalent au Kérala,
Inde, et n* 55 sur l'Aménagement intensif polyvalent sous les tropiques avec
une analyse de cas étudiés en Inde, Afrique, Amérique latine et Caraïbes)
ainsi qu'une revue des divers systèmes d'aménagement forestier en Asie
tropicale (FAO 1988 b) à partir de cas étudiés en Inde, Halaisie et
Philippines pour un objectif de production bois d'oeuvre. La présente étude
concerne l'aménagement des forêts tropicales humides en Afrique.
2. Cette étude concerne principalement les forêts tropicales humides de
plaine ; elle a cependant été étendue aux forêts semi-décidues de moyenne
montagne de l'Ouganda. Mention est aussi faite des forêts denses de montagne
du Kenya et de Tanzanie.
3. L'aménagement forestier peut être défini de diverses façons. Le manuel
édité en France par l'Office national des forêts, cité par Jean Vannière
(1975), en donne la définition suivante: "Aménager une forêt c'est décider ce
que l'on veut en faire, compte tenu de ce que l'on peut y faire, et en
déduire ce que l'on doit y faire". Philip (1986 a) proposa une définition
valable aussi pour n'importe quelle autre entreprise à savoir : "Aménager
c'est affecter et répartir des ressources limitées pour atteindre des
objectifs bien définis". Ces deux définitions soulignent la nécessité de
parvenir à un compromis entre ce qu'il est souhaitable et ce qu'il est
possible de faire ; ceci requiert que les objectifs soient clairement définis
et qu'ils soient réalistes ; ceci suppose aussi qu'ils puissent être modifiés
en fonction de contraintes biologiques, économiques ou politiques ; ceci
implique enfin qu'il soit fait le meilleur usage de toutes les ressources
disponibles.
4. Un aménagement est aussi conçu comme l'application pratique au jour le
jour de diverses techniques sur des surfaces boisées étendues . En ce sens, une
parcelle parfaitement "aménagée" de 5 hectares, régulièrement inspectée par
un chercheur expérimenté, ne constitue pas un exemple d' "aménagement
forestier". Les prescriptions de l'aménagement doivent être codifiées et
facilement applicables par des techniciens travaillant indépendamment les uns
des autres en des lieux séparés. Ainsi qu'il a été rappelé dans
l'Avant-Propos, un aménagement forestier est un programme de coupes régulières
et contrôlées associées à des mesures sylvicoles et conservatoires dans le
but de maintenir, voire d'améliorer, la valeur commerciale des
peuplements, sans préjudice des opérations destinées à régénérer les espèces
autochtones.
5. En raison de la grande longévité de la plupart des essences des forêts
tropicales humides, les opérations d'aménagement doivent être programmées
longtemps à l'avance. Ainsi tout aménagement digne de ce nom doit être rédigé
sous forme écrite et inclure en détail le programme des travaux, l'affectation
des ressources, et la liste des produits ; il doit prévoir aussi la
possibilité de comparer les réalisations effectives aux prévisions, et, en cas
de nécessité, permettre toutes modifications dictées par les circonstances.
Là où un produit donné a déjà pu être obtenu plusieurs fois à la suite d'une
ou plusieurs révolutions, comme ce peut être le cas avec des plantations
d'eucalyptus ou des plantations de conifères au Kenya, il est alors possible
de parler d'un aménagement "éprouvé" ; les travaux, les rendements, les coûts
et les revenus des nouvelles plantations peuvent être alors estimés sur des
bases concrètes. Mais dans le cas de forêts naturelles pour lesquelles la
durée de la révolution devrait se situer entre 60 et 90 ans, aucun
aménagement "éprouvé" n'existe actuellement. Dans le cas de certaines
plantations, comme celles d' Aucoumea ou de Terminalia par exemple,
l'aménagement peut s'appuyer sur des données plus concrètes car un grand
nombre d'entre elles ont déjà atteint un âge de 35 à 45 ans gui correspond
sensiblement à la durée de la révolution escomptée. Comme on le verra,
certains aménagements ont été conçus pour satisfaire des besoins sociaux et
économiques; ces derniers étant appelés à changer rapidement, comme ce fut
souvent le cas en Afrique au cours des années récentes, les aménagements
doivent pouvoir être amendés rapidement afin qu'ils puissent conserver leur
efficacité.
6. La présente étude concerne tous les systèmes d'aménagement permettant la
pérennité des forêts tropicales humides dans les stations qui leur conviennent
avec des objectifs forestiers. Elle fait aussi une place aux aménagements des
forêts naturelles mixtes régénérées naturellement, avec éventuellement recours
à des plantations d'enrichissement en complément de la régénération naturelle,
ainsi qu'aux aménagements de conversion en forêts monospécifiques équiennes.
La substitution d'une production agricole annuelle ou pérenne (riziculture,
maïsiculture, oléiculture, ou hévéaculture) à la production forestière, pour
légitime qu'elle puisse être dans certaines conditions, n'entre pas dans
le cadre de cette étude.
7. L'enseignement classique de l'aménagement forestier mettait
principalement l'accent sur la forêt considérée comme un écosystème (Philip,
1986 a). La forêt était décrite de la façon suivante :
(1) situation ;
(2) régime de propriété ;
(3) altitude, climat, topographie ;
(4) géologie et sol ;
(5) description, histoire et conditions écolologiques de la forêt:
(a) inventaire du matériel sur pied ;
(b) calcul du taux d'accroissement ;
(c) produits, demande, marché, prix, etc.
8. Le plan de gestion contenait ensuite des prescriptions relatives à la
sylviculture, à la durée de la révolution, à l'intensité des coupes, et au
niveau de production escompté. Il instituait un système destiné soit à
vérifier le respect de ces prescriptions soit à déclancher une révision
de l'aménagement. L'accent était mis sur le concept de rendement soutenu
et sur la nécessité d'harmoniser le prélèvement avec la production.
9. Il s'agissait là d'une méthode admirable à de nombreux égards car la
situation écologique de chaque forêt était soigneusement analysée et sa
fonction, replacée dans le cadre de l'ensemble du domaine forestier national,
était appréciée en relation avec la politique du pays. Des développements
récents de la théorie de l'aménagement rendent certains changements
nécessaires, notamment en ce qui concerne les objectifs des aménagements.
10. Les forestiers ont reconnu que la durée de la vie de leurs cultures
dépasse celle de l'homme. Mais de nos jours deux nouveaux facteurs sont venus
infléchir les orientations hoisies par les aménagistes ; ce sont :
(1 ) la croissance exponentielle de nombreuses populations humaines;
(2) le rythme acccéléré des changements technologiques affectant
non seulement le domaine de l'exploitation et de la
transformation du bois mais aussi d'une façon générale
n'importe quel secteur d'activité depuis l'industrie
agro-alimentaire jusqu'au transport et aux communications.
11. Ces deux aspects de l'aménagement de l'environnement s'imposent à
l'aménagiste de différentes manières. L'accroissement de la population exerce
une énorme pression sur les terres dans les pays en voie de développement qui
se traduit par une demande accrue pour les biens de consommation essentiels
que sont la nourriture et le bois de chauffage. Les forêts et les terres
agricoles seront certainement incapables de supporter cette pression
grandissante et de fournir les produits de base ainsi que les services si des
moyens efficaces ne sont pas mis en oeuvre pour stabiliter les populations
humaines. Les changements technologiques impliquent pour leur part des
modifications quantitatives et qualitatives de la demande, principalement
orientée vers des produits plus sophistiqués ou mieux manufacturés. C'est
ainsi que :
(1) la demande de perches pour la construction peut-être remplacée
par une demande de bois scié ;
(2) la demande de petits bois ronds pour le chauffage peut céder
la place à une demande de charbon de bois;
(3) les besoins de récréation exprimés par les habitants des villes
peuvent se substituer aux besoins de produits traditionnels
extraits delà forêt et utilisés par les communautés rurales.
Toutefois le principal changement affectant l'utilisation des forêts
résulte de l'augmentation spectaculaire et sans cesse grandissante de la
demande pour toutes sortes de produits matériels ou immatériels, tant
traditionnels que modernes, susceptibles d'être retirés des forêts.
12. Ces changements ont permis une clarification du rôle des forêts et celui
des forestiers. Dans les premiers temps de l'ère coloniale, les forestiers,
souvent appelés avec justesse "conservateurs des forêts", étaient des
technocrates bien formés qui n'étaient pas directement responsables devant le
peuple. Dans de telles circonstances, la technocratie était souvent incapable
d'identifier les besoins réels des populations installées à côté des forêts
et d'y faire face. La tendance était alors de se préoccuper des besoins plus
étendus de la nation et de ceux des générations futures.
13. Cette dualité dans les responsabilités était bien assimilée et se
traduisait par la distinction entre des administrations forestières nationales
et locales. Cependant il y avait souvent coïncidence entre les secteurs k
forte population et les zones occupées par des forêts productives. Il en
résulta bientôt une aggravation des situations conflictuelles entre les
intérêts des populations locales désireuses de satisfaire leurs besoins
immédiats pour la nourriture et le bois de chauffage et les intérêts à long
terme de la nation pour une production forestière soutenue.
14. L'accroisssement de la demande de produits forestiers mieux définis,
principalement du bois de trituration destiné à l'industrie du papier ou des
panneaux, a coïncidé avec celui de la demande de bois de chauffage et de
nourriture. Ainsi les maigres disponibilités en terres fertiles et en forêts
productives sont devenues relativement plus maigres encore et la pression sur
les bordures des forêts a augmenté pour la satisfaction des besoins immédiats.
15. En conséquence, les conditions d'élaboration d'un aménagement moderne
des forêts tropicales sont dominées par la satisfaction des besoins des
populations. Bien sûr une totale connaissance des facteurs physiques et
écologiques est aussi indispensable aujourd'hui qu'hier mais aucune étude
d'aménagement ne doit exclure une analyse détaillée des éléments sociaux et
politiques aussi bien à l'échelle nationale que locale. Tout projet qui ne lui
consacrerait pas une place suffisante serait sans portée pratique. Conjecturer
sur l'évolution future de ces derniers éléments est devenue une démarche
nécessaire mais aussi difficile et risquée.
16. La conception d'un aménagement forestier peut être donc envisagée sous
les quatre rubriques suivantes :
(1) facteurs physiques, biologiques, et écologiques ;
(2) facteurs sociaux, y compris les aspects politiques et
culturels, et aussi les besoins locaux et nationaux à
satisfaire ;
(3) facteurs économiques, y compris les contraintes financières et
budgétaires, les taux de rentabilité, les coûts et les prix,
le commerce et le marché ;
(4) facteurs technologiques et leurs modifications probables dans
les domaines de la sylviculture, de l'exploitation, et de la
transformation du bois.
Il doit en être fait une synthèse au moment de la rédaction du règlement
d'exploitation. De la même façon il faut prendre en considération tous les
faits utiles mis en évidence dans une revue des systèmes employés dans le
passé.
17. C'est pourquoi un aménagement forestier bien conçu peut être envisagé
comme un outil de travail efficace susceptible d'une utilisation plusieurs
fois répétée sans modifications et permettant au forestier de réunir et de
stocker des informations ; il est orienté sur des objectifs définis, limité
par des contraintes, et alimenté par de nouvelles informations. Ces dernières
doivent être le reflet, sans distorsion, des modifications du milieu ambiant
aussi bien physique qu'humain. Un tel système d'aménagement est illustré
par la figure 1 .
FIGDIB n"" 1
Représentation diagramroa tique d'un aménagement
INFORMATION DE BASE
. Facteurs physiques, biologiques et écologiques
(politiques
(réglementataires
(culturels
(besoins nationaux
(demandes locales
(financiers
(budgétaires
(coûts
(revenus
(commerce et marché
. Facteurs sociaux
. Facteurs économiques
(sylviculture
Facteurs technologiques (exploitation
(transformation du bois
(autres (agriculture
etc..)
AMENAGEMENT PROPREMENT DIT
. Politique forestière : objectifs
(analyse des facteurs'
(ambiants
— >! . Planification (s)mthèse des options
(choix des options
. Programmation
. Budgétisation
. Contrôle
18. Parmi les quatre rubriques énumérées & l'alinéa 16, les trois premières
(facteurs physiques, biologiques et écologiques ; facteurs sociaux ; facteurs
économiques) dépassent largement l'autorité de l'aménagiste. Elles sont
traitées au chapitre 2 intitulé "Influence des conditions naturelles et
culturelles sur l'aménagement forestier". La quatrième (facteurs
technologiques) comprend des matières telles que l'inventaire, l'exploitation
et la sylviculture. Celles-ci sont de la responsabilité de l'aménagiste car
elles constituent les outils de l'aménagement forestier. Elles sont traitées
au chapitre 3 intitulé "Développements récents concernant les principaux
éléments de l'aménagement forestier". La synthèse générale de la première
partie est complétée par un chapitre 4 intitulé "Besoins actuels d'aménagement
des forêts tropicales humides en Afrique".
19. La synthèse générale de la première partie est complétée par l'étude de
trois cas. Le premier est une analyse du développement des aménagements des
forêts tropicales humides de l'Ouganda. Le second concerne les forêts humides
du Nigeria. Le troisième présente certaines possibilités d'aménagement telles
qu'elles découlent d'études sur l'évolution des forêts denses de Côte d'Ivoire
à la suite de divers traitements sylvicoles.
CHAPITRE II
2. INFLUENCE DES CONDITIONS NATURELLES ET CULTURELLES SUR L'AMENAGEMENT
FORESTIER
2,1 . Etendue et classification des forêts tropicales humides en Afrique
20. Les superficies totales, les surfaces occupées par des forêts tropicales
humides, les populations totales, et les densités de population au Km^ des
pays africains où ces forêts occupent des surfaces importantes sont données
dans le tableau n* 1 .
TABLEAU n* 1
Pays africains possédant des forêts tropicales humides
Pays
Surfaces
Populations :
(situation en 1980 estimée):
Totales :
(Km^)
FTH
(Km^)
Totales :
(en millions);
•
Densité :
(par Km*) :
: (Afrique occidentale):
: Cjuneroun
: Côte d'Ivoire
: Gabon
: Ghana
: Libéria
: Nigeria
: Sierra Leone
475 442 'i
322 463 :
267 670 !
238 538 !
96 320 !
923 768 •
73 326 ,
179 200
44 580
250 000
17 180
20 000
59 500
7 400
: 7,1
8,0
: 0,5
! 11,4
: 2,0
85,0
: 3,4
15 :
25 :
2 :
48 :
21 :
92 :
46 :
! (Afrique Centrale)
: Rép. Centrafricaine
: Rép. dém. du Congo
: Zaire
622 984
342 000
: 2 344 885
35 900
213 400
. 1 057 500
: 2,0
: 1,5
: 27,9
: 3 :
4 :
: 12 :
: (Afrique orientale)
: Kenya
: Ouganda
: Tanzanie
■ 580 367
: 939 702
: 196 840
11 050*
14 400
7 650**
: 15,7
18,0
13,2
! 27 :
: 19 :
! 67 :
Sources : FAO UNEP, 1981
(*) : y compris les bambusaies et les plantations de conifères
(**) : y compris les bambusaies
FTH : Forêts tropicales humides
8
21. Une excellente description botanique des fortts africaines est donnée
dans **The Végétation of Africa'* (White» 1983) publié par l'UNESCO. Les
principaux tjrpes des forêts tropicales humides sont brièvement décrits aux
paragraphes 29 à 43. Toutefois , d'un point de vue économique, il est générale-
ment admis que le type d'exploitation de la forêt a un effet prédominant sur
la structure future et les travaux d'entretien des peuplements forestiers
(Catinot» 1986 , Philip, 1986 a). Il en résulte que deux facteurs importants
doivent être pris en considération pour caractériser les forêts en vue de leur
aménagement ; ce sont d'une part leur distance par rapport à un port qui
influe sur les ventes de bois à l'exportation, et d'autre part l'intensité du
commerce local susceptible d'absorber les bois secondaires. Ce dernier facteur
est associé avec la densité de la population locale ; là où elle est élevée,
les besoins de bois sont importants mais la pression du défrichement exercée
sur les forêts est elle aussi importante et il peut en résulter une
demande accrue en faveur de la modification de l'utilisation des
terres. Un troisième élément d'appréciation est fourni par la forêt
elle-même, et particulièrement par :
(1) son volume de bois d'essences coinnercialisable sur le marché
international, c'est-à-dire de bois de grande valeur ;
(2) son degré de dégradation soit du fait de l'agriculture
itinérante, soit du fait de l'exploitation ;
(3) son statut au point de vue écologique.
22. Catinot (1986) souligne les caractères distinctifs entre les forêts de
l'Afrique occidentale (Côte d'Ivoire, Ghana et Nigeria) et celles de l'Afrique
Centrale (Congo et Zaïre) en ce qui concerne leur accessibilité et la densité
de la population. Pour leur plus grande part les premières ont déjà été
exploitées, épuisées ou défrichées. Des surfaces importantes de forêts ont
été en effet déjà exploitées pour la fourniture de bois d'oeuvre. La proximité
relative des ports joint à un accroissement significatif de la demande des
marchés locaux a permis la commercialisation des bois nobles et aussi d'un
large éventail de bois d'essences secondaires. L'amélioration des rendements
à l'utilisation peut et doit conduire à des aménagements plus efficaces. D'un
autre côté, une forte densité de population (de l'ordre de 92 âmes/km^ au
Nigeria, cf. tableau n* 1 ) , dont il résulte un accroissement de la demande
locale du bois et un encouragement à une meilleure utilisation, peut aussi
conduire à des pressions d'ordre politique en vue d'une destruction
radicale des écosystèmes forestiers et d'une transformation des forêts en
terres de cultures ou autres.
23. En revanche dans la plupart des pays d'Afrique centrale, il subsiste
encore de vastes surfaces de forêts qui n'ont pas été exploitées
commercialement ; la population y est faible (moins de 5 âmes/km^ par exemple
au Congo et au Gabon) tandis que la distance aux ports peut être considérable.
La pression de défrichement y est donc faible. De plus la demande limitée de
bois peut conduire à un type d'exploitation sélective, à une sorte d'écrêmage
d'un petit nombre de tiges de valeur par hectare. Une fois certaines espèces
épuisées, il devient difficile de les régénérer ou de les réintroduire aussi
bien techniquement qu'écologiquement.
24. Des différences existent même à l'intérieur des pays. Des exemples sont
donnés de façon claire dans le cas n* 1 : les problèmes posés par
l'aménagement des forêts bordant les lacs de l'Ouganda, dans une région où la
densité de population est élevée, sont différents de ceux posés par
1 * aménagement des forêts de l'Ouganda occidental où la densité de population
est faible mais où celle des éléphants est élevée. Une classification des
forêts tropicales humides africaines fondée sur des critères de milieu,
d'accessibilité et de densité de population est présentée de façon résumée
dans le tableau n* 2.
2.2 Facteurs physiques, biologiques et écologiques
2.2.1. Considérations générales
25. Les forêts tropicales humides africaines sont tjrpiguement distribuées
à de faibles altitudes. En Afrique occidentale, ces forêts s'étendent près des
côtes au dessous d'une altitude voisine de 500 m où les précipitations sont
les plus élevées. Elle se fondent vers l'est à travers le bassin du Congo avec
les forêts des confins occidentaux de l'Ouganda jusqu'à une altitude de près
de 1 000 mètres.
26. Les climats varient du type équatorial avec une pluviosité moyenne
annuelle de plus 1 500 mm au type tropical avec une (ou deux) courte saison
sèche. Il peut arriver certaines années que ces dernières soient suffisamment
importantes pour causer un déséquilibre hydrique au niveau du sol se tra~
duisant par un certain dépérissement du sous-étage.
27. La teneur en éléments minéraux tend à varier avec la durée de la saison
sèche. En raison de la répartition régulière des pluies équatoriales, le
mouvement descendant de l'eau dans le sol est continu et la tendance au
lessivage est élevée ; de nombreux sols sont pauvres en éléments minéraux,
comme par exemple les sables du Bénin au Nigeria. Là où les précipitations
sont interrompues pendant une saison sèche, les sols kaoliniques, rubéfiés,
pauvres en bases sont communs. Hall (1977) a montré une certaine corrélation
entre la répartition des espèces et la nature de la roche mère. Dans ces
secteurs, les sols manifestent une tendance à une certaine faiblesse de la
capacité d'échange et à un lessivage intense.
28. Les sols de ces forêts africaines présentent une variabilité inférieure
à celle des sols de l'Extrême-Orient (Whitmore, 1975) ; il manque l'ensemble
des types de sols dérivés des calcaires et des roches mères basiques. Il
existe près des côtes des sols salés ou à nappe phréatique saumâtre ; ils sont
colonisés par des mangroves. Des forêts marécageuses existent dans les vallées
le long des rivières à très faible pente ou dans les bas-fonds ; là où une
certaine saison sèche existe, la distribution des essences et'des associations
végétales est conditionnée par la topographie et le drainage.
29. Les principaux types de forêts tropicales humides africaines sont les
suivantes :
(1) forêt sempervirente ;
(2) forêt semi-décidue ;
(3) forêt marécageuse permanente ;
(4) forêt marécageuse temporaire ;
(5) forêt riparienne ;
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(6) ilôt forestier en savane ;
(7) forêt montagnarde humide.
30. Les forêts sempervirentes et les forêts semi-décidues sont les deux
tjrpes des plus répandus. Leur physionomie a été décrite par de nombreux
auteurs (Aubréville, 1938 ; Eggeling, 1947 ; Lanly, 1966 ; Longman et Janik,
1974 ; Hall, 1977). Leurs caractéristiques les plus importantes pour leur
aménagement sont les suivantes :
(1) un nombre élevé d'espèces par unité de surface ;
(2) de nombreuses strates de végétation, chaque strate étant
constituée d'espèces caractéristiques dont le développement en
hauteur est limité et aussi d'espèces de strates supérieures
en cours de croissance, avec une strate dominante discontinue.
(3) une très belle forme de la plupart des troncs de la strate
dominante qui peuvent atteindre une hauteur totale de 50 m et
plus ;
(4) la fréquence des contreforts ;
(5) la présence des figuiers étrangleurs (Ficus sp.) et des
épiphytes;
(6) l'abondance des lianes herbacées ou ligneuses, principalement
dans les forêts dégradés ;
(7) une grande complexité de la distribution des espèces
constituant une mosaïque d'associations végétales qui se
surimpose à une répartition plus grossière dérivée de la
topographie et du drainage ;
31. Les forêts marécageuses permanentes ou temporaires sont beaucoup moins
variées. Elles ont généralement une structure plus ouvertes et moins
stratifiée ; leur volume sur pied est plus faible. Plusieurs espèces
caractéristiques de ces forêts présentent des adaptations leur permettant de
supporter le défaut d'aération du sol, par exemple les pneumatophores de
Nauclea diderrichii .
32. Les forêts montagnardes humides ont aussi une structure un peu plus
simple. La hauteur moyenne des arbres est plus faible que celle des arbres des
forêts de plaine ; la strate dominante est continue.
33. Dans les régions ayant une saison sèche bien tranchée, le caractère
caducifolié des forêts est évident car la chute des feuilles des diverses
essences tend à coïncider dans le temps. En saison sèche, la partie desséchée
de la couverture morte est apparente, craquante sous les pieds ; des inflores-
cences de petites plantes herbacées apparaissent ça et là, comme Haemanthus
et diverses espèces d' Acanthacées et de Primulacées .
34. L'écologie de ces forêts est mal comprise ; ce fait plutôt surprenant
est sans doute dû à leur variabilité aussi bien dans l'espace que dans le
temps. En Afrique occidentale principalement, où l'histoire de leur occupation
par l'homme est plus longue et où la densité de la population est plus élevée,
ces types de forêts forment une mosaïque résultant des défrichements partiels
12
pour l'installation de cultures teaqporaires associées à l'introduction
d'arbres fruitiers conme le colatier. Il en résulte des difficultés pour
déterminer leur stade d'évolution et leur âge.
35. Les forêts situées en bordure du lac Victoria en Ouganda se présentent
d'une façon différente ; la population relativement dense qui y résidait fut
forcée de quitter les lieux en raison d'une épidémie de maladie du sonneil qui
affecta cette zone à la fin du XIX* siècle. Certaines forêts qui occupent
aujourd'hui des îles sont constituées de peuplements équiennes datant de cette
époque.
36. Des observations sur l'écologie des forêts tropicales humides du Budongo
en Ouganda occidental ont été faites par M.T. Dawe en 1905. Au cours de ce
siècle, les conditions climatiques ont permis l'extension de la forêt dans les
prairies à Pennisteum purpureum qui s'étaient installées sur les terrains de
culture abandonnés par la population à la fin du XIX* siècle à la suite de la
traite des escalves, d'épidémies de variole, et aussi des guerres tribales
pour la succession du Royaume de Bunyoro. Les divers stades de réinstallation
de la forêt sur les franges de ce vaste bloc de près de 500 km^ sont beaucoup
plus faciles à observer ici que n'importe où ailleurs.
37. Une généralisation des observations faites en Afrique occidentale dans
la zone des savanes et en Ouganda dans la zone des forêts permet de proposer
une série de végétation du type suivant :
(1) savane sensible aux feux de brousse ;
(2) fourré constitué de pyrophytes ;
(3) forêt secondaire ;
(4) forêt mélangée avec arbres dominants ;
(5) forêt constituée d'associations stables d'espèces d'ombre aux
houppiers denses.
Toutefois l'évolution progressive de cette série est contamment troublée
soit du fait de l'homme, soit du fait d'éléments naturels comme la mort de
certains arbres ou des chablis causés par le vent lorsque celui-ci dépasse
quelques 100 km/h. Ce fut notamment le cas en 1962 où une tempête détruisit
plusieurs kilomètres carrés de forêts mélangées sur les rives septentrionales
du lac Victoria. De telles trouées sopt immédiatement colonisées par les
espèces pionnières et des espèces caractéristiques des premiers termes de la
série de végétion. Il en résulte dans l'espace une véritable mosaïque
d'associations et de types forestiers.
38. Dans les zones où la forêt est au contact avec la savane, les feux de
brousse affectent les peuplements de bordure. Parfois les lianes herbacées
s'enracinent sous les buissons et recouvrent les touffes de graminées
contribuant ainsi à la constitution d'une ceinture pare-feu qui protège les
essences ligneuses. Ainsi protégées des espèces appartenant aux genres
Acalpypha , Alchornea, Acanthus , Maesa , Harungana , etc., parviennent à se
développer et à reconstituer l'état boisé.
13
39. La fortt secondaire gui se réinstalle est caractérisée par la présence
d'espèces arborées qui se distinguent par les caractères suivants :
(1) besoins de lumière importants et grande rapidité de croissance
juvénile ;
(2) au stade juvénile, forte dominance apicale inhibant le
développement des rameaux et des branches secondaires;
(3) au stade adulte, très fort développement du houppier ;
(4) dissémination des graines au moyen de divers systèmes très
efficaces;
(5) bois de faible densité facile à travailler ; Les espèces
possédant plusieurs des caractères ci~dessus sont les
suivantes: Triplochiton scleroxylon , Terminalia sp., Cordia
^P'» Albizzia sp., Croton sp., Olea welwitschii , Maesopsis
Eminii , etc., et aux altitudes plus élevées, Catha edulis .
40. Le comportement des espèces pionnières dont la longévité est beaucoup
plus faible est différent ; elles s'installent immédiatement dans les
clairières ouvertes en forêt. Les espèces les plus typiques sont Tréma
orientalis , Macaranga sp. et Musanga cecropioides , le Parasolier.
41. Les forêts tropicales humides africaines (sempervirentes et
semi-décidues) se caractérisent par une structure multistratifiée avec un
volume sur pied important, partiellement en raison de la présence de nombreux
arbres dominants atteignant de fortes tailles. On y trouve de nombreuses
essences appartenant à la famille des Méliacées qui fournissent d'excellents
bois d'ébénisterie comparables aux acajous du genre Swietenia produits dans
les forêts de l'Amérique centrale ; les principaux genres africains sont
Khaya , Ent randrophragma , Lovoa , Guarea , Carapa , etc. Ces forêts sont aussi
caractérisées par une grande richesse floristique ; il est possible de
dénombrer plus de 50 espèces différentes dans les diverses strates sur une
centaine d'hectares, bien que certaines d'entre elles soient relativement
rares.
42. En Ouganda et dans l'Ouest du Congo (par exemple dans la forêt d'Ituri)
la forêt sempervirente paraît être remplacée par des associations moins riches
au point de vue floristique où dominent des Cynometra , Celtis , Strychnos , etc.
Ces essences sont présentes dans des consociations relativement étendues ou
dans des associations mixtes. Elles sont caractérisées par l'abondance de la
régénération naturelle d'une même espèce dans les strates inférieures.
43. Le rôle et l'écologie des lianes ligneuses dans les forêts de l'Afrique
occidentale ont été étudié par Jones (1950). L'une des différences
essentielles entre les forêts de l'Afrique occidentale et celles de l'Afrique
orientale est l'influence et la densité des lianes dans la composition et la
dynamique des peuplements. Dans les deux régions elles constituent un
composant commun, voire universel, des forêts ; de nombreux semis existent
dans la couverture vivante dans un état apparent de dormance attendant une
augmentation de l'intensité de la lumière au niveau du sol pour s'élancer vers
les hauteurs. Mais en Afrique orientale elles ne paraissent pas constituer une
gftne au développement du couvert bien qu'elles forment des sortes de fourreaux
sur les tiges préexistantes dans les clairières ; en revanche, en Afrique
occidentale, les lianes persistent et font sérieusement obstacle à la
croissance des jeunes arbres. Cette différence de comportement pourrait être
due a :
14
(1) l'anciexmeté des interventions humaines et des défrichements
partiels qui, en Afrique occidentale, ont notablement fragmenté
le couvert forestier et préparé l'invasion des lianes ;
(2) une croissance beaucoup plus active des espèces pionnières en
Afrique orientale qui contribuent à refermer le couvert très
près du niveau du sol ; celui-ci est graduellement remonté avec
la disparition naturelle des essences secondaires pionnières
et leur remplacement par des essences d* ombre plus longévives.
44. Catinot (1986) a comparé les forêts tropicales humides africaines avec
celles du Sud-Est asiatique et avec les forêts tempérées. La plupart de ces
dernières sont plus simples aussi bien d*un point de vue structural que
floristique ; en Europe, l'aménagement et la sélection pendant plusieurs
siècles ont encore accru l'uniformité des peuplements forestiers et l'utili-
sation d'un nombre relativement faible d'essences a contribué à la stabilité
du marché. Des méthodes de régénération ont fait leurs preuves : par exemple
le maintien sur pied de quelques porte-graines pour l'ensemencement des coupes
après leur exploitation est accepté par les marchands de bois comme étant la
partie essentielle de l'aménagement des futaies.
45. Les forêts du Sud-Est asiatique sont beaucoup plus riches au point de
vue floristique que les forêts africaines ; les Dipterocarpacées prédominent.
Pendant de nombreuses années des systèmes de sylviculure et d'aménagement ont
été conçus, mis en pratique et améliorés (FAO, 1988). La similitude des
qualités du bois chez les Dipterocarpacées a rendu possible l'extraction de
50 à 150 mVha en un seul passage en coupe. Grâce à des techniques
d'exploitation et de sylviculture soigneuses, il en est résulté une
régénération naturelle satisfaisante dans certains secteurs. Dans d'autres
au contraire une certaine dégradation des forêts s'en est suivie.
46. Les forêts tropicales humides africaines sont beaucoup moins riches en
essences coramercialisables. Bien que certaines d'entre elles, principalement
des Méliacées, aient conquis une bonne réputation sur le marché international
du bois, elles ne sont présentes dans les forêts que de façon disséminée ;
elles sont surpassées en nombre par une quantité d'essences secondaires
n'intéressant que le marché local ou la transformation en bois de chauffage.
La grande variabilité des qualités du bois rend difficile le groupement des
espèces en un petit nombre de catégories dont les usages pourraient être
définis comme cela a été fait pour les Dipterocarpacées. En conséquence les
bonnes essences furent exploitées et exportées de façon distincte car, pendant
la première moitié de ce siècle, la demande ne portait que sur un petit nombre
d'entre elles. En Côte d'Ivoire, Khaya ivorensis fut la seule essence exportée
de 1905 jusqu'aux années 1920 ; au Gabon ce fut l'Okoumé, ( Aucoumea klaineana )
et au Congo Terminal ia superba jusqu'aux années 1950. En raison de la rareté
des essences coramercialisables, le volume exploitable était de l'ordre de 5
à 35 mVha (Catinot, 1986 ; Lowe, 1984). La modicité de l'intensité de l'ex-
ploitation s'est traduite par une ouverture insuffisante du couvert pour
permettre aux jeunes tiges de profiter d'une lumière convenable pour assurer
leur croissance: or les essences coramercialisables sont généralement des
essences de lumière.
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47. Bien que le contraste entre les forêts tropicales humides africaines et
les autres types de forêts soit généralement bien admis , il ne doit pas
masquer les grandes variations existantes à 1* intérieur de forêts, variations
qui affectent en détail leur aménagement. On ne connaît pas assez
l*autécologie des diverses espèces ni la synécologie des divers types de
forêts et ce défaut de connaissance rend délicate toute distinction entre les
diverses associations. Malgré tout deux sortes de généralisation peuvent être
faites. En premier lieu les forêts semi-décidues seraient quelque peu plus
riches en essences conmercialisables que les forêts sempervirentes ; c'est
ce que montre une comparaison faite par Catinot (1986) entre trois types de
forêts de Côte d'Ivoire et présentée dans le tableau n* 3. (La forêt d'Irobo
est sempervirente ; celle de La Téné, située à 200 Km au nord-ouest d'Irobo,
est semi-décidue ; celle de Mopri, située à 50 Km au nord-ouest d'Irobo, est
une forêt de transition vers la savane). En second lieu, k l'intérieur d'une
région donnée, le climax forestier serait floristiquement plus pauvre que les
stades arborés transitoires de la série de végétation et les espèces
climaciques seraient moins intéressantes du point de vue de leur utilisation
industrielle. Par exemple dans la forêt de Budongo en Ouganda, l'espèce
principale du climax forestier, Cynometra alexandri , est beaucoup moins
intéressante si on la compare aux espèces caractéristiques des forêts secon-
daires où dominent les Meliacées, Moracées et Sapotacées.
2.2.2. Autres ressources et contraintes diverses
48. Les forêts ne sont pas constituées uniquement d'arbres et ne produisent
pas que du bois. Les' communautés locales utilisent les forêts de multiples
façons et y récoltent des produits médicinaux, des aliments d'origine
végétale ou animale, des matériaux de construction, des substances diverses
comme des tanins, etc. Les plus importants profits procurés par les forêts,
autres que les bois et autres produits, sont :
(1) la conservation de la flore et de la faune ;
(2) la protection des sols ;
(3) la protection des ressources en eau.
Ces produits et ces profits sont sous l'étroite dépendance du bon
fonctionnement des écosystèmes forestiers. L'aménagement forestier peut le
modifier et l'orienter mais en restant toujours dans certaines limites.
Lorsque la nature exacte de ces limites est mal connue, il convient de mettre
en place des expérimentations qui doivent être suivies avec le maximum
d'attention et de soins.
49. La flore forestière procure des fruits comestibles, des produits
médicinaux, et toutes sortes d'autres biens qui peuvent avoir localement une
grande importance. Il convient donc que l'aménagement en vue de la production
du bois fasse une place suffisante à celle des autres produits utiles aux
communautés locales.
50. La protection et la conservation de la faune sont très importantes en
Afrique. La faune sauvage des plaines de l'Afrique orientale connaît une
renommée mondiale. Les forêts de la plupart des pays figurant au tableau n* 1
abritent une faune sauvage importante. Il importe qu'elle soit préservée
non seulement pour des raisons écologiques mais aussi parce qu'elle représente
une valeur nutritive non négligeable pour les populations locales.
17
De plus même les régions à forte densité de population où les grands
mammifères ^ sauvages sont relativement rares, la consommation des petits
animaux vivant en forêt constitue une source de protéines animales
intéressante.
51. On considère aujourd'hui comme très importante la conservation de la
flore et de la faune indigènes. Mais l'incertitude règne toujours sur
l'importance de la surface nécessaire pour assurer la protection d'espèces ou
de groupes d'espèces ; les besoins sont en effet différents pour des animaux
migrateurs ou pour des espèces végétales, principalement pour celles dont
l'aire est réduite ou discontinue. Dans un ouvrage de l 'UNESCO (1978) intitulé
"Tropical Forest Ecosystems", il est précisé : "Nous savons que les forêts
naturelles protégées contribuent à la protection des ensembles génétiques et
des écosystèmes représentatifs à des fins de recherches ainsi qu'à la
stabilité des sols, entretiennent les potentialités hydrologiques, procurent
des possibilités de récréation et de tourisme, et enfin assurent la sauvegarde
des ressources paysagères. Néanmoins, des recherches fondamentales et
appliquées sont encore nécessaires avant que la signification réelle de ces
derniers objectifs puisse être correctement appréciée". On ignore en effet
dans quelle mesure les divers systèmes d'aménagement peuvent affecter les
patrimoines génétiques et les populations naturelles. On sait que des
techniques peuvent être mises en oeuvre pour aménager les ressources
génétiques au même titres que les autres ressources et que les forêts non
aménagées en vue du maintien de leur productivité courrent le risque d'être
converties à d'autres usages. Des réserves aménagées en vue de la conservation
des populations naturelles et des ressources génétiques comme objectifs
principaux ont été créées en Afrique (lUCN, 1987) ; leur protection est
considérée comme extrêmement importante pour l'avenir écologique et économique
du continent.
52. La protection des sols contre l'érosion est d'une nécessité évidente
dans les forêts montagnardes où la dénivellée est grande et les pentes souvent
fortes. Elle est essentielle pour les sols d'origine volcanique comme au Mont
Méru en Tanzanie ; ces sols ont en effet une faible capacité d'absorption de
l'eau sous les horizons superficiels lorsque ces derniers sont saturés ; leur
structure est détruite lorsqu'ils sont secs, ils deviennent alors poudreux ;
ils sont donc très vulnérables et exposés au ravinement lors des premières
averses au début d'hivernage. Des remarques similaires peuvent être faites sur
les sols kaoliniques dont la faible capacité d'échange et la fragilité de leur
structure augmentent la tendance au lessivage sous climet équatorial. Même
dans les régions soumises à des périodes de sécheresse, de tels sols sont
exposés à la dégradation lorsqu'ils sont défrichés en raison du caractères
irréversible des modifications subies par les hydroxides de fer qui peuvent
alors précipiter en cimentant les granulats formés par la roche mère, et créer
ainsi un obstacle au drainage naturel des sols.
53. De nombreuses forêts tropicales occupent les bassins versants ; de ce
fait leur rôle est extrêmement important, et le deviendra de plus en plus pour
protéger les ressources en eau dont bénéficient les populations pour la
satisfaction de leurs besoins domestiques et industriels.
18
2.3. Facteurs sociaux
2.3.1. Facteur politiques
54. Dans certaines des régions occupées par des forêts tropicales humides ,
des royaumes indépendants s'étaient déjà développés bien avant que la culture
européenne n*ait été introduite. Ainsi en Ouganda, les Royaumes Bouganda,
Koki, Ankole et Bounyoro ont une histoire remontant à plusieurs générations,
tandis qu'en Afrique occidentale, les Royaumes Yoruba, Béni et Ashanti sont
encore plus anciens.
55. Plusieurs de ces peuples possédaient en commun la tradition de la
fabrication de pirogues et de leur utilisation comme moyen de transport sur
les lacs, les rivières et les lagunes. A cette époque les activités d'échange
prédominaient et concernaient l'huile de palme, le bois, certains métaux.
Plus tard, à la suite de l'installation des régimes coloniaux, le commerce
évolua de plus en plus vers des cultures de rente comme le cacao et le café
en Afrique occidentale, ou le coton et le thé en Afrique orientale. Des
investissements importants furent alors consentis pour améliorer les moyens
de communication, principalement les voies ferrées, et créer des industries;
ces travaux débutèrent à la fin du XIX* siècle et se poursuivirent pendant
la première décennie du XX*. La situation fut cependant différente au Libéria
dont la capitale Monrovia fut fondée en 1821, cet état ayant été créé pour
accueillir les anciens esclaves de retour vers la mère patrie.
56. La plupart des états africains possédant des forêts tropicales humides
ont accédé à l'indépendance à la fin des années cinquante ou au début des
années soixante. Depuis lors certains d'entre eux ont bénéficié de progrès
significatifs dans les domaines de l'éducation et de l'économie, tandis que
d'autres ont souffert ou souffrent encore des effets néfastes de la violence
et de l'instabilité. L'examen de cette situation politique extrêmement
complexe n'entre pas dans le cadre de cette étude. Il faut cependant souligner
que l'augmentation de la population entraine toujours un accroissement
corrélatif de la demande pour des produits forestiers et des biens de toute
nature .
2.3.2 Facteurs réglementaires
57. Les politiques et les lois forestières de l'Afrique coloniale étaient
fondées sur l'expérience acquise en Europe. Dans l'Afrique francophone elles
dérivaient directement des législations française ou belge et s'inspiraient
de la longue expérience de la foresterie tempérée acquise dans ces deux pays.
58. Dans les colonies anglaises, les premiers administrateurs suivirent le
modèle adopté en Inde sous l'influence de plusieurs forestiers allemands en
service dans cette région au XIX* siècle, modèle qui consistait en la mise en
réserve des forêts et des zones boisées. A cette époque les forestiers étaient
principalement concernés par la création d'un domaine forestier permanent doté
d'un statut légal et dont les limites et l'utilisation ne pouvaient
être modifiées que par l'autorité suprême. Les origines de cette conception
remontent aussi loin que l'Europe féodale. Les politiques forestières fondées
sur ce concept furent décidées par les gouvernements ; des ordonnances
forestières furent votées par les corps législatifs ; les réglementations
forestières furent adoptées.
19
59. Les politiques et les réglementations forestières actuelles de 1* Ouganda
et du Nigeria constituent des exemples typiques de l*infuence des traditions
de l'Afrique coloniale britannique (cf. Etudes de cas n*1 et 2).
60. Ces politiques forestières traduisent des préoccupations communes dans
les trois domaines suivants :
(1) besoins des populations actuelles et futures ;
(2) affectation de terres pour les cultures ;
(3) avantages écologiques retirés du maintien d'un couvert
forestier.
En revanche elles pèchent par défaut de prise en considération des effets
des modifications des conditions de l'aménagement par insuffisance
d'intégration de la politique forestière dans le cadre d'une politique plus
générale de développement dans des secteurs comme l'agriculture, l'urbani-
sation, etc. Cette faiblesse a été clairement reconnue à la fois par Karani
(1985) et par Kio (1985).
61. Aucun des énoncés de politique qui ont été examinés n'envisage de façon
réaliste les interactions possibles avec l'accroissement de la population,
l'urbanisation, ou des besoins variés de production.
62. De la même façon en Afrique francophone, les forestiers ont manifesté
leur volonté de contrôler et de diminuer le rythme de destruction des forêts
par l'homme pour conserver un espace forestier suffisant pour les besoins des
futures générations (Catinot, 1986). C'est ainsi que la Première
Conférence Forestière Inter-africaine tenue à Abidjan en 1951 a insisté sur
la nécessité impérieuse de constituer et d'aménager un domaine forestier
permanent, "Domaine classé", totalement protégé de tout défrichement mais dans
lequel certains droits d'usage pourraient être exercés par les populations
locales sous réserve d'un contrôle attentif. Des permis d'exploitation de
certaines essences pourraient y être délivrés mais le défrichement demeu-
rerait interdit.
63. La formulation d'une politique forestière cohérente et efficace est
difficile. Les conditions minimales devraient être les suivantes :
(1) vérifier que la surface totale et la répartition dans l'espace
du domaine classé convient aux besoins de la Nation ;
(2) vérifier que la loi est applicable ;
(3) vérifier que les populations locales sont d'accord sur
l'intérêt du maintien à l'état de forêt d'une partie du
territoire ;
(4) définir les priorités concernant l'utilisation et la
transformation du bois pour la satisfaction des besoins
domestiques et des exportations ;
(5) tenir compte des changements éventuels de la demande et de la
conjoncture dans le futur.
20
64. Bien que la superficie du domaine classé soit rarement aussi grande que
le souhaiteraient les forestiers, elle couvre déjà une part substantielle du
territoire de certains pays. Ainsi au Nigeria, celle-ci avait été programmée
à la hauteur de 25 Z, mais elle a été réduite en pratique à 10 Z (Love, 1984).
Dans l'ensemble la répartition est convenable, avec une préférence donnée à
la protection des bassins versants et des fortes pentes. Le respect de la loi
a varié dans une large mesure en fonction des diversités ethniques et de la
pression sur les terres, de l'attitude des autorités, de l'énergie du service
forestier, et enfin de l'accessibilité des forêts. Dans certains secteurs,
l'entretien régulier des limites et des bornes, des patrouilles fréquentes et
la poursuite effective de délits forestiers ont eu un effet très positif sur
la conservation des forêts. Dans certains cas des plantations ont été faites
près des limites montrant ainsi que les forêts étaient activement aménagées.
Mais dans de nombreux secteurs la capacité de maintenir le couvert forestier
dans les forêts réservées a été réduite au minimum. Catinot (1986) a noté que
la Côte d'ivoire a ainsi perdu près de 85 Z de ses réserves de forêts
tropicales humides et que toutes les forêts du Domaine dlassé sont menacées.
65. L'aspect le plus négligé par les administrations coloniales fut la
recherche de l'assentiment des populations concernées en vue de la
conservation des forêts. La forêt classée, malgré son intérêt indubitable pour
la nation et son devenir, fut perçue au niveau local comme une contrainte. Il
faut souligner que le classement d'une forêt était très impopulaire auprès des
collectivités locales qui considéraient les forestiers en tenue avec dégoût
et souvent une opposition ouverte. Il en résultat qu'avec l'accès à
l'indépendance, certaines forêts classées furent immédiatement remises aux
paysans. Philip (1986 b) reconnaît avec le recul que la constitution d'un
domaine forestier classé était justifiée mais il faut aussi admettre que bien
peu de choses furent faites pour gagner la confiance des anciens et la
compréhension des jeunes. Les rapports sur l'histoire des premiers travaux
forestiers dans les régions montagneuses du Kenya montrent qu'il était alors
urgent de protéger la végétation contre les feux ; des mesures draconiennes
étaient indispensables mais elles se traduisirent par une opposition
grandissante des populations riveraines des forêts qui n'avaient aucune
conscience de la gravité des problèmes. En revanche, le problème récent et
durement ressenti de l'approvisionnement en bois de feu des centres urbains,
ou des populations rurales des zones semi-arides presque totalement déboisées,
et beaucoup mieux justifiable d'un accord et d'une participation des premiers
intéressés.
2.3.3. Besoins nationaux
66. Jusqu'à la crise de l'énergie des années soixante dix, bien peu de
personnes, y compris les forestiers, avaient une connaissance complète de
l'énorme quantité de bois utilisée en Afrique pour la cuisson des aliments.
Certains envisageaient le remplacement rapide du bois par le pétrole ou le gaz
dans les régions les plus arides. Il est évident que cette opinion a dû être
radicalement modifiée.
67. Des études réitérées ont permis de proposer un volume de 1 m^ comme
ordre de grandeur de la consommation annuelle de bois de chauffage par
personne, moins dans les régions pauvres en bois et plus dans les régions
correctement boisées. Une telle demande domestique domine aujourd'hui toutes
les prévisions de consommation nationales.
21
68. A l'origine ces prévisions concernaient beaucoup plus des besoins en
bois transformés comme :
(1) des sciages ;
(2) des placages et des contreplaqués ;
(3) des panneaux de particules ;
(4) du bois de trituration et du papier.
Dans la plupart des états côtiers l'évolution de la transformation
du bois a suivi des voies similaires tandis que les états situés à l'intérieur
exportaient moins de grumes et développaient une certaine industrie de
transformation.
69. D'une façon générale, on est passé progressivement de l'utilisation de
l'herminette pour creuser des pirogues ou fabriquer des équarris, au sciage
à la scie circulaire mue à la vapeur puis, après la deuxième guerre mondiale,
au sciage à la scie à ruban électrique. Un grand nombre d'états maintinrent
un bon niveau d'exportation de grumes jusqu'à la fin des années soixante ;
certains états ont persisté dans ce type de commerce du bois jusqu'à nos
jours.
70. Ces derniers investissements pour l'équipement des scieries ont été
complétés par une certaine intrégration dans les domaines suivants :
construction, production de placages et de contreplaqués, fabrication de
parquets, ameublement, et, en Afrique orientale, fabrication de caisses pour
l'exportation du thé. De tels investissements ont été stimulés par les
gouvernements pour les raisons suivantes :
(1) diminution des importations de produits manufacturés et
économie de devises ;
(2) gain de devises et augmentation de la valeur ajoutée par le
transformation sur place d'une matière première autrefois
exportée ;
(3) moyen de promotion du développement national et augmentation
du revenu national grâce à l'industrialisation.
De nombreux pays ont cependant éprouvé des difficultés considérables,
au cours des dernières années, pour entretenir le capital, maintenir le niveau
des investissements, assurer l'efficacité des industries grâce à l'entretien
d'un stock adéquat de pièces détachées, et enfin adopter des techniques
modernes .
71. Selon Neil (1981) l'aménagement des forêts tropicales africaines pose
des problèmes originaux en raison des interactions considérables résultant de
l'obligation de procurer une nourriture suffisante aux populations vivant en
bordure des forêts et au voisinage des savanes. En Afrique
orientale, favorisée par de magnifiques ressources faunis tiques qui sont à
la base d'une industrie du tourisme florissante, la production du bois peut
être concurrencée par celle de biens immatériels, comme le sont le tourisme
et la récréation.
22
2. 3. 4. Besoins locaux
72. Les besoins locaux les plus importants sont :
(1) de la terre pour y pratiquer des cultures vivrières et aussi
des cultures de rente ;
(2) du bois de chauffage, du bois rond pour la construction et du
petit sciage ;
(3) des produits traditionnels, soit alimentaires, soit médicinaux,
soit artisanaux ;
(4) des éléments divers d'ordre culturel.
Karani (1985) attribue l'échec de la politique forestière dans le domaine de
la satisfaction des besoins nationaux de l'Ouganda au défaut d'une
planification nationale efficace de l'utilisation des terres.
Malheureusement, les pays africains partagent la même difficulté limitant
toute possibilité de planification : c'est le rapide taux d'augmentation de la
population. Les différences existant dans ce domaine entre les divers pays
sont exposées par le tableau n* 1 (page 5) ; dans ces régions à forte densité
de population les hommes ne disposent d'aucune autre alternative au
défrichement de nouvelles terres. Les communautés locales considèrent les
forêts, non pas comme un réservoir de produits ligneux pour les générations
futures, mais comme une réserve de terres pour y produire des vivres ou y
pratiquer des cultures de rente.
73. Il est donc urgent d'aménager l'espace rural en vue de l'optimalisation
de la production de nourriture, de bois et d'autres produits utiles, tout en
assurant la conservation des ressources naturelles. Toutefois aucune
planification n'a été ou ne peut être mise en oeuvre sans l'approbation des
populations rurales. Ceci requiert une utilisation harmonieuse des techniques
agro-sylvicoles dans certaines régions et une programmation du développement
rural conçue de telle façon que les communications s'établissent dans les deux
sens entre les utilisateurs et les planificateurs. La création de ce type (le
structure institutionnelle suppose un engagement politique, du temps et un
financement substantiel. Enfin aucune solution convenable ne peut être
imaginée qui n'inclurait pas une forme de planning familial ; un modèle
efficace adapté aux conditions de l'Afrique doit être trouvé.
2.3.5. Interactions avec l'agriculture
74. Selon Karani (1985), la majeure partie de l'agriculture de subsistance
pratiquée dans les régions humides de l'Ouganda au début de ce siècle était
une forme d' agro-sylviculture. Les exploitations étaient de faible taille et
les arbres utiles étaient protégés ou même cultivés. La même remarque peut
être faite pour l'Afrique occidentale. Des arbres fruitiers, des palmiers à
huile, des arbres à écorce fibreuse, etc., étaient délibérément plantés ; la
forêt fournissait des aliments (des escargots, des viandes, des fruits, etc.)
et d'autres produits comme des médicaments, des fibres, du combustible, etc.
75. L'introduction de certaines cultures de rente, comme celles du
cacaoyer, du caféier, et jusqu^à un certain point du théier, a renforcé les
liens entre l'arboriculture et l'agriculture par le biais de l'utilisation de
certains arbres pour assurer un couvert.
23
Cette pratique contraste de façon saisissante avec les habitudes très brutales
des céréaliculteurs qui cultivent sur brûlis après défrichement des forêts et
des savanes de l'Afrique occidentale et orientale.
76. L'influence de l'urbanisation sur l'agriculture est considérable et
retentit sur la forêt, même indirectement. Les villes dépendent en effet pour
leur nourriture des surplus dégagés par les agriculteurs. L'explosion de la
population urbanisée, principalement en Afrique occidentale après la deuxième
guerre mondiale, s'est traduite par une augmentation de la demande de denrées
alimentaires qui induisit une révolution dans le monde agricole bien que les
techniques de production demeurent inchangées. Là où l'urbanisation s'est
développée dans la zone des forêts tropicales humides, l'augmentation
corrélative de la pression sur les forêts a entraîné une destruction en masse
des peuplements forestiers, principalement le long des routes et des pistes
d'accès. En même temps, les routes ouvertes par les exploitants forestiers
facilitent aussi l'installation des agriculteurs dans des zones primitivement
inaccessibles. Dans de nombreuses régions, de larges secteurs boisés ont été
ainsi totalement défrichés pour être convertis en terrains de culture
extensive où le maintien de la productivité en maïs ou en riz est d'ores et
déjà compromis.
77. Le système traditionnel de culture dans de nombreuses régions d'Afrique
implique le défrichement de petites parcelles de forêt et le brûlis de tous
les rémanents. Celles-ci sont cultivées pendant quelques années en fonction
de la fertilité du sol et de la rapidité d'installation des mauvaises herbes,
puis elles sont abandonnées. Les parcelles ainsi abandonnées sont
progressivement recolonisées par une végétation ligneuse où dominent les
espèces pionnières ; ainsi peut se reconstituer un état boisé au bout d'un
laps de temps plus ou moins long, en fonction du climat principalement.
Plusieurs années après les parcelles peuvent de nouveau être soumises à la
même opération.
78. Selon certains agronomes et pédologues, cette pratique serait bien
adaptée aux conditions du milieu tropical à la condition que la densité de la
population ne soit pas supérieure à un seuil critique de telle sorte que la
durée de la jachère forestière soit suffisamment longue pour permettre la
restauration de la richesse du sol en éléments nutritifs (Nye et Greeland,
1980). Une densité de population excessive se traduit par un raccourcissement
de la durée de la jachère forestière et une chute du niveau de productivité
(Kio, 1980). C'est pourquoi ces cultures itinérantes ont eu pour effet la
destruction de nombreux hectares de forêts tropicales humides au cours de ce
siècle. Le chiffre de 1,87 millions de km^ donné dans le tableau n* 1 pour la
superficie totale des forêts tropicales humides des 13 pays africains
considérés comprend près de 480 000 km^ de friches plus ou moins boisées
résultant des cultures itinérantes (FAO/UNEP, 1981). On estime à 4 000 km^ la
surface totale des forêts défrichées chaque année pour des cultures
itinérantes (UNE?, 1980)
2-4. Facteurs économiques
2.4.1. Commerce du bois
79. La position du commerce du bois des pays de l'Afrique orientale est peu
importante. Ce sont des importateurs pour la plupart des produits de
transformation du bois, mais ceci n'a qu'une faible importance sur
l'aménagement des forêts tropicales humides ; le niveau des exportations
demeure marginal aussi bien pour les pays d'origine que pour les importateurs.
24
Après le début des années soixante » le Kenya a créé 250 000 ha de plantations
de résineux exotiques dans la zone des forêts de montagnes tandis que
l^Ouganda a concentré son activité forestière sur la régénération naturelle
des feuillus, sans pour autant négliger des plantations de résineux de surface
limitée effectuées dans la partie occidentale, principalement dans la zone des
prairies (Logan, 1962).
80. En revanche, tous les pays de la côte de l'Afrique occidentale ont
participé au commerce international de bois de très grande valeur dès la fin
du siècle dernier. Au début l'exportation ne concernait que des bois
d'ébénisterie comme ceux d ' Entandrophragma cylindricum , d'E. utile , de Khaya
ivorensis , de Chlorophora excelsa , etc. ; la liste s'en est élargie après la
deuxième guerre mondiale et s'est étendue à des bois de plus faible densité
comme ceux des Terminalia , de Triplochiton scleroxylon et Nauclea diderrichii
qui se révélèrent intéressants pour 1 ' ameublement et la fabrication des
contreplaqués.
81. A l'origine la grande masse des exportations se faisait sous forme de
grumes. Vers le milieu des années soixante, le Ghana et le Nigeria ont prohibé
l'exportation des grumes. Cependant , bien que le Libéria ait décidé de faire
de la création d'industries de transformation du bois un préalable à l'octroi
de nouvelles concessions d'exploitation, l'exportation de grumes demeure
encore un élément important du commerce extérieur de cet état. De la même
façon, des restrictions à l'exportation de grumes ont été édictées par la Côte
d'Ivoire, le Congo, le Cameroun, et le Gabon en 1984 dont l'effet a été une
réduction aux deux tiers des volumes exportés par rapport à celui de la
décennie précédente' (FAO, 1986). Plus récemment le Nigeria a imposé de
nouvelles restrictions à l'exportation de bois transformé dans le but de
préserver les approvisionnements.
82. Aujourd'hui le Nigeria, et probablement le Ghana, sont devenus des
importateurs nets de produits à base de bois. Le tableau n* 4 détaille les
montants en monnaie locale des produits importés par le Nigeria au cours des
années 1963^80 ; ces chiffres montrent un accroissement important des
importations dès le fin des années soixante dix. De plus le Nigeria importe
près de 90 % de ses papiers et cartons (Baykar, 1979).
2.4.2. Aspect financiers et budgétaires
83. Dans un ancien énoncé de politique forestière de l'Ouganda, il est fait
mention du revenu du capital investi. Ceci a été rarement répété par d'autres
états et peut traduire l'influence précoce de W.E. Hiley qui plus tard en 1950
devait défendre l'autonomie financière de l'Office des forêts du Kenya. D'une
façon générale, le budget des forêts était incorporé dans le budget de l'état.
Pendant la période coloniale les dépenses occasionnées par l'entretien des
forêts constituaient une part du budget annuel dans laquelle il était rarement
possible de distinguer les investissements des dépenses de fonctionnement.
84. Aujourd'hui où les finances de nombreux pays d'Afrique sont soutenues
par des fonds provenant des aides bilatérales ou multilatérales, les
subventions ont un caractère beaucoup plus spécifique et distinguent entre les
investissements et les dépenses courantes. Kio et al. (1985) observent
notamment : "Dans les pays de d'Afrique occidentale anglophone, les
affectations budgétaires i .la forêt sont toujours misérables.
25
TABI2AU n* 4
Valeur en milliers de naira des placages, des contreplagués
et des panneaux de particules importés au Nigeria de 1963 à 1980
: ANKEES :
Valeurs
— — — ^^— .^^^^^-" — ^— • — — — a
en milliers de naira des :
Placages :
Contreplagués :
Panneaux :
: 1963 ':
89 :
621 :
121 :
': 1964
59 :
469 :
191 :
: 1965
30 :
277 :
279 :
: 1966
: 15 :
55 :
244 :
': 1967
: 15 :
115 :
189 :
: 1968
: 17 :
7 :
13 :
i 1969
': 30 'i
18
27 :
: 1970
: 86 :
36
130 :
: 1971
': 95 !
13
44 :
: 1972
i 10
49
91 :
: 1973
': 62
1 119
': 84 :
: 1974
: 82
: 41
i 302 :
: 1975
': 162
! 1 246
i 347 :
i 1976
': 333
': 7 383
': . 1 096 :
: 1977
: 514
: 13 520
i 1 845 :
': 1978
': 855
': 11 776
i 1 081 :
: 1979
! 426
: 5 879
: - :
: 1980
i 1 686
': 11 764
; ~ t
Sources : Nigérian trade summary, Fédéral office of Statistics
26
Ceci résulte de la malencontreuse incorporation dans la foresterie dans la
vaste catégorie représentée par l'agriculture de le cadre de laquelle elle
ne vient qu'en troisième position après la production agricole et la
production animale lorsqu'elle n'est pas reléguée au quatrième rang après les
pêches continentales". Et plus loin : "Il est possible que le plus important
handicap au développement forestier soit la façon dont les fonds sont
affectés. Dans de nombreux pays le financement est assuré au coup par coup et
le plus souvent pour faire face à des besoins spécifiques comme la réalisation
de plantations et des travaux d'entretien. L'exécution de ces travaux dépend
des saisons et ne peut être différée sans se traduire par de sérieuses
distorsions sur le déroulement des programmes. Les conséquences de retards
dans les financements sont par exemple les suivantes :
(1) des surfaces importantes sont défrichées et préparées pour une
mise en place de plants problématique ;
(2) des stocks de plants produits en pépinière demeurent inutilisés
faute de financement pour préparer les terrains à planter ;
(3) de jeunes plantations ne peuvent être désherbées à temps et
sont ainsi exposées aux risques d'incendie ;
(4) des forêts naturelles demeurent non aménagées et non protégées
et ainsi sont exposées aux risques de coupes illégales .
Il est évident que le budget loué à la forêt n'est qu'une part du
budget national et il est difficile d'échapper à la contrainte représentée par
la disponibilité en capitaux. Bien que ceux-ci puissent provenir de l'aide
internationale, il importe de concevoir les projets de telle sorte qu'ils
puissent démontrer clairement le bénéfice net pouvant être attendu de
l'investissement et permettre leur classement par rapport aux diverses
rubriques du programme national de développement. Ils ne doivent pas être
considérés indépendamment les uns des autres.
85. Les aménagistes et les planificateurs forestiers doivent être
conscients des conséquences des modifications des coûts et des prix. Baykat
(1979) souligne que les résultats des investissements en vue du développement
des industries de transformation du bois sont beaucoup plus sensibles aux
changements dans les prix des produits que dans ceux des coûts. Toutefois
cette conclusion peut être plus représentative du résultat d'une simulation
que de la réalité.
27
CHAPITRE III
3. DEVELOPPEMENTS RECENTS CONCERNANT LES PRINCIPAUX ELEMENTS DE L'AMENAGEMENT
FORESTIER
3.1. Aspects politiques
86. Certains gouvernements se sont rendus récemment compte que les forêts
ne sont pas seulement un don de la nature pouvant être gaspillé à volonté,
mais aussi une ressource pour l'avenir gui ne peut être développée que par des
investissements. Dans des pays tels que le Kenya et la Tanzanie où les
services forestiers furent pendant longtemps considérés comme des auxiliaires ,
principaux ou exclusifs, du trésor public chargés d'encaisser des revenus, un
revirement s'est fait jour en faveur des investis s sèment s en forêt dont il est
résulté une modification de la mission des forestiers qui sont devenus
consommateurs de crédits. Cette tendance a été encouragée par les nouvelles
possibilités de financements extérieurs consécutives à l'accession à
l'indépendance. Cependant, la plupart des investissements ont servi au
financement des plantations, quelquefois effectuées dans les prairies
montagnardes (Sao Hill en Tanzanie) ou en savane (au Congo) à une certaine
distance de la zone des forêts tropicales humides ; ailleurs des projets
massifs de transformation de ces forêts en futaies monospécifiques par
plantation ont été pris en considération. La part du financement affectée à
l'aménagement des forêts tropicales humides est demeurée extrêmement modeste
car il y a encore trop de pays où les hommes politiques persistent à
considérer ces forêts plus comme des réservoirs de bois d'oeuvre et de terres
cultivables que comme des ressources renouvelables requérant un aménagement
dyneunique •
87. Catinot (1986), tout en attirant l'attention sur les menaces qui pèsent
sur la survie des forêts tropicales humides, relève quelques facteurs
d'espoir. Ceux-ci ont jusqu'ici été reconnus par bon nombre de forestiers et
d'écologistes ; ils sont graduellement pris en considération par les décideurs
au niveau des gouvernements. Les plus significatifs peuvent être présentés de
façon résumée comme suit :
(1) les forêts visiblement soumises à un aménagement efficace sont
moins exposées aux défrichements ; l'aménagement est par
lui-même un facteur positif de conservation de la forêt dont
il renforce l'effet;
(2) la prise de conscience mondiale des dangers de la disparition
des forêts humides pour l'environnement et de ses implications
dans la désertification et l'accroissement des risques de
famine pour les populations africaines pèse sur les décisions
gouvernementales et quelque fois peut contribuer à faciliter
l'aide financière ;
(3) les exploitants et les industriels réalisent que leur moyen
d'existence dépend aujourd'hui du renouvellement des ressources
forestières conditionné par l'aménagement des forêts ; dans le
même ordre d'idée les économistes gouvernementaux se rendent
compte que la permanence du revenu retiré des forêts dépend
de leur renouvellement ;
28
(4) la recherche agronomique a révélé des possibilités de
conception de systèmes agraires plus stables combinant des
productions agricoles» sylvicoles et animales tout en assurant
le maintien de la fertilité des sols et en procurant une
production satisfaisante de produits variés ; des espèces
fixatrices d'azote pourraient être introduites dans ces
systèmes et aussi dans les jachères pour rétablir rapidement
la fertilité des sols ;
(5) l'affectation, du moins partielle, des revenus et profits
divers retirés des forêts aux comminautés voisines pourrait
les encourager à protéger les peuplements forestiers : il
conviendrait donc que les aménagements prennent en
considération leurs besoins de façon privilégiée ;
(6) la recherche forestière est capable d'identifier des espèces
ou des provenances adaptées aux conditions locales ; celles-ci
pourraient être plantées par des individus appartenant aux
communautés locales;
(7) les inventaires et des cartographies pédologiques pourraient
conduire à une utilisation plus rationnelle des terres par les
cultivateurs en fonction de la qualité des sols ; ces
entreprises auraient des chances d'aboutir d'autant plus
grandes qu'elles auraient reçu au préalable l'approbation des
communautés intéressées.
3,2 Inventaire forestier
88. Les techniques d'inventaire des forêts tropicales humides ont
probablement connu, au cours des 30-40 dernières années, beaucoup plus de
progrès qu'aucune autre technique d'aménagement. Catinot (1986) a décrit de
la façon suivante certains des principaux progrès accomplis dans ce domaine :
(1) initialement l'inventaire était limité aux parcelles
exploitables: la totalité des tiges d'un diamètre supérieur à
un minimum préfixé appartenant à un petit nombre d'essences
commercialisables était inventoriée ;
(2) depuis 1945, les photos aériennes furent utilisées d'abord au
Gabon, puis au Congo, en République Centrafricaine et en Côte
d'Ivoire ; elles permettaient de repérer et de cartographier
les limites des blocs exploitables et aussi d'observer la
densité d'essenses facilement identifiables comme Aucoumea
klaineana , Triplochiton scleroxylon , Terminalia superba , etc.
(3) la totalité des tiges de toutes essences et de toutes tailles
fut pour la première fois inventoriée à des fins sylvicoles
en 1947 ;
(4) un inventaire à faible intensité d'échantillonnage (10 Z) fut
effectué pour la première fois en 1947-49 au Gabon et en
République Centrafricaine ; cet inventaire portait sur les 8
à 10 essence alors commercialisables :
29
(5) le premier inventaire portant sur des échantillons choisis au
hasard selon une technique permettant un traitement statistique
(calcul de l'intervalle de confiance) fut effectué sur 100 000
ha au Gabon en 1962 et sur 460 000 ha en République
Centrafricaine ; cet inventaire portait sur les 8 à 10 essences
alors commercialisables susceptibles d'atteindre la dimension
minimale d'exploitabilité dans les dix ans et se proposait de
fournir un guide aux autorités pour la délivrance des permis
d'exploitation.
89. Depuis 1962 des inventaires ont été effectués sur de très vastes
surfaces de forêts dans les pays francophones (total supérieur à 400 000 ha)
ainsi que le montre le tableau n* 5. Catinot (1986) précise que plus de la
moitié de ces inventaires datent de plus de 15 ans. Leurs résultats sont
aujourd'hui partiellement périmés en raison de l'accroissement naturel des
peuplements et surtout de l'interférence des exploitations et des
défrichements à usage agricole.
TABLEAU n* 5
Inventaires forestiers réalisés dans
six états francophones africains
Pays
concernés
: Surfaces
: inventoriées
: (ha)
: Observations :
(intensités d'échantillonnage) :
Cameroun
: 9 950 000
: intensité : 9/10 à deux degrés :
: 100 000 ha pour la pâte à papier:
Congo
3 500 000
intensité : 5/10 à deux degrés :
intensité : 5/10 à un degré :
Côte d'Ivoire
15 000 000
intensité : 7/10 à deux degrés :
100 000 ha pour la pâte à papier:
Gabon
6 100 000
intensité : 7/10 à deux degrés :
: 100 000 ha pour la pâte à papier:
Rép. Centrafricaine i
1 550 000
intensité : 10/10 à un degré :
Zaïre
5 500 000
apparamment sondés à un degré :
intensité moyenne voisine de 7/10:
(sondés à deux degrés) :
300 000 ha pour pâte à papier :
Total
41 600 000
90. Les inventaires des forêts des pays anglophones ont suivi des voies
similaires. Les premiers essais, cités par Dawkins (1952), en Ouganda ont
permis d'affiner une méthode peu coûteuse d'échantillonnage à faible intensité
le long des transects pris au hasard. La même méthode a été étendue des forêts
denses aux forêts claires, par exemple en Tanzanie où trois intensités
d'échantillonage ont été adaptées i trois classes de volumes sur pied en
ajustant la taille ou l'espacement des placettes échantillons (Parry, 1966).
30
La première utilisation des photos aériennes dans le cadre d'inventaires
forestiers remonte à 1948 au Nigeria ; l'inventaire le plus élaboré des forêts
tropicales humides nigérianes remonte à 1973-77 et concernait 13 300 Km' de
réserves forestières.
91 • Il y a encore beaucoup à faire avant de parvenir à un accord sur les
types d'inventaires nécessaires pour répondre aux besoins de l'aménagement
forestier, chaque type fournissant des informations de différentes natures
avec des niveaux de précision différents (Catinot, 1986 ; Philip, 1986 b).
Toutes indications utiles sur ce sujet sont données par la FAQ (1981 a). Les
principales étapes sont résumées ci-après :
(1) les inventaires des ressoures forestières nationales requièrent
des modèles individualisés en fonction du type d'information
nécessaire pour la formulation de la politique forestière ou de
sa révision au niveau national ou au niveau provincial. La
télédétection peu jouer un grand rôle à ce stade ; des
techniques permettant la résolution d'objets de 10 à 40 m de
diamètre fournissent d'excellents moyens de distinction des
forêts entre des types différents et aussi une aide efficace
à leur cartographie qui autrement représente une part
importante du temps consommé par les opérations d'inventaire;
la théorie des "variables générales" et des "variables
régionales" offre aussi des possibilités d'amélioration de
l'efficacité statistique des inventaires mais, pour le moment,
elle n'a pas dépassé le stade de la simulation expérimentale
(Catinot, 1986) ;
(2) la détermination des ressources de bois exploitables sur des
blocs de 2 500 à près de 20 000 ha nécessite des inventaires
avec des précisions variables selon l'objectif visé : une
intensité d'échantillonnage de 5 à 6 % est suffisante pour
l'aménagiste si une estimation des effectifs à plus ou moins
15 Z près portant sur deux à trois groupes d'espèces lui est
suffisante. Un échantillonnage à 10 % est en revanche requis
par l'exploitant pour lui permettre de disposer d'informations
plus précises sur les volumes exploitables ;
(3) à court terme, c'est-à-dire au niveau de la coupe à
entreprendre au cours d'une année donnée, l'exploitant a besoin
d'un inventaire précis pour lui permettre de planifier les
opérations d'exploitation et de vidange de la coupe ;
habituellement l'inventaire porte sur la totalité des arbres
exploitables ;
(4) un sondage statistique, effectué au moyen du comptage de
transects parallèles et équidistants de 500 à 1 000 m avec un
taux d'échantillonnage de 2 à 4 %, doit donner des résultats
avec une erreur n'excédant pas 15 à 20 % pour les 15 à 20
essences intéressantes ; l'intérêt de cet inventaire est de
donner une idée du volume des tiges appartenant aux essences
intéressantes mais ayant une taille inférieure à la dimension
d'exploitabilité pour décider des travaux à entreprendre à leur
profit ; ceci peut être réalisé à n'importe quel moment avant
ou après la coupe principale : il est cependant préférable de
l'entreprendre après la coupe car il ne prend alors en compte
que les tiges indemnes de tout dommage du fait de
l'exploitation.
31
92. V^^î ^^^ problèmes majeurs de l'exploitant est de convertir en voltime
conmercialisable le nombre de tiges classées en fonction des diamètres donné
par l'inventaire. Cette conversion n'est pas facilitée par la présence des
contreforts mais cette difficulté est mineure par rapport à celle qui consiste
à calculer le volume net susceptible d'être exploité à des fins commerciales.
Des ouvrages modernes peuvent faciliter ce calcul (FAO, 1980 ; Philip, 1983).
Les facteurs qui peuvent contribuer à la diminution de ce volume sont
nombreux: difficultés locales de topographie et d'accessibilité, défauts,
fluctuations du commerce local, etc. Le Centre technique forestier tropical
(français) a conçu une méthode permettant d'effectuer cette conversion et de
calculer le volume comercialisable ; celle-ci est basée sur une évaluation
quantitative de la proportion du volxime exploitable dans chaque classe de
diamètre effectuée à l'occasion de l'inventaire lui-même : cette estimation
est ensuite éventuellement ajustée en fonction des résultats de l'exploitation
au moment de la coupe. On peut rapprocher de cette méthode le "Indicative High
Forest Inventory" utilisé au Nigeria où les estimations des volumes sont
faites en fonction des six groupes d'espèces réparties selon leurs
caractéristiques technologiques et cinq classes de qualité des grumes (Kio
et al . , 1985). Mais une difficulté subsiste car le facteur de conversion
change en relation avec les modifications du marché local et il s'agit là du
plus grand des obstacles auxquels se heurtent les responsables des inventaires
forestiers.
93. Tout ce qui a été écrit dans les alinéas précédents concerne des
informations de caractère statique. Un consensus est presque acquis sur le
nécessité de donner aux inventaires un contenu dynamique, en prévoyant la
mensuration périodiquement renouvelée d'arbres clairement repérés afin de
pouvoir avoir une idée de leur accroissement. Ainsi au Nigeria, plus de 50
placettes permanentes ont été installées dans les forêts tropicales humides.
Il est évident que ces placettes doivent être représentatives des forêts et
qu'elles ne doivent pas bénéficier d'un traitement particulier. Le prélèvement
d'échantillons du sol et leur analyse sont conseillés afin de suivre leur
évolution soit dans le cadre de l'aménagement des forêts tropicales humides
soit à la suite de leur transformation en plantation (Kio et al., 1985).
3.3. Sylviculture
3.3.1. Généralités
94. Au cours de la dernière moitié de ce siècle, la sylviculture des forêts
tropicales humides a progressé avec de nombreux à coups et cette constatation
contraste avec le progrès soutenu et le consensus établi dans le domaine des
inventaires. Les techniques ont beaucoup varié d'un pays à l'autre et même à
l'intérieur d'un même pays ; les opinions elles-mêmes ont balancé entre les
avantages et les inconvénients relatifs des Méthodes de régénération naturelle
et artificielle ou entre les systèmes d'exploitation. Cette situation est la
conséquence de la complexité de la nature des forêts et de leur diversité
aussi bien dans l'espace que dans le temps, de l'ignorance des forestiers sur
leurs exigences sylvicoles, et aussi de la préférence faite aux conditions de
leur exploitation sur les considérations purement sylvicoles.
95. L'histoire de la sylviculture des forêts tropicales humides de
l'Afrique francophone a été résumée par Catinot (1986). De nombreux facteurs
ont conduit les forestiers à privilégier la régénération artificielle comme
la complexité des écosystèmes naturels, la pauvreté du nombre des
porte-graines des essences principales dont la plupart ont été exploités à des
fins commerciales, ainsi que l'absence de régénération naturelle suffisante.
32
A l'origine les exploitants étaient souvent tenus de planter 3 i 10 plants de
la mfinie espèce pour chaque arbre exploité ; cette technique conduisit
rapidement i 1* échec et fut abandonnée ; aucune autre technique éprouvée ne
fut mise en oeuvre ; Iç contrôle de ces opérations disséminées sur des
milliers d'hectares était pratiquement impossible.
96. C'est pourquoi les services forestiers entreprirent de réaliser par
eux-mêmes des plantations, en Côte d'Ivoire dès 1930, au Cameroun, au Gabon
et au Zaire dès 1935. En fin de compte, des surfaces importantes furents
plantées, 13 000 ha en Côte d'Ivoire de 1932 à 1950, 3 000 ha d'Okoumé par an
au Gabon, 500 ha de Limba par an au Congo et 10 000 ha au Zaire en 1950. Dans
le même temps des essais de traitement sous forme d'éclaircies des forêts
naturelles furent entrepris ; il s'agissait des méthodes suivantes :
"Uniformisation par le haut", "Normalisation", et "Amélioration des peulements
d'Okoumé".
97. Après la dernière guerre mondiale, les méthodes de régénération
naturelle connurent un regain de faveur. Toutefois celles-ci donnèrent le plus
souvent de médiocres résultats, notamment la "Méthode des layons", en raison
de la limiière parvenant au sol après avoir franchi un couvert à peine
entrouvert et atteignant une intensité insuffisante pour permettre une
croissance convenable du recrû. Une conception erronée des besoins en liimière
des espèces des forêts tropicales humides considérées comme des essences
d'ombre ou de demi-lumière avait conduit à de telles techniques. On estimait
alors aussi que le coût des plantations denses après défrichement des forêts
tropicales humides était excessif alors que les premiers comptes rendus des
résultats obtenus grâce à la méthode des coupes progressives étaient plutôt
enthousiasmants .
98. Les techniques de régénération naturelle devaient prévaloir de 1950 à
1960 en Côte d'Ivoire, et à partir de 1947 au Cameroun dans certaines régions.
Mais au début des années soixante, les résultats de ces techniques furent
jugés comme plutôt décevants et ainsi le pendule repartit en direction des
plantation artificielles.
99. Les plantations furent pratiquement le seul moyen utilisé de 1960 à
1980 pour régénérer les forêts tropicales humides dans les pays africains
francophones. Les techniques étaient alors caractérisées par une progression
dans l'intensité de l'ouverture du couvert allant jusqu'à sa totale
suppression conme cela se pratique encore en Côte d'Ivoire. Dans le même temps
on assistait à une mécanisation de plus en plus poussée des travaux de
défrichement et d'entretien tandis que le recours à des essences à croissance
rapide, telles que les pins ou les eucalyptus pour la production de bois de
trituration, tendait à se généraliser après une étape expérimentale, par
exemple dans les savanes de Pointe Noire au Congo. Parmi les essences de bois
d'oeuvre, les principales étaient le Teck et les Cedrela en Côte d'Ivoire,
l'Okoumé au Gabon, Terminalia superba en Côte d'Ivoire et au Congo et
Triplochiton scleroxylon en Côte d'Ivoire.
100. Dès 1977 des essais furent entrepris sur une grande échelle en Côte
d'Ivoire pour dévitaliser les essences secondaires au moyen de phytocides dans
les forêts déjà parcourues en' exploitation des essences commercialisables (cf.
Etude de cas n* 3). Les premiers résultats très prometteurs suscitèrent de
nouveau un regain d'intérêt pour la régénération naturelle pour le traitement
des forêts tropicales humides, principalement de celles déjà exploitées
quelques années auparavant.
33
Catinot (1986) observe que, grâce à ces nouvelles techniques d'ouverture du
couvert, certaines des anciennes méthodes de régénération qui avaient échoué
en raison du défaut d'éclairement au niveau du sol pourraient être de nouveau
réintroduites avec quelques chances de succès ; il s'agit par exemple de la
"Méthode des placeaux" ou de la "Méthode des layons".
101. Un certains nombre de vieilles plantations ont aujourd'hui de 35 i 50
ans et permettent de juger des rendements qu'on peut en attendre (cf. tableaux
n* 6 et n* 7 ) . On peut en conclure qu'avec les meilleures essences africai-
nés, en bonne situation, une productivité de 8 m^/ha/an peut être obtenue à
l'âge de 30-45 ans. Toutefois, avec un coût de plantation voisin de 1 000 à
2 000 US$/ha, la rentabilité est douteuse surtout si les produits d'éclaircies
ne peuvent être vendus ; en revanche avec un coût voisin de 200 à 250 US$/ha
pour la dévitalisation et l'amélioration dont il résulterait un accroissement
voisin de 3 à 3,5 m^/ha/an au cours des années suivant le traitement, les
méthodes de régénération paraîtraient plus intéressantes ; encore faudrait-il
s'assurer que l'accroissement constaté pourrait être maintenu pendant toute
la durée de la révolution sans nouveaux traitements.
TABLEAD fP 6
Productivité des espèces africaines en plantations artificielles
Caractéristiques
des
peuplements
Espèces
Aucoumea
klaineana
Nauclea
diderichii !
Terminalia
ivorensis
Terminalia :
superba :
densité finale
(tiges/ha)
120
80
70
! 75 :
âge (ans)
4A
48
34
36 :
surface terrière
(mVha)
: 34
: 22,5
20
i 21 :
volume sur pied
(mVha) :
350
: 270
250
250 :
productivité
(mVha/an)
— — — — T» — — — — — — — — — — — —• — -
8
5,8
7,5
■ 7,5 i
102. Les superficies totales plantées dans les pays francophones, africains
sont précisées dans le tableau n* 8 . Même si celles-ci ne sont pas réussies
à 100 Z, le volume sur pied représente déjà une quantité non négligeable.
103. Selon Philip (1986a), des attitudes similaires peuvent être relevées
dans les pays anglophones africains sur les mérites respectifs de la
régénération naturelle et des plantations. Les premiers rapports concernant
la sylviculture des forêts tropicales humides décrivent des techniques de
plantation et leurs résultats.
34
XâBUâD n" 7
Planification des travaux de plantation de
Terminalia superba et d' Aucoumea klaineana
Opérations
Espèces :
Terminalia
•
Aucoumea :
Mise en place
. densité de plantation
(plants/ha)
. espacement (m x m)
625 à 950
: 4 X 4 ou 3,5 x 3
950 :
! 4 X 3 ou 3.5 X 3 :
Nettoiement :
. âge (ans)
. densité (tiges/ha)
• diamètre moyen (cm)
3 à 4
: 310
: 10
4 à 5 i
350 :
: 7 :
Eclaircies :
. Première éclaircie :
âge (ans)
densité (tiges/ha)
diamètre moyen (cm)
. Deuxième éclaircie :
âge (ans)
densité (tiges/ha)
diamètre moyen (cm)
. troisième éclaircie :
âge (ans)
densité (tiges/ha)
diamètre moyen (cm)
i 7 à 8
220
: 17
\ 12
150
25
17 î
85
32
8 à 10 :
200 :
: 15 :
15 à 17 :
150 :
26 :
Coupe finale :
. âge (ans)
. nombre de tiges/ha
• diamètre moyen
• surface terrière (m^/ha):
. volume exploité (m^/ha) :
34 à 45
70
60
20
220 :
40 à 50 :
100 :
60 :
28 :
300 :
Au Nigeria en 1906 les premiers règlements d'exploitation donnaient le choix
entre la replantation d'un certain nombre de plants pour remplacer les arbres
qui avaient été exploités et la protection de la régénération naturelle au
moyen des coupes d'amélioration (dégagement de semis, eclaircies, etc.)- Cette
tentative pour impliquer les exploitants dans des opérations de sylviculture
se solda par un échec tout comme dans les pay francophones. Karani (1985)
rapporte que dès 1916 des essais furent entrepris en Ouganda dans les forêts
ripariennes du lac Victoria pour régénérer Podocarpus latifolius par
plantation de jeunes plants. De la même façon, les plus fameuses parcelles
expérimentales, probablement;, installées en Afrique occidentale anglophone,
les parcelles de Kennedy à Sapoba, furent partiellement créées par plantation.
Des détails complémentaires sont donnés en annexe dans les Etudes de cas n* 1
et n* 2.
35
lABLBAD n"" 8
Surfaces estimées des plantationsdans six états francophones
reparties en fonction des objectifs de production
Etats francophones
Surfaces en hectares
en fonction des objectifs de
production
bois de trituration
(papier, panneaux)
etc. . .)
Cameroun
5 000
500
Congo
15 000
12 000
Côte d'Ivoire
50 000
500
Gabon
26 500
1 000
République Centrafricaine
500
Zaïre
10 000
TOTAUX
107 000
24 000
104. On peut regretter, quoique ce fut inévitable, que la sylviculture ait
été à la merci des contraintes de l'exploitation et donc des conditions du
marché. Lorsque l'exploitation était très sélective, la régénération naturelle
était diffuse et sa croissance très lente. Des tentatives d'enrichissement à
l'aide de jeunes plants d'essences utiles furent alors faites, par exemple
dans les forêts de South Mengo en Ouganda par plantation en lignes de plants
de deux ans de divers Khaya et d ' Entandrophragma (groupes de 3 à 5 plants
espacés de 9 x 45 m). Les essais ultérieurs, identiques à ceux effectués en
Afrique francophone, ont montré que la plupart des premières plantations ne
reçurent que trop peu de lumière à la suite d'une ouverture du couvert
insuffisante et que des éclaircies par le haut intenses étaient nécessaires
pour donner à la régénération naturelle ou aux jeunes plants des chances
suffisantes de survie et de croissance.
105. Selon Karani (1985) très peu d'attention fut portée à la régénération
naturelle en Ouganda jusqu'en 1950 : "Au cours des années cinquante on se
rendit compte que les forêts naturelles ougandaises se régénéraient
naturellement bien d'une façon générale mais que cette régénération était
fortement concurrencée par le couvert des arbres conservés sur pied par les
exploitants qui les considéraient comme indésirables. L'essentiel du
peuplement originel était maintenu et il en résultait une lumière insuffisante
au sol qui gênait le développement du recrû et sa croissance jusqu'au stade
du perchis ; celui-ci était anéanti aussitôt levé".
106. On observa, et cela fut confirmé par l'expérimentation, que l'ouverture
du couvert permettait à la lumière de parvenir jusqu'au niveau du sol
provoquant ainsi une croissance rapide des semis des arbres et aussi des
lianes. Au bout de 5 à 10 ans, ces lianes, principalement herbacées et peu
longévives en Ouganda, disparaissaient naturellement et ainsi les jeunes
arbres pouvaient se développer. Dawkins (1953) suggéra d'abord que l'ouverture
progressive du couvert était la meilleure méthode pour favoriser la
régénération naturelle.
36
Plus tard cette opinion fut révisée en feveur d'une ouverture beaucoup plus
brutale en fonction des résultats favorables obtenus avec des techniques
relativement bon marché utilisant les phytocides pour dévitaliser les arbres
indésirables. Ces considérations ont été mises à profit pour modifier les
méthodes de renouvellement des forêts ougandaises et les faire évoluer grâce
i une meilleure sylviculture.
107. A partir de la fin des années soixante et au cours des années
soixante-dix» une forte demande de charbon de bois permit au service forestier
ougandais de réduire puis de supprimer les traitements phytocides. Auparavant
le charbon de bois était produit en dehors des forêts classées dans des forêts
publiques et privées ; ces ressources étant épuisées» le service forestier
en profita pour attirer les bûcherons et les inciter à utiliser le bois laissé
par les exploitants de bois d'oeuvre dans les forêts classées. De cette façon
l'ouverture du couvert fut beaucoup plus complète, plus efficace et plus
économique tout en fournissant un produit utile au commerce local. Là où la
régénération naturelle était insuffisante» des plantations d'enrichissement
furent effectuées. Cependant les incertitudes politiques récentes et le coup
d'arrêt donné aux investissements dans le domaine des industries du bois en
Ouganda ont réduit la surface des forêts exploitées et donc celle des forêts
régénérées par ce mode de traitement.
108. Au Nigeria» ainsi que le décrit l'Etude de cas n* 2, aucune méthode
systématique de régénération des forêts ne fut tentée bien que la nécessité
de maintenir leur productivité dans le temps ait été ressentie (Kio et
al.» 1985). Les premiers travaux portèrent principalement sur l'observation de
ITaptitude des diverses espèces à se régénérer naturellement. Dans les années
trente» on essaya de stimuler la régénération naturelle dans quelques forêts
classées en effectuant un délianage et des éclaircies légères associées à une
dévitalisation chimique des essences indésirables à l'arsenite de sodium ;
parmi ces essais il faut citer ceux de Kennedy à Sapoba entre les années 1927
et 1936 (Lancaster» 1961 ; Lowe et Ugbechie» 1975). En même temps était
utilisée la méthode taungya sur une grande échelle pour créer des plantations
d'enrichissement avec de larges espacements et une ou plusieurs essences ;
cette méthode est décrite aux alinéas 123 et 124.
109. La méthode taungya a été très peu utilisée en Ouganda où le besoin de
terres pour l'agriculture était plutôt faible. En Afrique occidentale,
cependant» des plantations mixtes de Nauclea diderrichii établies par cette
méthode à la fin des années trente furent éclaircies au début des années
soixante-dix pour produire des poteaux ; le peuplement ainsi amélioré comprend
aujourd'hui de nombreuses tiges d'essences de bois d'ébénisterie. Bien que
de telles plantations fussent peu étendues, elles démontrèrent que cette
méthode pouvait être mise en pratique. Au total plus de 300 km^ de plantations
d'essences indigènes furent effectuées jusqu'en 1976 (Kio et al. 1985).
110. En raison de l'accroissement des surfaces exploitées au Nigeria après
la dernière guerre mondiale» la méthode taungya se révéla insuffisante pour
assurer la régénération des forêts exploitées chaque année. Lawton (1978)
estime qu'il y avait environ 80 km^ de forêts à régénérer dans la seule région
du Bénin. Cette constatation se traduisit par l'adoption de la méthode de
régénération des forêts tropicales par coupes progressives introduite à la fin
des années quarante et décrite dans l'Etude de cas n* 2. La succession des
opérations de délianage» de dévitalisation chimique des essences indésirables»
et de dégagement de semis était conditionnée par l'époque de l'exploitation
commerciale.
37
Dans les années récentes, on l'associa à une rotation d'une durée de 100 ans
(Collier, 1946), plus récemment encore la rotation fut réduite à 50 ans et
même à 25 ans, durée considérée comme possible dans la forêt d'Akure (Lowe,
1984), grâce à un aménagement comparable à celui de la futaie jardinéee par
bouquets (système polycyclique) .
111. Au Ghana, l'histoire n'est pas différente de celle du Nigeria. On y
retrouve les deux modes de traitement, en plein par coupes monocycligues ou
par coupes polycycliques, aussi bien pour les forêts naturelles que pour les
plantations pures ou mélangées créées par la méthode taungya. Des exemples
sont fournis par les essais effectuées dans la forêt de Bobiri, située à une
soixantaine de kilomètres au sud-est de Kumasi : les recherches commencèrent
en 1945 et la forêt fut divisée en 5 blocs ; les deux premiers furent traités
selon un système monocylcigue de coupes progressives avec une révolution de
100 ans tandis que les trois autres furent traités selon un système
polycyclique de coupes jardinatoires.
112. L'installation de la régénération naturelle fut suivie par un
inventaire de placettes d'un hectare. Au départ tous les arbres des essences
principales ayant un diamètre à hauteur de poitrine supérieure à 14 cm étaient
comptés mais par la suite les mesures furent restreintes aux seuls quatre plus
gros arbres par placeau de 4 ares, correspondant aux 100 meilleurs arbres des
essences principales de chaque placette. Sur un total de 163 espèces
inventoriées à Bobiri, 26 seulement étaient commercialisables. Karani (1970)
qui visita cette forêt en 1969 estimait que le traitement par coupes
progressives donna de bons résultats : dix ans après l'exploitation, près de
60 tiges/ha appartenant aux essences commercialisables avec un dicimètre
supérieur à 10 cm pouvaient être mesurées ; les espèces les plus vigoureuses
comme Triplochiton scleroxylon et les Terminalia dominaient déjà les acajous
africains et certains sujets dépassaient déjà 40 cm de diamètre ; Karani
considérait même que le volume sur pied et la densité des peuplements étaient
trop élevés avec pour effet un ralentissement de la croissance; il suggérait
une sorte d'éclaircie par le haut et l'exploitation graduelle des arbres des
essences à croissance rapide pour favoriser la croissance des essences plus
intéressantes à croissance plus lente comme les acajous.
113. Karani soutint qu'on raison du petit nombre d'essences
commercialisables, de tels traitements étaient trop coûteux ; en conséquence
et malgré les bons résultats obtenus par les coupes progressives, les forêts
tropicales humides du Ghana furent traitées en jardinage : avant la coupe
d'exploitation principale, un délianage était effectué pour réduire les dom-
mages d'abattage puis complété par l'élimination des sujets des essences
secondaires afin de réduire la concurrence exercée sur le recrû des essences
principales, soit par la coupe si leur dimension était faible, soit par
dévitalisation dans le cas contraire. En 1969, 310 km^ de forêts furent ainsi
traités ; l'accroissement annuel était calculé sur la base d'une rotation de
25 ans de même que la part de la surface terrière à enlever à chaque passage
en coupe, le diamètre minimum d'exploitation étant de 48 cm. Le calcul de
l'accroissement était fondé sur un taux estimé de croissance entre le diamètre
minimum et la dimension commerciale souhaitée, avec une survie estimée à 70%,
ainsi qu'un rendement soutenu pendant au moins la durée de trois rotations,
c'est-à-dire 75 ans. Le volume exploitable était chiffré après cartographie
des peuplements aménagés en commençant par les arbres les plus gros et se
fixant comme objectif la répartition de ce volume entre le plus grand nombre
d'essences commercialisables possible dans la forêt considérée (cf. Baidge,
1970). A partir de 1971 la durée de la rotation au Ghana fut réduite de 25 à
15 ans.
38
Il est toutefois fortement improbable que les peuplements puissent supporter
à l'infini une rotation aussi courte. De plus ces coupes jardinatoires non
accompagnées d'interventions sylvicoles devaient inévitablement réduire
l'effectif des essences conmercialisables.
114. Un certain enrichissement des forêts appauvries en essences de valeur
et leur transformation en peuplements artificiels est envisagé, le plus
souvent par les méthodes taungya. Une méthode originale a été décrite par
Masson (1981) et utilisée dans la forêt du Subri ; cette méthode a été conçue
dans une région plutôt fortement peuplée où les tendances à l'urbanisation et
à l'industrialisation sont plutôt fortes ; de ce fait les forêts sont
fortement sollicitées pour produire des bois d'oeuvre pour usages
traditionnels, du bois de feu et aussi pour contribuer à l'alimentation des
populations urbaines voisines. Il existe aussi une demande pour la production
de bois de trituration pour la fabrication de papier se substituant au papier
importé.
115. La méthode proposée consiste en une série d'opérations susceptibles
d'être modifiées en fonction des évolutions de la demande ; les diverses
étapes sont les suivantes :
(1) choix des secteurs à améliorer en se fondant sur une
cartographie des sols et des sites ;
(2) martelage en réserve de 40 à 60 tiges à l'hectare parmi les
préexistants appartenant aux essences de valeur ayant un
diamètre inférieur à environ 20 cm et en ne retenant que celles
susceptibles d'avoir une forme satisfaisante une fois parvenues
au terme d'exploitabilité ;
(3) abattage des arbres possédant un houppier fortement développé
dans l'étage dominant suivi du remplacement de toutes les tiges
réservées au cours de l'étape précédente mais éventuellement
endommagées par l'exploitation ;
(4) abattage de tout le peuplement restant ne conservant que 40
arbres d'avenir par hectare régulièrement répartis sur le
terrain ;
(5) débardage des grumes de sciage, suivi d'un nouveau martelage
de 40 tiges par hectare régulièrement réparties sur le terrain;
(6) confection de bois de chauffage et de charbon avec toutes les
tiges et les branches restantes ;
(7) plantation complémentaire de Gmelina arborée , par exemple, avec
ou sans cultures associées.
116. Plusieurs espèces ont été utilisées dans ces essais, et notamment
Albizzia falcataria , Leucaena leucocephala , et sur les crêtes relativement
sèches avec des sols superficiels, Cassia siamea . La culture vivrière la plus
commune était celle de la banane plantain à condition qu'elle ait été plantée
suffisamment tôt avant celle des arbres pour pouvoir fructifier avant la
fermeture du couvert.
39
117. Dans d'autres parties de l'Afrique occidentale, un accroissement
identique de la demande de bois de trituration a été observé. Selon Kio et al.
(1985) : "L'importance quotidienne du papier, son coût élevé en devises, et
la disponibilité d'espèces à bonne valeur papetière susceptibles d'être
cultivées dans la zone des forêts tropicales humides ont rendu très
intéressante la création d'une industrie papetière dans certains états de la
région. De nombreux pays africains de l'Angola au Sénégal ont pris des
initiatives pour créer leurs propres unités de fabrication avec des succès
divers. Il y a aujourd'hui près de onze usines en Afrique occidentale".
118. Pour faire face à cette demande, 14 200 ha de plantation de Gmelina
furent créées au Nigeria de 1979 à 1981 ; le 4*"* plan de développement
national pour la période de 1981-85 a prévu un rythme d'accroissement des
surfaces plantées en Gtoelina de 3 200 ha/an dans les états de Ogun et Ondo,
dans le cadre d'un programme papetier financé par la Banque mondiale, auquel
il faut ajouter 900 ha/an de plantation de bambous et de pins dans d'autres
états.
119. De tels développements, qui impliquent la transformation de surfaces
importantes de forêts tropicales humides en plantations équiennes comparables
à celles pratiquées dans d'autres forêts tempérées, sub-tropicales et
tropicales, sont le point de départ d'une nouvelle étape dans l'aménagement
de secteurs occupés par des écosystèmes forestiers complexes son établis.
120. En Afrique orientale, ni le Kenya ni la Tanzanie n'ont accordé autant
d'attention que l'Ouganda à la régénération des forêts tropicales humides. Les
zones de plaine occupées par ce type de forêts y sont peu étendues tandis que
les zones de montagne sont quelque peu plus importantes mais les objectifs
d'aménagement y sont limités à la conservation des sols et des ressources en
eau. Le Kenya est à l'origine de l'introduction des exotiques à croissance
rapide comme les pins, les C)rprès, les eucalyptus et les acacias ; les
surfaces plantées en conifères se sont notablement accrues après la dernière
guerre. Les ressources offertes par les espèces indigènes Podocarpus et
Juniperus s'étaient rapidement épuisées et, ces dernières étant difficiles à
régénérer et leur croissance étant lente dans les conditions des forêts
naturelles, la transformation de ces forêts en peuplements artificiels
équiennes de pins et de cyprès dans les zones les plus favorables (sur les
pentes faibles) apparut rapidement comme une solution efficace: près de
150 000 ha de conifères exotiques furent ainsi plantés au Kenya et contribuent
aujourd'hui à l'approvisionnement de l'industrie papetière et de diverses
usines de transformation du bois. Ces plantations se sont révélées très
productrices ^t le service forestier kenyan est conscient des' grande possibi-
lités offertes par l'amélioration de leur aménagement, poursuit ses efforts
dans ce sens. Ailleurs, comme en Tanzanie dans le cadre du projet papetier de
Sao Hill, des plantations ont été établies sur les prairies montagnardes. Là
où c'était possible, ce sont les forêts mixtes pauvres en Ocotea usumbarensis
un feuillu indigène ..très intéressant, qui ont été transformées en plantations
artificielles d'exotiques.
121. Les forêts plus humides avec Ocotea comme essence principale ont été
maintenues à l'état de forêts naturelles de protection. Dans certaines
stations, par exemple Sud-Kilimanjaro et Ouest Usbara en Tanzanie Ocotea se
régénère abondamment en drageonnant après l'exploitation ; de nombreux travaux
ont été effectués pour dégager et éclaircir les drageons afin de favoriser
leur croissance (Mugasha, 1980). Mais, dans l'ensemble, les tentatives de
régénération naturelle des forêts tropicales humides de Tanzanie et du Kenya
ont eu une portée limitée si on les compare à l'importance des investissements
au profit des plantations hors et en forêt.
40
Ainsi le Kenya possède la surface le plus importante plantée d'essences de
bois d'oeuvre exotiques en Afrique orientale, tandis que la Tanzanie s'est
tournée récemoent de façon dramatique vers la création de plantations
destinées à l'approvisionnement en bois de feu des populations rurales dans
les secteurs les plus secs en dehors des forêts tropicales humides.
3.3.2. Méthodes de régénération artificielle des forêts tropicales humides
122. De nombreuses méthodes ont été imaginées pour régénérer artificiellement
les forêts tropicales humides. Certaines ont été utilisées de façon
opérationnelle pour régénérer des milliers d'hectares tandis que d'autres
n'ont jamais dépassé le stade expérimental. Ces méthodes ont été résumées par
Catinot (1986) ;
Méthode Taungya
123. C'est la plus ancienne, la plus simple et souvent la meilleure marché
des techniques de plantation : elle consiste dans la plantation d'arbres
forestiers associés à des cultures vivrières ; de cette façon le paysan
effectue en même temps les travaux d'entretien des arbres et des cultures
(binage, désherbage, etc..) En fonction de la rapidité de croissance des
arbres, et de leur espacement initial, la compétition qu'ils exercent à
l'égard des cultures associées pourra être tolérée pendant un, deux ou trois
ans, durée après laquelle le paysan devra abandonner le terrain et les travaux
ultérieurs d'entretien des arbres devront être effectués par le personnel du
service forestier. Le coût de création des plantations (élevage en pépinière,
travaux de mise en place et d'entretien des arbres après le départ du paysan)
pour varier de 20 à 40/50 hommes/ jour (Catinot; 1986)). Il s'agit là d'une
technique intéressante après l'extraction totale du peuplement forestier
préexistant convenant aux les essences de lumière capable de refermer
rapidement le couvert, condition favorable à l'égalage naturel, comme Gmelina ,
Nauclea , Cèdre la , Terminalia , etc. Parmi les nombreux forestiers qui ont
écrit sur cette technique, il est possible de citer : pour le Nigeria Redhead
(1960 a), King (1968), Lowe (1975), Umeh (1978à, et Bail & Umeh (1981) ; pour
le Ghana Brookman-Amissah (1977) ; pour le Kenya FAO (1974) ; pour la Tanzanie
Hofstad (1978) et Lundgren (1978). Des informations sont aussi données dans
FAO (1984 a).
124. Dans certains pays, la méthode taungya a évolué vers un système bien
défini avec un contenu contractuel liant à la fois le paysan et le service
forestier. Ainsi au Kenya le système "Shamba" précise les obligations des
partenaires de la façon suivante : le fermier s'engage à fournir au moins 270
jours de travail par an au service forestier, à défricher chaque année une
parcelle forestière et à désherber les arbres plantés en même temps que ses
propres cultures pendant deux ans après leur mise en place. D'une façon
générale chaque paysan détient quatre '*Shamba" de 6 000 m^ chacun, le premier
récemoient affecté où la forêt doit être défrichée, le second avec des culture
vivrières et aucun arbre forestier et les deux derniers avec des cultures et
des arbres plantés âgés de à 2 ans. En échange le service forestier s'engage
à :
(1) payer un salaire pour les 270 journées annuelles de travail ;
(2) fournir le logement et de la terre à cultiver ;
(3) abattre les plus gros arbres dans les parcelles forestières
destinées à être plantées ;
41
(4) permettre au paysan de faire pousser ses propres cultures
(maïs, patates, haricots, pois et autres légtimes) ;
(5) permettre au paysan de faire paître 15 moutons gratuitement;
(6) installer des dispensaires, des écoles, etc. (PAO, 1974).
Plantation sous abri (Méthodes Martineau)
125. Cette méthode fut expérimentée en Côte d'Ivoire vers 1930. Elle
consiste dans la plantation dense de 1 500 à 2 500 plants/ha en forêt
naturelle dont toutes les tiges d'un diamètre inférieur à 10 cm ont été
auparavant exploitées; pendant les 10 années suivantes l'abri constitué par
les plus gros arbres est graduellement éliminé par annélation circulaire ou
par dévitalisation chimique. Cette méthode s'est avérée très coûteuse (près
de 185 hommes- jour/ha) mais ses résultats ont été excellents avec Tarrietia
et Khaya . Selon les enseignements donnés par des recherches ultérieures une
réduction du coût pourrait être obtenue en s 'orientant vers une exploitation
plus énergique de toutes les tiges ayant moins de 20-25 cm de diamètre, une
extraction du couvert en deux temps par abattage, annélation ou dévitalisation
et une réduction de la densité de plantation de 1 000 - 1 200 plants/ha.
Plantation en layons
126. En Côte d'Ivoire cette technique consiste en l'ouverture de layons
parallèle de 3 à 4 m de large dans les forêts à enrichir en essences de valeur
puis en plantation de plants élevés en pépinière ; cette technique a été mise
en oeuvre sur plus de 13 000 ha mais les résultats en ont été décevants en
raison de la croissance médiocre et irrégulière, et de l'obligation
d'effectuer des traitements d'entretien continuels. Des recherches
complémentaires ont montré que la croissance pourrait être considérablement
améliorée en donnant aux plants un meilleur éclairement en élargissant les
layons jusqu'à 5 m et en intervenant sur le couvert entre les layons par
annélation et/ou dévitalisation ; toutefois cette méthode améliorée est encore
trop chère (Catinot, 1986).
127. La plantation en ligne sous le couvert plus ou moins ouvert a toujours
conduit à des résultats décevants. C'est pourquoi Dawkins, cité par Lamb
(1969), a proposé cinq conditions à remplir pour réussir une plantation en
layons, définie come la mise en place de plants en lignes espacées d'une
distance égale ou légèrement supérieure au diamètre du houppier des arbres à
l'âge adulte de telle sorte qu'à la fin de la révolution le peuplement soit
totalement reformé. Ces conditions sont énumérées dans l'Etude n* 1 à l'alinéa
56 (page 107). Il est préférable que la condition la plus importante de toutes
est la satisfaction des besoins en lumière en donnant dès la mise en place des
plants d'essences de pleine lumière l' éclairement vertical dont ils sont
besoin.
Méthode du recru
128. Cette méthode a été conçue par le Centre technique forestier tropical
après expérimentation effectuée au Gabon ait démontré qu'avec des essences de
lumière conme l'Okoumé un fort éclairement latéral, tel que celui qui peut
résulter d'un défrichement total de la forêt , favorise la formation de
branches latérales, sources de défauts et de malformations du tronc.
42
La succession des opérations conseillées est la suivante: abattage de toutes
les tiges des étages dominés d*un diamètre inférieur à 20 cm^ dévitalisât ion
chimique des tiges de diamètre supérieur : mise en place de jeunes plants
d* essences de valeur. Ces derniers sont rapidement engainés par les rejets de
souche tandis que la disparition graduelle du couvert de 1* étage dominant sous
l'effet du traitement phytocide favorise leur croissane en hauteur. Cette
méthode requiert de 90 à 100 hommes- jour/ha et donne des résultats
techniquement et économiquement encourageants, toutefois elle n*a pas connu
des grands développements en raison de l'importance de la main d'oeuvre
nécessaire pour la mener à bien.
Plantations en pleine lumière
129. ^ Lorsque les forestiers eurent réalisé que la plupart des essences
conomercialisables des forêts tropicales humides africaines sont exigeantes en
lumière ils s'orientèrent progressivement vers des techniques de plantations
après enlèvement total du couvert forestier. Cette tendance fut directement
inspirée par les premières expériences acquises avec Aucoumea et Terminalia .
Plus récemment l'insuffisance croissante de la main d'oeuvre nécessaire aux
opérations de plantation les incita à faire de plus en plus appel à la
mécanisation pour :
(1) le défrichement, effectué partiellement ou totalement à la scie
à chaîne ou par chenillard équipé d'un rateau-pousseur ;
(2) l'entretien des plantations, exécuté partiellement ou
totalement à la main à la machette le long de la ligne et
mécaniquement entre les lignes à l'aide d'un rouleau
débrousailleur tiré par un petit chenillard ou un tracteur
agricole ; si ces opérations doivent être entièrement
mécanisées, le sol doit être désouché nivelle et, les rémanents
étant incinérés et mis en andains.
130. ^ Le recours à la mécanisation intensive avec des engins lourds
(Chenillard de type D6 à D8) accroît beaucoup le coût de création des
plantations mais il a été démontré qu'il était indispensable dans le cas des
projets de grande étendue (500 ha/an ou plus) devant être menés à bien dans
une courte période de temps pour tirer parti de la courte période favorable
à la mise en place des plants.
131. Les diverses opérations d'usage courant sont détaillées dans le
tableau n* 9 quelques modifications peuvent être nécessaires en fonction des
conditions locales. L'entretien des plantations d'Okoumé doit toujours être
effectué à la main en raison de la nécessité de conserver une association
étroite avec les rejets du taillis environnant (cf. ci-dessus, alinéa 128).
Les espèces plantées avec succès sur plusieurs milliers d'hectares par an
grâce à cette méthode sont : Tectona, Terminalia ivorensis et T. superba ,
Gmelina , Aucoumea , Cedrela, Nauclea et Triplochiton .
Méthode des placeaux
132. La méthode imaginée par le Département Forestier de l'INEAC à Yangambi
vers 1952 était basée sur celle d'Anderson utilisée dans les forêts tempérées
décrite de la façon suivante : "La principale caractéristique de la méthode
consiste en l'introduction des plants d'enrichissement en petits placeaux
dans le sous-étage qui doit être le moins possible perturbé. Celle-ci procure
les meilleurs conditions écologiques pendant la phase critique d'installation.
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44
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sont prograssifs dans las prami&ras annéas jusqu^à ca que les placeaux se
soient refermés ; ils sont ensuite plus intenses. Les placeaux sont constitués
de 25 plants à l'espacement de 1 x 1 m, les placeaux eux-mêmes étant distants
de 10 m en tous sens, soit 100 placeaux par hectare (Dawkins, 1955).
133. Salon Catinot (1986) cette méthode, d* abord conçue pour être utilisée
dans les forêts inexploitées , pourrait recevoir la plus importante application
dans las forêts exploitées ou dégradées. L'utilisation d'essences de lumière
à croissance rapide en petits placeaux situés dans de larges trouées après
exploitation a été mise en pratique dans plusieurs pays comne l'Ouganda et la
Tanzanie. En général les placeaux étaient plus petits, 3 à 5 plants installés
i plus grand espacement que dans la méthode originale ; un seul plant était
conservé après deux ou trois ans. En Tanzanie dans la forêt de Kihuhwi-Sigi,
des accroissements annuels moyens de 1,5 à 3 m sur la hauteur et de 1,3 à 4 cm
sur la diamètre ont été mesurés après 7 à 10 ans sur des plants de Maesopsis ,
Cadre la . Terminal ia ivorensis et T. superba (Borotra, 1969). Des résultats
similaires ont été notés en Ouganda (cf Etude de cas n* 1, alinéa 54). Cette
méthode est très souple car elle permet de tirer parti des trouées existantes
sans nécessité de dépenser de l'argent pour en créer. Néanmoins, elle doit
encore être étendue aux plantations sur une grande échelle où la vérification
du travail est beaucoup moins sérieuse que dans les placettes expérimentales.
Des recherches sont encore nécessaires pour confirmer les premiers résultats
et les rendre applicables aux opérations d'aménagement (Catinot, 1986).
Techniques de plantation des pins et des eucalyptus
134. Des techniques totalement mécanisées sont généralement utilisées pour
ces deux genres. Lorsqu'ils sont plantés en forêt, il convient de choisir des
forêts dégradées où le coût du défrichement est plus faible. Mais d*une façon
générale ces techniques conviennent le mieux à la plantation des savanes
arborées. Les coûts sont ainsi réduits. Comme les herbes concurrencent
sévèrement les jeunes arbres, il faut exécuter des désherbages par arrachage
et non pas par coupe qui risque de favoriser une repousse plus vigoureuse. Le
binage manuel est trop onéreux et prend trop de temps ; il est donc
habituellement réservé au pied des arbres tandis qu'entre les arbres le
désherbage est effectué mécaniquement à l'aide de disques.
135. La suite des opérations est la suivante :
(1) défrichement à la machine, soit à l'aide d'un chenil lard D4
équipé d'un bouteur ou d'un râteau "tree-pusher" qui travaille
en poussant et en arrachant la végétation ligneuse, soit à
l'aide de deux chenillards D7 travaillant en parallèle à 30 m
environ l'un de l'autre reliés par une chaîne solide traînant
sur le sol pour arracher les arbres ;
(2) incinération suivie d'un ratissage des rémanents et de leur
mise en tas en vue d'une nouvelle incinération ;
(3) labour, par exemple à la charrue Rome pour améliorer la
structure du sol et enfouir les touffes de graminées
sous-solage en cas de nécessité pour fracturer un horizon
concrétionné ; hersage superficiel ;
45
(4) creusement des trous et mise en place manuelle des plants ;
(5) entretien de la plantation pendant 2 à 3 ans par binage manuel
autour des plants et disquage entre les lignes ;
(6) création de pare feux périphériques et de cloissonnement comme
mesure préventive de protection contre les feux.
Coûts
136. Les coûts varient dans une large mesure selon les conditions locales,
l'intensité des travaux de défrichement, le prix de la main d'oeuvre et des
équipements, ainsi que l'accessibilité du site. Selon Catinot (1986) les coûts
peuvent être compris dans les fourchettes suivantes :
(1) essences de bois d'oeuvre en forêt 1 200 à 2 000 US$/ha ;
(2) pins et eucalyptus en savane : 700 à 1 000 US$/ha.
Amélioration génétique des essences de reboisement
137. Des progrès ont été très perceptibles avec les essences à croissance
rapide et surtout avec les pins et les eucalyptus. Dans le cadre de programmes
d'amélioration entrepris au Congo, en Côte d'Ivoire, au Kenya, à Madagascar,
au Nigeria, en Ouganda, en Tanzanie, en Zambie et au Zimbabwe, des arbres plus
ont été sélectionnés et des vergers à graines ont été créés. Au Congo, des
plantations de clones performants de Terminalia superba ont été aussi mises
en place. Parmi les espèces indigènes des forêts tropicales humides des
recherches ont été entreprises sur Terminalia superba au Congo, en Côte
d'Ivoire et au Cameroun, sur T. ivorensis en Côte d'Ivoire et sur Triplochiton
scleroxylon en côte d'Ivoire et au Nigeria. Ce travail comprend des
comparaisons de provenances, la sélection d'arbres plus, et la mise au point
de méthodes de multiplication végétative fiables et applicables sur une grande
échelle.
3.4. Exploitation
138. Le progrès spectaculaire des techniques d'exploitation au cours de ce
siècle a été observé aussi bien par Catinot (1986) que par Philip (1986 a).
Cette remarque concerne aussi bien l'équipement et les techniques proprement
dites que la liste des essences commercialisables. Il n'y a plus aujourd'hui
d'arbre qui ne puisse être exploité avec les moyens modernes. Mais le coût
élevé de l'exploitation constitue toujours une sévère contrainte à une
utilisation plus complète des ressources forestières. L'exploitation affecte
de façon évidente l'environnement mais constitue aussi une opération
sylvicole. Une exploitation mal conçue mettant en oeuvre les machines modernes
peut causer des dommages considérables à l'environnement et au peuplement
restant ; elle est aussi beaucoup plus onéreuse et inefficace qu'une
exploitation correctement planifiée incluant la conception d'un réseau de
voies de vidange des coupes. Ainsi des systèmes d'exploitation convenablement
planifiés et contrôlés se révèlent toujours supérieurs à tous les points de
vue, économique, écologique et sylvicole. De tels systèmes devraient être
intégrés aux règlements d'exploitation des aménagements mais ceci constitue
encore un objectif impossible à atteindre sous les tropiques.
46
139. Plusieurs facteurs sont sources de difficultés dans le domaine de
l'exploitation forestière tropicale ; ce sont selon Catinot (1986) :
(1) une pluviosité importante (1 500 à 4 000 mm/an), avec saison
sache inexistante ou courte, qui rend difficile les opérations
d'abattage, de débardage et de transport ; même avec un bon ré-
seau de pistes, le transport peut être limité à 180/220
jours/an pour des raisons climatiques ;
(2) la topographie ; ainsi au Congo, au Gabon et au Zaïre, une part
importante des forêts est située sur des pentes fortes ; il en
est de même pour les forêts montagnardes de l'Afrique
orientale;
(3) la nature des sols (soit excessivement sableux, soit
excessivement argileux) qui accroît les difficultés de
débardage et de transport liées au climat ;
(4) la taille des arbres ;
(5) dans certain cas, l'éloignement de la forêt par rapport aux
marchés ;
(6) une certaine méconnaissance de la forêt ; bien que la plus
grande partie des massifs ait été inventoriée l'intensité de
l'échantillonnage est souvent trop faible pour fournir des
informations convenables pour des petits blocs d'une superficie
inférieure à 20 000 ha (et même parfois moins de 100 000 ha);
(7) l'hétérogénéité de la composition de la forêt ; le volume
commercial exploitable dépend de l'éloignement par rapport aux
marchés locaux ou d'un port pour les exportations, de la
politique commerciale de l'exploitant forestier, et des
fluctuations des cours du bois.
140. Il est nécessaire de distinguer clairement le volume commercial net que
l'exploitant peut extraire de la forêt et vendre, du volume sur pied tel qu'il
est calculé à la suite d'un inventaire. Cette distinction est illustrée par
le tableau n* 10 qui présente des données moyennes extraites du Mémento du
forestier pour l'Afrique francophone ; elles concernent des arbres
exploitables ayant atteint ou dépassé 70 cm de diamètre à hauteur de poitrine.
Il est facile de constater que le volume net vendable des arbres
commercialisables après éventuelles réfactions pour défauts des essences
principales est seulement de 15 m^/ha environ tandis que le volume inventorié
sur pied est supérieur à 100 m^/ha, toutes essences confondues.
141. Dans certains états, une part notable de la production totale est
exportée ; le tableau n* 11 montre notamment que cette part atteignait 74 Z
en 1983 pour quatre pays francophones africains. Or le marché à l'exportation
est très sélectif et, si les marchés locaux susceptibles d'utiliser le bois
des essences autres que principales sont peu développés, la dépendance
vis-à-vis des marchés extérieurs conduira à l'exploitation d'un petit nombre
d'arbres ; la conséquence sera d'ordre sylvicole car les essences principales
ne pourront se régénérer que très difficilement.
47
TABLEAU n- 10
Volumes sur pied exploitables et volume exploités par groupes d'essences
: Essences
Résultats de l'inventaire
; Volumes :
: conmer- :
: cialisés :
(mVha) :
Nombre : Nombre de : Volumes sur
d'espèces : tiges pour: pied
:par groupe: 100 ha : (m'/ha)
: . principales :
: * à bois rouge
: * autres
: Total
: . secondaires :
: . complémentaires: :
: Total
: . accessoires :
8
7 !
15 !
15 i
19
49
90
140
230
190
300
720
430
12,50
15,50
28,00
16,60
30,40
75,00
36,20
6,80 :
8,50 :
15,30 :
9,15 i
16,70 :
41,15 :
19,80 ':
: Grand Total
1 150
111,20
60,95 :
La prédominance des marchés extérieurs n'est toutefois pas universelle ;
ainsi au Nigeria elle a cessé depuis plusieurs années. Cependant une demande
importante des marchés locaux, aussi bien pour le bois que pour la terre
cultivable, qui pourrait remplacer la demande à l'exportation, crée d'autres
problèmes aux aménagistes.
142. Au cours des années, le nombre des essences des forêts tropicales
humides ayant un intérêt commercial n'a cessé de croître ; il en est résulté
dans certaines régions un glissement d'un système d'exploijiation fondé sur
l'"écrêmage" des forêts vers un système d'exploitation en plein. Cette
tendance à bénéficié du support de la recherche sur les propriétés des bois
telle qu'elle a été conduite en France par le Centre technique forestier
tropical, au Royaume Uni par le Fores t Products Laboratory, et plus récemment
par des instituts africains comme ceux d'Ibadan, d'Accra, de Moshi, de
Kampala, du CTFT-Gabon ou du CTFT-Côte d'Ivoire.
143. A titre d'exemple Karani (1985) note qu'à la veille de là dernière
guerre l'Ouganda pouvait commercialiser près d'une quinzaine d'essences de
bois d'oeuvre. Les marchés extérieurs demandaient des bois de qualité, demande
que l'Ouganda ne pouvait satisfaire en quantité suffisante pour maintenir ses
exportations, et cette circonstance fut mise à profit pour développer le
marché intérieur et pour persuader l'industrie nationale d'élargir la liste
des essences utilisables. Les essences furent groupées en trois classes, puis
en quatre, en fonction de leur valeur. La première réunissait les essences de
premier choix, habituellement appelées essences d'ébénisterie.
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E
c
5
C
49
La seconde groupait les essences de bois d'oeuvre courantes, certaines d'entre
elles pouvant être utilisées en menuiserie. La troisième était celle des bois
de charpente, essences qui ont tendance à devenir moins communes et/ou qui
présentent souvent des difficultés au moment de la transformation. La dernière
classe réunissait des essences peu utilisées en raison de la difficulté du
sciage. Un certain nombre de ces dernières est présent, comme dans les forêts
mélangées en quantité substantielle comme Cynometra alexandri dans les forêts
de Budongo et Bugoma ou Parinari excelsa dans les forêts de Kibale, Kalinzu
et Kasyoha-Kitomi ; le bois du Parinari , notamment, qui contient beaucoup de
silice est très difficile à scier mais le stellitage des dents de scies permet
aujourd'hui de surmonter ces difficultés.
144. Au début des années 1970 la plupart des essences des régions de Mabira,
West-Mengo et Masaka, situées dans une zone très peuplée autour du lac
Victoria près des centres industriels de Kampala et Jinja, avaient été
reparties entre ces quatre classes, à l'exception cependant d'une seule
espèce. Cola gigantea > dont le bois est difficile à scier ou à dérouler et
dont le seul usage est la fabrication de charbon de bois.
145. Une autre difficulté résulte de la quasi-impossibilité de savoir i
l'avance quelles espèces deviendront commercialisables et quand. Kio et al.
(1985) ont observé qu'au Nigeria les secteurs sont divisés en blocs devant
être exploités selon une succession chronologique mais que les exploitants
peuvent être autorisés à revenir sur les coupes déjà effectuées ; ainsi les
arbres appartenant à des essences primitivement non commercialisables peuvent
être exploités, si une demande existe, même dans des coupes transférées au
quartier de régénération où des opérations sylvicoles sont entreprises. Cette
latitude laissée aux exploitants peut peser sur l'efficacité des opérations
déjà réalisées ou favoriser la croissance des peuplements résiduels. 11 est
certain qu'en Ouganda des arbres traités avec des phytocides ont été ensuite
exploités et que des essences primitivement considérées comme sans intérêt ont
été ultérieurement promues à la classe "commercialisable". Même là où les
conséquences directes sur les interventions sylvicoles ont été faibles, le
fait de revenir sur les coupes pour entreprendre de nouveaux abattages a
déclanché une réactivation de la croissance des lianes et un retard dans la
fermeture du couvert qui aurait normalement dû concurrencer leur vigueur.
146. Des modifications importantes sont intervenues depuis l'origine dans
le domaine de l'outillage, haches, tronçonneuses, et outils manuels de
débardage ; on utilisait des voies Décauville pour le transport jusqu'aux
usines, par exemple pour transporter des grumes de Podocarpus de la forêt de
Sango Bay en Ouganda (Philip, 1986 a). Aujourd'hui des tracteurs sophistiqués
à quatre roues motrices sont disponibles ainsi que des portiques puissants
pour le chargement des grumes sur des grumiers à plusieurs essieux. L'abattage
est habituellement effectué avec des tronçonneuses à chaîne mais l'abattage
par cisaillement a été essayé au Gabon (Catinot, 1986). Sur les grands
chantiers le débusquage est effectué au moyen de tracteurs à roues ou a
chenilles de 180 à 200 chevaux. Le chargement peut être aussi réalisé
mécaniquement au moyen de la lame d'un bouteur ou d'une chargeuse frontale.
Le transport peut être effectué avec des tracteurs routiers attelés à des
remorques ayant une charge utile de 12 à 35 tonnes ; le poids total en charge
est de l'ordre de 22 à 50 tonnes et requiert des routes bien construites,
d'une largeur de 8 m avec une surface convenablement compactée et totalement
exposée au rayons du soleil.
50
t47. L'exploitation a été souvent organisée par le biais de permis
conférant, par exemple, au titulaire le droit exclusif d'exploiter les bois
d'oeuvre sur une surface délimitée de forêt. Ainsi en Ouganda, le gouvernement
entreprit une politique en faveur du sciage au début de ce siècle qu'il
abandonna en 1930. De 1915 à 1933 des permis furent délivrés à plusieurs
compagnies dans les diverses régions bien qu'aucune forêt ne soit soumise à
un règlement d'exploitation particulier. Le premier fut conçu en 1934 pour la
forêt de Budongo et en 1948 pour les autres forêts de South Mengo (Sangster,
1948). Depuis cette date la plupart des principales forêts classées ont été
traitées au moyen de permis délivrés à des compagnies privées dans le cadre
d'un programme bien défini.
148. Des informations, extraites du dernier inventaire effectué avant
l'appel d'offre, sont données au concessionnaire ; elles concernent
habituellement le volume escompté, la répartition des arbres entre les
essences et les catégories commerciales, la délimitation du permis accordé et
les conditions de l'exploitation. Une fois les opérations d'exploitation
organisées, un programme doit être préparé et soumis à l'approbation du
service forestier ; des règlements sont promulgués de manière à vérifier
l'exécution méthodique des travaux, l'implantation et la construction des
pistes ainsi que le mesurage des grumes. D'une façon générale le paiement du
bois est assis sur le volume mesuré des grumes après abattage. Le permis
d'exploitation contient en outre des conditions détaillées qui définissent
toutes les caractéristiques de la concession donnée à l'exploitant ; ainsi en
Tanzanie le modèle de permis intitulé "Exclusive Licence to take Trees and
Timber" tel qu'il fut utilisé au cours des années cinquante ne contient pas
moins de 59 conditions plus 13 annexes détaillées sur 18 pages.
149. La plupart des permis sont délivrés pour les forêts classées placées
sous le contrôle du gouvernement. Mais dans certains pays une part notable de
la production provient de l'exploitation de secteurs boisés situés hors des
forêts classées. Ces derniers sont souvent décrits comme "zones libres"
principalement destinées à la production agricole bien qu'elles puissent
produire une certaine quantité de bois : par exemple au Nigeria selon Kio et
al. (1985) près de 50 % des grumes exploités proviennent de secteurs situés
hors forêts classées.
150. Les tableaux n* 12 et n' 13 extraits par Catinot (1986) du "Mémento
du Forestier" donnent des indications sur la productivité des opérations
d'exploitation.
151. La comparaison de ces tableaux suggère que les différences de
productivité dépendent des conditions locales, et surtout de la topographie.
Dans le plupart des régions de Côte d'Ivoire, Cameroun et République
Centrafricaine, la productivité des opérations en forêts exploitées pour la
seconde ou la troisième fois est supérieure à celle du premier passage en
coupe ; cette constatation montre que le coût de l'exploitation diminue avec
la répétition des travaux sur la même parcelle boisée en raison des
possibilités de restauration et de réutilisation du réseau routier ; ceci
milite en faveur du système polycyclique d'exploitation.
152. Les données précises sur les coûts de l'exploitation forestière ne
sont pas facilement disponibles. Selon Catinot (1986) ils doivent être
incontestablement trop élevés. L'une des raisons est que, dans l'Afrique
francophone, près de la moitié des cadres est constituée de personnel
expatrié.
51
TABLEAU n* 12
Productivité de la main d'oeuvre au Gabon
(terrain accidenté)
Production
annuelle
(m^/an)
Volume : Nature
: commercial: du
: (mVha) : terrain
Effectifs du Personnel
Productivité
(m /homme/an)
Manoeuvres
Cadres
Manoeuvres Cadres
127 000
8
: M/0
249
15
510
a 500
65 000
9
M
150
: 7
500
10 700
57 000
8
M/D
104
5
550
11 400
91 000
8
M/D
191
8
475
11 400
75 000
16
M
148
5
505
14 900
31 000
10
D
83
3
380
10 450
30 000
10
D
73
4
420
7 700
22 000
8
D
74
3
295
7 300
81 000
11
F
130
6
620
10 075
Anciennes opérations (1960-65)
48 000
15
F
200
5/6
240 :
8 100
60 000
15
F
200
5/6
300
10 500
42 000
10
D
147
6/7 :
280
6 300
F = terrain facile ; M = terrain moyen ; D = terain difficile.
Le développement futur d'une plus grande demande moins sélective pour les
produits forestiers, principalement dans les pays producteurs , devrait
conduire à une récolte plus importante de bois commercialisable par hectare
et ainsi se traduire par une diminution des coûts.
3.5. Industries de transformation
153. Des progrès considérables ont été accomplis au cours de ce siècle dans
le domaine des techniques de transformation du bois :. ces dernières ont permis
notamment un élargissement de l'éventail des essences utilisables. Ces
développements sont les conséquences des progrès de la recherche sur les
qualités du bois des diverses espèces et des techniques d'usinage, de séchage
et de préservation des bois ainsi que des techniques d'utilisation faisant
appel aux colles et aux résines. Alors qu'au début de ce siècle la façon la
plus élaborée d'utiliser les bois tropicaux était l'ébénisterie et la
marquetterie, de nos jours et dans certains pays producteurs les techniques
d* assemblage, la production de contreplaqués et de placages, celle de panneaux
de fibres ou de particules sont devenues d'usage courant. Des papeteries
s'installent et sans aucun doute le transfert des technologies modernes se
poursuivra.
52
lABLBâD &* 13
Productivité de la main d'oeuvre en Côte d* Ivoire, Cameroun
et République Centrafricaine
(terrain généralement peu accidenté)
Production an-
nuflU
(«'/•n)
Voluma
: oonmrclal
: (mVha)
: Natura
: du
: tarrain
Effactifa du paraonnal
Productivité
(m^/hoiiiiia/an)
manoauvraa cadras
manoauvraa oadraa
61 000
10
116
3.5
520
: 17 000
43 000
12
126
340
10 000
64 000
13
111
760
16 000
132 000 (*)
4 à 5
126
'
1 100
33 000
140 000 (*)
4 A 5
204
685
22 000
60 000 {*)
2 à 3
80
1 000
11 000
33 000 (*)
2 à 3
64
1 à 2
390
16 000
32 000 {*)
2 à 3
M/D
56
570
16 000
: Anci«nn«s opé-
rations
(1960-65)
61 000 (**)
F
202
5 à 6
290
14 000
F : tarrain faclla ; M s tarrain moyan ; D s tarrain difficila
(•) : dauxièma at troiaièma paaaaga mr) coupa aur las mémaa parcallas
(«*) : anaambla da 7 opérations d'axploltation
Selon les conclusions de Kyrklund & Erfurth (1976) les bois produits par les
forêts tropicales humides peuvent être technologiquement utilisés pour
fabriquer de la pâte et du papier mais au point de vue économique, de nombreux
problèmes demeurent notamment celui des coûts et de la rentabilité.
154. Il y a toutefois un prix à payer pour ces améliorations technologiques.
Les procédés de fabrication tendent à mobiliser des moyens financiers
importants et les coûts de production sont sous la dépendance des économies
d'échelle. Le marché de ces produits est international et le succès de
l'importation de produits de substitution ou de l'exportation est soumis i de
nombreuses influences extérieures. Ces nouvelles techniques sont grosses
consommatrices d'énergie et sont onéreuses aussi bien en termes de
qualification dans le domaine de la gestion qu'en consommation de pièces
détachées et de matières premières, comme les produits chimiques qui peuvent
ne pas être disponibles localement. En conséquence leur adoption n'est pas
exempte de risque et n'est pas nécessairement bénéfique comme cela a pu être
vérifié dans le passé.
155. La mesure dans laquelle ces améliorations technologiques ont réellement
bénéficié aux industries forestières et aux aménagements des forêts en Afrique
est matière à contreverse. Philip (1986 a) décrit la situation des pays anglo-
phones d'une façon assez brillante.
53
Se fondant sur les conclusions de Kio et al. (1985), il cite un chiffre
supérieur à 1 000 comne effectif des scies à ruban horizontal en 1980, chacune
d'entre elles correspondant i un investissement moyen voisin de US $ 50 000.
Hais, ainsi qu'il est mentionné dans l'Etude de cas n* 2, il existe de bonnes
raisons de croire qu'un bon nombre de ces installations sont sous-utilisées.
Au cours des années quatre-vingt, débuta une période de développement intégré
dans les pays motivés en faveur d'une utilisation totale du bois ; une telle
ambition supposait une approche globale de la transformation du bois, les
scieries étant intégrées aux usines de déroulage et de placage ainsi qu'aux
usines fabricant des panneaux et aussi, dans une certaines mesure, aux
papeteries. En 1976 le Ghana possédait six usines de contreplaqués intégrées
de ce type et le Nigeria quatre. En 1980 le nombre fut porté à six au Nigeria
et deux usines de panneaux furent créées. Le Nigeria possède aussi une
papeterie qui importait seulement de la pâte mais qui, récemment, a été
modifiée en une papeterie intégrée fabriquant sa propre pâte. Deux autres
usines sont actuellement en contruction mais, en raison de l'accroissement des
prix, l'achèvement des travaux et leur démarrage sont retardés.
156. L'évolution de la situation en Afrique orientale n'est pas différente.
Mais, en raison de la moindre extension des forêts naturelles, il y a eu un
accroissement important des surfaces plantées en essences exotiques à
croissance rapide, principalement des pins, des cyprès et des eucalyptus. Des
usines intégrées de contreplaqués, ou de fabrication de panneaux ont été
installées au cours des années soixante et soixante-dix et, de nos jours,
comme en Afrique occidentale, l'accent a été mis sur l'intérêt d'orienter les
investissements vers la production du papier.
157. La situation dépeinte par Catinot (1986) pour les pays africains
francophones est moins empreinte d'optimisme ; le commerce à l'exportation y
joue en effet un rôle éminent comme le montrent les données du tableau n* 14 ;
au cours des 20 dernières années, les industries du bois se sont à peine
développées et paraissent mal préparées à la confrontation avec les nouveaux
problèmes qui devraient naître de l'exploitation des plantations et des forêts
naturelles, déjà parcourues en coupe au moins une fois : dans les deux cas,
les diamètres seront bien plus faibles que ceux des arbres coupés dans les
forêts "vierges".
158. Le tableau n* 14 montre que :
(1) les industries du bois nationales absorbent moins de la moitié
des quantités récoltées (3 615 000 m^ d'équivalent bois rond
sur les 7 636 000 m^ récoltés) ;
(2) les industries du bois approvisionnant les marchés locaux
utilisent en moyenne seulement 26 % de la récolte totale de
grumes (50 % au Cameroun et 7 % seulement au Gabon) ; les 74 Z
restants étant exportés, soit en grumes, soit après
transformation effectuée localement ;
(3) un peu plus de la moitié seulement, soit 54 Z du bois
transformé localement est absorbée par les marchés locaux.
159. La stagnation des marchés locaux, à l'exception de ceux du Cameroun,
maintenu l'étroitesse des liens entre les industries du bois et le marché à
l'exportation caractérisé par l'extrême sélectivité pour les essences et une
grande qualité des bois. Ceci s'est traduit par une absence d'incitation pour
une plus grande diversité des essences et pour une amélioration des
équipements industriels.
54
ZABUàD n* 14
Quantités récoltées et transformées localement
dans quatre pays africains francophones en 1983.
(unité 1 000 m^ de bois rond)
Pays
: quantité
: réooitto
•: quantités
■: sxportées
: en grumes
; Qusntltés transformées
.-Pourcentags.
: Pourcentage :
: toUles
: expor-
: tées
:vsnduss
:sur les
: marchés
: locaux
•oes qusnvix* .u«« «^uwiwib.
: transform. : récoltéss :
: vendues sur :1ocs1smsnt :
:les marchés :oomme bols :
locaux .'transformé :
: Cameroun
1 sao
595
: 1 085
250
835
77 X
50 X :
: Congo
491
221
270
150
120
44 %
24 X
: Côte d'Ivoire :
4 075
2 267
1 608 <
888
920
50 %
22 X
: Qabon
1 390 :
938
452 :
360 :
92 :
20 X
7 X
TOTAUX
7 636 :
4 021
3 615 :
1 648 :
1 967 :
54 %
26 X
La plupart des usines ont été ainsi obligées de se concentrer sur la
transformation d'un petit nombre d'essences principales comme sources
essentielles de leurs revenus. Ce n'est que dans des circonstances
particulières (équipement suranné» proximité d'un marché urbain étendu) qu'une
usine donnée peut d'intéresser aux essences secondaires.
160. Lorsque l'abattage se bornait en majorité aux arbres de grosses
dimensions, les usines de grande capacité devaient s'équiper de machines
lourdes pour manutentionner des grumes de forte taille. Le premier passage en
coupe ayant été effectué sur la plus grande partie des forêts, le diamètre
moyen des arbres exploitables au deuxième passage a progressivement diminué;
de ce fait ces machines sont aujourd'hui surdiroensionnées et leur utilisation
est devenue trop coûteuse. Les petites usines peuvent posséder des
installations mieux adaptées aux grumes de plus faibles diamètres, mais bon
nombre d'entre elles sont vieillies et leurs capitaux souvent insuffisants
pour leur permettre de faire face aux dépenses dé renouvellement des
équipements. Il s'agit là d'une situation assez générale bien qu'il puisse y
avoir des exceptions.
161. En Afrique occidentale, en raison de la diminution de la ressource en
grumes de qualité convenable pour l'exportation, un accroissement de l'intérêt
en faveur du développement des marchés locaux devrait se faire jour ; ainsi
pourront être utilisés des arbres de plus petites tailles laissés sur pied
dans les forêts naturelles ainsi que ceux des éclaircies (diamètre de 15 à 35
cm) faites dans les plantations où seront bientôt produits des bois aux
caractéristiques homogènes sur des centaines de milliers d'hectares. Pour
réussir dans cette entreprise, des équipements spéciaux seront nécessaires
coimie, par exesiple, les suivants :
55
(1) dérouleuses et trancheuses conçues pour traiter des grumes de
petites tailles, comme les dérouleuses f incises ou d'autres
machines Scandinaves ou canadiennes ;
(2) scies mobiles et raboteuses de petites tailles pouvant être
installées sur le parterre des coupes pour la production de
poutres et de chevrons susceptibles d'être usinés dans un
atelier principal ; l'importance de la ressource en petites
grumes (près de 150 000 m^/an de produits d'claircies en Côte
d'Ivoire) justifie les investissements en faveur de tels
équipements (Catinot, 1986).
162. Des développements similaires sont aussi nécessaires pour traiter les
bois débités, principalement en vue de leur utilisation en menuiserie, en
charpente et en ameublement. La fabrication des poutres en lamellé-collé a été
suspendue en raison des insuffisances des marchés locaux, mais il y a une
demande croissante pour des produits manufacturés locaux, comme des manches
à balai ou des tringles à rideau, principalement en Côte d'Ivoire. Les moyens
susceptibles de promouvoir l'utilisation locale du bois provenant des
industries nationales peuvent être énumérées ci-après :
(1) amélioration des techniques de séchage qui est rendu difficile
par les conditions climatiques des forêts tropicales hiamides;
c'est surtout important si les produits manufacturés doivent
vendus aux pays africains voisins plus secs ;
(2) utilisation de contreplaqués peints plutôt que polis ; ceci
peut les rendre moins chers en dissimulant certains défauts
d'aspect ;
(3) utilisation de bois reconstitué (panneaux de particules, etc.);
grâce à cette technique bien maîtrisé et peu onéreuse,
permettant l'utilisation des sous-produits, les tiges coupées
en éclaircies et tous autres bois de petites dimensions
pourraient être valorisés.
163. Les commentaires ci-dessus concernent essentiellement l'Afrique
occidentale. Pour les pays de l'Afrique centrale, où subsistent encore de
vastes étendues de forêts naturelles, la prédominence d'un marché à
l'exportation hautement sélectif devrait se maintenir encore pendant plusieurs
décennies.
3.6 Institutions
164. Traditionnellement les services forestiers ont été d'abord considérés
par les gouvernements et les administrateurs comme des organismes chargés de
collecter des recettes ; la forêt étant considérée comme croissant toute
seule, les allocations budgétaires et les effectifs devaient être maintenus
au niveau le plus bas.
165. Au point de vue politique, les services forestiers sont souvent regardés
comme constituant des sources de conflits : pour les communautés rurales, la
réglementation forestière est contraignante et les fonctionnaires forestiers
sont des policiers tracassiers. Les poursuites pénales pour délits de chasse,
de feu ou d'exploitation illicite suscitent presque quotidiennement une
hostilité latente qui s'exprime ouvertement auprès des politiciens locaux.
56
Pour conserver leur popularité ces derniers répugnent à accorder de façon trop
évidente leur soutien au service forestier lorsqu'il tente d'appliquer la loi.
Ainsi la foresterie figure généralement parmi les activités les moins
soutenues par les gouvernements.
166. En Afrique francophone , la tendance commune a été de confier à des
institutions distinctes a) la réalisation des opérations techniques, et b)
l'application de la politique forestière, l'administration et la perception
des recettes forestières (Catinot, 1986). Cette distinction a été souvent
considérée comme bénéfique par les donateurs étrangers, dans un cadre
multilatéral ou bilatéral, pour la gestion des programmes d'assistance
technique. A cet égard des institutions de ce type furent créées dans la
plupart des pays francophones forestiers pour être responsables de toutes les
opérations forestières, théoriquement indépendamment des services forestiers.
Elle prirent le plus souvent la forme de Sociétés ou d'Offices, par exemple:
(1) au Cameroun, le Fonds national et le CENADEFOR ;
(2) au Congo, l'Unité industrielle d'afforestation du Congo ;
(3) en Côte d'Ivoire, la Société pour le développement des
plantations forestières (SODEFOR) ;
(4) au Gabon, la Société technique de la forêt d'Okoumé (STFO).
167. Ces organismes sont généralement gérés par un Conseil d'administration
et sont dotés de l'autonomie financière. Ils sont placés sous l'autorité du
même ministère qui a en charge le service forestier dont le chef est
Commissaire du gouvernement auprès du Conseil d'administration.
168. Ces Offices techniques sont des supports administratifs efficaces pour
la gestion des programmes d'aménagement forestier. L'expérience a montré
cependant que plusieurs d'entre eux ne disposent pas d'une section de
recherches, de programmation et de contrôle des opérations, dont le rôle
pourrait être justifé pour assumer la responsabilité de l'organisation et de
la coordination des projets spéciaux. Les agences d'aide extérieure ont
souvent affecté un socio-économiste pour prendre en charge ce travail de
programmation et de coordination. Cet aspect est particulièrement important
pour assurer le succès des programmes d'aménagement forestier.
169. Dans les pays anglophones, les services forestiers sont habituellement
responsables aussi bien des opérations techniques que de la perception des
recettes, de la gestion et de la protection du domaine forestier national.
Certains programmes ont été pris en charge par la Commonwealth (autrefois
Colonial) Development Corporation, comme les plantations papetières Usutu au
Swaziland et le projet Njemba Wattle ( Acacia mearnsii ) en Tanzanie. Toutefois
et d'une façon générale toutes les interventions techniques, y compris les
plantations et les aménagements, sont effectuées par les services forestiers.
Dans de nombreux cas, les projets de reboisement ou d'aménagement très
importants sont dotés d'une certaine autonomie de gestion avec un budget
distinct.
170. Le personnel affecté aux travaux forestiers est souvent insuffisant et
manque d'expérience professionnelle. Les salaires sont souvent si faibles que
les forestiers ne peuvent faire face à leurs besoins de base qu'avec
difficultés.
57
Les véhicules, les carburants et les crédits sont généralement tellement
insuffisants que les cadres éprouvent beaucoup de difficultés à effectuer les
tournées sur le terrain ; il faut donc soutenir les cadres techniques de
valeur en mettant à leur disposition des équipements et des moyens de
transport et en leur garantissant des carrières et des salaires intéressants
avant que les aménagements forestiers ne deviennent une réalité. L'une des
carences de la formation dans de nombreux pays concerne l'exploitation et la
transformation du bois (Catinot, 1986) ; c'est la raison pour laquelle les
cadres forestiers éprouvent des difficultés à discuter d'égal à égal avec les
exploitants et les scieurs de questions relatives à l'estimation des voliomes
sur pied, au classement des grumes, ou au marché des essences secondaires.
L'aménagement des forêts requiert de fréquents contacts avec les exploitants;
il est donc nécessaire qu'ils parlent un langage commun. C'est pourquoi l'une
des conditions de l'efficacité des aménagements forestiers réside dans
l'élargissement de la formation des cadres forestiers de terrain aux problèmes
de récolte, de transformation et de commercialisation des bois tropicaux de
telle sorte que le contrôle qu'ils exercent sur ces opérations soit fondé sur
des connaissances techniques complètes. Ces cadres doivent bénéficier aussi
d'un soutien convenable des autorités et ceci requiert un financement
approprié.
3.7 Aspects économiques et socio-économiques
171. Selon Catinot (1986) aucune étude économique d'ensemble n'a été faite
en Afrique francophone sur les diverses options concernant l'aménagement des
forêts tropicales humides. Toutefois des études de portée limitée ont été
effectuées dans plusieurs pays allant de considérations générales sur les
aspects économiques de l'aménagement des forêts tropicales humides à l'échelle
du monde (Leslie, 1976, 1987) à des contributions plus spécifiques au niveau
du pays ou de la région. Les aspects économiques des reboisements sont mieux
documentés que ceux concernant les forêts naturelles (Openshaw, 1982).
172. Les principaux domaines pour lesquels des informations économiques sont
disponibles sont décrits ci-après :
(1) coût des exploitations en distinguant les principales
opérations (reconnaissance, équipement routier, abattage,
tronçonnage, débardage, transport) en fonction de la richesse
et de l'accessibilité des peuplements ;
(2) coûts et rentabilité des divers modes de transformation en
fonction des essences, des équipements, etc." ;
(3) coûts du transport depuis l'usine (par voie ferrée, par voie
d'eau ou par route) en y incluant les stations-services, les
ruptures de charges et aussi la valeur des amortissements et
leur influence sur le revenu ;
(4) coûts du transport maritime dans le cas des exportations en y
incluant le montant des taxes diverses, des droits de douanes,
etc. ;
(5) études intégrées à tous les niveaux de la production depuis
l'arbre sur pied jusqu'à l'utilisation finale comprenant des
taux de rentabilité entre l'exportation de bois en grumes et
celle de bois sciés ;
58
(6) étude des marchés nationaux et internationaux en relation avec
les essences et les usages habituels , dans le but de déterminer
des fourchettes de prix sur des bases concrètes ; selon de très
nombreuses informations il se confirme que 1* écart entre le
prix du bois des essences principales et celui des essences
secondaires ne varie pas beaucoup et que, lorsque le marché est
en baisse,, les essences secondaires peuvent devenir invendables
à l'exportation ; cette situation pourrait toutefois être
améliorée en développant des marchés locaux dynamiques ;
(7) de nombreuses études de cas sur les taux de rentabilité de
certains projets forestiers spécifiques ; il s* agit d* études
de faisabibilité de projets papetiers , par exemple au Gabon,
au Cameroun, en Côte d* Ivoire, au Nigeria, au Kenya et en
Tanzanie; certains d'entre eux ont été conçus pour utiliser les
bois des forêts naturelles (toutes espèces confondues),
d'autres pour traiter le bois produit par des plantations
existantes ou programmées d'essences à croissance rapide ; de
telles études envisagent presque tous les aspects traditionnels
de la foresterie et aussi quelques nouveaux concepts comme
l'exploitation totale des forêts tropicales humides, la mise
en plaquettes des grumes, la construction de routes tous temps
pour véhicules lourds, l'exploitation annuelle de plusieurs
milliers d'hectares de plantations, utilisation et rendement
d'équipements lourds, etc ; ces études ont produit une quantité
d'informations nouvelles de grande valeur utiles à
1 ' aménagement ;
(8) les études économiques des reboisements débutèrent vers
1945/1950 lorsqu'ils attirèrent pour la première fois des
capitaux étrangers ; les agences d'assistance bilatérale ou
multilatérale insistèrent à la fois sur la nécessité des études
de faisabilité et sur l'intérêt du contrôle ultérieur des
opérations au point de vue économique et financier ; ces études
furent toutefois incomplètes jusqu'en 1984/85 car les
rendements des plantations devaient faire l'objet
d'estimation ; ceux-ci peuvent aujourd'hui être mesurés car les
plantations d'Okoumé, de Fraké ou Limba, et de Framiré ont
atteint une dimension d'exploitabilité ; des calculs de
rentabilité des plantations peuvent donc être fondés sur les
mesures d'accroissements réels même si les informations
manquent encore sur les volumes réellement commercialisables ;
une bonne accessibilité, de gros volumes exploitables à
l'hectare et une bone homogénéité des produits devraient
relever la valeur des peuplements sur pied ; néanmoins la
rentabilité financière de ces plantations devrait se situer à
un niveau modeste en raison des coûts élevés d'établissement
et d'entretien, au moins au cours de la première révolution;
(9) plusieurs études particulières ont été faites ; la plus
importante pour l'avenir des plantations en zone de forêts
tropicales humides est probablement celle qui fut entreprise
en Côte d'Ivoire par la SODEFOR sur l'évaluation des
éclaircies ; le coût des premières éclaircies non
commercialisables fut quantifié de même que le prix de revient
des produits d' éclaircies avec mise en oeuvre d'équipements
spéciaux conçus pour la manutention des perches et des petites
grumes ;
59
(10) en revanche, les études économiques sur le traitement des
forêts naturelles ont été réalisées seulement sur une petite
échelle, par exemple celui de la forêt de Yapo en Côte
d'Ivoire ; les études socio-économigues sont pratiquement
inexistantes ; il est vrai que la longue durée des révolutions
ainsi que les difficultés pour quantifier de façon
statistiquement convenable l'effet de divers traitements sur
la croissance des forêts naturelles rendaient de telles
entreprises redoutables.
3.8. Recherches
173. Au début du siècle, les recherches, presque toujours sylvicoles,
étaient réalisées par des forestiers locaux curieux, obéissants à leur propre
initiative, dans le cadre de leurs activités du terrain. Catinot (1986) note
ainsi les travaux de Martineau et d'Aubréville dans la forêt du Banco en Côte
d'Ivoire qui débutèrent en 1925. Au Nigeria, deux sylviculteurs furent
recrutés dans les années 1920 pour entreprendre des observations sur la
régénération naturelle et artificielle à Sapoba. Dans de nombreux pays
africains, cependant, les recherches forestières commencèrent seulement après
la dernière guerre ; une exception importante est constituée par la création
de la Division forestière de l'INEAC au Zaïre en 1934 dont les travaux
remarquables sur les forêts tropicales humides se poursuivirent à Yangambi et
Luki jusqu'aux environs de 1960.
174. Les recherches organisées débutèrent réellement, ou furent
considérablement renforcées, après la dernière guerre mondiale avec
l'accroissement des effectifs de personnel qualifié. Des sections de
recherches en sylviculture devinrent opérationnelles dans de nombreux pays à
la fin des années quarante ou au début des années soixante : de petites
stations furent créées en 1945 en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Gabon et au
Congo. Dès 1958 l'effort de recherches dans les pays africains francophones
fut accru grâce à la création de stations de recherches qui, à l'origine,
étaient des antennes du CTFT puis graduellement furent nationalisées :
CTFT-Gabon et CTFT-Congo en 1958, CTFT-Côte d'Ivoire en 1962, et CTFT-Cameroun
en 1965 ; chaque station comprenait 2 à 10 chercheurs travaillant sur la
sylviculture et l'amélioration génétique sans oublier la technologie du bois.
Quelques sections spécialisées dans l'utilisation, exigeant un équipement plus
coûteux, furent créées après les sections de sylviculture par exemple Ibadan
(Nigeria), Accra (Ghana), Moshi (Tanzanie), Kampala (Ouganda) et Maguga
(Kenya), tandis que des laboratoires et des ateliers de technologie étaient
incoporés au CTFT-Côte d'Ivoire et au CFTF-Gabon. Pour certains types de
recherches, les stations furent scientifiquement rattachées à des institutions
régionales ou internationales comme 1 'East African Agriculture and Foresty
Research Organization, le West African Timber Borer Research Unit, le CTFT de
France, l'Oxford Fores t Institute et le Fores t Products Research Institute du
Royaume Uni. La sylviculture et l'utilisation ont été partout les
deux principales disciplines mais là où des problèmes spécifiques se posaient,
des spécialistes ont été recrutés comme des pathologis tes, des entomologistes,
des agriculteurs, des améliorateurs, des botanistes, des écologistes, des
statisticiens, des économistes, etc.
175. L'objet principal des recherches fut d'abord la sylviculture des
espèces indigènes en expérimentant les méthodes de régénération naturelle et
artificielle, puis étendu aux espèces exotiques comme le teck pour la
production de bois d'oeuvre ou certaines essences à croissance rapide comme
les pins et les eucal3rptus pour la production de bois de pâte.
60
La plupart des techniques sylvicoles énoncées ci-dessus au paragraphe 3.3
furent élaborées après des études préliminaires ; les recherches sur
l'éducation en pépinière» sur les techniques d'entretien et d'éclaircies ont
eu une portée imiverselle. Des études effectuées au niveau régional sur
l'application de méthodes générales (taungya, plantation d'enrichissement) ont
quelquefois débouché sur des techniques désignées de façon particulière comme
la technique d'uniformisation par le bas de Majmmba au Zaïre (cultures
associées de bananier et de Limba), la Nigérian departmental taungya, le Kenya
shamba System» la Méthode du recrû pour l'Okoumé au Gabon, la Méthode du
couvert en Côte d'Ivoire, la Méthode des grands layons au Cameroun, la Méthode
des placeaux et la Méthode de l'uniformisation par le haut au Zaire, ainsi
que la Stripling method of line group plant ing en Ouganda. Des efforts de
recherche importants ont été investis dans la conception de méthodes
d'inventaire forestier bon marché mais statistiquement fiables de même que
dans la mise au point de techniques de dévitalisation efficaces et peu
coûteuses (à l'arsenite de soude en Afrique occidentale et aux hormones en
Ouganda). Des placettes de mesure sont d'usage courant pour suivre l'effet des
traitements sylvicoles et les variations des réponses sur l'accroissement
individuel des arbres. Des tentatives ont été faites pour mesurer l'impor-
tance des dommages causés aux jeunes arbres d'essences commercialisables par
l'exploitation (cf. Dawkins, 1958 ; Redhead, 1960 b). Plus récemment
l'attention s'est portée dans certains pays sur l'amélioration des essences
forestières comme moyen d'accroître la productivité des reboisements et la
qualité du bois, et ainsi d'améliorer la rentabilité des plantations ; ceci
concerne aussi bien les reboisements en savane, comme ceux des pins ou
d'eucalyptus au Congo et au Nigeria, que les plantations en forêt de Samba en
Côte d'Ivoire et au Nigeria ou d'Okoumé au Gabon, ou encore de Limba au Congo.
176. La complexité et la variabilité des forêts tropicales humides
constituent un problème compliqué pour le chercheur comme pour l'aménagiste.
La plupart des essences commercialisables sont disséminées en forêt. La
hauteur de l'étage dominant oblige à concevoir des placettes largement
dimensionnées entourées d'une large zone tampon. Si les réponses aux
traitements doivent être évaluées séparément par espèce et par classe de
diamètre et si chaque catégorie doit être constituée en un échantillon au sens
statistique du terme, la superficie totale du dispositif peut devenir très
grande. Cette contrainte a été totalement prise en compte en Côte d'Ivoire
dans le dispositif décrit dans l'Etude de cas n* 3 et dont la surface totale
occupe 900 hectares. La nature des sols, la topographie, les microclimats,
et, sans doute, d'autres facteurs affectent la croissance des arbres et la
réponse aux traitements d'une façon qui est très mal comprise.
177. Les progrès accomplis dans la technologie des ordinateurs au cours des
deux dernières décennies sont très appréciés par les chercheurs forestiers.
Auparavant les résultats des mesures faites sur le terrain constituaient des
masses d'informations considérables difficiles à analyser et à interpréter.
De nos jours les moyens informatiques sont souvent mis à la disposition des
organismes de recherches nationaux. De plus beaucoup de pays africains ont
accès aux moyens de traitement des centres internationaux comme le CTFT à
Nogent sur Marne (France) ou le Forestry Institute à Oxford (U.K.) Des
analyses multi-variables de placettes mono-arbres permettent de diminuer le
besoin de blocs de grandes dimensions.
61
178. Les recherches sur les produits forestiers sont orientées de la façon
suivante :
(1) détermination des caractéristiques physiques et mécaniques des
essences des forêts tropicales humides autrefois mal connues
mais relativement abondantes selon les résultats des
inventaires ;
(2) mise au point de méthodes de transformation du bois de ces
essences ( sciage, déroulage, tranchage ), ou
d'utilisation énergétique (fabrication de charbon de bois,
pouvoir calorifique, etc.) ou de trituration pour la
fabrication de pâte ou de panneaux ;
(3) mise au point de techniques de traitement des bois (séchage,
préservation) ;
(4) mise au point de techniques de seconde transformation
(matériaux de construction, lamellécollé, bois reconstitué)
avec intérêt particulier pour l'utilisation des sous-produits
de traitement sylvicoles (dégagements des plants, nettoiements,
etc.) ; une utilisation économi de ces produits peut souvent
peser favorablement sur le succès financier d'un traitement
sylvicole.
179. Il est essentiel que les recherches technologiques sur les produits
forestiers soient programmées en étroite coordination avec les recherches
sylvicoles. Une certaine intégration de ces deux domaines de recherche doit
être réalisée pour permettre une amélioration des connaissances sur lesquelles
pourront être fondés des systèmes avantageux d'aménagement des forêts
tropicales humides.
62
CHAPITRE IV
4. BESOINS ACTUELS D'AMENAGEMENT DES FORETS TROPICALES HUMIDES EN AFRIQUE
4J Niveaux d'aménagement
180. Il est possible d'envisager les systèmes d'aménagement à deux niveaux
différents. Dans le contexte de l'Afrique tropicale humide, un système
d'aménagement classique sensu stricto, devrait normalement comporter les
divers points suivants :
(1) définition du régime légal : délimitation légale des forets
classées et description des mesures de protection prises contre
les usages non autorisés;
(2) inventaire : constat des ressources existantes dans la forêt
classée considérée;
(3) contrôle des exploitations : organisation des coupes d'une
façon ordonnée et efficace conformément à un programme annuel
prévoyant l'utilisation optimale des bois abattus et le minimum
de dommages aux peuplements résiduels;
(4) sylviculture : ensemble des mesures prévues pour régénérer la
forêt, soit naturellement, soit artificiellement, associées à
des inventaires périodiques pour vérifier l'adéquation de la
régénération naturelle et à des coupes visant à améliorer la
croissance ou la composition des peuplements jeunes;
181. En raison du caractère pérenne souvent reconnu à la forêt classée, la
recherche d'un rendement soutenu est envisagée comme un objectif possible
souhaitable. Dans la plupart des forêts la production de bois est de loin
considérée comme étant l'objectif le plus important. Comme les arbres sont
généralement de forte taille, leur comptage est plus facile que celui des
produits de la forêt autres que le bois et leur extraction difficile à
dissimuler. Mais le plus souvent, le nombre des essences commercialisables
étant relativement réduit par rapport au nombre total d'arbres sur pied,
l'exploitation et la sylviculture ne concernent qu'une partie de la forêt.
182. Certains types de forêt importants occupent des bassins versants sur
de fortes pentes. Dans ce cas l'objectif principal de l'aménagement doit être
d'assurer la permanence du fonctionnement des écosystèmes pour la préservation
des sols et des ressources en eau; l'objectif de conservation est donc
essentiel avec accessoirement le contrôle de la récolte de produits autres que
le bois ainsi que la recherche ou la recréation comme activités
complémentaires .
183. Au cours des années récentes, les forestiers se sont de plus en plus
rendus compte que l'aménagement forestier, sensu stricto , ne pouvait être
conçu de façon isolée; il est en effet constamment soumis à des contraintes
politiques, économiques et sociales en raison des interactions entre les
besoins locaux, nationaiix et internationaux pour des produits forestiers,
entre les marchés, les industries forestières et les exploitations
forestières, et enfin ent^re les demandes contradictoires pour l'espace
cultivé, l'espace boisé ou l'espace urbanisé. L'aménagement forestier sensu
Iftto doit tenir compte de l'ensemble de tous ces facteurs externes.
63
4.2. Système d'aménagement au sens strict
4.2.1. Contrôle de l'accès aux forêts
184. Dans la plupart des pays africains possédant des forêts tropicales
humides, le concept d'un domaine forestier permanent, intégralement protégé
contre les usages non autorisés et les coupes abusives, a été introdiuit dans
diverses législations. Elles se différencient cependant par le degré de
rigueur avec laquelle la loi est appliquée. Dans certains pays, les limites
des forêts sont régulièrement entretenues et tout acte contraire à la loi est
immédiatement poursuivi tandis que dans d'autres les défrichements des
agriculteurs se sont étendus jusqu'à l'intérieur des forêts classées avec
l'accord tacite des autorités. Là où l'accroissement d'une population déjà
dense crée un besoin accru pour des terres cultivables, la limitation de
l'accès aux forêts devient très difficile à justifier et à mettre en oeuvre.
185. Bien peu de choses ont été faites jusqu'à une époque récente pour
obtenir le sutien des populations locales en faveur d'un domaine forestier
permanent et les administrations nées de l'indépendance ont encore beaucoup
à faire dans ce domaine. Il est non seulement nécessaire d'entreprendre
l'éducation des populations locales sur l'intérêt de la conservation des
forêts mais encore il faut oeuvrer sans relâche pour que celles-ci puissent
retirer des forêts tout le bien possible, qu'il s'agisse de produits ou de
services. Tandis que le service forestier doit conserver la responsabilité de
la conception de l'aménagement, les populations locales intéressées doivent
participer entièrement à la programmation et à l'exécution des travaux; elle
doivent aussi percevoir une part des revenus procurés par l'exploitation de
la forêt ainsi que cela se fait au Nigeria (Lowe, 1984). Celles-ci seront
ainsi mieux disposées à conserver la forêt s'ils la considèrent comme la leur
et non comme la chose d'un gouvernement éloigné et impersonnel. Toute
planification de l'utilisation des terres doit optimaliser la productivité du
sol envisagée en fonction de ses divers usages mais celle-ci doit être
acceptée et approuvée par les populations locales pour garantir son succès.
4.2.2. Inventaires forestiers
186. De nombreux efforts ont été faits pour normaliser les techniques
d'inventaire sur lequel un consensus s'est pratiquement établi entre les pays
anglophones et les pays francophones. Les inventaires sont généralement
entrepris pour obtenir des informations sur:
(1) les contenances;
(2) les types de peuplement;
(3) les compositions floristiques;
(4) l'importance quantitative et qualitative des ressources;
(5) la répartition des volumes entre les essences et les classes
des diamètre;
La dynamique des modifications des ressources forestières et de la qualité
des stations est particulièrement importante à connaître. Plusieurs intensités
d'inventaire sont admises depuis la très faible intensité caractérisant la
reconnaissance des ressources forestières à l'échelle nationale jusqu'à un
taux de 100% tel que celui qui peut être exigé par un exploitant désirant
64
connaître le volume de bois d'essences comnercialisables d'un diamètre
supérieur à une limite préfixée et susceptible d'être exploité au cours d'une
année donnée. Dans le passé la plupart des inventaires portaient sur les plus
gros arbres ayant atteint ou dépassé le diamètre d'exploitabilité; mais on
sait aussi conment effectuer un échantillonnage pour évaluer l'importance et
les conditions sylvicoles de la régénération naturelle ainsi que la
répartition des tiges depuis les semis jusqu'au perchis.
187. Les inventaires périodiques font aussi partie de l'aménagement. Ils
permettent au forestier d'obtenir des informations sur la croissance, la
mortalité et le passage i la futaie, notions essentielles dès lors que
l'aménagement est fondé sur une connaissance complète de la dynamique de la
forêt. La meilleure méthode consiste alors dans la délimitation de placettes
permanentes recevant le même traitement que le reste de la forêt et contenant
des arbres soigneusement repérés pour être mesurés à chaque passage en
inventaire.
188. En dehors du souci constant de réduire le coût des inventaires sans
compromettre leur précision, il existe certains motifs de difficultés qui
sont les suivants:
(1) estimation des facteurs de conversion permettant de passer de
la distribution des tiges classées en fonction des diamètres
et des essences au volume commercial exploitable; il faut tenir
compte des défauts, de l'accessibilité, de la topographie et
des marchés. Ces facteurs varient d'un endroit à l'autre et,
dans le cas des marchés, d'une année à l'autre; ils doivent,
en conséquence, être conçus à l'échelon local et ajustés en
fonction du temps. Ce sont précisément ces facteurs qui sont
à l'origine de contestations entre les représentants des
services forestiers et les exploitants. C'est la raison pour
laquelle il convient souvent d'associer les exploitants,
titulaires de permis de coupe ou candidats à de tels permis,
aux travaux d'inventaire des parcelles dont l'exploitation est
programmée; de cette façon toutes possibilités de contestations
peuvent être évitées (Catinot, 1986);
(2) estimation des produits secondaires, c'est-à-dire des produits
autres que le bois. Ceux-ci sont généralement omis dans les
inventaires forestiers classiques. Il convient d'inventorier
les arbres fruitiers qu'ils produisent ou non du bois; la
présence d'espèces utiles dans la couverture vivante ou le
sous-étage doit être aussi signalée même s'il est difficile de
la quantifier. Dans certains cas, si de tels menus produits
sont de grande valeur, un inventaire quantitatif peut être
nécessaire, par exemple en mettant en oeuvre une technique
identique à celle utilisée pour apprécier la régénération
naturelle mais un tel inventaire est sans intérêt si la récolte
des produits en cause n'est pas effectuée. Si ces produits
secondaires sont exploités par un grand nombre d'individus
travaillant en toute liberté et sur une petite échelle, le
contrôle de leur activité devient difficile; il vaut mieux
alors se contenter d'une information qualitative sur
l'importance de la ressource.
65
4.2.3. Contrôle des exploitations
189. Dans les pays anglophones comme dans les pays francophones , l'octroi
de permis de coupe aux exploitants a constitué la méthode habituelle de
contrôle des exploitations. Le cahier des charges comprend généralement les
principaux points suivants;
(1) définition de la durée de validité du permis;
(2) définition de la superficie concernée par le permis;
(3) désignation des arbres dont l'abattage est obligatoire; dans
certains cas ceux-ci sont marqués par le service forestier;
dans d'autre cas, les arbres à abattre sont définis par une
combinaison de : a) l'essence, b) un diamètre minimum, et c)
une qualité (par exemple, l'exploitant n'est pas tenu d'abattre
des arbres d'espèces préalablement désignées mais qui sont
pourris de façon évidente) ;
(4) consignes d'abattage (par exemple, hauteur maximale de la
souche au dessus du sol, direction d'abattage pour éviter de
causer des dommages);
(5) clause d'abattage méthodique, par exemple au moyen de coupes
régulières annuelles;
(6) clause de création d'un réseau de pistes d'exploitation;
(7) définition des modes de transformation des produits, par
exemple normes de réception des usines, pourcentage de bois
ronds à traiter, etc.;
(8) possibilité annuelle définie soit par contenance, soit par
volume; lorsqu'il s'agit d'une possibilité par contenance, le
service forestier doit être capable de fournir à l'exploitant
des informations sur le volume susceptible d'être exploité
annuellement par hectare;
(9) clauses de paiement des taxes forestières assises soit sur les
surfaces exploitées, soit sur les volumes abattus en précisant
les taux, le montant du dépôt de garantie, etc.;
(10) clauses particulières concernant, par exemple, la lutte contre
les feux ou la réalisation de travaux sylvicoles.
190. Dans la mesure où elles sont consciencieusement suivies, ces simples
dispositions peuvent conduire à une exploitation rationnelle des forêts. Dans
certaines régions où existait une régénération naturelle préexistante
convenable, l'abattage des tiges au dessus d'un diamètre minimal a été suivi
par le développement de peuplements prometteurs constitués de perchis ou de
jeune futaie, même à la suite de plusieurs passages en coupe, comme cela a pu
être constaté en Côte d'Ivoire dans des forêts suivies par la SODEFOR associés
au CTFT. Toutefois Catinot (1986) a observé que le défaut le plus évident de
ce système est la disproportion entre la valeur des arbres abattus et le
montant des sommes investies dans les travaux sylvicoles pour assurer la
régénération.
66
Dans la plupart des pays il n'existe aucun Fonds forestier susceptible d'être
alimenté par les taxes forestières: celles-ci vont grossir les recettes du
budget national. Ceci ne constitue pas en soi une critique du mode de contrôle
mais souligne simplement le fait que ce contrôle ne correspond pas à un
aménagement dans le sens propre du terme. Comme l*a observé Hutchinson (1987)
dans d'autres régions, la coupe à la dimension doit être associée à une
certaine forme de traitement sylvicole sinon une dégradation de la structure
des peuplements ou de leur composition risque de se produire. L'ensemble des
quantités enlevées provenant des plantations ne représente qu'une partie des
volumes extraits des forêts naturelles.
191. Plusieurs tentatives ont été faites pour modifier les conditions
d'octroi des permis d'exploitation pour en faire de véritables outils
d'aménagement. En République Centrafricaine, 130 000 hectares de forêts
devaient être exploités en 15 ans par voie de convention signée en 1970 et
selon laquelle un rendement moyen de 130 000 m^/an était garanti, la moitié
au moins devant être transformé sur place. La clause la plus intéressante
était l'obligation faite à l'exploitant de fournir 2 000 hommes-jour par an
pour être affectés à des travaux sylvicoles supervisés par le service
forestier. Ces travaux sylvicoles devaient consister en délianage et abattage
d'arbres des étages dominés dans les parcelles déjà parcourues par des coupes
de type commercial ainsi qu'en martelage en réserve d'arbres d'essences nobles
ayant une dimension inférieure au diamètre minimal d'exploitabilité ; une
attention toute particulière était portée aux opérations d'abattage de telle
sorte que ces arbres de place ne soient pas endommagés. Selon Catinot (1986)
un bénéfice réel pouvait être attendu de ces traitements sylvicoles au moment
où ces arbres devaient atteindre à leur tour le diamètre d'exploitabilité à
la fin de la rotation d'une durée voisine de 30 ans. C'est pourquoi il aurait
été logique de prolonger la validité de la convention d'une durée au moins
égale à celle de la rotation à la condition que l'exploitant remplisse toutes
ses obligations. Celui-ci aurait ainsi lui-même recueilli les fruits des
travaux sylvicoles. Si ce système avait fonctionné convenablement et pendant
une durée suffisamment longue, l'effet de cet aménagement aurait été un
renouvellement des ressources forestières dont l'entreprise aurait pu attendre
avec confiance un rendement convenable lors du second passage en coupe après
un nombre d'années connu.
192. Malheureusement cet essai de planification fut abandonné après quelques
années bien avant que les résultats puissent en être appréciés. Le
gouvernement revint aux types primitifs de permis, plus laxistes, accordés
pour des superficies très grandes et sans aucune clauses favorisant le
renouvellement des peuplements.
193. Plus récemment en 1982, la République Populaire du Congo décida la
division de son domaines forestier en un certain nombre d'Unités forestières
d'aménagement soumises à des règlements d'exploitation conçus par le service
forestier et dont les principales clauses sont les suivantes :
(1) toute Unité forestière d'aménagement doit être parcourue en
inventaire avant que l'exploitation en soit commencée;
(2) une liste des essences nobles doit être dressée pour chaque
unités;
67
(3) la possibilité doit être réglée en terme de 'Volume maximal
annuel de coupe*' calculé à partir du volume total estimé des
essences nobles ayant atteint la dimension d'exploitabilité
déduit de l'inventaire (cf. alinéa 193/1) et divisé" par le
nombre d'années de la rotation ; celle-ci est égale i la durée
de la période jugée nécessaire pour que les arbres jeunes,
marqués en réserves lors du précédent passage, puissent
atteindre un diamètre supérieur au diamètre minimal
d'exploitabilité ;
(4) le volume maximal annuel de coupe est applicable à chaque
essence noble séparément comme à l'ensemble de toutes les
essences nobles;
(5) l'Unité forestière d'aménagement peut être attribuée à un seul
exploitant ou, au contraire, divisée en deux ou plus "Unités
forestières d'exploitation", chacune d'entre elles étant alors
attribué à un exploitant ; dans ce dernier cas une possibilité
distincte est calculée pour chaque Unité forestière d'exploi-
tation;
(6) l'abattage au cours d'une année donnée être concentré sur une
surface bien délimitée au moyen de layons périmétraux d'une
largeur de 3 m ; chaque coupe doit être entièrement exploitée
dans l'année (exceptionnellement deux) ;
(7) après achèvement des travaux d'abattage sur une coupe, aucune
nouvelle exploitation ne pourra y être pratiquée jusqu'à
l'expiration de la durée de la rotation ;
(8) l'exploitant doit effectuer un inventaire pied à pied de toutes
les tiges exploitables avant d'en commencer l'abattage ;
(9) toutes dispositions doivent être prises pour le classement des
grumes en fonction de l'essence, de la longueur, du diamètre
et de la qualité ; les grumes qui n'atteignement la qualité ou
la dimension minimales peuvent rester sur le parterre de la
coupe ;
(10) l'exploitant doit s'acquitter des taxes forestières sur la
base du volume maximal annuel de coupe des essences nobles
qu'il les ait ou non exploitées ; en cas de nécessité il peut
être autorisé à terminer une coupe au cours de l'année suivante
et, si une crise prend naissance dans le marché des bois, le
ministère des Eaux et Forêts, peut envisager de diminuer
l'assiette des taxes dues par l'exploitant;
(11) les plans d'aménagement sont soumis à révision tous les 5 ans,
194. Alors que les aménagements des Unités forestières d'aménagement sont
très détaillées en ce qui concerne le contrôle des exploitations, ils
contiennent peu de dispositions sur la sylviculture, tout au plus une brève
mention selon laquelle le secrétaire général du service forestier doit
préparer un programme de travaux d'amélioration des peuplements des forêts
classées. Même sans prescription détaillée sur la régénération des forêts, ces
documents sont extrêmement utiles mais ils ne constituent pas des aménagements
forestiers au plein sens du terme.
68
Ils représentent tout de même ce gui pourrait être qualifié d'aménagement
forestier extensif car» en matière de gestion et d'infrastructure, il n'est
pas possible de passer sans transition de l'absence totale d'aménagement à un
aménagonent intensif totalement maîtrisé. De même, là où les ressources
forestières sont abondantes, il est difficile de justifier des investissements
en faveur d'une sylviculture intensive des forêts naturelles. Le mérite du
système décrit ci-dessus réside dans le renforcement des tâches de
l'Administration forestière dans le domaine du contrôle des entreprises
d'exploitation forestière ; il apporte aussi sa contribution à la création de
structures techniques capable d'inventorier et de cartographier des
peuplements naturels, structures indispensables pour concevoir des
aménagements, qu'ils soient intensifs ou extensif s. Au cours des dix années
de coopération entre le gouvernement du Congo et la FAO, ces programmes ont
fonctionné correctement. Il faut souhaiter que ce système puisse être maintenu
de telle sorte que, les ressources forestières étant conservées, des
aménagements plus intensifs et productifs puissent être graduellement mis en
place, il faut souligner l'intérêt d'une proposition du gouvernement tendant
à confier aux comoiunautés locales le développement de certaines Unités
forestières d'aménagement.
195. Au Cameroun, divers plans d'aménagement de la forêt "modèle" de
Deng-Deng ont été proposés par la FAO ou par les services forestiers au cours
des vingt dernières années. Aucun d'eux n'a été accepté par le gouvernement.
Depuis 1977, la Société SOFIBEL a poursuivi l'exploitation forestière,
semble-t-il, sans aucune disposition en faveur de la régénération mais avec
des mesures très légères de contrôle des abattages consistant en l'ouverture
de séries de 2 coupes sur 2500 hectares.
196. Il ne peut y avoir d'aménagement des forêts sans engagement politique;
mais les plans d'aménagement doivent être applicables dans les conditions
réelles du terrain. Il n'existe aucune formule passe-partout. Catinot
soulignait en 1986 que les services forestiers doivent tenir compte du
contexte avant d'imposer des obligations a\ix entreprises d'exploitation ;
notamment lorsqu'ils établissent les listes des essences qui doivent être
exploitées ils doivent tenir compte des conditions locales du marché et de la
conjoncture, car tout exploitant qui serait contraint à exploiter et vidanger
des essences impossible à vendre serait rapidement réduit à la faillite.
197. Le maintien sur pied de porte-graines des essences nobles d'une taille
supérieure au diamètre d'exploitabilité présente aussi beaucoup
d'inconvénients (Catinot, 1986) : diminution immédiate de la possibilité, d'où
une réduction du profit des exploitants, risque de détérioration des porte-
graines par pourriture si leur exploitation est différée d'une durée égale à
celle de la rotation ; si leur exploitation n'est différée que de 5 à 10 ans,
risque de dommages résultant de l'abattage des semenciers et du débardage des
grumes à un moment où le recrû réagit le plus vigoureusement à l'ouverture du
couvert causée par la précédente exploitation. De plus, la concurrence exercée
par l'ombrage des arbres maintenus sur pied ralentit la croissance de la
régénération induite (et peut-être éphémère?).
198. Les informations sont cependant insuffisantes sur l'effet de l'âge et
de la taille des arbres de la plupart des essences des forêts tropicales
humides sur la quantité et la qualité de production des graines. A titre
d'exenqple on peut se demander si trois arbres jeunes de 50 cm de diamètre
donneront autant de graines (et mieux réparties dans l'espace) qu'un seul
semencier mûr ou suranné de 90 cm de diamètre ; leurs qualités génétiques
seront-elles comparables?
69
Si ces arbres sont moins gros parce qu'ils sont jeunes, ils peuvent avoir une
croissance potentielle aussi bonne que celle des gros arbres plus âgés ; mais
si certains d'entre eux sont âgés ou peu vigoureux, miser sur leur production
de graines pourrait conduire à une détérioration graduelle de la qualité des
graines. Comme les cernes d'accroissement annuel sont difficilement
discernables chez les plupart de ces espèces, il est pratiquement impossible
de distinguer entre un jeune arbre vigoureux et un arbre âgé à croissance
ralentie, leurs diamètres étant comparables. L'un des intérêts d'une durée
relativement longue de la rotation dans un système monocyclique réside dans
le fait qu'elle induit un caractère plus ou moins équienne des peuplements
croissant dans des conditions à peu près identiques de telle sorte que les
génotypes à croissance rapide tendent à dominer les génotypes à croissance
lente qui sont, de ce fait, progressivement éliminés.
199. Aussi longtemps que les opinions des sylviculteurs se partageront
également entre l'intérêt de la conservation de porte-graines et leur
inutilité, il est irréaliste de demander à l'exploitant de laisser sur pied
par exemple un arbre sur trois appartenant aux essences commercialisables. Il
faut aussi intensifier les recherches sur la floraison et la fructification
en fonction de l'âge et de la taille de même que sur l'importance de la nature
du sol sur la régénération des essences nobles ; ainsi pourront être dégagées
des lignes directrices dans ce domaine.
200. Parmi les autres conditions d'un accord requérant une certaine
flexibilité, il faut citer :
(1) minoration des dommages à la régénération préexistante ; tout
arbre abattu détruisant entre 2 et 4 ares de forêt, des
dommages à la régénération préexistante sont inévitables : le
martelage d'un nombre excessif de gaules ou de perches à
conserver intactes serait irréaliste ;
(2) implication de l'exploitant dans des opérations strictement
sylvicoles : la responsabilité du service forestier doit être
cependant engagé dans l'inventaire des arbres d'un diamètre
inférieur au seuil d'exploitabilité et aussi, conjointement
avec celle de l'exploitant, dans l'inventaire des arbres
exploitables; dans le cas des travaux de régénération et
d'amélioration des peuplements, même si l'exploitant fournit
la main d'oeuvre nécessaire, le contrôle technique doit
demeurer sous la responsabilité du service forestier ;
(3) annualité des travaux d'exploitation : une certaine tolérance
doit être prévue pour permettre à l'exploitant de différer
d'une année une partie de ses opérations si les conditions sont
telles qu'il ne peut achever l'abattage et la vidange des
produits sur la totalité de la coupe au cours de l'année
prévue par suite d'une humidité excessive, par exemple, ou pour
des raisons économiques (chute des cours).
201. Dans le même temps, les dispositions contractuelles raisonnables
doivent être exécutées de façon stricte. Les entreprises d'exploitation
forestière sont essentiellement concernées par la recherche du profit à court
terme et c'est au service forestier de s'assurer que l'actif i long terme des
ressources forestières n'est pas sacrifié.
70
2.4. Sylviculture
202. Les pays africains possédant des forêts tropicales humides ont en commun
beaucoup d'expérience en matière de sylviculture. Pour régénérer ces types de
forêts trois techniques ont été utilisées dans le passé. Ce sont :
(1) régénération naturelle induite par l'exploitation soit par
coupe unique tendant à créer un nouveau peuplement équienne»
soit par coupes jardinatoires tendant à créer un peuplement
inéquienne notamment dans l'étage dominant ;
(2) plantations d'enrichissement ou de compensation : une
plantation de compensation est une plantation sur une surface
donnée effectuée pour compenser, en tout ou en partie, la
suppression d'un peuplement sur pied ailleurs (version
française de la Terminologie forestière publiée par
l'Association française des Eaux et Forêts, Paris, 1975) ;
utilisation des espèces indigènes et principalement celles qui
produisent un bois d'oeuvre de haute qualité ;
(3) plantations concentrées faisant appel à des espèces à
croissance rapide pour la prodution de grumes de sciage tout
venant ou de bois de trituration.
Quelques exemples de ces diverses techniques de régénération
artificielle sont décrites aux alinéas 122 à 137.
203. Les forêts tropicales humides comportent plusieurs strates avec un
large éventail de dimensions des arbres en diamètre comme en hauteur. Les
arbres adultes d'essences nobles sont rares et disséminés ; pour cette raison
leur abattage influe peu sur le couvert, ne réduit pas notablement la biomasse
ni l'importance de la compétition entre les arbres et n'accroît pas l'arrivée
de la lumière au sol de façon notable. En revanche, les opérations de
défrichement enlèvent tout la biomasse qui pouvait, du moins dans le passé,
être reconstituée rapidement par des espèces à croissance rapide peu
longévives comme les Tremia et les Macaranga (espèces colonisatrices) associées
à une masse de plantes herbacées et de lianes se développant en pleine
lumière. Les résultats des intervention sur le couvert entre ces deux extrêmes
sont conditionnés par l'écologie de la forêt considérée et par 1' autoécologie
des espèces dont la régénération est recherchée.
204. Catinot (1986) et Philipp (1986a) notent tous deux l'échec de la
régénération naturelle ou des techniques d'enrichissement lorsque l'abattage
était limité à un petit nombre d'arbres par hectare, et un succès relatif
lorsque les plantations étaient concentrées sur des lignes, sur des bandes
ou sur des placeaux, et dans ce dernier cas lorsque la méthode taungya était
mise en oeuvre. Il n'est pas surprenant que les meilleurs résultats aient été
obtenus lorsqu'il était fait appel à des espèces caractéristiques des premiers
termes de la série de succession vers le climax, comme Terminalia ,
Triplochiton , Maesopsis , etc. Toutefois Catinot observe l'accroissement des
coûts de telles opérations et leur incidence défavorable sur la rentabilité
si on les compare aux techniques de régénération naturelle même si leur
productivité par unité de surface est plus grande. Karani (1985) rendant
compte de la situation en Ouganda, propose de relier les besoins de bois
de chauffage des populations rurales et urbaines à l'opportunité d'exploiter
les forêts existantes de façon plus complète ;le cas extrême est représenté
par l'exploitation totale de la forêt en vue de la fabrication de charbon de
71
bois suivie par une reconstitution du couvert forestier par la plantation en
plein de Maesopsis sous lequel pouvent se réinstaller naturellement les
espèces de la forêt primitive.
205. Les forêts tropicales humides africaines sont trop variées pour que
l'une quelconque des techniques ci-dessus puisse convenir à toutes ; en effet,
le statut écologique des forêts, leur composition floristique, la densité des
lianes, les dimensions des arbres et de leur houppier, le degré de rupture
du couvert au cours des décennies passées et l'intensité de l'exploitation
interviennent dans la réponse des peuplements au traitement sylvicole. La
nécessité pour le forestier d'effectuer des travaux visibles de tous,
d'investir et d'aménager activement la forêt est aussi vitale pour obtenir un
soutien permanent des autorités et des communautés locales. Le choix d'une
sylviculture appropriée, susceptible de démontrer que la forêt est un système
de production intéressant s'il est utilisé de façon intelligente, doit aussi
être considéré comme un élément d'une stratégie visant à la conservation de
la forêt et s 'opposant à sa transformation en d'autres types d'utilisation du
sol.
206. Bien que la variabilité des forêts tropicales humides rende délicate
toute tentative de généralisation, un certain nombre de principes peuvent être
retenus pour orienter l'action du forestier :
(1) les espèces qui se régénèrent le plus facilement sont celles
qui sont le mieux distribuées en classes d'âge en forêt et
présentent de grands besoins en lumière comme celles que l'on
trouve dans les trouées ; en réalité bien peu d'espèces des
forêts tropicales humides africaines entrent dans la première
catégorie;
(2) plus le couvert est ouvert et plus favorables sont les
conditions offertes à la croissance des espèces colonisatrices
sauf en cas d'envahissement par les lianes ; le succès des
techniques de l'Ouganda et de Subri repose sur un défrichement
presque complet associé à un réensemencement naturel complété
ou non par des plantations ;
(3) les essences les plus nobles, comme la plupart des Méliacées,
se développent bien sous un couvert interrompu ou léger comme
celui qui est formé par les espèces colonisatrices au stade
adulte ;
(4) lorsque le couvert a été perturbé pendant une longue période
et qu'il en est résulté un dévelopment très abondant de lianes
vigoureuses, toute intervention sur le couvert peut se révéler
désastreuse car elle peut se traduire par l'établissement d'un
fouillis de lianes qui peut persister pendant plus d'une
décennie;
(5) il est peu probable que l'enrichissement soit un succès sauf
avec des espèces de lumière à croissance très rapide se
développant sans ombrage vertical (voir à ce sujet les
conditions énoncées par Dawkins, exposées à l'alinéa 57 de
l'Etude de cas n* 1) ;
72
(6) quelques petites difficultés ont été rencontrées lors de la
mise en oeuvre de techniques de plantation en plein après
défrichement des forêts tropicales humides pour créer des
peuplements monospécifiques équiennes d'essences exotiques,
caame la pourriture des racines du teck par Fomes lignosus ou
la mineuse des rameaux de Framiré, etc., mais jusqu ici ces
affections n'ont pas eu d'effets catastrophiques sur le succès
de l'ensemble des plantations, du moins à leur première
génération ;
(7) des études du sol sous les plantations ont mis en évidence des
changements rapides des conditions physiques et chimiques mais
apparemment sans incidences fâcheuses du moins à court terme;
des cas de graves érosions en nappe ou en ravines ont été
signalés dans des plantations plein de diverses espèces comme
le teck ou Cupressus lusitanica , mais aucun qui ne puisse avoir
été corrigé par des méthodes sylvicole appropriées comme une
simple éclaircie pour favoriser le développement d'un
sous-étage.
207. La controverse entre les tenants des systèmes de coupes monocycliques
et ceux des systèmes de coupes polycycliques est souvent exagérée. Là où les
idées sont en faveur d'un système monocyclique, comme en Ouganda, l'ensemble
des opérations est précédé par une rotation d'une durée de 30 à 40 ans
destinée à enlever tous les arbres surannés suivie d'une rotation de
conversion qui succède 30 à 40 ans plus tard à la première coupe annuelle ;
environ 80 ans plus tard, une dernière coupe annuelle est réalisée au moyen
d'ajustements successifs sur les parcelles.
208. Les partisans des coupes polycycliques estiment qu'il est possible de
maintenir le rendement du deuxième passage en coupe à un niveau au moins
comparable à celui du premier passage dans les forêts qui n'ont pas été
perturbées dans un passé récent. Par exemple si on effectue des traitements
sylvicoles appropriés (dévitalisation et délianage) se traduisant par un
accroissement moyen sur le diamètre des arbres jeunes de 1 cm par an et si la
dimension minimale d'exploitation est de 60 cm, le maintien sur pied de 15
arbres de place à l'hectare ayant un diamètre de 30 à 60 cm à l'époque du
premier passage en coupe peut produire un rendement convenable au second
passage avec une rotation de 30 ans (Catinot, 1986). Si tous les arbres
réservés survivent et atteignent un diamètre moyen de 75 cm, ils produisent
au moins autant que 4 à 5 arbres de 110 cm en moyenne qui sont habituellement
exploités lors du premier passage. Toutefois ils peuvent être de valeur
inférieure en raison de la dimension moindre des grumes et, pour les bois
d'ébénisterie, de la plus grande proportion d'aubier.
209. On a pu se rendre compte que, pendant les 30-40 premières années, les
différences entre le résultat d'un traitement par coupes monocycliques et
celui d'un traitement par coupes polycycliques sont imperceptibles. Pendant
cette période les chercheurs devraient pouvoir apporter quelque éclairage sur
cette controverse. Il existe un besoin important de considérer ce qui se passe
lors du troisième passage en coupe car c'est à ce moment que les deux
conceptions divergent. Parmi les tiges jeunes (de à 30 cm de diamètre)
présentes avant le premier passage en coupe, combien seront endommagées par
l'exploitation et le traitement arboricide ? Combien le seront lors du
deuxième passage en coupe ? Combien pourront survivre entre ces deux passages?
Combien seront déformées par les lianes ? Combien auront une croissance lente
ou seront peu longévives pour des raisons génétiques de telle sorte qu'elles
73
ne pourront s* accroître de 1 cm par an sur le diamètre conformément aux
prévisions ? Combien seront tellement surcimées qu'elles ne pourront répondre
favorablement à l'ouverture du couvert ? L'importance excessive des dommages
causés par l'exploitation et l'incapacité manifestée par les arbres longtemps
surcimés de réagir aux traitements constituent les deux principaux arguments
contre les coupes polycycliques mais ceux-ci doivent encore être exposés de
façon convaincante. D'un autre côté, l'hypothèse selon laquelle les semis et
les perchis préexistants endommagés par l'exploitation pourraient être recépés
avec succès, telle qu'elle est avancée en faveur du système monocyclique,
devrait aussi tirer profit des résultats de recherches plus intensives. Bien
que les programmes des traitements sylvicoles envisagent les résultats
probables à la fin d'une ou plusieurs rotations successives, l'histoire montre
que le contexte des £Lménagements et les conditions socio-économiques des
nations concernées par le devenir des forêts tropicales humides changent très
rapidement. Il est donc clair que les documents doivent être suffisamment
souples et qu'il est beaucoup plus important de mettre correctement en oeuvre
ce qui peut être réalisé une année donnée et au cours de cinq prochaines
années que de disserter sur ce qui pourra arriver dans un avenir éloigné.
210. Le choix entre la régénération naturelle et la régénération
artificielle dépend des circonstances locales. Selon Philip (1985 a),
l'aménagiste serait bien inspiré d'envisager la transformation des peuplements
des forêts tropicales humides en peuplements artificiels dans les
circonstances suivantes :
(1) forte demande pour des terres de culture liée à des fortes
densités de population en voie d'accroissement;
(2) forte demande pour des produits forestiers transformés et du
bois de chauffage ;
(3) disponibilité de capitaux ;
(4) existence d'un soutien financier et d'un appui technique.
Le plus souvent, les espèces très productives sont exotiques et, comme
les investissements nécessaires aux plantations forestières intensives sont
normalement plus grands que ceux consentis pour l'aménagement des forêts
naturelles, le niveau de risque est plus élevé. Ce n'est que lorsque certaines
des conditions ci-dessus sont remplies que la décision peut être discutée.
Le manque de personnel compétent doué d'une expérience convenable en matière
de financement et de gestion constitue souvent l'élément de décision qui rend
ce risque insupportable.
211. Dans le cas de la création de plantations destinées à
l'approvisionnement d'usines de grande taille, le risque est accru par le
défaut de connaissances préalables sur les espèces et les provenances, ou par
le manque de personnel qualifié suffisant pour les opérations d'abattage et
de transport. Si la décision d'effectuer des plantations est prise, des
mesures doivent être engagées pour conserver des peuplements de forêts
tropicales humides dans des secteurs de surfaces suffisantes en fonction
d'objectifs soigneusement définis.
212. Dans tout pays où :
(1) la compétition pour le sol entre l'agriculture et la forêt
n'atteint pas un caractère conflictuel;
74
(2) il existe une demande pour des bois d'ébénisterie de haute
qualité et pour des bois de sciage de qualité moindre;
(3) un bon niveau de connaissances existe sur l'écologie des
forêts ;
(4) les divers espects de la conservation des biocènoses naturelles
sont appréciés;
1* administration chargée des forêts peut aménager les forêts naturelles à peu
de frais et avec des risques d'erreurs limités. Néanmoins, en raison de la
croissance inexorable des populations et de l'accroissement de la pression sur
les terres boisées, des programmes doivent être étudiés en priorité afin de
planifier l'utilisation optimale des terres et donner aux hommes une formation
adéquate pour soutenir une politique de conservation des ressources
naturelles. Les figures n* 2 et 3 proposent sous une forme schématique les
diverses options sylvicoles en indiquant les facteurs qui en affectent le
choix.
213. Dans certaines régions il peut être envisagé une combinaison de la
régénération artificielle et de la régénération naturelle par exemple là où
les conditions sont favorables à la régénération naturelle mais où certaines
coupes sont insuffisamment régénérées en essences nobles ; dans ce cas il est
nécessaire de compléter la régénération par diverses techniques
d ' enrichissement .
214. Catinot (1986) fournit des informations chiffrées selon lesquelles le
rapport entre la productivité au moment de l'exploitation et le coût de
création de la ressource, calculé sur plus de 30 ans, n'est pas notablement
différent entre la régénération naturelle (rendement de 25 m^/ha pour un coût
de US $ 125/ha, soit US $ 5/m^) et la régénération artificielle (rendement de
250 m^/ha pour un coût de US $ 1 625/ha, soit US $ 6,5/m^). Le coût de
production, plus élevé dans le cas des plantations, serait compensé par une
durée beaucoup plus courte d'immobilisation des investissements et par une
diminution des dépenses d'exploitation en raison de la concentration des
produits sur une surface relativement réduite, le même volume ne pouvant être
obtenu que sur une surface dix fois plus grande dans le cas de la régénération
naturelle. Cette remarque résulte d'observations effectuées par la SODEFOR
associée au CTFT en Côte d'Ivoire sur l'augmenttion de la possibilité des
forêts à la suite de travaux sylvicoles d'amélioration.
215. La production de grandes quantités de produits ligneux homogènes, tels
qu'ils sont demandés par certaines industries comme celle du papier, imposent
généralement le recours aux plantations. Mais il n'est pas toujours nécessaire
de les créer après défrichement des forêts tropicales humides. Philip (1986 a)
observe qu'il est paradoxal dans certains pays africains de transformer
certaines forêts tropicales humides en plantations après défrichement alors
qu'il existe à proximité des savanes sur des surfaces relativement
importantes. Sans doute les services forestiers sont-ils incités à augmenter
la productivité des forêts classées pour résister à la pression exercée par
l'agriculture. La solution qui consiste à y créer des plantations, même en
partie, met en péril la pérennité des valeurs traditionnelles de ces forêts
pour les communautés locales, pour la nation et aussi pour les générations
futures ; elle implique aussi une surcharge considérable au personnel
forestier administratif et technique. Il en résulte une aggravation du risque
de :
75
FIGDSB n"" 2
Les diverses options de 1 ' améxiageiiient des forSts tropicales humider
Plantations
industrielles
ESPECES EXOTIQUES
Plantations
concentrées pour le
bois de feu
Fournitures
diffuses de bois
en zone rurale
Plantations
de condensation
(D'après Philip, 1986a)
ESPECES INDIGENES
Enrichissement
Régénération
naturelle
76
nCDII n"" 3
BléMnti dft décision pour l^aaiénageiiient des forêts tropicales husiides
rORCT CLASSEE
Efftctutf yn tnvfntitrf
U Boit d'o«uvr« actu«ll«n«nt inacc«t«ibl« ^m» Boit d*o«uvr« accsasibls dàa maintanant ou dana un
I futur procha
2, Financanant diaponibla 2a, Financanant non diaponibla
t
TRAITEflENT 0»
AnELIORATION
CONSERWATION
ET PROTECTION
a'aaaurar d« la politiqua forattian
S* Anénagamant an vua .da profita indlracta 3a. Amanagamant an wua da la production da boia d'oauvn
InflDntwArr I Cffactuar un pramiar diagnoatic
JMitPiNAGt.| par achantillonnaga
4» Abondanca da tigaa da taillaa moyannaa 4a, Tigaa da taillaa intarmadiairea ralativamant rarea
5. Intanaa ouvartura du couvart
dangarauaa
I JARDINAG E]
5a* Intanaa ouv/artura du couvart
aana dangar
3AN0INAGE
PAR BOUQUETS
Effactuar un dsuxièma diagnostic
par BChantillonnaQe
6« Bonna régénération préaxiatanta ou
provoquéa par 1 'exploitation
1
6a* Régénération naturella insuffisanta
?• Bonna réponaa à 1 'ouvartura du couvart 7a* Maintian d'un abri nécaaaaira
1 , , \ ,
j I COUPES PRDGRESSIWESI
COUPE RASE
B« Régénération naturalla facilamant
provoquéa par 1 'ouvartura du couvart
8a* Régénération naturella difficile a obteni
1
COUPE RASE
SUIl/IE DE REPLANTATION
9* BDnna réponta da la régénération naturalla
i l'anlèvamant du couvart
L
COUPES PROGRESSIVES
ACCELEREES
9a* Maintien d'un abri nécaBaaire pendant
quelques annéea .
COUPES PROGRESSIVES
PROLONGEES
77
(1) diminution des valeurs matérielle et immatérielle des réserves
forestières naturelles ;
(2) échec dans la recherche d'un bon niveau de connaissances dans
le domaine de l'aménagement tel qu'il est reguis par les
industriels;
(3) échec dans la conservation des capacités de production du
milieu;
(4) négligence de la prise en compte des besoins élémentaires des
communautés locales pour le bois de chauffage et autres
produits forestiers.
216. Il semble bien que l'option consistant dans un mise en valeur plus
intensive des savanes est souvent négligée. Plusieurs nations possédant des
forêts tropicales humides, comme le Congo, le Nigeria et l'Ouganda, mettent
en oeuvre des programmes de recherches sur le reboisement des savanes ;
cependant le désir de rendre les forêts plus productives a empêché d'affecter
des fonds suffisants aux savanes qui, il faut en convenir, sont plus sensibles
aux feux et moins productives. Le fait que l'on puisse envisager un tel
développement des savanes tout en conservant les forêts tropicales humides est
considéré comme un argument inefficace contre la conversion de ces dernières
en terres agricoles. Il est donc nécessaire de modifier l'opinion au moyen de
campagnes d'informations fondées sur des réalités techniques et
socio-économiques (considérant aussi la fonction de protection des forêts
tropicales humides et la production de produits autres que le bois) pour
permettre une meilleure appréciation de l'intérêt des diverses options au
niveau des décideurs.
4-3. Système d'aménagement au sens large
4.3.1. Conditions d'application
217. Il est certain que les services forestiers ont la possibilité de mettre
à l'épreuve certaines options dans l'application quotidienne de l'aménagement
comme par exemple le choix de la technique d'inventaire ou de travail
sylvicole la mieux appropriée. Mais, leur marge de manoeuvre, de même que
celle des échelons les plus élevés de la hiérarchie, est beaucoup plus limitée
dès lors qu'il s'agit des relations avec le développement industriel, agricole
et économique de la nation. Les principaux facteurs intervenant à des degrés
divers sont, selon Philip (1986), les suivants :
(1) l'étendue des ressources naturelles et leur répartition dans
l'espace en liaison avec les zones de concentration de la
population;
(2) la densité de la population par rapport aux terres agricoles
et aux forêts et son taux d'accroissement;
(3) le niveau d'urbanisation et d'industrialisation;
(4) le développement de l'agriculture et le mode de concession des
terres;
(5) la structure politique;
78
(6) le niveau général de la demande de bois de chauffage, de
sciages et d'autres produits ligneux transformés à la fois dans
les zones humides et dans les zones plus sèches;
(7) l'histoire du commerce des grumes et des sciages;
(8) les facilités offertes aux investissements;
(9) la disponibilité de personnel aux niveaux de la technique, de
la gestion et de l'encadrement;
(10) l'étendue des connaissances dans le domaine de la régénération
des forêts naturelles et le succès des opérations de
régénération;
(11) la disponibilité de surfaces reboisables en dehors des forêts;
(12) la conscience populaire de l'intérêt des forêts, aussi bien
naturelles qu'artificielles, et sa manifestation dans
l'organisation politique de la nation.
218. Un bon système d'aménagement des forêts doit tenir compte de toutes ces
considérations pour planifier correctement la gestion des ressources
naturelles. Il doit tenter d'apprécier correctement la direction et
l'intensité de chacune de ces forces, parfois contraires, non seulement dans
le présent mais encore dans un futur prévisible.
4.3.2. Pression sur les terres
219. Aucun système d'aménagement ne peut fonctionner sans forêt à aménager.
C'est pourquoi, toute pression exercée sur la forêt pour en réduire la surface
et la convertir à d'autres usages, qu'ils soient agricoles, domestiques ou
industriels, doit être considérée comme le facteur le plus critique pour
l'aménagement dans son sens large. Des défrichements massifs ont eu lieu au
cours des dernières vingt années dans de nombreuses régions forestières et,
dans certaines zones, même les forêts classées n'ont pas échappé à la
destruction. Ces défrichements sont associés à un accroissement important de
la population généralement supérieur à 2,50 %. Il est évident que l'effet de
tels taux d'accroissement est important dans certaines régions où les plus
fortes densités sont enregistrées comme au Nigeria ou certaines secteurs de
l'Ouganda, du Ghana, de la Côte d'Ivoire et de Sierra Leone. Ces régions
coïncident souvent avec celles où subsistent des forêts tropicales humides
comme le long de la côte en Côte d'Ivoire et au Nigeria ou dans les montagnes
du Kenya. Bien que l'accroissement de la population conduise à une augmentation
de la demande de bois, donc à une utilisation plus intensive des forêts et par
conséquent renforce l'intérêt de leur aménagement, paradoxalement cet
accroissement accentue la pression sur les terres en faveur de leur
utilisation agricole en développant l'idée que la nourriture est plus
importante pour les hommes que le bois et les produits forestiers. Cette
pression sur les terres peut être atténuée en améliorant la productivité de
l'agriculture et de la sylvicuture mais, à long terme, la stabilisation de la
population offre de bien meilleures perspectives de maintien des forêts
tropicales humides.
79
4.3.3. Commerce international et marché local
220. Dans certains pays de l'Afrique occidentale, l'influence du comn^erce
international a été puissante pendant près d'un siècle. Les caractéristiques
les plus recherchées étaient : a) une stabilité dans la dimension, b) des bois
figurés, et c) une facilité dans le travail du bois. Le plus souvent le but
était de trouver des bois pouvant être subsitués à l'Acajou des Indes
occidentales, au teck et au chêne. C'étaient seulement les grumes de bonnes
qualités et de grandes dimensions qui pouvaient supporter les frais de
transport. De nos jours les caractéristiques ci-dessus sont encore importantes
même si les placages ont souvent pris la place du bois massif. Ainsi la
conjoncture économique des pays importateurs gouverne toujours la demande et
ceci constitue un élément essentiel des conditions de l'aménagement des forêts
tropicales humides. Le coût de la transformation, lorsqu'elle est effectuée
sur place, joue aussi un rôle important et les facteurs qui l'affectent, comme
les taux d'intérêt, le prix de l'énergie, les taux de change, etc., influent
aussi sur l'aménagement des forêts. De telles interactions doivent être
étudiées et maîtrisées à l'occasion de toute analyse des systèmes
d'aménagement des forêts tropicales humides.
221. La production globale de meubles s'accrut après la seconde guerre
mondiale et se traduisit en Europe par une demande en augmentation de bois
tendres, clairs et moins chers, comme celui du Triplochiton pour les fonds
de meubles, ou ceux d' Antiaris et de Tetraberlinia pour les âmes de
contreplaqués, les plis superficiels étant réalisés en bois traditionnels
d'essences nobles. Dans l'Afrique coloniale orientale, la création de
plantations de théier après l'accession à l'indépendance de l'Inde fut à
l'origine d'une demande de contreplaqués pour la fabrication de caisses à thé.
Ainsi peut être illustrée la complexité du commerce du bois ; toute action
dans une partie du monde retentit sous forme de réaction dans une autre
partie. Le commerce du bois peut être affecté par des modifications internes;
la satisfaction d'une demande nationale en augmentation concurrence les
exportations; l'accroissement de la population et une urbanisation
grandissante accroissent globalement la demande de bois de telle sorte que des
produits jadis exportés sont consommés sur place en même temps que des terres
forestières sont défrichées pour la production de vivres ou déclassées pour
les besoins de l'urbanisation.
222. Le débat politique exerce aussi une influence considérable sur les
forêts car les hommes politiques doivent rechercher un équilibre entre les
besoins nationaux en devises procurées par le commerce de bois et une demande
nationale pour des terres et des produits forestiers. Le commerce
international ne peut être abandonné à la légère là où il domine l'économie.
De plus les forêts :
(1) constituent une ressource de matière première qui peut drainer
des capitaux étrangers vers le pays ;
(2) fournissent des emplois sur place ;
(3) assurent un fondement pour des investissements locaux en vue
du développement d'une industrie locale et d'une amélioration
du savoir faire des entrepreneurs.
223. L'industrialisation des pays les moins développés a été préconisée
comme solution à leurs problèmes et ceci a accéléré le processus
d'urbanisation.
80
La concentration de la population a modifié les conditions de la demande et
aussi de l'approvisionnement en bois car les besoins des habitants des villes
sont différents de ceux des campagnes. Le charbon de bois tend à reiiq)lacer le
bois de chauffage ; les sciages et le béton remplacent le bois rond ; la
demande pour des produits ligneux mieux élaborés augmente. De plus la
compétition pour les maigres ressources en terres cultivables, en capital, et,
particulièrement, en personnel correctement formé se fait plus vive à la fois
entre les divers services publics et avec le secteur privé. Une prise de
conscience de l'importance de la foresterie doit se développer pour attirer
des investissements nationaux et étrangers en faveur de la préservation de
l'environnement et d'un développement économique soutenu. Ainsi se crée une
demande pour des gestionnaires compétents mais un décalage existe souvent
dans la mobilisation de ces ressources humaines.
224. En raison de la situation conflictuelle existant entre la demande
locale de bois et les exportations et de la rivalité des industries locales
pour l'utilisation des grumes, d'une part, et, d*autre part, de la nécessité
de concentrer les exportations sur des produits à haute valeur ajoutée, les
gouvernements ont été amenés à prohiber l'exportation de bois en grumes, et
même l'exportation de tous les bois d'oeuvre, comme au Nigeria.
225. L'accès aux capitaux étrangers est souvent fonction de l'activité
commerciale. Plus actif était le pays considéré et plus l'aide internationale
était attiré (bien que de nombreux types d'aide soient, ou furent, inversement
proportionnels au produit national brut par habitant). Des fonds étaient
requis non seulement pour améliorer l'industrie mais aussi et surtout pour
améliorer les infrastructures dans les domaines des communications, de la
santé, de l'enseignement, et des services de toutes sortes. Dans tous les
pays, les forêts naturelles jouèrent un rôle important en fournissant le bois
nécessaire à ce type de développement mais le prix à payer le fut d'abord par
l'exploitation des ressources forestières et ensuite par l'augmentation de la
demande, non seulement de produits traditionnels ou fabriqués extraits de la
forêt, mais encore de produits technologiquement mieux élaborés. Ceci se
traduisit par une augmentation des profits des capitaux étrangers et par une
demande croissante de création d'industries de transformations nationales.
Plus vite la nation se développait et plus ses besoins augmentaient. Les
bénéfices retirés de ce type de développement étaient distribués entre un
nombre toujours croissant de personnes de telle sorte que le produit par tête
d'habitant demeurait faible tandis que le coûts, appréciés en terme
d'appauvrissement des ressouces naturelles, se maintenaient à un niveau
parfois élevé. C'est à ce type de situation que les forestiers doivent
aujourd'hui faire face, par exemple au Nigeria et au Kénia.
4.3.4. Industries forestières
226. Il y a peu d'usines ayant une capacité annuelle de 50 000 m^ de bois
rond et la plupart d'entre elles ne fonctionnent qu'à 50 % de leurs
possibilités. Cependant il se construit actuellement des usines avec une
capacité de 100 000, 200 000 m^ et plus ; d'autres sont en projet.
L'insuffisance du nombre d'usines capables de transformer 50 000 ra^ de bois
par an signifie que la masse représentée par le personnel expérimenté
disponible pour gérer des usines plus grandes est très limitée. Lowe (1984)
estime que les raisons du mauvais fonctionnement des usines existantes doivent
être recherchées dans un approvisionnement insuffisant en grumes, et une
fourniture en énergie et en machines inadéquates.
81
227. Les usines modernes ayant une forte capacité de production requièrent
des investissements importants comme le montre le tableau n* 15 dont les
données sont extraites d'un article de Mac Nell (198171
TABLEAU n'' 15
Niveau des investissements dans les usines de transformation du bois.
: Types d'usines :
Capacités de :
production en :
millions de m^ :
Investissement
en millions de
US $
: Scierie avec séchoirs :
70 (2 équipes) :
19,0
: Usine de contreplagués
20 (2 équipes) :
13,5
: Usine de contreplagués
40 (2 équipes)
22,0
: Usine des panneaux de fibres
: (densité moyenne)
: 60 (3 équipes)
23,0
: Usine de panneaux de parti-
: cules
: 60 (3 équipes)
: 21,0
: Usines de panneaux de fibres
: durs
: 53 (3 équipes)
32,0
De tels niveaux d'investissements impliquent des charges fixes élevées qui
doivent être réparties sur la production envisagée; en d'autres termes les
prix de revient par unité de produit peuvent atteindre des seuils qui risquent
de rendre de telles usines non rentables. Normalement, l'organisation du
travail en équipe est nécessaire et les pauses pour quelque cause que ce soit
doivent être strictement contrôlées. De la même façon que pour l'exploitation,
la maîtrise des prix de revient est conditionnée par une bonne gestion assurée
par des cadres expérimentés et responsables, et aussi par un approvisionnement
régulier en matières premières, bois et autres produits, associé à un
financement adéquat permettant d'assurer l'entretien et les échanges de pièces
détachées. Malheureusement les pays en voie de développement ne disposent
généralement pas des moyens suffisants pour réaliser les conditions ci-dessus.
Par exemple, la diminution actuelle de la demande s'est traduite par un
affaissement des cours des matières premières entraînant une réduction des
entrées de devises étrangères. Le plus souvent cette situation oblige les
gouvernements à peser sur les importations au moyen de toute une gamme de
mesures de contrôles qui accroît les retards dans l'arrivée des produits
essentiels, des pièces détachées, ou des moyens techniques indispensables. De
telles éventualités tempèrent les conditions du succès d'entreprises
industrielles complexes. Les pays en développement ont été attirés vers
plusieurs stratégies pour surmonter de telles difficultés, notamment en
s 'associant à des organisations spécialisées. Néanmoins toutes ces agences,
qu'elles soient privées ou semi-publiques, doivent fonctionner dans le cadre
économique général du pays et ne peuvent donc pas être totalement isolées de
la conjoncture nationale.
82
4.3.5. Recherches
228. Les facteurs physiques de l'environnement des forêts tropicales humides
peuvent être considérés comme plus ou moins identiques selon les régions ; en
revanche, les facteurs biologiques, et notamment ceux qui sont en relation
avec les facteurs sociaux et humains, peuvent varier considérablement. Une
bonne connaissance des faits sur l'écologie des forêts et la biologie des
espèces qui les constituent est nécessaire si des déductions doivent être
faites pour les comparer à ceux qui sont caractéristiques d'autres régions.
Plus le cadre écologique est simple et plus utile devrait être le bénéfice
retiré de la connaissance d'une région apparamment semblable.
229. Le succès des systèmes d'aménagement adoptés pour les forêts tropicales
humides de l'Ouganda est dû à la reconnaissance d'une succession écologique
relativement simple, principalement à Budongo (Philip, 1986) ; celle-ci a été
attribuée à la très faible intervention de l'homme. En revanche, dans le cas
des forêts du Nigeria, on estime que l'importance de l'interruption du couvert
et la persistance de lianes peuvent être le signe de la nature secondaire des
forêts, elle-même résultant de son utilisation par l'homme pendant des
siècles ; cette situation, déjà défavorable à l'intervention des forestiers,
a été encore exacerbée au cours des dernières décennies par les opérations
d'exploitation forestière. Dans une certaine mesure, la même situation se
rencontre dans certaines des forêts de l'Ouganda occidental où les lianes
prolifèrent à la suite des incursions répétées des éléphants dans les
parcelles en régénération.
230. Deux nombreux forestiers tentent d'expliquer le caractère incertain du
résultat des interventions dans le couvert par la complexité des forêts
tropicales humides, leur diversité et leur richesse floristique; c'est
pourquoi l'intérêt des connaisances de l'autécologie et de la biologie des
espèces, principalement de celles qui sont ou recherchées ou proscrites par
les aménagistes, est incalculable. Les informations nécessaires pour améliorer
les méthodes d'aménagement forestier en vigueur concernent notamment les
points suivants :
(1) composition des associations;
(2) série de végétation;
(3) caractéristiques physiologiques des différentes essences, non
limitées aux seules essences commercialisables, et réponses aux
divers traitements, c'est-à-dire principalement accroissement,
phénologie, moyens de dispersion des fruits ou des graines,
conditions d'établissement de la végétation, etc.
De telles informations doivent être complétées par des renseignements
sur les propriétés et les usages du bois des diverses essences.
231. ^ Des leçons doivent être tirées aussi bien des recherches qui n'ont pas
conduit à de bons résultats, comme de celles dont les résultats furent moyens
ou satisfaisants. Les recherches écologiques et biologiques ont connu les
diverses étapes suivantes:
(1) observations fortuites et/ou systématiques, et compte-rendu;
(2) observations de parcelles permanentes avec renouvellement des
mesures;
83
(3) études de traitements comparatifs sans répétition;
(4) analyses statistiques en composantes multiples.
232. Les traitements comparatifs avec répétitions présentent l'énorme
avantage^ de concentrer et de pouvoir répéter sur plusieurs années les
observations et les évaluations sur de petits placeaux bien délimités en
forêt. Les analyses des observations faites sur un seul dispositif ne peuvent
pas toujours produire des résultats avec une précision suffisante dans des
écosystèmes aussi complexes. Ils peuvent être améliorés au moyen d'analyses
en composantes multiples appliquées aux données recueillies souvent dans des
situations choisies subjectivement répétées. Le choix subjectif des points
d'observation peut réduire le coût de l'expérimentation et la rendre plus
représentative de la variabilité des conditions de la forêt considérée.
Néanmoins, les mesures répétées effectuées en des emplacements bien délimités
constituent un moyen irremplaçable pour appréhender les modifications dans le
temps.
233. En complément des sujets de recherches mentionnés ci-dessus, certains
autres thèmes pourraient bénéficier d'une certaine priorité:
(1) conception d'un méthode d'échantillonnage susceptible d'estimer
le volume commercial (différent du volume total) de toute forêt
à aménager avec une erreur de plus ou moins 10 % ;
(2) quantification du gain d'accroissement en réponse à des
d'opérations d'abattage, d'éclaircie ou d'amélioration
effectuées dans des types de forêts très variés et différents
de ceux qui sont généralement étudiés;
(3) étude à long terme des modifications du sol en fonction de la
sylviculture appliquée aux forêts naturelles aménagées et aux
plantations;
(4) étude de l'amélioration des espèces forestières, envisagée sous
l'angle du choix des provenances, et des interactions
essences/stations, dans le but d'accroître la productivité des
plantations d'espèces indigènes ou exotiques et ainsi
d'optimaliser le rapport rendement/coût d'installation;
(5) développement d'une technologie de la transformation des petits
bois ronds produits par les éclaircies;
(6) étude des propriétés du bois produit dans les forêts naturelles
aménagées ou dans les plantations et de leurs modifications
éventuelles liées au raccourcissement les révolutions, à la
vitesse de croissance et à la grosseur des grumes (généralement
plus faible que celle des grumes récoltées dans les forêts non
aménagées) .
4.3.6. Association de l'exploitation à la sylviculture.
234. L'exploitation et la sylviculture ont été examinées séparément comme
éléments de l'aménagement au sens strict, mais leur association est l'une des
conditions essentielles, mais aussi la plus difficile, de l'aménagement au
sens large. Catinot (1986) préconise une collaboration réelle fondée sur une
compréhension et une confiance mutuelles, principalement sur les objectifs à
long terme, un réalisme commercial, et une diminution des contraintes au seuil
le plus bas.
84
Son succès supposera que les questions relatives à l'exploitation, à la
transformation, au marché et à la gestion des entreprises forestières soient
de moins en moins négligées dans les programmes de formation des cadres
forestiers.
235. La difficulté principale dans la conception d'une telle association
réside dans le fait que, en Afrique comme dans les autres pays possédant des
forêts tropicales humides, l'influence des exploitants et des industriels est
souvent beaucoup plus forte que celle des forestiers. Dans les pays pauvres
en ressources minérales et offrant peu d'attirance pour le tourisme, les
forêts peuvent constituer l'une des rares sources de revenus; les taxes
forestières perçues sur l'exploitation et la transformation du bois
constituent un revenu immédiat; si du bois est exporté, les exportations sont
une source de rentrée de devises qui font généralement cruellement défaut. Le
service forestier, de son côté, aimerait pouvoir obtenir des crédits pour
financer des opérations sylvicoles mais ne peut proposer qu'un bénéfice à long
terme. Il est donc tout~à-fait compréhensible que les autorités nationales
attachent une attention plus soutenue aux entreprises d'exploitation et aux
rentrées immédiates qu'elles assurent qu'au service forestier dont les
initiatives visant à encadrer leur liberté d'action sont souvent contestées,
voire désavouées. Cette attitude n'est pas surprenante mais elle est grave et
surtout révélatrice d'une politique à courte vue. Le gouvernement, comme les
services forestiers, est gardien du patrimoine national; ils ne doivent pas
cautionner une quelconque diminution des potentialités nationales à long terme
par la recherche des profits immédiats. La conception d'une organisation
administrative, simple et efficace, chargée du contrôle de l'exploitation des
forêts et aussi de li croissance des futures récoltes, est le problème auquel
une solution doit être donnée. C'est aussi important, et peut être plus, que
de décider de la nature du traitement sylvicole à entreprendre.
236. Selon Catinot (1986) les diverses étapes d'un aménagement intégrant
exploitation et sylviculture pourraient être entreprises au niveau national
dans plusieurs domaines. Celles-ci ont déjà été réalisées dans certains pays,
au moins dans certains secteurs; ailleurs toutes les étapes ci-après doivent
être parcourues:
(1) là où cela est nécesaire, réalisation et mise à jour d'un
inventaire forestier national; là où existent déjà des
inventaires vieux de 15-20 ans, de nouveaux inventaires sont
nécessaires; une utilisation maximale des ressources offertes
par les images obtenues par satellites doit être faite en
complément des opérations au sol;
(2) cartographie récente ou mise à jour des divers types de forêts
ou de végétation;
(3) division du domaine forestier en subdivisions d'aménagement du
même type que celles réalisées au Congo; dans la mesure du
possible, création d'un domaine forestier communal détenu et
géré par les communautés locales, complément du domaine
forestier national;
(4) étude socio-économique de chaque subdivision d'aménagement en
vue de dresser une liste réaliste des espèces pouvant être
exploitées pour approvisionner, soit le marché local, soit les
exportations; en cas de nécessité une stratification peut être
proposée pour tenir compte des divers degrés d'accessibilité;
85
selon Catinot il convient que ce type d* étude soit confié à
une équipe pluridisciplinaire comprenant un spécialiste de
l'inventaire forestier, un spécialiste de l'exploitation et un
économiste;
(5) préparation d'un plan de développement forestier national
prévoyant un groupement des diverses sub/divisions
d'aménagement en fonction de leur classement par ordre de
priorité de leur développement; ce plan devrait être un élément
du plan national de développement pour l'ensemble du pays;
(6) si nécessaire, création de nouvelles structures
institutionnelles, par exemple des sections de planification,
d'exécution, de contrôle des opérations techniques, etc.;
(7) création d'un Fonds forestier national financé par les taxes
forestières et, si possible, par l'aide extérieure et chargé
de la réalisation d'un programme cohérent et réaliste
d'aménagement des forêts à l'échelle nationale; pour manifester
leur détermination, les autorités nationales devraient donner
l'exemple en décidant d'affecter toutes les taxes perçues sur
les forêts et les produits forestiers à ce Fonds forestier
national.
237. Cette dernière proposition est la plus révolutionnaire; bien qu'il soit
irréaliste et très optimiste de supposer que les gouvernements fortement
sollicités de toutes parts puissent affecter l'intégralité des taxes perçues
au Fonds forestier national, il serait éminemment raisonnable qu'ils puissent
lui réserver au moins un proportion substantielle; une telle décision
assurerait une augmentation automatique des ressources pour la régénération
et l'entretien des récoltes futures en cas d'accroissement du volume exploité
en forêt qui bénéficierait aussi au budget national.
238. Catinot (1986) a proposé la procédure suivante pour la gestion d'une
concession d'exploitation sur une grande surface comportant une collaboration
étroite de l'exploitant avec le service forestier:
(1) choix par le gouvernement d'un candidat concessionnaire
possédant une compétence technique suffisante et fournissant
toutes garanties sur le plan financier;
(2) établissement d'un contrat précisant l'étendue géographique du
permis d'exploitation, sa durée (15 ans renouvelable est une
durée conseillée), le volume annuel exploitable, la proportion
du volume exploité à transformer localement (par exemple 50%),
la quantité minimale de la production disponible pour le marché
local, le programme d'installation de l'entreprise
d'exploitation et de l'usine de transformation, le montant des
taxes dues par hectare, les pénalités pour non respect des
clauses contractuelles, etc.;
D'autres conditions pourraient être précisées et comprendre notamment
les suivantes:
(3) division du permis en blocs, chaque bloc devant être ouvert à
l'exploitant concessionnaire pour une durée de 4 à 5 ans;
86
(4) liste des essences commercialisables établie à la suite de
l'étude économique réalisée par les subdivisions d'aménagement
dans laquelle le permis est concédé et apprové par le
concessionnaire ;
(5) diamètre minimal d'exploitabilité pour chaque essence;
(6) procédure d'iventaire: l'exploitant lui-même réalisera, dans
les 2 à 3 années précédant l'abattage, un inventaire de chaque
bloc énumérant tous les arbres appartenant aux essences
commercialisables, répartis en classes de diamètre et en
estimant le volume net commercialisable; le représentant du
service forestier responsable de l'aménagement procédera à un
contrôle au moyen d'un échantillonnage à % et effectuera un
inventaire statistique des arbres des essences
commercialisables possédant le diamètre minimum
d ' exploitabilité ;
(7) durée d'exploitation de chaque bloc fixé à 4 ou 5 ans avec
possibilité de prolongation d'un an en cas de nécessité;
(8) en complément de la taxe assise sur la surface, l'exploitant
devra s'acquitter du paiement des taxes assises sur le volume
exploité en fonction de trois taux correspondant eux-mêmes aux
trois groupes d'eesences suivants:
• taux maximum : essences du groupe 1 comprenant les bois
d'ébénisterie (ébène et bois rouges);
• taux moyen : essences du groupe 2 comprenant les bois
blancs déroulables ou de menuiserie;
• taux minimum : autres essences du groupe 3;
(9) le taux des taxes sera révisé tous les cinq ans en fonction des
modifications importantes et à la discrétion du gouvernement;
(10) l'exploitant concessionnaire devra respecter les régies
usuelles, à savoir celles concernant la hauteur de la section
d'abattage, le marquage des grumes, la tenue d'un registre des
entrées à l'usine, la prohibition de l'abandon des grumes
commercialisables sur le parterre des coupes; il devra produire
chaque année un état des exploitations réalisées et une
prévision des exploitation prévues l'année suivante;
(11) le représentant du service forestier chargé des €unénagements
devra contrôler périodiquement la stricte observation des
clauses du permis au moyen d'inspections du parc à grumes ou
par vérification du registre des entrées en usines; il
vérifiera les déclarations d'abattage produites chaque année
par l'exploitant;
(12) l'exploitant fournira gratuitement un nombre d'hommes- jour qui
seront utilisés pour des travaux sylvicoles sous la direction
technique de la section du service forestier chargée des
aménagements ;
87
(13) une fois l'exploitation terminée sur un bloc donné,
l'exploitant concessionnaire quittera les lieux pendant une
durée du 30 années au cours de laquelle le service forer tîer
réalisera tous les travaux sylvicoles jugés nécessaire là où
la régénération préxistante aura survécu à l'exploitation de
façon satisfaisante (en général 25 tiges/ha et plus); les
travaux consisteront en opérations d'amélioration; là où la
régénération sera insuffisante, des plantations seront
nécessaires, soit par enrichissement après défrichement total
ou partiel, soit en compensation sur des surfaces équivalentes
dans d'autres secteurs.
239. Si tout fonctionne correctement et si l'exploitant remplit
convenablement ses obligations contractuelles, il peut s'attendre à ce que son
permis soit renouvelé et qu'il puisse être admis à réaliser un deuxième
passage en coupe après expiration de la rotation de 30 ans.
240. Des contrats du même type pourraient être passés pour des chantiers
plus petits (de 10 000 à 20 000 ha), mais les clauses concernant la
transformation du bois seraient moins strictes et les taxes pourraient être
assises sur la possibilité estimée après inventaire plutôt que sur le volume
réellement exploité. Le responsable du service forestier chargé des
aménagements pourrait alors réduire l'importance du contrôle exercé sur les
opérations d'exploitation au seul respect du diamètre minimal d'exploitabilité
et des limites du chantier; une mesure de chaque grume ne serait pas
nécessaire.
4.3.6 Ressources du bois
241 . Les forêts ont quatre fonctions principales :
(1) conservation des sols;
(2) protection des bassins versants;
(3) conservation des ressources génétiques, végétales et animales;
(4) production de bois ainsi que tous autres biens matériels et
immatériels pour le bien de l'humanité.
242. La plupart des paragraphes précédents concernaient l'aménagement en vue
de la production de bois. Il s'agit là d'une fonction certes importante des
forêts qu'il est relativement facile de quantifier par le nombre de tiges à
l'hectare, le diamètre d'exploitabilité ou la possibilité annuelle car les
arbres sont généralement de forte taille. En revanche il est beaucoup moins
facile d'attribuer une quantité aux produits forestiers autres que le bois
alors qu'à long terme leur importance lui est comparable et peut-être plus
grande encore.
243. L'une de ces fonctions, ou toutes globalement, peut dicter la politique
forestière en matière d'aménagement. Ainsi au Mont Meru en Tanzanie, et dans
des situations comparables, la conservation des sols fertiles, mais extrêment
fragiles, constitue la principale fonction des forêts. La protection des
bassins versants est elle aussi importante dans toute la région mais surtout
en montagne et particulièrement dans les massifs montagneux qui dominent des
zones arides, comme c'est le cas du massif de Karamoja en Ouganda, au nord du
Kenya et ailleurs.
88
L*aniénagement de ces forêts est généralement plus sinçle que celui des forêts
de production dont le rajeunisseisent doit être asturé; il doit coaq^orter
l'entretien des limites, la protection contre les feux, l'organisation de la
surveillance, une mise en vigueur rapide de mesures prohibant certaines
activités comme l'exploitation ou le pftturage anarchique, ainsi qu'une
vigoureuse campagne d'information auprès du public pour le convaincre de
l'importance vitale de la' protection des forêts en faveur de l'agriculture et
de la sécurité des approvisionnements en eau aux altitudes inférieures. Ces
techniques d'aménagement, très simples, doivent être appliquées avec diligence
et de façon visible par le public.
244. La conservation des écosystèmes et des ressources génétiques, végétales
et animales, constitue un autre volet très important. L'exemple des chimpanzés
dans la forêt de Budongo est mentionné dans l'Etude de cas n* 1. Même si la
faune sauvage paraît se concentrer de façon spectaculaire dans certaines
savanes de préférence aux forêts, un grand nombre de petits animaux vivent en
forêt. Dans certaines régions celle-ci est complémentaire des écosystèmes plus
ouverts en offrant aux animaux un habitat d'alternance pendant la saison
sèche; c'est ainsi que les hardes d'éléphants d'Amboseli se retirent dans les
forêts du nord du Kilimanjaro pendant plusieurs mois chaque année. Bien que
les grands animaux puissent constituer des exemples spectaculaires de
conservation de la faune en association avec l'exploitation du tourisme, les
principes généraux de protection énoncées par certains pays en isolant des
zones protégées aux fins de conservation des ressources génétiques et des
écosystèmes naturels ne sont pas moins importants. Il existe une crainte
toujours actuelle que l'accroissement de la population n'exerce une pression
irrésistible en vue de l'utilisation des ressources naturelles pour la
satisfaction des besoins matériels. C'est pourquoi il importe d'analyser de
façon exhautive la production des biens matériels et immatériels qui peuvent
être retirés des forêts (Poore, 1976). Dans le passé cette analyse ne fut pas
faite de façon efficace et il en est résulté une possibilité d'exagération
des avantages des forêts artificielles créées par l'homme sur les forêts
naturelles.
245. L'intérêt de la conservation des ressources génétiques forestières a
été récemment souligné par diverses instances internationales (FÂO, 1980 ; PAO
1981b ; FAO, 1984b ; PAO, 1988 ; lUCN, 1980 ; UNESCO, 1973). La création d'une
gamme de zones protégées, allant des réserves naturelles intégrales au aires
de conservation in situ , aménagées dans le but de conserver les ressources
génétiques d*un certain nombre d'essences prioritaires sans négliger la
production de biens et de services pour une utilisation quotidienne, constitue
une méthode efficace pour maintenir une certaine variabilité écologique et
génétique. Dans toutes les aires de conservation, comme dans le cas des forêts
de production, il faut rechercher le consentement des populations locales et
les impliquer dans l'action entreprise. A l'exception des réserves naturelles
intégrales, 1* homme doit être considéré comme faisant partie de l'écosystème,
et non pas comme un intrus ; les aménagements envisagés pour la satisfaction
des besoins locaux de la population doivent être conçus en parfaite
intelligence des principes de la conservation des ressources génétiques.
246. Les forêts "naturelles", primitivement aménagées en vue de la
production de bois, peuvent jouer un rôle utile pour compléter celui des zones
protégées au sens strict pour la conservation des ressources génétiques des
principales essences. Toutefois comme ce type d'aménagement conduit
généralement à une simplification des écosystèmes, des réserves naturelles
intégrales sont nécessaires en complément pour conserver les écosystèmes dans
leur intégrité.
89
Il faut aussi prendre conscience du fait que les écosystèmes sont dynamiques
et qu'ils peuvent évoluer même en l'absence de toute intervention humaine.
Ainsi il est de la toute première importance de préciser les objectifs de la
conservation en distinguant clairement les divers niveaux de différenciation:
écosystème, espèces, variabilité intra-spécifique, variabilité au niveau des
gènes et des allèles.
247. La même observation sur l'importance d'une définition préalable des
objectifs de l'aménagement convient aussi pour l'aménagement forestier
polyvalent. Cette polyvalence, telle que pratiquée dans le passé, était
facilitée par une faible densité de population et l'utilisation extensive de
toute une gamme de produits variés. Avec l'accroissement de la population et
des marchés, les aménagement furent intensifiés en vue de la satisfaction de
la demande pour des produits particuliers bien définis, coimne le bois, le
cacao, ou l'huile de palme (Moore, 1985). Il n'est pas nécessaire, cependant,
que la poljrvalence soit considérée comme un objectif d'aménagement de chaque
hectare de forêt ; au contraire, dans certains cas, il peut être souhaitable
de diviser la forêt en plusieurs séries, plus ou moins intensément aménagées,
de telle sorte qu'une série considérée puisse jouer le rôle de zone tampon
pour sa voisine immédiate, comme par exemple dans une région au relief
modéré :
(1) zone cultivée (hors forêt)
!
(2) série de plantations forestières
!
(3) série de forêt naturelle avec des
plantations d'enrichissement
!
(4) série de forêt naturelle sans
plantations d'enrichissement
!
f
(5) série de forêt naturelle avec
production prioritaire de bois
!
(6) série de forêt naturelle avec
production prioritaire de produits
autres que le bois
(7) série de réserve naturelle intégrale
en augmentation
intensité de
; 1 ' aménagement
en diminution
248. La méthodologie de la conservation des ressources génétiques des
forêts tropicales humides constitue un sujet d'étude nouveau et encore peu
compris. Quelques repères sont donnés par les références citées à
l'alinéa 245.
4.3.7. Motivations
249. Aucune action en faveur l'aménagement des forêts en vue de leur assurer
un rendement soutenu à long terme n'est réalisable sans une prise de
conscience politique de la nécessité de conserver les ressources forestières
nationales.
90
Cette condition préalable est difficile à satisfaire aussi bien de la part de
pays à population clairsemée et possédant des forêts naturelles appareiment
inépuisables que de la part de pays à forte densité d'une population en voie
d'accroissement où la production de vivres constitue la première des
priorités.
250. ki niyeiu national, il importe que les honnnes et les partis politiques
s'engagent solennellement sur la nécessité de la conservation et de
l'aménagement des forêts tropicales humides considérées comme une importante
ressource naturelle renouvelable et comme une partie intégrante de la
continuité du développement national.
251 . Eu niveau international, il est nécessaire que cette prise de conscience
politique soit prioritairement soutenue. Même si beaucoup de choses ont déjà
été faites dans ce domaine au cours des divers Congrès forestiers mondiaux ou
d'autres réunions, et plus récemment encore au moyen de l'élaboration et de
la mise en oeuvre du Plan d'action forestier tropical (FAO, 1985), il reste
encore à faire pour soutenir et renforcer les actions entreprises de telle
sorte que les hommes politiques eux-mêmes, ainsi que leurs conseillers
forestiers, comprennent le rôle et la valeur des forêts, mais aussi leur
fragilité. Trop souvent les forestiers parlent entre eux de leurs problèmes
mais négligent de solliciter l'audience des hommes politiques confrontés
quotidiennement les questions posées par la satisfaction des besoins immédiats
de leur peuple, demeurant ainsi sceptiques à l'égard de la nécessité et de
l'urgence de maintenir et d'aménager les ressources forestières nationales.
252. Au niveau du peuple, l'organisation traditionnelle et moderne des
sociétés est mal connue ; mal connue aussi la façon dont elle interfère sur
la pérennité des forêts tropicales humides. Il est nécessaire aussi qu'une
formation adéquate soit dispensée à tous les niveaux de l'éducation nationale,
et pas seulement dans les programmes de formation des enseignants, de telle
sorte que chaque citoyen puisse être conscient de l'importance de la
conservation et de l'aménagement des ressources naturelles renouvelables ainsi
que de la valeur des forêts tropicales humides.
253. Pour la foreiterie, les besoins sont immenses et effrayants : les
forestiers doivent participer à l'éducation de leurs concitoyens mais ils ont
autant à apprendre des communautés locales que de tout autre source à
l'entour; à côté de leur formation technique, il est urgent qu'ils acquièrent
des connaissances réelles et un savoir-faire dans les domaines du
développement, de la communication, et de la gestion des affaires, domaines
dans lesquels ils sont encore mal à l'aise.
91
ETDDES PB CAS n* 1
ANALYSE DES SYSTEMES D'AMENAGEMENT
DES FORETS TROPICALES HUMIDES EN OUGANDA
page
1. INTRODUCTION 92
2. LES AMENAGEMENTS AVANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE 94
2.1. Généralités 94
2.2. Aménagement des forêts type occidental 96
2.3. Aménagement des forêts riveraines du lac 97
3. LES AMENAGEMENTS DE 1945 AU DEBUT DES ANNEES 70 98
3.1. Généralités 98
3.2. Aménagement des forêts type occidental 98
3.3. Aménagement des forêts riveraines du lac 104
4. LES AMENAGEMENTS DEPUIS 1970 108
4.1. Généralités 108
4.2. Marchés à l'exportation 110
4.3. Pâtes et papiers 110
4.4. Bois de chauffage industriel et domestique 111
5. LES SYSTEMES D'AMENAGEMENT ACTUELS 111
TABLEADX
1 : Superficies des forêts naturelles ougandaises 94
2 : Disponibilités de bois d'essences feuillues et résineux
en Ouganda 110
3 A : Fréquences de distribution des diamètres à Budongo
(placeau n" 34) 113
3 B : Comparaison des fréquences de distribution des diamètres
des arbres du recrû dans les forêts de Budongo et de Bugoma 113
3 C : Fréquences de distribution des diamètres à Mpanga 114
92
ETDDB SB CAS n* 1
ANALYSE DES SYSTEMES D'AMENAGEMENT DES
FORETS TROPICALES HUMIDES EN OUGANDA
1. INTRODUCTION
1. L'Etude de cas n* 1 passe en revue et analyse les systèmes d'aménagement
forestier des forêts tropicales humides en Ouganda. Elle découle, dans une
très large mesure, d'un document préparé pour la PAO par Peter Karani, jadis
chef de l'Administration forestière de l'Ouganda (Karani, 1985).
2. Trois étapes peuvent être identifiées dans le développement de la
politique forestière et des aménagements forestiers en Ouganda :
1) avant 1945 (fin de la deuxième guerre mondiale);
2) de 1945 à la fin des années 60 ou au début des années 70 ;
3) du début des années 70 à l'époque actuelle.
3. En ce qui concerne la politique forestière les principaux développements
au cours de chacune de ces étapes ont été les suivants :
1) la politique forestière de 1929 (déclarée 31 ans après la
création d'une administration forestière) est fondée sur la
reconnaissance de l'importance des profits directs et indirects
susceptibles d'être retirés des forêts : "la politique adoptée
en Ouganda est basée sur l'utilité indirecte et directe de ses
forêts, la première étant constituée par leur influence sur
l'érosion, les précipitations, l'humidité et les ressources en
eau tandis que la seconde concerne leur aptitude à satisfaire
les besoins futurs d'une nation en voie de développement rapide
avec une forte population en pleine expansion. Les effets
indirects probables, bien que sujets à discussion entre les
experts, justifient la conservation des forêts existantes,
principalement dans les régions, comme celle du nord et de
l'est de l'Ouganda, où la désertification succède à la
destruction des forêts, et la création de forêts là où elles
peuvent accroître l'humidité de dans les zones arides ou
contribuer au drainage des zones marécageuses" (Karani, 1985).
Les objectifs des aménagements peuvent énumérés ainsi qu'il
suit :
a) maintenir l'état boisé ou reboiser toutes les zones où
cette action est considérée comme nécessaire pour des
raisons climatiques ou autres;
b) satisfaire, sans préjudice des droits acquis, les demandes
de la population ougandaise qui ne peuvent l'être par les
efforts individuels ou ceux des collectivités locales;
c) conseiller les particuliers ou les collectivités locales
sur toutes les matières relatives à la foresterie;
93
d) dans la mesure où cela est compatible avec les trois
objectifs précédents, aménager les forêts publiques
ougandaises de telle façon que les investissements
consentis produisent le meilleur revenu.
2) cette politique forestière fut en fin de compte confirmée par
l'Administration coloniale en 1948 et adoptée par l'Ouganda
après son indépendance :
a) réserver de façon définitive, pour les générations
actuelles et futures de l'Ouganda, une surface suffisante
de forêts ou de terrains à boiser pour entretenir des
conditions favorables au développement agricole, pour
conserver les ressources en eau, pour procurer des produits
forestiers à l'agriculture, à l'industrie et aux
particuliers, et enfin pour maintenir la stabilité des
sols dans les secteurs fragiles où les terres pourraient
être détériorées si elles étaient soumises à d'autres
usages;
b) aménager les forêts publiques pour optimaliser leur
rentabilité et les dépenses occasionnées par leur
aménagement dans la mesure où les objectifs cités ci-dessus
peuvent être atteints;
3) en 1967 les gouvernements locaux furent abolis et tous les
terrains à boiser furent transférés au gouvernement central.
4. Karani (1985) observe que : "la faiblesse de la politique forestière de
ce pays tire son origine du fait que l'Ouganda n'a pas de politique de
l'utilisation des terres et qu'il n'y a pas de système de propriété ; ce
défaut affecte beaucoup l'aménagement des forêts naturelles. Lorsque la
population s'accroît, la surface des terres affectées aux productions
vivrières s'amenuise ; les réserves forestières, y compris les forêts
naturelles, sont alors considérées comme des zones susceptibles d'être
cultivées. En dehors de nombreuses demandes de déclassement de certaines
forêts, une bonne partie des forêts naturelles du centre et de l'ouest du pays
demeure intacte et sera aménagée pour la production forestière".
5. Et aussi : "il est un fait bien connu que les espèces des forêts mélangées
produisent naturellement beaucoup moins que les eucalyptus et les conifères
tropicaux. Il y a cependant assez de place pour cultiver des conifères sans
interférer sur les forêts naturelles. La politique actuelle est en faveur du
maintien des forêts existantes mais en accroissant leur valeur en augmentant
le volume des essences nobles. Bien que ce fut une règle dans ce pays de
laisser intacte une partie de chaque forêt importante comme réserve naturelle,
on a constaté que les zones ainsi conservées étaient trop petites pour
protéger la faune liée aux forêts pour sa reproduction. On espère cependant
qu'en adoptant ces méthodes et ces techniques sylvicoles, la valeur des forêts
naturelles pourra être non seulement maintenue mais encore accrue en même
temps que leurs caractères et leur composition pourront être conservés. Il est
pourtant peu probable que la demande de produits forestiers puisse être
satisfaite par ce que les forêts naturelles peuvent produire. Le déficit devra
être comblé par les plantations de conifères qui ont été créées au cours des
trois dernières décennies".
94
6. Le tableau n* 1 présente les données sur les surfaces de forêts naturelles
ougandaises estimées à la fin des années 1980 (FAO/UNEP, 1981). Il n'y a plus
de forêts couvrant de grandes superficies dans ce pays ; ce qui subsiste se
présente sous forme d'îlots boisés, quelquefois très petits, au milieu des
cultures ou des savanes. Ce sont ces îlots qui assurent la conservation des
espèces des flores et faunes indigènes, fournissent le bois pour les usages
industriels ou domestiques ; ils contribuent aussi à la protection de
l'environnement, et notamment à la préservation du sol et des ressources en
eau. Ce rôle de protection et de conservation est de la plus haute importance
pour le bien être du pays.
TABLEAU n* 1
Superficie des forêts naturelles ougandaises
: Types de forêts
: Superficies :
: (km^) :
: Forêts feuillues denses productives (+)
: non exploitées
: 1 000 .'
: Forêts feuillues denses productives (+)
: exploitées
5 650 ':
: Forêts feuillues denses improductives
: Total des forêts feuillues denses :
850 ':
7 500 :
: (+) la production de ces forêts est appréciée en
: de fourniture de bois pour l'industrie
matière :
Sources : FAO/UNEP, 1981
7. Les alinéas suivants décrivent l'histoire des aménagements forestiers en
Ouganda de façon plus détaillée.
2. LES AMENAGEMENTS AVANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE
2.1. Généralités
8. Avant la seconde guerre mondiale, les aménagements forestiers furent
dominés par :
1) les difficultés de communication à l'intérieur et hors de
l'Ouganda;
2) l'insuffisance du personnel d'encadrement ;
3) un potentiel industriel limité ;
4) des marchés limités, aussi bien internes qu'à l'exportation;
5) un manque de savoir-faire.
95
9. L'Ouganda était un Protectorat du gouvernement britannique soumis à
l'administration coloniale. Avant 1890, lorsque le Protectorat fut créé,
certaines parties du territoire qui devait devenir l'Ouganda, possédaient des
systèmes politiques bien développés parmis lesquels il faut citer les Royaumes
de Buganda, de Bunyoro, d'Amkole Kiziba et de Koki, Dans ces royaumes
lacustres, les pirogues jouaient un rôle éminent dans les conflits armés et
on se souvient que le Kabaka de Buganda put rassembler plus de 200 pirogues
pour son armée. Il s'agissait de pirogues du type "Sessé" constituées d'une
quille et de planches latérales cousues au moyen de cordes de raphia passées
dans des trous creusés selon des lignes parallèles le long des bords des
planches.
10. Lorsque les Arabes du Zanzibar commencèrent à commercer avec ces
Royaumes, ils construisirent des petits bateaux à voile latine pour
transporter les marchandises, l'ivoire, et les esclaves. Ces bateaux ont été
décrits par les premiers missionnaires qui s'établirent en Ouganda en 1877.
La pêche, la chasse, et le commerce de l'ivoire apportèrent la richesse. Le
séchage du poisson était couramment pratiqué par le chauffage au bois ; comme
la population était peu nombreuse, les forêts se régénéraient naturellement.
La culture des ignames et des bananiers (matoke) n'imposait pas le
défrichement total des forêts et les arbres trop gros pour être abattus et
utilisés étaient laissés sur pied.
11. Avec l'avènement de l'ère coloniale de nouveaux concepts furent
introduits en Ouganda dans le domaine de la consommation, des nouvelles
productions agricoles et des techniques de culture avec des normes différentes
d'éducation et de santé, des nouveaux niveaux de communication et
d'administration ; c'est ainsi que des peuples de cultures et de traditions
différentes, de langues différentes aussi, furent amenés à vivre côte à côte
dans le même pays.
12. Bien que le café fut indigène en Ouganda où il était cultivé pour être
utilisé au cours de cérémonies traditionnelles, il n'avait jamais été exporté.
L'établissement de grands domaines où étaient produits le café, le caoutchouc,
la canne à sucre, le coton, et, plus tard, le thé, fut à l'origine de vastes
défrichements. On réalisa, vers l'*an 1890, qu'il fallait mettre en réserve des
forêts pour les conserver et protéger de la destruction occasionnée par les
défrichements culturaux la ressource naturelle constituée par les latex
indigènes dont la récolte était pratiquée localement.
13. Dans les débuts de la colonisation, on importa du bois de pin du nord
pour l'utiliser dans les constructions, mais peu à peu naquit l'idée que,
grâce au développement forestier, des produits de substitution pouvaient être
obtenus sur place ; la même idée persiste de nos jours. La construction de la
ligne de chemin de fer de Mombasa sur la cote à Kisumu sur le lac Victoria
consomma de grandes quantités de bois non seulement comme traverses ou poutres
pour les ponts mais encore pour l'édification des immeubles de service.
Jusqu'en 1930, le gouvernement géra des scieries, soit par le biais du service
forestier, soit par celui du service des travaux publics. Dès 1908, il était
déjà question de créer de vastes plantations destinées à procurer du bois de
feu aux grandes villes non seulement dans la zone des savanes arborées mais
aussi dans celle des forêts tropicales humides.
14. Les premiers forestiers explorèrent la végétation naturelle et
décrivirent deux types principaux de forêts disposés en bandes discontinues:
96
1) une bande de 50 à 80 km de large» formant un croissant le long
des rives nord et nord- ouest du lac ; ces forêts furent
ensuite appelées Mibira, South et West-Mengo» Minziro, etc,
cette dernière faisant partie des forêts de East-Masaka ; une
partie de de cette bande a été défrichée pour y installer des
plantations de café, caoutchouc, coton et cacoa créés pour
l'exportation dès le début du XX* siècle ;
2) une bande située sur les pentes orientales du Rift, s 'étendant
de Masindi au nord au Rwanda au sud ; jusqu'à ce siècle la
population de cette zone était relativement faible et il y
avait de vastes prairies entre les blocs de forêts dont la mise
en réserve pouvait être envisagée.
15. Dans ces temps anciens, aucune mesure n'avait été prise pour régler
l'exploitation des forêts comme celles de Minzoro, Mabira ou Nambigirwa où les
arbres étaient abattus pour être sciés. On ignorait même à cette époque
l'étendue de ces forêts. Leur intérêt consistait en récolte de latex pour
l'exportation et en exploitation du bois pour les constructions locales ou la
fourniture d'énergie au chemin de fer ou aux bateaux à vapeur.
16. Il est possible de citer l'année 1930 comme marquant le début des
aménagements des forêts du pays lorsque l'administration coloniale fut en
mesure de recruter du personnel compétent en plus grand nombre. Un texte
visant la politique forestière avait déjà été adopté par le gouvenement . Le
premier aménagement fut approuvé par le gouvernement en 1934 ; celui-ci
concernait la forêt de Budongo. En 1931 une couverture aérienne à 1:12 500
avait été faite sur 500 km^ ; un assemblage fut effectué puis corrigé après
qu'une triangulation grossière ait été réalisée sur le terrain. Cette
cartographie sommaire fut suivie d'un inventaire à 2,5 % effectué de façon
systématique sur des bandes de 10 m de large. Cet aménagement a joué un rôle
considérable sur le développement des aménagements forestiers en Ouganda mais,
en raison de l'existence des deux types décrits à l'alinéa 14 ci-dessus et des
différences de densité des populations respectives, les systèmes d'aménagement
ont différé d'un type à l'autre.
2.2. Aménagement des forêts de type occidental
17. En raison de l'insuffisance du personnel, 1 ' sunénagement de l'ensemble des
forêts régionales a été très influencé par certaines individualités. Par
exemple, W.J. Eggeling, qui vécut en bordure de la forêt de Budongo de 1937
à 1966, étudia la flore de l'Ouganda et tout particulièrement les conditions
écologiques de Budongo. Ses études ont paru dans des journaux scientifiques
(voir Eggeling, 1947) ainsi que dans des publications du gouvernement, et ont
influencé, dans la pratique, la première révision de l'aménagement du groupe
de forêts de Budongo.
18. C'est vers 1926 que l'industrie du sciage débuta à Budongo et selon les
archives c'est en 1932 que furent effectuées les premières plantations de
Khaya anthotheca , Entandrophragma sp. et Maesopsis eminii dans certaines
parties de la forêt, mais dix années plus tard il ne subsistait aucune trace
de ces travaux. L'accent étant mis sur la nécessité de créer des plantations
de bois de feu près des nouveaux centres administratifs, la régénération des
forêts naturelles fut quelque peu négligée bien que l'exploitation en soit
poursuivie à un rythme accéléré pendant la guerre. Dans le même temps de
grands efforts furent entrepris pour saigner les arbres producteurs de latex
et pour récolter l'écorce des quinquinas dans un petit nombre de plantations
qui avaient été installées dans le pays. A la fin de la guerre, H.C. Dawkins
fut recruté comme responsable de la récolte du latex.
97
19. Les conditions des aménagements entrepris au cours de cette période,
telles qu'elles sont énoncées à l'alinéa 8 ci-dessus, dominèrent les systèmes
d'aménagement, ne laissant que de faibles latitudes aux aménagistes. Il serait
intéressant de noter les raisons pour lesquelles les forestiers eurent recours
à la régénération naturelle de façon aussi précoce. On peut seulement se
livrer à des conjectures sur le fait qu'ils étaient persuadés que le caractère
épars des essences nobles dans les strates supérieures et moyennes des forêts
était le reflet d'une insuffisance du nombre de semis ou, au moins, de gaules.
On peut se demander aujourd'hui, à la lumière des résultats des recherches,
s'il ne s'agissait pas d'une impression erronnée.
2.3. Aménagement des forêts riveraines du lac
20. La plupart des rapports de cette période font référence à trois forêts,
Minziro près de la frontière avec la Tanzanie, Nambigirwa près d'Entebbe et
Mabire entre Kampala et Jinja. Dans deux d'entre elles étaient installées des
scieries du gouvernement antérieurement à la première guerre mondiale, tandis
que Nambigirwa était exploitée par des scieurs de long.
21. La forêt de Minziro s'étend dans la vallée de la Kagera ; elle était
jadis remarquable par ses magnifiques peuplement de deux taxa de Podocarpus
latifolius , ensuite considérés comme P. milanjianus et P. gracilior . Bien que
leur identification soit douteuse en raison de la faible altitude de ces
forêts, il est certain que ces dernières étaient surannées et ne contenaient
presque aucune régénération naturelle de Podocarpus ; ces forêts denses
étaient par place dominées par Baikoa plurijuge qui s'étaient installés sous
les Podocarpus reliques. Le site étant très plat, avec des sols complexes, une
grande partie de ces forêts fut inondée lorsque le barrage d'Owen Falls fut
mis en eau à Jinja dans les dernières années 50. L'abondance de ce conifère
extrêmement utile près du rivage de lac et, par conséquent, facilement
exploitable et transportable attira de bonne heure l'attention des
exploitants; l'exploitation des Podocarpus se poursuivit de 1908 à 1915 ; les
grumes étaient alors sciées en long de façon traditionnelle puis en scierie.
Des essais de plantations sporadiques de Podocarpus furent couronnés de succès
de telle sorte qu'en 1929-1930 quelques AO hectares de la section Kaiso furent
rajeunis au moyen de plantations en lignes distantes de 9 m et à 1,9 m sur la
ligne. Les plants forts réussirent mieux que les plants faibles qui furent
abroutis par les diverses antilopes de forêt. Ce travail fut abandonné en
1931.
22. Ces forêts de même que les prairies marécageuses voisines furent données
à bail de 30 années. Des tentatives furent faites pour encourager la
conversion de ces prairies en terres cultivées ; plusieurs cultures furent
essayées, y compris le riz dans les parties les plus humides et le sizal dans
les secteurs les plus secs, mais sans succès, car le sol des prairies était
pauvre en bases avec une faible capacité de rétention. Dans tout le secteur
la forêt fut exploitée et les derniers Podocarpus furent abattus dans les
années 50.
23. En 1950, on mit en cause la longueur de la durée du bail et le montant
des loyers qui, à cette époque, ne réprésentaient qu'une fraction de ceux qui
étaient pratiqués dans d'autres zones. D'autre part le fonctionnement des
scieries mises en place par le gouvernement avait eu pour effet l'extraction
des grumes les plus accessibles ; le secteur était très éloigné des autres
centres et les locataires étaient obligés d'investir dans des opérations
agricoles qui, avec certaines arrière-pensées, étaient mal conseillées. Par
ailleurs, le terrain, quoique plat, était très humide et rendait les
exploitations difficiles.
98
On mesure aujourd'hui que, dans de telles conditions, la régénération
artificielle de cette espèce fut tentée sans connaissances suffisantes des
conditions écologiques, de l'autécologie de l'espèce, ou de l'écosystème.
24. De la même façon dans la forêt de Nambigirwa, des jeunes plants
d' Entandrophragma sp. , de Lovoa trichilioides , de Cupressus sp. (probablement
Cupressus macrocarpa ), et de Toona sp. furent cultivés et plantés dans une
placette expérimentale dès avant 1920. Il y a peu de renseignements sur les
travaiuc de régénération dans la forêt de Mabira.
25. Ainsi, conme dans la zone occidentale, l'aménagement demeura
fragmentaire, l'accent principal étant mis sur la satisfaction des exigences
du trésor public en encourageant le développement des exploitations et la
constitution d'un domaine forestier national. L'attention portée à la
sylviculture paraît s'être concentrée sur des essais d'une certaine forme de
plantations d'enrichissement là où le personnel était suffisant et en faisant
appel aux espèces qui avaient été exploitées.
3. LES AMENAGEMENTS DE 1945 AU DEBUT DES ANNEES 70
3.1 Généralités
26. Les conditions de l'aménagement forestier changèrent rapidement après la
seconde guerre mondiale. Avant l'indépendance de 1968, les facteurs principaux
de cette évolution furent:
1) accroissement rapide de la population et création de nouveaux
villages dans des secteurs autrefois peu peuplés ;
2) augmentation des cours du coton, du sucre, et du café associé
à des encouragements à la production de la part des autorités;
3) accélération de l'urbanisation et des équipements publics,
électrification, adduction d'eau, construction d'écoles et de
divers bâtiments publics ;
4) élévation du niveau de l'éducation publique et, accroissement
des possibilités pour des études supérieures ;
5) accroissement des moyens financiers publics et privés.
Le temps était venu pour envisager une croissance et un développement
généralisé mais les semences de discorde entre les utilisateurs du sol avaient
déjà germé et une récolte amère faite de bouleversements et de troubles
économiques se développait.
3.2. Aménagement des forêts de type occidental
27. La forêt de Budongo était de loin la mieux étudiée et la mieux aménagée
en Ouganda au début de cette période. L'aménagement de 1935-44 fixait les
objectif suivants :
1) procurer toutes facilités pour réaliser une exploitation
rémunératrice tout en réduisant les risques de perturbation des
équilibres forestiers existants;
99
2) assurer un contrôle de la production de façon souple mais
conservatrice ;
3) donner au personnel forestier d'encadrement les mains libres
pour accroître le volume sur pied des essences nobles dans
toutes les stations favorables.
Une brève description des conditions écologiques à déjà été faite aux
alinéas 36 à 44 de la première partie. Lors de la première révision de
l'aménagement ces objectifs furent redéfinis de la façon suivante :
1) permettre une exploitation permanente et rémunératrice des
forêts de Budongo et de Siba par des entreprises privées tout
en assurant un rendement annuel soutenu;
2) réduire au minimum les risques de dégradation que cette
exploitation pourrait faire courir à la forêt dense en
compromettant sa pérennité ;
3) accroître par des moyens artificiels le capical ligneux
constitué par les essences nobles et utiles en réalisant des
plantations à la suite de l'exploitation, favoriser la
croissance de la régénération naturelle, et encourager
l'extension de la forêt dans les prairies voisines ;
4) contrôler l'envahissement des forêts par le "bois de fer" et
rechercher une méthode pratique pour convertir la forêt
climacique à "bois de fer" en un type plus intéressant de forêt
dense humide.
28. Cette révision soumettait l'exploitation de la forêt à un programme
systématique fondé sur une rotation préliminaire de récupération d'une durée
de 40 ans au cours de laquelle toutes les parcelles de la forêt devaient être
parcourues en enlevant tous les grands arbres de qualité incapables de
survivre jusqu'à la coupe suivante avec l'idée de lui assurer un rendement
soutenu. Au début de cette rotation de récupération, un petit nombre d'espèces
seulement étaient commercialisables en dehors des Méliacées, du Maesopsis et
de quelques autres essences disséminées produisant un bois d'oeuvre durable
comme Mildbraediodendron excelsum et Erythrophleum suaveolens . La production
annuelle contrôlée en mesurant le volume des grumes de bonne qualité,
l'estimation ayant été faite par un inventaire préalable des arbres de 60 cm
de diamètre et plus. Le diamètre d'exploitabilité était de 80 cm pour les
Méliacées et de 60 cm pour les autres espèces.
29. L'objectif principal de cet aménagement était la production du bois de
Méliacées. D'autres espèces, principalement Maesopsis eminii typiques du stade
de reconstitution de la forêt, étaient aussi utilisées comme essences
d'accompagnement. Les peuplements étaient enrichis après l'exploitation par
des plantations en lignes ainsi qu'il est décrit à l'alinéa 50 de la première
partie.
30. Au début, on essaya les plantations en placeaux mais, plus tard, les
difficultés de les retrouver en forêt contraignirent le forestier à concentrer
les plantations sur des lignes. Les plants étaient souvent mis en place en
dehors des pistes d'accès pour les protéger des dangers de l'abroutissement.
100
Dans la forêt de Budongo les plants étaient non seulement abroutis par les
antilopes mais aussi par les éléphants qui causaient beaucoup de donmages, la
quête de leur nourriture en forêt s 'avérant très sélective ; ces derniers
appréciaient le tapis de lianes herbacées installées à la suite de
l'exploitation et suivaient les layons ouverts pour effectuer les plantations
en arrachant ou en mangeant les plants des méliacées mis en place. Les plants
étaient d'abord dégagés par la coupe des lianes puis on leur donnait plus de
lumière, notament verticale» en abattant les perches voisines des espèces
d'accompagnement mais en laissant des chicots de manière à gêner le passage
des éléphants. Certaines de ces plantations ont donné de très bons résultats
car les peuplements étaient enrichis de 90 perches de Méliacées bien
installées par hectare à la fin des travaux de dégagement. Cependant, la
densité fut réduite ultérieurement à 22 plants par hectare. D'une façon
générale, l'installation de ces plantations n'a pas posé de problèmes mais la
vitesse de croissance de la végétation concurrente a rendu obligatoire la
poursuite des travaux d'entretien. La croissance en hauteur des jeunes
Méliacées s'en est ressentie et il est aujourd'hui évident que ces plants ne
peuvent se développer de façon satisfaisante que si leur houppier est libre
de tout ombrage vertical.
31 . Les plantations cessèrent dans le courant des années 50 en raison de
l'insuffisance de la main d'oeuvre et de l'augmentation des coûts. A la même
époque débutèrent des recherches, notamment sur l'utilisation des phytocides,
qui ouvraient de nouvelles possibilités à la régénération naturelle. C'est
aussi à cette époque que le volume annuel de coupe autorisée fut graduellement
augmenté en même temps que le nombre d'essences commercialisables
s'accroissait de telle sorte que l'intensité de la première coupe de
récupération devenait plus forte et permettait une meilleure ouverture du
couvert. Dans chaque clairière ouverte par l'exploitation, la régénération
d'une essence conmercialisable (alors qualifiée de désirable) devait être
assurée.
32. Ainsi les conditions régissant la main d'oeuvre, celles du marché
national et les progrès technologiques sur l'utilisation des phytocides
devaient intervenir pour modifier les techniques sylvicoles sans que la
politique des aménagements et, bien sûr, les systèmes d'aménagement en soient
affectés.
33. La seconde révision de l'aménagement pour la période 1955-64 définissait
les objectifs de la façon suivante :
1) produire de façon soutenue la plus grande quantité de produits
forestiers, principalement du bois d'acajou, au prix le plus
bas possible (la singularité de cette proposition n'était pas
ressentie) ;
2) entretenir dans leur état naturel des spécimens des biocènoses
vivant dans la forêt de Budongo, à l'exception des plus grands
animaux.
34. Les modifications introduites par la troisième révision étaient plus
nuancées et définies comme suit :
assurer de façon économique le revenu soutenu maximum pour le
bois d'oeuvre, principalement le bois des acajous et conserver
des spécimens des plantes et des animaux caractéristiques des
communautés de Budongo.
101
Cette série de révisions des objectifs de l'aménagement est significative des
changements progressifs allant de la prise en considération de l'intérêt de
travaux rémunérateurs jusqu'à la conservation à la fois de l'originalité de
la forêt et de sa production dans le temps.
35. Les changements dans le domaine de la sylviculture impliquaient plusieurs
nouvelles opérations. La plupart d'entre elles étaient de simples
modifications des techniques existantes en substitutant par exemple
l'utilisation des phytocides à celle de la hache. Ces changements
concernaient :
1) la programmation des opérations dans le temps ;
2) la surface susceptible d'être traitée par homme et par jour;
3) la nature de l'interruption du couvert qui s'ensuivait.
Une simple étude de l'organisation du travail montra que, si le
contrôle de ces opérations devait être réalisé avec succès, il convenait que
la forêt fut à la fois accessible aux véhicules et divisée en parcelles
individualisées. C'est seulement ainsi que le phytocide et son solvant
pouvaient être distribués sur place et que l'exécution et le suivi des
traitements pouvaient être contrôlés et supervisés avec efficacité. En
agissant autrement la progression des travaux devenait impossible à maîtriser,
certains secteurs n'étant pas traités et d'autres traités plusieurs fois. La
réalisation de ce travail n'a été possible que grâce au niveau élevé de
formation des cadres forestiers formés à l'Ecole Forestière de Nyabyeya.
36. A cette époque à Budongo où les traitements arboricides battaient son
plein, plus de 1 500 ha étaient traités annuellement. Le régime sylvicole
était le suivant :
1) ouverture des pistes d'accès à chaque bloc d'environ 300 ha
deux années avant que la coupe de récupération ne soit
commencée, puis réalisation des travaux ci-après sur une durée
voisine de 12 mois:
a) ouverture de pistes d'accès pour diviser le bloc en
parcelles de 4 hectares environ ;
b) comptage des arbres d'essences nobles à .abattre lors de
la coupe de récupération ;
c) délianage, suivi immédiatement du traitement aux phytocides
de tous les arbres non commercialisables ou défectueux ;
2) exploitation de la coupe de récupération ;
3) dix ans après, durée au cours de laquelle le couvert formé
par les espèces colonisatrices devait avoir suffisamment
soulevé le manteau de lianes pour permettre l'entrée sur chaque
parcelle :
a) diagnostic statistique permettant de porter un jugement
sur la qualité et sur l'étendue de la régénération ;
102
b) en cas de nécessité, travaux d'amélioration destinés à
favoriser la croissance des jeunes tiges par délianages,
interventions dans le couvert, compléments de dévitalisât ion
des arbres gênants, etc.
En fait ces interventions sylvicoles s'apliquèrent aussi aux secteurs
régénérés artificiellement qui se révélèrent très riches en essences de valeur
sans qu'il fut possible de connaître avec certitude leur origine.
37. Dans le courant des années 56, Dawkins (1959) s'intéressa à l'étendue des
dommages causés par l'exploitation à la régénération préexistante. Selon les
observations faites chaque arbre exploité lors de la coupe de récupération
pouvait endommager près de quatre ares. Ce forestier doutait qu'il soit
possible de réduire ces dommages à moins de deux ares même en organisant très
correctement l'exploitation après délianage. En conséquence Dawkins
recommanda que la conversion de la forêt après la coupe de récupération
soit effectuée par une coupe unique plutôt que par des coupes polycycliques
comme cela se pratique ailleurs. Dawkins décrivit cette méthode comme un "mode
de régénération par coupes progressives uniformes tropicales" mais considéra
que le résultat serait une forêt constituée de nombreuses espèces avec des
arbres de grosseurs différentes en raison de l'utilisation de la régénération
préexistante au moment de la conversion, des grandes différences inter et
intra-spécifiques des vitesses de croissance, et de la régénération induite
par les interventions dans le couvert.
38. La troisième révision de l'aménagement fut approuvée en 1965, une fois
constatés son intérêt et sa qualité, mais l'accroissement de la demande locale
de sciage rendit impérative la recherche de rendements soutenus plus élevés.
En conséquence il fut autorisé d'entreprendre la conversion sans délai et
avant l'achèvement de la rotation de récupération. C'est ainsi que les deux
rotations se déroulèrent simultanément mais dans différentes parties de la
forêt, la rotation de conversion suivant la coupe de récupération de quelques
40 années. Cet aménagement fut mis en oeuvre jusqu'à la fin de la période
considérée.
39. Il a été fait mention des dommages causés par la faune sauvage, et
notamment par les éléphants. Ce facteur a pris une importance grandissante en
raison de l'extension des zones boisées concernées par les interventions dans
le couvert forestier. Par ailleurs d'autres éléments intervenaient pour
modifier le rôle des éléphants et autres animaux : le parc national Murchinson
Fais fut créé au début des années 50 et ses frontières s'étendaient le long
de la Réserve forestière de Kitigo, elle-même adjacente du principal bloc de
Budongo. Cette région avait été classée en réserve de faune à l'époque de la
première guerre mondiale et, de ce fait, les populations des diverses espèces
animales augmentèrent considérablement car elles étaient préservées des
chasseurs. Les parcs nationaux de l'Afrique orientale jouant un rôle important
vis-à-vis des touristes européens et américains, l'industrie touristique se
développa rapidement créant des emplois et favorisant l'entrée de devises
étrangères. Toutefois, l'inexorable accroissement de la population,
l'amélioration du réseau routier et l'extension des cultures intervinrent
pour limiter les déplacements saisonniers des hardes d'éléphants et il en
résulta une augmentation du nombre de ces animaux en forêt ; leur consommation
de végétation ligneuse s'accrût elle-aussi de façon dramatique à la fois dans
la forêt de Budongo et auâsi dans les ilôts forestiers à l'intérieur des
limites du Parc où les arbres de la savane furent détruits (Buechner
et Dawkin, 1981).
103
40. Au grand regret des forestiers, les fonds d* origine internationale
affectés à la recherche sur les éléphants furent beaucoup plus facilement
disponibles que ceux versés à la recherche forestière. Néanmoins les efforts
du Beuchner, Buss (1961), Wing et Buss (1970) et plus tard de Laws et al.
(1975) pour fournir des informations sur le rôle des éléphants à Budongo sont
inestimables. Pendant cette période des éléphants furent abattus régulièrement
dans les parcelles en régénération afin de préserver le jeune recrû. Des
pistes d'accès furent ouvertes et entretenues pour permettre aux gardes
forestiers de patrouiller pour écarter les hardes d'éléphants des secteurs
sensibles, mais les tentatives sérieuses pour gérer scientifiquement les
populations d'éléphants firent cruellement défaut. Vers la fin de années 70,
les braconniers avaient réduit illégalement le nombre des éléphants dans
cette zone de plus de 20 000 têtes à moins de 3 000.
41. La forêt de Budongo a aussi attiré des chercheurs en zoologie spécialisés
dans l'étude des primates travaillant dans la même voie que celle de Jane
Goodall en Tanzanie sur les chimpanzés. Budongo était en effet le berceau de
colonies de chimpanzés et on craignit que leur habitat ne fut dérangé par
les traitement phytocides, principalement si aucune des espèces du genre Ficus
n'avait été protégée, nombre d'entre elles procurant de la nourriture à de
nombreux oiseaux et autres animaux, y compris les chimpanzés.
42. Au cours de cette période, le système d'aménagement de la forêt de
Budongo fut considéré comme satisfaisant. Ce fut une époque où les conflits
entre les intérêts en présence furent limités et où le forestier put mettre
en oeuvre les moyens d'aménager la production de bois d'oeuvre en respectant
l'écologie de la forêt et l'autécologie des diverses espèces.
43. Les autres forêts de cette bande occidentale ne furent pas aussi faciles
à aménager que les forêts de Budongo. Ainsi la forêt de Bugoma, qui s'étend
à 100 km environ au sud de Budongo dans une situation homologue par rapport
au Rift, possédait diverses associations dont beaucoup étaient identiques à
celles de Budongo ; la forêt de Bugoma était moins riche en Méliacées qui font
l'intérêt de Budongo et la partie centrale était dominée par Cynometra sp. ;
elle paraissait plus jeune par places avec des forêts galeries au milieu des
savanes. La commercialisation des bois récoltés à Bugoma était difficile et,
pour cette raison, l'exploitation en était plus extensive ; la densité des
lianes dans les peuplements plus jeunes était beaucoup plus forte qu'à
Budongo ; les traitements arboricides étaient plus onéreux car de nombreux
arbres étaient de faible taille et il était douteux qu'une régénération
naturelle d'essences de valeur puisse s'établir. A la fin des années 50, des
placeaux expérimentaux furent établis dans certains secteurs caractéristiques
riches en Cynometra pour tenter d'obtenir une réponse, mais il est évident que
les résultats devaient se faire attendre.
44. Au début des années 50 un faible pourcentage des forêts fut inventorié
dans la région occidentale et des aménagements furent conçus, notamment par
Osmaston (1959, 1960).
45. La situation des forêts de Toro situées plus au sud était assez
comparable. Ces forêts ont un caractère plus montagnard, presque totalement
sempervirentes, dans une région mieux arrosée et plus fraîche. Ici Parinari
excelsa paraissait occuper la même situation que Cynometra alexandrii à
Budongo et Olea welwitschii se comportait comme une espèce pionnière au même
titre que Maesopsis eminii bien que de croissance plus lente mais de longévité
plus grande et produisant un bois plus intéressant et décoratif. La croissance
était plus lente, l'intensité des coupes plus modeste et la régénération
incertaine.
104
Comm à Budongo» de fortes populations d* éléphants fréquentaient certaines
parties de la forât, principalement dans le sud où une fraction de la forêt
était conçrise dans le parc national Queen Elisabeth. La commercialisation du
bois devint plus facile avec l'ouverture des mines de cuivre de Kilembe en
1956 et de la ligne de chemin de fer de Kampala à Kasese pour transporter le
minerai de cuivre ; on se rendit conq^te que le bois de Parinari excelsa
pouvait être utilisé pour le boisement des mines. Malheureusement, les mines
se révélèrent moins intéressantes que prévu et ce marché s'affaiblit dans les
années 60.
3.3. Aménagement des forêts riveraines du lac
46. L'environnement des forêts situées près du rivage du lac était
tout-à-fait différent de celui des forêts occidentales, principalement en
raison de :
1) la situation politique (au Budanga, il y avait une certaine
friction politique entre le gouverment central et le Kabaka et
ses partisans) ;
2) un niveau élevé d'immigration et d'accroissement de la
population;
3) un rythme accéléré d'urbanisation et d'industrialisation autour
de Kampala, Jinja et dans toute la région entre ces deux
centres ;
4) un niveau élevé de revenus, principalement chez les planteurs
de caféiers ;
5) un niveau élevé de la demande de sciages, de bois de
construction et d'autres produits, tels que ceux nécessaires
à la fabrication de meubles, etc ;
6) de faibles dommages causés par la faune.
47. L'influence de ces facteurs se traduisait par une facilité de la
commercialisation des produits forestiers mais en même temps par une forte
pression sur les limites des forêts. Dans les premières années de cette
période, la plus grande part de l'énergie déployée par le personnel forestier
fut consacrée à l'ouverture de ces limites pour constater l'ampleur des
défrichements et en réduire l'expansion. Ceci entraîna des frictions avec les
fermiers voisins et les propriétaires ruraux. L'effort fut aussi orienté vers
le contrôle des exploitations pour combattre les coupes illicites pratiquées
par les scieries, les scieurs de long ou les fabricants de charbon de bois.
Toutes ces actions furent autant de sources de contestations entre le service
forestier et les populations locales.
48. La politique d'aménagement de ces forêts fut orientée vers la production
de bois d'oeuvre de toutes essences commerciales et pas seulement des
Méliacées comme à Budongo. Le premier aménagement fut conçu par R.B. Sangster
(1948) pour la forêt de South-Mengo et pour la période 1948-57 ; ses objectifs
étaient définis de la façon suivante :
1) pourvoir à une utilisation rémunératricfi permanente de la
forêt de South-Mengo sur la base d'un rendeOiânt annuel soutenu
au profit de la population ougandaise à des prix qu'elle soit
en mesure de payer, les exportations ne pouvant: être envisa-
gées qu'une fois satisfaits les besoins du pays;
105
2) remplacer les arbres exploités par des plantations en utilisant
les mêmes espèces que celles qui étaient commercialisables dans
les forêts publiques ou privées ;
3) améliorer la qualité des peuplements en choisissant
préférentiellement dee Méliacées et Lovoa comme essences de
reboisement ;
4) favoriser la régénération naturelle, notamment au moyen de
travaux de nettoiement et d'amélioration ;
5) conserver un couvert forestier fermé dans toutes les réserves
forestières existantes et, dans le cas où il aurait été
perturbé pour quelque raison valable, le reconstituer dans les
meilleurs délais.
49. Les mêmes objectifs furent assignés à de nombreuses autres forêts du
secteur, à l'occasion des aménagements qui furent approuvés pendant cette
période. Conformément à la politique forestière, la valeur économique de ces
forêts devait être augmentée en favorisant les meilleures essences locales et
en introduisant celles qui étaient absentes, le vocable '*local** désignant les
essences indigènes en Ouganda et non pas seulement celles qui étaient
présentes dans la forêt de Mengo ; ainsi Khaya fut introduit de telle sorte
que cet excellent bois d'ébénisterie fut disponible dans le futur.
50. Les plantations débutèrent en 1945 avec Khaya anthotheca , Entandrophragma
angolense et E. utile ; on plantait des plants de deux ans ayant de 1,2 à 2,4m
de hauteur totale ; ces plants étaient débarrassés de leurs feuilles jusqu'au
bourgeon terminal maintenu intact tandis que les racines latérales étaient
coupées ; seul le pivot était conservé. Les plants étaient préparés de cette
façon pour éviter leur dessication avant le rétablissement de leur système
radiculaire après mise en place, et la perte de leur bourgeon terminal par
abroutissement causé par les antilopes forestières. Ces plants étaient groupés
sur 9 m par 3 ou 5 sur des lignes distantes de 45 m. Ce type de plantation ne
tenait pas beaucoup compte de la qualité des stations pour les diverses
espèces. Les taux de réussite calculés en 1947 étaient de 45 % avec Khaya ,
36 % avec E. angolense et 13 % avec E. utile . La principale difficulté
résultait de l'insuffisance de la main d'oeuvre car les prix du coton et du
café étaient tellement élevés qu'il était plus intéressant de travailler pour
les produire que de travailler pour le gouvernement. En conséquence il fallait
faire appel à de la main d'oeuvre migrante et le coût de la fourniture des
vivres et du logement augmentait son prix de revient. En définitive les
plantations furent abandonnées en raison de leur coût et de l'insuffisance de
la main d'oeuvre.
51. C'est à cette époque que Dawkins démontra que la régénération naturelle
était plus commune dans ces forêts qu'on ne le supposait. Il perfectionna la
technique de dévitalisation des arbres au moyen de phytocides non toxiques (on
avait déjà proscrit l'utilisation de l'arsénite de soude dans cette région
où la densité de la population vivant autour des forêts était très élevée).
Toutefois la liste des essences reconnues commercialisables, et donc
désirables, s'allongeait en raison de la demande accrue de bois ; l'une après
l'autre, des essences devenaient acceptables si bien que les traitements
arboricides éliminaient des arbres qui plus tard seraient devenus
exploitables.
106
Ce fut notamment le cas d' Antiaris toxicaria, un très grand arbre avec un fût
magnifique pour lequel il n'y avait aucun marché dans les années 50. A cette
époque l'industrie du bois investissait dans la nouvelle technologie ; une
usine de contreplaqués s'installa à Jinja pour fabriquer notamnent des caisses
pour transporter le thé dont la production augmentait dans l'ouest et le bois
d' Antiaris se révéla être idéal pour ce type de fabrication ; des arbres de
cette espèce y empoisonnés deux ans plus tôt, furent alors recherchés et
exploités avant que leur bois ne se détériore* La même histoire peut être
répétée pour Funtumia elastica, une sorte de caoutchouc sauvage, et d'autres
espèces. Vers le début des années 70, la plupart des espèces de la région du
Lac pouvaient être commercialisés à l'exception de Cola gigantea . Comme à
Budongo, on adopta un emode de traitement par coupe unique et un système
uniforme de sylviculture.
52. L'utilisation des arboricides se poursuivant, il devint nécessaire de
contrôler leur efficacité. On se rendit compte que l'interruption du couvert
constituait une source de dommages à la régénération préexistante, qu'il
fallait la libérer de la compétition exercée par les tiges des strates
inférieures et les lianes et que cela était coûteux. Dans le même temps, la
fourniture de bois provenant des forêts naturelles sur des fonds privés se
raréfiait et il en résultait une augmentation du prix du charbon de bois dans
les grandes villes comme Kampala et Jinja, et aussi dans les petits centres
urbains dispersés dans la région. Il devenait alors possible d'encourager les
fabricants de charbon de bois à venir en forêt pour traiter les houppiers
abandonnés par les exploitants ainsi que les arbres non commercialisables.
Ceci contribua à diminuer les dommages au recrû et à réduire les besoins de
travaux d'amélioration.
53. C'est aussi à cette époque que de nombreuses plantations de Maesopsis
furent effectuées sur toute l'étendue des forêts pour accroître leur
productivité, et aussi pour convaincre les riverains que ces terres boisées
étaient cultivées et qu'il convenait de résister à la tentation de les
défricher pour y installer des cultures. Les techniques de culture en
pépinière et de plantation furent mises au point pour introduire cette essence
dans les clairières : une croissance en hauteur supérieure à 4 m en moyenne
en deux ans fut obtenue. Les charbonniers utilisaient des fours traditionnels
en terre et, une fois leur activité terminée, ils abandonnaient les
emplacements nets de toute végétation ce qui convenait exactement aux
replantations car les adventices ne se réinstallaient que lentement sur ces
sols stérilisés. Il y avait ainsi de nombreux avantages à cette méthode :
1) la forêt était enrichie avec Maesopsis , une espèce à croissance
rapide ;
2) du charbon de bois devenait disponible ;
3) l'utilisation de la ressource forestière existante était
grandement améliorée ;
4) la forêt se régénérait dans des conditions beaucoup plus
favorables à sa réinstallation et à sa croissance;
5) le coût de l'ensemble des opérations diminuait.
107
54. Ce système associant l'activité des charbonniers à l'amélioration des
forêts de la région des rives du lac fut amélioré ; les fours en terre furent
partiellement remplacés par des fours métalliques portatifs (EARL, 1969). La
carbonisation remplaça la dévitalisation dans la forêt de West-Mengo et une
partie de celle de Masaka ; elle fut étendue à l'ouest de Kalinzu et à Kibale.
Les diverses opérations se succédaient de la façon suivante :
1) des coupes de 40 à 80 ha étaient concédées à des exploitants
et l'exploitation de tous les arbres commercialisables était
effectuée;
2) des agents du service forestier entraînés sélectionnaient
ensuite et marquaient en réserve des espèces désirables et
faisaient procéder à l'abattage directionnel des arbres
indésirables ou défectueux d'un diamètre supérieur à 60 cm ;
3) les charbonniers et les marchands de bois de chauffage étaient
ensuite autorisés à abattre et à enlever tous les arbres non
réservés et les houppiers, une coupe devant être totalement
nettoyée avant qu'une autre ne fut entreprise ;
4) immédiatement après nettoyage, des plants d'essences croissance
rapide, principalement Maesopsis eminii , Terminalia ivorensis
et T. superba , Cedrela odorata , étaient plantés dans les
trouées par pieds isolés ou par deux : une croissance en
hauteur de 2 à 3 m par an pouvait être escomptée.
55. Cette technique permit une valorisation des résultats des recherches sur
les plantations d'enrichissement réalisées par la Station de Mpanga. Il faut
rendre hommage à la contribution importante de la recherche forestière aux
développements de la sylviculture et de l'aménagement ; ainsi les résultats
des recherches fondamentales furent à l'origine du développement des
techniques de culture et de gestion, par exemple en matière d'inventaires
fondés sur l'application des principes du calcul statistique permettant de
valider les résultats obtenus par un échantillonnage à moins de 2 Z, de
sondages de diagnostic, d'interventions sur le couvert au moyen de phytocides,
de plantations d'enrichissement, de techniques dendrométriques pour mesurer
et contrôler la croissance, etc. Ce travail a été décrit par Dawkins (1958)
et aussi dans des notes techniques du service forestier et de la recherche
forestière.
56. Les cinq conditions énoncées par Dawkins comme préalable au succès des
plantations d'enrichissement effectuées en ligne dans les forêts denses
humides étaient les suivantes :
1) besoins d'éclaircies faibles ou nuls ;
2) rapidité de croissance des espèces utilisées (au croissance
en hauteur) avec bon élagage naturel et une bonne rectitude des
tiges ; besoins élevés en lumière comme ceux des espèces
colonisatrices de places vides;
3) aucune strate dominante (les parcelles récemment exploitées
à blanc occupées par un fourré peu élevé ou par une brousse
secondaire récente convenaient parfaitement) ;
4) insensibilité aux feux du recrû entre les lignes ;
108
5) présence nulle ou très faible d'herbivores susceptibles
d'abroutir les jeunes plants.
La plupart de ces conditions étaient rencontrées sur les places de
carbonisation.
57. L'utilisation du Terminalia ivorensis fut suspendue à la suite d'attaques
par un insecte perforateur qui détruisait la pousse terminale ; T. superba est
jusqu'ici indemne de dcmnages par cet insecte et peut atteindre 60 cm de
diamètre en moins de 20 ans. Les provenances utilisées étaient celles du Ghana
et de Sierra Leone mais celles du Congo, du Gabon et du Zaïre étaient
recommandées dans la mesure où les graines étaient disponibles.
58. La distinction entre les systèmes d'aménagement des forêts riveraines
et ceux des forêts occidentales est évidente. La pression de la population sur
la forêt, la demande élevée pour des sciages et du charbon de bois ainsi que
le niveau des investissements dans la transformation du bois n'ont pas joué
un rôle défavorable. Néanmoins la compétition pour l'utilisation des terres
desieure un problème et les textes draconiens édictés dans les premiers temps
de l'ère coloniale pour la réglementer ont malgré tout montré que les
exigences des agriculteurs sont supportables, principalement dans les secteurs
favorables à l'installation de cultures pérennes comme celle du caféier et du
théier dont les plantations peuvent protéger le sol et les ressources en eau
aussi bien que la forêt. De fait, les sols de cette région ne sont pas aussi
fragiles que ceux de nombreuses autres contrées tropicales, ni aussi exposés
& l'érosion ou à une dégradation de leur fertilité.
4. LES AMENAGEMENTS DEPUIS LE DEBUT DES ANNEES 1970
4.1 Généralités
59. Entre 1950 et 1955 toutes les forêts importantes furent inventoriées
et les informations réunies ont fourni des données utiles pour contrôler la
production. En 1971, des consultants de Lockwood réexaminèrent ces données et
conçurent de nouveaux inventaires de deux forêts occidentales, South-Kibale
et Kasyoha-Kiyomi (Lockwood Consultants Ltd, 1973). Leur rapport faisait des
recommandations sur plusieurs aspects du développement forestier et notamment
sur la politique forestière, l'organisation du service forestier,
l'aménagement, les industries du bois, le marché et l'exploitation. Au moment
de la rédaction de leur rapport, les consultants prévoyaient les quantités
enlevées suivantes :
1973-84 314 000 mVan
1985-93 171 000 mVan
ensuite 154 000 m^/an
Ils ajoutaient que si le diamètre d'exploitabilité était réduit de 50
i 30 cm à hauteur de poitrine, un volume supplémentaire de 68 000 m^/an
pourrait être disponible jusqu'en 1984 puis 50 000 m^/an de 1985 à 2 000.
60. La situation est actuellement radicalement différente en raison des
difficultés d'ordre politique et économique rencontrées par le pays dans les
années 70 et 80. L' industriel du sciage s'est détériorée par défaut de nouveaux
investissements et l'aménagement des forêts naturelles et des plantations a
été négligé. En 1970 il y avait 30 scieries produisant près de 170 000 m^ de
sciages par an. Avec l'expulsion de la plupart des propriétaires en 1972, les
niveaux de production se sont écroulés en raison de :
109
1) l'instabilité politique et de l'incertitude sur la propriété;
2) l'insuffisance d'une expérience convenable en matière de
gestion et d'entretien des équipements industriels ;
3) une sévère pénurie de devises et, par conséquent, de pièces
détachées .
De nouveaux équipements industriels qui avaient été programmés, comme
une usine de contreplaqués et de panneaux à Budongo et une parqueterie à
Jinja, ne furent jamais réalisés et d'autres dont la production avait commencé
furent fermées.
61. En 1980 nouveau changement du politique et les scieries qui avaient été
nationalisées et gérées par le département des Industries du bois furent
reprivatisées. Les nouveaux propriétaires étaient des personnes plus ou moins
liées au pouvoir mais sans moyens humains suffisants pour investir dans de
telles usines et les faire fonctionner à leur pleine capacité.
62. En 1982 autre changement affectant le droit de propriété et le
gouvernement propose aux anciens propriétaires évincés en 1972 de revenir et
de reprendre leurs anciennes usines. Plusieurs d'entre eux l'avaient fait en
1985, mais les propriétaires actuels, ou les détenteurs actuels (dans le cas
où les anciens propriétaires ne s'étaient pas encore réinstallés) doutent de
l'avenir de cette industrie. Ils répugnent à entreprendre de nouveaux
investissements et même parfois à exécuter les travaux essentiels d'entretien.
Actuellement sur les 30 scieries qui fonctionnaient en 1970, 17 seulement sont
en état de marche et produisent ensemble annuellement 6 500 m^ de sciages,
soit 4 % de la production de 1970. En revanche le sciage traditionnel en
long a progressé de façon dramatique mais sans qu'il soit possible d'en
chiffrer l'importance.
63. Le pays possède assez de bois pour subvenir potentiellement à tous ses
besoins et pourrait continuer à être auto-suffisant dans ce domaine jusqu'à
la fin du siècle. Mais dans l'état actuel des choses, il est incapable de
produire assez de sciages pour satisfaire une demande qui serait de l'ordre
de 300 000 à 500 000 m^ On estime à 100 000 m^ (de 72 000 à 125 000 m^ selon
les résultats des enquêtes) la production actuelle, principalement fournie par
le sciage en long. En dehors de la possibilité non exploitée des forêts
naturelles, un inventaire récent des plantations d'essences feuillues dans
l'Ouest du pays (à Mafuga et Bugamba) indique que le volume sur pied serait
de plus de 2 000 000 m^ qui pourrait être exploité entre 1986 et 2 000. On
pense qu'il y aurait près de 1 300 000 m^ de résineux ( Cupressus lusitanica
et Pinus patula ) qui devraient être exploités dans les cinq années à venir ;
ceci est dû en partie aux sécheresses de 81-83 qui ont causé une importante
mortalité dans les plantations de P. patula dans les zones les plus sèches ;
ces dernières devraient être sans tarder replantées avec des espèces plus
résistantes. Une estimation des quantités de bois d'oeuvre disponibles jusqu'à
la fin de ce siècle est donnée dans le tableau n* 2 .
64. Les marchés, intérieurs et extérieurs, ont évolué et devraient continuer
à évoluer. Il sont passés en revue sous les titres suivants : marchés à
l'exportation, pâtes et papiers, bois de chauffage domestique et industriel.
112
On admet que, pendant la période de conversion de ces forêts tropicales
humides en futaies régulières» interviendront beaucoup de changements dans
leur cooçosition et leur structure; des forêts floristiquement moins riches
en essences indigènes mais enrichies en essences exotiques seront
graduellesient créées. Au contraire, pour les partisans de la conservation
intégrale 9 ces forêts devraient demeurer intactes et protégées pour leur
valeur intrinsèque et en qualité de conservatoires de gènes. Il est toutefois
difficile de justifier les dépenses occasionnées par de telles mesures de
conservation sans que son objet ne contribue au bien-être économique de la
nation. Il est donc souhaité que l'adoption de la politique définie
ci-dessus puisse é la fois se traduire par un niveau élevé de protection des
ressources forestières et par une augmentation de leur valeur économique.
74. Depuis 1980» le service forestier a estimé nécessaire de faire un
inventaire pour quantifier le volume sur pied de toutes les forêts régénérées
mais ceci s'est révélé impossible. Les indications suivantes sont le résultat
d'observations sur le terrain et de mensurations répétées dans les placeaux
expérimentaux.
75. En 1968, la forêt de Niambigirwa fut exploitée une seconde fois à la
suite d'une coupe qui l'avait parcourue à la fin de la première guerre
mondiale pour la confection de sciages artisanaux; la proportion
d ' Entandrophragma angolense et de Lovoa trichilioides inhabituellement très
élevée, résultait vraisemblablement des plantations d'enrichissement
effectuées de 1916 à 1926; les exotiques Toona ciliata et Eucalyptus grandis ,
atteignaient respectivement plus de 50 à 70 cm de diamètre, tandis que
Cupressus macrocarpa et Podocarpus latifolius , dominés, ne dépassaient pas
30 cm.
76. A la même époque une cartographie fut réalisée dans certaines forêts de
South-Kyague qui avaient été enrichies après la coupe de 1944-48 partiellement
avec Khaya anthotheca , essence non indigène dans ce secteur. On constata de
nouveau que la proportion des Méliacées était plus forte que celle à laquelle
on s'attendait avec un diamètre de 20 à 30 cm ; certains sujets faisaient 50
cm de diamètre mais la majorité, dominée et surcimée, n'avait pas atteint un
développement satisfaisant.
77. A Budongo, le nombre des Mélaciées du bloc Biiso, où la plupart des
travaux d'enrichissement avaient été faits, était lui aussi plus élevé et les
arbres paraissaient du même âge. Dans le placeau n* 34 du bloc voisin
Nyakafunjo des plantations avaient été faites principalement avec Khaya
anthotheca en 1952 à2x2met4x4m avec répétitions et deux types
d'interventions dans le sous-étage, ouverture en plein et ouverture en ligne ;
l'ensemble du dispositif fut parcouru par une coupe d'amélioration six ans
plus tard. Un inventaire fut périodiquement effectué, le dernier en 1976, soit
24 ans après la plantation ; les résultats sont donnés dans le tableau n* 3A
(distribution des diamètres des 4 meilleurs arbres par sous-placeau de 400
ares). Il est précisé que tous les arbres mesurés n'ont pas été plantés. Un
autre placeau expérimental n* RP 14 était situé en bordure de la forêt dans
un secteur riche en Maesopsis eminii exploité en 1958 ; le peuplement était
pratiquement un peuplement pur de Maesopsis de telle sorte qu'il fut en coupé
i blanc, exploitation qui endommagea près de la moitié des acajous
préexistants ; en 1974, 60 Z de la régénération était constituée
d ' Entandrophragma et de Khaya , avec seulement 4 Z de Maesopsis qui en 1982,
avait totalement disparu. Cette observation confirma celle de Eggeling sur la
série progressive de succession dans ce type de forêt.
113
XABLBAD n- 3A
Fréquences de distribution des diamètres à Budongo (placeau n* 34)
: Classes de diamètres : 10 : 20 : 30 : 40 : 50 : Total :
: (en centimètres) : : : : : et + : :
: Fréquences par hectare : 42 : 26 : 11 : 4 : 3 : 86 :
**^ — — ^^■*^^ — *~^ — — '— — Il II. 1 .. 1 .. ..!._ ^. IM.t.ll.lML..*
78. Le tableau n* 3B permet à Karani (1985) de comparer les résultats de
la régénération et la croissance dans les deux forêts du Budongo et Bugoma
dont l'exploitation datait de 1955-56 et les comptages de contrôle de 1965-66,
soit environ 10 ans après la première intervention. Ces données ont été
recueillies au cours d'études sur les dommages causés par les éléphants (Laws
et al., 1975) et les deux sites ont été choisis en raison de leur similitude.
Toutefois, il faut encore conserver à l'esprit que, selon la méthode
d'investigation choisie, ce sont seulement les quatre meilleurs arbres sur
400 m^ qui étaient mesurés et il n'est pas certain que ces quatre arbres
étaient issus de la régénération induite par les travaux sylvicoles.
TABLEAU n* 3 B
Comparaison des fréquences de distribution des diamètres
des arbres du recrû dans les forêts de Budongo et de Bugoma
Classes de diamètres :- de : 10
(en centimètres) : 10 :
20
30 : 40
50 : Total
et + :
Distribution à
Budongo
: 96 : 9,7 : 3,4 : 1,5 : 1,3
3,5 : 115,4
5,7 : 100,4
Distribution à
Bugoma
52 : 16,3 : 13,8 : 7,9 : 4,7
Karani (1985) propose l'explication suivante : "Les différences entre les
régénérations dans les deux forêts peuvent être expliquées par une présence
plus abondante d'éléphants à Budongo qu'à Bugoma. Dans la première forêt, la
régénération, partiellement détruite et maintenue à l'état de gaulis, ne peut
atteindre des tailles plus importantes. De plus les éléphants ont tendance à
consommer les espèces qui sont communes dans la régénération, principalement
Chrysophyllum albidum et Khaya anthotheca qui, ensemble, représentent 50 %
de la totalité des essences nobles. Si ces dommages se poursuivent, ils
peuvent altérer la composition de la forêt". Toutefois de nos jours, la
population des éléphants ayant décru de façon très intense, on est beaucoup
plus concerné par leur protection que par les dommages qu'ils peuvent causer
aux peuplements forestiers.
79. Karani (1985) cite aussi des données recueillies par la station de
recherches forestières de Mpanga 25 ans après l'exploitation et le traitement
sylvicole effectué dans les années 1950 et présentées dans le tableau n* 3C .
114
lABLBâD n* 3C
Fréquences de distribution des diamètres à Mpanga
Classes de diamètres : 10 : 20 : 30 : 40 : 50 : Total :
(en centimètres) : : : : : et + :
Fréquences par hectare: 181 : 29 : 13 : 1 : 1 : 225 :
Ces informations sont différentes de celles données dans les tableaux
précédents car elles prennent en compte toutes les essences et non pas
seulement les essences nobles comme à Budongo et à Bugoma.
80. Voici qu'une trentaine d'années s'est écoulée depuis que les techniques
de régénération naturelle sont utilisées pour rajeunir les forêts tropicales
humides ougandaises ; il conviendrait donc de tenter d'en faire le bilan mais,
malheureusement, cela est impossible* Tout au plus peut-on conclure que, dans
la mesure où la régénération n'est pas compromise par le développement des
lianes et de la végétation dominante, un accroissement moyen sur le diamètre
de 0,5 cm/ an sur 50 tiges par hectare peut être obtenu.
81 . On peut donc admettre que le système actuel de contrôle de la production
et des travaux sylvicoles est acceptable bien qu'il soit encore nécessaire
d| envisager l'extension des recherches dans le domaine de l'autécologie des
diverses essences et de leur interdépendance à l'intérieur des associations
végétales ; ce système de contrôle est le mieux susceptible de couvrir les
besoins de l'aménagiste.
82. Les facilités offertes actuellement par l'université ou par les écoles
techniques conviennent pour la formation des cadres aux niveaux universitaires
et techniques. Il n'y a pas de déficit dans les effectifs du personnel
forestier ; seule l'expérience lui fait souvent défaut. Il convient donc de
saisir toutes les opportunités pour lui donner ce complément de formation.
83. Il existe actuellement un déficit important en matière d'équipements et
d'allocations budgétaires pour renforcer l'efficacité du personnel. On peut
s'attendre à ce que les investissements dans le secteur du sciage au cours des
dix prochaines années puissent combler l'écart entre la production et le
rendement soutenu estimé des forêts. On admet aussi que les 5 600 km^ de
forêts naturelles ne peuvent couvrir les besoins en énergie (bois de chauffage
et charbon de bois) des 15 millions d'ougandais et ceux de l'industrie. Fort
heureusement une certaine expérience a été acquise en matière de reboisement;
grâce atix plantations d'essences exotiques créées pour les besoins industriels
et aux mesures en faveur des reboisements villageois pour les besoins
domestiques en mettant en oeuvre des techniques d' agro-foresterie, il est
possible d'envisager l'avenir de façon plus sereine. Dans les années à venir
la politique du service forestier sera profondément impliquée dans
l'accroissement des surfaces boisées et dans l'augmentation du volume des
ressources forestières dans les zones rurales.
84. C'est pourquoi, avec le retour de la stabilité dans tout le pays, le
service forestier ougandais est conscient de l'aptitude des systèmes actuels
d'aménagement forestier à satisfaire la demande future de bois ou de produits
dérivés du bois.
115
ETDDE DE CAS n' 2
ANALYSE DES PROGRES DES SYSTEMES D'AMENAGEMENT
DES FORETS TROPICALES HUMIDES AU NIGERIA
1. INTRODUCTION 117
2. LES FACTEURS PHYSIQUES, BIOLOGIQUES, ET ECOLOGIQUES 118
3. LES FACTEURS SOCIAUX 120
3.1. Généralités 120
3.2. Population et sol 121
3.3. Personnel d'encadrement 122
4. LES FACTEURS ECONOMIQUES 123
5. EXPLOITATION ET TRANSFORMATION DU BOIS 127
6. INVENTAIRES 128
6.1. Généralités 128
6.2. Utilisation des images radar 129
6.3. Rôle de l'Institut de recherches forestière du Nigeria 129
6.4. Echantillonnage et estimation 130
7. SYLVICULTURE 132
7.1. Généralités 132
7.2. Mode de régénération par coupes progressives tropicales 133
7.2.1. Mise au point de la méthode 133
7.2.2. Etude de divers programmes de recherches
au Nigeria sur le mode de régénération
par coupes progressives tropicales 137
7.3. Autres méthodes utilisées au Nigeria 139
7.3.1. Systèmes polycycliques 139
7.3.2. Plantations d'enrichissement 139
7.3.3. Tranformation en peuplements
artificiels éguiennes 140
8. ELEMENTS DE PROSPECTIVE 143
116
TABLKADX
1 : Occupation du sol Au Nigeria 118
: Comparaison des quantités demandées et des quantités produites
en millions de m^ de bois rond pour les principaux tjrpes de
2
pour les principaux
produits du bois au Nigeria 121
3 : Affectations budgétaires au Département fédéral des forêts
en Naira (Programmes des années 81 et 82) 125
4 : Contributions des diverses organisations au projet de la
Banque mondiale de plantation de Pins et Anambra (en Naira) 126
5 : Contributions des diverses organisations au projet de la
Banque mondiale de reboisement dans l*Etat de Ondo (en Naira) 126
6 : Contributions des diverses organisations au projet de la
Banque mondiale de reboisement de l'Etat de Ogun (en Naira) 126
7 : Capacités annuelles en m^ des industries du bois selon les
Etats du Nigeria en 1980 127
8 : Volumes sur pied de Triplochiton scleroxylon des six forêts
classées de l'Etat de Oyo au Nigeria 130
9 : Résultats de l'Inventaire forestier indicatif au Nigeria 132
10 : Sommaire des opérations conduites selon le mode
de régénération par coupes progressives tropicales au Nigeria
(instruction 1/1961) 134
11 : Accroissements annuels moyens sur le diamètre en centimètres
de 1967 à 1975 (Forêt de Sapoba ; essai n* 273) 137
12A : Superficies en hectares des plantations de feuillus indigènes
dans les états du sud du Nigeria 142
12B : Superficies en hectares des plantations de feuillus exotiques
dans trois états du sud Nigeria 142
FIGDHBS
1 : Superficies des plantations créées de 1908 à 1983 dans divers
états du sud du Nigeria. 1^1
117
KTODE DE CAS n* 2
ANALYSE DES PROGRES DES SYSTEMES D'AMENAGEMENT
DES FORETS TROPICALES HUMIDES AU NIGERIA
1. INTRODUCTION
1- Cette étude de cas est extraite d'un rapport rédigé par le Professeur
P*R. Kio, directeur de l'Institut fédéral de recherches du Nigeria, en
collaboration avec A.B. Ouguntala, D.O. Lapido, et F.O.C. Nwonwu. Le texte
suit assez fidèlement le leur mais certains £unénagements et résumés ont été
effectués pour l'adapter à la structure de la présente publication.
2. Leur rapport met en relief la politique forestière et la planification
de l'utilisation de l'espace rural en relation avec la production forestière;
il propose quelques commentaires sur les méthodes sylvicoles de traitement
des forêts denses et de création des plantations, les techniques
d'exploitation et de développement industriel, et l'aménagement des forêts.
Pendant plusieurs années, la nécessité de créer des plantations pour augmenter
la productivité des forêts tropicales humides a été reconnue par de nombreux
pays de l'Afrique occidentale. Malgré les dangers de la monoculture, la
productivité des plantations est plus incitative que l'aménagement des forêts
tropicales humides en vue de la production de bois et il en est résulté la
création de plantations forestières sur de grandes surfaces au cours des
dernières années. Cette tendance se maintient principalement dans les pays
où ont été installées des usines de pâte. Le Nigeria constitue un bon exemple
de cette évolution ; plus de 70 % des plantations qui y ont été établies sont
utilisées pour approvisionner l'industrie papetière.
3. La politique du Nigeria en 1975 présentait beaucoup de traits communs
avec celle de l'Ouganda et d'autres pays anglophones africains. Kio et al.
(1985) relèvent les points suivants :
1) une surperficie convenable doit être maintenue à l'état
permanent de forêt pour permettre la satisfaction des besoins
de production et de protection; en dehors de ce domaine
forestier, l'espace rural a une vocation agricole;
2) l'aménagement forestier doit tendre à assurer un revenu maximum
soutenu pour fournir de façon pérenne le maximum de biens au
plus grand nombre de personnes;
3) une plus grande participation du gouvernement à l'exploitation
des forêts et à l'installation d'industries du bois doit être
stimulée afin d'augmenter les revenus de ce secteur et de
créer des emplois;
4) les savanes doivent être aménagées aussi bien en vue de la
production du bois que comme zone de parcours;
5) partout où le besoin en est ressenti, des plantations doivent
être crées pour produire du bois de chauffage;
118
6) le gouvernement doit organiser et entretenir une administration
forestière efficace et mettre à sa disposition des crédits
suffisants pour lui permettre de remplir la mission dont elle
est chargée.
*• Adeyoju (1975) ainsi que Kio et al. (1985) reconnaissent que de grandes
difficultés sont rencontrées pour harmoniser la multiplicité, 1' ambiguïté et
la hiérarchie de ces objectifs. Selon Kio et ses collaborateurs : "compte tenu
de la structure fédérale de la Nation avec des états répartis dans des zones
écologiques variées, les déclarations officielles sont tellement
contradictoires qu'il doit être extrêmement difficile, sinon impossible, pour
les forestiers de poursuivre en même temps tous ces objectifs*'.
2- LES FACTEURS PHYSIQUES, BIOLOGIQUES ET ECOLOGIQUES
5. La plupart des forêts tropicales humides du Nigeria sont situées dans la
zone caractérisée par des pluies abondantes s 'étendant le long de la côte dans
les états du Oyo, Ogun, Ondo, Bendel, Anambra, Imo, Cross River, Rivers, et
Lagos, et comprenant la forêt riparienne de Kwara. Le tableau n^ 1 donne des
informations sur la couverture forestière et l'occupation du sol.
XABLEAD n* 1
Occupation du sol au Nigeria (1976/77)
: Occupation du sol
Pourcentage
• (surface totale égale à
89 206 279 ha)
: Forêts tropicales denses
: Forêts ripariennes et marécageuses
: Plantations
: Lacs et rivières
: Autres utilisations des terres
5,5
4,2
0,2
0,8
89,3
Une bonne description de la végétation est résumée dans un ouvrage de
White (1983) intitulé "The Végétation of Africa" dont proviennent les
informations suivantes. Le Nigeria fait partie du centre régional d'endémisme
Guinéo-Congolais qui comprend la ceinture côtière de forêts denses de Sierra
Leone, Libéria, Côte d'Ivoire, Ghana, Nigeria, Cameroun, et Gabon ainsi que
le bassin du Zaïre. La pluviosité y est plus faible que dans les zones de
forêts denses tropicales des autres continents ; elle est principalement
comprise entre 1 600 et 2 000 mm/an ; il existe une petite saison sèche au
cours de laquelle les précipitations mensuelles peuvent être inférieures à 100
nm. White observe que "la classification des forêts ombrophiles
guinéo-congolaises est difficile en raison, d'une part, de leur composition
f loris tique, de leur physionomie, et de leur phénologie qui varient de façon
continue et, d'autre part, de la distribution de certaines espèces qu'il est
difficile de comprendre en raison d'absence de corrélation avec les facteurs
du milieu les plus perceptibles. La plupart des forêts nigériennes ont été
classées comme forêts mixtes semi-sempervirentes humides ; celles-ci sont
relativement riches au point de vue floristique.
119
Ainsi dans la réserve d'Okumu, proche du Bénin au Nigeria» Jones à identifié
170 espèces représentées par des arbres de plus de 30 cm de circonférence sur
une parcelle d'une surface de 18,4 hectares parmi lesquelles 52
appartiennent à la strate dominante. L*aire des essences suivantes s'étend de
l'ouest de Dahomey au bassin du Zaïre :
Entandrophragma angolense Guarea cedrata
E. candollei G. thompsonii
E. cylindricum Lovoa trichilioides
E. utile Nauclea diderrichii
Maranthes ( Parinari ) glabra Parkia bicolor
Pericopsis ( Afrormosia ) elata
Petersianthus macrocarpus ( Combretodendron africanum, C. macrocarpum )
Certaines des espèces suivantes :
Canarium schweinfurthii Piptadeniastnim africanum
Ricinodendron heudelotii Terminalia superba
Sterculia oblonga ( Eriobroma oblongum )
gui figurent parmi les espèces les plus abondantes de la strate dominante des
formations secondaires des forêts mixtes semi-sempervirentes humides de
plaine, débordent aussi sur les forêts mixtes semi-sempervirentes sèches.
Lophira alata , une autre essence caractéristique des formations secondaires
des forêts mixtes semi-sempervirentes humides, constitue aussi un élément
caractéristique et abondant des forêts secondaires de la bande côtière des
forêts ombrophiles sempervirentes".
6. White décrit aussi dans cette zone trois types de forêts voisines :
1) un type de transition plus sec de forêts ombrophiles
semi-sempervirentes guinéo-congolaises ;
2) un type humide de forêts ombrophiles semi-sempervirentes et
sempervirentes ;
3) un tjrpe côtier ombrophile sempervirent.
et suggère que la plupart des forêts ombrophiles actuelles situées à
l'intérieur ou en dehors des forêts classées sur des sols bien drainés
occupent des stations qui furent autrefois défrichées et cultivées ; ce
seraient donc des forêts secondaires qui, lorsqu'elles sont âgées, sont très
difficiles à distinguer des forêts primaires. Il identifie ainsi trois stades
de succession :
1) brousse secondaire pionnière (hauteur inférieure à 12 m) dont
les dominantes sont : Anthocleista sp., Caloncoba welwitschii ,
Chaetocarpus africanus , Harungana madagascariensis y Rauwolfia
vomitoria , Tetrochidium didymostemon . Tréma orientalis , et
Vernonia conferta ,
2) jeune forêt secondaire dominée de façon typique par : Musanga
cecropioides , avec Buchnerodendron speciosum . Ça loncoba g lauca ,
Croton mubango , Lindackeria dentata , Macaranga monandra et
M. spinosa , Maesopsis eminii , et Myrianthus arboreus .
120
3) forêts secondaires vieillies avec : Alstonia boonei , Antocaryon
schweinfurthii . Ceiba pentandra , Chlorophora excelsa,
Discoglypremna caloneura , Zanthoxyllum gilleti ( Fagara
macrophylla ) , Funtumia africana, Holoptelea grandis , Khaya
anthotheca, Mo rus mesozygia , Pterygota macrocarpa , Pycnanthus
angolensis , Ricinodendron heudelotti, Terminal ia superba ,
Triplochiton scleroxylon , et Xylopia aethiopica ,
White précise par ailleurs que certains de ces genres comme Canarium ,
Chlorophora , Morus , Ricinodendron , Triplochiton et Terminalia sont aussi
caractéristiques des forêts guinéo-congolaises semi-sempervirentes sèches et
qu'il n'est pas toujours facile de déterminer le statut des forêts dans
lesquelles elles sont présentes. Clorophora , Terminalia et Triplotichon
peuvent se régénérer abondamment sur des terres abandonnées par l'agriculture
sans passage par le stade intermédiaire à Musanga . On peut en déduire que la
similitude avec la mosaïque régionale décrite par White près du Lac Victoria
et que les relations avec la forêt ombrophile afromontagnarde sont évidentes,
3. LES FACTEURS SOCIAUX
3.1. Généralités
7. Selon Kio et al. (1985) : "Au Nigeria l'exploitation forestière se
développe à un rythme tel que, selon les experts, son maintien devrait
entraîner la disparition des ressources forestières à la fin de ce siècle. Les
chiffres obtenus par estimation des quantités demandées et des quantités
produites sont présentés dans le tableau n' 2 . Pour combattre cette crise
imminente, des plantations d'espèces de valeur et d'autres essences de bois
d'oeuvre sont en cours. Celles-ci constituent l'un des moyens de satisfaire
la demande de bois et d'assurer l'approvisionnement des usines en bois de
qualité que les forêts naturelles ne pourraient fournir. La politique
forestière est orientée vers un soutien à la recherche sur les essences
indigènes et exotiques susceptibles d'être plantées. Au nombre de telles
espèces, il faut citer Gmelina arborea dont le bois peut être utilisé comme
bois de sciage, de trituration et même de déroulage à toutes fins. Terminalia
ivorensis figure aussi sur la liste des essences de reboisement. Osafu (1981)
précisait que le Nigeria s'était engagé dans un programme prioritaire de
développement des ressources forestières au
moyen de plantations".
8. En ce qui concerne la demande et la production d'énergie, Kio et al.
(1985) observent que même dans un pays producteur de pétrole comme le Nigeria,
le bois de chauffage constitue plus de 80 % de la consommation de bois du
pays.
9.^ Les ressources traditionnelles de bois diminuent progressivement en
raison des défrichements massifs (cultures itinérantes). Les forêts tropicales
humides, au même titre que les savanes boisées, ont été soumises à des
pressions importantes. Au Nigeria il subsiste actuellement environ 16 000 km^
seulement de forêts classées. Les potentialités d'aménagement des forêts en
vue de la production de bois de chauffage (plutôt que la coupe rase intégrale)
sont encore élevées puisque la presque totalité du bois de feu actuellement
utilisé provient des forêts .denses et des forêts claires naturelles. Cette
production est définitivement entrée dans l'économie de marché : le bois est
exploité et enstéré le long des routes pour être vendu aux chauffeurs des
véhicules en direction des centres urbains.
121
Un€ telU iaçortance du bois de chauffage est bien illustrée par les chiffres
du tableau n* 2 .
ZABLEAD n* 2
Comparaison des quantités demandées (D) et des quantités produites (P)
en millions de m^ de bois rond pour les principaux types de produits
du bois au Nigeria
Produits du bois
ANNEES
1975
D : P : D-P
1985
D : P : D-P
1995
P : D-P
Sciages
Contreplaqués
Papiers et cartons
Poteaux
Bois de chauffage
Totaux
': 2,0
. 2,o!
. 4,8"
, 2,2"
! 2,6"
. 11,6'
. 2,4i
': 0,1
\ 0,l'
': 0,4'
, 0,1
'. 0,3
: 1.1
'. 0,li
i 0,6
:
0,6
! 1,8
. 0,5
1 1,3
'. 5,2
i i,oi
': 1,6
! 0,8
0,8
'. 2,0
. 0,8
': 1,2
! 2,3
'. ^,o':
:42,0
: 42,0
': 48,0
! 49,0
!- 1,0
: 54,0
: 54,0:
:46,3
: 44,9
1,4
! 57,0
: 52,6
'. 4,4
'. 74,2
! 58,5:
9,2
1,0
4,2
1,3
15,7
Sources : Agricultural Development in Nigeria, 1983-2000, Foresty Sector
Review.
10. Comparés à cette énorme demande, les programmes de création de
plantations pour la production de bois de feu apparaissent comme relativement
modestes ; ils concernent la plantation annuelle de 500 ha dans chacun des dix
Etats pendant cinq ans soit un total de 25 000 ha. Même avec une prévision
optimiste de production de l'ordre de 10 m^/ha/an, cette surface plantée ne
produira que 250 000 m^/an soit environ 0,5 % de la demandé annuelle prévue.
Toutefois ce programme devait être soutenu par un vigoureux effort des
collectivités rurales pour persuader les propriétaires immobiliers de planter
des arbres pour pourvoir à leurs propres besoins de bois de feu.
3.2. Population et sol
11. L'accroissement de la population s'est traduit par une réduction de la
surface boisée en raison des défrichements à des fins agricoles, du
développement industriel et de l'urbanisation.
12. Le taux d'accroissement de la population nigériane est élevé. Les
chiffres officiels publiés avant l'indépendance en 1960 ne sont pas faciles
à interpréter ; la population actuelle est estimée à plus de 90 millions
d'habitants avec un taux d'accroissement annuel voisin de 2,5 Z. Les moyennes
nationales ne rendent pas compte des différences régionales qui elles-mêmes
sont encore accrues par le rythme rapide du développement de la taille des
villes et de la densité de la population périurbaine.
122
La plupart de ces villes sont localisées dans la moitié sud du pays où la
pluviosité annuelle est élevée et où les conditions offertes à l'agriculture
sont souvent plus favorables que celles de la moitié nord. En conséquence la
pression sur les terres est beaucoup plus élevée dans la zone des forêts
tropicales humides que n'importe où ailleurs. Là où les cultures itinérantes
sont encore une pratique courante, l'accroissement de la population s'est
traduit par un raccourcissement de la durée des jachères à tel point que la
fertilité du sol ne peut plus se reconstituer (Kio, 1980).
13. Par ailleurs des terres boisées sont de plus en plus aliénées pour y
installer des plantations agricoles de toutes sortes qui sont supposées être
plus productives en termes de revenu financier et d'emploi que les forêts
aménagées. Dans certains cas des forêts primaires classées ont été défri-
chées et converties en plantations de palmiers à huile, d'hévéas, de
citronniers, de cacoyers , ou autres cultures, même à proximité de terres
disponibles, non boisées mais de bonne qualité. L'appréciation de l'intérêt
de ce type de conversion est rarement objective et ne tient souvent aucun
compte non seulement de la valeur des arbres sur pied et de la régénération
mais aussi des profits indirects susceptibles d'être retirés de la forêt. Dans
une étude réalisée par l'Institut de recherches forestières du Nigeria (FRIN)
pour le compte de l'Institut international d'agriculture tropicale du Nigeria
(IITA), il a été noté qu'un bloc de 30 ha détaché de la réserve forestière
d'Okumu dans l'Etat de Bendel possédait un volume sur pied de 165 m^/ha de
bois exploitable avec une valeur voisine de 30 000 Naira/ha à laquelle il
faudrait ajouter les valeurs des plantes alimentaires et médicinales, ainsi
que celles des autres végétaux et des animaux, sans négliger les effets
indirects de l'écosystème (FRIN, 1984).
14. Les autres facteurs responsables de la dégradation des forêts sont le
développement industriel et l'urbanisation. La période 1978-88 avait été
déclarée "Décennie du transport et des communications" en Afrique. Pendant
celle-ci un important réseau de routes reliant les principales parties et les
grandes villes du continent devait être créé. La première route transafricaine
reliant Mombasa sur la côte du Kenya à Lagos sur la côte du Nigeria a été
achevée. De telles grandes routes ouvrent l'accès à des zones jusqu'ici
inaccessibles et contribuent à créer de nouveaux foyers de défores tat ion.
L'urbanisation grandissante a favorisé aussi l'élargissement des centres
urbains existants aux dépens des terres cultivées et des forêts voisines. De
même des forêts ont été détruites pour y installer des aéroports, des lacs
artificiels, des camps militaires, des domaines universitaires ou industriels.
Cette destruction de la forêt a non seulement des effets immédiats sur la
production du bois mais aussi des conséquences à long terme auxquelles les
écologistes, les forestiers, les agriculteurs et les défenseurs de la nature
sont très sensibles.
3.3. Personnel d'encadrement
15. Les cadres de niveau universitaire au Nigeria sont formés par les
départements forestiers des universités nationales ou étrangères. En raison
de la pénurie de diplômés convenablement qualifiés, certains cadres sont
recrutés parmi les titulaires de diplômes en sciences naturelles et appliquées
comme l'agronomie, la botanique, la zoologie, la chimie, les sciences de
l'ingénieur, la sociologie et l'économie ; ces derniers acquièrent une
formation complémentaire en matière forestière, à la fois sur le tas et au
cours de stages intensifs organisés par des écoles forestières nationales ou
étrangères, par l'université ou par des instituts d'études supérieures.
123
Les ingénieurs entreprennent aussi des études postuniversitaires pour
améliorer leurs connaissances et leur efficacité. L'organisation de sessions
de formation continue est aussi nécessaire pour entretenir leur capacité
d'adaptation aux changements de toute nature ; des crédits ont été alloués à
cette fin dans le cadre de Programmes de développement. Néanmoins, la pénurie
de personnel suffisamment qualifié constitue toujours le goulet d'étranglement
pour la réalisation des programmes et même pour l'exécution des activités
courantes. La foresterie doit entrer en concurrence avec les autres secteurs
pour attirer du personnel correctement formé même si elle ne peut être
considérée comme l'une des activités attractives car elle est souvent associée
à des conditions de travail difficiles dans des zones éloignées.
16. L'une des conditions reguises pour l'admission dans les écoles
forestières de techniciens est la possession du West African School
Certificate. Les futurs techniciens suivent en général un cycle de formation
de deux ans suivi par une année de stage sur le terrain : pour certains
d'entre eux la formation est réduite à une année après quoi ils sont affectés
à des tâches de supervision à un rang inférieur. Pour les étudiants ne
possédant qu'une éducation de base de niveau primaire, la formation forestière
est réduite à 6 mois, partie à l'école et partie sur le tas. Les ouvriers
forestiers ne reçoivent qu'une formation sommaire mais, en raison du caractère
de plus en plus sophistiqué des outils forestiers, une amélioration de leur
technicité est nécessaire dans les domaines du savoir-faire, de la sécurité
du travail et de l'entretien.
17. Dans certaines circonstances, certains techniciens expérimentés et bien
qualifiés peuvent être promus ingénieurs. Même s'il existe de grandes
différences entre le rôle d'un ingénieur responsable d'un secteur géographique
donné et celui d'un technicien expérimenté chargé de la supervision et de la
programmation des travaux, l'échange entre ces deux types d'activités est
réalisable et réalisé. Là où le Code forestier donne pouvoir à un ingénieur
et non pas à un technicien supérieur expérimenté, des arrêtés doivent être
pris et publiés pour lui conférer les mêmes pouvoirs que ceux de l'ingénieur
pendant la durée de son affectation au poste considéré. De cette façon peut
être assurée une souplesse suffisante pour faire face aux diverses situations
et aux besoins de la nation en utilisant au mieux des aptitudes du personnel
d'encadrement.
4. LES FACTEURS ECONOMIQUES
18. Le Nigeria éprouve pour le financement la plupart des difficultés qui
ont été décrites dans le chapitre 2 à l'alinéa 84. Selon Kio et al. (1985),
les processus d'inscription budgétaire et des autres investissements auraient
été modifiés à la suite du boom des exportations de bois des années 1950.
Cette tendance débuta par un mouvement en faveur du développement de la
production nationale par l'entremise des scieries pendant les années 60 et 70,
et actuellement par celle d'industries du bois intégrées et plus
sophistiquées.
19. Dans les premiers temps de l'ère coloniale, les investissements étaient
essentiellement axés sur l'équipement des exploitations forestières, abattage
et transport, d'abord de petite taille ensuite de taille de plus en plus
grande. Au début des années 70 on assista à une substitution de produits
fabriqués localement à certains produits importés comme le bois de
construction, les fermetures, les contreplaqués, le mobilier , etc. et
plusieurs scieries se développèrent. L'exploitation des forêts s'intensifia
et les forêts naturelles, principalement celles qui n'étaient pas classées,
furent sur le point d'être détruites.
124
Cette situation cria les conditions pour la création de plantations de
cooq^nsation» c*est*à-dire de plantations susceptibles de produire le mÊam
volume de façon soutenue sur une superficie plus réduite. Des financements
fédéraux et locaux furent affectés à ces opérations malgré leur coût élevé,
US $ 2 000/ha. Dans le même temps des investisseurs privés, étrangers pour un
grand nombre d* entre eux, construisirent des scieries et d'autres usines
intégrées à l'état embryonnaire. Aux environs de 1980, il y avait plus de
1 000 scieries au Nigeria, la plupart d'entre elles étant simplement des
unités équipées d'im simple ruban horizontal valant chacune environ US $ 70
000.
20. Cette période et ce type d'investissement des années 70 furent suivis
dans les années 80 par une période de financements moins nombreux mais plus
importants dans des usines de tranformation beaucoup plus complexes. De nos
jours, le Nigeria possède deux usines de panneaux de particules, et trois
papeteries sont, soit déjà installées, soit en cours d'installation. Les
montants des investissements dans des projets forestiers au Nigeria ainsi que
les contributions des diverses organisations ou les affectations budgétaires
au département fédéral des forêts pendant les années 1981 et 1982 sont
détaillés dans les tableaux n*" 3 à 6 , Dans les trois principaux projets de
reboisement, 40 Z des fonds ont été avancés par la Banque mondiale et 60 % ont
été financés localement.
21. Bien que Kio et al. (1985) considèrent comme ridicule la part du 4*'""
Plan national de développement affectée aux forêts, soit 3 % de l'ensemble,
celle-ci représente presque trois fois celle qui avait été prévue au plan
précédent et se monte à 291 877 millions de naira ; les principaux postes sont
les suivants:
1) 115 millions, soit près de 40 % de la totalité du budget des
forêts pour créer :
. 6 250 ha/an de plantations de bois d'oeuvre de premier choix
(déroulage) et deuxième choix et de bois de trituration ;
. 400 ha/an de plantations de bois d'oeuvre et de service dans
les 10 états du sud ;
. 400 ha/an de plantant ions de pins dans l'état d'Anambra
(cf. tableau n* 4 ) ;
. 3 200 ha/an de plantations de Gmelina pour la production de
bois de trituration dans les états de l'Ogun et de Ondo
(cf. tableau n* 5 et 6) ;
. 500 ha/an de plantations de bambous.
2) 56,84 millions de dépenses en capital pour le développement
des plantations dans l'ensemble des 19 états ;
3) 9 millions pour des études sur les inventaires dont 6,5
millions affectés au département fédéral des forêts pour la
création d'une banque de données et la fourniture d'un appui
technique aux divers services d'aménagement des états;
125
4) 8,7 millions pour le développement de l'infrastructure
notamment la création de services dé centralisés du Département
Fédéral dans les capitales des Etats.
Ce budget montre clairement que l'accent est mis sur la création des
plantations forestières.
ZABUBAD n* 3
Affectations budgétaires au Département fédéral des forêts en Naira
(programmes des années 81 et 82)
Affectations :
Progranmes financés
Budgétaires :
1981
1982 :
Possibilités d'aménagement fores-
tier et banque de données
400 000 :
164 150 :
Cartographie forestière et photo-
interprétation
': 250 000 ■
171 120 :
Aménagement des bassins versants
et contrôle des inondations
: 1 250 000 :
152 750 :
Centre de scieries et d'utilisation
des forêts
850 000
248 750 :
Reboisement en zones arides
\ 4 000 000
: 4 242 500 :
Services de développement de la fo-
resterie rurale et des graines
: 2 000 000
1 459 248 :
Plantations de bois d'oeuvre et de
service dans les forêts tropicales
humides
: 1 500 000
259 164 :
Développement des plantations fo-
restières (BIRD/FGN)
i 4 920 000
': 1 '907 488 :
Installation des services dans les
capitales les états
850 000
156 375 :
Parc national du lac Kainji
:
46 655 :
Développement des plantations de
de bois de trituration
: 2 100 000 :
Totaux
: 16 020 000
:10 908 200 :
126
lABUSAD &" 4
Contributions des diverses organisations au projet de la Banque mondiale
de plantations de pins à Anambra (en Naira)
: Années
Gouvernement ;
' fédéral
; Gouvernement
l'état
de :
Banque :
mondiale :
': 1980
461 000 !
498 261
89 216 i
i 1981
289 645 :
342 973
369 135 i
i 1982
: Total
750 609 :
.
211 263 :
1 501 254 !
841 234
669 614 :
TABLEAU n* 5
Contributions des diverses organisations au projet de la Banque mondiale
de reboisement dans l'Etat de Ondo (en Naira)
: Années
: Gouvernement
fédéral
; Gouvernement
l'état
de
Banque :
mondiale :
i 1980
600 000
! -
70 001 :
! 1981
1 200 000
1 400 000
737 393 i
i 1982
: Total
1 833 949 ,
650 000
i 2 845 443 :
3 633 949
2 050 000
: 3 652 837 ':
TABLEAU n* 6
Contributions des diverses organisations au projet de la Banque mondiale
de reboisement de l*Etat de Ogùn (en Naira)
: Années
: Gouvernement
: fédéral
: Gouvernement de
de l'état
Banque :
mondiale :
: 1980
1 200 000 :
600 000
183 913 :
: 1981
1 600 000 :
1 940 000
i 2 258 132 i
i 1982
799 358 :
350 000
! 2 293 525 i
: Total
3 599 358 !
2 890 000
. 4 735 570 :
127
5. EXPLOITATION ET TRANSFOiWATION DU BOIS
22. Kio et al. (1985) observent certaines statistiques troublantes reproduites
dans le tableau n* 7 sur les capacités des industries du bois au Nigeria. En
effet ce total supérieur à 11 millions de mètres cubes représentant la somme
des capacités de traitement des usines nigérianes semble beaucoup plus élevé
et supérieur aux quantités demandées qui sont données dans le tableau n* 2
ci-dessus. Une partie de cette différence peut être due à une sous-estimation
de la production des terres privées et des zones extérieures aux forêts
classées. De plus les exploitations clandestines sont chose commune.
Ikumoguniyi (1980) estimait à 26 millions de Naira par an la perte totale des
recettes provenant des coupes illégales effectuées dans les forêts exploitées
par 6 des principales industries du bois du Nigeria. Le total des pertes
nationales doit être largement supérieur à ce chiffre car les exploitants
clandestins sévissent sur l'ensemble du domaine forestier ; ils sont
actuellement très bien organisés et, porteurs d* armes automatiques,
s'installent dans toutes les forêts classées.
23. L'exploitation forestière a évolué à partir d'un système dominé par les
étrangers et orienté de façon préférentielle vers l'exportation de grumes en
une organisation essentiellement entre les mains de concessionnaires nationaux
travaillant au profit de scieurs locaux ou de grandes industries intégrées.
Jusqu'ici la fourniture de matière première à l'industrie de la trituration
est demeurée limitée car celle-ci n'a pas encore atteint sa pleine capacité
de production. Toutefois les développements nécessaires dans le futur n'ont
rien de révolutionnaire. De nombreux efforts seront nécessaires pour organiser
l'exploitation des plantations de bois de trituration et un programme de
stages sera indispensable pour la formation des conducteurs d'engins et des
responsables de chantiers.
TABLEAU n* 7
Capacités annuelles en m^ des industries du bois
dans les états du Nigeria en 1980
Etats
Capacités annuelles de
traitement (m^)
Bendel
1 400 000
Benue
257 000
Cross River
182 000
Gongola
94 000
Kano
49 000
Kwora
367 000
Lagos
1 427 000
Niger
73 000
Ogun
1 837 000
Ondo
2 561 000
Oyo
3 058 000
Rivers
82 000
Total
11 387 000
(m^ de bois ronds)
Source Alviar G.O. (1983), Report on forest industries in Nigeria
128
6. INVENTAIRES
6.1 Généralités
24. Le Nigeria a une superficie totale de 924 000 km^. Les forlts tropicales
humides occupent une bande située au sud du pays sur 200 000 km^ environ. La
forêt a été détruite k un point tel que, selon Persson (1975» 1977) il n'en
subsisterait plus que 45 000 km' environ. D'après le département fédéral des
forêts (NAS Report on the Tropical Moist Forest» 1980) la superficie totale
des forêts méritant d'être classées n'est plus que de 25 500 km'. Selon la PAO
(1981) il ne subsisterait plus que 20 000 km' de forêts classées (dont 4 000
km' seraient à l'état de jachères) et 117 000 km' de forêts non classées (dont
74 000 km' seraient à l'état du jachères).
25. L'histoire des inventaires au Nigeria remonte aux années 30 au cours
desquelles un comptage des arbres comroercialisables appartenant à un petit
nombre d'essences fut effectué par les exploitants concessionnaires pour
déterminer l'importance du volume disponible pour l'exportation. Par la suite
des inventaires plus importants furent entrepris par les services forestiers
sur la base d'échantillonnage pour obtenir des informations nécessaires au
contrôle des exploitations, à la planification des aménagements et aux études
de faisabilité des implantations industrielles ou à leur expansion. Dans
l'ancien Western state on adopta un échantillonnage stratifié au hasard
portant sur des bandes de 20 m de large avec une intensité de 2» 5 et 5 Z
(Akinsami, 1976) ; tous les arbres dépassant une circonférence donnée furent
comptés de même que la régénération préexistante des essences
conmercialisables dans des sous-échantillons.
26. A la fin de l'année 1948, le service géographique nigérian réalisa une
couverture aérienne à l'aide d'un avion léger ; c'était surtout intéressant
pour obtenir des photos à grande échelle de zones limitées en surface,
principalement des villes. Une couverture mieux élaborée présentait de
l'intérêt pour les géologues, les pédologues, les forestiers, les agronomes
et les spécialistes de la conservation des sols (Phillips, 1950). Deux
importants inventaires forestiers mettant en oeuvre les techniques des
photographies aériennes furent décrits par Kio (1971). Le plus récent
inventaire, le mieux conçu, fut le "Indicative High Forest Inventory"
(I.H.F.I.) qui portait sur les forêts classées du sud du Nigeria ; il fut
réalisé de 1973 à 1977 par le département fédéral des forêts sur 13 300 km'
de forêts avec l'aide de la PAO dans le cadre du Programme des nations unies
pour le développement. Les principaux objectifs de cet inventaire étaient les
suivants :
1) déterminer le volume et la qualité du bois d'oeuvre de
dimensions conmercialisables appartenant à des essences
actuellement utilisables ou susceptible de l'être dans
l'avenir;
2) estimer la possibilité ainsi que la qualité et le type de
régénération susceptible d'être obtenue dans l'avenir.
Les informations données par cet inventaire (I.H.F.I.) devaient servir
de base et de guide pour des études d'aménagement et pour le choix des
périmètres de reboisement.
129
27. Les photographies aériennes furent très peu utilisées pour cet
inventaire car les photos disponibles étaient trop anciennes et il fallait
attendre trop longtemps pour obtenir des photos récentes. En conséquence, on
fit appel à la technique de l'échantillonnage en grappes et l'inventaire fut
conçu pour obtenir une précision définie par une erreur-type de la moyenne au
plus égale à 20 Z au seuil de 5 Z dans des subdivisions d'une surface voisine
de 400 km* ; le volume net exploitable de tous les arbres ayant un diamètre
supérieur à 60 cm fut calculé en distinguant les essences actuellement
utilisées des autres ; les surfaces terrières et des tables de production
furent aussi compilées pour les divers types d'une forêt classée donnée ou
pour des groupes de forêts.
6.2. Utilisation des images radar
28. La présence assez constante de nuages et d'un voile de brume au dessus
de la zone des forêts tropicales humides limitait aussi l'utilisation des
photos aériennes pour le IHFI. Au cours de la campagne 1976-77 une couverture
radar en vues obliques fut réalisée au Nigeria ; ce projet appelé le NIRAD
(Département fédéral des forêts, 1979) avait pour objectif :
1) calculer la superficie couverte par chacun des types de
végétation (cf tableau n* 1 ) ;
2) définir les diverses strates principales des inventaires
forestiers;
3) déterminer les potentialités d'utilisation du territoire pour
le développement des plantations ;
4) fournir des repères ou une base pour apprécier les changements
futurs de la végétation et de l'utilisation du territoire.
29. Le tableau n* 8 présente un exemple extrait de l'inventaire du Domaine
forestier de l'Etat de Oyo dans lequel Ainslie (1933) avait noté la présence
abondande de Triplochiton scleroxylon . Le I.H.F.I., en utilisant la
stratification dérivée du Nirad, put préciser ainsi que six réserves
forestières de l'état contenait seulement quelques 400 000 m^ de cette espèce
en 1976. De nos jours, la moitié seulement de ce volume doit probablement
subsister en raison du rythme actuel des exploitations.
6.3. Le rôle de l'Institut de recherches forestière du Nigeria
30. L'Institut de recherches forestières ne réalise pas d'inventaires sur
une grande échelle mais est impliqué dans le suivi de placeaux
d'expérimentation où est observée l'évolution de la forêt afin de concevoir
les traitements sylvicoles les plus appropriés pour obtenir la régénération
naturelle des peuplements. Des placeaux permanents ont été installés en forêt
où sont étudiés l'écologie, la productivité, ainsi que l'accroissement des
arbres et des peuplements. Les études récentes s'intéressent aussi à
l'estimation de la biomasse totale.
31. L'Institut possède aussi un corps de taxonomistes bien entraînés et de
forestiers botanistes de terrain pour procéder à l'identification des arbres
et des végétaux forestiers. L'importance d'une identification correcte des
arbres à l'occasion des inventaires ne sera jamais assez soulignée,
principalement en raison du fait que progressivement un nombre de plus en plus
grand d'essences deviennent comroercialisables. Des herbiers homologués
existent aujourd'hui i Ibadan et, plus récemment, à Enugu.
130
TABI2AU n* 8
Volumes sur pied de Triplochiton scleroxylon
dans six forêts classées de l'Etat de Oyo au Nigeria
: Forêt
Surface
(ha)
Volume
total
(m^)
Volume
per ha
(mVha)
: Nom
Type
: Gambari
tous types con-
fondus
6
578 !
42
575 :
6,3
: Ife
: et
: Shasa
. humide, exploité
; humide, non ex-
: ploité
17
23
539 :
321
158
135
201 !
901 :
9,0
5,8
: Osho River
: tous types con-
: fondus
! 33
950
: 13
153 •
■ 3,3
: Ago-Owu
: humide, secondaire
; humide, exploité
: htimide, non ex-
: ploité
: 5
9
944
873
806
2
32
i 2
615
383
498
0,4
• 3,3
': 2,1
: Ijaiye
: sec, exploité
: sec, non exploité
3
: 12
523
801
: 1
28
409
930
0,4
2,3
: Ikeju-Ipetu
: et
: Oni River
: humide, exploité
: humide, non
: exploité
: 5
: 1
729
351
: 14
952
56
2,6
! 0,4
: Totaux
: tous types
: confondus
i 121
325
': 433
184
:
: Moyenne
: tous types
: confondus
! 3,6
6.4. Echantillonnage et estimation
32. Des dispositifs d'échantillonnage aléatoire systématique ou stratifié
sont couramment utilisés. Dans certains dispositifs d'échantillonnage
systématique plusieurs points de départ pris au hasard ont été envisagés afin
de fournir des estimations valables de l'erreur d'échantillonnage. La
précision et l'intensité des échantillonnages ont été cependant et dans
certains cas réduites du fait de l'insuffisance des fonds et de la main
d'oeuvre disponibles. De 1933 à 1969, près de trente inventaires différents
ont été réalisés avec une intensité d'échantillonnage de 1 à 5 % (Esan, 1971).
Un inventaire plus récent portant sur 145 km* de la forêt d'Ago-Owu dans
l'Etat du Oyo a été effectué par le Département fédéral des forêts avec une
intensité d'échantillonnage de 0,1 X.
131
Le I,H.F.I. (cf. alinéa 26 ci-dessus) repose sur les résultats d'une étude
pilote de la forêt de Ife-Shasha. Le comptage dans les placeaux expérimentatix
a fait appel à des intensités d'échantillonnage beaucoup plus fortes, par
exemple 5 l dans un placeau de 2,6 km^ dans la forêt d'Akure (Bamgala et
Oguntala, 1973) et même 16,7 % dans un placeau de 0,3 km^ dans la forêt
d'Okuma (FRIN, 1984).
33. Dans la plupart des inventaires, les perches et les gaules sont
inventoriées seulement dans des sous-échantillons. Dans certains cas, les
sous-échantillons ont été choisis au centre de chaque unité d'échantillonnage;
dans d'autres cas, ils ont été choisis dans chaque transect de façon
discontinue. Dans le I.H.F.I., les arbres de 40 cm de diamètre et plus ont été
échantillonnés^ avec une probabilité proportionnelle à la surface terrière à
hauteur de poitrine mesurée au relascope ; les arbres de 20 à 39 cm de
diamètre ont été comptés dans des placeaux circulaires de 300 m^, le centre
étant confondu avec le point de stationnement de l'opérateur effectuant le
balayage au relascope.
34. Un grand nombre d'inventaires au Nigeria utilisèrent au début comme
unités d'échantillonnage des transects ou des bandes. De nos jours où les
cartes topographiques sont généralement disponibles et où il n'est donc plus
nécessaire de noter les caractères topographiques et le drainage à l'occasion
des inventaires forestiers, ce dispositif est moins commun. Aujourd'hui la
préférence est donnée à des placeaux circulaires relativement plus petits car
ils donnent une meilleure information sur les variations des peuplements et
diminuent les effets de bordure. On utilise aussi des placeaux de forme carrée
aussi bien pour les inventaires que pour les recherches dans les forêts
tropicales humides ; il s'agissait dans les premiers temps de placeaux de
50 X 50 m ou de 2 500 m^ ; on préfère aujourd'hui des placeaux plus grands,
jusqu'à 2 ha, afin de réduire la variabilité entre les placeaux dans les
forêts caractérisées par des associations végétales variées. Des subdivisions
peuvent être délimitées pour permettre l'identification et le relèvement de
certains individus qui peuvent ainsi être éventuellement retrouvés.
35. L'estimation du volume s'appuie sur la mesure des hauteurs et des
diamètres le long du tronc depuis la souche jusqu'à la base de la couronne ou
jusqu'à un diamètre minimum sur écorce préfixé. Des réfactions pour défauts
ou mises au rebut peuvent être calculées. Dans l'estimation du volume du
I.H.F.I., il a été distingué entre six groupes d'espèces classées en fonction
des caractéristiques et de la qualité du bois et cinq classes de qualité des
grumes. Le tableau n' 9 présente les résultats de cet inventaire dans les six
Etats où se trouvent la grande masse des forêts tropicales humides.
36. Kio (1981) entreprit une analyse plus détaillée des résultats de ces
inventaires et mit en évidence que de grandes variations peuvent exister dans
le volume sur pied même entre des forêts situées dans les mêmes zones
écologiques ; il calcula aussi que ce volume pouvait atteindre plus de
240 mvha, si toutes les tiges de plus de 10 cm de diamètre étaient comptées,
en s 'appuyant sur un coefficient de forme et une répartition des tiges en
classes de hauteur. Bien que pour le moment les plus petits arbres des strates
moyenne et inférieure soient rarement récoltés, ils constituent une ressource
potentielle intéressante pour les industries du bois peu exigentes sur la
qualité de la matière première comme les fabriques de pâtes ou de panneaux ou
la production de bois de chauffage.
132
XABUAO n* 9
Résultats de l'Inventaire forestier indicatif au Nigeria
Etat
Surface des
forêts
: Volumes sur pied (m'/ha):
diamètres
•
, diamètres :
inventoriées
supérieur
: supérieur :
(ha)
à 60 cm
: à 40 cm :
Ogtm
151 200
44,38
66,46 :
Ondo
320 000
83,85
110,07 :
Oyo
118 200
59,05
80,55 :
Bendel
510 900
52,83
80,08 :
Anambra &
Imo
37 100
15,01
22,05 :
Cross River
192 700
114,36
159,91 :
Total
1 330 100
• ^
• *" •
Moyenne
!
67,74
95,74 :
37. Les placeaux d'études de l'accroissement établis jusqu'ici dans les
forêts tropicales humides sont peu nombreux et principalement installés dans
des stations choisies pour leurs caractéristiques écologiques. Le I.H.F.I.
fournit des informations sur les types de forêts et constitue une base
permettant d'étudier les variations dans le temps. Toutefois il doit être
complété par des études du dynamisme de la végétation et pour cela il
conviendrait d'installer au moins 50 placettes permanentes à raison d'une
placette par groupe étudié par l'inventaire. Ces placettes devant être
représentatives de l'ensemble de la forêt étudiée, il est impératif qu'elles
ne reçoivent aucun traitement particulier. Des échantillons de sol seront
prélevés et analysés ; les résultats seront utilisés pour suivre les
modifications des caractères édaphiques à la suite des divers traitements,
comme la création de plantations forestières à titre d'exemple.
7. SILVICULTURE
7.1 . Généralités
38. Des exposés sur l'histoire des techniques de régénération naturelle au
Nigeria ont été faits par de nombreux auteurs : Lancaster (1961)» Oseni et
Abayoni (1970), Lawton (1978) et Lowe (1978). Jusqu'en 1944, bien que le
besoin de maintenir la productivité des forêts naturelles ait été ressenti,
il n'y avait aucune méthode de régénération qui fut systématiquement utilisée
au Nigeria mais de nombreuses observations avaient été faites et notées sur
l'aptitude des diverses espèces à se régénérer naturellement.
39. En 1906 une réglementation nouvelle avait donné aux exploitants
concessionnaires le choix entre l'obligation de planter des arbres en
compensation de ceux qui étaient abattus ou celle d'entretenir la régénération
naturelle par des travaux de dégagement, d'amélioration et d'éclaircie. Ces
mesures furent malheureusement inefficaces. A cette époque les principales
essences coomercialisables étaient :
133
1) Nauclea diderrichii
2) Afzelia africana
3) Chlorophora excelsa
En 1910, des essais furent tentés à Olokuimeji pour obtenir la
régénération en trouées sous les porte-graines de Chlorophora excelsa en
coupant tous les autres arbres.
40. Dans les années 20, le principal domaine forestier fut délimité et
classé; son exploitation fut progressivement aménagée et les forêts furent
dotées de règlements d'exploitation. La possibilité fut d'abord fixée par
volume avec définition d'une circonférence minimale d'exploitabilité ; mais
dans les années 40, une possibilité par contenance fut envisagée avec une
rotation de 100 années (Collier, 1946). Des plantations de stumps dans les
trouées furent effectuées après préparation du sol par les entreprises
d'abattage mais elles furent abandonnées en raison des difficultés d'entretien
et de leur échec (Oseni, 1971). A cette époque, Triplochiton scleroxylon et
quelques autres espèces peu nombreuses étaient commercialisées comme essences
de bois secondaire.
7.2 Mode de régénération par coupes progressives tropicales
(The. Tropical Shelterwood System, (TSS))
7.2.1 Mise au point de la méthode
41. Dans les années 30, des essais furent entrepris pour provoquer une
régénération naturelle au moyen de délianages et d'éclaircies légères
associées à des traitements arboricides à l'arsenite de soude. On tenta aussi
de stimuler la croissance de la régénération préexistante par délianage et par
traitements arboricides. Au nombre de ces essais il faut citer les
expérimentations réalisées par Kennedy à Sapoba de 1927 à 1936 (Lancaster,
1961 ; Lowe et Ugbechie, 1975). Quatre méthodes de régénération furent
essayées :
1) méthode de transition : la régénération est obtenue par trouées
et les trouées sont progressivement élargies jusqu'à ce
qu'elles se rejoignent ;
2) méthode de régénération par coupes progressives uniformes :
délianage effectué la première année, annélation des arbres
sans intérêt économique au cours des seconde et troisième
années, puis exploitation des arbres commercialisables au cours
des quatrième et cinquième années ; semis complémentaires au
plantoir au cours de la deuxième année dans les zones
dépourvues de semis naturels ;
3) méthode de Walsh : défrichement et brûlis sur l'ensemble de la
parcelle, mise en andains des rémanents et nouvelle
incinération, puis abattage des quelques porte-graines
maintenus sur pied trois ans après ;
4) méthode des trouées : débroussaillage, mise en andains et
incinération des débris en trouées autour des semenciers
sélectionnés et conservés sur pied ou autour des souches des
arbres exploités, en augmentant annuellement le nombre de ces
trouées jusqu'à ce qu'elles se rejoignent.
134
Bien que la méthode des trouées semble plus satisfaisante que les autres,
toutes ces méthodes se révélèrent peu intéressantes et furent abandonnées.
Dans les années 30, on commença à expérimenter les plantations en lignes.
42. La présence au Nigeria, pendant la seconde guerre mondiale, de
forestiers de haut niveau venant de Malaisie permit d'adapter aux conditions
nigérianes la méthode malaise de régénération naturelle et de formuler les
prescriptions du "Mode de régénération par coupes progressives tropicales**.
Celui-ci fut utilisé dans les anciennes régions Western et Mid-western
aujourd'hui Etats de Oyo, Ogun, Ondo et Bendel. Il consistait en une ouverture
progressive du couvert par abattage ou traitements arboricides pour déclancher
la régénération naturelle et favoriser le développement des semis et la
croissance de la régénération préexistante. La progressivité de l'ouverture
du couvert avait pour but de limiter la vigueur des lianes et impliquait une
succession d'opérations précédant 1* exploitation et lui succédant ; elle
nécessitait un niveau élevé d'organisation et de supervision. Deux inventaires
de la régénération étaient habituellement exécutés avant l'abattage ; on la
considérait comme satisfaisante si elle était constituée d'au moins 100 semis
vigoureux à l'hectare (Oseni et Abayomi, 1970). Le tableau n' 10 présente un
sommaire des opérations décrites et modifiées par les circulaires successives
du département des Forêts en 1950, 1953, et 1961. Près de 2 000 km^ furent
ainsi traités, principalement selon les instructions de 1953 (Lowe, 1978)
TABLEAD n* 10
Sommaire des opérations conduites selon le mode de régénération par
coupes progressives tropicales au Nigeria (Instruction 1/1961)
: Année
: Opérations
: - 5
; échantillonnage à 0,1 %, délianage, recépage
: des espèces indésirables si la régénération
: préexistante est insuffisante
: - 4
: échantillonnage en ligne à 0,1 %, dévitalisa-
: tion des arbres des strates inférieure et
: moyenne
: - 1
: délianage
:
: exploitation
: + 2
: délianage, enlèvement de l'abri
: + 9
: échantillonnage en lignes à 2,5 %
Sources : Kio et al. (1985) d'après Lowe (1978)
43. Jusqu'à l'introduction de cette méthode, la régénération artificielle
selon la méthode Taungya était préférée mais il était impossible de la
contrôler sur toute l'étendue des chantiers. C'est pourquoi, à cette époque,
la régénération naturelle extensive était utilisée pour compléter les zones
replantées artificiellement. La surface totale plantée ne dépassait pas 7 000
ha en 1960 (Bail et Daniyan, 1977).
135
44. La mise en oeuvre de la méthode préconisée rencontra un grand nombre de
difficultés. Selon sa conception d'origine, il fallait réaliser un traitement
complet par abattage et dévitalisation pour obtenir la régénération sous abri
et créer un peuplement plus ou moins uniforme. L'extraction des vieux bois
devait être faite en associant l'abattage des arbres de la strate dominante
et la dévitalisation des arbres indésirables des strates moyennes et
inférieures. On décrivait cette méthode comme une sorte de coupe d'abri d'une
durée approximative de 5 ans. Dans la pratique cependant on se rendit compte
que cette méthode était inapplicable dans tous ses principes : tandis qu'en
Malaisie, d'où celui-ci était originaire, le mode de régénération par coupes
progressives était appliqué à des peuplements caractérisés par un couvert
continu avec de nombreux semenciers d'essences commercialisables, la situation
au Nigeria était tout-à-fait différente, notamment en raison du caractère
discontinu du couvert. En effet dans les forêts du Nigeria, le matériel sur
pied est constitué par des essences la valeur dont le nombre dépasse rarement
10/ha à l'inverse des forêts de Dipterocarpacées de Malaisie où il est
beaucoup plus élevé (Oseni et Aboyoni, 1970). De plus la fructification de
certaines espèces comme Triplochiton scleroxylon est irrégulière, ce qui ne
facilite pas la régénération des forêts.
45. Il fallait aussi prendre en considération le problème des lianes qui
étaient fréquentes et dont la croissance était stimulée par l'ouverture du
couvert résultant soit de l'exploitation, soit, apparamment, des chablis.
Jones (1950), après avoir étudié cette question dans la forêt d'Okumu,
concluait : "nous n'avons constaté aucune évolution de ce fouillis de lianes
en une forêt utile sans intervention".
46. Le choix d'un petit nombre d'essences commercialisables, possédant
chacune des caractéristiques sylvicoles différentes, a contribué à compliquer
encore les problèmes posés par l'application de la méthode de régénération
considérée ; sa mise en oeuvre aurait été certes plus facile s'il avait été
possible de grouper les espèces en un ensemble qui aurait répondu de la même
façon à un traitement sylvicole donné. La dévitalisation des arbres
indésirables des strates moyennes et inférieures, principalement ceux ayant
une large couronne, n'a pas toujours donné des résultats satisfaisants : des
espèces comme Diospyros sp. ; Funtumia elastica et Strombosia postulata se
montrèrent particulièrement résistantes. Au début de la mise en oeuvre de la
méthode, presque toutes les espèces non reconnues comme ayant un intérêt
économique furent traitées aux phytocides, comme Celtis zenkeri ,
Combretodendron macrocarpum , Cordia platythyra , Pycnanthus angolense ,
Sterculia sp, etc., des espèces qui sont aujourd'hui commercialisables,
évolution tout-à-fait parallèle de celle de l'Ouganda.
47. En dépit du caractère indiscutable de ces difficultés, les opinions
divergent sur l'étendue des succès obtenus et sur l'impact qu'aurait pu avoir
une amélioration des techniques mises en oeuvre sur ces difficultés. Ainsi,
selon les premières instructions, les strates moyennes et inférieures devaient
être détruites mais rien n'était prévu pour la strate dominante en dehors
d'une extraction des arbres commercialisables, au nombre de 3 ou 4 par
hectare, car, à cette époque, l'exploitation était très sélective ; il en
résultait que le couvert n'était que très légèrement entrouvert, sauf en cas
de trouée accidentelle, et que les arbres maintenus sur pied n'appartenaient
qu'à des espèces de qualité secondaire ou indésirables ; de plus l'ombrage
vertical qui subsistait nuisait à un accroissement significatif des perches
et des gaules des espèces désirables.
136
48. En théorie la forêt devait être laissée au repos sans aucime intervention
jusqu'à la fin de la rotation une fois achevés les traitements de
régénération. En pratique il subsistait un peuplement résiduel dense et on
sait aujourd'hui que les volumes de bois extraits au cours de nouveaux
passages en coupe ont été plus importants que ceux exploités au premier
passage par les exploitants concessionnaires (Kio et al., 1985). Ainsi la
première rotation de coupes progressives telle qu'elle était pratiquée au
début s'apparentait beaucoup plus à une forme modifiée de jardinage. Les
circulaires ultérieures prévoyèrent l'extraction de l'intégralité de l'abri
dans les huit années après l'exploitation mais le délai fut insuffisant pour
juger des résultats à long terme des traitements sur l'accroissement du recrû
et sur le comportement des lianes sous l'effet combiné de la coupe et de la
dévitalisation. Les premiers aménagements prévoyaient une rotation de 100 ans,
que l'on pensait égale à la révolution, mais dans le milieu des années 60,
cette durée fut réduite à 50 ans (Lowe, 1984).
49. Dans certaines régions la méthode de régénération par coupes progressives
tropicales a donné de bons résultats ; on a constaté une augmentation de la
régénération provoquée. Selon Lawton (1978), dans un essai comparatif, le
nombre de gaules d'essences commercialisables de plus de 3 mètres de hauteur
dans les placeaux traités a été multiplié par cinq par rapport au témoin non
traité ; cependant de tels résultats étaient difficiles à obtenir sur de
grandes surfaces en raison de la variabilité des peuplements et de la présence
des lianes.
50. On a aussi observé que cette méthode était susceptible de favoriser
l'accroissement en diamètre du peuplement résiduel. Si l'ouverture du couvert
était importante en raison de la vigueur de l'exploitation et des traitements
arboricides, la plupart des individus constituant la régénération
préexistante, gaules, perches et arbres de 10 à 50 cm de diamètre, répondaient
de façon énergique en tirant parti de la lumière (Kio, 1976; 1980), Le tableau
n* 11 présente de façon sjmthétique les résultats de divers traitements du
couvert sur les accroissements annuels moyens sur le diamètre en centimètres
pour les arbres mesurés en 1967 et 1976. La comparaison entre les divers
traitements est incomplète mais les différences sont faibles ; néanmoins ces
chiffres montrent qu'il existe un corrélation positive entre le diamètre et
son accroissement, et que ce type de peuplement est susceptible à'^ réagir aux
traitements même dans les dimensions les plus fortes.
51. Le principal motif qui conduisit à l'abandon de cette méthodt en 1966
fut d'ordre politique. Il y eut une forte pression en faveur du déclassement
des forêts pour permettre les cultures itinérantes, le dévelop^>ement
industriel et l'urbanisation et aussi pour l'installation de plantations
agricoles permanentes comme les palmeraies. En même temps des éttdes
prospectives sur l'évolution de la demande et de la fourniture de bo's
montrèrent que la surface des forêts classées dans la zone des forêt -<
tropicales humides serait insuffisante pour subvenir aux besoins de la
population si elles étaient aménagées et conservées à l'état de forets
naturelles, mixtes et multispécifiques. On admit alors que la transformation
de la plus grande part de ces forêts en boisements artificiels devrait
améliorer les rendements à l'hectare, du moins l'espérait-on, et démontrer
clairement que le domaine forestier était géré de façon djmamique ; ainsi
pourraient être combattues avec efficacité les demandes d'affectation de
terres forestières à l'agriculture ou à d'autres usages.
137
XABLBAD n' 11
Accroissements annuels moyens sur le diamètre en centimètres de 1967 i 1975
(Forêt de Sapoba au Nigeria ; essai n* 273)
Nature
du
traite-
ment
Accroissements annuels moyens en centimètres par
classes de diamètres
15
25
35
45
55
65 : 75
85 : 95 :100+
1
6
12
13
:0,25
: 0,32
: 0,94
: 0,99
: 1,73
: 2,02
•1,36 1
2,23 :
:0,12
: 0,37
: 0,94
: 0,98
: 1,65
: 2,23
•2,59
: 2,31 ':
:0,18
: 0,39
, 0,88
; 0,98
; 1,48
; 1,80
,1,36
3,20 :
:0,19 .
: 0,40 i
0,62 .
0,52
1,34
■ 1,63
,1,90
3,51 ':
2,83 :2,90
2,37 :5,26
2,33 :2,84
2,13 ':3,81
Moyenne :0,22 : 0,36 : 0,86 : 0,84 : 1,50 : 1,91 :1,81 : 2,89 : 2,34 :3,80
Nombre : 39
d'arbres:
86
68
73
70
45
31
21
20
23
N.B. : les accroissements moyens annuels sont pondérés en fontion du nombre
d ' arbres .
Nature du traitement =( 6
(
( 1 : dévitalisation intensive associée
( à un délianage pendant 4 ans
dévitalisation sélective associée
à un délianage pendant 5 ans
( 12 : délianage pendant 11 ans
( 13 : aucun traitement
7.2.2. Etudes de divers programmes de recherches au Nigeria sur le mode
de régénération par coupes progressives tropicales
52. Deux programmes (n* 273 et n' 278 de l'Institut de recherches
forestières du Nigeria) s'efforcèrent de vérifier l'effet de l'application du
mode de régénération par coupes progressives ; ils furent tous deux mis en
oeuvre dans le milieu des années 50, le n* 273 dans les forêts plus humides
à Sapoba et le n* 278 dans le type plus sec à Shasha caractérisé par
l'abondance du Triplochiton scleroxylon . Le premier fut conçu pour étudier
l'effet des divers traitements combinant délianages et ouverture du couvert
sur :
1) la régénération et la croissance des espèces commercialisables;
2) le développement des lianes gui constituent le principal
obstacle à la croissance des jeunes arbres avec une forme
satisfaisante.
Les traitements débutèrent en 1956 et se poursuivirent au delà de
1961-62 lorsque l'exploitation fut entreprise. Cette dernière modifia les
conditions de la station et compliqua la situation car elle augmenta
l'éclairement de placettes prévues pour être traitées sélectivement par
138
dévitalisation ou pour être conservéei ccHnme témoins sans traitement ; elle
fut aussi suivie par un développement important des lianes. Toutefois une
analyse nultidimensionnelle indiqua que la répartition de la régénération
était étroitement liée à :
1) la distance entre les semenciers de la même espèce ;
2) la fréquence de distribution des semenciers de l'espèce
considérée;
3) la surface terrière des semenciers de cette espèce ;
La plus forte corrélation fut observée entre la régénération et
l'inverse des distances entre les semenciers appartenant à la même espèce à
l'intérieur d'une placette donnée. Les analyses unidimensionnelles montrèrent
que l'accroissement en diamètre était le plus fort dans les placettes traitées
uniquement par délianage annuel et exploitation, le plus faible accroissement
ayant été celui des témoins ; une ouverture brutale du couvert ne s'est pas
traduite par une amélioration rapide de l'accroissement.
53. Des résultats comparables ont été observés à Shasha où les sols sont
plus superficiels mais avec une capacité d'échange plus élevée et où le climat
est caractérisé par deux maxima annuels de pluviosité séparés par des mois
relativement secs au cours desquels les précipitations sont inférieures à
100 nm. Selon Kio (1978) des analyses statistiques similaires ont démontré
l'avantage du délianage et du traitement arboricide sélectif pour provoquer
l'installation des semis et accélérer la croissance du recrû. Une
dévitalisation excessive s'est traduite par un ralentissement de la croissance
du perchis et des jeunes arbres bien qu'elle ait augmenté le nombre des semis.
L'étude des réponses à la durée et à la périodicité des traitements a montré
que le système est très complexe, d'où la difficulté de concevoir des
dispositifs d'expérimentation rigoureux.
54. Kio et al. (1985) concluent de la façon suivante : "Il est difficile
d'affirmer avec certitude que les délianages et les interventions limitées sur
le couvert ont un effet bénéfique sur le recrutement de jeunes semis et sur
l'accroissement en diamètre du perchis et des jeunes arbres mais les
résultats des expérimentations établissent de bonnes présomptions. D'une façon
générale, les espèces pionnières à croissance rapide tendent à prédominer dans
un premier temps mais tout porte à croire que les espèces à croissance plus
lente des strates dominantes, qui constituent les essences commercialisables,
deviennent progressivement plus nombreuses. De cette façon la valeur des
strates dominantes s'accroît progressivement car le nombre des essences
commercialisables tend à y devenir plus grand que dans les peuplements non
traités".
55. Selon les observations faites par Redhead (1960) sur les dommages causés
par l'exploitation dans le bloc 142 de la forêt classée de Sapoba, l'abattage
et la vidange d'un nombre moyen de 5,7 arbres par hectare a affecté 0,5 ha du
peuplement résiduel ; le dommage résultant de l'exploitation concernait une
surface de 0,3 ha sur laquelle 32 % des tiges étaient détruites tandis que
celui résultant de la vidange de la coupe concernait les 0,2 ha restants sur
lesquels 59 % des tiges étaient détruites. Ceci corrobore l'estimation de
Dawkins selon lequel une surface de 400 m^ est détruite par l'abattage d'un
seul arbre (cf. Etude de cas n* 1, Ouganda, alinéa 37, Ola-Adams, 1983).
139
7-3. Autres méthodes utilisées au Nigeria
56. Dans sa conception d'origine, avec une rotation prévue de 100 ans, la
méthode de régénération par coupes progressives nigériane s'apparentait à un
système monocyclique de régénération. Plus tard, lorsque la durée de la
rotation fut réduite à 50 ans, elle put être considérée comme un système
bicyclique, avec une durée de rotation égale à la moitié de la révolution.
D'autre méthodes utilisées au Nigeria ont surtout fait appel à la régénération
artificielle à des degrés divers.
7.3.1. Systèmes polycycliques
57.^ Kio et al. (1965) ont observé que les conditions des forêts tropicales
humides nigérianes sont tout-à-fait défavorables à l'application de la méthode
classique de traitement en futaie jardinée des forêts tempérées, dans laquelle
les nettoiements, les éclaircies et les coupes définitives sont effectuées
simultanément dans le même peuplement et souvent dans toutes les parties de
la forêt considérée et où la récolte porte sur des arbres de toutes tailles
et non pas seulement sur les plus gros.
58. Des tentatives d'aménagement à caractère polycyclique ont été faites :
l'ensemble des forêts classées de Southern Ishan et la forêt de Ife furent
aunénagées de cette façon avec une rotation de 25 ans (Allison, 1955) malgré
l'insuffisance des informations sur la distribution des arbres d'une taille
inférieure au diamètre d'exploitabilité pour prouver les potentialités du
recrû. De la même façon la plupart des forêts du Bénin et de Ondo ont été de
nouveau parcourues en coupe au cours des dernières 40 à 50 années mais
beaucoup plus pour des motifs économiques que pour des raisons sylvicoles.
7.3.2. Plantation d'enrichissement
59. Là où la régénération naturelle s'était révélée lente et incertaine, des
plantations furent effectuées pour accroître le recrutement d'espèces de
valeur. Au Nigeria, les plantations en lignes datent des années 30 et,
principalement, dans les forêts des états aujourd'hui dénommés Oyo, Ogun,
Ondo, Bendel, Anambra, et Imo ; ces lignes étaient souvent distantes de 20 m
et l'espacement sur chaque ligne pouvait aller jusqu'à 20 m. On utilisait
couramment des plants de diverses Méliacées comme Entandrophragma angolense ,
Khaya ivorensis , Lovoa trichilioides , Cedrela odorata , et Guarea cedrata .
En forêt de Gambari, on utilisa aussi Nauclea diderrichi et Mansonia
altissima . Plus tard dans les années 60 on effectua dans' la forêt de Omo
de vastes plantations de ces espèces auxquelles on ajouta Termina lia
ivorensis , Triplochiton scleroxylon et Tectona grandis .
60. Malheureusement le succès ne fut pas très satisfaisant pour les raisons
suivantes :
1) faible reprise ;
2) forte concurrence des adventices, d'où faible croissance ;
3) entretiens insuffisants ;
4) couvert maintenu trop dense ;
5) abroutissement par les antilopes et attaques d'insectes
perforateurs.
140
L'analyse de ces diverses causes d'échec renforce la validité des
observations de Dawkins sur les plantations en lignes exposés à l'alinéa 56
de l'Etude de cas n* 1 en Ouganda.
61. Les difficultés de mise en évidence de la régénération naturelle et
l'échec des enrichissements, associées à l'accroissement de la production
nécessaire pour faire face à une demande accrue de la population pour des
sciages et d'autres produits ligneux, motivaient les décideurs en faveur de
la transformation des forêts naturelles en peuplements artificiels équiennes.
7.3.3. Transformation en peuplements artificiels équiennes
62. Au tout début les expérimentateurs commencèrent par s'intéresser surtout
aux espèces exotiques à croissance rapide, comme Tectona grandis , Cassia sp..
Cèdre la mexicana et Chickrassia tabularis sans pour autant négliger quelques
essences indigènes comme Nauclea diderrichii , Triplochiton scleroxylon et
Terminalia superba .
A cette époque on pensait encore que la pérennité de ces espèces indigènes
pourrait être assurée par la régénération dans les forêts classées (Ainslie,
1933) et c'est pourquoi les essais portant sur leur utilisation en plantations
n'étaient pas considérés comme prioritaires.
63. Plus tard, en 1948 puis occasionnellement jusqu'en 1963, des plantations
de quelques 15 hectates au plus furent créées principalement avec Triplochiton
scleroxylon et Terminalia sp.. Des Méliacées et aussi Chlorophora excelsa
furent expérimentées. Triplochiton scleroxylon fut planté dans cinq stations
différentes par le West African Hardwoods Improvement Project (Howland et
Bowen, 1977 ; Leakey et al. 1983). Ces essais furent conçus et réalisés pour
permettre une évaluation de la variabilité des espèces, constituer une banque
de gènes, et comparer des provenances d'où pourraient être sélectionnés
éventuellement des clones en vue de la création de plantations sur une grande
échelle. Malheureusement ces dispositifs furent endommagés par le feu au cours
de la sécheresse de 1980-81 (FRIN, 1981).
64. Les données sur les surfaces plantées jusqu'à l'année 1983 sont
présentées dans les tableaux n* 12 A et 12 B et illustrées par la figure n* 1 .
Des informations plus récentes, postérieures à 1981 dans certains cas, ne
sont pas disponibles sous forme détaillée mais permettent de mesurer l'énorme
importance donnée au cours des dernières années aux plantations de Gmelina
arborea qui représentent actuellement près de 40 % de l'ensemble des
plantations au Nigeria. Le programme annuel des plantations de cette espèce
est en voie d'accroissement pour assurer l'approvisionnement de l'industrie
papetière et faire face à la demande de bois de service. Dans
certaines parties des états de Oyo, Ogun, et Ondo, les programmes
prévoient la plantation annuelle de près de 100 ha et même le doublement de
cet effort dans un proche avenir.
65. Récemment la méthode Taungya typique a été abandonnée en faveur de ce
qui est aujourd'hui qualifié de "Departmental Taungya" : le service forestier
emploie aujourd'hui des agriculteurs qui effectuent toutes les pratiques
agricoles jusqu'à la récoltç qu'ils vendent eux-mêmes pour compenser les frais
de plantation forestière. Ailleurs le défrichement et la mise en place des
plants forestiers sont effectués par les ouvriers forestiers sans aucune
culture agricole. Ces deux méthodes sont grosses consommatrices de main
d'oeuvre à toutes ses étapes, c'est-à-dire production de plants forestiers en
pépinière, préparation du terrain, mise en place et entretien des plants.
141
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(¥i|) 8uoi^p:}UBxd sap satox^jadns
142
lABUEAU n* 12 A
Superficies en hectares des plantations de feuillus indigènes
dans les états du sud Nigeria
: Espèces
-•*"""■""-"— •—""•~"~""**'^"*"~*~""~"*""""'^~'"—""""""""'""~"""***'*'*" ——————————————— ,
Superficies :
avant
1960
! 61-65
! 66-70
: 71-75 !
1976 !
Totaux :
: Nauclea
: Mélanges avec
: Nauclea
: Terminlia sp.
: Autres espèces <
: Autres mélanges
Totaux
585
5 813 !
86 :
839 .
99 :
: 337
1 883
635
341
308
: 1 451
; 4 867
: 1 384
225
280
: 5 952 ,
; 2 311 :
: 1 761 •
: 1 323
: 271
839
643 !
865 ■
566
75
9 164 :
15 517 :
4 731 :
3 294 :
1 033 :
7 422 !
3 504 .
• 8 207
: 11 618
' 2 988
• 33 739 :
Source : Bail et Daniyan, 1977
TABLEAU n* 12 B
Superficies en hectares des plantations de feuillus exotiques
dans trois états du sud du Nigeria
(Gm = Gmelina arborea ; T = Tectona grandis ; D = Divers)
: Années
Niger
Oyo
Ogun
. Gm
T !
D
Gm
T
: D
Gia
T
D
! 70-74
i 252
: 621
. 368
; 814
:4 342 -
362
• -
; -
;
: 1975
! 110
, 203
48
: 256
: 682 .
116
:
;
;
: 1976
206 :
217 :
250 .
438 :
563 :
288
■6 463 1
4 525 1
827
: 1977
299 :
176 :
77 ■
956 :
564 :
478
-
i
-
: 1978
, 465 ;
202 !
184
, 330 •
390 :
508
;
!
-
: 1979
: 400
90
. 159
;
:
-
:
:
;
: 1980
! 100
40
:
: 270
: 320
325
;
:
:
: 1981
: Totaux
! 128
:
:
80
88
87
:9 168
: 740
;1 223
:1 960
! 1 549
: 1 086
:3 144
:6 949
2 164
il5 631
•5 265
'■.2 050
Source : Kio et al, 1985
143
66. Le recours aux pépinières temporaires ou "volantes" est courant pour la
production des plants de Gmelina arborea : les fruits sont semés en planches;
après arrachage les plants sont préparés en stumps de 20 à 25 cm de long et
de 1 à 2 cm de diamètre au collet, la tige étant sectionnée à 2 ou 3 cm au
dessus du colletet les racines latérales étant enlevées pour ne conserver que
le pivot.
67. Après exploitation du peuplement naturel initial, le sol est défriché
manuellement soit pas des agriculteurs concessionnaires (méthode Taungya
classique) soit par les ouvriers du service forestier ; les débris ligneux
sont mis en tas et brûlés, parfois au pied de certains grands arbres laissés
sur pied par l'exploitant car le coût de leur abattage est considéré comme
trop élevé ; ces gros arbres sont parfois dévitalisés.
68. La mise en place des stumps est facile et rapide car il n*est pas
nécessaire de creuser des trous de plantation ; les stumps sont introduits
dans des fentes faites dans le sol à la matchette, à la barre, ou au plantoir.
69. Le désherbage, et principalement la lutte contre les lianes, sont
effectués à la main. Jusqu'ici aucune éclaircie n'est effectuée dans les
plantations pour la production de bois de trituration. Aucune mesure
importante de protection contre les feux n'est envisagée autre que la
surveillance en période de sécheresse, même dans le nord de la zone où de
telles sécheresses sont relativement habituelles. En fait la sylviculture de
ces peuplements artificiels est, pour le moment encore, relativement simple
et le besoin de l'améliorer n'est pas ressenti car, telle qu'elle est
pratiquée actuellement, elle se montre assez efficace.
8. ELEMENTS DE PROSPECTIVE
70. Il subsiste des lacunes importantes dans notre connaissance de l'écologie
et de la dynamique des forêts tropicales humides ; des recherches
complémentaires sont donc nécessaires. En attendant il faut prendre des
mesures pour assurer leur conservation afin d'atteindre les objectifs de
politique forestière visés. Il est certainement facile de détruire et
difficile de régénérer, c'est pourquoi il faut poursuivre les études sur la
dynamique de ces formations et sur les mécanismes de leur régénération qui
sont vitaux pour leur avenir. Ces types forestiers sont particulièrement
sensibles aux interventions humaines et leur restauration constitue
incontestablement un choix à long terme.
71. Il est extrêmement difficile de faire des prévisions sur l'évolution des
besoins futurs du Nigeria. Cette incertitude donne du prix à la flexibilité
pour permettre une harmonisation entre les modifications des besoins de la
nation et les changements qui en résulteront pour aménager les forêts. Les
décideurs de la politique nationale doivent être conscients du fait que plus
les conditions du marché seront spécialisées et précises et plus probable sera
l'obligation de concevoir les objectifs de l'aménagement de façon détaillée;
il en résultera alors un nombre de plus en plus petit d'options et des frais
de plus en plus élevés si elles doivent être modifiées en cours de route. A
titre d'exemple, la transformation massive des forêts tropicales humides en
plantations de Gmelina au Nigeria est fondée sur l'affirmation que les fibres
du bois constitueront toujours la matière première des industries de la pâte
à papier et que la demande de papier demeurera inchangée dans le futur ; mais
on fait peu de cas de l'impact de modifications éventuelles soit de la nature
de la matière première pour ces industries, soit de l'utilisation de produits
de substitution au papier, soit de changements du support pour la transmission
des informations qui pourraient réduire la consommation du papier.
144
72. Qu'il 8* agisse des méthodes de régénération naturelle ou des techniques
de plantation» leur mise en oeuvre exige une excellente technicité du
personnel de terrain et un bon savoir-faire de la part du personnel
d'encadrement et de direction. Le prix de revient de ces opérations dépend
dans une très large mesure du nombre de travaux successivement réalisés sur
la même parcelle : ainsi l'application de la méthode de régénération par
coupes progressives tropicales requiert une succession de sept traitements
avant et après l'abattage des arbres commercialisés et il en résulte une
élévation des coûts et une forte demande en personnel d'encadrement. De la
même façon la réalisation de plantations exige un investissement initial plus
grand et un recours continuel au financement par le biais des travaux de
recherches et d'entretien nécessaires à la fois pour protéger les plantations
en croissance et le capital qu'elles représentent. Les investissements
consentis pour créer des plantations ne sont pas exempts de risques, à court
terme en raison des accidents éventuellement causés par le vent ou par le feu,
à moyen terme si la demande se modifie, et à long terme du fait d'une
catastrophe écologique mal ou non perçue. Au contraire, les forêts tropicales
humides constituent des écosystèmes stables qui protègent l'environnement tout
en produisant du bois ; elles possèdent en outre une capacité de
reconstitution notable à la suite d'erreurs dans la conception de leur
aménagement à la condition que leur biomasse n'ait pas été détruite.
73. Les forêts naturelles constituent aussi une ressource de nombreux
produits autres que le bois et de biens immatériels auxquels il est difficile
d'attribuer une valeur en termes de monnaie. Il est également délicat
d'estimer les frais.de reconstitution de la forêt lorsque celle-ci a été
détruite. Néanmoins, pour autant qu'on puisse la calculer, c'est toujours, et
ce sera toujours, la valeur de la forêt pour la production de bois qui
conditionnera son aménagement futur. S'il s'agit de produire à un certain prix
le volume maximal de bois susceptible d'être retiré du domaine forestier, la
régénération naturelle est insuffisante et il faut alors recourir à des
plantations artificielles. Si, au contraire, les objectifs de l'aménagement
sont la production de bois d'ébénisterie et de bois de déroulage ou de
tranchage associée à la conservation des écosystèmes forestiers, la mise en
oeuvre de méthodes de traitement par coupes progressives est susceptible de
constituer un outil d'aménagement efficace.
74. Le taux de prélèvement dans les forêts tropicales humides du Nigeria est
si élevé que la presque totalité du bois d'oeuvre de qualité aura été
exploitée d'ici à la fin du siècle. Dans de nombreuses régions les tentatives
pour accroître, ou tout simplement conserver, la ressource en essences
coramercialisables dans les forêts exploitables, ont échoué et, si la demande
se maintient à son niveau actuel, elle devrait croître en valeur en même
temps que la récolte diminuera. Malgré la facilié apparente avec laquelle
certaines espèces feuillues exotiques comme le teck peuvent être plantées, les
essais entrepris pour tirer parti de ce succès pour cultiver de nombreuses
autres espèces indigènes, comme les Méliacées, se sont soldés par des échecs
en raison de nombreuses difficultés parmi lesquelles il faut citer les dégâts
d'insectes au bourgeon terminal, les pourritures des racines, les difficultés
d'approvisionnement en graines et la brièveté de leur viabilité, etc. En
conséquence, partout où le recrû constitué d'essences de valeur est suffisant
pour assurer la régénération naturelle, il est prudent de le protéger même si,
selon les idées actuelles, le rendement que l'on peut en attendre est faible.
145
75. U solution au problème de l'accroissement de la productivité de ce type
de forêts peut être trouvée dans l'utilisation d'une plus grande part de la
bioBasse totale, soit en faisant usage d'un plus grand nombre d'espèces, soit
en diminuant la fraction du bois provenant des arbres abattus abandonnée en
forêt. L'extension des exploitations aux forêts marécageuses pourrait
accroître de 40 X les quantités globalement récoltées. Une augmentation
substantielle des. prix du bois sur pied provenant des espèces actuellement
connercialisables pourrait probablement constituer le meilleur moyen pour
encourager l'utilisation des espèces actuellement dédaignées. Il pourrait être
aussi envisagé d'aménager les forêts pour produire des grumes de plus petites
tailles ; ceci serait certainement possible avec certaines espèces, mais
probablement moins faisable avec d'autres espèces dont la valeur est liée à
une plus grande durabilité et au caractère esthétique du bois de coeur.
146
BimiB DE CAS n* 3
EVOLUTION DES FORETS TROPICALES HUMIDES IVOIRIENNES
A LA SUITE DES TRAITEMENTS SYLVICOLES
ET CONSEQUENCES SUR LEUR AMENAGEMENT
1. INTRODUCTION 148
2. LES OBJECTIFS DE RECHERCHES 148
3. LE DISPOSITIF EXPERIMENTAL 150
3.1. Description 150
3.2. Traitements étudiés 150
3.3. Intensités des traitements 152
4. RESULTATS D'ENSEMBLE SUR LES PEUPLEMENTS 152
5. RESULTATS PARTICULIERS SUR CERTAINES ESSENCES 153
5.1. Présentation 153
5.2. Le Niangon 153
5.3. Le Ba 157
5.4. Récapitulation concernant 20 espèces 157
6. PERSPECTIVES DE MISE EN PRATIQUE DANS L'AMENAGEMENT 159
6.1. Considérations générales 159
6.2. Examen de l'adéquation de la régénération préexistante 164
6.3. Accroissements escomptés 165
6.4. Effets sur la régénération naturelle 165
6.5. Possibilités de généralisation aux autres forêts 165
147
TABLEAUX page
1. Effectifs (nombre de tiges moyen à l'hectare) d'essences
principales dans les trois types de forêts étudiés 149
2. Accroissement moyen annuel sur le diamètre de Tarrietia utilis
dans Iq dispositif d'Irobo 153
3, Tableau de progression des circonférences 156
4, Accroissements moyens annuels, recrutements et mortalités
en fonction des essences, des traitements et des classes de
diamètre. 161
5 A. Nombre de tiges/ha en fonction du diamètre dans quatre tjrpes
de forêt 166
5 B. Perspectives de régénération naturelle 166
6 A. Nombre de tiges/ha en fonction du diamètre à Yapo 167
6 B. Perspectives de régénération naturelle à Yapo 167
FIGURES
1. Schéma d'implantation d'un périmètre d'essai 151
2. Evolution en diamètre du Niangon en forêt d'Irobo 154
3. Evolution en volume du Niangon en forêt d'Irobo 155
4. Evolution en diamètre du Ba en forêt de la Téné 158
5. Evolution en diamètre du Ba en forêt de Mopri 160
148
ETOPE nB CAS n* 3
EVOLUTION DES FORETS TROPICALES HUMIDES IVOIRIENNES
A LA SUITE DES TRAITEMENTS SYLVICOLES ET
CONSEQUENCES SUR LEUR AMENAGEMENT
1. INTRODUCTION
1. A l'inverse des deux cas précédents, l'étude n* 3 décrit un programe de
recherches spécifiques et ses résultats. Ce programme , qui a débuté en Côte
d'Ivoire dès 1976, mérite une attention particulière en raison des
possibilités de généralisation de ses résultats pour aménager les forêts d'un
grand nombre de pays africains (Catinot, 1986).
2. Le gouvernement de la Côte d'Ivoire considère que le développement
agricole constitue la pierre angulaire du développement économique national.
Cette option a encouragé le défrichement des forêts sur une large échelle ;
on estime à 300 000 ha la surface totale des forêts défrichées chaque année
entre 1973 et 1982 (Catinot, 1986). Le défrichement a atteint aussi le domaine
forestier constitué par les forêts classées dont la surface totale aurait
décru de 3,3 à 2,4 millions d'hectares de 1956 à 1978 (FAO, 1981). La inajorité
de la surface restante a déjà été parcourue en coupes au moins une fois, soit
de façon sélective pour extraire les bois commercialisables, soit de façon
plus brutale.
3. Dans le but de mettre un terme à une telle destruction du patrimoine, le
Décret du 15 Mars 1978 a défini un domaine forestier permanent constitué des
forêts classées subsistantes et des "forêts qui présentent encore le caractère
de massif forestier et qui seront incorporées ultérieurement dans le domaine
permanent par arrêté ministériel". C'est sur ce domaine forestier permanent
que doivent être concentrés tous les efforts d'aménagement et de régénération
en appliquant des règlements d'exploitation relativement simples.
2. LES OBJECTIFS DE RECHERCHES
4. Pour concevoir ces règlements, un très important programme de recherches
fut entrepris dès 1976 par la SODEFOR, Société pour le développement des
plantations forestières, avec l'appui technique du CTFT, Centre technique
forestier tropical ; ce programme a été régulièrement suivi depuis l'année de
sa création. Il concerne une surface totale de 1 200 ha répartis entre trois
stations différentes caractéristiques de trois types écologiques de forêts
tropicales humides en Côte d'Ivoire, c'est-à-dire La Téné (400 ha) dans la
zone des forêts semi-décidues, Irobo (400 ha) dans la zone des forêts
sempervirentes, et Mopri (400 ha) dans une zone de transition. Les espèces
constituant ces trois types de forêt sont énumérées dans le tableau n* 1 . Le
dispositif a été conçu sur le modèle utilisé dans la Péninsule malaisien
depuis 1974 (Cailliez, 1974). Les objectifs étaient les suivants :
1) mise au point des techniques d'intervention sylvicole
(exploitation et dévitalisation) et de mesures ;
2) étude par espèce de l'accroissement en fonction des divers
traitements sylvicoles ;
3) étude de l'évolution des peuplements en réponse aux divers
traitements sylvicoles (mortalité induite, recrutement naturel
en jeunes tiges, effet sur les lianes et la mutiplication
végétative);
149
lABLKAD n* 1
Effectifs (nombre de tiges moyen à 1* hectare) d'essences
principales dans les trois types de forêts étudiées
42 espèces principales
les mieux représentées
semi- :
transi- :
semper-
décidue :
tion
virente
La Téné :
Hopri :
Irobo
Amazakoue :
3,1 :
Bété :
4,6 :
+ :
Difou :
4,0 :
+ :
Fraké :
2,3 :
+ :
Emien :
1,1 :
+ :
Samba :
16,6 :
2,4 :
Kotibé :
21,2 :
7,3 :
Âsan
7,2 :
1,9 :
Lotofa ;
24,6 :
13,9 :
Lohonfe :
12,0 :
6,6 :
Aboudikro
2,8 :
1,1 :
Akatio
12,0 :
11,1 :
Ba
60,8 :
68,4 :
Fromager
1,9 :
1,1 '
Acajou
2,1 :
5,0
Aniègre blanc
2,7
7,6
Eho
5,5
+
+
Bi
9,1
2,4
+
Bossé
2,0
9,6
: +
Pouo
8,4
2,4
+
Loloti
2,0
1,6
: +
Dabema
: +
3,8
: +
Akossika
7,8
8,5
: 6,9
Tiama
: +
2,7
: +
Ilomba
: -f
2,2
: +
Aribanda
: +
1,2
: +
Pore-Pore
: +
1,4
: +
Adjouaba
: +
! 3,7
: 31.9
Lati
: +
: +
: 2,3
Faro
: +
: +
: 1,4
Melegba
2,8
: +
Abalé
: 2,7
Sougué
: +
: 1,8
Makoré
: +
: 1,4
Vaa
: 1,0
Bahia
: 1,0
Adomonteu
: 1,1
Bodioa
: 1.1
Kondroti
: 1,4
Lo
: 3,5
Rikio
: 15,9
Niangon
: 33,2
Guibourtia ehie
Mansonia altissima
Mo ru s mesozygia
Terminalia superba
Alstonia boonei
Triplochiton scleroxylon
Nesogordonia papaverifera
Celtis zenkeri
Sterculia rhinopetala
Celtis adolphi friderici
Entandrophragma cylindricum
Gambeya delevoyi
Celtis mildbraedii
Ceiba pentandra
Khaya anthotheca
Aningueria robusta
Ricinodendron africanum
Eribroma oblonga
Guarea cedrata
Funtumia latifolia
Lannea welwitschii
Piptadeniastrum africanum
Scottelia sp. pi.
Entandrophragma angolense
Pycnanthus angolensis
Trichilia tessmanii
Sterculia tragacantha
Dacryodes klaineana
Amphimas pterocarpoïdes
Daniellia thurifera
Berlinia sp.
Pertersianthus macrocarpus
Parinari sp.
Thieghemella heckelii
Gilbertiodendron preussii
Hallea ciliata
Anthonotha fragans
Anopyxis klaineana
Rodognaphalon brevicuspe
Parkia bicolor
Dapaca sp.
Tarrietia utilis.
le chiffre de l'effectif est représenté à partir de 1 tige/ha
Une croix (-••) indique la présence de l'espèce dont la fréquence
est comprise entre 1 et 0,1 tige/ha
Aucune indication pour les fréquences inférieures i 0,1 tige/ha
150
4) évaluation des exigences et du tempe ranment des diverses
essences principales ;
5) étude de l'effet des diverses intensités d'intervention sur la
production et estimation des coûts et des profits par rapport
aux témoins non traités ;
6) appréciation des possibilités de mise en pratique des résultats
acquis (organisation et réalisation) .
3. LE DISPOSITIF EXPERIMENTAL
3.1 . Description
5. L'expérience malaisien ayant démontré l'intérêt des parcelles de grande
taille, chaque dispositif occupe 900 ha à l'intérieur desquels une surface
carrée de 400 ha a été délimitée et subdivisée en 25 placeaux de 16 ha ; un
traitement sylvicole donné est appliqué à chaque placeau dont l'effet est
apprécié au moyen de mesures effectuées sur une aire de 4 ha délimitée à
l'intérieur de chaque placeau. Tous les arbres ayant plus de 10 cm de dieunètre
à hauteur de poitrine sont mesurés. Ce dispositif est représenté de façon
schématique sur la figure n* 1 .
3.2. Traitements étudiés
6. On a estimé que deux types seulement de traitement pouvaient convenir
à une application pratique étendue, c'est-à-dire l'exploitation réglementée
des essences conmercialisables, telle qu'elle est couramment faite, et
l'élimination des essences secondaires par des procédés peu coûteux, comme
leur dévitalisation au moyen de traitements chimiques. Les traitements ayant
pour but l'obtention de la régénération naturelle ont été écartés en raison
de leur résultat incertain.
7. C'est pourquoi les divers traitements suivants ont été seulement
expérimentés :
1) l'exploitation, qui peut être dans une certaine mesure
réglementée pour son intérêt sylvicole car ce sera
vraisemblablement le seul outil à la disposition des
sylviculteurs pendant de nombreuses années encore ;
2) les coupes d'éclaircie ou d'amélioration qui peuvent être
aujourd'hui réalisées de façon peu coûteuse par un traitement
de dévitalisation associant une annélation par encoches à une
application de phytocides dans le but d'éliminer les arbres
appartenant à des espèces sans intérêt économique mais exerçant
une concurrence sévère à l'égard des essences
commercialisables ;
3) l'absence de tout traitement qui concerne les témoins ou des
placeaux dont le traitement sylvicole est différé. La
comparaison des résultats des mesures d'accroissement
effectuées dans ces trois ensembles de placeaux permettra de
répondre à la question fondamentale suivante : est-il
nécessaire ou non d'effectuer des interventions à caractère
sylvicole sur les peuplements résiduels après exploitation ?
151
PIGOIB n"* 1
Schéma d'implantation d'un périmètre d'essai
//.•DO
•'••""•
••FO
SOO mètres
16
21
17
22
18
Numéro de
pazcelle
15 .vv.vï-.vVv.
05 .;.•..•••
19
23
20
25
ES/.-.
FS
i' I |-
2 000 mètres
3 000 m
Schéma d'une parcelle
unitaire de 16 hectares
SOO mètres i
: Zone tanpon
^m
Surface traitée
pour l'enpoisonnement
(9 ha)
Layon d'accès
(Placeau de mesures (4 hectares
j subdivisés en 4 sous-placeaux
^ de 1 hectare chacun
(Système de numérotation identique pour Les 3 périmètres)
Surface du périmètre: 4CX) hectares pour les essais et
900 hectares y conpris La zone tampon
152
3.3. Intensités des traitements
8. Les intensités des traitements ont été fixées en fonction de diverses
proportions de réduction de la surface terrière du peuplement initial de la
façon suivante :
1) intensité forte ramenant la surface terrière à 11-14 m^/ha à
Mopri et à 15-17 m^/ha à Irobo (éclaircies fortes) ;
2) intensité moyenne ramenant la surface terrière à 16-18 m^/ha
â Mopri, 17-22 m*/ha à Irobo, et à 15-21 m^/ha à La Téné
éclair ices moyennes) ;
3) traitement spécial à La Téné de 10 parcelles jamais exploitées
consistant en une exploitation de type commercial qui, en
prélevant 53 m^/ha a entraîné un dégagement global comparable
à celui gui aurait résulté d*un traitement avec une intensité
moyenne, mais d'une façon beaucoup plus irrégulière.
9. Le traitement associant abattage et dévitalisation fut effectué de façon
systématique en commençant par les espèces non commercialisables de la strate
dominante puis, au besoin, par les arbres sans avenir appartenant à des
essences commercialisables jusqu'à ce que la surface terrière résiduelle
choisie soit atteinte.
4. RESULTATS D'ENSEMBLE SUR LES PEUPLEMENTS
10. Au point de vue qualitatif , d'après les responsables de ces essais,
"quelques mois après l'intervention sylvicole, la vision des peuplements était
saisissante du fait des chablis, arbres morts et trouées, que ce soit du fait
de l'élimination de 40 % de la surface terrière ou du prélèvement de 53 m^/ha
par l'exploitation commerciale". Mais quatre années après le traitement,
l'aspect de la forêt était redevenu "normal".
11. Au point de vue quantitatif , sur la base des mesures effectuées après 4
années d'expérimentation, il est possible d'avancer que :
1 ) les espèces principales répondent immédiatement au traitement
(dès la première année) par une augmentation globale de
l'accroissement en diamètre ;
2) le gain de croissance qui en résulte au sein des parcelles
s'est accentué avec le temps durant la période d'observation;
3) la réaction des peuplements ne correspond pas obligatoirement
à l'intensité de l'ouverture du couvert ;
4) la concurrence qu'exercent les arbres de faible diamètre (moins
de 30 cm) est surtout ressentie par les arbres de taille
comparable; il en est de même pour les arbres de plus forte
taille ; tout se passe comme s'il y avait correspondance entre
la taille dels arbres entrant en concurrence
5) rapporté aux 73 essences principales observées, le gain de
croissance résultant des interventions sylvicoles est exprimé
par les chiffres ci-dessous :
. 2 m^/ha/an pour les témoins non traités,
• 3 & 3,5 m^/ha/an dans les placeaux traités.
153
12. Ce gain de croissance est considérable et concerne tous les arbres des
espèces principales ayant plus de 10 cm de diamètre à hauteur de poitrine.
L étude comparative de l'accroissement des espèces principales prises
isolément confirme cette observation.
5. RESULTATS PARTICULIERS SUR CERTAINES ESPECES
5.1 . Présentation
13. Le remarquable rapport de Maitre et Hermeline (1985) intitulé "Dispositif
d'étude de l'évolution de la forêt dense ivoirienne suivant différentes
modalités d'interventions sylvicoles", d'où proviennent toutes ces
informations, a choisi parmi la douzaine d'espèces étudiées huit
exemples-types. Dans un but de concision le comportement de deux essences
seulement est décrit ci-après ; des informations sont en outre données sur
celui de vingt autres espèces sous une forme résumée.
5.2. Le Niangon
14. Le Niangon, Tarrietia utilis , est une espèce qui se prête bien à la
création de peuplements artificiels où elle est susceptible de s'accroître
en moyenne de 1 cm/ an sur le diamètre pendant toute la durée de la révolution.
Cette essence a aussi réagi aux éclaircies dans le dispositif d'Irobo comme
le montrent le tableau n" 2 et les figures n* 2 et n' 3 ainsi que le tableau
n* 3 qui présente des informations détaillées par classe de diamètre.
TABLEAU n* 2
Accroissement moyen annuel sur le diamètre de Tarrietia utilis
dans le dispositif d'Irobo
Traitement
accroissement moyen annuel
sur le diamètre
diamètre de
10 à 25 cm
diamètre supé-
rieur à 25 cm
Témoin non traité
Moyenne des divers traitements
svlvicoles
0,3 cm
0,6 cm
0,6 cm
0,9 cm
15. Le gain constaté sur l'accroissement en diamètre, égal à 100 % pour les
arbres de 10 à 25 cm de diamètre et à 50 % pour les arbres de plus de 25 cm
de diamètre, se maintient et même s'accroît avec le temps ainsi que le montre
le graphique du bas de la figure n" 2 qui distingue l'accroissement par classe
de diamètres tous les deux ans depuis le traitement. Cette figure n* 2 donne
aussi une représentation de l'effet des deux intensités de traitement sur
l'accroissement en volume en comparaison avec le témoin non traité.
154
nCDIB tP 2
Evolution on diamètre du Niangon en forêt d'Irobo
icie moyenn
20 25 30 3S 40 45 50 S5 60 65 70
♦ Diamètre en can
1ère campagne
Diamètres des
tiges en on
2ème campaqne 1ère campagne
ao"
75*-
70--
65--
60'-
55-
50--
45--
40'-
25'-
20--
1S--
iDoaoaoncûoiufl^a^oiiio \
Accroissement en
diaaetffe (en/an)
2ème caunpaqne
VO Oj» OO 0.4 02 02 0.4 OjS 08 U)
• yJUJ P IW ' ^j
/ .TMoin
EcIaiTcie Moyenne
Témoin
••.;;•.— .ÎUjlaircie forte
155
FIGDIB n** 3
Evolution en volume du Niangon en forêt d*Irobo
Eclalrcie fortu
I
Témoin
V. ' ."" **^
♦778
^31
"1
.166
Recrutement
Croissance
Mortalité
Gain en voluxne
ïii dm* ou 10 m' /ha/an
/z:i:7i
* 4 + 4 4
-44 -» ■«•
4 4 4 -•►
4 -♦ 4 «*
44 4 4
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Eclalrcie noyenne
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156
lABUAD n* 3
Tableau de progression des circonférences
Essence : Niangon ; Périmètre : Irobo ; Traitement : éclaircie moyenne
: Classe
: Diamètre
: (cm)
: compris :
: entre
: N
•
■
Effectif:
: C. moyen
: (cm)
Accroissement
: (cm)
: Surfaces terrières :
: (dm^) :
:Camp.1 :Camp.3
: Moy.
: CV
:Camp.1
: Camp . 3
: Dif.i
: 1
: 10-15
: 295
: 38.6
: 43,4
: 4,9
: 88,3
: 353,9
: 453,3
: 99,4:
! 2
: 15-20
: 208
:* 54,5
: 61,9
: 7,4
:' 74,1
: 495,4
: 643,9
:148,5:
i 3
: 20-25
: 179
: 70,4
: 78,9
: 8,4
: 67,1
': 710,1
: 894,8
:184,7:
: 4
: 25-30
142
: 86,2
: 96,9
: 10,6
: 65,6
1842,5
■1068,3
:225,8:
: 5
: 30-35
89 :
101,5
: 112,5
• 11,0
: 52,8
: 730,3
: 899,5
!l69,2i
: 6
': 35-40
77 :
116,6
: 127,7
': 11,1
: 61,4
■ 834,6
!l002,4
■167,9:
: 7 ;
40-45 !
55 :
132,3
, 145,6
: 13,3
; 54,6 .
767,1
: 931,5
:164,4:
: 8 :
45-50 :
41 :
147,9 :
160,1
12,2
50,9 :
714,2
: 837,9
:123,7:
:' 9 ':
50-55 :
27 :
164,9 !
176,9 ,
■ 12,1 .
58,6 :
584,4
: 674,2
! 90,2:
: 10 :
55-60 :
20 :
180,8 :
191,9 :
' 11,1 :
57,8 :
520,5
586,9
66,4:
: 11 :
60-65 :
9 :
193,8 :
204,8 :
' 11,1 :
62,3 :
269,0
300,9
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65-70 :
6 :
207,5 :
218,1 :
10,6 :
38,5 :
205,6
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21, 6i
: 13 :
70-75 :
5 :
226,4 :
237,6 :
11,2 :
66,1 :
204,1
224,9.
20,8:
: 14 :
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271,5 :
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85-90 :
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Total : 1 156 :
N = Nombre d'arbres de la classe ; C - circonférence moyenne des arbres;
DIFF = variation de la surface terrière entre campagnes de mesure ;
CV = coefficient de variation des accroissements. Seuls sont suivis les
arbres de la campagne 1 toujours présents à la campagne 3 (à l'exception donc,
des arbres morts pendant la période correspondante de 4 ans)
157
5.3. Le Ba
16. Le Ba, Celtis mildbraedii . est une essence secondaire produisant un bois
légèrement coloré ; c'est l'espèce la plus abondante dans deux des trois sites
étudiés (Mopri et La Téné) ce qui donne une bonne fiabilité aux résultats des
mesures de croissance. Les figures n* 4 et n* 5 indiquent des réponses très
favorables de cette essence aux traitements suivants :
1) à Mopri, l'accroissement moyen annuel sur le diamètre varie de
0,2 à 0,45 cm pour les témoins, et de 0,45 à 0,75 cm dans les
placeaiu traités *
2) à La Téné l'accroissement moyen annuel sur le diamètre varie
de 0,15 à 0,40 cm pour les témoins, de 0,40 à 0,75 cm dans les
placeaux traités à intensité moyenne, et de 0,25 à 0,60 cm dans
les placeaux soumis à une exploitation de type commercial.
17. Il a pu être constaté à Mopri que les traitements avec une forte
intensité se sont traduits par un accroissement sur la diamètre pl'»» é^®^® J*®
celui des traitements effectués à intensité moyenne, tandis qu à La Téné
l'exploitation de type commercial s'est révélée moins efficace que le
traitement à intensité moyenne. Les accroissements en volume ne sont pas
représentés pour cette espèce.
5.4. Récapitulation concernant les espèces
18. Les données récapitulatives concernant 20 espèces sont présentées dans
le tableau n* 4 dont l'examen pemet de proposer les conclusions suivantes :
1) à de très rares exceptions près, toutes les espèces réagissent
vigoureusement aux éclaircies ;
2) les accroissements sur le diamètre les plus forts sont observés
avec les espèces couraimnent utilisées en plantation comme
Triplochiton scleroxylon . Terminalia superba, Tarrietia utiUs
et Khaya anthotheca ; ils sont voisins de 1 cm/an ;
3) les éclaircies accroissent le recrutement de jeunes tiges dans
la classe de 10 cm de diamètre tandis que l'^'^Pl^^.^^VrJ^!
type commercial ne donne pas de meilleurs résultats que
l'absence de traitement dans les témoins ; ceci pourrait être
la conséquence de l'uniformisation de l'ouverture du couvert
du fait des éclaircies tandis que celle qui .résulte de
l'exploitation de type commercial est beaucoup plus irrégulière
avec des trouées plus ou larges séparées par des pans de foret
épargnés par l'extraction des arbres conmercialisables.
Sois n ne faut pas interprétation l>élxoraU.n du
recrutement dans la classe de 10 cm de diamètre comme la
résultante d'une régénération induite car il ««t clair que les
tiees entrées dans cette classe de diamètre au bout de 4 ans
iZie^nt de la régénération préexistante ; une étude sur
l'induction de la régénération par les traitements sylvi
est actuellement en cours ;
sur
icole
158
FIGOIB B* 4
Evolution ma diamètre du Ba en forêt de la Tiné
Accroissement du
diamitre (cm/an)
Diane tnt
ffîîtil
Témoin
^
Exploitation
\Eolaircie moyenne
Diamètre
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Si&Ulrcie. moyenne
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exploitation
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159
nCDEB n^ 5
Evplution en diamètre du Ba en forft de Mopri
Accroissement du
dUmètre (cm/an)
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60
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Témoin
Eclaircie
moyenne
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diamètre (ca/an)'
Eclaircie moyenne
ii Témoin
S^iv 4:
Eclaircie forte
Témoin
160
4) l'amélioration de la croissance provoquée par l'exploitation
de type cMinercial est signif icativement inférieure à celle qui
résulte des éclaircies ; ceci est facilement compréhensible car
l'exploitation ne fait qu'enlever les arbre des essences
comnercialisables sans toucher à ceux appartenant à des
essences actuellement sans intérêt commercial qui leur font
concurrence.
6. PERSPECTIVES DE MISE EN PRATIQUE DANS L'AMENAGEMENT
6.1 . Considérations générales
19. Bien qu'on considère parfois ce programme de recherches comme un
"aménagement expériemental" , il faut convenir qu'il s'agit en fait d'une
"sylviculture expérimentale" dont le but final est une amélioration de la
gestion des forêts d'une façon pratique. Il a le grand mérite de quantifier
les réponses de toutes les essences intéressantes aux opérations classiques
de dégagement et d' éclaircies réalisées à la suite de l'exploitation.
L'intérêt sylvicole de ces travaux a été souvent contesté dans le passé mais
désormais il ne peut plus y avoir de doutes sur ce sujet. Les deux conclusions
les plus remarquables qui peuvent être tirées de ces études sont :
1) des éclaircies fortes , exploitant jusqu'à 40 % de la surface
terrière, non seulement ne doivent pas être une cause
d'appréhension, mais démontrent encore souvent leur efficacité
sur le peuplement résiduel ;
2) l'effet favorable des éclaircies affecte aussi les gros arbres
d'un diamètre supérieur à 40 cm en contradiction avec les idées
traditionnelles selon lesquelles, au dessus de ce diamètre, les
arbres sont déjà mûrs et par conséquent incapable de réagir
favorablement à une brusque ouverture du couvert ou à tout
autre opération destinée à favoriser l'accroissement.
Les enseignements retirés de ces études sur la sylviculture de ces types
de peuplement sont extrêmement importants et confirment l'intérêt des coupes
multiples (polycycliques) ; on peut en effet présumer que les coupes
d'amélioration (dégagements et éclaircies) devraient stimuler la croissance
de la régénération préexistante d'une façon suffisamment importante pour
que leur exploitation après un délai raisonnable, de l'ordre de 10 à 30 ans,
produise un volume substantiel et rémunérateur de bois d'essences
commercialisables .
20. A cet égard les recherches réalisées en Côte d'Ivoire, quoique encore
trop récentes pour fournir des résultats sûrs et définitifs utilisables par
l'aménagiste, permettent d'apporter une réponse à la question fondamentale
suivante" : est-ce que l'aménagement des forêts tropicales humides est
possible au moyen de la seule régénération naturelle ?".
21. Ce mode d'aménagement est fondé sur le principe que la forêt peut
supporter un noiiâ>re illimité de coupes à la condition que la rotation soit
judicieusement calculée de telle façon que le volume exploitable à chaque
passage corresponde à celui des arbres de la régénération préexistante
appartenant aux essences commercialisables atteignant le diamètre
d ' exploitabilité .
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164
Il 8* en suit que son succès dépend de la réalisation de deux conditipns :
1 ) un inventaire préalable doit montrer que la forêts contient un
nombre suffisant de jeunes tiges susceptibles de fournir le
futur volume exploitable ; on estime que si le diamètre
d*exploitabilité est égal à 60 cm, il faut raisonnablement
au moins 15 tiges à 1* hectare appartenant aux essences
coromercialisables ayant 20 à 60 cm de diamètre ;
2) l'accroissement moyen de ces jeunes arbres doit être suffissant
pour que la rotation ne soit pas supérieure à 40 ans car au de
là de cette durée les problèmes administratifs causés par
l'augmentation des surfaces à gérer, l'allongement des
périodes marquées par l'absence d'intervention en forêt, et les
immobilisations financières trop longues deviennent trop
difficiles à supporter.
22, Compte tenu de la situation actuelle des forêts denses ivoiriennes dont
la presque totalité a été déjà exploitée avec un appauvrissement en essences
de valeur sur des surfaces considérables, il est nécessaire d'examiner si les
deux conditions ci-dessus sont remplies.
6.2. Examen de l'adéquation de la régénération préexistante
23. Bien que les recherches de la SODEFOR et du CTFT n'aient pas été conçues
pour traiter ce problème, l'analyse de certaines données aujourd'hui
disponibles permet de proposer des éléments très positifs et de confirmer les
premiers résultats du projet-pilote de Yapo. Les trois blocs du projet
SODEFOR/CTFT et le bloc Yapo constituent en effet un échantillon représentatif
des forêts tropicales humides ivoiriennes. Les résultats d'une analyse des
inventaires de ces blocs et leur comparaison avec l'inventaire de la
réserve botanique de Divo, théoriquement non perturbée, sont représentés dans
l^s tableaux n* 5 et n*" 6 . Les principales conclusions sont les suivantes:
1) les courbes représentant la variation du nombre de tiges par
hectare classées par classes de diamètre dans les forêts
exploitées de Mopri, Irobo et, principalement, Le Téné
apparaissent comme très semblables à celle de la forêt inex-
ploitée de Divo ; ceci veut dire que, si l'on fait abstraction
des arbres abattus, la répartition des tiges par classes de
diamètres qui représente la structure des peuplements ou, en
d'autres termes, leur valeur d'avenir, demeurç pratiquement
inchangée ;
2) en ce qui concerne le matériel sur pied, le nombre de jeunes
tiges préexistantes est amplement suffisant puisque le minimum
de 15 tiges/ha est largement dépassé dans toutes les classes;
3) en termes d'aménagement, si les tiges sont regroupées en trois
classes de diamètres, c'est-à dire 20-40 cm, 40-60 cm et plus
de 60 cm, qui correspondent théoriquement à la rotation des
coupes, on constate que l'avenir des forêts devrait être assuré
au moins pour les trois prochaines rotations; à cet égard il
faut se souvenir que tout arbre ayant dépassé 40 cm de diamètre
peut être considéré comme sauvé car il n'y a pratiquement
aucune chance pour qu'il puisse être victime de la concurrence
naturelle même s'il peut encore bénéficier de l'élimination de
ses concurrents ; ceci explique pourquoi un effectif constitué
165
par les tiges 40 à 60 cm de diamètre approximativement
équivalent à celui des tiges de plus de 60 cm est admissible
dès lors que l'on se soucie de maintenir la possibilité d'une
forêt en se fondant sur le recrutement naturel dans les classes
de diamètres supérieures (cf. tableau n* 5B et tableau n* 6B ) ;
4) en dépit des premières exploitations qui furent souvent
excessives aussi bien en intensité qu'en fréquence» de telles
études des forêts naturelles montrent que le matériel sur pied
disponible pour les futures exploitations permet d'assurer un
rendement soutenu à l'exploitation des forêts tropicales
humides ivoiriennes au moyen d'un aménagement forestier
approprié.
6.3. Accroissements escomptés
24. L'analyse des informations recueillies au cours des quatre premières
années de recherches dans le cadre du programme SODEFOR/CTFT a démontré que
la coupe de 30 à 40 % de la surface terrière par abattage des arbres
commercialisables s'est traduite par un gain de croissance sur le diamètre des
jeunes arbres des mêmes essences de l'ordre de 50 à 100 Z. Cette observation
permet d'envisager une réduction de la durée des rotations. Les mensurations
effectuées au cours des deux dernières années (S*"** et 6*"** année),
actuellement en cours de compilation, confirmeraient les premiers résultats
qui pourraient être encore meilleurs. Ceux-ci, éventuellement renforcés par
d'autres informations données notamment par l'étude des cernes annuels,
contribuent à conforter l'idée selon laquelle, dans 40 ans, la majorité des
tiges des classes 20-40 cm et 40-60 cm passeront dans la classe supérieure
suivante et, ainsi, assureront le revenu soutenu de la forêt.
25. Ce programme a aussi démontré que les éclaircies se traduisent par un
accroissement sur le diamètre des jeunes tiges de moins de 20 cm dans des
proportions comparables.
6.4. Effets sur la régénération naturelle
26. Il subsiste cependant une question importante pour l'avenir de ces
forêts: "quelles sont les effets de ces interventions sur la régénération
naturelle des essences de valeur ? : l'ensemble des opérations visant à
stimuler la croissance de la régénération préexistante, que -se passe t-il au
niveau de la régénération induite ; est-elle améliorée, ou non, par les
éclaircies plus ou moins intensives ?" Pour apporter une réponse, les
spécialistes de la SODEFOR et du CTFT travaillent actuellement sur un
programme soigneusement conçu ; les premiers résultats sont encourageants car
il semblerait que l'installation des semis est assurée malgré l'abattage d'un
grand nombre de semenciers à l'occasion des exploitations.
6.5. Possibilité de généralisation aux autres forêts
27. L'intensité de l'exploitation forestière en Côte d'Ivoire s'est accrue
car la surface des forêts exploitables a diminué et on peut se demander
aujourd'hui si les forêts de la Téné, Mopri, Irobo et Yapo ont encore une
valeur représentative car elles ont été systématiquement protégées depuis le
début des recherches ; les potentialités de ces forêts en 1975-77, au moment
où les traitement sylvicoles furent appliqués, étaient vraisemblablement
différentes de la moyenne de celles des forêts ivoiriennes qu'il conviendrait
aujourd'hui de soumettre à un aménagement.
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168
28 « De plus, alors que les données présentées dans les divers tableaux pour
les forêts de La Téné, Mopri et Irobo concernent les essences habituellement
exploitées k l'heure actuelle en Côte d'Ivoire, c'est-à-dire les essences
principales P^ et P,, celles de Yapo portent sur toutes les essences
officiellement classées comme exploitables, c'est-à-dire les essences
principales P^, P^ et P,, dont une fraction seulement risque d'être exploitée
en raison de l'éloignement d'Abidjan.
29. C'est pourquoi il apparaît absolument essentiel de réaliser les
opérations suivantes avant d'entreprendre l'aménagement de toute forêt
appartenant aux forêts tropicales humides en Côte d'Ivoire :
1) inventaire de toutes les tiges de plus de 20 cm de diamètre
appartenant aux essences classées comme exploitables par la
direction des Eaux et Forêts ; si le nombre de tiges
préexistantes est insuffisant, il faudra envisager de
plantations ;
2) étude économique à toutes les étapes de la transformation et
du marché du bois à l'échelle régionale dans le but de
déterminer la liste des essences qui peuvent être exploitées
de façon financièrement satisfaisante soit comme grumes pour
l'exportation soit pour être transformées sur place tout en
tenant compte des conditions d'accessibilité et de marché des
diverses essences ; il est évident qu'une espèce comme Celtis
mildbraedii par exemple qui est négociable avec difficulté,
même dans la région d'Abidjan, ne peut figurer sur la liste des
essences exploitables dans l'aménagement de forêts des régions
de Daloa ou d'Abengourou ; une telle étude serait utile pour
identifier les obligations requises de l'exploitant
concessionnaire d'une forêt aménagée pour la transformation
locale du bois (sciage, déroulage, etc.) en fonction des
conditions économiques locales.
30. En ce qui concerne la question posée ci-dessus, la réponse suivante peut
être donnée dans ses grandes lignes : l'aménagement des forêts tropicales
humides ivoiriennes en recourant uniquement à la régénération naturelle,
paraît techniquement tout-à-fait possible à la condition qu'un inventaire
préalable et une étude économique soient effectués et permettent de dresser
une liste réaliste des essences commercialisables compte tenu des conditions
locales.
31. C'est pourquoi on peut considérer avec Catinot (1986) que les résultats
fournis après quatre années d'observations de ce dispositif expérimental très
soigneusement conçu permettent d'envisager avec optimisme des possibilités
d'aménagement des forêts tropicales humides par coupes multiples (système
polycyclique), même dans les forêts déjà exploitées à plusieurs reprises dans
le passé, ce qui n'est pas son moindre avantage. Il est toutefois hautement
souhaitable dans l'intérêt même de l'Afrique que cette expérimentation soit
poursuivie, développée et étendue à d'autres types de forêt, c'est-à-dire à
d'autres pays. En Côte d'Ivoire, il lui manque encore cinq années pour être
définitivement convaincante*
169
AMMEZE 1
METHODE RECOMMANDEE POUR LES INVENTAIRES PREALABLES AUX AMENAGEMENTS
(applicable à des blocs de forêts de 2 500 à 5 000 ha)
1. Hypothèses de base
On souhaite compter le nombre des arbres appartenant à 12 à 15 essences
commercialisables et groupés en deux classes de diamètres:
de 20 à 44 cm de 45 à 65 cm
On s'attend à trouver 3 à 5 arbres par hectare avec un coefficient de
variation de l'ordre de 70 % par parcelle de 1 ha.
2. Prévision statistique
Avec des placeaux échantillons de 10 ares et des blocs de 2 500 ha, un
coefficient de variation de 70 % donne une erreur de 20 Z sur les variables
étudiées avec une probabilité de 95 % et un échantillonnage à 2 %.
L'échantillonnage devrait être de 4 % pour abaisser le niveau de l'erreur
à 15 %, toutes choses étant égales par ailleurs.
3. Mise en oeuvre
3.1. Dans le cas d'un échantillonnage à 2 %, installer des placeaux
rectangulaires de 50 m x 20 m dont le grand axe est orienté est-ouest le long
de lignes parallèles distantes de 500 m ; à l'intérieur de ces bandes de 20 m
de large, chaque placeau de 50 m de long est séparé du suivant par une
distance de 50 m ; tous les arbres des espèces choisies ayant plus de 20 cm
de diamètre, séparés de leur voisin par une distance au moins égale à 5 m, et
ne présentant aucun défaut majeur sont comptés ;
3.2 Dans le cas d'un échantillonnage à 4 %, ouvrir des layons parallèles de
20 m de large tous les 500 m et compter tous les arbres des espèces choisies,
ayant plus de 20 cm de diamètre, séparés de leur voisin par une distance
supérieure à 5 m et sans défaut majeur.
4. Coût
Le coût de l'inventaire est approximativement de 125 hommes- jour pour
1 000 hectares avec un échantillonnage à 2 % et de 166 hommes- jour avec un
échantillonnage à 4 %.
5. Composition de l'équipe d'inventaire :
1 chef d'équipe chargé de l'identification des arbres,
1 topographe,
2 agents recenseurs,
10 manoeuvres.
170
AMNEZE 2
BIBLIOGRAPHIE
Actes de la 1*" Conférence interforestière africaine CCTA/CSA
1951 (ABIDJAN) :
- Rapport du Congo Belge
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22/2. Estimation des volumes et accroissement des peuplements forestiers, 1980
Vol. 2 ■ Etude et prévision de la production (A* E* F*)
23. Prix des produits forestiers 1961-1980, 1981 (A/E/F*)
24. Gable logging Systems, 1981 (A*)
25. Public forestry administration in Latin America, 1981 (A*)
26. La foresterie et le développement rural, 1981 (A* E* F*)
27. Manuel d'inventaire forestier, 1981 (A* F*)
28. Small and médium sawmills in developing countries, 1981 (A* E')
29. La demande et l'offre mondiales de produits forestiers 1990 et 2000, 1982 (A* E* F*)
30. Les ressources forestières tropicales, 1982 (A/E/F*)
31. Appropriate technology in forestry, 1982 (A*)
32. Classification et définitions des produits forestiers, 1982 (A/Ar/E/F*)
33. Exploitation des forêts de montagne, 1984 (A* E* F*)
34. Espèces fruitières forestières, 1982 (A* E' F*)
35. Forestry in China, 1982 (A*)
36. Technologie fondamentale dans les opérations forestières, 1982 (A* E* F*)
37. Conservation et mise en valeur des ressources forestières, 1982 (A* E* F')
38. Prix des produits forestiers 1962-1981, 1982 (A/E/F*)
39. Frame saw manual, 1982 (A*)
40. Circuler saw manual, 1983 (A*)
41. Techniques simples de carbonisation, 1983 (A* E* F*)
42. Disponibilités de bois de feu dans les pays en développement, 1983 (A* Ar* E* F*)
43. Systèmes de revenus forestiers dans les pays en développement; 1987 (A* E' F')
44/1. Essences forestières, fruitières et alimentaires, 1984 (A* E* F*)
44/2. Essences forestières, fruitières et alimentaires, 1986 (A* E* F*)
44/3. Food and fruit-bearing forest species, 1986 (A* E*)
45. Establlshing pulp and paper mills, 1983 (A*)
46. Prix des produits forestiers 1963-1982, 1983 (A/E/F*)
47. Enseignement technique forestier, 1989 (A* F*)
48. Evaluation des terres en foresterie, 1988 (A* E* F')
49. Le débardage de bœufs et de tracteurs agricoles, 1986 (A* E' F*)
50. Transformations de la culture itinérante en Afrique, 1984 (A* F*)
50/1. Changes in shifting cultivation in Africa — seven case-studies, 1985 (A*)
51/1. Etudes sur les volumes et la productivité des peuplements forestiers tropicaux
1. Formations forestières sèches, 1984 (F*)
52/1. Cost estimating in sawmilling industries: guidelines, 1984 (A*)
52/2. Field manual on cost estimation in sawmilling industries, 1985 (A*)
53. Aménagement polyvalent intensif des forêts au Kerala (Inde), 1985 (A* F*)
54. Planificaciôn del desarrollo forestal, 1985 (E*)
55. Aménagement polyvalent intensif des forêts sous les tropiques, 1985 (A* E' F*)
56. Breeding poplars for disease résistance, 1985 (A*)
57. Coconut wood, 1985 (A' E')